Sidi Brahim 2022

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Sidi-Brahim à Nice le mardi 27 septembre 2022

L’Amicale nationale du 22e BCA a pu cette année célébrer Sidi-Brahim, sous l’égide de la municipalité de Nice, sans aucune restriction sanitaire, ce qui était appréciable ! C’est ainsi que le mardi 27 septembre 2022 à 11h, notre communauté a pu se réunir au Jardin des chasseurs, avenue des Diables bleus, pour commémorer le 177 e anniversaire des combats de Sidi-Brahim qui se déroulèrent en Algérie, près de la frontière marocaine, du 23 au 26 septembre 1845. La musique des Sapeurs-pompiers de Nice, dirigée par son chef le commandant Romain Mussault, a ponctué les divers temps de cette cérémonie. Après le lever des couleurs par Roland Gourdet, un de nos fidèles amicalistes, le lieutenantcolonel (h) Georges Trémoulet nous fit le récit de ces combats meurtriers qui durèrent trois jours et trois nuits, avant de passer la parole au lieutenant-colonel (h) Jean-Pierre Martin, président de l’amicale, qui axa ses propos sur le sacrifice suprême en temps de guerre.(Voir son discours en annexe). Le colonel Marie-Christine Fix, déléguée au Monde combattant et au lien Armée-Nation, qui représentait le maire de Nice et président de la Métropole, M. Christian Estrosi, adressa ensuite quelques mots à l’assistance en rendant hommage à tous les morts des conflits actuels et plus particulièrement au sergent Blasco, du 7 e BCA, dernier chasseur décédé lors d’un conflit armé l’année dernière. Trois gerbes furent ensuite déposées, celle des chasseurs par le président Jean-Pierre Martin accompagné du vice-président Georges Trémoulet,celle du Conseil départemental par sa vice-présidente Gaëlle Frontoni au nom du président Charles-Ange Ginésy puis celle de la municipalité par le colonel Marie-Christine Fix, accompagnée de Jean-Marc Giaume, conseiller municipal et du colonel Bertrand Coupez, Délégué militaire des Alpes-Maritimes, avant la Sonnerie aux morts et La Marseillaise. Les autorités félicitèrent ensuite les porte-fanions (x4) et les porte-drapeaux (x7), qui clôturèrent la cérémonie par le salut au monument. C’est avec plaisir que l’amicale offrit le verre de l’amitié à une trentaine de présents au Caffé d’Angély (il suffisait de traverser la rue…) avant que treize d’entre eux ne décident de rester pour déjeuner sur place.


Texte et photos : Christine & Georges TREMOULET

Prise de paroles JP Martin « On ne sait pas vraiment pourquoi les hommes risquent leur vie à la guerre. » C’est à cette interrogation du général Bois que je vous propose de réfléchir aujourd’hui. Pour la plupart d’entre nous, la vie constitue le bien le plus précieux, au point que nous serions prêts à nous dessaisir de tous les autres pour la préserver. Car la mort, c’est d’abord la privation de tous les biens. Il est pourtant une situation où la vie cesse de paraître supérieure à toute autre valeur, c’est la guerre. On y demande au combattant d’être prêt à s’y sacrifier pour un idéal qui le dépasse, et dont la perte serait pire que la mort physique. Ce peut être la Patrie, la Nation, la Liberté, une religion ou une idéologie quelconque. Mais plus le niveau d’information d’une nation s’élève, avec pour conséquence l’individualisme et le scepticisme vis-à-vis de la parole publique, moins la perspective de ce sacrifice n’apparaît comme allant de soi. C’est l’une des raisons pour lesquelles on a supprimé le service militaire. Bien sûr, à la guerre, tous ne meurent pas, et chacun conserve le secret espoir d’en revenir. Ce sont toujours les autres qui tombent. Mais qu’en est-il quand ne subsiste plus aucun espoir ? Quand la seule issue est la mort ? C’est ce à quoi je vous invite à réfléchir aujourd’hui. Quand les combattants sont encerclés, à court de munitions, sans aucune perspective de salut extérieur, et que la poursuite du combat ne revêt plus aucune utilité, il existe une convention internationale qui s’appelle la reddition. Les vaincus déposent les armes et se constituent prisonniers de guerre, avec en principe un certain nombre de garanties. Or dans les diverses batailles que nous commémorons, Sidi-Brahim, Camerone, Bazeilles, Reichshoffen, les vaincus n’ont pas déposé les armes et ont combattu jusqu’à la dernière cartouche, sans que cela influe le moins du monde sur le déroulement de la guerre. Cela nous renvoie donc à cette obsédante question : pourquoi ce sacrifice inutile ? Il est bien d’autres exemples historiques, depuis les 300 de Léonidas aux défenseurs de Brest-Litovsk et ceux de Diên Biên-Phu, la Garde à Waterloo ou les cadets de Saumur. Qu’est-ce qui pousse des hommes à renoncer sans aucune contrepartie à ce bien le plus précieux, la vie ? L’héroïsme est trop facilement invoqué et


n’explique rien. Et n’est pas héros qui veut. Ceux de Sidi-Brahim, de Bazeilles ou de Camerone ne sont pas nés héros, et étaient parfois même des gens médiocres. Dans les trois cas, l’adversaire avait offert la reddition et la vie sauve ; dans les trois cas les défenseurs ont refusé. On peut également invoquer l’esprit de corps, la discipline, l’orgueil. Ce ne serait pas faux, mais cela reste insuffisant. Ils ont résisté jusqu’au bout au nom d’un sentiment qui paraît bien incongru aujourd’hui, prêtant davantage au sarcasme qu’au respect. Il s’appelle l’honneur. L’honneur de ne pas s’avouer vaincu, l’honneur de ne pas rendre ses armes, l’honneur de ne pas tourner le dos à l’ennemi, l’honneur de lui montrer comment meurt un soldat français. Il existe une autre valeur, assez proche de la première, et qui s’appelle fidélité. Fidélité au corps, à la cause, au drapeau. Observons que fidélité et foi ont une étymologie commune, fides, car il n’est pas de levier plus puissant sur les âmes que la foi. C’est en son nom qu’on réalise les plus grandes choses ; c’est en son nom qu’on soulève les montagnes. Recueillons-nous donc en ce jour dans la pensée de ces fils de France venus mourir en terre étrangère pour une cause qui les dépassait, mais qui était leur horizon, et récitons comme Péguy : « Et comme on peut marcher les pieds dans ses souliers, Vers un dernier carré, le soir d’une bataille. »


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