L'Armée d'Afrique. Organe de liaison entre les officiers des réserves de l'Algérie-Tunisie et Maroc et leurs camarades de l'active. 1re année. N 1. Janvier 1924. 1929/01.
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Nツー 51 (6e ANNテ右)
Prix du Numテゥro : 3 francs
ティh 1929
6e ANNÉE
N° 51
JANVIER
1929 -
SIDI-BEL-ABBÈS
SES
ORIGINES
ET
SON
Il est bien des cités qui peuvent s'enorgueillir d'un long passé, célébrerdes gloires acquises dans des temps reculés, qui comptent les siècles de leur histoire aux monuments, témoins successifsde l'administration de leurs édiles, de leurs échevins, de leurs seigneurs, de leurs consuls. Sidi-bel-Abbès,que son nom rattache à. la légende, n'est pas de celles-là, mais plutôt une soeur aînée des villes qui hérissent le nouveau monde et le voyageur éternel du poète, revenant dans ces lieux, où lors de son premier voyage il n'avait vu que désert et solitude, s'étonnerait sans doute d'y voir une ville florissante, animée d'une population jeune et ardente, mêlant l'indigène hiératique et solennel, dé-
DÉVELOPPEMENT
daigneux de cette fièvre de vie, au colon européen, énergiqueet pressé d'acquérir. Contraste encore, de cette cité bâtie à la hâte sans originalité mais non pas sans grandeur, qui perpétue le souvenirdu descendant du Prophète. Sidi-el-Bouzidi, shérif et centenaire, conduit par Allah à travers les terres du Hedjaz, de Cyrénaique, de Tripolitaine et de Tunisie, vint dans le Sud Algérien fonder une famille et mourir quatorze ans après, laissant le même nombre d'enfants. Un des fils de ce voyageur parvint à se rendre à Fez ou il s'illustra bientôt par sesconnaissanceséminentes, et, revenuà Tlemcen y professa avec un tel éclat que le Sultan du Maroc
L'ÀRMEÈ D'AFRIQUE n'hésita pas à venir lui-même entendre sa docte parole. C'était de lui que devait naître celui qui donna son nom à la ville de Bel-Abbès. Ce dernier quitta encore très jeune la Médersa ou florissait renseignement, paternel, pour aller, suivant l'ordre de Dieu, qui lui apparaissait en songe, faire entendre chez les infidèles sonverbe inspiré. Sa prédication devait connaître un rapide succès, son nom fut bientôt synonyme de sagesse et de vertu, et le marabout se voyait l'objet de la vénération des tribus au milieu desquelles il passait faisant régner derrière lui l'opulence, fruit de la concorde et de la justice. Mais le démon devait susciter un faux prophète qui réveilla chez les populations touchées par la parole divine les passions du mal. Sidi-bel-Abbèsdût s'enfuir, honni par ceux qui l'avaient écouté et il se réfugia dans une forêt solitaire. Or il advint que les fléaux qui affligeaient les adeptes du faux prophète ouvrirent les yeux de ces populations malheureuses et elles ne pensèrent pouvoir apaiser le courroux du Tout-Puissant qu'après avoir obtenu le pardon du saint homme. Les enfants des tribus voisines se mirent en quête du proscrit et les Ouled Sidi Brahim percèrent le secret de sa retraite ; l'envoyé du Seigneur ne cédant pas à leurs promesses mais à leurs supplications, ils cherchèrent à l'enlever de vive force mais Allah changea son serviteur en une Colombe qui s'envola et vint s'arrêter sur un arbre de la colline de Sidi-Amar, où, aux yeux étonnés d'un berger, Sidi-bel-Abbèsreprit sa forme humaine. Le berger, trouvant trop lourd le secret du miracle dont il avait été le témoin le confia à un compagnondu marabout qui obtint de lui de revenir parmi les tribus des Amarnas qui lui donnèrent des biens immenses et des épouses fécondes et il connut au milieu d'eux le repos et la prospérité, récompenses bien dues à ses peines. Après sa mort ses restes furent pieusement recueillis et déposés dans une Kouba à l'endroit où s'était arrêtée la colombe miraculeuse. C'est autour de la Kouba du saint que devait s'élever un jour la riche cité qui porte son nom. Telle est toute la poésie de cette ville aux aspects géométriques, modernes, sans imprévu, mais si l'historien ne saurait trouver matière à des recherches quelconques on ne peut nier qu'elle offre par son développement rapide, rationne], un beau sujet de glorification de l'oeuvre de la France en Algérie, particulièrement du travail personnel de la Légion Etrangère qui a conquis, occupé et construit ce lieu où d'autres amassent d'éclatantes fortunes tandis qu'elle-même conquiert, occupe et construit ailleurs.
occupé cette partie de l'Afrique depuis des temps immémoriaux que l'on convient de l'appeler autochtone, bien qu'il paraisse assez vraisemblable que de même que celles qui l'ont suivie, elle ait émigré de quelque partie surpeuplée et inhospitalière de l'Asie, berceau de presque toutes les familles jusqu'ici reconnues. Les Phéniciens et les Carthaginois n'osèrent troubler ces laboureurs et se contentèrent de fixer des comptoirs sur le littoral sans avoir d'autres rapports avec les peuples de l'intérieur que ceux d'un commerce peu actif d'ailleurs. Les Romains vinrent les premiers fouler ce sol misérable et les Berbères virent avec stupeur s'installer ces nouveaux maîtres dont les légions partout victorieuses devaient laisser des monuments particulièrement intéressants comme traces de leur occupation. La ville actuelle de Sidi-bel-Abbès semble devoir être placée sur la route allant de Portus Magnus (St-Leu) à Albulae (Terrae) (Aïn-Temouchent) qui rejoignait la grande voie de la Mauritanie Césarienne passant par Tiaret, Frenda, Tagremaret, Chanzy, Lamoricière, Tlemcen (Porremia) et Lalla-Maghnia (Numérus Syîorum). Us fondèrent non loin de l'emplacement où se trouve la ville, au sommet du Tessalah, un fort dont le temps n'a que très peu altéré les constructions épargnées par l'homme et qui sans doute était destiné à la surveillance des immenses territoires qu'il commandait plutôt qu'à permettre l'essor d'une colonie très active.
C'est ainsi que l'entend du moins un éminent archéologue qui s'est adonné à l'étude des monuments d'origine romaine dans la région d'Oran : « Il semble, dit-il, «que les Romains n'ont jamais habité le Tessalah que «dans un but purement militaire, tous les vestiges «d'occupation que l'on y rencontre — Aïn-Sertita, «Aïn-Bent El Soultan et deux autres pitons recouverts « aussi de ruines antiques sont des points dominants «du massif, d'où l'oeil peut planer aisément sur le «vaste horizon et même au point dé vue militaire, les «cîmes du Tessalah n'ont pu avoir d'importance que «comme postes d'observation ou simples vigies. Ain «Zertita, Ain Bent el Soultan ont l'air d'avoir été «autant de vedettes chargées de surveiller la plaine et «sous le rapport offensif, pouvant tout au plus lancer «quelques hardis guerriers pour surprendre une po«pulation endormie dans la confiance de sa supério«rite matérielle et offrir ensuite aux auteurs de ces «rapides razzias l'abri de solides murailles pour le bu«tin provenant d'un heureux coup de main.» Sans doute cependant, et les vestiges découverts de voies souterraines donnant accès à l'intérieur du fort permettent de le supposer, des colons protégés par cet Sidi-bel-Abbès.je l'ai dit, n'a pas d'histoire ; elle est ouvrage, où ils pouvaient trouver en casde trouble un ont essayé de cultiver les parties des surgie des marécages en quelques années sur un em- refuge immédiat, alentours qui leur ont apparu devoir être les plus fertiaucune considéancien, vestige placement qu'aucun de la Mekerra. ration archéologique ne faisaient prévoir. Les pre- les, cl; particulièrement la vallée Le hasard a voulu tout de même qu'à cette ville miers peuples qui ont vécu sur cette terre inculte furent les Berbères, ceux-là même que les Romains ap- déshéritée au point de vue archéologique échut la pelèrent du nom de Maures, race si comme pour avoir I garde de deux monuments particulièrement intéres-
L'ARMÉE D'AFRIQUE
SIDI-BEL-ABBÈS ET SESENVIRONSA L'ÉPOQUEDE LAVISITEDE L'EMPEREURNAPOLÉONIII par M.ie DocteurDémunéviMe) (d'aprèsun dessinà la plume,communiqué sants pour l'histoire des Empereurs de la Rome chrétienne. Ce sont deux pierres trouvées dans les ruines de la région de Chanzy scellées aujourd'hui dans les piliers de la porte d'entrée du Cercle militaire et qui portent gravées en langue latine les inscriptions suivantes : IMP CAESAR L. SEPTIMO SEVERO PIO PERTINACI AVGARSADA PARTH MAXIM TRIB POTEST VIIII IMP IC III EQALAE IIII PAR E ANTONINE
IMP CAES NAV REIANTON1N PIO AUG I SEPSEVERER P I PERT AVG ARB AD PARTI MAX F T RISPO III COS PR.O COSEO ALAE 1AVG PART THOR ANTONINIANAE
La traduction que voici en. a été donnée par des Membres de la Société de Géographie d'Oran. TrcPierre. -—A l'Empereur Caesar Lu.cius Septimus Severus Pius Pertinax, Auguste Arabique Adiabeniquc. neuf fois investi de la puissance tributienne, Impérator pour la onzième fois, les cavaliers de la 4° aile Parthique Antonine.
2e Pierre. — A l'Empereur Càssar Marc Auréle Antonin pieux Auguste, fils de Lucius Septime Sévère pieux Pertinax Auguste Arabique très heureux (et à l'Empereur CaesarEublius Septime Géta) investi pour la quatrième fois de la puissance tributienne, consul et proconsul, les cavaliers de l'aile des Parthes première Auguste Antonine. Ces indications, en particulier celle de la puissance tributienne accordée à l'empereur Septime Sévère nous reporte au début du IIIe siècle avant JésusChrist et celle qui atteste le quatrième tribun et de Géta, vers l'an 212 de notre ère. Après la disparition des légions mercenaires de Rome les Berbères se virent un temps possesseurs incontestés de ce sol où paissaient leurs troupeaux, ceux qui habitaient cette contrée assistèrent longtemps indifférents aux orages des invasions arabes qui firent déferler sur tout le Nord de l'Afrique les masses fanatisées des croyants venus de la Mecque. Cette région fut épargnée durant quelques sièclespar ces nouveaux envahisseurs qui laissèrent subsister inasservie la principauté berbère de TIemcen, mais l'heure ne devait pas tarder pour la plaine de la Mekerra de connaître de nouveaux seigneurs : les arabes de la puissante famille ITilatienne des Béni Ameurs s'y viTcnt installés par ce même roi de TIemcen, et parmi leurs tribus aux Armanas et aux Sidi Brahim échut le lieu ou devait re]X)serles cendres de Sidi bel Abbès le Saint très vénéré descendant du Prophète.
L'ARMEE D'AFRIQUE A leur tour les Béni Amours devaient connaître la domination des conquérants venus d'Europe et l'alternative du triomphe et de la défaite des armes. Dès 1509 Oran tombait au pouvoir des Espagnols et les armées du Roi très catholique, de ces mêmes forts édifiés par les mercenairesde l'Empereur de Rome surveillèrent leur branlante conquête. Des rapports de commerce s'établirent entre les conquérants et les tribus arabes, mais ils devaient être profondément troublés par l'arrivée des Turcs, et l'effort qu'ils firent constant pour parvenir à l'hégémonie absolue de ces territoires. Mascaratomba rapidement aux mainsd'un allié de la Porte, funeste augure pour l'avenir de l'influencedesespagnolsquecepremieréchec!Lalutted'abord favorableaux armes de ceux-cise termina par un désastre dû à la défectionde ces mêmesBéni Ameurs qui avaient primitivement lié leur sort à celui de la Puissance européenne. Oran fut évacuée en 1708, après deux siècles d'occupation, par les troupes de Philippe V appelées en hâte vers d'autres champs de bataille. Mais cette défaite devait être trop lourde à la fierté castillane et vingt cinq ans après, le duc de Montemar reprenait possessiond'Oran et de nouveau cherchaità remettre la main sur les plaines riveraines de la Mekera et du Sig. Cesuccèsplus encoreque le premierdevait,être éphémère et définitivement l'Oranie resta en 1792 aux mains des Turcs, domination que seule la conquête françaisedevait désormaisvenir troubler. Quel était donc l'aspect de ce pays toujours à la limite des invasions, et qui allait être bientôt, appelé au plus brillant avenir. Un vaste territoire.abandonné à l'incurie des habitants où la paresse des arabes n'avait su qu'entraver encorel'action de la nature par leurs pratiques nuisibles au développement d'une végétation quelconque. La rivière abandonnéeà elle-mêmevoyait son cours obstrué en maints endroits par la présencedans le lit du fleuve de troncs d'arbres qui empêchaient l'écoulement normal des eaux et les obligeaientà chercher un passage sur les terres avoisinantes qu'elles transformaient en un marécage,véritable foyer de pestilence, d'autant plus étendu que leseaux provenant des crues fréquentes et des pluies d'hiver ne trouvaient pour s'écouler que quelques mauvaises canalisations, restes. de la civilisation berbère. Seules croissaient, bien drues les innombrables touffes de palmier nain à qui aucune autre plante ne _faisait ombrage, détruites qu'elles étaient aussitôt germées,par la dent des moutons et des chèvres qui se les disputaient entre elles,et les disputaient à de rares ânons, tous compagnons de misère de ces indigènes insouciants et paresseux. Ici et là quelques douars formés par agglomération de toiles sordides chargées d'abriter le soir la famille grouillante, et reliées entre elles par des perches de jujubier, formant ainsi un semblant de refuge, où étaient la nuit groupés les troupeaux.
La culture se réduisait à quelquesarpents de terre grattés par des charrues primitives où poussaient sous l'influenceheureuse du climat le blé dur, l'orge, le seigle ainsi que quelquesplants de maïs, de bechna et de tabac et parfois des citrouilles qui servaient de nourriture aux nomades, plus friands cependant du lait de leurs moutons et de leurs chèvres,alimentation mieux en rapport avec leur caractère indolent et leur goût du repos. De chemin il n'en existait pas sinon les sentiers tracés aux pieds de l'homme et des bêtes de somme, contournant les moindres broussailles sans égard pour les distances inconnuesà ce peuple indifférent à toute idée même de temps. Le franchissement des oueds ne se faisait qu'à gué tt lorsque les basseseaux en permettaient le passage. L'industrie était presque inconnue, sinon la confection— travail exclusivement féminin-—des vttements de laine nécessairesà l'habillementde la famille, de tentes en bourre de palmier et encore la fabrication des ustensiles les plus grossiersnécessairesau ménage. Le commerce consistait en quelques échanges entre les céréales des aimées particulièrementprospères,et de menus objets, importéspar des marchands étrangers qui frappaient plus particulièrement, la curiosité de ces primitifs. Par contre la faune sauvage était abondante et le pays était infesté de bêtes sauvages : hyènes, renards, chacals, sangliers, gazelles se multipliaient à l'envi dans ces lieux désolés,à côté d'eux les grands fauves, panthères et lions, étaient nombreux,danger constant pour les arabes et leurs troupeaux. Ces habitants redoutables disparurent du reste rapidement devant les armées de la conquête, laissant les indigènes faire faceà ce nouveladversaire. Nulle part on n'aurait pu déceler une action bienfaitrice quelconque de l'administration turque, trop intéresséeà entretenir les nomadesdans leur affaiblissementmoralet physique,état de chosesqui favorisait si bien la levéedes contributionsde tous genres. Tel était, l'aspect de ce pays qui apparaissait particulièrement déshérité, telle était la condition dans laquellecroupissaitla populationarabe. Et parcequ 'elle devait se heurter à tant de difficultés de toutes sortes, à tant d'inertie, la tâche accomplieen ces lieux par la France n'en est que plus belle, comme plus beau le rôle de son armée conquérante et colonisatrice travaillant sousle regard du Chefet suivant sa devise : «ENSEetARATRO» L'époque de la conquête de l'Algérie n'apportera" pas non plus à la région où va être édifiée la ville de Sidi-bel-Abbèsune illustration bien curieuse. Sidi-bel-Abbèsfut une obligation stratégique. Lorsqu'après la prise d'Alger, la conquête de son hinterland, les nécessitésde sa conservationcommanderont au roi Louis-Philippela conquête de l'Oranie, le Maréchal Bugeaud entreprit la soumissionde ce
L'A
E D'AFRIQ
PIERRESROMAINES TROUVÉES ACHANZ LAPORTEDUCERCLE DANS DESOFFICIERS DEBEL-ABBÈS Y,SCELLÉES pays. Oran fut rapidement occupé, mais pour arriver à la domination complète et pacifique dés territoires qui nous intéressent, il faudraun effort humain considérable, bien des sacrifices et même de salutaires échecs. En 1835, le MaréchalClauzel lui-mêmeconduisait la première colonne contre la tribu des Béni Amours, campagne qui aboutit à l'occupation des deux villes qui commandent l'accès de cette région du côté de l'Est et du Sud, TIemcenet Mascara, mais une politique néfastenous priva du bénéficede cette opération, et, par le traité de la Tafna, nous rendions les deux places récemment conquises. Nous ne devions pas tardera toucher du doigt les désastreusesconséquences de cet abandon. Cette inertie de la France donna à l'Emir Abdelkader une importance et un prestige auquel il ne pouvait prétendreet contrecet adversaire, dont nous avionsfait la fortune, nousdevionsjusqu'en 1847 employer des forces considérables avec des alternatives angoissantesde revers et de succès. Dès 1842, la lutte reprit, et les places de Mascara et de TIemcenfurent réoccupées; en même temps, le Maréchal Bugeaud décida la création d'un certain nombrede postes de ravitaillement destinésà abriter les vivres nécessairesaux troupes en campagne et à
servir de points d'appuis pour les expéditions à l'intérieur. De ce nombre étaient Daya, Fredna, Tiaret, et parmi eux un poste de ce genre fut créé près du marabout de Sidi-bel-Abbès,à égale distance entre Oran et Daya. Rapidement ce poste fut occupéd'une façon permanente par quelques éléments chargés de protéger nos communications,c'est dans ce but que le généralBedeau fit transformer le poste en redoute qui reçut une garnison composéede soldats de la Légion Etrangère et de Chasseurs. Cette redoute située sur un léger ressaut de terrain faceà la Kouba de Sidi-belAbbès permettait des vues assez étendues sur les alentours tandis qu'elle était elle-même protégée du côté Nord par le fosséde l'Oued Mekerradont le cours à cet endroit s'infléchissait dans la direction OuestEst. Redoute restangulaire d'une surface d'un demi hectare environ comprenant un enceinte fortifiée enfermant des baraques en planches destinées aux vivres et à l'ambulancetandis que les hommesvivaient sous la tente. Aussitôt que fut édifiéce petit ouvrage s'installèrent aux alentours quelquescommerçantsexploitant largement leur situation à proximité des soldats ; ils formèrent un petit village qui ne dépassa d'ailleurs jamais dix maisonstandis que les légionnairess'employaient
L'ARMEE D'AFRIQUE déjà aux travaux d'assainissement urgents dans la partie marécageuse qui bordait la redoute et drainaient les eaux stagnantes dont les émanations étaient d'autant plus pernicieuses que les vents Nord-Ouest assez fréquents soufflaient en direction des lieux habités. Le fort fut vite, et à plusieurs reprises l'objet des attaques menées par les troupes de l'Emir, particulièrement pendant les mois d'août et d'octobre 1843, mais les rebelles s'étant heurtés aux détachements du Colonel Géry et du Commandant Barrai n'en retirèrent qu'un châtiment exemplaire. L'alerte fut plus chaude en 1845. Le 30 janvier au lever du jour des rassemblements d'Ouled Brahim tentèrent, de se rendre maîtres par ruse de la redoute et, pour ce faire envoyèrent une avant gardede cinquantehuit des leurs, déguisés en pèlerins et couverts de haillons sordides. Ils demandèrent à visiter le fort français et sur leur mine pacifique en obtinrent l'autorisation, mais, aussitôt entrés, ces scélérats brandirent les armes qu'ils cachaient et se ruèrent sur la sentinelle et les soldats qui les entouraient. La présence d'esprit de l'Officier comptable de l'Ambulance (la tradition n'en a malheureusement pas conservé le nom glorieux) sauva la situation, il fit fermer les portes, rallia tous les hommes valides et contre-attaqua vivement les indigènes. Cinquante-huit d'entre eux avaient pénétré dans la redoute, cinquante huit cadavres en sortirent;du côté des occupants on comptait'huit morts et vingt six blessés, dont l'Officier lui-même atteint d'une balle à la main. On tira aussitôt le canon pour avertir le ColonelVinox qui se heurta en revenant aux Ouled Brahim et leur infligea une défaite sévère. Les arabes morts furent enterrés au pied du peuplier d'Abdelkader, seul de son essencedans toute la contrée, et qui servait de repère aux colonnes qui opéraient contre l'émir. C'est, chose étonnante, à une conséquence de la politique funeste suivieà l'égard des indigènesque cette redoute doit d'avoir été appelée à un développement extraordinaire. En l'année 1845, Bou Hammidi Khalifa de l'émir Abd-el-Kader fit une incursion chez les Béni Ameurs, et les obligea à émigrer en masse. Seules quelques tribus purent échapper à cette déportation, mais elles s'exilèrent peu à peu laissant inoccupé à un territoire immense entre TIemcen et Mascara. Dès lors Sidi bel Abbès fut une position d'importance capitale appelée au double rôle d'empêcher les incursions des insoumis dans les régions tranquilles et colonisées du Sig et du M'iéta et d'assurer les communications entre Oran et les deux villes situées à la limite de notre occupation : Mascara et TIemcen. Le Général de Lnmoricière surpris de la nécessité d'élever à la place de la redoute une ville fortifiée en donnait, dans un rapport au Gouverneur généra] duc d'Isly les raisons suivantes : « Il y a à peine trois mois «les Dounirs et le Smélas devenus tribus frontière « par le départ, des Béni Amours qui habitaient le ter-
«ritoire de Sidi Bel Abbès, étaient exposés aux incur« sions des tribus voisines du Maroc et du Sahara. « Us réclamaient l'appui d'un <amp et formaient «eux-mêmes des rassemblements de cavalerie pour «couviir leurs laboureurs. «Les temps sont devenus meilleurs, sans doute, «mais ils n'eussent pas eu ces alternatives de terreur «et de confiance si Sidi Bel Abbès eut été ce qu'il de«viendra un jour : un centre de population considéra«ble auquel s'appuiera un maghzen et où des rassem«blements militaires permanents placeront la réserve «des troupes de la Division d'Oran. «Courte distance de la mer, communication facile «avec Mascara pour l'Est, pour l'Ouest avec TIemcen «dont la route d'Oran deviendrait plus sûre, moyens «d'action plus rapprochés des Hauts-Plateaux et do«minant les influences de perturbation, protection «plus efficace à l'installation coloniale, tout indique «Sidi Bel Abbès comme une position capitale dans «l'ensemble des données de notre entreprise. «SidiBel Abbès, en outre, est nécessaire pour com«mander à l'immense pays des Béni Amours et pointeassurer les communications entre TIemcen et Mas« cara, entre Oran et le Sahara. «Cette position de Sidi Bel Abbès est si importante «à nos yeux que nous ne craignons pas d'avancer que «ce sera probablement un jour, et ce jour n'est pas « éloigné, le chef lieu de la division d'Oran. «Dans cette pensée, dans cet espoir, nous deman«dons qu'il soit créé, dès à présent, un centre de «population considérable placé sur les bords de la «Mekerra dont une partie des eaux pourrait être «détournée par des irrigations, au milieu d'une im«mense plaine réputée par sa fertilité et à l'intersection «de 4 routes principales. «Sidi Bel Abbès pourra contenir une riche et nomcebreuse population agricole». Ainsi trouvons-nous sous la plume de Lamoricière l'évocation de l'avenir auquel Sidi Bel Abbès paraissait voué ; il nous fait même entrevoir cette redoute comme devant l'emporter sur Oran jusqu'alors désignée comme capitale de la région nouvellement conquise, mais si le temps n'a pas consacré toutes les prévisions prophétiques du général, les considérations militaires et économiques qu'il invoquait alors n'en demeurent pas moins aujourd'hui dans leur entière valeur. Entre temps un arrêté du Gouverneur général, en date du 18 avril 1846, confisquait au profit de l'Etat les territoires abandonnés par les tribus émigrées qui n'auraient pas, dans un laps de temps déterminé, demandé l'aman. L'année suivante une autre dépêche du Maréchal Bugeaud établissait les bases de l'occupation militaire de Sidi Bel Abbès, mais en 1848 seulement devait être réunie la Commission chargée de déterminer l'emplacement le plus favorable à l'établissement d'un centre de colonisation et d'un dépôt de troupes. Cette commission fut composée d'éléments militaires et civils et
L'ARMEE D'AFRIQUE
EN1926.— VUEPRISEEN AVION SIDI-BEL-ABBES (d'aprèsun clichédu centred'Aviationde la Sénia,2" gr. Av. d'Af.) la Présidence en. échut au. Capitaine Prudon, chef du Génie; tandis que le chirurgien-major de la Légion en était le conseillerau point de vue sanitaire. Le capitaine Prudon s'attacha aussitôt à dresser les plans d'une vaste organisation, conforme aux vues éclairées du Général de Lamoricière, mais ce projet hit, par le Commandant supérieur du génie jugé trop étendu. Sidi Bel Abbès se voyait dès lors et pour longtemps refuser la première place parmi les cités de l'Algérie occidentale. Mais, réservant l'avenir que le Ministre de la Guerre rêvait pour' cette ville, les crédits nécessaires à la construction de Sidi Bel Abbès, futur Chef lieu de subdivision, furent attribués suivant une évaluation conforme aux plans établis par la Commission et les travaux commencèrent en l'année 1847. Nous ne suivrons pas dans ses détails l'édification de Bel Abbès, la, construction de ses murailles et des édifices militaires et administratifs, nous ne nous attarderons pas au tracé de ses rues non plus qu'aux travaux d'assainissement de ses alentours immédiats, mais qu'il nous soit permis tout de même d'esquisser à grands traits les étapes si rapides de la création de cette ville, car elles sont toutes à l'honneur de l'Officier qui l'a conçue dans ses moindres détails et,de la main qui l'a façonnée pour une grande part : la Légion Etrangère. Donner les plans de cette ville, c'est faireune description de ce qu'elle est aujourd'hui : Une vaste enceinte presque rectangulaire délimitant une superficie de 42 hectares, dont les fortifications devaient répondre à la double condition d'occuper le plateau d'une façonjudicieuse permettant des vues sur tous les environs, en même temps de s'écarter le moins possible de quelque
forme géométrique simple et régulière adéquate à la construction des A'illes. , On décida de séparer entre eux les quartiers militaires et civils, car les premiers étant appelés à une construction plus immédiate, l'aspect de l'ensemble serait longtemps demeuré confus. Des éléments civils pourraient d'ailleurs s'introduire peu à peu dans le quartier ou devaient être groupés les bâtiments militaires. Le tracé de la voirie fut simple. Deux avenues perpendiculaires reliaient entre elles les portes réservées face aux quatre points cardinaux dans les murs des courtines, et auxquelles on donna le nom des centres vers lesquels s'acheminaient les routes correspondantes : Oran au Nord, Daya au Sud, Mascara à l'Est et TIemcen à l'Ouest. Parallèlement à ces avenues aux perspectives rigides devaient être tracées des nies pour lesquelles on avait adopté la largeur uniforme, de huit mètres. L'avenue allant de la. porte d'Oran à la porte de Daya, délimitait les quartiers réservés à l'Administration et aux troupes, ce dernier fut choisi le plus proche de la porte de TIemcen. Sur cet emplacement devaient être construits tous les édifices nécessaires à l'Installation des services de la subdivision future. Les allocations obtenues en 1847s'élevèrentà 100.000 francs et cette année vit. les travaux commencer activement par la clôture du quartier de cavalerie et l'édification des murailles pousséesà une hauteur de 2m.50, en même temps, des efforrts étaient faits pour le défrichement et l'assainissement des marais et un pont provisoire était jeté sur l'Oued face à la porte d'Oran. Les dix années qui suivirent firent sortir cette ville
L'ARMEE D'AFRIQUE des tâtonnements inévitables dans les débuts d'une organisation quelconque. Le Gouvernementse débattant, dans les difficultés issuesdes journées révolutionnairesde févrieret cherchant à éloigner de la Capitale des éléments dont il avait tout à redouter en semblablepérioded'agitation rendit un décret en date du 19 septembre 1848 qui allouait une somme de quarante millionsprélevée sur les exercices budgétaires de la période 1848 à 185] pour les établissements de colonisation destinés à recevoirl'excédent de la population parisienne. Ce fut la consécration du principe adopté peu de temps auparavant de la concessiongratuite : Gros effort et louablesans doute, mais qui ne donna pas les résultats auxquels pouvaient faire prétendre leslourdssacrifices acceptés par la Nation. Néanmoins la colonisationse développa grandement en raison de la tranquilité quasi absolue assurée aux travailleurs par les opérations heureuses réaliséesà cette époque. Peu à peu commençait à se dresser derrière ses murs la ville entrevue par l'imagination clairvoyante de Lamoricièreet de Bugeaud. Le quartier civil, protégé par une fortification provisoire,se peuplait d'une si importante colonieque déjà se manifestait la nécessité d'un certain nombre d'établissements publics tels que marché, abattoirs, cimetières... Des plantations hérissaient les parcelles arrachées aux marécagespar un drainage judicieux, et les glacis extérieurs. Le quartier de Cavalerie est achevé en 1849, le casernement des troupes d'Infanterie est ébauchéainsi que les bâtiments réservésà la fabrication du pain et le dépôt, des vivres.En 1851, l'essor est plus rapide encoregrâce aux crédits alloués dont la sommes'élèveà 70.000 fr. pour lesfortificationset 237.000fr. pour lesbâtiments militaires ; la colonisation devient elle-même plus intense par la création d'un réseauroutier agrémenté de travaux d'art, reliant les hameaux voisinset permettant le transport des matériaux extraits du Tessalah, enfinl'installation des postestélégraphiquesmettant la villeen communicationavecOran et TIemcen,due à des spécialistesrecrutés dans la garnison. Cescrédits augmenteront encore jusqu'en 1854,époque à laquelle les fortifications sont presqueterminées, le Géniea déjà construit les portes d'Oran et de Daya; une caserne d'infanterie pouvant contenir neuf cent hommes avec ses éléments accessoires,un quartier de cavalerie, les bâtiments principaux de l'hôpital, une gendarmerie assez grande pour loger u ne brigade de 10 hommes.La grande voierie de Bel Abbès compte à ce moment près de 15.000 mètres complètement pavés, le reste est disposé à recevoir l'empierrement-, outre ces travaux, le défrichage, et l'assainissement de la contrée ont été vigoureusement poussés ; trente mille mètres de canaux ont été construits, une route a été tracée de Bel Abbès au Tlélat dont 33 kilomètres sont à l'état d'entretien, 15 kilomètres de chemins sont simplement ouverts, particulièrement dans la région de Daya. En 1856,lesfortificationssont terminées par l'achèvement des portes de TIemcenet de Mascara;les cons-
tructions souterraines nécessairesà l'évacuation des eaux et au système d'irrigation sont égalementfinies. Parallèlementau développementde la villes'accroissait le chiffrede la populationde la colonie;il passait de 516en 1849à 4.334 en 1857,suivant toujours sa marche ascendantesousl'influenceconsidérabledes immigrants venus d'Espagne et de France. La période décennalesuivante verra la coloniesoumise à de rudes épreuves, ellesralentiront un temps son peuplement et ses travaux, mais pour retrouver ensuite une ardeur nouvelle et plus intense, temps d'arrêt résultant du changementdu systèmed'administration,de fléaux variés et d'une invasiondésastreuse des rebellessahariens. Vers la fin de 1854,Sidi Bel Abbès eut à subir le contre-coupde l'insurrection qui sévissaitdans le Sud de la province. Les cavaliers venus du désert arrivèrent jusqu'aux portes mêmesde la ville, détruisant sur leur passagetout ce que les colonsavaient abandonné entre leurs mains. Ils terminèrent la série de leurs méfaits par le massacrede la population d'El Youb surprise hors de son village avant d'avoir pu se mettre en état de défense,ou hors d'atteinte par la fuite. Les années suivantes n'apportèrent à la région que de nouveauxmalheurs.La rupture du barrage de la Tabia provoquait l'inondation dit pays et les eaux baignaient le pied des muraillesde Sidi BelAbbès. Puis une sécheresse terrible, et une invasion de sauterelles firent subir aux colonsdes pertes considérables.Maisl'épreuve fut plus dure encore pour la population indigène qui subit une crise particulièrement grave; la misère apporte chez eux les germes morbidesles plus dangereux, le typhus et la fièvretyphoide en firent disparaître un grand nombre, il fallut pour les sauverun gros effort financier des communesqui durent elles-mêmes contracter des emprunts, enfin un vote du Corpslégislatif le leTjuin 1868accordant des crédits importants permit à la coloniede franchir ce pas difficilede son histoire. Depuislors,sans heurt et sans arrêt, d'un pas assuré, la Ville de Sidi-bel-Abbèss'est développée jusqu'à acquérir la haute situation qu'elle occupe aujourd'hui en Algérie et qu'elle améliore d'un travail obstiné, éclosionétonnante d'une ville qui surgit en vingt ans d'un marécage malsain, qu'un coup d'oeil jeté sur les conditions de la colonisationet de la vie économique nous fera comprendreen même temps qu'il nous permettra d'entrevoir la réalisation de l'avenir auquel les généraux éminents qui l'ont fondée se plaisaient, à la destiner. Au premier plan de ces considérations il sied de placer la fertilité proverbiale de cette partie de la province d'Oran, fertilité dont les causes doivent être recherchéesdans la nature dn solet son irrigation abondante, dans lesinfluencesclimatériquesheureuses,dues à la position géographiquede Sidi-bel-Abbès.L'étude géologiquede cette régionpermet d'établir l'existence de couches primaires, secondaireset tertiaires, super-
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CASERNE DU 1" RÉGIMENT ETRANGER V1ENOT, posées suivant un mode régulier et recouvertesellesmêmes d'alluvions modernes dues aux apports des oueds, principalement de la Mekerra. Toutefois en raison de certains bouleversements, peut-on trouver des affleurementsde terrains secondaireset tertiaires, ces derniers particulièrementfréquents dans le massif du Tessalah, à la base desquels on observe surtout des bancsde grès quartzaux jaunâtres caractéristiques. Ainsiau Nord, la régionmontagneusesest constituée par des marnes et des calcaires de l'époque tertiaire. La plaine dans laquelle se trouve élevée la ville de BelAbbès est formée par un substratum ancien recouvert,de terrains tertiaires, eux-mêmesdisparaissant sous les débris alluvionnairesformant un humus particulièrement fertile. Le sous-soln'a pas révélé de richesses métallurgiques, sauf quelques gisements cuivreux de trop faible importance pour mériter les dépenses d'une exploitation industrielle, et encore quelques affleurements de fer hydroxidé découverts dans la région de SidiDaho. Par contre, abondent sur leterritoire lesmatériaux de construction particulièrement au Tessalah, à l'oued Sarno, Zéroula et à proximité de la ville même. Sidi-bel-Abbèsest située par 33° 12de latitude Nord et 2° 58 de longitude Ouest, ce qui la place sur le méridien de Windsor,de Saintes et de Villemayor et sur la parrallèlede Larracheau Marocet desgorgesd'El Ivantara dans le Sud Constantinois.L'altitude moyenne est de 470 mètres. La région se trouve soumisede ces faits aux influencesclimatériquesde la mer et du
Sahara, amenant des variations de température brusques, caractéristiques du climat continental. La température moyenne de l'année varie entre 16 et 17 degrés, les pluies sont réparties principalement sur les mois de novembre et de mai, elles représentent une hauteur de 197 m/m pendant une année sèche, allant jusqu'à 493 m/m pendant une année humide. L'époque de ces pluies a sur la valeur des récoltes une influence prépondérante, les années caractérisées par un printemps pluvieux et des mois d'automne et. d'hiver secs sont réputées les plus fertiles. Aussi la richesse de la région est-elle grande , les céréales y croissenten abondance, particulièrement le blé tendre, le blé dur, l'orge et l'avoine dont la répartition donnait en 1925 les chiffressuivants : • 1.065 hectares Blétendre Blédur 247 1.087 — Orge Avoine 745 — mais la première place sur le marché agricole a été emportée par la vigne, qui, malgré des débuts bien propres à abattre l'enthousiasme des colons, a pris un essor considérable, encouragé par les nombreux débouchés que lui réserve le marchéfrançais. En 1925, le vignoble de Sidi-bel-Abbèscouvrait une étendue de 2.710 hectares, et produisait 107.210 hectolitres de vin. R convient de ne pas oublier à côté des produits dus au travail de l'homme l'abondante végétation due au seul effort de la nature. Les forêts domaniales
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et communalespeuplées de pins d'Alep, de thérëbinthes de tuyas, de lentisques, de r.hênes-vertset particulièrementd'oliviers contribuent pour une large part à la richessedu pays. L'avenir industriel de la région est sansdoute moins brillant que celui envisagée par l'agriculture ; toutefois certains établissements sont florissants, particulièrement ceux chargés de la fabrication de l'outillage nécessaireà la Colonisation,ou appelés"à fournir certainsmatériaux de constructionset ceux-là encore qui traitent les/produits de la vigne. Mais ces industries locales sont justiciables de la concurrence de la métropole, rendue redoutable par le développementdu réseau de voies ferrées qui a fait de Sidi-bel-Abbèsun noeud important de communications et une tête de ligne vers l'intérieur. Enfin, dernier facteur du développementrapide du pays, l'installation d'établissements financiers considérables est venu apporter au travail des bras l'aide puissante,des capitaux. Les crédits qui ont manqué aux colons de la première heure pour faciliter leurs installationset leurs transactions de tous genres sont maintenant prodiguésà tous. Attirée par ce sol fertile, ce climat heureux l'immigration devait être nombreuse, et prompt l'accroissement de la population de Sidi-bel-Abbès,quelques chiffresen témoignent. En 1847le nombre des habitants s'élevait à 431. En 1859 ce nombre était passé à 5.259. En 1925il était de plus de 36.000.
lie
Rétablissement
de
En accueillant le Président de la République lors d'un voyage qu'il fit en Afrique du Nord au coursde l'année 1922 le premier magistrat de Sidi-bel-Abbès pouvait avecfierté énumérerles richessesde son agriculture,de sa productionvinicole,l'essorde sa population, ses.écoleset ses ateliers,il présentait simplement les résultats d'un effort constant de trois quarts de siècle,dans cette créationoù plus que tout autre part ailleurs semble s'être complu le génie particulier de la France, et au nom de cette cité il associaità juste titre celui de la LégionEtrangère qui l'a édifiée dans ses organesvitaux et qui a depuis assuréla tranquilité de ses laboureurset de ses maçons,commepour consacrercette parole d'un écrivain d'hier, particulièrement juste quand on l'applique à nos possessionsafricaines: «Le travail n'est fécond qu'à l'ombre des épées.» Paul de BORDE. S'/Lieutenantdela Légion-Etrangère. P. S. — 11convientau momentde terminerde saluer les éminentshistoriens de Bel-Abbès,MM. Bastide et Advue, dont les ouvragessi intéressantset si vivants ont été une sourcefécondede documents,à laquellej'ai été amené à puiser pour la compositionde cet article. Qu'ils trouventici un hommagedû,à leurtalent! P. B.
ta Situation
militaire
( Suite) (i) IV L'OPERATION CHEZ LES BENI ZEROUAL Genèse — Exécution — Résultats Tandis que par la soudaineté de ce redressement improviséde toutes pièces,l'armée française du Maroc arrachait l'initiative à la dissidence,le Gouvernement, avec la profondeur de vues qui s'attachait à ses responsabilités,cherchait au problème marocain la solution la plus large, celle qui, par la collaborationeffective de la France et de l'Espagne, pouvait et allait ouvrir la voie la plus féconde. Le 12 août, il confiait la direction généraledes opérations au maréchalPétain. Le 21 août, à Algésiras,le maréchal Pétain et le général Primo de Rivera,examinaient les modalités d'une collaboration militaire et de novembre 1928 (1)Voirbulletinsde seplembre-octobre
des puissancesprotectrices. L'inconnue du problème offensifcommençaità s'éliminer (2). Le 25 août, le maréchalPétain réunissaità la Résidence de Fez les principaux chefs de troupes et de servicesdu Maroc.Après avoirétrdié aveceux le problème sous tous ses aspects, il leur faisait connaître sa décision. «Exécuter le plus tôt possiblel'action prévue chez les Béni Zéroual,mais sans lui donner l'extension prévue et en ne prescrivant pas d'avance le mouvement de cavalerie, qui, vu la difficulté du pays, apparaît inopportun. « Pendant ce temps, concentrerle gros des moyens dans la région de Taza en vue d'une offensive princidumaréchalPélainellesdébuts (2) Voirpourla désignation de la coopération lelivredéjà cité: La Vicfranco-espagnole, toire franco-espagnole dans le Rif, lieulenanl-colonel LAUBE (Pionet Nourrit),p. 61à 65.
L'ARMEE D'AFRIQUE pale vers les seuilsdu Rif, dans des conditionsprécises à fixer plus tard. «Entre les deux, étudier la réduction du massif Senadja Marnissa, soit comme action militaire à entreprendre en fin de saison, soit comme action politique à exploiter pendant l'hiver. » Ainsi, l'action principale contre les Béni Zerouaf rétréciedans ses objectifs,devenait l'action secondaire L'action secondairedu Haut Msovn passait avec des buts élargisau rang d'action principale. Mais, commed'une part cesdeux actions, quoiqu'on en ait dit, n'étaient pas possiblessimultanémentpour les raisonsde densité du front et d'équipements arrière déjà exposées, commed'autre part la concentration, prescrite par l'Instruction n° 2 était déjà très avancée, l'action Béni Zeroualallait précéder l'action du haut Msoun,sous la réserve que cette dernière puisse se déclencheravec la vigueur et la consistancevouluesdès le 25 septembre. Cette nouvelle orientation des opérations allait conduire à une translation du centre de g avité vers l'est, aussitôt finie l'opération Béni Zeroual ; ce changement sera aisément réalisable,car la réorganisation du front nord, de sestroupes et de ses services,s'achève dans la forme et le temps prévus. I. — La genèsede l'opérationBéni Zeroual Réduite dans sa portée initiale, cette opération ne pourra donnerque desrésultats politiques et militaires plus modestes que ceux qu'elle avait primitivement laissé espérer.Elle est cependant intéressanteà si ivre pour la qualité de sa manoeuvreet la vérification des principes tactiques déjà appliqués au cours des premiers rétablissements. Le tempérament apporté aux prescriptions de l'Instruction personnelle et secrète n°2 se traduit, pour l'opération projetée, par un changement de nature. Elle aura désormais pour but la prise de possession, puis l'organisationsolided'une ligne de défensejalonnée ' — à l'ouest (zone d'action du général Pruneau) par la croupe 3 kilomètres au nord d'Ain Bou Aissa, le DjebelAmjot, le mamelond'Aoudour ; —à l'est (zone d'action du général Billotte) par Ain Leuh, le DjebelAgil,Astar, Bou Azzoun,Moulay ain Djenane. L'action convergentede cavalerie prévue sur Ghafsa et Ain Berda n'aura pas lieu. La lro brigade de spahis est affectéeà la sécuritédes arrières. Les effectifs suivants nécessairesaux opérations de l'est seront retirés du front aux dates ci-après Le 38 septembre, une brigade de la 3e division de marche. Le 25 septembre,le reste de la 3edivisionde marche et la 8e brigade (colonelDuffour). Ainsi, l'opération Béni Zeroual prend le caractère d'une opération militaire visant la conquête et l'organisation d'une ligne de résistance choisie. La sup-
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pression des attaques convergentestransforme la manoeuvre prévue initialement en deux actions conjuguées dans le temps, mais distinctes dans l'espace, dont les résultats politiques seront proportionnels à la profondeur des objectifs. Mais les positions de défense conquises constitueront une ligne de résistance qui stabilisera définitivement notre situation au nord de l'Ouergha, en même temps qu'une base offensive de première importance sera établie pour des opérations ultérieures,soit vers l'est en directionde Targuist, soit vers l'ouest en direction de Chechaouen. II. — L'exécutionde l'opération A) La situation-au 10 septembre.— L'action politique menée conformémentà la directive du 18 août (annexeà l'Instruction personnelle et secrète n° 2) n'a donné que des résultats modestes. Elle a cependant permis de constater les résistances que pourront rencontrer les colonnes d'attaque et de déterminer les effectifs et les intentions probables de l'adversaire. Elle a enfin confirméle fait qu'en présence du prestige acquis par Abd El Krim, en raison de ses succès du printemps, la question à résoudre est d'ordre purement militaire et que la politique ne pourra qu'exploiter les résultats de l'action militaire. Les sondageseffectués en pays Béni Zeroual par le chérit' Derkaoui et le caïd des Ouled Kacem, restés fidèlesà notre cause, ont abouti à cette constatation, uniforme : les Béni Zeroual, surtout ceux de l'Ouest, Ouled Kacem et Béni Bou Bane, sont las de la domination riffaineet inclineraientà faire acte d'hommage au Maghzen,s'ils n'étaient retenus par deux raisons : la présence sur leur territoire des Riffains qui les surveillent et leur défaut de confiance dans la durée et dans la force de notre future installation chez eux. Entre les deux influences qui pèsent sur eux, ils se montrent disposésà opter pour celle qui administrera là preuve du plus fort et qui les mettra à l'abri des représaillesde l'autre. On ne doit donc pas compter sur leursoumissionavant d'avoir pénétré sur leurterritoire et cette soumission ne devra être considéréecomme valable que dans la zone réellement couverte ou commandée par nos organisations. Il y aura par suite résistance armée au moinssur la lignede nosancienspostes.L'énergiede cette résistance sera variable selon Fapptïi que les Béni Zeroualrecevront des contingents riffains ou étrangers. Les Ouled Kacem et les Bou Bane étayés par une partie des Béni Brahim peuvent nous opposer 2.000 à 3.000 fusils. Les Riffains actuellement chez eux, en mettraient 1.000en ligne auxquelspeuvent s'adjoindre un millier de Béni Ahmed, 2.000 Béni Mestaraet 500 Béni Ouriaguel venus à la fusillade. En définitive, et dans le cas peu probable d'une convergencedes efforts dans Jetemps, 6.000à 7.000 guerriers. Chez les Béni Ouriaguel, il a été jugé inutile de tenter une action politique. Nous ne pouvions, en effet, sans perdre nôtre prestige, entrer en pourparlers avec une tribu qui s'était montrée notre adA'ersaire irréductible,
L'ARMEE D'AFRIQUE Les Mezraoua,Meziat, Rioua, au total 700 à 800 fusilsne pourront offrir par elles-mêmesune résistance très sérieuse; mais, dominées par les Riffains, elles livrerontcertainementbataille pourse préservercontre tout retour de fortune. Les efforts faits pour entrer en relation avec les Mtiouade l'Outka n'ont pas abouti. Cette tribu s'est, en effet, ralliéenettement à la cause riffaineet il faut s'attendre à la voir apporter l'appoint de ses fusils aux Mezraoua,Meziat, Rioua, soutenus peut-être par une partie des Senadja, au total, pour ce secteur,environ 3.000 fusils. Par contre, les Hayainas —-750fusils — semblent, n'attendre que nos premiers succès pour faire leur soumission. Telle apparaît la situation politique au nord de l'Ouergha.Aux deux ailes, une-dissidencequi fléchit, mais qui ne peut se libérer de l'emprise riffaine.Au centre des tribus nettement hostiles, en arrière des tribus que le souci de leur sécurité amènera d'ellesmêmes à nous combattre. Enfin l'appoint variable des contingents extérieurs qu'Abd el Krim pourra pousser en renfort. A l'ouest et à l'est, l'action politique entreprise en exploitationdes opérationsde rétablissementse heurte à une action vigoureusede la propagande ennemie. Cependant,l'agitation maintenuechezlesBéniMestara à l'ouest d'Ouezzan et chez les fractions non encore soumisesdes Tsouls et Branes semble surtout le fait d'éléments étrangers et ne constitue pas une menace de nature à remettre nos succès en cause dans ces secteurs. Les positions conquisesmettent d'ailleurs les points vitaux du front à l'abri de nouvellestentatives de l'ennemiet permettent de tourner tous les effortsvers l'action offensive. Le Commandement,d'autre part, se trouve en possessionde tous les moyens nécessairesà cette action. Les renforts comprennent, le 10 septembre : — 48 bataillons, — 2 compagniesde chars, —12 escadrons, —17 batteries, —- 5 compagniesdu génie, — 3escadrilles.
et 8e brigade) est concentré à Taounat. Le général Hergault assure, avec la 128edivision,la garde du secteur d'Ouezzanet la sécuritédes arrièresde la 35edivision.Le généralMarty, disposantde la 7e brigade et de la lre brigade de spahis, assure la sécuritédes arrières de la 3e division et du groupement Billotte. Aucune modificationn'a été apportée au secteurdu 19e corps. de l'opération du 10 au 20 sepC) Le développement tembre.— La manoeuvredu groupementPruneau. — La manoeuvreconçue par le général Pruneau consiste à déborderle massif d'Amjot par le nord-ouestet par l'est et à établir d'un premierbond une massed'artillerie dans la région d'Aïn Bou Aïssa d'une part, dans la région d'Achirkane d'autre part. En un deuxième bond, la gauche doit acheverle débordement du Djebel Amjot par le nord en se portant sur Hiana, tandis que la di'oite attaquera directement la Zaouiad'Amjot. La 35e divisionsera couverteà gauche par une forte flanc-gardede la 328e division qui s'emparera de la crête Bab Hoceïne-Oucd Hamrine. La liaison entre lesdeux attaques et lé nettoyage de la régionde Béni Derkouldoit être assuré par une mehallachérifienne. Afin d'assurer la sécuritéde son rassemblementsur la base de départ, la 35edivision nettoie, dans la journée du 9 septembre, le triangle Teroual-Skifa-Mjara qui était encore occupépar lesdissidents,appuyés par environ 200 réguliers riffains. Le 11 septembre, la brigade Garcin (69e brigade) partie de Teroual, atteint Aïn bou Aïssa où elle opère sa liaisonavec la brigade Nieger (70ebrigade) partie de Skiffa. La 3e division (général Goureau) s'empare, sans difficultés sérieuses, d'Achirkane et d'Aoudour. La mehalla progressejusqu'à la crête de Béni Derkoul. Le 12 septembre, la 35e division se porte en avant sans rencontrer de résistance et occupe la région de Riana et de Tabouda. Puis, se rabattant vers le sud, elle opère sa liaison à la Zaouia d'Amjot avec la 3e division dont le droite a atteint sans résistance El Aoussaet Souk el Had Bou Fquirah. PaT contre, la flanc-garde de la 28e division est violemmentaccrochéeet doit livrer un combat sévère pour s'emparer de Bab Hoceïne et d'Oued Hamrine. B) La mise en place du dispositif.— A partir du 5 //a manoeuvredu groupementBillotte.— Pour l'exéseptembre,'les généraux commandantles groupements cution de sa mission, le général Billotte découpe la sont en possessionde tous les moyensqui leur ont été zone à conquérir en plusieurs tranches sur lesquelles affectéstant par l'ordre général n°10 que par l'Ins- il successivementla majoritéde sesmoyens. appliquera ^truction personnelleet secrète n°2. Les unités sont La manoeuvrese déroulera de la manière suivante : alors dirigées sur les bases de départ. Cependant, ce Le jour J, élargissement de la base de départ de n'est qu'à partir du 8 septembre, date à laquelle le du pays Meziat entre l'oued la Taounat conquête par les sécuritédes arrières est en de place, que dispositif — Djebel Sker la Sra et l'oued Sahela ligne jusqu'à derniers éléments faisant partie des groupements Ifrane — Sahela. d'attaque sont libérés. Le jour J plus I, conquête du massif Rioua entre Le 10 septembre, le dispositifgénéral est établi. Le Oued Sra et Ouergha. groupementd'attaque du général Pruneau (35e et 3e Le jour J plus 2, organisation des positions conquidivisions)est concentréà Téroual, Skifaet Tafrant. Le la région de groupementd'attaque du général Billotte (2e division ses et îegroupement des moyens dans
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Taounat en vue de faire effort vers l'ouest en pays Mezraoua. Le jour J plus 3, conquêtedu pays Mezraouajusqu'à la ligne Mezraoua-—AïnLeuh — DjebelAghil. L'attaque est déclenchéele 11 septembreà 5heures. La 4e et la 8e brigade couvertes,à l'ouest par un détachement porté sur le croupe 2 kilomètres sud d'Ouled Bou Soltane,à l'est par la 3e brigadeoccupant Drader et Si Mohamed Safiani, s'emparent, malgré une vive résistancede l'ennemi, du village et du piton d'Astar et de Sker.Le généralBillottedécidede ne pas attaquer le Djebel Ifranedont la possessionsemblene présenter qu'un intérêt médiocre,du moment que Sker et Astar sont entre nos mains. Le 12 septembre, les 3eet 8e brigades, couvertesau nord-ouest par la 4e brigade à Sker, au sud par le 9e spahis, opérant dans la valléede l'Ouergha, pénètrent dans le pays Rioua. Elles s'emparent rapidement de leurs objectifsBou A'zzou,Moulay Aïn Djenane, Bab Ouender,surprenant l'ennemi qui ne réagit que faiblement. Le 13et le 14 septembre, les travaux d'organisation sont entrepris. La 8e brigade occupe les pays Meziat et Rioua, tandis que les 3eet 4e brigades sont rassemblées face à leurs objectifsdu lendemain,au nord et au sud de la piste Crête Noire— Mezraoua. Le 15 septembre,la 4ebrigadeconquiert la croupe d'Achkiouine pour faciliter la progression de la 3e brigade à sa droite. Celle-ci,grâce à la concentration de feux ajustés de l'artillerie, s'empare de Mezraoua. La 4e brigadereprend alors son mouvement et occupe sanscombatleshauteurs de la riveest de l'ouedAmzez, cote 346, cote 366, OuledTahar. Le généralBillotte estimant que la positionde Mezraoua offre la possibilité de tenir sous le canon les pentes sud du Djebel Aghil et tous les villages Mezraoua, décideque l'attaque d'Ain Letih n'aura pas lieu. Extension de la manoeuvredu général Pruneau et prise du Bibanc. — La progressionprofonde du groupement Pruneau jusqu'à Riana et Amjot, avaient fait apparaître, dès le 12 septembre, la nécessité de couvrir à l'est la régionconquisepar l'occupation du massifdu Bibane. Cette opération est prescrite par le général commandantsupérieur le 12 septembre. Elle est exécutée, le 16 septembre, par la 3° division, renforcée par un régiment de la 3rc brigade de spahis (5e spahis) et par la mehalla chérifienne. Le massifdu Bibane, sur lequels'étaient, en Mai,déroulés de très durs combats, abordé par le nord, l'ouest et le sud, bombardé par douze escadrillesd'avions, est rapidement enlevésans pertes. En vne d'exploiter ce succèset d'asseoirdéfinitivement l'organisation du secteur à l'est d'Aoudour, le maréchal Pétain prescrit l'installation d'un poste à la Zaouia des Ouled Ghezzar. Cette opération est exécutée le 39 septembre par deux colonnesconvergentes,l'une partant d'Aoudour, l'autre partant de Tabouda.
Ainsi est complétéel'organisation de la place d'armes qui s'implante à l'ouest au flanc du pays Béni Zeroual. III. — Les résultats de l'opération ChezlesBéni Zeroual,lesBéni bouBane (1.300maisons)et la majorité des OuledKacem (700maisonssur 3.200) se soumettent. Les autres fractions de la tribu ont évacué leurs biens sur la région de Djebel Outka où sont déjà les troupeaux des Béni Ouriaguel. Cependant, les Béni Brahim et les Béni Mka très impressionnéspar notre avance, font savoir qu'ils se soumettront si nous occupons des points importants de leur territoire. Les Béni Ouriaguel et les Jaïa restent toujours inféodésà Abd el Krim. Chezles Meziat,lesMezraouaet les Rioua, bien que la lassitude se fasse sentir, aucun mouvement important de soumissionne peut être enregistré. Chez les Hayainas, quelquesfractionsentrent en pourparlers d'aman. La nouvellede nos succèsau nord de l'Ouerghaa ses répercussionssur le reste du front où la dissidencedisparaît dans les régions occupées au cours du mois d'août en particulier dans le pays Branes. Les travaux d'organisation défensiveont été entrepris dès l'arrivée des troupes sur leurs objectifs. Les emplacementsdes postesà construireont été déterminés après reconnaissancesur le terrain par les généraux commandant les groupements. La ligne de résistance comprend les ouvrages suivants : Oued Hamrine,Haddarine, Tabouda,Ouled Ghezzar pour la 35edivisionavec des réservesde secteur à Teroual, Tafrant, Mjara et Fez el Bali, soit la valeur de douzebataillons pour le bastion ouest. Mezraoua,Astar, Sker, Bab Ouender,Djebel Tour, Moulay Aïn Djenane, Aïn Maatouf, Bab Taza avec des réserves de secteur au sud de l'Ouergha, soit 32 bataillons pour le bastion est. Ce dispositif est réalisédès le 23 septembre, date à laquelle la 3e division et la 8e brigade sont enlevées pour prendre part aux opérations de l'est. En résumé, les résultats politiquesde l'opération se sont bornésà la soumissiondes fractions dont le territoire avait, été occupé. Ce qui s'était déjà produit lors de la réduction de la tribu Branes. Incertainesde l'avenir, étroitement surveillées par les Riffains, les tribus, un instant chancelantes, conservent leur attitude hostile, attendant que nos troupes viennent assurer leur protection. Par contre, l'avance réalisée au nord de l'Ouergha rend difficiles les incursions au sud de la rivière et confirme la sécurité des routes de Fez. Enfin l'élargissement des têtes de pont de Tafrant et de Taounat consacredéfinitivement notre emprise au nord de la vallée et nous met en possessiondes voies naturelles qui s'ouvrent, à l'ouest vers Chechaouen,à l'est vers Targuist.
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LICSOPÉRATIONS DE L'EST— LAVALLÉEDE L'OUIZERT V LES OPERATIONS DE L'EST Genèse — Concentration sur l'est •—Exécution — Résultats L'étude du problème offensif (chap. III) a montré tous les avantages que pouvait offrir une opération à l'aile droite du front. Une offensive,partant du nordde Kiffane et ayant commeobjectif la région des seuils orientaux, visait l'âme de la dissidenceet mettait à la merci des forces françaises «la Prusse du Rif » constituée par les plus agressivesdes tribus riffaines proprement dites, les Béni Ouriaghelet les BéniTouzine. Abd el Krim tirait, en effet, sa puissance militaire principaledes chefs et des contingents fournis par ces tribus. C'est avec eux qu'il encadrait les tribus Djebala dissidentes et qu'il les maintenait par la force dans la guerre. Toutefois, il était évident qu'une action profonde dans le Rif espagnolne pouvait être sérieusementétudiée, qu'à partir du moment où une entente aurait été réaliséeavec le Gouvernementespagnol. Le maréchal Pétain, débarquant au Maroc, le 22 août, avait apporté les éléments d'appréciation nécessairesau sujet des intentions du président du Directoire. Le généralPrimo de Rivera, au cours de l'entretien du 23 août à Algcsiras,avait, en effet, exposéson projet de débarquement dans la baie d'Alhueemaset de pousséesur Ajdir, ajoutant que ces objectifs atteints,
I sans doute pourrait-il alors réunir les disponibilités vouluesdans le secteur de Melilla,pour exécuter une I offensiveconcertéesur le Rif, dont le maréchalPétain, lui avait présenté le plan. Il était donc éminemmentavantageux de venir, par une pousséedirecte partant de Kiffane,point du front le plus rapproché d'Ajdir, conjuguer les efforts françaisavecla tentative espagnolede débarquement, ainsi que de profiter des dispositions favorables du commandement espagnol pour entrer en liaison avec les forcesdu secteurde Melillaet ajouter aux menacesdu nordet du sudcelled'une puissante action concentrique partant de l'est. La conceptionacquérait ainsi la valeur stratégique d'une opération de large envergure et toute la portée moraled'une action qui montrerait l'union intime des deux grandes puissancesmarocaines. Et le maréchalPétain allait assurer à la réalisation de cette oeuvre, l'impulsion de son autorité de chef suprême et de sa connaissancedes intentions secrètes des Gouvernementsfrançais et espagnol. I. —•La genèsedu plan d'action (1) Dèsle 26 août, le maréchalPétain établit le principe et prescrit l'étude d'une double opération à exécuter dans la régiondu Haut-Ouerghaet dansleHaut-Msoun. (1) Pourlesdirectivesgénéralesconcernantles opérations dansle Ri] de l'est, voirle livre: Z.oVictoire franco-espagnole p. 71 el suiv.
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Les études effectuées au cours des jours suivants Ali Bou Rokba ; l'une partant de la base Dar Caïd montrent que les forces disponiblessont insuffisantes Medboch,Kiffane et utilisant les moyens de toutes pour mener de front l'opération du Haut-Ouergha et armes du 19e C. A. ; l'autre partant de la base Hassi l'opération du Haut-Msoun. Medlam, Hassi Ouenzga et confiée plus spécialement Or, la saison des pluies fixe un terme inéluctableau à des forces régulières et supplétives de cavalerie et développement de ces diverses actions. La nécessité étayées par de l'infanterie. Une action intermédiaire s'imposedonc d'en hâter le déclenchementen réduisant partant de la base de Belkacemassurera la liaisondes au besoinl'extension et la portée de l'offensiveprévue deux actions principalespar une progressionen direcen pays Béni Zeroual.Le 31 août, le maréchalPétain tion de Bab Beida — Aïn Zohrah. précise l'importance relative de ces différentes attaLa conduite de l'opération comportera les phases ques et fixe leur successiondans le temps : opération ci-après : Béni Zeroual, opération du Haut-Msoun,opération du 1° Une phase préliminaire à exécuter à une date Haut-Ouergha. aussi rapprochéeque possibledu 25 septembre visanl du Haut-Msoun des actions précédéepar L'opération à élargir la base de Kiffane et à conquérir la ligne de détail visant l'élargissement de la base de Kiffane, Bab Ouizert, Ouizert ; doit être entaméeà partir du 25 septembre, dès la mise Aknoul, 2° Une phase principale comprenant l'occupation en place des moyens prélevés sur les'secteurs centre et ouest (une divisionet une brigade) et dès la réunionà des seuils par le gros du 19e C. A. et la poussée des Si Ali Bou Rokba. pied d'oeuvre des forces supplétives de cavalerie al- forcesde cavaleriesur Syah et L'action intermédiaire sur Ain Zohrah pourra être géro-marocàines, dont le maréchal Pétain avait demandé la levée. exécutée, soit pendant la phase préliminaire en cou^ Muni de ces instructions, le général commandant le verture de la droite de l'attaque, soit pendant la phase 19e C.A. étudie le détail du développement de l'opé- principale à titre d'action de liaison. ration. Il adresse, le 8 septembre, Un premier projet " Le général commandant le 19e C. A. est chargé de donnant le cadre général de l'attaque et les moyens diriger l'ensemblede l'opération. Au général command'action. Ce projet prévoit une progression parallèle dant supérieur incombele soin de réunira pied d'oeusur les axes des vallées de la Chaouïaet de l'Ouizert vre, aux dates fixées, les moyens de toutes "armes jusqu'aux objectifs fixés : Bab Azrou, Bab Tasmaks, nécessaires. Bab Tizi Ouzli, avec couverture — à l'ouest sur les La manoeuvreainsi conçue répond pleinement aux DjebelAokka et DjebelAzougar—;àl'est sur le Djebel buts recherchés : conquérir les seuils ouvrant l'accès Tizroutine et Djebel Karqun. vers lecoeurdu Rif, constituer ainsi une base de départ En outre, pour répondre exactement aux vues du possible pour des opérations éventuelles dans cette maréchal Pétain, soucieux d'étendre au maximum le région et ouvrir des possibilitésde coopérationavec les front d'attaque, lé général commandant le 19e corps forcesespagnolesdu secteurde Mellila,créer par là une recherche la possibilité d'étendre ée front sans dimi- menace susceptible de porter une atteinte grave et nuer les moyens prévus pour l'opération principale. permanente au prestige d'Abd el Krim. Du point de vue militaire, la conquête des objectifs L'opération du Haut-Ouergha, qui aurait réalisé cet élargissement à l'ouest, ne peut être envisagée; la assignésconsoliderale front dans sa partie est, et metprogression à travers la zone montagneuse du pays tra définitivement hors d'atteinte les communications Sen Hadja demanderait des effectifs dont on ne dis- Maroc-Algérie. pose pas. Par contre, une attaque partant de BelkaEn outre, les résultats politiques promettent d'être cem, en direction d'Aïn Zohrah, semble pouvoir être considérables: rallier la totalité des Gheznaïadont une exécutéeavec succèsà travers le pays Métalsade relief partie est déjà soumise,ramener dans notre obédience moins accentué. Cette action serait couverte à l'est l'importance tribu des Métalsa, vaincre les dernières par un détachement léger opérant,dans la large plaine hésitationsdes Branesen les couvrant efficacementdu de Syah. Cette suggestionest émisepar le général com- côté du Rif, venir enfin au contact des Béni Touzine mandant le 19e C.A. dans un deuxième rapport, en et des Béni Ouriaguel et faire régner sur leurs douars date du 19 septembre. et leurs troupeaux, jusque-là invulnérables,la menace Ainsise.fait jour la conceptiond'une extensionvers du bombardement et de la conquête de vive force, l'est du front d'opérations, qui aurait l'avantage non tels sont les succès qu'il est logiqued'attendre dans le vseulementd'éviter l'écueild'une occupation du terrain domaine politique du développement favorable de en «doigt de gant », mais de réaliser, dès le départ l'opération. de l'attaque, la liaison avec les Espagnols. IL •—La concentrationversl'Est Précisée au coursd'un entretien qui réunit à Tassa, La concentrationdes troupes dans l'est mettait à la le 13 septembre, le maréchal Pétain, le général commandant supérieur et le général commandant le 19e charge : — du 39e corps d'armée un regroupement de ses C. A., elle aboutit au plan définitif qui suit. L'opération comportera le développement de deux unités en vue de prélever sur le front Tsoul-Branes actions convergeant vers les seuils et la vallée de Si les unités d'attaque ;
L'ARMEE [D'AFRIQUE — du général commandant supérieur un transport vers l'est des forcesà prélever sur les autres secteurs du front. Pour apprécier la complexitéde cette dernière tâche et l'intensité de l'effort demandé aux troupes et aux services, il est nécessairede résumer les données du problème de mouvement qui s'est posé. De Mjara, point de départ desunités prélevéessur le secteur centre, à Kiffane, il y a par la voie de terre la plus courte 250kilomètres.La voie ferrée Mjara —Fès Taza, présente un développement de 380 kilomètres dont 200 en voie de 0,60. De Taza à Guercif, le trajet des unités destinées au secteur le plus éloigné s'augmente encore de 70 kilomètres. Or, le développement des opérations en pays Béni Zeroualne permet pas de mettre en route les premières unités avant le 18 septembre. Les délais de transport seréduisentdoncà sept jours pour les élémentsdestinés à la première opération, à treize jours pour le gros de la masse de manoeuvredestinéeà la deuxième opération. Le rendement réduit des tronçons de voie de 0,60, entre Mjara et Ksiri d'une part, entre Fez et Taza d'autre part imposait,pour obtenir la concentrationvoulue dans le plus court délai, la nécessité d'exploiter au maximum la capacité des divers-moyensde transport (voies ferrées, camions autos), d'acheminer tous les 'équipagespar voie de terre et d'alléger ceux-ci dans toute la mesure possible. La scission dans les zones d'embarquement des élémentsde transports par voie ferrée et par autos (personnelet matériel) et des éléments montésouà pied (équipages),leur regroupement à une date fixée aux points de première destination, donnaient à cette mise en place le caractère d'un mouvement d'horlogerie d'une extrême complexité. Le 24 septembre, le général commandant le 19e C.A. était en possessionà Tazade tous les élémentsde renforcemen* nécessaires à la phase préliminaire. Le 29 septembre, la mise en place sur la base de départ de Kiffaneest achevée,avec un retard de deux jours provoquépar les orages violents qui se sont abattus sur la région de Taza les 26 et 27 septembre. Le 5 octobre, la mise en place des moyens prévus pour la phase principale est achevée. III. — Le développement de la.manoeuvre Le terrain de l'attaque, au nord de Kiffane, comporte deux axes de pénétration nord-sud, les vallées de la Chaouia et de l'Ouizert, séparées par l'arête du Djebel Hammouehe. Les deux compartiments ainsi forméssont limités : à l'ouest par la chaîne du Djebel Aokka et du Djebel Béni Moussa ; à l'est par le Kef El Kounsou, le Djebel Tizroutine et le Djebel Gir ; au nord par la chaîne des seuils de Nador et du Tizi Ouzli. A l'est de cet ensemble, le couloir voisin de l'oued Cheraa ou oued Bou Slifene prolonge vers le nord à partir de SidiMatoufle cours moyen du Msoun. Les crêtes montagneuses encadrant ces différentes vallées sont percéesde cols d'altitude élevée,qui per-
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mettent de passer d'un couloir dans l'autre et qui constituent soit des transversalesnaturelles de liaison Bab Ouizert, Bab Tizi Moudrine), soit des voies d'accès dangereusessur les flancs des axes de progression (Bab Aouertschtal, Bab Tamgout, Bab Karoun). A l'orée de ce dédale montagneux, l'ennemi a établi ses organisations défensives.Mais commeil est incapable d'une action en profondeur, une seule position se déploie au contact du système fortifié de Kiffane sur les crêtes du Kerkour, du Kef el Kounsou et du Djebel Bouchkoum.Elle a cependant une valeur qui n'est pas négligeable,carelleest composéede tranchées profondes situées au sommet même des arêtes aiguës et d'abris creusésà contrepente, difficilesà atteindre par l'artillerie. La manoeuvredu 19e corps. — L'offensive prévue pour l'élargissement de la base de Kiffane (première phase de l'opération) doit comporter : 1° Une action principale menéesuivant les axes des vallées de la Chaouia et de l'Ouizert de manière à s'emparer de la ligne Bab Aouerschtal, Bab Ouizert, Bab Tamgout ; 2° Une action secondaire,partant de Sidi Matoug menée suivant l'axe de l'oued Cheraa de manière à flanquer à l'est l'action principalejusqu'au Bab Tamgout ; 3° Une action de diversion, partant de Belkacemet ayant pour but de surveilleret de maintenir sur place les éléments ennemis signalés dans la région dé Mesguitten. Enfin, à l'ouest, un fort détachement aura pour missionde couvrir la progression en conquérant et tenant solidement les passagesqui s'ouvrent dans la chaîne du Djebel Aokka, Djebel Béni Moussa (Bab Kessil, Bab Asfeur, Bab Aouertchtal). Le déclenchementde ces diverses actions doit être précédé d'une attaque préliminaire sur le Kef El Kounsoudont la possessionpermettra de prendre d'enfilade les organisations du Kerkour. Celle-ciest effectuéele 25 septembre. Elle est exécutée de nuit par un détachement de la brigade Dosse. L'ennemi, surpris par une attaque à la baïonnette, s'enfuit laissant sur le terrsin une quinzaine de cadavres et deux canonsde tranchées. L'attaque principale devait avoir lieu le 29 septembre, maisles violents oragesqui éclatèrentsur la région de Taza, provoquant vinecrue importante du Msoun, rendirent très pénibleet parfoisimpossiblel'exécution des derniersmouvementsde mise en place. L'ajournement de l'attaque dut être envisagé.L'améliorationdes conditions atmosphériques dans la journée du 28 et l'arrivée à Kiffane des unités retardataires permirent de déclencher l'offensive le 30 septembre. La mise en place réaliséedans la journée du 29 septebre répond au plan de manoeuvredéfini plus haut. Au centre, la brigade Dosse est rassembléesur le Kef el Kounsou, face au Djebel Ayad et au Djebel
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Hammouchedont elle doit s'emparer avant de pro- Tazmak,DjebelBraret, et effectueren fin de manoeuvre sa liaisonavecla 3edivisionau Bab TiziMoudrine. gresserdans la valléede l'Ouizert. A Kiffane,les brigadesLagardeet Brenotsont conA l'est (vallée de l'Ouizert),la 3e divisionest rascentréesdevant le Kerkour qu'ellesdoivent conquérir sembléedans la régionOuizert, Djebel Gir. Se coupar une manoeuvrecombinéepour pouvoir ensuite vrant à droiteversleBab Tamgoutet leBab Karoun, progresserdans la valléede la Chaouiaet vers le Bab elle doit atteindre leBab Soltaneet le Bab Tizi Ouzli Abdallah. et rechercherversle nord-estla liaisonavecle groupeA l'ouest, le détachementdu colonel Meullé-Des- ment de cavalerie. La périodedu 2 au 4 octobreest caractériséepar jardins, qui doit couvrir la gauche du dispositif, est en place autour de Siraoua. l'action des forcessupplétivesqui exécutentdes raids La brigadeGuedeneyestà SidiMatougau débouché hardis à travers le pays Gheznaïa.Cette activité qui de la vallée de l'oued Cheraa qu'elle doit emprunter succèdesans délai à l'offensivepuissante des jours pour progressersur ses objectifs : Djebel Tizroutine, précédents rallie définitivement,à notre cause, les tribus hésitantes qui se débarrassentelles-mêmesdes Bab Tamgout. sur leursterritoiEnfin, à Belkacem,un détachementde : 1 bataillon, élémentsriffainsstationnantencore 2 escadrons,2 pelotonsA. M. C.est prêt à se porter res. Les fractionsBéniAcem,ImesDougar,BéniYounes sur Mesguittenpoury opérerl'action de diversionpréBéniAmra, leshabitants d'Ihamoutene,les AhlAzrou vue. solliciterl'aman. LesMarnissamêLa premièrephase : élargissementde la base de se présententpour me envoientdes émissairespour manifesterleur atta—le est déclenchée 30 Kiffane. L'attaque septembre chement au et demandent la prptectionde Maghzen à l'aube ; grâce à un appui constantet précis de l'arnos troupes. tillerie qui neutraliseles défenseursdes organisations Aussi la progressiondes lre et 3e divisions,à partir du Kerkour et du Djebel Hammouche, la brigade Lagàrde s'empare du Kerkour tandis que la brigade du 4 octobre,ne rencontre-elleaucunerésistance.SeuDosse conquiert le Djebel Ayad et que la brigade les, les difficultésdu terrain et les rigueursdes condiBrenot prend pied sur le Djebel Bou Hadoud. La tions atmosphériques(pluies, brouillards intenses) brigadeGuedeneynetrouve pas devantellede sérieuse ralentissentla marchedescolonneset exigentde la part résistancemais progressetrès péniblementà travers des troupes des effortsopiniâtrespour atteindre avec un terrain chaotiqueet raviné ; elle.atteint seulement, tous leurs moyensde feu lesseuilsélevésqui commanen fin de journée,le Djebel Tizroutineaprès un court dent le Rif. combat mené vigoureusement.La ligne atteinte est Enfin, le 6 octobre, la lre divisionoccupele Massif alors jalonnée par les pentes sud du Bab Abdallag, du Nador et du Braret, en liaisonavec la 3e division le confluentde l'oued ben Ali et de la Chaouia,Bab qui tient le Bab TiziOuzliet le DjebelAberkane.Sur leurs flancs,les Bab Aouerschtalet Bab Karoun sont Ouizert, Djebel Gir, Djebel Tazroutine. Le 1er octobre, l'ennemi s'est dérobé et c'est sans occupés. difficultésque sont atteints les objectifsfixés pour la Ainsi, tous les passagesqui, au nord de Kiffane, premièrephase :Bab Aouerchtal,Aknoul,Bab Ouizert, donnent accès soit sur le Haut Ouergha,soit sur le Rif, soit dans les pays Métalsa,sont entre nos mains. Djebel Gir, Bab Tamgout. Le 2 octobre cependant,l'ennemitente sans succès Les conséquencespolitiquesde ce succèsqui s'affirune attaque violenteallant jusqu'au corpsà corpssur ment déjà par la soumissiond'une grandepartie de la tribu Gheznaïa,vont s'amplifierencoreau coursdes le Djebel Gir. du groupement de cavalerie de l'est. opérations — La deuxièmephase : conquêtedesSeuils. La deuxième phase, au coursde laquelle devait s'acheverla L'opérationd'aile*— L'attaque sur lesseuilsdevait, conquête des Seuilsdu Rif, était prévue pour le 6 être accompagnéed'une action d'aile effectuée par octobre.Mais,dans les journéesdes 2 et 3 octobre,les deux groupementscomposésen majeure partie de raids exécutéspar les partisansjusqu'au DjebelNador cavalerie,envue d'élargirle'frontoffensifet de réaliser et au TiziOuzlimontrent que la régionest entièrement la liaison avec les troupes espagnolesdu secteur de vide d'éléments riffains.Aussi, la progressionest-elle Melilla. reprise le 4 octobre,sans attendre la marcheen avant, La concentrationde ces deux groupementsà Beldes groupementsde cavaleriede Belkacemet d'Hassi kacemet HassiMedlamne se termineque le 5 octobre, Medlam. alors que l'absencede réactionde l'adversairenous a Le dispositifréaliséle 3 octobreest articulédemaniè- incitésà exploiterdès le 4 octobre,les succèsdes prere à continuer la progressionsur les deux axes des miers combatssur le front de Kiffane.L'action d'aile vallées de la Chaouiaet de l'Ouizert. est donc dans le temps une opération distincte qui A l'ouest (valléede la Chaouia),la premièredivision concourtau but finalde la manoeuvre,maisbénéficie est concentréedans la régiond'Aknoul: tout en con- dans son développementdes résultats acquis avant tinuant,à se couvrira gauchevers Bab Aouerschtalet son déclenchement. BabAbdallah,elledoit progresserjusqu'au Bab Azrou, Dès le 3 octobre,a lieu une opérationde nettoyage
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de la base de départ. Les groupesriffainsistalléssur Afin d'éviter que le flanc droit du groupementdu le Djebel Medlam (2 kilomètressud-ouestde Hassi Jonchay ne se trouve découvert,le maréchal Pétain Medlam)en sontchasséset se replientsur Sakka.Cette donnele 15octobreà ce groupementl'ordre de ne pas action qui a attiré au sud les combattants Métalsa, prolongerdavantagel'occupationpar ses avant-gardes permet à un parti espagnold'occupersans coupférir de la lignedu Kert et d'établirla positionde résistance l'ancien poste de Syah (4 octobre).La liaisonfranco- sur la ligneTizi OuzliSoukes Sebtd'Aïn Amar,Syah. espagnole est dès lors effectuée; elle se confirme Le1"octobre, aprèsunviolentcombatde décrochage dans la journée du 5 octobre par la venuedu général des avant-gardes,le groupementdu Jonchayétablit un San Jurjo, commandantdu territoire de Melilla,à détachementsur la position de résistance indiquée. Hassi Ouenzga,poste de commandementdu général Les forcesde cavaleriesont dissoutesà Guercifà la commandantle groupementde cavalerie. date du 20 octobre. La journée du 5 octobrevoit s'acheverles mouveIV.— Lasituationenfin demanoeuvre ments de concentrationdu groupementde cavalerie Dèsle 8 octobre,tousles Ghesnaïade zonefrançaise et de la divisionmarocaine. (1.800 familles)ont accepté nos conditionsd'aman. A HassiMedlamet Hassi Ouenzga-, sousle comman- Le mêmejour, toutes les fractions encoredissidentes dement du général du Jonchay sont rassemblés : des Métalsase sont soumises. — la lre brigade de spahis (généralDurand), comCemouvements'est même propagéen dehors de la zone des opérations, provoquant le retour dans nos prenant les 5eet 6e spahis; — la brigade de Goiims(généralDescoins),comp- lignes des dernières familles Tsoul insoumises,de tant 1.700 spahis auxiliairesalgérienset marocains; 1.200 famillesBranes,de 600famillesBéni bou Yala. ' Par — la 8e brigade (colonelDuffour)à 5 bataillons; contre, les Béni Mohammed,un instant ralliés, les Béni Touzine qui étaient entrés en pourparlers 3 batteries portées; — 1 batterie de 65 ; de soumission,ont prisune part active auxcombatsdu — 1 sectionde 155court ; 11 au 18 octobresur le Kert. •—1 escadrond'autos-mitrailleuses; Les tribus riffaines, ébranléespar la menaced'une — 1 compagniede chars sur chenilles souples. action franco-espagnolesur leurs territoires; se sont" A SidiBelkacem,sousle commandementdu général ressaisieset prêtent de nouveauuneoreillecomplaisante aux émissairesd'Abd el Krim qui tirent parti en Pasquier, sont rassemblés: faveurde leur causede la suspensionde nos opérations — la 5e brigade(colonelCeller)comprenant4 batail- offensives. lons ; défensivedu nouveau front a été L'organisation — 3 batteries, 4 escadrons. entaméedès l'arrivée des troupes sur leurs objectifs. Dans la journéedu 5 et la nuit du 5 au 6, une pluie En outre, la créationet l'aménagementdes voies de abondante s'abat sur tout le Marocoriental rendant communicationdont l'importance est ici accrue en les communicationsimpraticables,les ravitaillements raisonde la profondeurde la progressionainsique de la précaires,et les déplacementsd'artillerie impossibles. menaceimminentede la mauvaisesaison,ont nécessité Le généralcommandantle 19eC. A. ajournel'attaque. la concentrationde tonsles moyensdisponibles.R n'a été deretrait d'unitéssur le front du 19e Cependant, l'impression causée par la présence donc pas opéré d'une masseimportantede cavalerieainsi que par les C.A. avant la fin d'octobre. Au 20octobre : succès remportés au nord de Kiffane, détermineun — la lre divisionoccupele massifdu Nadoret orgalarge mouvementde soumissiondans la plupart des fractionsMétalsa. nisedescentresde résistancede bataillonauBabAzrou Devantcette situation politiquefavorableet malgré et au Bab Tazmal.Elle couvreses arrières par l'insla persistancedu mauvais temps, le groupementde tallationd'un postededeux compagniesauBabAouers Jonchay porte en avant, dansla journéedu 6 octobre, chtal. — la 3edivisionoccupele quartier du TiziOuzliet ses élémentsde cavalerieet d'infanterie.Le 9 octobre, il occupeAïn Zohrah et Soukes Sebtd'Aïn Amar en du DjebelBraret et organiseun centre de résistance liaison avec une brigade de cavalerieespagnole.Le pour un bataillonau Bab Soltaneet un centre de résis10 octobre, tandis qu'une partie du groupementde tance pour deux bataillonsau Bab Tizi Ouzli. Belkacem(1er bataillon, 3 escadrons,2 batteries de -—•tous les élémentsdisponiblesde ces deux divimontagne)rejoint le groupementdu JonchayparBab sions,remplacésdans la zonearrière par des éléments Beïda, la brigade de spahis atteint le Kert à Si Ali provenant du groupementde Belkacem,et renforcés Bou Rakba et effectuesa liaisonavec le groupement desunités jusque-làen réservede corpsd'armée, sont du Tizi Ouzli. employésà la créationdes pistes longeantles vallées Maisle Commandementespagnolne disposepas de de la Chaouïaet de l'Ouizert. —•la 8e brigadeoccupeSoukEs Sebt et y organise forcessuffisantesdans le secteurde Melillapour accompagnernotre progessionjusqu'au Kert. Lestrou- un centrede résistancepourun bataillon,tandis que le pes restentdonc en positiond'attente à Soukes Sebt. 4e bataillond'Afrique s'installe à Ain Zohrah.
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En résumé, une position de résistance solide consacrant les résultats de l'opération, est installée au contact du territoire riffain. Se reliant à l'ouest aux organisations du pays Branes par la chaîne du Djebel Béni Moussa dont le point de passage principal, le Bab Aouerchtal, est tenu, elle s'établit sur les points culminants de l'arête montagneuse qui domine le Rif, au Djebel Nador et au Djebel Braret, puis vient par la vallée de l'oued Zerakna se souder au front espagnol dont l'extrémité sud est marquée par le poste de Syah. Par l'ampleur de ses résultats, l'opération menée par le 19e C. A. est bien l'attaque principale de la campagne de 1925.En effet, dans la région où elle s'est déroulée, la dissidence vers le milieu de juillet mettait en péril les communications vitales du Maroc avec l'Algérie. Trois mois après ces journées angoissantes, notre position de résistance est reportée à 80 kilomètres au nord de Taza. Solidement assise sur la chaîne des Sofs en pays Branes, et sur la barrière montagneuse qui sépare les1versants méditerranéen et atlantique, elle protège les importantes tribus ralliées à notre cause (Tsoul, Branes, Ghesnaïa, Métalsa) et couvre efficacement la rocade ferrée et routière qui relie nos possessionsnordafricaines. Du haut des observatoires conquis au Nador, à l'Azrou (2.010 m.), s'offre le panorama mouvementé
des territoires riffains, tandis qu'au pied des seuils voisins (Bab Soltane, Bab Tizi Ouzli) s'ouvrent lesvoies de pénétration directes vers le coeur du pays. La menace constituée par l'installation d'une base offensive de cette valeur, à proximité immédiate de ses objectifs, est complétée par les possibilités d'une collaboration féconde avec les forces espagnoles. Quoique le resserrement des liens tactiques des forces franco-espagnoles n'ait pas permis de donner toute son ampleur à la manoeuvre d'exploitation, l'union morale des deux armées s'est affirmée au cours d'une progression commune. Le front français au nord de Taza, et le front espagnol du territoire de Melilla sont désormais soudés en pays Métalsa. Enfin, les positions conquises n'ouvrent pas seulement des possibilités d'action concertée franco-espagnole, mais elles réalisent le débordement par l'est des territoires Marnissa et Senhadja, et constituent une base de départ favorable pour une action politique et militaire sur ces tribus. Effaçant la menace du passé, préparant le succèsde l'avenir, les opérations de l'est consacrent le redressement de la situation militaire sur le iront français. (à suivre)
Capitaine LOUSTAUNAU-LACAU, et Capitaine MONTJEAN.
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—LAPLACEDUMARCHÉ TOTJGGOURT.
LE
GRAND
TOURISME
Le Sahara ne serait-il donc plus le mystérieux et redoutable pays de la peur et de la soif, terreur des voyageurs, pour qu'il soit aujourd'hui possible de le considérer comme un pays de grand tourisme ? Les hordes guerrières qui le peuplaient jadis, les hommes voilés, héros légendaires de sinistres exploits, seraientils donc devenus plus doux et plus policés que les paisibles populations de la Bétique, dont, l'existence fut révélée au fils d'Ulysse par un marin phénicien ? Le fameux simoun lui-même, si cher à certains romanciers et qui, soulevant les montagnes de sablcs'mouvants sous son souffle impétueux, aurait, selon l'histoire, enseveli la puissante armée de Cambyse, se serait-il transformé en un inoffensifséphyr ? On peut être légitimement surpris de la modification profonde r'alisée en quelques années dans ce Sahara qui, à une époque toute proche de nous apparaissait, dans son immensité tragique, comme une terre irréductiblement ennemie, une bar ière invincible entre l'Afrique du Nord et l'Afrique Centrale. Les esprits romanesques et les amateurs de merveilleux dussentils en être peines, le désert, débarrassé du mirage dans lequel il était enveloppé, n'offre plus l'attrait du mys-
SAHARIEN tère et de l'épouvante. Aussi, est-il nécessaire de faire connaître le Sahara sous son véritable aspect et d'indiquer que seul subsiste désormais au pays de la peur, une contrée accueillante, accessible à tous, ouverte au grand tourisme auquel il prodigue généreusement l'éclat de son ciel pur et lumineux, la beauté des panoramas lunaires de ses montagnes, la splendeur de ses oasis et la grisante émotion que donnent les solitudes éternelles. Si nos grands gouverneurs généraux qui, à différentes époques, surent entrevoir avec la prescience des âmes d'élite, le prestigieux avenir de ce Sahara dédaigneusement laissé à la France et qui, un jour prochain, sera traversé par le chemin de fer et par les avions tiancontinentaux, pouvaient constater l'oeuvre accomplie, ils seraient justement fiers d'avoir encouragé de leur puissant appui et de leur haute autorité les hardis pionniers de la pénétration saharienne. Grâceà eux, les Duveyrier, les Mircher, les Polignac, les Foureau, pour ne citer que quelques noms illustres, ont pu faire des explorations méthodiques dans le grand désert, jusqu'au pays des touaregs et rapporter une importante documentation sur ces régions incon-
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.nues. Si, après le massacrede la missionFlatters, en mai 1882 au puits de Tadjemout, la pénétration saharienne subit un temps d'arrêt, des énergies nouvelles préparaient de nouveaux exploits. En 1898, la mission F.oureau-Lamytraversait le Sahara et se rencontrait au lac Tchad avecles deux missionsGentilet JoallandMeynier, venues l'une par le Congo, l'autre par le Niger. En 1900, la conquête des oasis et l'occupation des ksour du ïouat et de la Saoura qui la suivit marquèrent une étape décisivedansl'exécutiondu programme de pénétration et le combat de Tït, en 1802, livré aux touaregs du Hoggar par le goum du lieutenant Cottenest nous engagea définitivement dans le grand désert dont la véritable forcevenait enfin de nous être révélée. C'est à cette époque que furent constitués les territoires du Sud tels qu'ils existent aujourd'hui. En créant par une loi du 24 décembre1902 ce groupement autonome et en le divisant en quatre grands territoires militaires administrés par des officiersdu.service des affairesindigènes,le législateurn'a pas entendu établir une sorte de coloniemilitaire indépenda.ntede l'Algérie du Nord. Au contraire, en laissant cette vaste région sous l'autorité du Gouverneur Général, qui exerce à leur égard les fonctionsde préfet, il a .voulumarquer son intention de maintenir ces territoires dans le cadre administratif algérien tout en tenant compte de leur situation particulière, qui exigeait, et qui demandeencore actuellement, un régimede commandement spécialementadapté à cette situation. C'est égalementà cette même époqueque parut sur la scènesaharienne celui qui fut appelé, à juste titre, le «pacificateur du Sahara» et qui, vingt années plus tard, devait trouver au désert une fin si tragique. Dès sa prise de commandement,le chefd'escadrons Laperrine organisa — inventa pourrait-on dire — les compagnies sahariennes, ces merveilleuses troupes de nomades Chaambas montés à méhari. Ses premières préoccupationsfurent d'affermir notre prise de possession du pays touareg. Grâce à ses méthodes d'apprivoisement et à l'action bienfaisante du R .P. de Foucauld, installé à Tamanghasset où il fut assassinéen décembre 3916 par des rebelles Ajjer, les Hoggars se rallièrent à nous et de bandits qu'ils étaient devinrent de vigilants gendarmesdu désert. . A partir de ce moment, les jonctions des méharistes algériensavecles méharistessoudanaissemultiplièrent. Le Sahara sortait petit à petit du néant. Des travaux importants furent exécutés par nos officiers qui fouillaient le désert dans tous ses sens, en relevaient les caractéristiqueset en déterminaient lesressources. En 3930, le colonel Laperrine quittait son commandementavecla fierté de laisserle Sahara central pacifié et librement ouvert aux savants et aux explorateurs. Jusque là, les moyens de transport mécaniques n'avaient pas fait une apparition sérieuse au désert. Ce n'est qu'en 3933 que le commandementporta son attention sur cette question. Il fit aménager sommairement des pistes ]>oiu'automobilessur les principales
artères et lorsquela guerre de 3914arrêta tous les projets, la premièrevoiture était prête à transporter jusqu'au Hoggar le Gouverneurgénéral Lutaud. C'est cependant la guerrequi, plus tard, a introduit l'auto au Sahara pour le ravitaillementdes troupes en opération. La guerre terminée, on sait que nos industriels, en organisant des raids retentissants, réussirent à vaincre l'obstacle saharien. Aujourd'hui, l'auto a conquisdroit de cité au désert. Elle roule partout, dans toutes les parties de ces immensesrégions,grâce à un réseaude pistes parfaitement aménagéeset jalonnées, le long desquelless'échelonnentdes h ôtelset des bordjs dotés d'appareils de télégraphie sans fil. Elle peut franchirles grandes solitudessans crainte. La sécurité dans le Sahara central est assurée. Nos vaillants méharistes qui seront bientôt organisés d'une façon moderne avec postes de T.S.F. et automobiles de combat, veillent au maintien de l'ordre avec une activité et un dévouementinlassables.On peut leur faire confiance-et si, d'aventure, au coursd'une randonnée au centre du désert, des voyageurs aperçoivent un groupede touareg armésde lalanceet du bouclier,qu'ils n'aient aucune appréhension.Au lieu de prendre leur revolver, qu'ils sortent leur kodak, car ces hommes d'aspect farouche ne seront, à coup sûr que d'inoffensifs pasteurs venant présenter leurs hommages en tenue de gala dont font partie intégrante ces a mes archaïques,devenues sujets de panoplies. On a déjà bien discuté sur la valeur économique des territoires du sud et, sans doute, discutera-t-on beaucoup encore sur cette grave question. Le Transsaharien en fournira de multiples occasions.Il ne fautpas, avec certainsauteurs trop enthousiastes,exagérer l'importanceet la richesserelative de cesrégions; mais il ne convient pas non plus de nier systématiquement les ressourcesqu'elles possèdent. Ces ressourcessont réelles. Qu'il s'agisse des zones alfatièresconfinant aux hauts-plateaux algériens,des pays d'élevage du mouton commeles circonscriptions de Djelfa, Laghouat, Géryville, Mécheria, des merveilleuses palmeraies de l'oued Rhir dont celle de Ouargla est le prolongement,où les dattiers croissent avec une vigueur incomparableet fournissent un fruit d'une saveur exquise,les territoires du sud ne forment, pas partout un désert morneet sans vie. Au sud de ces régions privilégiées, les oasis du Tidikelt, du Touat et du Gourara, appelées l'archipel touatien par les géographes, constituent encore une sourcede profits pour les populations qui les habitent. Au Hoggar enfin, des centres de culture ont été créés par les touareg et donnentde belles récoltesde céréales. Dans ce pays de montagnes,le sous-solrecèlepeut-être de précieux gisements et il est possible que sa prospection,qui n'a pas encoreété entreprise, apporte plus tard de joyeuses surprises. Quoi qu'il en soit, il est dès maintenant avéré qu'un certain développementéconomiquepourra être donné à quelquesportions des territoires du sud. Dans l'oued Rhir, une prodigieuse activité colonisatrice a transformé en quelques années, grâce à une eau souterraine
L'ARMEE D'AFRIQUE abondante, les terres vierges et les marécagesinsalubres en fertilesjardins de palmierset l'on peut prédire, que, dans un procheavenir, les oasis s'échelonneront, sans interruption, depuis Biskra jusqu'à la solitaire et opulente Ouargla. A Laghouat et à El Goléa,où de splendidesvergers attestent la vitalité de la terre, quelquescolons européens se sont déjà installés. La facilité avec laquelle on accède désormaisà ces oasis inciteront, sans nul doute, d'autres esprits aventureux à suivre le même exemple. Dans les oasis du Gourara, du Touat et du Tidikelt, oùles puits artésienset les foggarasdéversent l'eau en grandequantité dans les jardins, les palmeraies pourront s'étendre dans une très sensible proportion lorsqu'une main-d'oeuvre indigène suffisante pourra être recrutée. Enfin, en s'écartant A'ersle Soudandes limites géographiquesdes territoires du sud, on pénètre dans une riche contrée d'élevage aux pâturages constamment | renouveléspar des pluiesannuelles,l'Adrar des Ifoghas qui laisse deA'inerles possibilitésde la boucle du Niger. Là, un fleuve splendidecouvre de sesflots fécondants de vastes espacesqu'il rend propres à la culture. La fertilité de la vallée du Niger entre Bamako et Tombouctou a été comparéeà cellede la vallée du Nil. De grands travaux vont, là aussi, permettre d'utiliser les eaux, jusqu'ici inemployées,à l'irrigatilon des terres que la crue du fleuve n'atteint pas ; lorsque ces travaux seront achevés,des concessionsseront sans doute accordées et. de nombreusesinitiatives individuelles
UN.12 RUEDEGJ-IARDAIA
pourront s'exercer depuis celle du petit colon aux moyenslimités jusqu'à celle de puissantes sociétés.
Contrairement à l'opinion qui s'est généralement imposée dans le public, le Sahara n'est pas uniquement composéde dunes de sable qui, sous la violence des vents déchaînés, engloutissent, selon la légende, les malheureux caravaniers surpris par le simoun. Cen'est pas non plus une régiondémesurémentétendue vaste plateau tabulaire, n'offrant au regard lassé qu'un monotone paysage toujours pareil, sans relief et sans végétation.A la vérité, le Sahara a des aspects extrêmement variés. On y rencontre d'importants massifs montagneux aux sommets élevés, de larges valléesparfois luxuriantes et ce que l'on ne voit, nulle part ailleurs, de merveilleusesoasis et des sites admirables qui, selonles capricesdes rayons solaires,apparaissent aux yeux des voyageurs comme des visions de rêve. Dans le Sahara du nord et sur la longue ligne des oasisde la Saourà, du Touat et du Tidikelt, s'échelonnent de nombreux villages (ksour) aux maisons en terre battue, séparées par d'étroites ruelles souvent obstruées par une population grouillante. Celle-ci comprend deux castes nettement distinctes : les Cheurfas,de noblessereligieuse,qui vivent mollement sous leur beau soleil des produits de leurs jardins, et les Harratines, issus d'arabes et de nègres, qui s'adonnent seuls aux travaux manuels pour un faible salaire. Tout ce monde vit en parfaite intelligence, dans le respect des traditions. Souvent,après le repas du soir, les habitants se rassemblent aux abords du village pour commémorer une fête musulmane ou l'anniversaire de la mort d'un des nombreux « marabouts» qui reposent sous de blanches coupoles et là, aux sonsde quelquesflûtes et de rustiques tambourins, ils chantent de puériles mélopées et se livrent à des danses au rythme barbare. Les opulentes oasisde l'ouedRhir qui se prolongent de Biskra à Touggourt, celle d'Ouargla avec sa forêt de palmiers, la délicieuse palmeraie d'El-Goléa, station saharienne la plus charmante qu'on puisse rêver ne sont pas lesseulesdont puisses'enorgueillirle désert Depuis Figuig jusqu'à In-Salah, mais principalemen. jusqu'au Bas-Touat, c'est-à-dire sur une distance d'environ 700 kilomètres, des oasis se succèdent presque sans interruption donnant l'impression agréable de suivre une «rue de palmiers». Toutes ces oasis attirent par leur fraîcheur incomparable. Le silence n'y est troublé que par le léger murmure de l'eau qui coule dans les «séguias», ces mille petits canaux qui dessinent des méandres dans les jardins pour les irriguer. C'est un lieu de calme et de repos, un endroit enchanteur pour les peintres et les poètes. Bien que la plus grande partie du désert soit caractérisée par de grandes plaines au sol ferme, d'imposants massifs montagneux ou de vastes plateaux parsemés de rochers, Je Sahara mérite néanmoins
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l'épithète de « pays des sables» que quelques écrivains lui ont donnée. Dans certaines régions, en effet, des chaînes de hautes dunes de plusieurs centaines de kilomètres de longueur et d'une largeur atteignant parfois deux cents kilomètres, barrent l'horizon de leur masse compacte de sable doré. Ces ergs sont relativement nombreux, disséminés sur la surface désert, mais les deux plus importants et aussi les plus accessibles aux caravaniers sont, à coup sûr, ceux que les géographes désignent sous le nom de «grand erg oriental» qui s'étend depuis Inifel jusqu'en Tripolitaine et de «grand erg occidental» qui couvre toute la contrée comprise entre Béni-Abbès et El-Goléa. Malgré leur aspect rébarbatif, ces amas énormes, de déchets minéraux impalpables accumulés par l'érosion éolienne ne sont pas infrànchiçsables. De, larges et. longs couloirs appelés «feidjs» ou «gassis»permettent aux caravaniers de traverser les ergs assez aisément de bout en bout, et les chameliers passent, insouciants dans ces régions titanesques sans éprouver la crainte chimérique d'être ensevelis dans les sables qui les entourent. Après la zone des grands ergs, apparaissent les «hammadas » ou «tassilis » plateaux rocailleux jonchés de cailloux noirs et gris et coupésd'une multitude d'oueds fossilesdont le thalveg se confond parfois avec le pays environnant tandis que le lit de certains autres, au contraire, est parfaitement dessiné et couvert d'une végétation arborescente assez dense et de graminées dont sont friands gazelles et chameaux. Dans le triangle formé par les oasis d'Ouargla, de Timimoun et d'In-Salah, le plateau du Tadmaït offre de bien curieux panoramas. Après la descente dans la plaine du Tidikelt face à la hamada que l'on vient de quitter, il est surprenant de découvrir une impressionnante suite presque ininterrompue d'énormes blocs de roches érodées qui font songera des châteaux féodaux aux montrueuses tourelles, tandis que le roc de «Ang-el-Mehari» forme une sorte de promontoire gigantesque dans l'océan des sables qui entourent le plateau. Vers la frontière Tripolitaine, au pays des touaregs Ajjer, existe aussi une très pittoresque région. Le Tassili des Ajjer est découpé, du Nord au Sud, par de larges vallées ainsi que par de nombreux ravins. Au fond de ceux-ci, les oueds se sont creusés des caiïons grandioses dans le roc, si profonds que l'oeila quelquefois peine à apercevoir le sommet des falaises qui les enserrent. Dans le lit de quelques-uns de ces oueds coule en permanence, au milieu d'une forêt de roseaux élancés, une eau limpide qui, par endroits, s'épanouit en petits lacs dans lesquels vivent poissons et crocodiles. En d'autres points l'oued sortant des gorges s'étale en une immense zone d'épandage appelée « maader», couverte d'une végétation touffue dans laquelle paissent, pêle-mêle, chameaux et gazelles. Parfois encore, la vallée s'élargit, les parois desserrent leur étreinte et s'ouvrent sur de petites oasis créées par les touaregs dont la plus importante est celle de Djanet où l'on est étonné de voir, à proximité de petits villages, curieusement accrochés aux flancs des
rochers environnants, de splendides jardins où l'on rencontre les arbres fruitiers les plus variés. Le Tassili des Ajjer n'est pas qu'un pays pittoresque , c'est aussi une région de chassesou l'on peut trouver en abondance mouflons et gazelles, ainsi que le petit gibier à plumes et à poils qui laissent sur le sol sablonneux une innombrable quantité d'empreintes révélatrices. Eloignée du Tassili des Ajjer d'environ 400 kilomètres, la «koudia » du Hoggar offre un spectacle totalement différent. Ce n'est plus la hammada parsemée de blocs rocheux, coupée de ravins profonds, mais un puissant massif déchiqueté, chaos de montagnes d'où émergent d'anciens volcans qui s'élancent jusqu'à plus de 3.000 mètres d'altitude. De la plateforme centrale de la koudia, appelée Atakor-Hoggar, se dressent majestueux et imposants, l'énorme masse du mont Tahat (3.100 mètres), le plateau de l'Asekrem )2.900 mètres), au sommet duquel se trouvent les ruines d'un ermitage du Père de Foueauld, et le pic Haman qui élève à 3.000 mètres vers le ciel son cône jusqu'ici inviolé. En ce pays tout est émouvant comme le sont les grandes oeuvresde la nature. Quand on se trouve à Tamanghasset, où reposent les deux grands martyrs du désert, le général Laperrine et le Père de Foucauld, on contemple le décorle plusprestigieux qui soit. Sous les effetsde lumière que produisent la pureté de l'air et l'éclat incomparable du soleil, l'impressionnante chaîne volcanique se teinte tour à tour des coloris les plus divers, tandis que vers l'est barrant l'horizon, se profilent dans le bleu d'un ciel sans nuages, les deux tronçons de la montagne Adériane séparés par une brèche gigantesque tout auréolée de légendes. Les régions des Ajjer et du Hoggar sont habitées par les «touareg du Nord», réunis en deux confédérations distinctes, mais ayant conservé les mêmes moeurs et les mêmes coutumes archaïques. 11 est surprenant de constater chez eux, en plein XXe siècle, une sorte de survivance du moyen âge. L'organisation politique des touareg rappelle en effet celle de notre féodalité ; ils ont leurs nobles, ou «imohars», et leurs vassaux, ou «imrads », ils ont aussi leurs cours d'amour appelées «ahal» où, aux sons de 1'«amzad », violon monocorde, jeunes gens et jeunes filles se livrent aux jeux de l'esprit en récitant des poèmes de leur composition. Ijes guerriers, la figure voilée par le «litham», sont généralementgrands, élancés,d'allure majestueuse sous leur vêtements amples ils sont armés de la lance, du bouclieret du sabre à garde cruciale. Suivis de leurs vassaux, ils ont bien l'aspect que devaient avoir jadis les preux chevaliers de la Chrétienté médiévale. Les femmes sont jolies et possèdent une grande finesse de traits ; elles ont sur les hommes un grand ascendant moral et, comme il en était au moyen âge des «reines du bien dire »; leur développement intellectuel est plus prononcé que chez les guerriers. Pour passer du Sahara algérien au Sahara soudanais ou nigérien, l'on ne peut éviter, quelque soit l'itinéraire adopté, de traverser le «'Taiiezrouft».Selon la région où on l'aborde, le Tanezrouft présente des aspects plus
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— KSARDJEDID IN-SALAH. ou moins impressionnants. Mais d'une façon générale c'est une immense plaine, sans aucun relief, sans végétation, où ne vit aucun être humain, le vrai pays de la peur et de la soif, le «bled el khouf », ainsi que l'appellent les caravaniers arabes qui n'y pénètrent jamais sans une crainte superstitieuse. C'est le pays du néant. Sur certains itinéraires où seules les automobiles peuvent accéder sans danger, il n'existe aucun point d'eau sur une distance de plus de 000 kilomètres et la contrée aux horizons illimités est uniformément plate.' Le Tanezrouft franchi apparaissent peu à peu les superbes vallées soudanaises couvertes d'une végétation arborescente touffue et de hautes graminées qui donnent asile à des troupeaux de gazelles et d'antilopes. Ce sont les riches régions du Timetrin et de l'Adrar des Ifoghas, habitées par les touaregs Ifoghas, Aoulliminden, ainsi que par les tribus arabes Kountas et Bérabiches, tous pasteurs nomades qui se livrent à l'industrie de l'élevage du mouton et du chameau. En beaucoup d'endroits, le sol est jonché d'une épaisse couche d' «alemouz» aux touffes légères d'un beau jaune paille, de «jyrgir» aux vertes feuilles et de « cram-cram», désagréable graminée aux petites épines acérées. C'est déjà la zone tropicale arrosée par des orages annuels et caractérisée par une flore et une faune extrêmement abondantes et variées. Puis, c'est le Niger, le fleuve majestueux qui roule sa masse imposante d'eau en plein désert, entre des
dunes blondes, alors que sur ses berges croît à perte de vue une végétation extraordinairement dense. Et si, d'aventure, on poursuit sa route vers l'Atlantique, en remontant le cours du fleuve en pirogue, en chaland ou à bord du petit bateau régulier, c'est un émerveillement chaque jour renouvelé. On se laisse'aller à une douce rêverie, pleine d'un charme inexprimable à contempler le désert tel qu'il s'offrit aux regai'ds des premiers hommes. Puis le Niger pénètre dans des contrées moins arides ; une brousse épaisse apparaît, des villages se succèdent, la vie intense renaît. Enfin, c'est la forêt, la mystérieuse forêt tropicale, refuge inviolable de tous les fauves africains, où la lumière filtre avec peine à travers les enchevêtrements des lianes et des branches sur lesquelles plane le manteau opaque des frondaisons verdoyantes. Toutes ces splendeurs de la nature que seuls de rares privilégiés ont jusqu'ici été admis à contempler sont dès à présent à la portée des touristes grâce à l'exécution méthodique d'un programme d'établissement de pistes pour automobiles, juxtaposées à la création de voies aériennes. A l'heure actuelle, une voie transsaharienne, aménagée pour les autos et pour les avions, relie Colomb-Béchar au Niger, par la vallée de la Saoura, le Touat et le Tanezrouft. Cette ligne est régulièrement exploitée par la Compagnie générale Transsaharienne. Une piste
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chauffeurs.Le départ aura lieu d'Alger, ou plus exactement de Sidi-Ferruch. Par Lnghouat, Ghardaia et El-Goléa, les voitures gagnerontReggan, dans le basTouat, puis à travers le Tanezrouft,se dirigeront vers Gao, sur le Niger. De Gao, les coureurscontinueront leurrandonnéevers Niameyet Zinder,puis atteindront le Hoggar par Agadez et reviendrontà leur point de départ. Indépendammentde cette épreuve,M.PierreBordes a également,tenu à convier les simples amateurs de grand sport, à un rallye automobilede moins grande envergure, depuis l'Algérie jusgu'à TombouctoU. Ce rallye démontrera expérimentalementque les pistes du désert sont accessiblesà tous lesmodèlesde voitureset qu'il n'est plus besoinaujourd'hui d'automobiles à chenillesou à six roues, ni d'un personneltechnique spécialisépour s'aventurer sur les voies régulièresdu Sahara. Naturellement pour cesdeux importantes épreuves, des dispositionsspéciales seront,misesen oeuvreafin d'éviter les accidents.Des postes de dépannage complémentairesseront installéssurtout le parcourset les sportsmen n'auront pas plus de risques à courir que dans les manifestations analoguesorganisées en Europe. Les risques seront même moins grands car ils n'auront pas à craindre les incidentssouvent très graves qui se produisentsur les routesou dans la traversée des agglomérations. Le Gouverneurgénéral de l'Algérie a aussi songéà ceux qui n'ayant pas à leur dispositiond'automobiles particulières ne pourront participer à ces épreuves. Avec l'aide des entreprises civilesde transports, des circuitsà grand et court rayon serontorganisés.Moyennant un prix qui sera aussi réduit que possible, les personnesavidesd'émotionsforteset éprisesdesgrands spectacles de la nature pourront se rendre jusqu'au Niger et jusqu'au Hoggar, ou bien faire seulement le circuitdes oasisparEl-Goléa-TimimounetBéni-Ounif. ou bien encorese borner à la visite d'Unebelle palmeraie du sud-algérien. Enfin, les touristes qui n'auraient pas le loisird'entreprendre un long voyage et qui seraient néanmoins désireux d'emporter une impressiondu désert, seront attirés par des expositions localespréparées dans les centres de Béni-Ounif,de Laghouat et de Biskra. Ces expositionspermettront de faire apprécierles produits spéciauxà chaque pays, depuis l'alfa qui sert à faire de beau papier, jusqu'aux jolis tapis et couvertures dont les dessins et, colorisvarient selon la région où ils ont été fabriqués. *** L'organisation de ces grandiosesmanifestations au moment des fêtes du Centenaire, alors que l'Algérie sera visitée par de nombreux touristes français et étrangers,répondà un double but :rendre un hommage éclatant à tous ceux, militaires et civils, qui ont 1eravecfruit le livreque collaboréà la pacification définitive du désert, en fai(1) A cepropos,on pourraconsul vientde faireparaîtrel'auteurde cet article et quiconstitue sant mieux connaître les résultats de leur fécond laet touristiunevérilablemonographie historique, économique démonstrationsrépétéesque l'on des beuret par prouver du Léon LPHURAUX. que Sahara.(SurlesPistesdu Disert,par peut désormais traverser le Sahara de bout en bout LibrairiePion,Paris). plus centrale, également exploitée par une société civile de transports, part d'Alger et aboutit aussi au Niger,par El-Goléa, In-Salahet le Hoggard'où elle se raccorde avec la piste précédente au sud de l'Ahnet. Vers l'est, la liaison terrestre, qui deviendra bientôt également aérienne, est assurée avec le sud tunisien et le pays Ajjer par l'erg oriental en partant de Touggourt et d'Ourgla. Cette voie passe par Fort Flatters d'où elle se prolonge d'un côté vers Fort-Saint, de l'autre vers Djanet par Amguid.D'Amguid,elle continue vers le Hoggar après avoir rejoint, dans les environs d'Iniker, la piste d'In-Salah ; ellese dirigeensuite par In Guezzamet l'Aïr, vers Zinder et le lac Tchad. Pour ceux que les longsvoyages en automobile ne tenteraient pas ou qui désireraientjouir avec plus de calme et plus complètementde la vue des paysagesdésertiques, le Sahara offre la ressourcede ses caravanes pour des circuits dont la durée peut être limitée au gré des voyageurs.Cettemanièrede voyagerpermet de mieux étudier les pays traversés, d'admirer en détail tous les aspects des régionsparcourueset de goûter les sensations,rareset étrangementimpressionnantespour un civilisé,de la vie nomadedans les immenses solitudes (1). Le long des pistes diverses,des hôtels ont été construits ; d'autres sont en voiede construction. Lorsque le programmeen cours aura été entièrement appliqué, une successionde relais permettront lesravitaillements en essencetous les 200à 250kilomètreset des ateliers très complets installéstous les 700 kilomètresenviron seront en mesure d'opérer les réparations les plus délicates. Tous cestravaux seront vraisemblablementachevés lorsque la France fêtera avec tout l'éclat qui convient à un pareil anniversaire le Centenaire de la conquête des Etats barbaresques. A l'occasionde cette solennité patriotique, M. Pierre Bordes, Gouverneurgénéral de l'Algérie,qui fut autrefoisdirecteur des territoires du sud et qui, ayant contribuéà ce titre aux remarquables efforts accompli dans ces contrées lointaines pour la grandeur de la Patrie, a aujourd'hui la grande satisfaction de compléter son oeuvre, a pensé que le Sahara devait être à l'honneur. Avec la claire vision des réalisationsfutures que donne l'expérience,le chef de la coloniea jugé que le moment serait particulièrement bien choisipour livrer le désert au public et il a prévu, pour l'année 3930, une série de manifestations touristiques et sportives dans les territoires du sud qui ne pourront manquer d'avoir un grand retentissement. La principale de ces manifestations consistera en une épreuve d'endurance aussi bien pour le personnel qui y participera que pour le matériel qui sera utilisé. Il s'agit d'une course, réservéeaux constructeurs,mais d'une course peu banale et qui mettra en relief les qualités de robustesse des véhicules et l'énergie des
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AOULEFEL ARAB avec facilité,se rendrede l'Algérieau Nigeren quelques jours sans fatigue commesans danger et visiter Tombouctou «la Mystérieuse»tout aussi aisément que les pyramidesd'Egypte ou la patrie de Thémistocle. Les voyagesdans le désert que feront,des personnalités de tous les pays, de tous les milieux, auront une répercussionimmédiate sur l'opinion publique. Tous ceux qui auront constaté personnellementles possibilités d'extension économique de certaines régions des territoires du sud et de la boucledu Niger et qui, ayant admiréla variété des sites sahariens, la sauvage beauté des montagnes, la pureté du ciel, la féerie des nuits transparentes, les miragestrompeurs et l'aveuglante luminosité du désert, auront apprécié cet incomparable lieu de tourisme, deviendront sans nul doute des propagandistes actifs et convaincus. Partout, ils conteront ce qu'ils ont vu, les impressions qu'ils ont ressenties,les facilités qu'ils ont rencontrées et l'on peut concevoirqu'ils deviendrontd'utiles partisans du grand projet qui doit être l'aboutissement final de tous les effortset de tout ce travail de préparation : le chemin de fer transsaharien. C'est à cette oeuvre d'intérêt national qu'il faut maintenant songer. L'élan est donné ; il convientde le maintenir et de lui imprimer une nouvelle impulsion. En se proposant d'amener, dans le pays même des parlementaires, des industriels, des commerçants,des littérateurs et des journalistes, de placer ces personna-
lités en présencedes réalités, de leur fournir la documentation qu'ils pourront contrôler sur place, le Gouverneur général fera certainement franchir une étape décisive au projet,dont il poursuit la réalisation avec une opiniâtreté louable. Parmi tous ces voyageurs, il s'en trouvera sans nul doute qui seront frappés par la nécessitéde construire le chemin de fer indispensable au développementde l'influence française en Afrique et le seul moyen pratique de tirer de nos coloniesdu continent noir les innombrables ressources qu'elles recèlent. Le transsaharien, amorce du transafricain, reliera bientôt, espérons-le, l'Afrique du Nord au Soudan. Vers cette ligne principale, dont le tracé définitif est en ce momentrecherchépar des missionsde l'organisme d'études, convergeronttoutes les pistes automobiles desservant l'ensembledu désert, de sorte que les régions offrant un intérêt économique pourront foire acheminer leurs produits ou recevoir ceux dont elles ont besoin par la voie la plus directe. Et pendant que le convoi, minusculedans cette immensité, roulera à grande allure sur les rails éblouissants de soleil saharien, les grands avionsdes lignes transsahariennes et intercontinentales,dont le projet Dagneaux laisseentrevoir la venue prochaine, étendront leurs ailes glorieuses sur cette terre d'héroïsme asservie par le génie français. Capitaine LEHURAUX,
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MAROC Zonefrançaise Situationd'ensemble.—M. Steeg,RésidentGénéralde France au Maroc, a demandéau Gouvernementde le relever de ses fonctions en raison du vote de la loi sur les incompatibilités parlementaires. Il s'est embarqué, à Casablanca,le 5 janvier, rentrant définitivementen France.Par décret du 2 janvier 1929, Monsieur Lucien Saint, Résident Général de France à Tunis, a été désignépour lui succéder. Monsieur Manceron, Préfet de la Moselleest, par décret du même jour, nommé Résident Général en Tunisie. *** Le 8 décembre, le Général Clavery, Commandant le territoire d'Aïn-Serre,en tournée d'inspection dans la Saoura, a été tué au retour, près de Ménouarar, à 60 kilomètres au Sud de Colomb-Béchar,par un djieh qui venait du Tafilalet. Parmi ses compagnons de route, 2 officiers et 1 soldat légionnaire ont été tués, 5 sous-officiersou soldats ont été blessés, 1 soldat indigènea été enlevé.
Le fait apparaît d'ordre marocain, il se rattache, directement,au problèmeplus vaste de la dissidence du Nord-Ouestafricain qui intéresse non seulementle Maroc, mais l'Algérie, l'A.O.F. et les coloniesespagnolesdu Rio de Oroet d'Ifni. L'agressionde ColombBécharcommisepar des insoumis marocainsen territoire algérien en soulignel'unité. Les progrèsde la pacification au Maroc ont refoulé, vers le Sud, non seulement les irréductibles,chefsde bandes et. pillards redoutables, mais encore un armement considérable.Depuis de nombreusesannéeson assiste à cet exode des armes de guerre A'ersle Sud. Ce fut au moment de la soumissiondu Riff et de la Tache de Taza un véritable commerce qui avait, ses trafiquants spécialisés.En pays insoumis une arme de petit calibredépasseaujourd'hui le prix de 3.000 fr. Dans le même temps, aux abords de la zone dissidente qui récupérait ainsi de nombreux fusils dont les tribus du Nord se débarrassaient avec profit ayant la soumission,l'activité européennen'a fait que croître, offrant des proies tentantes à tous ceux qui, le fusil en main, n'ont d'autre métier que le banditisme. Du côté algérien ce fut le développementdes transports automobilesà travers le Sahara.
L'ARMEE D'AFRIQUE Au côté marocain l'établissement de la grande voie aérienne France-Sud-Amérique avec toute l'activité accessoire qu'entraînent de pareilles entreprises. Telle apparaît la double cause d'une recrudescence de l'insécurité au voisinage de nos fronts sahariens. Sur le front Sud marocain, l'agitateur Si Mohamed ben Taïbi repasse avec sa harka au Nord du Haut Atlas, fuyant les bombardements de notre aviation, pour se rapprocher en même temps de Si Hocein ou Temga dont l'activité lui donne quelque inquiétude : la rivalité de ces deux personnages joue encore une foisà notre avantage, malgré que l'un et l'autre affirment leur hostilité à notre égard. Sur le revers Sud du Haut Atlas le groupement Ait Hammou, fraction Aït Tseghouchen dissidente originaire de la région de Talsint, chasséede la rive gauche du Ziz en 1917et qui ne comprend que quelques centaines de tentes, fait de plus en plus grande figure au milieude l'ensembleAït Atta-Aït Yafelman. On l'a vue récemment intervenir sur le Draa ; elle a, le 20 octobre dernier, infligé un cuisant échecà nos partisans du front du Ziz. Au Tafilalet, elle joue le rôle de médiatrice entre Aït Moghradqui sont des Aït Yafelman et Aït Khebbach, tribu Aït Atta. Elle a quelques guerriers dans la harka du Taïbi. Le jour mêmede l'attentat de ColombrBécharun de ses djiouchs, fort de 200 fusils, obligeait le maghzen algérien d'Abadla à une rapide retraite. Les Doui Ménia algéro-marocains,qui sont soumis, composent avec eux. Les Aït Tseghouchen du Haut Guir qui ont même origine leur marquent de multiples complaisances. 11ne manque à ce groupement qu'un chef d'envergure pour entraîner à sa suite la masse berbère dissidente entre Ziz et Draa. Front Sud. — Secteur Sud-Est ou du Ziz. Cercle de Gourramaet de BouBenib. — Du 20 au 29 novembre, notre aviation a bombardé sans répit les ksour Aït Haddidou du Haut Ziz qui abritaient la harka de Mohamed ben Taïbi. L'agitateur a cru prudent d'évacuer le pays. Il est repassé sur le versant Nord du Haut Atlas, laissant son neveu Si Aomar, continuer sa propagande aux sources du Ghéris et de l'Assif-Mellouloù voisinent lesA ït Moghrad, lesAït Haddidou et lesAït Chokhman. Livrées à elles-mêmes,les franctions Aït Haddidou, éprouvées par les bombardements d'aviation, rançonnées par le Taïbi, «mangées» par ses partisans, se divisent en deux clans, l'un incline vers notre poste de Mzizelpour y solliciter protection, l'autre reprend contact à Tounfit avec les partisans de l'agitateur. Le ksar d'Igli, l'un des premiers ouverts au Taïbi, a été particulièrement éprouvé par les bombardements
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qui,dans la seule journée du 22 novembre, y ont causé 14 victimes. Cette leçon opportune l'a décidéà dépêcher ses notablesà Mzizel. Tel est le triste lot des populations dissidentes du front qui n'ont d'autres ressources que d'en appeler tantôt à nous, tantôt à notre adversaire, au hasard d'une activité heureuse de l'un ou l'autre des deux • partis. Au Tafilalet, Aït Khebbach et Aït Moghrad, en conflit, acceptant la médiation des Aït Hammou et concluentune trêve de sept jours. Les Aït Hammouen appellent d'autre part à Belgacem Ngadi pour arbitrer leur différend avecla fraction Aït Yazza des Aït Atta. Notre aviation, en représailles de l'attentat de Colomb-Bécharles a pris à partie;on a compté 6 tués et 5 blesséstant à Riçani résidencede BelgacemNgadi qu 'aux campementsAït Hammou. Par ailleurs elle chasse un autres groupement qui a ses tentes dans la plaine de Magha, sur le Ghéris, en amont du Tafilalet et l'oblige à se léfugier plus à l'Ouest, dans le massif de l'Ougnat en pays Aït Atta, au Sud du Ferkla. Le 28 novembre, le groupe franc de Méridja du Guir et celui de Bou Anane sont aux prises avec un djich Aït Hammou dans la région de l'Oued Tafejaret au Sud du Guir. Un autre djich Aït Hammou est signalé le 7 décembre sortant du Tafilalet le 10 ; il se rencontre avec le maghzen algérien d'Abadla qui perd 2 tués, 3 fusils, 5 chevaux. Sa rentrée au Tafilalet est signaléedans la nuit du 13 au 14 décembre. Le djich qui a tué le 8 décembre le Général Clavery était composé d'Aït Khebbach et de Doui Menia, il est de retour au Tafilalet le 19décembre ayant échappé à là poursuite de tous les éléments du front de Bou Dcnib : Sahariensdu Zizet du Guir,compagniemontée et goum de Bou Anane, groupe d'A.M.C. de Bou Denib lancés aussitôt a ses trousses sur là Hammada entre Ziz et Guir, en liaison avec les forcesde ColombBéchar. SecteurCentralou du MoyenAllas. — Cercled'User, Zaian, Ksiba, Béni Mellal et. Azilal. — On signale successivement la présence du Taïbi, à Tagoudit, chez les Aït Yahia du Haut Antegmir, à la zaouia de Si Yahia ou Youssef,sa résidencefamiliale, aux sources mêmes de l'oued el Abid, enfin chez lesAït Abdi, fraction Aït Chokhmand'où il était parti il y a deux mois pour sa campagne de propagande en pays Aït Haddidou. Il a auprès de lui 300 guerriers et rappelle Si Aomar qui le rejoindrait avec une harka de 200 fusils, en vue de s'opposer aux agissements de Si Hocein ou Temga. Ce dernier, accusé par son rival de complaisanceà notre égard, croit devoir affirmer sa xénophobie en menaçant les fractions Aït Atta ralliées du front de Béni Mellal. Un conflit éclate aux sources de l'oued el Abid
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entre fractions Yahia et groupements maraboutiques Imhiouach. Le Taïbi s'emploieà les réconcilier. Des sources de la Moulouya jusqu'à Ouaouizert l'activité de nos forces supplétives rivalise avec celle des dissidents et particulièrement sur les fronts des Cerclesde Ksiba et Béni Mellaloù on ne relève pas moins d'une vingtaine d'agressions ou rencontres dans le mois. Il faut signaler entre autres, sur le front de Béni Mellal,un coup de main heureux mené le 14décembre par deux goumset un groupe franc contre une fraction Aït Atta en trêve qui refusait d'expulser un bandit notoire. L'adversaire a perdu 10 tués, 3 fusils ; 7 prisonniers,200 têtes de bétail ont été ramenésdans nos lignes, mais, accrochésau retour par un groupe Aït Isha-Aït Chokhman accouruà la fusillade,nos partisans ont eu 10blesséset 1tué. Quelquesrares djioudiront encore pénétré profondément en zone soumise : dans la région de Knénifra et d'El Hammam,à 70 kilomètresen arrière du front, entre MeniMellalet Oued Zemoù au début de janvier un convoicivil a été attaqué. Le conducteureuropéen d'un des camionsa été blesséet son aide indigènetué. Secteurde l'Anti Atlas. — La reconnaissancequi à quitté le Ouarzazat, le 15 novembre, pour gagner le Sous par le Sud du Djebel Siroua, a atteint Aoulouz le 24 novembre,à 70 kilomètresà l'E .N.E. de Taroudant. Elle a rejoint le Ouarzazat le 28 novembresans incident. Lestravaux de pistes et de route activement poussés d'une part de Ntelouet sur Ouarzazat en direction du Haut Draa et de Taroudant sur Igherm à travers l'Anti Atlas Oriental sont, en fin d'année, complètement achevés. Sur le revers Sud du Haut Atlas, Lahoussineou Aomar ex cheikh des Aït Ouadrin qui s'était retiré en zone dissidente, le 29 février dernier, s'est présenté le 23 novembre à Tiznitt, accompagnédu neveu du Caïd des Mejjat pour offrir sa soumissionsans condition. Dans l'oued Noun, Nadani PAkhsassitente de réconcilierles tribus Tekna en perpétuel conflit. Zone Espagnole Le Général Jordana, qui était à Madrid, Directeur Généraldu Marocet des Colonies,est arrivé à Tétouan le 8 novembre pour y succéder au Général Sanjurjo dans les fonctionsde Haut-Commissaire. Ce dernier est appelé au commandement de la Garde Civileen Espagne. La Direction Générale du Maroc et des Colonies est confiéeà M. Diego Sansedra qui est relevé de ses fonctions de Délégué Généralà Tétouan. Le Général Jordana, fils du Général Jordana, qui fut un des premiers Hauts-CommissairesEspagnols au Maroc, a fait déjà plusieurs séjours au Maroc; il a été en 1925le négociateurdes accords franco-espagnols de Madrid. Il attache au Sud-Marocain,Rio de Oro
et Ifni, une particulière importance et il aura sans doute à coeur d'en réaliser la pacification. LEVANT 1° Syrie.— Le retour du Haut-Commissaireet la nominationdu Généralde Bigault du-Granrut comme Commandant Supérieur des Troupes du Levant ont été connuessimultanémentà Beyrouth. A l'anoncedu retour de M. Ponsot en Syrie l'activité politique s'est accrue, les partis comprenant la nécessitéde se grossir au moment où des décisions concernant l'organisation future du pays vont être prises. a) Sécurité.— Les incursionsde bandes, localisées généralementjusqu'alorsà l'Est de l'Euphrate, s'étendent cette ibis à la partie Ouest de la frontière SyroTurque. Là encoreellessont l'oeuvrede Syriens réfugiés en zone turque : Hadj Fatech Marachli, notable alepin, impliquédans les insurrectionsde 1920et 1925, dont l'action néfaste s'est toujours révélée dans les. incidentssi souventsuscitésdans la régionmontagneuse du Kurd Dagh et la vallée du Kara Su, est encore une foisl'organisateurdes petites bandesqui ont opéré récemment dans la région d'Alep. Pour mettre un terme à l'activité de ces bandes, des mesures spéciales de sécurité ont dû être prises ; cinq bandits, auteurs d'une agression sur la route d'Alep à Alexandrette ont déjà pu être arrêtés. IRAK La Commissionpermanente Turco-Irakiennechargée d'axaminer les difficultésde voisinage,s'est réunie à Mossoulpour sa sessionsemestrielleen novembre; la réuniona duré quatre jours : empreintede la plusgrande cordialitéellea permisde prendre des décisionsconcernant la surveillancepacifiquede la régionfrontière. A la frontière Irako-Nedjienneune reconnaissance d'aviation a bombardéle 29 décembreunrezzou Wahabite comprenant 330 méharistes qui avait ouvert le feu sur elle. Les Wahabites, qui appartenaient probablementaux Moutairs, s'enfuirent ayant perdu 3homi mes et 12 chameaux. PERSE 1° Politique intérieure. — La petite révolte des Tourouf du Khuzistan est totalement apaisée. Les Cheikhssoumis ont déclaréavoir été poussésà la rébellionpar le Commandantdes troupes localesSarhang Moustapha Khan. Celui-cia été arrêté et transféré à Chiraz. En Kurdistan persan le calmea régnépartout. Seule la régiondu petit Ararat et de Makou(pointeN. O. de la Perse) reste le centre d'une agitation politique dirigée contre la Turquie. Sur les pentes Sud du petit Ararat un groupement kurde armé de 1.200 à 1.500 hommes appartenant aux Djelalis échappe au contrôle des autorités persanes. CesKurdes observent actuellement une attitude défensive mais pourraient dès le printemps prochain créer des difficultés à la frontière turco-persane. Les relations qu'ils entre-
L'ARMEE D'AFRIQUE tiennent avec les comités Tachnak locaux confirment la collusionentre les mouvements nationaux Kurdes et Arméniens. Les accords conclus entre les comités centraux nationalistes kurdes et arméniensde Paris et. du Caire se traduisent par des ententes locales entre les îlots de résistancearménienset kurdesde la Turquie orientale. Cette alliance Arméno-Kurde est dirigée uniquement contre la Turquie, mais elle est susceptible d'inquiéter la Perse en gênant sa politique d'assimilation progressivedes Kurdes : en outre elle risque de provoquer les protestations justifiées de la Turquie si celle-ci a la preuve que les Kurdes persans peuvent impunément organiser sur leur territoire l'aide aux Kurdes ou Arméniens révoltésde Turquie. Pour calmer les appréhensions persanes, le comité Tachnak de Paris a imposé aux Kurdes un article stipulant que la Perse ne serait pas visée par les ambitions Kurdes ou par les opérations nécessairesà leur réalisation. En outre le Comité Kurde d'Alep a envoyé en Perse sa personnalité la plus marquante, Beder Khan. Celui-cin'a pu encore entrer en relations avec l'entourage du Schah, qui lui reproche d'avoir manqué de discrétion dans sa venue à Téhéran. 2° Politique extérieure. -—L'officier de marine italien, engagépar le Gouvernement persan pour la réorganisation de sa marine du golfe Persique, est arrivé à Téhéran ; c'est le major Henri de Zan. La Perse a signé avec l'Egypte un traité aux termes duquel elle abandonne le bénéfice des capitulations. Les sujets persans en Egypte relèveront désormais des juridictions locales ; pour les questions de statut personnel ils s'adresseront aux tribunaux religieuxqui leur appliqueront les lois persanes. Les sujets égyptiens bénéficieront d'une situation analogue en Perse. AFGHANISTAN Les hâtives réformes du roi Amanoullah ont provoqué une vive réaction en Afghanistan où elles bouleversaient un peu brutalement les habitudes des habitants. Sous l'action des Mo'ullahsun soulèvement, localiséd'abord à la régionde Djellalabad et à la tribu des Shinouaris, s'est étendu rapidement jusqu'au portes de Caboul. Les communications ont, été coupées entre la capitale de l'Afghanistan et le reste du pays. Les autorités britanniques des Indes ont alors évacué par avions envoyés de Peshawar les femmeset les enfants du personnel des légations et les européensde Caboul. L'armée est dans son ensemble restée fidèle au Roi et a énergiquementdéfendu Caboulcontre les insurgés. Le soulèvement n'est pas encore maîtrisé mais semble perdre de son intensité. (20 décembre).
de garder des relations pacifiques avec la Transjordanie et l'Irak. La conférencea en outre confirmél'autorité souveraine d'Ibn Séoud et son pouvoir de diriger et contrôler la politique wahabite. TRANSJORDANIE Devant la résistance des chefs locaux, les.élections, d'abord retardées de quinze jours, ont été ajournées sine die. La conférence Syro-Transjordanienne d'Irbid a donné les meilleursrésultats. Tribus de Syrie et tribus de TransJordanie se sont réconciliées et ont abandonné leurs réclamations réciproques. A l'issue de la Conférenced'Irbid l'Emir Abdallah a offert une cordiale réception aux membresde la délégation franco-syrienne. PALESTINE Le Gouvernementbritannique à publié le 27 novembre un «livre blanc » contenant un mémorandum établi par le ColonialOffice sur l'ensemblede l'affaire du Mur des Lamentations de Jérusalem. L'incident entre Juifs et Musulmans a eu une profonde répercussion dans le monde entier. Les Musulmansdes Indes et d'Amérique ont envoyé des télégrammes de protestation auxquels ont répondu des télégrammes des communautésisraélites de divers points et notamment d'Australie. Sir John Chancellor,Haut-Commissairebritannique pour la Palestine et la TransJordanie,a pris prossession de son poste à Jérusalem, le 6 décembre. Dans sa réponse aux discours de bienvenuedes diverses communautés Sir John Chancellora signalé son intention de consacrer le maximum de son temps aux questions économiquesqui sont, pour lui, les plus importantes. EGYPTE
Presque toutes les puissancesintéresséesont répondu à la lettre circulaire que leur avait adressée leGouvernement égyptien au sujet de la réformedes tribunaux mixtes. Dans l'ensemble elles revendiquent des modificationsde l'appareiljudiciaire,actuel. Le premier, ministre égyptien, Mohamed pacha Mahmoud, étant alité depuis trois semaines paTsuite d'une paratyphoïde, le Gouvernement égyptien n'a pas encore décidé. s'il proposerait une réunion des représentants des puissances intéressées pour discuter cette question, ou s'il engagerait des négociationsséparées avec chacune d'elles. Son récent traité avec la Perse l'engage à opter pour cette solution. Le roi Fouad a quitté sa résidenced'été à Alexandrie et est revenu s'installer dans son palais d'Abdin, au Caire. ARABIE L'abondance des effets de commercesur le marché Une certaine inquiétude s'était manifestée au début en raison de la vente des grains et du coton, la générade décembre en TransJordanie où l'on craignait une lisation de l'emploi du chèque en Egypte ont justifié attaque des tribus du Nedj. Au cours d'une conférence la création d'une «Clearinghousc »au Caire.Celle-cia tenue par les chefs wahabitesà Riadh dans la seconde été ouverte au début de décembredans leslocauxde la quinzainede décembre,il aurait, au contraire été décide «National Bank of Egypt».
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LesMusulmansHindous et la Constitutionde l'Inde. — L'Agha-Khan a présidé le 3cr janvier, à Delhi, la Conférenceplénière des Musulmanspanindiens. Toutes les classeset toutes les fractions politiques des Musulmansétaient représentéesà cette conférence; une résolution confirmant les huit points exposés au dernier bulletin a été votée par' acclamation. Elle débute par une déclarationen faveur d'un système fédéral pour l'Inde avec autonomie complèteet pleins pouvoirs pour les Etats constituant la Fédération. Un GouvernementCentral aurait le contrôle des intérêts communsdans des conditionsspécifiéesdans la constitution. Elle rappelle ensuite les huit points mentionnés dansle Mémorandumremisa la Commissionstatutaire. L'Agha-Khanen levant la séancea engagé les délé-
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gués à faire une large propagande en faveurde la résolution adoptée, les persuadant qu'ils n'étaient qu'au commencementd'une longue route.
En même temps que les Musulmanstenaient leur réunionà Delhi ,lesnationalistes«Swarajistes«tenaient leur Congrèsnationalà Calcutta et adoptaient la résolutionde Gandhien faveurdu Statut des Dominions pour l'Inde, pourvu que ce statut soit adopté par le Parlement britannique d'ici un an. Si dans ce délai le statut n'a pas été accordé ; les Nationalistes reprendront la non-coopération et le boycottage. A noter qu'un amendement proposépour réclamer une indépendancecomplètepour l'Inde sans attache avec les Anglais a été repoussépar 1.350 voix contre 973.
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Au cours des années 3859-1863,Llenri Duveyrier faire des découvertes dans Pordre des mammifèresfit des explorations dans le Sahara, qui était encore Cependant Duveyrier était assez affirmatif, sans le mystérieux pays du mirage. En 1861 notamment, avoirvu l'animal. Aussi tous les voyageurs sahariens il pénétra hardiment chez les Touareg Azdjers en cherchèrent-ilsà se renseigner,mais en vain. suivant l'itinéraire El Oued-Thadamès-Lhat-Mour- Or, en 1900, une découvertesensationnellefut faite zouk et Tripoli. Se représente-t-on ce qu'était alors dans lesforêts du Congo: un grand mammifèreinconun pareil voyage pour un voyageur isolé, livré sans nu, intermédiaireentre les antilopes et les girafes et défense au fanatisme des populations ? qui reçut le nom d'Okapi. Il était doncencore possible, MaisDuveyrier ne se contenta pas d'être courageux; à l'entrée du XXe siècle, de faire des découvertes de esprit cultivé et curieux, sachant observer, discerner ce genre ! Déjà on parlait de la possibilitéde trouver, et noter, il fut un explorateur remarquable. 11ne se dans les parties inconnuesde l'Afrique Centrale,queltrompa guère qu'en attribuant aux Touareg un carac- ques survivantsde la grande faune quaternaire ! tère chevaleresque assez éloignéde la vérité ; l'inforEt cela donna un regain d'actualité à l'Adjoulé, la tuné Flatters devait s'en apercevoir. «bête du Hoggar». L'imagination aidant on en faiAu retour de son voyageDuveyrierpublia unvolume sait volontiersune nouvelle « bête du Gévaudan»aniintitulé Les Touareg du Nord (3864). Après plus de mal fabuleuxqui défraya la chroniquependant 20 ans, soixante ans écouléson peut encore consulterce livre à la fin du XVIIIe siècleet qui était tout simplement avec fruit et on le consulte. Toutes les questions y un loup-cervier(Lynx).Maisles années passèrent... sont abordées (Géographiephysique,géologie,météoOr, pendant l'hiver 3927-1928,la missionsaharienne rologie, minéraux, végétaux, animaux, centres com- Augiéras-Drapera brusquement dissipé le mystère : merciaux et religieux,populationsavecrenseignements deux adjoules furent tués et leurs dépouillessont acsur leur origine, leur histoire, leur état socialleurs tuellement au Muséumd'histoire naturelle de Paris. moeurset coutumeset mêmede très intéressantsaperçus sur la géographieanciennedes régionsdésertiques). La bête de Duveyrier porte le nom de « adjoulé» Dès son apparition celivre suscitaun très vif intérêtNous nous bornerons, dans la présente étude, à un pour le mâle et de «Tarhit» (pluriel : Tirhès) pour la femelle.Voici les renseignementsdonnés par l'explopoint particulier. Dans sa description des animaux sauvages, Duveyrier signalait l'existence, dans le rateur : Sahara, Central, d'un grand mammifère Carnivore « Je donnele nomde loup à une espècetrèsférocequi d'espèceindéterminéecl:peut-être inconnue:]'Adjoule, vit-dans le haut du Tassili.cl dans les montagnesdu une sorte de «Loup» ! Ahaggâr. Je n'ai pas vu cet animal el je n'ose pas afOr, au XIXe siècle,on n'avait plus guère l'espoirde firmer qu'il soit réellementun loup ; cependant,par
LAR EE D'AFRIQ lestrenseignementsqui m'ont été donnés,je ne /suis que l'assimiler à cetanimil. Jl ressembleà un grand chienfauve, disentles Touareg el il estleseul.Carnivoredenotrepays qui attaquel'homme sans mêmeêtre provoquéà la défense.» Quelle pouvait-être cette bête ? Bien entendu les hypothèses n'ont pas manqué, mais, le plus souvent, ce furent des hypothèses tout à fait gratuites. Les uns songèrent à la hyène tachetée, animal assez différent de la hyène rayée. C'est une bête soudanaise très redoutéedes Touaregdu Sud (Aoulliminden),aussi redoutée que le lion en raisondes ravagesqu'elle cause dans les troupeaux. Mais il semble bien que la hyène tachetée puisse être identifiée avec une autre bête signaléepar Duveyrier sous le nomde «Tahouri». Les Touareg qui vinrent à Paris en 1862, avec Duveyrier, furent conduits au Jardin des Plantes, où ils reconnurent, dans une cage, un «Tahouri»! C'était une hyène tachetée originaire du Sénégal.Il y aurait donc encore quelques hyènes tachetées dans certaines parties du Sahara, au moins en bordure soudanaise. Mais ce n'est pas PAdjoulé. On songea également au Cynhyène, mais c'est un animal plus méridional, très répandu dans l'Afrique du Si:d, dans l'Afrique Orientale et dans certaines parties de l'Afrique Occidentale. Sa présenceau Sahara était une hypothèse gratuite, assezinvraisemblable. On songeaà une bête,nouvelle... On songea également à une bête inexistante, à un faux renseignement recueilli par Duveyrier. Nous ne pouvions rester étranger à cette question, étant sur les lieux et quelquepeu chasseur. Le nom d' « adjoule » était inconnu (quelleest l'origine de l'information de Duveyrier ?). Par contre le nom indiqué, pour la femelle (un peu déformé) était bien connu : c'est «Tarhensit». Quant au mâle il s'appelait « Tirhès» nom donné par Duveyrier pour la forme du féminin pluriel. 11 s'agissait d'un animal répondant parfaitement au signalement indiqué. De nombreux \Touareg l'avaient vu, à la tombée du jour, mais je n'en avais jamais trouvé aucun ayant tué la bête et pouvant, par conséquent, donner une preuve certaine de son existence. On m'indiquait cependant des points précis où le «Tirhès » avait été vu et bien vu : dans le Hoggar et, beaucoup phis au Nord, dans le Mouydir (exactement dans le massif de l'Ifetessen). Or, au début de 1927et précisément dans les mêmes parages, j'eus personnellement un semblant de confirmation. Un matin, à la pointe du jour, je suivais, en chassant, un ravin étroit qui conduit à la mare de Tiguelguemine (380 km. au Sud-Est d'In-Salah) avec l'espoir d'y surprendre quelque mouflon, lorsque je vis sur le sabledes traces fraîches, inconnuesde moi et se dirigeant vers la mare. Je les suivis aussitôt. Mais,
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en approchant de la mare, elles se perdirent dans la broussailieet la rocaille, -le songeaisnaturellement au «Tirhès», mais également à un chien de forte taille et presque féroce, qu'un officier avait perdu quelques mois auparavant et qui, retourné à l'état sauvage, avait été vu dans ces mêmes parages. Depuis j'ai bien regretté de n'avoir pas examinéles traces avec plus de soin, car le Tirhès, au lieu d'avoir cinq doigts aux pattes antérieures, comme les loups et les chiens n'en a que quatre ! Mais alors je l'ignorais. (Le cinquième doigt des canidés n'est d'ailleurs guère visible sur les traces). Bref la question n'était pas beaucoup plus avancée à la fin de 1927 lorsque nous organisâmes la mission Augieras-Draper et que nous partîmes. Nous commençâmes par visiter, rapidement le Hoggar, sans penser beaucoup au Tirhès. Notre attention était plutôt attirée vers la recherche de petits mammifères pour nos collections. Le 26novembrenous étionsà environ200 kilomètres à l'ouest de Timissao, c'est-à-dire vers le Sud du
DANSLESMONTAGNES DU HOGGAR
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Tanezrouft. Nous avions marché tout le jour dans une région assezdésertique, maisdes pluiesexceptionnelles avaient fait reverdir tous les fonds d'oueds et le pays, était en somme,assez verdoyant. Vers lecoucher du soleil nous arrivâmes dans un vaste cirque montagneux où la végétation de « Girgjr» était vraiment magnifique. Nous y campâmes pour la nuit, laissant, nos chameaux pâturer à leur aise dans les haïtes herbes.Dès notre arrivée des gazelless'étaient échappé de tous côtés, dans un galop léger et rapide. Mais dans les montagnes environnantes trois fortes bêtes étaient restées, paraissant peu disposéesà nous céder aussi facilementla place : c'étaient des Tirhès! Et nous fûmes favorisés par la chance : deux furent tués, à petite distance, le troisième, blessé, réussit à s'enfuir en traînant la patte. v Le soir même les deux bêtes étaient amenées au camp oîi lesdeux naturalistesde la mission,MM.Monod etBesnard, n'en revenaient pas. Ils passèrent la nuit à dépouiller les bêtes; les peaux et les crânesfurent préparés avec soin, séchés et emballés. Les voilà maintenant au Muséum où elles seront l'objet d'études détaillées que publier»M. Monod. Contentons-nouspour le moment de donner la description sommairede ces bêtes, qui.se trouvaient être deux mâles. La descriptioncorrespondtout à fait aux indications de Duveyrier. De la taille d'un fort chienmolosse,la bête a l'aspectgénéral d'un loup. La tête est puissante, armée de crocs redoutables, le cou large, les oreilles droites, la queue légèrement touffue ; les pattes sont armées de quatre onglesà tous les pieds.Maisce qui donneà l'animal un asrject assez étrange est sa. couleur. Le corps est couvert d'un poil ras et de couleur fauve clair, tacheté irrégulièrementde marques brunes qui semblent avoir été faites avec un pinceau. C'est un véritable peinturlurage, quelque chose d'analogue au camouflage des toiles de bâches pendant la guerre. A cette description on reconnaîtra certainement une variété d'un loup d'Afrique connu : le loup peint (Lyçaonpictus). L'étude détaillée qui sera faite indiquera si l'animal saharien peut-être rattaché à une des variétés déjà distinguéesà l'intérieur de l'espèce, où s'il doit former une variété spéciale à laquelle on pourrait conserver le nom de Tirhès.
et Je nom indigèneactuel : (Tirhès),celafait beaucoup de noms pour une même bête. Le Cynliyèneest un animal très répandu dans certaines parties de l'Afrique, notamment dans 'Afrique orientale où l'abondance du gibier favorisesa multiplication. Il vit en troupe de dix ou quinze individus quelquefoisplus, et fait preuve de béai cou])d'intelligence. Les Cynliyènessemblenten effet se concerter pour attaquer un troupeau d'antilopes et se séparent souvent,en deux grouriesqui manoeuvrentpour encercler la proie convoitée.Ce sont des bêtes redoutables, surtout en groupe. Mais vraiment jamais on n'avait pu sérieusement songer à compter le Cynliyènedans la faune saharienne. Dans son récent et intéressant ouvrage sur «les Vertébrésdu Sahara», Lavauden, parlant,accidentellement du cynliyène,écrivait « Cedernieranimal ne se rencontre pas dans le Sahara, et il n'est même pas certain qu'on le trouve au Nord du Tchad». Un autre auteur, Derschcidétudiant spécialementle Cynliyène note que c'est exclusivementun animal de brousse" et de savane, qui ne peut vivre ni dans la forêtni dans le désert. lit nousl'avonstrouvédans le Tanezrouft,considéré commelà partie la plus désertique du Sahara. Faut-il ajouter que l'année 3927 fut exceptionnellement favoriséesousle rapport des pluieset que des Cynliyènes, qui existent certainementdans l'Adrar des Iforras, ont pu se laisserentraîner vers le Nordà la.poursuite du gibier. Mais il y aurait des Cynliyènesau Hoggar et même plus au Nord, dans le Mou-ydir.11 faut donc bien admettre cet animaldans la faune propre du Sahara, peut-être sous un type spécial ce que lesnaturalistes nousapprendront. Depuis la capture faite l'hiver dernier j'ai obtenu quelques renseignementscomplémentaires.J'ai d'abord trouvé un méhariste qui m'a affirmé avoir tué un Tirhès, en 1926, à Bourhessa, point, d'eau situé au Nord sur la frontière théoriqueAlgéro-Soudanai.se, Est de l'Adrar des Iforhas où, commeje le disais plus haut, la présencedes Cynliyènesest certaine.Plusieurs autres Tirhès auraient été tués depuis l'occupation Françaisedu Sahara Central,soit par des Touareg,soit par des méharistes.Dans ce dernier cas il est possible que des officiersen aient eu connaissance,mais sans se rendre compte de l'intérêt que cela pouvait présenter, tant il est vrai qu'une découverten'en est réellementune que du jour oùelleest faite par des personnes Voilà donc le mystère éclairci,mais il est nécessaire compétentes. Aussi le compte-rendu, déjà fait par M. Monodà la société Zoologique,est-il tout à fait d'y ajouter quelques renseignements. Le Tirhès est un loup ou, si on préfère, un chien inédit. Notons enfin que nous avons vu dans les galeries du Muséumdeux Cynliyènesnaturalisés, provesauvage. Il se rattache à. ce groupe par sa, taille, son nant, d'une autre région de l'Afrique et qui nous ont «m sa aussi. férocité Mais général, aspect intelligence, il est apparenté aux hyènes par la couleur tachetée semblé sensiblement plus petits que le Tirhès Sahaet surtout par les quatre doitgs des membres anté- rien. rieurs.C'est doncen réalité un chien-hyène(Cynliyène) Et maintenant,le mystère de l'Adjoulé n'est plus ! Et, c'est également un loup peint,(Lycaonpictus). C'estencoreun peu d'inconnu qui s'en A?a... Avec la vieille appellation de Dr.veyrier (adjoulé) CapitaineAUG1EHAS.
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Béchar, l'exécution du programme prévu pour la campagne d'hiver. Territoire d'Aïn-Sefra La section automobile militaire de Col.-,mb-liécli,ar La.situation économiquedans le territoire se maintient, dans l'ensemble.Sur les Hauts-Plateaux, qui était partie de sa base sous les ordres du capitaine satisfaisante ont Debennepour exécuterune reconnaissanced'abord sur les châles de neige et les précipitations pluviales la piste Colomb— lleggun— Ouallen-,puis sur un permis la reprise dessemailles d'automne, interrompues sont, itinéraire nouveau entre Ouallen et. le Hoggar, était à la suite des gelées de novembre.Ces conditions ont arrivée sans incidentsà Tamanglutssetle 22 novembre. égalementfatiorabl.espour l'élevageet les pâturages D'autre part, le commandantmilitaire du terril ire qui, permis au cheptel,une nourriture excellenteel.abondante. L'exodedes -caravanesde Gêryvillevers les oasis du accompagnéde son. éltd-m'ijor, avait quitté Aïn-Sefra Sud a.été particulièrementimportant au cours du mois. le26 novembre,se rendant,à Adrar en auto pour inspecter le groupe mobile de la compagnie saharienne dit Les premières caravanes revenant du Gou.ra.ra sont Touaten instancede départ versles confinsmauritaniens a.rri.-éesà. Aïn-Sefra et les caravaniers se sont déclarés en vue d'une liaison à E/.-Mczerrebavecun détachement satisfaits des échangeseffectués. de méharistesde VAfriqueOccidentaleFrançaise, s'était Territoire de Gliardaïa joint à son retour aux autos de la sectionde Colomb. Aucun événement,digne de remarque n'est venu trouA 60 kilomètresenviron au Sud de. Colomb,celte bler, au mars du mois, le calmerégnant dans le territoire. caravane a et.' attaquéepar des dissidents du Tafilalet Favorisés par un temps pluvieux, les cultivateurs et an cours d'un engagementde plus de trois heures, le ont encoreétendu leurs labours. Les emblavuresont-bon colonelClavery,promu la veillegénéral, et les capitaines et promettent, sauf événementsimprévus, une aspect etDe-benne o nttrouvé lamortle 8 décembreainsi récolte Pasquel supérieure à la moyennedes années précédentes. des maréchal et un logis qu'un légionnaire. Les missions t.ra.nssaharienneschargées de l'élude du Des mesures ont été immédiatementprises sur place projet de tracé du futur chemin,defer, commandéesl'une par le GouverneurGénéral de l'Algérie el le Général par M. Masselin et l'autre par le lieutenant-colonel Commandantle lî)° corps d'armée pour procéderà la Sachet, ont quitté Laghouat les 35 et 39 décembre en réciterdie, des pillards et pour assurer la. sécurité des directionde Gliardaïa.où ellessont arrivées les 30 et 20 voiesea.rava.nières. décembre.Ces missions ont ensuite gagné El-Goléa où L'escadrille d'aviation du 21'groupe de la. Sénia. ellessont arrivéesles 38 et 24..Elles en sont reparties en commandéepar le capitaine Paolacci, arrivée à. Adrar direction l'une de Timimoun le 39, l'autre d'In-Salah le 34 novembre, continue, dans le cercle de Colomb- le 16. DÉCEMBRE 1928
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L'AR JE D'AFRIQUE Territoire des Oasis
italien et leur a repris la totalitédes animaux dérobés. Ces animaux ont.étérestituésaux Italiens.
Rien à signaler sur toute l'étendue du territoire.Le Territoire de Touggourt concoursde camelinsqui a eu lieu à Ouargla le25 décemSituation politique toujours très satisfaisante. Lu brea revêtuun éclatparticulier etdeforts beauxanimaux situation matérielle qui donnait quelques inquiétudes ont été présentés à la.commission. dans la région d'El-Oued, surtout du point de vue du Un goum de 14 Chaambus'est lancéà la poursuite des cheptel,s'améliorerapidement. L'agnelage se poursuit Djcramna qui avaientrazzié des chameauxen territoire normalement.
INFORMATIONS
Le guet-apens du Djebel Arlal Trenteminutes environ après ce guet-apens, la preLe 8 décembre3.928,le GénéralClavery,Commandant mière auto «Renault))arrivait ]n es de lu a Fiat» que Militaire du Territoire d'Aïn-Sefra, rentrant d'Adrar les assaillants avait incendiéeaprès s'être emparé des où-,il était allé inspecter, avant son départ, une forte armes qu'elle contenait. reconnaissanceorganiséepar la CompagnieSaharienne Trompéspar l'habillementdes djielieursles occupants du Touat, quittait Beni-Abbèspour rentrer à Colomb- de la «Renault», croyant que la voiture en feu était entouréede Moghazenisqui essayaientde la saliver, se Béchar. Il était accompagnédu-Capitaine Pasquet son Chef rapprochaientd'elle, lorsqu'unegrêle de balless'abattit sur eux. Une balle, traversant le radiateur, arrêta lu d'Etat-Major et du Capitaine Debenne, Commandant la Section d'automobilessahariennesde Colomb-Béchar. voiture.Les passagers saisirent aussitôt leurs mousqueLe convoidans lequelse trouvaientces Officierscom- tons, évacuèrentl'auto, tirèrent, quelquescoups de feu sur les agresseurs et tentèrentde gagner un abri pour prenait trois automobilesmarchantdans l'ordre suivant : continuerla lutte dans des conditions moins inégales. En tête,une camionnette«Fiat)) ayant troispassagers: Mais, déjà le sergent.Jost était blesséau bras. le conducteurDegaud, le Maréchal-des-LogisEtienne Cent,mètresjrfus loin, le Capitaine Pasquet recevail et un Tirailleur permissionnairerevenantdu Sud. Cette voiture, d'allure plus lente que les autres véhicul'-'s, une balle dans l'aine et succombaitpresque aussitôtpartait la première. Derrière elle venaient, d'abord Puis le.GénéralClavery, reçut une première bcdlequi se une auto six roues « Renault » conduite par le logeadans l'abdomenet fut aclievéd'un coiip tiré à bout légionnaire Klotz, dans laquelleprenaient place : le portant par un djicheur dissimulé derrière un rocher. Il ne restait plus que le conducteurKlotz encoreinGénéral Clavery, le Capitaine Pasquet et le sergent Jost. Puis une secondesix roues Renault, conduitepar demneel le sergent Jost blessé.Ces deux hommesréusle légionnaireRoth et occupéepar le CapitaineDebenne, sirent à gagner un couverttandis que.les djic/wurspille Maréchal-des-LogisClavery, le sergent Schweicher, laientla voitureabandonnée. lemécanicienCampilloet le saharien Lorgeril. Cetteaction était terminéequand survint la troisième Vers seize heures, la « Fiai » arrivait à la sortie du voiluredontles passagers n'avaient rien entendu. colde MegsemHellaba, dans une cuvetteétroiteentourée Dès qu'elle parut, ellefut accueilliecommeles précéde crêtesrocheuses,lorsqu'ellefut accueilliepar de nom- dentespar une volée,de balles venant de tous les côtés. breuxcoupsdefeu venantdeface el deflâne. Auxpremiers coupsdefeu, le CapitaineDebenneet le La voiture était aussitôt,immobilisée.Le conducteur sergent Schweicher furent très grièvement blessés, le Degaud recevaitunepremière bulledans le genougauche légionnaireRoth fut légèrementatteint à la jambe et le puis une secondel'atteignit à la.poitrine, le couchant mécanicienCampilloà la.hanche. inaniméprès du véhicule. Mais heureusementle Maréchal-des-LogisClavery, Le Maréchal-des-LogisEtienne était atteint dès la fils du Général,était sain cl sauf. première décharged'une ballequi luifracassait l'avantSaisissant son mousquetonet s'abritant,tant bien que bras droit. mal derrière quelquespierres, il répondit vaillamment Se faisant un pansement sommaire,avecson chèche aux assaillants.Le SergentSchweicheret le légionnaire il.essaya,de gagnerla,crêtevoisinemaisfut tué d'un,coup Roth, bien que blessés,le premier très grièvement,l'aià bout,portant qui lui traversa,la poitrine. Le saharien dèrentde leur mieuxen lui passant descartouches.Cette lutteinégalecontinuaainsi jusqu'à la nuit. LeMaréchalLorgeril blesséput s'échapper. Quant au tirailleur permissionnaire on ignorait son des-LogisClaveryréussit à tuerun djicheur. sort. Des renseignementsvenus récemmcnflfduMaroc On.déduira le lendemainde la position des corps que permettent,de croire qu'il, a été emmenéau Tafilalet, le djicheurabattu étaitjustementcelui qui.traîtreusement commeprisonnier, par les djielieurs. avait achevéle Général.
L'ARMEE D'AFRIQUE Les autres assaillantssont intimidéspar cettedéfense. Ils n'osents'approclierde la troisièmevoiture.Versvingt heuresils s'éloignentdans la directionde l'Ouestn'ayant pu selonleur sauvage coutumeni acheverles blessés,ni dépouilleret mutiler lesmoi1s. Le Maréchal-des-LogisClavery continuetoutela nuit à garder le convoi. Dès l'aube il parcourt le terrain de la lutte,réconforte les blessés, relève les cadavres et adresse un premier
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compte-rendud'une concisionémouvante,au Commandant supérieur du Cerclede Colomb-Béchar. Les secours arrivèrent,dans la matinée. On transporta à Colomb-Bécharlesrestesdu Général Clavery, du CapitainePasquet, du sergentEtienne et du légionnaireDecaud. '.es blessésfurent,pansés à Menouarar puis dirigés sur l'hôpital de Colomb-Béchar où le CapitaineDébenne expira dans la journée.
BIBLIOGRAPHIE Au Maroc Français en 1925. — Le rétablissement tion des missions entreprisespur l'Algérie, les départede la situation militaire,par les capitainesLoustaunau- ments algériens, les chambresde commerced'Alger, Lacau et Mont.jeun.— Un volume in-8 de 132 pages, d'Oran, de Constantinepour mener à bien une série avec 6 cartes ou croquis et 4 photographiesprises en d'études économiquessur les itinéraires sahariens jusavion.Broché : 10francs. —Editions Berger-Levrault, qu'au Niger et à Bouremavecretour par Dakar, Casablancaet le,Maroc. Ce hardi pionnier était excellement Nancy-Paris. Strasbourg. La librairie Berger-Levraultpublie Au Maroc Fran- préparé à cettetâchepar une expériencede douzeannées çais en 1925, ]Kir les capitaines Loustaunau-Lacan de dans les régions sahariennes et soudanaises,par ses l'Etat-Major de l'Arméeet Montjeau du 5e cuirassiers. nombreusesreconnaissancesau Hoggar,pays des TouaLe pays et l'armée doiventsavoir gré à MM. Berger- regs ou il exerça un commandementen pleine guerre. Levrault de leur effort,remarquableen vue de constituer Le livre qui résume ses observationset ses souvenirs une documentation, scientifiquequi.embrasseles parties dévoile,commeil le dit trop modestement,les particularités du désert au triple point de vue historique,éconoles plus variéesde l'art militaire. Ils ont eu cettefois la main particulièrementluureuse. mique et touristique.C'est une monographiesaharienne Les auteurs du livreAu Maroc français en 3925,partis documentéeet d'une variétépiquante, indispensableaux commevolontaires au 3e bureau du Commandement commerçants,aux militaires, aux explorateurs, aux aux simples curieux mêmequ'attire le mysingénieurs, du avecune méthodehistoMaroc supérieur présentent tère d'un inconnu,à, demi dévoiléjusqu'ici. Chaquecharique rigoureuse,les événementsauxquelsils ont assisté. L'intérêt majeur de ce livrerésidedans l'explication,syn- pitre de cet.ouvrageoriginal et vraimentpratique est une sorte de chant de notre épopéeafricaine.L'auteur mène des commandécisionssuccessives le thétique prises par dement. L'opinion publique en France et menu: au le lecteurtout d'abord du Sud Oranais, terred'héroisme Maroc avait paru quelquepeu surprise de la rapidité aux oasis sahariennes,puis il évoquela bellefigure du, avec laquelles'était dénouéeen mai 3926 l'aventurema- Père de Foucauld, l'« ermite du désert»,son ami, dont rocaine. Rétablissant les faits dans leur enchaînement, il fut l'hôteà Tamanghasset,etdontil châtialesassassins. De Reggan,il nousentraîne à,Bourem,,par le Tanezrouft véritable,les auteursmontrentcommentla victoirea jailli d'un long travail d'organisation,militaire et politique et le Pays de lu Soif. Que d'imagesrapides pittoresques, émouvantesil fait défiler devantnous : les OuledAaïls, auquel,resteront attachés du côtéfrançais les noms des les gens du M'Zah, quakers de l'Islam, El-Goléah, le maréchauxPétain. et Lyautey, des généraux Naulin et Boichut.Ce livre est un livre de qualité aussi bien par gouffre,de Guettara. In-Salah, capitale du Tidikelt, le son styleque par sa. valeur documentairequi le placent Hoggar, repaire desfarouchesguerriers voilés! Chemin il nous initie, à la littérature, au folklore, aux, faisant, lesmeilleurs militaire et colod'histoire parmi ouvrages moeurs,à.la.musique,aux dansesdes Touaregs. Un des niale parus à cejour. principaux élémentsd'intérêt de ce livrevécuest lejournal de l'officier commandantdu groupe des maharisfes *** du Hoggar en. pleine guerre, lancé à la poursuite des Sur les pistes du désert, par Léon Lehuraux. •— nomadesinsurgés. Après ce véritableroman de cape et Un vol. in-8 avec 30 gravures hors texte et 5 cartes. d'épée, le tableau qui nous est présenté d'un Soudan Prix : 35 francs. En vente à la librairie Pion, 8, rue épanoui dans sa richesse sembleune vision édenique, Garancière,Paris-6e,et dans toutes lesbonneslibrairies éblouissante.Des renseignementsprécieux sont,donnés Le nom.du capitaine Lehurauxest.attachéétroitement à, l'intention de ceuxque,tenterait,la belleaventureet le à. l'histoiremouvementée de la pénétrationfrançaise dans tout se terminepar une démonstrationréaliste de l'utilité le Sahara et à celledela formationde notregrand empire du Transsaharien, instrument nécessaire de liaison, africain. On sait quellepart activeil a prise à l'organisa- garantie sans prix,de notrepuissancedéfensive.
L'ARMEE D'AFRIQUE La conclusionde ce travail est l'énoncéd'un projet de loi. L'auteur nousavertitque cetteéludeestdestinée La pénétration française au Sahara. — Un au Parlement; nmis la haute personnalitédu Général Transsaharien, par le général G. Becker.—-Un du Jonchay, sa compétenceindiscutableet indiscutée ouvragein-8 avec 3 cartes dont une en couleurset 4 dans les questionsde politiqueindigènes,sa longueet annexes.Prix : 12 francs.—Berger-Levrault,éditeurs, brillantecarrièreau milieudespopulationsde l'Algérie Nancy-Paris-Strasbourg. et lesdeuxexpériences de levéesen.massesqu'il a menées La pénétrationfrançaise,au Sahara estune desbelles à bienen 1934 et en 1925,en pleinecrise,donnentà ce travailun intérêtet.une valeurqui n'échapperaà aucun pages de notre Histoire. de ceuxquepréoccupele problèmede la sécuritéde Ut Elleméritaitd'êtreremimorée. FranceetdesesColonies. Son but actuel? Relierla France à son Empireafricain continental: Afriquedu Nord: AfriqueOccidentale ; AfriqueEqurLe monde musulman dans les Possessions toriale.Là-elle trouvera,en cas de conflit,mondial,les ressourceséconomiques et.les effectifscomplémentairesfrançaises. — Jules Sicard, in-8de 240 pages, 1928 prix : 32 fr. 60.— Editeur EmileLarose,11 rueVictor indispensablesà sa défense. Le lienle plus sûr n'est-ilpas un cliemindefer trans- Cousin,Paris (Ve). saharien? Ce livre,d'un vieil officierinterprète,estun compendium bien clair de ce que devraitsavoir tout Français Tel,estle problèmeposé. Il esttraité — au milieudesouvenirsvécus— avecla qui. habite l'Afrique du Nord. L'auteur répète depuis la précision,l'éléganceet la vigueurde style longtempsque nouséviterionsbiendes impairs si nous conscience, connaissionsun peu.mieux les Musulmansau milieu dontVauteur est coutumier. desquelsnousvivons; il nousaide,à les connaître. Sonouvragesediviseensixparties : la religionmusul«Le statut militaire Algérien». Général du mane, évolutionreligieuseet politique de l'Islam, le savoirvivreet le savoirfaire, moeurset coutumes,races —et La revue Parlementaire a Jonchay. Politique de l'Afriquedu Nord, nos troupesindigènes. numérodu 10 une d ansson 1 928 étude publié, septembre sur «lestatutmilitaireAlgérien».Sonauteur,leGénéral Ce,simpleénoncésuffit,à,montrerquerien n'est laissé du Jonchay,aprèsavoirposéleprincipequetonsleshabi- de côtédece.qu'il nousimportede savoirsur lesMusultantsdel'Algérie,qu'ilssoientfrançais, d'origineeuro- mans de l'Afrique du Nord. Et tout celaest dit pur la. péenneouderaceindigènedoiventparticiperà la défense un spécialistequi confiaitce.dontil parle et dont du Pays,elqu'enconséquence leurstatutmilitairealgérien, sciencen'estpas sortieuniquementdeslivres. En abordantla questiondes contactsde l'Islam avec doitfaire face à trois cas biendistincts: l'état depaix général,état,de guerrelocaleet.de guerregénérale.Il en le Christianisme,l'auteurle fait avecbeaucoupde,frandéduitle statutmilitairealgérien, qui,à sonavis,découle chise,sans la fausse timidité que nous y apportons de la,situationainsi exposée.Le.systèmedemobilisation habituellement, peur de se prononcerque beaucoupde par fiches individuellesprésentementen vigueur, lui. gensprennentpour de l'habiletéet de la diplomatieet parait inapplicablecl il en proposeun plus soupleet qui, la plupart du temps,nousfait tourneren ridicule mieuxadaptéaux tendancesdesdifférentsgroupesde la par lesMusulmanseux-mêmes. population algérienne.Il voudraitque, conformément *** aux traditions,la,mobilisationdes tribus soit,faite en masseet numériquement pour la plus grandepartie,des La campagne de Perse, par Moukbil Bey. — indigènesencorerestés dans le cadre de leurs douais, Unvol.in-8de 334 horstexte. — avec8 pages, croquis tandisquele principede l'appel,individuelserait maintenupourlesindigènesplus évoluésetpour leseuropéens. Berger-Levrault, éditeurs, Paris-Nancy-Strasbourg. Prix : 12 francs. Il prévoitla préparationdèsle tempsdepaix du l'orgaVientdeparaître chezBerger-Levrault : La Campagne decesmasseset l'utilisation nisationet.de l'encadrement des mobilisésindividuelstant,européensqu'indigènes, de Perse (1534), par M. MoukbilBey, chefd'escadrons soit à.cet,encadrement, soitdanslesformalionsrrégulièrcsdecavaleriedel'arméeturque.C'est,uneétuderétrospectide l'arméemobilisée.H envisage,égalementun encadre- ve intéressantepar les indicationsprécisesqu'elleconmentspécial,des contingents, indigènespar leurs chefs tient,sur l'organisation,l'armement,le recrutement,la naturelsdu tempsde paix, auxquelson donneraitl'ins- mobilisationet lesfiefs militaires du tempsdes Janistruction militaire nécessaire.Enfin cettemobilisation saires,autantquepar l'exposédesprincipesstratégiques indigèneserait, confiéeà des bureaux de recrutement des Turcs à cetteépoque.Elle met à jour une écoleesspéciauxrattachésaux servicesdes Affairesindigènes sentiellement turquedans l'art de la guerre.Les diverses militaires et travaillant,en étroitecollaborationavec particularitésde cette,écolesont décritesavecscienceet l'administrationcivilesous la haute autoritédu Gou- nettetédansles chapitresconsacrésà la marchean contact et à, la. bataille. verneur.
L'ARMEE D'AFRIQI Huit croquis détaillés ajoutent, une documentation précieuse à cet ouvrage. Cevolumedu commandantMoukbil Bey est 11signaler commeune contribution à l'histoire de l'Art militaire au début du XVI 0 siècle. Les Flottes de Combat 1929. — Ouvrage fondé par le Commandant de Balincourt, publication continuée avec le concours de VEtat-Major Général de la Marine. —-Un vol. in-8 cartonné de 640 pages, avec 388 phot. et 244 schémas. Prix : 40 francs. Les éditions précédentes des « Flottes de Combat» présentaient les bâtiments de guerre sous une forme purement descriptive sans faire ressortir l'importance relative,des flottes de chaquepuissance. Cette édition emprunte une forme nouvelle. En effet, (i l'époque actuelle où les techniciens commele grand, public ont l'occasionde comparerle matériel des diverses marines, il a. paru nécessaired'énumérer sous forme de tableaux les bâtiments de combcUpropremetil dits afin de permettrede totaliserdesélémentscomparables. En outre, aux 244 schémas qui donnent les plans et,la coupe des bâtiments,on,a, ajouté 388 reproductions de photographies de cuirassés, porte-aéronefs,croiseurs, torpilleurs et. sous-marins, donnant, sous une forme vivante, un. aspect exact,de toutesles marines du monde en 1929. * ** Ce que tout chef doit savoir. — Instruction complémentaire pour l'application des règlements, par le colonel Lucas. — Un vol. in-8 de 208 pages, avec 2 cartes hors texte. — Berger Levrault, éditeurs, ParisNancy-Strasbourg. — Prix : 12 francs. Voiciun livre qui s'adresse ettout officierdésireux de s'élever à la hauteur de sa tâche, ou simplementde péné-
trer lesens profond denos règlementssur le combat.Bien plus, il intéresse les milieux qui ne sont pus exclusivement militaires par le côté psychologiquede certains chapitres concernantle chef el le combattant. C'est un ouvragequi doit, à la fois servir de base et l'éducation militaire du chef par la connaissance de l'homme,« instrumentpremier du combed»,et contribuer au perfectionnementde son instruction par l'exposé de questionsqui figurent à peine dans nos règlements(guerre de position et guerre en rase campagne, capacité de combat des grandes unités, méthodes de commandement). Ces questions,du plus haut intérêt et pourtant insuffisamment connues,sont étudiées à la lumière desfaits, ce qui donne aux conclusionsprésentéesune incontestablevaleur. L'auteur, ancien professeur à l'Ecole supérieure de Guerreest déjà connuet appréciédans lesmilieuxmilitaires par son étudesi documentéesur PEvolution des idées tactiques en France et en Allemagne pendant la dernière guerre. L'observation unilatérale, par le général Eugène Pagezy.— Un volumein-8de 104pages avec 54 croquis dans le texte. Aux Editions Berger-Levrault, NancyPan's-Strasbourg. Prix, broché : 6 francs. Ecrite «en marge des règlements sur le tir », cette étude s'adresse aux artilleurs d'activé ou de réserve, soucieuxde raisonner à fond les diversesméthodesréglementaires,de choisir à bonescientcellequi convientet de réfléchir aux divers moyens à employerpour que leur mise en oeuvredevienne à la fois plus simple et plus précise.Petit livre de fond qu'ils voudront mettre dans leur bibliothèque,côteà côte avecleurs règlements,afin de le lire commeun livre de fond, c'est-à-dire la plume à la main et posément.
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sont reçues au futur siège social des Domaines Les SOUSCRIPTIONS Africains, 7, boulevard Baudin, Alger.
La notice concernant cette émission a été publiée au Bulletin des Annonces légales obligatoires le 29 octobre 1928 et le 28 janvier 1929.