La France coloniale. 1888

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/^

J

LA

FRANCE COLONIALE Ir.

SÉRIE GRAND

IN-8»


PROPRIETE DES EDITEURS



Berger kabyle, d'après Eugène Fromentin.


LA

FRANCE COLONIALE ILLUSTRÉE ALGÉRIE TUNISIE, CONGO, MADAGASCAR, TONKIN

ET AUTRES COLONIES FRANÇAISES CONSIDÉRÉES AU POINT DE VUE HISTORIQUE COMMERCIAL (iÉOGRAPHIQUE, ETHNOGRAPHIQUE ET

PAR

A.-M. G.

PARIS MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE BRUXELLES, DE GÉOGRAPHIE DE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE BELGE

TROISIÈME ÉDITION CARTES ORNÉE DE NOMBREUSES GRAVURES ET DE

TOURS ALFRED MAME ET

FILS,

M DCCC LXXXVIII

ÉDITEURS

ETC.


TV I

:-

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JUL

1 i

-i

gx^

j9

1974


INTRODUCTION DES COLONIES EN GÉNÉRAL

L

— La

concurrence coloniale

Les conquêtes coloniales

et

la

colonisation,

c'est-à-dire

l'extension delà patrie au dehors, telle est la grande question

politique

du

jour.

Beaucoup y voient pour

la

France un moyen de reprendre

sa position prépondérante parmi les nations européennes

,

en

agrandissant son influence commerciale et civilisatrice dans le reste

du monde.

D'autres objectent que les colonies coûtent souvent plus qu'elles

ne rapportent; qu'elles n'ont plus aujourd'hui, grâce

au libre- échange

même

et à la libre

concurrence commerciale,

la

valeur qu'autrefois, alors que les nationaux seuls avaient

le droit

ou

le

privilège de

commercer avec

les possessions

d'outre -mer.

On répond qu'une puissance politique du premier ordre comme la France a besoin d'une marine de guerre considérable,

que

les

troupes de cette marine se recrutent dans les

marines de pêche ou de commerce,

et

que celles-ci, pour


LA FRANGE COLONIALE

8

être prospères, doivent être excitées et

encouragées par des

rapports plus fréquents avec des débouchés nombreux, s'abritant sous le drapeau tricolore.

France, que

D'ailleurs, la

accuse d'inaptitude

l'on

en Amérique,

d'un empire colonial aux Indes et

la

éléments sérieux

dernier, les

colonisation, a eu, au siècle

à

et,

sans

malheureuses guerres soutenues en Europe, peut-être serait-elle aujourd'hui, ce qu'est l'Angleterre, maîtresse de les

250 millions de sujets, bénéficiant d'un commerce qui compte par milliards, disposant d'une marine dont l'importance est égale à celle de

autres

toutes les

européennes

puissances

réunies.

Quoi

qu'il

en

de cette controverse, on avouera que la

soit

perspective d'un nouvel empire d'outre- mer a de quoi tenter

de nouveaux

nous nous sentons trop à

d'autres nations, vieille

de notre part, alors que,

efforts

comme

l'étroit

bien

dans

la

Europe.

Aussi voyons-nous chacune des puissances coloniales non

seulement consolider ses possessions, mais tout où

Sahara

il

et

par-

y a possibilité. L'Espagne s'implante sur la côte du attend l'occasion de s'agrandir au Maroc; elle a

défendu chaleureusement ses tives

les étendre

allemandes

le protectorat

;

îles

Carolines contre les tenta-

Portugal s'arrondit au Congo et s'attribue

le

du Dahomey;

la

Hollande complète ses riches

Indes orientales par l'annexion entière de

l'île

Sumatra;

la

Russie avance à pas de géant au cœur de l'Asie; l'Angleterre, bien qu'elle se soit laissé supplanter par d'autres dans l'Afrique centrale,

prend

le delta

son empire des Indes, quête récente de la

du Niger, occupe l'Egypte pour assurer et se

rapproche de

Birmanie;

le Tripoli et s'établit

dans

la

l'Italie,

la

Chine par

la

con-

dernière venue, convoite

mer Rouge.

L'empire allemand, né d'hier, aspire à devenir grande puissance maritime, lation,

et,

déjà soucieux

du trop-plein de sa popu-

ne se contente plus d'envoyer ses enfants dans

sessions d'autrui, aux États-Unis et ailleurs,

à

lui, et

il

a su en peu de

temps

s'établir

il

les

pos-

veut des terres

au Togo, au Came-


DES COLONIES EN GÉNÉRAL ron, dans la Hottentotie, dans le

Zanguebar jusqu'aux Grands-

Lacs, à la Nouvelle-Guinée, donner à tout

Les

un

dans

de Bismarck

archipel océanien.

Belges

Léopold

même le nom

II,

eux-mrmes, ou

par une

l'histoire,

est

initiative et

plutôt

le

roi

des

Belges,

avec un succès sans exemple

parvenu, en quelques années, grâce à


LA FRANCE COLONIALE

10

l'Anglo -Américain Stanley, à

l'énergie et à Fintelligence de

créer de toutes pièces l'immense État indépendant

ou quatre

trois

fois vaste

comme la

France.

est vrai

que

cette

pour ainsi dire interna-

création, toute philanthropique, et tionale

Il

du Congo

ou neutre, profitera à tout

monde. La Conférence

le

tenue à Berhn en 1885 par quatorze des principales puissances

du monde, en

consacré

a

neutralité

la

l'indépendance

et

sous la souveraineté du roi Léopold, ce qui n'engage en rien la responsabilité

de

la

nation belge. Elle a stipulé d'ailleurs la

du commerce et de la navigation, non seulement dans tout le bassin du Congo et du Niger, mais encore dans une zone déterminée à travers l'Afrique centrale entre les deux océans.

liberté

Hâtons-nous de dire que arrière dans cette chasse pris l'initiative

même

temps

1881

en

elle a

aux

France

la

n'est

colonies, et

le

Congo occidental,

et

elle

en a

su profiter d'heureuses circonstances pour

Asie, elle a conquis le

Cochinchine

même

par l'annexion de la Tunisie; en

s'annexer en Afrique, outre la Tunisie,

haut Niger,

que

pas restée en

Tonkin

au Cambodge,

et

le

soumettre Madagascar; en

l'Annam, qui, ajoutés à

et

lui

haut Sénégal,

le

la

présagent un établissement

du premier ordre, avantageusement

mense empire chinois. En somme, c'est la France qui a

le

situé

aux portes de l'im-

plus grandement étendu

son domaine colonial dans ces derniers temps. Alors que,

en 1880, ses possessions se chiffraient par une population de 5 à G millions d'habitants sur

un

territoire

de 1.000.000 de

kilomètres carrés, aujourd'hui elle peut prétendre dominer, si elle le

un

veut sérieusement, sur 30.000.000 d'âmes, occupant

territoire cinq

Ces nombres

six fois plus

étendu que

commentaires

France a su reconquérir dignement

la

les

la

:

la ils

métropole.

prouvent que

seconde place parmi

puissances coloniales d'Europe, tandis que,

ans, la

ou

se passent de

elle

il

y a trente

n'obtenait que le sixième rang, après l'Angleterre,

Hollande,

la

Le tableau

ci-après fait voir l'importance relative des diverses

Russie, l'Espagne

et le

Portugal.

colonies européennes sous le triple rapport de la population,


DES COLONIES EN GÉNÉRAL

11

de la superficie et de la valeur du commerce général (importations et exportations réunies).

COLONIES

Anglaises Françaises Hollandaises Russes-. Espagnoles Portugaises

Allemandes Danoises Etat libre du Congo

POPULATION

SUPERFICIE

Habitants.

Kilom. carrés.

275 000 000 32 000 000 28 000 000 17 000 000 9 000 000 5 000 000 ? 5 000 000

23 000 000 3

.

?

.

500 000 ?

000 000 200 000 2 000 000

13 000 000

Si telle est l'importance politique et

françaises,

il

est

000 000

2 000 000

120000 .

Francs.

000 000 000 1200 000 000 730 000 000 130 000 000 1500 000 000 200 000 000 ? 20 000 000 80 000 000 40 000 000

8

2 000 000 17 000 000 ?

2

commerciale des colonies

du devoir de chaque citoyen

que soient son âge

>ni E R C E

C

français, quels

et sa position sociale, d'en avoir

exacte, raisonnée, réfléchie, basée sur

une étude

une notion

sérieuse.

Un

dédain trop absolu, une ignorance trop accusée serait tout aussi coupable qu'une forfanterie exagérée, qu'un enthousiasme

trompeur

et

imprudent.

nement des choses, l'histoire,

commerce,

de

tel est le

la

pareille matière,

pour bien juger,

et

La connaissance des vue de

En

il

il

faut juger sai-

faut connaître.

colonies françaises au triple point de

géographie physique

et politique, et

du

but de cet ouvrage, qui s'adresse à tous,

spécialement à la jeunesse désireuse de compléter, par des lectures agréables et instructives, les notions acquises

au cours

de ses études. C'est en sa faveur que nous avons ajouté aux notions scientifiques, qui forment

le

fond du

travail,

une foule

de détails des plus intéressants au sujet des beautés physiques des diverses contrées, des productions naturelles, des des habitants, ainsi que des

faits relatifs

mœurs

à l'histoire de la

colonisation.

Ces notes descriptives ont été la plupart empruntées textuellement aux récits des voyageurs, aux meilleurs écrivains géographes, aux auteurs les plus compétents dans les diverses matières.

En môme temps

qu'elles

apportent des lumières


LA FRANGE COLONIALE

12

nouvelles pour confirmer ou compléter nos indications elles donnent l'agrément d'une lecture souvent pittoresque, imagée, ,

partant plus variée et plus agréable. avantages des cartes Si, à ces caractères, nous ajoutons les

des belles illustrations dont les éditeurs ont tenu à orner cet ouvrage, nous croyons pouvoir espérer qu'il rencontrera le meilleur accueil dans le public, auquel nous

géographiques

l'offrons

et

en toute confiance.

II.

— Diverses

sortes de colonies

Mais d'abord, qu'entend-on par colonies? N'y en a-t-il pas de plusieurs sortes,

et

quels sont leurs caractères distinctifs?

Un peuple industriel qui produit plus qu'il ne consomme, de même qu'un peuple trop nombreux qui se trouve à l'étroit dans sa patrie, cherche au dehors un débouché pour ses produits ou une patrie nouvelle pour l'excédent de sa population

:

il

fonde des colonies.

De tout temps on a colonisé. Le mot colonie s'emploie en plusieurs sens il s'entend d'un certain nombre d'émigrants qui vont habiter et peupler un pays :

étranger; dans ce sens, des colonies grecques se sont formées autrefois

en

Italie,

en Afrique,

colonies et des colons français

et

il

y a actuellement des

aux États-Unis, à

la Plata, etc.

Mais on désigne plus ordinairement aujourd'hui par colonies, les possessions territoriales d'une puissance

européenne

en dehors de l'Europe. Sous ce rapport, on peut encore distinguer les

comptoirs de commerce,

les colonies

trois catégories

:

de culture et celles

de peuplement. lo

Les simples comptoirs de commerce, loges ou factoreries,

sont établis plus ou moins

temporairement, sur

les

côtes

d'Afrique, par exemple, pour faciliter les échanges avec les

indigènes.

Les colonies de commerce servent aussi à exploiter des pays


DES COLONIES EN GÉNÉRAL

13

riches et peuplés, mais elles ne sont profitables qu'aux nations

dont

la

marine

une certaine

atteint à

supériorité.

La prospérité

de ces établissements dépend de leur situation et non de leur étendue.

pas nécessaire, dit M. Delaire, que la mère patrie

« Il n'est ait

à y déverser

un excès de population

envoie des capitaux importants, des marins

commerçants qui en reviendront

suffit qu'elle

il

:

nombreux

et

y

des

enrichis. Telles sont les pos-

sessions des Portugais en Asie et en Afrique, la plupart de celles des

mer

Hollandais dans la

des Indes, toutes les stations

des Anglais en Orient, entre autres les trois belles créations

d'Aden, de Singapour

et

de Hong-Kong.

— Tels furent pour

la

France, à partir de Richelieu, les premiers établissements des

compagnies sur

la côte

de Guinée, au Sénégal, à Madagascar,

à Geylan et dans les Indes, où nous conduisit une politique trop avide de gloire et de conquêtes pour être soucieuse des intérêts

du

trafic. »

2o Les colonies dites à culture ont

de denrées qui exigent elles

le

pour objet

les plantations

climat tropical: coton, café, épices;

demandent de puissants capitaux,

des colons européens dirigeant

et

le travail

sont exploitées par

des indigènes ou des

races propres au climat chaud: telles sont les Antilles, Bour-

bon, l'Inde,

la

Gochinchine,

le

Tonkin.

proprement

30 Les possessions

plement sont de vastes

dites ,

territoires

ou

les

colonies de

peu-

acquis pour des raisons

politiques autant que commerciales. Situées sous

un climat

supportable pour notre race, elles sont susceptibles

d'être

peuplées de colons européens, tout en conservant plus ou

moins leurs races indigènes Algérie, Australie, Ganada. :

Souve*nt «

on

une place à part à

fait

qu'elle n'est pas

l'Algérie, et l'on a dit

une colonie, mais un prolongement du

territoire français ».

G'est

un peu jouer sur

les

mots, car à

ce titre nos colonies de Bourbon, de la Nouvelle -Galédonie,

peuplées de descendants de Français, sont dans

que

l'Algérie. L'Algérie est

fois

de culture

et

le

môme

cas

une colonie mixte, susceptible à

de peuplement.

la


LA FRANCE COLONIALE

l!^

III.

Utilité et nécessité des colonies

Les avantages des colonies sont surtout de développer le commerce, la marine, l'influence politique de la métropole. Elles lui procurent des matières premières

que

telles

le

coloniales

pour

l'industrie,

coton, la soie, les métaux, ainsi que les denrées

comme

que l'Europe ne cultive pas,

le café, les

Les colonies reçoivent en retour de la métropole les produits manufacturés des tissus, des armes, des machines;

épices.

:

elles réagissent ainsi

en

lui

donnant du

sement de

sur l'industrie

même

travail et des bénéfices,

de

la

mère

patrie

par suite un accrois-

la richesse publique.

Les colonies profitent à

la

marine marchande nationale en

utilisant ses vaisseaux, et à la flotte

de guerre en

donnant

lui

des points de ravitaillement de munitions et de charbon, des chantiers de construction et de réparation, qui lui permettent

de stationner dans les mers lointaines, d'y combattre l'en-

nemi, sans être obligée de rentrer intempestivement dans ses ports.

Grâce aux colonies,

la

métropole porte au loin son nom, sa

langue, ses idées, sa civiUsation, sa religion, et son influence politique grandit en raison

même du

développement de ses

relations extérieures.

En

effet, la

considération la plus importante qui milite en

faveur des acquisitions coloniales est celle qui résulte

du besoin

d'expansion d'une nation au dehors. Voici

comment

s'exprime à ce sujet

un éminent économiste,

M. Leroy-Beaulieu, professeur au collège de France (.<

La

:

colonisation est la forme expansive d'un peuple, c'est

sa puissance de reproduction; c'est sa dilatation et sa multi-

plication à travers les espaces; c'est la soumission de l'univers

ou d'une vaste partie à sa langue, à ses mœurs, à ses idées à ses

lois.

les assises

Un

peuple qui colonise,

c'est

un peuple qui

et

jette

de sa grandeur dans l'avenir et de sa suprématie

future. Toutes les forces vives de la nation colonisatrice sont


DES COLONIES EN GÉNÉRAL

15

accrues par ce débordement au dehors de son exubérante activité.

A

quelque point de vue que

renferme dans

la considération

de

l'on se place,

la prospérité et

que

l'on se

la puis-

sance matérielle, de l'autorité et de l'influence politique, ou qu'on s'élève à

contemplation de

un mot d'une incontestable

voici le

la

plus

est le

premier peuple;

s'il

grandeur

la

vérité: le

intellectuelle,

peuple qui colonise

ne Vest pas aujourd'hui,

il le

sera demain. «

Au commencement du xxe

siècle,

la

Russie comptera

120 millions d'habitants occupant des espaces énormes; près de 60 millions d'Allemands, appuyés sur 30 millions d'Autrichiens,

domineront l'Europe centrale; 120 millions

d' Anglo-

du globe et imposeront au monde civilisé leur langue, qui domine déjà sur des territoires habités par plus de 300 millions d'hommes. Joignez Saxons occuperont

les plus belles contrées

à ces grands peuples l'empire chinois, qui alors recouvrera

une

vie nouvelle, et qui

compte à

lui seul plus

de 300 millions

d'âmes. ((

A

que sera la France? Du grand rôle de l'influence qu'elle a exercée monde, dans le direction des peuples civihsés, que lui restera-t-il? Un

côté de ces géants,

qu'elle a joué

sur la

souvenir s'éteignant de jour en jour. «

Notre pays a un moyen d'échapper à cette irrémédiable

déchéance,

deux ou

c'est

de coloniser. Si nous ne colonisons pas, dans

trois siècles

nous tomberons au-dessous des Espagnols

du moins, ont eu le bonheur d'implanter leur langue dans les immenses espaces de l'Amé-

et des Portugais, qui,

leur race et

rique du Sud, destinés à nourrir des populations de plusieurs

centaines de millions d'âmes.

La colonisation est pour la France une question de vie ou de mort ou la France deviendra une grande puissance africaine, ou elle ne sera, dans un siècle ou deux, qu'une puis((

:

sance européenne secondaire

monde «

à

peu près

comme

la

;

elle

le

Grèce compte en Europe.

Ce qui a manqué jusqu'ici à

suite

comptera alors dans

la

France,

c'est

dans sa politique coloniale. La colonisation a

l'esprit

de

été reléguée


LA FRANCE COLONIALE

16

au second plan dans doit

continentale

conscience nationale. Notre politique

la

désormais essentiellement défensive;

être

en dehors de l'Europe que nous pouvons satisfaire nos légitimes instincts d'expansion. Nous devons travailler à la fonc'est

dation d'un grand empire africain et d'un moindre asiatique. ((

C'est la seule

grande entreprise qui nous

soit

avantageuse ^))

Malheureusement une chose plus importante encore manque à la France pour coloniser

On

sait

ce sont les colons.

avec quelle lenteur désespérante s'accroît

lation de la

France

,

où beaucoup de départements

plent

même. Au dehors

père

qu'au Canada,

descendants

de

:

la foi et

,

,

la

se

popudépeu-

race française n'est vraiment pros-

elle

compte plus de

magnifique résultat dû surtout à de

la

la simplicité

de

mœurs

aussi bien qu'au régime de liberté dont

la

milUon de

1

conservation

des premiers colons

ils

ont joui.

En

réunis-

sant tous les représentants de race française à l'étranger, on arrive à

un

total

de 2 à 2 miUions 1|2 d'individus, ce qui est

bien peu dans la masse des 80 millions de descendants de races européennes, peuplant l'Amérique ou dispersés dans les

quatre parties du monde, et parmi lesquels domine

le

sang

anglais, germain, espagnol et portugais. «

Pour réussir dans

ne sont ni

la colonisation, dit

M. Alexis Delaire, ce

les qualités personnelles ni les

capitaux qui nous

manquent; nous avons toujours de hardis explorateurs et des marins courageux; c'est à notre initiative que sont dues les grandes œuvres d'intérêt

commun

,

telles

que

le

percement de

Suez et de Panama, et chaque année la France augmente d'un milliard au moins les 20 à 25 milliards qu'elle a disséminés partout dans l'univers. Ce qui nous manque, ce sont des émigrants actifs et laborieux à déverser sur les colonies agricoles, aussi bien que des maisons stables et durables pour exploiter les colonies « C'est la

de commerce

et

de plantation...

mauvaise organisation de

la famille, c'est le

partage

reconnaître sans forcé des successions, — on commence à misérablement l'essor oser y porter remède, — qui entrave le

si

'

Leroy- Beaulieu, Delà colonisation chez

les

peuples modernes.


DES COLONIES EN GÉNÉRAL de la population par

17

des mariages, qui

la stérilité volontaire

détruit les fortunes naissantes par la multiplication des procès;

qui arrête enfin l'esprit d'entreprise, par la certitude d'un lam-

beau d'héritage à disputer.

nombreux pour

Alors pas de colons

«

les territoires à

pas de maisons durables pour les exploitations lointaines,

pler,

pas de jeunesse active pour les comptoirs à fondera

Ajoutons encore l'opinion exprimée par

ouvrage sur

Duval dans son

J.

largement assise sur un beau

est

de 34.000 lieues carrées;

toire

»

l'Algérie.

La France

«

peu-

elle

et vaste terri-

dispose d'une population de

37 millions d'habitants, d'un revenu de 20 à 22 milliards; est

armée de tous

du

travail

territoire le

elle se

;

instruments

les

et

de toutes les ressources

sent pleine d'énergie et d'intelligence.

minimum

monde au

point précis où

géomètre

le

et

fixerait le

des distances habitées du globe, à l'intersection de

manque -t-il hautes destinées? Une

toutes les grandes voies commerciales.

accomplissement de ses

l'entier

seule chose

:

Que

lui

une expansion pacifique plus intense

taine à travers le

monde; car au rayonnement

grandeur des nations, «

Son

occupe une situation exceptionnelle entre l'ancien

nouA^eau

pour

elle

L'émigration

comme

se

mesure

la

des astres.

celle

et la colonisation

et plus loin-

,

le

commerce

tion, les voyages et les missions, sont les

et la

naviga-

méthodes d'expan-

rayonnement appropriées à notre époque de conquêtes par le travail, par la science et la morale. La liberté en sion et de

est le ressort. «

Pour l'émigration,

anglo-saxonne

et

de

la

la

France

est

en arrière de

race germanique

:

la race

tandis que, depuis

un demi-siècle, l'une et l'autre ont disséminé des essaims d'un nombre total de 7 à 8 millions d'individus, sur toutes les terres, la France, croissant avec

une lenteur qui accuse nos

nos mœurs, se cantonnant dans ses frontières, s'agglomérant à Paris, n'a envoyé que quelques milliers de ses

lois et

enfants vers les pays éloignés. *

A. Delaire, La colotiisalion

cl

l'avenir de la France. Exploration, 1882.

2


LA FRANGE COLONIALE

48 «

Aussi

la race anglaise,

semé partout sa langue, des appels à

pour ne parler que

d'elle, a-t-elle

ses habitudes, ses besoins, qui sont

un commerce

universel et pour ainsi dire illimité,

tandis que les marchandises françaises ne trouvent au dehors

qu'un petit nombre de nationaux pour en propager l'usage. Le commerce se ressent de ses timidités. «

Notre infériorité est plus marquée encore pour

la navi-

gation.

Ces différences à notre désavantage, les voyageurs et les missionnaires sont loin de les racheter, malgré tout leur zèle. «

Tous

les

chemins de

la terre,

tous les courants des

mers sont

parcourus par de nombreux voyageurs anglais et allemands, dont les récits rendent populaire la science géographique et ,

ouvrent des voies nouvelles aux entreprises de leurs concitoyens les voyageurs français aussi sont aventureux et méri;

tants,

mais plus

Quant aux missions,

rares.

les

nombreuses

sociétés bibliques et évangéliques de l'Angleterre opposent

une

propagande à nos missionnaires catholiques, non pas avec plus de succès, mais avec plus de profit pour la consommation des produits anglais, dont les missionnaires protestants

active

répandent ((

Dans

le

goût et l'usage.

cette excessive concentration chez

soi,

dans

cette

ignorance indifférente des affaires économiques du reste du

monde,

est la faiblesse, le péril

stationnaires pour le

pour

de notre pays. Si nous restions

nombre, pour

les transactions lointaines,

ciales et coloniales, tandis

du monde

entier,

les rapports extérieurs,

pour

les

fondations

commer-

que nos rivaux prennent possession

un jour nous

serions entourés d'un réseau

invincible de supériorités et de résistances. «

L'heure de

la

décadence française aurait sonné!...

Que Dieu conjure ce malheur, en inspirant au gouvernement l'amour des expéditions lointaines, du travail et de ((

l'échange; à la nation, l'ambition des victoires pacifiques; aux citoyens, l'esprit des grandes entreprises sur terre et sur

aux caractères résolus,

âmes

religieuses, le

la curiosité

mer;

des pays inconnus; aux

dévouement aux races inférieures

;

à tous,


DES COLONIES EN GÉNÉRAL dans

la foi

la liberté,

l'étoile

lui a dévolue,

sation

la patrie; à tous,

l'amour

et le respect

de

mère des progrès!

La France

«

de

19

alors concourra,

pour

la part

que

la

Providence

à la connaissance, à l'exploitation et à la coloni-

du globe,

complément de

ce qui est la condition et le

mise en pleine valeur de son propre

la

territoire et de l'élévation

morale de sa population. Alors notre Pays,

«

plus beau du monde, après celui

le

du

de la gloire et delà richesse, les deux

Ciel, atteindra l'apogée

leviers de la puissance.

Alors l'homme du pays,

«

du

travail et

Qu'il

IV.

en

soit

paysan, personnifiera l'union

le

du patriotisme, de ainsi M »

— Aperçu

la force et

de

l'intelligence.

chronologique de la colonisation française

Nous nous proposons de donner, en

tête

de l'étude de cha-

cune de nos colonies actuelles, un aperçu de son Qu'il

nous

suffise

de présenter

résume, dans l'ordre des temps,

histoire.

un tableau d'ensemble qui

ici

les tentatives d'explorations et

d'établissement de la nation gauloise ou française.

Gomme

pour toute autre nation,

remonte aussi haut que successivement

elle

les

barbares

la colonisation française

l'histoire. Si la

Gaule a vu arriver chez

Phéniciens, les Grecs, les Romains,

les

germains,

les

Arabes; par contre,

les

Gaulois

émigrants ou conquérants, conduits par Bellovèse, Sigovèse

et

autres, sont allés ravager ou peupler diverses parties de l'Eu-

rope on en a vu en Angleterre, en

Italie,

:

grie, est

en Macédoine,

même

et

encore vivant dans

les

en Bohême, en Hon-

en Asie Mineure, où leur souvenir

noms de

Gallipoli et de Galatie.

C'est de l'histoire ancienne.

Plus tard, après avoir été contenue pendant cinq siècles sous la domination romaine, puis subjuguée par les barbares

germains, dont une tribu donna à

la

Gaule son

France réagit de nouveau au dehors '

Jules DuvAL, l'Ahjcrie.

,

nom

actuel, la

notamment au moyen


LA FRANCE COLONLALE

20

âge et au temps des Croisades

donna

terre sainte et

même

,

envoya ses enfants en

elle

des souverains à l'Angleterre, au

Portugal, à la Hongrie, à Naples, Jérusalem, Gonstantinople

Chypre,

etc.

Jusque-là ce n'était,

dont

rières,

au xive

le

est vrai,

que commencèrent

siècle

époque où

il

les

que des expéditions guerque commercial.

était politique plutôt

but

ayant pour objet

munes

,

le trafic

les entreprises coloniales,

A

dans des pays nouveaux.

du Nord

cette

com-

républiques italiennes et les puissantes

belges et allemandes

C'est

s'enrichissaient par le

négoce, l'histoire signale des navigateurs normands de Dieppe et

de Rouen, explorant, ainsi que les Portugais, les côtes de

l'Afrique occidentale jusqu'en Guinée; mais ces premières tentatives furent entravées par les

ans.

Au xvp

dant que

les

découvrent

malheurs de

Espagnols

et

et les Portugais, suivis

qu'un rôle

effacé

dans

en

pen

Français,

les

Italie et ailleurs,

expéditions

les

et

des Hollandais,

soumettent des mondes nouveaux,

livrés à de stériles guerres d'ambition

jouent

guerre de Cent

la

siècle, après la découverte de l'Amérique,

ne

lointaines

Toutefois nos Basques vont déjà pêcher dans les parages de

Terre-Neuve;

en 1503;

le

marin Denis, de Honfleur, parvient au Brésil

les frères

Parmentier visitent

la Malaisie et

Mada-

gascar vers 1528; mais ce n'étaient là que des entreprises privées.

Bientôt François

1er

envoie

le

marin

florentin

Giovanni

Verazzano prendre possession de Terre-Neuve, qui fut ainsi notre première colonie

officielle (1524).

Jacques Cartier soumet

le

En

1535,

le

Malouin

Canada; mais de nouvelles guerres

européennes éteignent encore l'ardeur des expéditions commerciales.

Malgré l'impulsion donnée par l'amiral Coligny,

tatives d'établissements

de Ribaut

En

et

les ten-

de Villegagnon au Brésil (1555), celles

Laudonnière en Floride, n'eurent pas de succès.

1560, deux Marseillais exploitent

le corail

au Bastion du

Roi, dans la régence d'Alger.

Le

xviie siècle ouvre l'ère de

Henri IV

fait

nos grands succès coloniaux.

prendre possession de

la

Guyane,

et

Ghamplain


DES COLONIES EN GÉNÉRAL

21

fonde Québec, en 1608. Richelieu enlève plusieurs Antilles à l'Espagne et crée la Compagnie française des Indes occidentales;

il

dispute l'Orient au Portugal, en faisant prendre pos-

session de Madagascar (1642).

Sous Louis XIV, sipi et

les colons

fondent la Louisiane

canadiens descendent

(1682); les îles

nom

Missis-

le

Mascareignes sont

Bourbon et de France Colbert crée deux nouvelles Compagnies des Indes occiden-

annexées

et

tales et des

reçoivent le

d'Iles

;

Indes orientales, qui se partagent les possessions

d'outre-mer et leur font faire de grands progrès. Des comptoirs sont établis à Surate (1663), à Ceylan, Pondichéry, Chander-

nagor; et l'Inde française, sous l'impulsion habile de Colbert, jouit partout d'une

Mais avec revers.

Le

toires de

le

grande prospérité.

xviiie siècle s'ouvre

traité d'Utrecht (1713)

la baie

une première période de

cède à l'Angleterre

d'Hudson, Terre-Neuve

sous Louis XV, la Louisiane se peuple,

la

les terri-

et l'Acadie. Toutefois,

Nouvelle-Orléans est

fondée (1717); aux Indes, Dupleix conauiert

le

Dékan

poir renaît d'étabhr

un empire

cette fois, la guerre

de Sept ans renverse^ tout;

,

et l'es-

franco-italien. Mais, encore le traité

Paris (1763) nous enlève l'Inde, sauf quelques comptoirs,

Canada tout

terre;

plupart des Antilles et

en outre,

la

du Missis-

sait

le

Sénégal, enlevés par l'Angle-

Louisiane, cédée à l'Espagne, notre

comme compensation fait

le

en échange duquel nous obtenons Saint-

entier,

Pierre et Miquelon; nous perdons la rive gauche sipi, la

de

des pertes qu'elle avait subies. C'en était

de l'empire colonial français, et la suprématie sur

aux Anglais, qui

Sous Louis XVI,

alliée,

l'ont

la

mer

pas-

conservée jusqu'à nos jours.

France se venge en aidant

la

jeune

Amérique soulevée contre l'Angleterre, mais sans grand profit pour elle, sauf que le Sénégal, et Tabago, aux Antilles, lui sont rendus. Sous la révolution et l'empire, nous perdons

Saint-Domingue par

la révolte

des noirs, et l'Angleterre nous

enlève successivement toutes les autres colonies

temps que l'Egypte,

les

,

en

même

îlesCorfou et de Malte que nous avions

conquises pour quelque temps.

En

1800, la Louisiane nous est


LA FRANCE COLONIALE

22

rendue par l'Espagne, mais

somme

après pour la

premier consul

le

la

vend

trois

ans

dérisoire de 75 millions; de sorte qu'en

1814, la France ne possède plus rien en dehors de l'Europe.

Tout

est à

recommencer.

Cependant, au comptoirs de

traité

l'Inde,

de 1815, l'Angleterre nous restitue les

Bourbon, (mais non

l'île

de France),

le

Sé-

négal, la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe, Saint-Pierre

Miquelon. Avec des droits sur Madagascar,

et

notre

actif, soit

un ensemble de

tres carrés environ, avec

c'était là tout

territoires de 160.000 kilomè-

peine une population

à

de 3 à

400.000 sujets. Mais, à partir de 1830, la conquête d'Alger, sous Charles X,

ouvre une ère nouvelle, qui se continue vers 1842-43, sous Louis-Philippe, par les acquisitions pacifiques de Grand-Bassam, Assinie,le Gabon, Nossi-Bé et Mayotte, les Marquises et Taïti.

Napoléon

III

nous donne

la

Nouvelle-Calédonie (1853),

les

Touamotou (1859), achève la conquête de l'Algérie et delà Kabyhe (1854), agrandit le Sénégal, achète Obock, conquiert îles

la

Cochinchine (1862)

torat nial

:

soumet

et

le

Cambodge

à notre protec-

l'empire des Indes se renouvelle. Notre inventaire colo-

donne, en 1870, 1.000.000 de kilomètres carrés de

toires,

avec environ 6.000.000 de sujets.

La troisième république Barthélémy des Antilles

a plus de chance encore

Popo

Congo

français;

nous sont soumis,

WaUis,

et la fin

ronner par

le

Obock

haut Niger est joint au Sé-

s'agrandit;

que

ainsi

les

îles

Gabon devient le l'Annam et le Tonkin Comores et les îles le

de 1885 a vu notre édifice colonial se cou-

protectorat français établi sur toute

dagascar, notre ancienne

En somme,

le

Porto-Novo sont acquis;

et

Saint

Suède (1873); le proune annexion (1874); la précieuse

Tunisie s'ajoute à l'Algérie (1881); négal; le

:

est rachetée à la

tectorat de Taïti devient

vaste

terri-

«

France orientale

3.000.000 de kilomètres

la

Ma-

carrés de territoires

peuplés de 32.000.000 d'habitants, en chiffres ronds,

domaine digne de

de

l'île

».

France, d'autant plus que

c'est

un

les divers élé-

ments en sont avantageusement distribués dans

les

quatre


DES COLONIES EN GENERAL

du monde

parties

acquisitions

:

et

dans toutes

les

mers,

et

23

que

les nouvelles

Tunisie, Congo, Madagascar et Indo-Chine étaient

bien les plus précieuses qu'il fût encore possible de

Aussi

la

prudence conseille- t-elle d'arrêter

quêtes, qu'il importe désormais beaucoup

faire.

nos con-

moins d'agrandir

encore que de développer, l'essentiel étant de mettre en valeur ce riche patrimoine national, que nos adversaires nous en-

vient déjà.

Le tableau colonies;

il

l'étendue

du

statistique ci -après fait voir l'ensemble de

nos

donne approximativement, pour chaque groupe, territoire, le chiffre

de la population et

la valeur

du commerce général, pour l'année 1887. TABLEAU STATISTIQUE DES COLONIES FRANÇAISES COLONIES

SUPERFICIE

AFRIQUE

Kilom. carrés.

POPULATION

Habitants.

600 000 120 000 50 000 400 000 ? 20 000

Algérie

Tunisie, protectorat Sénégal Ici. protectorat Bassam et Assinie

.

Popo et Porto-Novo Gabon et Congo Réunion Nossi-Bé et Comores

600 000

.

2512 2 000

600 000 12 000

Madagascar, protectorat

Obock

Francs.

000 000 000 000 ? 10 000 ? 10 000 4 000 000 168 000 ? 50 000 3 000 000 20 000 900 1 500 200 2 000

800 000 000 80 000 000 oO 000 000 ? 1 000 000 1000 000 10 000 000 ? 20 000 000 50 000 000 10 000 000 20 000 000 ? 1000 000

3

.

.

COMMERCE

>

ASIE Territoires indiens

.

.

60 100 120 100

Cochinchine

Cambodge,

Annam

,

protectorat

protectorat

.

Tonkin, protectorat

.

508 000 000 000 000

1 1

?

7

?

7

285 000 800 000 000 000 000 000 000 000

32 100 20 ? 20 ? 50

60 000 25 000

17

000 000 000 000 000

000 000 000 000 000

OCÉANIE Nouvelle-Calédonie Taïli cl Marquises

.

.

20 000 2 355

.

.

8

000 000 000 000

AMÉRIQUE Cuyane

?

Martinique Saint-Pierre et Miquolon

,

environ

20 000

987

170 000 180 000

1643

Guadeloupe

Totaux

100 000

325 3

OOOdoo

5

8 000 000 60 000 000 60 000 000 25 000 000

000

32 000 000

i

20O0OOO0O



ALGÉRIE

CHAPITRE

I

L'HISTOIRE ET LA CONQUÊTE

L'Algérie, dont

le

nom

dans sa forme actuelle

est la partie centrale de la contrée

Berbérie ou

Pays barharesque ,

que

les

est tout

moderne,

anciens ont appelée la

à cause de ses populations berbères,

comprend le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et le Tripoli. Les Romains divisaient le nord du continent africain en Afrique,

et qui

Numidîe ei Mauritanie. L'Afrique propre ou proconsulaire correspondait à à

la

la

Tunisie

et

au Tripoli de nos jours;

la

(J/'nA;2a)

Numidie,

province actuelle de Constantine. La Mauritanie s'étendait jus-

qu'aux colonnes d'Hercule (Gibraltar) et se subdivisait en Mauritanie sitifienne avec Sitifis (Sétif)

pour

Cœsarea (Gherchell),

capitale

capitale; Mauritanie césarienne,

Mauritanie tingitane,

et

capitale

Tingis (Tanger).

Au

siècle

LS-C

avant Jésus- Christ,

la côte; leur capitale,

et après

une

lutte

Phéniciens colonisèrent toute

Carthage, joua un grand rôle dans

la côte et

s'étaljlirent

d'abord sur les territoires

s'enfoncèrent ensuite dans

juguant

les

dent

ruines imposantes se voient encore,

les

(Tunisie)

,

l'histoire,

héroïque, fut détruite par les Romains, 146 ans

avant Jésus- Christ. Ceux-ci phéniciens de

les

populations berbères,

où se trouve

le

ils

le

pays en sub-

fondèrent de grandes

notamment

à

cités

El-Djem

plus grand amphithéâtre connu

;

à Té-

bessa, à Lambèse, dans l'Aurès et dans toute la province de ConJltantine,

jusqu'à Biskra, où

ils

eurent des postes militaires;

ils


LA FRANCE COLONIALE

26

moins dans

s'étendirent ran.

les plateaux

Leur marche conquérante

que plus tard

les

se

fit

des provinces d'Alger et d'Oainsi de l'est à l'ouest, tandis

Vandales, barbares germains, procédèrent en

sens contraire, venant par les rivages de l'Espagne (v-vi^ siècle).

Les Byzantins parurent au vi^

siècle,

mais furent remplacés au

Arabes musulmans, qui en peu d'années fondèrent l'empire de Kairouan en Afrique et le califat de Cordoue en Espagne. Toute la Berbérie fut désignée par les Arabes sous le nom

VIP par

les

,

de Magreb,

pays du couchant». Vers

<r

le

XF

Berbères

siècle, les

reprirent peu à peu leur indépendance; mais au xvp, après l'expul-

sion des Maures de l'Espagne et les tentatives de Charles -Quint à

Alger, une anarchie complète sévit dans la côte

le

pays, et les forbans de

dévastèrent la Méditerranée.

fameux corsaire turc, de Mitylène,

C'est alors qu'apparurent le

Bab-Aroudj

vulgairement appelé Barberousse , et son frère Kaïr-

,

Eddin, qui s'emparèrent d'Alger

et

soumirent tout

le

pays à

la

suzeraineté de la Porte ottomane (1516). Leurs successeurs portèrent d'abord le titre d'agha,

de dey,

la suite celui

« oncle

<r

chef des troupes,

ou patron,

du chah ou

roi. » C'était l'usage,

trée sous le

nom

On

» et

»

et prirent

de pacha,

<r

dans

serviteur

en Europe, de désigner la con-

de régence d'Alger.

appelait odjac le

gouvernement turc d'Alger, composé des

ministres delà guerre, de la marine, des finances et de l'intérieur.

Comme

le

dey

chef, était le

était élu

personnage

par le

la milice,

il

plus influent

s'ensuivit

que l'agha, son

que

plupart des deys

et

la

finirent tragiquement.

Cette période, dite turque, est signalée par des pirateries continuelles sur les côtes européennes de la Méditerranée, et les plus

puissants royaumes chrétiens subirent, jusqu'en 1830, l'humihation

de payer un tribut au chef des brigands d'Alger

,

pour obtenir une

paix relative.

Cependant

la

France entretint, presque de tout temps avec l'odjac ,

des relations politiques et commerciales. C'est ainsi que dès 1520 des Provençaux obtinrent à prix d'argent

pèche du

corail près

du

le

privilège exclusif de la

littoral algérien, ainsi

produits de ce pays d'outre-mer

;

que l'exportation des

plus tard des établissements fran-

çais furent crées au- Bastion de France, à la Calle,

Collo, et à partir de 1581

au cap Rose, à

nous eûmes un consul à Alger. L'odjac

n'en laissa pas moins à plusieurs reprises,

sous

Henri ÏV

et


ALGERIE Louis XIII

,

27

capturer nos vaisseaux, dévaster nos comptoirs

rem-

et

bagnes de prisonniers français. Pour réprimer ces brigandages, Louis XIV fit bombarder Alger par Duquesne en 1682 et

plir ses

1G83,

et

par d'Estrées en 1688.

s'ensuivit avec l'ambassadeur al-

Il

venu à Versailles en 1690, un

gérien,

pendant

traité

qui maintint

Les pirateries s'étant renouvelées lors de

le xviiic siècle.

l'expédition d'Egypte et après notre défaite navale de

Bonaparte prépara contre lieu;

mais en 1815

paix

la

la

Trafalgar,

régence une expédition qui n'eut pas

la flotte anglaise

de lord Exmouth, pour exé-

cuter la décision du congrès de Vienne, lança 34.000 projectiles sur la capitale

du dey

non mortel à

et

écrasa sa

cette piraterie

,

flotte.

que

Le coup

mais

était terrible,

France seule devait anéantir en

la

1830, au profit delà liberté des chrétiens, du commerce maritime de la tranquillité des populations côtières. Voici

et

qui ont

amené

La France les

les

circonstances

conquête.

la

payait depuis trois siècles une redevance annuelle pour

concessions d'Afrique. Hussein-Pacha, élu dey en 1818, éleva

cette

redevance de 90,000 à 380,000 francs;

le

consul français en

promit 300,000, mais Louis XVIII, en 1820, ne voulut accorder

que 220,000 francs. Cette cause de mésintelligence seule, ni la plus grave.

Busnach avaient

Deux

juifs

autrefois fourni

algériens

n'était

pas la

du nom de Bacri

une grande quantité de

et

blé au Di-

rectoire et à l'armée française d'Egypte. Leurs créances, s'élevant

n'avaient jamais été acquittées, malgré les

à plusieurs millions,

fréquentes réclamations du dey, qui avait de grands intérêts dans

dont

cette affaire,

les

tribunaux étaient

notre consul, M. Deval, étant allé

le

vivement des lenteurs du procès,

et

rapportée dans les termes suivants par

rapport au gouvernement français «

Pourquoi,

lettre «

que

saisis.

visiter, il

le

Le 30

avril

1827,

Hussein se plaignit

s'ensuivit

une

altercation

consul lui-même dans son

:

lui dit le dey, votre ministre n'a-t-il

pas répondu à

la

je lui ai écrite?

J'ai

eu l'honneur de vous en porter

la

réponse aussitôt que

je l'eus reçue. <r

— Pourquoi

ne m'a-t-il pas répondu directement? Suis-je un

manant, un

homme

êtes la cause

que je

vous qui

lui avez

de boue, un va-nu-pieds? Mais

c'est

vous qui

réponse de votre ministre,

c'est

insinué de ne pas m'écrire! Vous êtes un

mé-

n'ai pas reçu la

chant, un infidèle, un idolâtre!...

ï


LA FRANGE COLONIALE

28 «

manche de son chasse-mouches

le

et

siège, ajoute

Se levant alors de son

me

dit

de

me

retirer.

trois

M. Deval,

me

il

porta avec

coups violents sur

le

corps

»

fameux coup de chasse-mouches ou d'éventail qui valut à Hussein la perte de son royaume et à la France la plus importante C'est ce

de ses conquêtes coloniales. réparation d'honneur fut exigée; mais Hussein ayant refusé

Une de

la

donner, M. Deval, rappelé par son gouvernement, quitta Alger

avec tous nos nationaux, et

de Bône étaient livrés au pillage pour la

bhssements de

la Galle et

quatrième

Par contre,

fois.

commencèrent. Nos éta-

les hostihtés

le

commandant

Collet infligea

peu après

aux corsaires algériens mais le dey ne se soumit pas. L'année suivante s'étant passée en escarmouches et en négociations, un dernier accommodement fut proposé en juillet 1829

une sanglante

défaite

,

au dey, qui, aux menaces de notre parlementaire, répondit fièrement « J'ai aussi de la poudre et des canons. Nous ne pouvons :

nous entendre

protégera ton départ,

Mais

le

fut criblé

Le sauf-conduit qui

tu peux te retirer.

:

lendemain,

vaisseau parlementaire français la Provence

le

les batteries

pable de ce second méfait?

devait plus balancer

:

amené

d

de boulets par

agi sans ses ordres.

t'a

Il

port.

Le dey

était- il

cou-

protesta que les canonniers avaient

Néanmoins il

du

le

gouvernement de Charles

X

ne

organisa donc une expédition décisive contre

la régence.

L'année suivante (1830), une

flotte

de 400 vaisseaux de transport,

escortée de 100 vaisseaux de guerre, débarquait à Sidi-Ferruch les

45

et

16 juin

,

une armée de 37,000 hommes sous

le

comman-

dement du général de Bourmont. Le 29 du même mois, après cinq jours de combat on enlève d'assaut le plateau de Staouéli défendu ,

parMustapha-Bou-Mezrag, <r

et le

Château de l'Empereur,

4

juillet, la prise

du SuUan-Kalassi

construit par Charles- Quint, nous

»

assure la possession d'Alger. Le dey, enfermé dans citadelle,

demande à

capituler, se livre

sor de 48 milUons de francs, et le général de

duire à Naples avec sa suite l'odjac dissous, et la

;

le

pourrons

ici

qu'à

Bourmont

le fait

tré-

con-

corps des janissaires est expulsé

France reste maîtresse delà position.

Mais ce n'est pas tout de conquérir, le

Kasbah ou

la

au vainqueur, avec son

la

il

faut consolider,

nous ne

condition de soumettre souvent les tribus

révoltées et de gagner sans cesse

du

terrain.

De

l'occupation


ALGÉRIE

29

d'Oran (1831), de Bône (1832), d'Arzeu, de Mostaganem

de Bou-

et

,

opérée sous radministration successive des généraux de

Bourmont,

Glauzel, Berthezène, Savary, Voirol et Drouet d'Erlon;

gie (1833)

celui-ci fut le premier

A cette époque organisa

le

,

gouverneur général d'Alger, en 1834.

pour

établir des rapports avec les indigènes

coyys des zouaves

composés de Kabyles

étaient à l'origine des bataillons indigènes

zouaouas de

province de Constantine; mais

la

il

s'y

mêla bientôt

des aventuriers de toute provenance, dont Lamoricière,

cheur de poudre,

»

on

,

bureaux arabes. Les zouaves

et les

au dire des Arabes,

un corps

«

fit

mains

vrais soldats d'Afrique , les héros des coups de

«

le

mâ-

d'élite, les

difficiles

,

les

fantassins des longues marches, des nuits sans sommeil et des

journées sans eau

».

Les bureaux arabes étaient formés

français qui concentraient entre leurs et l'administration.

Connaissant

le

du caractère, des mœurs

Le premier chef de bureau arabe

fut

d'officiers

la justice, les finances

langues du pays, ces officiers

les

eux-mêmes, sans

s'enquirent par infidèles,

mains

secours d'interprètes souvent

et des

habitudes des indigènes.

encore Lamoricière

résolution, rempli de ressources dans l'esprit et

,

homme de

animé du désir de

bien faire, ce qui lui concilia l'affection de ses subordonnés. Des

abus résultant de leurs pouvoirs trop étendus

firent

supprimer plus

tard ces bureaux arabes.

Jusqu'en 1834, l'occupation française villes côtières.

impolitiques

indigènes,

,

Des hésitations, des

avait

été restreinte

aux

mesures

fautes miUtaires, des

souvent aussi des traitements maladroits appliqués aux

avaient

indisposé ceux-ci contre nous et compromis

l'entreprise. C'est alors

que parut l'ennemi

le

plus redoutable qui

combattra, souvent avec succès, l'influence française pendant plus de douze ans. Cet

homme,

ce conquérant, c'est

rabout influent,

il

avait reçu

l'Egypte, était versé dans l'étude

thaleb

il

joignait la vigueur

dans sa tenue, habile dans

Abd-el-Kader.

du

du Coran,

soldat.

Bien

de corps

ganisation, Abd-el-Kader était

fait

,

d'un

élégant

doué de bra-

la fois froid et

activité infatigable et

ma-

l'Orient et

et à la science

fait

les exercices militaires,

voure autant que de sens politique, à souple et violent, d'une

Fils d'un

une éducation soignée, vu

passionné,

d'un vrai talent d'or-

pour dominer. Les tribus de

la

province d'Oran livrées à l'anarchie avaient besoin d'un chef et se

groupèrent autour de celui qu'elles considéraient

comme

«

envoyé


LA FRANCE COLONIALE

30

de Dieu

En 1834,1e général Desmichels, commandant d'Oran,le comme « prince des croyants » et lui fournit même des

».

reconnaît

secours pour vaincre ses compétiteurs. qui suc-

Cette politique ayant été désavouée, le général Trézel,

céda à Desmichels, attaqua Abd-el-Kader et se la

Macta (1835). L'année suivante,

la

Sikkah, mais

il

le

général

fit

battre par lui sur

Bugeaud

défit l'émir à

conclut avec lui en 1837 l'imprudent traité de la

Tafna, qui livrait au chef arabe d'Alger, sauf les villes

du

les

provinces d'Oran, de Titeri et plaine de la Métidja, qui res-

littoral et la

taient à la France.

Louis Blanc

de l'entrevue de la Tafna

fait

peint bien les personnages en action

Entrevue de la Tafna. halte dans la

Tafna

que

un

du plus

vallon

«

A

récit suivant qui

le

:

neuf heures du matin, on

riant aspect

que baignent

fit

eaux de

les

là était le lieu du rendez -vous. Mais on n'y rencontrait

:

la solitude, le silence;

Le

l'horizon.

pas un cavalier arabe ne se dessinait à

soldat se sentit humilié.

attendit longtemps.

Il

attendre; et l'on

fallut

Les vedettes revenaient sans nouvelles. Habile

à s'entourer de prestige, Abd-el-Kader avait voulu se donner auprès

des siens l'avantage d'une supériorité apparente, et affectait à l'égard

tique sait

du chef des

infidèles était

un

dédain qu'il

le

calcul de sa poli-

musulmane. Le jour commençait à baisser, l'émir ne parais-

pas; et pendant que, tourné en gaieté, le mécontentement des parts en vives

troupes s'évaporait de toutes

Bugeaud Arabes

avait peine à dissimuler sa colère.

est

annoncée.

faisceaux se rompent

saillies,

général

Enfin l'approche des

A l'instant même, les tambours ,

le

rappellent, les

chacun court à son poste. Mais

,

à

une

lieue

de notre avant-garde, Abd-el-Kader s'était arrêté. Ce fut alors auprès

du général une succession de messages ayant pour but de prendre que l'émir

que

était

malade,

fort tard; qu'il serait

lendemain...

A bout de

qu'il n'avait

pu

se mettre en route

patience, et oubliant la dignité de son rang,

Bugeaud

ment des troupes, «

ap-

bon peut-être de renvoyer l'entrevue au

pour n'obéir qu'aux impétueux conseils de son dépit rage, le général

lui

laisse

et, suivi

au général Laidet

de son état-major,

il

et le

de son cou-

commande-

se porte

en avant.

Presque entièrement composée de cavalerie, l'armée d'Abd-el-

Kader

figurait

un immense

triangle, dont les angles

mouvants

s'ap-

puyaient à trois colUnes. Arrivé au milieu des avant-postes, général français vit venir à lui

un chef de

tribu , qui lui

le

montra un


ALGÉRIE coteau sur lequel

était l'émir. « Je

« chef, dit le général «

longtemps

et

Bugeaud

venir de

parut l'escorte de l'émir

trouve indécent de la part de ton

à l'Arabe, de

si loin. » :

31

Et

il

me

faire attendre si

s'avança résolument. Alors

jeunes et beaux pour la plupart, les chefs

L'émir Abd-el-Kader.

et montaient des arabes étalaient avec faste leurs riches costumes général Bugeaud, chevaux magnifiques. Bien différente était celle du de l'administration à laquelle s'étaient réunis plusieurs membres civile, coiffés

militaire.

Un

de

la casquette

modèle,

cavalier sortit des rangs.

et Il

dans une tenue portait

fort

un burnous

peu

gros-


LA FRANCE COLONIALE

32

ne se distinguait point par son costume du dernier des cavaliers ennemis, mais autour de son cheval noir, Arabes marchaient qu'il enlevait avec beaucoup d'élégance, des sier, la

tenant

corde de chameau,

mors de bride

le

il

néral français lui ayant tendu la main,

sauta rapidement à terre et lui et l'entretien «

L'émir

les traits délicats et

jouaient avec

un

il

par deux

la lui serra

fois

s'assit.

Le général prit place auprès de

Il

avait le visage sérieux et pâle,

commença. de petite

était

Abd-el-Kader. Le gé-

C'était

et les étriers.

taille.

l'œil ardent.

légèrement altérés,

Ses mains, qui

chapelet suspendu à son cou, étaient fines et d'une

distinction parfaite.

Il

parlait avec

douceur

,

mais

il

y avait sur ses

lèvres et dans l'expression de sa physionomie une certaine affectation de dédain. La conversation porta naturellement sur la paix qui

venait d'être conclue et Abd-el-Kader parla de la cessation des hosLe général tilités avec une mensongère et fastueuse indifférence. ;

français lui faisant observer

que

le traité

ne pourrait être mis à

exécution qu'après avoir été approuvé, mais que la trêve

était

favo-

rable aux Arabes puisque, tant qu'elle durerait, on ne toucherait

pas à leurs moissons «

:

«

Tu peux

,

répon-

Les

dit- il, et je t'en donnerai par écrit, situ veux, l'autorisation.

«Arabes ne manquent pas de «

L'entretien

tait assis.

fini, le

Blessé au

et l'attirant à lui «

dès à présent les détruire

donc!

j>

général

vif, le

grains.

»

Bugeaud

s'était levé,

et l'émir res-

général français le prit alors par la

d'un mouvement brusque

:

main

Mais relevez -vous

«

Les Français furent charmés de cette inspiration d'une

âme impérieuse

et intrépide,

et les

Arabes laissèrent percer leur

étonnement. Quant à l'émir, saisi d'un trouble involontaire,

il

se

retourna sans proférer une parole, sauta sur son cheval et regagna les siens. les

En même temps on

entendit une puissante clameur que

échos prolongèrent de colline en colhne.

criaient avec enthousiasme les tribus. vint ajouter à

l'effet

Un

et, se glissant

gorges des montagnes, les Arabes disparurent'. le

sultan! »

le

violent coup de tonnerre

de cette étrange scène;

Fier de ce succès diplomatique, qui

Vive

«:

dans

»

grandit

énormément aux

yeux des peuples arabes, Abd-el-Kader ne tarda pas à agir en verain.

Il

se débarrassa bientôt de ses rivaux, vainquit

les tribus récalcitrantes, divisa le pays

Louis Blanc, Histoire de dix ans.

les

soru-

ou écrasa

en huit gouvernements,

et se


ALGERIE

33

créa une armée permanente au lieu des troupes temporaires. avait

240

<r

10.000 réguliers, dont 3.000 fantassins, 2.000 cavaliers

artilleurs avec

une vingtaine de pièces

une

de places

ligne

Biskra, formaient de

pour mater

l'est

ou réparées

avait construites

qu'il

c'étaient autant de forteresses

où s'amassaient

;

à Miliana, une fonderie de canons à Tlemcen.

était installée

Sebdou, Saïda, Tagdempt, Boghar, l'ouest

des poudrières fonc-

;

Tagdempt une manufacture

tionnaient à Mascara, Miliana, Médéa,

d'armes

II

et

à ;

de magasins

les tribus,

approvisionnements, de retraites en cas de

les

guerre malheureuse.

»

(Maurice AVaiil.)

moyennant

Telle est l'organisation

paix, l'émir tiendra en

laquelle, après

deux ans de

échec pendant huit ans de nombreuses

armées françaises. Pendant ce temps, nos troupes atteignent Constantine, où dominait le bey

Ahmed. Après un échec grave en 1836,

la ville fut prise

d'assaut en 1837, par le maréchal Valée; le général de

Damrémont

avait été tué la veille.

En

octobre 1839,

les

Kader, qui prétendait renfermer ci

recommencèrent avec Abd-el-

hostilités

Français dans

les

la Métidja.

Ceux-

en sortirent pour occuper en 1840 Cherchell, Médéa et Miliana,

tandis que le capitaine Lelièvre, avec 123

hommes,

rieusement, pendant quatre jours,

le fortin

par une nuée d'Arabes. Rapportons

ici

en

défendait victo-

de Mazagran attaqué

détail le récit

de cette

brillante affaire.

La défense de Mazagran. qu'un

petit fort élevé à la hâte

taganem.

Il

renfermait la 10°

c'est-à-dire 123

Mazagran

«

par

les

compagnie du bataillon d'Afrique, le

capitaine Lelièvre,

quelques éclaireurs arabes vinrent reconnaître

Le lendemain,

les

contingents de quatre-vingt-deux tribus,

formant 10 à 15.000 hommes, sous

Tehamy,

les

ordres de Mustapha-Ben-

de Mascara, prirent position devant

kliaUfa

de plus

n'était rien

Français, non loin de Mos-

hommes, commandés par

lorsque le 1er février les lieux.

le fort.

La

garnison n'avait pour toutes provisions qu'un baril de poudre, une pièce de canon et

1-0.

000 cartouches

;

mais en revanche

composée de braves disposés à vendre chèrement leur «

Animé par

le

elle était

vie.

fanatisme religieux et par des promesses de

récompense, l'ennemi se précipita avec rage contre

les murailles,

artillerie avait entamées, et y planta quatorze de ses drapeaux. Les assiégés reçurent cette attaque et celles qui suivirent par

que son

3


LA FRANCE COLONIALE

34

abords de la feu de mousqueterie qui couvrait de cadavres les trois fois il national, drapeau le brèche. Trois fois le canon abattit

un

fut relevé avec

à

les assaillants revinrent

Le 3,

t

enthousiasme aux cris de

:

Vive leroi! VivelaFrance!

charge avec une ardeur

la

épuisées, on les nouvelle. Cette fois, les cartouches étant à moitié de lutter reçut à l'arme blanche, et le courage français continua

un ennemi dont

avec avantage contre

de cent contre un. « Le 4, l'acharnement des Arabes redoubla.

Sur

soldats.

épuisées

;

en se précipitant sur

faire tuer

brèche se

le

les

soir,

leur

«

entier et

Ils

était

venaient sur la

les baïonnettes

de nos

munitions étaient presque complètement

le capitaine Lelièvre rassembla ses

«

numérique

la supériorité

hommes

:

«

Mes amis

nous avons encore un tonneau de poudre presque douze mille cartouches nous nous défendrons jusqu'à

dit-il,

;

ce qu'il ne nous en reste plus que douze ou quinze, puis nous entrerons dans la poudrière pour y mettre le feu, heureux de

ce

«

mourir pour notre pays. Vive la France » On se battit ainsi pendant quatre jours !

(t

((

dit

c'étaient,

rable,

«

ne

et

«

« car la

un Arabe qui

finissaient pas

fumée de

la

poudre obscurcissait

«

bivouacs

et

par

siège

mémo-

ne commençaient pas

ils

au son du tambour; c'étaient des jours noirs,

les nuits étaient des nuits

Le

compte de ce

c'étaient quatre grands jours, car

<r

((

a rendu

quatre nuits, et

et

celles des

les

rayons du

de feu, éclairées par amorces.

soleil

;

et

flammes des

les

»

cinquième jour, les Arabes, fatigués de cette intrépide résis-

tance, renoncèrent au succès et abandonnèrent la place, emportant

plus de mille morts ou blessés. Lorsque les braves de Mazagran

purent se compter, trois «

morts

il

ne leur manquait que dix -neuf des leurs,

et seize blessés

!

La garnison de Mostaganem, forcée d'assister à cette lutte iné-

gale sans

que ses propres forces

en faveur des assiégés,

était

lui

permissent d'essayer une sortie

dans une cruelle anxiété. Dès que

le

silence de la plaine lui eut indiqué l'éloignement des Arabes, elle se dirigea triste et

morne sur Mazagran, croyant

remplir qu'un dernier et solennel devoir. frères d'armes vivants et vainqueurs

ports et les *

M™"

la

,

elle

n'avoir plus à

A l'aspect de

ramena triomphalement à Mostaganem'.

comtesse Dhoiiojowska, Algérie française. M.

cents, au lieu de cent vingt- trois, le

nombre des

ses héroïques

ne put contenir

le

ses trans-

»

capitaine Niox porte à trois

soldats de

la

garnison de Mazagran,


ALGERIE

33

Impuissant à s'emparer des places fortes, Abdrel-Kader résolut de tenir

la

campagne

et de harceler ses adversaires.

tactique, plus naturelle

pour l'Arabe,

moins de battre l'émir que de 10. 000

on

sans pouvoir

le

surprendre nulle part. Aussi

en 1841, au nouveau gouverneur,

le général

100.000 soldats, divisés en corps nombreux, toutes parts cet

ennemi

De son

fonde Orléansville.

Bugeaud s'empare de Massoumet la vallée du Ghélifî, où

côté le duc d'Aumale surprend, au

d'armes de Taguin (1843),

brillant fait

el-Kader, et

fait

Bugeaud,

pour traquer de

insaisissable.

cara (1841), de Tlemcen (1842), et il

était

intrépides et montés à la légère

,

fallut -il,

Grâce à cette

pour nous

Avec son armée de

l'atteindre.

hommes seulement mais

le trouvait partout,

la difficulté

la

Smala ou camp d'Abd-

3.000 prisonniers avec un riche butin.

Voici à ce sujet quelques détails.

La

prise de la Smala.

<t

Depuis que l'émir n'avait plus de

résidence fixe, et que son rôle s'était abaissé aux étroites proportions de chef de

bande

,

sa famille et celle des principaux person-

nages de sa maison avaient dû partager sa vie nomade

en smala. merions

On

équipages, la suite;

les

et se

former

appelle smala, chez les Arabes, ce que nous elle

domestiques, les tentes, les richesses

comprend

nom-

famille,

la

les

du maître. La smala d'Abd-

el-Kader contenait 12 à 15.000 personnes. Elle suivait tous ses

mouvements

et était l'objet

Bugeaud songea à prise difficile au

apprit que la

il

sud-ouest;

il

et

de 600 cavaliers. Le 14,

Smala

était,

de cette entre-

il

la

tête

de

arriva à Goujilah,

en ce moment, à quinze lieues au

prit aussitôt cette direction, et le 16, après vingt-cinq

heures d'une marche accablante il

et confia l'exécution

jeune prince se mit en marche à

le

13.000 fantassins

de sa plus grande sollicitude. Le général

emparer

duc d'Aumale.

Le 10 mai,

«

s'en

aperçut, près de Taguin,

,

dans un pays inculte

une réunion de

sans eau

et

tentes occupant

un

espace de près de deux kilomètres. N'écoutant que son ardeur, sans songer à

sa

faiblesse

numérique,

l'avant-garde,

composée

500 chevaux seulement, s'élance au galop, conduite par par

le

l'elTet

colonel Youssouf, et par

prince,

lieutenant-colonel Morris. Dire

de cette attaque subite serait impossible. Les femmes épou-

M. Gaiïarcl compte, non par aussi

le

le

de

réduire

le

mille,

nombre des

mais par centaines

assaillants et la

les perles des

Arabes,

et l'on

peut

durée de celte défense, d\tilleurs assez

héroïque, sans qu'on doive y nicler l'e.\agéralion.


LA FRANGE COLONIALE

36

vantées, les vieillards et les enfants se pressent en tumulte et

muniquent leur trouble aux peine. C'est

prendre

réguliers, qui

fantassins

une mêlée, une

la fuite se dirigèrent

com-

résistent à

confusion affreuse; ceux qui purent vers le désert; les autres, au

nombre

de 4.000 restèrent nos prisonniers. Le trésor de l'émir, ses tentes,

drapeaux tombèrent en notre pouvoir

ses

*.

»

Quant à Abd-el-Kader, pressé de toutes parts,

se réfugie

il

au

Maroc, où il entraîne le shérif, Abd-er-Rhaman, dans la guerre sainte. Mais le bombardement de Tanger et de Mogador par l'escadre du prince

de Joinville,

et

surtout

de

victoire

la

l'Isly

remportée par Bugeaud sur l'armée marocaine,

(14 août 1814),

obligent bientôt le sultan à la paix de Tanger (1845), qui lixe notre frontière actuelle

du côté de

l'ouest.

L'année suivante (1846), a lieu

soumission du Dahra, insurgé par

la

Bou-Maza, puis

celle

de l'Aurès, dont la principale

même

nous appartenait déjà; en

refuse

même

et trahi, ainsi

la

devenu gouverneur, qui

et

de

se voit successi-

que du shérif marocain, qui

se retirer librement à Alexandrie

Lamoricière ratifia la

nement de Louis-Philippe

Pau

il

le

présenta

promesse

au

faite.

duc d'Aumals, Mais

il

fidèle à sa

gouver-

promesse de

termira ses jours en 1883.

L'Algérie est dès lors à nous dans la majeure partie

sur les plateaux

;

mais

il

du

Tell et

faut encore faire respecter notre autorité

populations sahariennes et kabyles, toujours prêtes à com-

battre pour leur indépendance à la voix des cliefs

le

à Amboise, jusqu'en 1854. Alors Napoléon III lui

ne pas retourner en Afrique,

les

ou à

dirigea l'émir sur Toulon, puis l'interna

permit d'aller habiter Damas, en Syrie, où,

par

lui

23 décembre 18i7, au colonel Lamoricière,

le

promesse de pouvoir

Saint- Jean-d'Acre.

à

Biskra,

l'hospitalité.

Aussi se rend -il, sous

ville,

temps, Abd-el-Kader, rentré en

Algérie, est poursuivi de tribus en tribus, dont

vement abandonné

du marabout

les instigations

marabouts ou de leurs

nationaux.

C'est

pourquoi une expédition

Zaatcha, en 1849.

La

ville,

est

dirigée

contre

l'oasis

prise d'assaut, fut détruite, et sa

de

popu-

lation anéantie; cette affaire

nous coûta 1.500 hommes, sans compter

En

1852, Laghouat, et en 1854, Tougourt,

les victimes

du

choléra.

tombent à leur tour en notre pouvoir, après une résistance égale-

M"'« la comlesse

Drohojowska, Algérie française.


ALGÉRIE ment

opiniâtre.

Ouargla fut reprise en 18G0,

37 et

le

général de

avec une colonne légère montée sur des chameaux, surprit en 1872 El-Goléa, le point extrême de nos possessions, à Gallifet,

4.

100 kilomètres au sud d'Alger.

^•^^

Vernet. Prise de Conslanline, d'après Horace

en années on avait conduit diverses expéditions les villes mariKabylie, dont nous possédions depuis longtemps 1814-47, Bugcaud times: Bougie, Djidjelli, Collo et Dellys. En

Dans

avait

les

mômes

prcscpic annuelles soumis une partie du pays. Des insurrections


,

LA FRANGE COLONIALE

33

furent réprimées jusqu'en 1857; enfin

hommes pour

ployer 35.000

mal armés, désunis, mais les

le

Randon dut em-

général

vaincre ces intrépides montagnards,

fiers et

indomptables, résignés à subir

guerres les plus atroces.

Mac-Mahon

leur infligea la sanglante défaite d'Icheriden

réduisit (4857).

maîtres,

ment

fallut

construire

le fort

n'avait

qui les

,

connu de

Napoléon, devenu aujourd'hui

National.

le fort

En

il

Pour dompter ce pays qui jamais

1864, d'autres insurrections durent être réprimées, notamdes Ouled - Sidi- Cheikh

celle

,

dans

le

sud oranais

,

et celle

des Flittas, dans l'Ouaransénis.

A

la suite

de nos revers en France de 1870-71

,

Kabyles des

les

provinces d'Oran et d'Alger se soulevèrent de nouveau, et ce sou-

lèvement eut pour cause

gouvernement de ralisation

quels

Défense nationale

la

une

notamment

,

en masse des Juifs algériens

,

celle

de

le

la natu-

détestés des Kabyles

,

aux-

au combat du Djebel-Bou-Thaleb, payèrent des contributions

de guerre considérables et

mesures intempestives portées par

enlèvent peu à peu toutes leurs propriétés. Les Kabyles,

ils

défaits

les

;

leiu^

autonomie municipale

fut

supprimée

partie de leurs terres affectée à la colonisation.

Le soulèvement de l'Aurès (1879) quences.

de 1881

Il

,

n'eut pas

de graves consé-

nous en coûta bien davantage pour étouffer l'insurrection

laquelle n'était en réalité qu'une suite de la lutte

perma-

nente des Ouled-Sidi-Cheikh, mal domptés en 1870. C'est encore

un marabout, Bou-Amama,

qui, profitant

du mécontentement des

tribus, les excita à la révolte.

De nombreuses colonnes délogèrent

successivement

de

Amama En

insurgés

les

leurs

ksours

et

poursuivirent

jusqu'à Figuig.

1880,

la

mission du colonel Flatters, chargée d'étudier

la

création d'un chemin de fer transsaharien jusqu'au Soudan, fut

massacrée dans

le désert

au sud-est d'El-Goléa, vers

tude nord, par les Touaregs -Hoggar, aidés de

la

le

25» de

lati-

complicité des

Chaamba qui formaient l'escorte de la mission. Ce massacre, qui n'a pu être vengé, a porté un rude coup à l'influence française dans la région du Sud vers le Soudan. Toutefois 1882 vit l'occupation du Mzab et de Ghardaïa, qui nous assure la tranquillité relative du Sahara

algérien au nord d'El-Goléa.

La conquête de rienne vers

la

l'est et

Tunisie en 1881 compléta notre colonie algé-

garantit sur ce point la tranquillité

du pays.


,

ALGÉRIE Il

même

n'en est pas de

39

à l'ouest, où la frontière marocaine,

tracée arbitrairement par le traité de Tanger, coupe en

régions naturelles habitées par des

Malouïa

mêmes

eût été plus rationnellement choisi.

Le cours de

tribus.

De

deux des

une

plus,

partie des

du Riff (rivage) marocain ont dans

Rifîains ou habitants

la

ces der-

niers temps recherché la protection des Français. Si l'on ajoute les

non avouées des Allemands pour

tentatives

du Maroc,

et les droits

s'établir sur la côte

de l'Espagne sur la

même

nord

région, on peut

en inférer que bientôt des complications politiques modifieront situation de cette sultanie si

au brigandage, Tel est

le

France,

la

et

dont

résumé de

dit

mal administrée,

la

livrée à l'anarcliie,

ruine prochaine est prévue.

la

cette

conquête algérienne,

M. Elisée Reclus,

six milliards

«

qui a coûté à

de francs

et

plusieurs

centaines de milliers d'hommes, soldats ou colons. »

Nous empruntons au même auteur

— «En parlant de

La France ALGÉRIENNE.

A

le

nom

de

France nouvelle

«

considérations ci-après sur

sur l'avenir de cette colonie.

la situation actuelle et

souvent

les

maints égards cette expression est

l'Algérie,

ou de

»

on

lui

que

justifiée. Il est certain

Français se sont très solidement établis dans

donne

France africaine

«

».

les

continent africain

le

apportant leur langue et leurs mœurs. Villes et villages de construction

européenne

versent

se sont élevés

mais dans toutes

littoral,

l'œuvre accomplie par le résultat

est

les

du

On

pu comparer

du

désert.

Français en

un

demi-siècle à celle qui fut

a

de sept siècles d'occupation romaine. Si leur civilisation

encore bien loin d'avoir aussi fortement assimilé

indigène,

région du

la

territoire; des routes tra-

les confins

pays jusque sur

le

non seulement dans

les parties

si

leurs colonies

dans

la

la

population

région orientale des plateaux

sont encore clairsemées en comparaison de celles des Romains, à d'autres égards,

ils

ont

fait

davantage.

La

science leur a fourni

élément de puissance qui manquait aux anciens

chemin de

fer,

par

présents partout.

le

la vitesse.

télégraphe, par les signaux optiques,

Dans

due, pour ainsi dire;

:

ils

leurs

mains,

le

pays

s'est

ont pénétré plus avant dans

Par

ils

mer

le

sont

réduit en étenle

désert, puis-

qu'on ne trouve plus de débris romains au sud de Djelfa, à 300 mètres au nord d'El-Goléa,

un

la dernière oasis française;

kilo-

même

la

qui baigne les rivages algériens s'est rétrécie sous la quille de

leurs navires, et les naufrages y sont jetées et

moins à craindre, grâce aux

aux môles qui abritent actuellement

les ports;

Alger, à


LA FRANCE COLONIALE

40

moins de trente heures de Marseille, est plus rapprochée de la France que Toulon ne l'est de Brest. Quoiqu'on ait souvent répété le

contraire, l'annexion politique de l'Algérie à l'Europe est

un

fait

acquis à l'histoire. Des révoltes d'indigènes, séparés les uns des autres par la distance, l'origine, les intérêts particuliers, ne sau-

une population européenne, très inférieure en nombre, mais solidement unie pour la défense et disposant des raient l'emporter contre

des points stratégiques et de toutes les res-

des arsenaux,

villes,

sources que donne l'industrie moderne. «

Quoi

en

qu'il

soit, l'Algérie a

en toute justice comparée à

qu'elle puisse être

une

«

France nouvelle

repeuple,

».

une grande

désert dans et

Il

faut d'abord

que son

la

pour

le vide,

presque

territoire,

que ses immenses ressources minières, que

faut

il

comme

France,

son étendue, se peuple ou se

partie de

industrielles, soient utilisées;

pendu dans

de grands progrès à faire avant

le

agricoles,

pays, maintenant sus-

puisqu'il confine à des soli-

ainsi dire,

tudes inexplorées, se rattache par des itinéraires

suivis

et

des

recherches scientifiques aux oasis du désert et aux régions popu-

du Sénégal

leuses

ethniques

si

et

homogène. L'Algérie morale

et politique

entre vainqueurs

musulman, tr'ouvrir

du Niger;

faut surtout

il

est

est

non seulement

:

et

l'assimilation

vaincus, mais

encore fermé,

le

monde

et la société

aux idées modernes.

qu'elles

«

quand on a vu

pays des Palmes

»

accepter

France, peut-on douter que

ment

passsif

quand

les habitants ,

ne

s'est

si

kabyle n'a

fait

s'établit l'union.

la

elle vient

de

la

même

Des deux

se regardent encore obliet l'injure est

d'un étranger. Pour-

Tunisie, ceux du Djérid,

facilement la domination de la

principale

cause de l'acquiesce-

les garanties

de justice qu'il leur

assure? D'ailleurs n'existe- t-il pas en Algérie des tribus

Douair

que s'en-

ou volontaire des indigènes algériens au régime euro-

péen augmente ou diminue avec

les

point faite

arabe, en tant que

ne se comprennent point,

toujours ressentie doublement tant,

éléments

C'est isolément, par individualités

non par grandes masses, que foules se haïssent ou du moins

quement, parce

les

une population

encore loin d'avoir constitué son unité

distinctes,

parts les

que

divers de la contrée se fondent en

et les

telles

que

Smela, des environs d'Oran, qui de tout temps,

dans l'infortune, sont restées

les fidèles alliées

malgré cette invincible haine dont on a souvent parlé

des Français,

comme

devant

à jamais séparer les deux races? La conquête des ksours du Sahara,


,

ALGÉRIE dans elle

les régions

même

par des

si les

territoire

de

l'intérieur, les

opprimés de toute race

Français n'avaient pas été secondés

pauvres,

première

dans un

fois

les

grands chefs suivis de leurs

le

un

lutte? Suivant

la

peuple ne demande que deux choses

le

L'une donne

et la justice, d

la

colons partiaires, les nègres,

ou tâchaient de continuer

s'exilaient

proverbe arabe,

les

de toute classe se précipiter avec joie

et

au-devant de l'étranger, tandis que

bandes

eùt-

de diverses tribus'? Et n'a-t-on pas vu fréquemment,

lorsque les conquérants pénétraient pour

les

hommes du Nord,

presque inabordables aux

été possible,

goum

41

:

« la

pluie

pain, l'autre assure la paix, le pro-

grès social, l'assimilation graduelle des éléments naguère en lutte et

non pas

cette assimilation qui consisterait à

penser de

la

même

manière, à ne parler qu'une seule langue, à se conformer aux

mœurs

et

aux usages de

mais

la capitale,

respect mutuel et l'observation

du

qui repose sur

celle

droit à l'égard les

le

uns des autres.

Or, qu'on ne l'oublie pas, entre populations entremêlées que séparent les origines, les traditions, les

mœurs,

l'état

social,

il

n'y a

d'autres alternatives que l'assimilation graduelle, l'avilissement par la servitude

ou

le

massacre',

d

CHAPITRE

II

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE

I.

— Configuration

Situation et bornes.

— L'Algérie,

oénéuale avec

la

Tunisie qui

aujourd'hui annexée, forme, au nord de l'Afrique, une trée

située à proximité de la France,

moins de 200

lieues de

mer,

et

Les bornes de l'Algérie sont

'

Elisée Reclus

,

:

dont

presque sous

au nord,

Afrique seplcnlrionale.

la

elle

les

lui

est séparée

mêmes

est

vaste con-

par

méridiens.

Méditerranée, à l'ouest,


.

LA FRANCE COLONIALE

42

Maroc, à

le

et

l'est,

Tunisie au

la

sud,

le

Sahara, où

n'y

il

a de limite que celle de notre influence sur les tribus du désert.

marquer en

Cette limite peut se

Position astronomique.

moment

ce

— L'Algérie

de 30» 30' (El-Goléa) à 37»

trionale

à la latitude d'El-Goléa

s'étend en latitude septen-

10'

(cap Bougaroni), et en

longitude est du côté de la Tunisie, à partir

du Maroc, à 6» 30' de du méridien de Paris.

En y comprenant

37^ degré de latitude

longitude, de 4» 40' de longitude ouest du côté

la

nord au cap Blanc,

Tunisie, on atteint

le

et le 9e degré de longitude est sur la limite

du

Tripoli.

Alger se trouve à peu près sous

ment à

le

méridien de Paris, exacte-

0» 44' de longitude est, et Tunis à 7o 4' de

même

longitude.

Alger est en ligne droite à 660 kilomètres de Port-Vendres

,

780 de

Marseille, et 1,400 de Paris.

Configuration.

— Dans son ensemble, l'Algérie

d'un parallélogramme de l'est,

1

affecte la

forme

,000 kilomètres de longueur de l'ouest à

sur une largeur de 700 du nord au sud, en y comprenant le

Sahara algérien, jusqu'à El-Goléa.

Superficie.

Ainsi envisagée, la superficie

de l'Algérie est

approximativement de 650,000 kilomètres carrés, dont

pour

le

également pour

le

à nos possessions

pour

demie

les

moitié

Sahara algérien.

Celle de la Tunisie étant de 120,000 kilomètres

fois et

la

,

dont

la

moitié

désert Saharien , ces deux chiffres réunis donnent

du nord

la superficie

Européens

africain près de 800,000 kilomètres,

de

la

France; mais

est à peine le tiers

une

la partie habitable

de cette surface.

Lo littoral algérien. Le Uttoral algérien décrit dans son ensemble un arc très peu tendu, long de 1.100 kilomètres environ, tournant sa convexité sur

mer

la

et vers le

nord,

et relevant

son

extrémité orientale à une latitude de deux degrés au-dessus de l'extrémité occidentale.

Le

Httoral tunisien, plus

mouvementé, tourne

sa plus grande

face vers l'orient.

une contrée généralement montueuse jusque sur en résulte que ses côtes sont d'ordinaire élevées,

L'Algérie étant le

littoral,

il

rocheuses, escarpées, inabordables en dehors des ports; ses baies,

peu profondes

,

mal fermées

,

non

abritées et ensablées , sont

peu

favorables à la navigation. Ce n'est qu'à plusieurs centaines de mètres

du

littoral

que

la

profondeur de

la

Méditerranée atteint 10, 20 mètres


,

ALGERIE mais

et plus;

dépasse bientôt 1.000

elle

150 kilomètres de

43

la côte

et

même

—A

Description des côtes.

8 kilomètres de l'embouchure de

la Malouïa, fleuve marocain, le chétif torrent

est la

2.500 mètres à

d'Alger.

du Kis ou Adjeroud

première borne physique qui sépare l'Algérie du Maroc. Le

premier cap français

Nemours;

celui de

est la pointe

cap Figalo

remarque plusieurs

Rachgoun, en

et les îles

Le cap Falcon

et

premier port,

le

vient ensuite le cap Noé, où la côte prend la

direction nord-est; on y

niques: File

Milonia,

îlots et

caps volca-

face de l'embouchure de la Tafna, le

Habibas.

est suivi

de

baie d'Oran ou rade de Mers-

la

el-Kébir, entourée de colHnes de 600 mètres de hauteur,

le

meil-

leur abri de l'Algérie occidentale. Les caps Ferrât et Carbon sont

des saillies d'un large promontoire séparant la baie d'Oran de celle

d'Arzeu, celle-ci plus large, mais moins bien abritée, et au fond

de laquelle se

A le

jette la

Macta.

5 kilomètres de Mostaganem se voit l'embouchure du Chéliff

plus grand fleuve algérien; puis le cap Ivi, d'où la côte, élevée

mais peu échancrée, s'incHne vers là se

l'est

jusqu'au cap Ténès,

de

et

prolonge presque droite jusqu'à Cherchell. Elle est marquée

faiblement par les pointes des contreforts du massif du Dahra

du

petit Atlas algérien

A l'est

de Cherchell,

plongeant dans

mer.

la

la côte s'infléchit

et

un

pour remonter

instant

ensuite jusqu'à la petite baie de Sidi-Ferruch, où l'armée française

débarqua en 1830. Le promontoire de Sidi-Ferruch, terminé par caps K'nater, Caxine et

les

pointe Pescade,

la

milieu de la côte algérienne;

le

le

cap Matifou en détermine

La mer puis

le

abrite à l'ouest la magnifique

large de 15 kilomètres et profonde

baie semi-circulaire d'Alger,

de 7;

il

marque à peu près

reçoit plus loin les

la partie orientale.

eaux ensablées de

l'Isser

oriental,

Sébaou, près de Dellys, port médiocre, mais marché

quenté.

A

duquel

est

fré-

partir de cette ville, jusqu'à l'oued Sahel, à l'embouchure

Bougie,

le littoral

de

la

grande Kabylie

est

généralement

on y remarque les caps Tedlès, Corbelin, Sigli, puis le cap Carbon oriental, percé d'une voûte naturelle la côte tourne ensuite au sud pour former la

très haut, sans abri et hérissé d'aiguilles

;

;

baie semi-elliptique de Bougie, fermée à

Plus au nord-est on trouve

de

môme nom;

le

la

Seba-Rous

l'est

par

le

cap Cavallo.

pointe de Djidjclli, près delà (les

sept caps), plus

ville

connu sous

le


LA FRANCE COLONIALE

44

nom

de Bougaroni (Cap des fourbes), large promontoire

italien

formant l'avancement

A

l'est

le

plus septentrional de la côte algérienne.

s'ouvre le beau golfe portant

déchu, et de Philippeville, port

Fer (Râs Hadid), pointe qui s'étend le

le

long du

il

de

très saillante

littoral

nom

double

le

moderne;

de Stora

se termine

la

,

port

au cap de

chaîne de l'Edough,

jusqu'au cap de Garde. Celui-ci, avec

cap Rosa, abrite imparfaitement la large baie de Bône, où se

jette la

Seybouse; à

isolé, la

l'est

Calle, dont

îe

du cap Rosa

se dresse,

à 38 kilomètres plus loin, au cap

II.

Orographie. est traversée

par

le

un rocher

se terminait, avant

Roux, que

l'établissement de notre protectorat sur la çaise, laquelle s'étend

sur

port est fréquenté par les corailleurs. C'est

aujourd'hui jusqu'à

Tunisie, l'Afrique franla Tripolitaine.

— Les montagnes et les tlateaux — L'Algérie,

de l'ouest à

de

l'est,

même

que

le

Maroc

et la Tunisie,

ou mieux du sud-ouest au nord-est,

massif montagneux de V Allas, qui caractérise toute

la

région

barbaresque. Dans son développement général, depuis l'Atlantique

jusqu'au cap Bon, l'Atlas a 2,000 kilomètres de longueur, dont près de 1,000 sur

200 dans

le territoire

algérien, 800 dans

le

Maroc

et

la Tunisie.

C'est dans le

Maroc que

grande élévation

l'Atlas atteint sa plus

soit

mont Miltsin), ainsi que sa plus grande largeur, 500 kilomètres. De là, il va en se rétrécissant et s'abaissant

vers

le

(3.500 mètres au

nord-est pour finir au cap Bon.

de largeur dans

les

Constantine, et en

Il

conserve 350 kilomètres

provinces d'Oran et d'Alger, 250 dans celle de

moyenne 150 dans

la

Tunisie.

L'Atlas algérien n'est pas une simple chaîne de

bien

un énorme

,

plateau élevé de 800 à 1.000 mètres en

et

bordé de deux chaînes de montagnes dont

le

plateau de plus de 1.000 mètres. Si, partant d'Alger

il

faut franchir d'abord

moyenne,

sommets dépassent

les

ou de tout autre point de

diriger vers l'intérieur, et

montagnes mais

la côte,

une

on veut

se

série de collines

de montagnes littorales, hautes de 1.500 à 2.300 mètres et con-

stituant la première chaîne susdite

:

c'est le Tell. Il faut

ensuite sur le plateau formant cuvette, l'arête des

moins

descendre

élevé de moitié

montagnes; au delà de ce plateau, on

que

doit franchir la


ALGÉRIE

45

seconde chaîne, appelée saharienne, pour redescendre ridional conduisant à

du Sahara, dont

la plaine

mé-

le talus

moyenne

l'altitude

de 200 à 300 mètres.

est

les collines littorales,

moyen

de

mière chaîne de montagnes,

de grand Atlas

et

que

moyen

le petit et le

la

ou

chaîne saharienne;

la

relief algérien a fait

une seule région montagneuse

Atlas en

l'on appelle l'Atlas tellien

est de 100 kilomètres dans

petit Atlas

Atlas la ligne faîtière de la pre-

mais une connaissance plus approfondie du réunir

noms de

d'usage autrefois de désigner sous les

Il était

dont

le Tell,

la

province d'Oran

largeur croissante

120 dans celle d'Al-

,

ger, et 480 dans celle de Constantine.

Au

du

delà

Tell est la zone des

par excellence, ayant

la

Hauts -Plateaux, ou

forme d'un triangle

Plateau

le

dont

très allongé

la

base, large de 180 kilomètres, s'appuie sur la frontière marocaine, et

dont

le

sommet tronqué

atteint la Tunisie

en passant au sud de

Constantine. Enfin la bordure méridionale du Grand-Plateau forme

une seconde

de montagnes que l'on a désignée sous

série

le

nom

de chaîne Saharienne, à cause du voisinage du grand désert, dont le

massif algérien forme la limite septentrionale. Décrivons succes-

sivement

les

montagnes du

Tell et celles

Atlas septe>;trional ou ïellien. hmite, au nord,

la

du Sahara.

— La région tellienne a pour

mer, au sud, une ligne menée sensiblement

à quelque distance des villes de Daya,

Aumale, tagnes,

Sétif et

comme

Soukharras.

Saïda,

Boghar,

Tiaret,

moins une chaîne de mon-

C'est

on la définit habituellement, qu'un amas confus

d'une vingtaine de groupes montagneux orientés dans toutes directions,

les

géologique très différentes,

d'élévation et de nature

séparés par des vallées profondes, creusés de gorges pittoresques,

dont

la description est très difficile et

sur laquelle les auteurs varient

complètement. « Piien

C'est

un

de plus confus, de plus tourmenté que cette zone Uttorale. inextricable réseau de montagnes,

sauvages, de fraîches vallées et

de ravins,

pittoresque, mais qui défie toute description régulière. carte peut seule en

de gorges

de plaines de l'ensemble

donner une idée complète,

le

plus

Une bonne

d

Ainsi s'exprime M. Vivien de Saint-Martin dans son nouveau dictionnaire de géographie.

qui ont décrit le plus

désaccord sur

le

nom

Il

aurait

savamment

pu ajouter que

les

auteurs

l'Algéile sont très souvent

à donner à chaque

en

groupe ou chaîne de


LA FRANCE COLONIALE

46

montagnes, sur son étendue,

partant sur sa configuration. Les

et

cartes les plus autorisées ne s'entendent pas davantage à ce sujet,

de

souvent

telle sorte qu'il est

pour certains

Nos

nous

il

s'y reconnaître,

du moins

détails.

comprendront

lecteurs

choses,

de

difficile

dans

que,

confusion

cette

des

Inen faire un choix, sans avoir la préten-

fallait

même

faire

mieux que nos

La môme observation s'applique du reste à peu étendue, surtout quand

toute description

tion de réussir absolument, ni

de

devanciers.

géographique un

comme

étrangers, imparfaitement connus,

il

de pays

s'agit

sont les colonies en

le

général.

Subdivisions du Tell.

On

distingue particulièrement dans la

province d'Oran les massifs de Tlemcen et de Saïda; sur la ligne

de

faîte

Dans

,

les

monts de Traras du Tessala

la

province d'Alger,

massif du Titeri et la

le

de Mascara vers ,

la côte.

massif d'Ouaransénis,

puissant

le

qu'on appelle aussi Ouarnsénis,

Dans

et

,

chaîne côtière du Dahra,

la

le

Djurdjura.

province de Gonstantine,

massif de Sétif et de Gonstantine

,

la

chaîne

Bibans,

des

monts du Hodna

les

le

de la

et

Medjerda.

Le massif de Tlemcen, occupe

le

et le Sig supérieur.

ou

Ras-Asfour,

tière

nommé

du Maroc,

le

«

de la

ville

célèbre qui en

Moulouïa marocaine,

centre, est circonscrit par la

Tafna le

ainsi

Ses points culminants sont

tête d'oiseau, »

le

Toumzaït

(1.635 mètres), sur

Tnouchfi (L842 mètres),

le

la

la fron-

Nador de Tlem-

cen, l'Attar et plusieurs autres ayant de 1.500 à 1.800 mètres d'altitude.

On

peut y rattacher sur

Carrée (840 mètres) et

de

la

Tafna, ainsi que

le

les

la côte les

monts Traras ou

la

montagne

Filhaoucen (1.140 mètres) au nord-ouest

monts Tessala

(1.0'20 mètres), qui

domi-

nent Sidi-Bel-Abbès, au nord-ouest du Sig.

Les principales plaines de cette région sont

celles

d'Oran

,

du

Sig et de l'Habra.

Le massif de Saïda comprend

la ligne

sins de l'Habra et de la

partie

de

faîte

séparant les bas-

Mina de celui du Ghott-el-Chergui qui fait du grand Plateau. Ses points culminants sont le Tendfelt ou

Daya (1.288 mètres) à

,

l'ouest, et le

de Saïda. Plus au nord,

les

Gaada (1.500 mètres) à

l'est

monts de Mascara séparent l'Habra de


,

ALGERIE Le chemin- de

l'oued Mina.

vers

le

d'Arzeu

fer qui

On

Sahara traverse cette région.

du

plaine

47

de Saïda se dirige

et

trouve vers la côte la belle

Sig.

Les monts de l'Ouarcmsénis forment un massif boisé parfaite-

ment

délimité par le Chéliff

par deux de ses affluents,

et

l'enveloppent au sud et à

atteint 1

804 mètres,

.

et les

grande courbe du

chaîne, située entre

signifie

Chéhff

le

haute de 876 mètres,

«r

et la

nom

Titéri,

comprend

Métidja.

et

est le Sidi-Abd-el-Kader

Beni-Salah sur

1.043 mètres, où

la rive droite

le

la

Sahel ou de

«:

duc d'Orléans

Sahel d'Alger à à 400 mètres,

mer

la

Côte

.

le

Mou-

un combat

livra

la

à Abd-el-Kader,

plaine de la Métidja,

le

coupe en deux parties

:

le

Sahel de Koléa à l'ouest. Hautes de 300

ces collines sont couvertes de cultures et se con-

fondent avec la plaine

fertile

de

la Métidja.

Le Djurdjura ou Djcrâjcra, l'Adrar-bou-Dfel, le

la Chiffa, célèbre

col de la Mouzaïa, haut de

le

Le Mazafran

l'est et le

de

(1640 mètres),

d'Alger par les collines dites du

et à l'ouest »

le Chéliff et

gauche, se trouve

la rive

nord de ce massif, s'étend

bordée vers

l'on appliquait pro-

collines d'Alger et la plaine de la

les

zaïa (1.603 mètres), fameux par

Au

que

hautes montagnes situées entre

les

par ses gorges; en face, sur

en 1844.

sommets sont doubles

de Médéa, dans l'ancienne province du

Le point culminant le

et la

assez peuplée, elle se prolonge

fertile et

dominant au sud

qui couronne

de Bogiiar

ville

de petit Atlas.

Le massif de Blida risser, et

le

Nord î>, est donné à cette mer, au nord- ouest d'Orléans-

élévation. C'est à ces chaînes littorales le

Arabes,

le

vers Miliana par les monts de Zakkar, dont les

prement

les

Plus au sud,

»

Chélifï.

Le nom de Dahra, qui

ville;

Mina, qui

monts du Teniet-El-Haâd

couverts de cèdres superbes, dominent la

en

et l'oued

comme une sorte d'île géante. Son L984 mètres, dominant Orléansville au

aperçoit tout, puisqu'on le voit de partout.

mont Achéou

au nord

l'est et

du monde», parce que, disent

sud-est, est appelé «l'œil « il

contourne à

le

Nahr-Ouassel

le

l'est,

sommet, haut de

principal

qui

,

« le

le

mons Fcrratus

mont neigeux,

»

des Romains,

des Kabyles, est

plus intéressant peut-être de l'Algérie,

le

massif

tant par l'histoire do ses

héroïques habitants que par son élévation, ses sites grandioses et

sauvages qui rappellent

les

Alpes.

Parfaitement circonscrit entre

la

mer,

le

cours do Tisser à l'ouest


LA FRANCE COLONIALE

48

de l'oued Sahel à

et

son point culminant est

l'est,

le

Lalla-Khé-

tombeau

didja (2.308 mètres), qui porte sur l'un de ses versants le

de le

la

femme

nom. Sa

vénérée, ou de

crête neigeuse,

la

déesse mythologique dont

dominant

la vallée

du

il

a pris

Sahel, est visible

au loin sur mer, ainsi que d'Alger, distant de dOO kilomètres

ses

;

pentes abruptes sont couvertes de chênes et de pins. Le massif est

coupé en deux par

Sébaou,

le

et la partie septentrionale

forme

la

chaîne côtière du Tamgoùt, haute de 1.270 mètres, située entre Dellys et Bône.

Au

sud du Djurdjura

de partage des eaux,

et

de

la vallée

se trouve

une

du Sahel,

par l'armée française. Elle comprend

sud -ouest d'Aumale,

et

le

sur

la ligne

monts appelés des

série de

Bihans ou des Portes -de -Fer, à cause d'un

et

en 1839

défilé franchi

Dira (1.812 mètres), au

l'Ouên-Noùgha (1.83G mètres), à

l'est

de

cette ville.

Le massif de Sétif

et

entre l'oued

situées Sétif et

de

de Constantine comprend plusieurs chaînes

Sellam

Seybouse. La haute plaine de

et la

Medjana a 1.000 mètres

la

d'altitude; les pics avoisi-

nant Sétif atteignent 1.896 mètres au mont Takoucht le

grand Babor (1970 mètres) se dressent dans

l'Edgouh est sur

la

côte

de Bône,

à l'ouest

Mécid (1.906 mètres) domine

la vallée

;

la petite

et

le

le petit et

Kabylie;

djebel Sidi-

du Rummel, qui baigne

pied du rocher sur lequel est bâtie Constantine

,

le

à 550 mètres d'al-

titude.

Au le

sud du

Sétif, les

monts du Hodna (1.682 mètres) dominent

Chott-el-Hodna, et ceux de Batna (2.100 mètres), inclinant vers

l'ouest, se rattachent à la

Le massif de la

vallée

djebel

du

la

chaîne saharienne.

Medjerda comprend

fleuve tunisien,

la

le

montagnes qui enferment

Medjerda, savoir

Khroumir, rendu célèbre par

en grande partie sur

les

territoire

la

de

:

au nord,

campagne de 1881, la

le

et situé

Tunisie; à l'ouest,

les

monts qui entourent Soukharras (1400 mètres), et, au sud, une série de montagnes qui, d'une part, vont en s'abaissant vers les plaines littorales de la Tunisie,

et,

de l'autre, relient la région

lienne à la région saharienne par les massifs de Tébessa et

tel-

du

djebel Aurès.

Atlas méridional ou saharien. L'Atlas saharien beaucoup moins compliqué et d'ailleurs moins bien connu, est moins intéressant que la région teUienne. Il est aussi moins large en étendue ,


Une

place à Biskra (Algérie).


,

LA FRANCE COLONIALE

60 et

généralement moins élevé que

sidère sa hauteur relative.

niveau de

En

le

précédent, surtout

celle-ci atteint déjà,

au pied de

une

l'Atlas,

du Sahara,

plaine

la

con-

non au

sa base est établie

eiYet,

mer, mais au niveau de

la

si l'on

et

altitude assez consi-

dérable.

On

voit

par

que

la

chaîne saharienne ne méritait nullement

de grand Atlas qui

titre

culminant,

donné, bien que son point

lui avait été

ChéUa de l'Aurès, dépasse de 20 mètres

le

le

celui

du

Djurdjura.

Contrairement aux montagnes telUennes orientées en tous sens les montagnes sahariennes affectent la forme de chaînons parallèles

orientés

,

nus

,

sans

souvent sans herbages, ces chaînons ressemblent au désert

forêts,

qu'ils

nord-est. Ordinairement

du sud-ouest au

la partie occidentale.

bordent, surtout ceux de

Les divisions principales de des Ksour

du Ksel,

et

le

l'Atlas saharien sont les

djebel

Amour,

le

Bou-Kahil

montagnes et

surtout

l'Aurès.

nom aux

Les montagnes des Ksour doivent leur arabes bâtis dans leurs ravins,

met de

vivre.

On remarque

les djebels

frontière marocaine, et le djebel

petits villages

où un peu d'eau de source perMektar

Chegga plus à

Le massif du Ksel entoure Géryvihe

et

Il

de hauteur et est en partie couvert

d'alfa.

sur la

l'est.

ahmente

atteint

l'oued Seggeur, rivière saharienne.

Aïssa,

et

les sources

de

environ 2.000 mètres

Le djebel A7nour, auquel se rattache le Ksel, est le plus important massif du sud de la province d'Oran. Haut de 2.000 mètres environ au montTouïlet, il comprend plusieurs chaînes de rochers nues

et divergentes,

du Chéhff vers

le

d'où descendent les sources peu abondantes

nord, du Zergoun

et

du Djeddi vers

le

sud et

l'est.

Du

djebel

Amour

à l'Aurès, les chaînes sont plus éparses,

élevées, et ne forment pas de massifs importants.

pro^ànce d'Alger, on distingue

le djebel

Au

moins

sud de

Senalba (1.570 mètres),

qui domine Djelfa, et le djebel Bou-Kahil (1.500 mètres), dresse ses escarpements à la limite du Sahara

aux monts du Zab,

Le massif du

situés

djebel

dans

la

la

;

il

qui

se rattache à l'est

province de Gonstantine.

Aurès ou Aôurèâ

plus vaste peut-être de l'Algérie, car

il

est

le

plus élevé et le

couvre une superficie de

1.000 kilomètres carrés, et s'élève à 2.328 mètres au mojit Ghélia,


ALGERIE dont par

sommet

le

souvent couvert de neige.

est

route de Batna à Biskra, et à

la

El-Abiad,

51

tributaire

du chott Melrhir,

Il est

par

l'est

et

limité à l'ouest

de l'oued

les vallées

de l'oued Meskiana,

Profondément raviné dans sa partie sud-

affluent de la Medjerda.

ouest, ses croupes sont souvent boisées; ses vallées assez fertiles

sont habitables

ce qui a

,

classer l'Aurès par les

fait

mons

région du Tell. C'est VAurasias

par

la résistance des

Les monts

dits des

Maures contre

Arabes dans

des Romains, célèbre aussi

Vandales

les

Nememcha, du nom d'une

tinuent l'Aurès jusqu'à la frontière tunisienne.

et les Grecs,

tribu arabe, con-

Ils

comprennent

teau de Tébessa.

forment

le

le

Hydrographie.

à

l'est

Les cours d'eau et les lacs*

— Si les

pluies étaient assez abondantes sur le

l'ordinaire, y déterminer

eaux séparant deux grands versants toral de la Méditerranée

eaux s'écouleraient dans

;

au sud

le golfe

,

:

le

les

cours d'eau

au nord,

le

versant du

versant Saharien

de l'Algérie

et

de

la

un

les

climat de feu, sont cause de

pénurie de ses cours d'eau, dont

plupart se dessèchent bien longtemps avant d'arriver à s'épuisent dans des lacs plus ou Il

lit-

dont

,

de Gabès.

dantes, l'évaporation rapide sous

ment.

,

une hgne de partage des

n'en est pas ainsi. Les pluies rares et trop peu abon-

il

l'aridité

pla-

le

aux djebels tunisiens qui

de l'Algérie pour alimenter constamment

on pourrait, à

Mais

monts qui dominent

centre, et les

se relient

bassin de la Medjerda.

III.

territoire

Ils

le

Mahmel

djebel Gherchar, sur la rive gauche de l'Abiad, le djebel

(1.828 mètres), vers

la

moins temporaires

en résulte que l'on distingue en Algérie

et

la

la

mer ou ,

sans écoule-

trois divisions

hydrographiques.

Le versant méditerranéen, au nord de

lo

1

l'Atlas tellien

;

Les noms ou qualifi^jUrs arabes oued, ouâd , ouadi, au pluriel, cl ouïdan, signiet s'appliquent à toute vallée, qu'elle renferme ou non un fleuve, une

fient variée, rivii^re,

un

torrent.

arabe

el

d'ailleurs

Nous indiquerons plus

loin lo sens des

mots cholts, sebklia

cl

autres

du chapitre de l'Algérie, le Vocabulaire berbère des noms les plus employés en géographie. Il est bon do s'altcndro à beaucoup de discordance sur l'orlliographe adoptée pour les noms étrangers

qui désignent

les lacs.

à noire langue.

Voir aussi, à

la (in


LA FRANGE COLONIALE

52

L'ensemble des bassins fermés des Chotts qui occupent

plateau central entre les deux Atlas

Le versant saharien, dont

30

;

eaux tendent vers

les

le

rhir et la Méditerranée par le golfe de Gabès.

le

chott Me\-

Ce versant CorVersatst MÉDITERRANÉEN OU SEPTENTRIONAL. respond en général à la région tellienne, et, sauf en un point, il a la dorsale

pour ligne de partage de Daya, de Saïda,

d'Aumale,

les

le

de l'Atlas

plateau de Sersou,

Bibans

et les

tellien, savoir

les

:

les

monts

monts Dira ou massif

monts du massif d'Aïn-Beïda. Cette

ceinture est coupée par la vallée du Chéliff qui, par exception, vient de l'Atlas saharien.

Les cours d'eau de ce versant sont la Malouïa, le Kis la Tafna, la Macta, le ChéUff, le Mazafran, l'Harrach, l'Isser oriental, le Sébaou, ,

le

Sahel, le

Rummel,

La Malouïa

est

phie de l'Algérie

un

Saf-Saf, la Seybouse

mais

fleuve marocain,

car

,

le

il

Medjerda'.

et la

intéresse la géogra-

il

reçoit à droite plusieurs affluents qui des-

cendent du plateau algérien. Son embouchure n'est qu'à 10 mètres de

la frontière.

Le Kis ou Adjeroud forme

Maroc

kilo-

la limite

extrême entre l'empire du

et l'Algérie.

La Tafna (170

kilomètres), qui a

donné son

nom au traité

de 1837,

naît sur le plateau de Seljdou, qu'elle laisse à gauche; elle reçoit

Mouila, où se

la

célèbre par la bataille de 1844, où le

jette l'Isly,

maréchal Bugeaud

défit

l'armée marocaine; puis se grossit de l'Isser

occidental, arrose dans son cours inférieur

débouche dans la mer en La Sebkha cVOran est un

et

le

Rachgoun.

lac salé

de 32.000 hectares, situé à 10

est

il

peu profond,

D

n'a

que 5 kilomètres de cours, mais

milieu de vastes marécages et

et

on

se pro-

dessécher.

La Macta, plus exactement l'ouâd-el-Mocta, gué,

très fertile

l'île

kilomètres ouest de cette ville;

pose de

une plaine

face de

,

par

la

« la

elle est

rivière

du

formée, au

réunion du Sig (215 kilomètres)

de l'Habra (235 kilomètres). Le Sig, sous

le

nom

de Mékerra,

passe à Sidi-Bel-Abbès, puis à Saint-Denis-du-Sig.

L'Hahra, Ouàd el-Hammam, ce

nom en

<r

rivière des bains chauds, d

Trois -Rivières, mais sous d'autres

'

prend

se grossissant de plusieurs affluents dans la vallée des

noms

Presque tous ks cours d'eau changent plusieurs

fois

il

de

vient des hauts Pla-

nom dans

leurs cours.


ALGÉRIE

53

teaux à travers des gorges pittoresques

et

des plaines

fertiles.

La

compagnie Franco -Algérienne y a construit un barrage colossal, formant un réservoir de 14 millions de mètres cubes d'eau, destiné à l'irrigation.

Le

VAsar des Romains,

Chêlijf (G50 kilomètres),

grand cours d'eau de dans

la

l'Algérie.

cours appartient

branches

la

abondante,

naissant,

»

le

se

Il

forme

des steppes (270 kilomètres),

smala d'Abd-el-Kader, en 1843

la

Nahr-Ouassel (170 kilomètres),

;

fleuve

« le

nommé

aux environs de Tiaret dans un endroit

jailht

deux

de

à plus de 1.000 mètres d'altitude, et

passe à Taguin, où fat prise la plus

d'Alger.

le Chéliff

Amour

naît dans le djebel

plus grande partie de son par-

la

province

plus longue,

la

:

à

embouchure

a sa source et son

Il

province d'Oran, mais

est le plus

Soixante -dix sources».

« les

Ces deux branches se réunissent, par 685 mètres d'altitude, sur

un

plateau marécageux, pour former le Chéliff proprement dit, qui

passe ensuite près de Boghar, où

entre dans

il

le Tell

par de très

gorges boisées; puis, se recourbant vers l'ouest,

belles

entre l'Ouaransénis et la chaîne

du Dahra, dans une

d'escarpements; laissant à droite Miliana, traverse

une plaine bien

oriental,

du Riou

de

et

cultivée

Mina;

la

où il

il

il

vallée

bordée

passe à Orléansville,

se grossit à

se jette

coule

il

gauche de

enfm dans

l'Isly

Méditer-

la

ranée à 12 kilomètres nord- est de Mostaganem.

Le

eaux boueuses

Chéliff roule des

son cours est près de 700 kilomètres Seine

;

on

comparé à

l'a

les irrégularités

La Mina (200

la

et rares;

il

Loire pour sa direction générale et pour

du débit de

ses eaux.

kilomètres), le principal aftluent

sa source au sud

du

est souvent à sec;

ce qui l'égale presque à la

,

du

Chélilï,

prend

Tiaret, coule à l'ouest et forme la belle cas-

cade de Hourara, haute de 42 mètres;

elle irrigue les

champs de

coton de Relizane.

Le Mazafran, «rivière aux eaux jaunes, dentale de la Métidja

abondant,

la Chiifa,

;

il

est

formé de

»

arrose la plaine occi-

trois torrents

descend du djebel Mouzaïa

du Sahel, passe au pied de Koléa

et finit à

;

il

,

dont

coupe

le

plus

chaîne

la

8 kilomètres au sud de

Sidi-Ferruch.

Ullarrach

divise en

deux

la partie centrale

de

la IMétidja

,

passe

à la Maison -Carrée, et se jette au sud-est do la baie d'Alger,

9 kilomètres de cotte

ville.

à


LA FRANGE COLONIALE

B4

('200 kilomètres),

Visser oriental

formé de plusieurs torrents,

descend du beau plateau des Beni-Sélimam, entre Médéa

male

il

;

coule dans les profondes gorges de Palestro

de

la frontière occidentale

propre à

est très

grande Kabylie

la

son bassin inférieur

;

la colonisation.

Le Sébaou (100 kilomètres) traverse de plus peuplée de la Kabylie

Tizi-Ouzou,

Au-

et

en formant

,

il

;

laisse à

l'ouest à l'est la partie la

gauche

fort National et

le

à six kilomètres à l'ouest de Dellys.

et finit

Le Sahel (210 kilomètres) male, longe au sud

et

à

naît dans le djebel Dira, passe à

l'est

Au-

Djurdjura, reçoit l'oued Mahrir

le

qui a traversé les fameux Bibans ou Portes -de- Fer, puis le

Bou-

Sellam, coule dans des plaines fertiles et des défilés pittoresques,

tombe dans

et

Sellam,

le golfe

« rivière

de Bougie

,

à 3 kilomètres de cette

ville.

de l'Échelle, » plus long et plus fort que

le

Le

Sahel

supérieur, descend du plateau de Sétif. JS Oued-el-Kéhir ,

des Sables,

»

« la

Rummel, « rivière de nom, descend d'un

Grande Rivière» ou

qui change huit ou dix fois

le

massif de 1.500 mètres d'altitude peu éloigné de Sétif; d'abord de larges plaines, reçoit

dante \ille

,

Bou-Merzoug,

traverse

Abon-

« rivière

s'enfonce dans les gorges profondes qui entourent la

et

»

le

il

de Constantine, située sur un rocher escarpé, dans une posi-

tion formidable; puis, en recevant l'Endja, le

Rummel prend

nom

à 52 kilomètres à

l'est

d'Oued-el-Kébir et va se jeter dans

de

catif

les

de

mer

Djidjelli.

Notons dans

la

«

ici

que ces changements d'appellation d'un

même

diverses sections de son cours, de

Grande Rivière

peu considérables

d

même

que

et voisins l'un

chacune dans un monde à part, quelque distance. l'Algérie,

de l'autre, témoignent de

et

se

ignorant ce qui se passe à

remarque s'applique non

à

mais à toute l'Afrique, aux autres parties du monde

et

même

Le Saf-Saf,

Cette

à l'Europe.

« rivière

(100 kilomètres) par

des Peupliers,

la vallée inférieure

2>

est

un

petit cours d'eau

duquel descend

de Constantine à Phihppeville. Entre

le

dessèchement pour

La Seybouse (230

le

le

cap de Fer

s'étend le lac Fetzara, malsain et sans profondeur, dont pris le

l'état

croyant

seulement

quelquefois

fer

fleuve

le qualifi-

donné à plusieurs cours d'eau souvent

d'isolement dans lequel vivent les tribus riveraines,

de

le

chemin et

Bône,

on a entre-

mettre en culture.

kilomètres), le Ruhricatus des anciens, est


,

m

ALGERIE formée de plusieurs ruisseaux venant des monts de

Bou-Hamdan,

L'un d'eux, l'oued

d'Hammam-Mesklioutine, dont

la

Medjerda.

coule dans la magnifique vallée

sources thermales atteignent la

les

température de 90 degrés. La Seybouse arrose de ses abondantes

eaux

de Guelma;

la riche plaine

s'achève à 2 Idlomètres de

elle

Bône, près des ruines d'Hippone, immortahsée par

l'épiscopat de

saint Augustin.

La Medjerda^

fleuve tunisien, l'ancien Bagradas, prend sa source

au Ras -el- Alla, sur

le

plateau de Soukharras, coule de l'ouest à

en Tunisie par sa rive droite

reçoit

l'est,

le

Mellègue, dont

Meskiana, vient des confins de l'Aurès;

affluent, le

il

va

finir

un au

nord de la baie de Tunis.

Bassins des chotts. et

Les eaux pluviales des hauts Plateaux

du Sahara trop peu abondantes pour former des fleuves permas'infiltrent dans les sables de leur lit ou se terminent dans ,

nents

,

des lacs peu profonds

plus ou moins temporaires. Ces lacs sont

et

désignés, selon les contrées, sous les différents nom^s de Chott

Zahrès, Sebkha celle

de

chott

«

et

Guérah ;

»,

et l'on

la plus

réserve

le

connue de ces désignations

nom

de

<r

sebkha

»

est

aux chotts

d'eau salée.

Les principaux de ces lacs sont

les

deux grands chotts du pla-

teau oranais, les deux zahrès du plateau algérien,

guérahs du plateau de Gonstantine, enfin

le

le

Hodna

et les

grand chott Melrhir du

Sahara.

Les grands chotts du plateau oranais, n'ayant pas de noms propres, sont désignés parle lificatifs

nom commun

auquel on ajoute deux qua-

qui désignent leur orientation, savoir

ou occidental,

Chacun de

et le

<r

chott el-Chergui

»

ou

:

le «

chott el-Gharbi

»

oriental.

ces chotts est double; le plus occidental se divise en

chott Méhaïa, qui se trouve sur le territoire marocain, et chott

Hamyane

marque

parties et

nom Le

à

la

;

min de

;

un

faible détroit rattache seul ces

la frontière politique.

Le chott Hamyane

deux

doit son

contrée et reçoit au sud l'oued Remada.

el-Chergui est

chott

gueur) riens

qui est algérien

,

le

plus étendu (150 kilomètres de lon-

et le plus élevé (1.000

mais fer

il

est divisé

de Saïda à Mécheria traverse, ainsi que

section occidentale.

Hammam

mètres d'altitude) des plateaux algé-

en deux sections par un isthme que

Ce chott

et Fallette;

reçoit

au nord

la

le

che-

pointe de la

les oucils

Guesmir,

au sud l'oued Cherrafa, qui baigne Géryville,


m

LA FRANCE COLONIALE Naceur, venant des confins du djebel Amour. Les rives de

et l'oued

deux chotts oranais sont formées d'escarpements rocheux;

ces

ils

reçoivent peu d'eau et sont coupés de fondrières dangereuses alter-

nant avec des gués de terrain ferme très praticables.

Les deux chotts Zalirès ou Zaghez se trouvent sur rien

;

ou occidental,

l'un, le Zahrès-Gharbi

tude; l'autre,

Au

plateau algé-

800 mètres

d'alti-

Zahrès-Chergui ou oriental, à 770 mètres. Ce sont

le

deux sebkhas mises à sec en dérable.

est à

le

été, et

nord des Zahrès,

n'ayant pas de tributaire consi-

étangs marécageux de Kséria

les

appartiennent au bassin du Chéliiî.

Le

el-Hodna ou Saïda,

chott

<r

le lac

Heureux,

occupe

î

fond

le

des plateaux constantinais à 400 mètres seulement d'altitude. Très

peu profonde, souvent à sec oueds Chellal

les

et

Ksab,

Saâda, celui-ci baignant

cette

au sud

et

oueds Melah

les

cultivée

la belle vallée

,

Chair

et

Bou-

nom. Son bassin borne une

bordj de ce

le

plaine fertile qui fut bien

Romains, notamment

sebkha reçoit cependant au nord

populeuse

très

et

sous

les

du Chair, descendant du massif

de Bou-Kahil.

Les Giiérahs.

une

série

A

l'est

du Hodna,

de chotts d'eau douce

entre Sétif et Aïn-Beïda

analogue à chott. Le principal, le

guérah el-Tharf

,

suivi

du guérah Ank-Djemel,

de

alignés «

du nord-ouest au sud-est

Guérahs

comme

du guéra

le

le

chemin de

Beïda se trouve dans

la

terme générique

»,

premier au sud-est,

el-Guellif ,

<r

gorge du Chameau.

«

chott Mrouri est longé par et le chott

,

ce sont les

;

plateau de Constantine porte

le

fer

lac

du Limon

,

est » et

Plus au nord, le

)>

de Constantine à Batna,

plaine de la Medjana, au sud-est

Sétif.

la

Le bassin du Sahara. Moins encore que les hauts Plateaux plaine du Sahara n'a d'eau courante en permanence. Les nom-

breux oueds qui sillonnent saharienne

ment à

,

sec,

de

même

le flanc

que ceux de

méridional de la haute chaîne

la partie

basse

,

sont habituelle-

du moins à leur surface, sinon dans leur profondeur,

d'où l'on peut faire

jaillir l'eau

souterraine par des puits artésiens.

Quelle que soit le peu d'importance de ces oueds, nous signale-

rons

les

Dans

principaux, en procédant de l'ouest à la

province d'Oran, on remarque

Sousfana, qui baigne Figuig, dans Touat; puis l'oued en-Namous, longe

la frontière; l'el-Kébir,

le

les

Maroc,

« rivière

l'est.

sources de l'oued et se dirige vers

des Moustiques,

»

le

qui

qui descend également des Ksour;

lo


ALGÉRIE Seggeur

et le

Zergoun

,

venant du Ksel

87 et

de l'Amour.

Ils

traver-

sent la plaine de Habitat pour aboutir à la région d'el-Areg ou des

Dunes sablonneuses.

Au

pied de l'Atlas central coule, de l'ouest vers

Djeddi,

«

rivière

du chevreau.

à Laghouat, reçoit de

» Il

nombreux

l'est,

l'oued

descend du djebel Amour, passe tributaires à gauche, entre autres


LA FRANCE COLONIALE

58 le

Biskra, venu de l'Aurès en arrosant Biskra;

il

va

finir

dans

le

chott Melrhir, qu'il n'atteint toutefois qu'à l'époque des grandes

eaux.

Long de 500

ment 400 dans la navigation,

kilomètres, le Djeddi en parcourt malheureuse-

les sables

ce qui le rend impropre

,

mais encore à

non seulement à

l'irrigation.

Le chott Melrhir ou Melghir est le plus remarquable de l'Algérie. Ainsi que les chots tunisiens Rharsa et Djérid, il occupe le fond d'une vaste dépression saharienne orientée de l'ouest à tissant

golfe de

au

Gabès

,

et

que

l'on a projeté

une Mer Saharienne, comme nous

l'est,

abou-

de transformer en

dirons au chapitre de la Tu-

le

composé de plusieurs flaques d'eau saumâtre portant divers noms chotts Melrhir au nord, Merouan, au sud-ouest, Achichina à l'est; de formes très irrégulières, ces mares nisie.

Le chott Melrhir

est

:

sont découpées par des bancs de terrain ferme alternant avec des fondrières dangereuses. Le bassin

du chott Melrhir présente une

surface blanche, unie et miroitante, saupoudrée de cristaux de sel

de magnésie; son étendue est actuellement d'environ 3.000 kilomètres carrés était

,

mais

elle serait

portée au double

si

sa cuvette naturelle

inondée.

UIgharghar,

a

l'eau courante, » est le

nom improprement donné

à une longue et très large vallée du fleuve desséché qui descend du plateau du Hoggar au Sahara central, sous et se dirige

Melrhir.

Il

le

23^ degré de latitude,

du sud au nord pour venir déboucher dans traverse plusieurs

«

hamàda

i> ,

régions de dunes sablonneuses en recevant de

notamment

butaires,

Temacin

et

Rhir, qui

Sans

l'oued

Mya;

le

chott

plateaux arides , et des

nombreux oueds

tri-

fertihse ensuite les oasis de

il

de Tougourt, puis forme un chapelet de lacs dans l'oued

communique avec

l'aridité

le

chott Melrhir.

saharienne, Flgharghar pourrait ainsi former

fleuve magnifiqpie,

un

comparable au Rliin, de 1.000 kilomètres de

longueur, sans compter les 250 kilomètres de dépression qui le prolongeraient jusqu'au golfe de Gabès.

Quant à l'oued Mya, pompeusement appelé vient

du Touat, passe à

affluents >,

il

région des

Chaamba,

l'est

« rivière

des cent

d'el-Goléa, traverse la

arrête ses rares eaux à Ouargla, mais con-

tinue sa vallée jusqu'à la dépression

de Tougourt;

il

y rejoint

l'igharghar, après avoir reçu à gauche le M'zab, venant de Ghardaïa, et la

Nesa, née au pied de

l'Atlas,

non

loin de Laghouat.


ALGERIE

— Climat et productions

IV.

Régions physiques. lées cultivées, solitaires

,

Le

et

Tell, avec ses

son climat tempéré;

le

montagnes

;

le

montagnes calcinées,

son climat torride, sont

et ses val-

Plateau, avec ses steppes

son climat excessif, brûlant ou glacial

ses plaines sablonneuses, ses

mantes

59

Sahara, avec

ses oasis char-

régions physiques pri-

les trois

mordiales de notre grande colonie algérienne.

Chacune

d'elles a

son climat caractéristique, ses productions spé-

ciales, d'où résultent

mœurs I.

— Le Tell,

petite les

du

latin tellus, signifie

montagne, région

Romains

la terre

Nous avons littoral

,

que

dit

cultivable,

nourricière

désigne toute

le Tell

pour

comme

,

les

les

Arabes colline,

le ^eZhts signifiait

c'était l'un

:

coupée de petites plaines

tible d'être cultivée et taire,

pour l'homme de grandes différences dans

et le caractère.

la

pour

Rome. zone montagneuse du

des greniers de

de vallées et de ravins

,

suscep-

de nourrir une population nombreuse, séden-

industrieuse et commerçante, par conséquent riche, civilisée,

apte aux sciences et aux arts.

Son climat tempéré

est

comme

marin ou méditerranéen,

France. Plus chaud, plus humide sur plus froid dans les montagnes, où

il

généralement

c'est-à-dire

celui de l'Europe méridionale

ou du midi de

le littoral,

la

est plus sec,

il

varie naturellement selon les

sites et leur orientation.

La température moyenne

— 50 et H-

30».

La

de ISo à 20^; les extrêmes sont

est

quantité de pluie annuelle est de 80 centimètres

à Alger; elle est plus forte de moitié à

l'est

(Bougie) et moins forte

à l'ouest (Oran).

On

distingue deux saisons

:

un

hiver pluvieux, où les pluies tom-

bent par orages, ce qui est cause du caractère torrentiel des rivières;

un

été très sec,

est rare,

où des mois

entiers se passent sans pluie.

sauf sur les hautes cimes de l'Atlas, dans

le

La neige

Djurdjura

,

l'Aurès.

Les tremblements de terre, assez fréquents en Algérie, ont plus

ou moins ruiné Oran à

la fin

du

Blida en 1825, Djidjelli en 1856, 1867.

siècle dernier,

Mou zaï avilie

Mascara en 1810, et ses

environs en


LA FRANCE COLONIALE

60

Les productions agricoles du Tell sont toutes céréales légumineuses,

méridionale:

tabac,

de l'Europe

celles

lin,

vigne, olivier,

oranger, figuier. Les forêts de chêne vert, de chêne -liège, de pin

On

d'Alep, de cèdre, couvrent beaucoup de montagnes.

y a accU-

maté l'eucalyptus.

Le

bétail est assez

nombreux. Parmi

les bêtes fauves, le lion

panthère deviennent rares, mais l'hyène,

le

chacal sont

la

,

communs

;

un des fléaux de l'Algérie. Les HAUTS Plateaux sont caractérisés non seulement par

les sauterelles sont

IL

leur élévation, qui atteint 500 à 1.000 mètres, surtout dans la partie

occidentale

,

mais encore par

nivellement de leur surface

le

,

l'uni-

formité d'aspect, l'absence de cultures et de forêts, qui sont remplacés par les broussailles et par des steppes immenses, vastes her-

bages secs, composés de graminées

de légumineuses, que

et

troupeaux nomades du Sahara viennent brouter pendant L'alfa,

graminée

textile, assez élevée et

ondulant sous

occupe des espaces tellement considérai )les, qu'on <r

mer

d'alfa »

Les lacs salés

.

,

les lits

les

l'été.

la brise,

les a qualifiés

y de

desséchés de maigres cours

d'eau, des flaques marécageuses persistantes, des toufl"es de térébinthes, de jujubiers sauvages, les pâturages verts ou roux selon les

saisons, ajoutent à celte carctéristique des steppes algériens. Tou-

pour achever

tefois,

ou continental

et

:

en hiver, où

glacial

le tableau,

il

elle s'abaisse

à

peu abondantes (40 centimètres),

violence et

faut y joindre

un climat extrême monte à 40^

torride en été, où la température

d'une

;

;

en outre, des pluies rares

le sirocco

ou simoun, vent d'une

chaleur extrêmes qui rendent

agréable. Aussi, bien qu'il

Hodna, de bonnes

— 6»

le

renferme, 'surtout dans

le

séjour peu

bassin du

terres à blé, le Plateau n'est-il en général qu'une

région de pacage qui pourrait nourrir plus de 20 millions de tons.

Le

gibier: gazelles, lièvres, perdrix, y est

nombreux

mou-

et

d'une

les

deux

chair excellente.

IIL

— Le Sahara n'est pas moins bien caractérisé que

régions précédentes. brûlée,

une

La

plaine y domine, mais la plaine aride et

vraie terre africaine, tantôt uniforme et nivelée dans

ses parties sablonneuses,

de sable;

çà et là

tantôt hérissée de dunes

ou monticules

interrompue par des collines élevées

et

de

chaînes de montagnes car le plateau montagneux du rioggar présente des sommets de plus de 2.000 mètres de

véritables

hauteur.

,


,,

ALGERIE Le Sahara l'avait

cette

est

donc moins monotone, moins uniforme qu'on

dépeint sans

mer de

caravanes

le

connaître suffisamment; ce n'est pas partout

mouvant que

sable

n'est pas sûr

il

;

pour en expliquer

qui a pu être jointe à

un

vent soulève pour engloutir les

le

non plus que

à sec par soulèvement, car les suffiraient

61

ce soit un fond de mer mis phénomènes atmosphériques actuels

l'origine

mais

fertile jadis,

;

stérilisé

par

à l'incurie des habitants

qui

le

sol accidenté

la rareté des pluies,

climat torride, à des vents desséchants, peut-être aussi et à la

,

dent des chèvres et des moutons

qui en auraient détruit les forêts et les gazons réduire à

un

c'est plutôt

l'état

de squelette par

la disparition

,

de manière à

du manteau

le

végétal

couvrait primitivement.

Le Sahara présente sur un fond de

montagnes ravinées

sable des

des colhnes, des mamelons, des gours ou masses de roches per-

liamâda ou plateaux à surface durcie, des dunes ou amoncelées par les vents d'est, entremêlées de ravins, d'oueds

sistantes, des arecj ,

sans eau

les villes

;

,

les

bourgades

,

les villages fortifiés

ou ksour

sont là où les aïn, sources naturelles, elles puits artificiels ont jaillir l'eau

fait

souterraine.

Trois mots arabes caractérisent les trois principales circonstances

du désert dans

ses parties

autour des sources fruitiers, à l'abri

du

et

:

Kifar,

c'est

moment par où

et

la

la vie s'est retirée

du simoun (vent du sud):

c'est l'habi-

Arabes sédentaires.

plaine sablonneuse et vide, qui, fécondée

les pluies d'hiver, se

les tribus

Fiafi, c'est l'oasis

des pluies, sous les palmiers et les arbres

soleil et

tation des Berbères et des «

«

un

couvre d'herbes au printemps,

nomades, quittant

l'oasis,

viennent alors faire

paître leurs troupeaux. «

Falat, c'est l'immensité stérile et nue, la

vagues éternelles, agitées aujourd'hui par le

amoncelées

et

immobiles,

appelées caravanes'.

et

mer de

sable dont les

simoun, seront demain

que sillonnent lentement ces

flottes

»

La température moyenne du Sahara est de 23^ (à Laghouat), mais le thermomètre monte jusqu'à 50» en été, pendant le jour, pour descendre parfois pluies rares

nuit suivante à moins de zéro.

tombent en averses qui corrodent

dénudées.

'

la

Général Daumas.

les .-^

— Les

montagnes déjà


LA FRANCE COLONIALE

62

Le simoun, Outre

«

vent empoisonné

en Espagne,

« sirocco »

le dattier,

est

du sud-est, qui devient

»

un vent

le

brûlant, desséchant.

qui crée les oasis,

désert produit le henné, le

le

tabac.

On

y trouve

que

ainsi

le

la gazelle

chameau

,

le

,

fenec

renard blanc

petit

,

,

l'autruche

,

animal domestique.

Les notes descriptives ci-après sur

simoun,

le

les sauterelles

,

le

dattier et l'alfa, achèveront de caractériser les principales particula-

physiques du sol algérien. Le sirocco ou simoun a Alger.

rités

corruption par

«

Le vent du sud, appelé

poison par

les écrivains sacrés,

les

en Syrie, khamsin en Egypte, simoun dans Tunis

et sirocco

Italie, a trop

guebli

à.

:

comment

voici

j'ai fait

connais-

lui.

C'était vers la fin

«:

désert,

d'importance à Alger pour que je

un peu longuement

n'en parle pas

sance avec

en

Arabes, chamiel

le

de septembre.

Je feuilletais

bibliothèque du cercle. Le demi-jour qui

filtrait

par

un

livre

les

lames des

persiennes, d'abord très suffisant, baissa peu à peu et

finit

devenir tellement obscur, que, n'y voyant plus clair, je

me

A

pour ouvrir.

peine ai-je tourné l'espagnolette, que

à la

par levai

les battants

de la fenêtre m'échappent des mains, et qu'un vent brûlant fond sur moi, m'enveloppe,

au

J'allais crier

me

repousse. Quelque incendie, pensai -je.

feu. « C'est le sirocco,

Vous n'ignorez sans doute point

la

dit

))

un membre du

cercle.

sensation qu'on éprouve en

passant devant la bouche d'un four ou d'une locomotive. Le sirocco produit exactement

mon

quatre, et rait,

et

Ne

collègue.

phénomène

me

chaude

même

effet.

poussière

comme un

la

mer, d'un

,

,

Ce

n'était plus

une poussière

fine

de

l'air

un

quatre à

qu'on respi-

comme du

brouillard

soleil,

engagés

y produisaient un nimbe immense dont plus encore que l'éclat, vous abîmait les yeux. Sur ,

gris roussâtre

et

d'un horizon raccourci, s'entre-

choquaient des vagues énormes,

frangées d'écumes jaunes,

paraissant obéir moins à l'impulsion

et

du vent qu'à des caprices

neptuniens. Les collines du Sahel, voilées d'un

embrun

semblaient reculées de dix lieues. Quant à l'Atlas, «

sortir, » ajouta

l'escalier

bain de vapeur. Les rayons du

dans ce milieu réfractaire ton rutilant

ne faut pas

pas sortir! laisserais- je passer, sans l'étudier,

voilà dans la rue. la

le

« Il

nouveau pour moi? Je descends

si

mais de

le

il

safrané,

avait disparu.

L'invasion du fléau s'étant faite à l'improviste et ne remontant


ALGERIE guère à plus de vingt minutes

,

les

rues étroites

63

,

les

impasses

et

mais sur

les

les

arcades avaient gardé leur air tiède de l'aube,

places et les quais la température était stupéfiante. Elle dépassait

du corps humain. On soufflait dans ses doigts, on relevait le col de son habit, non pour se réchauffer, mais pour conserver sa fraîcheur individuelle. Les Arabes s'enveloppaient de leurs burnous celle

Le simoun.

comme

en hiver. Les

à vue d'œil;

il

de platanes se fanaient et rôtissaient

feuilles

semblait qu'on les entendit crépiter. Lourde à vous

écraser, l'atmosphère était çà et là traversée par des rafales qui

vous atterraient. Des nuages

,

ou plutôt des bancs de sable volant

éclipsèrent bientôt le disque déjà fort obscurci

multiples nuances de jaune cuivre

,

soleil,

et les

citron, soufre, nankin, orange,

que, suivant sa distance ou son coloris, chaque à la

du

ol)jet

empruntait

poudre ambiante, se fondirent en un seul ton mixte, neutre,

indéfinissable. ce

Des passants arrêtés devant un magasin poussaient des excla-


,

LA FRANCE COLONIALE

64

mations de surprise. Voulant en savoir c'était

que

un thermomètre.

Il

motif, je m'approche

le

domestiques eussent pris soin de fermer

les

fenêtres de

ma chambre

,

:

marquait 51 degrés à l'omhre!... Bien les volets et les

non plus épar-

le sirocco ne l'avait pas

Une cendre ténue comme le pollen des fleurs en saupoudrait parquet et les meubles. Mes cahiers, mes albums, se roulaient,

gnée. le

Le vent continua toute

se tordaient, se recroquevillaient...

Tout à coup

rée...

distrait,

me

me

je

sentis brûler la

main. Quelque fumeur

poignée d'un sabre. Tous

dis -je. C'était la

la soi-

les objets,

bons conducteurs, métaux ou minéraux, causaient, du reste, la même impression. On évitait de s'asseoir sur les bancs. Les pavés de

rue vous rôtissaient les pieds à travers souliers et chaussettes.

la

s'enflamma

de

clartés rougeàtres. Les pentes de l'Atlas en étaient constellées.

On

Aux

premières ombres du crépuscule l'horizon

aurait dit des feux de la Saint- Jean. Autant d'incendies

m'apprit-

,

on, quelques-uns allumés par l'incinération des broussailles, mais

nombre causés par

plus grand

le

la

chaleur de

l'air...

lendemain

ne

Le vent tourna pendant la nuit plus du phénomène que le souvenir.

D'ailleurs, de pareils siroccos

ne soufflent tout au plus que tous

quarts de siècle et seulement

«

en

et le

,

les

automne. Ceux d'hiver sont bénins, jamais

27 à 28 degrés,

fatiguent l'Algérien,

et s'ils

souffrir, les accueille avec délices

pour

Les sauterelles du Sahara.

restait

ne dépassent

ils

l'étranger, loin d'en

satisfaire sa curiosité'.

2G

«:

il

juillet

1877.

Ce

i>

soir,

ma

des cris de détresse retentissent de toutes parts. Je bondis sur terrasse,

armé de mes jumelles, Les

l'horizon. Rien.

cris

les parties

de les

profondeurs du firmament... lants

du

comme

ciel.

sonde toutes

de détresse redoublent... J'interroge

Un

et je

nuage

gris,

semé de points

des myriades de petites étoiles, cache à

Ce nuage vient du sud,

et

il

ma

vue

bril-

l'azur

s'avance lentement vers

le

nord. Et les cris de détresse partant des terrasses, des rues, des jardins, s'unissent en foules

d'hommes

,

une clameur qui

de femmes

précipitent dans l'oasis

,

,

n'a plus rien d'humain.

d'enfants

,

armés de marmites

sortant de la ville ,

de

môle

le fracas

un

,

infernal charivari

aux

cris

Charles Desprez

,

l'Hiver

à Alger,

c'est

de

de tous ces instruments improvisés

frappe à tours de bras. '

;

,

se

vieilles casseroles

de morceaux de cuirs secs. Bientôt, de tous côtés, indescriptible

Des

,

la

un vacarme multitude se

sur lesquels on


ALGÉRIE a

Ce nuage

des oasis du

gris qui s'avance, c'est l'un des fléaux les plus redoutés

Sahara qui, renfermées dans

Nuées de

entourées les centres

Ce nuage

65

d'étroites

limites

sauterelles.

d'immenses déserts, n'ont pas à leur portée,

du

Tell

gris, ce

,

et

de nombreuses ressources contre

sont des SL>uterelles

;

la

comme famine.

ces points brillants ce sont


,

LA FRANCE COLONIALE

66

des orthoptères dont les rayons obliques du soleil coucliaiit

minent

les ailes

,

et

qui se détachent de

nuage

saisies

:

suivre

par

celles

de

comme

d'une pluie d'orage, après les chaudes journées

«27

— Toute

juillet.

toute la nuit

il

encombré,

est

basse du

les grosses gouttes

d'été.

des cris de détresse ont retenti,

la nuit,

a plu des sauterelles. Le sol en est couvert,

palmes se rompent sous

les

Que d'espérances déçues

que de gens

!

endureront longtemps encore «

s'abattre sur

la partie

vent des régions basses, elles ne peuvent

le

gros de l'armée; et elles tombent

le

masse pour

la

tombent sont

l'oasis; les sauterelles qui

illu-

Aujourd'hui encore

le

la

misère

le

et

en

poids de leurs essaims.

depuis longtemps affamés,

,

et la privation

!

nuage continue sa marche lente

treuse; les grosses gouttes

l'air

et désas-

dorées s'abattent toujours sur la ver-

dure, qui disparaît sous leurs couches épaisses et qui ne reparaîtra

quand

plus,

le fléau

aura passé. Les tiges encore tendres, par les-

quelles les dattes sont retenues

aux rameaux qui forment le régime,

sont les premières rongées, et les fruits, dont la couleur d'un jaune pâle annonce l'imparfaite maturité, jonchent le sol au-dessous des

palmiers.

La luzerne

destinée aux chèvres, dont

nourrit les

le lait

enfants, les pastèques succulentes, dont la fraîcheur est faisante

pendant

bien-

si

chaudes journée du sâmma, tout est dévoré

les

par l'insecte maudit.

A

«

du

midi,

soleil.

le

Le

nuage

soir,

comme

enfm passage aux rayons

plus de sauterelles, et l'on

du désastre en voyant feuilles et allégés

s'éclaircit et livre

les pétioles des

de leur poids

,

palmiers

comprend l'étendue ,

dépouillés de leurs

se redresser librement vers le ciel

branches des arbres de nos climats après qu'elles ont

les

été effeuillées

parle vent d'automne. Des régimes pendent encore,

çà et là, au-dessous des palmes dénudées

:

c'est tout ce qui reste

d'une récolte sur laquelle reposait l'espoir de tant de malheureuses familles. «

Le désespoir

tandis

que

déserts,

Que relle,

les

se

lit

sur tous les visages des nègres de l'oasis

nomades, dont

la

paresse et l'orgueil ont créé des

font retentir de leurs cris de joie les plaines d'alentour.

leur importent les plantations? Ils n'en ont pas! qu'ils

apporte

un

mangent,

est

pour eux une bonne fortune;

La sauteelle

surcroît de provisions inattendu. Aussi voit-on

femmes, leurs enfants, leurs esclaves, courir sus aux emplissant des sacs, des tellis, des paniers, des burnous,

leur leurs

sauterelles, etc....


,

ALGERIE La chasse terminée, on on

au

les fait sécher

on

Le dattier dans

Un

l'oasis.

dans des sacs en peaux

les entasse

de bouc, où l'on puisera plus tard au fur

l'oasis?

dans l'eau salée,

bouillir les insectes

fait

soleil et

67

Otez

«

à mesure des besoins'.

et

dattier, qu'est-ce

le

»

que

avec une maigre végétation, qui, sans

pâtis solitaire

l'ombre rafraîchissante que lui procure l'arbre tutélaire, se verrait, après une courte existence, dépérir hâtivement dans ses germes. C'est

au Sahara surtout que

important tance et

précieuse essence joue

la

consolation des malheureux

:

couche d'eau

elle n'a

,

besoin

sement, d'aucun arrosage

,

l'assis-

la

pour atteindre à son plein épanouis-

artificiel; elle constitue

il

,

y a

Mais aussi

les céréales soient

!

base principale d'alimentation

l'unique bienfait

la terre.

don Bien qu'en ce pays

quelle largesse dans le

rôle

semble, jusqu'à

qu'il

de l'avare nature en cette région déshéritée de

la

pour tous

elle est

,

Plongeant toujours, à ce

le salut.

un

nombre de gens aux yeux

desquels le fruit du dattier occupe une place encore supérieure, et

même

plupart le mettent, à ce point de vue^ au

la

blé.

Toutes

les parties

mable. Le tronc, qu'on appelle par excellence «

tion

»

fournit les solives

,

des charpentes de

puits,

remplace, de toutes

les

favorisés.

on

fait

Du

sandales

,

,

c

.

livre à

teux, «

,

«

des piliers et poteaux

de portes

et

même

le tissu

,

le

de fenêtres,

on

des bâtons de voyage

et

tire

,

des

de quoi suppléer au

fibreux que donnent les pétioles

cordes les plus solides; enfin

l'amateur

bois de construc-

djerid d, pris dans ses divers éléments,

et

,

manque de charbon Avec les

des maisons

des ais

des haies de clôture

des corbeilles

on fabrique

le

façons, les bois d'œuvre des pays les plus

branchage,

des huttes

rang que

de l'arbre ont, du reste, une valeur inesti-

doux nectar ou, au choix,

la le

sève abondante

breuvage capi-

le lakbi.

Les dattiers se plantent d'ordinaire en scions, à l'automne,,

plutôt qu'en pépins... Vers l'âge de trois ou de cinq ans, selon la qualité

du

terrain, le rejeton est assez avancé dans son développe-

ment pour pouvoir

être fécondé.

l'automne, plus ou moins

tôt,

vu

La les

récolte

des dattes se

fait

nombreuses variétés de

à

l'es-

sence. Cehes qui sont destinées, par exemple, à emplir les magasins, se cueillent

avant

la pleine

maturité, et on les étend au soleil

pour qu'elles achèvent de mûrir en séchant.

1

Victor Largeau, Le pays de

Rirha (bassin du choit Melrhir).


LA FRANCE COLONIALE

68

La

«

un aliment qui passe pour

datte constitue

être extraordi-

nairement sain; seulement, pris à l'exclusion de tout autre, il ne suffit pas à nourrir l'homme. Le pauvre même a besoin d'y joindre

un peu de céréales, et ou du lait de chameau L'alfa et le

graminée,

est

nomade, de temps à autre, de

le

la

viande

»

' .

sparte. —

L'alfa (sit^a tenacissima)

«

un temps

appelé à devenir, dans

une source d'incalculables richesses pour

,

espèce de

très rapproché,

hauts Plateaux, cette

les

portion de la France transméditerranéenne que l'on considérait

contrée déshéritée et propre tout au plus à l'élève des

comme une troupeaux.

Il

ne faut pas confondre

spartum).

Il

lui

petits joncs,

son

ressemble par ses

mais

,

le

sparte {lygeum

en forme de

effilées

feuilles

s'en distingue, dit M. Bainier, par sa florai-

il

par ses racines

avec

l'alfa

,

par

largeur de ses feuilles légèrement

la

fri-

sées au bout; elles sont aussi plus fines, plus tenaces, plus pointues. L'alfa a des racines fibreuses et assez grêles, qui s'enfoncent

en terre sans être traçantes, tandis que

ou

tiges

le sparte

grosses, très coriaces et

souterraines dont les racines,

cylindriques,

a des rhizomes

correspondent avec chacun des bourgeons du rhi-

zome qui donne naissance à une touffe de feuilles. elle n'entre pas seulement « L'alfa est une plante précieuse comme matière première dans la fabrication du papier, qui se prête ;

à des usages variés et multiples, mais encore elle est susceptible

d'une multitude d'emplois

pour

la navigation,

par

dans l'économie domestique

soit

,

formes diverses qu'elle peut revêtir en

les

de chapeUerie, de tannerie, de vannerie,

«

les

le

sparte

sèment d'eux-mêmes

se

chaque année de plus en plus.

ou

silico- calcaires.

terrains de prédilection

La cueillette de

L'alfa se plaît

Les

du

récolte après la maturation juillet.

même

et

l'alfa

dans

terrains argileux

sparte. L'alfa, ajoute

des graines se fait

,

gaine d'où elles sortent.

'

d'avril, et

il

On ne

et

Soudan.^

se

récoltent

les terrains cal-

et secs sont les

M. Bainier,

se

c'est-à-dire à partir de

endommager

la

doit pas cueillir la plante avant le

vaudrait mieux ne

D' G. Nacutigal, Sahara

et

au moyen de bâtonnets qu'on

enroule autour des feuilles et qui les tirent sans

mois

de tapisserie

appartements.

L'alfa et

caires

soit

crins artificiels, sacs, tapis, nattes, objets

tresses, cordages, filets,

pour

,

le faire

qu'en mai.

A

la fin


ALGERIE encore assez tendres pour tenter

d'avril, les feuilles sont

tiaux des

nomades

industriels

mais

;

sont

elles

comme

,

et assez

comme

Quand on

t—

Palmier- doum.

première

matière

a cueilli le sparte, ;

on

les

^

— 2.

départements tares

;

et

alors

on en forme des

-j^'"

Palmier- dattier.

3.

Alfa.

moyen de

la presse

celui

sont inégalement répartis dans les

trois

d'Oran en possède près de G millions d'hec-

on en compte 3 millions dans

2 millions «

:

;

détestables

balles cerclées.

L'alfa et le sparte

«

et

transporte ensuite au

port d'embarquement, et on les comprime, au

hydraulique, en

bes-

dures pour ne pas être dédaignées des

bottes qu'on laisse sécher sur le sol

i.

les

ne tardent pas à devenir coriaces

elles

excellentes

pâture.

69

le

département d'Alger

et

demi dans celui de Gonstantine.

L'exportation d'alfa, qui était de 4.000 tonnes en 18G0, a dépassé

60.000 tonnes en 1875. Le prix

140 francs,

la

moyen de

la

tonne à Uran étant de

valeur de l'exportation pour l'année 1875 peut être

évaluée à plus de 8.000.000 de francs.


LA FRANGE COLONIALE

70 «

Les chemins de

fer projetés

hauts Plateaux et les ports du

les

blement

les frais

ou en voie de construction entre littoral,

en diminuant considéra-

de production et de transport, permettront aux

exploitants de livrer l'alfa textile en plus grande quantité. «

La compagnie Franco-Algérienne

a construit à

ses

frais

chemin de fer d'Arzeu à Mécheria, en échange du droit qui a été accordé de récolter

l'alfa

le

lui

sur une superficie de 300.000 hec-

tares.

«

On

peut voir se lever déjà l'aurore du jour où l'Algérie four-

nira annuellement à l'Angleterre, qui déjà

journaux sur du papier

monde

d'alfa,

imprime

à l'Amérique, à

la

grands

ses

France,

au

entier, des centaines de mille tonnes, sans porter atteinte

à la production du précieux textile

'

.

»

CHAPITRE

III

GÉOGRAPHIE POLITIQUE

L Les Algériens.

— La

Ethnographie

population de l'Algérie

est,

en 1887, d'en-

viron 3.900.000 individus de toutes nationalités, répandus sur une superficie officiels),

minimum de ou maximum

comprenant

La

densité

le

350.000 kilomètres carrés (d'après

d'environ 650.000 kilomètres carrés, en y désert jusqu'à El-Goléa.

moyenne

serait ainsi de dix

ou de

lement par kilomètre carré (comme en Russie elle

monte à quarante

elle

descend à cinq pour

si

l'on

ne prend que

0. NiEL, Géographie de l'Algérie.

six habitants seu-

et

en Scandinavie)

le territoire civil,

le territoire militaire.

part, en compterait à peine deux.

'

les états

Le Sahara,

;

et

pris à


ALGERIE

71

La population algérienne appartient généralement à la race blanche, mais de familles assez variées; elle se compose de deux éléments bien distincts et

:

les

nombre de 3.300.000,

indigènes, au

Européens, au nombre de 430.000, dont

les

la moitié

sont

Français.

Les indigènes comprennent

les Berbères, famille

Maure marchand de

ethnographique

ligues.

spéciale; les Arabes et les Juifs, de la famille sémite; (famille scythique); les Nègres

Les Berbères ou Kabyles, plus exactement Kébaïl, dérés,

»

au nombre d'environ 1.700.000, sont

tants

de

Kabylie, de l'Ouaransénis et de l'Aurès.

refoulés dans les

On comprend parmi

eux

les

« les

confé-

premiers habi-

montagnes du Dahra, du Sahel,

du pays,

la

Turcs

les

(race noire).

les Zibanais

,

le

Beni-M'zab

et les

Toua-

regs qui habitent le désert.

Les Arabes (1.400.000), venus d'Asie, comprenant

les

ou Arabes sédentaires, dans le Tell et dans les villes, et ou Arabes nomades, dont les principales tribus sont les

Maures

les Bédouins,

Djafra, les


LA FRANGE COLONIALE

72

Hacliem,

les

P'Iittas,

ech-Gheikh, Naïd, dans

dans

la

dans

province d'Oi-an

la

Chaamba, dans

les

Sahara algérien;

le

Oulad-Kebba,

les

Oulad-sidi-

les

;

Sahara oranais;

le

les

Oulad-

les

Nememcha,

province de Constantine.

Les Juifs indigènes, au nombre de plus de 50.000, s'occupent

du négoce

et habitent les

villes.

sont naturalisés français de-

Ils

puis 1871.

Les Turcs, anciens dominateurs, sont peu nombreux,

nomme

Kougoullis

nés de

descendants

(20.000) leurs

et l'on

femmes

arabes.

Les Nègres (5.000) se trouvent dans dans

tiques, et

les oasis

les villes

comme

sahariennes

comme domes-

esclaves plus ou

moins

la moitié sont

Fran-

affranchis par la loi de 1848.

Parmi

les

Européens nous avons

dit

çais, soit 220.000; les autres sont des soit

que

Espagnols, pour un quart,

120.000; des Italiens, 30.000; des Anglo-Maltais, 15.000; des

Allemands, 4.000; des Anglais, 2.000. Les Européens, surtout

les

Français, habitent principalement

les villes et remplissent les postes administratifs.

Les Espagnols sont surtout nombreux dans les Italiens

Au

dans

celle

la

province d'Oran,

de Constantine.

point de vue de la religion, les

Européens appartiennent

presque tous au culte catholique.

Les indigènes sont mahométans du Sunnites, dont LA^TiUE.

le

chef est

Le

le sultan

rite

d'El-Maléki, secte des

de Constantinople.

français est la langue officielle, mais

il

n'exclut

pas l'usage des langues étrangères et indigènes. L'arabe est la plus

répandue. Telle est, d'une

manière concise,

la situation

ethnographique de

notre France africaine. Tels sont les éléments de ce peuple qui déjà forme lique

« la

nation algérienne», où l'élément français et catho-

domine, non par

le

nombre, mais par

le

caractère, par la

position sociale, par l'influence, et dont la prépondérance s'établira

probablement dans l'avenir sur toute l'Afrique septentrionale

et occidentale.

Nous donnerons tront de se faire

monde

ci-après quelques extraits d'auteur qui permet-

une idée plus complète des mœurs

et

usages de ce

africain.

Les travailleurs en Algérie.

tr

L'Arabe

est irrigateur,

mois-


ALGERIE

/S

sonneur, berger surtout. Le Berbère du sud,

rassiers,

d'Afrique;

il

est

bon à tout

Maure

;

c'est

un des

et le

se livrent

aux

meilleurs ouvriers

Juif répugnent au travail de

Nègre badigeonneur.

ils

ter-

vidangeur, blanchisseur de maisons

est portefaix,

domestiques. Le

mais

manœuvres,

maçons, défricheurs, piocheurs, moissonneurs, porte-

Le Nègre

faix.

Kabyle du nord

le

et le Marocain, leur cousin, sont de vigoureux

la terre.

Biskri portefaix.

petites industries des villes

;

et les Juifs sont

en outre colporteurs, marchands, interprètes, liens de toutes

les

classes et de toutes les contrées; les Biskris (gens de Biskra), sont

portefaix, porteurs d'eau et de charbon, commissionnaires. «

Parmi

les

Européens,

les aptitudes

sont encore plus diverses

et plus étendues. L'EsjKignol, le Maltais, le

lents

pionniers,

c'est-à-dire

planteurs de tabac.

Mahon

et

défricheurs,

Mahonnais sont

Les Espagnols viennent principalement de

de l'Andalousie.

Les

Mahonnaises,

coiffées

sement d'un foulard, sont bien connues à Alger, où domestiques

excel-

piocheurs, jardiniers,

et nourrices.

Les Mahonnais s'adonnent à

gracieuelles

sont

la culture


LA FRANCE COLONIALE

74

maraîchère. Le Maltais, parlant l'arabe et baragouinant l'anglais l'italien et le français, réussit

presque toujours dans ses entreprises.

Sobre, économe, intelligent,

il

marchand de

pécheur, batelier, chevrier,

s'est fait

bestiaux, boucher, cafetier, portefaix surtout. Quelques

Maltais ont gagné, à Alger, une grande fortune dans la vente des

bestiaux ou dans la boucherie. Le Maltais est très rarement culti-

vateur;

ment

Le Génois

n'habite guère que les villes.

il

U

jardinier.

Italien est surtout tailleur

menuisier.

charpentier,

briquetier,

est particulière-

femmes

Les

maçon,

de pierres,

italiennes

et

espagnoles fournissent un appoint considérable à la domesticité.

Le Suisse est éleveur de bétail, préparateur de fromages. V Allemand, le Belge se prêtent à tous les travaux sans spécialité marquée mais l'Allemand est gérféralement cultivateur. Le Français ;

fait

de

même

tous les métiers, et gouverne tout ce

piqueur, conducteur, contremaître, chef.

Le jargon

«:

Sur

sur les marchés,

des villes,

champs,

sabir.

se

»

des ports, dans les rues

sur les routes,

aux travaux des

rencontrent des Kabyles descendus de leurs mon-

tagnes sans balbutier

d'apprendre

les quais

monde comme

la

un mot de

français, des

Arabes dédaigneux

langue du vainqueur, des Français, des Européens

qui ne savent ni l'arabe ni le témachek. Les places

du marché

moyen

tout sont de vraies Babel où l'on essaye de s'entendre au

du

sur-

sabir, jargon singulier, discours bref, heurté, gesticulatif, rudi-

mentaire. ((

Il

se

compose de quelques noms, de quelques verbes, de peu

d'adjectifs

ni

:

noms

et adjectifs

sans déclinaison, verbes sans temps

mode. Par l'absence de formes, par

c'est

un

liens,

parler

catalans,

nombreux

à

«

nègre» que ce patois espagnols,

utile),

français

mesure que s'étend

vinir (venir), tenir (avoir), vailler),

tchapar

le

(voler),

la

:

néant de

fait

la

grammaire,

de mots arabes,

ita-

ceux-ci de plus en plus

langue de France. Andar

(aller),

mirar (voir, regarder), trabadjar

(tra-

toucar (toucher, prendre), bono (bon, bien,

carouti (trompeur, carottier),

meskine

(pauvre),

maboul

(fou), mercanti (bourgeois), chêndat (soldat), casa (maison), car-

rossa (voiture), cabessa (tête), matrac (bâton), babor (bateau à

vapeur), birou (bureau), carta gent),

1

sordi

(sou),

Encyclopédie de Moll.

(lettre,

écrit, papier),

douro (ar-

mouquère '(femme), mouchatcho

(enfant),


ALGERIE

"iS

yaouleb (jeune homme), de l'interpellation arabe

Ya, ouled! Hé!

:

garçon! macaclie (non), bezzef (beaucoup), bibri (à peu près), (peut-être), balek (prends garde!), kif kif (comme), sami

bititre

sami (ensemble), didou (eh! ohé! un

mot

et surtout fantasia^ le

notre

tel; c'est

universel

«

Dis donc »)!

qui s'applique au plaisir,

à la passion, à tous les mouvements expansifs de l'àme, à tout ce

bon, supérieur, étrange...; ces termes

qui est agréable,

une

et

vingtaine d'autres reviennent à chaque instant dans les phrases

du

En

sabir.

attendant

triomphe du français,

le

misérable unit l'indigène au colon

eux

nous,

et

chrétiens ^

c'est l'appât

immondes,

comme

«

;

douros

ce charabia

lien principal entre

le

qu'on gagne chez

»

les

»

Les juifs en Algérie. nières

des

mais

On

«

accroupis en des tan-

les voit

bouffis de graisse, sordides et guettant l'Arabe

l'araignée guette la

un

prêter cent sous contre

mouche. billet

danger, hésite, ne veut pas; mais

Ils l'appellent,

qu'il le

L'homme

signera.

besoin

essayent de lui

le tiraille

sent le

cent sous

:

cède enfin, prend la

représentent pour lui tant de jouissances!

Il

pièce d'argent et signe le papier graisseux.

Au

bout de

six

mois

il

devra 10 francs, 20 francs au bout d'un an, 100 francs au bout de trois ans.

Alors

le Juif fait

non son chameau, son

vendre sa terre,

en a une, ou

s'il

si

cheval, son bourricot, tout ce qu'il possède

,

enfin.

Les chefs, caïds, aghas, bach'agas tombent également dans

«

de ces rapaces, qui sont

griffes

colonie, le

grand obstacle à

Quand une colonne

«

une nuée de

Le

cent

une

;

:

il

loi

,

il

le

en

eifet

,

qui n'aient une dette

préfère renouveler

spéciale

le

billet

quand

il

,

Il

n'est guère

car l'Arabe n'aime pas

à cent ou deux cents pour

gagne du temps.

11

cette déplorable situation.

aussi déloyaux que possible, et les véritables

Oncsime Reclus, France

faudrait

Le

Juif,

Sud, ne pratique guère que l'usure, par tous

çants sont des Mozabites.

'

un

pour modifier

dans tout

moyens

revendu aux

corps d'armée s'est éloigné.

se croit toujours sauvé

d'ailleurs, les

française va razzier quelque tribu rebelle,

Juif est maître de tout le sud de l'Algérie.

d'Arabes

rendre

saignante de notre

au bien-être de l'Arabe.

Juifs la suit, achetant à vil prix le butin

Arabes dès que «

le fléau, la plaie

la civilisation et

les

cl

»

(Guy de Maupassant

colonies.

,

Au

commer-

Soleil),


,

LA FRANGE COLONIALE

76 «

Les

M. Reclus, ont

juifs algériens, dit

par décret;

en bloc,

été naturalisés

ne l'avaient certes pas mérité, occupés qu'ils étaient

ils

de banque, de commerce, de courtage, de colportage et d'usure; nul d'entre eux ne tient les vignes

et

,

il

la

les jardins et

charrue, n'arrose

y a très peu

res-neveux du supplanteur

d'hommes de métiers parmi d'Ésaiï.

du Nord

Aucun

comme

,

ces Nègres qui furent parmi les héros de Reichslioffen

;

les boulets

,

point défendu l'Algérie contre nous, de 1830 à 1871

fendront pas non plus contre nos ennemis, C'est

le

24 octobre 1870, pendant

ces Arabes et s'ils n'ont ils

,

la

France, que le gouvernement de la Défense nationale, partie de Juifs

décret suivant « «

dé-

la

guerre en

composé en

se hâta d'émanciper les IsraéUtes algériens par le

:

Les Israélites indigènes des départements de l'Algérie sont dé-

clarés citoyens français.

Toute disposition

c(

«

,

ne

d

horreurs de

les

taille

n'avait péri dans nos

ces Berbères

rangs sous

ne

ces arriè-

tout sénatus- consulte,

législative,

décret,

règlement ou ordonnance contraire sont abolis. Fait à Tours, le 2i octobre 1870.

«

A. Crémieux,

((

A. CtLais-Bizoln

Ce décret, œuvre de Crémieux, on Algérie une

L. Gambetta.

a.

unanime indignation,

ainsi

L. Fourichon.

,

comprend,

le

que

le

»

excita

en

témoigna l'enquête

parlementaire sur les actes du gouvernement de

Défense natio-

la

nale. «:

Pour moi,

été la cause

dit l'amiral

en ont été extrêmement

Le général Ducrot «

froissés.

le

décret d'assimilation a les

;

)>

la naturalisation

et

de races, intérêts froissés

Villot, jalousies et ressentiments, telles furent les

ce décret malheureux. Les indigènes

musulmans

,

sables

des gens qu'ils considèrent :

Pourquoi donc

Juifs ont

comme nous

comme

dit le capitaine

conséquences de

furent écœurés de

voir élever à la dignité de citoyens français leurs ,

:

des Juifs mit le

»

Haines de classes

laires

Musulmans

écrivait en 1871 {La vérité sur V Algérie)

Le décret de M, Crémieux sur

feu partout. <r

de Gueydon,

déterminante de l'insurrection de 1871

ennemis sécu-

lâches , servîtes et mépri-

cette préférence, dirent-ils; est-ce

prodigué leur sang en Crimée

,

que

en Itahe

,

les

au


,

ALGÉRIE

eu dix mille des leurs prisonniers en

qu'ils ont

Mexique; est-ce

77

Allemagne?

On

pour

que

France a entrepris

la

conquête de l'Algérie. Tirés par nous de l'ignorance où, sous

la

«

'

que

dirait

c'est

domination arabe, laires

ils

,

les Juifs

maintenus par des préventions sécu-

étaient

ils

la

envahissent notre société

non pour

,

s'assimiler à elle

mais pour rester une caste à part qui veut dominer. audacieux

partout,

guent

pénètrent

arrogants; la fortune publique passe dans

et

mains usuraires

leurs

Ils

comme

et,

,

ce n'était déjà trop,

si

avec un succès menaçant. Le

les fonctions électives

ils

moment

n'est peut-être pas éloigné où juges consulaires, officiers de civil,

députés

et

sénateurs algériens seront tous Juifs.

»

bri-

l'état-

(Courrier

d'Oran du 8 mai 1882'.)

Les Berbères et les Arabes. aux Romains qui

étrangers, hétéroglottes ; nous les

mot qui

nommons

signifiait alors

souxeni Kabyles, d'un

hommes

tronc de l'humanité, ces

maîtres immémoriaux de

triotes

,

nom

les tribus.

Rameau vigoureux du

ces

Les Berbères doivent ce

appelèrent Barbares

les

terme arabe qui veut dire «

«

de Jugurtha, de Massinissa, de Syphax,

durs,

Numides, compa-

l'Atlas, ces vieux

l'histoire les a tou-

jours vus fixés dans l'Afrique mineure. Et encore aujourd'hui c'est la

race la plus nombreuse de l'Atlantide et

la

plus vivace.

On

les

du

désert,

retrouve dans toute l'Afrique

non moins que du nord de la ,

Méditerranée au Niger, du Sénégal au Nil. «

On

«

Ces deux

a voulu creuser

un abîme

entre les Berbères et les Arabes.

du peuple indigène ont en grand

grandes parts

nombre des ascendants communs. Ce distingue.

comme

Y

a-t-il des races

n'est pas tant la race qui les

aujourd'hui? Chez

le

Kabyle algérien

chez l'Arabe, on trouve toutes les figures de la face blonde

à l'empreinte brune méridionale, qui, d'ailleurs,

domine immen-

sément. ((

Une chose

tant la

de

les distingue

montagne, a

la plaine,

avant tout

les vertus

avec ce que

le

:

le séjour.

Le Berbère, habi-

du montagnard; l'Arabe

est

l'homme

pays bas, plat, chaud, clément, donne

de qualités et de vices. «

Par

cette différence de séjour, le

Berbère

Limousin, leSavoisien de l'Afrique; l'Arabe en

'

Cités par E. Drl'mont, la

Franc

jnivr.

est l'Auvei-gnat, est le

le

gentilhomme


,

LA FRANGE COLONIALE

78

qui se ruine, artiste auquel chaque jour qui passe ravit l'enivremenl

d'un songe, lazzarone que

le

peu de sa place au

Pendant que

tagne,

l'Arabe

champs. les

«

gourbis

de

soleil.

la

Berbère

le

Français chassent peu à

Berbère pioche

du désert méprise le » Sous la

plaine et

entre la charrue entre la honte.

huttes misérables ,

,

et le

il

C'est l'ami des hyperboles

mondes

travail

tente, dans

aime à rêver, tandis que sa femme

son bourricot versent leur sang en sueurs sous

et

la

les cruels soleils.

des contes bleus entre la cigarette et la

,

tasse de café noir, l'ami des

chansons nasillardes célébrant

les belles

guerres, l'ami de la chasse, l'ami des combats, l'ami surtout du

de l'ombre selon l'heure

soleil et

et la fantaisie.

Nomade par

instinct,

ce peuple l'est aussi par l'indivision de la propriété dans

un grand

nombre de

par octroi

tribus

temporaire,

bent «

«

:

les

le sol qu'ils cultivent

Arabes l'égratignent à peine. Vaincus,

main que

Le Berbère,

Ni rêveur métayers

tu ne

peux couper.

se cour-

ils

et partout, et toujours.

un homme de labour, de

un champs du

métiers,

avare. Sa race emplit les cités et les et

gagnent peu milieu des

moissonneurs, ,

:

»

bravement,

lui, travaille

ni poète, c'est

un

gneur,

sans droits sur

C'est, disent-ils, la volonté de Dieu. » Ils disent aussi

Baise la (c

;

éparTell:

colporteurs, ouvriers, ces émigrants

mais de privation en privation

ils

font fortune 'au

Roumis (Romains, Européens), si c'est battre monnaie le prix d'un champ, d'une vache; alors ils reviennent

qu'acquérir

pour

la

stituée

plupart au village natal et

suffrage

,

la propriété est

fortement con-

qu'administrent des djémas ou municipalités élues au

de tous,

communes

orageuses que divisent des sofs ou

partis éternellement en lutte. «

Plus assimilaljles que

vastes

champs

les

Arabes,

ils

déserts où nous puissions

pas un pouce de

sol

ne

n'ont pas

comme eux

semer des colons chez eux

se perd, et plusieurs

:

de leurs âpres monta-

gnes ont, à surface égale, plus d'habitants que nos collines

Les djemaa égales

en Kabylie. —

pour tous, ont,

c^

Les idées de Uberté

aune époque

reculée,

et

»

de justice les

les intérêts

de chacun étaient publiquement discutés et reconnus.

Les Kabyles jouissaient alors de l'expression

régime municipal. La

'

'.

provoqué chez

Kabyles l'institution des djemaa, assemblées plénières où et les droits

de

commune

Onésime Reclus, France, Algérie

et

était tout;

colonies.

la

plus complète du

aucune autorité supé-


ALGÉRIE

79

rieure n'était là pour restreindre ses pouvoirs.

une commune

stituait

djemaa

tion française, la

cour de justice contrôleur

des

dhoumcm, à

;

Chaque

village

con-

érigée par sa djemaa. Depuis la réglementaest à la fois

un

conseil municipal et

compose d'un amin, président; d'un

elle se

comptes

de

la fois conseillers

nombre de

d'un certain

gestion;

de l'amin et

d'oukal, simples assesseurs consultatifs. Ces

officiers

membres

une

oukil,

de police, sont

et

nommés

à l'élection et à la majorité des suffrages de tous les habitants de la fraction.

Les séances de ce conseil de village sont publiques; tous

Kabyles présents peuvent prendre

les

parole et développer leur

la

avis sur la question discutée. «

Ainsi réglementées, les djemaa sont, à notre avis,

un mode

d'administration locale des populations kabyles qui présente des

avantages incontestables. Cette organisation municipale est seule susceptible de maintenir la sécurité et l'ordre dans les agglomération berbères de l'Algérie. Serrés les

uns contre

villages juchés sur des crêtes abruptes,

les autres

n'ayant

le

dans des

plus souvent

qu'une fontaine peu abondante pour puiser l'eau nécessaire à leur ahmentation, nos Kabyles ont maints sujets de dispute. Chez ces

montaguards, naturellement rancuniers, maris jaloux

et voisins

querelleurs, les moindres altercations n'ont que trop de tendance à

dégénérer en batailles,

son germe

la

si

une prompte répression n'arrête pas dans

discorde prête à éclater.

tice expéditive.

La djemaa

Connaissant parfaitement

les

est là avec sa jus-

inculpés, leurs anté-

cédents, leur moralité, la djemaa se trompe rarement sur leur

degré de culpabilité, sur «

le

mobile de leurs actes.

Ces tribus berbères demandent des juges français, sans acolytes

musulmans d'aucune laires et

résolue

sorte,

ou

le

maintien de leurs coutumes sécu-

foncièrement démocratiques. Cette question sera facilement le

jour où

la

magistrature algérienne possédera

suffisant déjuges de paix connaissant les

animés du désir d'améliorer chant insensiblement de

djemaa

justice des

La

vie

troupeaux

de

'

là les

Aup.

nomadk. ;

il

mœurs

la législation

la loi

un nombre

kabyles. Ces juges,

berbère, en

la

rappro-

française, finiront par remplacer la

'.

La

richesse des

nomades consiste dans leurs

faut qu'ils leur trouvent de la nourriture et de l'eau

:

migrations régulières du sud au nord et du nord au sud

CiiF.HiiONNEAU, Revuc dc Géoffvaphic.


LA FRANGE COLONIALE

80

concordant avec

le

mouvement des

le Tell

les caravanes se mettent en route vers

après

moisson

la

faite

;

elles

l'été,

y arriveront

trouveront encore leur pâturage

les bêtes

;

Aux approches de

saisons.

champs dépouillés. A l'automne, quand tombent les premières pluies, on revient sur les hauts Plateaux et dans le Sahara. les C'est un curieux spectacle que celui d'une tribu en marche dans

les

:

chameaux s'avancent gravement, en fde, portant les provisions, les tentes, les ustensiles de ménage; puis viennent quelques bœufs ou vaches maigres, toure

les

chèvres

et la

un nuage de poussière;

masse serrée des moutons qu'en-

femmes* leurs enfants sur le dos, grandes dames du désert prennent

les

cheminent à pied; seules

les

place dans Vattaiouch, le

palanquin installé sur

hommes,

le fusil

en arrière pour

la

Le

protéger

soir,

on

;

la

route ou

d'autres courent sur les flancs de

c'est la tente

la

empêchant de s'égarer ou

les bêtes, les

s'arrête et l'on

La demeure du nomade

«

chameau. Les

au poing, sont en avant pour éclairer

longue colonne, surveillant d'être volées.

le

campe. :

un grand poteau

et

deux

perches, quelques pieux fichés en terre supportent ou assujettissent la o-rande pièce d'étoffe

formée de

est

une longue bande de

tissent

dans

cousus ensemble. Le

feliclj

laine et de poil de

chameau que

les

felidj

femmes

journées où l'on n'est pas en marche. La tente

les

belle qu'elle soit, est

un médiocre abri;

,

si

défend mal ses habi-

elle

tants contre le soleil, la pluie, la neige, mais elle est portative et légère. Elle leur suffit, et

un

toit

il

;

en tournée dans maisons

Ijâties «

ils

:

,

le

l'aiment.

Le nomade repose mal sous

le

un

conseil qu'ils considéraient

mais leurs propriétaires campaient à

deux pierres pour former

est

le foyer,

quelques plats en bois ou en

On

tapis.

alfa,

a vu des caïds

des couverts, mais chez

La nourriture

des

tellis

les

lieu

côté.

où sont

,

:

les provisions,

une marmite en

terre,

des nattes grossières, et chez les s'offrir le

luxe d'une table avec

nomades on peut compter

ces sybarites.

habituelle est le couscous, sorte de gruau que les

femmes fabriquent elles-mêmes avec de ment; des

comme un

d'une simplicité rudimentaire

des peaux de boucs goudronnées pour l'eau

un

général

général passa de nouveau, les maisons étaient

L'ameublement d'une tente

riches

Un jour, un

sud engagea quelques chefs à se construire des

obéirent à

quand

ordre;

ils

a horreur de nos maisons de pierre.

la farine

galettes légères assez semblables à

de pain. Le

lait, le

d'orge ou de fro-

nos crêpes tiennent

miel et les dattes figurent pour une grande


ALGERIE part dans l'alimentation.

Rarement on mange de

pour cela une grande occasion, une

81 la

fête religieuse,

viande;

il

faut

une cérémonie

Tente arabe.

familiale,

une

«liffa

offerte à

des étrangers. Alors on égorge

un mou-

ton, on le dépouille, on le traverse d'une sorte de broche, et on le fait

tourner doucement devant un feu de broussailles en l'arrosant

de beurre fondu

:

c'est le

mets

le

plus succulent delà cuisine indigène 6


,,,

LA FRANCE COLONIALE

82

Les nomades cultivent peu, l'élevage est leur grande affaire le mouton leur donne de la viande; la chèvre, la vache, la chamelle «

;

du

leur fournissent

lait.

Avec

la laine

ou

ont la matière première de leurs vêtements commerce leur est aussi de quelque secours; et

ils

du sud contre

dattes récoltées dans les oasis

vendent pour

ils

une

l'exploitation

de ces animaux

le poil

de leurs tentes. Le ils

échangent des

céréales

les

du

partie de leurs troupeaux

Tell :

;

ils

n'achètent guère que des grains, quelques armes et des bijoux pour

En somme,

leurs femmes.

ont peu de besoins et savent presque

ils

toujours y suffire eux-mêmes'.

»

L'ornement caractéristique du Le koubbas de l'Algérie. — des marabouts. Aux abords tombeaux senties ce paysage algérien, <(

des villes, dans les vallées, sur la cime des montagnes, parmi les

ombrages d'une

on voit

forêt,

ces sépultures recouvertes d'un

les

hommes

la science, soit

par

les

bonnes œuvres.

;

mais

les plus

dont l'existence

s'est

Voici la description d'une koufjba.

Qu'on

tiers

pour

la

un

y en a, dit-on, qui ont les

contemplatifs

écoulée entre le jeûne et la prière.

«

se figure

11

vénérés sont

«

de mètres, dont

arrondi ou de forme ovoïde

qui se sont distingués pendant leur vie, soit par

accompli des prodiges et les ascètes

dôme

tout leur talent. C'est là que repo-

maçons kabyles mettent

sent les

par leur blancheur éclatante

briller

une construction ayant en hauteur une dizaine tiers

pour

la

grande coupole,

partie cubique qui forme

quelques mètres, règne

un mur

la base.

et les

deux autres

A

distance de

la

d'enceinte relevé en pointe aux

angles et au milieu de chacune de ses faces. L'édifice est soigneu-

sement blanchi à à la

chambre

piliers se

la

chaux.

funéraire.

Au

On

y entre par un vestibule qui conduit

milieu de cette salle se dressent quatre

raccordant en arcades

et

entourant

le

catafalque

du mara-

bout, que décorent de riches étoffes de soie, des foulards, des dra-

peaux au croissant doré. Le est couvert

du

soleil

A

«r

sol,

souvent pavé de faïences vernies

de tapis bariolés sur lesquels vient se jouer

tamisée par les lucarnes de

la

lumière

la

coupole.

part les koubbas privilégiées dont

l'entretien et

le

serivce

sont assurés par une dotation, toutes ces petites chapelles d'autre ressource que la piété des fidèles.

ou desservant chargé de recueilUr

1

Maurice Waiil

l'Alf)érie.

Chacune

d'elles a

un

n'ont oukil

les offrandes, d'en faire l'emploi,


ALGÉRIE

83

en vivant lui-même aux dépens de son

Mais, dans

saint.

endroits où l'enseignement religieux s'est établi

vénérée, on voit des étudiants psalmodier

le

,

les

près de la tombe

coran, dans des cel-

d'une maçonnerie primitive qui adhèrent aux murs d'en-

lules

eux-mêmes

ceinte; les voyageurs

y sont reçus durant la mauvaise

saison'. »

II.

— Administration

L'Algérie ne constitue

propre, son autonomie;

son la

territoire, et

de

la

elle fait partie

de

la

son gouvernement

France, qui a conquis

nation française, qui cherche à s'assimiler

population indigène algérienne. Elle est administrée

gouverneur général Celui-ci est lonie et

pas un État ayant

au

civil

nom du gouvernement

français par

un

d'un conseil du gouvernement.

assisté

composé des chefs des principaux

services de la colo-

armée, justice, finances, enseignements, postes, douanes,

:

de cinq conseillers généraux de chacun des départements. L'Algérie forme trois provinces, dont chacune est divisée en

territoire civil

ou département,

province proprement

Le

et

un

un

territoire militaire , qui est la

dite.

territoire civil,

tout entier dans le Tell, ne dépasse guère

5 milhons d'hectares avec 1.600.000 habitants, mais

peu à peu aux dépens du

territoire militaire qui

il

s'agrandit

comprend près

de 35 millions d'hectares avec 2.000.000 d'habitants. Il

y a trois départements correspondant aux trois provinces. Les

chefs-lieux sont Alger,

Oran

et

Gonstantine.

L'administration des départements algériens est à peu près la

même qu'on et

France. Le préfet est assisté d'un conseil de préfecture

d'un conseil général. Celui-ci se compose de

élus et

de six assesseurs

indigènes

nommés

membres par

le

français

gouverneur

général.

Les départements se subdivisent en arrondissements trés

Ai.uER, préfecture; Médéa, Miliana

,

sous -préfectures;

'

,

adminis-

par un sous -préfet. Les chefs-lieux d'arrondissement sont

Aug. CiiEHUONNEAU, R(.vue de Gcogniphie,

1881.

:

Orléansville , Tizi-Ouzou,


,,,

.

LA FRANCE COLONIALE

84

Tlemcen

sous - préfectures

,

Sidi-bel-Abbès

Mostaganem,

Mascara,

Oran, préfecture;

;

CoNSTANTiNE, préfecture; Bône, Bougie, Giielma, Philippeville Sétif, sous - préfectures

Les arrondissements se divisent en cantons, ayant comme en France un objet purement judiciaire, et en districts, qui sont

communes

régis par des commissaires civils. Enfin les

métropole, ou bien mixtes

la

sont celles où domine l'élément

ce

:

ou

sont,

aux communes de

bien de plein exercice, c'est-à-dire assimilées

indigène.

Chaque province ou

général de division, résidant au chef- lieu. division est

un

commandée par un

territoire militaire est

A

la tête

Les chefs-lieux de subdivisions militaires sont

Alger, Fort- National, Médéa Oran, Mascara ei Tlemcen; GoNSTANTiNE, Batna , Bôneet

Le

tribus; il

est

subdiyisionnaires et des il

Chez

les

(village), les

:

Miliana;

Sétif.

communes

à mesure que

y en a seize);

démembré au

et

comprend des communes mixtes, des com-

territoire militaire

munes

de chaque sub-

général de brigade.

profit

du

territoire civil.

indigènes la base de ,

réunion de tentes

indigènes (douars et

se développe la colonisation,

et

la constitution sociale est le

de gourbis (huttes).

En

douar

se groupant,

douars forment successivement des ferkas (communes obéis-

sant à

un

cheik),

compte plus de la milice, et

à

— des

mille),

un

commandées par un caïd (on en aghaliks, soumis à un agha, chef de

des tribus,

cadi, juge civil et rehgieux,

lifas, qui sont sous les ordres d'un khalife,

phète.

— «

et enfin des

lieutenant

kha-

du Pro-

»

L'Algérie forme est à Alger.

Outre

les

idi

19^ région de corps d'armée, dont

l'état -major

L'armée d'occupation compte environ 50.000 hommes. soldats

venus de France

des corps spéciaux fixés en Algérie

:

qui y retournent,

et

il

y a

chasseurs d'Afrique (français)

spahis, zouaves, zéphirs, turcos (indigènes); en outre, des

goums

ou cavaliers indigènes. L'administration de

la justice est

analogue à

sauf pour les indigènes du territoire

tribunaux musulmans

mière instance,

trois

,

civil

appelés cadis.

Il

,

celle

de

la

France

qui sont jugés par des

y a onze tribunaux de pre-

cours d'assises et une cour d'appel (Alger).


ALGERIE

85

L'Algérie forme une académie (Alger), et l'organisation de l'instruction publique est semblable à celle de la France,

Il

y a en

outre des écoles arabes. Il

y a trois diocèses catholiques

deux évêchés (Oran

En

et Constantine)

dont un archevêché (Alger)

,

,

et

avec 320 paroisses ou vicariats.

outre on compte deux consistoires protestants et trois consis-

toires Israélites.

— Dans

Villes et localités.

la

revue qui va suivre des princi-

pales localités

du pays, nous procéderons, en

l'ouest à l'est,

en

les

règle

générale, de

groupant autour des chefs-lieux de provinces:

Oran, Alger, Constantine.

Quant aux il

chiffres de population indiqués

bon de prévenir

est

pour chaque

se rapportent à la

qu'ils

exercice, dont le territoire est généralement très étendu le

bourg

qu'une

chef-lieu est souvent

ville

commune

la

et

on

,

elle

ville

— Province d'Oran

de 54.000 habitants, est bâtie en amphithéâtre au

forme, avec Mers-el-Kébir,

time, la position militaire

première

n'est

indigène de Boghar en a 34.000.

série de forts dont quelques-uns furent ,

tandis que

lui

fond d'une baie grande, mais peu profonde.

gnols

plein

en donne 13.000 en y comcommune. Boghar n'a que 400 habitants, mais la

III.

Oran f

,

peu considérable. Ainsi Blida

de 4.000 habitants,

prenant toute

localité,

commune de

ville

la

Défendue par une

construits par les Espa-

la

meilleure station mari-

plus importante et en

même

temps

de commerce de l'Algérie. Elle exporte surtout

alfas, les céréales, les

minerais

et les

la

les

produits industriels de tout

l'ouest. «

Oran

de

est la place forte

la

Mauritanie dont l'histoire a été

le

plus longtemps associée à celle de l'Europe moderne. Fondée au com-

mencement du

xe siècle par des

toire d'une tribu berbère,

elle

du port de Mers-el-Kébir, que

le

du nord-ouest

et

tège des vents

Maures d'Andalousie, sur

le terri-

grandit bientôt, grâce à l'importance

promontoire du

du nord,

djel)el

les plus

Santon pro-

dangereux de

toute la côte algérienne. Mais ce précieux havre de refuge étant

bordé de brusques

falaises

au pied desquelles une

n'aurait point trouvé la place nécessaire,

Oran a dû

ville

d'entrepôt

naître au fond


LA FRANCE COLONIALE

86

du

golfe, à l'endroit

les

ouverture donne accès vers l'intérieur des terres

Ouaran

,

« le

Ravin ou

d'Oran, est resté à «

Au

la

et

où une large

de

là le

montagnes s'abaissent

Coupure

,

qui

,

:

nom

de

sous la forme espagnole

la cité.

point de vue militaire

de grands avantages

:

,

comme

cette

brèche du

littoral offrait aussi

Alger sa rivale, Oran s'appuie à un

massif isolé de montagnes, à un Sahel bien limité, que des plaines et

une grande lagune séparent du

reste de l'Algérie

;

une

forteresse

Province d'Oraii.

naturelle défend la ville, décuplant la valeur de ses murailles. Aussi

lorsque les Maures eurent été expulsés d'Espagne, les vainqueurs poursuivirent les fugitifs sur

mières conquêtes, en 4505

Kébir

et la place

siècles avec

un

le

continent africain, et leurs pre-

en 1509, furent

le

port de Mers-el-

d'Oran. Les Espagnols les gardèrent près de trois

soin jaloux et, durant cette époque, les Turcs, qui

chaque année de

étaient tenus d'aller

et

marauder dans

la

livrer

une attaque contre

ou campagne, ne parvinrent à reprendre la ville

Oran que pendant un espace de vingt- quatre années, de 1708 à 1732. Enfm, en 1790, un tremblement du sol renversa presque complètement

un incendie dévora

la ville,

le reste,

et

de tous

les

côtés Turcs et Arabes se précipitèrent à l'attaque des ruines

pour

en chasser

place

en 1792.

les soldats

En

1831,

elle

espagnols, qui finirent par quitter fut

occupée par

les

la

Français, et ceux-ci

n'eurent qu'à réparer les forts espagnols dressés sur les pitons et les

promontoires pour rendre de nouveau

la

place inexpugnable.

Le


ALGERIE grand avantage du port d'Oran

est sa

87

proximité de l'Espagne

:

Car-

thagène est seulement à 200 kilomètres, distance qu'un bateau à

vapeur de bonne vitesse franchit facilement en huit heures ^

»

Mers-el-Kéhir, dont on vient de parler, est situé à six kilomètres

d'Oran

et n'a

Marché,

le

que 150 habitants. Son

Grand Port

»,

c'est le

nom

arabe signifie

le «

Grand

Portiis divinus des Romains.

Oran.

Aujourd'hui,

comme

autrefois, Mers-el-Kébir est le véritable port

d'Oran.

Aïn-el-Turk , GOO habitants, voisin du port précédent, est un bon mouillage éclairé par

Beni-Saf, Tafna, et de

3.300 l'ile

habitants,

Rachgoun,

compagnie qui exploite

Nemours, d'abord

>

VAd

phare du cap Falcon.

le

1.100 fr aires,

les

un

loin

de l'embouchure de

la

récemment par

la

port créé

minerais de fer dans

habitants, « les

non

est

ville

Frères,

Elisée Reclus, l'Afrique seplenlrionale.

»

maritime

les environs.

modernisée,

des Romains, ainsi

fut

nommée


LA FRANCE COLONIALE

88

de deux rochers de la crique; puis

ou

la

<r

Mosquée des Pirates

rocher voisin. C'est

la ville

d

,

Djemaa-Gazhouat des Arabes^

le

dont on voit

maritime

la

les

ruines sur un

plus rapprochée du Maroc

(34 kilomètres). Dans l'intérieur, à dix kilomètres sud -ouest,

koubba de Sidi-Brahim 350 chasseurs

et

rappelle deux faits historiques

la

en 1845,

:

GO hussards luttèrent héroïquement contre Abd-

el-Kader, et se firent tous tuer, sauf 14; en revanche, en 1847, l'émir y rendit son épée au général Lamoricière.

Nédroma, 3.300 ville

habitants, la

Cahanna des Romains,

est

une

arabe qui fabrique des guedras, grandes marmites en terre

rouge

,

en usage dans tout

l'ouest.

Lalla-Maghnia , ou Magh7iia,

Femme,

la Sainte

«

OOU habi-

);

un poste fortifié et un grand marché sur la marocaine. Son nom vient d'une koubba dédiée à une

tants, près de l'Isly, est

frontière

femme vénérée des Arabes. Aïn-Temouchent « la fontaine du Chacal, » 4.400 habitants, est un marché arabe très prospère. Aux environs on exploite divers ,

minerais, ainsi que les magnifiques carrières de marbre onyx translucide d'Aïn-Tekbalek.

Tlemcen, la

« la

Ville

aux mille sources,

Pomaria des Romains,

la

i>

«

Bab-el-Gharb,

Grenade africaine,»

la «

Porte du couchant

des Arabes, compte 17.000 habitants. Elle est

un plateau de 800 mètres

plus belles positions du monde, sur

»

assise dans une des d'alti-

tude, entouré des rochers à pic du Lalla-Séti. C'est une ville forte

avec

un mur

La campagne

d'enceinte percé de sept portes.

est

magnifique, très bien arrosée, couverte d'arbres fruitiers de toute espèce,

notamment

excellente. et

il

d'oliviers

dont

une huile

les fruits fournissent

y a des minoteries, des huileries, des chantiers

Il

s'y tient

un marché

très considérable,

qui

d'alfa,

commerce avec

le

Maroc.

Tlemcen

,

fondée par

les

Vénètes

,

devint au

moyen âge une

des

plus grandes et des plus florissantes villes de la région et fut la capitale

du royaume du Maghreb

jusqu'à 25.000 familles

;

central. Elle a

compté, dit-on,

par son industrie, ses richesses,

la culture

des sciences et des arts, elle pouvait se comparer aux villes policées

de l'Europe.

Il

lui reste

de son ancienne splendeur

le

Méchouar,

ancienne résidence royale, aujourd'hui transformée en citadelle, et plusieurs mosquées d'une architecture remarquable.

A

deux kilomètres au sud- est de Tlemcen, Sidi-Bou-Médine,


ALGÉRIE village arabe,

89

possède une admirable mosquée

et

une

belle

koubba,

où reposent deux Maures andalous vénérés comme des « saints » par l'islamisme: Sidi-Bou-Médine mort en 1197, et Sidi-abd,

es-Selam, un de ses

A

trois kilomètres

toire,

y>

disciples,

sud-ouest,

remplace l'ancienne

de Mansoiira,

le village

ville forte

même nom,

de

« la

Vic-

construite

Tlemcen.

de 1302 à 1304 par siège de

le

sultan

Abou-Yakoub pendant

Tlemcen, lequel dura

liuit

ans

;

il

qu'il faisait le

n'en reste plus aujour-

d'hui que la vaste enceinte llanquée de tours bastionnées et crénelées, la porte isolée de Bab-el-Kliemis, ])ien conservée et

sem-

un arc de triomphe, la mosquée et son minaret haut de 40 mètres, classés parmi les monuments historiques.

l)lable à

Au

point de vue pittoresque, on signale encore, à six kilomètres

sud-est de Tlemcen,

la belle

cascade d'El-Ourit par laquelle

Saf-Saf, affluent de Tisser, lance ses eaux

le

du haut delà montagne.


LA FRANCE COLONIALE

90

Qu'on se figure une muraille rocheuse de 80 mètres d'élévation, large de 2 à 300, et disposée circulairement comme dans un cirque. «

Tout

le

tombent

long des parois de cette muraille, s'élèvent, grimpent, et s'entrelacent des fouillis

se précipite en nappes

de plantes

comme un grand fleuve

L'eau

et d'arbustes.

qui aurait

rompu

ses

digues, et la végétation qui recouvre les parois de ce vaste cirque est tellement épaisse,

que ces nappes d'eau

au travers de

filtrent

ce feuillage merveilleux et arrivent en poussière de diamants à la

base des rochers.

(Gaffarel.)

»

Sidi-hel-Ah'bès,

13.000 habitants, l'une des plus riches

et

des

plus florissantes vflles de l'Algérie, est toute moderne, malgré son appellation arabe, qui lui vient d'une

en 1843 sur

les

bords de

la

koubba des Beni-Amer fondée ;

Mékerra, ses rues sont larges, coupées

à angles droits et ombragées par des platanes de haute venue

eaux vives coulent Sehclou,

« la

le

;

des

long des trottoirs.

un site un poste mili-

Lisière, » 350 habitants, sur la Tafna, dans

pittoresque et très boisé, à 958 mètres d'altitude, est

un marché important. Daya, 125 habitants, à 1275 mètres, dans le djebel Marahoun, sur la rive gauche du Sig, est un autre poste de guerre. Saïda, « la Fortunée, » 600 habitants, à 862 mètres, est un troisième poste militaire fondé en 1854 il commande le débouché taire et

;

de

la

région des chotts. C'est la station centrale du chemin de fer

d'Arzeu à Mécheria.

Mascara, El Maasker,

« le

Camp permanent,

»

occupe une position importante au-dessus de

5.400 habitants, la

fertile

plaine

d'Eghris. Ancienne capitale d'Abd-el-Kader, prise par les Français

en 1835,

burnous

elle

et

colHnes sur

a conservé son cachet militaire.

du vin blanc déjà renommé. le

On

Mascara couvre deux

«

revers méridional des montagnes des

gran (911 mètres), appelées par

les

monts dans un sac

versa sur

et les

le sol

voyant encore à demi-plein,

pays des Beni-Chougran

:

le

il

le

la

mit

les

fut

il

regarda dans

vida brusquement sur

des maudits Chougran,

nos soldats, qui luttèrent souvent contre eux.

comme

disaient

(0. Reclus.)

Saint- Denis- du- Sig , 7.000 habitants, fondée en 1845, centre agricole important de la plaine

«

monde

la terre,

lorsque

;

couvert de plateaux, de dômes, de bosses, de pitons,

le

Beni-Chou-

Arabes Chareb-er-Rihh ou

Lèvre du Vent». Quand, disent-ils, Allah créa

le sac et, le

y fabrique des

du Sig

;

est

un

un double barrage


91

ALGÉRIE de

la rivière

environs,

un

Aux assure l'irrigation et la fertilité de cette région. dans la orphelinat agricole considérable est installé

Mojciuée

ferme de Tt/nfon du

et

Si<j

,

koubba de Sidi-bou-Mcdine.

oîi les

phalanstériens firent en 1816 les

essais infructueux de leurs utopies.

sement des deux chemins de

En

fer, la

1881,

dPerrégaux, au

rupture de

la

croi-

grande digue de


LA FRANCE COLONIALE

92

l'Habra, qui a 37 mètres de liant sur 450 de long, causa de grands désastres.

Arzeu,

Portus Magnus des Romains, 2.800 habitants,

le

maritime avec une rade excellente, où

ville

l'Europe

provenant des hauts Plateaux

l'alfa

On

montagne des Lions qui couvre

la presqu'île

85 mètres d'altitude, à un kilomètre de Français en 1833

lage.

Autour

d'elle

sites

comde

la

du cap Carbon.

un

petit plateau

mer,

la

n'a pas de port, ni

elle

;

on compte vingt

beaux

les

bâtie sur

Mostaganem, 11.500 habitants, les

elle fait aussi le

y admire

une

embarque pour

l'on

;

merce de céréales et de bœufs.

est

occupée par

fut

même

de

de bon mouil-

en pleine prospérité,

villages

quatre kilomètres sud on admire les charmants paysage de la

et à

vallée des Jardins.

Mazagran, 300 habitants, sur une de Mostaganem tint,

en 1840,

d'Arabes.

,

la

compagnie du capitaine Lelièvre contre une nuée rappelle ce glorieux

3.300 habitants,

récente et déjà très prospère. cultures,

sud

a été immortalisé par le siège héroïque que sou-

Une colonne

Relizane,

colline à trois kilomètres

est

Son

une

fait

d'armes.

de fondation toute

ville

territoire est

propre à toutes

surtout à celle du coton, dont les vastes

les

champs sont

arrosés par les eaux de la Mina.

Tagdempt, près de ans

la place

Français

la

Tiaret,

même

Tiaret,

dans l'Ouaransénis, fut pendant cinq

de guerre, l'arsenal et la capitale d'Abd-el-Kader; les ruinèrent en 1843.

« la

Résidence,

2.800 habitants, poste militaire créé la

»

année, à 1.090 mètres d'altitude, est en

marché considérable entre

le Tell et le

Géry ville, 900 habitants, plateau oranais.

un

il

temps un

Sahara.

poste militaire avancé au sud du

Bâti en 1852 dans

1.300 mètres d'altitude, dental.

est

même

une gorge du

commande

le

De nombreux mégalithes couvrent

djel)el

Ksel, à

Sahara algérien les

occi-

hauteurs environ-

nantes.

El-Abiod-Sidi-Clieik, 2.000 halritants, à 400 kilomètres sud d'Oran, est

un

lieu

de pèlerinage fréquenté par

koubba du marabout Sidi-Abder-Rhaman, qui

Sahariens, à la

les

vivait

au

xvii'' siècle.

En

1881

les

ossements vénérés transportés à Géryville; mais on

,

cette

koubba

fut détruite

par

le

colonel de Négrier, et les rendit

aux Arabes deux ans après. Tiout, 800 habitants, doit être signalée à cause

du voisinage de


ALGERIE

93

ci -devant

l'importante oasis de Figuig,

nid marocain de rôdeurs

qui souvent inquiétaient nos frontières.

Figuig , que oasis

le

Maroc nous

a cédé, paraît-il,

entourée de murs

d'une dizaine de ksour,

pour

et

le

une

est

peuplée de

sur l'Oued- Sousfana,

10.000 habitants. Elle est située vallée pourrait être choisie

en 1886,

dont

la

passage d'un chemin de fer

transsaharien.

IV.

Alger f

de 65.000 habitants, est

ville

,

donné son nom.

laquelle elle a

Marseille, à

Province d'Alger

la capitale

de l'Algérie, à

Elle est assise presque en face

même

une distance de 772 kilomètres, au milieu

de

de

la

côte algérienne, au fond d'une baie demi- circulaire, de 20 kilo-

mètres d'ouverture. Elle est

Ijâtie

en amphithéâtre au pied

et

penchant d'une colHne escarpée faisant partie du massif de

sur

le

Bou-

la

zaréah, dans le Sahel, qui atteint plus loin 407 mètres d'altitude.

Alger est entourée d'une enceinte bastionnée et protégée par plusieurs forts

;

elle est divisée

haute ou arabe

celle-ci est

;

bardée en 1830,

et

par

en

basse ou européenne et en

ville

dominée par

le fort

la

presque journahère avec Marseille

renferme toutes de laine

filatures

,

les

citadelle

bom-

de l'Empereur.

Le port d'Alger, grand de 90 hectares, ville

kasbah ,

ville

en communication

est

et d'autres

ports d'Europe.

branches de l'industrie européenne

des teintureries

,

:

La des

des brasseries et des tanneries

;

indigènes font des broderies sur cuir en or et en argent pour

les

mauresques, portefeuilles, pantoufles, des ceintures de brochées d'or.

selles

Fondée en 935 par signifie les

îlots),

les

Arabes, sur un groupe

d'ilôts

(El-Djezaïr

près des ruines de VIcosium romaine,

devint au xvio siècle, sous les Barberousse,

soie

Alger

un grand centre de

bombardée sous Louis XIV par Duquesne en 1684, ce n'est que depuis la conquête française qu'Alger a

piraterie. Inutilement

1683

et

cessé d'être la terreur de la Méditerranée. «

Actuellement Alger est devenue

africain,

torique,

non par

comme

première par

le

le

nombre des

la

première

ville

du continent

habitants, mais par son rôle his-

foyer de la civilisation européenne. Elle est aussi la

charme

et la

grandeur imposante de l'aspect

:

après


LA FRANGE COLONIALE

94 l'avoir

vue de

la

mer, au détour de

oul)lier le tableau

du

siècle,

la

on pouvait

la citer

comme

bâtie en amphithéâtre triangulaire

mais

elle

pointe Pescade, nul ne peut

merveilleux qu'il a contemplé. Encore au milieu

a grandi, et maintenant

elle

type régulier d'une cité

le

sur

le flanc

le

haut de

Province

marbre blanc, aux blocs inégaux ou jaunes des parois, ;

cheur de

la pierre;

en nuances

le vert

une

carrière de

d'Alarer.

et

mal

taillés.

Les teintes bleues

des jalousies, ne se discernent pas à

seulement, au matin,

en rayons roses,

endiguée par

les

et, le soir, le

elle

couchant

s'y réflé-

de maisons descendait

s'arrête à mi-côte,

limitée et

masses régulières de maisons françaises

qui se prolongent en façade au-dessus triangle de la ville arabe,

lumière naissante de

la

violettes. Jadis la cataracte

jusqu'à la mer; de nos jours

comme

colhne,

toutes les couleurs sont éteintes par l'éblouissante blan-

l'orient s'y brise

chit

la

murailles de la kasbah, se montre encore ce

les

qui reste de la vieille Alger, qui ressemble de loin à

distance

;

forme un ensemble beaucoup

plus vaste et plus complexe de contours. Vers

que couronnent

d'une montagne

une autre

ville

des quais.

Au

sud

du

escalade les pentes; mais,

entièrement formée de maisons modernes,

elle

ne se confond pas

en un immense éboulis de roches blanches on en distingue les murs grisâti-es et les toits rouges contrastant partout avec la ver:

,

dure foncée des jardins.

quement

limitées par

Au

une zone

delà,

les

constructions

sont brus-

verte, celle des remparts

herbeux


ALGERIE

95

des talus boisés; mais en dehors de la cité proprement dite, à

et

Mustapha,

recommence, moins compacte que dans

la ville

ceinte des rues, et d'autant plus gracieuse, pressant les

bas quartiers dans chaque ravin

ses

l'aise

groupant ses

,

sur chaque croupe avancée, et, vers

le

l'en-

maisons de plus à

villas

sommet de

la colline,

dressant au-dessus des arbres touffus les kiosques et les campaniles

de ses palais

:

c'est là surtout

que résident

Anglais et autres

les

étrangers qui viennent passer la saison d'hiver sous

doux climat

le

d'Alger. «

La

faible largeur

a forcé la

ville

grandissante à se développer au loin

mer, de chaque côté du noyau primitif de quatre

îlots

mer

de l'espace compris entre les coteaux et la

la ville

,

long de

le

qui

fait

face

la

aux

des Beni-Mezghanna, devenus maintenant la péninsule

de la Darse. «

Vers

nord-ouest, au sortir de Bab-el-Oued,

le

«

Porte du

la

lluisseau, ^ plusieurs faubourgs, interrompus par des cimetières, se succèdent jusqu'à l'interminable rue

en dehors de Bab-Azoun, vivants ou morts,

Un chemin

,

;

le

sud,

porte où l'on accrochait les suppliciés,

Mustapha, Belcourt, continuent Alger.

de manœuvres, un jardin public semblent devoir limiter

mais au delà recommencent

la ville, «

TAgha

la

Saint-Eugène vers

L'ensemble formé par

les

rangées de maisons.

communes

les trois

d'Alger, de Saint-

Eugène, de Mustapha, se développe sur une longueur d'une dizaine de kilomètres, colline et la

une

pourtant en maints endroits, resserrée entre

et

mer,

la ville n'a

pareille cité,

parallèles

on

au rivage

,

le

et

pas

même

la

200 mètres de largeur. Dans

comprend, toutes

les

rues maîtresses sont

de distance en distance s'ouvrent des places

d'où l'on descend au bord de la mer. «

A

la

principale

,

du Gouvernement

dite « place

»

,

viennent

aboutir les rues les plus animées et les escaliers les plus fréquentés

du port de ;

partent presque toutes les voitures pour la banlieue

d'Alger et les villes de l'intérieur.

Une

foule multicolore se presse

costume banal, imposé par

mode, l'emporte

sur la place:

si le

sur tous

autres accoutrements, pourtant mainte couleur écla-

les

tante brille sur le fond

jours en

sombre ou

grisâtre

mouvement des promeneurs

et

la

que forme

la

masse tou-

des gens affairés: les bon-

nets rouges des pécheurs, les chéchia des portefaix, les gandoura

brodées des Biskri se croisent avec des vieux

juifs, les robes, les

les turjjans

jaunes ou bariolés

écharpes, les chapeaux aux soies écla-


LA FRANCE COLONIALE

93

Quelques personnages pour tels, se promènent dans arabes, grands chefs ou se donnant blancheur immaculée, ou bien, assis leur haïk de pure laine, d'une quelque liqueur défendue devant les cafés, boivent majestueusement femmes mauresques, aux larges par le coran. Deux par deux, les

femmes

tantes de leurs

et

de leurs

lilles.

La mosquée neuve

à Alger.

pantalons bouffants, ghssent d'un pas rapide, ne montrant sous d voile que leurs yeux noirs, entourés d'un cercle bistré '.

le

Mustapha, 12.000 habitants, à deux kilomètres d'Alger, dont elle divisée en plusieurs est un faubourg, est une commune prospère

Mustapha inférieur, qui possède un hôpital civil, de et Mustapha vastes casernes, un jardin d'essai très remarquable, école supérieur qui entouré de riches et riantes villas, possède une sections

:

,

normale de jeunes gens. 1

Elisée Reclus

,

l'Afrique septentrionale.


ALGÉRIE Sidi-Ferruch qu'île célèbre

,

250 habitants, donne son

par

le

kilomètres de là est

nom

à une petite pres-

A

débarquement des Français en 1830. le

trois

plateau de Staouéli, 700 habitants, où

troupes du dey furent défaites

concédé en 1843 ce champ de l'ont

97

le

les

19 juin 1830. Le gouvernement a

bataille

aux religieux trappistes

qui

,

une

co-

mer sur

les

transformé en une ferme modèle de 1.200 hectares,

et

lonie pénitentiaire.

Tombeau de

la

Chrétienne.

Koléa OU Coléa, 4.300 habitants, collines

du Sahel occidental

Autrefois

« ville

sainte

j>,

sa

et

sur

mosquée

est

proche de

gauche du Mazafran.

la rive

est

la

transformée en un hôpital

militaire. Ses environs sont de véritables jardins.

Le tombeau de Gherchell, dans

la Chrétienne. la

commune

—A

mi-chemin entre Koléa

de Marengo, auprès du village de

Montebello et des ruines phéniciennes de Tipaza élevée

du Sahel porte un antique monument

tombeau

dit

Roumia, sur son

nom

et

de la Chrétienne, en arabe

,

la colline la

très curieux

:

plus

c'est le

Koubba ou Kabor-cr-

lequel les archéologues ont beaucoup discuté. Malgré

vulgaire, cet

énorme

édifice

ne renferme point

la

dépouille 7


LA FRANCE COLONIALE

98

mortelle d'une servante du Christ; c'est plutôt la sépulture d'an-

On

ciens rois de Mauritanie. le

modèle du Medracen,

dans

qu'il fut bâti

tombeau des

par Juba

numides qui

rois

de haut, dont

le

périmètre de

s'élève

Chrétienne est un édifice conique de 32 mètres

la

soubassement carré a 63 mètres sur chaque face;

la

base du

ioniques engagées;

il

monument

est

orné de 60 demi-colonnes

en quatre parties égales par quatre

est partagé

Au-

portes décoratives d'une hauteur de 6 mètres 20 centimètres.

commence une

dessus

sur

II

province de Gonstantine.

la

Le Tombeau de le

le

suppose

série de

33 degrés hauts chacun de 58 cen-

timètres qui, en rétrécissant graduellement leur plan circulaire,

donnent à

l'édifice

monument galeries

est

l'apparence d'un cône tronqué. L'intérieur de ce

disposé en caveaux reliés par des couloirs et des

mesurant 170 mètres de longueur

Cherchell, 3.600 habitants

,

Viol des Carthaginois, la Julia Qa^a-

rea des Romains, devint sous Juba ritanie césarienne.

de théâtres

et

totale.

le

Jeime

de

la capitale

la

Mau-

Aussi y trouve-t-on des ruines d'hippodromes,

d'aqueducs romains

qu'un port

ce n'est aujourd'hui

;

assez médiocre.

Tenez, 2.700 habitants, Cartennœ co /orna, petite avec

un

port; c'est l'entrepôt naturel de la région

ville fortifiée

du Dahra

et

d'Or-

léansville.

une

Orléansuille, 3.000 habitants, est

à 140 mètres

d'altitude sur la rive

jolie petite cité

gauche du

et

de laines, mais

:

un marché

c'est

climat y est peu agréable

le

bâtie

Chéliff, et sur l'em-

placement du Castellum Tingitanum des Romains de blé

moderne

pour

les

Européens. Miliana,

la

taire bâtie à

Malliana romaine, 0.500 habitants,

740 mètres sur

nant la rive droite du 1.200

le flanc

ChélifT.

En

et

carrières de marbre. Plus loin,

chemin de thermal de

fer,

tandis

,

<r

commandant

le

a le

périt presque entiè-

en mines de

fer,

de plomb

et

en

qu'au nord -est se trouve l'établissement

Hammam- Rirha,

Teniet-el-Haàd,

domi-

et

Affreville lui sert de station de

le

plus fréquenté de l'Algérie.

Teniet-el-Haâd, 1.400 habitants, est mihtaire

cité mili-

de maladie. Ses environs abondent en

renommés

vignobles et en fruits

une

1840, une garnison française de

hommes, bloquée par Abd-el-Kader, y

rement de privations

est

méridional du Zaccar

un marché arabe

et

un poste

massif de l'Ouaransénis. Col du Dimanche,

»

est ainsi

nommé du


ALGERIE

99

jour où se tient son marché hebdomadaire

que domine

le village est

la

;

hauteur du seuil

de 1.145 mètres. Les Arabes y sont pro-

portionnellement plus nombreux qu'à Miliana, et une petite colonie

nègre occupe près de Teniet deux groupes de masures appelées «

Tombouctou

» le

Supérieur

est célèbre dans le

de chênes

et

monde

et l'Inférieur.

Le

Dimanche

Col du

«

des botanistes par ses admirables forêts

de cèdres qui recouvrent les deux versants du djebel

Endat; des sources ferrugineuses d'une grande richesse

dans

la forêt.

»

Au

sud s'étend

bois et ruisselant de fontaines

,

du Sersou,

plateau

le

jadis couvert de

maintenant sans verdure

ravins dans lesquels coulent des eaux sauvages

,

jaillissent

et

coupé de

détruisant au lieu

de féconder. Le Sersou est une des régions de l'Algérie où se voient

le

plus de

pierres levées;

monuments

préhistoriques, tombelles, enceintes,

une ancienne

ville,

une quarantaine de

à

kilo-

mètres au sud-ouest de Teniet, occupe une surface plus grande que d'Alger.

la cité

Parmi

monuments

les

étranges de cette région

plus curieux consiste en alignements de pierres disposées de nière à former

un immense

symboliques, dont leurs plaines.

Boghar,

»

lézard de 80 mètres de longueur.

monde un exemple de

retrouve ainsi dans l'ancien

ces

le

,

ma-

On

monuments

mound-builders de l'Ohio aimaient à orner

les

(Elisée Reglus.)

4^00 habitants, à

970 mètres,

le

Castellum mauritanum

des Romains, l'un des arsenaux d'Abd-el-Kader, est encore une place forte qui

surplombe de 400 mètres

grand marché se

du

tient

au

le défilé

du

Chéliff

Un

ileuve.

Médéa, Nador,

920 mètres sur une croupe du mont

112.000 habitants, à

est l'ancienne capitale

du beylik de

Titeri.

Son climat

sain et son territoire fertile en blé, asperges et vins déjà

Au nord la

moyen.

village de Boghari, situé sur la rive droite

de cette

ville se

koub!)a d'un saint

d'un coup de hache pays.

y>

trouve

musulman

le

défdé où

Ce djebel donne son

le djebel

est

renommés.

Mouzaïa, surmonté de

qui, d'après la légende, « fendit

il

nom

fit

au

naître la Chiffa col

pour arroser

ou ténia de

célèbre par de sanglants combats en 1840-41

;

au

la

le

Mouzaïa,

village de

Mou-

zaïa-lcs- Mines, qui possède des gisements de cuivre sur le versant

sud, et à

la

commune

de Mouzaïa -Ville, 1.700 habitants, sur

le

versant nord, non loin de Blida.

Blida, IIJ.OOO habitants,

au mi Heu des

sites délicieux,

ville

modernisée, gracieusement assise

dans un pays

ferlilc

surtout en oranges


LA FRANGE COLONIALE

100

mandarines, est un point stratégique

et

tant;

A

et

commercial

très

impor-

plus elle a des minoteries et des distilleries considérables.

(le

douze kilomètres sud on admire

les

superbes gorges de

monts de Mouzaïa

l'Atlas entre les

immense déchirure de

la Chiffa,

et

des

Béni-Salah.

Boufarik, 6.500 habitants, dans une position jadis fort insalubre au milieu de la magnifique plaine de la Métidja, possède un marché

Dans

agricole très fréquenté.

portent des

florissants

agricoles

même

la

plaine,

noms

beaucoup de

villages

De

français bien connus.

Marengo et Montebello déjà cités, Joinville, Montpensier, Aumale, Rovigo, Aima, Saint-Pierre

l'ouest à l'est, signalons

station de Blida, et Saint-Paul,

près de Fondouk, etc.

Dellys, 3.600 habitants, le

Rusucurns des Carthaginois,

n'a qu'un

port médiocre sur la côte de Kabylie; elle possède l'école des Arts

pour

et métiers

l'Algérie.

Tizi-Ouzou, 2.500 habitants, en aralje Fedj-el-Guendoul , « le col des Genêts épineux » fut le point le plus avancé de l'occupation ,

romaine

et

turque dans

militaire français,

le

même

en

Djurdjura. Depuis 1858, c'est un poste

temps qu'une

ville florissante.

Le Fort-National, 200 habitants primitivement Fort-Napoléon, est une place de guerre construite en 1857, à 916 mètres, au centre ,

de

Kabyhe. C'est

la

«

une épine plantée dans

de la grande

l'œil

Kabylie », disent les indigènes, qui tentèrent de s'en emparer en 1871.

Au

pied du Fort-National, Aït-Lliassen

plus grand village de la Kabylie et

industrieux des Kabyles; fusils à crosse incrustée

ils

de

,

4.000 habitants., est

des Béni-Yemsi qui sont

comme

de 1871. il

En

en

Italie,

corail.

la rivière, a été

ici,

non une

mais un désastre pendant l'insurrection

aval de ce bourg,

n'y a place que pour lui

le

plus

fabriquent de l»eaux bijoux et des

Palestro, 500 habitants, sur Tisser oriental, rappelle victoire

les

:

conquise à

la la

<r

l'Isser s'enfonce

dans une gorge où

route d'Alger à Constantine, qui suit

mine dans

la

paroi crayeuse d'où glissent des cascades.

dureté du roc,

Çà

et là,

immense

sur les corni-

ches, dans les fissures et les brisures, des herbes s'accrochent, et aussi des broussailles et des

quand la

ils

viennent boire au courant de

rivière passe

velles.

<f

arbustes où les singes dégringolent l'Isser.

De

ce défilé superbe

dans une vallée féconde, pleine de colonies nou-

(0. Rkclus.)


ALGÉRIE Aumale, 4.500

101

habitants, est une ville de guerre fondée en 1846,

à 850 mètres au pied du djebel Dira, sur l'emplacement

romaine;

elle

garde

la sortie

de

la

grande Kabylie vers

deVAuzia le

plateau

algérien.

Bou-Saada,

le lieu

«

du Bonheur,

»

compte 5.000 habitants;

Vue de Ghardaïa.

elle

commande

sud du

le

même

plateau et forme le centre

com-

mercial de la région de l'Hodna.

Laghouat ou El-Aghouat, 3.800 habitants, sur l'oued Djeddi, à 777 mètres, est devenu depuis 1852 le chef-lieu du Sahara algérien; son

marché, aujourd'hui

Tadjemout, dont

renommés, et

très fréquenté, a

les habitants fabriquent

ruiné celui de

des burnous et des haïks

celui &' Aïn-Madh]) , la métropole rehgieuse de l'ordre

des Tidjàniya.

En

plein désert,

Ghardaïa, 10.000 habitants,

est la cité princi-


,

LA FRANGE COLONIALK

102

des

pale de la tribu

Béni-Mzab ou

Mozal)ites,

dont

oasis

les

comptent 180.000 palmiers entourés de magnifiques jardins. Ouargla, 2.000 habitants, dans

la vallée

de l'oued Mya, est un

centre d'oasis qui contiennent 300.000 dattiers et sont peuplées de

nègres laborieux. Mais beaucoup de. leurs puits ont été détruits par Mozabites,

les

et le

marché d'Ouargla

est

en décadence.

Enfin El-Goléa, 1.600 habitants, est à la hmite méridionale de l'influence française, c'est-à-dire à plus de

900 kilomètres d'Alger.

nous paye un

Visitée en 1873 par le colonel de Galiffet, elle

mais n'a pas de garnison française. C'est une

oasis de

tribut,

16 000 pal-

miers des Chaamba, pillards ou convoyeurs qui parcourent toute la

contrée au sud d'Ouargla, jusque vers

le

Soudan. C'est aussi à

400 kilomètres environ au sud -est d'El-Goléa en 1884,

lieu,

massacre, par

le

çaise

commandée par

dans

la notice historique.

les

Touaregs, de

le colonel Flatters

— Province de

V.

d'Ouargla qu'eut

et

,

et

la

mission fran-

dont nous avons parlé

Constantine

CoNSTANTiNE f 33.500 habitants, est une place très forte, autrefois imprenable. Assise sur un promontoire rocheux de 600 mètres ,

d'altitude

moyenne,

elle est

entourée presque entièrement par

abîme profond de 200 mètres, au fond duquel

le

Rummel

eaux jaunâtres en passant sous quatre voûtes naturelles

mant de

il

reste de belle» antiquités, entre autres

arc de triomphe et le palais

du bey.

nissa et Jugurtha. Ruinée en 311 tin, ils

dont

elle

l'avaient

porte

le

,

C'est là

for-

la ''Numidie

un pont romain, un que régnèrent Massi-

cette ville fut rebâtie

par Constan;

vainement assiégée l'année précédente.

Les industries européennes qu'on y remarque sont

la

minoterie

l'industrie indigène

con-

surtout dans la tannerie, la cordonnerie et la fabrication des

burnous. Cette française, a «

en

nom. Les Français la prirent d'assaut en 1837

et la fabrication des pâtes alimentaires; siste

et

belles cascades.

Constantine répond à l'antique Cirta, la capitale de

dont

un

roule ses

ville,

le

principal, marché aux grains de l'Afrique

pour port d'embarquement Philippeville.

Avant de s'engager dans

militaire à

la « cité

aérienne

l'étroite

», le

gorge qui a donné sa force

Rummel ou

«

rivière des Sables >


ALGERIE s'est

est

uni au Bou-Merzoug,

soudain de

torrent,

mal

la vallée

brusquement

103

rétréci

,

<r

pont du Diable

»

,

les

de roches. Le

passe à côté d'un établissement therla

s'enfuit

et

sinueuse. Des bords de l'abîme, on ne

caché par

Le passage

>.

la noire allée

niché dans une anfractuosité de

cade du

qui féconde

la « rivière

lumineuse à

détours du ravin

:

roche, puis

sous

en rapides dans

la

l'ar-

gorge

voit pas le courant d'eau,

des rochers

les assises saillantes

qui se correspondent d'une falaise à l'autre et que

des

couloirs

Province de Gonstantine.

verticaux rayent de distance en distance, empêchent

descendre jusqu'au fond du gouffre où tournoient «

Cinq ponts unissaient autrefois

quatre d'entre eux

il

le

regard de

les hirondelles.

deux lèvres de l'abîme

les

ne reste que des fragments informes

;

le

:

de

cin-

quième, bâti à l'angle oriental du rocher de Gonstantine, a toujours été reconstruit, et sous sa

grande arcade de

fer, jetée

à 405 mètres de hauteur par les ingénieurs français

,

récemment

se superposent

murs de toutes les époques, depuis les temps d'AntoPieux. Immédiatement au-dessous. du pont, le Rummel dis-

des pans de nin

le

parait sous

une voûte de rochers;

ravin n'est plus qu'un val

le

déchiré et percé de puisards, du fond desquels des cascades

;

à 300 mètres plus loin

,

le

noires galeries, et, de part et d'autre, les

monte

torrent

le

murmure

émerge de ces

falaises descendent ver-

ticalement jusqu'au fond de la cluse; seule une arcade isolée, ogive naturelle d'une étonnante régularité de forme, unit encercles deux


la FRANCE COLONIALE

1j4

parois opposées. C'est là que la déchirure du sol offre son caractère le plus grandiose:

murailles, diversement colorées et çà

les

surplombantes, se dressent à plus de 200 mètres de liauteur,

et là

sommet;

portant quel(j[ues constructions au jadis

du Sac

un

pierres

les « trois

le

-haut se trouvaient

placées sur le kef Chekora ou

rocher

«

du haut duquel le pacha faisait précipiter, cousus dans les victimes ou les esclaves dont il voulait se défaire. En

»,

sac,

bas,

5>

torrent se divise en plusieurs bras entre les pierres, puis,

arrivé à l'issue de la gorge, plonge par trois ressauts successifs dans

cirque

la vallée inférieure,

lins et

de maisonnettes

brusques

et

immense de verdure, parsemé de mourayé de routes blanches descendant en

Des cascades du Rummel, on peut s'aventurer jus-

lacets.

qu'à une certaine distance dans

méphitique. La cause en

échappe

est

souvent

cité

((

«:

:

<r

de

que

le

exprimée par

hommes

proverbe

le

hommes;

fientent sur les corbeaux;

et c'est

»

ravin a été transformé en égout...

Les maisons se pressent sur

la

est.

Ailleurs, les corbeaux fientent sur les

à Constantine, les

ainsi

mais l'odeur qui s'en

défilé,

le

gorge profonde

le

grand bloc de pierre, au-dessus

du Rummel. Au nord sont

et silencieuse

les

constructions militaires, les casernes, l'hôpital, l'arsenal et la kas-

bah proprement régulières

dite.

Au sud

de

la

du quartier européen;

labyrinthe de rues inégales; vers bites;

au sud, dans

la ville

kasbah

,

Juifs

les

s'entrecroisent les rues

habitent, à

Moza-

centre, se groupent les

le

un

l'est,

basse, grouillent les Arabes, dans

dédale de ruelles et de cours,

un

Européens ne s'aventurent

les

d'ordinaire qu'accompagnés d'un guide.

Trop à

l'étroit

dans leur

quartier, les Arabes ont débordé de la ville et couvert de leurs

cabanes pittoresques un talus situé près de L'édifice le plus curieux et l'une des

intéressantes de l'Algérie,

est

demeures mauresques

le palais

occupé maintenant par l'état-major de dehors,

c'est

la porte occidentale.

la

un ensemble de masures; mais

riches colonnades

ornées

les

plus

du dernier bey, Ahmed, garnison française vu du :

à l'intérieur

de scupltures, de faïences,

il

a de

même

de

fresques, et ses beaux jardins contrastent délicieusement avec le

mouvement

et le bruit des rues

Sélif, 5.800 habitants,

stratégique et

'

environnantes ^

»

à 1.085 mètres d'altitude, est

commerçante qui garde

Elisée Reclus, l'Afrique seplcnlrionale.

l'entrée

de

la

une

Kabylie

ville ;

elle


,

ALGÉRIE fut

105

fondée par les Français en 1839, sur l'emplacement de

romaine, capitale de

la

Mauritanie sitilienne.

la Sitifls

Ses environs, qui

sont fertiles en céréales, furent incendiés en 1871 par les Kabyles insurgés.

Msila, 2.800 habitants, dans fabrique de

le

Hodna, au sud-ouest de

Sétif

des haïks et des burnous.

la sellerie,

Constauline.

Bordj-boU'Arreridj, 1.200 habitants, à haute

l'ouest de Sétit

dans

la

Medjana, commande le défilé des Portes de Fer ou Bibans, dont les gorges, célèbres par leur profondeur, furent franchies en 1839 par le duc d'Orléans. Ses environs sont et fertile plaine

de

peut-être l'endroit du appelle

Es- Snam ou

la

monde

le

les Idoles;

plus riche en menhirs, que l'on

on en compte par

milliers, et l'un

d'eux a 10 mètres de hauteur sur 11 d'épaisseur.

Reprenons au nord

le

long de la cote de

la

province de Constantine.

BoiKjie, 5.100 habitants,

au fond occidental du golfe de même kilomètres nord de l'embouchure du Sahel, possède

nom, à trois un bon port bien

abrité par la presqu'île

du mont Gouraya

cl

fait


LA FRANCE COLONIALE

106

un commerce assez important. Cette cité kabyle est entourée d'un nombre considérable d'orangers, de grenadiers et de figuiers. Elle a donné son nom à une sorte de chandelle qu'elle fabrique depuis longtemps.

nom

Bougie, de Bèdjaïa,

d'une tribu,

Saldx des Romains,

la

d'un royaume vandale, puis berbère,

fut la capitale

et eut

peut-

être alors 50.000 habitants. Djidjelli, 3.000 habitants, Ylgilgili des Carthaginois, qui creu-

sèrent dans

le

colonie romaine

roc les tombeaux que l'on y voit encore, devint ,

puis

ville

au commencement de

ce. siècle, française

détruite le 22 août 1856 par

peu abrité Collo

d'un accès

un tremblement de

a été

elle

son port est

terre;

difficile.

1.300 habitants,

,

depuis 1839,

le

magnus

Collops

des Romains, est

au sud -est du large massif des Sébarou-Bougiarone; son

située

port

et

épiscopale chrétienne. Nid de corsaires

dépêche

est petit,

mais sûr;

mi-

ses environs possèdent des

nières importantes et de vastes forêts.

Philippeville ,

li.OOO habitants, fut construite en 1838 par

maréchal Valée au bord de

cada romaine. Son port

la

mer, sur l'emplacement de

artificiel,

pôt pour une grande partie du

—A

province.

la

le

Rusi-

d'entrée périlleuse, sert d'entre-

commerce avec 'Gonstantine

et la

quatre kilomètres nord-ouest de Philippeville, se

-trouve la crique de Stor.a (i.lOO habitants), qui a été longtemps

l'unique port de la baie; quoique peu sur, c'est encore là que les navires se réfugient par les gros temps.

Bône, 20.000 habitants, voisine des ruines de l'ancienne Hippone, est située

« ville

des jujubiers

»

des Kabyles;

un

Seybouse, sur

la

la

côte occidentale d'une large baie,

port amélioré par de récents travaux; son territoire est

riche en oUviers, en forêts et en mines de fer; elle fait actif surtout

d'un

elle est

au pied de l'Edough, à deux kilomètres nord de l'embou-

chure de avec

YAnnaba ou

mur

en

tabac,

en

crénelé et défendue par

un commerce

en grains. Elle

corail et

est entourée

Génois, qui couronne

le fort

le

cap de Garde.

La

Calle, 3.600 habitants, se dresse sur

au continent par une plage de sable de corail

si

;

c'est le centre

importantes depuis François

se voit la tour

1er.

du Bastion de France ou

en 1561, près du canal qui déverse

le

un rocher

a

isolé et relié

des pêcheries

l'ouest

de

vieille Calle,

trop- plein

du

la Calle,

construite

lac Mélah.


ALGERIE Guelma, 4.000 habitants, ville

prospère, située sur

mètres sud de

la

la

un

Caïama

plateau

107

des Romains, est une petite

fertile et

boisé, à

deux

kilo-

Seybouse. C'est un des plus importants marchés

de bestiaux, principalement de bœufs exportés en France.

On

y

trouve des ruines romaines.

A

quinze kilomètres ouest de Guelma, sur

Un

Aqux

TibiUranx,

mam -Meskoutinc dits.

,

ruines de l'antique

les

des chàleaux de Bougie.

se voient les célèbres sources thermales à! Ham-

dont

nom

le

signifie les

Bains enchantés ou mau-

Ces sources, d'une température de 80 à 95 degrés

et

donnant

plus de 80.000 litres d'eau par heure, sont situées au milieu de sites pittoresques, décrits ci

Les Bains maudits.

-après.

a;

...

De

loin déjà

on reconnaît rempla-

cement des eaux aux masses de vapeur qui d'elles.

Elles surgissent actuellement avec le

l'extrémité d'un plateau s'élève à

elles

plus d'abondance à

forment dix bouillons

quelques décimètres au-dessus du

au-dessus

s'élèvent

sol.

,

dont l'un

Contenant on

dis-

solution des sels calcaires blancs qui se déposent à mesure qu'elles


LA FRANCE COLONIALE

108

se refroidissent, elles construisent

elles-mêmes, en descendant

kis

pentes, la roche sur laquelle elles tombent en cascade. Les formes

de ce travertin

(c'est le

nom que

les

géologues donnent aux roches

constituées ainsi par les eaux minérales) sont aussi variées qu'élé-

Leur blancheur

gantes.

éljlouissante

ou leur couleur d'un brun

rougeàtre donne à l'eau qui les baigne, tantôt une teinte d'un bleu clair, quand

fond est blanc, tantôt une coloration brune

le

repose sur du travertin coloré par l'oxyde de fer ou

lorsqu'elle

Quand

par des matières tinctoriales employées par les Arabes. pente n'est pas trop forte, l'eau déposant de tous

dont

sels

même

chargée,

elle est

côtés les

les

en résulte qu'elle se forme à

il

la

elle-

de petites digues de quelques centimètres de hauteur. De rebords circulaires plus ou moins ondulés, étages

là, des bassins à

l'un au-dessus de l'autre; l'eau

tombe d'un bassin dans

faisant autour de petites cascades

,

ou en glissant sur

l'autre

le

en

travertin

déjà formé.

Dans

«

les endroits à forte pente, la

formation des cuvettes éta-

gées devenant impossible, l'eau, en glissant sur la pierre, l'enduit

d'une couche de travertin représentant des draperies, des surfaces

mamelonnées tites

,

et

quand

,

de forme conique

fdet d'eau générateur.

,

rocher surplombe

le

de

la

La cascade

seaux qui se jettent dans

le

,

de véritables stalac-

pointe desquelles coule sans cesse le se divise ensuite

Ghedakra, dont

le

en plusieurs ruis-

fond est tapissé de

conferves d'un beau vert, et où vivent, malgré la haute température,

de petites grenouilles «

et

des poissons.

Quand on approche des bains d'Hammam -Meskoutine, on du plateau une surface d'un hectare environ de

aperçoit au haut

superficie sur laquelle s'élèvent plus de cent petits cônes formés

par

une

les

eaux

large

jaillissantes

base, les autres

toutes grandeurs

mètres;

même

les

retombant sur elles-mêmes. Les uns ont

,

semblent des aiguihes.

uns sont

isolés,

les

de quelques-uns,

souvent au sommet un petit

et

ou un pistachier-térébinthe pousse Rien de plus bizarre

et

la

le

facile à

phénomène.

s'est

emparée

olivier

sauvage

dans un pot de

,

brusquement à

vu, rien de plus

peine d'analyser

comme

de plus inexplicable

ces cônes réguliers s'élevant l'a

y en a de

autres disposés par groupes, ou

soudés entre eux deux à deux. La végétation

comme on

Il

depuis quelques décimètres jusqu'à quatre à cinq

fleurs.

au premier abord la surface

comprendre

si

du on

,

que

sol, et,

se

donne


ALGÉRIE

109

Mais l'imagination superstitieuse des anciens a cm voir dans subitement changés en ces élévations des personnages fantastiques là, le nom de pierre par une malédiction due à leurs crimes. De «

«

bains des Maudits

».

Bains maudits.

«

les

L'art pourrait,

en guidant ces sources,

constructions les plus compliquées, et

des statues, des bas -reliefs, Allyre, à est

à

son débit à 80.000

celiii

même

à mouler des vases,

le fait

aux eaux de Saint-

Glermont en Auvergne. L'abondance de

un élément qui manque

elïet,

comme on

forcer à élever

les

la

source africaine

à celles de l'Europe; on

litres

d'eau à l'heure.

Il

estime, en

peut se comparer

des eaux de Louèche en Suisse, et d'Aix en Savoie.

«... T.es sources

d'Hammam -Meskoutine

ont changé de place.


,

LA FRANCE COLONIALE

110

Lorsqu'elles sortaient au haut <lu i)lateau où elles ont formé les

cent cônes dont nous avons parlé, elles n'étaient probablement pas mais des piscines et un aqueduc situés à l'est de la casutilisées ;

cade montrent que thermales de

la

Actuellement

il

taire.

cade,

les

Romains n'ont pas plus négligé

Numidie que

de

celles

la

Gaule

hôpital mili-

au-dessous de

Plusieurs bouillons, situés à l'est et

vapeur, et l'Arabe

les ricbesses

de la Germanie.

un grand

existe près de ces sources

la cas-

de

où l'on prend des bains

de baraques

sont couverts

et

même y construit

son gourbi de

feuillage,

quand

(français) lui persuade qu'il trouvera dans ces

le médecin roumi eaux un remède aux rhumatismes

plein air dans ses haltes nocturnes'.

Soukharras ou Souk-Aliras,

«

contracte en couchant en

qu'il »

marché aux nippes,

»

4.350 habi-

tants, bâtie sur l'emplacement de l'ancienne ïhagaste, patrie de

saint Augustin, est située sur le

chemin de

Tunis, son commerce est très prospère; Téhcssa, ])àtie

à

1.900 habitants,

près

fer

elle a

de Constantine

à.

de beaux vignobles.

de la frontière tunisienne,

est

1.088 mètres au milieu des nombreuses ruines de l'an-

cienne Theveste.

On

y remarque lare de triomphe dédié à Septime-

Sévère, le temple de Minerve, aujourd'hui éghse catholique, et les

La plupart de ses maisons sont construites romaines, et la monnaie romaine y avait encore cours

débris d'une basihque.

en pierres

à l'arrivée des Français en 1842.

Batna, 3.800 habitants, dont le nom arabe signifie « bivouac d, une position militaire importante au pied du massif de FAurès

est

à 1.020

mètres d'altitude

;

c'est aussi

un centre d'échanges

Tell et le Sahara. Elle a des rues larges,

jardin public, ouest,

une

un musée archéologique,

entre

le

bordées de platanes, un

et,

à cinq kilomètres nord-

belle forêt de cèdres.

de correction

un

village et

une maison centrale

établis à dix kilomètres sud-est

de Batna, au milieu

Lamhèse, 500 habitants,

est

de remarquables ruines de l'arieienne Lamôèssa ou Lambœsis/'la capitale militaire de la

Numidie romaine.

«

Il est

pour

l'antiquité'

classique, dit M. Piesse, des lieux bien autrement célèbres que

Lamhœsis, mais on trouverait

difficilement

et d'un aspect plus intéressant.

On

a dans

une ruine plus Viche-

Pompéi

la ville

sous les cehdres et surprise dans toutes les occupations

•^

X., Marjasin fiiHoresqiie.

de

enfouie la vie;


m

ALGÉRIE Lambœsis nous montre dont

le

les pierres

mosaïques

et

ses

habitants et

au milieu d'une imposante

Découverte de treize cents autels

solitude.

belles

abandonnée de

la ville

temps seul a rongé

tombeaux, de cinq d'inscriptions innombrables voie romaine et

;

bordée de tombeaux; prœlorium long de 28 mètres, large de 20, haut de 15

musée, riche déjà de vingt

(c'est là qu'est logé le

deux cents autres antiquités); quatre portes

tues et de plus de

un voyageur en compta, y compris triomphe, une quarantaine, dont quinze en bon état); a environ cent ans,

aqueduc conduisant à

(il

les arcs

y de

restes d'un

source d'Aïn-Boubena; ruines

la colonie la

d'un temple d'Esculape élevé par

sta-

de Marc-Aurèle

les ordres

et

de

Lucius Verus ruines d'un temple delà Victoire cirque de 104 mètres ;

;

de diamètre avec quatorze, portes; tombeau de Flavius Maximus,. préfet de

laissée

par

monument

troisième légion,

la

haut, terminé en pyramide

;

roues des chars, etc

les

carré de 6 mètres de

rues dallées conservant l'empreinte :

l'inventaire et la description

de ces ruines exceptionnelles demanderaient un volume.

Le Medracen, Arabes, est

proportions.

route de Constantine à

la

triste et

de Djendeli. Sa ressemblance avec

tienne nous dispense de le décrire.

de moindres

est plus ancien et

gauche de

se trouve à

Il

il

Batna, sur un plateau mamelonné,

été bâti

(Joanne.)

Kohor Maclrous ou tombeau de Madrous desun monument analogue au tombeau de la Chrétienne le

dont on a parlé plus haut; mais

salé

»

On

nu, non loin du lac

le

monument de

le

considère

pour servir de tombeau à Massinissa,

la

comme

Chréayant

Numides,

roi des

ejl

à ses descendants. ^

El-Kantara , 2.200 habitants.

du désert

et le

col d'El-Biar

chemin de

«

Au

sud-ouest de Batna, la route

en construction se dirigent vers

fe'r

(1.090 mètres), c'est-à-dire

mence, d'abord insensible,

la

des Puits

«

descente vers

ruisseau, l'oued El-Kantara, qui descend

le

j>,

le

où com-

Sahara; un petit

brusquement par une

succession de cascatelles d'une hauteur de plus de 300 mètres,

A

droite,

à

rochers calcaires, coupés de

failles,

hérissés de dents,

coule à

peine cà

côté de la route.

et là,

donné à

dressent des"

les falaises s'écartent, le

se précipite en cascade, traversé par a'

se

offrant à

dans leurs anfractuosités, un peu de terre végétale

où pousse un arbrisseau. Soudain qui

gauche,

la vallée le

nom

ex^cellence, celui (jui relie le Tell

ruisseau

un pont romain d'une

d'El-Kantara

:

c'est le «

au Saliara. De tous les

arclie

l^nt >

pat*

sites (k-i-rAî-


LA FRANCE COLONIALE

112 gérie, si riche

pourtant en beaux paysages, nul n'est plus fameux

:

est le contraste le plus net entre les plateaux et les oasis; l'Orient se

montre soudain par une l'hiver,

sur

un

de l'autre

«

de

celle

porte d'or

l'été

;

D'un côté

d.

en haut

est le Tell

,

est la région

en bas

versant, la montagne est noire et couleur de pluie

rose et couleur de beau temps,

A

ses pieds

on

;

le

de

Sahara ;

sur l'autre,

voit s'ouvrir

une

vallée

El-Kantara.

l'eau serpente à l'ombre

nettes, formant les clairières

de

ensemble

et les

le village

les

:

hommes,

;

trois

groupes de maison-

d'El-Kantara, se montrent dans

l'oasis, tout différents

région septentrionale

peaux

de palmiers

demeures

de ceux qu'on a vus dans

et les jardins,

même

tout a changé d'aspect, et c'est

la

les trou-

une autre

lumière qui éclaire ces tableaux. Toutefois ce n'est pas d'El-Kantara

que

l'on peut

encore dépasser de

ou

sel et les <!

contempler l'immense horizon du désert

le vaste et fertile

»

par

il

faut

bassin dEl-Ôutaïa, sa montagne

thermes de Font-Chaude

Bains des Saints

:

,

appelés Ilammam-el-Salehin

les indigènes et situés à six

kilomètres


ALGERIE de Biskra; puis gravir un seuil,

au sud

la

mer

s'ouvre la

«

de Sfa, pour voir s'étendre

des sables tachetée des archipels d'oasis

Porte du Désert »,

immense

la plaine

le col

H3

Foum

es-Sahara,

se dérouler jusqu'à la

que

c'est là

:

que

l'on voit

hgne rouge ou

violette,

et

Tougourt.

noire parfois, de l'horizon des sables. L'illusion est complète

barre lointaine, on dirait l'océan*

Biskra,

Reine

7.100

habitants,

»

VAd Piscinam

du pays des Ziban ou du Zab,

»

une redoute appelée l'Aurùs

!

;

fort

cette

:

est

un

des

Romains,

«

poste militaire avec

Saint- Germain, au pied méridional de

son marché est très prospère,

elle

fabrique des burnous,

des haiks et de beaux tapis. L'oasis de Biskra renferme 130.000 tiers,

'

la

qui ont là plus ([u'ailleurs ce qu'ils demandent

E\is6e Weclvs, l'Afrique seplenlrionale.

:

les

(lai-

pieds


LA FRANGE COLONIALE

114

dans l'eau

et la tête

dans

le

feu; ses 5.000 oliviers datent, dit- on,

des Romains.

Dans

la villa

Landon, tout près deBiskra, s'épanouissent toutes

merveilles de la végétation tropicale

:

cocotiers, caféiers, cannes à sucre, eucalyptus, etc. etc.

mire en toutes saisons

les fleurs les plus belles et les

Le Zab renferme d'autres oasis, notamment les babitants révoltés furent

dont

1849, après un siège héroïque;

celle

exterminés par

On

y ad-

plus rares.

de Zaatcha, Français, en

de Sidi-Okha, célèbre par

et celle

son pèlerinage au tombeau de Sidi-Okba, de Kairouan, qui fut tué en 682 par

les

les

bamljous,

ficus, bananiers,

le

fondateur

musulman

Berbères.

les

Tougourt, 6.000 habitants, chef-lieu de l'oued Rhir et ancienne

Rouara,

capitale des

ville

de briques séchées au

soleil,

est située

dans un groupe d'oasis renfermant 160.000 palmiers, qu'arrosent

200 puits artésiens prenant

A l'est de Tougourt, un

autre groupe

précédent.

courent

Au

les

eaux de l'igharghar souterrain.

l'oued Souf, peuplé de Berbères Souafa, est

d'oasis ,

moins bien arrosé

le

delà est la région d'El-Areg ou des dunes, que par-

maraudeurs Ghaamba

les

brûlant que

et aussi

de plus aride,

c'est aussi

;

c'est le désert

actuellement

dans ce

la limite naturelle

possessions algériennes et tunisiennes tout ù la

CHAPITRE

qu'il

a

de nos

fois.

IV

GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE Agriculture. ture.

ses

La nature

vallées

;

le

— L'Algérie argilo sol

-

est essentiellement

calcaire

accidenté

canton, parfois dans chaque

propre à l'agricul-

ou limoneuse de

du

Tell

commune,

,

ses plaines et de

qui donne dans chaque

des terrains à des niveaux

différents, appropriés aux plantes des pays froids, chauds ou tem-

pérés; sa teip.pérature relativement chaude; des pluies suffisantes, et

les

surtout son climat varié, perniettent d'obtenir en Algérie toutes cultures

non seulement de l'Europe indistinctement,

mais

encore celles de l'Asie, de l'Amérique; de l'Australie, à part celles qui demandent uïi climat tropical et des pluies régulières.


,,

ALGERIE Aux tivés,

produits

si

du

variés

115

où 3.000.000 d'hectares sont

Tell,

faut ajouter les ressources spéciales

il

hauts Plateaux

celles des

du Sahara

et

cul-

même

dont on commence une exploitation très

,

productive.

Environ deux cents puits artésiens français, creusés dans

la

du Hodna et dans les bas-fonds sahariens, ont multiplié les champs fertilisés par l'irrigation au moyen d'eau jail-

plaine

oasis et les lissante.

Les puits sahariens. accepté la lutte contre

«

De

toute antiquité les Sahariens ont

climat et travaillé à

le

«

ressusciter la terre

»

à faire refleurir le sol aride. Bien avant que l'on ne forât des puits

en Artois, on en creusait dans l'Afrique septentrionale.

artésiens

L'indigène attribue la création des sources jaillissantes au souverain

mythique des premiers âges, Dou'l-Korneïn, Cornes le fds

^

,

que

de Jupiter

il

connaît

vert, »

le

prince aux

«

deux

légende confond souvent avec Alexandre devenu

Ammon. Aux

premiers âges, Dou'l-Korneïn per-

avec une tarière pour faire surgir les sources nouvelles

çait le roc

car

la

« la

comme

fontaine de la vie

l'oasis

aux hommes du désert

:s>

;

il

qu'il a fait naître. ,

et

est

immortel,

Mais

«

toujours,

n'apparaît plus

il

son œuvre ne fut continuée que par

descendants de ses premiers disciples,

formant

la

les

corporation

spéciale des ghethas ou plongeurs. Aidés du concours volontaire et gratuit de la tribu

prévoient fait

,

les foreurs

le jaillissement

de puits choisissent l'endroit où

ils

de l'eau souterraine, puis, après avoir

fumer un peu d'encens aux génies de

la

mer

inférieure,

ils

creusent la vasque superficielle et le trou cylindrique où s'amassent les

eaux corrompues du sous -sol. Attachés à des cordes en

de palme,

ils

se font descendre

au fond du puits

et

leurs couffins de terre et de sable, de débris rocheux,

nature des assises,

ébouleuses

môme

;

ils

et

fibres

remphssent suivant la

boisent en poutrelles de palmiers les parois

arrivent ainsi à

une profondeur dépassant 50, GO

75 mètres dans quelques puits, jusqu'à

la

généralement composée de pierre dure. Si l'eau

et

dernière couche, qu'ils

entendent

couler au-dessous d'eux brise son couvercle de roche par quelque fissure latérale,

naire

ils

ils

prévoient

peuvent être engloutis soudain; mais d'ordile

danger

et se font

remonter à temps, après

avoir brisé la pierre d'un dernier coup de pioche ou sous le poids

d'une lourde masse qu'ils laissent tomber de haut. Ces noirs fontainiers

du Sahar-a peuvent

rester cinq

minutes sous

l'eau.


LA FRANCE COLONIALE

116 «

science a modifié les procédés primitifs, et depuis 1856,

La

autres outils européens ont remplacé les couffins des

les tarières et

plongeurs. Sans avoir à descendre dans le puits de forage, l'ingé-

nieur français Jus put atteindre, à

Bahr-Tahtani ou

la

Mer

f(

séché de l'oued Rhir des marabouts

le

de

niètres de profondeur, le

»

qui coule sous

,

le lit

des-

première fontaine ainsi creusée reçut

et la

,

nom

traité d'amitié juré

inférieure

(30

Source de

«

désormais entre

la paix »,

en souvenir du

Sahariens et

les

les

Français,

créateurs des eaux vives; les mères y baignèrent leurs enfants

pour leur porter bonheur. Les Français, disaient les indigènes, avaient retrouvé c la tarière du prince aux deux Clornes la clef des ,

eaux souterraines cachée par

«

Végétaux. aujourd'hui

Pvome.

On

magiciens ^

les

— Les céréales sont

comme du temps où

le principal

»

produit de l'Algérie

celle-ci était l'un des greniers

de

récolte plus de 25.000.000 d'hectolitres de grains de toute

espèce.

L'orge, préférée pour les chevaux, au Heu de l'avoine qui serait trop échauffante, est ahmentaire

même

pour l'homme

porte surtout pour les pays à bière; son produit tient

rans, avec 10 milHons d'hectolitres. Vient ensuite le blé dur avec lequel on fabrique

importé d'Europe est assez

peu

et plus délicat.

cultivé

Les légumineuses très cultivées

par

on

:

:

le

tendre

le blé

(1

couscoussou d'hectolitres)

,

le

est

La pomme de

terre et surtout les

comme

pri-

France.

et la

en grand progrès aujourd'hui dans

d'Alger, Médéa, Miliana, Oran, Bône, pour

dont l'usage est interdit par cultivaient -ils

humide,

sorgho.

légumes des jardins de la plaine d'Alger s'exportent

La vigne

sol

fèves, lentilles, pois chiches et autres, sont

les indigènes.

meurs pour Paris

premier

le

Le maïs exigeant un

remplace par

le

miUion

,

(5 millions d'hectolitres), puis

elle s'ex-

;

que pour

Mahomet

:

du vin,

aussi les indigènes ne la

On compte

le raisin.

les districts

la fabrication

45.000 hectares de

vignobles produisant 800.000 hectolitres de vin. ij'olivier

prospère surtout dans

de Tlemcen; l'oranger,

commun;

le dattier

l'eau et la tête dans

1

la

Kabylie

le citronnier,

et

dans

des oasis, qui veut être cultivé le

feu

»,

donne

Elisée Reclus, l'Afrique seplenlrionale.

les

environs

à Blida; le figuier est très

à lui seul la

<r

le

pied dans

moitié de la nour-


ALGÉRIE du

riture

désert, outre

au tissage des nattes mier.

Un

et

que son son

117

Ijois sert

à la charpente, ses fibres

fruit à la fabrication

hectare de dattiers produit vingt

du vin

de pal-

dit

plus qu'un hectare

fois

de céréales.

Parmi

les plantes industrielles, le

tabac est en progrès, d'autant

plus que sa culture n'est pas soumise à la régie le lin est

du Sig

Le coton

aussi très usité.

et

de l'Habra

,

mais

il

comme en

croit très bien

dans

France

ne peut actuellement soutenir

currence étrangère; en revanche

l'alfa,

moment

la

con-

ou spita tenacissima , sorte

de graminée haute d'un mètre, croissant en abondance sur teaux, est en ce

;

les plaines

les pla-

du

exploité en grand pour la fabrication

papier, des cordages, tresses, sacs, tapisseries et tissus résistants.

graminées

L'alfa, le sparte et le diss, autres

de dix millions d'hectares bétail des

Les

;

textiles,

couvrent plus

pousses tendres sont mangées par

les

le

nomades.

forêts, bois et broussailles

tares et couvrent généralement

montagneux de

ont une étendue de 2.500.000 hec-

une

partie de

chacun des massifs

l'Atlas tellien, particulièrement l'Aurès.

Les princi-

pales essences sont le chêne-liège (275.000 hectares), plus abondant

en Algérie que partout ailleurs; pin d'Alep

en moindre quantité,

;

Il

est juste

importé d'Australie

et

que

sences diverses.

que

le

chêne vert, le

le

chêne zéen

et le

cèdre, le thuya et autres es-

de mentionner encore l'eucalyptus,

l'on plante

dans

les endroits

marécageux

l'on veut assainir.

— Le bétail,

Animaux.

l'une des grandes richesses de l'Algérie,

compte plus de 11.000.000 de

têtes, dont les dix-neuf vingtièmes

appartiennent aux indigènes et vivent aux pâturages. Les espèces sont généralement rustiques et de

taille

médiocre.

Les hêtes à cornes (1.200.000) sont petites, mais sobres bustes

;

solides,

les

mais ne donnent qu'une laine

7.000.000,

il

commune; au nombre

errent dans les steppes et les plaines du sud,

pourraient en nourrir trois

fois

plus.

de

qui

Les chèvres, relativement

nombreuses (2.500.000), comptent pour un et

et ro-

bœufs servent au labour. Les moutons sont grands,

tiers

dans

les

troupeaux

nuisent trop souvent aux forêts et broussailles; elles donnent

surtout

le lait;

on a introduit

porcs, maudits par

le

la

chèvre d'Angora à long poil. Les

Prophète, commencent seulement à trouver

(hoit de cité depuis l'occupation française.

Les chevaux algériens sont peu noml»roux (150.000);

ils

appar-


LA FRANCE COLONIALE

118

tiennent aux races barbe et arabe dont la réputation dernière surtout, est universelle et méritée

course

la

,

pour- cette

rien n'égale pour la

:

valeur de la jument arabe, petite, de

membrure

fine,

souple et vigoureuse, d'une sobriété, d'un courage et d'une douceur extraordinaires.

On compte

Les chameaux, ces

350.000 ânes

et mulets.

vaisseaux du désert

«

d

,

de l'espèce à une

bosse appelée dromadaire, sont au nombre de '220.000; toutes sortes de services

comme

somme, à lait et à viande. en moyenne 150 kilogrammes et le

nombreuse.

On

volaille est assez

du

ver à soie; les abeilles de la Kabylie

animaux sauvages,

les

,

lieues par jour.

essaye l'élevage de l'autruche

La

Parmi

donnent de bons produits.

le lion et la

panthère deviennent

plus rares; l'hyène et surtout le chacal se trouvent

dans

le Tell

;

le

rendent

bêtes de

Le chameau de charge porte chameau coureur ou méhari fait jusqu'à 30

et

ils

renard fenec, les antilopes,

nombreux jusque

les gazelles et les

autru-

ches, sont principalement dans le Sahara.

Industrie.

— L'Algérie

est

moins

industrielle qu'agricole, ce qui

s'explique par le défaut de bras et par la faciUté d'obtenir d'Europe les

produits manufacturés

on

:

se contente

donc d'exploiter

les

ma-

tières premières que l'on destine à l'exportation.

Sauf

combustible

le

qui paraît être rare

,

,

On

mines de toute espèce. Le fer y abonde.

en

l'Algérie est riche

exploite

du

fer

magné-

tique très propre à la fabrication de l'acier, dans le massif de Bône,

surtout

Hamra,

Mokta-el-Hadid, aux mines d'Ain- Mokra,

à

etc.;

raya dans

de l'hématite rouge à

Zakkar-Gharbi

le

,

dans

Çouma la

de Bou-

près de Boufarik, à Gou-

montagne des Béni-Saf

près

et

d'Oran.

Le

i^lornb argentifère s'exploite à

Gar-Rouban

et

au djebel Fil-

haoucen, près de Lalla-Maghnia; à Kef-oum-Teboul, près de Galle, et

au cap Cavallo, près de Djidjelh

Mines, à Aïn-Barbar

Batna; V antimoine et

(

;

le cuivre, à

la

Mouzaïa-les-

Gonstantine), et à Ghil-oum-Djin, près de

et le

zinc près de Guelma; le mercure à Taghil

près de PhiUppeville.

Le

sel est

extrêmement abondant

et s'extrait

de diverses manières:

des eaux marines dans la saline d'Arzeu et la sebkha d'Oran

mines de salés

sel

gemme

,

des

de Guerab, près d'Aïn-Témouchent, des lacs

ou chotts des hauts Plateaux

et

du rocher de

sel

d'Outaïa

(Batna). Il

faut citer encore le

marbre onyx d'Ain -Tekbalek, sur Tisser


,,

ALGERIE marbre blanc

occidental, le

119

statuaire de Filfila, près de Philippeville;

eaux minérales d'Aïn-Merdja

Vargile plastique de Kabylie; les

(Tafna), les Bains de la Reine, près d'Oran

Melouan, de

de l'Harrach,

la vallée

Les principaux produits fabriqués sont

Bône Guelma ,

Blida, Alger

tantine et à

Philippeville

,

les

;

Tlemcen

nages à Biskra,

les

;

les tapis à

couteaux

à Gonstantine

,

les cuirs

,

Mascara

(bains)

à Gonstantine

,

Aumale

,

maroquinés à Gons-

armes en Kabylie,

et les

femmes des

Alger, les vêtements brodés par les

hammam

Vhuile d'olive, àTlemcen,

:

les farines

;

pâtes alimentaires

les

;

Meskoutine, près de Guelma.

et

tribus

du

les

;

les

lai-

bijoux à

désert.

— Le commerce intérieur de province à province

GoMMERCE.

est

relativement peu considérable, car chaque province a des produits similaires Il

;

le trafic se fait

ne dispose d'aucun

n'existait

il

essentiellement entre le pays et l'extérieur.

canTil,

d'aucune rivière navigable.

aucune autre route que

les sentiers

En 1830,

de caravane, mais

l'administration française a depuis lors créé -12.000 kilomètres de

chemin, dont 3.000 kilomètres de routes nationales classées, desservies par des voitures publiques. elles les villes

du

Tell,

Non seulement elles

relient entre

mais une route va d'Alger à Laghouat, une

autre de Gonstantine à Biskra, et une troisième de Gonstantine à

Tébessa vers l'intérieur du pays.

Les chemins de

activement; 2.000 kilomètres

fer se construisent

de lignes sont exploitées. Une ligne longitudinale met en communi-

Oran avec Alger, Gonstantine et Tunis (sauf une intermomentanée en Kabylie). Des lignes transversales ou per-

cation directe

ruption

pendiculaires à la côte vont d'Oran à Sidi-Bel-Abbès, d'Arzeu à

Saïda

et

Mécheria sur

le

plateau (pour l'exploitation de l'Alfa), de

Philippeville à Gonstantine et Batna, de

Bône à Guelma

Des lignes télégraphiques (10.000 kilomètres) villes

du

Tell et s'avancent jusqu'aux confins

et

Tébessa.

relient toutes les

du Sahara. Le réseau

algérien est raccordé "avec le réseau français par les câbles sous-

marins d'Alger

et

de Bône à Marseille.

Le commerce extérieur de

l'Algérie

comprend

le trafic

par

mer

avec l'Europe d'une part, ot parterre avec les contrées limitrophes d'autre part.

dont les

les

Il

est

peu considéral)le avec

produits sont analogues, de

caravanes se sont détournées vers

notre occupation. Ge

commerce par

le

môme le

Maroc

qu'avec

Maroc

et la le

Tunisie

Sahara, dont

et le Tripoh,

terre consiste

depuis

en importation

de peaux, laines, dattes, gommes, plumes d'autruches et plantes


,

LA FRANCE COLONIALE

120

médicinales, que nous troquons contre du numéraire, du sucre,

du savon, des

armes, des articles de quincaillerie et de

tissus, des

mercerie.

Le commerce extérieur par mer est au contraire, en progrès très appréciable. D'une valeur de 8 millions en 1830, il monta en 1850 ,

à 94 millions, dont 73 à l'importation

et

21 à l'exportation

à 300 millions, dont 175 à l'importation

1884,

a atteint

il

et

en 1870

;

125 à l'exportation

485 millions, dont 342 à l'importation

;

en

143 à

et

l'exportation.

Les pays avec lesquels l'Algérie l'importation

:

la

France

,

pour

fait le

les 4/5

pagne, pour 1/12; puis la Norvège

,

;

plus d'échanges sont, pour

l'Angleterre,

l'Italie, les

pour 1/8

Pays-Bas,

la

:

l'Es-

Belgique

et les États barbaresques.

L'importation consiste en tissus

vêtements sucre,

,

surtout de coton et de laine

manufacturés

et autres objets

le café, la houille, la

;

,

puis viennent les vins, le

fonte et divers objets en fer.

L'exportation consiste en produits agricoles

:

céréales et farines

légumes de primeurs pour Paris, bestiaux, peaux, laines; poissons de mer, graines oléagineuses

et huile, liège et

bouchons,

vers textiles, minerais de fer et autres, marbre et

Le et

trafic

extérieur se

sel.

presque entièrement par

fait

d'Oran (chacun pour 35

0/0),

alfa et di-

les ports

d'Alger

de Philippeville (16 0/0), de Bône

(10 0/0); viennent ensuite, par ordre d'importance, les ports d'Arzeu,

Mostaganem, Bougie, Nemours, Beni-Saf, Cherchell.

jelli et

Ils

la Galle, Dellys, Djid-

sont surtout en relation avec Marseille et les autres ports

français.

Le mouvement des ports

algériens est de 4 millions de tonnes,

transportées par 9,000 navires, entrés ou sortis, naviguant pour les

deux

tiers

sous pavillon français, pour

un quart sous

pavillon

anglais, les autres sous pavillon espagnol, italien, norvégien, etc.

La marine marchande

spéciale de la colonie jauge 40.000 ton-

neaux.

Alger communique presque chaque jour par vapeur avec Marseille,

soit

Cette.

Oran

directement, soit en faisant escale à Port-Vendres ou à et Philippeville sont aussi

en relation régulière principa-

lement avec Marseille. Ces ports sont desservis par

les

paquebots des

trois

Transatlantique, Touach et Messageries maritimes.

compagnies

:


,

ALGERIE

121

ÉTYMOLOGIES DES MOTS ARABES ET BERBÈRES USITÉS DANS LA GÉOGRAPHIE DU NORD DE L'aFRIQUE

Add, au

pluriel, ahùJ, servi-

Ex. Abd-Allah, serviteur de Dieu. Abiad, Ahiod, au féminin Békia, blanc. Ex. Ouedel- Abiod, la rivière blanche. AssiF, Hassi, Haci, B., puits. Ai IRAK, pluriel Idraren, B., montagne. teur.

:

:

Ai;adir, ^\m\(i\ Igadlren, B.,

pays

ou

des

jujubiers

(Bône); Blida,

la

petite

fils,

tribus

phu"iel, heni,

berbères Beni-Mansour, fils du Victorieux. BiR, pluriel, biar, abiar, abar, :

puits.

Boghar, bou-ghar, caverne. BoRDJ, corruption du latin burgus, bourg, château ou

rocher, forteresse.

Ahmar, fém. Hamra,

rouge. AÏN, pluriel Aïoun, eau, som-ce, fontaine. Ex. AïnTémouchent, source aux chacals. AÏT, B., descendance, famille synonjTiie de Beniet Oulad, en arabe. Ex. Aït-Lhassen. :

;

:

Bou, abou, père

Bordj-bouel-Arreridj, château du père au plumet signifie aussi :

;

la position, la possession

:

Bou-farik, l'endroit du blé hâtif (.)ued-bou-merzoug, ;

rivière de la fertilité.

:

Akhal,

lée de l'orge.

noir.

Aksa, lointain. Ex.: Maghrebel-Aksa, l'occident lointain (le

Alma, Aman,

B., prairie.

B., eau, source; en arabe, grâce, pardon. Arab, arb, arbi, les Arabes. Arba, le mercredi ou 4*^ jour :

Souk-el-Arba, marché du mercredi. Areg, arig, sing. arga, dunes de sable. ASFAR, fém. safra, sefra, jaune. AziB, B., cabane, ferme. AzRAG, azreg, fém. zerga,

cheur,r8seau de montagnes.

Chergui,

pi. cheraga, orienChott-el-Chergui, le chott de l'est.

tal

:

Chiffa, rivière. Chott, schott, pi.

cîitout,

tout, rivage, et

cho-

par exten-

sion, lac salin qui se des-

sèche en été Chott -elDjérid, le lac des palmes. Dahra, nord, opposé à Gue:

porte, entrée. Bagdad, plaine nue. Bahar, liuhr, mer, lac,

ma-

rais.

Daya,

pi. diar, diour,

maison,

bled, terre,

pays, champs Beled-elDjérid le pajs des palmes Bled-es-Soudan, pays des noirs Bled-el-Anaba ville :

,

;

,

;

Cette

liste

est dressée

pi. :

Draa,

Dra, bras, colline Dra - el - Mizan allongée bras de la balance. Drinn, graminée à grain comestible. Eghris, Egris, plaine, de Gheris, troupeaux. El, article le, la. L se change en 11, r, t, s, lorsque le mot suivant commence par ces :

lettres Abd-er-Rhaman. Fahs, campagne, champ. Fedj, pi. Fedjoudj, passage, col.

Fogara,

puits à galerie

ou

canal souterrain. FoNDOUK, caravansérail, auberge. Village près d'Alger. FouM, bouche, entrée, défilé. G. La lettre G dans les mots lierbères surtout est gutturale et se remplace souvent par R. Ex. Rhir pour Ghir, :

Rhadamès pour Ghadamès. Galaa, Kalaa, forteresse :

Coléa.

Gour, butte dans

pi.

la plaine.

Garaa, Guérah, bas -fond,

dhaija, prairie

humide,

bas-fond, mare. Dhar, dahr, dos, versant, cime. Dira, comme Adrar. Djebel, montagne DjebelChegga, monts des crevasses. :

BÉlDA, blanche. Belad, hlad, beled,

joli.

Djezaïr, île, presqu'île Al-Djezaïr, les îlots (Alger). Djoun, baie, golfe. Djurdjura, jurjura, glouglou, cascade V Douar, groupes de tentes,

Gara,

bla, sud.

Dar,

Djezira,

:

cherb. crête. cherbket, filet do pê-

station.

bleu.

AzROU, B., roche. Bab, pluriel, bihàn, ahouad,

'

Chareb, Chebka,

Cheikh, chef, vénérable. Cherchar, cascade.

Maroc).

Djemel, chameau,

village.

fort.

Akhdak, fém. Khadra, vert. Chaaba, chabet, chab, ravin, Akba, montée, coteau. gorge. Akbou, Kouhha, coupole, Chaïr, orge Oued-cliaïr, valmausolée.

et vendredi (jour de réunion dans la mosquée);

école.

ville.

Ben,

^

étang.

Guar,

pi.

verne

:

G hirân, grotte,

ca-

Boghar.

Gharbi, rharbi, occidental

:

Chott-el-Gharbi.

Gharia,

forteresse.

:

GHÉDiR,j-V?iV, trou plein d'eau. (ihourd-esGUOURD, dune

Djema, Djemmaa, réunion,

Sba, la dune du lion. GouM, contingent de cavaliers

Oued-Djedi, Djedi, sable rivière du sable. conseil, et par extension,

mosquée (lieu de la réunion)

d'après JlaUebrun, le ffûnéral

:

pour une ex))édition. GiEBLl, méridional.

Parmentior, M. Duveyrier, M. Clicrbonncau

(Revue de Géo'jraphie) et M. Kli8(^-e Reclus ( l'A/nqnc geptcntiionaJe). On y adopte ordiiialrerucnt l'ortlii)grai)lie des documents ofliclols sur l'Algérie mais il est bon d'observer que l'on n'est pas d'accord sur la nianltTc do transcrire les sons arabes par des lettres franc^alscs et que de nombreuses variations existent. dciniions locales Pour Ctre bref, nous ne ici que les définitlims, avec des oxeinpUs pour quelques noms seulement la lecture dos chapitres de l'Algérie et do la Tunisie fnurnlt l'occasion d'y trouver des applications nombreuses. La lettre B marque les mots d'origine berbère. ,

;

:


LA FRANCE COLONIALE

122

]\L\di:r, b., plaine, confluent. OuM, oumm,TCiltT(i; en topoGuERN, Korn, pointe, pic. graphie, lieu, même sens Mafrag, séparation. GuKTAR, source lente. que bou. Haad, dimanche Tcniet-el- Maghreb, iMor/reb, occident :

;

à l'ouest de l'Égj^jte, pour les Arabes. Magrousi, carrefour des chemins.

OoRTi,

Haïk, ample vctemeiit. Hallodf, sanglier.

Mahalla campement.

Hamada,

Maléh, melah, milh, sel, salé. Mansodr, fém. mansoura,

Ras, raz, pi. vous, tête, cap, chef Seba-Bous, sept caps. RiF, pi. riouf, rivage, lieux

Ilâad.

Hadjau, pierre, roche. Hadj, pi. Iladjadj i)èlerin ,

de la Mecque.

,

Maïz,

plateau rocailleux

et désert, causse.

Hamma

thermale

source

,

hammam,

pi.

thermes

:

Hammam-Meskoutine,bain des Maudits.

Hanout,

Haounit,

pi.

les

tombeaux.

Hassian,

pi.

puits

la brassée, ce qui est

contenu dans

le bras plateau encaissé. ICH, yich, B., corne, cime. Idelès, le diss, sorte de graminée Dellys ? In, B., c'est la prép. dans In Salah, le paj's de Salah. ,

:

:

Kalaa, forteresse. Kalhil, noirâtre.

plaine.

cultivés.

Reg,

victorieux.

merhout, sing. lié à mérabline, dévoué quelqu'un, sacré. Marsa, mersa, mers, port, havre, ancrage. Mascar, maascar, le camp Mascara. ,

Matmor, silo, grenier. Mechera, chemin de l'abreuvoir, gué.

le sable.

Hodna,

de hortus, jardin.

:

:

Haodch, ferme. Harrouch, broussaille. Hassi, dans

maza, chèvre.

hammamat, [Marabout,

source,

l)ain,

;

pi.

B.,

OusTii, centre, milieu. OuTA, outaya, la grande

sol

ferme, plat.

Remel, roumel,

sable.

RouM,

roitmi, fém. roumia, les Romains, et par extension, les Chrétiens.

Saada, sada, fém. saida, bonheur.

Safra, fém. de J..9/ar, jaune. Safsaf, saule, tremble. Saguia, canal d'irrigation. Sahara, plaine vaste et im-

productive. Mechouar, salle du conseil. Sahel, rive, littoral. Mechta, quartier d'hiver. Médina, medinet, pi. modon, Sebkha, dépression ou ville, et aussi terrier, clapier.

lac

salé.

Senn, dent, cime aiguë. Medjaz, gué, passage. Méhari, pi. meJiara, chameau Sera, serra, cime, crête. de

Serir, seghir, petit.

selle.

Melghir, spongieux. Merdj, pi. Moroudj, pré marécageux, herbage.

SiDi, si, seigneur, sieur. SiF, sabre, crête de dune. Smala, réunion de la famille,

des serviteurs et des trouMerzoug, messaouad, mipeaux. moun, prospère, heiu'eux. Gucntra, pont. Souk, marché et bazar. Mezar, lieu de pèlerinage. Kasbah, kashat, citadelle. MiA, miyâ, cent Oued-Mia, SouF, B., même sens que oued. KoBOR, tombeau. rivière aux cent bras. SouMiNA, minaret, tour. KÉBiR, grand Oued-el-Kébir. MiLiANi, abondante, remplie. SoUR, rempart, mur d'enKÉDiM, ancien.

Kantara,

Gantra,

pluriel

:

:

Kef, kaf, Khalifa,

pi.

hlfân, rocher.

calife, lieutenant,

suppléant.

Khamis,

le 5"

jour de la se-

maine, jeudi.

MiTiDJA, la Couronnée, l'Entourée (de montagnes?)

MouzAÏA, enflée, gonflée. MsiD, endroit giboyeux. MsiLA, le torrent.

Naam, autruche. Khang, hheneg, gorge, col. Kharba, hherba, kroub, ma- Nador, tour de guet,

vigie.

Nar, cours d'eau.

sure.

Knatir, arcades ou aqueduc. Nakhla, pi. nakhal, palmier, palmeraie. Khou, pi. Khouan, fi-ère,

sition à la plaine déserte.

NAiious, moustiques.

confrères.

ceinte.

Sunnite, de sunna, tradition. Tabia, clos, enclos. Tadrart, b., montagne. Tala, source, fontaine. Taleb, pi. tolba, lettré. Tare, extrémité, promontoire. Tayeb, fém. taiba, bon. Tell, tel, de tellus, colline, terre productive, par oppo-

KouBBA, coupole, tombeau Nebka, colline de sable, dune. Ténia, teniet, col, défilé. élevé à un marabout. Nezaa, nza, tumulus, endroit Tessala, broussailles. d'un crime. KsAR, pi. ksour, château, Tit, b., source. bourg fortifié, plus ordinai- Ogla, réunion de plusieurs Tizi, B., col Tizi-Ouzou, :

rement village entouré de murs.

Lalla ou

Iclla, B.,

dame

vé-

nérée, sainte.

Ma, pi. miah, amia, Mabrouk, béni.

eau.

Macta, mockta, carrière, chée, gué.

OuAD, oued, ouadi,

pi. ottidan,

Trik, chemin, route.

rivière, torrent;

par exten-

Touta, mûrier. Zaouïa, école, centre

sion, lit

à sec ou dépression,

gieux.

vallée, fosse.

Ouled, oïdad, oualad, tran-

col

des genêts.

puits.

les

lils

de...

Odldja, champ du labour.

Zemla, dune allongée. Zeriba, de zerb, haie. Zerzour, étourneau.

reli-


TUNISIE

CHAPITRE

I

NOTICE HISTORIQUE Nous ne pourrions mieux résumer l'histoire ancienne de qu'en empruntant

«

Ce

royaume de Tunis,

petit

dues à Ma^ Lavigerie, actuel-

les lignes ci-après,

lement cardinal-archevêque d'Alger

Tunisie

la

et

de Carthage.

dit le

.

savant prélat, appartenait,

dès l'origine, à l'ensemble des contrées de l'Afrique du Nord con-

nues sous

dénomination générale de Libye. C'est

la

donnent nos Livres toire profane. les «

saints, et après

eux Hérodote,

nom que

le

père de

Les Libyens ou Laahim étaient, d'après

la

leur

l'his-

Genèse,

descendants de Cham.

Une

race préhistorique a laissé les traces de son passage en

reste,

monuments mégalithiques qui se en grand nombre dans toutes les régions

depuis

la

Tunisie dans

a

le

les

retrouvent, du

qui

s'étendent

Gyrénaïque jusqu'au détroit de Gibraltar.

D'après

les traditions locales recueillies

par Salluste, des armées

confuses de Perses et de Mèdes se jetèrent plus tard sur après avoir traversé

le

nord de l'Arabie

le

et celui de l'Egypte,

pays,

les

habitants ne leur permirent pas de s'établir. Poussées par l'entraî-

nement de

la

conquête jusqu'au delà du détroit de Gibraltar, mais

arrêtées par les belliqueuses populations des Gaules, elles

revin-

rent sur leurs pas et s'établirent définitivement dans l'Afrique

Nord, entraînant sans doute avec qu'elles

avaient

d'abord

(ki

elles une partie des populations

vaincues.

C'est

ce

qui explique, avec


LA FRANGE COLONIALE

124

l'usage

des Carthaginois de lever partout

cenaires,

et

des

légions

avec l'invasion ultérieure des Vandales,

la

de merprésence

parmi nos populations africaines de types nombreux des races du nord. D'autres peuplades, chassées de la Palestine et de la Syrie, sui-

«

virent la

même

route qui fut pendant des siècles, celle des grandes ,

migrations de l'Asie occidentale, et se mêlèrent aux premiers vainqueurs. Enfin, chose très peu remarquée et qui expHque néanmoins

Carte de

quelques

faits

la

Tunisie.

des temps postérieurs et

même

de l'époque contem-

poraine, des troupes nombreuses d'Israélites vinrent, toujours en suivant la

un

certain

môme

voie, à l'époque des désastres de la Judée, habiter

nombre des

points de l'Afrique, où elles formaient des

tribus séparées. Elles ont en partie subsisté jusqu'à nos jours. ville

de Tunis compte en ce

moment

35.000

La

juifs indigènes. Il s'en

trouve, assure- 1- on, plus de cent mille dans la Tunisie, où leur influence s'accroît chaque jour,

de

comme

en Algérie, par

la

puissance

l'or. «

les

Pendant que

l'intérieur se trouvait ainsi

unes sédentaires

,

les autres

nomades

,

occupé par des tribus,

selon leurs diverses ori-

gines, le littoral devenait le siège de comptoirs puissants, formés



,

LA FRANGE COLONIALE

126

par Tyr

mêmes

maritimes de ces

et les villes

régions de

l'Asie

d'où étaient venues autrefois les populations de l'intérieur. C'est ce que mettent chaque jour davantage en lumière les études poursuivies avec persévérance depuis notre occupation algérienne.

comment les nombreux comptoirs phéniciens Meninx Cercinna Thenœ Leptis Abrotonum

Cela explique aussi

de

Tunisie

la

:

,

,

Thapsus Adrumète Aspis ,

,

le plus célèbre

enfm

,

de tous

,

Neapolis

Carthage

,

,

Nepheris

,

,

ont

si

,

Tunis

Utique

,

et

facilement trouvé à

établir autour d'eux leurs relations commerciales et à se créer des alliés.

« L'histoire

besoin de

actuelle. Inutile

par

s'assujettit,

qu'elle

toutes les

alliances,

soit

rappeler à nos lecteurs.

savent

Ils

«

la

pohtique de Carthage est trop connue pour qu'il

son

commerce

ses

et

côtes et la plus grande partie de la Tunisie

de rappeler

comment

cette république, qui

domi-

nait par son admirable situation maritime le reste de l'Afrique et les îles

de

la

craintes

de

celle-ci livra à sa rivale le duel gigantesque

Méditerranée, excita

Rome, comment

la jalousie

et les

termina par les victoires de Scipion

elle faillit périr, et qui se

et la

ruine de la patrie d'Annibal. Je remarquerai seulement que ce long travail des siècles avait

«

un but providentiel, et que l'Afrique du Nord se trouva ainsi réunie au monde romain au moment précis où celui-ci allait recevoir l'Évangile et le répandre par les envoyés de Pierre et de ses suc-

cesseurs.

faudrait maintenant, avant de parler de nos souvenirs chré-

« Il

dire

tiens,

ce qu'elle était au point de vue religieux et

lorsque l'Évangile y fut prêché. C'est là, en qui peuvent car

et

doivent intéresser

que

n'est autre chose

il

pour ramener à

lui

encore, je ne puis, vous

le

et

effet,

un

des aperçus

plus des lecteurs chrétiens,

la constatation

âmes

les

le

moral,

les

du

travail

de Dieu,

nations perdues. Mais,

comprenez, qu'indiquer

les

ici

sommets

des choses. a

Tertullien montre, les

llagelle

erreurs

croyances et celui des

et

dans

les

les vices

mœurs

écrits substantiels et forts

de son temps,

étaient

,

à Carthage,

il

que Tétat des

comme

la résul-

tante des éléments divers que chacune des invasions successives

dont

j'ai

« Il

parlé avait portés avec

elle.

y constate tout d'abord l'idée de Dieu, qu'il a, le premier,


TUNISIE appelé éloquemment

ùme naturellement chrétienne. On monuments mégalithiques des plus

d'une

le cri

retrouve jusque dans les

la

127

anciens habitants de nos contrées.

Tyr porta naturellement

«

maintint à Carthage ses superstitions

C'étaient ceux-là

et ses dieux.

noms

et

mêmes dont

Baal ou Moloch,

céleste.

On

comme

Mais rien de cruel

immolait à Saturne,

de sang-froid,

et

«

leurs propres enfants.

«

enfants des pauvres et les égorgeaient

«

la

un soupir

« «

le

au

comme

les

de tendres agneaux

;

sans jeter une larme ni pousser

sacrifice,

lui faisait

la statue, était

perdre

nombreuse de musi-

placée une foule

«

ciens qui jouaient de la flûte et d'autres instruments,

«

pêcher qu'on entendît

Rome, après

«

sachant

le

Ceux qui n'en avaient pas, achetaient

moindre signe d'attendrissement

le

à Tanith,

prix du sacrifice, et elle ne sauvait pas son enfant. Cependant,

autour de

«

;

en

la

Plutarque, que les Carthaginois immolaient

dit

((

assistait

« C'était

:

rendu

le culte

et peut-être aussi

des victimes humaines et surtout des enfants.

mère

des Phéniciens

Saturne des Romains, Astarté ou Tanith,

le

Vénus

déesse ou

à ces divinités.

sous des

est parlé,

il

divers, dans les saints Livres, à propos

les cris

noms de Saturne

et

de Vénus. Telle

»

ses dieux avec leurs

sa conquête, apporta tous

qui firent revivre celles de Baal et

infamies,

pour em-

de ces malheureses créatures.

d' Astarté

sous

les

de

était la situation religieuse

région de Carthage au premier siècle de notre ère.

la

Une

«

tradition, conservée par de graves écrivains des premiers

siècles, veut

que saint Pierre lui-même

soit

venu

visiter l'Afrique

et y porter les prémices de la foi. Nous l'apprenons de Flavius Dexter, évêque de. Barcelone, contemporain de saint Jérôme, qui en

a

fait l'éloge et

auquel

dans sa chronique

lit «

qualité de vicaire

«

partit ((

il :

a dédié son livre «

du Christ,

pour V Afrique

fils

Joseph;

et

ils

viris illustribus.

l'Egypte.

On

Pierre,

se rendit en Espagne...

Les ménologes grecs y font venir

de son

De

Année de Jésus -Christ, 50.

De

là,

en il

»

Samaritaine, en compagnie

la

auraient habité Carthage, y prêchant

le

que, dès

le

Christ. «

Quoi

qu'il

en

soit

milieu du second

de ces traditions,

siècle,

il

se tint à

il

est certain

Carthage un concile où se

trouvaient réunis jusqu'à soixante-dix évéques.

Mgr Lavigerie passe en revue cliristianisine à

l'histoire

travers les persécutions

»

de l'établissement du

des empereurs romains


,

LA FRANCE GOLO^JIALE

128

d'abord, puis des Vandales ariens (vc siècle) et des Arabes musul-

mans

Ensuite

(vii° siècle).

à ce propos une énumération des

fait

il

lieux et des faits historiques qui intéressent

mais qui sont, pour ainsi

gion,

dire, les

non seulement

la reli-

antécédents de l'occupation

française de cette partie de l'Afrique. C'est pourquoi nous la repro-

duisons

tout en abrégeant les détails

,

Ce court résurné de tant de

«

à montrer

suffit

combien notre

au monde chrétien. Je

:

de catastrophes

,

le

souvenir,

poussière,

la

le

répète, Carthage et le

comme un immense

sont

d'elle

reli-

mais où tout

sans doute,

quaire, longtemps oublié et profané

garde

d'héroïsme

,

terre tunisienne doit être vénérable

déjà dit, je

l'ai

qui va dépendre

territoire

foi

sang des serviteurs de Dieu,

le

et

de notre devoir de remettre en honneur. Les chrétiens

qu'il est

d'Europe qui viennent en Tunisie, soldats,

le

et

jusqu'à nos officiers et nos

comprennent déjà pour Carthage,

et

ne peuvent con-

templer sans émotion, du haut de Byrsa, l'ancienne acropole, notre Saint- Louis actuel, les ruines qui les entourent et qui toutes

noms,

rappellent les

Et déjà, à Byrsa

«

les vertus, le

môme, où

martyre des

saints.

étaient le palais

du proconsul, son

prétoire, les prisons publiques, quels souvenirs touchants et

parables et

du second

C'est là qu'avant la fin

!

comparurent ces martyrs

scilli tains

incom-

enfermés

siècle, furent

qui, les premiers,

entendre à leurs juges sur la terre d'Afrique

langage de

le

firent

la liberté

des âmes. C'est là encore que saint Cyprien comparut une pre-

mière «

fois

même

au

tribunal, et

Je suis chrétien et évêque le

«

qu'ils

renferment,

mées avec de

;

je

seul vrai Dieu qui a créé

«

leurs

d

:

ne connais point d'autres dieux que

le ciel

,

la terre et la

que Perpétue

C'est là

compagnons,

entendre ces belles paroles

fit

se

mer,

et tout ce

et Félicité furent enfer-

montrant au-dessus des

faiblesses

la nature. «

Non

loin

de Byrsa, voici l'amphithéâtre

étaient livrés

aux bêtes, où

cette passion

du sang

fessions.

Sur

la voie

saint Cyprien. ville, les

lien,

A

et

saint

Augustin

des spectac>as dont

des Mappales, est

quelques

jets

les

s'assit tout il

chrétiens

brûlant de

parle dans ses

le lieu

de

la

Con-

sépulture de

de pierre, en se rapprochant de

la

anciens cimetières chrétiens, ces arecC dont parle Tertulles fidèles célébraient leur culte

Près des anciens remparts (juatre cents

,

on

au temps des persécutions.

voit la place

s'étaient réunis les

évêques catholiques qu'Hunéric avait mandés à Car-


TUNISIE

129

thage sous prétexte de discuter de la foi avec ses ariens, et qu'il envoya tous en un même jour en exil, après en avoir fait écraser plusieurs sous les pieds de ses chevaux.

Dans

l'intérieur

de

la cité,

^^^^^^^^^«^S^^^^^^!^^^^^^^^^^^!^^^^[^

c.x^xv^v>c<SÎOXS^*^^^*;:*v^

Tuiii^ieni.e cl son cnCanl.

et

presque toutes ensevelies dans

le

sol

se tinrent tant de conciles, lumières

,

les

ruines des basiliques

du monde

chrétien. Enlin

près de la place Neuve, au haut des grands escaliers conduisant


LA FRANCE COLONIALE

130

des quais aux plus Ijeaux quartiers de Carthage, l'emplacement des

thermes de Gargilius, où Augustin, Possidius, Alype, soutinrent victorieusement la

catholique contre les Donatistes,

foi

sous la

présidence du tril^un Marcellin, qui devait payer de son sang son

courage et sa droiture.

Mais

«

je

ne parle que de Carthage, alors qu'un

si

grand nomhre

d'autres églises réclameraient leur place dans ce tableau. « Il

montre l'immensité de l'œuvre de

faut savoir, et ce chiffre

réparation qui nous est confiée, qu'il n'y avait pas moins de trois cent cinquante-trois évêchés, dont les

dans

la

Taharka,

«

Hippone-Zavyte,

le

rivage de la mer,

mar-

l'Algérie, rappelle les trois

tyrs dont Victor de Vite a raconté

la

sont encore connus,

première qui se rencontre sur

la

en dehors des limites actuelles de

«

noms

seule Tunisie actuelle.

la lutte et la

la Bizerte actuelle,

mort bienheureuse.

a sa sainte Restitute, dont

légende ressemble à celle de plusieurs saints d'Afrique.

Utique

«

et sa

masse blanche. Massa Canclicla

martyrs dont

trois cents

les

:

cette

corps furent plongés dans

masse de chaux

la

blancs par leur innocence, autant que par leur sépulcre,

vive,

comme le

dit saint

Augustin dans

le

discours qu'il a consacré à leur

mémoire. Tunis, avec sa sainte Olive,

«

force à sa patrie

ébranler sa

martyrisée

sous

ravie de

tyrans qui ne purent

les

foi.

Maxula,

«

et

la vierge palermitaine,

Rhadès

la

actuelle, célèbre

martyrologes ont donné son

par

les

héros auxquels les

nom, martyres maxulitani , par

cor-

ruption Massylitani.

Kourha,

«

et

il

la

Curubis antique,

par

l'exil

de saint Cyprien,

eut la vision fameuse qui lui annonçait son martyre.

Hadrumèle ,

«

illustre

la

elle aussi, la terre

Sousse actuelle, que l'on peut vraiment appeler, des saints. C'est de là que sortirent saint Mavilus,

saint Vérule, saint Victorien, avec vingt-deux autres martyrs

et les

plus illustres de tous, saint Boniface et sainte Thècle. «

et

Ruspc

ei Vile

de Cercina où saint Fulgence, accablé d'années

de fatigues, voulut se retirer dans

construit

un monastère pour

combat où en ce dans

il

se préparer

les souffrances

et

il

avait

au dernier combat, ce

ne demandait à Dieu que deux choses

monde durant l'autre. »

la solitude,

de son agonie

:

« la

et la

patience

miséricorde


TUNISIE «

Gafsa,

poste

le

131

plus avancé qui soit aujourd'hui occupé par

le

nos troupes, patrie des six martyrs Boniface, Rogatus, Libérât, Rusticus, Septimus et Maxime. «

Thuburho,

la

Tebourba

actuelle, avec ses martyrs

son saint Servus qui

et surtout

souffrit

un martyre

nombreux,

inouï, impos-

sible à décrire. «

Sicca, le Kef actuel, patrie d'Arnobe, où, par l'ordre d'Hu-

néric, fut réunie la troupe généreuse des 4.966 martyrs qui furent

chassés dans les déserts au milieu des nomades, dans des conditions de cruauté d'une part, d'héroïsme de l'autre, qui

ne sau-

raient être assez célébrées. c(

Que de noms, néanmoins,

j'aurais à citer encore!

d'Utique, et ses deux martyrs Félix et Gennadius

TheudaUs, avec son

saint Félix; la

Uzalès, près

Thimisa, avec

;

Habetdeus, durant

saint évêque

persécution vandale; Membressa, avec ses quarante -trois mar-

parmi lesquels

tyrs,

Lassa

;

Vaga,

la

Ammon,

puis Émilien, Didyme,

Pœmus

Béja actuelle, et les martyrs qui portent son

Culcitanum, avec sa nombreuse troupe de confesseurs de son intrépide sainte Victoire; Abbenza,

et

les saints

de son

nom

les donatistes;

héroïques femmes,

son évêque

saint

;

Carpi, et ses

Perada,

et

les saintes

Papinien

;

la foi et

son évêque, saint Valé-

rien, victime de la persécution de Genséric;

par

et

nom;

Thimkla-Regia , avec

nombreux martyrs mis

son évêque, saint Germain,

à mort et trois

Dionysia, Dativa et Léontia; Vita et

Sufès,

la

Sbiba actuelle, avec

ses

soixante martyrs; Nepte, la Nefta moderne, avec saint Lactus, son

évêque; Tambaica, avec ses deux frères que

même «

Mais

Dans

la

foi

unit dans

un

triomphe.

les

c'est

assez parler des temps anciens

du christianisme.

longs jours de mort qui suivirent l'invasion

musulmane,

que de noms nous aurions à mentionner, depuis ceux des disciples de saint François jusqu'aux fds de saint Vincent de Paul religieux de la Trinité et de la Merci «

dans des

Enfin,

par sa mort

les

par sa captivité

et saint

!

monde,

plus chères encore à la

Vincent de Paul;

miracle de sa charité

le

de voir

la

foi

second illustrant

la ville

Tunis. Saint Louis adressant à Dieu cette parole «

premier sanctifiant

le

ruines de Garthage, en 1270; et le

aux

temps plus rapprochés de nous, comment

oublier deux figures chères au

France, saint Louis

et

chrétienne prôchée à Tunis

!

:

»

«

musulmane de Oui

Saint

me

donnera

Vincent de


,

LA FRANCE COLONIAI.E

132

Paul convertissant un renégat

comme un

trophée

' .

ramenant on France avec

et le

lui

»

Saint Vincent de Paul lui-môme, dans une lettre à

M. de Commet,

avocat au présidial d'Acqs (Dax), raconte sa prise par les corsaires et sa captivité

à Tunis. Ce récit, dont

a été conservé, peint bien les et

mérite de trouver sa place

mœurs

sinon l'orthograplie,

le style,

de celte époque du xviie siècle

ici.

Saint Vincent de Paul a Tunis.

Étant sur

«

partir de Marseille par terre, je fus persuadé par

avec qui

vu

m'embarquer avec

logé de

j'étais

faveur du temps qui

la

était.

pour épargner, ou, pour mieux

jusqu'à Narbonne,

lui

être et

pour n'y jamais être

et tout

je

fis

perdre. Le vent nous fut aussi favorable qu'il

rendre ce jour à Narbonne (qui

Dieu n'eût permis que de Lyon

,

un gentilhomme

pour plutôt y

Ce que dire,

point de

le

était faire

fallait

pour nous

cinquante lieues),

trois brigantins turcs qui côtoyaient le golfe

pour attraper

les

barques qui venaient de Beaucaire

y avait une foire que l'on estime être des plus belles de

il

tienté,

ne nous eussent donné

que deux ou

même moi le reste

chasse et attaqués

la

si

,

la chré-

vivement,

trois des nôtres étant tués et tout le reste blessé, et

qui eus

de

si

ma

félons et pires

un coup de

flèche qui

me

servira d'horloge tout

vie, n'eussions été contraints de

que

nous rendre à ces

Les premiers éclats de leur rage furent

tigres.

de hacher notre pilote en mille pièces, pour avoir perdu un des principaux des leurs, outre quatre ou cinq forçats que leur tuèrent.

Ce

fait,

ils

les

nôtres

nous enchaînèrent après nous avoir gros-

sièrement pansés, et poursuivirent leur pointe faisant mille voleries,

donnant néanmoins

à ceux qui

liberté

se rendaient

sans

combattre, après les avoir volés. Et entin, chargés de marchandises,

au bout de sept ou huit jours,

ils

prirent la route de Barbarie,

tanière et spélonque de voleurs sans aveu arrivés,

ils

du Grand Turc, où,

étant

nous exposèrent en vente, avec procès -verbal de notre

capture, qu'ils disaient avoir été

dans un navire espagnol,

faite

parce que, sans ce mensonge, nous aurions été délivrés par consul que

le

roi

tient

là,

pour rendre

libre le

le

commerce aux

Français. Leur procédure à notre vente fut qu'après

eurent dépouillés

une hoqueton de

'

,

ils

qu'ils nous nous baillèrent à chacun une paire de braies

lin avec

M"R LAViGEnJE, Annales de

la

une bonnette,

Propagation de la

et

nous promenèrent par

foi, avril

-mai 1885,


,

TUNISIE la ville

ayant

de Tunis,

venus pour nous vendre. Nous tours par la ville, la chaîne au col, ils

étaient

ils

cinq ou six

fait faire

nous ramenèrent au bateau,

manger

qui pouvait

n'étaient point mortelles.

afin

Ce

les

nous ramenèrent à

fait, ils

marchands nous vinrent

les

marchands vinssent voir pour montrer que nos plaies

que

qui non, et

et

133

la place

que

l'on fait

la

sondant nos plaies

,

,

cheminer

même

ou d'un bœuf, nous faisant ouvrir

à l'achat d'un clieval

pour voir nos dents palpant nos côtes faisant

de

visiter tout

bouche et

nous

pas, trotter et courir, puis tenir des fardeaux,

le

puis lutter pour voir la force d'un chacun, et mille autres sortes

et

de brutalités. «

Je fus

vendu à un pêcheur, qui

bientôt de moi,

depuis, par

pêcheur à un

le

me

cherche de

homme

sir.

Il

humain

fort

et traitable,

avait travaillé cinquante ans à la re-

disait,

occupation

était

neaux, en quoi. Dieu merci, m'aimait fort

puis de sa

médecin spagirique, souve-

pierre philosophale.

la

Mon

«...

défaire

contraire que la mer, et

si

vieillard,

rain tireur de quintessences, lequel, à ce qu'il

contraint de se

fut

pour n'avoir rien de

de tenir

et se plaisait

loi, à laquelle

il

feu à dix ou douze four-

le

je n'avais plus

faisait

me

de

de peine que de plai-

discourir de l'alchimie et

tous ses efforts de m'attirer,

me

jDromettant force richesses et tout son savoir. Dieu opéra toujours

en moi une croyance de délivrance par lui faisais, et à

quelle je crois «

Vierge Marie, par

la

fermement avoir

les assidues prières

Je fus donc avec ce vieillard

,

depuis

le

mois de septembre 1605

tan pour travailler pour lui, mais en vain, car les

qui

me

chemins.

comme M.

pour recouvrer tous

mourut de regret

son neveu, vrai anthropomorphite

de Brèves, ambassadeur pour

les esclaves chrétiens.

ennemi de nature, m'acheta

ainsi s'appelle le

Seigneur; car

de celui-ci

chaud

il

sul-

le roi

en Tur-

avec bonnes et expresses patentes du grand Turc,

venait

Savoie,

laissa à

mené au grand

revendit bientôt après la mort de son oncle, parce qu'il

ouït dire

qui,

me

Il

je

la-

été délivré...

jusqu'au mois d'août prochain, qu'il fut pris et

par

que

seule intercession de

la

bien que l'on tient

là le

était

et désert.

Un

renégat de Nice en

m'emmena à son lemat, comme métayer du Grand-

et

peuple n'est rien, tout est au sultan. Le temat

dans

la

monlagiie, où

L'une des

trois

chréliennc, mais schisinaliijne,

le

pays est extrêmement

femmes qu'il avait élait grecque une autre élait turcjuc, qui servit


,

I.A

134

à la miséricorde de Dieu pour retirer son mari de

d'instrument l'apostasie

esclavage.

remettre au giron de l'Église et

Curieuse qu'elle

était

un jour,

elle

me commanda

ressouvenir du d'Israël captifs

que

mari,

mon

Dieu. Le

Quomodo cantabimus in terra aliéna des enfants me lit commencer avec la larme 'à

en Bahylone

,

,

Elle ne

merveille.

c'était

le soir,

je fossoyais, et

de chanter louanges à

gina, et plusieurs autres choses, en quoi sir,

délivrer de son

champs où

psaume Snpcr flumina Bahylonis,

l'œil le

me

de savoir notre façon de vivre,

venait voir tous les jours aux

me

elle

le

,

FRANCE COLONIALE

qu'il avait

et puis le

manqua

Salve Re-

prenait tant de plai-

elle

point de dire à son

eu tort de quitter sa

religion,

qu'elle

estimait extrêmement bonne pour un récit que je lui avais fait de notre Dieu et quelques louanges que j'avais chantées en sa pré-

sence; en quoi, disait-elle,

elle avait

eu un

si

divin plaisir, qu'elle

croyait point que le paradis de ses pères et celui qu'elle espé-

ne

un jour

rait

le plaisir qu'elle

qu'il y avait

glorieux,

fût si

ni

accompagné de

avait pendant que

je louais

tant de joie,

mon

que

Dieu, concluant

quelque merveille...

« Son mari me dit, dès le lendemain, qu'il ne tenait qu'à une commodité que nous ne nous sauvassions en France mais qu'il y donnerait tel remède dans peu de temps que Dieu y serait loué. ,

,

Ce peu de jours furent dix mois

qu'il m'entretint

dans ces vaines

fm exécutées espérances, au bout desquels nous nous sauvâmes avec un petit esquif, et nous nous rendîmes, le 28 juin,

mais à

la

à Aigues-Mortes'.

La

«

»

Vincent de Paul avait duré ainsi près de

captivité de saint

deux ans, du 26 ou 27 en France,

il

juillet

1605 au 28 juin 1607. De retour

n'oublia jamais la contrée où

il

avait

esclave, et, au milieu des grandes et immortelles treprit plus tard pour

le

gémi comme

œuvres

qu'il en-

soulagement de l'humanité souffrante,

songea également à secourir de toutes ses forces

les

il

malheureux

chrétiens qui étaient captifs en Tunisie... «

En

retour d'un pareil bienfait, et, afm d'honorer une pareille

mémoire,

Mo''

Lavigerie a choisi cet apôtre par excellence

pour en

faire le

patron de

fondée à Tunis,

et celui

de cette

charité

'

ville

a

elle-même où, pauvre esclave,

Saint Vincent de Paul, Lettre à M. de Commet, avocat

{Dax).

de la

la catliédrale provisoire qu'il

au

présiclial

d'Acqs


135

TUNISIE cet

humble enfant des Landes

avait jadis porté des fers, et

chrétiens l'invoquent maintenant

Reprenons

la

suite

comme

les

leur céleste protecteur'.

des événements jusqu'à la

»

conquête fran-

çaise;

la Manouba. Quartier général du général Logerol à

Vandales, les ByzanCarthaginois, les Romains, les sa pouvoir des Arabes, et Okba établit tins la Tunisie tombe au sucdynasties musulmanes se capitale à Kairouan (670). Plusieurs chrétiens. En lt>/0, saint cèdent et toutes font la guerre aux

Après

les

Louis vient attaquer Tunis, devenue

1

Victor GuÉRi.v, la France catlwUque.

la capitale

du royaume;

il


LA FRANCE COLONIALE

436

campe sur

les

ruines de Caiihage et y meurt de la peste; mais ce

un

qui nous paraît pour lors

de

désastre est pIul(H

dans

l'influence française

le

le

premier germe

pays, car les Arabes

eux-mêmes

ont toujours eu notre saint roi en vénération, tellement que -lors

de l'érection de sa statue sur

gènes ont voulu

En

la traîner

le

plateau de Byrsa en 1841

1390, Charles VI, aidé des Génois,

expédition qui échoua.

,

les indi-

eux-mêmes jusqu'au sommet de la

En

colline.

contre Tunis une

fit

1535, Charles -Quint s'en empara, mais

bientôt Barberousse la reprit et la soumit ainsi qu'Alger aux ïurcs,les derniers

bey

En

possesseurs avant nous.

Mohammed un

traité

connu sous

1(385,

nom

le

nous obtenons du

de Capitulation, en

vertu duquel les sujets chrétiens peuvent recourir à la protection

des consuls français.

de piraterie par nastir.

En

En

1871

,

le

181G, la

En

XV

1770, Louis

bombardement de bey

le

Mahmoud

fait

punir certains actes

Bizerte, Porto-Farina et

Mo-

abolit l'esclavage des chrétiens.

Porte ottomane accorde l'émancipation au bey de

Tunis lequel toutefois doit recevoir l'investiture du Sultan ,

et

frapper

monnaie en son nom. Deux ans après, 1873, le bey MohammedSadok signe un traité qui met la Tunisie sous le protectorat ande notre influence dans ce pays, sans

glais; c'en était fait

tement de l'Angleterre, pendant que

l'affaire

le désis-

des Khroumirs nous

donnait occasion de nous en emparer.

En

effet,

en 1881, par suite de quelques

Khroumirs qui

de maraudage des

infestaient la frontière algérienne, des démêlés s'en-

gagèrent entre la France et

vant réprimer

faits

les

le bey.

Celui-ci ne voulant ou ne pou-

méfaits imputés à

française, sous les ordres

payskhroumir, puis

ses sujets

,

une expéditiou

du général Forgemol, pénètre dans

le

se porte sur Tunis, dont le bey, après en avoir

appelé en vain aux grandes puissances,

Bafdo, qui met son pays sous

le

du

doit signer le traité

protectorat de la France (12 mai).

Toutefois les Arabes des tribus du sud se soulevèrent pour leur

indépendance,

et

il

fahut les

de Kairouan

bombardements de Sousse, de Sfakès,

de Gafsa pour

soumettre. L'Europe, y compris l'Angleterre elle-même, accepta les faits accomplis la

a prise

et

les

:

Turquie

Par

et l'Italie seules protestèrent

le

l'intégrité

du Bardo,

la

de son territoire

et

traité

vainement.

France

garantit au

bey de Tunis

de ses droits de souverain. Le bey

s'engage à n'avoir de relations avec les autres puissances que par l'intermédiaire diplomatique de la

Répubhque

française.


TUNISIE

137

CHAPITRE

II

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE La Tunisie sud par

le

est

bornée au nord

Littoral,

— Le

delà Tunisie

littoral

par

la

Méditerranée

est plus

au

,

mouvementé, plus

de l'Algérie. La baie de Bizerte et

échancré que celui

larges golfes de Tunis, de qu'île

et à l'est

désert tripolitain, et à l'ouest par l'Algérie.

de Dakhéla, aux

Hammamet

de Gabès, joints à

et

Kerkennah

îles

et

Djerba,

trois

les la

pres-

le caractérisent

plus avantageusement.

Du

cap

Roux algérien aux caps Raz-el-Keroum

ou cap Blanc,

le littoral

et

élevé, rocheux, bordé

Raz-el-Abiad

d'écueils, est la

continuation de la côte algérienne.

On

y remarque

Fratelli

Le cap Blanc

un second Toulon l'est,

un port

projette d'en faire

,

enfermé dans

français.

Bon, d'autre part,

et

golfe de Tunis, large le

au sud des

Zembra, s'ouvre

îles

de 70 kilomètres

et

le

nique par un

la

étroit goulet

grands navires, aussi

la

s'y

lagune de Porto -Farina. Le cap

golfe

,

dont

la partie

la Goulette. Celle-ci reçoit la

laquelle se trouve Tunis.

ou chenal avec Cette lagune

la

n'est

Rome,

avancée prend

Méliana

et

le

commu-

lagune au fond de pas accessible aux

Goulette est -elle l'avant -port de Tunis, à

laquelle elle est reliée par

Au sud- est

cap

beau

profond de 50.

Carthage, qui conserve des ruines de l'ancienne rivale de

marque un étranglement du de rade de

le

plus abondant cours d'eau de la Tunisie,

termine au nord-ouest dans

nom

com-

militaire qui serait

entre le cap Sidi-Ali ou Farina, d'une part,

La Medjerda,

îles

îles Galita.

de Bizerte

étroit goulet avec le lac

On

montagnes.

Plus à

plus au large, les

et,

abrite l'excellent port de Bizerte, dont la baie

munique par un les

de Tabarka, surmontée d'un fort, les

l'île

ou des Frères,

un chemin de

de Tunis, se dessine

montueuse de Dakhéla, terminée par

la le

fer.

presqu'île rectangulaire et

cap Bon.]

orientale est généralement basse, sal)lonneuse,

et

Au

delà, la côte

baigne dans une


LA FRANCE COLONIALE

138

mer peu profonde, dont

ensablements interdisent l'accès des

les

d'Hammamet renferme

ports aux grands navires. Le large golfe

même nom,

port de

Du

cap Dimas

semée

Sousse

celui de

et celui

du cap Afrika au cap Kapoudiah,

et

le

de Monastir. la côte est

d'écueils, puis redevient sablonneuse avec le port de Sfakès,

qui fut pris par les Français, en laborieux. Des îles Kerkennali,

Djerba, s'ouvre

fond de laquelle dort

situées en lace de

de Gabès,

le golfe

la

la petite ville

en attendant que

le

nication avec la

mer

un débarquement

1881, après

Sfakès, à

de Gabès, l'ancienne ïacape,

canal projeté par Roudaire établisse la

des chotts.

l'île

Syrta minor des anciens, au

La grande

île

commu-

Djerba,. populeuse

ferme l'entrée d'une lagune formée par deux presqu'îles

et fertile,

sablonneuses; viennent ensuite

les

deux lagunes de Mellaha

Biban, au delà desquelles commence

la côte inhospitalière

et

de

de

la

Tripolitaine.

Orographie.

Qui connaît

son massif

l'Algérie,

tellien,

son

plateau, son Sahara, ses chotts, ses oueds, rivières sans eau ou

mal alimentées, connaît aussi la Tunisie, qui gement oriental de la région algérienne. Sur

le

des Khroumirs, avec

une

Ils

le

prolon-

djebel Ghorra, haut de 1.200 mètres à la

le

série d'autres

vent l'Atlas telhen Farina.

que

septentrional se trouve le massif devenu célèbre

littoral

frontière, puis

n'est

chaînons moins élevés qui achè-

viennent mourir au cap

et

déversent leurs eaux dans

la

Blanc

et

au cap

mer au nord, ou dans

la

Medjerda au sud.

Sur

la droite

de ce lleuve

et

à la limite du plateau s'étend une

chaîne montagneuse saharienne plus importante, qui se détache de l'Aurès algérien. Le massif

Mékhila ou Halouk, Zilk,

et

de 1.343 mètres domine

Au

atteint 1.415

mètres au mont

1.204 mètres au mont Berberou. Le djebel

haut de 1.363 mètres

tinue par les collines

du Madjer

,

au nord de Kairouan,

est

la ville

un sommet

et

de Zaghouan. Cette chaîne se con-

du Dakhéla et va fmir l'Atlas saharien au cap Bon.

sud- ouest de Kairouan, des groupes de collines rocheuses

sablonneuses se trouvent éparses au milieu des oueds qui caractérisent

le

Hydhograpiiie. incliné vers

l'est.

La Tunisie ne présente qu'un

est arrosé

parle Tin,

la

Medjerda,

l'Etboul et l'oued Lél)em.

Le Tin

l)aigne

et

des chotts

Saliara tunisien.

— Il

et

Mateur

et finit

dans

le lac

Ichkel.

seul versant la

Méliana,


139

TUNISIE La Medjerda,

de ce seul fleuve tunisien digne

nom,

appartient

massif de Souldiarras,

elle descend du par ses sources à l'Algérie Khroumirs, où elle baigne Ghardmiaou puasse au sud du massif des reçoit par sa rive station du chemin de fer; elle et Souk-el-Klanis, Kaled ou affluent algérien, puis l'oued droite l'oued Mellègue, venant du plateau Safran), et l'oued Siliana, . fleuve jaune . (0. :

Une caravane

clans le Sahara.

en Testour, elle tourne au nord -est tunisien; après avoir baigné Tebourba, arrose Mejez-el-Bab traversant une befle plaine où eUe ,

Fondouck

puis elle se divise et les ruines d'Utique;

ches pour

finir

M)

dans

Isilomètres,

la

en deux bran-

cours de lagune de Porto-Farina, après un

dont 240 dans

la Tunisie.

Medjerda, est plus long (280 kiloL'oued Mdlègue, affluent de la fleuve. Il naît dans le massif mètres) que la partie supérieure du sous le nom d'oued Meset aux conlins de l'Aurès, des

Nememcha

kiana; puis

il

antiques, y reçoit parcourt une région pleine de ruines la ville sainte du baigne à droite le plateau qui porte

l'Aïn-Safra, et Kef.


,

LA FRANCE COLONIALE

140

La Méliana coule du sud-ouest au nord-est comme se jette

dans

mais

lacs, Il

— La Tunisie

la plupart sont salés et

du nord au sud

faut citer

et

baie de la Goulette.

la

Les chotts et leurs bassins. ou

Medjerda,

la

time de Bizerte

en

cliotts

guérah

du

Iclikel, voisin

lac

mari-

sebkha Sedjoum au sud -ouest de Tunis

la

;

la

est riche

presque sans eau.

en

et

face de la lagune de cette ville; la baie Djériba, qui reçoit l'EtbouI;

où débouche l'oued Marguélil qui passe à Kairouan

la Kelbia,

sebkha Sidi-el-Hani

,

plus étendue, au sud-est de la

Mansour

servant de débouché aux oueds rara

Fekka; puis

et

ville

le

;

la

,

et

Guer-

tributaires, enfin les grands chotts Rharsa

Mansouna, sans

et le

même

et Djérid.

Le

chott Rharsa est la continuation

en Tunisie l'oued Tariaouri

reçoit

Le Djérid son niveau dans

grand

est le plus

de

nous parlerons

la

le Tell,

di\dsions

élevée

— Gomme en

et

Plateau et

le

confondent

se

supportable,

eUe

comme

elle

peuplée

il

est

il

;

compris

capitaine Roudaire, dont

ci-après.

en

Algérie,

une

seule

susceptible

est

les

région,

accidentée

et

l'était

on peut distinguer en

Sahara, mais

le

quoique montagneuse

,

mais

de la Méditerranée, et

mer saharienne du

Régions physiques. Tunisie

algérien ]\Ielrhir;

lac de toute l'Afrique septentrionale

est inférieur à celui

le projet

,

du chott

qui passe à Gafsa.

;

de

deux premières le

moins

Tell,

d'un climat chaud productive

devenir

du temps des Carthaginois

et

des

Romains.

Le Sahara tunisien participe aux caractères du grand désert quant à son climat torride, à la sécheresse et à la stérilité de son sol tefois la

proximité de

Le climat

et les

mer et un accès plus un progrès relatif.

la

d'espérer dans l'avenir

productions naturelles de

la

gues à ce que nous connaissons de l'Algérie.

;

tou-

permettent

facile

Tunisie sont analoIl

est

donc

inutile

d'insister ici sur ce point.

La mer des chotts.

— C'est

la

dépression occupée par les chotts

Melrhir, Rharsa et Djérid, dont le niveau paraît être inférieur de

10 à 27 mètres à celui de l'Océan,

que

le

capitaine Roudaire a

proposé de transformer en une mer dite des chotts ou rienne

».

On

y amènerait l'eau de

20 kilomètres, creusé depuis

le

la

«

mer

saha-

Méditerranée par un canal de

fond du golfe de Gabès jusqu'à

pointe du chott el-Fedjedj, partie orientale du

la

grand chott Djérid.


TUNISIE

En

comprenant

y

eux-mêmes,

chotts

les

141

mer saharienne

la

n'aurait pas l'immense étendue qu'on lui supposait d'abord lors-

qu'on elle

croyait

atteindrait

la

à

peine

112

à

J

5.000

inondable

était

kilomètres

carrés,

;

soit

deux départements français, avec une longueur de

l'étendue de

70 lieues;

qu'une grande partie du Sahara

nappe d'eau

formée aurait eu, croyait -on, une

ainsi

influence salutaire sur le climat de la région, outre qu'elle aurait l'accès des districts

facilité

méridionaux de notre grande colonie

africaine.

Mais

,

par suite d'une étude plus approfondie

officielle a

,

une commission

déclaré que l'exécution de ce projet serait aussi peu pra-

Non seulement

tique que sans résultat avantageux.

les

dépenses,

évaluées à plus d'un milliard, seraient hors de proportion avec les

revenus, mais l'inondation causerait existantes,

et

actuellement

Quoi

la

ruine des oasis aujourd'hui

convertirait en marécages

insalubres des régions

fertiles et habitées.

qu'il soit, ce projet

de

mer

saharienne, bien que patronné

par M. de Lesseps, est ajourné pour un temps illimité, ce qui n'a pas empêché

l'illustre

ingénieur de proposer la création d'un port

Roudaire, près de Gabès, en souvenir du promoteur de il

y a quelque temps, et

le

l'idée,

mort

creusement de nombreux puits pour

multiplier les oasis dans la région des chotts.

CHAPITRE

III

GÉOGRAPHIE POLITIQUE Etiinograpiiii-:.

La population de

la

Tunisie, longtemps éva-

luée à 2 millions et plus, atteint à peine 1.500.000 habitants, et ce chiffre est encore trop élevé

La nerait

eu égard à celui de

l'Algérie.

superficie est d'environ 120.000 kilomètres carrés, ce qui don-

une densité de population de 12 habitants par kilomètre

carré.

Les Tunisiens sont surtout des Berbères, race doîninante

et pri-

mitive, mêlés à des Arabes, race conquérante; celle-ci a imposé


LA FRANCE COLONIALE

142

mahomé-

sa langue, sa civilisation et sa religion, c'est-à-dif-e le tisme.

y a au moins 75.000 Israélites dans les villes, dont ^25.000 à Tunis, et le rôle de cette race juive dans l'administration, les Il

finances, l'accaparement des biens, est le

On

Algérie.

çais, Italiens;

400 Grecs

Les Tunisiens.

et

qu'en

ici, paraît-il,

Maltais, Fran-

:

200 protestants anglais.

D'une

la description

extrayons

même

compte, en outre, 30.000 catholiques

lettre

nous

datée de Tunis (i88'2)

ethnographique suivante

:

«

vu tout

J'ai

d'abord des spécimens fort remarquables et fort malpropres de l'armée tunisienne; de

de grosse

toile bise

;

l'artillerie

de siège en l)louse et en pantalon

des officiers à hausse-col et à la tunique râpée

à ceinture d'or, les pieds nus dans des pantoufles de cuir

et

sentinelles en cafetan de drap noir en loques,

piston encrassés de rouille; des

armés de

des

;

fusils à

marchands accroupis derrière des

malles chargées des produits du pays

:

poulets, pastèques, petits

pains sans levain, figues, amandes, gâteaux arabes, sucreries, ceintures, burnous, fez, babouches, pipes, tabac, et que sais-je!

hommes

turban blanc correctement entouré de rouge

le

,

yatagan à

ture; des portefaix arabes, maltais ou nègres, à pieds nilles; des juives vieilles,

type biblique, blanches noires

comme

nus

la ceinet à

comme du

la suie... J'ai

attelés à des charrettes

énormes

et à

lait

admiré

,

jaunes

les petits

comme un

coing ou

chevaux du pays, à

la

une hauteur dépassant leur

cela,

mais

change de

j'ai

la

le sable

eu

le

taille

J'ai

et

,

temps de

me et

et

du pri^ accepté après

Les Kiiroumirs.

le débat'.

et

fait

que traverser tout

tiers

du

mes dépens, que

ou au quart de

la

valeur

»

qui s'est attachée

noni de cette peuplade mérite qu'on les

chargés

dél^attre contre les surprises

— La notoriété

Les Khroumirs

et

de petits chameaux marchant

d'apprendre, à

demandé équivaut toujours au

prix

vu des ânes bâtés

des chemins. Je n'ai

monnaie du pays

le

licol,

ou montés par des Maures aux membres

l'abdomen proéminent.

gravement dans

1

gue-

jeunes, mégères ou femmes superbes au

élégance complète, conduits par une simple corde attachée au

«

le

encolure, aux jarrets de gazelle, aux yeux pleins de feu, d'une

fière

à

Des

superbes, fièrement drapés dans des burnous blancs,

s'y arrête

un

instant au

quelque temps.

Ouchetteta, tribus peu industrieuses,

G. R., Revue de géographie, 1882.


,

TUNISIE mais adonnées à

du

l'élève

appartiennent à

bétail,

chtone du nord de l'Afrique

143

ce sont des Berbères

:

sauf quelques expressions locales,

le dialecte usité

la

race auto-

et ils

,

parmi

parlent

les

popu-

c'est-à-dire le chaouia. Autant les villages de

lations de l'Aurès,

nos Kabyles du Jurjura se présentent sous un aspect pittoresque et

Khroumirs

riant, autant le massif habité par les

un

offre

et les

Ouchetteta

aspect misérable avec ses cabanes en branchages et ses

huttes de pierre et de boue, recouvertes d'une charpente primitive

sur lesquelles sont assemblées des plaques de liège. Les chefs seuls

possèdent une maison construite en pierres

et

en mortier de terre

encore partagent -ils cette demeure avec toute

male

ou

l'âne

:

chambre de mur, qui

mulet,

le

vache, la chèvre ou

la

un mètre au-dessus du

s'élève à

bouc. L'unique

le

en parties inégales par un

l'habitation est divisée

sol.

;

domesticité ani-

la

La portion

la

petit

plus

vaste est réservée à la famille, tandis que l'autre, transformée en

écurie

est

,

occupée par

A

les bestiaux.

mération (pourrait -on dire village?) public, que l'on appelle

djemaa

' .

une

sorte d'édifice

est établi

« lieu

d'assemblée les

C'est là qu'on

».

questions d'intérêt

»

Ces détails font comprendre que vait être

chaque agglo-

pour discuter

se réunit à certaines heures

commun

l'entrée de

longue ni

difficile.

conquête tunisienne ne pou-

la

La Tunisie,

d'ailleurs, n'a pas

eu d'Abd-

el-Kader à nous opposer.

Gouvernement.

— Bien que soumise à

une monarchie héréditaire ou

remment sous le un prince de la qui occupe

Sadok

,

et

le

de

que

heylik,

Tunisie reste

l'on désigne aussi indiffé-

Ben Ali-Tourki,

trône depuis 1691

;

le

originaire de Candie,

bey actuel est Mohammed-el-

d'après la

fait

la famille, frère

depuis 1885

le titre

ou

loi

turque, où

et

Européens

de

mer

et les

la

couronne passe à

fils.

gouvernement français en Tunisie porte

de Résident général

affaires étrangères. Il a sous ses ordres les

et relève du ministre des commandants des troupes

et tous les services administratifs

concernant

les

indigènes.

Toutefois les indigènes sont régis selon

1

la

régence. Le souverain ou bey de Tunis est

famille de

Le représentant du

de terre

France,

son héritier présomptif, son frère Sidi-Ali.

L'hérédité se l'aîné

nom de

la

Augii.sle CiiERBONNEAU,

Rcvuc de

(jcograpJiic.

le

mode ancien

:

ils

for-


LA FRANCE COLONIALE

144

ment 41

tribus

,

groupées en

!22

ouatans ou caidats (gouvernés par

des caïds), dont la fonction propre est de rendre justice, et 31 tribus nomades ou mixtes (sédentaires et nomades), à la tête desquelles

nommés

sont aussi des caïds

par

khalifas (lieutenants), et les cheiks

Le code

lages. «

civil

pour eux

bey. Sous les caïds sont les

le

ou maires des communes

et vil-

est le coran.

conservant à la Tunisie son autonomie administrative

En

,

non

fonctionnaires nationaux, son budget, ses ressources propres,

seulement

il

pour

résulte

ses

métropole une économie considérable

la

on

(évaluée à plus de trente millions), mais tique, et c'est de cette façon

fait

acte de

bonne

poli-

que l'Angleterre a pu créer de vastes

et florissantes colonies qui ne sont nullement à charge à la métro-

Sinon,

pole.

de s'ingérer maladroitement dans tous les

à force

d'une administration minutieuse

détails

locaux, les

intérêts

mœurs

et

et jalouse,

on

froisse les

habitudes nationales, et on se crée

du peu de développement Gambon, résident général à

mille difficultés qui ont été cause jusqu'ici

de nos colonies.

»

(Discours de M.

Tunis, 1885.)

Au

point de vue militaire, la Tunisie forme deux divisions (Tunis

en

et Sousse), subdivisées

six brigades

Tunis, Aïn-Draham, El-

:

Kef, Sousse, Gafsa, Gabès.

Nonobstant

le

peu de chrétiens,

siège archiépiscopal de

le

pape Léon XIII a relevé

Garthage, dont

le titulaire

est

en

le

même

temps archevêque d'Alger.

— A part Tunis,

Villes principales. de

ville

la

régence ne renferme pas

considérable, et l'on est d'ordinaire peu fixé sur les chiffres

de population. Souvent l'on attribue à une bourgade habitants de tout

un canton;

les oasis lorsqu'ils

par une

Tunis

même ,

il

en

est

la totalité

des

ainsi particulièrement dans

renferment plusieurs villages épars mais régis

municipalité.

grande

ville

de 130.000 habitants

,

le

Tunes ou Tunesium

des anciens, doit son importance à la destruction de Garthage par les

Arabes au vif

ou de

la

siècle. Gette nouvelle capitale

Tunisie actuelle est assise à seize kilomètres de la Méditer-

ranée, au fond d'une vaste lagune (|ui

de l'Afrique propre

communique avec

la

nommée El~Bahira ou Boghaz,

mer par

l'étroit

canal de la CTOulette.

Adossée à une ceinture de collines, entourée d'une enceinte bastionnée que domine une kasbah ou citadelle; pourvue de palais, de

mosquées, de minarets, Tunis présente à distance un aspect

pitto-


TUNISIE

comme

resque; mais,

dans toutes

les

non pavées en rendent

étroites, sales et

14o

l'intérieur désagréable

Européens. Ceux-ci préfèrent habiter le nouveau

les

des rues

orientales,

villes

pour

quartier

«

franc d, qui se forme au bas de la ville, autour des quais et des

gares de chemins de

mense

palais

Tunis

est

le

fer.

Dans

les

environs

bey passait autrefois

Bardo

le

,

un im-

est

la belle saison.

dans tout

commerçante. Elle exporte

l'Orient des

armes blanches de luxe, des bijoux, des vêtements brodés

Entrée du port de

selles

,

des babouches

,

des tapis

,

principal centre d'exportation de

,

des

la Gouletle.

des essences précieuses l'alfa et

;

c'est le

de l'huile d'olive de

la

contrée.

Les quais sont situé

La

la

une

ville

la Goulette,

lagune tunisienne.

Goulette, en itahen la Goletta,

à cause de l'étroitesse C'est

par un chemin de fer au port de

reliés

au débouché de

a la

gorge,

d

est ainsi

du canal qui donne accès dans

nommée

la

lagune.

de 3.000 habitants, renfermant un arsenal, des chan-

tiers, des bassins,

de grands magasins et un phare superbe. C'est

aussi la principale forteresse

du pays, qui

fut prise

par Charles-

Quint en 1535.

A

trois

kilomètres nord de

la

Goulette sont les restes de l'opu-

lente Carthage.

Cartiiage.

«

On

sait

que, restaurée 860 ans avant Jésus

Christ, elle devint par la ruine de

Tyr

la

première puissance mari10


-A FRANCE COLONIALE

146

time du monde par Auguste,

plus tard

;

elle jeta

Romains, puis colonisée

détruite par les

,

encore quelque éclat sous

le

christianisme;

mais enfin, après avoir été la capitale des Vandales en Afrique, elle

tomba, vers

la fin

du

sous

vii^ siècle,

les

coups des Arabes pour ne

plus se relever.

Que ((

reste-t-il

Cinq

de l'ancienne Carthage?

villages construits

au milieu de ses ruines"

avec ses

et

ruines mêmes. La Marsa, sur l'emplacement de l'ancienne Mégara, grands. C'est aujourd'hui l'habitation du bey le quartier des

régnant, des princes tunisiens, celle des consuls durant la moitié

de l'année. Sidi-Bou-Saïd, sur

cap qui porte encore

le

nom

le

de

Carthage. Ld. Malga, autour des anciennes citernes d'Adrien, dans l'ancien quartier des Mappales. Douar-el-Schott, le

<r

village

du

lac »,

à l'extrémité de l'ancienne Tœnia, qui borde le lac de Tunis et don-

que Scipion s'en empara. Enfin

nait accès dans la ville. C'est par là

Sidi-Daoud, sur l'emplacement mait Carthage du côté de de

plaisance, les

même Le

la terre.

unes sur

de

reste est

bord de

le

la triple enceinte

parsemé de maisons

mer,

la

qui fer-

sur les

les autres

collines.

Aucun souvenir chrétien n'y sommes entrés en Tunisie, sauf

était

«

en honneur, lorsque nous

monument national de SaintLouis, élevé, il y a près d'un demi-siècle, sur un terrain cédé à la France. Aujourd'hui, les choses prennent un aspect nouveau. Saint-Louis

sur

,

qui était dans

sommet de Byrsa,

le

le

le

plus triste abandon, a vu se dresser,

de Carthage et le

la

le

établis le palais

maison des ecclésiastiques qui diée à saint Cyprien,

commencent à

:

séminaire diocésain

maison d'étude des missionnairss d'Alger. Dans

quartier de Mégara, sont

qui

Deux commu-

des édifices magnifiques.

nautés se trouvent établies à son ombre

de l'archevêque,

la

sont attachés, une chapelle dé-

lui

une chapelle

paroissiale

se fixer à l'entour

;

pour

les

cathohques

une maison pour

Sœurs

les

qui font l'école aux enfants de tous cultes et soignent les pauvres et les

malades

;

Kram, sommet de Byrsa, les travaux commencés, à côté de la petite

près des anciens ports, l'hôpital militaire du

avec sa chapelle et ses Sœurs; sur

de la cathédrale définitive déjà

le

église Saint-Louis, desservie par les Missionnaires et qui

provisoirement céleste,

struire

lieu.

en

tient

Près de l'ancien temple de Junon ou Vénus

témoin de tant de cruautés

une chapelle dédiée à Marie,

et d'infamies, j'ai fait et j'en

ai fait

un

con-

centre de



LA FRANCE COLONIALE

148

pèlerinage pour la portion la plus pieuse de notre population catholique, l'autre

pour

pour

Deux

les Maltais.

les

filles

orphelinats, l'un

des Européens,

pour

les

garçons,

un

Enfin

sont préparés.

couvent de Garméhtes françaises, maltaises et italiennes, réalise la

grande pensée de fraternité nationale qui dans

et surtout

les

miens ^

est

dans

vœux de

les

tous

»

Kairouan, 15.000 hahitants, au milieu d'une vaste plaine dont

une une

un grand

partie est remplie de marais salés, est

mercial et ville

terdite

le

sainte des

musulmans, dont

l'entrée était

aux chrétiens; mais, en 1881,

elle

com-

de l'Afrique septentrionale

elle est

;

sévèrement in-

dut ouvrir ses portes à

l'armé française*. Fondée en 670 par les Arabes, la capitale

centre

rendez -vous général des caravanes du Soudan. C'est

elle fut

longtemps

remarquable par ses

nombreuses mosquées. Son industrie consiste dans

la fabrication

des tapis, des articles de sellerie brodée d'or, des babouches d'un travail admirable.

Kairouan, bien déchue de son ancienne splendeur, est dans

«

une enceinte en briques de 3.125 mètres de développement, de 10 mètres de hauteur, avec meurtrières

et

créneaux, flanquée, de

20 mètres en 20 mètres, de tours rondes ou de tourelles. Cinq portes s'ouvrent dans ce

mur, autour duquel Kairouan

par ses faubourgs de Kahli a (du sud)

et

se prolonge

de Djiblia (de

tagne), par cinq autres faubourgs, des cimetières,

le

mon-

des ruines et

La mos-

des décombres. Les constructions religieuses y abondent.

quée principale, qui jouit dans tout

la

monde musulman d'une

célébrité proverbiale, est

un

fondation de la

qui date dans sa forme actuelle de 827

ville et

bel édifice dont l'origine

récemment encore, aucun roumi et d'ailleurs la ville

même

était interdite

aux non croyants ,

trois

seulement. La mosquée a été construite en pierres de :

c'est

mètres de côté, environné d'un

la ;

(chrétien) ne pouvait y pénétrer,

que très peu d'Européens y sont entrés avant 1881 nant de Suffetula (Sbeïtla)

remonte à

un immense

mur

,

si

bien

ou quatre

taille

prove-

quadrilatère de 140

d'enceinte haut de 8 mètres,

épais de 6, flanqué d'énormes contreforts, percé de plusieurs portes

dominé par une grande tour

et

ronnée de çoit

^

de

trois étages

en

carrée, très large à sa base et cou-

retrait les

fort loin. L'intérieur est

une

uns sur

les autres

;

on

l'aper-

véritable forêt de magnifiques

D'après M*"» Lavigehie, Annales de la Propagation de la foi.


,

TUNISIE colonnes en onyx, porphyre

d'œuvre de

la

et

149

marbre blanc veiné de rose, chefs-

sculpture romaine, supportant avec leurs chapiteaux

corinthiens la voûte plate ornée d'arabesques en stuc et en plâtre;

y en a plusieurs centaines, tirées des temples romains qui abondaient dans cette contrée; une superstition défend aux musulmans

il

d'en calculer

le

nombre sous peine de perdre

la vue.

croyance veut que toute personne en état de péché

Une même

soit

incapable

Bizerle.

d'une église chréde passer entre deux colonnes qui proviennent i. tienne de l'époque romaine

Un

»

du minaret, escaher de 129 marches monte à la plate-forme

d'où l'on découvre

un magnifique panorama.

Kairouan Après avoir donné ces détails sur Tunis Carthage et de la passons rapidement en revue les autres lieux remarquables sud. régence, en procédant de l'ouest au nord, à l'est et au ,

El-Kef, titude, sur

«

le

Rocher,

d

5.000 habitants, bâtie à 800 mètres

un escarpement du bassin du Mellègue,

pale ville mihtaire et

commerçante de

la

d'al-

est la princi-

Tunisie occidentale. C'est

Sicca venera romaine.

la

Au nord

de

la

Medjerda,

Vacca antique,

la

ham, 1

ville

poste militaire

il

faut signaler Déjà, 4.000 habitants,

forte et

marché de céréales;

récemment

— Aïn-Dra-

établi pour la surveillance des

0. NiEL et Vivien de Saint-Martin, Dictionnaire géographique.


LA FRANCE COLONIALE

150

tribus

kbroumires,;

en face

Khroumirs, débarquèrent

les

centre agricole

,

Taharka, sur de

l'ilot

la

même nom,

Français en 1881;

inhospitalière

cùlc

avec

des

une rade où

Matcur, 3.000 habitants,

au sud de Bizerte.

des PhéBizerte, 5.000 habitants, est l'ancienne Hippo-^Zaritiis pirates. Ville la plus niciens, jadis puissante et célèbre par ses septentrionale de la Tunisie,

elle est

située

au sud -est du cap

Sousse.

Blanc, sur un goulet ensablé qui conduit de rieur, le lac taire,

de Bizerte.

On

la

projette d'y créer

un second Toulon, capable de

mer à un lac intéun vaste port miU-

tenir en échec la puissance de

Malte.

Porto -Farina, sur une baie dont

le

goulet est obstrué par les

alluvions de la Medjerda, a perdu son importance maritime d'au-

pas

trefois, et n'a

célèbre

Utique,

gauche de

Au

la

millier d'habitants. Il

dont

en

est

de

même

ne reste que l'emplacement sur

il

de

la

la rive

Medjerda.

sud de

la fertile et

mamet, 2.500 la « cité des

un

populeuse presqu'île de Dakhéla,

Ham-

habitants, ville maritime, mais sans port, est appelée

Pigeons

»,

genre qui nichent dans

à cause des innombrables oiseaux de ce les

montagnes voisines.

Sousse Qw Soxisâ, 8.000 habitants, n'a qu'une rade d'atterris-


TUNISIE sèment d'assez

difficile

accès, mais qui sert de port à Kairouan, à

un chemin de

laquelle elle est reliée par les millions d'oliviers

pour Marseille.

meium

des

Ville

Romains

;

151

par

fer; elle se distingue

de ses jardins et sa grande exportation d'huile d'origine phénicienne,

forte

elle subit

c'est

YHadru-

de nombreux sièges et fut bombardée

en 1881.

Monastir ou Mislir, 7.000 habitants, n'a jamais eu de monastère

Monastir.

chrétien,

comme

son

nom

semblerait l'indiquer. C'est

quenté, quoique ensablé, et cette

ville

passe pour

un port

fré-

plus propre de

la

la Tunisie.

Mahadia, assise sur

du

cité

«

Mahdi ou guide

un rocher en mer, non Pompéiens. Ce

César écrasa

les

fatimites et,

au moyen âge,

le

»,

6.000 habitants,

loin de l'ancienne

fut la capitale des

port

tiens, qui l'appelaient Africa. Elle

le

Thapsus

premiers

est ,

califes

plus fréquenté par les chré-

s'adonne surtout à

la

pêche de

la

sardine.

A

trois lieues

au sud-ouest de Mahadia, on va admirer, près du

village (.VEl-Djcm, les ruines

plus grands et des

par

les

Romains. Cet énorme

de 185 mètres d'altitude

forme

elliptique,

du TJiysdrus, comprenant

mieux conservés de tous

il

édifice

occupe

et s'aperçoit

mesure à

de

l'intérieur

les le

l'un des

amphithéâtres élevés

sommet d'une

trois lieues

à

la

colline

ronde

;

de

150 mètres dans son grand


LA FRANCE COLONIALE

152

axe.

fut fondé

Il

probablement par Gordien l'Ancien, qui avait été

proclamé empereur dans

mieux

choisi

pour

la ville

de Thysdrus. Nul endroit

la célébration des fêtes; plusieurs fois aussi cette

construction géante servit de forteresse, et

Kahina

s'y défendit

n'était

la

fameuse prétresse

contre les envahisseurs arabes en l'an 689. C'est

encore dans l'amphithéâtre d'El-Djem, que les chefs et les délégués

Amphithéâtre d'El-Djem.

des tribus méridionales de la Tunisie décidèrent, en 1881, le sou-

lèvement général contre

les Français.

^

ou Sfax, l'ancienne Taphrura, est une johe et indus-

SfaUs

âmes, ayant une rade sûre quoique peu après Tunis, le principal centre du commerce de

trieuse ville de 15.000

profonde. C'est, la

régence avec l'Europe. Elle fut prise par

— Les

îles

les

Français en 1881.

Kerkena, en face de Sfakès, comptent 10.000 habitants.

Gahès, l'ancienne Ta -Cape, est située au fond du golfe de ce

nom. Ce

n'est point

une

ville,

mais un groupe de

villages peuplés

de 10.000 habitants disséminés au milieu de magnifiques jardins elle est le

débouché des produits de

;

la riche plaine d'El-Arad.

Gafsa ou mieux Capsa, 4.000 habitants,

est située

dans le Djérid

ou pays des Palmes, sur un tributaire du chott Rharsa. Ville con-


TUNISIE Numides

sidérable sous les

et les

153

Romains,

militaire,

Nefta

occupée par

et

une bonne position

Français depuis 1880.

les

Toseur, entre

et

encore aujour-

elle est

d'hui une station importante des caravanes

Rharsa

les chotts

sont deux

et Djérid,

groupes de villages de 8 à 10.000 habitants, situés dans deux des plus belles oasis du Sahara. Ce sont des centres pohtiques et

rehgieux, en Kbilli et

même

temps que des marchés

agricoles.

Douz, au sud du Schott, sont des

lieux

d'échanges

entre les Tunisiens et les Tripolitains.

Djerba ou GerM, située dans

L'île

grande

la plus

Meninx, qui y

l'île

île

des

«

Lotophages

monuments romains,

que

tels

C'est la légendaire

ou des mangeurs de

j>

sauvage.

l'état

l'arc

une bizarre pyramide élevée par

lotus, plante

renferme de curieux

Elle

de triomphe de Marc-Aurèle, et

Turcs

les

et

un combat en 1558.

des Espagnols tués dans ficie est

fond du golfe de Gabès, est

africaine de la Méditerranée.

partout à

croît

le

renfermant dont

L'île,

les têtes

la

super-

de 640 kilomètres carrés, est habitée par 40.000 Berbères

qui passent pour les plus industrieux jardiniers,

tisserands

et

pêcheurs de toute l'Afrique septentrionale.

Tout

le territoire

chacun renferme

la

de Djerba est divisé en enclos ou jardins dont

demeure du

duquel on supplée par rante

:

on y

cultivateur, et le puits au

l'irrigation

tissus de laine et de soie; qu'ils

« les

Djerabois

d

grenade

et

— Les tisserands fabriquent des

confectionnent des haïksou vêtements,

ils

— Pêcheurs

et

exportent au loin les éponges ainsi que

le

vont vendre à Tunis

marins,

au manque absolu d'eau cou-

cultive surtout le raisin, l'olive, la figue, la

aussi le blé, l'orge et les légumes.

moyen

et

jusque dans

le

Sahara.

poisson qu'ils ont salé et séché, mais l'antique pêche du mollusque, sorte de buccin, qui produit la pourpre, est aujourd'hui négligée. L'île,

divisée en cinq

mais de gros

villages

«

houmet» ou

quartiers, n'a pas de villes,

se tiennent les

marchés

;

le

principal est

l'Houmet-Souk, au nord. Les côtes sont défendues par de vieux forts dit

du moyen âge, en

M. Duveyrier, que

le

très

mauvais

nombre des

état, « et

il

arrive souvent,

artilleurs est inférieur à celui

des pièces rouillées qu'ils auraient à servir en cas d'attaque.

Industrie et commerce. la

Comme

tous les pays

»

musulmans,

Tunisie ne possède ni agriculture ni industrie progressives. Tou-

tefois le sol,

quoique mal cultivé, produit l'orge,

dourah, dans

le Tell.

On

cite l'olive

le

froment,

le

de Sousse, l'indigo de Nefta,


pistache de Sfakès,

la

FRANCE COLONIALE

LA

154

le

caroubier,

renommées du Belcd-el-Djérid.

beaux chevaux de race barbe, des mulets des bœufs de petite

soude sont

la

taille et

mines de

y a des

Il

surtout les dattes

le jujuljier,

L'agriculture pastorale élève de

chameaux,

excellents, des

des moutons à grosse queue.

métaux, mais inexploitées;

difTérents

communs dans

le sel et

les chotts.

L'industrie se contente de la fabrication d'objets usuels, d'arti-

de ménage, auxquels

cles

de luxe,

les calottes

faut joindre les

il

rouges ou

armes

vêtements

et les

les soieries et tapis, les

fez,

peaux

maroquinées.

Le commerce fer relie

assez actif, ne dispose pas de routes

intérieur,

carrossables, mais on

commence

Tunis à l'Algérie par

à en tracer. Déjà

la

qui réunira la capitale à Sousse, reliée à

de la Medjerda

la vallée

vont de Tunis à Carthage; et à

un chemin de d'autres

;

Goulette une ligne est projetée laquelle fut

Kairouan par un chemin de

pendant

guerre

la

fer à voie étroite.

Des lignes télégraphiques (1.000 kilomètres), exploitées par France, traversent

pays, et

le

un

câble sou s -marin en rattache le

réseau tunisien à Alger par Bône, et à

daigne

Le commerce dont

le

avec

l'Italie,

il

se fait d'une part avec le

Sar-

Sahara par caravanes,

rendez-vous principal est Kairouan; d'autre part, par

et

mer

Malte, la France.

exporte des céréales

pays

la

extérieur, assez important, s'élève à plus de 80 mil-

:

blé et orge, de l'huile d'olive, des fruits

figues et dattes,, de la soude, des peaux, le

France par Malte,

la

et la Corse.

lions de francs;

Il

la

pour

du

l'intérieur de l'Afrique des

corail. Il

:

importe pour

cotonnades anglaises,

des soieries françaises, des verroteries de Venise, des couteaux,

de

la

poudre.

Le

triste

commerce des

esclaves nègres pour les

pays turcs est prohibé depuis assez longtemps.

Les principaux ports sont est

excellente

Farina,

et

qui

Hammamet,

fait

:

Tunis, dont

les

5/6 du

la position

trafic;

commerciale

Bizerte,

Porto-

Sousse, Sfakès, Gabès, que nous rangeons

par ordre de position géographique. Le mouvement des ports est de 300.000 tonnes seulement,

et la

marine marchande locale ne jauge

que 3.000 tonnes. C'est

peu pour un pays aussi avantageusement doté

permis de prévoir pour

la

;

Tunisie, devenue française,

plus prospère que pour l'Algérie elle-même.

mais

il

est

un avenir


SÉNÉGAL COMPTOIRS DE GUINEE

CHAPITRE

I

NOTICE HISTORIQUE Le Sénégal

A

est la plus

ancienne de nos colonies.

ce titre nous croyons intéressant d'emprunter à M.

quelques détails concernant sur «

les

explorations des

les côtes occidentales d'Afrique, à partir

En novembre

Gaffarel

Normands

du

français

xivc siècle.

1364, les Dieppois équipèrent deux navires, du

port d'environ cent tonnes chacun, qui firent voile vers les Canaries, arrivèrent vers

devant

la

noirs de

Noël au cap Vert

baie qui conserve encore la

auxquels

côte,

inconnus, accouraient pour

dans «

les

le

et mouillèrent à

nom

Rio-Fresca,

de Baie de France. Les

blancs étaient restés jusqu'alors

les voir,

mais ne voulaient pas entrer

les vaisseaux.

Lorsqu'enfm

ils

s'aperçurent que nos compatriotes ne deman-

mon-

daient qu'à ouvrir avec eux des relations amicales, et leur traient

quantité

d'objets

échanger, peu à peu

ils

inconnus

qu'ils

semblaient disposés à

renoncèrent à leurs défiances,

tèrent de l'ivoire, do l'ambre gris et

du poivre,

contre les bagatelles dieppoises dont

la

Dieppois, qui désiraient pousser l)rcndre

plus

vue

qu'ils

les avait

avant,

leur

et

appor-

troquèrent tentés. firent

par signes qu'ils reviendraient l'année suivante,

engagèrent à amasser pour leur retour d'autres productions

Les

comet les iiidi-


LA FRANCE COLONIALE

156

gènes.

Ils

nom

ce

découvrirent ensuite

le

Cap

Vert, auquel

ils

donnèrent

à cause de l'éternelle verdure qui l'ombrage, et arrivèrent

à Boulaubel, ou Sierra- Leone,

comme

le

nommèrent depuis

les

Portugais. « Ils

duquel

s'arrêtèrent ils

ensuite à

trouvèrent

un

l'embouchure d'un fleuve, auprès

village d'indigènes

qu'ils

nommèrent

le

Carte de la Sénégambie française.

Petit- Dieppe, à cause de la ressemblance situé entre

deux coteaux, avec

le

du port

Dieppe français.

et

du

Ils

achevèrent

village,

d'y charger leurs navires d'ivoire et de poivre, et, à la fin de

1365, après six mois de voyage,

ils

étaient de retour

mai

en France

avec une riche et précieuse cargaison. «

Les

profits

du voyage

et l'espoir

de

les

augmenter encore exci-

Normands. En septembre 1365, quelques mar.chands de Rouen s'associèrent avec ceux de Dieppe, et, au heu de deux vaisseaux, en firent partir quatre. Les deux premiers tèrent l'émulation des


SÉNÉGAL

457

avaient mission d'explorer les côtes depuis le Gap Vert jusqu'au

Petit-Dieppe, et d'y charger des marchandises. devaient pousser

Les deux autres

de nouveaux pays à

plus avant, et découvrir

Au

explorer. Ce second voyage fut également heureux.

mois

sept

deux premiers navires

les

bout de

Dieppe

étaient de retour à

avec beaucoup de cuirs, de poivre et d'ivoire. Des deux autres navires chargés d'explorer de nouveaux pays

nomme

sur la côte qu'on village appelé

Grand

,

le

premier s'arrêta

nom

Sestre, auquel les matelots donnèrent le

de Paris. Ce navire ramassa

si vite

une

quantité de cette pré-

telle

une

cieuse denrée, qu'il ne voulut pas s'exposer à compromettre

en poursuivant son voyage,

cargaison

riche

aussi

Le quatrième navire longea

Dieppe.

à celle de l'Or.

un

aujourd'hui Cote du Poivre ^ et dans

revint

et

à

Côte des Dents et arriva

la

L'or était en poudre. Les indigènes en ramassent

encore de nos jours dans

cours d'eau qui descendent des monts

les

Kongs.

La nouvelle de

«

ces découvertes

certitude de s'enrichir à

peu de

,

la

facihté

frais excitèrent les

peu de temps, de véritables comptoirs, dirions aujourd'hui,

des échanges

des loges ,

la

,

En comme nous

Dieppois.

s'élevèrent sur toute la côte de Guinée. Les

indigènes, attirés vers nos

compatriotes par la

mœurs, par leur entrain sympathique, par

de leurs

facilité

leur absence de morgue,

apportaient en abondance à ces loges l'ivoire, la poudre d'or, poivre les plumes d'autruche ,

,

Normands vendaient en France

les

peaux de bêtes féroces

,

que

Peu

à des prix exorbitants.

le

les

à peu

des relations régulières s'établissaient. Les indigènes apprenaient

même

notre langue, et accueillaient avec empressement tous ceux

de nos compatriotes qui n'hésitaient pas à s'enfoncer dans l'intérieur

du

pays...

En

«

que

la

1380, quelques armateurs de Dieppe et de Rouen, voyant

concurrence diminuait leurs profits

voyage d'exploration.

nom d'Or

de :

poudre

la

En décembre,

le

Notre-Dame de Bon-Voyage,

neuf mois après d'or.

La

était

il

,

était déjà

de retour à Dieppe

voie était ouverte.

Il

un nouveau

résolurent

navire qui portait

ne

sur ,

le

beau

la

Gôte

chargé de

restait qu'à s'y

engager

résolument.

Le 28 septembre 4381 trois navires partaient de Dieppe pour nouveau comptoir de la Mne. On a conservé leurs noms

«

le

la

,

:

Vierge,

le

Saint- Nicolas, l'Espérance. La Vierge s'arrêta à

la


,,

LA FRANGE COLONIALE

158

Mine; et

Saint-Nicolas s'avança plus au sud jusqu'au cap Corse,

le

y Espérance ouvrit des loges

Akara.

En

juillet

et la

Sabon, Tormentin

et

1382, les trois navires étaient de retour en France

vantèrent tellement à leurs armateurs les richesses

et les capitaines

du pays

à Fanlin,

douceur de ses habitants, que ceux-ci résolurent d'y

fonder une véritable colonie, et d'en faire

le

centre de leurs opéra-

tions commerciales. «

En

1383, trois vaisseaux partirent donc pour la Mine.

taient des matériaux de construction

,

Ils

por-

des instruments de travail et

des semences. Ces trois vaisseaux s'acquittèrent heureusement de

quand

leur mission , et

revinrent en France dix mois

ils

plus richement chargés qu'ils ne l'avaient encore été, derrière eux

une partie de leurs équipages. Ce

fut le

ils

après

laissaient

premier éta-

blissement de nos compatriotes sur ce continent où, depuis,

l'in-

fluence française n'a cessé et ne cessera, espérons -le, de grandir.

La colonie de

Mine

la

prit tout

de suite de grandes proportions. De

nombreux vaisseaux s'y rendirent; une église et un fort.

il

fallut bâtir

pour

les

nouveaux

arrivants «

des

Cette prospérité ne fut pas de longue durée. Les terribles guerres

Armagnacs

et des

Bourguignons désolèrent notre pays

et les

,

Anglais profitèrent de nos discordes pour envahir nos provinces. <r

L'heure

était

mal choisie pour fonder une France

africaine,

Normandie un des principaux théâtres de la guerre, et que les Anglais maîtres de Rouen de Dieppe de Honfleur et des autres ports, arrêtaient tout commerce. Nos armateurs normands essayèalors

que notre patrie

était foulée

par l'étranger, que

la

devenait

,

,

,

rent bien quelque temps de soutenir ces lointains comptoirs ce fut peine perdue

nos autres loges

:

;

mais

dès 1413, la Mine était abandonnée, toutes

l'étaient déjà depuis

on renonça aux voyages sur

quelques années. Peu à peu

les côtes d'Afrique.

de ces aventureuses expéditions se perdit

,

Le souvenir

même

surtout lorsqu'une autre

nation, le Portugal, substitua son influence à la nôtre sur les tribus

indigènes, et, plus jaloux de ses droits que nous ne l'avons jamais été des nôtres,

dont

ils

non seulement chassa nos négociants des marchés

avaient longtemps été les seuls maîtres, mais encore nous

enleva, par -devant l'histoire et la postérité, la gloire de l'avoir pré-

cédée dans ces régions',

1

d

p. Gaffarel, doyen de la faculté de Dijon

,

extrait de V Explorateur.


SÉNÉGAL Quoi

qu'il

en

soit

de ces

faits très

159

éloignés de nous,

notre his-

toire, au Sénégal, ne remonte qu'à 1626, où une compagnie de marchands de Dieppe et de Rouen se forma pour créer ou pour

soutenir les comptoirs français établis sur le littoral de la Guinée.

Ces établissements passèrent en 1664 à

Titi, chef de

Bamakou,

orientales fondée par Colbert ciales,

et

enfm à

la

,

et

la

Compagnie des Indes

Dionké, chef de Sikoro.

puis à diverses associations

Compagnie

commer-

des Indes occidentales , qui seule

eut quelque prospérité.

Gorée, Rufisque, Portudal et Joal, sur la côte au sud du cap Vert, furent enlevés à la Hollande en 1677, et le fort de Podor, sur le Sé-

négal, fut construit en 1743. Les Anglais occupèrent

deux

fois la

colonie, de 1763 à 1783, et de 1809 à 1814.

Sous et le

la restauration,

des essais de culture restèrent

progrès colonial no

commença qu'en

iiifi-iiclueux,

185^, avec l'administra-


LA FRANGE COLONIALE

160

tion vigoureuse et intelligente

du commandant, plus tard général

Faidherbe. Celui-ci dota Saint-Louis d'institutions libérales et financières, et d'écoles dirigées, soit

gations religieuses les indigènes, et

En

1857,

il

;

par des laïques, soit par des congré-

créa des forts sur

le

Sénégal pour maintenir

conclut avec ceux-ci des traités de paix.

El-Hadji-Omar,

le terrible

le

dateur de l'empire de Ségou-Sikoro, sur la colonie et vint attaquer le fort

fanatique

le

fon-

menaça d'envahir

Niger,

de Médine, sur

musulman

le

cours

moyen du

Le poste de Médine.

Sénégal; après

un

siège de trois nlois, soutenu

métis légendaire Paul Holl

et

héroïquement par une poignée de nos braves soldats,

le

la

place fut secourue par Faidherbe.

La puissance de

la

France en

jeta

un plus vif éclat, et son inroyaume de Brakna, l'an-

fluence s'étendit par la soumission du

nexion du Dimar, du Toro

et

de toute

la côte entre Saint-Louis et

Dakar

(1861). Bientôt après, les habitants de la

Nunez

et

du Rio-Pongo devenaient nos

Des explorations vers Quintin, leillet

le

Casamance, du Rio•

tributaires.

Niger commencèrent avec

MM. Mage

et

qui pénétrèrent jusqu'à Ségou-Sikoro, en 18G6. M. So-

y arriva à son tour en 1878.

L'année suivante,

les

Chambres votèrent des

crédits

pour

le


11


LA FRANGE COLONIALE

162

chemin de

de jonction du Sénégal au Niger; mais une faible

fer

seulement de

partie

a pu être terminée en 1884, à cause

la ligne

surtout de l'insalubrité

du climat, qui décima

dépense hors de proportion avec

cette

ajourner l'achèvement du

l'année suivante

de Ségou,

un

1879

de paix. Ce

sur tout

Tombouctou...

même

en

De son 1881,

»,

le fort et le ;

la prise

les

il

royaume

;

il

établit notre

entendu, qu'Ahmadou

Ijien

camp retranché de

Kita, à l."250 kilomètres de

Bamakou, où un

fort fut construit la région.

Une canonnière

,

le

grand centre commercial

du Sénégal à fer qui

hsant toutes

et poli-

occidental.

celle

un jour

même

par

la

construction d'un che-

du

assurerait notre influence sur toute l'Afrique

les forces

la

de l'Algérie, par l'étabhssement de rap-

nord- ouest. Si nous savons agir avec prudence

que donnent

le

en

uti-

et la religion,

par

et ténacité,

commerce

négociants et les missionnaires, aussi bien qu'une diplomatie

habile, peut-être qu'avant

un demi -siècle

minera sans conteste sur toutes et

à

Niger y promène déjà le pavillon tricolore, riverains apprennent à connaître et qui est parvenu jusqu'à

ports commerciaux, peut-être

les

pour mar-

le

L'objectif de la politique française doit être de relier

min de

soit lui-

de toute cette région.

de possession française de

du Soudan

colonie

le droit

eut à combattre Samory, puissant chef des Malinkés,

Kabara, port de Timbouctou tique

;

côté, le colonel Borgnis- Desbordes alla construire, en

vapeur lancée sur

que

de Bafoulabé

haut Niger, depuis ses sources jusqu'à

pour autant,

parvint en 1883 à

quer

le

réalité le souverain

Saint-Louis et

le fort

accorde aux Français

traité

exclusif de fonder des comptoirs dans son

protectorat

résultat probable, a fait

le

s'avança jusqu'au Niger et obtint d'Ahmadou, roi

il

traité

«

et

,

projet.

capitaine Galiéni construisit en

Le

Les

les travailleurs.

50 kilomètres exécutés ont coulé plus de 30 millions de francs

du Sahara. Jointes

ront ainsi

un empire

moitié de l'Europe.

l'influence française do-

les parties occidentales

à l'Algérie et à la Tunisie

,

elles

du Soudan

nous donne-

colonial franco -africain, aussi vaste

que

la


SÉNÉGAL

163

CHAPITRE

II

GEOGRAPHIE PHYSIoUE La colonie

fran(;aise

cipal qui l'arrose,

Sahara au nord,

du Sénégal,

Soudan

lleuve prin-

dans l'Afrique occidentale, entre

est située le

du

ainsi appelée

à

l'est,

Guinée au sud

la

le

et l'Atlan-

tique à l'ouest.

Le Sénégal français proprement

ne comprend que

le littoral

mais avec ses dépendances, poussées aujour-

kilomètres carrés;

du Sahara au nord,

d'hui jusqu'au cap Blanco

sud

dit

versant de gauche du fleuve, sur une superficie de 200.000

et le

et le

Niger à

l'est,

la

Mellacorée au

notre possession sénégaUenne,

ou plutôt

sénégamhienne , comprend 12 degrés en latitude (du 9« au 21 c en latitude nord) et

12 à 13 degrés en longitude (du

7^

au 20^ en lon-

gitude ouest de Paris), ce qui donne une superficie double de celle

de la France,

En

de kilomètres carrés.

soit l.(J00.O0O

d'autres termes,

toute la

quelques enclaves anglaises

et

région appelée Sénégambie, à part portugaises

,

subissant notre in-

fluence exclusive, peut être considérée et étudiée

comme

colonie

française.

Le littoral présente un développement de plus Le uttof.al. de L300 kilomètres le cap Vert le divise en deux parties d'égale :

longueur, mais de caractères bien différents.

Du c'est

cap Blanco jusqu'à Saint-Louis, la

même

jusqu'au cap Vert

côte saharienne, basse, bordée de dunes, d'étangs ou la-

généralement droite, sans échancrure, sans port,

gunes;

elle est

sauf

chenal du Sénégal, d'un accès rendu très

le

difficile

par une

<loub]e ligne de brisants et de bancs de sable qui l)orde tout

le

littoral.

Toutefois on remarque au nord, baie

du Lévrier, formée par

cap Blanco

nom,

;

puis

la

la baie Saint-

dans

la presqu'île

la

partie saharienne,

baie poissonneuse d'Arguin avec

Jean et

le

la

aujourd'hui espagnole du l'ile

de ce

cap Timris. dette côte est inexploi-


,

LA FRANCE COLONIALE

11)4

téc, si ce n'est

anciens comptoirs

el les

parles pêcheurs canariens,

français de Portendick et d'Arguin ont disparu.

Le cap Vert, caho

Vercle des

Portugais,

plus occidental du

le

continent africain, termine une presqu'île remarquable par sa nature basaltique autant que par sa forme triangulaire. Cette pres-

basaltique de

Du

de Corée,

circonscrit la l)aie

qu'île

renfermant

l'îlot

également

même nom.

cap Vert au fleuve Mellacorée,

sénégambienne

côte

la

est

fortement échancrée par une douzaine d'estuaires, larges, déchiquetés eux-mêmes; séparés par des presqu'îles et des caps nomItreux.

Bien qu'obstrués par des bancs de sable,

donnent accès

ils

à la navigation dans des fleuves côtiers, dont les principaux sont la

Cambie

et le

Rio-Crande.

Orographie. ritables

— Le Sénégal renferme plus de plaines

que de

vé-

montagnes.

La région montagneuse du sud-est se rattache au système dit des monts Kongs qui couvrent l'intérieur de la Guinée septentrionale et dont le point central paraît être le mont Loma, 2.000 mètres, aux sources du Djoliba- Niger. Le massif du Fouta-Djalon et du Taugue, d'où descendent tous

les fleuves

de

la

région sénégam-

bienne, parait élevé de 2.000 à 3.000 mètres; parmi les sommets qui conservent des neiges permanentes, on signale les monts Sère,

Colimat et Pélat, situés à l'ouest de Timbo, aux sources du Bafmg et de la Falémé. Des chaînons rayonnants séparent les cours supérieurs

du Niger, du Sénégal

et

de chacune des rivières dites du

Sud.

Les plaines, plus ou moins littoral et

fertiles

et boisées,

s'étendent sur toute la partie nord-ouest

inférieurs de la

Gambie

et

du Sénégal. Au

dominent sur ,

le

entre les cours

nord de ce dernier fleuve

jusqu'au Niger, c'est la plaine du Sahara avec ses déserts caractéristiques et ses rares oasis.

Hydrographie. le le

— Les principaux fleuves de

Sénégal et la Cambie,

Pongo,

Des ou

la

Mellacorée

le

Rio-Géba,

et les

deux

le

sauf pour

le

,

dont

les

Sénégambie sont

Rio-Crande,

le

Rio-Nunez,

Scarcies.

comptoirs français sont étabUs sur

rivières maritimes

la

chacun de ces fleuves

embouchures sont des

estuaires

Sénégal, qui se termine en une sorte de delta incom-

plet.

Le Sénégal

est

formé à Bafoulabé de deux grands affluents

:

le


,

SENEGAL Bafing ou

Rivière Noire

«

qui paraît être

Bafing,

elle Bakoï ou

i),

la

165 «

rivière

Blanche

Le

».

branche principale, descend du Fouta-

Djalon, passe près de ïimbo, et parcourt une vallée bordée d'es-

carpements à l'ouest, plus plate à

Niger;

il

l'est.

Le Bakoï

peu

naît au pays

lieues seulement de

Manding, à quelques

élevé de

Bamakou

et

du

coule vers le nord- ouest en recevant plusieurs affluents

du pays du

Jallonka,

du Fouladougou, de

Kita, et rejoint le Bafing

à Bafoulabé.

En

aval de ce confluent, le Sénégal forme dans le

série de chutes dont la

première

du Felou, que

nière, la chute

large de plus de 400 mètres.

ou plutôt

cipal affluent, qui sépare le

où sur il

s'étend en

il

la limite

une

belle

du Fouta

et

il

Bambouk une

de Guina,

et la der-

haute de 20 à 30 mètres et

l'on dit

ne devient navigable qu'à Médine

Il

à Kayes; plus bas,

est le saut

reçoit à droite la

Falémé, son prin-

Bambouk du Bondou

et

baigne Bakel,

nappe de GOO mètres de largeur

du Toro,

baigne Matam, Saldé et Podor

traverse

il

ensuite

;

ou marigots, qui enveloppent de longues cipale est celle de Morfil, cette

île

î

il

puis

une vaste plaine où

se divise

îles

;

en deux bras

boisées dont la prin-

de l'Ivoire

»,

les

indigènes

chassaient autrefois l'éléphant.

En

aval de Podor, après avoir

fleuve

le

communique avec deux

Guier au sud, et qu'il draine,

qu'il

rempHt de

lacs, le

Cayor au nord,

eaux dans

au contraire, au temps de

du Oualo

plaine marécageuse et boisée

il

la

et le

saison des pluies,

la sécheresse.

Dans

la

passe à Richardtoll et se

nouveau en nombreux marigots ou bras de

divise de

deltas dont

plus septentrionaux, arrêtés aujourd'hui par la barre sablon-

les

neuse du l'île

littoral,

courent vers

le

sud.

Le bras

principal, qui baigne

de Saint- Louis, atteint une lagune dirigée du nord au sud

s'en échappe à travers la

et

ses

formé de nombreux méandres,

dune par une coupure qui, variant '

de position, se trouve actuellement à 15 kilomètres au sud de

la

capitale.

La longueur du Sénégal est évaluée à 1.600 kilomètres depuis sources du Bafing, et à 1.250 kilomètres depuis Bafoulabé. Son

les

altitude est de plus de 2.000 mètres à sa source, 11-3

mètres au

confluent, à Bafoulabé, et 50 à Médine.

Navigable depuis Kayes (1.000 kilomètres) au temps des grandes

eaux

et

depuis Podor (250 kilomètres) en toute saison,

est la voie

commerciale naturelle entre

la côte et le

bassin

le

Sénégal

du Niger.


.

LA FRANCE COLONIALK

166

Malheiireuseinent les barres sablonneuses de son embouchure, les chutes de sa partie supérieure, les variations irréguliéres de son niveau, provoquées par les pluies de l'hivernage, nuisent à sa navigation, qui n'est praticable en tout

temps qu'aux bâtiments calant

moins d'un mètre.

Le Saloum

n'est

qu'une

mais

rivière,

petite

estuaire très vaste, rempli d'iles

;

il

dans un

se jette

traverse le petit

il

royaume de

Saloum

La Gamine, moins longue que embouchure en

le

Sénégal

estuaire plus large (5 à

(IMIO kilomètres),

navigable. Elle descend du massif de Tangué,

par

le

nord pour courir vers vallée

fertile

l'ouest

;

une

contourne

qu'elle

traverse

elle

a

kilomètres) et plus

1(1

une large

et

en arrosant divers comptoirs anglais, entre autres

Albréda au nord, Sainte-Marie-de-Bathurst au sud de son embouchure.

La Casamance Sedhiou

et

a peu d'étendue; elle baigne les postes français de

de Garabane.

Le S an -Domingo ou Cachéo ,

Rio-Géba

le

et

le

Rio- Grande

(Grande-Rivière) forment des estuaires navigables sur desquels les Portugais ont établi des factoreries les îles

le

Rio-Pongo

et la

marquent

la limite

chef-lieu de

le

de

Mellacorée traversent des

nombreux comptoirs

Les deux rivières Scarcies sont sous

dont

le

et le cabotage.

Rio-Nunez,

régions fertiles qui renferment de

et

bords

Bissagos, peuplées de métis portugais qui excellent dans

commerce I^e

;

les

en face se trouvent

le

la florissante colonie

même nom

français.

protectorat de l'Angleterre

se trouve à

nègre de Freetown,

l'embouchure de

la

Rokelle.

Le Niger,

fleuve

du pays des

noirs, forme actuellement la limite

orientale des possessions françaises

Loma, dans

la

chaîne des Kongs

du Sénégal. Né au massif du

envoie des affluents encore peu connus,

le

il

se dirige vers le

lui

nord-

pays des Mandingues, y nouveau fort français de Bamakou, puis Ségou-Sikoro,

est sous le

baigne

nom

du Fouta-Djalon, qui

et à l'est

la capitale

de Djoliba, traverse

du Ségou,

et

Sansandig.

le

Plus au nord

il

reçoit à

droite de puissants affluents, se divise en plusieurs bras qui enfer-

ment de

vastes

marécages que

îles

dans

le

Bourgou

et

l'on désigne parfois sous le

traverse

nom

Dabou. Arrivé à Kabara, en face de Timbouctou,

d'immenses

de lac Dibbie ou le

grand marché


167

SENEGAL soudanien,

le

Niger décrit vers

remarquable analogue à qui

le

ramène vers

celle

le golfe

l'est

le

et

sud-est une courbe

du Congo, mais en sens inverse, ce

de Guinée, dont

il

semblait d'abord vou-

loir s'éloigner.

Le cours

inférieur et le delta

aux Anglais,

comme

du Niger appartiennent aujourd'hui

son cours supérieur est destiné à devenir

Baobab au Sénégal.

kilomètres, Ce lleuve immense, long de plus de 4.5UU et de la civilisation vers sera ainsi l'artère principale du commerce central. le Soudan occidental et le Sahara

français.

Climat.

- Contrée intertropicale

surtout dans les déserts

du

,

le

Sénégal a

le

climat torride,

nord, mais avec des atténuations con-

sidérables sur le littoral, dues à l'influence

du courant

froid

marin

qui suit la côte du nord au sud.

de t>0 à 28 degrés Saint-Louis, les écarts de température varient Médine ou à Bakel, seulement, température moyenne; tandis qu'à en degrés en hiver jusqu'à 05 degrés

A

le

thermomètre monte de 25


LA FRANGE COLONIALE

108

mùme

été,

à l'ombre, lorsque souffle l'harmattan ou vent du nord-

venant du Sahara.

est

Il

n'y a

que deux saisons

fièvres, la plus funeste

et

V hivernage, saison des pluies

et des

aux Européens, qui dure de juin à novembre;

et la saison sècJie, plus

décembre à juin,

:

chaude, mais moins malsaine, qui dure de

compte à peine quelques jours de pluie en

six mois.

du

le massif. montagneux

Grâce à son altitude plus considérable,

centre jouit d'un climat plus tempéré, dont la colonisation euro-

péenne profitera peut-être un jour.

En

hiver,

des

tornades

tournoyants

ou vents

et

nuageux,

accompagnés de coups de tonnerre, souvent aussi d'averses abondantes sévissent fréquemment sur le littoral, et des raz de marée dévastent la côte en mai et juin.

Productions.

Sans parler

ici

des produits commerciaux,

le

Sénégal abonde en végétaux et animaux qui atteignent souvent une

grande

taille.

Qu'il

nous

suffise

de citer parmi

mense baobab, le palmier, le bombar ou fromager,

tamarinier, l'acacia,

le

beaux bois de teinture

et

le

le chi

de construction

les

premiers, l'im-

gommier, l'adansonia,

;

ou arbre à beurre, de

parmi

seconds

les

les

,

singes, le lion, le léopard, l'éléphant, l'hippopotame, le crocodile,

perroquets, l'autruche,

les

le

fourmis blanches ou termites

marabout ou cigogne à et les

moustiques sont

sac.

Les

les fléaux

de

la contrée.

L'or, l'argent, le fer, le cuivre existent, mais sont

Le

sel est assez

peu

exploités.

commun.

CHAPITRE

III

GÉOGRAPHIE POLITIQUE Ethnographie.

que 2.000 Européens répandus sur un mètres carrés

;

La population et

coloniale ne

comprend guère

200.000 noirs, administrés par nous

et

territoire vaguement évalué à 40 ou 50.000 kilo-

mais dans ces derniers temps plus de 2.000.000 de


,

SENEGAL

169

noirs et autres indigènes ont été placés sous notre protectorat et

vivent soit sédentaires,

soit

nomades, sur une étendue de 4 à

500.000 kilomètres carrés. Peu à peu notre influence reste de la

le

On

s'établit

sur

Parmi

les

Sénégambie.

distingue les Européens, les Maures et les noirs.

Européens

,

il

y a à peine 300 commerçants

,

la

plupart Français

(juerrier peul.

résidant à Saint-Louis ou à Gorée

;

les

autres sont des employés

qui ne séjournent qu'un temps plus ou moins

civils et militaires

long, à cause de l'insalubrité

du

climat.

Les Maures, de race berl)ère, musulmans les

la

Trarza rive

pour

et les Douaïcli

droite

faire des

du

fleuve

razzias

,

,

qui parcourent en qu'ils

et

fanatiques,

nomades

le

sont

désert de

n'ont que trop souvent traversé

au milieu des peuplades noires de

la rive

gauche.

Parmi

les noirs

on classe

gues, les Toucoulcurs ,

etc.

les

Penh,

les

Ouolofs, les Mandin-


LA FRANCE COLONIALE

170

Les Peula, appelés aussi Foulahs, Foulbés ou Fellatahs, sont plutôt

de race brune ou éthiopienne;

mahométans

et

conquérants,

habitent

ils

industrieux le

et

pasteurs,

Fouta du bas Sénégal

massif du Fouta-Djalon. Les Ouolofs, Yolofs ou Djolofs, sont de vrais nègres, au

et le

teint

Berger peul.

noir, nez épaté, lèvres épaisses, mais de belle stature; la plaine

habitent

au sud de Saint -Louis.

Les Mandingues,

Bambaras, fétichistes

On

ils

;

Mandings ou Malinkés,

sont intelhgents, ils

cultivateurs,

et

leurs frères les

aptes

au négoce

et

peuplent les régions centrales et les bords du Niger.

appelle Toucoulcurs les tribus métisses de Peuls et de nègres

musulmans, rusés, fanatiques de grands embarras à

et turbulents, ils

la colonisation

;

ont créé souvent

du pays.

Les indigènes sont en général groupés en villages avec un chef élu, ou en petites souverainetés ou royaumes.

Il

y a parmi eux des


SENEÛAL hommes

li])res et

des esclaves. Les guerriers, qui sont en honneur,

se partagent la dépouille des vaincus.

pophages dans

le

171

On

trouve

même

des anthro-

sud-ouest.

Les PKrpLADES du Sénégal. -^ années en contact avec

les

î

Quoique depuis Iden

Européens,

Femme

les

indigènes du Sénégal

peule.

ont jusqu'à présent conservé leurs

mœurs

et leurs

coutumes

mitives, avec leurs dialectes différant tous les uns des autres.

sont orgueilleux, fourhes, astucieux et paresseux au leur vie est celle de l'animal; pour eux le

de l'existence est de manger trie

et cultivent juste à

et

des

lis

Ils

superlatif;

suprême honheur,

de dormir,

peu près ce

pri-

l'idéal

n'ont aucune indus-

qu'il faut

pour subvenir aux

besoins de l'année... d

...

iiiôlée <r

...

Toutes ces peuplades ont pour de mépris

;

elles

les Européens une répulsion nous délestent profondément...

L'esclavage existe dans toutes ces contrées; dès qu'on est

un peu au courant des mcnirs indigènes, on distingue

tout de suite


LA FRANCE COLONIALE

172

classes différentes de captifs.

deux

La première comprend

de case, l'ami plutôt que l'esclave du maître, dont

souvent

confiance;

la

un mot,

force majeure; en

il

a

même

vendu, sauf dans

comme

est considéré

il

Quant aux

partie de la famille.

à plaindre, car

n'est jamais

il

le captif

faisant

paesque

captifs ordinaires, ceux-là sont plus

sont parfois soumis à des traitements rigoureux.

ils

Appartenant aujourd'hui à celui-ci, demain à celui-là,

vendus suivant

les

caprices

du

faites

basses et sans

,

la

villages,

moindre aération

sont cylindriques,

surmontées d'un

dans

presque toutes chez

le ])as- fleuve,

ils

sont

maître...

Les noirs vivent dans des cases groupées en

«

sièrement

très

cas de

le

;

gros-

leurs formes

en cône; quelques-unes,

toit

les Sarracolets et les

Kas-

sonkais, ont la partie cylindrique formée de pieux et de branches

recouvertes de terre argileuse

hommes, femmes,

grouillent

domestiques

;

on y couche, on y

;

dans un espace restreint

cela

mulent,

s'y

tout le reste est en paille.

et

fait la

un

cuisine,

non aéré

concentrent; du poisson, de

quelquefois dans

la

cultive

la

,

un espace

uni,

devant l'entrée

on y

odeurs

accu-

s'y

viande séchée, ramassés

En

dehors des nattes sur

vêtements, et de leurs calebasses qui, on peut

les

servent à tous les usages aplati et

on y mange, tout

couchent, du miserai )le coffre en bois dans lequel

ils

ramassent

les

;

Là dedans animaux

certains

coin, contribuent encore à rendre l'accès d'une

case insupportable pour tout Européen. lesquelles

même

enfants, voire

;

vide plus ou moins grand

même un légumes, comme

;

le dire,

le sol est

est réservé

petit jardin y est attenant

quelquefois

quelques

patates douces,

case est complètement nue

ils

:

giraumons, yombos ou

mais jamais on n'y voit de

fleurs,

non plus que

d'arbres fruitiers. Tous ces villages sont généralement d'une saleté

repoussante les

;

ils

n'offrent

aucune symétrie,

unes près des autres, se touchant

les cases

même

sont construites

quelquefois,

sans

ordre; de petites ruelles étroites, malpropres, où se répandent les

odeurs des cases, permettent de circuler d'un endroit à l'autre du village, «

en faisant mille tours

et détours.

Leurs costumes sont primitifs

ou toubé dont

la ceinture

,

ils

se

composent d'un pantalon

est à coulisse,

descendant à peu près

jusqu'au genou, et d'un houbou, morceau d'étoffe qui va jusqu'aux chevilles,

au milieu duquel on ménage un trou pour passer

cousu de chaque côté,

il

laisse des ouvertures

pour

la tête;

les bras...

Yolofs et les Toucouleurs portent la tête complètement rasée;

Les

un


SÉNÉGAL un morceau de

couteau,

Même

ration.

pour

bouteille cassée, leur suffit

cette opé-

ainsi, sans avoir rien sur la tête qui les garantisse,

du

affrontent les plus forts rayons

ils

173

Kassonkais portent

cheveux sensiblement de

les

séparés en plusieurs mèches tressées;

une

à leur coiffure, mais,

Les Sarracolets

soleil.

ils

la

même

apportent un grand soin

fois installée, ils restent

quinze jours ou

semaines sans y toucher.

trois

Les femmes n'y mettent pas moins d'amour-propre,

et les

manière,

coiffeurs ont besoin de patience, la

femme

pas en manquer. Lorsqu'une

personne qu'on

la tête et

coiffe

ne doit

se fait coilîer, elle s'étend par

terre tout de son long, la face contre le sol

hauteur de

et si les

la coiffeuse s'assied

;

à

la

commence le démêlage avec un outil que, sans un râteau; pour faciliter l'opération et

exagérer, on peut appeler

rendre beurre

cheveux plus souples, on

les ;

heures,

ce travail terminé

les

,

et

il

enduit soit d'huile, soit de

les

ne dure pas moins de plusieurs

cheveux sont séparés en

petites

successivement chacune autour d'une paille

mèches, enroulées

toutes ces pailles sont

;

ensuite ramenées derrière la tête et liées ensemble. Là, s'arrête la

première séance,

qu'un jour ou deux après, lorsque

et ce n'est

cheveux ont pu assez prendre

donner

le

dernier lissage'...

le pli,

qu'on enlève

les pailles

pour

i>

Les principaux États ou royaumes du Sénégal sont, au nord Cayor, dont

Fouta,

le

le

chef porte

Bondou;

Manding; à Narou,

le

à

le

les

nom

l'est,

le

de Daniel

Bambouk,

l'ouest, le Baol, le Serère, le

;

le

le

Oualo,

Saloum,

Biafar, le Fouta- Djalon; ce dernier

le

le

Dimar,

le

le Kita,

le

Chabou,

le

le

Jallonka,

:

royaume, soumis

à

notre protectorat en 1883, a pour capitale Timbo, aux sources du

Bafmg. Administration.

La colonie

neur résidant à Saint-Louis.

Un

est administrée

par un gouver-

préfet apostolique est le chef

du

culte catholique. Il

n'y a que

temps des paroisses elles

La ment

communes

trois :

sont administrées colonie

élit

un

organisées, qui sont en

Gorée-Dakar

Saint-Louis,

comme

et

même

Rufisque;

de France.

celles

conseil général et

nomme un

député au. parle-

français.

Ci-devant divisé en deux arrondissements dits de Saint-Louis

*

L. MuiHON d'Aucknat, BuUeiin de la Socièlé de Géoçirnphie.

et


LA FRANCE COLONIALE

j-j/^

de Gorée,

le

Sénégal comprend aujourd'hui quatre arrondissements

ou parties diversement administrées, savoir ceux de Saint- Louis, du Haut-Fleuve, de Dakar et des Rivières-du-Sud. :

villes

Signalons les

ou

principaux centres de population de

les

la

colonie.

__ L'arrondissement de Salnt-Loiis, placé sous les ordres de Saint- Louis, directs du gouverneur, compremi les cercles I,

Dagana, Podor

et Saldé,

sur

le

bas Sénégal.

Saint-Louis, 20.000 habitants, chef-lieu de la colonie et résidence du gouverneur, est bâtie sur un ilôt sablonneux du fleuve

Carte du delta du Sénégal.

Sénégal, à quinze kilomètres de son embouchure, mais à 500 mètres à peine de la mer, dont elle n'est séparée que par le petit bras du fleuve et une langue de terre appelée côte de Barbarie. Saint-

Louis a été fondée en 1626 par la Compagnie française patronnée par le cardinal de RicheUeu. Longtemps composée de simples cases de paille

presque entièrement remplacées par des maisons à

,

oaleries et à terrasses,

tenues,

la ville

édifices publics; le

bordant des rues bien alignées

et

bien entre-

de Saint-Louis possède aujourd'hui quelques beaux

un pont de bateaux, long de

orand bras du

ileuve

pour atteindre

à

6r)0

mètres, traverse

Bouëtville la gare

de Dakar; deux autres ponts sont jetés à Oé, sur

chemin de

fer

petit bras

pour rattacher

les

ouolof Parc de Saint-Louis)

et

du le

deux faubourgs de Guet-Ndar (en de Ndar-Tout (Petit-Saint-Louis),

bâtis sur la langue sablonneuse de Barbarie et peuplés principale-

ment de pécheurs.


SENEGAL Saint- Louis

de si

la

fait

un commerce

colonie vers le Niger lui

actif

175

par

le fleuve,

ménage un avenir

l'on exécute le projet d'un avant-port

éviter le détour de l'embouchure.

Malgré

et l'extension

florissant, surtout

en face de

la ville

les difficultés

pour

delà barre,

y viennent débarquer, bord à quai, les marchandises et remportent les gommes, les arachides, les peaux

les navires

européennes, et les cuirs

entreposés par

les

Le

forl

maisons de commerce.

de Bakel

La banlieue de Saint- Louis contient Ndiago, Mérinaglien, Richardtoll,

les villages

etc.;

de Gandiole,

une vingtaine de

forts

sont établis sur la route de Dakar et sur le bas fleuve.

Dagana, Podor

et

Saldé, sur

Sénégal, sont les chefs-lieux

le

des cercles dépendant de l'arrondissement de Saint- Louis.

IL

L'arrondissement du Haut- Fleuve est administré mili-

tairement par localité

Matam tifié

un commandant qui

au confluent du Bafing

en 1881 sur

vers

Il

les

Cages,

comprend depuis

plusieurs cercles dont les chefs-lieux sont Bakel, poste for-

en 18^20; Médine, qui rappelle

><ur le

Kayes ou

réside à

fondée en 1880, en aval de Médine.

de 1857; Bafoulabé,

camp retranché établi nom et Bamakou, ville du Bambara, d'où l'influence et le commerce français vont descendre

le

Niger,

le siège

et

du Bakoi

plateau de ce

Timbouctou.

;

;

Kita,


LA FRANCE COLONIALE

176

Des groupements d'habitations indigènes ces postes fortifiés

qui assurent

U arrondissement

in.

Dakar

de

se forment autour de

la tranquillité

de

la contrée.

par un fonc-

est administré

relevant du gouverneur. Peu étendu,

tionnaire

civil

les villes

de Gorée, Dakar, Rufisque et Portudal.

comprend

il

Dakar, 2.000 habitants, fondée en 1857, pour suppléer à l'insuffisance du port de Gorée, est bâtie à l'intérieur d'une baie formée par la presqu'île du cap Vert, et sur un petit plateau d'une altitude de 18 mètres. Port sûr, défendu par un fortin; dépôt de charbon, Louis et avant-port de tête de ligne du chemin de fer de Saintcette ville, point

de ralliement de

la division

navale et relâche des

paquebots des Messageries maritimes, Dakar est appelé à un avenir brillant, peut-être à supplanter Saint- Louis.

Gorée a été bâtie en 1305 par les négociants dieppois, sur un superficie, situé à l'entrée de la baie de ce îlot de 36 hectares de -

nom

elle est

défendue par un castel qui domine

la ville à

00 mètres

de hauteur. Gorée a eu son époque d'importance et fut l'objet de plusieurs attaques navales; détrônée aujourd'hui par Dakar, sa population est tombée de 4.000 à 2.000 habitants. Rufisque, du portugais rio Fresca a rivière fraîche ville très florissante

de 5.000 habitants, située sur

Portudal et Joal, 2.000 habitants, sur

comme

sent avoir lY.

la côte

»,

la côte

une

est

du Baol.

de Sine, parais-

Rufisque une origine portugaise.

L'arrondissement des Rivières -du -Sud s'étend du Rio-

Saloum à

la

Mellacorée

au sud-ouest de

la

:

il

comprend tous

Sénégambie

,

et est

les

comptoirs établis

administré par

un

lieutenant-

gouverneur. Ses principaux centres de commerce et de population sont Sedhiou, à 35 lieues les villac»-es de Kaolak, sur le Saloum :

;

de l'embouchure de à l'embouchure

du

la

Casamance

même

fleuve

;

;

Carabane, dans une

— Boké,

sur

le

île

Rio-Nunez^; —

— plus au sud Conacry, nouvelle Boffo, sur rive gauche de dence du heutenant- gouverneur — Benty, sur le

Pdo-Pongo

rési-

;

;

la

la Mellacorée, point extrême des possessions françaises. Les indigènes de la Sénégambie vivent principaIndustrie.

lement de l'élevage du bétail, de la pêche, de la culture du mil, du manioc, du riz, du maïs et de l'arachide. Celle-ci est une papilionacée

dant les gousses s'enfoncent en terre pour mûrir,

donnent une huile abondante propre à divers usages.

et


Q

:ii.:.Titi|i;ii.ii.|||iiil1lllH|il'!|jliiiiir

12


,

LA FRANGE COLONIALE

178 Ils cultivent

bleue dont

ils

aussi l'indigo, le coton et tissent des bandelettes d'étoffe font le pagne, sorte de vêtement assez rudimentaire.

des fabricants d'objets y a parmi eux des forgerons, des potiers, usuels, de bijoux, souvent artistemeut travaillés. Ils exploitent l'or, Il

dans

le

Bambouk (pour un

répondant à certains besoins locaux ne

industries

Diverses

«

demi-million) et d'autres métaux.

font pas défaut aux indigènes,

Les industries de luxe

«

en certains cas, aux Européens.

et,

que

telles

En

pays comptent des artisans habiles.

du

l'orfèvrerie et les tissus

ce qui concerne la pre-

mière, on pourrait presque dire que les bijoux fabriqués sortent des mains de véritables artistes, étant donné surtout l'outillage primitif employé. et parfois

La

«

Le dessin

est correct, les filigranes sont délicats,

ne laissent rien à désirer

fabrication des tissus

comme

comme

fini et

du pays qui servent

goût.

la confection

à

partie principale du costume indigène, est entre les

du pagne,

mains des tisserands noirs dont cèdent en rien aux

métiers et l'installation ne

les

outils primitifs des bijoutiers.

chaîne et la trame sont irréprochables

;

Et cependant

passées avec des

les

fils

le

la

de

différentes couleurs produisent des dessins d'une rég-ularité parfaite.

tissage se fait par bandelettes de

Le

réunies ensuite, forment

le

Bon nombre de pagnes mélange de

fils

deux mètres de longueur qui

pagne. sont tissés en

fil

de coton blanc sans

de couleur, pour être ensuite

en bleu avec

teints

l'indigo sénégalais. «

Les forgerons,

et

notamment

les individus

fectionnent les poignards, les fers de lance

ouUl agricole employé. Le hilaire a

la

de race Lawbé, conet le hilaire,

le

seul

forme d'un croissant à bords

tranchants et à cornes arrondies et rentrantes.

Les cordonniers font non seulement la chaussure, les babouches ou bottes en cuir rouge ou jaune, mais encore les fourreaux de €

sabres, de poignards, les housses de selle, etc. ^

Commerce. les rétyions

:

— Le commerce intérieur se

fait

différemment selon

sur le haut fleuve, on troque les produits du pays

contre des marchandises importées dans le Cayor, sont échangées contre espèces sonnantes ou contre du ;

en barre; dans les

rivières

fusils, 1

de

la

Extrait des

le

arachides

fer

de Suède

Serrère, on troque contre de l'eau-de-vie; dans

du Sud, contre des guinées ou poudre, du tabac, etc.

Nolic.'\i

les

coloniales

,

publiées par

le

tissus

de coton, des

ministère de la Marine.


SÉNÉGAL

^119

Le commerce de la colonie est assez tlorissant depuis une dizaine d'années. Le chemin de fer de Saint-Louis à Rufisque et Dakar, long de 263 kilomètres, rend déjà de grands services. ligne, à voie étroite, de

remonte

le

1

Une

autre

mèlre de largeur, commencée en 188:2,

haut fleuve depuis Kayes, où fmit

navigation régu-

la

Bafoulabé, plus tard Bamakou.

lière, et doit atteindre

Le commerce extérieur de

de 25 millions

la colonie s'est élevé

en 1875 à 50 millions en 1883.

Il

se fait

pour

les 2/3

avec la métro-

surtout pour l'exportation.

pole,

Les marchandises importées proviennent de

France (12 mil-

la

lions de francs), de l'Angleterre (6 millions), de la Belgique (4 millions),

de l'Allemagne (3 millions), et de l'Amérique (2 millions).

Ce sont notamment des denrées alimentaires des

armes

et

Hambourg, du

des tissus belges fer

de Suède et

et

des vins français,

et

eaux-de-vie de

anglais, des

du tabac d'Amérique.

Les exportations consistent surtout en arachide, pour une valeur rapidement croissante de 13 millions en 1880 à 20 millions en

1883;

en

gomme

du Rio-Nunez,

et

Gorée-Dakar sont deux ports d'importation

et

sésame, cire, peaux le riz

pour 4 millions; en caoutchouc,

d'acadie, et

plumes; en outre,

le café

de la Casamance.

Saint- Louis et

d'exportation; Rufisque et la plupart des comptoirs font surtout l'exportation et la troque.

Le mouvement de

la

navigation a lieu particulièrement avec les

ports de Bordeaux, Marseille, Londres, Liverpool, Cardif,

bourg

Des Dakar.

et

Boston.

Bordeaux

services réguliers sont étal)lis de

De

petits

jusqu'à Kayes.

à

Bamakou,

de Liverpool à

les transports

vapeurs de l'État font

De Kayes

et

sur

Les comptoirs des Rivières-du-Sud sont

le fleuve

correspondance par terre

la

prend dix-sept jours. Des canonnières naviguent déjà sur

lier

Ham-

reliés

par un

le

Niger.

service régu-

de bateaux à vapeur.

Une hgne

télégraphique rattache Saint- Louis à

câble sous-marin anglais, subventionné par tugal,

reUe Paris par Cadix

Bathurst,

et Ténériife

la

et

et le

à Saint-Louis,

Conacry, Freetown, Grand-Bassam,

Grand-Popo, Lagos,

Bamakou. Un

France

Saint-Paul-de-Loanda.

Assinie, 11

Por-

Dakar, Accra,

rattache ainsi

la

métropole à nos possessions du Sénégal et à celles des cotes de

Guinée dont nous allons parler.


COTES DE GUINEE

IhsToiuQUE. et de les

— Nul doute que

Rouen, en

xiv*^ siècle;

1700, où

même

temps que

Guinée aussi

côtes de

mais

Ijien

l'histoire est

compagnie

la

négociants français de Dieppe

les

que

Portugais celles

,

du

n'aient fréquenté

Sénégal,

dès

le

muette sur leurs exploits jusqu'en

d'Afi-iqne fonda, sur la rivière d'Assinie,

Caile

un comptoir

les

t-lci

côtes de Guinée.

qui fut abandonné quelques jours après. C'est en 184;î

seulement que Louis -Philippe chargea

le

lieutenant,

plus tard

amiral Bouët-Willaumez, de prendre officiellement possession des territoires

de Grand- Bassani

,

d\A.ssinie et

du Gabon.

Le royaume de Porto-Novo, sur la c<He des Esclaves, ne devint notre protégé qu'en 1804 et ne fut occupé militairement que vingt ,

ans après.

Le Popo

est situé sur la

même

c<He, en face

suite de négociations diplomatiques, en

du Dahomey. Par

1880, la France a obtenu

le Grand-Popo, tandis que l'Allemagne a pris possession du PetitPopo et du Togo, situés à l'est de la colonie anglaise de la Cote-

d'Oi-, et les

Portugais se sont établis officiellement sur la c<He du

Dahomey, de manière à resserrer nos comptoirs de Esclaves. la

Un

coup

d'ot^il

situation respective

jeté sur la carte ci-contre fait et

péennes dansées parages.

la

côte des

comprendre

reiichovètrement des possessions euro-


COTES DE GUINÉE

181

I.- COTE D'IVOIRE

tement, de

— La

Assjme.

Bassa:\i et

partie de la côte d'Or ou, plus exac-

côte d'Ivoire appartenant à la France, présente

la

un

développement de plus de 300 kilomètres. Elle s'étend à l'ouest, jusqu'à

de Libéria,

république

la

l'est,

d'Or, qui

commencent

elle

à la rivière Tanoé.

Assinie, qui en sont les

et

sans démarcation bien déter-

confine aux possessions

minée; à

anglaises de la côte

— Dabou, Grand- Bassam

principaux comptoirs, ne consistent

qu'en villages indigènes, auprès desquels on a établi un poste, ou enceinte entourée de palissades, destiné à protéger les maisons de

commerce.

Gomme

pour toute

Guinée en général,

la

basse, marécageuse,

boisée

insalubre;

et

la

elle

côte dlvoire

est

en une

consiste

langue de terre sablonneuse, derrière laquelle court une série de lagunes où affluent

eaux de

les

l'intérieur.

La lagune de Bassam, ou d'Ebriès, baigne à la fois GrandBassam, situé à l'est, à i kilomètres de la mer sur l'emboucliiire de l'Akba, Petit- Basscmi au sud, Assinie est situé sur

débouché à

la

la

au nord.

et l)al>ou

même nom,

de

rivière

qui sert de

double lagune d'Ahi-Tendo, dans laquelle se jettent,

à l'ouest, la rivière Bia ou Assinie,

et

à

l'est, la l'ivière

Tanoé,

limite de la colonie.

L'exportation de

la

côte

d'Ivoire

palme, poudre d'or, cuirs, ivoire; les

indigènes Jaks-.laks, qui occupent

de préférence avec

merce français

la

pour Il

est si

surtout en

huile de

principalement par

le littoral

et

qui trafiquent

négociants anglais. L'importance du com-

les

peu considérable, qu'en 1872

Grand-Bassam à

a livré à

consiste

elle se fait

maison Verdier de

le

gouvernement

la

Rochelle, et Assinie

maison Swanzy de Londres, en réservant

toutefois ses droits

la

l'avenir.

y a

celles

même

eu un projet d'échanger ces deux possessions contre

que l'Angleterre

tient

sur

la

Gambie, ce qui eût

été peut-être

pour chacune des deux parties, en écartant

plus avantageux

les

occasions de conflits d'intérêts.

Les

.\oii;s.

<(

Deux grandes

races, tivs distinctes, liabilcnt la

région voisine de nos élablissements.

La première, qui occupe

le


LA FRANCE COLONIALE

4^2

particularité exceptionnelle chez les territoire d'Assinie, offre cette

races noires, que le

fils

hérite de son père.

nous retrouseconde, qui habite sur la côte d'Ivoire, l'hérédité transmise par vons, comme chez les peuples du Gabon, du père passe au fils aîné de sa la hgne des femmes; l'héritage frère. ou, à défaut de celui-ci à son propre «

Dans

la

sœur,

Poste de Grand- Bassam.

<î

La grande

famille

qui peuple la côte d'Or

comprend

:

les

Achantas. Les Achantis, qui habitent l'intérieur, les Fantis et les Denkeras ils sont peu naturels d'Assinie sont des Wœssaws et des ;

nombreux. «Élancés, bien pris,

ils

traits sont grossiers, leur

ont une grande vigueur, mais leurs

nez épaté

et leurs lèvres lippues;

dant leur peau est plus souvent très fine

et

cepen-

d'un beau noir. Quel-

les Peuîs ques-uns, par leur teinte cuivrée, rappellent absolument par l'intérieur, du Sénégal, ce qui ferait supposer qu'ils peuvent, habitant le haut Niger. être en communication avec les Bambaras,


COTES DE GUINEE '

(T

Au

moral,

sont faux,

ils

ils

183

possèdent tous les vices ordinaires de leur race

perfides,

astucieux et voleurs; on les

anthropophages. Fétichistes ardents,

ils

dit

;

même

sont restés rebelles aux

tentatives de conversion, et les missionnaires ont

dû abandonner

tout espoir de les catéchiser. «

Les Jaks-.Taks semblent former une race à part, absolument

Poste français d'Assinie.

étrangère.

Ils

ont su s'élever par leur intelligence et leur industrie

au-dessus des populations qui

les

entourent.

Nous

avons déjà

les

vus, courtiers du httoral, tremblant pour leur monopole, lever contre nous l'étendard de la révolte et inciter à

peuplades productives de l'intérieur; mais, depuis qui leur fut infligée, tirer

Il

mètres; sées

ont compris tout

la

rude leçon

le parti qu'ils

pouvaient

de leurs bons rapports avec nos nationaux, et sont devenus

pour nous des cipal.

ils

la rébellion les

auxiliaires dévoués.

occupe sur

la

les cases, fort

G rand-Jak est

leur bourg prin-

plage une étendue de plus de huit cents

nombreuses

et

bien construites, sont dispo-

par groupes réguliers entourés de palissades de

l)ambou.


LA FRANCE COLONIALE

[84

Leurs

en général, qtioique absolument semblables à ceux

villages,

des antres nègres, respirent cependant un air d'aisance qui

les

disliiigue entre tous'. »

COTE DES ESCLAVES

II.Le

Poi'O.

— L'importance

de nos établissements du Popo n'est

pas bien connue, ni sans doule bien considérable, d'autant plus

que

la

ciales

concurrence allemande y

fait tort

aux transactions commer-

de nos maisons marseillaises. L'objet des échanges est sensi-

blement

le

même

qu'à Porto-Novo, dont nous allons parler.

La colonie française de Porto-Novo est située sur la côte des Esclaves, à l'est du lac Denham et du Dahomey, et à l'ouest de la ville plus connue de Lagos, chef-heu des possessions

Porto -Novo.

comprend une

anglaises. Elle

côte de 45 kilomètres de longueur, se trouve le poste français de

formée d'une barre sablonneuse où Cotonou,

et

d'une lagune courant de l'ouest à

l'est

au delà de

laquelle est bâtie Porto-Novo.

Porto-Novo

royaume de

,

peuplée de 20,000 habitants, est la capitale du

même nom

qui s'est soumis au protectorat français

,

et

qui compte environ 100.000 indigènes, tous de race nègre, .superstitieux et fétichistes.

La puissance du

Dahomey

s'y

roi est despotique et les

coutumes barbares du

pratiquaient encore récemment. Des missionnaires

catholiques et une école tenue par des religieuses ont aidé à la con-

version de 2.000 noirs.

Le commerce de Porto-Novo lions)

il

;

surtout

consiste

amandes de palme

et

de

la

est relativement considérable (iO mil-

dans

l'exportation

poudre d'or

des

huiles,

troquées contre des mar-

,

chandises européennes. Des maisons de Marseille y ont de

breux comptoirs. Malheureusement

la

des

nom-

lagune n'a de débouché qu'à

Lagos qui dépend de l'Angletere; mais on projette de construire

un

fortifié

et

résidence du

avec l'Europe ne se

fait

commandant que par

les

Lagunes et forêts en guinke. fois,

'

de terre par

canal qui couperait la langue

dans une pirogue d'indigène à

Hue

el

Hachigot, Nos

petiles Colonica.

français.

Cotonou, poste

La correspondance

navires qui touchent à Lagos.

«

C'était

l'abri

en plein midi, cette

d'une tente mouillée.


COTES DE GUINÉE On

«

longeait les verdures épaisses de

branches

les

fiter

et

185 la rive,

on passait sous

sous les racines pendantes des arbres, pour pro-

d'un peu d'ombre chaude et dangereuse qui tombait

sur

l'eau.

Un «

Cette eau

comme de

missionnaire caltiolique dans les lagunes de Guinée.

semblait stagnante et immobile,

l'huile,

elle

était

lourde

avec de petites vapeurs de fièvre qu'on voyait

ça et là planer sur sa surface polie. «

Le

d'un

soleil était

ciel

au zénith,

il

éclairait droit

d'aplomb, au milieu

d'un gris violacé, d'un gris d'étain, qui

des miasmes de marais.

était tout terni

|);ii-


LA FRANCE COLONIALE

486 «^C'était

quelque chose de

tiède n'apaisait plus leur soif

courage. L'eau

comme

malgré tout leur

étaient obligés de se reposer

rameurs noirs

les

que

terrible la chaleur qu'il faisait,

si

étaient épuisés et

ils

;

fondus en sueur.

« Et alors, quand ils s'arrêtaient, la pirogue, entraînée tout doucement par un courant presque insensible, continuait son chemin

à la dérive. Et nous pouvions voir de tout près ce le

monde de dessous

monde

à part,

palétuviers, qui peuple les marais de toute

les

l'Afrique équatoriale.

A

«

l'ombre, dans les fouillis obscurs des grandes racines, ce

monde

dormait.

Là, à deux pas,

«

mollement sur

il

vase,

la

souriant et idiot;

y

des caïmans glauques, allongés

avait

bâillant, la

gueule béante

et

visqueuse,

l'air

y avait de légères aigrettes blanches qui dor-

il

maient aussi, roulées en boules neigeuses au bout d'une de leurs longues pattes,

et posées,

des caïmans pâmés;

pour ne pas se sahr, sur

même

dos

y avait des martins- pêcheurs de tous

il

verts et de tous les bleus, qui faisaient la sieste

dans

le

au ras de

branches, en compagnie des lézards paresseux;

les

surprenants,

grands papillons

dans des

éclos

,

ayant

tout brillants

l'air

de

comme

mortes quand

feuilles

des écrins

ils

l'eau

de

et

de

températures

chaudière, qui s'ouvraient et se fermaient lentement, posés porte où

les

n'im^-

étaient fermés

mystérieux quand

ils

et

,

étaient

ouverts, tout étincelants de bleus nacrés et d'éclats de métal. « Il

y avait surtout des racines de palétuviers, des racines

des racines

,

pendant partout

en avait de toutes

comme

longueurs, de tous

les

trant et descendant de partout

trompes

,

de bras gris

des gerbes de filaments

,

;

on eût

dit

les

;

et il

y

calibres, s'enchevê-

des milliers de nerfs

voulant tout enlacer et tout envahir

:

,

de

d'im-

menses étendues de pays étaient couvertes de ces enchevêtrements de racines. Et sur toutes tous les caïmans, gris

le

les vases,

sur toutes les racines, sur

y avait des familles pressées de

gros crabes

qui agitaient perpétuellement leur unique pince d'un blanc

d'ivoire,

Et

il

comme

cherchant à

mouvement

l'épaisse

verdure,

création au repos.

[de

en rêve des proies imaginaires.

somnambule de tous

le seul »

saisir

ces crabes était, sous

grouillement perceptible de toute cette

(Pierre Loti.)


CONGO FRANÇAIS

Notice historique. dans

golfe de

le

anglaise,

la

Err 1842,

l'escadre française,

Guinée, pour surveiller, d'accord avec l'escadre des nègres, choisit

traite

comme

Louis

petits rois riverains appelés

en 1843,

lieu

fondé en 1849.

et Denis.

même

profitait

les explorateurs français

remontent l'Ogôoué (1874);

peu de

Savorgnan

Marche

mais

,

cette colonie,

et

de Compiègne

Brazza,

de

naissance, lieutenant de marine au service de

l'Alima et

fut

abandonnée en 1871.

Mais bientôt

en 1877,

prise de possession

1862, on s'empara du cap Lopez et du delta de

rOgôoué. Toutefois notre commerce qui fut

La

premier village français, Libreville,

et le

En

de refuge et

lieu

qui fut acheté à deux

de ravitaillement, l'estuaire du Gabon,

eut

évoluant

la

italien

de

France, atteint,

plateau des sources de ce fleuve et y découvre (1878)

le

la

Licona, qu'il soupçonne être des affluents du Congo;

repoussé par

les

pas sans apercevoir

indigènes

le

fleuve

,

il

est obligé de retourner sur ses

lui-même que, un an auparavant

(1877), l'explorateur américain Stanley avait descendu en entier

depuis Nyangoué jusqu'au golfe de Guinée.

Pour comprendre que déjà, en 1876, les représentants

tionale

pour

la

la suite

le roi

des événements,

il

est Itoii

de rappeler

des Belges, Léopold II, avait fondé avec

des grandes puissances une Association internacivilisation

de l'Afrique centrale, en vue surtout

d'éteindre la traite des nègres et de faire profiter le

commerce de

toutes les nations. Des stations scientifiques et hospitalières furent

d'abord échelonnées sur

la

route du Zanguebar au grand lac Tan-

ganîka, dans la région orientale. Apprenant la traversée de Stanley, le roi le fit

Congo,

venir à Bruxelles

qu'il venait

,

puis

le

chargea de retourner sur

le

de découvrir, avec mission d'y établir des sta-


)

LA FRANCE COLONIALE

188

lions et d'ouvrir (ral)Oi(l

côte occidentale

voiture au

;

car

il

une communication vers rintërieur par la s'agissait de suppléer par un chemin de

défaut de navigabilité du fleuve, qu'interrompent les

cataractes échelonnées de Vivi au lac Stanley (Stanley-Pool). Ainsi

furent établis successivement, de 1879 à 1882, une série de postes,

notamment ceux de Boma,

Mayanga

Vivi,

Carie du

Gabon

et

et Léopoldville.

du Congo.

Mais, pendant ce temps, encouragé par une nouvelle subvention

du

roi

Léopold, de Brazza, dans un second voyage, remontait de

nouveau rOgôoué venu sur par

le

et fondait Franceville

Congo,

il

lequel celui-ci se

ritoire dit

obtient de

met sous

sur

Makoko,

le. plateau

central; par-

roi des Batékés,

un

traité

protectorat français et cède le ter-

le

de Brazzaville, où notre explorateur plante

le

drapeau

tri-

colore sur la rive nord du Stanley-Pool, en face de Léopoldville.

De Brazza regagne ensuite revient

en

France

Répuljlique, par

conclu avec çais

le roi

où,

la loi

la

dé Quillou

et

gouvernement de

la

cote par la vallée

bientôt

après,

le

du 30 novembre 1882,

Makoko,

«

le

traité

se fait remettre par le comité fran-

de l'Association internationale,

Franceville et de Brazzaville,

ratifiant

d

les

deux

stations fondées de

(Notices coloniales.


CONGO FRANÇAIS

189

Dans un troisième voyage accompli de 1883 à 1885, cette fois avec du gouvernement de la République franle titre de « Commissaire points du littoral, notamçaise », de Brazza s'empare de plusieurs mentdePonta-NegraetdeLoango, pendant quel'Association africaine

L'évangt'liiation des nègres.

établissait plusieurs stations

remontant encore une pour

lui faii-e la

fois

dans

la vallée

l'Ogôoué,

remise de

la

il

du Quillou-Niari

vint retrouver le roi

ratification des

;

puis,

Makoko

traités susdits (;ivril

1884).

Mais de cette prise de possession s'ensuivirent avec l'Association du Pordes difficultés qui s'accrurent encore par les prétentions tugal, revendiquant,

au

nom

fl<'

ses droits bistoriques, la possession


LA FRANGE COLONIALE

190

du

Congo.

})as

En

on attribue généralement

effet,

découverte

la

de l'embouchure du Congo-Zaïre au Portugais Diego Gam,

on

1484, et le Portugal fut longtemps en relations d'affaires avec l'an-

royaume du Congo ou de San- Salvador; mais depuis siècles il n'avait rien établi à l'intérieur, et le Congo lui-môme

cien

monde étonné

inconnu jusqu'au jour où Stanley révéla au

trois

resta

ce fleuve

géant.

Pour aplanir

les différends politiques,

prince de Bismark au

représentées sont la

fut

rien

fallut

moins

convoquée par

de l'Empire allemand,

le

s'ouvrit

et

à

novembre 1884. Les quatorze puissances qui y furent

Berlin le 15

Hongrie,

nom

ne

il

qu'une conférence internationale, laquelle

:

l'Allemagne, la France, l'Angleterre, l'Autriche-

Russie,

l'Italie, la

Belgique,

Hollande,

la

l'Espagne, le Danemark, la Suède-Norvège,

la

Portugal,

le

Turquie

et les Etats-

Unis d'Amérique.

un Acte général,

résulta de cette conférence

Il

vrier 1885, qui consacre les principes suivants 1"

La

liberté

du commerce

de

et

la

signé le 25

:

navigation dans le bassin

conventionnel du Congo, lequel comprend non seulement

hydrographique du ileuve

et

celui de Quillou et de toute

ral

comprend

la

le

bassin

de ses affluents, mais encore, à l'ouest, depuis Sette-Kama (2» 30'

la cùte

tude nord) jusqu'au fleuve Logué près d'Ambriz. libre prolongée

fé-

A

l'est, la

région des grands lacs et tout

de l'océan Indien, depuis

le

Somaul

(5° latitude

lati-

zone

le litto-

nord) jus-

qu'aux bouches du Zambèse. Cette vaste zone commerciale reste ainsi libre

pour tous

les

queUes que soient

pavillons,

sances qui possèdent ou posséderont dans l'avenir inclus 2'^

libre

neutralité

,

en cas de guerre

comme

y

desdits territoires de la zone

indigènes

ne peuvent

base d'opérations militaires, pour

ne pas nuire aux droits des neutres

30

,

États possesseurs, fussent-ils ]»eUigérants,

les

les attaquer ni s'en, servir

les

puis-

les territoires

;

La :

les

et

pour

éviter tout conflit avec

;

La suppression de

la traite

des esclaves, la protection des in-

digènes, des missionnaires et des voyageurs, ainsi que la liberté religieuse

;

en un mot,

la

plus complète égalité de tous les individus

indigènes ou européens séjournant dans -

40

La

le

pays

;

création d'une commission internationale chargée de sur-

veiller l'exécution

des stipulations précédentes

;


CONGO FRANÇAIS Enfin

5^^

bassin entier du Nii^er est soumis aux

le

de liberté commerciale que

tions

Pendant

191

celui

mêmes

condi-

du Congo.

négociations, la France, le Portugal et le roi des

les

Belges ont pu se mettre d'accord pour

partage des territoires

le

contestés. fut

Il

convenu que

la

France

du bassin du Quil-

restait maîtresse

lou et d'une grande partie de la rive droite du Congo, tandis que le

Portugal obtenait

outre

le petit territoire

se

donner

fit

le

gauche du fleuve vers son embouchure,

la rive

de Cabinda situé plus au nord. L'Allemagne

poste de Nokki, non loin de Vivi, pendant qu'elle

annexait de vastes provinces dans l'Afrique orientale.

Ces revendications

satisfaites,

tantes n'exigeant pas de part

et les autres

puissances contrac-

spéciale de territoire,

pold II, qui seul pendant six ans avait supporté les

le

Léo-

roi

frais

énormes

des entreprises dirigées par Stanley, fut reconnu légitime posses-

seur de la plus grande partie du bassin du Congo dont les limites

une étendue de près de 2.000.000 de kilomètres

furent fixées sur carrés,

comprenant

bande de

territoire

du

térieur

le

donnant accès par

le roi

des Chambres belges, a pris ,

une

fleuve et

la côte occidentale

dans

l'in-

continent. Ainsi s'explique la création de I'État indé-

pendant du Congo, par Etat

moyen du

cours supérieur et

Léopold

le titre

II, qui,

de

<r

Souverain

sans que l'union des deux pays sous un

en rien la responsabilité de

la

Belgique,

avec l'autorisation s

même

du nouvel chef engage

étant elle-même

un

État

neutre.

Le drapeau de africaine dont

il

d'or au centre.

l'État

du Congo, comme

a pris la place

est

,

Son administration supérieure

correspond avec un gouverneur général terre africaine,

notamment

Léopold ville. Ces agents, d'une

flottille

et

affluents,

ils

la

est à Bruxelles et

et des agents établis

sur

Banana, Boma, Vivi ou Matadi,

que

le

la

et

plupart belges ou anglais, disposant

ont fondé de nombreuses stations sur

ont remonté, tels

à

étoile

de bateaux à vapeur, continuent l'exploration de

frique centrale;

Congo

celui de l'Association

de couleur bleue avec une

le

l'A-

haut

dans ces derniers temps, d'importants

Kassaï,

le

Soukourou,

l'Ikata, le

Koango,

et

rUbangi.

le

Revenons maintenant au a Congo français s>, car tel est désormais nom qu'il faudra donner à ces territoires que l'on désigne aussi

sous celui trop peu précis

<t

d'Ouest africain

»

.


LA FRANCK COLON lALK

192

Nous

allons esquisser la géogi-aphie de cette région.

Description

— Le Congo français est situé dans

t;KO(;i;AiMiiQUK.

En

partie ouest de l'Afrique centrale et équatoriale.

la

nant

le

Gabon,

est borné au nord par

il

de latitude nord, à

l'est

par

le

Rio-Campo

couis du Congo

le

moyen

et le 17e

de longitude E. de Greenwicli (remplacée en 1887 par

rUbangi), au sud par par

le golfe

Tchiloango (5" latitude sud)

le

y compreet le

30'

2'>

degré

cours de

le

à l'ouest

et

de Guinée.

Sa forme générale

est celle d'un liexagone irrégulier

trique, dont le côté inférieur est plus étroit

Politiquement,

le

Congo

que

mais symé-

côté supérieur.

le

français confine au nord à la colonie

allemande du Cameron et à la colonie espagnole de Corisco, à l'est et au sud, au territoire de l'État indépendant, et au sud-ouest, au territoire portugais

de Cabinda.

superficie, évaluée à plus de 000. (H)() kilomètres carrés, est

La

supérieure à celle de

nord-

est,

mandes

car

un espace

du Rio-Campo,

Clara, Pongara sont

:

la baie

et

peut s'accroître encore par

est réservé entre les

territoii-e

à

Il

l'est et

est

le

limites alle-

bon de noter

au sud

partie

fait

Les bassins de l'Ogôoué, du Gabon

rive gauclie, sont seuls exceptés.

trois presqu'îles,

:

libre.

— La partie

Le littoral.

et

régions inconnues.

moitié de notre

que plus de de la zone commerciale

crée

libre

et belges, vers les la

et

France

la

nord de

la côte est

fortement échan-

Santa-

terminées par les caps Esieiras,

Lopez, y déterminent

de Corisco, où se jette

trois

enfoncements, qui

Moumi; l'estuaire du le Remboé, et la ])aie

la rivière

Gabon, au fond duquel affluent la Como et de Nazareth, où aboutit la brandie principale de VOgôoué.

Du

cap Lopez à l'embouchure du Congo,

droite,

présente

le

la

côte, sensiblement

caractère général de toutes celles

du

golfe de

Guinée, c'est-à-dire une série de lagunes longitudinales, séparées de

la

mer par

des langues de terre sablonneuse et des bancs de

sable, qui en rendent l'accès

tammes

est le lac

difficile.

La plus importante de

ces

N'Comi.

Orographie. — A partir de

l'étroite

plaine littorale, le sol s'élève

graduellement par des séries de collines étagées qui aboutissent

un

plateau central de 000 à 800 mètres d'altitude

la partie connue, c'est-à-dire au plateau

moyenne

,

à

dans

montagneux de France-

ville.

Les sommets ne paraissent pas dépasser 1.000 à 1.500 mètres

dans

le

sud.

Au nord du Gabon,

les

Monts de Cristal n'ont que


CONGO FRANÇAIS 500 mètres, tandis que

C amer on, en

le

193

territoire allemand, atteint

4.000 mètres.

Hydrographie. gôoué,

Quillou-Niari

le

Congo à

et le

Le Rio-Gampo, et le

Moimi,

le

Gabon, l'O-

sont les fleuves principaux de la région.

l'est,

Le Rio-Campo marque

Le Mouni

le

Tchiloango, qui coulent vers l'ouest,

dans

se jette

la frontière franco -allemande.

de Corisco, mais son territoire est

la baie

revendiqué par l'Espagne.

Le Gabon estuaire

un

n'est pas

comme on

fleuve,

moins long, mais plus large

ronde, dont

le

et

bassin peu étendu est entouré de montagnes.

imite les inflexions du cours.

La

à la Loire, dont

il

Ses sources, encore peu connues

plateau de Franceville

le

un

plus profond que la Gi-

Como et le Remboé sont ses deux affluents. UOgôoué est un fleuve égal pour la longueur sont dans

cru, c'est

l'avait

;

il

coule au nord-ouest dans une

contrée pittoresque et boisée, forme une courbe au sud de l'équa-

baigne

teur,

postes de Madiville, Booué,

les

communique au sud avec

le

Junanga

lac

formant un vaste delta terminé par

le

et

Lopé, Lambaréné, va

cap Lopez

fluent principal, le Nazareth, dans la baie de

sud un autre bras

Le Remho

nommé le

finir ;

il

à l'ouest en

envoie son dé-

même nom,

et

au

Fernand-Vaz.

sont deux rivières qui se terminent dans

et la Sette

grande lagune de N'Gomi.

la

Le Kouilou, appelé aussi Quillou ou Niari,

est

un

fleuve assez

considérable dont les sources sont peu éloignées de la rive nord du

Congo, avec lequel on a espéré

un

canal.

Congo.

Il

Son cours traverse

décrit les

un

dans

la

Sa rive gauche appartient

bouchure, qui traverse Portugal, dont « roi

le roi

de Cabinda

d'Afrique

que l'Ogôoué

et le

des comptoirs florissants.

Il

va

baie de Loango.

Le Tchiloango ou TcM forme çais.

inflexions

plateau fertile et de belles vallées où l'Asso-

ciation internationale avait établi finir

mettre en communication par

le

mêmes

»,

la

limite

sud du

territoire fran-

à l'État hbre, sauf près de son

la petite

em-

province de Cabinda, laissée au

porte entre autres titres héraldiques ceux de

de

«

seigneur de Guinée

»

et d'

«

empereur

».

Le Congo

est un des plus grands fleuves du monde, tant par sa longueur, qui doit dépasser 4.000 kilomètres, que par l'étendue de son bassin et le volume de ses eaux. Son cours supérieur, dccou13


LA FRANCE COLONIALE

I9i

complètement connu

vert par J.ivingstone (1809) n'est pas

mais

;

il

du lac Banguéolo et recevoir le trop-plein du lac TanLoukouga. De Nyangoué jusqu'à la mer, il a été parcouru en canot par Henri Stanley dans une exploration mémorable (1876-1877). Sous l'équateur il présente une première série de

paraît sortir

ganîka par

la

sept cataractes ou chutes dites les Stanley -Falls. Ue là,

au nord-ouest en formant une courbe immense qui

nouveau sous

équatoriale,

la ligne

tourne

ramène de

continue du nord au sud

et

jusqu'au Stanley-Pool, sorte de lac formé par ileuve. Entre le Stanley- Pool et Yivi,

le

il

un élargissement du

franchit

il

une seconde

série

trente-deux cataractes, dites de Livingstone, échelonnées sur

(le

une longueur de 300 kilomètres mètres;

i]00

il

va

dans

finir

le

et

d'une hauteur totale de plus de

Guinée par un estuaire

golfe de

large de 11 kilomètres.

Dans son cours moyen, entre

une longueur de 1.700 kilomètres, plaine horizontale où son

deux

les

séries

de cataractes, sur

Congo traverse une immense

le

s'élargissant jusqu'à atteindre de 20

lit,

à 40 kilomètres d'une rive à l'autre, renferme d'innombrables îles

boisées et paraissant bien peuplées.

Il

du nord, VUbangi, qui forme

la

qu'au le degré de latitude,

du sud

roii

,

de Vlkata

et

et

y reçoit d'énormes affluents;

nouvelle frontière franco-belge jusle

Kassaï, grossi du Sankou-

des eaux du lac Léopold II, du Kouango,

etc.,

tous situés dans l'État indépendant.

Sauf dans bâtiments de

cataractes,

les

mer

le

embouchure, jusqu'à Boma

amont de Vivi

Congo

le

est

partout navigable. Les

remontent depuis Banana, port situé à son et Yivi,

En

stations de l'État libre.

des premières cataractes, des vapeurs vont d'une

et

chute à l'autre et relient les stations d'isanghila,

Manyanga

et

Léopoldville sur le Stanley-Pool, distant de 530 kilomètres de l'Océan.

De

là, la

navigation ne rencontre plus d'obstacles, et déjà les

vapeurs de l'État libre rattachent Léopoldville, chef-lieu, aux stations échelonnées

sur

le

Congo central parmi ,

lesquelles

nous

rons Bolobo, Ikengo, Equateur-Station, Bangala, Upoto

cite-

et Fallo-

Station.

La

rive droite

du

Ileuve est française depuis

Manyanga jusqu'au

continent de l'Ubangi, sur une longueur d'environ 000 kilomètres. Elle y reçoit le Le(ini,

plateau central,

ainsi

Jacques de Brazza.

VAlima (pe

la

et la

Licona, qui descendent du

liouiKjc

,

récemment explorée par


CONGO FRANÇAIS Climat et productions.

195

Le climat du Gabon

et

du Congo en

pour les EuGénéral est torride, fiévreux, débilitant, sinon mortel

o

qui ont à prendre de grandes précautions bygiéniques passer quelques années. Cependant des missionnaires y ont

ropéens,

pour y fait

jusqu'à dix et vingt années de séjour.

Les productions naturelles sont toutes aux terres africaines. Déjà au mv^

celles

que

l'on reconnaît

siècle les [Portugais y cherchaient


LA FRANCE COLONIALE

196

de

l'or;

cependant

métaux y sont peu connus, mais

les

taux pullulent dans les forêts

damment, de même que caoutchouc,

le

le

;

les

végé-

palmier à huile se multiplie abon-

le

bananier,

cacaoyer, l'ébénier,

le

le

gommier

copal, l'arbre à

sandal, l'arachide,

le

poivre

malaguette.

De nombreux panzé,

le

singes,

notamment

le gorille

du Gabon,

le

chim-

troglodyte, avec le léopard, l'éléphant, l'hippopotame, le

gavial et le

boa Python, sont

grandes espèces sauvages. Les

les

t%W/

L'hippopotame

les termites,

fourmis géantes,

^//^,

et le crocodile.

les

moustiques,

les

mouches

veni-

meuses ne sont pas moins incommodes. Les crocodiles, qui méritent une mention spéciale, pullulent

Sur

bancs de sable du bas

dans tout

le fleuve et

Congo,

n'est pas rare d'en voir de véritables tribus, trente, qua-

il

ses affluents.

rante, cinquante individus,

dormant au

devant l'homme, mais dans l'eau

ils

les

A

soleil.

terre, ils fuient

prennent leur revanche

et

souvent des steamers ont vu leurs bandes s'élancer contre eux en

rangs serrés, «

et essayer

Tout à coup,

dit

de leur barrer

M. Stanley,

le

la route.

bruit inaccoutumé de notre

hélice et le clapotement de nos roues éveillent à la fois les crocodiles et leur colère.

un

à

Secouant leur engourdissement,

un hors des

criques où

ils

sommeillaient

les reptiles glissent

et s'apprêtent

à nous


CONGO FRANÇAIS punir de notre audace. L'œil en feu sur nous

et,

inconnus,

ils

ils

,

197

arrivent par soubresauts

prenant probablement nos bateaux pour des animaux se disposent à l'attaque... Point de doute,

ils

étaient

résolus à ne s'arrêter qu'après avoir percé de part en part la coque d'acier

du navire, avec leurs

à cinq ou six mètres , quille,

la

et

ils

têtes

en forme de

plongeaient

vrilles

;

mais arrivés

probablement pour explorer

,

revenaient ensuite à la surface, pour se remettre à

notre poursuite jusqu'à complet épuisement \

»

Les indigènes du haut Congo, qui font viande de tout, depuis chenille jusqu'à

singe

,

musc, ses

l'homme, en passant par

ne dédaignent pas la chair"

œufs, qu'on

à part une forte odeur de

:

fait

celle

son nid à quelques mètres de

y trouve en

œufs d'oie, avec

du poisson;

recherchés.

fort

nombre considérable,

— sont de

jusqu'à cinquante et soixante, les

serpent, le chien et le

le

de ce reptile ressemble assez à

œufs sont aussi

Le crocodile

le crocodile

la

cette différence

que

la

les

même

la

Les

rivière.

quelquefois

dimension que

deux bouts sont égaux.

Aussitôt après la ponte, la femelle les recouvre d'une couche de

dix à douze centimètres de terre, sous laquelle

ou deux avant

ils

restent

un mois

d'éclore.

Géographie pootique.

La

superficie

du Congo français

d'environ 600.000 kilomètres carrés, dont 50.000 à peine pour

est

l'an-

cien Gabon.

La population européenne du Gabon proprement guère 200 habitants, Français pour

les

deux

dit

ne dépasse

tiers; les autres.

Amé-

missionnaires, Anglais, Allemands et Portugais. Autour

ricains

d'eux gravitent 100.000 noirs

:

tels

sont les Gabonais

,

ou îM'Pon-

guès, formant la race primitive qui s'éteint; les Bakalais, chasseurs et trafiquants, et les

suppose

Mais

la

Pahouins ou Fans, race conquérante que l'on

dernière venue.

les récentes

annexions ont beaucoup augmenté

le

nombre

des noirs soumis à notre action exclusive; car, en supposant seu-

lement une densité de sept habitants par kilomètre carré

,

on arrive

à 4.000.000 d'indigènes, qui subissent déjà notre influence par les relations commerciales

,

en attendant de participer à notre

civili-

sation et à nos habitudes administratives.

Comme *

partout, les noirs gabonais et congolais sont ignorants,

H. Stanley, Cinq années

au Congo.


LA

198

FRANCE COLONIALE

superstitieux, fétichistes ou idolâtres; cependant quelques-uns sont

mahométans ou

convertis au christianisme par les missionnaires

catholiques et protestants.

Chaque soit

village

ou groupe de

villages, se

héréditaire, soit électif, mais le plus

gouverne par un chef, souvent, c'est

le

plus

Indigènes de l'Afrique centrale.

riche ou le plus influent qui s'impose et prend le litre de roi. Tel est le roi

Makoko, chef des nègres Batékès

leurs ennemis, habitent les bords

Les coutumes barbares,

qui, avec les Abfourous,

du Congo.

la

polygamie, l'esclavage,

même

l'an-

thropophagie existent parmi eux. Le travail est réservé aux femmes ainsi

qu'aux esclaves

de légumes, de

faits

fruits,

prisonniers à la guerre. Se nourrissant

de

volailles, vêtus à

peine d'un pagne en

cotonnade ou de quelque tissu grossier, parfois d'herbes sèches,

mal logés dans des cases en bambou, ces pauvres noirs abusent d'une vie rendue trop les vices.

facile,

par

la fainéantise,

qui conduit à tous


CONGO FRANÇAIS

— L'administration du Gabon-Congo

Administration.

en ce

moment

199

(1888) à M. P. de Brazza

vaisseau de l'État est à sa disposition, petites chaloupes canonnières qui

,

est dévolue

gouverneur général

remontent

;

un

qu'une douzaine de

ainsi

les rivières

pour pro-

commerce.

téger le

Les débuts de Libreville, poste du Gabon, en 1850.

Le

chef- lieu,

assis sur et

Libreville

ouïe Plateau, appelé aussi Baraka,

un plateau au nord de

l'estuaire;

il

est

compte 140 Européens

quelques centaines de noirs. Voici

comment un voyageur

«... Lorsqu'on vient

du

M. Marche, on aperçoit sur

nommé teur,

français décrit Vestuaire

droite le

la rive

en mémoire du fondateur de

mont Bouët,

la colonie.

une maison en briques rouges tranche sur

sombre qui couvre plus loin,

le

du Gabon

:

large et qu'on entre dans la rade, dit

rivage

:

c'est la

Au le

ainsi

pied de la hau-

fond de verdure

mission catholique.

Un peu

(juelques cases de bois, puis deux maisons blanches


LA FRANCE COLONIALE

200

carrées

ment sur

la

c'est Libreville

:

plage

commerce

blissements de

Plateau, puis

le

demeures de Glass

les

,

ou

le siège

du gouverne-

Plus au fond on peut distinguer dans

et l'hôpital.

où sont

,

le lointain,

principaux éta-

les

anglais, allemands et américains; puis,

sur une éminènce, la mission américaine et Prince-Glass,

le vil-

lage des noirs. «

Autour de

présence de

la

rade, d'énormes touffes de palétuviers trahissent

la

tei

j

abondante,

tation

marécageux

ains

que dominent

grands spathodéas, connus sous

deux

se couvrent

le

;

plus

loin

,

d'immenses

nom

croît

une végé-

fromagers

et

de

de tulipiers du Gabon, qui

par an d'une abondante moisson de fleurs

fois

orangées. «

Enfm, au dernier plan,

comme

qui surgissent de l'eau

ferment

le

coup d'œil de

du Rhemboé.

et

A

aux Perroquets

l'île

la

et l'île

Coniquet,

d'énormes bouquets de verdure,

rade

et

Como

cachent l'embouchure du

mon-

l'horizon ondulent les premières hgnes de

tagnes du continent africain, dont les

teintes s'affaiblissant

degrés, se fondent et s'évanouissent dans le bleu intense du «

Tout cela donne à

un

cette baie

plus animé. Cette rade profonde et

on n'y

voit

que

de

le stationnaire

navires anglais ou américains, navires français ou

si

aspect qui séduirait, belle

s'il

par ciel.

était

manque de mouvement, un petit nombre de

la division,

et,

plus rares encore,

quelques goélettes

quelques

chargées de remonter le

cours des rivières. «

Tel

notre établissement

est

du Gabon, fondé pour

servir

d'appui à notre marine de guerre, et peut-être pour favoriser les essais d'un

commerce qui

a prospéré assez bien entre les

des Anglais et des Américains, mais resté timide

qui

l'a

ou malheureux. Ce

n'est pas la faute

Les principales factoreries françaises de

Como, au cap Lopez, sur l'Ogôoué

Nazareth

Sur

et

la côte et

si

notre pavillon

»

ses

sont étabhes sur

bouches appelées

Fernand-Vaz.

la côte

sud-ouest, la France a acquis les comptoirs de Sette-

Kama, Nyanga, Mayoumba, Loango, ancienne fut jadis florissante, et

'

du gouvernement

créé, si le but militaire seul a été rempli et

n'a eu à protéger que des intérêts étrangers ^

la

mains

qui, entre les nôtres, est

Ponta-Negra ou

Alfred Marche, voyageur au Gabon,

la

ville

portugaise qui

Pointe-Noire, prise en


CONGO FRANÇAIS 1880

,

un combat sanglant avec

après

les

201

indigènes

,

non

loin de la

frontière portugaise de Gabinda.

Dans

le

fertile

nous a cédé

bassin du Quillou-Niari, l'Association africaine

les postes

de Rudolfstadt, Baudouinville, Stéphanieville

et Philippeville, qu'elle

avait créés et qui rappellent les

noms

des

princes" de la famille royale belge.

Sialion de Franceville (Congoj.

Franceville et Alima, sur le plateau central, et Brazzaville sur le

Stanley-Pool, sont les principales stations françaises actuelles. Brazzaville est considéré çais

comme

le

chef-lieu

du Congo

fran-

dont l'administration n'est pas encore réglée d'une manière

,

stable.

complément, nous donnerons, d'après les Notices coloétablisseniales officielles, une description sommaire des vingt-sept ments fondés au 30 juillet 1885 par P. de Brazza; bien que pluexistence éphésieurs d'entre eux n'auront probablement qu'une

Comme

mère,

ils

donnent une idée plus exacte de l'œuvre accomplie

jusqu'à ce jour dans lo

le

Congo

Vallke de l'Ogôouë.

français.

Cap Lopcz.

Mandji ou du cap Lopez est gardée par 40

La

station

hommes

de

l'île

environ, dont


LA FRANCE COLONIALE

.202

4 Laptots

On

30 Kroumens. C'est un des postes

et

les

mieux

établis.

y voit une maison d'habitation dont les proportions sont assez

vastes et plusieurs autres cases, des magasins qui peuvent abriter

3.000 tonnes de marchandises, une poudrière, un observatoire

un sanitorium, un

téorologique, les

Kroumens,

mé-

jardin d'essais, des cases pour

etc.

Lambaréné.

La mission a

ici

un simple magasin dont

le

chef a sous ses ordres trois ou quatre Laptots et autant de Krou-

mens. Njolé.

La

station des

limite entre le territoire

îles

Njolé marque,

du Gabon

sur l'Ogôoué,

la

de nos possessions du

et celui

Congo. Les bateaux à vapeur ne calant pas plus de 90 centimètres

remontent facilement jusqu'à Njolé. Situation excellente au point de vue stratégique et commercial. Maison d'habitation suffisante.

Développements à prévoir.

— Poste de secours près des rapides de ce nom. Achouka. — La position bien choisie. Les constructions Apingi.

est

chain.

Le poste

et

augmentées dans un avenir pro-

installations seront 'probablement

est situé sur la rive

gauche de l'Ogùoué, chez

les

Okandas.

— Sur

Booué.

la rive droite

du

Le point

fleuve.

chemin de

la

mer

chasseurs

et

commerçants, qui savaient autrefois

à Franceville, au milieu de Pahouins intelhgents, parti

tirer

leur situation pour piller les traitants et arrêter à volonté le

merce du

fleuve.

Le traînage des pirogues

et le

le

canon de leurs

fusils.

de

com-

transport des mar-

chandises par terre pour franchir les chutes s'accomplissaient

ralement sous

mi-

est situé à

litté-

Le poste commande

les

chutes et protège les passes.

— Poste de secours près des chutes.

Boundji.

Nghémé ou MadivUle.

Sur

la rive

gauche de l'Ogôoué, dans

pays des Adoumas. M. de Lastours a baptisé

le

« Madiville », là,

en

c'est-à-dire

«

village de l'huile de

poste

installés sur

un emplacement

du nom de

palme

beaucoup de palmiers. Case d'habitation

effet,

et

».

Il

bonne intelhgence avec les gens du

en très

et tranquilles.

poste.

Le pays

Doumé. — Poste de secours près de chute. Franceville. — Station située sur une colline très

y a

magasins

très vaste qui a été défriché

peu de temps. Les indigènes voisins sont doux vivent en

le

Ils

est sain.

la

son altitude

,

élevée.

Malgré

ce séjour est assez malsain à cause des marécages qui


CONGO FRANÇAIS l'avoisinent.

La station

comprenant une

se

salle à

203

compose d'un corps de bâtiment principal

manger, un magasin

et

une chambre à cou-

cher très confortable; d'un vaste dépôt d'approvisionnements; d'un

hangar pour

les ouvriers;

vant à loger

enfm, d'un long corps de bâtiment ser-

hommes du

matelots et autres

les

d'homme

Franceville que les Batékés transportent à dos

chandises pour

les

poste.

C'est de les

mar-

amener au poste d'Alima-Diélé. On compte

journées de marche,

un homme ne peut guère porter

et

six

plus de

quinze kilogrammes. 2°

Vallée de

L'ALL^L\..

une case d'habitation

La

station possède

des magasins.

et

— Poste

Ngampo.

— Alima-Diélé. —

au confluent de

la rivière

de ce

nom

et

de

l'Ahma.

— Habitations, hangars,

Alima-Leheti.

magasins,

qui font de cette station notre premier port dans

ateliers, etc., le

bassin du

Congo.

Bonya ou M'Bossi.

— Au continent de l'Alima

et

du Congo. Ce

dernier poste est de création toute récente, et les renseignements

sur son installation font encore défaut.

On

que

sait

les postes

de l'Ahma sont

centre des approvision-

le

nements en manioc des tribus riveraines du Congo.

Port de Makoko. Nganchouno. Sur le Congo. Résidence du roi Makoko. Makoko ou mieux Mbé. 3«

Ces deux établissements jalonnent

la

route qui

relie

le

haut

Ogooué au moyen Congo. Brazzaville.

Cette station, installée par

rendra de grands services, grâce Elle se

compose d'une quinzaine

à

sa

M. de Chavannes,

position

d'habitations

géographique. entourées

d'un

jardin.

Nzabi. 40

— Petit poste.

Sur le Niari-Quillou.

Niari Babouendé.

— Ce poste pos-

sède des cases d'habitation et des magasins.

Niari-Loudima.

Station importante au confluent des deux

cours d'eau.

Ngotou. choisi

— Le

comme

de Ngotou

»,

[)0ste

de Ngotou sur

position mihtaire; on

la rivière est étranglée

de basalte. Le poste, construit sur la le

passage.

le

Niari-Quillou est très bien

l'a installé

au

lieu dit

«

portes

entre deux hautes murailles

falaise,

commande absolument


LA FRANCE COLONIALE

204

Sur la côte.

50

Quillou,

— Pointe-Noire, Loançjo, embouchure du Niaricases de Nyanga. — Magasins

Mayoumba

travail-

et

et

leurs algériens.

Ces postes sont établis aux termes de Ceux-ci,

dier avec les chefs.

d'après

conventions stipulées,

les

conservent l'entière propriété de leurs terres;

vendre

par M. Gor-

traités passés

ils

peuvent

les

les

conditions consacrées par les usages du pays. Mais

et

La

reste sous la suzeraineté de la France.

reconnue

les

louer

percevoir des redevances sous la forme et dans

ou

et les chefs se sont

liberté de

le territoire

commerce

est

engagés à user de leur autorité pour

prohiber, dans les terres soumises à leur juridiction,

la traite

des

esclaves.

Dès aujourd'hui,

la

métropole a donc pris pied sur son nouveau

Vingt- sept établissements installés assurent son

territoire colonial.

action sur les peuplades

aux entreprises

environnantes

et

promettent

;

chacune

d'elles

centre civilisateur.

peu

à

peu

et

ne sont

industrielles et commerciales. Ces stations

pas seulement des camps retranchés qui protègent voies

sécurité

la

De

forme

comme un no^au

là partira l'influence

gagnera jusqu'aux régions

grandes

les

de colonisation et un

des blancs, qui s'étendra

les plus reculées

de

l'inté-

rieur.

Le commerce.

Le commerce du Gabon

10 millions de francs.

Il

se fait

s'est élevé

en 1885 à

malheureusement beaucoup moins

par navires français (18 en 1884) que par navires étrangers (141)

:

anglais, allemands et portugais.

L'exportation consiste surtout en caoutchouc (pour 2 millions), ivoire, ébène, bois rouge, huile de

tation,

palme, arachide,

en cotonnades appelées guinées, poudre

et l'impor-

et fusils,

eaux-de-

vie, mercerie, sel, etc.

L'importance du commerce sur évaluée pour

la

le

Congo ne peut encore

partie française. Mais dans l'État libre

déjà à "plus de 40 millions,

ce qui

il

être

s'élève

présager pour l'avenir de

fait

notre colonie une situation des plus florissantes.

Des services réguliers avec Liverpool, Anvers, postes français

relient les ports

Hambourg

du Congo en

même

et

haut fleuve concurremment avec

Léopold IL

ils

Boma

le

le

et Vivi

desserviront les

temps que ceux de

Sous peu, des vapeurs promèneront le

de Banana,

Bordeaux;

l'État libre.

drapeau tricolore sur

drapeau bleu

étoile

du

roi


CONGO FRANÇAIS Après ces données générales sur instant sur

vieux habits ciale et

un »

article

particulier;

au Congo.

Il

il

le

commerce, revenons un

s'agit

là tout à

y a

20o

de l'importation

la fois

matière

«

des

commer-

étude ethnographique assez intéressante.

Un

Les vieux habits.

«

aux secrets du commerce

consomme de

au Congo.

Voilà,

dont ne se doutent guère

d'Afrique

roi

les

certes,

un

article d'importation

personnes qui ne sont pas

africain.

Ce que

la

initiées

côte occidentale

vieux habits, de vestons passés, de redin-

gotes usées, de fracs hors d'usage, de tuniques d'uniformes

démo-

Les anciens uniformes rouges ou bleus des soldats anglais ou français trouvent là un placement admirable. Les vieux habits galonnés et chamarrés sont extrêmement demandées

,

est inimaginable.


LA FRANCE COLONIALE

206

dés.

quelque usé

n'est pas de frac,

11

On

trouve amateur au Congo.

dans lequel Stanley décrit

en jugera par

qui ne

passage suivant,

le

costume des chefs de

Vivi,

au

moment

revint en cet endroit, en 1879. (Second voyage.)

il

A

a.

le

puisse être,

qu'il

nous retournâmes à notre

quatre heures du soir, dit- il,

camp, sur

la

plage, pour conférer avec les chefs de Vivi. Entourés

d'hommes armés,

d'environ une quarantaine

amenés par

souriant Massala, qui

le

me

les

ces chefs

me

furent

présenta tour à tour

par ordre d'importance.

D'abord

a.

doyen des seigneurs

le

de Vivi,

Vivi-

s'appelant

Mavoungou, de Banza-Vivi, fils d'un père qui portait exactement le même nom. C'est un petit homme trapu et affligé d'un pied bot. Il

nous regarde de travers, d'un

drait être

un

aimable

air

et

air de truculente

obséquieux.

Il

bravade, qui vou-

porte une livrée bleue

de domestique, un bonnet phrygien en tricot multicolore et un caleçon de nuance criarde.

Banza-Sombo, vigoureux

Vient ensuite Ngoufou-Mpanda, de

«

vieillard à

cheveux

gris

,

véritable Oncle

Tom

,

vêtu d'une tunique

rouge de soldat anglais, un chapeau de feutre brun, un caleçon à carreaux,

un cohier en

poils

d'éléphants enfilé de quelques

Des anneaux en

reliques de fétiches, en guise de porte-bonheur. fil

de laiton ornent

à

son chapeau, se courbe pour

manque pas de

comme «

de

de ce personnage.

les chevilles

me

faire

Il

porte la

grâce, et, à l'aide d'une jambe,

il

se gratte l'autre,

les matelots.

Puis on

me

taille grêle,

chevilles et le

présente Kapita, un chef de physionomie joviale,

enveloppé d'une tunique de soldat bleu foncé,

cou garnis

comme

les chevilles et le

faire place à

indiquent que

Vivi-Nkou, dont

la sobriété n'est

les

cou du précédent.

Après un salut imitant également celui des marins,

pour

main

une révérence qui ne

les traits flétris, les

il

se range

yeux

hilares,

pas sa maîtresse vertu. Celui-ci est

vêtu d'une redingote noire et d'un chapeau de soie.

En

fait

de

caleçon, une ample jupe de laine écarlate.

un brave jeune homme bien découplé, portant un paletot brun foncé qui a évidemment appartenu au domestique de quelque club de Londres, un caleçon en «

toile

Enfin vient Benzani- Congo,

de coton à pois bleus et des anneaux en

villes, q:

aux poignets

Les

et

fil

de laiton aux che-

au cou.

hommes d'armes

n'avaient pas mauvaise tournure.

Les


.

CONGO FRANÇAIS du commerce leur avaient fourni

profits

207

les

d'habillements convenables, en calicot à

moyens de

ou en

desseins

écru. Presque tous étaient coiffés d'une casquette de

ayant

mais

nombre, portaient de préférence

le petit

marque «

Tower

«:

Comme

paille.

rayée,

me

Vivi, elle

armes, des

le feutre

ou

anglais

fusils à pierre portant la

y>

peu nombreuse que

Si

toile

calicot

forme d'un prétentieux bonnet phrygien; quelques-uns,

la

chapeau de

le

s'affubler

faisait

fût cette

un

espérer

assemblée d'aborigènes de

brillant avenir

pour l'Afrique, en

supposant que, par un miracle de bonne fortune,

je

pusse par-

venir à décider les millions de nègres de l'intérieur à se dépouiller

de leur accoutrement d'herbes sèches

européens,

d'occasion

tels

exemple. Quel débouché

,

pour adopter des vêtements

qu'on en porte à White-Chapel, par y aurait là pour les vieux habits

il

!

Les

anciens uniformes des héros militaires de l'Europe, les livrées des laquais de clubs et do la valetaille attachée aux Pharaons modernes, roljes

les vieilles

d'avocats,

mes

sévères redingotes de

Rothschild, les

habits usés des

les

éditeurs

eux-mêmes

serviraient à parer

des chefs du Congo, qui s'y pavaneraient avec joie, les jours où

ils

auraient à se mettre en grande tenue, pour faire des visites de

cérémonie. «

prévisions

:

mes premières

l'expérience a entièrement confirmé

Depuis,

rencontré par milliers de noirs enfants de l'Afrique

j'ai

qui ne croient pas déroger en utilisant les vieux habits des pâles enfants de l'Europe, mais, au contraire, se donnent beaucoup de

mal pour réunir de quoi acheter ces vêtements légitimes et fiers propriétaires'.

Notons

ici

que

si

l'habit

et

en devenir

les

»

européen

est très goûté

au Congo, notre

pantalon, par contre, n'y a aucun succès.

Le

troisik.mp:

rentré

P)razza,

voyage de M. de Buazza. (1883-1885). en France à

la fin

M. de

de 1885, a été naturellement

reçu partout en triomphateur. La Société de Géographie de Paris,

dont

il

est

membre,

a organisé au Cirque d'Hiver en son

honneur

une séance extraordinaire présidée par M. de Lesseps. L'explorateur y a

fait le

long récit de son troisième voyage, dont nous avons

parlé plus haut; nous en extrayons quelques pages relatives à son

'

H. Stanley, Cinq années

de vue économique.

au Congo,

ciW;

par M.

.1.

W'auteus, dans

le

Congo au point


COLONIALE

LA. FRANCE

^08

passage à Franceville, sa descente de l'Alima, son arrivée sur

Congo

et la

remise des

traités

au

sons les appréciations de l'auteur ces

immenses

d'amener à «

Le 22

territoires,

la civilisation

juillet

1884

Makoko puis nous reproduisur les moyens de colonisation de roi

;

peuplés de sauvages qu'il s'agit avant tout

par

les

procédés pacifiques.

sans péripéties bien remarquables

,

vions à Franceville après avoir remonté «

La

nous

arri-

cours de l'Ogôoué.

le

situation de Franceville est réellement belle, sur la haute

pointe d'un

mouvement de

élevé, à partir

terrain qui, après s'être insensiblement

du confluent de l'Ogôoué

et

de

la

Passa, tombe, par

une pente rapide, d'une hauteur de plus de 100 mètres sur qui coule à ses

rivière

le

pieds.

la

L'horizon lointain des plateaux,

dans un panorama presque circulaire,

alignements réguliers

les

des villages qui couvrent les pentes liasses,

la

note fraîche des

plantations de bananiers tranchant sur les tons rouges des terres argileuses, font de ce point

une des vues

les plus jolies et les

plus

comme un besoin de même temps comme un vague désir

séduisantes de l'Ouest africain. Elle inspire

se

reposer en admirant, et en

de

marcher vers «

les

horizons qu'on découvre.

En me rendant

à Franceville, j'avais conclu de nouveaux traités

avec les chefs riverains

,

en vue d'une organi-

traités faits surtout

sation dont j'aurai à parler plus loin et par lesquels, dès ce

moment,

notre service de pagayeurs était assuré. <r

De

toute

Franceville à l'Alima, à chaque agglomération de villages,

une population

nous entourait des manifestations «

L'Alima, après

l'est,

se dirigeait

en plus basses;

abandonnant

grouillante,

ses occupations,

les plus cordiales...

s'être infléchi

longtemps au nord -est puis à

maintenant au sud, ses rives devenaient de plus la végétation se

transformait, les marécages du

delta apparurent avec leurs hautes herbes et les horassus qui en

émergent; tout à coup, brusquement, nous débouchions dans (Jongo. Magnifique spectacle. Messieurs,

d'eau touchant laquelle

le ciel

le

que cette immense nappe

à l'horizon, semée d'innombrables

îlots et

sur

s'épand à l'infmi cette lumière intense qui semble noyer

tous les objets et tous les plans dans une buée tiède et jaunâtre. «

Mais passons sur

les

beautés du

site,

aussi bien que sur les

incidents d'un voyage de quatre jours dans les J'avais touché à la station de

un

Bolobo

et salué

méandres du Congo.

son chef, M. Librecks,

très avenant et très aimable officier de l'armée belge.

Le 27 mars,


,

CONGO FRANÇAIS Ngaiichouno. M. Ballay y

j'arrivai à

dans

les

était

209

parfaitement installé

meilleurs termes avec les chefs environnants

me

Makoko. Je

et

vassaux de

,

retrouvais en pays connu; c'est là que, trois ans

auparavant, je m'étais embarqué pour aller prendre possession des territoires cédés

voulu donner

le

nom

leurs sujets étaient

de

me

visites et «

N'Gouna, auquel

à

«

mon

main de tous

reçut avec

une marche de nuit nous con-

et

j'en fais

:

une pompe peu

faisant allusion

couru

mon honneur et sur mon compte,

aussi liien

disait

au peuple présent

la

cérémonie de

un abrégé sommaire. usitée et des démonstra-

aux faux bruits qui avaient

en Afrique qu'en Europe,

il

:

en vérité

,

«

Vous tous qui

^

Voilà celui qu'on disait mort

«

Voilà celui qu'on disait pauvre

«

Et

il

présents des-

les

Tout d'abord, dans une chanson impro-

tions de joie excessives.

— En vérité

ces amis de jadis.

résidence.-

visée en

«

;

nombre de

je fus assailli

m'avait envoyé saluer par

de vous décrire en détail

serait trop long

Makoko me

chefs et

nous réunissions

hâte,

réception et la remise des traités «

les

connaissances

arrivée,

récompenser sa loyauté,

aux abords de sa

11

vieilles

fatiguai à serrer la

une ambassade." En grande duisit

Société de Géographie a

de Brazzaville. Tous

pour moi de

Makoko, prévenu de

tinés à

la

êtes là, voyez.

désignait,

:

est revenu.

il

:

voyez ses présents.

»

en parlant ainsi, un magnifique tapis

et

un

coussin de velours que nous avions placé sur ses peaux de lion. « «

Le peuple reprenait en chœur

Ceux

qui ont ainsi parlé sont des

cérémonial admis

même nombre

,

en manière de refrain »

Puis, suivant

:

\o,

môme temps que moi et faisant le Makoko me donnait une vigoureuse acco-

se levant

de pas,

et

menteurs.

en

,

lade, ne se lassant pas de sourire à son ancien ami. «

Je le priai de faire prévenir ses premiers vassaux, afin que la

remise des traités pût se faire en séance solennelle. La cérémonie fut «

renvoyée au surlendemain.

Au jour

dit,

tous les chefs et leurs plus notables sujets réiion-

dirent à la convocation.

Le palabre

se tint sous

un vélum de

laine

rouge, semblable à celui sous lequel avait ou lieu notre première réception.

On

jours, et, dans

chacun

avait déployé l'appareil le plus brillant des le

but de donnei' plus de solennité à

avait apporté ses dieux lares

pour

la

les |)i'eiidro à

grands

cérémonie, témoin. 14


,,

LA FRANGE COLONIALE

210

un

« C'était

spectacle bien étrange que cette

compacte accroupie

foule

dans

,

bigarrure des étoffes à cou-

la

mouvement d'une lance ou

leurs vives, le faisait

,

passer des éclairs. Çà et

là,

nombreuse réunion

le

déplacement d'un

tranchant sur

le reste,

fusil

quelques

pagnes de satin ou de velours nous indiquaient que des générosités étrangères avaient devancé les nôtres,

Makoko

«c

peaux de

trônait sur ses

lion,

négligemment accoudé

sur des coussins, entouré de ses femmes et de ses favoris. à quelques pas de lui

En

face,

M'pohontaba, l'un de ses premiers vassaux

,

peaux de léopard, atten-

et les autres chefs assis à terre sur des

le signal du palabre. Nous étions un peu sur le côté. Makoko, sans se lever, bienvenue à tout son monde; il expliqua en quelques

daient que le souverain donnât entre les deux groupes,

souhaita la

mots

but de

le

vint à

la

réunion

puis chaque chef, M'pohontaba en

;

genoux protester de sa

Makoko,

fidélité à

tête,

seul vrai chef,

disaient -ils, seul propriétaire et souverain de tous les territoires

Tous

batékés.

comme autrefois, heureux et fiers d'être

se déclarent,

placés sous la protection de notre drapeau, et fétiches et par les

A mon

«

hommes Makoko de

tour,

jurent sur les

rappelai le passé en quelques mots;

je

présentaient les armes, on sonna aux champs, et je la

remise des

traités

cérémonie fut dressé

la

ils le

mânes de leurs pères.

au

nom

de

et signé, et

la

mes fis

à

France. Procès -verbal

on se rendit sous

le « hall »

exposés à l'admiration de tous, les

improvisé où se trouvaient,

présents destinés à chacun et étiquetés à son nom. Les cris de surprise, les

bruyante

marques de et

joie, les

gaie dans

chacun emportant

remerciements, jetèrent leur note

le va-et-vient

d'une foule curieuse; puis,

ses nouvelles richesses,

on

se dit gaiement au

revoir. Il

«

fallut rester

chez

Makoko quelques jours encore pour

l'aider

à terminer les différends survenus entre certains vassaux depuis

mon «

dernier passage. J'allais

seuls

les

partir;

dans un palabre intime,

principaux chefs,

rendrais à Brazzaville par des pouvoirs de

Makoko

solennellement au

nom

,

il

la

fut décidé

voie

du

de son chef

me

M'pohontaba, muni

par terre pour

les

assistèrent

que, pendant que je

fleuve,

s'y rendrait

auquel

territoires

me

et les

remettre

vassaux

secondaires qui les administrent. «

Le lendemain, nous

étions de retour auprès de

M. Ballay;


CONGO FRANÇAIS deux jours de nouveaux préparatifs,

et

211

le

canot à vapeur, suivi

MM.

d'une dizaine de pirogues, amenait à Brazzaville

Chavannes

et

Brazzaville , dont on vous a parlé

«

Ballay, de

moi.

l'extrémité d'une croupe assez large qui

brusquement à cent mètres de

si

souvent,

domine

la rive,

le

est située sur

Congo

et s'abaisse

dans un éboulement de

sable argileux. Cette croupe semble être le premier obstacle contre lequel se butte le fleuve

première cataracte. De

pour

en tournant se précipiter à

aller

regard embrasse dans son entier l'im-

là le

mensité du Stanley -Pool et tout

la brise

cirque de hautes montagnes

le

qui l'entourent. Le pays est peuplé, et

la

le sol est fertile, l'air est

sain,

constante d'ouest y apporte la fraîcheur relative

des

plateaux qu'elle a traversés. €

me

Le lendemain, dans un palabre

Makoko,

présentant les chefs des deux rives du Congo, leur ordonnait

de n'obéir qu'à moi; puis, prenant

dans «:

solennel, le délégué de

les

mains de tous,

il

les mettait

miennes en signe d'abandon.

Cette cérémonie n'était

avait

les

eu lieu à

fut dressé et

mon

du

reste

que

la répétition

de

celle qui

premier voyage en 1880. Le procès-verbal en

communiqué

lendemain au représentant de l'Asso-

le

ciation africaine. «

C'était

atteindre

le

mon

!'=>

juin

1884

premier but,

poursuivre immédiatement

;

et

les

il

avait fallu plus d'un

quelque désireux que fatigué d'une

autres,

tension d'esprit et d'ailleurs malade, je

me

an pour

je fusse

de

continuelle

décidai à prendre huit

jours de repos à notre station de N'Gantchou (Ndganchounon).

Mieux portant au bout d'une semaine, j'essayai mes en allant visiter Makoko. Dans cette courte promenade, «

compté cent un éléphants en

trois

forces j'avais

de leur bonne

jours et profité

volonté pour en tuer quatre dont les défenses, données en présents à certains chefs,

me

firent passer

pour un

homme

complètement

désintéressé des biens de ce monde. «

A côté

de ces résultats scientifiques

et

poHtiques, se placent

des résultats économiques plus importants encore. «

Le premier

est d'avoir

définitive qui doit, à sentiel

mon

conquis sur

les

populations cette influence

avis, constituer l'élément primordial es-

de toute création de colonie. Tirer parti des indigènes, fondre

leurs intérêts dans les nôtres, en faire nos auxiliaires naturels, c'était là,

suivant moi, l'un des plus hauts objectifs de

ma

mission.


LA FRANCE COLONIALE

212

A

((

hommes nous

Par

qui les lient,

traités

les

leurs

un temps déterminé de

doivent annuellement

en dehors de leur salaire,

vice;

com-

l'heure présente, les anciennes tribus de l'Ogôoué sont

plètement dans nos mains.

ser-

trouvent dans de sérieux

elles

avantages économiques et dans notre protection une compensation

au temps qu'elles nous consacrent, Les Pahouins eux-mêmes, ces tribus cannibales que de puis-

«

santes migrations conduisirent autrefois sur les bords de l'Ogôoué,

que leur sauvagerie

et

comme

leur instinct de pillage avait long-

temps éloignées de nos vues, Pahouins,

depuis

qui

vingt

arrivent

y

enfm.

mêmes

Ces

en révolte constante

ans sont

et

ouverte contre l'autorité française du Gabon, ont été amenés, par les intérêts

mêmes

que nous leur avons créés, à

bases que les autres peuplades.

sentir à

nous fournir des auxiliaires

dérable au point de vue de

moyen de maintenir une

seul

est absolument, —

,

ont dû, eux aussi, con-

une garantie consi-

et c'est là

la tranquillité

;

avec nous sur les

traiter

Ils

heureusement,

le

un pays qui

sécurité complète dans

j'allais dire

même

peut-être est-ce

— hors de

la

portée

des canonnières de notre marine de guerre. Ces nouvelles recrues sont venues sans trop de répugnance s'encadrer dans les rangs de

nos premiers auxiliaires

Adoumas, Okandas, Apingis, Okotas,

:

Bangoués, toutes tribus dont

une

bien

inimitié

les avaient

instinctive

que des

toujours éloignées aussi faussés

intérêts

et

mal

compris. « Peu à peu ces Pahouins viendront doubler et nombre de nos auxiliaires leurs aptitudes naturelles ;

physique,

leur

sobriété

tripler

extrême,

les

rendent

le

leur force

,

merveilleusement

propres à nous seconder dans ces contrées neuves. ((

que se constitue l'homogénéité des éléments ma-

C'est ainsi

niables de l'Ogôoué; tous ces térêts

dans un

aujourd'hui

m'a «

été

liés

à nous par

donnée par

Pagayeurs,

et

réunis par les

mêmes

in-

de dépendance à notre égard, sont

une organisation dont

l'inscription

porteurs

hommes manœuvrent nos nos marchandises «

hommes,

même sentiment

maritime de

ou soldats,

la

suivant

l'idée

première

France. les

besoins,

ces

pirogues dans les rapides, transportent

sont toujours prêts à défendre notre drapeau.

Ailleurs que dans l'Ogôoué, sur les plateaux qui séparent le

bassin de cette rivière de celui du Congo, nous avons, dans les

groupes de villages voisins de

la route,

plus de 3.000 Batékés qui,



LA FRANCE COLONIALE

214

pour n'être pas encore précisément enrôlés

moins honnêtement

effectuent pas

et disciplinés,

n'en

régulièrement nos transports.

Les Batékés du haut Alima ont commencé à devenir nos

d

pagayeurs,

de Brazzaville,

et à l'ouest

qu'on en saurait

Dans

en attendant

utiliser.

haut Congo enfin, chez

le

Ballalis,

les

nous fournissent plus de travailleurs

de devenir nos porteurs,

«

et

les

peuplades encore bar-

bares, notre action est trop récente pour avoir

pu produire de

semblables résultats; je ne doute pas toutefois que nous ne obtenions par

dans ((

les

la

les

humaines, qui sont

patience. Les immolations

coutumes de ces peuples, deviennent moins fréquentes.

En un mot,

à différents titres et dans des contrées différentes,

depuis l'indigène transformé en soldat

et

qui passe

un an sous

les

armes, jusqu'à celui qui porte un ballot pendant sept jours, en-

hommes

viron 7.000

sont employés

perdent à notre contact

les vices

annuellement par nous.

Ils

de leur sauvagerie primitive;

notre langue et notre influence se répandent dans leurs familles

dans leurs tribus,

ce groupe,

et

et

qui représente une population

d'environ cinq millions d'àmes, se forme progressivement à l'école

du et

travail et

féconde,

du devoir. Une influence

et je

ainsi basée doit être stable

puis en donner une preuve.

Il

y a douze ans,

le

commerce du haut Ogôoué était la traite des esclaves le chiffre total du commerce du Gabon atteignait à peine deux millions; aujourd'hui le commerce licite a remplacé l'ancien trafic, et le

seul

;

chiffre des transactions atteint «

environ quatorze millions de francs.

Enfin nos possessions, qui jadis ne comprenaient qu'une bande

étroite et insignifiante

de côte, entre

le

cap Saint- Jean

et le

cap

Sainte-Catherine, sont actuellement plus que centuplées. <r

Laissant maintenant

le

passé pour l'avenir, je

me demande

ce

qui reste à faire encore. <r

Ces contrées de l'Ouest africain qui constituent notre nouvelle

colonie sont loin d'être toutes parfaitement étudiées, complètement

organisées, et ne peuvent entrer en exploitation que le jour où les voies de communication auront relié à la

navigable de l'intérieur.

Il

reste

mer l'immense

réseau

donc à poursuivre notre œuvre

d'étude et d'organisation, et pour la continuer dans les meilleures

conditions possibles,

ropéens

un

et à

million.

il

suffirait

d'employer une cinquantaine d'Eu-

peu près deux cents noirs,

soit

une dépense d'environ


«

CONGO FRANÇAIS

215

L'avenir du bassin du Congo, considéré d'une façon tout à

fait

générale, dépend en partie des voies de communication à créer.

Dans

obscurités actuelles de la question, je ne sais ni où, ni

les

quand, ni comment ces voies seront

mais

établies;

je puis affirmer

seront quelque jour... Je considère l'Ouest africain et

qu'elles le

bassin

du Congo comme un pays dont

merce

et

l'avenir

le

dépend du com-

de la culture des indigènes, non de la colonisation par

l'émigration. «

Voilà une contrée neuve encore

où s'acclimateront individuel-

,

lement quelques Européens, mais où l'Européen en général, sur-

du nord,

tout celui

un milieu défavorable

se trouve dans

tempérament. Cependant on convient que

à son

richesses naturelles

les

de ce pays merveilleusement arrosé sont considérables, mais

il

faut

chercher au cœur du continent, en former de grands cou-

les aller

rants et les diriger vers la côte.

convenablement

cultures

faut

Il

une

richesses naturelles sous

compter aussi que certaines

s'ajouteraient

établies

encore

ces

à

tout en étant plus à

latitude qui,

portée de l'Europe, est celle de Sumatra, de Bornéo et du Brésil. «

Sans parler

ici

de l'ouverture des voies de communication, à

y aurait à pourvoir d'une manière spéciale, la récolte des produits du sol, l'établissement des cultures, représentent une laquelle

il

main-d'œuvre considérable qu'on ne peut demander ni aux Arabes, ni

aux Chinois, ni surtout aux ouvriers de race blanche.

Or

«

cette

main-d'œuvre, nous

populations fort primitives, gentes,

il

trouvons sur place, dans des

la

est vrai,

mais non pas

qui sont assez maniables pour

et

qui sait les

inintelli-

manier, ne

pas les heurter, apporter dans les relations avec elles beaucoup de

une bienveillance sans

fermeté,

faiblesse

une patience

et

sans

limites. a

En

voulant leur imposer brusquement nos réglementations,

nos manières de faire,

une

infailliblement à

ment.

A

gènes

me

part

même

semble

de voir

lutte la

être,

de penser, nous arriverions

et

où nous

les

conduirions à l'anéantisse-

question d'humanité,

en ce cas, l'hygiène

la la

protection des indiplus sûre pour la

poule aux œufs d'or. «

Aussi bien que personne,

je

connais

les difficultés

de création

d'une colonie sans en forcer le développement, sans vouloir qu'elle rentre dans le

un

type déterminé.

Que

la

haute administration, que

haut commerce prennent garde de vouloir mettre trop

vite

en


LA FRANCE COLONIALE

210

coupe réglée une possession, qu'à vrai dire nous connaissons encore insuffisamment, et dont

les

indigènes ne sont pas encore initiés à

ce que nous voulons d'eux.

Ainsi donc

«

notre action, jusqu'à nouvel ordre, doit tendre

transformation

surtout à

préparer

de

de production

travail,

l'Européen, avec

*

p. DE

Brazza

Congo

le

la

Italien

»

par son père, mais Français par sa mère, M. de

marine française,

français (janvier 1687).

en agents

de consommation; plus tard viendra

simple rôle d'intermédiaire'.

Savorgnan de Brazza.

est officier de la

et

des indigènes

el

en ce moment gouverneur

général du


RÉUNION

ILE DE LA

Historique.

forme

le

Avec

les

îles

Maurice

groupe des Mascareignes

carenhas,

France en

navigateur

prit possession

en 1642

,

et

du nom de Mas-

découvrit en

portugais qui les

Bourbon

Rodiigiiez,

et

ainsi appelées

,

XIV

Louis

1508.

concéda à

la

La la

compagnie des Indes orientales, qui, en 1665, fonda Saint -Paul, première résidence du gouverneur.

En

1715,

l'île

Maurice, sa voi-

abandonnée des Hollandais, devint aussi nôtre

sine,

et s'appela Ile

de France. Toutes deux prospéraient par la culture de

la

canne à

sucre, lorsqu'en 1810, elles tombèrent au pouvoir des Anglais.

Bourbon nous est

rendue quatre ans après

fut

encore britannique. La révolution

donna, en 1794,

Ce

nom

de Réunion ne veut rien dire

M. Onésime Reclus. nisa

:

réellement

«

L'île s'appelait

elle s'appelle

encore

»

,

éternités

»

Bourbon quand on ainsi.

carte

du monde.

le

changements de

nom

L'île

Bourbon

dans des

qui bouleversent

il

la

est située

dans l'océan

21o latitude sud, à 600 kilomètres de la côte orien-

de Madagascar. De forme eUiptique, son grand axe incliné au

nord-ouest a 71 kilomètres de longueur, de celle

Le

de

la Table.

littoral

a

Sa

"superficie est

la

pointe des Galets à

de 2.512 kilomètres carrés.

un développement de 207

kilomètres. Faiblement

accidenté par le cap Bernard , la pointe des Galets et

nord-ouest, par il

foi

»

Description pnvsinuE. Indien, sous

la colo-

Flagornerie pour les

qui vieillissent, mépris du vrai, offense à l'histoire,

y a de tout cela dans les

tale

nom

ajouterons-nous avec

heureux, insulte aux vaincus, enthousiasmes naïfs, «

le

de la Réunion, qu'elle reprit en 1848.

d'île «

lui

mais non sa sœur, qui

,

les

le

cap Noir au

pointes des Gascades et de la Table au sud-est,

ne présente cependant aucune baie profonde. Généralement bas


LA FRANGE COLONIALE

218

sablonneux,

et

n'a

il

mais seulement quelques

point de port,

mauvaises rades foraines exposées aux violents ouragans de

cette

région.

Vue de

mer,

la

comme deux

l'île

l'île

la disposition

du piton de

et

cône immense ou plutôt et

la

de forêts. La

de ses plateaux en gradins attes-

est le produit d'éruptions volcaniques

marqués par

centres principaux sont

Neiges

comme un

cônes juxtaposés, couverts de verdure

nature de son sol, tent que

apparaît

les

dont

les

deux

sommets du piton des

Fournaise.

Le piton des Neiges, haut de 3.069 mètres,

et le

Grand -Bénard,

qui en a 2.895, sont entourés de trois cirques ou anciens cratères,

appelés cirques de Salazie, de Mafate et de Gilaos. Les cirques se

sont formés par l'effondrement des laves et leur enlèvement par les

eaux

Au

sud-est de

torrentielles qui se sont ouvert des passages vers la

est le seul volcan

intervalles

le

l'île,

en

piton de la Fournaise, haut de 2.625 mètres, activité,

mais

les

il

ne se réveille plus que par

de 15 à 20 ans. Ses coulées de laves ont formé

Grand-Brûlé, qui s'étend jusqu'à Entre

mer.

la côte.

deux cônes volcaniques s'étendent des plateaux

de 1.600 mètres d'altitude moyenne

et désignés

plaines des Salazes, des Cafres, des Palmistes.

descend par degrés vers

la côte,

le

sous les

De

élevés

noms de

ces plaines on

plupart des habitations et

et la

des cultures se sont groupées sur les pentes inférieures.

Le massif de

l'ile

est sillonné

d'une multitude de ravines pro-

fondes, creusées par les torrents qui descendent directement des

plateaux à

mer,

la

comme

autant de rayons d'une circonférence.

Les plus considérables sont

les rivières

du Mât, des Galets

et

de

Saint- Etienne, qui sortent des trois criques de Salazie, de Mafate et

de Gilaos,

de servir à

et celles des

mer,

et leur

tion.

Toutefois

Pierre

;

et

encaissement

un

et

de

l'Est.

Ges torrents, loin

les

même

rend peu propres

canal d'irrigation arrose

de Saint-Paul (16 hectares);

celui

à l'irriga-

commune

la

quelques étangs dans l'intérieur

a

l'ile

notamment

Marsouins

navigation, ont peine à porter leurs eaux jusqu'à la

la

les

et

sur

de Saintla

côte,

cirques de Salazie

de Gilaos renferment des sources thermales.

Le climat de

la

Réunion, grâce à son

relief, est varié et

salubre

on n'y connaissait aucune maladie avant l'introduction des leurs indiens.

mais

elle est

La température moyenne sur

moindre sur

les

le

:

travail-

rivage est de 24»,

plateaux, et les sommets se couvrent


ILE DE LA REUNION

même

de neiges temporaires. Les pluies,

•219

très

abondantes, donnent

de 4 mètre 80 centimètres de hauteur moyenne annuelle jusqu'à

5 mètres d'eau, saison de

1'

chaleur et

«

hivernage

les

au nord-est. C'est dans

la

de novembre à mai, caractérisée par

la

à Saint-Benoît, exposé »,

grandes pluies qui l'accompagnent, qu'ont lieu ces

marée

funestes ouragans ou cyclones et les raz de

habitants et des marins

celui

:

Carte de

ainsi

que tous

La

l'île.

soufflent

« belle

saison

de 1829 détruisit vingt navires,

de

la

Réunion.

est

»

due aux vents plus rafraîchissants qui

fer

magnétique

légumes

;

mais

un défrichement

En

revanche,

les forêts

sables de la plage,

extrait des

a peu ou point de minéraux. Les animaux, la

même

végétation est riche en fruits

inconsidéré.

sources thermales, et sur

le

cyclone de 1879

Les volcans de Bourbon. aient singulièrement ait

domestiques,

ont été en grande partie détruites par

Voici quelques détails sur les volcans de la

cans

de

du sud -est.

sont aussi très rares. et

redoutés des

les caféiers qui faisaient la principale richesse

Sauf un peu de l'île

l'île

si

«...

et

et

leurs

:

Bien que

diminué d'intensité,

Réunion

les feux souterrains

que l'un des deux

vol-

cessé depuis plusieurs siècles d'être dangereux, partout on

retrouve des traces de

la

force ignée.

Ici,

des sources thermales


LA FRANCE

220

qui jaillissent

COLOMALE

à 87'2 mètres d'altitude, la source de Salazie , qui

:

contient de l'acide carbonique; celle de Mafale, à 082 mètres, sul-

fureuse et ferrugineuse; celle de Cilaos, dans

température s'élève à 48»,

la

neuse;

là,

champs de

des

piton de Fournaise,

le

le

Bras-Roufjc, dont

qui est alcaline, acidulé et ferrugi-

et

lave, et, à l'extrémité orientale de

l'île,

sombre cratère qui, de temps à autre,

allume ses incendies sur Thorizon. Par bonheur ses éruptions ne sont jamais accompagnées de tremblements de terre, ce qui indique facile

le

dégagement des gaz

foyer comburant.

sourd

et continu. Bientôt

tombe dans

et

le fleuve

vers

peut-être aussi l'apaisement du

et

Le volcan semble

la plaine,

une où

annoncer par un bruit

enflammée déborde du cratère

lave

elle

les

continue de brûler; par bonheur

de feu se dirige toujours du côté de

le seul

côté où

s'arrête parce

que

une issue

lui soit

ouverte.

la lave se refroidit;

la

De temps

comme

entend

liruit

Quand

il

et

il

flots

il

de

continue sa

arrive sur la côte, on

frissonnement de l'eau froide qu'on laisse tomber

le

sur du fer rougi

assourdissant.

à autre

mais de nouveaux

bitume ou de métal arrivent pour l'alimenter,

marche avec un

mer, c'est-à-dire

:

c'est la lave qui

tombe dans l'océan en cascades

étincelantes. «

La Réunion continue donc

à être

le

théâtre de

volcaniques, mais qui ne présentent plus aucun sécurité

de ses habitants.

Pourtant,

le

phénomènes

danger pour

la

29 novembre 1875, un

grand malheur a frappé notre colonie. Une partie du piton des Neiges et du Gros-Morne

s'est

écroulée dans

ensevelissant sous ses débris le village les

le

cirque de Salazie,

du Grand -Sable,

situé sur

bords du torrent des Fleurs -Jaunes. Plus de 150 hectares ont

été ainsi recouverts

par des milliers de mètres cultes de rochers

de terre, qui forment, dans tout cet espace,

et

comme un manteau

d'une épaisseur de iO à 00 mètres. Près de cent vingt victimes ont été ensevelies sous ces débris sans

qu'il soit possible

de songer à

retrouver leurs cadavres. Dans cette catastrophe, un terrain en pente, reposant sur une couche d'argile et de rochers lisses, glissa et fut

poussé à plus de deux kilomètres de distance avec une rapi-

dité effrayante.

rent debout...

Les constructions,

les arbres,

Au premier moment on

les

moissons restè-

a cru que le piton des Neiges

reprenait son activité. Mais ce n'était qu'un éboulement, consé-

quence trop naturelle de

la

désagrégation des rochers volcaniques

de ces montagnes sous l'influence des agents atmosphériques.

En


ILE DE LA 1809, un

immense incendie

RÉUNION

221

montagnes. Les

avait déjà déboisé ces

temps

racines qui retenaient la terre pourrirent avec le

comme

rent

Donc n'accusons pas de

pluviales.

terrains, et affirmons sans crainte

dangereux ^

ont cessé d'être

Comme complément de

l'île

et devin-

autant de canaux par lesquels s'infiltrèrent les eaux cette catastrophe les feux sou-

que

les

volcans de la Réunion

»

un de nos amis

à la relation précédente,

Bourbon nous adresse

la

note suivante

L'éboulis s'est

«

:

détaché du Gros- Morne, lequel est adhérent au Piton des Neiges. Il

y a eu soulèvement du sol et tremblement de terre au moment Une case renfermant une famille, les arbres qui

de l'éboulement.

avoisinaient cette case

et

,

à 200 mètres de distance.

une

petite parcelle de terrain ont

Une

autre case, vide, a glissé,

glissé

sans se

désagréger, de la rive droite sur la rive gauche de la ravine des

Heurs -Jaunes, en passant sur de

lit

la rivière,

les

débris qui avaient comblé le

parcourant ainsi un espace de près de 400 mètres.

»

« Le cyclone a éclaté sur l'île, dans la Le cyclone de 1879. nuit du 20 au 21 mars 1879, avec une violence excessive qui n'a pris fin que dans la matinée du 22. Le baromètre est descendu, le

21 à midi et demi, jusqu'à 727, l'une des plus fortes baisses obser-

un grand nombre

vées depuis

Dès

«

le

20 au matin,

d'heure en heure

sait

au large. Vingt

et

d'années.

était déjà arrivé à

mais l'on espérait que

;

un

il

rallier leur

d'appareillage leur était

capitaine s'ils

du

A

bord; à une heure Cette mesure,

fait.

le

et

plusieurs jours; mais

était

demie,

due à

le

donné signal

l'initiative

du

qui eussent été perdus

mouillage.

Les navires déradés ont été obhgés de tenir

«

grossis-

cyclone passerait

midi Tordre

port, a préservé ces navires,

avaient conservé

le

mer

la

:

navires (dont neuf à Saint-Denis) se trou-

vaient alors sur les différentes rades.

aux capitaines de

759

ils

la

mer pemlanl

sont tous successivement rentrés, après

avoir subi des avaries plus ou moins considérables. «

Le navire anglais China

est

Saint-André, à l'embouchure de

mes d'équipage ont et anglais

se perdre sur le littoral

la rivière

du Mât;

ses neuf

do

hom-

Les navires autrichien Voliuitccr

Margaret-Wilkie, rentrés à Saint-Paul

recueilli, le

'

été sauvés.

venu

le

27 mars, ont

premier, l'équipage du navire anglais Ucvival-of-Cur-

Extrait de la Revue de Géographie

,

\'><l'd.


FRANCE COLONIALE

LA

222

digan,

second,

et le

déradés de Maurice où

vigueur qu'à

dans a

la

du navire

celui le

italien. 6r Zona,

tous deux

cyclone a sévi, mais avec bien moins de

Réunion. Aucini bâtiment de

ne se trouvait

l'État

l'ile.

Trente-cinq personnes ont péri, tuées sous

On compte

maisons ou noyées.

débris de leurs

les

de nombreux blessés. La plupart

des édifices publics et des propriétés particulières, dans les

comme magés <r

dans

les

communes

réclament de coûteuses réparations.

et

Au Muséum,

armoires contenant

les salles et

bibliothèque et

la

villes

ou moins endom-

rurales, sont plus

le

laboratoire ont été inondées.

les collections,

Il

y a dans cet

établissement des richesses considérables qui sont menacées. Les

du gouvernement, du

toitures de l'hôtel

teur de l'intérieur

,

du receveur général

nombre considérable de cases en bois versées par «

.

le

et

;

les quais

,

les radiers

ont été enlevées

,

;

un

de paillotes ont été ren-

Les maïs,

les vivres,

souffert.

plusieurs ponts ont été

,

des rivières et d'autres ouvrages ont

points. Les petites cultures sont dévas-

été détruits sur plusieurs

beaucoup

du direc-

vent ou emportées par les eaux.

Les routes sont coupées ou ravinées

enlevés

tées.

lycée, des hôtels

sont perdus. Les cafés et les vanilles ont

La grande culture

n'a pas

non plus

été épar-

gnée. Les cannes, déjà hautes, ont été brisées ou couchées, et l'on

estime que tiers «

la récolte sera réduite

sur les habitations

A

les

d'un quart

et peut-être

même

d'un

plus éprouvées.

Saint-Denis, neuf personnes se sont noyées en cherchant à

échapper à l'inondation. familles avec les hauts de

l'îlot

On annonce

qu'elles habitaient

la rivière

la

dans

disparition de plusieurs la rivière

personnes a également disparu.

11

est à craindre

victimes n'augmente encore lorsqu'on aura points habités de l'intérieur'.

Géographie politique. sement en décroissance.

du Màt. Dans

des Galets, une famille composée de cinq

que

le

nombre des

pu pénétrer dans

les

»

La population de l'île est malheureuDe 210.000 habitants en 18(37, elle n'en

compte plus que 168.000 en 1883. La superficie étant de 2. 512 kilomètres carrés,

la

densité de la

population est de 66 habitants par kilomètre carré, un peu moins

qu'en France. Les habitants comprennent 30.000 blancs ou créoles,

1

Journal

officiel

de

la

république française. Avril 1879.


ILE DE LA

un nombre

triple

RÉUNION

223

de noirs affranchis et de Malgaches auxquels sont

venus se joindre 30.000 Indiens, 8.000 Gafres, 6.000 Malgaches, engagés comme travailleurs aux cultures, et quelques centaines de Chinois négociants. issus

Les blancs sont des créoles

Cabanes ou

çaises plus

pailloltes abritant les

ou moins

alliées

d'anciennes

Malabares des sucreries,

aux Malgaches,

et

familles

à

fran-

Bourbon.

quelques autres

Européens.

Toute

kl

population indigène parle

le

français,

ainsi

(pie

le

mélange de vieux français et de malgache. Kilo est cathorelève de l'archelique; l'évêché de Saint-Denis, formé en 1851,

créole,

vêché de Bordeaux.


;

LA FRANCE COLONIALE

224

Les travailleurs immigrants sont païens; car, leur séjour dans l'île

n'étant que temporaire,

L'île est

il

est difficile de les christianiser.

administrée par un gouverneur

d'un conseil

civil assisté

privé et d'un conseil général. Elle envoie au parlement français

un

sénateur et deux députés.

en deux arrondissements , dont

Elle se divise est

déterminée à peu près par

U arrondissement

la

circonscription

de partage des eaux.

la ligne

du Vent comprend neuf communes, savoir

du nord au sud,

Saint-Denis,

Sainte -Marie,

Saint -André, Salazie, Bras-Panon,

:

Sainte-Susanne,

Saint- Benoît, Plaine des Pal-

mistes et Sainte- Rose.

U arrondissement

Sous-le-Vent

Saint-Paul, Saint-Leu,

Saint-Joseph

Le de

et

jusqu'au

lation indiquée

lages de

Les

la

composé de sept communes Saint-Pierre,

:

Entre-Deux,

Saint-Philippe.

territoire très

la côte

est

Saint-Louis,

communes

étendu de ces

sommet

pour

s'étend généralement

des montagnes, de sorte que la popu-

les chefs -lieux

comprend

aussi celle des

vil-

campagne.

seize

communes renferment

trois villes

:

Saint-Denis, Saint-

Pierre et Saint-Paul, et cinquante-trois bourgs ou villages.

Saint-Denis, 36.000 habitants, située au nord de

est le

l'île,

chef- lieu de la colonie et de l'arrondissement du Vent. Siège

gouvernement, d'une cour d'appel

,

de l'évêché

ville s'agrandit et s'embellit

chaque jour, mais

Elle a érigé des statues à la

Bourbonnais

verneurs de

et

d'un lycée

elle n'a

et à Poivre,

,

du

cette

pas de port. anciens gou-

la colonie.

l'embouchure de

la

rivière des Marsouins, a donné naissance à l'amiral Bouvet,

le

Saint- Benoit, 10.000 habitants, à

premier des enfants de

l'est et

la colonie qui

à

fut appelé à la gouverner.

Saint-Pierre, 24.000 habitants, bâtie en amphithéâtre sur

la

côte sud-ouest, est le chef- lieu de l'arrondissement Sous-le-Vent elle

a

un

port artificiel assez

commode.

Saint-Paul, 25.000 habitants, sur serrée entre la côte et

un étang de

la côte

nord-ouest, est res-

16 hectares.

C'est là

que

les

premiers colons s'établirent en 1665. Sur son territoire on creuse le

port de la Pointe des Galets.

Commerce. industrie de

— La culture de l'île.

tion des esclaves

C'est

pour

la

canne à sucre

elle

qu'il a fallu,

est

presque l'unique

depuis l'émancipa-

en 1848, recourir aux travailleurs

libres de l'Inde,


RÉUNION

ILE DE LA de

Chine

la

et

des côtes d'Afrique.

225

Néanmoins

la

production du

sucre est tombée de 70 millions de kilogrammes en 1860, à 30 millions

en 1883. Cette décadence explique

La production du

dépeuplement de

le

café, qui fut de 3.500.000

kilogrammes,

duite à 500.000 kilogrammes, mais tend à se relever. Celles

de

la vanille,

du manioc, des

patates, des légumes, sont

L'absence d'élevage de bétail

et

l'île.

est ré-

du maïs,

en progrès.

une industrie manufacturière

presque nulle font recourir à l'étranyer pour

approvisionne-

les

ments de toute espèce. Le commerce intérieur dispose d'une route, d'un chemin de et

de

lils

télégraphiques faisant presque

Le commerce extérieur

les trois

pour

quarts avec la France,

tour de

élevé en

s'est

francs, dont plus de la moitié

le

le

fer

l'île.

1883 à 50 millions de

les exportations;

se fait

il

reste avec Maurice,

pour

Madagascar

et l'Inde anglaise.

Les exportations consistent surtout en sucre, pour 17 millions de francs, en café pour un million, en vanille, rhum, caoutchouc, clous de girofle; et les importations, en vins, tissus, meubles et

machines provenant de France, denrées alimentaires,

riz,

bétail

d'Afrique et de Madagascar.

Les

Un

villes

de commerce sont surtout Saint-Denis

et Saint-Pierre.

port nouveau avec bassin s'établit en creusant les sables à

la

Pointe des Galets, au nord de Saint- Paul. Les messageries maritimes font

communiquer chaque mois Saint-Denis avec

et Saint -Nazaire

En

par

le

canal de Suez et

le

Marseille

Cap.

attendant qu'un câble sous-marin soit établi à Bourbon,

celui de

Zanzibar à Aden

fait le

service des correspondances avec

l'Europe.

lo


LA FRANCE COLONIALE

226

ILES KERGUÉLEN, SAINT-PAUL ET

A

800 lieues au sud-est de

AMSTERDAM

Réunion, dans

la

la

mer

des Indes,

par 490 de latitude sud, se trouve la terre inhabitée de Kerguélen,

que dont

le il

navigateur français de

nom du

au

prit possession

même nom

découvrit en 1772,

et

Cette prise de possession ne

roi.

paraît pas avoir été ratifiée officiellement et n'a été suivie d'aucune tentative d'occupation.

En

effet,

terre,

cette

dont l'étendue est

d'environ 4.000 kilomètres carrés, n'est qu'un amas d'Iles et de presqu'îles rocheuses, hautes de 1.800 mètres au

mont Ross, dé-

chiquetées extraordinairement en d'innombrables golfes et baies,

parsemées de plus de 200 d'autant plus capitaine

difficiles,

Cook

lui a-t-il

qui rendent les abords

îlots et écueils,

que

la terre

donné

le

y est très mauvaise. Aussi

nom

de

le

terre de la Désolation».

«

Toutefois, dans ce siècle, les Anglais ont relevé la carte de ces

parages,

et les

ont fréquentés pour la pêche à la baleine et aux

même

phoques, qui y abondaient en

oiseaux de mer. Cette analogie avec les la

même

latitude, fait espérer

temps que d'innombrables îles

Malouines, situées sous

que Kerguélen, malgré son climat

austral, pourrait nourrir des troupeaux de moutons

dernières

îles,

aujourd'hui exploitées par des

comme

ces

éleveurs anglais,

après avoir été, en 1703, l'objet d'une tentative d'occupation française par Bougainville.

Les deux

îlots

velle-Amsterdam,

rocheux situés

et inhabités

de Saint- Paul et de Nou-

au nord-est de Kerguélen, par 49" de

latitude, sont aussi parfois attribués à la France, à cause

d'un essai

d'établissement d'une pêcherie française en 1842. Découvertes en

1696 par

le

Hollandais Flaming, c'est là que les astronomes fran-

çais s'installèrent le soleil,

en 1874 pour observer

pendant que

ricains, étaient

les

passage de Vénus sur

observateurs anglais, allemands et amé-

campés sur

circonstance qui a rappelé

le

le

l'île

de Kerguélen.

C'est

même

souvenir de ces terres australes.

cette


MADAGASCAR ET ILES VOISINES

CHAPITRE

I

NOTICE HISTORIQUE La France ne possède pas encore de de Madagascar, mais

de 1885 en

fait

elle

fait la

grande

ile

y a des droits incontestés,

africaine

et le traité

présager la possession dans un temps plus ou moins

rapproché.

Découverte par

les

Portugais, que ce soit en 1500, par

Tun des

lieutenants de Cabrai, ou en 1506, par Lorenzo d'Alméida, qui lui aurait

donné

le

nom

de son patron, Saint- Laurent, Madagascar,

après des tentatives infructueuses de colonisation portugaise, vit

normands plus d'un

arriver les navigateurs

Richelieu, voulant doter créa la

«

Société de l'Orient

siècle après.

En

lGi'2,

France d'étabhssements d'outre-mer,

la

»,

dont

les

agents reçurent mission de

pour y ériger colonies et commerce et en prendre possession au nom de Sa Majesté très chrétienne ». A partir se rendre à

de 16i3,

Madagascar

les

«:

Français, conduits par Pronis, s'établirent successi-

vement sur

la C(He orientale,

Dauphin, à

l'ile

à la baie Sainte- Luce, puis à Fort-

Sainte- Marie, à ïamatave, à Fénérive

et

Foule-

pointe, et dans la baie d'Antongil. Malheureusement, l'insalubrité

de

la côte,

jointe à la

mauvaise administration

et

Pronis et de ses compagnons, qui pratiquèrent

aux cruautés de

même

la

traite,


LA FRANCE COLONIALE

223 firent

et attirèrent

échouer ces entreprises

sur les blancs

haine

la

des pauvres Malgaches, qui d'abord les avaient reçus avec joie. Toutefois, vers 1(350, de Flacourt fut plus heureux sur la côte

sud-est

Fort-Dauphin. En

et releva

l(3()i-,

sous Louis XIV,

la

^,'^lirrteiùfcs

Q' "Iles

ComoTC»

IJfahUU 'ç~,JJ'am<i7i%i,

/MayaUe\j

-

^MaÂaréj

rorf-Lcuis/\

Lilauricc (_iy^| S'DenL,

'

LBcnirboB

SyKèrté

/.

F e

re n

ToTléar

^cfujlr.

.Vu

-^ i

a

fur V-Tt^a^f-''

i

M 21*/c h

^ i

k

Carte de

l'île

de Madagascar.

Compagnie des Indes orientales», fondée par Colbert, succédant à la Société de l'Orient, obtint pour siège principal d'exploitation Madagascar, qui prit ofiiciellement les noms d'i/e Dauphine et de (T

France orienlale. Les mais échouèrent pour

tentatives de colonisation les

mêmes

causes que

recommencèrent,

les

précédentes

derniers colons, expulsés par les indigènes, se réfugièrent à

:

l^s l'ile


MADAGASCAR Bourbon (10G2), de

la

couronne

et la i),

229

Grande-Terre, bien que

«

réunie au domaine

continua pendant un siècle à être

la

proie des

pirates et des négriers.

En

sous

1750,

le

ministère de

Marie fut achetée aux chefs de

300 hommes conduits par

le

Ghoiseul, la petite

la côte.

En

1773, Louis

Hongrois Benyowski

:

île

Sainte-

XV

envoya

celui-ci s'éta-

Types hovas de Madagascar.

une grande influence sur

but dans la baie d'Antongil

et acquit

Malgaches de

proclamèrent leur

la côte,

qui

le

l'opposition jalouse des colons de

roi;

Bourbon. Sous

mais la

il

les

périt par

révolution et

l'empire, d'autres essais furent également infructueux, et en 1811 tous les postes

français

tombèrent au pouvoir des Anglais, qui

depuis plusieurs années déjà aidaient

les

Hovas de

l'intérieur

à

s'organiser en peuple conquérant.

Le nies,

que «

et

traité

de 1814, en rendant à

notamment Bourl)on, ne 8 déclarait

la

de ses dépendances

».

l'article

la l'^rance

stipula rien

plusieurs de ses colo-

pour Madagascar, tandis

cession à l'Angleterre do Cette foi'mule pouvait

l'île

|)ivl(^r

Maurice à

équi-


LA FRANCE COLONIALE

230

voque,

l'on considérait les droits sur

si

pendances de

la

d'eux des concessions territoriales,

les chefs

Radama

En

le'",

le

jeune roi

à se rendre peu à peu maître de toute

1817, ce prince, doué d'une intelligence remarquable pour

Une

batterie de

ropéenne, conclut avec leur

allié

royaume. et

dé-

la côte et à ol)tenir

nous en aidant

sa race, et désireux de doter ses peuples

rait

de

«

soit, tandis

gouverneur anglais de Mau-

le

rice, sir Furquehar, sut agir contre

l'île.

comme

possession de Maurice». Quoi qu'il en

que nous continuions à influencer

des Ilovas,

Madagascar

Il

et

les

canons

à

d'une civilisation à l'eu

Tananarivo.

Anglais un traité par lequel

supprimait

la

traite

des

esclaves

accueillit les missionnaires méthodistes

il

se décla-

dans

son

de Londres,

ceux-ci, après avoir créé des écoles à Tananarivo et ailleurs,

finirent par acquérir sur l'esprit de la

cour une influence qui dure

encore actuellement.

En

1825,

Radama

fit

expulser les Français de Fort-Dauphin et

de Foulepointe. Après sa mort, arrivée en 1628, sa veuve Ranavalona lui succéda; mais, sultjuguée par le vieux parti hova et par les prêtres des idoles,

son long règne se signala par des cruautés

sur ses propres sujets et par une réaction contre les étrangers, qui furent souvent malmenés,

malgré plusieurs interventions des na-

vires de guerre anglais et français. Toutefois triotes,

du

nom

un de nos compa-

de Laborde, avec l'approbation de

la reine,

sut


MADAGASCAR créer près de Tananarivo

un

231

vaste établissement industriel

prenant forges, fonderie de canons, verrerie, menuiserie

et

Un

de charronnage.

fils

Radama

avec Napoléon

III

II,

un

qui, traité

Tananarivo.

ï

roi

de Magadascar

».

lui

Radama

même

Entrée du

le

reconnaissait

il

fut

et

comme

palaii?.

accordait les plus grandes faveurs

aux Français; mais bientôt après, étranglé par hovas,

de Ranavalona

ayant succédé en 1861, conclut

où celui-ci

de

autre Français, M. Lambert,

exerça une certaine influence sur l'esprit

de son

com-

tuilerie, ateliers

les réactionnaires

remplacé, en 1SG5, par sa veuve, Rasoaherina,

en 1809, par sa nièce Ranavalona

II.

et,

Celle-ci, ayant épousé son

premier ministre, se convertit au protestantisme

et subit dès lors

l'ascendant des méthodistes anglais.

Cependant

la

paix se maintenait

catholiques françaises elles-mêmes l'île,

lorsqu'on

l'intérieur, et les missions

étaient

très florissantes

dans

1883, les réclamations du gouvernement français

au sujet de quelques l'amiral

;'i

faits

peu marquants n'ayant pas

Pierre vint bombarder et occuper Maziniga sur

abouti, la

c<)te


LA

232

FRANCE COLONIALE

nord-ouest, Vohémar, Tamatave, Foulepointe, sur tale.

menée peu vigoureusement par notre

guerre,

I.a

qui pendant deux ans se contenta de ])loquer le côtes,

Ce l'ile

traité

troupes,

néanmoins au

aboutit

traité signé le

sauf

et

lui

la

baie

rend de

tous

l'ile

M

côte orien-

expédition,

et d'inquiéter

décembre J885,

Hovas comme souveraine de

reconnaît la reine des

entière,

la

les

occupés

postes

Diégo-Suarez.

nos

par

La France abandonne

ainsi ses droits particuliers de protection sur les peuples sakalaves

Tananarivo.

et

malgaches de

la

Palais de la reine.

côte nord-ouest et nord-est.

pourront pas acquérir des biens dans

l'île,

Les étrangers ne

mais seulement

les

affermer pour un temps renouvelable. Par contre, une indemnité

de 40 millions est accordée par

naux tilités

français et étrangers :

les

pour

le

gouvernement hova aux natio-

les pertes subies

pendant

les

hos-

douanes du port de Tamatave resteront entre nos mains

jusqu'au payement intégral de cette indemnité. De plus, la France acquiert

le droit

de construire dans

la baie

établissements militaires à sa convenance, d'en faire une position maritime capital, c'est

que

la reine

de Diégo-Suarez des ce

qui lui perm.ettra

du premier ordre. Mais

rivo d'un résident officiel français,

qui aura en main toutes les

relations diplomatiques avec les puissances étrangères, sans tefois

point

le

des Hovas subit la présence à Tanana-

«

tou-

s'immiscer dans l'administration intérieure des États de Sa

Majesté

la

reine

;».


MADAGASCAR C'est là

ne

soit

une

sorte de

pas introduit,

en amener tous

les

il

protectorat

«

»

233

déguisé, et bien que le

prudence

suffira d'agir avec

Quoi

effets.

en France ne semble pas

qu'il

en

mot

sagesse pour

et

soit, l'opinion

publique

d'une combinaison aussi peu

satisfaite

claire, qui prête à des interprétations contradictoires, et l'on craint

de voir recommencer bientôt de sourdes hostilités

même

la

peut être

et

guerre, avec une cour aussi jalouse de ses droits que de

son indépendance.

CHAPITRE

II

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE

de Madagascar est située dans l'océan Indien, au sud -est de l'Afrique, entre 12o et25o 30' de latitude sud, M» 20' et 48o de L'île

longitude

est.

Sa forme ovale, qui rappelle assez bien allongée

du sud- ouest au nord-est;

dans son grand axe petit axe.

et

elle

celle

de

la

Corse, est

présente 1.600 kilomètres

une moyenne de 450 kilomètres dans son

Sa superficie, évaluée à 000.000 kilomètres carrés, dé-

passe celle de la France; c'est

la

plus grande

île

du globe après

la

Nouvelle -Guinée et Bornéo.

Le

littoral oriental est

généralement bas, sablonneux, bordé de

lagunes et de dunes, et offre peu de bons ports, tandis que celui

du nord -ouest, plus montueux, îles,

est

déchiqueté en nombreuses

presqu'îles et baies favorables à la navigation.

La côte sud-

ouest est moins bien partagée.

Le canal de Mozambique, large de 400 kilomètres, sépare Madagascar de la côte africaine du Mozambique. Les baies principales sont celles d'Anton gil et de Diego -Suarez, au nord- est; celles de

Passavanda, de Narinda, de Mazamba, de Bombetok

et

de

l>aly,

au nord -ouest; celle de Saint- Augustin, au sud-ouest.

Parmi

les îles côtières, signalons

Sainte-Marie etNossi-Bé, qui

sont françaises. Les caps roinur(|iiablos

soiil

les

caps d'Ambre

el


LA FRANGE COLONIALE

234

Saint-Sébastien au nord, Saint-André

Sainte-Marie au sud,

Le série

relief

du

sol,

et

Saint -Vincent à l'ouest,

cap Ngoncy ou cap Est.

et le

imparfaitement connu, est caractérisé par une

de chaînes de montagnes plus ou moins parallèles entre

allongées dans le sens de

formant un énorme bourrelet ou

l'île et

assez semblable aux plateaux d'Algérie.

plateau

800 mètres

d'altitude

de 2.000 mètres

,

moyenne,

tion aux

est

On

Ce

[plateau, de

surmonté de sommets de plus

atteignant 2.500 mètres au

au sud de Tananarivo.

elles,

mont Tsîafazavona,

accordait autrefois 3.600 mètres d'éléva

monts Amhoitismènes, nom sous lequel on désignait

l'en-

semble du système de Madagascar. Très rapproché de

la côte orientale,

le

plateau malgache laisse

à l'ouest la grande plaine des Sakalaves, ridée elle-même par de

longues chaînes de collines qui suivent

la

même

ouest au nord-est. La partie méridionale de et

direction

l'île

du sud-

moins élevée

est

plus déserte que les parties centrales et septentrionales. L'île

forme deux versants hydrographiques d'inégale largeur,

arrosés par une multitude de rivières, dont plusieurs dépassent

l'importance de la Seine. Le versant oriental, le plus étroit, ren-

ferme

le

Maningory qui ,

sert de

débouché au

lac Alaouter; le

Man-

gourou, qui parcourt également une vallée longitudinale du grand plateau.

Le versant occidental renferme

le

Suffia, dans la province d'An-

kara; YIkoupa ou rivière de Tananarivo,

cendent du plateau d'Émyrne; parcourent

les plaines

le

et le

Mangouké

Kitsamhi, qui deset

VA^ioulahy , qui

du sud- ouest. Aucun de ces

fleuves n'est

navigable, et tous n'ont d'ailleurs été qu'imparfaitement explorés

par les Européens.

Gomme

eaux dormantes outre ,

le lac

Alaouter ou Alaotra

signa-

,

lons le Tasy (ou Nossi-Vola?), dans le bassin de l'Ikoupa; le Kin-

kony, dans

le

Bouéni,

et la

longue série de lagunes qui bordent

la

côte orientale.

Le climat de Madagascar

est

humide, torride

et fiévreux,

peu

propre à l'acclimatation des blancs, sauf peut-être sur les plateaux du centre; la côte orientale a été des Européens d

l'hivernage

»

)>.

,

nommée

«

Les pluies durent de novembre en

comme

à

Bourbon

;

l'été est

le

cimetière

avril

:

c'est

plus sec et plus sa-

lubre.

Tous

les

voyageurs vantent

les

beautés pittoresques et les ri-


MADAGASCAR

23o

chesses naturelles de Madagascar. Les carrières et les mines métalliques les plus variées abondent,

Pont de bois

et

notamment

le fer,

le

cuivre, les

porteurs à Madagascar.

pépites d'or, les pierres précieuses et la houille. L'ile a très

riche, offrant des

considérables,

types tout particuliers;

des cultures de tout gein^c

:

il

riz,

une

llore

y a des forêts

manioc,

'café,

coton, canne à suci'e, épicos, lal)ac, etc. Sa faune possédail auli-e-


LA FRANCE COLONIALE

236 fois le

dronte, oiseau géant disparu qui atteignait deux mètres de

museau de renard

rongeur

les chats

;

encore par

caractérisée

liauteur; elle est

singes à

sauvages

zébus à garrot de graisse,

et

les sangliers

,

les

les

Mais

elle

ne possède

de ruminants

et

si

que Madagascar n'y a pas

éléphants,

temps

les

ni

de pachy-

continent voisin

dans

été rattaché

ni

de. carnassiers, le

onagres

les

reptiles et insectes lui

ni lions,

communs sur

bœufs

les

,

moutons à grosse queue,

gazelles, aucune de ces grandes espèces

dermes

les tenrecs

,

ou ânes sauvages; de nombreux oiseaux, sont propres.

makis ou lémurs,

à queue touflue; l'aye-aye, singe

:

preuve

même

pré-

historiques.

CHAPITRE

III

GÉOGRAPHIE POLITIQUE Ethnographie.

La population de Madagascar

est

vaguement

évaluée à 3 à 4 millions d'habitants, ce qui, pour une superficie

de 000.000 kilomètres carrés, ne donne que 5 à 8 habitants de densité par kilomètre carré.

On lées

distingue trois races ethnographiques principales, assez 1°

:

les

Hovas, de race malaise ou brune, dont

les

auraient été transportés de la Malaisie à Madagascar par

de

navigation

la

rusés

,

ces

Sakalaves ^

et

ancêtres le

hasard

des courants marins. Intelligents, énergiques,

Hovas habitent les

mê-

dominent toute

l'intérieur et

l'île

;

2» les

Betsimisaraks et autres Malgaches de race nègre,

cultivateurs, doux, hospitaliers, mais

peu industrieux

et habitant

les plaines côtières, surtout à l'ouest; 3» les blancs, les mulâtres les

et

métis, résultant du croisement des Arabes,

peut-être des

Juifs, des indigènes, des Gafres originaires des continents voisins, tels

du

que

les Antalots

delà côte sud -est,

les Betsiléos

des plateaux

centre.

Ces populations sont généralement ignorantes stitieuses,

sorciers

;

exploitées par des

«

sikydis

» et

toutefois la reine et sa cour sont

,

des

païennes, super«

ombiènes

»

ou

devenues protestantes


.

MADAGASCAR de

la

000

et

les

missions des

comptent plus de 80,000 indigènes catholiques répartis en

350 stations ou

Sœurs

ou Wesleyens,

secte des méthodistes

Jésuites

;25.

237

Les écoles

villages.

chrétiennes

tenues par des

des Frères français sont assez nombreuses, et renferment

et

élèves.

Le code

civil et

criminel est très rigoureux

épreuves judiciaires par l'eau,

le

,

même

feu, le fer,

le

barbare

;

les

poison, sont en

Ns..

Y^jj^i Soldai hova.

usage.

La

lées «

kabar

justice est

rendue dans des assemblées populaires appe-

»

L'intérêt d'actualité qui se rattache à la conquête de

nous porte à donner

mœurs

ici

quelques détails sur

l'état

Madagascar social et les

des Malgaches.

État social des Malgaches.

«

Bien que

la

fusion entre les

diverses races qui peuplent Madagascar soit loin d'être achevée,

M. Vivien de Saint-Martin,

dit

le

climat, des rapports continuels,

une organisation pohtique peu différente, surtout l'usage d'une même langue dans tout le pays, ont donné aux habitudes, aux

mœurs

et

similitude

aux coutumes de tous si

prononcé,

un tableau qui leur »r

soit

qu'il

comme

Malgaches un caractère de

possible de tracer

à cet égard

commun.

Ainsi on peut dire que

gaches,

est

les

,

sauf quelques exceptions

,

les

Mal-

tous les peuples dans l'enfance, sont curieux, su-


LA FRANGE COLONIALE

238 perficiels, vantards,

superstitieux, vindicatifs, sensuels, crédules,

prodigues. Leur aversion pour tout exercice, soit corporel, soit intellectuel, est assez prononcée. vaillent, ce n'est

veté

et

les

que par force

sont paresseux, et,

s'ils

leur jeunesse se passe dans

tra-

l'oisi-

divertissements; leur vieillesse s'écoule dans l'indo-

Vivant au jour

lence.

;

Ils

jour, le présent est tout pour eux.

le

La

dissimulation, la fourberie, loin d'être considérées par les Hovas

Indigène de la côte de Madagascar vendant du charbon.

comme

des vices, sont les objets de leur naïve admiration. Dans

leur opinion

,

la

mauvaise

d'habileté, de talent.

La

polygamie

dans toute

est usitée

ruse sont des signes de capacité,

foi et la

sensualité est générale à Madagascar. l'île

;

le

moindre chef de

La

village

possède d'ordinaire plusieurs femmes. Cependant depuis l'adoption de

la

rehgion chrétienne

comme

religion

d'État chez les Hovas,

ceux-ci n'en prennent plus qu'une. L'ivrognerie n'a aucune borne chez

la

plupart des tribus, excepté dans l'Imérina; et la passion des

Malgaches pour «

les

boissons alcooliques dépasse toute idée.

Mais, à côté de ces défauts,

les

Malgaches ont des qualités

précieuses. Ils sont bons, affectueux, complaisants,

Les hens de

la famille et

hospitaliers.

de l'amitié sont très i^espectés parmi eux

;


MADAGASCAR

239

l'anmiadversion publique vengerait l'oubli dans lequel un parent

ou un ami

laisserait

son parent ou son ami malheureux

ou serment du sang

est

à la naissance

taureaux

;

,

il

est extraordinaire

tombeaux

est profonde.

y a des prières et

ces usages sont cependant

Femme Hovas. Clomme tous

et le falidra

scrupuleusement tenu. L'amour des mères

malgaches pour leurs enfants des Malgaches pour les

,

les

,

A

et la la

vénération

mort,

comme

des sacrifices de bœufs ou de

tombés en désuétude chez

les

de Madagascar.

peuples indolents et sensuels, les Mal-

gaches aiment passionnément la poésie et

la

musique. Tous

les

voya-

geurs parlent de leur éloquence. L'art oratoire est très cultivé chez eux, et leur langue s'y prête admirablement. «

Les coutumes superstitieuses sont très nombreuses à Mada-

gascar, mais les

il

est impossible de les connaître toutes, parce

indigènes se cachent ordinairement des étrangers pour

complir. Partout l'on trouve des individus qui, outre

le

que

les ac-

métier do

médecin, exercent aussi celui de devin. Ces prétendus sorciers ont la plus grande influence sur l'esprit des indigènes, et il n'est guère d'affaires

aussi

qu'on entreprenne sans

un grand usage

les consulter.

d'amulettes

Les Malgaches font

ou talismans;

ils

leur allri-


COLUMALE

LA FRANCE

2'^0

môme

buent toutes sortes de vertus,

de

celle

faire connailre ce qui

doit arriver.

Le costume national des Malgaches

«

blanche, dont l'une,

d'étoffe

entre les jambes et

fait

simho, drape largement joui's

de

simbo

le

fête,

riche et plus beau.

La

le

compose de deux pièces

sadika, entoure d'un caleçon,

l'office

le

se

dont l'autre,

et

remplacé par

est

tête, les

jambes

le

et les

lamba, qui

pieds sont ordinaire-

artificielles

figures. Elles sont

de tatouages qu'on leur

Le

«

le résultat

Dans l'entourage de ont adopté

dans

riz,

le

cour,

la reine, à la

dans leur

fait

nobles et les

les

la

dans

centre;

le

base de

la

le

maïs ou

manioc,

le

nourriture chez les Malgache.^.

y joignent des légumes, des fruits, de la volaille, et parfois de

Ils

kl

qui représentent diverses

costume européen.

l'est et

dans l'ouest, forment

est plus

castes guerrières de l'intérieur ont le

corps couvert de cicatrices

officiers

le

corps, les épaules et les bras. Dans les

ment nus. Les Malgaches des

enfance.

revient

les reins,

viande de bœuf.

«Les habitations sont, en

général, des cases hautes d'environ

deux mètres, espèces de chaumières composées d'une carcasse en charpente, couverte soit de

feuilles

de ravinalasur

en joncs ou en pisé dans l'intérieur,

Une

natte étendue sur le sol,

une

en roseaux dans

soit

une calebasse

à peu près tout le mobilier.

La case du

est

une marmite,

chef,

un lambeau

excepté chez les

d'étoffe

comme

signe d'autorité'.

posséderait encore

le «

singe proto-type de

qu'on pourrait bien y trouver aussi

que

j'ai

;

j'ai

donc consulté

les

l'homme»,

légende du

C'est à

Ayant

«

j'ai

pensé

merveilleux

le

recom-

philosophes modernes. tort

que certains savants

(darwinistes) s'attribuent

Vivien de Saint-Martiv, Dictionnaire géographique.

2

D'après

R. P. Abinal, missionnaire catholique.

Celte élude

psychologique, du plus haut intérêt, nous paraît mériter sa place l'abrégeant.

«

archives locales, et voici ce

1

le

est

Madagascar

découvert; je livre ce travail sans prétention et

mande aux d

»

la

ne

et

)>

— L Mélamorphoses. —

dans une revue que, d'après certains écrivains,

changement

voilà

que par une perche à l'extrémité de laquelle

Superstitions des Malgaches-. lu

et

absolument semblable à celle des autres habitants,

s'en distingue

attaché

l'ouest.

tente ou panier carré pour serrer

leurs objets les plus précieux,

Hovas,

la cùte est, soit

ici.

elhnographique

Nous

la citons

cl

en


MADAGASCAR du

celle

singe devenu

«

leurs fausses déductions

homme ,

il

241

Bien avant

».

y avait à

la

mise au jour de

Madagascar des castes

et des

familles revendiquant l'honneur de descendre de ces colons velus

logiques que nos docteurs, ces gens tiraient

de

la forêt,

les

conséquences pratiques de leur opinion, en honorant leurs

et, plus

prétendus ancêtres durant leur vie

et

en

après leur

les ensevelissant

trépas. Il

«

y a sur ce sujet deux légendes

ment que

à queue courte), lémuridé dont

de l'homme qui appelle

première

perdue; mais

,

fait

répété

le cri

,

simple-

dit tout

du Babakoto (singe semblable à

voix

la

à certaines époques retentir toute la

de ce brusque passage d'un genre à l'autre

forêt. L'histoire

s'est

générés, vivant dans leur arrière-petit- fils, suf-

les-

pour en garantir

fisent

la

:

ces castes descendent en ligne droite

donc

l'authenticité;

neveux qui l'assurent sont

elle

puisque

fut,

les

là.

La seconde légende rapporte qu'un condamné à mort fuyait champs devant son exécuteur armé d'un long coutelas.

«

à travers

D'aventure sailles

il

parvient dans la forêt et se jette au milieu des brous-

au pied d'un arbre. Le bourreau arrive aussi

cherche.

et

regarde et scrute chaque fourré; mais, à sa grande surprise,

qu'un singe grimaçant sur

voit qu'il

branche, au lieu d'un

la

trouver au pied de

s'attendait à

l'arbre,

peur. C'est fort étrange, se dit-il, je poursuis voilà qui devient singe

en un

innocent. Là- dessus

se retire,

la forêt;

Or on ne

«

clin d'œil

Il

!

ils

devait assurément être

chose s'opéra, mais

la

des pieds jusqu'à

la tête.

A

les

le

côté le plus noble.

la

lé-

petits-fils

l'inverse de leur

montèrent au lieu de descendre, et eurent

sens de regagner

et le

l'homme-singe s'enfonce dans

et

par quel procédé

sait

hommes,

grand-père,

homme

glacé de

et

un homme,

gende ajoute qu'au bout d'un court espace de temps naquirent

Il

ne

avec ceux de son espèce et s'y crée une famille.

s'y alhe

il

il

blotti

il

Ce sont leurs

fils

le

bon

dont on

trouve les familles sur la lisière de la forêt, au versant oriental de Ils

l'île. ((

la

respectent

Un jour,

le

le

babakoto, qui est sacré pour eux...

P. Pages, ayant, sans malice et sans intention, lâché

détente de son fusil dirigé contre

étendit mort, avec les volatiles,

encore sur

les arbres.

bon Père prétendait fourrure; mais il une peau

Fier de son coup

un ragoût,

de

,

le

de

avait

compté sans ses porteurs, parmi lesquels

et

la

d'oiseaux,

ces types arriérés grimpant

taire

la

viande

un de

un arbre chargé

le

tué

avait des IG


LA FRANGE COLONIALE

242 petits-fils;

aïeul.

revendiquèrent à cor et à cris

ils

Le Père voulut

mais on

rire,

le fit

cadavre de leur

le

composer par

milieu de la forêt, le chasseur se rendit et livra

donnèrent

fils

le

un double

suaire d'usage, y enveloppèrent son corps, lui fournirent le

Le singe

le gibier.

mort reçut les honneurs de la sépulture. Les hnceul de rabanne,

la révolte

Se voyant abandonné au

ouverte et le refus net d'aller plus loin.

portèrent à une fosse creusée pour lui,

lui

offrirent des chevelures ainsi que des pleurs et des lamentations,

chantées et sanglotées tour à tour

mais mieux

«

Il

un

est

que

tirée,

queue retranchée

d

patrons de

autre singe ci- devant

n'est point

«

risible,

l'homme- singe à

.

morphose fut sans retour. il

conséquence tout aussi

:

celle des

Il

homme

porte dans

originaire de

on

l'ile,

le

pour lequel

pays

le

nom

la

méta-

de Rajako

a introduit d'ailleurs.

l'y

:

Il

conserve une profonde rancune aux femmes; en voici la mison « Rajako, du temps où il vivait selon la nature humaine, avait :

uni son existence à une à honneur de

lorsque

jour que

le

dans

formément à

l'usage qui lui

grande cuiller

pour

fait

un

tirer le riz

devoir de servir son mari, saisit

de la marmite et

du pays, comme

dans maintes régions de

l'île.

Il

faut dire

le

déposer sur de

cela se pratique encore

que Rajako, de par son destin, ne pouvait pas être

touché, sans malheur pour

lui,

par l'ustensile placé entre

de sa femme... Or, la querelle s'envenimant, la inari...

de langue,

La dame, con-

querelle s'engagea.

larges feuilles, vaisselle

«

les assauts

couple, assis au coin du feu, s'occupait à la

commun, une

cuisson du dîner

la

à la riposte, tenant surtout

final

dispute portait la guerre au sein du ménage.

la

Un

«

femme bonne

coup de feu

faire le

Au même

les

mains

dame en frappa son

instant, l'inflexible destin déroula son cours en

changeant subitement Rajako en singe. Le malheureux gambada d'abord jusqu'à

pour de forêt, «

la porte,

là s'élancer il

se fixa

sur

grimpa ensuite sur

la

branche voisine

et disparaître

Plusieurs tribus, sur tous les points de

caïman.

A

les

de sa case,

:

l'île,

se

la

donnent une

leur première souche serait

en croire, un beau jour

les

caïmans

hommes hommes, et

et les

furent fort étonnés, les premiers en se voyant devenir

ceux-ci de ne plus voir de caïmans. Malheureusement,

morphose

dans

pour toujours...

généalogie plus forte, mais moins agile le

le toit

fut partielle,

et

beaucoup de

sujets

la

méta-

conservèrent les


MADAGASCAR La descendance bipède

goûts et les appétits des caïmans.

de passer ainsi sous

On

de représailles. «

la

243

discuta de part et d'autre, et à la fin on pactisa.

point traquer son frère caïman, et le

caïman de ne point manger son parent homme.

pubHe

mangé un homme,

ait

crime dans tout

le

le

canton de

du

usages, se rend sur les bords il

procède en règle,

apostrophe

du

les frères

<c

On

au courant des

la

somme

population.

après quoi

et verbalise;

la famille

mordre à l'hameçon

il

solennel de

de livrer

le

qu'il jette à l'eau...

salue d'une huée formidable qui,

le

annonce au

répétée par les échos,

loin le prélude de l'exécution.

hisse en terre ferme l'oncle scélérat

résistance

nœud

au

de

revient le lendemain, et l'on trouve le coupable caïman

retenu à l'hameçon. Alors on

On

vieillard

leur rappelle le pacte

lac,

forçant de

le

connu, on

ferme. Le chef de

la terre

une enquête

fait

arrive qu'un

S'il

le délit est

lac à la tête

leurs pères, proclame le crime, et

coupable en

que

aussitôt

en son absence, quelque

ou,

la tribu,

furieuse

dent de frères implacables, menaça d'user

L'homme promit de ne

caïman

,

coulant glissent le long de la

coller sur

Que

ses flancs.

deux hgnes,

le

contre la force point de

beau protester par d'énergiques

a

il

:

;

faire?

il

se rend,

pied droit en avant et

sur les cordes, tout en

le

efforts, les lacets

première corde

et

vont se

car les neveux, sur

buste en arrière, la main

suffoquant, lui donnent l'immobilité d'un

le

soliveau. ((

En

cette pénible position,

il

écoute

le réquisitoire

du neveu-

magistrat, qui d'abord s'excuse d'être forcé de sévir. L'orateur,

passant aux considérants sitent la écailles,

,

arrive enfin

aux conclusions qui néces-

peine de mort. Alors les pieux aiguisés vont, à travers

chercher

la

vie fortement ancrée;

mais enfin, après avoir mugi,

le

caïman

les

supplice est long,

le

ronfle

une dernière

fois

et meurt... (K

Alors

commencent

déliés et flottent

les

pleurs

au gré du vent

;

et le

deuil

;

cheveux sont

les

on porte le défunt au tombeau

au milieu des lamentations usitées dans un deuil de la fosse

on élève un tumulus,

et

une pierre marque

famille. lu

Sur

place de

la tête.

«... Certaines origine canine,

museau, aux

castes, et

fortes

moins prétentieuses,

leur souche se

dents,

boule -dogue sans doute.

se vantent d'une

perd dans une espèce à court

qu'on ne trouve

i)oint

dans

l'île

:

le


LA FRANCE COLONIALE

244

Dans

«

sud,

le

vu

j'ai

descendants des sangliers, métamor-

les

phosés jadis. Cette tribu ne tue point

dont

le sanglier,

la chair est

plus répandu que l'homme. Ces animaux

prohibée; aussi y est- il

vont par bandes, ravagent

les récoltes

sans que personne songe à

les détruire.

D'autres se glorifient d'appartenir au genre

«

mouton

aussi

;

ils

ont cette viande en horreur. Toutes leurs maladies, toutes leurs leur viennent,

infortunes

inadvertance

toucher

,

pieds les poils tombés

depuis

la graisse

peut-être fouler aux

,

du dos de leurs pères.

n'est peut-être pas,

Il

<(

viande ou

la

dans toute

l'île,

une

classe d'oiseaux,

veuve jusqu'au martin- pêcheur bleu, qui

la

par

parce qu'ils peuvent,

disent -ils,

n'ait

eu sa

métamorphose en homme. Toutes ces castes se targuent de leur origine,

«

pecte l'opinion de l'autre. Ces gens ont plus de

qu'à

'la

lumière du

soleil, tant

que

est vrai

il

le

perdre de vue l'origine divine, afin de couper à Dieu...

en ces fables

foi

diable ravale et

le

res-

fait

chemin du retour

»

Métempsycose.

II.

chacune

et

a

La

à

foi

comme

métempsycose,

la

croyance subjective, est universelle à Madagascar. Tous, à quelques exceptions près, admettent que l'âme de certains individus, de quelques peuplades

dans

le

même

,

émigré à

la

mort pour

aller résider

corps des bêtes. Cependant tout Malgache ne croit pas au

passage de son

âme dans

le

corps d'un animal à

du

la sortie

sien.

L'âme du Betsiléo mourant n'entre point indistinctement dans un corps quelconque, car le premier venu n'est pas toujours digne ce

de loger un

tel

hôte.

Chacun

que son animal -domicile gine.

Aux

nobles,

dile;

à la

lie

le

d'avance chez qui

sait

lui est

ira,

il

attendu

marqué par son sang ou son orile caïman ou le croco-

boa; aux roturiers,

populaire,

le

toua, anguille assez semblable au thon

de mer. «

Le menu

fretin

du peuple, dont l'âme passe chez

use du procédé suivant pour

Après

le

les parties internes,

on

en goûte devient

domicile

le

bouchée. Le Betsiléo ne «

le

faciliter et

dernier soupir on ouvre

L'âme des

les jette

mange

roturiers de

les anguilles,

hâter la transmigration.

cadavre, on en retire toutes

le

dans

le

sac sacré; l'anguille qui

de l'âme avalée avec

la

première

point de cette anguille.

bonne

corps des caïmans. Là encore,

caste passe, à leur mort, dans

comme

jadis,

ils

continuent à


MADAGASCAR

24S

mais par un nouveau genre de corvée. Le

servir leurs seigneurs,

souverain des morts leur confie

mission d'aller annoncer à leurs

la

maîtres vivants l'approche de l'émigration de leur àme, ce dont

en

s'acquittent

ils

montrant dans

se

les rivières et les lacs voisins

des demeures seigneuriales. «

Quand un noble passe de

en état de siège

aux esclaves

et

et interdite

aux amis,

vie à trépas,

à tout mortel,

de

afin

demeure

sa

excepté

mise

est

à la famille,

opérer

le laisser tranquille

le

de sa permutation. Son corps, enveloppé de tissus de soie,

travail

est sanglé verticalement le

ses pieds repose

long du pilier central de sa case. Sous

une gamelle

d'argent, à son défaut

un vase de

por-

décom-

celaine, afin de recevoir la matière liquide, résultat de la

position à travers les étoffes. <r

Au

bout d'un certain temps,

d'insectes

ou vers grouillant

le

liquide

du bassin fourmille

grossissant dans

et

matière

cette

putride, qui devient boueuse. Ce n'est point là le résultat attendu,

on

donc encore,

veille <r

et

on s'enivre pour tuer

le

temps.

Enfin paraît une grosse larve à tête noire qui dévore tous ses

compagnons, vers travail.

Le

voilà en

germe de vipère;

On

couleuvre et enfin boa.

on

détritus de l'œuvre, et

futur

elle est le

âmes de

C'est lui le noble qui a

et insectes.

emporte

bientôt,

du

les restes

les enterre.

A

train où

va,

il

sera

pilier,

la larve tout l'honneur, car

germe du boa, destiné à recevoir en son

sein les

se réjouit d'abord, ensuite elle fait publier

transformation de feu N..., ci-devant seigneur de

Devenu grand,

a

il

suspendus au

tant de Betsiléos, peut-être celles de plusieurs familles.

La parenté survivante la

terminé son

le

boa reconnaît sa case

reconnaît aussi aux losanges

coloriés

la contrée.

et sa famille,

qui

le

de sa robe, reproduction

fidèle des perles de couleur qui ont été intercalées dans le tissu

du

suaire,

Le boa ancêtre

«

se

qu'il

se

nomme

fanano, en langue du pays. Lors-

montre quelque part,

la

population noble

et

roturière

masse interroger, qui son parent, qui son seigneur. Il pas rare de rencontrer mille et deux mille personnes, for-

vient en n'est

mant

escorte

son nom,

un

la

au noble serpent

et

discourant sur ses couleurs,

ressemblance de sa peau, voire son identité avec feu

tel.

«

est

Quelquefois

mort.

il

Quand

y a réception du fanano au village où il

paraît,

sa famille

lui

fait

le

noble

une ovation. La


LA FRANCE COLONIALE

2'i6

parenté se porte à sa rencontre, étend à terre sur son passage un

beau

on

de soie, et

tissu

Ensuite

pose.

l'y

l'invite à s'y placer.

chef

le

dialogue en ces termes

le

«

:

nom

salue au

le

ne comprend pas,

S'il

de tous

cêtre entortillé lève la tête, c'est dire qu'il va bien. <(

On

«

Seigneurie.

va immoler un grand »

et

gros

Le grand-père, ne

On

«

on

le

de

enfonce

joie,

lui

en

sur

village,

la

place

prémices en

sert les

lui offrant le

et qu'il avale

enfonce sa tête dans ses replis

premier sang,

jusqu'à satiété; après

commence

et

sa paisible

digestion. L'assistance interprète autrement la chose et pense

noble serpent a dit

le ce

tez,

((

sur

:

dépose sur une étoffe rouge. Le bœuf gras est

déguste avec complaisance il

Le chef ajoute

circulairement tout

fait glisser

au beau milieu du

l'emporte donc

immolé, on

quoi

L'an-

lui.

publique;

qu'il

ouvre

d

bœuf en l'honneur de Votre

se sentant plus

sa tête au centre de ses replis et la

autour de

et

Comment va Monseigneur?

«

:

Merci; à vous

les restes,

que

mangez, chan-

dansez, buvez, pérorez, amusez-vous, je vous écoute, roulé

mon

tapis. » Il doit avoir le

à souhait des

vœux

et des

cœur content,

amusements

désirés

;

car on lui sert

on ne cesse qu'à

l'extinction des voix, à l'épuisement des provisions et des jarrets,

après quoi on congédie poliment la bête, en l'emportant en quel-

que

lieu solitaire, à elle consacré.

Le boa

«

dans ces pays

est sacré

rence, genou en terre,

le front

;

tout Betsiléo lui fait la révé-

son seigneur vivant. Jamais une main téméraire ne

on le

croit

que

celui qui

en aurait

la

lui ravit la vie

à :

criminelle audace mourrait sur

coup, victime de sa barbare témérité. Pour

deux,

comme

courbé entre ses mains,

ma

part, j'en ai occis

chose plus merveilleuse encore, je ne m'en porte pas

et,

plus mal. «

Mon

premier exploit

faillit

bouleverser la province. Mes amis,

après m'avoir en vain supplié de ne point délibéré, prirent le large au

que

j'allais

mourir victime uniquement de

tout ce que j'entendis de malédictions

que

j'enlevais la

peau de

bouches étaient occupées à

de

arrivait à la capitale;

ma on

suicider de propos

mon

boa,

mon

est

opiniâtreté.

impossible

les faire pleuvoir.

lin

vît

bien Dire

tomber sur moi, pendant

dix lieues à la ronde que j'étais mort sur

après, la nouvelle

me

moment du coup, afm qu'on

le

Le

:

soir,

carreau,

deux mille on

et,

tragique, portée par la

savait à

huit jours

renommée,

la publiait à la cour, c'est-à-dire à cent


MADAGASCAR du théâtre de l'événement. Je

lieues

247

paraissais au bazar,

et

yeux de dix mille personnes s'obstinaient à ne voir que

ombre

!

Qu'on ne m'attribue ni l'invention ni

«

été

j'ai

les

mon

témoin

et

acteur;

même

la broderie,

car

tout cliché sur place et fidèlement

j'ai

reproduit sur l'original; je ne donne que la copie exacte, dans de ces pauvres le but de glaner quelques prières à l'intention aveugles et des missionnaires qui les instruisent

»

'.

Le gouvernement est monarchique absolu, mais réglé par des usages; il est aux mains du premier ministre, époux de la reine. Les gouverneurs des provinces cumulent toutes GouvERNEMEA'T.

fonctions

les

civiles, judiciaires

militaires,

cumul conduit naturellement

et

à la tyrannie

financières, et ce

et

aux exactions de

tout genre.

Les provinces, qui sont avant tout des divisions ethnographiques, incertaines n'ont que des délimitations et des dénominations très

;

pays des signalons, au centre, Ylmérina, Émyrné ou Ankhova,

Hovas

c'est la

:

province la plus importante de

le

l'île;

Maschikora;

— —

Betsiléo,

à la pointe

le Vurimu, le sur la côte ou pays des Antankaras; Ankara septentrionale, V Betanimena,VAnorientale, YAntanvaratsi, \e Belsimasaraka,\e

également important;

Antonosses; tatsimu, YAntaimuri, YAntarai, YAnossi, pays des

sur la côte occidentale,

provinces de Sakalaves

trois

Mahafali Villes.

et

YAndrui,

;

Tananarivo, sur

du royaume

et la

enfin, au sud,

le

le

Ménabé,

Fereniai,

le

sont des régions désertes et sauvages.

([ui

bassin supérieur de l'Ikoupa, capitale

Bouvni, YAmhongou,

le

le

plateau de l'Émyrné et dans le

mètres d'altitude, est

à 1.500

résidence de la cour. C'est une

la

ville rela-

70.000 habitivement considérable, à laquelle on donne de 30 à Son selon que l'on ajoute les villages formant faubourgs. tants,

nom

signifie la cité des mille (harivo) villages (tanna).

Tananarivo est bâtie sur

«

les

sommets

et le

liane d'une

mon-

arrondie en tagne de granit; l'arête supérieure, quoique un peu sont à peine dos d'àne, n'offre pas une large surface; les flancs abrupts. d';d)ord à

1

R.

1880.

De

est

loin l'aspect

grandiose

une assez grande distance que

p. Abi.val, missionnaire

à

Madagascar.

et

le

original;

on ne

voit

grand palais de couleur

Extrait

des

Missions

catholiques,


LA FRANCE COLONIALE

248

domine

grise qui

dégagent, ainsi

tout; peu à peu les autres palais

que

du sommet

clochers des temples méthodistes.

les

en a déjà plusieurs dont

les flèches s'aperçoivent

se

Il

y distinctement de

loin. «

Du

...

haut de

la ville

on a une vue magnifique;

immense panorama avec des autant que la vue,

l'horizon,

à

et,

lacs et des

rivières

sommet lières,

sur les flancs

;

En somme, une

palais d'une assez belle architecture au

des aspérités et des anfractuosités irrégu-

,

des cases de toutes formes, entassées les unes sur les autres,

séparées par des espaces étroits qui ne peuvent avoir aucun

malpropreté

la

un

des montagnes d'une teinte

bleue. Tout le pays est complètement déboisé...

montagne escarpée avec des

c'est

qui s'étendent

et l'aridité à

peu près partout; dans ces rues

maisons, une population qui a toujours rien faire

la

;

plupart des

hommes et

l'air

nom

;

et ces

de se promener, de ne

des femmes, vêtus de blanc, nu-

pieds, marchant solennellement ou accroupis

le

long des murailles

;

quelques-uns portés par des esclaves sur leurs fdanzanes; des

peaux jaunes, noires, cuivrées; rien n'indiquant malaise

;

avec des airs d'autorité; les autres, passif; du sommet de

vers le sud,

un

puisse rêver,

la ville et

spectacle magnifique et tel est le

plus humbles, à

villages plus

malsaines

villes

populeux que

et plus

'

;

côte orientale,

Radama,

!

sement français dans

les côtes,

la baie

Fénérive,

tants, ayant

un port

fertile

et

1

marché de

Maurice

,

Vohémar,

Po7't-Choiseul, ancien établis-

d'Antongil

;

— Tintingue, avec un bon

en riz;

l'île

Sainte-

Foulepointe, 1.500 habi-

assez sûr.

Tamatave, 10.000 habitants, avec une bonne rade, cipal

qui sont

la ville prin-

se trouvent

mouillage, au nord de la Pointe-à-Larrée et en face de ;

»

à 1.200 mètres d'altitude.

du nord au sud,

prise par les Français en 1883;

Marie

doux,

mais on les connaît peu.

cipale des Betsiléos, bâtie par la

l'air

uns

ou plutôt de gros

peut citer Fianarantsoa , 10 à 15.000 habitants,

Sur

les

une des plus belles vues qu'on

tableau offert par Tananarivo

nombreux

;

de tous les côtés, mais surtout

Les provinces centrales renferment des

On

la souffrance, le

des figures d'un aspect peu gracieux en général

l'île;

est le prin-

son port, en relation réguhère avec Bourbon

est le point d'accès le plus fréquenté vers

D' Lacaze, Souvenirs de Madagascar.

Tananarivo

;



,

LA FRANGE COLONIALE

2o0 c'est

résidence des consuls européens et

aussi la

évêché dont

Au

supérieur des missionnaires

titulaire est le

le

Compagnie de

d'un

siège

le

de

la

Jésus.

sud de Tamatave, jusqu'à

la baie

Sainte-Luce,

On

de rade sûre ni de bon mouillage.

il

n'y a plus

Andeuoranto Manoura, qui sont plus rapprochés de la capitale, mais moins pratiqués que Tamatave. La baie Sainte- Luce ou Lucie, et Fort -Dauphin qui en est proche, furent les premiers étay trouve

'2.000 habitants, et

blissements français de Madagascar, mais

sont inoccupés au-

ils

jourd'hui.

En remontant hospitalière,

la cote

occidentale, peuplée de Sakalaves et peu

on rencontre Masz/tora^ puis Tolléar, port sur

de Saint- Augustin; mais au nord du cap Saint- André dent, dans

la

baie de Baly, le port de Bouéni, dont

tégé français; dans la baie de

Mazunga,

pris en 1883;

il

Bombétok,

chef est pro-

Mazangaye ou

celui de

donne accès, par

le

la baie

se succè-

la vallée

de l'Ikoupa,

La baie de Passandava , commandée par

vers Tananarivo.

l'île

Nossi-Bé, est d'une grande importance par ses mines de charbon. Enfin

dont

,

tout au nord de

le site

est

,

la

magnifique baie de Diégo-Suarez,

comparable à

la

célèbre baie de Rio -de -Janeiro,

pourra devenir entre

les

l'ile

mains de

France une station militaire

la

d'une importance capitale. Subdivisée en plusieurs baies et criques

pourvues de mouillages cheuses faciles à

profonds,

fortifier et

de presqu'îles ro-

entourée

'

de forêts exploitables pour

les

cons-

tructions navales, capable enfin de contenir les plus grandes flottes

de guerre et de commerce, Diégo-Suarez sera peut-être un jour « Aden » de la mer des Indes admirablement située pour commander les routes de l'Europe et de l'Afrique vers l'Asie et

notre

,

rOcéanie.

Industrie et commerce. tère et la facilité

La

légèreté naturelle de son carac-

de satisfaire aux besoins essentiels de son exis-

tence n'ont pas stimulé le Malgache à développer l'industrie, pour laquelle

il

a toutefois des aptitudes remarquables. Construction de

maisons en bois

peaux en

de pirogues

,

tissage d'étofl^es

fibres, d'armes, d'ustensiles

en bois, rien ne et

et

lui

manque; mais

il

,

fabrication de cha-

de ménage enfer, en poterie, est plut(jt pasteur, agriculteur

pêcheur que fabricant.

Le commerce

est

n'a pas de routes,

en conséquence peu considérable

mais seulement des sentiers;

;

d'ailleurs

l'île

les transports se


MADAGASCAR

2bl

font par bateau et surtout à dos criiommes, car le Malgache est

excellent et vigoureux porteur.

Le riz

tratic extérieur

les tortues, la les

consiste

pour Maurice, Bourbon

cotonnades,

cire, les

les

dans l'expédition de bœufs

et le

Gap;

il

et

de

faut y joindre les peaux,

bois de teintures qui s'échangent contre

indiennes, la faïence, la poudre, les outils,

Rade de Mazuns;a.

les

améripots et marmites en fer, de provenance européenne ou

caine.

On la

évalue

moitié se

le fait

commerce avec

la

extérieur à 25 millions de francs, dont

France

et ses colonies; le

reste, avec les

colonies anglaises, les États-Unis, l'Allemagne.

Le port principal lières

avec

Mazunga

est

les terres et

et le port

Tamatave, qui a des correspondances réguîles voisines et avec l'Europe. De môme que

de Nossi-Bé,

il

recevra sans doute une impul-

pour sion favorable de la situation politique nouvelle qui va s'ouvrir notre

«

France orientale

».


LA FRANCE COLONIALE

2o2

LES SATELLITES DE MADAGASCAR

Les choses de ce monde n'ont jamais qu'une valeur

Naguère, dans l'énumération des colonies françaises on

un

certain orgueil. Sainte- Marie de

Mitsiou, Nossi-Fali, misérables

terre lites

»

et ses

avec

Madagascar , Nossi-Bé, Nossi-

îlots

rocheux plus ou moins

Aujourd'hui que nous possédons en perspective

riles.

relative.

citait,

innombrables richesses d'avenir,

les

la «

sté-

grande

pauvres satel-

de cette planète principale perdent beaucoup de leur intérêt.

7^La~a.-£aJ.^

^(tkH:

J^

Carte de Nossi-Bé et des

L'île

Bourbon elle-même,

Comores.

îles

l'une de nos plus précieuses provinces

d'outre -mer, semble s'amoindrir en face

du

colosse, surtout lors-

qu'on se souvient que Bourbon elle-même n'a été que

le pis-aller

des tentatives coloniales françaises dans ces régions aux xvii° et xviiie

siècles.

En

effet,

Bourbon

doit surtout sa colonisation

aux

Français chassés de Madagascar, et leurs descendants n'attendent

que l'occasion pour

aller

reprendre leur place dans cette France

orientale, qui leur était destinée.

Cela dit, jetons

un coup

L Sainte -Marie «

Nossi-Bourrah

de », et

d'œil sur les satellites de Madagascar.

SAINTE-MARIE Madagascar, par

les

Arabes

nommée «

par

les

Nossi-Ibrahim

indigènes », est

une


,

MADAGASCAR

253

petite île rocheuse de 105 kilomètres carrés et

de forme très allongée

,

un canal de 5 à 10 kilomètres de Occupée militairement en 1821 elle nous donne l'excel-

séparée de Madagascar par

largeur.

,

lente rade de Port-Louis ou Sainte-Marie, qui sert de refuge aux

mais son climat humide, chaud

navires contre les cyclones; très

malsain,

un avenir

funeste aux Européens pour lui donner

trop

est

et

assuré. Sa population est de 0.000 Malgaches et d'une

Son commerce consiste dans le cabotage de denrées alimentaires pour une somme de 200.000 francs. trentaine d'Européens.

II.

Nossi-Bé

-

NOSSI-BÉ

annexes sont situés sur

et ses îlots

de Madagascar. Ce sont des

lies

dont les côtes sont creusées de bons ports

la côte

elles

;

nord-ouest

nues, volcaniques,

rocheuses,

sont peuplées de

7.000 Sakalaves; mais leur climat chaud, humide, est meurtrier

pour

les

Européens.

Nossi-Bé, en sakalave carrés de superficie.

en 1841

et

grande

« la

Son chef- lieu

île

d, n'a

que 293 kilomètres

Hellville, fondé par l'amiral Hell

défendu par un fortin, n'est qu'une bourgade peuplée

de créoles venus de Bourbons, de Sakalaves, de fonctionnaires

et

de soldats français.

Au

sud de

l'île

principale se trouve

Nossi-Cumha, à

Fali, au nord Nossi-Mitsiou et Nossi-Lava; mais ces

aucune importance

Nossi-

îlots

n'ont

coloniale.

Le commerce de Nossi-Bé se fait avec Nantes,

s'élève à

Marseille, la

ou 8 millions de francs

Réunion

et

prend l'importation de denrées alimentaires €t l'exportation

l'est

Madagascar. :

bétail, riz,

11

et

com-

tissus,

de sucre, café, huile de coco, bois d'ébène

et

de

d, est l'île

la

du groupe des Comores, que découvrît en 1527

le

santal.

III.

Mayotte, de son plus orientale

nom

- MAYOTTE

indigène

«

Mahoré ou Moueté

Portugais Ribero.

Longtemps délaissée comme

mandant d'un navire

inutile et

presque inhabitée,

frauçais y reconnut, en

18i0,

l;i

le

com-

magniliciuc


LA FRANCE COLONIALE

254

rade de Dzaoudzi

et

pour

traita

l'acquisition

de

l'île

avec

le

chef

sakalave Andrian Souli, expulsé de Madagascar par les Hovas.

Louis-Philippe accorda à ce chef une pension de 3.000 francs et lit

prendre possession de

l'ile

en 1843.

Mayotte a 350 kilomètres de superficie;

de G60 mètres, d'origine volcanique,

elle est

montueuse haute ,

fertile et très boisée; elle est

Mayotle.

entourée d'une ceinture de récifs de corail

et

de brisants redou-

dont le principal est Pamanzi. La rade

tables, et de plusieurs îlots,

de Dzaoudzi, résidence du personnel administratif, est formée par

une partie de Pamanzi. Ces

îles

cains, ciants,

L'eali potable

y

fait

défaut.

sont peuplées de 8.000 liabitants, la plupart Arabes

afri-

ou Sakalaves émigrés de Madagascar, avec 200 blancs négoArabes ou fonctionnaires européens; ceux-ci redoutent

le

climat chaud et malsain de la région.

Le commerce francs

en 1883.

Nossi-Bé

et

s'est élevé Il

se

de 100.000 francs en 1852, à 2.500.000

fait

Madagascar.

Il

surtout avec la France, la Réunion, consiste dans l'exportation

du sucre.


MADAGASCAR du rhum, de

la vanille, et

2d5

dans l'importation de produits manufac-

turés.

Le transport

et le service postal

font régulièrement

de Mayotte

et

de Nossi-Bé se

chaque mois par un paquebot de

Réunion,

la

correspondant à Saint- Denis avec les Messageries maritimes, ou à

Mahé, avec

les

steamers andais.

Lac sur

-

IV.

L'archipel des

de plusieurs de ces

îles

:

les

montagnes

à Mayolte.

LES ILES COMORES

Gomores comprend quatre grandes

ilôts.

entourées

îles

Mayotte, dont nous venons de parler,

les trois autres

sont

Anjouan, Mohilla

et

est l'une

Ngazia ou

la

Grande- Comore.

A que

notre époque de fièvre annexionniste, les

Comores ne

il

était facile

de prévoir

resteraient plus longtemps inoccupées. Aussi

disions-nous, dans la précédente édition de cet ouvrage, qu'elles

nous appartiendraient probablement sous peu. En

clTet,

bien que


LA FRANCE COLONIALE

2B6

depuis longtemps les Anglais eussent établi dans

l'île

Anjouan un

dépôt de charbon pour leur marine, les agents français ont pu, en 1885, conclure des traités avec les roitelets de la Grande -Comore, d' Anjouan

puis avec ceux

approuvés par

les

Aucune opposition ne

s'étant produite

mieux, lorsque, ^u moment où Anjouan,

disposait à se rendre à

cevoir,

parce que

dans

contrat.

le

européenne,

la

le

soumission des protégés.

La France compte donc une

le

fait

de

diplomatie

la

signifie

dépen-

a fallu enlever déjà plusieurs chefs

il

gré mal gré

la

pour

refusa de le re-

l'île

compris que protectorat

soit,

l'incident se terminera

par

allait

résident officiel français se

sultan de

le

Comores.

les îles

de ce côté, tout

récalcitrants; mais

Les quatre

gouvernement fran-

présence d'un résident n'était pas stipulée

n'avait pas

il

comme

toujours,

bon

colonie de plus.

Comores sont, avec Nossi-Bé, comme les piles Madagascar au continent africain à travers

îles

d'un pont qui

le

Apparemment que, peu au

dance. Quoi qu'il en

,

Ces traités ayant été

aux puissances son protectorat sur

çais a signifié

le

de Mohéli.

et

décrets du 24 juin 1886,

relierait

,

canal de Mozambique. Ce sont des

îles

volcaniques, montueuses,

boisées, fertiles, mais malsaines. Leurs côtes sont abruptes, bor-

dées de galets et souvent de coraux.

Leur superficie

d'environ 2.000 kilomètres

totale est

Leur population, évaluée

à 40

ou 50.000 habitants,

d'Antalots, Arabes mêlés de sang nègre et professant

est le

carrés.

formée

mahomé-

tisme.

La Grande -Comore, ou Ngazia, groupe, est

la

la

première au nord-ouest du

plus considérable en étendue et en élévation

comme

en population. Ses montagnes dépassent 2.500 mètres; on y signale des cratères actifs.

Son

territoire,

dépourvu de ruisseaux,

est

généralement aride; ses côtes abruptes ne sont abordables que sur trois points,

aux

villages de

Mouchamouli, Itzanda

et

Maroni. Ce

sont les résidences de petits chefs ou sultans, plus ou moins soumis

au roi d'Anjouan. L'île

MoHiLLA, ou Mohéli,

village principal

Napoléon

Douéni.

III à Paris

Anjouan, que

les

Politiquement,

plus petite et la moins élevée, a pour

1809, la reine de Mohéli vint trouver

solliciter sa protection.

Anglais appellent Johanna, est remarquable

par sa forme triangulaire tres.

En

pour

la

c'est

;

son point culminant s'élève à 1.700 mèla

plus importante. Elle renferme deux


MADAGASCAR Pomomj

murées,

villes

257

Moussamoudou

et

cette dernière est la

:

résidence du sultan d'Anjouan, «roi des Gomores, rité n'est

sans doute que nominale en dehors de relâche habituelle des navires

aussi la

est

»

dont l'auto-

Moussamoudou

l'île.

qui

fréquentent ces

parages.

Détails ethnographiques.

Gomores par vue la et

les

Arabes

L'époque de

ce

la

colonisation des

incertaine; elle remonte peut-être au

est

Les arrivants y trouvèrent des noirs semblables à ceux de côte d'Afrique. Les unions des Arabes avec les femmes indigènes siècle.

nombreux croisements

les

une population dont Tout

monde

le

,

qui ont eu heu depuis ont produit couleur varie du blanc presque pur au noir.

professe l'islamisme au moins nominalement.

souhéli, idiome de

des habitants

la

dont

la côte orientale

les notables

de l'Afrique, est

le

Le

langage

savent l'arabe, mais s'en servent

rarement. «

Les dissensions qui suivirent

pour résultat de morceler titre

la colonisation

les îles entre

de sultan. L'état social des Arabes du

servé en grande partie dans des

rappelant,

moyen âge

le

con-

s'est

l'on voit de petites villes

avec leurs murailles flanquées de tours carrées, les

bourgades de Syrie

vieilles

îles,

des Arabes eurent

des chefs qui prenaient

et des contrées

intestines et surtout les incursions

tentrionale de Madagascar,

barbaresques. Les guerres

des habitants de la partie sep-

qui osaient

s'aventurer

au delà des

300 kilomètres environ qui séparent cette grande terre des Gomores et faisaient

de ces <r

îles

En

régulièrement des razzias, avaient obligé à fortifier leurs

les habitants

villes.

général, les Gomores sont apathiques, mous, pusillanimes,

mais doux

et hospitaliers

;

ils

possèdent une civilisation supérieure

aux habitants de l'Afrique méridionale et de Madagascar. Tout

monde mâche «

Les habitants dJAnjouan voyagent volontiers sur mer.

près de

Moussamoudou un

chantier pour

la

tant des

moussons. La tisseranderie

et l'orfèvrerie sont très

dues parmi eux. Les bijoux sont assez élégants, outils «

11

employés

La

fait ressortir l'habileté

capitale de

l'île

profi-

répan-

et l'infériorité

Les maisons sont

des

des ouvriers.

Mohéli est située à

la côte orientale, sui-

large plateau de sable qui se trouve à 4 kilomètres environ rivage.

y a

construction des cou-

Quelques-uns de ces bateaux vont jusqu'aux Indes en

tres.

le

le bétel.

un du

presque toujours surmontées de johes 17


LA FRANCE COLONIALE

258

terrasses où les Arabes vont prendre le frais pendant la nuit. ville,

divisée en

entourée de hautes murailles, est

ont chacune leur mosquée. Le palais du sultan

une grande place carrée quée, une

fontaine

Le

remarquables. ornées de bas-

et

palais

reliefs.

des maisons de la

rues sont

,

si étroites,

un beau portique

a

écoles

,

une

est

comme

mos-

belle

mausolées portes

et plusieurs

presque toutes

celles

ont plus de deux pieds d'épaisseur;

hommes ne

que quatre

demeure chacune dans son

où des enfants apprennent

les

pourraient pas y mar-

composée d'Arabes, de Maures

cher de front. La population,

de noirs hbres

au centre sur

plusieurs

cimetière avec

Ses murailles,

ville,

est

au milieu de laquelle

un

La

trois parties qui

quartier.

Il

et

y a plusieurs

la lecture, l'écriture et les pre-

miers éléments du calcul. «

Les habitants de l'intérieur de

ceux de

l'île

sont plus mal habillés que

portent au lieu de turbans de larges chapeaux

la côte. Ils

de jonc qui s'élèvent en forme de pyramides et ressemblent à ceux des Chinois et des Italiens

Les femmes

et les

Les femmes ont

hommes

les

;

ils

les teignent

de diverses couleurs.

se font raser la tète tous les vendredis.

dents brûlées par la chaux qu'elles mêlent au

bétel; leurs lèvres sont barbouillées de rouge,

leurs cils «

la

et

leurs

sourcils

et

teints en bleu foncé, et leurs ongles en rouge.

Les femmes esclaves aux Comores, venant presque toutes de

cote d'Afrique, sont hideuses. Elles ont le lobe de l'oreille tiré

percé d'un grand trou dans lequel elles mettent,

ment, un gros bouton de métal ou de joues

sillonnés

sont

de balafres,

la

cuir.

comme

Leur front

orne-

et leurs

lèvre supérieure est percée

d'un trou bouché avec une piastre ou un morceau de bois disposé de manière à projeter la lèvre en avant, de sorte que, vues de profil à

Quand

quelque distance, elles

elles

semblent avoir un bec de canard.

ôtent ce singulier et

incommode ornement,

la

supérieure retombe sur l'inférieure, qu'elle recouvre tout à

par

le

trou ouvert coule sans cesse la salive rouge

que provoque <r

la

lèvre

fait, et

comme du

sang

mastication du bétel.

Les Arabes des Comores sont

très religieux. Ils

semblent n'être

occupés que des plaisirs qui leur sont promis dans l'autre vie et de ceux dont ils jouissent déjà sur la terre. Les cérémonies d'enterre-

ment sont

fort curieuses.

Le corps, après avoir

lavé et frotté d'essences, est enseveli

camphre

et

de divers aromates

et

dans un

été

soigneusement

linceul couvert de

enfermé dans une bière de bois


OBOCK ET DÉPENDANCES

259

odorant que l'on dépose dans une petite chapelle élevée par famille

du défunt dans

la

la

principale cour de la maison. Des lampes

brûlent autour du cercueil gardé pendant la nuit par les plus pro,

ches parents avec un iman ou prêtre mahométan. Le neuvième jour ont lieu les funérailles

Les enfants dant

corps n'est pas porté à la mosquée.

du mort

et les esclaves

la nuit.

le

:

Le lendemain

lui

de

les portes

donnent la

la sépulture

pen-

maison sont ouvertes à

un

tous les passants qu'on invite à venir prendre part à ,

festin

;

ils

sont servis par la famille, qui jeûne ce jour-là. Les Mohilois font

de grandes dépenses pour

dôme

le

les

tombeaux. Les riches font placer sur

des édifices tumulaires des ornements en argent ou en or

représentant des Heurs ou des fruits.

Les habitants de

«

ment sauvages.

la

prête admirablement.

Grande -Comore ont des mœurs extrême-

hvrent peu à l'agriculture, quoique

Ils se

Ils

combattent avec

l'île

s'y

la lance et le bouclier et

se font souvent la guerre entre eux. L'eau de

étant boueuse,

l'ile

sont en général réduits à l'eau de coco pour boisson. Les coco-

ils

tiers

forment de véritables forêts

On compte toutes

dans

régies

l'ile

et

donnent des

une trentaine de

villes

indépendants,

par des chefs

fruits

énormes.

ou bourgades presque et

la

entourées de murailles construites en maçonnerie'.

plupart

sont

»

OBOCK ET DÉPENDANCES se trouve sur la côte orientale d'Afrique et sur la route

Obock de l'Inde

:

elle tire toute

son importance de sa position à l'entrée

de l'océan Indien.

Notre possession d'Obock remonte à peu d'années.

pendant

le

creusement du canal de Suez,

surer quelques postes sur

de Zeilah

le petit territoire

En 1882,

elle

elle

s'annexa

acquit de toute la

le

la

même

,

situé à l'ouest

le village

I8O0,

France, voulant

passage aux Indes

d'Obock

En

s'as-

acheta du sultan

du

de Sagallo,

golfe d'Aden. et

en 1881-,

baie de Tadjourah et la côte septentrionale

jusqu'à l'entrée du détroit de Bab-el-Mandcl). Le torritoh-e d'Obock

*

Hansen-Blangsted. Extrait de VExploralion.


LA FRANCE COLONIALE

260

présente ainsi

un développement de 200 kilomètres de

60 kilomètres de profondeur. Le

littoral

côtes sur

forme au sud -ouest

la

baie deTadjourah, terminée par le petit golfe de Gubbet-Kharra, et

remonte au nord-est jusqu'au delà du cap Séjean, vis-à-vis de l'île anglaise de Périm, à l'entrée du Bab-el-Mandeb, y compris les îlots

des Sept -Frères.

L'intérieur est

mont Goda;

le

montagneux

et atteint

Bahr-Assal, situé à

1

.665 mètres d'altitude au

l'ouest, est

un

chott ou lac

un

climat sec et

salé.

Carte des établissements de la

Le

sol,

mer Rouge.

de nature argileuse et calcaire, joint à

chaud, rend généralement

le

pays aride

et désert, sauf

dans

les

vallées arrosées.

La population soumise de race mélangée arabe

au

petit sultan

Obock

à la France est d'environ 20.000 Danakils et

abyssinienne

;

ils

obéissent généralement

deTadjourah, qui subit notre protectorat.

une rade excellente;

est surtout

elle

n'est

occupée que

depuis peu par une factorerie française à côté d'un village indi-

gouvernement y a établi un un dépôt de charbon pour le ravitaillement de

gène. C'est en 1885 seulement que quartier militaire et

le

notre marine de guerre, qui sera ainsi dispensée de recourir au

dépôt anglais d'Aden.

On

vient d'installer aussi à

Obock un dépôt

pénitentiaire

pour

nos forçats algériens et annamites, élément redoutable, semble- 1- il,

pour

la tranquillité et l'avenir

de

la colonie.


,

OBOCK ET DEPENDANCES

261

Tadjourah, résidence du sultan Ahmed, est un gros village peuplé d'un millier d'indigènes Danakils. Les Français occupent à Tadjourah

les Egyptiens, le

autre village, deux fortins abandonnés

et à Sagallo,

Choa

C'est à Sagallo

vers l'Abyssinie, qui

Les

petites îles

,

mais

il

et de

Mosha, dans

la

la baie

par l'Angleterre qui occupe aussi

où aboutissent

par

caravanes pour

peut s'alimenter par

en retour des armes

,

du musc

,

les

de l'Abyssinie. Le commerce d'Obock n'est

et l'intérieur

encore que rudimentaire

exporte de l'ivoire

que se forment

et

poudre

le transit

munitions de guerre d'or.

de Tadjourah, sont possédées de Zeilah et de Berbéra,

les ports

caravanes de l'Harar et du Somaul.

les

Outre le territoire d'Obock, la France possède des droits plus ou moins contestés sur plusieurs points des côtes de la mer Rouge, bien qu'il n'y

ait

eu jusqu'à ce jour aucune prise effective de pos-

session.

Ce sont lo

Le

:

territoire de

Cheick-Saïd, formant

l'Arabie sur le détroit de

garnison turque.

Une

Bab

colline

- el -

Mandeb

;

la

pointe sud-ouest de

il

est

occupé par une

de 240 mètres domine complète-

ment l'île de Périm haute seulement de 70 mètres en y construiun fort on pourrait annuler la valeur stratégique du poste ,

sant

;

,

anglais. 2o

La

nord de

baie et le village d'Edd, sur la côte abyssinienne,

3o

La baie

4o

La baie d'Adulis

en

et

au

la possession italienne de la baie d'Assab.

et le port

d'Amphila, un peu plus au nord. et le

port de Zoula, dans une belle position,

face des îles Dallak et au sud de

port égyptien (en ce

Massaoua

moment italien ) de

la côte

,

qui est

le

principal

d'Abyssinie.


INDE FRANÇAISE 4^^-=^-=

Historique.

— L'Inde asiatique passe pour

plus beau, le plus

plus riche pays de la terre. Tous les grands caractères

fertile, le

physiques

ethnographiques du globe y sont représentés

et

montagnes, fleuves abondants, riantes,

le

:

hautes

vallées pittoresques, plaines luxu-

climat varié, population dense, civilisée depuis les ori-

gines de l'histoire. Tout cela

fait

de l'Inde un pays envié, que

tous les grands conquérants ont tour à tour envahi ou convoité «

La nation qui possède

du monde,

l'Inde est la première

»

:

a dit

Napoléon. Aussi voyons-nous successivement Sésostris, Darius, Alexandre le

Grand

,

se diriger vers cette merveilleuse contrée qu'envahissent

Grecs, les musulmans (xe siècle),

ensuite les

Mongols avec Gengis-Khan

les

et

fils

les

Afghans,

de Tamerlan

,

les

dont l'un,

Baber, fonde l'empire mogol de Delhi, qui subsista du xv^ au xviiie siècle.

D'un autre

côté, surviennent les Portugais, qui, les premiers, avec

Vasco de Gama, doublent

le

cap de Bonne -Espérance, en 1497,

arrivent à Calicut; puis les Hollandais, qui se contentent, les Portugais,

de commercer sur

et

comme

les côtes (xvF-xvii^ siècles);

les

Anglais, qui établissent leur première compagnie des Indes en 1599, et les

Français, qui fondent la leur en 1604.

Pendant les

le

xviiP siècle, une rivalité s'établit entre ces derniers:

Anglais se fortifient dans

et les

Français dans

nale.

Un

et

le

le

Dékan

,

Bengale, sur

le

Gange

instant, de 1745 à 175G, les efforts de la

de Dupleix, soutenus par

donner l'empire du Dékan

les

et

et à

Madras,

à Pondichéry et sur la côte méridio-

Mahrattes

,

Bourdonnais

seml)lèrent devoir nous

de l'Inde entière; mais

impolitique du gouvernement de Louis

la

conduite

XV, jointe malheureusement


HINDOUSTAN FRANÇAIS

263

à des sentiments de mutuelle jalousie entre ces deux grands fit

hommes,

échouer l'entreprise.

Mahé de l'île

la

Bourdonnais

comme Dupleix

de France,

Ce dernier

française.

par négociation

et

«

gouverneur de

était

l'était

donner à

avait entrepris de

par conquête

la

,

l'ile

Bourbon

et

de

des Indes pour la Compagnie

domination

péninsule asiatique. Pour réaliser ce projet,

il

Compagnie,

la

totale

de

lui fallait

INDE Carte 7^.

la

grande

des guerres,

\^

historique

Possessions eu U?qes^Jht.m.ça2jeJ

A. Ajinr^x:ic7is aru^lai^cr I*-

fassessians portu^aise^'i

zoo Joo lûo sàoK

Carte pour servir à l'histoire des conquêtes dans l'Inde.

des alliances, et surtout une politique hardie, reculât pas devant les sacrifices

sement on

lui refusa

ses projets

».

De son

c(Hé,

«

la

d'hommes

des secours

,

décidée,

qui

ne

et d'argent. Malheureu-

tout en lui laissant poursuivre

Bourdonnais, qui n'avait pu obtenir non plus

des secours du gouvernement, construisit lui-même des navires,

arma des bâtiments de commerce, laquelle

il

et se

Anglais et vint

affronta les

forma une escadre avec

les

assiéger jusque dans

Madras, centre de leurs possessions asiatiques. Après quelques jours de tranchée, racheter

moyennant

convention

et

garde

la

ville

dix

capitule

millions.

la place; et

et

obtient la

Ul)orl(>

Dupleix refuse de

comme

l'armée et par l'escadre, veut maintenir

de se

ralilier

l;i

son rival, soutenu par

la i)arole

donnée, Dupleix


LA FRANCE COLONIALE

264

renvoie en France, où

le

il

comme

dénonce

plein d'activité et de courage,

un

traître

un administrateur

guerrier

plein de zèle et

de lumière. «

Après plusieurs tentatives pour recouvrer Madras

,

Anglais

les

dirigèrent toutes leurs forces contre Pondichéry, chef- lieu de nos

Dupleix, avec huit cents Français et trois

possessions asiatiques. mille Indiens

déploya dans cette circonstance des ressources iné-

,

puisables de génie, de courage et d'habileté. teur, munitionnaire, artilleur et général,

il

cinquante-six jours de tranchée ouverte Anglais furent réduits à lever

Mais

«

pourvut atout;

et,

après

et plusieurs assauts,

les

le siège. » et

Dupleix

de l'Inde, ce qui fut une faute.

Quelques années

Lord Ghve

Jours, et

administra-

la fois

de 1748 rendit Madras à l'Angleterre,

le traité

fut rappelé

A

plus

tard

la

se présentait devant

guerre recommençait (1778).

Chandernagor,

nous expulsait du Bengale.

supplanter au Coromandel lendal avec l'escadre

,

Il

en cinq

l'enlevait

nous

cherchait aussi à

lorsque l'arrivée du comte Lally-Tol-

du comte d'Aché

un moment

arrêta

leurs

progrès. «

ma

Toute

politique est dans ces cinq mots,

d'Anglais dans

les

Indes;

»

et,

Gondelour, Saint -David, Arkôt, ainsi que le

Karnatic.

mandel

les

Madras, centre de

lui refuse le

à son projet, Lally

la

:

Plus

leur enlève

il

cinq forts qui couvrent

de quatre semaines, tout

se trouve dégagé des Anglais. Mais,

jet d'assiéger

d'Aché

En moins

Lally

dit

pour commencer,

le

quand

il

sud de Coro-

forme

le

pro-

puissance britannique, l'amiral

secours de ses vaisseaux. Contraint de renoncer

marche contre

le

rajah de Tanjaour, allié des

Anglais; pendant ce temps, ceux-ci s'emparent de Mazulipatam et

menacent Pondichéry. Lally revient sur quoique privé de «

En

la flotte,

quelques jours

garnison a se retirer

le

le

va investir Madras.

quartier indien est emporté; mais la

temps, grâce à l'insubordination des assaillants, de

dans

le fort

de ses lieutenants

,

Saint - Georges

,

est forcé de battre

dans Pondichéry, par mille

il

ses pas, dégage la ville, et,

hommes appuyés

le

général

et Lally,

en

bientôt

abandonné

retraite. Investi à

son tour

Eyre-Coote, avec vingt -deux

de quatorze vaisseaux,

il

fait,

pendant dix

mois, des prodiges de bravoure et d'héroïsme. Enfin, trahi par

ceux qui l'entourent, malade

que sept cents soldats

et

et

couvert de blessures, n'ayant plus

quatre onces de

riz

par jour à distribuer


HINDOUS! AN FRANÇAIS par ration,

il

laisse

aux habitants

265

la liberté d'ouvrir les portes à

l'ennemi. €

Ainsi tomba le dernier débris de l'édifice colonial élevé par

Dupleix; vait

le

monde

indien,

un moment promis

désormais perdu pour elle^

à la France, se trou-

»

Mort de Tippoo-Saïb au siège de Séringapatam.

tard le Les Anglais, étendant leurs conquêtes, détruisirent plus de Mysore, dont les chefs, Haïder-AU et Tippoo-Saïb,

royaume

furent nos alliés, et dont le dernier périt

même

sous les ruines de

linit Séringapatam, en 1799; puis l'empire des Mahrattes, qui pacien 1818, laissant l'Angleterre maîtresse d'acquérir peu à peu,

fiquement ou par '

F.

les

armes,

A"*, Histoire de France.

le reste

des territoires qui forment


,

LA FRANCE COLONIALE

2G6

aujourd'hui l'empire indo- britannique, sept

France,

Le

de 1814 nous avait rendu quelques chétifs lambeaux de

môme

alors question de céder

aux Anglais au

Géographie.

comprend

les

— L'Inde,

ou plutôt VHindoustan français actuel,

cinq territoires ou établissements de Pondighéry,

Karikal, Yanaon, Mahé, Chandernagor, dispersés sur de Coromandel, de Malabar

le

lieu

de France.

l'île

Le

la

peuplé de plus de 250 millions d'àmes.

et

traité

terrain qu'il fut

de

comme

fois vaste

sol y est

et

dans

généralement bas

climat chaud et

humide

du nord en hiver

et

et

le

Bengale.

sablonneux

les vents réguliers

;

les côtes

du sud- ouest en

été,

provoque de terribles ouragans ou cyclones

mais

,

très fertile

ou moussons

leur renversement

et et

soufflent

de redoutables raz-

de-marée. Ces cinq territoires ont une superficie totale de 508 kilomètres carrés, le dixième d'un département français,

et

de

musulmans, avec

285.000

habitants,

la

plupart Indous et

une population

2.500 Européens, presque tous Français ou descendants de Français.

un gouverneur général

L'administration s'exerce par

résidant à

Pondichéry.

Pondichéry ,

le

«

Poutoutchéri

établissements français de l'Inde, située sur la côte de

dans

bas

le delta

parties

:

la

«

et

est

une

marécageux du Pannar. »,

ville

de 40.000 âmes

de guinées (cotonnades)

deux

Elle se divise en

bâtie à l'européenne et peuplée de

noire », toute composée de cases

et la « ville

indiennes. Pondichéry possède filature

des indigènes, chef- lieu des

Coromandel, à 143 kilomètres sud de Madras, blanche

ville

2.000 Européens,

»

une cour d'appel ;

elle n'a

et

une importante

qu'une rade foraine

et

un

pont-débarcadère, mais on y projette le creusement d'un bassin. Le territoire de Pondichéry, extrêmement morcelé par des en-

comprend quatre communes Pondichéry, OulVillenour, et Bahour, avec deux cents « aidées » ou villages

claves anglaises, ffaret,

:

d'Indous. Sa population est de 133.000 habitants répandus sur une superficie de 29.000 hectares.

Karikal côte de

Son

est

situé

Coromandel

territoire,

à 100 kilomètres sud de Pondichéry, sur la et

au milieu de l'immense delta de Cavéry.

de 13.000 hectares, se divise en trois

Karikal, Nédouncadou et

la

lages avec 95.000 habitants.

communes

Grande-Aldée, comprenant 110

Son commerce

:

vil-

est assez important.


HINDOUSTAN FRANÇAIS Yanaon, est

assis

dans

le delta

du Godavéry,

267

à 800 kilomètres nord-

de Pondichéry, n'est qu'un comptoir entouré d'un terrain de

1.500 hectares, avec une population de 5.000 habitants. Son com-

merce

est nul.

Mcihé est situé à l'embouchure de la rivière Mahé, sur

la côte

de Malabar, à 400 kilomètres ouest de Pondichéry. C'est une jolie petite ville,

mais son port

presque

est

inactif.

Son

territoire

de

Carte des territoires français de l'ilindoustan.

G. 000

hectares comprend, outre

la ville,

quelques aidées avec une

population totale de 8.000 habitants.

Chandernagor, le

Bengale, sur

la «

Tchandranagar

la rive droite

tants, dont

des Indous, est situé dans

de l'IIougly, bras du Gange, à 28 kilo-

mètres en amont de Calcutta Pondichéry. C'est une

»

et

ville Ijien

300 Français, sur un

à 1.600 bâtie,

kilomètres au nord de

peuplée de 33.000 habi-

territoire restreint

seulement. Son trafic, presque nul, se

fait

avec

de OiO hectares

la capitale

indo-

l)ritannique.

Outre ces cinq établissements, traités,

dans sept dos

villes

la

France possède, eu vertu

anglaises,

des comitoius

composés souvant d'une seule maison avec terrain quelques cases indiennes.

ou

îles

i.ociis,

avoisinaiil

cl


LA FRANCE COLONIALE

26S

Ces loges fi'ançaises se trouvent ù Balassore, Dacca, Patna Jaiigdia,

dans

Galicut,

au sud de Mahé,

le

Bengale; à Mazulipatam et

et

au sud de Yanaon; à

,

à Surate, grande

ville

au nord de

Bombay. Industrie et commerce. siste

dans

dans

les cultures,

guinées, à Pondichéry.

— L'industrie de l'Inde française con-

On

la fabrication

des tissus de coton ou

a découvert de riches mines de lignite

à Bahour.

Le commerce de

fer,

intérieur dispose des canaux naturels

des chemins

postes et télégraphes de l'Inde anglaise.

Le commerce extérieur dont

,

les trois

s'est élevé

en 1883 à 32 millions de francs,

quarts pour l'exportation.

Il

se fait

pour

la plus

grande

partie avec les autres ports de l'Inde et par vaisseaux anglais

;

puis

avec la Réunion, Maurice, Marseille et Anvers, par vaisseaux étrangers plutôt que français.

Les produits exportés sont l'arachide, pour 15 millions;

les gui-

nées destinées aux nègres d'Afrique, l'indigo, l'huile de coco, riz.

Les

articles

les soieries

,

importés sont

les

le

cotonnades indiennes ou anglaises,

vins et liqueurs de France.

Pondichéry

et

presque nul dans

Karikal concentrent tout

le

commerce, qui

est

les autres territoires.

Les services de vapeurs anglais, rarement français, établissent les

communications avec

les ports voisins,

l'Europe, la France et

nos autres colonies.

En somme,

le

commerce de

beaucoup plus avec

la

France dans l'Inde s'exerce

les ports anglais

qu'avec nos propres établisse-

ments. Ceux-ci conservent toutefois une certaine importance politique, bien que, en vertu des traités, fortifier et

il

nous

soit

même

interdit de les

de les transformer au besoin en positions militaires

et

stratégiques.

Heureusement les pertes

l'acquisition récente de l'Indo- Chine

que nous avons subies dans l'IIindoustan.

compense


INDO-CHINE FRANÇAISE

CHAPITRE

I

NOTICE HISTORIQUE France peut regretter

Si la

l'Hindoustan,

elle

asiatique dans l'Indo- Chine,

au centre des plus riches pays de l'extrême

situation,

la

perte de ses possessions dans

retrouve depuis vingt- cinq ans de belles occa-

un nouvel empire

sions de se créer

dont

la

Orient, est exceptionnellement favorable. L'histoire de notre établissement dans ce pays

époque

où un

évêque

emmena en France une révolution de militaire et

des

îles

le fils

palais.

missionnaire

du

roi

Louis

en obtint en retour

remonte à 1787,

catholique,

Ma'"

d'Adran,

annamite Gia-Long, dépossédé par

XVI promit

à ce prince

de

la cession

la baie

Poulo-Condore. Gia-Long, rétabli sur

le

un secours

de Tourane

trône

et

d'Annam en

1802, introduisit l'influence française dans son pays et se servit d'officiers français

pour l'organisation de son armée

et la

fortifi-

mais ses successeurs, notamment Ïu-Duc,

cation de ses villes;

subissant l'influence des mandarins chinois, chassèrent les Français et renouvelèrent les persécutions contre les chrétiens jusqu'à

une escadre franco-espagnole s'empara de Tourane, évacuée peu de temps après, et de Saigon, que la France

ce qu'en 1858

qui fut

,

conserva nonobstant

Les

hostilités

se

les

réclamations de Tu-Duc.

rouvrirent

nous assura l'acquisition des Saigon, Mitho

et

en 1801 trois

;

mais

et

Bien-Hoa. En 1807, pour mettre

Ha -Tien.

de 1802

provinces cochinchinoises de

veaux troubles, notre armée s'empara de

Ghaudoc

traité

le

celles

lin à

do nou-

de Vinii-f.ong,


LA FRANCE COLONIALE

270

En

1863,

Siam

et

Le

le

royaume du Cambodge,

objet de dispute entre le

l'Annam, se soumit à notre protectorat.

désir de

commercer avec

provinces chinoises occidentales

les

du Mékong par

détermina l'exploration

le

capitaine de Lagrée, qui

remonta ce fleuve jusqu'en Chine (18GG-1868) non navigable. Plus tard, dans le même but,

marin Francis Garnier, explorèrent

et le

Rouge du Tonkin

;

mais

le

il

le

reconnut

négociant Dupuis

Son g- Haï ou

le

ce qui excita la défiance des Annamites

,

la prise

d'Hanoï par

nier et

une guerre nouvelle

fleuve

amena

,

lieutenant Gar-

le

(187.3).

L'année suivante Tu -Duc dut signer

un

traité

par lequel

reconnaissait nos

il

dernières acquisitions en Cochinchine

soumettait son royaume 'd'Annam

et

au protectorat de la France, nonobstant les

que

droits d'investiture

la

Chine

exerçait depuis des siècles sur les rois

d'Annam.

La France

obtenait

en

outre

le

droit de garnison et le prélèvement des droits de

douane dans plusieurs

du Tonkin, ce qui amena peu Carte de l'Indo- Chine.

les «

Pavillons -Noirs

(1883)

et

même

la

d'abord, ensuite avec l'Annam,

»

faits les

mai 1883, en faisant une

les Pavillons-Noirs, le

des complications, puis la guerre avec

commandant sur

la

fm de

Tonkin

plus importants. sortie

du

fort

d'Hanoï, assiégé par

bandes de pillards mi-chinoises, mi-annamites,

français Rivière est battu et tué, et sa tête est

portée en triomphe dans et

le

Chine (1885).

Rappelons quelques

En

villes

à peu

juillet

cesseur de Tu -Duc,

le

pays. Des renforts arrivent de France,

on s'empare de Hué, dont rendu responsable de

est

la

le

jeune roi, suc-

guerre, et se voit

La Chine en prend adresse aux puissances une protes-

obligé de se soumettre au protectorat français.

ombrage; en novembre tation

pour maintenir

elle

ses

droits de suzeraineté, et elle fait sou-

tenir par ses troupes les hostihtés

de Sontay et

de Bac-Ninh par

tion de Tien-Tsin

du 11 mai 1884

des Tonkinois. Mais la prise

Français conduit à

les ,

par laquelle

la

la

conven-

Chine reconnaît

notre protectorat sur le Tonkin. Toutefois la guerre se continue


INDO-GHINE FRANÇAISE sans être ouvertement déclarée, et

271

même

porte

se

en territoire

chinois.

En

juillet, l'amiral

et l'amiral

Courbet

Fou-Tchéou,

Lespès occupe Ke-Lung, dans

s'illustre

en détruisant

l'un des ports de la Chine;

la flotte

armée de 40,000 hommes, du temps

amener

le

En mars

1885,

Partie méridionale de

d'un échec sensible, au fin à

une guerre ruineuse pour

consacre

la prise

la citadelle

moment où les

deux

convention de Tien-Tsin

la

la

Formose,

chinoise près de

mais au Tonkin

à notre

triomphe.

l'île

et

il

faudra,

des sacrifices pour

de Langson est suivie

de Hanoï.

Chine proposait de mettre parties.

et stipule

Le

traité

du 9 juin

que chaque belhgé-

rant retirera ses troupes des territoires envahis

,

sans prétendre à

aucune indemnité de guerre. Toutefois les Annamites ne désarmèrent pas, et la déposition intempestive excita

un soulèvement

du jeune

général qui causa

le

roi

par

les

Français

massacre de plusieurs

missionnaires européens, de plus de 40.000 chrétiens indigènes, considérés

comme

nombreuses

favorables aux étrangers, et la destruction de

églises et missions.

En automne 1885,

la situation paraît

tellement grave, que l'opinion publique en France se prononce pour l'évacuation de ce pays qui

nous cause

tant d'embarras, et

que

la


LA FRANGE COLOiMALE

272

Chambre ne

vote la continuation de l'occupation qu'à

douteuse de deux ou trois voix,

obtenues par

une majorité

gouvernement

le

grâce à certaines manœuvres. Notre avenir et notre prestige en

Orient n'ont donc tenu qu'à

Mais ces

difficultés

un

vote plus ou moins inconsidéré.

L'Indo- Chine

sont actuellement vaincues.

française, par sa population

nombreuse

15 mil-

s'élevant à plus de

lions d'habitants , par ses richesses végétales et minérales , par son

aux portes de

excellente position

Chine

la

trieuse,

et des riches colonies hollandaises et

un

appelée à

brillant avenir,

nistration habile, sage

commerce «

et

de

Au Tonkin

implanté dans

,

la

indus-

et si

M. de Bizemont

pays

et

nous prendrons les

le

,

le

au concours

la

meilleur

,

si

Nous devons

qu'en favorisant

aucun

d'autant

conversions

les

détacher complètement de

populations soumises à notre protectorat.

elles

du

catholicisme est fortement

extension.

moyen de

actif

métropole.

ne tarderait pas à prédominer son

est

,

en profiter par une admi-

marine marchande de

dit

le

l'on sait

si

moins négliger cet appui précieux Chine

peuplée

espagnoles de la Malaisie

et chrétienne, jointe

obstacle ne s'opposait à

liques,

si

au milieu des empires anglais de l'Inde et de l'Australie,

sauront bien se défendre contre

Une

fois

k

catho-

empiétements de

les

leurs redoutables voisins, sachant que, retombant sous leur joug, «lies seraient

désormais sacrifiées sans merci. C'est

du problème du Tonkin

et

Les détails ci-après feront voir

le

solution

pas ailleurs.

qu'est la

»

caractère des guerres annamites

France

et la solidarité qui existe entre les intérêts de la

et

ceux du

cathohcisme dans l'extrême Orient.

Le massacre des

chrétiejxs.

«

Saigon,

niission de Cochinchine orientale est à

gramme que

je

vous

ai

le

8 août 1885.

— La

peu près anéantie. Le

envoyé aujourd'hui au

nom

télé-

de Mg^

Van

Camelbeke ne marque que cinq missionnaires et dix mille chrétiens massacrés, c'est le chiffre dont nous sommes absolument sûrs;

nombre des victimes aura été plus considérable dans notre mission. Dans huit à quinze jours vous recevrez

mais

très

probablement

le

de nouveaux détails. «

C'est

au Quang-Ngaï qu'ont commencé

les

massacres

et

les

nombreux et très turbulents, deux mois, quand survint la prise

incendies. Les lettrés, qui y sont très

y étaient surexcités depuis déjà de la capitale. Vous savez que

peu avant

cette époque.

le

P. Poirier faiUit être tué par eux,

Naturellement

la prise

de

Hué

accrut leur


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18


LA FRANGE COLONIALE

274

fureur contre les Européens.

Ils

du Quang-Ngaï,

le

13

juillet

commençaient à incendier

les

chré-

révolte et s'emparèrent de la citadelle

Le lendemain 14,

dernier.

ils

Van-Bàn

tientés et à massacrer les chrétiens.

bèrent l'une

14, l'autre

le

cette dernière chrétienté

chrétiens.

15

le

une

se soulevèrent, organisèrent

et

Ban-Gôï succom-

Le P. Poirier

juillet.

avec à peu

dans

fut tué

deux cent cinquante

près

y eut, après ce massacre, deux jours d'interruption.

Il

Les mandarins de Binh-Dinh

et le

mandarin chargé de garder

sauvages au Quang-Ngaï se réunirent soi-disant pour étouffer rébelhon.

mêmes pendant quelque temps Tous

les jours ils

aux maires de

ne

fût pas troublé.

Du Quàng-Ngaï,

Yen

ailleurs.

et

a

trompés nous-

et aussi l'administration française.

expédiaient des ordres aux chefs de cantons

villages, leur enjoignant

et

«

de

au Binh-Dinh, au Phu-

cette politique passa

Aussi qu'entendait -on partout de

mal

restez

;

Au

«

certifions, disaient-ils, qu'il

en paix chez vous

grand jour,

dessous,

ils

c'était

,

l'ordre

contre

ne vous arrivera aucun

leur manière de procéder;

organisaient les

« n'est, disaient-ils

mais, en

pour une plus sûre

lettrés

j>

et

les chrétiens.

plus «

Ce

dans leur langage figuré, qu'après avoir exter-

Français de terre (les chrétiens indigènes), que nous

«

miné

«

parviendrons à chasser

les

Français de mer.

Voilà la politique des Annamites

X

même

ne sera pas troublé.

prompte exécution de leurs complots contre

les

bouche des

la

parce qu'ils avaient peur.

Nous vous

« î

,

que l'ordre

veiller à ce

mandarins? Des protestations de paix, des plaintes les chrétiens

la

reprirent la citadelle et firent semblant de décapiter

Ils

une quinzaine de rebelles. C'est ce qui nous a

les

avant l'attaque

du Binh-Dinh,

et j'ai

;

je

l'ai

s>

clairement vue bien

tâché d'en informer l'adminis-

tration française , espérant qu'elle viendrait à notre secours aussitôt

quelle connaîtrait le véritable état des choses... «

Au Quàng-Ngaï,

quent

la plus

la dernière chrétienté vers le

rapprochée de

quarante chrétientés

,

mon

district, venait

sud, par consé-

de succomber. De

pas une seule n'y restait debout; trois mis-

sionnaires et plus de six mille chrétiens y avaient été massacrés.

Toutes

les églises

,

tous les étabUssements delà mission, toutes les

maisons des chrétiens y avaient livrés le

été pillés, saccagés,

aux flammes. L'orage grondait horriblement,

Binh-Dinh

allait être attaqué... Il fallut fuir...

et

puis enfin

certainement


,

INDO-CHINE FRANÇAISE

275

Quelques heures après, nous entrions au port de Quin-Hon épiscopale et le collège de Lang-Son formaient un

«

:

résidence

la

immense

foyer d'incendie; quelques chrétientés environnantes brû-

même

A terre, la plage était couverte de chrétiens; plus de huit mille s'étaient réfugiés tout autour de la concession. en

laient

temps.

Monseigneur

«

une dizaine de confrères

et

s'y

trouvaient;

ils

attendaient notre retour avec anxiété. Pendant la nuit tout le ciel était en feu dix foyers d'incendie illuminaient l'horizon dans un ,

rayon de huit à douze kilomètres... Mgr Van Camelbeke m'envoya avec quatre confrères à Saigon avec mission d'acheter du riz pour nourrir les huit mille chrétiens «

réfugiés au poste de

Quin-Hon

quelques jours; dans

la

et qui

de leurs biens. Nous passâmes

la nuit

mains nous nous embarquâmes sur

En passant

«

«

sion est ruinée,

l'on peut

mer, dévorées par

de cent

anéantis'.

que

la

cinquante

les

donné,

flammes.

et était

exé-

résidence épiscopale,

du Quàng-Ngaï

églises

et

paroisses

c'est

que

la

mis-

deux séminaires, et

du Binh-Dinh,

sont

entièrement

»

Autres DÉTAILS.

avait été

maintenant affirmer,

orphelinats, les couvents

plus

et le len-

plus sinistre empressement.

Tout ce que

les

pu sauver

auprès du prélat,

paquebot des Messageries.

le

Ce qui prouve qu'un ordre supérieur le

n'ont rien

ils

devant lePhu-Yen, nous avons pu voir plusieurs

chrétientés, situées plus près de la

cuté avec

n'ont de vivres que pour

débâcle générale,

«

Saigon, séminaire de Saint- Joseph, 45 août

Nous n'osons pas entrer dans de nouveaux détails sur cette catastrophe. Nous dirons seulement que, pour trouver dans l'histoire un désastre comparable au nôtre, il faudrait remonter 1885.

...

plus haut que les Vêpres sicihennes, jusqu'aux actes de vandalisme

des hordes barbares qui envahirent une à une, les provinces du vaste empire c'est

que

cette série

été exécutée

dont

et

romain. De plus, ce qui en augmente

de tueries et de boucheries de nos chrétiens a

dans un pays privé de communications télégraphiques,

les côtes n'étaient surveillées, déjà

aucun bateau de guerre, de

telle

sorte

que

depuis longtemps, par les théâtres

dies et

des scènes de carnage ont été aussi nom])i-eux

tipliés,

pour

1

M,

hon-eurs,

les

ainsi dire,

des incen-

et aussi

mul-

que nombreuses étaient nos chrétientés ou

Gei'I'ROy, misbionnaire, Les

Missions cxlhoUnucs, 18 soplombre

188^».


,,

LA FRANGE COLONIALE

276

paroisses catholiques,

elles-mêmes sur une étendue

éparpillées

considérable de terrain, du nord au sud.

A

cause de tout cela les

meurtriers et les incendiaires ont pu faire leur œuvre iniïime en toute liberté. Jamais, croyons -nous, on n'a et d'incendies

se succédant,

vu autant de massacres

en quelques jours, deux ou

trois

semaines environ, sur une aussi vaste échelle, et sur tant de points à la fois

,

avec tant de férocité et d'acharnement, de

part de

la

com-

patriotes dénaturés, exterminant leurs frères désarmés l'odieux se mêle au raffinement de la rage. Nos ennemis ont réussi au delà de :

leurs espérances.

France que nos chrétiens

C'est principalement à cause de la

«

ont été persécutés et tués. Nos catholiques passent, aux yeux des païens, pour être et sont en effet les seuls amis des Français. Les

païens, par

le

guet-apens du 5

à Hué,

juillet

forces tout d'abord contre les Français.

leur gré,

ils

ont essayé leurs

Ne pouvant

réussir selon

viennent de tomber, en masses innombrables

et orga-

nisées, sur nos pauvres chrétiens pris à l'improviste et sans armes.

Car

la

population catholique se compose

d'agriculteurs paisibles,

pubUques

,

peu mêlés aux

et ainsi elle n'a

tations turbulentes

et

,

dans sa presque affaires et

pas à se reprocher d'avoir

brouillonnes

,

totalité

aux fonctions ,

par des exci-

suscité des haines et des repré-

sailles. «

De

nouvelles

dépêches vous apprendront bientôt combien

de vingt-neuf missionnaires, de dix-sept prêtres indigènes, de plus de quarante maîtres de religion, de cent vingt élèves en latin

en théologie, de quatre cent cinquante religieuses indigènes

et

de quarante

et

un

mille chrétiens,

combien peu, dis-je,

il

et

restera

de survivants. ff

Les détails envoyés par

le

vénérable prélat dans ses deux

grammes sont malheureusement au-dessous de <r

Tous

télé-

la réalité.

les officiers, soldats et voyageurs, la plupart étrangers, et

quelquefois indifférents à toutes les questions de missions, ont vu

de leurs propres yeux, et avec une vive émotion, ,

nos désastres.

Ils

ont vu également, parqués sur

la le

grandeur de sable de la

plage, autour de la concession française, nos 8,000 chrétiens des

environs échappés à

drapeau français'. 1

la

mort, qui s'étaient réfugiés à l'ombre du

»

M. CiiAMBOST, Les Missions catholiques, 25 septembre 1885.


,

INDO-CHINE FRANÇAISE

CHAPITRE

277

II

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE

— L'Indo- Chine

Situation.

française, désignant l'ensemble des

quatre territoires que nous possédons à divers

Gochinchine, orientale

le

de

Cambodge, l'Annam grande péninsule

la

l'Inde au delà

est

par

la

la

:

indo- chinoise,

basse

la partie

appelée

aussi

du Gange.

Elle est bornée au

nord par l'empire Chinois

mer de Chine, au sud -ouest par

l'ouest par le

titres

Tonkin, forme

et le

royaume de Siam ou

les

le

à

,

l'est et

golfe de

au sud-

Siam

et à

indépendants du

territoires

Laos.

L'Indo -Cliine française est comprise approximativement entre 8» 40' et 23" de latitude nord, est

du méridien de

et

entre 100" et 107'^ de longitude

Paris.

Sa plus grande longueur, du sud au nord, lui

donne plus de 1.600 kilomètres,

est

de 14o 20', ce qui

et sa largeur, très variable, est

de 60 à 200 kilomètres. La superficie totale est ainsi estimée à 400.000 kilomètres carrés,

Littoral.

Le

littoral

soit les 4/5

de

France.

la

indo -chinois est formé par

Chine ou mer du Sud. Relativement très étendu

mer de

la

ce qui est avan-

,

tageux au point de vue des relations extérieures,

il

présente un

développement de plus de 2.800 kilomètres, dont 400 pour bodge, 700 pour le

la

Cochinchine, 1.200 pour l'Annam

le

Cam-

500 pour

Tonkin.

Dans son ensemble dont la

et

la

le

littoral

dessine

boucle supérieure est tracée par

boucle inférieure par

la

une le

grande

golfe

lettre

du Tonkin,

péninsule cochinchinoise et

le golfe

S, et

de

Siam.

Siam, formé au sud-ouest par la longue \)i'esqu'ile de Malacca, projette au nord la baie do Bangkok, où débouche le fleuve Ménam. Sur les côtes du Caml)odge, il renferme plusieurs îles du nom générique de Koh, et l'île Vhxi-Quoc

Le grand

golfe de


LA FRANCE COLONIALE

278

OU Koh-Kon,

bodge

plus grande de la région;

la

Kompong-Som

de

les baies

cochinchinois, celles deHatien et

de

Table, et celle de

la

neuse de

Du

forme dans

il

de Kami:>ot; dans

et

Cam-

le

le

Bassac

deRach-Gia, séparées par

Camau, formée par

la

le

cap

longue pointe sablon-

Camau ou Cambodge.

Camau

cap

au cap Saint- Jacques,

basse et maréca-

la côte,

Mékong

geuse, est indentée par les nombreuses bouches du

Donnai, fleuve dont

ont formé

les atterrissements

le

et

du

vaste delta

péninsulaire de la basse Cochinchine.

Les baies de Gang -Ray de Saigon,

rivière

et

le

donnent entrée dans

et des Cocotiers

donne attache aux câbles sous -marins qui France

A côte

Saigon avec

relient

la

Chine.

et la

partir

la

cap Saint- Jacques, haut de 150 mètres,

du cap Raké, qui marque

cochinchinoise, la

la limite

généralement montueuse, présente, dans son

de l'Annam,

ensemble, une double courbure convexe, puis concave;

elle

est

finement déchiquetée par une multitude de petites échancrures, lagunes et canaux littoraux, entremêlées

baies, qu'îles

,

de caps

cette côte

bordées de récifs

,

peu accessible à

et

Qui-NJion,

le

cap

muniquant avec la limite

Le

le

et la

baie de Tourane,

d'Hué,

le

cap Vung-Chua, qui marquait

sud; puis

le

il

une multitude

d'îles

le littoral

des Pirates. Le cap

:

telles

est

îles

c'est

:

le delta,

Laï-Chas

au nord

d'îles et d'îlots

de Cat-Ba, de

la

Table et

la frontière chinoise,

fermé au nord par

presqu'île de

embou-

du Thaï-Binh, découpant

bordé de milliers

sont les

Paklung marque

delà le golfe du Tonkin est la

et

basses et populeuses

montueux

rocheux peu habités

par

parallèle.

présente les nombreuses

chures du Song-Haï, ou fleuve Rouge,

l'est

Choumay com-

tonkinois est généralement bas, sablonneux, découpé

de canaux dans

à

puis la baie de

de

la baie

du Tonkin, reculée aujourd'hui du 18^ au 20^

littoral

duquel

cap Padaran, les baies

le

presqu'île Varela et le cap

plus oriental de l'Annam;

la rivière

de pres-

la navigation.

Nous signalerons, du sud au nord, Kamran, Binh-Kang et Hong-Koé, la Varela ou Pagode,

d'ilôts,

de bancs de sable qui rendent

et la

la

et

au

province de Canton,

grande

île

d'Haïnan,

appartenant à l'empire chinois.

MoxTAGivES.

— L'intérieur de l'Indo- Chine

encore pour qu'on puisse en décrire

le

est trop

peu exploré

du

On

détail

qu'en général, sauf les deltas du Song-Haï

et

relief.

du Mékong,

sait

tout le


INDO-CHINE FRANÇAISE

279

pays est montueiix, élevé de 500 à 1.000 mètres, disposé en plateaux que surmontent des chaînes montagneuses et des sommets atteignant 2.000 mètres et plus.

Ce haut pays peut longue

et large

couvre tout

sud dans et

et la

forme à

elle

les bassins fluviaux

la fois la ligne

breux chaînons se dirigent vers et

,

la

du Song-Haï

physique du partage des

Hmite politique des États d'Annam

des rivières maritimes

du nord au

chinois, s'abaisse et s'avance

Laos pour séparer

le

du Mékong;

eaux

chaîne qui, détachée du grand plateau du Thibet,

Yun-Nan

le

comme une

considéré sommairement

être

et

de Siam. De nom-

côte en enfermant les vallées

déterminent une foule de^ baies et de caps

montueux.

Hydrographie.

Mékong, Song-Ma et

le

le

— Les fleuves principaux sont,

Vaïco,

Donnai;

le

au

en Cochinchine,

Tonkin,

le

Song-Ca,

Le Mékong ou Cambodge y long d'environ 4.000 kilomètres, l'un des grands fleuves de l'Asie. bet, traverse le il

Yun-Nan

change plusieurs

vers

l'est.

Ce

Il

prend sa source dans

chinois et l'immense plateau

n'est encore là

du nord au sud,

il

est

le Tlii-

du Laos, où

brusquement de direction vers

fois

sud

le

s'élargit vers

mais

;

,

continuant

Bassac, et se remplit

d'iles

nombreuses jusqu'au-dessous des rapides de Sambor. Dans

royaume du Cambodge,

il

et

qu'un torrent coupé par des cascades

qui en rendent la navigation presque impossible sa route

le

Song-Haï.

le

le

tourne brusquement à l'ouest, arrive à

Phnom-Penh, où se forme ce qu'on appelle les quatre bras du Mékong le bras du nord -est n'est autre que la partie supérieure du fleuve; le second remonte vers le nord -ouest sous le nom de Toulé'Sap et communique avec le grand lac de même nom les deux autres formant la fourche du delta, sont deux défluents qui :

;

coulent vers

le

sudrest et pénètrent dans la basse Cochinchine sous

noms du fleuve antérieur ou Thiang-Giang rieur ou Han-Giang. les

Le

mer de Chine par à

et

fleuve postérieur, le plus occidenlal, baigne

Xuyen, Cantho, Traon; Le

,

la

il

forme plusieurs

Chaudoc, Long-

îles et se jette

dans

la

double embouchure dite du Bassac.

fleuve antérieur,

Vinh-Long, où

il

de fleuve posté-

le

plus oriental, passe à Canlo, à Sadcv,

se divise en plusieurs branches, dont

runc

passe à Bentré, une autre à Mylho.

A l'est du

Mékong,

et

parallèlement à son cours

inféi'ieur,

coulent


LA FRANCE COLONIALE

280

deux Vaico, anciens

les

Ijras

du

la rivière

fleuve,

de Saigon

el le

Donnai, qui concourent avec lui à la formation du delta.

Le Vaïco occidental traverse qu'il

des Joncs, vastes marais

la plaine

passe à Tan -An et se jette dans

draine en partie,

oriental. Celui-ci passe à

Ben-Keu, à Ben-Luc,

et

le

Vaïco

dans

finit

le

Soirap.

Le Donnai

qui sort de l'Annam et dont

,

peu connu, absorbe

cours supérieur est

le

Song-Bé à Trian, passe à Bien-Hoa,

le

reçoit

Habilalion sur pilotis à Hué.

le

Saigon,

gable dite

La

Vaïco, et se termine par

le

rivière de

d'Annam;

elle

à Saigon

,

la large

embouchure navi-

du Soirap.

Le Saigon

Saigon a également sa source dans

coule du nord au sud, passe à

elle

et le

a

Donnai en

se réunissant

et arrive

confondent leurs cours telle sorte

chure du Donnai passerait au sud sous

nom

de Saigon se terminerait au nord dans les

royaume

une largeur de 400 mètres.

inférieurs, qui sont censés se croiser, de

caps Gangio

le

Thudaumot

le

la

que l'embou-

de Soirap

,

et celle

baie de Ganh-Ray, entre

et Saint- Jacques.

Tous ces fleuves ou

rivières sont;

mis en communication entre

eux par une multitude de canaux appelés arroyos , qui se croisent dans tous les sens et dans lesquels la marée pénètre, aussi bien que dans

les fleuves qu'ils unissent.


INDO-CHINE FRANÇAISE Les arroyos sont transports;

ils

281

routes de la Cochinchine et servent aux

les

sont couverts de barques de toutes dimensions qui,

partant ensemble

au moment où

la marée leur est favorable, du mouvement au pays des centaines d'em-

donnent de

la vie et

barcations,

déployant leurs voiles de formes et de

:

variées, et s'étalant sur toute la surface

présentent alors

un

fleuve ou

du canal,

spectacle des plus gais et des plus animés.

Le rocher

Rivières de

du

dimensions

VAmiam.

citadelle de rsinh-Binh,

Le versant annamitain de

la

mer de

Chine a trop peu de profondeur pour présenter des cours d'eau d'une certaine étendue.

Ils

sont

du

reste très

peu connus, surtout

dans leur cours supérieur. Ce sont de nombreux torrents descendant en cascades du plateau intérieur, traversant des vallées pittoresques et se confondant à leur embouchure avec les ports et les baies ainsi,

que nous avons

du sud au nord,

Tourane

Au

cités et

et

les rivières

ils

portent

de

Kamran,

le

nom. On trouve de

Phu-Ycn, de

de Hué.

Tonkin,

d'étendue.

dont

la ligne

de partaj^ s'éloigne

Du cap Vung-Chua

à

zaine d'emljouchures de petits fleuves,

canaux paraUèles à

la côte.

et les fleuves

ont plus

Ninh-Binh, on signale une doureliées entre elles

par des

Les principaux de ces fleuves sont

le


LA FRANCE COLONIALE

-282

Song-Ca,

à Vinh,

qui passe

n'est dépassée

que par

celle

du

Sonfj-Ma, doul l'imporlance

et le

Rouge.

fleuve

Le Somj-Haï ou fleuve Rouge, caractérise le Tonkin comme le Mékong caractérise la basse Cochinchine; ils se terminent tous deux ipar un delta considérable qui forme la partie riche de cliacun de ,

ces pays.

Le Song-Haï,

Yun-Nan est,

chinois, sous

pénètre dans

il

Sontay, Hanoï

nom

long d'environ 1.500

et

le

de Hong-Kiang. Coulant au sud-

Tonkin à Lao-Kay, arrose Hong-Hoa,

le

fîong-Yen,

et

va

En amont

de Sontay,

ou Da-Giang, qui

le fleuve

fait

< rivière Claire d, ou

Rouge

le

Yun-Nan

deux

reçoit

»,

la

Lo-Gicmg, qui passe à Tuyen-Quang.

Day, bras navigable qui passe

sieurs autres

con-

à droite la «rivière Noire

:

aval de Sontay et au sortir des montagnes,

Cua-Day ; au

affluents

au sud un grand détour, à gauche

ramifications du fleuve pour former le

en ligne droite sous

finir

de Cua-Ralat.

sidérables venant aussi du

En

nom

du

descend

kilomètres,

milieu,

le

à

commencent sont

le delta; telles

Ninh-Rinh

et

:

les

au sud,

débouche par

le

Balat ou vrai Song-Haï; au nord, plu-

branches qui se confondent avec

Binh, fleuve qui passe à Thaï-Nguyen

et à

celles

du Thaï-

Bac-Ninh. Ces branches

entremêlées forment un lacis d'arroyos qui baignent au nord -est Jes villes de

Haï-Duong, Quang-Yen

Haï-Phong,

et

ayant un port maritime, accessible surtout par

le

cette dernière

Cua-Cam.

Enfin, sur la frontière septentrionale du Tonkin,

Lan g- Son

et

les villes

de

de Cao-Bang semblent être situées sur des cours d'eau

appartenant à des fleuves chinois des provinces de Kouang-Si et de •Canton.

— A part

Régions physiques.

les

montagnes neigeuses, l'Indo-

Chine française réunit une superbe variété de régions physiques vastes plateaux

montagneux dans

le

Laos,

l'intérieur; plus près des côtes, régions

agréables,

nombreuses

vallées arrosées

le delta

du Mékong ou

la

comprend

tout

de collines pittoresques

débouchant sur

enfin deux fleuves géants formant deux deltas le delta

qui

la

:

et

mer,

du premier ordre

:

basse Cochinchine, populeuse et civilisée,

du Tonkin, plus ancienilement

civilisé

et

plus fortement

peuplé encore.

Dans

une

ces

foule

deux

deltas,

comme

toujours d'un niveau horizontal,

de canaux naturels appelés arroyos, d'après un mot


1ND0-CHL\E FRANÇAISE

283

espagnol, se croisent en tous sens et découpent en une foule d'iles bas,

le sol

marécageux, formé^par

limon charrié par

du Rhin

delta

et

les

de

la

fleuves.

Meuse,

les atterrissements

Gomme

les îles fluviales

niveau inférieur parfois de 4 à

ou dépôts du

hollandais du du Tonkin ont leur

les polders

mètres à celui des hautes marées;

sont maintenues à l'abri des inondations par des digues ou

elles

levées de terre construites par les habitants. Ces digues servent en

même

temps d'assises à

ou routes qui

plupart des lieux habités, et de chemins

la

les relient entre

même

eux en

C'est dans le fond inondable de ces îles

principale denrée alimentaire

En

Cochinchine,

les

temps que

les

que se cultive

canaux.

le riz

la

,

du pays.

digues construites jusqu'à ce jour sont peu

considérables ou nulles; mais, à l'avenir, par suite de l'affaissement

graduel du sol boueux du delta,

il

sera probablement nécessaire

d'en construire pour s'opposer aux inondations qui détruiraient les cultures.

Pour

le

Cambodge,

le

caractère

du Mékong, ou

réservoir

le

le

plus remarquable est

le

Toulé-Sap , sorte de mer intérieure

longue de 120 kilomètres, large de 20 à 30,

et

d'une superficie de

2.500 kilomètres carrés. Resserré dans sa partie inférieure,

en Grand- Lac au nord-ouest

divisé

communique par un fleuve,

,

il

est

il

-Lac au sud-est; il Mékong, et reçoit de ce

et Petit

large canal avec le

au temps des crues, une énorme masse d'eau qui, enva-

hissant les terres basses été

grand

se vide par le

,

triple la surface

même

canal

,

et alors

accumulés dans ses bas -fonds donnent

du

lac

;

au contraire

,

en

d'innombrables poissons

lieu à

une pêche extraordi-

naire dont le produit s'élève parfois à G millions de francs.

Climat.

comme

Le climat de

la

Cochinchine

et

du Tonkin,

litant, est et restera

malheureusement

colonisation européenne de ces pays

le

plus grand obstacle à

Europe,

est relativement supportable

mousson du

au-dessous de

;

la

riches.

si

comme

en

est réconfortant à cause

de

L'hiver ou saison sèche, qui dure de septembre à mai

la

étant,

celui de l'Inde en général, chaud, humide, fiévreux, débi-

il

nord-est, bien que la température ne descende guère IS^.

nage, la chaleur

Mais pendant

l'été,

humide provoquée par

qu'on appelle la

là-]>as hiver-

mousson du sud-ouest

reste nuit et jour entre 26o et 34o centigrades; elle est récllemeiil

insupportable,

même

pour

les

animaux, qui

chent l'ombre et ne bougent plus pendant

le

instinclivciiuMil

jour.

vWv-


LA FRANCE COLONIALE

284

Do

dysenteries, les anémies qui

là, les iiisolalions, les fièvres, les

ruinent

le

tempérament du plus grand nombre des Européens,

séjournent trop longtemps, et qui ont

nos soldais que

les balles

fait

s'ils

beaucoup plus de mal

à

de l'ennemi.

Les moussons sont des vents réguliers qui soufflent en hiver du nord-est, et en été

du

sud-est.

Le passage d'une mousson à

l'autre

provoque les cyclones et les typhons qui portent leurs ravages dans nord plus souvent qu'en Gochincliine.

le

Productions naturelles. Le granit Hoa,

le sel

de

Gochinchine.

la

Le haut Tonkin le fer

est plus riche

la

pierre poreuse de Bien-

en métaux

le

:

charbon,

le cuivre,

y sont assez communs.

Quant aux richesses passées en proverbe tier,

,

des salines, telles sont les rares exploitations minérales

végétales et animales de l'Inde, elles sont

nous

qu'il

;

suffise

de citer

les

palmiers

:

coco-

aréquier, latanier, dont les feuilles servent à couvrir les cases

le rotin

ou rotan, l'oranger,

le thé, le caféier,

le citronnier, l'arbre à pin, le

ébéniers et bois de

les

chide, l'indigotier, le tabac, le bétel

,

le

fer,

bambou

le

;

cacaoyer,

cotonnier, l'ara-

et le palétuvier

des

marécages.

Parmi

les

animaux

il

,

y a les singes gibbons

;

les roussettes, grosses

chauves-souris frugivores et à chair comestible; tète est

mise à prix;

la

panthère,

dont

le tigre,

léopard, l'éléphant,

le

le

la

rhino-

céros, le sanglier, des oiseaux de toutes espèces, de grands lézards, le

caïman, que l'on élève en parc pour

tortues, les serpents cobra et

python

,

le

manger, l'iguane,

de superbes raies

et

breux poissons qui, salés ou séchés, contribuent beaucoup à nourriture populaire;

fourmis, sans oublier

dans

l'air.

l'abeille, le

les

les

de nomla

ver à soie, de grosses araignés et

insupportables moustiques qui pullulent


INDO-CHINE FRANÇAISE

CHAPITRE

285

III

GÉOGRAPHIE POLITIQUE Ethnographie générale.

— Avant

— Mœurs

et

coutumes des Annamites.

d'entrer dans les particularités

relatives à

chacune des

quatre parties de notre Indo-Chine, nous empruntons au P. Lecrand

de

Lyraye, qui a vécu

la

connaissait

connaître

si

le

bien

,

si

longtemps parmi

les

Annamites

quelques passages intéressants

;

ils

et les

nous feront

caractère et les principales circonstances de la vie des

peuples indo-chinois.

Les habitations.

«

Les maisons sont, pour

la plujDart,

des

constructions de peu d'importance et d'une apparence très misérable.

On

voit d'abord

une

cour carrée de terre battue, qui

petite

est très unie et très soignée, et qu'on appelle san. Autour de cette

cour, qui sert aux besoins et,

du ménage, sont plantés des aréquiers,

à quelques pieds de ces arbres, est élevé le remblai de terre

qui sert de plateau ou d'assise à la maison principale et aux constructions de

décharge.

ordinairement de quelques

Elle est faite

bambou

colonnes de résistance et de pieux de

nieusement avec du bois

et

non avec des

curer partout. Les colonnes étant posées, on pieu à pieu, on balle saire.

;

on

laisse

les

fait

enduit de terre battue avec de

des

treilles

la paille et

quelques ouvertures pour donner

le

de

de la

jour néces-

Ces ouvertures ont des volets tressés qui se ferment quand

on n'a plus besoin d'y voir

clair

;

on construit une

de joncs, de feuilles ou de paille, n'est pas suffit

chevillés très ingé-

clous, difficiles à se pro-

un

palais,

aux besoins

et

mais qui devient qui

finit,

ainsi

et

avec

toiture couverte

on a une maison qui

le

sanctuaire domestique, qui

la

coutume, par être trouvée

belle. «

Les maisons des gens riches ont d'assez belles colonnes

l)ois;

un

(\c

licau

péristyle de trois ou quatre pieds de large fait le tour do

maison, et

la

colonnade, qui forme proprement

la

la

construction, se

repose sur la colonnade du péristyle par des bouts de poutres, d'or-


LA FRANGE COLONIALE

286

un peu en dehors. dinaire sculptés en tête de dragon, qui ressortent par devant, de et, Les cloisons alors sont de planches par derrière

Habilalion annamite.

chaux battue avec du papier; sujets de la vie €

un

Dans

les

elles sont peintes

champêtre. de réception, on remarque thé (nha-che), fumer et converser à

maisons riches, outre

petit salon

souvent de dillerents

pour boire

le

la salle


INDO-CHINE FRANÇAISE l'aise.

Au

fond de ce petit salon

donne sur un

une ouverture à coulisse qui

est

bosquet ou sur un

petit

de pierres venues du

littoral

de

la

petit

monticule,

allée

vie

famille et

de famille.

proprement

«

Nous

le

réser-

remarque quelquefois

ffuerre.

voici arrivé à

dite, cette vie

femme, de parents

très

avec art

pavée de coquillages.

Annamites en costume de

La

fait

mer. Devant se trouve

voir où se jouent de petits poissons, et l'on

autour une

287

et enfants,

l'examen de

de famille où et

les

la vie

de

rapports de mari

réciproquement, m'ont

i)arn

raisonnables et d'un grand bon sens, sauf ([uelques formes

p'ovenant de

la législation

femme annamite

chinoise; cependant j'aflirmerai (pie la

n'estpoint esclave, qu'elle jouit, au contraire, d'une

grande autorité dans

le

ménage

et

qu'elle y est toujours

honorée


LA FRANCE COLONIALE

288

quand

elle

élevés

comme

breux.

Une grande preuve de

que

se conduit bien; j'affirmerai aussi

un peuple

faut chez

il

les enfants sont

ce que j'avance c'est que la vieillesse

des vieux parents (père aussi bien que mère) est heureuse père,

et

nom-

aussi pauvre et aussi

et pros-

qu'on leur rend, je crois, avec plus d'affection

dévouement que chez aucun peuple, sur qu'ils ont

dépensé de peines

et

le

de

et

retour de leur âge, ce

de sueurs pour l'éducation de leurs

enfants. «

Les femmes

,

au Tonkin

comme

pieds et retenues,

champs, dont

et

en Cochinchine, ne sont pas à

en Chine, à

maison. Elles vont aux

la

étant dérangés par le service de la milice et les corvées

mandarins

et

donne une

de

commune. La

la

hommes

font en grande partie la culture, les

elles

hal^itude de réflexion

vie extérieure qu'elles

de retenue

,

petits

et

du

des

roi,

mènent

leur

de force de carac-

tère qui relève ordinairement leurs brillantes qualités de l'esprit et

du cœur. L'instruction. mites,

comme

pas à apprendre

la

marchés. Aussi

les

térateurs.

L'éducation chinoise étant imposée aux Anna-

«

la législation et les principales

coutumes, on ne pense

langue qu'on parle au foyer domestique langue annamite n'a point de livres

la

Toute composition en langue vulgaire

trine grossière et de

Les mariages. ensemble,

c'est la

et

ni,

dans

de

lit-

de doc-

est traitée

mauvais goût.

Quand deux jeunes gens pensent

«

bouchée de

comme

bétel,

à

s'unir

en toute autre circon-

stance, qui est choisie pour les premiers frais d'entrevue et pour le

signe d'honneur dans la

demande

et l'acceptation.

Quelques pré-

sents étant reçus et la bouchée de bétel acceptée, le jeune est regardé

comme

aux semailles

La

serviteur de la maison;

et à la

sépulture.

il

doit venir travailler

moisson. «

Quand quelqu'un

vient à rendre le dernier

soupir on lui ferme les yeux, on lui lave quelquefois

du

vin, et

on

le revêt, s'il est riche,

d'autres encore que l'on

fait faire

«

l'on

fois

mis dans

corps avec

la

;

s'il

est

pauvre

met par- dessus

on l'enveloppe ensuite d'une

Le corps une

le

de ses plus beaux vêtements

à la hâte

coud un habit de colon blanc que ordinaires, et

homme

,

on

et

lui

ses habits

natte.

bière,

si

l'enterrement est

solennel, on entend les joueurs d'instrument de deuil faire retentir

leurs airs funèbres, et les apprêts de la sépulture ont' lieu.

demande à

la

commune

son brancard;

le village

désigne

la

On

corvée


INDO-CHINE FRANÇAISE des porteurs et

min de

le

petits reposoirs et des offrandes, et

qui est d'usage pour le

un grand

royaume qui prenne

laps de

repas.

Mais

lieu

il

Il

la

prépare sur

le

che-

l'on dispose tout ce

n'y a point de police dans

du

officiellement acte

temps à s'écouler entre

s'occupe du <r

On

maître des cérémonies.

289

mort

décès, et qui règle le

et l'enterrement,

ou qui

se fera.

ont-ils des cimetières

comme

les

mahométans ou même

Ambassadeur annamite.

comme

les

Chinois, leurs voisins, pour les enterrer? Non.

On ne

voit nulle part de cimetières proprement dits; mais on'voit partout

des tombeaux isolés sur

le

bord des routes, sur

la rive

des fleuves,

au milieu des champs, autour des haies de bambous du dans

les halliers déserts

les jardins.

dans

les

comme

L'Annamite

,

sur

le

tient à

village,

versant des petites collines et dans être enterré sur sa propriété

ou

lieux indiqués par leur position et leur configuration

prospères à l'avenir des familles.

Uéfjalilé des citoyens.

<r

Dans l'Annam,

l'esclave est

inconnu

et la servitude est en liorreur. Aussi la plus grande égaUté i-êgne

parmi

les citoyens.

Tout Annamite peut aspirer aux emplois, tout 19


LA FRANGE COLONIALE

290

Annamite peut posséder,

Annamite peut

tout

se

plaindre aux

mêmes tribunaux, et la justice n'a de privilèges pour personne. « Je distinguerai de la façon suivante les quatre La religion.

religions qui sont reconnues

ou

tolérées par le

gouvernement,

et

qui

sont établies partout et d'ordinaire pratiquées confusément ensemble 1»

«

comme

qui

Celle ils

moissons;

elle consiste

à adorer le ciel et la

sans doute pour avoir des

à l'automne,

Confucius

;

lettré

2o Celle

;

:

interprétés

premiers empereurs de Chine, pour avoir un bon

les

gouvernement

un grand

et

de Confucius,

des livres

sont à présent

le

au printemps

terre

«

ressort

;

enfm

,

pour avoir sa science infuse

les ancêtres,

du Phat ou Fo, qui

et

pour avoir une bonne

devenir

postérité.

bouddhisme, mais dont on

est le

retrouve chez les Annamites la plupart des croyances, des pratiques et toutes les abstinences. 30 Celle des esprits,

«

pour merveilleux

hommes, animaux ou choses reconnus

40 Enfin celle des sorciers,

«

naie, qui

pour

logie

qui

fait

dite.

brûler du papier -mon-

des évocations, des sortilèges, et qui

fait

le

proprement

c'est l'idolâtrie

:

tombeaux, qui

fait

enfin de la

bonne aventure pour

de l'astro-

le

choix de

ou de

heureux, pour la direction de rencontres

noms

fait

choix de terrains convenables aux hal)itations et aux

sentiers

propices, etc.

« La comédie se joue dans Le théâtre. solennelles de l'année. époques aux communes

toutes les grandes

de comédiens qui sont appelées à cet

pour lesquelles on

fait «

d'énormes contributions,

vu

la

effet et

Il

y a des troupes

pauvreté des habitants.

Ces troupes sont de deux sortes

:

les

Phuong-Nha-Tro

et les

Phuong-Cheo. Ces derniers sont des bouffons, des magiciens, des gens de toutes sortes qui se réunissent afin de gagner quelque argent en amusant

bas peuple par des représentations ordinaire-

burlesques et grossières; c'est à

ment

de nos foires «

le

Mais par

titrés

et

les le

peu près

le

charlatanisme

de nos places publiques.

Phuong-Nha-Tro sont des comédiens patentés

et

gouvernement. Ce sont des villages entiers, hommes,

femmes et enfants, qui ont un territoire et qui forment une commune, à la charge de fournir au roi, tous les ans, un nombre de voulu pour

le

théâtre de Sa Majesté, Par là,

monopole de

la

comédie dans un arrondissement ou une pro-

sujets et le

vince, et

ils

ils

peuvent prétendre à donner seuls toutes

ont

les

le droit

grandes


INDO-CHINE FRANÇAISE représentations qui ont lieu dans les localités

Les jeux.

«

Un

291

de leur ressort.

autre délassement des Annamites est le jeu

des cartes chinoises, qui est une des grandes plaies de la population. «

Il

y a une autre espèce de jeu appelé co {ludus latruncolo-

Bonze annamile.

rum), qui ressemble à notre jeu d'échecs, mais qui se joue différemment c'est le môme que celui des Chinois. Dans les grands :

jours de fête, au premier de l'an surtout, parler ainsi, c'est-à-dire que deux

il

se joue vivant,

communes

si

je puis

jouent ensemble,

l'aulre des garçons. Ces l'une devant fournir des jeunes fdles et corn me jeunes filles et ces garçons se placent dans une campagne les pièces

d'un échiquier,

et les chefs des

deux

localilés, assis sur

des environs des estrades, indiquent devant toute la population


,

LA FRANCE COLONIALE

292

du jeu, qui

alors réunie les diverses mutations

est d'ordinaire très

brillant, très goûté et très joyeux.

Citons enfin les combats de coqs

((

de voir dans chaque

hommes

dans

les

pendant

village,

la

On

est

étonné

mousson du sud-ouest,

plus sérieux et les plus âgés s'amuser à lancer

pendant des journées

les airs,

très suivis surtout en Cochin-

innocent du cerf-volant au Tonkin.

cliine, et le jeu

les

,

et des nuits entières, ce

ceau de papier monté d'un tube qui

mor-

bourdonne. C'est une

siffle et

préoccupation de toute l'année.

Les médecins.

«

Les

de

livres chinois, traitant

médecine

la

et

de l'histoire naturelle des plantes, ne sont enseignés officiellement

par personne

et

ne donnent lieu à aucun concours public. Le fds

étudie avec son père, le neveu avec son oncle, et quelques sujets

chinois avec le praticien qui s'est

médecin

l'endroit. Est

conque prétend en

de

et docteur,

faire

plus grande réputation dans

fait la

même

et sa mort les prive de toute rétribution.

une garantie de

les

Chinois,

et ils

voilà

pour

l'esprit

voilà

pour

le

TAnnamite sont

;

une grande générosité

L'Annamite il

est méfiant, et, les

n'est pas fanatique;

il

a

remarquable

tact

fidèle

il

en voit bien

il

la

:

les

la raison.

il

ne

nouIl

a

mais

il

les hait pas.

plus grande tyrannie et aux plus le

bon ordre

en horreur l'esclavage. Enfin

timidité, je dirai bretonne, qui résiste

il

peu

à

peu

bien public

et le

est timide,

force brutale qu'elle ne peut affronter en face.

et

mais de cette

longtemps à

Son cœur

est

bon

compatissant, et, pour lui, l'homme sans affection (vo-tam) est

monstre (nguoi vo-lo) nguoi-voiam, «

:

attachement

n'aime pas

il

craint les étrangers, mais

soumet volontiers à

il

un grand

se livre souvent sans frein,

pénibles travaux de la corvée pour

mais

un un

en général,

accepte quand

des superstitions auxquelles

se

et

la sagacité,

cœur.

veautés; mais

Il

et c'est

Les Annamites sont moins orgueil-

«

fond d'intelligence et de discernement, et

«

coutume,

sont plus courageux et meilleurs soldats.

les qualités de

Ajoutons que

guérison du malade,

la

C'est la

ses soins et de son savoir.

Caractère de l'Annamite. leux que

d'école, qui-

son métier.

Les médecins. ne sont payés qu'après

c(

que maître

c'est le

:

quand

il

a prononcé

la et

un

cette expression de

dernier terme de son mépris.

Les défauts de ce peuple sont

la légèreté et la

van

i

qui en est


g

INDO-GHINE FRANÇAISE source.

la

quand

il

Il

aime

le brillant et tient

n'y a pas lieu de craindre'.

293

à se vanter, à faire

la

cartographie indo-

:

ANNAMITE

FRANÇAIS

CAMBODGIEN au, scremot

moui hone

chrouy

haï- ko

Colline

Estuaire

cua, koua

dambank peam bank

haï-teou

Étang

ao

tépang, nong

Fleuve

choug,

Forêt

rung go, hon ho

Canton

Cap

Ile

Lac

LAOTIEN

CHINOIS

vioung long

Baie

haï-ouan

ao

srek

,

r::ch

po

ta-nàme

tenlé, strung

yen - tu n kiang

mê-nàmc

prey

Un

pu

co, hon, ca

haï-tao

ko

heou, fou

nang, nôme

Marché Montagne

kieu, cho

moui, mui

pnom (phnom) chon, chonm

Province

tinh, ligne

khet *

Rapide

Ihac

Rivière

Sauvage

khé preeck moi, muong

Village

lang, sa

Ville, ler ordre 2e ordre

Iham, dinh phu fou) huyen

— —

brave

^

Étymologies des principaux termes géographiques de chinoise

le

3^ ordre

keng, se cou

fan-teou

'stong toute, stung

,

phon

sen-tao

penong phu m krong

ho, ku

,

ban sen

yen

,

muong

fou

tchou, tcheou bien

Prononciation dans les transcriptions indo-chinoises

:

comme en latin, soit nn doublé. N Nh se prononce comme espagnol, soit f/n. Ng final se prononce n nasal, comme dans lo7ig. final se

prononce

il

Ay El f/

ou

ai"

se prononce a2'c,

un seul son.

se prononce eïe; et oï, oïc.

comme ou; x comme

s; s

comme

ch.

LES QUATRE PAYS DE L'UNION Statistique générale.

L'Indo-Cbine française

quatre parties diversement administrées, totale

offrant

approximative de IG.000.000 d'habitants,

et

se divise en

une population

une

superficie

de 400.000 kilomètres carrés, soit une densité de iO habitants par kilomètre carré.

Ce sont 1

le

la

basse Cochinchine, administrée directement par

la

P. Legrand de la Lyraye, missionnaire. Extrait des Nolxccs coloniales publiées par

gouvernement delà république

à l'occasion

de l'exposition d'Anvers, 1883.


LA FRANGE COLONIALE

294

France,

le

royaume de Cambodge,

le

royaume d'Aiiuam

et le

Tun-

kin, placés sous le protectorat français.

Administration générale.

— Un décret, du 17 octobre 1887, du

président de la République française, consacre Vunion des quatre parties sous Il

un gouverneur général

a sous ses ordres

Un Un Un En Yices

civil

de V Indo-Chine française.

:

lieutenant général pour la Gochinchine

résident général pour le

Cambodge

;

;

résident général pour l'Annam et le Tonkin; outre, cinq chefs d'administration correspondant aux ser-

communs

des troupes général, le

de l'Indo-Chine, savoir

:

le

commandant supérieur

le

commandant supérieur de chef du service judiciaire et le :

la

marine

;

le secrétaire

directeur des douanes et

régies.

L'unité administrative doit rester limitée aux services ci-dessus

énumérés. Chaque pays conservera son autonomie, son budget, son organisation propre,

telle qu'elle résuke des institutions locales ou des actes diplomatiques passés avec les souverains des terri-

toires placés sous le protectorat

On

de

la

France.

espère que l'union des pays indo-chinois ainsi comprise aura

pour résultats

:

Economie dans

le

personnel, résultant de la suppression d'emplois

que l'organisation des services communs permettra de

Augmentation des

recettes,

réaliser

;

.

par l'extension à toute l'Indo- Chine

de la perception en régie de certaines contributions indirectes qui,

en Cochinchine

et

au Cambodge, donnent des revenus importants;

Concentration de toutes

pour assurer

la pacification

les forces vives

des pays de l'Union,

complète de ces riches contrées

développement agricole, industriel

et

et leur

commercial;

Piéduction des dépenses métropolitaines, par une meilleure utilisation des forces militaires et navales

que

la

France entretient en

Indo-Chine.

COCHINCHINE La Cochinchine une

est peuplée de 1.700.000 habitants (en

superficie de 60.000 kilomètres carrés, ce qui

1886) sur

donne une po-

pulation relative de 28 habitants par kilomètre carré.


INDO-CHINE FRANÇAISE La population

29b

formée presque entièrement de Cochinchinois

est

comme

ou Ajinamites qui appartiennent, jaune ou mongolique.

Un

les

Chinois, à la race

de leurs caractères ethnographiques est

l'écartement du gros orteil ce qui leur a

fait

,

donner

le

nom

indigène

de Giaochi. Leur religion bouddhiste, leur culte des ancêtres, leurs

mœurs démocratiques

etfamihales sont ceux des Chinois, qui

ont été longtemps les maîtres du pays.

Aux

Cochinchinois proprement

Mois

dgiens, 10.000

immigrants ou

On compte sionnaires.

natifs et 2.000

en

Européens, presque tous Français. les

mis-

Beaucoup d'enfants fréquentent aujourd'hui

les

nou-

même

en caractères

le français.

— La colonie

est administrée

par un lieutenant

d'un conseil colonial composé de membres fran-

assisté

de membres annamites élus.

çais et

est enseigné

où l'annamite

temps que

Administration. général,

100,000 Cambo-

50,000 indigènes catholiques convertis par

velles écoles françaises, latins

dits s'ajoutent

ou montagnards sauvages, 60,000 Chinois

Elle

nomme un

député au

parlement français.

La Cochinchine désignées par les

était

noms de

leurs chefs-lieux: Saigon,

Mytho, Vinh-Long, Chaudoc Depuis 1876,

elle

divisée en six provinces,

ancienneinent

Bien-Hoa,

et Hatien.

comprend seulement quatre

circonscriptions

ou provinces, subdivisées en arrondissements {huyen), cantons {long) et vihages. Ce sont, au nord -est 1°

La

circonscription de Saigon

,

:

avec les six arrondissements de

Saigon, Tay-Ninh, Thudaumot, Bien-Hoa, Baria et

le

vingtième

arrondissement. î2oLa circonscription de Mytho, formant quatre arrondissements

Mytho, Tan- An, Gocong

:

et Cliolon.

La circonscription de Vinh-Long, formant quatre arrondissements Vinh-Long, Bentré, Tra-Vinh et Sadec. 3»

:

La circonscription du Bassac, au sud-ouest du fleuve, divisée en sept arrondissements Chaudoc, Hatien, Long-Xuyen, Rach40

:

Gia, Cantho, Soctrang et Bac-Lieu.

Villes. chine, est

Saïgon, 70.000 habitants, chef-lieu de la Cochinet bâtie en plaine sur les bords de la rivière de Saigon,

entourée de canaux. Détruite au temps de

la

conquête,

elle

s'est

angle droit. rebâtie plus belle avec des rues larges, se croisant à reste de Le quartier des Européens, d'un niveau plus élevé que le


LA FRANCE COLONIALE

296

la ville, est vaste et salubre;

ou

On

villages d'indigènes.

— Port excellent,

dran.

il

est entouré de

y vénère

nombreux faubourgs

tombeau de l'évêque d'A-

le

quoique non pourvu encore de docks

de quais, mais accessible aux plus grands bâtiments par

du Donnai ouSoirap, Saigon de toute

la

que

est cause

est la principale place de

région; mais son éloignement de les

la

mer

et

la rivière

commerce

(70 kilomètres)

paquebots rapides passent en vue des côtes sans

s'y arrêter.

Cholon, 40.000 habitants, kilomètres en amont de

plupart chinois, est situé à cinq

la

la capitale

grand marché de Saigon

c'est le

,

principal entrepôt de la colonie pour

et le

le riz et

tous les produits

indigènes. Elle doit son origine à une colonie chinoise qui s'y établit

au

siècle dernier.

Bien-Hoa, sur

Long,

Donnai; Mytho, sur

jardin de la Cochinchine,

le

Chaudoc, sur

central; et frontière

le

y>

Mékong oriental; Vînhsur un autre bras plus

le

bras occidental du fleuve, près de la

le

du Cambodge, sont des

villes

de 5 à 10.000 âmes

et des

marchés importants. Les autres chefs-lieux d'arrondissements, quoique moins populeux, sont florissants

En

paillotes

la

plupart ne datent que delà conquête.

de facile construction,

qu'un marché

A

;

général, les vifles indiennes, composées de petites cases ou

s'y établit

pour

attirer le

100 kilomètres delà côte,

Calebasses

,

»

deviennent vite populeuses dès

les iles

commerce. Poulo- Condor ,

des

îles

«:

peuplées de 500 habitants sont une station navale pré,

cieuse et une colonie pénitentiaire pour nos sujets asiatiques.

INDUSTRIE ET COMMERCE.

Los culturos alimentaires de

riz,

maïs, igname, patate, manioc, canne à sucre, ananas, poivre autres épices, celle

du coton, de

et

l'indigo, la fabrication de tissus

légers, nattes, bijoux, ouvrages en bois et en rotin, ainsi

ploitation des salines, sont les principales industries

que

des

l'ex-

Anna-

mites, dont les besoins sont d'ailleurs très restreints.

Le commerce intérieur dispose d'une multitude de canaux ou arroyos, de routes assez nombreuses, mais souvent rudimentaires, et

d'un chemin de fer qui

Le commerce extérieur dont plus de

la

relie

Saigon

s'est élevé

et

Cholon à Mytho.

en 1883 à 60 milUons de francs,

moitié pour les exportations, qui consistent en

poissons secs ou salés, peaux, coton, pour

la

Chine

et le

riz,

Japon.

Les importations consistent en cotonnades anglaises (pour

les


INDO-CHINE FRANÇAISE 4/5),

soieries

françaises,

fers

et

ferronneries belges et français,

charbon anglais ou australien, vins, liqueurs France, thé de Chine

et

opium de

Les échanges se font pour l'intermédiaire de

et

et

comestibles de

l'Inde.

les 3/4

Hong-Kong

297

avec

la

Chine

et le

Japon par

de Shanghaï, pour 1^4 seulement

avec la France et l'Europe.

Un sémaphore

Les transports ont

par

lieu

mands et hollandais. Le commerce extérieur et se fait

en Indo-Chine.

les

navires anglais,

est concentré entre les

presque entièrement sur

les places

français,

alle-

mains des Chinois

de Saigon pour l'im-

portation, et de Cholon pour l'exportation.

Les Messageries nationales services par mois; la durée

et les paquel)ols anglais font plusieurs

du voyage de France à Saigon

est

de

trente à trente- cinq jours.

Un

réseau télégraphique sillonne la colonie, et des câbles sous-

marins relient Saigon par

Kong

et

Singapour; de

le

cap Saint- Jacques avec Hanoï, Hong-

avec

la

France.


LA FRANCE COLONIALE

298

ROYAUME DE CAMBODGE Le Cambodge Srok-K'mer,

pays des Kmers,

«

tion, attestées par

accepta

»

dont

la

puissance

la

péninsule indo- chinoise.

protectorat de la France

le

et la

civilisa-

superbes ruines d'Angkor, s'étendaient sur

les

une grande partie de

Norodom

royaume do

actuel n'est qu'un reste de l'antique

;

En

1863,

le roi

continua à gou-

il

verner par lui-même ses États, jusqu'à ce qu'en 1884 l'adminis-

suprême

tration

pour

lui fût enlevée

aux mains d'un

être remise

résident général qui représente la république française.

Le Cambodge par

est

borné au nord par

Mékong, au sud

le

Sa superficie

et à l'ouest

par

le

royaume de Siam

la

Cochinchine

et la

100.000 kilomètres carrés

est évaluée à

à

,

l'est

mer.

et sa

popu-

lation à 500.000 habitants seulement (d'après les renseignements

K d'autres disent à 1.000.000. Les Grand-Lac sont seules habitées.

officiels

Les Cambodgiens appartiennent à dhistes assez fervents.

dominer par

les

Chinois,

du Mékouii

jaune,

ils

et

du

sont boud-

et indolent, ils se laissent les

Malais, qui se sont

parmi eux.

glissés

Le royaume

Pnom -Penh,

plus peuplée,

Triam

Banam.

et

provinces, qui sont celles de

Kampot,

la seule

province maritime,

Kompong-Chuang, Kompong-Tom, Kompong-

Pursat,

Pnom-Penh

divisé en huit

est

la

Kratié,

tale

la race

D'un caractère doux

Annamites,

les

rives

que

,

du Cambodge,

l'on

est

prononce Phnom-Penh,

une

ville

la

nouvelle capi-

de 35.000 âmes, située en face des

bras du Mékong, dans une position commerciale excellente autant

que pittoresque. Les maisons ne sont généralement que des

pail-

lottes,ou cases en paille, au milieu desquelles s'élèvent le palais roi, les

tants

maisons en briques des Chinois

récemment

bâtis

pour

les

et les édifices

du

plus impor-

administrations françaises.

Oudonrj , situé un peu en amont, est l'ancienne capitale du pays.

Les autres chef- lieux de provinces ne sont généralement que des villages.

Commerce.

— Les

Cambodgiens ne s'occupent que de

du

sol et

les

mains des Chinois.

de

la

pêche dans

le

»

Grand -Lac. Le commerce

la

culture

est entre


INDO-CHINE FRANÇAISE Le

trafic extérieur est

299

de 15 à 20 millions de francs.

Les produits exportés sont

:

le

poisson (pour une valeur de

4 millions), le coton, les haricots pour Singapour la colle de pois;

son, les peaux, les nattes pour

la

Cochinchine;

le

cardamome,

les

bois de teinture et de construction pour la Chine,

Jatc^jr

I'oulIo Ohv

Poiilo

Carie du

Cambodge

et

de

la

Condor

basse Cochinchine.

la CochinLes produits importés consistent en sel, provenant de spiritueux de chine et destiné aux salaisons de poissons; vins et

France, sucres, poteries, tissus anglais et français. sur Les transports se font par jonques et par vapeurs

breux canaux qui, par les ports

de

la

le

Grand-Lac

Cochinchine.

et le

les

nom-

IMékong, se relient avec


,

LA FRANCE COLONIALE

300

ROYAUME D'ANNAM ET TONKIN Le royaume

d'Annam

«

dont

»

le

nom

chinois signifie le

a

sud

une extension méridionale du Céleste -Empire, dont Cochinchine; mais aujourd'hui on réserve ce nom aux provinces méridionales, tandis que le nom d'Annam désigne la partie centrale, et celui de Tonkin, la partie paisible

il

»

était

était vassal. Il s'appelle aussi

septentrionale du royaume. «

Le nom de

Dong-Kinh,

Ton-Kin

«

cour de

«

est

»

l'est,

d

une corruption du mot chinois

c'est le

Bac-Ky

des Annamites.

Il

formait ci-devant une vice -royauté dépendante de l'Annam, dont

il

est aujourd'hui séparé administrativement.

réduit à la partie la plus montagneuse, la moins riche

L'Annam,

de son ancien territoire, est borné au nord par

par

la

Cochinchine

,

et

s'allonge entre la

il

tagnes à l'ouest, sur une longueur de

moyenne de 400

mer

Tonkin, au sud

le

à

l'est et les

L200 kilomètres

et

mon-

une largeur

kilomètres.

Sa superficie

est

d'environ 120.000 kilomètres

carrés; et

sa

population supposée, de 6 à 8 millions d'habitants.

Le Tonkin

est

borné au nord par

Yun-Nanet du Kuang-Si, et à l'ouest

par

Sa superficie seulement pour

le

à

l'est

par

les la

provinces chinoises du

mer, au sud par l'Annam

Laos.

est d'environ 100.000 kilomètres carrés le

Delta

comme pour l'Annam, Ethnographie. composée,

comme

mites avec

un

et sa

,

population est évaluée

,

dont 15,000 sans preuve

à 6 ou 8 milUons d'habitants.

— La

population de l'Annam

de la

celle

et

du Tonkin

est

Cochinchine, principalement d'Anna-

plus fort contingent de Chinois natifs ou immigrants.

Les sauvages Mois habitent

le

Laos. La religion dominante est

le

paganisme bouddhiste. Les missions catholiques, confiées à des missionnaires français et espagnols, sont florissantes; elles

liques,

dont

trois

pour

la

de 100.000 chrétiens, et quatre pour tiens.

Malheureusement

forment sept vicariats aposto-

Cochinchine ou l'Annam, comptant plus

les

le

Tonkin, avec 400.000 chré-

dernières guerres ont détruit et ruiné

beaucoup de chrétientés, surtout dans l'Annam méridional. «

Les catholiques de

la

mission française ont

fait

cause

commune


INDO-CHINE FRANÇAISE

301

avec nous dans les dernières guerres et nous ont été d'un véritable appui.

Ils

nous ont fourni, dès

le

commencement, malgré

Carie de l'Annam

et

le terrible

du Tonkin.

exemple de 1874, un grand nombre de volontaires qui ont rendu des services appréciés à

Nam-Dinb,

à la prise de Sonlay, etc., el


LA FRANCE GOLOxNlALE

302

plus lard

Aussi

ils

ont formé

ils

principal noyau des tirailleurs tonkinois.

le

ont été en butte à toutes les vengeances de l'ennemi; des

ordres secrets émanant de Chine

comme

reprises de les traiter vice-roi

et

de

les

ont prescrit à plusieurs

des Français et de les exterminer. Le

Hoang-Ké-Vien, chargé, avec

chasser du Tonkin

Hué

des troupes contre leurs villages et en a détruit

(Notices coloniales

Administration.

de

l'aide des Pavillons-Noirs,

barbares de l'occident, a souvent envoyé

un grand nombre.

»

officielles.)

Le

roi

d'Annam

était

absolu. Aujourd'hui son gouvernement

d'un résident général de

un monarque

ci-devant

est placé sous le contrôle

république française "siégeant à Hué,

la

de deux résidents supérieurs étabhs, l'un à Hué pour l'Annam, l'autre à Hanoi pour le Tonkin, qui a une administration particulière.

ANNAM.

L'Annam comprend douze

généralement par

Ce sont,

nom

le

provinces

désignées

de leurs chefs-lieux.

du sud au nord

:

Binh-Thuan, Khan-Hoa, Phu-Yen,

Bin-Dinh (chef-Heu Qui-Nhon); Quang-Ngaï, Quang-Nam, QuangDuc (chef-lieu Hué); Quang-Tri (chef-lieu Dong-Hoï); Quang-Binh,

Ha-Tinh, Nghe-An (chef-Ueu Vinh); et Than-Hoa. Les nières faisaient autrefois partie du Tonkin. Villes.

— Hué,

capitale

du royaume,

fut bâtie

trois der-

au xviF

siècle,

à trois lieues de la mer, sur une petite rivière, au milieu d'un triple cercle de Elle

montagnes qui

comprend deux

lui

villes

:

donnent un aspect riant la citadelle,

« ville

et pittoresque.

royale, »

immense

quadrilatère de 2.600 mètres de côté, à front bastionné, habité par les fonctionnaires et les

•canal et

soldats

composée de cases ou

;

marchande

la ville

paillottes.

,

bâtie sur le

Sa population, que

l'on

estimait à 100.000 habitants et plus, n'est guère que de 30.000 âmes.

Son commerce

consiste surtout

dans l'approvisionnement de

la

cour.

Tourane, sur une baie au sud de Hué,

fut le

premier gage donné

à la France par Già-Long en 1790, et la première elle

ville prise

par

en 1858.

Qui-Nhon, sur de Bin-Dinh Elle a,

,

est

la côte

un

sud-est,

et

dans l'importante province

port qui fut ouvert aux Européens dès 1874.

comme Hué, une citadelle du

ingénieurs français au

système Vauban, bâtie par

commencement de

ce siècle.

les


INDO-CHINE FRANÇAISE

TONKIN.

303

— Le Tonkin

comprend cinq grandes provinces admimandarins du premier degré. Ce sont Hanoï, au centre; Bac-Ninh, Sontay à l'ouest; Haï-Duong, au nord-est, et Nam-Dinli, au sud. nistrées par des

Il

:

y a, en outre, huit petites provinces, dépendantes des pre-

Boutiques de marchands à Hué.

mières et administrées par des mandarins du second degré. sont: Nin-lîinh, Hung-Yen, Haï-Phong, Quang-Yen, dans

Hung-lloa, Tuyen-Quang, sur

le

haut fleuve; Taï-Nguyen, Cao-

Bang avec Langson, sur la frontière chinoise. Villes. Les noms des provinces sont aussi ceux

principales, ou

mieux des grands

Au Tonkin, comme en

Chine,

Ce

le delta;

villages qui

les villes

en sont

des

villes

cliefs-lieux.

sont essentiellement coin-


LA FRANGE COLONIALE

304

d'une citadelle

posées tant

autour

et

desquels

magasins,

gènes, des

d'un confort variable,

marché plus

d'un

et

groupés

sont

se

des habitations à etc.

ou

moins

impor-

cases

des indi-

un ou deux

étages, et

les

Généralement, chaque nationalité a son

quartier.

Quant aux les

villages,

uns des autres,

ils

très

hameaux indépendants

sont composés de

nombreux dans

entourés de

les rizières,

végétation.

Chaque habitation, en torchis

est séparée

de sa voisine par des haies de cactus et des ruisseaux

hameaux

d'eau croupissante. Dans les

ou sur

les

un marché dans

s'est établi

il

Hanoï, 80.000 habitants, l'Annam,

chef-lieu

le

est située

Ilaï; elle est entourée

tres

situés le long d'une route

bords d'un cours d'eau, on rencontre parfois un rudi-

ment de rue quand capitale de

couverte de chaume,

et

de lacs

la localité.

du Tonkin

au nord-ouest du et

de marais.

et l'ancienne

delta sur le Song-

Gomme

tous les cen-

annamites ou chinois, ce n'est qu'une agglomération de

vil-

nombre de cent huit et formant sept cantons. Quelques mieux bâtis, contiennent les palais et les bureaux des fonctionnaires. G'est « le grand marché », la grande ville de com-

lages, au

quartiers,

merce affaires

du pays. Les commerçants chinois y font

et d'industrie

en gros.

Nam-Dinh, 30.000 ville

les

du pays;

habitants, dans,

c'est le chef-lieu

de

la

le

bas

Dfelta, est la

province

seconde

plus peuplée et

la

la

plus riche en rizières.

Maï-Phong, 10.000 habitants, de

Gam, où peuvent

arriver les gros navires,

port des Européens

Haï-Duong , sur Sontay, sur

le

création récente, sur le Gua-

et l'entrepôt le

devenue

est

le

grand

du Tonkin.

Thaï-Binh, Bac-Ninh, près du Song-Cau,

Song-Haï,

villes

de 10 à 20.000 habitants, ont été à

demi ruinées par la prise des Français. Beaucoup de Ghinois qui y faisaient le

commerce

se sont éloignés.

Industrie et commerce.

Gomme

ture est la principale occupation de

produits sont les

mêmes,

figurent les fruits et

et,

du

riz et

et

des denrées tropicales,

:

taille et

chevaux, bœufs, buffles, chèvres

moins communs

fer, le cuivre, l'étain, le

et

qu'en Europe. Par

contre la volaille est abondante et à bon marché.

Le

l'agricul-

du Tonkin. Les

légumes d'Europe.

Les animaux domestiques porcs sont de petite

à C(Hé

en Gochinchine,

l'Annam

charbon, sont exploités.



LA FRANCE COLONIALE

306

L'industrie est variée; elle produit tous les objets nécessaires à la vie

indigène, mais peu d'articles pour l'exportation.

Le commerce Cochinchine,

est

généralement dans de

les villes sont

se font par eau dans

<r

les deltas, à

les

mêmes

grands marchés

»

les transports

;

dos d'hommes et de buffles dans

ne sont que des sentiers;

l'intérieur, les routes

conditions qu'en

les

chemins de

fer

sont encore inconnus.

Les principales transactions sont aux mains des Chinois depuis plusieurs siècles

:

ce sont eux qui traitent avec les négociants euro-

péens

et qui introduisent les produits étrangers

et les

cotonnades de Manchester

lement par

les

et

de

les articles anglais

;

Bombay

pénètrent non seu-

vaisseaux venus de Hong-Kong

mais encore en transit par

et

de Singapour,

la frontière chinoise.

extérieur peut être évaluée sans base

La valeur du commerce

certaine à 10 ou 20 millions de francs pour l'Annam, au double

ou au triple pour le Tonkin. Les Anglais et les Chinois en tirent le plus grand profit; puis les Français, les Allemands, les Hollandais. Les exportations consistent notamment en soies, plantes tinctoriales, coton, laques, cuivre et étain

mercerie

chinoises,

soieries

en cotons anglais,

du Yunnam;

les importations,

médecines,

lampisterie,

miroiterie.

,

Haï-Phong à Saigon et à la France. « Beaucoup de personnes Le présent et l'avenir du Tonkin. en France s'imaginent encore aujourd'hui que le Tonkin est un

Un

câble sous- marin relie

pays neuf au point de vue des relations commerciales avec l'Europe, et elles en concluent que, le pays étant maintenant sous notre domination faciles et «

nos produits vont y trouver des

,

immédiats. C'est là un point qu'il importe d'examiner,

faut se rappeler

Il

débouchés

que

le

port d'Haï -Phong n'est ouvert au

commerce européen que depuis dix ans, et savoir que de temps immémorial les Chinois sont établis au Tonkin. Depuis de longues années péens

y importent, surtout par Canton, des produits euroaméricains. Ce sont les articles anglais et en particuher

ils

et

les filés

de coton,

les

cotonnades de Manchester

depuis longtemps forment

la

et

de Bombay, qui

grande majorité des produits étran-

gers introduits dans le pays. « 11

convient donc de se rendre compte qu'il ne nous

de prendre conquérir

le

Tonkin par

le terrain

les

armes, mais

commercial, lequel, bien

qu'il

suffit

pas

nous faut aussi

qu'il n'y ait

pas une


INDO-CHINE FRANÇAISE maison anglaise dans

seule

aux produits de

le

307

pays, appartient depuis longtemps

Comment

l'industrie anglaise.

arriverons -nous à

substituer nos produits aux articles étrangers. C'est

dont nous cherchons

ne faut pas

« Il

se dissimuler que,

Tonkin pourra rester pour

les

proljlème

là le

la solution.

pour quelque temps encore,

Hong-Kong

tributaire de

et

le

de Singapore

gros articles d'importation destinés à la population indi-

gène. Tous ceux qui connaissent les marchés de l'Extrême-Orient

Haï-Phong, vue de

la rivière.

n'ignorent pas qu'un négociant du Tonkin qui veut importer des

cotonnades européennes aura plus de

deux places que de d'Angleterre.

La

les faire

raison en est bien simple

Hong-Kong ont des marchés lières

comme

Londres

fret

la soie,

le

...

Il

:

acheter sur ces

même

c'est

directement

que Singapore

et

en relations journa-

ces derniers donnent ces coton-

de retour aux nombreux navires qui portent à thé,

l'indigo,

assuré, le stock considérable et <c

:

considérables,

avec les expéditeurs anglais

nades

facilité à les

venir de France ou

est indispensable

etc.

Le

fret est

donc toujours

constamment renouvelé...

d'amener nos industriels à

leur outillage et, imitant l'industrie anglaise,

modifie)-

à fal)riquer spécia-

lement pour l'étranger, à produire des tissus conformes aux usages et

aux] habitudes du pays auquel

ils

sont «lestinés,

de qualité


LA FRANGE COLONIALE

308

moyenne

et ù

bon marché.

S'ils

peuvent arriver à ce

résultat,

nous

pouvons leur garantir des débouchés certains dans l'Extrême-Orient, possession au Tonkin d'un marché qui pourra rivaliser avec

et la

Singapore

Hong-Kong.

et

Pour donner une

«

idée de la situation

du commerce

actuelle

européen, nous dirons qu'à part quatre maisons (dont une

mande) qui sont

établies ici depuis plusieurs années, les

alle-

commer-

çants d'Haï-Phong et d'Hanoï en sont encore à la période d'études

chacun

de grands ou de petits projets, mais

est arrivé avec

de guerre, l'incertitude du lendemain, térieur, (T

les

On

en ont empêché jusqu'à présent

Tonkin;

publications,

uns en ont

les

appuyé, nous

Le Tonkin

un

n'est pas

rapide

l'in-

:

les

ressources

du

l'avenir

et

beaucoup

les autres

on

données

s'est

que des deux côtés on a exa-

une nouvelle

comme

Californie,

se l'imaginent encore,

mais ce

n'est

beau-

pas non

pays sans ressources,

ne faut pas venir

Il

sur

beaucoup de bien,

croyons pouvoir dire

coup de personnes

«

dit

rechercher sur quelles

de mal. Sans vouloir

plus

peu de sécurité de

la réalisation...

a déjà écrit des volumes, tant dans les journaux que dans

différentes

géré.

le

;

l'état

on

ici

avec l'espoir d'y faire une fortune

se préparerait à de grandes déceptions

avec l'idée de s'y établir pendant plusieurs années

et

avec persévérance à l'œuvre que l'on entreprendra.

nement à

faire

pour

les

chercheurs laborieux

faut arriver

il

:

de travailler Il

y a certai-

qui disposent de

et

quelques capitaux. «

Le chmat

est sain,

quoique très chaud en

été.

Pendant cinq

mois, au moins, la température est bonne et permet de refaire ses forces affaiblies. Le sol est très fertile, du moins dans le Delta;

dans presque tous

les terrains

de cette région, on

fait

deux récoltes

par an, moins abondantes chacune, il est vrai, que unique de la basse Cochinchine, mais d'un produit

blement supérieur. lesquels

On

trouve

ici

récolte

tous les produits des tropiques,

pas cependant

n'excluent

la

total nota-

les

produits

d'Europe.

Les

choux-fleurs et les petits pois poussent à côté du thé et de la canne à sucre.

La culture

l'agriculteur

agricole

est

français

trouvera

susceptible d'un grand développement, et

qui voudra

un instrument

entreprendre une exploitation docile et

peu coûteux dans

le

Tonkinois, qui est laborieux, et le deviendra encore davantage, lorsqu'il sera certain

de garder pour

lui le fruit

de son

travail.


INDO-CHINE FRANÇAISE «

Sous

d'affaires

le

rapport du commerce,

au Tonkin

;

pour

il

309

y a certainement des éléments

s'en convaincre

rues des principaux centres, Hanoï ou

,

suffit

il

de parcourir

Nam-Dinh par exemple

règne une activité extraordinaire; partout on vend

chaque maison a sa boutique ou son magasin et articles

;

et

les

il

;

y

on achète;

produits indigènes

européens s'écoulent, par petites quantités,

il

est vrai,

mais sans discontinuer. « Il n'est

pas douteux que

grand développement; Hanoï

le

commerce d'Hanoï

commerciale du Tonkin. Placée au centre du la

production agricole, à proximité des

appelés à prendre

un grand

est appelé à

est et restera toujours la

première

ville

delta, c'est-à-dire

districts

un de

miniers qui sont

essor, des régions forestières riches en

produits de toute sorte, son importance commerciale ne peut que s'accroître;

mais ce qui complétera sa prospérité, ce sera, dans un

avenir prochain

les transactions

,

seulement l'entrepôt, mais encore

avec le

le

Yunnan

;

elle

sera

non

marché des produits qui des-

cendront de Lao-Kay, marché des marchandises d'importations

et

marché des produits d'exportation. «

Haï - Phong restera longtemps encore

Quang-Yen pourra toujours «

le

principal

marché de

En résumé, nous sommes

commerce

port de

nous avons

le

;

Hanoï sera

l'intérieur.

de ceux qui croient à l'avenir de

notre nouvel établissement; nous avons là d'exploitation et

le

être le port administratif et militaire;

un

très

beau champ

ferme espoir qu'on saura en

tirer

parti'. »

1

Notices coloniales, publiées par

nationale d'Anvers, en 1885.

le

Gouvernement,

à l'occasion de l'Exposition inter-


NOUVELLE-CALÉDONIE ET DÉPENDANCES

Historique. par

le

— La Nouvelle-Calédonie fut découverte,

capitaine Cook, qui lui

donna

le

nom

natal (l'Ecosse). L'amiral d'Entrecasteaux

en 1774,

primitif de son pays

en releva

côtes en

les

1791. Des Anglais y exploitaient les bois de sandal, et des missionnaires français s'y étaient établis dès 4843, lorsqu'en 1851 quelques

marins français de l'A Zcmè^e furent massacrés par Balade, au nord -est de léon

III fit

but d'en

l'ile.

prendre possession de

faire

une

indigènes de

les

représailles, en 1853,

Par la

Nouvelle-Calédonie dans

colonie pénitentiaire

Guyane, reconnue trop insalubre. Les

Napo-

îles

pour remplacer

le

de

celle

Loyalty furent annexées

en 1864. Il

a été question d'annexer à la Nouvelle-Calédonie l'important

archipel des Nouvelles-Hébrides, découvertes également par Cook:

mais des conventions

faites et

renouvelées en 1887 avec l'Angle-

terre et l'opposition des Anglo-Australiens maintiennent la neutralité

de ces

îles.

Le groupe néo-calédonien comprend, outre la Grande des Pins, les îles Loyalty et de nombreux îlots côtiers.

La Nouvelle-Calédonie Géographie physique. située entre le tropique du Capricorne et le 20^ degré de

Terre,

l'ile

une

île

est

latitude sud,

et sur le 163^ degré

de longitude est de Paris, c'est-à-dire presque

aux antipodes de

France.

la

Les grandes terres voisines sont l'Australie, située à 1,500 kilomètres à l'ouest;

la

Nouvelle-Guinée au nord-ouest,

Zélande au sud-est. Notre

île,

et la

de forme très allongée,

Nouvelle-

et orientée

du


NOUVELLE-CALÉDONIE

311

nord-ouest au sud-est, mesure 400 kilomètres de longueur, sur une largeur

moyenne de 55 kilomètres,

de superficie. Son falaises

de roches anciennes

Balabio; au nord -est

la

;

soit

18.000 kilomètres carrés

découpé, est formé souvent de hautes

littoral, très il

présente au nord

baie de Kanala

;

les îlots

au sud -est

le

Paaba

et

cap de

la

Reine-Charlotte; au sud-ouest la baie d'Ouaraïl, celle de Saint-Vin-

cent avec

l'ile

Ducos;

celle

de

Nouméa, fermée par

l'île

Non

et la

presqu'île Ducos.

4di. ooc 3 4

loohJ.^

s /a.

Carte de

L'île est

la

Nouvelle-Calédonie.

défendue sur toutes ses faces par une ceinture de

récifs

nombre de passes déterminées. Ces récifs, formés d'immenses bancs de coraux, brisent la mer à une certaine distance; ils laissent entre eux et le rivage un canal d'eaux tranprésentant

quilles

un

assez grand

d'une grande ressource pour mettre en communication

les

pour

les

différents points de la colonie, et d'une navigation sûre

caboteurs à voile aussi bien qu'à vapeur. L'intérieur est arides,

ce

montagneux

qui donne à

l'ile

et

formé de terrains anciens, souvonl

un aspect général

double chaîne s'allonge non loin des côtes

assez (lisle.

et présente

Une

de nombreux


LA FRANCE COLONIALE

312

sommets de

l.'iOO

1.050 mètres.

;\

On

distingue, au sud-est,

le

mont Humboldt, 1650 mètres et la Dent-de-Saint-Vincent, 4547 mètres; au centre, le mont Arago, 1.030 mètres, et la Table-Unie, visible en mer des deux côtés de l'ile; au nord, le mont Panié, 1.642 mètres, et le mont Homedebua, 1.300 mètres. Entre les deux ,

chaînes s'étend une série de plateaux ondulés.

Les deux versants

côtiers sont

parcourus par des rivières peu

longues, mais très larges et abondantes, formant de nombreuses cascades, et navigables seulement à leur embouchure. Les principales sont

:

le

Diahot, 100 kilomètres,

parallèlement à l'axe de

l'île; la

Néra,

qu'i

ie

court au nord -ouest,

Foa

Tontoula, au

et la

sud-ouest. Plusieurs rivières sont en partie souterraines.

Le climat

est

dant

mais tempéré par

tropical,

vents ahzés du sud-est.

de mer ou de 12o à 20» pen-

les brises

est

(mai à novembre), monte à 35» pendant

la belle saison

vernage (décembre à gans; ceux-ci sont

La température, qui

avril),

très salubre, ce qui est

qui est

de

le fléau

la

saison des pluies et des oura-

la colonie.

Néanmoins,

dû au peu de largeur de

balayée par les vents de la mer,

en outre un arbre fébrifuge,

le

et

l'hi-

l'île,

le

climat est

constamment

à son sol découvert, produisant

niaouli, sorte de myrte.

Le règne minéral offre l'or, le nickel, le fer, le cuivre et le plomb. Le règne végétal n'est pas très luxuriant, car beaucoup de terres sont rocheuses et stériles, mais

il

canne

est varié, et produit maïs,

à sucre, tabac, café, banane, patate, etc. Sauf le requin, le trépang, la sauterelle, très nuisible,

maux rope

sauvages

;

par contre,

s'y multiplient

les

quelques oiseaux,

il

y a peu d'ani-

espèces domestiques importées d'Eu-

aisément.

Géographie politique. néo-calédonien est

et

La population

d'environ 60.000

actuelle

du groupe

habitants, et sa superficie

de 20.000 kilomètres carrés, équivalant à 3 ou 4 départements français.

Les habitants se décomposaient, en 1885, en 40,000 indigènes, dont

la

ceux-ci,

moitié dans les il

îles

Loyalty, et 20.000 Européens.

Parmi

y a 4.000 résidents libres ou fonctionnaires, presque

tous français, 3.000 militaires avec leurs familles, et 10 à 12.000

en cours de peine ou libérés. Parmi les étranon compte 600 Angle- Australiens, quelques Allemands et

forçats transportés

gers,

,

autres.

Les indigènes sont,

les

uns de race brune ou malaise, de

taille


NOUVELLE-CALÉDONIE

313

assez grande, à cheveux longs et raides, les autres de race noire,

plus petits,

On

à cheveux crépus.

idolâtres, parfois

anthropophages

;

nom

leur donne à tous le

Kanaks ou Néo -Calédoniens. La plupart

de

sont encore sauvages et

vivent par tribus de 1.000 à

ils

un même chef. Jaloux de leur indépendance, Kanaks ont longuement combattu les Français notamment par

à 1.500 individus, sous les

,

l'insurrection sanglante de 1879

Pirogue de

et

de travailler pour eux

;

la

;

ils

refusent de se mêler aux blancs

Nouvelle-Calédonie.

décimés par

introduites par les Européens, leur

la

guerre et par

nombre

les

maladies

a décru de plus de

moitié depuis la prise de possession.

Les missionnaires catholiques

et protestants

ont converti dS.CMlO

indigènes.

Le Néo-Galédomex.

pression de ceux qui ont

parmi «

en

les

lui

pu

Au

moral,

;

mais

il

dit

le

noir calédonien,

l'observer n'est pas outrée

plus insociables de l'Océanie.

une vertu,

< testable

«

M. Bourgarel.

« Il

,

si l'im-

se range

Je suis encore à chercher est intelligent, c'est incon-

est paresseux, fourbe, cruel et orgueilleux

La cruauté,

«

delà de toute expression.

«

révèle par l'existence, trop

la férocité

au

de ce peuple se

souvent constatée, de l'anthropo-


,

LA FRANCE COLONIALE

314

par l'usage de mettre

les têtes des

ennemis mangés

«

pliagie,

«

un trophée au-dessus des maisons, de massacrer sans

«

naufragés,

comme

pitié les

etc. d

D'autres voyageurs, d'autres auteurs sont plus indulgents pour

«

Néo- Calédoniens;

les

haut, mais

reconnaissent les défauts signalés plus

ils

l'installation

notamment

insistent sur certaines de leurs qualités,

ils

sur leur intelligence très réelle;

ils

admirent l'heureuse situation

et

de leurs villages, leur extrême habileté dans tout ce

qui concerne l'irrigation de leurs jardins, de leurs petites plantations; la fmesse, l'éloquence, la

anciens dans

les

réflexion, la maturité de

assemblées où se traitent

les intérêts populaires.

L'anthropophagie a disparu de plusieurs de leurs tribus où ,

gion chrétienne a

ou plutôt leurs cases ont seulement de 2 à 3 ,

,

mètres de hauteur; et leur

unes sont rondes,

les

forme varie un peu suivant

pente de bois

la reli-

de grands progrès.

fait

Leurs maisons

«

leurs

les autres sont carrées,

les tribus

;

toutes ont

une char-

recouvertes d'une épaisse couche de paille.

et 'sont

Quelques-unes sont doublées d'une couche de l'écorce du niaouti,

que

l'on rencontre partout;

ouverture que la porte

,

mais nulle part on ne trouve d'autre

qui a 3 à 4 pieds de haut au

maximum

sur 2 de large. Le mobilier se compose de nattes, de calebasses ou

de moitiés de cocos destinés à contenir

la provision d'eau

ou deux vases de terre cuite; on aperçoit coin, quelques les

et

morceaux

d'étoffes et des

aussi,

,

et

d'un

pendus dans un

armes. Les poux,

les

puces

moustiques fourmillent dans ces infects taudis. Les palais

des chefs ont beaucoup plus d'apparence viis du dehors, mais à l'intérieur

ils

diffèrent

peu des cabanes du peuple. Les hommes

femmes portent autour des

les

espèce de corde en

pendues de

fil

reins

et

une ceinture composée d'une

de coco ou de bourao, à laquelle sont sus-

petites tresses

généralement de

de 10 à 15 centimètres de long,

et

même

la

nature, qui ont

forment plusieurs couches,

comme

dans une épaulette. «

Pour armes,

lance

la

et la

les

fronde

servent guère qu'à

on peut signaler toutes les

le

;

Néo -Calédoniens ont ils

1

connaissent l'arc et

la chasse.

tabou,

si

Parmi

leurs

ici

la flèche,

hache,

mais ne s'en

coutumes particulières,

remarquablement caractéristique de

communautés océaniennes,

nésiens ont dû apporter

le casse-tête, la

avec eux'.

et

que

les

immigrants poly-

»

Vivien de Saint-Martin, Nouveau Diclionnaire de Géographie universelle.


NOUVELLE-CALEDONIE On

appelle iahou l'interdiction que

le

315

prêtres des îles

Polynésie prononcent sur une personne ou sur

un

donner une sorte de sainteté ou

C'est ainsi

souverains sont tabous;

sur eux, c'est encourir

Le

toucher, et parfois

les

la

Cases de

On

la

pour

lui

que

les

lever les yeux

la

à la sépulture d'un grand chef

Nouvelle-Calédonie.

devient aussi tabou rien qu'en touchant une personne

supérieure par

rang.

le

Administration.

neur général

même

de

mort, ou du moins une peine très sévère.

un dieu ou

terrain consacré à

est tabou.

d'inviolabilité.

objet,

La

un gouver-

colonie est administrée par

civil, et divisée

en cinq arrondissements

Ouaraïl, Bouraïl, Diahot et Kanala. Elle forme

un

:

Nouméa,

vicariat apo-

stolique.

Nouméa ou

Fort-de-France,

au sud -ouest de

l'île,

malheureusement, Elle possède

une

elle

ville

dans une n'a

de 4.000 habitants, est située

anfractuosité d'une grand» baie

pour eau

polal)le

belle rade abritée par

l'île

que

celle

Nou, où

;

de cilorne.

se trouve

le


,

LA FRANCE COLONIALE

316

pénitencier-dépôt, et par la presqu'île Ducos, qui sert aussi de lieu de déportation.

Ouaraïl

et

Bouraïl sont deux autres pénitenciers situés sur

la

côte sud-ouest.

Diahot est un groupe de petites de

môme nom,

de

la côte est.

dispersées

Kanala

et

localités situées

un centre important sur une

est

Les exploitations minières

notamment dans

dans une vallée

et agricoles se

baie

trouvent

du Thio, du Diahot, du

les vallées

Foa. L'île des

Pins, ou Kounié, distante de 50 kilomètres,

tueuse, volcanique, couverte de conifères.

indigènes,

pour

les

Les

:

parisiens.

Loyalhj (en anglais, Loyauté), sont au nombre de

trois

Lifou ou Chabrol, Mare et Ouvéa ou Halgan. Elles sont

de formation corallaire, très boisées gènes convertis est

Longtemps réservée aux

en 1871, un grand étaljlissement pénitencier

communards

îles

grandes

elle reçut,

mon-

est

peuplées de 15.000 indi-

et

de quelques rares Européens. Leur commerce

et

presque nul.

Les Nouvelles- Hébrides comprennent six grandes

ment Espiritu-Santo,

et

de nombreux

îles,

avec une

îlots,

notam-

superficie

de 130.000 kilomètres carrés.

11 s'y fait

de colonisation française

anglo-austrahenne. Si un jour

et

actuellement des tentatives elles

sont annexées à la Nouvelle-Calédonie, elles nous donneront une

population de 70.000 indigènes de race noire, chétive, mais tranquille.

comme

Déjà

Néo-Hébridais sont engagés par

les

domestiques

Commerce.

développée pour

comme

et

travailleurs

les

Calédoniens

aux plantations.

L'industrie, nulle pour les naturels, est très les

blancs

;

elle consiste

dans l'élevage du

quelques cultures de café, vanille, tabac, manioc, légumes,

On

peu

bétail etc.

essaye l'exploitation de la houille, du nickel, qui est très abon-

dant, du cuivre et autres métaux.

Mais tiaire

;

la

Nouvelle-Calédonie est surtout une colonie péniten-

une dizaine de

localités, sont

de l'État,

soit

ou minières

ils

ateliers

rales

de condamnés aux travaux forcés

les milliers

;

dans

employés

les

soit

dans

concessions et

,

détenus dans

les chantiers et

les exploitations ru-

construisent des routes ou fabriquent une

foule d'objets en fer et en bois propres à la marine, à l'industrie et à l'agriculture.

Le commerce de

l'île

s'est élevé,

en J883, à 17.000.000 de francs,


,

NOUVELLE-CALÉDONIE dont

deux

les

pour

tiers

visionnements de vivres

les

317

importations, qui consistent en appro-

bétail, vins, liqueurs, épiceries, articles

:

d'habillements pour les colons et les transportés.

exporte de l'huile de coco , des écailles de tortue

Il

de nickel

Le

et autres.

seul port de

commerce

par vapeurs anglais

lière,

Sidney

et l'Australie, la

^

qui est en relation régu-

surtout avec San-Francisco

Nouvelle-Zélande, Taïti

encore; un fd télégraphique la relie à

Nouméa,

est

et français

Le cabotage

par Bordeaux.

marin

tient lieu

tour de

fait le

avec

la

France

l'ile, et

un

câble sous-

Sydney.

«

Semblerait

Il

...

Calédonie devrait être pour les émigrants et les colons un

la

véritable paradis, tous les produits

un climat

sous

et

de routes, qui manquent

La TRANSPORTATION ET LA COLONISATION. que

des minerais

,

montre

du

y venant en abondance

sol

délicieux. Pourtant, la statistique de la population

cet étrange résultat,

que trente -trois années d'occupation

se traduisent par l'introduction de 11.000

condamnés

et

de 3.500

Français hbres, dont 1.500 fonctionnaires. N'avons-nous pas su meilleur parti de cette riche possession?

tirer

vrai

non seulement

et

;

immigrants

la

Il

n'est

que trop

colonisation de la Calédonie par des

libres a été jusqu'ici limitée et

soumise à toutes sortes

d'entraves, mais encore ne doit-on pas craindre de dire hautement

que

ne saurait concevoir aucune espérance d'un avenir meil-

l'on

leur, et

que, dès à présent,

la

Calédonie est absolument fermée à

l'immigration libre. <r

Pour trouver

un peu haut

les

causes de cette situation,

et suivre la colonie

dans

faut

il

remonter

de son développe-

Tliistoire

ment. «

Après son annexion en 1853,

une certaine importance,

et

la colonie

les

commençait à prendre

gouverneurs

déployaient

une

louable activité pour aider au peuplement et tirer parti des res-

sources du pays. Mais

la loi

de 1864 ayant iq)pliqué

la

peine de

la

transportation aux anciens forçats, c'est la Nouvelle-Calédonie qui fut choisie

cette la

pour remplacer

mesure,

mère

même

le

patrie

temps

il

les

bagnes de Brest

gouvernement métropolitain

une population criminelle croyait réaliser

couramment par

une utopie

et

et

de Toulon. Par

éloignait

du

dangereuse,

(pie l'on

sol

de

et

en

désigne encore

l'expression de colonisation pénale. Sous l'em-

pire de celle oi-rcur grossière, mais très i-épandu(\ que ce sont


,

LA FRANCE COLONIALE

318 les

convicts

«

que

ont fondé l'Australie, on supposait

qui

anglais

»

employés d'abord aux travaux publics, se trans-

les forçats,

formeraient dans

la suite

en bonnétes colons,

et feraient paisible-

ment, sur les terres à eux concédées, soucbe d'une population entièrement régénérée. Ce n'était qu'un rêve,

libre, travailleuse et

mais dont

France

poursuite a coûté et coûte encore trop cber à

la

L'élément pénal est aujourd'hui représenté par 7.514 forçats

«

en cours de peine,

mais sont

tion,

3.814 libérés, qui ont payé leur condamna-

et

astreints,

plupart pour

(la

la

à peu près 5 millions par an.

:

la vie) à

pendant un certain nombre d'années résider dans la colonie sous la surveil-

lance de l'administration. «

Les condamnés en cours de peine sont répartis en divers

groupes, dont

Non);

ils

plus important est celui

le

nombre de 2.340,

y sont au

du pénitencier-dépôt

et ce chiffre

comprend

(île

les

transportés appartenant à des professions mécaniques, les dange-

reux, les punis, les incorrigibles et les malades de l'hôpital. Les ateliers

proprement

pent que 300.

dits

de l'administration pénitentiaire n'en occu-

Un condamné

Galédonie, 406

fr.

coûte à l'État, pendant son séjour en

70 par an;

il

ne s'amende pas

et

ne rapporte

rien. «

Aujourd'hui, environ 7.500 forçats

oisiveté relative,

sous

tains

;

la trace

On

successifs,

du rude labeur auquel

comme

la loi

de 100 à

cherche vaineinent,

dépourvue de routes, de quais,

cuns travaillent

qui

aucun châtiment ne sau-

condamnés ayant, par des jugements la colonie

»

punitions corporelles ayant disparu, et cer-

300 ans de travaux forcés à accomplir. dans

croupissent dans une

d'une fausse philanthropie,

l'égide

entraîne la négation de toute répression rait les atteindre, les

«

d'édifices publics

a voulu les astreindre. D'au-

de simples employés, dans

les

bureaux de

l'administration, ou sont attachés à la domesticité des fonction-

naires; d'autres, au

nombre de 400 seulement, sont mis

à la dis-

position des colons de l'intérieur; plus de 1.000 ont obtenu des

concessions de terre, où avoir contracté,

sous

ils

vivent dans une demi -liberté, après

l'égide

de l'administration, de scandaleux

mariages leur permettant de lâcher

la

bride à tous leurs mauvais

la

plupart, en faveur des con-

instincts. «

Quant aux

libérés, privés

pour

damnés, des concessions qui devraient leur revenir,

ils

errent à


NOUVELLE-CALÉDONIE raventure, clierchant partout du travail

époque de

cette

ne pouvant en trouver à

et

crise et de stagnation. Bientôt réduits à la misère,

retombent à

ils

319

la

charge de l'administration pénitentiaire, qui en

nourrit et en abrite 650, pour les empêcher de mourir de faim

moins

qu'ils

ne préfèrent vivre de vols, de recels

et

;

à

de débauches;

200 seulement sont concessionnaires.

Le principe de

«

la transportation,

donc produit aucun des

qu'il

tel

est

ne sont pas régénérés, puisqu'ils continuent, dès faculté, leur existence criminelle et dissolue;

puisqu'ils travaillent à peine, et

devenu

appHqué, n'a

résultats qu'on en avait espérés. Les forçats

que

le

ils

qu'ils

la

ne sont pas punis,

séjour de la Calédonie est

des prisonniers. Enfin, loin de coloniser,

l'idéal

en ont

tent par leur présence toutes sortes d'obstacles

moraux

ils

appor-

et matériels

à l'établissement des colons libres.

Par

î

cise, ni

suite, la Calédonie,

devenue une colonie de nature indé-

pénale ni hbre, est fatalement vouée à

été préférable,

quand on

s'est

Nouvelle-Calédonie, d'affecter

la stérilité. Il eût

décidé à envoyer des condamnés en totalité

la

de

l'île

à l'étabHssement

d'une colonie pénitentiaire, en interdisant l'immigration au lieu de

la

favoriser.

C'est

du

reste à cette résolution

que semble avoir

abouti le système hybride actuellement en vigueur.

termes d'un décret rendu du 16 août 1884, tous nibles, soit 110.000 hectares, ont été ajoutés

vouloir fermer absolument

tiaire. C'est

En

aux

effet,

les terrains

dispo-

au domaine péniten-

pays à l'émigrant libre,

le

qui, n'y trouvant ni terrain à cultiver ni industrie à exercer, n'a

que «

de s'y expatrier.

faire

L'envoi des récidivistes en Calédonie, qui vient de recevoii' un

commencement

d'exécution,

une nouvelle affirmation de ce

est

système déplorable tant au point de vue de colonisation.

Leur nombre

récidivistes

libérés.

Il

damnée

faut

répression que de

est faible encore, et l'on

une expérience encore trop récente, mais les

la

il

est

ne peut juger

permis de dire que

ne coloniseront pas plus que

donc se

les

forçais

ou

résitiner à voir la Nouvelle-Calédonie

à jouer éternellement

le

rôle de bagne,

l'archipel des Nouvelles- Hébrides

la

et clierclier

un autre domaine où

le

les

con-

dans colon

puisse s'établir et prospérer avec ses propres forces, sans avoir à

redouter

'

le

contact d'un éjriiient vicieux et coirnpItMir'.

Charles du Peloux. Exliail de VExploralion.

»


,

LES NOUVELLES-HEBIUDES

Nou-

L'archipel des Nouvelles-Hébrides s'étend, au nord-est de la

velle-Calédonie, sur une longueur de

kilomètres, entre

5'2()

20o de latitude sud, 164» et lOTo de longitude est. plusieurs groupes, savoir

au nord,

:

cinq petites

les

Banks proprement

aussi appelées Torrès, et les

de neuf; au centre, Espiritu-Santo

Ambryn

,

Sandwich

,

Anioua, Tanna, Erronan

La

superficie totale

et

le

au

;

sud

les

îles

Aoba, Aurore,

Erromango

,

Annatom.

serait

population, que Forster,

Api

au nomlire

deux

et Mallicolo, les

et

d'Ababa,

lies

dites,

plus considérables de l'archipel; Saint-Barthélémy,

Pentecôte

compose de

se

Il

-13o et

de 130.000 kilomètres carrés, et

compagnon de

à t^OO.OOO habitants, paraît être

l'illustre

la

Cook, estimait

tombée à 60.000.

Les insulaires des Nouvelles -Hébrides sont des noirs mélanésiens

ils

;

sont divisés en une multitude de tribus indépendantes et

on rencontre des groupes

d'ordinaire ennemies. Sur plusieurs îles,

de Polynésiens, dont quelques-uns, leur complexion conservé au milieu des noirs

La

fertilité

de ces

l'atteste,

pureté de leur race.

la

a été hautement reconnue par tous les

îles

vayageurs. Quiros, navigateur espagnol, qui découvrit en 1606 qu'il baptisa

terre «

« Il

:

du nom d'Espiritu-Santo

n'y a point de contrée

qui l'égalent

en Europe.

))

De

donna à

l'archipel le

si

,

belle

nom

visita

On

en parlant de

en Amérique

retrouve

en 1768 Aurore

la

la

les

bien peu

et

Pente-

vue de ces terres exubé-

même

impression chez Cook,

en 1776, à qui revient l'honneur d'avoir découvert groupe, qu'il appela

et

l'île

cette

de Grandes- Cyclades, quil n'a

pas conservé, fut frappé d'admiration à rantes de végétation.

écrivait

Bougainville qui, dans son voyage

de découvertes autour du monde, côte et

ont

Nouvelles-Hébrides , du

nom

le

reste

du

d'un groupe

d'iles écossaises.

Comme produits ordinaires des Nouvelles- Hébrides le fruit

la

de l'arbre à pain,

la

noix de coco,

canne à sucre, l'arrow-root

forêts

,

les

les patates, les

,

on peut citer

bananes,

le

ignames,

renfermant des bois de cliarpente sont nombreuses

;

:

sagou,

etc.

Les

de beaux


r

,

LES NOUVELLES-HEBRIDES

321

pâturages pourraient nourrir d'abondants troupeaux enfin les terres ,

arables dominent.

L'archipel renferme des ports spacieux, profonds et bien abrités,

que Port-Sandwich, l'un des meilleurs abris naturels connus,

tels

dans

l'ile

Mallicolo

Requin, dans

;

Havannah, dans

l'île

Sandwich,

Espiritu-Santo; Port-Résolution dans

l'île

baie

la

l'île

Tanna,

depuis de longues années fréquenté par les navires européens. outre

,

ces îles ne sont pas entourées

d'une ceinture de corail,

et

comme

,

par suite

du

En

Nouvelle-Calédonie

la

en sont facilement

les côtes

abordables.

On

conçoit donc l'opportunité de l'annexion des Hébrides à la

Calédonie. Mais

un engagement réciproque de

maintient

çrleterre

la

consigné dans une

neutralité de ces

par

lettre écrite

îles.

la

marquis d'Harcourt, ambas-

le

sadeur français à Londres, au comte de Derby, «

Mon gouvernement tient

«

il

ce

velles- Hébrides, et

((

le

«

pecter.

à déclarer

France avec l'An-

Cet entassement est

le

18 janvier 1878

que pour ce qui

le

,

n'a pas le projet de porter atteinte à l'indépendance des il

serait

»

Non-

heureux de savoir que, de son côté,

gouvernement de Sa Majesté

qu'il était

:

concerne,

est

également disposé à

la res-

Le gouvernement britannique répondit immédiatement

en conformité de vues avec celui de France.

Depuis lors

les

événements ont marché. En 1882, des notables

de Nouméa, à l'instigation de M. Higginson, fondèrent

la

Com-

pagnie calédonienne des Nouvelles -Hébrides, qui acheta de vastes territoires elle

un

dans

traité

l'île

Sandwicli

comptoirs en 1885;

les

de Port-Sandwich vendirent à et

et y créa des

mêmes heureuses opérations à de 1884, le grand chef Naïm Raugéréré

renouvela

demandèrent à

être placés,

Mallicolo, et, par et d'autres cliefs

la Société le territoire

eux

et leurs tribus,

de cette rade

sous

le

protec-

torat de la France.

En résumé, session

les raisons

qui militent en faveur de

du groupe néo-hébridais par

nomique, commercial, stratégique

et

anglo- australiennes s'y opposent pour

la

la

piise de pos-

France sont

d'ordi'e éco-

politique, mais les colonies les

mêmes

raisons, et paili-

culièrement pour ne pas avoir à leurs portes de nouveaux

élal)lisso-

ments pénitentiaires dangereux.

21


,,

DÉPENDANCES

TAITI ET

La France possède dans

la

Polynésie orientale plusieurs archi-

pels dont l'importance est généralement la statistique

10

lies

peu considérable. En

voici

:

superficie

Taïti,

2" Iles TouAMOTOu 3° Iles Marquises,

4" Iles TuBUAÏ, 5° Iles Wai.us,

1

17 S kilom. carrés

900 kilom. carrés 1245 kilom. carrés 35 kilom. carrés

43 kilom. carrés

— -

10 000 habit.

population

— — —

000 000 1000 3 000

8

habit.

6

habit. habit. habit.

Ce qui donne une population de 28.000 habitants dispersés sur

une centaine

d'îles

dont

la superficie totale est

de 3.400 kilomètres

carrés équivalant à la moitié d'un département français.

Ces

îles

occupent, sur

immense du

8^

au 28^ degré de latitude sud,

de longitude ouest de Paris, et

de l'océan Pacifique, un espace

la carte

2.400 kilomètres de

l'est

et

du 130^ au 160^ degré

3.000 kilomètres du nord au sud

soit

à l'ouest.

Les îles de la Polynésie française sont administrées par verneur général siégeant à Papéiti administrent les divers groupes

L Les ILES Taïti

-

furent

capitale de Taïti

,

;

un gou-

des résidents

d'îles.

LES ILES TAITI découvertes

en

1606

par

l'Espagnol

Quiros. Le capitaine Gook les explora en 1768 et leur donna le nom d'archipel de la « Société » en l'honneur de la Société royale ,

de Londres. Bougainville l'appela

une description

la

«

Nouvelle Cythère

j)

,

et

fit

aussi enthousiaste qu'exagérée de la nature enchan-

teresse de Taïti, de la douceur des

mœurs

des habitants et de

la


,

DÉPENDANCES

TAITI ET régime

de leur

perfection

gouvernemental

323

basé

sur

de

l'état

nature.

Dés 1797, des missionnaires anglais convertirent

mœurs,

protestantisme, améliorèrent leurs

de

devenu

l'Ile,

une

établir

Pomaré

le roi

sorte de

1er,

à conquérir les

En

le

de

du gouvernement

de la reine Pomaré IV,

l'esprit

protectorat de la France.

qui sollicita

En

anglais, le

face d'une protestation

protectorat fut d'abord

refusé par Louis-Philippe; toutefois, après quelques troubles

payement d'indemnités au consul anglais Pritchard, français sur Taïti fut établi de

annexion pure nier roi,

Les

en 1847,

fait

et

le

un

et

protectorat

transformé en une

simple en 1880, par suite de l'abdication du der-

Pomaré V. ou de

îles Taïti

sud-est, les

nord,

et

et

1842, l'amiral français Dupetit-Thouars

supplanta l'inlluence anglaise dans

part

voisines et à

îles

monarchie constitutionnelle avec parlement

ministres responsables.

la

au

les Taïtiens

aidèrent l'un des chefs

Société forment deux groupes, savoir

du Vent

îles

Taïti,

:

Sous- le- Vent

les îles

une dizaine

la

:

Moorea

et

:

au

quelques îlots; au

Raïatea, Bora-Bora, Huachine

et

d'autres.

L'Angleterre, qui avait depuis quarante ans, sur ces dernières îles

des droits

communs

avec nous les a cédés en 1887, à la France,

par un accommodement possède sur

les côtes

,

relatif

aux droits de pêche que

Taïti, ou Tahiti- Taïarapu, est une îles

France

la

de Terre-Neuve. double, formée de deux

île

ou presqu'îles montagneuses, unies par l'isthme de Taravao

qui n'a que 14 mètres d'altitude à peine, et qui est large de 2 kilo-

mètres. Taïti,

la

partie la

sommet l'Orohena,

2, '237

plus grande au nord-ouest,

mètres, formant

le

pour

a

bord d'un immense

cirque ou cratère dit du Papenoo, volcan analogue à ceux de

l'île

Bourbon. Des lacs, des cascades, de nombreuses rivières torrenplus importante est

tielles,

dont

grande

fertilité

de

enchanteur

l'île

La forme de

la

sur

la côte et

et

la baie

élevé, sauf

un climat délicieux, rendent

sans danger pour

Taïti est ronde, tandis

est ovale. L'isthme,

sud

à

Papenoo, jointes à une

le

défendu par

Phaéton, d'accès assez

le

les

que fort

difficile.

la presqu'île

séjour

de Taïarapu

de Taravao, protège au

Le

au sud, où s'étend une plaine de

littoral,

1 à

largeur, est partout entouré de récifs corallairos

ouverts par quelques passes navigables.

le

Européens.

généralement

3 kilomètres de très

dangereux,


LA FRANGE COLONIALE

324

Moorea, également montagneuse, possède

L'île

très vastes

Les

de Papatoai

îles Taïti

et

sont peuplées d'un millier d'Européens,

français, et de 7.000 indigènes de race

mœurs

douces, indolents,

c'est le reste

deux baies

les

de Cook. la

plupart

brune ou polynésienne, de au protestantisme;

civilisés et convertis

d'une population autrefois bien plus considérable.

Ils

habitent de petits villages sur la côte et dans les vallées.

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I

NOUKA- HIVA

Cartes des

îles Taïti et

Papéiti ou Papeete, ci-devant lieu des établissements français

de leurs dépendances.

«

de

capitale » de Taïti, est le chetla Polynésie. C'est

une

ville

de

3.000 habitants, composée de cases en bambou, entourée de jardins verdoyants. Situé sur la côte nord-ouest de

l'ile,

son port est sûr,

il concentre tout le commerce, non seulement de l'île, mais encore de toute la région. Le commerce, qui s'élève à 8 à 10 millions de francs, consiste

assez vaste et profond;

surtout dans l'exportation de nacre en coquilles (pour 1 million de francs), de citron, vanille, coprah (graine de coco), oranges, que

Papeete expédie principalement à San -Francisco,

et

dans

l'im-

portation d'étoffes, vins, farines, biscuits, viandes salées, bois de construction.

Le

Une

trafic est

route

fait le

tour de

l'île.

surtout aux mains des Allemands et se

seaux étrangers

et français

deaux, l'Europe

et l'Australie.

avec San-Francisco,

la

fait

par vais-

France par Bor-


TAITI ET

Les Taïtiens.

«

La race

DÉPENDANCES

32o

taïtienne est fort belle. Les

hommes

sont grands et bien proportionnés. Leurs corps robustes annoncent la

santé,

la

souplesse et la force; agiles

Une Taïtienne

dans tous ches les

et

les exercices

bien rangées,

mains, d'une finesse

Taïti ajoute

femmes ont

yeux grands,

ils

excellent

les

1rs

dents i)lan-

extrémités,

et

surtout

remarquable. Le costume des femmes do

un charme nouveau

Elles portent

adroits,

(métisse).

physiques. Les les

et

une gaule ou tapa,

à l'ensemlile de leur

physionomie.

sorte de longtu^ tunique llottanle,


LA FRANCE COLONIALE

325

Presque de mousseline légère ou de calicot aux couleurs voyantes. piquent toujours nu-tète, elles laissent flotter leurs cheveux, qu'elles de feuillages et de fleurs, ou bien

peau de bambou ou de panama, oreilles sont parées

et

de fleurs. Les

elles se coiffent

orné de guirlandes légères. Leurs

hommes

Paysage de

ronnes

;

genoux « ils

leur vêtement se et

d'une chemise

d'un petit cha-

portent aussi des cou-

Taïti.

compose d'un pareo tombant jusqu'aux

flottante.

Le caractère des Taïtiens

est

un peu

celui de tous les enfants

:

sans motif, sont capricieux, fantasques, boudeurs tout à coup et

foncièrement honnêtes,

et hospitaliers

dans l'acception du mot

la

extraordinaireplus complète. Les dispositions contemplatives sont ment développées chez eux, et ils se montrent sensibles aux aspects gais

ou

tristes

de

la

nature.

Ils

sont paresseux; pourquoi

travail-


DÉPENDANCES

TAITI ET

Les forêts produisent d'elles-mêmes tout ce

leraient-ils?

pour nourrir ces peuplades insouciantes les

bananes

,

pour tout

etc., croissent

Les années s'écoulent pour

une

327

La

rêverie sans fm.

le

les Taïtiens

;

le fruit

monde

et suffisent à

l'Océan

:

la

la perfidie

mer

et

seule occupation qui leur plaise, parce

Montés sur leurs

passeront des journées entières bercés par

ils

est leur

même

chacun.

dans une oisiveté absolue

qu'elle n'est ni régulière ni forcée, c'est la pêche.

pirogues légères,

qu'il faut

de l'arbre à pain,

des

élément favori,

un

flots offre

imagination. Les goélettes qui font

ils s'y

attrait

trouvent à

l'aise, et

de plus à leur ardente

cabotage entre Taïti et

le

les îles

voisines trouvent chez les indigènes de précieux auxiliaires, et les baleiniers

ont souvent aussi recours à eux pour compléter leurs

équipages.

Une grande

«

lève

peu après

le soleil,

tinées.

Il le

un charme

le

s'écoule dans l'eau.

Il

se

ruisseau voisin, et là, enveloppé

prend un bain

fort

ma-

les

mimosas en

fleurs,

il

prolonge en causeries nonchalantes avec ses compagnons,

et arrive ainsi l'heure «

gagne

particulier dans la fraîcheur des pures

de son seul pareo, sous long, qui a

du Taïtien

partie de la vie

du

repas.

La nourriture ordinaire des indigènes

consiste surtout en

ma-

yoré, fruit de l'arbre à pain; en fei, fruit d'un bananier sauvage,

qui croît en abondance sur

montagnes de

les

accompagné d'une sauce appelée miti , que l'amande de

la

de mer. Dans fêtes et

noix de coco

en

et

la

en poisson cru,

l'île;

l'on obtient

en râpant

délayant ensuite avec de l'eau

accompagnement obligatoire de toutes les cérémonies, on mange des volailles, des co-

les festins,

de toutes

les

chons cuits tout entiers dans

le

mes, des crabes, des homards,

II.

-

four canaque, des taros, des ignaetc.' d.

LES ILES MARQUISES

Les ILES Marquises,

ainsi appelées

Mendoza, par l'Espagnol Mendana qui

en l'honneur du marquis de les

découvrit en 1594, appar-

tiennent à la France depuis 1842. Situées à 1.300 kilomètres nordest

de Taïti; on en compte 15, dont

les principales sont

:

Nouka-

Hiva, chef-lieu Païo-Ho, siège du résident français Hiua-Oa, ou ;

Dominique, haute de 1.2G0 mètres. 1

Hue

et

Hauricot, Nos

pcliles Colonies.

la


LA FRANCE COLONIALE

328

Toutes ces

îles

sont volcaniques, montagneuses, bien arrosées,

en denrées tropicales. Elles sont peuplées de 6.000 indigènes ou Marquésans, de race polynésienne, de belle taille, conTaïtiens. vertis au catholicisme, mais moins civilisés que le

fertiles

.^^»

Baie de Matavai à Taïli.

Le commerce, peu considérable (300.000 francs), est fait par les caboteurs venant de Taïti. A peine compte- t-on 200 Français dans ces parages.

III-VI.

-

LES ILES TOUAMOTOU, AVALLIS, ETC.

Les ILES TouAMOTOU, découvertes par Cartefeten 1767, exploAnglais de rées par Bougainville en 1768, furent occupées par les 1830 à 1855, et appartiennent à la France depuis 1859. Elles forment III.


,

TAITI ET

un immense

DÉPENDANCES

archipel d'une centaine d'îles, dont la plupart ne sont

que des attelons ou bancs de affecte la

329

récifs

chaque attolon

corallaires;

forme d'un anneau ou d'un croissant,

centre une lagune ou

et

renferme au

lagon d'eau verte dans laquelle se pêche

l'huître perlière.

Les plus grands attolons, Rairoa lieu, ont jusqu'à

cuit, tandis

et

40 kilomètres de largeur

qu'au niveau de

mer

la

;

de végétation puis ,

fait

100 kilomètres de cir-

et

les naturels

ont construits n'ont pu

les

mais, grâce

sous-marins, ces attolons ont émergé

pêche,

est le chef-

que leur anneau n'a qu'une épaisseur d'un demi-kilo-

mètre. Les polypes ou madrépores qui les élever

Fakarava, qui

et se

des soulèvements

à

sont couverts d'un peu

y ont planté

avec la

le cocotier^ qui,

leur principale subsistance.

Ci-devant ces c'est-à-dire

s'appelaient Iles Basses

îles

soumises.

les appelât plutôt

îles

Les habitants «

Touamotou

y)

ou

Pomoutou,

lies

demandé à mot qui veut

ont ,

ce

qu'on

dire

loin-

Ces indigènes, au nombre de 7.000, sont des métis de Taï-

taines.

tiens et de nègres;

ils

sont catholiques et vivent de la pêche des

perles.

Au

sud- est de Touamotou,

les

Gambier ou Mangaréva

îles

annexées en 1844 sont au nombre de G, enfermées dans une

même

ceinture de coraux. Elles comptent à peine 800 habitants,

convertis au catholicisme par les Pères de Picpus.

Mangaréva, haute

Le commerce

est

volcanique, renferme

et

de 100.000 francs

et

le

La

principale,

chef- lieu

Rikitea.

provient de la vente do la

nacre. IV. Iles Touboiaï.

— Au

sud de

Taïti, se trouve le

Toubouaï, annexées en 1874. Hautes

îles

que 500 habitants, qui sont catholiques. l'île

et volcaniques, elles n'ont

On

y rattache, plus au sud,

Ra;pa ou Opara, 150 habitants, importante par sa position

téo-ique, et

pour laquelle une convention de neutraUté paraît

avec l'Angleterre. V. Iles Wallis.

sur les

îles

— En 1887,

la

France a

donna son nom, ces

îles

le

commodore

sont situées par

dans l'océan Pacifique, au nord-est des la

établi

stra-

éta])lie

son protectorat

WaUis.

Découvertes en 1707, par

de

groupe dos

Nouvelle-Calédonie

et

de

anglais Wallis,

le

170'^

îles Fidji,

(|ui

Iciii-

de longitude

esl

à égale dislaïue

Taîti. L'ile principale

de rarchii)el,

Ouvea, renferme une population de 3.000 indigènes Maoris. De


,

LA FRANCE COLONIALE

330

grande

LaiJle,

bien

faits,

doux, hospitaliers,

pratiquent la

ils

reli-

gion catholique, ayant été convertis par des missionnaires maristes français débarqués dans l'archipel vers 1837.

Ouvea possède un bon port d'une profondeur suffisante pour mettre aux navires d'un fort tonnage d'y séjourner.

Au

point de vue commercial, l'importance des

viendra considérable avec sur les routes de

le

temps,

Panama en Chine

au point de vue mihtaire,

Taïti;

Ces raisons ont

duite. L'amiral

Mauq

de

Nouvelle-Calédonie à

et les

Amélia

la

y trouveront du

escadres

et y

opéreront leurs réparacon-

lui dicter sa

de Saint-Hilaire a été chargé de se rendre à

Ouvea à bord du Ducrès, la reine

de-

étape de ravitaillement

au gouvernement pour

suffi

WaUis

comme

charbon, des matériaux de rechange tions.

îles

per-

et les

et, à la suite

de courts pourparlers avec

principaux chefs de tribus,

il

a conclu

un

nouveau traité de commerce sur les bases élargies de celui de 1842. Ce traité, approuvé par le président de la République, est inséré au Bulletin des Lois (1887). Cette acquisition nouvelle de la France est due entièrement à

de nos missionnaires catholiques, qui

l'influence

partout la grande idée de la patrie

,

et lui

rendent

maintiennent

les plus signalés

services, sans en recevoir toujours la reconnaissance méritée.

VI. Iles Clipperton.

Signalons enfin

situé à l'extrémité de l'Océanie

sud des

îles

non

,

l'îlot

loin des côtes

de Clipperton

du Mexique, au

Revillagédo, par 10° 17' de latitude nord et llio 27' de

occidentale de Paris. Ce n'est qu'un attolon rocheux,

longitude

sans étendue, mais qui peut devenir un point de relâche pour les navires

et

acquérir de l'importance pour nous lorsque l'ou-

verture du canal de

Panama aura développé

la

navigation dans ces

parages.

La pèche des perles aux îles Basses. mence dans la matinée avant d'entamer le ;

pêcheurs se groupent sur

le

«

La plonge com-

travail quotidien

bateau et chargent

le

,

plus digne ou

les le

plus respectable d'entre eux de réciter une prière que tous suivent

avec ferveur. Le bateau est sur faits

;

ils

le lieu

de pêche. Les apprêts sont

ne sont pas longs. Pour tout vêtement, l'indigène a son

par 60, pour

tout outil

face, les fonds

que

le

une

lunette. Destinée à examiner, de la sur-

plongeur doit explorer, cette lunette est assez

semblable à une lunette de

calfat

:

elle se

compose de quatre plan-


DEPENDANCES

TAITI ET

331

ches, longues de 40 à 45 centimètres, larges de 25 à 30, formant

une chambre dont l'une des deux extrémités est ouverte. « Le plongeur tuamotu est, à bon escient, considéré comme

le

meilleur plongeur de la terre. L'Indien employé aux travaux de la

pêche dans

comme un

le golfe

Persique

et à

Ceylan, et qui passe à bon droit

des meilleurs fouilleurs de mer, ne peut lui être comparé.

Hade de

Celui-ci descend dans l'eau attaché à ses pieds

servant à

lest,

défait

le

;

Taïti.

au moyen d'un poids

de 20 livres

sa ceinture contient encore 7 à 8 livres do

maintenir dans

de son premier fardeau;

les il

se

profondeurs quand

tamponne

les

il

yeux

s'est

et les

un bandeau sur

la avec du coton imbibé d'huile, s'applique bouche, va visiter les fonds de 40 pieds, reste de 50 à 00 secondes

oreilles

sous l'eau, et remonte ensuite en s'aidant de

la

corde dont

il

était

accompagné. <c

Point n'est besoin de tout cet appareil pour

le

Tuamotu,

ni

de


LA FRANCE COLONIALE

332

consistent, quelques toules ces précautions. Ses seuls préparatifs ses poumons instants avant la plonge, à faire fonctionner fortement fait, par d'énergiques mouvements d'aspiration et d'expiration. Cela

prend une dernière

il

et

copieuse provision d'air

tout vêtement, se laisse choir au fond de et

,

puis

,

l'eau, les pieds

dégagé de premiers,

d'accélérer sans que ceux-ci soient munis d'aucun poids capable

La pêche des

la rapidité

et

mais

de sa chute.

Il

perles.

peut descendre, non à 40 pieds, mais à

30 brasses; rester sous l'eau, non 90 secondes au maximum, '2

et

même

3 minutes,

et,

une

fois sa cueillette faite,

à la surface, sans le secours d'aucun cordage, avec

promptitude.

moyenne de

1

tionnellement

il

revient

une incroyable

Chaque plonge, dans les grands fonds, dure en minute à 1 minute 1/2, rarement 2 minutes, excep3.

Des maisons de commerce ont essayé, sans y réussir, de mettre en honneur le scaphandre parmi les indigènes. Ceux-ci refusent de «


.

TAIT! ET

DÉPENDANCES

s'en servir, prétendant, et cela paraît fondé,

pareil détermine rapidement chez férieurs. Trois

font de très fructueuses pêches;

phandre

eux

Européens emploient

fait fuir les

qu'il «

les

Après

le travail

fois,

ils

du jour,

membres

in-

et, grâce à lui,

remontent à

le

sca-

la surface

tandis que le plongeur indi-

détacher rapidement,

même

en rapporte deux en

des

scaphandre

assurent en outre que

ils

sans ramener plusieurs nacres à la

gène doit se contenter de

que l'usage de cet ap-

la paralysie

le

Rarement

requins.

333

et

est bien rare

il

temps.

les

plongeurs se mettent en

devoii'

d'ouvrir les huîtres récoltées, se servant pour cela d'un large couteau qu'ils manient avec le

muscle adducteur

une grande

est tranché.

sont ensuite examinés avec

un

dextérité.

Chaque

Du

premier coup,

coquille et son contenu

soin extrême, pour qu'aucune perle

n'échappe à leurs méticuleuses recherches et ne passe inaperçue.

Les patrons ne manquent pas d'assister à cette opération; car, bien que dénué de toute poche pour la dissimuler, vite fait d'avaler la perle qu'il

le sable

Tuamotu

a

vient de découvrir. Les coquilles

appartenant aux pêcheurs indépendants déposées dans

le

sont,

humide jusqu'au jour de

une la

fois

vidées,

vente, afin que

l'évaporation ne leur fasse rien perdre de leur poids. «

La plonge

se pratique d'un bout de l'année à l'autre et plus

spécialement pendant et février.

En

les

juin, juillet,

mois de novembre, décembre, janvier août

et

septembre,

elle

n'a

heu que

l'après-midi, la température de l'eau étant trop fraîche dans la

matinée

1

'

^

Extrait des Nolices coloniales.


GUYANE FRANÇAISE

— La Guyane

Historique.

est cette

immense contrée de l'Amé-

rique méridionale circonscrite entre l'Océan d'une part, le fleuve des Amazones, son affluent

Rio-Negro,

le

Politiquement cette contrée,

part.

France, est divisée en cinq parties et française

vaste

et

quatre fois

Guyane

:

l'Orénoque, d'autre

comme

la

anglaise, hollandaise

au nord-est partie brésilienne au sud, ;

et partie

véné-

zuélienne à l'ouest.

Colomb

Cette région, découverte par

ne reçut

du

Améric Vespuce (1498-99)

et

premiers colonisateurs français qu'au commencement

les

xviic siècle.

En

1637, des marchands de

Rouen

vinrent fonder

un comptoir et le fort Louis dans l'île de Cayenne. En 1651 se forma la Compagnie de la France équinoxiale, pour l'exploitation ,

des terres

«

situées entre

l'Amazone

et

l'Orénoque

»,

mais

la pos-

session de ce territoire fut disputée par les Anglais, les HoUandais et les

que

Portugais, et le traité d'Utrecht, 1713, n'attribua à la France

la partie

comprise entre

Maroni, à l'ouest,

le

que Vincent Pinçon avait découverte en 1500 Or,

comme

situation est

il

de savoir quelle

mal déterminée

Portugal d'abord, actuellement.

s'agit

En

le Rrésil

,

et

«

la rivière

».

est cette rivière

dont

en résulta une contestation avec

il

la le

ensuite, contestation qui dure encore

1817, après

la

restitution de la colonie

parles

Portugais qui, aidés des Anglais, nous l'avaient enlevée, on convint de flxer provisoirement la limite au fleuve Oyapock, laissant

en

litige l'espace

compris entre l'Oyapock

et le

cap Nord, à l'em-

bouchure de l'Amazone. Quoi

qu'il

en

soit, la colonie

faute de colons, malgré

ment.

ne

lit

jamais de progrès sérieux,

plusieurs tentatives faites par le gouverne-


GUYANE FRANÇAISE En

335

17G3, Choiseul y expédia 15.000 Alsaciens

Lorrains, qui

et

y périrent presque tous, tués par la faim et l'insalubrité du pays. En 1797, la révolution y déporta un grand nombre de ses vic-

times;

le

coup d'État du 2 décembre 1852 y envoya des condam-

nés politiques

et

blit,

celle

plus tard

;

Guyane pour

la

Guyane reçut fois

de 1867 détermina

de peau

forçats

,

commun. Chaque

crime de droit

blanche

en

les noirs, les

les

condamnés pour

une mortalité effrayante

Nouvelle-Calédonie,

réservant

la

en

peu

Cayenne

et la

Guyane

le

plus grand

française, dont la situation est

brillante.

Géographie physique.

La Guyane

française est bornée au

nord-est par l'Atlantique; au sud-est par l'Oyapock, qui

du

territoire contesté,

Umac,

nord, 52o

La

au sud par

à l'ouest par le

landaise de

Surinam

et 57o

;

tiellement basse,

mer

y

le

Maroni qui elle est

Brésil ou les

fait la limite

de

comprise entre 2o

la

sépare

monts Tumucla colonie liol-

et 6^

de latitude

de longitude ouest de Paris.

côte, longue de

d'eau; la

la

Guvane.

Ces essais malheureux ont jeté, à tort ou à raison,

effet

les

Algériens et les Annamites.

Carte de

discrédit sur

s'éta-

gouvernement à expédier

le

350 kilomètres,

marécageuse

et

est

peu accidentée, essen-

sablonneuse,

manque de profondeur pour

aussi n'a-t-elle qu'une rade,

celle

presque à

fleui-

l'accès des navii-es;

de Cayenne,

accessible aux


LA FRANGE COLONIALE

33Ô

o-rands ])àtimenls.

Les embouchures de fleuves sont envasées;

de rOyapock forme un grand estuaire bordé à

Mana

Orange. Le cap

du cap

sont en face

Les

est le plus septentrional.

par

le

cap

du Salut

îles

Charlotte.

Guyane

L'intérieur de la

l'est

celle

en Terres-Basses

se divise

Hautes. Les Terres-Basses bordent

la

mer

et

et Terres-

remontent

les vallées

de fleuves jusqu'aux premiers sauts ou rapides, qu'elles franchissent à une distance variable de 20 à 80 kilomètres. Ce sont des allu-

nommées

vions argileuses, les unes sèches,

marécageuses, tourbeuses croissent les forêts

et

noyées, que l'on appelle pripris, et où

les

premières coUines qui bordent

teaux étages avec

maque,

,

des

amas d'herbes

la

par pla-

les rivières et se relient

chaîne des monts

flottant

commencent avec

terre molle. Les Terres-Hautes

un fond de

les autres

de manguiers et de palétuviers; les marais trem-

blants sont des tourbières en formation

sur

savanes,

Tumuc-Umac ou Tumucu-

située au sud. Ces monts, qui paraissent atteindre à peine

500 mètres

d'altitude,

forment

partage des eaux du bassin de

le

l'Amazone.

En somme, peu

élevé,

la

Guyane, sauf

surmonté çà

fondeurs inconnues

,

plateau

de collines de 300 à 400 mètres,

et Là

caractérisés par d'immenses

un

les plaines côtières, est

et

forêts vierges qui s'étendent à des pro-

dans lesquelles se cachent

les

sources de plu-

sieurs cours d'eau.

Les fleuves principaux sont le

Kourou,

:

le

Maroni,

Comté, l'Approuague

la

et

la

Mana,

le

Sinnamary,

l'Oyapock, qui coulent tous

parallèlement du sud au nord, ou au nord-est.

Le Maroni,

à la frontière

500 kilomètres,

Tapanahoni, fères, et

cendant

L'Oyac, ou de Cayenne

plus important; formé de l'Araua et du

le

comme

les plateaux,

la navigation.

tous les autres fleuves de la région, en des-

de nombreux sauts ou rapides qui interceptent

Son cours la

inférieur est rempli d'îles.

Comté,

reçoit

et se divise en

de-Vile, enveloppent

ïJOyapock forme

l'île

les

la rivière

nom

de Toiir-

le

de Cayenne.

au nord-ouest du

la rivière

tropical de la

son insalubrité pour

dans sa partie inférieure

deux bras qui, sous

la frontière

qui a pour hmite au sud

Le climat

d'environ

sort des forêts vierges, traverse des placers auri-

il

forme

est

franco -hollandaise, long

Guyane

d'Amapa ou est

territoire contesté,

celle

de l'Araguary.

chaud, humide

blancs est passée en proverbe

et fiévreux :

<r

;

Cayenne


GUYANE FRANÇAISE tombeau des Européens.

est le

habitée jusqu'aujourd'hui;

^

mais

337

Gela est vrai pour il

est

la côte,

probable que

les

seule

plateaux

intérieurs sont plus sains.

La température ne de 28o

;

il

soufflent juillet,

varie qu'entre

et 35o

avec une moyenne tombe plus de 4 mètres d'eau annuellement. Les vents habituellement du nord-est et de l'est. De décembre à

c'est

la

20-^

,

saison pluvieuse ou hivernage; la saison sèche,

La moûlagne d'Argent

[iJuyane).

plus courte, va de juillet à octobre- novembre. relatif vient

en mars.

Il

y a

moins d'ouragans

et

Un

Ijeau

temps

de raz-de-marée

qu'aux Antilles. l'or et sans doute Los productions naturelles y sont variées d'autres métaux ne lui manquent pas. La Guyane est le légendaire :

Eldorado, y est

le

pays de

l'or

ou de

«

l'Homme doré

d'une puissance exceptionnelle.

Il

Le règne végétal

».

y a abondance de bois de

charpente, de marine, de teinture, d'ébénislerie

:

ac;ijou,

palis-

sandre, ébène verte, bois de rose, cendi'c jaune, bois violet, bois d'angélique, cèdi-e noir, arbre à pain, arbre à

lait,

gommier,

miers de toute espèce. 22

pal-


.

LA FRANGE COLONIALE

338

Parmi tapir,

animaux, citons une foule de singes,

les

l'armadille, l'agouti, le fourmilier,

le

le

jaguar,

le

paresseux, les perro-

alligators, torquets, les oiseaux-mouches, les reptiles: iguanes,

tues; les poissons; en outre,

des myriades d'insectes ennemis de

l'homme, qui ne contribuent pas peu à rendre contrée peu

le

séjour de cette

commode.

aux grands, des bons aux féroces, des plus laids animaux aux plus beaux, cette misérable France équinoxiale a des bourdoimants moustiques à foison; c'est l'homme qui lui manque Des

<r

petits

:

et

mouche

suçants;

«

ou plutôt homicide, car bouche ou l'oreille pond ses œufs

hominivore

entre dans le crâne par la l'on

meurt de

que

la

la

méningite

poudre seule

,

elle et

,

fourmis qu'un ruisseau n'effraye pas

;

reculer; scorpions et mille-pattes; l'arai-

fait

Q-née-crabe, monstre velu: l'anguille électrique,

»

dont

le

le

mortel à ceux qu'il pique;

crapaud pipa, monstre pustuleux;

choc terrasse;

le

court serpent

le corail,

boa, long de huit mètres, assez fort

pour enrouler, écraser, ensaliver, engloutir et digérer les grosses bétes qui courent dans la savane; le caïman, le jaguar, le tapir avec son rudiment de trompe; des singes sans nombre; des oiseaux de tout plumage et de toute envergure, dont l'un, l'urubu, noir vautour, est ici, comme ailleurs, en Amérique torride, le grand

entrepreneur de salubrité publique, par

charognes

'.

la

prompte expédition des

»

Géographie politioue.

— La Guyane française compte une popu-

lation coloniale de 20.000 habitants à peine, sur

lué est

un

territoire éva-

vacmement à 70 ou 100.000 kilomètres carrés, dont un dixième exploité. On y compte seulement 2.000 blancs, y compris les

troupes et

le

personnel des administrations. Les blancs créoles, au

nombre de 1.000, sont de

diverses

Les indigènes

nationaUtés.

sont des Indiens Galibis, Approuagues, .Vrovacas, Émérillons, Roucouyennes qui sont plus ou moins nomades et sauvages des ;

,

nèores marrons, descendants d'esclaves évadés bois; des mulâtres et quelques coolies hindous

ceux qui furent engagés tures.

On y

comme

parle le français ou

Admiî«jistration.

La

travailleurs le créole.

colonie a

»

Onésime Reclus,

la

France

et ses colornes.

vivant dans les

aux mines

et

aux

de

cul-

Le catholicisme domine.

un gouverneur

Cayenne, ainsi qu'un préfet apostolique

à

et

et chinois, reste

et

civil

résidant

une cour

d'appel.


Elle

nomme un

GUYANE FRANÇAISE

339

Chambre

en

député à

la

française. Elle est divisée

Flore de la Guyane. 1. 3.

Rafflesia Arnoldi.

Phalœnopsis amabilis. 6.

4.

2.

Niphobolus pulescens. 5. Cycas

.Krides suaveolens.

Nepenihesdistillaloria.

7.

circiiinalis.

Scindapsus pcriusus.

quatorze communes, dont une iirhaine, Cayenne;

les aulics nirdh^-i

ou quartiers. Les centres d'habitations se trouvent tous aux cinbouchiires des


LA FRANGE COLONIALE

340

fleuves et

en portent ordinairement

rent du Maroni,

d'Arabes;

— Oyapock,

lavages d'or;

sement Saint-Paul et

de

la

— Approuague,

Mère;

la

Sinnamary , qui

;

— —

les îlots cùtiers

du

deux

date de

Cayenne- Tour -de -Vile, avec

ville, et

de

et

et

,

siècles;

du Salut

ancienne station, ayant des

où, en 1725,

où existaient

de Saint-

les religieuses

ses pénitenciers de la côte et des îles

Kourou y avec Père

le

;

Saint-Lau-

:

plus florissant, ayant un grand pénitencier

Maiia, fondée en 18:28 par

Joseph-de-Gluny

Cayenne ,

nom. Tels sont

le

le

P.

Fauque fonda

l'établis-

de Saint-Georges

les pénitenciers

Montagne -d'Argent.

Malheureusement en

dence.

Il

niales,

comme pour

la

est ainsi

Guyane, pour

loin de prospérer,

en déca-

est

les essais de cultures de denrées colo-

l'extraction de l'or dans les placers aurifères

des sables de rivières, qui donnèrent cependant pour

et le lavage

4 millions d'or en 1877. Les tentatives de colonisation pour les

condamnés transportés dans de nombreux pénitenciers n'ont guère eu plus de succès tout paraît avoir échoué soit devant la mor;

pour cause de mauvaise

soit

talité,

manquent pour

administration.

dont

les

bras

qui sont réduites à 7.000 hectares de

les cultures,

plantations de canne, café, rocou, coton, et

Les

produits sont insuffisants

vivres

«

même

pour

j)

les

ou légumes, besoins des

rares colons.

Les pénitenciers ne sont plus qu'au nombre de quatre ceux de Saint- Laurent, sur le Maroni, pour les Arabes d'Algérie, de la :

rivière

Kourou, des

Cayenne, truite

du Salut

de Cayenne.

et

chef- lieu de la Guyane, est une belle ville, cons-

le

en bois

îles

;

a 8.000 habitants, la plupart nègres ou mulâ-

elle

tres. Elle est située

en avant d'une

de Cayenne s' embranchant avec

île fluviale

la rivière

formée par

la rivière

Oyac. Sa rade est bonne,

mais son port ne peut recevoir que des bâtiments de 500 tonneaux.

Cayenne concentre tout

le

peine à 8 miflions de francs

,

commerce extérieur, qui s'élève à dont un million seulement pour les

exportations de produits coloniaux

:

or, sucre,

rocou, poivre

et

clous de girofle, peaux brutes.

Les importations comprennent pour 7 millions de marchandises tissus et vêtements,

chaussures, viandes salées et conserves,

;

li-

queurs, vins destinés aux résidents et colons et provenant presque ,

,

exclusivement de France, sauf

La Guyane

est

la

morue de Terre-Neuve.

en relations mensuelles avec

la

Martinique par



FHANCE COLONIALE

l-A

:^/,2

mais

les traiisallaiiliques français et anglais;

par télégraphe avec

reliée

deux

de colonisation

siècles

d'autant moins que

France.

la

satisfaisante de notre

peu

situation

Toile est la

et

,

les parties anglaises et hollandaises,

et fait

un

^250.000 habitants, produit

Espérons que notre

trafic

le

chmat

jouissent d'une pros-

elle

moyen

mais une source de profits et un

mère

de plus de 140 miUions.

France équinoxiale

«

torpeur et que, imitant ses voisines,

la

mômes,

croissante. La Guyane hollandaise compte 80.000 habitants un commerce de 40 millions, et la Guyane 'anglaise, avec

périté

de

Guyane après

ce médiocre résultat se comprend

conditions naturelles sont les

et les

pas encore

elle n'est

j>

sortira

un jour de

sa

sera non plus une charge,

d'extension pour l'influence

patrie.

Ajoutons

ici

quelques détails sur

nègres marrons, à

les

Indiens Galibis

et

sur les

la Cxuyane.

Les Lndiens Galibis.

«

les côtes,

Les Indiens Galibis habitent

surtout à l'embouchure des fleuves. On en compte à peu près 7.000, tous soumis à la France; mais cette reconnaissance de notre autorité

ne se manifeste guère qu'au

moment où

ils

élisent

un

capitaine chef de tribu, dont le grade est soumis à la confirmation

du gouverneur. ((

Les Galibis, en

effet,

sont encore des nomades. Se jugent-ils

dans l'exercice de ce

lésés

enfants, bagages,

ils

qu'ils appellent leur liberté,

embarquent tout dans une pirogue

construire ailleurs leur cabane. Parfois

pur caprice.

Il est

vrai de dire

même

que leurs

ils

frais

femmes, et

vont

déménagent par

d'installation sont

médiocres, la plupart d'entre eux ayant pour demeures des ajou-

pas,

toits

de feuilles soutenus par des piquets fourchus, ou des

carbels, cabanes supportées par des piquets de quatre mètres de

haut.

On y monte par

Élevés ainsi en ni les

des poteaux entaillés en forme d'échelle.

l'air, ils

sont logés plus sainement et ne craignent

insectes dangereux ni les bêtes féroces. Leur mobilier consiste

en quelques hamacs, des instruments aratoires, des bancs de bois et

des pots vernissés.

êtres et

doux

jamais

Nos missionnaires ont

et sociables,

ils

mais

ils

réussi à en faire des

n'ont ni intelhgence ni énergie,

ne s'élèveront au-dessus de

la satisfaction

de leurs

besoins matériels. « Il

et les

y a bientôt

un

siècle, c'était la

économistes de vanter

l'état

mode parmi

les

philosophes

de nature. Malouet, dans ses


GUYANE FRANÇAISE Mémoires,

consacre

intéressants,

<railleurs

343

plusieurs

pages

vanter leurs vertus, et présente presque leur genre de vie

un

idéal à poursuivre. Cette admiration rétrospective

rire aujourd'hui.

nous

à

comme

fait

sou-

»

Les nègres marrons.

En dehors

«

nègres, aujourd'hui travailleurs libres

des anciens esclaves

et bientôt citoyens actifs,

il

nous faut mentionner un certain nombre de tribus nègres, qui mènent dans les grands bois du Maroni la vie que leurs ancêtres menaient jadis dans

Guyane

hollandaise.

On

désigne sous

les

le

descendants

les

marrons, comme on

d'esclaves évadés, de nègres la

Ce sont

les forêts équatoriales.

les appelait,

nom

de

générique de

nègres Boshs ou Bonis. Leur nombre n'a jamais été bien connu, et

de grandes inégalités se produisent dans leur appréciation. Les

uns

les

recensement,

inférieur. D'après le dernier

une

un

évaluent à 25.000, et les autres donnent ils

chiffre bien

étaient 17.000. C'est

un chef suprême et électif, le commandé par un capitaine. Les

sorte de fédération obéissant à

grand Man. Chaque

village est

affaires correctionnelles sont

graves sont déférées à

Man, Les

de sa juridiction. Les causes

un jury des

villages boshs

ressemblent aux villages africains. Les

nègres se construisent des huttes closes tous les regards.

On

l'état

le reste

de nature,

dérobent leur intimité à travail, d'in-

ne travaillent que pour vivre,

Ils

du temps à danser et

et

ne voit chez eux aucun signe de

dustrie et de relations utiles.

passent

et à boire.

Ils

vivent

et

bien à

si

sont tellement revenus à la superstition de leurs

ancêtres, que, lorsque meurt

un

des leurs, les autres passent

nuit à pousser des cris sauvages, afin d'empêcher esprits de venir enlever leur est

les plus

capitaines présidé par le grand

compagnon. En 1862,

venu à Cayenne. Ce sont nos costumes qui Font

les le le

la

mauvais

grand

Man

plus vive-

a fallu céder à son caprice et lui donner

un uni-

forme, qu'il porte dans les grandes occasions avec une

majesté

ment

frappé.

bouffonne. cette

Il

Comme

ses ministres ont,

grotesque,

parodie

nos

officiers

l'éternelle plaisanterie des boites

d'ornement.

J^e

eux aussi, réclamé pour eux ont renouvelé pour

de conserves

(lis(iibu('Os

ministre des affaires étrangères ou

tel

en

eux guisi*

aulie haut

dignitaire bosh porte avec gravité sur son couvre-chef ou sur sou

cœur une plaque en Nantes, '

»

ou

:

<r

cuivre doré où on

Sardines à l'huile de

Gaifahiîl, Les Colonies franraiica.

la

lit

:

«

Bn-uf à

Rochelle'.

»

la

modo de


LES ANTILLES

LA MARTINIQUE ET LA GUADELOUPE

— Les

Historique. situées

îles Antilles, si fertiles el si

deux Amériques, furent

entre les

avantageusement premières

les

terres

découvertes par Christophe Colomb en 1492 et 1493.

un grand

Exploitées ou colonisées d'abord par les Espagnols,

nombre

d'entre

Anglais

et

tombèrent au

elles

des Français.

C'est

xvii^

siècle

aux mains des

en 1G25 seulement que Richelieu

Compagnie française des Indes occidentales , et que le sire capitaine du roy dans les mers du Ponant (de l'ocd'Esnambuc,

fonda

la

<r

cident),

sivement

»

vint occuper Saint- Christophe; la

Guadeloupe,

Tabago, Saint- Vincent

Martinique,

la

et la

plupart des

partie occidentale de la grande île Haïti

heureusement

cette colonisation

hommes

tion à outrance des

la

ne

prit ensuite succes-

du Vent,

lies

la

Grenade,

ainsi

que

la

ou Saint-Domingue. Mallongtemps qu'une exploita-

fut

et des

on

Dominique,

choses

:

les

indigènes caraïbes

furent massacrés, et l'on dut recourir au travail des esclaves nègres

enlevés en Afrique l'un obtint

;

des

îles

pour 60.000

furent vendues à des particuliers, dont

livres la

Martinique

et Sainte-

Lucie

;

des

guerres de rivalité, des brigandages dévastèrent sans relâche ces colonies,

que

entreprises

l'on

ne considérait à

purement

En 1672, Louis XTV 5 millions de plusieurs fois,

Domingue,

cette

époque que

comme

des

financières.

livres,

racheta à une deuxième compagnie, pour

de 1759

libérés trop

que l'Angleterre nous enleva

Antilles,

les

à

1810.

En

1790,

brusquement

et

les

noirs

de Saint-

imprudemment par

les

décrets révolutionnaires de l'Assemblée constituante se révoltèrent ,

et se rendirent maîtres

de

l'île

Haïti

,

qui forme aujourd'hui deux


LES ANTILLES

En

Ktats indépendants.

Antilles qui et

ses

1815, les Anglais nous rendirent celles des

nous restent,

dépendances,

345

c'est-à-dire la Martinique, la

et la

Guadeloupe

moitié de Saint-Martin. L'île Saint-Bar-

thélémy, que nous avions cédée à la Suède en 178 i-, nous fut rétrocédée en 1877, moyennant compensation financière.

Géographie physique.

Les Antilles françaises sont situées et 63-65o de longitude ouest; elles font

par 14-180 de latitude nord partie de l'archipel des îles

^OT^Th

Sous-le-Vent ou des

ffr.J

\63° 3o-

Ca^aL

'^

lej

petites Antilles

Sainte' -M-ÔJ^ Sainte Jtoséa

Ca^ietrut^

ci? la-

cU

0.

Pcuris.

J?omxnxçiL&

,

P.I.cU-lo' CaravellCf

£^° nnTi_iy^u,e^ àrlinique

1

S.Vhruiàn^

PETITES / f ANTILLES. / / la.ooo.ooo.

MarbcLtie)

^^'^'^^^ a=

':OrcncLcie-

tfl

O^Pl^BeLhoTTL'

l^:::^^Assompkony

CanaJL Sr" Lucien

Carte des Antilles françaises et de la Martinique.

une courbe remarquable des côtes de

occidentales, qui décrit

Guyane aux grandes Elles sont

au nombre de deux grandes

Guadeloupe, séparées par petites îles, savoir

Dominique

la

îles, la

sines de la Guadeloupe,

l'île

Martinique

et la

anglaise, et de plusieurs

Désirade, Marie -Galante,

la

:

la

Antilles.

Saint -Barthélémy et

les Saintes, la

voi-

moitié do

l'île

Saint-Martin, situées plus au nord.

La Martinique, dinina,

soit

ainsi

nommée,

soit

de son

par Christophe Colomb, qui

Saint-Martin (1493), est une

île

la

nom

caraïbe la 3/«-

découvrit

le

largeur et de 987 kilomètres carrés de superficie. Sa forme, allongée, est fortement ébréchée au sud-ouest par

de Fort-de-France

et

du Marin, que sépare

mant. La côte orientale projette sine de

nombreuses

Cayes, de l'espagnol

l)aies «

la

la

presqu'île de

»,

les

la

la

'.\()dc

elliptiipu',

deux

presqu'île

Itaies

du Dia-

Caravelle et des-

renfermaut une miiiUliKle

Cayos

jour de

de 70 kilomètres de longueur sur

d'ilols appelés

rochers. Ces l)aics sont inalinMi-


I^A

3/^6

FRANGE COLONIALE

reusemciit rendues inliospitalières par des bancs de récifs madir

poriques.

Goiiïullalion d'un guérisseur nègre (Martinique).

Son

sol

volcanique, montagneux, est surmonté de pitons boisés

et

de mornes ou collines de laves

la

montagne Pelée, 1.350 mètres,

partie sud est

moins élevée

et

;

il

et

est

dominé au nord-ouest par

par

les pilons

du Carbel

do nature plus argileuse.

;

la


LES ANTILLES Parmi lonnent

Lézard

les

nombreux

les flancs

347

torrents, souvent à sec en hiver, qui

sil-

des montagnes, les principaux sont la rivière du

et la rivière Salëe.

La Guadeloupe

par vénération pour Notre-Dame de

Espagne. C'est une

Iles distinctes,

la

Guadeloupe,

soit à

île

soit

cause de

montagnes estramaduriennes de

sa ressemblance avec les

nom en

par Christophe Colomb,

fut ainsi baptisée

même

double, en réalité formée de deux-

séparées par la rivière Salée, sorte de canal maritime

naturel, large de 20 à 50 mètres,

qui

semble creusé dans un

3o

'fia

Guadeloupe

la

isthme de terres basses. la

Guadeloupe proprement

mais improprement, car élevée de

piton de

1

et

de ses dé|ien lances.

L'île occidentale,

de forme ovalaire, ou

dite, est aussi appelée la

c'est

une

ile

Basse- Terre,

volcanique, montagneuse,

mont Sans-Toucher, et de 1 .48i mètres au volcan en activité. Son cours d'eau principal

la

Soufrière,

Goyave; son

littoral,

escarpé, bordé de l)risants,

(^st

accessible. L'ile orientale, aussi faussement appelée la (Irandc-

Terre

,

est la plus petite des

lines, s;iuf

deux

Entre

:

c'est

quelques mornes, sans bois

caire boit l'eau pluviale; elle est les plus

une

])asse,

ile

ni rivières,

néanmoins

sans col-

car son sol cal-

très fertile cl renfciiiie

grandes cultures de canne à sucre. les

deux

terres s'ouvrent

Grand-Cul-de-Sac-Marin le

Tcrre,d>:nCc^s<!^

.480 mètres au

est la Rivière à

peu

^

/.^Tcpre-d'enHaut

^<.^if^^

Carie de

,

Petit-Cul-de-Sac, avec

,

deux golfes appelés, au nord,

terminé par la

baie

d(^

la

baie de Lameiilin

IV»inle-à Pitre.

;

h;

au sud,

La Graiide-Tenv,


LA FHANCb; COLONIALE

348 (le

lorme triangulaire, projette ù

longue pointe des Clià-

la

l'est

teaux, terminée par des aiguilles basaltiques, et s'avancant

pour séparer

de

l'ile

Désirade de deux

la

opposition à la Grande-Terre, ont

La Désirade y ou aperçoit en

rocheuse

la

«

première terre que l'on

la

une

c'est

de forme allongée,

île

fertile.

Marie-Galante

L'île

Colomb,

appelés Petite-Terre.

ét('

Désirée », est

venant d'Europe;

peu

et

comme

qui, sans doute par

îlots

de

est ainsi appelée

la goélette

de Christophe

Maria-Galanda (Marie-Gracieuse). De forme arrondie,

la

elle est plate à l'intérieur, fertile et

L'archipel

des

Saintes,

bien boisée.

"Santos,

los

est

formée de

volcaniques découverts par Christophe Colomb

le

six

jour de

la

îlots

Tous-

saint.

Les

Saint-Barthélémy

îles

nord de

la

Saint-Barthélémy est un

que souvent sines.

et

Saint-Martin sont situées à 50 heues

Guadeloupe, au milieu

il

anglaises et hollandaises.

d'îles

de 21 kilomètres carrés, tellement sec,

îlot

faut aller chercher de l'eau potable dans les îles voi-

L'île Saint-Martin, plus considérable

que

précédentes

les

(55 kilomètres carrés), n'appartient à la France que pour les deux tiers, la partie

nord, avec

l'îlot

Climat et productio^-s. par leur nature volcanique les plus

tempéré par

variant de 17o à 33o,

:

pluies

peu d'étendue, de

l'île

les brises

même somme

4 mètres), torrentielles sons

Par leur situation intertropicale,

et leur

grandes analogies avec

chaull, mais

Tintamarre.

les Antilles

Réunion.

la

de mer,

même

Même

ont

climat

température

de pluies abondantes (3 à

et périodiques,

même

succession de sai-

hiver sec et rafraîchissant, été pluvieux et chaud (car les

accompagnent toujours

tefois cette différence

Antilles ont l'été en

le soleil

dans sa course).

les

y a tou-

que, situées dans l'hémisphère opposé, les

même temps

que l'Europe, de mai à sep-

tembre, alors que Bourbon a son hiver,

Les ouragans,

Il

raz-de-marée,

et

réciproquement.

tremblements de terre

les

presque annuels, y font parfois de grands ravages. En 1838 Fortde-France, et en 1843 Pointe-à-Pitre, ont été complètement détruits.

Les minéraux sont presque nuls, sauf

La

flore

est

arborescentes,

riclie

le

soufre et le sel marin,

en espèces tropicales

conifères, arbre à pain,

muscadier, caféier, goyavier,

giroflier,

:

palmiers, fougères

mancenillier,

avocatier,

tamarin, campêche, acajou,


,, ,,,

LES ANTILLES

349

térébinthe, cotonnier, cacaoyer, ananas, etc.

peu considérable,

rongeur de

de marsupiau de

sorte

La faune indigène, les reptiles, les

communs. On y pêche même

vipères, les poissons sont

Le manicou,

pauvre en mammifères; mais

est

la

la baleine.

Martinique, et l'agouti,

Guadeloupe, ont une chair comestible. Les espèces domestiques ont été importées d'Europe. la

Géographie politique.

— La population

Leur

leurs immigrants. n'égale la

que

totale des Antilles fran-

non compris 15

çaises est de 330.000 habitants,

de 2.G30 kilomètres carrés,

superficie,

d'un département français

la moitié

à 20.000 travail-

mais

;

la densité

de

presque

le

population est de 125 habitants par kilomètre carré

double de

En

voici

celle

Martinique,

Guadeloupe

3° Désirade

de France.

tableau statistique

le*

superficie

— — — — — —

,

,

4° Marie-Galante

,

S" Les Saintes,

6° Saint-Barthélemy, 7° Saint -Martin,

Ces

iles

:

:

987 kilom. carrés

population 165 000 habit.

1380 kilom. carrés 26 kilom. carrés 150 kilom. carrés 13 kilom. carrés

21 kilom. carrés

55 kilom. carrés

sont peuplées, pour

cendants de Français; pour

— — — — — —

140000 2 000

habit. habit.

15 000 habit.

600 000

habit.

4000

habit.

1

3

un dixième, de blancs ou

liabit.

créoles des-

dixièmes, de nègres libérés et

les huit

gens de couleur (mulâtres, quarterons, grillons, câpres), résultant

du mélange des deux races. Le dernier dixième comprend les Européens, soldats ou fonctionnaires, et les travailleurs immigrants indous table

forment

et chinois qui

que

la

la

massacre qu'en ont

fait les

mais

|)eu

pas grandes pour

les

ait

Il

est regret-

entièrement disparu par

le

premiers colons blancs.

Les mulâtres, qui constituent intelhgeiits,

population flottante.

race indigène caraïbe

la

masse du peuple et

ti^availleurs,

blancs, dont

le

leurs

antillien, sont

sympathies ne sont

noml)ro et riullueiice dimi-

nuent.

La langue Antilles; elle

française est d'uji emploi pi'csque exclusif dans nos

domine aussi dans

la

Dominique anglaise

La plupart des écoles primaires sont tenues par Le christianisme

est

Administration.

et à JJaïli.

les coiigréganistes.

généralement professé.

Les Antilles françaises forment deux gou-

vernements, dont l'un comprend

la

]\[arlini(|uo

scnli-,

cl

Taulre


LA FRANCE COLOMIALE

:{50

Guadeloupe avec ses dépendances, qui sont toutes les [)etites députés à la Chambre îles. Chaque gouvernement nomme deux

la

française.

La Martlmque compte 105.000 habitants; arrondissements

:

Kort-de-h^rance et Saint-Pierre,

Paysage de

vingt-six

elle est divisée

la

et

en deux

comprend

Martinique.

communes, qui sont beaucoup

plus vastes que celles de

la

métropole.

Fort-de-France , 1^2.000 habitants,

est le siège

du gouvernement

est cour d'appel. Situé sur une rade superbe, son port sur Saint-Louis, excellent, sa position miUtaire magnifique. Le fort

et

de

une

la

presqu'île rocheuse, le domine.

Saint-Pierre, 23.000 habitants, ville épiscopale, sur manque de port; mais sa bonne rade foraine en fait place de

commerce des

Antilles françaises.

la

côte ouest,

la principale


LES ANTILLES Les autres centres populeux sont

le

351

Lamentin,

le

Marin,

la Tri-

nité, la Basse-Pointe.

La Guadeloupe a 140.000 elles

forment ensemble

Pointe- à- Pitre

et

habitants, et ses dépendances 25.000;

trois

arrondissements

:

la

Basse- Terre,

Marie -Galante, comprenant trente-quatre com-

munes.

' ^^^^'rZr^'^* Paysage de

La

ville

de Basse- Terre est

la

le

Guadeloupe.

chef- lieu

du gouvernement,

siège de la cour d'appel et de l'éveché. Située sur la C()te sud-ouest

de

l'île

qui porte

le

môme nom,

elle n'a

sa population, en décadence, n'est phis

Au

qu'une rade foraine,

qii(>

et

de 8.000 habiianls.

contraire, Pointe-à- Pitre, 17.(K)0 habitants, est llorissaiil.».

Située entre les deux

îles,

belle rade, bien abritée,

commerce de

en

au sud-ouest de fliit

la

la

Grande-Torre, sa

principale place do guerre «H

.le

la colonie.

Le Moule, 8.000 habitants,

q\,

Port-Louis, dans

la

(Iraiide-Torro-


LA FRANCE COLONIALE

352

Sainte- Marie et Capesterre, dans

la

Basse -Terre, sont d'autres

petites villes maritimes.

chef-lieu

le

ne forme qu'une commune, dont

12.000 habitants,

La Désirade, est

le

de

l)ourg

Grande-Anse. Elle possède une

la

léproserie.

Marie- Galante, 15.000 habitants, forme un arrondissement et trois communes. Son chef-lieu est Grand-Bourg, au sud-ouest de l'Ile.

Culture de canne et pèche.

Les Saintes, 1.600 habitants, forment Terre-de-Haut bien

et

fortifiées,

les

deux communes de

de Terre-de-Bas. Roclieuses, bordées de

elles

récifs et

sont le Gibraltar français des Antilles. Les

habitants sont d'excellents marins et pêcheurs. L'île

Saint-Bartiiélemy, 3.000 habitants, forme

Carénage

,

forme

commune du

de

Saint-Martin,

l'ile

qui fut

4.000

habitants,

Marigot. Elle renferme d'excellents mouil-

eaux sont très poissonneuses.

lages, et ses

et

,

retraite de flibustiers.

française

partie la

commune du

port que les Suédois avaient appelé Gustavia

longtemps une

La

la

La

partie hollan-

daise a d'importantes salines et pour chef- lieu Philippsburg

port

,

actif.

Commerce.

Les Antilles sont,

comme

la

Réunion, des colonies

à cultures ou à plantations de canne à sucre, produit dominant; cacao, café, qui fut tabac,

épices, etc.

cultures de

«

vivres

un

A ï>

instant

ces

abandonné; coton, rocou,

cultures

du pays

:

ind^ustrielles

le

;

se joignent les

manioc, banane, iguane, patate,

arbre à pain, ananas. La canne à sucre Antilles

vanille,

fait

la vraie richesse

des

elle se cultive sur les côtes jusqu'à 300 mètres d'altitude,

café jusqu'à 600 mètres; au delà s'étagent les forêts d'acajou,

de bois de campêche, de bois de fer, de catalpas, etc. La pêche est une grande ressource pour l'ile Marie- Galante. Saint-Martin exploite des salines. Le soufre des volcans de la Soufrière est

abondant, mais inexploité.

Les routes coloniales sont assez nombreuses, et possède même quelques chemins de fer à voie

la

Grande -Terre

étroite

qui

des-

servent les usines à sucre.

Le commerce général

s'élève,

année moyenne, à 120 millions

de francs, se partageant par moitié entre la Martinique deloupe, et aussi à peu près par moitié en exportations tions.

et la et

Gua-

importa-


»

LES ANTILLES Les exportations consistent pour

rhum

353

5/6 en sucre et ses dérivés

les

;

(eau -de -vie), sirops et mélasses, puis en rocou, vanille, casse, bois de teinture. Les importations consistent en et tafia

vins, viandes salées et beurre, habillements, objets de luxe, outils et

métaux ouvrés, venant de France, morue de Terre-Neuve,

farine des États-Unis, guano, houille anglaise.

Les échanges se font avec

France, pour

la

exportations et 1/3 des importations),

le reste

la moitié (2/3

des

avec les États-Unis,

l'Angleterre, les Antilles anglaises et espagnoles, Haïti.

— Le pavil-

lon étranger (américain, anglais) prévaut pour les transports sur

Ce dernier correspond surtout avec Saint -Nazaire, Bordeaux, Marseille.

le pavillon français.

Les grands marchés coloniaux sont Saint-Pierre de et Pointe-à-Pitre,

la

le

Havre,

Martinique

où, ainsi qu'à Fort-de-France, les transatlan-

tiques français et anglais font relâche.

Des câbles sous -marins

relient les Antilles françaises et leurs

voisines à l'Europe par les États-Unis et Terre-Neuve, et par le Brésil et Lisbonne.

Ajoutons,

comme

termes de comparaison, que

le

commerce de

Haïti s'élève à 100 millions, celui des Antilles anglaises à 300 millions

celui

et

1 milliard

de Cuba

et

Porto-Rico, aux Espagnols, à plus de

de francs.

La nature aux Antilles.

«

Terminons

par une esquisse des grands spectacles que

Contemplons une matinée des

Antilles

le

tableau des Antilles

la

nature y développe.

dans

la saison des fortes

losées, et pour en jouir complètement, saisissons le le soleil,

quille,

paraissant avec tout son éclat dans

dore de ses premiers feux

la

un

ciel

moment où pur

cime des montagnes,

larges feuilles de bananiers et les toulfes des orangers.

réseaux de lumière qui

les

:

les gouttes

l'insecte qui c(

la

les les

les feuil-

plus trans-

imperceptibles de rosée qu'ils ont retenues,

ne sont plus qu'autant de perles que mille nuances, et

Sous

gazent avec délicatesse, tous

lage divers semblent tissus de la soie la plus fine et

parente

et tran-

le soleil

se plait à colorer de

du centre de chaque groupe de

feuilles étincelle

nage dans ces gouttes d'eau.

Les prairies n'oITrent pas

un

as[)e('t

surface de la terre n'csl qu'une plaine

Souvent, lorsque qui couvraient

les

rayons du

le vaste

soleil

moins ravissant de ont

miroir de l()':éan,

cristal <lissii)(!'

une

et

les

:

ton

If

l;i

de <lianiant. bronillai'ds

illusion

d'oi)tiquo 23


LA FRANGE COLONIALE

334

TanUH

vient on doubler les flots et les rivages.

énorme

lit

de sable là où s'étendait

un

l'on croit voir

mer, tantôt

la

canots

les

éloi-

gnés semblent se perdre dans une vapeur embrasée, ou, soulevés au-dessus de l'Océan,

temps qu'on

ils

flottent

ombre s'y réfléchir

voit leur

mirage sont fréquents dans

même

dans une mer aérienne, en

les climats

fidèlement. Ces effets de

équatoriaux.

La douce tem-

pérature de la matinée permet à l'ami de la nature d'admirer les riches paysages de cet archipel. Quelques montagnes nues et ren-

versés l'une sur l'autre dominent par leur élévation toute la scène inférieure.

A

leurs pieds se prolongent des

montagnes plus basses,

couvertes de forêts épaisses. Les collines forment din de cet amphithéâtre majestueux;

qu'aux bords de la mer, de la plus noble sont des moulins

et ,

de

elles

depuis

troisième gra-

sommets

A

chaque pas, ce

des habitations qu'on voit à travers les branches

ou qu'on entrevoit ensevelis dans les ombres de la forêt. « Les plaines offrent également des tableaux neufs

Pour vous en former une

gnant et la

le

;

l'ornement de nos les

cocotiers,

les

faites-en à plaisir mille groupes différents, en y joi-

tamarinier, l'oranger et tels autres arbres dont les nuances

hauteur leur soient proportionnées

touffes bizarres

Yoléandre corclia

fait

rassemblez les palmiers,

jardins botaniques;

et variés.

en pensée tous ces arbres

idée, réunissez

et arbustes dont la magnifique végétation

plantaniers

jus-

sont couvertes d'arbres et d'arbrisseaux

plus belle structure.

la

le

leurs

ou

vigne de

;

voyez jouer au milieu

de l'épine de Jérusalem,

sébestriers,

les

les

buissons de

l'écarlate vive et brihante des

et des roses d'Afrique,

Grenade,

les riches

les

berceaux entrelacés du jasmin

bouquets délicats du

lilas,

les

et

de

la

feuilles

soyeuses et argentées de la portlmidia ; ajoutez-y la magnificence variée des le vert

champs de cannes

émail de leurs feuilles

;

ou

étalant la pourpre de leurs fleurs les

maisons des planteurs

,

les huttes

des nègres, les magasins, les ateliers, la rade lointaine couverte

d'une forêt de mâts. «

L'Océan

même

offre

rare partout ailleurs.

souvent

Aucune

étonnamment transparente,

coraux

et les

dans

la

matinée, un aspect

que vous oubliez presque que

rayons de vue y soient interceptés le sable à une profondeur

ici,

brise n'en ride la surface; elle est

vous distinguez

;

les

mousses qui tapissent

les

les

rochers et

immense vous croyez pouvoir ;

si

saisir les

premiers, et vous compteriez

sans peine les mollusques et les testacés qui se reposent sur l'autre.


LES ANTILLES

335

Mais quel trouble soudain agite cette foule d'oiseaux

<r

Ces sinistres

l'air

gan. L'atmosphère devient d'une pesanteur insupportable,

momètre en plus,

dans

s'élève extraordinairement, ro])scurité le

de

et

du désespoir, cherchent des asiles? pressentiments nous annoncent l'approche d'un oura-

quadrupèdes qui, avec

vent tombe tout à

le silence.

fait, la

le

ther-

augmente de plus

nature entière paraît plongée

Bientôt ce silence est interrompu par les roule-

ments sourds des tonnerres éloignés

la

;

scène s'ouvre par une

foule d'éclairs qui se multiplient successivement, les vents déchaî-

mer

nés se font entendre, la ses vagues;

leur répond par le mugissement de

les bois, les forêts,

les

cannes,

les plantaniers,

les

palmiers, y joignent leurs murmures et leurs sifflements plaintifs. La pluie descend à flots les torrents se précipitent avec fracas des ,

montagnes

des collines,

et

les rivières

s'enflent

bientôt les ondes accumulées débordent de leur les plaines.

Bientôt ce n'est plus

n'est plus la

mer mugissante

désordre de tous truisent.

se

vents furieux, ce

qui ébranle la terre

mêle à l'onde,

et

et

et sul)meri>'ent

lit

éléments qui se confondent

les

La flamme

un combat de

par degrés,

;

non

,

c'est le

et s'entre-

l'équilibre

dé-

de l'atmo-

sphère, ce lien général de la nature, n'existe plus. Tout retourne à l'antique chaos. Quelles scènes n'éclairera pas le soleil

Les arbres déracinés toute la contrée.

et les habitations

Le propriétaire

du matin!

renversées couvrent au loin

s'égare

en voulant chercher ce

qui reste de ses champs. Partout gisent les cadavres des animaux

domestiques pêle-mêle avec

eux-mêmes

les

oiseaux des forêts. Les poissons

ont été arrachés de leurs humides retraites,

recule d'effroi

quand on

les

meurtris en se froissant contre les débris'...

'

Malte- Brun, Géographie

et

l'on

rencontre, loin de leurs demeures,

universelle.

»


SAINT-PIEURE ET MIQUELON H3=-^'Ot;-

— Après

Historique.

découverte de rAmérique par Chris-

la

tophe Colomb en 1492,

et

pendant qu'au xyp siède l'Espagne

fondait d'immenses et riches colonies dans les parties centrales et occidentales de ce vaste continent, les Français, de

Anglais,

En

portèrent

leurs

vers l'Amérique

efforts

1494, Jean Cabot, Vénitien au

Terre-Neuve

vrit

et le

envoyé par François

Labrador.

!<"•,

même

que

les

septentrionale.

service de l'Angleterre, décou-

En

1524,

Florentin Verazzani,

le

explora les côtes du Canada,

après, Jacques Cartier, de Saint -Malo, remontait

et,

dix ans Saint-

le fleuve

Laurent.

Mais

en 1G08, avec

c'est

que commence

la

fondation de Québec par Champlain,

la colonisation

du Canada ou d©

Nouvelle-France,

la

tandis que nos voisins créaient la Nouvelle-Angleterre

un peu

plus

au sud. Les explorations des missionnaires français et de Cavalier de

la Salle

(1680) ajoutèrent au Canada les bassins des grands lacs

du Mississipi, qui reçut

et la vallée

le

nom

de Louisiane, en l'hon-

neur de Louis XIV.

Au commencement du

siècle dernier,

les

nombre

de 30 à 40.000, occupaient donc en

toire six

ou huit

fois plus vaste

que

la

au

colons français,

Amérique un

métropole

;

terri-

c'était trop

en présence des Anglais déjà beaucoup plus nombreux dans

peu

le voi-

sinage. Aussi les guerres d'Europe leur furent-elles funestes.

Dès 1713, et les terres

le traité

de

d'Utrecht nous enlevait Terre-Neuve, l'Acadie

la baie

donnait à l'Angleterre

deux les

îlots

d'Hudson,

le reste

et

en 1763,

le

du Canada, ne nous

de Saint- Pierre et Miquelon,

et

un

traité

de Paris

laissant

droit de

que

les

pêche sur

côtes de Terre-Neuve.

Toutefois

il

est

bon de remarquer que

si

le

Canada ne nous


SAINT-PIERRE ET MIOUELON appartient plus politiquement,

nombreux que

plus

fois

Montréal

et

Québec

Dominion

of

les nôtres, la

Aussi,

même

Canada

couronne britannique verner.

Anglais y sont aujourd'hui trois

population des provinces de

est restée française de

de mœurs, de religion et le

si les

,

à part

cœur comme

d'institutions

jouit d'une

;

en

fiction

protège plutôt qu'elle ne gêne

le

effet,

d'origine,

depuis 1867,

autonomie complète sous

qui laisse à chaque État la

357

le

la

soin de se gou-

de souveraineté anglaise, qui

développement de ces colonies,

le

bas Canada, avec ses 1.200.000 de Français, est- il en dehors de

^Hots dcl!>e.lirU

^^'l-^^ PIERRE ;.^^^ PIF^tf^ r-;V^f-A^

,.--

Carte des

l'Europe

la

plus importante,

sante des expansions de la la faculté colonisatrice

en

Saint-Pierre et Miquelon.

îles

comme

mère

la

plus belle, la plus

patrie, celle qui montre

de notre race lorsqu'on

la laisse

le

floris-

mieux

s'épanouir

liberté.

Saint-Pierre et Miquelon sont deux petites kilomètres de Brest, sur latitude

nord

et 58» 30'

la

côte sud de

iles

situées à 6.000

Terre-Neuve, par il^ de

de longitude ouest.

Peuplées de 5.000 habitants; d'une étendue

de 325 kilomètres

carrés à peine; formées de plateaux rocheux, granitiques, hauts de 200 mètres et tellement stériles que les sapins n'y atteignent pas la

un climat brumeux et froid qui en séjour en hiver peu agréable, ces deux iles n'ont de valeur

taille

d'un

rend

le

que

homme;

comme

placées sous

rendez-vous pour nos pêcheurs en

été.

plus étendue que sa voisine, est une ilc barre double, formée de deux ilôts rocheux réunis jtar unediuio ou

Miquelon, neuf

fois


LA FRANGE COLONIALE

358

sablonneuse longue de 10 kilomètres, sorte d'isthme qui plus d'une a été coupé par la vague et où trop souvent les navires vont

fois

Au

s'échouer.

nord,

la

Grande Miquelon renferme

l'anse et la ville

de Miquelon, ainsi que deux vastes lagunes nommées harachois,

barques trouvent un abri au sud,

les

;

sœur jumelle, porte

aussi grande que sa

manque de

le

Miquelon, presque

nom

de Langlade et

ports.

Saint- Pierre est

L'ile

la Petite

4.000 mètres de largeur;

Langlade par un canal de

séparée de

n'a que 25 kilomètres carrés de sur-

elle

face et 5 à 7 kilomètres d'étendue;

mais

elle

possède une

belle. et

vaste rade au fond de laquelle s'est bâtie la ville de Saint -Pierre. Cette rade, fermée à l'est par les îlots dits aux Chiens (phoques),

aux Vainqueurs

et

aux Pigeons,

et

par

Grand-Colombier,

le

est le

principal rendez-vous de tous les navires se rendant aux bancs

:

aussi se trouvent les principales sécheries de poissons.

La

ville

de Saint-Pierre , chef-lieu de

d'un

la colonie, siège

tri-

bunal de première instance et d'une préfecture apostolique, est construite

en bois du nord;

4.000 habitants

,

qu'une population sédentaire de

elle n'a

presque tous français

qui double son importance en

On

été.

et

,

une population

flottante

y construit des goélettes et

des pirogues de pêcheurs.

La pêche de

trie

et la

préparation de

la colonie et

La pêche

se

fait

tout sur le

morue

en occupent toute

dans tout

Saint-Pierre et sur

la

le

le

la

constituent la seule indus-

population.

golfe Saint- Laurent, sur le

Banquereau

situés

au sud de

l'ile,

banc de

mais sur-

oTand banc de Terre-Neuve. Ces bancs sont des fonds

couverts d'un énorme amas d'alluvions déposées à leur point de

rencontre par

du courant

les

eaux chaudes du Gulf-Stream

polaire. C'est là

que

et les

se développent

taines époques fixes et en bandes innombrables, la le

capelan et d'autres poissons. C'est

eaux froides

ou arrivent à morue,

le

cer-

hareng,

que, chaque année,

les

pêcheurs anglais, américains, hollandais et français viennent se Les ports

réunir. ville,

bretons et

normands de Saint-Malo, Gran-

Fécamp, Dieppe, y envoient de trois à quatre cents goé-

montées par 800 à 1.000 marins exercés. Trente mihions de kilogrammes de poissons forment la part de nos pêcheurs tandis

lettes

,

que

leurs

concurrents

huit à dix fois plus l'Océan.

:

de

telle est

diverses

nationaUtés

en

prennent

l'abondance de cette production de


SAINT-PIERRE ET MIQUELON La morue de

se

prend au moyen de

filets

359

flottants, dits

seines,

ou

de fond. Les hameçons sont amorcés avec du poisson plus hareng ou capelan, qu'il a fallu acheter ou pêcher tout

lio-nes

petit,

d'abord.

jour, sur le

Chaque

bateau, la

Pèche de

désossée, salée

:

c'est la

morue

la

morue

prise est vidée,

morue.

verte qui,

ne pouvant se conserver

Antdles, a expédiée rapidement en France, au.^ conserver indéliniment; c'est Bourbon; la morue dite sèche peut se grève et lavée, est étendue sur la celle qui, après avoir été vidée demandent un espace pour sécher à l'air et au soleil. Les sécheries trouvent non seulemenl aux considérable; celles des Français se sur les côles ouest, nord et Saint-Pierre, mais encore

longtemps,

îles

est

Miquelon


LA FRANGE COLONIALE

aeO et noiJ-est

de Terre-Neuve, où

sécherie, droits exclusifs

la

France a conservé ses droits de

ou partagés avec

les Anglais.

L'industrie de la pêche, excellente école de marins, est encou-

ragée par

gouvernement français au moyen de primes d'arme-

le

ment accordées par

le

commerce

chaque année

colonies. Toutefois

national entre la France et ses

voit

diminuer

le

nombre de nos

compatriotes qui font ce rude métier.

Le commerce de dans

néanmoins

colonie est

la

florissant;

s'est élevé

il

quinze dernières années de 10 à 25 millions de francs, dont

les

15 millions pour les exportations de huile de foie de

morue

verte,

morue sèche,

morue, rogue (œufs de morue qui servent

saumon, capelan

et autres

poissons, expédiés vers la France et ses

Les importations consistent en vêlements

colonies.

d'appâts),

de

et objets

consommation, vins, eaux- de -vie, venus de France, des ÉtatsUnis, du Canada et des Antilles; en outre le sel de Cadix nécessaire

aux

salaisons.

communication fréquente avec

Saint-Pierre est en

nombreux

les

paquebots transatlantiques. Deux câbles sous -marins viennent y atterrir un câble anglais et le cable français qui relient Brest aux :

États-Unis.

Terminons

cette notice

par quelques détails sur l'intéressant type

des pêcheurs de Saint-Pierre et Miquelon.

Type du pécheur de Terre-Neuve. mèrent

la

geant,

un

population primitive des

îles

«

Les

trois races qui for-

ont produit, en se mélan-

type qui ne présente aucune originalité, mais chez lequel

on retrouve, avec un langage émaillé de vieux français, de mots bretons et basques et d'expressions normandes, les coutumes de

noms mêmes

ces contrées. Leurs familles

du pays dont

plus connus de nous

Aubert, des Coste, «

La majeure

pêcheurs,

ils

des

,

sont ceux que portent les vieilles

noms

fort

communs en Normandie

honnêtes

a

des

et

Ce sont ces rudes

robustes, qui, méprisant

vivent mouillées

», a dit

l'histoire tient entre le flot qui

danger sans

le

nombre demander

l'Océan de qiioi subvenir aux besoins de leurs familles

dont toute

:

les

etc.

partie des habitants sont marins.

cesse affronté, vont au milieu des périls sans

laborieuses qui

comme

sont partis; nous avons noté,

;

populations

un grand

monte

à

et la

poète,

et

vague qui

s'en va. <f

Quand

l'hiver a

suspendu tous

les

travaux extérieurs

;

quand


SAINT-PIERRE ET MIQUELON

bateaux, désormais inutiles, dorment halés sur les grèves; quand

les

neige a couvert

la

361

d'une couche épaisse

la terre

munications presque impossibles, éprouvés par finir, tricots,

la

bas

la

femme

garde -robe pendant et

vareuses pour

la

la

et

les comdommages

rendu

répare les

rude saison qui vient de

campagne prochaine

,

dont on

attend l'ouverture avec impatience; le mari raccommode, met en

ordre

les

se sert

engins, et fabrique ces longs

pour

la

Pèche de

«

Lorsque

tout à coup

à mailles étroites dont

il

baleine (Mers polaires).

la

de

l'été arrive, l'aspect ;

filets

pêche aux harengs.

les

maisons où

l'on

la

rade de Saint-Pierre change

se tenait barricadé s'ouvrent de

nombre, depuis

toute part; les auberges, qui sont en grand

le

Lion-d'Or jusqu'au moindre cabaret, arborent à leurs fenêtres des appâts séduisants de bouteilles de tous

tude de navires venant du

lai'ge

tants de «

Et

l'ile

à dix,

douze

et

c'est là, à sa façon, à

les

et ([ui fait

môme un

le

poris de

monter

quai une popu-

France, depuis

le chilïVc

des liabi-

quinze mille âmes.

certain point de vue,

tion très distinguée, très fière d'elle-mrm(%

une

formats, et une multi-

débarquent sur

lation nouvelle qui arrive de tous

Bayonne jusqu'à Dunkerque,

les

ipii

une popula-

se considère

comme

espèce d'élite dans la création, et qui, en vérité, n'a pas tout à

fait tort.

En un mot,

ce sont

les

[x'chcuis des

bams

qui

l'oiil


LA FRANCE COLONIALE

362

provisions de vivres

leurs

pour eux-mêmes, d'appâts pour

le

poisson qu'ils veulent prendre. Le costume de ces matelots atteint

dernières limites possibles du désordre pittoresque. Des bottes

les

montant jusqu'à mi-cuisse, des chausses de

comme

ples

celles

ou de laine, am-

toile

de Jean Bart sur l'enseigne des marchands de

tabac, des camisoles bleues et blanches, ou rouges, ou rouges et

blanches, des vestes ou des vareuses de tricot qui n'ont plus de couleur,

si

jamais elles en ont eu

,

des cravates immenses, ou plutôt

des pièces d'étoffes accumulées, tournées, nouées autour du cou,

énormes pendant sur

des suroîts

laine bleue enfoncés sur les oreilles

des mains

nilles,

comme

que de couleur humaine

,

dos, ou bien des bonnets de

le

et

;

,

sortant de toutes ces gue-

des battoirs, des visages plutôt basanés plutôt noirs que basanés

,

couverts de la

végétation désordonnée d'une barbe qui depuis quinze jours n'a pas

vu

le rasoir

;

voilà l'aspect honoré, respecté,

admiré du pêcheur des

bancs. «

Il

reste encore

un point important pour que

la description soit

complète. Prenez l'homme ainsi qu'il vient d'être dit, roulez-le pen-

dant deux bonnes heures dans la graisse de tous les poissons possibles

alors

ne manquera rien à

ressemblance. Car

il

faut le

concevoir huileux au premier chef, sans cela ce ne serait plus

le vrai

:

il

la

pêcheur. «

va

Ainsi s'offrir

fait,

il

descend de sa goélette, aussitôt

avec bonhomie, mais avec

le juste

qu'il a mouillé, et

sentiment de ce

vaut, à l'accueil chaleureux et admiratif de l'habitant.

dans

le

sentiment de sa gloire sur ce sol qui l'appelle depuis un

mois. Les mains dans les poches, la pipe à la bouche,

Adam

dans

le

tion d'être au

comme pas

paradis terrestre,

monde dont ,

la merveille; et,

il

il

en a l'innocence

se considère aussi

encore une

un homme de mer, depuis

pense cela de

*

Il

qu'il

marche

fois,

il

,

rappelle

en toute humilité,

a raison, car

l'amiral jusqu'au

lui*. »

Comte de Gobineau, Voyage à Terre-Neuve [Tour du monde).

FIN

il

et la satisfac-

il

n'est

mousse, qui ne


TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION DES COLONIES EN GÉNÉRAL

^ La coDCurrence coloniale — Diverses sortes de colonies m. — Utilité et nécessité des colonies IV. — Aperçu chronologique de la colonisation française.

7

I.

12

II.

Citations d'auteurs. J.

Duval,

Carte. —

19

.

Leroy-Beaulieu, page

1 î.

.1.

Delaire,\G.

17.

Planisphère des colonies françaises,

Gravure,

— Sur l'économie politique,

14

9.

Berger kabyle (fronlispice).

ALGÉRIE Chap.

I.

II.

— L'histoire la conquélc — Géographie physique. — Configuration et

"25

'

montagnes. Les cour» d'eau

et

générale. Les côtes. Les

les

lacs.

Le climat

et les

productions

111.

IV. — Géographie

41

Géographie politique.

Ethnographie. Administration. Pro70

vinces et villes

économique. — Agriculture.

Étymologie des mots arabes

et berbères usités

dans

Industrie. Conmierce.

la

géographie du nord 121

de l'Afrique

Entrevue de la Tafna, Louis Blanc, 30. La déftnsc do Mazagran, 33; Citations d'auteurs. prise de la Smala, 33, 6'"" Drohojoivska. La France algérienne, 39; Oran, !^5; Alger, 93; Constanline, 102; El-Kantara, 111; les puits sahariens, lUi, L'Usée lieclus. Le simoun à Alger, Ch. Desprcz , 02. Los sauterelles du Saiiarn, V. Largcaii, Gi. Le 1

Chacune des colonies

est traitée

dans

le

nicme ordre do matières

sions ne soient pas toujours indiquées aussi distinctement.

(jne

l'Ali^irii',

l'ien

que

les divi-


TABLE DES MATIÈRES

3G'i

Les travailleurs en Algérie, MoU, 72. Le jargon sabir, 74; les Berbères et les Arabes, 77, 0. Reclus. Les Juifs en Algérie, E. Drumonl, 7o. Les djemaa en Kabylie, 78; les koubbas de l'Algérie, 82, Aug. Cherbonneau. La vie nomade, M. Wahl , 79. Les Bains maudits, daltier clans l'oasis, G. Nachligal, 67. L'alfa et le sparte, 0. Niel, 08.

X.,

du Magasin

pilloresquc, 107.

— L'Algérie; 24. Provinces d'Oran, 86; d'Alger, 94; de Conslantine, 103. Gravures. — Abd-el-Kader, 31. Prise de Constantine, 37. Une place à Biskra 49.

Cartes.

,

cholts algériens, 57.

marchand,

Le simoun,

63.

Nègre badigeonneur

Les sauterelles,

6o. L'alfa et le palmier, 69.

Les

Maure

Tente arabe, SI. Oran, 87. la Chrétienne. 97. Ghardaïa, 101. Constanlme, lOo. Château de Bougie, 107, Bains Maudits, 109. ElKantara, 112. Tougourt, 113. 71.

et Biskri portefaix, 73.

Tlenicen, 89. Sidi-bou-Médine, 91. Mosquée à Alger, 96.

Tombeau de

TUNISIE

— Notice historique — IL — Géographie physique — — Géographie politique

Chap. L

123

137 '.

III.

La Tunisie, 123; Carlhage Vincent de Paul à Tunis, par lui-même, mirs, Aug. Cherbonneau, 142. Kairouan

Citations.

Carte de

et ses restes,

132. ,

141

145, par Ms^ Lavigerie. Saint

Les Tunisiens, G. R., 142. Les Khrouet Vivien de Saint-Martin , 148.

0. Niel

Tunisie, 124.

la

Gravures. Tunis, 125. Tunisienne et son enfant, 129. Le quartier général du général Logerot, 135. Une caravane au Sahara, 139. La Gouletle, lia. Mosquée de Kairouan, 147. Bizerle, 149. Sousse, loO. Monastir, 151. Amphithéâtre d'El-Djom, 152.

SENEGAL Chap.

— —

I.

II.

— Nolice historique — Géographie physique

168

Géographie politique

Les Normands au Sénégal, P. Gaffarel, 155. Les peuplades du Sénégal, Muiron d'Arcenat, 171, Industrie sénégalaise. Notices coloniales, 178.

Citations. L.

III.

185 163

Cartes de

la

Sénégambie française,

Gravures.

Tili, chef de

160. Fort de

Bamakou,

152. Saint-Louis et le delta

Bamakou,

161.

et

Baobab,

du Sénégal,

174,

Dionké, chef de Sikoro, 159. Poste de Médine, Berger peul, 170. Femme

107. Guerrier peul, 169.

peule, 171. Bakel, 175. Dakar, 177.

GUINEE Historique Citations.

et

géographie. Les noirs

— Cote

guinéen.?.

180

d'Ivoire et côte des Esclaves

Hue

et

Haurigot, 198,

Lagunes de

la

Guinée

,

P. Loti, 201,

Carte des côtes de Guinée,

180.

Gravures.— Grand-Bassam,

182. Assinie, 183.

Un

missionnaire dais les lagunes, 185.


TABLE DES MATIÈRES

36S

CONGO FRANÇAIS Chap.

I.

IL

— Notice historique — Géographie

187 192

L'Estuaire du Gabon, Alfred Marche, 199. Les vieux habils au Congo, H. Stanley, 205. Troisième voyage de M. de Brazza, par /la'-méme, 2U8.

Citations.

Carte du Gabon

et

du Congo,

188.

— L'évangélisation des

Gravures.

et le crocodile, 196.

nègres, 189. Chasse à réléphant, 19o. L'hippopotame Indigènes de l'Afrique centrale, 198. Les débuts de Libreville, 199.

Station de Frauceville, 201.

Un

roi

au Congo, 205. Types de Balékés, 213.

REUNION Notice hietorique et géographie Iles

Kerguélen, Saint- Paul

Citations.

Journal

et

217

Amsterdam

officiel

Carte de

l'ile

Gravure.

,

221.

de la Réunion, 219.

Paillotes de Malabares, à

Bourbon,

MADAGASCAR ET Chap.

— —

L II.

226

Les volcans de Bourbon, Revue de géographie, 219. Le cyclone de 1879,

225.

ILES VOISINES

— Notice historique — Géographie physique

m.

220

233

236

Géographie politique

Élat social des Malgaches, Vivien de Sainl-Marlin, 2J7. Superstitions des Malgaches; métamorphoses et métempsycoses, P. Abinal,2W. Tananarivo, D' La-

Citations.

cazc, 247.

Carte de Madagascar,

228.

Types hovas, 229. Tananarivo. Une batterie de canons, 230. Enlrce du palais, 231. Palais de la reine, 232. Pont de bois et porteurs, 235. Soldai hova, 237. Indigène vendant du charbon, 238. Femme de Madagascar, 230. Vue de Tananarivo. 249. Rade de Mazunga, 251.

Gravures.

Satellites de Madaoascah.

Sainte -Marie,

Nossi-bé,

— Ethnographie

Carte de ces (JiiAvuRES.

i

îles, 252.

— Vue de

et

les

-^j^

OiiocK et Tadjouuaii Citations.

Mayollc

-o2

Comorcs

des Comores, Ilansen-llUvKjslcd , 257.

Carte d'Obock,

2G0.

Mayolle, 25i. Lac sur

les

monlagncs,

255.


TABLE DES MATIÈRES

366

INDE FRANÇAISE

L'Inde française.

Histoire et géographie

202

— Dupleix et Bourdonnais aux Indes, F. A., 263. — Carie historique de l'Hindoustan, 263. Les territoires Cartes. Gravure. — Mort de Tippoo-Saïb 26o.

Citation.

la

de l'Inde, 267.

,

INDO-CHINE FRANÇAISE Chap.

— —

I.

II.

— Notice hi.storique — Géographie physique — Géographie politique. —

269 277 Cocliinchine.

III.

Cambodge, Annam

et

283

Tonkin Citations. mites,

P.

Le massacre des chrétiens, Geoffroy et Chambost, 272. Mœurs des AnnaLegrand de la Lyraye, 283. Le présent et l'avenir du Tonkin, Notices

coloniales, 306.

— L'Indo-Chine, 270. Cambodge Cochinchine, 299. Annam Tonkin, 30L à Hué, Gravures. — Citadelle d'Hanoï, 271. Citadelle de Hué, 273. Habitation sur Cartes.

et

et

pilotis

Ninh-Binh, 2SL Habitation annamite, 286. Guerriers annamites, 287. Ambassadeur, 289. Bonze, 291. Un sémaphore, 297. Boutique de marchand à Hué, 303. Pagode des suppliciés à Hanoï, 303. Haï-Phong, vue de la rivière, 307.

280.

Rocher

citadelle de

NOUVELLE-CALÉDONIE Histoire et géographie.

Citations.

I.

II.

Nouvelle-Calédonie

310

Nouvelles-Hébrides

320

Le Néo-Calédonien, Vivien de Saint-Marlin , du Peloux, 317.

313.

La transportation

et la

colonisation, Cli.

Carte.

Gravures.

Nouvelle-Calédonie, 311.

Pirogue, 313. Cases de

la

Nouvelle Calédonie, 313.

TAITI Histoire et géographie.

Citations.

— Les

— —

Taïtiens,

I.

323

Taïti

II.

Hue

Dépendances: Marquises, Touatnotou, Wallis. et

Haurigot, 326. La pêche des perles aux

îles

328

Basses,

Notices coloniales, 331.

— Taïti et ses dépendances, (Iravures. — Une Taïtienne (méti-sse), Carte.

Rade de

32-3.

Taïti, 331.

La pêche des

326.

Paysage de

perles, 333.

Taïti, 327. Baie de Matavaï, 329.


TABLE DES MATIÈRES

367

GUYANE —

Histoire et géographie.

Citations.— Faune de

Guyane

Guyane,

la

334 0. Reclus, 338. Les Galibis et les nègres

marrons

P. Gaffarel, 3V2.

Carte.

La Guyane,

333.

Gravures. La montagne d'Argent (Guyane), 337. Flore de Cavenne, 340.

la

Guyane,

339.

Vue de

ANTILLES Histoire et géographie.

— La nature

Citation.

Cartes.

— Des

Gravures.

La Martinique

au.\ Antilles,

et la

Guadeloupe

344

Malle-Brun, 353,

Antilles françaises et de la Martinique, 3i5.

De

la

Guadeloupe, 347.

Consultation d'un guérisseur nègre (Martinique), 346. Paysage de tinique, 350. Paysage de la Guadeloupe, 3ol.

la

Mar-

SAINT-PIERRE ET MIQUELON Histoire et géographie Citation.

Carte.

Gravures.

3o6

Le pêcheur de Terre-Neuve, C' de Gobineau,

Iles

360.

Saint- Pierre et Miquelon, 357.

— Pèche

de

la

morue,

359.

18780,

Pêche de

la baleine,

Tours, Irapr. Mamo.

361.


.^6






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CARDS OR

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Alexis Marie

La France coloniale

illustrée



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