CARNETS DE ROUTE de Combattants Allemands - 1916

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CARNETS DE ROUTE DE

COMBATTANTS ALLEMANDS


Copyright hy Berger-Levrault.


ni loa

PUBLICATION AUTORISÉE

PAR

LE

MINISTÈRE

DE LA GUERRE

CARNETS DE ROUTE DE

Combattants Allemands TRADUCTION INTEGRALE, INTRODUCTION ET NOTES PAR

JACQUES DE DAMPIERRE ARCHIVISTE-PALÉOGRAPHE

Un

Officier

saxon

Un

Avec i6

Un

Sous-Officier posnanien

Réserviste saxon

illustrations et fac-similés d'écriture

PARIS

LIBRAIRIE MILITAIRE 5-7,

BERGER -LEVRAULT

RUE DES BEAOX-ARTS

I916



INTRODUCTION

En

confiant à

Chartes

le

un ancien

soin

de

élève de l'École des

publier

intégralement

quelques-uns des carnets de campagne trouvés sur les soldats allemands tués nistère de la

ou

pris, le

mi-

Guerre a voulu montrer, une

fois

de plus, que ni l'armée ni

la

n'avaient

rien

des jugements

l'Histoire.

Alors que

la

à

craindre les

nation française

causes et

les faits

de de

guerre de 1914-1916 ont été trop souvent,

ailleurs, travestis par

des récits tendancieux et

des plaidoyers de toute sorte, la France a tenu à

honneur de ne présenter au monde

entier,

sur ces événements historiques, que des don-

nées sobres mais

exactes

et

des

documents

faciles à contrôler.

De tous

ces

documents, ceux qui ont, dès

premiers mois de la

les

la guerre, excité la curiosité

plus vive et les discussions les plus passion-

nées, ce sont précisément ces carnets de

cam-


Introduction

VI

pagne dont

la

tenue est réglementaire dans

l'armée allemande, au moins pour les officiers et les gradés. Il est inutile d'insister

sur l'im-

portance historique que présentaient de pareils textes.

Rappelons

ici

que

l'article

ment allemand concernant

le service

pagne (') exige que, chaque jour, de

ces petits carnets

75

y notent

du

règle-

en cam-

les porteurs

les indications

essentielles concernant les opérations militaires et les

cantonnements de

l'unité à laquelle

ils

appartiennent. Ces renseignements doivent servir ultérieurement à dresser l'historique de la

campagne;

ils

constituent donc théoriquement

documents purement

des

militaires; et

c'est

bien ainsi que beaucoup d'officiers de carrière, et

des plus distingués, en ont compris

la te-

nue. Mais à ces éléments techniques, la pludes

part

combattants

observations

ont

personnelles

et,

ajouté

quelques

pour ceux qui

écrivaient facilement, par goût, par profession

(i) Felddienst-Ordnung, Berlin, 1908, p. 25. Cet article est ainsi « Les journaux de guerre servent d'information sur l'ensemble

conçu

:

des opérations d'une troupe sur

le terrain et, rapprochés des rapports de combat, de base aux historiques ultérieurs de campagne. Ils doivent être tenus quotidiennement. »


PI.

I



vu

Introduction

ou par habitude, ces dernières ont parfois donné à leur carnet de campagne l'ampleur d'un

récit littéraire et la portée

d'un rare do-

cument moral. Il

en

est évident,

même

au cours

effet,

que ces notes prises

des événements par leurs prin-

cipaux acteurs ou du moins par leurs premiers

témoins ont une valeur documentaire incomparable.

est

Il

également certain que

les accu-

sations qu'elles portent contre certaines

mé-

thodes allemandes ne sauraient être suspectées.

Aussi de nombreux emprunts à ces sources

par

les

pour étayer

ont-ils été faits

les réquisitoires qui,

journaux, les revues et les livres, se

sont multipliés depuis

le

début de

la

guerre

contre les violences exercées par les envahisseurs germaniques

sur les biens et les per-

sonnes des populations rencontrées par eux.

Mais

les extraits ainsi

tes,

même

ont

été

comme

récusés

Même

par

la

presse

reproduisant inexactement

des auteurs

(i)

pubHés par des polémis-

avec des fac-similés du passage

la

cité,

allemande, la

pensée

(').

brochure

si

documentée de M.

J.

Bédicr a été l'objet


Introduction

VIII

Sans doute une traduction soit-elle,

partielle, si fidèle

peut toujours être discutée, car n'im-

porte quel extrait risque de se voir objecter

du

débarrassée

que,

une

contexte,

phrase

quelconque peut prêter à des interprétations inexactes.

n'est pas contestable

Il

qu'un

texte

intégral se réfute plus difficilement.

Quant seul,

à ceux qui objecteront peut-être que,

l'examen critique du texte allemand

même

pourrait

répondu

:

que ce

communiqué français sera

convaincre,

les

par

original

texte

rieure, enfin

leur sera

pourra être

ministère de la Guerre

le

de bonne

aux chercheurs

d'ailleurs

il

lui-

l'objet

que toutes

foi,

qu'il

d'une publication

ulté-

précautions possibles

les

ont été prises pour son authentication.

A

cet

une description minutieuse sera donnée de chacun de ces petits manuscrits, avec photoeffet

graphies de

la

couverture

et

d'une ou plusieurs

pages de texte. Il

n'a pas semblé pratique ni

de vives contestations auxquelles il a, du répondu. Voir Les Crimes allemattds, d'après in-S^. Paris, Colin. 2" édition 191 5. justifier ses crimes {Jhid.y

1915,

etc.

reste, les

même

utile,

été victorieusement

témoignages allemands,

Comment l'Allemagne

essaie

de


Introduction

ix

dans une édition destinée au grand public, de pousser plus loin cet appareil scientifique.

Le présent recueil n'a donc

formé que

été

par la traduction complète et aussi rigoureuse

que possible de quelques-uns de ces carnets de

campagne,

un peu au hasard parmi

pris

que

milliers d'opuscules de ce genre

l'État-major français guerre.

depuis

Après quelque

les

débuts de

hésitation,

déterminé à ne pas imprimer

le

les

recueille

l'on

la

s'est

nom même

des signataires de ces carnets, pour des raisons

de délicatesse morale que

nous reprochera sans

la critique

doute,

allemande

mais

que

les

honnêtes gens apprécieront. Parmi ces signataires

en

effet

d'aucuns sont morts,

et notre

scrupule de publication intégrale, sans aucune

coupure, pourra livrer au public des sentiments

de famille qui doivent se couvrir de l'anonymat. tiques

D'autres sont vivants, et certaines

un peu vives des

cri-

actes de leurs chefs

un jour des sévices hommes sincères. Quant à

risqueraient de procurer

immérités à ces ceux qui ont agi le

et parlé

en véritables criminels,

plus souvent justice est faite et leur

n'ajouterait rien

nom

à l'Histoire. Ici encore d'ail-


Introduction

leurs toute personne autorisée pourra en obtenir

communication.

On

ne doit toutefois pas s'attendre dans une

pareille collection à trouver à récit truculent d'atrocités

thyrambe à

la gloire

chaque page un

allemandes ou un

di-

des armées françaises. Les

insultes et les calomnies à l'adresse des Belges,

des Anglais, des Français n'y sont pas rares, et la

conduite des troupes allemandes y est géné-

ralement excusée ou exaltée. Mais ce sont précisément ces insultes,

comme

ces excuses, qui

sont la garantie de sincérité la plus grande de ces

textes,

qui

et

donnent une portée plus

grave aux accusations formelles que l'on peut

en

Qu'ils les approuvent ou qu'ils

tirer.

blâment, ces des

faits,

récits

dont

les

n'en établissent pas moins

la matérialité suffit le

plus sou-

vent à porter des jugements redoutables. L'ar-

mée

française, la belge et l'anglaise ont

leur vaillance,

comme

leurs

prouvé

gouvernements

et

leurs peuples ont prouvé leur droiture et leur

bonne

foi.

Lorsqu'ils

comme

parlent

de

lâchetés

des

alliés,

lorsqu'ils parlent de francs-tireurs

d'atrocités belges,

les

ou

soldats allemands n'at-


Introduction

xi

donc que l'ensemble de fausses nou-

testent

ou moins

velles et d'inventions plus

dont on eut soin, dés

le

grossières

début, de bercer leurs

illusions

ou

lorsque,

sous prétexte de

Par contre,

d'attiser leur haine.

à des

représailles

violences toujours alléguées par « on dit » et

mêmes

jamais prouvées, ces

soldats parlent de

meurtres, d'incendies, de pillages, on peut les croire sur parole, et

duellement parfois terrible

sympathie qu'indivi-

la

est

la

plus

condamnation du système qui

les

arma

en

effet

pour de

ils

inspirent

telles répressions

Le choix des ressortir

textes

ici

publiés

quelques

dessein

à

!

fait

plutôt

figures

sympathiques. Le courage, l'abnégation, cipline, qualités

mande,

se rehaussent

spirituelle,

chez

tel

propos

communes dans

ou

parfois

la dis-

l'armée

alle-

d'une certaine bonhomie

même

d'un goût

délicat,

tel officier; tel sous-officier tire

qu'il

entend

et

des

maintes conclusions qui

faits

des

qu'il constate

révèlent

un

esprit

d'équité remarquable; enfin les simples soldats

apparaissent surtout

comme

des natures frustes

et simples, irréfléchies et disciplinées.

Mais

là est

précisément ce qui donne à ce


Introduction

XII

frappante

livre sa portée plus

:

ces officiers et

hommes, individuellement sans haine, assistent impassibles ou se prêtent docilement ces

aux actes qui répugnent à leur conscience ou

même

que leur

à leurs instincts, dès l'instant

personnalité s'est volontairement effacée dans

l'âme collective du germanisme déchaîné.

au plus à

peu

ont-ils

celle

gardé

même

de s'indigner

discipline qui les a si

peu

s'efface, et la

formés aux règlements

forte qu'elle leur permettra

ou

Tout

la faculté d'observer;

même

prescrit.

voit-on mêlés à des incendies,

d'en faire

formules,

d'en laisser transgresser les

l'ordre des chefs l'a ainsi

est

Aussi

si

les

des vols, des

massacres, chacun selon son grade, prêts à tout, parce qu'on leur a dit

que

la

pose ces Il

« C'est la

Guerre

!

» et

sacrifices sanglants.

importe que

pages,

:

plus grande gloire de l'Allemagne im-

les

Français

pour comprendre

propre cause.

Ils

la

méditent ces

sainteté

de leur

y verront que les acteurs des

grands crimes qui

ont couvert

leur sol

de

deuils et de cendres ne sont pas des « criminels-

nés

»,

des êtres exceptionnels,

se l'imaginent.

La

vérité,

comme

d'aucuns

moins simple mais


xiii

Introduction

infiniment plus terrible,

que

c'est

germa-

le

nisme, déformation morale ou folie collective,

parvenu à

est

moyenne,

humains de

faire d'êtres

qualité

meilleurs ni pires que nous, les

ni

complices ou

même

exécuteurs des plus

les

effroyables crimes qui aient déshonoré l'humanité. Il est

d'avoir et

plus grave pour

armé des

hommes

Kultur allemande

la

naturellement bons

sages contre des femmes, des enfants, des

ou de

églises et des collections d'art

que

science,

de pareilles monstruosités avaient été

si

commises, pour

avinés.

Que

allemande,

monde,

les

dehors

en

d'elle,

anonymes de criminels

meilleurs éléments de l'armée

réputée

aient

dire

ainsi

par quelques fractions

la

plus

disciplinée

même

pu' assister ou

du

prendre

part sans révolte à des actes contraires à la fois à toute

morale

de leurs pro-

et à la lettre

pres règlements, c'est la plus formidable accu-

sation qu'on puisse établir contre

dont lité

l'idéal

avoué

une éthique,

est d'annihiler la

humaine, au point d'en

faire

instrument des pires besognes

personna-

l'automatique

!

Les carnets de campagne, transcrits

ment

ci-après,

sont donc

le

fidèle-

plus vivant et le


Introduction

XIV

plus redoutable commentaire de cette accusation

dont

fameux

les quatre-vingt-treize intellectuels

de l'Allemagne moderne avaient, inconsciem-

ment sans doute, donné célèbre,

en disant de l'armée allemande

a Elle

cette

Grausamkeit

armée allemande, diffère

suffit

il

peu de

très

portions comparables classes de plus

Landsturm Il

y a

ici

est

la

;

une

de ici

de l'armée

Landwehr a quatre

que notre armée

toutefois

même

y sont en pro-

territoriale, le

une réserve de l'armée

provenant de

»

de rappeler

celle

française. L'active et la réserve

!

!

point de vue de l'organisation

qu'elle

:

ne connaît pas de cruauté indisciplinée

Sie kennt keine luchtîose

Au

formule désormais

la

territoriale.

différence essentielle,

la supériorité

numérique

consi-

dérable des classes de recrutement allemandes

sur les nôtres.

De

ce chef, l'armée active peut,

ou bien ne pas incorporer du

tout,

ou bien

renvoyer dans leurs foyers, après un très court passage à

la caserne,

des catégories très

nom-

breuses de conscrits. Ceux-ci sont directement versés, soit soit

dans

dans ce qu'on appelle VErsat-i-Reserve,

le

Landsturm.

Il

en résulte que

les for-


PI.

Il



xv

Introduction

seconde

mations

de

hommes

d'âge très variable, les

ligne

contiennent

des

uns anciens

soldats de l'active et de la réserve, les autres

peu ou point exercés, ce qui n'est pas notre armée territoriale, plus

Par ailleurs

même

se

les

formations

le cas

de

homogène. et le

vocabulaire

rapprochent des nôtres. Les termes

d'armée, corps d'armée, division, brigade, régi-

ment, bataillon, compagnie, escadron ou batterie,

les

que l'on rencontrera couramment dans

pages qui vont suivre, représentent donc des

entités sensiblement équivalentes à celles qui

portent chez nous les

mêmes noms.

Les seules

unités spéciales à l'armée allemande, au

au début de les

la

présente guerre, sont peut-être

détachements montés

et les

compagnies de

ou kom-

mitrailleuses ÇMaschinengezuehrabteihing pagnie),

dont

il

est

miers accompagnent les

moins

souvent question les divisions

pre-

les

:

de cavalerie,

secondes sont adjointes aux bataillons de

chasseurs, aux régiments d'infanterie,

sont autonomes et à

dement.

la disposition

L'artillerie,

mieux pourvue que

nôtre de pièces lourdes au début de

emploie généralement CARNETS DE COMBATTANTS

ou bien

du comman-

le

la

la

guerre,

shrapnell (Schrapnell') b


Introduction

XVI

et l'obus brisant (Granate),

parfois

(Brandgra-

incendiaire

l'obus

aussi

fusant ou percutant,

nate) (').

De même que

les

noms

des unités et des

armes de l'armée allemande, ceux qui gnent

grades sont pour

les

la

plupart encore

empruntés au vocabulaire français ralement

même

la

valeur que

convient toutefois de faire suivantes 1°

A

ici

dési-

et

ont géné-

chez nous.

les

Il

observations

:

du rang

partir

d'officier

général, la

nomenclature, qui ne comprend en France que

deux grades,

se

l'on distingue

brigade),

le

:

poursuit en Allemagne, où le

General-Major (général de

Gêner alleutnant (général de divi-

sion), le General der Infanterie (Jiavallerie Artillerie')

qui correspond

à

peu près

à

ou un

commandant de corps d'armée chez nous, le Gêner aloherst, commandant d'ordinaire

général

une armée, réchal 2°

fi)

et enfin le

Feld-Marschall ou ma-

;

Les grades

des

Des annotations ont

mêmes employés

par

le

officiers

d'ailleurs

supérieurs

reproduit ci-après

les

et

termes

texte allemand, toutes les fois qu'il pouvait

y avoir quelque hésitation sur leur traduction exacte.


;

xvii

Introduction

subalternes sont les le

nom

mêmes

qu'en France, mais

de Major y désigne encore

(comme

chez nous sous l'ancien régime) ce que nous

appelons commandant ou chef de bataillon le

;

terme Leutnant correspond chez nous à sous-

lieutenant, tandis

que ï on â^^eWe Ober-Leutnant

ou lieutenant en premier,

ce

que nous appe-

lons simplement lieutenant; ce dernier grade

ne s'obtient du

années de la

de

qu'après

reste

carrière, surtout

dans

longues

la réserve,

plupart des officiers demeurent au premier

échelon, d'ailleurs suffisant pour leur conférer toutes les prérogatives sociales de V Offi:(ierstand 3°

La hiérarchie des

sous-officiers

également un premier grade

:

comme autorité à comme dignité à celui

comporte qui

Unter-OffiT^ier ,

correspond

celui de caporal,

mais

de sergent dans

l'armée

française;

le

Sergeant et

le

Feîdwebel

(sergent-major comptable, Wachtmeister dans

les

troupes montées) sont

de

carrière,

des

dont l'avancement

à ce dernier grade

sous-officiers

est à

jamais limité

ou tout au plus

à celui de

Feldivehelhnlnant.

Et c'est

que

se révèle,

formes extérieures,

la

sous

la similitude

des

dissemblance profonde


XVI II

Introduction

de

entre Tesprit

mande

la

de

et celui

hiérarchie

militaire

alle-

Alors que, du

la française.

simple soldat au général de division, au maréchal

même

autrefois, l'échelle

ininterrompue chez nous, être

gravie

d'un

bout

si

à

même

échelle

bien qu'elle peut

l'autre,

maintes fois par de grands cette

des grades est

et

l'a

été

de guerre,

chefs

comporte en Allemagne

des paliers et des bifurcations infranchissables.

Sans doute l'obligation universelle du ser\àce militaire fait,

là-bas

futurs officiers

comme

ici,

commencent par

comme

simples soldats

soumis

à toutes les rigueurs de

imposée n'est

à la troupe;

que tous

les

porter

sac

sont à ce

et

mais

le

moment

la discipline

promiscuité

cette

que de courte durée.

Au bout de quelques mois, comme chez nous, une première

se produit,

il

sélection des

éléments susceptibles de former ultérieurement des cadres;

gens désignés

jeunes

les

à

ce

choix,

non seulement par

taires,

mais plus encore par leurs études anté-

rieures

ou leur position

reçoivent alors

le

titre

leurs aptitudes mili-

sociale dans le civil,

de

Gefreite,

duit exactement en français par

le

qui se

tra-

mot exempt.


xix

Introduction

Ce grade correspond théoriquement soldat de

i'*

classe

à celui de

dans notre armée, mais

diffère essentiellement

il

en

en ce que chez nous

le

premier galon se donne généralement à des méritants, mais d'instruction

militaires rale

pour avancer, tandis que

insuffisante

bouton de

Gefreite se

mée allemande

géné-

donne souvent dans

à des jeunes

le

l'ar-

gens d'avenir

et

exemple effectivement de diverses corvées,

les

tout en leur conférant une certaine autorité

Les futurs

officiers

(').

de carrière, à moins qu'ils

ne sortent du corps des cadets

et aient

passé

l'examen d'enseigne, débutent dans ce grade

d'exempt le

et

obtiennent directement alors,

méritent, celui de Fàhnrich

correspond

assez

d'aspirant (^).

exactement

Parmi

s'ils

ou enseigne, qui

les autres

à

notre grade

exempts, ceux

qui passent sous-officiers peuvent être admis à

devenir soit officiers de réserve, soit sous-officiers de carrière.

Mais jamais un sous-officier

de carrière (^Sergeant ou Fehlivehel) ne peut, en (i)

Nous

traduirons régulièrement Gefreite par exempt, le terme de

Sergetntt par sergent, celui

de Fehhuehel par sergent-major

et celui

de

JVachtmehter par maréclial des logis. (2) Malgré pour traduire

cette assimilation le

mot Fàhnrich.

nous conserverons

le

terme d'enseigne


XX

Introduction

même

devenir

fait,

pour

oiBcier de réserve, fût-ce

plus brillantes actions d'éclat.

les

Pour suppléer dès

lors

au vide créé par

la

guerre dans les cadres d'officiers subalternes, l'armée allemande s'est vue contrainte, plutôt

que

d'altérer ses principes, à créer,

un grade de

généraliser entre

le sous-officier et

l'officier.

conféré aux sous-officiers

commandement d'une

ou plutôt

à

intermédiaire

plus,

Ce grade

est

reconnus aptes au

mais auxquels

section,

la rigueur des distinctions sociales en

ne permet pas de devenir des

Allemagne

officiers propre-

ment

dits. Il

dès

grade de Leutnant ou sous-lieutenant, tout

le

officier,

ne faut pas oublier, en

même

effet,

de réserve ou de Landwehr,

réputé hoffàhig, c'est-à-dire

admis

à

la

que

est

cour,

privilège qui n'est conféré qu'à de très hauts

fonctionnaires

civils.

Cette simple distinction

suffit à expliquer que,

officielles

ou

les

les

cérémonies

réceptions de gala, des fonc-

allemands,

tionnaires

dans

d'ordre

administratif,

diplomatique ou autre, préfèrent se montrer dans l'uniforme d'un simple Leutnant de Landluehr plutôt

fonctions,

le

que dans

celui de leurs véritables

premier leur conférant des droits


xxi

Introduction

et

des entrées que l'autre ne leur

donnerait

pas.

De

vient que le corps des officiers veille

avec une excessive jalousie à n'admettre dans

son recrutement que des jeunes gens apparte-

nant à certains milieux sociaux, à l'exclusion rigoureuse de tous ces éléments populaires qui

ont plus ou moins

fait,

à toutes les époques,

généreuse unité de l'armée française.

la forte et

Le sous-officier allemand qui a

preuve de

fait

qualités militaires exceptionnelles se voit

donc

nommé 0(fi:(iersteUvertreter ou suppléant-officier. Il

a alors

une situation comparable

adjudants

de

l'armée

à celle des

sur la

française;

il

a

troupe l'autorité d'un lieutenant

et

porte les

insignes intermédiaires entre ceux de sous-officier et d'officier. Mais, à la différence

adjudants,

il

de nos

ne peut désormais franchir ce

grade Q).

ne faut donc pas se méprendre sur

le

sens

tout diff'érent qu'a pris en Allemagne le

mot

Il

Adjutant, très

fréquemment employé. Ce terme

(i) Pour éviter toute confusion entre le sens du mot adjudant, nous traduirons littéralement stellvertreter par suppléant-officier.

français et l'allemand le

terme de

Offix^ier-


Introduction

xxii

désigne,

non un

adjoint à officier

mais peut aussi

officier,

supérieur ou général. Cet

adjudant dans l'armée suisse)

premier

le

mais un

sous-officier,

officier

(nommé

dans

est,

un

un

cas,

être

un

officier subalterne,

officier

supérieur ou

général, lorsqu'il s'agit par exemple de l'aide

camp d'un

de

comme

les

d'officier

officiers

Ces

officiers

d'état-major,

portent, l'écharpe

en sautoir, au lieu de l'avoir à

ceinture ('). d'ailleurs

prince.

Le

même

terme

indifféremment

la

ÇStab') s'applique

comme

l'état-major d'un corps d'armée

chez nous à

ou d'une

divi-

sion et à celui d'un régiment, d'un bataillon

ou d'un groupe La première

série

tants allemands cier,

("").

de ces carnets de combat-

comprend

d'un sous-officier

Tous (i)

d'artillerie

et

les

notes d'un

appartiennent à l'infanterie.

trois

Le terme allemand Adjutant ou par aide de camp.

offi-

d'un simple soldat.

sera

traduit

L'offi-

suivant les cas par

officier adjoint

(2) Le mot Stab entre aussi en composition dans le nom de certains grades ou fonctions Stàbsarit, médecin-major de 2" classe; :

Stahshohoïsi , clief

de musique;

ce qui précède

Répertoire alphabétique de Termes militaires allemands,

:

etc.

Voir, pour plus de détails sur tout

par R. Roy, Paris (Berger-Levrault), 1914. Cf. Ce qu'il faut savoir de l'armée allemande, Paris (Charles-Lavauzelle), 1914, etc.


Introduction

cier est

un lieutenant au 178^

nous savons

n'a pas signé son carnet, mais

qu'il

comptait à

actif. Il a fait les

la

compagnie du régiment

8"=

sept premières semaines de la

campagne dans l'armée d'invasion inondé

avoir

le

ou

d'infanterie,

du XIP corps d'armée.

13^ saxon, qui fait partie Il

xxiii

Luxembourg

et

qui, après

Belgique

la

méridionale, fut battue sur la Marne et dut se

cultivé, qui

ne

manque

et décrit parfois

sion

homme

au nord de Reims. C'est un

replier

les

de goût,

avec un réel bonheur d'expres-

tragiques

témoin. Son

ni d'esprit, ni

récit,

spectacles précis et

dont

est

il

coloré,

l'un

est

Ton

des meilleurs parmi ceux de ce genre et s'est

efforcé

de

le

sement que possible Le

sous-officier

traduire

aussi

le

minutieu-

(').

dont

les

notes

ont été

publiées à la suite appartient à la landwehr. habitait

la

Posnanie,

(i)

presse

le civil la

hors

et

Divers extraits de ce document ont été reproduits déjà dans la et y ont fait sensation, mais la lecture très difficile de ce

texte n'avait grale.

même

semble y avoir exercé profession d'architecte ou d'en-

d'Allemagne (Lods) dans

peut-être

Il

pas permis jusqu'ici

d'en donner

une traduction

inté-


XXIV

Introduction

Quoique de souche allemande,

trepreneur.

il

paraît d'ailleurs avoir puisé, dans la fréquenta-

une largeur

tion des Polonais,

commune.

a

Il

un

avec

fait,

d'esprit

peu

bataillon

du

46* régiment de réserve (V* corps de réserve), les

mois

premiers

quatre

de

campagne,

la

mais n'a guère vu que

la

autour de Verdun. Son

récit est caractéristique

guerre de positions

d'un état d'esprit plus fréquent qu'on ne croit les

dans

le

troupe allemande, surtout dans

la

formations de réserve.

Le simple soldat giment

est

d'infanterie,

d'armée).

Il

un

ou

réserviste

14''

du 179'

ré-

saxon (XIX" corps

habitait Leipzig; c'est

donc encore

On

chercherait toutefois vainement

dans son

récit

des précisions utiles à l'histoire

militaire,

au moins pour

quelles

a

un Saxon.

il

pu prendre candeur.

Mais

part.

document précieux pour incroyable

opérations aux-

les

Ce

sa

c'est

d'une

sincérité,

gros

un

garçon,

sans

haine, assiste impassible à des exécutions, mais n'ose,

malgré sa faim, participer aux pillages

de ses camarades; blessé grièvement, dépouillé par

mort

l'un

d'eux,

il

se voit

mais sauvé d'une

certaine par des soldats français, sur la


xxv

Introduction

générosité desquels et,

note

comme un

il

a

ter-

bien soigné dans une ambulance,

mes;

régalent,

s'exprime en bons

il

enfant

mais aussi

menus

les

les plats

qui

le

de son pays dont

un simple, comme

aurait envie. C'est

il

il

y en

beaucoup.

Ces

de combattants, tous trois de

trois types

l'Allemagne du Nord, forment donc

un raccourci de

moyenne de

mentalité

la

troupes courageuses,

si

comme ces

criminellement entraî-

nées à des fins que nulle prétendue nécessité

ne pourra jamais

gnes auxquelles

Les sinistres beso-

justifier.

ils

ont assisté ou

même

cru

devoir participer par une fausse conception de la

«

servitude militaire

l'armée à laquelle

ils

demeureront pour

»,

appartiennent une tache

indélébile et sans précédent.

Il

cette tache fût décrite par des

tenant à cette armée lecture de leurs récits,

importait que

témoins appar-

même. Pour on

éclairer la

a disposé ci-aprés,

outre des fac-similés d'écriture qui servent à les

authentiquer,

quelques

illustrations

qui

aideront à matérialiser certaines descriptions.

Ces vues sont en général elles-mêmes d'origine allemande, ce qui augmente encore leur valeur


XXVI

Introduction

documentaire. Tous été

soigneusement

les notes,

il

les

noms

de lieux ayant

dans

identifiés et précisés

n'a pas semblé utile d'accompa-

gner ce volume d'une carte du théâtre de guerre, car tout le

index des les

noms

monde en

possède. Mais

la

un

propres a paru devoir faciliter

recherches des lecteurs. Tel quel, dans sa

simplicité fruste, ce livre est originalité rare faire

!

une source d'une

Puisse-t-il servir à

même,

connaître et aimer la France

noble dans sa douleur que héroïque, pour

l'Humanité

la Liberté,

fière

pour

mieux aussi

dans sa lutte Droit,

le

pour

(')!

(i) Je dois ici , outre les autorités militaires remercier tout particulièrement mon distingué confrère André Dreux, archiviste,

paléographe, pour son précieux concours, cription des notes

remarquablement peu

notamment dans

lisibles

de

l'officier

la trans-

saxon.


PI.

V.

-^

f

î

X

PREMIERE PAGE DU CARNET DE L OFFICIER SAXON

III



Journal de campagne d'un

Officier

Saxon

(178e d'infanterie, 8e compagnie)(')

Ce journal

est

écrit

reliure est renforcée par

dans

tin

Les tranches sont rouges.

Il

La

carnet relié en tnolesquine noire {*).

un ruban hlanc et

bleu transperçant tous

X^j"". Le

mesure 46

papier

les feuillets

est

(^^').

à quadrillage

gris de 4°"". Il compte 60 feuillets de récit non paginés, fj feuillets blancs,

2

feuillets et notes diverses, soit,

au

total

caractères romaitis au crayon de fuchsine, le texte est

Le

:

A

^j

feuillets. L'écriture est

la date des

12

et

en

ij septembre,

simplement sténographié (^*).

récit

va du 6 août au 2^ sebtembre, avec une

seule lacune

pour la

journée du 14 septembre.

(i)

Le 178* régiment d'infanterie ou 13* saxon

Kamenz

tenait garnison i

177* (i2« saxon, Dresde) la 64* brigade comptant à la 32* division et au XII^ corps d'armée. (2) Voir, ci-dessus, page vi, la photographie de cette couverture et, (Saxe).

Il

formait avec

le

ci-contre, celle de la première page

(3)

Dans

les fac-similés

du

carnet.

ci-contre et page 56, ce cordonnet se voit

distinctement. (4) Voir, page 56, le fac-similé de ce passage sténographié.

CASNITS DB COMIATT4NTS



JOURNAL DE CAMPAGNE d'un

OFFICIER SAXON (178^ d'infanterie, 8« compagnie)

I2''45, départ aoûtiy jour de la mobilisation). 2^ bataillon. 8-9 heures du matin, de Kamenz (') du

6

Nous

déjeuner. Engelsdorf (^)

(filet).

arrêt à Markranstâdt

Korbetha

enthousiasme

Weimar,

:

(')

passons Leipzig, (partout grand

et cadeaux), Weissenfels,

Erfurt, Eisenach.

taillement

des

,

A

Naumburg,

Herleshausen, ravi-

deux beautés hessoises du Schwarzwald

Landgraves

(-f).

Willershausen ,

Bebra,

Pays

Souabe, Kirchhain. 7 août.

Runkel

(i)

— Marburg

(vallée de la

(belle ruine féodale et petite ville).

Kamenz

est à

vince prussienne de

Le texte porte

(4) Le texte porte

Nous

ren-

environ 40 kilomètres au nord-est de Dresde.

(2) Engelsdorf, Weissenfels et

(})

Lahn), Weilburg,

la

Saxe, sur

:

Corbetha.

:

Von

d.

Naumburg la

sont situées dans la progrande ligne de Leipzig à Weimar.

landgrâfl, Sch.

waM.


Carnets de combattants allemands

controns un train de charrettes enlevées aux Russes.

Entre Weilburg

et

Ems,

dix-sept tunnels

Lahneck. Arrivée à Coblentz à midi. Vallée de ravitaillement.

Pronsfeld

8 août.

!

Château de

heures de l'après-

3

Moselle. A Wengerohr, à 7 heures, Puis nous filons par Wittlich, vers

la

(')•

— Après avoir retrouvé Tordre de marche

égaré, nous

nous mettons en route par Uttfeld

(*)

(population invisible) et des chemins parfois effroyables jusqu'à

Ouren('), Je mange tout en marchant un et de lard. La population sort de

morceau de pain

l'église, elle a prié

ment

pour nous.

A

Ouren, cantonne-

resserré (c'est le plus dégoûtant des trous dej

l'Eifel);

paysage d'un charme mélancolique par

solitude.

Mon

visée.

sa|

hôte s'appelle Mayers. Popote impro-

Nous couchons

par trois dans des

lits

à

deux

personnes en vieux chêne, d'antique patine. Remarquables pièces sculptées en chêne foncé

(huches,

énorme

cheminé'=^

armoire, portes); dans

la cuisine,

avec four à pain; tout est noirci par

cher

(i)

et

C'est

la

fumée;

plan-

encadrements de fenêtres semblent en pain

à

Wengerohr que

se

détache

la

grande ligne Trêves

Coblentz, l'embranchement qui, par Wittlich, rejoint

le

réseau strate

gique de l'Eifel. Pronsfeld est une station de la ligne stratégique Lissingen à Saint-With, à 8 kilomètres au sud-ouest de Prûm.

dt

(2) Petite ville située à 4 kilomètres environ au sud-ouest de Pronsfeld

(5) Petit village situé à 9 kilomètres à l'ouest de Uttfeld sur 1: petite rivière Our, affluent de gauche de la Sauer, elle-même affluen

de

la

Moselle.


Journal d'un

d'épices (chêne).

ment garni de

Le

abondam-

tas de fumier.

nous mène dans

Il

du

intéressante et belle église

vieille,

5

village est d'ailleurs

L'après-midi, visite au curé.

là le

saxon

officier

village

:

il

la

y a

blason du château détruit (une croix formée de

tètes

de serpent), un retable représentant

et saint

femmes.

Christ

Jean et attribué à Rubens, qui aurait été

de ce château.

l'hôte

le

Ouren(=

Cure confortable

et

braves

Ur, aurochs), malgré son extrême

pauvreté, a beaucoup de belles choses. Les gens tissent le lin

pour leur propre usage

et font

y eux-mêmes

leurs draps, nappes, etc.

On

nous

fait

des récits de

perfidie des Belges

la

contre nos soldats au cantonnement

9 août.

mins de

— Nous étudions une

fer

de

la

A

Belgique.

encore d'ordres de marche

!

S""

(').

vieille carte

des che-

30 nous n'avons pas

Nous

attendons.

9 heures. Arrivée du fourrier du bataillon d'Ersatz (f).

Grande

joie

pour ce renfort. Je prends un

bain froid dans l'Our, puis

un bain de

soleil.

La

journée est magnifique. Je jette un coup d'œil sur

(i) C'est sans doute déjà la légende des j

allemands par

les

femmes

yeux crevés aux soldats

belges. (Cf. plus loin, page 85, note a.)

Le mot de Ersat^ (remplacement) entre en composition des termes aux unités de dépôt ou aux effectifs de complément. Il s'agit ici, sans doute, d'un bataillon constitué au dépôt du régiment à l'aide d'éléments de réserve et ayant pour ojbet de renforcer les effectifs des troupes on campagne. (2)

militaires allemands s'appliquant soit au recrutement, soit

!

i

tt


Carnets de combattants allemands

6

quelques vallons débouchant dans c'est

tout à

fait ravissant,

la vallée

de l'Our

;

j'aime surtout ces abruptes

formations schisteuses.

Le

soir,

camp de

arrive l'aide de

la

brigade qui

s'étonne de ne pas nous avoir vus arriver. L'ordre de

marche

s'est

10 août.

wampach de

évidemment perdu

—A (').

5*"

30, départ vers

Gouvy

Matinée magnifique sur

l'Eifel. Brouillards.

tière

!

A

6''i5,

par Weiss-

les

hauteurs

nous passons

la

fron-

luxembourgeoise. Les villages sont propres,

route bonne. Mais

les réservistes

commencent

la

à être

fourbus.

Les pertes à

l'assaut de

hommes.

1.800

Liège seraient d'environ

Nous nous approchons

aussi

de

Bruxelles.

A

9''

20, passage de

la

frontière belge. Les Belges

ont abattu de beaux chênes barrer

le

passage.

de largeur et la

3

route; mais

Ils

le

long de

la

route pour

ont creusé un fossé de 6 mètres

mètres de profondeur en travers de

la circulation est déjà

par Deyfeld et Ourt, vers

Gouvy

rétabhe.

{f).

Marche

Joli paysage de

prairies, villages propres.

(i) Weissvvampach est une localité de l'extrême nord du grandduché du Luxembourg, située à 2 kilomètres seulement de la frontière allemande et à 4 kilomètres du village allemand d'Ouren.

8 kilomètres au nord-est de Weissvvampach, sur route de Salm. Ourt est à 2 kilomètres à l'ouest de Deyfeld, dans

(2) Deyfeld est à la

la direction

de Gouvy.


Journal d'un

A la gare

de

Gouvy

saxon

officier

(détruite, puis rétablie par nos

gens), nous trouvons le bataillon et bivouaquons;

nous occupons dans

la

la

doit garder la ligne le

Xn* de

lerie

On niers

Bovigny

les

XP, XIP

Garde, sous

la

(').

Objectif:

du chemin de et

les

apprend qu'à Liège

la

fer

brigade

que en marche. Notre armée

corps d'armée soit

comprend

du chemin de

cote 501, au nord

direction de

XIX*

fer jusqu'à ce

corps, avec la cava-

von Hausen

ordres de il

a été fait

(').

70.000 prison-

(5).

II août.

Après avoir

long de

fortifiée le

derrière,

il

faut

la

voie ferrée et

nous

replier.

tricolore.

Pour

ma

jumelle

un avion

français

Grâce

Zeiss, je reconnais dans le lointain

à sa cocarde

une position avoir bivouaqué

installé

faciliter

éventuelles, je verse à la caisse de la

à

les

dépenses

compagnie

mon

encaisse or de 150 marks. Solde et entrée en campagne nous sont comptées en papier Hier soir, !

marche passablement chaude, la compagnie a touché un seul mouton avec des pommes de terre. Depuis trois jours, la compagnie n'a pas de pain; aujourd'hui on en touche enfin. J'en après une matinée de

chipe encore un,

malgré protestations. Pour dé-

(i) La station de Gouvy est située sur la ligne de Bastogne à Stavelot, Bovigny se trouve à 5 kilomètres plus au nord sur la même ligne. (2) Cette actifs

armée

(Dresde

(III'=)

et Leipzig)

comprit plus tard les XII« et XIX« corps le XII® corps de réserve.

avec

(}) Chiffre manifestement exagéré.


Carnets de combattants allemands

jeûner, café et lard (reste des vivres de réserve)

Nous nous

en soutien de bataillon

le 3'

(').

Gouvy pour aller Nous sommes relevés par

replions par la gare de l'artillerie.

du I78^

Nous bivouaquons dans des cabanes faites de jeunes pins. Nous touchons encore de la nourriture bœuf). Je réquisitionne cinq bouteilles de bourgogne rouge 1895 à 5 marks, ainsi que du lard.

(riz

et

La bonne vieille propriétaire du « Bon Marché » disait « Vous n'êtes pas des barbares, vous épargnez :

notre récolte Q).

12 août.

»

— La brigade

français s'approche.

Gouvy

se porte en avant par

rain (').

est avisée

La brigade

qu'un fort corps

a ordre de l'arrêter et

sur Sterpigny et Ché-

Chaleur torride, midi en pleins champs

magnifiques vieux pins,

abattus par les habitants.

de côté. Dans

resté dans la cave.

poules et

Nos

pionniers

hâte du départ,

la

les sacrifie

A

!

De

long des routes, ont été

le

les

ont mis

bourgogne est Sterpigny j'achète deux belles

de

ma

main.

le

Un

artilleur

me

les

voie, pendant que je cours après des soldats occupés à piller.

Le (i)

mot

2* bataillon

Le

texte porte

:

cantonne à Baclain

etserne Ration.

On

(f).

Le premier

dit plutôt eiserne Portion.

Ration étant plus spécialement affecté en allemand à

la

journalière de fourrage délivrée à chaque cheval. (2)

En

français dans le texte.

(}) Chérain est à environ 6 kilomètres à l'ouest de Gouvy, (4) Baclain est à 3 kilomètres environ au nord de Chérain.

Le

quantité


Journal d'un

lieutenant

W. (')

mais

Le

il

moi, chacun avec notre section,

et

nous entrons dans

saxon

officier

Le maire n'est pas là, auquel on fait une semonce.

le village.

y a un conseiller enjoint aux habitants de

conseiller

armes

chasse).

principalement

vint

(il

Cantonnement

resserré,

livrer leurs

vieux

de

bien

fusils

de

que

le

pis

bivouac. Je couche au corps de garde (dans l'école),

hommes

les

de relève

me marchent

dessus conti-

nuellement.

A

midi,

soir,

café.

foie et

il

y

a

eu des haricots

MM.

et

du porc gras

;

le

les sous-ofHciers s'étaient servi le

ont daigné nous en donner. Ravitaillement

plus que misérable;

I] août.

il

— Retour

doit, dit-on, s'améHorer.

à Sterpigny,

pour rassemble-

ment. Je ne me suis pas déshabillé depuis trois jours. On dit que demain doit commencer la marche en avant. Bain de siège dans

un

petit ruisseau.

Le

soir

nous revenons cantonner à Baclain. La poste aux armées, ardemment attendue,

est, paraît-il, installée,

mais ne fonctionne pas encore. La mise en marche

du XII' corps d'armée dure terriblement longtemps. magnifique nuit ;

Je suis envoyé aux avant-postes étoilée

(voie

lactée).

Bu

chez

le

curé

de

bon

Steinhâger.

14 août.

Retour au point de rassemblement de

(i) Lecture douteuse.


Carnets de combattants allemands

10

la

brigade. Les hussards de

arrivés

et

apportent

Dresdener Blàtter,

en pièces

(f).

Avec

la

la

Grossenhain

nouvelle

sont

(')

que, d'après

les

64^ brigade aurait été taillée

nous n'avons pas encore vu

cela

une jambe de l'ennemi

!

Par une chaleur torride de

midi, nous voyons éclater à l'horizon les premiers shrapnells (contre avions). Après midi, office divin,

émouvant et élevé, sans aucune vaine pompe. Le soir, cantonnement avec les hussards à Baclain. J'y couche.

ij août.

Départ de

Nous marchons

la

division pour Wibrin.

Mont-le-Ban

sur

(').

L'ennemi

se

retrancherait sur la Meuse. Passé la journée à faire

des réquisitions, cantonnements, etc. Rattrapé

mon

sommeil. Passé une bonne heure à causer avec curé, lions

avait pas. autres.

On

Le

village

est

pauvre

ne peut que s'étonner

(i) C'est le i8« régiment de hussards ou forme avec le 20^ (Bautzen) la brigade de XII^ corps d'armée. (2)

le

extrêmement aimable. En réalité, nous ne vouque réquisitionner un dictionnaire, il n'y en

La 64» brigade

était

précisément

178» régiments d'infanterie.

On

celle

comme qu'il

i*'

y

tous

ait

les

encore

régiment saxon.

cavalerie

que forment

aiTectée

les

Il

au

177® et

voit que les nouvelles publiées par la

presse allemande au début de la guerre étaient loin d'être alors sou-

mises à un rigoureux contrôle (3)

Wibrin

est

un

officiel.

petit village belge situé à 19 kilomètres

au nord

de Bastogne, à vol d'oiseau. Mont-le-Ban est également à 15 kilomètres au nord- ouest de Weisswampach et 8 kilomètres à. l'est de Wibrin.


Journal d'un

notamment de

tant de vivres, le

saxon

à la popote, essais

soir,

poules avec des nelle)

pommes

là.

pour manger deux person-

(recette

frites (')

grâce à un système tendineux bien développé,

;

échoue complètement. Par

l'attaque sur les poules

contre,

dans

il

beurre, alors que déjà

177= régiment d'infanterie a passé par

Le

la

le

bourgogne

Passé

était excellent.

nuit

la

grange.

16 août.

— Jour

Le

lavage.

fait

de repos et en

comme un

tandis

maman.

A

temps de

heures) apparaît maintenant

3

luxe inouï. Les

affaires

même

de pouvoir une fois dorrnir jusqu'à

6 heures (au lieu de

a

officier

que

Mont-le-Ban

nettoient leurs

eux une grosse

et tout à côté à

deux bataillons du 178^

18^ hussards (^) avec

hommes parmi

s'agite

Halon

et plusieurs escadrons

bagages.

y du

il

Les cantonnements

deviennent de plus en plus resserrés.

Leçon de ressés.

Le

On

aux sous-officiers

français

tue pour

sous-officier

le 2'

de

tir

bataillon l'a

et autres inté-

un énorme bœuf.

fusillé

à bout portant.

Effroyable effet d'éclatement produit dans

le

corps

de l'animal. L'estomac de ce colosse avait au moins I

mètre de diamètre.

Le cela

soir,

j'ai

grignoté une

vieille

poule et bu avec

beaucoup de vin rouge; puis rentré dans

(i)

Ces deux mots sont en français dans

(2)

Ce sont

les

la

grange.

le texte.

hussards de Grossenhain, Voir ci-contre, note

i.


Carnets de combattants allemands

12

En chemin, « Halte-là

!

tous les trois pas par des

je suis arrêté

Qui

vive

médiatement court

le

(') »

?

Qui ne répond

pas im-

risque d'être abattu d'un coup

de feu.

ij août. encore

très fort

La

nuit

;

mouillés, nous restons

un

et

encore un jour.

ici

des lettres. L'après-midi

qui appartient à

a plu à torrents;

il

On

ensuite

on

Tout

d'abord, on a pillé

versé caisses et armoires

vains efforts pour

la

comme

cave, mais et, là,

(même un coffre-fort,

le fracturer).

beaux meubles rococo

écrit

un petit château du Roi (f), disparu ('),

tourné vers l'habitation

s'est

pleut

visité

j'ai

secrétaire

dans lequel notre landwehr s'est comportée

des vandales.

il

pour que nos soldats ne soient pas

ren-

après de

Pêle-mêle sauvage de

couverts de soie, de chaises

(f)

de chêne garnies de cuir repoussé, de buffets encore à

demi pleins de porcelaines

et de cristaux, et d'ar-

moires vidées de leur contenu. Voilà ce qui arrive

(i) L'expression allemande est

:

Hait

wer da

?

probablement de l'habitation occupée par le C* d'Arschot, secrétaire de S. M. le roi des Belges, et où se trouvaient effectivement de fort belles collections de cuirs de Cordoue, ainsi que de porcelaines (2)

Il

s'agit

et d'autres objets d'art.

(3)

Le texte porte du Roi.

:

verduftet.

M. d'Arschot

était

évidemment

à son

poste auprès

On

sait que les Allemands appellent indistinctement rococo les (4) styles français des dix-septiéme et dix-huitième siècles, où nous dis-

tinguons le Louis XIV, le Régence, lement dans le langage courant nos

le

Louis

XV.

styles Louis

cette dernière appellation. Cf. plus bas

page 45.

Ils

XVI

coufondent égaet Empire, sous


Journal d'un

officier

saxon

13

quand on laisse les hommes réquisitionner seuls. Évidemment, beaucoup de choses inutiles auront été emportées par simple plaisir de marauder (').

— Anniversaire de Gravelotte. La brigade

18 août.

se porte en avant vers Laroche, à environ

mètres à travers magnifiques pins,

26 kilo-

sauvage forêt des Ardennes.

la le

long de

De

route, ont été abattus

la

par l'ennemi pour entraver

la

marche; dur

pour nos pionniers. Çà

s'enfoncent de pro-

et

travail

fondes vallées, où l'on descend par des lacets.

On

peut alors voir toute

la

brigade d'un seul coup d'œil.

Après quatre heures

et

demie de marche, halte. Il y la 8' compagnie et en général

a beaucoup d'éclopés à beaucoup de pieds malades (par

des linges de pied)

La

nuit dernière

on nous

cation téléphonique avec

nous) et avec

le

suite

du déplacement

(^).

le

a

coupé notre communi-

177' d'infanterie (devant

XIX'^ corps d'armée

(')

au sud de

nous. Laroche est délicieusement située dans l'étroite et

C'est une vraie (f). dominée par une petite ruine terminus d'un chemin de fer vicinal, avec de

rocheuse vallée de l'Ourthe

petite ville française,

féodale,

(i) Voir .ac-similé de ce passage ap.

Dampierre, L'Allemagne

et le

Droit des Gens (Berger-Levrault), page 162. (2) la

En allemand un

chaussette par

Fusslappen.

:

Les fantassins allemands remplacent

linge carré dont

ils

s'enveloppent

(3) Voir ci-dessus page 7, note 2. (4)

L'Ourthe

est

un

affluent de droite de la

Meuse.

le

pied.


Carnets de combattants allemands

14

bonnes là

vieilles

locomotives qui étaient toutes alignées

dans un silence solennel. La division se rassemble.

Le

nous arrive un convoi

soir, tard,

auxiliaire de sub-

sistance (') (environ cinquante voitures) qui a fait de

Gouvy

60 kilomètres (sans doute par suite

jusqu'ici

d'ordres mal donnés)

!

On

augmente

les

mesures de

sécurité en prenant des otages.

— Départ pour Marche

i^ août.

La chaleur il

y

a aussi

(-)

(20 kilomètres).

tomber encore beaucoup de monde

fait

beaucoup de pieds malades.

De

;

magnifi-

ques sapins (jusqu'à 75 centimètres de diamètre) sont abattus en travers de la route et déplacés par les pionniers.

Nous parcourons

de belles pentes boisées. Le

passage des autos d'état-major est désagréablement

A

impressionnant. nuit

de voir

admirable

C'est

Laroche

de troupe (hussards, s'insérer dans la

accroc

(i) (2)

était arrivé

pendant

12^ d'artillerie à pied (obusiers de 15'™)

le

Ou

(f).

A

ville

les

divers

venir à point

corps

nommé

colonne de marche. Tout va sans

Marche

colonne de parc

Petite

ainsi

artillerie)

la

(').

dans

:

le

nous

retrouvons

l'esca-

Fuhrparkkohitne.

Luxembourg

belge,

dans

le

pays

de

Famenne. (î) Bien que l'un des quatre régiments d'artillerie de campagne {FeldartiUerie) du XII» corps d'armée porte également le n» 12, il

probablement, d'un groupe d'obusiers lourds de campagne le i2« régiment d'artillerie à pied (Fussartillerie), lequel tenait garnison à Metz et relevait administrativement du XYI» corps

s'agit

là,

fourni par

d'armée. (4)

En allemand

:

allés klapptl


Journal d'un

bile

;

sont arrivés ce matin de

bourgeoise par Je n'ai

vu

la

voie de

partie

l'air (').

artillerie

;

celle-ci a

est allé

Ils se

encore

en toute

pu observer une bonne des positions françaises sur la Meuse.

— Marche sur Achêne

le flanc.

(route de Dî-

(^)

Une

environ 20 kilomètres.

lourde et poussiéreuse a mis sur

luxem-

frontière

aviateurs ont déjà

20 août. nant),

un parc automo-

la

matin sur l'un d'eux qui s'en

Nos

hâte.

15

qu'un seul avion ennemi.

jusqu'ici

méfient sans doute de notre tiré ce

saxon

29, six beaux avions avec

drille n° ils

officier

grosse chaleur

beaucoup d'hommes

Les gens ne sont pas encore entraînés

du tout aux grandes marches leur énergie est assez faible. Au bout de ces 20 kilomètres je n'aurais pas ;

mener au

A

Achêne la division une idée de cet énorme rassemblement de troupes et du va-et-vient qu'il y a sur les routes. Autos de tous les états-majors voulu avoir à

les

se rassemble.

On

(avec coupe-fils)

la

route.

En I9i}-i9i4

(i)

le

le

par

artillerie.

corps des aviateurs comprenait quatre batail-

du corps de

la

Garde

et des

V«, VIII* et

corps d'armée. L'escadrille en question avait sans doute été fournie

le

(2)

camp

long des colonnes qui s'allon-

Infanterie, hussards,

lons, relevant respectivement

XV*

faire

motocyclettes, aides de

('),

passent en trombe

gent sur

feu.

ne peut pas se

}» bataillon

(Cologne, Hanovre, Darmstadt).

Achêne est à 9 kilomètres à l'est de Dinant. Le texte porte mit Drahtfângern. Il s'agit sans doute d'un

: (3) positif destiné à saisir {/angtn) et

couper au passage l'ennemi aurait pu tendre au travers de la route.

les fils

de

fer

dis-

que


Carnets de combattants allemands

pontonniers, convois de voitures couvrent

les

routes

à perte de vue.

A

Achêne, nous sommes reçus par des chasseurs (')

qui avaient pris Dinant, mais devant des forces supé-

rieures d'infanterie avaient

nant du

merveilles de

L'ennemi

1870).

Au grondement le

La

suis

mal (trop haut

tirerait

réveillé

qui est à Sovet(+).

de

A

par

l'ordre

grand'peine

nombre de

verres

Après avoir

réveillé inutilement

réveillé

témoignait

par trouver

dura environ

le

il

je

d'aller

On

en

trouve tout au

Un

du

grand

d'une petite

fête.

quelques dormeurs,

colonel.

trois heures.

quand

en

d'infanterie (J)

un château.

régiment cantonné dans

j'ai fini

comme

interminable village l'état-major

cet

les

d'une canonnade lointaine

patrouille étabUr la Raison avec le 103'

bout

lieute-

repas de midi et nous bivouaquons.

nous prenons je

Un

nous raconte

(*)

de nos pièces et de nos mitrail-

l'effet

leuses.

nuit

se replier.

cheval

5^ d'artillerie à

est

Ce

service de nuit

extraordinairement

faut faire attention à la route et à

l'appel des sentinelles

!

(i) Les 12® et 13* bataillons de chasseurs à pied (i" et 2* saxons respectivement en garnison à Freiberg et à Dresde, font partie du' XII* corps d'armée. C'est le 16 août qu'aurait eu lieu leur première tentative infructueuse sur Dinant. (2)

V*

Ce régiment

tenait garnison

à

Sprottau

et

faisait

partie

du

corps (Posen).

(j)

Le ioj« d'infanterie ou 4* saxon (Bautzen)

fait

65* brigade (32* division, XIl^ corps d'armée). (4) Sovet est à environ

4 kilomètres au nord d'Achéne.

partie de la


PI.

liTijKr Lnnjii/f

PLAN DES ABORDS DE DIXANT

IV



Journal d'un

21 août.

Depuis

position d'attente

Comme teur

on

(').

officier

heures

5

saxon

17

division est en

la

Brouillard. Froid de chien

n'a pas dormi,

on

n'est

guère à

(^).

hau-

(5).

A

10 heures enfin, départ vers Sovet, où se ras-

semble

la

32* division.

Ces énormes masses

centrent sur une pente douce, ce qui offre d'œil remarquablement imposant.

de chevaux et de voitures de

Tout la

la

à fait

en avant,

les

Au

loin,

l'artillerie et

se con-

un coup une mer du train.

bivouacs de l'infanterie

;

sur

hauteur, une superbe église, à côté d'une école, et

une tour sur

laquelle les observateurs d'artillerie tra-

vaillent à la lunette à charnières (•^). Il arrive toujours

de nouvelles troupes et de nouveaux convois. Notre cavalerie d'armée se porte vers l'aile et

nous voyons passer auprès de nous

nord (Namur) trois

régiments

de hussards prussiens, avec des groupes de mitrailleuses (5)

;

un magnifique

c'est

commence une

tableau

!

Vers

i

heure

forte éclipse de soleil, à laquelle natu-

rellement personne n'avait plus pensé,. (i)

En allemand

(5) Da...

(4)

ist

mon

En allemand

Gefechtshereilschaft

:

(2) Textuellement

:

Sclrweinekâlte.

nicht sonderlich :

auf lier Hohe. Jumelle à prismes

Schercnfernrohr

.

et à charnières,

composée de deux longs tubes articulés sur un trépied. L'artillerie allemande en comporte une par batterie. (5) La « cavalerie d'armée », dont il est ici question, n'est autre que la cavalerie de la Garde. Cf. supra page 7. Il n'y avait pas de groupes de mitrailleuses attelées rattachées dés le temps de paix aux régiments ou brigades de cavalerie, mais il était prévu que les formations de ce genre seraient mises en temps de guerre à la disposition du commandement. CARNETS DE COMUÀTTANTS


Carnets de combattants allemands

i8

L'ennemi a

Sovet des posi-

pris au nord-ouest de

tions avancées sur

la rive

droite de la Meuse. Celles-ci

seront notre prochain objectif. Pendant qu'on est en

monter

train de

La

de départ.

les tentes arrive l'ordre

Meuse en

division doit se porter sur la

position

d'attente et soutien de l'artillerie. Il paraîtrait qu'à

Namur

les

aussi ce qui

A

3*'

choses vont étonnamment vite. C'est expUque notre soudaine marche en avant.

30, peu avant

le

second présage. Pendant une heure environ à torrents, avec

une grêle abondante,

qu'elle résonnait sur les casques.

qu'à la ferme Salazinne. le

un

départ, violent orage. C'est

A

parfois

il

si

a plu

grosse

Nous avançons

6^15,

l'artillerie

La

feu sur les avant-postes ennemis.

jus-

ouvre

nuit, bivouac

effroyable sur la terre froide et mouillée.

On

s'enve-

loppe dans un manteau trempé avec, par-dessus, une

couverture de laine humide.

22 août. rie

la

nuit tonne

Namur. Le matin, nous

sous

général

— Toute

la

le

feu de l'artille-

arrive

du quartier

Namur serait tombée. A canonnade sous Namur; c'est un rou-

nouvelle que

10 heures, vive

lement ininterrompu. Nous recevons l'ordre de nous tenir prêts à marcher.

A

II heures, départ

captif

rition;

(i)

pour Thynes('). Le ballon

du commandement supérieur il

Thynes

est à

son appa-

a fait

a l'air de vouloir s'installer

ici.

La compa-

6 kilomètres »u nord-est de Dinaut.


Journal d'un

saxon

officier

19

gnie du service de santé, avec l'hôpital de campa-

gne

Un

également en place.

('), est

découvre à une énorme hauteur

avion ennemi se

et notre artillerie le

canonne inutilement. Peu après commence avec

d'artillerie

Namur là-bas

semble

s'être

un peu

d'énormes calibres;

Le

française.

l'artillerie

il

relâché

;

il

le

duel

feu

vers

doit y avoir

a parfois des craque-

y

ments formidables. Les avions ennemis apparaissent enfin, mais si haut que ni l'infanterie ni l'artillerie ne

Le mieux

les atteignent.

par des avions.

On

serait

de

les faire

poursuivre

ne dispose pas encore contre eux

d'un canon convenable.

2^ août.

Alerte de nuit.

Une maison

brûle,

Un espion est escouades. A la lueur de

sans doute pour trahir notre position. pris et fusillé par

une de nos

la

maison qui brûle, départ pour LisogneQ. Partout

il

y

a

contre la

de grands feux de bivouacs les

comme

antidote

incendies révélateurs. Derrière Dorinnes

(')

colonne s'égare par suite d'un malentendu dans

les ordres.

Contremarche, puis descente dans une

lée à berges abruptes qui la vallée

débouche sur

principale est ainsi, cela

promet

la

val-

Meuse.

Si

!

compagnie de santé » (Santtâtskoinpagnie) compte § méde50 chevaux et 13 voitures; il y en a j par corps d'armée. L'hôpital de campagne ou FeldJaiareit comporte 6 médecins, 60 hommes, 30 chevaux et 9 voitures; il y en a 12 par corps (i) La

cins, 510

«

hommes,

d'armée. (2) Lisogne est à 2 kilomètres de Thynes. (3)

Dorinnes

est à 4 kilomètres

au nord de Lisogne.


40

Carnets de combattants allemands

Vers 6 heures, notre

artillerie

ouvre

le feu.

Entre

temps, notification d'une grande victoire remportée sur neut corps d'armée français sous Sarrebourg

On

déroule

vers le

Meuse par un

la

2^ bataillon et la

(').

7 heures, marche en avant

vallon en pente raide.

du 178^ sont en première

bataillon

3^

A

drapeau.

le

Le

i*^''

et

ligne, le

compagnie de mitrailleuses (*) en

réserve. Les shrapnells passent en hurlant au-dessus

de nos

têtes.

nitions.

La

Bientôt

8"=

le

3* bataillon a

compagnie

par suite se trouve hors de combat. est à la sortie

de

la

épuisé ses

A

gorge aboutissant à

mu-

cartouches et

lui passe ses

Leffe(5), qui la

Meuse, nos

gens ne peuvent avancer, surtout parce que de chaque

maison font feu des

francs-tireurs.

Peu

à

tous ces gens qui ont tiré sur nos

fusille

peu on

hommes

On en met trois l'un derrière un chasseur de Marburg(î) les étend par d'un seul coup de fusil. C'est une guerre au cou-

(seize à la fois)('^). l'autre et

terre

teau.

Dans

la

gorge étroite

(i) C'est en effet le 21 août

et escarpée

de part et d'autre,

que fut enrayée

l'offensive française en

Lorraine.

Ou

(2) fanterie

que, dans l'armée allemande, cliaque régiment d'in-

sait

était

pourvu d'une compagnie de mitrailleuses de 6 pièces

(15" compagnie). (5) Leffe est en quelque sorte droite de la Meuse.

(4)

Le texte porte

())

C'est-à-dire

:

un

(hessois) lequel tenait

d'armée.

gJeich 16

un faubourg de Dinaut, sur auf

rive

einntal.

du 11* bataillon de chasseurs garnison à Marburg et était rattaché au soldat

la

à

W

pied corps


Journal d'un

notre

artillerie a pris

les

position

Le régiment

invisible.

avec

officier

;

21

saxon

elle est

complètement

se rassemble, bien à couvert,

chasseurs de Marburg, nos chasseurs

des pionniers

(f).

(') et

L'après-midi apparaît l'équipage de

division (f). Le « clou » (f) de la journée deux obusiers de 15'^"', du 19* d'artillerie à été c'a

ponts de

pied

la

(5) qui,

en vingt coups environ, ont bombardé

de fond en comble

la localité

de Bouvignes(^). Enfin

compagnie entre dans ce trou de Leffe-Bouvignes. Les rues, descendant à la Meuse, sont balayées par le feu de l'infanterie ennemie (7). En faisant une brèche à un mur, nous occupons la mai8*

la

son d'un habitant d'apparence sur le bord de

la

aisée, tout

en avant

Meuse. Après avoir pénétré par un

doute du 13s chasseurs à pied (Dresde), rattaclié à comme le 178^ régiment d'infanterie. (2) Nous conserverons cette appellation aux soldats du génie (Pionierè). 11 y a en principe un bataillon du génie par corps d'armée et il en porte le numéro, du moins de i à 17. Il s'agit donc ici d'un détachement du 12* bataillon (Dresde). (5) Il y a pour chaque division l'équipage d'un pont de 21 ou 35 mètres, pour chaque corps d'armée celui d'un pont de 75, 125 ou (i)

la

Il

s'agit sans

}2^ division (XII^ corps)

155 mètres. (4)

Ce mot

est

en français dans

le texte.

Le 19* régiment d'artillerie à pied tenait garnison à Riesa et comptait au XIX« corps d'armée (saxon). (6) Bouvignes est située vis-à-vis de Lefle sur la rive gauche de la Meuse. C'est aussi en quelque sorte un faubourg de Dinant. (7) Ce témoignage suffirait à expliquer la contradiction qu'on relève entre les rapports allemands et belges ou français, relatifs à la défense de Dinant et de ses faubourgs par des soi-disant francs-tireurs. En admettant même que quelques civils y aient accueilli par des coups de feu l'arrivée des troupes allemandes, il est certain que les pertes de ces dernières du fait de ces isolés n'ont pu être que légères. Or, on sait que les assaillants ont par ailleurs été très éprouvés par un (5)


22

Carnets de combattants allemands

labyrinthe de jolies pièces jusque sur le devant,

butte sur

Dans

la

comme

contre

le seuil

le

maison nos gens

je

cadavre du propriétaire.

comportés

s'étaient déjà

des vandales; tout avait été bousculé. Les

rives boisées d'en face paraissaient faiblement occu-

pées. Je n'ai pas

vu un

seul Français... L'aspect des

cadavres d'habitants qui gisaient de tous côtés défie toute description. Les coups de feu à bout portant

ont

la

plupart du temps emporté

Chaque maison dans toute et les habitants en

ont été

femmes

et les enfants

tirés

hommes

invraisemblables. Les

la

moitié du crâne. bouleversée

la vallée a été

mis dans

des cachettes

ont été le

les plus

fusillés,

couvent (').

dernier sont partis des coups de feu,

il

les

De

ce

s'en est fallu

le couvent ne fût mis en flammes, et il pu se racheter que par la livraison des coupables le paiement de 15.000 francs (*).

de peu que n'a et

Les pertes de notre régiment (une trentaine de morts) sont dues presque exclusivement aux francstireurs qui tiraient des maisons. et

Les capitaines John(î)

Franz sont grièvement blessés de coups de feu dans

feu de mousqueterie très vif et très abrité, qu'ils ont cru provenir de l'intérieur même des maisons. L'officier saxon précise que ce feu était

comme

bien dû,

l'ont toujours

affirmé les

alliés,

à

1'

«

infanterie

deux rives de la Meuse et balayant de part et d'autre les rues venant y aboutir. Voir le plan ci-dessus page i6 et cf. Dampierre, L'Allemagne et le Droit des gens, p. 242-248.

ennemie

»

embusquée sur

s'agit sans

doute du couvent des Prémontrés.

(r)

Il

(2)

Rapprocher de ce

(3)

Le rapport de

mand

:

les

récit les rapports

cet officier figure

die Volkerrechlswidrige

Fuhrung

de la

la

Commission

belge.

page 161 du recueil

alle-

des Volkskrieges in Belgien, 191 5.


Journal d'un

haut de

le

hommes mettre

la

officier

saxon

Cette guerre perfide met nos

cuisse.

dans une rage sans bornes,

le feu

23

voudraient

ils

partout. C'est bien ce qui est arrivé

effectivement pour quelques maisons

(').

Dans le courant de l'après-midi notre artillerie a bombardé les principaux bâtiments de cette longue de projectiles incendiaires et d'obus.

localité à l'aide

un

C'était

et petits

lement par-dessus nos

!

Shrapnells de

obus hurlaient continuel-

têtes, vers la rive

opposée, où

En peu de en flammes. C'était un

avec une pénible sûreté.

éclataient

ils

coup d'œil

indescriptible

campagne, gros

temps toute

rive était

la

merveilleux spectacle de

voir

soir,

le

de Dinant

jusqu'à Leffe, tout le long des bords de la Meuse,

une mer de flammes illuminer divers châteaux Meuse.

A

et

Sanglante, cette lueur se reflétait dans la

édifices.

Il faisait

presque aussi

qu'en plein jour.

clair

cette lumière, les pionniers bâtirent

un pont,

après avoir au préalable transbordé sur des pontons les

chasseurs

derniers

de Marburg

abrupte et

boisée,

en

terrain et, peu après,

pantalons rouges

(f)

pour

comme

grimpèrent

les

des

utilisant

couvrir.

chats

la

Ces berge

soigneusement

le

nous ramenèrent les premiers un petit poste qui s'était rendu

ils :

convient de relever à tout le moins ici la disproportion entre avoué des pertes allemandes (30 morts pour un régiment de plus de 3.000 hommes) et la férocité de la répression, non moins que la nervosité signalée chez les hommes de troupe. (i)

Il

le chiffre

(2) Rothosen, sobriquet populaire des Français.


Carnets de combattants allemands

24

un coup de fusil. Les pauvres diables mangé depuis deux jours; nous n'avions pas non plus grand'chose à leur offrir. Il y avait là un officier. A son extérieur, je l'aurais plutôt pris pour un mécanicien (').

sans tirer

rien

n'avaient

Après un court sommeil dans la où nous avions interné les prisonniers, la division a passé la Meuse. Tout est maintenant pêlemêle; nous marchons au milieu de l'artillerie. Direction générale de marche sur Sommière Q). La cuisine de campagne est Dieu sait où Par suite, le 2^ août.

caserne,

!

repas du soir a passé au bleu

(').

Par une route en

nous faisons une marche de nuit sur la hauteur vers Rostenne (f), sur un plateau complètement lacets,

découvert.

Le plan d'abord,

des Français n'était pas mauvais

tout

:

des démonstrations sur les berges de

la

Meuse ainsi que des attaques de francs-tireurs devaient nous

de lourdes pertes au passage

infliger

rivière, puis à

notre arrivée sur

nous devions

être reçus par

on

n'avait pas

(i) Le texte

compté avec

porte

Feinmechaniher gehalten tique de (2)

l'officier

Sommière

:

I

un

le

feu meurtrier.

l'effet

de notre

Seitiem Aiisseren nach hâtte ich

On

saisit là

de

la

plateau découvert,

sur le vif

la

Mais

artillerie

ihii

morgue

fiir einen

caractéris-

allemand.

est à

(5) Textuellement markiert.

kilomètres au nord-ouest de Bouvignes.

3 :

Infolgedessen,

Ahendhrot

durch

(4) Petit village à environ 1.500 mètres à l'est de

rote

Sommière.

Flagge


Journal d'un

et surtout de

saxon

officier

nos pièces lourdes.

25

L'artillerie à pied a

terriblement nettoyé les châteaux sur

la

hauteur

et

les autres points d'appui de la position principale.

Les Français semblent

marché

à

5

jusqu'à Rostenne.

dormir

les

avoir évacués

;

nous avons

heures du matin sans être inquiétés (Il

y a deux nuits que l'on n'a pu où l'on se trouve.)

et l'on se jette

Toute long de

la

la

journée, c'est

Meuse;

la

qui a travaillé

l'artillerie

manière méthodique dont

le

elle a

bombardé les maisons et nettoyé les berges de la Meuse avec des shrapnells, en allant frapper ainsi sûrement derrière

les

vraiment éton-

obstacles, est

nante. L'artillerie française s'est contentée d'un faible feu de shrapnells

et

bientôt s'est

tue.

Et mainte-

nant?.,.

24.

août.

— Dormi délicieusement

pendant deux

heures sur une gerbe de blé près de Chestruvin

Lever de

soleil

(').

d'un rouge de sang. Journée magnifi-

quement claire. Sur nous paraît un avion français, sur lequel on tiraille en vain. De la ferme de Rostenne les chasseurs nous ramènent une demi-compagnie de Français. Les premiers (hier) ont été reçus avec la joie la

plus bmyante.

On

chantait

la

ïVacht

am RheinQ)

Hameau près de Rostenne, à 2 kilomètres sud-est de Sommiére. La Garde au Rhin. Bien que n'étant pas à proprement parler un air national, on sait que ce chant, d'inspiration nettement antifrançaise, est officiellement adopté depuis longtemps non seulement dans les fêtes patriotiques mais encore dans les recueils scolaires et les manuels destinés à la troupe. (i) (2)


Carnets de combattants allemands

26

et l'on criait

hourra

!

Quel

effet cela doit-il

produire

sur les Français, qui sont contents d'être tombés entre nos mains? Leurs pertes en morts seraient, d'après l'officier pris, d'une centaine

;

les

nôtres sont

d'une trentaine; ce n'est donc pas un succès bien

chèrement acheté. Retournons dormir un peu

!

Continuellement des détonations se font entendre, surtout dans

la

A

lo heures

compagnies ne

se sont pas

Namur.

direction de

départ de Chestruvin;

les

route

encore retrouvées mais l'on va de l'avant sur

la

tout droit dans

Marche

la

direction de Philippeville(').

de poursuite extrêmement fatigante, par une écrasante chaleur.

matin.

Nous sommes en

De

5

blement; à 10 heures du Morville

route depuis 2 heures du

heures à 10 heures, repos pour rassem-

Q. Nous

grand bivouac près de

soir,

avons

un grand crochet en

fait

quittant la route de Philippeville pour gagner Morville

par Weillen et Falaën

('),

A

Falaën on signale une

compagnie ennemie qui est poursuivie parallèlement à nous par une compagnie de grenadiers du corps (f). Les fameuses positions de la Meuse dont hier notre (i) Philippeville est à 28 kilomètres

au sud-ouest de Dinant

et

à

gauche de

la

25 kilomètres au sud de Charicroi. (2) Morville est à 12 kilomètres de Dinant,

un peu

à

grande route de Philippeville. (3) à

3

Weillen

est à

environ 6 kilomètres à l'ouest de Dinant. Falaën

kilomètres au nord-ouest de Weillen.

(4)

En allemand

:

Leihgrenadiere.

Cette appellation s'applique au

100" régiment d'infanterie (i" saxon) qui tient garnison à Dresde et fait partie de la 45e brigade, de la 23» division et du XII" corps. Dans l'armée allemande les termes de grenadier et fusilier ont été conservés


Joîirnal d'un officier saxon

bombardé

artillerie a

de nous

les villages

27

points d'appui (tout autour

les

brûlent) ont été abandonnées

sans combat. Près de Cliestruvin

il y avait eu de l'arennemie en position. La gerbe de projectiles nôtre avait tout recouvert sur une profondeur

tillerie

de

la

d'environ 300 mètres. Partout

il

y

avait des trous

d'obus, au milieu de la route des cadavres d'artilleurs

(un commandant atteint d'un shrapnell)

chevaux; plus renversé dont C'était

un

loin,

attelage,

avec

les projectiles étaient à

ainsi

que des

un

caisson

moitié sortis.

tableau digne d'un Weretschagin

chêne d'environ été

un

trois quarts

Un

(').

de mètre de diamètre avait

coupé au niveau des racines par un obus

de

;

grands éclats de bois avaient volé à 50-60 mètres de là.

Toute

pements

la large

et

—A

2^ août. L'artillerie

route était parsemée d'objets d'équi-

d'armes brisées.

9 heures

bombarde

du matin, départ de Morville, nous;

différents villages devant

nous rencontrons en chemin de longs convois de voitures, des habitants qui lages.

à

De

certains

même les

petits

abandonnent leurs

vil-

détachements ennemis nous obligent

régiments sans impliquer autre chose qu'un souvenir. De (^grenadier, husar, etc.), qui désigne encore

pour l'expression Leih régiments formant jadis

la

garde (du corps) de

certains

rois

ou

princes de l'Empire. (i) Le peintre russe Weretschagin, tué en 1904 à bord du cuirassé Petropawlosk, torpillé sous Port-Arthur par les Japonais, est fort connu en Allemagne, où ses tableaux militaires, d'un réalisme saisissant, ont été popularisés par l'image.


Carnets de combattants allemands

28

nous déployer pour

le combat un détour. Nous passons par Rosée (') (détruit par un bombardement, prisonniers français parmi lesquels un zouave), puis Merlemont et DourbesQ où nous arrivons à 5 heures du

à diverses reprises à

et aussi, semble-t-il, à faire

matin.

26

août.

—A

nous continuons notre route

8''3o,

La marche

sur Nismes(5).

sur

Dourbes

avait

été

épouvantable. Après que la matinée se fût passée,

de 9 heures du matin à midi, à mettre en ordre

éléments de

de marche longue de 7 kilomètres,

mouvement née. Le soir,

sans la

les

pour en former une colonne

la division,

encombre pour

mit en

celle-ci se

le reste

de

la jour-

fameuse halte de huit heures fut réduite

à une demi-heure.

Mon

bon

riz était

trop chaud pour

pouvoir être mangé. Marche de nuit à travers une

chemins effroyables, avec des

forêt par des

arrêts

continuels, durant jusqu'à deux heures, lesquels furent utilisés à

dormir.

Deux

civils

qui avaient été empoi-

gnés à Merlemont furent obligés de route avec nous.

A

furent relâchés avec

Dourbes,

un

les

faire

toute

la

pauvres diables

laissez-passer.

Derrière Merlemont nous avons traversé Villers-

(i) Rosée est à

j

kilomètres à l'ouest de Morville.

Merlemont est un village à 9 kilomètres au sud-est de Philippeville. Dourbes est à 9 kilomètres au sud de Merlemont, sur le Véronin, affluent de gauche de la Meuse. (3) Nismes est à 4 kilomètres au sud-ouest de Dourbes. (2)


Journal d'un

officier

saxon

1<)

en-Fagne(') qui étai^ en flammes. Sur la route gisaient cadavres de deux grenadiers du corps.

les

La popula-

tion avait averti les Français de l'approche des gre-

un ennemie

du haut du clocher.

nadiers par

signal fait

lerie

avait tiré dessus

et blessé

quelques shrapnells

ou tué des grenadiers. Là-dessus,

avaient mis

le

L'artil-

les

hussards

feu au village; le curé et d'autres habi-

tants ont été fusillés (*).

A

io''30,

derrière Dourbes, violente canonnade.

L'ennemi prendrait position sur une demi-tasse de

café

dans

le

la

frontière

(').

tons en avant sans arrêt. L'ennemi est signalé

en retraite sur Rocroi, petite place forte (i), de Nismes passent en trombe devant nous tillerie et le 18^

hussards. C'est

Avec

corps, nous nous por-

le

A

comme la

gare

64* d'ar-

un merveilleux tableau '

que CQs batteries passant dans un tintamarre, avec leur

combat

(>) et leurs

colonnes de munitions.

(i) Villers-en-Fagne est à environ

4 kilomètres au sud-ouest de

train de

Mcrlcmont.

On

(2) tir

sait qu'il est

du

strict

devoir des maires et des curés d'aver-

l'armée de leur pays de l'approche de l'ennemi. Leur exécution

sous ce motif est donc strictement contraire au Droit des Gens. Cf. Dampierre, op. cit., page 237. Il est assez curieux d'ailleurs de signaler protestations soulevées en Allemagne même, chez les catholiques, par les excitations d'une certaine presse contre le clergé belge et franici les

çais.

Voir Dhur, Der

Liigtitgeist

im

VôlkerJiriege.

Munich, 191 5, in-i6.

(5) Sans doute la frontière franco-belge distante de 10 à 12 kilom. (4) La place de Rocroi est, on le sait, déclassée.

Le train de combat Gefcchtstajfeln, échelons de combat. (5) On lit proprement dit (Gefechtshagage) comprend le chariot de batterie et des chevaux haut-le-pied les Munitionskolonneii ne désignent sans doute ici que les trois sections de munitions (6 caissons) et la voiture observatoire affectées à chaque batterie. :

;


Carnets de combattants allemands

30

Les sveltes

chevaux des hussards, au trot de

petits

marche, étaient ravissants à voir.

On

marche maintenant à travers

dennes, sans doute vers Rocroi.

Ce

la forêt

des Ar-

y a de bon du

qu'il

moins, c'est un petit souffle d'air frais. Les derniers jours étaient d'une chaleur écrasante. Il est intéressant de

constater que par ces marches en poursuite, de quinze

dix-neuf heures,

et

Tout

monde

le

n'y a presque pas de traînards.

il

suit clopin-clopant,

francs-tireurs, par Petigny et

Couvin

forêt des Ardennes. L'agriculture Il

route

à travers la

est ici magnifique.

marmelade et du lait caillé d'inégale un délice, après la poussière de la

a de la

y

consistance

de crainte des ('),

c'est

;

!

Après un arrêt d'une heure à l'extrémité de Cou-

marche continue. Couvin (en

vin, la

une confortable

est

Noire

mes)

partie pillée)

française sur

l'Eau

Plus loin nous passons Brùly (en flam-

(f).

(5).

petite ville

A

4''45 après-midi,

nous passons la frontière

Hourra! Autour de nous brûlent des heures, bivouac près du Gué-d'Hossus (+),

belgo-française. villages. le

A5

premier village français, qui

(i)

Couvin

est

une

tout en flammes.

petite ville belge située à 14 kilomètres

de Rocroi. Petigny est un village à (2) Affluent petite ville est

est

du Véronin.

2

L'officier

française d'aspect, car

kilomètres à

l'est

au nord

de Couvin.

veut dire sans doute que cette n'ignore pas qu'elle est en il

Belgique. (3) Brùly est le dernier petit village belge sur à Rocroi. {4)

Le Gué-d'Hossus

est à

la

route de Couvin

4 kilomètres au nord-est de Rocroi.


Journal d'un

Là encore

Il

saxon

31

habitants ont tiré sur nos gens.

les

point de vue agricole, plus beau.

officier

pays est toujours de plus en

le

a principalement des pâturages avec

y

de magnifiques bestiaux, mais on

foit aussi

beaucoup

d'arbres fruitiers, de betteraves et de froment.

Ardennes proprement

forêt des

Au

La

dite, à travers laquelle

nous avons marché pendant environ trois heures, n'a aucun caractère farouche et légendaire. De la route je n'ai

pas aperçu de vieilles coupes. Devant Rocroi,

canon tonne.

le

La

division intervient une bonne ibis, Dieu merci, énergiquement contre ce brûlage et ce massacre de civils.

Le

tout à

fait

ravissant village

innocemment

cliste serait

On pas,

De

jeté les

fusillés

A

(f).

Là,

eu des innocents à

on devrait

fait partir

aussi exiger

Un

bicy-

son

fusil.

habitants mâles dans les

pareilles horreurs

faut l'espérer.

il

ont été ait

(').

aurait été

aux flammes.

tombé, ce qui aurait

simplement

a

flammes

du Gué-d'Hossus

livré

ne

se

reproduiront

200 hommes un exemple. Qu'il y

Leffe, environ il

fallait

pâtir, c'était inévitable

une

vérification des

;

mais

soupçons

de culpabilité, afin de contrôler cette fusillade sans

discernement de tous bivouac sans

paille

l'herbe mouillée.

les

hommes. Le

soir

il

pleut;

dans une tente d'escouade sur

Le matin

il

pleut toujours.

(i) Le texte porte Man bat màmiliche Einwohner einjacb in dieFlanimen geworfen. Pour le fac-similé de ce texte souvent cité, voir Dam:

pierre,

op. cit.,

page 247.

(2) Cf. ci-dessus, pages 20-23.


Carnets de combattanU

32

— Trempés, nous partons

i'] août.

Fontaine

laver

vers Maubert-

pour prendre des cantonnements

(*)

Pour

rés.

me Au

allemands

première

la

fois

complètement

milieu du repas,

et

depuis longtemps,

me

alerte.

changer;

monde

le

pour

soi

déjà le

grands chefs voilà

les

général

:

fusils.

encore

est

La

«

l'affaire

puis

s'ébranle;

L'artillerie

en général une certaine nervosité

je

c'est exquis.

nous aussi, naturellement, sautons sur nos bout d'une heure, tout

resser-

!

là. Il

Au y

a

maîtrise de (*) »

disait

Schramm.

On pris

nous annonce que deux armées ennemies ont position entre Sedan et Mézières. Le IV^ corps

d'armée attaque dès aujourd'hui, font vers

dans

le

XIP

et le

XIX^

un mouvement tournant et se mettent en route l'ouest. Marche de 15 kilomètres vers le sud la

direction

8 heures à

de Marlemont(î). Cela dure de

heure du matin. Pas de dîner, pas de

i

5 heures du un froid de chien! Enfin il vient à l'idée du commandant d'envoyer chercher de la paille. Mais quand on était fatigué et

couchage.

Nous

matin sur

la

restons étendus jusqu'à

route nue.

qu'on en avait besoin,

2S août.

Le

il

café

bleu, car la cuisine de

Il fait

n'y avait rien

!

va certainement passer au

campagne

est derrière le ba-

(i) Maubert-Fontaine est à 9 kilomètres au sud-ouest de Rocroi. (2)

Textuellement

(3)

Marlemont

:

Fûbrung

bel hôheren Fi'thrern ist bedenklich

est à 14 kilomètres

!

au sud de Maubert-Fontaine.


PI.

V



Journal d'un

officier

saxon

33

On apprend que dans le boîs, devant le vilun escadron de hussards a été détruit par un feu d'infanterie ennemie et qu'il n'en est resté que quelques hommes. Départ dans la direction du sud-est vers Signy-l' Abbaye ('). On a cherché partout le curé pour le faire passer par les armes, parce qu'il taillon.

lage,

du haut de son clotemps mis en sûreté. A la

aurait fait des signaux optiques

cher (^); mais place

xie

il

s'était à

l'embuscade gisaient des blessés que l'on put

enfin panser.

On

un approche. Pour être aussi la lisière

éclairer la

comme

de

en éclairant

avait capturé en

temps un

dénoncé notre surprise nocturne (peut-

signal), les habitants avaient

mis à une propriété, qui brûlait en plein jour. Les Français pa-

la forêt le feu à

comme

raissent vouloir entraver notre

surprises

même

artilleur qui aurait

déserteur (!),

d'arrière-garde

mandement

a l'air aussi

marche par de

de ce genre de

faire

;

petites

notre com-

un peu trop leur

jeu.

Nous marchons

sur Signy à travers les bois dans

lesquels nos hussards ont été surpris et qu'un batail-

lon du 177' a nettoyés.

Aux

points critiques, s'en-

Les hussards morts que quelques morts du 177*. sont mis de A Signy-l'Abbaye, déploiement pour le combat. Un tassent des cadavres de chevaux. côté, ainsi

sergent reçoit dans

(i)

A

(2)

Même

la lisière

la

des forets du

jambe un coup de feu

même nom.

observation que ci-dessus page'aç, note 2.

CARNETS DK COMBATTANTS

tiré

de


Carnets de combattants allemands

34

on met le feu à la maison. on s'aperçoit qu'il n'y a pas L'artillerie a encore une fois gaspillé

l'intérieur d'une

Tout en d'ennemi

là.

munitions

ses

maison

;

se déployant,

(comme

contre

elle le fait

Rassemblement, déjeuner; à

les avions).

heures, reprise de la

3

marche. Canonnade enragée tout près de nous dans la

direction de

serait

Une grande armée

l'est.

en retraite entre Mézièreset Sedan.

A

française

entendre

ce feu soutenu, cela n'est guère vraisemblable.

nous

On

que deux régiments de turcos veulent marche sur Launois('). Après un assez

avise

arrêter notre

long combat, l'adversaire se retire à

tombée de

la

la

Bivouac d'alerte à Dommery(^).

nuit.

A3 heures du matin, départ. En nous 2^ août. voyant ainsi partir bravement ('), je pensais malgré moi

tombés en embuscade.

à nos hussards

encore presque nuit quand, peu après

nous nous trouvâmes, devant un tir

rapide enragé.

Toute

qu'une ligne de feu. fut la

Ce

y eut

qu'il

panique qui en résulta

!

nous aurait

du bois le

monde com-

faire

coucher

cet incroyable

plein jour,

(i) Textuellement Lonoy. Voir plus bas, page 3$, note

Dommery

(3}

Textuellement

les

mêli-mêlo

anéantir. Les coups de feu partaient

fait

(2)

un

n'était

d'intéressant, ce

Tout

mandait, personne n'eut l'idée de

hommes. En

Dommery,

bois, pris sous

lisière

la

Il faisait

est à :

i.

4 kilomètres au sud-est de Signy-l'Abbaye,

Ah

ich

uns

so

drauf

los

rûcken sab.


Journal d'un

officier

saxon

de tous côtés. Voilà une chose que revivre

je

35

ne voudrais pas

Enfin notre capitaine ramasse une poignée

!

d'hommes

sur une position de repli. Tiraillerie for-

midable; amis et ennemis se canardent pêle-mêle.

une lourde faute de commandement de après les marches fatigantes des trois derniers

C'était fiire,

jours, repartir le

combat

le

l'ennemi

d'hier,

allait

régiment de nuit vers l'avant. Après

on pouvait admettre d'emblée que

reprendre position et nous surprendre.

L'affaire n'eut pas trop de suites fâcheuses, par suite

de l'obscurité et du peu de mordant des Français. S'il

avait fait plus jour,

nous pouvions

Désormais nous marchons avec de

Le gros lui-même marche

flanc-gardes.

et

lement à

Tout

à

la

être anéantis.

fortes avant-gardes parallè-

grand'route.

coup

cela repart.

Devant nous

il

n'y a que

des rideaux de buissons, dont les turcos se servent

avec une adresse stupéfiante pour se couvrir. D'ailleurs,

en général, l'ennemi

est

formé d'une manière

surprenante à l'utilisation du terrain. Le régiment se déploie de nouveau, prend après petit village et s'arrête

un

devant Launois

vif (').

continue de pied ferme. L'aile gauche ne progrès; 8'

la droite,

dont

le flanc est

combat un Le combat fait

la

compagnie, avance rapidement. C'est un combat

Nous avons le soleil en face de nous et nous faut descendre par un terrain boisé, semé de

épouvantable. il

pas de

couvert par

(i) Launois est à

5

kilomètres au sud-est de

Dommery.


Carnets de combattants allemands

36

buissons qui arrêtent partout

la

vue, flanqué en outre

de hauteurs boisées, et régulièrement coupé par de fortes barricades de

de

fils

fer.

Une

fois arrivés

sur

les

hauteurs, à i.ooo mètres environ de Launois, notre artillerie

bombarde

ce trou avec des shrapnells, qui

frappent en partie trop court. Au-dessus de moi, l'un

d'eux éclate à 40 mètres de hauteur, ce qui est singulièrement désagréable

Malheureusement,

!

com-

la

pagnie de mitrailleuses a souffert du feu de notre

propre

artillerie

plusieurs officiers sont blessés.

;

Tout

ennemie met un terme à notre progression, en arrivant à mettre en batterie deux pièces latéralement à Launois (les autres pièces à

coup

l'artillerie

culbutent au départ sous notre feu). Elle dirige de là

un

shrapnells et obus, sur

terrible feu de flanc,

notre ligne et sur

la

grand'route.

jusqu'à ce que tout à coup

le

sans doute parce qu'il est pris

d'une batterie de batterie

Nos gens

reculent,

ennemi se taise, sous le feu dominant

la division (')

feu

qui approche. Cette

couvre d'un feu puissant l'adversaire, ainsi

que Launois, qui brûle de toutes

parts.

Nous

repre-

nons notre marche en avant et contraignons l'en-

nemi

à la retraite,

et anéantit

un

par

un

bataillon

feu d'enfer qui surprend

de zouaves en formation

serrée.

La journée de Launois le 178',

a été le

baptême de feu pour

qui a combattu l'ennemi presque seul, avec

(i) Lecture douteuse.


Journal d'un

L'autre brigade

l'artillerie.

saxon

officier

37

poursuit,

(')

tandis

que

nous, après quatre jours de fatigues, goûtons un bon

sommeil de quelques heures au

soleil.

Les pertes sont

relativement faibles et proviennent pour notre

artillerie.

nemi donne

Le

résultat

toujours trop haut.

En

du soin excessif que du

à l'utilisation

plupart de

la

l'en-

terrain, c'est qu'il tire

tout cas, les balles sifflaient

autour de nous leur désagréable chanson plaintive,

même

sans que, je

avec

mon

excellente jumelle Zeiss,

pusse rien découvrir de l'ennemi.

dans

les

pays de pacage.

turcos couchés, f:ùt

Le pays

comme

vert de petites vagues gazonnées

derrière,

complètement

il

y

il

est

cou-

y en a

avait des

invisibles.

Nous avons

avaient

enlevé leur

quelques prisonniers, qui

culotte rouge et leur petite veste bleue et qui, avec

comun offi-

leur chemise sale et leur large pantalon, étaient

plètement couleur de terre cier

un

a fait sur

riche butin de cartes, surtout de Belgique et

de toute

Le

(f).

On

la ligne

du Rhin.

rôle dont étaient chargés ces turcos, c'était de

maintenir une ligne de retraite ouverte vers l'armée engagée sur leur défense

la

ligne Mézières

extrêmement

tenace.

Désormais

de l'ennemi semblent découverts

rières

(i) C'est-à-dire la 65" brigade (102^ de

qui complète

la

le

sud à

— Sedan. De et

là,

les der-

nous pou-

Zittau et I0}« de Bautzen)

52* division (XII» corps).

semble ignorer que l'uniforme d'été, tant des zouaves algériens, comportait le pantalon d'Afrique en treillis. C'est avec ce large pantalon, d'un gris sale, que nos zouaves et turcos sont eftectivement entrés en campagne, en 1914. (2) L'officier

que des

tirailleurs


Carnets de combattants allemands

38

vons remplir

la

mission spéciale de notre régiment,

laquelle est

d'accompagner

obusiers de

campagne destinés

lourde de l'ennemi,

l'artillerie

front, par suite de son

Nous pouvons le

et de couvrir

à

nos gros

bombarder à revers

difficile

à attaquer de

remarquable défilement.

le faire,

nous ne

le

faisons pas, car

corps d'armée tout entier se porte maintenant en

Quand

avant.

le

178' vient à passer devant

le

division-

von der Planitz, celui-ci nous expour la conduite du régiment au feu. La phase la plus désagréable du combat fut certainement le feu en rafale tout à coup déchaîné par

naire, S. Exe. (')

prime

sa vive gratitude

l'ennemi sur nos lignes qui se portaient en avant. L'effet

moral produit par l'éclatement de cqs rangées

de shrapnells,

même

lorsqu'ils

ne portaient pas,

était

une reculade momentanée. Marche vers le sud jusqu'à Villers-le-Tourneur

(^)

Le long du chemin brûlent des villages, que nous avons incendiés en les bombardant (5), pour protéger notre marche contre toute où

la

division bivouaque.

surprise.

En

route, nous arrive, de l'état-major divi-

sionnaire, la nouvelle que Sedan serait

(i)

Le

titre d'Excellent

égal

ne se donne qu'aux

ou supérieur

à

et

que

Un

tonnerre de

officiers

généraux ayant

l'armée française battrait en retraite.

un rang

tombée

Geiteralleutnant, c'est-à-dire général de

division. (2) Petit village situé à

5

kilomètres au sud de Launois.

die lum Schtit::^ gegen Ueherfall von uns in Brand (3) Textuellement geschosicn warer.. Cette dévastation préalable, à toute éventualité, est :

l'une des innovations de la tactique allemande.


Journal d'un

hurras court

N. B. La

saxon

39

long de l'interminable colonne.

le

distance au lieu de bivouac était d'environ

kilomètres.

5

officier

7 heures à

i

a fallu

Il

heure

!

pour

la

franchir marcher de

piétinage sans fin

!

On

met à tambour

se

dormir à 2 heures. Dès 4 heures, alerte sans trompette ('). Du reste, on ne dort maintenant

ni

deux heures par jour.

plus guère que

jo

août.

Contremarche pour rejoindre dimanche;

division. C'est

par

je l'aurais

l'autre

volontiers fêté

solennité d'une petite lessive. Mais l'Histoire

la

un collaborateur, ne le permet y a déjà une forte canonnade. Le lieutenant de réserve Kipping a pris comme butin un universelle, pas.

Dans

dont

le

je suis

sud,

il

ravissant cheval blanc, avait été tué; c'est

vers

(*) le

le

vrai cheval de bédouin, avec

et

sud, où tonne le canon.

combat

propriétaire français

queue traînante. Marche par Neu(charmante égHse romane) et Faissault (5)

longue crinière vizy

un

dont

Nous entrons dans

et aurions, paraît-il, contre

le

nous deux corps

d'armée, qui auraient pour objectif d'arrêter notre

mouvement tournant

et

sans doute de couvrir la

voie ferrée Rethel-Mézières.

Le le

2* bataillon

flanc

du 178"

est soutien d'artillerie sur

gauche, qui s'appuie, nous dit-on, sur

(i)

En allemand

(2)

Neuvizy

est

:

stiller

la

Alarm.

à 4 kilomètres

au nord-ouest de Villers-le-Tour-

neur. (3) Faissault est à environ

4 kilomètres au sud-ouest de Neuvizy.


Carnets de combattants allemands

40

23' division. pas, car

sur

il

A

la cavalerie

artillerie,

la vérité,

nous ne nous en apercevons

nous faut ouvrir

sur

l'œil,

et sérieusement,

ennemie, qui cherche à attaquer notre

le flanc

gauche. Les divisions paraissent

indépendamment l'une de l'autre. Nous avons encore un terrain odieux, coupé et boisé, se battre tout à fait

fort beau

comme

paysage, mais inutihsable au point

de vue militaire.

nous

Il

apparaît

supérieur en

est très

notamment, en

bientôt que l'ennemi

artillerie.

Le 102'

aurait

réserve, subi de fortes pertes. Les

shrapnells et obus ennemis arrosaient avec beaucoup

de sûreté

les plis

de terrain situés en arrière des posi-

tions d'artillerie, dans lesquels l'infanterie a

Nous

coutume

nous avons eu quelques pertes. Tout près de moi est venu tomber un projectile qui n'éclata pas et, Dieu merci, c'est ce qui arrive de se couvrir.

aussi,

pour beaucoup de cts objets-là Après un dur combat de hauteurs en hauteurs, l'ennemi se retire, et nous occupons Auboncourt('), !

un joli village, en attendant l'attaque nocturne d'un ennemi supérieur en nombre. Notre situation est simplement effroyable. Nous avons évidemment avancé trop vite et sommes là en l'air, dans une position peu enviable. Le i*'' bataillon du 178* est dans le village, le 2^ bataillon par derrière dans un terrain boisé (en partie des tailUs impénétrables) qu'on ne

peut défendre d'aucun côté. Nous passons

(i)

Auboncourt

est à 7 kilomètres

la

au sud-est de Faissault.

nuit


Journal d'un

saxon

officier

41

dans une cornière de bois puante et marécageuse.

Nous

même

n'avions

champ de

pas de

tir

(sans

comp-

y aurait donc eu un combat à la baïonnette, dans lequel une troupe plus forte nous attaquant nous aurait probablement passé sur le corps. Vers 3 heures, dès que parut la première petite ter l'obscurité).

Il

lueur de jour, rendant

les bois

compagnies

doublement imprespréparèrent à aller

sionnants,

les

prendre

positions qui leur étaient assignées.

les

se

La

défense est beaucoup plus désagréable que l'attaque,

ne fût-ce que parce que

le

défenseur est obUgé de se

continuellement sur ses

tenir

extrêmement

On

fatigant.

gardes,

respire

quand

qui est

ce il

fait

jour

sans qu'il se soit rien passé.

— A 8 heures du matin, nos obusiers lourds

^i août.

ouvrent, tout près derrière nous, qu'il les

y

encore du

ait

locaHtés

situées

un

feu d'enfer, bien

brouillard. Sans doute ce sont

devant

nous,

et

notamment

que l'on bombarde. C'est une terrible canonnade d'obusiers légers et lourds, armes émi-

Rethel

('),

nemment sympathiques la

!

marche en avant. Dieu

A

7''

15, retentit le signal de

soit béni

enfin de ce trou boisé; je

que nous sortions

préférerais le troisième

étage de l'enfer! Je peux au moins contre,

il

n'y a pas de café!... Mais

encore un peu

me

laver.

si! j'en

Par

trouve

!

(i) Rethel ne se trouve en etfet i^u'à

sud-ouest d'Âuboncourt.

une dizaine de kilomètres au


Carnets de combattants allemands

42

Par une assez grosse chaleur, nous nous avançons par Faux(') sur Sorcy

{f).

Nous

sitions d'artillerie française tacle

!

;

passons près des po-

un

c'est

effroyable spec-

Les emplacements des pièces étaient marqués

par d'énormes tas de cartouches. terre arable, nos

tonnoirs.

Çà

étaient en tas.

partout dans

un pantalon rouge

et là,

lumineuse dans

les

Çà

et là,

les betteraves

Des

champs.

;

la

Un

grand'chose(').

Les

rie, leur retraite avait aussi

bien

ne

fait

restait

doivent

avoir artille-

l'air

d'équipements

il

de notre

Français fait

ils

ou clopinaient

chasseur d'Amiens,

éprouvé des pertes colossales du grandes quantités

une tache

mais par place

gisaient

blessés

fait

prisonnier, raconte que de son bataillon

pas

dans

obus avaient creusé d'immenses en-

et

d'une

fuite.

De

de cartouches

avaient été abandonnées.

A

Faux, nous réquisitionnons des vivres. Nous

trouvons des miUiers d'œufs, d'énormes quartiers de lard, des

jambons, du vin en tonneaux. Ce merveil-

leux paysage de Corot est incroyablement productif; l'on n'y cultive

que du froment, de l'avoine, des

betteraves, d'admirables

pommes

de terre, des fruits

en abondance. C'est une terre de promission. D'autant plus épouvantables apparaissent les dévastations

(i)

Faux

est à 2 kilomètres

environ d'Auboncourt.

kilomètres à l'est de Faux. 8<! bataillon de chasseurs à pied en garnison à Amiens cou(3) Le vrait en effet la retraite du 12* corps d'armée et fut assez éprouvé sous Rethel ; mais il faut faire ici la part aux exagérations explicables (2) Sorcy se trouve à

3

chez un prisonnier nècesuirement déprimé.


Journal d'un

officier

saxon

que nos obus ont produites à Faux.

tombant au l'entrée,

dans

les

et les éclats avaient

creusé de tous côtés

sillons rayonnants.

j" septembre. française, avec

L'un d'eux,

d'un portail, avait fracassé toute

seuil

murs des

43

Marche sur Rethel, petite ville une admirable vieille église gothique

au clocher Renaissance. Pour

la

première

fois

depuis

pu bien me laver et dormir dans un Ht (Hôtel Moderne, près de la gare). Le bataillon reste ici pour la garde du commandement en chef. longtemps,

7^'

j'ai

septembre.

Vie divine

(') à

Rethel qui,

2 septembre, est à moitié détruite par

le

feu.

le

On

admet que ce sont les Français qui ont mis le feu pour couper nos communications avec l'arrière (f).

un court moment. C'est de campagne manque de

C'est ce qui se produit pour

grave, car notre artillerie

munitions. Malgré

cela, la division

pousse sans cesse

de l'avant. L'incendie de Rethel était épouvantable,

mais beau. Par

(i) Textuellement

la claire

nuit de lune,

Gôlterlehen.

:

Celte satisfaction contraste étran-

gement avec l'horreur de ce qui suit. Annehmhar hahen (2) Le texte porte :

on voyait une

die

Franxosen angeiiindet...

L'invraisemblance de cette accusation n'arrête pas

l'officier,

qui, toute-

ne semble pas l'admettre sans réserves. Il est plus probable que l'incendie de Rethel aura été la conséquence d'un combat d'arrièregarde des soldats allemands énervés, et peut-être avinés, auront cru châtier d'hypothétiques francs-tireurs en mettant le feu aux maisons d'une rue que balayait encore la fusillade des derniers échelons français en retraite. Voir Dampibrre, op. cit., pages 244-246. fois,

:


Carnets de combattants allemands

44

lueur ardente rouler dans

maisons

petites

charpente et

les

la

direction de l'ouest. Les

françaises,

avec

leur

meubles de bois qui

abondante

s'y entassent,

flambaient l'une après l'autre au souffle vif du vent

L'Aisne marqua un court temps d'arrêt

d'est.

bientôt des étincelles

Au

l'autre rive.

la

matin,

;

mais

franchirent et incendièrent

moitié de

la

la ville n'était

plus qu'un tas de décombres sur lequel dansait une

vague de chaleur 2 septembre.

(').

— Pendant

les

travaux de déblaiement,

auxquels prirent une forte part des prisonniers français

ma

sous

avons, dans

garde (quelques-uns

un

café,

très gentils),

nous

sur la place du Marché, fêté

l'anniversaire de Sedan, Il

y

avait encore de

bonne

bière, qui

mit aux anges nos compatriotes, et un gra-

mophone

à

que

je

immense

pavillon, d'une pureté de son

n'avais jamais entendue. Caruso nous chanta

du Rigoletto ; des chanteuses françaises se firent entendre ; ce fut une solennité pleine de bonne humeur. ) septembre.

— Nous sommes toujours

là et

gar-

dons des prisonniers. Nous devons partir avec

les

un pont près de Barby

(f).

pionniers, qui réparent (i)

Sur ce tableau

:

ein

Tri'immerhaujen

ûher dein

eine

HitiivcJIc

photographie reproduite page 40. Là, l'éditeur allemand impute l'incendie au bombardement, chose invraisemblable, l'église étant ici épargnée, alors qu'elle eût été spécialement visée dans uu combat. sicdete,

voir

la

(2) Sur l'Aisne, à environ 4 kilomètres à l'ouest de Rethel.


Journal d'un

Entre temps,

j'ai

officier

saxon

45

quelques maisons de meilleure

visité

apparence et aussi de vieux petits châteaux et n'en suis pas

un

ma

revenu de

fort cachet de

surprise

:

le

confort français a

surabondance. Sans doute, par suite il y a ici, même encore de merveilleux

des habitudes sédentaires des Français,

dans

la

bourgeoisie,

petite

vieux meubles. Pas de salon sans sièges rococo-em-

en

pire, etc. ('), recouverts

de cts intérieurs

versé

glaces défoncées

(*), les

Mais que

vieilles soieries.

était l'aspect

Tout

!

les

;

le

mobilier ren-

Vandales ne pou-

vaient pas mieux. C'est une tache pour notre armée.

Sans doute,

les

habitants qui se sont enfuis auraient

dû penser qu'avec de

si

forts passages de troupes tout

ne reste pas intact. Toujours est sur la conscience de

colonnes. Car et

est-il

que

le

plus fort

ceux qui accompagnent

les

temps nécessaire pour piller détruire. Des millions ont été anéantis là. On n'a

même

pas

fait

ils

ont

le

halte devant des coffres-forts.

Je suis venu dans

la

maison un peu

à l'écart d'un

avoué, laquelle était installée délicieusement et avec

un goût exceptionnel; évidemment tionneur de taux.

Là on

quot

s'y trouvait aussi. Je

n'avait pas encore fouillé.

çà et là d'emporter

(i)

Sur

c'est

un

collec-

vieilles faïences et d'objets d'art orien-

une

n'ai pas

bagatelle

cette expression, voir ci-dessus,

La veuve

Cli-

pu m'empêcher

comme

page 12, note

souvenir.

4.

(2) Ce passage étant d'une lecture fort difficile, le lecteur pourra le contrôler sur le fac-similé déjà publié ap, Dampierre, op. cit.,

page 166.


Carnets de combattants allemands

46

Finalement

m'a

il

fallu,

dans un vieux château, où

tout était également bouleversé, réquisitionner une vieille

malle de cuir.

La

plus élégante était une mai-

son toute neuve, à côté de notre Hôtel Moderne. Tout le vestibule,

que

ainsi

les

portes, étaient peints en

rampe d'escalier, de lourdes sculpun manteau imperméable en soie un appareil photographique pour Félix. A 1 1 heures du soir, arrive tout à coup l'ordre de

chêne

clair

;

à la

tures. J'ai trouvé là et

départ.

Tout

le

monde

attend les pionniers. Soudain,

ceux-ci reçoivent l'ordre de se porter à 75 kilomètres plus loin avec leur équipage divisionnaire de ponts; ils

partirent au trot

et

attendons

le

;

nous ne pouvons donc pas suivre

matin. Par

hier à Châlons-sur-Marne

ailleurs,

un

il

a été capturé

officier aviateur qui,

y avait encore là des troupes françaises, y avait atterri et nous était ainsi volé dans les mains. Il était extraordinairement abattu (il passa dans

l'idée qu'il

près de nous en auto)

nous

«

Vous marchez

très vite (') »,

dit-il.

4 septembre. ville

:

et

— Départ vers Pontfaverger par Juni-

Neuville

(f).

Chaleur effroyable. Les

journées de repos ont été pour nos

En

hommes

trois

les dé-

français dans le texte. Marne, arrondissement de Reims, à 22 kilomètres au nord-est de Reims. Juniville est un chef-lieu de canton des Ardennes, arrondissement de Rethel, à 12 kilomètres au nord-est de Pontfaverger. Neuville, canton de Juniville, Ardennes, arrondissement de Rethel, à 8 kilomètres au nord-est de Pontfaverger.

(i) (2)

I


Journal d'un

de Capoue.

lices je

me

Au

officier

saxon

47

bout de 26 kilomètres de marche,

trouve, pour avoir

mangé la

moitié d'une poire

pas mûre, aux prises avec une terrible diarrhée. soir, fièvre,

même je

mon

vomissements;

Le

estomac n'accepte

pas une gorgée de vin rouge.

Heureusement peux coucher au château de Pontfaverger.

— Je

j septembre.

me

sens remis et

bon pour

marche. Avec un verre de vin rouge dans

le

la

corps,

nous continuons notre route par Nauroy, Wez, Beau-

mont, sur-

retrouvons

que

je

laisser

la

pour

journée

Là^ nous

Le

je

soir, cela n'allait plus.

n'avais rien

mangé,

quatre derniers kilomètres,

les

secouer sur

missements à

(').

régiment. Voilà des marches forcées

le

toute

fallu,

jusqu'à Tours-

kilomètres)

35

n'aimerais pas refaire.

Comme m'a

Ambonnay,

Petites-Loges,

les

Marne (environ

le

la clé.

il

me

caisson de munitions, avec vo-

Le

soir, pain blanc,

un œut

et

vin rouge. Enroulé dans une couverture de laine et

un couvre-pieds ouaté, 6 septembre. teurs.

j'ai

bien dormi.

— Nous sommes revenus sur

Le paysage

d'hier

matin

C'était, jusqu'à l'horizon,

était

les

hau-

vraiment désolé.

une lande de genêts

brûlés.

Nauroy, arrondissement de Reims, canton de Beine, à 17 kiloà l'est de Reims. Wez, arrondissement de Reims, canton de Verzy, à 14 kilomètres au sud-ouest de Reims. Beaumont, à Les Petites-Loges, Aube, 4 kilomètres au sud-ouest de Wez. commune de Chaource, à environ 5 kilomètres au sud-est de Beaumont. Ambonnay, Marne, arrondissement de Reims, canton de Ay. (i)

mètres


Carnets de combattants allemands

48

avec de petits bouquets de pins, alternée de parties

marécageuses

et couvertes

de roseaux,

le

tout véri-

tablement déprimant. Devant Ambonnay, apparurent les

premiers vignobles. Mais on était

guère

l'on n'éprouvait

la

éreinté,

si

que

poésie de ces étendues de

A Tours, nous passons le canal Marne, puis la Marne elle-même. On dil'Elster à Markkleeberg ('). Le 6 septembre,

fraîches verdures. latéral à la rait

nous avons

le plaisir

vant-garde avec

de reprendre tout de suite

3'

le

Athis vers Jalons (*),

A

bataillon

l'a-

pour marcher par

notre gauche,

le

XIX^ corps

marche directement sur Châlons. A notre droite, le corps de la Garde par Champigneul vers Germinon(5), but primitif de notre marche (environ 28 kilomètres). Là, nous apprenons que le XIX* corps et la Garde sont engagés devant nous. La division doit faire un

mouvement avec sée.

tournant. Par suite,

il

nous faut effectuer

régiment une marche d'enveloppement insenDerrière Villeseneux ('*), nous apprenons que le le

corps de

la

Garde

maintenant à

le

(i) Petite ville au

a repoussé l'ennemi

;

nous avons

poursuivre. C'est notre quatrième

sud de Leipzig, sur

non sur

la Pleisse, et

l'Elster.

(2) Marne, sur la route de Châlons à Épernay, à 13 kilomètres à Jalons est située sur la même route, à 4 kilol'est de cette ville.

mètres à (3)

l'est

d'Athis.

Champigneul-Champagne, sur

la

Sommesous,

Germinon est situé sur la au sud de Jalons. mètres, au sud-ouest de Châlons-sur-Marne.

même

à

4 kilomètres

rivière à 17 kilo-

Fère-Champenoise, à 4 kilo(4) Villeseneux sur la route de Châlons à mètres au sud de Germinon.


PI.

VI


J


Journal d'un

officier

saxon

49

dimanche de poussière (Leffe-Dinant, Launois, Auboncourt, Germinon). Le 2^ bataillon est réduit à la force d'une compagnie sur le pied de paix (par suite des traînards)

!

Ce

qu'il

y a de surprenant,

nos hussards ne prennent aucune part à et l'on

ne voit jamais que notre

une hauteur pour assurer notre

un superbe tableau que découpe

laquelle se

de chevaux (^).

A

le

cette

la

i8'=('). Ils

c'est

que

poursuite

passent sur

flanc gauche, et c'est

immense

ligne, sous

piétinement des fines jambes

l'horizon, crèvent sans interruption

nos shrapnells. Espérons qu'ils atteignent l'ennemi en fuite

!

L'intermède sensationnel de cet après-midi du

manche

est

un

tir

jours beaucoup

di-

sur avion de nos obusiers (tou-

trop

court).

nuages, au soir tombant. Je

Merveilleux

ciel

me sens tout à fait

de

remis,

bien que je n'aie jamais été aussi sale qu'aujourd'hui.

La poussière de cette journée était quelque chose de fabuleux. Le soir, bu une bouteille de Champagne.

Nous la

restons près de l'artillerie en soutien et passons

nuit sous des pins, par 7 septembre.

—A

un splendide

6 heures

clair

du matin,

de lune.

reprise

du

combat, que nous croyions déjà terminé. Feu de shrapnells meurtrier des Français, qui seraient forts (i) Le texte porte U. immer sieht man nur unsere iS'"". 11 s'agit évidemment des hussards de Grossenhain demeures en flanc-garde et :

par conséquent ne prenant pas (2)

Textuellement

:

dièse

«

part à la poursuite

».

ungeheure, auf schlanken Pferdefûssen rap-

34 Inde Linie.

CARNBTS DB COMBATTANTS

4


Carnets de combattants allemands

50

de deux corps d'armée.

Tout

le

combat

se déroule

dans des bois de pins, coupés de clairières et de touffes

de genévriers et couvrant une large cuvette plate d'environ 3 kilomètres d'étendue. L'ennemi balaie méthodiquement les bois avec des shrapnells nous ne faisons que nous déplacer tout autour. Le commandant est légèrement blessé. C'est miracle que les ;

shrapnells ne nous fassent pas plus de mal. droite et à

ma gauche,

A ma

grêle la pluie des balles. Celle

qui m'est destinée n'y était

évidemment pas encore.

Des balles d'infanterie sifflent aussi à travers le bois, quand nous nous portons en avant. Il y a là une vive mousqueterie, accompagnée du tic-tac rapide de nos mitrailleuses. Là-dessus vient par intervalle s'ajouter

un

Par-dessus nos têtes,

feu d'enfer de l'artillerie.

bourdonnent au passage nos shrapnells l'ennemi. court.

Au

Nous n'avançons

Alors à notre gauche

nous donner de

l'air.

nade endiablée.

Une

On

fume une

avec cela

le

et

ceux de

début, notre artillerie a encore tiré trop

le

XIX^

C'est

corps attaque, pour

la reprise

soif terrible

cigarette.

bienvenu

pas, l'ennemi est trop fort.

Un

d'une canon-

nous tourmente.

verre de pilsen serait

!

Vers midi, nous sommes couchés dans un doux sommeil au milieu d'un bois, tandis qu'à droite et à gauche de nous les shrapnells crépitent au passage. Tout à coup il y en a un qui vient balayer notre coin de bois, avec un point d'éclatement très bas. Sept

hommes

de

ma

section sont atteints,

un mort, un


journal d*un

grièvement arrive

A

;

Un

blessé.

officier

saxon

5t

nouveau groupe de shrapnells

impossible de rester

Nous nous

!

replions.

plusieurs reprises, nous tentons de nous porter par

sections sur la ligne de tirailleurs qui le village et

combat contre

qui a un urgent besoin de renfort. Mais arrose de courtes rafales le bois

l'artillerie française

tout entier, de sorte qu'une marche en avant rait

3.

un anéantissement

certain.

Il fait

mènemoins mau-

que dans les bois situés une grêle ininterrompue. L'artil-

vais sur la ligne de tirailleurs

en arrière, où

c'est

lerie française est

de ce tôt

:

complètement

invisible.

Le mystère

d'une incroyable précision s'explique bien-

tir

nous nous trouvons sur un immense champ de [entre Lenharrée et Normée (')], et au

tir d'artillerie

centre duquel

le village

de Lenharrée, point d'appui

principal de la droite ennemie, est l'objet

du plus

acharné des combats.

La

situation était

était parti

la

suivante

bravement de l'avant

:

le

corps de la Garde

et s'était laissé attirer

sur cet emplacement, que l'ennemi connaissait natu-

rellement

comme

la

poche de

sa veste [d'ailleurs

il

n'en a pas Q)]. Là, l'ennemi l'avait empoigné sur son flanc gauche, et la situation était, au

5

septembre, des

(i) Lenharrée et Normée sout deux villages situés sur la Somme à 4 kilomètres l'un de l'autre et environ 8 kilomètres au sud-ouest de Villeseneux c'est à 6 kilomètres à l'ouest de Normée que commencent les marécages qui, sur une longueur de i8 kilomètres, de l'est à l'ouest, portent le nom désormais célèbre de « Marais de Saint-Gond ». ;

(2) On sait que, contrairement à la tunique française, forme allemand comporte des poches de côté.

le

nouvel uni-


Carnets de combattants allemands

52

De là comme à

plus critiques.

notre marche de flanc. C'est

exactement

Saint-Privat^ avec cette diffé-

rence que nous étions tous piqués dans un terrain boisé de la plus vilaine espèce

:

des pins et des gené-

ou de bombardé par l'ennemi,

vriers coupés de fondrières, des fourrés épais

jeunes

taillis.

Tout

cela est

qui s'est naturellement couvert à d'après la carte.

Notre

perfection et tire

la

n'a presque

artillerie

De

d'effet, parce qu'elle ne voit rien.

pas

là ce feu

de

shrapnells destructeur que nous sert l'ennemi. Malgré cela,

nous croyions vers midi, après

le travail

de nos

obusiers, que l'ennemi était battu, quand, l'après-

midi, sa grêle de shrapnells reprit de plus belle.

Un

message d'avion, qu'un aviateur français

jette

par erreur devant nous à destination d une batterie située

beaucoup plus en avant, contient un ordre du

généralissime

Joffre

commandants des deux

aux

corps d'armée français d'avoir à tenir cette position à

tout prix, car ce serait séderait

Au

(').

milieu du

rée,

la

dernière que

la

Peut-être est-ce bien aussi

une voie

champ de

tir,

meilleure

!

court, au sud de Lenhar-

doute pour

ferrée, sans

France pos-

la

le

transport

des munitions Q). Celle-ci aurait, dit-on, été coupée

par notre cavalerie, qui aurait et

la voie.

Comme

nous

le

fait

sauter des ponts

sûmes plus

tard, l'ar-

(i) Il s'agit sans doute du célèbre ordre du jour adressé tembre par le général Joffre l'armée française et disant que de dés lors engagée « dépendrait le sort de la patrie ». .î

(2) C'est la ligne de

Sommesous

à

La Fére-Cliampenoise.

le

6 sep-

la b.itaillc


Journal dUin

tillerie

d'en

flice

avait

officier

saxon

53

d'immenses quantités de mu-

nitions.

Complètement fourbus par mourants de soir et la

ce feu de shrapnells et

nous attendons

soif,

le soir.

L'étoile

du

lune orangée éclairent un détachement de

grenouilles effarées

compagnie

qui cherchent à rejoindre leur

et surtout la cuisine

de campagne. Celle-ci

on se restaure et l'on prend quelques heures de sommeil réparateur, tandis que le clair de lune s'unit à la lueur sanglante du village qui brûle et que, de temps à autre, un obusier lourd se trouve enfin

;

envoie son pain de sucre par-dessus nos têtes vers

quelque objectif lointain. Devant nous tout se

tait.

8 septembre. Nous marchons à l'attaque de l'ennemi remarquablement retranché, et cela bien que

son

artillerie

ne

soit

nullement ébranlée.

encore parti à travers cqs 3''

30 du matin.

les shrapnells.

mêmes

Me

boqueteaux.

voilà Il

est

A l'horizon éclatent de toutes parts Comme nous arrivons sur les prenous

mières lignes,

les

oreilles, si bien

que tout en chante

balles

autour des

sifflent

et

bourdonne. Ce

meurtrier feu d'infinterie se double derrière nous par des shrapnells (sans doute l'ennemi suppose-t-il

que nous nous replions). C'est à

faire frissonner, ces

perpétuels éclairs à longs rayons de feu

encore à travers un bois. s'off're

mence

à

!

Nous

voilà

Comme

nous en sortons, nous un spectacle imposant le soleil com:

à rayer le ciel

de grandes bandes sanglantes


Carnets de combattant s allemands

54

avec

et éclaire,

retraite

la

lueur de Lenharrée en flammes,

de l'ennemi cette

fois

définitivement battu

la

(').

Devant nous, une cuvette peu profonde mène à une hauteur couronnée de tranchées. Derrière celles-ci est le village,

dans

rière

d'où

Français s'enfuient vers

les

l'ar-

Maintenant commence un combat

le bois.

de poursuite. L'ennemi se replie de rideau d'arbres en rideau d'arbres et

un

et fait

de mitrailleuses. Mais

la

feu enragé de shrapnells

journée est à nous.

Le combat pour l'enlèvement du mière

fois,

grandes pertes. Le

3^ bataillon

du bois une attaque de décidé

l'aflaire.

On

qui nous avaient la

décision

il

y

avait

sommes encore en

au sortir

deux batteries

Dans

pu voir que, des deux côtés, énormes. Le long de la des tas de morts français. Cette a

fait

vie

!

D'après

terribles.

les

Et nous

médecins,

le

178*

1.700 grands blessés, sans compter

morts. Mais aussi, il

fait

terriblement bombardés.

exigé des sacrifices

a

environ

du 178' a

flanc à la baïonnette qui a

a pris, là aussi,

sont tout à

voie ferrée,

a

si

marche en avant, on

les pertes

village aurait été

Déjà nos gens y étaient entrés une premais en avaient été rejetés ensuite avec de

effroyable.

c'était

un

vrai enfer

!

les

D'officiers,

n'y en a presque plus.

Encore un mot sur ce champ de Partout,

(i)

On

mande

il

sait

y

avait des

fils

tir d'artillerie.

téléphoniques. L'ennemi

qu'au contraire à cette heure même c'est l'offensive « définitivement » enrayée sur tout le front.

qui était

alle-


Journal d'un

officier

saxon

$5

devait être tenu au courant (peut-être par quelque

observateur caché) de tout ce qui se passait chez

nous, dans

le petit bois.

déplaçaient,

il

lerie français

affirme

même En

tous

une

champ de à

qué

On

(5).

nous, dans !

tir,

toute cette

de retraite

(') à

faut enlever les posi-

il

une. Bivouac près de Connantray(^).

septembre.

5?

Œuvy

officiers d'artil-

cas,

les

Combat

histoire est bien singulière.

tions

que des

vif tir de

auraient téléphoné, grimpés dans les

arbres, derrière nous.

travers le

des isolés se

s'ouvrait aussitôt sur eux un

On

shrapnells.

Même, quand

Nous continuons

découvre que à

des forces ennemies ont bivoua-

la vallée,

est

marche vers

la

kilomètre derrière

i

donc notre exploration

?

Notre

artil-

malheureusement trop tard, juste à temps cependant pour tirer sur le rassemblement ennemi. Le combat reprend de plus belle. Le bataillon lerie est arrivée

est

en

soutien

d'artillerie,

derrière

Bientôt, l'ennemi a pris sous son batterie et

il

batteries.

notre première

grêle des shrapnells et des obus, sans

grand dommage. gables à

tir

les

établir

(i) Lecture difficile;

Comme des

les

Français sont infati-

tranchées,

nous trouvons de

semble y avoir Rûcliingsgefecht un combat de poursuite.

il

.

D'après

le

contexte; ce serait plutôt encore (2)

Connantray se trouve sur

Cliampenoise

et à

environ

5

la

route de

kilomètres à

l'est

Sommesous de cette

à

La Fère-

ville.

(5) Œuvv est à environ 5 kilomètres au sud-est de La Fére-Champenoise et à 3km 500 au sud-ouest de Connantray.


Carnets de combattants allemands

56

bons défilements obus tombent, d'eux

me

blesse

(').

Avec un

et parfois

fracas tonitruant, les

singulièrement près. L'un

malheureusement

gémissement des

hommes. Le

trois

mêle terriblement au

blessés se

hurlement des projectiles qui arrivent.

Notre

artillerie

groupes alternés,

convenablement,

très

tire

et paraît avoir

quelque

par car,

effet,

marche en avant reprend. Mais, vers Œuvy, l'ennemi forme un angle aigu sur notre

vers midi, la

Nous attaquons de nouveau.

gauche, en pays boisé.

En

traversant une cuvette boisée,

nells

feu de shrap-

Nous nous dépêchons de gagner hauteurs devant nous. Une patrouille établit que

mie nous CÇ.S

un

nous reprend. Une patrouille de cavalerie ennea signalés.

ennemie n'est pas à plus de 900 mètres. Mais nous ne pouvons plus avancer, car nous n'avons

la batterie

personne derrière nous. Dans ce maudit bois, toute liaison se perd. et

Nous voyons

recevons l'ordre d'en

la

compagnie se replier La 6° compagnie coup par un shrap-

faire autant.

perd trois groupes d'un seul nell (^). Derrière la lisière

du

bois, le 2^ bataillon se

retrouve rassemblé en réserve, tandis que autres sont pris sous terie. les

Nous pouvons

un

deux

mousque-

observer avec quelle méthode

shrapnells français parsèment la cuvette décou-

(i) Sans doute dans les tranchées (2)

feu violent de

les

Le terme Gruppe dans

escouade de 8

abandonnées par

l'infanterie

hommes commandés

les Français.

désigne généralement

par un sous-officier.

une


PI.

VII

n

PASSAGK STÉNOGRAPHIÉ DU CARXET DE l'oFFICIER SAXON



Journal d'un

officier

saxon

57

verte qui s'étend derrière le bois, dans la direction

d'Œuvy. Malgré tions,

il

n'y a pas grand mal de

fusant Q)

mort Le

et

fait

;

seul,

tombe dans notre compagnie

deux

soir,

muni-

cette colossale dépense de

et

un obus fait un

blessés.

ordre de

brigade

la

:

Après

les résultats

obtenus à ce jour, la J2' division d'infanterie est relevée de la formation d'armée et sera dirigée vers le nord

pour

être utilisée

à d'autres emplois tactiques

(*).

s'étonne et se casse la tête! J'avais tout à tableau d'une

retraite

On

fait

quand, à 6 heures du

le

soir, la

du soleil couchant, se détacha de l'ennemi, sous un nuage de poussière, couverte par le 3' bataillon et une batterie. Nous division, à la lueur sanglante

repassons sur cet effroyable par Lenharrée, où amis tas épais le

boisé,

par

long de

où nous avions

Villeseneux

et

champ de

tir d'artillerie,

ennemis gisent encore en

route, à travers

la

le

paysage

tant souffert sous les shrapnells,

jusqu'à

Germinon

('),

où nous

bivouaquons.

— Officiellement,

10 septembre. repos.

Dans

la réalité,

(i) Textuellement turément.

:

la

division est au

nous repartons par Villeseneux

Vorbrenner

;

peut-être

un obus

éclatant

préma-

Textuellement ; Nach dm hhherigen Erfolgen wird d. J2. I. D. dem Année verlande uns geschieden u. \u anderweit^ taktischen Verwendung nach Norden dirigiert. (2)

aus

(5) C'est

donc une

retraite

d'une vingtaine de kilomètres.


Carnets de combattants allemands

58

nous retranchons. C'est un

et

petite bêche d'infanterie de

Une

calcaire.

une

un kilomètre

même

C'est la

autre.

Sans trêve on

on

première position terminée, on

fois la

recule d'environ

s'assoit

et

il

faut en retrancher

histoire.

travaille jusqu'à

dans

terrible travail avec la

creuser ce sol de dur

La

nuit vient.

heures du soir. Puis

1 1

tranchées et l'on reste

les

le

là,

pénombre lunaire. C'est une nuit de clair de lune et partout un silence de mort. Tout le monde est fourbu et cherche à dormir un regard perdu dans

peu

je

;

la

prends pour

ma

section la première garde

commandant de compagnie

(il

y

a

;

le

longtemps que

notre capitaine est blessé) doit prendre l'autre. Notre position a pour but de soutenir nos troupes de cou-

verture et d'arrêter l'ennemi.

même

fini

Il

a en effet tout de

par transpirer que nous avions été obligés

La Nous

de nous retirer pour ne pas être enveloppés, II''

armée, notre voisine, aurait été repoussée.

devions suivre. n'aurait pas été

On murmure aussi que la P^ armée heureuse. On cause de ci et de là et

ne trouve pas

l'on

Vers

la

solution de l'énigme

heure du matin, j'entends, dans

I

(').

le silence

de

X^ corps actifs, X* de réserve, de von Biilow, engagée du 6 au 8 septembre entre Montmirail et Morains-le-Petit, avait dû battre franchement en retraite le 9 sous les attaques de l'armée Foch (Marocains, (i)

La

Ile

Garde), sous

armée le

allem.-inde (IX* et

commandement

appuyée à gauche par le lo" corps de l'armée Franchet d'Esperey. La pe armée allemande, sous les ordres de von Kluck, n'a-

9« et 11^ corps)

vait

dû qu'à

son chef d'éviter l'enveloppement menaçant du 6 au 10, elle avait dû repasser la ; se repliait au delà de Villers-Cotterêts.

l'habileté de

des armées French et

Marne

et

l'Ourcq

et

Maunoury


Journal d'un

fusillade et

59

gauche de notre brigade, une vive

nuit, sur l'aile

la

saxon

officier

de singuliers appels de cor et

cris

de hurra.

Par-dessus notre tête, notre artillerie envoie quelques

groupes de shrapnells vers d'où viennent

coups de

sifflet,

trop court

!

»

la

lointaine lisière

du bois

coups de feu. Fusillade enragée,

les

énergiques

cris

:

«

L'artillerie tire

jusqu'à ce que celle-ci enfin cesse et

qu'un profond silence

Les Français

rétablisse.

se

avaient tenté l'une de ces surprises nocturnes qu'ils

aiment, et une de nos positions avancées avait été par eux enlevée à grands cris ils

très

péniblement. Là,

avaient été reçus par nos mitrailleuses, et l'on dit

par rangs entiers.

qu'ils auraient été fauchés

Vers vers

3''

la,

30, tout

le

grand' route

monde repart encore en retraite, qui mène à Châlons. Marche

épouvantable. Je suis ciller

fatigué que je vois tout va-

si

autour de moi dans

atteignons

la

la

colonne.

A

l'aube,

nous

route, belle et large, une véritable route

stratégique. Vers midi,

nous arrivons

à

Châlons. Ca-

thédrale gothique, avec une façade de style baroque,

d'un goût épouvantable

(')

!

Par

ailleurs, rues étroites

avec de petites maisons minces (type anglais).

Marne

est

La

d'un beau vert. Les pionniers se préparent

à faire sauter le pont.

Devant l'Hôtel de

Ville, buste

que nous appelons qu'un certain nombre de nos grandes

(i) L'expression Barock désigne en allemand ce

plutôt le style jésuite.

On

églises gothiques ont eu

aux dix-septième

façades reconstruites dans ce à

Rome). Depuis que

sait

stj'le

les érudits

et dix-huitiéme siècles leurs

nom de l'église du Gesù pangermanistes ont entrepris de dé-

(qui tire son


Carnets de combattants allemands

6q

en marbre de Carnot, théâtralement encadré d'un drapeau de bronze et autres allégories. sons

Châlons, dont

en hôpitaux,

les casernes

gagnons Saint-Etienne

et

Nous

traver-

sont transformées

où nous

('),

avons deux heures de repos. L'après-midi, nous nous retranchons sur

les

hauteurs au nord de Saint-Etienne.

Grand changement de temps; il pleut à torrents pendant des heures. Mon manteau de soie réquisitionné (*) se comporte brillamment, surtout sous un manteau d'ordonnance. Nous voilà donc assis sur une gerbe d'avoine, appuyés à l'une des roues de la cuisine de campagne. Le gros bonhomme de médecin-major, d'ordinaire si jovial, est lui-même déprimé. Tout le monde se perd en réflexions sur le sérieux de la situation. Le plus épouvantable est ici l'incertitude, et

pourtant

elle est

de règle à

la

guerre.

Il

s'être rien passé

du tout de défavorable. Je

que nous avons

là-bas

Ardennes

et les

me

dis

poussé trop vite de l'avant

(quelles impressionnantes

gique

peut ne

!) et

marches qu'il

à travers la Bel-

nous

fout,

ayant été

fort éprouvés, attendre l'arrivée des autres armées.

montrer

(?)

que

le

gothique

était

un

style national allemand, les

formes

françaises des dix-septième et dix-huitième siècles ont été sj'stématiproscrites en Allemagne comme d'un « goût épouvantable » remplacées souvent par des pastiches gothiques de « pur style » que l'on est même allé, comme à Strasbourg, jusqu'à orner de statues de prophètes aux traits de l'empereur Guillaume II

quement

et

!

(i) Saint-Etienne-au-Temple est sur la route de Chàlons à Suippes, à 8 kilomètres

au nord-est de Châlons.

(2) Voir ci-dessus, page 46.


Journal d'un

Ce

qui contribue à relever

bouteille de Malaga, et

officier

du

si

longtemps

si

et qui

6i

c'est

une bonne

l'arrivée

du payeur

moral,

que

ainsi

train régimentaire,

depuis

le

saxon

passionnément attendu

nous apparaît

comme un

rêve. Il est plus facile de se renseigner sur les posi-

tions de l'ennemi

bagages.

Du

merveilleux

que sur

le

chemin qu'ont

pris ces

linge propre, des bottes neuves, c'est

!

Vers 6 heures, départ pour

le

camp de Châlons

(Mourmelon). Nous voilà repartis par le beau clair de lune sur une interminable route presque rectiligne. On passe des villages, des voies de chemins de fer. C'est une marche affreusement fatigante. Une imde

la

maison d'un garde-barrière sort tout à coup dans

le

pression grotesque réveille les esprits abattus

silence de la nuit le

son nasillard d'un accordéon.

Encore une embuscade, mais musicale 2 heures, arrivée à

:

celle-là

!

Vers

Mourmelon ('); nous occupons

les

baraquements (ceux-ci sont immenses). Je ne crois pas que nous possédions un champ de manoeuvre aussi étendu.

(i)

Il

s'agit

Les rues du camp sont aimablement

probablement

bien d'ailleurs que

la

ici

fatigue ait

de Mourmelon-le-Grand.

Il

semble

amené quelque imprécision dans

les

de l'officier et peut-être même quelque confusion dans la marche nocturne de sa troupe. Des hauteurs situées au nord de Saint-Étienne-au-TempIe jusqu'à Mourmelon il n'y a guère notes d'ordinaire

si

claires

plus, en elTet, d'une douzaine de kilomètres, mais la route n'est pas «

rectiligne »,

elle

expliquerait sa

Châlons.

passe d'ailleurs deux voies de chemins de fer et

est possible que le régiment se soit égaré, ce qui marche errante de huit heures à travers le camp de

plusieurs villages.

Il


62

Carnets de combattants alteniands

plantées d'arbres. Depuis Villeseneux, avec l'arrêt à

Saint-Etienne, nous avons bien abattu 50 kilomètres.

// septembre.

— Dormi de

2 à 8 heures sur

un

tas

de chiffons dans ce qui paraît être un local discipH-

On

naire. tit

repart.

on

('),

fait

Au mouHn

semble qu'on attende le

de Mourmelon-le-Pe-

de très sérieux retranchements. ici

quelque chose.

On

hangar à dirigeables et sans doute aussi tous

abris

d'avions.

nous.

On

Nos

Marne, dont tous

blessés à

les

L'après-midi, canonnade auprès de

annonce que l'ennemi avec de

a atteint la

Il

incendie

les

faibles forces

ponts sont coupés.

Châlons vont sans doute être

faits pri-

sonniers de guerre. D'après un officier aviateur, l'en-

nemi nous nous

aurait abattu hier quatre avions devant

(f).

12 septembre.

Mourmelon

On

Continuation de

et Saint-Hilaire jusqu'à

la retraite

se retranche et l'on attend l'ennemi,

ne poursuit

par

Vaudesincourt.

mais celui-ci

pas. Il faisait affreusement froid au bi-

vouac.

I) septembre.

— Au bruit de

la

canonnade,

la divi-

sion repart et se retire avec l'autre en réserve derrière

(i) Mourmelon-le-Petit est à melon-le-Grand.

5

kilomètres environ à l'ouest de

(2) Ce qui suit est écrit en sténographie. Voir page 56, de ce passage.

Mour-

le t'ac-siuiilé


Journal d'un

de

droite

l'aile

la

manteau de soie procuré de

Châlons

de

et

IP armée.

saxon

63

Pluie terrible,

mon

hommes

sont

bon. Les

tient

l'étoffe

officier

se

de ballon au hangar aérostatique

pavanent en

se

ils

imperméables

Pour gagner les derrières de la IP armée (VIP et X* corps tous Prussiens) nous marchons par

jaunes.

Bazincourt vers Boult (30 kilomètres). Jusque tard la nuit, la canonnade se fliit entendre de tous

dans

Nous bivouaquons devant

côtés.

nous

ait

coup de

paille, cela

I) septembre.

peut

— De

Boult, bien qu'on

Comme

permis de cantonner.

Boult par Auménancourt

La Ville-au-Bois

Après une marche qui m'a mis à forces, avec la plante des pieds

la

Hmite de mes

la

On

Nous sommes

réserve

droite de l'armée et ne

engagés qu'en flanc.

et

(').

en feu, nous marchons

au combat. C'est cela qu'on appelle l'aile

a beau-

y

aller.

Pontgivart, nous arrivons à

avons atteint

il

!

nous signale une division

de cavalerie anglo-française, mais rien ne se montre.

Nous attaquons donc

le

village de

Après un combat meurtrier, le soir et est

(i)

La

Ville-au-Bois.

le village est à

occupé par nos chasseurs

Auménancourt-le-Grand

et le Petit

et

nous vers nos

tirail-

sont deux villages situés de

part et d'autre de Suippes à 6 kilomètres à l'ouest de Boult. Pontgivart est à II kilomètres sur la route de

Reims

à Neufchàtel.

La Ville-aux-

Bois est à environ 24 kilomètres au nord-ouest de Reims, à gauche et auprès de la grande route de Reims i Laon, entre Berr)--au-Bac et

Craonne.


Carnets de combattants allemands

64

leurs

car

(').

il

Ce

village est très

important pour l'ennemi,

forme un point d'appui pour son

Bivouac sous

flanc gauche.

la pluie.

16 septembre.

A

Dies ater.

5

heures du matin,

l'ennemi reprend avec de grosses forces le

cerne.

travaillé

hommes de

la

par nos mitrailleuses de

mais est

façon que

telle

gisent fauchés par rangées et que

une compagnie,

d'environ

force

Combat

le village et

attaque aussi de vive force,

Il

meurtrier dans

village.

le

les

le reste,

se

rend.

Nous pénétrons

jusqu'au milieu. Notre lieutenant Mûller avait été hier, à l'assaut

du

coup de feu dans notre dernier la tête

Dès

village,

la

poitrine

d'un coup de feu

du

le

;

lieutenant Hircher,

tombe aujourd'hui,

officier,

l'entrée

grièvement blessé par un

village, gît

un groupe d'Allemands

effroyablement déchiquetés, sans doute par notre propre

artillerie

dont

le

tir est

rieur de la

la place

du

village, gisait

marine avec

le

de

l'effet

toujours dan-

gereusement court. Mais l'ennemi aussi menés. Sur

atteint à

d'une maison à côté.

tiré

un

les a

mal-

officier

supé-

crâne à moitié broyé

;

il

n'y avait plus beaucoup de cervelle dedans. Les rues

(i) En allemand Schiitien. Ce terme s'applique dans l'armée allemande au 2^ bataillon des chasseurs de la Garde et au 108" d'infanterie :

saxon. C'est sans doute de ce dernier qu'il s'agit, ce régiment faisant partie de la 23e division (XII^ corps d'armée) laquelle, on l'a vu, s'es repliée avec la

32^ division dont fait partie le ijS".

possible qu'il s'agisse des tirailleurs de le

la

Garde, car

17 septembre, aux chasseurs de la Garde.

il

Il

est toutefois

est fait allusion,


PI. VIII



Journal d'un

du

gisent aussi beaucoup

rent presque complètement

perches

resserrées

('),

mêlées de

parfois

rues,

comme du

est possible

de

dans

les le

avec

tusil.

un

J'en

tirer à couvert. Ils font

ai fait

sous-officier,

il

y

moi-même

ensuite autant

nous avons abattu quelques

Français qui tiraient d'une fenêtre. cela,

combat de combat

le

reste dans tous les genres de

de petites meurtrières par où ne passe que

canon du et,

longues

compagnie deux

a coûté à la

Les Français sont passés maîtres dans

il

donnent

des touffes de

une quantité d'hommes.

officiers et

toits

qui entou-

taillis

le village et lui

nom. Ce ne sont que

Ce maudit trou

épines.

A

d'Allemands, mais

bien plus encore dans les maudits

avec raison son

65

parsemées de cadavres français.

village sont

l'entrée,

saxon

officier

a de singuliers tableaux.

Au

milieu de tout

Dans

feu le plus

le

insensé, les coqs chantent et les lapins trottinent pai-

siblement dans

quée sur

la

les

Le

plusieurs balles. la

Une vache

cours.

soir,

tout

le

monde

grand'route, où les pionniers ont

chements. Je dors sur un peu de

— Le combat

77 septembre.

du

qui s'était

village, les chasseurs de la

se replie sur

fait

paille

(i) Textuellement (2) Voir ci-dessus, ou.

:

des retran-

en plein

se poursuit.

Garde

(f)

A

gauche

met

à

bom-

Lauter Gruppen von engdichUm Stangenhcl^.

page 64, note

combattants

i.

air.

progressent à

travers les taiUis. Enfin notre artillerie se

càknets

ris-

route se roulait en meuglant atteinte de


66

Carnets de combattants allemands

barder

le village

lui-même. Vers 9 heures,

je

reçois

du

ma section une ferme me porter en avant éner-

colonel l'ordre d'enlever avec

du

à l'entrée

village; je dois

giquement. Je

me

porte en avant.

A

600 mètres du

un feu violent. Mes hommes tombent et sont blessés. Autour de moi les balles sifflent. Me voilà donc couché sur le guéret absolument sans secours. De l'ennemi Ton ne peut rien dévillage, je suis pris sous

couvrir. Je suis tout à

l'agneau du

dans

fait

d'esprit de

l'état

Devant moi les premières maipuis à côté, une lisière de bois; plus

sacrifice.

sons du village,

meules de

loin à gauche, des

paille.

De

partout écla-

tent les coups de feu. Les balles sifflent aussi latérale-

ment par-dessus ma tête. Il commence Mes lunettes sont mouillées, ma jumelle

salie.

Notre

envoie tout près devant nous des schrap-

artillerie

nells sur l'entrée

du

village.

me

il

Alors l'ennemi se met à

monde se replie. Dans ma quatre hommes, avec lesquels, en

semer des obus. Tout section,

à pleuvoir.

reste

le

longeant une tranchée française, sous un feu continu

de l'ennemi, village.

nettoient sion

!

je

j'arrive

me

le village.

Je regarde

Comment

aux chasseurs de

la

Garde qui

Enfin nous en reprenons posses-

ma montre

s'est

rien. Je n'ai rien

par bonds jusqu'à l'entrée du

joins

:

il

est 7

heures du

passée cette journée

mangé

? je

et pas d'appétit.

seurs ont pris des ruches d'abeilles.

Il s'y

n'en

soir. sais

Les chastrouve du

miel merveilleux que l'on dévore avec délices, tandis

que l'ennemi, sous une pluie

torrentielle,

inonde

le


Journal d'un

me

je

ques

Toutes

officiers.

cour, alors

volent en éclats,

vitres

les

une terrible gifle pour un moment complètement sourd. Mais rien

n'est

il

la

67

trouve justement à une fenêtre avec quel-

l'encadrement est arraché, et suis

saxon

L'un d'eux tombe dans

village d'obus.

que

officier

arrivé.

je

Dans

reçois

pièce à

la

côté,

deux

chasseurs ont été blessés.

Le

soir, le

temps

Je retrouve

s'éclaircit.

ma compa-

gnie, qui est encore abritée derrière la route et là aussi

il

a plu des obus.

Le médecin-major D' Tem-

pelhof, notre second rayon de soleil,

de campagne

c'est la cuisine

— me

le

premier

un pansement trou) et m'em-

fait

(ma main a tout de même eu un petit mène pour deux jours vers l'arrière à Juvincourt où

compagnie du

se trouve la

devais dormir dans la salle des blessés; mais sentait tellement

mauvais là-dedans que

me

l'église,

coucher dans

il

(')

service de santé. Je

y

a sans

cela

je suis allé

doute aussi

des blessés, mais du moins plus d'air.

Quand, veille, je

18 septembre de bon matin,

le

me

nuit.

Le matin,

sorte que

mon

français, arrivés

le village

est arrosé

santé et suis bien traité.

(i) Juviucourt est à

kilomètres à

l'est

}

Il

y

a

pendant

d'obus, de

médecin-major se replie vers

les cui-

compagnie de du rôti, du hachis, un

sines. Je reste avec les officiers

et à 8

m'é-

trouve dans une atmosphère empestée,

parmi une masse de blessés la

je

de

la

kilomètres au nord-est de La Ville-aux-Bois

de Craoune.


68

Carnets de combattants allemands

vin blanc de pays d'une agréable saveur aigrelette, et puis du potage Julienne.

que

je n'avais

Comme

mangé de légumes

!

il

y a longtemps

Entre temps,

vent de La Ville-au-Bois des chasseurs de blessés.

tué huit

aussi l'on

hommes

et

bombarde

à obus.

la

L'un d'eux

A

en a blessé plusieurs.

l'ennemi tente une percée, mais

elle est

a

Juvin-

Le

court, les obus éclatent sans interruption.

y

arri-

Garde

soir,

repoussée.

Il

aurait des tas de cadavres français derrière le vil-

lage.

— Je continue à me nourrir près de

i^ septembre. la

compagnie de

tillerie.

Reims

Nos

santé.

Devant nous, violent

— Laon.

La

nuit dernière,

arrivé des mortiers. Enfin

dans

la

ferme de

la

il

serait d'ailleurs

un obus ennemi

bouillie la

un

est

tombé

Musette, située au bord de

route et où se trouve notre ambulance, et

cela,,

feu d'ar-

batteries sont postées sur la grand'route

sous-officier

du

service de santé.

journée se passe tranquillement,

reçoit sa ration quotidienne d'obus.

La

la

a mis en

il

le

nuit,

A

part

village ils

tom-

bent terriblement près, mais on dort tout de même.

20 septembre.

Dimanche.

Comme

toujours,

combat dominical. Derrière nous vive mousqueterie. Ordre aurait été donné d'attaquer. Le village recommence à être couvert d'obus. Je vais retourner aujourd'hui au front dès que D'ici

là,

je

le

duel d'artillerie le permettra.

goûte encore une vie divine derrière

le


Journal d'un

front.

Un homme de me connaît

noix fraîches.

J'ai

nous d'expédier midi

je

saxon

la

69

compagnie du service de

la

de longue date,

santé, qui

du bouillon exquis, de

officier

me

procure

viande de porc, du pain, des

en outre du vin rouge. Dépêchons-

cela avant

qu'un obus ne

rencontre à nouveau

mon

le

prenne

!

médecin-major

vais avec lui jusqu'à Amifontaine('), à

A et

4 kilomètres

un peu d'entérite, mais malgré cela j'absorbe le soir un bifteck allemand. Bon lit de paille. Rien de nouveau sur le en arrière où se trouve l'hôpital.

J'ai

front.

— Dolce farniente

21 septembre.

A

à Amifontaine.

y aurait eu encore de lourdes pertes dans une attaque sur l'ennemi, bien retranché dans le l'avant,

il

non plus ne

bois. L'artillerie

ferait pas

grand'chose,

parce que les Français couvrent leurs tranchées avec

de gros rondins.

22 septembre. pes du

XIX*

— Toute

du XV*. L'infanterie nôtre.

la

la

Journée passent des trou-

corps, qui doit aller prendre la droite

Ce que

est

exactement aussi décimée que

l'on espère obtenir avec de pareils

« renforts », le diable le dira! On croirait presque que sur ces positions nous devons perdre jusqu'à la

(i)

de

la

Amifontaine ligne de

est à

Reims

4 kilomètres an nord de Juvincourt, station

à Laon.


Carnets de combattants allemands

70

Le 105^ régiment eu un combat avec les Anglais.

dernière goutte de notre sang(').

Q

d'infanterie

La Saxe

aurait

un nouveau corps d'armée sous le miGuerre von Carlowitz à destination de la

lève

nistre de la

Russie. Et nous qui avons tellement besoin de nous

compléter

Notre

!

3* bataillon se

tions. Juvincourt aurait été encore

bardé.

hommes du

Six

178^ auraient été déchirés

d'un seul coup par un obus. la

maison de

Un

Un

autre est

tombé dans

Musette et a tué dix hommes.

la

enterrement un second obus cardiers.

compose de 6 secviolemment bom-

hussard

fait

est

A

leur

venu tuer deux bran-

prisonnier et qui s'est

échappé raconte que des pièces de marine anglaise seraient cachées sous des tentes portant la croix de

Genève (').

2) septembre. le front,

on

— Un autre Dies

sine linea. Derrière

vit très confortablement..

Nous prenons le repas du con24 septembre. congé prenons de nos aimables hôtes du damné et (i)

Textuellement

:

Es

sieht fast so aus,

ah wen

ivir

an dieser Stellung

verhluten sollten. (2) Ou 6^ régiment saxon. Il tenait garnison à Strasbourg et comptait à la 83" brigade, 30^ division, XV« corps.

Le témoignage fort suspect de ce traînard se réfute de lui-même fait que la marine anglaise n'avait, à cette époque, débarqué aucune de ses pièces d'artillerie pour renforcer celles de l'armée de terre. C'est seulement plusieurs mois après, et sur les côtes de Flandre, que (3)

par ce

quelques pièces lourdes ont été mises à terre en Belgique.


Journal d'un

officier

saxon

service de santé. Soirée à la cuisine de les

tranchées près de

étoilée très froide.

chameau,

j'ai

à

campagne dans

Ville-au-Bois. Superbe nuit

Malgré

ma

couverture en poil de

mortellement grelotté des jambes.

l'aube, j'installe

mon

une courte tombe,

d'un abri pour

La

71

A

trou, qui ressemble diablement et l'améliore

ma tête. Comme

par l'adjonction

cela je

peux au moins

m'allonger.

2/ septembre. L'artillerie se

vivement.

— Journée merveilleusement

canonne réciproquement,

De temps

à autre,

une

rafale

quatre groupes. Diarrhée colossale que la diète

au biscuit

(i) C'est ainsi

claire.

parfois très

je

de trois à guéris par

(').

que se termine

le carnet

jour-là au cours d'une attaque française.

de

l'officier

saxon, tombé ce



PL

^ l

f>,-'

S f.

m

m r

r

^

4

'S

IX



Journal de campagne d'un

Sous-Officier de

Le journal

Landwehr

la

de ce sous-officier de landwehr, du régiment de réserve n" 46,

9" compagnie ('), comporte

deux carnets.

Le premier, mesurant 8^x14^'°'°,

est

relié

en

toile

grise bordée de

grenat avec gardes fantaisie, poche intérieure déchirée et tranches rouges. Le papier est à quadrillage bleu de 4^^. Il compte ;o feuillets non paginés

pour

le

récit,

plus 7 feuillets de notes diverses ; il y a trace de feuillets 44, jo, ;i, j-_j et $6. L'écriture est en carac-

déchirés après

les feuillets

tères gothiques

au crayon noir ou fuschine (-).

Le récit va du j août au ij octobre 1914. Le second carnet, mesurant 102 X j6$^^, est en cartonnage hrun avec un dos de toile noire, gardes blanches, et il comporte à l'intérieur un feuillet de titre avec les mots imprimés « CONTO BUCH ». Le papier est à rayure bleue, 7°"°», de 20 lignes par page, plus un réglage de comptabilité

comportant en rouge

traits verticaux. Il

blancs,

a

:

une double rayure horizontale en

compte ig feuillets non paginés pour

feuillets et les

tête

et cinq

7 feuillets gardes chargés de notes diverses dont un croquis de le récit,

terrain Çy). Il y a trace d'un feuillet déchiré avant l'avant-dernier ; soit au jo feuillets. L'écriture est la même qu'au total : 28 feuillets 2 gardes

+

=

premier carnet.

Le

récit

va du 14 octobre au 22 novembre 1914.

(i) Le 46'' régiment de réserve, qui fit partie du Vc corps d'armée de réserve, avait recruté son premier bataillon à Posen, le second à Samter, le troisième à Neutomischel, tous trois par conséquent dans la province de Posen. (2) Pour l'aspect extérieur de ces carnets, voir le hors-texte page xiv; pour l'écriture^ voir le fac-similé page 80.

()) Voir le fac-similé ci-contre.



JOURNAL DE CAMPAGNE

SOUS-OFFICIER DE LA

j

août.

mobilisation,

homme

Aujourd'hui, je

me

LANDWEHR

quatrième Jour de

la

Le premier parlé fut le com-

suis présenté (').

qui m'ait reconnu et m'ait

merçant Sally Brandt, avec lequel, en 1899, j'avais passé l'examen de volontaires d'un an Q). Puis j'ai

reconnu l'agriculteur Ratkouski, dont

j'avais fait la

connaissance à Lods Q). Jusqu'au soir, habillage ; passé la nuit chez Sally Brandt. Partout, conduite très libre des

hommes, presque tous

Polonais.

(i) Sans doute à Neutomischel, province de Posen, où rassemblement du 3^ bataillon. (2) Einjâbrigenprûfung.

a

eu lieu

le

Ces volontaires s'équipent et se nourrissent privilèges. Après nouvel examen

à leurs frais, en retour de certains

au bout de neuf mois de service, sous-officiers de réserve.

ils

passent, suivant les cas, officiers

ou

(?)

Il

s'agit

de

la

grande

(Gouvernement de Pétrokov). cessé de subsister entre

les

ville

On trois

industrielle sait les

de

la

Pologne russe

relations étroites qui n'ont

parties (allemande, autrichienne et

Pologne et aussi le nombre considérable de colons allemands établis dans l'Empire russe, surtout comme ingénieurs, entrerusse) de

la

preneurs, etc.


Carnets de combattants allemands

76

La réception de tout ce qui 8 août. saire pour compléter l'équipement n'en Hier,

capitaine

le

langue russe;

comme

je

me

demandé qui

a

suis présenté et

Nous ne

tel.

est nécesfinit

pas.

connaissait j'ai

la

marqué

été

savons pas encore quand, ni

contre qui nous partons en campagne. Notre régi-

ment, composé de Polonais, Russes que contre

les

se battrait

les Français.

mieux contre

On

chante sou-

vent des chants polonais hostiles aux Russes

10 août. de

la

— Ce

pour

soir, enfin, départ

(').

le

théâtre

guerre. Partout, dans toutes les rues,

une

grande foule nous acclame. L'état d'esprit des soldats contraint et parfois, sans doute par suite de

est

manquent de tenue. Quelques-uns sont ivres. Dans les wagons, où nous nous trouvons étroitement entassés, on chante mais l'alcool, ils

abominablement

;

l'état d'esprit

A

ne s'améliore guère que

Peitz (gare de l'Est)

(*),

le

lendemain.

nous recevons d'abord à

déjeuner, etc., puis nous nous lavons.

11 août.

— Je suis reconnu

et interpellé par Ber-

un maçon avec lequel j'ai travaillé, il y quatorze ans, à Gnesen ('). C'est étrange, car, il y naciak,

(i)

par

Ce

la

détail

témoigne des

résultats

obtenus au début de

violente propagande anti-russe répandue

mands dans

les

(2) Peitz est

la

a a

guerre

par les agents alle-

milieux populaires des campagnes polonaises.

un nœud de chemins de

Kottbus (Lusace). (j) Province de Posen,

fer

important entre

Guben

et


Journal d'un

sous-officier de la landiuehr

deux heures peut-être,

je

pensais justement à lui.

Nous

traversons

de

population. Par suite des

la

la

Saxe; partout accueil enthousiaste

nombreux cadeaux

sous forme de limonade, saucisses, cigares, etc., d'esprit des

hommes se

relève à

continuellement hurra et Rhein. Le voyage ne terrible

vue d'œil ;

chantent

serait

pas

si

la

ils

l'état

hurlent

Wacht am

mauvais,

si

le

entassement dans nos wagons ne nous cau-

pas de désagrément.

sait

77

hommes

On

est installé à

cinquante

dans des wagons à bestiaux, où sont établis

des bancs grossiers.

pouvons dormir

Nous sommes

qu'assis.

Il fait

très serrés et

aussi dans ces

ne

wagons

une chaleur insupportable. De temps à autre, nous

sommes

autorisés à descendre et recevons à

manger

ainsi qu'à boire.

12 août.

— Nous sommes maintenant en Bavière;

paysage devient de plus en plus pittoresque.

le là,

nous passons des tunnels de deux à

Çà

et

trois cents

mètres de long. Près de Neuhaus('), nous voyons un vieux burg avec tout autour de ravissantes loin, de

villas

;

plus

temps à autre, des maisons anciennes, puis

nous passons encore entre des roches

calcaires et des

champs de houblon. La contrée devient montagneuse et toujours plus pittoresque. Entre temps nous apprenons nos premières victoires sur les Français, mais il

(i) tiuai).

Il

s'agit

probablement de Neuhaus, sur

la

Pegnitz (Haut-Pala-


Carnets de combattants allemands

78

me

semble que

nouvelles

les

gens se montrent sceptiques à ces

(').

Tsar Nicolas, chien de cochon Tu nous salis trop le torchon Mais nous irons te voir bientôt Et te salerons le gâteau

!

!

!

France, France, Fais attention

!

Ou

nous

En

saucisson (^)

mettrons

te

Ces deux strophes étaient

!

écrites à la craie par

quelque poétique guerrier sur

la surface

d'un wagon. Elles attestaient

la

extérieure

confiance dans

victoire qui régnait dans une partie de l'armée.

arrivâmes à

Wurzburg

Q). Là,

je vis

la

Nous

entre autres

un

train d'Italiens et d'Autrichiens qui avaient été ex-

pulsés de France au début de la guerre et rentraient

chez eux, où

(i)

Ce

ils

devaient se présenter. Par suite d'un

scepticisme, extrêmement

remarquable

à

cette

date, sera

signalé plusieurs fois dans ce carnet. (2) Bien que cette traduction soit aussi convient de la rapprocher du texte

serrée

que possible,

:

«

Zar Nicolaus, du Schweinehuud, machst die Sache uns zu bunt,

Du

Wir kommen

Um «

dich jetzt zu besuchen, zu versalzen dir den Kuchen. »

Frankreich, Frankreich,

Nimm

dich in Acht, Sonst wird aus dir

Ne Wurst gemacht (5) Capitale de

la

I

»

Basse-Francouie (royaume de Bavière).

il


Journal d'un

sous-officier de la

landwehr

79

ordre spécial du régiment, nous disposons nos pattes d'épaules de telle manière que l'on ne puisse voir le

numéro du régiment dans vers

même

la

Çà

à

que précédemment, mais

et Là, vignes.

— Nous sommes

I) août.

matin à Mannheim

sommes

Puis nous roulons non plus

direction

sud-ouest.

le

(').

(f).

arrivés à

5

heures du

Vers 9 heures du matin, nous

Neustadt près du Hardt

admirablement placée dans un

site

('),

petite ville

pittoresque au

pied de la montagne. Je remarque qu'ici, en Bavière,

beaucoup de maisons sont construites en pierres naturelles; chez nous,

dans

que des briques, par

suite

Le

riaux naturels.

Primsweiler faisant

soir,

l'est,

on n'emploie guère

du manque de bons maténous sommes débarqués

cercle de Sarrelouis, et (f),

un grand détour

à

marchons en

jusqu'à Duppenweiler

(5),

nous prenons enfin nos cantonnements vers minuit. D'après

l'avis

du lieutenant Keil, nous serons privés

par l'Angleterre des fruits de notre victoire prévue sur la France

;

je

constate donc

que ni chez

les

(i) Les pattes d'épaules de l'infanterie sont amovibles et portent d'un côté le numéro du régiment ou parfois le monogramme d'un prince ou souverain, chef ou colonel honoraire du corps. (2)

Au

confluent du Neckar et du Rhin.

(5) Dans le Palatinat bavarois, nœud des voies ferrées qui se dirigent vers Mannheim au nord-est, Strasbourg au sud et Kaisers-

lautern à l'ouest. (4) prich.

())

Sur

A

la petite

rivière

Prims

et sur la ligne

de Buschfcld

à

Kor-

6 kilomètres environ à vol d'oiseau à l'ouest du précédent.


8o

Carnets de combattants allemands

hommes,

ne se trouve une

ni « plus haut »

confiance dans

réelle

la victoire.

A é** 30 du matin, alarme; à j^'^o, 14 août. départ pour une marche d'exercice; retour à midi, puis service intérieur. Chaleur tout à

tumée, beaucoup de pieds blessés

/y

aotît.

— Ce matin, de Au

campagne.

service en

5

fait

inaccou-

et des éclopés.

à 10 heures, exercice de

on nous

départ,

dit

que

cet

après-midi nous marcherons à l'ennemi, qu'il faut tenir nos affaires prêtes et attendre le signal d'alarme.

Je

me

parce que

félicite

mon

abandonné. J'espère que dans

froid

le

je

calme ne m'a pas encore

garderai autant de sang-

combat. Nous sommes maintenant,

c'est-à-dire l'après-midi, assis dans le

attendons

et «

Qui

les

événements

vivra verra (')

!

»

Peut-être

personne ne puisse prévoir l'avenir n'est-ce

pas bon. J'attends

habillé sur

mon lit,

cantonnement doivent

qui

;

peut-être aussi

cet avenir,

édition de poche des Contes des Mille et je

ne

station. «

Ce n'est qu'avec du calme qu'on

Telle est

ma

A (i)

i''3o

Eu

(2) «

die

je lis

une

Une Nuits, sais

quelle

arrive (^)

!

»

devise.

de l'après-midi,

français dans le texte.

Nur

tout

assis

en fumant des cigares; et

qui m'a été donnée au passage à

venir.

bon que

est-il

Ruhe macht

es 1 a

alerte.

Nous partons

et


PI.

X

/

I

^9

A-

,in

<

k .

,

i

i

I

.

PAGE DU CARNET DU SOUS-Ori-ICIEK DE

I

.

I.A

I

u

——

LAXDWIillR



Journal d'un

sous-officier

gagnons, après une marche

de la landwehr

très

8i

dure par monts et

par vaux

et la dernière heure sous une pluie battante, Neunkirchen ('), où nous arrivons trempés jusqu'aux os vers 9 heures du soir. Nous prenons là des cantonnements de fortune; j'échoue avec d'autres dans une petite grange où nous avons si peu de place qu'il

n'y a pas

même

à

penser à changer de vêtements

vraiment dormir. Dans

et à

une cuisine où nous séchons nos affaires tant bien que mal. Je m'entretiens en français avec les deux filles du propriétaire et suis, pour mes connaissances linguistiques, fort

admiré par

16 août.

C'est

la

les

pièce à côté,

il

y

a

braves landwéhriens.

aujourd'hui

En

dimanche.

considération de l'épuisement général,

le service sera

relativement peu chargé. L'après-midi, office divin

dans

l'égHse

du

Le sermon

village.

pasteur, c'est-à-dire de l'aumônier, fut

mand

et,

du

d'adieu fait

en

alle-

pour partie, en polonais. Ce sermon était vraiment chrétien, mais il me fallait tou-

très bien et

jours penser à cette parole

que

:

«

Tu

ne tueras point

»,

oubhe complètement. Et pourtant nous ne sommes tous maintenant rien d'autre que des concessionnaires du meurtre (^); tous et

justement

les offices

c'est cela

l'on

divins et toutes les oénédictions ne chan-

geront rien à cela

!

(i) A environ 7 kilomètres au nord de Bouzonville (Rusfiidorf), en Lorraine annexée.

(2) Textuellement

:

Kon^essionierte TotschJàger.

CARNETS Dl COMIATTAMTS

6


Carnets de combattants allemands

82

Notre capitaine

s'appelle

Le premier

lieutenant, Keil.

Langer; est

plus ancien

le

un bon orateur

(').

L'intelligence

du lieutenant Keil ressort de l'opinion

exprimée par

lui

que, dans cette guerre,

s'en retournera avec rien, le

combres

vainqueur avec des dé-

».

Quoique

diverses batailles aient déjà, dit-on, été

gagnées, nous n'avons rien de vainqueurs chiens

vaincu

« le

non

plus ne paraissent avoir rien

Je ne vois nulle part

thousiasme

(^).

ij août.

passons toute

même

la

;

fait

moindre

Autri-

les

de bon.

trace d'en-

nous

Aujourd'hui, jour de repos;

la

journée dans nos greniers à foin

et

nous reposons.

i8 août.

—A

Nous

7 heures du matin, départ.

passons différents villages, qui tous, de

même

que

les

précédents, présentent cette disposition caractéristique,

que

les tas

chez nous, dans ce qui offre

im

de fumier ne sont pas établis,

comme

cour, mais par devant, sur

la rue,

la

aspect rien

moins qu'esthétique

;

à ce

point de vue j'estime plus haut notre culture posnanienne. Les maisons d'habitation sont toutes conti-

guës aux étables et aux granges, ce que pas

non

plus bien compris.

Au

(i) Cette phrase est rayée dans le texte. (2)

Cet alinéa

est

également rayé.

je

ne trouve

cours de cette marche,


Journal d'un sous-officier de la landwehr

nous avons eu un pieds blessés.

grand nombre d'éclopés

très

Nous

autres,

nous arrivâmes tout

83

de

et

à fait

épuisés vers 3 heures de l'après-midi au village de

Gauwies

(').

Là,

il

n'y a plus absolument rien à se

procurer par achat, personne n'a plus rien de reste, troupes qui ont passé par

les

ici

avant nous ayant

tout acheté.

août.

/51

Au

Départ à 9 heures du matin.

bout de quelques heures, nous passons

la

frontière

luxembourgeoise; auparavant nous avions traversé

Rodemaqu'entourent de vieux remparts. La beauté

pittoresque petite ville lorraine de

la très

chern

(^),

de cet endroit m'a véritablement enthousiasmé jamais vu

n'ai

remparts et

les

un ensemble maisons,

extrêmement intéressant

Le Luxembourg

la

je

tout était très vieux et

comme

paraît avoir

moins importantes que

;

aussi pittoresque; les

architecture.

ici

des dénivellations

Lorraine, où

il

nous

fallait

sans cesse gravir et descendre de longues côtes. Vers

4 heures de l'après-midi, nous reçûmes en plein champ notre repas à la cuisine de campagne, puis on

nous

installa

salle

de gymnastique

parlent

(i)

Sur

ici

dans

la ville

allemand

la rive

gauche de

de Bettenbourg

d'une

école.

et français;

la

je

('),

Les suis

dans

frappé du

Moselle, à ij kilomètres au nord-est de

Thionville. (2) {>,)

A A

la

habitants

10 kilomètres au nord-ouest de Gauwies.

environ ii kilomètres au sud de

la ville

de Luxembourg.


Carnets de combattants allemands

84

très grand nombre de cafés qu'il y a ici. Nous pouvons du moins acheter enfin pour notre argent ce dont nous avons besoin. Bettenbourg a environ

3.000 habitants.

20 août.

— Départ à

9**

45 du matin.

Leudelange, Bertrange, Marner

midi à Koërich glerpeter,

un

(').

et

Nous passons

arrivons l'après-

Là, cantonnement chez

très brave paysan.

moyenne,

portaient chaque jour 32 kilomètres en

moins par conséquent qu'aux manœuvres; tage toutefois est sensiblement plus lourd

touches, sans compter tout

le

M. Gen-

Les marches comle :

paque-

150 car-

Les journées

reste.

sont toujours très chaudes.

21 août. de

— Vers 6 heures, nous entendons du côté

la frontière

viron

30

une canonnade ininterrompue,

kilomètres

n'avons aujourd'hui

de distance,

que du

restons sur place. J'utilise très vieille ruine

situé au milieu

crois.

je

intérieur

service

mon temps

à en-

Nous

à

examiner

et la

taille du château fort Extrêmement pittoresque

en pierres de

du

village.

!

Les formes gothiques témoignent d'une époque

re-

culée.

A

l'instruction,

nous apprenons que

de ce matin provient de ce que

la

canonnade

la forteresse

(i) La route suivie par l'auteur contourne donc bourg par l'ouest.

la ville

frontière

de

Luxem-


Journal d'un

française artillerie.

Longwy

de

On

de la landwehr

sous-officier

admet

bombardée par notre

été

a

que

ici

85

la

place

est

tombée,

parce que depuis quelques heures on n'entend plus

canonnade

la

A

(').

on nous raconte des méchanceté des Français,

toutes les instructions,

choses à faire frémir sur ainsi

:

que

yeux crevés,

la

blessés restés sur le terrain ont les

les

les

nez coupés,

oreilles et le

etc.

;

on

nous donne aussi à entendre que nous devons agir sans ménagements. J'ai l'impression que tout cela nous

est

raconté à seule

en arrière ou

hommes

même

ont aussi

22 août.

hommes

même

opinion

Longwy ne

(f).

Première journée intéressante pour

A

i''30

du matin, tous

cantonnés à Koërich ont été

(1) Cette phrase est rayée dans le texte.

de

reste

ne passe du côté français; nos

la

moi depuis ma mobiUsation. les

que personne ne

fin

capitula que

On

sait

réveillés par

que

la petite place

27 août, après la destruction de toutes ses défenses par un bombardement de vingt-quatre jours. Longwy est à 20 kilomètres à vol d'oiseau de Koëricb. le

Ce passage met singulièrement en

(2)

par le

relief les

commandement allemand pour amener

méthodes employées

troupes au degré de surexcitation nécessaire à ses sinistres procédés. Malgré le scepticisme qui

accueille

ces

ses

calomnies évidemment trop grossières, on

verra plus loin qu'une partie de ces imputations finit cependant par

même les esprits pondérés comme celui de l'auteur de Du moins rapportera-t-il plusieurs fois sans observation des légendes du même genre circulant parmi des camarades sans doute plus crédules. On sait par ailleurs que nombre de soldats pos-

impressionner ce

carnet.

naniens ont préféré passer dans nos lignes, au risque de se faire tuer, plutôt que de combattre la France, en laquelle ils voient encore le

champion des

libertés polonaises.


86

Carnets de combattants allemands

une alarme sans

batterie ni sonnerie (') et

hommes mîmes

emmenés

— en tout huit

dans une direction inconnue. Nous

ne fûmes pas réveillés du tout et dor-

jusqu'à 7 heures, heure à laquelle nous nous

réveillâmes tout seuls et nous aperçûmes de histoire. Je rassemblai

dans

haut du village

le

que tout

tout. J'admis

marcher dans

la belle

camarades logeant

et qui n'avaient pas été ré-

le

monde

hommes

en

avait continué à

même direction que précédemment mon détachement vers Stein-

la

donc avec

partis

fort (f),

les

avec moi- dix-neuf

cela faisait

veillés;

et

tous

en passant un de nos hommes,

je laissai

l'exempt Jerske, qui avait des rhumatismes articulaires

dans

Nous

autres,

les

jambes, au poste de

nous passâmes

-la

Croix-Rouge.

la frontière

belge et ren-

contrâmes bientôt un camion automobile, qui nous chargea et nous ville

mena en une demi-heure

à

Là,

j'essayai,

par

le

moindre

avait la

occuper

la

mais personne n'en

idée. L'après-midi fut

gare d'Arlon. Le soir,

il

A :

la «

nous aurait

kilomètres au sud-ouest de Koërich.

3

(3) Arlon est en mètres seulement de (4)

à

se répandit le

Alarm.

(i) Stiller

effacé

(4)

employée

bruit qu'une division de cavalerie française

A

quartier général, de savoir

se trouvait notre bataillon,

(2)

Arlon ('),

d'environ 12.000 habitants.

place

effet la

à

7 kilomètres de Steinfort, et à

3

kilo-

frontière luxembourgeoise.

du mot en

(davoii)

il

y avait ce membre de phrase

se trouve le ¥<> corps d'armée de réserve

>>.


Journal d'un

sous-officier de la

landwehr

87

coupés du quartier général du V^ corps d'armée, qui trouvait

se

à

quelques kilomètres dans l'ouest, et

qu'elle marcherait sur Arlon.

Le peu de troupes qui

y compris nous, fut envoyé en avant; mais, quand on sut que l'attaque était

se trouvaient

dans

la ville,

on nous fit revenir et nous passâmes la nuit à la gare, où nous reçûmes à manger. La soidisant division était en effet une compagnie française égarée, qu'on avait faite prisonnière avant même que nous fussions arrivés sur les lieux ('). Le même soir, nous vîmes environ 200 prisonniers français que l'on transportait en chemin de fer vers l'est. déjà repoussée,

Ce matin, vers 8 heures, j'ai cherché 2) août. encore à avoir des nouvelles de mon bataillon, mais en vain. J'appris, dans

la ville,

mètres vers l'ouest d'Arlon bataille (*),

été

dans laquelle

il

les

qu'à environ 35 kilo-

y

avait eu

une grande

Français auraient bien

repoussés d'environ 10 kilomètres et où nous

aurions eu des pertes tout à

fait

auraient été causées en partie par qui, à l'aide de

énormes; un espion

celles-ci

français

signaux et de boules lumineuses,

aurait indiqué à l'artillerie française les endroits

tenaient

ou passaient

dans lesquelles

les

se

formations en rangs serrés,

les projectiles

de

l'artillerie faisaient

(i) Cette phrase a été rayée dans le texte. (2) La région indiquée serait celle de Bouillon, où effectivement l'armée allemande rencontra une vive résistance de la part des corps

d'armée français couvrant Sedan.


Carnets de combattants allemands

Des régiments

ainsi des vides effroyables.

entiers de

notre côté auraient été complètement anéantis.

vu l'espion en question

quelques autres,

et

sonniers au palais de justice

Une même.

ce soir. soir

partie d'entre

;

doivent être

fusillés

eux ont été exécutés ce

L'église,

Je visite la ville.

ils

J'ai

assis pri-

construite en pierres

naturelles dans le style gothique français, est admira-

blement

belle

;

de justice est aussi une belle

le palais

construction en pierres. La ville elle-même est jolie et propre. la

Les habitants se plaignent de brutalités de

part de nos soldats.

comment

En

traversant

la ville, j'ai

éghse de Saint-Martin avait été

la vieille

transformée en écurie (').

J'ai

vu beaucoup de

Presque tous m'expHquèrent n'avoir, dans miers

moments

douleur, hormis

ment

vu

blessés. les pre-

après leur blessure, éprouvé aucune la

sensation d'un coup

;

c'est seule-

plus tard que vient une impression de brûlure, j

etc.

Les projectiles français ont une surface exté-

rieure cuivrée, ce qui

amène souvent dans

sures de la suppuration

;

les bles-

nos cartouches d'infanterie

sont à ce point de vue plus aimables.

A

notre gare,

il

y

a

quelques blessés français,

soldats et officiers, qui sont soignés par nos

méde-

(i) Ce détail remet au point fort utilement les protestations des brochures de propagande allemande contre les journaux illustré» anglais, coupables à leurs yeux de « fantaisie » calomnieuse, pour avoir représenté un intérieur d'église utilisé comme écurie par des cavaliers allemands. Voir Album de la Grande Guerre publié en six langues par le Deutscher Uberseediensl à Berlin (Georg Stilke), u" i, page 19.


Journal d'un

sous-officier de

cins; je fus frappé de la beauté ciers,

qui

impression à tout

fait

de différents côtés que

femme

prisonniers; une

uhlan

(')

;

les

y aurait eu

il

landwehr

la

89

corporelle des offile

monde. J'apprends

Français maltraitent nos

aurait crevé les

yeux à un

aussi des fourberies faites

côté français en hissant

le

du

drapeau blanc. L'après-

midi, arrivent de nouveaux transports de prisonniers

de blessés; j'apprends de ceux-ci qu'à environ

et

30 kilomètres au sud-ouest d'Arlon, depuis un jour demi, une furieuse bataille

et

deux

rage et que

fait

J'entends de courtes salves derrière les francs-tireurs

bataille et

les

y auraient éprouvé des pertes inouïes.

partis

la

gare

;

ce sont

qui auraient tiré sur nous dans cette

que l'on

fusille.

Aujourd'hui non plus je n'ai rien pu 24 août. apprendre sur notre troupe. La bataille au sud-ouest d'Arlon semble se poursuivre, car on entend toujours

la

canonnade.

de

trains

Français, les

morts

blessés.

quand et

Il

J'apprends de ils

nouveaux ceux-ci que les

arrive toujours de

sont

attaqués

de

près,

font

que, lorsque nos gens ont passé près

d'eux en courant,

ils

se relèvent d'un

bond

et font feu

sur eux par derrière. Les plus grandes pertes nous

(i) Cette légende

population belge

des yeux crevés aux soldats alleniands par la

l'une de celles qui ont été le plus singulièrement répandues en Allemagne au début de la guerre. Elle a

été

menée

réduite à

à

et

française est

néant,

comme

l'on sait,

par l'enquête scrupuleuse

ce sujet par le journal socialiste Vorwaerts ainsi que par le

comité catholique Pax de Cologne. Cf. ci-dessus, page 29, note

2.


Carnets de combattants allemands

90

sont causées par

l'artillerie

française, qui

tirerait

remarquablement bien. Les Français placent mitrailleuses sur

leurs

des points élevés, tels que tours,

pignons, arbres, etc., et de

font feu sur nous; par

contre, les fantassins ne paraissent pas braves,

on

dit

rendent en masse. Je constate chez nos troupes une grande surexcitation contre les Franqu'ils

se

çais ('), ce qui se manifeste

des prisonniers

montrent

se

pertes

justes à leur égard.

énormes dans

Nous devons un

;

par leur attitude à l'égard

par contre, nos officiers et médecins

partir

officier et trente

Partout on parle de

la bataille.

demain matin, à 6 heures, avec

hommes

de

mon

régiment. Je

mes dix-huit hommes (y compris un homme de la 4* compagnie qui se joint à nous) et m'installe au n° éo de la rue des Voyageurs, où quitte la gare avec

(i) Il est inutile de discuter ici une à une toutes les allégations mensongères contenues dans ces pages. Il suffira de renvoyer, à ce sujet, à ce que l'auteur du carnet écrivait lui-même le 21 août. Notons toutefois que la plupart des « fourberies » reprochées aux Français

sont précisément celles qu'établissent avec détails circonstanciés, à la charge des Allemands, les rapports officiels belges ou français ainsi pour l'emploi abusif du drapeau blanc, les redditions feintes, les :

Il semble que le commandement allemand début de lancer ces allégations contre l'ennemi, afin de se couvrir lui-même. Notons, d'autre part, que le reproche fait auK Français de placer des mitrailleuses sur les lieux élevés devait être le prétexte invoqué pour justifier le bombardement systématique de tous les monuments. Enfin signalons l'amusante contradiction entre les « pertes énormes » avouées par les Allemands et l'accusation de lâcheté à l'égard des troupes françaises ce qui ressort

sévices sur les blessés, etc. ait

eu soin dés

le

;

avant tout de ce système, c'est la « grande surexcitation » recherchée, obtenue en effet, dans la troupe allemande, à l'égard des Français.

et


Journal

d'iDi sous-officier

nous passons

la nuit.

de

la

landwehr

91

J'envoie à notre compagnie par

poste militaire une carte, pour l'aviser de ce que

la

nous

où nous nous trouvons.

fliisons et

2/ août.

— Par

nous marchons ton

(')^

dans

ordre du

commandant de place, hommes, vers Vir-

dix-neuf

seuls,

environs de laquelle se trouverait

les

maintenant notre régiment de réserve. Tout

le

long

du chemin nous entendons de plus en plus fort la canonnade dans la direction de Longwy. Après 1 1 kilomètres de marche, nous faisons halte à Châtillon et faisons cuire

plus loin,

(^)

nos conserves. Quelques kilomètres

dans

le

village de Saint-Léger (f),

qui

compte environ 2.000 âmes, nous fûmes retenus par le capitaine de la 9^ compagnie de notre régiment, lequel y était de garde et nous employa au service de nuit avec lui. Là aussi, j'apprends de beaucoup de camarades que auraient, dans

beaucoup de

les

un

tirent sur

civils

village

peu éloigné

dans

(i)

les blessés,

l'église.

A

d'ici,

massacré

blessés ().

A Saint-Léger, a été établie lance pour

nos troupes et

Pour

une

assez

grande ambu-

lesquels sont installés en partie

la sécurité

de cette église et de ses

25 kilomètres environ au sud-ouest d'Arlon et à 6 kilomètres

seulement de

la frontière française.

(2) Petit village sur la route d'Arlon à Virton.

(3) Sur la route de Virton. Le village est sur une hauteur entourée trois côtés par de grands bois, dits Bois de Saint-Léger.

de

(4) Cf. ci-dessus

page 8), note

2, etc.


Carnets de combattants allemands

92

dépendances, nous construisons, sur

les

rues qui abou-

tissent à la place de l'église, des barricades.

Les bois

des alentours seraient remplis de détachements français dispersés,

de sorte qu'il ne paraît pas impossible

que ceux-ci, poussés par

la faim,

puissent venir la

nuit attaquer le village.

Aussi

service de garde

bien que personne ne prenne au sérieux

est-il sévère,

la

construction des barricades.

9*

26 août. compagnie

un

ici

le

Nous continuons et faisons

désordre;

certain

d'appartenir à la

du service de garde.

conséquence des exercices,

y

a

organise en

capitaine

le

Il

etc., ce qui cause

chez

les

hommes un grand mécontentement. 2y août.

— Aujourd'hui nous enterrons avec tous

les

honneurs, dans

un

soldat tués.

funèbre et dit

Le

le

le

cimetière

capitaine

d'ici,

fait

Pater après que

le

a aspergé d'eau bénite les cercueils trois salves

2S réel

août.

sur

un

lieutenant et

une courte oraison

;

prêtre catholique

puis nous tirons

d'honneur.

— Le matin, exercice; mannequins que

des

aussitôt après, tir

l'on

a

installés

à

500 mètres. Un paysan français s'aventura dans la zone de feu et s'en tira par une fuite éperdue. Chaque

homme 9

tira

hommes,

midi,

je

1 5

a

cartouches.

marqué 4

Ma

section,

composée de

buts, dont 3 têtes. L'après-

fus transporté avec notre sergent-major à


Journal d'un

landwehr

sous-officier de la

93

Meix-le-Tige('), où nous devions acheter de l'avoine. Il

était très difficile d'en obtenir

dans

le

voisinage,

on manquait de bras partout pour la rentrer et la battre. Toutefois, quand j'eus expliqué (comme intercar

prète) au maire de Meix-le-Tige

que,

si

nous ne

trouvions pas en deux heures 10 quintaux d'avoine, le village

on nous et

aurait à payer livra

2.000 marks de contribution,

en moins d'une heure

les

10 quintaux

nous donnâmes ce qu'on appelle un bon de réqui-

sition,

2^

Gouvernement s'engage

par lequel notre

payer après

aoilt.

avec deux

la

à

guerre.

Je reçois

hommes un

mission d'accompagner

la

convoi de blessés allemands et

français chargés sur quatorze chariots à ridelles, jus-

qu'à

la

gare de Messancy

au sud d'Arlon, et de

Léger pour Châtillon exécuté. Retour

)0 août.

—A

9 heures

aux environs d'Ethe

A

(2)

Sur

A

;

est

champ de Nous voyons des

passe par le {f).

restes

Une mauvaise odeur

(i)

Tout

du matin, notre compagnie

La route

voitures dispersées, etc. brûlés.

Départ de Saint-

Meix-le-Tige.

et

le soir.

quitte Saint-Léger. bataille

à environ 10 kilomètres

(^),

les livrer là.

de villages à moitié

se fait sentir, sans

doute

environ 4 kilomètres de Saint-Léger. la

route de

Longwy.

4 kilomètres au nord-est de Virton. Les combats auxquels (3) est fait allusion avaient été livrés la semaine précédente.

il


Carnets de combattants allemands

94

par suite du grand et

cadavres

d'hommes

de chevaux qui gisent encore quelque part sans

sépulture. la

nombre de

En chemin,

j'apprends que l'on agit avec

dernière rigueur contre tous

les civils

qui prêtent

récemment, par exemple, on

assistance à l'ennemi;

deux prêtres qui avaient enterré des armes,

a fusillé

d'autres sont arrêtés et retenus

Nous

passons

comme

otages

(').

La marche va

frontière française.

la

toujours en montant, par une grosse chaleur d'été.

Sur

le

sommet du

plateau nous faisons halte vers

nous y retrouvons le bataillon au complet et ; prenons notre repas. Après quelques heures, nous midi

repartons et marchons en descendant, sur une route excellente, le long d'un ravin profond d'une centaine

de mètres, entre de magnifiques bois à feuilles ca-

duques, deux heures durant, jusqu'à Cette

pendant

Longuyon

(f).

y a quelques jours, bombardée par notre artillerie et pour la plus grande partie détruite. Notre route nous mène à travers des ruines et des murs calcinés, triste illustration de la guerre Peu de maisons seulement sont restées entières ('). Nous marchons maintenant en ville a été,

la bataille d'il

!

formation de bataillon

(i) Sur l'abominable abus

voir Dampierre, L'Allemagne

vera

le texte

même

et traversons

de belles forêts

de pouvoir que révèle ce témoignage, Droit des gens, page 239. On retrou-

et le

de ce passage dans

le

hors-texte ci-dessus, page 80.

(2) Chef-lieu de canton de Meurthe-et-Moselle, à

14 kilomètres au

sud-ouest de Longwy. (3) Sur les dévastations de Longuyon, voir les mandes reproduites. Dampierre, op. cit., page 219,

illustrations alle-


Journal d'un

sous-officier

comme

d'arbres à feuilles caduques,

sont partout

ici,

car

de la landwehr

95

d'ailleurs elles

n'y a pas du tout de forêts

il

de conifères. Nuit au bivouac.

}i août.

— De

sont restés à

mes dix-huit hommes, la moitié Longuyon près des bagages; avec le une marche de quatre heures

reste j'arrive, après

travers des

champs

Romagne

à

(')

à

piétines et des locaHtés dévastées,

près de Verdun,

je

retrouve

la

compagnie. Je montre au capitaine mes attestations, que je me suis fait donner tant à Arlon que i""'

par

la

9^

compagnie,

même

n'avait

et

la

chose est arrangée.

pas su du tout,

le

On

matin de l'alarme en

question, que nous n'étions pas au rassemblement; tout s'était passé en grande hâte et les chefs d'es-

couade avaient annoncé

tout

«

le

monde

présent ».

marche de notre baavait été tout taillon autre que je ne l'avais alors présumée on avait marché vers le sud et, après une

J'ai appris que la direction de

;

étape très dure, notre bataillon avait pris part à la bataille qui eut lieu tout

Dans

officier tué et

donc de

autour de Longwy.

cette affaire, notre

compagnie eut un sous-

en outre un soldat blessé; c'étaient

petites pertes.

Mais d'autres de nos unités

eurent des pertes énormes, en partie de ce par un malentendu,

(i) Sans

elles

fait

que,

furent canonnées par leur

doute Romagne-sous-les-Côtes, arrondissement de Moiit-

médy (Meuse).


Carnets de combattants allemands

96

propre

artillerie;

raient

tombés par

d'hommes

plusieurs centaines

suite de cet accident.

donc l'étonnement général,

croyait

tombé dans

affirmaient m'avoir

dans

de

me

dans

En

feu.

y avait

vu après

général

les

combat gisant mort

le

buste relevé et

le bois, le

coup de

combat,

le il

la tête

mêmes

traversée d'un

gens avaient

revoir vivant. Les tentes de la

se trouvent

content

l'air

compagnie sont

de Romagne, tandis que

le village

se-

arrivée

car l'on me ma carte d'Arlon même des gens qui

suscita

n'étant pas arrivée;

Mon

les

hommes

en avant, à une demi-heure de

environ, dans des tranchées, lesquelles ont été creusées

pendant

nous serions

nuit, parce que

la

nement observés par des avions

Moi

jour.

aussi

me

je

place dans la tranchée,

/*'

de

la

septembre.

où nous passons toute

Un

la

ma

la nuit.

canonnade du côté

haut nos positions

et disparaît

nous recevons des obus

après,

le

avion français survole très

Verdun peu ;

certai-

pendant

rends là-bas et prends

— On entend

place de Verdun.

français

dans

la

direction de et

nous

replions à environ 300 mètres de côté dans le bois.

Cette

manœuvre

française,

et

encore dans

n'a pas été aperçue par l'artillerie

celle-ci

les

croyant

nous

sommes

tranchées, nous avons été dans

absolument préservés des

sommes

que

retournés dans

le

projectiles. Plus tard

les

bois

nous

tranchées, renforcés par

quelques compagnies; nous étions destinés à servir

de soutien à notre

artillerie, laquelle était

en batterie


PI.

XI



Journal d'un

derrière nous et bombardait

shrapnells

une

la forteresse,

large front, car,

même

que l'ennemi qui

et

les

faisait

d'artillerie s'étendait sur

un

sur les hauteurs, tant à droite

qu'à gauche de notre position, lerie,

97

énergiquement avec des

ainsi

Le combat

sortie.

de la landwehr

sous-officier

il

y avait de

l'artil-

obus et shrapnells volaient de part

et

un sifflement singulier et un hurlement Beaucoup explosaient en l'air à une certaine

d'autre avec plaintif.

hauteur et ceux-là sont tuent de haut en bas

on

est

et,

les

dans

plus dangereux, car

presque sans protection contre eux. Les obus

qui n'explosent qu'au choc sont peu dangereux les

ils

tranchées ordinaires,

les

par terre; quand ce projectile

diatement à côté de vous, on

;

on

on se jette à plat ne tombe pas immé-

entend naturellement arriver

et

est ainsi à

peu près sûr

de ne pas être touché. L'attaque des Français ayant été repoussée par l'artillerie,

vers

3

heures

;

nous sommes relevés

nous rentrons dans

le village

de Ro-

magne où

sont nos tentes et nous y passons la nuit. Entre temps, le reste de mes 18 hommes a rejoint ici.

2 septembre.

— A midi, retour dans notre ancienne

position. Pas de canonnade.

5 septembre. et retour

arrivé à

aux

— Ai tentes.

heure de l'après-midi, relève

Vers

le

soir,

Romagne en automobile

quelque temps dans

mandant de

la

la

l'Empereur

et s'est

est

entretenu

rue du village avec

le

com-

division. J'eus l'occasion d'approcher

CARNBTS DE COMBATTANTE


Carnets de combattants allemands

98

assez près de

l'Empereur

et

de l'observer.

dans l'auto et gesticulait vivement de

la

Il

se carrait

main droite

en parlant. Mais son visage paraissait fatigué, et

tirés,

traits

L'Empereur

les

yeux étaient sans expression.

les

a serré la

main

à plusieurs officiers et

quelques

hommes

qui se pressaient autour de

paroles

quitté le village en auto.

Le

aux

remerciement

de

adressé

lui.

Ensuite

il

a

notre lieutenant

soir,

Keil nous a dit que l'Empereur aurait apporté de très

bonnes nouvelles du théâtre de

la

guerre. Ainsi

plus de 80.000 Russes auraient été faits prisonniers et l'un de nos corps

Paris

dans

le

;

sud de

le

lemagne

d'armée se trouverait déjà sous

gros des forces françaises serait maintenant

ait

la

France

(').

Bien que partout

l'Al-

jusqu'à présent l'avantage, je ne puis

défaire d'une singulière impression,

me

un pressentiment

que, malgré cela, tout finira mal.

^ septembre.

Ce matin,

service près des tentes.

A

où nous restons sans

chées,

toute espèce de petit

midi, départ pour

être dérangés jusqu'au,

lendemain. D'une façon générale,

(i)

On

saisit là le

mélange d'erreur

et

d'ailleurs,

on ne

de vérité qui caractérise

nouvelles répandues dans les masses populaires allemandes.

du

les tran-

A

la

les

date

septembre, les avant-gardes de von Kluck étaient effectivement prés de Paris, mais le repli stratégique du gros des forces françaises n'avait guère dépassé la ligne de la Marne. Quant aux 3

arrivées

Russes,

ils

point que forces

inondaient

la Galicie et

menaçaient

la

Prusse Orientale, au

Allemands croyaient devoir rappeler de Belgique des importantes pour les leur opposer. les


Journal d'un

dort plus maintenant qu'en plein

Romagne, dans

rentrons à

peu près au même.

et l'on se

couvre avec

nées soient

On le

sur

air,

ou auprès

tions, dans les tranchées

à

landivchr

sous-officier de la

et,

les

99

posi-

quand nous qui revient

les tentes, ce

comme

l'on est,

manteau. Bien que

les jour-

se

couche

chaudes, les nuits, chose étrange,

ici très

sont extraordinairement fraîches, et réveillé par le froid,

pour

me

je suis

souvent

rendormir malgré tout

de fatigue. Je crois que beaucoup d'entre nous

à force

rapporteront de cette manière de camper à des rhumatismes et autres sentir, sinon tout

j septembre.

l'air libre

maladies qui se feront

de suite, du moins plus tard.

— A midi,

aux tentes.

relève, retour

y a du mécontentement dans la compagnie; les troupes ont un rude travail aux retranchements et, malgré cela, on ne leur donne aucun repos, mais, au Il

contraire,

du service tout

à fait superflu,

exemple, pour leur apprendre à rendre

En

outre, la

les

plus indispensables.

comme, par

les

compagnie souffre du manque des choses On ne nous donne avec le

pain aucune viande, saucisses ou lard, et les

hommes mangent

acheter nulle part,

Dans

il

leur pain sec.

n'y a

d'autres bataillons,

il

même

parait

outre, les gens sont maltraités

de

la

honneurs.

;

On

il

faut

que

ne peut rien

pas de cantinier.

que

c'est

mieux.

En

les grossières injures

part du capitaine et du sergent-major sont à

l'ordre

du jour; pour

la

moindre infraction

doit rester debout attaché à

le

soldat

un arbre pendant des


100

Carnets de combattants allemands

heures

;

à chaque jour d'arrêts en

temps de paix cor-

respondent en temps de guerre deux heures dans L'usage de

cette position. interdit

aux hommes;

plus maladroite.

je

la

langue polonaise est

ne puis imaginer de mesure

sympathique de tous nos supérieurs lieutenant Keil

;

6 septembre. divin avec

les

;

encore

est

le

autres ne sont pas aimés.

dimanche, service

Aujourd'hui

sermon en allemand. C'est bien en temps

de guerre que l'on reconnaît toute religion

Le plus

tout cela mènera-t-il?

valeur de

la

seulement on voit bien ce qu'est

la

la

créature abandonnée, l'homme, sans

le

secours de

Dieu.

A

midi, nous retournons dans les tranchées, mais

vers minuit la situation change. entier

abandonne

marche toute et bagages,

la

la nuit,

Le régiment tout

Romagne

position près de

et

presque sans arrêt, avec armes

en décrivant une courbe de

autour de Verdun; on passe

prend position que vers

1 1

la

l'est

Meuse

à l'ouest

et l'on

ne

heures du matin au nord-

ouest de Verdun.

7 septembre. les

— Cette mesure

Français enfermés dans

sortir vers le sud,

se livre

grande

en ce

bataille,

a été prise parce

place ont tenté

pour rejoindre

forces, et l'on voulait il

la

le

de

gros de leurs

nous avoir sous

moment

que

la

main, car

au sud de Verdun une

où plusieurs corps d'armée sont


engagés

On

(').

loi

entend, pas trop loin, une violente et

Le

persistante canonnade. à couvert

landwehr

sous-officier de la

Journal d'un

sous bois

jour, notre bataillon reste

nous creusons des tran-

la nuit,

;

chées face au fort, qui se trouve à environ 6 kilo-

mètres de nous.

— Une

8 septembre. tranchées,

Nous sommes

ici

encore en soutien

alternativement en réserve.

d'artillerie et

petite troupe reste dans les

prend position à couvert dans

le reste

On

entend encore

petit

bois voisin.

Nous

recevons toujours notre repas de

campagne, qui

Quant temps

à

vient

l'eau,

à autre,

près, éclater des

du

jusqu'ici

obus français

par suite un danger quand

avec

m'explique pourquoi

les

que

les shrapnells, c'est

(^),

ron 6 kilomètres des ^ septembre.

(i)

C'est

la

première

appelé bataille de (2) L'expression

Un

la

le

portée qu'avec

moment

est

:

à envi-

en fice de nous.

du retour

Marne.

allemande

qui constituent

matin, retour dans

journée

que

c'est-à-dire des

sous-officier d'ar-

même

forts situés

Au

et

De

loin, tantôt

Français ne tirent pas

nous sommes pour

et

voisin.

village.

ces projectiles, chez les

Français, sont loin d'avoir la

nos canons,

village

explosent plus tard

ils

pour une raison quelconque.

cuisine de

arrive aussi ce

il

;

aveugles »

«

obus qui n'éclatent pas du tout

tillerie

la

on va la chercher au nous entendons, tantôt

nous appelons des

le

canonnade.

la

Blindgànger.

offensif

des

le

petit

Français,


102

Carnets de combattants allemands

bois.

Nous

passons

la

nuit

comme

toujours dans les

dernières semaines, c'est-à-dire sur

terre

la

nue

et

couverts par notre manteau, ou éventuellement par

Malgré

la tente.

jusqu'à

général

en bonne santé

cela, je suis resté

présent,

ce

qui

m'étonne,

parce

qu'en

une tendance à m'enrhumer facilement

j'ai

des bronches ou du cerveau. L'après-midi, dans le bois,

il

y eut un nettoyage général des fusils; ce la lisière du petit bois, un appel devait

après quoi, à

mais

se faire...,

vante

:

n'eut pas lieu pour

il

un ballon

la

raison sui-

captif français, qui se tenait très

haut au-dessus de Verdun, devait nous avoir remar-

qués dans

le bois, car

tout à coup

se

il

mit à pleuvoir

sur nous des obus à droite, à gauche, devant, der-

eux tomba à 25 pas derrière moi reçus un peu de terre dans la figure. Tout le

rière; l'un d'entre et je

bataillon,

qui se trouvait à différentes parties du

bois, s'enfuit

paquetage;

précipitamment, abandonnant sacs et

les

obus français tombaient derrière

mais heureusement sans

lui,

causer de mal. Je restai

cependant tranquillement couché à

ma

que

prochains coups

je calculai, et

étant tirés à

la

justement, que

les

place, parce

poursuite des fuyards passeraient au-

dessus de moi. C'est bien ce qui arriva.

Le bombar-

dement du

petit bois cessa bientôt, et c'est

sur

artillerie

notre

que

l'on

seulement

quelque

tira

temps

encore.

Ce

qui est intéressant, c'est qu'à

tomba

l'obus qui

me

la

mit en danger,

place

même

se tenait,

peu de


Journal (Tun

de la landwehr

sous-officier

103

temps auparavant, notre commandant de compagnie, lequel faisait à la compagnie une conférence; mais,

quand les premiers obus commencèrent à tomber, il abandonna le petit bois en grande hâte avec tout l'état-major du bataillon, en même temps que les seulement tard dans

autres. C'est fit

noir, et

que

le ballon, si

quand

la soirée,

même

il

il

n'était pas re-

descendu, ne pouvait plus nous voir, que tous revinrent chercher leurs affaires; après quoi, nous allâmes

dans de

là.

la

tranchée, à environ

Mais

le

un kilomètre

demi

et

beau temps, qui nous avait jusqu'ici

toujours accompagnés, se transforma cette nuit en

une pluie odieuse, qui nous gêna dans notre travail. Chacun se protégea comme il put avec son manteau et sa toile

de tente ;

la

plupart dormirent bien

touflés, et je suis persuadé que,

si

çaise avait cette nuit-là tenté sur

nous une

sortie,

nous aurions été probablement culbutés. Mais eut rien de tout cela

;

les

il

n'y

Français se contentèrent de

fouiller avec leurs projecteurs le pays contre

attaque d'infanterie et

emmi-

l'infanterie fran-

ciel

le

contre

les

quelque

zeppelins

redoutés, en nous laissant parfaitement tranquilles.

10 septembre.

Complètement trempés, nous

retournons au matin dans notre petit bois, ne sant,

comme

toujours, qu'un groupe de huit

à la garde des tranchées.

Pour ne pas

lais-

hommes

être exposés

encore aux vues des équipages de ballons et ensuite

bombardés, tout

le

monde

dut se tenir dans

le

bois


Carnets de combattants allemands

104

même, que pour

faire

l'on débroussailla là

de

il

était nécessaire,

mal, en se défendant contre l'humidité.

dans l'après-midi que

la

temps; dans l'ensemble,

que

tant bien

la place, et l'on s'installa,

Ce

pluie

cessa de

c'était

un

que

n'est

temps en

séjour fort peu

confortable, mais nous ne pouvions nous retirer dans

aucun

village,

car,

comme

nous devions,

nous tenir toujours prêts

d'artillerie,

vite possible les tranchées

à

soutien

gagner

pour recevoir

les

le

plus

attaques

éventuelles de l'ennemi.

Le

soir,

il

y eut une nouvelle surprise. Juste au rassemblions pour gagner nos obus vinrent tomber à côté de nous, ce

moment où nous nous positions, les

qui

fit

compagnie d'en-

reculer en courant toute la

viron 400 mètres. Le feu de l'ennemi dura encore un

bon moment, mais,

du bois fut bomla compagnie Evidemment, on ne nous avait pas seule, la lisière

bardée, tandis qu'on laissa tranquille qui se repHait.

vus du tout

et l'on n'avait

ouvert

le

feu dans notre

direction que parce que deux de nos voitures, char-

gées d'outils de pionniers et pouvant de loin res-

sembler à des voitures de munitions, s'étaient approchées de notre position à travers champs et avaient

bombardées par pour de l'artillerie. été

les

Français, qui les avaient prises

Même

dans cette occasion, nous,

n'avons pas eu de pertes, mais nous

sommes

arrivés

dans nos tranchées avec un sensible retard.

Pendant

les trois

derniers jours, a

de Verdun, une grande

bataille,

fait

rage, au sud

dans laquelle

les


Journal d'un

sous-officier de la

landwehr

Français ont été rejetés.

Comme

Français pour sortir de

Verdun par

échoué, l'on admit

recommencer

la

possibilité

la

105

tentative

qu'ils

des

sud avait

le

pourraient

où nous

cette tentative vers le nord,

n'avions établi que de faibles forces pour l'investisse-

Notre commandement en chef envoya donc en avant des troupes du génie, pour

ment de

la place (').

préparer pendant

entre l'ennemi et nous,

la nuit,

des défenses accessoires, destinées à rendre éventuelle-

ment son irruption plus difficile. Ces détachements furent violemment bombardés la nuit par l'ennemi, ce qui causa la destruction d'un village.

II septembre.

moi

officiellement

avancement

du

nommé

en

effet celle

est

pour je fus

La genèse de cet capitaine de la 9* com-

sous-officier.

est la suivante

:

le

près duquel j'avais pendant quelques jours

pagnie, fait

— La journée d'aujourd'hui

assez remarquable; c'est

service à Saint-Léger avec

mes

1

8

hommes,

m'avait, en reconnaissance, proposé à son bataillon

comme retour, i'^

sous-officier et, quelques jours je fus

désigné

comme

tel

par

le

après

mon

régiment à

la

compagnie. Cette nomination ne plut ni au capi-

taine

ni

au sergent-major de

qu'elle fut faite

la

en dehors d'eux,

compagnie, parce et tous

deux cher-

du résultat des combats par lesquels armées françaises victorieuses contraignirent les Allemands i se replier plus au nord sur toute l'étendue de leur front. (i) Intéressante interprétation

les


Carnets de combattants allemands

io6

chèrent d'abord à s'y opposer

;

mais

le

capitaine de la

compagnie ayant personnellement donné sur moi les meilleures recommandations au capitaine de la 9'

i'^ celui-ci revint sur sa mauvaise impression et

nomma je

me

sous-officier à l'appel de solde ('); toutefois,

Au moment où

devais passer à la 9* compagnie.

capitaine

me

le

obus français se mirent

notifiait cela, les

à retomber dans notre petit bois, à

une rapide

soir

dans

après

La

retraite.

le petit

un adieu

bois

route pour rejoindre

je pris

;

cordial

i'^

nous contraignant compagnie retourna le congé des officiers et,

aux camarades,

la 9^

je

compagnie, qui

me

mis en

se trouvait

Ce

à quelques kilomètres au nord-est de nous. difficile

avant que

et,

j'y

fusse parvenu, les

leur feu la position de la 11'

aux alentours;

je préférai

canons français

Ceux-ci prirent sous

s'étaient déjà remis à tonner.

compagnie

donc passer

une cahute abandonnée, pour rejoindre matin au petit jour la 9^ compagnie.

12 septembre. transi, je

me

me

Quand

réveillai

pour

déjà trop jour

qui

fut

de retrouver celle-ci dans sa position dissimulée

me

séparait de la 9^

dans

ce

et le terrain la nuit

matin,

mon

dans

lendemain

le

trempé

refuge,

rendre, par-dessus

il

la

compagnie, jusqu'à

et

faisait

croupe la posi-

tion de cette dernière, car j'aurais été certainement vu

par l'ennemi, ce qui aurait en

(i)

En allemand

:

Lôhnungsappel.

même temps

trahi la


Journal d'un

position

de

sous-officier de la landivehr

compagnie,

9"^

la

encore inconnue de

lui.

vraisemblablement

me restait donc me cacher tant

ne

Il

107

d'autre parti à prendre que de

plus

bien

que mal, tion

et d'attendre la nuit pour aller là-bas. Situapeu confortable, d'autant que je gèle dans mes

souliers et

mon

vêtements trempés;

je

garde néanmoins

sang-froid, bien que toute la journée les obus

loin de moi. Je me rappelle maintenant avoir entendu dire hier que les paysans français,

tombent non chassés

il

y

a

quelques jours de leurs villages par nos

troupes et refoulés sur Verdun, ont certainement

dénoncé

à l'ennemi toutes

nos positions devant

forts; de là l'intensité et la sûreté de la française. glissai

Comme

commençait

il

tout courbé par-dessus

bientôt à

la 9^

compagnie, où

le le

les

canonnade

à faire noir,

je

me

coteau et j'arrivai capitaine

me

reçut

aimablement.

L'ennemi ne

paraît pas connaître encore la posi-

tion de la 9^ compagnie, car, à l'exception d'un seul

obus tombé hier

ici,

cette position n'a pas encore été

bombardée. Afin

de

baraques pour

hommes,

les

construire dans

notre compagnie, dont

je fais

tenant, est descendue à

la

la

le

pluie battante, réquisitionné

partie

moi

aussi

çà et là divers objets

main-

un des sous une

beaucoup de portes de

En même temps, il par quelques hommes,

et de planches.

des

nuit tombante dans

villages désormais vides d'habitants et a,

grange

bois

première section de

a été pris

bien que

cela fût défendu, La nuit qui vint ensuite fut certai-


Carnets de coîuhattants allemands

io8

nement pour nous

mauvaise que nous ayons

la plus

vécue jusqu'ici. Qu'on se représente nos précédentes

nous avions

fatigues et insomnies, après lesquelles

absolument besoin d'un peu de repos. cela,

nous sommes

restés toute la nuit

Au

lieu

de

debout dans

tranchée en partie pleine d'eau, sous une pluie tor-

la

exposés à un terrible vent du nord-ouest,

rentielle,

contre lequel ni tentes ni manteaux n'offraient abri,

un

de baraques primitives ne

et la construction

devait avoir lieu que le lendemain.

ij septembre. triste état

un peu,

— Le

et

la

pluie se mit à diminuer

nous nous occupâmes

Vers midi,

affaires.

matin nous trouva dans un

Heureusement,

!

je

reçus avec

le

à

nettoyer nos

camarade Walke

prochaine station de

la

poste militaire environ i.ooo marks d'argent que

les

mission de porter à

la

hommes pays.

de notre compagnie voulaient envoyer au

La poste

à environ

se trouvait à

4 kilomètres

tous deux, là,

la

il

(").

Gercourt, village situé

Quand nous y

arrivâmes

parut que nous devions passer

la

nuit

parce qu'aujourd'hui dimanche la poste cessait de

fonctionner à

i

heure après midi. Nous nous

instal-

lâmes tant bien que mal, jouissant du bien-être d'être à l'abri sous affaires.

par

(i)

les

un

toit, ainsi

que de pouvoir sécher nos

La nourriture nous camarades du

fut

aimablement servie

6' de uhlans de réserve qui se

Meuse, arrondissement de Montmédy, canton de Montfaucon.


Journal d'un

trouvait

Nous n'entendons

là ('),

landwehr

sous-officier de la

ici

109

canon qu'à

le

grande distance.

— Ce matin, nous apprîmes

14 septembre. la 10*

poste de

midi arriva

que

la

division était déjà partie, mais l'après-

poste de

ici la

nous pûmes remettre

la 11*

division

l'argent. Là-dessus,

Q

à laquelle

nous prîmes

chemin du retour, mais nous nous perdîmes et arrivâmes à Consenvoye(5), où nous dînâmes et passâmes le

nuit chez

la

dans un

lit,

un très estimable Français, M. Roger, pour la première fois depuis environ

cinq semaines.

/j septembre.

— Aujourd'hui, M.

tré toutes sortes

été

Roger m'a mon-

de maisons dévalisées, qui avaient

abandonnées par leurs possesseurs

commis de graves

nôtres avaient

et

pillages.

les

Ailleurs

souvent remarqué que, malgré toutes

aussi, j'avais

nos gens pillent beaucoup. Nous prîmes nous en retournâmes vers notre bois mais entre temps notre régiment y avait été remplacé par le

les défenses,

congé

et

;

10* régiment de grenadiers de réserve

me

dit

que

le

('^).

Un

régiment de réserve n° 46

(1) Régiment formé à Zûllichau (Brandebourg) V" corps de réserve. (2) Ce sont les io= et ii« divisions de réserve (V*

et

officier

était parti

comptant au

'

(3) (4)

de

Au

bord de

la

Meuse,

et

VI* corps).

à 4 kilomètres à l'est de Gercourt.

Ce régiment est sans doute le io<' d'infanterie de réserve du VI* corps de réserve (silésicn).

gren.-idiers)

(et

non


iio

Carnets de combattants allemands

pour Romagne

et m'esquissa le

chemin pour m'y

Nous repassâmes

rendre, que nous primes aussitôt.

où naturellement nous allâmes

par Consenvoye,

rendre visite à notre hôte de cette nuit, et par

même que

occasion

j'avais

j'y

retrouvai

laissée

ma

matin.

ce

notre route en partie sous

le

la

courroie de musette

Nous poursuivîmes

feu des obus, mendiant

en chemin à des camarades d'autres corps de troupe toutes sortes de choses, telles qu'allumettes, cigares et nourriture tout à la fois.

enfin l'occasion d'acheter

comme

cigares, ce qui, plaisir.

Le

soir, tard,

A

Damvillers

une certaine quantité de

me

grand fumeur,

nous arrivâmes

à

sentai au capitaine et tout fut arrangé.

grange.

les

La

me

9*

pré-

compa-

beaucoup moins dur qu'au-

sommes au moins sous un

16 septembre.

bien

avant-postes près d'une grande

Ici le service est

paravant, nous

fit

Romagne, où

notre régiment se trouve maintenant. Je gnie avait pris

(^), j'eus

J'ai

toit.

passé la nuit dans l'écurie,

parce qu'il n'y avait plus de place dans la grange

conséquence en a été que de pied de cheval et

ai

recevoir

j'ai failli

eu juste

le

temps de

de côté. L'après-midi, l'ennemi a d'artillerie

et

Romagne, où nous avons eu de notre et 5 morts. Il

y

aurait, égarée entre

(i) Chef-lieu de caatou, à 21 kilomètres de

la

me

jeter

une attaque

fait

bombardé violemment

;

un coup

le

village

de

côté 40 blessés

nous

Verdun.

et les forts,


Journal d'un

une

assez grosse force

sions, le

que

le

landwehr

sous-officier de la

1 1

ennemie, environ deux

divi-

gouverneur de Verdun, qui veut tenir

plus longtemps possible, ne veut pas laisser entrer

dans

la place,

vont bientôt

ses vivres.

Ces troupes faim et

se rendre, poussées par la

D'autre part,

pluie. civile,

pour ménager

situation de

la

la

la

population

qui a dû quitter ses habitations, doit être très

pénible

;

pommes

les

champs ont un

triste aspect, les blés, les

de terre, l'avoine et autres

peuvent être récoltés

ne

cultures

et pourrissent sur place. Je

pense qu'il y aura bientôt une famine générale, car chez nous aussi la nourriture devient assez maigre.

ij septembre.

— Cet après-midi,

il

est arrivé à notre

moi personnellement une tragi-comique aventure. Nous prenions notre repas du soir tous ensemble, sous un hangar ouvert, près de la grange, quand un obus français vint éclater à environ 40 mètres à côté de nous, en lançant dans les compagnie

airs

de

et

surtout à

de grosses mottes de terre.

celles-ci

creva

le toit juste

tuiles

me

tombèrent sur

laissai

pas

pour

7^ septembre. suis

allé

pommes

avec

cela

le

au-dessus de moi, et

de terre, à environ

afin de déterrer des

pommes

de notre compagnie.

mon

les

me

dîner.

pleut toujours. Malgré cela,

hommes

six

l'une

casque. Mais je ne

déranger de

Il

En retombant,

Le

dans un champ de un kilomètre de là,

de terre pour

soir,

je

la

cuisine

notre bataillon

s'est


Carnets de combattants allemands

112

replié dans le

un

petit bois éloigné d'un kilomètre et

i" bataillon

nous

Nous avons

tion.

a remplacés dans

passé la nuit dans

le

notre posi-

bois sous

une

pluie persistante.

ip septembre.

dans

le village

— Notre compagnie

de

toute la compagnie.

dans

dans

le village

réquisitionne »

Romagne beaucoup

de portes, avec lesquelles on

pillé

«

A

et

des baraques pour

fait

cette occasion,

le village. Il

de planches

on

beaucoup

a

n'y a que très peu d'habitants

même, pour

la

plupart des

femmes

et

des enfants, qui souffrent de la faim. Les maisons

sont en partie démolies.

Bien que l'artillerie française 20 septembre. nous laisse maintenant assez tranquilles, il nous faut continuer à combattre contre l'humidité.

botons toujours jusqu'à

ne comprends pas comment

tombé malade. Je peau. fais

soir,

dans

la cheville je

Nous la

je

ne suis pas encore

suis aujourd'hui de garde

Nous sommes

bar-

boue;

au dra-

dans une tente trop petite; j'en

donc au matin construire une plus grande. Le

comme

je

devais être relevé,

je

me

suis

proposé

volontairement pour une nouvelle garde de vingtquatre heures, ce qui entraîna pour

moi de

grosses

conséquences.

21 septembre.

— Cette

nuit, en effet, notre troupe

reçut tout à coup l'ordre de partir et de prendre part à

une attaque contre

les

Français

;

presque tous doi-


PI.

V^Ail-^-.^^iitfr;

XII



Journal d'un

sous-officier de la

landwehr

113

vent y participer, à l'exception de la garde_, c'est-àdire de moi avec environ seize hommes, des sentinelles,

ordonnances,

Nous

garde du camp.

nous préparer, avec

les

etc., qui

demeurâmes

à la

profitâmes de l'occasion pour provisions laissées en arrière,

un déjeuner sérieux; je mangeai quatre portions et n'en pris pas moins bravement part au repas du soir. Pendant ce temps, canonnées par

les

positions près de nous étaient

Français, et nous apprenons bientôt

les

la i'* compagnie, précisément, un sous-ofEcier et un homme ont été blessés et deux hommes tués par un obus. Enfin, la pluie cesse, et il paraît au ciel un superbe arc-en-ciel que je veux prendre comme un

qu'à

heureux présage que bientôt viendront des jours meilleurs. s'est

Le

notre bataillon revient; l'attaque

soir,

réduite à rien, parce que l'ennemi s'était très

bien retranché dans

22 septembre. ciel

la forêt

près de Verdun.

— Très beau temps

d'hier paraît

tout de

même

enfin

!

L'arc-en-

avoir été de

bon

augure, car aujourd'hui, à midi, notre bataillon a quitté la maudite

position pour

aller

à

quelques

kilomètres en arrière s'octroyer quelques jours de

Nous partons à midi et marchons notamment Romagne et Mangiennes vers le village de Billy,

repos.

par

en partie détruit

(')

;

toutefois,

nous ne pouvons pas

(i) Mangiennes est à 6 kilomètres nord-est de Romagne-sous-lesCôtes; Billy-sous-Mangiennes à 4 kilomètres sud-est de Mangiennes. Tous deux sont des communes du canton de Spincourt. CÀ.RNKTS DE

COMBATTANT»


Carnets de combattants allemands

114

utiliser la belle grand'route,

quait d'être

bombardée par

parce que celle-ci

ris-

Nous

fai-

Français.

les

sons au contraire un détour par des champs effroyablement détrempés.

prairies

Je

des

et

ne souhaite

même

à mes ennemis d'être obligés de faire une marche en barbotant bien au-dessus des chevilles dans la boue gluante. Au bout de deux heures et demie, nous étions à Billy, type d'un vil-

pas

pareille

lage français d'environ i.ooo habitants. Ici,

je

veux remarquer qu'au point de vue de

disposition des villages

mêmes

les

usages français sont

la

les

qu'en Belgique et en Lorraine, ainsi que

dans une partie du Luxembourg. Les bâtiments sont

donc contigus ; locaux d'habitation, grange sont sous

même

le

ment ensemble;

ici

la

dement

construites

soignée

et étable

communiquent

aussi les tas de

directe-

fumier sont

le

route. Les maisons sont en général soli-

long de toujours

toit et

en pierres naturelles; presque

portail d'entrée

le

est

et décoré de l'année de

la

d'une architecture construction

;

j'ai

vu beaucoup de dates anciennes, même des maisons de l'époque de Napoléon I"; par contre presque pas de maisons neuves. Les toits sont couverts en tuiles

rouges à

la

manière (que nous appelons)

nonnes (')». espaliers.

On

Les intérieurs sont

cuisines n'ont pas

(i)

En allemand

:

«

voit souvent le long des

comme

moines

murs

très intéressants

;

et

des les

chez nous des fourneaux

Mônch und Nonne.


Journal d'un

sous-officier de la landiuehr

1

1

modernes en brique, mais bien d'antiques cheminées avec des installations assez primitives de chauffage et

de cuisine; on chauffe au bois et on

copeaux de sapin. La

des

effet

solives apparentes.

beaux

très

on

et

fils

et les

utilise

Les meubles sont pour

en chêne; on se

les

à cet

couverture est à plupart

la

transmet de père en

conserve pieusement.

(Comme

de nombreuses forêts de chêne, ce bois est

il

à

ici

y a bon

marché.)

D'une façon générale,

la civilisation française a

elle-même quelque chose de vénérable

;

tout est

en ici

plus vieux et plus intéressant que notre camelote de

qui dénote au premier coup d'œil

l'est,

neuf,

le

encore

le

le

mauvais

et le

puits public et

la

bon marché

le lavoir,

spéculation,

(').

A

noter

qui se trouvent

ici

dans chaque village. C'est un bâtiment d'environ

4 mètres de haut, 10 de long

un

et 7

de large qui, à

de ses pignons, capte

l'intérieur, à l'un

réservoir de pierre.

l'édifice le bassin à laver,

En

outre,

long de

5

il

y

la

source dans

a au milieu de

mètres, large, de

3,

profond de 50 centimètres, au-dessus duquel le toit est ouvert, sans doute pour y recueillir l'eau de pluie, fort

bonne pour

les lavages.

rues du village sont pour

Nous devons donc

(i)

Le texte porte

ôstUcbe

Talmikultur,

uieitem aussieht.

:

AlUs

der

la

Le

passer trois jours

ist

man

hier aller

das

Les

sol est empierré.

plupart bien pavées.

und

spekulative

ici,

inieressanter

und

à Billy,

ah

unsere

billigschUcbte

von


Carnets de combattants allemands

ii6

pour nous reposer

mettre en état nos

et

affaires

endommagées. Nous recevons tous de bons cantonnements, j'ai une chambre pour moi tout seul et je me retrouve enfin comme un homme civihsé et non comme un habitant des cavernes. 2^ septembre.

La journée

occupée tout

est

entière à mettre les affaires en ordre

;

çà et là

cela se fait à la guerre la

!

Du

louange des Français,

reste, ce

je

qui concerne l'agriculture et

champs ne sont pas bien

que

ne puis

le

on

fait

comme

aussi des achats, quelquefois sans paiement,

j'ai dit

hier à

répéter en ce

la sylviculture, car les

utilisés, les prairies

ont de

petites rigoles d'écoulement, les bois sont très

aménagés; on voit beaucoup de

mal

de bois à

taillis et

végétation surabondante, mais pas de futaies vrai-

ment bien aménagées ; tout

est négligé et

pousse à

l'aventure

24 septembre. appel.

Un

bataillon ici,

:

— Continuation du

nettoyage, puis

ordre singulier a été passé c'est

que tous

les

ici

par

le

habitants civils doivent

à partir d'aujourd'hui, passer les nuits dans l'église,

laquelle est gardée mihtairement

;

aucun d'entre eux

autorisé à coucher dans sa maison. Cette mesure de précaution va décidément trop loin et n'aura pour résultat que de nous rendre ridicules, n'est

d'autant que

la

population se compose de

gens débiles, presque rien que des femmes.

vieilles


Journal d'un

2j septembre. par

la

de la landivehr

sous-officier

— Ce matin exercice;

grange déjà connue; moi

26 septembre.

De

dans

s'est installée

je suis

garde au drapeau.

garde toute

n'entend presque pas de feu tirent

départ

le soir

route directe vers notre ancienne position

devant Romagne. La compagnie la

117

On

journée.

la

Les Français

d'artillerie.

seulement sans succès sur un avion allemand.

Par contre,

hier, notre artillerie a

coupé par son feu

l'amarre d'un ballon captif français, et celui-ci est allé à la dérive.

2y septembre.

Aujourd'hui dimanche.

de ces derniers jours chaud et J'ai

appris aujourd'hui

une

clair enfin

Temps

!

histoire qui peut avoir

des suites désagréables pour le principal intéressé, c'est-à-dire

un

homme

à se mettre

notre capitaine. Celui-ci est par nature

ambitieux et violent, qui pense toujours

en avant, bien

Croix

qu'il ait déjà reçu la

de Fer. Dans la nuit du 25 au 26 septembre,

une marche en avant complètement

il

a fait

inutile, avec

une

section de sa compagnie, pour inquiéter les Français. Il

dut ainsi passer plusieurs de nos lignes de senti-

nelles.

Chemin

faisant,

il

campagne allemande, dont certainement pas répondirent pas. fit

le

Le

«

rencontra une cuisine de les

Halte

capitaine

qu'un sergent cuisinier

hommes !

fit

Qui

et

n'y

le feu, ce

qui

vive

ouvrir

fut tué.

n'entendirent

On

?

»

voit là

une


ii8

fois

Carnets de combattants allemands

de plus que « trop de zèle nuit » (')

enquête de

!

y

S'il

une

a

doute

faite à ce sujet, elle révélera sans

du capitaine, telles que mauvais traitements des soldats, etc. En tout cas, je d'autres « actions d'éclat »

constate partout une grande animosité contre

28 septembre.

Ce matin,

lui.

à la première heure,

notre bataillon s'est porté à 12 kilomètres vers

l'est

une position de réserve dans le petit village Haut-Fourneau (^). Devant nous, il y a maintenant 2= bataillon aux avant-postes dans des tranchées

et a pris le

le

qui auraient, dit-on, des abris à poutrelles de fer

(3).

Je suis sincèrement content que nous ayons quitté la

grange de Romagne, car nous courions

ger plus grand que

Nous

les

obus

étions, en effet, là

un dan-

et tous les projectiles.

200 hommes dans un

local

plein de foin sec, étroitement serrés et couchés, la

plupart du temps dans l'obscurité. Si donc, par l'im-

prudence d'un seul homme, une seule allumette enflammée ou un bout de cigarette avait mis le feu au foin, tout aurait été en flammes en moins d'une minute. Tous auraient été perdus, à l'exception peut-

hommes

être de quelques

(1) Proverbe (2)

connu

:

couchés à proximité de

Blinder Eifer schadel nur

Entre Billy et Azannes, entre

les forêts

la

l

de Mangiennes

et

Spin-

court. (5) Cette phrase a été rayée dans le texte. On sait avec quel soin sont en effet disposés parfois les abris souterrains (Utiterstciiide) des

lignes allemandes. Voir photo, page 128.


Journal d'un sous-offiaer de la landwehr

porte. la

Nous sommes,

même

il

est vrai,

cantonnés encore de

un grenier

façon, c'est-à-dire dans

mais, d'abord, répartis en

il

a

y

à foin

;

peu de foin ; de plus, nous sommes

plusieurs

beaucoup de

119

pièces

et

avons relativement

sorties.

Hier, il y a eu fausse alerte ; ce 2^ septembre. matin, exercice. Il commence à pleuvoir, mais bientôt le

temps redevient

clair et

il

se

en-ciel que, cette fois aussi, je

forme encore un

arc-

veux prendre pour un

bon signe, juste comme il y a quelques jours. Je commence, en effet, à en avoir par-dessus la tête de toute cette histoire ; espérons que notre bon Dieu permettra que nous sortions bientôt de ce malheur d'une manière ou d'une autre. Ma santé non plus n'est pas des meilleures

;

par suite des averses de ces

derniers temps et de la nourriture irrégulière,

estomac

est

mon

fortement endommagé.

L'après-midi, nous allons prendre jo septembre. une position dite en position d'attente, c'est-à-dire

que nous nous portons en avant d'environ 4 kilomètres notre position a été prise par le i" bataillon, ;

et

devant nous

le 2^ bataillon est

Cet après-midi encore, /"

octobre.

poste à environ

dans

le bois. Il

il

y

a

Je suis avec huit i

ne

aux avant-postes.

eu fausse

alerte.

hommes

en petit

kilomètre en avant de notre poste se produit rien d'important.


Carnets de combattants allemands

120

2 octobre.

pour avant.

— Vers

6 heures de l'après-midi, départ

environ

avant-postes à

les

Le

kilomètres en

5

que

bataillon prend notre place, tandis

i*''

le 2* bataillon se replie dans la position de réserve

vers

le

dans

les

Haut-Fourneau. Nous passons toute tranchées, où

les fusils

que

il

la

nuit

fait si froid cette nuit-là

que

au matin sont couverts de glace. Je ne dors

très peu.

^ octobre.

Ce matin,

l'ordre au lieutenant

notre capitaine a donné

Lôtband, nouvellement donné

à notre compagnie, d'aller avec village de

Maucourt ('),

une section vers

situé à environ

le

4 kilomètres

Le détachement ramena comme butin quelques bestiaux et de notre position, pour y

«

réquisitionner ».

quelques porcs et en outre leur propre lieutenant blessé, lequel avait reçu

feu à la jambe.

L'ennemi

dans

le village

aussi a installé,

un coup de près du vil-

lage, des avant-postes selon toutes les règles de l'art

nous pouvons

;

à la lorgnette assez bien observer ses

mouvements. De temps en temps, nous entendons les

escarmouches des patrouilles qui

nuit,

se fusillent.

La

nous creusons de nouvelles tranchées en avant

des anciennes, ces dernières ayant montré des inconvénients.

Cette nuit, notre capitaine

encore une

fois

porter plainte et

(i)

Canton d'Étain,

s'est

permis

de battre un soldat. Celui-ci veut

probablement exécutera-t-il son

à la lisière

sud de

la forêt

de Spiuirourt.


Journal d'un

projet;

le

sous-officier

de la landwehr

121

capitaine doit alors s'attendre à de grands

désagréments (').

4 octobre.

— On ne

fait

que compléter

les tran-

chées.

j"

octobre.

pendant

Le soir, nous sommes bombardés temps par l'artillerie française,

quelque

avec intensité, mais sans succès est relevé

par

Fourneau dans

la

;

puis notre bataillon

nous marchons vers

le i^', et

position de réserve,

le

la

Hautnuit se

passe dans le grenier à foin.

6 octobre.

Toute

la

journée, remise en état des

effets et appel.

7 octobre.

— Le

soir, alerte

divin

encore à faux; aupa-

avec très belle allocution du

ravant,

office

pasteur.

Ce

en ce qui

me concerne à chaque jour et à chaque heure, me réussit encore comme il me le faut. Je

car tout

qu'il a dit

de

la

bonté de Dieu,

je le

vois

n'oublierai jamais dans des jours meilleurs ce que

remercié Dieu pendant ce

On

triste

j'ai

temps.

règlements militaires allemands interdisent aux tout espèce de mauvais traitements à l'égard de leurs inférieurs, mais que les traditions, plus fortes que toutes les lois, ont maintenu ces avilissants usages, malgré les vigoureuses pro(i)

sait

que

les

officiers et sous-officiers

testations des sozial-democrates.


122

Carnets de combattants allemands

8

octobre.

d'attente. bataillon,

Le

lui et aussi

un de nos

En

de

ment

Croix de Fer de

classe.

i""*

proclamation,

M.

outre,

2' classe

Comme

sergent Wiedemeyer.

aux

position

la

capitaines avaient reçu la Croix

de Fer la

dans

départ

soir,

Chemin faisant, le commandant de notre M. le capitaine Puttkammer, proclame que

des

noms

notam-

reçu

camarade

le

conclusion à cette

Puttkammer

le capitaine

hommes portant

a

mon

polonais de

a conseillé les

changer

pour des noms allemands et il a appuyé ce conseil en rapportant que son ancêtre, il y a 400 ans, se serait appelé Podkomorski. A ces mots, « Wolf », le chien de notre capitaine,

entendre un aboiement recon-

fit

naissant, ce qui troubla quelque

peu M. Podkomorski-

Puttkammer.

La position d'attente est maintenant ^ octobre. non seulement bien installée, mais encore joliment décorée par des feuillages, des bancs et des constructions improvisées et elle rappelle

de bière

»

allemands (').

Il

n'y

vivement les

manque que

« jardins

l'inévitable

orchestre de dames, et l'on oublie tout à

sommes en guerre

qualité d'assiégeants.

nellement, c'est

(i)

le

fait que nous une place ennemie en Ce qui m'agace le plus, person-

et devant

manque de

nouvelles positivement

Ces Biergarten se retrouvent dans toutes

grandes

et

petites

;

mais,

à

la

différence

de

réunissent là-bas presque toutes les classes de

souvent en famille passer des heures entières.

les villes

nos

allemandes,

guinguettes,

la société,

ils

qui y vont


Journal d'un

sous-officier de la

landwehr

ii"^

sûres; nous ne savons sur la situation générale que ce

que nous... devons savoir ('). Par contre, reçoivent assez

outre,

pour une

tiens

de

la

tabac,

institution.

la

En

s'acheter quelque chose

aux cantines roulantes

en dehors de

;

nous en sommes réduits à l'ordmaire assez de

du cho-

poste aux armées,

bonne

très

on peut quelquefois

assez cher

du

lettres,

colat^ etc., par l'intermédiaire je

hommes

abondamment et exactement les envois

de leurs proches avec des

que

les

cela,

insuffisant

compagnie.

Je reçois,

comme

sous-offîcier, tous les dix jours,

une solde de 13,30 marks;

les

exempts, 9,30 marks, plus ment. les

10 octobre.

Ce

hommes,

5,30 marks;

les vivres et l'équipe-

soir encore, alerte, parce

qu'un

bataillon français a attaqué la ligne d'avant-postes.

Quand nous quittâmes

notre position pour nous

porter en renfort, les Français s'étaient déjà repliés; çà et là seulement, nous entendions siffler des balles,

mais notre compagnie n'eut pas à fusil. Il

// octobre.

travailler

On

un coup de

n'y eut que de faibles pertes des deux côtés.

d'avant-postes

(i)

tirer

— ;

Le

soir,

départ pour

presque toute

la

la

position

nuit est occupée à

(aux retranchements, aux abris souterrains.

ue saurait que rapprocher de cette constatation

lières nouvelles

communiquces prcccdemmcut

à la troupe.

les

singu-


Carnets de combattants allemands

124

aux réseaux de le

bois.

matin,

il

Les

y

fils

de

fer, etc.); le jour,

sont

nuits

a toujours

12 octobre.

une

Vers

1 1

froides

;

le

forte gelée blanche.

heures, cette nuit,

je suis

hommes pour

recon-

en patrouille avec deux

parti

on dort dans

terriblement

naître le terrain à environ 2 kilomètres de nous. J'ai

eu de

la

chance de ne pas être inquiété, mais, non

loin de nous, d'autres de nos patrouilles essuyèrent

Kônig en

des coups de feu et l'exempt

dans

le bras.

Le projecteur du

lumière sur nous, se serait bientôt

I) octobre.

mal

dus

je

me

un

a reçu

envoyé

fort ayant

replier, sans

sa

quoi cela

passé.

Je remarque, depuis quelques se-

maines, que nos journaux apportent de moins en

moins des nouvelles de

victoires et, par contre, parlent

de plus en plus des grands renforts que les

Anglais font venir.

Marne

se

combat entre

les

Français et

bataille décisive

prolonge déjà depuis plus de

l'autre ligne de est aussi

La grande

trois

de

la

semaines;

l'Alsace et les

Vosges

depuis longtemps immobilisée. J'apprends

çà et là que les Russes poussent toujours énergique-

ment de

l'avant.

Tout compte

fait,

je crois

que

la

guerre peut durer encore quelques mois et apporter qui sait quelles surprises? Sans doute aussi par

même occasion sera résolue la question comme je le présume à bien des signes. curieux de savoir

comment nous, aux

la

polonaise,

Et

je

suis

avant -postes.


Journal d'un

sous-officier

nous pourrons supporter

comme

n'avons,

de la landwehr

125

Sans doute, nous

l'hiver.

soutien d'artillerie, que de rares oc-

casions de combattre, mais nous souffrons, surtout en

première ligne, des intempéries pas faire de feu à cause de

et

nous ne pouvons

l'artillerie française.

Aux

avant-postes, nous recevons presque chaque jour des

obus, mais nous n'avons pas de pertes.

Vers

3

heures de l'après-midi,

court, situé devant nous, a soir, cette tas

le village

commencé

de Mau-

à brûler, et, le

joHe et proprette locaHté n'était plus qu'un

de décombres. Elle a été incendiée volontairement

par des soldats allemands, probablement pour que

les

Français n'aillent plus s'y aventurer sans cesse, afin d'y dormir

ou d'y réquisitionner. Suivant une version, une vengeance de ce fait que des civils

l'incendie a été

y ont, prétend-on, tué à l'arme blanche un exempt blessé. Le soir, en allant en patrouille, j'ai visité au retour

le village et,

intacte,

j'ai

pris

dans une maison restée par hasard

pour moi une chemise, un

gilet, un Dans cette habitants s'étaient évidemment enfuis

couteau, des mouchoirs et des fruits.

maison, dont les

en toute hâte, sonnait

les

la

pendule au

mur

marchait encore et

heures, ce qui produisit sur

moi une im-

pression singulière (').

14 octobre.

— En dehors des petits combats de pa-

(i) Ici se termine le premier carnet

carnet

commence

sans transition à

la

du

sous-officier.

Le deuxième

journie du 14 octobre.


126

Carnets de combattants allemands

trouilles et

du feu

d'artillerie habituel, ainsi

peu de pluie, rien de nouveau. Le

que d'un

soir, retour vers

Haut-Fourneau où nous cantonnons.

le

i^ octobre. et cela

pour

— Nettoyage la

raison suivante, très prosaïque, mais

importante.

très

plusieurs

Au

hommes

2^ bataillon,

on

a trouvé chez

des poux, et on craint que dans

cantonnements

les

à fond des cantonnements,

contagion ne puisse gagner

la

les

autres bataillons. Notre lieutenant nous a enseigné

que de

le

1

grand pou français

des bataillons entiers;

pendant des semaines rien, les

poux

qu'au sang. cer

ici

On à

campagne

disait

En

auraient lutté

bons à

mordus littéralement juson ne veut pas recommen-

auraient

tout cas,

d'abord que nous devions aller cantonner

où toute

expulsée et

rendu

les

hommes

les

et n'auraient plus été

cette expérience (').

Billy,

est

aurait, dans la

870-1 871, mis en quelque sorte hors de combat

le

la

population

mobilier en

inutilisable.

Cette manière de

véritablement barbare

puissions déblatérer sur

nous faisons bien

civile

pis

la

a déjà

:

je

faire la

guerre

m'étonne que nous

conduite des Russes, car

en France

et, à

toute occasion,

sous un prétexte quelconque, on brûle et on

(i) Il est assez piquant de constater

une importation allemande

été

partie enlevé, en partie

les bestioles

pille.

que nos troupes attribuent à dont sont également infestées

nos tranchées.

i


Journal d'un

sous-officier de la laiidiuehr

iij

Mais Dieu est juste et voit tout ses moulins moulent lentement, mais terriblement menu('). :

i6 octobre. Je vais avec une section de notre compagnie aux environs de Billy pour mendier là-

pommes

bas des

de terre.

A

nous faisons une

Billy

courte halte pour faire quelques achats à qui s'y trouve. d'ici,

La population

cantine

la

civile a été chassée

tout ce qui pouvait être enlevé a été pris par le

militaire;

en outre, par vandalisme, on a mis en

pièces bien des meubles appartenant aux habitants.

Les rues désertes, sur lesquelles on ne voit plus que çà et là quelques soldats, ont un aspect désolé, et cette impression

est

encore accrue par

vue des

la

nombreuses maisons incendiées.

De

Billy

pour voir

nous avons marché jusqu'à Mangiennes modèles qui y ont été

là-bas les tranchées

installées par le génie.

Contrairement

giennes est restée intacte et

je

peux

à Billy,

me

Man-

complaire en

la

beauté vraiment très pittoresque de cette localité.

A

cette occasion, je fais le projet,

de

conclue,

voyage dans

faire

ces

une

fois la paix

avec un habile photographe un régions,

pour en

photographier

toutes les beautés, ce qui servira ensuite à l'illustra-

(i)

«

Seine Milhîen mahlen hingsam, aher schrecklich kletn

proverbiale

antique

:

du vieux poète Fr. von Logau,

o^J-i

SiSv àXéoudi

nuTisi

àXi'oudi Si Uv-cà.

DEWiN, Corpus Parxmiographorum Grxcorum,

inspiré Cf. t.

I,

».

par

Leutsch

— Citation la et

page 444.

sentence

Schnei-


Carnets de combattants allemands

128

Le Haut-Fourneau, qui est un étang magnifique, devra aussi être alors photographié. Le soir, retour. tion de ces mémoires.

situé sur

ly

octobre.

— L'après-midi, départ dans

la

position

d'attente.

1 8 octobre.

— Même position; continuation dans

les abris.

i^

octobre.

hommes de

la

Je vais, l'après-midi, avec seize

en grand'garde n°

à la

i

ferme peu éloignée

Gélinerie où, en dehors du poste d'infanterie, se

trouve encore une section de mitrailleuses. n'est pas trop la

mal

installés

section de mitrailleuses

l'un des sous-officiers de

;

même une

tient

y

petite j

du tabac, des harengs, chocolat, du lard, de du allumettes, des des bougies, la graisse, etc. Cet homme fait venir toutes ces

cantine,

\

Ici l'on'

l'on peut acheter

|

J

|

choses de Billy.

J'ai fait ici aussi la

connaissance d'un

sous-officier qui, dans le civil, habite à

grube, près de Rybnik('), où j'avais affaire de constructions, et

nouvelles de

amène 20

j'ai

il

eu par

mes connaissances de

Dubensko-

y a trois ans lui

là-bas.

mon

quelques

La guerre

parfois de bien singulières rencontres.

octobre.

Il faisait très

bon

à cette garde,

(i) Ville de Haute-Silésie, centre minier important.

il

y

\


PI.

XIII



Journal d'un

landwehr

sous-officier de la

manger en abondance,

avait surtout à

129

en dehors

car,

de ce que nous touchions à notre compagnie, nous recevions encore

tout ce que nous vouHons à la

cuisine de la section de mitrailleuses. suis parti et

je suis

Au

arrivé vers 9 heures

cours de cette nuit,

hommes

avec deux entre

gagné directement

j'ai

Nous arrivâmes Peu

soir.

envoyé en patrouille

Maucourt

jusque-là, mais

et notre position.

nous nous couchâmes

un buisson d'environ

alors par terre sous

de haut.

du

été

soir, tard, je

vers le ruisseau qui se trouve

bois de

le petit

j'ai

Le

les avant-postes,

3

mètres

après, vint à passer la patrouille

du

sous-officier Jungholdt, avec lequel j'échangeai quel-

ques paroles à voix assez haute, notamment l'obligatoire

dans

Hait le

!

Wer da ? L'ennemi

devait se trouver

voisinage et nous avoir entendus, car, peu

de minutes après, nous fûmes inondés par un violent feu d'infanterie. J'entendais les maudites balles siffler et

tomber dans tous

coins.

les

Nous revînmes en

courant dans l'obscurité, Jungholdt se retira heu-

reusement avec

consomme

sa section.

tout de

même

quantité de cartouches. vers le matin

21 octobre.

il

Tout compte

l'on

fait,

inutilement une énorme

Dans mes deux

patrouilles

n'y eut pas d'autre incident notable.

Comme

à tout

moment

il

y

avait

des escarmouches de patrouilles ou d'avant-postes,

nous avons passé toute

la

journée dans

partie dans les tranchées, partie dans CARKITS DE COMBATTANTS

la

les

position, abris. 9

Il


Carnets de combattants allemands

130

nous vient des avis que les Français recommenceraient à se démener devant nous dans le bois de

Maucourt hauteur

qu'en

et

24e.

Notre

chasser et envoya section avec

le

outre

capitaine

•""

sans rencontrer personne.

ment, ne

suffit

pas

absolument gagner

que

i

cela coûte ce

de

l'affaire

22 garde

la

des

les

La

3^

tranchées;

les

en

Nous avançâmes

500, puis nous revîn-

Ce

résultat, naturelle-

voudra ;

cela

la

première

qui veut

Croix de Fer de i"

façon suivante

octobre.

la

notre capitaine,

à

la

que

de

résolut

avant

lieutenant Hôfner.

tout doucement d'environ

mes

en

soir

le

occupé

auraient

ils

,

il

a

classe,

donc

repris

:

section

est

deux autres

restée

à

la

formèrent

deux détachements, dont le premier, sous la conduite du lieutenant Hôfner, devait, en partant de la route qui mène à Maucourt, entrer dans le petit bois en question et en chasser je

avec

par

le capitaine,

prendre

le

les

me

ment, dans lequel

la

Français

trouvais

nuit et

;

l'autre détache-

moi-même, le

brouillard,

partit

pour

bois par l'autre côté et barrer la retraite

des Français qui pourraient s'enfuir.

Nous marchions

en grand silence depuis environ une demi-heure,

quand nous entendîmes quelque part des cris de hourra et une fusillade c'était le détachement Hôfner qui évidemment avait rencontré l'ennemi. Sans doute nous ne voyions pas d'adversaires devant nous; !

cependant quelques

;

hommes

de notre détachement,

;


Journal d'un

croyant qu'il

ment se

mit

s'agissait

131

d'un assaut, se mirent égale-

Ce

sur quoi, du brouillard il tomber sur nous, de deux côtés différents, un

à crier hourra! à

landwehr

sous-officier de la

vigoureux feu d'infanterie. Le capitaine

tout

était

déconcerté et s'enfuit avec son détachement.

Dans

ce «

mouvement de

repli » ('),

un peu bien

précipité, de notre détachement, je perdis de

autres dans

vue

les

brouillard et, pour ne pas errer inuti-

le

lement

et n'être pas atteint par les

jectiles

qui sifflaient de toutes parts,

terre et j'attendis environ

nombreux proje

me

jetai

par

une heure jusqu'à ce que

brouillard fût suffisamment éclairci

pour que

je

le

pusse

somme, je me trouvais. Je me vis en plein champ, non loin de Maucourt, avec la pointe sud du petit bois devant moi, un peu à

reconnaître où, en

gauche.

Comme

j'avais appris

par hasard,

les

jours

précédents, que cette localité précédemment incendiée était inoccupée des Français, je résolus de

rendre

à

travers

champs,

mais de

distance suffisante du petit bois, pour

passer à

m'y une

que, dans

le

brouillard, l'on ne puisse m'apercevoir de là-bas. Ceci

en un quart d'heure je me trouMaucourt et pris la route conduisant

me réussit pleinement vai tout près de

:

à nos positions, d'où

je

gagnai facilement nos can-

tonnements. J'appris là

que

était rentré sans

(i)

En illcmand

:

le

capitaine avec son détachement

encombre, personne

Riickiug.

n'était blessé;


Carnets de combattants allemands

132

cependant,

dans

si,

le

brouillard,

nous avions buté de

plus près sur les Français, nous aurions

dû avoir des

énormes ; mais, ainsi, les Français avaient tiré au petit bonheur dans le brouillard et n'avaient

pertes

Quant

atteint personne.

Hôfner,

elle était

bois, sur

une

à la section

du lieutenant

tombée, tout d'abord, devant

petite

le

troupe qu'elle attaqua par des

et poursuivit jusque dans le bois. Mais là il y moins un demi-bataillon d'infanterie française qui, en ouvrant immédiatement le feu, obHgea le Hôfner à se replier en toute hâte. Son détachement

hourras

!

avait au

non

n'eut d'ailleurs pas de pertes

seulement s'égarèrent dans

le

plus, trois

hommes

brouillard, mais rentrè-

bon état. nous avions tous eu une chance

rent au bout de quelques heures, tous en

Tout compte inouïe, car

fait,

brouillard n'avait pas été

le

si

si

épais,

l'ennemi aurait pu prendre notre détachement à son

approche tranquillement sous son

canonna

feu. L'après-midi,

notre

artillerie

nells,

mais l'ennemi semble l'avoir évacué aupara-

le petit

bois avec des shrap-

vant, parce qu'il ne connaissait pas notre force.

Pour

tenir définitivement ce petit bois à l'abri de

l'ennemi, nos pionniers ont mis tout autour, pen-

dant

la nuit,

différentes

mines; naturellement l'on

enjoignit sévèrement à nos à

hommes

y retourner. Effectivement,

çais aient tenté

dans

pendant

le petit bois,

la

il

de n'avoir plus

semble que

les

Fran-

nuit suivante de rentrer

car l'on put entendre distinctement

deux explosions qui venaient de

cette direction.


sous-officier de

Journal d'un

— Toute

2) octobre.

I

la

la

landiuehr

133

journée, nous avons eu

pour

repos relatif; le soir, départ

la

un

position de ré-

serve au Haut-Fourneau.

Aujourd'hui, pour changer, une sec24 octobre. laquelle je me trouvais aussi a reçu pour tion dans mission d'aller à Billy déterrer, non pas des

pommes

de terre, mais des betteraves. Notre administration

évidemment utiUser autant que pos-

militaire veut

tous

sible

trouver

les

approvisionnements qui peuvent se

aujourd'hui par exception

du

joint au chef

raves

Mes hommes ont

en pays ennemi.

actifs,

que

l'officier ad-

bataillon, à la réception des bette-

ainsi récoltées,

chacun deux

si

s'est

cigarettes...

cru obligé de donner à

J'eus cette fois l'occasion

d'acheter à Billy tout ce dont j'avais besoin vait

même

depuis

si

s'y

bution du courrier,

si

:

de

la bière

je

longtemps; la

on pou-

!

à la distri-

reçus d'abord 20 marks de

que

j'attendais depuis

un paquet avec

des cigares et du

l'architecte Boreck, envoi

chocolat de

;

procurer tout ce qui nous manquait

longtemps

Après notre retour au Haut-Fourneau,

M.

été

part de

mon

ami Wesotawski, ce que

je n'attendais pas du tout, et 3° une lettre de ma mère, m'annonçant que des paquets contenant des sous-vê-

tements chauds,

etc.,

m'avaient

été

pourrais donc marquer cette journée-là

expédiés

;

je

comme bonne

pour moi, si la lettre de ma mère ne m'avait fait part que mon cousin, l'ingénieur Léon Kantak, avait été


Carnets de combattants allemands

134

tué d'un coup de feu par trouille,

les

que sa femme

et

Russes en allant en pa-

était

dans

le

désespoir.

Cette nouvelle m'a profondément ému, parce que j'étais très lié

avec

mon

cousin et connaissais aussi

très bien sa femme. Mais cette malheureuse guerre

ne s'occupe pas de

2j octobre.

cela.

— Le génie vient de construire jusqu'au

Haut-Fourneau une voie ferrée pour transporter les gros a bourdons » ('), c'est-à-dire les pièces de 42*^" de chez Krupp, avec lesquelles on doit dans quelques

bombarder Verdun. Notre commandement et monde en général se promet les plus beaux résultats de cqs canons, avec lesquels on a pris Anvers, etc., et dont un seul coup heureux doit suffire pour

jours

tout

le

détruire tout

un

fort.

En

attendant l'arrivée de ces

pièces, le reste de notre artillerie à

sans grand

L'après-midi,

effet.

tonner,

lourde continue

mais vraisemblablement

provisoirement

je suis

envoyé avec

six

hommes à Billy pour chercher des pommes de terre. Non loin du champ de pommes de terre se trouve une chapelle,

tion

:

= 168

de construction

1746;

elle est

donc

ancienne, avec vieille

de 1914

l'inscrip-

1746

ans. L'intérieur en est assez simple, et cepen-

Le sobriquet populaire qui désigne en Allemagne ces grosses mot Brummer ; il a prêté à une quantité de caricatures, où ces colosses légendaires sont figurés comme d'éijormes bourdons ou frelons. (i)

pièces de 420 est en effet le


Journal d'un

dant

le

sous-officier de

landwehr

la

135

calme solennel qui y règne produit sur un n'est pas complètement dépravé une impres-

cœur qui

Dans

sion profonde.

ce silence,

on

croit

entendre

la

voix de Dieu, de ce Dieu qui m'a jusqu'ici toujours

protégé et qui

26

octobre.

me

guidera encore plus loin.

Notre

bataillon a aujourd'hui

un

exercice de service en campagne, qui fut suivi d'une

dure marche vers

la

avec laquelle

supporté

j'ai

position d'attente. Par la faciHté

forces sont encore intactes

remis, grâce à

les ;

deux,

mon

je

mes

vois que

estomac aussi

s'est

grande quantité de tablettes de cho-

la

mangées dans ces dernières semaines j'ai seulement depuis longtemps un rhume de cerveau colat

que

j'ai

;

et je suis enroué.

2^ de

la

octobre.

— Je

frappe, c'est

repars en grand'garde à la ferme

une fois. Ce qui me que partout chez nous l'on cherche des

Gélinerie où

j'ai

déjà été

espions français, qui, déguisés en toutes sortes d'uni-

formes, circuleraient Je suis curieux

comment

se

ici

pour découvrir nos positions.

de savoir

comment

comporteront

les

finira le siège,

pièces de

notre infanterie aura ou non à donner

28 de

la

octobre.

— Toute

Gélinerie

d'attente.

;

le soir,

la

journée,

un

42'^'"

et si

assaut.

je suis

à la ferme

relève et retour à la position


Carnets de combattants allemands

1^6

Départ pour les avant-postes. La' 2p octobre. canonnade devient de plus en plus intense, il est arrivé aussi beaucoup de renforts. ^0

octobre.

— La première

nuit et

mon

nuit, je

nullement inquiété.

octobre.

— Aujourd'hui, jour

notre compagnie.

Le

le village

fait

de malheur pour dans son maladif

capitaine,

besoin d'actions d'éclat,

ment

premier jour

tour est revenu d'aller en patrouille, mais

n'ai été

^i

le

La deuxième

se passent assez tranquillement.

occuper par un détache-

de Maucourt

;

un

autre détachement

doit pénétrer dans le petit bois qui est devant nous.

Les gens de ce deuxième détachement furent alors

pour des Français par

pris

le

détachement qui s'avan-

Maucourt et celui-ci ouvrit le feu sur eux. un mort, deux blessés. Toute la journée, dure une canonnade colossale, et je vois par ma çait vers

Résultat

jumelle

:

comment

les

Français se retranchent sur

la

hauteur près de leur fort.

j" novembre. que

les

forts

— Aujourd'hui

lourdes pièces de

42'^'"

s'est

répandu

le

bruit

qui devaient écraser les

en face de nous, ne seraient plus

là,

mais

seraient reparties avec la plus grande partie de notre artillerie

ment Le

:

pourquoi? Nous ne

le

savons naturelle-

pas. soir, départ,

non

pas vers

le

Haut-Fourneau,


Journal d'un

mais dans

homme

tombé

est

que

la 12^

On

temps avec d'autres

derniers

voit distinctement quelle dévasta-

produite dans

a

un

jusqu'ici;

arrivés

a été ainsi tué, et l'obus

mètres en face des baraques

1 5

habitées ces

j'ai

il

compagnie

à environ

sous-officiers.

tion

seraient

français

de

137

position d'attente. Là, j'apprends que les

la

projectiles

landwehr

sous-officier de la

l'abri

souterrain où

est

il

tombé. novetnhre.

2

du du camarade

enterrement

Aujourd'hui,

hier par l'obus, ainsi que

soldat tué

ici

Hofmann

qui a été tué avant-hier par erreur par nos

gens dans

le petit

bois de Maucourt. L'après-midi,

notre capitaine nous apprend que nos troupes, plus

au sud, ont non seulement repoussé

des

sortie

la

Français, mais encore enlevé, dans la poursuite de

l'ennemi, sa propre position. L'assaut sur fera la

en

maintenant de

Verdun

plupart de nos canons sont partis

;

se

pourquoi

là-bas, ce qui explique

ceux-ci seront

que derrière notre position, moment nous devons rester tranquille-

effet plus utiles là-bas

où pour

ment

le

sur la défensive.

Durant

ces derniers jours, nos

troupes ont reçu pas mal de petits cadeaux, pour plupart des objets pour fumeurs

généralement beaucoup. dans

le civil,

dire

que,

humeur très

;

du

Moi-même

je

reste

fume,

environ dix cigares par jour,

s'il

n'y avait pas de ces

la

on fume

comme

et je

cigares,

peux

mon

parmi tous ces dangers et ces fatigues serait

déprimée.

Mais

fumer soutient encore chez


Carnets de combattants allemands

138

moi, dans une certaine mesure,

humeur;

du moins

j'ai

me

qui m'occupe et qui

en

est ainsi

de

le

calme

fait

du bien,

et je

plupart d'entre nous.

la

et la

bonne

alors toujours quelque chose

vécu ces choses-là soi-même pour

Il

les

pense

qu'il

faut avoir

bien

com-

prendre.

^ novembre.

pour

la

— Le matin, départ de notre

bataillon

position de repos à Mangiennes. J'espérais

retrouver

mon

ici

ancien hôte de Billy,

M. Hainaux,

mais celui-ci aurait, dit-on, été transporté avec d'autres civils à

Longuyon.

de militaires

abandonner

;

y a ici une grande masse par contre, la population civile a dû Il

le village et

l'exception d'un petit

a été refoulée vers

nombre de

qui sont en partie obligées

ici

— Le matin,

4 novembre. mise en état des c'est

vieilles

l'est,

à

personnes

de nettoyer

les rues.

exercice; l'après-midi,

affaires et appel.

Ce

qui est amusant,

que nos gens ont déjà donné aux rues des noms

allemands; ce sont pour

la

différents chefs de corps, par

Glahn,

tenberg, rue de

temps,

il

a fait,

sec et assez

œs

doux;

noms des exemple, rue von War-

etc.

plupart

Pour

les

ce

qui est du

quatre dernières semaines, assez il

y

a

seulement assez souvent

d'épais brouillards.

jf

novembre.

Le matin,

vers 4'*30, départ du


Journal d'un

bataillon

pour

la

sous-officier de la landivehr

139

position d'attente, l'ancienne;

commis par

répare les petits dégâts

le

on

feu de l'en-

nemi. 6 novembre.

— De bon matin,

la

10*

compagnie

de notre bataillon a reçu l'ordre d'aller incendier

Ornes ('). La compagnie, en entrant dans le village, un feu de mitrailleuses françaises et eut

fut reçue par

environ douze blessés

et quatre

morts, sans avoir

atteint son objectif.

Au

retour de

la

compagnie,

Puttkammer, leur

taillon,

le

dit

avez eu quelques pertes, ça ne voir

si

c'est

:

commandant du ba« Mes enfants, vous

fait

pas de mal

!

» Sa-

bien l'opinion générale? L'après-midi,

interminable travail aux retranchements, puis départ

en position d'attente sur

la

point important. Là, passé

hauteur 310 qui est un

la

nuit dans les abris sou-

terrains.

7 novembre.

— Je

suis de garde au drapeau avec

quelques petites gardes accessoires;

le

reste de la

compagnie est employé aux travaux de retranchements. Parmi les hommes, sous-officiers et même les officiers,

court

le

bruit

seraient entremises

Canton de

que

pour

la

l'Italie et

l'Amérique se

paix et auraient envoyé à

Charny, à l'extrémité sud-ouest de la forêt de remarquera ici l'ordre formel donné à une unité d'infanterie, en dehors de tout combat, d'aller délibérément incendier un (i)

Spincourt. village.

On


Carnets de combattants allemands

140

toutes les parties belligérantes un ultimatum d'avoir

novembre 19 14.

à faire la paix avant le 8

verra

!

(') »

Espérons

8 novembre. relevé de

ma

— Vers

garde

en première ligne. cours de

la

que

ainsi

à

et

tirailler,

vivra

le petit

les

je suis

ma compagnie

choses avaient changé au

Ici, les

ont été occupés par

Qui

10 heures du matin,

et vais rejoindre

journée d'hier, en ce sens que

de Maucourt

donc

«

meilleur.

le

bois en face de nous

Français.

notre

le village

On

capitaine

recommence veut

encore

amener beaucoup de mal, parce que les Français sont bien retranchés. Le commandant du bataillon, von Puttkammer, au aller

de l'avant,

ce qui peut

contraire, ne veut plus rien entreprendre dans ce voi-

Remarquons en passant qu'il y a aujourd'hui que Verdun s'est rendue en à nos troupes. veux prendre cela comme un 1870 Je heureux présage et m'en remettre à Dieu, qui mène sinage.

juste quarante-quatre ans

toutes choses pour

le

mieux.

La nuit du 8 au 9 s'est passée tran^ novembre. quillement, car on a de notre côté reculé l'attaque d'un jour. C'est seulement déclencher. D'après ce que

le soir

j'ai

que tout devait

se

appris, plusieurs autres

compagnies de notre régiment,

ahisi

qu'une compa-

gnie de mitrailleuses et de pionniers, ont été amenées

(i)

En

français dans le texte.


Journal d'un

pour

cette entreprise;

de nettoyer prendre

landwehr

sous-officier de la

ne

il

seulement

s'agissait pas

bois de Maucourt, mais encore de re-

le

le village.

Tout

Vers 7 heures du

s'est

passé

notre

soir,

comme

Maucourt, puis

les

suit

:

canonna

artillerie

positions françaises, c'est-à-dire Ornes, village de

141

le

les

bois et le

compagnies désignées

à

cet effet se portèrent dans l'obscurité à droite et à

gauche du

bois.

hauteur du

Quand

elles

notre

bois,

furent à peu près à

tranchée

contre

le

côté nord du bois

un

tranchée,

le

le

trouvaient,

s'y

feu nourri, auquel les

Français ripostèrent énergiquement. la

avec

ouvrit,

concours des trois mitrailleuses qui

la

Mon

voisin dans

landwéhrien Schubert, fut ainsi atteint

de ce qu'on appelle un coup d'écharpe(') au bras,

comme

il

périscope.

à

la

en train de placer convenablement

était

Dès

le

Usière sud

début du combat,

du bois une fusée

je vis

éclairante,

Nous sommes

sans doute voulait dire

:

envoyez du renfort.

»

Au

nous cessâmes

pour ne pas nuire

le feu,

«

le

s'élever

qui

attaqués,

bout d'un quart d'heure à

gnies qui, des deux côtés, entrèrent dans

nos compale bois, reje-

tèrent l'ennemi et firent quelques prisonniers.

Pendant que nous

retranchements, village la

les

pionniers devaient installer pour

à la lisière sud

;

la 9'

les

du bois une nouvelle

compagnies

compagnie

ligne de

se portèrent sur le

resta en arrière

pour occuper

position à toute éventualité. Bientôt nous enten-

(i)

En allemand

:

Stieifschuss.


Carnets de combattants allemands

142

dîmes de notre tranchée une violente des cris de hourra

fusillade, puis

mais peu à peu tout changea.

!

Les hourras se turent

et,

au Heu d'eux, retentirent en

français des signaux d'attaque et les cris

en avant

(')

!

»

:

« Allez,

Sans doute nos troupes avaient dû

tomber sur des renforts ennemis qui les avaient reLa retraite dégénéra en fuite; nos gens nous arrivèrent peu à peu tout dispersés et en courant, et foulées.

les

Français qui

les

poursuivaient réoccupèrent tout

le bois.

Ainsi se termina l'entreprise; nous avions, tout

compte fait, environ trois cents hommes tués, blessés ou prisonniers; c'est la compagnie du génie qui a perdu

le

plus de

vent avoir

Chez

les

é.té

monde. Les

pertes des Français peu-

en tout d'environ deux cents hommes.

prisonniers que nous avons

faits,

nous avons

trouvé dans leur sac du vin, de l'eau-de-vie et beau-

coup de viande, ce qui démontre que cela va mieux pour les Français que pour nous, car nous ne touchons que l'indispensable. La plupart des prisonniers étaient

de tout jeunes gens d'environ dix-huit à

vingt ans.

10 novembre.

— Toute

la

journée et

la

nuit sui-

vante, nous avons eu du repos; on entendait quel-

ques coups de canon.

(i)

En

français dans le texte.


Journal d'un

sous-offîcier

11 novembre.

A

6

de la landwehr

143

heures du matin, relève;

nous marchons vers Mangiennes.

— Petit

12 novembre.

service de remise en état des

que nettoyage des

affaires, ainsi

fusils (').

— A 2 heures du matin,

I) novembre.

vent; nous devions partir pour

et

mais tout à coup dormir.

les

ordres sont changés et nous res-

un jour

tons encore

réveil, pluie

avant- postes,

les

Mangiennes

à

Continuer

«

:

à

»

14 novembre.

— Jour de repos;

rencontre quel-

je

ques paysans français qui ont été transportés de Billy

Ces gens sont nourris par nos troupes, mais sont

ici.

obligés de travailler, par exemple, de nettoyer les rues, etc. Ils

couchent sur de

J'apprends par eux que

M. Hainaux,

serait parti

jj novembre. la position

Nous

mon

la paille

dans

l'église.

ancien hôte à Billy,

pour l'Allemagne (^).

— A3 heures du matin, départ pour

d'attente

;

là-bas

travail

;

le

soir, alerte.

repartons en avant vers 9 heures du soir, par une

nuit noire

;

on entend un roulement énorme de

photo reproduite ci-dessus, page 112.

Ci)

Voir

(2)

Témoignage

la

l'occupation

intéressant

allemande

sur

l'état

aux populations

L'alternative entre les travaux forcés

de servitude imposé par des pays envahis.

civiles

sur place et

la

déportation est

de cette servitude qu'il serait d'en trouver de plus tragique exemple. ici

tellement

fusil-

caractéristique

difficile


Carnets de combattants allemands

144

temps

lade et de canonnade, le

est pluvieux.

Nous

croyions qu'il s'agissait d'une grosse attaque des Français.

Çà

et

des fusées éclairantes illum'nent le

là,

champ de bataille. Quand nous s'étaient déjà retirés et

il

que des troupes relativement approchées

200 mètres les

des

tranchées

et là auraient

arrivons, les Français

paraît qu'il n'y aurait eu faibles, qui se seraient

allemandes

engagé une

à

environ

fusillade contre

pionniers qui y travaillaient. Evidemment,

e icore eu ici plus de bruit

il y a que de mal, quoique nous

ayons eu à déplorer quelques pertes

compagnie

;

mais notre

venue jusqu'à la ligne de feu et n'eut pas non plus à tirer un coup de fusil. Nous

sommes

n'est pas

rentrés fatigués et trempés dans nos abris

souterrains, qui sont en partie pleins d'eau. Les toits aussi laissent passer l'eau.

i6 novembre.

Il

pleut toute la journée. Je suis

de garde au drapeau et m'installe tant bien que mal, de sorte que

c'est

l'humeur générale penie qu'à

la

encore assez supportable; mais est

morose, tout

le

monde ne

paix prochaine, qui ne veut pas venir!

D'enthousiasme guerrier on n'en trouverait plus une trace.

— Mise en des 18 novembre. — Le matin, de bonne heure, départ 77 novembre.

état

affaires.

pour les avant-postes ; ceux-ci sont maintenant un peu


l'I.

XIV



Journal d'un

sous-officier

de la landwchr

145

au nord-ouest, non loin du village de Gremilly('). Je dois passer avec huit

hommes

toute la journée

de garde dans

Toute

compagnie passe

tranchée.

la

journée dans

la

abris

les

la

souterrains,

environ

à

200 mètres en arrière, dans le bois, et me relève à 7 heures du soir. Toute la nuit suivante je pus de nouveau dormir avec mon groupe dans l'abri de la compagnie. 79 novembre. chée,

dans

la

Le

compagnie

jour, je reviens dans la tran-

se retire

en arrière. Je trouve,

position des mitrailleuses qui nous ont été

la

mon ami,

attribuées,

le sous-officier

parlons ensemble de Konigsbrûck

dehors

Un

les

Schmàh, ("),

mon

nous

canons français bombardent nos positions.

obus, qui est tombé

le soir

dans

compagnie, a tué huit hommes, dont de

et

tandis qu'au

de ma hommes

l'abri

trois

escouade, et en a blessé trois autres. Si nous

n'avions pas été de garde, nous aurions été atteints

nous

aussi, car très

trouvés au

probablement nous nous serions

moment

de

la

catastrophe avec

le reste

de

notre unité. Je considère cette circonstance que, par

exception ce jour-là,

je

me

trouvais encore de garde

comme une grâce spéciale me promets une fois de plus

à la tranchée,

de

dence

de ne jamais

f i)

et je

Petit village

du canton de Damvillers,

la

Provi-

à la lisière oueit de la

iorèt de Spincourt.

(2) Sans doute s'agit-il ici de la ville de ce nom, située dans nord de la Saxe, non loin de la Lusace.

ClKNITS DB COUIATTÀMTS

le


Carnets de combattants allemands

146

oublier cela et de penser toujours à la souveraine

bonté qu'Elle m'a témoignée

homme

de

mon

préservé de cet obus que par ce

un peu malade sition à ce

hommes fait

de

étant de garde,

moment)

punis

fait

que, se trouvant

était (sur

il

autre

Puszko, n'a été

ma

propo-

Mangiennes auprès des

sans cela, sans doute, c'en eût été

;

lui.

20 novembre. sur

resté à

Un

jusqu'ici.

nommé

escouade,

— Suis encore de garde

ma demande

dant, nous ne

dormons pas

nuit dans

la

bois, mais bien dans la tranchée je suis allé

en patrouille avec un

bon courage, car je sens Dieu qui me protège.

j'ai

21 novembre.

à la tranchée,

expresse au sergent-major; cepen-

;

les abris

du

en outre, cette nuit

homme. Malgré tout, main de

à chaque pas la

— A 6 heures du matin, départ pour

Mangiennes, en position de réserve. L'après-midi, Nous avons cette

appel de solde; à part cela repos. fois

de bons abris où

22 novembre.

il

fait

chaud.

Le matin,

midi, mise en état des affaires

office divin

;

l'après-

(').

(i) Ici se termine le deuxième carnet du sous-officier. Il s'y trouve en outre un croquis dont on a reproduit le fac-similé page 72. C'est sans doute le plan d'une des positions occupées par la compagnie où servait l'auteur, mais il ne s'y trouve aucune indication de lieu, ni de

date.


Journal de campagne d'un

Réserviste Saxon (i79« d'infanterie, 6" compagnie) (')

Le journal de campagne de

trace sur un petit carnet i4SxjS^°^. La couverture, encamot Merkbuch, également imprimé

ce réserviste est

cartonné, relié en toile grise et mesurant

drée d'un

filet bleu,

en bleu,

et

vergcsse

(*).

porte pour titre

en bus dans

6

du

feuillets

le

:

coin à droite

les

mots

titre.

&

Falk, de Leip^ig-Lindenau

Le carnet comprend

:

i feuillet

:

les

calendrier mémento, savoir

ich // nichts

vembre portent quelques

notes

;

4"'", et entièrement occupés par sont perforés et amovibles.) Il

De même

.

de

titre

le

premier

imprimé, plus

deux premiers blancs, au

sième (maî) un petit poème au crayon fuchsine,

j pages pour

Damit

:

L'intérieur de la couverture est consacré à la pjiblicité de la

maison Messerschmidt feuillet

le

les

troi-

suivants de juin à no-

viennent ensuite i6 feuillets, quadrillé bleu le récit.

y a

Bemerkungen où

(N. B. Les huit derniers

feuillets

ensuite une page de réclame imprimée et le

récit se poursuit.

Un

feuillet de notes

j feuillets imprimes bleu avec des renseignements divers (statistiques, poste, assurances, premiers soins en cas d'accident et calendrier

diverses (^)

et

pour içis), soit ensemble jo feuillets n. romains , crayon noir ou fuchsine (*). Le nom de sa famille

et

Le

se

L'écriture est en caractères

et l'adresse détaillée

trouvent au verso de la couverture

commence au troisième jour de jusqu'au iS septembre inclus. récit

c.

la

et

de l'auteur

au premier

feuillet.

mobilisation (4 aottt 1914) et va

(i) Le 1798 régiment d'infanterie, ou 14^ saxon, tenait garnison à ^^'urzen (Saxe). Il formait, avec le 159^ ou 11* saxon ("Dôbeln), la 47" brigade d'infanterie (24^ division, XIX*' corps d'armée).

Voir photographie de cette couverture ci-dessus, page vi. Il y a notamment la liste des choses dont le soldat avait eu plus envie dans sa captivité. Ce dernier feuillet a été reproduit après page 168. (4) Voir page 160 le fac-similé d'une page de ce carnet. On remarquera la perforation caractéristique des feuillets. (2)

(5)

le ci-

y



JOURNAL DE CAMPAGNE d'un

RÉSERVISTE SAXON (179» d'infanterie, 6e compagnie)

4 août.

28 de l'après-midi,

A

5''45,

par

la

A

Troisième jour de mobilisation.

2''

Leisnig

(^).

je

pars de la gare principale

J'envoie à

mes parents

15

(').

marks

poste.

6 août.

Cordel

—A

8''45

du

soir,

départ de Leisnig pour

(province de Trêves). Café et dîner (pain,

(î)

viande noire cuite, beurre et

café).

Arrêt en pleine

voie à Engelsdorf () près de Leipzig. Départ de

là à

minuit.

(i) C'est sans

doute

la

grande gare de Leipzig, car

un faubourg de cette ville. Leisnig, où a eu lieu le rassemblement du

la

famille

de

l'auteur habite (2)

bataillon

du

179*, se trouve sur la ligne de Leipzig à Dresde par Dôbeln. (5) Cordel de Cologne. (4)

est à

une

Simple halte de

Leipzig.

dizaine de kilomètres de Trêves sur la ligue

la

ligne de Leipzig à Dôbeln, à la sortie de


Carnets de combattants allemands

150

et

— Arrivée

à

y''

50 à Apolda('). Arrêt pour

déjeuner dans

la

gare des marchandises de

7 août. café

Apolda. Café, pain, boudin. Départ Eisenach.

A

et conserves

midi nous avons à de viande.

à 6^45 pour un repas de riz

heures, arrivée à Bebra

3

Les habitants apportent des chau-

l'on s'arrête.

drons pleins de

A

.?. (^)

café,

du

lait,

du cacao, des

tablettes

de chocolat, des petits gâteaux fourrés, des cartes (tout

postales

gratis).

Hersfeld-les-Bains

Départ à

(') à

3''45.

3''

Arrivée à

10.

Accueil magnifique,

thé, cacao, café, petits pains fourrés, cartes postales.

De

proprement habillées nous servent. Nous partons après un arrêt d'une demiheure. Nouvel arrêt à Hunfeld; là, on ne nous donne que du lait. Nous poursuivons notre route jusqu'à joUes jeunes

Elm,

et, après

filles très

un court

arrêt, jusqu'à

nous prenons notre repas du conserves de viande.

En

soir

:

route, nous

Hanau

("•).

Là,

chaud avec

riz

sommes

surpris

par une pluie violente et prolongée.

8 août.

— La nuit, à minuit

Francfort-sur-le-Mein, puis

et

demi, nous passons

Mayence

et le

du Rhin vers Rtidesheim. A Untersalm ? Rûdesheim, nous recevons du café, de

grand pont

(J),

la

derrière

soupe au

(i) Petite ville de Thuringe, sur la ligue de Leipzig à FraucXort. (2)

Le texte ne porte qu'un point

interrogatif.

(3) Hersfeld est sur'la Fulda, entre Cassel et Francfort. (4) Hunfeld,

(5)

Nom

Elm

et

Hanau s'échelonnent sur

certainement altéré par l'auteur.

cette

même

ligne.


Journal d'un réserviste saxon

du pain

des conserves de viande,

riz,

et

151

de

la graisse

qui nous sont servis par des nonnes. Puis nous ache-

vons notre voyage en chemin de dans

le district

quarante-huit heures.

Cordel,

fer jusqu'à

Nous avons

de Trêves.

roulé pendant

Là nous préparons notre

aux cuisines de campagne.

A

peine

la

marche

repas

a-t-elle

commencé que j'ai les pieds blessés. A partir de maintenant

Au

il

y

a des marches très fatigantes à travers l'Eifel.

bout de quatre heures de marche,

je

ne puis plus

continuer par suite d'étouffements toutes ces montées ;

me donnent des crampes dans les deux mollets et il me faut sortir de la colonne. Des sous-officiers de santé restent auprès de

pour celle, je

me

me

réconforter,

moi une femme m'apporte, ;

une

assiette

de soupe au vermi-

une autre du pain et du cognac. Une fois que trouve mieux, la marche reprend pendant en-

viron trois heures.

Mes

pieds sont écorchés, je peux

à peine avancer.

Le

soir,

cantonnement

resserré à Wolsfeld ('), tout

du Luxembourg. Les gens se donnent beaucoup de peine. La nourriture est bonne et abondante. Malheureusement six hommes et un près de

la

frontière

commandés de garde. Hélas j'en Deux hommes montent ensemble la garde.

sous-officier sont suis.

Toutes

les

!

deux heures

donc pu, malgré

la

ils

sont relevés.

grande marche de

la

Je

n'ai

journée,

prendre que deux heures de sommeil. Les sentinelles

(i)

Wolsfeld se trouve à i$ kilomètres au nord-ouest de Cordel.


Carnets de combattants allemands

152

étaient placées à trois quarts d'heure de

compagnie, sur

la

le

marche de

sommet d'une haute mon-

tagne. Les gens qui étaient là-haut nous ont

de

la

viande salée et.des

ici est

pommes

La

de terre.

à peine supportable.

Le lendemain, départ à 4*" 1 ^ août. encore très fatigante. C'est tout juste si en

faire

donné chaleur

me

cantonnés.

deux

hommes

bon,

la

.

je

Marche peux la

Nous sommes encore une

traînant. J'ai la

5

chance de

me

fois

trouver avec vingt-

chez des gens très bien. L'accueil est

nourriture très abondante. D'abord des fèves

blanches, puis des

pommes

de terre avec du jambon

chaud; l'endroit s'appelle Neuerburg('). La nuit, a alerte d'incendie

On

ne peut

camarades ou

Hommes j'étais

il y deux maisons sont en flammes.

nos

établir si c'est par négligence de

un espion qui y a mis sont sauvés. Ce n'est pas

si c'est

et bêtes

le feu.

que

couché.

10 août. cela

:

dans

n'ai pas

reposé,

— Le matin, on

la direction

pu continuer je

suis

part de bonne heure du Luxembourg. En route,

et

me

reparti.

suis couché.

Comme

et je

Après m'ètre

j'étais

gisant

du Luxembourg), il est maison voisine une toute jeune femme,

(c'était juste à la frontière

sorti

(i)

de

la

Neuerburg

Wolsfcld.

est

i

17

kilomètres

environ

au

nord-ouest

de


Journal d'un réserviste saxon

153

qui m'apporta du café et une soupe aux pâtes. Des

avions français volent de temps à autre au-dessus de

nous.

A

Medernach

('),

en Luxembourg, nous can-

tonnons.

Nous sommes encore

est vrai,

maintenant prendre des précautions contre

les la

bien logés.

empoisonnements. Nous avons

le

Il faut,

il

logement sans

nourriture, mais nous nous faisons préparer du

café avec

du pain

nous payons

et

éo

cela

du beurre; d. (f) par

c'était

homme

copieux et

(argent

alle-

mand). // août. le

—A8

heures du matin, on repart pour

pays ennemi. Je retrouve

Ruhland qui

est

couché dans

ne peut plus continuer.

mon

ancien camarade

le fossé

a là,

de

la

route et

couchés sur

y route, beaucoup de camarades fourbus. Le Il

la

soleil est

moi aussi l'air me manque; un lieuteun feldwebel me prennent mon sac et mon

très ardent,

nant

et

fusil.

Le

sac est très lourd.

Comme

paquetage, continuer à suivre sent nous n'avons encore rien

cela je puis, sans

le train.

vu

Jusqu'à pré-

de l'ennemi, mais

pouvons être attaqués à tout moment. Nous prenons des cantonnements resserrés à Aeselborn (') (Luxembourg). Nous restons ici deux jours; cela n'a pas l'air de plaire aux gens du pays. Ce qu'il y a de plus surkilomètres environ au (i) Mederuach est située à 24 Neuerburg et à 5 kilomètres au sud-est de Diekirch.

sud

de

(2) Lecture douteuse.

(}) Aeselborn se trouve à

22 kilomètres au uord-est de Bastogue.


Carnets de combattants allemands

154

prenant, c'est qu'ici une grande partie des fontaines est desséchée.

D'abord

maintenant,

et,

ils

nous ont donné de

n'y en a plus une goutte.

il

Il

l'eau,

y

a ici

en majeure partie de vieux puits, dans lesquels on fait

descendre un seau avec une perche. Ruhland est

à la

compagnie,

8*^

je suis

contrer Kutzscher (Max), la 5'

à la 6^ et je viens de renle fils

du boucher, qui

est à

compagnie.

i^ août.

Nous avons

ici

deux jours de repos;

demain, 14 août, nous poursuivrons notre route en pays ennemi. Si une balle ennemie venait à me frapper,

alors

portez-vous bien et

monde Le deuxième

mes adieux

faites

jour de repos

à

tout

le

soir

en sentinelle, et seulement pour une heure, de

9^30 à

!

10''

30 du

j'ai

été le

soir.

Aujourd'hui, c'est le 14-8-14. Nous 14 août. avons encore un troisième jour de repos. Mais il ne faut pas il

y

des

vous imaginer que nous restons

a bien autre chose à faire fusils, etc.

:

là tranquilles;

l'exercice, le

nettoyage

Depuis dimanche matin, quand nous

mon couteau, il me manque

étions à Neuerburg, je ne retrouve plus

que m'avait donné

le

père Hessler;

beaucoup. Le temps de ces

trois

chaud. Le deuxième jour de repos,

je

me

suis pro-

défaire

des

pommes

du matin à midi.

J'ai

changé mes bottes

posé pour 8''30

jours a été très

aller

de terre, de et


Journal d'un réserviste saxon

m'en

suis fait

donner d'autres par

le

1 5 5

magasin d'habil-

me suis débarrassé des miennes.

lement. Je

sans doute que

rende

je

les

va

falloir

10,30 marks que

j'avais

reçus d'indemnité pour avoir apporté

Il

mes propres

chaussures.

A

à 2^ 30 de l'après-midi,

l'instant (14-8),

sommes

loin à environ

allés plus

d'Aeselborn, en plein champ.

Ce matin

des tentes.

arrivée à Aeselborn

autant d'autos

Hier

der.

cigare.

soir,

(').

:

il

70 dû

80

me

;

il

y

a six avions et à

Nous sommes est

un

Il

y

les gar-

cadeau d'un

fait

homme

très bien

;

La dernière

est facile à satisfaire (*),

hommes

dressé

24 est peu près

chargés de

notre capitaine nous a

nuit a été horrible. à

une demi-heure

Nous y avons

à 10 heures l'escadrille n°

Notre capitaine

c'est vrai

nous

avait dans la tente environ

couchés;

l'air était

effroyable. J'ai

ghsser dehors et passer toute

la

nuit dans

l'herbe mouillée. Je n'ai pas fermé l'œil, pensant tou-

jours à

mon

pays natal. La deuxième nuit dans

tente n'a pas été plus belle que la première.

la

Nous

avons eu une pluie battante, qui bientôt se mit à nous arroser à travers la toile de la tente; ajoutez à cela les

pas déhcats de camarades, car

coup trop

petite.

Maintenant

la

tente est beau-

je vais aller

troisième et dernière nuit sous

la tente,

dormir ma demain

car

on marche contre l'ennemi.

(i) Cf. ci-dessus page 15, note i.

(2) Textuellement

:

allerdings wie man's treibt, se geht's.


15e

Carnets de combattants allemands

— Aujourd'hui

77 août.

encore

il

va sans doute

pleuvoir. Justement! Aujourd'hui, 17 août, très fort

;

toute

nuit

la

dante qui traversait

changé

:

suis

le

ici

et

peu

à

le

moment

occupé à écrire

mes

aujourd'hui encore

bretelles tant

j'ai

procurer de neuves

de Marthe, tant

!

j'ai

je

mon

manger, rien à fiimer

pourtant bon appétit. Je viens de recevoir

mière carte de Marthe. La nuit ;

pleut

encore aujourd'hui et cou-

couché sous un avion

dents

il

tombé une pluie abonde tente. Le plan a été

hangar d'avions. Pour

carnet. J'ai grand faim, et

est

la toile

nous restons

chons dans

il

j'ai

pre-

la

eu grand mal aux

complètement abîmé

eu chaud et je ne peux pas m'en Toutes les heures je lis la carte

je suis

content de ce signe de vie.

18 août. De grand matin nous plions notre tente nous marchons de 4 heures du matin jusqu'à ;

4^ 30 de l'après-midi et bivouaquons. je suis

tombé de surmenage

dant deux heures

(').

En

arrivant

et suis resté là raide

ici,

pen-

L'endroit s'appelle Bastogne

(Belgique).

.

Le réveil a eu lieu de bon matin, à Nous avons marché jusqu'à 5 heures de l'après-

i^ août. 3'' 1 5

(i) L'auteur est

évidemment un

peu entraîné à la marche, y en a plus qu'on ne le croit généralement dans l'Allemagne moderne. Les auteurs militaires de ce pays n'ont pas manqué de se plaindre à diverses reprises de la diminution de résistance que la vie urbaine a infligée aux contingents de l'Allemagne du Nord, jadis en grande majorité ruraux.

ami de

ses aises et nerveux,

citadin

comme

il


Journal d'un réserviste saxon

midi. Cette marche a été très dure. J'en

ai

157

eu

les

tout blessés. L'endroit s'appelle Ambly(');

pieds

j'ai

été,

avec une quarantaine d'hommes, envoyé en avantpostes et nous avons couché dans une étable.

joliment chaud toute

20

août.

Il

a fait

la nuit,

— Aujourd'hui nous avons eu encore une

grande marche, par Forrière

et

Rochefort jusqu'à

Mont-Gauthier (^). Là nous bivouaquons. Demain nous marchons au combat.

21 août.

— Nous sommes toujours

Cela va chauffer dur. Mettant et

mes pensées

connaissances,

22 août. envois. père,

A

tous

pleure.

mes

ma

confiance en Dieu

parents, frères et sœurs et

je repars.

— La poste vient de m'apporter

Une

une

vers

Mont-Gau-

à

en avant en grande masse.

thier. L'artillerie se porte

lettre

de

ma

quatre

mère, une carte de

carte de Herbert,

une

lettre

mon

de Marianne.

moments libres je les lis et il faut que j'en Nous levons notre tente à i''45 du matin;

les

nous nous trouvons encore en Belgique.

(i)

Ambly

se trouve

432

kilomètres au nord-ouest de Bastogne et

à 35 kilomètres à l'est de Givet.

Rochefort (2) Forrière est à 3 kilomètres au sud-ouest d'Ambly. une petite ville située à $ kilomètres au nord-ouest de Forrière.

est

— Mont-Gauthier

est

une commune située à environ

nord-ouest de Rochefort,

et à

16 kilomètres à

l'est

5

kilomètres au

de Dînant.


Carnets de combattants allemands

158

Nous venons de

une marche gigantesque, de 30 du matin jusqu'au lendemain matin 3'' 30. Sommes complètement finis. Pouvons à 2) août.

faire

2''

peine avancer, tant nous avons

un

arrivés dans

nous

village français

tirent dessus.

on en dans

maintenant ville,

les

Nous sommes

Des

francs-tireurs

maisons sont forcées;

malfaiteurs qui sont ligotés et fourrés

tire les

l'église,

Toutes

soif.

(').

hommes, femmes,

les fusiller;

nous y mettons

quant à

le feu.

jeunes

filles.

la localité,

enveloppés dans nos manteaux.

plètement trempés de sueur

les

la nuit.

prairies.

On

va

petite

Fatigués de cette longue

marche, nous dormons deux heures sur

toute

une

le trottoir,

Nous sommes com-

et grelottons

pendant

Nous avons fait sortir les bestiaux dans Nous marchons avec des chasseurs.

Drese (Claus) n'en

était pas.

prisonniers sont fusillés.

nous un combat

;

Les francs-tireurs

Le 134'

(f) a

faits

eu tout près de

partout l'on apporte des blessés.

De 6 heures du matin à 11^30 nous 24 août. continuons à marcher. Maintenant nous bivouaquons. (i) Le « village français » dont il est ici question est très probablement un village belge de langue française, du nom de BourseigneNeuve, à 12 kilomètres au sud de Givet et à 26 kilomètres à l'est de Couvin. Nous savons en effet par d'autres documents allemands, provenant du même régiment saxon et conservés au ministère de la Guerre français, que ce village fut à cette date incendié par ce régiment et ses habitants massacrés dans les conditions que confirme le

présent carnet, (2)

Le 134e

faisait partie

d'infanterie,

ou io« saxon, en garnison k Plauea (Saxe)

de la 89^ brigade (40» division et

XIX*

corps).


Journal d'un réserviste saxon

159

Enfin nous avons pu nous sécher. C'est un bien-être

pour

L'endroit s'appelle

le corps.

(').

A 8 heures du matin, nous nous 2/ aoiit. avançons d'environ 500 mètres. Les Français sont repoussés tout près de nous et se replient. Nous voulons leur couper

26 août. alerte. Notre

la retraite.

Dans

la

nuit du 25 au 26

par-dessus nos têtes; nous-

artillerie tire

mêmes ne sommes 2J-28 août.

y a une

il

pas engagés.

Repos. Je viens de relire les cartes Beaucoup de mes camarades

et lettres de chez nous.

sont très joyeux des

pommes

demandé

ils

volent des

mais en vain

piller

!

le

j'ai

de

la graisse,

village. J'ai déjà

Je n'arrive pas à

de cette manière. Aussi

supplément. Pourtant,

de

fruits,

eux de m'en donner un

à plusieurs d'entre

petit bout,

soudre à

;

de terre, etc., dans

je n'ai

bien souffert de

la

me

ré-

aucun faim

et

la soif.

2^ août.

Nous avons

aujourd'hui

beaucoup

couru, nous avons repoussé l'ennemi et pour

ment nous nous reposons. aller

couper des carottes

et

Je

me

j'ai

en chercher quelques-unes dans

ma

faim.

(i) Lecture douteuse.

suis

le

mo-

proposé pour

commencé le jardin

par aller

pour apaiser


Carnets de combattants allemands

i6o

)0

août.

Nous avons

passé toute la nuit à

Enfin nous venons nous reposer sur une

courif.

prairie, mais,

au matin, nous

sommes

réveillés par

des shrapnells qui éclatent au milieu de nous.

tout de suite quelques

hommes

Il

y a

de tués.

Le combat commence. Sur 240 hommes }i août. nous avons 72 blessés et 21 morts. Je reçois un léger coup de feu superficiel au mollet droit, mais il me faut rester tranquille. Autour de moi sifflent avec des sonorités terribles les projectiles l'infanterie et

tranché en bonne position fait

il

de

l'artillerie,

de

des mitrailleuses; l'ennemi s'est re;

rage, effiroyablement.

on ne peut

le voir,

Nous sommes

mais

attaqués

des deux côtés, à droite et à gauche. Je rampe dans

un

fossé de la route

;

il

y

m'occupe un peu d'eux.

a là beaucoup de blessés. Je Il est

6 heures.

A

8 heures

champ de Nous marchons jusqu'à

vois quelques camarades courir sur le

je

bataille et je 1 1

me

joins à eux.

heures du soir, rencontrons

le

68* prussien (') et

y passons la nuit. Un sous-officier est très aimable et va demander du pain pour nous. Nous sommes cinq hommes. Un Prussien, à la cuisine de campagne, me

donne environ une Je ne la

(i)

mange

Le 68* régiment

Coblentz.

Il

VIII» corps.

faisait

livre

de langue de

pas, je la dévore!

bœuf

bouillie.

Depuis deux jours

d'infanterie est le 6* rhénan, en garnison à

partie de la 30» brigade, de la 16* division et

du


PI.

^t^^,J-<^J^

'^-ïX-v'..*-*»-^

-^..^-f'c^Ke,^

PAGE DU CARNET DU RÉSERVISTE SAXON'

XV



Journal d'un réserviste saxon

et

deux nuits

rien dans l'estomac

je n'ai

léi

que deux

carottes.

/" septembre.

— Le matin

du i"(le combat avait

)('), à 11 heures, nous rejoignons notre troupe. Beaucoup de vin nous a été donné à boire par des camarades campés. Pour le moment nous sommes en plein champ et faisons

eu lieu

31 août à

le

plusieurs prisonniers français. Plus loin, derrière,

il

une centaine de morts français. L'après-midi, à y 5 heures, nous repartons. Nous avions dû reculer un a

la campagne, parce que bombarder cet endroit.

peu dans çaient de

2 septembre.

les

Français mena-

— Nous traversons maintenant

cette

locaHté Çf) qui brûle de toutes parts. Nous avons bonne marche à faire et arrivons enfin, après

courte alerte, au village de Machault

avons deux heures d'arrêt

^ septembre. soleil fait

— Après

;

(').

une une Là nous

puis l'on repart.

une marche

fatigante,

de son mieux, nous arrivons à

le

Mourme-

(1) Lecture douteuse. Probablement Lametz, village des Ardennes, arrondissement de Vouziers, à 21 kilomètres à l'est de Rethel. C'est du moins ce qui ressort d'autres documents du même régiment.

(2) tifier

Tout

ce passage est fort obscur.

exactement

le village

(3) Chef-lieu de à l'ouest-sud-ouest

dont

il

Il

n'a pas été possible d'iden-

s'agit.

canton des Ardennes, à une quinzaine de kilomètres de Vouziers.

CARNSTt Dt COHIATTAMTS

II


Carnets de combattants allemands

ié2

Ion

(').

Là nous nous reposons pendant quatre

heures et nous nous lavons bien à fond pour

mière

fois

la

pre-

depuis huit jours dans un ruisseau, quand

tout à coup on nous dit

:

«

En

arrive sur nous! » Il est 7 heures

route

!

L'ennemi

du soir;

il

y

avait

pommes, des prunes. Il est défendu manger et cependant il en a été beaucoup consommé. C'est là justement qu'est le grand champ de manœuvres des Français. là

des fruits, des

d'en

— Nous

4 septembre.

l'herbe mouillée. C'est est rejeté. retire par

Il

L'ennemi

fer sur Paris.

champ pendant

à peu près

derrière le village de

— C'est

Cette nouvelle

Nous marchons environ

45 kilomètres pour aller faire

j septembre.

nuit dans

vient d'arriver l'avis que l'ennemi se

chemin de

est reçue avec des hourras.

plein

la

terrible.

passons toute

une nuit

la

halte de midi en

une heure

et

demie

(f).

le 5

septembre.

Comme

nous

traversons, au plus fort du soleil et trempés de sueur, le

village ('), qui

fourmille de soldats allemands,

une voix m'appelle par mon nom. me retourne, c'est Curt Je l'appelle, notre troupe Je continue, nous nous souhaitons le bonjour et nous voilà qu'à droite

!

(i)

Il s'agit

de Mourmelon-le-Grand, camp de Châlons.

(2) Lecture douteuse. (3)

Textuellement

:

das Dorf, sans autre précision.


Journal d'un réserviste saxon

163

nous quittons. Le soir nous atteignons Châlons. La ville a capitulé.

Les 7

Le

et

S septembre

il

a de très durs combats.

y

8 septembre, une balle d'infanterie française

manche

traverse la

jambe sans

A

me

droite, en ressort et

blesser. Il est

S""

frôle

me ma

30 du matin.

10 heures, nous repoussons par notre feu

Français et nous courons après

les

Tout d'un coup

(').

font feu de côté des Français que nous n'avions pas vus.

Une

balle française m'atteint

au bas de

du côté de l'intérieur très grièvement blessé

droite, en ressort

piquée. Je suis

rester couché. Je suis

de moi éclatent

les

complètement

la

jambe

et reste enfin

et obligé de

seul, tout

autour

obus. Je ne vais certainement pas

me bande tant bien que ma botte. Les combats se

quitter vivant cette place. Je

mal

et

il

faut

poursuivent

que

je

coupe

sans interruption. Par suite,

ici

de santé ne peut pas venir

une bouchée d'eau

A

;

voilà

à

ma

9 heures

l'obscurité.

manger

(i)

Çà

trois

gorgées

soir, la fusillade s'arrête à cause

Tout en et

que

!

souffrant beaucoup, je

quelques mètres plus loin, pour l'abri.

service

chercher. Je n'ai pas

et n'ai plus

position

du

me

le

me

de

rampe

mettre un peu à

des camarades blessés crient pour

Ce combat semble avoir eu lieu prés de Vitry-la-Ville, petit Marne (canton d'Écury-snr-Coole) situé sur la ligne de

village de la

Vitry-le-François,

à

16 kilomètres environ au sud-est de Châlons.

Cf. plus bas page 169, note 2.


Carnets de combattants allemands

164

demander du secours rejoins

Nous

et appeler

deux autres

restons ensemble.

des brancardiers. Je

qui sont du 139*

blessés,

a là, couché,

(').

en bonne

y un camarade de ma compagnie, qui a perdu la troupe. Il me demande de l'eau. Je lui donne ma Il

santé,

dernière goutte. il

que

sa

passe la nuit

Il

gourde

est

en a besoin pour lui-même

^ septembre. là

d'eau. Il

et s'en va.

me

— le

dit qu'il

C'est triste,

dépouille ainsi des blessés

C'est maintenant

matin

le

la

demande de me donner un peu un camarade qui

ici, et

compagnie. Je remarque encore assez pleine et je lui

pour chercher

repart

!

Les cartons tonnent sans

arrêt.

deuxième jour que nous sommes

couchés. L'un de mes camarades s'appelle Richard

Krause, de Gohlis, Halleschstrasse, 142/11

coup de feu dans

Kuhm,

;

(^). Il

l'autre,

de Leipzig, Reud. Elsastrasse, 8/II.

coup de feu dans dernier.

gauche

cuisse

la

Il

la tête.

Il

Je mets un pansement

a

un

Félix a

un

à ce

a dans son sac encore ses vivres de réserve.

Nous nous partageons

des biscuits et

la

portion de

viande, et nous avons ainsi quelques petites choses à

manger. Mes

biscuits

m'ont

été volés

il

y a huit jours

(r) Le IJ9» régiment d'infanterie ou ii<^ saxon fait également partie du XIX« corps. Il tenait garnison à Dôbeln et comptait à la 47^ bri-

gade, 24S division. (2) Gohlis et

Reudnitz sont des faubourgs de Leipzig. Dans

les

adresses allemandes la disposition des chiffres, telle que nous l'avons respectée, indique, outre le Il

faut

donc

lire

:

numéro de

la

rue de Hallesch, 142,

rue, l'étage de l'immeuble.

2'^

étage.


Journal d'un réserviste saxon

et le

165

mes conserves de viande m'ont été emportées par d'hier. Mes pensées ne vont que

mauvais camarade

vers

les

Dieu de pital

miens, dont

me

toujours

les lettres.

Ah

si j'étais

seulement à l'hô-

!

Je prie

!

10 septembre.

— Le troisième jour où

blessés a déjà

ici

Je relis

secourir.

Depuis

commencé. C'est

quelques

heures

il

le

pleut,

nous gisons

10 septembre.

nous

sommes

mouillés. Je lèche les gouttes de pluie sur les feuilles,

pour apaiser un peu ma soif violente, et je fume pour me distraire une cigarette de Walther. Ma jambe me fait très mal. Nos troupes se sont retirées. Les Français avancent. le

I

d'hommes

la

il

passe des Français

;

haie

ils

voient

et l'emportent. j'avais

la nuit,

où nous sommes couchés, à enmètre de nous. Ils sont une cinquantaine

long de

viron

Dans

encore pour

// septembre.

mon fusil

Cela m'enlève

me

qui est le

devant moi

dernier appui que

soulever.

C'est aujourd'hui le 11 septembre

19 14, quatrième jour de

la

faim et de

la soif. Il

n'y

aucun secours du côté allemand. misérablement ou bien s'abandonner

a plus à attendre

On

peut périr

aux mains des Français. Je pense à Curt que peut-il aujourd'hui pour son jour de naissance? Il est :

faire

II heures du matin. Devant nous, à environ 20 mètres, émergent deux cavaliers français, mais ils disparaissent.


ï66

Carnets de combattants allemands

Maintenant ce sont des centaines de Français qui arrivent

Ils

!

viennent à nous, nous donnent

la

main.

Nous demandons

à manger et à boire et recevons en abondance du pain, du biscuit, de la viande, du vin, du café. Quiconque a quelque chose dans sa gourde nous en donne. Les Français sont très gentils et ai-

mables; presque tous nous souhaitent

un

bonjour;

le

seul voulait se jeter furieusement sur moi.

Un

sous-heutenant a causé pendant une heure avec nous, et

m'a donné son adresse en

de Leipzig.

nous donnent fruits,

de

la

me

beaucoup de choses

aussi

viande, du biscuit

moins bien mangé à notre faim

Nous attendons

jusqu'à

puis viennent des torrents.

priant de lui écrire

vient encore d'autres Français

Il

On

5

(').

:

ceux-là

;

du sirop de

Nous avons au

!

heures de l'après-midi,

brancards roulants.

Il

pleut

à

nous roule pendant une heure, puis

nous sommes chargés dans des voitures d'ambulance attelées et conduits

pendant deux à trois heures à

champs jusqu'à une ferme. Ce voyage est épouvantable. Couchés sur des brancards, nous travers

sommes

ballottés dans la voiture, ce qui

nous cause

(i) On remarquera la cordialité joviale des soldats français vainqueurs. Cette absence de toute animosité vis-à-vis du vaincu est l'une

des caractéristiques de à

notre

générosité

la tradition militaire

naturelle

et

n'a

pu

conforme que par des

française; elle est être

altérée

la part des soldats ennemis, surtout prussiens. La surprise causée aux premiers prisonniers allemands par cette

déloyautés réitérées de affabilité,

surtout chez les officiers français, ressort d'uii très gjrand

nombre de documents

et atteste les légendes de férocité dont on avait bercé leur candeur. Voir supra, page 85.

française


Journal d'un réserviste saxon

de violentes souffrances. Dans

la

i6y

ferme nous sommes

pansés; nous recevons du pain et du thé et nous

sommes couchés

sous un hangar sur de

la

paille,

couverts de nos manteaux.

12 septembre.

Le matin, café sucré et pain. Nous changeons notre

C'est une vraie jouissance.

Les

argent.

officiers

demandent boutons,

comme

cardes

gourde

et

reçois,

en

et

soldats

français

nous

casques,

pattes d'épaules,

co-

me demande ma m'en donne une française de même je échange de mon gobelet de zinc, un souvenir.

L'un

;

A <)^ 30 on nous donne du lait, je mien avec mes camarades. Je rends grâces nouveau pour m'avoir ainsi sauvé, bien que

« quart » français.

partage à

Dieu

je sois

le

à

prisonnier de guerre.

L'endroit où nous n'est

s'appelle

à

le

et

moment

(ce

fromagerie)

heure, un i ('). De midi à moi nous nous sommes donné réciproque-

Saint-Ouen

Français et

ment

sommes pour

guère qu'une grande vacherie

des leçons de langues à l'aide d'un livre. C'était

mourir de

rire.

viande de bœuf.

A i heure, y a eu soupe, riz et A 5 heures, mon élève d'allemand il

m'a donné un morceau de viande et du pain. Le soir, à 8 heures, nous avons tous reçu un morceau de pain et un morceau de viande chaude. Il s'agit sans doute du petit village de Saint-Ouen, situé dans canton de Sompuis (Marne), A une vingtaine de kilomètres au sudouest de Vitry-le-François.

(i)

le


Carnets de combattants allemands

i68

Mais pendant

nuit

la

il

m'aurait fallu sortir. Or,

n'y a pas de cabinets et lever.

Au

moment,

dernier

je

il

me

m'est impossible de

il

découvre derrière moi

des boîtes vides de fromage de Brie. C'est elles que j'utilise,

puis

peu agréable

du moins froide

;

il

procédé des plus incommodes

le

la

délivré

je suis

!

La

j'ai

mais

des douleurs à peine tolérables

jambe.

i^ septembre.

C'est

dimanche

celui-ci est toujours sucré. J'y

n'y a

;

nuit est extrêmement

pleut à torrents. Sans doute par suite de ce

mauvais temps, dans

derrière moi. L'odeur est

je les rejette ;

ici

que du pain blanc)

;

à 9 heures, café;

émiette

et le

mon

mange

pain

ainsi

;

(il

c'est

un vrai régal ('). A 10 heures, un Français me donne une cigarette que je fume aussitôt. Aujourd'hui la nourriture est un peu moins abondante, sans doute parce qu'hier

allemands. taine et

un

il

est

Nous

encore arrivé environ 150 blessés n'étions d'abord qu'une cinquan-

petit

nombre de

Français. Il

d'abord un morceau de pain, puis de et

une

tasse

la

y

a tout

viande chaude

de bouillon ; préparation extra

(*)

!

Il

est

midi.

L'après-midi est très ennuyeuse

;

je n'ai rien

autour

de moi que quinze camarades blessés. Je relis bien pour la dixième fois les lettres de chez nous. Je prie

(i)

Textuellement

(2)

Le texte porte

:

:

eine

wahre

Delikatesse.

Bereitg. tipp topp.


PI.

P^'^y'Wi^

r•/7'

-^^it^^^

-^fl-^'f^y^

fiO-^^

'y'-i^*^

i

XVI



Journal d'un réserviste saxon

169

Dieu de mettre bientôt fin à la guerre, pour que les miens ne s'inquiètent pas de moi; car il n'est plus possible maintenant d'écrire des cartes postales.

comme

gros

Le

repas du soir (soupe, pain et ragoût,

soir, à é''30,

moitié du pouce,

la

beurre merveilleusement)

(').

J'ai

mais préparé au

mis

ma

viande en

morceaux sur mon pain, une fibre de viande pour une bouchée de pain. La nuit j'ai bien dormi, petits

il

pleut toujours.

14 septembre.

Lundi, à Q"

sucré; j'émiette encore viens d'apprendre que

le lieu

blessé s'appelle Vitry(^).

bientôt

emmenés

mon

d'ici

t^o

du matin,

pain et

me

café

régale; je

du combat où

j'ai

été

Nous allons être maintenant dans un hôpital, où nous

recevrons des soins médicaux. Jusqu'ici nous n'avons

qu'un pansement de fortune. L'hôpital lomètres

dans

d'ici,

le

Midi de

la

serait à

France

50 ki-

(').

grossartig! La naïve gourmandise du fusilier (i) Textuellement allemand ne fait pas seulement honneur à la supériorité du rata de nos troupes sur le goulasch des armées germaniques, elle est caractéristique d'une âme simple, aux instincts frustes et au tempérament passif. On sait que les animaux voraces sont les plus faciles à dresser ; l'espèce humaine, des appétits matériels très il se pourrait que, dans développés s'accordassent tout particulièrement bien avec les exigences d'une discipline irréfléchie. :

(2)

Voir ci-dessus, page 165.

(5) L'expression

:

Sudfrankreich se retrouve à tout instant dans les

carnets pour désigner des régions que nous appelons l'Est.

On

ne

sait

une ignorance vraiment surprenante, à quelque hâblerie plus singulière encore ou à un usage général qui ferait appeler, en Allemagne, France du Sud toutes les

s'il

faut attribuer cette singulière désignation à

régions situées au-dessous de la latitude Paris. Cf. plus haut, page 98.


Carnets de combattants allemands

lyo

8^4^.

— Des cinq

ma bonne mère m'a

cigares et des dix cigarettes

envoyés

le

que

6 septembre, je n'ai

plus que cinq cigares. Les cigares de Walther sont déjà

tous partis. Je fume une de ses cigarettes en pensant à tous

A

ceux que j'aime à

la

maison.

nous sommes chargés sur des voitures à deux roues et conduits à la gare de Chavanges ('). Le voyage dure de 3 heures à 9^ 30 du soir. Je fume le

2^ 30

dernier cigare qui

recevons de halle

la

me

soupe.

reste.

Nous

A

notre arrivée nous

passons

aux marchandises, sur de

la

nuit dans

la

une couver-

la paille et

ture.

7j septembre. j'en ai

— Le matin, pas de

bien envie.

pain. J'ai mis

pourtant

café et

Nous recevons un morceau de

ma montre

à l'heure française (une

heure de retard sur l'heure allemande).

A

8^ 30 je

pense qu'il y a juste huit jours à cette heure-ci que reçu ma blessure, et je n'ai pas encore été soi-

j'ai

hôpital.

A

3

pain pour

le

déjeuner.

gneusement examiné dans un soupe, viande de

bœuf

et

Le

C'est tout pour aujourd'hui.

heures,

soir, à 7 heures, le

premier convoi de blessés allemands s'en va par

chemin de

fer vers

16 septembre.

un

le

hôpital.

— Nous ne serons déchargés qu'au-

(i) Chavanges (Aube), arrondissement d'Arcis-sur-Aube, sur de Vltry-le-François à Bar-sur-Aube.

la

ligne


Journal d'un réserviste saxon

jourd'hui.

A

8''

171

30 du matin, bouillon, viande et pain.

Je pense justement au chocolat qui, d'après ce que m'écrivait ma bonne mère, devait m'arriver mainte-

nant.

bas, qui

sera-t-il bien

resté?

Ces bons parents

ont tant besoin de leur argent,

me

les

mangent.

méchante guerre

était finie

envois et ce sont d'autres qui

là-

font des

Ah

!

si

seulement Je ne peux m'empêcher de pleurer en pensant aux miens. cette

Qui

A

sait si je les re verrai 3

jamais

?

heures, départ du train par

sains vers

(').

!

Chaumont

et Jes-

des voitures nous transportent

en trente minutes à l'hôpital. Arrivés

ici

à 10^ 30,

nous sommes aussitôt mis au lit. Nous recevons une bonne soupe chaude aux carottes.

ij septembre. nuit, je n'ai pas

camarades.

A

pain, viande

;

A

dormi midi, c'est

8 heures du matin, café.

La

à cause des gémissements des

repas principal très

bon.

J'ai

:

chou blanc,

grand'faim,

boisson qu'on nous donne semble être du coco.

La

A

un médecin. C'est un 30 un peu l'allemand et il parle agréable très homme avant tout il a la main très légère dans le maniement des blessures. Ma blessure n'a pas bonne mine ; l'os 3''

j'ai

été enfin pansé par ;

au-dessus du cou-de-pied m'a été brisé.

(i) Lecture douteuse.

demment

Le nom

resté

en blanc dans le texte est évila ligne de Vitry-

Clairvaux. Jessains est l'embranchement de

le-François sur celle de Troyes à

Chaumout.


Carnets de combattants allemands

172

Une chose qui est vilaine c'est que 4 heures. nous avons tous la diarrhée. La nuit encore je n'ai pu dormir huit

tant j'avais mal, et

A

fois.

6 heures

du

soir

c'est très

Clairvaux

(').

y

me

j'ai

déranger

a, semble-t-il, ici le

pommes

grand repas: soupe, pain, de bœuf;

il

de terre, viande

abondant. L'endroit s'appelle

Notre hôpital

est

ici

en temps ordinaire

une maison de correction.

— A 7 heures du matin

18 septembre.

verre de café sucré.

peu

si

fois

A

!

10 heures

Il est si

me

je

pommes

encore

A

couchés

postes;

cinq

pour

hommes

livre français-allemand :

a

première

la

:

soupe,

mange Nous sommes

dans

la

chambre,

Ce

dernier a

un

A

30,

dans lequel j'étudie.

est

abondante

mange encore deux portions ne

laisse rien repartir.

de

me

pommes

malgré cela

je

Je charge un infirmier allemand

comme

d'arrêt bien

:

un pour

la

langue

journal, car celui-ci est au

bout.

maison

;

5''

d'autres camarades. Je

rapporter deux carnets

française, l'autre

parmi

réserve (employé des

soupe, pain, viande de bœuf,

de terre. La nourriture

(i) C'est la

petit

y en

de terre, viande de bœuf. Je

habite près de Festbesold).

repas du soir

il

midi, déjeuner

un sergent-major de il

un

j'ai

pourtant

portion de deux camarades.

la

lesquels

et

suis lavé

depuis quinze jours,

pain,

bon

connue.


Journal d'un réserviste saxon

i^ septembre. j'écris

A

mon journal. A

carottes et viande.

7 heures, café sucré. Le matin midi, soupe aux légumes, pain,

Je

mange encore

pain et de carottes d'un autre camarade

(i) sacrée

Ici se

termine

aux

différents

en trouvera

la

le

carnet

173

du

la

portion de

(').

fusilier. Il est suivi

d'une page con-

mets dont le blessé avait envie à l'hôpital. reproduction photographique ci-dessus, page i68.

On



INDEX ALPHABÉTiaUE DES NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX

(Les

noms de personnes sont en capitales)

A Achêne,

Bebra,

150.

5,

Bédier (Joseph), vu.

15, 16.

Aeselborn, 153, 155.

Beine, 47.

Albert le"", 12. Ambly, 157. Ambonnay, 47,

Bernaciak,

Bertrange, 84.

48.

Bettenbourg, 83, 84. Billy-sous-Mangiennes,

Amiens, 42. Amifontaine, 69.

114,

Anvers, 134. Apolda, 150.

86,

BORECK,

87,

89,

91,

93,

118,

né,

133.

Bouillon, 87. Boult, 63.

95, 96.

Arschot

115,

113, 127,

128, 133, 134, 138, 143.

Arcis-sur-Aube, 170,

Arlon,

76.

Berry-au-Bac, 63.

(d'), 12.

Bourseigne-Neuve, 158.

Athis, 48.

Bouvignes, 21, 24.

Auboncourt, 40, 41, 42, 49. Auménancourt, 63.

Bovigny,

Ay, 47-

Brandt

Bouzonville, 81. 7.

(Sally), 75.

Brûly, 30,

Azannes, 118.

Bruxelles, 6.

B Baclain, 8, 9, 10.

BiJLOw (von),

58.

Buschfeld, 79.

Barby, 44. Bar-sur-Aube, 170. Bautzen, 10, 16, 37. Bazincourt, 63.

Carlowitz (von), Carnot, 60. Caruso, 44.

Beaumont, 47.

Cassel, 150.

Bastogne,7,io, 133,156, 157.

70.


Indtx alphabétique

176

Châlons-sur-Marne,

46,

48,

59, 60, 61, 62, 63, 162, 163.

Champigneul-Champagne,48.

Dourbes, 28, 29. Dresde,

Drese

16,

i, 7,

21,26, 149.

(Claus), 158.

Chaource, ^j.

Dreux

Charleroi, 26.

Dubenskogrube, 128. Duppenweiler, 79.

Charny, 139.

(André), xxvi.

Châtillon, 91, 93.

Chaumont,

171.

Chavanges, 170. Chérain,

Écury-sur-Coole, 163.

8.

Eisenach,

Chestruvin, 25, 26, 27. Clairvaux, 171, 172.

Coblentz, 4, 160.

Engelsdorf,

Cologne, 15, 89. Connantray, 55.

3, 149.

Épernay, 48. Erfurt, 3.

Gonsenvoye, 109, iio.

Étain, 120.

Cordel, 149, 151.

Corot,

150.

3,

Elm, 150. Ems, 4.

Ethe, 93.

42.

Couvin, 30, 158. Craonne, 63, 67.

CuRT, 162,

Faissault, 39, 40.

165.

Falaën, 26.

Famenne,

Dampierre (Jacques

de),

13,

14.

Faux, 42, 43.

22, 29, 31, 43, 45, 94. Damvillers, iio, 145.

Fère-Champenoise (La), 48,

Darmstadt, 15.

Festbesold, 172.

Deyfeld, 6.

FocH

Dhur

Forrière, 157.

52, 55-

(le P.), 29.

Francfort-sur-le-Mein, 150.

Diekirch, 153.

Dinant, 15,

16,

18,

20,

23, 26, 49, 157.

Dôbeln, 147, 149, 164.

Dommery,

34, 35.

Dorinnes, 19.

(Général), 58.

21,

Franchet d'Esperey (Général),

Franz

58.

(Capitaine), 22.

Freiberg, 16.

French

(Général), 58.

:1


Index alphabétique

Gauwies, 83,

Jalons, 48.

Gélinerie (Ferme de

la),

128,

135.

Jerske, 86. Jessains, 171,

Genève, 70.

Genglerpeter,

84.

Gercourt, 108, 109.

Germinon, 48,

49, 57. Givet, 157, 158,

Glahn,

177

JoFFRE (Général),

52.

John (Capitaine), JUNGHOLDT, 129.

22.

Juniville, 46.

Tuvincourt-Damary,

K

Gohlis, 164. 6, 7, 8, 14.

Kaiserslautern, 79.

Gravelotte, 13.

Kamenz,

Gremilly, 145. Grossenhain, 10, 11, 49.

Kantak

Guben, 76, Gué-d'Hossus (Le),

Guillaume

II,

Hainaux,

1, 3.

(Léon), 133. Keil (Lieutenant), 79, 82, 98, 100,

30, 31,

60, 97, 98.

KiPPiNG (Lieutenant), 39. Kirchhain,

3.

Kluck

(Général von), 58, 98. Koërich, 84, 85, 86.

H Halon,

68,

69, 70,

Gnesen, 76.

Gouvy,

67,

138.

138, 143.

KôNiG, 124.

II,

Hanau, 150.

Kônigsbrùck, 145,

Hanovre, 15. Hausen (Général von),

Korbetha, 7.

Haut-Fourneau (Le), 118, 120, 121, 126, 128, 133, 134, 136.

Herleshausen,

3.

3.

Kôrprich, 79. Kottbus, 76.

Krause

(Richard), 164.

Krupp, 134.

Hersfeld-les-Bains, 150.

KuHM

Hessler, 154.

Kutzscher (Max),

HiRCHER (Lieutenant), 64. Hofmann, 137. HôFNER (Lieutenant), 130, 132.

Hunfeld, 150. CARNETS DB COMBATTANTS

(Félix), 164.

154,

Lahneck, 4. Lametz, 161.

L.\NGER (Capitaine), 82.


Index alphabétique

178

Laon, 63, 68, 69,

Mayers,

Laroche, 13, 14.

Medernach, 153.

Launois, 34, 35, 36, 38, 49.

Meix-le-Tige, 93.

Merlemont, 28, 29.

Leffe, 20, 21, 23, 31, 49.

Leipzig, XXIV, 3, 7, 48, 150, 164, 166.

4.

149,

Messancy, 93. Metz, 14.

Leisnig, 149.

Mézières, 32, 34, 37, 39.

Lenharrée, 51, 52, 54, 57. Leudelange, 84.

Montfaucon, 108.

Liège, 6,

7.

Mont-Gauthier, 157. Mont-le-Ban, 10, 11.

Lisogne, 19.

Montmédy,

Lissingen, 4.

Montmirail, 58.

Lods,

Morains-le-Petit, 58.

XXIII, 75.

Longuyon, 94, 95^

95, 108.

Morville, 26, 27, 28.

138.

Longwy, 85, 91, 93, 94, 95. LôTBAND (Lieutenant), 120. Luxembourg, xxiii, 6, 14, 83, 84, 114, 151, 152, 153.

Mourmelon-le-Grand, 61, 62, 161, 162.

Mourmeion-le-Petit, 62,

MùLLER

(Lieutenant), 64.

Munich, 29. Musette (Ferme de

M

la),

68, 70.

Machault, 161.

N

Marner, 84.

Mangiennes, 113,

118,

127,

138, 143, 146.

Mannheim, Marburg, Marche,

79.

3,

20, 21, 23.

14.

Markkleeberg, 48. Markranstàdt,

3.

Marlemont, 32.

Namur,

17, 18, 19, 26.

Napoléon

I'"",

Naumburg,

3.

114.

Nauroy, 47. Neuerburg, 152, 153, 154, Neufchâtel, 63.

Neuhaus, 77. Neunkirchen, 81.

Maubert-Fontaine, 32.

Neustadt, 79.

Maucourt, 120, 125, 129, 130,

Neutomischel, 73, 75.

131, 136, 137, 140, 141.

Maunoury

(Général), 58.

Mayencc, 150,

Neuville, 46.

Neuvizy, 39.

Nicolas

II,

78.


Index alphabétique

Rochefort, 157. Rocroi, 29, 30, 31, 32.

Nismes, 28, 29.

Normée,

179

51.

Rodemachem, Roger,

Œuvy,

55, 56, 57.

Romagne-sous-les-Côtes,

Ornes, 139, 141.

Ouren, Ourt,

83.

109.

100,

96, 97, 99»

4, 5, 6.

no,

95,

112,

113, 117, 118.

6.

Rome,

P

59.

Rosée, 28,

Paris, 98, 162, 169.

Rostenne, 24, 25.

Peitz, 76,

RoY

(R.), XXII.

Petites-Loges (Les), 47.

RUBENS, 5. Rùdesheim, 150.

Pétrokov, 75.

RUHLAND,

Philippeville, 26, 28.

Runkel,

Petigny, 30.

Planitz (Général von der),

38.

153, 154.

3.

Rvbnik. 128.

Plauen, 158, Pontfaverger, 46, 47.

Saint-Étienne-au-Temple, 60,

Pontgivart, 63.

61, 62.

Port-Arthur, 27.

Saint-Gond,

Posen, 16, 73, 75, 76. Primsweiler, 79.

5

1

Saint-Hilaire, 62.

Pronsfeld, 4.

Saint-Léger, 91, 93, 103.

Prùm,

Saint-Ouen, 167.

4.

Saint-Privat, 52.

PuszKO, 146.

PUTTKAMMER (Capitaine

von),

Saint-With, 4. Salazinne (Ferme), 18.

122, 139, 140.

Salm,

R Ratkouski, 75. Reims, xxiii, 46, 47, 63 Rethel,

39,

41, 42,

46, 161.

6.

Samter, 73. Sarrebourg, 20. ,

6c>,

43,

69.

Sarrelouis, 79.

44,

SCHMAH,

145.

ScHRAMM

(Général), 32.

Reudnitz, 164.

Schubert.

Riesa, 21.

Sedan, 32, 34, 37, 38, 44, 87.

141.


hidex alphabétique

i8o

Signy-r Abbaye, 33, 34.

Ville-au-Bois(La), 63, 67, 68,

Sommesous, 48, 52, Sommière, 24, 25.

Villers-Cotterêts, 58.

71-

55.

Sompuis, 167.

Villers-en-Fagne, 28, 29.

Sorcy, 42.

Villers-le-Tourneur,

Sovet, 16, 17, 18.

Villeseneux, 48,

Spincourt,

113,

118,

120,

51,

38, s

Virton, 91, 93. Vitry-le-François,

Sprottau, 16. Stavelot, 7.

163,

170, 171.

Vouziers, 161.

Steinfort, 86.

W

Sterpigny, 8, 9,

Strasbourg, 60, 70, 79.

Walke, 108. Wartenberg

Suippes, 60, 63,

Weilburg,

(von), 138.

3, 4.

Weillen, 26. 67.

Weimar,

3.

Thionville, 83.

Weissenfels,

Thynes,

Weisswampach, 6, 10. Wengerohr, 4. Weretschagin, 27. Wesotawski, 133. Wez, 47.

18, 19.

Tours-sur-Marne, 47, Trêves, 149, 151. Troyes, 171.

U

Wibrin,

3.

10.

Untersalm, 150.

Wiedemeyer,

Uttfeld, 4.

Willershausen,

122. 3.

Wittlich, 4,

Wolsfeld, 1)1, 152.

Vaudesincourt, 62.

Verdun, xxiv, 102,

104,

95,

105,

96,

100,

107,

lie,

III, 113, 134, 137, 140.

Verzy, 47.

39.

62,

Vitry-la-Ville, 163, 169.

139, 145,

Tempelhof,

7,

Wurzburg, 78. Wurzen, 147.

Z Zittau, 37.

ZùUichau, 109.

167,


TABLE DES ILLUSTRATIONS

£a

regard des p<iges

Planches I.

— Couvertures des carnets de

du

l'officier et

réser-

viste saxons II.

vi

Couvertures des carnets du sous-officier de

la

landwehr

III.

IV.

V.

— Première -

-

xiv

page du carnet de

l'officier

saxon

.

.

i6

Vue

32

des ruines de Rethel

VI. -— Infanterie allemande en réserve VII. VIII.

— Passage sténographié du carnet de saxon — Cuisine de campagne allemande dans un village l'officier

français

XI.

Épaulements

— Soldats

et

abris d'infanterie allemande.

allemands de

la

XIV.

.

XVI.

72

80 96 112

— Entrée d'un allemands — Tranchées allemandes de première ligne

128

abri d'officiers

et

boyau

de communication

XV.

56

landwelir au canton-

nement XIII.

48

64

IX. -- Croquis de terrain du sous-officier de la landwehr X. '- Page du carnet du sous-officier de la landwehr

XII.

xvi

Plan des abords de Dinant

— Page du carnet du réserviste saxcn — Dernière du carnet du réserviste pat^e

144 160 saxur.

.

.

168

NOTE D'AUTHENTICITÉ Les planches

I, II, III,

VII, IX, X,

graphies prises directement sur nistère de la

de l'armée).

les

XV et X\T sont des photo-

originaux conservés au mi-

Guerre à Paris (2= bureau de l'État-major général


i82

Table des Illustrations

La planche IV

a été établie d'après les

géographiques de l'armée française

La planche supplément

V est une reproduction

illustré

et

données des services

de l'armée belge.

d'une vue du Welt-Spiegel,

du Berliner Tagehlatt{\\°

lo,

du jeudi 4

fé-

vrier 191 5, page 2).

Les planches VI, VIII, XI, XII, XIII la grande Guerre (Krieg im

l'Album de

propagande éditée en

et

XIV

sont tirées de

Bild), publication de

six langues par le Deutscher Ueberseedienst

de Berlin (Georg Stilke).

Toutes ces

illustrations sont

donc elles-mêmes des documents.


TABLE DES MATIÈRES

Pages.

Introduction Journal de campagne d'un

v ofificier

saxon

i

Journal de campjgne d'un sous-officier de

la

landwehr

.

75

Journal de campagne d'un réserviste saxon

147

Index alphabétique

175

Table des Illustrations

181

NANCY, IMFRIMEKIE lERGER-LEVRAULT

AVRIL I916







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