Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche
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Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche. 01/06/1895. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : - des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. - des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter utilisationcommerciale@bnf.fr.
SOMMAIRE DU SUPPLÉMENT àktonin Proust
Victor,
Hugo et
tembre.
le 4 Sep-
Souvenirs du temps présent.
PAUL'VERLAINE. Epilogue.
les revues.
A travers CONRAD
Alberti.
^^y\
Théodor Mommsen.
Pages d'hier.
Louis DE Robert
Le Frère.
Nouvelle. A. d'Albéca
JULES
BARON
JULES
lippe. Il y avait passé des heures agréa« Je connais Jules Favre, je connais bles. Il avait connu aux Tuileries la Jules Simon, je connais Garnier-Pagès, Impressions du Da- reine Augusta de Prusse. La reine Au- je connais Pelletan, je connais Rochehomey. gusta était lettrée et avait du goût fort, je ne connais pas Gambetta. » aimait à lui faire Vous le connaîtrez, répondis-je. Petite Chronique des pour ses vers, qu'elle réciter. Les, Feuilles d'automne lui plaiIl doit sa popularité au procès BauLettres, Le
Huret
cet ahurissementquty imprime la défaîte à dîner«au pavillon de Rohan par une être malmené. Seul, Helmholtz est égalementau-dessus de toute critique mais lettre qui se terminait ainsi Il y a quelques années, j'allais de Jersey foudroyante et inattendue. c'est là un culte platonique et révérenà Ostende sur. le 'bateau anglais. Sur ce Victor Hugo se pencha hors de la porcieux, pareil à celui qu'on vouerait Nous aurons pour ragoût même bateau se trouvait le prince. En tière et cria à plusieurs reprises « Vive vue des côtes de France, il vint à moi et la France 1 Vive la République » Des rats accommodés aux champignons d'égout, à un beaq marbre. Mommsen, au contraire^ est adulé Les hommes demeurèrent silencieux. me dit « Quand donc pourrai-je reMme Drouais dit alors aux soldats il me récita quand j'entrai, mot pour c'est un enfant du peuple, un drapeau, » mettre le pied sur ce sol?» «Le pied, » mot, les paroles que lui avait dites Gam- une personnificationde la vie nationale » répliquai-je,prince, mais pas la main.» » « Mais c'est Victor Hugo qui vous parle. même. Cette boutade parut le contrarier. » Le silence persista. betta à l'avenue Frochot, en ajoutant: Sur le quai, au moment où notre train Victor Hugo témoignait t d'ailleursd'une « Celui-là, c'est un homme. » D'où vient cette incomparablepopulad'Aumale. son képi sympathie s'ébranlait, agita le franc-tireur grande un pour duc Antonin Proust. rité ? L'université de Berlin possède, en L'altercation retentissante qu'il avait en criant :« Vive la République Vive dehors de lui, plus d'une autre étoile de eue avec le prince Napoléon l'avait tou- Gambetta I » première grandeur, même des esprits ché. En entendant le nom de Gambetta, universels dont le génie se manifeste plus Il se plut, à ce propos, à réveiller les Victor Hugo se pencha vers moi et me A TRAVERS LES REVUES pratiquement. La plupart des travaux de souvenirs de la Cour du roi Louis-Phi- dit: que son frère à la tentation du pouvoir.
Camp de la Soif.
saient particulièrement. Ce n'était pas, A. VERLY. De Notre-Dame au Zu- d'ailleurs, seulement une souveraine éprise des lettres, c'était une femme très luland. A propos d'un anniver- accessible aux considérations d'humanité, et il ne pouvait croire qu'elle ne dût saire. pas haïr la guerre et désirer y mettre fin.
Chancel
Les Plaisirs
gratuits de
paris. « L'Anguille. »
Labadie-Lagrave
Le Duel de la Vapeur
et de l'Electricité. Pages étrangères.
Courrier DU Figaro. Réponses et
Questions
H. DE Camboulas. Les Mines
d'or
nouve//es.
Transvaal. Revue financière.
du
SOUVENIRS DU TEMPS PRÉSENT
YICTOR HUGO ET LE 4 SEPTEMBRE
Le 3 septembre 1870,
à six heures du soir, nous arrivions à Bruxelles, venant de Bouillon, M: et Mme Charles Hugo,
M. Bpnnet-Duverdier, Claretie et moi.
Bouillon est une petite ville de la fron-
tière belge, à dix-neuf kilomètres de
Sedan,, à quatre kilomètres du lieu où les 140^000 hommes de l'armée allemande avaient enveloppé les 90,000 hommes de l'armée de Mac-Mahon.Cette petite ville, surmontée d'un château qui sert de résidence d'été au comte de Flandre, tire son nom du célèbre croisé Godefroy, fils d'Eustache, comte de Boulogne, qui tenait la seigneurie dont elle faisait partie de sa mère, fille du Barbu, duc de BasseLorraine. En 1095, les Bouillon vendirent leur duché aux évêques de Liège. En 1484, les seigneurs de La Marck s'en emparèrent, mais, forcés de rendre le territoire aux évêques de Liège, ils n'en gardèrent que le titre, dont hérita la maison de La Tour d'Auvergne. Louis XIV s'en empara en 1676,.puis en donna le territoire aux La Tour d'Auvergne qui le gardèrent avec le titre jusqu'en 1793, époque à laquelle le duché
fut attribué aux départements français des Ardennes et des Forêts. Les traités de 1815 réunirent le duché de Bouillon aux Pays-Bas, en autorisant le prince de Rohan-Guéménée, dernierdescendant de la maison de La, Tour d'Auvergne, à vendre ses droits à la Hollande. Après la Révolution de 1830, les habitants du
duché s'offrirent à la Belgique, qui accepta, en 1839, de réunir Bouillon à son territoire. C'est à Bouillon que les débris dé l'armée française, qui avaient pu briser le cercle de fer qui les entourait, se réfugièrent le 2 septembre 1870.
*## En arrivant à Bruxelles, nous avions pris congé de M. et de Mme Charles Hugo, à l'entrée de la place Royale, avec promesse d'aller les retrouver à dîner
chez Victor Hugo, dès que nous serions débarrassés de la poussière du voyage. Nous nous dirigions vers l'hôtel de Bellevùe, où nous avions précédemment pris logement, et qui avoisine l'hôtel de
Flandre, lorsque M. Auguste Laugel nous accosta et nous demanda d'où nous venions. Nous lui dîmes que nous venions de Bouillon, où la partie de l'armée française qui avait pu gagner le territoire belge s'était réfugiée, après le désastre de Sedan. -M. Laugel nous dit que le duc d'Aumale, le prince de Joinville et le duc de Chartres étaient à l'hôtel de Flandre, qu'il nous avait aperçus de la fenêtre et que, à leur demande, il nous priait de vouloir bien les venir voir. -Nous trouvâmes les princes d'Orléans très émus par les nouvelles de Sedan, très anxieux sur les effets que ces nouvelles produiraient à Paris. Le duc d'Aumale rappela Valmy, son père, la Convention, se déclarant prêt, comme son frère et son neveu, à mettre son épéeau service de la patrie menacée, s'il était fait appel à leur patriotisme désintéressé. Chez Victor Hugo, la conversation roula sur cette entrevue.
Charles'Hugo se montrait plus sceptique. Il ne croyait ni au désintéressement des princes, ni aux sentiments humains des rois.. Si la France appelle le duc d'Aumale à diriger ses affaires, il répondra à cet appel en invoquant les devoirs du patriotisme. Si la-France est accablée par la Prusse, la reine Augusta s'agenouillera sur un prie-Dieu, en s'inclinant devant la toute-puissance de la volonté divine, ce qui ne l'empêchera pas, ajoutait-il en s'adressant à son père, d'aimer beaucoup les vers et en particulier les Feuilles d'automne. Victor Hugo, qui, lui, haïssait la contradiction et prisait peu la 'plaisanterie, réprimanda son fils, puis, sur ce fait que la France pouvait être écrasée par la Prusse, il nous fit un tableau, absolument inexact d'ailleurs, de la France révolutionnaire, uniquement, disait-il, armée de fourches, de bâtons et de quelques mauvais fusils, repoussant Brunswick par le seul entraînement de sa fougue patriotique. « Tenez, s'écria-t-il, j'écris en ce moment un livre où je dirai toutes ces Quatre-vingt-treize. Et savezchoses vous comment l'idée de ce livre m'est venue ? Par un de ces hasards nés des contrastes. Un jour, je me promenais dans Bruxelles, à l'aventure, la tête penchée et nue, selon mon habitude. J'étais arrivé au boulevard de Waterloo, et je cheminais le long de ce boulevard. Tout à coup! je lève les yeux et j'aperçois un gros numéro Quatre-vingt-treize. Waterloo. Quatre-vingt-treize.La lueur. Mais, père, dit Charles Hugo, il n'y a que de gros numéros, sur le boulevard de Waterloo. » Le maître se prit la tête entre les mains et dit qu'il n'était pas possible de parler sérieusement devant un tel enfant. Charles s'excusa et la conversation revint à des sujets plus actuels, surtout quand M. Frederick, de l'Indépendance belge, entra et fit passer sous les yeux de Victor Hugo les dépêches que son journal recevait de Paris, et qui laissaient prévoir que de graves événements se préparaient. Nous aurions pu partir dès le lendemain pour Paris, mais Victor Hugo attendait une dépêche qui l'y appelât. La France, disait-il très franchement, ne peut faire autrement que de constituer un gouvernement composé de Victor Hugo, Ledru-Rollin, Louis Blanc, Edgar Quinet, etc., le gouvernement des prjjg crits. Le lendemain, les dépêches nous apprenaient la Révolution du 4 septembre, et il était décidé que nous partirions le 5 au matin. Le télégramme qui donnait la composition du gouvernement avaitrendu Victor Hugo triste, mais il s'était résigné fièrement, disant simplement « Le peuple oublie, mais il se souviendra qu'à côté du bras il y a la parole, et que sans la parole le bras est impuissant. La parole se fera entendre. » Le 5 septembre, à dix heures du matin, nous arrivions à la gare, Claretie et moi. Victor Hugo et Mme Drouais étaient déjà sur le quai. Un train venant de Paris versait ceux qui, fuyant le danger de la capitale, étaient partis la veille pour trouver le repos à Bruxelles.. J'en rencontre souvent aujourd'hui qui n'ont pas de jugements assez sévères pour la mollesse du gouvernement de la Défense nationale. Il en est même quelques-uns qui ont eu l'intelligence de revenir en France, la paix conclue, pour y faire des affaires heureuses. Au cours de la guerre, ces braves gens soignaient nos blessés. à l'étranger. On en a décoré pour ce fait.
*"
din.
Paul Verlaine nous en informe aujourd'hui Oui, et il s'est fait une grande place même, dans la Revue Blanche il dit « un défiau Corps législatif. nitif bonsoir à l'esprit de confidence, qui jusIl a prêté sermentà l'Empire Char- qu'à jour forma presque tout le fond de sa ce l'on voulait moi
ras ne que pas comme > prêtât serment à l'Empire, parce que littérature. Le poète est las d'avoir à se défendre contre Charrasavait comme moi la dignité de la proscription. Il a prononcé d'ailleurs sur ceux qui lui reprochèrent de s'être, en ses outrop copieusement raconté lui-même,
la théorie du plébiscite un discours malheureux. Un discours admirable. Puis il a vu sans regret la France impériale s'engager dans la guerre. Pardon, depuis Sadowa son patriotisme ne s'est jamais fait d'illusion sur l'inévitable conflit qui devait amener la guerre entre la France et la Prusse. Le jour où la nouvelle de la victoire de Sadowa est parvenue à Paris, nous étions ensemble sur le boulevard, au coin de la rue Drouot. Il a déchiré de rage le journal qui apportait cette nouvelle et, dans les bureaux du Temps où nous allâmes, il n'eut pas, devant Nefftzer, assez de paroles sévères contre les journaux français qui se réjouissaient de là victoire de Sadowa. de
Il avait tort, car cette humiliation
la maison de Habsbourg était néces-
saire. Il ne pensait pas ainsi. Sa conviction était que c'était nous qui étions atteints à Sadowa. L'affaire du Luxembourg, la candidature Hohenzollern ont peut-être montré qu'il ne se trompait pas. Dans tous les cas, que l'Empire se soit précipité dans la guerre ou que l'Allemagne l'ait amené à la lui faire, il n'est pas douteux que nous ne pouvions nous y engager dans de plus mauvaises conditions. Soit, mais l'Empire, tombé, l'envahisseur s'arrêtera devant la nation libre
et debout.Il suffira qu'une voix autorisée parle à l'Allemagne. » Je manifestai quelque incrédulité. La conversation tomba. A la station d'Aulnoye, Charles Hugo et sa femme montèrent dans notre com-
partiment.
Charles Hugo et sa femme formaient un couple des plus séduisants.
dans le train qui nous suivait. Jusqu'à Mons, on était demeuré silencieux, chacun cherchant dans les journaux achetés à Bruxelles, les détails de la journée du 4 septembre à Paris. Quel accueil allait faire Paris à Victor Hugo? Telle était l'évidente préoccupation de l'illustre proscrit. Mme Drouais voyait la grande ville anxieuse se précipitant au-devant de lui et lui faisant une conduite triomphale. A Maubeuge, un incident vint assombrir cette pensée. Notre train s'arrêta à côté d'un train qui ramenait une partie
ficelle. A Aulnoye, avec ce tact exquis que
suggère la bonté qu'ont les enfants aimants pour leurs pères, Charles vint enlever la ficelle. Il ramena son père aux souvenirs du romantisme naissant. Victor Hugo conta à ce propos nombre d'anecdotes plaisantes. Je n'en rapporterai qu'une. Au moment où il faisait répéter Hernani au Théâtre-Français, il était dans la loge de Mlle Mars avec beaucoup des amis de l'illustre comédienne.
A un certain instant, elle dit à ses
Messieurs, je vous prie de vouloir bien sortir, je vais changer de cheamis
«
mise. » Puis se retournant vers Victor Hugo qui était, à cette époque, imberbe, et'qui avait l'air d'un collégien « Vous; mon petit, vons pouvez rester, cela n'a
pas d'importance. » Je ne lui ai jamais pardonné, ajoutait Victor Hugo. Oui, répliqua Charles en riant, mais elle vous Jamais, » fit Victor Hugo. Sur Viennet et le clan des Raciniens, Victor Hugo se montra inépuisable. A Tergnier, Claretie et moi nous offrîmes à Victor Hugo le premier repas qu'il prit sur la terre de A onze heures, nous arrivions à Paris. Sur le quai dé la gare, Vacquerie etMeurice entourés d'une foule compacte firent une ovation à Victor Nous primes congé de lui et des siens, Claretie et moi, pour aller d'abord place Beauvau, ou Gambetta me déclara qu'il me retenait auprès de lui.
pardonna. France.
Hugo..
trer dans Paris.
Que se passa-t-il, au reste, à leur égard dans ce moment? Je ne l'ai jamais su exactement et je n'ai jamais cherché à le savoir, nos préoccupations étant au-
tre part.
Dès le lendemain, je demandai à Gam-
betta de voir Victor Hugo.
Nous allâmes* ensemble lui rendre visite dans le rez-de-chaussée de l'avenue Frochot, chez Paul Meurice, où il était
installé provisoirement. L'entrevue fut des plus cordiales. Gambetta exposa la situation avec une de Vinoy, dérobé au désastre telle netteté de vues et une si chaude parole que Victor Hugo demeura sous ïfelle. " '' Hommes et chevaux étaient entassés le charme et que plus tard, pendant le siège, lorsque Gambettaétait en province, Le prince de Joinville, ajouta Victor dans des wagons à bestiaux. Hugo, est, à mon avis, plus accessible Les soldats portaient sur leur visage un jour que Victor Hugo m'avait invité
'
-''
Sedan.
vrages
et, en « Trois Épilogues >, il adresse aujourd'hui ses adieux « à la littérature personnelle >. Voici le premier. Les deux suivants sont en simple prose, mais méritent aussi d'être lus.
Ainsi donc, adieu, cher moi-même, Que d'honnêtes gens m'ont blâmé, Les pauvres I d'avoir trop aimé, Trop flatté (dame, quand on aime !). Adieu, cher moi, chagrin et joie
Dont j'ai, paraît-il, tant parlé Qu'on n'en veut plus, que c'est réglé. Désormais faut que je me noie Au sein comment dit-on cela ? De l'Art Impersonnel et, digne, Que j'assume un sang-froid insigne Pour te chanter, ô Walhalla,
Pour, Bouddha, célébrer tes rites, Et vos coutumes, tous pays, Et,
le
mien de pays, ô hiss
Dire tes torts et tes mérites, des drames palpitants, Parmi des romans synthétiques Et,«, dans
Ou bien, .alors,' analytiques, M'étendre en tropes embêtants Adieu,
• <
cher moi-même en retraite 1-
C'est un peu déjà de tombeau Qui nous guigne à travers ce beau Projet vers l'art de seule tête.
Adieu, le Cœur Il n'en faut plus. C'est un peu déjà delà terre Sur la Tête et son art. austère, Que ces « adieux » irrésolus. Paul Verlaine.
Jeunes tous deux, beaux tous deux, comme on dit dans la Tour de Nesle, ils représentaient, au suprême degré, l'esprit et la grâce. Rien de plus charmant que Mme Charles Hugo, aujourd'hui Mme PORTRAITS BERLIN OIS Lockroy. Personne de plus simple et de meilleur que Charles. Il excellait à distraire son père des THÉODOR MOMMSEN préoccupations sombres. Victor Hugo, qui était au fond simple comme son fils, ne pouvait se défendre de pontifier quand l'entourage ou les Nous annoncions, dimanche dernier, événements paraissaient le lui com- M. Théodor Mommsen, correspondantque de mander. des Inscriptions et Belles-Lettres, Dans ces moments-là il se serait, selon l'Académie l'expression de Marrast, drapé dans une venait d'être élevé par la docte compagnie au
Nous prîmes place dans un compartiment, Victor Hugo, Mme Drouais, Claretie et moi. Charles Hugo, sa femme, leurs enfants; Jeanne et Georges, s'iristallèrent dans le compartiment voisin. Plus loin, François-Victor Hugo et les personnes qui l'accompagnaient. J'accompagnai ensuite Claretie chez A Mons, le conducteur du train nous apprit que le, duc d,'Aumale, le prince de Jules Favre, au quai d'Orsay.Jules Favre Joinville et le duc de Chartres avaient avait été avisé de la venue des princes quitté Bruxelles presque en même temps d'Orléans et avait pris des mesures pour que nous, et qu'ils occupaient un wagon qu'ils retournassenten Belgique sans en-
Victor Hugo dit qu'il n'avait aucune raison de douter de la sincérité des déclarations du duc d'Aumale. Il rappela cependant la campagne qui avait été récemment faite par un certain nombre d'orléanistes en faveur de l'établissement d'un stathoudérat, qui n'était, d'après lui, que la réédition de la « meilleure des Républiques»établie en France en i830, tout d'abord sous le nom de lieutenance générale du royaume, puis du corps sous celui de monarchie constitution- de
•
'
ÉPILO GrTJE
rang d'associé étranger.
Voici un intéressant portrait de l'illustre
historien allemand. Nous l'empruntons à la Nouvelle Revue de Vienne, qui publia l'an dernier cette étude, sous la signature d'un de nos confrères les plus distingués de la presse autrichienne, M. Conrad Alberti.
On ne saurait oublier cet inquiétant
et superbe profil d'oiseau de proie aux traits rudes et émaciés, au nez despotiquement enquêteur, à l'inexorable front d'airain, aux longs cheveux épars et lamentables, à l'oeil ardent et investigateur, qui éveille l'idée de griffes et de cornes, semble receler tous les poisons et tous les feux, pénétrer les profondeurs insondables du ciel et dérober au cœur ses secrets les plus cachés. A n'observer que son apparence extérieure, on le tient volontiers pour un visionnaire, et je l'ai constaté souvent aux remarques des Anglais et des Italiens, alors que je goûtais, en son voisinage,
la fraîcheur du vent nocturne sur la « piazza Colonna », à Rome. Sa stature décharnée, son habillement
disparate et ses bottes invraisemblables sont du domaine de la caricature. Et qui ne rirait, soit que, les bras surchargés de livres, toujours distrait, il réclame un verre de bière au conducteur de l'omnibus, en échange dé la monnaie qu'il vient de lui passer, soit qu'il réponde au bonjour de l'un de ses quinze enfants, rencontré dans la rue, par la demande amicale de son nom? Mais quiconque affronte franchement la flamme de ces yeux évocateurs, s'affranchit bientôt de toute impression suspecte et maladive devant l'éloquence toujours plus éclatante du regard. A Berlin, la popularité de Mommsen est fabuleuse. Aucun esprit cultivé n'oserait l'ignorer,et Dieu sait si le Berlinois se pique avant tout de culture réelle ou feinte. Quand Mommsen monte en tramway, le conducteur le désigne discrètement aux étrangers; s'il entre à la Bibliothèqueroyale, les archivistes l'escortent comme un prince. Il est au-dessus de tous les règlements. Le lycéen aspire au jour où il sera jugé apte à la lecture de l' « Histoire romaine », par la raison que ce fait lui acquiert sa majorité intellectuelle. On risquera, dans les salons, dès remarqués très mordantes sur Dubois-Reymond, Virchow et d'autres .étoiles académiques mais celui qui. se permettrait de dénigrer Mommsen s'exposerait fort à
Mommsen ne sont accessibles qu'aux hommes spéciaux. La profondeur des siècles nous sépare du sujet de son œuvre capitale. Homme de parti ou' député, Mommsen n'a cueilli que des lauriers étiolés. Il est étranger aux
intérêts, aux luttes, aux mots d'ordre, aux aspirations de l'heure présente. Quelle est donc la cause qui lui légitime un tel attachement des Berlinois ?7 Ce n'est pas le savant qu'ils encensent, mais l'artiste. Et nul en effet mieux que Mommsen n'excelle à « individualiser » l'âme étrangère, à en pénétrer l'intimité, à en « modeler » les aspects divers; personne ne s'arrête avec une plus savante minutie aux moindres traits de la silhouette humaine. Et c'est là que s'affirme le génie de l'Allemand du Nord. Chez ces écrivains, en effet, peu de sympathie pour la vie sociale desmasses
dont il relevait les pans, les mains pas sées dans les poches d'un pantalon doise du bon faiseur. Une moustache arlégère et blonde se retroussait sur sa lèvre. Il avait le geste aisé, et cette sorte d'élégance virile des garçons bien découplés qui montent à cheval le matin. Paul s'interrompit d'écrire; un sourire épanouit sa franche figure à barbe brune. Eh bien, frérot, dit-il, c'est bientôt 1 Gaston lui tapa sur l'épaule affectueusement, sans répondre. Il marcha vers la fenêtre qu'il entre-bâilla, et il resta là à fredonner. Il faisait une de ces délicieuses journées d'après Pâques où l'air sent bon, où de tout s'exhale une nouvelle joie de vivre, où l'âme renaît à voir le ciel bleu des mouches volaient, des oiseaux s'essayaient à chanter, la nature reverdissait, des bourgeons poussaient aux arbres les pas des gens résonnaient clair sur les trottoirs secs. Gaston jouissait-il du renouveau, de la douceur et de la grâce ensoleillée des choses ? De son cigare partait capricieusement un ruban de fumée bleue que le léger souffle du dehors éparpillait dans la pièce. Il le jeta brusquement, revint vers Paul. Mon bon Paul, fit-il, j'ai un service à te demander. Il attendit pour se donner le temps de commencer. Et comme Paul le regardait avec un air de dire: « Eh bien, j'écoute », il tira de sa poche un petit paquet carré, formé de quelques enveloppes mauves qu'une écriture féminine sabrait de deux lignes d'adresse. Il re-
mais une compréhension instinctive et prit C'est assez délicat. Je liquide mes saisissante des ressorts d'une âme étrangère, de ce qui en détermine la force et petites affaires, et je voudrais te demanla faiblesse; une application obstinée à der de rendre ces lettres à une personne élargir le champ de l'observation, dans que tu devines. Je ne devine pas, dit Paul. le sens d'une connaissance de plus en Alors il s'assit, tenant toujours le petit plus approfondie des volontés et des paquet qu'il retournait entre ses doigts et caractères le mépris des ensembles, de la fresque littéraire mais le génie de la regardait fixement. En tout cas, tu la connais; elle est monographie, et une maîtrise incontesde notre monde, de nos amies. Ça durait tée dans l'art de ciseler une figure. mais je me marie et ça Mommsen est profondémentartiste il depuis un voit, pense et crée en artiste. A son doit finir. Certes, ça n'est pas sans me estime, la science n'est pas le but, mais chagriner un peu, et je sais qu'elle en la matière première. D'autres historiens souffre de son côté. C'est pourquoi j'aime racontent les faits, laissant le passé se mieux ne pas la voir. Et il ajouta sur un ton léger et presque révéler de lui-même. Mommsen crée des individualités.Les autres échelonnentles indifférent, comme il aurait nommé une événements; lui, les hommes. Son His- personne de connaissance dans la rue C'est madame Morège. comporte qu'une lontoire romaine Paul fit « Ah I et eut un impercepgue série de héros ou de hâbleurs d'une tible sursaut. Gaston qui lui remettait les personnalitétrès frappante. César etCicéronressuscitent ils discourent,s'agitent, lettres lui trouva un air si étrange soucommandent devant nous comme des dain qu'il demanda Qu'est-ce que tu as 7? Bismarck et des Caprivi, et le contraste Rien, rien, seulement la surprise. decesdeux natures qui marquent l'apogée de l'histoire romaine, exalte notre inté- Ce.pauvre Morège 1 D'un geste Gaston sembla écarter tout rêt au même degré que la rivalité des souci. deux hommesd'Etat actuels. César, cette Morège, est heureux; il ignore parfaite éclosion de l'esprit humain, s'éEt puis si tu crois que voque sous la plume de Mommsen, ceint naturellement. ce gaillard-là, au milieu de ses travaux, se delà couronne que TaUstérité ridicule de Brutus lui refusa; quant à Cicéron, il préoccupe de Valentine 1
an.
ne
il
devient le prototype de ces nationauxlibéraux fantoches qui voudraient, parla Paulnedisaitrien; il n'aurait trouvé que seule vertu de discours bien ordonnés, des reproches et il n'en voulaitpas faire. Il conduire l'humanité vers un but qu'ils n'était pas de cette même pâte d'hommes ignorent eux-mêmes. à bonnes fortunes qui font la cour aux femmes et les conquièrent. La hardiesse dictatorial chez le L'acuité du sens sa- et la légèreté de cœur de son frère le surlourdeur du et l'impuisante vant pro- prenaient. Il l'en blâmait tout en l'admigressiste offrent un contraste frappant. rant parfois. Lui, timide et sentimental, Peut-être Mommsen est-il trop bon artiste ne trouvait pas devant ces êtres complipour ne pas être un politique déplorable. qués et charmants l'impertinence et cet Le politique procède de l'intérêt des air de ne pas croire à leur vertu qui plaiclasses l'artiste, des séductions de l'in- sent àla plupart; et, bien qu'il les devidividualité. Or, Mommsen ne prend au- nât frivoles, perverses, et qu'il les redoucune part aux très imparfaites expé- tât, il ne pouvait s'empêcher de les trairiences suscitées de nos jours par l'obser- ter un peu en madones. Gaston, cepensi confuse de la vie des dant, ne donna pas d'explication vation masses il ne se sent attiré que par des adossé à la cheminée, il examinait avec intelligences soigneusement cultivées attention le bout de ses fines bottines d'après les grandes traditions et suivant vernies. Il dit tout d'un coup, comme si déjà il ne pensait plus à ces choses une hygiènesévère de l'esprit. Les tendances artistiques de MommQuel temps délicieux 1 Le silence demeurant, il ajouta sen s'affirmèrent dès ses premières pensées. Jeune hommevil écrivit des poèmes Tu ne sors pas ? Moi je vais faire un parfaits et, aujourd'hui même, à chaque tourau.Bois. Et il gagna la porte, pendant que Paul page de sa prose, s'avoue l'amour du bien dire, et la possession du secret d'un en lui-même répétait style pur. Les vieilles perruques s'agitèCe pauvre Morège 1 rent devant sa prétention de traiter avec art les sujets scientifiques. En leur ignorance des difficultés du travail littéraire, elles tiennent tout au plus un bon style Son frère était parti, et il était soulagé pour un billet gagnant de loterie. de ne plus l'avoir là, car il ressentait une sourde irritation contre lui. Il était tout Mommsen, par cela même qu'il est ar- troublé bon Paul, et il se disait: tiste, rend mépris pour mépris aux vieil- Qu'ai-jecedonc ? » Avoir trompé un tel « les,perruques. Il se moque d'elles àtoute brave homme, un homme simple et bon, occasion. Elles s'en fâchent. Impuissan- lui semblait une si misérable action qu'il tes à nier sa valeur, elles se bornent à s'habituer à la pensée que pouvait feindre l'indifférence. Mais il peut trop ne Gaston l'avait commise. Il l'entendait isolé tous sentir comme se pour ne pas lui dire d'un ton léger, les forts. Il se voit assimiler des indivi- encore si cela n'avait pas d'importance dualités qu'il ne saurait tenir- pour ses comme « C'est Mme Morège », et il retrouvait à ce pairs. Aussi reprend-il haleine, lors- nom le brusque tressaillement dont il que, évadé des milieux académiques, il avait été saisi. La silhouette de Morège peut s'asseoir à l'ombre des grandesrui- se dressa devant lui, avec son dos voûté, nes de la Campagne de Rome, pour y sa figure tourmentée de laborieux tout le songer à la pitoyable impéritie de cette jour enfermé dans son bureau d'ingéscience historique, incapable de produire nieur. Il se rappelait le jour où, revenu autre chose que des embryons à qui d'un long voyage, il le retrouva marié, manquentlesang, les muscles, les nerfs, l'exquise figure de sa femme, jolie poutout ce qui fait, en somme, qu'un pée blonde d'une grâce innée de Parihomme vit. sienne, et cette grosse émotion qui l'avait Conrad Alberti. pris devant l'.air radieux de son ami, puis Traduit de l'allemand par M. Emile Pierre. son effusion en lui serrant les mains, et sa timidité devant ce visage rose qui lui •• ^VS^S^N^-V– souriait, pendant. que le mari répétait pour l'encourager « Va, embrasse-la embrasse-la donc » et depuis, cet élan d'affection qui le portait vers l'ingénieur auquel nul lien d'intimité ne l'attachait auparavant. Il n'analysait pas ce qu'il ressentait devant ce jeune ménage il NOUVELLE se disait « Je suis heureux de leur bonheur. » Et voilà que maintenant, après les paroles de son frère, il ne s'expliquait à son étonPendant qu'au premier étage, prépa- pas ce trouble qui se mêlaits'aperçut qu'il Il rant l'appartement des futurs époux, le nement, à son irritation. qu'il zèle des tapissiersébranlait le vieil hôtel ne plaignait pas seulement Morège, à grands coups de marteau, Paul, assis ne le plaignaitplus, même,et que cela lui cette devant sa table, s'occupaità recopier sur avait fait mal à lui d'apprendre » de larges enveloppes les adresses indi- chose. Il se dit: « Serais-je jaloux?» pouls sentit que il son quées dans un petit carnet que sa main Et brusquement, avait qu'il battait, gauche feuilletait. Sur la table s'amonce- battait, que son cœur un peu froid aux tempes. Alors il eut laient des « faire part » où se lisait comme un éblouissement, et il porta la Madame veuve Servaises, née de Juigné, a main à son col qui l'étranglait. Car il l'honneur de vous faire part du mariage de comprenait qu'il aimait Valentine, qu'il M. Gaston Servaises, son fils, avec Mlle Germaine l'avait toujours aimée, qu'il l'aimait de Chapelain. toutes les forces douloureuses de son de timide, de sentimental, de silenPaul ne leva pas la tête au bruit de la cœur porte qui s'ouvrait. Une tenture s'écarta cieux. et Gaston vint à petits pas qu'étouffait Il marcha dans la pièce, se répétant le* tapis regarder son frère. Il était « Voilà, je l'aime, je suis amoureux, moi, grand, bien pris dans une redingotenoire de cette femme, et c'est Gaston. » II se,
LE FRÈRE
frappa la.poitrine et, comme toute situation émouvante de la vie s'accompagne de petits détails ridicules,iltirason mouchoir et se moucha le paquet de lettres qu'il tenait sous son bras eut un bruit de papier foissé il le prit dans sa main, le regarda. C'était un petit paquet de quelques courts billets, une demi-douzaine tout au plus. Il lut sur une enveloppe Monsieur Gaston Servaises, tracé d'une écriture élancée, d'une brave et franche petite écriture. Elle semblait loyale, cette écridans ture-là. Comme tout trompait la main de Paul, le paquet retourné se mit à trembler. Ainsi ils s'étaient aimés 1 Il ferma les yeux, les vit tous deux dans le salon de Morège, s'appelant cérémonieusement « Cher monsieur, et chère
Et
;puis,lemaripartî,s'étreignant brusquement: « Chérie! Gaston1» Et lui qui souriait au bonheur de son ami, qui madame»
Et il comprit qu'il ne pouvait pas rester plus longtemps, que son cœur éclaterait. Elle s'était levée; il reprit ses mains dans les siennes, les serra en balbutiant
Soyez forte, soyez forte. Et avec brusquerie, comme un fou, il saisit son chapeau, la quitta, descendit l'escalier vite, vite, sentant qu'il était à bout d'énergie, à bout de courage, et qu'il n'avait plus qu'à se sauver très loin, dans la rue, n'importe où, mais loin d'elle. Car il ne fallait pas qu'elle sût, car elle-ne devait pas savoir, pas savoir, ja-
mais.
Louis de Robert.
LE CAMP DE LA SOIF
parlait avec admiration de sa charmante (i2 AU 15 OCTOBRE 1892) femme. Le naïf le pauvre homme il les voyait ensuite dans un petit nid élégant; elle arrivait en voiture, elle se dégantait tout en avançant ses lèvres vers les sien- Au moment où nos troupes vont^se trouver nes, ces lèvres qui avaient un sourire si à Madagascar; dont le climat présente de candide, si honnête. Et dans ces lettres, grandes analogies avec le Dahomey, aux prises ces lettres. Il posa le paquet sur la table, vint à la fenêtre, à la place où était avec les nombreuses difficultés matérielles, son frère tout à l'heure. Son frère Il fre- inévitables dans les pays intertropicaux, il nous donnait, il était sans regrets, son frère, a paru intéressant de donner à nos lecteurs indifférent, joli homme se mariant de- un extrait de l'ouvrage la France au Dahomey main la vie était un champ où son ca- que publie dans quelques jours,chez Hachette, price cueillait le plaisir sans souci des M. d'Albéca, administrateurcolonial. autres, rien qu'en étendant la main. Le Cet ouvrage est un récit très complet, très clair soleil, le renouveau des choses lui vivant des événements survenus pendant les inspiraient le désir d'une promenade au Bois, et il y allait, l'âme en repos; tandis années 1892 et 1893. Ancien officier d'infanque lui, Paul, demeuré là, sentait un terie, ancien résidentà Grand-Popoet à Portoétrangemal,quelque chose dedouloureux Novo, M. d'Albéca a été appelé par le généet d'inexprimable en lui est-ce que son ral Dodds à suivre les opérations militaires en cœur ne se vidait pas de sa bonté naïve, qualité de directeur des affaires politiques et de ses illusionsd'honnête homme?C'était indigènes. Tous les incidents de la campagne, comme si un grand malheur venait de voyages, combats, reconnaissances, prise le frapper, comme s'ils avaient trahi son d'Abomey, démembrement du Dahomey, redamitié, abusé de sa confiance. Il revit les lettres, le papier mauve, et il eut une dition et déchéance de Béhanzin, sont traités soudaine tentation de les lire, une soif de avec clarté par un témoin oculaire, par un acconnaître cette tendresse qui allait à un teur qui a eu sa part de responsabilité dans autre et dont cet autre s'était désaltéré si l'œuvre accomplie rapidement et avec le sucvite. Que lui disait-elle? Une enveloppe cès que l'on sait. déchirée laissait apercevoir un coin de Pour permettre au lecteur de bien suivre la papier avec ce mot mercredi, et au-des- marche des événements, M. d'Albéca remonte sous mon. Il devinait: « mon aim.é », à Tannée 1887, date de son débarquementà la un mot câlin il devinait de douces paro- C6te des Esclaves, et expose ses excursions à les, une suave musique de phrases diviGrand-Popo, au Tado et au Dahomey, à l'énes, d'adorables enfantillages d'amour; car une créature aussi exquise ne pou- poque où les féticheurs et les cabécères gouvait trouver que des choses rares et pré- vernaient le pays et entravaient toute tentacieuses à dire. Elles devaientraconter, ces tive d'exploration sérieuse. Çà et là des despetiteslettres, comment JU'ayaitconquise; criptions pittoresques, des aperçus sur les par quel charme ce garçon joli avait pris mœurs et les institutions, sur les sacrificeshucette délicieuse petite femme, jeune, ai- mains, sur la vie domestique et sur le rôle de mante, ignorante sans doute. Et il les avait à sa portée, il les touchait, il pou- la femme noire. Rien de trop didactique, rien vait les lire. Fou qu'il était, d'en respec- de trop scientifiquè. Des faits et des imprester le secret 1 Il voulut ouvrir une enve- sions. C'est attrayant comme un roman, et loppe. Mais il se raidit soudain. souvent précis comme un rapport militaire. Je n'ai pas le droit, dit-il. Ce serait Cet ouvrage, un des plus complets et des mieux misérable. documentés qu'on ait encore écrits sur le DahoLe paquet demeura là pourtant, sous mey, est accompagné de nombreuses reproson regard. C'était comme une petite ductions de photographies et de dessins dus à personne avec une petite âme; un doux dés artistes connus, Riou, Weber, A. Paris, parfum de violette s'en exhalait. Il s'attendrit. Comme il devait être heureux, ,Mme Paula Crampel, Marius Perret, Boucelui qu'elle aimait 1 Ainsi, il y avait du .1' daire, Foucher-Gudin, Brondy, etc. bonheur pour certains, tandis que d'autres se sacrifiaient, et ce serait toujours de même Les lettres l'attiraient. Il se dit « Gaston me les a remises s'il ne les i .Le Dahomey estun pays de, surprises lire; pas «achetées, -c'est que je puis les et de mystères, dira le général. Dodds à a qu'imje suis son frère, son confident, s& rentrée en France. La première et la puisque porte que j'apprenne les détails, pjus désagréable des surprises fit son sais. il reprit le » Et puisque je je sais, apparition à Kossoupa. Pas d'eau. Dans paquet le joli griffonnage d'une adresse des régions essentiellement marécadansa, se brouilla. Il tressaillit. Allons, geuses, cet élément devait être un auxiPaul, qu'est-ce que tu fais? C'était comme liaire plutôt qu'un obstacle. Subitement, si une voix rude venait de l'interpeller. Il à l'arrivée à l'étape, l'eau vint à manquer répondit: à un contingent de 2,000 hommes de C'est bon, c'est bon, je suis un troupe, 3,000 porteurs et 300 animaux homme simple, moi, un honnêtehomme. marchant et combattant sous un soleil Et ferme, il glissa le paquetdans sapo- ardent. L'état-major, ne pouvant pas che, s'assit devant sa table, reprit sa prévoir une pareille impossibilité,n'avait plume. Mais il nes'y retrouvait plus; ses pas d'équipage d'eau, comme en Algérie: yeux regardaient étonnés le désordre de Il y avait là une lacune, dont personne la table, et il lut machinalement tout n'était responsable, car on manquait de haut renseignementsprécis. En pleine saison Madame veuve Servaises, née de des pluies, au milieu de marigots, à quelJuigné, a l'honneur de vous faire part. ques mètres de Zou et de l'Ouémé il n'y avait ni puits ni sources, il est vrai. Mais #*# une colonne en expéditiondans des pays exotiques doit toujours avoir sous la main un équipaged'eau ou bien des réIl trouva à Mme Morège une grâce cipients suffisants pour en improviser triste qu'il ne lui connaissait pas. Son fin dès que le besoin s'en fait sentir. Penvisage de blonde n'avait pas ce regard un dant du Sud -Oranais, nos lumineux qui disait sa joie d'être adulée chefsl'insurrection ont attribué à cette organisation la et de trouver la vie belle. Après les pre- moitié de leur succès. miers mots d'accueil, elle se tint assise vient. Pas d'eau. Après avoir nuit La bois de chaise de doré, tout au bord sa débroussaillé pour établir des abris, les elle comprenait si que l'entrevue hommes s'endorment comme péniblement, fiéne durerait que quelques minutes. Il lui vreusement, pendant que les bêtes atdemanda des nouvelles de son mari, et tendent impatiemment l'heure de l'abreuelle répondit le pied à. la corde, arrachant les Merci, toujours très occupé. Il tra- voir, piquets. vaille trop. Paul regardait le petit salon sobre, déLe 11, départ de Kossoupa, par un reflété à qui avait paisible toujours cor temps épouvantable. De grand matin, ses yeux le bonheur de ce ménage uni, une tornade vient améliorer la situation et voici que les choses lui en parurent parce que l'on peut boire et approvisionglacées soudain. Une gêne fut entre eux, les bidons. Mais la pluie rend la marner ils taisaient l'un devant l'autre. car se très pénible à travers les fondrières, Alors, comme il n'étaitpas findiplomate, che un sol argileux, mélangé d'une eset qu'il ignorait l'art des nuances et des dans de tourbe noirâtre faisant glisser transitions propices, il tira le petit pa- pèce les porteurs pieds nus. Les voitures se quet, le lui tendit simplement,en silence. renversent, les roues des canons s'emElle ne le prit pas il tomba sur ses ge- bourbent. noux, et elle devint très blanche, puis très rouge de confusion. C'était sa honte On arrive à Oumbouémédi sans avoir étalée devant cet homme, et cela faisait l'ennemi. Les guides parlaient d'un mal à sa pudeur de femme. Sa main, vu ruisseau. Il est à sec. Pas d'eau, c'est le comme avec crainte, s'approcha de ces mot lugubre qui circule vite dans cette feuilles mauves, les toucha. Elle fit un agglomération d'êtres humains que la effort, hésita, demanda faiblement fatigue de la marche et la chaleur du Et qu'est-ce qu'il a dit? soleil commencentà irriter. Le bivouac Il n'a rien dit, fit-il. est placé à 50 mètres du cours d'eau, de Elle reprit d'une voix étrange eteomme l'Oued Secco disent les légionnaires qui lointaine. rappellent- leurs courses à travers le Oui, je comprends, je comprends. se Sahara. Un mirador est construit au haut d'un baobab pour observer la plaine, les Sa main disparut avec les lettres dans hautes herbes entravent complètement la surveillance des faces parles sentinelsa robe, elle en revint avec son fin mou- les les plus avancées. On signale à 1 kichoir. Paul vit sa poitrine se soulever, lomètre une ligne de fumée, et dans le ses cils battre, des perles lui venir aux Nord-Ouest, des cases. Un guide moins yeux. Déjà elle sanglotait derrière le pe- ignorant plus prétentieux que ses catit carré de batiste. Et ce lui fut une torou ture si vive dé la voir pleurer, qu'il lui marades affirme que nous sommes en prit la main en tremblant. Elle avait, à présence de l'armée royale et que le viltravers ses larmes, l'air humble et cette lage entrevu est Cotopa ou Cotonou, au indéfinissable détressse qu'ont tous les bord d'un cours d'eau, le Coto (Co boue, êtres, les femmes, les enfants, les bêtes, To rivière). La cavalerie se répand de tous côtés à quand ils ne sont plus aimés et qu'on les la recherche de l'eau un tirailleur abandonne. Il murmura éperdu haoussa découvre une source d'un faible -r- Oh madame, ne pleurez pas, ne débit dans pleurez pas, je vous en prie. un coin très fourré près du Cette petite main qu'il tenait était toute camp. On peut enfin abreuver les anifroide il aurait voulu la réchauffer, y maux et faire le café. Le convoi qui s'était arrive péniblement à 10 heures du appuyer ses lèvres brûlantes. Mais il enlizé n'était pas de ceux qui profitent d'un ins- soir. tant de défaillance où une âme s'entr'ouvre pour s'y glisser. Il la regardait. Du 12 au 19 octobre, série de combats « Comme elle l'aime » se disait-il. Une infinie pitié gonflait sa poitrine; il se meurtriers, période de souffrances physentait plus malheureux qu'elle il ne sa- siques, incidents de toute nature qu'il vait ce qu'il pensait, quelles folies tra- est impossible de détailler il faudrait un --versaient son esprit à voir se lamenter volume, il faudrait le génie d'Alfred de cette femme jolie qu'il aimait. II aurait Vigny, ou le talent de Paul de Molènes. voulu lui ramener son frère et qu'ils,fusDépart de Oumbouémédi le 12 à 6 heusent heureux. Cependant,.elle s'essuyait res du matin,en trois colonnes distinctes, les yeux. formées d'un groupe avec son train par, n'est Ce rien, c'était plus fort que ticulier et un tiers du convoi administra_ moi vous êtes bon, mon ami. tif 'les voitures et la cavalerie suivent Ta
route. A huit heuresle lieutenant de spa- 1 fanis, tout nus, la bouche grande ou-' his de Tavernost se trouve subitement verte, boivent à même l'eau du ciel. Un vieil adjudant de la Légion, le nez aux prises avec une bande de Dahoméens qui ont réussi à s'approcher en rampant rougi par des libationscopieuses, ne cheret sont trahis par leurs hurlements et che pas à dissimuler son bonheur « On leurs cris de guerre. Les cavaliers ne ne croira jamais, dit-il, à Bel-Abès où it peuvent charger, le peloton Varenne les y a tant d'absinthe, que l'eau fut si bonne dégage. Bientôt l'action est générale, le au Dahomey. » La pluie tombe pendant feu ennemi tr.es nourri, très régulier. Les une heure et la colonne peut s'approvitireurs ne se voient plus; les hautes her- sionner largement. bes cachent même la fumée des coups; La situation cependant est critique. La la formation de combat du corps expé- résistance trouvée sur les rives du Coto ditionnaire est très serrée les groupes indique que l'ennemi n'est pas à bout de directe vers Abose développent sur une ligne de 400 mè- force. Il défend la route d'eau de ce plateau tres, les fantassins exécutant des feux de mey, et le seul point salve sur deux rangs et l'artillerie tirant ferrugineux, qui s'élève jusqu'à 80 mèà mitraille. Les Dahoméens tentent une tres à partir de Cotopa. attaque de flanc à gauche et en arrière. Le corps expéditionnaire était réduit Ils sont reçus par les feux des spahis qui le feu et la maladie. Il ne compte plus, ont mis pied à terre sur l'ordre du com- par le 16 octobre, que 63 officiers et 1,700 mandant Villiers, pendant que la compa- hommes 2,000 porteurs, 160 gnie Rilba exécute une contre-attaque chevaux etde47troupe, Les ravitaillements qui déroute l'ennemi. La colonne se porte devenaient demulets. plus en plus difficiles, la en avant.le fanion de la Légion au centre ligne d'étape s'allongeait, les porteurs indiquant la direction pendant que les fondaient à vue d'oeil- Il était nécessaire clairons sonnent la marche. On s'avance de reconstituer la colonne, fatiguée par bonds, une série de feux, une pous- les marches et combats, et de l'allégerpar en 'sée de 500 mètres. On aborde une ligne dirigeant sur l'arrière les malades et les de tranchées que l'ennemi vientd'évaeuer. blessés très nombreux. A 11 heures le feu cesse des deux côtés Le colonel Dodds n'hésite pas. Le rappour reprendre à une-heure. Une recon- port du 16 estsuccinct « Aujourd'hui à naissance de cavalerie ayant été attaquée huit heures, enterrement des morts. A sur le chemin on reprend la marche en midi, la colonne se reportera sur Akpa, avant par bonds de 200 mètres et à 3 procéder à l'évacuation des blessés heures seulement le colonel donne l'or- pour se réapprovisionner et se redre de bivouaquerderrière une clairière. et malades, Elle reprendra le plus tôt possible Pas d'eau. On envoie au camp de la poser. vieille. Nous avons 4 Européens, 3 indi- la marche en avant. » gènes tués, 18 Européens, 11 tirailleurs A 11 h. 30, le premier groupe s'ébranle. blessés. Il y a 164 blessésetmalades.;lesporteurs, éreintés, surchargés, les abandonnent. Combats matin et soir. Arrivée Les 13. sénégalais reçoivent l'orà trois heures à Akpa, 9 tués, 31 blessés. dre tirailleurs les civières. Ils s'écrouMais on est devant le Coto, le Jourdain lent de prendre sous le poids de leurs camarades de ces hommes qui depuis le 9 n'ont mourants, qui sont de nouveau jetés par presque point d'eau; pas même pour terre. A ce moment difficile, les légionfaire le café deux fois par jour. ordres, se metsans attendre des D'après les renseignements re- naires, 14. quatre par brancard et chargent les cueillis et confirmés par les officiers tent sous un soleil de feu d'abord, montés dans les arbres, la position du blessés sùus une tornade épouvantable ensuite. Coto présentait trois lignes successives Dans mouvement, les soldats eurode tranchées creusées à cheval sur le péensce non seulement les chemin qui traverse à gué le cours d'eau. blancs,transportaient mais aussi les tirailleurs sénégaËnattaquantdirectement,oneût éprouvé lais et des paquets de Toffanis. Les chede grosses pertes. Le colonel Dodds dé- mins glissaient, hommes tombaient cide que l'on tournera les défenses en se, dans des trous, leslesblessés criaient. Mais portant à 3 kilomètres vers le Nord, pen- la légion 'étrangère, ce régiment d'élite, dant que l'artillerie engagera, du bivouac dernier vestige de nos vieilles armées, même, un combat à grande distance qui montrait une fois de plus ses qualités, trompera l'ennemi sur nos intentions. endurance, courage et confiance dans le Départ du bivouac d'Akpa en trois co- chef. Ces hommes, des mercenaires, velonnes pour prendre le Cotb en amont. de tous les points du monde, sans L'ennemi s'aperçoit à 10 heures qu'il est nus et sans patrie, s'engageant soitpour tourné. Il se précipite vers le passage et foyer morceau de pain, soit par mépris de commence le feu. L'artillerie laissée au un la vie, subissant fréquemment des soufbivouac est obligée de cesser le sien; le frances peu connues, accomplissant sans tir est impossible à régler le terrain est arrière-pensée, espoir de récomtellement fourré qu'on n'aperçoit même pense, des actes'sans d'héroïsme, donnaient projectiles. le point d'éclatement des pas indigènes ignorants et veules, à A 10 heures 30 nous sommes à 800 mè- aux inférieure d'esclaves, l'exempleune de tres du lieu que nous voulons atteindre.. race l'abnégationet de la servitude volontaire, Quelques spahis avec Greppo, adjudant supportées avec dignité. de cavalerie, partent en avant. Ils sont Alexandre dAlb6ca. reçus par des coups de fusil que leur envoie des nègres dissimulés derrière des termitières brutes de cinq à six mètres. Les canons dahoméens tirent de Cotopa: des Lettres Un obus éclate en plein camp et tue trois Petite Toffanis. Les misérables porteurs se tenaient constamment couchés par terrey la peur paralysait tous leurs mouvements la mort achevait leurs souffrances ceux qui étaient chargés de transporter les munitions sur-la ligne de feu Potins académiques: regrettaient presque le sort de leurs ca- M. José-Maria de Heredia est dans ses meumarades affectés au convoi, quoique ces bles. Il s'est tenu parole le nom d'Alfred de derniers fussent particulièrement at- Musset figure pas dans son discours. ne teints par les projectiles. Le capitaine Il racontait (c'est peut-être pour rire) qu'il d'état-major Roget, méridional joyeux, à là mine toujours épanouie au milieu des avait revêtu l'uniforme d'académicien de plus tristes circonstances, dit le mot Leconte de Lisle, que le Grand Impassible n'ajuste sur les Toffanis. « Ces gens-là re- vait porté qu'une fois ou deux. C'est très grettent bien vivement d'avoir embrassé filial, mais pourquoi ne pas l'avoir laissé à M. cette profession. » Paul Bourget qui doit faire l'éloge de Leconte
Le livre est précédé d'une préface de M. Charles Fuster, et suivi d'une Généalogie de
Fauteur.
M. Henri Charriaut, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue internationale, va publier la semaine prochaine en librairie son Enquête sur la Décentralisation, qui fit tapage. On y trouvera entre autres les avis de MM. de Marcère, Jules Simon, Paul Deschanel, Frédéric Mistral, PaulBourget, Flourens,Tony Révillon, de Heredia, René Goblet, Barrés, Hovelacque, Pierre Laffitte,. Laisant, Clovis
Hugues, Paul Brousse,l'abbéLemirer etc., etc.
étendue sur une chaise longue, vêtue de blanc et de bleu, noyée dans un flot de dentelles, gaie, enjouée, Elle donnait à chacun des nouvelles de l'Impérial Enfant couché à ses côtés. Le Prince, bien portant, dodu, les petites mains découvertes, reposait dans son berceau sans se soucier de combien de vœux sincères il était l'objet. Pauvre fils d'Empereur! Né dans les joies de la Paix, il verrait le trône éphémère des siens s'effondrer parmi les affres de la Guerre, et disparaîtrait un jour, l'épée à la main, en vrai soldat. Le fils de Napoléon III fut baptisé à Notre-Dame de Paris le 14 juin 1856; point ne lui fut besoin de titre pompeux:
M. Alphonse Daudet, qui, comme on l'a il resta Prince Impérial pour le peuple; déjà annoncé, est de retour à Paris, y séjour- pour l'armée, « Petit Prince » seulement. Sous le second Empire, le 16 mars, nera jusqu'à la fin du mois de juin. Il ne par-
année, se célébrait joyeusement tira pour Champrosay que dans les premiers chaque aux Tuileries; c'était pour le Souverain jours de juillet. un anniversaire de bonheur, un anni^o-
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versaire d'espérance. En 1862, le Prince atteignait sa sepM. Paul Leroy-Beaulieu va publier très protième année les femmes dévouées qui chainement un important ouvrage, Traité d'Économie politique, en quatre volumes qui pa- l'entouraient allaient céder la place à un gouverneur et à des maîtres. raîtront simultanément. Depuis plus de deux ans, Mme de Brancion n'avait pas quitté Son Altesse o d'une minute; Mme Bigot ayant perdu Vers le milieu de juin, paraîtra' chez Le- son fils (et se trouvant, par cela même, merre le nouveau volume de vers de M. Emile dispensée de service), dut quitter sa siBlémont la Belle Aventure. tuation, ce qui fut un immense chagrin Ce volume se divise en trois parties d'un ca- pour cette digne-femme qui s'était tant ractère distinct: 1° Vers d'amourettes et Vers attachée au jeune Prince. Il en fut de d'amour 2" Au gré du Rêve 30 Ciel de même pour Mme l'amirale Bruat, qui cessa toute fonction de gouvernante, et France. fut M. Monnier, le savant profesUn des paysages qui composent la dernière ce d'histoire au lycée Henri IV, qui, série, Sous bois, se trouve tout à fait actuel: seur nommé précepteur du Prince, prit aux émotion le poète y proteste avec une non con- Tuileries l'appartement occupé par mutile les Mme de Brancion. tenue contre le vandalisme qui Cette dernière aimait tendrement le beaux arbres de nos campagnes et de nos charmant enfant, qui lui rendait une villes. réelle affection; mais elle souffrait par0 fois de la manière d'être de l'Impératrice Par mesure de police, les « Caveaux » du à son égard, la Souveraine la tenant vo-. quartier Latin viennent d'être fermés il en est lontiers à distance et ne l'accueillant que deux que la littérature demandequ'on ménage par de froides banalités. celui de la Plume et celui du Procope, où se Louis-Napoléon, comme pour compensont réfugiées nos dernières muses; les rimes ser la réserve de sa mère, redoublait de bonté et de soins attentifs pour sa chère seules s'y accouplent, et encore sous-gouvernante. _o– Un jour,en longeantavec elle l'avenue On nous assure qu'il est question, au minis- de l'Impératrice, il s'extasiait sur les qui la bordaient: « Voyez, belles tère de l'instruction publique, d'instituer à disait-ilmaisons à Mme de Brancion, ces belles Orange des fêtes annuelles. maisons, ces beaux châteaux quand je Cette année, on se propose d'y jouer une serai grand, je vous les donnerai tous » pièce d'Aristophane. « Ah monseigneur, répondit Mme de Braneiôn, je sais que vous avez pour 0– moi de beaux châteaux dans le cœur. M. Laurent Tailhade,' le poète dynamité du Mais je n'en aurai jamais d'autres » café Foyot, vient de ressusciter dans la presse littéraire par des proses combatives qu'il signe Tybalt.
o–
#
l.
pour fêter le fils de Napoléon III, eut lieu aux Tuileries un bal d'enfants (en matinée, naturellement), avec éclairage, fleurs à- profusion, orchestre choisi. Dans un des salons, on avait établi un guignol en permanence; puis un magnifique goûter fut servi par tables de trente enfants. Le Prince, en pierrot, présidait la. première table, ayant à sa droite Mlle, Waleska et à sa gauche Mlle de Metternich; l'auteur de ces lignes avait l'honneur, en costume napolitain, de se trouver en face de Son Après le goûter, le bal fut endiablé; En
1862,
CharUe est le titre du roman que M. Fernand Vandérem va publier bientôt et dont voici les grandes lignes l'enfant d'une femme mariée et coupable est pris d'une affection vive pour l'ami de sa mère, dont il ignore naturellement le péché. Il grandit et cette sympathie augmente. Mais un jour, une rencontre fortuite fait naître dans son esprit la lumière. Drame intime, débat entre sa morale atavique et son sentiment soutenu par sa raison défaite finale de ses préjugés, malgré l'intervention de son père qui lui dévoile la faute de sa mère et le maudit, en mourant presque, rimpératrice 'elle-même traversait les Grave sujet qu'actualisentla vie hâtive de Pa- quadrilles et complimentait les jeunes ris et l'éducation précoce des nouvelles généra- •danseurs. M. de Verdiôre fit son apparition dans tions, et que les féministes ne laisseront pas le bal en costume Cl Œuf de Pâques; la passer sans controverses.
Altesse.
tête d'un poulet lui servant de coiffure émergeait de la gigantesque coquille. o On fit cercle autour de lui, et, ouvrant Le prix Calmann-Lévy, décerné par l'Acaœuf, M. de Verdière se mit à distridémie à M. Emile Bergerat pour l'ensemble son buer des cadeaux à tous les enfants préun très l'a été rapport de son oeuvre, sym- sents ce fut une vraie cohue; l'Impérasur Brunetière 1 Ferdinand pathiquede M. trice elle-même >prit son fils dans ses faire évê- bras et l'éleva vers le distributeur pour Il ne reste plus à Caliban qu'à se de Lisle dans quelques jours?. C'est ce qu'on **# qu'il pût saisir quelque surprise au paseût pu appeler: se mettre dans la peau du que de Meaùx; v 0– sage. Journée du 15 octobre. Pas d'eau. On bonhomme 1 A six heures, cette matinée prenait fin. envoie unecoryéeauCotosouslecommanM. Hector Malot a fait savoir au public, avec dementdu capitaine Sauvage; elle est redétails, qu'il prend une retraite bien gagnée. **# cérémonie la de Entendu sortant en poussée. Les brancardiers se couchent et « Quand on n'a plus rien àdire, on se tait,» 16 mars 1870 la fin approchait; le refusent de marcher, les infirmiers à Comme le roi Midas> il transmue en or dit-il en substance. ciel de l'Empire s'obscurcissait, et les coups de bâton les obligent à se relever. tout ce qu'il touche. Très juste. nuages; en une galopade effrénée, s'aEn présence de la force d'inertie opposée A quoi répond poète symboliste –o– moncelaient, couvant la prochaine et un par les auxiliaires indigènes, la trique va Les littérateurs cyclistes ont inauguré hier dernière tempête à la Cour, la présence C'est le krach des cuivres. désormais devenir l'arme de commandeleur déjeuner pique-niqueà Saint-Germain on de M. Emile Olliyier au ministère était ment, l'argument qui forcera l'obéisœil. Aussi ne se fai*#: s'y est rendu en mail-coach et en chemin de vue d'un mauvais sance, Les Dahoméens à l'affût comprensait-on pas faute de chuchoter; on murnent nos difficultés et deviennent plus fer. murait, on chargeait l'ancien Cinq de M. Paul Bourget est de retour à Paris., audacieux. Un peloton de Légion arrivé tout le mal dont on souffrait. Incessamment au bord du cours d'eau est obligé d'en• • •-•• Son éloge de Leconte de Lisle tenait primigrands relâchements dans l'éti-
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gager un véritable combat à labaïon•nctte. Le mouvement offensif de l'ennemi est arrêté. Au centre du bivouac, le capitaine Marmet, officier d'ordonnance du commandant supérieur, tombe • mortellement frappé. Déjà, dans la matinée, ce brillant officier que tous aimaient, avait paru triste et fatigué. A dix heures, il s'était retiré dans sa tente et couché près de son lit. A 11 heures une balle l'atteignit au ventre. « A moi, je suis perdu, que l'on vienne prendre mes dernières volontés pour ma femme. » On le porte à l'ambulance ses dernières pensées furent pour sa fillette et sa femme. L'abbé Vathelet hii donna l'extrêmeonction pendant qu'à son chevet pleurait son ordonnance européenne.De 2 à 5 heures, il resta immobile, les mains croisées sur la poitrine. On l'enterra sur les bord du Coto qu'on ne pouvait passer. Pour pouvoir le reconnattre plus tard, on laissa à son doigt son alliance en or. Cette mort impressionna particulièrement le corps expéditionnaire.
La Vie simple, de M. C. Wagner, auteur tivementcïnquante-huit pages;surla demande de l'Académie, il fut forcé de le réduire de vingt de Jeunesse. C'est une longue thèse sur le repages. L'Académie objecte, dit-on, que la tour à la simplicité desmeeurs, des sentiments, dé l'esprit aussi. Grande bataille contre la vie mariée est encore trop belle. factice, fiévreuse et pourtant stérile de notre 1 M. André Theuriet aurait l'intention de se présenter au fauteuil de Camille Doucet. o
Mme Clémence Royer, la célèbre traductrice 'de Darwin, vient d'envoyer à Washington, au concours institué par le gouvernement américain, un mémoire sur la Constitution physique du monde, qui n'a pas moins de 1,000 pages. Ce travail colossal est une sorte de synthèse des travaux scientifiques de toute l'existence de cette femme remarquable. Si Mme Clémence Royer n'a pas en France la grande place à laquelle elle a droit, il n'en est pas de même en Amérique le jury a, en effet, retardé de six mois la clôture du concours laisser à la savante française le temps La journée du i5 coûte cher. Outre pour Marmet, le commandant Stéfani, le lieu- d'achever son œuvre. tement d'Urbal sont blessés; y a 8 *o
il
tués. Le soir on change de bivouac, on se porte à 2,500 mètres en arrière du Cotb, qui coule au milieu d'un taillis de verdure caché par des lianes, des dracœnas, des orchidées, des euphorbes audessus desquelles s'entrelacent des palmiers svelteset des fromagers ombreux, des tamariniers géants. Manque absolu d'eau. Le nom de Camp de la soif est donné par les troupiers à cette étape inoubliable. Les sondages ne produisent rien. La souffrance est intense, les officiers eux-mêmes ne sont plus soutenus que par leur esprit militaire, par leur amour-propre. Les Toffanis s'éparpillent dans les brousses et meurent les uns aprèsles autres, moins durs à la fatigue et à la soif que les soldats européens.
Un coup dur pour les végétariens
M. Maurice Bouchor, le délicat poète, s'était, depuis plus de six ans, volontairement soumis au régime végétarien or, ces temps derniers le poète, un peu surmené par des conférences, des déplacements en province, se sentit affaibli et, sur l'avis de son médecin, le voilà désormais revenu aux biftecks saignants et régé-
nérateurs.
L'homme est carnivore! rugit son ami Raoul Ponchon. La preuve est faite. Mais qu'en va penser
M. Francisque Sarcey ?
o
Le livre d'Oscar Wilde, le Portrait de Dorian Gray, traduit en français, paraît la seA neuf heures du soir, le capitaine de maine prochaine.
spahis de Fitz-James, qui vient de rentrer d'Adégon, où il était allé chercher un convoi 4e vivres, propose au colonel d'aller faire de l'eau a Oumbouémédi. Il part emportant 1,100 petits bidons. Il rentre au camp à quatre heures du matin. Une heure après, une violente tornade éclate sur le bivouac. Le même cri de joie et de soulagement s'élève de tous côtés. Les. tentes sont abattues et transformées en baquets, en rigoles tous les récipients sont exposés à la pluie'; on creuse des trous pour les bêtes. Les Tof-
~o–
Un ex-officiér de la marine russe, M. Hulewiez, va publier, en français, un recueil d'aphorismes plutôt pessimistes, intitulé Paradoxal, dédié à SnralvBernhardt qui en donna l'idée à l'auteur. Exemples « ÎI n'y a pas de moyens bêtes pour gagner le ciel, le pain et le cœur d'une femme. ». (Quelle erreur!)j refus surtout que nous aimons << C'est le dans la femme. » (Pour les Slaves,
De
quette avaient aussi provoqué le mécontentement. M. Emile Ollivier voulait démocratiser la Cour; c'est lui qui avait introduit le pantalon à pied au lieu de la culotte courte dans les réceptions des Tuileries ce laisser aller avait nui conépoque. sidérablement au décorum observé jusDe Mme. Henry Gréville le Fil d'or. que-là. Les femmes se mirent de la partie, et o de nombreuses robes montantes vinrent A la dernière de l' Œuvre, une jeune échapse glisser dans les salons jadis voués à pée de la maison de correction de Nanterre l'étiquette rigoureuse. vient d'inaugurer les coiffures à bandeaux Du 1" janvier 1870 au i6 mars de la Tu vois, dit-elle à une amie qu'elle ren- même ann'ée, l'opinion publique avait eu de quoi s'énerver et se pâssionner; ces contre, je me coiffe comme Botticelli 1 deux moisà eux seuls renfermèrentplus Jules Huret. ••de faits intéressants qu'une année entière n'en comporte ordinairement. Surle nouveau ministère du 2 janvier, se greffèrent l'affaire Tropmann, le départ du baron Haussmann, la tragédie Victor Noir, les tentativesd'émeute dans AU la rue, les polémiques de Rochefort, de Paschal Grousset, la mort du maréchal Regnaud Saint-Jean d'Angely, les gourdins réunis, l'affaire Megy, le duel Bourbon-Montpensier;le chœur des pélerins (Juin 1856 Juin 1879.)J du Tannhauser sifflé au Conservatoire A'l'occasion de l'anniversaire de la mort de devant l'Impératrice, et tant d'autresfaits l'infortuné Prince Impérial au Zululand, M.Al- de moindre importance que nous ne poubert Verly, qui prépare en ce moment un nou- vons relater ici. Le 16 mars 1870, suivant la coutume vel ouvrage sur le Second Empire, nous de chaque anniversaire, réunissait dans adresse quelques extraits de ses souvenirs, la chapelle des Tuileries la maison de ayant trait aux différents anniversaires du fils Leurs. Majestés et quelques invités. de Napoléon III, Le Prince impérial entendit la messe Nous en offrons avec plaisir la primeurà nos avec un profond recueillement. Après la cérémonie religieuse, l'Emlecteurs. pereur et l'Impératrice vinrent avec grande affabilité causer avec tous les assistants. L'Impératrice avaitretrouvé son visage les cloches de Notre. des jours riants elle pria toutes les da16 mars 1856 Dame et de toutes les églises de France mes de la Cour de venir passer la soirée sonnent leurs plus joyeux carillons la aux Tuileries et par ordre, ces dames depaix, une paix durable, est signée avec vaient amener leurs enfants, garçons et fillettes. la Russie. les A ces sons d'allégresse, canons des « Il était tout naturel, disait Sa MaInvalides mêlent leur puissante voix jesté, que le jour de la fête de Loulou un enfant vient de naître, un Enfant de fût aussi jour de fête pour les enfants de France, et le drapeau des Tuileries cla- la maison. » Le Prince avait alors quatorze ans. que joyeusement au vent. Notre joie, nos lecteurs le pensent, fut Paris est en fête; les malheureux ne sont point oubliés et reçoivent les preu- grande depuis les dernières années, nos ves de la générosité impériale; l'Empe- relations avec le Prince étaient plus rareur est ivre de joie, et, à quelquesjours res. Son gouverneur, assisté des profesde là, l'Impératrice peut recevoir les seurs et maîtres en toutes sciences, accaparait Son Altesse et permettait moins hommages de la Cour. On était présenté à. Sa Majesté dans de jeux et de bonnes*parties que parle passé. son salon boudoir. Ce fut donc un branle-bas général Malgré quelques traces de fatigue et une légère pâleur, la beauté de la sou-5 parmi nous tous, et comme nos sœurs veraine brillait dans tout son éclat: étaient invitées pour la première fois,
DE NOTRE-DAME TULULAHD!
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nous n'arrivions pas à satisfaire leur curipsité enfantine. Comment est-il, le Petit Prince ?7 Comment lui parle-t-on? Faul-il l'appeler Monsieur ou Petit
Prince?
Enfin l'aiguille du cadran de l'Horloge marqua l'heure fixée et les vestibules des Tuileries se remplirent d'une foule de jeunes gens et fillettes avides de voir, de s'amuser, et pourtant très timides. Le grand escalier leur -en imposait beaucoup, et cependant ce n'était plus l'escalier des fêtes pompeuses de jadis: plus de laquais galonnés, plus de centgardes en cariatides, plus de chambellans La Cour se démocratisait! En haut, sur le large palier, six valets de pied et un chambellan de service, c'était tout. Puis, à la porte des appartements impériaux, un seul cent-garde en tenue ordinaire, sans cuirasse, immobile, semblait de marbre et perdu dans la foule d'habits bleus et de toilettes de
ville,
On entrait dans les salons, le Prince Impérial nous recevait, trouvant un mot
Plus de huit mille Français de toutes les classes se trouvèrentréunis à CambdenPlace, apportant les yœux de la terre na^ tale et la ferme conviction du retourprqchain de Napoléon IV. En effet, tout était prêt pour une restauration impériale; le monde officiel et le gouvernement delà République voyaient la fin de leur puissance jamais un prétendant n'avait réuni autant de chances sérieuses. Tout était prévu, calculé, hormis Ilnfluence néfaste de M. Rouher et l'état de gêne pécuniaire imposé au jeune Prince par l'Impératrice Eugénie. Nous arrêterons là "nos appréciations, ne voulant pas ajouter à la douleur de celle qui chaque année, presque périodiquement, traverse d'une extrémité à l'autre' le pays témoin de sa splendeur évanouie, semblable à ces- apparitipns fantastiques qui symbolisent dans les légendes les grands crimes ou les grandes infortunes. Dé Notre-Dame de Paris au Zululand, juin 1856 h, juin 1879, vingt-trois ans d'étapes, joyeuses en France et courtes celles-là, effroyables pendant l'invasion, douloureuses dans l'exil, pour parvenir au sommet du calvaire glorieux, tout là-bas, face à l'ennemi, tandis que, nouveaux Pilates, les « habits rouges » se lavaient les mains du sang de ce juste, sous le soleil d'Afrique, sous le vent de Sainte-Hélène!
aimable à dire à chacun. Les présentations faites, la soirée commença par deux comédies représentées entre des paraSaint-Germain remplissait un vents rôle. Ces saynètes, peu faites pour un public d'enfants, étaient En wagon, de Verconsin, et Adélaïde et Vermouth. La représentation terminée, l'Empereur, suiAlbortVerly. vant sa coutume, vint complimenter les acteurs. Cette soirée était vraiment bourgeoise, la dignité et la correction d'autrefois LES PLAISIRS GRATUITS étaient absentes le prestige du trône semblait affaibli et néanmoins on ne pouDE PARIS vait rien préciser, on ne pouvait mettre un nom ou un motif sur le sentiment pénible qui étreignait tous les esprits. On n'articulait nulle crainte sérieuse, mais on frondait ferme contre le pree CAnguilte- » mier ministre et nous entendions les personnages présents échanger leurs pen- Le goût des « plaisirs gratuits n'appartient sées et dire « La présence de cet homme pas qu'au sexe fort, et cette aptitude a se dis* près 'de l'Empereur est un grand mal- traire. élégamment pour rien est une de celles heur. Nous approchons d'un cata- où, à côté du Parisien, la Parisienne excelle. clysme. Vous comprenez bien de quelle catégorie de 'Le souverain lui-même n'était radieux Parisiennes j'entends parler. Il est trop évique lorsquil' s'entretenait avec ,son fils. dent qu'une femme jeune et jolie n'a aucun L'intimité entre Napoléon III et le jeune mérite à trouver devant elle toutes les portes Prince était extrême et leur confiance ouvertes, surtout si elle permet 'à qui les lui réciproque était un sujet digne d'admiouvre, une fois le seuil franchi, d'enpoussèrle r ration. Après la comédie, on dansa quelque verrou.
»
appuyées sur un bras de fauteuil ou occupées à passer furtivement sur leurs minois congestionnés, par un déjeuner hâtif une houpetté poudrerizée, l'entourent immédiatement. Elles s'empressent pour satisfaire ses moindres désirs ses indications les plus vagues se précisent peu à peu et devant elle s'accumulent des flots mouvants,multicolores, de riches étoffes qu'elle palpe amoureusement. avec de petits frissons de plaisir et d'envie. Elle a fait un signe et, tout aussitôt, sortant du salon voisin, viennent se pavaner devant ses yeux de jolies filles. vêtues de ces robes luxueuses que se payent à coups de dollars les Américaines anguleuses, ou les opulentes madames de la haute banque: ce sont les mannequins, en langage d'atelier les « paons ». Elle les considère, nonchalante, des heures entières, faisant marcher celle-ci, asseoir cellelà, étudiant l'harmonie des couleurs, la sveltesse des tailles, la chute harmonieuse des draperies elle jouit délicieusement,des obséquiosités de tout ce personnel très stylé. Mais quoi temps passe, et il faut prendre un parti. C'est alors que la lutte entre la vendeuse et « l'Anguille » devient homérique. Autant la première se fait pressante, éloquente, persuasive, autant la seconde multiplie les faux-fuyants, accumule les excuses, eri essayant de gagner la porte « Je revienfaut drai demain avec mes échantillons. Je prévois un que je consulte mon. mari. deuil. etc., etc. » Les formules sont innombrables. Je m'empresse d'ajouter que cet exercice n'est pas à la portée de toutes les femmes. Il y faut des qualités d'autorité, de présence^d'esprit, une maîtrise de tenue qui dénote dès l'entrée l'habituée des grandes maisons, sinon l'on a tôt fait d'éconduirepoliment la téméraire. La façon dont s'habille la femme qui vient « commander » a aussi son importance, car un manque de goût, une erreur de mode trop grossière met immédiatement les gens en défiance c'est,pourquoi les petites couturières, celles qui habillent véritablement les « anguilles >, vous diront qu'elles font à l'usage de ces dames des robes spéciales appellées toilettes pour shopping, c'est-à-dire exclusivement destinées à courir les magasins. arrive pourtant, malgré toute.son.adresse, un moment où < l'Anguille» sent, à un- certain refroidissement d'accueil, que son truc est éventé ou va l'être. Il lui reste alors une dernière ressource pour faire tolérer ses visites quelquefois même pour les faire désirer. Ce stratagème final consiste à donner au
le
-Il
Il
d'offrir son concours aux hautes œuvres de la justice et, de l'autre côté de l'Atlantique, elle s'exerce dans l'art de foudroyer les condamnés à mort. Jusqu'à présent, elle n'a qu'à moitié réussi dans ses expériences meurtrières, surtout lorsqu'elles étaient préméditées et c'est
bien moins par son empressement à exécuter les arrêts des jurys américains que
par son fâcheux penchant à multiplier comme à plaisir les homicidespar imprudence qu'elle a excité la terreur. L'électricité n'en sera pas moins la' grande force du vingtième siècle. Sous l'influence des années, elle se corrigera de ses imperfections. Les inventeurs dé- 1891, à Francfort, des tramways électricouvriront le moyen de réduire le prix ques faisaient le trajet entre la ville et le de ses services. Elle éclairera et réchauf- local affecté à l'Exposition. Un embranfera les appartements et fera cuire les chement de cette ligne improvisée convivres. Assouplie volonté de l'homme, duisait les visiteurs auxpoints de labanelle deviendra plus obéissante, plus do- lieue les plus fréquentés des touristes; cile et elle s'abstiendra des caprices qui mais, ce nouveau mode de transport, déroutent parfois les arrêts de la justice qui fut à bon droit considéré comme une américaine et les prévisions de la science. des plus intéressantes merveilles de Elle renoncera notamment à la fâcheuse l'Exposition d'électricïté de Francfort, habitude de n'infligqr qu'une mort pro- n'était installé qu'à titre, d'expérience visoire aux assassins condamnés au sup-. temporaire. Aujourd'hui, il existe aux Etats-Unis plice de l'électrocution et de tuer à titre définitif les malheureux dont le seul huit cent cinquante voies ferrées à traccrime est de trop s'approcher d'un fil mal tion électrique dont la longueur totale protégé. Tant que l'électricité aura pour dépasse quatorze mille kilomètres et sur mission de transporter la pensée, la pa- lesquelles circule un matériel roulant de role, la chaleur, la lumière et de faire au vingt-trois mille voitures.. besoin tomber la foudre sur la tête des criminels, tant qu'elle se comportera Tels sont les progrès qui ont été lé comme celle des forces de la nature qui accomplis en cinq ans 1 Au début, ressemble, le plus à, une force immaté- tramway électrique était uniquement rielle, son succèsne saurait être douteux. destiné à remplacer les omnibus traînés Mais ne serait-ce pas la détourner de par des chevaux, et ne sortait pas de des villes où il avait été établi. son rôle naturel que de la transformer en l'enceinte bête de somme et de l'atteler à un Mais le public ne tardait pas à prendre goût au nouveaumodedelocomotion, train de chemin de fer ? et la ligne s'étendait dans la campagne. à peu elle gagnait les villages de la tes- prophéties des ingénieurs Peu banlieue, puis la cité la plus rapprochée. A première vue, il semble déraisonna- De là elle se prolongeait quelques kiloble et chimérique de renoncer aux loco- mètres plus loin jusqu'au centre de pomotives, dont la prodigieuse puissance pulation le plus voisin, qui réclamait de obéit avec une docilité si parfaite à la vo- nouveaux moyens de communication. lonté du mécanicien, pour les remplacer Le réseau des voies électriques s'est par une force invisible, insaisissable, fait pour ainsi dire tout seul et il lui est dont l'origine est mal connue, et dont les parfois arrivé de suivre une. direction pacaprices échappent parfois au contrôle rallèle à celle du chemin de fer déjà exisde l'homme. Avec leur audace habituelle, tant. Cette concurrence s'est établie sur les Américains n'ont pas reculé devant divers tronçons qui représentent un total une pareille entreprise et les expériences de huit cents kilomètres et ne tarderont, faites dans le Nouveau Monde, pendant pas à s'étendre à quinze cents kilomètres les cinq dernières années, ne laissent de plus.' guère. de doute surl'importance des sucDans cette lutte où les tramways éleccës obtenus par l'électricité dans le nou- triques et les chemins de fer rivalisent veau domaine qu'ellevient de conquérir. de vitesse et de bon marché pour se disSir Frederick Bramwell disait, en 1881, puter sur des parcours assez restreints que « les jours de la machine à vapeur le transport des marchandises et surtout étaient comptés et que dans cinquante des voyageurs, le premier de ces moyens ans, pour voir une locomotive, il fau- de locomotion vient d'obtenir une impordrait aller dans les musées où la généra- tante victoire. La Pennsylvania Railroad tion future conservera les spécimens de Company a tout récemment décidé qu'à la civilisation du dix-neuvième siècle ». l'avenir les locomotives à vapeur seraient Dix ans plus tard,. M. R. H. Thurston remplacées par des moteurs électriques réfutait, dans lâNorth American Revièw, dans l'exploitation de l'embranchement les prédictions pessimistes du célèbre de Burlington à Mount Holly. De son ingénieur anglais et faisait une éloquente côté-, la Compagnie de New-York, New-' apologi# de la découverte de Newcomen Haven et Hartford pris une résolua et de Watt,, semblable pour les embranchements •Jamais 'Sine invention n'avait mieux tionNantasket-et de Warren à Bristol. réalisé, disait-il, les espérances qu'elle de ne se contenté plus de faire avait fait naître dès la première heure. L'électricité concurrence à la vapeur, elle l'expulse de Voilà la plus merveilleuse des machines,: son ancien domaine 'et lui enlève quels'était écrié Belidor, le mécanisme ressemble ques tronçons des lignes où les locomoà celui des animaux. La chaleur est le prin- tives traditionnelles avaient seules tircipe do son mouvement, il se fait dans ses culé, jusqu'à présent. différents tuyaux une circulation comme celle
la
Les Parisiennes dont il est ici question apC'était joie de voir tous ces enfants, partiennent au genre « honnêtes femmes >, courant de l'un à l'autre, embrassés au dont la conduite défie le soupçon. C'est parmi passage par les dames du Mais, par elles que je note tout de suite ce type classi-l'Impératrice elle-même, qui prenait les que, et que sûrement vous avez rencontré: patron des « tuyaux » sur ses véritables clien'plus petits et les asseyait sur ses genoux. D'Anguille. tes. Et alors ce sont, à chaque séance, des promettait Murat Joachim princesse La bavardages sans fin, une avalanche de petites qu'on leur poupées fillettes des enaux indiscrétions soigneusement enregistrées, dans anguille »' chez verrait le lendemain. grands les On appelle « cou- lesquelles le couturier puise quelquefois des Ce soir-là» pendant un entr'acte entre turiers de la rue de la Paix la cliente redoutée renseignements profitables. S'il apprend par les deux comédies, nous, les grands gar- qui, régulièrement,vient passser dans les maque Mme Y. est en train d'extorquer çons, déjà de l'âge du Prince, nous nous gasins des journées entières à la recherche exemple à son mari l'autorisation de faire de la bicytrouvions groupés dans une embrasure chimérimodèles de introuvables d'étoffes ou clette, vite il enverra chez elle une de ses prede fenêtre sur la droite; nous étions là: inébranlablementrésister sachant qui, Conneau, Fleury, de Bourgoing, Mariani, ques et mières chargée de lui proposer des costumes séductions l'auteur de ces lignes et d'autres dont le aux offres les plus pressantes, aux cyclistes inédits et du dernier cri, vint à souple L'Empereur échappe. ondulante glisse, adroites, plus et les nous nom Les deuils, les mariages. les liaisons andevant vendeuses énervées des les mains nous. passer entre sans y noncées ainsi d'avance lui de faire à Le souverain, vieilli, visiblement fati- jamais laisser la plus vague bribe de « com- bon escient des offres permettent souvent couronnées de gué, marchait d'un pas traînant et iné- mande succès. gal il s'arrêtaet, considérant notre jeune dans la'carrière L'Anguille débute au L'e anguille qui a des relations ou tout au < groupe, il s'amusa à nous tapoter les Louvre partie de fait Elle Marché. ou au Bon moins des tuyaux (elle les obtient quelquefois du sang dans les veines, ayant des valvules j oues. honoraires qui chafoule, d'acheteuses cette belle..Jeunesse" dit-il de sa r Quelle par les cuisinières) dévient ainsi pour certains qui s'ouvrent et se ferment à propos; elle se désœurayons de leur les Voix lasse. encombrent s?ôvaoue d'elle-même dans les temps jour que patrons un auxiliaire précieux et surtout une nourrit, réglés et tire do son travail tout ce qu'il lui Jeunesse pour le Prince! repartit.le vrement, emportant même chez elles des mon- 1 collaboratrice 'économique car, < l'Anguille > faut pour subsister. chambellan Mariani. '' ceaux de marchandises qu'elles renvoient inva,- fait à merveille les commissions n'en, deIII. sait ? murmura Napoléon Qui n'est que lendemain. Mais ceci le riablement 1Cet enthousiasme, qui étàitun peu préEt nous avons encore en nos yeux la_ l'enfance de l'art, un apprentissage sans mé- mande jamais. Jules Chancel. maturé à l'époque où l'imagination du vision très nette des longs regards pres- rite et sans difficulté; car « l'Anguille » des savant auteur de r Architecture hydraulique éteints du fils de la reine Hortense, magasins de nouveautés se contente de profiter que se donnait libre carrière, se trouvait ÉTRANGÈRES s'égarant au-dessus de nos insouciantes PAGES pleinement justifié un siècle plus tard et têtes et semblant chercher, par ra-bas, d'un droit que les directeurs de ces gigantesle collaborateur de la North Anaerican tout là-bas, dans le sombre avenir; le se- ques bazars, subtils connaisseurs du cœur Review faisait remarquer avec raison féminin, leur concèdent, sûrs d'allécher,d'exascret de la fatalité! LE DUEL ~1 que la machine à vapeur, loin de paraî'Puis l'Empereur repartit en sa marche pérer par ces complaisances le" désir hésitant. tre condamnée à être reléguée tôt ou ETDEL'ÉLECTRICITÉ nonchalante, et nous n'aperçûmes plus Pénétrer dans les mêmes conditions écono- DELJ VAPEUR tard dans un musée, devenait au conqu'un dos voûté, revêtu de l'habit bleu miques chez les couturiers en renom, les rois traire un auxiliaire de plus en plus indisbarbeau, ondulant à travers les vagues du chiffon, n'est certes pas aussi facile, mais pensable à la civilisation moderne et rehumaines de la cohue des courtisans. passionnant I scribner's magazine. north american review. cevait chaque jour de nouveaux perA onze heures, une voix sèche et do- aussi combien plus fectionnements. Dans cette curieuse Là, dans les luxueux salons, pas d'encombreWESTERMANN'S monat's hefte minatrice s'adressant au Prince Impécontroverse, engagée entre l'adversaire rial, scanda: « Loulou, il est onze heu- •ment, pas de promiscuités douteuses; de temps Comme toutes les forces jeunes, l'élec- et le champion du plus merveilleux mérés, il faut se retirer 1 » en temps,au contraire,desrencontresflatteuses tricité a confiance dans l'avenir il n'est canisme qui ait été inventé par l'indus-L'Impératrice avait ordonné et le jeune qui peuvent donner lieu dans la suite à des rela- pas dans la civilisationmoderne de puis- trie humaine, lesdeuxsavantsingénieurs Prince, après un adieu à chacun, rentra tions utiles « Vous connaissez la princesse de sance qui soit plus envahissante. Elle ne n'avaient songé qu'aux nouvelles machidans ses appartements. ? Je crois bien je la vois tous les se contente pas de transporter à de lon- nes à air et à gaz et s'étaient à peine devions plus La fête était finie, nous ne chez mon couturier. » gues distances l'écriture par le télégra- doutés que les moteurs électriques ne revoir l'Enfant Impérial aux Tuileries; jours. puis que de jouissances sans nombre dans phe et la parole par le téléphone, elle se tarderaient pas à prendre un rapide déEt cédevait être anniversaire le prochain jouis- charge d'éclairer les rues et elle pénètre veloppement. d'amour-propre, jouissances visites: ces Pad'exil.èrt'heure où la terre lébré sur même dans l'intérieur des habitations. Commune, à sances esthétiques. toute la lyre! ris s'éveillerait sous Déjà elle illumine le lustre du salon et Une conquête de proehe en proche l'heure où les Tuileries seraient la proie Il est deux heures'; c'est le moment choisi elle n'attend plus qu'un prétexte pour ende la- dernière des populaces. par « l'Anguille pour aller chez son coutu- trer dans la cuisine et chauffer les fourLes inventeurs des premières voitures peu.
.••
».
et.
H.
la
tôt, d'éviter neaux des Vatels de l'avenir. Avec la l'encombrante concurrencer des-, raseuses. présomption que donnent une longue série de succès ininterrompus et l'inexpéQuatre ans plus tard, le 16 mars 1874 celles qui achètent. fut fêté en- grande pompe à Chislehurst. En effet, dès son arrivée, les vendeuses, rience du premier âge, elle necraintpas rier elle est sûre, en venant. très
LES MINES D'OR DU TRANSVAAL. QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE MARCHÉ,
L'industrie aurifère du. Transvaal est,
comme nous l'avons vu, sérieusement conduite; personne ne doute aujourd'hui de sa prospérité elle a devant elle une longue carrière avant que les reefs du Rand soient épuisés, la génération actuelle aura disparu le siècle prochain aura atteint la moitié de sa course, que les ouvriers cafres continueront encoreà
pousser leurs galeries de mine. Mais pour que ce bel avenir se réalise, une condition est nécessaire c'est que la basse spéculation ne vienne pas, en troublant le marché par ses audaces, mettre en péril l'exploitation. Nous as-
marqué toutefois pour que nous soyons amenés à réfléchir. Rêfléchissonsdoncetessayons depénétrer les causes du mal. On peut en distinguer deux principales. La première, c'est l'ineffable ignorance du public; le mot d'or exerce sur lui une sorte d'action fascinatrice; ces deux lettres hypnotisent son cerveau il ne s'enquiert pas, il ne cherche pas à savoir si telle Compagnie paie, ou du moins si elle paiera un jour: il lui suffit qu'elle soit Gold Mining il achète, et comme il voit acheter autour de lui, il achète plus encore. Il ne lui est pas malaisé cependant de s'informer il peut connaître au juste le capital des Compagnies, leur rendement mensuel, ilpeut calculeroules gens spéciaux calculentpourluilavieprobable des exploitations, la richesse du minerai qu'elles travaillent: il lui est facile d'établir ainsi, et en tenantcompte de l'amortissement, le prix raisonnable des titres. De même, pour les Compagnies nouvelles, les renseignements ne lui manquent pas aucune ne s'établit sans une évaluation des profits futurs et c'est sûr cette évaluation, et suivant le degré dé vraisemblance qu'elle offre, qu'une saine spéculation peut se fonder. Ainsi donc, soit qu'il demande à son argent, un re-jvenu immédiat, soit qu'il le hasarde dans une entreprise dont il escompte les chances, le capitaliste a sous la main tous les éléments d'information. En use-t-il anjourd'hui ? Non, évidemment; car s'il en était ainsi, nous ne verrions pas ces fluctuations irraisonnées auxquelles est soumis le marché minier. Ces fluctuations elles-mêmes sont en tretenues avec soin par la masse des petits spéculateurs qui cherchent et trouvent leurs profits dans le marché à terme. A ceux-là, il importe peu que les mines, sur les titres. desquelles ils opérent, soient logées sur le Rand ou dans la pla-
sistons, depuis six mois, à un spectacle étrange un mouvement de hausse, très justifié au début, s'esquisse, puis, en quelques semaines, il s'échauffe, se précipite,prend des proportionsdémesurées, pousse les valeurs à une hauteur telle qu'une catastrophe paraît imminente sur ta foi de nouvelles, dont personne ji'a vérifié l'authenticité, les achats se multiplient; le moindre tuyau, colporté mystérieusement, suffit à déterminer des ordres considérables on perd peu à peu la notion du réel, du raisonnable, on ne calcule plus, on court en aveugle ce n'est plus de la spéculation, c'est du jeu, du gamble et la Bourse menace de devenir un tripot. Cependant le marché se charge; les achats trop nombreux trouvent difficilement de la contre-partie une sorte de malaise pèse lourdement sur -les transactions on commence à sîeffrayer; à l'optimisme insensé d'hier nète Mars la seule chose qui les intésuccède un pessimisme également ab- resse est le tuyau, le tip fructueux qui surde les réalisatiqjjpÈs'opcrent,les po- doit déterminer la hausse; ils le desitions trop chargées^ont liquidées d'of- mandent à tous* les échos'de la Bourse fice, les reports renchérissent et le re- flsnese soucient guère d'ailleurs qu'il soit cul se produit, trop faible peut-être pour fondé. « On vient de découvrir dans la bouleverser le marché, suffisamment Van Ryh un réef d'une richesse fabu-
leuse, »
ou bien
Telle amalgamation se prépare la nouvelle en arrive de Londres. » Et l'on marche. Comme les spéculateurs de ce genre (1) n'ont qu'une solvabilité très limitée, leur témérité imprudente a vite fait de les engager au delà de leurs forces, et une baisse subite peut amener de graves désordres. C'est là ce qu'il faudrait évitèr, et de même que les capitalistes donneront de la stabilité au marché en n'opérant que sur des indications précises et vérifiées, de même on coupera le pied' à la, mauvaise spéculation eu lui infligeant des reports formidables. Par là, on débarrassera le marché minier d'éléments qui le troublent, on le raffermira et on l'assainira. Cela ne veut «
pas dire que la hausse deviendra difficile non, mais elle sera plus régulière elle ne pourra se produire que parallèlement au développement des exploitations, ce qui est la justice même. Nous ne verrous pas de boom, mais un progrès sûr et calme; qui oserait s'en plaindre? Nous convenons que ce sont là peutêtre des desiderata difficiles à satisfaire ils ne sont pas impraticables. Le public n'aime pas à s'instruire, il est crédule, et les gens de nrétier nedissimulentguèrela médiocre opinion qu'ils ont de son jugement. Il conviendrait cependant qu'il prît conscience de ce qu'il peut et doit faire; trop souvent il se fie aux conseils, aux suggestions de gens d'habitude peu désintéressés qui prennent charge
de ses intérêts il se laisse traiter en mineur, incapable de gérer ses affaires. Pourquoi, en une matière aussi claire, n'essaierait-il pas de les conduire luimême ? Cela est-il donc au-dessus de ses forces? Qu'il se méfie surtout des emballements, de cet entraînement irréfléchi qui le pousse,de peur d'êtredevancé,à se jeter sur les valeurs dont on fait luire à ses yeux le. brillant avenir. Qu'il se persuade de la vérité de ce principe banal, passé en proverbe au Stock Exchange à II faudrait se servir d'une autre expression celle-là que on a avili ce terme de spéculation, qui en ltti-mênie-est très beau et signifie tout autre chose que le sens qu'il tend à revêtir aujour(1)
d'hui.
commodes les omnibus traînés par des beau accroître la puissance des locomochevaux. tives et augmenter le diamètre de leurs En 1887, il n'y avait sur tout le terri- roues, il est une limite qu'elles ne peuvent toire des Etats-Unis que treize lignes de guère dépasser. Un mouvement de vatramwaysqui empruntaient à l'électricité et-vient qui se transforme en mouvement leur force motrice, et le nombre des de rotation produit nécessairement une voitures en circulation sur ces minuscu- série de chocs verticaux sur les rails et les réseaux purement urbains,dontlalon- d'oscillations horizontales qui se comgueur ne dépassait pas quelques dizaines muniquent à toutes les voitures du train. de kilomètres, était à peine de cent. A mesure que les coups de piston se mulA la vérité, les expériences faites en tiplient, les trépidations deviennent plus Europe avaient donné des résultats as- intolérables, et à mesure que le diamètre sez satisfaisants. Dans un article publié des roues s'accroît, le centre de gravité de par les Westermann's Monat's Herte, M. la machine s'élève et les chances de déBernhard Dessau nous apprend qu'en raillement se multiplient avec une in-
électriques ne songeaient pas à faire concurrence aux chemins de fer leur unique ambition était de remplacer par des véhicules moins bruyants et plus
•.
quiétante rapidité. Grâce à des appareils assez simples, l'électricitéfournit au contraire un mouvement de rotation qui peut s'appliquer directement aux essieux des voitures. De là résulte la suppression à peu près complète de toute oscillation horizontale ou verticale, et par conséquent la possibilité de développer la vitesse des trains jusqu'auxdernièreslimites imposées par la prudence et peut-être aussi par le prix de revient de la force motrice.
La question d'économie Nous arrivons à la questionla plus importante à résoudre. L'électricité aurait beau avoir sur la vapeur toutes les supériorités imaginables qu'elle n'en devrait pas moins être considérée comme un fléau pour les chemins de fer de notre pays, si les avantagesqu'elle procure devaient être expiés par une aggravation de la charge déjà trop lourde de la garantie d'intérêts ou une augmentation du prix
des places. Au dire du collaborateur du Scribner's Magazine, les expériences quotidiennes faites depuis cinq ans en Amérique auraient mis en lumière deux points désormais incontestés.En premier lieu, quand il s'agit de trains légers formés de deux ou de trois voitures et partant à dix minutes d'intervalle, l'électricité est moins coûteuse que la vapeur. Dans les régions les plus peuplées des Etats-Unis les tramways électriques
n'exigentpas des voyageursplusdevingtcinq centimes pour des trajets de huit à trente-deux kilomètres. En revanche les locomotives à vapeur sont beaucoup moins coûteuses que la traction électrique sur les lignes où les trains sont formés d'un très grand nombre de voitures et ne partent qu'une ou deux fois par jour. En attendant que des nouvelles découvertes de la science viennent bouleverser l'exploitationdes chemins de fer, chacune des deux forces motrices en présence paraît ayoirjaujourd'huison domaine. L électricité convient aux lignes qui font un service de banlieue ou mettent en communicationdes grandes villes très rapprochées, tandis que les locomotives à vapeur doivent être maintenues pour les trains qui ont un ou plusieurs milliers de kilomètres à parcourir et transportent un nombre considérablede voyageurs. G.
Labadia-Lagrave
SUPPLÉMENT LITTÉRAIRE du FIGARO
La supériorité de l'électricité sur la vapeur
Bulletin d'Abonaemeat
Dans un savant et substantiel- article que vient de publier le Scribner's' Magazine,' M.Joseph Wetzler a mis en lumière les indiscutables avantages de l'é-
lectricité sur la vapeur. Non seulement les moteurs électriques suppriment les cendres et la fumée parfois si incommodes pour les voyageurs, mais encore ils chauffent et ils éclairent l'intérieur des wagons. Soit que l'on distribue à chacune des voitures du train sa quote-part de la force motricefournie par l'électricité,soit qu'on la concentré sur une seule machine, le poids mort représenté par les organes essentiels ou les indispensables accessoires de la locomotive à vapeur, nous voulons dire la chaudière, l'eau, le charbon, le tender, est remplacé par un appareil beaucoup moins lourd et beaucoup moins compliqué. Cette surcharge qui s'élève à près du cinquième de la masse totale à transporter étant à peu près supprimée, il devient possible d'employer des rails de moins bonne qualité, de construire des ponts et des viaducs moins solides, avantages fort appréciables aux yeux des Américains qui n'aiment pas à exagérer les dépenses pour garantir la sécurité des voyageurs. Ajoutons enfin que la vapeur ne peut lutter de vitesse contre l'électricté. On a
eux cette accusation que, se méfiant du succès de leur entreprise, ils ne 'cherchent qu'à s'en débarrasser avec un beau benéfice, et, comme on. dit, à passer la main. Rien ne saurait être plus funeste pour la prospérité du marché minier. Les valeurs d'or, en général, ont à leur actif trop de mécomptes; elles ont, en d'autres temps, causé trop de catastrophes pour qu'il ne soit pas de la plus vulgaire sagesse de les traiter aujour-: d'hui avec une bonne foi et une modéraUne deuxième cause de danger et ici tion absolues; mais l'exemple doit venir nous abordons une matière plus délicate de haut. On ne devrait, à l'heure ac-consiste dans la façon dont on a pris tuelle, être occupé que d'une chose coutume de lancer les compagnies nou- donner à ce marché, qui est récent et velles. Supposons une affaire créée, ou que déjà tant d'agitations ont troublé, flottée selon l'expression anglaise les des bases sûres et une assiette inébranpromoteurs de l'entreprise ne se mettent lable-; on n'y réussira que par le sangpas directement en rapport avec le pu- froid et la mesure. Se priver d'un bénéblic, ce serait du reste chose assez dif- fice immédiat, parce qu'il n'est pas jusficile ils prennent un intermédiaire, tifié par des faits, n'attendre les profits mais comme ils désirent prélever sur le que de l'exploitationelle-même,ets'oppolancement même un certain bénéfice, ils poser avec une entière énergie aux moulivrentà l'intermédiaire sa part des titres à vements artificiels, c'est faire œuvre de c'est prendre un prix supérieur au chiffre nominal d'ori- sagesse et de clairvoyance, gine. Celui-ci à son tour qui ne veut, ou une assurance pour l'avenir. ne peut se contenter du profit que lui, Il semble que ces vérités aient été laisserait son courtage,tend à hausser ce prix; et voilà,dupremier coup et dès son comprises, et tous ceux qui s'intéressent entrée sur le marché.unevaleur majorée à la prospérité du Rand s'en réjouiront. dans la proportion de 2, 21/2, 3 à 1 de C'est pourquoi il ne faut guère s'émousorte qu'une affaire qui se présentait voir de labaisse qui vient de se produire; trop loin, on avait marché avec des chances de dividende à peu on était allé s'était essoufflé un temps près sûr de 15 ou 20 0/0, se trouve ré- trop vite, on duite à un rendemeutde 5 ou 7 0/0. On de repos devenait nécessaire. D'ailleurs, loin d'avoir perdu l'avance de nous taxera peut-être de naïveté mais on est derniers à peine sommesmois il nous semble que cette méthode, si elle ces six revenus aux cours d'il y a six sese généralisait, n'irait pas sans présenter nous quelque péril; en déterminant une maines ;-là confiançs.est grande encore. hausse artificielle sur le titre, elle lui ren- Elle le sera davantage, on doit l'espérer, drait l'avenir difficile, elle le classerait quand les affaires reprendront. Elles reparmi les valeurs spéculatives; en lui prendront peut-être plus tôt qu'on ne se faisant atteindre dès le débutun prix qui l'imagine, et, si <)b salutaire avertissene devrait lui venir que de son progrès ment que nous venons de recevoir porte intrinsèque, elle anticiperait trop violem- ses fruits, on travaillera mieux, et plus ment sur les résultats futurs, et s'enga- sainement. Le public aura eu peut-être gerait dans l'incertain. Cela n'est pas le loisir de s'instruire, et les financiers juste et nous devons ajouter que cela celui de réfléchir. Souhaitons qu'instrucn'est pas raisonnable. Par là, les lan- tion et réflexions leur soient également ceurs d'affaires -.etnous ne parlons en- profitables. Au reste, quand on examine ce qui vient core ici que des lanceurs de bonnes avec un peu de philosophie sent disparaître l'inaffaires-risqueraientde prêter le flanc à de se produire, on • '•' la critique; ils rendraient possible contre quiétude,,
Londres, que par une hâte funeste, on paie bien souvent un louis 21 francs. Quant aux spéculateurs d'occasion, la douche est facile à leur administrer il suffitqueles grosses maisons s'entendent bien pour l'application de cet excellent traitement du report cher. Rien ne calme un cerveau surexcité comme la perspective d'une grosse différence à payer à la liquidation, sans faculté de prolongation possible. +
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Cî-joint un mandat de Douze fhancs (France).
Quatorze francs {Union pQstale)^
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Le marché minier, si l'on veut bien admettre la comparaison, est un enfant; par là il est soumis aux maux qui menacent l'enfance, mais, comme il est robuste, il n'en souffre que pour un moment. La dernière crise était une fièvre de croissance. Nevermind 1 En somme, et pour se mettre à l'abri des terreurs injustifiées aussi bien que des emballements absurdes, ce n'est ni
Paris ni Londres qu'il faut regarder, mais Johannesburg; c'est moins la cote
des valeurs dans nos bourses euro-
péennes qu'il importe d'avoir présente à l'esprit, que les tables de production du Rand. Tant qee. les Reefs donneront du minerai, tant que les moulins marcheront, les mouvements de recul, comme celui qui vient d'avoir lieu, n'auront rient de quoi nous devions nous effrayer. Il n'y a qu'un moyen de répondre aux méfiances excitées, aux attaques dirigées contre le marché minier, c'est de montrer le résultat des broyages. En mars 1895, le Rand a produit 184,495 onces et 6 dwts«, représentant une valeur de 16,063,702 francs,- tandis qu'en 1894, la moyenne n'était que 168,680 onces. En 1895, trente compagnies contribuaient à la production en mars 1895, il y en a eu quarante-cinq. Voilà ce qu'il faut faire connaître, ce qu'il faut crier bien haut. On ne s'insurge pas contre les faits ni contre les chiffres. Aussi, ce sont des faits et des chiffres que nous nous proposons de donner dans ces modestes et sincères études. Laissant de côté les considérations générales, nous nous attacherons à présenter le tableau exact de la situation et des progrès du Rand; nous examinerons, en nous conformant le plus possible aux
exigences de l'actualité, les diverses
compagnies, leur travail, leurs chances d'avenir nous essaierons de fournir de voir. au public les moyens de juger, ainsi de conclure; et nous croyons serle font mieux intérêts vir ses cerque ne tains qui écrivent des rapports ou déclament à la tribune, sans avoir la moindre idée du sujet où ils s'engagent. H. de Camboulas.
LE COURRIER
mourra point et demeurera à l'état latent cachée au fond de l'âme. » L'amour demande au présent tous ses enivrements, sourit aux délicieuses promesses de l'avenir. La mémoire garde du ces un compte fidèle de ces joies et de espérances. Et quand l'heure aura sonné pour le cœur d une vie plus calme, l'amitié subitement réveillée se repaîtra du KOTSE CONCOURS souvenir. » C'est aujourd'hui que notre concours La même opinion poétiquement expripour un dessin ou un modèle de selle de icyclette est définitivement clos. mée se retrouve dans les lignes suiRappelons aux concurrents qu'une vantes prime de 200 francisera décernée par un sentiment « Si vous appelez l'amour ce jury compétent au modèle réunissant avec éphémère éveille les sens quand toutes les exigences pratiques les qiialités la nature quidonne le signal aux homen de con fort que réclament les bicyclistes. Les meilleurs envois seront exposés mes quand arrive l'âge de puberté, aux le printemps s'annonce, à partir du juin dans notre Salle des oiseaux quand Dépêches enfin, nous reproduirons dans et aux papillons à la naissance des le prochain COURRIER le modèle primé et fleurs, alors l'amour se suffit. Il n'est qu'une sensation passagère, un besoin nous en expliquerons les avantages, des sens c'est l'amour physique, c'est
FIGARO
4
l'amour incomplet.
appelez l'amour ce senNOUVELLEStiment » Mais si vous NOSQUESTIONS durable où le cœur a la grande
Orgueil et Modestie. Je ne suis pas modeste; mais j'aimerais l'être si j'avais du mérite. Est-ce plus difficile aujourd'hui qu'autrefois ? Ainsi que le faisait remarquer le Figaro ces jours derniers, Corneille et Racine furent modestes, du moins ils nous paraissent tels, ce qui vraiment leur sied mieux que l'orgueil plutôt naïf qu'olympien de plusieurs de nos poètes modernes. Sait-on à quoi attribuer cette modestie voulue des anciens et la vanité inconscientedes écrivains de notre siècle?'l MEG.
II
Equitation et Discipline. Tous ceux qui ont passé par la cavalerie ou qui se sont intéressés à quelqu'un ayant fait dans cette arme son service militaire ont entendu parler du motif de punition suivante 8 jours de salle de police (ou de « Un tel prison) a couronné son cheval. » Ce motif de punition est-il, dans son laconisme, sincèrement juste et exact ?'l Un cavalier qui monte par ordre, dans un service commandé, sur un cheval quelconque est-il en âme et conscience responsable d'un accident dont le cheval seul est là cause première, ou ce cliché de punition n'est-il tout simplement qu'une tentative d'assurance imaginée par l'autorité pour s'efforcer de sauvegarder son matériel animal? .Si le cavalier est effectivement et mécaniquement responsable de la chute du cheval qui le porte, il faut alors admettre 1° Qu'un cheval qui ne tombe pas le doit uniquement à son cavalier; 2» Qu'un cavalier qui le voudrait pourrait faire tomber son cheval?'1 Qu'en pensent les amateurs d'équitation ?2 Cette question n'a pas l'intention d'ergoter de mauvaise foi sur un point de discipline militaire; aussi ne craignons-nous pas de la soumettre en toute simplicité à la conscience de ceux qui ont eu à infliger ou à subir cette punition et qui ont le sentiment intime d'aimer à se rendre compte des choses. Rappel d'une ancienne question
part, cette union intime de deux âmes, cet échange de l'être, comme le dit Michelet, où deux vies se confondent pour n'en faire plus qu'une, alors vous verrez que l'amour n'exclut pas l'amitié qui se fond avec lui, le fixe et le soutient, pour lui succéder sans secousse, quand l'homme voit s'envoler le printemps de sa vie et que le triste hiver, en le couronnant de neige, ne lui laisse plus pour l'amour qu'un rayon sans chaleur. » LiETITIA. »
Les auteurs des précédentes lettres nous parlent de l'amitié qui refleurit à l'automne de l'amour. Il est à ces cas, cependant, quelques exceptions. Ne voit-on pas dans les liaisons rompues
brusquement un sentiment bien moins beau succéder à l'amour une haine implacable suscitée par l'humiliation, le souvenir des souffrances endurées et l'oubli des joies ressenties? L'amour n'abandonne pas à la fois deux cœurs qui se désunissent, et tant qu'il reste dans l'un, il ne permet pas à l'amitié d'y venir prendre sa place. Quand on considère l'amour à un point de vue moins idéal, il est certain qu'il se distingue entièrement de l'amitié. « L'amour est une sensation exclusivement charnelle qui, par son excessive violence, peut* dans un moment d'affolement, nous pousser à commettre des infamies, des crimes, et cela pour des êtres indignes même. » L'amitié, au contraire, quoiqueaussi grande, par sa pureté, par la possibilité de sa constance, ne peut faire germer dans nos cœurs qu'impressions saineset douces, de celles qui mènent au dévouement et à l'abnégation; inconnus dans l'amour. »
Laurence. »
**# Voici maintenant un désillusionné sur
l'amour, qui le craint, qui a eu peutrêtre à le maudire, et qui, chose rare, a trouvé des amis fidèles et sincères pour le con-
III
Difficultés du Piano.
soler
Quelques-uns de nos pianistes célèbres voudraient-ils dire au Figaro le morceau « La raison de toutes les différences qu'ils ont le plus de difficulté à exécuter? entre l'amour et l'amitié, c'est que les
«\sns\sREPONSES
PlAHUtSTE EN HERBE.
sens jouent leur rôle dans l'amour. Ce sont eux qui rendront ce sentiment ty>, rannique, qui l'exacerberont"jusqu'à la
AMITIÉ ET AMOUR L'amour exclut-ill'amitiépourle même
objet7
Mystérieuxpour les uns, d'un réalisme effrayant pour les autres, poétisé par ceux-ci, blagué par ceux-là, l'amour, mêmeenvisagé dans un sens général, se comprend et surtout se produit de mille façons différentes. Seuls les poètes ont pu lui donner une définition absolue, car ils l'ont idéalisé. Mais demandez aux simples mortels ce que c'est que l'amour, ils vous répondront tous d'une façon différente, selon le bonheur qu'ils auront ressenti ou les douleurs qu'ils auront eu à subir. Ensuite, l'amour n'est pas, à proprement parler, un sentiment c'est un ensemble de sentiments vagues qui, le plus souvent, se heurtent et se contredisent. L'amour ressemble à la voie lactée dans le ciel un amas brillant formé par de milliers de petites étoiles dont chacune est souvent une nébuleuse. L'amitié revêt une forme plus positive, présente un caractère plus paisible. Mais de ce que ces deux sentiments ne peuvent se comparer, faut-il en conclure qu'on ne puisse les ressentir en même temps pour le même objet? Certes, non, nous dit « Saïm-Ham ». Lorsque ce penchant, qui s'appelle l'amitié, est exalté et fortifié par l'imagination, il devient de l'amour. » Par conséquent, celui-ci comprend implicitement celui-là. On aime généralement ce qui est beau au physique ou au moral. Lorsqu'on voit deux âmes qui se complètent, deux corps qui se désirent, deux êtres qui saiment de cet amour que la nature a mis dans le cœur humain en vue de l'attraction mutuelle des deux sexes, il est permis d'affirmer que le bonheur de l'unest intimement lié à la félicité de l'autre services réciproques, dévouement, sacrifices, abnégation, tout ce qui fait l'apanage de l'amitié existe également dans l'amour à un degré suprême. » L'amitié existe aussi dans l'amour lorsque celui-ci, arrivé à l'apogée de son intensité, se transforme en un commerce doux et tendre, en une affection de mutuelle reconnaissance, en un besoin constant de confiance et d'expansion réçiproque. » C'est aussi l'avis de « Roucas de L'Es«
il fait cependantcertainesréserves et considère surtout l'amitié comme une suite de l'amour «L'amour et l'amitié n'ont d'autre effet $urnous que de nous pousser jusqu'à sacrifier, si cela est nécessaire, une partie de notre bonheur pour assurer celui d'une autre personne. Le besoin de sacrifice est donc commun à ces deux sentiments. Ils ne diffèrent que par l'impression qu'ils produisent sur l'âme, ou, si l'on peut s'exprimer ainsi, que par leur degré d'intensité. Il ne faudrait pas en conclure cependant que l'amour n est qu'une amitié exagérée. Il nourrira son ardeur soit de la contemplation, soit de la possession de l'objet aimé. Il sera violent, emporté, passionné, suivant les cas. » L'amitié sera plus douce, plus calme et toujours plus égale. Elle pâlira certainement devant l'amour elle pâlira jusqu'à' s'effacer entièrement, mais elle ne caletta»
passion. On se regimbera contre l'amour, jamais contre l'amitié bien avant qu'on pût en venir là, elle n'existerait plus. L'être, en amour, qu'on chérit en premier, c'est soi; l'aimée, c'est mon bien, mon trésor; l'ami, c'est mon compagnon de route, mon frère. Parce qu'il y a en lui une conformité de goûts etde sentiments, comme une parenté d'âme avec moi, je l'ai choisi entre tous aucune de ces considérations n'a vraiment présidé au choix d'une maîtresse. A l'idolâtrer, je pourrais en arriver à perdre la conscience de qui je suis, de mes devoirs et de ma dignité la simple penséede mon ami me le rappellera chaque fois. L'amitié vraie repose sur la ressemblance, entre deux âmes, du meilleur d'elles-mêmes. » Aussi, celui qui possède un ami a-t-il sûrement de réelles vertus; on ne pourrait en affirmer autant sur celui qui inspire une passion. L'amitié existant entre honnêtes gens ne peut être que bienfaisante. L'amour peut ramener au bien, mais comme il peut entraîner au L'amitié ne saurait avoir le rémal sultat désastreux de l'amour, parce qu'elle n'est, ni pour l'un ni pepir l'autre, s'étouffer un asservissement. Au lieu de par des enlacements, on ne s'enlace que pour se soutenir. » Et c'est maintenant qu'il faut se poser la question L'amour exclut-il l'amitié pour le même objet?'1 » II l'exclut, par cette raison que, plus il est ardent, plus il est éloigné de priser cet objet à sa juste valeur. L'amitié, elle, connaît les vertus et les défauts. Du jour où l'amour deviendrait clairvoyant, il ne serait plus l'amour; il
aurait fait place ou à l'indifférence, ou peut-être même à l'antipathie. »
Beo d'Or.
»
Bec d'Or oublie certainement que l'amour est souvent la Cause première des
grandes actions et des idées géniales, il est vrai qu'il conduit aussi à commettre des infamies. Mais l'amitié n'a-t-elle pas quelquefois les mêmes résultats ? La mauvaise influença d'un ami est fréquente, et on est d'autant plus coupable de la subir que l'on n'a pas, comme dans l'amour, l'excuse de la passion.
#*# S'inspirant des beautés de la nature, des allégories de la mythologie, Mimosa la signature même est un nom de fleur nous explique en un poème très oriental, pourquoi l'amour ne peut s'harmoniser avec l'amitié: M « Quand on a gravi la colline «amour» une vue «amitié», la sente suivant en superbe s'offre à vos yeux, mais lorsqu'on redescend le versant opposé, le spectacle change, l'enivrement cesse, on ne trouve plus que deux routes, celle de l'indifférence et celle des rancœurs. » L'amitié n'a été que le chemin attrayant qui nous mène à l'amour et qu'on ne retrouve que pour s'en éloigner. » En effet, quand on a aimé un être avec la* quintessence même de son cœur, les fibres les plus secrèteset les plus sensibles de son être intime, le subtil de son imagination quand on a usé pour lui toutes ses forces d'aimer, dépensé ses effervescences de tendresse, que restet-il ? Une défroque. Et rien ne palpite plus en vous pour celui à qui l'on donna tant de soil » Si l'on pouvait aimer d'amour et d'amitié à la fois, mais ce serait trop beau, ce serait le parfait, le rêve réalisé Car ce serait joindre la solidité à l'éclat, le profond à l'ardent. Non, hélas! C'est justement ce qui » fait que cela s'appelle amour qui fait que
désirs..
et réci- pour l'acquisition de jouissances conformes à son tempérament et mesurées proquement. tranquille, à ses » L'amitié est cette affection légitimer sûre, bonne fille, qui fait route à pied, » Ce qui pourrait, peut-être, s'installe chez nous en camarade,n'exige, une loi injuste en elle-même, c'est que payement, qu'une franche quiconque entre dans le corps social pour tout mains.. et l'on sait comment nous y entrons tous poignée de aliène sa volonté au profit de » L'amour, lui, ce jouvenceau tout de' d'office nerfs, d'impulsions, .de spontanéités, fait la volonté générale; et qu'en même temps route sur quelque chimère aux ailes qu'il lui est conféré des droits, des obliflamboyantes. Il est impétueux impé- gations lui sont imposées, dont la loi ne tueux jusqu'au crime, parfois. Il est ja-, lui permet pas plus de s'affranchirqu'elle loux, irritable, emporté dans le bien ne tolère qu'il soit frustré des premiers. comme dans le mal; se fâche, trépigne, Il y a là, comme en tout, une balance implore, pleure, câline, s'érige en mat- compensatrice qui équilibre les avantatre, se fait petit, est souvent gêneur ges par les inconvénients. très tout cela en un laps de, temps res» Enfin, l'impossibilitéde concevoir la justice absolue ne nous permet guère treint. d'établir une société autrement que sur & • Dans notre monde baLes longues explications, les dithy- des conventions. roque, tout principe de justice, rigourambes sur l'amour et l'amitié ne ten- reusement appliqué, devient fatalement tent pas M. Hache. Son idée à lui est très lui-même une source d'injustices. » ingénieuse, bien que peu pratique, Ha II y a aussi d'autres objections que imaginé une horloge psychologique. il faut constater Ce nouveau genre de baromètre est fa- l'on peut formuler, car lié aux cile à construire il peut se. pendre à un que le patrimoine est intimement Aujourd'hui, famille. clou en le consultant, on sait à quoi s'en lois sacrées de laselon selon notre société moet tenir sur l'état de son cœur. Les deux derne,lelaCode famille repose uniquement sur poids qui le composent désignent, l'un le des questions d'intérêts, source de toutes degré d'amour, l'autre le degré d'amitié. les querelles, de toutes les haines. C'est Quand le poids-amour est à 100°, le poids-amitié est tout à fait à la glace, pourquoi les législateurs se sontla pronon seulement de défendre proà 0°. Mais rassurez-vous il y a un juste posés priété, mais de la concentrer et d'en emmilieu. Les deux poids se rencontrent à pêcher le morcellement jet le gaspillage. 50°. C'est la température idéale; les senIl est vrai que, lorsqu'un père dépense timents sont peut-être un peu tièdes, son argent à tort et à travers, cela supmais cette moyenne a' ses charmes 1 En somme, dans toutes les opinions pose quelquefois une conduite peu conqui nous ont été soumises, l'amour est forme à sa dignité. considéré tantôt comme une sensation « Si les enfants s'aperçoivent qu'une inpurement physique, tantôt comme un fluence fâcheuse peut agir sur l'esprit affaibli sentiment moral. Ne faut-il pas le consi- de leur père, ils ont le droit d'y veiller et de d'écarter tout ce qui pourrait nuire dérer uniquement à ce double point de tâcher dignité paternelle et à leurs intérêts à la l'amitié"? à lorsqu'on le compare vue Les deux lettres suivantes concluent communs. » Je ne crois pas que les intérêts d'une fafort bien que le parfait amour comprend mille puissent être compris autrement (J'enqualités d'une les toutes à lui seul so- tends une famille honnête et sérieuse). cela ne peut s'appeler- amitié
»,
lide amitié
»
L'amour est tellement supérieur à l'amitié, que celle-ci n'a plus raison d'être lorsque l'amour existe. J'entends l'amour vrai, celui qui nous enlève à nous-même pour nous livrer à autrui. » J'admets des exceptions; par exemple, si à l'amitié qui a existé entre un homme et une femme, succède l'amour, non pas l'amour des sens seulement et que l'on a tort d'appeler amour mais l'amour vrai, et qu'il y ait des obstacles exceptionnels, insurmontables à ce que cet amour soit manifesté. L'amitié doit subsister, même avec plus de force, plus de dévouement, puisque cette amitié, étant un reflet de l'amour, ne peut pas être, comme cela est souvent dans l'amitié, entachée d'égoïme. » L'amour 1 mot sublime qui est si peu, si mal compris 1 «
»UNE FEMME SANS COEUR. »
L'amour parfait est l'union entre deux êtres de sexes différent»; pour unedouble fin, qui est la créatijpji de la beauté physique et de la beauté morale. L'amitié, unissant aussi deux êtres, sera la seule union des âmes pour une seule fin, la nature n'en ayant point voulu d'autre. Mais cette amitié, en tant qu'union des âmes, est aussi l'un des termes de l'amour, et l'amour qui exclurait l'amitié pour le même objet, se réduiraitau seul amourjphysique, sentiment incomplet entre deux êtres susceptibles d'une union plus parfaite. Le sentiment serait également incomplet, si l'Amour venait à exclure l'amour physique pour «
le.même
objet.
V
» Quand on observe par quel lien étroit sont enchaînés les deux termes de l'amour parfait, si étroit que chacun s'exalte au contact de l'autre, devient pour ainsi dire, en sa présence tout ce qu'il peut être, tous deux ne semblent que des aspects différents d'un même phénomène on se demande si la pu.re amitié peut exister seule entre sujets de sexes différents, et, si ce que l'on prend quelquefois pour elle n'est pas plutôt un attachement basé sur des intérêts d'ordre secondaire, ou même cette simple camaraderie qui ne vise que l'extérieur des choses et ne pénétre jamais le domaine plus mystérieux des âmes. » N'est-il pas inexact de croire qu'il ne peut exister de véritable amitié entre un homme et une femme ?'1 Entre un homme et une femme non seulement l'amitié peut exister, mais un sentiment encore plus charmant qu'on pourrait définir ainsi Plus que de l'amitié, moins que de l'amour. Georges Thiébaud répondait un jour à une jeune femme parlant de ses amis ce sont des « Vous n'avez pas d'amis amoureux qui espèrent et des amoureux qui regrettent !»»
CONSEIL JUDICIAIRE Puisqu'on a parlé, dans ce Courrier, des devoirs des parents envers leurs enfants et qu'il a été dit que les parents, après avoir armé leurs enfants pour la vie en leur donnant santé et instruction, ne leur devaient rien de plus, ne trouve-t-on pas scandaleux que des fils ou des filles demandent et obtiennent de pourvoir leurs parents d'un conseil judiciaire? 11 est, en effet, certain que, lorsqu'on a gagné sa fortune à force de privations, de travail et de persévérance, le moindre droit que l'on puisse s'arroger est celui d'en disposer selon ses goût, ou même selon ses passions. Le principe de liberté est, en ce cas, essentiellement logique; cependant la loi a considéré que lorsqu'un père de famille dilapidait le fruit de ses labeurs, non seulement il manquait à tous ses devoirs, mais, de plus, il portait préjudice à autrui. Elle a trouvé qu'il n'en avait pas le droit et elle a autorisé les enfants à s'y opposer. Beaucoup de personnes se. révoltent à
Régink.
»
Il faut aussi considérer la manière
dont le père prodigue a élevé ses enfants. la richesse et dans le luxe, habitué à l'opulence, à la paresse, à ces douces choses que je pensais être miennes à tout jamais; si, engourdi dans la mollesse « Si vivant dans
d'une vie facile sans prévoir des lendemains cruels, je me trouve tout à coup sur la paille, sans avertissement, sans que 1 on m'inculque jamais des principes de réaction, alors le réveil me sera terrible et la surprise me fera crier. «Certainement, ceux qui ont bercé leurs enfants au bruit- harmonieusementmétallique des pièces d'or, qui les ont saturés de plaisirs achetés et de joies très chères, ceux-là sont des parents coupables si, sur le tard et de leur plein gré, ils gaspillent leur avoir et plongent dans la misère leurs rejetons inhabiles à sortir de la débâcle. » Un père qui n'est ni fou ni gâteux, mais seulemant faible et d'entraînement facile vers le mal -vieillard resté trop jeune, par exemple, ou écouteur de perfides conseils ce père n'a, hélas plus guère droit à l'affection ni aux égards de ses enfants. » Aussi ces derniers seront-ils dans le cas de très légitime défense en usant de la protection de la loi, en cherchant mettre un terme aux fantaisies onéreuses d'un père prodigue.
»
EPI DE BLÉ.
»
» trouvequ'il est difficile d'admettre que des gens, jusqu'alors raisonna« B
bles, sacrifient de gaieté de cœur le patrimoine acquis; il faut cependant reconnaître que le fait se produit souvent,
et ce ne.sont pas les .prétextes qui manquent Tantôt c'est le besoin de spéculer ou de satisfaire sa vanité, souvent c'est
par amour et quelquefois par religion.
Mais n'allons pas approfondir ces causes, cela nous entraînerait trop loin, en nous forçant à suivre ceux qui sont partisans de la suppression du Conseil judiciaire, absolument nuisible au point de vue de la famille et au point de vue social, car il crée une situation difficile,
anormale, aux enfants et aux parents, et il arrête la circulation de l'argent. C'est un point à envisager dans un pays démocratique comme le nôtre. Bien que celui qui gaspille porte préjudice aux intérêts des siens, il enrichit la société en répandant sa fortune de droite et de gauche, en l'obligeant ainsi à passer de main en main.
PETIT COURRIER QUESTIONS NOUVELLES Dans le Supplément du Figaro du 18 mai,
très inun Rat d'archives fait un historique sous l'an-
téressant sur les gardes du corps cien régime, et l'article que vous publiez est fort documenté. Ne pourriez-vous pas poser la question de savoir si les gardes du corps du Roi, dont vous parlez, étaient les mêmes que les gardes dit corps de Monsieur, ou, au contraire, si c'étaient des compagnies différentes ? Avaientils la même organisation, origine, etc.? D'après un acte de famille, mon bisaïeul était garde du corps de Monsieur en 1786; il y avait donc à cette époque d'autres gardes du corps que ceux du Roi?'t Un notaire chargé par un client.de régler ou invoune affaire commet volontairement dont il est reslontairement une lourde gaffe ponsable d'après les lois du notariat, et qui entraîne des conséquences désastreuses pour ledit client. • Ce dernier doit-il s'adresser au Tribunal ou à la Chambre des notaires pour obtenir justice et faire payer au notaire les sommes d'argent perdues par sa faute9
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Peut-on m'indiquer un système pratique d'appareil contenant des cartes géographiques, pouvant se placer dans un bureau, contre le mur, et être invisible «au visible à volonté?R
.• *
•'
le libellé d'une lettre
de décès, plusieurs personnes d'une même famille ont des sérieux pour ne pas vouloir que leurs l'idée d'une loi ayant pour résultat de motifs soient inscrits à côté d'autres noms. diminuer l'autorité des parents en les noms Ont-elles le droit d'empêcher l'inscription mettant sous la tutelle de leurs enfants, de leurs noms, et comment doivent-elles s'y quand ceux-ci, n'ayant aucune fortune prendre pour l'empêcher?
personnelle, sont, en quelque sorte, à la merci de ceux-là. Un homme, assurément, en se créant une famille, contractevolontairementdes obligations et assume des responsabilités. Tant que ses enfants n'ont pas l'âge viril, il se doit, lui et sa fortune, entièrement à eux. Mais, quand cette période est passée, quand un père a mis entre les mains de ses enfants les outils nécessaires au travail, n'a-t-il pas le droit, à son tour, de leur dire « Je reprends ma liberté et je suis quitte envers vous ? « Si l'on excepte les cas d'imbécillité, de démence et ceux où le père gaspille acquise luiune fortune qu'il n'a pas considéré au même, lerconseil judiciaire, monspoint de vue du droit civil, est une truosité. Il n'est pas possible de tirer de la conscience morale un seul argument solide en faveur d'une loi qui prive un homme, légitimement possesseur de son bien, du droit d'en ùser à sa fantaisie et
»
Dans
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De quelle heure à quelle heure un effet de
commerce peut-il être présenté en payement au souscripteur patenté ou non ?R De retour au salon à la fin d'un dîner intime de trois ou quatre couverts, le maître dé la maison emmena au fumoir les invités, qui appartenaient tous au côté de la barbe, et la maîtresse de maison resta seule au salon, attendant le retour des fugitifs. L'attente se prolongea, et le maître de la maison revint seul au salon, annonçant à sa femme le départ des invités. Partir dans ce cas à l'anglaise est-il d'une
presque semblables, sont de M. Trubert. D'autre part, on m'a assuré qu'il y avait un tableau de Prud'hon sur ce sujet et qu'il l'avait fait d'après une poésie d'Anacréon. Je serais donc curieux et il me paraîtrait fort intéressant de savoir à qui appartient l'idée première de ce charmant sujet. Est-ce à Anacréon, comme on le dit ? est-ce à Prud'hon ? est-ce à M. de Ségur?
matin je cherche comme un ami disparu dont on se dit qu'est-il devenu ?9 » Cette œuvre me gardait. Elle m'a préservé de ce qui tue tant d'autres, de la fantaisie littéraire et d'une foule de folies spéculatives. C'était un terrain sous mes pieds, comme un foyer de famille. Et me voici maintenant orphelin dans ce vaste monde. Mais je frappe du pied la terra mater. Je me sens encore mille cœurs. » Je vous serre la main affectueusement. En 1472, Charles le Téméraire, faisant le » J. Michelet. » sac de la ville de Nesle, en Picardie,détruisit 16 1867. octobre » » complètement cette ville. -Quelques-uns des Ces lettres n'infirment en rien mon opinion membres de la maison de Nesle quittèrent alors la contrée et se rendirent en Alsace et sur la quasi-inutilité de mettre cet ouvrage de Michelet entre les mains des ignorants de en Prusse que sont-ils devenus? l'Histoire. Elles confirment, en indiquant les sources autorisées où l'auteur a puisé, ce que Les pièces du Pape qui n'ont plus cours nous savions déjà: que c'est un ouvrage à ont-elles déjà des collectionneurs ? Si oui, à consulter avec certitude et avec fruit. Georges Peyrat. quel prix les achètent-ils ?R
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La maison de Montmorency-Luxembourg Le Courriervoùdrait-il donner la définition existe-t-elle encore ? Si elle existe encore, exacte et brève de la loi du droit d'accroissequels sont ses représentants, quels titres ment ?9 portent-ils, et quelle est leur résidence haOn en entend beaucoup parler, mais il faut croire que peu de gens sont bien renseignés, bituelle ? Sinon, à qui les titres de cette maicar je n'ai encore rencontré personnepouvant son sont-ils passés ?R me fournir des explications précises. Le dernier représentant mâle de la famille de Montmorency-Luxembourgétait EdouardAnne-Louis-Joseph de Montmorency, prince de Luxembourg, duc de Beaumont, prince de Tingry, né à Paris le 9 septembre 1802, décédé dans la même ville le 15 janvier 1878. Il avait épousé, le 12 mars 1834, Léoniede Croix de Dadezeele, fille Ernestine-Marie Je demande l'opinion absolument sincère de Philippe, comte de Croix de Dadezeele et des gens qui ont lu l'Histoire de France de de Marie-Ernestinede La Grange. Michelet. Abstraction faite des vues philoLe prince de Montmorency-Luxembourga sophiques qu'on y peut trouver, cette œuvre trois enfants est-elle une bonne « Histoire écrite claire- eu1« Henri, mort le 23 avril 1843 ment? Peut-on la consulter avec fruit? 2o Marie, mariée le 21 mai 1859 à Félix.M. Georges Peyrat, qui possède une grande Antoine-Auguste-Jean, baron d'Hunolstein; 3° Marie-Eugénie-Justine, mariée le 30 mai quantité de lettres de Michelet, Victor Hugo, Quinet, Louis Blanc, etc., prépare en ce mo- 1864 à Louis-Augustin,vicomte de Durfortment un ouvrage sur la correspondance de Civrac. Le titre de prince de Luxembourg ajouté à Michelet, qui promet d'être fort intéressant. Il a bien voulu répondre à la question du celui de Montmorency date de 1662, lors du mariage de François-Henri de MontmorencyCourrier, par la lettre suivante; Boutteville (maréchal de France en 1675) avec Rédacteur, Madeleine de Luxembourg-Piney. Monsieur le « » Abstractionfaite des vues philosophiques, l'Histoire de France de Michelet (j'excepte la Une dame reçoit. Il n'y a qu'un monsieur partie ayant trait à la Révolution) est une bonne Histoire pour ceux qui connaissent dans son salon. Lorsque la maîtresse de l'Histoire, et ceux-là seuls peuvent la consul- céans s'est levéepour offrir deux doigts de ter avec fruit, à qui il suffit d'un mot ou d'une vin d'Espagne à des visiteuses, le monsieur date pour remettre en mémoire soit un fait, doit-il s'empresser de reporter les verres soit, je ne dirai .pas toute une époque, mais vides de celles-ci sur un meuble? Est-ce son Y toute une période d'une époque historique, rôle! Michelet lorsque Je consulte je suis ne -» Si le monsieur se trouve avec des dames pas sûr d'un fait ou d'une date, comme je qu'il connaît bien, des amies,.il pourra parfaiconsulte un dictionnaire, quand je ne suis tement leur éviter la peine de lever. se pas sûr de l'orthographe d'un mot. intimement connaissant Ces ce personnes, » Mais je crois qu'on n'enseignerait pas monsieur, ne verront dans son mouvement plus l'Histoire à des enfants en ne mettant qu'une bonne intention et n'auront nullement que Michelet entre leurs mains, qu'on ne leur se reprocher de déranger ni d'offusquer un apprendrait l'orthographe avec le seul àami. moyen d'un dictionnaire. De son côté, l'invité est poussé par/ un sen» En histoire comme en tout, il y a des timent d'affectueuse déférence et non pas par abécédaires; l'Histoire de Michelet n'est pas une galanterie forcée. écrite pour les commençants. » Si un homme se trouve au milieu de femne connaît pas, cet excès de poliEt maintenant, voici, choisies dans les nom- mes qu'il manquerait de dignité. Il n'y sera astesse breuses lettres de Michelet que je possède, proches voisines celles qui ont trait à sa façon d'écrire l'His- treint que vis-à-vis de ses ou d'une femme avec laquelle il cause. Le toire, à sa méthode historique reste du temps il ne doit pas avoir l'air de s'apercevoir qu'une femme s'est levée cela « Mon cher Monsieur, en tout cas, à quitter son siège, bienveillant de l'obligerait, ) Dans un article au reste il n'est pas admis qu'un homme reste la Gazette de France, on vient de dire qu'en car dans un salon quand une femme y est histoire, M. Guizot est la prose et moi la assis poésie. Puisque vous voulez bien vous occu- debout. Philéas Phogg. G. F. de travaux, permettez-moi de mes per un peu dire un mot au sujet de cet énoncé, au fond
RÉPONSES
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très inexact. »Quelque (sic) soit mon admiration pour les travaux de MM. Guizot, Thierry, de Barante, etc., je suis obligé d'établir que, sur une foule de questionsimportantes,ai donné des solutions moins poétiques et plus positives que, le& leurs. Que la forme soit poétique où non, c'est du fond qu'il s'agit ici. partout des guerres ) M. de" Barante voit chevaleresques.aux XIVe et X.V« siècles. J'ai prouvé que la chevalerie était déjà morte et enterrée, que les guerres de cette époque étaient influencées par les intérêts d'argent et de commerce, presque autant que celles d'aujourd'hui (3« volume). » M. Thierry explique la plupart des faits tristes par des influences de races. Mais il prend la race comme un fait primitif et non explicable. Il ne tient pas compte des circonstances géographiques qui contribuent à former, à modifier la race. J ai essayé de donner à l'histoirela base de la géographie (2e volume). »M.Guizotvoit dans lesAllemandsl'élément héroïque, indomptable,qui a relevé l'humanité. J'ai montré que les Allemands, quelque héroïques qu'ils aient pu être ou paraître au moment de l'invasion, n'ont pas moins fourni à tous les peuples modernes un élément plus liant, plus disciplinable, plus agrégable (sie) et civilisable qu'aucun élément antérieur. » Autre exemple. M. Guizot voit dans le règne de Charlemagne un miracle de génie individuel, et par cela même il ne peut plus l'expliquer. » Moi, j'y ai montré tout simplement la, domination ecclésiastique, le triomphe de la civilisation sacerdotale,dont les Capitulairess portent partout l'empreinte. » Je pourrais continuer ce parallèleet-montrer que les autres historiens de notre temps ont donné, pour la plupart des grandes questions historiques, des solutions moins précices, moins positives que les miennes. Si je suis poète dans la forme, ils l'ont été trop souvent dans-le fond. » Excusez-moi de vous occuper de moi si longuement, mais votre opinion m'importe trop pour ne pas vous donner ces éclaircissements sur le véritable caractère de ma méthode historique. » Recevez tous mes remercîments et mes salutations cordiales.
••
» MICHELET. »
Autre
« Rue de l'Ouest, »
»
44.
Mon cher Monsieur,
J'ai regretté de ne pas vous avoir trouvé
il y a quelques jours. Je voulais appeler votre attention sur quelques pages du volume sur les que vous avez reçu. Spécialement tirées des sources notes, fort succinctes, mais manuscrites par lesquelles j'ai renouvelé cette histoire de fond en comble. » A la page 473-474, par exemple, note sur la Saint-Barthélémy,vous verrez que les Allemands MM. Ranke, Soldan, etc., dans leurs derniers travaux, très sérieux, n'avaient pu toucher le fond de la question, parce qu'ils n'avaient pas en main le petit journal in-8» qu'un agent laissé par Granvelle auprès de son rival le duc d'Albe, lui écrivait de Bruxelles. la Saint-Bar» Ces savants ont ignoré que thélemy fut faite surtout pour, sauver le due d'Albe qui, autrement, périssait entre les
deux armées d'Orange et de Coligny. de. même pour la Ligue. Les tra» II en est il y a trois ans, vaux que j'ai faits à Turin,des ambassadeurs dans les dépêches secrètes plusieurs côtés de éclairent de Savoie à Paris, la question D'autres le sont par des pièces de Genève, par des extraits des archives du Vatican, etc. doit avoir mon» Des vingt volumes que histoire, j'en ai publié dix-sept j'en vais donet Louis XV). J'apner trois (Louis XIVgrand travail de vingtde proche du terme ce cinq années. Il m'importe que le public soit averti des bases solides que je crois lui avoir données. les autres auteurs, du » M. de Sismondi et reste fort estimables, de nos grandes Histoires de France, n'ont travaillé que sur des livres imprimés. Je voudrais que vous eussiez le temps de faire la comparaison. amicales. » Recevez mes salutations »
J. Michelet. »
J'ai un verger donnant beaucoup de
fruits. Quel est le moyen le plus pratique pour en tirer bénéfice? Figaro proprié-
sont Bien des lecteurs dit Leurs provisions taires de vergers. personnelles étant faites et leurs cadeaux distribués, que font-ils de leurs fruits ? Le moyen le plus pratique est encore dev vendre sa récolte sur pied ou cueillie à un marchand du voisinage faisant de la commission pour une grande ville, aux épiciers ou aux distillateurs les plus proches pour leurs confitures, leurs conserves, leurs liqueurs ou leurs sirops. Si l'ortne récolte que des fruits rares et de première qualité, on a avantage à traiter directement'avec un grand marchand de comestibles ou un grand restaurant de France transports sont ou de l'étranger. Les frais detransports' les mêmes que pour les aux Halles; les prix sont ceux du cours, à moins de conventions spéciales; mais on bénéficie de la commission que se réservent les commissionnaireset qui varie entre 5 et 8 0/0. Il y a des années d'abondance où certains fruits ne valent pas le transport. Dans ce cas, on les ramasse et on les met dans des tonneaux pour en faire de l'eau-de-vie. Les mirabelles, les merises rapportent davantage ainsi.
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la Constitution 'un article Sénat imposant au un délai maximum pour la mise en discusston des lois votées ?R par la Chambre Sinon, y a-t-il une coutume, régulièrement suivie, qui règle l'ordre dans lequel Y a-t-il dans
ces lois
viennent en discussion?
Les lois constitutionnellesn'ont pas fixé de Sénat d'une loi
délai pour la discussion au votée par la Chambre. Ce sont les règlements spéciaux des deux Chambres qui l'ont établi. Lorsque des projets de loi identiques sont soumis simultanément aux deux Chambres et que la délibération est commencée dans l'une des deux, l'autre ne met les projets et les propositionsen discussionqu'après le vote de la première Chambre. Dans le cas où l'une des deux Chambres est saisie avant l'autre d'un projet de loi, après le vote définitif, le projet est transmis de l'Assemblée au ministre par le président qui en fait la présentation, sous condition à celui-ci de le porter à l'autre Chambre dans le délai d'un mois. S'il y a urgence, le délai d'un mois peut être réduit à trois jours. Quand le Sénat ne votepas la loi déjà acceptée par la Chambre, les deux Assemblées donnent-les pouvoirs à une commission de onze.membres élus au scrutin de liste. Si les deux commissions tombent d'accord, la commission nommée par la première Chambre fait un rapport, et celle-ci délibère sur la nouvelle rédaction. Si les onze membres ne s'entendent pas entre eux, le projet de loi ne pourra être porté à l'ordre du jour de la première Chambre avant le délai de deux mois à moins que le gouvernementn'en prenne l'initiative.
Hygiène et Médecine générales Une formule inoffensive (pour l'état général) de teinture noire. Je précise « pour l'état général », parce qu'il est bien entendu que toutes les temtures désorganisent le cheveu et préparent la calvitie. On commence par passer sur la chevelure,
90" acétique. citron.
à l'aide d'une petite brosse, la solution sui-
vrnte
Alcool Acide pyrogallique Acide Essence de
50 1¡
àà 3 gr XVgtt.
Quand les cheveux sont presque secs, on les teint avec ce mélange Nitrate d'argent. ammon.
Eau de rosés
Sulfate de cuivre
300 10
2
Et quand après vingt-cinq ans de travail, D' E. Moriin. Michelet met le point final à son dernier volume, il écrit à mon père la belle lettre qu'on c va lire Le Gérant rm^isabte A. BOREL. Je viens de lire, il y a quelquesjours, dans Monsieur, Paris. D. ÇASSiGNE^Pmprîmëur,26, rue Drouot. « Très cher le Supplément, une poésie du comte de Ségur, (Imprimerie,du EujqrO).. Encre Lorilledx. -i intitulée le Voyage, du Temps, Or, je con» je suis enfin sorti de cette œuvre imImprime sur les Machines rotatives MABINONI. _[. nais une mélodie de M. Francis Thoiné, intiChaque changée. toute vie est mense. Ma dont les paroles, en tulée 7e Temps et l'Amour,
q grande correction?