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Les chasseurs à pied de leur création à la grande guerre

Évocation prononcée à l’occasion de la commémoration de Sidi-Brahim le 23 septembre C’est en 1837 qu’apparait l’ébauche de ce qui deviendra le corps des chasseurs à pied. C’est en effet sur proposition du duc d’Orléans, le fils du roi Louis-Philippe, qu’est créée une compagnie dite de « chasseurs d’essai ». Elle est dotée d’un nouvel uniforme seyant et fonctionnel, ainsi que de la nouvelle carabine Delvigne-Pontcharra à canon rayé et à tir rapide. L’année suivante, au vu de l’expérimentation, on met sur pied un bataillon à six compagnies qui deviendra en 1839 « Bataillon de tirailleurs de Vincennes », avant de devenir en 1840 « premier bataillon de chasseurs à pied ». Cette même année, par l’ordonnance du 28 septembre, ce sont dix bataillons, numérotés de 1 à 10, qui sont constitués, dont la moitié tiendra garnison en Algérie. Car l’objectif est bien là. La France a entamé la conquête de l’Algérie depuis 1830. Si le corps expéditionnaire, supérieur techniquement et tactiquement, prend le dessus sur les rebelles dans les combats frontaux, il n’en va pas de même dès lors que ces rebelles pratiquent la guérilla. Frappant à l’improviste et insaisissables sur des terrains qui les privilégient, les insurgés mènent la vie dure aux lourds régiments d’infanterie peu mobiles et peu manœuvriers, incapables de les poursuivre dans leurs montagnes. L’excellence des chasseurs à pied ne tarde pas à se révéler, face aux hommes d’Abd-el Kader. Aussi rustiques et endurants que leurs adversaires, ils utilisent à merveille leurs qualités de tireurs et leur agilité pour prendre l’ascendant. Le glorieux sacrifice de Sidi-Brahim assure aux chasseurs d’Orléans une renommée qui les accompagnera tout au long de leur épique destin. Il est aussi leur marque de fabrique : ne pas se rendre et combattre jusqu’à la mort. À partir de là, il n’est pas un théâtre d’opérations où les chasseurs ne soient engagés et n’en retirent de multiples lauriers. En 1846 le 8e chasseurs reconstitué venge à l’oued Guabra ses compagnons de SidiBrahim. En Crimée en 1854, cinq bataillons participent à la prise de Sébastopol. À Solferino en 1859, le 10e bataillon vaut au drapeau unique des chasseurs sa quatrième inscription. En 1860, le 2e est en tête du corps expéditionnaire qui prend Pékin. On trouve le 16e en Syrie en 1862, tandis que le 13e combat au Maroc. Les 7e, 8e et 20e chasseurs sont de l’expédition du Mexique de 1862 à 1867.

Lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, les 21 bataillons d’active se couvrent de gloire et sont de tous les combats, à Gravelotte, à Saint-Privat, à Sedan. Leur nombre sera fixé à trente à l’issue du conflit. On retrouve nos chasseurs en Tunisie en 1881, avec six bataillons engagés ; on les suit au Tonkin et en Annam en 1881, où le 11e vaut au drapeau l’inscription Extrême-Orient, à Madagascar en 1890, où le 40e acquiert la sixième inscription, puis au Maroc en 1912, quand les 7e et 14e inspirèrent à Lyautey ses réflexions sur « l’esprit chasseur ». Entretemps, en 1888, s’était opérée la scission entre chasseurs à pied et alpins, sans que cette spécialisation entame en rien l’unité du corps. Il subsiste aujourd’hui quatre bataillons de chasseurs sur les 31 créés, qui gardent la flamme, rassemblés derrière leur unique drapeau. Solidarité, esprit d’équipe, sens des responsabilités, goût de l’initiative, rapidité dans l’exécution, sont le trait commun de ces petites tribus serrées autour de leur chef, un chef qui partage leurs efforts, leurs joies et leurs peines. « Place aux chasseurs ; la route est large, La route qui mène au combat. Vous les verrez pousser la charge Si vous ne les supprimez pas. »

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Lieutenant-colonel (h) Jean-Pierre Martin

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