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CARNETS DE ROUTE DE
COMBATTANTS ALLEMANDS
Copyright hy Berger-Levrault.
ni loa
PUBLICATION AUTORISÉE
PAR
LE
MINISTÈRE
DE LA GUERRE
CARNETS DE ROUTE DE
Combattants Allemands TRADUCTION INTEGRALE, INTRODUCTION ET NOTES PAR
JACQUES DE DAMPIERRE ARCHIVISTE-PALÉOGRAPHE
Un
Officier
saxon
Un
Avec i6
—
Un
Sous-Officier posnanien
Réserviste saxon
illustrations et fac-similés d'écriture
PARIS
LIBRAIRIE MILITAIRE 5-7,
BERGER -LEVRAULT
RUE DES BEAOX-ARTS
I916
INTRODUCTION
En
confiant à
Chartes
le
un ancien
soin
de
élève de l'École des
publier
intégralement
quelques-uns des carnets de campagne trouvés sur les soldats allemands tués nistère de la
ou
pris, le
mi-
Guerre a voulu montrer, une
fois
de plus, que ni l'armée ni
la
n'avaient
rien
des jugements
l'Histoire.
Alors que
la
à
craindre les
nation française
causes et
les faits
de de
guerre de 1914-1916 ont été trop souvent,
ailleurs, travestis par
des récits tendancieux et
des plaidoyers de toute sorte, la France a tenu à
honneur de ne présenter au monde
entier,
sur ces événements historiques, que des don-
nées sobres mais
exactes
et
des
documents
faciles à contrôler.
De tous
ces
documents, ceux qui ont, dès
premiers mois de la
les
la guerre, excité la curiosité
plus vive et les discussions les plus passion-
nées, ce sont précisément ces carnets de
cam-
Introduction
VI
pagne dont
la
tenue est réglementaire dans
l'armée allemande, au moins pour les officiers et les gradés. Il est inutile d'insister
sur l'im-
portance historique que présentaient de pareils textes.
Rappelons
ici
que
l'article
ment allemand concernant
le service
pagne (') exige que, chaque jour, de
ces petits carnets
75
y notent
du
règle-
en cam-
les porteurs
les indications
essentielles concernant les opérations militaires et les
cantonnements de
l'unité à laquelle
ils
appartiennent. Ces renseignements doivent servir ultérieurement à dresser l'historique de la
campagne;
ils
constituent donc théoriquement
documents purement
des
militaires; et
c'est
bien ainsi que beaucoup d'officiers de carrière, et
des plus distingués, en ont compris
la te-
nue. Mais à ces éléments techniques, la pludes
part
combattants
observations
ont
personnelles
et,
ajouté
quelques
pour ceux qui
écrivaient facilement, par goût, par profession
(i) Felddienst-Ordnung, Berlin, 1908, p. 25. Cet article est ainsi « Les journaux de guerre servent d'information sur l'ensemble
conçu
:
des opérations d'une troupe sur
le terrain et, rapprochés des rapports de combat, de base aux historiques ultérieurs de campagne. Ils doivent être tenus quotidiennement. »
PI.
I
vu
Introduction
ou par habitude, ces dernières ont parfois donné à leur carnet de campagne l'ampleur d'un
récit littéraire et la portée
d'un rare do-
cument moral. Il
en
est évident,
même
au cours
effet,
que ces notes prises
des événements par leurs prin-
cipaux acteurs ou du moins par leurs premiers
témoins ont une valeur documentaire incomparable.
est
Il
également certain que
les accu-
sations qu'elles portent contre certaines
mé-
thodes allemandes ne sauraient être suspectées.
Aussi de nombreux emprunts à ces sources
par
les
pour étayer
ont-ils été faits
les réquisitoires qui,
journaux, les revues et les livres, se
sont multipliés depuis
le
début de
la
guerre
contre les violences exercées par les envahisseurs germaniques
sur les biens et les per-
sonnes des populations rencontrées par eux.
Mais
les extraits ainsi
tes,
même
ont
été
comme
récusés
Même
par
la
presse
reproduisant inexactement
des auteurs
(i)
pubHés par des polémis-
avec des fac-similés du passage
la
cité,
allemande, la
pensée
(').
brochure
si
documentée de M.
J.
Bédicr a été l'objet
Introduction
VIII
Sans doute une traduction soit-elle,
partielle, si fidèle
peut toujours être discutée, car n'im-
porte quel extrait risque de se voir objecter
du
débarrassée
que,
une
contexte,
phrase
quelconque peut prêter à des interprétations inexactes.
n'est pas contestable
Il
qu'un
texte
intégral se réfute plus difficilement.
Quant seul,
à ceux qui objecteront peut-être que,
l'examen critique du texte allemand
même
pourrait
répondu
:
que ce
communiqué français sera
convaincre,
les
par
original
texte
rieure, enfin
leur sera
pourra être
ministère de la Guerre
le
de bonne
aux chercheurs
d'ailleurs
il
lui-
l'objet
que toutes
foi,
qu'il
d'une publication
ulté-
précautions possibles
les
ont été prises pour son authentication.
A
cet
une description minutieuse sera donnée de chacun de ces petits manuscrits, avec photoeffet
graphies de
la
couverture
et
d'une ou plusieurs
pages de texte. Il
n'a pas semblé pratique ni
de vives contestations auxquelles il a, du répondu. Voir Les Crimes allemattds, d'après in-S^. Paris, Colin. 2" édition 191 5. justifier ses crimes {Jhid.y
1915,
etc.
—
reste, les
même
utile,
été victorieusement
témoignages allemands,
Comment l'Allemagne
essaie
de
Introduction
ix
dans une édition destinée au grand public, de pousser plus loin cet appareil scientifique.
Le présent recueil n'a donc
formé que
été
par la traduction complète et aussi rigoureuse
que possible de quelques-uns de ces carnets de
campagne,
un peu au hasard parmi
pris
que
milliers d'opuscules de ce genre
l'État-major français guerre.
depuis
Après quelque
les
débuts de
hésitation,
déterminé à ne pas imprimer
le
les
recueille
l'on
la
s'est
nom même
des signataires de ces carnets, pour des raisons
de délicatesse morale que
nous reprochera sans
la critique
doute,
allemande
mais
que
les
honnêtes gens apprécieront. Parmi ces signataires
en
effet
d'aucuns sont morts,
et notre
scrupule de publication intégrale, sans aucune
coupure, pourra livrer au public des sentiments
de famille qui doivent se couvrir de l'anonymat. tiques
D'autres sont vivants, et certaines
un peu vives des
cri-
actes de leurs chefs
un jour des sévices hommes sincères. Quant à
risqueraient de procurer
immérités à ces ceux qui ont agi le
et parlé
en véritables criminels,
plus souvent justice est faite et leur
n'ajouterait rien
nom
à l'Histoire. Ici encore d'ail-
Introduction
leurs toute personne autorisée pourra en obtenir
communication.
On
ne doit toutefois pas s'attendre dans une
pareille collection à trouver à récit truculent d'atrocités
thyrambe à
la gloire
chaque page un
allemandes ou un
di-
des armées françaises. Les
insultes et les calomnies à l'adresse des Belges,
des Anglais, des Français n'y sont pas rares, et la
conduite des troupes allemandes y est géné-
ralement excusée ou exaltée. Mais ce sont précisément ces insultes,
comme
ces excuses, qui
sont la garantie de sincérité la plus grande de ces
textes,
qui
et
donnent une portée plus
grave aux accusations formelles que l'on peut
en
Qu'ils les approuvent ou qu'ils
tirer.
blâment, ces des
faits,
récits
dont
les
n'en établissent pas moins
la matérialité suffit le
plus sou-
vent à porter des jugements redoutables. L'ar-
mée
française, la belge et l'anglaise ont
leur vaillance,
comme
leurs
prouvé
gouvernements
et
leurs peuples ont prouvé leur droiture et leur
bonne
foi.
Lorsqu'ils
comme
parlent
de
lâchetés
des
alliés,
lorsqu'ils parlent de francs-tireurs
d'atrocités belges,
les
ou
soldats allemands n'at-
Introduction
xi
donc que l'ensemble de fausses nou-
testent
ou moins
velles et d'inventions plus
dont on eut soin, dés
le
grossières
début, de bercer leurs
illusions
ou
lorsque,
sous prétexte de
Par contre,
d'attiser leur haine.
à des
représailles
violences toujours alléguées par « on dit » et
mêmes
jamais prouvées, ces
soldats parlent de
meurtres, d'incendies, de pillages, on peut les croire sur parole, et
duellement parfois terrible
sympathie qu'indivi-
la
est
la
plus
condamnation du système qui
les
arma
en
effet
pour de
ils
inspirent
telles répressions
Le choix des ressortir
textes
ici
publiés
quelques
dessein
à
!
fait
plutôt
figures
sympathiques. Le courage, l'abnégation, cipline, qualités
mande,
se rehaussent
spirituelle,
chez
tel
propos
communes dans
ou
parfois
la dis-
l'armée
alle-
d'une certaine bonhomie
même
d'un goût
délicat,
tel officier; tel sous-officier tire
qu'il
entend
et
des
maintes conclusions qui
faits
des
qu'il constate
révèlent
un
esprit
d'équité remarquable; enfin les simples soldats
apparaissent surtout
comme
des natures frustes
et simples, irréfléchies et disciplinées.
Mais
là est
précisément ce qui donne à ce
Introduction
XII
frappante
livre sa portée plus
:
ces officiers et
hommes, individuellement sans haine, assistent impassibles ou se prêtent docilement ces
aux actes qui répugnent à leur conscience ou
même
que leur
à leurs instincts, dès l'instant
personnalité s'est volontairement effacée dans
l'âme collective du germanisme déchaîné.
au plus à
peu
ont-ils
celle
gardé
même
de s'indigner
discipline qui les a si
peu
s'efface, et la
formés aux règlements
forte qu'elle leur permettra
ou
Tout
la faculté d'observer;
même
prescrit.
voit-on mêlés à des incendies,
d'en faire
formules,
d'en laisser transgresser les
l'ordre des chefs l'a ainsi
est
Aussi
si
les
des vols, des
massacres, chacun selon son grade, prêts à tout, parce qu'on leur a dit
que
la
pose ces Il
« C'est la
Guerre
!
» et
sacrifices sanglants.
importe que
pages,
:
plus grande gloire de l'Allemagne im-
les
Français
pour comprendre
propre cause.
Ils
la
méditent ces
sainteté
de leur
y verront que les acteurs des
grands crimes qui
ont couvert
leur sol
de
deuils et de cendres ne sont pas des « criminels-
nés
»,
des êtres exceptionnels,
se l'imaginent.
La
vérité,
comme
d'aucuns
moins simple mais
xiii
Introduction
infiniment plus terrible,
que
c'est
germa-
le
nisme, déformation morale ou folie collective,
parvenu à
est
moyenne,
humains de
faire d'êtres
qualité
meilleurs ni pires que nous, les
ni
complices ou
même
exécuteurs des plus
les
effroyables crimes qui aient déshonoré l'humanité. Il est
d'avoir et
plus grave pour
armé des
hommes
Kultur allemande
la
naturellement bons
sages contre des femmes, des enfants, des
ou de
églises et des collections d'art
que
science,
de pareilles monstruosités avaient été
si
commises, pour
avinés.
Que
allemande,
monde,
les
dehors
en
d'elle,
anonymes de criminels
meilleurs éléments de l'armée
réputée
aient
dire
ainsi
par quelques fractions
la
plus
disciplinée
même
pu' assister ou
du
prendre
part sans révolte à des actes contraires à la fois à toute
morale
de leurs pro-
et à la lettre
pres règlements, c'est la plus formidable accu-
sation qu'on puisse établir contre
dont lité
l'idéal
avoué
une éthique,
est d'annihiler la
humaine, au point d'en
faire
instrument des pires besognes
personna-
l'automatique
!
Les carnets de campagne, transcrits
ment
ci-après,
sont donc
le
fidèle-
plus vivant et le
Introduction
XIV
plus redoutable commentaire de cette accusation
dont
fameux
les quatre-vingt-treize intellectuels
de l'Allemagne moderne avaient, inconsciem-
ment sans doute, donné célèbre,
en disant de l'armée allemande
a Elle
cette
Grausamkeit
armée allemande, diffère
suffit
il
peu de
très
portions comparables classes de plus
Landsturm Il
y a
ici
est
la
;
une
de ici
de l'armée
Landwehr a quatre
que notre armée
toutefois
même
y sont en pro-
territoriale, le
une réserve de l'armée
provenant de
»
de rappeler
celle
française. L'active et la réserve
!
!
point de vue de l'organisation
qu'elle
:
ne connaît pas de cruauté indisciplinée
Sie kennt keine luchtîose
Au
formule désormais
la
territoriale.
différence essentielle,
la supériorité
numérique
consi-
dérable des classes de recrutement allemandes
sur les nôtres.
De
ce chef, l'armée active peut,
ou bien ne pas incorporer du
tout,
ou bien
renvoyer dans leurs foyers, après un très court passage à
la caserne,
des catégories très
nom-
breuses de conscrits. Ceux-ci sont directement versés, soit soit
dans
dans ce qu'on appelle VErsat-i-Reserve,
le
Landsturm.
Il
en résulte que
les for-
PI.
Il
xv
Introduction
seconde
mations
de
hommes
d'âge très variable, les
ligne
contiennent
des
uns anciens
soldats de l'active et de la réserve, les autres
peu ou point exercés, ce qui n'est pas notre armée territoriale, plus
Par ailleurs
même
se
les
formations
le cas
de
homogène. et le
vocabulaire
rapprochent des nôtres. Les termes
d'armée, corps d'armée, division, brigade, régi-
ment, bataillon, compagnie, escadron ou batterie,
les
que l'on rencontrera couramment dans
pages qui vont suivre, représentent donc des
entités sensiblement équivalentes à celles qui
portent chez nous les
mêmes noms.
Les seules
unités spéciales à l'armée allemande, au
au début de les
la
présente guerre, sont peut-être
détachements montés
et les
compagnies de
ou kom-
mitrailleuses ÇMaschinengezuehrabteihing pagnie),
dont
il
est
miers accompagnent les
moins
souvent question les divisions
pre-
les
:
de cavalerie,
secondes sont adjointes aux bataillons de
chasseurs, aux régiments d'infanterie,
sont autonomes et à
dement.
la disposition
L'artillerie,
mieux pourvue que
nôtre de pièces lourdes au début de
emploie généralement CARNETS DE COMBATTANTS
ou bien
du comman-
le
la
la
guerre,
shrapnell (Schrapnell') b
Introduction
XVI
et l'obus brisant (Granate),
parfois
(Brandgra-
incendiaire
l'obus
aussi
fusant ou percutant,
nate) (').
De même que
les
noms
des unités et des
armes de l'armée allemande, ceux qui gnent
grades sont pour
les
la
plupart encore
empruntés au vocabulaire français ralement
même
la
valeur que
convient toutefois de faire suivantes 1°
A
ici
dési-
et
ont géné-
chez nous.
les
Il
observations
:
du rang
partir
d'officier
général, la
nomenclature, qui ne comprend en France que
deux grades,
se
l'on distingue
brigade),
le
:
poursuit en Allemagne, où le
General-Major (général de
Gêner alleutnant (général de divi-
sion), le General der Infanterie (Jiavallerie Artillerie')
qui correspond
à
peu près
à
ou un
commandant de corps d'armée chez nous, le Gêner aloherst, commandant d'ordinaire
général
une armée, réchal 2°
fi)
et enfin le
Feld-Marschall ou ma-
;
Les grades
des
Des annotations ont
mêmes employés
par
le
officiers
d'ailleurs
supérieurs
reproduit ci-après
les
et
termes
texte allemand, toutes les fois qu'il pouvait
y avoir quelque hésitation sur leur traduction exacte.
;
xvii
Introduction
subalternes sont les le
nom
mêmes
qu'en France, mais
de Major y désigne encore
(comme
chez nous sous l'ancien régime) ce que nous
appelons commandant ou chef de bataillon le
;
terme Leutnant correspond chez nous à sous-
lieutenant, tandis
que ï on â^^eWe Ober-Leutnant
ou lieutenant en premier,
ce
que nous appe-
lons simplement lieutenant; ce dernier grade
ne s'obtient du
années de la
de
qu'après
reste
carrière, surtout
dans
longues
où
la réserve,
plupart des officiers demeurent au premier
échelon, d'ailleurs suffisant pour leur conférer toutes les prérogatives sociales de V Offi:(ierstand 3°
La hiérarchie des
sous-officiers
également un premier grade
:
comme autorité à comme dignité à celui
comporte qui
Unter-OffiT^ier ,
correspond
celui de caporal,
mais
de sergent dans
l'armée
française;
le
Sergeant et
le
Feîdwebel
(sergent-major comptable, Wachtmeister dans
les
troupes montées) sont
de
carrière,
des
dont l'avancement
à ce dernier grade
sous-officiers
est à
jamais limité
ou tout au plus
à celui de
Feldivehelhnlnant.
Et c'est
là
que
se révèle,
formes extérieures,
la
sous
la similitude
des
dissemblance profonde
XVI II
Introduction
de
entre Tesprit
mande
la
de
et celui
hiérarchie
militaire
alle-
Alors que, du
la française.
simple soldat au général de division, au maréchal
même
autrefois, l'échelle
ininterrompue chez nous, être
gravie
d'un
bout
si
à
même
échelle
bien qu'elle peut
l'autre,
maintes fois par de grands cette
des grades est
et
l'a
été
de guerre,
chefs
comporte en Allemagne
des paliers et des bifurcations infranchissables.
Sans doute l'obligation universelle du ser\àce militaire fait,
là-bas
futurs officiers
comme
ici,
commencent par
comme
simples soldats
soumis
à toutes les rigueurs de
imposée n'est
à la troupe;
que tous
les
porter
sac
sont à ce
et
mais
le
moment
la discipline
promiscuité
cette
que de courte durée.
Au bout de quelques mois, comme chez nous, une première
se produit,
il
sélection des
éléments susceptibles de former ultérieurement des cadres;
gens désignés
jeunes
les
à
ce
choix,
non seulement par
taires,
mais plus encore par leurs études anté-
rieures
ou leur position
reçoivent alors
le
titre
leurs aptitudes mili-
sociale dans le civil,
de
Gefreite,
duit exactement en français par
le
qui se
tra-
mot exempt.
xix
Introduction
Ce grade correspond théoriquement soldat de
i'*
classe
à celui de
dans notre armée, mais
diffère essentiellement
il
en
en ce que chez nous
le
premier galon se donne généralement à des méritants, mais d'instruction
militaires rale
pour avancer, tandis que
insuffisante
bouton de
Gefreite se
mée allemande
géné-
donne souvent dans
à des jeunes
le
l'ar-
gens d'avenir
et
exemple effectivement de diverses corvées,
les
tout en leur conférant une certaine autorité
Les futurs
officiers
(').
de carrière, à moins qu'ils
ne sortent du corps des cadets
et aient
passé
l'examen d'enseigne, débutent dans ce grade
d'exempt le
et
obtiennent directement alors,
méritent, celui de Fàhnrich
correspond
assez
d'aspirant (^).
exactement
Parmi
s'ils
ou enseigne, qui
les autres
à
notre grade
exempts, ceux
qui passent sous-officiers peuvent être admis à
devenir soit officiers de réserve, soit sous-officiers de carrière.
Mais jamais un sous-officier
de carrière (^Sergeant ou Fehlivehel) ne peut, en (i)
Nous
traduirons régulièrement Gefreite par exempt, le terme de
Sergetntt par sergent, celui
de Fehhuehel par sergent-major
et celui
de
JVachtmehter par maréclial des logis. (2) Malgré pour traduire
cette assimilation le
mot Fàhnrich.
nous conserverons
le
terme d'enseigne
XX
Introduction
même
devenir
fait,
pour
oiBcier de réserve, fût-ce
plus brillantes actions d'éclat.
les
Pour suppléer dès
lors
au vide créé par
la
guerre dans les cadres d'officiers subalternes, l'armée allemande s'est vue contrainte, plutôt
que
d'altérer ses principes, à créer,
un grade de
généraliser entre
le sous-officier et
l'officier.
conféré aux sous-officiers
commandement d'une
ou plutôt
à
intermédiaire
plus,
Ce grade
est
reconnus aptes au
mais auxquels
section,
la rigueur des distinctions sociales en
ne permet pas de devenir des
Allemagne
officiers propre-
ment
dits. Il
dès
grade de Leutnant ou sous-lieutenant, tout
le
officier,
ne faut pas oublier, en
même
effet,
de réserve ou de Landwehr,
réputé hoffàhig, c'est-à-dire
admis
à
la
que
est
cour,
privilège qui n'est conféré qu'à de très hauts
fonctionnaires
civils.
Cette simple distinction
suffit à expliquer que,
officielles
ou
les
les
cérémonies
réceptions de gala, des fonc-
allemands,
tionnaires
dans
d'ordre
administratif,
diplomatique ou autre, préfèrent se montrer dans l'uniforme d'un simple Leutnant de Landluehr plutôt
fonctions,
le
que dans
celui de leurs véritables
premier leur conférant des droits
xxi
Introduction
et
des entrées que l'autre ne leur
donnerait
pas.
De
là
vient que le corps des officiers veille
avec une excessive jalousie à n'admettre dans
son recrutement que des jeunes gens apparte-
nant à certains milieux sociaux, à l'exclusion rigoureuse de tous ces éléments populaires qui
ont plus ou moins
fait,
à toutes les époques,
généreuse unité de l'armée française.
la forte et
Le sous-officier allemand qui a
preuve de
fait
qualités militaires exceptionnelles se voit
donc
nommé 0(fi:(iersteUvertreter ou suppléant-officier. Il
a alors
une situation comparable
adjudants
de
l'armée
à celle des
sur la
française;
il
a
troupe l'autorité d'un lieutenant
et
porte les
insignes intermédiaires entre ceux de sous-officier et d'officier. Mais, à la différence
adjudants,
il
de nos
ne peut désormais franchir ce
grade Q).
ne faut donc pas se méprendre sur
le
sens
tout diff'érent qu'a pris en Allemagne le
mot
Il
Adjutant, très
fréquemment employé. Ce terme
(i) Pour éviter toute confusion entre le sens du mot adjudant, nous traduirons littéralement stellvertreter par suppléant-officier.
français et l'allemand le
terme de
Offix^ier-
Introduction
xxii
désigne,
non un
adjoint à officier
mais peut aussi
officier,
supérieur ou général. Cet
adjudant dans l'armée suisse)
premier
le
mais un
sous-officier,
officier
(nommé
dans
est,
un
un
cas,
être
un
officier subalterne,
officier
supérieur ou
général, lorsqu'il s'agit par exemple de l'aide
camp d'un
de
comme
les
d'officier
officiers
Ces
officiers
d'état-major,
portent, l'écharpe
en sautoir, au lieu de l'avoir à
ceinture ('). d'ailleurs
prince.
Le
même
terme
indifféremment
la
ÇStab') s'applique
comme
l'état-major d'un corps d'armée
chez nous à
ou d'une
divi-
sion et à celui d'un régiment, d'un bataillon
ou d'un groupe La première
série
tants allemands cier,
("").
de ces carnets de combat-
comprend
d'un sous-officier
Tous (i)
d'artillerie
et
les
notes d'un
appartiennent à l'infanterie.
trois
Le terme allemand Adjutant ou par aide de camp.
offi-
d'un simple soldat.
sera
traduit
L'offi-
suivant les cas par
officier adjoint
(2) Le mot Stab entre aussi en composition dans le nom de certains grades ou fonctions Stàbsarit, médecin-major de 2" classe; :
Stahshohoïsi , clief
de musique;
ce qui précède
Répertoire alphabétique de Termes militaires allemands,
:
etc.
Voir, pour plus de détails sur tout
—
par R. Roy, Paris (Berger-Levrault), 1914. Cf. Ce qu'il faut savoir de l'armée allemande, Paris (Charles-Lavauzelle), 1914, etc.
Introduction
cier est
un lieutenant au 178^
nous savons
n'a pas signé son carnet, mais
qu'il
comptait à
actif. Il a fait les
la
compagnie du régiment
8"=
sept premières semaines de la
campagne dans l'armée d'invasion inondé
avoir
le
ou
d'infanterie,
du XIP corps d'armée.
13^ saxon, qui fait partie Il
xxiii
Luxembourg
et
qui, après
Belgique
la
méridionale, fut battue sur la Marne et dut se
cultivé, qui
ne
manque
et décrit parfois
sion
homme
au nord de Reims. C'est un
replier
les
de goût,
avec un réel bonheur d'expres-
tragiques
témoin. Son
ni d'esprit, ni
récit,
spectacles précis et
dont
est
il
coloré,
l'un
est
Ton
des meilleurs parmi ceux de ce genre et s'est
efforcé
de
le
sement que possible Le
sous-officier
traduire
aussi
le
minutieu-
(').
dont
les
notes
ont été
publiées à la suite appartient à la landwehr. habitait
la
Posnanie,
(i)
presse
le civil la
hors
et
Divers extraits de ce document ont été reproduits déjà dans la et y ont fait sensation, mais la lecture très difficile de ce
texte n'avait grale.
même
semble y avoir exercé profession d'architecte ou d'en-
d'Allemagne (Lods) dans
peut-être
Il
pas permis jusqu'ici
d'en donner
une traduction
inté-
XXIV
Introduction
Quoique de souche allemande,
trepreneur.
il
paraît d'ailleurs avoir puisé, dans la fréquenta-
une largeur
tion des Polonais,
commune.
a
Il
un
avec
fait,
d'esprit
peu
bataillon
du
46* régiment de réserve (V* corps de réserve), les
mois
premiers
quatre
de
campagne,
la
mais n'a guère vu que
la
autour de Verdun. Son
récit est caractéristique
guerre de positions
d'un état d'esprit plus fréquent qu'on ne croit les
dans
le
troupe allemande, surtout dans
la
formations de réserve.
Le simple soldat giment
est
d'infanterie,
d'armée).
Il
un
ou
réserviste
14''
du 179'
ré-
saxon (XIX" corps
habitait Leipzig; c'est
donc encore
On
chercherait toutefois vainement
dans son
récit
des précisions utiles à l'histoire
militaire,
au moins pour
quelles
a
un Saxon.
il
pu prendre candeur.
Mais
part.
document précieux pour incroyable
opérations aux-
les
Ce
sa
c'est
d'une
sincérité,
gros
un
garçon,
sans
haine, assiste impassible à des exécutions, mais n'ose,
malgré sa faim, participer aux pillages
de ses camarades; blessé grièvement, dépouillé par
mort
l'un
d'eux,
il
se voit
mais sauvé d'une
certaine par des soldats français, sur la
xxv
Introduction
générosité desquels et,
note
comme un
il
a
ter-
bien soigné dans une ambulance,
mes;
régalent,
s'exprime en bons
il
enfant
mais aussi
menus
les
les plats
qui
le
de son pays dont
un simple, comme
aurait envie. C'est
il
il
y en
beaucoup.
Ces
de combattants, tous trois de
trois types
l'Allemagne du Nord, forment donc
un raccourci de
moyenne de
mentalité
la
troupes courageuses,
si
comme ces
criminellement entraî-
nées à des fins que nulle prétendue nécessité
ne pourra jamais
gnes auxquelles
Les sinistres beso-
justifier.
ils
ont assisté ou
même
cru
devoir participer par une fausse conception de la
«
servitude militaire
l'armée à laquelle
ils
demeureront pour
»,
appartiennent une tache
indélébile et sans précédent.
Il
cette tache fût décrite par des
tenant à cette armée lecture de leurs récits,
importait que
témoins appar-
même. Pour on
éclairer la
a disposé ci-aprés,
outre des fac-similés d'écriture qui servent à les
authentiquer,
quelques
illustrations
qui
aideront à matérialiser certaines descriptions.
Ces vues sont en général elles-mêmes d'origine allemande, ce qui augmente encore leur valeur
XXVI
Introduction
documentaire. Tous été
soigneusement
les notes,
il
les
noms
de lieux ayant
dans
identifiés et précisés
n'a pas semblé utile d'accompa-
gner ce volume d'une carte du théâtre de guerre, car tout le
index des les
noms
monde en
possède. Mais
la
un
propres a paru devoir faciliter
recherches des lecteurs. Tel quel, dans sa
simplicité fruste, ce livre est originalité rare faire
!
—
une source d'une
Puisse-t-il servir à
même,
connaître et aimer la France
noble dans sa douleur que héroïque, pour
l'Humanité
la Liberté,
fière
pour
mieux aussi
dans sa lutte Droit,
le
pour
(')!
(i) Je dois ici , outre les autorités militaires remercier tout particulièrement mon distingué confrère André Dreux, archiviste,
paléographe, pour son précieux concours, cription des notes
remarquablement peu
notamment dans
lisibles
de
l'officier
la trans-
saxon.
PI.
V.
-^
f
î
X
PREMIERE PAGE DU CARNET DE L OFFICIER SAXON
III
Journal de campagne d'un
Officier
Saxon
(178e d'infanterie, 8e compagnie)(')
Ce journal
est
écrit
reliure est renforcée par
dans
tin
Les tranches sont rouges.
Il
La
carnet relié en tnolesquine noire {*).
un ruban hlanc et
bleu transperçant tous
X^j"". Le
mesure 46
papier
les feuillets
est
(^^').
à quadrillage
gris de 4°"". Il compte 60 feuillets de récit non paginés, fj feuillets blancs,
2
feuillets et notes diverses, soit,
au
total
caractères romaitis au crayon de fuchsine, le texte est
Le
:
A
^j
feuillets. L'écriture est
la date des
12
et
en
ij septembre,
simplement sténographié (^*).
récit
va du 6 août au 2^ sebtembre, avec une
seule lacune
pour la
journée du 14 septembre.
(i)
Le 178* régiment d'infanterie ou 13* saxon
Kamenz
tenait garnison i
177* (i2« saxon, Dresde) la 64* brigade comptant à la 32* division et au XII^ corps d'armée. (2) Voir, ci-dessus, page vi, la photographie de cette couverture et, (Saxe).
Il
formait avec
le
ci-contre, celle de la première page
(3)
Dans
les fac-similés
du
carnet.
ci-contre et page 56, ce cordonnet se voit
distinctement. (4) Voir, page 56, le fac-similé de ce passage sténographié.
CASNITS DB COMIATT4NTS
JOURNAL DE CAMPAGNE d'un
OFFICIER SAXON (178^ d'infanterie, 8« compagnie)
—
I2''45, départ aoûtiy jour de la mobilisation). 2^ bataillon. 8-9 heures du matin, de Kamenz (') du
6
Nous
déjeuner. Engelsdorf (^)
(filet).
arrêt à Markranstâdt
Korbetha
enthousiasme
Weimar,
:
(')
passons Leipzig, (partout grand
et cadeaux), Weissenfels,
Erfurt, Eisenach.
taillement
des
,
A
Naumburg,
Herleshausen, ravi-
deux beautés hessoises du Schwarzwald
Landgraves
(-f).
Willershausen ,
Bebra,
Pays
Souabe, Kirchhain. 7 août.
Runkel
(i)
— Marburg
(vallée de la
(belle ruine féodale et petite ville).
Kamenz
est à
vince prussienne de
Le texte porte
(4) Le texte porte
Nous
ren-
environ 40 kilomètres au nord-est de Dresde.
(2) Engelsdorf, Weissenfels et
(})
Lahn), Weilburg,
la
Saxe, sur
:
Corbetha.
:
Von
d.
Naumburg la
sont situées dans la progrande ligne de Leipzig à Weimar.
landgrâfl, Sch.
waM.
Carnets de combattants allemands
controns un train de charrettes enlevées aux Russes.
Entre Weilburg
et
Ems,
dix-sept tunnels
Lahneck. Arrivée à Coblentz à midi. Vallée de ravitaillement.
Pronsfeld
8 août.
!
Château de
heures de l'après-
3
Moselle. A Wengerohr, à 7 heures, Puis nous filons par Wittlich, vers
la
(')•
— Après avoir retrouvé Tordre de marche
égaré, nous
nous mettons en route par Uttfeld
(*)
(population invisible) et des chemins parfois effroyables jusqu'à
Ouren('), Je mange tout en marchant un et de lard. La population sort de
morceau de pain
l'église, elle a prié
ment
pour nous.
A
Ouren, cantonne-
resserré (c'est le plus dégoûtant des trous dej
l'Eifel);
paysage d'un charme mélancolique par
solitude.
Mon
visée.
sa|
hôte s'appelle Mayers. Popote impro-
Nous couchons
par trois dans des
lits
à
deux
personnes en vieux chêne, d'antique patine. Remarquables pièces sculptées en chêne foncé
(huches,
énorme
cheminé'=^
armoire, portes); dans
la cuisine,
avec four à pain; tout est noirci par
cher
(i)
et
C'est
la
fumée;
plan-
encadrements de fenêtres semblent en pain
à
Wengerohr que
se
détache
la
grande ligne Trêves
Coblentz, l'embranchement qui, par Wittlich, rejoint
le
réseau strate
gique de l'Eifel. Pronsfeld est une station de la ligne stratégique Lissingen à Saint-With, à 8 kilomètres au sud-ouest de Prûm.
dt
(2) Petite ville située à 4 kilomètres environ au sud-ouest de Pronsfeld
(5) Petit village situé à 9 kilomètres à l'ouest de Uttfeld sur 1: petite rivière Our, affluent de gauche de la Sauer, elle-même affluen
de
la
Moselle.
Journal d'un
d'épices (chêne).
ment garni de
Le
abondam-
tas de fumier.
nous mène dans
Il
du
intéressante et belle église
vieille,
5
village est d'ailleurs
L'après-midi, visite au curé.
là le
saxon
officier
village
:
il
la
y a
blason du château détruit (une croix formée de
tètes
de serpent), un retable représentant
et saint
femmes.
Christ
Jean et attribué à Rubens, qui aurait été
de ce château.
l'hôte
le
Ouren(=
Cure confortable
et
braves
Ur, aurochs), malgré son extrême
pauvreté, a beaucoup de belles choses. Les gens tissent le lin
pour leur propre usage
et font
y eux-mêmes
leurs draps, nappes, etc.
On
nous
fait
des récits de
perfidie des Belges
la
contre nos soldats au cantonnement
9 août.
mins de
— Nous étudions une
fer
de
la
A
Belgique.
encore d'ordres de marche
!
S""
(').
vieille carte
des che-
30 nous n'avons pas
Nous
attendons.
9 heures. Arrivée du fourrier du bataillon d'Ersatz (f).
Grande
joie
pour ce renfort. Je prends un
bain froid dans l'Our, puis
un bain de
soleil.
La
journée est magnifique. Je jette un coup d'œil sur
(i) C'est sans doute déjà la légende des j
allemands par
les
femmes
yeux crevés aux soldats
belges. (Cf. plus loin, page 85, note a.)
Le mot de Ersat^ (remplacement) entre en composition des termes aux unités de dépôt ou aux effectifs de complément. Il s'agit ici, sans doute, d'un bataillon constitué au dépôt du régiment à l'aide d'éléments de réserve et ayant pour ojbet de renforcer les effectifs des troupes on campagne. (2)
militaires allemands s'appliquant soit au recrutement, soit
!
i
tt
Carnets de combattants allemands
6
quelques vallons débouchant dans c'est
tout à
fait ravissant,
la vallée
de l'Our
;
j'aime surtout ces abruptes
formations schisteuses.
Le
soir,
camp de
arrive l'aide de
la
brigade qui
s'étonne de ne pas nous avoir vus arriver. L'ordre de
marche
s'est
10 août.
wampach de
évidemment perdu
—A (').
5*"
30, départ vers
Gouvy
Matinée magnifique sur
l'Eifel. Brouillards.
tière
!
A
6''i5,
par Weiss-
les
hauteurs
nous passons
la
fron-
luxembourgeoise. Les villages sont propres,
route bonne. Mais
les réservistes
commencent
la
à être
fourbus.
Les pertes à
l'assaut de
hommes.
1.800
Liège seraient d'environ
Nous nous approchons
aussi
de
Bruxelles.
A
9''
20, passage de
la
frontière belge. Les Belges
ont abattu de beaux chênes barrer
le
passage.
de largeur et la
3
route; mais
Ils
le
long de
la
route pour
ont creusé un fossé de 6 mètres
mètres de profondeur en travers de
la circulation est déjà
par Deyfeld et Ourt, vers
Gouvy
rétabhe.
{f).
Marche
Joli paysage de
prairies, villages propres.
(i) Weissvvampach est une localité de l'extrême nord du grandduché du Luxembourg, située à 2 kilomètres seulement de la frontière allemande et à 4 kilomètres du village allemand d'Ouren.
8 kilomètres au nord-est de Weissvvampach, sur route de Salm. Ourt est à 2 kilomètres à l'ouest de Deyfeld, dans
(2) Deyfeld est à la
la direction
de Gouvy.
Journal d'un
A la gare
de
Gouvy
saxon
officier
(détruite, puis rétablie par nos
gens), nous trouvons le bataillon et bivouaquons;
nous occupons dans
la
la
doit garder la ligne le
Xn* de
lerie
On niers
Bovigny
les
XP, XIP
Garde, sous
la
(').
Objectif:
du chemin de et
les
apprend qu'à Liège
la
fer
brigade
que en marche. Notre armée
corps d'armée soit
comprend
du chemin de
cote 501, au nord
direction de
XIX*
fer jusqu'à ce
corps, avec la cava-
von Hausen
ordres de il
a été fait
(').
70.000 prison-
(5).
II août.
Après avoir
long de
fortifiée le
derrière,
—
il
faut
la
voie ferrée et
nous
replier.
tricolore.
Pour
ma
jumelle
un avion
français
Grâce
Zeiss, je reconnais dans le lointain
à sa cocarde
une position avoir bivouaqué
installé
faciliter
éventuelles, je verse à la caisse de la
à
les
dépenses
compagnie
mon
encaisse or de 150 marks. Solde et entrée en campagne nous sont comptées en papier Hier soir, !
marche passablement chaude, la compagnie a touché un seul mouton avec des pommes de terre. Depuis trois jours, la compagnie n'a pas de pain; aujourd'hui on en touche enfin. J'en après une matinée de
chipe encore un,
malgré protestations. Pour dé-
(i) La station de Gouvy est située sur la ligne de Bastogne à Stavelot, Bovigny se trouve à 5 kilomètres plus au nord sur la même ligne. (2) Cette actifs
armée
(Dresde
(III'=)
et Leipzig)
comprit plus tard les XII« et XIX« corps le XII® corps de réserve.
avec
(}) Chiffre manifestement exagéré.
Carnets de combattants allemands
jeûner, café et lard (reste des vivres de réserve)
Nous nous
en soutien de bataillon
le 3'
(').
Gouvy pour aller Nous sommes relevés par
replions par la gare de l'artillerie.
du I78^
Nous bivouaquons dans des cabanes faites de jeunes pins. Nous touchons encore de la nourriture bœuf). Je réquisitionne cinq bouteilles de bourgogne rouge 1895 à 5 marks, ainsi que du lard.
(riz
et
La bonne vieille propriétaire du « Bon Marché » disait « Vous n'êtes pas des barbares, vous épargnez :
notre récolte Q).
12 août.
»
— La brigade
français s'approche.
Gouvy
se porte en avant par
rain (').
est avisée
La brigade
qu'un fort corps
a ordre de l'arrêter et
sur Sterpigny et Ché-
Chaleur torride, midi en pleins champs
magnifiques vieux pins,
abattus par les habitants.
de côté. Dans
resté dans la cave.
poules et
Nos
pionniers
hâte du départ,
la
les sacrifie
A
!
De
long des routes, ont été
le
les
ont mis
bourgogne est Sterpigny j'achète deux belles
de
ma
main.
le
Un
artilleur
me
les
voie, pendant que je cours après des soldats occupés à piller.
Le (i)
mot
2* bataillon
Le
texte porte
:
cantonne à Baclain
etserne Ration.
On
(f).
Le premier
dit plutôt eiserne Portion.
Ration étant plus spécialement affecté en allemand à
la
journalière de fourrage délivrée à chaque cheval. (2)
En
français dans le texte.
(}) Chérain est à environ 6 kilomètres à l'ouest de Gouvy, (4) Baclain est à 3 kilomètres environ au nord de Chérain.
Le
quantité
Journal d'un
lieutenant
W. (')
mais
Le
il
moi, chacun avec notre section,
et
nous entrons dans
saxon
officier
Le maire n'est pas là, auquel on fait une semonce.
le village.
y a un conseiller enjoint aux habitants de
conseiller
armes
chasse).
principalement
vint
(il
Cantonnement
resserré,
livrer leurs
vieux
de
bien
fusils
de
que
le
pis
bivouac. Je couche au corps de garde (dans l'école),
où
hommes
les
de relève
me marchent
dessus conti-
nuellement.
A
midi,
soir,
café.
foie et
il
y
a
eu des haricots
MM.
et
du porc gras
;
le
les sous-ofHciers s'étaient servi le
ont daigné nous en donner. Ravitaillement
plus que misérable;
I] août.
il
— Retour
doit, dit-on, s'améHorer.
à Sterpigny,
pour rassemble-
ment. Je ne me suis pas déshabillé depuis trois jours. On dit que demain doit commencer la marche en avant. Bain de siège dans
un
petit ruisseau.
Le
soir
nous revenons cantonner à Baclain. La poste aux armées, ardemment attendue,
est, paraît-il, installée,
mais ne fonctionne pas encore. La mise en marche
du XII' corps d'armée dure terriblement longtemps. magnifique nuit ;
Je suis envoyé aux avant-postes étoilée
(voie
lactée).
Bu
chez
le
curé
de
bon
Steinhâger.
14 août.
—
Retour au point de rassemblement de
(i) Lecture douteuse.
Carnets de combattants allemands
10
la
brigade. Les hussards de
arrivés
et
apportent
Dresdener Blàtter,
en pièces
(f).
Avec
la
la
Grossenhain
nouvelle
sont
(')
que, d'après
les
64^ brigade aurait été taillée
nous n'avons pas encore vu
cela
une jambe de l'ennemi
!
Par une chaleur torride de
midi, nous voyons éclater à l'horizon les premiers shrapnells (contre avions). Après midi, office divin,
émouvant et élevé, sans aucune vaine pompe. Le soir, cantonnement avec les hussards à Baclain. J'y couche.
ij août.
—
Départ de
Nous marchons
la
division pour Wibrin.
Mont-le-Ban
sur
(').
L'ennemi
se
retrancherait sur la Meuse. Passé la journée à faire
des réquisitions, cantonnements, etc. Rattrapé
mon
sommeil. Passé une bonne heure à causer avec curé, lions
avait pas. autres.
On
Le
village
est
pauvre
ne peut que s'étonner
(i) C'est le i8« régiment de hussards ou forme avec le 20^ (Bautzen) la brigade de XII^ corps d'armée. (2)
le
extrêmement aimable. En réalité, nous ne vouque réquisitionner un dictionnaire, il n'y en
La 64» brigade
était
précisément
178» régiments d'infanterie.
On
celle
comme qu'il
i*'
y
tous
ait
les
encore
régiment saxon.
cavalerie
que forment
aiTectée
les
Il
au
177® et
voit que les nouvelles publiées par la
presse allemande au début de la guerre étaient loin d'être alors sou-
mises à un rigoureux contrôle (3)
Wibrin
est
un
officiel.
petit village belge situé à 19 kilomètres
au nord
de Bastogne, à vol d'oiseau. Mont-le-Ban est également à 15 kilomètres au nord- ouest de Weisswampach et 8 kilomètres à. l'est de Wibrin.
Journal d'un
notamment de
tant de vivres, le
saxon
à la popote, essais
soir,
poules avec des nelle)
pommes
là.
pour manger deux person-
(recette
frites (')
grâce à un système tendineux bien développé,
;
échoue complètement. Par
l'attaque sur les poules
contre,
dans
il
beurre, alors que déjà
177= régiment d'infanterie a passé par
Le
la
le
bourgogne
Passé
était excellent.
nuit
la
grange.
16 août.
— Jour
Le
lavage.
fait
de repos et en
comme un
tandis
maman.
A
temps de
heures) apparaît maintenant
3
luxe inouï. Les
affaires
même
de pouvoir une fois dorrnir jusqu'à
6 heures (au lieu de
a
officier
que
Mont-le-Ban
nettoient leurs
eux une grosse
et tout à côté à
deux bataillons du 178^
18^ hussards (^) avec
hommes parmi
s'agite
Halon
et plusieurs escadrons
bagages.
y du
il
Les cantonnements
deviennent de plus en plus resserrés.
Leçon de ressés.
Le
On
aux sous-officiers
français
tue pour
sous-officier
le 2'
de
tir
bataillon l'a
et autres inté-
un énorme bœuf.
fusillé
à bout portant.
Effroyable effet d'éclatement produit dans
le
corps
de l'animal. L'estomac de ce colosse avait au moins I
mètre de diamètre.
Le cela
soir,
j'ai
grignoté une
vieille
poule et bu avec
beaucoup de vin rouge; puis rentré dans
(i)
Ces deux mots sont en français dans
(2)
Ce sont
les
la
grange.
le texte.
hussards de Grossenhain, Voir ci-contre, note
i.
Carnets de combattants allemands
12
En chemin, « Halte-là
!
tous les trois pas par des
je suis arrêté
Qui
vive
médiatement court
le
(') »
?
Qui ne répond
pas im-
risque d'être abattu d'un coup
de feu.
ij août. encore
—
très fort
La
nuit
;
mouillés, nous restons
un
et
encore un jour.
ici
des lettres. L'après-midi
qui appartient à
a plu à torrents;
il
On
ensuite
on
Tout
d'abord, on a pillé
versé caisses et armoires
vains efforts pour
la
comme
cave, mais et, là,
(même un coffre-fort,
le fracturer).
beaux meubles rococo
écrit
un petit château du Roi (f), disparu ('),
tourné vers l'habitation
s'est
pleut
visité
j'ai
secrétaire
dans lequel notre landwehr s'est comportée
des vandales.
il
pour que nos soldats ne soient pas
ren-
après de
Pêle-mêle sauvage de
couverts de soie, de chaises
(f)
de chêne garnies de cuir repoussé, de buffets encore à
demi pleins de porcelaines
et de cristaux, et d'ar-
moires vidées de leur contenu. Voilà ce qui arrive
(i) L'expression allemande est
:
Hait
wer da
?
probablement de l'habitation occupée par le C* d'Arschot, secrétaire de S. M. le roi des Belges, et où se trouvaient effectivement de fort belles collections de cuirs de Cordoue, ainsi que de porcelaines (2)
Il
s'agit
et d'autres objets d'art.
(3)
Le texte porte du Roi.
:
verduftet.
M. d'Arschot
était
évidemment
à son
poste auprès
On
sait que les Allemands appellent indistinctement rococo les (4) styles français des dix-septiéme et dix-huitième siècles, où nous dis-
tinguons le Louis XIV, le Régence, lement dans le langage courant nos
le
Louis
XV.
styles Louis
cette dernière appellation. Cf. plus bas
page 45.
Ils
XVI
coufondent égaet Empire, sous
Journal d'un
officier
saxon
13
quand on laisse les hommes réquisitionner seuls. Évidemment, beaucoup de choses inutiles auront été emportées par simple plaisir de marauder (').
— Anniversaire de Gravelotte. La brigade
18 août.
se porte en avant vers Laroche, à environ
mètres à travers magnifiques pins,
26 kilo-
sauvage forêt des Ardennes.
la le
long de
De
route, ont été abattus
la
par l'ennemi pour entraver
la
marche; dur
pour nos pionniers. Çà
là
s'enfoncent de pro-
et
travail
fondes vallées, où l'on descend par des lacets.
On
peut alors voir toute
la
brigade d'un seul coup d'œil.
Après quatre heures
et
demie de marche, halte. Il y la 8' compagnie et en général
a beaucoup d'éclopés à beaucoup de pieds malades (par
des linges de pied)
La
nuit dernière
on nous
cation téléphonique avec
nous) et avec
le
suite
du déplacement
(^).
le
a
coupé notre communi-
177' d'infanterie (devant
XIX'^ corps d'armée
(')
au sud de
nous. Laroche est délicieusement située dans l'étroite et
C'est une vraie (f). dominée par une petite ruine terminus d'un chemin de fer vicinal, avec de
rocheuse vallée de l'Ourthe
petite ville française,
féodale,
(i) Voir .ac-similé de ce passage ap.
Dampierre, L'Allemagne
et le
Droit des Gens (Berger-Levrault), page 162. (2) la
En allemand un
chaussette par
Fusslappen.
:
Les fantassins allemands remplacent
linge carré dont
ils
s'enveloppent
(3) Voir ci-dessus page 7, note 2. (4)
L'Ourthe
est
un
affluent de droite de la
Meuse.
le
pied.
Carnets de combattants allemands
14
bonnes là
vieilles
locomotives qui étaient toutes alignées
dans un silence solennel. La division se rassemble.
Le
nous arrive un convoi
soir, tard,
auxiliaire de sub-
sistance (') (environ cinquante voitures) qui a fait de
Gouvy
60 kilomètres (sans doute par suite
jusqu'ici
d'ordres mal donnés)
!
On
augmente
les
mesures de
sécurité en prenant des otages.
— Départ pour Marche
i^ août.
La chaleur il
y
a aussi
(-)
(20 kilomètres).
tomber encore beaucoup de monde
fait
beaucoup de pieds malades.
De
;
magnifi-
ques sapins (jusqu'à 75 centimètres de diamètre) sont abattus en travers de la route et déplacés par les pionniers.
Nous parcourons
de belles pentes boisées. Le
passage des autos d'état-major est désagréablement
A
impressionnant. nuit
de voir
admirable
C'est
Laroche
de troupe (hussards, s'insérer dans la
accroc
(i) (2)
était arrivé
pendant
12^ d'artillerie à pied (obusiers de 15'™)
le
Ou
(f).
A
ville
les
divers
venir à point
corps
nommé
colonne de marche. Tout va sans
Marche
colonne de parc
Petite
ainsi
artillerie)
la
(').
dans
:
le
nous
retrouvons
l'esca-
Fuhrparkkohitne.
Luxembourg
belge,
dans
le
pays
de
Famenne. (î) Bien que l'un des quatre régiments d'artillerie de campagne {FeldartiUerie) du XII» corps d'armée porte également le n» 12, il
probablement, d'un groupe d'obusiers lourds de campagne le i2« régiment d'artillerie à pied (Fussartillerie), lequel tenait garnison à Metz et relevait administrativement du XYI» corps
s'agit
là,
fourni par
d'armée. (4)
En allemand
:
allés klapptl
Journal d'un
bile
;
sont arrivés ce matin de
bourgeoise par Je n'ai
vu
la
voie de
partie
l'air (').
artillerie
;
celle-ci a
est allé
Ils se
encore
en toute
pu observer une bonne des positions françaises sur la Meuse.
— Marche sur Achêne
le flanc.
(route de Dî-
(^)
Une
environ 20 kilomètres.
lourde et poussiéreuse a mis sur
luxem-
frontière
aviateurs ont déjà
20 août. nant),
un parc automo-
la
matin sur l'un d'eux qui s'en
Nos
hâte.
15
qu'un seul avion ennemi.
jusqu'ici
méfient sans doute de notre tiré ce
saxon
29, six beaux avions avec
drille n° ils
officier
grosse chaleur
beaucoup d'hommes
Les gens ne sont pas encore entraînés
du tout aux grandes marches leur énergie est assez faible. Au bout de ces 20 kilomètres je n'aurais pas ;
mener au
A
Achêne la division une idée de cet énorme rassemblement de troupes et du va-et-vient qu'il y a sur les routes. Autos de tous les états-majors voulu avoir à
les
se rassemble.
On
(avec coupe-fils)
la
route.
En I9i}-i9i4
(i)
le
le
par
artillerie.
corps des aviateurs comprenait quatre batail-
du corps de
la
Garde
et des
V«, VIII* et
corps d'armée. L'escadrille en question avait sans doute été fournie
le
(2)
camp
long des colonnes qui s'allon-
Infanterie, hussards,
lons, relevant respectivement
XV*
faire
motocyclettes, aides de
('),
passent en trombe
gent sur
feu.
ne peut pas se
}» bataillon
(Cologne, Hanovre, Darmstadt).
Achêne est à 9 kilomètres à l'est de Dinant. Le texte porte mit Drahtfângern. Il s'agit sans doute d'un
: (3) positif destiné à saisir {/angtn) et
couper au passage l'ennemi aurait pu tendre au travers de la route.
les fils
de
fer
dis-
que
Carnets de combattants allemands
lé
pontonniers, convois de voitures couvrent
les
routes
à perte de vue.
A
Achêne, nous sommes reçus par des chasseurs (')
qui avaient pris Dinant, mais devant des forces supé-
dû
rieures d'infanterie avaient
nant du
merveilles de
L'ennemi
1870).
Au grondement le
La
suis
mal (trop haut
tirerait
réveillé
qui est à Sovet(+).
de
A
par
l'ordre
grand'peine
nombre de
verres
Après avoir
réveillé inutilement
réveillé
témoignait
par trouver
dura environ
le
il
là
je
d'aller
On
en
trouve tout au
Un
du
grand
d'une petite
fête.
quelques dormeurs,
colonel.
trois heures.
quand
en
d'infanterie (J)
un château.
régiment cantonné dans
j'ai fini
comme
interminable village l'état-major
cet
les
d'une canonnade lointaine
patrouille étabUr la Raison avec le 103'
bout
lieute-
repas de midi et nous bivouaquons.
nous prenons je
Un
nous raconte
(*)
de nos pièces et de nos mitrail-
l'effet
leuses.
nuit
se replier.
cheval
5^ d'artillerie à
est
Ce
service de nuit
extraordinairement
faut faire attention à la route et à
l'appel des sentinelles
!
(i) Les 12® et 13* bataillons de chasseurs à pied (i" et 2* saxons respectivement en garnison à Freiberg et à Dresde, font partie du' XII* corps d'armée. C'est le 16 août qu'aurait eu lieu leur première tentative infructueuse sur Dinant. (2)
V*
Ce régiment
tenait garnison
à
Sprottau
et
faisait
partie
du
corps (Posen).
(j)
Le ioj« d'infanterie ou 4* saxon (Bautzen)
fait
65* brigade (32* division, XIl^ corps d'armée). (4) Sovet est à environ
4 kilomètres au nord d'Achéne.
partie de la
PI.
liTijKr Lnnjii/f
PLAN DES ABORDS DE DIXANT
IV
Journal d'un
—
21 août.
Depuis
position d'attente
Comme teur
on
(').
officier
heures
5
saxon
17
division est en
la
Brouillard. Froid de chien
n'a pas dormi,
on
n'est
guère à
(^).
hau-
(5).
A
10 heures enfin, départ vers Sovet, où se ras-
semble
la
32* division.
Ces énormes masses
centrent sur une pente douce, ce qui offre d'œil remarquablement imposant.
de chevaux et de voitures de
Tout la
la
à fait
en avant,
les
Au
loin,
l'artillerie et
se con-
un coup une mer du train.
bivouacs de l'infanterie
;
sur
hauteur, une superbe église, à côté d'une école, et
une tour sur
laquelle les observateurs d'artillerie tra-
vaillent à la lunette à charnières (•^). Il arrive toujours
de nouvelles troupes et de nouveaux convois. Notre cavalerie d'armée se porte vers l'aile et
nous voyons passer auprès de nous
nord (Namur) trois
régiments
de hussards prussiens, avec des groupes de mitrailleuses (5)
;
un magnifique
c'est
commence une
tableau
!
Vers
i
heure
forte éclipse de soleil, à laquelle natu-
rellement personne n'avait plus pensé,. (i)
En allemand
(5) Da...
(4)
ist
mon
En allemand
Gefechtshereilschaft
:
(2) Textuellement
:
Sclrweinekâlte.
nicht sonderlich :
auf lier Hohe. Jumelle à prismes
Schercnfernrohr
.
et à charnières,
composée de deux longs tubes articulés sur un trépied. L'artillerie allemande en comporte une par batterie. (5) La « cavalerie d'armée », dont il est ici question, n'est autre que la cavalerie de la Garde. Cf. supra page 7. Il n'y avait pas de groupes de mitrailleuses attelées rattachées dés le temps de paix aux régiments ou brigades de cavalerie, mais il était prévu que les formations de ce genre seraient mises en temps de guerre à la disposition du commandement. CARNETS DE COMUÀTTANTS
Carnets de combattants allemands
i8
L'ennemi a
Sovet des posi-
pris au nord-ouest de
tions avancées sur
la rive
droite de la Meuse. Celles-ci
seront notre prochain objectif. Pendant qu'on est en
monter
train de
La
de départ.
les tentes arrive l'ordre
Meuse en
division doit se porter sur la
position
d'attente et soutien de l'artillerie. Il paraîtrait qu'à
Namur
les
aussi ce qui
A
3*'
choses vont étonnamment vite. C'est expUque notre soudaine marche en avant.
30, peu avant
le
second présage. Pendant une heure environ à torrents, avec
une grêle abondante,
qu'elle résonnait sur les casques.
qu'à la ferme Salazinne. le
un
départ, violent orage. C'est
A
parfois
il
si
a plu
grosse
Nous avançons
6^15,
l'artillerie
La
feu sur les avant-postes ennemis.
jus-
ouvre
nuit, bivouac
effroyable sur la terre froide et mouillée.
On
s'enve-
loppe dans un manteau trempé avec, par-dessus, une
couverture de laine humide.
22 août. rie
la
nuit tonne
Namur. Le matin, nous
sous
général
— Toute
la
le
feu de l'artille-
arrive
du quartier
Namur serait tombée. A canonnade sous Namur; c'est un rou-
nouvelle que
10 heures, vive
lement ininterrompu. Nous recevons l'ordre de nous tenir prêts à marcher.
A
II heures, départ
captif
rition;
(i)
pour Thynes('). Le ballon
du commandement supérieur il
Thynes
est à
son appa-
a fait
a l'air de vouloir s'installer
ici.
La compa-
6 kilomètres »u nord-est de Dinaut.
Journal d'un
saxon
officier
19
gnie du service de santé, avec l'hôpital de campa-
gne
Un
également en place.
('), est
découvre à une énorme hauteur
avion ennemi se
et notre artillerie le
canonne inutilement. Peu après commence avec
d'artillerie
Namur là-bas
semble
s'être
un peu
d'énormes calibres;
Le
française.
l'artillerie
il
relâché
;
il
le
duel
feu
vers
doit y avoir
a parfois des craque-
y
ments formidables. Les avions ennemis apparaissent enfin, mais si haut que ni l'infanterie ni l'artillerie ne
Le mieux
les atteignent.
par des avions.
On
serait
de
les faire
poursuivre
ne dispose pas encore contre eux
d'un canon convenable.
—
2^ août.
Alerte de nuit.
Une maison
brûle,
Un espion est escouades. A la lueur de
sans doute pour trahir notre position. pris et fusillé par
une de nos
la
maison qui brûle, départ pour LisogneQ. Partout
il
y
a
contre la
de grands feux de bivouacs les
comme
antidote
incendies révélateurs. Derrière Dorinnes
(')
colonne s'égare par suite d'un malentendu dans
les ordres.
Contremarche, puis descente dans une
lée à berges abruptes qui la vallée
débouche sur
principale est ainsi, cela
promet
la
val-
Meuse.
Si
!
compagnie de santé » (Santtâtskoinpagnie) compte § méde50 chevaux et 13 voitures; il y en a j par corps d'armée. L'hôpital de campagne ou FeldJaiareit comporte 6 médecins, 60 hommes, 30 chevaux et 9 voitures; il y en a 12 par corps (i) La
cins, 510
«
hommes,
d'armée. (2) Lisogne est à 2 kilomètres de Thynes. (3)
Dorinnes
est à 4 kilomètres
au nord de Lisogne.
40
Carnets de combattants allemands
Vers 6 heures, notre
artillerie
ouvre
le feu.
Entre
temps, notification d'une grande victoire remportée sur neut corps d'armée français sous Sarrebourg
On
déroule
vers le
Meuse par un
la
2^ bataillon et la
(').
7 heures, marche en avant
vallon en pente raide.
du 178^ sont en première
bataillon
3^
A
drapeau.
le
Le
i*^''
et
ligne, le
compagnie de mitrailleuses (*) en
réserve. Les shrapnells passent en hurlant au-dessus
de nos
têtes.
nitions.
La
Bientôt
8"=
le
3* bataillon a
compagnie
par suite se trouve hors de combat. est à la sortie
de
la
épuisé ses
A
gorge aboutissant à
mu-
cartouches et
lui passe ses
Leffe(5), qui la
Meuse, nos
gens ne peuvent avancer, surtout parce que de chaque
maison font feu des
francs-tireurs.
Peu
à
tous ces gens qui ont tiré sur nos
fusille
peu on
hommes
On en met trois l'un derrière un chasseur de Marburg(î) les étend par d'un seul coup de fusil. C'est une guerre au cou-
(seize à la fois)('^). l'autre et
terre
teau.
Dans
la
gorge étroite
(i) C'est en effet le 21 août
et escarpée
de part et d'autre,
que fut enrayée
l'offensive française en
Lorraine.
Ou
(2) fanterie
que, dans l'armée allemande, cliaque régiment d'in-
sait
était
pourvu d'une compagnie de mitrailleuses de 6 pièces
(15" compagnie). (5) Leffe est en quelque sorte droite de la Meuse.
(4)
Le texte porte
())
C'est-à-dire
:
un
(hessois) lequel tenait
d'armée.
gJeich 16
un faubourg de Dinaut, sur auf
rive
einntal.
du 11* bataillon de chasseurs garnison à Marburg et était rattaché au soldat
la
à
W
pied corps
Journal d'un
notre
artillerie a pris
les
position
Le régiment
invisible.
avec
officier
;
21
saxon
elle est
complètement
se rassemble, bien à couvert,
chasseurs de Marburg, nos chasseurs
des pionniers
(f).
(') et
L'après-midi apparaît l'équipage de
division (f). Le « clou » (f) de la journée deux obusiers de 15'^"', du 19* d'artillerie à été c'a
ponts de
pied
la
(5) qui,
en vingt coups environ, ont bombardé
de fond en comble
la localité
de Bouvignes(^). Enfin
compagnie entre dans ce trou de Leffe-Bouvignes. Les rues, descendant à la Meuse, sont balayées par le feu de l'infanterie ennemie (7). En faisant une brèche à un mur, nous occupons la mai8*
la
son d'un habitant d'apparence sur le bord de
la
aisée, tout
en avant
Meuse. Après avoir pénétré par un
doute du 13s chasseurs à pied (Dresde), rattaclié à comme le 178^ régiment d'infanterie. (2) Nous conserverons cette appellation aux soldats du génie (Pionierè). 11 y a en principe un bataillon du génie par corps d'armée et il en porte le numéro, du moins de i à 17. Il s'agit donc ici d'un détachement du 12* bataillon (Dresde). (5) Il y a pour chaque division l'équipage d'un pont de 21 ou 35 mètres, pour chaque corps d'armée celui d'un pont de 75, 125 ou (i)
la
Il
s'agit sans
}2^ division (XII^ corps)
155 mètres. (4)
Ce mot
est
en français dans
le texte.
Le 19* régiment d'artillerie à pied tenait garnison à Riesa et comptait au XIX« corps d'armée (saxon). (6) Bouvignes est située vis-à-vis de Lefle sur la rive gauche de la Meuse. C'est aussi en quelque sorte un faubourg de Dinant. (7) Ce témoignage suffirait à expliquer la contradiction qu'on relève entre les rapports allemands et belges ou français, relatifs à la défense de Dinant et de ses faubourgs par des soi-disant francs-tireurs. En admettant même que quelques civils y aient accueilli par des coups de feu l'arrivée des troupes allemandes, il est certain que les pertes de ces dernières du fait de ces isolés n'ont pu être que légères. Or, on sait que les assaillants ont par ailleurs été très éprouvés par un (5)
22
Carnets de combattants allemands
labyrinthe de jolies pièces jusque sur le devant,
butte sur
Dans
la
comme
contre
le seuil
le
maison nos gens
je
cadavre du propriétaire.
comportés
s'étaient déjà
des vandales; tout avait été bousculé. Les
rives boisées d'en face paraissaient faiblement occu-
pées. Je n'ai pas
vu un
seul Français... L'aspect des
cadavres d'habitants qui gisaient de tous côtés défie toute description. Les coups de feu à bout portant
ont
la
plupart du temps emporté
Chaque maison dans toute et les habitants en
ont été
femmes
et les enfants
tirés
hommes
invraisemblables. Les
la
moitié du crâne. bouleversée
la vallée a été
mis dans
des cachettes
ont été le
les plus
fusillés,
couvent (').
dernier sont partis des coups de feu,
il
les
De
ce
s'en est fallu
le couvent ne fût mis en flammes, et il pu se racheter que par la livraison des coupables le paiement de 15.000 francs (*).
de peu que n'a et
Les pertes de notre régiment (une trentaine de morts) sont dues presque exclusivement aux francstireurs qui tiraient des maisons. et
Les capitaines John(î)
Franz sont grièvement blessés de coups de feu dans
feu de mousqueterie très vif et très abrité, qu'ils ont cru provenir de l'intérieur même des maisons. L'officier saxon précise que ce feu était
comme
bien dû,
l'ont toujours
affirmé les
alliés,
à
1'
«
infanterie
deux rives de la Meuse et balayant de part et d'autre les rues venant y aboutir. Voir le plan ci-dessus page i6 et cf. Dampierre, L'Allemagne et le Droit des gens, p. 242-248.
ennemie
»
embusquée sur
s'agit sans
doute du couvent des Prémontrés.
(r)
Il
(2)
Rapprocher de ce
(3)
Le rapport de
mand
:
les
récit les rapports
cet officier figure
die Volkerrechlswidrige
Fuhrung
.à
de la
la
Commission
belge.
page 161 du recueil
alle-
des Volkskrieges in Belgien, 191 5.
Journal d'un
haut de
le
hommes mettre
la
officier
saxon
Cette guerre perfide met nos
cuisse.
dans une rage sans bornes,
le feu
23
voudraient
ils
partout. C'est bien ce qui est arrivé
effectivement pour quelques maisons
(').
Dans le courant de l'après-midi notre artillerie a bombardé les principaux bâtiments de cette longue de projectiles incendiaires et d'obus.
localité à l'aide
un
C'était
et petits
lement par-dessus nos
!
Shrapnells de
obus hurlaient continuel-
têtes, vers la rive
opposée, où
En peu de en flammes. C'était un
avec une pénible sûreté.
éclataient
ils
coup d'œil
indescriptible
campagne, gros
temps toute
rive était
la
merveilleux spectacle de
voir
soir,
le
de Dinant
jusqu'à Leffe, tout le long des bords de la Meuse,
une mer de flammes illuminer divers châteaux Meuse.
A
et
Sanglante, cette lueur se reflétait dans la
édifices.
Il faisait
presque aussi
qu'en plein jour.
clair
cette lumière, les pionniers bâtirent
un pont,
après avoir au préalable transbordé sur des pontons les
chasseurs
derniers
de Marburg
abrupte et
boisée,
en
terrain et, peu après,
pantalons rouges
(f)
pour
comme
grimpèrent
les
des
utilisant
couvrir.
chats
la
Ces berge
soigneusement
le
nous ramenèrent les premiers un petit poste qui s'était rendu
ils :
convient de relever à tout le moins ici la disproportion entre avoué des pertes allemandes (30 morts pour un régiment de plus de 3.000 hommes) et la férocité de la répression, non moins que la nervosité signalée chez les hommes de troupe. (i)
Il
le chiffre
(2) Rothosen, sobriquet populaire des Français.
Carnets de combattants allemands
24
un coup de fusil. Les pauvres diables mangé depuis deux jours; nous n'avions pas non plus grand'chose à leur offrir. Il y avait là un officier. A son extérieur, je l'aurais plutôt pris pour un mécanicien (').
sans tirer
rien
n'avaient
—
Après un court sommeil dans la où nous avions interné les prisonniers, la division a passé la Meuse. Tout est maintenant pêlemêle; nous marchons au milieu de l'artillerie. Direction générale de marche sur Sommière Q). La cuisine de campagne est Dieu sait où Par suite, le 2^ août.
caserne,
!
repas du soir a passé au bleu
(').
Par une route en
nous faisons une marche de nuit sur la hauteur vers Rostenne (f), sur un plateau complètement lacets,
découvert.
Le plan d'abord,
des Français n'était pas mauvais
tout
:
des démonstrations sur les berges de
la
Meuse ainsi que des attaques de francs-tireurs devaient nous
de lourdes pertes au passage
infliger
rivière, puis à
notre arrivée sur
nous devions
être reçus par
on
n'avait pas
(i) Le texte
compté avec
porte
Feinmechaniher gehalten tique de (2)
l'officier
Sommière
:
I
un
le
feu meurtrier.
l'effet
de notre
Seitiem Aiisseren nach hâtte ich
On
saisit là
de
la
plateau découvert,
sur le vif
la
Mais
artillerie
ihii
morgue
fiir einen
caractéris-
allemand.
est à
(5) Textuellement markiert.
kilomètres au nord-ouest de Bouvignes.
3 :
Infolgedessen,
Ahendhrot
durch
(4) Petit village à environ 1.500 mètres à l'est de
rote
Sommière.
Flagge
Journal d'un
et surtout de
saxon
officier
nos pièces lourdes.
25
L'artillerie à pied a
terriblement nettoyé les châteaux sur
la
hauteur
et
les autres points d'appui de la position principale.
Les Français semblent
marché
à
5
jusqu'à Rostenne.
dormir
les
avoir évacués
;
nous avons
heures du matin sans être inquiétés (Il
y a deux nuits que l'on n'a pu où l'on se trouve.)
et l'on se jette
Toute long de
la
la
journée, c'est
Meuse;
la
qui a travaillé
l'artillerie
manière méthodique dont
le
elle a
bombardé les maisons et nettoyé les berges de la Meuse avec des shrapnells, en allant frapper ainsi sûrement derrière
les
vraiment éton-
obstacles, est
nante. L'artillerie française s'est contentée d'un faible feu de shrapnells
et
bientôt s'est
tue.
Et mainte-
nant?.,.
24.
août.
— Dormi délicieusement
pendant deux
heures sur une gerbe de blé près de Chestruvin
Lever de
soleil
(').
d'un rouge de sang. Journée magnifi-
quement claire. Sur nous paraît un avion français, sur lequel on tiraille en vain. De la ferme de Rostenne les chasseurs nous ramènent une demi-compagnie de Français. Les premiers (hier) ont été reçus avec la joie la
plus bmyante.
On
chantait
la
ïVacht
am RheinQ)
Hameau près de Rostenne, à 2 kilomètres sud-est de Sommiére. La Garde au Rhin. Bien que n'étant pas à proprement parler un air national, on sait que ce chant, d'inspiration nettement antifrançaise, est officiellement adopté depuis longtemps non seulement dans les fêtes patriotiques mais encore dans les recueils scolaires et les manuels destinés à la troupe. (i) (2)
Carnets de combattants allemands
26
et l'on criait
hourra
!
Quel
effet cela doit-il
produire
sur les Français, qui sont contents d'être tombés entre nos mains? Leurs pertes en morts seraient, d'après l'officier pris, d'une centaine
;
les
nôtres sont
d'une trentaine; ce n'est donc pas un succès bien
chèrement acheté. Retournons dormir un peu
!
Continuellement des détonations se font entendre, surtout dans
la
A
lo heures
compagnies ne
se sont pas
Namur.
direction de
départ de Chestruvin;
les
route
encore retrouvées mais l'on va de l'avant sur
la
tout droit dans
Marche
la
direction de Philippeville(').
de poursuite extrêmement fatigante, par une écrasante chaleur.
matin.
Nous sommes en
De
5
blement; à 10 heures du Morville
route depuis 2 heures du
heures à 10 heures, repos pour rassem-
Q. Nous
grand bivouac près de
soir,
avons
un grand crochet en
fait
quittant la route de Philippeville pour gagner Morville
par Weillen et Falaën
('),
A
Falaën on signale une
compagnie ennemie qui est poursuivie parallèlement à nous par une compagnie de grenadiers du corps (f). Les fameuses positions de la Meuse dont hier notre (i) Philippeville est à 28 kilomètres
au sud-ouest de Dinant
et
à
gauche de
la
25 kilomètres au sud de Charicroi. (2) Morville est à 12 kilomètres de Dinant,
un peu
à
grande route de Philippeville. (3) à
3
Weillen
est à
environ 6 kilomètres à l'ouest de Dinant. Falaën
kilomètres au nord-ouest de Weillen.
(4)
En allemand
:
Leihgrenadiere.
Cette appellation s'applique au
100" régiment d'infanterie (i" saxon) qui tient garnison à Dresde et fait partie de la 45e brigade, de la 23» division et du XII" corps. Dans l'armée allemande les termes de grenadier et fusilier ont été conservés
Joîirnal d'un officier saxon
bombardé
artillerie a
de nous
les villages
27
points d'appui (tout autour
les
brûlent) ont été abandonnées
sans combat. Près de Cliestruvin
il y avait eu de l'arennemie en position. La gerbe de projectiles nôtre avait tout recouvert sur une profondeur
tillerie
de
la
d'environ 300 mètres. Partout
il
y
avait des trous
d'obus, au milieu de la route des cadavres d'artilleurs
(un commandant atteint d'un shrapnell)
chevaux; plus renversé dont C'était
un
loin,
attelage,
avec
les projectiles étaient à
ainsi
que des
un
caisson
moitié sortis.
tableau digne d'un Weretschagin
chêne d'environ été
un
trois quarts
Un
(').
de mètre de diamètre avait
coupé au niveau des racines par un obus
de
;
grands éclats de bois avaient volé à 50-60 mètres de là.
Toute
pements
la large
et
—A
2^ août. L'artillerie
route était parsemée d'objets d'équi-
d'armes brisées.
9 heures
bombarde
du matin, départ de Morville, nous;
différents villages devant
nous rencontrons en chemin de longs convois de voitures, des habitants qui lages.
à
De
certains
même les
petits
abandonnent leurs
vil-
détachements ennemis nous obligent
régiments sans impliquer autre chose qu'un souvenir. De (^grenadier, husar, etc.), qui désigne encore
pour l'expression Leih régiments formant jadis
la
garde (du corps) de
certains
rois
ou
princes de l'Empire. (i) Le peintre russe Weretschagin, tué en 1904 à bord du cuirassé Petropawlosk, torpillé sous Port-Arthur par les Japonais, est fort connu en Allemagne, où ses tableaux militaires, d'un réalisme saisissant, ont été popularisés par l'image.
Carnets de combattants allemands
28
nous déployer pour
le combat un détour. Nous passons par Rosée (') (détruit par un bombardement, prisonniers français parmi lesquels un zouave), puis Merlemont et DourbesQ où nous arrivons à 5 heures du
à diverses reprises à
et aussi, semble-t-il, à faire
matin.
26
août.
—A
nous continuons notre route
8''3o,
La marche
sur Nismes(5).
sur
Dourbes
avait
été
épouvantable. Après que la matinée se fût passée,
de 9 heures du matin à midi, à mettre en ordre
éléments de
de marche longue de 7 kilomètres,
mouvement née. Le soir,
sans la
les
pour en former une colonne
la division,
encombre pour
mit en
celle-ci se
le reste
de
la jour-
fameuse halte de huit heures fut réduite
à une demi-heure.
Mon
bon
riz était
trop chaud pour
pouvoir être mangé. Marche de nuit à travers une
chemins effroyables, avec des
forêt par des
arrêts
continuels, durant jusqu'à deux heures, lesquels furent utilisés à
dormir.
Deux
civils
qui avaient été empoi-
gnés à Merlemont furent obligés de route avec nous.
A
furent relâchés avec
Dourbes,
un
les
faire
toute
la
pauvres diables
laissez-passer.
Derrière Merlemont nous avons traversé Villers-
(i) Rosée est à
j
kilomètres à l'ouest de Morville.
Merlemont est un village à 9 kilomètres au sud-est de Philippeville. Dourbes est à 9 kilomètres au sud de Merlemont, sur le Véronin, affluent de gauche de la Meuse. (3) Nismes est à 4 kilomètres au sud-ouest de Dourbes. (2)
Journal d'un
officier
saxon
1<)
en-Fagne(') qui étai^ en flammes. Sur la route gisaient cadavres de deux grenadiers du corps.
les
La popula-
tion avait averti les Français de l'approche des gre-
un ennemie
du haut du clocher.
nadiers par
signal fait
lerie
avait tiré dessus
et blessé
quelques shrapnells
ou tué des grenadiers. Là-dessus,
avaient mis
le
L'artil-
les
hussards
feu au village; le curé et d'autres habi-
tants ont été fusillés (*).
A
io''30,
derrière Dourbes, violente canonnade.
L'ennemi prendrait position sur une demi-tasse de
café
dans
le
la
frontière
(').
tons en avant sans arrêt. L'ennemi est signalé
en retraite sur Rocroi, petite place forte (i), de Nismes passent en trombe devant nous tillerie et le 18^
hussards. C'est
Avec
corps, nous nous por-
le
A
comme la
gare
64* d'ar-
un merveilleux tableau '
que CQs batteries passant dans un tintamarre, avec leur
combat
(>) et leurs
colonnes de munitions.
(i) Villers-en-Fagne est à environ
4 kilomètres au sud-ouest de
train de
Mcrlcmont.
On
(2) tir
sait qu'il est
du
strict
devoir des maires et des curés d'aver-
l'armée de leur pays de l'approche de l'ennemi. Leur exécution
sous ce motif est donc strictement contraire au Droit des Gens. Cf. Dampierre, op. cit., page 237. Il est assez curieux d'ailleurs de signaler protestations soulevées en Allemagne même, chez les catholiques, par les excitations d'une certaine presse contre le clergé belge et franici les
çais.
Voir Dhur, Der
Liigtitgeist
im
VôlkerJiriege.
Munich, 191 5, in-i6.
(5) Sans doute la frontière franco-belge distante de 10 à 12 kilom. (4) La place de Rocroi est, on le sait, déclassée.
—
Le train de combat Gefcchtstajfeln, échelons de combat. (5) On lit proprement dit (Gefechtshagage) comprend le chariot de batterie et des chevaux haut-le-pied les Munitionskolonneii ne désignent sans doute ici que les trois sections de munitions (6 caissons) et la voiture observatoire affectées à chaque batterie. :
;
Carnets de combattants allemands
30
Les sveltes
chevaux des hussards, au trot de
petits
marche, étaient ravissants à voir.
On
marche maintenant à travers
dennes, sans doute vers Rocroi.
Ce
la forêt
des Ar-
y a de bon du
qu'il
moins, c'est un petit souffle d'air frais. Les derniers jours étaient d'une chaleur écrasante. Il est intéressant de
constater que par ces marches en poursuite, de quinze
dix-neuf heures,
et
Tout
monde
le
n'y a presque pas de traînards.
il
suit clopin-clopant,
francs-tireurs, par Petigny et
Couvin
forêt des Ardennes. L'agriculture Il
route
à travers la
est ici magnifique.
marmelade et du lait caillé d'inégale un délice, après la poussière de la
a de la
y
consistance
de crainte des ('),
c'est
;
!
Après un arrêt d'une heure à l'extrémité de Cou-
marche continue. Couvin (en
vin, la
une confortable
est
Noire
mes)
partie pillée)
française sur
l'Eau
Plus loin nous passons Brùly (en flam-
(f).
(5).
petite ville
A
4''45 après-midi,
nous passons la frontière
Hourra! Autour de nous brûlent des heures, bivouac près du Gué-d'Hossus (+),
belgo-française. villages. le
A5
premier village français, qui
(i)
Couvin
est
une
tout en flammes.
petite ville belge située à 14 kilomètres
de Rocroi. Petigny est un village à (2) Affluent petite ville est
est
du Véronin.
2
L'officier
française d'aspect, car
kilomètres à
l'est
au nord
de Couvin.
veut dire sans doute que cette n'ignore pas qu'elle est en il
Belgique. (3) Brùly est le dernier petit village belge sur à Rocroi. {4)
Le Gué-d'Hossus
est à
la
route de Couvin
4 kilomètres au nord-est de Rocroi.
Journal d'un
Là encore
Il
saxon
31
habitants ont tiré sur nos gens.
les
point de vue agricole, plus beau.
officier
pays est toujours de plus en
le
a principalement des pâturages avec
y
de magnifiques bestiaux, mais on
foit aussi
beaucoup
d'arbres fruitiers, de betteraves et de froment.
Ardennes proprement
forêt des
Au
La
dite, à travers laquelle
nous avons marché pendant environ trois heures, n'a aucun caractère farouche et légendaire. De la route je n'ai
pas aperçu de vieilles coupes. Devant Rocroi,
canon tonne.
le
La
division intervient une bonne ibis, Dieu merci, énergiquement contre ce brûlage et ce massacre de civils.
Le
tout à
fait
ravissant village
innocemment
cliste serait
On pas,
De
jeté les
fusillés
A
(f).
Là,
eu des innocents à
on devrait
fait partir
aussi exiger
Un
bicy-
son
fusil.
habitants mâles dans les
pareilles horreurs
faut l'espérer.
il
ont été ait
(').
aurait été
aux flammes.
tombé, ce qui aurait
simplement
a
flammes
du Gué-d'Hossus
livré
ne
se
reproduiront
200 hommes un exemple. Qu'il y
Leffe, environ il
fallait
pâtir, c'était inévitable
une
vérification des
;
mais
soupçons
de culpabilité, afin de contrôler cette fusillade sans
discernement de tous bivouac sans
paille
l'herbe mouillée.
les
hommes. Le
soir
il
pleut;
dans une tente d'escouade sur
Le matin
il
pleut toujours.
(i) Le texte porte Man bat màmiliche Einwohner einjacb in dieFlanimen geworfen. Pour le fac-similé de ce texte souvent cité, voir Dam:
pierre,
op. cit.,
page 247.
(2) Cf. ci-dessus, pages 20-23.
Carnets de combattanU
32
— Trempés, nous partons
i'] août.
Fontaine
laver
vers Maubert-
pour prendre des cantonnements
(*)
Pour
rés.
me Au
allemands
première
la
fois
complètement
milieu du repas,
et
depuis longtemps,
me
alerte.
changer;
monde
le
pour
soi
déjà le
grands chefs voilà
les
général
:
fusils.
encore
est
La
«
l'affaire
puis
s'ébranle;
L'artillerie
en général une certaine nervosité
je
c'est exquis.
nous aussi, naturellement, sautons sur nos bout d'une heure, tout
resser-
!
là. Il
Au y
a
maîtrise de (*) »
disait
Schramm.
On pris
nous annonce que deux armées ennemies ont position entre Sedan et Mézières. Le IV^ corps
d'armée attaque dès aujourd'hui, font vers
dans
le
XIP
et le
XIX^
un mouvement tournant et se mettent en route l'ouest. Marche de 15 kilomètres vers le sud la
direction
8 heures à
de Marlemont(î). Cela dure de
heure du matin. Pas de dîner, pas de
i
5 heures du un froid de chien! Enfin il vient à l'idée du commandant d'envoyer chercher de la paille. Mais quand on était fatigué et
couchage.
Nous
matin sur
la
restons étendus jusqu'à
route nue.
qu'on en avait besoin,
2S août.
—
Le
il
café
bleu, car la cuisine de
Il fait
n'y avait rien
!
va certainement passer au
campagne
est derrière le ba-
(i) Maubert-Fontaine est à 9 kilomètres au sud-ouest de Rocroi. (2)
Textuellement
(3)
Marlemont
:
Fûbrung
bel hôheren Fi'thrern ist bedenklich
est à 14 kilomètres
!
au sud de Maubert-Fontaine.
PI.
V
Journal d'un
officier
saxon
33
On apprend que dans le boîs, devant le vilun escadron de hussards a été détruit par un feu d'infanterie ennemie et qu'il n'en est resté que quelques hommes. Départ dans la direction du sud-est vers Signy-l' Abbaye ('). On a cherché partout le curé pour le faire passer par les armes, parce qu'il taillon.
lage,
du haut de son clotemps mis en sûreté. A la
aurait fait des signaux optiques
cher (^); mais place
xie
il
s'était à
l'embuscade gisaient des blessés que l'on put
enfin panser.
On
un approche. Pour être aussi la lisière
éclairer la
comme
de
en éclairant
avait capturé en
temps un
dénoncé notre surprise nocturne (peut-
signal), les habitants avaient
mis à une propriété, qui brûlait en plein jour. Les Français pa-
la forêt le feu à
comme
raissent vouloir entraver notre
surprises
même
artilleur qui aurait
déserteur (!),
d'arrière-garde
mandement
a l'air aussi
marche par de
de ce genre de
faire
;
petites
notre com-
un peu trop leur
jeu.
Nous marchons
sur Signy à travers les bois dans
lesquels nos hussards ont été surpris et qu'un batail-
lon du 177' a nettoyés.
Aux
points critiques, s'en-
Les hussards morts que quelques morts du 177*. sont mis de A Signy-l'Abbaye, déploiement pour le combat. Un tassent des cadavres de chevaux. côté, ainsi
sergent reçoit dans
(i)
A
(2)
Même
la lisière
la
des forets du
jambe un coup de feu
même nom.
observation que ci-dessus page'aç, note 2.
CARNETS DK COMBATTANTS
tiré
de
Carnets de combattants allemands
34
on met le feu à la maison. on s'aperçoit qu'il n'y a pas L'artillerie a encore une fois gaspillé
l'intérieur d'une
Tout en d'ennemi
là.
munitions
ses
maison
;
se déployant,
(comme
contre
elle le fait
Rassemblement, déjeuner; à
les avions).
heures, reprise de la
3
marche. Canonnade enragée tout près de nous dans la
direction de
serait
Une grande armée
l'est.
en retraite entre Mézièreset Sedan.
A
française
entendre
ce feu soutenu, cela n'est guère vraisemblable.
nous
On
que deux régiments de turcos veulent marche sur Launois('). Après un assez
avise
arrêter notre
long combat, l'adversaire se retire à
tombée de
la
la
Bivouac d'alerte à Dommery(^).
nuit.
—
A3 heures du matin, départ. En nous 2^ août. voyant ainsi partir bravement ('), je pensais malgré moi
tombés en embuscade.
à nos hussards
encore presque nuit quand, peu après
nous nous trouvâmes, devant un tir
rapide enragé.
Toute
qu'une ligne de feu. fut la
Ce
y eut
qu'il
panique qui en résulta
!
nous aurait
du bois le
monde com-
faire
coucher
cet incroyable
plein jour,
(i) Textuellement Lonoy. Voir plus bas, page 3$, note
Dommery
(3}
Textuellement
les
mêli-mêlo
anéantir. Les coups de feu partaient
fait
(2)
un
n'était
d'intéressant, ce
Tout
mandait, personne n'eut l'idée de
hommes. En
Dommery,
bois, pris sous
lisière
la
Il faisait
est à :
i.
4 kilomètres au sud-est de Signy-l'Abbaye,
Ah
ich
uns
so
drauf
los
rûcken sab.
Journal d'un
officier
saxon
de tous côtés. Voilà une chose que revivre
je
35
ne voudrais pas
Enfin notre capitaine ramasse une poignée
!
d'hommes
sur une position de repli. Tiraillerie for-
midable; amis et ennemis se canardent pêle-mêle.
une lourde faute de commandement de après les marches fatigantes des trois derniers
C'était fiire,
jours, repartir le
combat
le
l'ennemi
d'hier,
allait
régiment de nuit vers l'avant. Après
on pouvait admettre d'emblée que
reprendre position et nous surprendre.
L'affaire n'eut pas trop de suites fâcheuses, par suite
de l'obscurité et du peu de mordant des Français. S'il
avait fait plus jour,
nous pouvions
Désormais nous marchons avec de
Le gros lui-même marche
flanc-gardes.
et
lement à
Tout
à
la
être anéantis.
fortes avant-gardes parallè-
grand'route.
coup
cela repart.
Devant nous
il
n'y a que
des rideaux de buissons, dont les turcos se servent
avec une adresse stupéfiante pour se couvrir. D'ailleurs,
en général, l'ennemi
est
formé d'une manière
surprenante à l'utilisation du terrain. Le régiment se déploie de nouveau, prend après petit village et s'arrête
un
devant Launois
vif (').
continue de pied ferme. L'aile gauche ne progrès; 8'
la droite,
dont
le flanc est
combat un Le combat fait
la
compagnie, avance rapidement. C'est un combat
Nous avons le soleil en face de nous et nous faut descendre par un terrain boisé, semé de
épouvantable. il
pas de
couvert par
(i) Launois est à
5
kilomètres au sud-est de
Dommery.
Carnets de combattants allemands
36
buissons qui arrêtent partout
la
vue, flanqué en outre
de hauteurs boisées, et régulièrement coupé par de fortes barricades de
de
fils
fer.
Une
fois arrivés
sur
les
hauteurs, à i.ooo mètres environ de Launois, notre artillerie
bombarde
ce trou avec des shrapnells, qui
frappent en partie trop court. Au-dessus de moi, l'un
d'eux éclate à 40 mètres de hauteur, ce qui est singulièrement désagréable
Malheureusement,
!
com-
la
pagnie de mitrailleuses a souffert du feu de notre
propre
artillerie
plusieurs officiers sont blessés.
;
Tout
ennemie met un terme à notre progression, en arrivant à mettre en batterie deux pièces latéralement à Launois (les autres pièces à
coup
l'artillerie
culbutent au départ sous notre feu). Elle dirige de là
un
shrapnells et obus, sur
terrible feu de flanc,
notre ligne et sur
la
grand'route.
jusqu'à ce que tout à coup
le
sans doute parce qu'il est pris
d'une batterie de batterie
Nos gens
reculent,
ennemi se taise, sous le feu dominant
la division (')
feu
qui approche. Cette
couvre d'un feu puissant l'adversaire, ainsi
que Launois, qui brûle de toutes
parts.
Nous
repre-
nons notre marche en avant et contraignons l'en-
nemi
à la retraite,
et anéantit
un
par
un
bataillon
feu d'enfer qui surprend
de zouaves en formation
serrée.
La journée de Launois le 178',
a été le
baptême de feu pour
qui a combattu l'ennemi presque seul, avec
(i) Lecture douteuse.
Journal d'un
L'autre brigade
l'artillerie.
saxon
officier
37
poursuit,
(')
tandis
que
nous, après quatre jours de fatigues, goûtons un bon
sommeil de quelques heures au
soleil.
Les pertes sont
relativement faibles et proviennent pour notre
artillerie.
nemi donne
Le
résultat
toujours trop haut.
En
du soin excessif que du
à l'utilisation
plupart de
la
l'en-
terrain, c'est qu'il tire
tout cas, les balles sifflaient
autour de nous leur désagréable chanson plaintive,
même
sans que, je
avec
mon
excellente jumelle Zeiss,
pusse rien découvrir de l'ennemi.
dans
les
pays de pacage.
turcos couchés, f:ùt
Là
Le pays
comme
vert de petites vagues gazonnées
derrière,
complètement
il
y
il
est
cou-
y en a
avait des
invisibles.
Nous avons
avaient
enlevé leur
quelques prisonniers, qui
culotte rouge et leur petite veste bleue et qui, avec
comun offi-
leur chemise sale et leur large pantalon, étaient
plètement couleur de terre cier
un
a fait sur
riche butin de cartes, surtout de Belgique et
de toute
Le
(f).
On
la ligne
du Rhin.
rôle dont étaient chargés ces turcos, c'était de
maintenir une ligne de retraite ouverte vers l'armée engagée sur leur défense
la
ligne Mézières
extrêmement
tenace.
Désormais
de l'ennemi semblent découverts
rières
(i) C'est-à-dire la 65" brigade (102^ de
qui complète
la
le
sud à
— Sedan. De et
là,
les der-
nous pou-
Zittau et I0}« de Bautzen)
52* division (XII» corps).
semble ignorer que l'uniforme d'été, tant des zouaves algériens, comportait le pantalon d'Afrique en treillis. C'est avec ce large pantalon, d'un gris sale, que nos zouaves et turcos sont eftectivement entrés en campagne, en 1914. (2) L'officier
que des
tirailleurs
Carnets de combattants allemands
38
vons remplir
la
mission spéciale de notre régiment,
laquelle est
d'accompagner
obusiers de
campagne destinés
lourde de l'ennemi,
l'artillerie
front, par suite de son
Nous pouvons le
et de couvrir
à
nos gros
bombarder à revers
difficile
à attaquer de
remarquable défilement.
le faire,
nous ne
le
faisons pas, car
corps d'armée tout entier se porte maintenant en
Quand
avant.
le
178' vient à passer devant
le
division-
von der Planitz, celui-ci nous expour la conduite du régiment au feu. La phase la plus désagréable du combat fut certainement le feu en rafale tout à coup déchaîné par
naire, S. Exe. (')
prime
sa vive gratitude
l'ennemi sur nos lignes qui se portaient en avant. L'effet
moral produit par l'éclatement de cqs rangées
de shrapnells,
même
lorsqu'ils
ne portaient pas,
était
une reculade momentanée. Marche vers le sud jusqu'à Villers-le-Tourneur
(^)
Le long du chemin brûlent des villages, que nous avons incendiés en les bombardant (5), pour protéger notre marche contre toute où
la
division bivouaque.
surprise.
En
route, nous arrive, de l'état-major divi-
sionnaire, la nouvelle que Sedan serait
(i)
Le
titre d'Excellent
égal
ne se donne qu'aux
ou supérieur
à
et
que
Un
tonnerre de
officiers
généraux ayant
l'armée française battrait en retraite.
un rang
tombée
Geiteralleutnant, c'est-à-dire général de
division. (2) Petit village situé à
5
kilomètres au sud de Launois.
die lum Schtit::^ gegen Ueherfall von uns in Brand (3) Textuellement geschosicn warer.. Cette dévastation préalable, à toute éventualité, est :
l'une des innovations de la tactique allemande.
Journal d'un
hurras court
N. B. La
saxon
39
long de l'interminable colonne.
le
—
distance au lieu de bivouac était d'environ
kilomètres.
5
officier
7 heures à
i
a fallu
Il
heure
!
pour
la
franchir marcher de
piétinage sans fin
!
On
met à tambour
se
dormir à 2 heures. Dès 4 heures, alerte sans trompette ('). Du reste, on ne dort maintenant
ni
deux heures par jour.
plus guère que
jo
—
août.
Contremarche pour rejoindre dimanche;
division. C'est
par
je l'aurais
l'autre
volontiers fêté
solennité d'une petite lessive. Mais l'Histoire
la
un collaborateur, ne le permet y a déjà une forte canonnade. Le lieutenant de réserve Kipping a pris comme butin un universelle, pas.
Dans
dont
le
je suis
sud,
il
ravissant cheval blanc, avait été tué; c'est
vers
(*) le
le
vrai cheval de bédouin, avec
et
sud, où tonne le canon.
combat
propriétaire français
queue traînante. Marche par Neu(charmante égHse romane) et Faissault (5)
longue crinière vizy
un
dont
Nous entrons dans
et aurions, paraît-il, contre
le
nous deux corps
d'armée, qui auraient pour objectif d'arrêter notre
mouvement tournant
et
sans doute de couvrir la
voie ferrée Rethel-Mézières.
Le le
2* bataillon
flanc
du 178"
est soutien d'artillerie sur
gauche, qui s'appuie, nous dit-on, sur
(i)
En allemand
(2)
Neuvizy
est
:
stiller
la
Alarm.
à 4 kilomètres
au nord-ouest de Villers-le-Tour-
neur. (3) Faissault est à environ
4 kilomètres au sud-ouest de Neuvizy.
Carnets de combattants allemands
40
23' division. pas, car
sur
il
A
la cavalerie
artillerie,
la vérité,
nous ne nous en apercevons
nous faut ouvrir
sur
l'œil,
et sérieusement,
ennemie, qui cherche à attaquer notre
le flanc
gauche. Les divisions paraissent
indépendamment l'une de l'autre. Nous avons encore un terrain odieux, coupé et boisé, se battre tout à fait
fort beau
comme
paysage, mais inutihsable au point
de vue militaire.
nous
Il
apparaît
supérieur en
est très
notamment, en
bientôt que l'ennemi
artillerie.
Le 102'
aurait
réserve, subi de fortes pertes. Les
shrapnells et obus ennemis arrosaient avec beaucoup
de sûreté
les plis
de terrain situés en arrière des posi-
tions d'artillerie, dans lesquels l'infanterie a
Nous
coutume
nous avons eu quelques pertes. Tout près de moi est venu tomber un projectile qui n'éclata pas et, Dieu merci, c'est ce qui arrive de se couvrir.
aussi,
pour beaucoup de cts objets-là Après un dur combat de hauteurs en hauteurs, l'ennemi se retire, et nous occupons Auboncourt('), !
un joli village, en attendant l'attaque nocturne d'un ennemi supérieur en nombre. Notre situation est simplement effroyable. Nous avons évidemment avancé trop vite et sommes là en l'air, dans une position peu enviable. Le i*'' bataillon du 178* est dans le village, le 2^ bataillon par derrière dans un terrain boisé (en partie des tailUs impénétrables) qu'on ne
peut défendre d'aucun côté. Nous passons
(i)
Auboncourt
est à 7 kilomètres
la
au sud-est de Faissault.
nuit
Journal d'un
saxon
officier
41
dans une cornière de bois puante et marécageuse.
Nous
même
n'avions
champ de
pas de
tir
(sans
comp-
y aurait donc eu un combat à la baïonnette, dans lequel une troupe plus forte nous attaquant nous aurait probablement passé sur le corps. Vers 3 heures, dès que parut la première petite ter l'obscurité).
Il
lueur de jour, rendant
les bois
compagnies
doublement imprespréparèrent à aller
sionnants,
les
prendre
positions qui leur étaient assignées.
les
se
La
défense est beaucoup plus désagréable que l'attaque,
ne fût-ce que parce que
le
défenseur est obUgé de se
continuellement sur ses
tenir
extrêmement
On
fatigant.
gardes,
respire
quand
qui est
ce il
fait
jour
sans qu'il se soit rien passé.
— A 8 heures du matin, nos obusiers lourds
^i août.
ouvrent, tout près derrière nous, qu'il les
y
encore du
ait
locaHtés
situées
un
feu d'enfer, bien
brouillard. Sans doute ce sont
devant
nous,
et
notamment
que l'on bombarde. C'est une terrible canonnade d'obusiers légers et lourds, armes émi-
Rethel
('),
nemment sympathiques la
!
marche en avant. Dieu
A
7''
15, retentit le signal de
soit béni
enfin de ce trou boisé; je
que nous sortions
préférerais le troisième
étage de l'enfer! Je peux au moins contre,
il
n'y a pas de café!... Mais
encore un peu
me
laver.
si! j'en
Par
trouve
!
(i) Rethel ne se trouve en etfet i^u'à
sud-ouest d'Âuboncourt.
une dizaine de kilomètres au
Carnets de combattants allemands
42
Par une assez grosse chaleur, nous nous avançons par Faux(') sur Sorcy
{f).
Nous
sitions d'artillerie française tacle
!
;
passons près des po-
un
c'est
effroyable spec-
Les emplacements des pièces étaient marqués
par d'énormes tas de cartouches. terre arable, nos
tonnoirs.
Çà
étaient en tas.
partout dans
un pantalon rouge
et là,
lumineuse dans
les
Çà
et là,
les betteraves
Des
champs.
;
la
Un
grand'chose(').
Les
rie, leur retraite avait aussi
bien
ne
fait
restait
doivent
avoir artille-
l'air
d'équipements
il
de notre
Français fait
ils
ou clopinaient
chasseur d'Amiens,
éprouvé des pertes colossales du grandes quantités
une tache
mais par place
gisaient
blessés
fait
prisonnier, raconte que de son bataillon
pas
dans
obus avaient creusé d'immenses en-
et
d'une
fuite.
De
de cartouches
avaient été abandonnées.
A
Faux, nous réquisitionnons des vivres. Nous
trouvons des miUiers d'œufs, d'énormes quartiers de lard, des
jambons, du vin en tonneaux. Ce merveil-
leux paysage de Corot est incroyablement productif; l'on n'y cultive
que du froment, de l'avoine, des
betteraves, d'admirables
pommes
de terre, des fruits
en abondance. C'est une terre de promission. D'autant plus épouvantables apparaissent les dévastations
(i)
Faux
est à 2 kilomètres
environ d'Auboncourt.
kilomètres à l'est de Faux. 8<! bataillon de chasseurs à pied en garnison à Amiens cou(3) Le vrait en effet la retraite du 12* corps d'armée et fut assez éprouvé sous Rethel ; mais il faut faire ici la part aux exagérations explicables (2) Sorcy se trouve à
3
chez un prisonnier nècesuirement déprimé.
Journal d'un
officier
saxon
que nos obus ont produites à Faux.
tombant au l'entrée,
dans
les
et les éclats avaient
creusé de tous côtés
sillons rayonnants.
—
j" septembre. française, avec
L'un d'eux,
d'un portail, avait fracassé toute
seuil
murs des
43
Marche sur Rethel, petite ville une admirable vieille église gothique
au clocher Renaissance. Pour
la
première
fois
depuis
pu bien me laver et dormir dans un Ht (Hôtel Moderne, près de la gare). Le bataillon reste ici pour la garde du commandement en chef. longtemps,
7^'
j'ai
—
septembre.
Vie divine
(') à
Rethel qui,
2 septembre, est à moitié détruite par
le
feu.
le
On
admet que ce sont les Français qui ont mis le feu pour couper nos communications avec l'arrière (f).
un court moment. C'est de campagne manque de
C'est ce qui se produit pour
grave, car notre artillerie
munitions. Malgré
cela, la division
pousse sans cesse
de l'avant. L'incendie de Rethel était épouvantable,
mais beau. Par
(i) Textuellement
la claire
nuit de lune,
Gôlterlehen.
:
Celte satisfaction contraste étran-
gement avec l'horreur de ce qui suit. Annehmhar hahen (2) Le texte porte :
on voyait une
die
Franxosen angeiiindet...
L'invraisemblance de cette accusation n'arrête pas
l'officier,
qui, toute-
ne semble pas l'admettre sans réserves. Il est plus probable que l'incendie de Rethel aura été la conséquence d'un combat d'arrièregarde des soldats allemands énervés, et peut-être avinés, auront cru châtier d'hypothétiques francs-tireurs en mettant le feu aux maisons d'une rue que balayait encore la fusillade des derniers échelons français en retraite. Voir Dampibrre, op. cit., pages 244-246. fois,
:
Carnets de combattants allemands
44
lueur ardente rouler dans
maisons
petites
charpente et
les
la
direction de l'ouest. Les
françaises,
avec
leur
meubles de bois qui
abondante
s'y entassent,
flambaient l'une après l'autre au souffle vif du vent
L'Aisne marqua un court temps d'arrêt
d'est.
bientôt des étincelles
Au
l'autre rive.
la
matin,
;
mais
franchirent et incendièrent
moitié de
la
la ville n'était
plus qu'un tas de décombres sur lequel dansait une
vague de chaleur 2 septembre.
(').
— Pendant
les
travaux de déblaiement,
auxquels prirent une forte part des prisonniers français
ma
sous
avons, dans
garde (quelques-uns
un
café,
très gentils),
nous
sur la place du Marché, fêté
l'anniversaire de Sedan, Il
y
avait encore de
bonne
bière, qui
mit aux anges nos compatriotes, et un gra-
mophone
à
que
je
immense
pavillon, d'une pureté de son
n'avais jamais entendue. Caruso nous chanta
du Rigoletto ; des chanteuses françaises se firent entendre ; ce fut une solennité pleine de bonne humeur. ) septembre.
— Nous sommes toujours
là et
gar-
dons des prisonniers. Nous devons partir avec
les
un pont près de Barby
(f).
pionniers, qui réparent (i)
Sur ce tableau
:
ein
Tri'immerhaujen
ûher dein
eine
HitiivcJIc
photographie reproduite page 40. Là, l'éditeur allemand impute l'incendie au bombardement, chose invraisemblable, l'église étant ici épargnée, alors qu'elle eût été spécialement visée dans uu combat. sicdete,
voir
la
(2) Sur l'Aisne, à environ 4 kilomètres à l'ouest de Rethel.
Journal d'un
Entre temps,
j'ai
officier
saxon
45
quelques maisons de meilleure
visité
apparence et aussi de vieux petits châteaux et n'en suis pas
un
ma
revenu de
fort cachet de
surprise
:
le
confort français a
surabondance. Sans doute, par suite il y a ici, même encore de merveilleux
des habitudes sédentaires des Français,
dans
la
bourgeoisie,
petite
vieux meubles. Pas de salon sans sièges rococo-em-
en
pire, etc. ('), recouverts
de cts intérieurs
versé
glaces défoncées
(*), les
Mais que
vieilles soieries.
était l'aspect
Tout
!
les
;
le
mobilier ren-
Vandales ne pou-
vaient pas mieux. C'est une tache pour notre armée.
Sans doute,
les
habitants qui se sont enfuis auraient
dû penser qu'avec de
si
forts passages de troupes tout
ne reste pas intact. Toujours est sur la conscience de
colonnes. Car et
est-il
que
le
plus fort
ceux qui accompagnent
les
temps nécessaire pour piller détruire. Des millions ont été anéantis là. On n'a
même
pas
fait
ils
ont
le
halte devant des coffres-forts.
Je suis venu dans
la
maison un peu
à l'écart d'un
avoué, laquelle était installée délicieusement et avec
un goût exceptionnel; évidemment tionneur de taux.
Là on
quot
s'y trouvait aussi. Je
n'avait pas encore fouillé.
çà et là d'emporter
(i)
Sur
c'est
un
collec-
vieilles faïences et d'objets d'art orien-
une
n'ai pas
bagatelle
cette expression, voir ci-dessus,
La veuve
Cli-
pu m'empêcher
comme
page 12, note
souvenir.
4.
(2) Ce passage étant d'une lecture fort difficile, le lecteur pourra le contrôler sur le fac-similé déjà publié ap, Dampierre, op. cit.,
page 166.
Carnets de combattants allemands
46
Finalement
m'a
il
fallu,
dans un vieux château, où
tout était également bouleversé, réquisitionner une vieille
malle de cuir.
La
plus élégante était une mai-
son toute neuve, à côté de notre Hôtel Moderne. Tout le vestibule,
que
ainsi
les
portes, étaient peints en
rampe d'escalier, de lourdes sculpun manteau imperméable en soie un appareil photographique pour Félix. A 1 1 heures du soir, arrive tout à coup l'ordre de
chêne
clair
;
à la
tures. J'ai trouvé là et
départ.
Tout
le
monde
attend les pionniers. Soudain,
ceux-ci reçoivent l'ordre de se porter à 75 kilomètres plus loin avec leur équipage divisionnaire de ponts; ils
partirent au trot
et
attendons
le
;
nous ne pouvons donc pas suivre
matin. Par
hier à Châlons-sur-Marne
ailleurs,
un
il
a été capturé
officier aviateur qui,
y avait encore là des troupes françaises, y avait atterri et nous était ainsi volé dans les mains. Il était extraordinairement abattu (il passa dans
l'idée qu'il
près de nous en auto)
nous
«
Vous marchez
très vite (') »,
dit-il.
4 septembre. ville
:
et
— Départ vers Pontfaverger par Juni-
Neuville
(f).
Chaleur effroyable. Les
journées de repos ont été pour nos
En
hommes
trois
les dé-
français dans le texte. Marne, arrondissement de Reims, à 22 kilomètres au nord-est de Reims. Juniville est un chef-lieu de canton des Ardennes, arrondissement de Rethel, à 12 kilomètres au nord-est de Pontfaverger. Neuville, canton de Juniville, Ardennes, arrondissement de Rethel, à 8 kilomètres au nord-est de Pontfaverger.
(i) (2)
I
Journal d'un
de Capoue.
lices je
me
Au
officier
saxon
47
bout de 26 kilomètres de marche,
trouve, pour avoir
mangé la
moitié d'une poire
pas mûre, aux prises avec une terrible diarrhée. soir, fièvre,
même je
mon
vomissements;
Le
estomac n'accepte
pas une gorgée de vin rouge.
Heureusement peux coucher au château de Pontfaverger.
— Je
j septembre.
me
sens remis et
bon pour
marche. Avec un verre de vin rouge dans
le
la
corps,
nous continuons notre route par Nauroy, Wez, Beau-
mont, sur-
retrouvons
que
je
laisser
la
pour
journée
Là^ nous
Le
je
soir, cela n'allait plus.
n'avais rien
mangé,
quatre derniers kilomètres,
les
secouer sur
missements à
(').
régiment. Voilà des marches forcées
le
toute
fallu,
jusqu'à Tours-
kilomètres)
35
n'aimerais pas refaire.
Comme m'a
Ambonnay,
Petites-Loges,
les
Marne (environ
le
la clé.
il
me
caisson de munitions, avec vo-
Le
soir, pain blanc,
un œut
et
vin rouge. Enroulé dans une couverture de laine et
un couvre-pieds ouaté, 6 septembre. teurs.
j'ai
bien dormi.
— Nous sommes revenus sur
Le paysage
d'hier
matin
C'était, jusqu'à l'horizon,
était
les
hau-
vraiment désolé.
une lande de genêts
brûlés.
Nauroy, arrondissement de Reims, canton de Beine, à 17 kiloà l'est de Reims. Wez, arrondissement de Reims, canton de Verzy, à 14 kilomètres au sud-ouest de Reims. Beaumont, à Les Petites-Loges, Aube, 4 kilomètres au sud-ouest de Wez. commune de Chaource, à environ 5 kilomètres au sud-est de Beaumont. Ambonnay, Marne, arrondissement de Reims, canton de Ay. (i)
—
mètres
—
—
—
Carnets de combattants allemands
48
avec de petits bouquets de pins, alternée de parties
marécageuses
et couvertes
de roseaux,
le
tout véri-
tablement déprimant. Devant Ambonnay, apparurent les
premiers vignobles. Mais on était
guère
l'on n'éprouvait
la
éreinté,
si
que
poésie de ces étendues de
A Tours, nous passons le canal Marne, puis la Marne elle-même. On dil'Elster à Markkleeberg ('). Le 6 septembre,
fraîches verdures. latéral à la rait
nous avons
le plaisir
vant-garde avec
de reprendre tout de suite
3'
le
Athis vers Jalons (*),
A
bataillon
l'a-
pour marcher par
notre gauche,
le
XIX^ corps
marche directement sur Châlons. A notre droite, le corps de la Garde par Champigneul vers Germinon(5), but primitif de notre marche (environ 28 kilomètres). Là, nous apprenons que le XIX* corps et la Garde sont engagés devant nous. La division doit faire un
mouvement avec sée.
tournant. Par suite,
il
nous faut effectuer
régiment une marche d'enveloppement insenDerrière Villeseneux ('*), nous apprenons que le le
corps de
la
Garde
maintenant à
le
(i) Petite ville au
a repoussé l'ennemi
;
nous avons
poursuivre. C'est notre quatrième
sud de Leipzig, sur
non sur
la Pleisse, et
l'Elster.
(2) Marne, sur la route de Châlons à Épernay, à 13 kilomètres à Jalons est située sur la même route, à 4 kilol'est de cette ville.
—
mètres à (3)
l'est
d'Athis.
Champigneul-Champagne, sur
—
la
Sommesous,
Germinon est situé sur la au sud de Jalons. mètres, au sud-ouest de Châlons-sur-Marne.
même
à
4 kilomètres
rivière à 17 kilo-
Fère-Champenoise, à 4 kilo(4) Villeseneux sur la route de Châlons à mètres au sud de Germinon.
PI.
VI
J
Journal d'un
officier
saxon
49
dimanche de poussière (Leffe-Dinant, Launois, Auboncourt, Germinon). Le 2^ bataillon est réduit à la force d'une compagnie sur le pied de paix (par suite des traînards)
!
Ce
qu'il
y a de surprenant,
nos hussards ne prennent aucune part à et l'on
ne voit jamais que notre
une hauteur pour assurer notre
un superbe tableau que découpe
laquelle se
de chevaux (^).
A
le
cette
la
i8'=('). Ils
c'est
que
poursuite
passent sur
flanc gauche, et c'est
immense
ligne, sous
piétinement des fines jambes
l'horizon, crèvent sans interruption
nos shrapnells. Espérons qu'ils atteignent l'ennemi en fuite
!
L'intermède sensationnel de cet après-midi du
manche
est
un
tir
jours beaucoup
di-
sur avion de nos obusiers (tou-
trop
court).
nuages, au soir tombant. Je
Merveilleux
ciel
me sens tout à fait
de
remis,
bien que je n'aie jamais été aussi sale qu'aujourd'hui.
La poussière de cette journée était quelque chose de fabuleux. Le soir, bu une bouteille de Champagne.
Nous la
restons près de l'artillerie en soutien et passons
nuit sous des pins, par 7 septembre.
—A
un splendide
6 heures
clair
du matin,
de lune.
reprise
du
combat, que nous croyions déjà terminé. Feu de shrapnells meurtrier des Français, qui seraient forts (i) Le texte porte U. immer sieht man nur unsere iS'"". 11 s'agit évidemment des hussards de Grossenhain demeures en flanc-garde et :
par conséquent ne prenant pas (2)
Textuellement
:
dièse
«
part à la poursuite
».
ungeheure, auf schlanken Pferdefûssen rap-
34 Inde Linie.
CARNBTS DB COMBATTANTS
4
Carnets de combattants allemands
50
de deux corps d'armée.
Tout
le
combat
se déroule
dans des bois de pins, coupés de clairières et de touffes
de genévriers et couvrant une large cuvette plate d'environ 3 kilomètres d'étendue. L'ennemi balaie méthodiquement les bois avec des shrapnells nous ne faisons que nous déplacer tout autour. Le commandant est légèrement blessé. C'est miracle que les ;
shrapnells ne nous fassent pas plus de mal. droite et à
ma gauche,
A ma
grêle la pluie des balles. Celle
qui m'est destinée n'y était
évidemment pas encore.
Des balles d'infanterie sifflent aussi à travers le bois, quand nous nous portons en avant. Il y a là une vive mousqueterie, accompagnée du tic-tac rapide de nos mitrailleuses. Là-dessus vient par intervalle s'ajouter
un
Par-dessus nos têtes,
feu d'enfer de l'artillerie.
bourdonnent au passage nos shrapnells l'ennemi. court.
Au
Nous n'avançons
Alors à notre gauche
nous donner de
l'air.
nade endiablée.
Une
On
fume une
avec cela
le
et
ceux de
début, notre artillerie a encore tiré trop
le
XIX^
C'est
corps attaque, pour
la reprise
soif terrible
cigarette.
bienvenu
pas, l'ennemi est trop fort.
Un
d'une canon-
nous tourmente.
verre de pilsen serait
!
Vers midi, nous sommes couchés dans un doux sommeil au milieu d'un bois, tandis qu'à droite et à gauche de nous les shrapnells crépitent au passage. Tout à coup il y en a un qui vient balayer notre coin de bois, avec un point d'éclatement très bas. Sept
hommes
de
ma
section sont atteints,
un mort, un
journal d*un
grièvement arrive
A
;
Un
blessé.
officier
saxon
5t
nouveau groupe de shrapnells
impossible de rester
là
Nous nous
!
replions.
plusieurs reprises, nous tentons de nous porter par
sections sur la ligne de tirailleurs qui le village et
combat contre
qui a un urgent besoin de renfort. Mais arrose de courtes rafales le bois
l'artillerie française
tout entier, de sorte qu'une marche en avant rait
3.
un anéantissement
certain.
Il fait
mènemoins mau-
que dans les bois situés une grêle ininterrompue. L'artil-
vais sur la ligne de tirailleurs
en arrière, où
c'est
lerie française est
de ce tôt
:
complètement
invisible.
Le mystère
d'une incroyable précision s'explique bien-
tir
nous nous trouvons sur un immense champ de [entre Lenharrée et Normée (')], et au
tir d'artillerie
centre duquel
le village
de Lenharrée, point d'appui
principal de la droite ennemie, est l'objet
du plus
acharné des combats.
La
situation était
était parti
la
suivante
bravement de l'avant
:
le
corps de la Garde
et s'était laissé attirer
sur cet emplacement, que l'ennemi connaissait natu-
rellement
comme
la
poche de
sa veste [d'ailleurs
il
n'en a pas Q)]. Là, l'ennemi l'avait empoigné sur son flanc gauche, et la situation était, au
5
septembre, des
(i) Lenharrée et Normée sout deux villages situés sur la Somme à 4 kilomètres l'un de l'autre et environ 8 kilomètres au sud-ouest de Villeseneux c'est à 6 kilomètres à l'ouest de Normée que commencent les marécages qui, sur une longueur de i8 kilomètres, de l'est à l'ouest, portent le nom désormais célèbre de « Marais de Saint-Gond ». ;
(2) On sait que, contrairement à la tunique française, forme allemand comporte des poches de côté.
le
nouvel uni-
Carnets de combattants allemands
52
De là comme à
plus critiques.
notre marche de flanc. C'est
exactement
Saint-Privat^ avec cette diffé-
rence que nous étions tous piqués dans un terrain boisé de la plus vilaine espèce
:
des pins et des gené-
ou de bombardé par l'ennemi,
vriers coupés de fondrières, des fourrés épais
jeunes
taillis.
Tout
cela est
qui s'est naturellement couvert à d'après la carte.
Notre
perfection et tire
la
n'a presque
artillerie
De
d'effet, parce qu'elle ne voit rien.
pas
là ce feu
de
shrapnells destructeur que nous sert l'ennemi. Malgré cela,
nous croyions vers midi, après
le travail
de nos
obusiers, que l'ennemi était battu, quand, l'après-
midi, sa grêle de shrapnells reprit de plus belle.
Un
message d'avion, qu'un aviateur français
jette
par erreur devant nous à destination d une batterie située
beaucoup plus en avant, contient un ordre du
généralissime
Joffre
commandants des deux
aux
corps d'armée français d'avoir à tenir cette position à
tout prix, car ce serait séderait
Au
(').
milieu du
rée,
la
dernière que
la
Peut-être est-ce bien aussi
une voie
champ de
tir,
meilleure
!
court, au sud de Lenhar-
doute pour
ferrée, sans
France pos-
la
le
transport
des munitions Q). Celle-ci aurait, dit-on, été coupée
par notre cavalerie, qui aurait et
la voie.
Comme
nous
le
fait
sauter des ponts
sûmes plus
tard, l'ar-
(i) Il s'agit sans doute du célèbre ordre du jour adressé tembre par le général Joffre l'armée française et disant que de dés lors engagée « dépendrait le sort de la patrie ». .î
(2) C'est la ligne de
Sommesous
à
La Fére-Cliampenoise.
le
6 sep-
la b.itaillc
Journal dUin
tillerie
d'en
flice
avait
officier
saxon
53
d'immenses quantités de mu-
nitions.
Complètement fourbus par mourants de soir et la
ce feu de shrapnells et
nous attendons
soif,
le soir.
L'étoile
du
lune orangée éclairent un détachement de
grenouilles effarées
compagnie
qui cherchent à rejoindre leur
et surtout la cuisine
de campagne. Celle-ci
on se restaure et l'on prend quelques heures de sommeil réparateur, tandis que le clair de lune s'unit à la lueur sanglante du village qui brûle et que, de temps à autre, un obusier lourd se trouve enfin
;
envoie son pain de sucre par-dessus nos têtes vers
quelque objectif lointain. Devant nous tout se
tait.
—
8 septembre. Nous marchons à l'attaque de l'ennemi remarquablement retranché, et cela bien que
son
artillerie
ne
soit
nullement ébranlée.
encore parti à travers cqs 3''
30 du matin.
les shrapnells.
mêmes
Me
boqueteaux.
voilà Il
est
A l'horizon éclatent de toutes parts Comme nous arrivons sur les prenous
mières lignes,
les
oreilles, si bien
que tout en chante
balles
autour des
sifflent
et
bourdonne. Ce
meurtrier feu d'infinterie se double derrière nous par des shrapnells (sans doute l'ennemi suppose-t-il
que nous nous replions). C'est à
faire frissonner, ces
perpétuels éclairs à longs rayons de feu
encore à travers un bois. s'off're
mence
à
!
Nous
voilà
Comme
nous en sortons, nous un spectacle imposant le soleil com:
à rayer le ciel
de grandes bandes sanglantes
Carnets de combattant s allemands
54
avec
et éclaire,
retraite
la
lueur de Lenharrée en flammes,
de l'ennemi cette
fois
définitivement battu
la
(').
Devant nous, une cuvette peu profonde mène à une hauteur couronnée de tranchées. Derrière celles-ci est le village,
dans
rière
d'où
Français s'enfuient vers
les
l'ar-
Maintenant commence un combat
le bois.
de poursuite. L'ennemi se replie de rideau d'arbres en rideau d'arbres et
un
et fait
de mitrailleuses. Mais
la
feu enragé de shrapnells
journée est à nous.
Le combat pour l'enlèvement du mière
fois,
grandes pertes. Le
3^ bataillon
du bois une attaque de décidé
l'aflaire.
On
qui nous avaient la
décision
il
y
avait
sommes encore en
au sortir
deux batteries
Dans
pu voir que, des deux côtés, énormes. Le long de la des tas de morts français. Cette a
fait
vie
!
D'après
terribles.
les
Et nous
médecins,
le
178*
1.700 grands blessés, sans compter
morts. Mais aussi, il
fait
terriblement bombardés.
exigé des sacrifices
a
environ
du 178' a
flanc à la baïonnette qui a
a pris, là aussi,
sont tout à
voie ferrée,
a
si
marche en avant, on
les pertes
village aurait été
Déjà nos gens y étaient entrés une premais en avaient été rejetés ensuite avec de
effroyable.
c'était
un
vrai enfer
!
les
D'officiers,
n'y en a presque plus.
Encore un mot sur ce champ de Partout,
(i)
On
mande
il
sait
y
avait des
fils
tir d'artillerie.
téléphoniques. L'ennemi
qu'au contraire à cette heure même c'est l'offensive « définitivement » enrayée sur tout le front.
qui était
alle-
Journal d'un
officier
saxon
$5
devait être tenu au courant (peut-être par quelque
observateur caché) de tout ce qui se passait chez
nous, dans
le petit bois.
déplaçaient,
il
lerie français
affirme
même En
tous
une
champ de à
qué
—
On
(5).
nous, dans !
Où
tir,
où
toute cette
de retraite
(') à
faut enlever les posi-
il
une. Bivouac près de Connantray(^).
septembre.
5?
Œuvy
officiers d'artil-
cas,
les
Combat
histoire est bien singulière.
tions
que des
vif tir de
auraient téléphoné, grimpés dans les
arbres, derrière nous.
travers le
des isolés se
s'ouvrait aussitôt sur eux un
On
shrapnells.
Même, quand
Nous continuons
découvre que à
des forces ennemies ont bivoua-
la vallée,
est
marche vers
la
kilomètre derrière
i
donc notre exploration
?
Notre
artil-
malheureusement trop tard, juste à temps cependant pour tirer sur le rassemblement ennemi. Le combat reprend de plus belle. Le bataillon lerie est arrivée
est
en
soutien
d'artillerie,
derrière
Bientôt, l'ennemi a pris sous son batterie et
il
batteries.
notre première
grêle des shrapnells et des obus, sans
grand dommage. gables à
tir
les
établir
(i) Lecture difficile;
Comme des
les
Français sont infati-
tranchées,
nous trouvons de
semble y avoir Rûcliingsgefecht un combat de poursuite.
il
.
D'après
le
contexte; ce serait plutôt encore (2)
Connantray se trouve sur
Cliampenoise
et à
environ
5
la
route de
kilomètres à
l'est
Sommesous de cette
à
La Fère-
ville.
(5) Œuvv est à environ 5 kilomètres au sud-est de La Fére-Champenoise et à 3km 500 au sud-ouest de Connantray.
Carnets de combattants allemands
56
bons défilements obus tombent, d'eux
me
blesse
(').
Avec un
et parfois
fracas tonitruant, les
singulièrement près. L'un
malheureusement
gémissement des
hommes. Le
trois
mêle terriblement au
blessés se
hurlement des projectiles qui arrivent.
Notre
artillerie
groupes alternés,
convenablement,
très
tire
et paraît avoir
quelque
par car,
effet,
marche en avant reprend. Mais, vers Œuvy, l'ennemi forme un angle aigu sur notre
vers midi, la
Nous attaquons de nouveau.
gauche, en pays boisé.
En
traversant une cuvette boisée,
nells
feu de shrap-
Nous nous dépêchons de gagner hauteurs devant nous. Une patrouille établit que
mie nous CÇ.S
un
nous reprend. Une patrouille de cavalerie ennea signalés.
ennemie n'est pas à plus de 900 mètres. Mais nous ne pouvons plus avancer, car nous n'avons
la batterie
personne derrière nous. Dans ce maudit bois, toute liaison se perd. et
Nous voyons
recevons l'ordre d'en
la
compagnie se replier La 6° compagnie coup par un shrap-
faire autant.
perd trois groupes d'un seul nell (^). Derrière la lisière
du
bois, le 2^ bataillon se
retrouve rassemblé en réserve, tandis que autres sont pris sous terie. les
Nous pouvons
un
deux
mousque-
observer avec quelle méthode
shrapnells français parsèment la cuvette décou-
(i) Sans doute dans les tranchées (2)
feu violent de
les
Le terme Gruppe dans
escouade de 8
abandonnées par
l'infanterie
hommes commandés
les Français.
désigne généralement
par un sous-officier.
une
PI.
VII
n
PASSAGK STÉNOGRAPHIÉ DU CARXET DE l'oFFICIER SAXON
Journal d'un
officier
saxon
57
verte qui s'étend derrière le bois, dans la direction
d'Œuvy. Malgré tions,
il
n'y a pas grand mal de
fusant Q)
mort Le
et
fait
;
seul,
tombe dans notre compagnie
deux
soir,
muni-
cette colossale dépense de
et
un obus fait un
blessés.
ordre de
brigade
la
:
Après
les résultats
obtenus à ce jour, la J2' division d'infanterie est relevée de la formation d'armée et sera dirigée vers le nord
pour
être utilisée
à d'autres emplois tactiques
(*).
s'étonne et se casse la tête! J'avais tout à tableau d'une
retraite
On
fait
quand, à 6 heures du
le
soir, la
du soleil couchant, se détacha de l'ennemi, sous un nuage de poussière, couverte par le 3' bataillon et une batterie. Nous division, à la lueur sanglante
repassons sur cet effroyable par Lenharrée, où amis tas épais le
boisé,
par
long de
où nous avions
Villeseneux
et
champ de
tir d'artillerie,
ennemis gisent encore en
route, à travers
la
le
paysage
tant souffert sous les shrapnells,
jusqu'à
Germinon
('),
où nous
bivouaquons.
— Officiellement,
10 septembre. repos.
Dans
la réalité,
(i) Textuellement turément.
:
la
division est au
nous repartons par Villeseneux
Vorbrenner
;
peut-être
un obus
éclatant
préma-
Textuellement ; Nach dm hhherigen Erfolgen wird d. J2. I. D. dem Année verlande uns geschieden u. \u anderweit^ taktischen Verwendung nach Norden dirigiert. (2)
aus
(5) C'est
donc une
retraite
d'une vingtaine de kilomètres.
Carnets de combattants allemands
58
nous retranchons. C'est un
et
petite bêche d'infanterie de
Une
calcaire.
une
un kilomètre
même
C'est la
autre.
Sans trêve on
on
première position terminée, on
fois la
recule d'environ
s'assoit
et
il
faut en retrancher
histoire.
travaille jusqu'à
dans
terrible travail avec la
creuser ce sol de dur
La
nuit vient.
heures du soir. Puis
1 1
tranchées et l'on reste
les
le
là,
pénombre lunaire. C'est une nuit de clair de lune et partout un silence de mort. Tout le monde est fourbu et cherche à dormir un regard perdu dans
peu
je
;
la
prends pour
ma
section la première garde
commandant de compagnie
(il
y
a
;
le
longtemps que
notre capitaine est blessé) doit prendre l'autre. Notre position a pour but de soutenir nos troupes de cou-
verture et d'arrêter l'ennemi.
même
fini
Il
a en effet tout de
par transpirer que nous avions été obligés
La Nous
de nous retirer pour ne pas être enveloppés, II''
armée, notre voisine, aurait été repoussée.
devions suivre. n'aurait pas été
On murmure aussi que la P^ armée heureuse. On cause de ci et de là et
ne trouve pas
l'on
Vers
la
solution de l'énigme
heure du matin, j'entends, dans
I
(').
le silence
de
X^ corps actifs, X* de réserve, de von Biilow, engagée du 6 au 8 septembre entre Montmirail et Morains-le-Petit, avait dû battre franchement en retraite le 9 sous les attaques de l'armée Foch (Marocains, (i)
La
Ile
Garde), sous
armée le
allem.-inde (IX* et
commandement
appuyée à gauche par le lo" corps de l'armée Franchet d'Esperey. La pe armée allemande, sous les ordres de von Kluck, n'a-
9« et 11^ corps)
vait
dû qu'à
son chef d'éviter l'enveloppement menaçant du 6 au 10, elle avait dû repasser la ; se repliait au delà de Villers-Cotterêts.
l'habileté de
des armées French et
Marne
et
l'Ourcq
et
Maunoury
Journal d'un
fusillade et
59
gauche de notre brigade, une vive
nuit, sur l'aile
la
saxon
officier
de singuliers appels de cor et
cris
de hurra.
Par-dessus notre tête, notre artillerie envoie quelques
groupes de shrapnells vers d'où viennent
coups de
sifflet,
trop court
!
»
la
lointaine lisière
du bois
coups de feu. Fusillade enragée,
les
énergiques
cris
:
«
L'artillerie tire
jusqu'à ce que celle-ci enfin cesse et
qu'un profond silence
Les Français
rétablisse.
se
avaient tenté l'une de ces surprises nocturnes qu'ils
aiment, et une de nos positions avancées avait été par eux enlevée à grands cris ils
—
très
péniblement. Là,
avaient été reçus par nos mitrailleuses, et l'on dit
par rangs entiers.
qu'ils auraient été fauchés
Vers vers
3''
la,
30, tout
le
grand' route
monde repart encore en retraite, qui mène à Châlons. Marche
épouvantable. Je suis ciller
fatigué que je vois tout va-
si
autour de moi dans
atteignons
la
la
colonne.
A
l'aube,
nous
route, belle et large, une véritable route
stratégique. Vers midi,
nous arrivons
à
Châlons. Ca-
thédrale gothique, avec une façade de style baroque,
d'un goût épouvantable
(')
!
Par
ailleurs, rues étroites
avec de petites maisons minces (type anglais).
Marne
est
La
d'un beau vert. Les pionniers se préparent
à faire sauter le pont.
Devant l'Hôtel de
Ville, buste
que nous appelons qu'un certain nombre de nos grandes
(i) L'expression Barock désigne en allemand ce
plutôt le style jésuite.
On
églises gothiques ont eu
aux dix-septième
façades reconstruites dans ce à
Rome). Depuis que
sait
stj'le
les érudits
et dix-huitiéme siècles leurs
nom de l'église du Gesù pangermanistes ont entrepris de dé-
(qui tire son
Carnets de combattants allemands
6q
en marbre de Carnot, théâtralement encadré d'un drapeau de bronze et autres allégories. sons
Châlons, dont
en hôpitaux,
les casernes
gagnons Saint-Etienne
et
Nous
traver-
sont transformées
où nous
('),
avons deux heures de repos. L'après-midi, nous nous retranchons sur
les
hauteurs au nord de Saint-Etienne.
Grand changement de temps; il pleut à torrents pendant des heures. Mon manteau de soie réquisitionné (*) se comporte brillamment, surtout sous un manteau d'ordonnance. Nous voilà donc assis sur une gerbe d'avoine, appuyés à l'une des roues de la cuisine de campagne. Le gros bonhomme de médecin-major, d'ordinaire si jovial, est lui-même déprimé. Tout le monde se perd en réflexions sur le sérieux de la situation. Le plus épouvantable est ici l'incertitude, et
pourtant
elle est
de règle à
la
guerre.
Il
s'être rien passé
du tout de défavorable. Je
que nous avons
là-bas
Ardennes
et les
me
dis
poussé trop vite de l'avant
(quelles impressionnantes
gique
peut ne
!) et
marches qu'il
à travers la Bel-
nous
fout,
ayant été
fort éprouvés, attendre l'arrivée des autres armées.
montrer
(?)
que
le
gothique
était
un
style national allemand, les
formes
françaises des dix-septième et dix-huitième siècles ont été sj'stématiproscrites en Allemagne comme d'un « goût épouvantable » remplacées souvent par des pastiches gothiques de « pur style » que l'on est même allé, comme à Strasbourg, jusqu'à orner de statues de prophètes aux traits de l'empereur Guillaume II
quement
et
!
(i) Saint-Etienne-au-Temple est sur la route de Chàlons à Suippes, à 8 kilomètres
au nord-est de Châlons.
(2) Voir ci-dessus, page 46.
Journal d'un
Ce
qui contribue à relever
bouteille de Malaga, et
officier
du
si
longtemps
si
et qui
6i
c'est
une bonne
l'arrivée
du payeur
moral,
que
ainsi
train régimentaire,
depuis
le
saxon
passionnément attendu
nous apparaît
comme un
rêve. Il est plus facile de se renseigner sur les posi-
tions de l'ennemi
bagages.
Du
merveilleux
que sur
le
chemin qu'ont
pris ces
linge propre, des bottes neuves, c'est
!
Vers 6 heures, départ pour
le
camp de Châlons
(Mourmelon). Nous voilà repartis par le beau clair de lune sur une interminable route presque rectiligne. On passe des villages, des voies de chemins de fer. C'est une marche affreusement fatigante. Une imde
la
maison d'un garde-barrière sort tout à coup dans
le
pression grotesque réveille les esprits abattus
silence de la nuit le
son nasillard d'un accordéon.
Encore une embuscade, mais musicale 2 heures, arrivée à
:
celle-là
!
Vers
Mourmelon ('); nous occupons
les
baraquements (ceux-ci sont immenses). Je ne crois pas que nous possédions un champ de manoeuvre aussi étendu.
(i)
Il
s'agit
Les rues du camp sont aimablement
probablement
bien d'ailleurs que
la
ici
fatigue ait
de Mourmelon-le-Grand.
Il
semble
amené quelque imprécision dans
les
de l'officier et peut-être même quelque confusion dans la marche nocturne de sa troupe. Des hauteurs situées au nord de Saint-Étienne-au-TempIe jusqu'à Mourmelon il n'y a guère notes d'ordinaire
si
claires
plus, en elTet, d'une douzaine de kilomètres, mais la route n'est pas «
rectiligne »,
elle
expliquerait sa
Châlons.
passe d'ailleurs deux voies de chemins de fer et
est possible que le régiment se soit égaré, ce qui marche errante de huit heures à travers le camp de
plusieurs villages.
Il
62
Carnets de combattants alteniands
plantées d'arbres. Depuis Villeseneux, avec l'arrêt à
Saint-Etienne, nous avons bien abattu 50 kilomètres.
// septembre.
— Dormi de
2 à 8 heures sur
un
tas
de chiffons dans ce qui paraît être un local discipH-
On
naire. tit
repart.
on
('),
fait
Au mouHn
semble qu'on attende le
de Mourmelon-le-Pe-
de très sérieux retranchements. ici
quelque chose.
On
hangar à dirigeables et sans doute aussi tous
abris
d'avions.
nous.
On
Nos
Marne, dont tous
blessés à
les
L'après-midi, canonnade auprès de
annonce que l'ennemi avec de
a atteint la
Il
incendie
les
faibles forces
ponts sont coupés.
Châlons vont sans doute être
faits pri-
sonniers de guerre. D'après un officier aviateur, l'en-
nemi nous nous
aurait abattu hier quatre avions devant
(f).
12 septembre.
Mourmelon
On
—
Continuation de
et Saint-Hilaire jusqu'à
la retraite
se retranche et l'on attend l'ennemi,
ne poursuit
par
Vaudesincourt.
mais celui-ci
pas. Il faisait affreusement froid au bi-
vouac.
I) septembre.
— Au bruit de
la
canonnade,
la divi-
sion repart et se retire avec l'autre en réserve derrière
(i) Mourmelon-le-Petit est à melon-le-Grand.
5
kilomètres environ à l'ouest de
(2) Ce qui suit est écrit en sténographie. Voir page 56, de ce passage.
Mour-
le t'ac-siuiilé
Journal d'un
de
droite
l'aile
la
manteau de soie procuré de
Châlons
de
et
IP armée.
saxon
63
Pluie terrible,
mon
hommes
sont
bon. Les
tient
l'étoffe
officier
se
de ballon au hangar aérostatique
pavanent en
se
ils
imperméables
Pour gagner les derrières de la IP armée (VIP et X* corps tous Prussiens) nous marchons par
jaunes.
Bazincourt vers Boult (30 kilomètres). Jusque tard la nuit, la canonnade se fliit entendre de tous
dans
Nous bivouaquons devant
côtés.
nous
ait
coup de
paille, cela
I) septembre.
peut
— De
Boult, bien qu'on
Comme
permis de cantonner.
Boult par Auménancourt
La Ville-au-Bois
Après une marche qui m'a mis à forces, avec la plante des pieds
la
Hmite de mes
la
On
Nous sommes
réserve
droite de l'armée et ne
engagés qu'en flanc.
et
(').
en feu, nous marchons
au combat. C'est cela qu'on appelle l'aile
a beau-
y
aller.
Pontgivart, nous arrivons à
avons atteint
il
!
nous signale une division
de cavalerie anglo-française, mais rien ne se montre.
Nous attaquons donc
le
village de
Après un combat meurtrier, le soir et est
(i)
La
Ville-au-Bois.
le village est à
occupé par nos chasseurs
Auménancourt-le-Grand
et le Petit
et
nous vers nos
tirail-
sont deux villages situés de
part et d'autre de Suippes à 6 kilomètres à l'ouest de Boult. Pontgivart est à II kilomètres sur la route de
Reims
à Neufchàtel.
La Ville-aux-
Bois est à environ 24 kilomètres au nord-ouest de Reims, à gauche et auprès de la grande route de Reims i Laon, entre Berr)--au-Bac et
Craonne.
Carnets de combattants allemands
64
leurs
car
(').
il
Ce
village est très
important pour l'ennemi,
forme un point d'appui pour son
Bivouac sous
flanc gauche.
la pluie.
16 septembre.
—
A
Dies ater.
5
heures du matin,
l'ennemi reprend avec de grosses forces le
cerne.
travaillé
hommes de
la
par nos mitrailleuses de
mais est
façon que
telle
gisent fauchés par rangées et que
une compagnie,
d'environ
force
Combat
le village et
attaque aussi de vive force,
Il
meurtrier dans
village.
le
les
le reste,
se
rend.
Nous pénétrons
jusqu'au milieu. Notre lieutenant Mûller avait été hier, à l'assaut
du
coup de feu dans notre dernier la tête
Dès
village,
la
poitrine
d'un coup de feu
du
le
;
lieutenant Hircher,
tombe aujourd'hui,
officier,
l'entrée
grièvement blessé par un
village, gît
un groupe d'Allemands
effroyablement déchiquetés, sans doute par notre propre
artillerie
dont
le
tir est
rieur de la
la place
du
village, gisait
marine avec
le
de
l'effet
toujours dan-
gereusement court. Mais l'ennemi aussi menés. Sur
atteint à
d'une maison à côté.
tiré
un
les a
mal-
officier
supé-
crâne à moitié broyé
;
il
n'y avait plus beaucoup de cervelle dedans. Les rues
(i) En allemand Schiitien. Ce terme s'applique dans l'armée allemande au 2^ bataillon des chasseurs de la Garde et au 108" d'infanterie :
saxon. C'est sans doute de ce dernier qu'il s'agit, ce régiment faisant partie de la 23e division (XII^ corps d'armée) laquelle, on l'a vu, s'es repliée avec la
32^ division dont fait partie le ijS".
possible qu'il s'agisse des tirailleurs de le
la
Garde, car
17 septembre, aux chasseurs de la Garde.
il
Il
est toutefois
est fait allusion,
PI. VIII
Journal d'un
du
gisent aussi beaucoup
rent presque complètement
perches
resserrées
('),
mêlées de
parfois
rues,
comme du
où
est possible
de
dans
les le
avec
tusil.
un
J'en
tirer à couvert. Ils font
ai fait
sous-officier,
il
y
moi-même
ensuite autant
nous avons abattu quelques
Français qui tiraient d'une fenêtre. cela,
combat de combat
le
reste dans tous les genres de
de petites meurtrières par où ne passe que
canon du et,
longues
compagnie deux
a coûté à la
Les Français sont passés maîtres dans
il
donnent
des touffes de
une quantité d'hommes.
officiers et
toits
qui entou-
taillis
le village et lui
nom. Ce ne sont que
Ce maudit trou
épines.
A
d'Allemands, mais
bien plus encore dans les maudits
avec raison son
65
parsemées de cadavres français.
village sont
l'entrée,
saxon
officier
a de singuliers tableaux.
Au
milieu de tout
Dans
feu le plus
le
insensé, les coqs chantent et les lapins trottinent pai-
siblement dans
quée sur
la
les
Le
plusieurs balles. la
Une vache
cours.
soir,
tout
le
monde
grand'route, où les pionniers ont
chements. Je dors sur un peu de
— Le combat
77 septembre.
du
qui s'était
village, les chasseurs de la
se replie sur
fait
paille
(i) Textuellement (2) Voir ci-dessus, ou.
:
des retran-
en plein
se poursuit.
Garde
(f)
A
gauche
met
à
bom-
Lauter Gruppen von engdichUm Stangenhcl^.
page 64, note
combattants
i.
air.
progressent à
travers les taiUis. Enfin notre artillerie se
càknets
ris-
route se roulait en meuglant atteinte de
66
Carnets de combattants allemands
barder
le village
lui-même. Vers 9 heures,
je
reçois
du
ma section une ferme me porter en avant éner-
colonel l'ordre d'enlever avec
du
à l'entrée
village; je dois
giquement. Je
me
porte en avant.
A
600 mètres du
un feu violent. Mes hommes tombent et sont blessés. Autour de moi les balles sifflent. Me voilà donc couché sur le guéret absolument sans secours. De l'ennemi Ton ne peut rien dévillage, je suis pris sous
couvrir. Je suis tout à
l'agneau du
dans
fait
d'esprit de
l'état
Devant moi les premières maipuis à côté, une lisière de bois; plus
sacrifice.
sons du village,
meules de
loin à gauche, des
paille.
De
partout écla-
tent les coups de feu. Les balles sifflent aussi latérale-
ment par-dessus ma tête. Il commence Mes lunettes sont mouillées, ma jumelle
salie.
Notre
envoie tout près devant nous des schrap-
artillerie
nells sur l'entrée
du
village.
me
il
Alors l'ennemi se met à
monde se replie. Dans ma quatre hommes, avec lesquels, en
semer des obus. Tout section,
à pleuvoir.
reste
le
longeant une tranchée française, sous un feu continu
de l'ennemi, village.
Là
nettoient sion
!
je
j'arrive
me
le village.
Je regarde
Comment
aux chasseurs de
la
Garde qui
Enfin nous en reprenons posses-
ma montre
s'est
rien. Je n'ai rien
par bonds jusqu'à l'entrée du
joins
:
il
est 7
heures du
passée cette journée
mangé
? je
et pas d'appétit.
seurs ont pris des ruches d'abeilles.
Il s'y
n'en
soir. sais
Les chastrouve du
miel merveilleux que l'on dévore avec délices, tandis
que l'ennemi, sous une pluie
torrentielle,
inonde
le
Journal d'un
me
je
ques
Toutes
officiers.
cour, alors
volent en éclats,
vitres
les
une terrible gifle pour un moment complètement sourd. Mais rien
n'est
il
la
67
trouve justement à une fenêtre avec quel-
l'encadrement est arraché, et suis
saxon
L'un d'eux tombe dans
village d'obus.
que
officier
arrivé.
je
Dans
reçois
pièce à
la
côté,
deux
chasseurs ont été blessés.
Le
soir, le
temps
Je retrouve
s'éclaircit.
ma compa-
gnie, qui est encore abritée derrière la route et là aussi
il
a plu des obus.
Le médecin-major D' Tem-
—
pelhof, notre second rayon de soleil,
de campagne
c'est la cuisine
— me
le
premier
un pansement trou) et m'em-
fait
(ma main a tout de même eu un petit mène pour deux jours vers l'arrière à Juvincourt où
compagnie du
se trouve la
devais dormir dans la salle des blessés; mais sentait tellement
mauvais là-dedans que
me
l'église,
coucher dans
où
il
(')
service de santé. Je
y
a sans
cela
je suis allé
doute aussi
des blessés, mais du moins plus d'air.
Quand, veille, je
18 septembre de bon matin,
le
me
nuit.
Le matin,
sorte que
mon
français, arrivés
le village
est arrosé
santé et suis bien traité.
(i) Juviucourt est à
kilomètres à
l'est
}
Il
y
a
pendant
d'obus, de
médecin-major se replie vers
les cui-
compagnie de du rôti, du hachis, un
sines. Je reste avec les officiers
et à 8
m'é-
trouve dans une atmosphère empestée,
parmi une masse de blessés la
je
de
la
kilomètres au nord-est de La Ville-aux-Bois
de Craoune.
68
Carnets de combattants allemands
vin blanc de pays d'une agréable saveur aigrelette, et puis du potage Julienne.
que
je n'avais
Comme
mangé de légumes
!
il
y a longtemps
Entre temps,
vent de La Ville-au-Bois des chasseurs de blessés.
Là
tué huit
aussi l'on
hommes
et
bombarde
à obus.
la
L'un d'eux
A
en a blessé plusieurs.
l'ennemi tente une percée, mais
elle est
a
Juvin-
Le
court, les obus éclatent sans interruption.
y
arri-
Garde
soir,
repoussée.
Il
aurait des tas de cadavres français derrière le vil-
lage.
— Je continue à me nourrir près de
i^ septembre. la
compagnie de
tillerie.
Reims
Nos
santé.
Devant nous, violent
— Laon.
La
nuit dernière,
arrivé des mortiers. Enfin
dans
la
ferme de
la
il
serait d'ailleurs
un obus ennemi
bouillie la
un
est
tombé
Musette, située au bord de
route et où se trouve notre ambulance, et
cela,,
feu d'ar-
batteries sont postées sur la grand'route
sous-officier
du
service de santé.
journée se passe tranquillement,
reçoit sa ration quotidienne d'obus.
La
la
a mis en
il
le
nuit,
A
part
village ils
tom-
bent terriblement près, mais on dort tout de même.
20 septembre.
—
Dimanche.
Comme
toujours,
combat dominical. Derrière nous vive mousqueterie. Ordre aurait été donné d'attaquer. Le village recommence à être couvert d'obus. Je vais retourner aujourd'hui au front dès que D'ici
là,
je
le
duel d'artillerie le permettra.
goûte encore une vie divine derrière
le
Journal d'un
front.
Un homme de me connaît
noix fraîches.
J'ai
nous d'expédier midi
je
saxon
la
69
compagnie du service de
la
de longue date,
santé, qui
du bouillon exquis, de
officier
me
procure
viande de porc, du pain, des
en outre du vin rouge. Dépêchons-
cela avant
qu'un obus ne
rencontre à nouveau
mon
le
prenne
!
médecin-major
vais avec lui jusqu'à Amifontaine('), à
A et
4 kilomètres
un peu d'entérite, mais malgré cela j'absorbe le soir un bifteck allemand. Bon lit de paille. Rien de nouveau sur le en arrière où se trouve l'hôpital.
J'ai
front.
— Dolce farniente
21 septembre.
A
à Amifontaine.
y aurait eu encore de lourdes pertes dans une attaque sur l'ennemi, bien retranché dans le l'avant,
il
non plus ne
bois. L'artillerie
ferait pas
grand'chose,
parce que les Français couvrent leurs tranchées avec
de gros rondins.
22 septembre. pes du
XIX*
— Toute
du XV*. L'infanterie nôtre.
la
la
Journée passent des trou-
corps, qui doit aller prendre la droite
Ce que
est
exactement aussi décimée que
l'on espère obtenir avec de pareils
« renforts », le diable le dira! On croirait presque que sur ces positions nous devons perdre jusqu'à la
(i)
de
la
Amifontaine ligne de
est à
Reims
4 kilomètres an nord de Juvincourt, station
à Laon.
Carnets de combattants allemands
70
Le 105^ régiment eu un combat avec les Anglais.
dernière goutte de notre sang(').
Q
d'infanterie
La Saxe
aurait
un nouveau corps d'armée sous le miGuerre von Carlowitz à destination de la
lève
nistre de la
Russie. Et nous qui avons tellement besoin de nous
compléter
Notre
!
3* bataillon se
tions. Juvincourt aurait été encore
bardé.
hommes du
Six
178^ auraient été déchirés
d'un seul coup par un obus. la
maison de
Un
Un
autre est
tombé dans
Musette et a tué dix hommes.
la
enterrement un second obus cardiers.
compose de 6 secviolemment bom-
hussard
fait
est
A
leur
venu tuer deux bran-
prisonnier et qui s'est
échappé raconte que des pièces de marine anglaise seraient cachées sous des tentes portant la croix de
Genève (').
2) septembre. le front,
on
— Un autre Dies
sine linea. Derrière
vit très confortablement..
—
Nous prenons le repas du con24 septembre. congé prenons de nos aimables hôtes du damné et (i)
Textuellement
:
Es
sieht fast so aus,
ah wen
ivir
an dieser Stellung
verhluten sollten. (2) Ou 6^ régiment saxon. Il tenait garnison à Strasbourg et comptait à la 83" brigade, 30^ division, XV« corps.
Le témoignage fort suspect de ce traînard se réfute de lui-même fait que la marine anglaise n'avait, à cette époque, débarqué aucune de ses pièces d'artillerie pour renforcer celles de l'armée de terre. C'est seulement plusieurs mois après, et sur les côtes de Flandre, que (3)
par ce
quelques pièces lourdes ont été mises à terre en Belgique.
Journal d'un
officier
saxon
service de santé. Soirée à la cuisine de les
tranchées près de
étoilée très froide.
chameau,
j'ai
à
campagne dans
Ville-au-Bois. Superbe nuit
Malgré
ma
couverture en poil de
mortellement grelotté des jambes.
l'aube, j'installe
mon
une courte tombe,
d'un abri pour
La
71
A
trou, qui ressemble diablement et l'améliore
ma tête. Comme
par l'adjonction
cela je
peux au moins
m'allonger.
2/ septembre. L'artillerie se
vivement.
— Journée merveilleusement
canonne réciproquement,
De temps
à autre,
une
rafale
quatre groupes. Diarrhée colossale que la diète
au biscuit
(i) C'est ainsi
claire.
parfois très
je
de trois à guéris par
(').
que se termine
le carnet
jour-là au cours d'une attaque française.
de
l'officier
saxon, tombé ce
PL
^ l
f>,-'
S f.
m
m r
r
^
4
'S
IX
Journal de campagne d'un
Sous-Officier de
Le journal
Landwehr
la
de ce sous-officier de landwehr, du régiment de réserve n" 46,
9" compagnie ('), comporte
deux carnets.
Le premier, mesurant 8^x14^'°'°,
est
relié
en
toile
grise bordée de
grenat avec gardes fantaisie, poche intérieure déchirée et tranches rouges. Le papier est à quadrillage bleu de 4^^. Il compte ;o feuillets non paginés
pour
le
récit,
plus 7 feuillets de notes diverses ; il y a trace de feuillets 44, jo, ;i, j-_j et $6. L'écriture est en carac-
déchirés après
les feuillets
tères gothiques
au crayon noir ou fuschine (-).
Le récit va du j août au ij octobre 1914. Le second carnet, mesurant 102 X j6$^^, est en cartonnage hrun avec un dos de toile noire, gardes blanches, et il comporte à l'intérieur un feuillet de titre avec les mots imprimés « CONTO BUCH ». Le papier est à rayure bleue, 7°"°», de 20 lignes par page, plus un réglage de comptabilité
comportant en rouge
traits verticaux. Il
blancs,
a
:
une double rayure horizontale en
compte ig feuillets non paginés pour
feuillets et les
tête
et cinq
7 feuillets gardes chargés de notes diverses dont un croquis de le récit,
terrain Çy). Il y a trace d'un feuillet déchiré avant l'avant-dernier ; soit au jo feuillets. L'écriture est la même qu'au total : 28 feuillets 2 gardes
+
=
premier carnet.
Le
récit
va du 14 octobre au 22 novembre 1914.
(i) Le 46'' régiment de réserve, qui fit partie du Vc corps d'armée de réserve, avait recruté son premier bataillon à Posen, le second à Samter, le troisième à Neutomischel, tous trois par conséquent dans la province de Posen. (2) Pour l'aspect extérieur de ces carnets, voir le hors-texte page xiv; pour l'écriture^ voir le fac-similé page 80.
()) Voir le fac-similé ci-contre.
JOURNAL DE CAMPAGNE
SOUS-OFFICIER DE LA
j
août.
—
mobilisation,
homme
Aujourd'hui, je
me
LANDWEHR
quatrième Jour de
la
Le premier parlé fut le com-
suis présenté (').
qui m'ait reconnu et m'ait
merçant Sally Brandt, avec lequel, en 1899, j'avais passé l'examen de volontaires d'un an Q). Puis j'ai
reconnu l'agriculteur Ratkouski, dont
j'avais fait la
connaissance à Lods Q). Jusqu'au soir, habillage ; passé la nuit chez Sally Brandt. Partout, conduite très libre des
hommes, presque tous
Polonais.
(i) Sans doute à Neutomischel, province de Posen, où rassemblement du 3^ bataillon. (2) Einjâbrigenprûfung.
a
eu lieu
le
Ces volontaires s'équipent et se nourrissent privilèges. Après nouvel examen
à leurs frais, en retour de certains
au bout de neuf mois de service, sous-officiers de réserve.
ils
passent, suivant les cas, officiers
ou
(?)
Il
s'agit
de
la
grande
(Gouvernement de Pétrokov). cessé de subsister entre
les
ville
On trois
industrielle sait les
de
la
Pologne russe
relations étroites qui n'ont
parties (allemande, autrichienne et
Pologne et aussi le nombre considérable de colons allemands établis dans l'Empire russe, surtout comme ingénieurs, entrerusse) de
la
preneurs, etc.
Carnets de combattants allemands
76
—
La réception de tout ce qui 8 août. saire pour compléter l'équipement n'en Hier,
capitaine
le
langue russe;
comme
je
me
demandé qui
a
suis présenté et
Nous ne
tel.
est nécesfinit
pas.
connaissait j'ai
la
marqué
été
savons pas encore quand, ni
contre qui nous partons en campagne. Notre régi-
ment, composé de Polonais, Russes que contre
les
se battrait
les Français.
mieux contre
On
chante sou-
vent des chants polonais hostiles aux Russes
10 août. de
la
— Ce
pour
soir, enfin, départ
(').
le
théâtre
guerre. Partout, dans toutes les rues,
une
grande foule nous acclame. L'état d'esprit des soldats contraint et parfois, sans doute par suite de
est
manquent de tenue. Quelques-uns sont ivres. Dans les wagons, où nous nous trouvons étroitement entassés, on chante mais l'alcool, ils
abominablement
;
l'état d'esprit
A
ne s'améliore guère que
Peitz (gare de l'Est)
(*),
le
lendemain.
nous recevons d'abord à
déjeuner, etc., puis nous nous lavons.
11 août.
— Je suis reconnu
et interpellé par Ber-
un maçon avec lequel j'ai travaillé, il y quatorze ans, à Gnesen ('). C'est étrange, car, il y naciak,
(i)
par
Ce
la
détail
témoigne des
résultats
obtenus au début de
violente propagande anti-russe répandue
mands dans
les
(2) Peitz est
la
a a
guerre
par les agents alle-
milieux populaires des campagnes polonaises.
un nœud de chemins de
Kottbus (Lusace). (j) Province de Posen,
fer
important entre
Guben
et
Journal d'un
sous-officier de la landiuehr
deux heures peut-être,
je
pensais justement à lui.
Nous
traversons
de
population. Par suite des
la
la
Saxe; partout accueil enthousiaste
nombreux cadeaux
sous forme de limonade, saucisses, cigares, etc., d'esprit des
hommes se
relève à
continuellement hurra et Rhein. Le voyage ne terrible
vue d'œil ;
chantent
serait
pas
si
la
ils
l'état
hurlent
Wacht am
mauvais,
si
le
entassement dans nos wagons ne nous cau-
pas de désagrément.
sait
77
hommes
On
est installé à
cinquante
dans des wagons à bestiaux, où sont établis
des bancs grossiers.
pouvons dormir
Nous sommes
qu'assis.
Il fait
très serrés et
aussi dans ces
ne
wagons
une chaleur insupportable. De temps à autre, nous
sommes
autorisés à descendre et recevons à
manger
ainsi qu'à boire.
12 août.
— Nous sommes maintenant en Bavière;
paysage devient de plus en plus pittoresque.
le là,
nous passons des tunnels de deux à
Çà
et
trois cents
mètres de long. Près de Neuhaus('), nous voyons un vieux burg avec tout autour de ravissantes loin, de
villas
;
plus
temps à autre, des maisons anciennes, puis
nous passons encore entre des roches
calcaires et des
champs de houblon. La contrée devient montagneuse et toujours plus pittoresque. Entre temps nous apprenons nos premières victoires sur les Français, mais il
(i) tiuai).
Il
s'agit
probablement de Neuhaus, sur
la
Pegnitz (Haut-Pala-
Carnets de combattants allemands
78
me
semble que
nouvelles
les
gens se montrent sceptiques à ces
(').
Tsar Nicolas, chien de cochon Tu nous salis trop le torchon Mais nous irons te voir bientôt Et te salerons le gâteau
!
!
!
France, France, Fais attention
!
Ou
nous
En
saucisson (^)
mettrons
te
Ces deux strophes étaient
!
écrites à la craie par
quelque poétique guerrier sur
la surface
d'un wagon. Elles attestaient
la
extérieure
confiance dans
victoire qui régnait dans une partie de l'armée.
arrivâmes à
Wurzburg
Q). Là,
je vis
la
Nous
entre autres
un
train d'Italiens et d'Autrichiens qui avaient été ex-
pulsés de France au début de la guerre et rentraient
chez eux, où
(i)
Ce
ils
devaient se présenter. Par suite d'un
scepticisme, extrêmement
remarquable
à
cette
date, sera
signalé plusieurs fois dans ce carnet. (2) Bien que cette traduction soit aussi convient de la rapprocher du texte
serrée
que possible,
:
«
Zar Nicolaus, du Schweinehuud, machst die Sache uns zu bunt,
Du
Wir kommen
Um «
dich jetzt zu besuchen, zu versalzen dir den Kuchen. »
Frankreich, Frankreich,
Nimm
dich in Acht, Sonst wird aus dir
Ne Wurst gemacht (5) Capitale de
la
I
»
Basse-Francouie (royaume de Bavière).
il
Journal d'un
sous-officier de la
landwehr
79
ordre spécial du régiment, nous disposons nos pattes d'épaules de telle manière que l'on ne puisse voir le
numéro du régiment dans vers
même
la
Çà
à
que précédemment, mais
et Là, vignes.
— Nous sommes
I) août.
matin à Mannheim
sommes
Puis nous roulons non plus
direction
sud-ouest.
le
(').
(f).
arrivés à
5
heures du
Vers 9 heures du matin, nous
Neustadt près du Hardt
admirablement placée dans un
site
('),
petite ville
pittoresque au
pied de la montagne. Je remarque qu'ici, en Bavière,
beaucoup de maisons sont construites en pierres naturelles; chez nous,
dans
que des briques, par
suite
Le
riaux naturels.
Primsweiler faisant
soir,
l'est,
on n'emploie guère
du manque de bons maténous sommes débarqués
cercle de Sarrelouis, et (f),
un grand détour
à
marchons en
jusqu'à Duppenweiler
(5),
où
nous prenons enfin nos cantonnements vers minuit. D'après
l'avis
du lieutenant Keil, nous serons privés
par l'Angleterre des fruits de notre victoire prévue sur la France
;
je
constate donc
que ni chez
les
(i) Les pattes d'épaules de l'infanterie sont amovibles et portent d'un côté le numéro du régiment ou parfois le monogramme d'un prince ou souverain, chef ou colonel honoraire du corps. (2)
Au
confluent du Neckar et du Rhin.
(5) Dans le Palatinat bavarois, nœud des voies ferrées qui se dirigent vers Mannheim au nord-est, Strasbourg au sud et Kaisers-
lautern à l'ouest. (4) prich.
())
Sur
A
la petite
rivière
Prims
et sur la ligne
de Buschfcld
à
Kor-
6 kilomètres environ à vol d'oiseau à l'ouest du précédent.
8o
Carnets de combattants allemands
hommes,
ne se trouve une
ni « plus haut »
confiance dans
réelle
la victoire.
—
A é** 30 du matin, alarme; à j^'^o, 14 août. départ pour une marche d'exercice; retour à midi, puis service intérieur. Chaleur tout à
tumée, beaucoup de pieds blessés
/y
aotît.
— Ce matin, de Au
campagne.
service en
5
fait
inaccou-
et des éclopés.
à 10 heures, exercice de
on nous
départ,
dit
que
cet
après-midi nous marcherons à l'ennemi, qu'il faut tenir nos affaires prêtes et attendre le signal d'alarme.
Je
me
parce que
félicite
mon
abandonné. J'espère que dans
froid
le
je
calme ne m'a pas encore
garderai autant de sang-
combat. Nous sommes maintenant,
c'est-à-dire l'après-midi, assis dans le
attendons
et «
Qui
les
événements
vivra verra (')
!
»
Peut-être
personne ne puisse prévoir l'avenir n'est-ce
pas bon. J'attends
habillé sur
mon lit,
cantonnement doivent
qui
;
peut-être aussi
cet avenir,
édition de poche des Contes des Mille et je
ne
station. «
Ce n'est qu'avec du calme qu'on
Telle est
ma
A (i)
i''3o
Eu
(2) «
die
je lis
une
Une Nuits, sais
quelle
arrive (^)
!
»
devise.
de l'après-midi,
français dans le texte.
Nur
tout
assis
en fumant des cigares; et
qui m'a été donnée au passage à
venir.
bon que
est-il
Ruhe macht
es 1 a
alerte.
Nous partons
et
PI.
X
/
I
^9
A-
,in
<
k .
,
i
i
I
.
PAGE DU CARNET DU SOUS-Ori-ICIEK DE
I
.
I.A
I
u
—
——
LAXDWIillR
Journal d'un
sous-officier
gagnons, après une marche
de la landwehr
très
8i
dure par monts et
par vaux
et la dernière heure sous une pluie battante, Neunkirchen ('), où nous arrivons trempés jusqu'aux os vers 9 heures du soir. Nous prenons là des cantonnements de fortune; j'échoue avec d'autres dans une petite grange où nous avons si peu de place qu'il
n'y a pas
même
à
penser à changer de vêtements
vraiment dormir. Dans
et à
une cuisine où nous séchons nos affaires tant bien que mal. Je m'entretiens en français avec les deux filles du propriétaire et suis, pour mes connaissances linguistiques, fort
admiré par
16 août.
—
C'est
la
les
pièce à côté,
il
y
a
braves landwéhriens.
aujourd'hui
En
dimanche.
considération de l'épuisement général,
le service sera
relativement peu chargé. L'après-midi, office divin
dans
l'égHse
du
Le sermon
village.
pasteur, c'est-à-dire de l'aumônier, fut
mand
et,
du
d'adieu fait
en
alle-
pour partie, en polonais. Ce sermon était vraiment chrétien, mais il me fallait tou-
très bien et
jours penser à cette parole
que
:
«
Tu
ne tueras point
»,
oubhe complètement. Et pourtant nous ne sommes tous maintenant rien d'autre que des concessionnaires du meurtre (^); tous et
justement
les offices
c'est cela
l'on
divins et toutes les oénédictions ne chan-
geront rien à cela
!
(i) A environ 7 kilomètres au nord de Bouzonville (Rusfiidorf), en Lorraine annexée.
(2) Textuellement
:
Kon^essionierte TotschJàger.
CARNETS Dl COMIATTAMTS
6
Carnets de combattants allemands
82
Notre capitaine
s'appelle
Le premier
lieutenant, Keil.
Langer; est
plus ancien
le
un bon orateur
(').
L'intelligence
du lieutenant Keil ressort de l'opinion
exprimée par
lui
que, dans cette guerre,
s'en retournera avec rien, le
combres
vainqueur avec des dé-
».
Quoique
diverses batailles aient déjà, dit-on, été
gagnées, nous n'avons rien de vainqueurs chiens
vaincu
« le
non
plus ne paraissent avoir rien
Je ne vois nulle part
thousiasme
(^).
ij août.
—
passons toute
même
la
;
fait
moindre
Autri-
les
de bon.
trace d'en-
nous
Aujourd'hui, jour de repos;
la
journée dans nos greniers à foin
et
nous reposons.
i8 août.
—A
Nous
7 heures du matin, départ.
passons différents villages, qui tous, de
même
que
les
précédents, présentent cette disposition caractéristique,
que
les tas
chez nous, dans ce qui offre
im
de fumier ne sont pas établis,
comme
cour, mais par devant, sur
la rue,
la
aspect rien
moins qu'esthétique
;
à ce
point de vue j'estime plus haut notre culture posnanienne. Les maisons d'habitation sont toutes conti-
guës aux étables et aux granges, ce que pas
non
plus bien compris.
Au
(i) Cette phrase est rayée dans le texte. (2)
Cet alinéa
est
également rayé.
je
ne trouve
cours de cette marche,
Journal d'un sous-officier de la landwehr
nous avons eu un pieds blessés.
grand nombre d'éclopés
très
Nous
autres,
nous arrivâmes tout
83
de
et
à fait
épuisés vers 3 heures de l'après-midi au village de
Gauwies
(').
Là,
il
n'y a plus absolument rien à se
procurer par achat, personne n'a plus rien de reste, troupes qui ont passé par
les
ici
avant nous ayant
tout acheté.
—
août.
/51
Au
Départ à 9 heures du matin.
bout de quelques heures, nous passons
la
frontière
luxembourgeoise; auparavant nous avions traversé
Rodemaqu'entourent de vieux remparts. La beauté
pittoresque petite ville lorraine de
la très
chern
(^),
de cet endroit m'a véritablement enthousiasmé jamais vu
n'ai
remparts et
les
un ensemble maisons,
extrêmement intéressant
Le Luxembourg
la
je
tout était très vieux et
comme
paraît avoir
moins importantes que
;
aussi pittoresque; les
architecture.
ici
des dénivellations
Lorraine, où
il
nous
fallait
sans cesse gravir et descendre de longues côtes. Vers
4 heures de l'après-midi, nous reçûmes en plein champ notre repas à la cuisine de campagne, puis on
nous
installa
salle
de gymnastique
parlent
(i)
Sur
ici
dans
la ville
allemand
la rive
gauche de
de Bettenbourg
d'une
école.
et français;
la
je
('),
Les suis
dans
frappé du
Moselle, à ij kilomètres au nord-est de
Thionville. (2) {>,)
A A
la
habitants
10 kilomètres au nord-ouest de Gauwies.
environ ii kilomètres au sud de
la ville
de Luxembourg.
Carnets de combattants allemands
84
très grand nombre de cafés qu'il y a ici. Nous pouvons du moins acheter enfin pour notre argent ce dont nous avons besoin. Bettenbourg a environ
3.000 habitants.
20 août.
— Départ à
9**
45 du matin.
Leudelange, Bertrange, Marner
midi à Koërich glerpeter,
un
(').
et
Nous passons
arrivons l'après-
Là, cantonnement chez
très brave paysan.
moyenne,
portaient chaque jour 32 kilomètres en
moins par conséquent qu'aux manœuvres; tage toutefois est sensiblement plus lourd
touches, sans compter tout
le
M. Gen-
Les marches comle :
paque-
150 car-
Les journées
reste.
sont toujours très chaudes.
21 août. de
— Vers 6 heures, nous entendons du côté
la frontière
viron
30
une canonnade ininterrompue,
kilomètres
n'avons aujourd'hui
de distance,
que du
restons sur place. J'utilise très vieille ruine
situé au milieu
crois.
je
intérieur
service
mon temps
à en-
Nous
à
examiner
et la
taille du château fort Extrêmement pittoresque
en pierres de
du
village.
!
Les formes gothiques témoignent d'une époque
re-
culée.
A
l'instruction,
nous apprenons que
de ce matin provient de ce que
la
canonnade
la forteresse
(i) La route suivie par l'auteur contourne donc bourg par l'ouest.
la ville
frontière
de
Luxem-
Journal d'un
française artillerie.
Longwy
de
On
de la landwehr
sous-officier
admet
bombardée par notre
été
a
que
ici
85
la
place
est
tombée,
parce que depuis quelques heures on n'entend plus
canonnade
la
A
(').
on nous raconte des méchanceté des Français,
toutes les instructions,
choses à faire frémir sur ainsi
:
que
yeux crevés,
la
blessés restés sur le terrain ont les
les
les
nez coupés,
oreilles et le
etc.
;
on
nous donne aussi à entendre que nous devons agir sans ménagements. J'ai l'impression que tout cela nous
est
raconté à seule
en arrière ou
hommes
même
ont aussi
—
22 août.
hommes
même
opinion
Longwy ne
(f).
Première journée intéressante pour
A
i''30
du matin, tous
cantonnés à Koërich ont été
(1) Cette phrase est rayée dans le texte.
de
reste
ne passe du côté français; nos
la
moi depuis ma mobiUsation. les
que personne ne
fin
capitula que
On
sait
réveillés par
que
la petite place
27 août, après la destruction de toutes ses défenses par un bombardement de vingt-quatre jours. Longwy est à 20 kilomètres à vol d'oiseau de Koëricb. le
Ce passage met singulièrement en
(2)
par le
relief les
commandement allemand pour amener
méthodes employées
troupes au degré de surexcitation nécessaire à ses sinistres procédés. Malgré le scepticisme qui
accueille
ces
ses
calomnies évidemment trop grossières, on
verra plus loin qu'une partie de ces imputations finit cependant par
même les esprits pondérés comme celui de l'auteur de Du moins rapportera-t-il plusieurs fois sans observation des légendes du même genre circulant parmi des camarades sans doute plus crédules. On sait par ailleurs que nombre de soldats pos-
impressionner ce
carnet.
naniens ont préféré passer dans nos lignes, au risque de se faire tuer, plutôt que de combattre la France, en laquelle ils voient encore le
champion des
libertés polonaises.
86
Carnets de combattants allemands
une alarme sans
batterie ni sonnerie (') et
—
hommes mîmes
emmenés
— en tout huit
dans une direction inconnue. Nous
ne fûmes pas réveillés du tout et dor-
jusqu'à 7 heures, heure à laquelle nous nous
réveillâmes tout seuls et nous aperçûmes de histoire. Je rassemblai
dans
haut du village
le
que tout
tout. J'admis
marcher dans
la belle
camarades logeant
et qui n'avaient pas été ré-
le
monde
hommes
en
avait continué à
même direction que précédemment mon détachement vers Stein-
la
donc avec
partis
où
fort (f),
les
avec moi- dix-neuf
cela faisait
veillés;
et
tous
en passant un de nos hommes,
je laissai
l'exempt Jerske, qui avait des rhumatismes articulaires
dans
Nous
autres,
les
jambes, au poste de
nous passâmes
-la
Croix-Rouge.
la frontière
belge et ren-
contrâmes bientôt un camion automobile, qui nous chargea et nous ville
mena en une demi-heure
à
Là,
j'essayai,
par
le
moindre
avait la
occuper
la
mais personne n'en
idée. L'après-midi fut
gare d'Arlon. Le soir,
il
A :
la «
nous aurait
kilomètres au sud-ouest de Koërich.
3
(3) Arlon est en mètres seulement de (4)
à
se répandit le
Alarm.
(i) Stiller
effacé
(4)
employée
bruit qu'une division de cavalerie française
A
où
quartier général, de savoir
se trouvait notre bataillon,
(2)
Arlon ('),
d'environ 12.000 habitants.
place
où
effet la
à
7 kilomètres de Steinfort, et à
3
kilo-
frontière luxembourgeoise.
du mot en
(davoii)
il
y avait ce membre de phrase
se trouve le ¥<> corps d'armée de réserve
>>.
Journal d'un
sous-officier de la
landwehr
87
coupés du quartier général du V^ corps d'armée, qui trouvait
se
à
quelques kilomètres dans l'ouest, et
qu'elle marcherait sur Arlon.
Le peu de troupes qui
y compris nous, fut envoyé en avant; mais, quand on sut que l'attaque était
se trouvaient
dans
la ville,
on nous fit revenir et nous passâmes la nuit à la gare, où nous reçûmes à manger. La soidisant division était en effet une compagnie française égarée, qu'on avait faite prisonnière avant même que nous fussions arrivés sur les lieux ('). Le même soir, nous vîmes environ 200 prisonniers français que l'on transportait en chemin de fer vers l'est. déjà repoussée,
—
Ce matin, vers 8 heures, j'ai cherché 2) août. encore à avoir des nouvelles de mon bataillon, mais en vain. J'appris, dans
la ville,
mètres vers l'ouest d'Arlon bataille (*),
été
dans laquelle
il
les
qu'à environ 35 kilo-
y
avait eu
une grande
Français auraient bien
repoussés d'environ 10 kilomètres et où nous
aurions eu des pertes tout à
fait
auraient été causées en partie par qui, à l'aide de
énormes; un espion
celles-ci
français
signaux et de boules lumineuses,
aurait indiqué à l'artillerie française les endroits
tenaient
ou passaient
dans lesquelles
les
où
se
formations en rangs serrés,
les projectiles
de
l'artillerie faisaient
(i) Cette phrase a été rayée dans le texte. (2) La région indiquée serait celle de Bouillon, où effectivement l'armée allemande rencontra une vive résistance de la part des corps
d'armée français couvrant Sedan.
Carnets de combattants allemands
Des régiments
ainsi des vides effroyables.
entiers de
notre côté auraient été complètement anéantis.
vu l'espion en question
quelques autres,
et
sonniers au palais de justice
Une même.
ce soir. soir
partie d'entre
;
doivent être
fusillés
eux ont été exécutés ce
L'église,
Je visite la ville.
ils
J'ai
assis pri-
construite en pierres
naturelles dans le style gothique français, est admira-
blement
belle
;
de justice est aussi une belle
le palais
construction en pierres. La ville elle-même est jolie et propre. la
Les habitants se plaignent de brutalités de
part de nos soldats.
comment
En
traversant
la ville, j'ai
éghse de Saint-Martin avait été
la vieille
transformée en écurie (').
J'ai
vu beaucoup de
Presque tous m'expHquèrent n'avoir, dans miers
moments
douleur, hormis
ment
vu
blessés. les pre-
après leur blessure, éprouvé aucune la
sensation d'un coup
;
c'est seule-
plus tard que vient une impression de brûlure, j
etc.
Les projectiles français ont une surface exté-
rieure cuivrée, ce qui
amène souvent dans
sures de la suppuration
;
les bles-
nos cartouches d'infanterie
sont à ce point de vue plus aimables.
A
notre gare,
il
y
a
quelques blessés français,
soldats et officiers, qui sont soignés par nos
méde-
(i) Ce détail remet au point fort utilement les protestations des brochures de propagande allemande contre les journaux illustré» anglais, coupables à leurs yeux de « fantaisie » calomnieuse, pour avoir représenté un intérieur d'église utilisé comme écurie par des cavaliers allemands. Voir Album de la Grande Guerre publié en six langues par le Deutscher Uberseediensl à Berlin (Georg Stilke), u" i, page 19.
Journal d'un
sous-officier de
cins; je fus frappé de la beauté ciers,
qui
impression à tout
fait
de différents côtés que
femme
prisonniers; une
uhlan
(')
;
les
y aurait eu
il
landwehr
la
89
corporelle des offile
monde. J'apprends
Français maltraitent nos
aurait crevé les
yeux à un
aussi des fourberies faites
côté français en hissant
le
du
drapeau blanc. L'après-
midi, arrivent de nouveaux transports de prisonniers
de blessés; j'apprends de ceux-ci qu'à environ
et
30 kilomètres au sud-ouest d'Arlon, depuis un jour demi, une furieuse bataille
et
deux
rage et que
fait
J'entends de courtes salves derrière les francs-tireurs
bataille et
les
y auraient éprouvé des pertes inouïes.
partis
la
gare
;
ce sont
qui auraient tiré sur nous dans cette
que l'on
fusille.
—
Aujourd'hui non plus je n'ai rien pu 24 août. apprendre sur notre troupe. La bataille au sud-ouest d'Arlon semble se poursuivre, car on entend toujours
la
canonnade.
de
trains
Français, les
morts
blessés.
quand et
Il
J'apprends de ils
nouveaux ceux-ci que les
arrive toujours de
sont
attaqués
de
près,
font
que, lorsque nos gens ont passé près
d'eux en courant,
ils
se relèvent d'un
bond
et font feu
sur eux par derrière. Les plus grandes pertes nous
(i) Cette légende
population belge
des yeux crevés aux soldats alleniands par la
l'une de celles qui ont été le plus singulièrement répandues en Allemagne au début de la guerre. Elle a
été
menée
réduite à
à
et
française est
néant,
comme
l'on sait,
par l'enquête scrupuleuse
ce sujet par le journal socialiste Vorwaerts ainsi que par le
comité catholique Pax de Cologne. Cf. ci-dessus, page 29, note
2.
Carnets de combattants allemands
90
sont causées par
l'artillerie
française, qui
tirerait
remarquablement bien. Les Français placent mitrailleuses sur
leurs
des points élevés, tels que tours,
pignons, arbres, etc., et de
là
font feu sur nous; par
contre, les fantassins ne paraissent pas braves,
on
dit
rendent en masse. Je constate chez nos troupes une grande surexcitation contre les Franqu'ils
se
çais ('), ce qui se manifeste
des prisonniers
montrent
se
pertes
justes à leur égard.
énormes dans
Nous devons un
;
par leur attitude à l'égard
par contre, nos officiers et médecins
partir
officier et trente
Partout on parle de
la bataille.
demain matin, à 6 heures, avec
hommes
de
mon
régiment. Je
mes dix-huit hommes (y compris un homme de la 4* compagnie qui se joint à nous) et m'installe au n° éo de la rue des Voyageurs, où quitte la gare avec
(i) Il est inutile de discuter ici une à une toutes les allégations mensongères contenues dans ces pages. Il suffira de renvoyer, à ce sujet, à ce que l'auteur du carnet écrivait lui-même le 21 août. Notons toutefois que la plupart des « fourberies » reprochées aux Français
sont précisément celles qu'établissent avec détails circonstanciés, à la charge des Allemands, les rapports officiels belges ou français ainsi pour l'emploi abusif du drapeau blanc, les redditions feintes, les :
Il semble que le commandement allemand début de lancer ces allégations contre l'ennemi, afin de se couvrir lui-même. Notons, d'autre part, que le reproche fait auK Français de placer des mitrailleuses sur les lieux élevés devait être le prétexte invoqué pour justifier le bombardement systématique de tous les monuments. Enfin signalons l'amusante contradiction entre les « pertes énormes » avouées par les Allemands et l'accusation de lâcheté à l'égard des troupes françaises ce qui ressort
sévices sur les blessés, etc. ait
eu soin dés
le
;
avant tout de ce système, c'est la « grande surexcitation » recherchée, obtenue en effet, dans la troupe allemande, à l'égard des Français.
et
Journal
d'iDi sous-officier
nous passons
la nuit.
de
la
landwehr
91
J'envoie à notre compagnie par
poste militaire une carte, pour l'aviser de ce que
la
nous
où nous nous trouvons.
fliisons et
2/ août.
— Par
nous marchons ton
(')^
dans
ordre du
commandant de place, hommes, vers Vir-
dix-neuf
seuls,
environs de laquelle se trouverait
les
maintenant notre régiment de réserve. Tout
le
long
du chemin nous entendons de plus en plus fort la canonnade dans la direction de Longwy. Après 1 1 kilomètres de marche, nous faisons halte à Châtillon et faisons cuire
plus loin,
(^)
nos conserves. Quelques kilomètres
dans
le
village de Saint-Léger (f),
qui
compte environ 2.000 âmes, nous fûmes retenus par le capitaine de la 9^ compagnie de notre régiment, lequel y était de garde et nous employa au service de nuit avec lui. Là aussi, j'apprends de beaucoup de camarades que auraient, dans
beaucoup de
les
un
tirent sur
civils
village
peu éloigné
dans
(i)
les blessés,
l'église.
A
d'ici,
massacré
blessés ().
A Saint-Léger, a été établie lance pour
nos troupes et
Pour
une
assez
grande ambu-
lesquels sont installés en partie
la sécurité
de cette église et de ses
25 kilomètres environ au sud-ouest d'Arlon et à 6 kilomètres
seulement de
la frontière française.
(2) Petit village sur la route d'Arlon à Virton.
(3) Sur la route de Virton. Le village est sur une hauteur entourée trois côtés par de grands bois, dits Bois de Saint-Léger.
de
(4) Cf. ci-dessus
page 8), note
2, etc.
Carnets de combattants allemands
92
dépendances, nous construisons, sur
les
rues qui abou-
tissent à la place de l'église, des barricades.
Les bois
des alentours seraient remplis de détachements français dispersés,
de sorte qu'il ne paraît pas impossible
que ceux-ci, poussés par
la faim,
puissent venir la
nuit attaquer le village.
Aussi
service de garde
bien que personne ne prenne au sérieux
est-il sévère,
la
construction des barricades.
9*
26 août. compagnie
—
un
ici
le
Nous continuons et faisons
désordre;
certain
d'appartenir à la
du service de garde.
conséquence des exercices,
y
a
organise en
capitaine
le
Il
etc., ce qui cause
chez
les
hommes un grand mécontentement. 2y août.
— Aujourd'hui nous enterrons avec tous
les
honneurs, dans
un
soldat tués.
funèbre et dit
Le
le
le
cimetière
capitaine
d'ici,
fait
Pater après que
le
a aspergé d'eau bénite les cercueils trois salves
2S réel
août.
sur
un
lieutenant et
une courte oraison
;
prêtre catholique
puis nous tirons
d'honneur.
— Le matin, exercice; mannequins que
des
aussitôt après, tir
l'on
a
installés
à
500 mètres. Un paysan français s'aventura dans la zone de feu et s'en tira par une fuite éperdue. Chaque
homme 9
tira
hommes,
midi,
je
1 5
a
cartouches.
marqué 4
Ma
section,
composée de
buts, dont 3 têtes. L'après-
fus transporté avec notre sergent-major à
Journal d'un
landwehr
sous-officier de la
93
Meix-le-Tige('), où nous devions acheter de l'avoine. Il
était très difficile d'en obtenir
dans
le
voisinage,
on manquait de bras partout pour la rentrer et la battre. Toutefois, quand j'eus expliqué (comme intercar
prète) au maire de Meix-le-Tige
que,
si
nous ne
trouvions pas en deux heures 10 quintaux d'avoine, le village
on nous et
aurait à payer livra
2.000 marks de contribution,
en moins d'une heure
les
10 quintaux
nous donnâmes ce qu'on appelle un bon de réqui-
sition,
2^
Gouvernement s'engage
par lequel notre
payer après
aoilt.
avec deux
la
à
guerre.
—
Je reçois
hommes un
mission d'accompagner
la
convoi de blessés allemands et
français chargés sur quatorze chariots à ridelles, jus-
qu'à
la
gare de Messancy
au sud d'Arlon, et de
Léger pour Châtillon exécuté. Retour
)0 août.
—A
9 heures
aux environs d'Ethe
A
(2)
Sur
A
;
est
champ de Nous voyons des
passe par le {f).
restes
Une mauvaise odeur
(i)
Tout
du matin, notre compagnie
La route
voitures dispersées, etc. brûlés.
Départ de Saint-
Meix-le-Tige.
et
le soir.
quitte Saint-Léger. bataille
à environ 10 kilomètres
(^),
les livrer là.
de villages à moitié
se fait sentir, sans
doute
environ 4 kilomètres de Saint-Léger. la
route de
Longwy.
4 kilomètres au nord-est de Virton. Les combats auxquels (3) est fait allusion avaient été livrés la semaine précédente.
il
Carnets de combattants allemands
94
par suite du grand et
cadavres
d'hommes
de chevaux qui gisent encore quelque part sans
sépulture. la
nombre de
En chemin,
j'apprends que l'on agit avec
dernière rigueur contre tous
les civils
qui prêtent
récemment, par exemple, on
assistance à l'ennemi;
deux prêtres qui avaient enterré des armes,
a fusillé
d'autres sont arrêtés et retenus
Nous
passons
comme
otages
(').
La marche va
frontière française.
la
toujours en montant, par une grosse chaleur d'été.
Sur
le
sommet du
plateau nous faisons halte vers
nous y retrouvons le bataillon au complet et ; prenons notre repas. Après quelques heures, nous midi
repartons et marchons en descendant, sur une route excellente, le long d'un ravin profond d'une centaine
de mètres, entre de magnifiques bois à feuilles ca-
duques, deux heures durant, jusqu'à Cette
pendant
Longuyon
(f).
y a quelques jours, bombardée par notre artillerie et pour la plus grande partie détruite. Notre route nous mène à travers des ruines et des murs calcinés, triste illustration de la guerre Peu de maisons seulement sont restées entières ('). Nous marchons maintenant en ville a été,
la bataille d'il
!
formation de bataillon
(i) Sur l'abominable abus
voir Dampierre, L'Allemagne
vera
le texte
même
et traversons
de belles forêts
de pouvoir que révèle ce témoignage, Droit des gens, page 239. On retrou-
et le
de ce passage dans
le
hors-texte ci-dessus, page 80.
(2) Chef-lieu de canton de Meurthe-et-Moselle, à
14 kilomètres au
sud-ouest de Longwy. (3) Sur les dévastations de Longuyon, voir les mandes reproduites. Dampierre, op. cit., page 219,
illustrations alle-
Journal d'un
sous-officier
comme
d'arbres à feuilles caduques,
sont partout
ici,
car
de la landwehr
95
d'ailleurs elles
n'y a pas du tout de forêts
il
de conifères. Nuit au bivouac.
}i août.
— De
sont restés à
mes dix-huit hommes, la moitié Longuyon près des bagages; avec le une marche de quatre heures
reste j'arrive, après
travers des
champs
Romagne
à
(')
à
piétines et des locaHtés dévastées,
près de Verdun,
où
je
retrouve
la
compagnie. Je montre au capitaine mes attestations, que je me suis fait donner tant à Arlon que i""'
par
la
9^
compagnie,
même
n'avait
et
la
chose est arrangée.
pas su du tout,
le
On
matin de l'alarme en
question, que nous n'étions pas au rassemblement; tout s'était passé en grande hâte et les chefs d'es-
couade avaient annoncé
tout
«
le
monde
présent ».
marche de notre baavait été tout taillon autre que je ne l'avais alors présumée on avait marché vers le sud et, après une
J'ai appris que la direction de
;
étape très dure, notre bataillon avait pris part à la bataille qui eut lieu tout
Dans
officier tué et
donc de
autour de Longwy.
cette affaire, notre
compagnie eut un sous-
en outre un soldat blessé; c'étaient
petites pertes.
Mais d'autres de nos unités
eurent des pertes énormes, en partie de ce par un malentendu,
(i) Sans
elles
fait
que,
furent canonnées par leur
doute Romagne-sous-les-Côtes, arrondissement de Moiit-
médy (Meuse).
Carnets de combattants allemands
96
propre
artillerie;
raient
tombés par
d'hommes
plusieurs centaines
suite de cet accident.
donc l'étonnement général,
croyait
tombé dans
affirmaient m'avoir
dans
de
me
dans
En
feu.
y avait
vu après
général
les
combat gisant mort
le
buste relevé et
le bois, le
coup de
combat,
le il
la tête
mêmes
traversée d'un
gens avaient
revoir vivant. Les tentes de la
se trouvent
content
l'air
compagnie sont
de Romagne, tandis que
le village
se-
arrivée
car l'on me ma carte d'Arlon même des gens qui
suscita
n'étant pas arrivée;
Mon
les
hommes
en avant, à une demi-heure de
là
environ, dans des tranchées, lesquelles ont été creusées
pendant
nous serions
nuit, parce que
la
nement observés par des avions
Moi
jour.
aussi
me
je
place dans la tranchée,
/*'
de
la
septembre.
où nous passons toute
Un
la
ma
la nuit.
canonnade du côté
haut nos positions
et disparaît
nous recevons des obus
après,
le
avion français survole très
Verdun peu ;
certai-
pendant
rends là-bas et prends
— On entend
place de Verdun.
français
dans
la
direction de et
nous
replions à environ 300 mètres de côté dans le bois.
Cette
manœuvre
française,
et
encore dans
n'a pas été aperçue par l'artillerie
celle-ci
les
croyant
nous
sommes
tranchées, nous avons été dans
absolument préservés des
sommes
que
retournés dans
le
projectiles. Plus tard
les
bois
nous
tranchées, renforcés par
quelques compagnies; nous étions destinés à servir
de soutien à notre
artillerie, laquelle était
en batterie
PI.
XI
Journal d'un
derrière nous et bombardait
shrapnells
une
la forteresse,
large front, car,
même
que l'ennemi qui
et
les
faisait
d'artillerie s'étendait sur
un
sur les hauteurs, tant à droite
qu'à gauche de notre position, lerie,
97
énergiquement avec des
ainsi
Le combat
sortie.
de la landwehr
sous-officier
il
y avait de
l'artil-
obus et shrapnells volaient de part
et
un sifflement singulier et un hurlement Beaucoup explosaient en l'air à une certaine
d'autre avec plaintif.
hauteur et ceux-là sont tuent de haut en bas
on
est
et,
les
dans
plus dangereux, car
presque sans protection contre eux. Les obus
qui n'explosent qu'au choc sont peu dangereux les
ils
tranchées ordinaires,
les
par terre; quand ce projectile
diatement à côté de vous, on
;
on
on se jette à plat ne tombe pas immé-
entend naturellement arriver
et
est ainsi à
peu près sûr
de ne pas être touché. L'attaque des Français ayant été repoussée par l'artillerie,
vers
3
heures
;
nous sommes relevés
nous rentrons dans
le village
de Ro-
magne où
sont nos tentes et nous y passons la nuit. Entre temps, le reste de mes 18 hommes a rejoint ici.
2 septembre.
— A midi, retour dans notre ancienne
position. Pas de canonnade.
5 septembre. et retour
arrivé à
aux
— Ai tentes.
heure de l'après-midi, relève
Vers
le
soir,
Romagne en automobile
quelque temps dans
mandant de
la
la
l'Empereur
et s'est
est
entretenu
rue du village avec
le
com-
division. J'eus l'occasion d'approcher
CARNBTS DE COMBATTANTE
Carnets de combattants allemands
98
assez près de
l'Empereur
et
de l'observer.
dans l'auto et gesticulait vivement de
la
Il
se carrait
main droite
en parlant. Mais son visage paraissait fatigué, et
tirés,
traits
L'Empereur
les
yeux étaient sans expression.
les
a serré la
main
à plusieurs officiers et
quelques
hommes
qui se pressaient autour de
paroles
quitté le village en auto.
Le
aux
remerciement
de
adressé
lui.
Ensuite
il
a
notre lieutenant
soir,
Keil nous a dit que l'Empereur aurait apporté de très
bonnes nouvelles du théâtre de
la
guerre. Ainsi
plus de 80.000 Russes auraient été faits prisonniers et l'un de nos corps
Paris
dans
le
;
sud de
le
lemagne
d'armée se trouverait déjà sous
gros des forces françaises serait maintenant
ait
la
France
(').
Bien que partout
l'Al-
jusqu'à présent l'avantage, je ne puis
défaire d'une singulière impression,
me
un pressentiment
que, malgré cela, tout finira mal.
^ septembre.
—
Ce matin,
service près des tentes.
A
où nous restons sans
chées,
toute espèce de petit
midi, départ pour
être dérangés jusqu'au,
lendemain. D'une façon générale,
(i)
On
saisit là le
mélange d'erreur
et
d'ailleurs,
on ne
de vérité qui caractérise
nouvelles répandues dans les masses populaires allemandes.
du
les tran-
A
la
les
date
septembre, les avant-gardes de von Kluck étaient effectivement prés de Paris, mais le repli stratégique du gros des forces françaises n'avait guère dépassé la ligne de la Marne. Quant aux 3
arrivées
Russes,
ils
point que forces
inondaient
la Galicie et
menaçaient
la
Prusse Orientale, au
Allemands croyaient devoir rappeler de Belgique des importantes pour les leur opposer. les
Journal d'un
dort plus maintenant qu'en plein
Romagne, dans
rentrons à
peu près au même.
et l'on se
couvre avec
nées soient
On le
sur
air,
ou auprès
tions, dans les tranchées
à
landivchr
sous-officier de la
et,
les
99
posi-
quand nous qui revient
les tentes, ce
comme
l'on est,
manteau. Bien que
les jour-
se
couche
chaudes, les nuits, chose étrange,
ici très
sont extraordinairement fraîches, et réveillé par le froid,
pour
me
je suis
souvent
rendormir malgré tout
de fatigue. Je crois que beaucoup d'entre nous
à force
rapporteront de cette manière de camper à des rhumatismes et autres sentir, sinon tout
j septembre.
l'air libre
maladies qui se feront
de suite, du moins plus tard.
— A midi,
aux tentes.
relève, retour
y a du mécontentement dans la compagnie; les troupes ont un rude travail aux retranchements et, malgré cela, on ne leur donne aucun repos, mais, au Il
contraire,
du service tout
à fait superflu,
exemple, pour leur apprendre à rendre
En
outre, la
les
plus indispensables.
comme, par
les
compagnie souffre du manque des choses On ne nous donne avec le
pain aucune viande, saucisses ou lard, et les
hommes mangent
acheter nulle part,
Dans
il
leur pain sec.
n'y a
d'autres bataillons,
il
même
parait
outre, les gens sont maltraités
de
la
honneurs.
;
On
il
faut
que
ne peut rien
pas de cantinier.
que
c'est
mieux.
En
les grossières injures
part du capitaine et du sergent-major sont à
l'ordre
du jour; pour
la
moindre infraction
doit rester debout attaché à
le
soldat
un arbre pendant des
100
Carnets de combattants allemands
heures
;
à chaque jour d'arrêts en
temps de paix cor-
respondent en temps de guerre deux heures dans L'usage de
cette position. interdit
aux hommes;
Où
plus maladroite.
je
la
langue polonaise est
ne puis imaginer de mesure
sympathique de tous nos supérieurs lieutenant Keil
;
6 septembre. divin avec
les
—
;
encore
est
le
autres ne sont pas aimés.
dimanche, service
Aujourd'hui
sermon en allemand. C'est bien en temps
de guerre que l'on reconnaît toute religion
Le plus
tout cela mènera-t-il?
là
valeur de
la
seulement on voit bien ce qu'est
la
la
créature abandonnée, l'homme, sans
le
secours de
Dieu.
A
midi, nous retournons dans les tranchées, mais
vers minuit la situation change. entier
abandonne
marche toute et bagages,
la
la nuit,
Le régiment tout
Romagne
position près de
et
presque sans arrêt, avec armes
en décrivant une courbe de
autour de Verdun; on passe
prend position que vers
1 1
la
l'est
Meuse
à l'ouest
et l'on
ne
heures du matin au nord-
ouest de Verdun.
7 septembre. les
— Cette mesure
Français enfermés dans
sortir vers le sud,
se livre
grande
en ce
bataille,
a été prise parce
place ont tenté
pour rejoindre
forces, et l'on voulait il
la
le
de
gros de leurs
nous avoir sous
moment
que
la
main, car
au sud de Verdun une
où plusieurs corps d'armée sont
engagés
On
(').
loi
entend, pas trop loin, une violente et
Le
persistante canonnade. à couvert
landwehr
sous-officier de la
Journal d'un
sous bois
jour, notre bataillon reste
nous creusons des tran-
la nuit,
;
chées face au fort, qui se trouve à environ 6 kilo-
mètres de nous.
— Une
8 septembre. tranchées,
Nous sommes
ici
encore en soutien
alternativement en réserve.
d'artillerie et
petite troupe reste dans les
prend position à couvert dans
le reste
On
entend encore
petit
bois voisin.
Nous
recevons toujours notre repas de
campagne, qui
Quant temps
à
vient
l'eau,
à autre,
près, éclater des
du
jusqu'ici
obus français
par suite un danger quand
avec
m'explique pourquoi
les
que
les shrapnells, c'est
(^),
ron 6 kilomètres des ^ septembre.
(i)
C'est
la
—
première
appelé bataille de (2) L'expression
Un
la
le
portée qu'avec
moment
est
:
à envi-
en fice de nous.
du retour
Marne.
allemande
qui constituent
matin, retour dans
journée
que
c'est-à-dire des
sous-officier d'ar-
même
forts situés
Au
et
De
loin, tantôt
Français ne tirent pas
nous sommes pour
et
voisin.
village.
ces projectiles, chez les
Français, sont loin d'avoir la
nos canons,
village
explosent plus tard
ils
pour une raison quelconque.
cuisine de
arrive aussi ce
il
;
aveugles »
«
obus qui n'éclatent pas du tout
tillerie
la
on va la chercher au nous entendons, tantôt
nous appelons des
le
canonnade.
la
Blindgànger.
offensif
des
le
petit
Français,
102
Carnets de combattants allemands
bois.
Nous
passons
la
nuit
comme
toujours dans les
dernières semaines, c'est-à-dire sur
terre
la
nue
et
couverts par notre manteau, ou éventuellement par
Malgré
la tente.
jusqu'à
général
en bonne santé
cela, je suis resté
présent,
ce
qui
m'étonne,
parce
qu'en
une tendance à m'enrhumer facilement
j'ai
des bronches ou du cerveau. L'après-midi, dans le bois,
il
y eut un nettoyage général des fusils; ce la lisière du petit bois, un appel devait
après quoi, à
mais
se faire...,
vante
:
n'eut pas lieu pour
il
un ballon
la
raison sui-
captif français, qui se tenait très
haut au-dessus de Verdun, devait nous avoir remar-
qués dans
le bois, car
tout à coup
se
il
mit à pleuvoir
sur nous des obus à droite, à gauche, devant, der-
eux tomba à 25 pas derrière moi reçus un peu de terre dans la figure. Tout le
rière; l'un d'entre et je
bataillon,
qui se trouvait à différentes parties du
bois, s'enfuit
paquetage;
précipitamment, abandonnant sacs et
les
obus français tombaient derrière
mais heureusement sans
lui,
causer de mal. Je restai
cependant tranquillement couché à
ma
que
prochains coups
je calculai, et
étant tirés à
la
justement, que
les
place, parce
poursuite des fuyards passeraient au-
dessus de moi. C'est bien ce qui arriva.
Le bombar-
dement du
petit bois cessa bientôt, et c'est
sur
artillerie
notre
que
l'on
seulement
quelque
tira
temps
encore.
Ce
qui est intéressant, c'est qu'à
tomba
l'obus qui
me
la
mit en danger,
place
même
se tenait,
où
peu de
Journal (Tun
de la landwehr
sous-officier
103
temps auparavant, notre commandant de compagnie, lequel faisait à la compagnie une conférence; mais,
quand les premiers obus commencèrent à tomber, il abandonna le petit bois en grande hâte avec tout l'état-major du bataillon, en même temps que les seulement tard dans
autres. C'est fit
noir, et
que
le ballon, si
quand
la soirée,
même
il
il
n'était pas re-
descendu, ne pouvait plus nous voir, que tous revinrent chercher leurs affaires; après quoi, nous allâmes
dans de
là.
la
tranchée, à environ
Mais
le
un kilomètre
demi
et
beau temps, qui nous avait jusqu'ici
toujours accompagnés, se transforma cette nuit en
une pluie odieuse, qui nous gêna dans notre travail. Chacun se protégea comme il put avec son manteau et sa toile
de tente ;
la
plupart dormirent bien
touflés, et je suis persuadé que,
si
çaise avait cette nuit-là tenté sur
nous une
sortie,
nous aurions été probablement culbutés. Mais eut rien de tout cela
;
les
il
n'y
Français se contentèrent de
fouiller avec leurs projecteurs le pays contre
attaque d'infanterie et
emmi-
l'infanterie fran-
ciel
le
contre
les
quelque
zeppelins
redoutés, en nous laissant parfaitement tranquilles.
10 septembre.
—
Complètement trempés, nous
retournons au matin dans notre petit bois, ne sant,
comme
toujours, qu'un groupe de huit
à la garde des tranchées.
Pour ne pas
lais-
hommes
être exposés
encore aux vues des équipages de ballons et ensuite
bombardés, tout
le
monde
dut se tenir dans
le
bois
Carnets de combattants allemands
104
même, que pour
faire
l'on débroussailla là
de
où
il
était nécessaire,
mal, en se défendant contre l'humidité.
dans l'après-midi que
la
temps; dans l'ensemble,
que
tant bien
la place, et l'on s'installa,
Ce
pluie
cessa de
c'était
un
que
n'est
temps en
séjour fort peu
confortable, mais nous ne pouvions nous retirer dans
aucun
village,
car,
comme
nous devions,
nous tenir toujours prêts
d'artillerie,
vite possible les tranchées
à
soutien
gagner
pour recevoir
les
le
plus
attaques
éventuelles de l'ennemi.
Le
soir,
il
y eut une nouvelle surprise. Juste au rassemblions pour gagner nos obus vinrent tomber à côté de nous, ce
moment où nous nous positions, les
qui
fit
compagnie d'en-
reculer en courant toute la
viron 400 mètres. Le feu de l'ennemi dura encore un
bon moment, mais,
du bois fut bomla compagnie Evidemment, on ne nous avait pas seule, la lisière
bardée, tandis qu'on laissa tranquille qui se repHait.
vus du tout
et l'on n'avait
ouvert
le
feu dans notre
direction que parce que deux de nos voitures, char-
gées d'outils de pionniers et pouvant de loin res-
sembler à des voitures de munitions, s'étaient approchées de notre position à travers champs et avaient
bombardées par pour de l'artillerie. été
les
Français, qui les avaient prises
Même
dans cette occasion, nous,
n'avons pas eu de pertes, mais nous
sommes
arrivés
dans nos tranchées avec un sensible retard.
Pendant
les trois
derniers jours, a
de Verdun, une grande
bataille,
fait
rage, au sud
dans laquelle
les
Journal d'un
sous-officier de la
landwehr
Français ont été rejetés.
Comme
Français pour sortir de
Verdun par
échoué, l'on admit
recommencer
la
possibilité
la
105
tentative
qu'ils
des
sud avait
le
pourraient
où nous
cette tentative vers le nord,
n'avions établi que de faibles forces pour l'investisse-
Notre commandement en chef envoya donc en avant des troupes du génie, pour
ment de
la place (').
préparer pendant
entre l'ennemi et nous,
la nuit,
des défenses accessoires, destinées à rendre éventuelle-
ment son irruption plus difficile. Ces détachements furent violemment bombardés la nuit par l'ennemi, ce qui causa la destruction d'un village.
II septembre.
moi
officiellement
avancement
du
nommé
en
effet celle
est
où
pour je fus
La genèse de cet capitaine de la 9* com-
sous-officier.
est la suivante
:
le
près duquel j'avais pendant quelques jours
pagnie, fait
— La journée d'aujourd'hui
assez remarquable; c'est
service à Saint-Léger avec
mes
1
8
hommes,
m'avait, en reconnaissance, proposé à son bataillon
comme retour, i'^
sous-officier et, quelques jours je fus
désigné
comme
tel
par
le
après
mon
régiment à
la
compagnie. Cette nomination ne plut ni au capi-
taine
ni
au sergent-major de
qu'elle fut faite
la
en dehors d'eux,
compagnie, parce et tous
deux cher-
du résultat des combats par lesquels armées françaises victorieuses contraignirent les Allemands i se replier plus au nord sur toute l'étendue de leur front. (i) Intéressante interprétation
les
Carnets de combattants allemands
io6
chèrent d'abord à s'y opposer
;
mais
le
capitaine de la
compagnie ayant personnellement donné sur moi les meilleures recommandations au capitaine de la 9'
i'^ celui-ci revint sur sa mauvaise impression et
nomma je
me
sous-officier à l'appel de solde ('); toutefois,
Au moment où
devais passer à la 9* compagnie.
capitaine
me
le
obus français se mirent
notifiait cela, les
à retomber dans notre petit bois, à
une rapide
soir
dans
après
La
retraite.
le petit
un adieu
bois
route pour rejoindre
je pris
;
cordial
i'^
nous contraignant compagnie retourna le congé des officiers et,
aux camarades,
la 9^
je
compagnie, qui
me
mis en
se trouvait
Ce
à quelques kilomètres au nord-est de nous. difficile
avant que
et,
j'y
fusse parvenu, les
leur feu la position de la 11'
aux alentours;
je préférai
canons français
Ceux-ci prirent sous
s'étaient déjà remis à tonner.
compagnie
donc passer
une cahute abandonnée, pour rejoindre matin au petit jour la 9^ compagnie.
12 septembre. transi, je
me
me
—
Quand
réveillai
pour
déjà trop jour
qui
fut
de retrouver celle-ci dans sa position dissimulée
me
séparait de la 9^
dans
ce
et le terrain la nuit
matin,
mon
dans
lendemain
le
trempé
refuge,
rendre, par-dessus
il
la
compagnie, jusqu'à
et
faisait
croupe la posi-
tion de cette dernière, car j'aurais été certainement vu
par l'ennemi, ce qui aurait en
(i)
En allemand
:
Lôhnungsappel.
même temps
trahi la
Journal d'un
position
de
sous-officier de la landivehr
compagnie,
9"^
la
encore inconnue de
lui.
vraisemblablement
me restait donc me cacher tant
ne
Il
107
d'autre parti à prendre que de
plus
bien
que mal, tion
et d'attendre la nuit pour aller là-bas. Situapeu confortable, d'autant que je gèle dans mes
souliers et
mon
vêtements trempés;
je
garde néanmoins
sang-froid, bien que toute la journée les obus
loin de moi. Je me rappelle maintenant avoir entendu dire hier que les paysans français,
tombent non chassés
il
y
a
quelques jours de leurs villages par nos
troupes et refoulés sur Verdun, ont certainement
dénoncé
à l'ennemi toutes
nos positions devant
forts; de là l'intensité et la sûreté de la française. glissai
Comme
commençait
il
tout courbé par-dessus
bientôt à
la 9^
compagnie, où
le le
les
canonnade
à faire noir,
je
me
coteau et j'arrivai capitaine
me
reçut
aimablement.
L'ennemi ne
paraît pas connaître encore la posi-
tion de la 9^ compagnie, car, à l'exception d'un seul
obus tombé hier
ici,
cette position n'a pas encore été
bombardée. Afin
de
baraques pour
hommes,
les
construire dans
notre compagnie, dont
je fais
tenant, est descendue à
la
la
le
pluie battante, réquisitionné
partie
moi
aussi
çà et là divers objets
main-
un des sous une
beaucoup de portes de
En même temps, il par quelques hommes,
et de planches.
des
nuit tombante dans
villages désormais vides d'habitants et a,
grange
bois
première section de
a été pris
bien que
cela fût défendu, La nuit qui vint ensuite fut certai-
Carnets de coîuhattants allemands
io8
nement pour nous
mauvaise que nous ayons
la plus
vécue jusqu'ici. Qu'on se représente nos précédentes
nous avions
fatigues et insomnies, après lesquelles
absolument besoin d'un peu de repos. cela,
nous sommes
restés toute la nuit
Au
lieu
de
debout dans
tranchée en partie pleine d'eau, sous une pluie tor-
la
exposés à un terrible vent du nord-ouest,
rentielle,
contre lequel ni tentes ni manteaux n'offraient abri,
un
de baraques primitives ne
et la construction
devait avoir lieu que le lendemain.
ij septembre. triste état
un peu,
— Le
et
la
pluie se mit à diminuer
nous nous occupâmes
Vers midi,
affaires.
matin nous trouva dans un
Heureusement,
!
je
reçus avec
le
à
nettoyer nos
camarade Walke
prochaine station de
la
poste militaire environ i.ooo marks d'argent que
les
mission de porter à
la
hommes pays.
de notre compagnie voulaient envoyer au
La poste
à environ
se trouvait à
4 kilomètres
tous deux, là,
la
il
(").
Gercourt, village situé
Quand nous y
arrivâmes
parut que nous devions passer
la
nuit
parce qu'aujourd'hui dimanche la poste cessait de
fonctionner à
i
heure après midi. Nous nous
instal-
lâmes tant bien que mal, jouissant du bien-être d'être à l'abri sous affaires.
par
(i)
les
un
toit, ainsi
que de pouvoir sécher nos
La nourriture nous camarades du
fut
aimablement servie
6' de uhlans de réserve qui se
Meuse, arrondissement de Montmédy, canton de Montfaucon.
Journal d'un
trouvait
Nous n'entendons
là ('),
landwehr
sous-officier de la
ici
109
canon qu'à
le
grande distance.
— Ce matin, nous apprîmes
14 septembre. la 10*
poste de
midi arriva
que
la
division était déjà partie, mais l'après-
poste de
ici la
nous pûmes remettre
la 11*
division
l'argent. Là-dessus,
Q
à laquelle
nous prîmes
chemin du retour, mais nous nous perdîmes et arrivâmes à Consenvoye(5), où nous dînâmes et passâmes le
nuit chez
la
dans un
lit,
un très estimable Français, M. Roger, pour la première fois depuis environ
cinq semaines.
/j septembre.
— Aujourd'hui, M.
tré toutes sortes
été
Roger m'a mon-
de maisons dévalisées, qui avaient
abandonnées par leurs possesseurs
commis de graves
nôtres avaient
où
et
pillages.
les
Ailleurs
souvent remarqué que, malgré toutes
aussi, j'avais
nos gens pillent beaucoup. Nous prîmes nous en retournâmes vers notre bois mais entre temps notre régiment y avait été remplacé par le
les défenses,
congé
et
;
10* régiment de grenadiers de réserve
me
dit
que
le
('^).
Un
régiment de réserve n° 46
(1) Régiment formé à Zûllichau (Brandebourg) V" corps de réserve. (2) Ce sont les io= et ii« divisions de réserve (V*
et
officier
était parti
comptant au
'
(3) (4)
de
Au
bord de
la
Meuse,
et
VI* corps).
à 4 kilomètres à l'est de Gercourt.
Ce régiment est sans doute le io<' d'infanterie de réserve du VI* corps de réserve (silésicn).
gren.-idiers)
(et
non
iio
Carnets de combattants allemands
pour Romagne
et m'esquissa le
chemin pour m'y
Nous repassâmes
rendre, que nous primes aussitôt.
où naturellement nous allâmes
par Consenvoye,
rendre visite à notre hôte de cette nuit, et par
même que
occasion
j'avais
j'y
retrouvai
laissée
ma
matin.
ce
notre route en partie sous
le
la
courroie de musette
Nous poursuivîmes
feu des obus, mendiant
en chemin à des camarades d'autres corps de troupe toutes sortes de choses, telles qu'allumettes, cigares et nourriture tout à la fois.
enfin l'occasion d'acheter
comme
cigares, ce qui, plaisir.
Le
soir, tard,
A
Damvillers
une certaine quantité de
me
grand fumeur,
nous arrivâmes
à
sentai au capitaine et tout fut arrangé.
grange.
les
La
—
me
9*
pré-
compa-
beaucoup moins dur qu'au-
sommes au moins sous un
16 septembre.
bien
avant-postes près d'une grande
Ici le service est
paravant, nous
fit
Romagne, où
notre régiment se trouve maintenant. Je gnie avait pris
(^), j'eus
J'ai
toit.
passé la nuit dans l'écurie,
parce qu'il n'y avait plus de place dans la grange
conséquence en a été que de pied de cheval et
ai
recevoir
j'ai failli
eu juste
le
temps de
de côté. L'après-midi, l'ennemi a d'artillerie
et
Romagne, où nous avons eu de notre et 5 morts. Il
y
aurait, égarée entre
(i) Chef-lieu de caatou, à 21 kilomètres de
la
me
jeter
une attaque
fait
bombardé violemment
;
un coup
le
village
de
côté 40 blessés
nous
Verdun.
et les forts,
Journal d'un
une
assez grosse force
sions, le
que
le
landwehr
sous-officier de la
1 1
ennemie, environ deux
divi-
gouverneur de Verdun, qui veut tenir
plus longtemps possible, ne veut pas laisser entrer
dans
la place,
vont bientôt
ses vivres.
Ces troupes faim et
se rendre, poussées par la
D'autre part,
pluie. civile,
pour ménager
situation de
la
la
la
population
qui a dû quitter ses habitations, doit être très
pénible
;
pommes
les
champs ont un
triste aspect, les blés, les
de terre, l'avoine et autres
peuvent être récoltés
ne
cultures
et pourrissent sur place. Je
pense qu'il y aura bientôt une famine générale, car chez nous aussi la nourriture devient assez maigre.
ij septembre.
— Cet après-midi,
il
est arrivé à notre
moi personnellement une tragi-comique aventure. Nous prenions notre repas du soir tous ensemble, sous un hangar ouvert, près de la grange, quand un obus français vint éclater à environ 40 mètres à côté de nous, en lançant dans les compagnie
airs
de
et
surtout à
de grosses mottes de terre.
celles-ci
creva
le toit juste
tuiles
me
tombèrent sur
laissai
pas
pour
7^ septembre. suis
allé
pommes
avec
cela
—
le
au-dessus de moi, et
de terre, à environ
afin de déterrer des
pommes
de notre compagnie.
mon
les
me
dîner.
pleut toujours. Malgré cela,
hommes
six
l'une
casque. Mais je ne
déranger de
Il
En retombant,
Le
dans un champ de un kilomètre de là,
de terre pour
soir,
je
la
cuisine
notre bataillon
s'est
Carnets de combattants allemands
112
replié dans le
un
petit bois éloigné d'un kilomètre et
i" bataillon
nous
Nous avons
tion.
a remplacés dans
passé la nuit dans
le
notre posi-
bois sous
une
pluie persistante.
ip septembre.
dans
le village
— Notre compagnie
de
toute la compagnie.
dans
dans
le village
réquisitionne »
Romagne beaucoup
de portes, avec lesquelles on
pillé
«
A
et
des baraques pour
fait
cette occasion,
le village. Il
de planches
on
beaucoup
a
n'y a que très peu d'habitants
même, pour
la
plupart des
femmes
et
des enfants, qui souffrent de la faim. Les maisons
sont en partie démolies.
—
Bien que l'artillerie française 20 septembre. nous laisse maintenant assez tranquilles, il nous faut continuer à combattre contre l'humidité.
botons toujours jusqu'à
ne comprends pas comment
tombé malade. Je peau. fais
soir,
dans
la cheville je
Nous la
je
ne suis pas encore
suis aujourd'hui de garde
Nous sommes
bar-
boue;
au dra-
dans une tente trop petite; j'en
donc au matin construire une plus grande. Le
comme
je
devais être relevé,
je
me
suis
proposé
volontairement pour une nouvelle garde de vingtquatre heures, ce qui entraîna pour
moi de
grosses
conséquences.
21 septembre.
— Cette
nuit, en effet, notre troupe
reçut tout à coup l'ordre de partir et de prendre part à
une attaque contre
les
Français
;
presque tous doi-
PI.
V^Ail-^-.^^iitfr;
XII
Journal d'un
sous-officier de la
landwehr
113
vent y participer, à l'exception de la garde_, c'est-àdire de moi avec environ seize hommes, des sentinelles,
ordonnances,
Nous
garde du camp.
nous préparer, avec
les
etc., qui
demeurâmes
à la
profitâmes de l'occasion pour provisions laissées en arrière,
un déjeuner sérieux; je mangeai quatre portions et n'en pris pas moins bravement part au repas du soir. Pendant ce temps, canonnées par
les
positions près de nous étaient
Français, et nous apprenons bientôt
les
la i'* compagnie, précisément, un sous-ofEcier et un homme ont été blessés et deux hommes tués par un obus. Enfin, la pluie cesse, et il paraît au ciel un superbe arc-en-ciel que je veux prendre comme un
qu'à
heureux présage que bientôt viendront des jours meilleurs. s'est
Le
notre bataillon revient; l'attaque
soir,
réduite à rien, parce que l'ennemi s'était très
bien retranché dans
22 septembre. ciel
la forêt
près de Verdun.
— Très beau temps
d'hier paraît
tout de
même
enfin
!
L'arc-en-
avoir été de
bon
augure, car aujourd'hui, à midi, notre bataillon a quitté la maudite
position pour
aller
à
quelques
kilomètres en arrière s'octroyer quelques jours de
Nous partons à midi et marchons notamment Romagne et Mangiennes vers le village de Billy,
repos.
par
en partie détruit
(')
;
toutefois,
nous ne pouvons pas
(i) Mangiennes est à 6 kilomètres nord-est de Romagne-sous-lesCôtes; Billy-sous-Mangiennes à 4 kilomètres sud-est de Mangiennes. Tous deux sont des communes du canton de Spincourt. CÀ.RNKTS DE
COMBATTANT»
Carnets de combattants allemands
114
utiliser la belle grand'route,
quait d'être
bombardée par
parce que celle-ci
ris-
Nous
fai-
Français.
les
sons au contraire un détour par des champs effroyablement détrempés.
prairies
Je
des
et
ne souhaite
même
à mes ennemis d'être obligés de faire une marche en barbotant bien au-dessus des chevilles dans la boue gluante. Au bout de deux heures et demie, nous étions à Billy, type d'un vil-
pas
pareille
lage français d'environ i.ooo habitants. Ici,
je
veux remarquer qu'au point de vue de
disposition des villages
mêmes
les
usages français sont
la
les
qu'en Belgique et en Lorraine, ainsi que
dans une partie du Luxembourg. Les bâtiments sont
donc contigus ; locaux d'habitation, grange sont sous
même
le
ment ensemble;
ici
la
dement
construites
soignée
et étable
communiquent
aussi les tas de
directe-
fumier sont
le
route. Les maisons sont en général soli-
long de toujours
toit et
en pierres naturelles; presque
portail d'entrée
le
est
et décoré de l'année de
la
d'une architecture construction
;
j'ai
vu beaucoup de dates anciennes, même des maisons de l'époque de Napoléon I"; par contre presque pas de maisons neuves. Les toits sont couverts en tuiles
rouges à
la
manière (que nous appelons)
nonnes (')». espaliers.
On
Les intérieurs sont
cuisines n'ont pas
(i)
En allemand
:
«
voit souvent le long des
comme
moines
murs
très intéressants
;
et
des les
chez nous des fourneaux
Mônch und Nonne.
Journal d'un
sous-officier de la landiuehr
1
1
modernes en brique, mais bien d'antiques cheminées avec des installations assez primitives de chauffage et
de cuisine; on chauffe au bois et on
copeaux de sapin. La
des
effet
solives apparentes.
beaux
très
on
et
fils
et les
utilise
Les meubles sont pour
en chêne; on se
les
à cet
couverture est à plupart
la
transmet de père en
conserve pieusement.
(Comme
de nombreuses forêts de chêne, ce bois est
il
à
ici
y a bon
marché.)
D'une façon générale,
la civilisation française a
elle-même quelque chose de vénérable
;
tout est
en ici
plus vieux et plus intéressant que notre camelote de
qui dénote au premier coup d'œil
l'est,
neuf,
le
encore
le
le
mauvais
et le
puits public et
la
bon marché
le lavoir,
spéculation,
(').
A
noter
qui se trouvent
ici
dans chaque village. C'est un bâtiment d'environ
4 mètres de haut, 10 de long
un
et 7
de large qui, à
de ses pignons, capte
l'intérieur, à l'un
réservoir de pierre.
l'édifice le bassin à laver,
En
outre,
long de
5
il
y
la
source dans
a au milieu de
mètres, large, de
3,
profond de 50 centimètres, au-dessus duquel le toit est ouvert, sans doute pour y recueillir l'eau de pluie, fort
bonne pour
les lavages.
rues du village sont pour
Nous devons donc
(i)
Le texte porte
ôstUcbe
Talmikultur,
uieitem aussieht.
:
AlUs
der
la
Le
passer trois jours
ist
man
hier aller
das
Les
sol est empierré.
plupart bien pavées.
und
spekulative
ici,
inieressanter
und
à Billy,
ah
unsere
billigschUcbte
von
Carnets de combattants allemands
ii6
pour nous reposer
mettre en état nos
et
affaires
endommagées. Nous recevons tous de bons cantonnements, j'ai une chambre pour moi tout seul et je me retrouve enfin comme un homme civihsé et non comme un habitant des cavernes. 2^ septembre.
—
La journée
occupée tout
est
entière à mettre les affaires en ordre
;
çà et là
cela se fait à la guerre la
!
Du
louange des Français,
reste, ce
je
qui concerne l'agriculture et
champs ne sont pas bien
que
ne puis
le
on
fait
comme
aussi des achats, quelquefois sans paiement,
j'ai dit
hier à
répéter en ce
la sylviculture, car les
utilisés, les prairies
ont de
petites rigoles d'écoulement, les bois sont très
aménagés; on voit beaucoup de
mal
de bois à
taillis et
végétation surabondante, mais pas de futaies vrai-
ment bien aménagées ; tout
est négligé et
pousse à
l'aventure
24 septembre. appel.
Un
bataillon ici,
:
— Continuation du
nettoyage, puis
ordre singulier a été passé c'est
que tous
les
ici
par
le
habitants civils doivent
à partir d'aujourd'hui, passer les nuits dans l'église,
laquelle est gardée mihtairement
;
aucun d'entre eux
autorisé à coucher dans sa maison. Cette mesure de précaution va décidément trop loin et n'aura pour résultat que de nous rendre ridicules, n'est
d'autant que
la
population se compose de
gens débiles, presque rien que des femmes.
vieilles
Journal d'un
2j septembre. par
la
de la landivehr
sous-officier
— Ce matin exercice;
grange déjà connue; moi
26 septembre.
—
De
dans
s'est installée
je suis
garde au drapeau.
garde toute
n'entend presque pas de feu tirent
départ
le soir
route directe vers notre ancienne position
devant Romagne. La compagnie la
117
On
journée.
la
Les Français
d'artillerie.
seulement sans succès sur un avion allemand.
Par contre,
hier, notre artillerie a
coupé par son feu
l'amarre d'un ballon captif français, et celui-ci est allé à la dérive.
—
2y septembre.
Aujourd'hui dimanche.
de ces derniers jours chaud et J'ai
appris aujourd'hui
une
clair enfin
Temps
!
histoire qui peut avoir
des suites désagréables pour le principal intéressé, c'est-à-dire
un
homme
à se mettre
notre capitaine. Celui-ci est par nature
ambitieux et violent, qui pense toujours
en avant, bien
Croix
qu'il ait déjà reçu la
de Fer. Dans la nuit du 25 au 26 septembre,
une marche en avant complètement
il
a fait
inutile, avec
une
section de sa compagnie, pour inquiéter les Français. Il
dut ainsi passer plusieurs de nos lignes de senti-
nelles.
Chemin
faisant,
il
campagne allemande, dont certainement pas répondirent pas. fit
le
Le
«
rencontra une cuisine de les
Halte
capitaine
qu'un sergent cuisinier
hommes !
fit
Qui
et
n'y
le feu, ce
qui
vive
ouvrir
fut tué.
n'entendirent
On
?
»
voit là
une
ii8
fois
Carnets de combattants allemands
de plus que « trop de zèle nuit » (')
enquête de
!
y
S'il
une
a
doute
faite à ce sujet, elle révélera sans
du capitaine, telles que mauvais traitements des soldats, etc. En tout cas, je d'autres « actions d'éclat »
constate partout une grande animosité contre
28 septembre.
—
Ce matin,
lui.
à la première heure,
notre bataillon s'est porté à 12 kilomètres vers
l'est
une position de réserve dans le petit village Haut-Fourneau (^). Devant nous, il y a maintenant 2= bataillon aux avant-postes dans des tranchées
et a pris le
le
qui auraient, dit-on, des abris à poutrelles de fer
(3).
Je suis sincèrement content que nous ayons quitté la
grange de Romagne, car nous courions
ger plus grand que
Nous
les
obus
étions, en effet, là
là
un dan-
et tous les projectiles.
200 hommes dans un
local
plein de foin sec, étroitement serrés et couchés, la
plupart du temps dans l'obscurité. Si donc, par l'im-
prudence d'un seul homme, une seule allumette enflammée ou un bout de cigarette avait mis le feu au foin, tout aurait été en flammes en moins d'une minute. Tous auraient été perdus, à l'exception peut-
hommes
être de quelques
(1) Proverbe (2)
connu
:
couchés à proximité de
Blinder Eifer schadel nur
Entre Billy et Azannes, entre
les forêts
la
l
de Mangiennes
et
Spin-
court. (5) Cette phrase a été rayée dans le texte. On sait avec quel soin sont en effet disposés parfois les abris souterrains (Utiterstciiide) des
lignes allemandes. Voir photo, page 128.
Journal d'un sous-offiaer de la landwehr
porte. la
Nous sommes,
même
il
est vrai,
cantonnés encore de
un grenier
façon, c'est-à-dire dans
mais, d'abord, répartis en
il
a
y
à foin
;
peu de foin ; de plus, nous sommes
plusieurs
beaucoup de
119
pièces
et
avons relativement
sorties.
—
Hier, il y a eu fausse alerte ; ce 2^ septembre. matin, exercice. Il commence à pleuvoir, mais bientôt le
temps redevient
clair et
il
se
en-ciel que, cette fois aussi, je
forme encore un
arc-
veux prendre pour un
bon signe, juste comme il y a quelques jours. Je commence, en effet, à en avoir par-dessus la tête de toute cette histoire ; espérons que notre bon Dieu permettra que nous sortions bientôt de ce malheur d'une manière ou d'une autre. Ma santé non plus n'est pas des meilleures
;
par suite des averses de ces
derniers temps et de la nourriture irrégulière,
estomac
est
mon
fortement endommagé.
—
L'après-midi, nous allons prendre jo septembre. une position dite en position d'attente, c'est-à-dire
que nous nous portons en avant d'environ 4 kilomètres notre position a été prise par le i" bataillon, ;
et
devant nous
le 2^ bataillon est
Cet après-midi encore, /"
octobre.
—
poste à environ
dans
le bois. Il
il
y
a
Je suis avec huit i
ne
aux avant-postes.
eu fausse
alerte.
hommes
en petit
kilomètre en avant de notre poste se produit rien d'important.
Carnets de combattants allemands
120
2 octobre.
pour avant.
— Vers
6 heures de l'après-midi, départ
environ
avant-postes à
les
Le
kilomètres en
5
que
bataillon prend notre place, tandis
i*''
le 2* bataillon se replie dans la position de réserve
vers
le
dans
les
Haut-Fourneau. Nous passons toute tranchées, où
les fusils
que
il
la
nuit
fait si froid cette nuit-là
que
au matin sont couverts de glace. Je ne dors
très peu.
^ octobre.
—
Ce matin,
l'ordre au lieutenant
notre capitaine a donné
Lôtband, nouvellement donné
à notre compagnie, d'aller avec village de
Maucourt ('),
une section vers
situé à environ
le
4 kilomètres
Le détachement ramena comme butin quelques bestiaux et de notre position, pour y
«
réquisitionner ».
quelques porcs et en outre leur propre lieutenant blessé, lequel avait reçu
feu à la jambe.
L'ennemi
dans
le village
aussi a installé,
un coup de près du vil-
lage, des avant-postes selon toutes les règles de l'art
nous pouvons
;
à la lorgnette assez bien observer ses
mouvements. De temps en temps, nous entendons les
escarmouches des patrouilles qui
nuit,
se fusillent.
La
nous creusons de nouvelles tranchées en avant
des anciennes, ces dernières ayant montré des inconvénients.
Cette nuit, notre capitaine
encore une
fois
porter plainte et
(i)
Canton d'Étain,
s'est
permis
de battre un soldat. Celui-ci veut
probablement exécutera-t-il son
à la lisière
sud de
la forêt
de Spiuirourt.
Journal d'un
projet;
le
sous-officier
de la landwehr
121
capitaine doit alors s'attendre à de grands
désagréments (').
4 octobre.
— On ne
fait
que compléter
les tran-
chées.
j"
—
octobre.
pendant
Le soir, nous sommes bombardés temps par l'artillerie française,
quelque
avec intensité, mais sans succès est relevé
par
Fourneau dans
la
;
puis notre bataillon
nous marchons vers
le i^', et
position de réserve,
où
le
la
Hautnuit se
passe dans le grenier à foin.
6 octobre.
—
Toute
la
journée, remise en état des
effets et appel.
7 octobre.
— Le
soir, alerte
divin
encore à faux; aupa-
avec très belle allocution du
ravant,
office
pasteur.
Ce
en ce qui
me concerne à chaque jour et à chaque heure, me réussit encore comme il me le faut. Je
car tout
qu'il a dit
de
la
bonté de Dieu,
je le
vois
n'oublierai jamais dans des jours meilleurs ce que
remercié Dieu pendant ce
On
triste
j'ai
temps.
règlements militaires allemands interdisent aux tout espèce de mauvais traitements à l'égard de leurs inférieurs, mais que les traditions, plus fortes que toutes les lois, ont maintenu ces avilissants usages, malgré les vigoureuses pro(i)
sait
que
les
officiers et sous-officiers
testations des sozial-democrates.
122
Carnets de combattants allemands
8
—
octobre.
d'attente. bataillon,
Le
lui et aussi
un de nos
En
de
ment
Croix de Fer de
classe.
i""*
proclamation,
M.
outre,
2' classe
Comme
sergent Wiedemeyer.
aux
position
la
capitaines avaient reçu la Croix
de Fer la
dans
départ
soir,
Chemin faisant, le commandant de notre M. le capitaine Puttkammer, proclame que
des
noms
notam-
reçu
camarade
le
conclusion à cette
Puttkammer
le capitaine
hommes portant
a
mon
polonais de
a conseillé les
changer
pour des noms allemands et il a appuyé ce conseil en rapportant que son ancêtre, il y a 400 ans, se serait appelé Podkomorski. A ces mots, « Wolf », le chien de notre capitaine,
entendre un aboiement recon-
fit
naissant, ce qui troubla quelque
peu M. Podkomorski-
Puttkammer.
—
La position d'attente est maintenant ^ octobre. non seulement bien installée, mais encore joliment décorée par des feuillages, des bancs et des constructions improvisées et elle rappelle
de bière
»
allemands (').
Il
n'y
vivement les
manque que
« jardins
l'inévitable
orchestre de dames, et l'on oublie tout à
sommes en guerre
qualité d'assiégeants.
nellement, c'est
(i)
le
fait que nous une place ennemie en Ce qui m'agace le plus, person-
et devant
manque de
nouvelles positivement
Ces Biergarten se retrouvent dans toutes
grandes
et
petites
;
mais,
à
la
différence
de
réunissent là-bas presque toutes les classes de
souvent en famille passer des heures entières.
les villes
nos
allemandes,
guinguettes,
la société,
ils
qui y vont
Journal d'un
sous-officier de la
landwehr
ii"^
sûres; nous ne savons sur la situation générale que ce
que nous... devons savoir ('). Par contre, reçoivent assez
outre,
pour une
tiens
de
la
tabac,
institution.
la
En
s'acheter quelque chose
aux cantines roulantes
en dehors de
;
nous en sommes réduits à l'ordmaire assez de
du cho-
poste aux armées,
bonne
très
on peut quelquefois
assez cher
du
lettres,
colat^ etc., par l'intermédiaire je
hommes
abondamment et exactement les envois
de leurs proches avec des
que
les
cela,
insuffisant
compagnie.
Je reçois,
comme
sous-offîcier, tous les dix jours,
une solde de 13,30 marks;
les
exempts, 9,30 marks, plus ment. les
10 octobre.
—
Ce
hommes,
5,30 marks;
les vivres et l'équipe-
soir encore, alerte, parce
qu'un
bataillon français a attaqué la ligne d'avant-postes.
Quand nous quittâmes
notre position pour nous
porter en renfort, les Français s'étaient déjà repliés; çà et là seulement, nous entendions siffler des balles,
mais notre compagnie n'eut pas à fusil. Il
// octobre.
travailler
On
un coup de
n'y eut que de faibles pertes des deux côtés.
d'avant-postes
(i)
tirer
— ;
Le
soir,
départ pour
presque toute
la
la
position
nuit est occupée à
(aux retranchements, aux abris souterrains.
ue saurait que rapprocher de cette constatation
lières nouvelles
communiquces prcccdemmcut
à la troupe.
les
singu-
Carnets de combattants allemands
124
aux réseaux de le
bois.
matin,
il
Les
y
fils
de
fer, etc.); le jour,
sont
nuits
a toujours
12 octobre.
—
une
Vers
1 1
froides
;
le
forte gelée blanche.
heures, cette nuit,
je suis
hommes pour
recon-
en patrouille avec deux
parti
on dort dans
terriblement
naître le terrain à environ 2 kilomètres de nous. J'ai
eu de
la
chance de ne pas être inquiété, mais, non
loin de nous, d'autres de nos patrouilles essuyèrent
Kônig en
des coups de feu et l'exempt
dans
le bras.
Le projecteur du
lumière sur nous, se serait bientôt
I) octobre.
mal
—
dus
je
me
un
a reçu
envoyé
fort ayant
replier, sans
sa
quoi cela
passé.
Je remarque, depuis quelques se-
maines, que nos journaux apportent de moins en
moins des nouvelles de
victoires et, par contre, parlent
de plus en plus des grands renforts que les
Anglais font venir.
Marne
se
combat entre
les
Français et
bataille décisive
prolonge déjà depuis plus de
l'autre ligne de est aussi
La grande
trois
de
la
semaines;
l'Alsace et les
Vosges
depuis longtemps immobilisée. J'apprends
çà et là que les Russes poussent toujours énergique-
ment de
l'avant.
Tout compte
fait,
je crois
que
la
guerre peut durer encore quelques mois et apporter qui sait quelles surprises? Sans doute aussi par
même occasion sera résolue la question comme je le présume à bien des signes. curieux de savoir
comment nous, aux
la
polonaise,
Et
je
suis
avant -postes.
Journal d'un
sous-officier
nous pourrons supporter
comme
n'avons,
de la landwehr
125
Sans doute, nous
l'hiver.
soutien d'artillerie, que de rares oc-
casions de combattre, mais nous souffrons, surtout en
première ligne, des intempéries pas faire de feu à cause de
et
nous ne pouvons
l'artillerie française.
Aux
avant-postes, nous recevons presque chaque jour des
obus, mais nous n'avons pas de pertes.
Vers
3
heures de l'après-midi,
court, situé devant nous, a soir, cette tas
le village
commencé
de Mau-
à brûler, et, le
joHe et proprette locaHté n'était plus qu'un
de décombres. Elle a été incendiée volontairement
par des soldats allemands, probablement pour que
les
Français n'aillent plus s'y aventurer sans cesse, afin d'y dormir
ou d'y réquisitionner. Suivant une version, une vengeance de ce fait que des civils
l'incendie a été
y ont, prétend-on, tué à l'arme blanche un exempt blessé. Le soir, en allant en patrouille, j'ai visité au retour
le village et,
intacte,
j'ai
pris
dans une maison restée par hasard
pour moi une chemise, un
gilet, un Dans cette habitants s'étaient évidemment enfuis
couteau, des mouchoirs et des fruits.
maison, dont les
en toute hâte, sonnait
les
la
pendule au
mur
marchait encore et
heures, ce qui produisit sur
moi une im-
pression singulière (').
14 octobre.
— En dehors des petits combats de pa-
(i) Ici se termine le premier carnet
carnet
commence
sans transition à
la
du
sous-officier.
Le deuxième
journie du 14 octobre.
126
Carnets de combattants allemands
trouilles et
du feu
d'artillerie habituel, ainsi
peu de pluie, rien de nouveau. Le
que d'un
soir, retour vers
Haut-Fourneau où nous cantonnons.
le
i^ octobre. et cela
pour
— Nettoyage la
raison suivante, très prosaïque, mais
importante.
très
plusieurs
Au
hommes
2^ bataillon,
on
a trouvé chez
des poux, et on craint que dans
cantonnements
les
à fond des cantonnements,
contagion ne puisse gagner
la
les
autres bataillons. Notre lieutenant nous a enseigné
que de
le
1
grand pou français
des bataillons entiers;
pendant des semaines rien, les
poux
qu'au sang. cer
ici
On à
campagne
disait
En
auraient lutté
bons à
mordus littéralement juson ne veut pas recommen-
auraient
tout cas,
d'abord que nous devions aller cantonner
où toute
expulsée et
rendu
les
hommes
les
et n'auraient plus été
cette expérience (').
Billy,
est
aurait, dans la
870-1 871, mis en quelque sorte hors de combat
le
la
population
mobilier en
inutilisable.
Cette manière de
véritablement barbare
puissions déblatérer sur
nous faisons bien
civile
pis
la
a déjà
:
je
faire la
guerre
m'étonne que nous
conduite des Russes, car
en France
et, à
toute occasion,
sous un prétexte quelconque, on brûle et on
(i) Il est assez piquant de constater
une importation allemande
été
partie enlevé, en partie
les bestioles
pille.
que nos troupes attribuent à dont sont également infestées
nos tranchées.
i
Journal d'un
sous-officier de la laiidiuehr
iij
Mais Dieu est juste et voit tout ses moulins moulent lentement, mais terriblement menu('). :
—
i6 octobre. Je vais avec une section de notre compagnie aux environs de Billy pour mendier là-
pommes
bas des
de terre.
A
nous faisons une
Billy
courte halte pour faire quelques achats à qui s'y trouve. d'ici,
La population
cantine
la
civile a été chassée
tout ce qui pouvait être enlevé a été pris par le
militaire;
en outre, par vandalisme, on a mis en
pièces bien des meubles appartenant aux habitants.
Les rues désertes, sur lesquelles on ne voit plus que çà et là quelques soldats, ont un aspect désolé, et cette impression
est
encore accrue par
vue des
la
nombreuses maisons incendiées.
De
Billy
pour voir
nous avons marché jusqu'à Mangiennes modèles qui y ont été
là-bas les tranchées
installées par le génie.
Contrairement
giennes est restée intacte et
je
peux
à Billy,
me
Man-
complaire en
la
beauté vraiment très pittoresque de cette localité.
A
cette occasion, je fais le projet,
de
conclue,
voyage dans
faire
ces
une
fois la paix
avec un habile photographe un régions,
pour en
photographier
toutes les beautés, ce qui servira ensuite à l'illustra-
(i)
«
Seine Milhîen mahlen hingsam, aher schrecklich kletn
proverbiale
antique
:
du vieux poète Fr. von Logau,
o^J-i
SiSv àXéoudi
nuTisi
àXi'oudi Si Uv-cà.
DEWiN, Corpus Parxmiographorum Grxcorum,
inspiré Cf. t.
I,
».
par
Leutsch
— Citation la et
page 444.
sentence
Schnei-
Carnets de combattants allemands
128
Le Haut-Fourneau, qui est un étang magnifique, devra aussi être alors photographié. Le soir, retour. tion de ces mémoires.
situé sur
ly
octobre.
— L'après-midi, départ dans
la
position
d'attente.
1 8 octobre.
— Même position; continuation dans
les abris.
i^
octobre.
hommes de
la
—
Je vais, l'après-midi, avec seize
en grand'garde n°
à la
i
ferme peu éloignée
Gélinerie où, en dehors du poste d'infanterie, se
trouve encore une section de mitrailleuses. n'est pas trop la
mal
installés
section de mitrailleuses
l'un des sous-officiers de
;
même une
tient
y
petite j
du tabac, des harengs, chocolat, du lard, de du allumettes, des des bougies, la graisse, etc. Cet homme fait venir toutes ces
cantine,
où
\
Ici l'on'
l'on peut acheter
|
J
|
choses de Billy.
J'ai fait ici aussi la
connaissance d'un
sous-officier qui, dans le civil, habite à
grube, près de Rybnik('), où j'avais affaire de constructions, et
nouvelles de
amène 20
j'ai
il
eu par
mes connaissances de
Dubensko-
y a trois ans lui
là-bas.
mon
quelques
La guerre
parfois de bien singulières rencontres.
octobre.
—
Il faisait très
bon
à cette garde,
(i) Ville de Haute-Silésie, centre minier important.
il
y
\
PI.
XIII
Journal d'un
landwehr
sous-officier de la
manger en abondance,
avait surtout à
129
en dehors
car,
de ce que nous touchions à notre compagnie, nous recevions encore
tout ce que nous vouHons à la
cuisine de la section de mitrailleuses. suis parti et
où
je suis
Au
arrivé vers 9 heures
cours de cette nuit,
hommes
avec deux entre
gagné directement
j'ai
Nous arrivâmes Peu
soir.
envoyé en patrouille
Maucourt
jusque-là, mais
et notre position.
nous nous couchâmes
un buisson d'environ
alors par terre sous
de haut.
du
été
soir, tard, je
vers le ruisseau qui se trouve
bois de
le petit
j'ai
Le
les avant-postes,
3
mètres
après, vint à passer la patrouille
du
sous-officier Jungholdt, avec lequel j'échangeai quel-
ques paroles à voix assez haute, notamment l'obligatoire
dans
Hait le
!
Wer da ? L'ennemi
devait se trouver
voisinage et nous avoir entendus, car, peu
de minutes après, nous fûmes inondés par un violent feu d'infanterie. J'entendais les maudites balles siffler et
tomber dans tous
coins.
les
Nous revînmes en
courant dans l'obscurité, Jungholdt se retira heu-
reusement avec
consomme
sa section.
tout de
même
quantité de cartouches. vers le matin
21 octobre.
il
Tout compte
l'on
fait,
inutilement une énorme
Dans mes deux
patrouilles
n'y eut pas d'autre incident notable.
—
Comme
à tout
moment
il
y
avait
des escarmouches de patrouilles ou d'avant-postes,
nous avons passé toute
la
journée dans
partie dans les tranchées, partie dans CARKITS DE COMBATTANTS
la
les
position, abris. 9
Il
Carnets de combattants allemands
130
nous vient des avis que les Français recommenceraient à se démener devant nous dans le bois de
Maucourt hauteur
qu'en
et
24e.
Notre
chasser et envoya section avec
le
outre
capitaine
•""
sans rencontrer personne.
ment, ne
suffit
pas
absolument gagner
que
i
cela coûte ce
de
l'affaire
22 garde
la
des
—
les
La
3^
tranchées;
les
en
Nous avançâmes
500, puis nous revîn-
Ce
résultat, naturelle-
voudra ;
cela
la
première
qui veut
Croix de Fer de i"
façon suivante
octobre.
la
notre capitaine,
à
la
que
de
résolut
avant
lieutenant Hôfner.
tout doucement d'environ
mes
en
soir
le
occupé
auraient
ils
,
il
a
classe,
donc
repris
:
section
est
deux autres
restée
à
la
formèrent
deux détachements, dont le premier, sous la conduite du lieutenant Hôfner, devait, en partant de la route qui mène à Maucourt, entrer dans le petit bois en question et en chasser je
avec
par
le capitaine,
prendre
le
les
me
ment, dans lequel
la
Français
trouvais
nuit et
;
l'autre détache-
moi-même, le
brouillard,
partit
pour
bois par l'autre côté et barrer la retraite
des Français qui pourraient s'enfuir.
Nous marchions
en grand silence depuis environ une demi-heure,
quand nous entendîmes quelque part des cris de hourra et une fusillade c'était le détachement Hôfner qui évidemment avait rencontré l'ennemi. Sans doute nous ne voyions pas d'adversaires devant nous; !
cependant quelques
;
hommes
de notre détachement,
;
Journal d'un
croyant qu'il
ment se
mit
s'agissait
131
d'un assaut, se mirent égale-
Ce
sur quoi, du brouillard il tomber sur nous, de deux côtés différents, un
à crier hourra! à
landwehr
sous-officier de la
vigoureux feu d'infanterie. Le capitaine
tout
était
déconcerté et s'enfuit avec son détachement.
Dans
ce «
mouvement de
repli » ('),
un peu bien
précipité, de notre détachement, je perdis de
autres dans
vue
les
brouillard et, pour ne pas errer inuti-
le
lement
et n'être pas atteint par les
jectiles
qui sifflaient de toutes parts,
terre et j'attendis environ
nombreux proje
me
jetai
par
une heure jusqu'à ce que
brouillard fût suffisamment éclairci
pour que
je
le
pusse
somme, je me trouvais. Je me vis en plein champ, non loin de Maucourt, avec la pointe sud du petit bois devant moi, un peu à
reconnaître où, en
gauche.
Comme
j'avais appris
par hasard,
les
jours
précédents, que cette localité précédemment incendiée était inoccupée des Français, je résolus de
rendre
à
travers
champs,
mais de
distance suffisante du petit bois, pour
passer à
m'y une
que, dans
le
brouillard, l'on ne puisse m'apercevoir de là-bas. Ceci
en un quart d'heure je me trouMaucourt et pris la route conduisant
me réussit pleinement vai tout près de
:
à nos positions, d'où
je
gagnai facilement nos can-
tonnements. J'appris là
que
était rentré sans
(i)
En illcmand
:
le
capitaine avec son détachement
encombre, personne
Riickiug.
n'était blessé;
Carnets de combattants allemands
132
cependant,
dans
si,
le
brouillard,
nous avions buté de
plus près sur les Français, nous aurions
dû avoir des
énormes ; mais, ainsi, les Français avaient tiré au petit bonheur dans le brouillard et n'avaient
pertes
Quant
atteint personne.
Hôfner,
elle était
bois, sur
une
à la section
du lieutenant
tombée, tout d'abord, devant
petite
le
troupe qu'elle attaqua par des
et poursuivit jusque dans le bois. Mais là il y moins un demi-bataillon d'infanterie française qui, en ouvrant immédiatement le feu, obHgea le Hôfner à se replier en toute hâte. Son détachement
hourras
!
avait au
non
n'eut d'ailleurs pas de pertes
seulement s'égarèrent dans
le
plus, trois
hommes
brouillard, mais rentrè-
bon état. nous avions tous eu une chance
rent au bout de quelques heures, tous en
Tout compte inouïe, car
fait,
brouillard n'avait pas été
le
si
si
épais,
l'ennemi aurait pu prendre notre détachement à son
approche tranquillement sous son
canonna
feu. L'après-midi,
notre
artillerie
nells,
mais l'ennemi semble l'avoir évacué aupara-
le petit
bois avec des shrap-
vant, parce qu'il ne connaissait pas notre force.
Pour
tenir définitivement ce petit bois à l'abri de
l'ennemi, nos pionniers ont mis tout autour, pen-
dant
la nuit,
différentes
mines; naturellement l'on
enjoignit sévèrement à nos à
hommes
y retourner. Effectivement,
çais aient tenté
dans
pendant
le petit bois,
la
il
de n'avoir plus
semble que
les
Fran-
nuit suivante de rentrer
car l'on put entendre distinctement
deux explosions qui venaient de
cette direction.
sous-officier de
Journal d'un
— Toute
2) octobre.
I
la
la
landiuehr
133
journée, nous avons eu
pour
repos relatif; le soir, départ
la
un
position de ré-
serve au Haut-Fourneau.
—
Aujourd'hui, pour changer, une sec24 octobre. laquelle je me trouvais aussi a reçu pour tion dans mission d'aller à Billy déterrer, non pas des
pommes
de terre, mais des betteraves. Notre administration
évidemment utiUser autant que pos-
militaire veut
tous
sible
trouver
les
approvisionnements qui peuvent se
aujourd'hui par exception
du
joint au chef
raves
Mes hommes ont
en pays ennemi.
actifs,
que
l'officier ad-
bataillon, à la réception des bette-
ainsi récoltées,
chacun deux
si
s'est
cigarettes...
cru obligé de donner à
J'eus cette fois l'occasion
d'acheter à Billy tout ce dont j'avais besoin vait
même
depuis
si
s'y
bution du courrier,
si
:
de
la bière
je
longtemps; la
on pou-
!
2°
à la distri-
reçus d'abord 20 marks de
que
j'attendais depuis
un paquet avec
des cigares et du
l'architecte Boreck, envoi
chocolat de
;
procurer tout ce qui nous manquait
longtemps
Après notre retour au Haut-Fourneau,
M.
été
part de
mon
ami Wesotawski, ce que
je n'attendais pas du tout, et 3° une lettre de ma mère, m'annonçant que des paquets contenant des sous-vê-
tements chauds,
etc.,
m'avaient
été
pourrais donc marquer cette journée-là
expédiés
;
je
comme bonne
pour moi, si la lettre de ma mère ne m'avait fait part que mon cousin, l'ingénieur Léon Kantak, avait été
Carnets de combattants allemands
134
tué d'un coup de feu par trouille,
les
que sa femme
et
Russes en allant en pa-
était
dans
le
désespoir.
Cette nouvelle m'a profondément ému, parce que j'étais très lié
avec
mon
cousin et connaissais aussi
très bien sa femme. Mais cette malheureuse guerre
ne s'occupe pas de
2j octobre.
cela.
— Le génie vient de construire jusqu'au
Haut-Fourneau une voie ferrée pour transporter les gros a bourdons » ('), c'est-à-dire les pièces de 42*^" de chez Krupp, avec lesquelles on doit dans quelques
bombarder Verdun. Notre commandement et monde en général se promet les plus beaux résultats de cqs canons, avec lesquels on a pris Anvers, etc., et dont un seul coup heureux doit suffire pour
jours
tout
le
détruire tout
un
fort.
En
attendant l'arrivée de ces
pièces, le reste de notre artillerie à
sans grand
L'après-midi,
effet.
tonner,
lourde continue
mais vraisemblablement
provisoirement
je suis
envoyé avec
six
hommes à Billy pour chercher des pommes de terre. Non loin du champ de pommes de terre se trouve une chapelle,
tion
:
= 168
de construction
1746;
elle est
donc
ancienne, avec vieille
de 1914
l'inscrip-
—
1746
ans. L'intérieur en est assez simple, et cepen-
Le sobriquet populaire qui désigne en Allemagne ces grosses mot Brummer ; il a prêté à une quantité de caricatures, où ces colosses légendaires sont figurés comme d'éijormes bourdons ou frelons. (i)
pièces de 420 est en effet le
Journal d'un
dant
le
sous-officier de
landwehr
la
135
calme solennel qui y règne produit sur un n'est pas complètement dépravé une impres-
cœur qui
Dans
sion profonde.
ce silence,
on
croit
entendre
la
voix de Dieu, de ce Dieu qui m'a jusqu'ici toujours
protégé et qui
26
octobre.
me
guidera encore plus loin.
—
Notre
bataillon a aujourd'hui
un
exercice de service en campagne, qui fut suivi d'une
dure marche vers
la
avec laquelle
supporté
j'ai
position d'attente. Par la faciHté
forces sont encore intactes
remis, grâce à
les ;
deux,
mon
je
mes
vois que
estomac aussi
s'est
grande quantité de tablettes de cho-
la
mangées dans ces dernières semaines j'ai seulement depuis longtemps un rhume de cerveau colat
que
j'ai
;
et je suis enroué.
2^ de
la
octobre.
— Je
frappe, c'est
repars en grand'garde à la ferme
une fois. Ce qui me que partout chez nous l'on cherche des
Gélinerie où
j'ai
déjà été
espions français, qui, déguisés en toutes sortes d'uni-
formes, circuleraient Je suis curieux
comment
se
ici
pour découvrir nos positions.
de savoir
comment
comporteront
les
finira le siège,
pièces de
notre infanterie aura ou non à donner
28 de
la
octobre.
— Toute
Gélinerie
d'attente.
;
le soir,
la
journée,
un
42'^'"
et si
assaut.
je suis
à la ferme
relève et retour à la position
Carnets de combattants allemands
1^6
—
Départ pour les avant-postes. La' 2p octobre. canonnade devient de plus en plus intense, il est arrivé aussi beaucoup de renforts. ^0
octobre.
— La première
nuit et
mon
nuit, je
nullement inquiété.
octobre.
— Aujourd'hui, jour
notre compagnie.
Le
le village
fait
de malheur pour dans son maladif
capitaine,
besoin d'actions d'éclat,
ment
premier jour
tour est revenu d'aller en patrouille, mais
n'ai été
^i
le
La deuxième
se passent assez tranquillement.
occuper par un détache-
de Maucourt
;
un
autre détachement
doit pénétrer dans le petit bois qui est devant nous.
Les gens de ce deuxième détachement furent alors
pour des Français par
pris
le
détachement qui s'avan-
Maucourt et celui-ci ouvrit le feu sur eux. un mort, deux blessés. Toute la journée, dure une canonnade colossale, et je vois par ma çait vers
Résultat
jumelle
:
comment
les
Français se retranchent sur
la
hauteur près de leur fort.
j" novembre. que
les
forts
— Aujourd'hui
lourdes pièces de
42'^'"
s'est
répandu
le
bruit
qui devaient écraser les
en face de nous, ne seraient plus
là,
mais
seraient reparties avec la plus grande partie de notre artillerie
ment Le
:
pourquoi? Nous ne
le
savons naturelle-
pas. soir, départ,
non
pas vers
le
Haut-Fourneau,
Journal d'un
mais dans
homme
tombé
est
que
la 12^
On
temps avec d'autres
derniers
voit distinctement quelle dévasta-
produite dans
a
un
jusqu'ici;
arrivés
a été ainsi tué, et l'obus
mètres en face des baraques
1 5
habitées ces
j'ai
il
compagnie
à environ
sous-officiers.
tion
seraient
français
de
137
position d'attente. Là, j'apprends que les
la
projectiles
landwehr
sous-officier de la
l'abri
souterrain où
est
il
tombé. novetnhre.
2
—
du du camarade
enterrement
Aujourd'hui,
hier par l'obus, ainsi que
soldat tué
ici
Hofmann
qui a été tué avant-hier par erreur par nos
gens dans
le petit
bois de Maucourt. L'après-midi,
notre capitaine nous apprend que nos troupes, plus
au sud, ont non seulement repoussé
des
sortie
la
Français, mais encore enlevé, dans la poursuite de
l'ennemi, sa propre position. L'assaut sur fera la
en
maintenant de
Verdun
plupart de nos canons sont partis
;
se
pourquoi
là-bas, ce qui explique
ceux-ci seront
que derrière notre position, moment nous devons rester tranquille-
effet plus utiles là-bas
où pour
ment
le
sur la défensive.
Durant
ces derniers jours, nos
troupes ont reçu pas mal de petits cadeaux, pour plupart des objets pour fumeurs
généralement beaucoup. dans
le civil,
dire
que,
humeur très
;
du
Moi-même
je
reste
fume,
environ dix cigares par jour,
s'il
n'y avait pas de ces
la
on fume
comme
et je
cigares,
peux
mon
parmi tous ces dangers et ces fatigues serait
déprimée.
Mais
fumer soutient encore chez
Carnets de combattants allemands
138
moi, dans une certaine mesure,
humeur;
du moins
j'ai
me
qui m'occupe et qui
en
est ainsi
de
le
calme
fait
du bien,
et je
plupart d'entre nous.
la
et la
bonne
alors toujours quelque chose
vécu ces choses-là soi-même pour
Il
les
pense
qu'il
faut avoir
bien
com-
prendre.
^ novembre.
pour
la
— Le matin, départ de notre
bataillon
position de repos à Mangiennes. J'espérais
retrouver
mon
ici
ancien hôte de Billy,
M. Hainaux,
mais celui-ci aurait, dit-on, été transporté avec d'autres civils à
Longuyon.
de militaires
abandonner
;
y a ici une grande masse par contre, la population civile a dû Il
le village et
l'exception d'un petit
a été refoulée vers
nombre de
qui sont en partie obligées
ici
— Le matin,
4 novembre. mise en état des c'est
vieilles
l'est,
à
personnes
de nettoyer
les rues.
exercice; l'après-midi,
affaires et appel.
Ce
qui est amusant,
que nos gens ont déjà donné aux rues des noms
allemands; ce sont pour
la
différents chefs de corps, par
Glahn,
tenberg, rue de
temps,
il
a fait,
sec et assez
œs
doux;
noms des exemple, rue von War-
etc.
plupart
Pour
les
ce
qui est du
quatre dernières semaines, assez il
y
a
seulement assez souvent
d'épais brouillards.
jf
novembre.
—
Le matin,
vers 4'*30, départ du
Journal d'un
bataillon
pour
la
sous-officier de la landivehr
139
position d'attente, l'ancienne;
commis par
répare les petits dégâts
le
on
feu de l'en-
nemi. 6 novembre.
— De bon matin,
la
10*
compagnie
de notre bataillon a reçu l'ordre d'aller incendier
Ornes ('). La compagnie, en entrant dans le village, un feu de mitrailleuses françaises et eut
fut reçue par
environ douze blessés
et quatre
morts, sans avoir
atteint son objectif.
Au
retour de
la
compagnie,
Puttkammer, leur
taillon,
le
dit
avez eu quelques pertes, ça ne voir
si
c'est
:
commandant du ba« Mes enfants, vous
fait
pas de mal
!
» Sa-
bien l'opinion générale? L'après-midi,
interminable travail aux retranchements, puis départ
en position d'attente sur
la
point important. Là, passé
hauteur 310 qui est un
la
nuit dans les abris sou-
terrains.
7 novembre.
— Je
suis de garde au drapeau avec
quelques petites gardes accessoires;
le
reste de la
compagnie est employé aux travaux de retranchements. Parmi les hommes, sous-officiers et même les officiers,
court
le
bruit
seraient entremises
Canton de
que
pour
la
l'Italie et
l'Amérique se
paix et auraient envoyé à
Charny, à l'extrémité sud-ouest de la forêt de remarquera ici l'ordre formel donné à une unité d'infanterie, en dehors de tout combat, d'aller délibérément incendier un (i)
Spincourt. village.
On
Carnets de combattants allemands
140
toutes les parties belligérantes un ultimatum d'avoir
novembre 19 14.
à faire la paix avant le 8
verra
!
(') »
Espérons
8 novembre. relevé de
ma
— Vers
garde
en première ligne. cours de
la
que
ainsi
à
et
tirailler,
vivra
le petit
les
je suis
ma compagnie
choses avaient changé au
Ici, les
ont été occupés par
Qui
10 heures du matin,
et vais rejoindre
journée d'hier, en ce sens que
de Maucourt
donc
«
meilleur.
le
bois en face de nous
Français.
notre
le village
On
capitaine
recommence veut
encore
amener beaucoup de mal, parce que les Français sont bien retranchés. Le commandant du bataillon, von Puttkammer, au aller
de l'avant,
ce qui peut
contraire, ne veut plus rien entreprendre dans ce voi-
Remarquons en passant qu'il y a aujourd'hui que Verdun s'est rendue en à nos troupes. veux prendre cela comme un 1870 Je heureux présage et m'en remettre à Dieu, qui mène sinage.
juste quarante-quatre ans
toutes choses pour
le
mieux.
—
La nuit du 8 au 9 s'est passée tran^ novembre. quillement, car on a de notre côté reculé l'attaque d'un jour. C'est seulement déclencher. D'après ce que
le soir
j'ai
que tout devait
se
appris, plusieurs autres
compagnies de notre régiment,
ahisi
qu'une compa-
gnie de mitrailleuses et de pionniers, ont été amenées
(i)
En
français dans le texte.
Journal d'un
pour
cette entreprise;
de nettoyer prendre
landwehr
sous-officier de la
ne
il
seulement
s'agissait pas
bois de Maucourt, mais encore de re-
le
le village.
Tout
Vers 7 heures du
s'est
passé
notre
soir,
comme
Maucourt, puis
les
suit
:
canonna
artillerie
positions françaises, c'est-à-dire Ornes, village de
141
le
les
bois et le
compagnies désignées
à
cet effet se portèrent dans l'obscurité à droite et à
gauche du
bois.
hauteur du
Quand
elles
notre
bois,
furent à peu près à
tranchée
contre
le
côté nord du bois
un
tranchée,
le
le
trouvaient,
s'y
feu nourri, auquel les
Français ripostèrent énergiquement. la
avec
ouvrit,
concours des trois mitrailleuses qui
la
Mon
voisin dans
landwéhrien Schubert, fut ainsi atteint
de ce qu'on appelle un coup d'écharpe(') au bras,
comme
il
périscope.
à
la
en train de placer convenablement
était
Dès
le
Usière sud
début du combat,
du bois une fusée
je vis
éclairante,
Nous sommes
sans doute voulait dire
:
envoyez du renfort.
»
Au
nous cessâmes
pour ne pas nuire
le feu,
«
le
s'élever
qui
attaqués,
bout d'un quart d'heure à
gnies qui, des deux côtés, entrèrent dans
nos compale bois, reje-
tèrent l'ennemi et firent quelques prisonniers.
Pendant que nous
retranchements, village la
les
pionniers devaient installer pour
à la lisière sud
;
la 9'
les
du bois une nouvelle
compagnies
compagnie
ligne de
se portèrent sur le
resta en arrière
pour occuper
position à toute éventualité. Bientôt nous enten-
(i)
En allemand
:
Stieifschuss.
Carnets de combattants allemands
142
dîmes de notre tranchée une violente des cris de hourra
fusillade, puis
mais peu à peu tout changea.
!
Les hourras se turent
et,
au Heu d'eux, retentirent en
français des signaux d'attaque et les cris
en avant
(')
!
»
:
« Allez,
Sans doute nos troupes avaient dû
tomber sur des renforts ennemis qui les avaient reLa retraite dégénéra en fuite; nos gens nous arrivèrent peu à peu tout dispersés et en courant, et foulées.
les
Français qui
les
poursuivaient réoccupèrent tout
le bois.
Ainsi se termina l'entreprise; nous avions, tout
compte fait, environ trois cents hommes tués, blessés ou prisonniers; c'est la compagnie du génie qui a perdu
le
plus de
vent avoir
Chez
les
é.té
monde. Les
pertes des Français peu-
en tout d'environ deux cents hommes.
prisonniers que nous avons
faits,
nous avons
trouvé dans leur sac du vin, de l'eau-de-vie et beau-
coup de viande, ce qui démontre que cela va mieux pour les Français que pour nous, car nous ne touchons que l'indispensable. La plupart des prisonniers étaient
de tout jeunes gens d'environ dix-huit à
vingt ans.
10 novembre.
— Toute
la
journée et
la
nuit sui-
vante, nous avons eu du repos; on entendait quel-
ques coups de canon.
(i)
En
français dans le texte.
Journal d'un
sous-offîcier
—
11 novembre.
A
6
de la landwehr
143
heures du matin, relève;
nous marchons vers Mangiennes.
— Petit
12 novembre.
service de remise en état des
que nettoyage des
affaires, ainsi
fusils (').
— A 2 heures du matin,
I) novembre.
vent; nous devions partir pour
et
mais tout à coup dormir.
les
ordres sont changés et nous res-
un jour
tons encore
réveil, pluie
avant- postes,
les
Mangiennes
à
Continuer
«
:
à
»
14 novembre.
— Jour de repos;
rencontre quel-
je
ques paysans français qui ont été transportés de Billy
Ces gens sont nourris par nos troupes, mais sont
ici.
obligés de travailler, par exemple, de nettoyer les rues, etc. Ils
couchent sur de
J'apprends par eux que
M. Hainaux,
serait parti
jj novembre. la position
Nous
mon
la paille
dans
l'église.
ancien hôte à Billy,
pour l'Allemagne (^).
— A3 heures du matin, départ pour
d'attente
;
là-bas
travail
;
le
soir, alerte.
repartons en avant vers 9 heures du soir, par une
nuit noire
;
on entend un roulement énorme de
photo reproduite ci-dessus, page 112.
Ci)
Voir
(2)
Témoignage
la
l'occupation
intéressant
allemande
sur
l'état
aux populations
L'alternative entre les travaux forcés
de servitude imposé par des pays envahis.
civiles
sur place et
la
déportation est
de cette servitude qu'il serait d'en trouver de plus tragique exemple. ici
tellement
fusil-
caractéristique
difficile
Carnets de combattants allemands
144
temps
lade et de canonnade, le
est pluvieux.
Nous
croyions qu'il s'agissait d'une grosse attaque des Français.
Çà
et
des fusées éclairantes illum'nent le
là,
champ de bataille. Quand nous s'étaient déjà retirés et
il
que des troupes relativement approchées
200 mètres les
des
tranchées
et là auraient
arrivons, les Français
paraît qu'il n'y aurait eu faibles, qui se seraient
allemandes
engagé une
à
environ
fusillade contre
pionniers qui y travaillaient. Evidemment,
e icore eu ici plus de bruit
il y a que de mal, quoique nous
ayons eu à déplorer quelques pertes
compagnie
;
mais notre
venue jusqu'à la ligne de feu et n'eut pas non plus à tirer un coup de fusil. Nous
sommes
n'est pas
rentrés fatigués et trempés dans nos abris
souterrains, qui sont en partie pleins d'eau. Les toits aussi laissent passer l'eau.
i6 novembre.
—
Il
pleut toute la journée. Je suis
de garde au drapeau et m'installe tant bien que mal, de sorte que
c'est
l'humeur générale penie qu'à
la
encore assez supportable; mais est
morose, tout
le
monde ne
paix prochaine, qui ne veut pas venir!
D'enthousiasme guerrier on n'en trouverait plus une trace.
— Mise en des 18 novembre. — Le matin, de bonne heure, départ 77 novembre.
état
affaires.
pour les avant-postes ; ceux-ci sont maintenant un peu
l'I.
XIV
Journal d'un
sous-officier
de la landwchr
145
au nord-ouest, non loin du village de Gremilly('). Je dois passer avec huit
hommes
toute la journée
de garde dans
Toute
compagnie passe
tranchée.
la
journée dans
la
abris
les
la
souterrains,
environ
à
200 mètres en arrière, dans le bois, et me relève à 7 heures du soir. Toute la nuit suivante je pus de nouveau dormir avec mon groupe dans l'abri de la compagnie. 79 novembre. chée,
dans
la
—
Le
compagnie
jour, je reviens dans la tran-
se retire
en arrière. Je trouve,
position des mitrailleuses qui nous ont été
la
mon ami,
attribuées,
le sous-officier
parlons ensemble de Konigsbrûck
dehors
Un
les
Schmàh, ("),
mon
nous
canons français bombardent nos positions.
obus, qui est tombé
le soir
dans
compagnie, a tué huit hommes, dont de
et
tandis qu'au
de ma hommes
l'abri
trois
escouade, et en a blessé trois autres. Si nous
n'avions pas été de garde, nous aurions été atteints
nous
aussi, car très
trouvés au
probablement nous nous serions
moment
de
la
catastrophe avec
le reste
de
notre unité. Je considère cette circonstance que, par
exception ce jour-là,
je
me
trouvais encore de garde
comme une grâce spéciale me promets une fois de plus
à la tranchée,
de
dence
de ne jamais
f i)
et je
Petit village
du canton de Damvillers,
la
Provi-
à la lisière oueit de la
iorèt de Spincourt.
(2) Sans doute s'agit-il ici de la ville de ce nom, située dans nord de la Saxe, non loin de la Lusace.
ClKNITS DB COUIATTÀMTS
le
Carnets de combattants allemands
146
oublier cela et de penser toujours à la souveraine
bonté qu'Elle m'a témoignée
homme
de
mon
préservé de cet obus que par ce
un peu malade sition à ce
hommes fait
de
étant de garde,
moment)
punis
fait
que, se trouvant
était (sur
il
autre
Puszko, n'a été
ma
propo-
Mangiennes auprès des
sans cela, sans doute, c'en eût été
;
lui.
20 novembre. sur
resté à
Un
jusqu'ici.
nommé
escouade,
— Suis encore de garde
ma demande
dant, nous ne
dormons pas
nuit dans
la
bois, mais bien dans la tranchée je suis allé
en patrouille avec un
bon courage, car je sens Dieu qui me protège.
j'ai
21 novembre.
à la tranchée,
expresse au sergent-major; cepen-
;
les abris
du
en outre, cette nuit
homme. Malgré tout, main de
à chaque pas la
— A 6 heures du matin, départ pour
Mangiennes, en position de réserve. L'après-midi, Nous avons cette
appel de solde; à part cela repos. fois
de bons abris où
22 novembre.
—
il
fait
chaud.
Le matin,
midi, mise en état des affaires
office divin
;
l'après-
(').
(i) Ici se termine le deuxième carnet du sous-officier. Il s'y trouve en outre un croquis dont on a reproduit le fac-similé page 72. C'est sans doute le plan d'une des positions occupées par la compagnie où servait l'auteur, mais il ne s'y trouve aucune indication de lieu, ni de
date.
Journal de campagne d'un
Réserviste Saxon (i79« d'infanterie, 6" compagnie) (')
Le journal de campagne de
trace sur un petit carnet i4SxjS^°^. La couverture, encamot Merkbuch, également imprimé
ce réserviste est
cartonné, relié en toile grise et mesurant
drée d'un
filet bleu,
en bleu,
et
vergcsse
(*).
porte pour titre
en bus dans
6
du
feuillets
le
:
coin à droite
les
mots
titre.
&
Falk, de Leip^ig-Lindenau
Le carnet comprend
:
i feuillet
:
les
calendrier mémento, savoir
ich // nichts
vembre portent quelques
notes
;
4"'", et entièrement occupés par sont perforés et amovibles.) Il
De même
.
de
titre
le
premier
imprimé, plus
deux premiers blancs, au
sième (maî) un petit poème au crayon fuchsine,
j pages pour
Damit
:
L'intérieur de la couverture est consacré à la pjiblicité de la
maison Messerschmidt feuillet
le
les
troi-
suivants de juin à no-
viennent ensuite i6 feuillets, quadrillé bleu le récit.
y a
Bemerkungen où
(N. B. Les huit derniers
feuillets
ensuite une page de réclame imprimée et le
récit se poursuit.
Un
feuillet de notes
j feuillets imprimes bleu avec des renseignements divers (statistiques, poste, assurances, premiers soins en cas d'accident et calendrier
diverses (^)
et
pour içis), soit ensemble jo feuillets n. romains , crayon noir ou fuchsine (*). Le nom de sa famille
et
Le
se
L'écriture est en caractères
et l'adresse détaillée
trouvent au verso de la couverture
commence au troisième jour de jusqu'au iS septembre inclus. récit
c.
la
et
de l'auteur
au premier
feuillet.
mobilisation (4 aottt 1914) et va
(i) Le 1798 régiment d'infanterie, ou 14^ saxon, tenait garnison à ^^'urzen (Saxe). Il formait, avec le 159^ ou 11* saxon ("Dôbeln), la 47" brigade d'infanterie (24^ division, XIX*' corps d'armée).
Voir photographie de cette couverture ci-dessus, page vi. Il y a notamment la liste des choses dont le soldat avait eu plus envie dans sa captivité. Ce dernier feuillet a été reproduit après page 168. (4) Voir page 160 le fac-similé d'une page de ce carnet. On remarquera la perforation caractéristique des feuillets. (2)
(5)
le ci-
y
JOURNAL DE CAMPAGNE d'un
RÉSERVISTE SAXON (179» d'infanterie, 6e compagnie)
—
4 août.
28 de l'après-midi,
A
5''45,
par
la
A
Troisième jour de mobilisation.
2''
Leisnig
(^).
je
pars de la gare principale
J'envoie à
mes parents
15
(').
marks
poste.
6 août.
Cordel
—A
8''45
du
soir,
départ de Leisnig pour
(province de Trêves). Café et dîner (pain,
(î)
viande noire cuite, beurre et
café).
Arrêt en pleine
voie à Engelsdorf () près de Leipzig. Départ de
là à
minuit.
(i) C'est sans
doute
la
grande gare de Leipzig, car
un faubourg de cette ville. Leisnig, où a eu lieu le rassemblement du
la
famille
de
l'auteur habite (2)
2»
bataillon
du
179*, se trouve sur la ligne de Leipzig à Dresde par Dôbeln. (5) Cordel de Cologne. (4)
est à
une
Simple halte de
Leipzig.
dizaine de kilomètres de Trêves sur la ligue
la
ligne de Leipzig à Dôbeln, à la sortie de
Carnets de combattants allemands
150
et
— Arrivée
à
y''
50 à Apolda('). Arrêt pour
déjeuner dans
la
gare des marchandises de
7 août. café
Apolda. Café, pain, boudin. Départ Eisenach.
A
et conserves
où
midi nous avons à de viande.
à 6^45 pour un repas de riz
heures, arrivée à Bebra
3
Les habitants apportent des chau-
l'on s'arrête.
drons pleins de
A
.?. (^)
café,
du
lait,
du cacao, des
tablettes
de chocolat, des petits gâteaux fourrés, des cartes (tout
postales
gratis).
Hersfeld-les-Bains
Départ à
(') à
3''45.
3''
Arrivée à
10.
Accueil magnifique,
thé, cacao, café, petits pains fourrés, cartes postales.
De
proprement habillées nous servent. Nous partons après un arrêt d'une demiheure. Nouvel arrêt à Hunfeld; là, on ne nous donne que du lait. Nous poursuivons notre route jusqu'à joUes jeunes
Elm,
et, après
filles très
un court
arrêt, jusqu'à
nous prenons notre repas du conserves de viande.
En
soir
:
route, nous
Hanau
("•).
Là,
chaud avec
riz
sommes
surpris
par une pluie violente et prolongée.
8 août.
— La nuit, à minuit
Francfort-sur-le-Mein, puis
et
demi, nous passons
Mayence
et le
du Rhin vers Rtidesheim. A Untersalm ? Rûdesheim, nous recevons du café, de
grand pont
(J),
la
derrière
soupe au
(i) Petite ville de Thuringe, sur la ligue de Leipzig à FraucXort. (2)
Le texte ne porte qu'un point
interrogatif.
(3) Hersfeld est sur'la Fulda, entre Cassel et Francfort. (4) Hunfeld,
(5)
Nom
Elm
et
Hanau s'échelonnent sur
certainement altéré par l'auteur.
cette
même
ligne.
Journal d'un réserviste saxon
du pain
des conserves de viande,
riz,
et
151
de
la graisse
qui nous sont servis par des nonnes. Puis nous ache-
vons notre voyage en chemin de dans
le district
quarante-huit heures.
Cordel,
fer jusqu'à
Nous avons
de Trêves.
roulé pendant
Là nous préparons notre
aux cuisines de campagne.
A
peine
la
marche
repas
a-t-elle
commencé que j'ai les pieds blessés. A partir de maintenant
Au
il
y
a des marches très fatigantes à travers l'Eifel.
bout de quatre heures de marche,
je
ne puis plus
continuer par suite d'étouffements toutes ces montées ;
me donnent des crampes dans les deux mollets et il me faut sortir de la colonne. Des sous-officiers de santé restent auprès de
pour celle, je
me
me
réconforter,
moi une femme m'apporte, ;
une
assiette
de soupe au vermi-
une autre du pain et du cognac. Une fois que trouve mieux, la marche reprend pendant en-
viron trois heures.
Mes
pieds sont écorchés, je peux
à peine avancer.
Le
soir,
cantonnement
resserré à Wolsfeld ('), tout
du Luxembourg. Les gens se donnent beaucoup de peine. La nourriture est bonne et abondante. Malheureusement six hommes et un près de
la
frontière
commandés de garde. Hélas j'en Deux hommes montent ensemble la garde.
sous-officier sont suis.
Toutes
les
!
deux heures
donc pu, malgré
la
ils
sont relevés.
grande marche de
la
Je
n'ai
journée,
prendre que deux heures de sommeil. Les sentinelles
(i)
Wolsfeld se trouve à i$ kilomètres au nord-ouest de Cordel.
Carnets de combattants allemands
152
étaient placées à trois quarts d'heure de
compagnie, sur
la
le
marche de
sommet d'une haute mon-
tagne. Les gens qui étaient là-haut nous ont
de
la
viande salée et.des
ici est
pommes
La
de terre.
à peine supportable.
—
Le lendemain, départ à 4*" 1 ^ août. encore très fatigante. C'est tout juste si en
faire
donné chaleur
me
cantonnés.
deux
hommes
bon,
la
.
je
Marche peux la
Nous sommes encore une
traînant. J'ai la
5
chance de
me
fois
trouver avec vingt-
chez des gens très bien. L'accueil est
nourriture très abondante. D'abord des fèves
blanches, puis des
pommes
de terre avec du jambon
chaud; l'endroit s'appelle Neuerburg('). La nuit, a alerte d'incendie
On
ne peut
camarades ou
Hommes j'étais
il y deux maisons sont en flammes.
nos
établir si c'est par négligence de
un espion qui y a mis sont sauvés. Ce n'est pas
si c'est
et bêtes
le feu.
là
que
couché.
10 août. cela
:
dans
n'ai pas
reposé,
— Le matin, on
la direction
pu continuer je
suis
part de bonne heure du Luxembourg. En route,
et
me
reparti.
suis couché.
Comme
et je
Après m'ètre
j'étais
là
gisant
du Luxembourg), il est maison voisine une toute jeune femme,
(c'était juste à la frontière
sorti
(i)
de
la
Neuerburg
Wolsfcld.
est
i
17
kilomètres
environ
au
nord-ouest
de
Journal d'un réserviste saxon
153
qui m'apporta du café et une soupe aux pâtes. Des
avions français volent de temps à autre au-dessus de
nous.
A
Medernach
('),
en Luxembourg, nous can-
tonnons.
Nous sommes encore
est vrai,
maintenant prendre des précautions contre
les la
bien logés.
empoisonnements. Nous avons
le
Il faut,
il
logement sans
nourriture, mais nous nous faisons préparer du
café avec
du pain
nous payons
et
éo
cela
du beurre; d. (f) par
c'était
homme
copieux et
(argent
alle-
mand). // août. le
—A8
heures du matin, on repart pour
pays ennemi. Je retrouve
Ruhland qui
est
couché dans
ne peut plus continuer.
mon
ancien camarade
le fossé
a là,
de
la
route et
couchés sur
y route, beaucoup de camarades fourbus. Le Il
la
soleil est
moi aussi l'air me manque; un lieuteun feldwebel me prennent mon sac et mon
très ardent,
nant
et
fusil.
Le
sac est très lourd.
Comme
paquetage, continuer à suivre sent nous n'avons encore rien
cela je puis, sans
le train.
vu
Jusqu'à pré-
de l'ennemi, mais
pouvons être attaqués à tout moment. Nous prenons des cantonnements resserrés à Aeselborn (') (Luxembourg). Nous restons ici deux jours; cela n'a pas l'air de plaire aux gens du pays. Ce qu'il y a de plus surkilomètres environ au (i) Mederuach est située à 24 Neuerburg et à 5 kilomètres au sud-est de Diekirch.
sud
de
(2) Lecture douteuse.
(}) Aeselborn se trouve à
22 kilomètres au uord-est de Bastogue.
Carnets de combattants allemands
154
prenant, c'est qu'ici une grande partie des fontaines est desséchée.
D'abord
maintenant,
et,
ils
nous ont donné de
n'y en a plus une goutte.
il
Il
l'eau,
y
a ici
en majeure partie de vieux puits, dans lesquels on fait
descendre un seau avec une perche. Ruhland est
à la
compagnie,
8*^
je suis
contrer Kutzscher (Max), la 5'
à la 6^ et je viens de renle fils
du boucher, qui
est à
compagnie.
i^ août.
—
Nous avons
ici
deux jours de repos;
demain, 14 août, nous poursuivrons notre route en pays ennemi. Si une balle ennemie venait à me frapper,
alors
portez-vous bien et
monde Le deuxième
mes adieux
faites
jour de repos
à
tout
le
soir
en sentinelle, et seulement pour une heure, de
9^30 à
!
10''
30 du
j'ai
été le
soir.
—
Aujourd'hui, c'est le 14-8-14. Nous 14 août. avons encore un troisième jour de repos. Mais il ne faut pas il
y
des
vous imaginer que nous restons
a bien autre chose à faire fusils, etc.
:
là tranquilles;
l'exercice, le
nettoyage
Depuis dimanche matin, quand nous
mon couteau, il me manque
étions à Neuerburg, je ne retrouve plus
que m'avait donné
le
père Hessler;
beaucoup. Le temps de ces
trois
chaud. Le deuxième jour de repos,
je
me
suis pro-
défaire
des
pommes
du matin à midi.
J'ai
changé mes bottes
posé pour 8''30
jours a été très
aller
de terre, de et
Journal d'un réserviste saxon
m'en
suis fait
donner d'autres par
le
1 5 5
magasin d'habil-
me suis débarrassé des miennes.
lement. Je
sans doute que
rende
je
les
va
falloir
10,30 marks que
j'avais
reçus d'indemnité pour avoir apporté
Il
mes propres
chaussures.
A
à 2^ 30 de l'après-midi,
l'instant (14-8),
sommes
loin à environ
allés plus
d'Aeselborn, en plein champ.
Ce matin
des tentes.
arrivée à Aeselborn
autant d'autos
Hier
der.
cigare.
soir,
(').
:
il
70 dû
80
me
;
il
y
a six avions et à
Nous sommes est
un
Il
y
les gar-
cadeau d'un
fait
homme
très bien
;
La dernière
est facile à satisfaire (*),
hommes
dressé
24 est peu près
chargés de
notre capitaine nous a
nuit a été horrible. à
une demi-heure
Nous y avons
à 10 heures l'escadrille n°
Notre capitaine
c'est vrai
nous
avait dans la tente environ
couchés;
l'air était
effroyable. J'ai
ghsser dehors et passer toute
la
nuit dans
l'herbe mouillée. Je n'ai pas fermé l'œil, pensant tou-
jours à
mon
pays natal. La deuxième nuit dans
tente n'a pas été plus belle que la première.
la
Nous
avons eu une pluie battante, qui bientôt se mit à nous arroser à travers la toile de la tente; ajoutez à cela les
pas déhcats de camarades, car
coup trop
petite.
Maintenant
la
tente est beau-
je vais aller
troisième et dernière nuit sous
la tente,
dormir ma demain
car
on marche contre l'ennemi.
(i) Cf. ci-dessus page 15, note i.
(2) Textuellement
:
allerdings wie man's treibt, se geht's.
15e
Carnets de combattants allemands
— Aujourd'hui
77 août.
encore
il
va sans doute
pleuvoir. Justement! Aujourd'hui, 17 août, très fort
;
toute
nuit
la
dante qui traversait
changé
:
suis
le
ici
et
peu
à
le
moment
occupé à écrire
mes
aujourd'hui encore
bretelles tant
j'ai
procurer de neuves
de Marthe, tant
!
j'ai
je
mon
manger, rien à fiimer
pourtant bon appétit. Je viens de recevoir
mière carte de Marthe. La nuit ;
pleut
encore aujourd'hui et cou-
couché sous un avion
dents
il
tombé une pluie abonde tente. Le plan a été
hangar d'avions. Pour
carnet. J'ai grand faim, et
est
la toile
nous restons
chons dans
il
j'ai
pre-
la
eu grand mal aux
complètement abîmé
eu chaud et je ne peux pas m'en Toutes les heures je lis la carte
je suis
content de ce signe de vie.
—
18 août. De grand matin nous plions notre tente nous marchons de 4 heures du matin jusqu'à ;
4^ 30 de l'après-midi et bivouaquons. je suis
tombé de surmenage
dant deux heures
(').
En
arrivant
et suis resté là raide
ici,
pen-
L'endroit s'appelle Bastogne
(Belgique).
.
—
Le réveil a eu lieu de bon matin, à Nous avons marché jusqu'à 5 heures de l'après-
i^ août. 3'' 1 5
(i) L'auteur est
évidemment un
peu entraîné à la marche, y en a plus qu'on ne le croit généralement dans l'Allemagne moderne. Les auteurs militaires de ce pays n'ont pas manqué de se plaindre à diverses reprises de la diminution de résistance que la vie urbaine a infligée aux contingents de l'Allemagne du Nord, jadis en grande majorité ruraux.
ami de
ses aises et nerveux,
citadin
comme
il
Journal d'un réserviste saxon
midi. Cette marche a été très dure. J'en
ai
157
eu
les
tout blessés. L'endroit s'appelle Ambly(');
pieds
j'ai
été,
avec une quarantaine d'hommes, envoyé en avantpostes et nous avons couché dans une étable.
joliment chaud toute
20
août.
Il
a fait
la nuit,
— Aujourd'hui nous avons eu encore une
grande marche, par Forrière
et
Rochefort jusqu'à
Mont-Gauthier (^). Là nous bivouaquons. Demain nous marchons au combat.
21 août.
— Nous sommes toujours
Cela va chauffer dur. Mettant et
mes pensées
connaissances,
22 août. envois. père,
A
tous
pleure.
mes
ma
confiance en Dieu
parents, frères et sœurs et
je repars.
— La poste vient de m'apporter
Une
une
vers
Mont-Gau-
à
en avant en grande masse.
thier. L'artillerie se porte
lettre
de
ma
quatre
mère, une carte de
carte de Herbert,
une
lettre
mon
de Marianne.
moments libres je les lis et il faut que j'en Nous levons notre tente à i''45 du matin;
les
nous nous trouvons encore en Belgique.
(i)
Ambly
se trouve
432
kilomètres au nord-ouest de Bastogne et
à 35 kilomètres à l'est de Givet.
—
Rochefort (2) Forrière est à 3 kilomètres au sud-ouest d'Ambly. une petite ville située à $ kilomètres au nord-ouest de Forrière.
est
— Mont-Gauthier
est
une commune située à environ
nord-ouest de Rochefort,
et à
16 kilomètres à
l'est
5
kilomètres au
de Dînant.
Carnets de combattants allemands
158
—
Nous venons de
une marche gigantesque, de 30 du matin jusqu'au lendemain matin 3'' 30. Sommes complètement finis. Pouvons à 2) août.
faire
2''
peine avancer, tant nous avons
un
arrivés dans
nous
village français
tirent dessus.
on en dans
maintenant ville,
les
Nous sommes
Des
francs-tireurs
maisons sont forcées;
malfaiteurs qui sont ligotés et fourrés
tire les
l'église,
Toutes
soif.
(').
hommes, femmes,
les fusiller;
nous y mettons
quant à
le feu.
jeunes
filles.
la localité,
enveloppés dans nos manteaux.
plètement trempés de sueur
les
la nuit.
prairies.
On
va
petite
Fatigués de cette longue
marche, nous dormons deux heures sur
toute
une
le trottoir,
Nous sommes com-
et grelottons
pendant
Nous avons fait sortir les bestiaux dans Nous marchons avec des chasseurs.
Drese (Claus) n'en
était pas.
prisonniers sont fusillés.
nous un combat
;
Les francs-tireurs
Le 134'
(f) a
faits
eu tout près de
partout l'on apporte des blessés.
—
De 6 heures du matin à 11^30 nous 24 août. continuons à marcher. Maintenant nous bivouaquons. (i) Le « village français » dont il est ici question est très probablement un village belge de langue française, du nom de BourseigneNeuve, à 12 kilomètres au sud de Givet et à 26 kilomètres à l'est de Couvin. Nous savons en effet par d'autres documents allemands, provenant du même régiment saxon et conservés au ministère de la Guerre français, que ce village fut à cette date incendié par ce régiment et ses habitants massacrés dans les conditions que confirme le
présent carnet, (2)
Le 134e
faisait partie
d'infanterie,
ou io« saxon, en garnison k Plauea (Saxe)
de la 89^ brigade (40» division et
XIX*
corps).
Journal d'un réserviste saxon
159
Enfin nous avons pu nous sécher. C'est un bien-être
pour
L'endroit s'appelle
le corps.
(').
—
A 8 heures du matin, nous nous 2/ aoiit. avançons d'environ 500 mètres. Les Français sont repoussés tout près de nous et se replient. Nous voulons leur couper
—
26 août. alerte. Notre
la retraite.
Dans
la
nuit du 25 au 26
par-dessus nos têtes; nous-
artillerie tire
mêmes ne sommes 2J-28 août.
—
y a une
il
pas engagés.
Repos. Je viens de relire les cartes Beaucoup de mes camarades
et lettres de chez nous.
sont très joyeux des
pommes
demandé
ils
volent des
mais en vain
piller
!
le
j'ai
de
la graisse,
village. J'ai déjà
Je n'arrive pas à
de cette manière. Aussi
supplément. Pourtant,
de
fruits,
eux de m'en donner un
à plusieurs d'entre
petit bout,
soudre à
;
de terre, etc., dans
je n'ai
bien souffert de
la
me
ré-
aucun faim
et
la soif.
2^ août.
—
Nous avons
aujourd'hui
beaucoup
couru, nous avons repoussé l'ennemi et pour
ment nous nous reposons. aller
couper des carottes
et
Je
me
j'ai
en chercher quelques-unes dans
ma
faim.
(i) Lecture douteuse.
suis
le
mo-
proposé pour
commencé le jardin
par aller
pour apaiser
Carnets de combattants allemands
i6o
)0
août.
—
Nous avons
passé toute la nuit à
Enfin nous venons nous reposer sur une
courif.
prairie, mais,
au matin, nous
sommes
réveillés par
des shrapnells qui éclatent au milieu de nous.
tout de suite quelques
hommes
Il
y a
de tués.
—
Le combat commence. Sur 240 hommes }i août. nous avons 72 blessés et 21 morts. Je reçois un léger coup de feu superficiel au mollet droit, mais il me faut rester tranquille. Autour de moi sifflent avec des sonorités terribles les projectiles l'infanterie et
tranché en bonne position fait
il
de
l'artillerie,
de
des mitrailleuses; l'ennemi s'est re;
rage, effiroyablement.
on ne peut
le voir,
Nous sommes
mais
attaqués
des deux côtés, à droite et à gauche. Je rampe dans
un
fossé de la route
;
il
y
m'occupe un peu d'eux.
a là beaucoup de blessés. Je Il est
6 heures.
A
8 heures
champ de Nous marchons jusqu'à
vois quelques camarades courir sur le
je
bataille et je 1 1
me
joins à eux.
heures du soir, rencontrons
le
68* prussien (') et
y passons la nuit. Un sous-officier est très aimable et va demander du pain pour nous. Nous sommes cinq hommes. Un Prussien, à la cuisine de campagne, me
donne environ une Je ne la
(i)
mange
Le 68* régiment
Coblentz.
Il
VIII» corps.
faisait
livre
de langue de
pas, je la dévore!
bœuf
bouillie.
Depuis deux jours
d'infanterie est le 6* rhénan, en garnison à
partie de la 30» brigade, de la 16* division et
du
PI.
^t^^,J-<^J^
'^-ïX-v'..*-*»-^
-^..^-f'c^Ke,^
PAGE DU CARNET DU RÉSERVISTE SAXON'
XV
Journal d'un réserviste saxon
et
deux nuits
rien dans l'estomac
je n'ai
léi
que deux
carottes.
/" septembre.
— Le matin
du i"(le combat avait
)('), à 11 heures, nous rejoignons notre troupe. Beaucoup de vin nous a été donné à boire par des camarades campés. Pour le moment nous sommes en plein champ et faisons
eu lieu
31 août à
le
plusieurs prisonniers français. Plus loin, derrière,
il
une centaine de morts français. L'après-midi, à y 5 heures, nous repartons. Nous avions dû reculer un a
la campagne, parce que bombarder cet endroit.
peu dans çaient de
2 septembre.
les
Français mena-
— Nous traversons maintenant
cette
locaHté Çf) qui brûle de toutes parts. Nous avons bonne marche à faire et arrivons enfin, après
courte alerte, au village de Machault
avons deux heures d'arrêt
^ septembre. soleil fait
— Après
;
(').
une une Là nous
puis l'on repart.
une marche
fatigante,
de son mieux, nous arrivons à
où
le
Mourme-
(1) Lecture douteuse. Probablement Lametz, village des Ardennes, arrondissement de Vouziers, à 21 kilomètres à l'est de Rethel. C'est du moins ce qui ressort d'autres documents du même régiment.
(2) tifier
Tout
ce passage est fort obscur.
exactement
le village
(3) Chef-lieu de à l'ouest-sud-ouest
dont
il
Il
n'a pas été possible d'iden-
s'agit.
canton des Ardennes, à une quinzaine de kilomètres de Vouziers.
CARNSTt Dt COHIATTAMTS
II
Carnets de combattants allemands
ié2
Ion
(').
Là nous nous reposons pendant quatre
heures et nous nous lavons bien à fond pour
mière
fois
la
pre-
depuis huit jours dans un ruisseau, quand
tout à coup on nous dit
:
«
En
arrive sur nous! » Il est 7 heures
route
!
L'ennemi
du soir;
il
y
avait
pommes, des prunes. Il est défendu manger et cependant il en a été beaucoup consommé. C'est là justement qu'est le grand champ de manœuvres des Français. là
des fruits, des
d'en
— Nous
4 septembre.
l'herbe mouillée. C'est est rejeté. retire par
Il
L'ennemi
fer sur Paris.
champ pendant
à peu près
derrière le village de
— C'est
Cette nouvelle
Nous marchons environ
45 kilomètres pour aller faire
j septembre.
nuit dans
vient d'arriver l'avis que l'ennemi se
chemin de
est reçue avec des hourras.
plein
la
terrible.
passons toute
une nuit
la
halte de midi en
une heure
et
demie
(f).
le 5
septembre.
Comme
nous
traversons, au plus fort du soleil et trempés de sueur, le
village ('), qui
fourmille de soldats allemands,
une voix m'appelle par mon nom. me retourne, c'est Curt Je l'appelle, notre troupe Je continue, nous nous souhaitons le bonjour et nous voilà qu'à droite
!
(i)
Il s'agit
de Mourmelon-le-Grand, camp de Châlons.
(2) Lecture douteuse. (3)
Textuellement
:
das Dorf, sans autre précision.
Journal d'un réserviste saxon
163
nous quittons. Le soir nous atteignons Châlons. La ville a capitulé.
Les 7
Le
et
S septembre
il
a de très durs combats.
y
8 septembre, une balle d'infanterie française
manche
traverse la
jambe sans
A
me
droite, en ressort et
blesser. Il est
S""
frôle
me ma
30 du matin.
10 heures, nous repoussons par notre feu
Français et nous courons après
les
Tout d'un coup
(').
font feu de côté des Français que nous n'avions pas vus.
Une
balle française m'atteint
au bas de
du côté de l'intérieur très grièvement blessé
droite, en ressort
piquée. Je suis
rester couché. Je suis
de moi éclatent
les
complètement
la
jambe
et reste enfin
et obligé de
seul, tout
autour
obus. Je ne vais certainement pas
me bande tant bien que ma botte. Les combats se
quitter vivant cette place. Je
mal
et
il
faut
poursuivent
que
je
coupe
sans interruption. Par suite,
ici
de santé ne peut pas venir
une bouchée d'eau
A
;
voilà
à
ma
9 heures
l'obscurité.
manger
(i)
Çà
là
trois
gorgées
soir, la fusillade s'arrête à cause
Tout en et
que
!
souffrant beaucoup, je
quelques mètres plus loin, pour l'abri.
service
chercher. Je n'ai pas
et n'ai plus
position
du
me
le
me
de
rampe
mettre un peu à
des camarades blessés crient pour
Ce combat semble avoir eu lieu prés de Vitry-la-Ville, petit Marne (canton d'Écury-snr-Coole) situé sur la ligne de
village de la
Vitry-le-François,
à
16 kilomètres environ au sud-est de Châlons.
Cf. plus bas page 169, note 2.
Carnets de combattants allemands
164
demander du secours rejoins
Nous
et appeler
deux autres
restons ensemble.
des brancardiers. Je
qui sont du 139*
blessés,
a là, couché,
(').
en bonne
y un camarade de ma compagnie, qui a perdu la troupe. Il me demande de l'eau. Je lui donne ma Il
santé,
dernière goutte. il
que
sa
passe la nuit
Il
gourde
est
en a besoin pour lui-même
^ septembre. là
d'eau. Il
et s'en va.
me
— le
dit qu'il
C'est triste,
dépouille ainsi des blessés
C'est maintenant
matin
le
la
demande de me donner un peu un camarade qui
ici, et
compagnie. Je remarque encore assez pleine et je lui
pour chercher
repart
!
Les cartons tonnent sans
arrêt.
deuxième jour que nous sommes
couchés. L'un de mes camarades s'appelle Richard
Krause, de Gohlis, Halleschstrasse, 142/11
coup de feu dans
Kuhm,
;
(^). Il
l'autre,
de Leipzig, Reud. Elsastrasse, 8/II.
coup de feu dans dernier.
gauche
cuisse
la
Il
la tête.
Il
Je mets un pansement
a
un
Félix a
un
à ce
a dans son sac encore ses vivres de réserve.
Nous nous partageons
des biscuits et
la
portion de
viande, et nous avons ainsi quelques petites choses à
manger. Mes
biscuits
m'ont
été volés
il
y a huit jours
(r) Le IJ9» régiment d'infanterie ou ii<^ saxon fait également partie du XIX« corps. Il tenait garnison à Dôbeln et comptait à la 47^ bri-
gade, 24S division. (2) Gohlis et
Reudnitz sont des faubourgs de Leipzig. Dans
les
adresses allemandes la disposition des chiffres, telle que nous l'avons respectée, indique, outre le Il
faut
donc
lire
:
numéro de
la
rue de Hallesch, 142,
rue, l'étage de l'immeuble.
2'^
étage.
Journal d'un réserviste saxon
et le
165
mes conserves de viande m'ont été emportées par d'hier. Mes pensées ne vont que
mauvais camarade
vers
les
Dieu de pital
miens, dont
me
toujours
les lettres.
Ah
si j'étais
seulement à l'hô-
!
Je prie
!
10 septembre.
— Le troisième jour où
blessés a déjà
ici
Je relis
secourir.
Depuis
commencé. C'est
quelques
heures
il
le
pleut,
nous gisons
10 septembre.
nous
sommes
mouillés. Je lèche les gouttes de pluie sur les feuilles,
pour apaiser un peu ma soif violente, et je fume pour me distraire une cigarette de Walther. Ma jambe me fait très mal. Nos troupes se sont retirées. Les Français avancent. le
I
d'hommes
la
il
passe des Français
;
haie
ils
voient
et l'emportent. j'avais
la nuit,
où nous sommes couchés, à enmètre de nous. Ils sont une cinquantaine
long de
viron
Dans
encore pour
// septembre.
mon fusil
Cela m'enlève
—
me
qui est le
là
devant moi
dernier appui que
soulever.
C'est aujourd'hui le 11 septembre
19 14, quatrième jour de
la
faim et de
la soif. Il
n'y
aucun secours du côté allemand. misérablement ou bien s'abandonner
a plus à attendre
On
peut périr
aux mains des Français. Je pense à Curt que peut-il aujourd'hui pour son jour de naissance? Il est :
faire
II heures du matin. Devant nous, à environ 20 mètres, émergent deux cavaliers français, mais ils disparaissent.
ï66
Carnets de combattants allemands
Maintenant ce sont des centaines de Français qui arrivent
Ils
!
viennent à nous, nous donnent
la
main.
Nous demandons
à manger et à boire et recevons en abondance du pain, du biscuit, de la viande, du vin, du café. Quiconque a quelque chose dans sa gourde nous en donne. Les Français sont très gentils et ai-
mables; presque tous nous souhaitent
un
bonjour;
le
seul voulait se jeter furieusement sur moi.
Un
sous-heutenant a causé pendant une heure avec nous, et
m'a donné son adresse en
de Leipzig.
nous donnent fruits,
de
la
me
beaucoup de choses
aussi
viande, du biscuit
moins bien mangé à notre faim
Nous attendons
jusqu'à
puis viennent des torrents.
priant de lui écrire
vient encore d'autres Français
Il
On
5
(').
:
ceux-là
;
du sirop de
Nous avons au
!
heures de l'après-midi,
brancards roulants.
Il
pleut
à
nous roule pendant une heure, puis
nous sommes chargés dans des voitures d'ambulance attelées et conduits
pendant deux à trois heures à
champs jusqu'à une ferme. Ce voyage est épouvantable. Couchés sur des brancards, nous travers
sommes
ballottés dans la voiture, ce qui
nous cause
(i) On remarquera la cordialité joviale des soldats français vainqueurs. Cette absence de toute animosité vis-à-vis du vaincu est l'une
des caractéristiques de à
notre
générosité
la tradition militaire
naturelle
et
n'a
pu
conforme que par des
française; elle est être
altérée
la part des soldats ennemis, surtout prussiens. La surprise causée aux premiers prisonniers allemands par cette
déloyautés réitérées de affabilité,
surtout chez les officiers français, ressort d'uii très gjrand
nombre de documents
et atteste les légendes de férocité dont on avait bercé leur candeur. Voir supra, page 85.
française
Journal d'un réserviste saxon
de violentes souffrances. Dans
la
i6y
ferme nous sommes
pansés; nous recevons du pain et du thé et nous
sommes couchés
sous un hangar sur de
la
paille,
couverts de nos manteaux.
—
12 septembre.
Le matin, café sucré et pain. Nous changeons notre
C'est une vraie jouissance.
Les
argent.
officiers
demandent boutons,
comme
cardes
gourde
et
reçois,
en
et
soldats
français
nous
casques,
pattes d'épaules,
co-
me demande ma m'en donne une française de même je échange de mon gobelet de zinc, un souvenir.
L'un
;
A <)^ 30 on nous donne du lait, je mien avec mes camarades. Je rends grâces nouveau pour m'avoir ainsi sauvé, bien que
« quart » français.
partage à
Dieu
je sois
le
à
prisonnier de guerre.
L'endroit où nous n'est
s'appelle
à
le
et
moment
(ce
fromagerie)
heure, un i ('). De midi à moi nous nous sommes donné réciproque-
Saint-Ouen
Français et
ment
sommes pour
guère qu'une grande vacherie
des leçons de langues à l'aide d'un livre. C'était
mourir de
rire.
viande de bœuf.
A i heure, y a eu soupe, riz et A 5 heures, mon élève d'allemand il
m'a donné un morceau de viande et du pain. Le soir, à 8 heures, nous avons tous reçu un morceau de pain et un morceau de viande chaude. Il s'agit sans doute du petit village de Saint-Ouen, situé dans canton de Sompuis (Marne), A une vingtaine de kilomètres au sudouest de Vitry-le-François.
(i)
le
Carnets de combattants allemands
i68
Mais pendant
nuit
la
il
m'aurait fallu sortir. Or,
n'y a pas de cabinets et lever.
Au
moment,
dernier
je
il
me
m'est impossible de
il
découvre derrière moi
des boîtes vides de fromage de Brie. C'est elles que j'utilise,
puis
peu agréable
du moins froide
;
il
procédé des plus incommodes
le
la
délivré
je suis
!
La
j'ai
mais
des douleurs à peine tolérables
jambe.
i^ septembre.
—
C'est
dimanche
celui-ci est toujours sucré. J'y
n'y a
;
nuit est extrêmement
pleut à torrents. Sans doute par suite de ce
mauvais temps, dans
derrière moi. L'odeur est
je les rejette ;
ici
que du pain blanc)
;
à 9 heures, café;
émiette
et le
mon
mange
pain
ainsi
;
(il
c'est
un vrai régal ('). A 10 heures, un Français me donne une cigarette que je fume aussitôt. Aujourd'hui la nourriture est un peu moins abondante, sans doute parce qu'hier
allemands. taine et
un
il
est
Nous
encore arrivé environ 150 blessés n'étions d'abord qu'une cinquan-
petit
nombre de
Français. Il
d'abord un morceau de pain, puis de et
une
tasse
la
y
a tout
viande chaude
de bouillon ; préparation extra
(*)
!
Il
est
midi.
L'après-midi est très ennuyeuse
;
je n'ai rien
autour
de moi que quinze camarades blessés. Je relis bien pour la dixième fois les lettres de chez nous. Je prie
(i)
Textuellement
(2)
Le texte porte
:
:
eine
wahre
Delikatesse.
Bereitg. tipp topp.
PI.
P^'^y'Wi^
r•/7'
-^^it^^^
-^fl-^'f^y^
fiO-^^
—
'y'-i^*^
i
XVI
Journal d'un réserviste saxon
169
Dieu de mettre bientôt fin à la guerre, pour que les miens ne s'inquiètent pas de moi; car il n'est plus possible maintenant d'écrire des cartes postales.
comme
gros
Le
repas du soir (soupe, pain et ragoût,
soir, à é''30,
moitié du pouce,
la
beurre merveilleusement)
(').
J'ai
mais préparé au
mis
ma
viande en
morceaux sur mon pain, une fibre de viande pour une bouchée de pain. La nuit j'ai bien dormi, petits
il
pleut toujours.
—
14 septembre.
Lundi, à Q"
sucré; j'émiette encore viens d'apprendre que
le lieu
blessé s'appelle Vitry(^).
bientôt
emmenés
mon
d'ici
t^o
du matin,
pain et
me
café
régale; je
du combat où
j'ai
été
Nous allons être maintenant dans un hôpital, où nous
recevrons des soins médicaux. Jusqu'ici nous n'avons
qu'un pansement de fortune. L'hôpital lomètres
dans
d'ici,
le
Midi de
la
serait à
France
50 ki-
(').
grossartig! La naïve gourmandise du fusilier (i) Textuellement allemand ne fait pas seulement honneur à la supériorité du rata de nos troupes sur le goulasch des armées germaniques, elle est caractéristique d'une âme simple, aux instincts frustes et au tempérament passif. On sait que les animaux voraces sont les plus faciles à dresser ; l'espèce humaine, des appétits matériels très il se pourrait que, dans développés s'accordassent tout particulièrement bien avec les exigences d'une discipline irréfléchie. :
(2)
Voir ci-dessus, page 165.
(5) L'expression
:
Sudfrankreich se retrouve à tout instant dans les
carnets pour désigner des régions que nous appelons l'Est.
On
ne
sait
une ignorance vraiment surprenante, à quelque hâblerie plus singulière encore ou à un usage général qui ferait appeler, en Allemagne, France du Sud toutes les
s'il
faut attribuer cette singulière désignation à
régions situées au-dessous de la latitude Paris. Cf. plus haut, page 98.
Carnets de combattants allemands
lyo
8^4^.
— Des cinq
ma bonne mère m'a
cigares et des dix cigarettes
envoyés
le
que
6 septembre, je n'ai
plus que cinq cigares. Les cigares de Walther sont déjà
tous partis. Je fume une de ses cigarettes en pensant à tous
A
ceux que j'aime à
la
maison.
nous sommes chargés sur des voitures à deux roues et conduits à la gare de Chavanges ('). Le voyage dure de 3 heures à 9^ 30 du soir. Je fume le
2^ 30
dernier cigare qui
recevons de halle
la
me
soupe.
reste.
Nous
A
notre arrivée nous
passons
aux marchandises, sur de
la
nuit dans
la
une couver-
la paille et
ture.
7j septembre. j'en ai
— Le matin, pas de
bien envie.
pain. J'ai mis
pourtant
café et
Nous recevons un morceau de
ma montre
à l'heure française (une
heure de retard sur l'heure allemande).
A
8^ 30 je
pense qu'il y a juste huit jours à cette heure-ci que reçu ma blessure, et je n'ai pas encore été soi-
j'ai
hôpital.
A
3
pain pour
le
déjeuner.
gneusement examiné dans un soupe, viande de
bœuf
et
Le
C'est tout pour aujourd'hui.
heures,
soir, à 7 heures, le
premier convoi de blessés allemands s'en va par
chemin de
fer vers
16 septembre.
un
le
hôpital.
— Nous ne serons déchargés qu'au-
(i) Chavanges (Aube), arrondissement d'Arcis-sur-Aube, sur de Vltry-le-François à Bar-sur-Aube.
la
ligne
Journal d'un réserviste saxon
jourd'hui.
A
8''
171
30 du matin, bouillon, viande et pain.
Je pense justement au chocolat qui, d'après ce que m'écrivait ma bonne mère, devait m'arriver mainte-
Où
nant.
bas, qui
sera-t-il bien
resté?
Ces bons parents
ont tant besoin de leur argent,
me
les
mangent.
méchante guerre
était finie
envois et ce sont d'autres qui
là-
font des
Ah
!
si
seulement Je ne peux m'empêcher de pleurer en pensant aux miens. cette
Qui
A
sait si je les re verrai 3
jamais
?
heures, départ du train par
sains vers
Là
(').
!
Chaumont
et Jes-
des voitures nous transportent
en trente minutes à l'hôpital. Arrivés
ici
à 10^ 30,
nous sommes aussitôt mis au lit. Nous recevons une bonne soupe chaude aux carottes.
ij septembre. nuit, je n'ai pas
camarades.
A
pain, viande
;
—
A
dormi midi, c'est
8 heures du matin, café.
La
à cause des gémissements des
repas principal très
bon.
J'ai
:
chou blanc,
grand'faim,
boisson qu'on nous donne semble être du coco.
La
A
un médecin. C'est un 30 un peu l'allemand et il parle agréable très homme avant tout il a la main très légère dans le maniement des blessures. Ma blessure n'a pas bonne mine ; l'os 3''
j'ai
été enfin pansé par ;
au-dessus du cou-de-pied m'a été brisé.
(i) Lecture douteuse.
demment
Le nom
resté
en blanc dans le texte est évila ligne de Vitry-
Clairvaux. Jessains est l'embranchement de
le-François sur celle de Troyes à
Chaumout.
Carnets de combattants allemands
172
—
Une chose qui est vilaine c'est que 4 heures. nous avons tous la diarrhée. La nuit encore je n'ai pu dormir huit
tant j'avais mal, et
A
fois.
6 heures
du
soir
c'est très
Clairvaux
(').
y
me
dû
j'ai
déranger
a, semble-t-il, ici le
pommes
grand repas: soupe, pain, de bœuf;
il
de terre, viande
abondant. L'endroit s'appelle
Notre hôpital
est
ici
en temps ordinaire
une maison de correction.
— A 7 heures du matin
18 septembre.
verre de café sucré.
peu
si
fois
A
!
10 heures
Il est si
me
je
pommes
encore
A
couchés
postes;
cinq
pour
hommes
livre français-allemand :
a
première
la
:
soupe,
mange Nous sommes
dans
la
chambre,
Ce
dernier a
un
A
30,
dans lequel j'étudie.
est
abondante
mange encore deux portions ne
laisse rien repartir.
de
me
pommes
malgré cela
je
Je charge un infirmier allemand
comme
d'arrêt bien
:
un pour
la
langue
journal, car celui-ci est au
bout.
maison
;
5''
d'autres camarades. Je
rapporter deux carnets
française, l'autre
parmi
réserve (employé des
soupe, pain, viande de bœuf,
de terre. La nourriture
(i) C'est la
petit
y en
de terre, viande de bœuf. Je
habite près de Festbesold).
repas du soir
il
midi, déjeuner
un sergent-major de il
un
j'ai
pourtant
portion de deux camarades.
la
lesquels
et
suis lavé
depuis quinze jours,
pain,
bon
connue.
Journal d'un réserviste saxon
i^ septembre. j'écris
—
A
mon journal. A
carottes et viande.
7 heures, café sucré. Le matin midi, soupe aux légumes, pain,
Je
mange encore
pain et de carottes d'un autre camarade
(i) sacrée
Ici se
termine
aux
différents
en trouvera
la
le
carnet
173
du
la
portion de
(').
fusilier. Il est suivi
d'une page con-
mets dont le blessé avait envie à l'hôpital. reproduction photographique ci-dessus, page i68.
On
INDEX ALPHABÉTiaUE DES NOMS DE PERSONNES ET DE LIEUX
(Les
noms de personnes sont en capitales)
A Achêne,
Bebra,
150.
5,
Bédier (Joseph), vu.
15, 16.
Aeselborn, 153, 155.
Beine, 47.
Albert le"", 12. Ambly, 157. Ambonnay, 47,
Bernaciak,
Bertrange, 84.
48.
Bettenbourg, 83, 84. Billy-sous-Mangiennes,
Amiens, 42. Amifontaine, 69.
114,
Anvers, 134. Apolda, 150.
86,
BORECK,
87,
89,
91,
93,
118,
né,
133.
Bouillon, 87. Boult, 63.
95, 96.
Arschot
115,
113, 127,
128, 133, 134, 138, 143.
Arcis-sur-Aube, 170,
Arlon,
76.
Berry-au-Bac, 63.
(d'), 12.
Bourseigne-Neuve, 158.
Athis, 48.
Bouvignes, 21, 24.
Auboncourt, 40, 41, 42, 49. Auménancourt, 63.
Bovigny,
Ay, 47-
Brandt
Bouzonville, 81. 7.
(Sally), 75.
Brûly, 30,
Azannes, 118.
Bruxelles, 6.
B Baclain, 8, 9, 10.
BiJLOw (von),
58.
Buschfeld, 79.
Barby, 44. Bar-sur-Aube, 170. Bautzen, 10, 16, 37. Bazincourt, 63.
Carlowitz (von), Carnot, 60. Caruso, 44.
Beaumont, 47.
Cassel, 150.
Bastogne,7,io, 133,156, 157.
70.
Indtx alphabétique
176
Châlons-sur-Marne,
46,
48,
59, 60, 61, 62, 63, 162, 163.
Champigneul-Champagne,48.
Dourbes, 28, 29. Dresde,
Drese
16,
i, 7,
21,26, 149.
(Claus), 158.
Chaource, ^j.
Dreux
Charleroi, 26.
Dubenskogrube, 128. Duppenweiler, 79.
Charny, 139.
(André), xxvi.
Châtillon, 91, 93.
Chaumont,
171.
Chavanges, 170. Chérain,
Écury-sur-Coole, 163.
8.
Eisenach,
Chestruvin, 25, 26, 27. Clairvaux, 171, 172.
Coblentz, 4, 160.
Engelsdorf,
Cologne, 15, 89. Connantray, 55.
3, 149.
Épernay, 48. Erfurt, 3.
Gonsenvoye, 109, iio.
Étain, 120.
Cordel, 149, 151.
Corot,
150.
3,
Elm, 150. Ems, 4.
Ethe, 93.
42.
Couvin, 30, 158. Craonne, 63, 67.
CuRT, 162,
Faissault, 39, 40.
165.
Falaën, 26.
Famenne,
Dampierre (Jacques
de),
13,
14.
Faux, 42, 43.
22, 29, 31, 43, 45, 94. Damvillers, iio, 145.
Fère-Champenoise (La), 48,
Darmstadt, 15.
Festbesold, 172.
Deyfeld, 6.
FocH
Dhur
Forrière, 157.
52, 55-
(le P.), 29.
Francfort-sur-le-Mein, 150.
Diekirch, 153.
Dinant, 15,
16,
18,
20,
23, 26, 49, 157.
Dôbeln, 147, 149, 164.
Dommery,
34, 35.
Dorinnes, 19.
(Général), 58.
21,
Franchet d'Esperey (Général),
Franz
58.
(Capitaine), 22.
Freiberg, 16.
French
(Général), 58.
:1
Index alphabétique
Gauwies, 83,
Jalons, 48.
Gélinerie (Ferme de
la),
128,
135.
Jerske, 86. Jessains, 171,
Genève, 70.
Genglerpeter,
84.
Gercourt, 108, 109.
Germinon, 48,
49, 57. Givet, 157, 158,
Glahn,
177
JoFFRE (Général),
52.
John (Capitaine), JUNGHOLDT, 129.
22.
Juniville, 46.
Tuvincourt-Damary,
K
Gohlis, 164. 6, 7, 8, 14.
Kaiserslautern, 79.
Gravelotte, 13.
Kamenz,
Gremilly, 145. Grossenhain, 10, 11, 49.
Kantak
Guben, 76, Gué-d'Hossus (Le),
Guillaume
II,
Hainaux,
1, 3.
(Léon), 133. Keil (Lieutenant), 79, 82, 98, 100,
30, 31,
60, 97, 98.
KiPPiNG (Lieutenant), 39. Kirchhain,
3.
Kluck
(Général von), 58, 98. Koërich, 84, 85, 86.
H Halon,
68,
69, 70,
Gnesen, 76.
Gouvy,
67,
138.
138, 143.
KôNiG, 124.
II,
Hanau, 150.
Kônigsbrùck, 145,
Hanovre, 15. Hausen (Général von),
Korbetha, 7.
Haut-Fourneau (Le), 118, 120, 121, 126, 128, 133, 134, 136.
Herleshausen,
3.
3.
Kôrprich, 79. Kottbus, 76.
Krause
(Richard), 164.
Krupp, 134.
Hersfeld-les-Bains, 150.
KuHM
Hessler, 154.
Kutzscher (Max),
HiRCHER (Lieutenant), 64. Hofmann, 137. HôFNER (Lieutenant), 130, 132.
Hunfeld, 150. CARNETS DB COMBATTANTS
(Félix), 164.
154,
Lahneck, 4. Lametz, 161.
L.\NGER (Capitaine), 82.
Index alphabétique
178
Laon, 63, 68, 69,
Mayers,
Laroche, 13, 14.
Medernach, 153.
Launois, 34, 35, 36, 38, 49.
Meix-le-Tige, 93.
Merlemont, 28, 29.
Leffe, 20, 21, 23, 31, 49.
Leipzig, XXIV, 3, 7, 48, 150, 164, 166.
4.
149,
Messancy, 93. Metz, 14.
Leisnig, 149.
Mézières, 32, 34, 37, 39.
Lenharrée, 51, 52, 54, 57. Leudelange, 84.
Montfaucon, 108.
Liège, 6,
7.
Mont-Gauthier, 157. Mont-le-Ban, 10, 11.
Lisogne, 19.
Montmédy,
Lissingen, 4.
Montmirail, 58.
Lods,
Morains-le-Petit, 58.
XXIII, 75.
Longuyon, 94, 95^
95, 108.
Morville, 26, 27, 28.
138.
Longwy, 85, 91, 93, 94, 95. LôTBAND (Lieutenant), 120. Luxembourg, xxiii, 6, 14, 83, 84, 114, 151, 152, 153.
Mourmelon-le-Grand, 61, 62, 161, 162.
Mourmeion-le-Petit, 62,
MùLLER
(Lieutenant), 64.
Munich, 29. Musette (Ferme de
M
la),
68, 70.
Machault, 161.
N
Marner, 84.
Mangiennes, 113,
118,
127,
138, 143, 146.
Mannheim, Marburg, Marche,
79.
3,
20, 21, 23.
14.
Markkleeberg, 48. Markranstàdt,
3.
Marlemont, 32.
Namur,
17, 18, 19, 26.
Napoléon
I'"",
Naumburg,
3.
114.
Nauroy, 47. Neuerburg, 152, 153, 154, Neufchâtel, 63.
Neuhaus, 77. Neunkirchen, 81.
Maubert-Fontaine, 32.
Neustadt, 79.
Maucourt, 120, 125, 129, 130,
Neutomischel, 73, 75.
131, 136, 137, 140, 141.
Maunoury
(Général), 58.
Mayencc, 150,
Neuville, 46.
Neuvizy, 39.
Nicolas
II,
78.
Index alphabétique
Rochefort, 157. Rocroi, 29, 30, 31, 32.
Nismes, 28, 29.
Normée,
179
51.
Rodemachem, Roger,
Œuvy,
55, 56, 57.
Romagne-sous-les-Côtes,
Ornes, 139, 141.
Ouren, Ourt,
83.
109.
100,
96, 97, 99»
4, 5, 6.
no,
95,
112,
113, 117, 118.
6.
Rome,
P
59.
Rosée, 28,
Paris, 98, 162, 169.
Rostenne, 24, 25.
Peitz, 76,
RoY
(R.), XXII.
Petites-Loges (Les), 47.
RUBENS, 5. Rùdesheim, 150.
Pétrokov, 75.
RUHLAND,
Philippeville, 26, 28.
Runkel,
Petigny, 30.
Planitz (Général von der),
38.
153, 154.
3.
Rvbnik. 128.
Plauen, 158, Pontfaverger, 46, 47.
Saint-Étienne-au-Temple, 60,
Pontgivart, 63.
61, 62.
Port-Arthur, 27.
Saint-Gond,
Posen, 16, 73, 75, 76. Primsweiler, 79.
5
1
Saint-Hilaire, 62.
Pronsfeld, 4.
Saint-Léger, 91, 93, 103.
Prùm,
Saint-Ouen, 167.
4.
Saint-Privat, 52.
PuszKO, 146.
PUTTKAMMER (Capitaine
von),
Saint-With, 4. Salazinne (Ferme), 18.
122, 139, 140.
Salm,
R Ratkouski, 75. Reims, xxiii, 46, 47, 63 Rethel,
39,
41, 42,
46, 161.
6.
Samter, 73. Sarrebourg, 20. ,
6c>,
43,
69.
Sarrelouis, 79.
44,
SCHMAH,
145.
ScHRAMM
(Général), 32.
Reudnitz, 164.
Schubert.
Riesa, 21.
Sedan, 32, 34, 37, 38, 44, 87.
141.
hidex alphabétique
i8o
Signy-r Abbaye, 33, 34.
Ville-au-Bois(La), 63, 67, 68,
Sommesous, 48, 52, Sommière, 24, 25.
Villers-Cotterêts, 58.
71-
55.
Sompuis, 167.
Villers-en-Fagne, 28, 29.
Sorcy, 42.
Villers-le-Tourneur,
Sovet, 16, 17, 18.
Villeseneux, 48,
Spincourt,
113,
118,
120,
51,
38, s
Virton, 91, 93. Vitry-le-François,
Sprottau, 16. Stavelot, 7.
163,
170, 171.
Vouziers, 161.
Steinfort, 86.
W
Sterpigny, 8, 9,
Strasbourg, 60, 70, 79.
Walke, 108. Wartenberg
Suippes, 60, 63,
Weilburg,
(von), 138.
3, 4.
Weillen, 26. 67.
Weimar,
3.
Thionville, 83.
Weissenfels,
Thynes,
Weisswampach, 6, 10. Wengerohr, 4. Weretschagin, 27. Wesotawski, 133. Wez, 47.
18, 19.
Tours-sur-Marne, 47, Trêves, 149, 151. Troyes, 171.
U
Wibrin,
3.
10.
Untersalm, 150.
Wiedemeyer,
Uttfeld, 4.
Willershausen,
122. 3.
Wittlich, 4,
Wolsfeld, 1)1, 152.
Vaudesincourt, 62.
Verdun, xxiv, 102,
104,
95,
105,
96,
100,
107,
lie,
III, 113, 134, 137, 140.
Verzy, 47.
39.
62,
Vitry-la-Ville, 163, 169.
139, 145,
Tempelhof,
7,
Wurzburg, 78. Wurzen, 147.
Z Zittau, 37.
ZùUichau, 109.
167,
TABLE DES ILLUSTRATIONS
£a
regard des p<iges
Planches I.
— Couvertures des carnets de
du
l'officier et
réser-
viste saxons II.
—
vi
Couvertures des carnets du sous-officier de
la
landwehr
III.
IV.
V.
— Première -
-
—
xiv
page du carnet de
l'officier
saxon
.
.
i6
Vue
32
des ruines de Rethel
VI. -— Infanterie allemande en réserve VII. VIII.
— Passage sténographié du carnet de saxon — Cuisine de campagne allemande dans un village l'officier
français
XI.
—
Épaulements
— Soldats
et
abris d'infanterie allemande.
allemands de
la
XIV.
.
XVI.
72
80 96 112
— Entrée d'un allemands — Tranchées allemandes de première ligne
128
abri d'officiers
et
boyau
de communication
XV.
56
landwelir au canton-
nement XIII.
48
64
IX. -- Croquis de terrain du sous-officier de la landwehr X. '- Page du carnet du sous-officier de la landwehr
XII.
xvi
Plan des abords de Dinant
— Page du carnet du réserviste saxcn — Dernière du carnet du réserviste pat^e
144 160 saxur.
.
.
168
NOTE D'AUTHENTICITÉ Les planches
I, II, III,
VII, IX, X,
graphies prises directement sur nistère de la
de l'armée).
les
XV et X\T sont des photo-
originaux conservés au mi-
Guerre à Paris (2= bureau de l'État-major général
i82
Table des Illustrations
La planche IV
a été établie d'après les
géographiques de l'armée française
La planche supplément
V est une reproduction
illustré
et
données des services
de l'armée belge.
d'une vue du Welt-Spiegel,
du Berliner Tagehlatt{\\°
lo,
du jeudi 4
fé-
vrier 191 5, page 2).
Les planches VI, VIII, XI, XII, XIII la grande Guerre (Krieg im
l'Album de
propagande éditée en
et
XIV
sont tirées de
Bild), publication de
six langues par le Deutscher Ueberseedienst
de Berlin (Georg Stilke).
Toutes ces
illustrations sont
donc elles-mêmes des documents.
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Introduction Journal de campagne d'un
v ofificier
saxon
i
Journal de campjgne d'un sous-officier de
la
landwehr
.
75
Journal de campagne d'un réserviste saxon
147
Index alphabétique
175
Table des Illustrations
181
NANCY, IMFRIMEKIE lERGER-LEVRAULT
—
AVRIL I916
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