Du même auteur, aux Editions Hap : 1.L'ombre exterieure 2.L'or sanglant 3.La fuite
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J.J. L'AIGRE
LA FACE CACHÉE DU RÊVE Tome I – Nostalgie
Editions Hap
ARC I : Rechute Chapitre 1 : Nouveau départ Les roues de l'avion atteignent enfin le sol de la Californie. Je regarde les touristes, les familles heureuses de venir ici. Les enfants crient, tout le monde semble plein de joie et d'entrain. Tout le monde sauf moi. Pour beaucoup, Los Angeles est synonyme de stars, de luxe, de rêves qui se réalisent, pour moi cette ville est juste un mauvais souvenir. J'ai grandi ici, j'y ai vécu jusqu'à mes 19 ans et je suis parti. C'est sans doute le meilleur choix que j'ai fait durant toute ma misérable existence. Je me demande encore pourquoi je reviens ici après tant d'année, est-ce le désespoir ? Le manque d'imagination ? Je serais incapable d'expliquer mon choix si tant est qu'il s'agisse réellement d'un choix. J'ai vu la face cachée de la ville, j'ai même participé à des actes que je regrette aujourd'hui encore. C'était il y a dix ans, j'étais un autre homme. J'aimerais que ça soit vrai, j'aimerais ne pas refaire les même erreurs deux fois. À travers le hublot j'aperçois les grattes ciels du centre ville. C'est une coutume américaine de vous montrer la beauté et de vous cacher ce qui est gênant. D'ici, personne ne voit les bas quartiers, personne ne voit les meurtres, personne ne voit ce qui a été mon monde. Pour moi ces buildings sont un masque pour la ville, une sorte de camouflage qui retient notre attention. On est trop occupé à les regarder pour remarquer l'homme qui vient de nous voler notre portefeuille. Quand les portes de l'avion s'ouvrent, c'est en dernier que je sort, je n'ai pas la motivation des autres. Moi je sais où je vais et ça me terrifie. Je traverse les long couloirs gris de l'aéroport. Je les garde en mémoire, ce sera le seul endroit accueillant que je verrais avant un bon bout de temps. Les voix des gens s'entremêlent pour créer un brouhaha incompréhensible, on peut sentir l'odeur de la nourriture qu'on vous donne dans les avions, cette situation me donne envie de pleurer. Je regrette tant cette insouciance que je n'ai jamais vraiment eu. Je récupère ma valise, observant avec méfiance les autres passagers de peur qu'on me la vole. De toutes façons ça n'aurait pas été si grave, je n'ai jamais eu quoi que ce soit de valeur. J'ai tout perdu, sinon pourquoi je serais ici ?
Une fois dehors, j'observe la pluie tomber. Le premier cliché vient d'être supprimé, non il ne fait pas toujours beau ici. Les touristes seront déçu et pourtant la pluie ne devrait être que le cadet de leurs soucis, ah si ils savaient... Je cherche un taxi des yeux, observant l'amas de voitures qui se dressent comme des vautours à l'affût du client. Les aéroport sont des mines d'or pour les gens comme eux. Je monte dans le premier de libre que je trouve, un chauffeur à la mine fatigué et aux vêtements sales me salut de la main. Je me contente de lui donner une adresse et la voiture détale. La pluie tombe, la ville est grise, le chauffeur semble mal à l'aise... Je retrouve cette ambiance que j'ai tout fait pour quitter.
Chapitre 2 : Terre promise Je respirais les odeurs de cuir qui empestaient le taxi tout en regardant par la vitre. Je n'osais pas observer l'ordinateur du conducteur sur lequel on pouvais voir grandir le tas de billets qu'il allait recevoir à la fin du voyage. Une musique espagnole de qualité tout à fait discutable venait trouver refuge dans mes oreilles alors que j'observais les rues tristes et sombre de la cité des anges. Les gouttes de pluie qui glissaient le long de la vitre et me donnaient l'impression que la ville pleurait en me voyant arriver. C'était une impression très égoïste mais je me disais qu'elle avait pitié de moi. Comme quand une mère voit son fils retourner en prison alors qu'il étais rentré dans le droit chemin. Je dévisageait tout les passants, chaque homme, chaque femme. De l'américain moyen mangeant son hamburger à l'abris de la pluie sous le porche d'un immeuble à l'homme d'affaire qui fumait dehors, discutant avec son collègue tandis que sa vie s'évaporait par les nuages de fumées qu'il recrachait. Je me sentais comme à Sin City, peut être que cette ville avait changé mais pour moi, elle restait la même. Les rues sales, les emballages qui traînent sur le trottoir, les cigarettes dans le caniveau, les tags sur les murs, toutes ces choses qu'on se gardait de montrer sur les brochures touristiques. Au fur et à mesure que nous avancions, je sentais la pauvreté augmenter. Nous étions parti de l'aéroport pour arriver là où j'allais vivre les années à venir, enfin seulement si j'arrive à survivre ici. Je regarde ces jeunes, affichant leurs couleurs avec fierté. Ils se croient membres d'une organisation, ils nagent dans une quête constante de reconnaissance sociale. J'ai été comme ça avant, pas à ce point là mais presque. Je peux voir les armes dépasser des pantalons, mon cœur se serre à la vue de ces instruments de mort que j'ai autrefois manié. Cette ville n'est pas un cauchemar, elle est pire que ça, elle est mon passé. -On y est ! J'acquiesce et je sors les quelques billets que j'avais dans ma poche en tâchant de ne pas remarquer le prix exorbitant de la course. Entre voleurs, on se sers les coudes, même une fois qu'on a décroché. J'avance lentement vers ma futur demeure, la valise à la main. Les oiseaux crient dans le ciel comme pour annoncer un mauvais événement. Le bruit de la circulation et l'odeur de l'essence me donnent envie de vomir. À chaque pas que je fais, je me demande si on a tué quelqu'un sur ce trottoir, si je ne marche pas sur une ancienne scène de crime. Je m'attends presque à avoir la semelle pleine de sang lorsque je lève ma chaussure. J'observe avec amertume le tas de briques qui me servira de refuge. C'est à peine si je ne peux pas couvrir la largeur de la façade avec mes bras. Évidement
il n'y a pas d'étages, les fenêtres sont déjà condamnés, au moins je n'aurait pas à le faire. La porte est simple, grise comme les murs, tout aussi triste. Quand je me dis que je n'ai les moyens de vivre ici que pour deux mois, j'ai envie de hurler. Je traverse ce qui fait office de jardin, un tas de terre humide à cause de la pluie. Je m'enfonce dedans à chaque pas. Quand finalement je pose ma main sur la poignée, le contact avec l'acier froid me glace le sang. J'ai envie de fuir en courant, de disparaître, d'oublier cette ville à tout jamais mais je dois rentrer. Je fois faire face au passé,l'heure n'est plus à la fuite.
Chapitre 3 : Les fantômes du passé La porte s'ouvre sans le moindre grincement dans un silence bien trop pesant à mon goût. Je n'attends rien de cette "maison" et pourtant je sais qu'elle va me décevoir. Tandis que je rentre dans le taudis, une odeur de renfermé et de moisie m'assaille les narines et je dois réprouver un léger haut-le-cœur. -Oui, dit une voix sortant des ténèbres, on a pas encore parfumé. -Qui est là ? Demandais-je, le timbre tremblant. Je l'entendis appuyer sur l'interrupteur et, une par une, les 3 lampes du salon s'éclairent. Je pus ainsi observer la petite pièce meublée uniquement par un fauteuil et une table basse. La totalité de la crasse du monde semblait avoir élu domicile ici, il m'était presque impossible d'apercevoir la couleur du sol ou celle des meubles, tout avait une couleur gris maronnâtre. -Ce n'est pas très charmant mais je sais que vous en ferez quelque chose de magnifique. Assis sur l'unique fauteuil de la pièce, l'homme me regardait avec attention, toutes ses pensées étaient fixées sur moi et il camouflait le tout en m'adressant un sourire faussement amical. Il portait un costume noir légèrement trop petit qui indiquait une fortune non négligeable ainsi qu'un manque de goût flagrant. La calvitie naissante sur son front le vieillissait dizaine d'année mais les tonnes de crèmes camouflant sans succès ses rides le rajeunissaient tout autant. -Votre réputation vous précède, Mr Da Silva. Me dit-il avec un sourire sans joie. En entendant ce nom, j'eu un léger tressaillement. J'avais pourtant l'habitude de l'entendre, jamais il ne m'étais venu à l'idée d'en changer mais la façon dont il l'avait prononcé en disait long : il savait tout. -Vous devriez partir, lui expliquais-je calmement, l'endroit est dangereux. -Oh, mais je sais que vous me protégeriez. Après tout, vous êtes exceptionnel. -Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, lui dis-je en levant un sourcil d'un air faussement interrogateur. Il se leva lentement et croisa les bras. Je pus remarquer qu'il faisait une tête de plus que moi, ce qui était sans doute le but de cette action. Malgré le rapport de force qu'il venait d'installer, je restais impassible. Mes yeux étaient plongés dans les siens, je ne pouvais pas fuir, je devais lui faire face. -Dans ce milieu, peu de noms restent gravés dans les mémoires plus de dix ans.
-Dans ce milieu, peu de gens survivent plus de dix ans. Il resta immobile mais je pouvais sentir sa fierté, son objectif était accomplie, je m'étais démasqué. Pour lui c'était une victoire, pour moi c'était une erreur de débutant. Je tâchais de faire comme si de rien n'était mais il m'était impossible d'oublier le regard inquisiteur qui pesait sur moi. -Marco Saliego vous souhaite le bonjour. De nouveau je tressaillis en entendant ce nom. Si un homme pouvait symboliser mon passé, alors c'était lui. Si j'en étais là aujourd'hui, c'était entièrement sa faute et je n'avais pas la moindre envie d'entendre parler de lui à nouveau. J'espérais même qu'il soit mort ou en prison en partant vers cette ville. Ma réaction dû plaire a l'homme en face de moi puisque son sourire s'agrandit encore un peu, rien de très significatif mais ça restait visible pour qui sait regarder. -Je vous prie de partir, monsieur. Lui demandais-je avec le ton le plus mielleux possible. -Pourquoi faire ? Je sentais mon poing se serrer, chaque seconde passée en sa compagnie, je risquais de le frapper. En venant ici j'avais effectivement prévu qu'on me demanderait de replonger mais pas aussi vite, jamais je n'aurais pensé que la première personne que je verrais soit un ennemi. -M. Da Silva, vous n'avez pas la tête d'un homme qui se range. -L'homme à qui vous parlez est mort en prison il y a de cela une dizaine d'années, maintenant j'aimerais être seul. Il hésita un instant, il avait compris que je ne souhaitais pas retourner là d'où je venais. Malgré ça, il reprit confiance en lui et me sourit à nouveau. -M. Saliego souhaite vous voir. Je restais sans voix, rien ne m'avait préparé à cette demande. Je me sentais de plus en plus idiot d'être venu ici en connaissance de cause. -Vous acceptez sa requête ? -Écoutez, j'ai travaillé pour Marco il y a longtemps, c'était un simple homme d'affaire et moi j'étais un jeune à la recherche d'argent. Ça s'arrête là, le passé n'existe plus. -Saliego, un simple homme d'affaire ? Demanda-t-il en riant. Cet homme possède la quasi-totalité des bars de la ville, il est assis sur un tas plusieurs millions de dollars et coule des jours heureux dans une maison de Beverly Hills
alors qu'il a commencé avec une dizaine de pauvres dollars. Non, cet homme n'est pas un simple d'affaire. -Dites lui que je suis très heureux de son ascension sociale. Maintenant si vous voulez bien... Je lui montrais la porte dans un geste plein d'élégance qui trahissait tout de même une certaine impatience. Mes nerfs étaient mis à rude épreuve et j'attendais impatiemment le départ de cet homme pour pouvoir me détendre. -Une simple visite, on ne refuse rien à un homme comme lui. -Non. Ne vous figurez pas que j'ignore de quoi il retourne. -Quoi ? Mais pas du tout ! M. Saliego s'est retiré il y a plusieurs années de cela. C'est un homme honnête désormais. Il veut sans doute remercier l'homme qui lui a permit d'accéder au sommet. -Marco, un honnête homme ? Ne me prenez pas pour un idiot. -Je vous jure qu'il ne vous proposera pas de travail, peut être voudra-t-il même vous récompenser pour vos services. De l'argent ne vous ferez pas plaisir ? Quand je vois l'épave dans laquelle vous comptez vivre... Je ne lui fis pas remarquer que c'était lui qui m'avait vendu cette épave mais je ne pût m'empêcher de lever le poing. Je sentais que j'allais faire une connerie mais cet homme le méritait. -Allez, suivez moi. Nouveau silence, on entendais les voitures traverser la rue de l'autre côté de la porte. -Vous savez tout comme moi que si je reviens bredouille, j'en subirais les conséquences, m'expliqua-t-il comme pour essayer de susciter ma pitié. -Je croyais qu'il avait raccroché. -Ça ne veut pas dire qu'il n'apprécie plus le travail bien fait. Une hésitation commençât à naitre dans mon esprit, après tout si il voulait me payer, je ne pouvais pas refuser. En même temps, accepter son argent équivaudrait à replonger, cet argent est sale et je le sais.... Mais puis-je vraiment faire la fine bouche ? -M. Da Silva, je vous offre votre premier mois de loyer si vous acceptez. -Les trois premiers. Je m'attendais à ce qu'il refuse mais il acquiesça à mon grand étonnement. Je n'aimais pas cette idée mais mon passé allait me permettre de vivre décemment encore quelques semaines. Il y eut un poignée de main formel, je pu sentir sa main moite contre la mienne.
Tandis que sa sueur collait ma paume, je me demandais quel genre de châtiment Saliego pouvait exercer pour rendre ses acolytes aussi craintif. L'homme me lança un sourire sans joie et nous sortîmes tout les deux de la maison. Je me demandais si je ne faisais pas les mêmes erreurs, si je ne m'apprêtais pas à tout recommencer.
Chapitre 4 : Vive le roi ! De nouveau la porte s'ouvre sur l'enfer. Je ne crois pas que j'aurais eu l'air plus triste si ma destination avait été la chaise électrique, en réalité j'avais l'impression d'anéantir tout les efforts que j'avais fait durant ces 10 dernière années. C'était comme si tout n'avait servi à rien, comme si j'étais resté le même. Je pouvais me convaincre en me disant que je le faisais pour l'argent, que je n'avais pas le choix mais ça n'avais pas de sens. Évidement que je le faisais pour l'argent, ça a toujours été pour l'argent, quoi d'autre après tout ? La gloire ? L'honneur ? Non, il n'y a que l'argent. C'est drôle comme ma vision du monde a changé en quelques minutes, ces groupes de jeunes aux couleurs de leur gangs ne m'inspirent plus le même mépris. Je ne vaux pas mieux qu'eux, il m'est donc impossible de les juger honnêtement, eux au moins assument leurs actes. La pluie tombe de plus en plus fort, c'est sans doute un signe que je n'arrive pas à déchiffrer. J'aurais aimé avoir ce talent, pouvoir deviner ce qui m'attends. J'ai connu des gens comme ça, de toutes façons personne ne les écoute. Ils peuvent prouver qu'ils ont eu raison une bonne centaine de fois, les gens font quand même selon leurs envies. Chacun de nos pas projette une petite gerbe d'eau et fait un petit bruit en entrant en contact avec le liquide. J'ai l'impression que c'est du sang, je crois que je deviens fou, cette ville me rend fou. -Ma voiture n'est pas loin, encore quelques mètres. Je ne lui répond pas, je n'acquiesce pas, je continue simplement à le suivre. Peu m'importe la distance qui le sépare de sa voiture, il n'y a que la destination qui m'intéresse. Retrouver Marco après toute ces années passées à le fuir me semble assez ironique. Tout ça me faisait penser aux alcooliques qui ne boivent pas pendant trente ans et à qui il suffit d'une bouteille pour replonger. Oui mais les alcooliques font ça sans raison valable, moi je le fais pour l'argent, c'est nécessaire. Je justifiais mes actes comme ça autrefois, maintenant je m'y refuse, je pense simplement que je suis un idiot. -Ah ! La voilà ! Une jaguar attends sur le bord de la route, il n'y pas de chauffeur. La voiture est entièrement noire, les vitres sont teintés, elles cachent le mal que renferme la voiture. Les criminels roulent en limousine tandis que les ouvriers n'arrivent pas à payer le taxi. Pourquoi le crime est si attractif ? Comment croire en Dieu quand on sait que le monde entier vous incite à devenir un monstre. Si ce Dieu
existe, alors c'est un sadique et je refuse d'offrir mon esprit à une entité encore plus mauvaise que moi. L'homme ouvre la portière conducteur, j'ouvre celle du passager. Nous montons ensemble dans le véhicule. Le cuir est agréable, le design intérieur est luxueux mais je ne peux pas en profiter. Je sais que le moteur carbure grâce au sang des victimes et que c'est sur la peau des hommes qu'il a brisé que je suis assis. Le moteur démarre, il est bruyant, il permet au conducteur de ne plus entendre le cris de toutes ces personnes dont il a gâché la vie. Tout le long du trajet, je vois les quartiers se succéder, les taudis laissent place aux immeubles pour finalement arriver dans les quartiers luxueux. De marron, la ville deviens grise puis, tout d'un coup, le paysage devient coloré. Les membres de gangs sont remplacés par des homme d'affaires puis viennent les quadragénaire revêtant des habits qui avaient le prix d'une dizaine de maisons comme la mienne. La voiture s'arrête devant une villa qui aurait dû m'impressionner mais mes fantasmes avaient dépassés la réalité et je fut donc déçu en apercevant la demeure de Marco. Une simple maison de deux étages, un petit jardin verdoyant et une Rolls Royce dans l'allée. Il n'y avait que le portail qui imposait vraiment le respect, du haut de ses deux mètres avec ses pointes sculptés couleurs or, c'était un véritable étalage de richesse. -On y est. Le portail s'ouvrit lentement et la voiture pénétrât dans l'enceinte de la propriété. Une fois le véhicule à l'arrêt, je descendis lentement en regardant autour de moi. La pluie avait cessé, ou peut être qu'il ne pleuvait tout simplement jamais ici, après tout pourquoi les riches devraient-ils souffrir de ce genre d'inconvénient ? Les oiseaux chantaient gaiement contrairement au quartier de ma maison où on aurait pu croire qu'ils prédisaient le malheur du monde. Le pelouse était d'un vert éclatant, les murs d'un beige lisse et le toit avait une couleur orange qui vous attirait le regard. Si je n'avais pas fui il y a 10 ans, je vivrais sans doute ici, j'aurais été dans la propriété voisine à celle-ci. Aurais-je pu vivre pendant 13 ans d'affilée sans jamais être du bon côté de la loi ? Je pense que oui. Un frisson me parcouru à cette idée. -Tout va bien ? -Oui... Oui.... Je pense qu'il n'était pas trop compliqué pour lui de comprendre qu'après 10 ans, retrouver Marco devait me faire un certain effet. Il ne me posa donc pas d'autres questions et se contenta de pousser la porte de la villa. Il se tourna vers moi et me fit signe d'entrer, ce que je fis avec tout de même un
regard vers l'extérieur : j'avais l'impression de me jeter droit dans un piège. Quand je fut dans le hall, l'homme me salua et me dit : -Je t'attends dans l'allée, prend ton temps. Puis, avec un sourire qui me fit froid dans le dos, il referma la porte. La pièce dans laquelle je me trouvais était entièrement jaune, les meubles comme les murs ou le sol abordaient tous des teintes différentes de la couleur. Seuls les sculpture et autres objets d'art exposés aléatoirement dérogeaient à la règle. Je défis lentement mes chaussures et les posais à côté de celle de la famille du propriétaire. Ce coin aux chaussures me permit de deviner que Marco s'était marié, mais aucun enfant ne semblait vivre ici, ce qui n'était guère étonnant. Alors que j'étais perdu dans mes pensées, une voix surgit d'une pièce adjacente : -Alors Michael, qu'est-ce que tu fais ? La voix de Saliego était à la fois étrange et normale. Ce qui choquait en premier lieu, c'était son habitude à parler fort, très fort, même quand vous êtes près de lui. J'avais tout d'abord mis ça sur le compte de ses origines italienne mais à force de rencontres, je me suis rendu compte que ce trait lui était propre. Ensuite, il y avait son ton jovial. Pour une raison que j'ignore, Marco ne se mettait jamais en colère, en tout cas pas ouvertement. Il gardait toujours le même ton qui donnait l'impression que cet instant était le plus joyeux de sa vie. Il était capable de vous torturer en vous parlant de la même façon que si on venait de lui apprendre une nouvelle fantastique. Ce fut donc avec une certaine appréhension que je passais la porte pour rentrer dans le salon. Ce dernier était immense, réellement, mais il était surtout très vide. Un coin de la pièce avait été meublé comme un salon normale, un gigantesque canapé blanc, un écran plat et une table basse en verre créaient un espace divertissement. Le reste de la pièce était, comme le hall, un musée d'œuvre d'arts placées de façon très discutable pour meubler l'immensité de la pièce. -Mickey ! Alors comme ça on rentre sans prévenir ses amis ? Avachi sur son canapé, Marco me regardais fixement, ses yeux marrons brillaient en reflétant l'éclairage de la pièce. Je pouvais sentir d'ici qu'il ne feignait pas son bonheur de me revoir, pour lui j'étais l'homme qui l'avait amené ici. Un ami fidèle, le meilleur homme qu'il n'avait jamais eu. Pour moi, Saliego était une épine dans mon pied, un épine en or que je pourrais arracher pour la vendre mais, dans ce cas, plus rien ne stopperait l'hémorragie. -De toutes façons je n'ai pas eu besoin de le faire pour que tu sois au courant à ce que je vois.
-Ah ah ah ! C'est un de mes plus gros défauts, j'aime être au courant de tout. Je lui fuit un petit sourire avant de prendre place sur le canapé à côté de lui. Il portait un polo noir et un pantalon de la même couleur. Son visage avait acquis quelques rides pendant mon absence mais il restait relativement le même. Ses cheveux blancs étaient envoyés en arrières dans un coupe qui correspondait vraiment à sa personnalité : le rital mafieux. Sa petite moustache blanche lui donnait un air moins sérieux qui le rendait unique et qui contrastait complètement avec le reste de son style. -Qu'est-ce que je te sers ? -Euh... Rien, c'est bon. -Tu es sûr ? Me demanda-t-il, visiblement déçu par ma réponse. -Oui, je ne bois plus trop. -C'est pas des choses à dire devant un propriétaire de bars ça ! Je lui fis un petit sourire gêné et il dû le voir puisqu'il s'empressa de rajouter : -Allez, je plaisante. Et sinon, tu veux quelque chose à grignoter ? Et ne me dis pas que tu fais un régime hein ! Devant un tel hélant de générosité, je ne pouvais me permettre de refuser, surtout face à un homme comme lui, et je fut donc forcé d'accepter. -Parfait, me répondit-il avant de crier à travers la maison : Yolanda, apportez nous des petits truc apéro ! J'entendis des pas descendre l'escalier tandis que Marco me donnait une légère frappe dans le dos. -Alors, qu'est-ce que tu deviens ? Je ne savais plus si c'était sincère ou pas mais je sentais bien qu'il voulait installer une ambiance amicale entre nous. Il essayait de se faire passer pour le vieux pote mais en connaissant très bien mes sentiments à son égard. -Pas grand chose. Tu sais....la vie... Tout ça quoi. -L'argent, comment ça se passe ? Steve m'a dit que tu lui louais une maison sur Clanton. -C'est possible ouais. J'essaye de faire des économies. -Tu t'es dégoté un travail ? Évidement, la question devait arriver sur le tapis. Je lui lançais un regard qui signifiait "je n'ai pas envie d'en parler" mais il soutint son expression interrogative.
-Pas encore, mais ne rêve pas, je ne bosserais plus pour toi. -Si tu travaillais pour moi, ce serait en tant que barman, voiturier, serveur... Rien d'illégal. -Ouaip, le genre de barman qui fout du poison dans les verres ou alors le voiturier qui fait malencontreusement tomber la voiture dans un ravin. -Mais pas du tout, répondit-il avec une mine faussement outrée. J'ai une réputation à tenir et ce genre d'incident n'est vraiment pas enviable pour les affaires. Je tentais en vain de déchiffrer son expression impassible. Son sourire flottait sur son visage mais je n'arrivais plus à comprendre ce qu'il signifiait, était-il content de me revoit ou alors voulait-il simplement retrouver un employé efficace ? Tandis que nous nous regardions en silence, une femme d'origine hispanique déposa des assiettes pleines de biscuits sur la table basse avant de se tourner vers Marco. -Adrien a appelé M.Saliego, il souhaiterais que vous le rappeliez un peu plus tard. -Il attendra, merci. Toujours en silence, il se mît à picorer par ci par là l'étalage de nourriture qu'avait amené la femme. Quand il vit que je ne mangeais rien, il leva les yeux vers moi et me demanda: -Tu ne mange pas ? -Si, si... J'attends juste que tu te serve. -Si tu fais ça il n'y aura plus rien du tout ! M'enfin bon, fais ta vie mon petit. D'ailleurs, en parlant de ta vie. Tu t'es marié ? -Je suis divorcé. -Ah, je suis désolé. -C'est pas grave. En réalité c'était affreux. Je l'aimais, je l'aimais mais je n'ai pas été à la hauteur et j'en subissais les conséquences. -De toute façon, m'expliqua-t-il en me donnant une tape dans le dos, tu es jeune ! Tu es beau ! Tu vas en retrouver une rapidement. -Je suis pas sûr d'en vouloir une autre. -Comme tu voudras. Je pris le temps de manger quelques cacahuètes, ça faisait longtemps que je n'en avais pas mangé mais j'aimais toujours autant ces merdes salés. -Et donc, pour le travail, tu ne m'as pas répo...
-Marco ! Je t'en prie. -D'accord, d'accord. Mais n'hésite pas à m'appeler si tu... Enfin tu vois quoi. -Ouais. Il avait perdu et il le savait, ça se lisait sur son visage. Je cru qu'il allait me demander de partir mais au contraire, il me proposa quelque chose. -Tu as besoin d'argent ? -Non. Oui, j'ai besoin d'argent. Je ne peux pas payer ma maison, je ne peux pas payer ma nourriture, je ne peux pas payer mes taxis, avec mon casier je ne peux pas trouver de job. Je suis vraiment dans le besoin mais je ne veux pas de "ton" argent parce que pour moi, cet argent est simplement une paye en retard pour mes anciens travaux. -Comme tu voudras. À mon grand étonnement, il n'insista pas. Il se contenta de regarder sa montre et de sortir une phrase du type "mon dieu ! Il est tard !". Il y eu une poignée de main, un "j'espère te revoir bientôt" et je fus de nouveau dehors, fier d'avoir résisté à ses avances : Pour une fois, j'avais vaincu mon passé.
Chapitre 5 : Rayon de soleil La pluie s'est remise à tomber, la voiture s'arrête et je descend, en quelques secondes je parcours la distance qui me sépare de ma maison et je pénètre à l'intérieur. Abattu sous un flot d'émotions contraire, je tombe sur le fauteuil et je plonge ma tête dans mes mains. Tant de questions se bousculent dans mon esprit. Ai-je fais les bons choix ? Comment vais-je tenir sans argent ? Saliego va-t-il m'en vouloir ? La vie estelle comme ça pour tout le monde ? Si ce n'est pas le cas, alors pourquoi moi ? Les larmes coulent sur mes joues tandis que j'observe ma propre déchéance. Je suis seul, pas de famille, pas de travail, pas d'argent, il m'est même impossible de me convaincre que ce dans quoi je suis mérite l'appellation "maison". Peut être que c'est pour ça que je suis ici. Je refuse de l'admettre mais en réalité je suis venu pour retrouver cette vie que j'ai quitté, je viens chercher les tas billets que je récupérais d'une simple pression sur la gâchette. Les bâtiments en flammes qui me rapportaient plus qu'ils n'ont coûté aux propriétaires, les livraisons de drogue où chaque kilomètre parcourut me permettait de tenir un mois de plus. Cette vie là était comme une sirène, belle à l'extérieure mais monstrueuse quand on tombe sous son charme. Je pouvais toujours céder, rien ne m'en empêchait, je luttais seul contre tous, mais une fois que ce serais fait, il n'y aurais aucun moyen de retourner en arrière. Ce que j'ai fait il y a dix ans, cette fuite, jamais je ne pourrais le recommencer, jamais on ne me laissera le faire à nouveau. Pourtant il y a toujours un peu d'espoir en moi, ce rêve fou qu'on a tous fait au moins une fois : réaliser un gros coup avant de prendre sa retraite. En cela, Marco est un exemple. Lui, il a réussi son gros coup, ça lui aura pris une cinquantaine d'années mais maintenant il peux passer ses journées à rêvasser dans son canapé en regardant une émission sans intérêt à la télé juste parce qu'il a le temps de le faire. On dit que le temps c'est de l'argent, pour moi l'inverse est encore plus vrai. L'argent c'est du temps. Quand on alterne les petits boulots, on n'a pas la moindre seconde pour nous alors qu'un homme comme Saliego, que fait-il de ses journée ? Sûrement s'ennuie-t-il en pensant au passé, l'époque où sa vie avait un sens. Car si la richesse est un objectif pour beaucoup de gens, la plupart d'entre eux ne savent pas quoi en faire. Quelle but peut-on se fixer quand on a déjà tout ? Le cinéphile va regarder des films au point d'en être dégoûté, le peintre aura tellement de tableaux qu'il ne saura plus quoi en faire. Quand le bonheur devient un habitude, alors il n'est plus que ça : une simple habitude. Pour oublier ces sombres pensées, je décide de sortir. Cette maison me déprime,
elle est le reflet de mon échec, un tas de brique poussiéreux. Plus je l'observe et plus je me dis que mon existence n'a aucun sens, que je n'ai jamais rien accompli qui ait duré plus de quelques années. Il pleut toujours dehors, ce n'est pas important. Je marche sans destination, je reconnais ce quartier, j'y ai vécu autrefois. Pourquoi revenir vivre dans cette partie de la ville ? À cette question je répondrais par "pourquoi revenir vivre dans cette ville ?". Je n'ai aucune réponse valable. Chaque rue m'est familière, il n'y a pas eu le moindre changement. Les magasins sont les mêmes, les maison sont les mêmes, seuls les habitants et leurs voitures ont changé. Chaque bâtiments que j'observe me serre le cœur, je me rappelle de jours anciens où avoir grandi ici me provoquait une sorte de fierté. Tandis que de nombreux souvenirs m'assaillent, je tombe devant un endroit spécial. Une supérette tout ce qu'il y a de plus simple, ce qui compte ce n'est pas l'endroit, c'est son histoire. Un sourire plein d'amertume se dessine sur mon visage alors que je l'observe. J'hésite à rentrer, une lueur d'espoir nait en moi. Peut être que la propriétaire n'a pas changé. Si c'est le cas, alors j'éprouverais pour la première fois depuis mon arrivée ici un sentiment autre que la mélancolie. Je pourrais rentrer, une femme aux cheveux blancs serait en train de servir un client à la caisse. Elle lèverait furtivement les yeux et nos regards se croiseraient, elle me ferait signe d'attendre et je l'observerais s'occuper de son client. Quand ce dernier serait parti, je m'approcherais d'elle et nous resterons figés, l'un face à l'autre dans un moment qui briserait cette réalité. Je me dis que je rêve, mais j'en ai le droit, après tout ce qui m'arrive, je n'ai plus que les rêves. J'ai peur de rentrer, de perdre la seule chose qui me reste : l'espoir. Finalement je me décide, la porte sonne pour m'annoncer. Mon sourire disparaît, c'est un homme au comptoir. Une trentaine d'années, les cheveux marrons. Il est de dos, il ne me voit même pas, je me sens bête d'avoir cru une seule seconde pouvoir retrouver les bons moments. Tout ça est terminé. Mais un doute persiste, plus j'observe cet homme et plus il me dit quelque chose. Ses gestes, sa façon de se déplacer, je sais de qui il s'agit. Un instant je crois que je vais éclater de rire puis je me raisonne. Je me suis déjà fait avoir une fois, je ne dois pas retomber dans le panneau. J'attends donc avec appréhension le moment où il se retournera. Ce moment ne semble jamais devoir arriver, mes yeux fixent son dos, je regarde l'étiquette qui dépasse de son pull-over. Quand finalement il se retourne, il lui faut un moment pour que nos regards se croisent mais dès qu'il m'aperçois, il se fige. On emploi souvent l'expression "ne pas en croire ses yeux", dans la situation présente, c'était littéral. Il suffisait pour le comprendre de lire dans son regard. On y voyait des sentiments tout à fait différents que ceux exprimés par le reste de son corps.
-Michael.... Putain mais qu'est-ce que tu fous là ? -Tu te rappelle que me tu me dois 20 $ ? Je me demandais pourquoi je n'étais pas venu ici tout de suite. C'était évident que j'étais venu à Los Angeles pour lui, pour revoir la seule personne en qui je pouvais avoir confiance. -Bordel, t'aurais dû me prévenir ! -Si ça peut te consoler, je n'ai prévenu personne. -Encore heureux ! Qui t'aurais pu prévenir d'autre que moi ? -J'en sais rien.... Saliego. En entendant son nom, un voile se dessina sur ses yeux et son sourire disparut. Il avait travaillé pour cet homme, tout comme moi, mais leur relation avait été bien différente. -Tu bosse à nouveau pour lui ? -Quoi ? Non ! Non.... Pas du tout ! -Alors tu fais quoi ici ? -Je ne sais pas. Je suis complètement perdu mec, la vie est trop compliquée pour un gars comme moi. Je lâchais un soupir digne d'un vieil homme de 80 ans qu'il ne manqua pas de recopier. La vie n'avait fait de cadeaux a aucun de nous deux. -M'en parle pas. J'ai déjà de la chance d'avoir un travail honnête. -En parlant de ça, où est ta mère ? Elle ne gère plus le magasin ? -Elle est morte il y a deux ans. -Nick.... Je suis vraiment désolé. Je n'avais jamais été proche de la mère de Nick et pourtant elle resterait à jamais ce que j'avais eu qui se rapprochait le plus d'une mère normale. Je ne crois pas qu'elle m'aimait beaucoup, elle pensait que j'avais une mauvaise influence sur son fils. En réalité, c'était la ville qui avait une mauvaise influence sur nous deux. -C'est pas grave, je vis avec. Tu veux monter ? -Tu laisse le magasin à l'abandon ? -T'en fait pas. Plus personne ne vient après 18h, je perdrais pas trop d'argent. Il sortit une clé de sa poche et verrouilla la porte de la supérette avant de me faire signe de le suivre. Il ouvrit une porte située dans l'arrière boutique débouchant sur une cage d'escalier. Je montais quatre à quatre les marches pour finalement rentrer dans son appartement. En apercevant l'endroit dans lequel il vivait, j'éprouvais de la pitié mêlée à un
certain soulagement : je n'étais pas le seul à vivre dans un décharge. L'appartement de Nick était sombre, seuls quelques rayons de soleil passaient à travers les stores en éclairant faiblement une infime partie de la pièce. Tout comme chez moi, la saleté constituait 80% du revêtement des murs. Deux fauteuils troués étaient placés face à face et un lit gonflable traînait sur le sol. Dans ces quartiers, vous pouvez oublier le sens du mot confort. -Alors, qu'est-ce qui t'a mené à Los Angeles ? -J'en ai aucune putain d'idée. Je dois vraiment pas aller bien. -T'en fait pas, il y a pire que toi. -Je te défie de le trouver. -C'est pas les fous qui manquent par ici, mais y'a un mec en particulier. Antonio Luís allias "Triple Face" allias "Le possédé". Chacun des trois noms avait été prononcé sur un ton faussement mystique qui nous fit tout les deux éclater de rire. Le temps qu'on reprenne nos esprits, Nick partit chercher des bières dans son frigo. Ce dernier, à cause de la couche de saleté qui le recouvrait, passait complètement inaperçu dans cette pièce où tout avait la même teinte. -Et c'est qui ce mec ? -Il dirige le 18st gang, tu veux une bière ? -Non merci, je ne bois plus. C'est quoi son problème en fait ? -Je le connais pas personnellement mais on m'a dit qu'il y'avait un ou deux plombs de sautés dans sa cervelle. Depuis quand tu bois plus ? -Ça fait quatre ans. Mais comment un mec comme ça a atteint le stade de chef de gang ? Et puis le 18st quoi ! C'est pas n'importe quoi. -Ouaip, ils engagent vraiment n'importe qui, si tu veux en savoir plus faudra leur demander. Sinon, quatre ans c'est pas trop dur ? Tu tiens le coup ? -Du moment qu'on ne m'oblige pas à boire toute les trente secondes, ça va. Il posa la première bouteille sur la table et bu la seconde en quelques instants. -Tu vis où ? -J'ai une maison à côté. -T'aurais du me prévenir, je t'aurais hébergé. Pas de taxes, rien. -Non, c'est super cool mais non. J'ai envie de me débrouiller seul. -Je vois. Le silence s'installa rapidement, ce n'étais pas qu'on avait rien à se dire, au contraire, nous ne savions pas vraiment par quoi commencer. J'observais les ténèbres qui constituaient son appartements, c'était étrange en comparaison de la boutique qui était entièrement blanche et lumineuse.
-Tu bosse toujours pour Saliego ? -Non, depuis que t'es parti il m'a laissé tranquille. -C'est bien. -Ouaip. Mais toi, tu vas travailler où ? -J'en ai aucune putain d'idée. -Il te faut un job mec, si tu veux je connais quelques... -Non je t'ai dit que je voulais me débrouiller. -Ok, ok. Je ne l'avais pas voulu mais je sentais bien que je l'avais vexé. En même temps je n'avais pas le choix, je ne pouvais pas accepter d'être un assisté. Si je voulais une aide permanente, je partirais en Europe. Non, les États-Unis, j'y vis parce que je veux réussir par moi même. -Euh... Par contre Mike.... J'ai une livraison dans cinq minutes donc.... -Ouaip, pas de problème. On se reverra plus tard. -C'est ça. En tout cas ça m'a fait plaisir de te voir. Moi aussi Nick.... Moi aussi
Chapitre 6 : Accord Le soleil se lève doucement, le monde est triste, il n'a plus cet attrait dont il disposait auparavant. Les ombres dansent sur les murs, l'obscurité est pesante. Ce matin devrait être le premier que je passe ici et pourtant une habitude semble s'être installée. Cette maison est la mienne, il me suffit de regarder pour comprendre. Cette saleté est à moi tout comme les meubles en dessous. Jamais la propriété n'avait ressemblé à un tel fardeau pour moi, jamais une demeure ne m'avait provoqué tant d'aversion. À quelques centimètres de mon oreille, le téléphone sonnait, ce n'était pas un appel. Un son strident et agressif uniquement présent pour me sortir d'un sommeil que j'avais quitté depuis plusieurs heures déjà. La ville me suffisait, les premiers bruits d'un moteur m'avaient sortis d'un repos qui pourtant n'avait aucune raison de se stopper. Pourquoi vouloir me réveiller ? Qu'est-ce que le jour allait m'apporter de plus que la nuit si ce n'est des ennuis ? Triste monde sans logique où les gens obéissent à des règles qu'ils ne comprennent pas. Les murs de ma maisons sont si mince qu'il me suffit de fermer les yeux pour les traverser. Sans vision, je me crois dans la rue, chaque son est net, tout semble si proche. Je me lève lentement, sans la moindre motivation, rien ne me presse, rien ne m'oblige. Je jette des regards méprisants à cette pièce, comme si la vexer lui donnerait envie de se réaménager. Le frigo est vide, peut être devrais-je m'estimer heureux qu'il y ai un frigo. Je passe les mains dans mes poches, contre le tissu fripé se collent des billets, ils auraient dû servir à payer mon loyer mais maintenant... Je pousse ma porte lentement, les cheveux sales, les vêtements poussiéreux, j'ai l'air d'une épave. Je marche lentement, on me dévisage sans faux-semblant. Je ne suis pas à ma place ici, je dois partir. Ma démarche s'accélère, les hommes me suivent, j'ai peur. Je me retourne, les lames des couteaux brillent sous le soleil levant, je suis pétrifié, je m'arrête un instant. C'est un instant de trop, une voiture fonce vers moi, je n'ai pas le temps de l'esquiver, tout est fini. Driiiiiiiing ! Driiiiiiiing ! Je sursaute avant de regarder aux alentours. Je suis couché sur le sol, une fine couche de poussière recouvre mon corps. Un homme sonne à la porte, je me lève lentement. Avec difficulté, j'avance vers l'entrée, je vois flou, je dort encore à moitié.
-Qui c'est ? Demandais-je d'une voix pâteuse. -C'est Steve, je dois vous parler. Je tente désespérément de me rappeler d'un Steve mais aucun visage ne me vient en tête. Je ne me sens pas bien, je sort à peine d'un cauchemar. -Je ne connais pas de Steve. -L'homme qui vous a vendu la maison, je vous ai conduit chez Saliego hier. -Ah oui, je vois. J'ouvre la porte sans me presser. Le paysage tourne autour de moi, les objets que je regardent semblent fuir mon champ de vision. L'homme rentre dans la pièce d'une démarche décidée et me salut, il porte le même genre de costume que le jour précédent. -Je dois vous remettre des documents. -Quels genre de documents ? -Genre financier. Vous avez des choses à payer. Je ne comprends pas tout de suite, dans mon état, le sourire narquois sur son visage ne me permets de réaliser ce qui se passe. Je me contente d'un air interrogateur. -Je croyais que j'avais deux mois gratuits. -Pour le loyer oui, mais il faut remettre la maison aux normes, il y aura la visite de personnes du gouvernement le mois prochain. -Et ce n'est pas votre problème ? -J'ai mis la maison à votre nom, je n'aime pas être tenu pour responsable des déboires de mes clients. Tandis que je reprends peu à peu mes esprits, je comprends les tenants et les aboutissants de la situation. Je sais qui est derrière tout ça mais je ne suis vraiment pas en état de me battre. -C'est Saliego qui vous envoi ? -Oui, évidement, qui d'autre ? -Pourquoi ? -Il ne veut pas vous laisser gâcher vos dons. Par conséquent nous avons trouvé un moyen de vous ramener dans le business. -Qu'est-ce que ça peut lui foutre que je ne travaille pas ? -Il tient à vous, par conséquent vous voir vivre dans ce taudis sans le moindre billet le rend triste. J'étouffais un petit rire en entendant la fin de la phrase. "Triste" ? Si il y avait une chose que j'étais incapable d'imaginer, c'était Saliego triste.
-Donc il me force à faire ce que je ne veux pas en pensant que ça va me rendre heureux ? -Que ça va LE rendre heureux. Je souriait nerveusement, je savais que j'étais coincé et pourtant je ne pouvais me résoudre à abandonner. J'allais y passer la matinée mais on ne pourrait pas me dire que je n'avais pas résisté. -Je refuse de payer. -Très bien, j'espère que la prison te plaira. Sans me laisser le temps de répondre, il quitta la maison. Tout redevint calme, seul le bruit de la rue au dehors venait briser le silence. Je cherchais lentement une solution tout en sachant pertinemment que quelque soit mon échappatoire, Saliego trouverait toujours un autre moyen de me faire revenir.
Chapitre 7 : Tentatives Il me suffit d'un regard circulaire pour comprendre. J'avais été idiot, j'étais revenu ici en pensant pouvoir prendre un nouveau départ, comment aurais-je pu faire preuve de plus de naïveté ? Je croyais que parce que j'avais changé, les habitants de cette ville aussi. Pourtant non, eux étaient restés les même. Pourquoi auraient-ils changé ? Le fait d'être parti ne modifiais pas les règles, ici on accepte les ordres sans broncher. Je l'ai su autrefois mais j'ai choisi de l'oublier. Un instinct purement animal me poussait à continuer la lutte, mais au fond de moi je pouvais voir mon échec, il me brûlait les entrailles. Dans un dernier recours, je pris le téléphone, sélectionnais Nick mais, au moment d'appuyer sur "appeler", je ne pus me résoudre à faire ça. J'avais vu sa maison, il ne possédais pas plus d'argent que moi, de plus, je savais très bien que le problème n'était pas l'argent. Non, le problème c'était Saliego. Je reposais lentement le téléphone avant de le reprendre. Je ne savais plus quoi faire, j'étais perdu. Jamais je ne pourrais payer ce que je dois sans mal agir, mais si je ne le fait pas, je me retrouverais en prison. Rien qu'à cette idée je frémissais. Ce téléphone occupait toute mes pensées, il était mon ultime solution. En quelques pressions je pouvait devenir un hors-la-loi. Je ne voyais plus rien d'autre que ce bouton "appeler". Si je le faisais, je le regretterais mais si je ne le faisais pas, je le regretterais aussi. Je pourrais aussi appeler Saliego, il m'avait promis de l'argent... Mais j'avais refusé cet argent. Je me trouvais dans une impasse, aucune solution n'était viable. Ce que j'allais faire allait sans doute modifier le reste de ma vie mais je finis par me résoudre à récupérer le téléphone. Ça sonne, j'attends, je réfléchis à ce que je vais dire. Au dernier moment, quand j'entends la voix de Nick, je change tout mes plans, il n'est plus question de lui demander de l'argent. -Mike ! Tu te lève tôt pour un chômeur. -Peut-être... Écoute Nick, tu m'a parlé d'un mec qui dirigeait le 18st gang. -Euh oui... J'hésitais, était-ce vraiment une bonne idée ? Je ne voulais pas travailler avec Saliego mais le monde des gangs était encore pire que celui de la mafia... -Tu le connais personnellement ? -Moi ? Non ! Mais pourquoi ? Je ne savais pas quoi dire, je n'osais pas lui avouer.
-Mike ? Je craquais, je n'en pouvais plus, il fallait que je parle à quelqu'un. -Je suis vraiment dans la merde. -Quoi ? Comment ça ? -J'ai plus de thune et je dois une petite dizaine de millier de dollars. -Pourquoi ? -À cause de Saliego. Putain je sais plus quoi faire moi. -Bah euh.... Je pourrais te prêter de l'argent mais j'en dois déjà à un certain nombre de types du coup.... -Non, c'est bon. Je veux juste que tu me trouve un employeur, t'as encore des relations ? -Ouaip mais.... Enfin t'es sûr ? T'avais vraiment l'air du mec qui voulait se ranger. Je m'étais rangé, mais maintenant c'était fini, cette ville est comme une maladie, quand vous la quittez vous pensez qu'elle a disparu mais dès que vous revenez, elle reviens à la charge. -Donne moi un nom. -Je connais un mec, un certain Bob, il bosse pour ton gars. Tu peux le trouver à la station service abandonnée. Mais t'es vraiment sûr que... Il n'aura pas sa réponse, j'ai raccroché. Je ne veux pas lui dire que je ne suis sûr de rien, que je suis une merde. Quand je suis parti, je suis sûr qu'il m'a envié, qu'il m'a admiré en se disant "putain, enfin quelqu'un qui a les couilles de le faire". Maintenant il me voit tel que je suis vraiment : un lâche. La porte s'ouvre, je sors. Je suis une sorte de momie, enfin libérée de son tombeau et recouverte par la poussière du passé. À chaque pas, je réévalue mon choix, plus j'avance et plus je me demande si je ne ferais pas mieux de reculer. Perdu dans mes pensées, les gens m'observent comme si j'étais un intrus, une créature étrangère, un monstre. Peu m'importe, j'accélère le pas. Il me faut une dizaine de minutes pour atteindre l'ancienne station service. Sous mes yeux, c'est un paysage de désolation qui apparaît, comme si l'apocalypse avait eu lieu à cet endroit précis. Le sol est gris, sale, des morceaux de briques gisent ça et là. Il y a une sorte de bulle qui entoure cet place, tout autour le monde est normal et ici, rien ne vit. Dans ce paysage triste et sombre, un homme est assis, il regarde dans le vide. Je m'approche petit à petit, quand je ne suis plus qu'à quelques mètres, il lève les yeux. Sa peau est noire, comme ses vêtements, il se fond dans le décor, il est comme une ombre. Je vois dans ses yeux qu'il n'a pas tout ses esprits.
-T'es qui toi ? -On m'a dis que tu connaissais Antonio Luìs, c'est vrai ? -De nom.... Je savais d'où venaient ses soupçons. Un homme blanc d'un trentaine d'années qui venait demander à être mis en relation avec un chef de gang, jamais on n'aurait pu faire plus suspect. -Je ne suis pas de la police. -Okay ! Putain j'suis rassuré mec. J'ai eu peur un instant mais là bordel, tu m'enlève un poids ! -Du coup, je peux le voir ? -Mais t'es complètement con mec ? C'était de l'ironie putain ! J'en ai rien à battre de ce que tu me dis, je veux des putains de preuves ! -Appelle Nick. -Quoi ? -Nick Fear, tu le connais non ? Appelle le. -Qu'est-ce qui me dit que des keufs sont pas en train de le niquer pour qu'il réponde que t'es pas un putain de poulet ? Nan, j'appelle Luìs directement. J'allais faire un geste pour l'en empêcher mais je savais comment il allait le prendre. Je devais rester sans bouger et prier pour que ma réputation fasse le reste. Si jamais Luìs ne me connaissait pas, il ne me resterait plus qu'à fuir le plus vite possible. Le jeune pris son téléphone dans un geste tremblant trahissant encore une fois la présence de drogue dans son organisme avant de taper le numéro. -Hey ! Antonio ! ...... Ouais...... Ouais...... Ouais mais attends......... Y a un gars là ......... Je sais pas justement ......... Ouais attends. Mec, tu t'appelle comment ? -Michael Da Silva. -Michael Da Silva qu'il dit.......... Ouaip........ Ah ? ........... Comme ça ? .......... Bon ok. Il ramena le téléphone à se poche et me jeta un regard indéchiffrable, il s'y mêlait des traces de soupçons et de respect. -Je sais pas qui t'es mec, mais en tout cas il te respecte. Vas-y, prends ça. Il gribouilla quelques mots sur un vieux bout de papier et me le tendit, son écriture était très approximative mais je réussis quand même à comprendre quelle était l'adresse qu'il avait inscrit. De nouveau je marchais seul avec moi-même dans les rues de la ville. Douter de moi-même était devenu ce que je faisais de mieux, il ne passait pas une seconde sans que je me demande ce qu'il allait se passer ou ce qu'il se serait
passé si j'avais fait tel ou tel choix. Malgré ça, j'atteignit mon objectif : une maison de deux étages qui semblait laissée à l'abandon mais dont je devinais que l'intérieur servait de quartier général au gang le plus puissant de la ville. Je m'étais aventuré dans un coin reculé du quartier, ici il n'y avait plus personne, plus le moindre bruit, je pouvais me faire tuer sans que personne ne s'en rende compte et pourtant ce qui me faisait le plus peur, c'était la façon avec laquelle j'allais assumer de replonger. Je m'approchais donc de la porte le plus lentement possible, je voulais me donner suffisamment de temps pour réfléchir tout en sachant très bien que j'avais fait mon choix en quittant ma maison. Trois coups sur la porte et cette dernière s'ouvre, un jeune d'une vingtaine d'année me toise du regard. -T'es qui ? -Je viens voir Luìs. -T'es qui ? -Michael Da Silva. -Qui t'a dit où étais Luìs ? -Bob. Toujours avec le même mépris sur le visage, il me fit signe d'entrer dans ce qui était le hall de la maison. Une pièce mal éclairée ou une dizaine de personne discutaient autour d'une table sur laquelle étaient posés des bouteilles vides ainsi que des joins encore fumants. L'homme qui m'avait accueilli leur fit un signe de la tête et deux membres du gang se levèrent pour me fouiller. Ils firent glisser leurs mains le long de mon corps, appuyant avec force sur tout les recoins, quand ils finirent par conclure que je n'étais pas armé, ils me firent rentrer dans une pièce adjacente où il m'attendait, assis sur son siège comme sur un trône. -Qui es là ? Demanda-t-il avec une intonation qui me rappela son état mental.
Chapitre 8 : Le roi fou Il régnait dans cette pièce une atmosphère pesante, seuls quelque rayons de soleil y pénétraient, nous permettant d'observer la poussière qui volait lentement. Chaque mur était couvert de tags représentant le symbole des différents gangs qui avaient élu domicile ici au cours du temps. Des cartons trainaient un peu partout sur le sol, je n'osais me demander quel était leur contenu. Dans le fond de la pièce, comme s'il se tenait sur un trône, Antonio Luìs nous toisait du regard depuis son fauteuil noir. Comme je l'avais deviné, c'était un mexicain. Ses yeux respiraient la folie et la violence, son visage ressemblait à celui d'un chien enragé, jamais je ne m'étais senti aussi vulnérable que devant cet homme. Il ne m'était pas difficile de deviner que pour lui, le meurtre d'un de ses hommes n'était pas une mesure excessive. -Je suis Michael Da Silva. Bob vous a... -Qu'est-ce que tu fais là ? Ses yeux mes fixaient avec méchanceté, il semblait rechercher la moindre raison de se défouler sur moi. -Je viens chercher un job. -Tu viens chercher un job ? -Oui. Un léger sourire se dessina sur son visage alors qu'il quittais le confort de sa chaise. -Monsieur viens chercher un putain de job ! Je te prie de patienter, mais je peux t'offrir un café si tu veux ! Tu t'es cru chez pôle emploi fils de pute ? T'as pensé que j'allais te voir et que, directement, j'allais avoir envie que tu rejoigne mes rangs ? Mais t'es un putain de petit con. Les mecs comme toi, je déteste ça. La situation était tendue, à partir de maintenant, le moindre mot pouvait me tuer. Derrière moi, les deux personnes qui m'avaient surveillé s'étaient reculé pour éviter de subir la colère de leur chef. -Quand Bob vous a appelé, pourquoi vous lui avez dit que je pouvais venir ? -Bob ne m'a pas appelé mec. -Alors dites moi comment je vous ai trouvé ? -Cette putain de question, c'est plutôt à toi d'y répondre. Peut être que tu bosse pour les fédéraux, peut être que y'a une armée de fils de pute de fédéraux qui écoutent la conversation et qui attendent que je t'engage dans une merde pour me passer les bracelets.
Je sentais la sueur couler sur mon front mais je faisait tout pour rester calme, la panique me mènerait soit à la fuite soit à la provocation et aucune de ces solutions ne m'accorderait une fin heureuse. -Comment je peux vous prouver que suis réglo ? -Non mais t'es con ou quoi ? Je m'en contrefout que tu soit réglo, ce que je veux c'est que tu dégage de cette putain de maison et que tu retienne qu'il y a un flingue qui t'attends si tu ose y retourner. Sautant sur l'occasion, j'acquiesçais doucement avant de commencer à quitter la pièce. -Qu'est-ce que tu fais ? -Vous avez dit vouloir me laisser partir, je pars... -Ta mère t'as pas appris la politesse ? -Vous parlez du "au revoir" ? -Non, je parle pas du putain de "au revoir", moi je te parle d'"adieu". -Adieu. En quittant la pièce, mon rythme cardiaque reprit une cadence normale. J'observais tout autour de moi de peur qu'un de ses hommes ne m'attende pour me tirer une balle une fois dehors mais rien de tout cela n'eu lieu. Je n'eu aucune difficulté à quitter le repère et à me retrouver à nouveau seul dans la rue. -Eh, toi ! J'eu un léger sursaut en entendant cette voix, c'était une voix de fille, jeune sans doute. -T'es bien Michael Da Silva ? -Possible. Je me retournais lentement pour apercevoir mon interlocutrice : Un femme qui devait avoir 25 ans, les traits hispaniques, les cheveux noirs tirés en arrière pour former un chignon et des vêtements ample qui rendaient ses formes mystérieuses. -Putain c'est vraiment toi ? -Je sais pas. Comment tu me connais ? -Andréa Flores. Ce nom me fit l'effet d'une bombe, en fait chaque nom du passé qui resurgissait me faisait cet effet là. Durant un instant je me perds dans mes pensées, visionnant tout mes souvenirs.
-De la famille de... -Roaquìn, ouaip. -Putain, où est-ce qu'il en est ? Son visage devint un peu plus sombre à cet question et elle n'eut pas besoin de répondre, j'avais compris tout seul. -Comment ? -En prison. Après votre gros coup pour Saliego, certains ont été libéré et, pour ceux avec qui ce n'était pas possible, il se sont fait descendre. -Je suis désolé, je ne... -C'est pas ta faute. C'est Saliego, ce fils de pute. La voir ainsi insulter Marco me donna des frissons et je jetais un regard dans mon dos comme pour vérifier qu'il n'était pas en train de nous écouter actuellement. Il arrive un moment où les hommes semblent être devenu tellement puissant qu'on ne se met plus à les percevoir en tant qu'hommes. -Mais euh... Tu te rappelle de moi ? -Euh.... On s'est déjà rencontré ? Je ne suis pas sûr d'être déjà passé chez Jo. -Évidement, putain je suis conne, dans ta vie ça avait dû être un événement banal. -De quoi tu parles ? J'avais beau essayer de me souvenir de quelque chose, j'étais incapable de voir à quel moment j'aurais pu la rencontrer. -Un peu avant le gros coup, Jo avait tué un mec chez les Bloods. Pour se venger, ils m'avaient pris en otage. Je pense que j'aurais dû y passer mais... Je me rappelais maintenant. Joaquìn devait exécuter un job et il m'avait chargé de veiller sur sa famille pendant ce temps là. Quand j'étais arrivé, les hommes du Bloods étaient déjà là. Pour moi ça n'avait été que deux morts de plus, pour elle ça avait dû être le jour où elle avait failli mourrir. -J'étais sans espoir, et là t'arrive. À peine la porte s'ouvre qu'on entends deux coups de feux, les deux gars étaient à terre. Putain c'était incroyable. J'avais 15 ans a l'époque et je m'en souviens comme si c'était hier. -Content d'avoir aidé. C'était la première fois que quelqu'un me montrait un point positif de mon passé. C'était peut être égoïste mais l'admiration palpable de cette fille me faisait sourire, je l'appréciais. -Mais donc, pourquoi t'es venu ici ?
-Je venais demander un job à Luìs. -Putain t'es un malade, qu'est-ce qu'il t'as dit ? -En gros, que je devais aller me faire foutre. Elle eut un rire léger, sans doute un peu exagéré, je souriait moi aussi. -Désolé mais c'était un peu con de demander un job à triple face. -C'est une longue histoire mais je pensais avoir ma chance. -Comme quoi.... Personne n'est infaillible. Mais pourquoi un gars qui roulait en Ferrari veut-il bosser pour un chef de gang ? -De un, c'était une Lamborghini et... -Une voiture de mec qui a un truc à compenser quoi. -Si on veut, mais pour me justifier, je vais dire que je n'avais que 19 ans. -T'es pardonné. Mais pourquoi venir bosser pour TF -TF ? -Triple Face. -Ah ! Je n'ai pas le choix. Peu importe dans quoi je roulais il y a dix ans, aujourd'hui je n'ai plus une thune. Elle déchiffrait le vrai du faux dans mon regard. Ses yeux étaient bleus, il brillaient en reflétant le soleil. Elle n'était pas spécialement belle et son style vestimentaire de garçon n'arrangeait rien mais son attitude montrait qu'elle savait se débrouiller toute seule. -Sérieux ? Tu vis où ? -Près d'ici, dans une vieille baraque. -Putain faudrait que je.... Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, son téléphone sonnât et elle le décrocha aussitôt. Elle me fit signe que ça allait durer longtemps et, tout en continuant la conversation téléphonique, elle écrivit son numéro sur un bout de papier qu'elle me tendit. Je le récupérais en souriant avant de partir pour retourner chez moi. Je n'avais pas eu d'emploi mais au moins, je n'étais pas venu pour rien. Alors que j'arrivais sur le palier de ma maison, mon téléphone se mît à sonner, numéro inconnu. Au bout d'une seconde d'hésitation, je décrochais en me disant que je ne risquais rien. -Da Silva ? Je suis complètement incapable de décrire ma surprise lorsque je me suis rendu compte que cette voix était celle de Triple Face.
Chapitre 9 : Divagations -Ecoute Michael, je pense qu'on ne s'est pas rencontré de la façon que j'aurais souhaité, il faudrait qu'on se refasse ça depuis le début. J'envoie une voiture te chercher. Il ne me laissa même pas le temps de répondre que le téléphone avait déjà raccroché. C'était étrange, on aurait dit que sa voix avait changé, comme si il n'était plus le même homme. Évidement on la reconnaissait mais son attitude était tout à fait différente, je me dis que c'était à cause du téléphone et je cessait de penser à ça. En me perdant dans mes pensées, je me rendis compte que la mort de Joaquìn ne m'avait pas fait le moindre effet. C'était une chose étrange, peut être était-ce parce qu'il était mort pour moi depuis des années maintenant. La distance doit sans doute amenuiser les liens, en 10 ans on oublie les gens, leur mort n'est plus qu'un fait sans importance. Ou peut être est-ce cet environnement où la mort est si fréquente. Ces quartiers ont quelque chose de mystique, comme si rentrer dedans nous faisais changer de pays. Ce n'est pas une question d'architecture, de couleur de peau ou de religion, c'est simplement qu'on ne vit plus pareil. Il y a un code à respecter, une façon de marcher, de regarder. Il ne faut jamais fixer personne, ne pas avoir l'air trop curieux, mais en même temps il ne faut pas éviter le regard, ça passe pour un geste suspect. Simplement faire comme si les autres étaient invisibles, comme si on était seul dans la rue. Pour moi, c'est devenu un réflexe mais pour d'autres, c'est loin d'être le cas. Les personnes qui viennent ici adoptent forcément l'un des deux comportements extrêmes. Soit ils fixent tout le monde, ils se sentent plus en sécurité quand ils voient la menace, mais le contraire existe aussi, on se dit que ce qu'on ne voit pas n'existe pas. C'est comme à l'école, quand le professeur veut interroger quelqu'un et que tout le monde baisse les yeux, on est dans le même cas. Mais ces gens qui viennent ici, ils ne nous comprennent pas. Quand ils se font voler en plein milieu de la route, ils racontent ça à leur amis en disant que les voleurs devaient être des idiots, seuls les gens bêtes volent d'après eux. Mais ils ne savent pas ce qui se passe ici. Quand il n'y pas de possibilité, pas d'options légal enviables, le vol apparaît comme une facilité. Ce n'est pas de la bêtise, simplement de la fainéantise. Nous pourrions nous excuser de ne pas avoir une équipe marketing qui cherche le meilleur moyen pour que le vol passe inaperçu, mais non, nous on vole et on l'assume. Perdre les 100$ dans son porte monnaie, est-ce vraiment pire que perdre la moitié d'un mois de salaire pour s'acheter un téléphone ? La seule différence,
c'est que chez ces gens, dans cette société, le vol est accepté en échange d'une certaine reconnaissance. Mais ici vous aurez cette reconnaissance, dans les deux cas vous vanterez de cette expérience, soit pour rentabiliser le téléphone en rendant les autres jaloux alors qu'ils ont tous le même, soit pour vous faire passer pour un héros en disant "moi, j'ai survécu à une agression dans les bas-quartiers". Là, les gens vous demandent ce qu'il s'est passé, comment ça s'est passé. La vraie question, c'est qu'est-ce qu'un mec qui gagne 10 000$ par mois et qui est incapable de se faire à manger lui même foutait dans les bas-quartier ? Qui est le plus con finalement, celui qui à saisi l'opportunité ou celui qui l'a créé ? Ces différences de point de vue me refaisaient penser à la réaction d'Andrea quand elle m'a aperçu. Pour elle mes actes étaient héroïques, mais était-ce réellement le cas ? Le deux personnes que j'avais tué, méritaient elles la mort ? Leurs vies valaient-elles moins que celle d'Andrea ? On pourrait dire qu'ils ont menacé une petite fille et que par conséquent, leur vie ne vaut rien. Mais ils avaient des raisons, pour eux c'était de la justice pure et dure, il ne s'agissait que d'une vengeance. Andréa n'était qu'un simple dégât collatéral. Je pense avoir moi même tué un nombre d'innocents non-négligeable, rien ne m'autorisait à tuer ces gens, rien ne prouve que j'étais le héros et eux les méchants, rien ne me met sur un piédestal. Au final les héros, ce sont simplement qui ont gagné pour pouvoir raconter l'histoire à leur façon. Ces gens qu'on traite comme des terroristes aujourd'hui, si un jour il gagnent, ils deviendront des "résistants". Personne ne se souviens de l'avis des perdants, rien de ce que l'on sait n'est objectif, tout nous vient du plus fort. Ce monde est bien trop complexe pour que qui que ce soit qui le foule puisse avoir raison, jamais un avis ne sera parfait, jamais une.... -Bon, tu monte ? Je repris mes esprits pour apercevoir la sportive des années 80 qui se tenait devant moi. Je n'ai jamais été très fort pour reconnaître les vieilles voitures et je fut donc incapable de deviner sa marque. En regardant le visage agacé du conducteur, je compris qu'il valait mieux ne pas traîner et je pris rapidement place à ses côtés sur le siège usé par le temps. Il paraissait évident que cet homme n'était pas là pour faire la conversation et je pris donc soin de ne pas laisser sortir le moindre son de ma bouche. Nous faisions en sens inverse le chemin que je venais de parcourir mais cette fois-ci, il ne dura que deux petites minutes. Cet endroit me donnait toujours autant froid dans le dos, ces maisons délabrés, ces rues vides, comme si toute vie avait quitté ce lieu en comprenant qui y vivait. Dans le QG du gang, tout semblait avoir changé. Les hommes en train de fumer
et de parler fort avaient disparus, la pièce était vide à l'exception d'un homme qui ne fit que je me jeter un léger regard suspicieux avant de me laisser entrer dans le bureau de Luìs. Toujours assis sur son trône, ce dernier semblait pourtant être devenu une nouvelle personne. Son attitude était plus posée, il n'avait plus rien d'un chien enragé. Son regard se posa sur moi non pas avec colère et mépris mais avec bienveillance, comme celui d'un père sur son enfant. -Michael Da Silva ! La légende est enfin en face de moi ! Heureux de te rencontrer enfin. Je fit abstraction des questions qui me taraudaient l'esprit pour simplement hocher la tête en signe de déférence. -Pardonne moi, j'ai des problèmes qui font que.... Enfin les choses ne se déroulent pas toujours comme prévus. J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur. En attendant, j'ai cru comprendre que tu venais pour un travaille non ? Même sa façon de parler s'était modifié, ce n'était plus un chef de gang agressif, on aurait un dieu qui s'adressait à un être humain avec tout le respect imaginable. -Eh bien.... Euh oui, en effet. -Quel genre de travail ? Ce serait un honneur de compter un homme comme toi parmi mes hommes. Je doutais quelques instants qu'il ne s'agisse d'un piège mais je ne laissais rien paraître et me contentait de lui donner une réponse précise. -Quelque chose comme livreur, je n'ai pas envie de retrouver du sang sur mes mains. Il m'adressa un sourire encore plus bienveillant que le précédant mais malgré ça, je ne pus m'empêcher de déceler quelque chose dans ses yeux, quelque chose qui n'avait rien d'amical. -C'est tout à fait compréhensible. Je te propose de t'occuper de transporter la cam de nos fournisseurs à nos vendeurs, cela te conviendrait-il ? Tout cela paraissait trop beau pour être vrai mais, encore une fois, je ne fit qu'acquiescer docilement. Il se frotta alors les mains en lançant un "parfait" qui résonna partout avant de me demander de partir de la façon la plus aimable qui soit. De retour dehors, je n'eut pas le temps de réfléchir à ce qui venait de se passer que mon regard croisa celui d'Andréa.
-Alors, on retente sa chance ? -Si on veut.... Mais je n'ai pas l'impression que l'employeur est le même. -Ah ! Petit tricheur. En voyant ses yeux, je comprit immédiatement qu'elle savait pertinemment ce qu'il se passait. -Qu'est-ce qu'il a ce mec ? -Le nom de Triple Face devrait être assez facile à comprendre. -Dans les grandes lignes oui, mais pour le reste... -Viens là, je vais t'expliquer. Elle me fit signe de m'asseoir sur un banc qui semblait tout autant délabré que le reste du quartier et elle pût commencer ses explications.
Chapitre 10 : Repas de famille. Andréa parlait sans s'arrêter, elle ne semblait même pas se demander si je l'écoutait. Sa voix avait quelque chose de mélodieux, de pure, et pourtant elle était plongée dans ce monde de violence au moins autant que moi. -Luìs est schizo, enfin en vrai ça s'appelle des troubles dissociatifs de l'identité mais personne ne parle comme ça je pense. En gros, ça fait que chacune leur tour, il change de personnalité. Là t'as pu en voir deux, en tout y'en a trois. -D'où le surnom de Triple Face. Elle me fit un sourire dont je ne compris pas bien le sens, je ne savais pas si elle était contente de voir que je suivais ou si elle me demandait poliment de la laisser parler. -C'est ça. D'abord il y a l'Enragé, il est tout le temps sur les nerfs, crie sur absolument tout ce qui est dans la même pièce que lui et commet un certain nombre de meurtres dans le but de se défouler. À l'inverse, il y a le Stratège, c'est cette personnalité là qui fait qu'il dirige le gang. Quand c'est lui qui prends le contrôle, Luìs devient un putain de génie, ses idées sont brillantes et tout ce qu'il fait, il le fait dans un objectif précis. Le Stratège est tellement génial qu'il est le seul à avoir compris qu'il y avait d'autres personnalités et c'est sans doute celui qui en souffre le plus : les deux autres bousillent tout ce qu'il fait. Pour finir, on a le Fou. Il est le plus insupportable des trois mais, par chance, c'est aussi la personnalité qui se manifeste le moins. Ce mec est parano, complètement, et le cache en essayant de détendre l'atmosphère avec des blagues niaise, une consommation de drogue qui fait vide son compte en banque et un nombre de prostituées inimaginable. Le Stratège déteste le Fou parce qu'il a peur que ce dernier le tue, il a peur de mourrir d'une overdose ou encore d'attraper des MST a cause de ce dégénéré. En gros c'est tout, j'espère que j'ai été assez clair. -Oui, c'était très bien. En disant cela, j'entendis un bruit provenir de mon estomac, je me rendis alors compte qu'il était 13h et que je n'avais pas mangé depuis ce matin. Je pris donc congé d'Andréa pour me rendre dans la supérette la plus proche qui, étrangement, ressemblait comme deux gouttes d'eaux à celle de Nick. Je récupérais là-bas un hamburger à réchauffer que je fis cuir dans le microonde du magasin avant de le déguster dehors. C'était plutôt mauvais, voir même dégoûtant, mais je n'avais pas les moyens de faire la fine bouche. Les gens passaient devant moi, ils me voyaient avec mes vêtements sales,
accoudés contre un magasin en train de manger un hamburger d'une qualité très discutable. Je ne pense avoir jamais eu plus l'air d'un SDF qu'à cet instant. J'en veux pour preuve les 8,30 $ que j'ai récupéré ce jour là grâce aux dons de ces gens. J'avoue avoir eu pendant un instant l'envie de leur faire manger les pièces qu'ils me donnaient mais au final, il n'y avait rien de méprisant dans leur geste, simplement s'étaient-ils trompés sur ma condition et je pris donc les pièces sans broncher. Oui l'honneur se perd... Alors que je marchais pour rentrer chez moi, j'entendis mon téléphone sonner dans ma poche. Après avoir lâché un soupir d'agacement, je le sorti de son refuge. Je me préparais à raccrocher, las de ces discutions épuisantes, lorsque je vis le nom qui s'affichait. Un sourire se dessina sur mon visage à la seconde où je l'aperçu. -Michael ? Mon sourire s'agrandit aussitôt lorsque j'entendis cette voix si douce. Malgré son ton froid et aigri, il me provoquait toujours ce même sentiment de bonheur. -Oui ? -Tu ne m'a pas appelé, on ne peut vraiment pas compter sur toi. Je me sentis d'abord honteux d'avoir oublié, mais autre chose vint me tarauder l'esprit. Je venais de me rendre compte que j'étais arrivé ici depuis à peine quelques heure, et pourtant j'étais déjà de retour dans le monde du crime. Je n'avais plus la moindre motivation, je m'étais laissé convaincre en quelques ridicules heures. Je décidais d'oublier ces pensées un instant pour me concentrer sur le bonheur que me provoquait le son de la voix de mon interlocutrice. -Je sais.... J'avais des trucs à faire..... J'ai oublié. -Tu n'es plus un enfant Michael, il faut que tu apprenne à gérer tes responsabilités, même quand elles se limitent à passer un coup de fil. -Oui... Oui... Je sais. -Enfin, je ne t'appelle pas pour faire la morale, ce ne sont plus mes affaires. Je suis là à cause de ta fille. -Lily ? Qu'est-ce qu'elle a ? -Elle aimerait savoir ce que fait son père, moi je ne sais pas quoi lui dire. On m'a dit que tu étais retourné à L.A., pourquoi ? -Ça c'est une bonne question. -Je t'en prie Michael, ne me dis pas que... -Quoi ?!? Non, non pas du tout. Non.
-Écoute, je ne veux pas qu'elle grandisse sans son père, mais tu n'es pas un père. Tu es juste le grand frère qui a mauvaise influence. Tu ne lui apprends pas à grandir, simplement à s'amuser. -Passe la moi. -Ne me prends pas pour une conne, je sais très bien ce que tu va faire. Si je te la passe, tu me feras passer pour la méchante et ça, je ne peux pas l'accepter. J'ai envie que tu te relève Michael, donc je te laisse un mois pour te trouver un travail honnête, à ce moment là tu pourras la voir. -Je t'aime. Je n'eu pas de réponse, évidement, elle avait raccroché. Je restais seul avec l'espoir qu'elle tenait encore un peu à moi et l'envie ardente de me trouver un vrai travail. Je n'allais pas pour autant retourner voir Triple Face pour retirer ma demande, mais il me fallait un travail que je pourrais lui montrer, c'était un moyen comme un autre de la reconquérir. ---------------------------------------------------------------------------------------------À l'heure où j'écris ces lignes, je me demande encore ce qu'elles signifient. S'agit-il d'aveux ? D'une libération pour moi ? Est-ce qu'écrire tout ça sur le papier me fait un quelconque effet ? Donner le nom de tout ceux qui ont pourri ma vie va-t-il me faire me sentir mieux ? Vais-je réussir à les faire enfermer ? Non, ça paraît évident. Si quelqu'un les trouve, ce seront ceux qui sont en train de massacrer les gardes dans le couloir. En sachant que ma vie touche à sa fin, je regarde avec fierté les murs décorés de ma chambre. Pourtant, ai-je vraiment une raison d'être fier ? Ce n'est pas moi qui ait bâti cette chambre, je n'ai fais que l'acheter. Ce n'est pas moi qui ai gagné l'argent pour l'acheter, je n'ai fait que le voler. Les gens a qui je l'ai volé n'étaient pas des mauvaises personnes, ils n'étaient pas des monstres, je n'avais aucune justification pour commettre ces vols. En fait, cet appartement devrait me rendre plus honteux que fier mais j'ai pris l'habitude de faire abstraction des atrocité que j'ai commise, sans ça je me serais déjà suicidé. Je vois sans doute ces lignes comme une absolution, comme si je me confessais à cette feuille. Mais pourtant, je sais très bien que cette dernière sera réduite en cendres dans les prochaines minutes. Les hommes qui arrivent n'ont pas l'intention de laisser ces accusations à la portée de la police.
Je sais que bientôt, je ne vivrai plus. On ne va pas me tuer, mais la vie ne continuera pas pour autant, je ne serais plus qu'une ombre dans un corps lâche et sans motivations. Bientôt, même mon nom ne signifiera plus rien pour moi, c'est pour ça que j'écris tout ça, pour demeurer quelqu'un après ma disparition. Alors que j'entends les bruits de l'autre côté de la porte, je me remet à la narration de cette histoire qui est la mienne.
Chapitre 11 : Amateurs -Je lis ici que vous n'avez ni étudié ni travaillé durant 4 ans, pour quelles raisons ? L'entretien d'embauche touchait à sa fin, c'était le quatrième de la journée et cette question revenait encore sur le tapis, la première fois je l'avais esquivé, maintenant j'avais une justification. -J'étais rentier. L'homme me fit un regard qui montrait bien son désarroi. Il était étrange de remarquer à quel point il allait bien avec la pièce. Son costume 5 pièces se fondait parfaitement dans l'environnement luxueux de son bureaux. -Rentier ? Vraiment ? La différence entre cet entretien et celui que j'avais passé auprès de Luìs était presque amusante. Ici, la colère n'avait pas sa place, il n'y avait qu'un ton doux et moelleux qui camouflait sans doute les vrais pensées de l'homme derrière le bureau en bois. -Oui, j'avais hérité d'un établissement et j'ai cru que je n'aurais plus à travailler. J'ai donc quitté l'école dans le but de profiter de ma vie. Des fiches étaient étalés partout sur le chêne verni, on pouvait y voir des contrats avec différentes entreprises venant du reste du monde ainsi que des fiches de payes et d'impôts. Sur la plupart d'entre elles, le logo de la chaîne de bijouterie apparaissait en gros, attirant instantanément le regard. -Et que s'est-il passé qui a changé votre situation ? -Un incendie. J'étais assuré mais il y avait des rumeurs comme quoi je l'aurais lancé intentionnellement pour toucher une prime d'assurance. C'est allé en justice, je suis parti en prison. Finalement, on m'a laissé sortir à condition que je ne touche pas ma prime. L'homme réajusta ses lunettes sur son nez avant de passer sa langue sur ses lèvres. Il semblait totalement concentré sur mon histoire. Évidement, elle n'avait aucun sens et n'importe qui aurait vu la supercherie, mais qui oserait raconter une histoire comme ça à un entretien d'embauche si ce n'était pas vrai ? De plus, si il vérifiait, il tomberait sur le cadeau d'adieu d'un ancien ami à moi : une preuve que cette histoire est réelle. C'est d'ailleurs grâce à cette aide précieuse que j'ai pu réintégrer la société après mon départ de Los Angeles.
-Bon... Très bien. Je pense qu'on a parlé de tout. Vous commencez demain. -Je suis pris ? -Possible. Je ne pris pas la peine de poser la moindre question avant de sortir de la pièce. Tout ça me paraissait trop beau, après une journée entière de rendez-vous aux quatre coins de la ville, j'avais enfin réussi. Entre temps, j'avais reçu un appel de Luìs qui me prévenait que je commencerais la semaine prochaine. J'avais d'abord eu peur qu'il s'agisse de l'Enragé qui avait décidé de me virer mais mes craintes étaient infondées. Ce soir là, après avoir dîné chez Nick, je pus donc m'endormir calmement : la routine s'installait peu à peu. Le travail de garde, ou de videur selon les préférences, est long et ennuyant. Mais l'ennui n'est pas quelque chose qui me rebute, surtout si je suis payé pour le faire. J'ai donc passé les trois jours suivant à observer la rue depuis l'entrée de la bijouterie, au début je laissais mon esprit vagabonder mais je finis par l'arrêter complètement. Tout mes sens étaient focalisés sur la recherche du moindre événement suspect. Il arrivait que mes muscles se serrent lorsque j'observais une personne marcher d'une façon suspecte jusqu'au moment où ils se décontractaient quand elle sortait de mon champ de vision. La vendeuse de la bijouterie était une jeune femme, plutôt sympathique mais aux discussions assez limitées. N'étant pas capable de parler de chaussures pendant toute une journée, je fut rapidement forcée de la renvoyer dans ses gonds. La rue était calme la plupart du temps, elle ne faisait pas partie des artères principales de Los Angeles et n'était desservie par aucune station de transport en commun. Il était donc très simple d'observer tout les gens qui y passaient et de remarquer ceux dont le comportement paraissait louche. Mais malgré ça, les trois premiers jours de travail ne connurent aucun événement intéressant et je n'eut rien d'autre à faire que de regarder, immobile devant la porte de la bijouterie. Le quatrième jour en revanche, mon attention fut attirée en début d'après- midi par une voiture qui s'était garée en face du magasin. Les hommes à l'intérieurs ne semblaient pas décidés à sortir et je pris donc le temps de retenir la plaque d'immatriculation du véhicule. Je pouvais les voir s'agiter à l'intérieur, en dépit de toute les fausses alertes précédentes, j'étais sûr que ces gens là n'étaient pas nets et cette impression fut confirmée lorsqu'ils quittèrent le véhicule. Ils étaient trois, tous habillé en tenue de sport avec des gants noir sur les mains. Je réprimais un léger sourire lorsque j'aperçus l'arme qui dépassait du pantalon
d'un des hommes. Mes muscles se raidirent en un instant : j'étais près à agir. L'homme dont l'arme dépassait approchait lentement, d'une démarche mal assurée. Il approchait Il approchait Il approchait Dès qu'il fut suffisamment près, je passais ma main sur le crosse de son arme avant de le faire trébucher violemment. Ses deux complices n'eurent pas le temps de comprendre ce qu'il leur arrivait qu'ils avaient déjà une arme pointée sur eux. -Pitoyable. Les deux hommes firent une moue étonnée en m'entendant prononcer ces mots. -Votre arrivé. Déjà vous restez une demi heure dans la voiture, histoire d'être repérés. Ensuite vous avancez comme si vous vouliez qu'on vous repère, ne faites pas semblant d'avoir l'air naturel, ayez l'air naturel. Et puis toi -je posais mon pied sur l'homme au sol- On ne laisse jamais son arme à portée de vue tant qu'elle n'est pas dégainée. Ça me faisait un bien immense de me sentir comme ça, donnant des conseils à un groupe d'amateurs. Je jetais un coup d'œil à la vendeuse pour voir si elle avait attendue quoi que ce soit mais son attention était offerte à une cliente et je pus donc faire signe aux hommes de s'enfuir sans éveiller le moindre soupçon. -Non, pas toi ! Dis-je en raffermissant mon emprise sur celui qui était étalé au sol. Le sourire sur mon visage grandit encore alors que je pensais à ce que j'allais faire. J'étais sur le point de réaliser l'un de mes rêves : jouer le connaisseur retraité. Je pris le temps de laisser l'homme se lever, je rangeais l'arme dans mon pantalon tout en le surveillant de façon à ce qu'il ne s'enfuie pas. Dans la boutique, toute cette action était restée inaperçue. -C'est ton premier coup ? -Euh oui... Pourquoi ? Il parlait avec un léger accent, je n'étais pas très fort pour les reconnaître mais là je pensais pouvoir affirmer qu'il venait des pays de l'Est. Ses traits carrés et ses cheveux coupées à ras du crâne lui donnaient vraiment un air de soldat russe. -Déjà parce que vous étiez mauvais, et ensuite parce que même si vous aviez été bons, il n'aurait jamais fallu commencer par une bijouterie.
Son regard devint honteux et il n'eut plus du tout l'apparence d'un soldat, il ressemblait plus à un enfant qu'on venait de sermonner. -Je sais... J'aurais pas dû me laisser embarquer là-dedans. -C'est le moins qu'on puisse dire. Estime-toi heureux que je sois un ancien du milieu et que je ne vous envoie pas en prison. Toute la peur qui apparaissait sur son visage avait disparu pour laisser place à une sorte d'espoir qui me fit sourire encore plus. -C'est pour ça que tu t'y connais autant ? -Ouaip. De toutes les activités illégales que j'avais pratiqué, le braquage était sans doute ma préférée. Ici, l'argent n'était pas offert par un employeur, on le récupérais nous même et je trouvais ça bien plus gratifiant. Malheureusement, je suis rentré dans ce milieu très tard et je n'eut que très peu de temps pour en profiter à cause de l'incident qui m'a envoyé en prison. La tentation de recommencer était grande et si je pouvais en plus flatter mon ego en ayant mon propre apprenti, c'était du tout-bon. -Qu'est-ce que tu fais là si t'es un ancien braqueur ? Tu fais du repérage ? C'était étrange, ses question sonnaient comme celles d'un petit enfant à mes oreilles alors qu'il avait la voix et l'apparence propre à son âge. -Nan, j'ai arrêté. -Pourquoi ? -J'ai mes raisons. Cette phrase, prononcé involontairement d'une façon sèche mît fin à la discussion. Le jeune homme passa le reste de l'après-midi à m'observer, comme si il pouvait apprendre grâce à ça. Personne ne se demandais ce qu'il faisait là et c'était tant mieux. Quand le soleil vint entamer sa descente finale, je quittais la bijouterie en compagnie de mon nouvel apprenti. -Où est-ce qu'on va ? -J'en sais rien... Je pensais aller chez moi mais je n'ai pas vraiment envie de t'y emmener. -On peut aller au bar s'tu veux. J'en connais un bien pas loin d'ici. Je n'avais pas passé de temps dans un bar depuis plusieurs années mais refuser sa proposition me paraissait trop cruel et je ne fit qu'acquiescer avec compréhension.
L'établissement dans lequel il m'emmenait se tenait dans le centre ville, il avait dû être luxueux à une époque reculée mais n'étais désormais plus qu'un vestige du passé. L'endroit semblait plutôt bien entretenu malgré son air vieillot et avait l'odeur d'alcool propre aux endroits de sa catégorie. Au comptoir, trois personnes se tenaient accoudées, fixant avec attention le contenu de leurs verres comme si détourner le regard allait le laisser disparaître. Le barman était un homme d'une soixantaine d'années, ses traits étaient agressifs et sa mine patibulaire. -Deux bières Bill ! Je sentais l'assurance de mon partenaire revenir, il était de retour dans un lieu qu'il connaissait en compagnie de gens qu'il connaissait et ça se voyait sur son visage. Il n'avait d'ailleurs plus rien d'un enfant. -Oh, on ne s'est pas présenté. Viktor, Viktor Azarov. Et toi ? -Michael. T'as pas besoin de connaître mon nom. J'avais vu juste, il venait de l'Est. -Je peux t'appeler Mike ? Ok cool. Bon, t'es d'accord pour une coopération si j'ai bien compris ? Sa question me prit au dépourvu, il venait de passer d'un pauvre homme fragile à un businessman en attente de signature. Il dût d'ailleurs le remarquer puisqu'il se mît à sourire. -Euh... Oui, je pense. Mais si on bosse ensemble, tu suis mes ordres sans poser de questions. -Pas de prob.... Ah ! Merci Bill. Il récupéra sa bière et la porta à ses lèvres avant de vider sa chope en un instant. À côté, je prenait mon temps, je n'appréciais pas vraiment la bière mais je ne disais pas non à un verre de temps en temps. -Voilà mon numéro. Maintenant si ça ne te dérange pas, j'ai à faire. Il me tendis une petite feuille de papier et, la seconde d'après, il s'était levé et avancé vers un groupe de filles au fond de la salle. Je pouvais lui reprocher son audace mais sûrement pas son goût, elles étaient belles au point que je me demandais ce qu'elles pouvaient bien faire ici. En quelques minutes, il était déjà assis et discutait avec elles en riant. Je restais abasourdi devant ce spectacle, dégustant petit à petit ma chope. Je devais avoir l'air d'un gros pervers, seul au bar, fixant un groupe de jeunes filles toute plus belles les unes que les autres.
Quand finalement j'eu finit de boire, je pris la décision, sûrement par jalousie, de stopper Viktor dans son hélant pour lui proposer quelque chose. Je me levais lentement, feignant une ivresse minime, pour avancer vers la table où mon coéquipier se pavanait. -... mais le truc, c'est qu'il était bourré ! Je n'étais pas arrivé suffisamment tôt pour comprendre la blague qu'il venait de faire, mais en voyant l'explosion de rire qu'elle provoqua, j'en conclus qu'elle était bonne. Ou tout du moins que ces filles avaient dû s'enfiler un nombre nonnégligeable de verres. -Euh Viktor, j'ai un truc à te montrer, tu peux venir ? -Pas vraiment là. Il me coûterait de quitter cette si bonne compagnie. En entendant les gloussements provoqués par les filles de la table, je compris immédiatement que la blague de Viktor n'était pas forcément si bonne que ça. -Bon, t'as l'air de bien t'amuser, mais faut vraiment que je te dise un truc. -Putain Michael tu fais chier ! Malgré sa protestation, il quitta toute de même la table, suivi de près par les deux plus belles filles de la tables. Leurs cheveux noirs reflétaient avec magnificence la lumière des lampes de l'établissement. -Elles viennent ? -Vicky nous a promis qu'il allait nous raccompagner.... Et il doit tenir sa promesse. En entendant son ton hésitant, je compris que mes suppositions étaient fondées : elles étaient complètement torchées. Elles agrippaient chacune un bras de Viktor comme si il s'agissait de leur canne. En sortant du bar, l'air frais me sauta au visage et j'eu un léger mouvement de recul avant de fermer mon blouson. Derrière moi, les filles frissonnaient de manière exagérée. -Bon, qu'est-ce que tu voulais me montrer ? -On va te tester. Les deux ivrognes ouvrirent de grands yeux lorsque je tendis l'arme que je lui avais pris à Viktor. -Il y a au moins 300$ dans cette caisse, tu me les ramène et je t'embauche. Mon sourire s'agrandit alors que j'observais l'incrédulité naissante sur le visage de Viktor.
Chapitre 12 : Insubordination -T'as pas l'impression de trop en faire, mec ? -Quoi ? Incrédule, j'observais Viktor qui avait encore une fois changé d'attitude pour devenir un peu plus détendu et agressif à la fois. -Je peux rester comme un con à te regarder pendant que tu observes la route pendant une journée, ça va. Mais là tu crois pas que t'exagère genre énormément. Tu me donne le flingue en mode "va mon fils, maintenant que je t'ai tout appris, tu peux reprendre le flambeau", mais moi je dis non. Je restais sans voix devant le discours de Viktor, j'étais incapable de réagir. Les deux filles s'étaient, quant à elles, enfuient en courant, sans doute à cause de la présence du pistolet. -Alors écoute moi Mike, j'suis ton associés ok ? Ouais t'as plus d'expérience que moi, et alors, je m'en balek. J'ai essayé de faire le mec cool pendant une putain de journée mais j'ai pas l'impression que ça ait servi à grand chose. Il m'enfonça ensuite un poing dans le ventre sans que je n'ai le temps de réagir. La douleur s'empara immédiatement de mon corps alors que tombais à genoux, le regard incompréhensif. -Essaye même pas de me faire croire que t'es meilleur que moi si tu sais pas esquiver un coup comme ça. Bon.... Sur ce bonne nuit, t'as fait fuir mon plan à trois de ce soir et maintenant faut que je m'en trouve un autre. Il me lança un petit sourire moqueur avant de disparaître de mon champs de vision. -Oh, et t'oublie pas de m'appeler, hein ? J'étais seul, couché sur le sol, le ventre extrêmement douloureux et sans la moindre trace d'amour propre à l'horizon. Maintenant que je sentais encore son point dans mon ventre, je me rendais compte à quel point j'avais déconné avec lui et je me sentais vraiment idiot. Je n'étais vraiment pas fait pour être un chef, au moins j'étais sûr de ça. J'avais toujours passé ma vie à accomplir les volontés d'un autre et c'était sans doute mieux comme ça. Je me demandais pourquoi je tombais sur des gens qui changeaient de personnalité en un instant, était-ce une mode dans cette ville ? En tout cas j'étais sûr d'une chose, j'avais mérité ce coup de poing.
Ce soir, sur mon matelas, je repensais à ma semaine passée. J'étais arrivé un samedi, le dimanche je m'étais fait embauché par un chef de gang, le lundi je m'étais trouvé un travail chez une bijouterie et le vendredi je venais de recruter un coéquipier pour de futurs braquages. Étais-je simplement bizarre ou est-ce que la vie de tout le monde allait aussi vite ? À mon arrivé je m'étais juré de ne pas replonger et me voilà, un semaine plus tard, engagé dans deux business illégaux différents. J'étais vraiment incapable de résister aux autres, j'étais incapable de me résister à moi-même. Je fut réveille en plein milieu de la nuit par un appelle sur mon téléphone. Au début je ne pris pas la peine de décrocher mais quand je me rendit compte de la motivation de la personne à l'autre bout du fil, je comprit que je n'avais pas d'autre moyens si je voulais me rendormir. Dans un geste maladroit, je fit glisser ma main le long du sol à la recherche du téléphone qui se trouvait à quelques centimètres de mon lit. Dans le silence nocturne, son bruit semblait apparaître comme un intrus d'une autre dimension. Finalement je réussis à l'attraper et, sans prendre la peine de lire le nom du fou qui m'appelait a 3h du matin, je décrochais. -Michael Da Silva ? Je connaissais cette voix, c'était celle de Luìs, et je lâchais un soupir agacé en l'entendant. En revanche son intonation m'étais inconnu, il parlait tout bas et avec des espaces entre chaque syllabe, comme si il souffrait d'une crisse d'asthme. -Oui... -On m'a dit que t'étais réglo, c'est vrai ? -Qui vous as dit ç.... Oh et puis je m'en fou. Oui c'est vrai. -J'ai besoin de toi. J'avais l'impression en l'entendant parler qu'il se cachait dans un placard alors que la totalité de la police de Californie fouillait sa maison. Je pût donc conclure que je m'adressais au Fou et, par la même occasion, qu'aucune des personnalités de Luìs ne m'étaient sympathiques. -Pourquoi faire ? -On a volé une de mes voitures, et je crois que c'est un de mes gars. Comme je ne peux pas leur faire confiance, j'ai choisi quelqu'un de l'extérieur. Comme il ne pouvait pas faire confiance à ses hommes, il a choisi quelqu'un à qui il n'avait jamais parlé.... En tout cas son surnom lui convenait à merveille. -Donc c'est moi ? -Oui. Je te dis où elle est, tu me la ramène et je te paye.
-Euh oui mais non, vous vous rendez compte qu'il est trois heure du matin ! -3000 $ ... Non ? Bon 4000 $ En entendant ces montants, il gagna toute mon attention. J'étais peut être malhonnête d'abuser d'un homme dans son état mais l'abus de faiblesse devait sans doute se classer tout en bas dans la pile de mes crimes. -5000 $ Et je suis votre homme. -Vendu ! Tu me sauve la vie. Il me donna l'adresse où se trouvait la voiture ainsi que sa marque : une Land Rover. Je me demandais quelle genre de personne serait prête à donner 5000$ pour ramener une voiture qui en ne devait pas en valoir plus du triple avant de me convaincre que je devais simplement accepter cet argent. Je regardais fixement la porte, l'argent était une motivation intéressante mais même avec de la motivation, sortir du lit à 3h relevait de l'exploit. Je me rendis alors compte que la voiture se trouvait dans le territoire des Mara Salvatrucha et qu'on ne me laisserai pas la récupérer sans combattre. Or je n'avais ni arme ni allié. J'étais tenté d'appeler Luìs pour lui en demander mais j'avais peur qu'il revienne sur son offre. Mon dévolu se jeta ensuite sur Saliego mais, étonnement, l'appeler à trois heure du matin ne me paraissait pas une bonne idée, encore moins pour lui demander des services. Il restait Viktor, mais après les événement de la veille, je doutait qu'il veuille travailler avec moi. Je le comprendrais d'ailleurs totalement si c'était le cas. Ensuite il y avait la troisième option, acheter une arme et y aller seul, ça signifierait plus de risque mais aussi plus d'argent. Voilà un nouveaux problème qui venait s'ajouter à la liste : l'argent. Etais-je prêt à perdre la moitié de mon salaire juste pour faciliter mon travail ? Non, mais dans le cas présent, en prenant compte du temps que j'avais passé en dehors du ring, mon talent serais mis à rude épreuve face à un gang de rue. J'avais besoin d'aide. -Viktor ? -Désolé, il est occupé. C'était une voix de fille, une voix de filles rieuse, essoufflée et légèrement alcoolisée. Putain mais avec qui je m'étais associé ? -Dites lui que c'est Michael qui l'appelle, et que j'ai un travail pour lui. -Non mais il est vraiment occupé. Putain mais passe le moi si tu ne veux pas te prendre une balle dans la tête la prochaine fois que je te vois.
-DITES LUI ÇA ! -Ok...ok. Vik, y'a un gars au téléphone, il dit qu'il a un taf pour toi, s'appel Michael. Un léger cri puis quelques secondes de silence avant d'entendre la voix de Viktor. -Ça a intérêt à être important. Oui, ça l'est. C'est mon grand retour.
Chapitre 13 : La nuit, tout les cadavres sont gris Une ombre s'approchait lentement dans l'obscurité nocturne, sa démarche était remarquable de loin, elle laissait entendre que la soirée avait été agitée. Ses pas raisonnaient dans le silence de la ville. Nous étions deux, seuls dehors, comme des fantômes qui hantaient les rues d'une ville désertée par les vivants. Tandis que l'homme approchait, je regardais autour de moi avec anxiété, j'avais comme l'impression que la nuit m'observait. -Bon, j'ai deux flingues, elle est où ta caisse ? Sa voix perçait le silence sans le moindre respect pour les dormeurs alentours. Je doutait que l'alcool y soit pour quelque chose mais je n'en fit pas la remarque. L'homme tira une arme de son pantalon et me la tendit comme s'il s'agissait d'un simple mouchoir. Je la récupérais lentement, jaugeant son poids, avant de la rentrer dans mon pantalon. À l'intérieur de ma poitrine, mon cœur battait lentement, trop lentement, ce n'était pas normal que je sois aussi calme. -On y va oui ou merde ? Tu m'as fait raté trois filles en tout ce soir alors t'as pas intérêt de te dégonfler. -Ouais, on y va. Je quittais le contact du mur sur lequel je m'étais appuyé pour regarder en direction de la rue que nous devions emprunter. Je me mis à avancer normalement, comme s'il s'agissait d'une journée (ou plutôt d'une soirée) normale. Être seul dans une ville endormie était quelque chose d'apaisant, je me sentais tout puissant. Je pouvais entendre à l'autre bout du quartier le bruit des sirènes de police, les musiques émanant des différentes boîtes de nuit. J'étais seul dans un monde qui n'attendait plus que je le réveille. La loi n'existait plus, il n'y avait que moi et cette ville, c'était un terrain de jeu dont j'étais le maître, personne ne me jugeais, personne ne me disais ce que je devais faire. -C'est celle là ? Entre deux véhicules tout à fait banales, on pouvait apercevoir une Range Rover sport noir, ou peut être étais-ce la nuit qui lui donnait cette couleur. La voiture était un modèle récent, plutôt sobre mais qui attirait pourtant l'œil. Aucune modification de la carrosserie comme j'aurais pu m'y attendre de la part d'un chef de gang.
Je fis un signe de tête à Viktor pour lui dire que c'était la bonne voiture mais il ne semblât pas le voir, il s'était déjà précipité jusqu'au véhicule. J'avais l'impression que chacun des bruits qu'il émettait suffirait à éveiller tout les habitants des environs. Alors que j'approchais d'une démarche nonchalante, je vis qu'il s'était abaissé à la hauteur de la poignée de la porte. -Qu'est-ce que tu fais ? -Je voulais crocheter mais il n'y a pas de serrure. -Évidement qu'il n'y a pas de serrure, on est en 2015. Il me jeta un regard plein de haine avant de regarder aux alentours. -Qu'est-ce qu'on fait ? -J'en ai aucune idée. Le ciel s'éclaircissait très légèrement, c'était quasiment imperceptible mais ça me rappelait que notre temps était compté. Je prit donc place sur un banc à proximité pour réfléchir aux possibilités. -Tu va dormir ? -Je vais réfléchir. -À quoi ? -À comment récupérer la voiture. -Bah comme ça : Sous mon regard horrifié, je vis son coude rentrer dans le verre d'une des vitres de la voiture. Je ne sais ce qui à fait s'arrêter de battre mon coeur : l'alarme qui sonnait dans toute la rue ou le fait qu'il n'avait même pas réussi à entailler le verre ? Son visage ne contenait pas la moindre trace de honte, au lieu de ça, on aurait dit qu'il était en colère contre la Range Rover. Il sortit alors son arme pour la pointer sur la vitre. -Non ne fais pas ... Le coup de feu retentit, le verre se brisa et un chien hurla quelques pâtés de maisons plus loin. Alors que je voyais les lumière s'allumer dans les maisons alentours, mon coeur se mît à accélérer son rythme d'un coup. -Bordel mais t'es trop con ! -Ta gueule et monte... VITE ! Je couru jusqu'au véhicule que Viktor regardait avec une certaine gêne. -Qu'est-ce qu'il y a encore ?
-Tu pense qu'on peut la faire démarrer avec les fils ? -Je sais pas comment fait et ça m'étonnerait beaucoup. -Bon ba on est dans la merd... Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un coup de feu avait ricoché sur le capot de la voiture. -PUTAIN ! En un instant nous étions tout les deux baissés, collés à la Range, n'osant pas lever la tête. Nos deux armes étaient sorties, nous avions la main sur la gâchette mais je ne suis pas sûr que l'un d'entre nous était prêt à tirer. Nous restions immobiles et silencieux tandis que les portes s'ouvraient et que les hommes criaient pour nous effrayer. Nous attendions, rien ne pouvait nous perturber. Habillés en noir contre une voiture noire en pleine nuit, il nous restait une chance. À quelques pas de nous, les habitants du quartier discutaient en hurlant. -Qu'est-ce qui se passe merde ? -J'crois qu'on veut voler une caisse. -Quelle caisse ? -Mais j'en sais rien putain ! -Pourquoi tu vas pas voir ? -Tu crois vraiment je vais m'en approcher, on a entendu un coup de feu, si ils sont armés moi je risque pas ma vie pour une putain de voiture de merde. Ils n'étaient pas prêt à attaquer, c'était une maigre consolation mais ça me permit de réfléchir à toute vitesse. Sans les clés nous ne pouvions rien faire, or Luìs n'avais pas précisé ou je pouvais les trouver. Cette mission était donc totalement impossible, pourquoi je l'avais accepté sans réfléchir ? Ah oui ! Parce qu'il est trois heure du matin et qu'on va me payer 5000$ pour l'accomplir. Mais je ne vais pas pouvoir l'accomplir, il ne me reste plus qu'à fuir. Sauf que je ne peux pas, ils sont juste là, à quelques mètres de moi, si je bouge je meurt. Mais si je reste ici, je meurt aussi. Cet endroit est bien trop dangereux, il me faut une solution. J'entends un tire, il vient de l'arme de Viktor. Les deux hommes se tournent vers nous, je ne les vois pas mais je l'entends clairement. -Putain ! À couvert ! Alors que je regrettais intérieurement d'avoir demandé de l'aide à l'homme qui se trouvait juste à côté de moi, j'entendis ce dernier tirer un autre coup de feu qui rebondit sur un mur de l'autre côté de la rue.
-Si on s'en sort vivant, tu me devras la vie. -Et toi tu me devras trois meufs. Maintenant ferme ta gueule et tire. -On sait pas combien ils sont et on a pas de véhicule de fuite. -Pour l'instant ils sont deux et qui a parlé de fuir ? On est des mecs oui ou merde ? Je le regarde fixement, abasourdi par sa logique complètement insensé. Au bout de quelques secondes, il se décide à briser l'immobilité et se lève rapidement pour vider son chargeur au hasard dans la nuit. Le bruit résonne partout et je pose mes mains sur mes oreilles pour atténuer la douleur qu'il provoque. Tandis que nos deux adversaires font feu sur notre couverture, j'en viens à me demander si Luìs peut espérer revoir sa voiture un jour ou si elle ne va pas tomber en miette sous la pluie de balles qu'elle reçoit. Soudain, alors que tout le monde recharge, le silence nocturne reprends ses droits sur la rue sombre. La tension qui avait pris la place du calme de la nuit, quant à elle, semblait presque palpable. Quand l'attente me parut trop longue, je risquais un léger coup d'œil par dessus le capot de la voiture ce qui me permit de remarquer que nos deux adversaires, si tant est qu'ils ne furent que deux, s'étaient mis à couvert, m'empêchant de les voir. -Il nous faut du renfort. -Du renfort ? On est a deux contre deux, c'est équitable. T'étais où quand on distribuais les couilles mecs ? -Je me moquais de ceux qui n'étaient pas nés avec. Mais c'est pas parce qu'on a des couilles qu'on doit se comporter comme des idiots suicidaires. J'appelle du renfort, en attendant essaie de faire du bruit. -Ok. -Et ne te fais pas buter. -Évidement. Le téléphone était sorti, je n'avais dans mes contacts que deux personnes en mesure de m'aider mais l'un d'entre elles ne m'inspirait aucune confiance. Je prit donc la seconde en priant pour qu'elle me réponde. Viktor s'était mis à tirer à blanc un peu dans tout le sens, histoire de maintenir nos ennemis à couvert. Je lui fit un sourire encourageant avant d'entendre la voix d'un Saliego qui sortait à peine du sommeil. -Putain... Qui c'est ? -Michael, j'ai besoin d'aide. -Tu sais qu'il est 3h52 ? -Si tu ne m'envoie pas du renfort, tu pourras retenir ça comme l'heure de mon décès.
Je l'entendis se lever puis se déplacer, une porte se referma à côté de lui et il pût reprendre la parole. -T'es où et t'as besoin de quoi ? Je lâchais un soupir de soulagement avant de lui donner toute les indications nécessaires ainsi qu'une vague de remerciement. Quand j'eu rangé le téléphone dans ma poche, Viktor vint se remettre à couvert et me jeta un regard interrogateur. -Ils arrivent, on doit juste tenir. Voyant que le tireur avait quitté sa position, nos adversaires reprirent leur assaut de plus belle, tirant principalement sur les vitres du SUV qui tombaient en miettes les une après les autres. Une simple attente, c'était trop facile. On ne pouvait pas s'en tirer comme ça, il y avait forcément quelque chose. Ce qui m'étonnait le plus, c'était la vitesse avec laquelle Saliego avait accepté ma demande, ce n'était pas normal, et encore moins à 4h du matin. J'étais sûr que... VLAM !!! Une balle venait de frôler mon oreille, s'abattant à quelques mètres de moi. Un sifflement insupportable apparut immédiatement dans mon oreille et je perdis rapidement conscience du monde qui m'entourait pour me concentrer uniquement sur ce bruit. Ma vision se brouillait, peut être étais-ce simplement qu'il faisait trop noir. Je sentis la main d'un homme d'abattre sur mon épaule pour me forcer à ma baisser alors que le bruit disparaissait. -Tu foutais quoi ? Si tu laisse dépasser ta tête, ça sers à rien d'être à couvert putain de débile ! -Euh ouais, désolé. J'aurais plutôt dû fournir de remerciements que des excuses étant donné la situation mais mon cerveau semblait fonctionner au ralenti, c'était sans doute dû à la fatigue. Désireux s'agir un moins une fois durant l'action, je me mît à compter les tirs d'un des hommes. 1...2...3...4....5...6....7.......... 7 coups, c'est pas norm.... 8.....9......10 Je pouvais l'entendre recharger d'ici. Ok, il avait dix coups par chargeur, parfait. Je resserrais mes mains sur la crosse de mon arme, attendant qu'il ait fini. Le premier coup fut tiré, atterrissant comme ses prédécesseurs sur la carrosserie de
la Range. Mes muscles se raidirent, mes jambes étaient prêtes à me soulever. Grâce au bruit, je visualisais à peu près son emplacement, je n'avais plus qu'à attendre qu'il vide son chargeur. 6 balles tirés, mon cœur battait à toute vitesse, j'étais prêt. Je ne pensais plus à rien qu'à ma future action, chacun de mes muscles était prêt à agir dans un mouvement bien précis. Le neuvième coup est tiré, je me lève en une demi seconde, la balle ricoche contre la façade d'une maison. J'observe, une ombre se détache du paysage nocturne, l'homme tire sa dernière balle, elle passe bien au dessus de moi. Un sourire se dessine sur mon visage, le viseur est placé, la balle file vers sa cible. À mon grand désarroi, le projectile rate la tête pour aller s'enfoncer dans l'épaule droite de l'homme, il lâche un hurlement de douleur et s'écroule au sol, sortant de mon champ de vision. Je continuais à regarder dans l'espoir qu'il sorte de sa cachette mais le tire de son coéquipier qui creusa un trou dans le tissu de ma veste me força à reprendre ma position. -T'es touché ? -Juste ma veste, on a de la chance qu'ils sachent pas tirer. -Et le gars ? -Balle dans l'épaule. Il me fit une petite tape dans le dos histoire de dire "je suis fier de toi" avant de sortir lui aussi de sa cachette pour tirer sur l'homme encore en état de se battre. Les balles s'enfoncèrent toutes dans la couverture de ce dernier, une poubelle d'après ce que j'avais vu lors de ma sortie. Soudain, Viktor sembla se rappeler de quelque chose et revint derrière la couverture pour me regarder avec un air interrogateur. -Attends, t'as tiré une seule balle et tu l'as mise dans l'épaule ? -Ouaip, pourquoi ? -Tu m'explique pourquoi tu appelle des renforts et que tu reste à couvert comme une tafiole si t'es un putain de Lucky Luke ? -Je tiens à ma vie, et rien ne me disais que je savais encore tirer. -Le mec peut faire des head shots sans regarder sa cible et il a peur de se battre. -J'ai eu un coup de chance, on est contre des gars pas entraînés et à moitié endormis. Je pouvais pas le deviner. -Mais maintenant que tu le sais, tu te sors les doigts du cul et tu butte l'autre. J'étais hésitant entre mon amour pour la sécurité et mon besoin de flatter mon ego. Mais voulais-je vraiment tuer quelqu'un d'autre ? Je m'étais dis que c'était fini les meurtres en série, je ne pouvais pas continuer ainsi.
-Nan, on attends, j'ai pas envie de tuer quelqu'un d'autre. -Tu fais chier. Alors qu'il prononçait ces mots, j'entendis un bruit de moteur se rapprocher de nous pour finalement devenir oppressant. Il y eut un soudain bruit de freinage, un claquement de portière, un tire et un cri. -Si t'es là Michael Da Silva, dis moi que t'es pas le mec que je viens de tuer ! -Non, je suis là. Malgré une légère hésitation, je sortie de ma cachette avec Viktor à ma suite. L'homme qui nous avait aidé était un asiatique d'une trentaine d'années, il portait un costume noir très luxueux ainsi qu'une paire de lunette de soleil. J'étais tenté de lui reprocher cet accoutrement étant donné qu'on était en pleine nuit mais la vue de l'arme qui pendait à sa ceinture m'en dissuadât fortement. La voiture dans laquelle il était arrivé était une sportive, dans la nuit il m'était impossible de voir le logo mais c'était soit une Maserati soit une Aston Martin, grise dans tout les cas. -Y'avais aussi un vol de voiture nan ? -Euh oui, celle là. Il ne fit pas la moindre remarque en apercevant la carcasse violentée de la Range Rover et pénétra à l'intérieur calmement. Au bout de quelques minutes, le moteur ainsi que les phares s'allumèrent et il sorti du véhicule. -Voilà. -Euh, on vous doit ... ? -Saliego m'a payé. Il remontât au volant de sa sportive et fit vrombir le moteur dans les rues de la ville. Quand à nous, nous primes place aux commandes du véhicules qui, étonnamment, semblait en parfait état de marche. Il ne nous fallu pas plus de quelques minutes pour atteindre le QG du 18st dans cette épave. Ce fut d'ailleurs malheureux que le trajet ait été si rapide car je n'eu pas le temps de me préparer psychologiquement aux réprimande éventuelles de la part de Luìs sur l'état de sa voiture. La lune commençait légèrement à perdre du terrain lorsque que je rentrais dans le repère d'Antonio. Un homme à moitié endormi sur un vieux sofa ne prit même pas la peine de me regarder et me fit signe de rentrer dans le bureau de Luìs. Ce dernier somnolait légèrement sur sa chaise mais, lorsqu'il me vit arriver, releva immédiatement la tête. -Michael ! Qu'est-ce que tu viens faire ici ?
Je restais figé lorsque je me rendis compte que ce n'était pas le Fou qui m'accueillait mais le Stratège. Je me demandais alors si il était judicieux de lui expliquer, son regard inquisiteur me permit de prendre ma décision. -Je ramène votre voiture. -Ma voiture ? -Vous m'avez appelé cette nuit parce qu'on vous l'avais volé. -Ce n'étais pas moi qui t'ai appelé. -Si je vous jure c'eta... -NON ! Il y a une chose que tu dois comprendre. Je ne suis pas Antonio Luìs, je suis une de ses personnalités, je suis le Stratège. Si le Fou t'appelle, si l'Enragé t'appelle, ce n'est pas moi qui t'appelle. Mais ce que tu dois te mettre dans la tête, c'est que tu travaille pour moi. Pas pour Luìs, pour MOI ! Alors si on te propose un travail, tu dis non. Je me contrefout du reste, je ne veux pas savoir combien ils veulent te payer, tu dis non. Tu as compris ? Je sentais sa colère, on pouvait facilement comprendre que sa condition était quelque chose qui l'énervait mais, la première fois que j'avais vu le Stratège, il m'aurait été difficile de l'imaginer s'adonnant à des crises de nerf. -Enfin toujours est-il que la voiture est là maintenant. -Ramène la où tu l'as trouvé. -QUOI ?!? -C'est moi qui l'ai garé là-bas. Le Fou a acheté cette caisse alors que Luìs en a déjà quasiment une pour chaque jour de la semaine. Je comptais aller la rendre, mais il fallait attendre et je n'avais pas envie que quelqu'un fasse des conneries alors je l'ai mise hors de notre territoire. -Mais je... -Quoi encore ? Je le fixais, hésitant et très honteux, avant de lui avouer : -Elle est complètement détruite, en tout cas esthétiquement. La haine explosa dans ses yeux alors qu'il quitta la pièce pour aller constater les dégâts de lui même, me laissant seul avec ma honte et mon incompréhension.
Chapitre 14 : Dîner d'affaire Je n'osais pas bouger, comme si Luìs attendait que je fasse un geste pour revenir et m'enfoncer la tête dans un de ses murs. C'était idiot certes, mais j'ai passé la plupart de ma vie à faire des trucs idiots alors un de plus... Je pensais à Viktor qui devait sans doute être en train d'affronter seul la colère du Stratège. Étais-je réellement mature en laissant un autre payer pour mes propres conneries ? C'était pour ça que j'avais perdu ma femme et pourtant je continuais à agir comme un irresponsable. Prenant mon courage à deux main, je parcourus la distance qui me séparait de la sortie pour me retrouver de nouveau dans l'obscurité nocturne. Comme prévu, j'entendais les hurlements de Luìs résonner dans toute la rue, en revanche, je ne vis pas la moindre trace de Viktor. -PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !!! QUI EST LE CON QUI A FAIT ÇA ??? Pourquoi posait-il cette question, il savait que c'était de ma faute alors quoi ? À moins que... En écoutant bien sa façon de parler, je me rendis compte que la colère avait pris le pas sur Luìs et qu'il n'y avait plus de Stratège, c'était désormais l'Enragé qui était aux commandes. -POURQUOI ON A PÉTÉ MA VOITURE ? ET POURQUOI L'ENCULÉ QUI A FAIT ÇA N'EST PAS EN TRAIN DE PENDRE AU BOUT D'UNE PUTAIN DE CORDE, LE SANG COULANT DANS SA PUTAIN DE BOUCHE DE FILS DE PUTE? Je saisis ma chance de passer inaperçu en avançant lentement dans le dos de l'Enragé qui était trop occupé à crier sur sa voiture pour me voir. Dès que je fut sorti de son champs de vision, je me mît à courir hors de son territoire pour finalement appeler un taxi. En fouillant mes poches, je me rendit compte que j'avais à peine de quoi payer la course, or toute mes économies se trouvaient dans ces poches : j'avais vraiment besoin d'argent. Le taxis prit très largement son temps pour arriver, si bien que je finis par m'endormir avant qu'il ne soit là. Il me réveilla d'un violent coup de Klaxon et, après quelques secondes pour reprendre me esprits, je prit place sur la banquette arrière. Le trajet sembla ne durer qu'un instant, dès que je fut arrivé chez moi, je ne prit pas la peine de me changer pour immédiatement m'écrouler sur mon lit. Encore une fois, je fut réveillé par la sonnerie de mon téléphone, mais cette fois-ci il était 6h30 et pas 3h. De plus, l'homme à l'autre bout du fil n'était nul autre que Saliego en personne.
Je restais un instant figé devant ce nom sur l'écran de mon téléphone, j'avais passé une nuit de quelques heures et je n'avais pas la moindre envie d'avoir une conversation avec lui, surtout après qu'il m'ait rendu un service, ce qu'il n'allait sans doute pas oublier de me rappeler. -Michael ! J'te réveille pas j'espère. -En fait si. -Bon, c'est pas grave. Je t'appelle pour te proposer de dîner avec moi ce soir. -Euh en fait j'aurais bien aimé dormir ce s... -Parfait, 20h30 au Patina, tu vois où c'est ? C'est de la cuisine française, tu vas aimer. Donne mon nom à l'accueil. -Oui mais je... -À ce soir. Sans autre formule de politesse, il raccrocha le téléphone. Je ne pris pas la peine de me rendormir, mon réveil allait de toute façon sonner d'ici quelques minutes. Je ne savais pas encore de quoi il s'agissait mais le piège de Saliego se refermait petit à petit sur moi. Je restais dans mon lit à méditer, observant le plafond sale comme si il contenait le sens de la vie. J'étais sur le point de me rendormir lorsque mon réveil se mît à sonner. Une fraction de seconde plus tard, il était arrêté et j'étais levé. J'hésitais un instant pour appeler mon employeur et demander un jour un congé mais refuser d'aller au travail parce qu'on est fatigué lors de sa première semaine me paraissait une bonne façon de me faire renvoyer. J'enfilais donc paresseusement mon costume d'agent de sécurité avant de me rendre à la bijouterie. La journée fut une immense lutte contre le sommeil, je prit même la peine de discuter avec la vendeuse dans le but d'avoir une activité qui m'empêcherait de tomber comme une pierre sur le sol. Lorsque j'entendis les mots "c'est bon, on ferme", je n'avais plus qu'une envie : sauter dans mon lit et y rester pour le restant de mes jours mais Saliego avait un autre plan en tête et je n'étais pas assez fou pour contrecarrer les plans d'un homme comme lui. Je n'eut pas la motivation nécessaire pour rentrer chez moi et me changer ce qui, quand on y pense, n'est pas une si mauvaise chose quand on sait que je portais actuellement le seul costume de ma garde-robe. Je pris donc tout mon temps pour me rendre au restaurant. J'observais durant mon trajet les habitants vivre leur vie calmement, ne se doutant pas qu'à quelques mètres d'ici il y a à peine quelques heures, une fusillade avait donné la mort à un homme. C'est étrange de se dire qu'un événement, aussi important soit-il, n'a pas le moindre impact sur votre vie tant que vous ne vous rendez pas compte qu'il a eu
lieu. Si un proche à moi venait à mourrir, je ne le pleurais pas dans l'instant. Il faudra que j'attende que quelqu'un me prévienne. Par conséquent, ce n'est pas pour sa mort que je pleure mais pour l'annonce de sa mort. C'est avec ces pensées joyeuses que j'atteignit le Patina une demi heure en avance. Je n'y avais jamais mangé mais je l'avais déjà vu un grand nombre de fois. En fait, je ne crois pas qu'il soit possible de vivre à Los Angeles sans remarquer ce restaurant. Le bâtiment en lui même consistait en un mélange chaotique de formes métalliques qui partaient dans tout les sens, un peu comme un opéra de Sidney métallique dont l'architecte aurait trop bu. Mais malgré cette apparence tape à l'œil, l'intérieur visible à travers la baie vitrée était tout ce qu'il avait de plus habituel pour un établissement luxueux. Des murs en bois, des tables blanches, des tableaux et des lampes jaunes au plafond. Rien de réellement extraordinaire. De peur qu'on ne me laisse pas rentrer à cause de mon avance, je restais accoudé à la baie vitrée, observant distraitement les voitures qui passaient devant moi. Je me demandais ce qui se serait passé si je n'étais pas parti en 2005. Si à ma sortie de prison, j'avais été voir Marco au lieu de Nick et que je lui avait dit : "Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?" Sans doute qu'aujourd'hui, je vivrait dans une immense baraque de Beverly Hills, je serais marié avec une strip-teaseuse qui me pomperait la carte bleue et j'irais au restaurant tout les soirs de la semaine dans ma luxueuse sportive. Ou alors je serais mort, tué deux ans plus tard dans un fusillade. Peut encore me serais-je retrouvé en prison, peine maximale, en ce moment je compterais les jours en dessinant des barres avec une craie sur les murs de ma cellule. En fait ma vie me convenait parfaitement, enfin pas parfaitement mais j'avais sans doute fait le bon choix, je devais partir. En revanche revenir, je ne suis pas sûr qu'il se soit agit d'une si bonne idée. Je fut tiré de mes pensées par le cri d'une femme qui, visiblement, venait de trébucher. Saliego choisi d'ailleurs ce moment là pour arriver, descendant lentement de la Rolls Royce bleue que j'avais aperçu dans son jardin. Son arrivée dans une voiture comme celle-la avait suscité le regard des curieux et nous fûmes rapidement au centre de l'attention ce qui ne sembla pas embêter Marco. À sa suite, un autre homme s'extirpa du véhicule. Au début je cru qu'il s'agissait de Steve, l'homme qui m'avait vendu ma maison, mais ce n'était pas le cas. Au lieu de ça, je vis un homme d'une cinquantaine d'années, les cheveux noirs plaqués sur sa tête, le regard impénétrable. -Michael ! Qu'est-ce que tu fais là ?
Déjà que la moitié de la rue nous regardait, il suffit aux autres d'entendre la voix haut perchée de Saliego pour se tourner vers nous. -On avait rendez-vous ici je te rappel. -Je sais, je veux dire "qu'est-ce tu fais dehors alors qu'on a une table ?" -J'avais peur d'être en avance. Il me sourit et me donna un tape sur l'épaule comme si il voulait me dire "t'es mignon toi !". Nous restâmes quelques instants immobiles puis Marco sembla se rappeler où il était. -Oh ! Je ne t'ai pas présenté Ellijah. Mon avocat et conseiller. Il me tendit sa main et je la lui serrais, ne comprenant pas bien ce qu'il faisait ici. -Pourquoi il est là ? -Hahahaha ! Toujours aussi direct à ce que je vois ! Eh bien nous allons parler affaire, j'ai donc cru bon de ne pas venir sans défense. -Comment ça parler affaire ? Je ne travaille plus pour toi depuis 10 ans. -Et c'est fort dommage. M'enfin, on rentre oui ou flûte ? Il poussa la porte en verre et pénétra dans l'enceinte de l'établissement, suivit de près par son avocat qui se tenait bien trop droit pour être humain. Je me mit à leur suite pour rentrer dans le restaurant. Étonnamment, ça ne sentais rien. Sans doute un trop grand mélange d'odeur qui s'annulaient entre elles. Une jeune femme en tailleur vint nous demander si on avait réservé avant d'emmener notre petit groupe vers une salle à l'écart du reste des clients, ce qui ne m'étonnait pas de la part de Saliego. Elle tira nos chaise une par une pour que nous puissions nous asseoir avant de nous tendre les cartes et de disparaître en direction de la salle principale. -Tu vas voir, on mange comme des rois ici. Ah la cuisine française ! Ils savent pas faire grand chose mais on doit reconnaître que derrière les fourneaux, c'est des bons ! Il rit lui même à sa propre blague. Quant à moi, j'étais légèrement gêné par le regard insistant d'Ellijah qui planait sur moi. D'ailleurs, Ellijah, c'est quoi comme prénom ça ? Ou alors c'était un surnom... Oh et puis peu importe. -Qu'est-ce que tu prends Michael ? En réalité je n'avais pas jeté le moindre coup d'œil à la carte et je m'y mît immédiatement. La plupart des plats ne m'évoquaient rien du tout, contrairement aux prix affichés juste à côté.
-J'en sais rien mais en tout cas c'est cher. -Je pense que j'ai les moyens. Je vis l'avocat sourire à cette remarque, son sourire était étrange, il n'était pas amusé, on aurait plutôt dit celui d'un homme à qui on venait d'apporter la tête de son pire ennemi sur un plateau. -En tout cas moi je prends comme d'habitude ! Foie gras et Bœuf Tenderloin. Son accent français était plutôt ridicule si bien que je cru un instant que j'allais éclater de rire en l'entendant mais je restais tout de même relativement calme, ne laissant apparaître qu'un début de sourire sur mes lèvres. -Je crois que je vais faire pareil. Je n'avais de toute façon aucune idée de ce à quoi correspondait le reste des plats. Or le foie gras et le bœuf, j'avais une petite idée. Marco me lança un petit sourire avant de se tourner vers Hellijah. -Et toi ? -Comme vous. Tout le monde acquiesça d'un air entendu et le silence vint s'installer dans la pièce en attendant l'arrivé d'une personne pour prendre nos commandes. Je profitais de cette période pour observer la pièce lumineuse dans laquelle nous étions. Une baie vitrée donnait sur la rue encore agitée malgré l'heure tardive, sur chacun des autres murs de bois se tenait un tableau d'art abstrait. Il s'agissait de peintures en noir et blanc qui m'évoquaient les feuilles d'un arbre. Au bout de plusieurs longues minutes, un serveur vint récupérer nos commandes pour disparaître à nouveau. Saliego, ne souhaitant pas que le silence revienne, prit la parole. -Alors Michael, comme ça on me ment ? -Hein ? -Quand t'arrive tu me dit que le crime c'est fini et une semaine plus tard, tu m'appelle à trois heure du matin pour que je t'envoie du renfort en pleine fusillade. -Mouais. Possible. J'ai changé d'avis. -Tu sais que tu as laissé les corps en plein milieu de la rue ? -Euh... Non, j'y avais pas pensé. -Ça j'avais compris. Mais bon j'avais prévu le coup. Le mec qui est venu vous aider est repassé un peu plus tard pour nettoyer. En tout cas c'était pas très pro tout ça. -M'en parle pas.
J'essayais de paraître calme mais le fait de penser que j'ai pu faire une erreur comme ça sans y penser me causa une poussée d'angoisse. -Tu sais que t'en avais laissé un en vie ? -Oui... Enfin bon, merci pour ça. -De rien. Tu sais le mec qui est venu te sauver, Jake, c'est ton remplaçant. Il est presque aussi bon que toi. -Ok... Bien... -Tu sais combien il se fait chaque semaine ? -En fait je m'en fiche un peu. -40 000$ -C'est bien. Je suis fier de lui. Il me fit une mine sombre et pleine de reproche, comme un père qui regarde son fils après qu'il ai fait une bêtise. -Tu ne vois pas où je veux en venir Mike ? -J'ai vu où tu venais en venir au moment où tu m'as dit qu'il était mon remplaçant. Si c'est ça parler affaire pour toi, je pense qu'on va arrêter. Il n'avait plus le moindre sourire sur le visage de Saliego lorsque le serveur apportât des "gaspacho de tomate aux herbes" en amuse bouche. La tension dans la salle était tellement palpable qu'il en oublia même de servir le vin qu'il avait apporté pour partir le plus rapidement possible. -Mickey, t'es loin d'être con. Tu bosse pour Luìs alors pourquoi pas pour moi ? -Parce que Luìs ne m'a jamais laissé tombé. Je ne suis pas allé en prison à cause de Luìs. Luìs n'a pas tué Joaquin parce qu'il était incapable de le libérer. -Ah... Tu es au courant pour Jo. -En effet. -C'était regrettable, mais je ne pouvais en faire sortir qu'un et je n'avais aucune envie qu'il me dénonce alors bon... Comprends moi ! Ellijah semblait écouter avec attention tout ce qui se disait, comme si il enregistrait toute les informations dans le but de le coucher sur papier au mot près une fois la réunion terminée. -Je te comprends, de toutes façons je n'ai aucune raison de te faire la morale. Simplement, ne me mêle plus jamais à tes affaires, quelque soit le salaire que tu me propose. -Allez Mike, tu n'es pas suffisamment bête pour refuser une prime de 100 000$ ? -Faut croire que si. Excuse moi mais j'ai la prétention de croire que ma vie vaut plus de 100 000$.
Je savais que j'allais regretter ce choix mais il fallait que je garde le peu d'honneur qu'il me restait. Je ne pouvais pas céder face à Saliego, sinon je savais ce qui allait arriver. -Combien alors ? -0. Mais dis moi une chose, pourquoi ça t'importe autant ? Pourquoi tu veux tant que je revienne travailler pour toi ? Déjà tu envoie Steve pour m'endetter et maintenant ça ? Qu'est-ce que j'ai fais pour mériter ça ? -J'aime avoir de bons employés. -Eh ben t'as déjà ton putain de chinois qui gagne 40 000$ par semaine. Moi j'ai raccroché. Je ne veux plus avoir affaire à toi quoi qu'il arrive. Il resta sans voix, se réfugiant dans la dégustation de son gaspacho. Je fit de même et le silence régna pendant tout le reste du repas. Enfin c'est ce que j'aurais aimé mais lorsque les entrées arrivèrent, Saliego se rendit compte que son temps était compté et qu'il le gâchait depuis plusieurs dizaines de minutes. -Pourquoi t'es parti ? Qu'est-ce qu'il y avait de plus à New York ? -C'est une vraie question ? -Évidement. -Alors, à New York il y avait une seconde chance, une vie sans illégalité, ma femme, la naissance de ma fille ainsi que les 8 plus belles années de ma vie. C'est une réponse suffisante ? Il lâcha un léger grognement avant de reprendre : -Selon toi, aucune femme de L.A. n'aurait voulu de toi ? -Arrête de faire semblant que tu ne comprends pas. Je sais que tu n'es pas con, mais je ne te comprends vraiment pas sur ce coup là. Pourquoi cette obstination ? Pourquoi toutes ces requêtes ? Pourquoi est-ce qu'on mange avec ton putain d'avocat ? Sans m'en rendre compte, je m'étais levé de table et mes cris résonnaient dans la totalité de l'établissement. -Calme toi Michael, on va parler. -J'ai pas envie de parler. Je ne bosserais pas pour toi, tu peux me payer autant de restos que tu veux, c'est mort ! Maintenant excuse moi, mais j'ai une nuit à rattraper. Sans faire attention à ses protestations ni aux regards curieux des autres clients du Patina, je quittais le restaurant. Ma colère se dissipa peu à peu alors que je marchais dans les rues de la ville, une légère brise s'abattant sur mon visage. J'avais réussi, j'avais résisté.
J'allais en payer le prix...
Chapitre 15 : Meltdown Les derniers restes de pâtes dans mon frigo furent avalés ce soir-là, passant après le foie gras, leur goût me parut fade mais j'avais besoin de manger. Dès que mon assiette fut vidée, je pris place dans mon lit, profitant de l'arrêt avancé de mon dîner pour rattraper mon sommeil manquant. Je me réveillais le lendemain matin quelques secondes à peine avant que mon réveil ne trouble le silence. C'était dimanche, et contrairement à tout les gens normaux, j'allais travailler. Mon jour de repos ? C'était le Lundi, soit le jour de mes livraisons pour Luìs. En gros, il n'y avait pas jour de repos. Une heure plus tard, je me trouvais à nouveau debout devant la bijouterie, laissant mon regard vagabonder sur le habitants cette ville qui pouvaient profiter de leur week-end. En fait, j'avais l'impression d'être un témoin de la vie quand je restais là. Comme si je n'existais plus, je ne faisais plus le moindre choix. J'étais paralysé ici, obligé de fixer le monde suivant son cours. Le moindre détail retenait mon attention. L'homme qui fait tomber sa goutte de café, la femme qui boîte légèrement, le trou dans la chemise de ce garçon, le regard apeuré de ce quinquagénaire, la bretelle de soutien gorge qui dépasse du débardeur de cette femme. Tout les détails me paraissaient énorme, après tout, c'était mon travail de les voir. Mais malgré mes observations, je ne remarquais pas immédiatement la Lincoln noire qui vint se garer juste devant la bijouterie. Enfin si, je l'avais remarqué mais sans raison apparente, elle ne m'avait pas intrigué. Ce fut le cas lorsqu'un homme d'une vingtaine d'années, vêtu exactement comme moi, sortit de la voiture. -Montez. -Quoi ? -Je vous remplace, montez. Sans autres explications, il me jeta sur les sièges en cuirs de la voiture. Je n'eut pas le temps de répondre que cette dernière avait démarré. Je me trouvais à l'arrière, devant moi, une vitre teintée m'empêchait de voir le chauffeur. -Bonjour. Je tournais immédiatement le regard à ma gauche pour apercevoir l'avocat de Saliego, vêtu d'un costume très ressemblant à celui d'hier soir. Son attitude était toujours aussi stoïque et oppressante.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? -Nous devons parler. Parler... Je détestais ce mot. On pouvait lui attribuer tellement de sens différents qu'on ne savait même plus ce qu'il signifiait à la base. De plus, le ton autoritaire et pourtant très calme d'Ellijah lui donnait une connotation très négative. -De quoi ? -D'ici. Il y avait quelque chose d'insoutenable à se tenir là, assis dans la pénombre de la voiture avec pour seul compagnie l'homme de main d'une des personnes les plus influentes de la ville. -Allez-y, je vous écoute. -Pourquoi rester chez les enfants alors que tu pourrais jouer dans la cour des grands ? -Les gangs, des enfants ? -Des gens qui s'entretuent à longueur de journée pour revendiquer une couleur, un symbole, une origine. Tuer des noirs parce qu'on est mexicain, ça ne me paraît pas une très grande preuve de maturité. -Tuer quelqu'un n'est pas une très grande preuve de maturité. J'essayais en vain de déchiffrer son regard. C'était étrange, on aurait dit que derrière ce visage, des milliards des pensées entraient en commun en se mélangeaient pour ne laisser sortir que le plus important. En fait c'était le cas de n'importe quel humain mais chez lui c'était particulièrement flagrant. -Soit. Écoute Michael, tu peux accepter notre offre, ou tu peux accepter notre offre. À toi de choisir. -Je n'ai pas bien compris la différence. -C'est parce que je ne l'ai pas précisé. Après ces mots, je me serais attendu à petit sourire malveillant mais non, rien. Aucune expression, c'était encore plus effrayant que si il avait souri. -Ce serait trop vous demander de le faire. -Tu sais comment fonctionne cette ville ? -Je ne suis pas sûr de bien comprendre la question. -Elle se divise en deux parties. La première est pour les gangs, il s'entretuent gaiement, nous laissant toute la marge de manœuvre nécessaire dans notre partie. Cette partie, elle est aux mains de trois hommes, les trois hommes les plus puissants de Los Angeles. -Saliego en fait partie n'est-ce pas ? -Oui. Il y a Saliego, surnommé "le barman". Steve Migaud, que tu as rencontré,
on l'appel "l'agent immobilier". -Et le troisième c'est vous. -Non. Tu sauras qui est le troisième en temps voulu. Pour l'instant, ce que tu dois savoir. C'est que ces trois hommes travaillent ensemble dans un business qui est presque aussi rentable que celui de Pablo Escobar en son temps. -Vous m'en direz tant. -Tu n'as aucun intérêt à rester là où tu es. Si tu accepte notre offre, dès demain tu pourras oublier les appartements crasseux et les voyages en taxis. Marco prends soin de ses hommes. -Et ses hommes prennent soin de lui... J'en avais réellement marre de ces discutions à répétitions dans le but de me faire changer d'avis. Mon choix avait été fait, c'est tout. Maintenant il n'y avait plus rien à dire à ce sujet, le débat était clôt et je ne manquais pas de le montrer à Ellijah. -Tu connais Lily Da Silva ? Une gentille fille d'après ce que j'ai entendu. C'est étrange que vous ayez le même nom de famille, tu ne trouves pas ? Je restais immobile, écoutant chacun de ses mots en tentant de contenir ma colère au fond de moi. J'aurais dû me douter qu'ils allaient l'utiliser, c'était évident. -S'agit-il d'une menace ? Je souhaitais parler calmement mais ma phrase avait plutôt pris la tournure d'un bégaiement approximatif. -Non ! Non, évidement. Saliego veut des employés, pas des esclaves. Or j'ai remarqué que sous la menace, l'obéissance est très dépendante des rapports de forces. Ce dont je te parle, c'est d'une proposition. Qu'est-ce que tu dirais si tu pouvais obtenir la garde de ta fille ? -Je dirais non. Je ne suis pas un bon père, je n'ai pas le temps de m'occuper de moi alors d'un enfant... Surtout que je ne veux pas qu'elle vive dans ces milieux là. Et de toute façons, je serait incapable de faire souffrir Sarah comme ça. S'il était étonné de ma réponse, il n'en laissa rien paraître. Quand à moi, je n'arrivais pas à croire que j'avais dis ça. C'était sans doute la première chose intelligente que j'avais dit depuis plusieurs jours. -Et si tu pouvais retrouver ta femme aussi ? Elle t'a quitté parce que tu irresponsable c'est ça ? Si tu devenais propriétaire d'un bar très rentable, elle voudrait de toi à nouveau ? Le bar serait géré par un professionnel, toi tu exécuterais des boulots pour Saliego durant tes heures de travail. Tout le monde y gagnerais.
-Pourquoi Saliego à besoin d'hommes ? -Comment ça ? Je voulais absolument détourner le sujet, de peur d'avoir la faiblesse de dire "oui" à son offre. -Si le business est prolifique, que tout les puissants sont alliés. Pourquoi Saliego à besoin d'hommes ? -Il ne supporte pas les problèmes auxquels doivent s'opposer les propriétaires bars. Braquages, incendies, attaques de gangs, concurrence.... Ce genre de chose le met en colère alors il prend des mesures préventives. Voyant que je n'avais plus rien à ajouter, l'avocat repris la parole avec un ton faussement compatissant. -Michael, je ne sais pas ce qui s'est passé entre Saliego et vous il y a dix ans a part le fait qu'on vous a mis en prison. Il n'a pas voulu m'expliquer et vous allez refuser aussi. Mais l'eau à coulé sous les ponts depuis le temps, le monde à changé. Autrefois Saliego cherchait l'expansion, maintenant c'est juste de la protection. -Je me fiche de ce qu'il cherche. Après ce qu'il s'est passé, il ne peux pas s'en sortir impunément. Vous l'avez dit vous-même, vous ne savez pas ce qu'il s'est passé, alors ne faites pas comme si c'était le cas. -Vous savez, ce n'est pas parce que je n'aime pas menacer que je ne l'envisage jamais. Évidement. Le retournement de veste, un classique. On se fait passer pour un gentil pendant toute la discussion et dès qu'on sent que ça ne marche pas, pouf ! on devient méchant. -Envisagez-le, mais si vous touchez à un seul de ses cheveux et que j'accepte votre offre, sachez que ce sera uniquement pour avoir un rendez-vous avec Saliego et pouvoir lui enfoncer une balle dans sa putain de tête. Sur ce, j'ouvris la portière du véhicule qui freinât aussitôt, me permettant de sortir sans difficultés. Il me fallait prévenir Sarah le plus vite possible désormais. Alors que je sortis mon téléphone, ce dernier se mît à sonner : numéro inconnu. Curieux, je décrochais sans trop réfléchir. -Bonjour Michael. Ici monsieur Rovens, gérant de la bijouterie.. Je suis au regret de vous annoncer que votre emploi s'arrête ici. -Attendez, quoi ? -Euh oui... Il se trouve que nous avons besoin de personnes plus... Euh .... Enfin vous ne répondez pas réellement à nos critères.
-Comment ça ? Quel critères ? Je n'ai fait aucune erreur ! -Sans doute oui mais.... Enfin bon, je suis le patron, il n'y a pas grand chose à ajouter. Au revoir. Il raccrocha immédiatement, ne me laissant pas le temps de protester. Je savais très bien ce qui venait de se passer, c'était évident. L'épée de Damoclès avait commencé sa chute. D'abord mon emploi, ensuite mes proches. Quelques instants plus tard, j'attendais que Sarah décroche son téléphone. -Allô Sarah ? -Papa c'est toi ? Oh non ! Dans n'importe quelle autre situation j'aurais été ravis de l'entendre mais là... Pourquoi fallait-il que ce soit elle qui décroche ? Je devais résister à l'envie de lui parler. -Oui, tu me passer ta mère s'il te plait. -D'accord. Mais tu rentre quand papa ? -Bientôt... Bientôt... -C'est quand bientôt ? Maman elle dit que tu as été pas sage et que tu es puni, c'est vrai ? -Oui. Je suis puni et je le mérite. Maintenant passe moi ta maman s'il te plait ? -Pourquoi tu l'appel pas par son prénom. -Passe moi Sarah si tu préfère. Mais dépêche toi, je t'en prie. En entendant mon ton insistant, elle dut comprendre que je ne rigolais pas et céda à ma requête -Michael ? -Sarah ! Écoute, je ne veux pas t'affoler mais... -Oh non ! Ne me dis pas que... -Si. Maintenant laisse moi parler. Il ne va rien vous arriver normalement, simplement... Garde un œil sur Lily le temp que j'arrange les choses. -Putain Michael ! Qu'est-ce que t'as encore foutu ? La dernière fois tu m'as dit que c'était fini ces conneries ! Tu ne peux pas jouer avec nos vies comme ça ! -C'est justement parce que j'ai arrêté que ces gens vont faire ce qu'ils vont faire. Je te demande juste de faire gaffe, ne laisse jamais Lily sans surveillance et tout devrait bien se passer. -NON ! Tout ne sa passera pas bien. Tu le sais sinon tu n'aurais pas pris le risque de m'appeler ! Michael, si ça peut sauver notre fille, je t'en conjure, accepte ce qu'ils demandent. -Quoi ? -Fait ce qu'il te disent. Je ne suis pas le genre de personnes qui cautionnent de tels actes mais là, tu n'as pas le choix. Tu ne peux pas laisser Lily subir les
conséquences de tes actes alors assume ton passé et fais ce qu'ils veulent que tu fasse. Elle aussi me raccrocha au nez sans que je ne puisse protester. Ma laissant encore plus perdu qu'avant l'appel. Alors que la totalité de ce sur quoi reposais mon mode de pensées venait de disparaître, je fis ce que j'essayais d'éviter depuis mon arrivé : je me laissais tomber au sol, ignorant le regard des passants. Je m'écroulais, je m'écroulais comme mes idéaux, je m'écroulais comme mon envie de lutter, je m'écroulais comme la totalité de ce en quoi j'avais cru, je laissais tout tomber en miette sans prendre la peine de lutter. Je laissais mes hurlements résonner dans la rue, je laissais les gens m'observer, je laissais la vie me quitter. Qui allait me pleurer ? Qui allait se souvenir de moi ? Qu'est-ce que j'avais fait qui méritait de rester là ? Qu'est-ce qui m'avait donné le doit de survivre plus qu'un autre ? Pourquoi étais-je toujours là, en pleine santé, alors que des gens brillant étaient mort avant d'avoir pu accomplir quoi que ce soit. Ce monde était injuste, pas contre moi, mais contre le reste des habitants de cette planète. J'en avais marre de regarder tout le monde dans les yeux, j'en avais marre de voir mon reflet, j'en avais marre de vivre ici, j'en avais marre d'être une merde. Evidement je savais pertinemment que ces pensées n'étaient pas réelles. Je ne faisais que me laisser aller à une crise de nerfs mais j'en avais besoin. Je devais arrêter de résister, je ne pouvais pas rester éternellement le visage neutre comme si rien ne m'atteignait. Je ne pouvais pas lutter contre le monde entier sans libérer mes sentiments de temps en temps. La plupart des gens font ça seuls, chez eux, dans leur lit, la porte fermée. Mais je ne suis pas comme la plupart des gens. Je passais donc les minutes qui suivirent à faire sortir toute ma haine pour ce monde. Quand j'eut finalement terminé, après avoir repris mon souffle et mes esprits, je tapais le numéro de Saliego sur mon téléphone. -Marco ? -Michael ? Eh ba ça, pour une surprise ! -Je ne bosserais pas pour toi. En revanche, tu peux me mettre en relation avec l'un des deux autres. -Les deux autres quoi ? Ce fut moi qui mît fin à la conversation cette fois-ci. J'en avais marre d'être la victime de la totalité des habitants de cette ville, à partir de maintenant, je reprenais ma place, je redevenais l'homme que j'étais il y a 10 ans, je redevenais le maître de mon destin, je redevenais celui qui a forgé sa propre légende dans un monde plein de sang et de larmes.
J'ĂŠtais Michael Da Silva, pas l'homme. La lĂŠgende.
Chapitre 16 : Passer le temps La voiture de Nick filait dans les rues paisibles de la capitale, le week-end s'achevait et mon histoire allait bientôt débuter. Le lendemain, j'accomplirai mon premier emploi pour Luìs, tout du moins le premier emploi qu'il cautionnait. Le son de la voix de Viktor ponctuait notre trajet, me rappelant chaque seconde le surréalisme de la situation : Nick et Viktor dans la même voiture, et ça n'avait rien à voir avec moi. De ce que j'en ai compris, ils se connaissaient déjà. Évidement ! Après tout Los Angeles est une petite ville, il est normale que tout le monde s'y connaisse. Je détestais ces coïncidences bien trop grosse pour n'être que des coïncidences. J'avais l'impression qu'une entité était en train de me crier quelque chose que je n'arrivais pas à comprendre. -Putain j'arrive toujours pas à croire que c'est toi le fameux pote de Nick. Tu sais qu'il est amoureux de toi ? Depuis que je l'ai rencontré, il ne s'est pas passé une journée sans qu'il ne te suce. "Putain je me rappelle la fois où on a tué machin avec M" -oui parce qu'il t'appelait M, comme dans James Bond... Je sais pas... Histoire de préserver ton intimité... M'enfin- " La fois où on a tué machin avec M, tu sais qu'il a tué trois mecs avec une seule balle ? Putain je crois pas qu'il était humain ce mec. Tu sais comment on l'appelait à l'époque ?" Et patati et patata pendant des heures. Enfin bon, je suis content que vous vous soyez retrouvé, il va pouvoir assouvir ses fantasmes maintenant. -Ta gueule Vik. Voir ces deux là se disputer avait quelque chose de comique, ils n'étaient pas si différent en fait, non, NOUS n'étions pas si différents. Tous des gens un peu paumés qui cherchaient à trouver un sens à leur vie, ou simplement un moyen de survivre. -D'ailleurs Mike, tu bosse chez Rovens maintenant ? -J'ai été viré. -Ah. Mais je veux dire, pourquoi chez lui ? -La nostalgie. -Donc toi tu vas bosser chez les gens que tu as braqué par nostalgie, putain t'es devenu bizarre à New York. -Nan mais je veux dire, j'ai l'impression que je lui dois quelque chose. -Ouaip, 300 000$ Ils explosèrent tout les deux de rire en entendant cette remarque tandis que je
regardais avec sérieux les rues défiler à travers la fenêtre. La Mercedes de Nick, malgré le fait qu'elle datait d'une époque où il avait encore les moyens de s'acheter des voitures comme celle là, était en parfait état et me rendait légèrement jaloux. Écouter son moteur était reposant. -M'enfin bon. Fallait prévenir que tu bossais là, j'y aurais pas envoyé Viktor. -Comment ça ? -Bah il cherchais un taf, et comme j'ai des relations tu vois.... Hein on va pas se mentir, j'ai beau m'être retiré, je pèse quand même un max et... -Ouais bon, ta gueule et abrège. -Comme on avait réussi en mode easy ce coup là, j'ai pensé que ce serais bien de l'orienter lui et son équipe vers un coup de ce genre. -Donc tu connaissais tout les gars de son équipe ? -Ouaip, c'est ce que je te dis, j'suis une araignée, je tisse ma toile partout. -Ta toile elle est en carton mec. Tes gars c'était des merdes, genre des vrais merdes. En 3 contre 1 ils se sont enfuis. -Je ne suis pas responsable de l'incapacité de mes hommes. -Tes hommes, mon cul ouaip ! C'est juste des gratteurs à qui tu file des astuces. En tout cas ils puent au moins autant que toi. -Mais nique ta mère Mike ! J'entendis Viktor rire dans le fond de la voiture, finalement la soirée allait peut être plus intéressante que prévue. Nous arrivâmes à peine quelques minutes plus tard à notre objectif : The Vault. Dans la nuit, les néons de l'entrée éclairaient la masse de gens qui souhaitaient pénétrer dans le club. Alors que Nick garait sa voiture, je ne pu m'empêcher de faire remarquer que la queue était ridiculement longue. -On s'en tape, je suis V.I.P. Je fixais longuement le regard de Nick pour voir si il blaguait mais il semblait tout à fait sérieux. -Je t'avais dit que j'ai des relations. Je pèse dans le game mon pote ! Je connais le proprio. Je fut étonné par cette affirmation mais je ne donnais pas à Nick le plaisir de le remarquer. Je sortis de la voiture en silence, tout comme Viktor. Depuis la rue, on pouvait entendre la musique qui s'échappait de la porte lumineuse où un vigile massif faisait le tri parmi les membres de la queue. -Nick ! Vas-y entre ! Sous les regards jaloux des gens qui patientaient, nous pénétrâmes dans le club. Comme d'habitude dans ces endroits là, la musique criarde agressait mes
tympans tandis que des lumières fluorescentes contrastants avec l'obscurité m'obligèrent à fermer les yeux pendant quelques instants. -Bon ! Qu'est-ce qu'on fait ? Nick avait beau avoir crié en prononçant ces mots, j'eu une certaine difficulté à les entendre. Alors que Viktor lui répondit de manière inaudible, j'observais l'intérieur du club. Néons dans tout les sens, fauteuil plutôt luxueux, quelques centaines de personnes qui sautaient en rythme et une scène impressionnante sur laquelle se déhanchaient un groupe de femme, dévêtues pour la plupart. -T'en dit quoi Michael ? -Hein ? -On va prendre un verre ! -Ça me va ! Y'a une table de libre ? -Ouaip ! T'inquiète pas ! Quelques instants plus tard, nous étions tout les trois assis à notre table. Je dois avouer que les fauteuils étaient plus confortable qu'on aurait pu le croire pour ce genre d'établissement et le fait de s'être mis dans un coin nous permettait d'avoir une vue d'ensemble de la salle. -Comment ça se fait que tu connais le proprio ? -J'ai continué à bosser pour Saliego après ton départ et il se trouve que ce mec bosse avec lui ! -Encore cette putain de mafia ! Mais y'a un truc qu'ils ne possèdent pas ? -Oui -puis il prit un ton exagérément poétique- ma liberté de penser ! -Putain t'es con ! Je n'avais aucune idée du mélange d'alcools qui se trouvait dans mon verre mais j'étais forcé de constater que c'était délicieux. Tout en buvant, nous observions les danseuse de la scène. Il n'était pas dans mon habitude de regarder les filles comme je le faisais ce soir mais j'avais vraiment besoin de décompresser et l'alcool brisait une à une toute mes valeurs. Mon regard finit par se poser sur une jeune fille qui arrivait vers nous. Et quand je dit "jeune fille", ce n'était pas une exagération. De mon poids de vue, je lui donnais au maximum 16 ans et pourtant elle se baladait dans le club, la poitrine bien en vue. Je sus qu'elle travaillait ici grâce au nom du club affiché sur sa culotte, qui était le seul bout de tissu qu'elle portait si on oubliait ses bottes hautes. Son visage n'était pas beau, il était magnifique. L'impression de jeunesse qu'elle donnait la rendait angélique, pure, parfaite. Je ne sais pas si c'était la cause de la semi-obscurité mais j'étais totalement incapable de percevoir le moindre défaut
sur sa peau à quelque endroit que ce soit. Elle n'était pas trop maigre, son corps semblait avoir été créé par un sculpture amoureux de la perfection. Sa poitrine, contrairement à celle des autres filles du club, n'était pas d'une énormité inconditionnelle, elle était même plutôt petite mais se mêlait bien à l'impression qu'elle donnait d'elle. Cependant, malgré cette apparence, on pouvait lire dans son regard une expérience de la vie qu'aucune fille de 16 ans n'aurait, en fait ses yeux étaient peut être le seul moyen de savoir ce qu'il se passait dans se tête. Elle s'approcha de notre table d'une démarche exagérément sexy sous les regards lubriques des hommes alentours avant de faire la bise à Nick et à Viktor devant moi. -Salut Diamond, voilà Michael, Michael voilà Diamond. -Enchanté. -Pareil. Son ton était sec et pourtant très attirant, elle se pencha légèrement vers moi et me fit la bise. Le contact avec sa peau était magique, je ne savais pas ce qu'il m'arrivait mais malgré son apparence juvénile, cette fille me subjuguait. -Je fais lequel de vous deux en premiers ? -J'en sais rien.... Au pire Michael, tu veux commencer ? -Commencer quoi ? Viktor me jeta un regard plein de sous entendu en faisant voler ses yeux de moi à Diamond. Je comprit immédiatement de quoi il en retournais mais je refusais l'offre. Cette fille m'apparaissait comme bien plus qu'une strip-teaseuse, je pouvais le voir dans ses yeux. Je n'avais aucune envie de la rabaisser à ce rang là. -Bon, tu fais ta vie. Du coup j'y vais, ça te vas Nick ? -Oui, vas-y. Je vais tenir compagnie à monsieur-je-ne-sais-pas-m'amuser. Franchement mec, tu ne sais pas ce que tu rates. -Je crois que si... Je l'observait quitter notre table avec Viktor, je fixais le mouvement de ses fesses, son dos si parfait. Putain, comment ça pouvait exister un truc aussi beau ? -Mais arrête de la matter comme ça. Si tu voulais tu pouvais l'avoir pour toi tout seul alors me dis pas qu'elle te fait envie. -Je sais pas... Mais euh.... Elle a quelle âge ? -J'en sais rien. 15 ans ! En tout cas c'est l'âge que je lui donnerais. Mais elle a forcément au dessus de 21 si elle veut bosser ici.
-Putain, 21 ! C'est pas possible, elle a trafiqué sa carte d'identité. -Si tu savais ce qu'elle est capable de te faire, tu penserais plutôt qu'elle a 40 ans dont 30 passés uniquement à apprendre des technique de... -Ouaip, j'ai compris, c'est bon. Ça semblait impossible qu'elle soit si vieille, j'avais déjà vu des gens qui ne faisaient pas leur âge mais là.... -Toi, t'es en kiff sur elle ! -Moi ? Non ! Enfin je sais pas.... Putain j'ai l'impression d'être un vieux pédo. 16 ans c'est trop jeune. -De un elle a pas 16 ans et deux, putain mais 16 ans c'est parfait. Elles commencent à ressembler à quelque chose et on ne voit pas encore de rides quand on regarde bien. Moi je dit, une fille que tu peux te faire légalement et qui a le corps d'une meuf de 16, tu la laisse pas passer. -T'aurais pas des tendances pedophiles toi ? -Seulement avec elle. Mais putain, tout le monde est comme ça. On est des mecs, elle est parfaite, c'est tout. Et puis c'est pas comme si elle avait le Q.I. d'une huître. Quand elle te fait son truc là, elle parle aussi. Elle te cite des philosophes, te parle de politique, un jour j'ai débattu de la guerre dans le monde et j'avais l'impression de parler à Wikipedia putain ! -Mais qu'est-ce qu'elle fout ici alors ? -Comment ça ? -Si elle est aussi intelligente, pourquoi elle se balade à poil devant des vieux pervers ? -Ça c'est la faute de James. -Qui ? -James Faustin, le propriétaire du club. Comme tu peux le deviner de la part d'un mec qui bosse avec Saliego, les droits de l'homme c'est pas son truc. James Faustin.... J'allais retenir ce nom, si je le rencontrais un jour, il allait s'en rappeler longtemps. Au loin, j'aperçus Viktor revenir, un sourire béat flottait sur son visage. -Bon bah Nick t'y vas, sauf si Michael à changé d'avis. -Nan, j'irais en dernier. J'avais vraiment envie d'apprendre à la connaître, et si ce que Nick m'avait dit, alors accepter ses services était un bon moyen de briser la glace. Contrairement à Nick, Viktor ne prit pas la peine de meubler la conversation. Il se contenta d'observer la foule, sans doute à la recherche d'une proie. -Toi, comment tu connais Diamond ? -Grâce à Nick. C'est notre rituel de venir ici, toujours le dimanche soir.
Maintenant tu fais parti du club Mickey. Il accentua ses propos en me donnant un frappe à l'épaule qui me fit reculer de quelques centimètre. Je lui lançais un regard mécontent qui le fit exploser de rire. -Bon. On danse ? -Quoi ? -Bah ouaip. On va pas rester comme des larves sur les fauteuils. Moi si je viens ici, c'est pas pour admirer le paysage. Faut se détendre un peu tu vois. -C'est pas ce que tu viens de faire ? -Hein ? Avec Diamond ? Mais t'es con ou quoi ? On baise pas avec les stripteaseuse, et surtout pas elle. -Pourquoi surtout pas elle ? -J'en sais rien mais elle a pas l'air de trop aimer le sexe quand tu parle avec elle. En fait on dirait une putain d'étudiante en philo. Je crois que si je ne l'avais jamais vu et juste entendu parler, je me l'imaginerais comme une grosse meuf qui reste toujours en train de lire sans parler à personne et que les mecs s'amusent à tabasser. -Mouais... -Enfin bon, c'est pas tout ça mais j'ai besoin de tirer un coup, voir même deux pourquoi pas. Une seconde plus tard, il rentrais dans la foule, me laissant seul. J'observais mon verre et me perdis dans mon reflet. En fait je me sentais seul, ça faisait des mois que c'était le cas. J'avais besoin de quelqu'un pour remplacer Sarah, enfin personne ne pourrait le faire mais j'avais besoin que quelqu'un essaye. Et ce quelqu'un, je voulais que ce soit la fille qui approchait, Nick sur ses talons. En fait je ne savais pas, une part de mon esprit me disait qu'elle était trop jeune, que c'était dégueulasse, mais l'autre n'avait qu'une envie, c'était de lui sauter dessus. -Bon, bah c'est à toi hein !
Chapitre 17 : Diamant rare Elle me fit traverser un couloir sombre qui débouchait dans une petite pièce éclairée uniquement par une lampe rose. En marchant à côté de Diamond, je me rendis compte qu'elle ne faisait pas plus d'1m65, c'était étonnant que je ne l'ai pas remarqué avant. La pièce dans laquelle nous étions était plutôt petite, il y avait juste une canapé qui était dans le même style que les fauteuils de la salle. Diamond me fixa quelques secondes avant d'ouvrir la bouche. -T'as envie de quoi ? Sa voix collait parfaitement avec son physique, elle était envoûtante. Je réfléchis à la question pendant plusieurs longues secondes. Je n'avais toujours aucune envie de la rabaisser à son rang de strip-teaseuse, en fait j'avais envie de lui parler, de la connaître. -Je sais pas... Parler si c'est possible. -Je crois en être capable. Mais c'est tout ? Elle me souriait d'un façon qui paraissait complètement sincère et pourtant j'avais l'impression que ce sourire camouflait quelque chose. -Ouaip. -Bon, donc tu veux parler de quoi ? Le genre de question que je détestais, je n'avais jamais été très fort pour démarrer une discussion, encore moins quand il s'agissait d'une fille qui m'attirait. J'avais trop peur de donner dans le banal ou alors dans le surfait. Me disant que trop de réflection ne pouvait être que nuisible, je dit la première chose qui me passait par la tête. -On va commencer par le début, est-ce que t'es humaine ? Dès que ces mots furent sortis de ma bouche, je me rendis compte à quel point ils sonnaient mal et devaient avoir été entendu un milliard de fois. Mais contrairement à mes attentes, Diamond étouffât un petit rire avant de me répondre joyeusement. -En fait c'est marrant que tu pose la question parce que le fait est que je viens d'une autre planète. Mes parents m'ont envoyé ici pour être le dernier vestige de leur civilisation après la destruction de ladite planète. Ici j'ai été recueillie par une famille de fermier et me voilà. Je souris en entendant son histoire, putain je l'adorais. Elle avait dit tout ça sur
un ton joviale qui collait parfaitement à l'impression d'adolescente qu'elle donnait, si on oubliait ses yeux, il était possible de croire qu'elle n'avait pas connu le moindre problème dans sa vie. -Je m'en doutais un peu. -Pas de quoi être fier, ça paraît évident. -Tu marque un point. Bon, la discussion avait démarré, il me fallait quelque chose d'autre. Il y avais bien une question qui occupait mes pensées mais étais-ce poli de la poser ? Oh et puis après sa dernière réponse, je n'avais pas l'impression qu'elle se soucie de ce genre de chose. -Sans vouloir être indiscret, t'as quel âge ? -Monsieur a peur pour sa liberté ? La façon avec laquelle elle avait tourné la chose, surtout avec son petit ton provocateur, me prit un peu de court et je bégayais légèrement ma réponse. -Non, enfin un peu, mais c'est surtout que.... -J'ai 10 ans et demi. Elle me fit un sourire de petite fille complètement irrésistible qui me fit éclater de rire, elle à ma suite. Quand nous eûmes repris nos esprits, je pus reposer ma question. -Nan mais sérieusement. -22 ans. -Et euh pourquoi tu... Enfin je veux dire tu te rends compte que .... -...j'ai l'air d'une meuf de 12 ans. -12 ans peut être pas quand même. Plutôt 16. -Eh bah c'est parce que sur ma planète on vieillit moins vite. -Évidement. Bon, je suppose que je me posais des questions pour rien. On est 7 millards sur terre, ça paraît logique que dans le lot y'ai des personnes exceptionnelles. Je la fixais longuement, essayant de déchiffrer son expression joyeuse. Elle faisait tourner ses longs cheveux bruns autour de ses doigts en attente d'une autre question. -Tu travail juste ici ou t'es genre étudiante ou je sais pas quoi ? -Nan, je bosse qu'ici. -Pourquoi ? -J'ai mes raisons.
À ce moment là, je pu voir son vrai visage, ça ne durât qu'un instant mais tout le côté enfantin de ses traits disparut pour ne laisser place qu'à une sorte de profonde mélancolie qui la vieillissait de plusieurs années. -Mouais... -Enfin bon. Maintenant à toi. T'es un pote de Nick, tu dois tremper dans des trucs pas très légaux. Raconte. -Nan. -Mais vas-y ! -Désolé mais j'ai pas trop envie d'en parler. Elle m'avait parlé d'elle, certes, mais je ne sentais pas prêt à avouer mon passé et mon actif criminel à une fille que je venais juste de rencontrer, aussi adorable soit elle. -Si tu le fais je me touche devant toi. Je restais bouche bée devant sa proposition. Pendant une seconde j'eu envie d'accepter mais je me ravisais au dernier instant. -C'est très tentant mais non, désolé. -De toute façon je l'aurais pas fait. Bon ba je vais deviner toute seule. Elle prit alors une expression faussement sérieuse et se mît à passer sa main sur son menton comme le font les scientifiques. -T'as pas l'air complètement à l'aise dans le club mais on sent que t'a une certaine expérience quand même. Le fait est que tu regarde un peu partout et que même quand on discute avec toi, on dirait que tu écoute le reste de la pièce plus que ton interlocuteur. Ça signifie déjà que t'as bossé dans le crime. Migaud embauche personne et si t'étais avec Faustin je te connaîtrais donc on va dire Saliego. Vu la tête que tu viens de faire, je pense que t'as coupé les ponts avec lui et que maintenant tu bosse pour.... Putain y'a qui d'autre en ville ? T'es au chômage actuellement ? J'étais impressionné par sa déduction et aussi plutôt apeuré en me demandant ce qu'elle avait pu deviner sur moi qu'elle ne m'avait pas dit. En voyant mon visage, elle éclata d'un rire satisfait. -Déjà bravo pour le début du raisonnement mais non, j'suis pas au chômage. Enfin légalement si mais pas au niveau où tu l'entends. Elle me fit une petite moue déçue avant d'éclater de rire à nouveau. -Ah dommage. Mais bon t'as vu, j'suis plutôt forte a ce jeu là.
-Ouaip.... Il y eut un long silence, j'en profitais pour observer sa peau sous l'éclairage rose de la pièce. On pouvait deviner un bronzage assez conséquent ainsi qu'un absence quasi-totale de maquillage. Elle était assise en tailleur sur le sol, je la surplombais du haut du canapé. Elle s'était penchée vers moi, ses seins tombant sur son ventre. Tandis que sa main droite jouait avec ses cheveux, elle se grattait légèrement la peau avec la gauche. -Diamond c'est pas ton vrai prénom hein ? -Nan, c'est Leslie. -J'aime bien. -T'as intérêt. -Je peux savoir pourquoi tu bosses ici si c'est pas indiscret. De nouveau je pus voir la mélancolie passer sur son visage, mais cette fois ci elle y resta inscrite deux fois plus longtemps, ce qui n'était au final pas si long que ça. -Ça l'est. -Ah, désolé. Je compris que le sujet était sensible et je prit soin de me rappeler qu'il ne fallait pas en parler. Le silence reprit ses droits quelques instants avant qu'elle ne se lève dans une gestuelle décidée. -Bon, ba si tu veux rien de plus, va falloir que t'y aie. -Ok. -Ça fera 75 $. -Ah ? Bah je vais les demander à Nick, on va le voir ensemble. -Au pire c'est bon. La prochaine fois que je vois l'un de vous trois, je le taxerais. -Je m'arrangerai pour ne pas te croiser en premier alors. -Je parie que tu sera incapable de résister plus d'une semaine. -J'ai résisté toute ma vie donc 7 jours de plus... -Mais avant tu ne savais pas que j'étais là. -Pas faux. Elle me fit un petit sourire et me ramena dans la salle, à la table où Nick somnolait légèrement, avant d'aller chercher sans doute un autre client. Je lui donnais une petite tape sur l'épaule pour qu'il sorte de son état semi-comateux. -Ouaip ? Quoi ? -J'suis là. -Sans dec' ?
-Il est où Viktor ? -Aux chiottes je pense... J'en sais rien, quand je suis arrivé il était déjà parti. J'observais la dizaine de verres étalés sur la table du côté de Nick. Je n'en avais bu que trois et je les sentais déjà bien alors je n'osais pas imaginer l'état dans lequel il était. -Pourquoi tu m'as dit qu'elle était trop intelligente et tout ? -Qui ? -Diamond, tu l'as comparé à Wikipedia alors que j'avais juste l'impression de parler à une ado insouciante. -T'as parlé de quoi ? -D'elle. -Et tu crois que y'a une page Wikipedia sur elle ? C'est pas parce qu'elle sait un tas de trucs qu'elle doit être chiante et te la rabâcher à chaque fois qu'elle te parle. Justement je trouve ça plutôt cool qu'elle soit comme ça. -Je suis d'accord... Oh et avant que j'oublie, tu lui dois 75$. -Pourquoi ? -Bah pour son temps, je suis désolé mais j'ai pas de quoi payer. -Pas grave, je suis peté de thune. Sans prévenir, il s'écroula sur la table. Je lui jetais un regard plein de pitié avant d'observer la salle, en attente du retour de Viktor. Je passais le reste de la soirée à chercher Diamond mais je ne la vis à aucun moment, au bout d'une demi heure d'attente, je me mît à enchaîner les verres, histoire de passer le temps. Plus les minutes passaient et plus mon esprits s'assombrissait, mais plus il s'assombrissait et moins j'étais capable de me rendre compte que boire était une mauvaise idée. -----------Un bruit, sans doute un réveil, ce n'était pas le mien. Le lit était confortable, contrairement au mal de tête. J'avais du mal à réfléchir. -Allez, lève toi. J'ouvrais un œil, ce n'était pas ma maison. Couleurs clairs, agressives, je referme mon œil. -Allez s'teuplait... Bon je te laisse dormir encore dix minutes. Je ne reconnaissais pas cette voix, c'était celle d'une femme, en tout cas c'était mon impression. J'ouvrais de nouveau les yeux pour scruter mon environnement. Grande chambre, très moderne, beaucoup de blanc. Je pouvais voir la cuisine à travers la porte de la chambre, une femme mangeais
à toute vitesse une tartine. Elle portait une chemise, juste une chemise, juste ma chemise... Oh bordel ! Je regardais dans tout les sens, cherchant mes autres vêtements sur le sol mais non, rien, tout était propre. Elle finit d'avaler sa tartine et revint dans la chambre. Elle n'était même pas belle malgré le côté sexy du fait qu'elle ne portait qu'une chemise. -Bon, maintenant lève toi. Les autres sont déjà partis. -Les autres... Putain, j'ai participé à une orgie ? Bordel mais je suis trop con ! Mon mal de tête reprit de plus bel, c'était ça la vie de Viktor ? -Bah Vik et Nick. T'as pas l'air bien. Non je suis pas bien... J'ai fait un plan à quatre avec elle et mes deux potes ? Non ! Ce n'était pas possible, ça n'avait pas pu arriver ! -Nan, je vais pas très bien. -Aussi vu ton état d'hier soir... Mais ne me parle pas d'hier soir ! Je n'ai aucune putain d'envie de savoir ce qui s'est passé hier soir. Bordel quel genre de fille se ferait trouer par trois mec complètement ivres, je devais me trouver en face de la plus grosse salope du monde. -Bon en tout cas faut que tu te lève. Je part bosser dans 20 minutes et même si j'ai confiance en Nick, je suis pas sûre de vouloir te laisser seul dans la maison. Comment ça t'as confiance en Nick ? Bon, je vais arrêter de me poser des questions et simplement faire ce qu'elle dit. En me levant, je me rendis compte que j'étais habillé... Mais comment j'avais pu ne pas le voir plus tôt, je devais vraiment être mal. Je regardais de plus près sa chemise, vérifiant si les lois de notre monde voulant que le même objet ne puisse pas être à deux endroits à la fois étaient respectées. En voyant les détails, j'observais que la marque n'était pas la même, sa chemise valait sans doute suffisamment pour acheter ma maison avec. Mais une question restait en suspens : -Vous vous levez souvent en portant des chemises d'homme ? -D'abord tu peux me tutoyer, et pour la chemise... Bah c'est mon pyjama. -Vot... Ton pyjama ? -Nick adore me voir comme ça alors maintenant je porte ça. C'est plutôt confortable donc c'est pas vraiment gênant. Après tout, qu'est-ce que je pourrais
refuser à Nicky ? Nicky ? C'est la première fois qu'on l'appel comme ça. En tout cas il se passe quelque chose et je ne comprends rien. -Et euh... Pourquoi je suis là ? -Bah vous étiez pas vraiment en état de rentrer chez vous hier soir tout les trois alors Nick vous a amené ici. J'habite à quelques mètres du Vault et j'ai de la place donc... Elle fit un grand geste pour englober l'appartement avant de porter ses yeux à sa montre. -Oh merde ! Sert-toi dans le frigo, faut vraiment que je m'habille. Ah et Nick a laissé de l'argent pour ton taxi. Il devait aller bosser et Viktor est parti avec lui. -D'accord, merci. Ouaip, merci les enculés. Merci de ne pas m'avoir attendu... Malgré ça, je me rendis dans la cuisine, un pièce toute aussi blanche que la chambre qui donnait sur le salon. L'endroit était ouvert sur la rue avec une grande baie vitrée et était magnifiquement décorée. Elle me faisait penser à ma maison avant que je ne décroche, c'était dans le même genre. Une dizaine de portes partaient depuis la salon et la cuisine vers des couloirs, des chambres et une salle de bain où je pouvais entendre la propriétaire qui se brossait les dents. Je me fit une tartine de Nutella, choix très en rapport avec le fait que les tartines et le Nutella étaient déjà sortis. Je pris ensuite un verre de lait au frigo. Quand mon petit déjeuner fit finit, je lançais un "au revoir et merci" avant de quitter la bâtiment par une cage d'escalier tout aussi luxueuse que l'appartement dans lequel je me trouvait. Une fois dehors, j'attendis un taxi devant la porte de l'immeuble : Luìs m'attendait.
Chapitre 18 : Service de distribution Le taxi me déposa devant chez Luìs juste après que je lui ai donné l'argent de Nick. Andrea devait m'attendre puisque dès qu'elle me vit arriver, elle vint à ma rencontre. Elle portait toujours ces vêtements amples qui allaient plus aux garçons mais qui rendaient étrangement bien sur elle. -Ça va... T'arrive pas trop tard. Comme on t'avais pas donné d'heure, j'avais peur que tu te pointe vers 15h. -Suffisait de m'en donner... Enfin bon, Luìs est là ? -Oui mais c'est bon, tu n'as pas besoin de le déranger, je m'occupe de toi. Je vais tout t'expliquer en route, le camion est là-bas. Elle montra du doigts une impasse au bout de la rue et commença à marcher, moi à sa suite. Sa démarche était rapide, décidé, c'était plus celle d'un homme que d'une femme en quelque sorte. -Luìs paye la cargaison 90 000$, on la livre à une vingtaine de revendeurs pour environ 160 000$. Toi, tu te fais 5% des bénéfices. -3 500$ ?!? C'est énorme ! -T'es sûr que t'es le vrai Michael ? Genre le mec qui a passé 3 ans de sa vie à être le meilleur du milieu ? -J'étais pas livreur de drogue moi ! -Mouais, enfin si tu veux, on peux baisser ton salaire. -Non ! C'est juste que 3 500$ pour conduire un camion... -Tu ne fais pas que conduire, y'a aussi la vente. Et je te rappel que si tu te fais prendre par les flics au volant de ce machin, tu risque de ne plus voir la lumière pendant quelques années. Moi je trouve que le salaire est justifié. -C'est sûr que dit comme ça. En y repensant, cette somme n'était pas tellement grande comparée à celles que je gagnais autrefois, mais après avoir passé 10 ans à alterner les petits emploi, 3 500$ pour à peine une journée de travail me paraissait immense. Nous finîmes par atteindre la camion au bout de la rue. Ce dernier était gris, très sobres, la plaque d'immatriculation légèrement sale était minuscule, sans doute pour éviter qu'on puisse la lire. Andréa appuya sur les clés et le véhicule se déverrouilla. -Je viens avec toi pour cette fois, faut que je te montre le parcours. -Pourquoi pas. L'idée n'était pas désagréable, parmi toute les personnes que je connaissait, Andréa était sans aucun doute la plus calme, peut être même la plus sérieuse.
Être avec elle était plutôt relaxant. Elle me jeta les clés tandis qu'elle prenait place sur le siège passager. J'avais déjà conduis un camion, même durant les 10 dernières années, et je ne fut donc pas trop dépaysé lorsque le véhicule se mît en marche et que je le fit traverser les rues de la ville, suivant les indications de la femme à côté de moi. Ça faisait longtemps que je n'avais pas conduit et je pris donc un certain plaisir à de nouveau être aux commandes d'un véhicule motorisé. -Essaie de tout retenir, on ne note nul part le trajet sinon ça pourrait causer des ennuis à nos revendeurs. Elle laissa une légère pause puis reprit la parole. -Normalement tout devrait bien se passer, sur les 19, ils sont 15 à faire partie du gang et ils ne devraient pas te poser de problèmes, quand aux autres... Ça dépendra de l'impression que tu donneras. Vu que je ne portais pas d'armes sur moi, je voyais mal comment je pouvais m'imposer mais je ne dis rien, je ne voulais pas avoir l'air d'être stressé par la situation. De plus, j'avais un infime espoir que ma réputation me permettrais de rester loin des menaces, ce que je savais complètement idiot. La première zone se trouvait à quelques minutes de notre point de départ. Andréa me fit couper le moteur avant de me demander de descendre tandis qu'elle restait dans le camion. -Comment je sais combien je dois faire payer ? -5 000$ le carton. -Et comment je sais à qui je dois vendre ? -À lui. Je me tournais vers là où son regard se posait pour apercevoir un hispanique d'une trentaine d'années qui devait mesurer deux fois ma taille. Sa carrure aurait sans doute suffit à cacher trois personne comme moi et pourtant son visage semblait plutôt amical. -Nouveau vendeur ? Sa voix, en revanche, était plutôt agressive, comme s'il s'agissait d'un interrogatoire. -Oui. -Deux paquets, voilà la thune. Il sortit une liasse de billets de sa poche, j'allais pour lui prendre mais il les retira immédiatement de ma portée.
-La cam d'abord. J'acquiesçais, tentant de laisser transparaître le plus de respect possible. J'avais deux choix si je ne voulais pas me prendre une balle dans la tête, être respectueux ou me faire respecter mais je n'avais pas vraiment le temps et l'envie de m'imposer face à cette montagne. J'ouvris donc l'arrière du camion pour en découvrir le contenu : plus d'une vingtaine de boîtes en cartons totalement vierges de toute inscription. J'en prit une et fléchit un peu les jambes sous le poids avant de la tendre à l'homme. -J'ai dit deux. -Je sais. Je lui tendit ensuite la deuxième. Il les passât sous son bras avec une aisance déconcertante avant de me tendre la liasse de billet et de reprendre sa route comme si rien n'avait jamais eu lieu. Je prit quant à moi le temps de refermer le camion avant de reprendre place à côté d'Andréa. -Bon bah ça s'est bien passé. -Normal, je t'ai fait commencé par le plus facile pour voir comment tu gérais. Il a beau avoir l'air d'un mastodonte, c'est lui qui pose le moins de problème d'habitude. -Euh question : T'étais l'ancienne livreuse ? Nan parce que t'as l'air de tout connaître. -Je l'ai été à un moment. Mais je me faisais chier et je trouvais ça trop répétitif alors j'ai arrêté. -Et là tu fais quoi ? -Là je suis plutôt dans la concurrence déloyale tu vois... Braquages, cambriolages, incendies, meurtres des fois.... Tout ce qu'il faut pour que les autres gang comprennent qu'on dirige la ville et pas eux. -Ok, je vois. De nouveau le camion se stoppa, mais cette fois-ci l'endroit était bien plus agité. Il y avait surtout des groupes de jeunes d'environ 18 ans qui fumaient, assis sur les bancs publiques recouverts de tags. -On ne va pas être vus à des kilomètres si on fait ça ici ? -Si, mais si on oublie le fait que 80% des passants sont des consommateurs, qui va se soucier d'un gars qui donne de l'argent pour récupérer un colis dans un camion de livraison ? -Le mec suffisamment intelligent pour savoir qu'on paye les colis sur internet et pas à la livraison. -Ce mec là n'existe pas ici.
Elle me fit un léger sourire et me poussa hors du camion. Je fit le tour à le recherche du client mais aucun homme ne vint à ma rencontre, il y avait juste un gars suspect qui s'était accoudé à la porte arrière du camion. -Euh... Vous... -3 ... 1 200$ -3 200$ ? -3 cartons, 1 200$. Active mec ! -3 cartons c'est 1 500$. -Nique ta mère, je te paie 1 200$. L'homme, malgré son apparence plutôt frêle, me lançais un regard très provocateur qui aurait eu un peu plus d'impact si il n'avait pas eu l'air aussi faible. -2 000$ -Quoi ? Mais t'es fou ? -2 100$. -Va te faire, je te passe 1 200 et pas plus. -2 200$. -T'es un malade toi ! Il fit un geste en avant histoire de me faire reculer mais je l'avais prévu et aucun de mes muscles ne bougea du moindre millimètre. Il tenta de nouveau son coup mais n'obtint pas le moindre effet. -Va pour 1 500$. -2 300$ -Mais putain ! C'est 500$ le carton salope. Je continuais d'augmenter la mise, un petit sourire sur les lèvres. Je détestais les gens qui essayaient de m'enfler et il allait le comprendre. -2 500$. -Mais je les ai même pas. -Ok. Bon bah je vais y aller. Passe le bonjour à tes clients pour moi. Je suis sûr qu'ils seront heureux de ne pas avoir leur dose. -Attends attends, voilà ta thune. Mais la prochaine fois... -La prochaine fois tu paierais le prix normal comme tout le monde si tant est que tu ne me casse pas les couilles à nouveau. -Ok. Il pensait pouvoir briser un petit nouveau, il s'était complètement planté. Je recomptais son argent avant de lui donner les cartons et de remonter dans le camion.
-Pourquoi t'as été si long. -Oh... Pour rien, il a été un peu chiant mais c'est passé. Je ne prononçais pas un mot à propos des 1 000$ que j'avais gagné en bonus, après tout je les méritais et je ne voulais pas que quelqu'un les récupère à ma place. Pour la troisième livraison, ce fut avec surprise que je vit Bob, celui qui m'avait dit où se trouvait Luìs. Alors que je l'observait en ouvrant la porte du camion, une question me vint à l'esprit. -Tu bosse pour le 18st ou t'es indépendant ? -Pourquoi tu veux savoir ça ? -Nan c'est juste que t'es pas t'as pas trop une tête de mexicain ? -Tu dis ça parce que je suis noir ? Il dit ça avec un accent profondément raciste avant d'éclater de rire devant ma réaction surprise. -Ouaip je sais, c'est pas commun. Mais c'est une longue histoire et j'ai pas trop envie de raconter ma vie alors passe moi plutôt la cam. Une heure et demi plus tard, j'avais desservi 17 des 19 destinataires sans rencontrer de problèmes insurmontables. Malgré ça, je continuais d'avoir peur qu'Andréa m'ait laissé la difficulté pour la fin puisqu'elle m'avait fait commencé par le plus simple. Malgré les liasses de billets qui s'entassaient dans le camion, je commençais sérieusement à en avoir plein le cul et je voulais vraiment finir tout ça le plus vite possible. C'était sans doute pour ça que je ne fis pas attention aux pas dans mon dos. Pour moi ce n'était rien, l'endroit avait beau être isolé, un passant était un passant, mais celui-ci pointait une arme dans mon dos. -Tu te retourne, et pas de gestes brusques. Il n'était pas seul, trois hommes et une femme, tous vêtus de vêtements de sport noirs, chacun avec une arme pointée dans ma direction. -C'est pas une très bonne idée de faire ça, vous ne savez pas à qui vous avez affaire. Je savais pertinemment qu'ils étaient au courant que je bossais pour Luìs puisqu'ils savaient que j'allais venir ici mais j'avais envie de voir l'effet que cette phrase produirait. Comme prévu, elle ne provoqua qu'une série de petits rires. -Ce serait pas Luìs à qui on a affaire ? Je dis ça comme ça...
-Non. -Ah bon ? Alors qui ? -Michael Da Silva. -Michael qui ? -Attends moi je sais qui c'est, mais ça n'a aucun sens, il est parti depuis 10 ans. Je ne m'attendais pas à ce que l'un d'entre eux connaisse mon nom, j'avais surtout fais ça pour gagner du temps dans le but de permettre à Andréa de me sortir de là. -Eh bah je suis de retour. -Pourquoi on te croirait ? -Parce que si il y a un moyen de le prouver, j'en suis forcément capable. -J'en ai aucune idée moi. Je le connaissais pas personnellement. Et puis au pire on s'en fout de qui t'es nan ? -Sauf que si je suis Michael Da Silva, c'est que je suis ami avec Saliego, et vaut mieux pas énerver Saliego. -Il va nous faire quoi le papy ? Nous jeter sa canne à la tête ? Saliego nous fait pas peur ! -Peut être que moi si ! Andréa s'était placée juste derrière eux et les tenait chacun en joue avec ce qui semblait être un UZI. Quand elle avait crié, ils s'étaient tous retourné d'un coup, me donnant le temps d'en neutraliser un pour lui prendre son arme. Il y eu un long moment de tension, chacun avait son arme braqué sur quelqu'un la main sur la détente. Nous savions tous que chaque geste trop brusque pouvait aboutir à une marre de sang. Soudain, sans que je ne comprenne pourquoi, ils éclatèrent tous de rire ensemble sous mon regard incompréhensif. -Euh... J'ai raté quelque chose ? -Désolé, j'ai pas fait les présentations. Les gars, je vous présente Michael. Michael, voilà les trois mecs et la fille les plus cons du gang. -Ta gueule Andréa ! Je commençais légèrement à comprendre ce qui se passait mais je n'avais toujours aucune idée du pourquoi. Je le fis comprendre à Andréa par un regard suppliant. -T'en fait pas, ils le font à tout le monde. C'est un miracle que personne ne leur ait pas encore tiré dessus. -Mais.... Euh.... Enfin.... Pourquoi putain ? -C'est un peu parce qu'ils sont complètement cons et un peu pour voir comment tu réagirais si ça t'arrivais vraiment.
-C'est surtout pour la deuxième raison en fait, on aime bien savoir qui gère notre matos. -Donc vous avez vu que je suis le meilleur. Allez on remballe ! -Euh... Ouaip.... Se balader sans flingue.... C'est pas forcément une bonne idée. -J'en ai pas. En réalité j'avais celui que Viktor m'avait donné lors de la fusillade mais dire "je l'ai oublié chez moi" ne semblait pas être le meilleur moyen d'avoir l'air crédible. Ils acquiescèrent et nous pûmes conclure la transaction. De retour dans le camion, Andréa m'annonça : -Bon, on a fini ! -Mais non, il en reste un. -On en a bien fait 18 ? -Oui. -Y'en a 18 donc c'est bon. -T'avais dis 19. -J'ai dû me tromper. Ça me semblait louche mais peut être que j'en faisais trop, après tout ça arrivait à tout le monde de se tromper de chiffre. -Mais du coup, y avais personne de vraiment dangereux si on oublie tes amis les malades. -Évidement ! Personne n'est assez con pour voler son livreur, sinon ça signifie plus de livraisons et surtout de possibles représailles. C'était juste pour te faire peur. Je me sentais un peu bête d'avoir cru à ses dires, mais après 10 ans, on oublie un tas de choses qui semblaient logique à la base. Voyant qu'il était déjà midi passé et ayant envie de changer de sujet, je lui demandais : -Dis, ça te dirait qu'on aille man... •Driiiing Driiiiiiing* -Attends, je réponds. Je n'étais pas aussi énervé que j'aurais pu l'être si Andréa avait été remplacé par Diamond mais je laissais comprendre mon mécontentement avec la première phrase lancée à mon interlocuteur. -Qui c'est ? -Michael ! C'est Marco. Je t'appelle pour te dire que c'est bon. -Qu'est-ce qui est bon ? -Tu voulais être mis en contact avec un des deux autres, eh bien c'est chose
faite. Soit chez toi ce soir à 19h, une voiture va venir te chercher. Il avait raccroché avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit. Putain je détestais les gens qui faisaient ça. Reprenant conscience de la présence d'Andréa et du fait que j'étais sur le point de garer le camion, je reposais ma question : -Tu veux qu'on aille manger ? -Euh ouaip pourquoi pas ?
Chapitre 19 : Au commencement... La sonnerie du lycée venait de retentir, démarrant le week-end. Je n'aimais pas spécialement le week-end, non pas que je sois ce genre d'enfants qui aiment l'école, c'était juste que j'y allais tellement peu que pour moi, le samedi et le dimanche étaient simplement des jours où je pouvais sécher sans avoir à justifier. Nous avancions rapidement dans les couloirs remplit d'élève plein d'entrain à l'idée de la fin des cours. Jane me serrait la main, comme si j'allais m'enfuir si elle la lâchait. Malgré ses dix centimètres de talons, elle n'arrivait toujours pas à ma hauteur et elle avait du mal avancer à mon rythme. Elle avait son look habituel : le minimum de tissus et le plus collant possible. Son visage joyeux cachait le vide intersidéral qui se trouvait derrière. Je ne m'en plaignais pas, grâce à ça je pouvais me faire sa sœur sans qu'elle le remarque. Une fois sortis du lycée, je pris place sur un banc. Jane vint s'asseoir à côté de moi et me fixa langoureusement. Je ne savais pas vraiment si j'aimais quand elle faisait ça. C'était à la fois déstabilisant et enorgueillissant. -Tu viens chez moi ce soir ? Je lui répondais par l'affirmative en sortant les sachets de mon sac. Une fois que je les eu déposé sur mes genoux, elle m'embrassa. Les gens autour de nous étaient plutôt jaloux, ici tout le monde avait envie de passer une nuit avec elle. Le plus drôle dans tout ça, c'est que j'étais sans doute la personne la moins attirée par cette fille. -Y'auras des gens ? -Nan, on sera seuls. J'ai tout prévu, on a l'appart pour nous tout seuls pendant deux jours. Elle semblait vraiment joyeuse en pensant à ça, moi j'arrivais à comprendre mais pas à partager son bonheur. J'allais lui dire quelque chose de faussement gentil lorsque mon premier client du jour arriva. -Mike, comme d'hab. -T'as la thune ? -Yep. Il sorti un billet de 50$ de sa poche et, en échange, je lui tendis un des sachets que j'avais posé sur mes genoux. Je ne comprenais toujours pas pourquoi les gens étaient prêt à payer aussi cher pour ça mais je n'avais aucune envie d'essayer, toutes mes dépenses devaient aller dans des objets matériels. On passa l'après midi sur ce banc à vendre la marchandise, chaque sachet que je
me faisais, c'était 10$ de bénéfice. Je me faisais 200$ deux fois par semaine, j'étais un peu la star du lycée avec cet argent. En fait je ne sais pas si c'était l'argent où le simple fait que je ne respecte la loi. -Mickey ! Nick venait d'arriver. Autant que je m'en souvienne, j'ai l'impression de toujours l'avoir connu. Parmi tout les gens qui me fréquentaient, je ne sais pas pourquoi je l'ai préféré lui, mais au final j'étais plus proche de lui que de quiconque à l'époque. -Ça te dirait de te faire 100$ ? -Dépend...Si c'est comme la dernière fois, j'ai pas trop envie. -Nan t'inquiète. C'est juste un vol de camion. -Explique. Jane laissait son regard vagabonder de Nick à moi, en fait je n'arrivais jamais à savoir si elle comprenait ce qui se disait où si elle était complètement perdue. -Y'a un proprio de bar, je l'ai rencontré grâce à ... -Abrège putain ! -Ok,ok ! Donc le mec veut qu'on lui récupère une livraison d'alcool. Y'a un camion avec pour 500$ d'alcool dedans donc t'y vas et tu l'apporte au gars. Il nous paye 100$ chacun. -Pourquoi tu serais payé ? -Parce que c'est moi qui t'ai fourgué l'info. -Ça vaut 20$ moi je dis. -Putain fait pas ta pute Mike. Si je te l'avais pas dit, tu gagnerais rien. -Mais tu me l'as dit. -Tu vas faire comment si tu sais pas où est le camion ? Je réfléchis un instant avant de me rendre compte que j'étais piégé. J'aurais pu dire à Nick que je refusais son offre mais je n'étais pas du genre à laisser passer de l'argent, quelques soient les conditions pour l'obtenir. -Bon, 150-50. -Non ! -Ok, on partage équitablement. Il est où ce putain de camion? -Viens. Je vis le regard suppliant de Jane mais je n'hésitait pas une seule seconde à la quitter. Je me contentais d'un simple "on se voit chez toi", ce qui suffit étrangement à lui redonner le sourire. Nous avions l'habitude des coups foireux, Nick et moi. Ce gars avait un don pour se mettre en relation avec des employeurs et j'avais un don pour accomplir
le boulot. En fait je le voyais presque comme mon agent, mon directeur de com. Il vendais mes mérites à des gars, augmentant le prix au max, et ensuite j'arrivais. -Ça va bien avec Jane ? -Oh ouaip... Je me tape toujours sa sœur donc c'est plutôt cool. -T'es vraiment un connard, tu le sais ça ? -C'est pour ça qu'elles sont toutes à fond sur moi. -Nan, ça c'est parce que t'es mieux payé que la plupart des parents d'élèves de ce putain de quartier. -Tu pense ? -Je sais pas... Je ne crois pas que ce soit une cause négligeable. -Mais si c'était le cas, pourquoi toi tu serais encore seul ? -Parce que je veux pas me foutre avec une salope matérielle. Putain t'as vu comment tu te fais chier avec Jane ? Moi je veux une meuf avec qui je peux parler tu vois ? -Je peux te dire qu'au lit, on se fait pas chier. Et puis une meuf c'est pas fait pour parler, ça se saurait mec. Tu parles avec tes potes, tu baises avec ta meuf. C'est tout. -Mouaip... En parlant, nous avions atteint notre objectif : un gros camion avec une pub pour de l'alcool collée dessus. Il se trouvait dans l'allée qui menait à un petit bar, je donnait mon entière confiance à Nick sur son contenu et je me mît à crocheter la porte. -Faudra que tu m'explique comment tu fais ça. -Si je le fais, tu vas voler une caisse et je vais être obligé de payer la caution donc non. -Me prends pas pour un con. -Je fais c'que je veux. En quelque minutes, la portière était ouverte. J'ouvrais celle du passager pour que Nick puisse monter avant de commencer à trafiquer les fils. -Ça aussi tu devras m'apprendre. -Nope. J'agissais presque machinalement, chaque geste était ancré dans ma mémoire. Dès que le moteur se mît en route, j'enfonçais mon pied sur la pédale et nous étions partis. C'était marrant à quel point ça paraissait simple quand je n'avais pas de vue d'ensemble. L'homme qui venait de perdre 500$ ? On s'en fout. La compagnie qui venait de
se faire voler un véhicule ? On s'en fout. Tout ce qui m'importait, c'était le salaire à la clé. Alors que je quittais la rue, je pu voir un homme sortir du bar, le téléphone à la main. Nous étions morts de rire, fiers de nos actes, heureux de penser aux 100$ qui allaient atterrir dans notre poche. Le trajet ne dura pas longtemps, nous arrivâmes rapidement à l'établissement de l'employeur de Nick. C'était un vieux bâtiment un peu crasseux avec un enseigne trop poussiéreuse pour pouvoir la lire. Alors que l'on descendait du camion, un homme d'une cinquantaine d'années accouru vers nous, le regard vif malgré son attitude un peu négligée. -Merveilleux ! Merveilleux ! Enfin des gens qui savent faire ce qu'on leur demande ! Je ne savais pas quoi répondre alors je me contentais d'acquiescer. L'homme semblait bien trop heureux pour simplement 300$ d'économisés. -Dites, vous seriez capable de le refaire ? -Hein ? -D'autres camions. Je vous paie autant que cette fois là. -Euh... Il nous suffit de un regard pour comprendre que c'était une occasion en or. Une occasion qui allait changer notre vie, une modification brutale dont nous n'avions aucune idée, un événement qui était le point de départ de ma vie. -Vous vous appelez ? -Michael, Michael Da Silva. -Nick Fear. -Okay, Mike et Nick. Moi c'est soit M.Saliego, soit Marco, je ne suis pas trop pointilleux. --------------Mon stylo glisse de plus en plus vite sur les feuilles. Je me demande ce qui va mourrir en premier ? Ma réserve de papier, mon stock d'encre, ou moi ? J'espère sincèrement que je pourrais finir avant qu'ils n'entrent. Et pourtant je sais que c'est sans espoir, ils sont déjà dans mon salon, je les entends, ils essaient de forcer la porte du couloir. Je n'ai toujours pas trouvé de raison à cette entreprise, je ne sais toujours pas pourquoi j'écris. Sans doute pour coucher sur le papier ce que je ressens, cette vie que j'ai traversé. Peut être pour prévenir d'autre personnes qu'il ne faut pas faire les même erreurs que moi. C'est drôle de se dire que je vais mourrir, tué par des hommes que j'ai aidé
durant la quasi totalité de ma vie. Les seuls qui pouvaient parler de moi après ma mort sont ceux qui me détestent le plus. Ce qui m'ont apprécié, ceux que j'ai apprécié, pour la plupart, ils ne sont plus. Est-ce ma faute ? Oui. On les a tué parce que j'étais là. C'est donc à eux que je dédis ce texte, peu m'importe qui le lira, je veux qu'il pense à ces hommes et à ces femmes qui sont morts à cause de ma simple présence.
Chapitre 20 : Le choc des titans Il me suffisait de 4 500$ pour avoir l'impression d'être riche à nouveau. Deux heures à peine après la fin du déjeuner en compagnie d'Andréa, j'étais de retour chez moi en train de monter le lit que je venais d'acheter. Mon entrée étais désormais encombrée par les cartons de mes récents achats. La table et les chaises n'attendaient plus que je les assemble et la télé qui m'avait coûté la moitié de mon pactole était déjà posée sur son socle. Je ne savais pas si j'étais follement inconsciemment ou justement extralucide. La plupart du temps, des dépenses excessives juste après avoir reçu son salaire, c'est une preuve de bêtise, mais dans la situation présente... Il me restait 1500$ en poches, j'avais pris l'habitude de vivre avec moins que ça pendant un mois et je savais que j'allais recevoir une nouvelle paye lundi. De plus, mon rendez-vous arrangé par Saliego allait sûrement déboucher sur un emploi par une personne qui avait les moyens de m'offrir des sommes colossales pour mes services. En réalité, je me sentais renaître. Dès que mon lit fût monté, je me rendis compte à quel point son aspect neuf et sa couleur blanche contrastaient avec la saleté de la pièce dans laquelle je l'avais placé. Ce constat me fit parcourir la distance qui me séparait du magasin le plus proche en vue d'acheter des produits ménagers. C'était sans doute inhabituel de se sentir riche alors qu'on faisait le ménage mais c'était actuellement mon cas. J'attendais 19h avec impatience, regardant mon sol reprendre des couleurs. Il était 17h30 lorsque je pût me mettre à la construction de la table et des chaises que j'avais acheté. Maintenant que ma maison était propre, je pouvais observer les fissures dans les murs ainsi que les tags et les trous dans le plancher. Mais pourtant, malgré cette vision de pauvreté, j'étais satisfait. J'avais un lit, une télé, et je ne serais plus obligé de manger debout. Toutes ces constatations mélangées me rendaient extrêmement heureux. Après avoir fini de réaménager ma maison, je parti en quête de nourriture pour remplir mon frigo. J'aurais apprécié changer ce dernier mais l'argent commençait à disparaître peu à peu au profit de ma sagesse. À 19h moins le quart, j'étais affalé sur mon fauteuil, regardant la maison comme si il s'y déroulait une scène passionnante. Je faisais fit des nombreux détails qui auraient pu m'accabler pour ne me concentrer que sur la fierté du travail bien fait. Ma seule déception était de ne pas avoir réussi à faire marcher la télé, mais je me consolais en me disant que j'avais tout mon temps pour le faire. J'avais été viré de mon emploi de videur et la semaine s'annonçait donc très reposante. À cet instant là, je ne pensais plus à ma rechute dans la criminalité, il n'y avais plus de points négatifs, c'était le pouvoir de l'argent, il me faisait tout oublier.
Mais étais-ce vraiment un mal ? Je crois que c'était la première fois que je me sentais aussi bien depuis plusieurs mois. Quelques minutes avant que l'heure du rendez-vous ne sonne, j'enfilai le nouveau costume que je m'étais acheté, il avait beau ne pas sortir d'un magasin de luxe, j'appréciais tout de même l'allure qu'il me donnait. Je fit un tour dans la salle de bain, histoire d'arranger mes cheveux qui devenaient bien trop long à mon goût et de raser ma barbe pour qu'elle ait l'air de dater de trois jours. Une fois ma toilette finie, je pouvais presque ressembler à un homme d'affaire, ce qui ne manqua pas d'augmenter le sourire sur mon visage. Dehors, le ciel était gris, les rues étaient presque désertes et la voiture qui devait venir me chercher n'eut donc aucune difficulté pour être à l'heure. Quand j'aperçu la voiture pour la première fois, je n'en cru pas mes yeux. Saliego roulait en Rolls Royce Phantom, Migaud dans une Jaguar XF, eh bien cet homme roulait dans une limousine Bentley. Le véhicule était d'un blanc pur, comme si on venait de la sortir du lave-auto, ce qui en y repensant était sans doute le cas. La portière s'ouvrit toute seule et j'eut un instant d'hésitation, comme si je ne méritais pas d'entrer dans une voiture comme ça, comme si elle était trop sacrée pour moi. Après quelques regard alentours, je finit par pénétrer dans cet autel du luxe. Une fois que je fut rentré, la porte se referma automatiquement, m'emprisonnant dans cet intérieur qui aurait suffit à acheter une villa dans Berverly Hills. Tout ici était un étalage de richesses. Les sièges en cuirs noirs sur lesquelles j'avais peur de m'asseoir tellement ils avaient l'air neufs, la table en verre sur laquelle reposaient des verres de cristal aux formes diverses, la bouteille de champagne venant de France au prix sans doute astronomique. Le pire, c'était l'impression d'espace que dégageais l'intérieure, j'avais l'impression de me retrouver dans un petit salon alors que vu de l'extérieur, la voiture ne semblait pas si grande que ça. Durant tout le trajet, je me sentais comme un intrus, mes yeux lorgnèrent de longues minutes sur la bouteille d'alcool mais je n'eut pas le courage nécessaire pour m'en servir, malgré le fait qu'elle soit déjà ouverte. En réalité je crois que même si il y avait eu un mot avec écrit "sers toi", je n'aurais pas osé y toucher. En moins d'une demi heure, nous avions atteint notre objectif. Tout comme Saliego, le propriétaire de cette voiture vivait sur Beverly Hills, mais sa maison n'avait rien à voir avec celle de Marco. L'homme qui habitait ici n'était pas quelqu'un qui avait réussi, il était l'allégorie de la réussite. Sa maison, ou devrais-je dire son immense villa, était tout ce dont pouvait rêver un homme de la Californie. En tout cas c'était l'image qu'il voulait donner. Son jardin comprenait toutes les fioritures possibles et imaginables, des palmiers à la piscine en passant par les
œuvres d'arts modernes immenses, tout le décorum était présent pour nous rappeler que cet homme était riche. Mais contrairement à Saliego qui plaçait aléatoirement des statues dans l'unique but de meubler sa maison, cet homme avait pris soin de tout placer dans l'optique d'une harmonie parfaite. Ainsi, malgré l'avalanche de différentes structures, on ne ressentait pas la moindre impression de "too-much", cette propriété était en elle-même une véritable œuvre d'art. Mais le plus impressionnant dans tout ça, c'est que malgré la perfection artistique de son jardin, sa villa était encore plus incroyable. Il s'agissait d'un immense bâtiment traversée de part en part par la lumière du soleil grâce à la baie vitrée qui faisait le tour des murs extérieurs sur les 3 étages. La maison, d'allure ultramoderne, partait dans tout les sens, il y avait des passerelles, des sortes de tours, des zones surélevées, mais avec le même talent que le jardin, toute cette anarchie était organisée d'une façon très précise et on ne pouvait qu'admirer le talent de l'architecte. Plus j'avançais dans l'allée de gravier qui menait à la porte de sa demeure, plus j'avais hâte de rencontrer cet homme. Mon regard se perdait dans les différentes couleurs de sa propriété, j'étais complètement absorbé dans l'admiration de cet endroit, si bien que je ne le vit même pas arriver. -Michael Da Silva ! Je n'arrive pas à croire que je vous rencontre enfin ! Son timbre de voix était plutôt calme et il donnait pourtant l'impression d'être excessivement heureux d'une façon étrangement sincère. Ses cheveux en bataille et sa barbe mal rasée lui donnaient la tête d'un trentenaire immature mais les rides sur son visage et la couleur grisâtre de ses cheveux ne nous laissaient pas de doute sur le fait qu'il avait déjà dépassé la cinquantaine. Il portait un polo et un chino noir, de plus, avec ses baskets, il avait vraiment la dégaine d'un jeune étudiant des quartiers riches. Je restais sans voix devant son apparence qui était tout à l'opposée de ce à quoi je m'attendais. -Je vous appel comment ? Michael ? Mike ? Mickey... Ouaip non, pas Mickey, ça me fait trop penser à la souris de Walt Disney. Ou alors Monsieur Da Silva, après tout votre réputation est tellement grande que... -Appelez moi Michael, c'est bon. Il agissait avec une envie de plaire comme s'il était un enfant qui avait gagné une entrevue avec sa star préférée, c'était assez gênant comme situation. -Et vous ? -Moi ? Oh oui, excuse moi ! Je m'appelle James Faustin. Mais appelle moi James. Je tressailli en entendant ce nom et il dut le remarque puisqu'il s'empressa de me
demander : -Tout va bien ? -Oui... Oui, ne vous inquiétez pas. -Parfait. Bon, je suppose que tu souhaite rentrer. J'acquiesçai silencieusement et il me fit pénétrer dans son immense villa. -Bienvenue dans mon humble demeure ! Enfin pas si humble que ça, sinon je me serais fait arnaqué vu le prix que je l'ai payée. Il me fit traverser un hall gigantesque où un mur entier était recouvert de différents manteaux tandis que l'autre portait une fresque connue dont je ne saurais donner le nom. Depuis le hall, nous traversâmes un long couloir richement décoré pour déboucher directement dans le salon. C'était une pièce extrêmement lumineuse grâce à l'ouverture de verre vers la partie arrière du jardin qui constituait une sorte de terrain de golf. Une télé immense recouvrait la totalité d'un des murs, en face de cette dernière se trouvait un canapé blanc qui aurait sans doute pu accueillir une vingtaine de personnes. Sur la table basse, je pouvais remarquer la présence d'une manettes de PlayStation encore allumée. -On s'assoit ? Nous primes tout les deux place sur le canapé. James s'affala comme un pacha tandis que j'entrepris tant bien que mal de ne pas modifier sa forme original en m'appuyant trop dessus. -Alors Michael, comment tu trouve Los Angeles ? Ça a beaucoup changé ? -Non pas vraiment... À vrai dire, j'ai même l'impression qu'il n'y a pas eu le moindre changement. -Ah ? Au moins tu n'es pas trop perdu. Tu as fait du tourisme depuis que tu es arrivé ? -Nan... Je ne vois pas trop l'intérêt. Et puis je n'ai pas les moyens. -Pas les moyens ? On m'avait dit que tu vivais sur Clanton mais donc c'est vrai ? Michael Da Silva est fauché ? Comment c'est arrivé ? -Un long concours de circonstances qui commence avec mon arrestation à cause de Saliego. -Ah ! Le coup du "Silence Radio", Marco est un bel enculé quand même ! Il avait dit ça plus pour lui même que pour moi, comme si il détestait Saliego, ce qui ne manqua pas de me surprendre. -Vous n'aimez pas Saliego ?
-Comment je pourrais ? Cet homme est un chien. -Pourquoi vous travaillez avec lui alors ? -Parce que grâce à lui, j'ai cette putain de maison, je dîne avec des stars de cinéma, je saute trois nanas différentes par soir, j'ai la belle vie quoi. -Comment vous vous êtes retrouvé à ses côtés si vous le détestez ? -Il a foutu un flingue sur ma tête parce que je lui faisais de la concurrence avec ma boîte de nuit. Moi j'ai pris son flingue et je l'ai foutu sur sa tempe. On s'est arrangé et on a créé un business qui marche. -Ok... Il resta pensif quelques instants avant de se lever. -Tu veux des biscuits ou un truc dans le genre ? -Pourquoi pas ? Il disparut en passant l'entrebâillement de la porte, me laissant seul pour observer son salon. Par la fenêtre, on pouvait apercevoir la panneau Hollywood en haut de sa colline. La luminosité de sa maison était revigorante, chaque meuble oscillait entre le blanc et le beige, c'était relaxant de se retrouver ici, seul avec ses pensées. -J'espère que t'aime les minizas. Allez, c'est Belin et Curly ! Il posa des bols sur la table et vida dedans des quantités astronomiques de biscuits apéritifs. J'étais étonné qu'il me serve des biscuits industriels qui ne valaient pas plus de quelques dollars au supermarché mais je n'en laissait rien paraître. -Parlons Business maintenant. Quelles sont tes honoraires ? Sa question me pris de cours, déjà que j'avais oublié mes anciens, alors pour me faire une idée de ce que je valais aujourd'hui... -10 000$ par semaine ça te va ? -Hein ? -Euh oui c'est pas génial. 12 000 avec possibilité de primes ? Comme ça t'auras un salaire fixe et je pourrais te payer suivant tes résultats. -Euh... D'accord. Mes pensées volèrent alors jusqu'à Lily et une idée me vint. -Vous pourriez m'embaucher légalement ? -Légalement... -Me donner un poste chez vous avec un contrat et tout... Comme ça vous pourriez justifier l'argent que vous le donnez et moi je n'aurais pas à rendre de
compte quand à la nature de mes revenus. -Oh mais ça c'était prévu. Je comptais te nommer gérant d'une boîte de nuit. On a déjà un directeur, donc en fait le poste de gérant ne sers pas à grand chose. Ça te va ? -C'est parfait, merci beaucoup ! J'étais incapable de décrire avec des mots ce que je ressentais. J'allait être payé, bien payé, très bien payé, et en plus je pourrais montrer à Sarah que j'avais un emploi prestigieux. C'était comme si je n'avais fait que tomber depuis ces dernières semaine pour finalement réussir à me raccrocher et commencer à remonter. -D'ailleurs, en parlant de clubs. Il faut que je te fasse passer VIP dans mes établissements, je ne vois pas pourquoi Nick aurait le droit et pas toi. -Comment vous avez connu Nick ? -Relation de travail. Il était là à l'époque où je travaillais pour Saliego, on a sympathisé et voilà ! Je sentais bien qu'il y avait un tas de détail qui auraient pu attirer mon attention mais je ne commis pas l'erreur de lui demander de me raconter l'histoire plus précisément. -Sinon, il y a une boîte dans laquelle tu es déjà allé ? Une que tu aimerais diriger ? -J'en sais rien... Je suis juste allé au Vault, c'est tout. -Et ? Ça t'as plu ? On aurait dit qu'il avait peur de ma réponse, comme si j'étais un critique reconnut qui allait soit le faire sombrer dans la pauvreté soit lui accorder une renommée internationale. -Oui, c'était pas mal. -T'as juste dansé ou tu as... -Euh... Ouaip..... Avec Diamond. -Diamond... Il regardait dans le vide en disant ces mots, comme si les entendre lui faisait apparaître une galerie de souvenir. -Du gâchis cette fille. Elle est belle, intelligente, adorable, et pourtant elle refuse de faire quoi que ce soit d'autre que son travaille au club. -Comment ça ? -La plupart des autres filles font des études, ou au moins sortent ville, font des petites boulots. Elle, elle passe sa vie dans son appartement à faire je ne sais quoi.
Ce qu'il me disait m'étonnait. Ce n'était pas du tout l'image que je me faisais de cette fille, pour moi la seule raison qui pourrait la pousser à rester enfermée, ce serais parce que cet homme lui aurait interdit de sortir. -C'est vrai ? Je n'ai pas du tout eu cette impression là. -Personne ne l'a eu. Enfin bon... Te voilà gérant du Vault. Je te ferais signer les contrats d'ici deux ou trois jours. -D'accord, merci. Il me tapota gentiment l'épaule avant d'absorber une poignée de biscuits apéros. Il y eut ensuite un long silence qu'il passât à m'observer avant de me demander : -Tu as un avocat ? -Pourquoi ? -C'est plus prudent dans notre milieu. -J'en avais une très bien à New York mais je crois que le contrat a été rompu. -Donc il faut que je t'en trouve un. Il quitta le canapé et revint avec une sorte d'annuaire. -Je t'aurais bien proposé Ellijah mais il suit Saliego comme un petit chien et ne travaille pour personne d'autre. Malgré tout, c'est le meilleur de la ville. Sinon j'ai lui, Josh Salesman. -Pourquoi je ne vais pas dans un cabinet à bonne réputation, tout simplement ? -Parce que dans les cabinets, on ne s'intéresse pas au client mais à l'argent. Ce qu'il te faut, ce n'est pas un homme qui te défendra en justice, il te faut un homme qui puisse te conseiller sur la meilleure manière de blanchir ton argent, un gars qui sait ce que tu dois éviter de dire à la police, un gars qui t'explique que tel agent peut facilement être achetable. Tu as vu Breaking Bad ? -Quelques épisodes... -Eh bien ce qu'il te faut, c'est un Saul Goodman. Et il se trouve que Josh en est un. -C'est votre avocat ? -Non ! Non, moi je n'ai pas d'avocat. Je ne cachais pas ma surprise face à sa déclaration et il éclata alors de rire. -Je ne me trempe pas moi. Je regarde depuis le ciel. Quand les terroristes islamistes tuent des gens, est-ce que quelqu'un fait un procès à Allah ? Non. Je ne fit pas de remarque sur le fait que sa comparaison était à la limite de la mégalomanie mais ce n'était pas l'envie qui manquait. -Je suis propriétaire des boîtes de nuit, mais ce business est totalement légal. Mes affaires illégales, personne ne sait que je trempe dedans.
-Vous êtes dans quel genre d'affaire illégales ? -C'est pas jolie alors si on pouvait éviter le sujet... -Comme vous voulez. Étant donné le fait qu'il possédait des boîtes de strip-tease, j'étais presque sûr que ça avait un rapport avec de la prostitution. Au moins il n'en faisait pas une fierté, contrairement à d'autres, et c'était une bonne chose. -Mais euh... Vous ne m'avez toujours pas dit pour quel genre d'emploi vous m'embauchez. -Ça va dépendre. Ce sera sans doute très varié, un peu de tout tu vois ? -Euh ouaip... Je crois. Il jeta un rapide coup d'œil à sa montre avant de se lever en vitesse. -Déjà ? Mais on va être en retard ! -Où ça ? -Au casino. Vient, je t'expliquerai en route. Je le suivit d'une démarche rapide jusqu'à la sortie où sa Bentley nous attendait. Lorsque nous fûmes arrivés, la porte s'ouvrit et nous pûmes pénétrer à l'intérieur du véhicule. James vida le contenu de la bouteille de champagne qui avait attiré mon attention dans deux verres avant de m'en tendre un. Je le prit lentement tout en le regardant profiter des saveurs de cet alcool. Contrairement à la plupart des gens, il semblait réellement apprécier le champagne et il n'en buvait pas simplement pour se donner l'air "riche". -Bon, le casino. C'est un sujet épineux. Pour faire simple, disons que nous allons voir le directeur du Commerce Casino. -Pour quoi faire ? Il se gratta le menton quelques instants dans le but de rechercher une façon simple pour m'expliquer. Dès qu'il sembla avoir trouvé, il prit une gorgée de champagne avant de reprendre. -Tommy Faggio refuse depuis plusieurs années de travailler avec nous. C'est sans doute l'homme le plus honnête que je connaisse et je le respecte beaucoup pour ça, mais Saliego regarde le casino comme un jouet qu'il ne peut pas avoir. Ça fait quatre ans qu'on lui propose un nombre incalculable d'offre pour qu'il intègre notre affaire. Ce que nous allons faire aujourd'hui, c'est te présenter à lui et le prévenir que tu t'apprête à braquer la casino si il ne nous rejoins pas. Marco espère que ça marchera, moi je n'y crois pas une seule seconde.
-Wow ! Attendez ! Vous allez me présenter à un millionnaire, histoire qu'il me reconnaisse et sache mon nom, dans le but de lui dire que je vais bientôt braquer son établissement ? -En gros, oui. -Mais vous êtes complètement malade ! Je savais bien que quelque chose allait poser problème tôt ou tard mais jamais je ne me serais attendu à une demande aussi stupide. -Les caméras seront éteintes et nous ne donneront pas ton nom. Il saura juste que tu es là et que tu compte le libérer de ses bénéfices. Tu prends un air menaçant et tu reste derrière nous, tout devrait bien se passer. -Pourquoi moi ? Pourquoi pas une personne aléatoire ? -Parce que s'il refuse, tu vas vraiment braquer son casino. Il me fit un petit sourire qui se voulait rassurant mais qui ne me provoqua qu'un léger frisson. -Mais ça fait dix ans que j'ai... Et puis un casino c'est.... En plus je n'ai même pas d'équipe ! -On te laissera former ton équipe. Le terrain à déjà été bien tâté, tu auras toutes les informations nécessaires. Les benefs iront tous dans vos poches, à toi et ton équipe. Ça fait plusieurs millions de dollars. -Je sais mais... -Rien ne t'oblige à organiser le coup demain hein ! Tu peux prendre ton temps, ce qu'on veut, c'est qu'il comprenne qu'on ne rigole pas. -Je verrais, de toutes façons je n'ai pas le choix ? -Effectivement. Si ça ne tenait qu'à moi il n'y aurais même pas de réunion mais Saliego y tient beaucoup alors, comme c'est lui qui dirige tout... Je lui lançais un regard compréhensif et le voyage se termina dans le silence. À la sortie du véhicule, je fut surpris de reconnaître les voitures de Saliego et de Migaud qui attendaient devant l'entrée, leurs propriétaire discutant à côté. Lorsqu'il nous aperçurent, ils s'empressèrent de nous dire bonjour. Ellijah observait la scène de loin, simple spectateur stoïque, comme toujours. -Vous êtes en retard ! -Désolé Marco, tu sais ce que c'est... On discute et le temps passe.. -M'en parle pas ! Bon, c'est parti. Mickey est au courant ? -Oui, je l'ai briefé. Ils avançaient à trois, Saliego portait un costume noir brillant sous le soleil couchant, Migaud avait mis un blazer et un pantalon en toile bleu foncé. À côté d'eux, le polo et le chino de Faustin faisaient vraiment tâche.
Derrière eux, moi et Ellijah avancions comme des fantômes, invisibles, nous n'existions pas. Un homme à l'entrée arrêta notre procession. -Bonjour messieurs, que puis-je faire pour vous ? -Nous venons voir monsieur Faggio. -Excusez-moi mais il ne reçoit personne. Je ne vit pas la tête que fit Saliego, en revanche je pût apercevoir celle de l'employée se décomposer. -Vous savez qui je suis ? Vous avez une putain d'idée de comment je m'appelle ? J'en ai rien à battre que ton patron ne prenne pas de rendez-vous, je viens le voir quand même. -Euh oui mais... -Mais quoi ? L'homme comprit à ce moment là que sa vie valait plus que son emploi et il s'empressa de quitter notre passage. Saliego éclata alors de rire et nous pûmes reprendre notre avancée à travers les décors colorés et bruyant du casino. On finit par arriver à l'ascenseur, Ellijah appuya sur un bouton et l'ascension commença. -Bon, Michael, tu te tais et tu observe. Je veux que Faggio se rende compte que tu es un danger pour lui. -Très bien. Faustin me sourit et les portes de la cabine s'ouvrirent sur le bureau de Tommy Faggio.
Chapitre 21 : Pokerface Le bureau de Tommy Faggio était tout ce dont on pouvait attendre d'un bureau de directeur de casino véreux, ce qui rendait son honnêteté encore plus difficile à croire. Des murs en bois, une moquette rouge, des tableaux d'artiste connus internationalement, des lustres, tout dans cette pièce donnait l'impression que nous nous trouvions dans un film de Scorsese se passant dans les années 60. Tommy Faggio, quant à lui, avait un visage carré, anguleux, creusé par le temps, il affichait une expression à la fois triste et sévère. -Le bon, la brute et le truand sont de retour, sauf qu'il n'y a aucun bon et que vous êtes tout les trois des brutes et des truands. Je ne savait pas si il fallait rire à sa blague mais voyant qu'il gardait son air désespéré, je compris que ce n'était sûrement pas le cas. -Bonsoir Ellijah, tu sais qu'il y a des cours pour apprendre à se débrouiller seul et ne plus avoir besoin de suivre papa Saliego ? Je te l'ai déjà dit mais comme je vois que tu es toujours là... Quant à toi, qui es-tu ? J'hésitais un instant à répondre mais voyant que personne n'allait le faire à ma place je saisis ma chance de faire forte impression. -Vous n'avez pas à connaître mon nom. Sachez simplement que dans trois mois, quand vous hésiterez à vous faire sauter la cervelle tellement votre vie sera devenue insupportable, dites vous juste que ce sera de ma faute. Ce n'était pas de la peur que je vis apparaître sur le visage de Faggio, c'était plus une sorte de curiosité, comme si il se demandait quel genre de proposition on allait lui faire aujourd'hui. -Les gars, dites-moi précisément ce que vous voulez pour que je puisse vous expliquer clairement pourquoi c'est impossible. -Le casino. Évidement, c'était Saliego qui avait pris la parole, Migaud et Faustin étaient légèrement en retrait tandis qu'Ellijah et moi nous trouvions chacun dans un coin de la pièce, comme si nous étions des gardes du corps... Ce qui était d'ailleurs peut être le cas. -Marco, Marco, Marco... Tu savais qu'être borné n'est pas une qualité ? -Dans ce cas tu vas changer d'avis et accepter ma proposition ? -Ta proposition ? Explique moi qu'est-ce que je gagne à perdre 30% de mes
bénéfices et la propriété de mon casino en vous les offrant. -L'homme ici présent -et il me pointa du doigt- ne te braquera pas ton établissement. Faggio eut un petit rire nerveux puis il contournât son bureau pour se mettre face à Saliego. Ce dernier se tenait légèrement voûté et il fut donc surplombé par l'allure parfaitement droite du directeur du casino. -Même si je le laissais sans surveillance pendant une semaine, personne ne pourrait braquer le Commerce Casino. Alors comment veut tu qu'il le fasse si tu me préviens en avance ? -Je ne m'occupe pas des détails, je voudrais juste que tu sache qu'un nouveau refus de ta part aboutirais sur une perte de la totalité de la caisse du casino. Faggio tentait de paraître sûr de lui et moqueur mais on pouvait apercevoir de légère traces d'inquiétudes dans son regard. -Tu es trop con Marco, vous êtes tous trop cons. Vous savez que cette pièce est filmée, vous savez que vous venez de vous griller complètement ? Si les flics débarquent dans cette pièce, le taux de criminalité de la ville retomberait à zéro donc je ne vais pas me priver de les appeler. Je regardais autour de moi et j'aperçu les deux caméras grises placées dans les angles derrière le bureau du directeur. Une boule commençait à monter dans mon ventre lorsque Marco repris la parole. -Tes caméras n'ont rien filmé du tout mon pauvre. N'est-ce pas Adrien ? Les deux caméras bougèrent de haut en bas dans un geste d'acquiescement mécanique. -Hein ? Mais qu'est-ce que... -Ne nous prends pas pour des amateurs Tommy. Alors maintenant tu nous dis si tu accepte. Tout le monde restait à l'affût de la réponse de Faggio sauf Faustin qui semblait être en train d'envoyer des SMS. Cependant, je crois que je fut le seul à le remarquer étant donné que toute l'attention était centrée sur Marco et Tommy. -Non. J'ai mis trente ans à arriver ici et j'ai passé vingts années à tenter de rester du bon côté de la loi. Alors ce n'est pas maintenant que je vais me laisser emmerder par une bande de merdeux en costard. Quittez mon bureau je vous prie. On pouvait dire ce qu'on voulait, mais cet homme en avait dans le pantalon. Son regard exprimait une crainte indéfinissable alors qu'il s'imaginait les différentes
réactions possibles des mafieux et pourtant toute son attitude était toujours provocatrice. À mon grand étonnement, les trois mafieux ne firent que tourner les talons pour retourner vers l'ascenseur. Il n'y eut pas la moindre riposte, absolument rien d'autre qu'une immense tension dans un silence irréel. -Toi, le petit nouveau, reste trente secondes. Faustin me fit signe d'accepter et, tandis que les quatre hommes montaient dans l'ascenseur, j'approchait de Faggio avec un stress énorme. -Écoute petit, je ne sais pas pourquoi tu bosses avec eux, mais est-ce que tu sais au moins qui je suis ? Est-ce que tu ... Je savais ce qu'il voulait faire, et je savais parfaitement comment riposter face à ça. Je lui attrapait les deux épaules et le plaquait contre le mur le plus proche. Il me regardait, terrifié, alors que je me mît à parler. -Non ! Je ne sais pas qui vous êtes, je n'ai aucune idée de ce que vous avez accompli. Je n'ai aucun putain de respect pour vous parce que je ne sais qu'une chose : vous êtes un être humain au même titre que moi. Si il y a quelque chose, une raison, qui fait que Saliego ne vous a pas foutu une balle dans le bide, eh bien moi je ne la connais pas. Moi je vous tuerais sans hésitation dès que la première occasion se présentera. Et ne me parlez pas des conséquences, vous ne serez plus là pour rire de ma défaite quand je serais torturé par vos hommes, c'est pour moi une satisfaction suffisante. De plus, n'essayez pas de me faire peur, vous avez dit vouloir rester dans le droit chemin, par conséquent vos uniques alliés sont la police. Mais quand on retrouvera votre corps brûlé dans une benne à ordure en Roumanie, la police n'en mènera pas large. Sur ce, bonsoir. Lorsque je lui lâchais les épaules, il s'écroula au sol comme si il venait de faire un comas. Je n'en prit pas compte et je sortis de son bureau calmement. Ce que j'avais dit était un ramassis de connerie mais les gens honnêtes croient souvent les conneries lorsqu'elles sortent de la bouche en un criminel. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le rez-de-chaussée où les quatre hommes m'attendaient en discutant. Lorsque Faustin m'aperçut, il posa la question qu'ils devaient tous avoir en tête. -Qu'est-ce qu'il t'as dit ? -Rien. Par contre, je pense qu'il ne sortira plus chez lui sans ses gardes du corps dorénavant. La réponse semblât leur convenir puisqu'ils me sourirent avant de retourner vers
l'entrée. Dehors, je prit le temps de regarder le Commerce Casino. C'était un immense bâtiment avec un style faussement grec ou égyptien. Le nom de l'établissement brillait en lettre rouge depuis le toit. J'allais monter dans la Bentley de Faustin lorsque mon téléphone se mît à sonner. J'envisageais d'abord de l'éteindre mais quand je vis le nom sur l'écran, je fit signes aux hommes de partir sans moi. -Sarah ? -Oui. Tu vas bien ? -Euh oui... Pourquoi ? -Pourquoi ? Pourquoi ? Il y a deux jours, tu nous dit qu'on doit faire attention et ensuite tu nous laisse sans nouvelles. -Ah oui... Je suis désolé. Et je l'étais vraiment, je m'en voulais de ne plus avoir pensé à ça ensuite. Les rassurer ne m'aurait rien coûté et ça les aurais sûrement beaucoup aidé. -Et donc, tu as arrangé les choses ? -Oui, tout va bien maintenant. -Je ne sais pas si c'est une bonne chose mais je vais quand même t'en remercier. Je pouvais entendre son soulagement à l'autre bout du fil. Je savais ce que ça faisais d'être au courant qu'une personne proche était menacée de mort. -Écoute... Pour Lily... Il se trouve que j'ai trouvé un job et donc euh... -Quel genre de job ? -Gérant, dans une boîte de nuit. -Sérieusement ? -Oui. -Mais c'est génial ! Elle savait pertinemment comment j'avais obtenu cette place mais ça ne l'intéressait pas, tout ce qu'elle voulait, c'était que j'ai une place. -Du coup je pourrais passer à New York d'ici une ou deux semaine ? -Pourquoi pas ouaip. Tant que Lily est d'accord, ce qui ne devrait pas poser trop de problèmes. -À ce propos, tu veux bien me la passer ? -Oui, évidement. Alors qu'elle faisais changer le téléphone de propriétaire, je me rendais compte à quel point tout semblait merveilleux depuis quelques heures. Comme si cet emploi de livreur pour Luìs m'avait offert une nouvelle vie, une vie rêvée. -Papa ?
-Coucou chérie. Comment tu vas ? -Ça va, mais j'aime pas quand t'es pas là. -T'en fait pas. Je reviens bientôt. -T'es plus puni ? -Si, je suis toujours un peu puni, mais j'ai quand même le droit de passer. -Tu vas venir combien longtemps ? Je ne lui fis pas remarquer sa faute, je n'avais pas vraiment envie d'avoir l'air embêtant. -Deux ou trois jours, peut être plus. -Ouaip ! Maman elle le sait ? -Oui. Je lui ai déjà demandé. -Trop bien ! On va pouvoir te montrer la nouvelle maison ! -Vous avez une nouvelle maison ? -Oui. Maman elle a trouvé un travail ou elle gagne plein d'argent. Maintenant on a un jardin ! -C'est super ça. Mais vous vivez toujours à New York ? -Je sais pas. -Comment ça tu sais pas ? -New York, c'est là que y'a plein de grandes tours ? -Ça c'est Manhattan. -Alors c'est quoi New York ? -C'est une ville. Et dans la ville il y a des quartiers, Manhattan c'est un quartier de New York. -Ba alors je sais pas. -C'est pas grave. Ça faisait du bien de l'entendre parler à nouveau, comme si la vie était redevenue comme avant, comme si tout était simple. -Faut que j'y aille. Maman elle veut que je fasse mes devoirs. -Et elle a raison, à bientôt ma chérie. -A bientôt papa ! Seul devant le casino, un sourire béat sur le visage, pensant à mon future voyage vers New York et à mon salaire de 12 000$ par semaine... Il ne manquait plus qu'une chose à cette journée pour être parfaite. Le taxi que j'avais appelé arriva rapidement, comme si m'avait attendu à l'angle de la rue, ou peut être étais-ce la joie qui faisait passer le temps plus vite. -The Vault, s'il vous plait. -Comme vous voudrez.
Chapitre 22 : Confidente -Whao ! Gérant, la classe ! Du coup je t'appelle monsieur le gérant ? -Non c'est bon, un simple "Ô tout puissant gérant adoré" suffira amplement. -Dans tes rêves. Nous étions dans la petite pièce de la dernière fois, Diamond était assise sur mes genoux, face à moi, les jambes écartées. Cette position était relativement suggestive et ne semblait pourtant pas la gêner. En pensant à ce qu'elle devait faire de bien pire à d'autres clients, je comprenait facilement ce qui expliquait son absence de réaction. -Refus d'optoperer ? Ça va sans doute déboucher sur un licenciement... J'avais dit cela avec l'air le plus sérieux possible et je vis son visage se raidir en un instant. Cette réaction me fit exploser de rire, ce qui lui permit de comprendre que je n'étais pas sérieux. -Putain t'es con ! Et puis on dit obtempérer... -C'est pareil. -Pas du tout. Quand je la voyais comme ça, aussi près de moi, je me rendais vraiment compte qu'elle était petite. Elle se tenait parfaitement droite et pourtant, sa tête n'atteignait même pas le niveau de ma bouche. Ça avait quelque chose d'adorable, elle donnait envie de l'embrasser. -On m'a dit que tu ne sortais jamais, c'est vrai ? -Qui t'as dit ça ? -Les habitants de ta planète. -Il y a des survivants ? Où sont-ils ? -Nan mais sérieusement, pourquoi tu ne sors pas ? -Pourquoi je sortirais ? -J'en sais rien. Voir des amis, aller au cinéma, ce genre de chose... -Je ne vois pas vraiment quel genre d'amis je pourrait aller voir, quant au cinéma, j'ai mon ordinateur pour ça, c'est moins cher. Elle me fit un petit clin d'œil malicieux avec l'air de dire "tu garderas le secret, hein ?". -Et... Il n'y a personne qui t'invite à sortir ? -Si, mais pour la plupart, ce sont des gros porc libidineux, je t'avoue que j'aurais un peu peur pour ma chatte si je me retrouvais seule avec eux. -Et donc... Si ce n'est pas un gros porc libi.... Enfin, si c'était quelqu'un de bien ?
Elle me sourit avant de passer une de ses mèches dans sa bouche, c'était un tic chez elle mais je trouvais ça plutôt attirant. En fait je trouvais tout attirant dans sa façon d'être, sa manière de balancer ses jambes, de toujours jouer avec ses cheveux, d'afficher des expressions exagérément outrées lorsqu'un personne normale aurait été choquée par mes propos, tout était d'une beauté absolue. -Tu penses à quelqu'un en particulier ? -Ton gérant à l'air d'être quelqu'un de bien... Après je dis ça... -Mouais, je le trouve un peu présomptueux. Elle me lança un petit regard provocateur, ça aurait pu avoir l'air d'un affront mais toute les expressions qu'elle affichait étaient, dans le fond, parfaitement mignonnes. -Ah bon ? Moi si il me proposait de sortir avec lui, je sauterais sur l'occasion. -"L'Occasion", c'est le nom de ton entrejambe ? -Quoi ?!? -Juste pour savoir... La seconde d'après, un fou rire incontrôlable s'installa dans la pièce et dura plusieurs minutes. L'entendre rire avait quelque chose de magique, j'avais l'impression d'oublier le reste du monde. -Enfin bon, tu acceptes ? -Tu va essayer de me violer ? -Seulement si tu met un short. -Dans ce cas là je mettrais un baggy. Je me rendis compte à ce moment là que la seule tenue dans laquelle j'avais vu Diamond, c'était sa culotte et sa paire de bottes. Je sentis une vague d'impatience monter en moi en me disant que j'allais bientôt la voir, non plus comme une strip teaseuse, mais comme une personne normale. -Fais comme tu veux. Mais je prends ça pour un oui ? -Rhooo, t'es chiant. Bien sûr que c'est un oui. En revanche, Ô grand gérant adoré, je vous serais gré, de ne pas tenter de me fourrer. -Je vais essayer. -Fais-le, ou ne le fais pas, mais il n'y a pas d'essais. -Faire quoi ? Te fourrer ? -Nan mais c'est une réplique de Yoda dans... Ouaip bon, c'est pas grave. Je n'avais jamais compris ce gens qui sortaient des répliques de films en plein milieu des conversations, mais chez elle, ça ne me gênait pas. C'était même amusant de la voir faire semblant de se moquer de moi parce que je ne connaissais pas par coeur les répliques de Star Wars.
-Revenons aux questions vraiment importantes : Qui tu as sucé pour obtenir ton poste de gérant ? -Principalement James Faustin. -Principalement ? C'était une tournante ? -Mais nan ! T'es trop bête. -C'est la première fois qu'on me le dit. -C'est aussi la première fois que ton gérant t'invite à sortir. -Euh... Nope. -C'est vrai ? -Mais non. Elle adorait se moquer de moi, ça se voyait sur son visage. Sa petite expression satisfaite après qu'elle m'avoue avoir dit des conneries en disait long sur le plaisir qu'elle éprouvait. En la regardant comme ça, joyeuse et insouciante, je repensais à Lily, puis de fil en aiguille, à la promesse de ne pas replonger que je m'étais faite en arrivant. -Qu'est-ce qui ne va pas ? -Rien... Je me demande juste si j'ai fait les bons choix. -Tu parle à une fille qui ne sort jamais et se balade les seins à l'air tout les soirs devant des vieux pervers alors qu'elle pourrait être mannequin ou ingénieur, c'est pas moi qui vais te conseiller pour faire des choix dans ta vie. -J'en sais rien... J'ai l'impression que je change tout le temps d'avis, un matin je ne veux pas, le lendemain j'accepte et le jour d'encore après je suis fier d'avoir accepté pour ensuite tout regretter. -Peut être que c'est simplement dans ton caractère. -Quand j'étais à New York, ce genre de chose n'arrivait pas. Je pense que j'ai vraiment fait les mauvais choix. Son attitude était devenue très sérieuse, il n'y avait plus de sourire enfantin sur son visage, simplement un air compréhensif qui rendait encore plus belle la profondeur mélancolique de ses yeux. -Mais si t'avais fait les bons, qu'est-ce qu'il se serait passé ? -Tout dépend d'à partir de quel moment. -À partir de ton arrivée ici depuis New York. -Sans doute que je serais au chômage parce que Saliego m'empêcherait de travailler. -Du coup, ta situation de gérant n'est pas si mauvaise que ça. -Le problème, ce n'est pas ma situation, c'est ce qu'elle implique. Demain on va peut être me demander de buter des gens pour prouver que je mérite mon salaire.
Elle pris un air pensif, réfléchissant à la meilleure manière de tourner sa phrase. J'avais vraiment l'impression qu'elle s'intéressait à ce que je lui disait, que ça ne l'embarrassait pas de m'écouter. -Je n'ai jamais tué personne, sur ce point là je suis plutôt une novice, mais si ce n'est pas toi, ton patron embaucherait quelqu'un d'autre pour les tuer. -Justement ! Le problème c'est qu'il y a des gens comme moi ! Au tribunal, quand un chef mafieux est arrêté, il ne va pas se justifier en disant qu'un autre l'aurait fait si ça n'avait pas été lui. -Les gens que tu vas tuer, ce seront des innocents ? -C'est possible, probable.... Je ne sais pas vraiment. -Si ce n'est pas le cas, alors dit-toi simplement que tu fais le ménage... Ces mots lui coûtaient à dire, comme si elle bafouait ses valeurs une à une dans le simple but de me réconforter. J'avais envie de la prendre dans mes bras, de me coller contre elle, de sentir sa poitrine contre la mienne, mais je n'en fit rien, je restais immobile. -Merci. -De quoi ? -D'écouter les lamentations d'un trentenaire dépressif. -Faut bien que je vaille mes 75$, après tout c'est mon travail. Je ne savais pas si elle disait la vérité mais une boule me prit au ventre lorsque je me surprit à penser que ça pouvait être le cas, que tout cela pouvait simplement être une comédie de sa part qu'elle jouait à tout ses clients malheureux. -D'ailleurs en parlant de ça, tu me dois toujours... -Je sais, voilà ton argent. Je sortis 150$ de ma poche et les lui tendit. Je m'étais attendu à voir ses yeux s'illuminer mais elle prit les billets comme s'il s'était agit de simples mouchoirs qu'elle s'apprêtait à utiliser. -Ton rendez-vous, tu veux le faire demain ? -Pourquoi pas. -Tu me raconteras ton génocide d'innocents. Mais on se retrouve où ? -Jetée de Santa Monica à 18h. Il est possible que je sois en retard si j'ai à nettoyer le sang sur mon costume. -Non. Sois à l'heure sinon je part. Puis elle éclata de rire avant de libérer mes genoux de son poids, ce qui ne fit pas un grand changement tellement elle ne pesait rien. Je me levais à sa suite et elle me reconduit vers la piste de danse de la boîte où la musique battait son
plein. N'étant ni pressé ni fatigué, je choisis de rentrer chez moi à pieds. J'aimais déambuler seul la nuit sous l'éclairage éblouissant d'une lune parfaitement pleine. La nuit, c'était comme si une nouvelle facette de la ville s'animait. Il n'y avait plus d'odeur de pollution, simplement une petite brise fraîche qui m'arrivait sur le visage. Les travailleurs pressés et agressifs étaient remplacés par des couples cherchant à faire une balade romantique ou par des groupes d'amis complètement soûls, chantant des hymnes paillardes. Je regardais avec amusement cette vie nocturne, tout ses détails me fascinaient, d'autant plus que dans l'obscurité, la plupart restaient mystérieusement hors de ma portée. Lorsque j'atteins mon quartier, les couples furent remplacés par des jeunes accoudés à des murs tagués, me toisant du regard. -Eh ! T'as pas 20$ Ils étaient trois, tous portaient une capuche et des vêtements amples, comme s'il s'agissait d'un uniforme obligatoire. Dans la nuit, leurs visages étaient invisibles mais je pouvais voir la provocation dans le blanc de leurs yeux. -Si. -Tu peux m'les avancer ? -Non. Je continuais d'avancer, je ne voulais pas déclencher quoi que ce soit. Les trois hommes quittèrent leur mur pour se mettre à me suivre, à chaque pas qu'ils faisaient, mon poing se serrait dans ma poche. -Pourquoi ? Vas-y t'as un costume, 20$ c'est qu'dalle. -Si c'est que dalle, alors t'en as pas besoin. -Nan mais je veux dire, c'est qu'dalle pour toi. -Faut croire que non. J'apercevais ma maison, c'était une mauvaise idée de rentrer chez moi tant qu'ils seraient derrière moi. Au croisement, je pris donc le chemin opposé, marchant de plus en plus vite en direction d'une ruelle isolée. -Eh vieux, on veut juste 20 balles et on t'emmerde plus. -C'est pas vous qui m'emmerdez les gars. -Qu'est-ce que tu raconte mec ? Ils avaient remarqué que nous étions dans une zone sans circulation et ils commençaient à devenir sûrs d'eux. Pour ces gens là, je n'était qu'une proie, ce qu'ils ne savaient pas, c'est que j'étais leur dernière proie.
-Écoutez les gars, je vous propose de partir genre... Maintenant. -J'vois pas pourquoi on ferait ça, on est bien ici nan ? Ses deux amis acquiescèrent, souriant en pensant à l'argent qu'ils allaient se faire. J'en avais marre d'attendre, mon poings sortit de ma poche et fonça vers le chef du groupe. À ma grande surprise, il évita le coup sans grande difficulté et riposta avec un coup de pied bien placé. -Bien tenté mec ! Maintenant, si ça ne te dérange pas, on va prendre ton porte monnaie. Je tentais d'oublier la douleur et de frapper d'un direct du droit un des deux autres mais il l'esquiva aussi facilement que le premier. -Trop lent. Bon alors y'a combien là-dedans... Putain 1000$ ? On a touché le gros lot les gars ! Je ne comprenais pas, comment ils pouvaient me battre ? Pourquoi je n'avais pas réussi à les toucher ? Ils quittèrent la ruelle en marchant rapidement, j'aurais voulu les suivre mais et ensuite ? Je n'avais pas d'arme et si j'allais chez moi, je ne pourrais plus les retrouver. Je finit par accepter mon sort, avançant d'une démarche résigné vers ma demeure. Je me disais qu'ils m'avaient au moins laissé mon téléphone, que je pouvais me satisfaire de ça. De retour dans ma maison, je m'écroulais sur mon nouveau lit. Je me sentais nul, humilié, impuissant, pourtant tout ça était normal. J'avais eu un coup de chance lors de la fusillade avec Viktor mais au fond de moi, je savais pertinemment que mes compétences d'antan n'existaient plus. J'étais juste un trentenaire avec l'expérience du milieu. J'allais devoir m'entraîner.
Chapitre 23 : Virée entre amis Le lendemain matin, à dix heure passé, je me trouvais encore dans mon lit, profitant de l'absence de responsabilité pour profiter du plaisir que procure la paresse. Jamais je ne m'étais senti aussi libre, les yeux fermés, écoutant le silence de ma maison avec délectation. Mon programme de la journée se résumait à sortir avec Diamond à 18heure et cette pensée me réjouissait. J'avais l'impression de retrouver mon passé, ces journées que je passais chez moi en compagnie de Sarah et de Lily, nous ne pensions à rien d'autre qu'à la meilleure manière de gagner notre partie de jeu de société. Ce temps la était très récent et me semblait pourtant être révolu depuis des décennies, je me sentais seul, accablé par la vie, impuissant devant le monde. Mon téléphone finit par me sortir de ma torpeur. Sa sonnerie stridente était en pleine journée assez agréable mais le matin, alors qu'on est dans son lit, elle paraît bien plus insupportable. Je récupérais l'appareil sur ma table de chevet avant de jeter un coup d'œil à l'écran : c'était James Faustin qui m'appelait, sans doute pour ma première "mission". -Allô ? -Mike ! Bon, j'ai un premier job pour toi. Mais d'abord, il faut que tu sache deux choses. -Ok... -La première, c'est que je ne me lève jamais avant 10 heure, la seconde, c'est que je t'appellerais toujours au dernier moment pour te proposer un travail. Alors séparées, ces infos, tu t'en fou. Mais si tu les mets ensemble, tu comprendras que je ne te réveillerais jamais avant 10 heure, et ça, c'est plutôt cool. -Euh.... D'accord. -Bon, ensuite, passons aux choses sérieuses. Tu vois, c'est moi qui gère l'approvisionnement de la ville en drogue, on me livre par avion dans un aéroport du désert. Le blême, c'est qu'une de mes cargaison à été prise en otage par une bande de connard. -Ok, je vois le truc. Vous me passez l'adresse et j'y vais. -Je vais faire mieux que ça. Il y a une caisse, derrière le parking du Vault. C'est ta nouvelle voiture de fonction. Les clés sont dans ton bureau au club, la destination est dans le GPS de la caisse. -Putain, vous rigolez pas. -Tu bosse chez les grands maintenant hein ! T'avais plus l'habitude ! M'enfin, j'espère que la voiture te plaira. J'ai cru bon d'y mettre un pistolet mitrailleur et
une arme avec silencieux pour l'infiltration. Évidement, je ne te passe tout ce matos qu'une fois, on est pas dans James Bond. Tu récupère le tout et tu ne le perds pas, ça te serviras pour la totalité de tes futurs job. -Merci. J'avais une certaine appréhension après ce qui c'était passé le soir précédent mais tout ces nouveaux jouets avaient fait disparaître la totalité de mes doutes. Une vingtaine de minutes plus tard, j'était dans un taxi en direction du club, le téléphone collé à l'oreille. -Viktor, je peux te demander un service ? -Je m'attends au pire. -J'ai besoin de toi en renfort pour un truc comme la dernière fois. -Par "comme la dernière fois", tu veux dire "pas préparé du tout et absolument pas payé" ? -Non, je veux dire qu'on va se mettre sur la gueule. Je te passerais 1000$ à la fin de la semaine. -mille putain de dollars ? -Ouaip. -On se retrouve où ? Je souris tout seul dans la taxi avant de lui donner rendez-vous dans la parking du Vault. À l'entrée du club, un homme en costume me fit pénétrer dans l'établissement. C'était étrange de le voir vide de toute vie, sans la musique assourdissant et les néons aveuglants. Nous n'étions que nous deux dans une immensité de vide. Il m'amena à mon bureau, je fut étonné de remarquer que mon nom était déjà écrit en lettre d'or sur la porte. À l'intérieur, c'était une pièce qui venait sans doute d'être aménagé. Le bureau de bois était le seul meuble de la petit pièce sombre, et sur ce dernier, il y avait uniquement le trousseau de clés du club et la clé de ma nouvelle voiture. En sortant du Vault, j'observais amoureusement le logo Mustang de ma clé. J'étais comme un enfant qui allait découvrir son cadeau tout en sachant déjà qu'il était génial. Le parking du Vault se situait juste derrière l'établissement, il était accessible par la rue principale. À part la Mustang noire mat de 2015 qui semblait occuper tout mon espace visuel, il n'y avait que deux autres voitures garées là. Viktor était adossé à un mur, tapotant sur le clavier de son téléphone. Lorsqu'il me vit arriver, il rangea son portable et vint vers moi. -Putain, ça fait cinq minutes que j'suis là. -Désolé, je devais récupérer les clés.
Je lui fit un grand sourire et lorsqu'il aperçut le logo dessus, il ne pu contrôler un éclat de rire retentissant. Nous étions vraiment des gamins mais ça ne me gênait pas, la vie était plus simple pour les gamins. -Bordel c'est pas vrai ! -Eh si ! Allez, on l'essaye ? -Je peux conduire ? -Dans tes rêves, c'est la mienne. La voiture était magnifique. Elle était neuve, sans aucun doute. Son intérieur était incroyable, le cuir noir, les fioritures métalliques, les écrans, les compteurs de vitesse lumineux, tout était envoûtant. Mais le plus magique était sans doute le bruit du moteur. Un V8 vrombissant qui criait dans chaque rue que nous traversions pour que chaque passant, homme ou femme, jeune ou vieux, se retourne sur notre passage en nous montrant du doigt. De plus, la couleur noire du véhicule donnait à la voiture un aspect classe que le rouge n'avait pas, ce dernier donnait plus à la voiture un style m'as-tu-vu. Le soleil continuait son ascension dans le ciel et nous quittions le paysage urbain, guidés par la voix féminine mal imitée du GPS. Les immeubles laissèrent rapidement place aux falaises et les routes devenaient la seule trace de civilisation du paysage. -Tu sais où c'est qu'on va ? -Je suis le GPS. -Tu crois pas que c'est un piège ? -Comment ça ? -Je veux dire... On est en plein milieu du désert.... Si on voulait nous éliminer, ce serait la meilleure façon de procéder. -Pourquoi Faustin voudrait-il m'éliminer ? T'es pas un peu con toi ? -J'en sais rien, peut être que c'est Saliego qui lui a demandé parce qu'il n'a pas admis que tu sois parti. -Mais ferme ta gueule ! Le voyage continua dans le silence, sous le soleil ardent de la Californie. Le paysage restait toujours le même : de grandes étendus désertiques avec quelques touffes d'herbes par ci par là. Au bout d'une petite demi-heure, le GPS finit par m'annoncer que j'avais atteint ma destination. Devant nous, une voiture était garée, bien en évidence sur le bord de la route. Il faisait nuit la première fois que je l'avais vu mais le doute n'étais pas permis, il s'agissait de l'Aston Martin de l'asiatique qui nous avais secouru lors de la fusillade pour récupérer le SUV de Luìs.
L'homme était adossé à la voiture, il fumait une cigarette. Son costume parfaitement taillé lui allait comme un gant, il portait une paire de lunette de soleil ainsi qu'une montre en or. Son regard se tourna vite vers nous lorsque l'on sortit du véhicule. -Michael Da Silva et.... -Viktor. -Viktor quoi ? -Azarov. -Ok. Vous savez pourquoi vous êtes là ? Il avait une coupe assez bordélique, digne d'un adolescent, ce qui contrastait parfaitement avec son attitude posée et sa tenue de homme d'affaire de haut vol. -Récupérer une cargaison pour Faustin. La question, c'est qu'est-ce que vous faites là ? -Je bosse pour Saliego, par extension, j'exécute aussi des jobs pour Faustin et il faut croire qu'il ne vous faisait pas suffisement confiance pour vous laisser seuls... Je le comprends. Il me fit un sourire méprisant avant de récupérer un pistolet sur le siège avant de son véhicule. Il nous demanda ensuite d'aller chercher nos armes comme s'il avait été notre chef et ensuite, il nous guida vers le camp ennemi. -On laisse les voitures ici ? -Bah oui, t'as peur que quelqu'un te les vole ? -Deux sportives de luxe comme ça... Qui ça pourrait bien attirer ? -On est en plein milieu du désert, les voleurs de voiture, ils sont pas ici. Maintenant tu ferme ta gueule, on approche. Le terrain commença à monter et nous arrivâmes rapidement en haut d'une colline. De l'autre côté, une espèce de hangar en tôle avait été aménagé, des hommes discutaient tout autour. L'asiatique se tournât vers moi et me dit en chuchotant : -C'est là. Il y a une douzaine de gars, ça fait 4 chacun. Si on peut le faire furtivement, on le fait. L'objectif, c'est qu'ils soient tous morts avant qu'ils ne remarquent qu'on est là. Une fois qu'il n'y a plus que des cadavres, on se tire. L'équipe de nettoyage passe ensuite pour récupérer la cargaison et faire disparaître les preuves. -Ok. Les grands espaces sablonneux semblaient nous observer, le sable orangé était comme une moquette recouverte par les plantes aux allures desséchées. Il était étrange de penser qu'à quelque kilomètres d'ici, une des plus grosse villes du
pays avait été construite. L'asiatique nous fit signe de descendre, nous rampions sur le sol le sable s'incrustent dans nos vêtements. Devant nous, le petit hangar de fortune se rapprochait peu à peu. Je n'étais capable de voir que les trois hommes qui discutaient à l'entrée et les armes qu'ils tenaient à la main. -Trois mecs, trois tirs. La tôle, ça fait du bruit, une balle perdue et on perds tout l'effet de surprise. -Ok. La pression commençait à monter alors que je comprenais ce que nous nous apprêtions à faire. Il y avait trois hommes, nous étions trois, l'objectif était de ne pas être repéré, il allait falloir être parfaitement synchronisé. En repensant à ce qui s'était passé soir précédant, je me demandais si je serais capable d'accomplir cette mission. Si par malheur ma balle n'atteignait pas sa cible, je me voyait mal regarder de nouveau en face l'une des deux personnes à mes côtés. Chaque mouvement me paraissait faire un bruit retentissant mais aucun des trois hommes ne bougea la tête et nous pûmes nous mettre en position. -En position. Une tape sur mon épaule quand vous êtes prêt. Ensuite, compte à rebours, 3.2.1. Et on tire à 0. -Ok. Je mît mon arme en position, calant la crosse sur le sol. Ma main droite serrait la gâchette tandis que la gauche s'apprêtait à taper sur mon allié. Le viseur était calé, mais chaque mouvement de respiration le déplaçais de quelques millimètres. Je commençais à penser à tout les facteurs qui pouvaient modifier la trajectoire de ma balle, aux possibilités voulant que l'homme se baisse pour ramasser quelque chose au dernier moment. Sans le faire exprès, dans un geste nerveux, je laissais ma main ricocher sur le dos de l'asiatique. -Ok. 3... Le viseur était prêt, collé à la masse de cheveux bruns de ma cible. Je synchronisais ma respiration avec la sienne, chacun de ses mouvements se faisait en même temps que les miens. -2... Ma cible sourit, je pus apercevoir ses dents sales, peu importe. Seul l'espace entre ses deux yeux m'importait, il n'y avait plus que ça, il n'y avait plus que cet endroit là.
-1... Le moment allait arriver, la sueur coulait sur la crosse de mon arme, la rendant glissante. J'avais envie de m'essuyer la main, je n'avais pas le temps, ma cible était toujours là, attendant que je mette fin à sa vie. -0. La balle de Viktor partit en première, suivit de près par la mienne et celle de l'asiatique. La seconde d'après, les trois hommes étaient au sol, tombant sur le sable dans un bruit sourd tandis que mon coeur reprenait une allure normale. -L'en reste 9, on continue comme ça. Allez, avec moi ! Il se laissa glisser jusqu'à atteindre l'entrée du hangar. Viktor et moi, on vint se coller à droite de l'entrée tandis que le dernier pris place à gauche. -Eh, le chinois, c'est quoi ton nom ? -De un, je suis japonais, de deux, c'est Taka. Depuis notre couverture, je pouvais observer l'intérieur du bâtiment. Le sol n'avait pas été recouvert et tout était donc entreposé sur le sable fin. Il y avait 6 matelas dans un coin, tous occupés par des dormeurs. Sans doute qu'il y avait des tours de gardes. -Finalement, il nous en reste plus que 3. -Ouaip, j'ai vu. Soyez pas trop présomptueux. À part les matelas, il y avait des nombreuses caisses en bois sur lesquelles étaient entreposées des armes et des réserves de munitions. Le camion contenant la cargaison qui avait été volé à Faustin était garé juste en face de l'entrée, ses phares semblaient nous observer à chaque fois que nous passions un peu la tête. -On ne soucie pas du camion, on doit juste nettoyer la zone. -Je sais. En revanche, il n'y avait aucune trace d'autres gardes dans les environs, comme si les seuls être humains éveillés étaient ceux de l'entrée. Plus le temps passait et plus cette question devenait oppressante, je finis pas me résoudre à la formuler. -Ils sont où les trois autres ? Taka ne répondit pas, au lieu de ça, il me fit signe de me retourner avec ses yeux. Je n'eu pas besoin de le faire pour comprendre mais je m'exécutais quand
même. Mon coeur s'arrêta lorsque j'aperçu la canon pointé dans ma direction. -Coucou ! Un coup de crosse... La douleur... Noir complet... ------------------------Parmi les choses que j'ai retenu de ce milieu, la plus importante est sans doute que plus un homme peut te tuer facilement, moins il y a de risques pour qu'il te tue. Lors d'une fusillade, la mort est anonyme, les visage sont caches derrière leur couverture, mais quand on a l'arme pointée en direction du prisonnier, on commence à créer des liens. On pose des questions, il nous nargue, nous dit qu'il ne répondra jamais, qu'on peut aller se faire foutre, tout ça est humiliant. Alors on n'attends qu'une seule chose, c'est de lui mettre une balle dans la tête. Le problème, c'est qu'une fois que cette balle est logée dans son cerveau, on ne peut pas voir sa déception, on ne peut se moquer de lui. Au final, ce n'est pas satisfaisant. Alors ce qu'on fait, c'est qu'on torture, on torture le plus longtemps possible. Parce que la mort, sur le moment, elle n'apporte rien d'autre qu'une impression de vide. C'était en me basant sur cette théorie que je fondais la totalité de mes espoirs de survie. À mon réveil, je ne voyais rien, un épais bandeau noir me couvrait les yeux, je ne pouvais plus qu'entendre les bribes de conversations autour de moi. J'étais assis, sans doute sur une de ces caisses, mes pieds tout comme mes mains étaient ligotés, j'étais comme paralysés. Il faisait chaud, bien plus que lorsqu'on m'avait frappé, il devait être midi, 13 heure tout au plus. Je faisais glisser mes pieds dans le sable, c'était une simple occupation pour garder le contrôle de mes membres, pour ne pas quitter cette pièce. Quand on est paralysé et aveugle, l'esprit semble chercher désespérément à nous faire quitter notre condition via un vagabondage spirituel. Il essaye d'oublier cette situation qui nous encombre. Mais moi, j'avais besoin d'être là, j'avais besoin de sentir le sable sous les semelles de mes chaussures, d'entendre les bruits de pas dans le hangar, de sentir le vent s'abattre sur mon visage. Je ne devais plus faire qu'un avec cet environnement, c'était mon seul moyen de survie. Après quelques minutes de concentration, je finis par réussir à filtrer les bruits environnants pour me focaliser sur une conversation choisie au hasard. -Monsieur Charles. -Ça on sait. Mais c'est qui ce monsieur Charles ?
-Mon employeur. -Putain mais tu nous l'as déjà dit ça. Ce qu'on veut, c'est comprendre dans quel rayon il est. J'étais tombé sur l'interrogatoire de Taka, et en entendant la difficulté qu'il avait pour parler, je pu comprendre que ces hommes ne l'avaient pas épargné. -Il bosse dans la drogue. -Mais il vient d'où ? -De Floride. -Et pourquoi il enverrais des mecs comme vous ici ? -Pour la drogue. -Y'en a pas assez en Floride, de la drogue ? -Non, pas pour lui. Il y eut un léger silence, puis un coup de poing suivi par une chute violente. -J'aime pas qu'on me prenne pour un con. On sait très bien que vous bossez pour Le Mac alors dites nous juste que c'est le cas et on vous laissera partir. -On le connaît pas, votre mac. -Fais pas le con avec moi. Coup de pied, cri de douleur, fou rire du tortionnaire. -Je vous jure, je ne connais pas de mac, je suis désolé. -Alors peut être pour Le Barman ? Ou encore l'Agent Immobilier ? -J'en connais aucun, je vous le dit, je viens de Floride. Même moi, il aurait pu commencer à me faire douter sur ses vrais employeurs. Son jeu d'acteur était incroyable, surtout dans une telle situation. -Bon... C'est pas grave... Tes petits copains, ils bossent pour qui eux ? -MONSIEUR CHARLES ! ON BOSSE TOUS POUR CE PUTAIN DE MONSIEUR CHARLES ! -Mais ça va pas de crier comme ça ? Plus je passais du temps avec ce Taka, plus je me rendais compte à quel point c'était un pro. Ce cri pouvait sembler sortir du coeur pour nos ravisseurs, mais pour nous, il ne laissais aucun doute possible sur l'homme qu'on devait dénoncer. -Bon alors, et toi ? Tu vas être plus coopératif ? Pour me prouver que c'était à moi qu'il parlait, il avait envoyé son poing directement dans mon ventre. Je me repliais sur moi même alors que la douleur se répandait dans mes entrailles.
-Je ne peux pas vous en dire plus que lui. -Arrêtez avec ce putain de monsieur Charles. -Si on vous dit qu'on bosse avec le Mac alors que ce n'est pas le cas, vous serez content ? -Non... Mais le truc, c'est que c'est le cas. À part lui et notre patron, personne ne sait où est la cargaison. -Peut être qu'on bosse pour votre chef. Peut être que vous êtes des éléments gênants. -Bien sûr... Ne nous prenez pas pour des cons. J'avais entendu un bruit, une veste qu'on pousse pour pouvoir caresser la crosse de son arme. Il portait un pistolet, suffisamment petit pour rentrer dans son pantalon. J'allais pouvoir me servir de cette information. -Votre putain d'enculé de fils de pute de monsieur Charles, il a fait comment pour savoir qu'on était là ? -C'est pas notre problème. Nous on agit, lui il ordonne. Pas de question, c'est la règle. -Ça vous aide bien hein ? Pour ne pas justifier vos mensonges surréalistes. L'homme s'approchait, un pas, un autre, j'allais pouvoir mettre mon plan à execu... Un coup dans l'épaule. Une chute. La souffrance. Le sable. -Putain de merde, on en a marre de vos conneries. Vendez-nous ce putain de Mac, vous nous donnez son nom, son adresse, et on vous laisse partir. -Allez, vous faire fo... Avant la fin de ma phrase, son pieds s'était enfoncé dans ma bouche. Je sentais le sang commencer à couler à l'intérieur. Mes dents avaient tremblé, mais ça n'avait pas d'importance. Ignorant la douleur, j'attrapais le pied de l'homme et le fit tomber au sol. Pris par surprise, il s'écroula dans le sable. Je me dépêchais de ramper pour être en face de lui, mes mains glissant le long de son corps jusqu'à la ceinture. À partir de la, je pus récupérer son arm... -Tu y as vraiment cru hein ? -Espèce de fils de pute ! Une autre homme était arrivé et m'avait tiré en arrière... Tout ça n'avait servie à rien et j'allais sans doute y passer. La règle que j'avais énoncé à propos de la
survie proportionnel aux positions de force ne s'appliquait plus. Parce que si un ennemi qui vous insultait était amusant, un adversaire qui essayait de vous voler votre arme pour vous tuer et s'enfuir avec ne l'était pas du tout. Je m'apprêtais à mourrir, mon corps tout entier se raidissait, en attente du coup final. PAN ! Le coup part, ne sentant pas la moindre douleur, je passe mes mains le long de mon corps à la recherche de mon sang, mais rien. À la place, j'entends deux autres coups, un homme s'écroula, puis Taka se mît à parler. -Le premier qui bouge, je lui vide mon chargeur dessus. Vous enlevez le bandeau de mes gars, ok ? Pas de réponse, au lieu de ça, je sens le tissu glisser sur mon front et la lumière pénètre à nouveau dans mes yeux. Devant moi, un corps sans vie se vide de son sang, le sable se teintant de rouge. Taka est debout, le bandeau toujours posé sur ses yeux, il pointe son arme en direction d'un homme d'une trentaine d'années, d'origine africaine. Même s'il ne voit rien, on se rend facilement compte qu'il sait où se trouve sa cible, il est évident qu'au moindre geste brusque, l'homme s'écroulera au sol. -Libérez leurs membres maintenant. L'homme qui m'avait enlevé mon bandeau descends doucement ses mains jusqu'aux miennes et commence à détacher mes liens avant de s'atteler à mes pieds. -Vous me dites quand c'est bon. -Ça y'est ! Je me demandais pourquoi ils obéissaient à ses ordres, après tout, il était évident qu'une fois qu'on serais libéré, on n'allait pas les laisser partir gentiment. Ce fut alors que je me rendis compte qu'une arme était pointée dans le dos de Kata. -Mec, derrière toi ! Une demi-seconde. Un demi tour. Deux tir. Un seul blessé. Je profitais de l'événement pour maîtriser celui qui m'avait retiré mes liens et ainsi lui prendre son arme. Je remarquais que Viktor avait fait de même.
Alors que l'homme qui avait menacé Kata s'effondrait au sol, nous étions trois hommes armés, dont un avec les membres ligotés et les yeux bandés, contre six membres d'un gang. Il n'y avait pas de temps pour réfléchir, je n'eut besoin que d'un échange de regard avec Viktor et l'on sauta ensemble sur Kata pour le coucher au sol. Les balles ennemies partaient dans tout les sens tandis que nous nous collions derrière une caisse en bois. Je me mît à détacher les liens de Kata, une fois libre, ce dernier me remercia d'un regard. Il passa la tête au dessus de notre couverture pendant une seconde, déclenchant une nouvelle série de tirs. -Bon... On fait quoi ? -J'en sais rien. -Y'en a un qui sort et qui observe les positions ennemis pendants que les deux autres tirent dans tout les sens. Vous tirez, je regarde. À 3 : 1 2 3 Je levais mon arme et vidais mon chargeur aléatoirement sur tout ce qui bougeait, j'eu même la chance d'atteindre un homme à l'épaule. Kata nous fais signe que c'était bon et l'on pu nous remettre à couvert. -Ok, déjà y'en a un de moins, merci Mike. Ensuite, les 5 autres, je vois mal comment on pourrait faire... Avec ces flingues de merde, c'est quasiment impossible. Observant la boîte à laquelle nous étions collés, une idée me vint. En prenant soin de rester à couvert, j'ôtais le plus lentement possible le couvercle de la caisse pour y découvrir une réserve de munition presque illimitée. -On doit trouver une boîte avec des armes, c'est notre seule chance. -Ok. Bonne idée. T'en a une là-bas, moi je vous couvre. Kata sorti d'un coup de sa cachette et se mît à canarder nos adversaire tandis que Viktor et moi courrions chacun vers une des caisses que contenait le hangar. Sous le vacarme assourdissant des balles ricochant sur la tôle, nous ouvrions une à une toute les boîtes à notre portée. Dès que le chargeur de Taka fut vide, je me couchais sur le sol, le visage maculé de sable, attendant qu'il recharge. Mon cœur battait la chamade, ce plan semblait bien trop aléatoire, et si il n'y avait pas d'armes dans ces caisses ? -Mike, tu veux voir un truc cool ? Tout en restant au sol, je tournais ma tête en direction de Viktor qui caressait amoureusement un minigun brillant. -Tu crois qu'il est chargé?
-Un seul moyen de vérifier. À ces mots, il se mît debout, ses mains serrées sur les manches, et appuya sur sa gâchette. Le bruit était affreux, je n'osais pas observer, mes mains étaient simplement collées à mes oreilles, je me demandait comment Viktor pouvait supporter ce son. Lorsque je compris qu'il avait fini, je jetais un regard dans sa direction, ne voulant pas voir le massacre qu'il avait causé. Il me fit un petit sourire coupable avant de m'avouer : -Je crois que je suis touché...
Chapitre 24 : Visite médicale Le sang se déversait sur le tissu noir, impossible de voir la plaie, il n'y avait que cette tâche rouge qui se répandait petit à petit, colorant le pantalon de Viktor. La sang ne coulait pas, il prenait le contrôle du tissu, comme un conquérant, comme si cette tâche était un pays et chaque centimètres carré qui venait s'ajouter, une victoire. Le sourire de Viktor disparaissait peu à peu de son visage, jusqu'au moment où il s'écroula au sol, sa jambe blessée n'ayant plus la force de supporter son poids. Taka accourut et fit passer le bras de Viktor derrière ses épaules avant de l'aider à se lever. -Je l'emmène le faire soigner. Toi, appel Faustin. -Pourquoi ? -Comment ça, pourquoi ? -Pourquoi c'est toi qui emmène Viktor, tu le connais toi ? -En s'en fout que je le connaisse, moi je sais qui est en mesure de le soigner. -Te prends pas trop pour le chef. -Attends... C'est toi qui me dis ça ? T'as aucun ordre à me donner Michael, si t'es là, c'est juste grâce à ton nom, tu ne vaux plus rien aujourd'hui, et moi, contrairement à Saliego et à Faustin, je n'aime pas bosser avec des noms. Alors tu vas fermer ta gueule et tu vas m'obéir, parce qu'ici, je suis le seul qui ait suffisamment d'expérience pour donner des ordres. Il avait raison, je le savais, j'étais complètement d'accord avec lui. Mais je ne pouvais pas le laisser me parler comme ça, je ne devais pas le laisser faire. Le canon de mon arme vint se pointer vers lui. -Qu'est-ce que tu fous ? -Retire ce que t'as dit. -Tu vas me buter parce que j'ai dit que t'étais plus que l'ombre de toi même ? Bravo ! -Retire ça tout de suite. Ayant l'impression qu'on commençait à l'oublier, Viktor stoppa la conversation. -Euh les gars... Juste comme ça... J'ai une balle dans la jambe... Du coup est-ce qu'il serait possible que vous arrêtiez vos disputes de gamin et qu'on m'emmène chez un putain de médecin ?!? Je baissais mon arme et Taka reprit son avancé. On marchait côte à côte, Viktor poussait de léger cris après chacun de ses pas titubants. La haine bouillonnait en moi, j'avais envie d'enfoncer mon arme dans la bouche de ce japonais pour la
voir ressortir par son cul. Une fois arrivés devant les voitures, Kata déposa son protégé sur la banquette passager et pris place derrière le volant. Alors que le moteur de sa voiture commençait à démarrer, il me dit : -Appel Faustin putain ! -Je sais. Alors que l'Aston Martin disparaissait à l'horizon, je me questionnais sur moimême. Les paroles de Kata avaient réveillé en moi des craintes que j'espérais infondés : je ne méritais pas ma place ici. À talent égal, une personne lambda n'aurait pas eu son propre club et sa voiture avant même d'avoir fait ses preuve. J'étais en quelques sorte pistonné par moimême, pistonné par mon nom, pistonné par mon fantôme. J'observais l'immensité sablonneuse en me demandant si la meilleure solution n'était pas de partir, de quitter la ville, de disparaître à nouveau. Je pourrais redevenir "personne", mériter tout ce que je posséderais... Non. J'avais déjà entrepris de faire ça, au final, je n'ai gagné qu'encore plus de chagrin et la perte de mes compétences. Aujourd'hui je ne pouvais pas, mais dès demain, je m'entrainerais, dès demain, j'essayerais de redevenir l'homme que j'étais. Sur ces pensées, je pris mon téléphone et composait le numéro de Faustin. -Mike ! Bordel, ça fait presque 3 heures, qu'est-ce qu'il s'est passé ? -De légers problèmes, mais c'est bon, l'endroit est libre. -Parfait, merci beaucoup. Je te recontacterais plus tard, garde ta soirée de demain soir libre. -D'accord. Faustin semblait croire en moi, savait-il seulement que je n'étais pas au même niveau qu'il y a 10 ans ? Espérait-il que j'allais redevenir le même avec un peu d'entraînement ou m'avait-il pris juste pour énerver Saliego ? Étais-je un simple pion dans le jeu de ces géants ? J'avais l'impression d'être revenu en adolescence, avec toute ces question qu'on se pose sur soi même sans jamais trouver d'autre réponse qu'une crise de sanglots, seul enfermé dans sa chambre. Je me demandais vraiment ce que je faisais là, j'avais besoin de quelqu'un à qui parler, quelqu'un pour me remonter le moral. J'hésitais entre Nick et Sarah, mais je me rendis vite compte que la seconde ne me remontait plus le moral depuis plusieurs mois maintenant. -Allô, Nick ? -Ouaip, qu'est-ce qu'il y a ?
-Viktor s'est fait blessé, ce serait sympa d'aller le voir. -Euh attends ! Il a quoi ? -C'est bon... Juste une balle dans la jambe, personne n'en est jamais mort. -S'tu le dit. Mais il est où là ? -Je vais me renseigner et je te retrouve devant la supérette d'ici une demi-heure. -Comme tu veux. Mais tu me jure qu'il va bien ? -Putain mais t'es amoureux de lui ou quoi ? Non il va pas bien, il a une putain de balle dans la jambe. Par contre il va s'en sortir. -Euh ouaip...ok... À tout à l'heure. Après avoir appelé Taka, j'appris qu'il avait déposé Viktor chez un médecin peu regardant qui tenait son cabinet en bord de mer. Une demi-heure plus tard, je retrouvais le paysage urbain de Los Angeles à bord de mon bolide. Je pris d'abord la direction du magasin de Nick mais quand je me rendis compte que mes vêtements étaient maculés de sang, je choisis de commencer par faire un tour chez moi, histoire de me changer et de me laver. Finalement, je récupérais Nick à 14h20, il me tendit un sandwich avant d'entrer dans la voiture et mon estomac l'en remercia. Tout comme Viktor et moi, Nick était tombé amoureux de la voiture dès qu'il l'avait vu. -Putain de bordel de merde ! C'est pas la tienne ? -Si. Maintenant c'est qui qui pèse ? -Avoir une grosse voiture ne signifie pas qu'on a de l'influence. Juste qu'on est un gros kéké. -Arrête, tu serais prêt à tuer pour avoir cette voiture. -Et j'assume complètement mon statut de kéké. -Putain, t'es con. En tout cas, merci pour le sandwich. La voiture était arrêtée juste devant sa supérette, j'avais trop faim pour patienter avant de manger mais je n'étais pas suffisamment fou pour laisser conduire Nick à ma place alors il fallait attendre. Dès que mon en-cas fut fini, la Mustang fila à travers les rues de la ville en direction du bord de mer. La maison du médecin n'était pas laide, malgré la couleur jaune pétant de ses murs, le style architecturale était assez harmonieux. En revanche, on était loin de la maison de Faustin, le bâtiment n'ayant qu'un seul étage. Le bruit des vagues avait quelque chose de rafraîchissant, après avoir risqué sa vie, regarder l'océan était reposant. Si il n'y avait pas eu Viktor, je crois que je me serais assis sur le sable fin à côté des touristes et que j'aurais regarder les vagues se jeter sur la plage en attendant 18 heure. Mais il y avait Viktor. Je sonnais donc à la porte et un homme accourut pour nous ouvrir, il portait une chemise hawaïenne ouverte sur un torse velu ainsi qu'un bermuda à fleurs. C'était loin de l'image que je me faisais d'un médecin
mais je ne laissais rien paraître. Malgré sa tenue décontracté, ses cheveux et sa barbes étaient parfaitement taillés et il arborait un air des plus sérieux lorsqu'il nous vit. -Que puis-je pour vous ? -On vient voir un de vos patients. -Comment ça ? J'eu un instant de surprise face à sa réponse mais je compris vite ce qu'elle signifiait. Si nous avions été de la police, il aurait été simple de l'arrêter en lui demandant juste d'aller voir un de ses patients, peut être même que sa tenue hawaïenne était une couverture justement pour avoir l'air innocent. -Viktor, amené par un japonais du nom de Taka, blessé à la jambe. Il nous sourit et nous fit entrer immédiatement avant de refermer la porte derrière nous. La porte débouchait directement sur une pièce qui ressemblait à une sorte de salle d'attente avec des fauteuils et des magasines. -Il vient d'arriver, je n'ai pas encore procédé à l'opération, je vous appèlerais d'ici une vingtaine de minutes. Puis il disparut en passant une autre porte, nous laissant prendre place sur ses fauteuils légèrement usés. -Nick ? -Ouaip ? -Tu penses pas qu'on est con... J'veux dire, on risque notre vie pour rien alors que les mecs comme Saliego se font des millions tout les mois. -Écoute Michael, on est dans la merde, dans un immense tas de merde. La plupart des gens ne le savent pas, parce que quand on dans la merde, on ne voit rien. Le truc, c'est qu'il y a des gars qui vont sortir la tête du tas et qui vont voir que certaines personnes sont assise dessus. Parmi les gens qui ont la tête sortie, y'a ceux qui se contentent de leur situation, ils se disent qu'eux, au moins, ils peuvent voir le monde autour d'eux. Et puis il y a ceux qui se prennent pour des grand en oubliant que tout leur corps est toujours dans la merde. Ces gars là, les mecs qui sont assis sur le tas se font un plaisir de leur renfoncer la tête dans la merde. -Whao ! Son visage était sérieux, c'était la première fois que je le voyais comme ça. Il semblait fixer à point à l'horizon, derrière le mur gris de la salle d'attente. -Pourquoi t'as quitté Saliego ? -Deux ans après que tu sois parti pour New York, j'ai vu Marco s'allier avec
Faustin. Pour moi, ça signifiait que son empire allait s'écrouler et qu'il avait besoin d'aide, alors je me suis tiré avant que le bateau coule... J'ai été con. -T'es bien maintenant ? Ça te plait de bosser dans la supérette de ta mère ? -Non. L'ambiance de la pièce était pesante, oppressante, nous libérions tout les deux notre profonde mélancolie. Les murs gris cendre et l'éclairage mourant n'amélioraient en rien le tableau. -Pourquoi la vie est comme ça ? -Comment ? -Pourquoi on passe le restant de nos jours à regretter nos erreurs d'enfance ? -Sans doute pour valoriser ceux qui n'en font pas... -Je ne suis même pas sûr que ça existe. -En tout cas, on l'a sans doute mérité. Je pense qu'on était vraiment des cons à l'époque. -C'est une certitude, on était des cons. Mais on était les meilleurs. Aujourd'hui on est plus que des épaves. -Pas vraiment, après tout... T'es de retour. -Oui mais je ne vois pas ça comme une renaissance, j'ai plus l'impression de faire partie de ces vieux qui reviennent sur les lieux de leur enfance comme si ça allait les faire rajeunir. J'en ai marre d'être moi, j'en ai marre de ne plus être moi. -On en a tous ras-le-cul. Le temps ne s'écoulait plus, je serrais mes mains l'une dans l'autre, comme pour me réconforter moi-même. J'avais besoin de faire quelque chose, d'avoir un but autre que celui d'obéir. -Dis Nick, les mafieux, ils s'en prennent aux supérette ? -Euh non, pourquoi ? -Ça te dirait de bosser avec moi, à nouveau ? -J'en sais rien... C'est quoi ton idée ? -Saliego possède les bars, Faustin les boîtes de nuit, Migaud son agence immobilière, nous on va prendre le contrôle des supermarchés de proximité. -Dès que l'un des trois va l'apprendre, on se fera buter et ils récupéreront le butin. Si on veut faire ça, faut pas le faire ici. -On le fera ici, t'en fait pas. Faustin déteste Saliego, je peux m'arranger pour devenir son allié et ensemble on le fera tomber. -Tu fais quoi de Steve ? -Ce mec est une huître, je me demande ce qu'il fait là. La première fois que je l'ai vu, j'ai cru que c'était homme de main de Marco. Je ne pense pas qu'il soit un problème.
Nick allait me répondre mais le médecin entra dans la pièce à ce moment là et il referma immédiatement sa bouche. L'homme portait désormais une blouse blanche par dessus ses vêtements de plagiste et avait mis une paire de lunettes rondes. Il avait désormais parfaitement l'allure qu'on attendait d'un médecin. -Bon, il se repose, il ne doit pas se faire visiter avant 19h, son état est très bon mais je n'aime pas les visiteurs, ça fait des conneries. Donc bon... Vous devriez partir, je suis désolé. -Ok, du moment qu'il va bien... -Oui, il va très bien. Au fait, je m'appelle Phil Stevens, si vous avez besoin de moi, vous arrivez et vous dites Post Scriptum. Je vous laisserais entrer. -D'accord. Il nous reconduisit ensuite à la porte, dehors les vagues continuaient inlassablement leur attaque de la plage tandis que le soleil entamait sa descente. -Tu rentre avec moi ? -Non, faut que je réfléchisse à ce que tu m'as dis. J'acquiesçais, moi aussi j'avais besoin d'y réfléchir, il fallait que je sache si c'était réellement viable
Chapitre 25 : Elle Finalement, j'avais pu faire ce qui m'avait donné tant envie. Je m'étais installé sur la plage et j'ai fixé l'horizon. C'est étrange qu'une chose aussi simple qu'une vague soit aussi fascinante. L'Homme peut passer des heures à l'observer alors qu'en réalité, il ne se passe absolument rien. Et c'est peut être le propre de l'Homme que d'aimer ne rien faire. Certains vous dise que vous avez raté votre journée parce que vous n'avez rien fait, c'est faux. En fait, c'est même le contraire pour un certain nombre de gens. Ne rien faire, c'est ne pas avoir de responsabilité, c'est la preuve qu'on est libre. Les jours où l'ont travail, on fait quelque chose, par opposition, une journée de repos devrait être vide. Si l'homme aimait agir, alors le travail ne serait pas rémunéré, au contraire, on paierais pour pour travailler, parce que sinon l'ennuie nous gagne. L'ennuie d'ailleurs, parlons-en. Il est possible qu'à cause de l'ennuie, on ne face rien, mais si on ne fait rien, l'ennuie ne nous gagneras jamais. C'est d'ailleurs la seule activité qui ne provoque pas d'ennui. On entends souvent dire "aime ton travail et tu ne travailleras jamais", c'est stupide. Quelque soit l'activité que l'on fait, si elle comprends des obligations que l'on ne s'est pas fixé nous même, alors un jour où l'autre, cette activité deviendra redondante et l'on commencera à s'ennuyer. L'homme recherche du changement, mais quand on lui offre, il le refuse. On va le forcer, alors il acceptera ce changement, et au final, il le trouvera tout aussi ennuyant. Rien ne peut nous captiver autant qu'une flamme qui danse sur une bougie ou qu'une mer qui agresse inlassablement un banc de sable, tout simplement parce qu'on verra les même faits mais ils ne se reproduiront jamais de la même façon. Aucune vague n'est identique à la précédente, et pourtant, au final, ce sont toute des vagues. C'est ce changement dans la stagnation mêlé à cet inutilité totale qui nous intéresse. Cette immensité marine semblait décupler les capacités de vagabondage de mon esprit, comme si le fil de mes pensées se perdait dans le bleu de la mer. Je me demandais pourquoi je passais mes journées à essayer de me dire que le meurtre était mal alors que sur le terrain, appuyer sur la gâchette ne me posais aucun souci. Je me sentais comme une boule de contradiction, j'étais incapable de me comprendre moi-même, je ne comprenais rien du tout, j'étais totalement largué. Un rapide retour à la réalité me fit remarquer que le soleil se rapprochait dangereusement de l'horizon, me signalant que l'on sonnerait bientôt 18 heure. Je me levais rapidement et je pris soin de faire tomber tout le sable collé à mes
vêtements avant de remonter dans la voiture. À chaque fois que je rentrais dans ce véhicule, j'avais l'impression de le redécouvrir, je ne me faisais pas à l'idée de posséder un tel engin, surtout à peine une journée après mon engagement. J'arrivais finalement pile à l'heure devant la jetée, Leslie m'attendait, adossée à une barrière. Pendant que je sortais de la voiture, je l'observait, comme si je la voyais pour la première fois. Elle portait une paire de baskets blanches, du genre que tout le monde possède. En haut de ses jambes bronzées, elle avait enfilé un short en jean blanc, légèrement recouvert par un T-Shirt bleu qui lui arrivait au bas des fesses. J'admirais ses bras nus sans autre décoration qu'un vernis rose. Je finis par m'attarder sur son visage, ses traits gracieux, sa petites bouche aux lèvres roses, son nez très légèrement en trompette, ses yeux noisettes pénétrants et sa longue chevelure brune qui lui arrivait au milieu du dos. Au final, cette apparence allait bien à son comportement. Lorsqu'elle me vit, elle vint à ma rencontre en souriant. -Nouvelle voiture ? -Un cadeau de notre employeur commun. -Alors là y'a injustice. Je bosse pour lui depuis plusieurs années et j'ai toujours pas eu de voiture. -Ça fait combien de temps ? -Oh... Beaucoup trop longtemps. Avec son apparence juvénile et ses vêtements d'adolescentes, on aurait vraiment pu la prendre pour ma fille, je ne m'en rendis qu'à cet instant. Devais-je me sentir honteux d'avoir flashé sur elle ? Sûrement pas plus que d'avoir tué des gens ce matin. -Bon, tu veux faire quoi ? -J'en sais rien, c'est toi le mec, c'est toi qui arrange le truc. -Ok, les montagnes russes, ça te dit ? -Ouaip, ça me va. Ce n'était pas le choix le plus classique pour un premier rendez-vous mais Leslie n'était sans doute pas une fille qui aimait les choses classiques. Nous marchions côte à côte, nos pas faisant craquer le bois humide de la jetée. La démarche de Leslie était tres féminine, presque féline, elle avait dû apprendre ça au club. Toujours est-il que tout les hommes se retournaient sur son passage, quelque soit leurs âge, je ne savais pas si ça devait me rendre jaloux ou fier. -Alors, t'as tué beaucoup d'innocents ce matin ?
-Euh... Une douzaine, rien de bien extraordinaire. -Tu me déçois. Elle me fit un léger sourire tout en essayant de déceler le vrai du faux dans mes paroles. -Par contre, tu peux m'expliquer comment tu fais pour être aussi bronzée si tu ne sors jamais ? -Hein ? Ah ça ! Eh bien en fait, je sors. C'est juste que c'est pas au sens où on l'entends. Je ne pars pas en boîte me bourrer la gueule avec des potes, simplement quand il fait beau, je vais sur la plage, des fois je cours, des fois je nage, des fois je m'assois et je regarde juste l'océan. Sinon j'aurais l'air d'un zombie obèse et je ne suis pas sûre que Faustin voudrait encore de moi. -Et s'il ne voulait plus de toi ? -On est obligé de parler travail ? -Non, désolé. Je sentais qu'elle avait un passé avec James, il s'était passé quelque chose entre eux. Était-elle sa propriété dans une dimension que je ne comprenais pas ? La menaçait-il ? Je m'étais juré que j'allais me venger pour elle mais maintenant... Maintenant j'avais besoin de Faustin pour faire tomber Saliego et enfin atteindre un poste intéressant. -Donc t'aime bien regarder l'océan ? -Ouaip. En fait je trouve que la plage est un endroit très relaxant. Comme si sa pureté était suffisante pour repousser toute l'horreur de la ville. Je trouve que ça libère d'y être. D'ailleurs y'a cette phrase : "Toute la jeunesse aboutit sur la plage glorieuse, au bord de l'eau, là où les femmes ont l'air d'être libres enfin, là où elles sont si belles qu'elles n'ont plus besoin des mensonges de nos rêves." -C'est de toi ? -Mais nan, c'est de Céline. -Connais pas. -Putain, un jour faudrait que je te donne des cours. Nous atteignions la queue pour les montagnes russes. Une masse de gens habillés en touristes se collaient les uns aux autres en attendant de monter dans une de ces machines qui filaient sur les rails jaunes et clignotant de la jetée. -Je dis pas non. -Pour l'instant, mais t'as bien l'air d'être le genre qui va s'endormir au bout de 20 minutes. -Pas si c'est toi qui parle. Je repérais un rougissement, très léger. Elle se passa les cheveux dans sa
bouches à ce moment là, comme pour camoufler ce fait. -Dans ce cas on verra. -T'as fait des études ? -Nan. -Pourquoi ? -C'est pas vraiment un choix... J'en sais rien... -Si t'en as l'occasion, fait-le. Moi j'ai raté le coche et je m'en veux encore. -Au final tu roule en Mustang et tu dirige un club de strip-tease, ta vie est pas si mal. -Tu sais très bien ce que je veux dire. -Ouaip... Mais aussi étonnant que ça puisse paraître, je t'envie. -Si tu savais, tu ne dirais pas ça. -Et toi non plus. -Comment ça ? -Vaut mieux que tu ne sache pas, l'ignorance est la paix de la vie. -Si seulement... La queue avançait rapidement et nous étions déjà sur le point de monter dans le train. Je me rendis alors compte que l'ambiance s'assombrissait, étais-ce moi, ou tout le monde était triste ces temps-ci ? -J'ai l'impression que tout le monde est dépressif en ce moment. -Eh ! Oh ! Je suis pas dépressif, juste un peu amère. -Mouais, fait pas semblant. -Mais pas du tout. C'est pas parce que je pense souvent au suicide et que je pleure tout les soirs que... Ah ! C'est à nous. Nous primes tout les deux places dans le petit trains jaune. Devant nous, il y avait un couple de jeune, il n'était sans doute même pas majeurs. Dès que le véhicule se mît à avancer, la fille lâcha un petit hurlement. Ensuite, il y eut des montées, des descentes, des cris, des bras levés, pour au final un retour dans le calme. Tout le monde se leva tranquillement, comme si on sortait d'un simple voyage. -Bien aimé ? -Ouaip. -Ça t'arrive souvent de te balader ? -Je suis trop occupé soit à tuer des gens, soit à désespérer parce que j'ai tué des gens. -T'as l'air d'un gars joyeux, j'suis contente d'être tombée sur toi. -Qui ne le serais pas. Tu sais qu'à une époque, je me faisais quasiment une fille par soir ?
-T'étais moins mélancolique. -J'étais plus con. -C'est pareil. -S'tu le dis. Bon, du coup, on fait quoi ? -On est obligé de faire quelque chose ? Je propose qu'on s'assoit en face de la mer, sur les barrières. J'acquiesçais, puis on avança en direction de l'océan. J'avais l'impression d'être triste en permanence, même la présence de Leslie ne suffisait pas à me remonter le moral. Je me détestais encore plus qu'avant pour ça. -Ça te plait de bosser au club ? -Ouaip... Ça va. C'est pas trop compliqué et ça gagne bien. -Ah bon ? -Rhoo, fait pas le mec méprisant. Ok j'ai pas les moyens de m'acheter une Mustang, mais bon, avec les gros bonnets qui viennent et me passent des pourboires, je dépasse les 2 500$ par mois. -Pas mal. -Mais ta gueule ! -Je suis sérieux. Y'avais une époque où je gagnais beaucoup moins. -En des temps reculés, Michael Da Silva gagnait moins de 2500 $ par mois, mais le temps passât et certaines choses qui n'auraient pas dû être oublié le furent. L'histoire devint une légende, la légende devint un mythe. -Peut être pas à ce niveau là quand même. Elle avait réussi à m'arracher un sourire, c'était plus que je ne pouvais en demander. Nous primes tout les deux places sur la barrières en métal, ce n'était pas très confortable, mais être face à la mer en si bonne compagnie valait bien tout les inconforts. -Aujourd'hui tu te fais combien ? -Oh... Un petit 12 000$ par mois. -Ah ouaip ! Quand même ! -Avec possibilités de primes. -Attention ! Monsieur peut avoir des primes ! Et c'est quoi comme primes ? C'est un peu à la MGS, genre pas d'alerte équivaut à 1000$, pas de morts c'est 3000$, ce genre de choses ? -J'en ai aucune putain d'idée... Je bosse depuis ce matin. -Et t'as déjà une Mustang, bordel, ça c'est du sexisme pur et dur. Je la regardais balancer ses jambes dans le vide, ses belles longues jambes. C'était quelque chose d'étrange les jambes d'une femme, une simplicité exemplaire et pourtant une des parties les plus attirantes de leur corps.
-D'ailleurs, t'as mis un short finalement. -Hein ? Ah c'est vrai ! Bah, j'aime vivre dangereusement. -Même devant un tueur sanguinaire ? -Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans le mot dangereusement ? -Absolument tout, j'ai jamais connu le danger. Où que j'aille, ce sont toujours les autres qui sont en danger. -Tu es celui qui toque à la porte. -C'est complètement ça. Tu remarqueras que j'ai saisi la référence. -Si tu l'avais pas fait, je t'aurais jeté dans l'eau. -Essaie toujours ! De nouveau je me sentais bien. Ça avait mis du temps mais elle avait réussi à me faire revenir en adolescence, à l'époque où le mot problème n'avait pas le même sens qu'aujourd'hui. -Ça te dirais qu'on aille se baigner ? -Maintenant ? -Ba ouaip, après manger ce sera trop tard. -J'en sais rien, j'ai pas de maillot de bain. -Tu crois pas qu'ils en vendent par ici ? -J'ai pas d'argent... -Sérieusement ? Il est où le mec qui se fait 12 000$ par semaine. -12 000 avec primes. -Oh, excuse moi ! Mais bon, il est où ton argent ? -Je me suis fait volé. Elle aurait pu réprimer un sourire mais elle ne le fit pas, à la place, elle explosa de rire et je ne savais pas si je devais rire avec elle ou me sentir honteux. -Putain, t'es un bon toi ! -Ça arrive à tout le monde ! -Mais toi t'es homme de main d'un chef mafieux. -Nan mais tu sais, c'est pas ce qu'on s'imagine hein ! Avec les films et tout, on se fait des histoires, en vrais on est comme tout le monde. -Ouaip, évidement. Elle fit passer ses jambes par dessus la barrière et se remit debout sur la jetée, face à la ville. -Madame est trop bonne. -On me l'avait déjà dit, mais pas dans le même sens. -C'est vrai aussi. -Quel grand dragueur tu fais !
-M'en parle pas. De nouveau nous marchions sur la jetée, j'avais envie de prendre la main de Leslie mais je sentais que c'était prématuré, je ne voulais pas tout gâcher. On s'arrêta devant un distributeur et elle acheta un maillot noir tout ce qu'il y avait de plus classique. -Et toi ? -Moi ? J'ai déjà mon maillot sur moi. -T'avais tout prévu. -Non, c'est juste que j'ai fait bronzette en t'attendant. -Bien sûr. On retira tout les deux nos chaussures avant de descendre l'escalier qui nous amenait sur la plage. Malgré l'heure tardive, le sable était encore chaud. Devant nous, un soleil orangé entamait sa descente vers l'horizon. -Y'a des toilettes là-bas, si tu veux te changer. -Ok. Je rentrais dans une des cabines bleues, puis je retirerai un à un la totalité des mes vêtements. J'en fis une espèce de grosse boule avant d'enfiler mon nouveau maillot qui m'allait comme un gant. À ma sortie, je vis que Leslie s'était déjà changé. Elle portait un maillot deux pièce orangé avec un dessin de palmier noir sur chacun de ses seins. La voir comme ça me faisait penser à sa tenue du club, mais elle restait bien plus belle ainsi, surtout dans ce paysage. Elle était comme une ombre, le soleil se tenait juste derrière elle, ses formes étaient plus distinctes. Ses hanches et sa poitrine faisaient de légères bosses sur sa fine silhouette. -Quant t'auras fini de me mater, on ira se baigner ? -Euh ouaip... Même si c'est beaucoup moins intéressant. -C'est pas ma faute si tu refuse de faire quoi que ce soit d'autre que discuter quand on est au club. -Mais tu fais quoi d'autre en fait ? -Je fais la salope. Je respire fort, je passe mes mains le long de mon corps, je garde la bouche entrouverte, le genre de truc qui font bander les pervers. -Très peu pour moi. -Sinon je sais aussi danser sur le client, c'est déjà plus intéressant. -Ouaip, enfin bon, on est là pour se baigner, pas pour énumérer tes fonctionnalités. -Mes fonctionnalités ?
J'eu peur de l'avoir blessé en ayant utilisé ce mot mais elle éclata de rire et je fus rapidement rassuré. J'avais l'impression qu'à part sa relation avec Faustin, rien ne pouvait l'atteindre. -Bon... Le premier dans l'eau a gagné ! Puis elle se mît à courir, moi sur ses talons. Elle allait bien plus vite que ce que je pouvais imaginer et elle finit donc première de justesse, surtout à cause du fait que j'avais commencé un peu après elle. -En fait tu sais rien faire. Je mérite ta voiture. -C'est quoi cette fixation sur ma Mustang ? -Un peu de jalousie et beaucoup d'attirance sexuelle. -Pour une voiture... -Bah oui. À l'air des boîtes automatiques, à quoi tu crois qu'il sers, le guidon ? -J'y avais jamais pensé. C'est vrai que ça se tient. Tu pourras me faire une petite démonstration ? -Jamais le premier soir. L'eau était étonnement chaude quand on savait que 20 heure approchait. Nous étions parmi les derniers à nager, la plage quant à elle, était encore remplie de monde, la plupart des gens somnolaient doucement. -Comme t'as pas de thune, je suppose que c'est moi qui vais payer le resto ? -Ah oui, merde ! Bordel je suis désolé ! Tu me le rappelleras quand j'aurais ma paye. -En tout cas je vois quel genre d'homme tu es. -Nan mais vraiment, je suis désolé. Hier je l'avais encore et ça m'est complètement sorti de la tête. -Ils disent tous ça... Elle n'avait pas du tout l'air gênée outre mesure par la situation, mieux encore, ça semblait l'amuser. -Comme c'est moi qui paye, c'est moi qui choisis le resto. -De toutes façons je ne connais rien ici alors bon... -T'aime bien la cuisine italienne ? -Mais c'est quoi tout ces gens qui me font bouffer européen ? J'ai eu ma dose de mondialisme à New York. -Réaction étrange, je vais faire comme si rien ne s'était passé. Donc tu veux bouffer un gros hamburger, je note. On va aller à McDo, ça sera romantique. -Parce que madame veut du romantisme ? -Pas spécialement, mais je crois que toi oui. -Pas le moins du monde... Je te laisse choisir, on va voir ton italien si tu veux.
-C'est ça que je voulais entendre, allez vient, on sort. Il devait être 20 heure passé lorsque l'on se coucha sur le sable, l'un à côté de l'autre. -Tu voudras faire quoi, après ? -Après manger ? -Nan, je veux dire... Tu ne vas pas rester la plus belle femme du monde jusqu'à ta mort. Tu vas faire quoi quand tu ne pourras plus bosser au Vault ? -Faustin va sans doute me jeter dans une benne à ordure... Je n'ai pas réussi à sourire à sa plaisanterie, elle non plus d'ailleurs, tout simplement parce qu'on savait tout les deux qu'il y avait du vrai dans ses paroles. -Tu ne veux vraiment pas me dire ce qui te lie à lui ? -Vraiment pas... C'est plutôt ton job de raconter des histoire horribles. Moi je suis là pour remonter le moral. -C'est pas ennuyant à un moment, de ne faire qu'écouter sans jamais pouvoir parler? -Oh mais je parle. Simplement pas de moi. -Ça te fais chier que je bosse pour lui ? -Pourquoi ? -J'en sais rien... T'as pas l'air de le porter dans ton cœur. -C'est vrai, mais c'est pas à moi de choisir pour qui tu bosses. Je te donnerais bien des infos croustillantes sur lui mais j'ai toujours l'impression qu'il est là, qu'il nous écoute, alors je vais me taire. -Je comprends. -J'en suis pas sûre. Quand on fut sec, on renfila chacun nos vêtements avant de partir en direction du restaurant italien de Leslie. Malgré l'heure tardive, les rues étaient agitées et l'éclairage donnait presque l'impression d'être en plein jour. -Au fait, tu m'a jamais dit ton nom. -Hillway, Leslie Hillway. -C'est beau. -Mouaip... Ça résume bien la mentalité des habitants de cette ville. -Comment ça ? -Hillway, la voie vers la colline. Ici tout le monde veut sa baraque sur une colline, Beverly Hills, Hollywood Hills, etc... -Pas faux. Le restaurant "Au royaume du spaghetti" était coincé entre deux immenses
magasins de vêtements de marques. Il était plutôt modeste et ne semblait pas avoir été rénové depuis plusieurs années, pourtant la salle était quasiment pleine. Quand on passa la porte, un homme moustachu vint à notre rencontre et salua Leslie d'une façon familière qui me fit comprendre qu'ils se connaissaient avant de nous emmener vers une table un peu à l'écart de la salle. Il nous tendit des menus qui avaient sans doute traversé les âges avant de retourner à l'entrée. -Vous vous connaissez ? -Oui, je viens souvent ici. -Putain, hier tu ne sortais pas et maintenant tu va à la plage et au restaurant tout les jours. -Mais nan mais c'est pas ça sortir, sortir c'est faire des trucs entre amis, pas rester sans bouger sur le sable pendant trois heures. -Je suis désolé mais c'est aussi sortir hein ! -Bon, si tu veux. Elle ne jeta pas le moindre coup d'œil à la carte, comme ils n'avaient pas l'air de beaucoup la changer, elle devait la connaître par cœur. En attendant que je fasse mon choix, elle faisait tourner une de ses mèche autour de son index. -Est-ce que j'ai une chance ? -Où ? -Avec toi ? -Euh... Faut que je t'avoue un truc Mike... Je sais pas vraiment comment te le dire... -Vas-y. -Je suis... Enfin j'aime les femmes quoi. -C'est vrai ?!? -Absolument pas, je voulais juste voir ta tête. -Mais non ! T'es vraiment chiante hein ! -Je sais. Maintenant il y a une question que j'aimerais te poser : qu'est-ce que tu attends de moi ? Je la regardais fixement, ne comprenant qu'à moitié sa question. Je savais très bien que c'était un moment décisif, que ma réponse influerais sur le reste de notre relation, mais les seuls mots qui me vinrent furent "je ne sais pas". -Moi je le sais. Tu es en train de te noyer Michael, ça se voit, et moi tu me donne le rôle de la bouée de sauvetage, celle qui te remonte le moral quand tout va mal. Le truc, c'est que je ne suis pas sûre de vouloir de ce rôle. -Je comprends...
-Donc bon... On va finir ce repas, et puis on va arrêter de se voir, au moins jusqu'à dimanche. Ensuite, je verrais si je suis prête à assumer mon statut de bouée. Durant le reste du repas, Diamond tenta désespérément de relancer la conversation mais au bout d'une dizaine de tentatives, elle comprit que c'était vain. J'étais resté bloqué sur ce qu'elle m'avait dit. Elle aussi me rejetais, la seule chose qui m'offrait de l'insouciance allait disparaître. Elle m'avait dit qu'elle allait y réfléchir mais je savais bien ce que ça voulait dire, d'ici 10 jours, nous allions être de nouveau des inconnus l'un pour l'autre. La Vie m'envoyait un message, elle me demandait d'abandonner, elle me montrait clairement que tout ce que j'entreprendrais serait un échec. Je quittais la table en plein milieu du repas, sans un mot vers Diamond, j'avais besoin d'être seul.
Chapitre 26 : Chez Lucy et Nikolaï Cette nuit là, je n'ai pas dormi, pas une seule seconde. Je n'ai fait que méditer les mots de Diamond en boucle. Je laissais ma rage grandir en moi pour finalement l'évacuer dans un coup de poing visant le mur. Inlassablement, toutes les dix minutes pendant une dizaine d'heures, je frappais ce mur. Étais-je capable d'accomplir quelque chose de nouveau ou Sarah et Lily étaient-elles la seule famille que je pouvais avoir ? Je me sentais mal, nausée, mal de tête, vertiges, mais je n'avais aucune envie de me soigner, je voulais me faire souffrir, parce que tout ça était de ma faute, je voulais me punir, je me détestais. Quand il fit suffisamment jour, je partis en direction du magasin de Nick, bien décidé à mettre en œuvre mon projet d'ascension social. La ville me semblait triste et morne à nouveau, j'éprouvais une immense envie de monter dans ma voiture et de quitter cet endroit pour toujours, mais je savais que c'était idiot. Quand j'entrais dans sa supérette, Nick était en train de ranger des bouteilles de lait dans ses rayons. En me voyant, il posa ce qui lui restait au sol et vint vers moi. -Mike ! Qu'est-ce que tu fais là ? -Tu te rappelle mon projet d'hier ? -Euh ouaip... À peu près. -T'es partant ? -J'en sais rien mec. Je pense pas que ce soit une bonne idée de faire de la concurrence à la mafia. -C'est pas de la concurrence, on est dans un business complètement différent. -Même, dès qu'ils s'en rendront compte, on sera pendu et l'argent partira dans leurs poches. C'est pas quelque chose qui me fait très envie. -Si tu veux, je le ferais tout seul. Mais donne moi au moins des noms de potentiels alliés. -Nan mais c'est bon... C'est bon... J'en suis. Ça me ferait trop mal que tu t'en mette plein les poches sans moi. Surtout que ma vie n'est pas suffisamment excitante pour que j'ai peur de la perdre. -Eh bah voilà ! Là je te retrouve ! Il me fit un petit sourire gêné en s'empressa de ranger ses dernière bouteilles avant de revenir à la conversation. -La meilleure que je puisse te conseiller, tu la connais déjà. -Elle ? -Oui, elle. -Mais elle est toujours en ville ? Pourquoi je ne l'ai pas vu avant ?
-C'est pas son genre de venir à ta rencontre. M'enfin, elle a son bureau au dessus d'un restaurant géré par un malade mental avec qui elle fait équipe. -Elle a un bureau ? -Ouaip. Elle a quitté Saliego un peu après toi et maintenant elle travaille à son compte. C'est la meilleure de L.A.. -Ok, le resto s'appelle comment ? -Le brasier cuisant. Si tu te fais pas descendre à l'entrée, donne juste son nom, elle devrait te recevoir. Je le remerciais d'un hochement de tête et sortis du magasin mais, au dernier moment, une autre question me passât par la tête et je fis demi-tour. -Dis, la fille qui nous a hébergé après la soirée au Vault, c'est qui ? -Karen ? Oh c'est personne... -Tu sais qu'elle est sur toi ? -Évidement, c'est un des mes plans cul. -Nan mais je veux dire, vraiment, genre elle t'aime. -Dis pas de conneries Mickey, comment une meuf comme elle pourrait m'aimer ? -J'en sais rien mais elle t'a appelé Nicky et quand elle parle de toi, y a un truc dans ses yeux. -Elle est directrice commerciale dans une multinationale, qu'est-ce qu'elle ferait avec un caissier ? -Moi je dis ça... Il essaya de déchiffrer mon expression pour y trouver la moindre trace de moquerie mais il fut forcé d'admettre que je disais la vérité. -Profites-en avant qu'elle en ait marre d'attendre. -Depuis quand tu donne des conseils conjugal toi ? -Depuis que je me suis marié. -T'es divorcé. -Pas besoin de me le rappeler... Pendant qu'on parlait, il semblait réfléchir à ce que je lui avais dis. À sa place, je serais déjà monté dans ma voiture pour aller la voir. -Désolé mec... M'enfin, je verrais.... Toi va voir notre amie commun, on discutera de ton plan d'avenir quand elle aura accepté notre offre. -Elle m'en veut ? -De ? -D'être parti sans la prévenir. -Je crois que ça l'a fait un peu chier. Mais bon, tu la connais, elle est pas du genre rancunière, sinon elle t'aurais tué depuis longtemps.
-J'ai peur qu'elle le fasse si j'y vais maintenant. -Y'a qu'un seul moyen de le savoir... Mais à ta place j'aurais plus peur du gérant du restaurant. -On verra... À plus. Je quittais la supérette avec une légère appréhension. Je ne rigolais pas quand je disais que j'avais peur qu'elle me tue, cette fille en était capable. Malgré ça, je cherchais l'adresse du "brasier cuisant" sur mon téléphone, voyant qu'il n'était pas trop loin, je décidais d'y aller à pied. Plus j'avançais dans les rues sombres et humides, plus j'avais peur de cette future rencontre. Sur mon chemin, je vis une femme qui se faisait voler par deux jeunes, je l'aurait aidé en temps normal, mais là je ne remarquais la situation que d'un œil. Les rencontres avec de vieilles connaissances me terrifiaient-elles à ce point ? Le "Brasier cuisant" était un restaurant minable, la façade était prête à s'écrouler au moindre coup de vent et la saleté sur les vitres nous empêchait de voir à travers, ce qui n'était peut être pas un mal. La porte étant verrouillée, je tapais trois fois dessus avant qu'un homme ne vienne m'ouvrir. Au début je crus à un déguisement et j'eu un geste de recul mais je me rendis vite compte qu'il s'agissait de son apparence normale, je me sentis alors idiot de ne pas avoir apporté de renfort. L'homme qui se tenait en face de moi ne venait pas de notre époque, il semblait tout droit sorti d'un navire pirate de l'âge d'or. Son torse nu et suant était caché derrière une barbe hirsute qui tombait en pique. Son visage pointu et ses yeux féroces représentaient au mieux l'image que l'on pouvait se faire du diable sous sa forme humaine. Tout comme sa barbe, ses cheveux bruns en pagailles tombaient aléatoirement le long de son dos, comme si les ciseaux n'existaient pas dans sa dimension. Mais malgré tout ces détails choquant, il restait une chose qui attirait l'œil plus que tout sur l'apparence de cet homme : sa jambe. Juste au dessous du genou se trouvait un moignon, ce dernier n'étant pas recouvert par le short de son propriétaire, on pouvait observer avec horreur les cicatrices provenant de l'amputation. -Qui êtes ? En deux mots, je pus déceler un accent russe très marqué ainsi qu'une agressivité parfaitement en accord avec celle de ses yeux. -Je viens voir Lucy Sharp. Je ne comprit pas pourquoi, mais en entendant ma voix, son expression devint encore plus féroce et il se dressa de toute sa hauteur en prenant appui sur sa
béquille. J'eu d'abord l'impression qu'il allait m'embrocher pour dévorer mon cadavre encore sanglant sur le pas de la porte mais il se retint au dernier moment. -Allez-y, mais sache un chose, fils de pute d'américain, si ça tenait à moi, je t'aurais déjà empalé sur ce béquille ! Je me gardais de lui répondre et je rentrais dans le restaurant en gardant tout de même un œil inquiet sur mon hôte. L'intérieur du bâtiment était à l'image de son propriétaire : à moitié nu et très laid. Une seule table en bois, voilà la seule décoration de la pièce. De plus, la chaleur intenable de l'endroit laissait à penser que tout le budget de l'endroit était parti dans les radiateurs. Mais alors, que j'avançais, j'entendis des voix venir d'une pièce adjacente et je me rendis compte de mon erreur. Nous étions dans une sorte d'entrée et juste derrière, une dizaine de personnes mangeaient dans une salle bien mieux entretenue. Je me demandais comment les gens avaient pu rentrer dans cet établissement après l'accueil du barbu mais je finis par me dire qu'il n'osait faire ça qu'avec les clients de Lucy. Malgré tout, la salle à manger n'était relativement pas radieuse et ses occupants ne semblaient pas de hautes extraction, la plupart d'entre eux ayant d'ailleurs des traits mexicains ou européen plus qu'américain. Le gérant me fit signe, toujours avec cet air féroce, de monter à l'étage par un petit escalier en bois qui ne demandait qu'à s'écrouler à chaque marche que je gravissais. En haut, une grande porte contrastait totalement avec le reste du restaurant. Elle était d'une facture très appréciable et dessus, en lettres d'or, il était écrit "Lucy Sharp, Propriétaire" Après avoir vu cet homme des cavernes, je n'avais plus peur du tout de rencontrer mon ancienne partenaire et c'est donc le cœur léger que je toquais à la porte. -Entrez ! Le bureau de Lucy était propre et richement décoré, bien trop pour faire parti du même bâtiment que ce restaurant. Sur chaque mur, des tableaux plus ou moins provoquant étaient accrochés. Un immense lustre accroché au plafond éclairait la totalité de la pièce. Avachie sur son fauteuil, les pieds posés sur son bureau, une cigarette dans la bouche, il y avait celle que j'étais venu voir. Elle portait un gilet en cuir noir sans manche ainsi qu'une jean noir extrêmement serré parsemé de piques et de
chaînes métalliques. Ses cheveux noirs et court lui donnaient un air presque masculin mais grâce à son visage, elle gardait un charme que je n'avais jamais vu chez une autre femme. -Pincez moi je rêve, un revenant ! Elle parlait avec un ton monocorde et sarcastique qui m'empêchait de comprendre ce qu'elle voulait vraiment dire. -Tu me pardonneras de ne pas me lever pour te faire un câlin, j'ai trop d'amour propre. -Faudrait pas que tu perde le peu qu’il te reste. -T'as pas changé, toujours cette même tête de con depuis 13 ans. -Et toi t'es restée habillée comme une ado en crise alors que t'as 30 ans... Dans toute situation normale, cette discussion aurait dégénéré, mais Lucy n'était pas une fille normale. Elle cracha une bouffée de fumée et me fit un léger sourire, ce qui valait bien plus que toutes les accolades du monde. -J'suis contente de te revoir Michael. -Moi aussi. -Niko t'as pas trop emmerdé ? -Niko... Le pirate ? -C'est ça. Je t'expliquerais bien tout de suite mais j'ai pas vraiment le temps. En fait j'ai surtout pas envie. Je le ferais plus tard, t'es libre ce soir ? -Non. -Ah ? Nouvelle conquête ? -Professionnel. -Tu bosse à nouveau pour cet enculé ? -Nan, je suis avec Faustin. -Ouaip, t'es passé de Sidiouth à Vador, tu perds en prestige, mais au final c'est pareil. Comme d'habitude, son regard était perdu dans le vide, comme si elle était droguée, ce qui était impossible puisque je savais qu'elle détestais ça et qu'elle regrettais même d'avoir commencé la cigarette. -M'enfin, ça va la vie Mike depuis que tu nous as quitté ? -Je sais pas si on peut dire que ça va mais je survis... -Tu vis où ? -Clanton. -Ouch ! T'as une caisse ? -Mustang.
-Au calme, le mec vit à Clanton et roule en Mustang... T'es en couple ? -Je me suis fait jeté hier, pourquoi toutes ces questions ? -Curiosité. Comment ça tu t'es fait jeté ? -J'étais trop déprimé pour elle. -Michael déprimé... Eh bah putain, si on m'avait dit que je verrais ça un jour. Elle était bien la meuf ? -En temps normal on demande plutôt pourquoi la personne est déprimée... -Rien à foutre de toi, c'est la meuf qui m'intéresse. Elle me sourit de nouveau avec une expression mesquine sur le visage et m'envoya un nuage de fumée en plein dans la figure. -Bah ouaip, elle était belle, intelligente, décontractée, drôle... -Si je te connaissais pas, je dirais que t'es amoureux. -Tu me connais pas. On s'est pas vu depuis dix ans. -Et alors, les imbécile ne changent pas d'avis, donc l'amour ça pue toujours autant pour toi nan ? -Je suis divorcé et j'ai une fille... À ces mots, elle s'étouffa avec sa fumée. Elle mît quelques instant pour reprendre son souffle et me regarder à nouveau dans les yeux. -Toi ? Une fille... Bordel, comment le gouvernement peut laisser passer de tels actes ? -Ta gueule, je l'ai pas encore tué. Elle va très bien. -Permet moi d'en douter. -Fais ce que tu veux... Mais et toi ? Comment ça va ? -Je sais que tu t'en fous royalement donc je ne vais pas me fatiguer à répondre. -Allez vas-y ! -Bon déjà, j'me suis mariée, moi aussi. Ce fut à mon tour d'être surpris, mais je n'allait pas jusqu'à m'étouffer. Je me contentais d'un simple regard interrogateur. -Toi ? Mariée ? -Enfin pas vraiment mariée, tu sais c'est le bordel ici... Mais c'est tout comme. On a fait la cérémonie et tout. -Ah ouaip. Et tu l'aime ? -Bah ouaip... Nan, j'ai pas à me plaindre. Belle maison, beau couple, beau bureau. -D'ailleurs à ce propos, comment t'en es arrivée là ? -Tu veux dire, comment je me suis mis à mon compte, ou pourquoi je bosse au dessus d'un restaurant géré par un meurtrier récidiviste ? -Les deux m'intéressent mais tu m'as dis que t'avais la flemme de raconter la
seconde. -Pas faux. Bah en fait c'est tout con, quand t'es parti, sans nouvelles, comme un fils de pute que tu es, et que Saliego a refusé de me dire pourquoi, j'ai compris qu'il avait dû te faire une merde. Du coup je l'ai quitté, j'aime pas bosser avec des enculés. Quand il a tué Joaquìn, j'ai compris que c'était un bon choix de partir. D'ailleurs Jo a une sœur, une fille bien, tu la connais ? -Ouaip, j'ai un peu bossé avec elle. -C'est elle l'élue de ton cœur ? -Depuis quand tu parle comme ça ? -Depuis que je me suis mariée... Elle retira ses bottes noirs de son bureau et alla ouvrir la fenêtre pour jeter sa cigarette. Le bruit de la ville pénétra un instant dans la pièce avant de s'éteindre comme il était apparut. Lucy retourna ensuite s'asseoir en passant ses doigts sur l'anneau qu'elle avait dans le nez. -Enfin bon... T'es pas venu ici pour qu'on se fasse des câlins je suppose. Qu'estce que tu veux de moi ? -De la persuasion. -Quel situation ? -Je veux prendre le contrôle des mini-marchés. Je pourrais le faire tout seul mais je pense qu'à deux, ça irait plus vite. -Des mini-marchés... Tu bosses toujours avec cette tapette de Fear ? -Ouaip, et puis je vois pas pourquoi tu dis ça. -Tu l'as déjà vu sur le terrain ? -Nan, mais c'est pas sa place. Lui c'est un négociateur, c'est un peu le cerveau du groupe. -Bah putain... Si c'est lui votre cerveau, vous êtes mal partis. -Oui bon. T'en es ou pas ? -À part parce que Nick est dans le coup, pourquoi les supérettes ? Pourquoi pas les restaurant ou les stations de lavages. -Les restaurant j'ai peur que Saliego s'en aperçoive assez vite. Les stations de lavages, la plupart appartiennent à des chaînes. -C'est vrai que les supérettes n'appartiennent jamais à des multinationales... Elle sortit un paquet de cigarette de son bureau et commença à en allumer une avant de la jeter contre le mur, comme si elle venait de se rendre compte de ce qu'elle faisait. -Putain j'en ai marre de fumer... Mais oui, les supérettes. Penses plus grand et reviens me voir. Moi je sais pas, mais y'a un gars qui peut t'aider, un avocat, Josh Salesman. Il s'y connais en investissement et il te dénoncera jamais à qui que ce soit.
-On m'en a déjà parlé, je vais sans doute aller le voir. -Il va être midi, j'te propose qu'on aille manger et ensuite je te le présenterais. -Toi, tu m'invite à déjeuner ? -Ne rêve pas, ça n'ira pas plus loin, t'es pas mon genre. -Sans déconner ? -Ouaip. Bon, t'attends trente secondes dans l'entrée et j'arrive. Quand je quittais le bureau, les odeurs de cigarettes laissèrent place à la chaleur du restaurant et aux bruits des clients. Je descendit quatre à quatre les marches de l'escalier en priant pour ne pas tomber sur "Niko". J'eu la chance de ne pas le croiser et j'atteignit rapidement la fraîcheur de la rue. Après ces longues minutes en compagnies de la cigarette de Lucy, le grand air me fit un bien fou. Je me sentais léger lorsque mon téléphone se mît à vibrer dans ma poche. -Mike, c'est Faustin. T'as bien pris ta soirée ? -Oui. -Parfait, je te retrouve à 19h30 devant chez toi, met un costume, prends une arme, et demande toi ce que tu veux vraiment. -Comment ça ? -Je t'expliquerais en route. À ce soir. D'habitude je n'aimais pas qu'on me raccroche comme il l'avait fait mais Lucy venait de sortir et je fus donc heureux de ne pas avoir eu à raccrocher moi même. Malgré l'air légèrement frais, elle n'avait rien mis par dessus son gilet de cuir sans manches, et la fermeture légèrement ouverte laissait penser qu'elle n'avait rien mis dessous non plus. -Faudra vraiment que tu m'explique ce qu'il y a de beau à s'habiller comme ça. -À ta place je fermerais ma gueule, monsieur-originalité-qui-porte-un-costume. -On peux pas parler avec toi... -Et c'est tant mieux, bon, ça te dit de manger espagnol ? -Sérieusement ?!? Mais vous le faites exprès ou quoi ?
Chapitre 27 : Braquage à l'ancienne Les coups répétés sur la porte de ma chambre réussirent à me sortir de mon sommeil. Seule source de lumière dans la pénombre de la pièce, mon réveil affichait 10:34. Le souffle léger d'Angela se déposait régulièrement sur mon torse tandis que la personne continuait de frapper comme un forcené. -Oui ? -Nick veut te parler ! -Qu'il attende. -Il est 10h du matin, tu devrais déjà être levé. -Pourquoi ? -Parce que tu es dans ma maison, et que dans ma maison, on ne passe pas sa journée à dormir. -Je prends note. -Michael, si ta mère a pu te virer de chez elle, j'en suis aussi capable. -Ne mêlez pas ma mère à tout ça. -C'est à cause d'elle que Nick t'as invité à vivre ici alors je pense que j'ai le droit de la mêler à tout ça. -Moi je pense pas. J'adorais la mère de Nick, le problème, c'est qu'elle me haïssait. Elle pensait sans doute que j'avais une mauvaise influence sur son fils, le truc, c'est que c'était la ville qui avait une mauvaise influence sur nous deux. Alors qu'elle vociférait des injures à travers la porte, je vis Angela se réveiller petit à petit. Elle sembla perdue pendant un instant, sûrement parce qu'elle venait de se réveiller en pleine dispute, puis elle m'aperçut et me sourit. -Qu'est-ce qui se passe encore ? -Elle veut que je me lève. -Et...? -Pas moi. Elle écarta ses longs cheveux blonds de son visage et vint déposer un baiser sur mes lèvres avant de regarder en direction de la porte. -Tu devrais peut être lui obéir, après tout on est chez elle. -C'est pas une raison suffisante. -Arrête, elle est plutôt gentille, fait un effort. -En fait, j'avais d'autres plans en tête. Je déposais à nouveau un baiser sur ses lèvres avant de faire glisser mes mains le long de son dos nu. Sa peau était douce, elle avait 19 ans, soit deux ans de
plus que moi, et pourtant, elle était bien plus pure que moi, bien plus innocente. -Maintenant ? Alors qu'elle cri derrière la porte ? -Bah ouaip, pourquoi pas ? -On va pas baiser alors qu'il y a quelqu'un derrière la porte. -Pourquoi ? -C'est bizarre ! J'ai pas envie que la mère de Nick m'entende en train de baiser ! -Elle t'entendra pas, elle cri. Mes mains atteignirent le bas de son dos et vinrent se poser sur ses fesses. Je raffermis mon emprise mais elle se libéra et se leva d'un bond, me laissant admirer la totalité de son corps dans l'obscurité. -Rien à foutre, moi je descend. -Putain, mais tu fais chier ! -C'est toi qui fais chier Michael ! Elle chercha l'interrupteur à tâtons et alluma la vieille lampe du plafond. L'éclairage orangé rendait son corps bronzé encore plus magnifique alors qu'elle renfilai ses vêtements de la veille. -Et arrête de me regarder comme ça, c'est flippant. -Je fais ce que je veux, t'es chez moi là ! -Nan, je suis chez la mère de Nick. -Joue pas sur les mots. -Alors arrête de dire des conneries. C'était plus que je n'en pouvais supporter, je sautais hors du lit à mon tour et je me jetais sur elle pour la plaquer contre le mur. Malgré de légères traces de peur, c'était surtout de la provocation que je voyais dans son regard. -Vas-y, bute moi ! Tu pourras être fier de toi comme ça ! -Ta gueule. -Nan mais je t'en prie, étrangle moi, laisse ta vraie nature prendre le dessus. T'es une merde Michael, je sais même pas ce que je fous avec toi. -Ta gueule je te dis. -C'est pas humain d'être un connard à ce point là, tu vaut rien. Tu sais quoi ? Je préférais encore m'exiler sur une île déserte que d'avoir affaire à toi à nouveau. Tout ces cris et toutes ces insultes commençaient à m'énerver, je décidais donc d'y mettre fin le plus vite possible. Je choisis la solution la plus rapide et j'enfonçais la tête d'Angela dans le mur. Elle glissa le long de ce dernier et atterri au sol, inconsciente. La mère de Nick était partie et je pus donc m'habiller dans le calme de ma chambre, loin des cris incessants de ces femmes insupportables. Dès que je fut
prêt, je déverrouillais la porte pour rejoindre Nick dans la cuisine. Il mangeais calmement une tartine de Nutella sous le regard inquisiteur de sa mère. Lorsqu'elle m'aperçut, son regard s'emplit de férocité et elle quitta la pièce sans même que son fils ne la remarque. -Tu voulais me parler ? -Ouaip, ça fait une demi-heure... -Fallait prendre rendez-vous. -Saliego à besoin de toi, tout de suite. -Pourquoi ? -Il sait de source sûre qu'on s'apprête à lui braquer un de ses bars, le "Divino". Tu vas là-bas, tu bute les braqueurs, sauf l'informateur. -Comment je sais qui est l'informateur ? -Il portera un gilet rouge... Oh et y'a autre chose, t'as un nouvel associé. -Quoi ? -Saliego veut élargir ses rangs, quelqu'un t'attendra là-bas, faudra que tu le forme. -Comment ça ? -J'en sais pas plus, c'est pas à moi qu'il faut en référer, maintenant vas-y. Je lâchais un soupir avant de monter récupérer un manteau et mon arme. Angela était encore inconsciente, sa respiration brisant le silence de ma chambre. Je savais qu'elle allait revenir, comme à chaque fois, tout simplement parce qu'elle avait promis à une amie un truc que j'étais le seul à pouvoir lui donner ou une connerie du genre... Dehors il faisait froid, l'hiver approchait à grand pas. Je savais parfaitement où se trouvais le "Divino", j'étais un habitué, je pris donc le chemin habituel. J'aimais les bars de Saliego, j'y étais traité comme un roi et je n'avais pas à payer, ça me suffisait pour y aller tout les soirs, avec Nick. Ici, tout le monde savait qui j'étais et même ceux qui ne me connaissaient pas savaient que j'étais important. Tout les regards se tournaient quand je marchais dans ce quartier, j'aimais ça, le fait d'être reconnu, admiré, craint. La rue du Divino était vide à l'exception d'une fille en train de fumer. Elle avait des cheveux bleus mi-longs très tape-à-l'œil, ce qui me donna envie d'approcher. Quand elle sentis ma présence, elle leva les yeux vers moi, me fixa un instant, puis se remit à regarder dans le vague. Elle portait une paire de bottes noires recouvertes de piques, ses jambes étaient recouvertes par des collants déchirés qui se finissaient sous un short noir attaché par une ceinture elle aussi recouverte de pique. Son gilet en cuir sans manches laissait apparaître des bras tatoués et musclés ainsi qu'un nombrils percé par une tête de mort métallique. Son visage, quoique légèrement masculin, avait un certain charme malgré
maquillage très macabre et son anneau dans le nez. Voyant que je la fixais, la fille leva les yeux vers moi avant de cracher une bouffée de fumée. -Qu'est-ce que t'as ? -Nan rien. -Bah arrête de me regarder alors. Son regard descendit de mon visage à mon torse et elle dût apercevoir l'arme planquée dans mon pantalon puisqu'elle eut un geste recul. -Attends, c'est toi ? -Comment ça, moi ? -MDS ? -Euh... Ouaip.... C'est possible. -Putain mais t'es un gamin ! Je trouvais ça assez étrange de sa part étant donné qu'elle n'avait pas plus de 18 ans mais je me contentais de la regarder sans rien dire. -Moi qui croyais que t'aurais 25 ans. -Ouaip, c'est triste, je suis jeune. Va pleurer en silence, j'attends quelqu'un. -Euh, t'es con ou bien ? -Comment tu me parle là ? -C'est moi que t'attends mec. Comme pour souligner ses propos, elle me montra un sac à main noir sur le sol, je comprit tout seul qu'il contenait une arme. -Mais t'es une meuf... -Putain, t'es observateur. -Saliego avait dit que j'aurais un apprenti, pas une secrétaire. -De un, le machisme, c'est plus à la mode depuis les années 50, de deux, tu niques ta race. -Tu m'as dit quoi là ? -D'aller niquer ta race. C'est dommage d'être sourd à ton âge. -Tu sais qui je suis au moins ? -Putain mais évidement que je sais qui tu es, je te l'ai même demandé il y une minute, t'es con ou quoi ? La rage bouillonnait en moi, je m'apprêtais à lui faire subir le même sort qu'à Angela lorsque je me rappelais que Saliego voulait que je la forme, et si il y avait une chose que je prenais à cœur, c'était de respecter mes engagements auprès de Marco. -Écoute, sale pute, si tu veux pas que je te foute ce flingue dans ta gueule de
salope, tu vas m'obéir, parce que t'es là pour ça. T'en es capable ? -Et toi, t'es capable de parler sans dire une insulte tout les trois mots ? -Pas quand je suis en face de quelqu'un comme toi. -Bon... On va faire avec. C'est quoi le plan du coup ? J'avais eu peur d'être obligé de devenir plus persuasif et je la remerciais donc intérieurement de me faciliter la tâche. En la regardant de plus près, je me rendit compte qu'elle était plutôt belle, à sa manière. Elle avait réussi à donner une harmonie à son style, tout ces piques, ces piercings, ces cheveux bleues, tout ça aurait pu être laid mais ça semblait s'accorder. -Un groupe de gens vont arriver ici pour braquer le Divino. On les bute tous sauf le gars avec un gilet rouge. Tu veux que je répète ? -Non, ça ira. Donc on bute tout le monde sauf le gilet rouge. Une technique particulière ? Nan parce qu'une fusillade en pleine rue à 11h, ça va attirer des gens. -Les gens que ça pourrait attirer, c'est pas nos problèmes, on sera parti avant qu'ils n'arrivent. -Ok, j'te fais confiance. Le gilet rouge, on en fait quoi ? -On le tue pas. -Ok, mais euh... On l'amène à M.Saliego ? On le torture ? On le laisse juste faire son chemin ? -Aucune putain d'idée, je pense qu'on va l'amener à Marco. Elle acquiesça et sortit un pistolet de son sac à main, n'ayant aucun endroit pour le cacher, elle le mît simplement derrière son dos, la main posée sur la crosse. -C'est quoi ton nom ? -Pourquoi tu veux savoir ça ? -Si je t'appelle, faut que j'ai quelque chose à dire pour que tu te reconnaisse. -LS, c'est tout ce que tu dois savoir. -Comme tu veux. On n'eut à attendre que quelques minutes avant que la voiture ne déboule dans la rue, remplit par des hommes cagoulés. Je fis un signe de tête à la fille avant d'essayer de repérer l'homme au gilet rouge. Quand ce fut fait, j'attendis qu'il se garent en face du bar, je sortis mon arme et je tirais quatre coups, la fille fit de même, les vitres tombèrent en éclats et le sang vint recouvrir l'intérieur du véhicule. Gilet Rouge sortit immédiatement du véhicule, l'air affolé, tandis que les clients du bar sortaient en hurlant et que des gens affluaient de partout. Je courus en direction de notre protégé, la fille sur mes talons, et nous quittâmes la zone des meurtres.
-Putain, vous avez fait vite... -Ici on travaille avec des pros, monsieur... ? -Flores, Joaquìn Flores. -Espagnol ? -Mexicain. Je viens travailler pour Saliego et c'était en quelque sorte un cadeau de bienvenu, ces gars font partis de ses pires ennemis de ce que j'en sais... -Peut être, je sais pas. Je vais vous amener à Marco, ensuite vous verrez. Je lui tendis un mouchoir et il essuya rapidement le sang qui lui recouvrait le visage. Le trajet jusqu'au bar de Marco fut calme, Joaquìn ne semblait pas choqué par ce qui venait de se passer et la fille avait l'air de penser à autre chose. Quand on arriva devant l'établissement, ce fut Saliego en personne qui nous accueillit, un grand sourire sur le visage, comme à son habitude. Il portait toujours son éternel costume noir, comme si il se trouvait à un enterrement. -Michael, content de te voir. Tu as rencontré ta nouvelle partenaire, elle est bornée comme toi, vous allez vous détester ! Et toi, mon nouveau braqueur ! -Bonjour monsieur. -Tu peux m'appeler Marco, toi c'est Joaquim, c'est ça ? -Joaquìn monsi... Euh Marco. -Ok, très bien. Michael, avec ce gars, vous allez découvrir le bonheur du braquage. Vous allez ruiner mes concurrents et vous en mettre plein les fouilles, que du bon quoi ! Vient Joaquim, on va discuter. Et ils nous laissèrent tout les deux devant la porte. La fille alluma une autre cigarette et la regarda avec un profond dégoût avant de la mettre dans sa bouche, comme à contrecœur. -Tu veux toujours pas me dire ton nom ? -Lucy. T'es content ? -Non. Tu veux manger un truc ? -Je rêve ou tu me drague ? -T'es folle ou quoi ? On dirait que t'es un cadavre. -Bien sûr, qu'est-ce qui me dit que t'aime pas les cadavres, tu dois en voir souvent, au bout d'un moment l'envie prends le dessus. -Arrête de dire des conneries et réponds à ma question. -Peut être. -C'est professionnel, on doit clarifier les choses, je ne veux pas d'insubordination. -Quel joli mot dans la bouche d'un aussi gros con. Enfin ça me va, par contre n'essaie rien d'autre, je ne suis pas intéressée. -Elle disent tous ça.
-Sauf que moi, il n'y a aucune chance pour que je sois intéressée. -S'tu le dis, Lucy... --------------------------------Je n'ai plus beaucoup de temps, la porte cédera d'une seconde à l'autre. Je regarde ma fenêtre avec des doutes pleins la tête, dois-je sauter ? Dois-je préférer une fuite qui risque de me tuer à la torture d'un homme pour qui j'ai tout donné ? De toute façon, aucune des deux solutions n'est viables, je préfère donc choisir celle qui me laisse le plus d'espoir. Sauter par cette fenêtre peut me sauver la vie autant que ça peut m'achever, je dois prendre ce risque, je dois sortir d'ici vivant. Ce texte doit sortir d'ici, je dois l'achever et le publier, faire quelque chose, mais je ne peux pas laisser ça continuer, je dois absolument mettre ces gens derrière les barreaux, même si je dois y aller aussi, je l'ai bien mérité après tout. La seule chose que je veux, c'est un pardon, pas des autorités, mais des gens que j'ai sacrifié sur l'autel de mon égoïsme, je demande pardon à tout ceux qui m'ont assisté, je demande pardon à ma femme, je demande à ma fille, je demande pardon à L...
Chapitre 28 : Conseiller Finalement, nous étions allé dans un restaurant américain en centre-ville, c'était une sorte d'attrape-touristes mais ça ne me gênais pas. L'intérieur était décoré sobrement, les chaises étaient d'un confort moyen et la nourriture n'était pas spécialement délicieuse, en fait, ce restaurant était tout ce qu'il y avait de plus banal. -Bon, donc parle moi de la meuf qui t'a jeté. -Pourquoi ? -Je trouve ça marrant de voir Michael Da Silva amoureux. Vas-y, dis moi à quel point son parfum est enivrant, à quel point son corps te captive, à quel point tu bois ses paroles, etc... -Nan mais rien de tout ça. -Donc t'es pas amoureux. -J'ai jamais dit l'être. J'crois que c'est plus une forte attirance sexuelle mêlée au fait que je l'apprécie beaucoup. -Genre meilleure amie avec avantages en nature. -Mouaip, non.... Je le vois pas comme ça. -Putain, y'a dix ans t'étais moins compliqué :"elle est bonne, viens j'me la fais !" Je souris légèrement à son imitation tandis que le serveur apportait nos plats : deux immenses hamburgers de trois étages garnis de toutes sortes de choses plus grasses les unes que les autres. -Y'a dix ans j'étais un sale con. -Est-ce que ça a vraiment changé ? -À toi de me le dire. -Bah à la place d'un petit con prétentieux, je vois un grand con paumé. Au final t'es toujours aussi con. -J'adore parler avec toi. -Pas réciproque. Elle enfonça une énorme bouchée dans sa bouche et l'avala la seconde d'après comme si elle n'avait pas eu besoin de marcher avant de revenir à moi. -Mais donc, ta copine : Âge, Taille, Sexe... -Sexe, sérieusement ? -J'en sais rien, pour peu qu'il se soit passé quelque chose de louche à New York. -Nan, c'est une meuf. Par contre, tu m'explique pourquoi ça t'intéresse autant, maintenant que tu sais que je ne suis pas amoureux ? -Si elle est vraiment bien, je pourrait te la voler. -La vraie raison.
-Je suis mariée depuis 3 ans, les amourettes passagères d'adolescent transis, ça me manque un peu. -Tu vas me sortir que t'es fidèle ? -Quoi ?!? Non, évidement ! Tu me prends pour qui ? Non c'est juste que je tombe amoureuse de personne d'autre et c'est plutôt dommage. -Comment ça dommage ? T'es vraiment bizarre comme fille. -Tu m'as dis exactement la même chose dans ce même restaurant le jour de notre rencontre. -C'est vrai ? J'avais pas reconnu l'endroit. -Ils ont tout refait, mais c'est le même. Tu te rappelle ? T'essayais de me draguer. -Oh putain mais remet pas ça sur le tapis. Elle étouffa un petit rire et prit une autre bouchée de son hamburger, j'en profitais pour faire de même. La salle était plutôt silencieuse, je me sentais bien ici, j'étais presque détendu. -J'y peux rien si tu sautais sur tout ce qui bouge. -T'es assez mal placée pour parler de ça. -Peut être, mais moi je ne finissais pas mes relations en tuant ma partenaire. -C'est arrivé une fois, et je m'en veux encore. -T'avais vraiment un grain. -Je sais, je préfère oublier cette époque. -Tu te rappel que tu m'avais appelé pour foutre le corps dans ma bagnole et l'enterrer ? -On peut changer de sujet ? -Évidement, mais aucun sujet n'est aussi amusant. -Amusant ? J'ai buté quelqu'un ! -Ce serait pas la première fois. Et puis le truc drôle c'est pas le meurtre, c'est ta demande, t'avais l'air d'un gamin affolé, pendant un instant, j'ai presque eut envie de te laisser dans ta merde. -Tu sais qu'on est pas seuls dans ce resto ? -T'es rabat-joie comme mec. Elle sortit une cigarette de sa poche et commença à l'allumer mais son regard croisa celui de l'un des serveurs et elle se ravisa immédiatement. -Mais bon, ta copine. Tu m'as pas répondu. -Est-ce que je te pose des questions sur ton couple, moi ? -Tu pourrais, moi j'en ai pas honte. -Tu fais chier ! Elle à 22ans et elle doit faire environ un mètre soixante. -Pédophile ! Tu m'avais caché ce petit penchant... -Le pire, c'est que tu ne sais pas à quel point tu as raison.
-Elle fait quoi dans la vie ? -Strip-teaseuse... -Whao ! Toujours à l'affût des proies faciles. -Pour le coup nan, elle correspond pas du tout l'image que je me faisais d'une strip-teaseuse. -Tu me la présentera, on verra si tu la mérite. -Dis tout de suite que tu veux me la voler. -Moi ? Mais c'est pas mon genre... -À peine. -C'est pas ma faute si après t'avoir connu, tes aventure n'ont plus envie de voir le moindre mec. -T'es un peu comme un vautour en fait, tu attends et tu ramasses les cadavres. -Mais qui est le pire entre celui qui tue et celui qui mange les carcasses ? -Sans doute celui qui mange les carcasses puisqu'il a pas les couilles de tuer lui même. -Ok j'avoue, j'ai pas de couilles. C'est regrettables, je suis la première à être déçue, mais je fais avec. Elle prit une dernière bouchée de son hamburger et s'essuya la bouche avec sa serviette avant de me regarder fixement. -Quoi ? -Tu paye ? -J'ai pas d'argent, et puis c'est toi qui m'invite ! -Sauf que c'est l'homme qui invite normalement. -T'as dit regretter ne pas avoir de couilles, aujourd'hui on va faire comme si t'en avais, allez ! -Monsieur est trop bon. Elle me fit un sourire mesquin et quitta la table pour se rendre au bar, de là, elle sortit sa carte de crédit d'une des poches de son jean et la tendit au serveur avant de me lancer un regard plein de férocité, l'air de dire "t'as vu ce que tu m'oblige à faire ?". Dès que la paiement fut accepté, je partit la rejoindre et nous quittâmes le restaurant en direction du cabinet de Josh Salesman. -Le nom de ta copine ? -Ça vire à l'obsession là. -C'est juste un nom. Si tu veux que j'arrête de poser toutes ces questions, tu me dis où elle bosse et je vais la voir ce soir. -T'as vraiment un problème, ta vie est si nulle pour que tu sois obligée de squatter la mienne ? -Ma vie n'est pas nulle, c'est juste que ça me rappel le bon vieux temps.
-Tu veux dire, le temps où quand je te disais que je voulais une fille et que je faisais l'erreur d'aller au toilettes, je te trouvais en train de l'embrasser à mon retour? C'est ce temps là ? -Ouaip... Le bon vieux temps quoi ! -Alors c'est hors de question. Celle là, elle est à moi. -Si elle t'as largué, elle est plus vraiment à toi. -M'en fout, je préfère qu'elle soit seule plutôt qu'avec toi. -Si elle a réussi à te rejeter, pourquoi tu crois qu'elle accepterais de le faire avec moi ? -J'en sais rien, mais si t'y arrive, je crois que ça serais le coup de grâce. Elle sortit de nouveau une cigarette de sa poche et l'alluma rapidement pour la mettre dans sa bouche. C'était étrange à quel point ce geste semblait automatique, presque inconscient. -Bon, tu me passes son nom et son lieu de travail, en échange je te jure que je ne fais que faire connaissance. -Quel intérêt pour toi dans ce cas là ? -Me faire de nouveaux amis. -J'en ai vraiment marre de t'entendre supplier comme une gamine alors je vais te le dire, mais si tu fais plus que simplement discuter, je t'enfonce ce flingue dans la bouche. -Je retiens. -Elle bosse au Vault, accessoirement le club m'appartient, je leur dirais de te garder à l'œil, ne tente rien de stupide. Elle, c'est Diamond. -Ok, Diamond au Vault. Mais t'as ton propre club ? -Longue histoire. Maintenant changeons de sujet. Ton couple, ça se passe comment ? Le fait que tu bute des gens pour de l'argent est gardé secret ? -Non, y'a pas de secrets entre nous, même le fais que je vais voir ailleurs, on sait tout tu vois ? -Putain t'as de la chance, moi en huit ans de mariage, j'ai pas réussi à instaurer la moindre confiance. -Ça c'est parce que t'es resté un gamin. Avec les potes ça va, mais en couple à partir du moment où ça devient chiant, faut pas essayer de rendre ça fun, faut devenir sérieux. -Du coup c'est encore plus chiant. -C'est le prix à payer pour avoir quelqu'un qui s'occupe de la maison, qui te fait à bouffer et que tu peux baiser quasiment quand tu veux. -Belle vision du couple dis donc... Elle me sourit et passa sa main dans ses cheveux, comme pour se recoiffer, ce qui rendit sa coiffure encore plus bordélique qu'auparavant.
-En vrai chez nous c'est pas comme ça, simplement, y'as des moments où tu dois arrêter d'être la personne qui la faisais rire tout les temps et qui couchais avec elle dans les toilettes publiques alors que y avais quelqu'un qui attendait de l'autre côté. Tu vois ? Parce que tu ne peux pas bâtir ta vie sur la joie inconséquente, il faut un peu de maturité des fois. -Maturité... Le mot préféré de mon ex pour parler des mes défauts... -Elle a sans doute pas tort. Alors si ça marche avec Diamond, essaie de faire gaffe, ait l'air moins con que tu ne l'es vraiment. Parce qu'une meuf, ça aimes les cons que pendant les périodes de dragues, ensuite ça devient insupportable. -Si on m'avait dit que Lucy Sharp me donnerait de conseil pour mon couple... -Si on m'avait dit que Michael Da Silva serait encore en vie à trente ans. -C'est vrai que moi non plus je n'y croyais pas trop.
On arriva finalement devant le cabinet de Josh Salesman. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, son bâtiment faisait très sérieux. C'était une grande tour de bureaux constituée de baies vitrée partagé entre différentes entreprises. La hall était très spacieux, une dizaine de personnes discutaient, un café Starbucks à la main. Vêtus comme des hommes d'affaires, ils furent évidement choqués en apercevant la tenue de Lucy et la regardèrent avec une certaine gêne. -Je vais pas vous manger les gars ! Retournez à vos discussions et je vous promets que je ne vous ferait pas de mal. Elle leur lança un sourire plein de haine et monta dans un des quatre ascenseurs qui attendaient. L'endroit était presque luxueux, ce n'était pas un étalage de richesse mais ça restait tout de même très agréable à regarder. Lucy appuya sur le 32 et l'ascenseur commença son ascension en direction du bureau de Josh. Lorsque les portes s'ouvrirent, on déboucha sur une salle d'attente remplie d'homme et de femmes plus ou moins bien habillés qui attendaient sous le regard d'une secrétaire plutôt jeune portant une paire de lunettes. J'allais pour m'asseoir à côté des gens qui attendaient mais Lucy avança sans s'interrompre jusqu'à la porte au bout de la pièce et l'ouvrit sans y réfléchir à deux fois. Je pénétrais à sa suite dans le bureau de l'avocat. La pièce était circulaire, plutôt grande, la totalité des murs étaient recouverts par des bibliothèques remplies de livres sur le droit et l'économie. Discutant avec un de ses clients, je reconnu Josh Salesman, il faisait les cent pas dans la pièce et s'arrêta immédiatement en nous voyant entrer. Il était plutôt gros et portait un costume gris, son visage semblait ravagé par le temps alors qu'il ne devait pas avoir plus de la cinquantaine. Son nez était très
asymétriques, sa peau était recouvertes d'irrégularités en tout genre tandis que ses yeux verts claires semblaient être sur le point de se fermer à jamais. -Lucy, je suis en plein rendez-vous ! -Je sais. C'était juste pour dire que je suis là et que je réserve la place suivante. -Tu pourrais le dire à ma secrétaire. -Elle n'accepte jamais de faire ça. -Et elle à raison, bon... Attendez derrière la porte, j'arrive. Le secrétaire nous observa méchamment lorsque nous primes tout les deux places sur les fauteuils de la salle d'attente. -T'es sûr que c'est un bon ? Parce qu'on dirais plutôt un alcoolique à la retraite. -Il est sans doute alcoolique, mais c'est c'est le meilleur de la ville. Regarde cette salle d'attente : elle est plus grande que la moitié des cabinets de la ville alors que le gars bosse tout seul. Pour se faire autant de thune, c'est qu'il est bon. -J'te fais confiance... Le silence de la pièce reprit ses droits et on resta quelques minutes dans un calme total jusqu'à ce que Lucy décide de briser le silence à nouveau. -Donc t'as une fille. -Ouaip. -Tu me la présenteras ? -Sûrement pas, je suis pas prêt à prendre le risque que tu la convertisse en punk. -T'as vraiment un problème avec moi. -Tu m'as donné mille raisons d'avoir un problème avec toi. -C'était il y a dix ans. -C'était la dernière fois qu'on s'est vu, donc c'est l'image que j'ai gardé de toi. T'auras qu'à me faire venir chez toi un jour, j'inspecterais ta maison, j'interrogerais "l'amour de ta vie" et on verra si je te trouve digne de confiance. -Ok, demain ça te va ? -T'es sérieuse ? -Toujours. -Ok, bah alors demain... Peut être. -Parfait. La porte du bureau de Josh s'ouvrit et ce dernier sortit à la suite de son client pour nous faire signe d'entrer malgré les protestations des clients alentour. L'avocat ferma immédiatement la porte et nous installa sur deux fauteuil avant de prendre place sur le sien. -Bon. Qu'est-ce que vous voulez ?
-D'abord, James Faustin m'envoie pour que vous soyez mon avocat. -Vous êtes ...? -Michael Da Silva. -Très heureux de vous rencontrer enfin. Voilà ma carte, appelez moi si vous avez des problèmes, je viendrais le plus vite possible. Autre chose ? -Oui, j'ai besoin de conseils. -À propos de quoi ? -J'aimerais monter une affaire, simplement je ne sais pas trop dans quel milieu. -Dans quel milieu, vous entendez drogue, prostitutions, ce genre de chose ? -Non, j'entends station de lavage, restaurant, supérette, vous voyez ? -Oui. C'est une mauvaise idée. -Pourquoi ? -Parce qu'un homme seul et malhonnête qui monte une chaîne, les grands pontes vont s'en apercevoir au bout d'un mois et ils vont rapidement vous tomber dessus pour récupérer la magot. -C'est pour ça, il me faut quelque chose de peu voyant. Il réfléchis quelques instants et je crus qu'il allait refuser mais il ne fit rien d'autre que se gratter le menton durant deux minutes. Enfin, il reprit la parole. -Les magasins d'armes à feu. -Pourquoi ? -Un braquage de magasin d'arme, c'est habituel. Vous refourguez le magot aux gangs, pas ceux de L.A., il faut qu'ils soient hors du champ de vision des mafieux. Comme ça, vous détruisez la concurrence, vous vous faites plein d'argent en vendant les armes et vous n'êtes pas suspect puisque les vols dans les magasins d'armes, ça arrive fréquemment ici. -Euh... Ouaip.... Pas bête. -Ok, AU SUIVANT ! ... Ça fera 250$. -Vous êtes sérieux ? Ce rendez-vous à duré 3 minutes ! -Ah, 300$ dans ce cas. -C'est pas possible ! -Écoutez, je suis désolé, mais ce n'est pas cher du tout. Normalement je prends plus longtemps pour trouver des solutions, sauf que là je suis pressé. Vous devriez être heureux de payer si peu. -Mais moi je n'ai pas cet argent ! -Alors comment comptez vous acheter un magasin d'armes ? -Je vais bientôt être payé. -Revenez quand vous serez payé alors. AU SUIVANT PUTAIN ! Je facture 100$ la minute, retenez ça. Au revoir. Sans même se lever, il nous fit signe de quitter son bureau avec un profond mépris dans les yeux. En descendant dans l'ascenseur, je me demandais ce que
je devais penser de ce tarif. 300$ pour trois minutes, c'était énorme, mais au vue de la rapidité de ses conseils, je pouvais difficilement lui en vouloir. -Alors, il te plait ? -Il est toujours comme ça ? -Tu veux dire super speedé ? Oui. -Je pense que c'est une bonne chose, vu comment il facture son temps. -Sans doute. Bon, t'as encore besoin de moi ou je rentre au bureau ? -On va voir Nick, faut planifier le projet. -Je fais partie du plan ? -Bah ouaip. Tout seul c'est chaud. -Par contre, ne compte pas sur moi pour être ton portefeuille. -T'en fais pas, je sais comment avoir de l'argent. -Ok, j'te crois. On quittais petit à petit le centre-ville, les immeubles laissèrent place aux tristes bâtisses en ruines. Quand on arrivât à sa supérette, Nick jouait à un jeu sur son téléphone mais il leva immédiatement les yeux lorsqu'il nous vit arriver. -Lucy ! Content de te voir. -Pas moi. -Toujours aussi aimable. -Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Ils se sourirent tout les deux et Nick nous invita à monter par l'escalier jusque chez lui tandis qu'il verrouillais les portes de son magasin. On s'installa en cercle dans son salon et on pût commencer à parler affaire dans l'atmosphère nauséabonde de sa maison. -Les magasins d'armes, c'est ça qu'on va faire. -Plus de supérette ? -Non. Moi et Lucy (peut être Viktor aussi quand il se remettra), on braque les magasins d'armes du quartier. Faut pas partir chez les riches, c'est plus suspect un braquage par là-bas. On t'envoie quelque part en Californie avec les armes pour que tu les vende au meilleur prix. L'argent gagné nous permet d'acheter un vieux bâtiment en ruine et de le rénover. On organise un deuxième coup et tu vas vendre les armes dans un autre coins, histoire de brouiller les pistes. Avec cette deuxième rentrée d'argent, on remplit notre nouvelle vitrine. Après, il suffit de mettre à mal un à un la totalité des magasins du quartier. On n'achète pas d'autres établissements, histoire de pas attirer l'attention. Quand on aura le monopole, là on pourra se mettre à s'agrandir. Ça te va ?
-C'est complètement con, j'adore. Nick nous versa à chacun un verre de vin et on trinqua en l'honneur de cette nouvelle entreprise, aussi folle soit-elle. Le bruit des verres résonna dans la maison comme celui d'une cloche annonçant une nouvelle ère.
Chapitre 29 : Chiens et chats Lorsque la limousine de Faustin vint à ma rencontre, j'étais prêt. Je portais un costume, tout comme il me l'avait demandé, mon arme enfoncée dans mon pantalon. Dans l'ambiance presque nocturne du quartier, le véhicule du mafieux eut tôt fait d'attirer les regards, comme lors de se première apparition, mais cette fois-ci, son propriétaire se trouvait à l'intérieur. Il me fit signe d'entrer et la porte se referma automatiquement après mon passage. James portait un costume simple d'un bleu très profond, les traces de gel sur son cuir chevelu laissaient entendre qu'il avait essayé de coiffer sa tignasse grise sans succès. Avant d'ouvrir la bouche, il me tendit un verre de champagne que j'acceptais volontiers et il s'en servit lui même un fond. Malgré son attitude apparement calme, je sentais que quelque chose l'angoissait, il ne m'avait pas dit ce que nous nous apprêtions à faire et ce fait me provoquait une certaine anxiété. -Michael, je peux te faire confiance ? -Euh... Oui. -Tu jure d'obéir à mes ordres sans poser de questions, de tuer sans remord, de risquer ta vie pour sauver la mienne, et tout ça sans que je n'ai jamais à t'expliquer mes raisons ? -Bah euh... -Je suis sérieux Michael, ne prends pas cette question à la légère. -Eh bien, oui, je jure. -Tu es donc prêt à m'assister des que je le demanderais, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, même si tu ne cautionne absolument pas mes actes ? -Seulement si vous ne vous attaquez pas à des gens que j'apprécie. -Apprécie-tu Saliego ? -Pas vraiment non. -Parfait. Il me sourit, laissant apparaître des dents plus blanches les unes que les autres, comme directement sorties d'une publicité, puis avala quelques gorgées de champagne sans le moindre bruit. S'il n'y avait pas eu le moteur du véhicule, le silence aurait pris le contrôle de cet endroit pendant ces quelques instants. -Je m'apprête à négocier avec un chef de gang dans le dos de notre ami commun. En réalité, je n'aime pas Saliego, il ne veut pas étendre son business, pour lui se limiter aux bars est une bonne chose. Je ne suis pas de son avis, la drogue, le trafique d'arme et ce genre de choses, ça peut nous rapporter gros. Comme il n'aime pas ça, je dois agir dans son dos et
j'en ai marre. Quand le braquage du casino aura eu lieu, je m'arrangerai pour prendre sa place et donner à cette organisation le prestige qu'elle mérite réellement. La première étape étant l'alliance avec les gangs, j'ai déjà fait commerce avec eux mais je ne leur ait jamais demandé leur soutient, aujourd'hui est une première. Toi, tu resteras derrière et tu agira si ça devait tourner mal. -Je serais votre seul garde du corps ? -C'est plus symbolique qu'autre chose, personne n'est assez bête pour faire du mal à l'un des trois chefs de la ville. -Très bien. J'aurais apprécié lui demander pourquoi il prenait ce risque mais je venais de jurer que je ne poserais plus de questions, je restais donc muet, laissant une légère anxiété monter en moi pendant toute la durée du trajet qui, il faut le dire, ne fut pas si long que ça. La limousine nous déposa finalement devant un ancien bar en ruine, à travers les vitres cassés, on pouvait apercevoir un groupe de gens assis sur un canapé en train de discuter. Les murs de briques du bâtiment laissaient à penser qu'il datait d'une époque très lointaine, comme si il avait transporté depuis le New York des années 1700 à ici. Faustin avança avec détermination vers le trou dans le mur qui servait de porte et je lui emboîtait le pas. Les murs s'étant tous écroulés, il ne restait plus qu'une immense pièce meublée exclusivement par deux vieux canapés, dont l'un d'entre eux occupé par trois mexicains. Sur les trois, il y en avait deux qui ne me disaient absolument rien, ils ressemblaient à tout les membre de gang qu'on pouvait voir en se baladant dans le quartier, avec leurs vêtements amples et leurs casquettes. L'homme qui attira mon attention était celui du milieu, mon cœur failli s'arrêter lorsque je le reconnus : Antonio Luìs. Il arborait une chemise noire et un jean de la même couleur, ce qui devait être la tenue la plus classe de sa garde robe. Lorsqu'il me vit, il ne manqua pas de me saluer, sous le regard incompréhensif de James qui pensa immédiatement qu'il était en train de se faire avoir. -Qu'est-ce que ça signifie, Luìs ? -Votre garde du corps est mon livreur, c'est tout... Rien de vraiment incroyable. Faustin renifla violemment et s'approcha de moi, comme si il voulait m'engueuler mais se retint au dernier moment, comprenant sans doute qu'un tel comportement ferais fuir toute peur dans le cœur des autres membres de cette pièce. Alors que Luìs se mît à parler, je me mît à essayer de déchiffrer son expression pour comprendre avec quelle personnalité nous faisions affaire, mais je fut
obligé d'admettre que nous étions en présence du Stratège, sans doute la pire possibilité lorsqu'il s'agit de négocier. -Bon, Faustin, vous m'amenez ici, sans m'expliquer quoique ce soit, alors maintenant j'aimerais qu'on clarifie les choses. -J'ai besoin de vous. -Ce n'est pas nouveau, j'écoule les trois quarts de la marchandise que vous amenez en ville. -Je sais, et c'est très bien. Simplement, il est possible que d'autres personnes essaient de me faire concurrence d'ici quelques semaines, je vous demande de refuser leurs offres. -Pourquoi ? -Parce que je vous fourni depuis des années et que ma fidélité vous est acquise. -Oui, mais pourquoi refuser une meilleure offre ? -Parce qu'avec moi, vous êtes sûr de recevoir de la qualité. -Et si l'autre aussi nous propose de la qualité... D'ailleurs, qui serait cet autre ? Faustin passa rapidement sa main dans ses cheveux, défaisant encore plus sa coiffure déjà relativement aléatoire, puis toussa un bon coup, histoire de s'éclaircir la gorge. -Marco Saliego. Une guerre va bientôt éclater entre nous, si je ne fais que le tuer, ses hommes m'achèveront. Mon objectif est de le ruiner et il est possible qu'il souhaite investir dans la drogue en dernier recours. -Donc en gros, vous dites que d'ici quelques semaines, une guerre commencera pour déterminer qui fournira la ville en drogue ? Je vis l'œil de Luìs briller l'espace d'un instant et ça n'échappa pas non plus à Faustin qui se racla la gorge une nouvelle fois, conscient d'avoir dit une connerie. -Oui, mais le principal m'appartiendra toujours, simplement il est possible que Saliego tente d'ouvrir une nouvelle filière. -Et il vendrais moins cher que vous dans le but de ruiner votre business. Sauf qu'il sait très bien que pour que ses affaires marchent mieux que les vôtres, il lui faut vendre de la qualité. Donc ses produits seront au moins aussi bons que les vôtres mais en plus, ils seront moins chers. -Peut être, mais seulement tant que la guerre sera en cours, ensuite il arrêtera de vendre. -Pourquoi ? -Il n'aime pas les activités foncièrement illégales. Pour lui un acte criminel doit forcément servir à améliorer quelque chose d'autorisé, comme ses bars par exemple.
-Je vois. Donc si il gagne, l'approvisionnement de la ville en drogue serait laissé vacant ? -C'est possible. -Eh bien parfait, je ne vois pas pourquoi on continu à parler ! Faustin était tombé sur plus fort que lui et il le savait, mais il ne se laissa pas abattre pour autant. Il reprit cet air décidé qu'il avait perdu dès qu'il avait appris que je travaillais pour Luìs et se mît à parler avec détermination. -Si vous refusez de coopérer, je ne fournis plus votre gang, monsieur Luìs. -Vous n'oseriez pas, on représente les trois... -...quarts de vos bénéfices, je sais. Mais je peux vendre ailleurs qu'à L.A. Mieux encore, je peux vendre ici sans les intermédiaires, je me demande pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt. -Parce qu'on vous tuerais vos hommes si vous vendiez sans notre accord. -Dans ce cas je serais forcé d'utiliser l’une des mes nombreuses preuves pour vous envoyer en prison, vous et la plupart de vos hommes. -Faites ça, et votre maison brûlera. -Et je m'en rachèterais une autre, par contre les hommes qui auront mis le feu croupiront en prison. -Dans ce cas nous vous tuerions. -Je pourrais payer quelqu'un pour qu'à ma mort, on fasse sauter la prison dans laquelle vous et vos gars seraient enfermés. Histoire de vous empêcher de profiter de votre victoire. Je crus que Luìs allait sortit une arme de sous le canapé et la pointer sur Faustin mais à la place, il éclata simplement de rire, un rire franc, trop franc, qui faisait presque froid dans le dos. -Vous êtes dur en affaire monsieur Faustin, vous méritez votre place au sommet. Réduisez de 5% le prix de votre marchandise et je marche pour vous. James semblât hésiter quelques instant mais il finit par acquiescer, provoquant un sourire général dans toute la pièce. -Parfait, marché conclu monsieur Faustin ! -Il y a encore une chose, je ne veux pas que votre fidélité commerciale, il faudrait aussi que vous agissiez pour moi. -Agir... Dans quel sens ? -Brûlez ses bars. -Qu'est-ce qu'on y gagne ? -Dès que je serais au sommet, la prochaine livraison ne vous coûtera pas le moindre sous. -Les deux prochaines.
-Comme vous voudrez. Les deux hommes acquiescèrent en souriant et se serrèrent la main, j'eu peur que Luìs ne sorte une arme au dernier moment pour nous annoncer qu'il refusait finalement, mais rien de tout cela n'eut lieu. On pût quitter la bâtiment sans encombres, le cœur léger. Je pensais avoir fini ma soirée lorsque j'aperçu Ellijah, adossé à la maison d'en face. Quand il nous vit arriver, il vint vers nous et cracha aux pieds de Faustin, chose que je ne m'attendais pas à voir de la part d'un homme comme lui. -Faites attention James, je vous surveille. -Je vois ça. -Ne croyez pas que vos petits complot passent inaperçu, Marco vous fait peut être confiance, mais pas moi. -J'en suis désolé. -Soyez désolé autant que vous le voulez, mais votre manège ne durera pas éternellement. Un matin vous vous réveillerez dans l'océan, les pieds attachés à un boulet. -Ce serais regrettable. Mais vous savez qu'il est tard Elli ? Saliego doit attendre sa pipe quotidienne... Je sentais la rage monter dans les yeux de l'avocat tandis que l'assurance gagnée par James lors des récentes négociations lui donnaient le courage de parler avec calme et netteté. -Ne vous prenez pas pour le roi James, vous n'êtes qu'un bouffon. -Le bouffon est plus riche que le roi. -Cela fait-il de lui un roi pour autant ? Non. Alors faites attention à partir de maintenant, parce que la loyauté est quelque chose que Saliego apprécie au moins autant qu'il déteste la trahison. -Je prends note, mais je ne me sens pas vraiment concerné. Faustin fit un petit sourire innocent à Ellijah puis monta dans la limousine qui venait juste d'arriver. Alors que je m'apprêtais à suivre mon patron, Ellijah me tira par le bras et me prit à part. -Je ne sais pas pour qui vous êtes réellement, mais je vous conseille de choisir le bon camp, parce que votre famille n'est pas encore hors de danger. Il est même possible que la mort de Saliego soit la clé qui active la gâchette. Je lui répondis en souriant, faisant mine de ne pas avoir d'intérêt pour ce qu'il venait de me dire, avant de monter immédiatement dans le véhicule aux côtés de James. Ce dernier, voyant mon air affligé, me demanda ce qui n'allait pas. -Ils utilisent ma famille comme moyen de pression.
-Ah le salaud ! Je pourrait te proposer de les faire disparaître mais je suis sûr que tu refuserais... Je ne sais pas quoi faire pour toi Mike, tu dois comprendre que je ne peux pas m'arrêter juste parce qu'on menace la famille d'un de mes employés. -Je sais... Je sais... JUSTE parce qu'on menace la famille d'UN de mes employés... Faustin avait perdu mon respect, tout comme Saliego avant lui. Pour répondre à la question d'Ellijah, je ne suis pour personne, en fait, j'espère que les deux perdront parce que peu importe le vainqueur, il sera décevant.
Chapitre 30 : Dernier jour de paix Je n'ai pas eu le moindre appel cette journée là, j'en ignore la raison mais Faustin n'a pas requis ma présence. Je me demandais si ça avait un quelconque rapport avec les événements de la veille ou si tout ça n'était qu'une coïncidence. Suite à cet absence de motivation valable, je restais dans mon lit jusqu'à treize heure, les yeux fermés. Je pensais à Saliego et à Faustin, je me voyait impuissant, les observant s'entretuer sans pouvoir agir de quelque façon que ce soit. Rejoindre Saliego signifierait rejoindre un homme que je homme que je détestais et qui était prêt à menacer les membres de ma famille pour me faire revenir auprès de lui, un homme qui m'avait laissé tomber il y a dix ans sans en éprouver le moindre remord. Rester avec Faustin, c'était sacrifier ma famille sur l'autel de son ambition, ne plus exister pour ne devenir qu'un pantin à la solde d'un monstre. Saliego était lâche, Faustin était avide, aucun des deux ne rachetait l'autre. Il ne restait plus que moi, le projet que nous avions fondé hier était mon dernier point de rattachement, mon dernier espoir de m'en sortir. Je pouvais égaler ces deux géants, les destituer un à un, leur laisser la vie et en échange, ils épargneraient ma famille, mais cette entreprise était vouée à l'échec. L'espoir n'est jamais bon, car il débouche le plus souvent sur la déception. Au milieu de tout ces conflits insolubles, il y avait Leslie. Elle arrivait comme un message de paix, une porte de sortie. Plusieurs fois durant la matinée, j'eus envie de récupérer mon téléphone, de l'appeler, de lui dire qu'elle comptait pour moi, qu'elle était bien plus qu'une simple "bouée". Mais étais-ce la vérité ? Étais-je en train de me mentir à moi-même en pensant cela ? Si je revenais vers elle, ce serait un acte purement égoïste, je la ferais souffrir pour calmer mes douleurs, je deviendrais un poids pour elle. Pourtant je voulais la voir, j'avais besoin d'être en face de quelqu'un comme elle, quelqu'un qui n'avait pas de sang sur le mains. Sa voix était comme une berceuse, l'entendre détendait mon esprit. J'aurais pût l'appeler maintes fois, simplement pour l'écouter parler, même si elle m'avait crié dessus, j'aurais apprécié, mais lorsque je prit mon téléphone, à cet instant précis, je reçus un message de Lucy. Il me suffit de quelques secondes pour le lire et pourtant, je n'avais déjà plus le courage d'appeler Leslie. J'observais le téléphone avec une certaine crainte, comme si un simple appel pouvait gâcher ma vie, tout ça me rappelais les jours qui avaient suivi ma rencontre avec Sarah. Non. Je ne pouvais pas la comparer à Sarah... Nos sentiments étaient tellement différents, elle ne comptait pas autant... En tout cas c'était ce que j'espérais. Je
ne voulais plus m'attacher à ce point, je ne voulais plus détruire la vie des autres, je ne voulais plus souffrir à cause d'une rupture. De toutes façons, contrairement à Sarah, Leslie ne voulait pas de moi, je n'avais pas la moindre chance. En devenant quelqu'un de meilleur, j'étais devenu quelqu'un de faible et personne ne veut de quelqu'un de faible. De plus, cette fille était trop intelligente pour accepter de vivre avec une épave telle que moi, non pas que Sarah soit stupide, simplement... J'avais l'intime conviction que Leslie comprenait le monde mieux que personne, elle savait voir le cœur des gens, elle avait vécu plus de choses que la plupart d'entre nous. C'était ce que j'admirais chez elle, sa façon d'être joyeuse à chaque instant alors qu'une souffrance extrême semblait la brûler de l'intérieur, elle portait continuellement un masque qu'elle appréciait revêtir. Elle mentait à longueur de journée, elle essayait d'être heureuse, elle voulait y croire. Elle voulait y croire... Elle était comme moi en quelque sorte, elle avait connu la vie ici, elle l'avait compris, elle avait vue la face cachée du rêve, c'était ça qui me reliait à elle. Avec elle, je ne parlais pas dans le vide, chacun de mes mots était compris comme je voulais qu'il soit compris. Nous étions si différents, un homme et une femme, un tueur et stripteaseuse, un trentenaire et une adolescente, pourtant au fond, nous étions les mêmes, des grand blessés, cachant plus ou moins bien nos souffrances au reste du monde. Quand treize heure vint à sonner, je me rendit compte de la larve en laquelle j'étais en train de me transformer et je réunis donc le courage nécessaire pour quitter mon lit. Dans mon salon, je commençais par ouvrir un à un les rideaux, laissant entrer la lumière du jour dans cette petite pièce. Je me dirigeais ensuite vers le frigo où j'hésitait longuement entre prendre un petit-déjeuner ou un déjeuner. Je finis par ne rien prendre du tout, ces odeurs de nourriture me donnaient presque envie de vomir, je n'étais pas dans mon état normal. Je n'avais envie de rien faire, m'asseoir sur mon fauteuil en observant la rue à travers ma fenêtre me suffisait, je remerciais intérieurement Lucy pour son SMS, sans elle, je ne pense pas que je serais sorti ce jour là. Elle ne m'avait envoyé qu'une horaire et une adresse mais ça me suffisait, je savais ce que ça voulait dire et j'acceptais son invitation avec joie. Discuter du passé avec des anciens amis me donnait l'impression de retrouver cette vieille époque où le bien et le mal n'avaient pas leur place, où j'étais seul maître de ma vie et où rien n'était fatalité. Je me croyais au dessus de tout et parler de ça avec le recul m'amusait, de plus, j'avais réellement hâte de découvrir quelle personne pouvait être assez folle pour se marier avec une fille comme Lucy. Remarquez, étant donné ma situation, je n'étais pas vraiment en mesure de me
moquer d'elle. On sa valait tout les deux à l'époque, c'était peut être pour ça qu'elle m'énervait autant. Comme Saliego nous l'avait dit le jour de notre rencontre "elle est aussi bornée que toi, vous allez vous détester". Je ne l'aimais pas pour de multiples raisons, d'abord, elle était bien plus intelligente que moi, malgré son côté plutôt bourin, elle analysait beaucoup mieux que moi les situations que moi. Ensuite, elle se faisait un malin plaisir de voler mes conquêtes, souvent avec succès, et cela avec le handicap du fait qu'il s'agissait d'une fille. Elle me montrait qu'elle était meilleure que moi dans n'importe quel domaine, et je détestais ça. Mais le pire, c'était qu'elle détruisait l'une après l'autre toutes les idées que je me faisait de la gente féminine. Sans elle, je n'aurais sûrement jamais réussi à avoir Sarah. Les filles de notre quartier étaient des allumeuses, il n'y avait rien de bien difficile dans la drague là-bas pour peu qu'on ait un peu d'humour, quelques muscles et un visage assez joli. Mais Lucy n'était pas comme ça, elle avait beau être une fille, je l'ai perçu comme un garçon dès la deuxième fois que je l'ai vu, et ça me montrait bien que je pouvais me tromper, or je détestais ça. Mais malgré tout, je pense que c'est avec elle que j'ai préféré travailler, parce que je pouvais avoir confiance en elle, c'était la seule qui ne faisait jamais la moindre connerie sur le terrain et c'était très reposant. Je m'en suis donc voulu des années durant de ne pas être allé la voir avant mon départ, mais si je ne l'ai pas fait, c'est parce que c'est avec elle que je risquais le plus de pleurer en l'annonçant, et à l'époque, c'était une chose inimaginable pour moi de pleurer devant quelqu'un, surtout devant elle. La pensée d'aller m'entraîner au tire ou à quelque chose d'autre me traversa l'esprit de nombreuses fois durant ma léthargie mais je n'eu jamais la motivation nécessaire pour quitter ce fauteuil. Je ne m'ennuyais pas réellement, je passais le temps, et ainsi on arriva rapidement à dix-sept heure sans que je n'ai rien fait de constructif autre que de regarder par cette fenêtre. Je me sentais comme un vieux, encore en pyjama en fin d'après-midi, les yeux rivés sur la ville, n'ayant pas avalé quoique ce soit... J'avais vraiment besoin de quelqu'un à mes côtés, j'avais besoin d'une compagnie. Je pensais d'abord à Leslie, c'était évident, mais je me sentis ensuite immédiatement coupable, car c'était le rôle d'une infirmière auquel je pensais. Me forcer à manger, à agir, elle n'avait pas à subir ça, personne n'avait à subir ça. J'étais devenu un déchet. Je finis par acquérir suffisamment de courage pour me rendre jusqu'à ma salle de bain, ou pris une douche extrêmement longue, ne rien faire sous le flot incessant de l'eau était reposant, chaque ruisseau ressemblait à un grain de
temps, comme si j'étais fait de sabliers, les goutes glissant le long de mon corps symbolisaient les minutes qui s'enfuyaient. Quand je fut propre, j'enfilais un T-Shirt et un jean, une tenue simple me semblait le plus approprié quand il s'agissait d'aller dîner en compagnie de quelque comme Lucy. Je finis ma toilette en coiffant légèrement mes cheveux, me rendant compte par la même occasion qu'il était temps d'aller chez le coiffeur, puis je rasais ma barbe. Assez fier de ma nouvelle apparence, je repris place sur mon fauteuil fétiche et j'attendis l'heure de partir. Alors que le moment approchait, je pris mon courage à deux mains et je composais le numéro de Leslie. Le téléphone sonnait ... Une sonnerie ... Deux sonneries ... J'avais envie de raccrocher, c'était une mauvais idée, je le savais ... Trois sonneries ... Mais si je raccrochais, elle verrait quand même que j'ai appelé ... -Allô ? -Leslie ? -Euh ouaip, qu'est-ce qu'il y a ? Sa voix me faisait, l'effet d'une bombe, je ne savais pas quoi répondre, je n'avais pas envie de répondre, je voulais juste l'entendre parler à nouveau... Mais pouvais-je lui dire ça ? -J'en peux plus d'attendre. -Désolé... J'ai pas encore pris ma décision. -Est-ce que tu y réfléchis au moins ? Est-ce que tout ça est vrai ou est-ce que tu ne fait pas ça uniquement pour me laisser espérer alors que tu sais très bien qu'il ne se passera rien ? J'avais un peu crié, un peu trop. Je l'entendais respirer à l'autre bout du fil, elle hésitait, je l'avais chamboulée, c'était sûr, je m'en voulais. Jamais je ne m'étais senti aussi con, je venais de tout détruire, je savais que ce n'était pas une bonne idée. -Je n'ai pas d'explication à te donner, au revoir Michael. -Écoute Leslie, je suis désolé... Elle avait raccroché, ils raccrochent tous, tout le temps. N'étais-je pas un être humain pour eux ? Dès qu'ils m'avaient dit ce qu'ils voulaient, je perdais toute mon importance. Ils ne m'écoutaient pas, personne ne m'écoutait, même pas elle. Un rapide coup d'œil à ma montre me rappela que j'avais rendez d'ici une vingtaine de minutes à l'autre bout de la ville. Je quittais en vitesse ma maison et montais dans la Mustang qui attendait devant mon entrée. Je remerciais les dieux qu'elle n'ait pas été vandalisée dans la nuit et je me fit la
promesse d'acheter un garage dès que je recevrais ma paye. Le moteur se mît à ronronner et je filais dans les rues de la ville. Lucy vivait en centre ville, dans un appartement d'un immeuble plutôt luxueux. Un voiturier en costume cinq pièces m'accueilli à l'entrée en me demandant mes clés. J'eu d'abord le réflexe de les garder jalousement, ne comprenant pas bien de qui il s'agissait, puis il me montra sa casquette de fonction du doigt et je me sentis alors complètement idiot. Je traversais un immense hall vide à l'exception d'une bureau derrière lequel se tenait un homme d'un cinquantaine d'années, sans doute le concierge de l'immeuble. En me voyant arriver, il me sourit et me fit signe de venir le voir. -Vous cherchez ? -Madame Lucy Sharp. -Sharp... Sharp, Sharp, Sharp.... Attendez, vous savez avec l'âge... Vingtdeuxième étage, appartement 3. Bonne soirée. -Merci monsieur. Il me sourit et je lui rendit son sourire. Malgré son hésitation, je trouvais incroyable qu'un homme puisse retenir tout les noms des habitants de ce bâtiment avec les appartement et je lui fis savoir, il me remercia en retour. Je montais donc dans l'un des dix ascenseurs dispersés de chaque côtés de la pièce et j'entamais mon ascension en direction de l'appartement de Lucy. Pour l'instant, j'étais conquis par cet immeuble et je jalousais mon ancienne partenaire du crime d'avoir aussi bien réussi en comparaison avec moi. La cabine s'ouvrit au bout d'une petite minutes d'attente, débouchant sur un couloir aux allures assez modestes. Je suivis ce dernier en regardant les numéros : 8...7...6...5...4...3 voilà ! Je déposais une légère pression sur la sonnette blanche et j'attendis la venue de mon hôte en regardant le bois poli de la porte ainsi que les garnitures sculptées sur le trois : cet immeuble était vraiment de haut standing Je fut accueilli par Lucy, ses cheveux noirs étaient toujours en pagaille mais ça semblait être sa volonté. Elle avait mis quelque trace de maquillage très sobre. Le plus étonnant, c'était qu'elle portait un chemisier blanc avec un jean slim bleu. -Au premier mot sur ma tenue, je t'enfonce la tête dans le mur. -Je suis prêt à prendre le risque. -Si tu veux tout savoir, Jenna pensa que je dois avoir l'air "présentable" quand on reçoit des invités. Elle avait accentué le mot présentable de façon à ce qu'on l'entende dans toute la maison et un petit rire sortit de ce qui devait être son salon. Ensuite, elle me
tira par le bras pour me faire rentrer et referma la porte derrière moi. L'entrée était un petit couloir ouvert sur un salon assez grand, très blanc, plutôt lumineux, où un canapé design côtoyait des œuvres d'arts ainsi qu'une immense télé à écran plat branché sur de multiples consoles en veille. Ouverte sur la salon, la cuisine avait un aspect tout aussi moderne et semblait tout droit sortie d'un film de SF. En arrivant ici, je m'étais attendu à voir une maison sombre en bordel et je ne cachais donc pas mon étonnement devant toute cette luminosité. La femme de Lucy était de dos, sans doute en train de finir de préparer des plats. Elle portait un T-Shirt transparent qui laissait entrevoir un soutien-gorge ainsi qu'un pantalon en toile beige plutôt serré. Tout comme sa partenaire, elle avait les cheveux coupés court, mais contrairement à ceux de Lucy, ils étaient d'un blond profond. -Michael, je te présente Jenna, actuellement en train de se battre avec des petits fours. Jenna, voilà Michael, il est un peu con mais on s'y fait. -Enchantée Michael, tu m'excuseras, je dois finir l'apéro et j'arrive tout de suite. -Enchanté aussi, prenez votre temps. Lucy me fit m'installer sur le canapé qui était bien plus confortable que ce que son apparence laissait entendre, en fait, il avait plutôt l'air d'un objet auquel il ne faudrait pas toucher. Après avoir vérifié que j'étais bien installé, elle partit en cuisine, sans doute pour aider sa compagne, me laissant seul. La fenêtre de la pièce donnait sur l'océan et depuis cette hauteur, la vue était magnifique, si bien que mes deux hôtes revinrent sans que je ne m'en rende compte. Lucy pris place sur le canapé à côté de moi tandis que Jenna s'assieds en face de nous, sur un fauteuil tout aussi blanc que le reste de la pièce. J'en profitais pour découvrir son visage. Elle avait trente ans environ, tout comme moi et Lucy. Son visage ne comportait pas le moindre piercing à l'instar de sa partenaire. Elle était plutôt banale, assez belle mais rien de réellement exceptionnel si ce n'est le bleu profond de ses yeux. -En tout cas c'est magnifique chez vous. -Faut le dire à Jenna, moi j'ai pas vraiment eu mon mot à dire. En l'entendant parler, je me rappelais qu'elle portait un chemisier et j'eu l'espace d'un instant envie d'éclater de rire mais je me retins et ce fait passa inaperçu. Jenna prit la parole tout en commençant à nous servir. -Encore heureux, sinon on vivrait dans une crypte gothique. -Qu'est-ce que t'as contre les cryptes gothiques ?
-Il y fait un peu froid. -Y'a qu'à mettre un radiateur... Enfin bon, c'est vrai que t'as fait un travail de fou. D'ailleurs Michael, faudrait que tu me montre ta maison. -Mauvaise idée. Lucy sourit en entendant ça, comprenant qu'il valait mieux ne pas aborder le sujet, mais sa femme n'eut pas le même réflexe. -Tu vis où ? -Tu vois là où les gens s'entretuent avec des battes de baseball et où la mortalité atteint des pics après vingt-et-une heure ? -Ouch... C'est si horrible que ça ? -C'est encore pire. Mais j'ai une belle voiture alors ça va. Elles sourirent toutes les deux et je pris une gorgée du vin que Jenna venait de servir. Je ne m'y connaissais pas vraiment en œnologie mais cet alcool était réellement délicieux. -Tu fais quoi dans la vie ? -Je gère une boîte de nuit... -... et accessoirement il bute des gens. Je remerciais Lucy pour son intervention et elle me dit qu'il n'y avait pas de quoi en avalant un des petits fours disposés sur la table. -Et toi, Jenna ? -Je suis dans la vente d'arme. C'est beaucoup moins glamour que ce qu'on pourrait penser, oubliez Tony Stark et Lord or War, je négocie juste les prix et les lots qu'on vends aux magasins d'armes. Je jetais un regard à Lucy pour lui demander pourquoi elle ne nous avait pas parlé de ça plus tôt étant donné le lien que ça avait avec notre projet mais elle fit semblant de ne pas le voir. -Du coup... Je suppose que c'est comme ça que vous vous êtes rencontrées ? -Ouaip, c'est ça. Un jour Lucy a trouvé qu'on lui vendait une arme trop cher et le vendeur lui a dit "si vous n'êtes pas contente, allez voir celui qui fixe les prix, moi j'y suis pour rien". Elle l'a pris au sérieux et le lendemain, je l'ai trouvé en train d'attendre devant mon bureau. Elle était sans doute prête à me torturer mais allez savoir pourquoi, quand elle m'a vu, elle a préféré m'inviter au resto. -Et donc ça fait combien de temps ? -On s'est rencontrées y'a 4 ans. -Pas mal. -Mais donc... Vous avez travaillé ensemble y'a 10 ans c'est ça ?
-Ouaip. -Y'a pas des petits trucs marrants que je pourrais savoir sur elle ? -Je vous arrêtes tout de suite.... On ne parle pas de moi tant que je suis là ! -Bah alors va t'occuper de ton bœuf, il va cramer sinon. -Ah oui, merde ! Elle se leva du canapé en catastrophe et fila vers la cuisine où elle enfila une paire de gants dans l'optique de sortir sa viande du four. -Donc, des histoires croustillantes à me raconter ? -J'en sais rien... Lucy était vraiment pas du genre à faire des conneries si ce n'était pas intentionnel, j'ai d'ailleurs jamais compris comment elle faisait.... Ah quoique, j'ai un truc pas très joli. -Vas-y. -Elle vous a parlé de Nick ? Eh bien un jour on voulait aller en boîte tout les trois, et le fait est qu'on l'a refusé à cause de... -...son style vestimentaire ? -Complètement ça. Du coup, elle a foutu une balle dans la gueule du videur. On s'était déjà un peu torché avant et je pense que c'est pour ça, mais le fait est qu'elle ne s'est pas arrêtée là. Elle est rentrée dans le bar et à foutu son arme sur le gérant pour qu'il supprime la ligne du règlement où il y avait écrit "tenue correcte exigée" -Et il l'a fait ? -Évidement, qui pourrait résister à Lucy quand elle vous pointe un flingue dessus ? Jenna éclata de rire et Lucy choisi ce moment là pour arriver. Elle nous fit signe de venir à la cuisine où elle avait mis la table, l'odeur de bœuf se répandant déjà dans toute la maison. -C'est vrai que t'as menacé un patron de bar ? -C'était un boîte, d'abord, et ensuite, Michael je vais te tuer. -Si on peut plus rigoler... Elle me fit un sourire mesquin qui disparut tout de suite de son visage puis elle jeta dans mon assiette l'entame du bœuf, comme pour se venger. -T'es pas sérieuse ? -Quoi ? Monsieur fait la fine bouche ? -Si ça te dérange pas, on peut échanger... -Non. Tu es chez moi, tu manges ce que je te donne. -Va mourrir. Je prit un morceau de bœuf dans la plat et je le mis dans mon assiette avant de
donner l'entame à Lucy. Elle me regarda méchamment puis me sourit légèrement, tandis que Jenna semblait sur le point de mourrir de rire devant nos gamineries. -À ce que je vois, tout les amis de Lucy sont comme elle. -Ne m'insulte pas chérie. -À ta place je serais honoré d'être ne serait-ce que l'ombre du grand, du merveilleux, que dis-je du prodigieux Michael Da Silva. -Le prodigieux Michael il est pas foutu de me payer un restaurant alors bon... -Crise temporaire. J'aurais bientôt de quoi te rembourser. -Oh mais je ne veux pas de ton argent. T'en as plus besoin que moi. -Merci beaucoup. -Ça me fait plaisir. Maintenant mange ce putain de filet de bœuf ! Je lui sourit et j'avalais un morceau de son bœuf, il était délicieux mais c'était inconcevable de lui dire alors je me contentais d'un "pas mauvais". -Ça veut dire qu'il est délicieux, on me la fait pas à moi... D'ailleurs en parlant de bœuf, j'ai vu ta conquête hier. -En parlant de bœuf... Mais paye ta transition. -Ouaip bon, donc pour la meuf, t'as aucune chance. D'abord si tu te baladais avec elle dans la rue, les gens te prendraient pour son père. Ensuite elle est trop belle pour que tu la mérite et elle est trop intelligente pour ne pas l'avoir compris. Du coup, vu que t'avais pas le moindre espoir, je ne me suis pas senti trop coupable quand je l'ai baisé. -T'es sérieuse ?!? -Absolument pas. Par contre t'as douté, donc tu ne lui fais pas confiance et la confiance c'est la clé donc t'es mort. Ça fera 300$. Je tournais les yeux vers Jenna qui me regarda avec l'air de dire "elle est tout le temps comme ça..." -Merci pour tes conseils mais je vais me débrouiller seul. -Vous pouvez me mettre dans le bain tout les deux ? -Michael veut baiser une meuf de 16 ans qui cite Freud au bon moment (ce qui, disons le, est impossible) et qui a un putain de cul. Jenna me fixa avec intérêt, comme pour demander si je confirmais les propos de sa compagne, et j'acquiesçais donc lentement. -En tout cas elle danse bien... -Ah ! T'as pris ses services ? -Bah oui, j'allais pas laisser passer l'occasion, si ça se trouve après que je t'ai dit ça tu vas piquer une crise et tu vas la tuer. Je préfère en profiter avant tu vois ?
-Mais elle le fait aussi pour les femmes ce genre de truc ? -Faut croire, mais c'était de la putain de qualité. J'ai galeré à résister, un peu plus et je mouillais hein ! J'aurais cru que ce genre de remarque aurait pût blesser Jenna ou au moins la faire réagir mais il n'y eut rien, leur couple était soit très libre, soit sans aucun tabou du moment qu'il ne s'agissait que de parole. Je les enviais toute les deux. -Tout ça pour dire qu'elle est trop bien pour toi. Trouve toi autre chose, genre une vieille, 50 ans, un peu miro, c'est parfait. -Euh... Sans façon. Refusant d'être mise à l'écart plus longtemps, Jenna reprit la parole. -Je peux avoir l'histoire de la part de l'intéressé maintenant ? -Euh ouaip... Bon du coup y'a une fille, je l'ai rencontré dans un club de striptease. J'ai cru que ça allait bien sauf qu'un soir, elle m'a dit qu'elle devait arrêter de me voir pour réfléchir à notre relation. -Je veux pas être méchante, mais quand une femme normale dit qu'elle veut réfléchir à une relation... -... ça veut dire qu'elle veut la stopper, je sais. Le truc c'est que ce n'est pas une femme normale. Et puis y'avais rien à stopper, il ne s'était rien passé encore. Le truc c'est que j'ai l'impression de faire une erreur en attendant comme ça. -Si elle t'as dit qu'elle veut arrêter de te voir pour réfléchir, je pense qu'il vaut mieux accepter ses volontés et ne pas la déranger... Le truc c'est qu'il y a toujours des filles qui disent ça pour voir si on tient à elle. C'est compliqué les femmes quand même, j'ai de la chance d'être tombée sur Lucy, on fait pas plus simple comme model. -Putain, si même les femmes trouvent que les autres femmes sont compliquées, on est pas dans la merde. -En même temps c'est ça qu'est amusant dans la drague, faut qu'il y est un peu de difficulté. Mais pour ta strip-teaseuse, ce que je ferais, c'est lui envoyer un texto pour lui demander où elle en est. -Je peux le faire ici ? On va faire une séance de coaching relationnel. -Comme tu veux, ça peut être amusant. Ça me rappelle le Lycée, quand on était à quatre derrière de le téléphone d'une copine qui attendait les messages de son mec. Sous le regard des deux femmes de la table, je sortis mon téléphone portable et le posait devant moi. Je sélectionnais ensuite Leslie dans mes contacts et je lui envoyais le message conseillé par Jenna. Moi : T'en es où de ta réflection ?
Leslie : J'en sais rien... Leslie : Je réfléchis... -Elle me dis qu'elle en sait rien et qu'elle réfléchis. -C'est pas bon ça... En gros elle te dit que "non" mais elle veut pas briser tes rêves. -T'es sûre ? -Ou alors elle réfléchis vraiment. -Et dans ce cas je dis quoi ? -Tu demande de quel côté penche la balance. Moi : Et de quel côté penche la balance ? Leslie : Je voudrais pas te donner trop d'espoir mais c'est du tiens... Moi : Ah ? Leslie : Le truc c'est que je suis pas sûre de vouloir m'engager. -Elle veut pas s'engager. -C'est mort. -Non, elle dit aussi que la balance penche en ma faveur. Je pense qu'il faut que je lui dise un truc pour la mettre en confiance. -Demande lui pourquoi elle veut pas s'engager. -Ça fait pas un peu stalker ? -Nan, c'est bon. Moi : Pourquoi tu voudrais pas t'engager ? Moi : Si c'est pas indiscret. Leslie : J'ai peur que ça tourne mal, la dernière fois que je me suis engagée, c'est parti en couilles. Du coup, je pense qu'il faut que j'y réfléchisse à deux fois. T'es un mec bien Michael, juste je suis sûrement pas prête à avoir une relation. Je me sens pas assez mature pour subir toutes les conséquences que ça entraînerait autant sur moi que sur toi. Moi : Toi, pas assez mature ??? Leslie : Mature est peut être pas le mot. C'est surtout que tu bute des gens de sang froid pour ton travail, et tu bosse pour Faustin tout comme moi. J'ai peur que ça crée des conflits. Moi : C'est Faustin le problème ? -Alors, elle dit quoi ? -Attendez ! -T'as pas cool. On t'aide au début et tu nous largue ensuite. -Bon si vous voulez : elle pense que c'est pas une bonne idée vu qu'on bosse tout les deux pour Faustin. Leslie : Pas que mais oui, en grande partie.
Moi : Pourquoi ? Leslie : Je peux pas en parler. Leslie : Surtout pas à toi. Moi : Pourquoi ? Leslie : J'ai peur que tu fasse une connerie. Moi : Je te jure que non. Leslie : Je peux pas te croire. Je dois aller bosser, je te tiens au courant. Leslie : Bisous. -Elle m'a mît "bisous".... Je réponds quoi ? -"Je t'aime " Nan je déconne, ça fait fragile. Mais qui écrit encore bisous à la fin de ses conversation SMS ? Réponds "gros baisers baveux", histoire d'augmenter ton sexe appeal. Moi : Bisous... Le repas se termina sur un gâteau au chocolat fait maison de qualité relativement correcte. Quand nous eûmes finis de manger, Lucy me proposa de sortir avec elle et Jenna mais je leur dit que j'étais fatigué. Étonnement, c'était vraiment le cas, et ce malgré cette journée où je n'avais rien fait du tout avant dix huit heure. Je rentrais donc rapidement chez moi, le visage de Leslie apparaissait sous mes paupières à chaque fois que je fermais les yeux. Si Faustin était l'obstacle, alors je n'avais plus la moindre raison d'attendre. Il allait mourrir, de cette façon, je sauverais à la fois ma famille et la femme que j'aimais. Parce que j'aimais Leslie, j'en étais sûr désormais. J'aimais Leslie.
Chapitre 31 : Trahison Je ne saurais dire si c'est la sonnerie de mon téléphone qui m'a réveillé ou alors si c'est moi qui suit sorti de mon sommeil une demi-seconde avant qu'il ne se mette à sonner, toujours est-il que lorsque je pris conscience d'être dans mon lit, cette sonnerie fut le premier son que j'entendis. En voyant le nom de Faustin sur l'écran, j'eus d'abord un instant d'hésitation, me demandant si je voulais vraiment aider cet homme à nouveau, mais je finis pas décrocher, poussé par une lâcheté ancrée au plus profond de moi. -Mike ? -Oui ? -Toi tu viens de te réveiller, hein ? Bon, c'est pas grave, tu peux prendre ton temps. Quand tu seras prêt, prend la route de San Diego, quand tu passeras à côté d'un petit restaurant de fruit de mer délabré mais encore en service, tu prendras la prochaine à droite et tu vas déboucher sur une espèce de hangar. Tu donne mon nom et tu récupères le camion en vérifiant la cargaison. -C'est quoi la cargaison ? -Une dizaine de filles, caucasienne, moins de vingt-cinq ans. Si tu vois un vieille ou une chinoise dans le lot, tu fais en sorte qu'ils les change, pas de négociation possible. T'as compris ? -Euh ... Vous n'auriez pas quelqu'un d'au.... Je ne finis pas ma phrase. Je refusais catégoriquement d'agir dans ce genre de chose. Le vol je pouvais, le meurtre je pouvais, mais le fait d'obliger une personne à devenir une esclave pour le restant de ses jours, j'en était incapable. Le problème, c'était que je ne pouvais pas lui dire, discuter les ordres n'était pas une pratique courante dans le milieu et les seuls audacieux qui s'y risquaient devaient être prêt à courir, or j'en avais marre de fuir, alors j'allais suivre ses directives. -Non, c'est bon, oubliez. Je m'en occupe. -Parfait, merci. Je me demandais ce que j'étais en train de faire, si je continuais sur cette voie, je ne mériterais plus le titre d'humain au bout d'un mois. Je devais garder mes valeurs, rester fort face à l'adversité. Mais contre ces gens là, un "non" équivalait à une peine de mort et je savais bien que si ce n'était pas moi qui transportais ces femmes, un autre le ferais. Je serais alors mort en vain. Je voulais changer les choses, je ne pouvais pas laisser un tel acte se produire sans agir, pire, en agissant pour aider à son bon fonctionnement. C'était étrange de se dire ça, mais je me sentais plus proche de Saliego à ce niveau là "Un acte
illégal ne doit être effectué que si il a pour but d'améliorer quelque chose d'autorisé". La prostitution, la vente de drogue, le trafic d'être humain, tout ça, c'était une fin en soit, il n'y avait rien d'autre derrière, rien de plus grand. Mais qui étais-je pour juger du niveau de criminalité de certains actes ? Comment peut on dire qu'un incendie volontaire est moins horrible que le trafique de drogue ? Au final, tout dépend du point de vue. Je quittais ma maison plein d'interrogations, par trois fois, ma voiture quitta légèrement la route et j'eu à la réorienter au dernier moment. Mon esprit était encombré de questions sur moi même, je ne savais plus quoi faire. Si j'exécutait cette mission, alors plus jamais je ne pourrais me regarder dans une glace, simplement, un homme mort non plus ne peux pas se regarder dans une glace... La ville laissait peu à peu place aux grande étendus irrégulière propres aux États-unis, ces endroit où la solitude vous étreint jusqu'à l'étouffement. Là où les plaines désertiques sont recouvertes par des touffes vertes informes et où les falaise semblent tout droit sorties du Mexique. En y réfléchissant, je me dis que je ne pourrais pas continuer comme ça, j'allais faire cette livraison, et j'allais quitter Faustin. D'un accord commun, je l'informerait de mon départ. Ensuite, peut-être que j'allais rejoindre Saliego, peut être que je me concentrerais à 100% sur cette histoire de magasin d'arme. Mais plus le temps passait et plus je me demandais si j'aurais vraiment l'étoffe nécessaire à la gestion d'un business illégal. Je n'ai toujours été qu'un exécuteur, un homme de main, comment allais-je réagir une fois au sommet ? Est-ce que la secrétaire d'une multinationale ferait du bon travail si on la mettait aux commandes d'une équipe de 20 personnes ? Je ne voyais aucun point positif dans mon avenir si ce n'est la réponse de Leslie, le fait de savoir que la balance penchait en ma faveur. Je ne savait pas ce qu'elle entendait réellement par là, mais j'y voyais une lueur d'espoir, mon unique lueur d'espoir. Quant à Sarah et à Lily, j'hésitais à les appeler, à leur dire qu'elles étaient peut être menacées. Mieux vaut prévenir que guérir, mais je préférais les savoir tranquille et insouciantes et de penser à Sarah enfermée dans sa chambre, notre fille serrée dans ses bras, à attendre la mort avec un masque de terreur sur le visage. Je ne pouvais pas supporter l'idée d'avoir à nouveau à leur annoncer que je n'étais pas capable de les protéger, qu'elles allaient devoir se défendre seules face à une menace invisible qui était là à cause de moi. Entendre Sarah me crier dessus m'était insupportable, pas pour les cris en soit, mais pour ce qu'ils signifiaient. Le restaurant délabré était là, une âme esseulée dans l’immensité de la Californie, si James ne me l'avait pas dit, j'aurais été incapable de deviner qu'il
était encore en service. Les planches en bois noires s'entassaient les une sur les autres comme si la demeure s'était effondrée et le panneau sur lequel était écrit le nom de l'établissement était bien trop sale pour qu'on puisse y déchiffrer quoi que ce soit. Peu après, je quittais la route principale en prenant la première à droite, comme me l'avait demandé Faustin. La route devint de plus en plus étroite pour finalement s'arrêter juste devant une énorme base militaire abandonnée. Les carcasses d'avions et d'hélicoptères se mélangeaient aux chars hors service. Je dépassais lentement la porte grillagée dans laquelle on avait découper un trou pour laisser passer les véhicules. Derrière cette dernière, quatre immenses hangars étaient placés côte à côte, la moitié étant fermés à cause de débris qui s'étaient entassés devant, sans doute au fil du temps. Je laissais ma Mustang juste devant l'entrée du premier hangar puis je pénétrais à l'intérieur où trois hommes en tenue de sport semblaient m'attendre. Lorsqu'ils me virent apparaître, le plus vieux d'entre eux, un quarantenaire aux allures négligés, pris la parole. -Vous venez pour ? -James Faustin. -Très bien, camion 7. Tout a déjà été réglé, vous venez nous voir si il y a un problème. Je lui fit un sourire en guise de remerciement puis je me dirigeais dans l'obscurité relative du hangar vers l'endroit où une vingtaine de camion gris étaient alignés, comme sur la ligne de départ d'une course. Je fis le tour des véhicule pour voir qu'à l'arrière de chacun d'entre eux, marqué au tag, était inscrit le numéro du camion. Je n'eu pas trop de mal à trouver le 7 grâce à leur disposition croissante. Lorsque je me plaçais face à face avec la porte de la remorque, j'eu un tressaillement, comme une symbolisation physique de mes doutes. J'hésitais quelques instant à ouvrir les deux grandes portes métalliques avant de poser ma main pour ouvrir le verrou et tirer en arrière. Dans la pénombre du camion, serrées les unes contre les autres et vêtues uniquement d'un bout de tissu gris qu'elles peinaient à faire recouvrir la totalité de leur corps, une dizaine de femmes avaient tourné les yeux vers moi. Je lisait la crainte dans leurs yeux, un profond dégoût pour moi même me saisit soudain. Comme James l'avait demandé, elles étaient toutes caucasiennes, plutôt bronzées dans l'ensemble, leurs peau était extrêmement sales et leurs cheveux n'avaient pas été ni coiffés ni lavés depuis plusieurs mois. Aucune ne dépassait les vingts ans, la plupart étaient même mineurs. L'une d'entre elle devait à peine avoir quatorze ans, et pourtant elle se tenait, comme les autres, pratiquement nue, le regard craintif et suppliant. Elles
n'étaient pas attachées et malgré ça, il n'y eut aucun geste brusque lors de l'ouverture des portes, la crainte les paralysait. Moi-même, j'étais pétrifié devant cette vision d'horreur, aussi refermais-je le plus vite possible ces portes dans un acte qui symbolisait ma lâcheté à son paroxysme. Je ne pouvais pas être ce genre d'homme, je ne pouvais être celui qui allait obliger une jeune fille d'à peine quinze ans à vendre son corps pour reverser les bénéfices à un des hommes les plus riches de la ville. Tout ça était inhumain, je devais faire quelque chose. La vision de ces femmes restait gravée dans ma tête alors que je décrochais la remorque du camion pour allait l'accrocher à l'arrière de ma voiture. Le pire dans tout cela, c'était que plus le temps passait, et plus tout ça me faisait penser à Leslie. Je voyais son visage à la place de celui de ces femmes, je la voyais à quatorze ans, attendant à l'arrière d'une vieille remorque, sachant que sa vie était finie. Si je faisais ce que je m'apprêtais à faire, elle aurait autant de raisons de me détester qu'elle en avait pour Faustin, et ça, c'était inconcevable. Je ne pouvais pas lui faire ça, je ne pouvais pas faire subir à d'autre ce qu'elle avait déjà subi. Tout ça allait cesser. Mais étais-je vraiment en droit de commettre un tel acte ? Et si ces femmes savaient dans quoi elles s'étaient jeté ? Et si elle fuyaient un pays en guerre dans l'espoir de trouver la paix ici, peu importe le prix ? Si je les libérais maintenant, allaient-elle être heureuse ? Rien ne m'assurait qu'on n'allait pas les remettre sur le marché au bout de quelques jours, je n'avais pas les moyens de leur offrir quoi que ce soit, si je les laissais ici, je les livrais à elle même... Étais-ce vraiment mieux que la prostitution ? Ce n'étais pas à moi d'en décider. J'arrêtais la voiture sur le parking du restaurant de fruit de mer et je sortis de mon confortable intérieur cuir pour retrouver leur triste réalité. Lorsque j'ouvris les portes, je dû faire des efforts mentales énormes pour ne pas tressaillir. -Vous parlez anglais ? Leurs regards tournèrent dans tout les sens, j'en soupçonnais quelques unes d'avoir été droguées au préalable pour éviter tout débordement. Malgré ça, une blonde de 19 ans au visage parcouru par une immense cicatrice acquiesça lentement. -Vous préférez sortir ou rester dans ce camion pour vendre votre corps ? Je parlais lentement, accentuant chaque mot pour être sûr qu'elle comprenne. Tout les regards étaient désormais tournés vers elle, les autres l'observaient avec un air interrogatif, se demandant ce que je pouvais lui dire. La blonde réfléchis à ma question pendant de longues secondes avant de jeter
un regard circulaire autour d'elle. -Maintenant ? -Je peux vous déposer en ville. Mais vous serez seules quoiqu'il arrive. -Je pas partir avec les autres ? -Si. Simplement, personne d'autre que vous dix. -On tiendras. -Vous êtes sûres ? -Le pire serait retrouver à nouveau cette situation. Si cela arrive, on serait quand même heureuse d'avoir été libre, même court instant. -Très bien. Je refermais alors les portes, laissant la blonde expliquer au reste des femmes tandis que je remontait à bord de ma Mustang. Je me demandais vraiment ce que j'étais en train de faire, mais je sentais au fond de moi que c'était le bon choix. J'allais le plus vite possible, filant vers San Diego, j'allais les déposer là-bas. Avec un peu de chance, elles tomberaient sur un employeur peu scrupuleux qui les ferait travailler au noir, c'était le mieux que je pouvais leur souhaiter. La vie ne semblait pas disposée à aider ces gens là, et même leurs plus belles options étaient affligeantes. Je reçut un appel de Faustin alors que j'approchais de San Diego, je choisis d'abord de ne pas répondre mais finalement, dans le but d'éviter d'éveiller les soupçons, je décrochais. -Mike ! Bordel ! Qu'est-ce qu'il s'est passé là-bas ? -Pourquoi cette question ? -Eh bien, je ne t'ai pas donné le lieu de livraison et ça doit presque faire une heure que tu devrais être sorti du hangar. -J'ai fait une pause en chemin, tu m'as dit qu'on était pas pressé. Mais oui j'avais oublié ce fait. Donc je dépose où la cargaison ? -Dans la parking intérieur du ClearDance, l'étage le plus en bas... Le -3 je crois. -Ce sera fait, j'arrive bientôt, d'ici une demi-heure. -Parfait, merci beaucoup Mickey. Il raccrocha et je pu terminer mon voyage en direction de la ville. Je ne serais pas à l'heure, c'était sûr. Il fallait deux heures pour aller de Los Angeles à San Diego et j'avais dis arriver dans une demi-heure. Quand Faustin commencera à avoir des doutes, je devrais disparaître, ou alors j'irais voir Saliego. Je ne savais pas quelle était ma meilleure option. Décidant d'y réfléchir plus tard, je finis par atteindre la lisière de la ville où j'arrêtais à nouveau ma voiture avant d'ouvrir les portes arrière.
-Vous descendez. -Merci. Ses yeux étaient emplis de gratitude lorsqu'elle m'avait dit ça. Je m'écartais de la sortie et je les laissais quitter la remorque une à une. La plupart d'entre elles n'eurent pas un regard pour moi, comme si me regarder risquait de me faire changer d'avis. Quand elles furent toutes sorties, je me rendit compte d'a quel point tout ça n'avait pas de sens. Une dizaine de femmes quasiment nues, aux allures de sauvages et qui ne savaient pas parler la langue. Qu'allaient-elles faire dans une ville comme celle-là ? J'aurais voulu leur demander mais elles étaient déjà partis en courant, leurs pieds nus foulant le béton tandis que la serviette qui leur servait d'unique vêtement s'envolait légèrement, portée par le vent. Venais-je de les tuer ? Allaient-elles mourrir de faim dans un environnement hostile alors que j'aurais pu leur offrir un travail nourri et logé où elle n'auraient eu qu'à baiser pour survivre ? Je me sentais coupable, d'autant plus en sachant qu'à mon retour en ville, Faustin allait me tuer. Je remontais dans ma voiture et fit le chemin en sens inverse, l'esprit plein de questions. Je me sentais mal, encore plus que lors de mon départ. Au lieu de faire le mal consciemment sous les ordres d'un homme, j'avais peut être fait encore pire inconsciemment de mon propre chef. C'était dans ce genre de situation où j'aurais aimé avoir Leslie avec moi, pour lui demander si j'avais mal agis. Je me sentais idiot de ne pas lui avoir posé la question en y allant, mais peut être l'aurait-elle mal pris. Et quelque soit le choix qu'elle aurait fait, il aurait eu des conséquences, elle l'aurait peut être regretté. J'avais sans doute bien fait de ne pas lui dire au final. Sur ma route, j'eu de nombreux appels de la part de Faustin, aucun ne reçut de réponse. En rentrant dans la ville, je partis m'installer au bord de la plage, contempler la mer une dernière fois, peut être, avant d'être emporté par les conséquences de mes actes. Je sirotais un cocktail que je n'avais pas les moyens de payer, il devait être 14 heure passé désormais, peu importais le temps, j'allais mourrir prochainement. Je vivais cette journée comme la dernière, un face à face avec l'océan comme un adieux au monde et à ses créations. Je pensais à Leslie alors que peu à peu, tout espoir de survivre à ce jour quittait mon esprit. Je ne faisais que profiter de la chaleur de l'été et de la beauté du paysage, une dernière fois. Jusqu'à ce que mon téléphone se mette à sonner, une nouvelle fois...
Chapitre 32 : Refuge clandestin Les choses ne se sont jamais passé comme je l'ai voulu, il y a toujours eu quelque chose, un événement qui, de n'importe quelle manière que ce soit, me faisait perdre le contrôle. Le problème dans la vie, c'est le contrôle, on passe notre existence à penser qu'on est le maître de notre destin, mais dès qu'il y a une grande décision, quelqu'un la prends à notre place. La plupart du temps indirectement, mais les choix qu'on fait, ils ne sont jamais à 100% nos choix. Ce jour là, j'ai fait un choix, peut être le choix le plus important de ma vie, et c'est ici qu'il m'a amené. Seul, face à la mer, le regard perdu dans cet immensité alors que mon téléphone sonnait dans ma poche. Je devinais qui m'appelais, mais par précaution, je décidais de vérifier. Ce choix là aussi, est un choix important. Parce que si je n'avais pas vérifié, je serais sans doute mort aujourd'hui, je n'aurais jamais vu le nom de Leslie affiché sur l'écran de mon portable. Je n'aurais pas décroché malgré la peur qu'il s'agisse d'un piège, et je n'aurais pas entendu le son de sa voix. -Michael, Faustin te cherche, qu'est-ce que t'as fait encore ? En fait je ne veux pas le savoir, c'est forcément une connerie. Il va fouiller ta maison, viens chez moi, pas dans ta voiture, prends un taxi et arrête toi quelques rues avant. Elle me donna son adresse et raccrocha immédiatement ensuite. J'aurais pu me lever en courant et appeler un taxi, mais j'ai préféré rester assis. Je ne pensais pas qu'il s'agisse d'un piège, je ne voulais simplement pas inclure Leslie dans cette histoire. J'avais agi, mal, bien, peu importe, j'en étais arrivé là et c'était ma faute. Je ne la laisserais pas assumer à ma place. Si Faustin apprenait qu'elle m'hébergeait, il la tuerait sans hésitation. Je n'avais pas le droit de la plonger la dedans. Mais elle était intelligente, je lui faisais confiance, si elle me demandait de venir chez elle, c'est qu'elle savait que c'était sûr. Elle ne mettrais pas sa vie en danger pour prolonger de quelques heures la mienne, en tout cas je l'espérais lorsque je quittais ma table. J'alpaguais le premier taxi que j'aperçu et je lui donnait une adresse à quelques rues de celle de Leslie, comme elle me l'avait demandé. Je me demandais si j'agissais bien actuellement, ou si je pouvais inclure toutes mes actions de la journée à la liste des pires erreurs que j'avais fait durant existence. Le quartier de Leslie était crasseux, les poubelles jonchaient les rues tandis que les murs étaient recouverts de tags. Il n'y avait pas de gangs ici, simplement des pauvres gens. Ici on ne tuait pas pour s'affirmer, on tuait pour survivre. Il y avait exclusivement des logements sociaux par là-bas, rien d'autre que ces tours grises de tailles moyennes, au pieds desquelles des groupes de jeunes
consommaient des drogues qui avaient coûté la moitié du salaire de leurs parents. Devant l'immeuble gris et triste de Leslie, deux garçons habillés en survêtements de marques discutaient avec trois filles vêtues comme des prostituées. Pourtant je savais qu'elle n'en étaient pas. J'avais grandi dans ce quartier là jusqu'à ce que ma mère me fasse partir. Ici la sensualité équivaut à la vulgarité. -Eh connard ! T'arrête de matter ou merde ? Un accent étrangement compréhensible et pourtant très désagréable à écouter. Je parlais comme ça à une époque, une époque qui me semblait si lointaine... -Tu me réponds fils de pute ? -Non. Je ne pouvais pas rentrer sans les pousser, mais je n'en avais pas envie. Ici frapper une personne, c'était déclencher une guerre civile. -Tu t'es pris pour qui mec ? -Pour personne. J'aimerais bien rentrer. -Tu vis pas ici. T'es de la police c'est ça ? T'es un enfoiré de poulet ? -Si tu te retrouve en prison pour outrage à agent, alors oui, c'est que je serais un flic. -Tu viens pour quoi si t'es pas un poulet ? -C'est pas tes affaires. À chaque phrase, je mourrais d'envie de rajouter une petite pique, le genre de chose qui faisait démarrer au quart de tour les gens d'ici, mais je ne voulais pas déclencher d'émeute alors je me retenais. -Dis et on te laisse passer. Si je leur disait "Leslie", j'avais une chance sur deux pour qu'on me dénonce si quelqu'un venait les interroger. Si je ne disais rien, ils ne me laisseraient pas passer. -Leslie. -Elle a fait quoi ? -Elle m'a demandé de venir. -Elle demande à personne de venir. -Eh bah à moi elle m'a demandé. -J'te crois pas. -Je m'en fou que tu me crois ou non. T'es sa mère ? J'ai le double de ton âge alors tu vas retourner fumer tes joints tranquilou ou je te détruis.
Elle eut d'abord un air apeuré mais quand elle vit que les deux garçons avec qui elle était avaient avancé vers moi avec un air provocateur, elle reprit confiance en elle. Je choisis ce moment là pour sortir mon arme et les tenir en joue, chacun d'entre eux. -Vous me laissez passer ? -T'as pas les couilles. -Y'a moyen de communiquer avec Leslie depuis ici ? -L'interphone est peté. -Donc non. Épuisé par l'attente, je poussais hors de mon chemin avec une facilité déconcertante les deux faux caïds et je rentrais dans le hall de l'immeuble. Ils n'eurent pas le courage de venir à nouveau vers moi, se confronter à un homme armée qui ne vous veut aucun mal à la base leur paraissait sans doute une assez mauvaise idée. Le hall était assez restreint, les murs blancs étaient recouvert de tags et le seul ascenseur disponible était en panne. Je montais donc quatre à quatre les marches de l'escalier en préfabriqué. Quand j'arrivais à l'étage de Leslie, j'eut le choix entre cinq portes que rien ne différenciait. Pas de numéro, pas de nom, la même couche de poussière, tout était exactement pareil. Elle m'avait dit habiter dans le premier appartement du 4ème étage. Je misais sur le fait qu'elle comptais les appartement en partant de la cage d'escalier et je toquais donc à la porte la plus proche de cette dernière. La femme que j'étais venu voir apparut rapidement dans l'entrebâillement. Ses cheveux étaient dans une pagaille totale et elle ne portait qu'un soutien gorge noir et un jogging. Elle sourit légèrement en me voyant et s'empressa de me faire rentrer. À la vue de son lieu de vie, j'eu un geste de recul : je venais de tomber sur pire que chez moi. Son appartement se constituait de deux pièces ridiculement petites, la première faisait office de fourre-tout tandis que la deuxième s'apparentait à une salle de bain. Ici, le vieux canapé faisait office de lit et de table pour manger la nourriture tout droit sortie d'un frigo usagé puis ayant passé quelques instant dans un microondes du début des années 2000. À côté de la poubelle pleine, des emballages de pizzas et de produits de beautés s'entassaient. La garde robe de la propriétaire semblait quant à elle se disperser dans toute la pièce. Les sousvêtements côtoyaient les pantalons et les T-Shirt tandis que la paire de botte de son travail était posée dans un coin. Une simple petite lampe grésillante éclairait le visage terne de Leslie, je me rendais alors compte qu'elle devait mettre des tonnes de maquillage lors de nos rencontre puisque son visage actuel était presque pâle, ses yeux étaient entourés
par de léger cernes et le rose de ses lèvres ne contrastait presque pas avec la couleur de sa peau. -Bienvenu dans mon royaume...Désolée de t'accueillir comme ça... Simplement, j'ai pas vraiment de vêtements propres et je préfère me maquiller le plus tard possible avant de partir bosser. -C'est pas grave. En réalité, tout ça ne me gênait absolument pas puisque je découvrais ce qui se cachait derrière cette fille. Peu à peu, elle se démystifiait sans pour autant perdre de sa beauté. Malgré tout les défauts apparents sur son visage, je la trouvais toujours aussi belle, voir même plus, parce qu'enfin, elle devenait ellemême devant moi. Elle n'était plus une adolescente, c'était une adulte mature et poursuivie par les malheurs de la vie. À ce moment là, ses yeux ne contrastaient plus avec le reste de son visage, le tout était en accord parfait, ce qui la rendait d'autant plus charmante. -Je suis désolée de t'avoir demandé de venir, c'est idiot je sais... -Pourquoi ? -T'avais sans doute pas besoin de moi. Je t'ai dit que Faustin te cherchait mais c'était évident que tu le savais déjà, tu devais avoir un meilleur plan que venir chez moi. C'était vraiment débiles de t'appeler comme ça... C'est juste que... que... -Que quoi ? Je voulais l'entendre dire, j'en mourrais d'envie. C'était désormais la seule chose qui importait. -J'en sais rien... -Je pense que c'est une bonne chose que tu ait appelé. Sans toi, je crois que je serais allé me livrer. -Faustin va découvrir ce que j'ai fait, il ne vient jamais ici, mais un jour il l'apprendra. Ce jour là, on sera mort. -Puisse-t-il arriver le plus tard possible. Leslie prit place sur son lit en prenant soin juste avant de déplacer un ordinateur que je n'avais pas aperçu avant. Elle me fit signe de m'installer à côté d'elle et je m'exécutait tandis qu'elle se passais les mains sur le visage. -Si tu veux partir, vas-y. Te demander de venir n'avait aucun sens et je m'en veux, alors si... -Non. Je suis bien ici. C'est l'endroit dans lequel je préférait être en ce moment. -Comme tu voudras. Si tu ne veux pas parler de ce que t'as fait, je comprendrais très bien, alors ne te sens pas obligé hein !
-En fait c'est assez simple. J'ai libéré une dizaine de filles qui étaient acheminées en direction de Faustin. -Tu t'es tué pour dix inconnues ? En temps normal, elle aurait sans doute fait une blague sur le fait que j'étais stupide ou alors en me demandant où était passé mon âme de tueur. Mais l'atmosphère de cette maison combinée à la menace que représentait Faustin pour nous deux sembler la fixer dans le sérieux. -Ouaip. Quand je les voyais, futures prisonnières, je pensait à toi. J'aurais pas pu laisser faire. -C'est pas comme ça que j'en suis arrivée là. -Ah ? C'était comment ? -Ne fait pas semblant de t'y intéresser. -Je m'y intéresse, sérieusement. -Ce n'est pas une histoire très joyeuse, et puis je ne sais pas raconter les histoires. -Si tu ne veux pas la raconter, ne le fais pas.... En attendant, j'aimerais bien savoir moi. Elle me regarda fixement, comme pour déchiffrer mon expression et y trouver de la sincérité. Elle finit par me sourire, un sourire qui sonnait vraiment faux comparé à tout ceux qu'elle m'avait fait auparavant et qui, paradoxalement, était sans doute le plus sincère. -Tu veux la version courte ou la longue ? -La plus longue possible. Elle se passa les mains sur le visage une nouvelle fois, comme pour en supprimer les souffrance, puis commença à raconter son histoire avec un air des plus lugubres. -Je suis née dans un immense dortoir, ici, à Los Angeles. Durant les 6 premières années de ma vie, jamais je ne l'ai quitté, je ne connaissais que son intérieur insalubre, ses lits en métal et son toit qui semblait sur le point de s'effondrer. Ma mère faisait partie des résidentes de ce dortoir, elle y dormait le jour et le quittait la nuit avec la plupart des autres femmes pour "ramener de l'argent", comme elle le disait. Je dormait en même temps qu'elle, je passais donc mes nuits éveillées, à errer dans cette immense pièce où vivaient une trentaine de femmes n'ayant pas accès aux commodités. Il n'était pas coutume de garder ses enfants dans ce milieu, j'ai donc été seule pendant tout ce temps. Je ne connaissais rien du monde extérieur, ma mère ne m'en parlait pas pour me dire autre chose que le fait qu'il soit froid, agressif et
peu coopératif. Plus les jours passaient et plus je m'ennuyait dans cet endroit, les mêmes allezretour, les mêmes repas, les mêmes horaires, aucun moyen de dessiner, de lire, ma mère m'avait appris à lire mais c'était tout, j'avais l'impression de rester prisonnière du temps. Seul les changements s'opérant sur mon corps semblaient rythmer cette monotonie. Mais une nuit, j'eu le bonheur de découvrir en me réveillant qu'on avait oublié de fermer la porte du dortoir. Je n'ai pas hésité un seul instant et j'ai quitté immédiatement cet endroit. Dehors, je découvrit littéralement un nouveau monde, les néons, les habitants, les buildings, même les hommes, je voyais tout ça pour la première fois. Je me suis baladé dans cet empire de nouveauté, m'extasiant sur le moindre trottoir ou la simple affiche déchirée. J'ai passé trois bonnes heures à visiter ces étrange endroit, et par miracle, je ne me suis pas perdu. Je ne me l'explique pas, mais j'ai retrouvé la route jusqu'au dortoir, la porte y était toujours ouverte, et j'y suis rentré. Personne ne s'était rendu compte de mon absence, mais je décidais tout de même de demander à ma mère pourquoi elle ne m'avait jamais fait sortir, pourquoi elle ne me laissait pas découvrir le "dehors". Elle m'a répondu que dehors, le monde était hostile, qu'à chaque seconde, on y risquait la vie. Nous n'avions pas notre place là-bas, nous étions exclus de cette société. Malgré ses affirmations, je mis au point une technique pour retourner à l'extérieur. Il me fallut un peu plus d'une semaine, mais j'avais réussi à convaincre une autre des femmes du dortoir de me laisser sortir en même temps qu'elle. Ce soir là, je me promenais à nouveau dans cette ville nocturne aux splendeurs infinies. Je finit par m'arrêter dans un magasin qui restait ouvert jusqu'à minuit. J'ai demandé à l'homme derrière le comptoir si je pouvais prendre un des bijoux qu'il exposait, et il m'a répondu que pour ça, il fallait de l'argent. Je lui ai alors dit que je ne savais pas comment avoir de l'argent. L'homme m'a expliqué qu'on pouvait l'obtenir en travaillant, mais qu'à mon âge on ne travaillait pas. À la place, il me proposa d'en demander à mère. Le lendemain, je l'ai fait et elle m'a répondu qu'elle n'en avais pas. Je lui ai rappelé qu'elle disait sortir toutes les nuits pour "ramener de l'argent" et que donc elle en avait forcément. En réponse, elle m'expliqua qu'elle donnait l'argent qu'elle gagnait à un homme en échange de notre lit et notre nourriture. Malheureuse suite à cet échec, je racontais tout ça au marchand qui me dit que tout ça lui semblait suspect, mais qu'il ne voulais pas d'ennuis alors il n'allait pas intervenir. Il me dit aussi de ne plus revenir dans son magasin. Je ne comprit pas cette demande mais ma mère m'avait appris à obéir aux adultes et je ne revint donc jamais chez lui. Les nuits d'après, je me suis contenté de vagabonder. Je connaissais par cœur
mon quartier alors je mît à aller plus loin, quelques pâtés de maisons à chaque fois. Un jour, un passant m'a demandé si j'étais perdue, je lui ai dit que non et il m'a questionné sur le fait que je me baladais seule alors que j'avais à peine 7 ans. Je lui ai dit que je cherchais de l'argent, cette histoire avec le marchand n'ayant pas cessée de parasiter mon esprit. L'homme m'a sourit puis il a sorti un billet dix dollars qu'il m'a donné. En partant, je l'ai entendu murmuré "pauvre petite fille". Ce qui importait de ce jour là, c'était que j'avais compris comment on obtenait de l'argent. Je ne comprenais pas encore bien dans quel mesure c'était utile mais je trouvais amusant d'en obtenir alors je me suis mise à en demander à tout ceux que je croisais lors de mes balades. Certains refusaient catégoriquement, d'autres hésitaient à appeler la police, mais il y en avais toujours un ou deux qui acceptaient de me donner des pièces, voir même un billet si j'étais chanceuse. En un mois, j'avais presque récolté 100 $, je décidais alors de retourner dans une boutique pour échanger mes gains. Je suis rentré dans un magasin de chaussures et j'ai montré au vendeur mes 100$ avant de lui demander ce que je pouvais avoir. Il m'a proposé quelques paires et j'ai pris la plus belle. L'homme me demanda ensuite de lui donner mon argent, voyant que je ne comprenais pas, il m'expliqua que ça servait pour les échanges et tout devint plus clair dans ma tête. Le matin, lorsque ma mère vit mes nouvelles chaussures, elle me demanda où je les avais trouvé. Je lui ai répondu que j'allais "ramener de l'argent" comme elle, toute les nuits. Elle prit un air horrifié et passât la matinée à me crier dessus, le soir, elle ne se réveilla pas. J'ai d'abord beaucoup pleuré après la mort de ma mère, je ne suis plus sortie pendant un mois entier. Mais ensuite, j'ai vu ça comme une nouvelle liberté, et j'en ai profité. J'ai récupéré ses clés du dortoir et je me suis mise à sortir le jour. Les gens étant plus nombreux, je me faisais presque le double d'argent, et je découvrais une nouvelle face de cette ville. J'essayais chaque jour des boutiques différentes, parfois des boutiques de parfum, parfois des vêtements, parfois de l'informatique. À chaque fois je regardais les produits en vente, et quand on me questionnais, je disais que je n'avais pas les moyens. J'ai passé une année entière à faire ça, à découvrir le monde directement par mes yeux et indirectement via les unes des journaux dans les kiosques, les affiches collées un peu partout et les télévisions dans les restaurant où il m'arrivait de prendre une verre de jus de fruit après mes journées de labeur. Un jour, j'ai découvert le cybercafé. J'étais émerveillée par cet endroit, tout ces écrans lumineux, j'ai passé une journée entière à découvrir internet, les infos sur le monde dont il regorgeait. À partir de ce moment là, l'argent que je récoltais chaque semaine, je le dépensais le dimanche en utilisation d'ordinateur. J'étais avide de connaissance, personne ne me guidai, personne ne me disais
quoi faire, je décidais ce que je voulais voir, ce que je voulais connaître, et c'était une impression magique, l'impression d'avoir accès à la totalité du monde à la portée de mes doigts. J'ai regardé des films, lût des livres, appris des propriété chimiques, il n'y avait pas de limite. La chose qui me choquait, c'était l'école. C'était ça qui me faisait me rendre compte que j'étais anormal, ce que je faisais, les autres enfants étaient obligés de le faire. C'était comme si je n'existais pas, comme si toutes ces règles ne s'appliquaient pas à ma personne, et ça me rendait triste, je me sentait inférieur. Plusieurs fois j'ai essayé parler à des enfants de mon âge dans la rue, aucun d'entre eux n'a daigné me répondre. Ma mère avait raison, le monde était hostile. Je me réfugiais donc dans cette culture numérique, oubliant le monde réel, pendant 8 ans je n'ai rien fait d'autre que de mendier pour avoir accès à un ordinateur. Mais alors que j'allais sur mes 15 ans, un homme de main du propriétaire du dortoir est venu. Il m'a dit que j'avais suffisamment profité, et que maintenant il fallait mériter tout ça : le fait d'avoir été nourrie et logée. Je n'étais pas idiote, avec internet, j'avais compris ce que les femmes de ce dortoir faisaient, ce que ma mère faisait. Mais une chose était sûre, je ne voulais pas faire comme elle, je voulais garder mon train de vie. J'ai refusé la demande de l'homme, et il m'a frappé. Pas une simple claque, mais un coup violent qui me fit reconsidérer mon avis. Je savais qu'il me tuerait si je n'acceptais pas, et j'avais l'espoir de trouver une solution pour fuir. Le soir suivant, du haut de mes 15 ans, j'attendais en tenue aguicheuse sur le bord de la route, accompagnée par des femmes qui, pour certaines, m'avaient vu grandir. Je passais trois heures entière à me les geler, les hommes étant sans doute repoussés par mon jeune âge. Mais finalement, quelqu'un me fit monter dans l'immeuble adjacent, lieu où nous étions censé agir. C'était un homme d'une cinquantaine d'années souffrant d'un certain embonpoint, voyant que je n'étais pas à l'aise, il eut la gentillesse de ne pas dépasser les préliminaires. Son successeur n'eut pas la même bonté, je découvris donc ce soir là les joies du sexe professionnel. Je me rendis vite compte qu'il n'y avait pas de portes de sorties, tout avait déjà été tenté, j'allais assouvir les désir des hommes pour le restant de mes jours. Mais le pire dans tout cela, c'était que je n'avais plus ni le temps ni l'argent pour me rendre au cybercafé. Tout ce que je récoltais était ensuite récupéré par mon employeur et la fatigue dût aux horaires tardives et l'énergie que je devais mettre pour satisfaire mes clients m'empêchaient de rester éveillée plus de quelques heures chaque jours. Durant cette période, je suis tombée amoureuse d'un de mes clients réguliers, un mec de 19 ans. C'était un connard, pour lui je n'étais rien d'autre que sa pute du
jeudi soir, mais je ne sais pas pourquoi, moi je l'aimais. Un jour je l'ai vu dans un bar en allant travailler, il embrassait une autre fille. J'aurais du m'en douter, il ne m'avait jamais promit la moindre fidélité, mais j'ai laissé éclaté ma colère et je l'ai frappé. En retour, il m'a envoyé la tête contre un mur, je me suis réveillé le lendemain dans mon lit, un médecin à mon chevet avec l'info qu'on avait tué l'homme qui m'avait fait ça. Pas pour moi, pas parce qu'il m'avait fait du mal, mais pour qu'on sache que casser la marchandise de mon employeur n'était pas une bonne idée. La blessure devait laisser une cicatrice sur l'arrière de mon crâne, c'est sans doute ça qui l'a autant énervé. Au bout d'une semaine, je retournais faire la tapin comme si de rien n'était, je gardais une certaine méfiance vis à vis des sentiments mais au final, rien n'avait réellement changé et je repris ma routine. Mais vie semblait devoir s'arrêter là, reprenant cette spirale monotone qui me dégoûtait tant, lorsque le jour de mes 17 ans, l'homme de main de mon patron vint à nouveau me voir. Il me dit que j'avais été sélectionnée, que je devais faire mes bagages et que j'allais quitter ce dortoir. Au début, j'eu peur qu'il s'agisse d'un mise à mort, mais en réalité, c'était une libération. L'homme me déposa ici, dans cet appartement où nous sommes tout les deux. Il était déjà aussi triste et délabré mais j'avais l'impression d'être au paradis. Mon émancipation me donnait envie de lâcher un crie de joie. Une bonne nouvelle en entraînant une autre, l'homme me dit aussi qu'à partir de maintenant, j'arrêtais la prostitution. Il me gribouilla une adresse sur un bout de papier et me demanda d'y être le lendemain à 17h, j'acquiesçai et il quitta mon nouveau chez moi. De nouveau je me sentais comme une petite fille, j'avais une maison à moi, le canapé lit, le frigo, le micro onde, tout était magnifique. Le mieux étant sans doute la salle de bain : une douche et un lavabo avec des placards à maquillage ! Je n'en croyais pas mes yeux, je me prenais pour une reine. Je n'ai jamais aussi bien dormi que cette nuit là. Le lendemain, après une douche extrêmement longue et une grosse session de trampoline sur mon lit, je suis allé à l'adresse indiquée : c'était une boîte de nuit, The Vault. Un homme à l'entrée me fit rentrer par une petite porte dérobée et je pu arriver dans mon nouveau lieu de travail. Une moquette rouge, des néons partout, de la musique pop, j'étais aux anges. Alors que je me baladais dans les loges, une rousse d'un vingtaine d'années quasiment nue me rentra dedans et poussa un cri de terreur en me voyant. Elle compris rapidement que j'étais la nouvelle employée et grommela quelque chose à propos du fait que j'avais vraiment l'air négligée. Elle me conduisit ensuite à une certaine Goldie, une blonde aux yeux bleues,
elle aussi membre du club, qui devait s'occuper de ma formation. Cette dernière me jaugea d'abord du regard avant de m'emmener dans une pièce à l'écart. Voilà ce qu'elle m'a dit "Bienvenue au club, Leslie. Ici, ton job, c'est de faire en sorte que les clients soient heureux, pour qu'ils soient heureux, faut que tu les rende heureux. Premier truc pour rendre quelqu'un heureux, faut avoir l'air heureuse soit-même. Tu me fait ton plus beau sourire, voilà c'est bien. Maintenant, il faut que tu te crée un personnage, oublie Leslie, devient... Euh comment on va t'appeler... Devient Diamond. Tu doit être joyeuse, drôle, pas dénuée d'intelligence sans non plus trop en faire, tu vois le genre ? T'as un look de jeune adolescente et on doit pouvoir en faire quelque chose, je verrais comment je vais te maquiller. En attendant, ait l'air insouciante, si t'as pas de problèmes, alors les gars du club oublieront les leurs. Parle leur, rigole, mais ne te moque pas. Pose leur des questions, les hommes aiment parler d'eux, fait semblant d'être intéressée, mais dès que ça devient trop personnel, arrête toi. Si un homme refuse de répondre à l'une de tes questions, c'est que tu es allé trop loin et il vaut mieux arrêter de parler. Ensuite, au niveau du corps, t'as pas trop de seins, ça colle avec ton physique, c'est pas grave, par contre t'as un beau cul. En te déhanchant, tu dois pouvoir en exciter plus d'un, on va t'entraîner à ça aussi." Le mois qui a suivi, j'ai appris à marcher de façon suggestive, à danser, à me maquiller, à me coiffer et à être attirante en toutes circonstances. Ensuite, on m'a jeté dans le club parmi toute les autres filles. Je ne sais pas si c'est moi ou juste mon physique, mais au bout d'une semaine à peine, je m'étais déjà fait une petite clientèle. Après mon travail en tant que prostituée, j'avais l'impression de rêver. Danser comme une allumeuse n'était rien en comparaison d'un acte sexuel et je n'eut donc aucune pudeur à ce niveau là. De plus, je rencontrais des gens avec qui je pouvais parler là où on ne faisait que baiser auparavant. Mes horizons s'ouvraient et l'argent rentrait petit à petit malgré les prélèvements réguliers de mon patron. J'ai économisé suffisamment pour m'acheter mon propre ordinateur au bout de trois mois, une journée que je n'oublierais jamais. Grâce à mes divers clients provenant de tout les milieux, j'en apprenais aussi sur mon employeur. C'est là que j'ai découvert qu'il s'appelait James Faustin et qu'il travaillait avec Saliego et Migaud. Les hommes de la pègre parlaient beaucoup et ça n'était pas pour me déplaire. Goldie m'a aussi tenue de sortir pour bronzer au moins une fois par semaine et de faire du jogging tout les jours pour me garder désirable. Les 5 dernières années n'ayant pas connu d'événement notables, je vais m'arrêter ici. Elle inspira un grand coup et sourit à nouveau, ça devait être la première fois qu'elle racontait tout ça en une seule fois et elle devait attendre ma réaction,
mais je n'avais aucune idée de ce que je devais répondre. -C'est assez impressionnant... J'hésitais à lui dire qu'à sa place, je me serais sans doute coupé les veines une bonne dizaine de fois pour complimenter sa détermination et son courage : j'avais peur que ma remarque soit mal interprétée. -C'est ma vie, et demain elle aura sans doute pris fin. -Pourquoi ? -Je ne suis pas sûre que Faustin va apprécier quand il saura que je t'héberge. -Il ne le saura pas. -Si seulement j'avais ton optimisme... -Je vis comme ça, si la mort m'emporte demain, au moins je saurais que j'y ai cru jusqu'à mon dernier jour. -Et qu'est-ce que ça t'apporte ? -De la joie, naïve, mais de la joie. -Au final c'est peut être moi qui ai besoin d'une bouée de sauvetage. Je souris à sa remarque puis je remarquais qu'elle s'était légèrement approchée de moi. Dans un geste hésitant, je passais mon bras sur son épaule, je sentais sa peau et la chaleur de son corps contre le mien lorsqu'on colla nos côtes. -Je serais ravi d'être cette bouée. -Même après ce que tu viens d'entendre ? Même en sachant que Diamond n'est qu'un masque ? -La première fois que je t'ai vu, j'ai été marqué par ton physique, mais ce qui a le plus attiré mon regard, ce sont tes yeux, la seule chose que ton masque ne recouvre pas, et je t'avoue que ce sont tes yeux que je préfère dans tout ce que je connais de toi. -Merci... Je resserrais mon étreinte très légèrement, j'aurais souhaité que ce moment ne s'arrête jamais. Je savais que je vivais mes derniers instants avec elle avant que l'un de nous deux ne se fasse tuer ou ne s'exile loin de Los Angeles. C'était peut être la dernière fois que je la voyais. -Tu vas travailler ce soir ? -Oui, je préfère ne pas attirer les soupçons, au cas où il ne saurait pas. -Je comprends. -Et toi, qu'est-ce que tu vas faire ? -Je vais t'attendre. -Rien ne t'y oblige. -Je sais.
J'aurais voulu l'embrasser, c'était certainement le meilleur moment, mais je n'en eu pas le courage. Je ne voulais pas risquer de gâcher ça, peut être qu'elle attendait mon baiser, mais il ne vint pas, c'était au dessus de mes forces. -Et toi ? -Comment ça "Et moi ?" -Ton histoire. Comment t'en es arrivé là ? -Tu veux vraiment savoir ? -J'ai l'impression qu'on est deux âmes damnées, coincées dans la mort, quelque chose nous lie, ce serait bien de connaître l'autre, non ? -Sans doute... Mais par contre je vais te la faire courte, je n'ai pas ton talent pour raconter des histoires. -Comme tu voudras. Elle passa à son tour son bras par dessus mes épaules avant de se coller à peu plus à moi. J'aurais adoré ce contact dans un autre contexte mais là, il signifiait simplement qu'elle me voyait comme son dernier refuge avant sa mort, et ce n'était pas quelque chose qui prêtait à sourire. -Je suis né ici, pas dans cet appartement mais dans ce quartier. Comme toi, j'ai pas connu mon père, il est parti quand j'avais 2 ans. Ma mère m'a élevé seule, je me rends compte aujourd'hui que j'ai gâché sa vie. Elle travaillait comme femme de ménage, j'ai longtemps méprisé cet emploi. Dès que je fut en âge de comprendre ce que ça représentait et qu'elle me criait dessus pour me faire obéir je lui disais "Comment tu peux vouloir m'éduquer alors que t'as raté ta vie ? Si je t'obéis je risque de devenir aussi minable que toi et ça, je le refuse catégoriquement". Ça marchait à chaque fois, elle s'effondrait en larme et moi je la quittais pour une heure, une journée, une semaine entière parfois. J'avais une bande d'amis dont j'étais en quelque sorte le leader, on saccageait des voitures, on tagguais des murs, ça n'avait aucun sens mais on se sentait libres alors pourquoi pas ? Je n'allais quasiment pas à l'école, en fait, je n'avais pas la moindre qualité, aussi ma mère m'a dit un jour "sort de chez moi, et ne reviens que lorsque que tu seras redevenu un être humain !". Je ne suis jamais revenu. Je suis parti habiter chez mon meilleur ami, Nick, enfin plus précisément chez sa mère qui me détestait pour les même raison que la mienne. Nick vivait dans un quartier dirigé par les gangs, et il avait un don pour dégotter du travail, alors j'ai commencé à dealer et à exécuter des petits boulots pour des criminels en tout genre. Un jour, Nick m'a trouvé un taff pour un certain Marco Saliego, un comédien raté reconverti en Barman fauché. Il a tout de suite compris qu'on pouvait l'aider et on a démarré une coopération.
En deux ans, Saliego avait multiplié par 100 ses bénéfices et possédait quatre bars en ville dans différents quartiers. On se faisait masse de thune Nick et moi, mais il y a eu un Hic à un moment donné. Marco m'a donné une mission, à moi et à un pote, il s'appelait Joaquìn. La mission démarrait bien, on bossait en connexion radio avec Marco et un hacker, le plan était presque parfait. Malgré ça, il y a eu une couille durant le déroulement de la mission et ils ont coupé la connexion radio. Sans eux, on ne savait plus quoi faire et on s'est fait choppé alors qu'on aurait pu s'enfuir facilement si on avait gardé la communication. Simplement, Saliego avait peur qu'on puisse écouter les conversations et reconnaître sa voix. Quand ce fils de pute m'a sorti de prison au bout de deux mois, j'ai refusé de bosser pour lui à nouveau et je suis parti pour New York avec l'ambition de rentrer dans le droit chemin. J'y ai rencontré une femme, Sarah, on s'est marié l'année d'après et l'année suivante, on a eu une fille : Lily. J'ai passé à 6 ans à essayer d'être quelqu'un de bien mais j'ai fait une connerie et Sarah a demandé le divorce... Je ne sais pas pourquoi je suis revenu, j'étais dans le hall de l'aéroport, j'ai regardé les destinations et j'ai vu Los Angeles, ça a attiré mon regard. Au début je me suis dis "non", puis finalement je suis parti. J'ai douté jusqu'à ce que je monte dans l'avion, j'ai regretté pendant tout le trajet et j'ai eu envie de m'enfuir dès que j'ai atterri. Ensuite une fois de retour, Saliego m'a demandé de travailler pour lui à nouveau et voyant que je refusais, il m'a proposé Faustin en menaçant ma famille, donc j'ai été obligé d'accepter. -Au final on a tout les deux une vraie vie de merde. -Mouais... Même si j'ai l'impression d'avoir tout fait pour gâcher ma vie qui partait plutôt bien alors que tu as tout fait pour rendre la tienne heureuse malgré les emmerdes qui t'arrivaient. Elle me sourit et je cru pendant un instant qu'elle allait m'embrasser, mais elle se ravisa au dernier instant et n'en fit rien. Ce n'était pas le moment, et pourtant c'était le dernier. -Je vais prendre une douche et me maquiller avant le taff, prends l'ordi en attendant. -Comme tu veux. Elle quitta mon étreinte et se dirigea vers la salle de bain avant de fermer la porte derrière elle. Je restais quelques instant immobiles, écoutant le bruit de ses vêtements qui glissaient le long de sa peau alors qu'elle les enlevait ou encore celui de l'eau qui coulait sur son corps. Je finit tout de même par ouvrir précautionneusement son ordinateur, un fond d'écran représentant Walter White assis sur le trône de fer s'afficha sous mes
yeux, recouvert par les icônes habituels ainsi que trois dossier : "Films", "Jeux vidéos" et "Livres". Un onglet internet était ouvert sur la page Wikipedia de l'effet Doppler. N'ayant pas vraiment de recherche à faire, je me contentais d'ouvrir son dossier "Films". Ce dernier contenait une vingtaine de sous dossiers allant de "Horreur" à "Romantique" en passant par "Action". Il y avait même un dossier "Porn", je fut tenté d'y jeter un coup d'œil mais je m'y abstint. À la place, j'ouvrais le dossier nommé "Chef d'œuvre", il ne contenait pas plus d'une dizaine de films parmi lesquels Django, Interstellar ou encore Les Oiseaux, pour ne citer que ceux dont le nom me disait quelque chose. La douche venait de s'arrêter de l'autre côté de la porte, j'entendais Leslie marcher dans sa salle de bain, l'appartement était vraiment mal insonorisé. Il m'arrivait même d'entendre des bribes de conversations venant des appartements voisins. Tout ça me rappelais là où je vivais avec ma mère, Leslie ne méritait pas de vivre ici. Une fille aussi combattive qu'elle ne devrait pas avoir à supporter autant de malheurs. Soudain, je l'entendis me parler à travers la porte. -C'est qui ta copine punk ? -Lucy ? -Ouaip c'est ça. Elle est venue hier pour m'inspecter je crois. -Elle t'as dit ça comme ça ? -Non, mais ça se voyait. Elle a posé un tas de question, j'ai vite compris qu'elle venait de ta part. -C'est pas moi qui l'ait envoyé hein ! -Ça je le sais, t'aurais jamais envoyé quelqu'un qui essayerait de me draguer. Je sourit en m'imaginant la réaction de Leslie face à une Lucy sous le charme, en train d'essayer de la flatter pour arriver à ses fins. -Elle t'a vraiment dragué ? -J'ai pas vraiment envie d'en parler plus avant mais oui... À part ça elle est sympa, c'est marrant à quel point elle ne ressemble pas du tout à Nick, tes fréquentations sont plutôt hétérogènes. -Elle est pas très hétéro. -Nan mais je parlais pas de ça, tu sais ce que ça veut dire hétérogène ? -Euh... Évidement ! -T'es vraiment un putain d'inculte en fait ! Je l'entendais rire dans la salle de bain, rien que ce son me fit sourire à mon tour. Je retrouvais Diamond, la mélancolie disparaissait peu à peu. Étais-ce un hasard ou alors s'entraînait-elle en rentrant dans le personnage avant de se rendre au club ?
-En tout cas ouaip, si tout ça devait se terminer un jour, ce serait cool de sortir tous ensemble. Nick, Viktor, toi, moi et la punk. -Pourquoi pas ? Encore faudrait-il que tout ça se termine. -C'est pas toi qui disait être optimiste ? -Et c'est pas toi qui disait que c'était juste de la naïveté ? -Non, ça c'est toi... En tout cas si on survit pas à ce jour, faut que tu sache que t'es un mec bien Michael. -Merci, toi aussi t'es une fille bien. -Ça je le sais. La porte de la salle de bain s'ouvrit et elle en sortie métamorphosée, son visage paraissait plus jeune d'au moins deux ans, elle ressemblait de nouveau à une adolescente, elle était de nouveau Diamond. Sa serviette rose entourée autour de la poitrine, elle alla récupérer sa culotte et ses bottes ainsi qu'un T-Shirt violet dans le bazar environnant puis elle retourna dans la salle de bain et elle referma la porte. -Tu ne met pas de pantalon ? -J'ai laissé mon Jogging dans la salle de bain. Bien essayé ! -Comment ça "Bien essayé" ? -Soit tu voulais me prendre en flagrant délit d'oubli pour ensuite te moquer de moi durant le restant de mes jours, soit tu espérais me voir en culotte, dans les deux cas c'est mort. -Pour me moquer de toi, j'ai pas besoin de ça, ensuite pour te voir en culotte... Bah je t'ai déjà vu au club du coup... -Oui mais là c'est chez moi, y'a quelque chose en plus. Je suis sûre que si je sortais dans ma tenue du club, là, maintenant, tu serais plus excité que si on était au Vault. -Essaie pour voir. -Tu m'auras pas à ce jeu là. Bon en tout cas moi je vais partir, tu peux regarder un film ou juste dormir. Je t'oblige pas à m'attendre, d'habitude je rentre après 4 heure. Elle sortit une nouvelle fois de la salle de bain, cette fois-ci avec ses bottes rentrées dans son jogging, ce qui était très laid, ainsi que son T-Shirt violet. Elle vit mon air de dégoût face à la façon avec laquelle elle avait arrangé sa tenue mais elle fit comme si de rien n'était. Elle se contenta juste de s'approcher de moi et de déposer un unique baiser sur mes lèvres, durant un lap de temps tellement court que je me demandais même si cet événement avait eu lieu. Me voyant rougir, elle sourit, fière du résultat de son action, puis quitta rapidement l'appartement avec un "à demain" aux tons moqueurs. Je restais pétrifié sur le lit, fixant la porte comme un extravagant.
Je ne pouvais cesser de m'interroger sur le sens de ce baiser : Etais-ce une autre de ses farces ? Un remerciement pour l'avoir écouté ? Un geste irréfléchi ? Une expression de ses sentiments ? Des hypothèses de plus en plus farfelues me parcouraient l'esprit alors que je cherchais un film à regarder en attendant son retour. Je filtrais les trop anciens ainsi que ceux qui n'étaient pas assez longs pour finalement choisir Watchmen. Malgré un générique assez impressionnant et une bande son exceptionnelle, les discours philosophiques sur le sens de la vie proférés par un homme bleu et l'ambiance mélancolique du film finirent par avoir raison de moi et je décidais au bout d'une heure de changer. À la place, je sélectionnais un James Bond dans la catégorie action, un de ceux avec Pierce Brosnan. Je trouvais ça étrange de me dire qu'alors qu'un des hommes les plus dangereux de la ville était à ma recherche, je regardais calmement des films chez une des employées de ce même homme. Quand le film fut fini, on approchais de 23heures et je n'eu pas la motivation d'en regarder un autre, je décidais alors de laisser le sommeil s'emparer de moi en espérant que Leslie me réveillerait à son retour. Comme prévu, le cliquetis de la porte d'entrée me sortis de mon repos et j'entendis la propriétaire des lieus rentrer dans l'appartement avant de verrouiller derrière elle. Je n'eut pas le courage d'ouvrir les yeux et je me contentais donc de l'écouter retirer ses vêtement avant de venir se mettre sur le lit à mon côté. -Il sait. -Hein ? -Faustin sait que t'es ici. -Qu'est-ce qui te fais dire ça ? -Un de ses hommes est passé au club, il m'a dit "M.Faustin n'aime pas la trahison, nous vous suggérons de ranger de votre maison". -Effectivement... Du coup il vaudrait peut être mieux que je parte. -Non. Reste, tant qu'à risquer ma vie, je préfère avoir quelqu'un pour me protéger. C'était la première fois que je la voyais faire preuve d'égoïsme, j'aurais pu m'enfuir et la laisser seule, mais je n'en avais pas envie. Je voulais rester avec elle pendant le peu de temps qu'il me restait à vivre. -Alors qu'est-ce qu'on fait ? Elle se blottit un peu plus contre moi avant de prononcer sa réponse, sa respiration s'abattait régulièrement sur mon torse tandis que ses cheveux se répandaient sur mes épaules et que son parfum emplissait mes narines. -Demande de l'aide à Saliego.
Chapitre 33 : Droit d'asile Le silence nocturne nous étouffait, aucun bruit, aucun son, rien que nos pas sur le sol et la main de Leslie serrée contre la mienne. Je sentais la fatigue dans ses mouvement alors que nous approchions peu à peu de notre but. La ville allait bientôt voir l'un de ses plus riches habitants dépérir, s'écroulant dans une flaque de son propre sang, et personne ne s'en rendra compte. Je savais ce qui allait se passer, et je ne me trompais pas, chacun des événements qui ont eu lieu ce jour là, je les avais tous prédis. La boule dans mon ventre grandissait tandis que la demeure fantomatique de Saliego se rapprochait sous l'éclairage pâle d'une lune en croissant. Jamais je n'avais été aussi sombre et triste, jamais je ne m'étais senti aussi mal. Les démons et fantômes du passé ne me faisaient plus peur, je craignait désormais pour le futur. Ce que je m'apprêtais à faire, personne ne me l'avait demandé, ce sang que j'allais versé, il allait se répandre uniquement sur mes mains. Plus de désignations lâches d'un coupable innocent, désormais, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. Cet homme qui verrait bientôt sa vie s'achever, j'apercevrais sans doute son visage sous mes paupières avant de m'endormir, il serait mon premier meurtre conscient, réfléchi, prémédité et personnel. Je sombrais du côté de la survie, ou du côté des monstres, je n'aurais su le dire. Aujourd'hui, j'allais briser la vie d'un homme, qui ne méritait sans doute pas plus de vivre que moi, mais qui avait eu le mérite de créer quelque chose, aussi horrible soit cette chose. Si je mettais fin à cette vie, je franchirais une limite à laquelle je n'avais jamais pensé auparavant, la limite qui sépare le bourreau du juge, la limite qui sépare les hommes de mains des monstres impitoyables. La grille grinça, troublant ce silence presque apocalyptique, la ville retenait son souffle avant l'incident prochain, mais malgré tout, si j'agissais bien, personne ne se rendrait compte de ce qui allait se passer. Les graviers craquaient nous nos chaussures et l'emprise de Leslie se raffermi encore plus sur ma main, pour elle, ce jour était le dernier quoi qu'il arrive. Sa vie allait s'arrêter là,soit définitivement, soit pour devenir meilleure. Moi, je ne projetais pas au delà du moment où j'aurais à appuyer sur la gâchette, où je verrais les yeux de mon ancien chef exprimer une profonde tristesse avant de se révulser, laissant son esprit quitter ce monde. Marco lui même vint ouvrir la porte, des cernes entouraient ses yeux, lui aussi semblait désabusé. Mon appel l'avait désorienté, c'était une triste réalité, mais il s'était laissé fait trahir. Nous touchions tous le fond, hommes de main comme puissants, rien ne nous différenciait. Cette journée s'annonçait sanglante, et la victoire absolue. Pas de
survivants cette fois, plus de dentelles, quand la lune allait de nouveau sortir de sa cachette, un cœur au moins se sera arrêté de battre. La sourire de Saliego était absent de son visage, il arborait simplement une mine renfrognée, son regard courut le long de mon corps avant de passer à Leslie, puis il nous fit entrer, calmement, bien trop pour que l'on puisse penser qu'il se trouvait dans son état normal. Il nous installa dans son salon plongé dans la pénombre, sans doute l'absence de lumière était-elle là pour éviter d'alerter sa femme. Mon hypothèse se confirma lorsqu'il se mît à parler à voix basse avec un ton que je ne lui connaissais pas. -Pourquoi Michael, pourquoi ? -Pourquoi quoi ? -Pourquoi Faustin ? Pourquoi reviens-tu vers moi ? Pourquoi aie-je réussi ma vie mieux que plusieurs milliards d'honnêtes gens travailleurs ? -Je ne peux pas vous expliquer le monde, mais si je suis ici, c'est pour vous aider à vaincre Faustin. -Tu sais Michael, dans la vie, il y a principalement deux types de gens. Ceux qui laissent la chance guider leur vie, ne prenant pas la moindre sécurité et attendant patiemment qu'une bonne étoile vienne les protéger. Je fais partie de la seconde partie, celle qui font tout pour qu'il n'y ait pas le moindre accroc, pas d'imprévu. Quand je veut quelque chose, je le dis, et je l'obtient. C'est comme ça que je fonctionne, c'est pour ça que tu as travaillé pour moi, tu étais infaillible, si je te demandait de faire quelque chose, c'était fait. Mais tu es parti, et je me suis retrouvé seul, de nouveau confronté au hasard. J'ai vu en James Faustin un homme sûr, droit et responsable, mais son avidité et son ambition ne m'étaient pas apparu. J'ai gâché des années d'affaires à cause d'un simple mauvais choix. Tu me propose de travailler avec moi à nouveau ? Très bien, mais je dispose de Taka qui m'offre la sécurité et l'absence de doute que tu me donnais naguère, alors pourquoi aurais-je besoin de toi ? Pourquoi prendrais-je le risque d'à nouveau faire un mauvais choix en acceptant un homme qui m'a déjà quitté une fois et qui est actuellement en train de trahir son patron ? Son regard était pesant, chacun de ses mots étaient soigneusement choisis, je ne pouvais pas me défiler. À cet instant précis, rien d'autre que la vérité ne me permettrais de sortir d'ici en vie, aussi cruelle soit-elle, je devais montrer ce que j'étais réellement à un homme qui craignait le mensonge plus que tout au monde. -Parce que c'est grâce à moi que tu en es là et que c'est à cause de toi que j'en suis là. Je t'ai offert un empire de plusieurs millions de dollars, j'ai fait tout ce que tu me demandais sans jamais rechigner à la tâche, le tout pour à peine 10%
des bénéfices que tu engendrais. Alors que toi, tu m'as laissé tomber parce que tu avais peur de te faire choper par la police, tu as préféré te protéger plutôt que d'essayer de sortir tes hommes de la merde. Tu as tué un de mes amis en prison parce tu avais peur qu'il parle. Malgré tout ce que j'ai fait pour toi, tu n'as pas accepté que je parte et tu ne m'as pas laissé accéder à mon argent : 890 000 putains de dollars qui se sont évaporés alors que je les avais gagné. Et maintenant, après toute ces merdes que tu m'as fait malgré ma dévotion sincère envers toi, je te propose à nouveau mes service. Pourquoi ce serait à moi de me justifier ? Je pourrais te demander de me rendre mon argent, de tuer Faustin en échange de mes services passés, mais non. Ce que je veux, c'est revenir auprès de toi pour à nouveau t'aider. Et mon cadeau de bienvenu, c'est la tête de cet enfoiré de James Faustin, alors ne fait pas la fine bouche Marco. Je le tue pour toi, en échange de quoi, tu me donne carte blanche pour organiser le coup du Commerce Casino. Je te rends un service, et en échange, je te rends un autre service, qu'est-ce que tu veux de plus bordel de merde ? Je jetais ensuite un regard vers Leslie qui ne semblait pas du tout souffrir de l'ambiance oppressante de la pièce. Ses yeux allaient de moi à Marco avec une expression des plus sérieuse, comme si elle analysait chacun de nos mots. Pour elle, cette discussion était celle qui allait être décisive pour le reste de sa vie, si je convainquait Saliego, elle était libre, sinon, elle mourrait. Et pourtant, il n'y avais aucune anxiété dans sa posture, sa main était posée sur son menton à la manière des scientifiques et elle étudiait notre échange tandis que Saliego semblait réfléchir à mes dernières paroles. -Michael, ce que tu viens de me dire, ça me fait un peu l'effet de ce que disent les philosophes à la télé. Ce qu'ils disent est cohérent, intéressant, vrai, mais au final, on campe sur nos idéaux quoi qu'il arrive. Tu es devenu bien trop incontrôlable pour que je prenne le risque de t'avoir à nouveau à mes côtés. -Alors ne me prends pas à tes côtés. Je tue James Faustin, je braque le Casino, ensuite, je pars avec l'argent du braquage. Je serais incapable de te dénoncer puisque si je le fais, tu pourras toi aussi me dénoncer pour une liste de crime quasi-infini. Peut être que je resterais en ville, peut être pas, en tout cas, je garderais mon argent cette fois. C'est juste deux boulots que j'exécute pour toi et ensuite je me tire. Je vis qu'il se mît à réfléchir et je l'en empêchait en reprenant mes propos avec plus d'argumentation : je ne devais plus lui laisser le temps de dire "non".
-Le meurtre de Faustin, je le fait pour moi, aucune chance pour que je te trahisse. Le braquage du Casino, c'est moi qui reçoit les gains, pourquoi je le ferait foirer ? Tu es sûr à 100% que j'exécuterais au mieux ces deux boulots, alors il est où le risque ? -Très bien, j'accepte ton offre, mais tu vas devoir faire un peu plus que simplement tuer Faustin. -J'écoute. -Après sa mort, tu iras voir son notaire, fait ce que tu veux avec lui mais je veux hériter de ses boîtes de nuit. Ensuite, faudra que tu annonce à Luìs que la distribution de drogue lui appartient désormais et qu'on ne veux plus d'embrouilles avec son gang. -Tu savais pour la drogue ? James m'avait dit qu'il le faisait en cachette. -Je suis moins con que j'en ai l'air. Je savais très bien que Faustin faisait du trafic de drogues et d'êtres humains, le truc, c'est qu'il ramenait énormément d'argent, du coup je le laissais faire sans qu'il sache que je savais. Je pense que j'ai été aveuglé par ses revenus dantesque et que c'est pour ça que je n'ai pas cru Ellijah quand il m'a dit à maintes reprise que James s'apprêtait à me doubler, mais avec cette discussion dont tu m'as parlé au téléphone, je suis obligé d'y croire. Il avait l'air vraiment désappointé par ce fait, mais pour moi, ce n'était pas l'argent qui l'avait aveuglé : c'était la paix. Quand on passe dix années entière sans problèmes majeurs, on est pas prêt à en assumer, alors si il y en a un qui pointe le bout de son nez, on refuse son existence en espérant qu'il s'agisse d'une fausse alerte, et ce jusqu'au dernier moment. -Maintenant, il faut négocier plus précisément. Je veux garder ma voiture, mon poste de gérant du Vault et surtout, la libération de Leslie. -Pour la voiture, je m'en contrefout, tu vis ta vie. Le Vault, c'est non, mes employés se doivent d'être utiles. Quant à la fille, elle part quand elle veut, je ne suis pas un amoureux de l'esclavage. Je vis le visage de Leslie s'illuminer et je crus un instant qu'elle allait sauter au coup de Marco mais elle se retint au dernier moment et reprit une expression calme sans pour autant réussir à retirer l'immense sourire qui s'était déposé sur son visage. -Ok, ensuite, il me faut des infos, c'est pour ça que je suis là après tout. -Tu as déjà vu la maison de Faustin, il y dort jusqu'à 10 heure, la plupart du temps en compagnie d'une ou deux filles de sa propriété. Sa chambre est au dernier étage, au bout du couloir en face des escaliers. Le problème, c'est qu'il va se douter que tu es en train de planifier une attaque. Ce fils de pute se prends pour un dieu au point de ne pas avoir d'assurance vie mais
il aura sans doute quelques gardes. -Il n'a pas d'assurance vie ?!? -Non. Leslie semblât vouloir poser une question mais elle se ravisa au dernier moment, je comprit immédiatement ce qu'elle se demandait et je décidais d'y répondre. -Une assurance vie, c'est quand tu paye des gars pour tuer ceux qui ont mis fin à ta vie. -Ouaip, j'ai eu un doute et puis je me suis dit que ça devais être ça alors j'ai pas demandé. Merci quand même. Elle me sourit et je tournais ensuite à nouveau mon regard vers Marco qui, contrairement à Leslie, semblait très anxieux devant la situation actuelle des choses. -Bon donc il n'a pas d'assurance vie, mais il y aura des gardes. Le connaissant, ce sera une milice privée, alors fait plutôt gaffe à ton cul, je te conseille de prendre du renfort. Je veux que ça soit propre, pas de corps, pas de sang, rien. Les gens doivent pouvoir penser qu'il s'est tiré. Ensuite, tu vas voir le notaire et tu... -Mais si personne ne sait qu'il est mort, tu ne pourras pas hériter de ses clubs. -Trouve une solution, je ne sais pas comment ça marche, mais il doit y avoir un moyen. Quand j'aurais les boîtes, tu iras dire à Luìs que... -... le business est libre et qu'on ne veut plus d'ennuis avec les gangs, ok. J'y vais ? -Tu fais ça dans cet ordre là et tu m'appel dès que c'est fini, si à minuit je n'ai pas reçu de coup de téléphone, le marché ne tient plus. -Pourquoi ? -Parce qu'on a pas de temps à perdre. Si Luìs se rend compte qu'on s'entretue, il va peut être vouloir en profiter, il faut donc que tu lui dise le plus vite possible que je gère la ville seul désormais. -Donc pourquoi ne pas commencer par lui à la place du notaire ? -Les notaires de la pègre ne sont pas des idiots, si leur patron se faut buter, il y a une chance sur deux pour qu'on récupère leurs propriétés de façon assez brutal. Je préfère encore une attaque de la part de Luìs qu'une fuite de revenus aussi conséquents. -D'accord. C'est parti. -Oh et son notaire, c'est M.Crest. -Ok, parfait. Je quittais la maison en compagnie de Leslie, dehors la lune disparaissait peu à
peu au profit d'un soleil encore fatigué. Quand nous eûmes passé le portail grinçant, ma partenaire libéra enfin sa joie. -Bordel faut qu'on y arrive Michael ! Si je peux t'aider, de quelque manière que ce soit, je suis prête à tout. Si tu veux je peux aller voir Luìs ou le notaire, ou n'importe qui d'autre, je veux juste te faire gagner du temps. -Je vais envoyer Nick voir le notaire, il s'y connaît en négociation, pour Luìs, je pense y aller moi-même juste après avoir tué cet enfoiré de Faustin. Je vais sûrement demander à Lucy de m'aider pour le meurtre alors si tu veux faire quelque chose pour moi, t'as qu'à appeler Nick et lui demander d'aller voir Crest et de récupérer la propriété des clubs pour Saliego. -C'est tout ? Elle sembla un peu déçue de ma réponse et j'hésitais un instant à lui proposer d'accompagner Nick mais je me dit que c'était une mauvaise idée, Nick n'était bon que lorsqu'il était seul avec sa cible, la moindre déconcentration et il perdait tout ses moyens parce qu'il avait peur qu'on le juge, disait-il. -C'est mieux pour toi, les trucs qui vont avoir lieu aujourd'hui ne sont pas beaux à voir, je pense que tu as eu ton lot d'horreur durant tes 22 premières années de vie, maintenant tu reste éloignée de tout ça, ok ? -T'as sûrement raison. Bon, j'appelle Nick. Elle sortit son téléphone de son pantalon et commença à taper le numéro tandis que je faisais de même avec Lucy. Je me demandais si le fait qu'il ne soit même pas 6 heure allait influencer sa réponse mais je finit par me convaincre que non. -Michael, putain t'as vu l'heure ? -Ouaip, je suis désolé. Simplement, j'ai besoin de toi. -Et ça peut pas attendre, nan parce que tu nous as réveillées toutes les deux là. -Désolé, vraiment, mais je m'apprête à tuer Faustin. -QUOI ?!? -Oui, désolée pour le cri Jenna-. Mais t'es pas sérieux ? -Si, complètement. J'ai besoin de la meilleure avec moi. -Ok, j'arrive tout de suite. Tu pense qu'un peu de renfort serais le bienvenu ? -Ouaip. -Parfait. Je suis là dans une heure tout au plus, on se retrouve devant sa baraque ? -C'est ça, je t'expliquerai là-bas. -Pas besoin de m'expliquer, depuis le temps que je rêvais de buter cet enculé. Je souris puis je mît fin à la conversation tandis que Leslie continuait la sienne. Dans le silence nocturne, j'entendais Nick crier à travers les hauts-parleur du téléphone de mon amie. Tout en l'écoutant vociférer, elle me faisait des têtes qui voulaient dire "il a pas l'air prêt à coopérer".
Finalement, il raccrocha puisque je n'entendis plus sa voix et je vis Leslie afficher une moue déçue. -Il a raccroché, agir contre l'un des hommes les plus puissants de la ville ne semble pas l'intéresser. -Merde ! Bon bah je m'occuperais aussi du notaire alors. -Attends ! Je peux le faire si tu veux. Je m'y connaît un peu en droit et j'ai appris deux ou trois trucs pour empêcher un homme de me dire "non". -T'es pas sérieuse ? Ce mec à peut-être des gardes du corps, c'est pas une danse sexy qui va le faire tomber à genoux. -Ah non mais y'a pas que ça, quand tu vis dans des quartiers difficiles alors que t'es belle, faut savoir se défendre. Pour les gardes, c'est pas un problème. Je l'allume jusqu'à être suffisement près, puis je bloque ses mouvements et sa bouche. Là il ne peux plus appeler personne et je me met à parler affaire. Ce plan ne me plaisait pas du tout mais je percevais une motivation pure dans le regard de Leslie et je fut donc incapable de refuser, de toute façon, je ne pouvais pas cracher sur un gain de temps. -Ok, mais si il t'arrive quelque chose, tu m'appelle tout de suite. -Comme tu veux. Elle est bien ma tenue pour allumer là ? Elle portait un gilet bleu ouvert sur un débardeur à décolleté plongeant qui laissait entrevoir un soutien gorge noir. Son jean slim bleu descendait jusqu'à une paire de baskets blanches de marque. Je l'observait quelques instant avant de lui dire : -La cabinet doit ouvrir après 9 heure. Passe chez toi, met un soutif rose à la place du noir, garde le débardeur mais enlève le gilet, met un short au lieu du jean et garde ces chaussures. Là tu devrais être bien... Oh et remaquille toi, le truc d'hier commence à fondre. -Ce que t'es autoritaire, tu devrais bosser dans relooking extrême. -Tu me pose une question, je te réponds. Mais ça ne te gêne pas de faire l'allumeuse ? Tu trouve pas ça un peu réducteur quand même ? -J'ai fait ça toute mon adolescence, je peux le faire une soirée de plus pour acheter ma liberté. Allez, à ce soir, je m'en vais me changer en "la femme parfaite selon Michael". -Eh ! -Quoi ? -Ne fait pas de conneries. Elle haussa le sourcil avec l'air de dire "évidement que je vais faire des conneries" et je changeais alors immédiatement ma phrase.
-Ne te fait pas prendre. -J'y veillerais. Je lui souris avant de quitter sa compagnie pour me rendre devant la demeure de Faustin, mon cœur battait de plus en vite. Alors que le soleil peinait à se lever, je me disait qu'aujourd'hui était le début d'une nouvelle ère, et ce pour beaucoup trop de gens.
Chapitre 34 : La troisième option Les premiers rayons du soleil perçaient à travers les hautes tours de verres alors que nous nous réunissions à quelques mètres de la maison de Faustin. J'avais l'impression que chaque villa du quartier nous observaient avec un regard inquisiteur. Lucy s'était réveillée à peine une demi-heure plus tôt et c'était visible sur son visage encore plus blanc et macabre que d'habitude. Derrière elle, Nikolaï attendait, adossé contre une barrière. Cette fois-ci, il nous faisait l'honneur de porter des vêtements : un vieux pantalon gris déchiré ainsi qu'un T-shirt jaune tout droit sorti d'un magasin discount des années 90. -Bon, t'as un plan Mike ? -J'en sais rien. Je suis passé devant la maison avant que t'arrive, ils sont au moins une dizaine rien que devant l'entrée. Si on se fait repérer, Faustin va être réveillé et il va chercher à s'enfuir. Le problème, c'est leur placement : chaque garde en regarde un autre. Si on en tue un, l'alerte sera donné en trente secondes à moins de tous les tuer dans la miliseconde qui suit. Lucy réfléchissait activement, ses yeux se perdaient dans le vague et ses jambes se balançaient lentement. De son côté, Nikolaï ne semblait même pas avoir écouté ce que je venais de dire, on aurait dit qu'il n'attendait plus que le début de l'offensive. -On peut pas buter Faustin d'ici à cause des vitres pare-balles, du coup il faudrait y aller à la supra-offensive. -Qu'est-ce que t'entends pas là ? -James a une milice privée, et bien moi aussi. Nikolaï, appel tes hommes. Son interlocuteur sourit avant de sortir son téléphone de sa poche dans un geste assez maladroit. Il se dépêcha de taper un numéro puis énonça quelques mots dans une langue que je soupçonnais d'être du russe avant de raccrocher. -C'est bon. -Parfait. Maintenant on attends. Alors que chaque minute qui passait augmentait de quelques mètres la surface recouverte par le soleil, je me surpris à penser à Leslie et à sa mission. En ce moment elle devait être en train de se préparer, je m'en voulais de l'avoir laissé y aller seule. Si elle échouais à sa tâche, si elle y perdais la vie, alors cette victoire face à Faustin n'aurait plus eu le moindre sens. Je me serais retrouvé désemparé, libre
mais désemparé. Voyant mon air préoccupé, Lucy s'approcha de moi et posa sa main sur mon épaule dans un geste qui se voulait réconfortant. -Tu stress ? -Pas vraiment. -Fais pas semblant, je vois ta face de tapette hein ! -En vrai, je pense à Leslie. Je l'ai envoyé effectuer un job qui a de forte chance d'être délicat. -Et... ? -Bah j'ai peur qu'elle y passe à cause de moi. -C'est quoi le boulot ? -Manipuler le notaire de Faustin. Elle passa sa main dans ses cheveux, sans doute pour augmenter encore plus leur état chaotique, puis sorti une cigarette de sa poche qu'elle enfonça dans sa bouche mais sans l'allumer, comme s'il s'agissait d'un placebo. -Pourquoi le notaire de Faustin tuerait l'une des employées de son patron? -Peut être qu'il ne sait pas qu'elle bosse pour lui, peut être que le fait d'essayer de trahir son patron est une bonne raison pour la tuer, peut être même qu'au lieu de la tuer, il va faire pire. -Tu veux que j'envoie quelqu'un ? -Nan, j'ai pas envie de lui faire croire que je ne lui fais pas confiance. -Tu lui fais confiance ? -Oui, mais je ne pense pas que le résultat de sa mission dépende d'elle. Elle pris une expression gênée avant d'apercevoir nos renfort arriver au bout de l'avenue. Elle me les montra du doigts avant de vérifier que l'arme qu'elle avait mis dans son pantalon y était toujours puis elle lâcha un "c'est parti". -Et pour le plan ? -On a 16 psychopathe fou de notre côté, ils vont créer un bordel inimaginable et toi, tu vas foncer jusqu'à Faustin. Là tu lui tire une balle dans la tête et tu te tire. -Et toi ? -Moi je fais parti des psychopathes. Elle me sourit et fit signe aux 14 hommes qui venaient d'arriver de venir avec elle, puis elle se mît à courir en direction de la maison de Faustin. Nos renforts était plus ou moins tous différent à un détail près : ils avaient l'air de sauvages. Je ne me sentais pas vraiment confiant devant le plan de Lucy mais je fut forcé de rejoindre l'équipe qui courrait vers la villa, arme à la main. Dès que l'on fut trop près du champ de vision de gardes, on sauta au sol avant de ramper jusqu'à la barrière qui courrait autour de la maison de la cible.
Depuis la couverture, Lucy donna ses dernière indications. -À trois, tu saute par dessus la barrière et tu cours jusqu'à James, nous on s'occupe des gardes. -T'es sûre que.... -Trois !!! Ne prenant même pas la peine de réfléchir, j'enjambais le muret sous le regard surpris des miliciens. À peine m'eurent-ils aperçut qu'une pluie de balle en fit tomber la moitié et obligea le reste à se mettre à couvert. Tout en courant, je priais au fond de moi pour qu'aucune balle perdue ne m'atteigne. Malgré les dizaines de coups qui étaient tirés chaque secondes, je finis par atteindre la porte de la villa. Au lieu de ralentir ma course, j'augmentais ma vitesse et j'enfonçais le verre de l'entrée pour atterrir à plat ventre sur le tapis du hall entre les éclats de vitre, le corps douloureux et les muscles épuisés. Dehors, les balles continuaient de fuser et Faustin devait avoir été réveillé par tout ce remue-ménage mais je me sentais en sécurité, j'avais l'impression d'avoir déjà réussi ma mission. Je montais quatre à quatre les marches du hall en direction de l'étage avant de m'aventurer dans un immense couloir blanc. Suivant les indications de Saliego, je réussit à trouver la chambre de Faustin. J'observais quelques instants cette porte blanche derrière laquelle se tenait ma cible. Dès que l'aurais ouverte, je me retrouverais en face de lui, dès que j'aurais tiré, je serais libre. Et pourtant, une voix en moi me disait de partir, d'abandonner avant qu'il ne soit trop tard, de ne pas jouer le jeu de Saliego. Je finis tout de même par pénétrer dans cette chambre où James m'attendait, assis sur son lit, faiblement éclairée par une lampe de chevet aux couleurs tristes. En me voyant arriver, il sourit légèrement, presque naïvement. -Bonjour Michael. -Bonjour James. Nos regards s'étaient croisés et je n'eut pas le courage de l'achever tout de suite. C'était une grossière erreur mais j'avais besoin de lui parler avant de l'assassiner, la raison m'échappait mais j'en avais besoin. -Je t'attendais, comme tu as pu le remarquer. -Pas dans votre chambre je suppose. -En effet, je t'ai sous-estimé. Tu compte me tuer maintenant ? -C'est ça. -Bon. Tu le fais pour toi ou pour Marco ? -Les deux.
-Bonne réponse. Il me sourit à nouveau, cette situation semblait surréaliste. J'étais sur le point de le tuer et pourtant, j'avais l'impression qu'il allait me proposer une tasse de thé dans les dix prochaines minutes. -Pourquoi veux-tu me tuer ? -Parce que sinon, c'est moi qui vais y passer. -Mais n'aie-je pas de bonnes raisons de te punir ? -Je ne dis pas le contraire. -Toi, as-tu de bonne raisons de mettre fin à ma vie ? Autres que ta propre survie. -Vous êtes un monstre, et je suppose que cette planète ne regrettera pas votre mort. -Moi. Un monstre ? Pourquoi ça ? -Le trafic d'être humains, la drogue, la prostitution... -Mais toi tu es un meurtrier. -Je n'en suis pas fier. Simplement moi j'achève des vies, vous, vous achetez des vies. -Intéressant comme point de vue. Avec sa robe de chambre grise, ses cheveux en batailles, sa barbe mal rasée et son regard vide, on aurait pu le prendre pour un fou. Mais le pire restait sans doute son ton monocorde, c'était oppressant de l'entendre parler comme si il était en pleine déprime. -Mais en quoi cela fait-il de moi un monstre ? Des femmes qui ont parcouru des milliers de kilomètres pour arriver ici et qui, sans moi, auraient été renvoyées chez elles. Je les nourris, je les loges, en échange de quoi, elle ont juste à coucher avec des hommes. Si je te proposais de coucher avec dix femmes différentes par jour, tu le ferais gratuitement j'en suis sûr, pourquoi serais-ce différent avec elles ? Tu vas me dire qu'elles n'ont pas choisi ce travail, mais le fils d'ouvrier qui devient ouvrier à son tour, tu vas me dire qu'il a choisi son travail ? Non, et pourtant personne ne va tuer le président pour autant. Le monde est fait d'inégalités, simplement il y en a qu'on accepte et d'autres qu'on condamne. Ces femmes souffrent peut être dans leur travail, mais sans moi, elles seraient en train de se faire torturer dans leur pays d'origine ou alors elles dormiraient dehors et feraient la manche à longueur de journée. Je leur donne le confort qu'elles étaient venu chercher. Pour la drogue, je ne me sens pas plus coupable. L'état autorise l'alcool et la cigarette, alors pourquoi pas la coke ou le cannabis ? On vit dans un monde paradoxal où des choix sont fait sans raisons apparentes. Certaines personnes veulent de la drogue, alors je leur en donne. Ce n'est pas ma faute si elles en
veulent, je ne suis qu'un livreur. Si je n'étais pas là, quelqu'un d'autre leur en donnerait et le monde ne serait guère différent. Il y aura toujours quelqu'un de suffisamment intelligent pour comprendre que le meilleur moyen de gagner sa croute, c'est d'offrir aux gens ceux qu'ils souhaitent. Le monde ne peut pas tourner sur des petites valeurs héroïques, ici on est dans la réalité, et ça craint. Alors soit on se laisse broyer, soit on devient encore pire que le reste des gens. Il y a deux options quand on veut être libre, soit on tente de modifier les règles, soit en s'en affranchi. Les premiers passeront leur vie à supporter une cause vaine tandis que les seconds feront tout ce qu'ils souhaitent durant le restant de leurs jours. Il croyait vraiment ces mots, il n'y avait pas une once de culpabilité en lui, il se sentais pure, blanc comme neige. Je me demandais comment il pouvait faire pour fermer les yeux sur autant d'horreurs sans même avoir des remords. J'allait lui poser la question lorsque je le vis sortir une arme de sous la couette et la pointer sur moi. Une demi-seconde avant que le tire ne parte, j'avais sauté dans la pénombre de la chambre pour me cacher derrière une commode design. -Allez Michael, revient, on doit parler. Combien Marco te paye pour ce job ? -Zéro, je le fait par plaisir. -Tu le fais pour survivre. Je peux t'offrir un billet pour la ville de ton choix et 10 000 000 de dollars. Regarde ma maison, ce n'est rien pour moi une telle somme. Tu tue Saliego et tu devient un homme libre et riche. -Vous êtes sérieux ? -Complètement. -Je veux aussi que vous laissiez sa liberté à Leslie. -Comme tu veux, marché conclut ? -Marché conclut. Je sortis de ma cachette mais je ne m'approchait pas de lui pour autant. Il me regarda avec un air paternel et me fit signe de venir vers lui, au lieu de ça, je tirais une balle qui vint s'enfoncer droit dans son abdomen. Son visage devint alors incompréhensif et il m'interrogea du regard alors que le sang se déversais sur sa robe de chambre et que la vie le quittais peu à peu. -Comment ose-tu me tuer, après tout ce que j'ai créé. Qu'est-ce que tu as fait toi ? -J'ai survécu. Nouveau tire, la balle s'enfonça cette fois-ci dans sa tête et il s'écroula sur son
lit, l'arme qu'il tenait sans sa main tremblante atterri sur le sol dans un bruit sourd. Je restais quelques minutes à observer ce spectacle macabre. Ce homme, le plus puissant de la ville, mort comme n'importe quel autre être humain, couché sur son lit, le sang coulant sur son visage et son torse, il n'y avait plus la moindre trace de splendeur en lui, il n'inspirait plus rien d'autre que de la pitié. Je quittais la pièce avec un profond dégoût, autant pour moi-même que pour cet homme, puis je rejoignis Lucy et ses hommes qui attendaient dans le jardin. Je ne vis aucune trace des gardes, ils devaient déjà avoir nettoyé la zone. Sans même dire le moindre mot, je lui fit signe que c'était bon et je quittais la propriété dans le silence matinal et sous les légers rayons d'un soleil encore fatigué. Il ne me restais plus que Luìs, et je serais débarrassé de cette histoire à jamais. Je parcourais le chemin qui me séparait du QG du 18st gang à pied, ma voiture se trouvant encore en bord de mer, là où j'avais choisi de mourrir le soir précédant. Je me demandais comment Leslie se débrouillait de son côté, elle avait déjà commencé à cet heure, j'essayais de ne pas y penser mais ça m'étais impossible, mon esprit revenait toujours sur l'image de cette fille à chaque fois que je pensais à quelque chose, quoi que ce soit. La vieille bâtisse abandonnée du 18st se tenait devant moi et bizarrement, elle me faisait encore plus peur que la villa de Faustin. Tout simplement à cause de Luìs et de son imprévisibilité, avec le Stratège, en deux minutes je serait sorti, mais l'Enragé risquait de me poser problème et c'est justement sur lui que je suis tombé en entrant dans la "salle du trône". -Oh, mais c'est ce fils de pute de Michael De Silva. -Da Silva... -Balek. Tu sais que je t'ai dit que si tu refoutais les pieds ici, je te niquais ta race ? -Oui. Je prenais des risques en lui tenant tête mais je ne voulais surtout pas qu'il sache que j'avais peur de lui. Depuis son estrade, il me surplombait d'au moins cinquante centimètres, tout avachi qu'il était sur son fauteuil de chef. -Alors tu comprendras que j'ai envie de t'enfoncer une balle dans le cul pour voir si elle ressort par ta bouche de suceur. -Je viens de la part de Saliego. -Qu'est-ce que c'est censé me foutre ? -Le business de la drogue est libre. -Comment ça ?
-Saliego vous laisse gérer l'approvisionnement de la ville en drogue, en échange de quoi, il vous demande de rester loin de ses établissement. -Je vais me gêner. -Si vous refusez, nous continuerons de vendre la drogue et vous perdrez donc d'immenses bénéfices. -C'est une putain de menace ? -Simplement un fait que j'énonce, soit vous avez la drogue, soit vous continuez à attaquer nos établissements. Les deux ne sont pas compatibles. -Donc c'est une menace. Il commença à se lever et j'eu un geste de recul, ma main vint se poser sur la crosse de mon arme avant que je ne me rappel qu'on me l'avais prise à l'entrée. Le regard de Luìs devint alors ardent et, même sans descendre de son estrade, j'eu l'impression qu'il était venu se coller à moi. -Vous devez faire un choix, monsieur Luìs. Les bars ou les armes. -Pourquoi ? -Parce que c'est Saliego qui a les armes et qu'il ne vous les donnera qu'en échange de quelque chose. -C'est juste un putain d'échange ? -Oui. -Et si je te prends en otage, tu crois que ça marche ? -Non. Saliego est prêt à tuer ses hommes pour garder ce business, sinon il ne m'aurait pas envoyé seul. -T'es pas con hein ! Tu me plait espèce de fils de pute. Pas dans le sens des tapettes mais tu me plait. J'accepte ton offre, pas pour cet enculé de Marco, mais parce que t'as des couilles. Dis à ton boss que je m'arrangerais avec lui. En attendant, va te faire une pute, c'est moi qui régale. Il me jeta un billet de 100$ comme s'il s'était agit d'un mouchoir puis il reprit place sur son fauteuil royal. Je quittais le bâtiment le cœur léger avant de composer le numéro de Leslie en espérant qu'elle ait réussi aussi bien que moi. -Leslie ? -Michael c'est toi ? Alors, t'as géré ? -Ouaip, et toi ? -C'est bon, par contre le notaire est mort... Longue histoire... -T'es pas sérieuse ? -C'est pas vraiment ma faute en fait. On va dire que j'y suis pas pour rien mais que c'est pas moi qui l'ai tué. En attendant, il a signé les papiers, je les apporte à Saliego. On se retrouve là-bas ? -Ouaip. Là-bas, c'est chez Marco ? -Non, c'est dans un petit restaurant belge, chez Léon, c'est plutôt sympath...
-Un "oui" aurais suffit. -Peut être, mais ça aurait été moins drôle. -Bon, à tout de suite. Au pire tu lui donne les documents et je te retrouve après, je vais aller chercher ma caisse avant, ça te gêne pas ? -Nan, c'est bon, je me débrouillerais seule. Je raccrochais avant de partir en direction de la plage, je me demandais un instant si c'était une bonne idée de laisser Leslie seule face à Marco mais je me dis rapidement que cette question n'avait pas lieu d'être : Saliego n'avait pas la moindre raison de lui faire du mal. Je pris donc place dans mon intérieur cuir avec les pensées tranquilles. À partir de demain, mon seul emploi se limiterait à préparer ce pour quoi j'étais le meilleur : un braquage. Et le plus beau, c'était que j'allais pouvoir le faire avec ma propre équipe : Nick, Viktor, Lucy, tous allaient participer à cet mission. Je ne pouvais pas rêver mieux. D'ici deux semaines, je serais un homme riche et complètement libre. L'avenir reprenait peu à peu un aspect intéressant et, pour la première fois depuis plusieurs jours, me projeter dans le futur ne me faisait plus peur. Malgré tout ces beaux événements, ce que j'attendais le plus, c'était d'être arrivé devant la villa de Saliego. Je ne rêvait plus d'autre chose que d'être avec Leslie, une Leslie libre. Quand j'atteignit la maison de Marco, il était déjà presque midi, nous avions été extrêmement rapides dans nos missions respectives. Leslie attendait devant le portail, elle portait la tenue que je lui avais conseillé et ses cheveux bruns détachés brillaient sous le soleil. Elle n'avait jamais été aussi belle qu'aujourd'hui. En montant dans la voiture, elle me sourit, et en voyant ce visage si magnifique, je ne put résister à l'envie de l'embrasser. Contre toute attente, lorsque mes lèvres se posèrent sur les siennes, elle ne m'éloigna pas, mieux encore, elle passa ses mains sur mon cuir chevelu et je fis de même. Jamais je n'aurait pu rêver tel moment, nos visages se collaient presque et nos mains caressaient chacune la tête de l'autre, ce contact était magique, c'était bien plus que de la perfection, mais il fallait bien que cela cesse et nous finîmes par cesser cette étreintes. -On l'a fait ! J'aurais été incapable de dire si elle parlait du baiser ou du meurtre de Faustin, je me contentais juste d'acquiescer et de démarrer : cette question, tout comme le reste, n'avait plus d'importance. Elle était la seule à avoir de l'importance.
Chapitre 35 : Après la tempête Avec vous déjà connu des moments comme ça ? Des moments où vous vous demandez si vous êtes en train de rêver, des moments si parfait que si vous mourriez juste après, vous pourriez vous dire que ce n'est pas important, car vous avez déjà vu ce qu'il y a de mieux dans la vie. Des moments où vous vous dites que chaque secondes de votre vie qui va suivre vous paraîtra fade en comparaison. Des moments qui donnent l'impression que c'est pour ça que vous êtes là, que c'est la seule raison de votre naissance, que toutes vos actions vous ont amené ici, une sorte de cinématique de fin après laquelle on peut continuer à jouer mais où plus rien ne sera pareil. Des moments comme ça, j'en ai connu trois : mon mariage avec Sarah, la naissance de Lily, et cette journée à partir de notre baiser. Ce contact de nos lèvres avait bouleversé ma perception du monde, comme si je voyais en couleur pour la première fois. J'avais déjà ressenti ça, mais ce n'était pas aussi fort, jamais je ne m'étais senti dans une telle béatitude. Mes sensations étaient décuplées, je ressentait la main de Leslie posée sur la mienne, chaque grain de peau, les infimes mouvements causés par nos respirations respectives, je ressentais tout. Son parfum enivrait mes narines, c'était la seule odeur que j'arrivais à repérer. Une fragrance délicate qui s'apparentait à celle des fraises sans vraiment être exactement la même. J'aurais pu observer pendant des heures ses yeux noisettes et ses lèvre roses, ses bras nus, son débardeur blanc qui laissait apparaître à quelques endroits des bouts d'un soutien gorge rose pétant. Quand je la voyais ainsi, je me demandais comment elle n'avait pu ne serait-ce que vouloir m'embrasser, moi. Pourtant, la façon dont elle me regardais trahissait la présence de sentiments au moins aussi forts que les miens, et j'étais incapable d'expliquer une telle chose. -Ça fait bizarre quand même, de me dire que je peux décider à partir de maintenant. Genre si je veux, je pourrais faire des études. -Tu vas le faire ? -J'en sais rien. Je pense que je me sentirais pas chez moi, en même temps, j'ai pas envie de regretter pendant tout le reste de ma vie. Déjà, faudrait que je sois prise alors que j'ai 22 ans, en plus j'existe même pas officiellement. -Ah ouaip... Ça c'est un vrai problème par contre. -Je pense qu'on peut l'arranger avec quelques billets et un fonctionnaire véreux. -Les billets de qui ? -Bah de toi, c'est la moindre des choses après tout ce que j'ai fait pour toi. -Ah ? Et qu'est-ce que t'as fait pour moi ?
-Ne fait pas semblant d'avoir oublié. Elle me sourit et pris une autre bouchée de son hamburger. Le restaurant autour de nous était assez calme, ce que je n'arrivais pas à m'expliquer étant donné la qualité de la nourriture et le standing relativement élevé. -De toutes façons je te paye déjà le resto. -Monsieur est un gentlemen, le pire c'est que c'est même pas toi qui paye, ce billet vient de Luìs. Et dois-je te rappeler que je t'ai payé le repas au royaume du spaghetti ? -Je vois pas de quoi tu parle... -Oh, et puis le maillot de bain noir aussi. -Tout ça c'est dans ta tête hein ! Tu ne m'as jamais acheté de maillot de bain noir. -Je sort avec un mec fauché de trente qui a Alzheimer, y'a vraiment un truc qui ne va pas chez moi. -J'te le fait pas dire... Mais euh.... On sort ensemble maintenant ? -T'es vraiment un gamin. Tu me paye un restaurant, comment on appel ça par chez toi ? -Payer un restaurant. -T'es trop con, je crois que je vais arrêter de te parler. En réalité, c'était une des pires tortures qu'elle pouvait m'infliger car le son de sa voix était pour moi une douce mélodie qui me berçait, et chaque mot que je prononçais n'avait pour but que de la faire parler à nouveau, le plus longtemps possible. -Mais donc, les études ? -Je vais voir, pour l'instant je suis pas prête. Me retrouver avec des gens de 18 ans qui ont eu une vie normale, je sais pas si je pourrais m'intégrer. -T'es belle, dans une école, ça suffit pour s'intégrer. -Rectification, ça suffit pour se faire sauter slash violer. Bordel, je suis jamais allée en cours de toute ma putain de vie, tout ce que je connais des lycées, je l'ai vu dans des films ou sur internet. Comment je pourrais me sentir à l'aise làbas ? -Si tu veux continuer à faire du strip-tease, fait le. Mais décide toi quoi ! -Y'a pas des jobs bien où faut pas de diplômes ? -T'en as expérimenté un ou deux. -Nan mais j'ai dis bien. -Bah dans ce cas là, oui. Tu peux monter ta start-up et devenir riche en trois mois. -Ou alors faire comme 80% des gens qui montent leur start-up : faire faillite et regretter toute ma vie parce que du coup, je serait incapable de trouver un
travail à cause de l'absence de diplôme. -T'as qu'à passer sous le bureau d'un puissant PDG. -Heureusement que je t'ai, toi et tes bons conseils sur le marché du travail. -De rien. Je finis la dernière frite de mon assiette avant m'essuyer le visage et de déposer ma serviette froissée sur la table. De son côté, Leslie semblait peiner à finir ne serait-ce que son hamburger, les frites n'ayant même pas été entamées. -Du coup, le notaire, tu ne m'as pas expliqué. -Euh oui... Bon... Il fait beau dehors hein ? -Sérieusement, j'ai tué Faustin d'une balle dans la tête et d'une autre dans le torse, je ne pense pas pouvoir être choqué par ton histoire. -Nan mais j'ai pas envie d'en parler, c'est pas très intéressant. De toutes façons demain on en parleras déjà plus. Et puis maintenant que j'ai dit ne plus vouloir en parler, tu vas t'imaginer un truc de fou alors que ça pu la merde et tu vas me le reprocher, ce que je ne souhaite pas. -Très bien. Voyant la façon dont elle en parlait, ça ne semblait effectivement pas si important que ça. On aurait juste dit une histoire banale qu'on préfère garder secrète sans vraiment comprendre pourquoi. -Tu vas continuer à vivre dans ton studio ? -Oui. -Ah. -Nan mais le "oui" répondait pas à cette question, il répondait à celle que tu sous-entendais. -Hein ? -La vrai question, c'était pas "tu vas rester dans ton studio ?", c'était "tu vas venir vivre avec moi ?". -Mais non ! Pour le coup, je disais la vérité. L'idée de l'héberger chez moi aussi tôt ne m'avait pas effleuré l'esprit, enfin si, mais pas au point de l'envisager réellement. Mais le ce n'était pas quelque chose qui me déplaisait et le fait qu'elle y ait pensé si tôt pouvais trahir qu'elle non plus ne répugnais pas face à cette idée. -Enfin c'est comme tu veux. -Dans tout les cas, c'est ma meilleure option. Saliego a hérité de l'appart et je pense qu'il va le louer, j'ai pas la thune pour le loyer du coup... Soit je mendis, soir je me fait loger. -Bon. C'est une affaire qui marche.
-Ouaip. Tu veux finir mon hamburger ? -Non, j'ai plus faim. En tout cas je retiens que je te paye une bouffe que tu ne mange même pas, c'est sympa ! Merci ! Putain ! -Excusez moi, Ô tout puissant gérant adoré. -T'es au courant que je ne suis plus gérant ? -Tu veux quoi ? Ô tout puissant chômeur adoré ? -Pourquoi pas. -Si on enlève le "tout puissant", je veux bien t'appeler comme ça. -Je m'oppose à cette modification. -Tant pis. Du coup tu paye ? -Oui madame. On quitta tout les deux la table et, tandis que Leslie m'attendait à l'entrée, je m'occupais de régler le repas avec le billet de Luìs qui devait servir à me "faire une pute". En y repensant, c'était assez ironique comme situation. Ce billet servant à draguer Leslie qui était une ancienne prosituée... Je souris à cet pensé avant de rejoindre ma partenaire, elle me demanda si c'était bon et on put se mettre à marcher en direction de la voiture. -On va où ? -À la voiture. -Je sais. Mais ensuite ? -Chez toi, on récupère tes affaires et on les déposes chez moi. -Ok. Son regard n'avait plus la moindre trace de mélancolie, en fait, je ne le reconnaissais plus. Elle était Diamond à part entière désormais, ce n'était plus un masque, c'était vraiment elle. Me dire que j'avais contribué à cette transformation était une chose qui, je l'avoue, ne me laissait pas indifférent. -Du coup, ce dîner avec Nick et tout, c'est pour quand ? -J'en sais rien. J'ai peur que Lucy essaie de te sauter si je l'invite. -Bah alors invite là, j'en meurs d'envie. -Joue pas à ça avec moi, sinon tu vas avoir une deuxième cicatrice derrière la tête. -Pour elle, je suis prête à courir le risque. Nan mais sérieusement, vu qu'on a éliminé Faustin, ce serait cool de fêter ça prochainement. -Pourquoi pas, déjà faudrait que Viktor sorte de chez le médecin. -L'est malade ? -Pas vraiment. -Ok... Je vais pas poser d'autres questions, je crois que c'est préférable. -Moi aussi.
C'était vrai que ce dîner était une bonne idée, en plus d'être un bon moyen de décompresser après les récents événements, il nous donnerait l'occasion d'être réunis. Le problème, c'est le travail. J'avais un peu peur que comme ce qui nous liait tous, c'était le milieu du crime, Leslie s'ennuie légèrement face à nos discussions. Lorsque qu'on atteignit la voiture, elle se tournât vers moi et me regarda fixement, comme si elle cherchais quelques choses dans mes yeux. -Michael. -Oui ? -Je t'aime. Je n'eut pas le temps de savourer le son de ces mots que déjà ses lèvres se déposaient sur les miennes et que le temps stoppait sa course. Il se passait dans ces moments quelques chose d'indescriptible que seuls connaissaient ceux qui l'ont déjà ressenti et qui ne s'arrête que lorsque les lèvres se détachent. Ce baiser fut suivit par quelques secondes sans le moindre bruit où on ne fit que se fixer l'un l'autre, il n'y avait pas besoin de mots, on ne faisait que savourer le moment sans se soucier d'autre chose que de celui qui se trouvait en face de nous. Finalement, on prit tout les deux places dans la voiture, toujours sans un mot, et je fit mugir le moteur de la Mustang avant notre départ vers l'immeuble de Leslie. Tout ça était bien trop beau pour être réel Je garais la voiture directement en face du bâtiment et l'on sortie en même temps. Je me demandais un instant s'il s'agissait d'une bonne idée de laisser une telle merveille dans un endroit aussi dangereux mais Leslie était déjà dans le hall de l'immeuble et je courut donc à sa suite. On arriva rapidement dans son appartement qui était toujours dans le même bordel que la dernière fois. Elle referma la porte derrière elle et vint me rejoindre dans la pièce principale. -Je récupère les produits de beauté, t'as qu'à mettre les vêtements dans cette valise là. Met les en boule, pas besoins de pliages soignés. -Ok. Malgré leur statut de simples vêtements sales éparpillés dans toute la pièce, j'avais l'impression de commettre un blasphème en touchant ces bouts de tissus. Le moindre contact avec les sous-vêtements me donnait l'impression de briser l'intimité de Leslie, de lui voler quelque chose. Pourtant, j'exécutais ma tâche et en quelques minutes, la valise était pleine de ses affaires. De son coté, Leslie aussi avait terminé de ranger tout son maquillage dans un énorme sac et l'ont pu descendre à la voiture. Je lâchais un
soupir de soulagement en voyant qu'elle était toujours à sa place et qu'aucune vitre n'avait été brisé. Penser que 15 ans plus tôt, c'était moi qui cassait les voitures me donnait des frissons. -C'est la première fois que je me sens libre, que je suis la seule à pouvoir décider de mon avenir, mais je n'aie aucune idée de ce que je veux en faire. C'est horrible ! La dernière phrase avait été annoncée sur un ton qui laissait plutôt entendre "c'est génial", ce qui donnait un aspect plutôt comique à ces mots. On monta chacun dans la voiture et, à peine cinq minutes plus tard, nous étions arrivés en face de ce qui me servait de maison. Leslie récupéra le sac et la valide tandis que je déverrouillais la porte et nous pénétrâmes dans le salon. Elle déposa ses sacs et ses affaires dans un coin de la pièce puis on put s'asseoir face à face sur mes récentes chaises. -Monsieur vit modestement. -Qui se ressemble s'assemble. On avait l'air de deux quinquagénaire épuisé par le poids des âges alors qu'aucun de nous ne dépassait les trente sans. Ce flot d'événement ininterrompus nous avait harassé l'un comme l'autre. -En tout cas je sais toujours pas si je dois commencer des études ou pas. -Inscrit toi à des concours et en attendant, travaille. -Sans diplôme ? -J'ai bossé sans diplôme pendant 10 ans, tu devrais y arriver aussi. -Oui mais toi c'est différent... -Développe. -Un mec baraqué, ça peut être vigile ou garde du corps, ce genre de taff. Moi tu veux que je fasse quoi ? -J'en sais rien, pourquoi pas secrétaire ? -Euh, nope ! -Arrête, ça te permettrais de connaître un peu le monde de l'entreprise et tout, comme ça tu serais mieux préparée à bosser après les études. -Je vais pas passer les prochains mois en tailleur sexy à obéir à un boss sadique et pervers qui me fera des avances sexuelles tout les deux jours, non merci. -T'as trop regardé de films toi. Elle me sourit puis réfléchit quelques instants à la proposition que je venais de lui faire, je pouvais voir son regard vagabonder sans but dans le salon, à la recherche d'une réponse. -Bon, au pire je peux, mais je crois qu'il faut des études pour ce genre de job.
-Pour être secrétaire ? -Ouaip. Parce que bon, en vrai faut être compétente, c'est mega chaud comme taff. -Je savais pas, mais je peux essayer de te pistonner. -Toi ? Tu connais des patrons ? -Nick connaît une meuf qui bosse dans le commerce et la femme de Lucy travaille dans une grosse boîte d'armement, il doivent avoir des postes de secrétaire à pourvoir. -En fait tu vas me proposer à des randoms que tu connais par l'intermédiaire de quelqu'un ? -C'est ça. -C'est génial, je suis en confiance maintenant. -Fait moi confiance. -Je vais essayer. En disant ça, elle s'était levée d'un coup et s'était dirigée vers le coin de la pièce où elle avait entreposé ses sacs. Comprenant ce qu'elle voulait faire, je me levais à mon tour tandis qu'elle traînait sa valise vers la chambre. -Attends, je vais faire de la place dans le placard. -Je commence par la salle de bain du coup ? -Va falloir attendre, avec juste mon rasoir et ma brosse à dent, j'ai pas pensé à acheter de meuble de rangement pour les produits de beauté. -Bon, du coup je pose ça dans un coin et je te rejoins. Elle pris la direction de la salle de bain et y déposa son sac puis vint me rejoindre dans la chambre. L'espace sur les étagères qui me servaient de garde robe était relativement restreint et je dû donc serrer au maximum mes affaires pour créer la place nécessaire à celles de Leslie. -Au pire on achètera un placard après ton braquage. -On achètera une nouvelle maison après mon braquage ouaip. -T'es sérieux ? Ça va te faire gagner combien ? -Je vais le savoir quand on va planifier le truc, mais un casino ça touche au moins dans les millions. -Faudra le répartir, vous allez être nombreux sur ce coup nan ? -Même, on aura plus de problème d'argent après ça. Tout en parlant, elle plaçais un à un la totalité de vêtements sur les étagère grises d'une façon assez nonchalante. Dès qu'elle eut fini, elle se jeta sur le lit d'un coup et s'étira sur ce dernier avec un soupir qui traduisait une profonde paix intérieure. En la voyant ainsi, couchée sur le lit, je ne put m'empêcher de lui sauter dessus
et avant qu'elle n'eut le temps de réagir, je déposais un baiser ses lèvres. L'odeur de son parfum emplissait mes narines alors que mes mains descendaient le long de son corps. Lorsque nos lèvres se détachèrent, je sentis monter en moi une immense chaleur et je vis dans les yeux de Leslie qu'elle aussi. Je fis glisser son débardeur le long de son corps, dévoilant un buste que j'avais déjà vu mais qui, aujourd'hui, me provoquait une sensation nouvelle. Je l'embrassais à nouveau tout en détachant avec empressement l'agrafe de son soutien gorge. Je sentais ma fougue adolescente reprendre le dessus, je n'étais plus guidé par la logique mais uniquement par mes instincts. Si bien que sans même un regard pour la poitrine désormais dénudée de ma partenaire, je lui ôtais dans la foulée le reste de ses vêtements et l'on resta là, quelques instants, à se fixer. Je voyais une flamme brûler dans chacun de ses yeux noisettes tandis qu'un brasier ardent me réchauffait de l'intérieur. J'observais son corps si parfait qui désormais était miens, je pouvais en faire ce que je souhaitais, car que je savais qu'elle souhaitait la même chose que moi. J'entendis sa respiration s'intensifier de manière infime alors que je déposais un premier baiser sur le bas de sa jambe. Le contact de mes lèvres avec sa peau n'avait rien de concrètement extraordinaire mais il créait en moi un sentiment de plénitude des plus agréables. Je remontais ensuite le long de sa jambe, l'embrassant régulièrement avec une douceur non feinte, chaque baiser étant plus plaisant que le précédant. Lorsque j'atteignis son bassin, je lançais un regard dans sa direction et la vis me regarder avec les lèvres légèrement entrouvertes et une profonde bienveillance sur le visage. Chacun des baiser suivant vint se placer autour de son sanctuaire, et après chacun d'entre eux, j'entendis sa respiration devenir de plus en forte. Il vint un moment où je ne pu plus tenir et, posant mes mains sur ses jambes, j'exécutais mon premier coup sur ma cible, ce contact se solda par un léger gémissement de la part de Leslie qui me fit sourire. À partir de là, je libérais ma bestialité et, les yeux levés vers le visage de ma partenaire, j'attaquais à nouveau. Tantôt je mordais, tantôt j'embrassais, le tout ponctué par des cris de plus en plus intenses. Son corps vacillait, se raidissait, reprenait sa place, son ventre se soulevait et s'abaissait au rythme d'une respiration de plus en plus forte. À un moment, elle ne put plus me regarder, son visage tomba en arrière sur l'oreiller et je n'aperçut plus que le bas de son menton tandis que que sa main venait de se poser sur ma tête, comme une façon de m'obliger à continuer, comme si elle voulait compenser ce rapport de force par une fausse impression de contrôle. Ses gémissement étaient de plus en fort, son plaisir devenait presque palpable
dans l'air tandis que le miens grandissait en moi sans pouvoir s'assouvir. Son corps se mît à trembler et elle agrippa la couette de sa main libre tout en raffermissant son emprise sur mon crâne en allant jusqu'à me faire mal. Je quittais alors le contact de mes lèvres avec son vagin pour remonter jusqu'à son visage et l'embrasser. Je l'entendais encore respirer et son souffle se déposa dans mon palais. Ce baiser était différent des autres, il était à la fois plus abstrait et en même temps plus puissant, on aurait dit que Leslie m'embrassait comme si je lui offrait une dose d'oxygène alors qu'elle se trouvait sur la lune, elle semblait avoir besoin de ce baiser, le vouloir plus que tout au monde. Elle passât ses deux mains derrière ma tête et me bloqua, m'empêchant de l'arrêter, puis avec une aisance déconcertante, fit glisser mon pantalon jusque sur le sol rien qu'avec ses jambes. Elle s'exécuta de la même manière avec mon caleçon, le tout en m'embrassant toujours avec cette même fougue. Elle semblât stopper le baiser à contrecœur pour m'enlever mon T-Shirt puis regarda avec animosité mon corps. Elle passa ses mains sur mon torse et les fit descendre de plus en plus rapidement, mon plaisir commençait aussi à sa manifester. Quand elle eut atteint mon bassin, elle me fit entrer en elle avec délicatesse mais, dès que le contact eut lieu, elle poussa un profond soupir accompagné d'un soudain raidissement. Nos deux visages se collaient presque lorsque je commençait à balancer mon corps, à partir de ce moment là, je n'eut plus le contrôle sur rien. Mes mains courraient partout sur sa peau sans objectifs précis, je me laissait complètement aller, accélérant a petit à petit la vitesse de mes hanches. Les gémissement de Leslie sonnaient comme une mélodie dans mes oreilles, le mouvement de ses seins était comme une danse, ses soubresauts réguliers m'hypnotisaient. À certains moments, elle tentait de placer son visage en face du mien et me de me regarder avec un air provocateur dans les yeux mais, l'instant d'après, une nouvelle vague de plaisir l'envahissait et sa tête retombait sur l'oreiller comme si elle était trop lourde pour que son cou en supporte le poids. Il vint un moment où ses cris se mirent à ressembler à des cris de supplication, supplications que j'exhaussais en augmentant encore plus la vitesse de mes balancements. Son visage rougit semblait demander pitié, avec ses sourcils levés, le raidissement de ses traits et sa bouche quasiment constamment ouverte qui laissait échapper des cris plus forts les uns que les autres. Puis, à un moment, sans prévenir, elle me poussa légèrement en arrière et me fit sortir d'elle, puis elle vint s'asseoir devant moi avec un gestuelle qui grandit encore plus la fournaise en moi. De nouveau elle me repoussa mais cette fois-ci avec une force plus grande qui semblait sortie de nulle part après l'attitude qu'elle avait à peine quelques secondes plus tôt. Je m'écroulais en arrière sur le lit et, dans un sourire joueur,
elle se plaça sur moi, une jambe de chaque côté. Elle baissa les yeux vers moi et commença à se balancer à son tour. Un frisson me parcourut le corps et de nouveau elle reprit ses cris répétés. Par moment, un sourire apparaissait sur son visage, instantanément remplacé par un nouveau raidissement de ses traits et un autre gémissement. J'enviais ce bonheur qu'elle éprouvait et que jamais je ne connaîtrais, ce plaisir que seules les femmes connaissaient, une chose indéfinissable qui donnait l'impression que l'intensité de leur joie était telle qu'elles en souffraient. Car c'était presque de la souffrance que je voyais sur son visage, ces gémissement plaintif et ce visage me donnaient parfois l'impression d'être allé trop loin, mais les sourires qu'elle semblait peiner à afficher entre deux cris me rassuraient et me donnaient envie d'aller plus loin. Ses cris devinrent de plus en plus rapprochés au fur et à mesure qu'elle intensifiait ses mouvements et elle finit même par ne plus avoir le temps de prendre sa respiration, chaque hurlement laissant directement la place au suivant. Son visage était désormais entièrement rouge et plus aucun sourire ne réussissait à s'y inscrire, elle semblait concentrée entièrement sur ses mouvements et sur le plaisir qu'ils lui procuraient. Elle prit une dernière inspiration et laissa tout exploser dans un ultime cri. Ce fut à ce moment là que je libérais moi aussi mon plaisir en elle, dans un déchaînement de sensations qui se mélangèrent toutes avant de disparaître aussi vite qu'elle étaient apparues. Leslie se pencha alors instantanément sur moi et m'embrassa à nouveau, mais cette fois-ci elle semblait plus offrir que recevoir, aussi rompit-elle plus rapidement le contact pour s'écrouler à côté de moi sur le matelas. Je ne saurais dire combien de temps nous avons passé tout les deux sur le lit, sans rien dire ni faire, simplement à attendre que nos deux respirations reviennent à la normale. Toujours est-il que quand ce fut fait, c'est Leslie qui prit la parole en premier. -J'y ai réfléchis et je pense que secrétaire, c'est pas une si mauvaise idée. -Attends, t'es pas sérieuse ? -Quoi ? -Tu pensais à ça pendant qu'on... ? -Nan, juste là, à l'instant. -Ok, et donc ? -Donc du coup, secrétaire... Si tu pouvais m'arranger un rendez vous avec tes pistons, ce serait cool. -Je vais m'arranger. -Merci.
Leslie poussa sur ses bras et sauta hors du lit avec une grâce presque féline. Elle entreprit ensuite de ramasser un à un tous ses vêtements. Alors qu'elle se rhabillait, je l'observait, immobile, subjugué par sa beauté. Chacun de ses geste semblait trop parfait pour être irréfléchi, comme si elle étudiait tout ses mouvements dans le simple but de me rendre fou d'elle, même si je savais bien qu'il n'en était rien. À peine eut-elle finit d'enfiler ses vêtements que mon téléphone se mît à sonner dans la poche arrière de mon pantalon. J'allais pour le récupérer mais Leslie fut plus rapide et me le jeta directement dans les mains. Je la remerciais d'un coup d'œil avant de décrocher. -Michael ? Ici Ellijah. -Oui, qu'est-ce qu'il y a ? -La préparation commence demain, je vous enverrais l'adresse par message, soyez-y à 10 heure tapante. -Avec l'équipe ? -Comme vous voulez, à partir de maintenant c'est vous qui décidez, mais sachez que je vous ai à l'œil et qu'une arme est toujours braquée sur la tête de votre famille. -Je sais, je sais... -Parfait, au revoir. Il raccrocha et j'eu pendant un instant envie de jeter mon téléphone contre le mur : savoir que ma famille était toujours menacée m'énervait au plus au point. Voyant mon visage rageur, Leslie vint s'asseoir sur le lit à côté de moi. -Qu'est-ce qu'il se passe ? -Rien, je reprends juste le travail.
Chapitre 36 : Planification Nous n'étions pas moins de sept dans cette immense pièce et pourtant le silence y régnait en maître. Nue et triste comme les murs, l'ambiance sonore de cet endroit ne s'expliquait pas, on ne pouvait que la constater. Malgré les liens qui existaient entre chacun d'entre nous, aucun n'osait prononcer le moindre mot et j'étais incapable de dire pourquoi. Il n'y avait que des regards qui vagabondaient d'une personne à l'autre en attendant que notre dernier invité pointe le bout de son nez. Nick, assis confortablement sur un fauteuil gris aux allures de canapé, changeait de position régulièrement, tantôt bougeait-il ses jambes, tantôt remontait-il son dos. Son attitude trahissait une sorte de gêne qu'il était le seul à ressentir. Juste à côté de lui, Viktor semblait passionné par la lecture d'un message sur son téléphone, sa jambe encore dans le plâtre pointant dans ma direction. Dans un autre coin de la pièce, Lucy fumait calmement une cigarette, elle passait sa tête à la fenêtre pour recracher chacune de ses bouffées avant de se retourner vers nous et d'observer si quoi que ce soit avait changé dans notre comportement. Je retrouvais cette recherche de changement dans l'attitude d'Ellijah, adossé contre le mur et les bras croisés, c'était lui qui avait le plus l'air d'être en train d'attendre, c'était d'ailleurs le seul à savoir qui nous attendions. De son côté, Taka faisait tourner son arme sur le bureau comme un enfant. Il jetais un coup d'œil dans la direction vers laquelle le pistolet s'arrêtait puis le faisait tourner à nouveau, et ce inlassablement. La moins remarquable d'entre nous était Andréa, et ce pour une raison simple : elle ne faisait rien. Elle s'était contentée de s'asseoir en tailleur dans un coin de la pièce et de baisser les yeux vers ses genoux puis elle s'immobilisa complètement. Ne pouvant plus supporter cette absence de réaction et de mouvement, je me sentis obligé de briser le mutisme de cette pièce en posant la question que tout le monde devait méditer. -On attends qui à la fin ? Tout les regards se tournèrent vers moi dans la seconde qui suivit et Ellijah semblât même sur le point de répondre à ma question mais l'écran géant sur le mur du fond s'alluma et, par la même occasion, nous fit tous oublier cette interrogation. Une photo du Commerce Casino prise de nuit apparu tandis qu'une voix adolescente se mît à retentir dans les haut-parleurs disposés un peu partout dans la pièce.
-D'solé du retard. J'vais vous demander de venir vous mettre devant la télé, ce sera mieux pour voir parce que j'ai fait un diapo. J'vous fait un topo, ça prendra pas plus d'une demi-heure, ensuite vous me poserez les questions nécessaires et je déconnecterais le tout. C'est parti ! Alors qu’il parlait, tout le monde s'était levé pour venir se placer devant l'écran à l'exception de Nick et de Viktor qui n'avaient fait que tourner leurs sièges dans sa direction. -Le Commerce Casino se divise en plusieurs étages, au premier vous avez les machines à sous, au deuxième les jeux de cartes, au troisième les restaurant et le reste, ce sont des chambres. Le bureau de Faggio est au dernier et il permet de voir absolument tout ce qui se passe dans les espaces publiques. Il y a environ une trentaine de vigiles par étages, tous équipés d'arme à feu chargées. La relève se fait à un par un chaque étage toutes les dix minutes, soit cinq heures de garde non-stop. L'argent du Casino est au sous-sol, accessible uniquement via un ascenseur qui fonctionne avec une clé magnétique. Cette clé est détenue par Faggio et il ne la fait sortir de sa poche que quand les transports de fond viennent vider le coffre, le jeudi. Il faut donc attaquer un mercredi puisque c'est là que le coffre sera la plus rempli. En plus de la carte magnétique, il faut aussi l'accord de la sécurité pour faire descendre l'ascenseur, et le bureau des agents de sécurité est protégé par deux gardes. L'endroit est filmé comme je l'ai dit, mais ce problème peut être facilement résolu. La principale complication serait de voler la clé à Faggio et de rentrer dans les locaux de la sécurité. Il faut aussi savoir que si notre ami Tommy se rend compte qu'on lui a volé la clé, il a le pouvoir de fermer totalement l'accès au coffre pendant la durée de son choix. Pour finir, même en imaginant que vous soyez rentrés dans la salle du coffre, il faudrait sortir l'argent. La seule sortie disponible étant l'entrée, vous allez devoir vous balader avec des millions de dollars dans tout le casino sans vous faire remarquer. Pour le butin, j'ai remarqué que les sommes contenues dans le coffre lors de l'extraction de fond variaient entre vingts et soixante-dix millions de dollars. Alors là vous vous demandez sans doutes pourquoi on ne vole pas les véhicules de transport de fond, eh ben parce que lors d'un voyage, ils ne prennent pas plus de dix millions, soit près d'un sixième de ce que vous pourriez gagner. Autre fait important, l'objectif est de ruiner Faggio, pas de détruire le casino. Les fusillades en se protégeant derrière les tables sont donc prohibées, vous faites ça en finesse. Vous récupérez l'argent que vous pouvez et vous mettez le feu au reste, pas question de laisser quoique ce soit. Le coffre est ignifugé donc
il n'y aura que les billets qui brûleront. Ah oui ! Le coffre ! Une fois l'ascenseur descendu, il vous faudra traverser un couloir jusqu'à la porte ultime. L'avantage, c'est que comme l'endroit est quasiinaccessible, il n'y a personne en bas. Vous aurez donc à ouvrir cette porte avec le code que j'aurais récupéré dans l'ordi du casino : il change tout les jours du coup je ne peux pas vous le donner dès maintenant, enfin je pourrais, d'ailleurs je vais le faire, c'est 572ARB097C, mais ça ne vous servirait pas beaucoup. Des questions ? La voix se tut et tout les regards se tournèrent vers moi : étant le chef de la session, c'était à moi de demander des éclaircissements mais rien ne me venais en tête, je me contentais donc d'un simple "non". L'écran s'éteignit alors instantanément et j'eus l'impression d'avoir commis une erreur, je savais très bien que des questions me viendraient, c'était une évidence, j'étais simplement incapable de les deviner à l'avance. Comme la totalité des résident de cette pièce continuaient à me fixer, j'en déduisit qu'il fallait que je parle. Je réfléchis donc à toute vitesse avant de prendre la parole avec un ton qui, je l'espère, était des plus convaincants. -On va procéder étape par étape, notre objectif numéro 1 étant la récupération de la clé de Faustin. Pour ce faire, le meilleur moyen est sans doute de la lui voler dans la rue, il nous faudrait un pickpocket. J'ai cru comprendre qu'il ne quittais jamais cette foutu clé donc ça devrait passer. Le plus dur, ce serait de remplacer la clé par une copie conforme qui remplacerait l'original, on devrait alors procéder au coup avant qu'il ne se rende compte de la supercherie. Par contre, si notre BigBrother ne connais pas l'apparence de la clé, tout ça tombe à l'eau, faut prier pour que ce soit pas le cas. Après, au niveau du bureau de la sécurité, deux gardes c'est pas très impressionnants et avec les caméras out, ça sera du gâteau. On envoie deux personnes là-bas, elles prennent le contrôle du bureau et elles attendent que l'équipe entre dans l'ascenseur. En fait, notre réel problème, c'est l'ascenseur. On a vu sur les images qu'il a fait défiler qu'on pouvait le voir depuis la salle de jeux, du coup on se fera remarquer si on monte dedans et encore plus si on sort avec des liasses de billets. Notre technique pourrait consister en simp... Mon discours fut interrompu par le bruit des enceintes qui se rallumaient soudainement et la voix de l'adolescent qui reprit le contrôle de la pièce. -J'ai oublié de vous dire un truc relativement important : Vu que y'a seulement les fonds bancaires qui accèdent au coffre, si on y rentre sans leur permission,
l'endroit se verrouille et la police est appelée. La sécurité de l'ascenseur est gérée par le casino et celle du coffre par la banque, sauf que pour accéder au bouton qui donne la permission, faut réussir à rentrer dans le bureau du directeur de ladite banque, et ce sans déclencher d'alerte. Ça pourrait être simple mais je peux pas stopper les caméras des deux côtés, ça va faire trop suspect et la police va comprendre, donc ce sera au choix. Profitant de son retour, je décidais de planifier notre future vol avec l'aide du hacker et je me mis donc à la recherche de toutes les questions que je risquais de me poser lors de l'organisation. -Ok, bon, j'ai plusieurs questions. D'abord, est-ce que tu sais à quoi ressemble la clé de Faggio ? -Euh... De loin... Vite fait quoi. -En gros, impossible de faire un double avec tes infos ? -Ouipe. -Ensuite, l'ascenseur, il est surveillé ? -Par des hommes ? Oui. En vrai il est visible depuis n'importe où et son utilisation déclenche une alarme préventive, genre comme un petit cri. -Bon...bon bon bon.... Bordel ça va pas être facile. Mais ça serait pas plus simple de se faire passer pour des convoyeurs de fond ? -Si vous faites ça, vous devez avoir vos cartes de convoyeur, voler un fourgon sans vous faire repérer, vous ne pourrez récupérer que 10 millions de dollars si vous ne voulez pas vous faire repérer et il vous sera impossible de brûler l'argent. -Nan mais on ferait le début en infiltration, et une fois dans le coffre, tu coupe la surveillance. Là on récupère le cash et on brûle le reste. -Sauf que les convoyeurs sont deux et rentrent toujours avec seulement de quoi transporter 10 000 000 tout au plus. Vous ne POURREZ PAS en faire sortir plus, quoi qu'il arrive. -Bordel, fait chier ! Je tapais sur le mur avec mon poing, une expression colérique sur le visage, mais en réalité, j'étais aux anges. Rien ne m'amusait plus que l'organisation de ce genre de braquage, et plus c'était dure, mieux j'aimais ça. -Ça signifie : Équipe A va à la banque et, sous les caméras de surveillances allumées, rentre dans le bureau du directeur pour y désactiver la sécurité. Équipe B, pendant ce temps, bute les deux gardes de la salle de surveillance et ouvre l'ascenseur. L'équipe C doit alors foncer jusque dans ce même ascenseur pour descendre au coffre, l'ouvrir, le voler et s'enfuir avec le butin.
Les problèmes : Équipe A va se faire repérer illico par les caméras, faudrait trouver un moyen pour les rendre inconito, genre faire semblant qu'ils font une inspection ou un machin du genre. Équipe B va être pépère, c'est celle qui galèrera le moins : pas de surveillance et juste deux gardes à abattre. Équipe C sera obligée de réussir à entrer furtivement dans un ascenseur surveillé qui cri quand on monte dedans. Il leur faudrait ensuite mettre le feu au coffre et voler ce qu'ils peuvent, puis sortir sans que personne ne les voit. Bordel comment c'est possible ? -T'as oublié la carte magnétique que vous allez devoir voler, photographier, rendre, reproduire à l'identique, revoler et remplacer par la copie. En sachant que si Faggio remarque qu'on lui a volé, le plan est en échec total. Non, vous n'avez pas la moindre petite chance. Mon esprit était en ébullition, j'analysais et jugeais les situations à la vitesse de l'éclair, supprimant un à un les moindre défauts dans le but d'atteindre un plan parfait mais je fut forcé constater qu'il n'y avait pas de plans miracles : nous allions devoir faire des compromis. Je remarquais alors que les enceintes étaient éteintes et que de nouveau, toute l'attention était concentrée vers moi, je décidais donc de lancer le débat, n'ayant pas pu trouver de solution, j'espérais que les autres aient de meilleurs idées. Aussi quelle ne fut pas ma déception lorsque je réussis sans mal à détruire un à un la totalité des plans des mes complices. Les écouter ne m'avait donné aucune inspiration nouvelle et je réunis donc deux groupes dans la salle. Lucy, moi et Nick, les "anciens", nous allions cogiter de notre côté, pendant ce temps, les autres allaient eux aussi réfléchir à un plan. Dès qu'il serait l'heure de déjeuner, on croiserait nos initiatives. -Bon, vous avez des idées ? -Ouaip. Déjà, je ne pense pas que la carte soit un problème, Andréa gère en tant que voleuse et prendre des photos n'est pas très long, cette partie peut se faire dès demain et durer uniquement quelques minutes. Après, pour l'ascenseur, je pensais à recopier son bruit et le faire sonner genre trois fois par jour tout les jours jusqu'au coup final. Au bout d'un moment, les gens n'y prêteront plus gardes et ils n'attendront plus que le réparateur. -Mais si ils stoppent son fonctionnement pour le vérifier. -C'est un risque à prendre. -Bon, passons. Mais même avec ça, les gardes regardent quand même la cage. -Plus c'est gros, mieux ça passe, et je vais me baser la dessus. On fait rentrer des randoms qui ne seraient pas au courant du truc, ils auraient un énorme machin, du type tableau géant, et on les paierais 1000$ chacun pour venir se caler devant
l'ascenseur. Comme ça on rentre vite fait et bam ! Le tour est joué. -T'oublie qu'il faut sortir ensuite. -La sortie n'est pas importante à planifier. On a juste à apporter de l'équipement défensif et on rush jusqu'à la porte où des bolides nous attendent avec leurs pilotes. -Trop dangereux. Nick nous écoutait patiemment, les yeux sautant de moi à Lucy au fur et à mesure de la conversation. Il semblait à la fois captivé par notre débat et n'avoir aucune envie d'y participer plus qu'en l'écoutant simplement. -Alors dit moi ce que tu veux, Mike. -Alerte incendie ! Bordel mais je suis génial ! On entre comme t'as dit, mais pour sortir, on crée le bordel, du coup personne ne remarque qu'on viens du sous-sol. Et puis même si ils le remarquaient, le fait est qu'ils ne pourraient pas tirer dans la foule. -Alerte incendie... T'as rien de mieux pour provoquer la panique ? -Si, faut juste que j'y réfléchisse. Le truc c'est qu'il ne faut surtout pas que ce soit suffisamment grave pour appeler la police. -Le problème c'est qu'un incendie, tant qu'on ne le voit pas, ça nous fait pas paniquer. Or il faut pas détériorer le casino, donc pas de feu. Un truc qui fait peur, c'est le terrorisme, en plus ça serait cohérent avec la période, mais là, on se prend le SWAT dans la gueule en dix minutes chronos. -On doit trouver quelque chose. Au pire en attendant, on se focus sur la banque. -Okay. Je me passais les mains sur le visage avec une lassitude légèrement feinte tout en réfléchissant à nos possibilités d'attaque. La banque serait sans doute la partie la plus complexe du plan : il fallait y envoyer le moins de gens possible et les faire agir en toute discrétion sous l'œil observateur des caméras de surveillance. -Il nous faut un truc qui nous permette d'être vu sans être reconnus. -Tu veux qu'on joue des personnage c'est ça ? Genre policier ou inspecteur ? -C'est ça. Mais en même temps je ne vois pas bien ce qui nous permettrais de rentrer dans le bureau du directeur de la banque sans éveiller de soupçons. -On pourrait avoir un rendez-vous avec lui, tout simplement. -Quel genre de mec à un rendez-vous avec un directeur de banque ? Ça doit être impossible de se faire passer pour un gars aussi important. -Bon... Alors on fait autre chose. Tu dirais quoi de prendre la famille du gars en otage ? Comme ça il fait tout le sale boulot sans qu'on se mouille. -Non. Pas la famille. Je veux bien n'importe quoi mais on ne s'abaisse pas à ça.
Elle resta interrogative quelques minutes mais, en scrutant bien mes traits, elle dut comprendre mes raisons puisqu'elle reprit ses propositions. -Femme de ménage ? On ferait tout les bureaux, et quand on arrive au sien : BAM ! -Ouaip, non. L'endroit est filmé, si on remarque que la femme de ménage appuie sur des boutons dans le bureau du patron... -Ce sera dans tout les cas filmé, quelque soit notre méthode d'infiltration, donc ton argument ne tient pas. En plus il suffirait de poser un truc entre la meuf et la caméra, tout serait bon. -Bon, admettons, mais comment on fait passer une inconnue pour la nouvelle femme de ménage ? -On vire l'ancienne et on se présente dès demain. Comme ça on dit qu'on est la remplaçante de machin et les gens s'habituent jusqu'au jour J. -Pourquoi pas ? Donc il ne nous reste plus que le problème de la fuite de l'ascenseur. -Je pense que l'attaque armée est le meilleur moyen. On bute deux ou trois gardes, les gens courent et vous sortez en vitesse. Dehors y'aura des voitures qui vous attendent et vous aurez disparus avant même l'arrivé des flics. -Ça me va. Bon, c'est une affaire rondement menée. Il nous reste quelques détails à peaufiner mais on va inclure le reste de l'équipe. On quitta tout les trois la table dans un geste miroir avant de rejoindre le deuxième groupe qui était toujours plongé dans d'intenses réflexions. En nous voyant arriver, Andréa leva les yeux vers moi et pris la parole. -On a pas trouvé de truc pour la banque, par contre on a pensé à menacer directement Faggio pour le coup du casino. Comme ça il nous ouvre lui même le coffre et demande à la sécurité de se tenir à carreaux. -C'est pas mal, mais notre employeur veut que Faggio découvre le coup bien après qu'il ait eu lieu. Une sorte de "OH PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !!!". Du coup ce plan ne marche pas, ça signifierais qu'il pourrait suivre notre braquage en temps réel. Elle sembla légèrement déçue par ma réaction mais ne se démonta pas pour autant, elle préféra me proposer autre chose. -On a aussi penser à détruire l'ascenseur, puis à se faire passer pour des réparateurs. Comme ça on rentre et on descend tranquillement, on aurait un tas de bagages pour le matériel et si le hackeur arrête les caméras, on pique le coffre sans difficultés. -Ça me plait déjà plus, mais on a aussi trouvé un plan de notre côté, vous nous dites ce que vous en pensez ?
Chapitre 37 : Rencontre Dans chacune des pièces de cet immense cabinet, le sol m'apparaissait nickel et pourtant, j'avais pour responsabilité de le nettoyer. Il m'étais impossible de comprendre ce qu'on attendait de moi alors je me contentais d'appliquer les ordres. Le balais et la serpillère glissaient sur le sol avec un rythme de moins en moins soutenue, symbole de ma lassitude grandissante. Si je n'appréciais pas spécialement balayer, le fais d'exécuter une telle tâche sans pouvoir en remarquer les résultats était encore plus ennuyant. Pourtant je ne renonçais pas, c'était grâce à ça que j'allais pouvoir manger et c'était suffisant pour faire renaître en moi une relative motivation. Le principal problème de cet emploi, c'était surtout la solitude. Travailler en solitaire à récurer un bois brillant au dernier étage d'une immense tour sous le regard pesant des lumières de la ville qui m'épiaient à travers le verre des fenêtres, ça c'était étouffant. Les centaines de livres aux multiplies couleurs rangées dans les non moins multiples bibliothèques, les dossiers encore étalés sur les bureaux des dirigeants, les ordinateurs en veille qui grésillaient lentement dans tout l'étage, ce genre de détails me donnaient l'impression d'être un intrus, seul humain dans une nature morte qui mettrait en avant le luxe. Je jetais un dernier coup d'œil au bureau de l'assistante juridique pour me rendre compte qu'il était toujours aussi propre qu'à mon arrivée dans la pièce. Je lâchais un léger soupir avant d'emporter mon attirail en direction de l'openspace. En temps normal l'endroit était éteint mais cette fois-ci, je pouvais apercevoir depuis le couloir un faisceau de lumière qui jaillissait de l'entrebâillement de la porte. Je crus d'abord qu'il s'agissait juste d'un oubli de la part des collaborateurs mais, en rentrant, je vis une jeune femme assise à un des bureaux, plongée dans un exercice de rédaction sur son ordinateur. Je dois avouer qu'il ne me fallut pas plus d'un instant pour tomber sous son charme. Même si sa beauté était incontestable, c'était autre chose qui m'attirait chez elle, sans doute sa façon de se tenir ou un je-ne-sais-quoi indescriptible, c'était probablement un tout. -Tu vas rester bosser là longtemps ? Surprise, elle commença par sursauter et je cru même un instant qu'elle allait crier "au secours" mais elle se contenta de me regarder en réfléchissant. Elle ne comprit ma question que quelques secondes plus tard et me répondit :
-Je ne sais pas... Mais vous pouvez travailler, ça ne me gêne pas. -Ouaip nan mais j'ai pas le droit de laisser des gens après vingt-trois heures. T'vas devoir partir. -Vous êtes sûr ? Laissez moi juste vingt minutes. -C'est pas moi qui choisis hein ! Moi j'veux pas perdre mon taff. -C'est important, s'il vous plait. Juste vingt petites minutes et je m'en vais. -Tu fais quoi là ? Je t'ai jamais vu ici avant. -Je suis en stage. -Ah ouaip, genre t'apporte le café et tout. -Si on veut. Et vous ? -T'peux me tutoyer hein ! Bah moi t'vois je fais le ménage. Mais genre t'es en stage, ça veut dire tu fais des études ? -Euh... Oui. -Tu vas dev'nir avocate et tout ? -C'est un vision optimiste des choses mais oui, j'espère bien. -Bah vas-y, j'te souhaite de réussir. Par contre faut vraiment que tu partes. Elle me regarda avec l'air affolée et je pus alors juger son âge, environ 19 ans, soit deux de moins que moi, j'avais déjà vu pire. Elle sembla avoir une idée puisqu'elle me sourit tout d'un coup. -Écoutez... Euh écoute, tu me laisse vingt minutes et je te laisse m'inviter à diner. -T'as cru t'allais m'acheter ? -Puisque c'est toi qui me payerais à manger, je ne t'achèterais pas vraiment. -Ah ouaip, du coup t'essaies de me douiller hein ? Bah j'accepte ton offre si c'est toi qui me paye à diner. -Marché conclus, maintenant si vous... tu pouvais essayer de ne pas faire trop de bruit, ce serais gentil. -Comme tu veux. Elle se remit alors instantanément à la rédaction de son rapport et je pus reprendre mon travail qui consistait à ne rien faire. Je me contentais de faire semblant de balayer en jetant de ci de là des petits regards dans la direction de cette fille. De ma discussion avec elle et de son attitude à la fois timide et légèrement noble, j'en conclus qu'elle venait d'une famille favorisée, ce que traduisaient aussi ses vêtements. Ses yeux montraient une certaine intelligence ainsi qu'une certaine crainte face à moi : je ne devais pas être le genre de personne qu'elle fréquentait au quotidien. Je crois même que pendant que je nettoyais, elle regrettait son offre, émise uniquement sous le coup de la pression que je lui affligeait. J'aurais pu annuler le tout mais je n'en avais pas la moindre envie, elle était
magnifique et elle comptais me payer une bouffe, c'était largement suffisant pour maintenir le programme. Quand les vingts minutes furent écoulées, je partis ranger mes affaires dans le placard de service et je revins dans l'open-space où l'étudiante était toujours en train de taper activement sur son clavier. -Time's up ! -Cinq minutes ? -Mais pourquoi tu ne le finis pas chez toi ? -Le directeur du cabinet le veut demain matin sur son bureau et si je le finis chez moi, il faudra que j'arrive avant lui demain pour l'imprimer alors que si je le finis dès maintenant, je l'imprime ici et je le dépose avant de partir. -Ça s'tient, par contre tu devras m'offrir un dessert. -C'était prévu, comment on peut manger sans dessert ? -J'en sais rien, genre en allant au grec... -Oui, bon. Donc tu me laisse dix minutes encore ? -Ouaip, tu veux de la coke pour l'inspi ? -Tu es sérieux ? -Nope. J'ai vu l'horreur s'installer sur son visage pendant quelques secondes et je compris alors qu'elle ne me faisait vraiment pas confiance, peut être même avait-elle peur que je la viole après le repas, ses habitudes bourgeoises l'empêchant d'annuler le rendez-vous. Il allait me revenir la tâche de lui montrer que j'étais quelqu'un de bien, ce dont je n'étais moi même pas convaincu. Je passais donc les dix minutes qui suivirent à simplement l'observer, ce qui ne me déplaisait pas. Ça aurait été mentir que de dire qu'elle ne m'attirait pas, en fait, elle me plaisait réellement et j'espérais bien conclure d'ici la fin de la semaine, mais tout ça dépendrais de ce diner. -Bon ! J'ai finis, on peut y aller, je vais juste l'imprimer. Elle quitta rapidement la pièce et revint à peine une minute plus tard avec son manteau sur les épaules. Elle me fit signe de la suivre puis on quitta le cabinet ensemble en descendant dans l'ascenseur. -Au fait, tu t'appel comment ? -Michael, et toi ? -Sarah. -J'aime bien, c'pas mal comme nom. -Merci. Durant tout le reste de la descente, un silence gêné s'installa et je dus me contenter de fixer la porte en me demandant si finalement, cette invitation
n'était pas une mauvaise idée. Finalement, les portes métalliques s'ouvrirent et l'on traversa le hall pour déboucher dans les rues de New York qui brillaient de mille feux sous l'éclairage nocturne. -Tu as une voiture ? -Bah nan. -Bon, on prends un taxi du coup. -C'est aussi loin qu'ça ton truc ? -Oui, il doit bien y avoir vingt minutes de marche. -Bah c'est bon, on est pas des vieux encore. -Si tu veux. -Nan mais après tu fais ta vie hein ! -Non, c'est bon, t'as raison, on est pas des vieux. Je ne savais pas si je l'avais vexé mais si c'était le cas, elle n'en laissait rien paraître. On pris donc la direction du restaurant, tandis qu'on marchait, je voyais Sarah jeter des coups d'œil suspicieux un peu partout, parfois vers les alentours, parfois directement vers moi. -Stressée ? -C'est juste que c'est la première fois que j'invite un inconnu à manger en tête à tête. Avec n'importe quelle fille de L.A., j'aurais répondu "j'espère que ce n'est pas la seule chose que je vais te faire découvrir" et elle aurais gloussé comme une idiote, mais ici je me trouvais devant gosse de riche et j'allais devoir me comporter en conséquence. -T'inquiète, j'ai pas l'intention de te violer hein ! Comme on dit chez moi, "jamais le premier soir". Après si tu me réinvite, je promet rien... Je vis un sourire apparaître sur son visage, ce qui me rassura sur mes chances. Au moins elle n'était pas complètement coincée comme la plupart de ces bourgeois avec des balais dans le cul. -Donc je ne te réinvite pas, je retiens. -Après, il est possible que je me retienne. -À quels conditions ? -Si t'es suffisamment intéressante pour que je préfère choisir le long terme. -Et quels sont tes critères à ce niveau là ? -Oh j'en sais rien, tu vois c'est au feeling. -Ok, mais si il y a une fille qui te plaît beaucoup mais que tu n'auras jamais, tu fais quoi ?
-Ça existe pas, j'ai toutes les meufs que je veux. -En imaginant que ça soit possible. Tu préfère le court terme ou mettre fin à la relation ? -Bah après ça dépends si son père il est keuf ou pas tu vois ? -Donc la fille n'est pas le seul facteur qui va te pousser à la violer. -Ouaip. Mais genre c'est moi ou tu fais un algorithme pour savoir qui je viole ou pas ? -C'est possible. Faut que je sache si je peut te réinviter. -Sois raisonnable, écoute tes envies. -C'est légèrement contradictoire. -C'est dans une pub Porsche. -Ah. Elle me sourit à nouveau, cette fois-ci plus ouvertement, et on atteignit le restaurant. C'était un endroit plutôt luxueux, derrière les vitres, des couples et des amis savouraient des mets plus raffinés les uns que les autres dans des costumes à plusieurs milliers de dollars. En voyant Sarah, un homme qui devait être un employé du restaurant s'empressa de nous saluer avant d'ouvrir la grande porte dorée. Les différentes odeurs de la salle se mélangeaient au point que mon odorat fut incapable d'en reconnaître une seule tandis qu'on nous installait à une table d'angle. -Pour qu'ils m'aient laissé rentrer, tu dois vraiment être une VIP. -Pourquoi tu dis ça ? -Bah d'hab, dans les restaurant comme ça, on laisse pas trop rentrer les mecs comme moi. -Ça va, t'as pas non plus une tête de SDF. Faut arrêter les rumeurs sur les endroits luxueux. -Ouaip mais toi tu sais pas aussi, t'es née avec ça. -Qu'est-ce qui te fais dire ça ? -J'en sais rien, ça se voit direct. Ose me dire que c'est faux. -Oui, bon, tu as un peu raison. N'empêche que si tu regarde autour de toi, tout le monde ne porte pas non plus des vêtements de milliardaires. C'était pourtant mon impression mais je me contentais d'acquiescer. Le débat était clos, son intérêt était minime et je ne souhaitais pas déclencher une dispute sur la lutte des classes juste pour ça. -Tes parents ils font quoi pour être riches ? -Ils travaillent... -Nan mais je sais, genre quel taff ? -Ma mère dirige une école d'ingénieur, mon père est avocat. -Ah ouaip, putain ça pèse un max ça.
-Si on veut. Et toi ? -Moi, mon père est un enculé et ma mère une femme de ménage. C'est moins glamour. -Ça rends tout tes actes plus impressionnants. Moi j'ai rien eu à faire pour être acceptée dans cette école d'avocat à part bosser en classe. Toi si t'étais à ma place, ça aurait été beaucoup plus compliqué. -Ah ouaip, millionnaire de gauche et tout. -Je ne vois pas en quoi c'est un mal. -Nan, c'est juste c'est bizarre de défendre les pauvres quand on est peté de thune. J'dis pas c'est mal, c'est même grave bien. -J'ai pas choisi d'être gosse de riche. Au final même depuis là où je suis, je vois bien qu'il y a des problèmes. Par exemple toi, si t'étais né dans une famille riche, je suis sûr tu serais pas là aujourd'hui. -Pas sûr. Moi j'pense mes parents ils m'auraient renié et j'me serais retrouvé dans la rue. Au final la seule différence, c'est que si j'étais né chez les riches, la rue m'aurait bouffé. -Comment t'es arrivé à Kyle & Associés ? -J'arrive de Los Angeles. J'me suis tapé un tas de job différents, toujours de la merde, des trucs sous-payés. Je changeais tout les trois mois environ, du coup si j'suis là, c'est par défaut plus qu'autre chose. Mais j'crois je vais changer bientôt, j'en ai marre de faire le ménage dans un endroit qu'est déjà propre. -Pourtant c'est bien, c'est comme si on te demandait d'écrire un texte que tu peux trouver déjà tout fait sur le web. -Ouais mais j'ai l'impression je sers à rien du coup, et ça c'est chiant. Un serveur surgit de nulle part et nous donna à chacun une carte. Je récupérais la mienne et l'observait avec suspicion, cherchant les plats les moins étranges possible pour me replier vers ce que je connaissais déjà et que j'étais sûr d'aimer. -C'est bien de vouloir être utile, il y a toujours trop de gens qui préfèrent glander. -Ouaip, moi je pense faut toujours servir quelqu'un. Même si c'est les mauvaises personnes, du moment que t'existe, faut que tu trouve une raison d'être là. -Et si tu quitte le cabinet, t'irais où ensuite ? -Aucune putain d'idée, j'essaie de me trouver un boulot bien sans diplôme nécessaire. -Pourquoi tu n'as pas fait d'études ? Il y en a des gratuites non ? -J'tavou j'ai quitté l'école à 16 ans pour faire des trucs pas forcément cool. Du coup là je regrette. -Ah, ok. Je vois. -J'pense pas. En vrai, à la base, j'aimais ça tu vois ? Y'a à peine deux ans j'étais
au moins aussi riche que tes parents je pense. -Pourquoi t'as tout perdu ? -C'est la vie. Enfin du coup j'me suis tiré pour vivre normalement ici. J'étais sûr qu'elle ne me croyais pas, c'était évident, après tout comment on pourrait croire qu'un mec comme moi puisse être riche ? Je voyais le doute dans ses yeux mais ça ne me gênait pas, la soirée commençait plutôt bien. Ce fut ce moment là que le serveur choisi pour prendre nos commandes : Sarah prit un plat dont le nom ne me revient pas tellement il était compliqué et je pris une simple entrecôte-frite. -Tu vis seul ? -Ouaip, j'ai un studio. Et toi ? Tu vis comment ? -Dans une chambre de l'université, avec des amies. -Ah ouaip, c'est cool. Un mec à l'horizon ? -Nan, je n'ai jamais été trop branchée mec, je ne dis pas que je suis.... Non, juste que je n'en ai jamais trouvé un qui m'attire vraiment. -Jamais-jamais ? -Jamais-jamais. Et toi ? À part moi, t'as une fille en vue ? -À part toi ? Non. Je suis un mec posé, une fille à la fois c'est mieux. Après c'est pour la drague hein ! Sinon plusieurs ça me dérange pas tellement... -Oui, je vois le genre. T'es le gars qui couche avec une fille par soir en gros ? -Bon... En vrai j'aimerais bien mais euh... Tu vois avec New York, le déménagement, l'absence de thune et tout. J'ai pas baisé depuis 6 mois. -Tu vas voir, on s'y fait. -Pas moi. Je la vis me regarder un instant et elle se mordilla légèrement la lèvre, un tic que j'adorais chez une fille. Là, c'était bon, j'étais sous le charme à cent pourcent. Une fille belle, intelligente, riche et vierge de surcroît, bordel qu'est-ce que le pervers que j'étais à l'époque pouvais rêver de mieux ? -Six mois ça passe vite. Et puis au pire ça t'entraine si un jour tu dois être en couple. -Parce que selon toi on baise pas dans un couple ? -Si, juste que y'a un moment où on commence à s'ennuyer. C'est pour ça qu'on va voir ailleurs. -Moi j'pense faut aller voir ailleurs dès l'départ, comme ça tu t'ennuie jamais. -Libertin en gros. -Ouaip, on peut dire ça. -En tout cas je ne sais pas si je serais prête à assumer d'être en couple avec un gars qui vas coucher à droite à gauche. -Mouaip, mais après t'sais si elle vaut vraiment le coup, je peux changer de
fonctionnement hein ! -Si elle vaut vraiment le coup ? -Si j'suis amoureux t'vois ? Même si je suis pas sûr c'est possible, parce que j'ai vu tellement de meuf, si j'en suis tombé amoureux d'aucune, c'est forcément que y'a un problème. -Ou simplement que tu n'es pas tombé sur la bonne. Moi en tout cas je continue d'y croire. -Bah j'espère tu le trouveras. -Merci. De nouveau le serveur apparut, un plat sur chaque main, et il nous les déposa sur la table. Jamais je n'avais vu de viande aussi appétissante et je ne pus m'empêcher de sauter dessus. -Mais sinon, t'as des frères et sœurs? -J'ai un frère aîné et une sœur plus jeune. -Ils font quoi ? -Ma sœur est encore au collège, mon frère veut bosser dans l'économie. -Genre trader ? -Oui, à peu près. Et toi, frère et sœur ? -Nan, j'suis fils unique. Déjà ma mère galèrais avec juste moi alors.... -Au niveau de l'argent ou de l'éducation ? -Les deux. J'étais un putain de connard et je coûtais grave cher. Du coup j'me suis fais mettre à la porte à 15 ans. -Mais c'est horrible ! -Nan, c'est mieux pour elle de plus me voir. Et moi comme ça j'me suis barré chez un pote. -C'est lâche je trouve de virer son fils. Si on pense qu'on a raté son éducation, on assume. -Bah ouaip mais pas elle. T'sais là d'où je viens, on aime pas trop assumer. -Je vois. La discussion continua jusqu'au dessert, et même après. Quand il fallut régler l'addition, je me proposais et, voyant qu'elle refusait, je décidais d'insister. Au final je la laissais l'emporter mais le plus important était là : j'étais passé pour un gentleman. À la sortie du restaurant, on monta tout les deux dans le même taxi qui s'arrêta en premier lieu devant chez moi. Alors que je payais le chauffeur, elle gribouilla quelques mots sur un bout de papier qu'elle me tendit avant de me dire au revoir et de me faire la bise. Une fois la voiture jaune disparue à l'horizon, j'ouvris avec une certaine appréhension ce petit mot.
(212) 142-6728 Si tu te sens capable de ne pas me violer, Je dis pas non. --------------------------------------------------------------Bordel, j'ai réussi ! J'ai sauté par cette putain de fenêtre ! Peu importe cette douleur dans mes jambes, j'y suis parvenu. J'ai une chance de m'en sortir. Bon, alors, où j'en étais ? Ah, oui ! Je demande pardon à Lucy pour ce qui vient de se passer. Je sais qu'elle va me détester, je sais que je n'y pouvais rien mais je me sens quand même coupable parce que je pourrais la prévenir mais je ne vais pas le faire. Je suis incapable d'envisager d'entendre sa réaction. Au lieu d'elle, c'est Leslie que je vais appeler. On va quitter cette putain de ville, on va quitter cet endroit. Le taxi dans lequel je me trouve file vers l'aéroport, si tout se passe bien, dans quelques heures, on ne sera même plus aux États-Unis. Je laisse le pays qui m'a nourri derrière moi, je laisse sa crasse et ses bijoux derrière moi. Tout ceux qui m'ont aimé, tout ceux qui m'ont détesté, tous, je vous quitte. Je ne pars qu'avec elle, ensemble nous quittons cette terre de malheur. J'ai honte, avec raisons, mais je n'ai pas d'alternative, si je reste ici je meurs. Je fuis de nouveau en espérant que ce sera plus fructueux que la première fois et en sachant pertinemment que ça ne sera pas le cas.
Chapitre 38 : Pick-nick J'appréciais profondément ces moments de ma vie qui me rappelaient que, malgré mon statut de criminel, je restais un humain avant tout et que j'étais encore capable de jouir de la vie. Ce n'était peut être pas grand chose, mais le fait de me trouver dans cette pièce avec tout mes plus chers amis à dévorer de la nourriture de fast-food me provoquait une intense satisfaction. Assis sur le sol autour de ces sacs sur lesquels étaient inscrite la double arche dorée, j'avais l'impression de retomber en adolescence, de retrouver cette insouciance et ces déjeuner qu'on prenait entre amis quand le menu de la cantine scolaire ne nous convenait pas. C'était étrange de me dire que chacun de ces moments heureux de ma vie me rappelaient mon adolescence, période où j'étais sans doute le plus détestable possible. Je finissais par me dire que ces deux faits étaient liés et qu'il était plus facile pour un monstre d'être insouciant. -Ça va Michael ? La douce voix de Leslie me sortit de mes pensées. Depuis qu'elle était arrivée pour manger avec nous, la voir me provoquait une boule dans le ventre, et je savais pertinemment pourquoi. Je savais que malgré l'amour que je lui portais et malgré celui qu'elle me portait probablement, jamais je ne pourrais faire autant que ce que j'avais en compagnie de Sarah avec cette fille. Je ne m'en rendais compte que maintenant mais c'était évident, nous n'étions pas fait pour fonder quoi que ce soit ensemble. Dès que Leslie aurait finit ses études, qu'elle se serait habituée à la vie normale, elle ne voudra plus de moi. Ce qu'il lui fallait, c'était un homme brillant, amusant, un chercheur ou je ne sais quoi d'autre. Moi je n'étais qu'une simple brute perdue dans ce monde qui me rejetait. En fait, j'étais là pour la remettre dans le rang. J'allais lui montrer comment devenir normale, comme je l'avais appris seul en quittant cette ville. Je serais une sorte de père de substitution qui lui ferait découvrir la réalité du monde. Un père de substitution qui coucherait avec sa fille... -Hé Ho, tu vas bien ou quoi ? -Oui, oui, c'est bon. -Laisse tomber, il nous fait un AVC. À ta place je me marierais vite pour récupérer l'héritage, quoiqu'il ne doit pas y avoir grand chose à empocher. C'était Lucy qui venait de s'exprimer, j'avais l'impression qu'elle s'entendait bien
avec Leslie, peut être même trop bien. Malgré ça, je réprimais mes envies d'intervenir, je ne voulais pas avoir l'air trop envahissant, Leslie avait vécue seule pendant la quasi-totalité de sa vie, le fait de ne plus pouvoir faire ce qu'elle voulait dès les premiers jours de vie de couple risquait de la dégoûter. -T'sais Mike, j'ai pensé à un truc pour le braquos. -On n'avait pas dit qu'on ne parlait pas travail ? -Mais nan, c'est bon, ta meuf est ok. En plus ça prendra vingts secondes. Je pensais au "terroriste", pourquoi on prendrait pas Nikolaï ? -J'en sais rien moi. Prends le si tu veux. Mais c'est qui ce gars au juste ? -Tu veux la version courte ou la version longue ? -La courte, ce sera quand même trop long mais je ferais avec, je suppose que cette histoire est suffisamment intéressante pour être obligé de supporter le son de ta voix. Lucy souleva son majeur tout en prenant une bouchée de son hamburger. J'entendis Leslie rigoler sans vraiment le voir, même si ce rire se moquait légèrement de moi, j'aimais l'entendre, c'était un son particulier, indescriptible mais tellement agréable. -Bon, donc comme tu le sais, j'ai quitté Marco un peu après toi et je me suis mise à mon compte. Et donc un jour j'ai... Tu veux vraiment que je la fasse courte? Nan parce que tu vas rien comprendre du coup. -Je m'en fout, abrège. -T'es chiant. M'enfin, un jour, pour un contrat, je me suis rendu au lieu où devait se trouver la cible. Sauf que manque de peau, il y avait déjà un gars sur le coup. D'habitude je bute la concurrence, mais ce gars n'était pas tueur pro. En tout cas ce n'était pas l'impression qu'il donnait, on aurait dit qu'il faisait ça par plaisir. Là, j'aurais pu partir et dire que le contrat avait été rempli, mais au lieu de ça, j'ai eu une idée d'intérêt général : faire bosser ce fils de pute pour moi. Comme ça il continuerais à tuer pour le plaisir, mais cette fois ce serait pour la bonne cause. Je lui ai offert un restaurant avec un four, je précise parce que c'était important pour lui, traumatisme liée à l'enfance tout ça... En échange du restaurant, il tuait ceux que je lui demandais de tuer. Par contre il ne le fait qu'aux américains, en fait il déteste les américains, toujours ce même putain de traumatisme. C'est pour ça que je pensais à lui pour le terroriste en gros. -Donc tu vas mettre un dangereux psychopathe devant une foule de plusieurs centaines de personnes en espérant qu'il ne tuera que les vigiles, qu'il ne détruira aucun meuble de la salle et qu'il réussira à fuir la police ? Moi je voulais bien tant que je pensais qu'il était juste limité, mais si sa passion c'est de butter les américains... -T'en fait pas. Je lui expliquerais les détails et j'espère qu'il comprendra. De
toute façon il m'en doit une avec le restaurant. En plus je suis anglaise, pour lui on est le peuple qui a combattu les américains pendant la guerre d'indépendance et ça impose le respect. J'allais lui rétorquer que malgré ça, les risques me semblaient bien trop gros mais Leslie pris la parole avant pour poser une question qui pouvait sembler simple pour elle mais qui, je le savais, allait déboucher sur un autre monologue. -T'es anglaise ? -Ouaip, pourquoi ? -J'en sais rien, j'avais toujours vue les anglaise comme des vieilles femmes qui boivent du thé en caressant leurs chats. -Ça c'est juste la reine. Mais faut avouer que t'as pas tort, mes parents correspondaient bien à ce cliché. -Mais comment t'es devenue comme ça alors ? J'aurais été incapable de dire si l'une ou l'autre des deux interlocutrice s'était rendu compte d'à quel point la question était déplacée, Elles étaient l'une comme l'autre tellement peu soucieuses des règles de savoir vivre qu'on m'avait appris à New York que mon avis penchait plutôt vers le "non". -En écoutant du rock. Nan sérieusement, c'est encore une longue histoire et notre petit Mike va encore bouder. -Ta gueule Lucy ! -Oh, mais c'est qu'il est pas content, tu n'as pas eu ton biberon ? -Mais raconte la, ton histoire ! Et arrête de me faire chier. -Merci de ta compréhension. -Ta mère. Avant que Lucy ne commence son histoire, Leslie s'approcha de moi et vint déposer sa tête sur mon épaule. Je me demandais si elle faisais ça pour calmer ma réticence face à l'écoute de cette histoire, mais si c'était le cas, elle y était parvenue : j'étais prêt à subir n'importe quoi pour ce simple contact. Malgré l'odeur de fast-food ambiante, j'arrivais quand même à sentir ce parfum de fraise, il était comme une drogue pour moi. Et les cheveux de Leslie tombant le long de mon dos étaient autant de symbolisation d'un bonheur éphémère que, j'espère, je savais apprécier à sa juste valeur. -Commençons par le commencement, je suis née dans la banlieue de Birmingham, mon père était journaliste et ma mère bossait dans la mode, mais ça on s'en fout. L'important c'est qu'ils étaient très catho, très vieux jeu, enfin très chiants quoi. Tu vois quand j'tai parlé du rock, eh bah ce n'était pas complètement faux. Mes parents étaient ce genre de personnes qui pensaient que c'était "pêcher" que d'en écouter...
Du coup j'ai passé toute mon enfance avec une putain de muselière, mais dès qu'ils ne me surveillaient plus, je reprenais ma liberté. Du coup, vu que je ne respectais aucunement leurs interdictions, ils m'ont envoyé en pensionnat pendant un an, superbe idée pour se faire encore plus détester. Normalement j'aurais du y rester plus mais mes parents ont déménagé à San Francisco pour leur travail et j'ai du partir avec eux. De nouveau j'étais avec eux et je comptais bien les faire payer pour cette année de pensionnat. D'abord, je me suis mise à écouter du rock et du death métal à fond dans la maison, même si je n'aimais pas forcément énormément ce genre de musique, les voir dire "pardonne la" à une entité qui n'existait sûrement pas me provoquait une intense satisfaction. Histoire de les faire chier encore plus, j'ai adopté le style punk. Mais la pour le coup j'ai trouvé ça relativement cool, c'était pas uniquement pour les emmerder. Toujours est-il qu'ils ont décidé de me renvoyer en pensionnat, sauf que je me suis faite virée. Ils en ont essayé trois avant de renoncer et d'essayer de me rééduquer eux même. Sauf qu'un peu après mon retour à la maison, je suis tombée amoureuse d'une fille. La question que je me suis posée au début, c'était "est-ce qu'elle me plait vraiment ou est-ce que mon cerveau m'aide juste à emmerder mes parents ?". Au final je n'en avais rien à battre, cette fille était ce qui m'étais arrivé de mieux depuis ma naissance alors peu m'importait le pourquoi du comment. J'y tenais tellement que je ne l'ai même pas dit à mes parents, de peur qu'ils m'empêchent de la voir. Sauf qu'évidemment, ils l'ont su, et là je me suis faite virée, un peu comme Mike. J'ai donc décidé de quitter San Francisco et de partir pour Los Angeles, cette ville m'avait tellement fait rêver qu'y vivre devait être absolument génial. Sauf que non, et j'ai du enchaîner les boulots illégaux pour survivre, mais comme je détestais cette société et ses valeurs que mes parents m'avaient obligé à aimer, je n'eu aucun mal à devenir bonne dans ce que je faisais. Comme je l'ai dit, j'ai bossé pour un tas de gars jusqu'au moment où je suis tombée sur Saliego et, par conséquent, sur Mike. C'est bon, j'ai pas été trop longue. -Non, ça va. La dernière fois t'avais été plus dans les détails. -Quand je te l'ai raconté, j'étais bourrée. Je te rappelle que j'ai quand même décris une par une la totalité des filles de mes différents dortoir en pensionnats. -Ah oui, c'est vrai ! Putain on devait vraiment être défoncés ce soir là. -Comme tout les soirs. Sans prévenir, mon téléphone se mît soudainement à sonner et, après un regard vers l'écran, je quittais la pièce en vitesse pour me mettre à l'écart du groupe.
-Allo ? -Allo, Michael ? -Ouaip. -Ça te dérangerais de nous appeler des fois ? -Je suis désolé, j'oublie, tu sais je fais tellement de trucs. -Je ne veux pas le savoir. En fait je t'appelle pour savoir quand est-ce que tu comptais venir. -J'en sais rien. Actuellement je suis en plein projet, mais pourquoi pas dans trois semaines ? -Trois semaines ? Ok je note. Mais dépêche toi, Lily en a marre de t'attendre, surtout qu'elle croit que c'est de ma faute si tu es parti. -Mais c'est de ta faute ! -Écoute, je n'ai pas envie de reprendre cette discussion, tu sais très bien que tu es responsable de ça. -Oui, bon... Peut être un peu. Je peux lui parler là ? -Elle dort, il est 21h30. -Ah oui, c'est vrai. -Par contre elle veut que tu sache qu'elle s'est mise au piano. -Ah ? Mais c'est super ! -Oui, elle est simplement déçue que tu ne sois pas là pour l'écouter. -Arrête de me rappeler que je ne suis pas avec vous ! Je le sais, je m'en rends compte chaque seconde de ma vie. C'est sans doute la pire chose qui pouvait m'arriver mais je fais avec, alors arrête de me le rappeler. -Comme tu veux. Il y eu ensuite un léger silence à l'autre bout du fil puis je l'entendis prendre une grande respiration avant de se remettre à parler. -Je sais que la vie n'a pas toujours été cool avec toi, je sais que t'en a bavé et je sais que je suis incapable de comprendre ce que tu as traversé, mais ce n'est pas une raison pour rendre les choses encore pire Michael. Tu ne peux pas refuser d'assumer tes actes en te cachant derrière ton passé, je ne sais pas pourquoi tu es rentré à Los Angeles et je ne sais pas ce que tu y fais mais ça me fais peur. J'ai peur parce qu'on a une fille que je dois élever seule et dont le père est sans doute en train de violer la lois à longueur de journée. -Je ne PEUX pas faire autrement. J'ai essayé, t'as été témoin, j'ai essayé, mais le monde me rejette. Je ne peux pas m'incruster dans cette société, je n'y ai pas ma place. Si on voit que je n'ai pas fait d'études, que j'ai fait de la prison, ce genre de chose détruit mes possibilités. Alors je rejette le monde au moins autant qu'il me rejette . Récemment, un homme m'a dit que si on voulait être libre, soit on tentais de modifier les règles, soit on s'affranchissais de ces règles. J'ai fait mon choix.
-Tu es toujours un gamin, incapable de comprendre la notion même de sacrifice. Tu dois apprendre à changer, parce que si tu continue à vouloir vivre sans respecter les règles, elles ne te protégeront pas quand tu en auras besoin. -Je n'ai pas besoin de leur protection, je me débrouille, comme je l'ai toujours fait. Sans lui laisser le temps de répondre, je mît fin à cette conversation et rangeais le téléphone dans ma poche. Je me laissais ensuite tomber sur le mur avant de glisser le long de ce dernier pour enfouir ma tête entre mes mains. J'en avais marre de mentir, marre de faire semblant que tout allait bien parce que, même si c'était le cas pour l'instant, je savais que les problèmes allaient revenir. Ma vie ce n'était que ça : des périodes de calmes qui rendaient les souffrances encore plus atroces. Je ne me débrouillais pas seul, j'en étais incapable. Je ne faisais que me raccrocher à des vieux débris qui flottaient tout comme moi mais qui coulaient sous mon poids. Un jour l'océan n'aurait plus le moindre bout de bois à sa surface et ce jour là, sans aide, je me noierais. Je haïssais cette vie, je haïssais ce monde. J'étais un idiot torturé, on dit "heureux les simples d'esprits", pourtant j'étais sûr d'en être un et le bonheur semblait très loin de moi. Après une grande inspiration, je quittais le bâtiment pour m'isoler. Dehors, la nuit finissais de conquérir les dernières parcelles encore ensoleillées. En fait, je me demandais si ce n'était pas Sarah que je détestais : dès que je pensais à ma famille, ma vie semblait tout d'un coup plate et vide, comme si j'avais laissé une époque de perfection derrière moi pour revenir à une période où même les plus beaux instants ne faisaient que me rappeler mon adolescence. J'avais une arme, c'était peut être ma meilleure option. Quitter le monde dès maintenant, une nouvelle fuite, mais celle là serait infinie. Jamais je ne pourrais revenir sur mon choix, de toutes façons je n'avais aucune raison de revenir. Cette vie ici ne serait jamais que l'ombre de celle que j'ai eu à New York, celle d'un homme normal. Je passais ma main sur la crosse de mon pistolet lorsque je vis la porte du bâtiment s'ouvrir et une femme en sortir. À mon grand étonnement, il ne s'agissait ni de Leslie, ni de Lucy, mais d'Andréa. -Qu'est-ce que tu fais là ? T'as un coup de blues ? -On peut dire ça... -Tu veux en parler ? -Non. -Je vois. Tu veux être seul ? -C'est pour ça que je suis là. J'avais été sec dans ma réponse et j'obtins la réaction escomptée : Andréa
semblât un instant blessée puis elle fit demi-tour pour rentrer d'où elle venait. Simplement, au dernier moment, elle me dit : -En tout cas, c'est un honneur de bosser avec toi. J'espère que je pourrais payer ta dette, et aussi que ton plan va marcher. Je ne lui répondis pas, je n'avais rien à répondre à ça. Je restais devant la porte pendant le reste de la soirée, personne ne vint. Pendant tout ce temps, je cherchais le meilleur moyen de virer celui qui allait arriver tout en espérant que quelqu'un arrive. Dans une preuve d'égoïsme, je voulais voir si quelqu'un tenait réellement à moi au point de braver mes rejets juste pour me remonter le moral. Mais personne ne vint. Je me sentais seul, désespéré, je savais que demain tout ça ne paraîtrait pour moi qu'un moment de tristesse passagère, mais pour l'instant, je me confortais dans ma mélancolie, pensant à ceux qui en haut pouvaient être heureux. Mais personne ne vint. Si Sarah avait été là, elle serait venue, j'en étais sûr. Avec elle je me sentais réellement aimé, avec elle tout me semblait parfait, et pourtant elle a choisi d'y mettre fin. Ou alors étais-ce moi ? Je ne pouvais pas en juger, je ne faisais qu'attendre. Mais personne ne vint. Que faisait Leslie ? Pourquoi ne venait-elle pas ? Si j'avais été à sa place, j'aurais accouru, je l'aurais consolé. Elle ne s'inquiétait donc pas de moi, mais que signifiait alors ces flammes que je voyais dans son regard ? Ce moment que nous avions partagé le jour précédant ? Ces "je t'aime" qu'elle m'a prononcé ? Peut être ne savait-elle pas encore aimer, peut être qu'elle ne connaissait pas les relations humaines aussi bien que les autres. Elle avait vécu dans l'isolement et les films ne suffisent pas à vous forger un talent relationnel. Pourtant je continuais à espérer sa venue. Mais personne ne vint. Quand le repas fut fini, Lucy fut la première à sortir. Elle vint se poser à côté de moi en silence, mît une cigarette dans sa bouche et fit signe au groupe de partir. -Alors ? -J'en ai marre. -Moi aussi. -C'est pire que ça, j'en ai marre de vivre. -Pourquoi ? -Tout ça n'a pas de sens. Ce braquage, je le fais pour quoi ? L'argent ? Qu'est-ce que je vais en foutre de ce pognon ? Je n'ai pas besoin d'argent, j'ai besoin d'elle. -Leslie ?
-Sarah. Leslie n'est pas... Je ne sais pas ce qu'elle est. J'ai l'impression de l'aimer, je crois qu'elle m'aime aussi, mais c'est étrange... Je ne comprends pas. -Alors retourne voir Sarah et excuse toi. -Je ne peux pas. Jamais elle n'acceptera des excuses après ce que j'ai fais. -Qu'est-ce que t'as fais ? -Je lui ai prouvé que j'étais incapable de me contrôler. Que même au bout de 10 ans, mes démons me hantaient encore. -Il faut que t'arrête de penser à elle. Je t'ai raconté comment j'ai perdu Jane, fais pareil. -PUTAIN MAIS J'AI FAIS UN GOSSE À CETTE FEMME ! Comment tu veux que je l'oublie ? -Quitte tout ça. Prends Leslie avec toi, vas-t'en à Londres ou n'importe où et restes-y. -Qu'est-ce que ça va changer ? -Tout et rien à la fois. C'est une chance d'oublier le passé, de repartir à zéro. Un moyen d'arrêter de se remémorer ses erreurs. -Je n'y crois pas, rien ne peux supprimer le passé. -Fais comme tu veux dans ce cas là, je te laisse avec ton défaitisme. Oh, j'ai payé Salesman parce qu'il en avait marre d'attendre, tu me dois 300$. Elle me donna une tape sur l'épaule et disparu dans la nuit. En face, de l'autre côté de la rue, Leslie m'attendait. Ses yeux reflétaient la lumière de la lune et lui donnaient un aspect fantomatique. Elle me faisait peur, pas elle-même, mais ce qu'elle signifiait et ce qu'elle ne signifiait pas. Elle me montrais que je ne comprenais rien et que même ce qui avait l'air clair, quand on prenait un peu de recul, devenait complètement flou.
Chapitre 39 : Préparation Le Commerce Casino brillait de mille feu dans la nuit alors que l'équipe A s'en approchait. L'équipe A, c'était le nom qu'on avait donné à ceux qui allaient se charger de récupérer l'argent. Nous étions quatre : Nick, Viktor, Taka et moi. Même si n'agissions que dans le cadre d'une mission de reconnaissance, je sentais un léger stress m'envahir. Avec nos costumes, nos arme et notre attitude, j'avais vraiment l'impression qu'on était le jour J alors qu'en réalité, nous n'allions faire qu'observer. Taka était le seul de nous trois à qui son costume allait comme un gant, à côté de lui, on avait vraiment l'air de trois ploucs qui auraient essayé de se faire passer pour des gens respectable. Devant la porte du casino, un portier nous attendais et ouvrit grande l'entrée. Nous pénétrâmes à quatre dans ce hall où j'étais déjà venu en tant qu'employé, désormais j'étais le chef du groupe. Avant de pouvoir se disperser dans la salle de jeu, un homme en costume, le même que celui de la dernière fois, nous demanda nos noms avec un ton dégoulinant de miel. -Nick Fear, Viktor Azarov, Taka... Euh c'est quoi ton nom ? -Watanabe. -Taka Watanabe et Michael Da Silva. On avait décidé de donner nos vrais noms pour deux raisons : la première, c'était que si on se rendait compte qu'on mentait par quelque moyen que ce soit, la mission était morte-née. Ensuite, nous n'allions rien faire de mal, on allait simplement observer l'établissement, alors pourquoi ne pas être honnête ? Le problème, c'est que lorsqu'il vérifia sur son ordinateur que nous étions admis, la moue du gérant de l'accueil devint rapidement déconfite. -Monsieur Da Silva... Je suis désolé mais vous n'êtes pas autorisé à rentrer dans ce casino. -Quoi ? Mais pourquoi ? Tout comme moi, le reste du groupe était atterré par cette annonce : sans moi, le plan allait toujours pouvoir avoir lieu mais en cas d'imprévu, tout serait fini. -Je n'en sais rien monsieur, ce n'est pas moi qui... Je ne lui laissait pas finir sa phrase : la réponse était évidente. Il n'y avais qu'une seule raison possible pour expliquer mon interdiction, et cette raison se trouvait au dernier étage de ce casino. -Je dois voir votre directeur.
-Il ne reçois pas. Je peux peut être... -Non. Je dois le voir maintenant. La seconde d'après, mon arme était braquée sur le torse de cet homme, mais de façon suffisamment discrète pour qu'à part lui et moi, seuls Nick, Viktor et Taka pouvaient le remarquer. C'était assez anodin mais le fait d'être ainsi vêtu dans un casino avec une arme pointée sur un membre du personnel me donnait l'impression d'être un agent secret à la James Bond. -Euh... Très bien... Je vous annonce ? -Non, ça ira. Je lui fis un sourire aimable avant de ranger mon arme pour partir en direction de l'ascenseur. Si Faggio refusait de me laisser entrer, il allait en payer le prix. Alors qu'on montait dans l'élévateur, j'eus une pensée pour cet homme qui venait de se faire menacer pour le deuxième fois en quelques semaines : il allait sans doute rapidement changer d'emploi. Les portes métalliques s'ouvrirent finalement sur le bureau du directeur, ce dernier stoppa d'écrire immédiatement après nous avoir aperçu. Je sentis une profonde panique dans son regard mais rien dans son attitude ne la trahissait, ses traits restaient toujours aussi rigides. -Qu'est-ce que vous faites là ? -Je venais me plaindre d'avoir été interdit de casino, mais en vous apercevant, j'ai une question qui me vient à l'esprit alors je vais vous la poser : pourquoi Marco voudrait vous braquer si il peut tout simplement vous torturer pour obtenir le casino ? -Ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question. -Je ne discute pas les ordres de mes employeurs, et puis je suis sûr que vous avez la réponse. -Je n'en sais rien, peut être est-il suffisamment monstrueux pour que la torture physique soit trop douce, il préfère peut être la torture morale. -Ça doit être ça. Du coup, où en étais-je ? Ah oui ! Mon interdiction... Devant lui, je jouais un personnage. J'avais pour but de l'intimider et je m'en donnais à cœur joie. Je faisais de mon mieux pour paraître calme, insouciant des risques que j'encourais, d'une désinvolture insultante. -Eh bien oui ! Évidement que je ne vais pas vous laisser rentrer en sachant que vous souhaitez me braquer. -Mais vous vous rendez compte que je suis quand même rentré ? Et que si je n'étais pas venu vous voir, jamais vous ne l'auriez su ? -Oui.
-Qu'est-ce que ça vous inspire ? -Rien. -Oh, allez, faites un effort. Le fait de savoir que votre sécurité est inefficace et que je pourrais vous tuer dès maintenant, ça doit bien vous faire un petit effet. -Non, pas le moindre. Je sais que les gens comme vous ne respectent rien, ce n'est pas une nouveauté. Je n'ai jamais eu peur et ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer. -Tant mieux. Si vous n'avez pas peur, vous seriez aimable de m'autoriser à rentrer. -Non. -S’il vous plait. Promis je serais gentil. -Non, plutôt crever. -Ça peux s'arranger. À nouveau, mon arme était sortie et son canon s'était pointée sur le visage de Faggio. Malgré un air stoïque, la sueur qui brillait sur son front ridé trahissait une certaine angoisse tout à fait justifiée. -Vous n'oserez pas, si je meurs, vous n'aurez pas le casino. -Peut être que votre successeur sera plus coopératif, ou peut être que je ne compte pas vous tuer, juste vous torturer. Pour moi, la torture physique et la morale se valent amplement. -Vous n'êtes pas sérieux ? -Levez cette interdiction, monsieur Faggio. -Vous n'avez pas les couilles. Je les connaissais bien, ces grandes gueules. Il suffisait d'un coup de feu et tout leur courage fondait en un instant, mais je ne pouvais pas tirer ici, j'allais alerter tout le casino. À moins que... -Quelqu'un a un silencieux ? -Ouaip, tiens. L'arme de Nick vola dans les airs avant d'atterrir entre mes mains. Dès que la visée fut stabilisée, je n'hésitais pas et la balle partit instantanément dans le mur derrière Faggio qui sursauta alors de plusieurs mètres. -Un coup de semonce ne suffit pas à m'impressionner. -Oui, mais il serait triste de salir ce si beau tapis avec votre sang, n'est-ce pas ? Voir la crainte dans les yeux de cet homme me donnait des ailes, je me sentais supérieur, puissant, c'était comme une adrénaline qui me rappelait que, même si je refusais de l'admettre, j'aimais faire ce genre de chose, j'étais fait pour ça. Je jouais avec la vie des autres pour oublier à quel point j'avais raté la mienne.
-La prochaine fois, je viserais le cœur monsieur Faggio, alors on se dépêche de lever cette putain d'interdiction. -Qu'est-ce que ça peux vous faire que je la lève ou non ? Vous rentrez même sans. -Ça ne servirais à rien en effet, mais maintenant que je suis là, vous donner raison et partir paraîtrai stupide. -Pourtant vous venez de le faire. J'avais envie d'appuyer sur la gâchette et de quitter le casino comme si de rien n'était, j'en rêvais, mais c'était impossible et l'homme en face de moi en était conscient. Il avais compris que je ne pouvais pas tirer. -En fait vous avez tort, sans l'autorisation je ne pourrais pas jouer, donc j'en ai besoin. Surtout que si je joue, vous gagnez de l'argent. Or c'est la seule chose que cette putain d'interdiction m'empêche de faire, si je veux vous braquer, je peux. -Eh bien braquez moi dans ce cas, je suis sûr que c'est bien plus amusant que le poker. -Bon, vous êtes insupportable, je vais partir. Pensez à nettoyer ça. -Quoi ? -Ça. Une nouvelle balle part et frôle le bras du directeur, trouant le tissu et le blessant très légèrement avant de s'enfoncer dans le mur du fond. Alors que le sang commençait à se déverser sur sa manche, nous quittions le bureau tout les quatre. On resta calme jusqu'à ce que les portes de l'ascenseur se referment sur nous, puis on laissa tous exploser notre complaisance dans un éclat de rire général qui nous aurait fait passer pour des fous auprès d'inconnus. -Ok, perfecto, ça c'est fait. Maintenant ? -On regarde, on check la sécurité, chacun sa pièce, et on dépose le bippeur près de l'ascenseur du coffre tout en le gardant introuvable. -À vos ordres chef. On se dispersa chacun dans un coin de l'étage. Taka devait s'occuper de poser notre fausse alarme, Viktor se chargeai d'observer la sécurité à l'entrée, Nick comptais les gardes de la partie gauche et moi celle de la partie droite. Je m'étais installé à une table et j'avais commandé un cocktail, histoire de me fondre dans la masse, au moins pour ça je n'avais pas à être autorisé. Je voyais Taka au loin qui faisait des aller-retours devant l'ascenseur sans jamais s'y arrêter, cherchant désespérément une bonne cachette. De mon point de vue, je pouvais apercevoir une douzaine d'hommes vêtus de
noirs, la plupart avaient l'air concentrés sur l'observation mais quelques uns ne semblaient pas passionnés par leur emploi : j'en voyais deux en train de discuter, un qui utilisait son téléphone depuis vingts minutes et encore un autre qui devait sans doute somnoler. Je pouvais voir la bosse dans le costume de certains vigiles mais il m'était impossible de reconnaître leur arme, peut être que notre hackeur pourrait m'en dire plus à ce sujet. Satisfait de ma reconnaissances et voyant que Kata avait atteint son objectif, je décidais de quitter ma table lorsqu'une femme d'une trentaine d'années vint s'asseoir devant moi. -Vous êtes seul ? Elle parlait avec un accent italien mais aucun de ses traits ne me permettait de deviner la moindre origine. Elle était plutôt banale, s'approchant plus de la beauté que de la laideur, avec sa longue chevelure blonde et sa peau légèrement bronzée. -Oui. -Je ne vous dérange pas j'espère. -Je ne peux pas encore vous le dire. J'aurais pu partir mais je me sentais flatté de voir qu'une femme venait me draguer à ma propre table et je décidais donc de rester pour faire grandir encore un peu mon ego. -Vous n'avez pas l'air de vous amuser. -En effet, je suis ici pour le travail. -Oh ? Et quel genre de métier exercez vous ? -Je suis dans la sécurité. J'observe les gardes de l'endroit. -Une sorte de coordinateur ? Vous n'êtes donc pas client. -En effet. Et vous ? -Moi je suis en vacances, cette ville est magnifique. -Elle n'est pas la seule. Qu'est-ce qui me passais par la tête ? D'abord, même si ça l'avait fait rougir, nous savions tout les deux que cette phrase était ridicule, et puis Leslie ! A peine deux jours auparavant, on couchait ensemble, et là j'étais en train de draguer une inconnue ? Je n'allais vraiment pas bien, comment un amour que je croyais réel avait pu disparaître aussi vite ? Mon corps était-il déréglé ou bien m'étais-je moi même créé cet amour pour oublier Sarah ? -Vous vous appelez ?
-Towns, Michael Towns. -Enchantée, je suis Monica Liaza. -De même. Bon, si vous voulez m'excuser, j'ai à faire. C'est bien, quitte cette table, rejoins le reste du groupe, ils t'attendent, tu vas y arriv... Merde ! Je sentis une pression sur mon bras et je me retournais pour voir qu'elle m'avait agrippé pour m'empêcher de partir. -Vous aurais-je blessé ? -Non, simplement... J'ai déjà quelqu'un. -Peu importe, nous ne faisons que discuter de toutes façons. -Oui, eh bien, je préfère partir avant que ça ne dépasse ce stade. J'étais en train de me convaincre que je n'étais pas un enculé, mais ça ne servait à rien. Au fond, Leslie me semblait moins désirable. Le simple fait d'avoir couché avec elle la rendait accessible et donc inintéressante. Je me sentais comme lors de mes soirée d'il y a dix ans, je n'aimais les filles que le temps d'une soirée, dès qu'on avait fini, elles n'étaient plus rien. Et si il y en avait une pour qui je ressentais encore quelque chose, je la gardais, on formais un couple le temps qu'elle se rende compte de quel monstre j'étais au fond. Mais je ne pouvais pas recommencer, je n'en avais pas le droit. Pourtant je n'allais pas mentir à Leslie, lui faire croire que je l'aimais alors que non. Mais pourquoi même mes sentiments étaient-ils déréglés ? Pourquoi je n'avais pas le droit d'être heureux ? Cette fille était une perfection que je ne méritais pas, et pourtant je l'avais, mais je n'aurais su en profiter qu'une journée. On ne me laissais rien, si une entité dirigeais ce monde, alors elle me haïssait plus que tout. Je me libérais de l'emprise de cette femme avant de rejoindre le reste du groupe qui s'était placé devant l'entrée en m'attendant. -Alors, tu foutait quoi ? -Je me suis fais harcelé par une meuf. -Et ? -Quoi et ? -Baisable ou pas ? T'as son numéro ? -T'es un putain de gamin Nick. D'ailleurs à ce propos, avec ta directrice commerciale ? -Karen ? Oh je sais pas... Je lui ai apporté de la lessive à faire et elle me l'a fait. Bordel je crois vraiment qu'elle veut que je m'installe, je flippe mec. -Pourquoi ? Bon elle est pas top mais elle te kiff et elle est petée de thune. -Justement, pourquoi elle voudrait de moi ? -Nick, je me suis marié et j'ai eu une fille avec une avocate qui se fait
actuellement 16 000 $ par mois alors que j'étais un agent de nettoyage. -Ouaip mais t'as toujours été un gros chanceux, moi c'est différent. -C'est différent parce que t'as pas de couilles. Vas vivre chez elle si tu la kiff mec, sinon casse le truc. Bon, on y va ? -Où ? -Bah on rentre, la mission est finie. -Ça me va. Chacun son taxi, on parti tous de notre côté, comme si les liens qui nous unissaient se limitaient au travail et qu'une fois qu'on s'arrêtait, ils disparaissaient. C'était faux, évidement, et la soirée d'hier soir le prouvait, mais c'était ce à quoi mon esprit torturé pensait. J'étais incapable d'être heureux, c'est là mon plus grand problème. Si ce braquage réussissait, alors je quitterais Leslie et j'irais voir Sarah. Je lui ferais des excuses, je lui promettrais de rester dans le rang et je retrouverais une vie "normale". Si seulement j'étais capable de me croire, si seulement je pouvais encore rêver. Même le fait de monter une chaîne de magasin d'armes, je n'y pensais plus. Tout mes plans de réussite, je les abandonnais, et même quand je réussissais quelque chose, je venais le gâcher ensuite : la preuve avec Leslie. Je me demandais comment Sarah avait pu réussir à me rendre heureux, comment elle avait fait pour me combler. À moins que ça ait été facile, et que ce soit à cause de cette rupture que je ne puis plus l'être désormais. Je lâchais un profond soupir d'épuisement avant d'ouvrir la porte de ma maison. Ne voyant aucune lumière allumée, j'appelais Leslie tout en défaisant mes chaussures. -Oui, quoi ? -T'es où ? -Dans la chambre, pourquoi ? -Non... Pour savoir. -Ok. Euh, Lucy a appelé, elle te dit qu'elle s'est occupée de la femme de ménage et qu'elle commencerait dès demain. -Parfait. Cette maison triste et pauvre était un énième symbole de ma défaite face à la vie et la présence de Leslie, hors de mon champ de vision, ne suffisait pas à palier ce triste tableau que j'observais. -Oh et j'ai dégoté un emploi chez Jenna. -Cool. J'étais vidé de tout bonheur et même en rentrant dans la chambre et en voyant
Leslie, mon morale ne remontait pas. Pourtant je sentais mes sentiments pour elle se remanifester, ce qui me permis de conclure qu'il s'agissait plus de désir que d'un réel amour. Assise sur le lit, les jambes repliés, elle ne portait qu'un T-shirt bleu et une culotte de cette même couleur. Ainsi positionnée, elle avait atteint le stade de sexsymbole, on aurait presque dit qu'elle prenait la pose. Les dimensions du lit s'accordaient parfaitement avec celles de son corps et lui donnaient un aspect encore plus juvénile qui me poussait à la serrer dans ses bras. Mais je n'en fit rien, je me contentais de la fixer avec un air sans doute désabusé puisqu'elle me demanda si j'allais bien, la mine légèrement inquiète. -Je sais pas... -Tu vas voir, je vais te remonter le morale moi. Je la vis me faire un sourire coquin puis elle parcourut la distance qui nous séparait avant de déposer ses mains sur mes épaules. Son regard en disait long sur son objectif et, même si je ne le méritais pas, je la laissais faire. Ses mains entamèrent leur descente en déboutonnant un à un avec aisance la totalité des boutons de ma chemise. Ensuite, avec un sourire de plus en plus large, elle s'attaqua à mon pantalon qu'elle laissa glisser le long de mes jambes. Je me sentais honteux de la voir me donner tout cet amour que j'étais incapable de lui rendre. Alors qu'elle s'était couchée sur le lit pour avoir la tête à la bonne hauteur, je me demandais toujours autant comment une fille comme elle ne pouvait ressentir ne serait-ce qu'une once d'affection pour moi. Je restais stoïque, les muscles crispés, alors qu'elle entamait ses mouvements de va-et-vient. Il m'étais forcé de constater qu'elle savait s'y prendre, mais et alors ? Sarah avait mis trois ans avant d'oser me faire ça et même au bout de 8 ans, elle n'avait jamais atteint ce niveau, pourtant je la préférais. Le problème de Leslie était sans doute sa perfection, nous ne nous complétions pas, nous ne faisions que nous ajouter l'un à l'autre sans jamais réellement nous imbriquer. Je la vis lever les yeux vers moi, sans doute dans l'attente d'une réaction, aussi lui souriais-je avant de poser mes mains sur son crâne et de le caresser doucement. Malgré l'absence d'amour véritable, j'appréciais toujours autant la sentir contre moi, faire glisser mes mains le long de son corps, ressentir ses lèvres sur mon membre. Tout ça me procurait un bien fou, mais ce n'était que du sexe, en tout cas pour moi, il n'y avait rien de plus derrière cette action qu'un simple assouvissement de mes désirs. Lorsque sa bouche quitta le contact, je retournais Leslie de façon à ce que sa tête regarde vers le mur au lieu de moi puis j'ôtais sa culotte avant de pénétrer en elle. Je ne pouvais voir son visage et c'était tant mieux, j'essayais de
m'imaginer qu'elle n'était pas elle, c'était Sarah que je voyais. Derrière ces cheveux bruns, c'était Sarah, ces jambes, c'étaient celles de Sarah, ce T-Shirt bleu, il était à Sarah. C'était affligeant mais c'était la seule manière de lui offrir ce qu'elle méritait : mon amour. Sous mes yeux, elle se métamorphosait, son corps gagnait une quinzaine de centimètres, elle devenait légèrement plus épaisse, ses cheveux n'étaient plus aussi longs, elle n'était plus là, je l'avais remplacé. Alors là, je pouvais enfin me laisser aller. Mes mains couraient sur le dos de Sarah, je retirais immédiatement son T-Shirt, ne pouvant supporter de garder cachée la moindre parcelle de son corps. Les gémissements de l'avocate résonnaient dans la pièce et renforçaient encore plus mon excitation, ses cheveux noirs se balançaient au gré du balancement de mes hanches. Je me repliais sur elle et me couchais sur son corps pour embrasser son dos, puis remonter jusqu'à son cou. Elle me rendait fou, je n'avais plus aucun contrôle, ses cris devenaient plus intenses, plus puissants, moins espacés. Je sentais ma respiration s'accentuer, mon souffle se déposait sur la peau de Sarah, mes mains avaient agrippés les siennes, elle s'accrochait à moi, nous ne faisions alors plus qu'un lorsqu'elle lâcha son ultime hurlement et que l'on s'écroula côte à côte sur le lit. Je souris à Sarah mais elle n'était plus là, c'était Leslie qui se trouvait sur ma droite, le visage rougit, la respiration haletante, les traits tirés et le sourire jusqu'aux oreilles, me rendant encore plus coupable. Je ne pouvais pas assumer d'avoir fait une telle chose, aucune femme ne méritait que je leur inflige une telle offense, je me sentais mal, beaucoup trop mal. -Ça va mieux ? -Oui. -On dirait pas... C'est parce que ce n'est pas le cas, en réalité ce qui venais de se passer avais brisé le peu de morale qu'il me restait encore. Je ne me sentais désormais plus qu'un moins que rien. -C'est ton ex hein ? -Pourquoi tu dis ça ? -Lucy m'a dit ça, elle m'a dit que c'était pour ça que t'étais parti du repas hier. -C'est possible. J'suis désolé Leslie mais... -C'est pas grave, j'vais pas t'en vouloir d'être triste, ça n'aurait aucun sens. Le fait qu'elle soit aussi compréhensive m'attristait encore plus, moi qui espérais qu'elle me vire, m'insulte, me dise que j'étais dans le mal, que je la méritais pas,
elle allait à l'encontre de mes pensées et j'allais devoir me charger de la quitter par moi même. -Ça ne te fais vraiment rien ? -Si, évidement, j'aimerais mieux que tu ne pense plus à elle maintenant que je suis là. Mais le mec qui m'a frappé, je l'ai aimé encore pendant un mois entier alors qu'il était mort. Si elle était vraiment bien, je peux concevoir que... Enfin elle devait pas être si bien que ça. -Pourquoi ? -Faut vraiment être bête pour vouloir virer un mec comme toi. Il y avait un compliment dans cette phrase, certes, mais peu importe, elle venait d'insulter une femme dont elle n'arrivait pas à la cheville, et ça je ne pouvais le tolérer. -Tu la connais pas, l'insulte pas. Elle était parfaite. -J'ai pas dis ça pour l'insulter, je la connais pas, c'est juste que... -Voilà, tu ne la connais pas, alors n'en parle pas. Je ne voulais plus discuter avec elle. C'était insoutenable de lui parler, elle me faisait me sentir à la fois coupable et stupide. Je quittais donc le confort du lit pour me rhabiller, puis je quittais la chambre. Elle ne me retint pas, même quand je sortis dans la rue, elle ne me demanda pas où j'allais, c'était profondément attristant. Dehors, la ville dormait, je quittais les bas quartiers pour arriver en centre ville ou la fatigue eut raison de moi, je décidais alors de laisser le sommeil m'envahir en prenant place sur un banc, tel un ermite refusant la proximité d'autrui. Le lendemain matin, je fus réveillé par mon téléphone, ce n'était pas mon réveil mais bien un appel que je dépêchais de prendre malgré mon état encore pâteux. -Allo Michael, c'est Andréa. -Euh... Salut. -J'ai réussi. -Euh... Très bien... Mais quoi en fait ? -Bah ma mission, récupérer la carte de Faggio. -Attends, c'est vrai ? Et t'en as fait des photos avant de la rendre ? -Oui, c'est bon. -Mais c'est génial ! Du coup on est fin prêt ? -Euh, faut encore l'imprimer, mais sinon oui. -Parfait, ça fait plaisir de voir des gens qui font preuve de professionnalisme. Bien joué. -Merci Mike. Oh et Luìs voulait savoir si t'avais démissionné sans l'avertir puisqu'il ne t'a pas vu lundi dernier.
-Dis lui que oui. -Je m'en charge. -Merci, et encore bravo pour ton travail. On reste en contact pour l'avancement du programme. Je regardais les gens qui passaient dans la rue en souriant : au diable les histoires de couple, j'avais un braquage Ă accomplir, peut importe ce qu'il pouvait m'apporter.
Chapitre 40 : Attente La braquage allait avoir lieu dans une semaine, et en attendant, j'allais devoir prendre mon mal en patience. La première chose que j'ai faite après avoir reçu l'appel d'Andréa a été de rentrer chez moi où Leslie m'attendait. Je me suis excusé, elle a accepté et j'ai choisi de lui mentir parce qu'elle ne méritait pas une rupture. Même si ce n'était pas "bien", c'était le mieux que je puisse faire. Alors je suis resté avec elle et j'ai fais semblant d'être toujours autant fou d'elle, j'essayais même de me convaincre moi-même mais à ça, je n'y parvins pas. Après avoir réglé ces problèmes conjugaux, j'ai décidé d'utiliser mon temps libre pour m'entraîner. Aussi pendant les sept jours qui ont suivis, pendant que Lucy passais le balais, je tirais sur des bouteilles et testais différentes technique de combat en compagnie d'Andréa. Si Leslie était jalouse des journées que je passait avec la gangster, elle n'en laissa rien paraître. De toute manière, il n'y avait rien de plus qu'une amitié naissante entre nous. Même si l'admiration qu'elle me portait induisait tout de même un léger rapport de force. Toujours est-il qu'à la fin de la semaine, j'étais entraîné au combat comme au tir et je me sentais fin prêt pour n'importe quelle confrontation. De son côté, Leslie apprenait à travailler, elle était la secrétaire directe de Jenna, ce qui lui permettait de ne pas se faire insulter par son supérieur, et je pense que c'était pour ça qu'elle appréciait autant son travail. Parce que oui, elle semblait s'intégrer assez facilement, du moins pour l'instant. Il m'est aussi arrivé de sortir le soir, trois fois pour être exact, à chaque fois en compagnie de Nick, Viktor et Leslie. Je pu d'ailleurs découvrir lors de la première fois que ma petite amie ne tenait absolument pas l'alcool. Malgré ça, ces moments étaient agréables et nous permettaient d'oublier nos problèmes, tout comme nos retours à la maison qui, si Leslie n'était pas trop amochés, se finissaient sous la couette, guidés par des instincts primaires et totalement deshinibées. Pas un seul moment durant ces sept jours je n'ai reçu d'appel de Saliego, ni d'aucune autre personne qui pouvait se considérer comme mon supérieur. En réalité, la vie me semblait presque belle à ce moment là. Il n'y avait pas la moindre responsabilité, seule l'ombre du futur braquage planait sur nous. Lucy accomplissait son devoir avec détermination et Taka faisait sonner l'alarme une dizaine de fois par jour, si bien que comme prévu, les vigiles n'y firent rapidement plus attention. Plus le temps passait et plus j'étais confiant pour ce futur coup. S'il y a eu un événement notable durant toute cette semaine, quelque chose de vraiment important, alors c'est la conversation Skype que j'ai eu avec ma fille à
deux jours du moment final. C'est ce jour là où j'ai pu voir un visage que je n'avais pas aperçu depuis des mois, où j'ai pu admirer un sourire troué par l'absence de certaines dents et où je n'ai pu m'empêcher de déposer ma main sur l'écran comme pour caresser la joue de Lily, même si c'était impossible. -T'es tout barbu. -Bah alors, tu as oublié la politesse depuis mon départ, il est où le bonjour ? -Désolée, bonjour papa. Je me contentais de sourire pour lui montrer que ce n'étais pas grave, de toute façon je ne pouvais pas être fâché contre elle. Déjà normalement ça m'était impossible, mais quand je ne pouvais discuter avec elle qu'au gré des envies de sa mère, ça me semblait encore moins envisageable de lui laisser l'image d'un père colérique. -Dis donc, t'as bien grandi toi. -Oui, j'ai pris trois centimètres. -Whao ! Mais ralenti un peu, faudrait pas que tu me dépasse quand je serais de retour. -C'est pas moi qui choisi. -Ah bon ? Mais alors c'est qui ? -J'en sais rien. Mais tu rentre quand papa ? -Dans un peu plus de deux semaines, je dois finir un petit truc ici et je fonce venir te voir. -Tu promet ? -Juré craché. La voir sourire en entendant ma promesse était le plus beau cadeau que le monde puisse m'offrir, mais le fait de la savoir si près et si loin à la fois était une torture insoutenable. -Maman m'a dit que tu faisais du piano, c'est vrai ? -Oui mais le piano il est pas dans la chambre alors je peux pas te montrer. -C'est pas grave, tu me montreras quand je serais rentré. D'ailleurs elle est belle cette chambre, c'est à qui ? -C'est celle de maman. -Eh bah dis donc, elle se laisse aller maman hein ? Elle est bien la nouvelle maison ? -Je sais pas, je crois maman a quitté l'ancienne parce qu'elle la faisait penser à toi, mais moi j'aime bien penser à toi, donc je préfère l'ancienne. Comment je pouvais résister face à ça ? Pourquoi je n'étais pas déjà en train de commander des billets pour New York ? Qu'est-ce qu'il y avait dans ma tête qui
m'empêchait d'aller voir cette petite dès maintenant ? Je n'en savais rien, mais c'était l'œuvre d'un monstre. -Mais à part ça, tu t'y plais, elle est grande ? -Oui, enfin c'est presque pareil mais maintenant c'est plus un appartement, parce que en fait il y a un jardin. -Oui, je crois que tu me l'avais dis. Mais c'est un jardin terrasse ou un vrai jardin ? -Je sais pas. Je crois que c'est un vrai. -Et tu as demandé à maman si vous étiez ou non dans New York. -Ah ! Oui ! Je l'ai fait. On est à Upper East Side. -Tu es sûre ? -Oui, j'ai appris le nom par cœur pour te le dire. Bordel, je me cassais le cul dans les quartiers pauvres de Los Angeles pendant que Sarah pouvait se payer une maison dans le quartier le plus riche de New York ? Là, je me sentais jaloux, je l'assumais complètement : j'étais jaloux. -Et tu aime bien la quartier, c'est sympa ? -Oui, même que y'a plein de limousines. Quand on s'ennuie, on peut se mettre devant un grand hôtel et voir si il y a des stars qui rentrent. -Comment ça, quand "on" s'ennuie ? -Bah moi et mes amies. -Ah ok, d'ailleurs, tu as changé d'école ? -Oui, mais ça va. Maman elle m'a fait peur, elle m'a dit que je risquais de prendre du temps pour bien m'intégrer, mais en fait c'est facile, et puis les gens sont gentil. Au moins je pouvais voir le bon côté des choses, je voulais ce qu'il y avait de mieux pour ma fille et ce quartier était ce qu'il y avait de mieux, alors pourquoi pas ? En plus si elle s'était faite de nouveaux amis, c'était parfait. -Et toi papa, c'est bien là où tu es ? Ça a pas l'air joli. -C'est pas joli, c'est vrai, et puis c'est pas super non plus. Mais bon, je suis obligé de vivre là depuis que méchante maman m'a viré... Non je rigole, c'est pas sa faute, ne lui dit pas que j'ai dis ça. Simplement, disons que je n'ai pas le même train de vie que vous. -Train de vie ? -Que je n'ai pas autant d'argent pour vivre quoi. -Pourquoi maman elle t'en donne pas ? -Parce que c'est son argent, il est a elle, pas à moi. -Elle veut pas partager ? -Non, mais elle a raison.
-Pourquoi ? C'est pas bien de partager ? -Si, mais là c'est différent. Tu sais que je n'aime pas te dire ça, mais tu es encore un peu jeune pour comprendre. -D'accord. Ce que j'aimais avec Lily, c'était sa capacité à supprimer les silences gênés. Peut être étais-ce le cas de tout les enfants, mais j'avais remarqué qu'avec elle, dès qu'une discussion s'éteignait pendant plus de dix secondes, elle trouvait un nouveau sujet. -Mais euh, papy et mamy aussi ils voulaient t'aider, sauf que maman elle a dit non. Là non plus je peux pas comprendre ? -C'est vrai ça ? Maman les a empêché de m'aider ? -Je crois, parce que ils voulaient donner de l'argent, mais maman elle a dit que si on faisait ça, tu resterais un "assisté". C'est quoi un assisté ? -Quelqu'un qui se fait aider, qui sait pas se débrouiller seul. Mais ta mère à vraiment dit ça ? -Oui, je crois. -Dans ce cas c'est officiel, c'est une sorcière. -Pourquoi ? Est-ce que je lui disais ? Est-ce que je devais lui expliquer pourquoi sa mère que je continuais d'aimer étais une putain de sale conne ? Sans doute que non, mais si je pouvais faire passer ma vengeance à travers elle, pourquoi pas ? -Parce que je pourrais être heureux, sauf que comme je lui ai désobéi une fois, elle ne veut plus que je sois heureux. -Si papy t'aidait, tu serais heureux ? -C'est possible. -Mais maman ne peux pas être méchante, elle a l'air gentille. Je crois pas que c'est juste pour t'embêter. -Non, elle crois qu'elle est gentille, parce qu'en fait, elle veut m'apprendre à me débrouiller seul. Simplement elle n'a aucune put... petite idée de ce que je suis obligé de faire pour me débrouiller. -Tu devrais lui dire. -Elle ne m'écoute pas, elle crois qu'elle a raison parce qu'elle gagne plusieurs milliers de dollars par mois alors que moi, au bout d'une semaine, je n'ai plus rien à manger. -Si tu veux je peux lui dire qu'elle a pas raison. -Non, ça sers à rien. Si elle ne veut pas m'aider, tant pis. Je vais me débrouiller. Par contre, tu peux faire quelque chose pour moi ? -Oui. -Dis lui que je suis très fâché sur elle.
-D'accord. Je dois être fâchée aussi ? -Tu fais comme tu veux, mais si tu le faisais, tu aurais raison. Mais ne sois pas trop fâchée non plus, je n'ai pas envie que tu te transforme en punk lesbienne. -En quoi ? -Non, c'est pas grave. -D'accord. Il va être quatre heure, je dois aller goûter. -Vas-y, et profite bien. Tu sais que t'as de la chance ? -Oui, mais j'en aurais plus si tu étais là. -T'en fait pas, j'arrive le plus vite possible. À bientôt ma chérie. -À bientôt papa. Après avoir éteint l'ordinateur, je libérais toute ma haine pour Sarah en enfonçant mon bras de le mur. Je n'éprouvais pas la moindre honte d'avoir manipulé Lily, après tout, je n'avais fait que dire la vérité... Enfin, tout ça pour dire qu'au final, lorsque le plan du braquage put être mis à exécution, j'étais prêt à me battre et je ne rêvais que d'une chose : revenir vers Sarah avec des millions plein les poches pour lui montrer qu'elle n'était pas la seule à avoir réussi sur cette planète.
Chapitre 41 : Équipe B et C Lucy, comme tout les matins de cette interminable semaine, descendit du bus dans la masse grouillante de travailleurs avec qui elle l'avait partagé. Cachant désespérément sa robe de femme de ménage sous sous gilet noir, elle parcouru rapidement la distance qui la séparait de la banque. Il faisait déjà bien jour lorsqu'elle atteignit la porte de l'établissement au dessus de laquelle le logo brillait de mille feux, aussi bien le jour que la nuit. Derrière cette entrée vitrée, une assemblée de banquiers la saluèrent alors qu'elle se dirigeait vers son local. Malgré son aversion pour ces personnes qui symbolisaient à eux seuls cette société capitaliste qu'elle rejetait, la punk prenait sur elle pour rendre leurs saluts à ces banquiers. Malgré ce qu'elle laissait croire, elle était perfectionniste, même sa façon de s'habiller qui pouvait apparaître chaotique au premier venu était étudiée avec minutie. Dans la situation présente, c'était ce trait de caractère qui l'empêchait d'insulter ces représentants d'une société corrompu : elle voulait pouvoir affirmer qu'elle n'avait rencontré aucun problème majeur durant le déroulement du plan. Le sol du hall était encore sale de la veille et Lucy poussa un soupir d'épuisement à l'idée même de devoir recommencer ce qu'elle avait déjà accompli une demi-douzaine de fois. Elle déposa son gilet dans le local et y récupéra balais et sceaux. Une boule grandissait dans son ventre à mesure que le temps passait, son travail commençait à neuve heure et le braquage aurait lieu à dix heure et demi. Il lui fallait donc réussir à gérer parfaitement son temps pour atteindre le bureau du directeur à ce moment là précisément. Elle s'y était entraîné avec succès durant toute la semaine, mais aujourd'hui la moindre erreur pouvait compromettre tout le plan, et c'était impossible pour elle d'assumer l'entière responsabilité d'un tel échec. Aussi quand elle commença son entreprise de nettoyage, elle éprouvait un léger regret de ne pas être là-bas, au casino. Elle se sentait comme exclue, pendant que le reste du groupe allait traverser sous pression une salle remplie de garde avec des millions au bout des bras, elle serait en train de nettoyer des bureaux. Mais c'était là qu'était sa place, et comme dit plus haut, compromettre la mission sans réelle nécessité ne faisait pas partie de ses options. Elle se contentais donc de faire le ménage, comme le plan l'y obligeait. Tout en s'exécutant, elle se motivait en pensant à tout cet argent dont elle serait bientôt la propriétaire et au fait que dès le lendemain, elle n'aurait certainement plus jamais à passer la balayette sur un sol recouvert par de la boue ayant séjourné sur différentes chaussures des habitants de cette ville.
Dans sa tête, un tic-tac imaginaire la pressait, elle regardait sa montre quasiment chaque minute. La pression l'atteignait de plus en plus, elle était si loin de l'endroit et pourtant elle était si importante. Elle avait pourtant l'habitude des emplois sous-pression, parfois les conséquences étaient bien plus importantes qu'aujourd'hui, mais elle travaillait seule. Depuis mon départ, elle n'avait jamais trouvé de coéquipier à qui elle pouvait faire confiance, et sa prise d'autonomie en se mettant à son compte en était la preuve. Enfin le hall était propre, déjà une demi-heure de passée, d'habitude elle mettait trois-quarts d'heure pour cette pièce, il allait falloir ralentir le rythme. Empruntant les escaliers de bois, elle quitta le premier étage pour se rendre à celui des bureaux. Elle en avait quatre à nettoyer, pour être le mieux dans les temps, celui du directeur devait être fait en troisième. Mais tout d'abord, il y avait le couloir. Lucy reprit donc son action répétitive et ennuyante, toujours avec la même angoisse et le même réflexe consistant à regarder sa montre régulièrement. Soudain, sans raisons apparentes, elle se mît à envisager les pires possibilités. Elle se voyait déjà rentrer dans le bureau et y voir le directeur assis tranquillement sur sa chaise, sirotant un café tout en lui disant "Aujourd'hui j'ai décidé de commencer plus tôt, histoire de donner l'exemple. Je pars en réunion à midi, vous ferez mon bureau à cette heure là, d'accord ?". Elle n'aurait d'autres choix que d'accepter et la mission serait retardée, mais si au lieu de dire ça, il lui demandait simplement de ne pas nettoyer son bureau aujourd'hui, si il lui demandait de repasser demain ? Là, tout le plan devait être reporté à dans une semaine, là elle n'était pas sûre d'être capable de se contenir, elle enverrait sans doute le manche de son balais dans la tête de cet homme rien que pour défouler sa haine, et là il n'y aurait plus de braquage du tout. Et même si cette idée lui paraissait farfelue, elle en avait plein d'autres pour continuer à faire grandir son stress, dès qu'elle trouvait un moyen de se convaincre qu'une idée était stupide, elle en inventait une autre qui aurait des retombées encore plus terrifiantes. Si bien qu'à la fin, lorsqu'elle pénétra dans le premier bureau, elle faillit faire tomber un vase en poussant trop la porte. Sa chance lui sauva la mise, mais un peu plus et elle se faisait engueulé par un des banquiers, elle serait alors retardée dans son planning si elle ne se faisait pas virer, et là, adieux le plan. Mais non, tout se passa bien dans cette pièce dorée décorée comme un musée, cette étalage de richesse était une chose qu'elle n'appréciait guère mais constatant que la décoration générale lui rappelait celle de son appartement, il lui était difficile de critiquer. Il était dix heures passée de dix minutes lorsqu'elle pénétra dans le second bureau, lui aussi décorée comme un musée. Lucy finit même par croire que
c'était une obligation pour un banquier que d'avoir des goûts pour l'art et le luxe. Là encore, sa boule grandissait, elle sentait la sueur commencer à couler le long de son front, ce qui lui fit profondément honte : comment pouvait elle être stressée à l'idée d'appuyer sur un bouton alors que l'équipe A et B s'apprêtaient à aller au contact ?Andrea allait tuer deux personnes et le reste allait s'aventurer dans un coffre pour en retirer des sommes astronomiques qu'ils allaient devoir transporter sous les yeux d'une trentaine de garde. Mais même en se disant cela, elle n'arrivait pas à se détacher de l'idée que, si elle ratait son objectif, pour quelque raison que ce soit, tout le plan était à l'eau pour au moins une semaine. À dix heure et demi, elle rentra dans le bureau du directeur, presque haletante. Ses yeux coururent dans toute la pièce à la recherche de la moindre présence mais non, elle était forcée de constater que la pièce était vide. Réprimant un sincère cri de joie, elle vint se placer devant la partie "commandement" du bureau où un haut parleur était entouré de cinq magnifiques boutons aux multiples couleurs. Lucy savait que le bleu était le bon, c'était notre hackeur qui lui avait dit, malgré ça elle n'arrivait pas à appuyer dessus. Elle se tourna vers la caméra et vérifia une dernière fois que son dos cachait le poste de commande, puis elle passa le plumeau son plumeau sur la table avant de... --------------------------------------------------Le signal retentit dans l'oreillette d'Andréa et elle put détacher son dos du mur pour se diriger vers l'entrée du casino. Les yeux à moitié fermés pour contrer les effets d'un soleil déjà agressif à dix heure du matin, la jeune femme suivit le tapis rouge pour arriver jusqu'à l'accueil. L'homme qui y attendait ne pris même la peine de lui parler directement et se contenta d'un haussement de sourcil qui en disait long. Andréa lui donna alors le nom qu'Adrien lui avait donné avec le ton le plus assuré possible et elle récupéra pour 100$ de jetons. Une fois libre dans l'étage relativement vide étant donné l'heure matinale, elle rangea les petites pièces rouges et noires dans la poche de sa robe puis se dirigea vers l'ascenseur. Elle scrutait les moindres recoins de la salle de jeu, imaginant que si quelqu'un la voyait, il se rendrait tout de suite compte de son intention. Tout en appuyant sur le bouton d'appel, elle réajusta son oreillette dans un geste nerveux : elle aussi sentais son stress grandir tandis que le numéro au dessus des portes métalliques devenait de plus en plus petit. -Bon Andréa, j'ai freezé les caméras, t'es libre de tes mouvements, tu seras jamais remarquée. À partir de maintenant, tu fais ce que je te dis sans réfléchir, pas de questions, j'ai pas le temps de t'expliquer.
Même s'il se trouvait sans doute dans sa chambre et était encore en pyjama, Andréa décelait une certaine angoisse dans le ton du hackeur. Néanmoins, elle ne lui fit pas remarquer, personne n'était en pleine forme de toutes façons. La membre du 18st gang pénétra dans la cage de fer pour en ressortir au quatrième étage dans un immense couloir typé dix-huitième. Les meubles, les tapis, les lustres, tout donnait l'impression qu'Andréa venait d'effectuer un bond dans le passé. Après avoir jeté un coup d'œil des deux côtés pour s'assurer qu'elle était la seule des environs, elle reprit sa route en suivant méticuleusement les instructions d'Adrien. Elle passa devant une rangée de chambre, puis pris un embranchement qui la mena devant d'autres chambres encore, et ce pendant plusieurs longues minutes. Alors que la jeune femme commençait à se persuader que le Commerce Casino était plus grand à l'intérieur à l'extérieur, Adrien lui annonça qu'au prochain tournant, elle aurait atteint son objectif et qu'il fallait donc s'arrêter là. Un rapide regard vers sa montre lui permit de voir qu'il était presque dix heure et demi, l'équipe A serait bientôt rentrée dans la salle, elle allait devoir se dépêcher. En un instant, elle sortit l'arme qu'elle avait accroché à sa jambe et y ajusta le silencieux. Une fois la prise en main réussie, elle vint se coller contre le mur, juste à l'angle qui menait vers la salle de surveillance, et elle tenta de contrôler son souffle qui était devenu bien trop fort à son goût. Elle répéta plusieurs fois le geste de visée sur le mur d'en face et, dès qu'elle se senti parfaitement prête et stable, elle se décala sur le côté et se tourna le plus rapidement possible en direction du couloir. Comme prévu, devant la porte de la salle, deux hommes attendaient en discutant. Ils n'eurent pas le temps de réagir que déjà cinq balles étaient sortis du chargeur d'Andréa. Cette dernière avança avec détermination vers la porte, ne faisant pas attention aux deux gardes qui se mourraient à ses pieds. Elle poussa fermement la porte pour rentrer dans la pièce-objectif et se retrouver face à un immense panneau de contrôle. Depuis cet endroit, elle pouvait apercevoir tout les recoins du casino, mais avant de profiter de la vue il lui fallait gérer un détail : le responsable de la sécurité. Une balle dans la tête et l'homme s'écroula au sol dans un cri de surprise. Sans le moindre remords, la tireuse poussa le corps et vint prendre sa place devant les dizaines d'écrans. De cet endroit, elle appliquais les instructions d'Adrien sur la panneau de contrôle jusqu'à ce qu'il lui dise que sa part de la mission était accomplie. De là, elle nous envoya le top départ, enfin j'entrais en scène.
Chapitre 42 : Passer à l'acte Le signal était lancé, Lucy et Andréa avaient effectué leur part du contrat, c'était désormais à nous d'effectuer la notre. Il ne nous restais plus qu'à prier pour qu'aucun imprévu ne viennent entraver ce plan si minutieusement préparé. Ma montre indiquait exactement dix heure et demi lorsque l'on passa la double porte du casino, malettes à la main. Contrairement à la dernière fois, l'endroit était très calme mais pourtant les lumières continuaient d'éclairer la salle de jeu comme en plein jour. Derrière son bureau, le réceptionniste ne fit même pas attention à nous alors qu'on pénétrais dans la salle principale où trois personnes actionnaient inlassablement les bâtons des machines à sous dans l'espoir d'un inaccessible jackpot. Sans un mot, notre groupe se réunit dans une zone proche de l'ascenseur du coffre sous le regard soupçonneux des vigiles. Ne voulant pas attirer les regards, je décidais de lancer une discussion en attendant l'arrivée des déménageurs pour avoir l'air plus décontractés. -Ils arrivent quand ? -Qui ça ? -Devine. Qui est-ce qu'on attends d'après toi ? -Ah ! Normalement ils devraient être là d'une seconde à l'autre. -Bon. On les attends tranquillement, tout le monde va bien, pas trop stressés ? Taka, Viktor et Nick acquiescèrent dans un même geste. J'essayais moi aussi de paraître le plus détendu possible mais l'observation suspicieuse des agents de sécurité me provoquait une forte angoisse. Il aurait été mieux de faire ça le soir, quand le casino accueillait des centaines de clients, mais les horaires de Lucy nous avaient forcé à agir de si bonne heure. Dans de telles conditions, n'importe qui pouvait être vu dans cette pièce et c'était un réel problème puisque nous comptions disparaître sans nous faire remarquer. -Je le sens plus trop le coup... -Pourquoi ? -Y'a personne. On est sept personnes pour trente vigiles dans ce putain de casino, comment tu veux que notre descente au coffre passe inaperçu ? -Je croyais qu'on avait résolu le problème avec les déménageurs. -Ok, on va rentrer dans l'ascenseur en étant camouflés, mais dès qu'ils quitteront leur lieu de campement, la moitié des clients de l'étage auront disparu comme par magie, comment tu crois qu'ils vont le comprendre ? -Ils sont vigiles, ils comprennent pas, juste ils observent.
-T'as intérêt à avoir raison Nick, t'as vraiment intérêt, parce que sinon on est tous morts. Là, je commençais vraiment à stresser. Si les hommes de Faggio nous voyaient descendre au coffre, il leur suffirait de nous pêcher à notre retour et tout serait fini sans la moindre confrontation, nous n'avions pas l'ombre d'une chance. Épuisé par l'attente du groupe de déménageur et sentant la sueur couler le long de mon visage, je me décidais à partager mes craintes avec Adrien via mon oreillette. -Ade, y'a vraiment personne ici. -Je vois ça... Tu penses que ça va le faire ? -J'en sais rien. -Je peux donner un petit coup de pouce en coupant la lumière, mais j'ai peur d'aussi bloquer l'ascenseur. -Non c'est bon, merci. Mais est-ce que tu peux brouiller les communications du casino. -Comment ça ? -Il faudrait que tout contact avec l'extérieur et même dans l'enceinte du Commerce Casino soit impossible. Comme ça si on se fait voir, pas possible de prévenir la police ni le directeur. -Si je fais ça, je perds le lien avec vous et les caméras de surveillance se remettent à marcher, donc Faggio pourra voir qu'Andréa à pris la place du directeur de la sécurité et elle va se prendre cher. -Bon, on oublie. -Oui, ça vaut mieux Michael. On s'en tient au plan, c'est tout. Chercher à le modifier à chaud alors qu'on ne subit même pas d'imprévus, c'est stupide et ça va nous faire faire des conneries. -T'as sans doute raison. Oh, et Adrien ? -Ouaip ? -Pas de silence radio, on reste en contact quoi qu'il arrive ? -Évidement, pourquoi je ferais ça ? -Parce que j'ai connus ça, et que je n'ai pas vraiment envie que ça se reproduise. Soudain, véritables preuves de l'existence d'un dieu, je vis un groupe d'une vingtaine de personnes, bruyants à souhait, pénétrer dans la salle de jeux, attirant immédiatement la totalité des regards sur eux. Alors que je remerciais intérieurement le ciel de nous avoir envoyé ce présent, nos déménageurs rentraient à leur tours dans la pièce, nous cherchant du regard avec méfiance. Ils étaient quatre en tout, chacun portant un angle de l'immense tableaux qu'ils avaient apportés. En nous voyant, celui qui semblait être le leadeur du groupe afficha une mine satisfaite et guida les trois autres jusqu'à nous.
Avant qu'ils ne soient trop près, je leur fit signe de venir se mettre en place, à eux autant qu'à mon équipe. À nouveau Taka, Viktor et Nick acquiescèrent et l'on vint se placer en face de l'ascenseur avec une démarche faussement calme. De là, les déménageurs posèrent la partie basse l'œuvre d'art sur le sol le plus près possible de nous, feignant d'être épuisés. Presque compressés entre le mur et les portes métalliques, j'appuyais sur le bouton d'appel. Le son d'alarme retentit alors dans toute la pièce, comme un léger gémissement, mais il fut largement couvert par les cris des jeunes qui venaient d'arriver et devaient sans doute disposer de quelques grammes d'alcool dans le sang. Tout en montant dans cette cage richement décorée, je remerciais à nouveau celui qui avait eu la grâce de nous envoyer ces gens. Dès que les portes se furent refermés derrière nous et que le descente fut suffisamment entamé, je ne pus m'empêcher de lâcher un cri de joie. -Bordel, on l'a fait ! -Calme toi Mike, on n'est pas encore sortis. -C'est tout comme. Mon morale était gonflé à bloque alors que je quittais l'ascenseur pour me diriger vers la porte du coffre. Le couloir s'éclairait au fur et à mesure de notre avancement, chaque lumière grésillante venaient amplifier un bourdonnement de plus en plus énervant. Au bout de cette allée digne des plus grands films d'horreurs, une porte relativement petite d'aspect minimaliste nous attendait. À droite de cette dernière, j'aperçu le digicode dont la LED verte peinait à rester allumée. -Adrien, on y est. Tu nous passe le code ? Une seconde, deux secondes, trois secondes, dix secondes, toujours pas de réponse. -Adrien, tu m'entends ? Silence radio total, juste un léger grésillement et le regard apeuré de mes partenaires qui pesait sur moi. -Putain Adrien, réponds bordel de merde ! Il n'avait pas le droit, il avait promis de ne pas couper le contact, il avait promis ! Là, tout était foutu, si il nous avait laissé, nous étions obligé de quitter le casino sans le moindre butin. -Peut être que la réception ne passe simplement pas ici, Michael. -Pas con ! Bordel pas con ! Mais du coup on est vraiment dans la merde. -On peut remonter et lui demander le code.
-Remonter ? T'es stupide ou tu le fais exprès ? Devant cet ascenseur, il y a une trentaine de gardes qui, si ils ne l'attendent pas, au moins le surveillent. En imaginant qu'on réussisse à monter, on ne pourra pas redescendre. -Alors on fait quoi ? -Mais j'en sais rien putain. Comment on avait pu se laisser piéger par un truc aussi stupide que ça ? Pourquoi on n'avait pas pensé à ça ? J'avais honte, vraiment j'avais honte d'avoir été aussi négligeant. -On est mort les gars. Je suis désolé, mais on va devoir se casser. Le plan est annulé. -Mais nan ! Nan, tu nous as amené jusqu'ici, maintenant on se sort les doigts du cul et on trouve une solution. -Et c'est quoi ta putain de solution, Nick ? Tu vas essayer tout les codes jusqu'à en trouver un bon ? Tu vas déboîter le digicode pour voir si tu peux pas modifier les fils derrière ? Tu vas enfoncer la porte peut être ? -Pourquoi pas ? Moi je pense qu'il faut essayer. -Alors on essaye. Par contre pour le code, c'est mort, on déboite rien du tout. Si ça déclenche un quelconque alarme, je ne nous donne pas plus de dix minutes à vivre. Décidé à prouver que la porte était verrouillée mais tout de même avec une légère lueur d'espoir, je déposais ma main sur la poignée de la porte du coffre et tentais de l'ouvrir de toutes les manières possibles et imaginables, mais rien n'y fit. -Tu vois ? -Bah alors essaie les combinaisons. -Les 9 fois 9 fois 9 fois 9 combinaisons ? Ça fait combien, attends ... Genre dans les plus de mille au moins. -Bah essaie les toutes, fais pas chier. De toutes façons tu l'as dit toi même, si on remonte la mission sera stoppée. Ce n'est pas une putain d'option. -Je sais que ça ne te fais pas plaisir, mais on a merdé, alors on se casse avant qu'Adrien ne réactive les caméras et qu'on se fasse tous griller. -Pourquoi ils réactiverait les caméras ? -J'en sais rien. Peut être qu'il va en avoir marre au bout de trois mois d'attente de maintenir les trucs H.S. -Il y a forcément une idée, forcément... Pendant que Nick faisait les cent pas dans l'étroit couloir, marmonnant des phrase inintelligibles, Viktor et Taka me regardaient, presque suppliants. De mon côté, je n'arrivais plus à me concentrer sur quoi que ce soir d'autre que sur
le grésillement des lampes du couloirs qui me donnaient envie de me tirer une balle dans la tête. Le temps passa, et aucune idée ne vint à personne. On se contenta de s'asseoir contre les murs et d'attendre qu'un miracle se produise. D'attendre... D'attendre... D'attendre... D'attendre... -On y va, oui ou merde ? Ça fait une demi-heure qu'on est là. -Bon, ok. Je suis d'accord pour dire que c'est raté. Mais putain, tu nous vois dire à Lucy et à Andréa qu'on a tout fait capoté parce qu'on a oublié de demander le code AVANT de rentrer dans l'ascenseur ? -On ne va pas se laisser mourrir juste pour éviter d'avouer qu'on est mauvais. -Et si on attendait jusqu'à demain ? Quand l'équipe de récupération se pointe, on les bute, on récupère les magot plus celui qu'ils ont et on sort avec le t... Sa phrase fut interrompu par un bruit strident, agressif et pourtant salvateur : au bout de ce terrifiant couloir qui allait sans doute hanter mes prochains cauchemars, la porte venait de s'ouvrir en grand. -Euh... What the fu... -On se pose pas de questions. Peu importe pourquoi, l'important c'est que c'est ouvert. On fonce ! L'instant d'après, nous avions tous parcouru en courant la distance qui nous séparait de cette porte suprême. Devant nous s'étalaient dans différents tiroirs fermés des masses inimaginables de billets. Longeant la totalité de cette pièce, des petits coffres forts se collaient les uns aux autres et s'entassaient sur plus de deux mètres, d'ici je pouvais en compter au moins plusieurs dizaines. Je m'avançais donc vers le plus proche avant d'apercevoir le verrou qui ornait chacun d'entre eux. -Bordel, il faut un autre code. -Pourquoi il nous a pas prévenu sur ça, Adrien ? -Je suis pas sûr que cette salle soit filmée, et comme les coffres ne sont pas électroniques, il avait aucun moyen de connaître leur existence. En tout cas on est baisés. -Bah non, t'as vu leur taille ? Ils rentrent facile dans nos valise. -Tu pense ? -Sûr mec. C'est parti pour la chasse au coffre. On déposa chacun les deux malettes qu'on avait apporté au centre de la pièce, grandes ouvertes elles ressemblaient presque à des bouches prêtes à avaler tous
les billets qu'on était prêt à leur offrir. Comme l'avait dit Nick, les coffres n'était pas grands et rien ne les collaient entre eux. En fait, ils ne pesaient même pas lourd, enfin ils n'étaient pas non plus légers comme des plumes mais il était possible de les déplacer de leurs emplacements aux valises avec une facilité déconcertante qui me fit même me demander si ils étaient pleins. -Ils sont pas super légers les coffres ? -Tant mieux si t'y arrive, tu pourras venir m'aider quand t'auras finis les tiens. -À part Nick, vous trouvez pas qu'ils sont légers ? -Rien de vraiment apeurant. On peut en mettre une dizaine dans chaque valise. Si ça pesait lourd, on aurait été incapable de les emmener avec nous. -Ouaip, mais au départ on était sensé déplacer juste des billets, pas des coffres forts. C'est bizarre qu'on y arrive même avec ce facteur. -Écoute Mike, tu vas arrêter de te plaindre et accepter les dons de Dieu. -C'est ça le problème, quand t'as trop de don de Dieu, c'est qu'il y a une couille dans le pâté. Déjà on rentre comme dans du beurre, ensuite la porte s'ouvre toute seule et là les coffres ne pèsent rien. -Si on est rentré comme dans du beurre, c'est parce qu'on avait prévu le coup. Si la porte s'est ouverte, c'est parce que... Bon j'en sais rien mais ça n'a quand même pas été si facile, on a attendu une bonne demi-heure. Quand au poids de ces coffres, je pense que c'est parce qu'ils sont genre ultra-moderne, fait exprès pour ne rien peser et faciliter le transport. Comme ça la banque récupère les coffres directement et les remplace par les vides de la dernière fois. Mon argumentation te suffit-elle ? -J'en sais rien... -Alors ferme ta gueule et remplit ces valises. Plus tôt on sera sortis d'ici, plus tôt on pourra vérifier qu'on ne remplit pas ces valises avec des coffres vides. J'acquiesçais face aux explications de Taka avant de me remettre à l'ouvrage. Malgré ce qu'il venait de me dire, tout ça me paraissait trop facile : le coup de la porte m'était resté impossible à digérer, je jetais un rapide regard vers cette dernière pour voir si elle ne s'était pas refermé derrière nous, comme on aurait pu procéder si l'on avait voulu nous piéger, mais ce n'était pas le cas. Je finis donc de remplir mes valises et, une fois fermées, je vint aider les autres à mettre le maximum de coffres dans les leurs. Quand tout fut prêt, on regarda cette pièce désormais quasiment vide où seules cinq petites boîtes grises n'avaient pas réussi à être casées. -On devait brûler le tout... Mais là il se trouve que... -Oui, je pense qu'on a une bonne raison de ne pas... -Bon, on y va du coup ? -Si ils nous attendent en haut ?
-On se demerdera, le problème c'est qu'on peut pas appeler Nikolaï. -Allez, c'est pas grave, on y go. On récupéra chacun nos deux valises et je fut forcé d'admettre que, même si individuellement elles ne pesaient rien, toutes ces boîtes tiraient lourdement sur mes bras. Nous atteignîmes rapidement l'ascenseur et, retrouvant ce stress qui avait disparu depuis plusieurs dizaines de minutes déjà, j'appuyais sur le bouton d'appel. En une seconde, les portes s'ouvrirent et l'on pu entamer l'ultime remontée. Chaque seconde qui passait dans cette cage métallique était identique à la précédente jusqu'au moment où, soudain, le son de la voix d'Adrien vint se fourrer dans mes oreilles. -....ne sont pas là, et s'ils ne sont pas laaaaaaaa, on est dans le cac.... -Adrien ? Putain tu m'entends ? -Michael ! Bordel je.., non, pas le temps. Vous êtes où ? -Dans l'ascenseur. -Ok, je préviens Nikolaï, préparez vous à courir. Ça va être le bordel d'ici quinze secondes et je vais être le seul à avoir les images. Oh, et les questions attendront que vous soyez sortis d'affaires, merci. Lorsque les portes s'ouvrirent pour nous plonger à nouveau dans la salle de jeux du casino, j'étais sur le point de faire une crise cardiaque. Mes mains moites et crispées serraient de toute leurs forces la poignée des valises tandis que j'essayais de me persuader que tout allait bien se passer. Évidement, tout dépendait du sens qu'on accordait à l'expression "bien se passer". En cet instant, le fait de déboucher sur une salle en panique où un groupe de sauvages se confrontaient aux vigiles dans une fusillade sanglante ne me paraissait pas complètement s'y accorder, et pourtant c'était le plan. Aussi, sans la moindre hésitation, les malettes à la main, je pris une profonde inspiration et fonçais jusqu'à l'entrée, me baissant au maximum pour éviter les balles qui fusaient dans tout les sens. Chaque pas tirait sur mes bras, puis sur mes jambes qui à leur tour devaient supporter le poids de tout ce corps additionné à celui des coffres. Le moindre mouvement me donnait l'impression de déchirer mes tissus musculaires mais je continuais à courir le plus vite possible malgré les coups de feu qui sortaient de chaque côté. Ma vie semblait devoir se terminer à chaque seconde qui passait, j'avais dix milles raisons de mourrir, autant à cause de l'état de mon propre corps qu'à cause de celui de l'environnement mais je continuais de parcourir cette distance qui me séparait de la porte et qui paraissait avoir été multipliée par dix depuis mon arrivée.
Et même lorsqu'enfin je sentis à nouveau l'air frais du matin se jeter sur mes joues, je me rendis compte que je n'étais pas tiré d'affaires : devant la sortie du parking, un barrage de policier s'était formé, les sirènes criant dans tout les sens. -Comment ils ont fait pour arriver aussi vite ? -Balek, on s'en tient au plan. Nick, avec moi dans la Mustang, Viktor et Taka dans l'Aston Martin, allez, c'est parti ! Tirant une nouvelle fois sur des muscles déjà à bout de nerf, je réussis à prendre place dans mon bolide noir. Après avoir lancé nos valises pleines à l'arrière du véhicule, j'appuyais mon pied contre la pédalé d'accélérateur et le moteur vrombit alors que nous quittions le garage, Taka sur nos talons. Le barrage de police, en revanche, nous posait un problème. Je devais savoir si je m'arrêtais où si je devais le passer à toute vitesse. La première solution me faisait prendre le risque d'être arrêté, mais si ils étaient là pour les terroristes, alors je pourrait sortir sans aucun mal. En revanche, la deuxième option ferait de moi un criminel quoi qu'il arrive. -Adrien, ils sont là pour quoi les flics ? -Passe les le plus vite possible. Ils sont là pour récupérer les témoins et les réconforter, mais j'ai bien peur que vous n'ayez besoin d'aucun réconfort et surtout d'aucune perte de temps en interrogatoire sur les événements qui se déroulent. -Ok. Au moins, c'était clair. J'analysais la disposition des voitures : il y avait une ouverture sur la gauche, petite mais suffisamment large pour laisser passer ma voiture. J'augmentais la pression exercée sur ma pédale et, l'instant d'après, je me retrouvais sur la voie publique. -Comment ils ont fait pour être là aussi vite ? -Les corps qu'Andréa a laissé ont été découverts. Elle s'en est tiré, actuellement elle est dans votre salle de préparation, mais les corps ont été découverts. Ils ont appelé les flics et au final, quand Nikolaï a commencé l'attaque quelques secondes après la reprise de notre conversation, ils avaient déjà formé barrage devant l'entrée. -Mais il va y passer du coup. -C'est probable. En fait il s'est très bien placé, je lui donne une bonne heure avant de perdre sa position au profit des forces de l'ordres. En attendant, il s'en donne à cœur joie et je dois vous guider. Dès que vous serez en sûreté, je retournerais vers lui et tout devrait bien se passer. -Je te fais confiance. -T'as bien raison... Oh ! Vous avez trois voitures qui vous suivent.
-Ah oui, merde ! Dans mon rétroviseur, j'apercevais les trois véhicules de police qui tentaient de nous rattraper. Décidé à ne pas les laisser tout gâcher, je pris une profonde inspiration avant de me concentrer sur la route et uniquement sur elle, pour ne faire plus qu'un avec mon bolide. Devant moi, une avenue, prochain carrefour à cent mètres, cinquante, vingtcinq, virage serré. Un frisson me parcouru alors que j'entendais mes pneus déraper sur le bitume. La route sur laquelle je m'étais engagé était bondée, si je voulais passer, j'allais devoir me faufiler entre les deux voies. Une rapide analyse de la distance qui les séparait et j'entamais immédiatement la réorientation de mon véhicule. Les mains crispés sur le volant, maintenant du mieux possible ma direction, je sursautais à chaque voiture que je doublais en la frôlant de quelques centimètres. Quand finalement je tournais à nouveau pour sortir de cette allée infernale, Adrien reprit contact avec moi. -Tu t'en sors ? -Ça va. Mais je n'ai aucun point de fuite. -Je peux t'en passer un, il y a un gars qui pour mille dollars peut te rendre invisible. -Et toi t'es pas foutu de faire ça tout seu... À cause d'une déconcentration passagère, je me laissais surprendre par une voiture de police qui arrivais droit sur moi depuis la file d'en face. Si j'ai réussi à l'esquiver, je ne dois ça qu'à mes réflexes sous adrénaline. -...tout seul ? -Je peux te faire disparaître des écrans, mais c'est pas encore possible de hacker les yeux des agents. Alors, le gars, il te tente ? -J'ai pas le choix de toutes façons... -Parfait, je le préviens et je te donne le lieu du rendez vous, temporise ! -T'inquiète. J'avais quitté les grandes artères du centre-ville pour me retrouver dans des rues plus étroites où ma marge de manœuvre était moins grande. Chaque véhicule, qu'il soit sur ma voie ou celle d'en face, m'obligeait à modifier ma trajectoire. Aussi attendais-je de plus en plus la confirmation d'Adrien tout en enchaînant des manœuvres plus suicidaires les unes que les autres. Derrière moi, la voiture de Taka avait disparue mais il restait toujours deux policiers à semer. Slalomant sans peur entre les voitures de Los Angeles, je finit par quitter totalement le quartier des building et retrouver la lumière du soleil qui se jetait sur moi. Je profitais de cette amélioration de la visibilité pour augmenter encore
plus la rapidité de ma Mustang. Soudain, alors que j'entamais une descente qui me aurait fait pâlir d'envie toutes les montagnes russes de DisneyWorld, j'entendis derrière moi un son qui me glaça le sang : des pales d'hélicoptère. Je crus d'abord qu'il ne s'agissait que d'un de ces innombrables véhicules touristiques survolant la ville mais quand, au bout de trente secondes, j'avais toujours l'impression qu'il était juste au dessus de moi, je décidais de regarder à travers ma fenêtre. Noir et blanc comme leurs voitures, l'hélicoptère de la police arborait fièrement le logo L.A.P.D. Cette fois-ci, il fallait vraiment qu'Adrien me donne mon lieu de fuite. -Michael ? -Ouaip ? -Bon, le gars t'attends dans le tunnel qui longe Venice Beach, tu te sens prêt ? -Ok, mais comment je le verrais ? -Camion, arrière ouvert, tu monte dedans, le tour est joué. -Parfait, merci, je fonce. Foncer était le mot, mais d'abord, je devais changer de sens. Dans un dosage minutieux des pédales d'accélération et de frein ainsi qu'une maitrise parfaite du volant, je fis réaliser à ma voiture un demi-tour complet qui laissa Nick sans voix. Les deux agents de polices qui me suivaient furent forcés d'arrêter leurs véhicule et je put donc reprendre ma route dans le sens inverse, mais désormais j'avais une destination. De nouveau, avec une parfaite concentration, je filais dans les rues de cette immense ville avec une aisance qui moi-même m'étonnait presque. Une chose était sûre, j'aimais ressentir ce que je ressentais en ce moment. Le bitume semblait presque glisser sous mes roues, comme si c'était la ville qui se déplaçait à ma place. Le bruit de l'hélicoptère continuait de frapper mes oreilles au rythme de ses hélices mais tant qu'il ne m'attaquais pas, je n'y faisais pas attention. Dans les rues, les passants faisaient des sauts sur le côté pour rester en vie lorsque je me voyais obligé de rouler sur le trottoir pour éviter l'amas d'automobiles en plein milieu des allées. Alors que la course-poursuite commençait presque à me paraître ennuyeuse, une explosion retentit dans mon dos et j'eu juste le temps d'apercevoir un nuage de fumée que déjà j'étais parti trop loin. Quand l'océan fut à portée de vue, il n'y avait plus qu'une seule voiture à mes trousses et elle trainait plusieurs centaines de mètres derrière moi. Aussi dès que j'entamais mon dérapage pour me placer sur la route qui longeait la plage, je sortis de son champ de vision.
J'appuyais de toute mes forces sur l'accélérateur pour gagner le maximum de temps dans cette dernière ligne droite et atteindre le tunnel qui se profilait à l'horizon, apparaissant de plus en plus grand. Il grandissait, grandissait, grandissait jusqu'au moment où il me recouvrit et où aucun rayon de soleil ne put traverser son enveloppe protectrice. De là, j'aperçu le camion qui attendait sur la droite, complètement arrêté. -J'y suis. -Je lui dis de démarrer. Je lançais un dernier coup d'œil derrière moi pour vérifier qu'il n'y avait aucun agent suffisamment proche pour me voir puis je me dépêchais de rentrer mon véhicule dans la remorque de cet immense poids-lourd. Dès que je fut rentré, les portes se refermèrent immédiatement et bientôt, l'éclairage cosy de ma Mustang fut la seule chose qui nous permettait d'observer les alentours. -C'est bon ! -Bien ouéj. Bon, Taka s'en est sorti aussi, par contre il y a un truc qui ne va pas vous plaire. -Annonce. -Va falloir changer la plaque et la couleur de vos caisses. Vous auriez eu des Opel je dis pas, mais une Mustang noire il y en a pas des tonnes en ville et il est probable que les flics arrêtent toutes celles qu'ils voient. J'ai dis au conducteur du camion de vous déposer à la base, puis d'emmener la voiture dans un atelier de tuning. Tu veux quoi comme nouvelle couleur ? -Jaune Racing. -Ok, cool, je lui dis. On vous attends dans l'immeuble. -Toi aussi ? -Bah presque, tu sais je suis un peu comme Dieu dans cette ville, partout et nulle part. -Peut être, en tout cas bravo. -Attends qu'on ait ouvert ces coffres pour nous féliciter. -Comme tu veux. -Oh et Ade, quand on a été dans le couloir, la porte s'est ouverte, pourquoi ? -C'était moi. J'ai compris que la com était bloquée et donc que je ne pourrais pas vous passer le code. Je suis désolé d'avoir été aussi long mais le système de sécurité était vraiment chaud, même pour moi. -T'as pas à t'excuser, t'es vraiment un bon mec. T'as mon respect. -Merci Mike. Quelques minutes plus tard, les portes du camion s'ouvrirent à nouveau et, malettes à la main, on quitta sa sécurité pour pénétrer dans cet immeuble où tout
ce qui venait de se produire aujourd'hui avait été prévu, enfin presque. Je regardais quand même avec suspicion la remorque disparaître au loin avec à l'intérieur ma si magnifique voiture. Voyant que je ne bougeais pas, Nick me tira par le bras et l'on prit la direction de la salle de planification où tout le groupe nous attendait. Lorsque l'on passa la porte, le vacarme nous agressa immédiatement les oreilles et j'eu même le réflexe de me les protéger avec mes mains. Sous nos yeux, Taka et Lucy tentaient désespérément d'ouvrir un coffre en le rouant de coups sous le regard du reste de l'équipe. -On l'a fait, putain on l'a fait ! Si je m'étais attendu à un accueil relativement élogieux, je fut quand même surpris de voir qu'en cet instant, un roi n'aurait pas été mieux traité. Je cru même que j'étais en train de rêver lorsque je vit Lucy me sauter au coup pour m'embrasser, pas sur la bouche évidement, mais de la part de Lucy une simple bise était un fait exceptionnel. -Attendez, on a pas encore ouvert les coffres, vous me féliciterez après. -En fait si, cet enculé de Viktor a réussi à trouver le code d'une des boîtes sans faire exprès. Vu le nombre que vous avez mis dans chaque valise, y'a au bas mot cinquante putain de millions de dollars. -T'es pas sérieuse ? -Oh que si ! Là, ce fut à mon tour de l'embrasser. Jamais je ne m'étais senti aussi heureux, enfin sans doute que si, mais à cet instant la joie n'était pas seulement prépondérante, elle était le seul sentiment que j'étais capable d'éprouver si on oubliait la fierté. Les membres du groupe criaient, hurlaient, Andréa déboucha même les deux bouteilles de champagnes qu'on avait prévu si la mission réussissait. C'était presque une petite fête que nous accomplissions lorsque la voix d'Adrien vint résonner entre les murs de la pièce. -Bravo ! Putain, sérieusement, GG les gars... Et les meufs aussi ! Déjà, il faut savoir qu'on doit mille dollars au camionneur, plus cinq-cent dollars par déménageur, soit trois mille dollars de frais. Mais on est millionnaires donc on s'en bat les couilles ! J'ai regardé, les coffres contiennent des billets de cent dollars, si on vérifie combien ils peuvent contenir, on part sur cinquante huit millions de dollars. Là, on procède à la division. Le moins bien payé, ce sera Nikolaï et sa bande, puisque j'ai cru comprendre qu'ils voulaient juste buter des amerlocks, du coup 500 000$. Pas ma faute, c'est
Lucy qui a demandé. Oh et ils s'en sont sortis, j'ai créé une panne de courant dans le casino et à part deux blessés, ils ont réussi à sortir sains et sauf. Après je me suis débrouillé pour les faire disparaître. Après, en seconde position exe ko, on a Nick et Viktor qui se font chacun 5 000 000$ pour avoir transporté le magot et être restés assis à regarder leur pilote semer la police. Ensuite Andréa et Lucy qui n'ont pas été intégrées dans le feu de l'action mais qui ont quand même eut un rôle primordial, 6 000 000$ chacune, on les applaudis bien fort. Non je déconne, celui qui applaudis, je prends sa part. Après on a Taka et moi, on se fait tout les deux 8 000 000$ et je ne comprends vraiment pas pourquoi parce que j'ai quand même fait bien plus que de juste conduire une voiture. En fait c'est presque moi qu'ai tout fait, m'enfin, c'est pas moi qui décide de la répartition et je ne suis même pas sûr de savoir comment utiliser cette thune, du coup... Et notre très cher Michael Da Silva empoche le reste, comme son statut de chef l'impose. Merci au revoir. -Et ça fait combien ? Nan parce que je ne vais pas me laisser arnaquer comme ça hein ! -19 500 000$, rien que ça. Elle est où cette arnaque ? Tu te fais plus que moi et Taka réunis. Entendre tout ces chiffres me paraissait surréaliste, c'était trop abstrait, qu'est-ce que dix neuf millions de dollars ? Combien de maisons, combien de voitures, combien de jets privés pouvait-on s'acheter avec une telle somme ? J'étais incapable de me les représenter mais ça me provoquait tout de même une joie indéfinissable mêlée à une certaine crainte : nous n'avions pas encore ouvert tout les coffres, il nous était encore impossible de savoir si tous étaient remplis. Et même si ça avait été le cas, aurions nous été en mesure de dépenser sans nous faire repérer, je n'étais même pas sûr que la police ne soit pas déjà en bas de l'immeuble en train de monter les escaliers pour nous rejoindre. Mais il n'en fut rien. Adrien avait appelé un professionnel du déverrouillage qui factura à dix mille dollars ses services, sur ma part bien évidement, et qui me prouva que mes craintes étaient infondées : la somme prévue était là. De plus, notre hackeur jurait que la police n'avait pas d'autres pistes que celle des voitures sur ce coup, et que puisque nos voitures étaient actuellement en train d'être remises à neuf, il n'y avait pas l'ombre d'une chance pour qu'on soit pris. Malgré tout ça, je continuais à avoir peur, mais après tout, pourquoi la chance ne pourrait-elle pas me sourire, ne serait-ce qu'une fois ? Pourquoi alors que tout indiquait le contraire, j'étais obligé de penser qu'il existait un problème ?
Chapitre 43 : Propriétaire C'était fait, ma signature était apposée sur le papier blanc et enfin, j'avais acheté cet appartement. J'avais acheté ce couloir sur lequel débouchait la cage d'ascenseur dorée et où deux gardes pouvaient être appelés à tout moment pour fouler le luxueux tapis rouge, épiés par une dizaine de peintures de maîtres toutes plus impressionnantes les unes que les autres. J'avais acheté cette porte blindée qui, au bout du couloir, avait été décorée comme une simple porte en bois dorée, tout ce qu'il y avait de plus classique et sur laquelle le numéro 641 trônait fièrement comme une marque de ma richesse. J'avais acheté cette entrée où la partie droite entière était consacrée aux portes manteaux et où toute la partie gauche allait me servir à ranger mes chaussures, le tout sous l'éclairage puissant d'un lustre aux allures cristallines. J'avais acheté cette immense pièce où se côtoyaient salon, salle à manger et cuisine dans une harmonie parfaite qui me faisait envier le métier d'architecte, rien que pour pouvoir ressentir la fierté d'avoir créé une telle beauté. J'avais acheté ce sol en bois verni sur lequel une étagère, dans un renfoncement du mur, servait à exposer des fleurs exotiques en harmonie parfaite avec le blanc pur des murs de cette pièce. J'avais acheté cette partie qui faisait office de salon, avec son grand canapé crème qui faisait face à deux fauteuils dont j'étais sûr d'être incapable de sortir si j'osais m'asseoir dessus, le tout posé sur un gigantesque tapis noir saupoudré de dessin de la même couleur que mon canapé. J'avais acheté cette table basse noir design qui devait à elle seule valoir le prix de mon ancienne demeure, ainsi que cette télé accrochée au mur qui, tant qu'on ne l'allumait pas, affichait un feu grésillant et réconfortant. J'avais acheté cette table qui pouvait accueillir une dizaine de personnes et qui longeait la baie vitrée, m'offrant lorsque je mangeais une vue imprenable sur les buildings de la ville et même sur l'océan. J'avais acheté cette cuisine qui, légèrement mise à l'écart du reste du mobilier, resplendissait de modernité en affichant une panoplie d'objets aux fonctionnalités plus obscures les unes que les autres malgré l'éclairage intense dû à la présence des fenêtre tout autour de ladite cuisine. J'avais acheté cette immense peinture murale bleue et blanche où, même si au premier regard la disposition semblait aléatoire, je finissais par apercevoir un sens bien plus profond que celui que le peintre avait voulu lui donner. J'avais acheté cette salle de bain qui ressemblait plus à un spa avec son immense baignoire, son bain à remous, ses plantes asiatiques et sa couleur dorée, en réalité même la cuvette des toilettes avait un aspect royal avec ses gravures de fleurs faites à la main.
J'avais acheté ce second couloir qui, partant du salon, menait à une autre porte blindée toute aussi bien camouflée qui débouchait sur ma chambre. Et j'avais acheté cette chambre avec son sol de marbre noir, ses murs parfaitement blancs, sa cheminé ultra-moderne, sa commode aussi noire que le sol, son lit aux multiples couleurs allant du blanc au gris en passant par le crémeux, avec sa télé accrochée au bout. J'avais acheté cette terrasse en pierre où deux transats marrons attendaient près d'une piscine relativement grande entourée par de nombreuse plantes et où la vue sur Los Angeles me donnait l'impression d'être le maître du monde. Bref, j'avais acheté le paradis. ---------------------------------------------------------------------------Je peux acheter ce que je veux ? Leslie rayonnait, elle était comme une enfant, ce n'était même plus seize ans qu'elle avait l'air d'avoir, on s'approchait désormais plus des dix ans si ce n'est moins. Son bonheur palpable dans l'air ambiant me fit sourire à mon tour, nous étions tout les deux comme des idiots béats dans les allées du centre commercial. -Bah on va se fixer un budget de dix mille dollars, je pense que ça va être assez dur à dépasser. -Bordel je t'aime. Elle déposa un baiser sur mes lèvres avant de me prendre par le bras et de m'entraîner à travers le South Bay Galleria, évitant tant bien que mal les nombreux clients de l'endroit. -Tu sais où tu vas au moins ? -Je vais m'acheter un nouvel ordi. -Les filles normales s'achètent des vêtements. Elle stoppa directement sa course et se tourna vers moi pour me regarder, ses yeux noisettes me disant ouvertement "tu t'écoule quand tu parle ?". J'acquiesçais devant la stupidité de ma remarque et elle m'embrassa à nouveau en souriant avant de reprendre son parcours. Autour de moi, les marques filaient à toute vitesse, les magasins de vêtements, de nourriture, de jouets, de parfum, tout se mêlait sous mes yeux pour finalement ne devenir qu'un gros mélange flou. Ici les mannequins étaient partout, c'était le royaume de la pub. Des hommes et des femmes tous plus beaux les uns que les autres se côtoyaient, tantôt nus, tantôt habillés avec des vêtements de marque, ils étaient sensés nous faire rêver mais pour moi, aucune de ces femmes n'égalait la beauté de celle qui
m'agrippais actuellement le bras. Finalement, on réussi à atteindre un magasin d'informatique spécialisé dans les ordinateurs et je crus presque que Leslie allait embrasser les unité centrales lorsqu'elle pénétra dans le rayon des machines de guerre. -Putain, t'es sûr que ? -L'appart a coûté cinq millions, il nous reste plus de quatorze millions de dollars, je pense qu'un PC ne va pas nous ruiner, aussi cher soit-il. -Bordel mais j'ai aucune idée de celui que je veux vraiment, ils ont tous l'air géniaux. -Je peux te laisser seule avec eux si tu veux... -Soit pas con. Tu serais devant des voitures, tu ferais pareil. -Possible. Bon, prends ton temps, l’important c'est qu'il se casse pas au bout de trois jours. -T'en fait pas, ceux d'ici, ils ne se cassent pas au bout de trois jours. -T'en sais quoi ? T'as passé ta vie avec le même ordinateur. -Peut être, mais je me suis renseigné sur le net au préalable. En fait, il m'arrivait de passer des heures entières à rêver devant des trucs comme ça, et là je peux en avoir un ! Je la regardait en souriant s'extasier devant toutes ces unités centrales. Elle épiait les autres clients, fouillait sur les petites étiquettes les moindres caractéristiques, on aurait dit un chasseur essayant de trouver quelle proie serait la plus intéressante à traquer. Je passais donc la demi-heure qui suivit à l'observer dans son dos, comme un garde du corp. Je la voyais sauter d'un produit à un autre, demander des informations au personnel et finalement passer devant la caisse tout sourire, la boîte entre les bras. -Alors heureuse ? -Merci, vraiment merci beaucoup Mike. Maintenant, à ton tour. -Quoi ? -Il va falloir changer de vêtements, parce que là on dirait plus Jean-décontracté qu'un millionnaire. -Ça va pas ? -Oh, fait pas ta mijaurée et suis moi. Avant que je n'ai eu le temps de lui demander ce qu'était une mijaurée, elle se remit à courir en me traînant par le bras pour rejoindre la voiture où elle s'empressa de déposer son nouveau joujou, puis elle m'emmena devant un magasin de vêtement de luxe. Dans la grande pièce bien trop éclairée, toutes sortes de costume se fréquentaient, noirs, blanc, bleus, trois pièce, cinq pièces, il y avait absolument
tout ce dont on pouvait rêver si l'on souhaitait s'habiller en agent secret. -Je ne vais pas porter "ça" ? -Si, allez, essaie, tu vas voir, je suis sûr que ça va bien t'aller. Je regardais avec un léger dégoût ces costumes tous plus chers les uns que les autres. Évidement, comme tout le monde, je ne rechignais pas à en porter un de temps en temps mais ce n'était pas ce que je préférais porter, loin de là. J'allais l'expliquer à Leslie lorsqu'un homme en costume d'une quarantaine années vint à notre rencontre, rien qu'avec sa tête et sa coupe de cheveux, je pus deviner qu'il travaillait dans ce magasin et qu'il s'y connaissait en mode. -Vous cherchez ? -Il voudrait quelque chose de classe mais en même temps décontracté, qui ne fasse pas trop solennel et qui soit confortable à porter sans pour autant lui donner l'air d'un SDF. Je la regardais bouche bée : Leslie venait parfaitement d'énumérer ce que je recherchais et ce sans même m'avoir demandé mon avis. Quand elle remarqua mon air abasourdi, elle afficha un sourire plein de fierté. -Hum... Je vois. Attendez ici. Avez-vous des préférences au niveau du tissu, de la couleur ? -En tissu j'y connais rien mais pour la couleur, on va rester sur du noir, du gris et du bleu, le reste je suis pas encore prêt. -Comme il vous plaira. Notre conseiller disparu dans le magasin et revint quelques instants plus tard avec une palette de couleurs qu'il me plaça sous le nez pour que je puisse l'observer. -Euh... Qu'est-ce que je dois faire là ? -Choisissez, à moins que vous ne souhaitiez prendre du prêt à porter, c'est comme ça qu'il faut procéder. -Euh, vous voulez dire que vous allez me faire du sur-mesure ? -Évidement monsieur. -Oh Bord.... Excusez-moi. Bon, laissez moi regarder. Les dix minutes qui suivirent, je les passais à observer les différents tissu et les différentes matières à la recherche de la plus belle, pour finalement en sélectionner trois. -Quel type de costume souhaitez vous ? -Euh... Quel type ? -Nombre de pièce, forme du pantalon, ce genre de chose.
-Euh, juste avec le blazer, sans gilet ni cravate. Et pour le pantalon, j'en sais rien, normal quoi, ni trop baggy ni trop slim, vous voyez ? L'homme acquiesça alors que Leslie était littéralement en train d'exploser de rire devant mon manque flagrant de vocabulaire vestimentaire. J'allais pour me justifier de cette ignorance lorsqu'une seconde personne arriva et m'attira dans l'arrière boutique où elle passa une bonne dizaine de minutes à prendre les mesures de la totalité des parties de mon corps. Quand tout cela fut fini, elle me tendit un ticket, me demanda de revenir dans une semaine et prit congé de moi après avoir facturé la moitié du dû sur ma carte bancaire. -Voilà, t'es contente ? Maintenant j'ai des trucs chics. -Oui, mais seulement des costumes. Là, on va te trouver des trucs plus decontract' dans le style polo, pantalon en toile. -Mais tu ne vas pas me lâcher ? Je croyais que t'aimais pas les vêtements. -Pas plus que ça, mais je t'avoue que te voir bien habillé, ça me fait rêver. -Dis tout de suite que... -... tu ne sais pas t'habiller. Voilà, c'est dit. On y va ? -Ok... Et c'était repartie pour une traversée agressive du centre commercial, accroché au bras de Leslie, je voyais tout l'environnement défiler sous mes yeux pour enfin atteindre un autre magasin de luxe mais cette fois-ci spécialisé sur le prêtà-porter détente. -Tu te met dans une cabine d'essayage et moi, je te change. -Hein ? -On discute pas, zou ! Avec un soupir de désespoir à son égard, je suivi ses ordres et parti me réfugier à l'étroit dans une de ces petites cabines où l'on enfile à la chaîne des dizaines et des dizaines de vêtements différents. J'attendis là quelques minutes avant que Leslie n'arrive, les bras chargés par des piles d'habits de toutes sortes qu'elle déversa dans mes mains avant de repartir à la recherche d'autres produits à acheter. Je déposais son lot sur la petite banquette accrochée au mur avant d'entamer le test de chacun des vêtements qu'elle m'avait apporté. Un à un, je les triais dans deux piles distinctes : ceux qui passaient et ceux qui étaient définitivement horribles. -Alors, t'as fini ? -Attends, j'ai presque fait la moitié. -Mais t'es trop lent, qu'est-ce qui peut ...
Ne se souciant aucunement de ma pudeur, elle avait passé le rideau et était penetrée dans cette étroite cabine. Sa phrase s'arrête au moment exacte où elle remarqua que je ne portais rien d'autre que mon caleçon. Je m'attendais alors à ce qu'elle quitte l'endroit avec des excuses plein les yeux mais il n'en fut rien, à la place, son regard s'emplit d'un air coquin et interrogateur auquel je répondis moi aussi par l'interrogative. Cet échange silencieux se termina par un tendre baiser de Leslie qui, tout en prenant place sur la banquette où j'avais fait mes tas de vêtements, s'empressa de retirer ce dernier morceau de tissu que je portais sur moi. Tout en continuant ce contact labial, elle fit glisser son pantalon le long de ses jambes, pas suffisamment pour l'enlever complètement mais assez pour me laisser une marge de manœuvre. Toujours dans cette même insouciance, elle me fit entrer en elle, et ce en sachant pertinemment que derrière ce rideau que n'importe qui pouvait ouvrir, il y avait un magasin remplit de gens. Alors que j'entamais le balancement de mes hanches, bloquant Leslie contre le mur, je me rendis compte qu'à nouveau, quelque chose se passait entre nous, et là je me sentis complètement fou. Ça n'avait aucun sens, quelques jours plus tôt j'envisageais de la quitter et là, j'étais entièrement dingue d'elle, de son corps, de sa personnalité, de son parfum, de tout ce qui avait un lien avec elle, de près ou de loin. Mais les débats philosophiques n'ayant pas leur place dans ce genre de situation, je me contentais de profiter de cette flamme renouvelée et je fermais les yeux pour ressentir encore plus la beauté de ce moment. Les mains de Leslie courraient dans mon dos tandis que les miennes se faufilaient sous son t-shirt, elle me faisait presque frissonner lorsqu'elle s'agrippait à moi. Malgré sa durée exceptionnel et les événements alentour, le baiser ne s'arrêta pas. Plus les secondes passaient et plus mes mouvements de bassin étaient agressifs, plus le souffle de Leslie s'accentuait dans ma bouche, plus son ventre se soulevait avait de redescendre, plus ses mains se rapprochaient de griffes tentant désespérément de creuser des trous dans ma peau pour s'y accrocher. Lorsqu'elle dut finalement reprendre sa respiration, elle laissa mes lèvres dans un geste de recul, ses traits étaient tirés, sa peau rougie, son regard provocateur et sa respiration bruyante. Elle s'en rendit compte au bout de quelques secondes, quand un gémissement non-intentionnel se faufila hors de sa bouche, et qu'elle entrepris alors de se mordiller les lèvres pour les empêcher de s'ouvrir à nouveau. Je la voyais essayer de contenir du mieux qu'elle le pouvait son plaisir, interdisant au moindre son de passer ce barrage maintenu uniquement par la force de sa mâchoire. De mon côté, j'augmentais de plus en plus rapidement la vitesse de mes
mouvements, la provocation dans son regard devint suppliante alors que je sentais un puissant plaisir monter en moi. Finalement, le barrage céda, mais dans un étonnant réflexe, Leslie ne laissa le temps qu'à un cri de sortir avant qu'elle ne colle à nouveau ses lèvres aux miennes, cantonnant ses hurlements à mon propre palais. Le corps de ma partenaire se raidit une ultime fois puis elle quitta le contact et se laissa glisser le long du mur, haletante, ses fesses tombèrent de la banquette pour atterrir sur le sol dans un léger choc et elle éclata de rire, sauf que ce fut ce moment là que je choisis pour à mon tour libérer mon plaisir. Le mal était fait, on s'empressa alors de réparer les dégâts avec une boîte de mouchoir que Leslie avait apporté. Quand ce fut fait, on quitta tout les deux la cabine avec le visage rougie et la respiration de quelqu'un qui venait de courir un cent mètre. La jeune femme derrière la caisse nous dévisagea avec suspicion alors qu'on lui rendais nos articles mais il fallait attendre d'avoir quitté les magasins pour laisser notre crise de rire exploser. -On remet ça quand tu veux. -Mais t'es folle ? T'imagine si t'avais pas eu de mouchoirs ? -J'aurais avalé avant que ça tombe. Ce serait pas la première fois hein ! -Ne. Parle. Pas. De. Ça. -Okay, comme tu voudras. On va manger ? -T'es pas sérieuse ? -Bah quoi ? Tu bute des gens sans la moindre peine mais quand tu baise, ça te dégoûte trop pour manger ? -C'est pas ça, simplement que... En fait, je n'avais pas de raison valable, mais j'avais l'image d'une Leslie de quinze ans en train d'avaler la semence d'un vieux porc à la retraite et ce n'était pas le meilleur moyen de mettre en appétit. Malgré ça, dix-neuf heure approchait et j'avais déjà fait ma réservation, je n'avais donc pas le choix, il fallait manger. On quitta donc l'environnement bruyant du South Bay Galleria pour nous rendre dans le restaurant où nous allions passer la soirée. Au départ, je voulais nous emmener dans un endroit vraiment luxueux mais les réservations devaient se faire des semaines à l'avance alors nous avions dû nous contenter d'un simple "haut de gamme". En arrivant, un serveur pris mon nom avant de nous guider à travers les nombreuses tables dorée de la pièce pour enfin atteindre la notre, dans un angle particulièrement lumineux. -Alors, contente de ta journée ? -On dirait un truc qu'on dis à sa fille après avoir organisé son anniversaire.
-C'est un peu ce qui vient de se passer. -Ah, parce que tu couche avec ta fille dans les cabines d'essayage, toi ? -Ça m'est arrivé. -Tu tiens vraiment un grain Michael. -Je pense qu'il faut arrêter de critiquer ce genre de pratique, après tout, n'est-ce pas que de l'inceste mêlé à de la pédophilie, je ne vois vraiment pas le mal là dedans. -Affligeant, affligeant... Alors qu'elle faisait semblant de se lamenter, je récupérais les cartes qu'on avait disposé sur le côté de la table et commençais ma quête de nourriture. Si j'avais pris des plats habituels toutes les autres fois, j'avais aujourd'hui l'intention d'essayer quelque chose de nouveau. -Tu sais que t'es beau ? -Quoi ?!? -Nan rien, juste je te regardais, t'es beau. -Et c'est moi qui tiens un grain ? -Rhooo ça va, si je peux même plus te complimenter... -Non mais là ça fait soit très peur, soit trop cul-cul. -Les gens normaux disent "merci". Je profitais de cette occasion pour lui relancer le même regard que celui qu'elle m'avait fait quand je lui avais fait remarquer que les filles achetaient des vêtements. Elle sourit face à la référence et acquiesça devant l'imparabilité de ma contre, puis elle se plongea elle aussi dans la lecture de la carte. -On fait quoi maintenant ? -Tu veux dire, qu'est-ce qu'on mange ? -Mais nan, je veux dire... Avec tout cet argent que t'as ramené, qu'est-ce qu'on fait ? -Je pense que c'est le bon moment pour arrêter. Pas toi, mais moi. C'est fini, je prends ma retraite, je me la coule douce, je vais voir ma fille une fois par mois. Je profite de ma victoire en gros. -Et moi ? Je ne sais toujours pas quel genre d'études je veux faire. -Tu feras celle que tu veux, on a les moyens de te payer les meilleurs écoles. À partir de maintenant, c'est nous qui décidons, on se reprends en main. -C'est ça qu'on va faire ? Tu sors de la société pendant que j'essaie de m'y intégrer ? -Je n'ai jamais vraiment été dans la société, c'est impossible pour moi d'en sortir. Mais dans l'idée, t'as raison, je sors et tu rentre. -Si ça n'avait pas une connotation sexuelle degueulasse, j'aurais presque eu l'impression que c'était profond comme phrase.
-"profond" ? Qui est-ce qui a la pire connotation sexuelle maintenant ? -C'est incroyable, même quand il s'agit de notre avenir, on est incapable d'être autre chose que deux gamins. -Il n'y a rien de plus plaisant que d'être un gamin. Le dîner passa, les plats s'enchaînèrent comme les verres de vins. À la fin du repas, alors que la salle était presque vide et que la lune était déjà haute dans le ciel, nous avions déjà trois bouteilles ainsi que deux digestifs à notre actif, mais ce n'était pas important : on avait les moyens. -Tu sais que t'es vachement excitant quand t'es bourré ? -Ah ? Et pourquoi je serais excitant ? -Parce que t'es beaucoup plus rigolo ! -Tu trouve que je suis pas rigolo normalement ? -Non, normalement t'es du genre "oh, ma vie est triste, j'ai perdu ma femme et ma fille, je vais me suicider". -Je me suis jamais suicidé. -Je crois que c'est pour ça que je t'ai épousé. -Tu ne m'as pas épousé. -T'es sûr ? Je dois confondre alors. Je regardais longuement son visage à la recherche de celui qu'elle avait pu épouser mais aucun nom ne me vient en tête, ne voulant pas qu'elle remarque que j'avais oublié le nom de son ex-mari, je me décidais à changer de sujet. -Tu sais quoi ? -Non... -On dirait que tes seins sont plus gros quand tu porte des vêtements par dessus. -Je sais, c'est mon soutien-gorge. -Ah bon ? Whaou ! C'est possible ça ? -Oh que oui ! -Mais donc tu mens. -Sur quoi ? -Sur la taille de ta poitrine. -C'est vrai, mais quand on se maquille, on ment aussi. -Moi je n'aime pas les gens qui mentent, le mensonge, c'est bien trop mensonger. Impressionné par ma propre tournure de phrase, je décidais de la noter quelque part mais, ne trouvant pas le moindre stylo à proximité, je fut forcé d'utiliser le reste de sauce dans mon assiette pour tracer les caractères sur la nappe. -Dis, tu es au courant que Faustin est mort ? -Ouaip, c'est même toi qui me l'as dit.
-Mais est-ce que je t'ai dit que c'était moi qui l'ai tué. -Évidement. -C'est bizarre, je ne vois pas pourquoi je te dirais autant de mes secrets. -Moi non plus, mais tu l'as fait et on en est là, impossible de modifier le passé. -De toutes manières, je ne vois pas pourquoi on voudrais modifier le passé. -Mais si ! Par exemple, si on tuait Hitler avant sa mort, les juifs existeraient encore. -Mais ils existent encore... Je crois. -Ah ! Merde, au temps pour moi. On passa de longues minutes à s'observer, mon regard se perdant dans ses yeux noisettes. Elle était bien trop belle, c'était incroyable de la voir et de la redécouvrir à chaque fois que je clignais des yeux. -Je propose qu'on rentre ! -Où ça ? -Chez nous. -D'accord, mais c'est où ? -Oh bordel, j'en sais absolument rien. -Au pire, on s'en fout, on est riche. Il suffit qu'on achète une nouvelle maison pour la nuit. -Hors de question, je vient d'acheter ma maison, je veut en profiter. -Mais comment on y va si on ne sait pas où elle est ? -Attends, j'ai encore l'annonce sur mon téléphone, l'adresse doit y être. Je sortis avec un geste maladroit mon portable de ma poche, puis je partis à la recherche de l'emplacement de mon appartement. Les caractères m'apparaissaient flous et il me fallut donc une éternité pour réussir à les déchiffrer mais je finis tout de même par comprendre. -C'est bon. On prends un taxi ? -Comme tu veux, c'est toi l'homme. -C'est pas un peu raciste comme propos ? -Je ne crois pas, mais je ne me sens pas bien alors c'est fort possible que ce soit le cas. -Parfait, on a payé ? -J'en suis presque sûre. -Je crois que je vais demander. Après vérification, il fut révélé que non, nous n'avions toujours pas payé. Je réglais donc l'addition avant de venir attendre devant la porte du restaurant qui nous avait aimablement appelé un taxi. Durant le voyage, nous proposâmes au chauffeur de venir s'amuser avec nous
dans notre appartement mais il dut être insensible à nos charmes puisqu'il nous déposa avec ce même air stoïque que celui qu'il avait gardé pendant toute la durée du trajet. Dans le hall, la femme de l'accueil, une cinquantenaire que j'avais déjà rencontré, nous salua aimablement. -Bonne soirée à ce que je vois. -Y'a intérêt, au prix où on l'a payée. -Tant mieux, oh et faites attention à la terrasse dans votre état. -Pourquoi ? -Ce n'est pas grave, n'y allez simplement pas. Ne comprenant pas bien comment la terrasse aurait pu m'attaquer ni ce que ça avait à voir avec mon état, j'en conclus que la femme devait être soit folle, soit elle avait une forte fièvre qui la faisait délirer. On démarra ensuite notre ascension dans la cage richement parée de l'immeuble. Alors que je me dépêchais d'ouvrir la porte, Leslie trébucha juste derrière moi et éclata de rire tout en se passant la main sur le dos pour calmer sa douleur. Une fois dans l'appartement, je décidais de foncer vers la terrasse pour voir si elle était vraiment agressive ou s'il ne s'agissait que des délire de notre concierge. Je ne fut pas étonné, après avoir passé la porte-vitrée, de constater que tout allait parfaitement bien. Le vent me soufflait dessus à tout vitesse mais ce petit inconvénient ne m'empêchais pas d'admirer le paysage nocturne d'une Los Angeles lumineuse au milieu de la nuit. Lorsque Leslie vint me rejoindre à l'extérieur, je remarquais qu'elle avait un certain mal à se tenir debout de façon stable, son corps balançant tantôt à droite, tantôt à gauche, si bien qu'elle finit par poser ses mains sur la balustrade pour se stabiliser. -C'est bizarre, cette ville ressemble beaucoup à celle dans laquelle on est quand on marche dehors. -Tu pense que c'est une coïncidence ? -Je pense que Dieu ne joue pas aux dés. -Ça veut dire quoi ? -Je sais pas... Peut être simplement que ça veut dire que Dieu ne joue pas aux dés. -Ça paraît évident, d'abord les dés c'est chiant et puis comme il vit dans les nuages, si il lance les dés, ils vont tomber sur la terre. -Comment tu le sais qu'il vit dans les nuages ? -Déjà, on ne sait même pas si il existe alors... -À une époque on le savait, genre y'a 500 ans, mais on a du oublier comment on
avait fait pour le prouver du coup maintenant y'a des gens qui doutent. -Et toi, t'y crois ? -J'en sais rien, je pense que c'est possible qu'il existe, mais je ne sais pas si il joue aux dés. On laissa alors le silence, ou plus précisément le vent, prendre le contrôle de l'ambiance sonore. Soudain, alors que je me perdais dans l'observation des buildings lumineux, j'entendis Leslie crier : -Le dernier dans l'eau à perdu ! Puis elle commença à retirer la totalité de ses vêtements. Il me fallu quelques secondes pour comprendre sa phrase mais j'entrepris à mon tour d'enlever mes différents habits. Nous sautâmes ensuite quasiment en même temps dans l'eau chauffée de la piscine. -Vient on le fait. -Là ? -Ouaip ! -Dans la piscine ? -Ouaip ! -Maintenant ? -Ouaip ! -Ok, c'est parti. Je me jetais alors contre elle pour la plaquer sur un des bords de la piscine, quand son dos fut collé à la mosaïque bleue, je passais mes mains par dessus ses épaules pour m'agripper au rebord et éviter de couler. À partir de là, je réussis à entrer en elle au bout de trois tentative infructueuses, son visage se raidit alors immédiatement et je put commencer à balancer mon bassin tandis qu'elle enroulait ses jambes autour de moi. -En vrai c'est bizarre. -De ? -Baiser dans une piscine, parce que je sais pas si je mouille où si c'est l'eau. -Détail intéressant s'il en est. -Arrête de me critiquer et accélère au lieu de parler. -Alors tais-toi toi même. -D'accord. Suivant ses ordres, j'accélérais mes mouvements même si la pression de l'eau me bloquait légèrement. J'admirais le corps bronzé de Leslie, son adorable nombril, sa poitrine qui pointait dans ma direction, ses petits bras qui avaient presqu'en l'air chétifs, sa bouche légèrement entrouverte, son nez en trompette,
la désorientation de l'alcool mêlé au plaisir du sexe dans son regard noisette, ses longs cheveux bruns et humides, tout chez elle n'était que magnificence. -Bordel ! -Quoi encore ? -Demain je travaille pour Jenna. -Et alors ? -Bah je suis complètement bourrée. -Et alors ? -Demain je vais me payer une de ces gueules de bois... -C'est juste ça ? -Oui. -Dans ce cas tais-toi, t'es plus belle quand tu parle pas. -C'est trop machiste ça ! -Et alors ? -Tu sais que t'es chiant quand t'es soûl ? -Je croyais que j'étais rigolo. -Ah oui c'est vrai, oublie dans ce cas. Sa bouche entrouverte pris la forme d'un sourire alors que ses seins sautaient dans toutes les directions au rythme de mes hanches. Sa peau humide brillait sous la lumière nocturne de la Californie. Tout d'un coup et sans aucune annonce préalable, elle se libéra de mon emprise en me repoussant, le sourire aux lèvres, pour retourner le rapport de force. À son tour, elle me colla contre le mur et passa de nouveau ses jambes autour de moi, elle même vint se positionner pour me faire rentrer en elle puis, dans un gémissement, elle colla son visage au mien. Ce n'était pas un baiser, seuls nos nez se touchaient, mais ça restait follement excitant de la voir ainsi balancer son corps et ouvrir sa bouche pour libérer son plaisir à à peine quelques millimètres de moi, ça créait une sorte d'intimité entre nous. Ses mains s'agrippaient à mon cou, elle tirait dessus à chaque mouvement, s'en était presque douloureux mais j'aimais tellement la position qu'elle avait adopté que je n'en dis rien. Plus le temps passait et tout s'accélérait, la régularité de ses cris comme leur intensité, les mouvements de son bassin comme ceux de ses seins ou encore le rougissement de sa peau. Tout ça devint de plus en plus rapide, au point que bientôt elle ne put même plus fermer la bouche, ses cris devinrent assourdissant tellement ils étaient lâchés près de mes oreilles, et finalement, laissant sa tête tomber en arrière, elle libéra un dernier hurlement. Juste après, quand sa tête revint vers moi, elle me posa une question qui me fait
aujourd'hui me demander à quel point Leslie était bourrée ce jour là tellement elle faisait sens à cette époque. -C'est ça ? C'est notre happy end ? -C'est ça. C'est notre happy end.
Chapitre 44 : Psychologie -Allez-y, dites moi ce qui ne va pas. Couché sur le sofa, je ne voyait rien d'autre que le blanc du plafond, aussi la voix du psy semblait-elle venir de nulle part, comme si ces mots avaient été prononcés par une entité sans enveloppe corporelle. -Il y a tellement de chose, je suis perdu, autant en amour qu'en argent ou dans ma profession, je suis perdu partout. -Par quoi souhaitez-vous commencer ? -Je n'en sais rien... L'amour peut être. Le problème, c'est que j'aime une fille, mais il y a quelques jours encore la voir réveillait en moi le regret et la solitude, et ça change comme ça, une sorte de boucle. -Savez vous pourquoi elle réveillait vos regrets ? -Elle me rappelle mon ex, elle me rappelle ce que j'ai fondé avec elle, et je me rends compte que je ne pourrais plus faire pareil. -Pourquoi ? -On est trop différent, rien qu'au niveau de l'âge, mais même pour le comportement. Si je ne m'en soucie pas, alors je peux l'aimer, hier par exemple j'étais fou d'elle, mais dès que je commence à me questionner, tout pars en fumée. -Est-elle gênée par votre âge ou vos différences de comportements ? -Non, je ne crois pas, en fait c'est peut être même ça qui l'attire. C'est plutôt moi que ça gêne. -Donc vous vous fixez des limites là où il n'y en a pas ? -C'est peut être ça, en réalité je crois que c'est une manie chez moi de briser tout ce qui marche bien, c'est bizarre d'ailleurs que je sois resté aussi longtemps avec mon ex. -C'est elle qui a rompu ? -Oui. -Vous étiez d'accord ? -Pas vraiment, enfin j'ai été obligé d'accepter, mais si ça n'avais tenu qu'à moi, on serait resté ensemble. -Pourquoi a-t-elle rompu ? Était-ce votre faute ? -Je crois bien que oui, je n'ai pas tenu une promesse et ça l'a déçu. -Une promesse importante ? -Pour elle, pour moi c'était exagéré par rapport à sa réaction. Je savais qu'il se fichait éperdument de ce que j'étais en train de lui raconter, mais expliquer mes problèmes à une oreille attentive, aussi cupide soit-elle, me faisait du bien.
-Et donc vous regrettez de ne pas avoir tenu votre promesse ? -Oui, évidement, parce que si j'avais résisté, je serais encore avec elle aujourd'hui. -Vous la préférez à cette fille que vous aimez aujourd'hui ? -Ce n'est pas elle que je préfère, c'est ce que nous avons vécu. Même s'il était possible de faire mieux avec Leslie, il faudrait du temps alors qu'avec Sarah, les fondations avaient été mise en place pendant des années. -Vous pensez donc que cette rupture s'apparente à du gâchis ? -C'est un peu ça, comme si huit années de ma vie n'avaient servi à rien. -Vous n'avez rien fait ensemble ? Rien qui survivrait à votre couple ? -On a eu une fille, Lily, et je l'aime beaucoup, elle-même m'adore. Simplement... Je me dis que je pourrais être plus souvent avec elle si je n'avais pas quitté Sarah. -Quand avez vous vu votre fille pour la dernière fois ? -Un peu plus d'un mois, beaucoup plus d'un mois en fait. C'était quelques jours avant que je ne parte pour venir ici. -Pourquoi ne pas être retourné la voir ? -J'en sais rien, je n'avais pas le temps, j'essayais de m'adapter ici. Aujourd'hui je regrette. -Comptez vous retourner la voir prochainement ? -Dans un peu moins de deux semaines, oui. -Si je récapitule, vous n'arrivez pas à aimer cette Leslie parce qu'elle vous rappelle Sarah et par conséquent, le fait que vous êtes loin de votre fille. -Il n'y a pas que ça, je crois que je suis encore un peu amoureux de Sarah. -Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? -J'ai couché avec Leslie en imaginant qu'elle était Sarah, juste pour ressentir du désir. -Parce que sinon vous ne la désirez pas ? -Si, bien sûr que si, mais ça varie. Comme je vous l'ai dit, un jour c'est bon, un jour c'est mauvais. -Je pense que vous devriez revoir cette Sarah, et parler de ça avec elle et Leslie. Vous mettriez ensemble les choses au clair, et tout se stabiliserait. -Je ne suis pas sûr, ça m'obligerait à lui avouer que je l'aime encore, et ça sous les yeux de Leslie. Je perdais l'amour de ma copine et je gagnerais le mépris de mon ex... Ce n'est pas enviable. -Aucune solution n'est miraculeuse Michael, vous allez devoir faire des sacrifices, mais si vous voulez oublier votre passé, il va falloir faire la paix avec lui. Pour qu'on m'ait mis dans cette position, le plafond devait avoir un sens profond, ce blanc immaculé avait forcément une signification, les regards de centaines de personnes s'y étaient perdus avant moi et des centaines de
personnes allaient s'y perdre dans le futur, mais pourtant je ne voyais rien d'autre que du blanc. -Le problème de Leslie, c'est qu'elle a de l'ambition, alors que moi, je n'ai toujours été bon qu'à exécuter les ordres. -Elle vous donne l'impression d'être inférieur ? -Quand je réfléchis trop, je me sens honteux de la laisser m'aimer, alors que je ne vaut rien. -Mais n'est-elle pas heureuse de vous aimer ? Vous la faites souffrir ? Si non, alors pourquoi avoir honte ? L'amour n'est pas quelque chose qu'on devrait avoir honte de partager. -Je crois qu'elle mérite mieux, parce que je ne peux pas lui offrir de discussion sur la physique quantique, je ne peux pas lui parler de politique ou de cinéma, je ne peux pas lui expliquer le monde du travail, je suis juste bon à la baiser et à lui faire des cadeaux. -Vous a-t-elle un jour fait remarqué ça où vous en êtes vous auto-persuadé ? -Non, elle ne me l'a jamais dit, mais c'est évident que je ne la mérite pas. -Vous savez qu'en la rejetant, vous la blesseriez ? Si vous restez avec elle, vous satisferez ses désirs, ce n'est pas vous qui la forcez à vous aimer, elle est avec vous par choix. -Je sais, et en même temps, ça paraît bien trop surréaliste, comment une fille aussi parfaite pourrait-elle vouloir de moi ? -Peut être qu'elle se pose la même question à votre propos. Ne vous êtes vous jamais demandé ça vis à vis de votre ex-femme ? -Si, bien sûr, mais je n'ai pas l'impression de l'avoir forcé, le choix de Sarah était total. Pour Leslie, je crois qu'on s'est retrouvé mêlés par le destin, son amour n'était pas contrôlé, il est arrivé par hasard, comme si je l'avais volé en étant au bon endroit au bon moment. -L'amour ne se décide jamais Michael, si Leslie a jeté son dévolu sur vous, il doit y avoir une raison. Peut être étais-ce de la chance, mais n'est-ce pas un peu toujours le cas ? Je restais silencieux, ne sachant pas quoi répondre. Les arguments de cet homme étaient convaincants mais je n'arrivais pas à me persuader que Leslie puisse avoir raison de m'aimer, elle méritait mieux, c'était un fait. -Malgré tout, elle mérite mieux. -Ah ? Et pourquoi ? Parce que vous ne savez pas parler de sciences ? Si elle aime être avec vous, c'est que votre compagnie lui plait. Tant qu'elle vous aimera, aucun discours, aussi poussé qu'il soit, ne lui paraîtra plus intéressant qu'un moindre "bonjour" de votre part. -Merci, je sais ce que c'est que l'amour, mais j'ai l'impression que Cupidon s'est trompé de cible.
-En fait, vous n'assumez pas votre bonheur. -C'est ça. Je suis riche, libre, en couple avec une femme que j'aime, j'ai une petite fille adorable que je vais pouvoir aller voir quand ça me chanteras, mais je n'arrive pas à être heureux, parce que dès que j'y réfléchie, je ne me sens pas légitime. -Qu'est-ce qui ferait de vous un homme légitime ? -Je devrais être utile, avoir fait quelque chose pour la société, avoir aidé quelqu'un, rien qu'une personne. Cet argent que je possède, je n'aurais pas dû l'avoir obtenu comme je l'ai obtenu. -Vous l'avez hérité ? C'est un parachute doré ? Comment l'avez-vous eu ? -Je n'ai pas envie d'en parler, dites vous simplement que je ne le mérite pas. -Vous savez, il y a des gens qui suivent les règles et des gens qui s'en affranchissent. Si vous avez réussi via la deuxième option, ce n'est pas une honte, parce que ce sont ceux qui brisent les codes qui changent le monde, ce sont eux qui méritent le plus leur argent, parce qu'il ne suivent pas la masse. -Quand vous dites s'affranchir des règles, vous parlez de quoi ? -Quand tout le monde fait des études, vous vous arrêtez au lycée. Quand les gens cherchent un travail, vous montez votre boîte. Quand le monde vous rejette et vous dit que vous êtes sur la mauvaise voie, vous ne l'écoutez pas et vous continuez. -C'est étrange, je suis sûr qu'on a deux images différentes en tête et pourtant, votre explication correspond à mon image. -Alors peut être que nous avons la même. Écoutez Michael, il faut parfois savoir oublier de penser pour profiter. L'homme que vous détestez le plus, ce sera toujours celui que vous étiez hier, mais si vous réussissez à ne plus y penser, à vous focaliser uniquement sur l'instant en annihilant les regrets, alors enfin vous pourrez être heureux. -Je ne sais pas si je suis capable. -D'être heureux ou d'oublier ? -Les deux. -Dans ce cas vivez avec, assumez fièrement tout ce qui vous a amené là où vous êtes, arrêtez de vous dénigrer et pensez que vous méritez tout ça. Où êtes-vous né Michael ? -Ici, dans un quartier pauvre. -Eh bien voilà, la vie ne vous as pas fait de cadeaux, et pourtant vous en êtes là. L'argent que vous avez, vous ne l'avez pas hérité, on ne vous l'a pas donné, vous l'avez pris vous même à la force de vos bras, alors soyez-en fier, parce que vous le méritez. L'alarme du minuteur annonça la fin de la séance et je quittais le psychologue en lui donnant un billet. De retour dehors, je laissais échapper un soupir de désespoir devant ma condition : je me sentais faible, triste, et selon ce
psychologue, j'étais dépressif. Je m'apprêtais à retourner vers ma voiture lorsque, surgissant de nulle part, Ellijah vint se placer devant moi et me stoppa dans ma démarche. -Qu'est-ce que vous foutez là ? -Je dois te parler Michael. -J'en ai fini avec Marco, j'ai fait ma part du contrat, tout ça est derrière moi maintenant. -Saliego tiendra promesse, je suis là pour une tout autre raison. Après la mort de Faustin, Migaud a eu peur et il a essayé de s'enfuir, actuellement il dort six pieds sous terres. Simplement, avec le meurtre de deux des trois dirigeants, notre organisation s'effondre petit à petit, même si Saliego ne veut pas l'admettre. Si je suis ici, c'est pour te demander d'être prudent, la ville va bientôt subir une vague de haine et sang, or tu es connu comme un des anciens employés de Marco, peut être même que l'on va découvrir que tu es le meurtrier de Faustin et là tu serais dans la merde. -Euh.... Merci, je ferais attention. -Parfait, oh et il y a aussi Faggio. Même si c'est un homme très droit, je pense qu'il va essayer de se venger après le braquage. Il ne te dénonce pas parce qu'il ne crois pas en la police, selon lui elle est corrompue à souhait. Simplement, il se pourrait bien qu'après la perte de ses fonds, il se fasse justice lui même. -Tout le monde m'en veut en gros. -C'est ça. J'espère que ton nouvel appartement est sécurisé. -Comment savez vous que... ? -Ce n'est pas difficile. Au revoir Michael, soit prudent ! Je le regardais disparaître dans les rues de la ville, ne comprenant pas son état de gentillesse et me demandant surtout comment j'allais pouvoir faire face à tout ça. En tout cas, une chose était sûre, je n'avais pas le droit de me reposer.
Chapitre 45 : Vikto(i)r En sortant du coiffeur, je passais quelques minutes à admirer ma nouvelle coupe dans le reflet des vitrines de la ville. Je me passais fièrement la main dans les cheveux avant de quitter cette contemplation pour entreprendre une balade matinale. C'était assez étrange comme sensation de se dire qu'alors que toute la ville travaillait dur, j'étais libre de m'y promener, je n'avais plus aucune responsabilités, mon esprit pouvait vagabonder sans toujours revenir vers un de mes devoirs. Chaque pas que je faisais, je le savourais, ils étaient le symbole de ma réussite, et aussi crasseuse soit-elle, je devais en profiter. J'avais atteint mon objectif, l'objectif de tout le monde : j'étais devenu inutile. Car même si auparavant il était difficile de me qualifier comme quelqu'un d'important pour la société, au moins agissais-je pour certaines personnes, j'aidais autrui, alors que maintenant, je me retrouvais seul et sans emploi. Le monde semble nous conditionner depuis notre plus jeune âge à travailler dans l'unique but de ne plus travailler. Certains vous diront qu'ils aiment se sentir utile à la société, qu'ils veulent aider, mais au final, quand ça n'est plus une nécessité, le travail devient rapidement obsolète. Parce qu'avec cette richesse, on obtenait quelque chose de plus important que la possibilité d'une émancipation, on obtenait des options. Il ne nous est alors plus nécessaire de faire caissier ou éboueur pour payer notre loyer, si l'on fait quelque chose, ce sera forcément par choix. Si un jour je m'embauchais dans une entreprise, sans doute apprécierais-je bien plus l'emploi qui j'y occuperais que si j'avais été ruiné. Simplement parce que sous la contrainte, le monde perd toute sa beauté. Si Saliego m'avait proposé cent dollars pour me balader en ville, j'aurais accepté mais cette promenade m'aurait paru ennuyante et abrutissante, alors que là, elle me procurais un plaisir intense. J'y suis au calme, loin de la vie et de ses responsabilités, seul avec ceux qui, comme moi, sont libres. Mais en réfléchissant, même cette liberté semblait m'emprisonner, être riche aussi impliquait des devoirs, il étaient juste plus plaisants. J'étais là pour remplir les caisses des autres, une sorte de vache à lait qui devait verser jusqu'à la dernière goute avant le jugement dernier. Je n'étais qu'une partie de l'économie, mais au moins mes devoirs me plaisaient car ils n'étaient pas explicites. Si l'on m'obligeait à aller au restaurant chaque soir, je ne suis pas sûr que j'y prendrais du plaisir alors que là, c'est une joie toute particulière que de se dire "je peux prendre cette décision sans réfléchir". Au final, même si je ne travaillais plus, je me sentais désormais bien plus utile à la société qu'auparavant, parce que désormais, je ne la volais plus, je la
nourrissais. Je me sentais comme un mécène, avec mon ego grandissant. Je regardais ces grandes tours qui à mon arrivée me rappelaient des masques cachant les horreurs de la cité, aujourd'hui je décidais d'oublier ce détail, après tout, si ces masques étaient là, il y avait bien une raison. Le monde n'a pas à étaler ses horreurs parce que personne ne souhaite culpabiliser. Si on me montrais un homme à la rue, j'aurais envie de lui donner mon argent, pensant qu'il le mérite plus que moi, et dans ce cas, je perdrais mon argent. Le malheur vous force soit à aider, soit à ignorer. Le premier cas vous fait perdre votre temps, vous agissez à une échelle minable par rapport aux vrais problèmes, votre inefficacité vous rendra malheureux. La deuxième option ne vous fait pas perdre de temps, mais elle hantera vos nuits, vous serez habité par la culpabilité et là aussi, le malheur vous prendra. Malgré ça, cacher les horreurs du monde de façon totale restait monstrueux, j'avais souffert dans le passé et j'aurais aimé que les gens soient au courant, qu'ils m'aident. Tout ça n'est question que de point de vue, sommes nous ceux qui aident ou ceux qui ont besoin d'aide ? Car quoi qu'il arrive, aucun des deux membres de cette chaîne n'a la solution. Il ne faut pas aider, il faut faire en sorte que les gens n'aient pas besoin d'aide. Là encore, je rêvais devant l'utopie, me croyant fin penseur parce que je disposais d'un nouveau costume et de plusieurs millions sur mon compte en banque. L'habit de ne faisait pas le moine et j'en étais la preuve parfaite. J'avais beau être riche, je restais ce jeune homme perdu qui ne savait que faire de sa vie, le seul changement étant que désormais, je n'étais plus obligé d'en faire quoi que ce soit. Je repensais au message d'alerte d'Ellijah, m'assurant que je n'étais pas en sécurité. C'était stupide mais je n'y croyais pas réellement, je ne me voyais pas de nouveau pris dans cette spirale, j'avais trouvé un bateau insubmersible, et aucun tourbillon ne pourrait m'entraîner. Je ne saurais dire si je croyais vraiment à cette métaphore ou si je ne faisais que m'en persuader, toujours est-il que je refusais d'admettre qu'après tout ce que je venais d'accomplir, on puisse encore me prendre mon bonheur. Je me sentais comme ayant atteint un stade final, une sorte de point de nonretour. Une réussite qui, si elle n'allait pas être suivie de beaucoup d'autres, n'allait pas non plus être gâchée par un honnête directeur de casino ou les fervents défenseurs du cadavre d'un ancien chef mafieux. Mon histoire était finie, elle devait être finie, parce qu'il m'était impossible d'imaginer meilleure fin en restant réaliste. En passant devant un lycée, j'aperçu une bande jeune en train de fumer tout en discutant, une des filles du groupe me rappela Leslie et mon esprit vagabonda alors directement jusqu'à sa situation actuelle. La savoir secrétaire alors que sans Faustin, elle aurait aujourd'hui put être
ingénieur me rendait fou, et encore plus de me dire que si il n'avait pas été mort, elle serait encore en train de trémousser son arrière train devant une pléiade de clients : ce monde n'avait pas de cœur. Et c'est alors que je comprit ce qu'elle me trouvait. Si Faustin était resté en vie, elle n'en serais pas là, et si il était mort, c'était grâce à moi. Je m'étais retrouvé comme le héros de sa vie. Avais-je volé ce titre ? Ce n'était pas l'avis de mon psychologue. Je lui avais offert de la considération dès notre première rencontre, j'avais vu en elle plus qu'un simple divertissement, je l'avais invité à sortir, je l'avais libéré de sa prison et je lui avais offert un avenir. Aujourd'hui elle vivais dans un immense appartement au sommet de la ville, ses futurs études étaient assurées et je l'aimais plus que tout, au moins pendant certaines périodes. J'avais changé son destin pas simplement en lui offrant des chances de réussir, mais en lui offrant la réussite. Je comprenais enfin, j'arrivais finalement à prendre le recul suffisant pour me rendre compte de ce que je représentais à ses yeux : un libérateur. Mon inculture devait se compenser par mon héroïsme et le fait que je sois torturé devait me rendre plus humain à ses yeux. Penser à moi comme cela me rendait honteux, j'avais l'impression de faire preuve de vanité, d'égocentrisme, et en cela j'enviais Leslie pour sa capacité à me voir comme un homme de bien, j'aurais aimé pouvoir faire de même. Heureux de cette découverte de mes qualités, je décidais de passer le temps en jouant à ce jeu dans le sens inverse : il allait m'incomber la tâche de trouver ce que Leslie pourrait trouver de dégradant à son égard. Elle était belle et intelligente, ces deux faits étant donc à exclure, je resserrais ma recherche. Trouver des défauts à une fille si parfaite relevait de l'exploit mais c'était amusant, surtout parce que ça me rappelait que j'avais le temps de penser à des choses inutiles sans culpabiliser à propos de mon temps ou de mes devoirs. Au bout de quelques minutes, je trouvais enfin du grain à moudre : l'inactivité de Leslie durant sa libération. En effet, si on oubliait le notaire de Faustin, tout ce qui l'avait amené ici s'était déroulé sous ses yeux sans qu'elle n'y participe. Ainsi peut être se sentait-elle honteuse à ce niveau, peut être que si elle pratiquait comme moi l'auto-flagellation, elle se demandait comment un homme aussi actif pouvait être tombé amoureux d'une fille qui se laissait porter sans agir. Je me rendis alors compte que ce petit jeu servait à me persuader que j'étais quelqu'un de bien en allant jusqu'à l'exagération mais je ne le cessais pas pour autant. Je ne pensais pas réellement tout ce que je me disais actuellement et tant que ça flattait mon ego, c'était bon à prendre. Donc, premier point, Leslie était une victime et moi un conquérant. Ensuite, il y avait l'argent, il était fort possible qu'elle se sente honteuse de vivre grâce à mon
argent sans m'apporter le moindre revenu. En fait, c'était ce que j'avais ressenti durant toutes ces années passées avec Sarah. Je m'étais toujours demandé si elle me voyait comme un parasite, une sorte de fardeau que l'amour l'obligeait à porter. À ses côtés, je n'ai jamais rien accompli, je n'ai jamais eu besoin d'accomplir quoi que ce soit. Le bonheur était déjà sous ma porte, je n'avais pas besoin d'aller le chercher. J'ai toujours voulu aider, mais comme l'argent n'était pas nécessaire, j'ai décidé d'élever Lily, de devenir une sorte d'homme au foyer. Peut être m'a-t-elle détesté pour ça, le fait que je puisse profiter de notre enfant pendant qu'elle ramenait de l'argent, peut être que ça la rendait folle. Mais si ça avait été le cas, je l'aurais remarqué, or je n'ai jamais eu l'impression que notre relation se soit détériorée. Il y a eu un déclenchement et une conséquence, je n'ai pas tenu une promesse, mais tout ce qui a eu lieu avant la rupture n'était que paix. C'est aussi en ça que je ne l'ai pas comprise, j'aurais accepté de me faire renvoyer si il y avait eu une accumulation de problèmes, mais là il en a suffit d'un seul pour me mettre à la rue. Il existe donc deux hypothèse, la première voulant qu'elle ne m'aimait plus depuis plusieurs mois déjà et que cette promesse soit un prétexte, la deuxième étant que je n'ai toujours pas compris la signification cachée de ladite promesse, et que son importance était loin d'être minime. Mais s'il s'agissait de la seconde option, il aurait été préférable que Sarah m'explique son sens, et peut être qu'aujourd'hui je serais encore aux côtés de ma fille. C'est elle qui me manque le plus, Lily. Je l'ai vu grandir pendant six ans et là, du jour au lendemain, tout contact était rompu. Nous nous étions arrangés pour la garde, elle la prenait sous son aile tant que je n'avais pas de position stable puis on aviserais. Si au départ j'étais prêt à ne la prendre que pendant les vacances, après ce que j'avais appris au sujet des "assistés", une motivation nouvelle me forçait à me battre bec et ongles pour obtenir le maximum de temps en compagnie de ma fille. Je l'aviserais de ce fait lorsque je la verrais, d'ici deux semaines, et nous discuterons de cela. Elle avait beau être avocate, j'étais prêt à investir des millions en tribunaux si je pouvais obtenir la garde de ma fille et ma vengeance. Perdu dans mes pensées, je n'entendis pas immédiatement la sonnerie de mon téléphone, aussi lorsqu'elle parvint mes oreilles, je me dépêchais de répondre avant que mon correspond ne désespère. -Allô ? -Ouaip Mike, c'est Viktor, faut que je te parle. -Vas-y, dis.
-Pas au téléphone, vient chez moi, ce sera plus prudent. -Tu me fais peur là... -À juste titre, c'est vraiment important mec alors arrête ce que t'es en train de faire et magne toi. -Ok, j'arrive tout de suite. Après m'avoir donné son adresse, Viktor raccrocha et me laissa la tête pleine de questions. Avide de réponses, je retournais en courant à ma voiture que je m'empressais de démarrer pour rejoindre au plus vite mon ami. Je filais dans les grandes artères de la ville vers ma destination, à la fois impatient d'entendre des explications et angoissés par ce qu'elles pourraient constituer. Je venais de quitter les problèmes, alors il n'y avait pas intérêt à ce qu'on me demande de replonger. Chaque kilomètre de parcouru, mon empressement faiblissait au profit de mes craintes qui s'accentuaient, si bien que lorsque j'ouvris la portière nouvellement jaune de ma Mustang, j'étais presque aussi angoissé qu'avant le braquage du casino. Je restais un instant face à la maison de Viktor, observant sans oser avancer, comme une proie attendant que le prédateur qui la surveille s'en aille, sauf que ce prédateur n'allait pas bouger et que c'était moi qui voulait me jeter dans sa gueule. La demeure que j'avais sous les yeux pouvait aussi bien être l'ancienne maison de Viktor que celle qu'il avait acheté avec l'argent du braquage. Elle était belle sans être magnifique, grande sans être immense, c'était le genre "lotissement de banlieue" plutôt agréable à vivre mais qui ne nous fait pas rêver lorsqu'on lit les magasines. En avançant sur la pelouse, je sentais que quelque chose allait se passer, j'avais le pressentiment que cette journée serait horrible à souhait, rien ne me le prouvait mais j'en étais sûr, cette réunion n'étais pas anodine. J'eu à peine le temps de toquer que déjà Viktor m'ouvrait la porte, un sourire forcé sur le visage, ce qui confirma mes craintes. -Allez, entre. Viktor m'installa dans l'éclairage obscure de son salon sur un vieux canapé gris avant de retourner sur ses pas pour fermer la porte. Ses mains tremblaient, la sueur perlait sur son front, cette mise en scène puait le piège à plein nez, aussi redoublais-je ma concentration. Nos regards se sont croisés, et j'ai compris que c'était lui le piège, nous étions seuls, il allait m'attaquer. J'avais compris ça mais je n'ai rien fait, agissant sous les ordres d'un facteur inconnu, je n'ai fait que le regarder. Je l'ai vu s'asseoir face à moi, se passer les mains sur le visage, comme pour expier ses péchés, puis à son tour me regarder fixement. Je n'allais pas me
défendre, pas tant que je n'aurais pas compris ce qui se passait sous mes yeux. J'estimais Viktor, c'était un ami et il était loin d'être un imbécile. Si il agissait ainsi, quelque chose l'y poussait, et tant que je ne connaîtrais pas ce quelque chose, je ne pouvais pas m'autoriser à riposter. Son lavabo laissait régulièrement tomber des gouttes dans l'évier, ses murs étaient décrépis, son parquet poussiéreux, j'avais une vision noire du monde autour de moi, le tout renforcé par la profonde mélancolie que je lisais dans les yeux de mon compagnon. Ce n'était pas pour moi qu'il agissait, pas contre moi mais pour lui. Il était sous la contrainte, j'en étais sûr désormais, une riposte de ma part serait un acte égoïste, ma vie valait-elle plus que ce que Viktor essayait de protéger ? Comptait-il seulement me tuer ? S'il allait jusque là, alors je ne me laisserais pas faire, en attendant, j'allais rester calme et observer. Cette demeure poussiéreuse me provoquait des frissons mais je ne bougeais pas, mes yeux étaient collés au visage triste de cet homme. Il y avait tellement d'excuses dans son regard que je ne pus que le pardonner lorsqu'il sortit son arme, je ne pus qu'observer lorsqu'il tira, je ne pus que voir sa détresse juste avant de quitter ce monde. --------------------------------------------------------Certains rêves sont fous, certains rêves sont flous, mais pas celui ci. Je me souviens parfaitement d'avoir soulevé le bras de Sarah pour me libérer de son étreinte et d'avoir quitté le lit en silence. J'ai regardé cette chambre qui m'a fait fantasmer, pas à cause de son apparence, mais parce qu'elle appartenait à un autre moi, un moi qui avait réussi sa vie, un moi qui pouvait déposer un baiser sur le front de Sarah avant d'aller travailler, un moi qui n'avait pas tout gâché. Je regardais une dernière fois le visage calme et endormi de mon ex-femme, un visage paisible. Je redécouvrais sa beauté qui, même si elle n'égalait pas celle de Leslie, restait très appréciable. Je finis par quitter cette pièce et mes contemplations pour me rendre dans ma cuisine où ma fille m'attendait. Quand elle m'entendit sortir de la chambre, elle tourna la tête vers moi et me salua en souriant. Je lui rendit son sourire mais je fut incapable de faire plus, incapable de lui répondre, incapable de bouger, je ne pouvais qu'observer ce tableau. Mes yeux ne pouvaient voir que Lily, j'avais le regard fixé sur elle, rien d'autre n'importait. Elle avait légèrement changé depuis la dernière fois mais elle avait gardé ses cheveux bruns, couleur étonnante quand on savait que Sarah et moi avions les cheveux noirs, son regard affichait toujours ce petit air malicieux et son sourire était resté le même. Quand finalement je pus bouger, je vint m'asseoir à la table de la cuisine, juste
en face d'elle, et c'est à ce moment là que j'ai compris qu'il s'agissait d'un rêve. Ça ne m'était jamais arrivé auparavant mais cette fois-ci, je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'un rêve. J'ai alors regardé Lily avec un œil nouveau, pas celui d'un homme heureux d'être transporté dans cette vie, mais celui d'un père qui voyait devant lui une fille que plus jamais il ne verrais. Les larmes ont commencé à couler sur mes joues alors que je regardais cette beauté qu'était devenue mon enfant, je pensais à tout ce que j'avais raté et à tout ce que j'allais rater, je me disais que jamais je ne vivrais ça dans la réalité, parce que j'étais mort. -Tu vas bien ? La voix de Lily était douce et reposante, je regardais ses yeux noirs en cherchant la meilleure réponse à sa question. Si je ce jour était le dernier que j'allais passer avec elle, je ne devais pas gâcher cette discussion. -Oui. -Alors pourquoi tu pleurs ? Le regard qu'elle portait sur moi était indéfinissable, ce n'était pas comparable à tout ce que j'avais vu auparavant, ce n'était ni de l'amour ni de l'amitié, c'était l'expression d'une fille qui s'inquiétait sincèrement pour son père. -Parce que je t'aime. -Et c'est triste ? -Oui, parce que jamais je ne pourrais te voir grandir. -Pourquoi ? -Parce que je suis mort. Son expression changea en un instant. Elle eut un léger geste de recul, se passa les mains sur son pyjama puis repris son attitude originale. -Je ne pense pas que tu sois mort. Les morts ne rêvent pas. -Qu'est-ce que tu en sais ? Tu es déjà morte ? -Non, mais si mourir consistait en un rêve, alors tu pourrais me voir grandir. On vivrait ensemble pour l'éternité. -Ça fait bien longtemps que j'ai perdu cet optimisme. -C'est pour ça que ta vie est triste. Parce que tu n'en vois jamais les bons côtés. -Je sais ce que j'ai raté, on me le répète tout le temps, je me le répète tout le temps. -J'espère que tu n'es pas vraiment mort. -Moi aussi. -J'ai encore trop de choses à découvrir, trop de choses à partager. Je veux te
montrer les morceaux que j'ai appris à jouer au piano, je veux t'offrir des dessins que j'ai fait uniquement pour toi, je veux que tu m'emmène à l'école le matin, je veux que tu m'aide à finir mes exercices, je veux que tu m'emmène au parc d'attraction, je veux que tu m'organise des fêtes d'anniversaires extraordinaires, je veux que tu assume de me laisser aller seule au collège sans avoir peur, je veux que tu m'explique comment draguer mon premier amoureux, je veux que tu me console quand il me quittera, je veux que tu partage tes connaissances sur le monde, je veux que tu me cris dessus pour que je puisse défouler mes colères adolescentes, je veux que tu m'engueule quand je rentre bourrée à cinq heure du matin, je veux que tu m'aide à choisir mon orientation professionnelle, je veux que tu m'explique pourquoi ce mec n'est pas fait pour moi, je veux pouvoir ne pas t'écouter et rester quand même avec lui, je veux pouvoir quitter la maison pour devenir autonome, je veux pouvoir t'embrasser avant de partir, je veux pouvoir regretter ne jamais t'avoir dit "je t'aime", je veux avoir un père. Chaque phrase qui venait de sortir de sa bouche lui avait fait gagner une année, si bien qu'elle avait désormais l'aspect d'une femme de mon âge dans laquelle je reconnaissais les traits de sa mère. C'était sur nos deux visages que les larmes coulaient désormais, mais lorsque je passais ma main pour essuyer celles de Lily, dès que nos deux peau entrèrent en contact, le monde s'évapora et je revint à la réalité. -----------------------------------J'ouvrais péniblement les yeux pour découvrir que je n'avais pas changé de place, je me trouvais toujours sur ce vieux canapé dans une pénombre presque totale, mais cette fois-ci j'étais attaché. De son côté, Viktor tapotait la table de sa cuisine avec un rythme régulier. -Qu'est-ce que tu fais ? En m'entendant lui parler, il sursauta et se tourna immédiatement dans ma direction, sans doute pour vérifier que mes liens étaient bien accrochés, ce que je lui confirmais en tirant légèrement dessus. -Je suis désolé Michael, vraiment. -T'as intérêt à avoir une bonne raison de m'emprisonner ici. -C'est pas ma faute, il l'a capturée, je n'avais pas le choix.
-Qui a capturé qui ? Parle bordel ! Mais nerfs étaient gonflés à bloque. Si j'étais prêt à le laisser m'expliquer quand j'étais arrivé, voir qu'il m'avait ligoté comme un vulgaire animal sans m'expliquer le pourquoi du comment m'énervait au plus haut point. La mort ne m'avait pas fait peur parce qu'elle me paraissait lointaine, mais je la sentais désormais se rapprocher et je perdais petit à petit tout mon calme. -Faggio... Il a.... Une fille. -Une fille ? Tu vas me vendre pour une putain de fille ? -C'était pas juste une fille, je la connaissais bien. -Et moi ? Et moi tu me connais pas putain ? -Si, si... Mais elle n'avait rien fait, je pouvais pas la laisser crever. -Et moi, qu'est-ce que j'ai fais ? -T'as braqué un casino mec. Si Faggio en veut à cette fille, c'est ta faute. -Tu ne m'as pas aidé peut être ? On est tous coupable ! -Je sais, et si je pouvais, ce serait moi qui irais me sacrifier, mais c'est toi que Faggio veut, t'es le seul qui peut la sauver. On hurlait tout les deux l'un sur l'autre, les joues rougis par les larmes et les yeux pleins d'éclairs. Même si je n'en laissais rien paraître, même si j'essayais de faire passer ça pour de la haine, en réalité j'étais terrorisé, parce que je sentais que la mort approchait à grands pas. -Sa vie vaut plus que la mienne ? Tu vas préférer une conquête à un ami ? -C'est pas une question de valeur, c'est juste des responsabilités. Je ne peut pas vivre en me disant qu'une fille est morte parce que je l'ai baisé. -Mais qu'un ami est mort parce que tu l'as vendu, ça ne te dérange pas ? -Ne fais pas semblant Michael, tu ferais comme moi si tu étais à ma place. -Non, parce que je ne serais pas suffisamment stupide pour penser qu'un mec qui respectait la loi à peine une semaine auparavant soit prêt à tuer une innocente pour se venger. Il comprit que j'avais raison à ce moment là, et je crus même qu'il allait me détacher, mais il n'en fit rien. Il préféra se voiler la face et quitter la pièce, refuser la réalité pour ne pas la subir. Je l'ai appelé, j'ai vociféré son nom mais il ne revint pas, il me laissa seul face à ce vieux mur, attendant qu'il se décide à m'emmener devant mon bourreau, j'étais un condamné à mort. Je ne pouvais pas croire que Viktor puisse faire une chose pareil, et pourtant il l'avait fait. Me tuer pour sauver une innocente était d'un certain point de vue un acte louable, même si jamais je ne l'aurais avoué à ce moment, ce qui était affligeant, c'était qu'il ait cru aux menaces de Faggio.
Désormais par sa faute, je comptais les secondes qui, petit à petit, me rapprochaient de la fin de ma vie, la destruction de mes espoirs et la suppression de ce que j'avais créé. Seul dans cette petite pièce, je me démenais pour me libérer, bougeant mes membres dans tout les sens et hurlant comme un forcené, je ne pouvais pas accepter la mort. Le visage de Lily se dessinait sous mes yeux à chaque fois que je relâchais mes efforts, me poussant à continuer de plus belle. Je me débattais jusqu'à ne plus avoir suffisamment d'énergie pour continuer, peu m'importaient mes chances de réussites, j'étais résolu à ne pas m'avouer vaincu. Je devais continuer au moins jusqu'à ma mort, parce que s'il me restait une chance de m'en sortir, j'étais tenu de la saisir. Mais le temps passât et même si ma détermination persistait, mon corps lui n'avait plus la force de combattre. Je restais vautré sur le canapé, regardant le mur en face de moi dans l'attente d'un événement, quelqu'il soit. Je me demandais ce qui m'avait poussé à me laisser faire, pourquoi je n'avais pas agi dès que j'avais compris ce qui allait m'arriver. Peut être que je n'y avais pas cru, je m'étais dis que ça n'était que dans ma tête, que j'aurais l'air idiot si je tentais quelque chose. Et pourtant, il y avait autre chose, j'en étais persuadé, mon esprit avait été embrumé. Je crois que c'est la faute de cette paix nouvellement acquise, je me sentais bien et pour rien au monde je n'aurais quitté ce calme. C'est pour ça que je ne l'ai pas agressé, même en sachant que j'allais souffrir, je voulais garder mon insouciance le plus longtemps possible. Et voilà où ça m'avait mené, devant un vieux mur avec pour seule compagnie le tic-tac d'une vieille horloge dans mon dos. Je me mis alors à compter les déplacements de la trotteuse, marquant les minutes avec mes doigts. L'activité était ennuyante mais elle me permettait d'éviter de penser à tous ceux que jamais je n'allais revoir et surtout, elle me donnait un moyen de savoir depuis combien de temps j'étais là. Aussi lorsque Viktor vint en vitesse ouvrir la porte après qu'une personne y ait toqué, il s'était écoulé une petite heure, or si je n'avais pas compté, j'aurais sans doute eu l'impression d'avoir passé des jours entiers dans cette position.
Chapitre 46 : Purge Deux hommes en costume noir pénétrèrent dans la pièce sans le moindre regard pour Viktor, ils se contentèrent de se tourner vers moi et d'acquiescer lentement, une profonde satisfaction dans le regard. Ils avancèrent tout deux vers le canapé sous le regard torturé du propriétaire des lieux. Ce dernier semblait n'avoir jamais ressenti autant d'émotions contradictoires en même temps, c'était assez étrange à observer. De mon côté, je n'étais qu'un simple spectateur, trop épuisé pour me débattre et tenant trop à la vie pour essayer quoi que ce soit. Je me contentais donc de regarder le visage de Viktor se raidir. Lorsque les deux hommes eurent atteint le canapé, ils échangèrent un regard, toujours dans ce silence étouffant, puis commencèrent à détacher mes liens avec une lenteur exaspérante. Caché par leurs deux corps musclés, je ne pouvais plus voir le visage de Viktor et les sentiments qu'il trahissait, en revanche je pus entendre le "Oh Bordel !" et les deux coups de feu qui suivirent. L'instant d'après, j'étais étouffé par le poids des deux cadavres qui venaient de s'écrouler sur ma personne. Malgré cette position peu confortable, je m'étais mis à sourire : j'allais vivre. Viktor accouru rapidement pour retirer ces deux corps inerte avant de se poser devant moi et de s'arrêter complètement de bouger, comme si sa paralysie temporaire allait me donner envie de le pardonner. -Je suis désolé Michael, putain j'suis désolé. J'ai vraiment merdé. Je ne daignais même pas lui répondre, me contentant de le juger du regard. Je crus pendant quelques secondes qu'il allait partir et me laisser en plant, changeant encore une fois d'avis, mais il n'en fut rien. Il se dépêcha de défaire mes liens mais ses mains encore tremblante l'obligèrent à réitérer l'opération une bonne dizaine de fois avant que je ne sois entièrement libre de mes mouvements. Dès que ce fut le cas, j'enfonçais violemment mon poing dans sa tête avant de me lever pour me dégourdir les jambes. Je le regardais tenter de nettoyer le sang sur son visage alors que je faisais des tours rapide dans son salon. -Bordel mais t'es teubé où quoi ? -C'est moi qui suis teubé ? Rappelle moi qui de nous deux allait envoyer l'autre à l'abattoir ? -Je t'ai libéré putain ! C'est pas une raison pour me défoncer la mâchoire. -Dis toi qu'on est quitte.
Pour appuyer mes propos, je me rendis dans cuisine où que je récupérais un rouleau de Sopalin que je lui tendis amicalement. Il hésita un instant, comme un animal apeuré, mais finit par accepter mon présent en me remerciant. Tandis qu'il se nettoyait le visage, j'observais avec délectation les corps sans vie des deux hommes de main de Faggio. J'avais besoin d'évacuer ce récent stress et c'était lui qui allait en payer les frais. -Vient. -Quoi ? -On va au casino, j'ai rendez-vous avec un ami. -Tu ne vas pas le buter ? -Pourquoi pas ? -Saliego va pas être content... -Rien à battre de Saliego, ce ne sont pas ses affaires. On met un contrat sur ma tête, je ne me laisse pas faire. À l'heure actuelle, je regrette amèrement ce choix, mais la rage qui bouillonnait en moi l'avait emporté sur ma raison. La retenue dans l'expression de Viktor, je la percevais comme de la couardise... Quelle chose stupide que la colère ! -Tu viens avec moi ? -J'en sais rien... Je.... -Oui ou non ? Il voulait dire non, ça se voyait, et il aurait eu raison, mais après ce qu'il venait de me faire subir, il lui était impossible de me laisser tomber une nouvelle fois alors il accepta ma proposition. On quitta donc sa propriété, laissant sur le canapé deux cadavres en costume, mais personne ne se souciait d'un tel détail à ce moment là, un nouveau meurtre est toujours plus intéressant que les retombées du précédent. Nous primes donc place dans ma Mustang et le bolide démarra instantanément sa course folle dans les petites rues de la ville, sous le soleil mourant de la fin d'après-midi. -Je le sens pas ce coup... -Si t'as pas les couilles, saute de la caisse, je t'en prie. -Putain mais ça te ressemble pas, Mike. Normalement t'es un mec calme, posé, réfléchie, il t'arrive quoi là ? -Là ? Là quelqu'un vient de foutre une prime sur ma tête ! Là y'a un mec qui veut mettre fin à ma vie ! Là y'a un fils de pute qui m'empêche de profiter de ma thune ! Là j'ai un de mes potes qui a essayé de me vendre pour sauver un de ses plans cul ! C'est suffisant comme raisons pour péter un putain de câble ? Je n'obtins pas de réponse, ce qui en soit était la meilleure confirmation qu'il
puisse me donner. Le silence s'installa alors dans le véhicule et je passais le reste du trajet perdu dans mes pensées. J'avais l'impression d'avoir été violé, je venais de voir mon monde s'écrouler. J'avais été trahi par un ami, je venais de frôler la mort. Il y avait un homme qui avait essayé de me voler mon bonheur, et je n'étais pas capable d'accepter un tel affront. Il avait voulu me séparer de Lily, de Leslie, de Lucy et de Nick, tout ça par vengeance, tout ça pour de l'argent. On aurait pu me rétorquer que j'avais moi aussi tué bon nombre de gens simplement pour de l'argent, mais haine rime souvent avec mauvaise foi et ici, il y avait une profonde différence : c'était personnel. Pendant cette traversée de la ville, mais vision était on ne peut plus simple : Faggio était un ennemi, et mes ennemis devaient mourrir. Si je le laissais vivre, il risquait de récidiver, je risquais à nouveau de perdre mes chances de revoir ma fille. Le problème principal de cette action, c'était Marco. Si il l'apprenait, il deviendrait à son tour mon ennemi, et à son tour je l'éliminerais, parce que je l'avais déjà fait avec Faustin et parce que la colère rends stupide. Dans un dérapage parfaitement contrôlé malgré les tremblements que me provoquaient ma rage encore bouillonnante, je me garais juste devant l'entrée du casino où le portier vint à ma rencontre. Il essaya de m'expliquer que c'était impossible de se garer là, mais, refusant de perdre du temps avec de pareilles sottises, je me contentais de pointer mon pistolet sur sa tête et de lui demander de me laisser passer, ce qu'il accepta bien évidement. Derrière moi, Viktor était terrorisé, ne sachant pas si il devait me suivre, fuir ou essayer de me retenir et risquer de s'attirer mes foudres. Avant d'arriver dans l'entrée, je me tournais vers lui en tâchant de prendre mon ton le plus agréable possible. -J'ai besoin que tu m'aide. -Euh... D'accord... -Fait semblant de m'avoir capturé et dit que tu veut m'amener à Faggio en personne. -Si ils refusent ? -Qui ? -Bah les vigiles. -On les butes, putain fait pas chier mec. Tremblotant, frêle comme un enfant et avec les yeux perdus dignes d'un nouveau né, il me pris mes poignet de sa main droite et les serra l'un contre l'autre dans mon dos avant de commencer à marcher.
L'homme de la réception, cette fois-ci secondé par un couple de gardes du corps imposants, leva les yeux vers moi et me reconnu aussitôt. Il eut alors un geste de recul qui mît la puce aux oreilles de ses deux hommes de mains. -Michael Da Silva ? Viktor hésitait et il fallut que je le regarde fixement pendant une bonne dizaine de secondes avant qu'il ne prenne la parole, tachant péniblement de camoufler ses bégaiements. -Euh.... Oui..... Je l'app..... Je l'amène à Tommy Faggio.... En personne. Les deux gardes échangèrent un regard en direction du réceptionniste qui tapota rapidement plusieurs mots sur son clavier. On attendit ensuite quelques secondes avant qu'il n'acquiesce silencieusement. -Allez-y. -D'accord. Resserrant un peu plus la pression qu'il exerçait sur mes poignets, Viktor traversa la grande salle de jeu sous les regards intrigués de ses diverses occupants. Le bruit des machines à sous se mélangeait à celui des discussion mais je n'entendais que le son de la rage qui me calcinait entièrement. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et je pénétrais dans cette cage que j'avais espéré ne jamais plus revoir. Pendant la montée, je me libérais de l'étreinte de mon partenaire pour sortir mon arme et vérifier que son chargeur était plein. De son côté, même si ça ne semblait pas le motiver outre mesure, Viktor fit de même avant de pointer sur arme sur les portes dans le but d'être prêt quand elles s'ouvriraient. Ma colère commençant légèrement à disparaître, je me rendis compte durant cette ascension de ce que je venais d'obliger Viktor à faire, aussi lui présentaisje mes excuses. -T'as pas à t'excuser mec. Je comprends ce que tu ressens, et j'suis désolé, même si je ne suis pas sûr qu'on ait fait le bon choix, au moins les gens sauront qu'il ne faut pas venir nous faire chier. Je lui déposais une légère tape sur l'épaule avant de me mettre en position, le viseur en direction de l'ouverture, les genoux légèrement fléchis et les mains complètement moites. Lorsque les portes s'ouvrirent sur le bureau de Faggio, j'eu juste le temps de me rendre compte de l'erreur monumentale que je venait de faire que déjà la fusillade commençait : cet enculé nous avait prévu un comité d'accueil. Dès que je compris ce qui était en train de se passer, je me collais contre l'un des bords de l'ascenseur, attendant qu'ils se fatiguent et arrêtent de tirer. Nous
étions désormais face à face, Viktor et moi, observant les balles qui venaient s'enfoncer inlassablement sur le miroir décorant le fond de la cage. Voyant que les tirs ne s'arrêtaient pas, j'en déduisis qu'ils devaient alterner les rôles : pendant que certains tiraient, d'autre rechargeaient. Il allait donc me falloir trouver une autre méthode pour survivre. -C'est moi que vous voulez ? -Effectivement, ordre de M.Faggio. -Un homme aussi honnête que lui ? Il veut ma mort ? Je n'y crois pas une seule seconde. -Il nous a payé pour vous tuer, ce n'est pas notre travail que de poser des questions. -Vous savez qu'on peut justifier un tas de trucs avec ça ? Il y eut un léger silence pendant lequel Viktor dessina un "qu'est-ce que tu fous ? Bordel !" sur ses lèvres, puis la discussion reprit. -Vous êtes mort, nous avons arrêté l'ascenseur, si vous continuez à vous cacher, nous viendrons vous chercher. À vous de choisir. -Moi je suis bien ici... C'était dans ce genre de situation que l'on regrettait de ne pas avoir de grenade sur soi pour la jeter dans le bureau, mais même si il n'était pas aussi simple, j'avais un plan. Les balles avaient cessé de fuser mais je savait très bien qu'au moindre mouvement de ma part, elles reprendraient leur offensive alors je me contentais de rester immobile. Comme prévu, ils envoyèrent un homme pour me récupérer dans l'ascenseur, j'entendais ses pas se rapprocher, seul trouble du silence angoissé de la pièce. Je raidissait mes muscles, les préparant à ma future attaque. À peine eut-il passé le pieds sur le tapis qui recouvrait le sol de l'ascenseur que déjà je lui étais sauté dessus. Il ne me fallu pas plus d'une seconde pour lui faire lâcher son arme, le double pour le retourner et le triple pour poser mon pistolet sur sa tempe dans une position parfaite de prise d'otage. Je pus alors commencer à m'aventurer dans le bureau pour y observer ses différents occupants : une dizaine de mercenaire en combinaison par-balle, leur tête étant leur seul point faible visible. Je les voyais hésiter, refusant de tuer l'un des leurs pour une simple somme d'argent, ce qui m'arrangeait grandement. -Où est Faggio ? -Pas ici. -Si vous ne me dites pas où il est, je bute votre collègue. -Si tu bute ce gars, jamais tu ne sortiras de ce casino.
-N'étais-ce pas déjà votre objectif à la base ? -Au début nous devions juste te buter, mais si tu rends ça personnel, ça va aller beaucoup plus loin. -Où est cet enfoiré de Faggio ? -On n'en sais rien, et même si on le savait... -...vous ne me le diriez pas, Whao ! Quelle réplique originale. Ils disaient la vérité, ils ne savaient pas où était le propriétaire du casino. Dans cette situation, je pouvais soit fuir soit les achever un par un. La première option n'était pas envisageable puisqu'ils avaient bloqué l'ascenseur, la deuxième était irréalisable à cause de leur surnombre et de leur équipement de défense. Mais ça, c'était sans compter sur Viktor et son courage légendaire, à moins qu'il ne s'agisse de stupidité, en réalité je serais incapable de le dire mais dans tout les cas, c'est grâce à lui que je suis encore en vie aujourd'hui. Profitant de l'hésitation que j'avais provoqué, il prit tout le monde par surprise en sortant de cachette et en tirant une salve dévastatrice qui, si elle ne tua qu'un seul homme, en toucha au moins la moitié. Le temps qu'ils comprennent ce qui venait de se passer, j'avais balancé mon otage dans le bureau après l'avoir achevé, j'avais tué deux mercenaires en remerciant mes entraînements aux tirs avec Andréa et j'étais retourné à ma cachette. Viktor, lui, pris une seconde de plus avant de reprendre sa place, et c'est cette minuscule seconde qui fut décisive. Je lâchais un hurlement en voyant le sang commencer à s'écouler sur sa chemise alors que mon ami se laissait glisser le long du mur. -Bande de fils de pute ! -Si tu veux pas qu'il t'arrive la même chose, rends-toi ! -Vous voulez me butter, si je me rends il VA m'arriver la même chose. -Non, parce que là il se vide de son sang, dans une demi heure il vivra toujours, alors qu'on peut t'accorder une mort rapide. -Allez crever ! Observant le corps mourant de mon ami, je me disais que tout était fini, que j'avais perdu, mais c'était loin d'être le cas. Comme une apparition divine, la voix d'Adrien résonna dans les hauts parleurs de la pièce. -Mike, Marco t'envoie Taka, il est pas super content, essaie de pas crever avant son arrivée. Oh et la nuit arrive quand on m'appelle. Son message fut suivi par l'ouverture des douches à incendie qui, si c'était possible, perturbèrent encore plus les mercenaires. Profitant de
l'incompréhension générale, je sautais à nouveau dans le tas, analysais l'emplacement de chacune des têtes et criais "ADE !" le plus fort possible. Instantanément, la lumière s'éteignit et je la remplaçais par l'image de la pièce que je m'étais gravé dans mon esprit. Les balles sortirent une à une du canon de mon arme alors que je courait dans tout les sens pour éviter de me prendre un des tirs envoyés au hasard par mes adversaires. Lorsque le silence revint et que les balles arrêtèrent de voler en tous sens, je stoppais ma respiration. En me concentrant, j'arrivais à entendre deux personnes respirer, certainement les deux seuls survivants de la tuerie. J'attendis quelques instants pour réussir à les localiser de la façon la plus précise possible puis, à nouveau, je hurlais "ADE" et la lumière revint. Les deux hommes restants n'eurent pas le temps de se tourner vers moi : ils gisaient déjà au sol. Après avoir vérifié qu'il ne restait pas de survivant, je quittais ce tableau violent et morbide pour rejoindre Viktor dans l'ascenseur. Ce dernier, même si il était vraiment mal en point, semblait avoir gardé les idées claires. -T'es vraiment con Vik. -Dans ce cas là on est deux. -Écoute, on va te sauver mec, tu vas pas crever ici. ADE !!! Fais descendre ce putain d'ascenseur. Il entendit mon appel puisque quelques secondes plus tard à peine, nous entamions notre descente vers la salle de jeu. -T'as pas le droit de mourrir mon gars, surtout pas après m'avoir sauvé la mise. -Ce serais pas le premier truc que je fais sans en avoir le droit. -Bordel fais pas chier, raccroche toi, tu vas voir, tout va bien se passer. -Tu peux me laisser crever Mike, de toutes manières Saliego s'occupera de moi. -Mais non. Pourquoi il ferait ça ? -On a foutu la merde. Il aime pas quand on fout la merde. Tu ferais mieux de te tirer loin d'ici. -Je me casse pas avant de t'avoir emmené chez un médecin. -Trop bon, trop con. -Ferme ta gueule et laisse toi faire. J'allais pour prendre son bras et le faire tenir sur mes épaules lorsque les portes métalliques s'ouvrirent et que, sous mes yeux, il apparut : Tommy Faggio.
Chapitre 47 : Protection Il était là, la cause de tous mes récents malheurs se trouvait juste mes yeux. Son air triste, sa bouche asymétrique, ses manches mal-ajustées, tout m'énervait dans sa personne. Si je n'avais pas été en train de porter le corps de Viktor, sans doute aurais-je tiré directement sur cet homme, ne faisant pas attention aux deux gardes du corps qui l'accompagnaient. Quand le propriétaire du casino m'aperçut, il afficha un rictus, ou tout du moins le semblant d'un rictus. Son visage était machiavélique, je réprimais un frisson lorsqu'il commença à me fixer sans dire mot. J'aurais bien aimé rester là et le suivre dans cette démarche contemplative mais sur mon dos, Viktor mourrait à petit feu et je n'avais pas un seconde à perdre en duel de regard. -Laissez moi passer, monsieur Faggio. -Te laisser passer ? Tu as ruiné ma vie et tu veux que te laisse passer ? -Ruiner... Je vous ai juste volé, d'autant que je vous avais prévenu. -Pour le casino oui, mais pas pour la banque ! -Quelle banque ? -Ne fais pas semblant. Vous avez fais disparaître tous les fonds bancaires du casino, il n'y a plus le moindre dollars d'un côté comme de l'autre. J'étais étonné que Saliego ait pu organiser une telle chose sans m'en parler au préalable mais dans la situation actuelle, les magouilles dans mon ancien employeur étaient le cadet de mes soucis. -Donc vous êtes ruiné. Pas cool.... Laissez moi passer s'il vous plait. -Va au diable ! Tu vis sans respecter la loi, alors je ne vois pas pourquoi je devrais la respecter si je me confrontes à toi. Il faut nous battre à armes égales. -Vous savez, on dit que c'est en combattant les monstres qu'on en devient un soit même. Je me détestais mais c'était plus fort que moi, j'étais obligé de narguer cet homme. J'aurais pu réfléchir à des solutions pour sortir, négocier des soins pour Viktor, mais je n'en fit rien, je laissais ma colère éclater par des piques agressives. -Dans ce cas je deviendrais un monstre. Quelque soit la fin de cette histoire, je n'ai plus d'argent. Ma vie s'arrête ici, alors si je peux emporter un être de ton espèce dans la tombe, pourquoi pas ? -Il n'y a rien à emporter. Les démons comme nous, ils ne meurent pas. Jamais vous n'aurez raison de nous monsieur Faggio, parce que notre vie fait rêver.
Tuez moi, ils seront deux à prendre ma place.... Maintenant laissez moi passer. -Tu ne survivras pas à cette journée, Michael Da Silva, aujourd'hui tu meurs ! Après une légère hésitation, probablement due au peu d'humanité qui subsistait en lui, il fit signe à ses hommes d'ouvrirent le feu. Dans un geste stupide, je contractais mes muscles et me repliais sur moi, laissant du même coup tomber le corps de Viktor sur le sol. Les coups de feu retentirent, deux pour être exacte, mais je n'étais pas mort. Je passais mes mains le long de mon corps, cherchant l'endroit où les balles avaient pu s'enfoncer mais rien : ils ne m'avaient pas touché. Je levais alors lentement les yeux vers mes deux bourreaux, cherchant une explication à ma sauvegarde. Cette explication, je la trouvais rapidement, incarnée par deux immenses masses difformes écroulées sur le sol. Derrière eux, Taka me regardait sérieusement, avec l'air le plus paternel que j'avais vu durant toute mes existence, un mélange de colère et d'excuses. De son côté, Faggio semblait terrifié par la tournure des événements. -Taka ! Pile à l'heure ! -On ne rigole pas Mike. Tu viens avec moi. -Et Viktor ? -On s'en fout de Viktor, tu dois rendre des comptes. -Je ne ferais rien tant qu'il ne sera pas en sécurité. -Va te faire foutre Michael, j'ai l'autorisation de te buter si tu ne coopère pas, mais je n'ai aucune envie de m'en servir. -Alors laisse moi partir, tu diras à Marco que j'étais déjà parti. -Adrien filme tout, je ne plus mentir. Il n'y a plus la moindre cachoterie, c'est fini Mike, on s'arrête là. T'as joué une carte de trop et Saliego n'aime pas ce qu'il y a vu. Son arme encore fumante était dirigée vers moi, sa posture était calme, détendue, mais son visage raidi trahissait un profond dégoût à l'idée de me tirer dessus. J'allais lui obéir lorsque je me rappelais de la présence de Faggio, d'un coup mon arme se pointa sur le directeur. -Qu'est-ce que tu fous ? -On sauve Viktor ou je bute Faggio. -Ne joue pas à ça. Marco en veut autant à Vik qu'à toi, il mourra de toutes manières. -Est-il vraiment prêt à tuer notre cher Tommy ? Tout ça pour moi ? -Si tu le fais, je serais obligé de te descendre. La tension était palpable dans l'immense salle vide. L'arme de Taka braquée sur moi, la mienne sur Faggio. Le directeur était sur le point de se faire dessus, ses
membres tremblaient, son visage avait fondu, à ses pieds gisaient deux hommes morts. Dans mon dos, le potentiel troisième cadavre de la pièce se faisait silencieux, seule sa pénible respiration se laissait entendre. Mais en réalité, aucun son ne parvenait à mes oreilles autre que la voix de Taka. Ma vie était entre ses mains, tout comme son emploi était entre les miennes. Si je tirais, Saliego lui en voudrait à jamais de m'avoir laissé tuer ce directeur, mais il n'allait pas tirer le premier, il n'en avait pas le courage. -On va rester là encore longtemps ? -J'ai tout mon temps, Marco ne m'a pas donné de timeline. -Moi j'ai quelqu'un à sauver, alors si tu pouvais me laisser passer. -Ne bouge pas ou je tire. -Tu ne le feras pas Taka, sinon tu l'aurais déjà fait. -J'attends que tu me donne une raison, je déteste le gâchis. -Mais si je te donne une raison, le gâchis aura déjà eu lieu. Évidement, nous ne nous attendions aucunement à ce que l'autre tir, aucun de nous deux ne s'était préparé sérieusement à cette éventualité. C'était pourquoi je devais être celui qui tirait, c'était pourquoi j'ai tiré. J'ai vu Faggio tomber en arrière, la bouche grande ouverte et le front troué, une immense tache rouge se répandant sur sa peau. J'ai vu le sursaut de Taka quand le coup de feu a retentit, ce sursaut qui lui a fait rater son tir. Malgré la balle nouvellement ancrée dans mon épaule, je tint bon. Après une grande respiration, je tirais, la balle s'enfonça profondément dans la cage thoracique de mon ancien coéquipier. Le voyant s'écouler à son tour, je commençais par me demander ce que je venais de faire, mais l'entente d'un râle dans mon dos me fit revenir à la réalité, le temps était compté. Ignorant la douleur dans mon épaule, je récupérais le corps de Viktor avant d'entamer la traversée de cette mare de sang. Je n'osais pas regarder tous ces corps qui s'entassaient, toutes ces morts causées uniquement par mon désir de vengeance. Je n'eu même pas un regard pour Taka, je me contentais d'avancer, de passer la porte vitrée, de m'étonner de l'absence de policier, puis de déposer le corps de mon ami sur le siège passager de ma voiture. Alors que je prenais place sur le siège conducteur, je me rendis compte qu'aujourd'hui, par ma faute, plus d'une quinzaine de personnes venaient de perdre la vie, et ce uniquement pour me venger d'une simple prime. Étais-je vraiment ce genre d'homme ? Cette journée venait de le prouver. Voulais-je vraiment être ce genre d'homme ? Non, aucunement, mais avais-je réellement le choix ?
Tout en roulant vers la demeure du médecin, je me disait que je me haïssait. Jamais je n'avais commis pareille atrocité, jamais je n'avais tiré sur un de mes anciens coéquipier de mon plein gré, jamais je n'avais obligé un ami à courir vers sa perte. À côté de moi, l'expression désabusée de Viktor me rappelait à quel point je venais de tout détruire, à quel point j'étais une infâme créature. -Tu l'as trouvée ? Sortie de nulle part, sa voix me donna d'abord l'impression d'être le produit de mon imagination, mais lorsqu'il répéta la question, je fus forcé de constater que c'était bien Viktor qui venait de me parler. -Trouver qui ? -Jane... -La fille ? -La fille. -Non, je ne l'ai pas trouvée. Mais on n'a pas le temps, je dois t'emmener chez un médecin. -Si elle est morte... -Elle n'est pas morte, quelqu'un va la retrouver, garde tes forces et arrête de parler. -Faggio paiera pour ce qu'il a fait. -Il est mort Vik, il est mort. -Tu l'as tué ? -Comme beaucoup trop de gens aujourd'hui. -Marco ne va pas aimer... J'espère que tu cours vite, Mickey. Soudain, il laissa s'échapper un rire de sa bouche ensanglantée. Son aspect macabre était terrifiant, ce rire me fit froid dans le dos tellement il était malsain. Une sorte de ricanement sans joie, comme si il se moquait de ma situation, de notre situation. Et ce rire continua, comme un spirale, rien ne pouvait l'arrêter. Parfois, quand la crise devenait trop forte, Viktor crachais des gerbes de sang sur le pare-brise mais son rire continuait, une mélodie infernale et oppressante. Pendant ce temps là, j'essayais d'oublier la douleur qui me brulait l'épaule gauche, je ressentais la balle qui y avait élu domicile, je ressentais le sang qui s'écoulait par cette plaie béante, j'avais l'impression de tout ressentir et il n'y avait rien de plus affreux que ça. La douleur dans mon épaule, le rire sadique de Viktor, le bruit assourdissant du moteur, mes pensées vers toutes les morts que j'avais causé, je venais de tomber en enfer, c'était la seule explication possible, parce que si enfer il y avait, jamais il ne pourrait atteindre un tel niveau d'horreur.
Je me rendais compte que ma vie s'arrêtait là, par ma faute. J'avais tué Taka ET Faggio, si Saliego ne m'avait pas encore appelé, ce n'était qu'une question de minute, et là je comprendrais réellement le sens du mot "souffrance". Parce que malgré sa lâcheté apparente vis à vis des entreprises risquées, Marco était un homme des plus monstrueux lorsqu'il s'agissait d'insubordination. Il allait me téléphoner, me donner le nom d'un ami, puis me faire entendre le bruit du coup de feu qui allait mettre fin à sa vie. Tout ça en rigolant, puisque comme je l'ai dis, cet homme est incapable d'afficher une autre expression que l'amusement sur son visage, quelques soient ses émotions intérieures. Enfin j'atteignais le bord de mer, la lune avait commencé son ascension et se reflétait parfaitement dans les eaux obscures. Il ne me fallut ensuite plus que quelques secondes avant d'atteindre la maison du médecin. Oubliant la présence de l'allée prévue à cet effet, je me garais directement devant la porte avant d'appuyer violemment sur la sonnette. Tout en attendant, je me rendis compte que j'éprouvais des vertiges : la balle de Taka n'avait complètement raté sa cible. Soudain, Phil Stevens sortit de sa cachette en laissant la porte légèrement entrouverte, il me fallut quelques secondes pour retrouver le mot-de-passe que j'avais reçu quelques semaines auparavant mais malgré la douleur, je réussis. -Post-Sciptum. -Entrez. -Ce n'est pas pour moi... Il est dans la voiture. D'abord, il fut étonné de constater que je ne désirais pas de soins malgré mon état, ensuite, il fut outré de découvrir que ma voiture s'était garée sur ses platebandes, mais finalement, à la vue du corps de Viktor, il reprit tout de suite ses instincts de soignant. J'allais pour l'aider à porter le corps mais il me repoussa gentiment, m'assurant qu'il pouvait se débrouiller et que dans mon état, porter un poids n'étais pas la meilleure chose à faire. J'aurais protesté si je n'avais pas été d'accord avec lui, mais j'étais presque incapable de rester debout sans prendre appui sur la portière de ma voiture, j'en conclus donc qu'il avait raison. -Ça vous fera cinq cent dollars. -Euh... Très bien... Attendez... Ne pouvant plus utiliser mon bras gauche à cause de la douleur, je cherchais mon portefeuille de la main droite pour le poser sur le capot de la Mustang et y chercher des billets. À une main, l'activité se révéla laborieuse mais je finis tout de même par tendre au docteur la somme exigée. C'était incroyable de se dire que je l'avait retirée le
matin même, alors que la vie suivait encore son cours normalement. -Merci. Mais vous êtes sûr de ne pas vouloir d'aide ? -Je vais me débrouiller, vous, occupez vous de Viktor. -Comme vous voudrez. Il rentra le corps dans sa maison puis ferma la porte derrière lui, me laissant seul dans son jardin, complètement appuyé sur ma voiture. Autour de moi, le monde tremblait, mais je réussis quand même à prendre place derrière le volant. À partir de là, tout devint flou pendant un moment, aussi serais-je incapable d'expliquer de ce qui m'a permis de rester en vie. Le chemin du retour se déroula sans la moindre encombre, pas d'accident, pas de chocs, pas de perte de connaissance, pourtant mon sang se vidait lentement sur mon dossier et ma visibilité était presque inexistante. Je ne pris même pas la peine de me garer dans le parking. Pour la troisième fois, je prenais place juste devant l'entrée pour pénétrer titubant dans le hall de mon immeuble sous le regard affolé de la concierge. Avant qu'elle ne puisse poser la moindre question, je lui donnais mes ordres. -Sortez les gardes, à mon étage et à l'entrée. -Que se passe-t-il monsieur ? Voulez vous que j'appelle un... -SORTEZ LES GARDES ! On m'a assuré qu'il y en avait dans le contrat. -Oui mais... -Putain mais faites les venir alors ! Et ne restez pas là, ils arrivent. -Qui arrivent ? -Ceux qui ont fait ça. En disant cela, je lui montrais le rouge qui recouvrait désormais tout mon bras gauche ainsi qu'un quart de mon torse. Alors que je m'écroulais dans l'ascenseur, je la vis récupérer son téléphone de service et composer un numéro. La montée était longue, trop longue, chaque seconde je risquais de m'évanouir pour ne jamais me réveiller. Il fallait que j'atteigne mon appartement, il fallait que je ferme la porte derrière moi, là je serais en sécurité. Je regardais suppliant le numéro de l'étage grandir sous mes yeux, lui hurlant d'aller plus vite, même si les sons sortant de ma bouche devaient être incompréhensibles pour la plupart des personnes de cette planète. Lorsqu'enfin les portes s'ouvrirent, je voulus me relever mais je me rendis vite compte que mon seul bras droit n'avait pas la force suffisante. Je me contentais donc de ramper comme un vulgaire insecte, laissant une longue traînée sanglante sur le tapis. Dans un ultime effort, je levais le bras et tentais désespérément de faire tourner la clé dans la serrure avant de pouvoir pénétrer dans mon hall. De là, je fermais ma porte blindée et je rejoignis ma chambre, toujours en rampant.
L'effort me paraissait surhumain, chaque mètre que je parcourais m'arrachait le bras droit autant qu'il réveillait ma souffrance dans le gauche. Malgré ça, je continuais à avancer, pensant à tout ce que je risquais de subir si Saliego me mettait la main dessus. Enfin je passais l'entrebâillement de la seconde porte blindée, celle qui menait à ma chambre, et je me remerciais intérieurement d'avoir été aussi paranoïaque. Refermant la porte d'un coup de pied, je rejoignit ma salle de bain. Une fois dans l'ambiance tamisée et exotique de la pièce, je puisais dans mes dernières forces pour m'asseoir sur la cuvette des toilettes et sortir mon téléphone de ma poche. De là, j'intimais à Leslie l'ordre de ne pas rentrer à la maison ce soir, sans lui donner la moindre explication ni le droit de m'en demander. Après quoi je me contorsionnais au maximum pour atteindre le placard et, par la même occasion, ma trousse de secours. Le contenue de cette dernière se retrouva vite répandu sur le sol après un geste maladroit de ma part. Me sentant partir, je m'empressais de chercher parmi les objets des outils suffisamment fin pour extirper la balle de ma plaie, non sans lâcher plusieurs cris de douleur. Ça me semblait tellement irréalisable que je finis par perdre toute motivation, me contentant d'enrouler trois épaisseurs de bandages autour de mon épaule dans l'espoir que ça apaiserait mes maux. Je me dépêchais alors de rejoindre à nouveau ma chambre où je me laissais tomber sur le lit. Couché comme ça, je sentais peu à peu mes vertiges s'estomper, mais je devais lutter pour ne pas m'évanouir. Le calme avait pris le contrôle de ma pièce, il n'y avait plus d'autre son que celui de ma respiration saccadée. Je regardais avec attention ma porte blindée, comme si je pouvais la renforcer en l'observant. Soudain, mon téléphone se mît à sonner. Je restais pétrifié d'horreur pendant que ce bruit criard se répétait en boucle, résonnant contre les murs. Finalement, je réussi à le sortir de ma poche puis je m'empressais de regarder le nom du destinataire. C'était lui.
Chapitre 48 : Pourquoi ? Cette conversation, je ne sais pas si j'aurais le courage de la retranscrire, elle est le dernier rempart entre ce livre et moi, la dernière petite miette de temps qui me différencie de l'homme dont je suis en train de raconter l'histoire. Mais pourtant, j'ai l'obligation d'aller jusqu'au bout, j'ai encore du temps avant d'atteindre l'aéroport, alors je vais terminer tout ça. Quand je quitterais ce taxi, j'en aurais fini avec ce carnet, j'aurais tout couché sur le papier. Même après avoir regardé le nom de celui qui tentais de me joindre, je ne réussis pas instantanément à décrocher, c'était un bien trop grand supplice. Je savais pertinemment ce qui allait se passer et j'étais au courant que jamais je ne m'en remettrais. Ce que je savais aussi, c'était que si je ne répondais pas, je perdais toutes mes chances de mettre un terme à cette tuerie. J'avais entre mes mains le pouvoir de tout arrêter, simplement en me livrant. J'étais bien trop égoïste pour me sacrifier mais j'étais suffisamment naïf pour me persuader du contraire, alors je décidais d'entamer cette funeste conversation. -Michael ! Alors, comment ça va ? Un ton à la fois sérieux et amusé, voilà ce qui s'entendait dans la voix de Marco. C'était impossible me direz-vous, alors sachez que quand la mort vous parle, rien n'est impossible. -Écoute Marco, je.... -Non, non, non. Ne parle pas, contente toi de répondre à mes questions. Tout d'abord, ai-je déjà menacé un homme sans être en mesure d'appliquer mes menaces ? -Non. -Quand je dis qu'un homme est mort, est-ce déjà arrivé qu'il soit en vie ? -Non. Je savais ou il voulait en venir, mais il n'avait pas besoin de me persuader, j'étais déjà au courant de son honnêteté. Tout ce que j'attendais, c'était d'entendre le nom de celui qui allait mourir par ma faute. -Très bien, dans ce cas une autre question : As-tu tué Tommy Faggio et Taka ? -Oui. Pas de mensonges, jamais de mensonges. Le mensonge, quand celui à qui on s'adresse connait la vérité, est le meilleur moyen de perdre tout son respect. Si je voulais avoir une chance de sauver son otage, je devais être irréprochable.
-Michael, Michael, Michael. Tu peux m'expliquer pourquoi tu as fait ça ? -Taka me menaçait, c'était lui ou moi. -Et pourquoi te menaçait-il ? -Parce que vous lui aviez demandé. -Non mais quels actes de ta part ont justifiés ces menaces ? -J'ai tué les gardes du corps de Faggio. -FAUX ! Son cri me glaça le sang, c'était de la colère que je venais d'entendre, pour la première fois Saliego laissait s'exprimer sa colère. Et c'était contre moi qu'elle se dirigeait. -Je voulais tuer Faggio. -Je préfère ça. Mais pourquoi vouloir tuer cet homme ? -Il avait mis une prime sur ma tête, il avait essayé de me tuer. Encore une fois, c'était lui ou moi. -Et tu ne pouvais pas m'appeler avant ? Me demander de l'aide, ou au moins mon avis ? -Si. -Pourquoi ne l'as tu pas fait, dans ce cas ? -Je ne sais pas. -Tu ne sais pas ? TU NE SAIS PAS ? Tu veux dire que mon meilleur homme est mort pour une raison inconnue de son meurtrier ? Tu veux dire que j'ai perdu un casino à cause d'un homme qui ne sais pas pourquoi il a agit ? -Oui. J'étais pitoyable, comme un enfant qui se faisait gronder. Je n'osais pas riposter, je n'osais rien dire. Toute mon attention était centrée sur l'attente du nom de cet homme qui allait perdre sa vie à cause de mes erreurs. -Michael, avant que tu n'arrives, je gérais l'unique organisation illégale de la ville. J'avais un agent immobilier qui m'achetait des propriété à des prix négligeables pour mes établissements, j'avais un allié puissant qui me rapportait des millions chaque semaines. J'avais l'ambition de devenir propriétaire d'un casino, j'avais un homme de main qui était capable de tout, pour peu que je lui donne sa paye, et toi tu as tout gâché ! Tu es un monstre Michael, pire que Faustin, tu te cache derrière une façade de bienveillance pour détruire le monde des autres. Il n'y avait pas de question, alors je ne répondit pas, je me contentais d'attendre. J'aurais pu lui faire remarquer que Faustin allait le trahir même si je n'avais pas été là, mais contrer ses arguments ne me semblait pas une bonne idée. Je restais simplement couché sur mon lit, regardant le plafond, le téléphone
collé contre l'oreille et attendant la prochaine phrase de mon interlocuteur. -Tu sais quoi Michael ? J'ai l'intention de ta faire souffrir autant que tu m'as fait souffrir, ensuite je viendrais te tuer. Ce ne sont pas tes gardes d'ascenseurs qui vont gêner mes hommes, n'espère pas t'en tirer grâce à ta pitoyable sécurité. Mais en attendant ta mort, je t'ai préparé quelques jolies cadeaux. Tu as tué Faustin, Faggio et Taka, en tout directement ce sont les seuls personnes importantes dont tu as le sang sur les mains. Ça fait trois, alors je me propose de me salir les mains avec le sang de trois personnes à mon tour. Bien-sûr ces gens ne te sont d'aucune utilité, donc dis toi que ton châtiment est moins horrible que le mien. Ils ne sont pour toi que des relations, pas des gens qui t'aident à soutenir ton business. J'avais cessé d'écouter dès lors que le "trois personnes" était sorti de sa bouche. Je me sentais partir, la douleur dans mon épaule s'était soudainement réveillée, les larmes commençaient à couler sur mes joues avant même que la liste des noms n'ai été donnée. -Alors, commençons. D'abord, j'ai pris une personne que tu apprécie sans pour autant la classer dans tes meilleures amies. Si elle meurt, tu pourra te dire que c'est toi qui l'a embarqué là dedans, qu'elle ne méritais pas ça, que c'était simplement ta faute. Accueillons Andréa Flores ! Tu t'en fous hein ? Elle ne compte pas pour toi ? Parfait, j'ai mieux. Un ami d'enfance, presque de naissance en fait. Vous avez vécu tellement de trucs ensemble, tout du moins jusqu'à ce que tu ne le quitte pour refaire ta vie ailleurs. J'ai bien nommé Nick Fear ! Mais si voir un ami mourrir ne te chagrine pas, ce qui ne m'étonnerait pas de toi, que dirais tu de voir un ami souffrir ? Tu sais ce qu'on ressens quand l'être aimé meurt ? Moi non plus, tu pourras demander à ta punk. Évidement, quand je dis "être aimé", je parle bien de Jenna Soundy ! Alors, je commence par qui ? Je n'en pouvais plus, je devais prendre l'air, raccrocher, me suicider, tuer quelqu'un, vomir, me mutiler, sauter par la fenêtre, faire quelque chose ! Je me levais de mon lit en tremblant, puis je traversais la distance qui me séparait de la fenêtre de ma chambre. Je l'ouvrais et passais ma tête au dehors, sentant le vent se jeter sur moi, voyant la ville briller sous mes yeux, sentant mes larmes tomber les dizaines d'étage pour finalement atteindre le caniveau, tout en bas. -Qu'est-ce que tu veux Marco ? -Je veux que tu sortes ! Je veux que tu vienne dans le hall, que tu ne m'oblige pas à causer un autre massacre.
J'hésitais, ma mort était écrite quoi qu'il arrive, mais si je me rendais je perdais l'espoir de survie. Je ne pouvais pourtant pas les laisser mourrir juste pour garder quelques minutes de répit. Mais en me livrant, rien ne garantissait la survie de mes proches, rien ne m'assurait qu'ils resteraient en vie. Dans cette situation, tout se basait sur l'espoir. Un groupe devait mourrir pour laisser à l'autre une minuscule chance de s'en sortir. -Alors ? J'attends ta reddition ! -Non ! Je ne descendrais pas. -Merdeux jusqu'au bout, hein ? Pas grave, tu mourras quoi qu'il arrive. Donc par qui commençons nous ? Je n'avais pas de réponse à donner. Si je donnais un nom, alors je jugeais la valeur des vies, et c'était inconcevable, si je lui disais "comme tu veux", je donnais l'impression de n'en avoir rien à foutre. Je laissais donc le silence planer, tout en observant une dernière fois la beauté chimérique de cette ville depuis ma fenêtre. En dessous, si je sautais, je tombais sur un escalier extérieur. Je ferais une chute de plusieurs mètres, je n'étais pas sûr d'y survivre avec mon épaule endolorie, mais ça allait bientôt devenir ma seule option. -Pas de réponse ? Très bien, Andréa. Je compte jusqu'à combien ? Dix ? Cinq ? Trois ? Zéro ? Pas le temps de répondre, le coup de feu avait déjà retentit, l'instant suivant, je hurlais comme un dégénéré, sous les regards outrés des habitants de l'immeuble d'en face qui avaient été réveillés par mes cris. Andréa était morte, je l'avais sauvé une fois sans vraiment le vouloir, mais je l'avais tué en parfaite connaissance de cause. Elle n'avait pas vingt-cinq ans et déjà, sa vie était partie. Une rencontre fortuite devant le QG du 18st, voilà la cause de tout ça. Le putain d'hasard l'avait buté, juste parce qu'il nous avait fait nous croiser une fois. La mort n'avait plus le moindre sens, elle n'avait aucune raison de mourrir, jamais elle n'avait vu Marco durant toute son existence et c'était lui qui la tuait. À cause de moi. -Une sur trois, tu veux choisir le prochain ? Ou la prochaine, je ne fais pas de sexisme. Je pense que non, tu n'as pas les couilles de décider, je vais le faire moi même, prenons Jenna, le meilleur pour la fin comme on dit. Qu'est-ce qu'elle va penser Lucy quand elle va voir que sa femme est morte, juste parce que tu ne voulais pas assumer les conséquences de tes actes ? Hein ? Tu crois qu'elle va apprécier ?
En tout cas elle a chopé un bon morceau. Il va falloir qu'on m'explique ce qu'elle lui trouve à cette punk, parce que là on est en face d'un produit haut de gamme. Tiens Mickey, on va peut être lui demander, ce sera sans doute notre dernière occasion. Je n'entendis plus rien d'autre que des petits grésillements pendant plusieurs secondes puis enfin la voix de Saliego revint, suivie de près par la réponse de Jenna. -Qu'est-ce tu lui trouve à ta salope de femme ? Hein ? -Elle a des couilles, pas comme toi ! -Une lesbienne qui aime les couilles ! Étonnant, n'est-ce pas ? -Va te faire foutre. -Ho ! Quel vilain langage ! Dis, tu sais pourquoi tu meurs ? -Non. -Parce que cet homme qui est au bout de ce téléphone n'a pas respecté mes ordres. -Je vais mourrir parce qu'un de vos hommes ne vous respecte pas ? Je suis désolé de vous dire que vous êtes une énorme victime ! Malgré le tragique de la situation, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire. Si ça ne m'était pas apparu lors de notre première rencontre, je comprenais désormais ce que Lucy trouvait à cette femme. -Je ne savais pas que c'était les victimes qui tiraient... M'enfin, peu importe. Au revoir chérie ! J'eu un instant d'hésitation, puis je hurlais "NON, ATTENDS" mais c'était déjà trop tard, la balle était partie et Jenna venait de nous quitter à son tour. La plus innocente des trois otages était partie. Je venais de laisser mourir deux personnes pour sauver ma propre vie, je considérais donc mon existence comme plus importante que la vie de deux personnes. Y avait-il plus grande preuve d'égoïsme ? En réalité, ce qui me rendait le plus triste, c'était Lucy. Comment aurais-je réagi si j'avais appris qu'elle avait tué Leslie pour sauver sa vie ? Non, pire encore, comment l'aurais-je pris si elle avait tué Sarah lorsque nous étions encore en couple, dans le seul but de rester en vie quelques minutes de plus ? Je ne valais plus rien, je me haïssais encore plus que je ne haïssais Marco. Si je restais plus longtemps à cette fenêtre, je risquais de mettre fin à ma vie. Je décidais donc de rentrer et de reprendre place sur mon lit. -Marco, je me rends ! C'est bon ! -Ah ? Eh bien... Non ! Vois-tu, j'aime finir ce que j'ai commencé. Donc... Trop tard ! Tu mourras quoi qu'il arrive, et la vie de Nick ne vaut pas juste quelques
minutes, donc à moins que tu ai mieux à m'offrir... -J'ai ! Qu'est-ce que tu veux ? -Oh mais rien. C'était simplement une tournure de phrase... Au revoir Nick, à tout de suite Mickey ! Un coup de feu, puis il raccrocha. Là, je compris que c'était fini. Mon histoire s'arrêtait là, avec toutes ces morts. Une immense boucherie dans laquelle je serais la dernière victime. Je n'arrivais même pas à être triste pour Nick tellement tout se mélangeait dans ma tête. C'était bien trop irréel pour être compréhensible, ça n'avait aucun sens, aucune explication rationnelle. Ce jour avait vu couler énormément de sang, et il n'était pas fini. J'allais souffrir, dans les prochaines heures j'allais perdre ce qu'il me restais d'humain, j'allais devenir complètement fou sous la douleur. Saliego ne me tuerait pas, ça semblait si évident maintenant. Il ne tuait que les intermédiaires, mais j'étais sa cible. Ce que j'allais vivre serait bien pire que la mort, et même si je resterais en vie, jamais je ne serais le même. Je ne pouvais pas accepter de disparaître ainsi, je ne pouvais pas être réduit à néant. Il fallait que je me libère, il fallait que je relâche toute cette souffrance qui ne souhaitait rien d'autre que d'exploser. Je savais comment faire pour ne pas être supprimé, je savais comment tenir après ma mort : J'allais tout écrire, tout résumer, de mon arrivée ici à ma mort future. J'allais tout coucher sur le papier et j'allais trouver un moyen de le publier, un moyen de dénoncer ces atrocités, et si ça ne marchait pas, j'espérais au moins trouver un moyen de me comprendre moi-même.
Chapitre 49 : Passé Tiré de mon sommeil par les premiers rayons d'un soleil matinal, je lâchais un grognement fatigué. Gardant les yeux fermés, je tirais un partie de la couverture vers moi pour profiter du confort de mon lit. Dans le silence de la chambre, j'entendais le souffle léger de ma femme. La maison était encore calme, j'étais le premier à m'être réveillé. Lorsque j'eu acquis la motivation nécessaire, j'entrouvris un œil pour regarder l'heure sur mon réveil : huit heure vingt-sept. Je refermais mon œil et me mît à attendre, ne pensant à rien. Il n'y avait rien dont je pouvait me soucier, comme chaque matin, je me sentais libre, libre et heureux d'être libre. Je tournais sur moi même pour changer de côté, de façon à pouvoir observer le visage de Sarah. Ses traits paisibles, son sourire innocent, tout était apaisant chez elle. Cela pouvait paraître étrange mais j'aimais la regarder dormir, c'était quasiment les seuls moments où elle ne semblait pas épuisée par son travail. Dans ces moments là, je n'avais pas honte d'être avec elle, parce qu'elle avait l'air heureuse. Quand, le soir, elle passait des heures à taper du texte sur son ordinateur et que moi, je jouais avec Lily, rien ne pouvait me faire plus culpabiliser. Je passais plusieurs minutes à la regarder avant qu'elle ne se réveille à son tour. Dès qu'elle m'aperçut en face d'elle, elle se mît à sourire. -Bonjour, et joyeux anniversaire. C'était mon anniversaire, je l'avais complètement oublié. En fait, j'avais passé cinq ans sans jamais le fêter, et même si je vivais avec Sarah depuis presque huit ans, je n'arrivais toujours pas à m'habituer à cette fête. -Bien dormi ? -Très bien, et toi ? -Parfait. -Alors, qu'est-ce que ça fait d'avoir vingts-neuf ans ? Tu ne te sens pas trop vieux ? -Tu le sauras dans deux ans. Mais je vois pas vraiment la différence. Elle déposa un court baiser sur mes lèvres avant de regarder par dessus mes épaules pour voir l'heure. Elle revint ensuite à moi et me regardât fixement dans les yeux. -Je t'ai préparé tout un programme, et ça commence maintenant. Sans que je n'ai le temps de poser la moindre question sur la nature de ce
programme, elle venait déjà se coller à moi. Elle m'embrassa puis fit descendre ses lèvres le long de mon cou, pour ensuite glisser sur mon torse. -Tu crois pas qu'on devrait verrouiller la porte ? -Non, c'est bon, elle ne se réveillera pas avant neuf heure. -Je n'en suis pas si sûr. -Arrête de te créer des problèmes et laisse toi faire. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle refusait que j'aille fermer la porte mais ça n'avait pas d'importance : elle venait d'atteindre sa cible. Je fermais les yeux et déposais mes mains sur ses cheveux, profitant de ce moment. Sa bouche entamait son mouvement de va-et-vient tandis que je me laissais porter par le plaisir qu'elle me procurait. Ses mains se baladaient sur mon torse, caressant mes pectoraux et me provoquant des frissons. Ne voyant rien, immobile sur le lit, c'était désormais Sarah qui prenait le contrôle de mon corps. C'était elle qui me provoquait ce bonheur, elle qui me faisait respirer légèrement plus vite, elle qui m'excitait comme un fou. Sentir ses cheveux entre mes doigts était comme une drogue, je les laissait s'enrouler, je jouais avec, c'était une manière de ne pas rester complètement inactif. Finalement, ses lèvres rompirent le contact et je rouvris les yeux. Elle remonta vers moi, se passa le bras sur sa bouche, puis m'embrassa cette fois-ci langoureusement. Tout en continuant son baiser, elle passa une jambe de chaque côté de mon corps avant de descendre son bassin sur mon membre encore levé. Elle souleva et rabaissa ensuite ses hanches à un rythme régulier, arrêtant l'embrassade pour pouvoir me regarder en face, le sourire aux lèvres. -On devrait vraiment fermer cette porte... -Tu n'es pas drôle Mike, c'est le danger qui rends tout ça plus amusant. -Le danger que Lily nous voit en train de baiser ? -C'est ça. Et puis si elle nous voit, elle ne comprendra pas. Alors que si on ferme à clé, elle aura des doutes. -Si tu le dit. Je l'embrassais à mon tour avant de reposer ma tête sur l'oreiller pour regarder son visage se raidir petit à petit. J'attrapais sa poitrine qui se balançait et la serrais entre mes mains. Elle me regarda faire puis vint placer ses mains sur les miennes, comme pour m'empêcher de lâcher ses seins. Son souffle devenait saccadé lorsque soudain, des bruits de course retentirent dans la maison. Sarah stoppa immédiatement ce que nous étions en train de faire pour venir se coucher à côté de moi en riant. -Tu vois ? Elle arrive...
-T'en fais pas, on finira ça plus tard. Je remontais en vitesse mon caleçon tandis que ma femme enfilais à la va-vite sa nuisette posée sur la table de nuit, juste en dessous de la lampe. À peine nous étions nous habillés que déjà la porte s'ouvrait. Lily fonça à toute vitesse dans la chambre et sauta sur le lit pour venir se placer entre nous deux. Elle affichais toujours ce petit air coquin et son visage était resplendissant alors que Sarah et moi la regardions avec bienveillance. -Bon anniversaire papa ! -Ah bon ? C'est mon anniversaire ? Tu es sûre ? -Oui, t'as pas oublié quand même ? -Mais non j'ai pas oublié. Je la pris dans mes bras et la portais pour qu'elle ne touche plus le sol, le tout alors qu'elle éclatait de rire. -Tu me donne mon cadeau sinon je te fais jamais redescendre ! -T'es même pas assez musclé. -Ah tu crois ça ? Tu vas voir c'que tu vas voir ! Je la faisait aller dans tout les sens, provoquant des crises de rires incontrôlées de mon côté comme du sien. À sa place j'aurais sans doute déjà eu envie de vomir étant donné toutes les figures que je lui faisait faire mais elle semblait adorer ça et n'éprouver aucune gêne. -Alors, qui c'est qu'est pas musclé ? -C'est toi ! Je fis semblant d'être choqué devant son insulte et je sortis du lit pour la déposer en haut de notre placard, là où elle n'avait aucune chance de redescendre toute seule. -Mes excuses et mon cadeau, sinon je te laisse là haut. -T'es pas cap, dans bientôt tu viendras me chercher. -"Dans bientôt" hein ? Bah c'est ce qu'on va voir. On va petit déjeuner Sarah ? Je me retournais vers l'avocate qui était restée dans le lit pendant toute ma séance de pression. Elle nous avait regardé en souriant mais j'avais l'impression qu'il y avait plus que ça dans son regard, autre chose que de la joie... Mais peutêtre que je m'imaginais des choses. Sarah sortit donc du lit et se dirigea vers la porte. J'avais craint un instant qu'elle ne se prenne pas au jeu et qu'elle fasse descendre la petite, de peur qu'elle saute et se blesse en tombant. Je lâchais un rire moquer à l'adresse de Lily alors que nous sortions de la
chambre pour l'y laisser seule. Nous avions presque atteint l'escalier qui menait à la cuisine quand elle déclara sa reddition. -C'est bon ! Je suis désolée. -Et mon cadeau ? -Il est dans ma chambre. -Parfait, du coup je peux te laisser là haut ? -Mais non ! Je souris en entendant sa protestation et je retournais dans la chambre pour la faire descendre de son perchoir. Une fois au sol, elle courut vers le couloir comme si elle avait de l'énergie en trop à dépenser. Je pris sa suite et descendit lentement à la cuisine où les deux femmes de la maison m'attendaient déjà, assise autour de la table. Lorsque je pris place en leur compagnie, ce fut Sarah qui commença à parler. -Tu veux tes cadeaux tout de suite ou après le petite déjeuner ? J'allais faire semblant d'être patient en proposant "après" mais en voyant l'excitation dans le regard de ma fille, je me dis que la faire attendre encore plusieurs minutes relèverait de la torture. -Tout de suite, pourquoi pas ? Alors, on commence par qui ? Évidement, la question était réthorique. Lily ne laissa même pas à sa mère le temps de répondre que déjà elle me tendait son dessin, parce que c'était bien un dessin qu'elle m'offrait. Mais si tous les parents avaient pour habitude de faire semblant d'être impressionnés pour ne pas blesser leurs enfants, moi j'étais réellement bluffé par le talent de ma fille. Tout d'abord, il faut savoir que c'était moi qui était dessiné sur ce bout de papier, mais ce qu'il y a surtout à comprendre, c'est qu'on pouvais m'y reconnaître. Elle avait fait mon portrait et nous étions loin des deux points pour les yeux accompagnés d'un sourire, non là j'avais l'impression d'être face à une version simplifiée de ma tête. Le nez, les cheveux, les yeux, tout y était, enfin suffisamment pour que n'importe qui puisse comprendre que c'était moi. Il n'y avait bien-sûr ni rides, ni ombres mais de la part d'un enfant de six ans, c'était on ne peut plus impressionnant. Son cadeau était vraiment fabuleux, parce qu'il me rappelait que ma fille était vraiment douée pour quelque chose, qu'elle avait un don, et ça c'était le plus beaux cadeau que l'on puisse faire à son père : le rendre fier. Même si elle devait être visible sur mon visage, je ne put m'empêcher de montrer ma reconnaissance en serrant ma fille dans mes bras, l'embrassant sur
la joue. -Il te plait ? -Il est vraiment magnifique. Promet moi que jamais tu n'arrêteras le dessin, parce que tu as un don. -C'est promis. Après avoir cessé l'étreinte, je tendis le dessin à Sarah qui le regardât avec au moins autant de joie que moi. Je cru même voir une larme perler sur son œil droit, mais là encore il m'était impossible d'en être sûr. -Impressionnant ! Et tu as mis combien de temps pour faire ça ? -Plein de jours ! Au début je l'ai fait sur un papier, mais je gommais tout le temps parce que c'était moche, alors à la fin il était pas beau parce que y'avais de la gomme partout. Après pour qu'il soit beau, je l'ai décalqué sans les traces de gommes et puis je l'ai recalqué sur le papier. J'étais encore plus impressionné par son ingéniosité que par son talent au dessin. Étais-ce la réaction de n'importe quel père ou avais-je fait naître une génie ? La première réponse me paressait plus réaliste mais les faits étaient là : ma fille était douée. -À maman maintenant ! Sarah sourit devant la demande de sa fille, encore fière des réactions provoquées par son dessin. Elle récupéra une petite boîte qu'elle avait posé jene-sais-où et me la tendit précautionneusement. Par sa taille, je devinais qu'il s'agissait d'un bijoux, sans doute une bague, mais je retins ma déception. Avec tout ce qu'elle m'offrait jour après jour, je ne pouvait pas bouder simplement à cause d'un cadeau d'anniversaire décevant. J'ouvrais lentement la boîte avec une certaine anxiété et là, je n'en cru pas mes yeux. Pendant quelques secondes, je restais incapable d'émettre le moindre son face au présent de ma femme. -T'es pas sérieuse ? -Si ça ne te plait pas, je peux la ramener. -Oh bord... de mer. Mais... On a les moyens ? -Est-ce que je suis du genre à acheter au delà de nos moyens ? Tu as toujours dit que c'était handicapant de toujours devoir prendre la taxi donc je me suis dis que... -Je t'aime, chérie je t'aime. Lily détourna immédiatement le regard quand elle comprit ce qui était en train de se passer. Son geste m'aurait fait rire si je n'avais pas eu les lèvres collées à celle de Sarah, ne réussissant toujours pas à réaliser que je venais de recevoir
une BMW pour mon anniversaire. -T'es complètement folle. -Effectivement, je suis folle de toi. -C'est la première fois que tu me sors un truc aussi cliché. -J'avais l'impression que ça rendrait bien dans la conversation, et puis tu n'as plus le droit de me critiquer pendant au moins trois mois après que je t'ai offert ce cadeau. -Sinon quoi ? -Oh, je trouverais bien. Je trouve toujours. Dans un geste hésitant, Lily se tourna à nouveau vers nous pour vérifier que nous avions finit nos effusions amoureuse, puis elle quitta sa chaise pour se placer derrière moi et observer mon cadeau. -C'est quoi ? -C'est une clé. -On dirait pas. -Une clé de voiture. -Tu vas faire quoi avec une clé de voiture ? -Je suppose que j'ai aussi la voiture... N'est-ce pas Sarah ? -Ah Mince ! C'est ça que j'ai oublié... Je me disais bien qu'il y avait un problème, je suis tête en l'air parfois... Je souris devant sa réaction avant de me lever pour aller me préparer mon petit déjeuner. J'apportais des tartines et différents pots de confitures à la table pendant que Sarah s'occupait des verres et des boissons. Quand la table fut mise, j'éloignais mes cadeaux de la cuisine pour éviter d'éventuelles catastrophes. Ensuite, je pris place en face de ma femme et on commença tous à manger. -Alors, c'est quoi le programme de la journée ? -À midi, on mange léger dans un petit restaurant, ensuite on t'emmène au racing, après quoi on va soit au cinéma, soit faire les magasins selon ce que tu préfère. Le soir, j'ai fait garder Lily par Anastasie, on pourra manger rien que tout les deux dans un restaurant surprise. Après, je te laisse choisir ce qui se passera quand on rentrera. Elle me fit un clin d'œil en souriant et je tournais mon regard vers Lily pour voir si elle avait compris ce qui se passait, mais la petite était absorbée corps et âme dans le tartinage de son pain grillé. J'allais ouvrir mon pot de Nutella lorsque j'entendis mon téléphone sonner dans ma chambre. Après m'être excusé auprès de Sarah, je courut en haut le plus rapidement possible pour décrocher avant que celui qui m'appelait ne perde
patience. -Allo Mike, ici Kyle. Je t'reveille pas j'espère ? -Nan, c'est bon, t'inquiète. Simplement si t'as quelque chose à me dire, dépêche parce que je suis en famille là. -Ok, bon déjà j'voulais te souhaiter bon anniversaire. -Merci. -Et j'ai un truc pour toi. En entendant le ton de sa voix, je compris immédiatement de quoi il voulait me parler et je lâchais un soupir d'exaspération. -C'est non, encore une fois je refuse. -Allez mec, c'est du tout-cuit. Un demi-million par personne et zéro risques. -Je t'ai dit que non, j'ai arrêté. -Putain Mike. Ça te démange pas ? Quand tu nous raconte ton passé ça se voit que tu rêve d'y retourner. -Mais si je vous le raconte, c'est pas pour que vous l'utilisiez contre moi. J'ai pris ma retraite mec, ma vie est géniale et j'ai pas l'intention de la gâcher. -T'en a pas marre de vivre aux crochets de ta meuf ? Là, il touchait un point sensible. C'était vrai que je culpabilisait de ne pas participer aux dépense familiales. Le fait qu'elle m'ait acheté une voiture n'arrangeait rien à l'affaire : j'avais vraiment l'impression de me faire entretenir. -Ça ne la gêne pas, donc... -Mouais, mais t'aimerais pas rentrer le soir, lui offrir une magnifique bague et pouvoir te dire "c'est moi qui l'ai payé"? Ça te fait pas chier de recevoir des cadeaux sans jamais lui en faire ? Mec, ce que je t'offre, c'est ce qu'elle gagne en quatre ans, et tu vas te les faire en une putain de journée ! T'imagine ? -Et comment je les justifie moi ? -On se demerdera, pense juste à son sourire quand tu la couvrira de cadeaux. Bordel, t'es un mec bien Mike, tu peux pas rester comme une larve à t'occuper de ta fille. -Je sais pas ... C'est vraiment un gros risque.... -Mais nan ! J'te dit, zéro risque. Endroit calme, pas de gardes, masse de thune. On rentre et on sort et bim, on est riches. -J'en sais vraiment rien Kyle, ça se fait pas pour elle tu vois ? Je lui ai promis que c'était fini.. -Un dernier coup, tu redeviens toi une dernière fois. Tu te fais de l'argent, t'entretiens ta meuf, et puis au pire tu fais semblant que t'as monté ta boîte et qu'elle marche. Enfin tu feras un truc et l'argent coulera à flots, elle sera folle de toi. Les meufs kiffent les mecs qui réussissent, moi j'te le dis !
J'étais tiraillé entre ma promesse et mon envie d'être plus qu'un simple babysitter. J'avais l'occasion de devenir plus à ses yeux, je pouvais perdre cette image de loque humaine juste bonne à s'occuper du ménage et de la cuisine. Je pourrais retrouver une place dans la société si je gagnais cet argent. -Quand ? -Là j'te reconnais mon pote ! Putain, je bande ! On va faire un coup avec Michael Da Silva ! -Dis moi quand et où, après raccroche. -On se retrouve devant le Majestic à 10h lundi. Le plan est déjà préparé, tu verras, on va tout détruire ! Il avait raison, on a tout détruit, même ma vie... -------------------------------------Le taxi s'arrête et je le quitte, j'ai peur pour mon avenir. Je me demande ce qui va se passer ensuite, comment je vais faire pour survivre après ce qui vient de se passer, mais je garde espoir. J'aperçois Leslie dans la foule et me précipite vers elle. Il n'y a pas d'explication à donner, elle comprends tout rien qu'en me voyant. Nous allons quitter cette ville, il le faut et elle le sait. En temps normal, prendre un billet d'avion au dernier moment n'est pas chose aisée, mais avec plusieurs millions, on arrive toujours à résoudre les problèmes. Cette nuit, nous partons vers Londres, choix ironique quand on sait que celle qui me l'a proposé, c'est celle qui aura le plus à souffrir de cette nuit. Je passerais les détails de mon enregistrement pour arriver directement à ce moment où je m'assois sur le siège de l'avion, regardant pour la deuxième fois cette ville rétrécir à travers les hublots. J'étais un lâche, tout comme la dernière fois je fuyais, mais cette fois-ci, le lâche était doublé d'un monstre. Il y a dix ans, j'avais quitté cette ville pour me refaire une vie, oublier le passé. Cette fois-ci, je fuyais purement et simplement la colère de Saliego. Cette fois-ci, je laissais une traînée de cadavres dans mon dos. Cette fois-ci, si je revenais, je ne serais plus un anciens héros, je serais un homme que tout le monde déteste pour une raison différente...
Chapitre 50 : Présent ''À l'heure où j'écris ces lignes, je me demande encore ce qu'elles signifient. S'agit-il d'aveux ? D'une libération pour moi ? Est-ce qu'écrire tout ça sur le papier me fait un quelconque effet ? Donner le nom de tout ceux qui ont pourri ma vie va-t-il me faire me sentir mieux ? Vais-je réussir à les faire enfermer ? Non, ça paraît évident. Si quelqu'un les trouve, ce seront ceux qui sont en train de massacrer les gardes dans le couloir. En sachant que ma vie touche à sa fin, je regarde avec fierté les murs décorés de ma chambre. Pourtant, ai-je vraiment une raison d'être fier ? Ce n'est pas moi qui ait bâti cette chambre, je n'ai fais que l'acheter. Ce n'est pas moi qui ai gagné l'argent pour l'acheter, je n'ai fait que le voler. Les gens a qui je l'ai volé n'étaient pas des mauvaises personnes, ils n'étaient pas des monstres, je n'avais aucune justification pour commettre ces vols. En fait, cet appartement devrait me rendre plus honteux que fier mais j'ai pris l'habitude de faire abstraction des atrocité que j'ai commise, sans ça je me serais déjà suicidé. Je vois sans doute ces lignes comme une absolution, comme si je me confessais à cette feuille. Mais pourtant, je sais très bien que cette dernière sera réduite en cendres dans les prochaines minutes. Les hommes qui arrivent n'ont pas l'intention de laisser ces accusations à la portée de la police. Je sais que bientôt, je ne vivrai plus. On ne va pas me tuer, mais la vie ne continuera pas pour autant, je ne serais plus qu'une ombre dans un corps lâche et sans motivations. Bientôt, même mon nom ne signifiera plus rien pour moi, c'est pour ça que j'écris tout ça, pour demeurer quelqu'un après ma disparition. Alors que j'entends les bruits de l'autre côté de la porte, je me remet à la narration de cette histoire qui est la mienne. Mon stylo glisse de plus en plus vite sur les feuilles. Je me demande ce qui va mourrir en premier ? Ma réserve de papier, mon stock d'encre, ou moi ? J'espère sincèrement que je pourrais finir avant qu'ils n'entrent. Et pourtant je sais que c'est sans espoir, ils sont déjà dans mon salon, je les entends, ils essaient de forcer la porte du couloir. Je n'ai toujours pas trouvé de raison à cette entreprise, je ne sais toujours pas pourquoi j'écris. Sans doute pour coucher sur le papier ce que je ressens, cette vie que j'ai traversé. Peut être pour prévenir d'autre personnes qu'il ne faut pas faire les même erreurs que moi. C'est drôle de se dire que je vais mourrir, tué par des hommes que j'ai aidé durant la quasi totalité de ma vie. Les seuls qui pouvaient parler de moi après
ma mort sont ceux qui me détestent le plus. Ce qui m'ont apprécié, ceux que j'ai apprécié, pour la plupart, ils ne sont plus. Est-ce ma faute ? Oui. On les a tué parce que j'étais là. C'est donc à eux que je dédis ce texte, peu m'importe qui le lira, je veux qu'il pense à ces hommes et à ces femmes qui sont morts à cause de ma simple présence. Je n'ai plus beaucoup de temps, la porte cédera d'une seconde à l'autre. Je regarde ma fenêtre avec des doutes pleins la tête, dois-je sauter ? Dois-je préférer une fuite qui risque de me tuer à la torture d'un homme pour qui j'ai tout donné ? De toute façon, aucune des deux solutions n'est viables, je préfère donc choisir celle qui me laisse le plus d'espoir. Sauter par cette fenêtre peut me sauver la vie autant que ça peut m'achever, je dois prendre ce risque, je dois sortir d'ici vivant. Ce texte doit sortir d'ici, je dois l'achever et le publier, faire quelque chose, mais je ne peux pas laisser ça continuer, je dois absolument mettre ces gens derrière les barreaux, même si je dois y aller aussi, je l'ai bien mérité après tout. La seule chose que je veux, c'est un pardon, pas des autorités, mais des gens que j'ai sacrifié sur l'autel de mon égoïsme, je demande pardon à tout ceux qui m'ont assisté, je demande pardon à ma femme, je demande à ma fille, je demande pardon à L... Bordel, j'ai réussi ! J'ai sauté par cette putain de fenêtre ! Peu importe cette douleur dans mes jambes, j'y suis parvenu. J'ai une chance de m'en sortir. Bon, alors, où j'en étais ? Ah, oui ! Je demande pardon à Lucy pour ce qui vient de se passer. Je sais qu'elle va me détester, je sais que je n'y pouvais rien mais je me sens quand même coupable parce que je pourrais la prévenir mais je ne vais pas le faire. Je suis incapable d'envisager d'entendre sa réaction. Au lieu d'elle, c'est Leslie que je vais appeler. On va quitter cette putain de ville, on va quitter cet endroit. Le taxi dans lequel je me trouve file vers l'aéroport, si tout se passe bien, dans quelques heures, on ne sera même plus aux États-Unis. Je laisse le pays qui m'a nourri derrière moi, je laisse sa crasse et ses bijoux derrière moi. Tout ceux qui m'ont aimé, tout ceux qui m'ont détesté, tous, je vous quitte. Je ne pars qu'avec elle, ensemble nous quittons cette terre de malheur. J'ai honte, avec raisons, mais je n'ai pas d'alternative, si je reste ici je meurs. Je fuis de nouveau en espérant que ce sera plus fructueux que la première fois et en sachant pertinemment que ça ne sera pas le cas. Le taxi s'arrête et je le quitte, j'ai peur pour mon avenir. Je me demande ce qui va se passer ensuite, comment je vais faire pour survivre après ce qui vient de se passer, mais je garde espoir.
J'aperçois Leslie dans la foule et me précipite vers elle. Il n'y a pas d'explication à donner, elle comprends tout rien qu'en me voyant. Nous allons quitter cette ville, il le faut et elle le sait. En temps normal, prendre un billet d'avion au dernier moment n'est pas chose aisée, mais avec plusieurs millions, on arrive toujours à résoudre les problèmes. Cette nuit, nous partons vers Londres, choix ironique quand on sait que celle qui me l'a proposé, c'est celle qui aura le plus à souffrir de cette nuit. Je passerais les détails de mon enregistrement pour arriver directement à ce moment où je m'assois sur le siège de l'avion, regardant pour la deuxième fois cette ville rétrécir à travers les hublots. J'étais un lâche, tout comme la dernière fois je fuyais, mais cette fois-ci, le lâche était doublé d'un monstre. Il y a dix ans, j'avais quitté cette ville pour me refaire une vie, oublier le passé. Cette fois-ci, je fuyais purement et simplement la colère de Saliego. Cette fois-ci, je laissais une traînée de cadavres dans mon dos. Cette fois-ci, si je revenais, je ne serais plus un anciens héros, je serais un homme que tout le monde déteste pour une raison différente...'' Je croise le regard de Leslie, elle est aussi bouleversée que moi. Même si elle ne comprend pas tout ce qui se passe, elle sait que tout est en train de se détruire petit à petit. Cette situation est trop surréaliste, presque onirique, si bien que je n'aurais pas été étonné de découvrir que tout ça n'est qu'un affreux cauchemar. Mais évidement, ce n'est pas le cas, tout est bien réel, parce que l'horreur est toujours réelle. Nous n'échangeons aucune parole, je la regarde simplement, je vois toute sa beauté. Ce monde est flou, je n'y comprends plus rien, mon épaule me fait toujours souffrir mais je tiens, j'essaie de ne pas y penser. Aussi quand Leslie sort ses écouteurs, je lui en demande un, j'ai besoin de quelque chose de réconfortant, quelque chose qui me fera oublier ma condition de meurtrier couard. La musique commence et je me laisse bercer, je ferme les yeux et il n'y a plus qu'elle dans mon esprit, elle et toutes les pensées qu'elle me provoque. When the words, weigh heavy on the heart Plus un mot, plus une parole, j'avais l'impression que ma voix était la source de tous ces malheurs. Je ne me sentais plus légitime dans ce monde, je n'avais plus le droit d'y prouver mon existence. Ces trois morts, elles avaient eu lieu autour d'une discussion, une discussion avec le diable. Je ne voulais plus parler, j'étais en deuil, une sorte de période silencieuse pour expier mes péchés. I am lost, and led only by the stars
Je n'arrivais plus à me repérer dans tous ces événements. La mort, la mort, la mort, tout revenait à la mort. Ça venait de se passer et c'était pourtant si loin, les frontières du réel me paraissaient flou. Tout partait en fumée, j'étais incapable de savoir qui j'étais, où j'allais, d'où je venais ni ce que j'avais fait. Pour moi, en ce moment, le monde se résumait aux étoiles qui brillaient derrière les hublots de l'avion. Cage me like an animal Je méritais la prison pour ce que je venais de faire, mais les enregistrements du casino allaient être effacés, tout allait disparaître, et je serais considéré comme innocent, peu importe la bestialité dont j'avais fait preuve. J'étais un monstre, sans remords j'avais laissé des gens mourrir, mais on n'allait pas m'enfermer, on allait me laisser libre et jamais je n'aurais le courage de me dénoncer seul. J'allais passer le restant de mes jours rongé par la culpabilité de la liberté. A crown with gems and gold Je m'étais pris pour le roi, je m'étais pris pour un dieu. J'avais cru que je pourrais tout réussir, oublier d'assumer, que tout allait bien se passer. J'étais irresponsable, j'avais agis stupidement. Tant d'échecs, tant d'erreurs, tant de morts, tout ça était la cause de mon égoïsme. Je croyais que le monde m'obéirait, que je pourrais y survivre en suivant mes propres règles. J'avais tort. Eat me like a cannibal Je les avais tué, tous, ils étaient tous mort par ma faute. Dans mon désir de survie, j'avais mis fin à leur vie. Chaque meurtre avais servi à prolonger mon existence, j'ai considéré que ma vie valait plus que la leur. Je les ai dévoré, me nourrissant de leurs âmes pour rester dans ce monde, pour ne pas disparaître. Engloutis un par un, disparus pour que je puisse recommencer les même erreurs, pour que je puisse fuir à nouveau. Chase the neon throne J'avais pourchassé un rêve inexistant, j'avais fait l'erreur d'y croire. J'étais revenu pour me prouver que mon passé était bien derrière moi, je savais que c'était faux mais je m'étais fixé comme objectif de me prouver le contraire. La mort s'était abattue sur cette ville à cause de mes désirs impossibles. J'avais eu les yeux plus gros que le ventre, je voulais une femme aimante, une grande maison, une belle voiture, de l'argent. J'avais réussi à avoir tout ça, en partant de rien j'avais réussi, mais j'en ai voulu plus, j'ai voulu la sécurité, et j'ai tout détruit. Breathe in, breathe out, let the human in.
So breathe in, breathe out, and let it in Je n'avais plus rien d'humain, je me méritais même plus l'appellation d'être humain. Tout ce que je venais de faire, tout n'étais que monstruosité, meurtre et ravage, une sorte de génocide à mon échelle. Même en cherchant bien, si il restait une infime partie en moi qui était encore humaine, alors elle était morte cette nuit, étouffée par le sang et abasourdie par le bruit des coups de feu. Plants awoke and they slowly grow, Beneath the skin C'était comme une maladie, un virus qui restait caché pendant des années sous ma peau avant d'enfin se matérialiser à la surface. Pendant dix années entière j'avais évité toutes les vagues, je croyais m'être rangé, et puis ça a explosé. J'avais laissé mon passé reprendre le contrôle, je lui avais donné carte blanche pendant une journée, mais c'était largement suffisant. Cet événement, il me rappelait que quoi qu'il allait se passer, jamais je ne perdrais cet instinct, peu importe le temps sans agir, il resterais là, en moi, sous ma peau, grandissant et attendant le bon moment pour frapper à nouveau. The air is silk, shadows form a grin L'ambiance était oppressante, étouffante même. L'air lui même semblait vouloir me tuer, se venger pour toutes ces morts que j'avais causé. Même si je savais qu'il n'était que le produit de ma culpabilité. Sous mes paupières, je voyais les visages de ces personnes qui avaient perdus la vie, comme des ombres venues d'ailleurs. Ils me regardaient en souriant, ils savaient que j'allais souffrir, regretter, ils avaient leur vengeance et s'en délectaient déjà. If I lose control, i feed the beast within J'avais laissé mes émotions me contrôler, ma haine et mon désir de vengeance avaient pris le contrôle pour me priver de ma raison, pour me forcer à provoquer ce massacres, pour me forcer à tuer tout ces gens. Je m'étais nourris de ces morts, c'était un moyen de libérer ma frustration, d'oublier la réalité pour enfin agir comme bon me sembler, de ne plus faire attention aux conséquences. Mais au final, ces conséquences existaient, et j'en payais actuellement le prix. If i could only let go Si seulement je pouvais me libérer de cette part criminelle qui sommeille en moi, si seulement je pouvais la laisser partir. La musique s'arrête et je m'endors peu à peu, demain me semble bien loin...