déborder le paysage commercial vers une alternative au modèle urbain dominant
l’exemple de La Valentine à Marseille
Travail Personnel de Fin d’étude Antoine magnon encadré par Jérôme Mazas
Diplôme de paysagiste concepteur DPLG ENSP versailles-marseille promotion 2011-2015
Sommaire I/ la fabrique d’un paysage
4
S’intéresser à la suburbia
6
reconnaître le paysage commercial
10
se saisir de l’héritage du commerce
14
II/ le cas de la valentine 1. localisation du site
18
2. le paysage commercial de la valentine
34
Un couloir servant entre Marseille et Aubagne Un maillage commercial saturé La vallée d’un fleuve côtier L’existence d’un bassin
Une entité commerciale sans réelle institution La formule est simple... Des enjeux pour le paysage commercial
3. le paysage commercial dans son bassin 62 Un paysage générique ? Un paysage verdoyant Un bassin de vie
4. enjeux et stratégie
92
III/ projet
98
conclusion
120
Tous les documents ont été produits dans le cadre du TPFE, sauf mention contraire. Toutes les cartes et et les plans sont orientés au Nord, sauf mention contraire. 2
Lexique préalable
consommer
acte visant l’utilisation d’un produit ou d’une marchandise dont Baudrillard dira qu’il n’est plus un moyen de satisfaction des besoins humains élémentaires mais un moyen de différenciation social (Baudrillard, 1970)
commerce
activité consistant dans l’achat, la vente, l’échange de marchandises, de denrées, de valeurs, dans la vente de services (Larousse)
zone commerciale
ou pôle commercial est un regroupement de magasins proches les uns des autres (insee).
centre commercial
mall
terme d’origine nord américaine qui désigne un vaste espace clos dédié à l’achat et dont le trafic automobile est exclu (dictionnaire d’Oxford)
se définit comme un ensemble d’au moins 20 magasins et services totalisant une surface commerciale d’au moins 5000m², conçu, réalisé et géré comme une entité (centre national des centres commerciaux)
paysage commercial
désigne l’ensemble des espaces, des expériences sensibles et des représentations relatives à un centre, un parc ou une zone commerciales.
3
4
I/ la fabrique d’un paysage
5
(source: internet)
S’intéresser à la suburbia Lors de mon séjour Erasmus au Danemark, j’ai participé à un atelier nommé «Theories and methods in landscape architecture» qui avait pour terrain d’études des sites localisés dans la banlieue de Copenhague. Il s’agissait d’un campus universitaire (DTU) et d’un complexe résidentiel (Farum Midpunkt), tous deux bâtis dans les années 1970 alors que la population danoise explosait. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population du pays vit dans des espaces conçus et réalisés après guerre et qui constituent les suburbs. Cet atelier faisait suite à de nombreuses publications, dont des concours d’idées, qui démontraient du fort intérêt, à la 6
fois politique, institutionnel et civil, pour ces espaces. En effet, les changements démographiques, la ségrégation sociale, l’évolution des structures commerciales, les exigences croissantes du développement durable font des suburbs un tissu en pleine mutation où s’invente, selon Svend Erik Rolendsens, un « potentiel de régénération urbaine » (Frem tidens for staeder, 2010-2013, Real Dania). Familiarisé à la question de la suburb, je suis revenu en France sans savoir exactement comment traduire ce terme. Faubourg? Banlieue? Périphérie? Urbain? Suburbain? Quel mot pouvait bien désigner ces espaces diffus, sans limite, qui ne sont ni de la ville traditionnelle, ni de la campagne ? Pour Bruce Bégout, aucun d’eux n’embrasse la complexité de la situation contemporaine. En revanche, le terme «suburbia», à la différence des autres,
Jacques Tati sur le point de faire un premier pas hasardeux dans ce monde nouveau, harmonieux et propre où les repères traditionnels de la ville historique ont été abandonnés: la suburbia.
propose «une nouvelle manière de penser et de constituer l’urbain». Il permet de désigner cet espace autonome et détaché des centres historiques où s’invente de manière décomplexée de nouveaux discours, de nouvelles pratiques, de nouvelles mythologies (Bégout, 2013). Une matière en ébullition, instable, à propos de laquelle des points de vue radicaux sont parfois formulés. Ce fut le cas du fameux article de Télérama Comment la France est devenue moche, publié en 2010, où un corps intellectuel parisien piétinait sans vergogne les espaces suburbains au prétexte d’une bien-pensance esthétique. Ce genre de discours trouve un écho dans le monde politique : le sénateur Jean Pierre Sueur et quelques uns de ses collègues proposaient une loi «relative à l’amélioration des
Dans un nouveau système de valeurs dominé par la consommation de masse, que deviennent les individus et quelle société fabriquent-ils? (oeuvres de B.
(source: internet)
Kruger et D. Hanson)
qualités architecturales, urbaines et paysagères des entrées de villes» en 2009. Le sénateur jugeait alors les entrées de villes comme «l’uns des plus grands sinistres urbanistiques des cinquante dernières années» (senat. fr). Les critiques étaient dirigées contre cet urbanisme d’après guerre qui avait installé autour des villes denses et historiques un tissu lâche composé de zones commerciales, de lotissements pavillonnaires et sillonné par des infrastructures routières importantes. Face à cette critique, à cette attaque, il y eut une réaction qui me marqua, celle d’Éric Chauvier. Son livre Contre Télérama (2011) nous rappelle que si ces lieux sont dénigrés, ils sont pourtant bien des lieux de vie, des lieux où «des milliers de fictions» se produisent chaque jour. Faire le procès de leur espace de vie, c’est porter atteinte à leur existence
Il s’évertue à révéler la poésie de la suburbia, côtés agréables comme désagréables. Ce faisant, il exprime la nécessité de dépasser une simple opposition binaire pour ou contre la suburbia, opposition centre/périphérie et entreprendre de s’intéresser vraiment à la complexité de ces lieux.
même.
Dans un registre différent, le film Le grand soir (2012), de Benoit Delépine et Gustave Kervern, invite le spectateur dans une zone commerciale anonyme pour suivre une intrigue familiale peu courante. Les péripéties déroulent l’histoire d’une aliénation progressive d’un individu (Jean-Pierre Bonzini), résultat d’une vie passée dans l’écosystème commercial, toile de fond du film. Toutefois il est sauvé de justesse par son frère et doit une forme de salut voir de liberté par l’accession à la culture punk. Cette satire nous pose
une question : que devenons nous dans ces espaces ? Comment et en quoi nous transforment-ils ? Les réalisateurs interrogent à la fois la société qui produit ces lieux et la société que produisent ces lieux. D’une manière détournée, ils posent une question similaire à celle du sociologue Arnaud Gasnier, à savoir vers quelles nouvelles urbanités nous mène l’effervescence suburbaine (et notamment celle des pôles commerciaux)? (Gasnier, 2010)
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(source: rumur.com)
États-Unis, 1954, le Northland center à Detroit, conçu par Victor Gruen est un des tous premiers malls. Il préfigure les zones commerciales: isolé en périphérie, dépendant de la voiture et tourné sur lui-même. 8
Aux États-Unis, les centres villes se desertifient à mesure que les malls ouvrent leurs portes. À la fin des années 1980, le photographe Michael Gallinsky saisit ce mouvement d’une société toute entière qui embrasse cette nouvelle forme du commerce de masse.
(source: internet) (source mlive.com)
Dans son film Playtime (1967) Jacques Tati raconte la ville nouvelle d’après guerre en France. Partout on y sent l’influence de l’Amérique, tant dans l’écho aux scènes silencieuses des peintures d’Edward Hopper, qu’aux allusions publicitaires du paquet Marlboro.
(source: laboratoire urbanisme insurrectionnel)
Le premier hypermarché, de la marque Carrefour, ouvre ses portes à Sainte Genviève des bois en 1963. L’entrée en bourse du groupe sept ans plus tard témoigne de son succès
L’ouverture d’un magasin Prisunic dont la fanfare est digne d’un 14 juillet.
(source: huffingtonpost)
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reconnaître le paysage commercial De ce magma suburbain, animé par tant de débats et de questions, la zone commerciale m’a paru être la figure la plus intrigante, constituant à elle seule un milieu et un centre de gravité. Un milieu rendu très actif par les forces économiques puissantes qui s’y déploient et le rendent à la fois actif et instable. Un milieu guidé par la seule logique du profit financier, souvent détaché de pertinence commerciale. Je me suis donc tourné vers les paysages de la suburbia et ce qui me semble être l’une de ses clefs de voûte, la zone commerciale. De prime abord, parler d’un paysage commercial semblait une curiosité. Pourtant, comme ont su le montrer photographes et cinéastes, 10
«South Corner. Riccar America. 2184 Pullman. Costa Mesa.» Photographie de Lewis Baltz, dans l’album «The new industrial parks near Irvine», California. Publié en 1971.
zone commerciale et suburbia produisent des paysages. Ces derniers bénéficient eux aussi, au même titre que la mer ou la montagne de regards artistiques, certes plus récents mais tout aussi méticuleux. Chaque production artistique offre une lecture différente de zones commerciales pourtant si similaires les unes aux autres. Chaque production artistique nous apprend à regarder, à en voir les qualités multiples. Le photographe Lewis Baltz nous montre des espaces inhabités et des objets aux couleurs froides qui relèvent pourtant de l’activité et la mainmise humaine sur son milieu. Albert Giordan nous invite dans un immense terrain de jeux typographique et formel. David Giancatarina nous raconte cette Provence des périphéries, « à mi chemin
entre Las Vegas et une fête foraine» (Giancatarina, 2015). Jacques Tati, lui, préfère décrire avec un humour curieux ce nouvel ordre urbain et propre qui contraste avec la ville populaire et historique. Quelques années plus tard Le grand bazar, film de Claude Zidi, relatera le remplacement systématique et sans pitié des épiceries traditionnelles par les grandes surfaces commerciales. Cet environnement en construction, inédit par son ampleur, ses dimensions, ses caractéristiques formelles et spatiales devient à la fois la toile de fond et le sujet des oeuvres. Ces dernières semblent être une tentative d’apprivoisement, une manière d’engager le dialogue avec ces espaces nouveaux et fascinants.
(source: DATAR)
Albert Giordan, mission photographique de la DATAR (1984-1989)
De fait, le paysage commercial existe bien comme une somme de représentations, sa présence inspire et s’infiltre dans une culture artistique contemporaine. Mais qu’en est-il des autres facettes de ce paysage ? Qu’en est-il du paysage commercial dans sa dimension objective, en tant qu’épaisseur du réel et aussi dans ses dimensions sensorielles, l’expérience que l’on en fait, les pratiques que l’on y inscrit ? Pour reprendre les mots de Jean Marc Besse, quels moyens nous donnons nous pour«penser l’émergence de ces nouveaux objets paysagers » au quotidien? (Besse, 2000).
Extrait de la série Provence, David Giancatarina, travail en cours
(source: documents d’artistes PACA)
En 1977, les auteurs de Learning from Las Vegas avançaient l’idée que les architectes ne reconnaissent pas facilement «la validité du langage commercial», contrairement à celui d’autres architectures vernaculaires. Les paysagistes auraientils eux aussi fait défaut à reconnaître le paysage commercial comme objet d’étude à part entière? Alors il faut s’en saisir, se demander ce que l’on peut y faire. Quel(s) rôle(s) peut-on jouer, nous paysagistes, dans la création, l’existence et l’évolution de ces lieux ? Car, reconnaître le paysage commercial comme tel c’est déjà apporter une autre lecture que celle de la logique financière où la philosophie du vivre ensemble n’est certainement pas la priorité0. 11
Hauteur et détachement d’un paysage si anonyme, quelque part à Rosny sous bois en 2006. Photographie d’Edouard Pinard.
(source: Playtime)
12
Le rond point, représenté par Jacques Tati comme le manège emblématique de la société d’après guerre, essaimera dans les paysages périphériques de la France entière.
Du paysage de bitume à une surface graphique, photographie d’Alex MacLean.
Les jeux (typo)graphiques (source: DATAR) d’Albert Giordan.
Dans son spectacle Rivages (création 2016), La Folie kilomètre, compagnie de création en espace public, invite à un road movie nocturne et halluciné dans les zones d’activités périphériques.
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(source: Darty)
Le développement d’internet bouscule les méthodes commerciales habituelles et les enseignes tentent d’en tirer le meilleur en alliant à la structure réelle (le magasin) des services dématérialisés.
se saisir de l’héritage du commerce Le système socio-économique à partir duquel se sont développés les centres commerciaux et les zones commerciales mute très rapidement. La consommation de masse est issue du système capitaliste industriel et fordiste de production en série d’objets identiques. Consommer les produits de ce système c’est rester anonyme. Or notre société se caractérise par un individualisme croissant auquel le système de distribution de masse répond de moins en moins bien. L’économiste Pierre Moati va plus loin et affirme que «notre modèle de consommation de masse est à bout de souffle» et que «la forme dominante du commerce aujourd’hui (à savoir l’alignement de produits) ne 14
Le projet pharaonique Alpha 17 à Aubagne prévoit d’installer 75 000m2 de commerces, dans un environnement pourtant déjà saturé. On peut donc mettre en doute l’affluence présupposée par cette image de promotion...
correspond plus aux nouvelles logiques servicielles». Il déclare notre «appareil commercial physique caduc» (Moati, 2011) . D’autres facteurs participent également à ce questionnement. C’est le cas de la fulgurante avancée du e-commerce (3400 drives actifs en France1) ou celles plus marginales des circuits alternatifs concernant l’alimentaire comme les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et les coopératives d’agriculteurs. La préférence croissante pour internet s’explique notamment par des prix moyens inférieurs mais également parce qu’il permet le partage de l’information et rend présent la communauté (Vincent, 2015). L’outil numérique ayant bouleversé notre manière d’être ensemble, il bouleverse également le rapport que nous entretenons avec la marchandise. Il favorise la «culture d’immédiateté,
(source: Immochan)
d’accessibilité et surtout de gratuité». Les jeunes générations développent de nouvelles exigences, des modes d’appréhension et de consommation nouveaux. Comment les industriels et les sociétés de services feront-ils accepter des produits et des services payants? Comment un alignement de produits visant indifféremment un public conservera t-il son attractivité auprès d’individus aux centres d’intérêts de plus en plus fragmentés? 2 Alors qu’allons nous faire de tous ces magasins? Tandis que les mises en garde se multiplient, des zones commerciales continuent d’éclore, comme une fuite en avant, proposant des projets de plus en plus gros (jusqu’à 80 hectares pour le projet Europa City du promoteur Immochan). Bien qu’en baisse dans l’ensemble (un recul de 25% par rapport à 2011), ce sont 2,5 millions de m2 en 2012 et 2,2 millions en 2013 de nouvelles surfaces
(source: Odlp)
commerciales qui ont été autorisées par les commissions départementales et nationales d’aménagement commercial (CDAC et CNAC)3. Aujourd’hui il existe environ 750 centres commerciaux sur le territoire métropolitain4. Bien que ce chiffre ne nous dise pas quel est le nombre exact de zones commerciales, d’aucun reconnaîtra qu’il connaît de tels espaces à proximité de chez lui. De manière générale, cela fait déjà deux décennies que la construction de surfaces commerciales n’est plus corrélée à la réalité de la consommation. Ces quinze dernières années, elles ont augmentées de 60% alors que le pouvoir d’achat n’augmentait que de 36%4. Pascal Madry observait déjà ce phénomène pour les années 1990 (Madry, 2011). Cette course effrénée à l’ouverture est commune à l’ensemble du territoire et se poursuit. Elle s’explique en partie pour deux raisons : d’une part
l’incroyable afflux de capitaux (souvent étrangers) permettant à des sociétés d’investissement immobilier cotées en bourse de développer de très grands projets dont la rentabilité est supérieure aux bureaux ou aux logements et d’autre part parce que les élus contestent rarement l’implantation d’un centre commercial tant les bénéfices (emplois, perception de la taxe foncière, attractivité de la ville) leur semblent inégalables, voir salutaires. En réalité, tous ces chantiers ne font que nourrir une bulle spéculative dont les effets sont déjà visibles outre Atlantique : des malls abandonnés, des ruines du far west que les photographies de Lawless racontent avec emphase. Cette surabondance devient saturation, saturation qui augure un fort risque de défaillance commerciale : on parle de cannibalisme. Cannibalisme doublé de «guerre» entre les commerçants et les promoteurs
Aux États Unis, le photographe Stephen Lawless raconte le revers qu’essuient depuis une dizaine d’années les temples de la consommation devenus des ruines suite à leur défaillance commerciale
(Gintraud, 2015) qui imposent aux premiers des loyers de plus en plus élevés. Dans cette situation, il est donc important de se demander ce que nous allons faire de tout cet héritage spatial. Comment s’en saisir? Il faut en déceler les qualités pour éviter que l’espace ne soit frappé d’obsolescence et ne devienne un vaste gâchis.
15
Les cadavres exquis ont beaucoup été pratiqués par les artistes Surréalistes. Cela consiste en la composition de poèmes ou des dessins à plusieurs, chacun inscrivant un mot ou un motif sur un papier plié, à l’insu des autres participants. Les œuvres ainsi obtenues présentent des rapprochements inattendus.
16
Cette technique s’apparente à l’aménagement de la zone commerciale: par à coups, sans concertation et sans partage d’une vision d’ensemble. Alors, faire des cadavres exquis de la zone commerciale c’est presque la dessiner normalement.
17
18
II/ le cas de la valentine 1. localisation du site
19
un couloir servant entre marseille et aubagne
localisation administrative, urbaine et politique La zone commerciale de la Valentine se situe dans le 11ème arrondissement de Marseille, seconde ville de France en nombre d’habitants. De manière générale, sans être à la marge, elle n’occupe pas une position géographique centrale aux yeux des territoires administratifs dont elle fait partie : elle se trouve dans les parties Est du département, de la future métropole et de la ville de Marseille. En revanche, elle se situe entre deux fortes polarités urbaines, Marseille et Aubagne. La fréquentation de cet axe (Marseille-Aubagne-Toulon) a toujours existé. Au XXème siècle, le chapelet de villages et de campagnes qui jalonnaient la route nationale 8 se transforma rapidement en un couloir suburbain. Un couloir qui a souffert de l’absence de concertation entre les deux villes (longtemps opposées politiquement Marseille à gauche ou à droite et Aubagne communiste). Pour preuve, Aubagne a constitué sa propre communauté d’agglomération (Pays d’Aubagne et de l’Étoile) en opposition à celle de Marseille (Marseille Provence Métropole) et ce malgré la proximité géographique et l’évidence des liens qui les unissaient. Cette opposition politique a largement empêché une réflexion cohérente pour l’aménagement et la gestion de ce territoire pourtant si fréquenté. L’étude Hanrot et Rault, dite de la trame écossaise, focalisait à la demande de la DIFRA (Direction des Infrastructures de MPM) sur les mobilités. Malgré son étude des possibles très approfondie, elle ne fut pas suivie de passage à l’opérationnel mais eu le mérite de mettre autour de la table tous les acteurs concernés. Depuis, le département, MPM, la ville de Marseille et la ville d’Aubagne sont passés à droite. Cette nouvelle harmonie entre les élus a ouvert la voie à un Schéma de Cohérence de la Vallée de l’Huveaune (proposé initialement par MPM). Le bureau Interland a été sélectionné pour mener l’enquête. La tâche s’annonce ardue. L’activité suburbaine non maîtrisée a petit à petit complexifié et saturé le couloir. C’est ici que se sont installées les activités que les villes ne pouvaient/voulaient accueillir et parmi elles la zone commerciale de la Valentine. Cette dernière, initialement périphérique, se trouve désormais intégrée au tissu chaotique de la conurbation Marseille-Aubagne.
20
Marseille Provence Métropole
périmètre de la future métropole
département du var (83)
marseille
la valentine
aubagne
11ème 20km 1km 21
un maillage commercial saturé
environnement commercial et zone de chalandise La Valentine est recensée comme un des 6 pôles commerciaux majeurs de périphérie à l’échelle du département5. Elle déploie environ 140 000 m2 de surface commerciale ce qui en fait la plus importante de Marseille intramuros mais la classe derrière celle, gigantesque, de Plan de Campagne avec environ 220 000m2 . Dépourvue de grands équipements de consommation de masse à la fin des années 80 suite à des choix politiques protégeant les petits commerces, la ville lance un vaste plan de rattrapage commercial pour contrecarrer l’attractivité de ses voisins Plan de Campagne aux Pennes Mirabeau et Auchan à Aubagne (aujourd’hui respectivement la plus grosse zone commerciale de France et le second hypermarché du pays par son chiffre d’affaire) (Rit, 2015). Or plusieurs des projets engagés arrivent actuellement à terme de manière simultanée. Ainsi, bien que le bassin de population soit important, la proximité géographique des pôles commerciaux existants est telle que les zones de chalandise se chevauchent très fortement d’où une rude concurrence. Pourtant, de nouveaux projets continuent de voir le jour (Prado- stade Vélodrome, Alpha 17...) comme si le potentiel de consommation était infiniment extensible. Ce « jeu de go des cannibales » (Gilles, 2013) menace directement la Valentine et, de manière générale, caractérise la situation départementale : en effet, plus d’un million de m2 de surface commerciale (création ou extension) ont été autorisés pour la période 2013-20165. Cette concurrence supplémentaire n’annonce t’elle pas « une overdose de shopping » (Gille, 2013)? En tout cas, elle oblige ces pôles à une inventivité permanente pour conserver leur attractivité.
bastide blanche plan de campagne
grand littoral
le merlan terrasses du port centre bourse
bleu capelette
surface de vente > 200 000m2
Prado Vélodrome
bonneveine
surface de vente entre 100 000 et 200 000m2 surface de vente entre 20 000 et 100 000m2 surface de vente < 20 000m2 centre commercial en projet
22
Zone de chalandise immédiate et évidente de la Valentine et répartition des pôles commerciaux de plus de 10.000m2 environnant celui de la Valentine 5.
Marseille
Roquevaire Allauch
Aubagne GĂŠmenos Alpha 17
la martelle les paluds
la valentine
Cassis
Cassis
Cassis
La Ciotat
ancre marine 23
la vallée d’un fleuve côtier
Valentine Vallée verte
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D’un tout autre point de vue, la Valentine se caractérise aussi par son appartenance au bassin versant de l’Huveaune. Ce fleuve côtier prend sa source dans le massif de la Sainte Baume et rejoint en principe la mer au Prado à Marseille, après un parcours de 45,650 km. Aujourd’hui, la majeure partie des eaux ne va plus jusqu’à l’embouchure mais est collectée (indifféremment avec d’autres eaux polluées) pour être rejetée par l’émissaire de Cortiou, dans le massif des Calanques. Malgré l’intimité qu’il partage avec les villes, malgré l’existence d’un syndicat intercommunal de l’Huveaune (SIBVH) depuis 1963, ce fleuve a été largement malmené, surtout au XXème siècle (modifications du tracé, pollutions, réductions de la ripisylve, busage), d’où un état actuel assez médiocre au regard de son potentiel. Au terme d’une longue procédure, le projet définitif du contrat de rivière, présenté cette année par le SIBVH, annonce enfin une meilleure prise en charge du fleuve, sa revalorisation à travers une cinquantaine de pistes de réhabilitations. En raison de sa proximité immédiate avec le fleuve, la zone commerciale de la Valentine pourrait tout à fait participer à cette valorisation. Il reste beaucoup à faire : si la pollution a beaucoup diminué, l’eau n’en est pas encore exempte ; le modelage rectiligne du lit à certains endroits aggravent les crues printanières et automnales, soudaines et dévastatrices. La vallée de l’Huveaune est encadrée par des grands massifs calcaires qui ferment son horizon. Il s’agit de ceux de la Sainte Baume, du Garlaban et de Saint Cyr dont les points culminants atteignent respectivement à 1042m, 714m et 646m. Ces points hauts s’observent très bien depuis la Valentine et constituent des repères, comme des points cardinaux.
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eau et massifs
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Les aménagements successifs de la vallée ont rarement ménagé le lit et la ripisylve de l’Huveaune d’où une situation actuelle assez médiocre au regard de son potentiel.
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Différents massifs accompagnent et cadrent la vallée de l’Huveaune, depuis sa source sur la commune de Nans les pins jusqu’à son embouchure sur les plages du Prado à Marseille après un parcours de 45, 650km.
20km
25
percevoir les grands massifs, des repères efficaces pour la vallée Les points culminants de la vallée sont perceptibles depuis la zone commerciale de la Valentine. Ils sont comme des points cardinaux, des repères immanquables. Ils ferment l’horizon de la basse vallée.
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l’existence d’un bassin La Valentine se situe dans le couloir fluvial entre les plaines d’Aubagne et de Marseille. À cet endroit, l’Huveaune circule d’Est en Ouest dans un espace étroit, cadré par les contreforts du massif de Garlaban au Nord et ceux du massif Saint Cyr Carpiagne au Sud. Les hauteurs y dessinent en creux «des petites unités climatiques distinctes» (Vaudour, 1961) comblées par l’activités suburbaines. On parlera donc du bassin de la Valentine. D’ailleurs, un sentiment d’unité topographique s’en dégage. L’étendue plane (pentes comprises entre 3 et 7%), d’environ 2km2, constitue le fond du bassin et est composée d’alluvions récentes apportées ici par l’Huveaune tandis que les bords du bassin (aux hauteurs variables à partir de 90m) sont différents calcaires, bancs de grès ou de poudingue où affleure parfois de l’argile.
Le bassin de la Valentine est constitué d’une étendue plane entourée de coteaux principalement calcaires. Le bassin est marqué par une présence abondante d’eau (Huveaune, canal de Marseille, résurgences karstiques...)
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Des coteaux proches aux allures variées bordent le bassin.
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une mise en scène du jeu des échelles La zone commerciale ne constitue jamais un horizon en soi. Du parking, à la vallée de l’Huveaune en passant par le bassin de Valentine : il existe une succession de plats, de surfaces horizontales qui ouvrent des couloirs de vision, qui permettent de prendre du recul, de voir loin et où l’on se déplace facilement et rapidement. Des hangars décorés aux monts et montagne, en passant par les coteaux voisins : il existe une succession de pleins, de volumes opaques qui s’élèvent à des hauteurs variées, qui arrêtent le regard, qui donnent des points de repère et ferment le paysage, font horizon. Les plats mettent en scène les pleins. Cette scénographie se vit en plusieurs points de la zone commerciale. Le paysage commercial s’inclut dans cet enchevêtrement des échelles. Les pylônes électriques étendent leur réseau de câbles du Nord au Sud, des massifs à la vallée indifféremment et semblent jouer les relais entre ces échelles.
La morphologie du bassin comme périmètre de projet C’est dans cet espace compris entre et tenu par des coteaux en majeure partie boisés que s’est agglomérée la matière urbaine. Bien que très contrastées, les nombreuses occupations du sol du bassin de la Valentine sont rassemblées par les conditions topographiques du site. Parvenir à la Valentine c’est pénétrer dans un bassin marqué au sud par les chevrons du massifs de Saint CyrCarpiagne, à l’est et à l’ouest par des collines bien distinctes comme celle du petit Marcel et au nord par les coteaux du massif de la Salette. Les voies d’accès se sont d’ailleurs glissées stratégiquement dans cette topographie bien marquée. La condition de bassin oriente le périmètre de projet.
30
150m
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500m
1km
Certaines courbes de niveaux traduisent la situation de bassin: un bassin aux bords discontinus et constituĂŠ de pentes fortes au Sud et plus faibles au Nord. 31
32
La zone commerciale ne constitue jamais un horizon en soi.
massif de l’Étoile
colline de l’Oppidum
collines des Vaudrans
colline de la Salette
bassin de la Valentnie
Vue depuis la Barasse, orientée Nord Ouest. Au premier plan le chantier de la gare de la Barasse puis la zone commerciale.
massif du Garlaban
colline des Accates
le Ruissatel
bassin de la Valentnie Vue depuis le bas de la colline de l’Oppidum, orientée Nord Est. Au premier plan la zone commerciale.
massif St Cyr- Carpiagne
colline de la Barasse
bassin de la Valentnie
Vue depuis le bas de la colline de l’Oppidum, orientée Sud. Au premier plan la zone commerciale.
33
2. le paysage commercial de la valentine 34
35
Caviste
Culture Indoor
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Jardinerie Liddl Carnivor
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Nike
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Maisons du monde Aubert Kiabi la Halle
Formule 1 Heytens Top office Cultura
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smart land rover
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Kasban Panda wok carrossier
boutique cycle
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Top destock Optique Bowling bar-restau-piscine Quick Manu Reva Villa dona multiplexe les trois Palmes
Privilège meubles les fruits de la Passion le châlet suisse B&B hotels Electro depot Khaan
Metro
36
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Renault
1km
bâtiment à vocation commerciale parking dépendant au bâtiment système de circulation automobile 100m
Pépinière Ferrat
une entité sans réelle institution 1
Valentine Grand Centre début de construction 1974 rénovation des façades et de la galerie en 2011
2
Centre Valentine ouvert au début des années 80 rénovation envisagée pour 2016
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Centre Grand V ouvert en 1993 rénovation en 2015
Environ 145 commerces se sont installés dans le bassin de la Valentine. Ils y forment une zone commerciale. Si la surface totale de vente est estimée à environ 140 000 m2, la surface globale de la zone commerciale (parkings et voiries compris) se mesure en dizaines d’hectares. L’installation de trois centres commerciaux a jalonné le développement du parc. Le Valentine Grand centre est le plus ancien et le centre Grand V le plus récent. Le centre Valentine et Ikea complétent une offre principalement orientée sur l’équipement de la personne et de la maison. Une multitudes d’autres hangars commerciaux se sont installés à proximité. Ensemble, ils forment un conglomérat d’activités commerciales, une masse monofonctionnelle qui occupe le fond du bassin. En décembre dernier, le Conseil d’État a annulé l’autorisation des commissions départementale et nationale d’aménagement commercial (CDAC et CNAC) permettant à la foncière Frey de construire un 4ème centre commercial de 50 000m2 sur les terrains de l’usine SBM, actuellement en friche (au Sud du centre Valentine). L’impact négatif du projet sur un trafic déjà bien trop saturé a officiellement motivé la décision (au moins tout autant que l’acharnement des concurrents déçus).
Les trois centres commerciaux du parc d’activités commerciales de la Valentine.
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Historiquement, c’est suite à l’installation de l’hypermarché Casino en 1974 et la présence bien marquée d’industries, que la création de la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) de la Valentine est prononcée. L’action de la SOLEAM (Société Locale d’Aménagement et d’Équipement de l’Aire Marseillaise) qui gère la ZAC, a principalement été de viabiliser des terrains et d’assurer le développement de la voirie. La ZAC n’a jamais eu un rôle d’encadrement des activités commerciales. L’aménagement des unités commerciales s’est déroulé au coup par coup, selon les disponibilités foncières et la présence de promoteurs. Aujourd’hui, il n’existe aucune forme d’organisation qui permette la réunion et la concertation des acteurs commerciaux. Pourtant, ils tirent largement profit de leurs présences mutuelles. Or, pour qu’il y ait une véritable synergie, il faudrait d’abord qu’il y ait une tête à cette entité.
«L’urbanisme moderne est une technique de séparation» Guy Debord Les orientations d’aménagement visent spécifiquement à installer des activités économiques (UvzE) et donc dans le cas de la Valentine, des activités commerciales. Pourtant, il est reconnu que cette «exigence d’une délimitation à la parcelle de zones dédiées au commerce n’est pas exempte d’effets pervers en termes d’aménagement du territoire»8. En effet, cette distinction claire, cette séparation de certaines activités du reste de la ville tend à constituer des isolats, des blocs hermétiques et monofonctionnels. Ces éléments sont l’héritage d’une rationnalisation mécanique de la ville, un héritage de la pensée fordiste qui sépare et juxatpose les tâches. Par ailleurs, cette ZAC a réalisé très peu d’équipements publics (autres que la voirie), alors même que le secteur est en déficit net d’équipements sociaux. Puisqu’il y a très peu d’habitation dans la ZAC, il n’y a pas de raison d’allouer de l’argent collecté dans la ZAC pour la création d’équipements publics destinés aux habitants (une école, un parc, une bibliothèque…). Pourtant le tissu résidentiel est complétement mitoyen à la ZAC. Mais la SOLEAM travaille stricto sensu dans le périmètre. Au delà, le plan est blanc. La majorité des terrains sont privés. Les autorités publiques n’ont pas ou peu la maîtrise du foncier et ne se dotent pas des outils pour. Les principaux acteurs sont donc les propriétaires privés, aucun projet ne se fera sans leur adhésion.
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La ZAC de la Valentine est gérée comme un morceau (presque) isolé du territoire municipal où elle s’inscrit. Les activités commerciales ont débordé le périmètre. (source: planche 65zv du PLU de Marseille)
Les grands propriétaires fonciers du bassin sont majoritairement privés (blanc). (source: AGAM) états et collectivités
organismes d’action foncière et immobilière
établissements publics
autres (propriétés religieuses..
Les équipements sociaux (centres sociaux, crèches, lieux d’accueil occasionnel, maisons de quartier...représentés par des pictogrammes) sont quasiment absents du bassin de la Valentine (source: AGAM)
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fondamentaux du paysage commercial «(...) la formule est simple: flux, accessibilité, visibilité, coprésence, capacité d’accueil». David Mangin 40
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l’obsession de la mobilité (automobile) L’élément préalable fondamental à l’installation de la zone commerciale c’est la présence d’infrastructures de transport routier importantes. Elle génère un fort trafic de voitures que viennent exploiter les structures commerciales (Mangin, 2004). Un flux quasi permanent à l’échelle métropolitaine. Un flux incessant à l’échelle du bassin : dans la zone commerciale il n’y a pas de feux rouges, juste des ronds-points. Comme ailleurs en France, l’ouverture du premier hangar commercial de la Valentine a très rapidement suivi la création d’une voie rapide: ici, la A50 vers Toulon fut construite en 1970. La D4, complétant la ceinture routière de Marseille rejoint l’autoroute dans le bassin de la Valentine, créant un nœud routier stratégique. Ces infrastructures marquent fortement le territoire naturel et historique : les 2x3 voies de l’autoroute n’ont pas hésité à amputer les coteaux pour passer, la 2x2 voies de la D4 ont imprimé leur rectiligne rigide depuis le col des trois Lucs. Les voies de la zone commerciale sont également importantes : ce sont souvent des 2x2 voies avec terre plein central.
Il n’y a pas de feu rouge dans la zone commerciale, uniquement des ronds points. Il ne faut pas que les flux s’arrêtent. C’est le mouvement permanent des individus, des marchandises, de l’argent. Des ronds points comme des points d’hypnose du paysage commercial.
40m
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Dans leur sens transversal les principales infrastructures de transport sont des obstacles de taille. Elles permettent la circulation Est-Ouest mais empêchent le passage Nord-Sud. Section de l’A50
Allauch
00 0
Marseille 84000
0 00
31
30 000
10 000
121 000
94 000
61
11
0 00
110 000
Aubagne
69000
bassin de la Valentine La Valentine se trouve sur le très fréquenté axe Marseille-Aubagne comme le montrent les flux moyens journaliers de véhicules sur autoroutes et départementales (source: AGAM) Marseille nord- Aix en Provence
A7 LGV Marseille nord
Allauch Aix Est
D4
Marseille centre
D2
L2 en cours de réalisation
A55
A52
A50
N8
Aubagne centre
Penne s/ Huveaune
Marseille Sud Les tracés des principales infrastructures de transport routier et ferré se rapprochent entre Aubagne et Marseille pour passer dans l’étroit couloir de la vallée que forme à cet endroit le rapprochement des massifs.
SNCF méditerranée
Toulon Nice
20m
Section de la D4
20m Section des voies ferrées SNCF
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D4
D2 A50 SNCF RN8
Le bassin est donc extrêmement connecté au réseau routier, mais cette accessibilité et ce maillage ont leur revers : -Face à l’obession de la mobilité, rares sont les endroits dédiés à l’arrêt prolongé du corps et le repos de l’esprit. -Le degré élémentaire de la mobilité, le piéton, est très largement défavorisé, voir oublié. Les modes de transport en commun répondent difficilement à la configuration hangars/parkings de la zone commerciale, basée sur l’usage de la voiture individuelle. La desserte en train n’est pas assez mise en valeur (la nouvelle halte de la Barasse n’est même pas disponible dans le choix des destinations du site internet SNCF). -L’orientation principalement Est-Ouest des axes fragmente le bassin. Ces axes constituent des obstacles pour les circulations Nord-Sud. -La saturation quotidienne aux heures de pointe. Si les habitants s’accordent avec les commerçants sur la nécessité d’une sortie autoroute dans le sens Aubagne-Marseille6, ils se mobilisent contre le projet de RD4d qui détruirait un parc de 5ha. -L’émission importante de gaz à effet de serre. La zone commerciale compte parmi les pôles métropolitains qui engendrent les déplacements les plus polluants. Le trafic génère également une importante nuisance sonore (le bassin comme caisse de résonnance).
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60 à 100 hab/hectare 30 à 60 hab/hectare 0 à 30 hab/hectare Relevé du réseau viaire et densité de population autour de la zone commerciale de la Valentine. Environ 15 000 personnes vivent dans le bassin de la Valentine (et jusqu’à 20 000 si le mitage collinaire est pris en compte) (INSEE). Très peu de passages permettent de traverser le faisceau des trois infrastructures principales (voies ferrées, A50, D4).
Coupes de situations piétonnes: du confort (en noire) à l’inconfort (en rouge), il n’y a parfois qu’un pas (l’absence d’espace dédié, plusieurs décimètres de trottoir en moins....).
Les trajectoires automobiles s’écoulent vers les axes les plus importants (vision ingénieriste). Les axes centraux distribuent un réseau en impasse.
Les trajectoires piétonnes sont circonscrites à proximité des habitations, lorsque les conditions spatiales les y encouragent.
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Dans la zone commerciale et à ses abords, nombreuses sont les situations inconfortables pour le piétons, de mise en danger du corps, d’impossibilité de passer. Dès qu’elles sont possibles des «desire lines» apparaissent, témoignant d’un passage régulier et nécessaire .
Pour aller de Ikea au Grand Centre Valentine, il faut s’aventurer sur la route, sans aucun encadrement ni aménagement. Pourtant, les gens s’orientent spontanément vers ce volet de marches.
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Une «desire line» pour accéder au Quick depuis la route.
Une palissade empĂŞche de rejoindre la rue principale du bourg de la Valentine depuis une voie de la zone commerciale.
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A contrario, il existe des passages loin de l’agitation automobile. Bien que ténus, ils suffisent à retrouver une certaine sérénité et un apaisement des sens. Même si leur usage semble être marginale, on peut y croiser des personnes de toutes sortes.
Un des rares ponts uniquement piéton au dessus de l’Huveaune. Cette traversée est l’occasion de découvrir tranquillement l’épaisseur de la ripisylve. Agréable et sécurisée, elle se déroule dans un cadre presque pittoresque. Le remous de l’eau en fond sonore et la fraicheur appellent à l’arrêt. Les berges de l’Huveaune ne sont pratiquement pas aménagées.
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En terme d’accessibilité des berges du canal de Marseille, la Société des Eaux de Marseille (détenue par Veolia), propriétaire et gestionnaire du canal de Marseille, a une politique variable. Il est ponctuellement possible de circuler le long du canal. Ici le sentir Pagnol, mi officiel mi officieux fréquenté réguliérement par des promeneurs. Il offre des ambiances variées, passant de couloir boisé, à des ouvertures sur des prairie, longeant des arrières de jardins...
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une réunion de hangars décorés
« le besoin d’une architecture de communication directe plutôt qu’une architecture d’expression subtile » Learning from Las Vegas
L’architecture des bâtiments de la zone commerciale est rudimentaire. Il s’agit principalement de hangars bâtis le plus simplement, le plus rapidement et le moins cher possible : sans fondations importantes, constitués de matériaux industriels d’aspect peu noble (comme la tôle). Pour exemple, Électro dépôt s’est posé entre septembre 2014 et mars 2015. À l’instar de ce dernier, ce sont souvent des formes rectangulaires, des boîtes en aluminium, des masses géométriques aux matières stériles et peu charnelles, aux couleurs ternes, souvent noires, grises ou blanches. Une architecture dont se détache le nom de l’enseigne. Ces symboles dominent l’espace, donnent des points de repères et orientent les circulations (Venturi, Scott Brown, Izenour, 1977). Tels des oracles, des totems se dressent dans l’espace, s’adressant à nous, indifféremment, de jour et presque autant de nuit. Démesurés, ils règnent sur le paysage commercial tandis que des panneaux publicitaires en font écho assez loin dans le reste de la ville. Les façades sont souvent aveugles et les hangars ne disposent que d’une entrée unique (plus facile à contrôler).
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Toutefois, ce style se nuance dans le renouvellement, la rénovation des façades. Après le Grand centre Valentine et le centre grand V, le Centre Valentine va entamer une mue. À l’échelle nationale, la multiplication de ces investissements importants indique une prise en compte croissante du rôle que joue la qualité des lieux dans l’attractivité commerciale. Jusqu’à présent les rénovations étaient généralement amorties par l’extension des bâtiments (Anne Rit). Or, dans le cas de la Valentine, il n’existe plus de foncier disponible et facile à acquérir. Mercyalis, propriétaire du Grand centre Valentine a donc diminué les espaces de Géant Casino pour permettre l’installation d’enseignes de prêtà-porter dans les murs et ainsi rester attractif en parallèle d’une augmentation des loyers. Puisque les investissements augmentent, on peut imaginer que la valeur intrinsèque des espaces aussi. Double avantage d’être un lieu d’investissement (présence d’argent : développement de projets) et de ne pas avoir toute les contraintes de monuments historiques par exemple : la zone commerciale une matière de projet plastique pour laquelle il y a tout à inventer.
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À revers, la recherche du coût le plus bas oblige la prise en compte de la topographie du site et donc l’inscription des bâtiments dans la pente. Au fur et à mesure que la zone commerciale se répand sur les coteaux, les bâtiments deviennent plus petits et bien orientés perpendiculairement à la pente. Les dimensions des hangars varient et il y a une correspondance entre l’altimétrie et l’ampleur des bâtiments. D’une certaine manière, une emphase de la formation en bassin. Sensation particulièrement marquée lors de la montée vers les Trois Lucs. Des gabarits directement lié aux paramètres topographiques. Il existe encore des bâtiments de grandes tailles, des unités foncières rares et dont la préservation ne signifierait pas l’immuabilité en terme de fonctions, d’usages et de forme spatiale. Les bâtiments de grandes tailles sont des horizons en soi, inertes et opaques (aucune fenêtre, aucun signe de vie). Ils accaparent le champ visuel et font presque oublier le reste de l’environnement lorsqu’on se trouve à leurs abords. Une focalisation sur ces hangars se fait de facto. Il faut beaucoup de recul pour percevoir d’autres éléments et tempérer leur présence. (510-20m). Il faut donc pouvoir conserver ou créer des espaces de recul. Par ailleurs, ces très grandes surfaces ont des toits gigantesques où le calme règne et la vue est imprenable. Moyennant une amélioration de la structure porteuse des bâtiments, on peut les considérer comme une réelle réserve foncière inexploitée! La nuit, le paysage commercial devient étrangement silencieux. Il est vide mais les néons continuent de crier leur appel à la consommation. col des Trois lucs
collines des Vaudrans
colline de l’Oppidum
150m
100m centre grand V grand centre Valentine Une corrélation s’établit entre la topographie du bassin et les dimensions des hangars (plus le relief se prononce, plus les surfaces planes se raréfient, moins les hangars peuvent s’étendre). 52
bassin de la Valentine Ikea
À 60m, le massif Saint Cyr est bien visible malgré la hauteur du centre commercial. Le recul permet d’avoir différents éléments dans le champ de vision.
À 40m, on distingue bien le bâtiment qui occupe une part égale au ciel, on peut distinguer d’autres éléments de l’environnement comme le pylone électrique ou le talus autoroutier.
À 5m, on ne voit que l’entrée du centre commercial. On distingue clairement les détails (usure, détérioration...) des matériaux peu nobles employés pour la construction.
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un voisinage de parkings «No parking, no buisiness» B. Trujillo -------------«Se déplacer dans un parking c’est se mouvoir dans une texture vaste et expansive : la mégatexture du paysage commercial» Learning from Las Vegas Le parking est nourri par les flux permanents du système circulatoire. Il est dimensionné selon les grands jours d’affluence du samedi ou de Noël7. C’est là son principal défaut: grand consommateur d’espace et inutile une grande partie de l’année. Toutefois, même si monofonctionnels et imperméabilisés, les parkings sont aussi de vastes surfaces horizontales et ouvertes (le parking de Leroy Merlin est d’environ 12 000m2). Dans un bassin où de telles caractéristiques sont rares, ils deviennent des lieux où peuvent se fixer des usages ne disposant pas d’un tel espace ailleurs. Ces événements constituent alors des exemples de réversibilités possibles. Imaginer la réversibilité et la mutualisation de ces espaces est, d’après David Mangin, un des principaux défis des zones commerciales7.
Ballet coloré et incessant des automobiles sur les parkings de la zone.
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Parking du centre Grand V. Cycle quotidien et banal d’un samedi quelconque à quatre horaires différents: tôt le matin, la matinée,l’aprés midi, la nuit.
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Les structures du parking silo du centre Valentine offre, à mesure que l’on passe d’un étage à l’autre, des cadrages du paysage environnant, des vues imprenables sur le bassin de la Valentine et la vallée de l’Huveaune.
Topographie théorique élaborée à partir d’une carte IGN 56
Implantation des principaux espaces commerciaux
Du fait de l’implantation des commerces sans planification ou entente préalable, les parkings ont proliféré dans la zone commerciale. Ils en existent une trentaine, de tailles variées correspondant aux dimensions des hangars décorés qu’ils servent. Or, pour installer ces surfaces horizontales il a fallu bousculer un peu plus la topographique originelle du bassin. Leurs constructions a généré des microreliefs (il s’agit souvent de talus) qui les placent dans des situations particulières : de promontoire, en hauteur avec une vue dégagée ou au contraire semi enterrés, encaissés et donc frais et protégés. De plus, chaque parking a une configuration ou des attributs différents des autres (en silo, à ciel ouvert, couvert de panneaux solaires…) ce qui les singularise quasiment tous. Comment tirer parti des ces qualités ?
Création de micro reliefs
Exemple de micro relief: le talus entre la rue Leon Bancal, et un parking. Une strate herbacée y fleurit et des sujets arborés s’y sont développés, une végétation à la fois spontanée et plantée.
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À l’initiative d’un particulier, le parking de Leroy Merlin accueille une brocante le dimanche. Associée à l’ouverture de MacDonalds à deux pas, elle offre une balade dominicale agréable et fréquentée. Tandis que l’immense parking du Grand centre Valentine reste complétement vide.
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«Aujourd’hui ces zones commerciales doivent s’ouvrir...» P. Petiprez
des fiefs commerciaux voisins mais fonctionnant indépendamment
des enjeux pour le paysage commercial «...parce que, si au début de leur implantation elles étaient seules dans la périphérie, elles ont été depuis quelques années rattrapées et noyées par l’urbanisation » (Philippe Petitprez, urbaniste à Immochan). Il faut motiver l’évolution du patrimoine bâti. Chaque fief commercial, composé d’un hangar et d’un parking, fonctionne indépendamment des autres. Pourtant ils tireraient un avantage significatif à développer un degré élémentaire d’entente et mettre en commun leurs ressources. Par exemple, il pourrait s’agir de mutualiser les parkings et libérer de l’espace pour densifier, d’imaginer des rapprochements physiques en s’appuyant sur des trames végétales ou des passerelles de toit à toit... Tout cela en étant attentif aux qualités spatiales des structures existantes. Car, d’une certaine manière, les lieux existants présentent déjà des singularités, des dessins particuliers qu’il peut être intéressant de souligner ou de poursuivre.
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développer des liens entre les acteurs commerciaux et favoriser l’arrivée d’activités différentes mettre en commun s’élever
s’ouvrir sur l’exterieur densifier
exploiter les toits conserver des distances de recul installer des relais
reconvertir
des parkings monofonctionnels et nombreux = une reserve foncière importante à mobiliser
inviter d’autres usages
ouvrir sur l’extérieur mutualiser mettre en réseau
densifier
changer d’occupation
faire disparaître
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3. le paysage commercial dans son bassin 62
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un paysage générique? Les zones commerciales sont trustées par les mêmes enseignes. Chaque boutique de grande enseigne mutualise publicité, décoration et autres frais d’où une ouverture peu coûteuse et difficile à concurrencer pour une entreprise locale 4. La zone commerciale c’est donc avant tout des franchises que nous connaissons tous à travers le pays, sans distinction régionale. Le paysage commercial de la Valentine serait-il générique, au sens où le décrit Koolhas, «sans histoire» et capable de «produire une nouvelle identité du jour au lendemain» ? (Koolhas, 1995) Le paysage commercial seraitil impersonnel ? Générique ? Comme décrit précédemment, celui de la Valentine jouit de caractéristiques bien spécifiques du fait de sa situation géographique. L’implantation de la zone commerciale ne s’est pas du tout déroulée sur un territoire vierge, bien au contraire.
La carte des marges est le récit d’une marche sur les bords du système commercial. Elle n’a pas pour vocation de raconter la limite claire qui distingue la zone commerciale de son environnement mais bien de prendre conscience de son voisinage. Si la zone commerciale est bien un collage, un « bric a brac de boîtes, de parallélépipèdes et de tôles ondulées » (Sueur), sa périphérie ressemble plutôt à un cadavre exquis. Les contrastes qui s’y organisent sont parfois déroutants. Sex-shop côtoyant une maison de retraite et un jardin familial, vente de lait à la ferme voisine de la cimenterie Lafarge, usine Heineken donnant sur la place de village, centre SPA faisant cyniquement écho au centre de détention pour mineurs… un cadavre exquis continu serti le cœur monofonctionnel. 64
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Extraits de la carte des Marges
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Nécropole des Vaudrans
Golf de la Salette Polyclinique cimenterie moulin Jardins familiaux exploitation maraîchère
Couvent de la Serviane
cimétière de la Valentine
collège
terrains de sport
lycée
brasserie
prairie de luzerne Z.I. terrains de sports exploitation maraîchère bureaux jardins partagés
usine Panzani
collège
centre de détention pour mineurs cimetière
terrains de sports ferraillerie lycée
bureaux
chocolaterie de Provence usine Arkema
un coeur monofonctionnel dans un tissu hétéroclite
Des activités diverses constellent le voisinage de la zone commerciale. Leur présence propose d’autres registres architecturaux, d’autres occupations et utilisations de l’espace qui sollicitent l’imaginaire autrement et font glisser l’attention hors des activités commerciales. Toutefois, bien que cette constellation témoigne d’un tissu urbain hétéroclite, elle peine à modérer l’importante étendue monofonctionnelle de la zone.
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vocation agricole et bastidaire une histoire en trois temps L’histoire du site est expliquée ici en trois points. Chaque point correspond à une époque, une occupation caractérisé du territoire et le mode de déplacement associé. Ces trois époques ne se suivent pas clairement mais s’enchevêtrent les unes aux autres. Origine des informations : atlas des paysages des Bouches du Rhône, étude Hanrot et Rault, discussion avec Christian Tamisier, discussions avec les habitants de la Valentine, recherches internet en complément, vues historiques de géoportail.
La vallée fertile de l’Huveaune a très longtemps eu une vocation agricole, articulant des terres basses fertiles et irriguées et des restanques sur les versants des collines (atlas paysager vallée de l’Huveaune). La présence abondante d’eau par le captage en amont des eaux de l’Huveaune puis surtout la construction du canal de Provence dans la seconde partie du XIXème siècle facilitent les cultures, notamment celle du foin. Les paysans qui cultivent les terres habitent les bourgs du bassin comme la Valentine, Saint Marcel, les Camoins ou Saint Menet. Il s’agit d’entités urbaines indépendantes les unes des autres. De grandes propriétés bastidaires occupent le reste de la campagne. Le bassin est déjà marqué par la circulation entre Aubagne et Marseille, les maraîchers descendent la nuit vers la mer pour vendre leur production. Le déplacement des populations reste localisé car uniquement possible à cheval et à pied. Tant dans l’écoulement de l’eau que dans l’usage des sols (les habitations sur les coteaux et le bassin fertile laissé libre), c’est une logique de bassin qui prévaut.
Le parc de la bastide Saint Antoine est un des rares témoins de l’âge d’or agricole du bassin. Bien que délaissé, son patrimoine végétal permet d’imaginer la splendeur que devait être le bassin à cette époque.
S
Sur la route qui relie Marseille à Aubagne, le bassin de la Valentine est déjà un noeud de communication vers la Treille, les Trois lucs, Allauch... 68
la Valentine
la Montillane
Saint Menet
chateau St Antoine
Saint Marcel
route dâ&#x20AC;&#x2122;aubagn e
a marseil
le
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prolifération industrielle Au fil du XIXème siècle la situation change. Le développement du port industriel de la Joliette à Marseille et l’ouverture du tronçon du PLM (ligne ferroviaire Paris Lyon Méditerranée) entre Marseille-Aubagne en 1858 favorisent largement l’implantation de l’industrie. Comme dans le cas de la brasserie Phénix (fondée en 1886) qui fera l’acquisition du lac souterrain des grottes Monnard pour répondre à son besoin en eau, diverses industries vont s’accaparer la ressource en eau, n’hésitant pas à polluer le fleuve et modifier son tracé. Elles s’établissent sur de grandes unités parcellaires aux abords du fleuve, hors du régime public. En plus de celle apportée chaque jour par le tramway, une partie de la population ouvrière vient s’installer à proximité. Si la présence industrielle s’explique par la qualité des ressources et de la situation géographique, elle obéit à des logiques économiques qui, comme sa production, s’inscrit dans un réseau de transit régional, transrégional voir international guidé par des enjeux économiques étrangers à la situation du bassin.
Les voies ferrées et le crassier (boues rouges devenues grand talus enherbé) de l’usine Pechiney témoignent chacune à leurs manières du développement industriel.
Développement industriel, création des bassins portuaires de la Joliette à Marseille, inauguration de la ligne PLM: apparition d’un transit transrégional qui passe dans le bassin de la Valentine 70
carrière d’argile
brasserie Phénix
tuilerie
usine Pechiney habitat ouvrier
71
Domination commerciale, à l’échelle de la voiture Au XXe siècle, les petits bourgs disparaissent dans le remembrement administratif qui crée les contours de Marseille que nous connaissons aujourd’hui. Amorcé avant guerre, l’avènement de la voiture individuelle, les nouvelles infrastructures de transport automobile qu’il nécessite vont inscrire une nouvelle grille de mobilité dans le bassin. Le tronçon autoroutier Marseille Aubagne de l’A50 inauguré en 1962, traverse le bassin en son centre où il se connecte au nouveau tracé de la D4 et l’autre historique de la D2. Cet impressionnant nœud routier constitue une ligne de partage que les habitants du bassin ne franchissent pas à pieds. En ce sens, il se substitue à l’Huveaune dont les franchissements étaient rares. Ce nœud routier favorise l’implantation des activités commerciales (le premier hypermarché ouvre ses portes en 1970) et la construction de lotissements de maisons individuelles. La plupart des terres fertiles disparaissent. L’industrie se maintient ponctuellement.
La population qui vit ici n’y travaille plus. Malgré l’augmentation de cette dernière, la population temporaire (celle qui transite par le bassin et vient y consommer) est nettement plus importante. Le fonctionnement du bassin est noyé dans le trafic dense et fluide de la nappe suburbaine, étalée entre Marseille et Aubagne : c’est la logique métropolitaine qui prime sur celle locale.
Repères dans la nuit, les néons de la zone commerciale capturent le regard et hypnotisent de leurs lumières chatoyantes et incontournables.
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Le réseau routier supporte une cadence métropolitaine: flux pendulaires des populations qui habitent et travaillent en des lieux différents.
mitage de la colline
lotissement pavillonaire
grand centre Valentine Ikea centre Valentine
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Situation contemporaine La réalité actuelle est un palimpseste de ces trois époques, marqué par une large prédominance de l’activité commerciale. Il existe encore quelques exploitations agricoles, certaines héritées (couvent de la Serviane), d’autres nouvelles (exploitation raisonnée et bio de Mr. Pioli) mais dans l’ensemble insignifiantes par rapport à ce qui a existé. Certaines industries restent bien actives comme Heineken, Panzani ou Arkema. La disparition des autres a laissé de grands périmètres souvent pollués. La reconversion de la vallée dans le tertiaire a été très rapide du fait de sa position géographique stratégique. Cette histoire a agrégé côte à côte des populations aux origines et aux CSP trés variées. Dans l’ensemble, l’évolution du site est caractérisée par un détachement progressif de l’activité humaine du territoire qu’elle occupe. Aujourd’hui, le bassin de la Valentine comme le reste de la vallée entre Marseille et Aubagne s’apparente à un couloir servant, sans réelle identité, sans repères. Pourtant, les traces de l’histoire sont bien présentes.
Frise historique retraçant les grandes dynamiques d’aménagement de la basse vallée de l’Huveaune. Dans le cas de la Valentine, l’économie résidentielle (sous sa forme pavillonaire) et l’économie marchande prévalent aujourd’hui. (source: Hanrot et Rault)
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télescopages
Le bassin de la Valentine est comme un immense palimpseste. On peut lire un peu partout des traces des occupations passées que les nouvelles ont tenté d’effacer ou d’assimiler. Ces traces témoignent de la morphologie anthropique et naturelle préexistante qui (a) contraint les nouvelles installations commerciales. Il s’agit d’éléments de toutes sortes : portail de bastide, canal, alignement d’arbres, restanque, périmètre de propriété…Lorsqu’il n’est pas démantelé, cet héritage n’est pas vraiment mis en valeur. On pourrait pourtant en tirer des fils narratifs et alimenter la mythologie locale. Peuvent être cités à ce titre : les sentiers de Pagnol, l’oppidum du Baou, les grottes Monnard. La passerelle entre le centre Valentine Un mail de platanes qui et le Valentine grand ne donnent aujourd’hui centre ,au dessus de l’autoroute, est un sur rien, menaient probablement à une héritage de l’ancienne bastide dans le passé. tuilerie qui exploitait une carrière d’argile dans la colline de l’Oppidum. Cet aqueduc aurait pu disparaître lors de la construction du (démesuré) pont du Dravet qui le surplombe. Il permet une traversée atypique de l’Huveaune.
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La Brasserie Phénix s’installe au coeur du village de la Valentine, dans la propriété de la Montillane dont elle a conservé le portail si caractéristique du patrimoine bastidaire.
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un paysage verdoyant Malgré un comblement quasi total du bassin en terme d’artificialisation des sols (coupe), l’impression d’un bassin verdoyant se dégage tant depuis l’extérieur qu’à l’intérieur. Rares sont les situations où n’il y a pas de masses végétales qui ondoient dans le champ visuel. Au printemps la strate herbacée explose, produit beaucoup de fleurs et se pare de ce vert gras si caractéristique. La richesse de la palette végétale évolue au fil des saisons. Les espèces de feuillus et de résineux se mélangent indifféremment, quelques espèces exotiques s’échappent des jardins. La sensation d’une telle luxuriance a deux explications : la première étant évidemment la présence importante de la végétation dans le bassin, la seconde est relative à la perception que nous en avons: depuis le bassin, on voit à la fois la végétation proche, celle du bassin, puis celle intermédiaire des coteaux et collines et enfin celle très lointaine des massifs. Ainsi, la vision d’un fourré ordinaire ou d’un bosquet d’arbres anodin devant soi se fait immédiatement l’écho de la vallée toute entière. Surgit alors la sensation d’évoluer dans la même matrice verte qui couvre les montagnes, les collines et le jardin. Vue depuis le chevron Saint Marcel, orientée au Nord. En fond les collines de la Salette et le massif du Garlaban. La éléments de la zone commerciale semble dissimulés, tempérés par les masses végétales environnantes.
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les trois lucs
collines de la Salette
collines des Vaudrans
Golf de la Salette
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la Valentine
la Ba rasse
Le bassin de la Valentine se trouve entre deux massifs importants : au Sud celui de Saint Cyr, mitoyen des Calanques avec qui il forme le parc national des Calanques et au Nord celui du Garlaban. Le contact avec le premier est direct puisque le périmètre du parc est directement en contact avec les habitations du bassin tandis que l’accès au second nécessite de rejoindre la Treille ou les Camoins. C’est à cet endroit de la basse vallée de l’Huveaune que les deux massifs sont les plus proches d’où des enjeux de continuités écologiques évidents ainsi que des opportunités de mettre en valeur les pratiques de nature. les Camoins
massif du Garlaban
forêt de la Salette
bassin de la Valentine pa
rc de la
ne Buzi
massif Saint Cyr parc national des Calanques Saint Menet
3km
1km
Le bassin de la Valentine est le point de rapprochement entre deux massifs importants. Plusieurs chemins de randonnées permettent d’y accéder.
Relevé des principaux fragments et masses végétales du bassin de la Valentine. C’est leur présence qui permet le sentiment de verdoyance. milieu ouvert: prairie, pelouse, maraîchage, garrigue... espaces non accessibles ou accessibles sous condition 200m
100m
milieu fermé: ripisylve, pinède, alignement d’arbres...
81
82
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0
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section Saint Marcel/ Accates
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section Oppidum/ Saint Menet
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friche industrielle
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section Vaudrans/ Barasse
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La végétation du bassin se repartit en deux catégories : - Les collines et coteaux qui bordent le bassin, présentent des espaces non bâtis de grande ampleur alternant couvertures arborées et herbacées, variant ainsi de boisement de pins jusqu’aux pelouses arrosées en passant par les parcelles maraîchères et la garrigue. Ils forment une sorteB’ de ceinture verte autour du bassin. Au Nord ces espaces sont soit non accessibles (colline de l’Oppidum, colline du petit Marcel) ou alors sous condition (golf de la Salette, couvent de la Serviane, exploitation maraîchère) et plus rarement officiellement ouverts au public (parc de la Buzine). Au Sud, ils sont plutôt accessibles mais à différents degrés : les chevrons de la Barasse et de Saint Marcel font partis du parc national des Calanques et les chemins y sont balisés ; la ripisylve de l’Huveaune n’est pas aménagée et la circulation sur les berges n’en est que plus aventureuse ; on peut encore admirer le parc bastidaire Saint Antoine sans que le lieu soit officiellement ouvert au public.
83
-Les aménagements successifs du bassin (et notamment la création des microreliefs évoqués précédemment) ont favorisé l’apparition de fils tenus de végétation, des fragments linéaires qui parcourent le bassin. D’une part il y a une végétation calibrée, subissant un entretien drastique sans possibilité d’évolution autonome (la gestion différencié est encore très rare à Marseille), plantée en accompagnement des hangars et parkings commerciaux ou des voiries comme les alignements d’arbres ou les ronds-points. D’autre part, il y aussi des morceaux de terre sans attribut, où s’est développé tout un « tiers paysage » (Clément, 2004). Il s’agit des friches, des délaissés de voiries, des espaces interstitiels oubliés où une végétation spontanée se développe beaucoup plus librement que ces voisines. Ce sont sur ces morceaux de nature que le printemps s’exprime le mieux. Ce sont des relais de biodiversité, des surprises, des enchantements que de passer à leurs cotés. La présence de ces deux types de végétation et leur alternance régulière composent un environnement contrasté et peu monotone.
ripisylve de l’Huveaune (3540m), entretenue faiblement pour éviter l’encombrement du lit pendant les crues. délaissé de voirie sous forme de talus (6m), peu entretenu sauf si gêne de circulation. Végétation spontannée 84
ripisylve de l’Huveaune
parc de la Denise
sentier Pagnol, canal de Marseille
délaissé de voirie et talus autoroutier (largeurs: talus de10m et terre plein central de 2m). Entretien important
espaces intersticiels (alignements d’arbres, talus engazonné...), largeur variable, gérés drastiquement, végétation homogène et plantée
Friche à l’arrière des bâtimens, lieu de passage et d’épanouissement d’une flore rudérale
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À la faveur d’un aménagement et du L’autoroute en creux dessine un corridor vert passage le long d’une colline, le fleuve et sa qui enmmène le regard ripisylve s’épaississent et jusqu’aux grands massifs retrouvent presque un en arrière plan. caractère naturel
Rares sont les espaces qui présentent un calme et un confort suffisant pour jouir d’un moment de détente comme le parc de la Denise.
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Le massif de Saint Cyr porte d’entrée le parc national des Calanques est d’un silence olympien.
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« (...) malgré la pauvreté et l’éloignement de ces centres commerciaux, les gens les avaient transformés en lieux de centralité urbaine.» Yves Chalas
un bassin de vie... ...mais des espaces publics rares Malgré la taille du bassin de la Valentine et la population qui y réside, les habitants disposent de peu d’espace public. Pour Pierre Sansot, l’espace public se définit comme le lieu où «je me sens à l’aise, dans lequel je perçois chez les autres le même sentiment de bien être et où je n’ai pas à justifier ma présence.» (Sansot, 2003). Les espaces publics du bassin de la Valentine, rares et petits, pennent à prendre de l’ampleur lorsque juste à côté, les espaces d’agrément des centres commerciaux semblent réunir tant de qualités: climatisés ou chauffés, la foule passante à observer, du divertissement parfois, s’enquérir des nouveaux produits... Si les centres commerciaux ont mis tous les atouts de leur côté pour prédisposer le visiteur à la flânerie et à l’achat, la zone commerciale au contraire est semée d’obstacles et de désagréments pour le piéton. «La base du métier d’opérateur commercial est de concevoir des espaces dont la fonction première est de faire vendre. Notre quotidien est plutôt constitué de considérations de chiffres d’affaire et de rendement locatif. On ne s’intéresse aux pratiques sociales, qui se passent et se nouent dans les centres commerciaux, qu’accidentellement, comme témoins, parce que l’on gère ces espaces» (Philippe Legris, responsable des études à Espace Expansion Développement) (Legris, 1977). Or, la rénovation récente des espaces extérieurs adjacents au Grand centre Valentine prouve bien toute l’attention que les opérateurs prêtent désormais aux facsimilés d’espaces publics dans leurs entreprises commerciales. Ce type d’espace met à l’épreuve notre définition de l’espace public, initialement «complexe et au contenu incertain». Peut-être faut-il alors préfèrer l’expression de «lieu public», «car il y a des usages privés de certains morceaux de territoires publics et des usages collectifs de certains domaines privés» (Paquot, 2009). Comme dans le cas de la zone commerciale.
Une soirée de lancement d’un nouveau véhicule au garage Renault fraichement rénové et agrandi. Une société diverse s’agrège lorsqu’une enseigne organise ce type d’événement (avec petits fours et bar à coktails). Il y a bien un potentiel de sociabilité dans la zone commerciale... avec l’appui des commerçants.
Des moments brefs, de contact, de regard, d’une personnes à une autre. Des moments de sociabilité parfois évidents, parfois juste un potentiel...
88
parc de la Denise (non officiel) boulodrome
galerie centre Grand V
place Louis Sacoman parvis du collège Ruissatel
galerie Grand centre Valentine parvis du Grand centre Valentine
parc de la Buzine
hall Ikea
galerie centre Valentine
parvis du multiplexe les 3 palmes
jardin Saint Marcel (officiel)
liaison piétonne agréable espace pubic ou assimilé galerie commerçcante/hall 1km
Recensement des espaces considérés ici comme lieu public. Sous dimensionnés, sporadiques et mal connectés entre eux, ils sont pourtant autant de points d’ancrage, de points d’arrêt où les habitants et les visiteurs se rencontrent, sont à l’abri, s’amusent, se détendent...
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Fac similé d’un lieu de convivialité bien connu dans le Sud: le terrain de boules, sur le parvis du grand centre Valentine, rénové en 2011. Jusqu’à présent je n’y ai jamais vu de joueurs. En journée, un camion à pizza complète le tableau et des jeux pour enfants attirent toujours plusieurs familles. On y voit beaucoup de personnes appréciant les bancs, surtout pendant la pause déjeuner. Le lieu est désert le dimanche (jour de la photo).
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Le parc de la Denise tient son nom de la bastide qui s’y tenait. Unique «poumon vert» de tout un quartier, il est pourtant menacé par un projet de boulevard urbain (la RD4d). Le projet est en suspens, du fait des tranferts de compétences entre département, communauté urbaine et bientôt métropole. Malgrè la protestation des habitants aucune résolution politique visant à pérenniser le parc n’a pour le moment été formulée.
91
4. enjeux - stratĂŠgie 92
93
enjeux
une centralité métropolitaine en devenir De fortes attentes sont formulées à l’égard de ce territoire : « une centralité métropolitaine en devenir » , « Valentine Barasse, centralité principale à renforcer » (SCOT), un des « pôles structurants vecteurs de rayonnement externe au territoire » (DAC). Un territoire auquel il faut « les moyens d’un rayonnement métropolitain » (SCOT). Les objectifs se fondent certainement sur le rayonnement économique de la zone commerciale. Or, pour qu’une telle centralité émerge, il s’agirait d’y assurer également l’établissement d’équipements publics d’envergure, d’y équilibrer les emplois à la population résidente et d’y développer un pôle multimodal à vocation métropolitaine (Fouque, 2015). Actuellement, rien de tout ceci n’existe sous une forme satisfaisante. Construire cette centralité métropolitaine c’est aussi veiller à faire de l’attractivité commerciale métropolitaine un faire valoir du territoire local.
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un pôle commercial à ré-inventer
+
La Valentine est un lieu de puissance économique. Sa position géographique motive les investissements. Elle s’impose comme un pôle économique majeur. Toutefois, le développement des activités y est chaotique, sans vision générale, réalisé jusqu’à présent en poches indépendantes les unes des autres. De plus, la zone commerciale, désormais prise dans la conurbation MarseilleAubagne, ne peut plus s’étendre et doit composer avec des voisins immédiats, c’est à dire d’autres usages et activités urbaines. Or, on ne peut que constater le caractère hermétique et monofonctionnel de la zone. Ré-inventer le pôle commercial c’est le rendre à la fois perméable aux autres pratiques urbaines et permettre sa plasticité, son adaptabilité aux futurs exigences du commerce. En somme il s’agit de l’intégrer réellement au tissu urbain du bassin tout en assurant son attractivité et sa spécifité par rapport aux autres pôles commerciaux.
un territoire local à promouvoir
+
Les flux métropolitains et les logiques économiques ont imposé l’implantation ex-nihilo d’infrastructures, principalement routières et commerciales, dans le bassin de la Valentine. Or, si celles ci sont nécessaires au fonctionnement métropolitain, elles sont destructurantes à l’échelle du bassin et dévalorisent le cadre et la qualité de vie quotidienne. Elles ne participent pas l’élaboration d’une logique locale. Promouvoir une logique de bassin (à l’appui des conditions géo-morphologiques du site) c’est considérer et concilier ensemble les activités et les occupations de ce territoire local pour lui donner des repères, tramer une autre histoire que celle de l’urbanisme commercial et assurer une orientation cohérente des aménagements futurs à l’échelle du bassin d’abord, à l’échelle métropolitaine ensuite.
déborder
> le paysage
commercial projet
95
stratégie Aujourd’hui
les infrastructures fragmentent le bassin et lui imposent une orientation EstOuest forte. La zone commerciale accroît ce cloisonnement. Ces éléments obéissent à une logique métropolitaine. Leur prépondérance dans le fonctionnement du site exprime la domination des intérêts métropolitains sur les interêts locaux. Elles ne favorise pas l’épanouissement d’un tissu urbain de qualité, résiliant aux aléas économiques, et mettant à profit tous les avantages liés à sa situation géographique. Alors, comment favoriser la constitution d’un tel tissu urbain? Comment donner envie aux acteurs privés d’améliorer la qualité de ce territoire? Ces stratégies sont une manière de mettre en germe les conditions du changement pour que lorsqu’il se produise, cela ne se fasse pas au détriment du reste, au seul prétexte de raisons économiques. Déborder le paysage commercial, c’est tenter de fournir une trame qui relie entre eux les différents intérêts locaux et métropolitains, privés, publics, collectifs.
équilibrer les mobilités Donner du poids et de la valeur aux circulations douces Nord-Sud
intégrer la zone commerciale au bassin
Dépasser le modèle hermétique et métisser le coeur monofonctionnel en trouvant des clefs de compatibilité entre les commerces et le tissu résidentiel
utiliser la condition de bassin comme vecteur d’identité
Valoriser les traces historiques et s’appuyer sur les caractères morphologiques du bassin pour constituer des repères spatiaux et singulariser le site au regard du reste de la vallée
créer un pôle intermodal métropolitain valoriser l’huveaune Construire une réelle interface métropole/localité à travers les transports en communs et le parc linéaire de l’Huveaune
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la Valentine OUEST EST
Saint Marcel la Barasse
état actuel socle géomorphologique et ligne de force du bassin habitat
zone commerciale
Huveaune
NORD
ligne SNCF
A50 et D4
OUEST
EST
stratégie principe de circulations N-S
parc linéaire des berges de l’Huveaune
SUD territoire à échelle humaine circulable et pratiqué (à pieds!)
zone d’activités économiques intégrée au site
condition de bassin comme vecteur d’identité interface local/ métropolitain
pôle intermodal de la Barasse
ouverture et métissage de la zone commerciale
valorisation de l’Huveaune
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98
IV/ un projet pour dĂŠborder le paysage commercial
99
du paradigme de la voiture à celui du piéton
Renverser le paradigme de la voiture par celui du piéton. Offrir une alternative claire et marquante à la voiture. Rendre évident le choix des mobilités douces, leur organiser des espaces qui ouvrent et débordent le paysage commercial dans le bassin pour tirer tous les bénéfices de cette situation urbaine. En l’état actuel, les cheminements doux dont ceux piétons sont fragmentaires, dangereux lorsqu’ils ne sont pas inexistants. Les améliorer ne mènerait qu’à un résultat à peine meilleur. Or, il faut donner du poids à ce projet, le rendre évident, en faire un véritable repère du bassin. Ce poids, il pourra l’acquérir par la constitution d’un axe (quasi) Nord-Sud, le cardo du bassin reliant entre eux des points d’intérêts locaux, à résonnance métropolitaine, des espaces de nature (urbaine), des espaces bâtis plus ou moins denses d’habitat, des espaces de consommation, des lieux d’arrêt, de contemplation, de sociabilité. Ce projet tente de structurer le chaos urbain du bassin, favoriser une réinvention du pôle commercial en mettant autour d’une table les acteurs de l’aménagement du bassin.
État actuel : un réseau viaire qui laisse peu de places aux modes doux. Le piéton est souvent confronté à des passages dangereux, des impasses, des absences de continuités, un manque d’indication... un réseau motivant trés peu les déplacements en modes doux alors qu’ils seraient tout à fait appropriés. 100
500m 250m
Projet: constituer un axe piéton central, alternative claire et évidente aux déplacements en automobile. Un geste qui déborde au Nord et au Sud la zone commerciale et qui donne au bassin une structuration Nord-Sud. 101
constitution de l’axe
parc de la Denise
courbe niveau des 100m
interface tissu résidentiel/ zone commerciale
friche SBM (7ha) Huveaune halte SNCF de la Barasse
102
points d’appui
points de projet
Les points d’ancrage de l’axe correspondent aux traits marquants du bassin. D’une part l’axe s’ancre dans le lit de l’Huveaune au Sud et d’autre part il s’arrondie suivant les courbes du massif de la Salette au Nord. Il établit un lien physique entre un monde frais et bas et un monde de hauteurs sèches. Ces deux pôles suggèrent un panel de situations et d’ambiances le long de l’axe. L’axe se prolonge jusqu’au parc de la Denise. Inclure le parc dans ce dispositif c’est tenter de pérenniser son existence et le mettre en valeur comme pièce essentielle d’un réseau d’espaces urbains et naturels.
Au Sud Ouest, une branche se détache jusqu’à la halte SNCF de la Barasse afin d’assurer le rayonnement métropolitain du projet. Au Sud l’axe traverse et opère une structuration de la grande friche SBM. Tandis qu’au Nord, il travaille la transition entre zone commerciale et tissu résidentiel. Il profite de l’alignement des trois centres commerciaux pour établir un lien qui n’existe pas du tout aujourd’hui. Enfin, une l’aménagement de croisements aux axes d’orientation Est-Ouest assure l’accessibilité du dispositif. Ces points d’appui et points de projet séquencent l’axe.
alignement des trois centres commerciaux
articulation aux traverses Est-Ouest
103
eau
plan général d’orientation L’axe de la Valentine permet une traversée piétonne du bassin d’environ 1,5 km. Il est libre d’accès aux mobilités douces et se veut être une artère urbaine composée à la fois de linéaires où l’on circule (promenade des berges, galeries commerciales) et d’épaisseurs où l’on peut s’arrêter (squares, parc rivulaire, belvédères). Ainsi le corps de l’axe varie, s’accommodant de dispositifs existants (galeries commerciales), mettant en valeur le patrimoine végétal et procédant à l’aménagement d’espaces au statut jusqu’alors incertain (friches) ou à redéfinir (parking). Sur ce plan l’espace de projet correspond aux couleurs. Elles définissent les caractères de chaque espace, à savoir si la dominance y est plutôt végétale (avec des degrés d’humidité et de sécheresse variés) ou minérale. Il y est indiqué si les plantations y sont faites en massif ou en alignement. Un réseau complémentaire de voies assure l’alternative pour aller d’un point à l’autre en cas d’obstruction de l’axe principale. Actuellement, en plus de n’être pas lisible, aller depuis la halte de la Barasse au centre commercial Valentine prend 20 minutes à pieds dans un contexte peu agréable, peu engageant. En utilisant le maillage et l’axe la marche serait ramener à 15 minutes et serait surtout beaucoup plus agréable et donc motivant.
104
végétal
minéral
bitume
axe
maillage d’appui
arbres d’alignement
arbres en massif
> voir annexe 1
105
hypothèses de mutation La zone commerciale est caractérisée par une pression foncière et concurrentielle forte qui s’y traduit par d’incessants changements spatiaux et architecturaux. Cette instabilité est uniquement guidée par les flux automobiles. Cette obsession empêche toute autre mobilité de se poser en alternative. L’axe est pensé comme un repère pérenne qui introduit les mobilités douces et motive d’autres pratiques des espaces. Il s’agit d’infiltrer de la diversité urbaine dans l’épaisseur commerciale monofonctionnelle. La rendre perméable, passante (Mangin, 2004). Ainsi avoir en place différentes fonctions qui se régulent entre elles. Évoluer différemment dans l’espace (à pieds, à vélo en flânant, en regardant, en s’arrêtant…) rend envisageable d’autres valorisations foncières. Surtout, dans un contexte instable, l’axe propose des zones à bâtir (valorisation immobilière) en combinaison de vides à sanctuariser afin de préserver et de mettre en lumière les qualités du bassin.
équipement commercial existant nouvel équipement commercial le long de l’axe
accroissement des activités commerciales
autre activité économique
axe et situation bâtie actuelle conséquence de la création de l’axe
L’axe suggère également des zones à bâtir et des vides à sanctuariser afin que la pression foncière n’étouffe pas le bassin. 106
équipement public
diversification des activités (nouveau bâti ou transformation de l’existant)
foncier rendu disponible
équipement commercial reconfiguré le long de l’axe
nouveau foncier disponible
habitat
différentes fonctions complémentaires 107
> voir annexe 2
l’axe de la valentine L’axe de la Valentine établit un lien entre le fleuve, point le plus bas du bassin et les hauteurs des collines. Il s’inscrit dans le grand paysage de la vallée, avec pour horizon les massifs de Saint Cyr, de la Sainte Baume et du Garlaban. Il transperce au Nord et au Sud la cloison de verre de la zone commerciale pour ouvrir celle ci sur les tissus résidentiels et les autres fonctions urbaines en présence. Le parcours effectué sur l’axe opère la territorialisation du paysage commercial en y inscrivant la géographie des lieux. Dessinée au 1/500, le coupe mesure 3,50m de long et est reproduite ici à l’échelle 1/2000.
108
> voir annexe 2
109
un parc rivulaire au sud La friche SBM a deux particularités : elle comprend un linéaire de berge important (avec une inondabilité forte) et se situe stratégiquement dans la zone commerciale (pression foncière forte). L’aménagement proposé tente de ménager l’intérêt de la collectivité pour son fleuve et celui de la foncière pour son retour sur investissement. Ainsi, la friche devient en parti un parc qui se compose de plusieurs champs d’expansion des crues sous forme de prairies et présente un gradient d’humidité décroissant à partir du fleuve (mosaïque de milieux, supports d’activités variées). Ce parc apporte une plu value non négligeable (et permet d’envisager autre chose que l’activité commerciale) aux opérations immobilières circonscrites aux hauteurs nord de la parcelle.
Sur l’allée du parc, les nouvelles constructions et le double alignement d’arbres cadrent fortement l’horizon contrastant ainsi avec les grands espaces ouverts des prairies.
se ras ter
arc up ed
ma et ssifs pe ar res lous boré s tan es qu en es
110
allé
va im lorisa mo tio bil n ièr e
50m
be ac rge n ce ssi on ble
ne au ve Hu
pro sur mena be de rge
pa pr sser (ex airie relle pa hu m et n an sion ide nu ell crue e)
p (ex rairie ex pans sèc h ce pti ion c e on r ne ue lle )
La passerelle enjambe la prairie humide et rejoint la promenade sur berge. La vue est dégagée, le massif de St Cyr s’envisage dans son ensemble. Les alignements d’arbres et la ripisylve marquent le fond du bassin.
111
une traverse entre les centres commerciaux
ou faç vertu a r Gr de n e de an ord la d Va len centr du tin e e
112
p tra latea ve rsa u nt d alig oub le n d’a eme rbr nt es
be
lvé dè
re
Aller d’un centre commercial à l’autre à pied est aujourd’hui impossible ou exige des détours inconfortables alors même que ceux si sont très proches. L’axe met à profit leur alignement et propose une séquence commerciale. Il devient une galerie tour à tour à ciel ouvert, extérieure couverte et intérieure, le long de laquelle les activités commerciales peuvent se réorganiser. La voiture étant moins nécessaire, certains parkings disparaissent sous de nouvelles constructions qui jalonnent cette galerie et lui donnent des allures de centre ancien.
va la loris vé tal gé ation us t au ation de tor ou sur tie r
en t sem his nc fra
v im alor pa mob isatio (pa ssag ilièr n rki e c e e ng o t so lim uver us t i so té au l)
Il y a plus de place donnée aux piétons sur la passerelle autoroutière. Des bancs permettent de s’y arrêter et d’apprécier le caractère spectaculaire de l’autoroute. En arrière plan le passage en galerie vers le Valentine grand centre.
113
des squares vers les voisinages habités
e en jeux fan po ur ts
p om elou bra ses gé es
air ed
114
le square à la fontaine termine l’alignement.
bo ul om odro bra me gé s s
fon tai
ne
L’axe ouvre une voie inexistante aujourd’hui et met en rapport différents espaces initialement cloisonnés. Au milieu du parking du centre grand V (qui marque la fin de la zone commerciale) apparaît une allée piétonne. L’important trafic de la D4 est reporté sur une trémie routière qui permet d’aménager en surface un plateau traversant. Celui ci mène à une terrasse surplombant les jardins de la Valentine (qui était jusqu’alors une friche-parking). Le calme et la fraîcheur de l’ombre des arbres nous mènent jusqu’à la fontaine qui termine l’alignement dans un écho à l’Huveaune. La succession de ces squares établit un lien de qualité entre la zone commerciale et les tissus résidentiels de la Valentine. Chacun permet l’expression de pratiques différentes et complémentaires (parking du centre Grand V, usage exceptionnel de type brocante ; jardins de la Valentine, usage quotidien…).
Promenade, pelouses et boulodromes ombragés. Des jardins de proximité pour un usage quotidien.
allé tra e pi ve éto rs le nnn pa e à rki ng
in se pie de p le d
ras ter
tre pass pla mis age e tea de u t la D n rav ers 4 et an t
Quitter le niveau de la zone commerciale vers les jardins de la Valentine en contrebas, l’appel sonore des enfants qui jouent et l’ombre fraîche des arbres.
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des squares vers les voisinages habités (local<>commercial)
détails de deux débordements Précisions spatiales sur la constitution de deux interfaces où le paysage commercial est débordé. Au Nord le passage entre les tissus résidentiels et la zone commerciale. Et au Sud, la traversée de l’Huveaune vers le pôle intermodal de la Barasse.
pôle intermodal de la barasse (commercial<>local<>metropolitain)
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D4
habitat
parc de la denise
zone commerciale
situation actuelle: la D4 sépare et isole les morceaux du puzzle
projet: l’impact de la D4 diminué, les circulations transversales prennent de l’importance
zone commerciale
Huveaune
SNCF habitat
massif Saint Cyr situation actuelle: le potentiel de la halte de la Barasse n’est pas exploité
projet: la halte devient pôle intermodal et permet une meilleure desserte du site et des points d’intérêts
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> voir annexe 3
entre voisinage et zone commerciale
118
> voir annexe 4
p么le intermodal de la barasse
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Conclusion seuil critique outils de concrétisation Les documents de projet montrent un changement complet de paradigme, prenant appui sur toutes les opportunités aujourd’hui présentes dans le bassin. Ils proposent une vision dans sa forme aboutie avec des types spatiaux divers et variés. Son dessin se veut avant tout fédérateur. Il cherche à provoquer une discussion, une émulation entre les acteurs-aménageurs du bassin autour d’un projet commun. Toutefois, ces acteurs sont si nombreux et si peu accoutumés à l’entente que la
Aujourd’hui: un périmètre de ZAC limitant et inadapté à une gestion d’ensemble comprenant les enjeux commerciaux, environnementaux mais aussi ceux relatifs à la vie quotidienne et locale...
120
constitution complète de l’axe ne se fera pas d’un seul coup. C’est pourquoi, il revient à la collectivité de mettre en chantier ce changement. D’une part pour affirmer le caractère et l’intérêt public d’un tel projet et d’autre part pour tenter de dépasser les visions court-termistes qui agissent dans le paysage commercial au détriment du reste. Ainsi, quelles actions proposer pour que, dés demain, ce projet puisse agir? Il y a d’abord l’outil de gestion aujourd’hui en place: la ZAC de la Valentine. Mais son périmètre n’a pas changé depuis 40 ans et a été largement débordé par les activités économiques tandis que son voisinage s’est résidentialisé. Cet outil peut être utilisé par la collectivité pour infléchir
Demain: étendre le périmètre de la ZAC pour se rapprocher de celui du bassin et mettre autour de la table la multitude des acteurs concernés par le devenir du bassin (investisseurs, habitants, utilisateurs, visiteurs...)
des décisions d’aménagements mais pas dans son état actuel. Pour envisager le bassin dans sa complexité et permettre les aménagements appropriés à une situation urbaine, il faut étendre le périmètre de la ZAC et inviter ainsi autour de la table, la diversité des acteurs concernés et mieux gérer les ressources du territoire. Puis, comment permettre à l’axe de se constituer dans sa longueur? Quel est le seuil critique à atteindre dans les 5 années à venir pour qu’il existe et puisse ensuite s’épaissir par sa propre force? Le minimum essentiel est bien d’assurer une continuité piétonne claire et agréable de la halte de la Barasse, le long de l’Huveaune, par les centres commerciaux jusqu’aux tissus résidentiels. Cette épaisseur minimale ne demande pas de
travaux spectaculaires, juste un travail du sol, une signalétique, quelques marches, un éclairage, voir l’ouverture d’un chemin. Il s’agit de rendre effective la possibilité d’être dans la bassin de la Valentine autrement qu’en voiture. Il s’agit du germe indispensable à tout changement de paradigme.
Exemples d’aujourd’hui: inconfort et insécurité sur le parking ou la chaussée, rupture de pente et impasse
Modèles de demain: cheminer sur une voie surélevée et s’élever pour voir au delà, franchir le talus et bénéficier d’une position en hauteur
121
diplôme
À l’issue de la soutenance qui se déroula le 2 juillet 2015, j’obtins mon diplôme de paysagiste concepteur DPLG. Les membres de mon jury furent Alexandra Biehler, Jean Luc Brisson, Anne Sylvie Bruel, Valérie Fouque et Jérôme Mazas.
remerciements
Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidées, de prés comme de loin, pour réaliser ce travail et qui se reconnaîtront + tout particuliérement Arnaud pour son accompagnement et sa présence jusqu’à la dernière minute.
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notes
entretiens - Rencontres
: Legris P. (1997). De l’origine des zones d’activités commerciales. In: Dubois-Taine et Y. Chalas. La ville émergente. 1 : 60 millions de consommateurs. N°505 (2015). 2: Les natifs numériques et le futur du voyage (2010). Étude réalisée par PeclersParis pour Amadeus 3 : http://www.procos.org 4 : Bonnet E., Pinon A.. Centres commerciaux, la grande illusion. Diffusé le 5.05.2015 sur france5. 5 : CCI Marseille Provence et CG13 (2013). Zoom eco, pôles commerciaux. 6 : articles de la Provence 7 : Juza C.. Un dimanche à la campagne (série Attention gros travaux). Diffusé le 12.06.2014 sur publicsenat 8 : Réponse du ministère de l’égalité des territoires et du logement, publiée dans le JO Sénat du 25/07/2013 - page 2191
-avec Laurent Couture, chargé d’études foncier économique et urbanisme commercial aux pôles développement économique et stratégie. Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise, le 14 novembre 2014. -avec Anne Rit, responsable du service commerce. Direction de l’attractivité économique de la ville de Marseille, le 5 décembre 2014. -avec Marion Alberghi, chargée de la ZAC de la Valentine (entre autres). Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire marseillaise, le 24 février 2015. -avec Valérie Fouque, chargée d’études. Direction de la Planification, de l’Urbanisme, de l’Aménagement et du Foncier, Marseille Provence Métropole, le 26 juin 2015. -avec René Baldiani, habitant de la Valentine; avec David Giacantarina, photographe; avec André Mérian, photographe; avec le Comité d’Intérêt de Quartier de la Valentine; avec Stéphane Hanrot, architecte DPLG et enseignant à l’ENSAM; avec Clément Pecqueux, doctorant à l’ENSAM.
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Ouvrages
bibliographie
Baltz L. The new industrial parks near Irvine, California (1971) Bégout B. Suburbia (2013) Chauvier E. Contre Télérama (2011) Clément G. Manifeste du Tiers Paysage (2004) Debord G. La société du spectacle (1967) Mangin D. La ville franchisée (2004) Paquot T. Espaces publics (2009) Sansot P. Jardins Publics (2003) Frem tidens for staeder (2010-2013), Real Dania eds
Ouvrages collectifs
Brisson J.L. Le jardinier, l’artiste et l’ingénieur (2000) Dubois-Taine et Y. Chalas. La ville émergente (1997) Venturi, Scott Brown, Izenour. L’enseignement de Las Vegas (1977)
Chapitres d’ouvrages
Gasnier A. La recomposition territoriale des pôles commerciaux et de loisirs périphériques: vers de nouvelles urbanités?. In: Les nouvelles périphéries urbaines (2010). Legris P. De l’origine des zones d’activités commerciales. In: La ville émergente (1997) Vaudour J. La vallée de l’Huveaune. Essai géomorphologique. In: Bulletin de l’associtation de géographes français, n°29 (1961)
Documents audiovisuels
Bonnet E., Pinon A. Centres commerciaux, la grande illusion . Diffusé le 5.05.2015 sur france5 Delépine B., Kervern G. Le grand soir (2012) Juza C. Un dimanche à la campagne. Diffusé le 12.06.2014 sur publicsenat Tati J. Trafic (1971) Tati J. Playtime (1967) Zidi C. Le grand bazar (1973) La révolution commerciale a déjà commencé (avec Moati P.) (2011). Diffusé sur Xerfi canal.
Périodiques
60 millions de consommateurs n°505 (2015) AGAM. Focus n°3, les déplacements liés aux achats du quotidien (2012) CCI Marseille Provence, CG13. Zoom eco, pôles commerciaux (2013) La Provence, quotidien local
Articles de périodiques
Knaebel R. Toujours plus : pourquoi les centres commerciaux géants recouvrent la France (2013) bastamag.net Gilles B. Marseille va –t-elle faire une overdose de shopping ? (2013) marsactu.fr Gilles B. Le conseil d’Etat plombe le Green Center de la Valentine (2014) marsactu.fr Gintrand F. La guerre des zones commerciales est déclarée (2015) slate.fr Gladwell M. The Terrazzo Jungle (2004) The New Yorker Mandry P. Le commerce est entré dans sa bulle (2011) Études foncières n°151 Remy V., De Jarcy X. Comment la France est devenue moche (2010) Télérama n°3135
Études
AGAM. Cahier de territoires - état des lieux. Territoire Est (2009) INSARTIS-INAMA. L’architecture de la mobilité comme fabrique de la ville, du paysage et du territoire: un stratégie intégrative de projet (2010) Marseille Provence Métropole. Proposition d’une trame écossaise d’infrastructures pour la vallée de l’Huveaune (2008)
Autres
Marseille Provence Métropole. Schéma de Cohérence Territoriale (PADD et DOG) (2012) Pays d’Aubagne et de l’Étoile. Document d’Aménagement Commercial (2012) Immochan groupe Auchan. MIPIM 14 (2014) Ville de Marseille. Plan Local d’Urbanisme de la ville de Marseille (2013)