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Ottawa
http://www.archive.org/details/lafrancecolonialOOgoch
/^
J
LA
FRANCE COLONIALE Ir.
SÉRIE GRAND
IN-8»
PROPRIETE DES EDITEURS
Berger kabyle, d'après Eugène Fromentin.
LA
FRANCE COLONIALE ILLUSTRÉE ALGÉRIE TUNISIE, CONGO, MADAGASCAR, TONKIN
ET AUTRES COLONIES FRANÇAISES CONSIDÉRÉES AU POINT DE VUE HISTORIQUE COMMERCIAL (iÉOGRAPHIQUE, ETHNOGRAPHIQUE ET
PAR
A.-M. G.
PARIS MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE BRUXELLES, DE GÉOGRAPHIE DE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE BELGE
TROISIÈME ÉDITION CARTES ORNÉE DE NOMBREUSES GRAVURES ET DE
TOURS ALFRED MAME ET
FILS,
M DCCC LXXXVIII
ÉDITEURS
ETC.
TV I
:-
\
b ^
JUL
1 i
-i
gx^
j9
1974
INTRODUCTION DES COLONIES EN GÉNÉRAL
L
— La
concurrence coloniale
Les conquêtes coloniales
et
la
colonisation,
c'est-à-dire
l'extension delà patrie au dehors, telle est la grande question
politique
du
jour.
Beaucoup y voient pour
la
France un moyen de reprendre
sa position prépondérante parmi les nations européennes
,
en
agrandissant son influence commerciale et civilisatrice dans le reste
du monde.
D'autres objectent que les colonies coûtent souvent plus qu'elles
ne rapportent; qu'elles n'ont plus aujourd'hui, grâce
au libre- échange
même
et à la libre
concurrence commerciale,
la
valeur qu'autrefois, alors que les nationaux seuls avaient
le droit
ou
le
privilège de
commercer avec
les possessions
d'outre -mer.
On répond qu'une puissance politique du premier ordre comme la France a besoin d'une marine de guerre considérable,
que
les
troupes de cette marine se recrutent dans les
marines de pêche ou de commerce,
et
que celles-ci, pour
LA FRANGE COLONIALE
8
être prospères, doivent être excitées et
encouragées par des
rapports plus fréquents avec des débouchés nombreux, s'abritant sous le drapeau tricolore.
France, que
D'ailleurs, la
accuse d'inaptitude
l'on
en Amérique,
d'un empire colonial aux Indes et
la
éléments sérieux
dernier, les
colonisation, a eu, au siècle
à
et,
sans
malheureuses guerres soutenues en Europe, peut-être serait-elle aujourd'hui, ce qu'est l'Angleterre, maîtresse de les
250 millions de sujets, bénéficiant d'un commerce qui compte par milliards, disposant d'une marine dont l'importance est égale à celle de
autres
toutes les
européennes
puissances
réunies.
Quoi
qu'il
en
de cette controverse, on avouera que la
soit
perspective d'un nouvel empire d'outre- mer a de quoi tenter
de nouveaux
nous nous sentons trop à
d'autres nations, vieille
de notre part, alors que,
efforts
comme
l'étroit
bien
dans
la
Europe.
Aussi voyons-nous chacune des puissances coloniales non
seulement consolider ses possessions, mais tout où
Sahara
il
et
par-
y a possibilité. L'Espagne s'implante sur la côte du attend l'occasion de s'agrandir au Maroc; elle a
défendu chaleureusement ses tives
les étendre
allemandes
le protectorat
;
îles
Carolines contre les tenta-
Portugal s'arrondit au Congo et s'attribue
le
du Dahomey;
la
Hollande complète ses riches
Indes orientales par l'annexion entière de
l'île
Sumatra;
la
Russie avance à pas de géant au cœur de l'Asie; l'Angleterre, bien qu'elle se soit laissé supplanter par d'autres dans l'Afrique centrale,
prend
le delta
son empire des Indes, quête récente de la
du Niger, occupe l'Egypte pour assurer et se
rapproche de
Birmanie;
le Tripoli et s'établit
dans
la
l'Italie,
la
Chine par
la
con-
dernière venue, convoite
mer Rouge.
L'empire allemand, né d'hier, aspire à devenir grande puissance maritime, lation,
et,
déjà soucieux
du trop-plein de sa popu-
ne se contente plus d'envoyer ses enfants dans
sessions d'autrui, aux États-Unis et ailleurs,
à
lui, et
il
a su en peu de
temps
s'établir
il
les
pos-
veut des terres
au Togo, au Came-
DES COLONIES EN GÉNÉRAL ron, dans la Hottentotie, dans le
Zanguebar jusqu'aux Grands-
Lacs, à la Nouvelle-Guinée, donner à tout
Les
un
dans
de Bismarck
archipel océanien.
Belges
Léopold
même le nom
II,
eux-mrmes, ou
par une
l'histoire,
est
initiative et
plutôt
le
roi
des
Belges,
avec un succès sans exemple
parvenu, en quelques années, grâce à
LA FRANCE COLONIALE
10
l'Anglo -Américain Stanley, à
l'énergie et à Fintelligence de
créer de toutes pièces l'immense État indépendant
ou quatre
trois
fois vaste
comme la
France.
est vrai
que
cette
pour ainsi dire interna-
création, toute philanthropique, et tionale
Il
du Congo
ou neutre, profitera à tout
monde. La Conférence
le
tenue à Berhn en 1885 par quatorze des principales puissances
du monde, en
consacré
a
neutralité
la
l'indépendance
et
sous la souveraineté du roi Léopold, ce qui n'engage en rien la responsabilité
de
la
nation belge. Elle a stipulé d'ailleurs la
du commerce et de la navigation, non seulement dans tout le bassin du Congo et du Niger, mais encore dans une zone déterminée à travers l'Afrique centrale entre les deux océans.
liberté
Hâtons-nous de dire que arrière dans cette chasse pris l'initiative
même
temps
1881
en
elle a
aux
France
la
n'est
colonies, et
le
Congo occidental,
et
elle
en a
su profiter d'heureuses circonstances pour
Asie, elle a conquis le
Cochinchine
même
par l'annexion de la Tunisie; en
s'annexer en Afrique, outre la Tunisie,
haut Niger,
que
pas restée en
Tonkin
au Cambodge,
et
le
soumettre Madagascar; en
l'Annam, qui, ajoutés à
et
lui
haut Sénégal,
le
la
présagent un établissement
du premier ordre, avantageusement
mense empire chinois. En somme, c'est la France qui a
le
situé
aux portes de l'im-
plus grandement étendu
son domaine colonial dans ces derniers temps. Alors que,
en 1880, ses possessions se chiffraient par une population de 5 à G millions d'habitants sur
un
territoire
de 1.000.000 de
kilomètres carrés, aujourd'hui elle peut prétendre dominer, si elle le
un
veut sérieusement, sur 30.000.000 d'âmes, occupant
territoire cinq
Ces nombres
six fois plus
étendu que
commentaires
France a su reconquérir dignement
la
les
la
:
la ils
métropole.
prouvent que
seconde place parmi
puissances coloniales d'Europe, tandis que,
ans, la
ou
se passent de
elle
il
y a trente
n'obtenait que le sixième rang, après l'Angleterre,
Hollande,
la
Le tableau
ci-après fait voir l'importance relative des diverses
Russie, l'Espagne
et le
Portugal.
colonies européennes sous le triple rapport de la population,
DES COLONIES EN GÉNÉRAL
11
de la superficie et de la valeur du commerce général (importations et exportations réunies).
COLONIES
Anglaises Françaises Hollandaises Russes-. Espagnoles Portugaises
Allemandes Danoises Etat libre du Congo
POPULATION
SUPERFICIE
Habitants.
Kilom. carrés.
275 000 000 32 000 000 28 000 000 17 000 000 9 000 000 5 000 000 ? 5 000 000
23 000 000 3
.
?
.
500 000 ?
000 000 200 000 2 000 000
13 000 000
Si telle est l'importance politique et
françaises,
il
est
000 000
2 000 000
120000 .
Francs.
000 000 000 1200 000 000 730 000 000 130 000 000 1500 000 000 200 000 000 ? 20 000 000 80 000 000 40 000 000
8
2 000 000 17 000 000 ?
2
commerciale des colonies
du devoir de chaque citoyen
que soient son âge
>ni E R C E
C
français, quels
et sa position sociale, d'en avoir
exacte, raisonnée, réfléchie, basée sur
une étude
une notion
sérieuse.
Un
dédain trop absolu, une ignorance trop accusée serait tout aussi coupable qu'une forfanterie exagérée, qu'un enthousiasme
trompeur
et
imprudent.
nement des choses, l'histoire,
commerce,
de
tel est le
la
pareille matière,
pour bien juger,
et
La connaissance des vue de
En
il
il
faut juger sai-
faut connaître.
colonies françaises au triple point de
géographie physique
et politique, et
du
but de cet ouvrage, qui s'adresse à tous,
spécialement à la jeunesse désireuse de compléter, par des lectures agréables et instructives, les notions acquises
au cours
de ses études. C'est en sa faveur que nous avons ajouté aux notions scientifiques, qui forment
le
fond du
travail,
une foule
de détails des plus intéressants au sujet des beautés physiques des diverses contrées, des productions naturelles, des des habitants, ainsi que des
faits relatifs
mœurs
à l'histoire de la
colonisation.
Ces notes descriptives ont été la plupart empruntées textuellement aux récits des voyageurs, aux meilleurs écrivains géographes, aux auteurs les plus compétents dans les diverses matières.
En môme temps
qu'elles
apportent des lumières
LA FRANGE COLONIALE
12
nouvelles pour confirmer ou compléter nos indications elles donnent l'agrément d'une lecture souvent pittoresque, imagée, ,
partant plus variée et plus agréable. avantages des cartes Si, à ces caractères, nous ajoutons les
des belles illustrations dont les éditeurs ont tenu à orner cet ouvrage, nous croyons pouvoir espérer qu'il rencontrera le meilleur accueil dans le public, auquel nous
géographiques
l'offrons
et
en toute confiance.
II.
— Diverses
sortes de colonies
Mais d'abord, qu'entend-on par colonies? N'y en a-t-il pas de plusieurs sortes,
et
quels sont leurs caractères distinctifs?
Un peuple industriel qui produit plus qu'il ne consomme, de même qu'un peuple trop nombreux qui se trouve à l'étroit dans sa patrie, cherche au dehors un débouché pour ses produits ou une patrie nouvelle pour l'excédent de sa population
:
il
fonde des colonies.
De tout temps on a colonisé. Le mot colonie s'emploie en plusieurs sens il s'entend d'un certain nombre d'émigrants qui vont habiter et peupler un pays :
étranger; dans ce sens, des colonies grecques se sont formées autrefois
en
Italie,
en Afrique,
colonies et des colons français
et
il
y a actuellement des
aux États-Unis, à
la Plata, etc.
Mais on désigne plus ordinairement aujourd'hui par colonies, les possessions territoriales d'une puissance
européenne
en dehors de l'Europe. Sous ce rapport, on peut encore distinguer les
comptoirs de commerce,
les colonies
trois catégories
:
de culture et celles
de peuplement. lo
Les simples comptoirs de commerce, loges ou factoreries,
sont établis plus ou moins
temporairement, sur
les
côtes
d'Afrique, par exemple, pour faciliter les échanges avec les
indigènes.
Les colonies de commerce servent aussi à exploiter des pays
DES COLONIES EN GÉNÉRAL
13
riches et peuplés, mais elles ne sont profitables qu'aux nations
dont
la
marine
une certaine
atteint à
supériorité.
La prospérité
de ces établissements dépend de leur situation et non de leur étendue.
pas nécessaire, dit M. Delaire, que la mère patrie
« Il n'est ait
à y déverser
un excès de population
envoie des capitaux importants, des marins
commerçants qui en reviendront
suffit qu'elle
il
:
nombreux
et
y
des
enrichis. Telles sont les pos-
sessions des Portugais en Asie et en Afrique, la plupart de celles des
mer
Hollandais dans la
des Indes, toutes les stations
des Anglais en Orient, entre autres les trois belles créations
d'Aden, de Singapour
et
de Hong-Kong.
— Tels furent pour
la
France, à partir de Richelieu, les premiers établissements des
compagnies sur
la côte
de Guinée, au Sénégal, à Madagascar,
à Geylan et dans les Indes, où nous conduisit une politique trop avide de gloire et de conquêtes pour être soucieuse des intérêts
du
trafic. »
2o Les colonies dites à culture ont
de denrées qui exigent elles
le
pour objet
les plantations
climat tropical: coton, café, épices;
demandent de puissants capitaux,
des colons européens dirigeant
et
le travail
sont exploitées par
des indigènes ou des
races propres au climat chaud: telles sont les Antilles, Bour-
bon, l'Inde,
la
Gochinchine,
le
Tonkin.
proprement
30 Les possessions
plement sont de vastes
dites ,
territoires
ou
les
colonies de
peu-
acquis pour des raisons
politiques autant que commerciales. Situées sous
un climat
supportable pour notre race, elles sont susceptibles
d'être
peuplées de colons européens, tout en conservant plus ou
moins leurs races indigènes Algérie, Australie, Ganada. :
Souve*nt «
on
une place à part à
fait
qu'elle n'est pas
l'Algérie, et l'on a dit
une colonie, mais un prolongement du
territoire français ».
G'est
un peu jouer sur
les
mots, car à
ce titre nos colonies de Bourbon, de la Nouvelle -Galédonie,
peuplées de descendants de Français, sont dans
que
l'Algérie. L'Algérie est
fois
de culture
et
le
môme
cas
une colonie mixte, susceptible à
de peuplement.
la
LA FRANCE COLONIALE
l!^
III.
—
Utilité et nécessité des colonies
Les avantages des colonies sont surtout de développer le commerce, la marine, l'influence politique de la métropole. Elles lui procurent des matières premières
que
telles
le
coloniales
pour
l'industrie,
coton, la soie, les métaux, ainsi que les denrées
comme
que l'Europe ne cultive pas,
le café, les
Les colonies reçoivent en retour de la métropole les produits manufacturés des tissus, des armes, des machines;
épices.
:
elles réagissent ainsi
en
lui
donnant du
sement de
sur l'industrie
même
travail et des bénéfices,
de
la
mère
patrie
par suite un accrois-
la richesse publique.
Les colonies profitent à
la
marine marchande nationale en
utilisant ses vaisseaux, et à la flotte
de guerre en
donnant
lui
des points de ravitaillement de munitions et de charbon, des chantiers de construction et de réparation, qui lui permettent
de stationner dans les mers lointaines, d'y combattre l'en-
nemi, sans être obligée de rentrer intempestivement dans ses ports.
Grâce aux colonies,
la
métropole porte au loin son nom, sa
langue, ses idées, sa civiUsation, sa religion, et son influence politique grandit en raison
même du
développement de ses
relations extérieures.
En
effet, la
considération la plus importante qui milite en
faveur des acquisitions coloniales est celle qui résulte
du besoin
d'expansion d'une nation au dehors. Voici
comment
s'exprime à ce sujet
un éminent économiste,
M. Leroy-Beaulieu, professeur au collège de France (.<
La
:
colonisation est la forme expansive d'un peuple, c'est
sa puissance de reproduction; c'est sa dilatation et sa multi-
plication à travers les espaces; c'est la soumission de l'univers
ou d'une vaste partie à sa langue, à ses mœurs, à ses idées à ses
lois.
les assises
Un
peuple qui colonise,
c'est
un peuple qui
et
jette
de sa grandeur dans l'avenir et de sa suprématie
future. Toutes les forces vives de la nation colonisatrice sont
DES COLONIES EN GÉNÉRAL
15
accrues par ce débordement au dehors de son exubérante activité.
A
quelque point de vue que
renferme dans
la considération
de
l'on se place,
la prospérité et
que
dé
l'on se
la puis-
sance matérielle, de l'autorité et de l'influence politique, ou qu'on s'élève à
contemplation de
un mot d'une incontestable
voici le
la
plus
est le
premier peuple;
s'il
grandeur
la
vérité: le
intellectuelle,
peuple qui colonise
ne Vest pas aujourd'hui,
il le
sera demain. «
Au commencement du xxe
siècle,
la
Russie comptera
120 millions d'habitants occupant des espaces énormes; près de 60 millions d'Allemands, appuyés sur 30 millions d'Autrichiens,
domineront l'Europe centrale; 120 millions
d' Anglo-
du globe et imposeront au monde civilisé leur langue, qui domine déjà sur des territoires habités par plus de 300 millions d'hommes. Joignez Saxons occuperont
les plus belles contrées
à ces grands peuples l'empire chinois, qui alors recouvrera
une
vie nouvelle, et qui
compte à
lui seul plus
de 300 millions
d'âmes. ((
A
que sera la France? Du grand rôle de l'influence qu'elle a exercée monde, dans le direction des peuples civihsés, que lui restera-t-il? Un
côté de ces géants,
qu'elle a joué
sur la
souvenir s'éteignant de jour en jour. «
Notre pays a un moyen d'échapper à cette irrémédiable
déchéance,
deux ou
c'est
de coloniser. Si nous ne colonisons pas, dans
trois siècles
nous tomberons au-dessous des Espagnols
du moins, ont eu le bonheur d'implanter leur langue dans les immenses espaces de l'Amé-
et des Portugais, qui,
leur race et
rique du Sud, destinés à nourrir des populations de plusieurs
centaines de millions d'âmes.
La colonisation est pour la France une question de vie ou de mort ou la France deviendra une grande puissance africaine, ou elle ne sera, dans un siècle ou deux, qu'une puis((
:
sance européenne secondaire
monde «
à
peu près
comme
la
;
elle
le
Grèce compte en Europe.
Ce qui a manqué jusqu'ici à
suite
comptera alors dans
la
France,
c'est
dans sa politique coloniale. La colonisation a
l'esprit
de
été reléguée
LA FRANCE COLONIALE
16
au second plan dans doit
continentale
conscience nationale. Notre politique
la
désormais essentiellement défensive;
être
en dehors de l'Europe que nous pouvons satisfaire nos légitimes instincts d'expansion. Nous devons travailler à la fonc'est
dation d'un grand empire africain et d'un moindre asiatique. ((
C'est la seule
grande entreprise qui nous
soit
avantageuse ^))
Malheureusement une chose plus importante encore manque à la France pour coloniser
On
sait
ce sont les colons.
avec quelle lenteur désespérante s'accroît
lation de la
France
,
où beaucoup de départements
plent
même. Au dehors
père
qu'au Canada,
descendants
de
:
la foi et
,
,
la
où
se
popudépeu-
race française n'est vraiment pros-
elle
compte plus de
magnifique résultat dû surtout à de
la
la simplicité
de
mœurs
aussi bien qu'au régime de liberté dont
la
milUon de
1
conservation
des premiers colons
ils
ont joui.
En
réunis-
sant tous les représentants de race française à l'étranger, on arrive à
un
total
de 2 à 2 miUions 1|2 d'individus, ce qui est
bien peu dans la masse des 80 millions de descendants de races européennes, peuplant l'Amérique ou dispersés dans les
quatre parties du monde, et parmi lesquels domine
le
sang
anglais, germain, espagnol et portugais. «
Pour réussir dans
ne sont ni
la colonisation, dit
M. Alexis Delaire, ce
les qualités personnelles ni les
capitaux qui nous
manquent; nous avons toujours de hardis explorateurs et des marins courageux; c'est à notre initiative que sont dues les grandes œuvres d'intérêt
commun
,
telles
que
le
percement de
Suez et de Panama, et chaque année la France augmente d'un milliard au moins les 20 à 25 milliards qu'elle a disséminés partout dans l'univers. Ce qui nous manque, ce sont des émigrants actifs et laborieux à déverser sur les colonies agricoles, aussi bien que des maisons stables et durables pour exploiter les colonies « C'est la
de commerce
et
de plantation...
mauvaise organisation de
la famille, c'est le
partage
reconnaître sans forcé des successions, — on commence à misérablement l'essor oser y porter remède, — qui entrave le
si
'
Leroy- Beaulieu, Delà colonisation chez
les
peuples modernes.
DES COLONIES EN GÉNÉRAL de la population par
17
des mariages, qui
la stérilité volontaire
détruit les fortunes naissantes par la multiplication des procès;
qui arrête enfin l'esprit d'entreprise, par la certitude d'un lam-
beau d'héritage à disputer.
nombreux pour
Alors pas de colons
«
les territoires à
pas de maisons durables pour les exploitations lointaines,
pler,
pas de jeunesse active pour les comptoirs à fondera
Ajoutons encore l'opinion exprimée par
ouvrage sur
Duval dans son
J.
largement assise sur un beau
est
de 34.000 lieues carrées;
toire
»
l'Algérie.
La France
«
peu-
elle
et vaste terri-
dispose d'une population de
37 millions d'habitants, d'un revenu de 20 à 22 milliards; est
armée de tous
du
travail
territoire le
elle se
;
instruments
les
et
de toutes les ressources
sent pleine d'énergie et d'intelligence.
minimum
monde au
point précis où
géomètre
le
et
fixerait le
des distances habitées du globe, à l'intersection de
manque -t-il hautes destinées? Une
toutes les grandes voies commerciales.
accomplissement de ses
l'entier
seule chose
:
Que
lui
une expansion pacifique plus intense
taine à travers le
monde; car au rayonnement
grandeur des nations, «
Son
occupe une situation exceptionnelle entre l'ancien
nouA^eau
pour
elle
L'émigration
comme
se
mesure
la
des astres.
celle
et la colonisation
et plus loin-
,
le
commerce
tion, les voyages et les missions, sont les
et la
naviga-
méthodes d'expan-
rayonnement appropriées à notre époque de conquêtes par le travail, par la science et la morale. La liberté en sion et de
est le ressort. «
Pour l'émigration,
anglo-saxonne
et
de
la
la
France
est
en arrière de
race germanique
:
la race
tandis que, depuis
un demi-siècle, l'une et l'autre ont disséminé des essaims d'un nombre total de 7 à 8 millions d'individus, sur toutes les terres, la France, croissant avec
une lenteur qui accuse nos
nos mœurs, se cantonnant dans ses frontières, s'agglomérant à Paris, n'a envoyé que quelques milliers de ses
lois et
enfants vers les pays éloignés. *
A. Delaire, La colotiisalion
cl
l'avenir de la France. Exploration, 1882.
2
LA FRANGE COLONIALE
48 «
Aussi
la race anglaise,
semé partout sa langue, des appels à
pour ne parler que
d'elle, a-t-elle
ses habitudes, ses besoins, qui sont
un commerce
universel et pour ainsi dire illimité,
tandis que les marchandises françaises ne trouvent au dehors
qu'un petit nombre de nationaux pour en propager l'usage. Le commerce se ressent de ses timidités. «
Notre infériorité est plus marquée encore pour
la navi-
gation.
Ces différences à notre désavantage, les voyageurs et les missionnaires sont loin de les racheter, malgré tout leur zèle. «
Tous
les
chemins de
la terre,
tous les courants des
mers sont
parcourus par de nombreux voyageurs anglais et allemands, dont les récits rendent populaire la science géographique et ,
ouvrent des voies nouvelles aux entreprises de leurs concitoyens les voyageurs français aussi sont aventureux et méri;
tants,
mais plus
Quant aux missions,
rares.
les
nombreuses
sociétés bibliques et évangéliques de l'Angleterre opposent
une
propagande à nos missionnaires catholiques, non pas avec plus de succès, mais avec plus de profit pour la consommation des produits anglais, dont les missionnaires protestants
active
répandent ((
Dans
le
goût et l'usage.
cette excessive concentration chez
soi,
dans
cette
ignorance indifférente des affaires économiques du reste du
monde,
est la faiblesse, le péril
stationnaires pour le
pour
de notre pays. Si nous restions
nombre, pour
les transactions lointaines,
ciales et coloniales, tandis
du monde
entier,
les rapports extérieurs,
pour
les
fondations
commer-
que nos rivaux prennent possession
un jour nous
serions entourés d'un réseau
invincible de supériorités et de résistances. «
L'heure de
la
décadence française aurait sonné!...
Que Dieu conjure ce malheur, en inspirant au gouvernement l'amour des expéditions lointaines, du travail et de ((
l'échange; à la nation, l'ambition des victoires pacifiques; aux citoyens, l'esprit des grandes entreprises sur terre et sur
aux caractères résolus,
âmes
religieuses, le
la curiosité
mer;
des pays inconnus; aux
dévouement aux races inférieures
;
à tous,
DES COLONIES EN GÉNÉRAL dans
la foi
la liberté,
l'étoile
lui a dévolue,
sation
la patrie; à tous,
l'amour
et le respect
de
mère des progrès!
La France
«
de
19
alors concourra,
pour
la part
que
la
Providence
à la connaissance, à l'exploitation et à la coloni-
du globe,
complément de
ce qui est la condition et le
mise en pleine valeur de son propre
la
territoire et de l'élévation
morale de sa population. Alors notre Pays,
«
plus beau du monde, après celui
le
du
de la gloire et delà richesse, les deux
Ciel, atteindra l'apogée
leviers de la puissance.
Alors l'homme du pays,
«
du
travail et
Qu'il
IV.
en
soit
paysan, personnifiera l'union
le
du patriotisme, de ainsi M »
— Aperçu
la force et
de
l'intelligence.
chronologique de la colonisation française
Nous nous proposons de donner, en
tête
de l'étude de cha-
cune de nos colonies actuelles, un aperçu de son Qu'il
nous
suffise
de présenter
résume, dans l'ordre des temps,
histoire.
un tableau d'ensemble qui
ici
les tentatives d'explorations et
d'établissement de la nation gauloise ou française.
Gomme
pour toute autre nation,
remonte aussi haut que successivement
elle
les
barbares
la colonisation française
l'histoire. Si la
Gaule a vu arriver chez
Phéniciens, les Grecs, les Romains,
les
germains,
les
Arabes; par contre,
les
Gaulois
émigrants ou conquérants, conduits par Bellovèse, Sigovèse
et
autres, sont allés ravager ou peupler diverses parties de l'Eu-
rope on en a vu en Angleterre, en
Italie,
:
grie, est
en Macédoine,
même
et
encore vivant dans
les
en Bohême, en Hon-
en Asie Mineure, où leur souvenir
noms de
Gallipoli et de Galatie.
C'est de l'histoire ancienne.
Plus tard, après avoir été contenue pendant cinq siècles sous la domination romaine, puis subjuguée par les barbares
germains, dont une tribu donna à
la
Gaule son
France réagit de nouveau au dehors '
Jules DuvAL, l'Ahjcrie.
,
nom
actuel, la
notamment au moyen
LA FRANCE COLONLALE
20
âge et au temps des Croisades
donna
terre sainte et
même
où
,
envoya ses enfants en
elle
des souverains à l'Angleterre, au
Portugal, à la Hongrie, à Naples, Jérusalem, Gonstantinople
Chypre,
etc.
Jusque-là ce n'était,
dont
rières,
au xive
le
est vrai,
que commencèrent
siècle
époque où
il
les
que des expéditions guerque commercial.
était politique plutôt
but
ayant pour objet
munes
,
le trafic
les entreprises coloniales,
A
dans des pays nouveaux.
du Nord
cette
com-
républiques italiennes et les puissantes
belges et allemandes
C'est
s'enrichissaient par le
négoce, l'histoire signale des navigateurs normands de Dieppe et
de Rouen, explorant, ainsi que les Portugais, les côtes de
l'Afrique occidentale jusqu'en Guinée; mais ces premières tentatives furent entravées par les
ans.
Au xvp
dant que
les
découvrent
malheurs de
Espagnols
et
et les Portugais, suivis
qu'un rôle
effacé
dans
en
pen
Français,
les
Italie et ailleurs,
expéditions
les
et
des Hollandais,
soumettent des mondes nouveaux,
livrés à de stériles guerres d'ambition
jouent
guerre de Cent
la
siècle, après la découverte de l'Amérique,
ne
lointaines
Toutefois nos Basques vont déjà pêcher dans les parages de
Terre-Neuve;
en 1503;
le
marin Denis, de Honfleur, parvient au Brésil
les frères
Parmentier visitent
la Malaisie et
Mada-
gascar vers 1528; mais ce n'étaient là que des entreprises privées.
Bientôt François
1er
envoie
le
marin
florentin
Giovanni
Verazzano prendre possession de Terre-Neuve, qui fut ainsi notre première colonie
officielle (1524).
Jacques Cartier soumet
le
En
1535,
le
Malouin
Canada; mais de nouvelles guerres
européennes éteignent encore l'ardeur des expéditions commerciales.
Malgré l'impulsion donnée par l'amiral Coligny,
tatives d'établissements
de Ribaut
En
et
les ten-
de Villegagnon au Brésil (1555), celles
Laudonnière en Floride, n'eurent pas de succès.
1560, deux Marseillais exploitent
le corail
au Bastion du
Roi, dans la régence d'Alger.
Le
xviie siècle ouvre l'ère de
Henri IV
fait
nos grands succès coloniaux.
prendre possession de
la
Guyane,
et
Ghamplain
DES COLONIES EN GÉNÉRAL
21
fonde Québec, en 1608. Richelieu enlève plusieurs Antilles à l'Espagne et crée la Compagnie française des Indes occidentales;
il
dispute l'Orient au Portugal, en faisant prendre pos-
session de Madagascar (1642).
Sous Louis XIV, sipi et
les colons
fondent la Louisiane
canadiens descendent
(1682); les îles
nom
Missis-
le
Mascareignes sont
Bourbon et de France Colbert crée deux nouvelles Compagnies des Indes occiden-
annexées
et
tales et des
reçoivent le
d'Iles
;
Indes orientales, qui se partagent les possessions
d'outre-mer et leur font faire de grands progrès. Des comptoirs sont établis à Surate (1663), à Ceylan, Pondichéry, Chander-
nagor; et l'Inde française, sous l'impulsion habile de Colbert, jouit partout d'une
Mais avec revers.
Le
toires de
le
grande prospérité.
xviiie siècle s'ouvre
traité d'Utrecht (1713)
la baie
une première période de
cède à l'Angleterre
d'Hudson, Terre-Neuve
sous Louis XV, la Louisiane se peuple,
la
les terri-
et l'Acadie. Toutefois,
Nouvelle-Orléans est
fondée (1717); aux Indes, Dupleix conauiert
le
Dékan
poir renaît d'étabhr
un empire
cette fois, la guerre
de Sept ans renverse^ tout;
,
et l'es-
franco-italien. Mais, encore le traité
Paris (1763) nous enlève l'Inde, sauf quelques comptoirs,
Canada tout
terre;
plupart des Antilles et
en outre,
la
du Missis-
sait
le
Sénégal, enlevés par l'Angle-
Louisiane, cédée à l'Espagne, notre
comme compensation fait
le
en échange duquel nous obtenons Saint-
entier,
Pierre et Miquelon; nous perdons la rive gauche sipi, la
de
des pertes qu'elle avait subies. C'en était
de l'empire colonial français, et la suprématie sur
aux Anglais, qui
Sous Louis XVI,
alliée,
l'ont
la
mer
pas-
conservée jusqu'à nos jours.
France se venge en aidant
la
jeune
Amérique soulevée contre l'Angleterre, mais sans grand profit pour elle, sauf que le Sénégal, et Tabago, aux Antilles, lui sont rendus. Sous la révolution et l'empire, nous perdons
Saint-Domingue par
la révolte
des noirs, et l'Angleterre nous
enlève successivement toutes les autres colonies
temps que l'Egypte,
les
,
en
même
îlesCorfou et de Malte que nous avions
conquises pour quelque temps.
En
1800, la Louisiane nous est
LA FRANCE COLONIALE
22
rendue par l'Espagne, mais
somme
après pour la
premier consul
le
la
vend
trois
ans
dérisoire de 75 millions; de sorte qu'en
1814, la France ne possède plus rien en dehors de l'Europe.
Tout
est à
recommencer.
Cependant, au comptoirs de
traité
l'Inde,
de 1815, l'Angleterre nous restitue les
Bourbon, (mais non
l'île
de France),
le
Sé-
négal, la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe, Saint-Pierre
Miquelon. Avec des droits sur Madagascar,
et
notre
actif, soit
un ensemble de
tres carrés environ, avec
c'était là tout
territoires de 160.000 kilomè-
peine une population
à
de 3 à
400.000 sujets. Mais, à partir de 1830, la conquête d'Alger, sous Charles X,
ouvre une ère nouvelle, qui se continue vers 1842-43, sous Louis-Philippe, par les acquisitions pacifiques de Grand-Bassam, Assinie,le Gabon, Nossi-Bé et Mayotte, les Marquises et Taïti.
Napoléon
III
nous donne
la
Nouvelle-Calédonie (1853),
les
Touamotou (1859), achève la conquête de l'Algérie et delà Kabyhe (1854), agrandit le Sénégal, achète Obock, conquiert îles
la
Cochinchine (1862)
torat nial
:
soumet
et
le
Cambodge
à notre protec-
l'empire des Indes se renouvelle. Notre inventaire colo-
donne, en 1870, 1.000.000 de kilomètres carrés de
toires,
avec environ 6.000.000 de sujets.
La troisième république Barthélémy des Antilles
a plus de chance encore
Popo
Congo
français;
nous sont soumis,
WaUis,
et la fin
ronner par
le
Obock
haut Niger est joint au Sé-
s'agrandit;
que
ainsi
les
îles
Gabon devient le l'Annam et le Tonkin Comores et les îles le
de 1885 a vu notre édifice colonial se cou-
protectorat français établi sur toute
dagascar, notre ancienne
En somme,
le
Porto-Novo sont acquis;
et
Saint
Suède (1873); le proune annexion (1874); la précieuse
Tunisie s'ajoute à l'Algérie (1881); négal; le
:
est rachetée à la
tectorat de Taïti devient
vaste
terri-
«
France orientale
3.000.000 de kilomètres
la
Ma-
carrés de territoires
peuplés de 32.000.000 d'habitants, en chiffres ronds,
domaine digne de
de
l'île
».
France, d'autant plus que
c'est
un
les divers élé-
ments en sont avantageusement distribués dans
les
quatre
DES COLONIES EN GENERAL
du monde
parties
acquisitions
:
et
dans toutes
les
mers,
et
23
que
les nouvelles
Tunisie, Congo, Madagascar et Indo-Chine étaient
bien les plus précieuses qu'il fût encore possible de
Aussi
la
prudence conseille- t-elle d'arrêter
quêtes, qu'il importe désormais beaucoup
faire.
là
nos con-
moins d'agrandir
encore que de développer, l'essentiel étant de mettre en valeur ce riche patrimoine national, que nos adversaires nous en-
vient déjà.
Le tableau colonies;
il
l'étendue
du
statistique ci -après fait voir l'ensemble de
nos
donne approximativement, pour chaque groupe, territoire, le chiffre
de la population et
la valeur
du commerce général, pour l'année 1887. TABLEAU STATISTIQUE DES COLONIES FRANÇAISES COLONIES
SUPERFICIE
AFRIQUE
Kilom. carrés.
POPULATION
Habitants.
600 000 120 000 50 000 400 000 ? 20 000
Algérie
Tunisie, protectorat Sénégal Ici. protectorat Bassam et Assinie
.
Popo et Porto-Novo Gabon et Congo Réunion Nossi-Bé et Comores
600 000
.
2512 2 000
600 000 12 000
Madagascar, protectorat
Obock
Francs.
000 000 000 000 ? 10 000 ? 10 000 4 000 000 168 000 ? 50 000 3 000 000 20 000 900 1 500 200 2 000
800 000 000 80 000 000 oO 000 000 ? 1 000 000 1000 000 10 000 000 ? 20 000 000 50 000 000 10 000 000 20 000 000 ? 1000 000
3
.
.
COMMERCE
>
ASIE Territoires indiens
.
.
60 100 120 100
Cochinchine
Cambodge,
Annam
,
protectorat
protectorat
.
Tonkin, protectorat
.
508 000 000 000 000
1 1
?
7
?
7
285 000 800 000 000 000 000 000 000 000
32 100 20 ? 20 ? 50
60 000 25 000
17
000 000 000 000 000
000 000 000 000 000
OCÉANIE Nouvelle-Calédonie Taïli cl Marquises
.
.
20 000 2 355
.
.
8
000 000 000 000
AMÉRIQUE Cuyane
?
Martinique Saint-Pierre et Miquolon
,
environ
20 000
987
170 000 180 000
1643
Guadeloupe
Totaux
100 000
325 3
OOOdoo
5
8 000 000 60 000 000 60 000 000 25 000 000
000
32 000 000
i
20O0OOO0O
ALGÉRIE
CHAPITRE
I
L'HISTOIRE ET LA CONQUÊTE
L'Algérie, dont
le
nom
dans sa forme actuelle
est la partie centrale de la contrée
Berbérie ou
Pays barharesque ,
que
les
est tout
moderne,
anciens ont appelée la
à cause de ses populations berbères,
comprend le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et le Tripoli. Les Romains divisaient le nord du continent africain en Afrique,
et qui
Numidîe ei Mauritanie. L'Afrique propre ou proconsulaire correspondait à à
la
la
Tunisie
et
au Tripoli de nos jours;
la
(J/'nA;2a)
Numidie,
province actuelle de Constantine. La Mauritanie s'étendait jus-
qu'aux colonnes d'Hercule (Gibraltar) et se subdivisait en Mauritanie sitifienne avec Sitifis (Sétif)
pour
Cœsarea (Gherchell),
capitale
capitale; Mauritanie césarienne,
Mauritanie tingitane,
et
capitale
Tingis (Tanger).
Au
siècle
LS-C
avant Jésus- Christ,
la côte; leur capitale,
et après
une
lutte
Phéniciens colonisèrent toute
Carthage, joua un grand rôle dans
la côte et
s'étaljlirent
d'abord sur les territoires
s'enfoncèrent ensuite dans
juguant
les
dent
ruines imposantes se voient encore,
les
(Tunisie)
,
l'histoire,
héroïque, fut détruite par les Romains, 146 ans
avant Jésus- Christ. Ceux-ci phéniciens de
les
populations berbères,
où se trouve
le
ils
le
pays en sub-
fondèrent de grandes
notamment
à
cités
El-Djem
plus grand amphithéâtre connu
;
à Té-
bessa, à Lambèse, dans l'Aurès et dans toute la province de ConJltantine,
jusqu'à Biskra, où
ils
eurent des postes militaires;
ils
LA FRANCE COLONIALE
26
moins dans
s'étendirent ran.
les plateaux
Leur marche conquérante
que plus tard
les
se
fit
des provinces d'Alger et d'Oainsi de l'est à l'ouest, tandis
Vandales, barbares germains, procédèrent en
sens contraire, venant par les rivages de l'Espagne (v-vi^ siècle).
Les Byzantins parurent au vi^
siècle,
mais furent remplacés au
Arabes musulmans, qui en peu d'années fondèrent l'empire de Kairouan en Afrique et le califat de Cordoue en Espagne. Toute la Berbérie fut désignée par les Arabes sous le nom
VIP par
les
,
de Magreb,
pays du couchant». Vers
<r
le
XF
Berbères
siècle, les
reprirent peu à peu leur indépendance; mais au xvp, après l'expul-
sion des Maures de l'Espagne et les tentatives de Charles -Quint à
Alger, une anarchie complète sévit dans la côte
le
pays, et les forbans de
dévastèrent la Méditerranée.
fameux corsaire turc, de Mitylène,
C'est alors qu'apparurent le
Bab-Aroudj
vulgairement appelé Barberousse , et son frère Kaïr-
,
Eddin, qui s'emparèrent d'Alger
et
soumirent tout
le
pays à
la
suzeraineté de la Porte ottomane (1516). Leurs successeurs portèrent d'abord le titre d'agha,
de dey,
la suite celui
« oncle
<r
chef des troupes,
ou patron,
du chah ou
roi. » C'était l'usage,
trée sous le
nom
On
» et
»
et prirent
de pacha,
<r
dans
serviteur
en Europe, de désigner la con-
de régence d'Alger.
appelait odjac le
gouvernement turc d'Alger, composé des
ministres delà guerre, de la marine, des finances et de l'intérieur.
Comme
le
dey
chef, était le
était élu
personnage
par le
la milice,
il
plus influent
s'ensuivit
que l'agha, son
que
plupart des deys
et
la
finirent tragiquement.
Cette période, dite turque, est signalée par des pirateries continuelles sur les côtes européennes de la Méditerranée, et les plus
puissants royaumes chrétiens subirent, jusqu'en 1830, l'humihation
de payer un tribut au chef des brigands d'Alger
,
pour obtenir une
paix relative.
Cependant
la
France entretint, presque de tout temps avec l'odjac ,
des relations politiques et commerciales. C'est ainsi que dès 1520 des Provençaux obtinrent à prix d'argent
pèche du
corail près
du
le
privilège exclusif de la
littoral algérien, ainsi
produits de ce pays d'outre-mer
;
que l'exportation des
plus tard des établissements fran-
çais furent crées au- Bastion de France, à la Calle,
Collo, et à partir de 1581
au cap Rose, à
nous eûmes un consul à Alger. L'odjac
n'en laissa pas moins à plusieurs reprises,
sous
Henri ÏV
et
ALGERIE Louis XIII
,
27
capturer nos vaisseaux, dévaster nos comptoirs
rem-
et
bagnes de prisonniers français. Pour réprimer ces brigandages, Louis XIV fit bombarder Alger par Duquesne en 1682 et
plir ses
1G83,
et
par d'Estrées en 1688.
s'ensuivit avec l'ambassadeur al-
Il
venu à Versailles en 1690, un
gérien,
pendant
traité
qui maintint
Les pirateries s'étant renouvelées lors de
le xviiic siècle.
l'expédition d'Egypte et après notre défaite navale de
Bonaparte prépara contre lieu;
mais en 1815
paix
la
la
Trafalgar,
régence une expédition qui n'eut pas
la flotte anglaise
de lord Exmouth, pour exé-
cuter la décision du congrès de Vienne, lança 34.000 projectiles sur la capitale
du dey
non mortel à
et
écrasa sa
cette piraterie
,
flotte.
que
Le coup
mais
était terrible,
France seule devait anéantir en
la
1830, au profit delà liberté des chrétiens, du commerce maritime de la tranquillité des populations côtières. Voici
et
qui ont
amené
La France les
les
circonstances
conquête.
la
payait depuis trois siècles une redevance annuelle pour
concessions d'Afrique. Hussein-Pacha, élu dey en 1818, éleva
cette
redevance de 90,000 à 380,000 francs;
le
consul français en
promit 300,000, mais Louis XVIII, en 1820, ne voulut accorder
que 220,000 francs. Cette cause de mésintelligence seule, ni la plus grave.
Busnach avaient
Deux
juifs
autrefois fourni
algériens
n'était
pas la
du nom de Bacri
une grande quantité de
et
blé au Di-
rectoire et à l'armée française d'Egypte. Leurs créances, s'élevant
n'avaient jamais été acquittées, malgré les
à plusieurs millions,
fréquentes réclamations du dey, qui avait de grands intérêts dans
dont
cette affaire,
les
tribunaux étaient
notre consul, M. Deval, étant allé
le
vivement des lenteurs du procès,
et
rapportée dans les termes suivants par
rapport au gouvernement français «
Pourquoi,
lettre «
que
—
saisis.
visiter, il
le
Le 30
avril
1827,
Hussein se plaignit
s'ensuivit
une
altercation
consul lui-même dans son
:
lui dit le dey, votre ministre n'a-t-il
pas répondu à
la
je lui ai écrite?
J'ai
eu l'honneur de vous en porter
la
réponse aussitôt que
je l'eus reçue. <r
— Pourquoi
ne m'a-t-il pas répondu directement? Suis-je un
manant, un
homme
êtes la cause
que je
vous qui
lui avez
de boue, un va-nu-pieds? Mais
c'est
vous qui
réponse de votre ministre,
c'est
insinué de ne pas m'écrire! Vous êtes un
mé-
n'ai pas reçu la
chant, un infidèle, un idolâtre!...
ï
LA FRANGE COLONIALE
28 «
manche de son chasse-mouches
le
et
siège, ajoute
Se levant alors de son
me
dit
de
me
retirer.
trois
M. Deval,
me
il
porta avec
coups violents sur
le
corps
»
fameux coup de chasse-mouches ou d'éventail qui valut à Hussein la perte de son royaume et à la France la plus importante C'est ce
de ses conquêtes coloniales. réparation d'honneur fut exigée; mais Hussein ayant refusé
Une de
la
donner, M. Deval, rappelé par son gouvernement, quitta Alger
avec tous nos nationaux, et
de Bône étaient livrés au pillage pour la
bhssements de
la Galle et
quatrième
Par contre,
fois.
commencèrent. Nos éta-
les hostihtés
le
commandant
Collet infligea
peu après
aux corsaires algériens mais le dey ne se soumit pas. L'année suivante s'étant passée en escarmouches et en négociations, un dernier accommodement fut proposé en juillet 1829
une sanglante
défaite
,
au dey, qui, aux menaces de notre parlementaire, répondit fièrement « J'ai aussi de la poudre et des canons. Nous ne pouvons :
nous entendre
protégera ton départ,
Mais
le
fut criblé
Le sauf-conduit qui
tu peux te retirer.
:
lendemain,
vaisseau parlementaire français la Provence
le
les batteries
pable de ce second méfait?
devait plus balancer
:
amené
d
de boulets par
agi sans ses ordres.
t'a
Il
port.
Le dey
était- il
cou-
protesta que les canonniers avaient
Néanmoins il
du
le
gouvernement de Charles
X
ne
organisa donc une expédition décisive contre
la régence.
L'année suivante (1830), une
flotte
de 400 vaisseaux de transport,
escortée de 100 vaisseaux de guerre, débarquait à Sidi-Ferruch les
45
et
16 juin
,
une armée de 37,000 hommes sous
le
comman-
dement du général de Bourmont. Le 29 du même mois, après cinq jours de combat on enlève d'assaut le plateau de Staouéli défendu ,
parMustapha-Bou-Mezrag, <r
et le
Château de l'Empereur,
4
juillet, la prise
du SuUan-Kalassi
construit par Charles- Quint, nous
»
assure la possession d'Alger. Le dey, enfermé dans citadelle,
demande à
capituler, se livre
sor de 48 milUons de francs, et le général de
duire à Naples avec sa suite l'odjac dissous, et la
;
le
pourrons
ici
qu'à
Bourmont
le fait
tré-
con-
corps des janissaires est expulsé
France reste maîtresse delà position.
Mais ce n'est pas tout de conquérir, le
Kasbah ou
la
au vainqueur, avec son
la
il
faut consolider,
nous ne
condition de soumettre souvent les tribus
révoltées et de gagner sans cesse
du
terrain.
De
là
l'occupation
ALGÉRIE
29
d'Oran (1831), de Bône (1832), d'Arzeu, de Mostaganem
de Bou-
et
,
opérée sous radministration successive des généraux de
Bourmont,
Glauzel, Berthezène, Savary, Voirol et Drouet d'Erlon;
gie (1833)
celui-ci fut le premier
A cette époque organisa
le
,
gouverneur général d'Alger, en 1834.
pour
établir des rapports avec les indigènes
coyys des zouaves
composés de Kabyles
étaient à l'origine des bataillons indigènes
zouaouas de
province de Constantine; mais
la
il
s'y
mêla bientôt
des aventuriers de toute provenance, dont Lamoricière,
cheur de poudre,
»
on
,
bureaux arabes. Les zouaves
et les
au dire des Arabes,
un corps
«
fit
mains
vrais soldats d'Afrique , les héros des coups de
«
le
mâ-
d'élite, les
difficiles
,
les
fantassins des longues marches, des nuits sans sommeil et des
journées sans eau
».
Les bureaux arabes étaient formés
français qui concentraient entre leurs et l'administration.
Connaissant
le
du caractère, des mœurs
Le premier chef de bureau arabe
fut
d'officiers
la justice, les finances
langues du pays, ces officiers
les
eux-mêmes, sans
s'enquirent par infidèles,
mains
secours d'interprètes souvent
et des
habitudes des indigènes.
encore Lamoricière
résolution, rempli de ressources dans l'esprit et
,
homme de
animé du désir de
bien faire, ce qui lui concilia l'affection de ses subordonnés. Des
abus résultant de leurs pouvoirs trop étendus
firent
supprimer plus
tard ces bureaux arabes.
Jusqu'en 1834, l'occupation française villes côtières.
impolitiques
indigènes,
,
Des hésitations, des
avait
été restreinte
aux
mesures
fautes miUtaires, des
souvent aussi des traitements maladroits appliqués aux
avaient
indisposé ceux-ci contre nous et compromis
l'entreprise. C'est alors
que parut l'ennemi
le
plus redoutable qui
combattra, souvent avec succès, l'influence française pendant plus de douze ans. Cet
homme,
ce conquérant, c'est
rabout influent,
il
avait reçu
l'Egypte, était versé dans l'étude
thaleb
il
joignait la vigueur
dans sa tenue, habile dans
Abd-el-Kader.
du
du Coran,
soldat.
Bien
de corps
ganisation, Abd-el-Kader était
fait
,
d'un
élégant
doué de bra-
la fois froid et
activité infatigable et
ma-
l'Orient et
et à la science
fait
les exercices militaires,
voure autant que de sens politique, à souple et violent, d'une
Fils d'un
une éducation soignée, vu
passionné,
d'un vrai talent d'or-
pour dominer. Les tribus de
la
province d'Oran livrées à l'anarchie avaient besoin d'un chef et se
groupèrent autour de celui qu'elles considéraient
comme
«
envoyé
LA FRANCE COLONIALE
30
de Dieu
En 1834,1e général Desmichels, commandant d'Oran,le comme « prince des croyants » et lui fournit même des
».
reconnaît
secours pour vaincre ses compétiteurs. qui suc-
Cette politique ayant été désavouée, le général Trézel,
céda à Desmichels, attaqua Abd-el-Kader et se la
Macta (1835). L'année suivante,
la
Sikkah, mais
il
le
général
fit
battre par lui sur
Bugeaud
défit l'émir à
conclut avec lui en 1837 l'imprudent traité de la
Tafna, qui livrait au chef arabe d'Alger, sauf les villes
du
les
provinces d'Oran, de Titeri et plaine de la Métidja, qui res-
littoral et la
taient à la France.
Louis Blanc
de l'entrevue de la Tafna
fait
peint bien les personnages en action
—
Entrevue de la Tafna. halte dans la
Tafna
que
un
du plus
vallon
«
A
récit suivant qui
le
:
neuf heures du matin, on
riant aspect
que baignent
fit
eaux de
les
là était le lieu du rendez -vous. Mais on n'y rencontrait
:
la solitude, le silence;
Le
l'horizon.
pas un cavalier arabe ne se dessinait à
soldat se sentit humilié.
attendit longtemps.
Il
attendre; et l'on
fallut
Les vedettes revenaient sans nouvelles. Habile
à s'entourer de prestige, Abd-el-Kader avait voulu se donner auprès
des siens l'avantage d'une supériorité apparente, et affectait à l'égard
tique sait
du chef des
infidèles était
un
dédain qu'il
le
calcul de sa poli-
musulmane. Le jour commençait à baisser, l'émir ne parais-
pas; et pendant que, tourné en gaieté, le mécontentement des parts en vives
troupes s'évaporait de toutes
Bugeaud Arabes
avait peine à dissimuler sa colère.
est
annoncée.
faisceaux se rompent
saillies,
général
Enfin l'approche des
A l'instant même, les tambours ,
le
rappellent, les
chacun court à son poste. Mais
,
à
une
lieue
de notre avant-garde, Abd-el-Kader s'était arrêté. Ce fut alors auprès
du général une succession de messages ayant pour but de prendre que l'émir
que
était
malade,
fort tard; qu'il serait
lendemain...
A bout de
qu'il n'avait
pu
se mettre en route
patience, et oubliant la dignité de son rang,
Bugeaud
ment des troupes, «
ap-
bon peut-être de renvoyer l'entrevue au
pour n'obéir qu'aux impétueux conseils de son dépit rage, le général
lui
laisse
et, suivi
au général Laidet
de son état-major,
il
et le
de son cou-
commande-
se porte
en avant.
Presque entièrement composée de cavalerie, l'armée d'Abd-el-
Kader
figurait
un immense
triangle, dont les angles
mouvants
s'ap-
puyaient à trois colUnes. Arrivé au milieu des avant-postes, général français vit venir à lui
un chef de
tribu , qui lui
le
montra un
ALGÉRIE coteau sur lequel
était l'émir. « Je
« chef, dit le général «
longtemps
et
Bugeaud
venir de
parut l'escorte de l'émir
trouve indécent de la part de ton
à l'Arabe, de
si loin. » :
31
Et
il
me
faire attendre si
s'avança résolument. Alors
jeunes et beaux pour la plupart, les chefs
L'émir Abd-el-Kader.
et montaient des arabes étalaient avec faste leurs riches costumes général Bugeaud, chevaux magnifiques. Bien différente était celle du de l'administration à laquelle s'étaient réunis plusieurs membres civile, coiffés
militaire.
Un
de
la casquette
modèle,
cavalier sortit des rangs.
et Il
dans une tenue portait
fort
un burnous
peu
gros-
LA FRANCE COLONIALE
32
ne se distinguait point par son costume du dernier des cavaliers ennemis, mais autour de son cheval noir, Arabes marchaient qu'il enlevait avec beaucoup d'élégance, des sier, la
tenant
corde de chameau,
mors de bride
le
il
néral français lui ayant tendu la main,
sauta rapidement à terre et lui et l'entretien «
L'émir
les traits délicats et
jouaient avec
un
il
par deux
la lui serra
fois
s'assit.
Le général prit place auprès de
Il
avait le visage sérieux et pâle,
commença. de petite
était
Abd-el-Kader. Le gé-
C'était
et les étriers.
taille.
l'œil ardent.
légèrement altérés,
Ses mains, qui
chapelet suspendu à son cou, étaient fines et d'une
distinction parfaite.
Il
parlait avec
douceur
,
mais
il
y avait sur ses
lèvres et dans l'expression de sa physionomie une certaine affectation de dédain. La conversation porta naturellement sur la paix qui
venait d'être conclue et Abd-el-Kader parla de la cessation des hosLe général tilités avec une mensongère et fastueuse indifférence. ;
français lui faisant observer
que
le traité
ne pourrait être mis à
exécution qu'après avoir été approuvé, mais que la trêve
était
favo-
rable aux Arabes puisque, tant qu'elle durerait, on ne toucherait
pas à leurs moissons «
:
«
Tu peux
,
répon-
Les
dit- il, et je t'en donnerai par écrit, situ veux, l'autorisation.
«Arabes ne manquent pas de «
L'entretien
tait assis.
fini, le
Blessé au
et l'attirant à lui «
dès à présent les détruire
donc!
j>
général
vif, le
grains.
»
Bugeaud
s'était levé,
et l'émir res-
général français le prit alors par la
d'un mouvement brusque
:
main
Mais relevez -vous
«
Les Français furent charmés de cette inspiration d'une
âme impérieuse
et intrépide,
et les
Arabes laissèrent percer leur
étonnement. Quant à l'émir, saisi d'un trouble involontaire,
il
se
retourna sans proférer une parole, sauta sur son cheval et regagna les siens. les
En même temps on
entendit une puissante clameur que
échos prolongèrent de colline en colhne.
criaient avec enthousiasme les tribus. vint ajouter à
l'effet
Un
et, se glissant
gorges des montagnes, les Arabes disparurent'. le
sultan! »
le
violent coup de tonnerre
de cette étrange scène;
Fier de ce succès diplomatique, qui
Vive
«:
dans
»
grandit
énormément aux
yeux des peuples arabes, Abd-el-Kader ne tarda pas à agir en verain.
Il
se débarrassa bientôt de ses rivaux, vainquit
les tribus récalcitrantes, divisa le pays
•
Louis Blanc, Histoire de dix ans.
les
soru-
ou écrasa
en huit gouvernements,
et se
ALGERIE
33
créa une armée permanente au lieu des troupes temporaires. avait
240
<r
10.000 réguliers, dont 3.000 fantassins, 2.000 cavaliers
artilleurs avec
une vingtaine de pièces
une
de places
ligne
Biskra, formaient de
pour mater
l'est
ou réparées
avait construites
qu'il
c'étaient autant de forteresses
où s'amassaient
;
à Miliana, une fonderie de canons à Tlemcen.
était installée
Sebdou, Saïda, Tagdempt, Boghar, l'ouest
des poudrières fonc-
;
Tagdempt une manufacture
tionnaient à Mascara, Miliana, Médéa,
d'armes
II
et
à ;
de magasins
les tribus,
approvisionnements, de retraites en cas de
les
guerre malheureuse.
»
(Maurice AVaiil.)
moyennant
Telle est l'organisation
paix, l'émir tiendra en
laquelle, après
deux ans de
échec pendant huit ans de nombreuses
armées françaises. Pendant ce temps, nos troupes atteignent Constantine, où dominait le bey
Ahmed. Après un échec grave en 1836,
la ville fut prise
d'assaut en 1837, par le maréchal Valée; le général de
Damrémont
avait été tué la veille.
En
octobre 1839,
les
Kader, qui prétendait renfermer ci
recommencèrent avec Abd-el-
hostilités
Français dans
les
la Métidja.
Ceux-
en sortirent pour occuper en 1840 Cherchell, Médéa et Miliana,
tandis que le capitaine Lelièvre, avec 123
hommes,
rieusement, pendant quatre jours,
le fortin
par une nuée d'Arabes. Rapportons
ici
en
défendait victo-
de Mazagran attaqué
détail le récit
de cette
brillante affaire.
La défense de Mazagran. qu'un
petit fort élevé à la hâte
taganem.
Il
renfermait la 10°
c'est-à-dire 123
Mazagran
«
par
les
compagnie du bataillon d'Afrique, le
capitaine Lelièvre,
quelques éclaireurs arabes vinrent reconnaître
Le lendemain,
les
contingents de quatre-vingt-deux tribus,
formant 10 à 15.000 hommes, sous
Tehamy,
les
ordres de Mustapha-Ben-
de Mascara, prirent position devant
kliaUfa
de plus
n'était rien
Français, non loin de Mos-
hommes, commandés par
lorsque le 1er février les lieux.
—
le fort.
La
garnison n'avait pour toutes provisions qu'un baril de poudre, une pièce de canon et
1-0.
000 cartouches
;
mais en revanche
composée de braves disposés à vendre chèrement leur «
Animé par
le
elle était
vie.
fanatisme religieux et par des promesses de
récompense, l'ennemi se précipita avec rage contre
les murailles,
artillerie avait entamées, et y planta quatorze de ses drapeaux. Les assiégés reçurent cette attaque et celles qui suivirent par
que son
3
LA FRANCE COLONIALE
34
abords de la feu de mousqueterie qui couvrait de cadavres les trois fois il national, drapeau le brèche. Trois fois le canon abattit
un
fut relevé avec
à
les assaillants revinrent
Le 3,
t
enthousiasme aux cris de
:
Vive leroi! VivelaFrance!
charge avec une ardeur
la
épuisées, on les nouvelle. Cette fois, les cartouches étant à moitié de lutter reçut à l'arme blanche, et le courage français continua
un ennemi dont
avec avantage contre
de cent contre un. « Le 4, l'acharnement des Arabes redoubla.
Sur
soldats.
épuisées
;
en se précipitant sur
faire tuer
brèche se
le
les
soir,
leur
«
entier et
Ils
était
venaient sur la
les baïonnettes
de nos
munitions étaient presque complètement
le capitaine Lelièvre rassembla ses
«
numérique
la supériorité
hommes
:
«
Mes amis
nous avons encore un tonneau de poudre presque douze mille cartouches nous nous défendrons jusqu'à
dit-il,
;
ce qu'il ne nous en reste plus que douze ou quinze, puis nous entrerons dans la poudrière pour y mettre le feu, heureux de
ce
«
mourir pour notre pays. Vive la France » On se battit ainsi pendant quatre jours !
(t
((
dit
c'étaient,
rable,
«
ne
et
«
« car la
un Arabe qui
finissaient pas
fumée de
la
poudre obscurcissait
«
bivouacs
et
par
siège
mémo-
ne commençaient pas
ils
au son du tambour; c'étaient des jours noirs,
les nuits étaient des nuits
Le
compte de ce
c'étaient quatre grands jours, car
<r
((
a rendu
quatre nuits, et
et
celles des
les
rayons du
de feu, éclairées par amorces.
soleil
;
et
flammes des
les
»
cinquième jour, les Arabes, fatigués de cette intrépide résis-
tance, renoncèrent au succès et abandonnèrent la place, emportant
plus de mille morts ou blessés. Lorsque les braves de Mazagran
purent se compter, trois «
morts
il
ne leur manquait que dix -neuf des leurs,
et seize blessés
!
La garnison de Mostaganem, forcée d'assister à cette lutte iné-
gale sans
que ses propres forces
en faveur des assiégés,
était
lui
permissent d'essayer une sortie
dans une cruelle anxiété. Dès que
le
silence de la plaine lui eut indiqué l'éloignement des Arabes, elle se dirigea triste et
morne sur Mazagran, croyant
remplir qu'un dernier et solennel devoir. frères d'armes vivants et vainqueurs
ports et les *
M™"
la
,
elle
n'avoir plus à
A l'aspect de
ramena triomphalement à Mostaganem'.
comtesse Dhoiiojowska, Algérie française. M.
cents, au lieu de cent vingt- trois, le
nombre des
ses héroïques
ne put contenir
le
ses trans-
»
capitaine Niox porte à trois
soldats de
la
garnison de Mazagran,
ALGERIE
33
Impuissant à s'emparer des places fortes, Abdrel-Kader résolut de tenir
la
campagne
et de harceler ses adversaires.
tactique, plus naturelle
pour l'Arabe,
moins de battre l'émir que de 10. 000
on
sans pouvoir
le
surprendre nulle part. Aussi
en 1841, au nouveau gouverneur,
le général
100.000 soldats, divisés en corps nombreux, toutes parts cet
ennemi
De son
fonde Orléansville.
Bugeaud s'empare de Massoumet la vallée du Ghélifî, où
côté le duc d'Aumale surprend, au
d'armes de Taguin (1843),
brillant fait
el-Kader, et
fait
Bugeaud,
pour traquer de
insaisissable.
cara (1841), de Tlemcen (1842), et il
était
intrépides et montés à la légère
,
fallut -il,
Grâce à cette
pour nous
Avec son armée de
l'atteindre.
hommes seulement mais
le trouvait partout,
la difficulté
la
Smala ou camp d'Abd-
3.000 prisonniers avec un riche butin.
Voici à ce sujet quelques détails.
La
prise de la Smala.
—
<t
Depuis que l'émir n'avait plus de
résidence fixe, et que son rôle s'était abaissé aux étroites proportions de chef de
bande
,
sa famille et celle des principaux person-
nages de sa maison avaient dû partager sa vie nomade
en smala. merions
On
équipages, la suite;
les
et se
former
appelle smala, chez les Arabes, ce que nous elle
domestiques, les tentes, les richesses
comprend
nom-
famille,
la
les
du maître. La smala d'Abd-
el-Kader contenait 12 à 15.000 personnes. Elle suivait tous ses
mouvements
et était l'objet
Bugeaud songea à prise difficile au
apprit que la
il
sud-ouest;
il
et
de 600 cavaliers. Le 14,
Smala
était,
de cette entre-
il
la
tête
de
arriva à Goujilah,
en ce moment, à quinze lieues au
prit aussitôt cette direction, et le 16, après vingt-cinq
heures d'une marche accablante il
et confia l'exécution
jeune prince se mit en marche à
le
13.000 fantassins
où
de sa plus grande sollicitude. Le général
emparer
duc d'Aumale.
Le 10 mai,
«
s'en
aperçut, près de Taguin,
,
dans un pays inculte
une réunion de
sans eau
et
tentes occupant
un
espace de près de deux kilomètres. N'écoutant que son ardeur, sans songer à
sa
faiblesse
numérique,
l'avant-garde,
composée
500 chevaux seulement, s'élance au galop, conduite par par
le
l'elTet
colonel Youssouf, et par
prince,
lieutenant-colonel Morris. Dire
de cette attaque subite serait impossible. Les femmes épou-
M. Gaiïarcl compte, non par aussi
le
le
de
réduire
le
mille,
nombre des
mais par centaines
assaillants et la
les perles des
Arabes,
et l'on
peut
durée de celte défense, d\tilleurs assez
héroïque, sans qu'on doive y nicler l'e.\agéralion.
LA FRANGE COLONIALE
36
vantées, les vieillards et les enfants se pressent en tumulte et
muniquent leur trouble aux peine. C'est
prendre
réguliers, qui
fantassins
une mêlée, une
la fuite se dirigèrent
com-
résistent à
confusion affreuse; ceux qui purent vers le désert; les autres, au
nombre
de 4.000 restèrent nos prisonniers. Le trésor de l'émir, ses tentes,
drapeaux tombèrent en notre pouvoir
ses
*.
»
Quant à Abd-el-Kader, pressé de toutes parts,
se réfugie
il
au
Maroc, où il entraîne le shérif, Abd-er-Rhaman, dans la guerre sainte. Mais le bombardement de Tanger et de Mogador par l'escadre du prince
de Joinville,
et
surtout
de
victoire
la
l'Isly
remportée par Bugeaud sur l'armée marocaine,
(14 août 1814),
obligent bientôt le sultan à la paix de Tanger (1845), qui lixe notre frontière actuelle
du côté de
l'ouest.
L'année suivante (1846), a lieu
soumission du Dahra, insurgé par
la
Bou-Maza, puis
celle
de l'Aurès, dont la principale
même
nous appartenait déjà; en
refuse
même
et trahi, ainsi
la
devenu gouverneur, qui
et
de
se voit successi-
que du shérif marocain, qui
là
se retirer librement à Alexandrie
Lamoricière ratifia la
nement de Louis-Philippe
Pau
il
le
présenta
promesse
au
faite.
duc d'Aumals, Mais
il
fidèle à sa
gouver-
promesse de
termira ses jours en 1883.
L'Algérie est dès lors à nous dans la majeure partie
sur les plateaux
;
mais
il
du
Tell et
faut encore faire respecter notre autorité
populations sahariennes et kabyles, toujours prêtes à com-
battre pour leur indépendance à la voix des cliefs
le
à Amboise, jusqu'en 1854. Alors Napoléon III lui
ne pas retourner en Afrique,
les
ou à
dirigea l'émir sur Toulon, puis l'interna
permit d'aller habiter Damas, en Syrie, où,
par
lui
23 décembre 18i7, au colonel Lamoricière,
le
promesse de pouvoir
Saint- Jean-d'Acre.
à
Biskra,
l'hospitalité.
Aussi se rend -il, sous
ville,
temps, Abd-el-Kader, rentré en
Algérie, est poursuivi de tribus en tribus, dont
vement abandonné
du marabout
les instigations
marabouts ou de leurs
nationaux.
C'est
pourquoi une expédition
Zaatcha, en 1849.
La
ville,
est
dirigée
contre
l'oasis
prise d'assaut, fut détruite, et sa
de
popu-
lation anéantie; cette affaire
nous coûta 1.500 hommes, sans compter
En
1852, Laghouat, et en 1854, Tougourt,
les victimes
du
choléra.
tombent à leur tour en notre pouvoir, après une résistance égale-
•
M"'« la comlesse
Drohojowska, Algérie française.
ALGÉRIE ment
opiniâtre.
Ouargla fut reprise en 18G0,
37 et
le
général de
avec une colonne légère montée sur des chameaux, surprit en 1872 El-Goléa, le point extrême de nos possessions, à Gallifet,
4.
100 kilomètres au sud d'Alger.
^•^^
Vernet. Prise de Conslanline, d'après Horace
en années on avait conduit diverses expéditions les villes mariKabylie, dont nous possédions depuis longtemps 1814-47, Bugcaud times: Bougie, Djidjelli, Collo et Dellys. En
Dans
avait
les
mômes
prcscpic annuelles soumis une partie du pays. Des insurrections
,
LA FRANGE COLONIALE
33
furent réprimées jusqu'en 1857; enfin
hommes pour
ployer 35.000
mal armés, désunis, mais les
le
Randon dut em-
général
vaincre ces intrépides montagnards,
fiers et
indomptables, résignés à subir
guerres les plus atroces.
Mac-Mahon
leur infligea la sanglante défaite d'Icheriden
réduisit (4857).
maîtres,
ment
fallut
construire
le fort
n'avait
qui les
,
connu de
Napoléon, devenu aujourd'hui
National.
le fort
En
il
Pour dompter ce pays qui jamais
1864, d'autres insurrections durent être réprimées, notamdes Ouled - Sidi- Cheikh
celle
,
dans
le
sud oranais
,
et celle
des Flittas, dans l'Ouaransénis.
A
la suite
de nos revers en France de 1870-71
,
Kabyles des
les
provinces d'Oran et d'Alger se soulevèrent de nouveau, et ce sou-
lèvement eut pour cause
gouvernement de ralisation
quels
Défense nationale
la
une
notamment
,
en masse des Juifs algériens
,
celle
de
le
la natu-
détestés des Kabyles
,
aux-
au combat du Djebel-Bou-Thaleb, payèrent des contributions
de guerre considérables et
mesures intempestives portées par
enlèvent peu à peu toutes leurs propriétés. Les Kabyles,
ils
défaits
les
;
leiu^
autonomie municipale
fut
supprimée
partie de leurs terres affectée à la colonisation.
Le soulèvement de l'Aurès (1879) quences.
de 1881
Il
,
n'eut pas
de graves consé-
nous en coûta bien davantage pour étouffer l'insurrection
laquelle n'était en réalité qu'une suite de la lutte
perma-
nente des Ouled-Sidi-Cheikh, mal domptés en 1870. C'est encore
un marabout, Bou-Amama,
qui, profitant
du mécontentement des
tribus, les excita à la révolte.
De nombreuses colonnes délogèrent
successivement
de
Amama En
insurgés
les
leurs
ksours
et
poursuivirent
jusqu'à Figuig.
1880,
la
mission du colonel Flatters, chargée d'étudier
la
création d'un chemin de fer transsaharien jusqu'au Soudan, fut
massacrée dans
le désert
au sud-est d'El-Goléa, vers
tude nord, par les Touaregs -Hoggar, aidés de
la
le
25» de
lati-
complicité des
Chaamba qui formaient l'escorte de la mission. Ce massacre, qui n'a pu être vengé, a porté un rude coup à l'influence française dans la région du Sud vers le Soudan. Toutefois 1882 vit l'occupation du Mzab et de Ghardaïa, qui nous assure la tranquillité relative du Sahara
algérien au nord d'El-Goléa.
La conquête de rienne vers
la
l'est et
Tunisie en 1881 compléta notre colonie algé-
garantit sur ce point la tranquillité
du pays.
,
ALGÉRIE Il
même
n'en est pas de
39
à l'ouest, où la frontière marocaine,
tracée arbitrairement par le traité de Tanger, coupe en
régions naturelles habitées par des
Malouïa
mêmes
eût été plus rationnellement choisi.
Le cours de
tribus.
De
deux des
une
plus,
partie des
du Riff (rivage) marocain ont dans
Rifîains ou habitants
la
ces der-
niers temps recherché la protection des Français. Si l'on ajoute les
non avouées des Allemands pour
tentatives
du Maroc,
et les droits
s'établir sur la côte
de l'Espagne sur la
même
nord
région, on peut
en inférer que bientôt des complications politiques modifieront situation de cette sultanie si
au brigandage, Tel est
le
France,
la
et
dont
résumé de
dit
mal administrée,
la
livrée à l'anarcliie,
ruine prochaine est prévue.
la
cette
conquête algérienne,
M. Elisée Reclus,
six milliards
«
qui a coûté à
de francs
et
plusieurs
centaines de milliers d'hommes, soldats ou colons. »
Nous empruntons au même auteur
— «En parlant de
La France ALGÉRIENNE.
A
le
nom
de
France nouvelle
«
considérations ci-après sur
sur l'avenir de cette colonie.
la situation actuelle et
souvent
les
maints égards cette expression est
l'Algérie,
ou de
»
on
lui
que
justifiée. Il est certain
Français se sont très solidement établis dans
donne
France africaine
«
».
les
continent africain
le
apportant leur langue et leurs mœurs. Villes et villages de construction
européenne
versent
se sont élevés
mais dans toutes
littoral,
l'œuvre accomplie par le résultat
est
les
du
On
pu comparer
du
désert.
Français en
un
demi-siècle à celle qui fut
a
de sept siècles d'occupation romaine. Si leur civilisation
encore bien loin d'avoir aussi fortement assimilé
indigène,
région du
la
territoire; des routes tra-
les confins
pays jusque sur
le
non seulement dans
les parties
si
leurs colonies
dans
la
la
population
région orientale des plateaux
sont encore clairsemées en comparaison de celles des Romains, à d'autres égards,
ils
ont
fait
davantage.
La
science leur a fourni
élément de puissance qui manquait aux anciens
chemin de
fer,
par
présents partout.
le
la vitesse.
télégraphe, par les signaux optiques,
Dans
due, pour ainsi dire;
:
ils
leurs
mains,
le
pays
s'est
ont pénétré plus avant dans
Par
ils
mer
le
sont
réduit en étenle
désert, puis-
qu'on ne trouve plus de débris romains au sud de Djelfa, à 300 mètres au nord d'El-Goléa,
un
la dernière oasis française;
kilo-
même
la
qui baigne les rivages algériens s'est rétrécie sous la quille de
leurs navires, et les naufrages y sont jetées et
moins à craindre, grâce aux
aux môles qui abritent actuellement
les ports;
Alger, à
LA FRANCE COLONIALE
40
moins de trente heures de Marseille, est plus rapprochée de la France que Toulon ne l'est de Brest. Quoiqu'on ait souvent répété le
contraire, l'annexion politique de l'Algérie à l'Europe est
un
fait
acquis à l'histoire. Des révoltes d'indigènes, séparés les uns des autres par la distance, l'origine, les intérêts particuliers, ne sau-
une population européenne, très inférieure en nombre, mais solidement unie pour la défense et disposant des raient l'emporter contre
des points stratégiques et de toutes les res-
des arsenaux,
villes,
sources que donne l'industrie moderne. «
Quoi
en
qu'il
soit, l'Algérie a
en toute justice comparée à
qu'elle puisse être
une
«
France nouvelle
repeuple,
».
une grande
désert dans et
Il
faut d'abord
que son
la
pour
le vide,
presque
territoire,
que ses immenses ressources minières, que
faut
il
comme
France,
son étendue, se peuple ou se
partie de
industrielles, soient utilisées;
pendu dans
de grands progrès à faire avant
le
agricoles,
pays, maintenant sus-
puisqu'il confine à des soli-
ainsi dire,
tudes inexplorées, se rattache par des itinéraires
suivis
et
des
recherches scientifiques aux oasis du désert et aux régions popu-
du Sénégal
leuses
ethniques
si
et
homogène. L'Algérie morale
et politique
entre vainqueurs
musulman, tr'ouvrir
du Niger;
faut surtout
il
est
est
non seulement
:
et
l'assimilation
vaincus, mais
encore fermé,
le
monde
et la société
aux idées modernes.
qu'elles
«
quand on a vu
pays des Palmes
»
accepter
France, peut-on douter que
ment
passsif
quand
les habitants ,
ne
s'est
si
kabyle n'a
fait
s'établit l'union.
la
elle vient
de
la
même
Des deux
se regardent encore obliet l'injure est
d'un étranger. Pour-
Tunisie, ceux du Djérid,
facilement la domination de la
principale
cause de l'acquiesce-
les garanties
de justice qu'il leur
assure? D'ailleurs n'existe- t-il pas en Algérie des tribus
Douair
que s'en-
ou volontaire des indigènes algériens au régime euro-
péen augmente ou diminue avec
les
point faite
arabe, en tant que
ne se comprennent point,
toujours ressentie doublement tant,
éléments
C'est isolément, par individualités
non par grandes masses, que foules se haïssent ou du moins
quement, parce
les
une population
encore loin d'avoir constitué son unité
distinctes,
parts les
que
divers de la contrée se fondent en
et les
telles
que
Smela, des environs d'Oran, qui de tout temps,
dans l'infortune, sont restées
les fidèles alliées
malgré cette invincible haine dont on a souvent parlé
des Français,
comme
devant
à jamais séparer les deux races? La conquête des ksours du Sahara,
,
ALGÉRIE dans elle
les régions
même
par des
si les
territoire
de
l'intérieur, les
opprimés de toute race
Français n'avaient pas été secondés
pauvres,
première
dans un
fois
les
grands chefs suivis de leurs
le
un
lutte? Suivant
la
peuple ne demande que deux choses
le
L'une donne
et la justice, d
la
colons partiaires, les nègres,
ou tâchaient de continuer
s'exilaient
proverbe arabe,
les
de toute classe se précipiter avec joie
et
au-devant de l'étranger, tandis que
bandes
eùt-
de diverses tribus'? Et n'a-t-on pas vu fréquemment,
lorsque les conquérants pénétraient pour
les
hommes du Nord,
presque inabordables aux
été possible,
goum
41
:
« la
pluie
pain, l'autre assure la paix, le pro-
grès social, l'assimilation graduelle des éléments naguère en lutte et
non pas
cette assimilation qui consisterait à
penser de
la
même
manière, à ne parler qu'une seule langue, à se conformer aux
mœurs
et
aux usages de
mais
la capitale,
respect mutuel et l'observation
du
qui repose sur
celle
droit à l'égard les
le
uns des autres.
Or, qu'on ne l'oublie pas, entre populations entremêlées que séparent les origines, les traditions, les
mœurs,
l'état
social,
il
n'y a
d'autres alternatives que l'assimilation graduelle, l'avilissement par la servitude
ou
le
massacre',
d
CHAPITRE
II
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE
I.
— Configuration
Situation et bornes.
— L'Algérie,
oénéuale avec
la
Tunisie qui
aujourd'hui annexée, forme, au nord de l'Afrique, une trée
située à proximité de la France,
moins de 200
lieues de
mer,
et
Les bornes de l'Algérie sont
'
Elisée Reclus
,
:
dont
presque sous
au nord,
Afrique seplcnlrionale.
la
elle
les
lui
est séparée
mêmes
est
vaste con-
par
méridiens.
Méditerranée, à l'ouest,
.
LA FRANCE COLONIALE
42
Maroc, à
le
et
l'est,
Tunisie au
la
sud,
le
Sahara, où
n'y
il
a de limite que celle de notre influence sur les tribus du désert.
marquer en
Cette limite peut se
Position astronomique.
moment
ce
— L'Algérie
de 30» 30' (El-Goléa) à 37»
trionale
à la latitude d'El-Goléa
s'étend en latitude septen-
10'
(cap Bougaroni), et en
longitude est du côté de la Tunisie, à partir
du Maroc, à 6» 30' de du méridien de Paris.
En y comprenant
37^ degré de latitude
longitude, de 4» 40' de longitude ouest du côté
la
nord au cap Blanc,
Tunisie, on atteint
le
et le 9e degré de longitude est sur la limite
du
Tripoli.
Alger se trouve à peu près sous
ment à
le
méridien de Paris, exacte-
0» 44' de longitude est, et Tunis à 7o 4' de
même
longitude.
Alger est en ligne droite à 660 kilomètres de Port-Vendres
,
780 de
Marseille, et 1,400 de Paris.
Configuration.
— Dans son ensemble, l'Algérie
d'un parallélogramme de l'est,
1
affecte la
forme
,000 kilomètres de longueur de l'ouest à
sur une largeur de 700 du nord au sud, en y comprenant le
Sahara algérien, jusqu'à El-Goléa.
—
Superficie.
Ainsi envisagée, la superficie
de l'Algérie est
approximativement de 650,000 kilomètres carrés, dont
pour
le
également pour
le
à nos possessions
pour
demie
les
moitié
Sahara algérien.
Celle de la Tunisie étant de 120,000 kilomètres
fois et
la
,
dont
la
moitié
désert Saharien , ces deux chiffres réunis donnent
du nord
la superficie
Européens
africain près de 800,000 kilomètres,
de
la
France; mais
est à peine le tiers
une
la partie habitable
de cette surface.
—
Lo littoral algérien. Le Uttoral algérien décrit dans son ensemble un arc très peu tendu, long de 1.100 kilomètres environ, tournant sa convexité sur
mer
la
et vers le
nord,
et relevant
son
extrémité orientale à une latitude de deux degrés au-dessus de l'extrémité occidentale.
Le
Httoral tunisien, plus
mouvementé, tourne
sa plus grande
face vers l'orient.
une contrée généralement montueuse jusque sur en résulte que ses côtes sont d'ordinaire élevées,
L'Algérie étant le
littoral,
il
rocheuses, escarpées, inabordables en dehors des ports; ses baies,
peu profondes
,
mal fermées
,
non
abritées et ensablées , sont
peu
favorables à la navigation. Ce n'est qu'à plusieurs centaines de mètres
du
littoral
que
la
profondeur de
la
Méditerranée atteint 10, 20 mètres
,
ALGERIE mais
et plus;
dépasse bientôt 1.000
elle
150 kilomètres de
43
la côte
et
même
—A
Description des côtes.
8 kilomètres de l'embouchure de
la Malouïa, fleuve marocain, le chétif torrent
est la
2.500 mètres à
d'Alger.
du Kis ou Adjeroud
première borne physique qui sépare l'Algérie du Maroc. Le
premier cap français
Nemours;
celui de
est la pointe
cap Figalo
remarque plusieurs
Rachgoun, en
et les îles
Le cap Falcon
et
premier port,
le
vient ensuite le cap Noé, où la côte prend la
direction nord-est; on y
niques: File
Milonia,
îlots et
caps volca-
face de l'embouchure de la Tafna, le
Habibas.
est suivi
de
baie d'Oran ou rade de Mers-
la
el-Kébir, entourée de colHnes de 600 mètres de hauteur,
le
meil-
leur abri de l'Algérie occidentale. Les caps Ferrât et Carbon sont
des saillies d'un large promontoire séparant la baie d'Oran de celle
d'Arzeu, celle-ci plus large, mais moins bien abritée, et au fond
de laquelle se
A le
jette la
Macta.
5 kilomètres de Mostaganem se voit l'embouchure du Chéliff
plus grand fleuve algérien; puis le cap Ivi, d'où la côte, élevée
mais peu échancrée, s'incHne vers là se
l'est
jusqu'au cap Ténès,
de
et
prolonge presque droite jusqu'à Cherchell. Elle est marquée
faiblement par les pointes des contreforts du massif du Dahra
du
petit Atlas algérien
A l'est
de Cherchell,
plongeant dans
mer.
la
la côte s'infléchit
et
un
pour remonter
instant
ensuite jusqu'à la petite baie de Sidi-Ferruch, où l'armée française
débarqua en 1830. Le promontoire de Sidi-Ferruch, terminé par caps K'nater, Caxine et
les
pointe Pescade,
la
milieu de la côte algérienne;
le
le
cap Matifou en détermine
La mer puis
le
abrite à l'ouest la magnifique
large de 15 kilomètres et profonde
baie semi-circulaire d'Alger,
de 7;
il
marque à peu près
reçoit plus loin les
la partie orientale.
eaux ensablées de
l'Isser
oriental,
Sébaou, près de Dellys, port médiocre, mais marché
quenté.
A
duquel
est
fré-
partir de cette ville, jusqu'à l'oued Sahel, à l'embouchure
Bougie,
le littoral
de
la
grande Kabylie
est
généralement
on y remarque les caps Tedlès, Corbelin, Sigli, puis le cap Carbon oriental, percé d'une voûte naturelle la côte tourne ensuite au sud pour former la
très haut, sans abri et hérissé d'aiguilles
;
;
baie semi-elliptique de Bougie, fermée à
Plus au nord-est on trouve
de
môme nom;
le
la
Seba-Rous
l'est
par
le
cap Cavallo.
pointe de Djidjclli, près delà (les
sept caps), plus
ville
connu sous
le
LA FRANCE COLONIALE
44
nom
de Bougaroni (Cap des fourbes), large promontoire
italien
formant l'avancement
A
l'est
le
plus septentrional de la côte algérienne.
s'ouvre le beau golfe portant
déchu, et de Philippeville, port
Fer (Râs Hadid), pointe qui s'étend le
le
long du
il
de
très saillante
littoral
nom
double
le
moderne;
de Stora
se termine
la
,
port
au cap de
chaîne de l'Edough,
jusqu'au cap de Garde. Celui-ci, avec
cap Rosa, abrite imparfaitement la large baie de Bône, où se
jette la
Seybouse; à
isolé, la
l'est
Calle, dont
îe
du cap Rosa
se dresse,
à 38 kilomètres plus loin, au cap
II.
Orographie. est traversée
par
le
un rocher
se terminait, avant
Roux, que
l'établissement de notre protectorat sur la çaise, laquelle s'étend
sur
port est fréquenté par les corailleurs. C'est
aujourd'hui jusqu'à
Tunisie, l'Afrique franla Tripolitaine.
— Les montagnes et les tlateaux — L'Algérie,
de l'ouest à
de
l'est,
même
que
le
Maroc
et la Tunisie,
ou mieux du sud-ouest au nord-est,
massif montagneux de V Allas, qui caractérise toute
la
région
barbaresque. Dans son développement général, depuis l'Atlantique
jusqu'au cap Bon, l'Atlas a 2,000 kilomètres de longueur, dont près de 1,000 sur
200 dans
le territoire
algérien, 800 dans
le
Maroc
et
la Tunisie.
C'est dans le
Maroc que
grande élévation
l'Atlas atteint sa plus
soit
mont Miltsin), ainsi que sa plus grande largeur, 500 kilomètres. De là, il va en se rétrécissant et s'abaissant
vers
le
(3.500 mètres au
nord-est pour finir au cap Bon.
de largeur dans
les
Constantine, et en
Il
conserve 350 kilomètres
provinces d'Oran et d'Alger, 250 dans celle de
moyenne 150 dans
la
Tunisie.
L'Atlas algérien n'est pas une simple chaîne de
bien
un énorme
,
plateau élevé de 800 à 1.000 mètres en
et
bordé de deux chaînes de montagnes dont
le
plateau de plus de 1.000 mètres. Si, partant d'Alger
il
faut franchir d'abord
moyenne,
sommets dépassent
les
ou de tout autre point de
diriger vers l'intérieur, et
montagnes mais
la côte,
une
on veut
se
série de collines
de montagnes littorales, hautes de 1.500 à 2.300 mètres et con-
stituant la première chaîne susdite
:
c'est le Tell. Il faut
ensuite sur le plateau formant cuvette, l'arête des
moins
descendre
élevé de moitié
montagnes; au delà de ce plateau, on
que
doit franchir la
ALGÉRIE
45
seconde chaîne, appelée saharienne, pour redescendre ridional conduisant à
du Sahara, dont
la plaine
mé-
le talus
moyenne
l'altitude
de 200 à 300 mètres.
est
les collines littorales,
moyen
de
mière chaîne de montagnes,
de grand Atlas
et
que
moyen
le petit et le
la
ou
chaîne saharienne;
la
relief algérien a fait
une seule région montagneuse
Atlas en
l'on appelle l'Atlas tellien
est de 100 kilomètres dans
petit Atlas
Atlas la ligne faîtière de la pre-
mais une connaissance plus approfondie du réunir
noms de
d'usage autrefois de désigner sous les
Il était
dont
le Tell,
la
province d'Oran
largeur croissante
120 dans celle d'Al-
,
ger, et 480 dans celle de Constantine.
Au
du
delà
Tell est la zone des
par excellence, ayant
la
Hauts -Plateaux, ou
forme d'un triangle
Plateau
le
dont
très allongé
la
base, large de 180 kilomètres, s'appuie sur la frontière marocaine, et
dont
le
sommet tronqué
atteint la Tunisie
en passant au sud de
Constantine. Enfin la bordure méridionale du Grand-Plateau forme
une seconde
de montagnes que l'on a désignée sous
série
le
nom
de chaîne Saharienne, à cause du voisinage du grand désert, dont le
massif algérien forme la limite septentrionale. Décrivons succes-
sivement
les
montagnes du
Tell et celles
Atlas septe>;trional ou ïellien. hmite, au nord,
la
du Sahara.
— La région tellienne a pour
mer, au sud, une ligne menée sensiblement
à quelque distance des villes de Daya,
Aumale, tagnes,
Sétif et
comme
Soukharras.
Saïda,
Boghar,
Tiaret,
moins une chaîne de mon-
C'est
on la définit habituellement, qu'un amas confus
d'une vingtaine de groupes montagneux orientés dans toutes directions,
les
géologique très différentes,
d'élévation et de nature
séparés par des vallées profondes, creusés de gorges pittoresques,
dont
la description est très difficile et
sur laquelle les auteurs varient
complètement. « Piien
C'est
un
de plus confus, de plus tourmenté que cette zone Uttorale. inextricable réseau de montagnes,
sauvages, de fraîches vallées et
de ravins,
pittoresque, mais qui défie toute description régulière. carte peut seule en
de gorges
de plaines de l'ensemble
donner une idée complète,
le
plus
Une bonne
d
Ainsi s'exprime M. Vivien de Saint-Martin dans son nouveau dictionnaire de géographie.
qui ont décrit le plus
désaccord sur
le
nom
Il
aurait
savamment
pu ajouter que
les
auteurs
l'Algéile sont très souvent
à donner à chaque
en
groupe ou chaîne de
LA FRANCE COLONIALE
46
montagnes, sur son étendue,
partant sur sa configuration. Les
et
cartes les plus autorisées ne s'entendent pas davantage à ce sujet,
de
souvent
telle sorte qu'il est
pour certains
Nos
nous
il
s'y reconnaître,
du moins
détails.
comprendront
lecteurs
choses,
de
difficile
dans
que,
confusion
cette
des
Inen faire un choix, sans avoir la préten-
fallait
même
faire
mieux que nos
La môme observation s'applique du reste à peu étendue, surtout quand
toute description
tion de réussir absolument, ni
de
devanciers.
géographique un
comme
étrangers, imparfaitement connus,
il
de pays
s'agit
sont les colonies en
le
général.
—
Subdivisions du Tell.
On
distingue particulièrement dans la
province d'Oran les massifs de Tlemcen et de Saïda; sur la ligne
de
faîte
Dans
,
les
monts de Traras du Tessala
la
province d'Alger,
massif du Titeri et la
le
de Mascara vers ,
la côte.
massif d'Ouaransénis,
puissant
le
qu'on appelle aussi Ouarnsénis,
Dans
et
,
chaîne côtière du Dahra,
la
le
Djurdjura.
province de Gonstantine,
massif de Sétif et de Gonstantine
,
la
chaîne
Bibans,
des
monts du Hodna
les
le
de la
et
Medjerda.
Le massif de Tlemcen, occupe
le
et le Sig supérieur.
ou
Ras-Asfour,
tière
nommé
du Maroc,
le
«
de la
ville
célèbre qui en
Moulouïa marocaine,
centre, est circonscrit par la
Tafna le
ainsi
Ses points culminants sont
tête d'oiseau, »
le
Toumzaït
(1.635 mètres), sur
Tnouchfi (L842 mètres),
le
la
la fron-
Nador de Tlem-
cen, l'Attar et plusieurs autres ayant de 1.500 à 1.800 mètres d'altitude.
On
peut y rattacher sur
Carrée (840 mètres) et
de
la
Tafna, ainsi que
le
les
la côte les
monts Traras ou
la
montagne
Filhaoucen (1.140 mètres) au nord-ouest
monts Tessala
(1.0'20 mètres), qui
domi-
nent Sidi-Bel-Abbès, au nord-ouest du Sig.
Les principales plaines de cette région sont
celles
d'Oran
,
du
Sig et de l'Habra.
Le massif de Saïda comprend
la ligne
sins de l'Habra et de la
partie
de
faîte
séparant les bas-
Mina de celui du Ghott-el-Chergui qui fait du grand Plateau. Ses points culminants sont le Tendfelt ou
Daya (1.288 mètres) à
,
l'ouest, et le
de Saïda. Plus au nord,
les
Gaada (1.500 mètres) à
l'est
monts de Mascara séparent l'Habra de
,
ALGERIE Le chemin- de
l'oued Mina.
vers
le
d'Arzeu
fer qui
On
Sahara traverse cette région.
du
plaine
47
de Saïda se dirige
et
trouve vers la côte la belle
Sig.
Les monts de l'Ouarcmsénis forment un massif boisé parfaite-
ment
délimité par le Chéliff
par deux de ses affluents,
et
l'enveloppent au sud et à
atteint 1
804 mètres,
.
et les
grande courbe du
chaîne, située entre
signifie
Chéhff
le
haute de 876 mètres,
«r
et la
nom
Titéri,
comprend
Métidja.
et
est le Sidi-Abd-el-Kader
Beni-Salah sur
1.043 mètres, où
la rive droite
le
la
Sahel ou de
«:
duc d'Orléans
Sahel d'Alger à à 400 mètres,
mer
la
Côte
.
le
Mou-
un combat
livra
la
à Abd-el-Kader,
plaine de la Métidja,
le
coupe en deux parties
:
le
Sahel de Koléa à l'ouest. Hautes de 300
ces collines sont couvertes de cultures et se con-
fondent avec la plaine
fertile
de
la Métidja.
Le Djurdjura ou Djcrâjcra, l'Adrar-bou-Dfel, le
la Chiffa, célèbre
col de la Mouzaïa, haut de
le
Le Mazafran
l'est et le
de
(1640 mètres),
d'Alger par les collines dites du
et à l'ouest »
le Chéliff et
gauche, se trouve
la rive
nord de ce massif, s'étend
bordée vers
l'on appliquait pro-
collines d'Alger et la plaine de la
les
zaïa (1.603 mètres), fameux par
Au
que
hautes montagnes situées entre
les
par ses gorges; en face, sur
en 1844.
sommets sont doubles
de Médéa, dans l'ancienne province du
Le point culminant le
et la
assez peuplée, elle se prolonge
fertile et
dominant au sud
qui couronne
de Bogiiar
ville
de petit Atlas.
Le massif de Blida risser, et
le
Nord î>, est donné à cette mer, au nord- ouest d'Orléans-
élévation. C'est à ces chaînes littorales le
Arabes,
le
vers Miliana par les monts de Zakkar, dont les
prement
les
Plus au sud,
»
Chélifï.
Le nom de Dahra, qui
ville;
Mina, qui
monts du Teniet-El-Haâd
couverts de cèdres superbes, dominent la
en
et l'oued
comme une sorte d'île géante. Son L984 mètres, dominant Orléansville au
aperçoit tout, puisqu'on le voit de partout.
mont Achéou
au nord
l'est et
du monde», parce que, disent
sud-est, est appelé «l'œil « il
contourne à
le
Nahr-Ouassel
le
l'est,
sommet, haut de
principal
qui
,
« le
le
mons Fcrratus
mont neigeux,
»
des Romains,
des Kabyles, est
plus intéressant peut-être de l'Algérie,
le
massif
tant par l'histoire do ses
héroïques habitants que par son élévation, ses sites grandioses et
sauvages qui rappellent
les
Alpes.
Parfaitement circonscrit entre
la
mer,
le
cours do Tisser à l'ouest
LA FRANCE COLONIALE
48
de l'oued Sahel à
et
son point culminant est
l'est,
le
Lalla-Khé-
tombeau
didja (2.308 mètres), qui porte sur l'un de ses versants le
de le
la
femme
nom. Sa
vénérée, ou de
crête neigeuse,
la
déesse mythologique dont
dominant
la vallée
du
il
a pris
Sahel, est visible
au loin sur mer, ainsi que d'Alger, distant de dOO kilomètres
ses
;
pentes abruptes sont couvertes de chênes et de pins. Le massif est
coupé en deux par
Sébaou,
le
et la partie septentrionale
forme
la
chaîne côtière du Tamgoùt, haute de 1.270 mètres, située entre Dellys et Bône.
Au
sud du Djurdjura
de partage des eaux,
et
de
la vallée
se trouve
une
du Sahel,
par l'armée française. Elle comprend
sud -ouest d'Aumale,
et
le
sur
la ligne
monts appelés des
série de
Bihans ou des Portes -de -Fer, à cause d'un
et
en 1839
défilé franchi
Dira (1.812 mètres), au
l'Ouên-Noùgha (1.83G mètres), à
l'est
de
cette ville.
Le massif de Sétif
et
entre l'oued
situées Sétif et
de
de Constantine comprend plusieurs chaînes
Sellam
Seybouse. La haute plaine de
et la
Medjana a 1.000 mètres
la
d'altitude; les pics avoisi-
nant Sétif atteignent 1.896 mètres au mont Takoucht le
grand Babor (1970 mètres) se dressent dans
l'Edgouh est sur
la
côte
de Bône,
à l'ouest
Mécid (1.906 mètres) domine
la vallée
;
la petite
et
le
le petit et
Kabylie;
djebel Sidi-
du Rummel, qui baigne
pied du rocher sur lequel est bâtie Constantine
,
le
à 550 mètres d'al-
titude.
Au le
sud du
Sétif, les
monts du Hodna (1.682 mètres) dominent
Chott-el-Hodna, et ceux de Batna (2.100 mètres), inclinant vers
l'ouest, se rattachent à la
Le massif de la
vallée
djebel
du
la
chaîne saharienne.
Medjerda comprend
fleuve tunisien,
la
le
montagnes qui enferment
Medjerda, savoir
Khroumir, rendu célèbre par
en grande partie sur
les
territoire
la
de
:
au nord,
campagne de 1881, la
le
et situé
Tunisie; à l'ouest,
les
monts qui entourent Soukharras (1400 mètres), et, au sud, une série de montagnes qui, d'une part, vont en s'abaissant vers les plaines littorales de la Tunisie,
et,
de l'autre, relient la région
lienne à la région saharienne par les massifs de Tébessa et
tel-
du
djebel Aurès.
—
Atlas méridional ou saharien. L'Atlas saharien beaucoup moins compliqué et d'ailleurs moins bien connu, est moins intéressant que la région teUienne. Il est aussi moins large en étendue ,
Une
place à Biskra (Algérie).
,
LA FRANCE COLONIALE
60 et
généralement moins élevé que
sidère sa hauteur relative.
niveau de
En
le
précédent, surtout
celle-ci atteint déjà,
au pied de
une
l'Atlas,
du Sahara,
plaine
la
con-
non au
sa base est établie
eiYet,
mer, mais au niveau de
la
si l'on
et
altitude assez consi-
dérable.
On
voit
par
là
que
la
chaîne saharienne ne méritait nullement
de grand Atlas qui
titre
culminant,
donné, bien que son point
lui avait été
ChéUa de l'Aurès, dépasse de 20 mètres
le
le
celui
du
Djurdjura.
Contrairement aux montagnes telUennes orientées en tous sens les montagnes sahariennes affectent la forme de chaînons parallèles
orientés
,
nus
,
sans
souvent sans herbages, ces chaînons ressemblent au désert
forêts,
qu'ils
nord-est. Ordinairement
du sud-ouest au
la partie occidentale.
bordent, surtout ceux de
Les divisions principales de des Ksour
du Ksel,
et
le
l'Atlas saharien sont les
djebel
Amour,
le
Bou-Kahil
montagnes et
surtout
l'Aurès.
nom aux
Les montagnes des Ksour doivent leur arabes bâtis dans leurs ravins,
met de
vivre.
On remarque
là
les djebels
frontière marocaine, et le djebel
petits villages
où un peu d'eau de source perMektar
Chegga plus à
Le massif du Ksel entoure Géryvihe
et
Il
de hauteur et est en partie couvert
d'alfa.
sur la
l'est.
ahmente
atteint
l'oued Seggeur, rivière saharienne.
Aïssa,
et
les sources
de
environ 2.000 mètres
Le djebel A7nour, auquel se rattache le Ksel, est le plus important massif du sud de la province d'Oran. Haut de 2.000 mètres environ au montTouïlet, il comprend plusieurs chaînes de rochers nues
et divergentes,
du Chéhff vers
le
d'où descendent les sources peu abondantes
nord, du Zergoun
et
du Djeddi vers
le
sud et
l'est.
Du
djebel
Amour
à l'Aurès, les chaînes sont plus éparses,
élevées, et ne forment pas de massifs importants.
pro^ànce d'Alger, on distingue
le djebel
Au
moins
sud de
Senalba (1.570 mètres),
qui domine Djelfa, et le djebel Bou-Kahil (1.500 mètres), dresse ses escarpements à la limite du Sahara
aux monts du Zab,
Le massif du
situés
djebel
dans
la
la
;
il
qui
se rattache à l'est
province de Gonstantine.
Aurès ou Aôurèâ
plus vaste peut-être de l'Algérie, car
il
est
le
plus élevé et le
couvre une superficie de
1.000 kilomètres carrés, et s'élève à 2.328 mètres au mojit Ghélia,
ALGERIE dont par
sommet
le
souvent couvert de neige.
est
route de Batna à Biskra, et à
la
El-Abiad,
51
tributaire
du chott Melrhir,
Il est
par
l'est
et
limité à l'ouest
de l'oued
les vallées
de l'oued Meskiana,
Profondément raviné dans sa partie sud-
affluent de la Medjerda.
ouest, ses croupes sont souvent boisées; ses vallées assez fertiles
sont habitables
ce qui a
,
classer l'Aurès par les
fait
mons
région du Tell. C'est VAurasias
par
la résistance des
Les monts
dits des
Maures contre
Arabes dans
des Romains, célèbre aussi
Vandales
les
Nememcha, du nom d'une
tinuent l'Aurès jusqu'à la frontière tunisienne.
et les Grecs,
tribu arabe, con-
Ils
comprennent
teau de Tébessa.
forment
le
le
Hydrographie.
à
l'est
—
Les cours d'eau et les lacs*
— Si les
pluies étaient assez abondantes sur le
l'ordinaire, y déterminer
eaux séparant deux grands versants toral de la Méditerranée
eaux s'écouleraient dans
;
au sud
le golfe
,
:
le
les
cours d'eau
au nord,
le
versant du
versant Saharien
de l'Algérie
et
de
la
un
les
climat de feu, sont cause de
pénurie de ses cours d'eau, dont
plupart se dessèchent bien longtemps avant d'arriver à s'épuisent dans des lacs plus ou Il
lit-
dont
,
de Gabès.
dantes, l'évaporation rapide sous
ment.
,
une hgne de partage des
n'en est pas ainsi. Les pluies rares et trop peu abon-
il
l'aridité
pla-
le
aux djebels tunisiens qui
de l'Algérie pour alimenter constamment
on pourrait, à
Mais
monts qui dominent
centre, et les
se relient
bassin de la Medjerda.
III.
territoire
Ils
le
Mahmel
djebel Gherchar, sur la rive gauche de l'Abiad, le djebel
(1.828 mètres), vers
la
moins temporaires
en résulte que l'on distingue en Algérie
et
la
la
mer ou ,
sans écoule-
trois divisions
hydrographiques.
Le versant méditerranéen, au nord de
lo
1
l'Atlas tellien
;
Les noms ou qualifi^jUrs arabes oued, ouâd , ouadi, au pluriel, cl ouïdan, signiet s'appliquent à toute vallée, qu'elle renferme ou non un fleuve, une
fient variée, rivii^re,
un
torrent.
arabe
el
d'ailleurs
Nous indiquerons plus
—
loin lo sens des
mots cholts, sebklia
cl
autres
du chapitre de l'Algérie, le Vocabulaire berbère des noms les plus employés en géographie. Il est bon do s'altcndro à beaucoup de discordance sur l'orlliographe adoptée pour les noms étrangers
qui désignent
les lacs.
à noire langue.
Voir aussi, à
la (in
LA FRANGE COLONIALE
52
L'ensemble des bassins fermés des Chotts qui occupent
2»
plateau central entre les deux Atlas
Le versant saharien, dont
30
;
eaux tendent vers
les
le
rhir et la Méditerranée par le golfe de Gabès.
le
chott Me\-
—
Ce versant CorVersatst MÉDITERRANÉEN OU SEPTENTRIONAL. respond en général à la région tellienne, et, sauf en un point, il a la dorsale
pour ligne de partage de Daya, de Saïda,
d'Aumale,
les
le
de l'Atlas
plateau de Sersou,
Bibans
et les
tellien, savoir
les
:
les
monts
monts Dira ou massif
monts du massif d'Aïn-Beïda. Cette
ceinture est coupée par la vallée du Chéliff qui, par exception, vient de l'Atlas saharien.
Les cours d'eau de ce versant sont la Malouïa, le Kis la Tafna, la Macta, le ChéUff, le Mazafran, l'Harrach, l'Isser oriental, le Sébaou, ,
le
Sahel, le
Rummel,
La Malouïa
est
phie de l'Algérie
un
Saf-Saf, la Seybouse
mais
fleuve marocain,
car
,
le
il
Medjerda'.
et la
intéresse la géogra-
il
reçoit à droite plusieurs affluents qui des-
cendent du plateau algérien. Son embouchure n'est qu'à 10 mètres de
la frontière.
Le Kis ou Adjeroud forme
Maroc
kilo-
la limite
extrême entre l'empire du
et l'Algérie.
La Tafna (170
kilomètres), qui a
donné son
nom au traité
de 1837,
naît sur le plateau de Seljdou, qu'elle laisse à gauche; elle reçoit
Mouila, où se
la
célèbre par la bataille de 1844, où le
jette l'Isly,
maréchal Bugeaud
défit
l'armée marocaine; puis se grossit de l'Isser
occidental, arrose dans son cours inférieur
débouche dans la mer en La Sebkha cVOran est un
et
le
Rachgoun.
lac salé
de 32.000 hectares, situé à 10
est
il
peu profond,
D
n'a
que 5 kilomètres de cours, mais
milieu de vastes marécages et
et
on
se pro-
dessécher.
La Macta, plus exactement l'ouâd-el-Mocta, gué,
très fertile
l'île
kilomètres ouest de cette ville;
pose de
une plaine
face de
,
par
la
« la
elle est
rivière
du
formée, au
réunion du Sig (215 kilomètres)
de l'Habra (235 kilomètres). Le Sig, sous
le
nom
de Mékerra,
passe à Sidi-Bel-Abbès, puis à Saint-Denis-du-Sig.
L'Hahra, Ouàd el-Hammam, ce
nom en
<r
rivière des bains chauds, d
Trois -Rivières, mais sous d'autres
'
prend
se grossissant de plusieurs affluents dans la vallée des
noms
Presque tous ks cours d'eau changent plusieurs
fois
il
de
vient des hauts Pla-
nom dans
leurs cours.
ALGÉRIE
53
teaux à travers des gorges pittoresques
et
des plaines
fertiles.
La
compagnie Franco -Algérienne y a construit un barrage colossal, formant un réservoir de 14 millions de mètres cubes d'eau, destiné à l'irrigation.
Le
VAsar des Romains,
Chêlijf (G50 kilomètres),
grand cours d'eau de dans
la
l'Algérie.
cours appartient
branches
la
abondante,
naissant,
»
le
se
Il
forme
des steppes (270 kilomètres),
smala d'Abd-el-Kader, en 1843
la
Nahr-Ouassel (170 kilomètres),
;
fleuve
« le
nommé
aux environs de Tiaret dans un endroit
jailht
deux
de
à plus de 1.000 mètres d'altitude, et
passe à Taguin, où fat prise la plus
d'Alger.
le Chéliff
Amour
naît dans le djebel
plus grande partie de son par-
la
province
plus longue,
la
:
à
embouchure
a sa source et son
Il
province d'Oran, mais
est le plus
Soixante -dix sources».
« les
Ces deux branches se réunissent, par 685 mètres d'altitude, sur
un
plateau marécageux, pour former le Chéliff proprement dit, qui
passe ensuite près de Boghar, où
entre dans
il
le Tell
par de très
gorges boisées; puis, se recourbant vers l'ouest,
belles
entre l'Ouaransénis et la chaîne
du Dahra, dans une
d'escarpements; laissant à droite Miliana, traverse
une plaine bien
oriental,
du Riou
de
et
cultivée
Mina;
la
où il
il
il
vallée
bordée
passe à Orléansville,
se grossit à
se jette
coule
il
gauche de
enfm dans
l'Isly
Méditer-
la
ranée à 12 kilomètres nord- est de Mostaganem.
Le
eaux boueuses
Chéliff roule des
son cours est près de 700 kilomètres Seine
;
on
comparé à
l'a
les irrégularités
La Mina (200
la
et rares;
il
Loire pour sa direction générale et pour
du débit de
ses eaux.
kilomètres), le principal aftluent
sa source au sud
du
est souvent à sec;
ce qui l'égale presque à la
,
du
Chélilï,
prend
Tiaret, coule à l'ouest et forme la belle cas-
cade de Hourara, haute de 42 mètres;
elle irrigue les
champs de
coton de Relizane.
Le Mazafran, «rivière aux eaux jaunes, dentale de la Métidja
abondant,
la Chiifa,
;
il
est
formé de
»
arrose la plaine occi-
trois torrents
descend du djebel Mouzaïa
du Sahel, passe au pied de Koléa
et finit à
;
il
,
dont
coupe
le
plus
chaîne
la
8 kilomètres au sud de
Sidi-Ferruch.
Ullarrach
divise en
deux
la partie centrale
de
la IMétidja
,
passe
à la Maison -Carrée, et se jette au sud-est do la baie d'Alger,
9 kilomètres de cotte
ville.
à
LA FRANGE COLONIALE
B4
('200 kilomètres),
Visser oriental
formé de plusieurs torrents,
descend du beau plateau des Beni-Sélimam, entre Médéa
male
il
;
coule dans les profondes gorges de Palestro
de
la frontière occidentale
propre à
est très
grande Kabylie
la
son bassin inférieur
;
la colonisation.
Le Sébaou (100 kilomètres) traverse de plus peuplée de la Kabylie
Tizi-Ouzou,
Au-
et
en formant
,
il
;
laisse à
l'ouest à l'est la partie la
gauche
fort National et
le
à six kilomètres à l'ouest de Dellys.
et finit
Le Sahel (210 kilomètres) male, longe au sud
et
à
naît dans le djebel Dira, passe à
l'est
Au-
Djurdjura, reçoit l'oued Mahrir
le
qui a traversé les fameux Bibans ou Portes -de- Fer, puis le
Bou-
Sellam, coule dans des plaines fertiles et des défilés pittoresques,
tombe dans
et
Sellam,
le golfe
« rivière
de Bougie
,
à 3 kilomètres de cette
ville.
de l'Échelle, » plus long et plus fort que
le
Le
Sahel
supérieur, descend du plateau de Sétif. JS Oued-el-Kéhir ,
des Sables,
»
« la
Rummel, « rivière de nom, descend d'un
Grande Rivière» ou
qui change huit ou dix fois
le
massif de 1.500 mètres d'altitude peu éloigné de Sétif; d'abord de larges plaines, reçoit
dante \ille
,
Bou-Merzoug,
traverse
Abon-
« rivière
s'enfonce dans les gorges profondes qui entourent la
et
»
le
il
de Constantine, située sur un rocher escarpé, dans une posi-
tion formidable; puis, en recevant l'Endja, le
Rummel prend
nom
à 52 kilomètres à
l'est
d'Oued-el-Kébir et va se jeter dans
de
catif
les
de
mer
Djidjelli.
Notons dans
la
«
ici
que ces changements d'appellation d'un
même
diverses sections de son cours, de
Grande Rivière
peu considérables
d
même
que
et voisins l'un
chacune dans un monde à part, quelque distance. l'Algérie,
de l'autre, témoignent de
et
se
ignorant ce qui se passe à
remarque s'applique non
à
mais à toute l'Afrique, aux autres parties du monde
et
même
Le Saf-Saf,
Cette
à l'Europe.
« rivière
(100 kilomètres) par
des Peupliers,
la vallée inférieure
2>
est
un
petit cours d'eau
duquel descend
de Constantine à Phihppeville. Entre
le
dessèchement pour
La Seybouse (230
le
le
cap de Fer
s'étend le lac Fetzara, malsain et sans profondeur, dont pris le
l'état
croyant
seulement
quelquefois
fer
fleuve
le qualifi-
donné à plusieurs cours d'eau souvent
d'isolement dans lequel vivent les tribus riveraines,
de
le
chemin et
Bône,
on a entre-
mettre en culture.
kilomètres), le Ruhricatus des anciens, est
,
m
ALGERIE formée de plusieurs ruisseaux venant des monts de
Bou-Hamdan,
L'un d'eux, l'oued
d'Hammam-Mesklioutine, dont
la
Medjerda.
coule dans la magnifique vallée
sources thermales atteignent la
les
température de 90 degrés. La Seybouse arrose de ses abondantes
eaux
de Guelma;
la riche plaine
s'achève à 2 Idlomètres de
elle
Bône, près des ruines d'Hippone, immortahsée par
l'épiscopat de
saint Augustin.
La Medjerda^
fleuve tunisien, l'ancien Bagradas, prend sa source
au Ras -el- Alla, sur
le
plateau de Soukharras, coule de l'ouest à
en Tunisie par sa rive droite
reçoit
l'est,
le
Mellègue, dont
Meskiana, vient des confins de l'Aurès;
affluent, le
il
va
finir
un au
nord de la baie de Tunis.
—
Bassins des chotts. et
Les eaux pluviales des hauts Plateaux
du Sahara trop peu abondantes pour former des fleuves permas'infiltrent dans les sables de leur lit ou se terminent dans ,
nents
,
des lacs peu profonds
plus ou moins temporaires. Ces lacs sont
et
désignés, selon les contrées, sous les différents nom^s de Chott
Zahrès, Sebkha celle
de
chott
«
et
Guérah ;
»,
et l'on
la plus
réserve
le
connue de ces désignations
nom
de
<r
sebkha
»
est
aux chotts
d'eau salée.
Les principaux de ces lacs sont
les
deux grands chotts du pla-
teau oranais, les deux zahrès du plateau algérien,
guérahs du plateau de Gonstantine, enfin
le
le
Hodna
et les
grand chott Melrhir du
Sahara.
Les grands chotts du plateau oranais, n'ayant pas de noms propres, sont désignés parle lificatifs
nom commun
auquel on ajoute deux qua-
qui désignent leur orientation, savoir
ou occidental,
Chacun de
et le
<r
chott el-Chergui
»
ou
:
le «
chott el-Gharbi
»
oriental.
ces chotts est double; le plus occidental se divise en
chott Méhaïa, qui se trouve sur le territoire marocain, et chott
Hamyane
marque
parties et
nom Le
à
la
;
min de
;
un
faible détroit rattache seul ces
la frontière politique.
Le chott Hamyane
deux
doit son
contrée et reçoit au sud l'oued Remada.
el-Chergui est
chott
gueur) riens
qui est algérien
,
le
plus étendu (150 kilomètres de lon-
et le plus élevé (1.000
mais fer
il
est divisé
de Saïda à Mécheria traverse, ainsi que
section occidentale.
Hammam
mètres d'altitude) des plateaux algé-
en deux sections par un isthme que
Ce chott
et Fallette;
reçoit
au nord
la
le
che-
pointe de la
les oucils
Guesmir,
au sud l'oued Cherrafa, qui baigne Géryville,
m
LA FRANCE COLONIALE Naceur, venant des confins du djebel Amour. Les rives de
et l'oued
deux chotts oranais sont formées d'escarpements rocheux;
ces
ils
reçoivent peu d'eau et sont coupés de fondrières dangereuses alter-
nant avec des gués de terrain ferme très praticables.
Les deux chotts Zalirès ou Zaghez se trouvent sur rien
;
ou occidental,
l'un, le Zahrès-Gharbi
tude; l'autre,
Au
plateau algé-
800 mètres
d'alti-
Zahrès-Chergui ou oriental, à 770 mètres. Ce sont
le
deux sebkhas mises à sec en dérable.
est à
le
été, et
nord des Zahrès,
n'ayant pas de tributaire consi-
étangs marécageux de Kséria
les
appartiennent au bassin du Chéliiî.
Le
el-Hodna ou Saïda,
chott
<r
le lac
Heureux,
occupe
î
fond
le
des plateaux constantinais à 400 mètres seulement d'altitude. Très
peu profonde, souvent à sec oueds Chellal
les
et
Ksab,
Saâda, celui-ci baignant
cette
au sud
et
oueds Melah
les
cultivée
la belle vallée
,
Chair
et
Bou-
nom. Son bassin borne une
bordj de ce
le
plaine fertile qui fut bien
Romains, notamment
sebkha reçoit cependant au nord
populeuse
très
et
sous
les
du Chair, descendant du massif
de Bou-Kahil.
Les Giiérahs.
une
série
A
l'est
du Hodna,
de chotts d'eau douce
entre Sétif et Aïn-Beïda
analogue à chott. Le principal, le
guérah el-Tharf
,
suivi
du guérah Ank-Djemel,
de
alignés «
du nord-ouest au sud-est
Guérahs
comme
du guéra
le
le
chemin de
Beïda se trouve dans
la
terme générique
»,
premier au sud-est,
el-Guellif ,
<r
gorge du Chameau.
«
chott Mrouri est longé par et le chott
,
ce sont les
;
plateau de Constantine porte
le
fer
lac
du Limon
,
est » et
Plus au nord, le
)>
de Constantine à Batna,
plaine de la Medjana, au sud-est
Sétif.
—
la
Le bassin du Sahara. Moins encore que les hauts Plateaux plaine du Sahara n'a d'eau courante en permanence. Les nom-
breux oueds qui sillonnent saharienne
ment à
,
sec,
de
même
le flanc
que ceux de
méridional de la haute chaîne
la partie
basse
,
sont habituelle-
du moins à leur surface, sinon dans leur profondeur,
d'où l'on peut faire
jaillir l'eau
souterraine par des puits artésiens.
Quelle que soit le peu d'importance de ces oueds, nous signale-
rons
les
Dans
principaux, en procédant de l'ouest à la
province d'Oran, on remarque
Sousfana, qui baigne Figuig, dans Touat; puis l'oued en-Namous, longe
la frontière; l'el-Kébir,
le
les
Maroc,
« rivière
l'est.
sources de l'oued et se dirige vers
des Moustiques,
»
le
qui
qui descend également des Ksour;
lo
ALGÉRIE Seggeur
et le
Zergoun
,
venant du Ksel
87 et
de l'Amour.
Ils
traver-
sent la plaine de Habitat pour aboutir à la région d'el-Areg ou des
Dunes sablonneuses.
Au
pied de l'Atlas central coule, de l'ouest vers
Djeddi,
«
rivière
du chevreau.
à Laghouat, reçoit de
» Il
nombreux
l'est,
l'oued
descend du djebel Amour, passe tributaires à gauche, entre autres
LA FRANCE COLONIALE
58 le
Biskra, venu de l'Aurès en arrosant Biskra;
il
va
finir
dans
le
chott Melrhir, qu'il n'atteint toutefois qu'à l'époque des grandes
eaux.
Long de 500
ment 400 dans la navigation,
kilomètres, le Djeddi en parcourt malheureuse-
les sables
ce qui le rend impropre
,
mais encore à
non seulement à
l'irrigation.
Le chott Melrhir ou Melghir est le plus remarquable de l'Algérie. Ainsi que les chots tunisiens Rharsa et Djérid, il occupe le fond d'une vaste dépression saharienne orientée de l'ouest à tissant
golfe de
au
Gabès
,
et
que
l'on a projeté
une Mer Saharienne, comme nous
l'est,
abou-
de transformer en
dirons au chapitre de la Tu-
le
composé de plusieurs flaques d'eau saumâtre portant divers noms chotts Melrhir au nord, Merouan, au sud-ouest, Achichina à l'est; de formes très irrégulières, ces mares nisie.
Le chott Melrhir
est
:
sont découpées par des bancs de terrain ferme alternant avec des fondrières dangereuses. Le bassin
du chott Melrhir présente une
surface blanche, unie et miroitante, saupoudrée de cristaux de sel
de magnésie; son étendue est actuellement d'environ 3.000 kilomètres carrés était
,
mais
elle serait
portée au double
si
sa cuvette naturelle
inondée.
UIgharghar,
a
l'eau courante, » est le
nom improprement donné
à une longue et très large vallée du fleuve desséché qui descend du plateau du Hoggar au Sahara central, sous et se dirige
Melrhir.
Il
le
23^ degré de latitude,
du sud au nord pour venir déboucher dans traverse plusieurs
«
hamàda
i> ,
régions de dunes sablonneuses en recevant de
notamment
butaires,
Temacin
et
Rhir, qui
Sans
l'oued
Mya;
le
chott
plateaux arides , et des
nombreux oueds
tri-
fertihse ensuite les oasis de
il
de Tougourt, puis forme un chapelet de lacs dans l'oued
communique avec
l'aridité
le
chott Melrhir.
saharienne, Flgharghar pourrait ainsi former
fleuve magnifiqpie,
un
comparable au Rliin, de 1.000 kilomètres de
longueur, sans compter les 250 kilomètres de dépression qui le prolongeraient jusqu'au golfe de Gabès.
Quant à l'oued Mya, pompeusement appelé vient
du Touat, passe à
affluents >,
il
région des
Chaamba,
l'est
« rivière
des cent
d'el-Goléa, traverse la
arrête ses rares eaux à Ouargla, mais con-
tinue sa vallée jusqu'à la dépression
de Tougourt;
il
y rejoint
l'igharghar, après avoir reçu à gauche le M'zab, venant de Ghardaïa, et la
Nesa, née au pied de
l'Atlas,
non
loin de Laghouat.
ALGERIE
— Climat et productions
IV.
—
Régions physiques. lées cultivées, solitaires
,
Le
et
Tell, avec ses
son climat tempéré;
le
montagnes
;
le
montagnes calcinées,
son climat torride, sont
et ses val-
Plateau, avec ses steppes
son climat excessif, brûlant ou glacial
ses plaines sablonneuses, ses
mantes
59
Sahara, avec
ses oasis char-
régions physiques pri-
les trois
mordiales de notre grande colonie algérienne.
Chacune
d'elles a
son climat caractéristique, ses productions spé-
ciales, d'où résultent
mœurs I.
— Le Tell,
petite les
du
latin tellus, signifie
montagne, région
Romains
la terre
Nous avons littoral
,
que
dit
cultivable,
nourricière
désigne toute
le Tell
pour
comme
,
les
les
Arabes colline,
le ^eZhts signifiait
c'était l'un
:
coupée de petites plaines
tible d'être cultivée et taire,
pour l'homme de grandes différences dans
et le caractère.
la
pour
Rome. zone montagneuse du
des greniers de
de vallées et de ravins
,
suscep-
de nourrir une population nombreuse, séden-
industrieuse et commerçante, par conséquent riche, civilisée,
apte aux sciences et aux arts.
Son climat tempéré
est
comme
marin ou méditerranéen,
France. Plus chaud, plus humide sur plus froid dans les montagnes, où
il
généralement
c'est-à-dire
celui de l'Europe méridionale
ou du midi de
le littoral,
la
est plus sec,
il
varie naturellement selon les
sites et leur orientation.
La température moyenne
— 50 et H-
30».
La
de ISo à 20^; les extrêmes sont
est
quantité de pluie annuelle est de 80 centimètres
à Alger; elle est plus forte de moitié à
l'est
(Bougie) et moins forte
à l'ouest (Oran).
On
distingue deux saisons
:
un
hiver pluvieux, où les pluies tom-
bent par orages, ce qui est cause du caractère torrentiel des rivières;
un
été très sec,
est rare,
où des mois
entiers se passent sans pluie.
sauf sur les hautes cimes de l'Atlas, dans
le
La neige
Djurdjura
,
l'Aurès.
Les tremblements de terre, assez fréquents en Algérie, ont plus
ou moins ruiné Oran à
la fin
du
Blida en 1825, Djidjelli en 1856, 1867.
siècle dernier,
Mou zaï avilie
Mascara en 1810, et ses
environs en
LA FRANCE COLONIALE
60
Les productions agricoles du Tell sont toutes céréales légumineuses,
méridionale:
tabac,
de l'Europe
celles
lin,
vigne, olivier,
oranger, figuier. Les forêts de chêne vert, de chêne -liège, de pin
On
d'Alep, de cèdre, couvrent beaucoup de montagnes.
y a accU-
maté l'eucalyptus.
Le
bétail est assez
nombreux. Parmi
les bêtes fauves, le lion
panthère deviennent rares, mais l'hyène,
le
chacal sont
la
,
communs
;
un des fléaux de l'Algérie. Les HAUTS Plateaux sont caractérisés non seulement par
les sauterelles sont
IL
—
leur élévation, qui atteint 500 à 1.000 mètres, surtout dans la partie
occidentale
,
mais encore par
nivellement de leur surface
le
,
l'uni-
formité d'aspect, l'absence de cultures et de forêts, qui sont remplacés par les broussailles et par des steppes immenses, vastes her-
bages secs, composés de graminées
de légumineuses, que
et
troupeaux nomades du Sahara viennent brouter pendant L'alfa,
graminée
textile, assez élevée et
ondulant sous
occupe des espaces tellement considérai )les, qu'on <r
mer
d'alfa »
Les lacs salés
.
,
les lits
les
l'été.
la brise,
les a qualifiés
y de
desséchés de maigres cours
d'eau, des flaques marécageuses persistantes, des toufl"es de térébinthes, de jujubiers sauvages, les pâturages verts ou roux selon les
saisons, ajoutent à celte carctéristique des steppes algériens. Tou-
pour achever
tefois,
ou continental
et
:
en hiver, où
glacial
le tableau,
il
elle s'abaisse
à
peu abondantes (40 centimètres),
violence et
faut y joindre
un climat extrême monte à 40^
torride en été, où la température
d'une
;
;
en outre, des pluies rares
le sirocco
ou simoun, vent d'une
chaleur extrêmes qui rendent
agréable. Aussi, bien qu'il
Hodna, de bonnes
— 6»
le
renferme, 'surtout dans
le
séjour peu
bassin du
terres à blé, le Plateau n'est-il en général qu'une
région de pacage qui pourrait nourrir plus de 20 millions de tons.
Le
gibier: gazelles, lièvres, perdrix, y est
nombreux
mou-
et
d'une
les
deux
chair excellente.
IIL
— Le Sahara n'est pas moins bien caractérisé que
régions précédentes. brûlée,
une
La
plaine y domine, mais la plaine aride et
vraie terre africaine, tantôt uniforme et nivelée dans
ses parties sablonneuses,
de sable;
çà et là
tantôt hérissée de dunes
ou monticules
interrompue par des collines élevées
et
de
chaînes de montagnes car le plateau montagneux du rioggar présente des sommets de plus de 2.000 mètres de
véritables
hauteur.
,
,,
ALGERIE Le Sahara l'avait
cette
est
donc moins monotone, moins uniforme qu'on
dépeint sans
mer de
caravanes
le
connaître suffisamment; ce n'est pas partout
mouvant que
sable
n'est pas sûr
il
;
pour en expliquer
qui a pu être jointe à
un
vent soulève pour engloutir les
le
non plus que
à sec par soulèvement, car les suffiraient
61
ce soit un fond de mer mis phénomènes atmosphériques actuels
l'origine
mais
fertile jadis,
;
stérilisé
par
à l'incurie des habitants
qui
le
sol accidenté
la rareté des pluies,
climat torride, à des vents desséchants, peut-être aussi et à la
,
dent des chèvres et des moutons
qui en auraient détruit les forêts et les gazons réduire à
un
c'est plutôt
l'état
de squelette par
la disparition
,
de manière à
du manteau
le
végétal
couvrait primitivement.
Le Sahara présente sur un fond de
montagnes ravinées
sable des
des colhnes, des mamelons, des gours ou masses de roches per-
liamâda ou plateaux à surface durcie, des dunes ou amoncelées par les vents d'est, entremêlées de ravins, d'oueds
sistantes, des arecj ,
sans eau
les villes
;
,
les
bourgades
,
les villages fortifiés
ou ksour
sont là où les aïn, sources naturelles, elles puits artificiels ont jaillir l'eau
fait
souterraine.
Trois mots arabes caractérisent les trois principales circonstances
du désert dans
ses parties
autour des sources fruitiers, à l'abri
du
et
:
Kifar,
c'est
moment par où
et
la
la vie s'est retirée
du simoun (vent du sud):
c'est l'habi-
Arabes sédentaires.
plaine sablonneuse et vide, qui, fécondée
les pluies d'hiver, se
les tribus
où
Fiafi, c'est l'oasis
des pluies, sous les palmiers et les arbres
soleil et
tation des Berbères et des «
«
un
couvre d'herbes au printemps,
nomades, quittant
l'oasis,
viennent alors faire
paître leurs troupeaux. «
Falat, c'est l'immensité stérile et nue, la
vagues éternelles, agitées aujourd'hui par le
amoncelées
et
immobiles,
appelées caravanes'.
et
mer de
sable dont les
simoun, seront demain
que sillonnent lentement ces
flottes
»
La température moyenne du Sahara est de 23^ (à Laghouat), mais le thermomètre monte jusqu'à 50» en été, pendant le jour, pour descendre parfois pluies rares
nuit suivante à moins de zéro.
tombent en averses qui corrodent
dénudées.
'
la
Général Daumas.
les .-^
— Les
montagnes déjà
LA FRANCE COLONIALE
62
Le simoun, Outre
«
vent empoisonné
en Espagne,
« sirocco »
le dattier,
est
du sud-est, qui devient
»
un vent
le
brûlant, desséchant.
qui crée les oasis,
désert produit le henné, le
le
tabac.
On
y trouve
que
ainsi
le
la gazelle
chameau
,
le
,
fenec
renard blanc
petit
,
,
l'autruche
,
animal domestique.
Les notes descriptives ci-après sur
simoun,
le
les sauterelles
,
le
dattier et l'alfa, achèveront de caractériser les principales particula-
physiques du sol algérien. Le sirocco ou simoun a Alger.
rités
corruption par
—
«
Le vent du sud, appelé
poison par
les écrivains sacrés,
les
en Syrie, khamsin en Egypte, simoun dans Tunis
et sirocco
Italie, a trop
guebli
à.
:
comment
voici
j'ai fait
connais-
lui.
C'était vers la fin
«:
désert,
d'importance à Alger pour que je
un peu longuement
n'en parle pas
sance avec
en
Arabes, chamiel
le
de septembre.
Je feuilletais
bibliothèque du cercle. Le demi-jour qui
filtrait
par
un
livre
les
lames des
persiennes, d'abord très suffisant, baissa peu à peu et
finit
devenir tellement obscur, que, n'y voyant plus clair, je
me
A
pour ouvrir.
peine ai-je tourné l'espagnolette, que
à la
par levai
les battants
de la fenêtre m'échappent des mains, et qu'un vent brûlant fond sur moi, m'enveloppe,
au
J'allais crier
me
repousse. Quelque incendie, pensai -je.
feu. « C'est le sirocco,
Vous n'ignorez sans doute point
la
dit
))
un membre du
cercle.
sensation qu'on éprouve en
passant devant la bouche d'un four ou d'une locomotive. Le sirocco produit exactement
mon
quatre, et rait,
et
Ne
collègue.
phénomène
me
chaude
même
effet.
poussière
comme un
la
mer, d'un
,
,
Ce
n'était plus
une poussière
fine
de
l'air
un
quatre à
qu'on respi-
comme du
brouillard
soleil,
engagés
y produisaient un nimbe immense dont plus encore que l'éclat, vous abîmait les yeux. Sur ,
gris roussâtre
et
d'un horizon raccourci, s'entre-
choquaient des vagues énormes,
frangées d'écumes jaunes,
paraissant obéir moins à l'impulsion
et
du vent qu'à des caprices
neptuniens. Les collines du Sahel, voilées d'un
embrun
semblaient reculées de dix lieues. Quant à l'Atlas, «
sortir, » ajouta
l'escalier
bain de vapeur. Les rayons du
dans ce milieu réfractaire ton rutilant
ne faut pas
pas sortir! laisserais- je passer, sans l'étudier,
voilà dans la rue. la
le
« Il
nouveau pour moi? Je descends
si
mais de
le
il
safrané,
avait disparu.
L'invasion du fléau s'étant faite à l'improviste et ne remontant
ALGERIE guère à plus de vingt minutes
,
les
rues étroites
63
,
les
impasses
et
mais sur
les
les
arcades avaient gardé leur air tiède de l'aube,
places et les quais la température était stupéfiante. Elle dépassait
du corps humain. On soufflait dans ses doigts, on relevait le col de son habit, non pour se réchauffer, mais pour conserver sa fraîcheur individuelle. Les Arabes s'enveloppaient de leurs burnous celle
Le simoun.
comme
en hiver. Les
à vue d'œil;
il
de platanes se fanaient et rôtissaient
feuilles
semblait qu'on les entendit crépiter. Lourde à vous
écraser, l'atmosphère était çà et là traversée par des rafales qui
vous atterraient. Des nuages
,
ou plutôt des bancs de sable volant
éclipsèrent bientôt le disque déjà fort obscurci
multiples nuances de jaune cuivre
,
soleil,
et les
citron, soufre, nankin, orange,
que, suivant sa distance ou son coloris, chaque à la
du
ol)jet
empruntait
poudre ambiante, se fondirent en un seul ton mixte, neutre,
indéfinissable. ce
Des passants arrêtés devant un magasin poussaient des excla-
,
LA FRANCE COLONIALE
64
mations de surprise. Voulant en savoir c'était
que
un thermomètre.
Il
motif, je m'approche
le
domestiques eussent pris soin de fermer
les
fenêtres de
ma chambre
,
:
marquait 51 degrés à l'omhre!... Bien les volets et les
non plus épar-
le sirocco ne l'avait pas
Une cendre ténue comme le pollen des fleurs en saupoudrait parquet et les meubles. Mes cahiers, mes albums, se roulaient,
gnée. le
Le vent continua toute
se tordaient, se recroquevillaient...
Tout à coup
rée...
distrait,
me
me
je
sentis brûler la
main. Quelque fumeur
poignée d'un sabre. Tous
dis -je. C'était la
la soi-
les objets,
bons conducteurs, métaux ou minéraux, causaient, du reste, la même impression. On évitait de s'asseoir sur les bancs. Les pavés de
rue vous rôtissaient les pieds à travers souliers et chaussettes.
la
s'enflamma
de
clartés rougeàtres. Les pentes de l'Atlas en étaient constellées.
On
Aux
premières ombres du crépuscule l'horizon
aurait dit des feux de la Saint- Jean. Autant d'incendies
m'apprit-
,
on, quelques-uns allumés par l'incinération des broussailles, mais
nombre causés par
plus grand
le
la
chaleur de
l'air...
lendemain
ne
Le vent tourna pendant la nuit plus du phénomène que le souvenir.
D'ailleurs, de pareils siroccos
ne soufflent tout au plus que tous
quarts de siècle et seulement
«
en
et le
,
les
automne. Ceux d'hiver sont bénins, jamais
27 à 28 degrés,
fatiguent l'Algérien,
et s'ils
souffrir, les accueille avec délices
pour
—
Les sauterelles du Sahara.
restait
ne dépassent
ils
l'étranger, loin d'en
satisfaire sa curiosité'.
2G
«:
il
juillet
1877.
—
Ce
i>
soir,
ma
des cris de détresse retentissent de toutes parts. Je bondis sur terrasse,
armé de mes jumelles, Les
l'horizon. Rien.
cris
les parties
de les
profondeurs du firmament... lants
du
comme
ciel.
sonde toutes
de détresse redoublent... J'interroge
Un
et je
nuage
gris,
semé de points
des myriades de petites étoiles, cache à
Ce nuage vient du sud,
et
il
ma
vue
bril-
l'azur
s'avance lentement vers
le
nord. Et les cris de détresse partant des terrasses, des rues, des jardins, s'unissent en foules
d'hommes
,
une clameur qui
de femmes
précipitent dans l'oasis
,
,
n'a plus rien d'humain.
d'enfants
,
armés de marmites
sortant de la ville ,
de
môle
le fracas
un
,
infernal charivari
aux
cris
Charles Desprez
,
l'Hiver
à Alger,
c'est
de
de tous ces instruments improvisés
frappe à tours de bras. '
;
,
se
vieilles casseroles
de morceaux de cuirs secs. Bientôt, de tous côtés, indescriptible
Des
,
la
un vacarme multitude se
sur lesquels on
ALGÉRIE a
Ce nuage
des oasis du
gris qui s'avance, c'est l'un des fléaux les plus redoutés
Sahara qui, renfermées dans
Nuées de
entourées les centres
Ce nuage
65
d'étroites
limites
sauterelles.
d'immenses déserts, n'ont pas à leur portée,
du
Tell
gris, ce
,
et
de nombreuses ressources contre
sont des SL>uterelles
;
la
comme famine.
ces points brillants ce sont
,
LA FRANCE COLONIALE
66
des orthoptères dont les rayons obliques du soleil coucliaiit
minent
les ailes
,
et
qui se détachent de
nuage
saisies
:
suivre
par
celles
de
comme
d'une pluie d'orage, après les chaudes journées
«27
— Toute
juillet.
toute la nuit
il
encombré,
est
basse du
les grosses gouttes
d'été.
des cris de détresse ont retenti,
la nuit,
a plu des sauterelles. Le sol en est couvert,
palmes se rompent sous
les
Que d'espérances déçues
que de gens
!
endureront longtemps encore «
s'abattre sur
la partie
vent des régions basses, elles ne peuvent
le
gros de l'armée; et elles tombent
le
masse pour
la
tombent sont
l'oasis; les sauterelles qui
illu-
Aujourd'hui encore
le
la
misère
le
et
en
poids de leurs essaims.
depuis longtemps affamés,
,
et la privation
!
nuage continue sa marche lente
treuse; les grosses gouttes
l'air
et désas-
dorées s'abattent toujours sur la ver-
dure, qui disparaît sous leurs couches épaisses et qui ne reparaîtra
quand
plus,
le fléau
aura passé. Les tiges encore tendres, par les-
quelles les dattes sont retenues
aux rameaux qui forment le régime,
sont les premières rongées, et les fruits, dont la couleur d'un jaune pâle annonce l'imparfaite maturité, jonchent le sol au-dessous des
palmiers.
La luzerne
destinée aux chèvres, dont
nourrit les
le lait
enfants, les pastèques succulentes, dont la fraîcheur est faisante
pendant
bien-
si
chaudes journée du sâmma, tout est dévoré
les
par l'insecte maudit.
A
«
du
midi,
soleil.
le
Le
nuage
soir,
comme
enfm passage aux rayons
plus de sauterelles, et l'on
du désastre en voyant feuilles et allégés
s'éclaircit et livre
les pétioles des
de leur poids
,
palmiers
comprend l'étendue ,
dépouillés de leurs
se redresser librement vers le ciel
branches des arbres de nos climats après qu'elles ont
les
été effeuillées
parle vent d'automne. Des régimes pendent encore,
çà et là, au-dessous des palmes dénudées
:
c'est tout ce qui reste
d'une récolte sur laquelle reposait l'espoir de tant de malheureuses familles. «
Le désespoir
tandis
que
déserts,
Que relle,
les
se
lit
sur tous les visages des nègres de l'oasis
nomades, dont
la
paresse et l'orgueil ont créé des
font retentir de leurs cris de joie les plaines d'alentour.
leur importent les plantations? Ils n'en ont pas! qu'ils
apporte
un
mangent,
est
pour eux une bonne fortune;
La sauteelle
surcroît de provisions inattendu. Aussi voit-on
femmes, leurs enfants, leurs esclaves, courir sus aux emplissant des sacs, des tellis, des paniers, des burnous,
leur leurs
sauterelles, etc....
,
ALGERIE La chasse terminée, on on
au
les fait sécher
on
Le dattier dans
Un
—
l'oasis.
dans des sacs en peaux
les entasse
de bouc, où l'on puisera plus tard au fur
l'oasis?
dans l'eau salée,
bouillir les insectes
fait
soleil et
67
Otez
«
à mesure des besoins'.
et
dattier, qu'est-ce
le
»
que
avec une maigre végétation, qui, sans
pâtis solitaire
l'ombre rafraîchissante que lui procure l'arbre tutélaire, se verrait, après une courte existence, dépérir hâtivement dans ses germes. C'est
au Sahara surtout que
important tance et
précieuse essence joue
la
consolation des malheureux
:
couche d'eau
elle n'a
,
besoin
sement, d'aucun arrosage
,
l'assis-
la
pour atteindre à son plein épanouis-
artificiel; elle constitue
il
,
y a
Mais aussi
les céréales soient
!
base principale d'alimentation
l'unique bienfait
la terre.
don Bien qu'en ce pays
quelle largesse dans le
rôle
semble, jusqu'à
qu'il
de l'avare nature en cette région déshéritée de
la
pour tous
elle est
,
Plongeant toujours, à ce
le salut.
un
nombre de gens aux yeux
desquels le fruit du dattier occupe une place encore supérieure, et
même
plupart le mettent, à ce point de vue^ au
la
blé.
Toutes
les parties
mable. Le tronc, qu'on appelle par excellence «
tion
»
fournit les solives
,
des charpentes de
puits,
remplace, de toutes
les
favorisés.
on
fait
Du
sandales
,
,
c
.
livre à
teux, «
,
«
des piliers et poteaux
de portes
et
même
le tissu
,
le
de fenêtres,
on
des bâtons de voyage
et
tire
,
des
de quoi suppléer au
fibreux que donnent les pétioles
cordes les plus solides; enfin
l'amateur
bois de construc-
djerid d, pris dans ses divers éléments,
et
,
manque de charbon Avec les
des maisons
des ais
des haies de clôture
des corbeilles
on fabrique
le
façons, les bois d'œuvre des pays les plus
branchage,
des huttes
rang que
de l'arbre ont, du reste, une valeur inesti-
doux nectar ou, au choix,
la le
sève abondante
breuvage capi-
le lakbi.
Les dattiers se plantent d'ordinaire en scions, à l'automne,,
plutôt qu'en pépins... Vers l'âge de trois ou de cinq ans, selon la qualité
du
terrain, le rejeton est assez avancé dans son développe-
ment pour pouvoir
être fécondé.
l'automne, plus ou moins
tôt,
vu
La les
récolte
des dattes se
fait
nombreuses variétés de
à
l'es-
sence. Cehes qui sont destinées, par exemple, à emplir les magasins, se cueillent
avant
la pleine
maturité, et on les étend au soleil
pour qu'elles achèvent de mûrir en séchant.
1
Victor Largeau, Le pays de
Rirha (bassin du choit Melrhir).
LA FRANCE COLONIALE
68
La
«
un aliment qui passe pour
datte constitue
être extraordi-
nairement sain; seulement, pris à l'exclusion de tout autre, il ne suffit pas à nourrir l'homme. Le pauvre même a besoin d'y joindre
un peu de céréales, et ou du lait de chameau L'alfa et le
graminée,
est
nomade, de temps à autre, de
le
la
viande
»
' .
sparte. —
L'alfa (sit^a tenacissima)
«
un temps
appelé à devenir, dans
une source d'incalculables richesses pour
,
espèce de
très rapproché,
hauts Plateaux, cette
les
portion de la France transméditerranéenne que l'on considérait
contrée déshéritée et propre tout au plus à l'élève des
comme une troupeaux.
Il
ne faut pas confondre
spartum).
Il
lui
petits joncs,
son
ressemble par ses
mais
,
le
sparte {lygeum
en forme de
effilées
feuilles
s'en distingue, dit M. Bainier, par sa florai-
il
par ses racines
avec
l'alfa
,
par
largeur de ses feuilles légèrement
la
fri-
sées au bout; elles sont aussi plus fines, plus tenaces, plus pointues. L'alfa a des racines fibreuses et assez grêles, qui s'enfoncent
en terre sans être traçantes, tandis que
ou
tiges
le sparte
grosses, très coriaces et
souterraines dont les racines,
cylindriques,
a des rhizomes
correspondent avec chacun des bourgeons du rhi-
zome qui donne naissance à une touffe de feuilles. elle n'entre pas seulement « L'alfa est une plante précieuse comme matière première dans la fabrication du papier, qui se prête ;
à des usages variés et multiples, mais encore elle est susceptible
d'une multitude d'emplois
pour
la navigation,
par
dans l'économie domestique
soit
,
formes diverses qu'elle peut revêtir en
les
de chapeUerie, de tannerie, de vannerie,
«
les
le
sparte
sèment d'eux-mêmes
se
chaque année de plus en plus.
ou
silico- calcaires.
terrains de prédilection
La cueillette de
L'alfa se plaît
Les
du
récolte après la maturation juillet.
même
et
l'alfa
dans
terrains argileux
sparte. L'alfa, ajoute
des graines se fait
,
gaine d'où elles sortent.
'
d'avril, et
il
On ne
et
Soudan.^
se
récoltent
les terrains cal-
et secs sont les
M. Bainier,
se
c'est-à-dire à partir de
endommager
la
doit pas cueillir la plante avant le
vaudrait mieux ne
D' G. Nacutigal, Sahara
et
au moyen de bâtonnets qu'on
enroule autour des feuilles et qui les tirent sans
mois
de tapisserie
appartements.
L'alfa et
caires
soit
crins artificiels, sacs, tapis, nattes, objets
tresses, cordages, filets,
pour
,
le faire
qu'en mai.
A
la fin
ALGERIE encore assez tendres pour tenter
d'avril, les feuilles sont
tiaux des
nomades
industriels
mais
;
sont
elles
comme
,
et assez
comme
Quand on
t—
Palmier- doum.
première
matière
a cueilli le sparte, ;
on
les
^
— 2.
départements tares
;
et
alors
on en forme des
-j^'"
Palmier- dattier.
3.
Alfa.
moyen de
la presse
celui
sont inégalement répartis dans les
trois
d'Oran en possède près de G millions d'hec-
on en compte 3 millions dans
2 millions «
:
;
détestables
balles cerclées.
L'alfa et le sparte
«
et
transporte ensuite au
port d'embarquement, et on les comprime, au
hydraulique, en
bes-
dures pour ne pas être dédaignées des
bottes qu'on laisse sécher sur le sol
i.
les
ne tardent pas à devenir coriaces
elles
excellentes
pâture.
69
le
département d'Alger
et
demi dans celui de Gonstantine.
L'exportation d'alfa, qui était de 4.000 tonnes en 18G0, a dépassé
60.000 tonnes en 1875. Le prix
140 francs,
la
moyen de
la
tonne à Uran étant de
valeur de l'exportation pour l'année 1875 peut être
évaluée à plus de 8.000.000 de francs.
LA FRANGE COLONIALE
70 «
Les chemins de
fer projetés
hauts Plateaux et les ports du
les
blement
les frais
ou en voie de construction entre littoral,
en diminuant considéra-
de production et de transport, permettront aux
exploitants de livrer l'alfa textile en plus grande quantité. «
La compagnie Franco-Algérienne
a construit à
ses
frais
chemin de fer d'Arzeu à Mécheria, en échange du droit qui a été accordé de récolter
l'alfa
le
lui
sur une superficie de 300.000 hec-
tares.
«
On
peut voir se lever déjà l'aurore du jour où l'Algérie four-
nira annuellement à l'Angleterre, qui déjà
journaux sur du papier
monde
d'alfa,
imprime
à l'Amérique, à
la
grands
ses
France,
au
entier, des centaines de mille tonnes, sans porter atteinte
à la production du précieux textile
'
.
»
CHAPITRE
III
GÉOGRAPHIE POLITIQUE
—
L Les Algériens.
— La
Ethnographie
population de l'Algérie
est,
en 1887, d'en-
viron 3.900.000 individus de toutes nationalités, répandus sur une superficie officiels),
minimum de ou maximum
comprenant
La
densité
le
350.000 kilomètres carrés (d'après
d'environ 650.000 kilomètres carrés, en y désert jusqu'à El-Goléa.
moyenne
serait ainsi de dix
ou de
lement par kilomètre carré (comme en Russie elle
monte à quarante
elle
descend à cinq pour
si
l'on
ne prend que
0. NiEL, Géographie de l'Algérie.
six habitants seu-
et
en Scandinavie)
le territoire civil,
le territoire militaire.
part, en compterait à peine deux.
'
les états
Le Sahara,
;
et
pris à
ALGERIE
71
La population algérienne appartient généralement à la race blanche, mais de familles assez variées; elle se compose de deux éléments bien distincts et
:
les
nombre de 3.300.000,
indigènes, au
Européens, au nombre de 430.000, dont
les
la moitié
sont
Français.
Les indigènes comprennent
les Berbères, famille
Maure marchand de
ethnographique
ligues.
spéciale; les Arabes et les Juifs, de la famille sémite; (famille scythique); les Nègres
Les Berbères ou Kabyles, plus exactement Kébaïl, dérés,
»
au nombre d'environ 1.700.000, sont
tants
de
Kabylie, de l'Ouaransénis et de l'Aurès.
refoulés dans les
On comprend parmi
eux
les
« les
confé-
premiers habi-
montagnes du Dahra, du Sahel,
du pays,
la
Turcs
les
(race noire).
les Zibanais
,
le
Beni-M'zab
et les
Toua-
regs qui habitent le désert.
Les Arabes (1.400.000), venus d'Asie, comprenant
les
ou Arabes sédentaires, dans le Tell et dans les villes, et ou Arabes nomades, dont les principales tribus sont les
Maures
les Bédouins,
Djafra, les
LA FRANGE COLONIALE
72
Hacliem,
les
P'Iittas,
ech-Gheikh, Naïd, dans
dans
la
dans
province d'Oi-an
la
Chaamba, dans
les
Sahara algérien;
le
Oulad-Kebba,
les
Oulad-sidi-
les
;
Sahara oranais;
le
les
Oulad-
les
Nememcha,
province de Constantine.
Les Juifs indigènes, au nombre de plus de 50.000, s'occupent
du négoce
et habitent les
villes.
sont naturalisés français de-
Ils
puis 1871.
Les Turcs, anciens dominateurs, sont peu nombreux,
nomme
Kougoullis
nés de
descendants
(20.000) leurs
et l'on
femmes
arabes.
Les Nègres (5.000) se trouvent dans dans
tiques, et
les oasis
les villes
comme
sahariennes
comme domes-
esclaves plus ou
moins
la moitié sont
Fran-
affranchis par la loi de 1848.
Parmi
les
Européens nous avons
dit
çais, soit 220.000; les autres sont des soit
que
Espagnols, pour un quart,
120.000; des Italiens, 30.000; des Anglo-Maltais, 15.000; des
Allemands, 4.000; des Anglais, 2.000. Les Européens, surtout
les
Français, habitent principalement
les villes et remplissent les postes administratifs.
Les Espagnols sont surtout nombreux dans les Italiens
Au
dans
celle
la
province d'Oran,
de Constantine.
point de vue de la religion, les
Européens appartiennent
presque tous au culte catholique.
Les indigènes sont mahométans du Sunnites, dont LA^TiUE.
—
le
chef est
Le
le sultan
rite
d'El-Maléki, secte des
de Constantinople.
français est la langue officielle, mais
il
n'exclut
pas l'usage des langues étrangères et indigènes. L'arabe est la plus
répandue. Telle est, d'une
manière concise,
la situation
ethnographique de
notre France africaine. Tels sont les éléments de ce peuple qui déjà forme lique
« la
nation algérienne», où l'élément français et catho-
domine, non par
le
nombre, mais par
le
caractère, par la
position sociale, par l'influence, et dont la prépondérance s'établira
probablement dans l'avenir sur toute l'Afrique septentrionale
et occidentale.
Nous donnerons tront de se faire
monde
ci-après quelques extraits d'auteur qui permet-
une idée plus complète des mœurs
et
usages de ce
africain.
Les travailleurs en Algérie.
—
tr
L'Arabe
est irrigateur,
mois-
ALGERIE
/S
sonneur, berger surtout. Le Berbère du sud,
rassiers,
d'Afrique;
il
est
bon à tout
Maure
;
c'est
un des
et le
se livrent
aux
meilleurs ouvriers
Juif répugnent au travail de
Nègre badigeonneur.
ils
ter-
vidangeur, blanchisseur de maisons
est portefaix,
domestiques. Le
mais
manœuvres,
maçons, défricheurs, piocheurs, moissonneurs, porte-
Le Nègre
faix.
Kabyle du nord
le
et le Marocain, leur cousin, sont de vigoureux
la terre.
Biskri portefaix.
petites industries des villes
;
et les Juifs sont
en outre colporteurs, marchands, interprètes, liens de toutes
les
classes et de toutes les contrées; les Biskris (gens de Biskra), sont
portefaix, porteurs d'eau et de charbon, commissionnaires. «
Parmi
les
Européens,
les aptitudes
sont encore plus diverses
et plus étendues. L'EsjKignol, le Maltais, le
lents
pionniers,
c'est-à-dire
planteurs de tabac.
Mahon
et
défricheurs,
Mahonnais sont
Les Espagnols viennent principalement de
de l'Andalousie.
Les
Mahonnaises,
coiffées
sement d'un foulard, sont bien connues à Alger, où domestiques
excel-
piocheurs, jardiniers,
et nourrices.
Les Mahonnais s'adonnent à
gracieuelles
sont
la culture
LA FRANCE COLONIALE
74
maraîchère. Le Maltais, parlant l'arabe et baragouinant l'anglais l'italien et le français, réussit
presque toujours dans ses entreprises.
Sobre, économe, intelligent,
il
marchand de
pécheur, batelier, chevrier,
s'est fait
bestiaux, boucher, cafetier, portefaix surtout. Quelques
Maltais ont gagné, à Alger, une grande fortune dans la vente des
bestiaux ou dans la boucherie. Le Maltais est très rarement culti-
vateur;
ment
Le Génois
n'habite guère que les villes.
il
U
jardinier.
Italien est surtout tailleur
menuisier.
charpentier,
briquetier,
est particulière-
femmes
Les
maçon,
de pierres,
italiennes
et
espagnoles fournissent un appoint considérable à la domesticité.
Le Suisse est éleveur de bétail, préparateur de fromages. V Allemand, le Belge se prêtent à tous les travaux sans spécialité marquée mais l'Allemand est gérféralement cultivateur. Le Français ;
fait
de
même
tous les métiers, et gouverne tout ce
piqueur, conducteur, contremaître, chef.
Le jargon
—
«:
Sur
sur les marchés,
des villes,
champs,
sabir.
se
»
des ports, dans les rues
sur les routes,
aux travaux des
rencontrent des Kabyles descendus de leurs mon-
tagnes sans balbutier
d'apprendre
les quais
monde comme
la
un mot de
français, des
Arabes dédaigneux
langue du vainqueur, des Français, des Européens
qui ne savent ni l'arabe ni le témachek. Les places
du marché
moyen
tout sont de vraies Babel où l'on essaye de s'entendre au
du
sur-
sabir, jargon singulier, discours bref, heurté, gesticulatif, rudi-
mentaire. ((
Il
se
compose de quelques noms, de quelques verbes, de peu
d'adjectifs
ni
:
noms
et adjectifs
sans déclinaison, verbes sans temps
mode. Par l'absence de formes, par
c'est
un
liens,
parler
catalans,
nombreux
à
«
nègre» que ce patois espagnols,
utile),
français
mesure que s'étend
vinir (venir), tenir (avoir), vailler),
tchapar
le
(voler),
la
:
néant de
fait
la
grammaire,
de mots arabes,
ita-
ceux-ci de plus en plus
langue de France. Andar
(aller),
mirar (voir, regarder), trabadjar
(tra-
toucar (toucher, prendre), bono (bon, bien,
carouti (trompeur, carottier),
meskine
(pauvre),
maboul
(fou), mercanti (bourgeois), chêndat (soldat), casa (maison), car-
rossa (voiture), cabessa (tête), matrac (bâton), babor (bateau à
vapeur), birou (bureau), carta gent),
1
sordi
(sou),
Encyclopédie de Moll.
(lettre,
écrit, papier),
douro (ar-
mouquère '(femme), mouchatcho
(enfant),
ALGERIE
"iS
yaouleb (jeune homme), de l'interpellation arabe
Ya, ouled! Hé!
:
garçon! macaclie (non), bezzef (beaucoup), bibri (à peu près), (peut-être), balek (prends garde!), kif kif (comme), sami
bititre
sami (ensemble), didou (eh! ohé! un
mot
et surtout fantasia^ le
notre
tel; c'est
universel
«
Dis donc »)!
qui s'applique au plaisir,
à la passion, à tous les mouvements expansifs de l'àme, à tout ce
bon, supérieur, étrange...; ces termes
qui est agréable,
une
et
vingtaine d'autres reviennent à chaque instant dans les phrases
du
En
sabir.
attendant
triomphe du français,
le
misérable unit l'indigène au colon
eux
nous,
et
chrétiens ^
c'est l'appât
immondes,
comme
«
;
douros
ce charabia
lien principal entre
le
qu'on gagne chez
»
les
»
—
Les juifs en Algérie. nières
des
mais
On
«
accroupis en des tan-
les voit
bouffis de graisse, sordides et guettant l'Arabe
l'araignée guette la
un
prêter cent sous contre
mouche. billet
danger, hésite, ne veut pas; mais
Ils l'appellent,
qu'il le
L'homme
signera.
besoin
essayent de lui
le tiraille
sent le
cent sous
:
cède enfin, prend la
représentent pour lui tant de jouissances!
Il
pièce d'argent et signe le papier graisseux.
Au
bout de
six
mois
il
devra 10 francs, 20 francs au bout d'un an, 100 francs au bout de trois ans.
Alors
le Juif fait
non son chameau, son
vendre sa terre,
en a une, ou
s'il
si
cheval, son bourricot, tout ce qu'il possède
,
enfin.
Les chefs, caïds, aghas, bach'agas tombent également dans
«
de ces rapaces, qui sont
griffes
colonie, le
grand obstacle à
Quand une colonne
«
une nuée de
Le
cent
une
;
:
il
loi
,
il
le
en
eifet
,
qui n'aient une dette
préfère renouveler
spéciale
le
billet
quand
il
,
Il
n'est guère
car l'Arabe n'aime pas
à cent ou deux cents pour
gagne du temps.
11
cette déplorable situation.
aussi déloyaux que possible, et les véritables
Oncsime Reclus, France
faudrait
Le
Juif,
Sud, ne pratique guère que l'usure, par tous
çants sont des Mozabites.
'
un
pour modifier
dans tout
moyens
revendu aux
corps d'armée s'est éloigné.
se croit toujours sauvé
d'ailleurs, les
française va razzier quelque tribu rebelle,
Juif est maître de tout le sud de l'Algérie.
d'Arabes
rendre
saignante de notre
au bien-être de l'Arabe.
Juifs la suit, achetant à vil prix le butin
Arabes dès que «
le fléau, la plaie
la civilisation et
les
cl
»
(Guy de Maupassant
colonies.
,
Au
commer-
Soleil),
,
LA FRANGE COLONIALE
76 «
Les
M. Reclus, ont
juifs algériens, dit
par décret;
en bloc,
été naturalisés
ne l'avaient certes pas mérité, occupés qu'ils étaient
ils
de banque, de commerce, de courtage, de colportage et d'usure; nul d'entre eux ne tient les vignes
et
,
il
la
les jardins et
charrue, n'arrose
y a très peu
res-neveux du supplanteur
d'hommes de métiers parmi d'Ésaiï.
du Nord
Aucun
comme
,
ces Nègres qui furent parmi les héros de Reichslioffen
;
les boulets
,
point défendu l'Algérie contre nous, de 1830 à 1871
fendront pas non plus contre nos ennemis, C'est
le
24 octobre 1870, pendant
ces Arabes et s'ils n'ont ils
,
la
France, que le gouvernement de la Défense nationale, partie de Juifs
décret suivant « «
dé-
la
guerre en
composé en
se hâta d'émanciper les IsraéUtes algériens par le
:
Les Israélites indigènes des départements de l'Algérie sont dé-
clarés citoyens français.
Toute disposition
c(
«
,
ne
d
horreurs de
les
taille
n'avait péri dans nos
ces Berbères
rangs sous
ne
ces arriè-
tout sénatus- consulte,
législative,
décret,
règlement ou ordonnance contraire sont abolis. Fait à Tours, le 2i octobre 1870.
«
A. Crémieux,
((
A. CtLais-Bizoln
Ce décret, œuvre de Crémieux, on Algérie une
L. Gambetta.
a.
unanime indignation,
ainsi
L. Fourichon.
,
comprend,
le
que
le
»
excita
en
témoigna l'enquête
parlementaire sur les actes du gouvernement de
Défense natio-
la
nale. «:
Pour moi,
été la cause
dit l'amiral
en ont été extrêmement
Le général Ducrot «
froissés.
le
décret d'assimilation a les
;
)>
la naturalisation
et
de races, intérêts froissés
Villot, jalousies et ressentiments, telles furent les
ce décret malheureux. Les indigènes
musulmans
,
sables
des gens qu'ils considèrent :
Pourquoi donc
Juifs ont
comme nous
comme
dit le capitaine
conséquences de
furent écœurés de
voir élever à la dignité de citoyens français leurs ,
:
des Juifs mit le
»
Haines de classes
laires
Musulmans
écrivait en 1871 {La vérité sur V Algérie)
Le décret de M, Crémieux sur
feu partout. <r
de Gueydon,
déterminante de l'insurrection de 1871
ennemis sécu-
lâches , servîtes et mépri-
cette préférence, dirent-ils; est-ce
prodigué leur sang en Crimée
,
que
en Itahe
,
les
au
,
ALGÉRIE
eu dix mille des leurs prisonniers en
qu'ils ont
Mexique; est-ce
77
Allemagne?
On
pour
que
France a entrepris
la
conquête de l'Algérie. Tirés par nous de l'ignorance où, sous
la
«
'
que
dirait
c'est
domination arabe, laires
ils
,
les Juifs
maintenus par des préventions sécu-
étaient
ils
la
envahissent notre société
non pour
,
s'assimiler à elle
mais pour rester une caste à part qui veut dominer. audacieux
partout,
guent
pénètrent
arrogants; la fortune publique passe dans
et
mains usuraires
leurs
Ils
comme
et,
,
ce n'était déjà trop,
si
avec un succès menaçant. Le
les fonctions électives
ils
moment
n'est peut-être pas éloigné où juges consulaires, officiers de civil,
députés
et
sénateurs algériens seront tous Juifs.
»
bri-
l'état-
(Courrier
d'Oran du 8 mai 1882'.)
Les Berbères et les Arabes. aux Romains qui
—
étrangers, hétéroglottes ; nous les
mot qui
nommons
signifiait alors
souxeni Kabyles, d'un
hommes
tronc de l'humanité, ces
maîtres immémoriaux de
triotes
,
nom
les tribus.
Rameau vigoureux du
ces
Les Berbères doivent ce
appelèrent Barbares
les
terme arabe qui veut dire «
«
de Jugurtha, de Massinissa, de Syphax,
durs,
Numides, compa-
l'Atlas, ces vieux
l'histoire les a tou-
jours vus fixés dans l'Afrique mineure. Et encore aujourd'hui c'est la
race la plus nombreuse de l'Atlantide et
la
plus vivace.
On
les
du
désert,
retrouve dans toute l'Afrique
non moins que du nord de la ,
Méditerranée au Niger, du Sénégal au Nil. «
On
«
Ces deux
a voulu creuser
un abîme
entre les Berbères et les Arabes.
du peuple indigène ont en grand
grandes parts
nombre des ascendants communs. Ce distingue.
comme
Y
a-t-il des races
n'est pas tant la race qui les
aujourd'hui? Chez
le
Kabyle algérien
chez l'Arabe, on trouve toutes les figures de la face blonde
à l'empreinte brune méridionale, qui, d'ailleurs,
domine immen-
sément. ((
Une chose
tant la
de
les distingue
montagne, a
la plaine,
avant tout
les vertus
avec ce que
le
:
le séjour.
Le Berbère, habi-
du montagnard; l'Arabe
est
l'homme
pays bas, plat, chaud, clément, donne
de qualités et de vices. «
Par
cette différence de séjour, le
Berbère
Limousin, leSavoisien de l'Afrique; l'Arabe en
'
Cités par E. Drl'mont, la
Franc
jnivr.
est l'Auvei-gnat, est le
le
gentilhomme
,
LA FRANGE COLONIALE
78
qui se ruine, artiste auquel chaque jour qui passe ravit l'enivremenl
d'un songe, lazzarone que
le
peu de sa place au
Pendant que
tagne,
l'Arabe
champs. les
Où
«
gourbis
de
soleil.
la
Berbère
le
Français chassent peu à
Berbère pioche
du désert méprise le » Sous la
plaine et
entre la charrue entre la honte.
huttes misérables ,
,
et le
il
C'est l'ami des hyperboles
mondes
travail
tente, dans
aime à rêver, tandis que sa femme
son bourricot versent leur sang en sueurs sous
et
la
les cruels soleils.
des contes bleus entre la cigarette et la
,
tasse de café noir, l'ami des
chansons nasillardes célébrant
les belles
guerres, l'ami de la chasse, l'ami des combats, l'ami surtout du
de l'ombre selon l'heure
soleil et
et la fantaisie.
Nomade par
instinct,
ce peuple l'est aussi par l'indivision de la propriété dans
un grand
nombre de
par octroi
tribus
temporaire,
bent «
«
:
les
le sol qu'ils cultivent
Arabes l'égratignent à peine. Vaincus,
main que
Le Berbère,
Ni rêveur métayers
tu ne
peux couper.
se cour-
ils
et partout, et toujours.
un homme de labour, de
un champs du
métiers,
avare. Sa race emplit les cités et les et
gagnent peu milieu des
moissonneurs, ,
:
»
bravement,
lui, travaille
ni poète, c'est
un
gneur,
sans droits sur
C'est, disent-ils, la volonté de Dieu. » Ils disent aussi
Baise la (c
;
éparTell:
colporteurs, ouvriers, ces émigrants
mais de privation en privation
ils
font fortune 'au
Roumis (Romains, Européens), si c'est battre monnaie le prix d'un champ, d'une vache; alors ils reviennent
qu'acquérir
pour
la
stituée
plupart au village natal et
suffrage
,
où
la propriété est
fortement con-
qu'administrent des djémas ou municipalités élues au
de tous,
communes
orageuses que divisent des sofs ou
partis éternellement en lutte. «
Plus assimilaljles que
vastes
champs
les
Arabes,
ils
déserts où nous puissions
pas un pouce de
sol
ne
n'ont pas
comme eux
semer des colons chez eux
se perd, et plusieurs
:
de leurs âpres monta-
gnes ont, à surface égale, plus d'habitants que nos collines
Les djemaa égales
en Kabylie. —
pour tous, ont,
c^
Les idées de Uberté
aune époque
reculée,
et
»
de justice les
les intérêts
de chacun étaient publiquement discutés et reconnus.
Les Kabyles jouissaient alors de l'expression
régime municipal. La
'
'.
provoqué chez
Kabyles l'institution des djemaa, assemblées plénières où et les droits
de
commune
Onésime Reclus, France, Algérie
et
était tout;
colonies.
la
plus complète du
aucune autorité supé-
ALGÉRIE
79
rieure n'était là pour restreindre ses pouvoirs.
une commune
stituait
djemaa
tion française, la
cour de justice contrôleur
des
dhoumcm, à
;
Chaque
village
con-
érigée par sa djemaa. Depuis la réglementaest à la fois
un
conseil municipal et
compose d'un amin, président; d'un
elle se
comptes
de
la fois conseillers
nombre de
d'un certain
gestion;
de l'amin et
d'oukal, simples assesseurs consultatifs. Ces
officiers
membres
une
oukil,
de police, sont
et
nommés
à l'élection et à la majorité des suffrages de tous les habitants de la fraction.
Les séances de ce conseil de village sont publiques; tous
Kabyles présents peuvent prendre
les
parole et développer leur
la
avis sur la question discutée. «
Ainsi réglementées, les djemaa sont, à notre avis,
un mode
d'administration locale des populations kabyles qui présente des
avantages incontestables. Cette organisation municipale est seule susceptible de maintenir la sécurité et l'ordre dans les agglomération berbères de l'Algérie. Serrés les
uns contre
villages juchés sur des crêtes abruptes,
les autres
n'ayant
le
dans des
plus souvent
qu'une fontaine peu abondante pour puiser l'eau nécessaire à leur ahmentation, nos Kabyles ont maints sujets de dispute. Chez ces
montaguards, naturellement rancuniers, maris jaloux
et voisins
querelleurs, les moindres altercations n'ont que trop de tendance à
dégénérer en batailles,
son germe
la
si
une prompte répression n'arrête pas dans
discorde prête à éclater.
tice expéditive.
La djemaa
Connaissant parfaitement
les
est là avec sa jus-
inculpés, leurs anté-
cédents, leur moralité, la djemaa se trompe rarement sur leur
degré de culpabilité, sur «
le
mobile de leurs actes.
Ces tribus berbères demandent des juges français, sans acolytes
musulmans d'aucune laires et
résolue
sorte,
ou
le
maintien de leurs coutumes sécu-
foncièrement démocratiques. Cette question sera facilement le
jour où
la
magistrature algérienne possédera
suffisant déjuges de paix connaissant les
animés du désir d'améliorer chant insensiblement de
djemaa
justice des
La
vie
troupeaux
de
'
là les
Aup.
nomadk. ;
il
mœurs
la législation
la loi
un nombre
kabyles. Ces juges,
berbère, en
la
rappro-
française, finiront par remplacer la
'.
—
La
richesse des
nomades consiste dans leurs
faut qu'ils leur trouvent de la nourriture et de l'eau
:
migrations régulières du sud au nord et du nord au sud
CiiF.HiiONNEAU, Revuc dc Géoffvaphic.
LA FRANGE COLONIALE
80
concordant avec
le
mouvement des
le Tell
les caravanes se mettent en route vers
après
moisson
la
faite
;
elles
l'été,
y arriveront
trouveront encore leur pâturage
les bêtes
;
Aux approches de
saisons.
champs dépouillés. A l'automne, quand tombent les premières pluies, on revient sur les hauts Plateaux et dans le Sahara. les C'est un curieux spectacle que celui d'une tribu en marche dans
les
:
chameaux s'avancent gravement, en fde, portant les provisions, les tentes, les ustensiles de ménage; puis viennent quelques bœufs ou vaches maigres, toure
les
chèvres
et la
un nuage de poussière;
masse serrée des moutons qu'en-
femmes* leurs enfants sur le dos, grandes dames du désert prennent
les
cheminent à pied; seules
les
place dans Vattaiouch, le
palanquin installé sur
hommes,
le fusil
en arrière pour
la
Le
protéger
soir,
on
;
la
route ou
d'autres courent sur les flancs de
c'est la tente
la
empêchant de s'égarer ou
les bêtes, les
s'arrête et l'on
La demeure du nomade
«
chameau. Les
au poing, sont en avant pour éclairer
longue colonne, surveillant d'être volées.
le
campe. :
un grand poteau
et
deux
perches, quelques pieux fichés en terre supportent ou assujettissent la o-rande pièce d'étoffe
formée de
est
une longue bande de
tissent
dans
cousus ensemble. Le
feliclj
laine et de poil de
chameau que
les
felidj
femmes
journées où l'on n'est pas en marche. La tente
les
belle qu'elle soit, est
un médiocre abri;
,
si
défend mal ses habi-
elle
tants contre le soleil, la pluie, la neige, mais elle est portative et légère. Elle leur suffit, et
un
toit
il
;
en tournée dans maisons
Ijâties «
ils
:
,
le
l'aiment.
Le nomade repose mal sous
le
un
conseil qu'ils considéraient
mais leurs propriétaires campaient à
deux pierres pour former
est
le foyer,
quelques plats en bois ou en
On
tapis.
alfa,
a vu des caïds
des couverts, mais chez
La nourriture
des
tellis
les
lieu
côté.
où sont
,
:
les provisions,
une marmite en
terre,
des nattes grossières, et chez les s'offrir le
luxe d'une table avec
nomades on peut compter
ces sybarites.
habituelle est le couscous, sorte de gruau que les
femmes fabriquent elles-mêmes avec de ment; des
comme un
d'une simplicité rudimentaire
des peaux de boucs goudronnées pour l'eau
un
général
général passa de nouveau, les maisons étaient
L'ameublement d'une tente
riches
Un jour, un
sud engagea quelques chefs à se construire des
obéirent à
quand
ordre;
ils
a horreur de nos maisons de pierre.
la farine
galettes légères assez semblables à
de pain. Le
lait, le
d'orge ou de fro-
nos crêpes tiennent
miel et les dattes figurent pour une grande
ALGERIE part dans l'alimentation.
Rarement on mange de
pour cela une grande occasion, une
81 la
fête religieuse,
viande;
il
faut
une cérémonie
Tente arabe.
familiale,
une
«liffa
offerte à
des étrangers. Alors on égorge
un mou-
ton, on le dépouille, on le traverse d'une sorte de broche, et on le fait
tourner doucement devant un feu de broussailles en l'arrosant
de beurre fondu
:
c'est le
mets
le
plus succulent delà cuisine indigène 6
,,,
LA FRANCE COLONIALE
82
Les nomades cultivent peu, l'élevage est leur grande affaire le mouton leur donne de la viande; la chèvre, la vache, la chamelle «
;
du
leur fournissent
lait.
Avec
la laine
ou
ont la matière première de leurs vêtements commerce leur est aussi de quelque secours; et
ils
du sud contre
dattes récoltées dans les oasis
vendent pour
ils
une
l'exploitation
de ces animaux
le poil
de leurs tentes. Le ils
échangent des
céréales
les
du
partie de leurs troupeaux
Tell :
;
ils
n'achètent guère que des grains, quelques armes et des bijoux pour
En somme,
leurs femmes.
ont peu de besoins et savent presque
ils
toujours y suffire eux-mêmes'.
»
L'ornement caractéristique du Le koubbas de l'Algérie. — des marabouts. Aux abords tombeaux senties ce paysage algérien, <(
des villes, dans les vallées, sur la cime des montagnes, parmi les
ombrages d'une
on voit
forêt,
ces sépultures recouvertes d'un
où
les
hommes
la science, soit
par
les
bonnes œuvres.
;
mais
les plus
dont l'existence
s'est
Voici la description d'une koufjba.
Qu'on
tiers
pour
la
un
y en a, dit-on, qui ont les
contemplatifs
écoulée entre le jeûne et la prière.
«
se figure
11
vénérés sont
«
de mètres, dont
arrondi ou de forme ovoïde
qui se sont distingués pendant leur vie, soit par
accompli des prodiges et les ascètes
dôme
tout leur talent. C'est là que repo-
maçons kabyles mettent
sent les
par leur blancheur éclatante
briller
une construction ayant en hauteur une dizaine tiers
pour
la
grande coupole,
partie cubique qui forme
quelques mètres, règne
un mur
la base.
et les
deux autres
A
distance de
la
d'enceinte relevé en pointe aux
angles et au milieu de chacune de ses faces. L'édifice est soigneu-
sement blanchi à à la
chambre
piliers se
la
chaux.
funéraire.
Au
On
y entre par un vestibule qui conduit
milieu de cette salle se dressent quatre
raccordant en arcades
et
entourant
le
catafalque
du mara-
bout, que décorent de riches étoffes de soie, des foulards, des dra-
peaux au croissant doré. Le est couvert
du
soleil
A
«r
sol,
souvent pavé de faïences vernies
de tapis bariolés sur lesquels vient se jouer
tamisée par les lucarnes de
la
lumière
la
coupole.
part les koubbas privilégiées dont
l'entretien et
le
serivce
sont assurés par une dotation, toutes ces petites chapelles d'autre ressource que la piété des fidèles.
ou desservant chargé de recueilUr
1
Maurice Waiil
l'Alf)érie.
Chacune
d'elles a
un
n'ont oukil
les offrandes, d'en faire l'emploi,
ALGÉRIE
83
en vivant lui-même aux dépens de son
Mais, dans
saint.
endroits où l'enseignement religieux s'est établi
vénérée, on voit des étudiants psalmodier
le
,
les
près de la tombe
coran, dans des cel-
d'une maçonnerie primitive qui adhèrent aux murs d'en-
lules
eux-mêmes
ceinte; les voyageurs
y sont reçus durant la mauvaise
saison'. »
II.
— Administration
L'Algérie ne constitue
propre, son autonomie;
son la
territoire, et
de
la
elle fait partie
de
la
son gouvernement
France, qui a conquis
nation française, qui cherche à s'assimiler
population indigène algérienne. Elle est administrée
gouverneur général Celui-ci est lonie et
pas un État ayant
au
civil
nom du gouvernement
français par
un
d'un conseil du gouvernement.
assisté
composé des chefs des principaux
services de la colo-
armée, justice, finances, enseignements, postes, douanes,
:
de cinq conseillers généraux de chacun des départements. L'Algérie forme trois provinces, dont chacune est divisée en
territoire civil
ou département,
province proprement
Le
et
un
un
territoire militaire , qui est la
dite.
territoire civil,
tout entier dans le Tell, ne dépasse guère
5 milhons d'hectares avec 1.600.000 habitants, mais
peu à peu aux dépens du
territoire militaire qui
il
s'agrandit
comprend près
de 35 millions d'hectares avec 2.000.000 d'habitants. Il
y a trois départements correspondant aux trois provinces. Les
chefs-lieux sont Alger,
Oran
et
Gonstantine.
L'administration des départements algériens est à peu près la
même qu'on et
France. Le préfet est assisté d'un conseil de préfecture
d'un conseil général. Celui-ci se compose de
élus et
de six assesseurs
indigènes
nommés
membres par
le
français
gouverneur
général.
Les départements se subdivisent en arrondissements trés
Ai.uER, préfecture; Médéa, Miliana
,
sous -préfectures;
'
,
adminis-
par un sous -préfet. Les chefs-lieux d'arrondissement sont
Aug. CiiEHUONNEAU, R(.vue de Gcogniphie,
1881.
:
Orléansville , Tizi-Ouzou,
,,,
.
LA FRANCE COLONIALE
84
Tlemcen
sous - préfectures
,
Sidi-bel-Abbès
Mostaganem,
Mascara,
Oran, préfecture;
;
CoNSTANTiNE, préfecture; Bône, Bougie, Giielma, Philippeville Sétif, sous - préfectures
Les arrondissements se divisent en cantons, ayant comme en France un objet purement judiciaire, et en districts, qui sont
communes
régis par des commissaires civils. Enfin les
métropole, ou bien mixtes
la
sont celles où domine l'élément
ce
:
ou
sont,
aux communes de
bien de plein exercice, c'est-à-dire assimilées
indigène.
Chaque province ou
général de division, résidant au chef- lieu. division est
un
commandée par un
territoire militaire est
A
la tête
Les chefs-lieux de subdivisions militaires sont
Alger, Fort- National, Médéa Oran, Mascara ei Tlemcen; GoNSTANTiNE, Batna , Bôneet
Le
tribus; il
est
subdiyisionnaires et des il
Chez
les
(village), les
:
Miliana;
Sétif.
communes
à mesure que
y en a seize);
démembré au
et
comprend des communes mixtes, des com-
territoire militaire
munes
de chaque sub-
général de brigade.
profit
du
territoire civil.
indigènes la base de ,
réunion de tentes
indigènes (douars et
se développe la colonisation,
et
la constitution sociale est le
de gourbis (huttes).
En
douar
se groupant,
douars forment successivement des ferkas (communes obéis-
sant à
un
—
cheik),
compte plus de la milice, et
à
— des
mille),
un
commandées par un caïd (on en aghaliks, soumis à un agha, chef de
des tribus,
cadi, juge civil et rehgieux,
lifas, qui sont sous les ordres d'un khalife,
phète.
— «
et enfin des
lieutenant
kha-
du Pro-
»
L'Algérie forme est à Alger.
Outre
les
idi
19^ région de corps d'armée, dont
l'état -major
L'armée d'occupation compte environ 50.000 hommes. soldats
venus de France
des corps spéciaux fixés en Algérie
:
qui y retournent,
et
il
y a
chasseurs d'Afrique (français)
spahis, zouaves, zéphirs, turcos (indigènes); en outre, des
goums
ou cavaliers indigènes. L'administration de
la justice est
analogue à
sauf pour les indigènes du territoire
tribunaux musulmans
mière instance,
trois
,
civil
appelés cadis.
Il
,
celle
de
la
France
qui sont jugés par des
y a onze tribunaux de pre-
cours d'assises et une cour d'appel (Alger).
ALGERIE
85
L'Algérie forme une académie (Alger), et l'organisation de l'instruction publique est semblable à celle de la France,
Il
y a en
outre des écoles arabes. Il
y a trois diocèses catholiques
deux évêchés (Oran
En
et Constantine)
dont un archevêché (Alger)
,
,
et
avec 320 paroisses ou vicariats.
outre on compte deux consistoires protestants et trois consis-
toires Israélites.
— Dans
Villes et localités.
la
revue qui va suivre des princi-
pales localités
du pays, nous procéderons, en
l'ouest à l'est,
en
les
règle
générale, de
groupant autour des chefs-lieux de provinces:
Oran, Alger, Constantine.
Quant aux il
chiffres de population indiqués
bon de prévenir
est
pour chaque
se rapportent à la
qu'ils
exercice, dont le territoire est généralement très étendu le
bourg
qu'une
chef-lieu est souvent
ville
commune
la
et
on
,
elle
ville
— Province d'Oran
de 54.000 habitants, est bâtie en amphithéâtre au
forme, avec Mers-el-Kébir,
time, la position militaire
première
n'est
indigène de Boghar en a 34.000.
série de forts dont quelques-uns furent ,
tandis que
lui
fond d'une baie grande, mais peu profonde.
gnols
plein
en donne 13.000 en y comcommune. Boghar n'a que 400 habitants, mais la
III.
Oran f
,
peu considérable. Ainsi Blida
de 4.000 habitants,
prenant toute
localité,
commune de
ville
la
Défendue par une
construits par les Espa-
la
meilleure station mari-
plus importante et en
même
temps
de commerce de l'Algérie. Elle exporte surtout
alfas, les céréales, les
minerais
et les
la
les
produits industriels de tout
l'ouest. «
Oran
de
est la place forte
la
Mauritanie dont l'histoire a été
le
plus longtemps associée à celle de l'Europe moderne. Fondée au com-
mencement du
xe siècle par des
toire d'une tribu berbère,
elle
du port de Mers-el-Kébir, que
le
du nord-ouest
et
tège des vents
Maures d'Andalousie, sur
le terri-
grandit bientôt, grâce à l'importance
promontoire du
du nord,
djel)el
les plus
Santon pro-
dangereux de
toute la côte algérienne. Mais ce précieux havre de refuge étant
bordé de brusques
falaises
au pied desquelles une
n'aurait point trouvé la place nécessaire,
Oran a dû
ville
d'entrepôt
naître au fond
LA FRANCE COLONIALE
86
du
où
golfe, à l'endroit
les
ouverture donne accès vers l'intérieur des terres
Ouaran
,
« le
Ravin ou
d'Oran, est resté à «
Au
la
et
où une large
de
là le
montagnes s'abaissent
Coupure
,
:»
qui
,
:
nom
de
sous la forme espagnole
la cité.
point de vue militaire
de grands avantages
:
,
comme
cette
brèche du
littoral offrait aussi
Alger sa rivale, Oran s'appuie à un
massif isolé de montagnes, à un Sahel bien limité, que des plaines et
une grande lagune séparent du
reste de l'Algérie
;
une
forteresse
Province d'Oraii.
naturelle défend la ville, décuplant la valeur de ses murailles. Aussi
lorsque les Maures eurent été expulsés d'Espagne, les vainqueurs poursuivirent les fugitifs sur
mières conquêtes, en 4505
Kébir
et la place
siècles avec
un
le
continent africain, et leurs pre-
en 1509, furent
le
port de Mers-el-
d'Oran. Les Espagnols les gardèrent près de trois
soin jaloux et, durant cette époque, les Turcs, qui
chaque année de
étaient tenus d'aller
et
marauder dans
la
livrer
une attaque contre
ou campagne, ne parvinrent à reprendre la ville
Oran que pendant un espace de vingt- quatre années, de 1708 à 1732. Enfm, en 1790, un tremblement du sol renversa presque complètement
un incendie dévora
la ville,
le reste,
et
de tous
les
côtés Turcs et Arabes se précipitèrent à l'attaque des ruines
pour
en chasser
place
en 1792.
les soldats
En
1831,
elle
espagnols, qui finirent par quitter fut
occupée par
les
la
Français, et ceux-ci
n'eurent qu'à réparer les forts espagnols dressés sur les pitons et les
promontoires pour rendre de nouveau
la
place inexpugnable.
Le
ALGERIE grand avantage du port d'Oran
est sa
87
proximité de l'Espagne
:
Car-
thagène est seulement à 200 kilomètres, distance qu'un bateau à
vapeur de bonne vitesse franchit facilement en huit heures ^
»
Mers-el-Kéhir, dont on vient de parler, est situé à six kilomètres
d'Oran
et n'a
Marché,
le
que 150 habitants. Son
Grand Port
»,
c'est le
nom
arabe signifie
le «
Grand
Portiis divinus des Romains.
Oran.
Aujourd'hui,
comme
autrefois, Mers-el-Kébir est le véritable port
d'Oran.
Aïn-el-Turk , GOO habitants, voisin du port précédent, est un bon mouillage éclairé par
Beni-Saf, Tafna, et de
3.300 l'ile
habitants,
Rachgoun,
compagnie qui exploite
Nemours, d'abord
>
VAd
phare du cap Falcon.
le
1.100 fr aires,
les
un
loin
de l'embouchure de
la
récemment par
la
port créé
minerais de fer dans
habitants, « les
non
est
ville
Frères,
Elisée Reclus, l'Afrique seplenlrionale.
»
maritime
les environs.
modernisée,
des Romains, ainsi
fut
nommée
LA FRANCE COLONIALE
88
de deux rochers de la crique; puis
ou
la
<r
Mosquée des Pirates
rocher voisin. C'est
la ville
d
,
Djemaa-Gazhouat des Arabes^
le
dont on voit
maritime
la
les
ruines sur un
plus rapprochée du Maroc
(34 kilomètres). Dans l'intérieur, à dix kilomètres sud -ouest,
koubba de Sidi-Brahim 350 chasseurs
et
rappelle deux faits historiques
la
en 1845,
:
GO hussards luttèrent héroïquement contre Abd-
el-Kader, et se firent tous tuer, sauf 14; en revanche, en 1847, l'émir y rendit son épée au général Lamoricière.
Nédroma, 3.300 ville
habitants, la
Cahanna des Romains,
est
une
arabe qui fabrique des guedras, grandes marmites en terre
rouge
,
en usage dans tout
l'ouest.
Lalla-Maghnia , ou Magh7iia,
Femme,
la Sainte
«
OOU habi-
);
un poste fortifié et un grand marché sur la marocaine. Son nom vient d'une koubba dédiée à une
tants, près de l'Isly, est
frontière
femme vénérée des Arabes. Aïn-Temouchent « la fontaine du Chacal, » 4.400 habitants, est un marché arabe très prospère. Aux environs on exploite divers ,
minerais, ainsi que les magnifiques carrières de marbre onyx translucide d'Aïn-Tekbalek.
Tlemcen, la
« la
Ville
aux mille sources,
Pomaria des Romains,
la
i>
«
Bab-el-Gharb,
Grenade africaine,»
la «
Porte du couchant
des Arabes, compte 17.000 habitants. Elle est
un plateau de 800 mètres
plus belles positions du monde, sur
»
assise dans une des d'alti-
tude, entouré des rochers à pic du Lalla-Séti. C'est une ville forte
avec
un mur
La campagne
d'enceinte percé de sept portes.
est
magnifique, très bien arrosée, couverte d'arbres fruitiers de toute espèce,
notamment
excellente. et
il
d'oliviers
dont
une huile
les fruits fournissent
y a des minoteries, des huileries, des chantiers
Il
s'y tient
un marché
très considérable,
qui
d'alfa,
commerce avec
le
Maroc.
Tlemcen
,
fondée par
les
Vénètes
,
devint au
moyen âge une
des
plus grandes et des plus florissantes villes de la région et fut la capitale
du royaume du Maghreb
jusqu'à 25.000 familles
;
central. Elle a
compté, dit-on,
par son industrie, ses richesses,
la culture
des sciences et des arts, elle pouvait se comparer aux villes policées
de l'Europe.
Il
lui reste
de son ancienne splendeur
le
Méchouar,
ancienne résidence royale, aujourd'hui transformée en citadelle, et plusieurs mosquées d'une architecture remarquable.
A
deux kilomètres au sud- est de Tlemcen, Sidi-Bou-Médine,
ALGÉRIE village arabe,
89
possède une admirable mosquée
et
une
belle
koubba,
où reposent deux Maures andalous vénérés comme des « saints » par l'islamisme: Sidi-Bou-Médine mort en 1197, et Sidi-abd,
es-Selam, un de ses
A
trois kilomètres
toire,
y>
disciples,
sud-ouest,
remplace l'ancienne
de Mansoiira,
le village
ville forte
même nom,
de
« la
Vic-
construite
Tlemcen.
de 1302 à 1304 par siège de
le
sultan
Abou-Yakoub pendant
Tlemcen, lequel dura
liuit
ans
;
il
qu'il faisait le
n'en reste plus aujour-
d'hui que la vaste enceinte llanquée de tours bastionnées et crénelées, la porte isolée de Bab-el-Kliemis, ])ien conservée et
sem-
un arc de triomphe, la mosquée et son minaret haut de 40 mètres, classés parmi les monuments historiques.
l)lable à
Au
point de vue pittoresque, on signale encore, à six kilomètres
sud-est de Tlemcen,
la belle
cascade d'El-Ourit par laquelle
Saf-Saf, affluent de Tisser, lance ses eaux
le
du haut delà montagne.
LA FRANCE COLONIALE
90
Qu'on se figure une muraille rocheuse de 80 mètres d'élévation, large de 2 à 300, et disposée circulairement comme dans un cirque. «
Tout
le
tombent
long des parois de cette muraille, s'élèvent, grimpent, et s'entrelacent des fouillis
se précipite en nappes
de plantes
comme un grand fleuve
L'eau
et d'arbustes.
qui aurait
rompu
ses
digues, et la végétation qui recouvre les parois de ce vaste cirque est tellement épaisse,
que ces nappes d'eau
au travers de
filtrent
ce feuillage merveilleux et arrivent en poussière de diamants à la
base des rochers.
(Gaffarel.)
»
Sidi-hel-Ah'bès,
13.000 habitants, l'une des plus riches
et
des
plus florissantes vflles de l'Algérie, est toute moderne, malgré son appellation arabe, qui lui vient d'une
en 1843 sur
les
bords de
la
koubba des Beni-Amer fondée ;
Mékerra, ses rues sont larges, coupées
à angles droits et ombragées par des platanes de haute venue
eaux vives coulent Sehclou,
« la
le
;
des
long des trottoirs.
un site un poste mili-
Lisière, » 350 habitants, sur la Tafna, dans
pittoresque et très boisé, à 958 mètres d'altitude, est
un marché important. Daya, 125 habitants, à 1275 mètres, dans le djebel Marahoun, sur la rive gauche du Sig, est un autre poste de guerre. Saïda, « la Fortunée, » 600 habitants, à 862 mètres, est un troisième poste militaire fondé en 1854 il commande le débouché taire et
;
de
la
région des chotts. C'est la station centrale du chemin de fer
d'Arzeu à Mécheria.
Mascara, El Maasker,
« le
Camp permanent,
»
occupe une position importante au-dessus de
5.400 habitants, la
fertile
plaine
d'Eghris. Ancienne capitale d'Abd-el-Kader, prise par les Français
en 1835,
burnous
elle
et
colHnes sur
a conservé son cachet militaire.
du vin blanc déjà renommé. le
On
Mascara couvre deux
«
revers méridional des montagnes des
gran (911 mètres), appelées par
les
monts dans un sac
versa sur
et les
le sol
voyant encore à demi-plein,
pays des Beni-Chougran
:
le
il
le
la
mit
les
fut
il
regarda dans
vida brusquement sur
des maudits Chougran,
nos soldats, qui luttèrent souvent contre eux.
:»
comme
disaient
(0. Reclus.)
Saint- Denis- du- Sig , 7.000 habitants, fondée en 1845, centre agricole important de la plaine
«
monde
la terre,
lorsque
;
couvert de plateaux, de dômes, de bosses, de pitons,
le
Beni-Chou-
Arabes Chareb-er-Rihh ou
Lèvre du Vent». Quand, disent-ils, Allah créa
le sac et, le
y fabrique des
du Sig
;
est
un
un double barrage
91
ALGÉRIE de
la rivière
environs,
un
Aux assure l'irrigation et la fertilité de cette région. dans la orphelinat agricole considérable est installé
Mojciuée
ferme de Tt/nfon du
et
Si<j
,
koubba de Sidi-bou-Mcdine.
oîi les
phalanstériens firent en 1816 les
essais infructueux de leurs utopies.
sement des deux chemins de
En
fer, la
1881,
dPerrégaux, au
rupture de
la
croi-
grande digue de
LA FRANCE COLONIALE
92
l'Habra, qui a 37 mètres de liant sur 450 de long, causa de grands désastres.
Arzeu,
Portus Magnus des Romains, 2.800 habitants,
le
maritime avec une rade excellente, où
ville
l'Europe
provenant des hauts Plateaux
l'alfa
On
montagne des Lions qui couvre
la presqu'île
85 mètres d'altitude, à un kilomètre de Français en 1833
lage.
Autour
d'elle
sites
comde
la
du cap Carbon.
un
petit plateau
mer,
la
n'a pas de port, ni
elle
;
on compte vingt
beaux
les
bâtie sur
Mostaganem, 11.500 habitants, les
elle fait aussi le
y admire
une
embarque pour
l'on
;
merce de céréales et de bœufs.
est
occupée par
fut
même
de
de bon mouil-
en pleine prospérité,
villages
quatre kilomètres sud on admire les charmants paysage de la
et à
vallée des Jardins.
Mazagran, 300 habitants, sur une de Mostaganem tint,
en 1840,
d'Arabes.
,
la
compagnie du capitaine Lelièvre contre une nuée rappelle ce glorieux
3.300 habitants,
récente et déjà très prospère. cultures,
sud
a été immortalisé par le siège héroïque que sou-
Une colonne
Relizane,
colline à trois kilomètres
est
Son
une
fait
d'armes.
de fondation toute
ville
territoire est
propre à toutes
surtout à celle du coton, dont les vastes
les
champs sont
arrosés par les eaux de la Mina.
Tagdempt, près de ans
la place
Français
la
Tiaret,
même
Tiaret,
dans l'Ouaransénis, fut pendant cinq
de guerre, l'arsenal et la capitale d'Abd-el-Kader; les ruinèrent en 1843.
« la
Résidence,
2.800 habitants, poste militaire créé la
»
année, à 1.090 mètres d'altitude, est en
marché considérable entre
le Tell et le
Géry ville, 900 habitants, plateau oranais.
un
il
temps un
Sahara.
poste militaire avancé au sud du
Bâti en 1852 dans
1.300 mètres d'altitude, dental.
est
même
une gorge du
commande
le
De nombreux mégalithes couvrent
djel)el
Ksel, à
Sahara algérien les
occi-
hauteurs environ-
nantes.
El-Abiod-Sidi-Clieik, 2.000 halritants, à 400 kilomètres sud d'Oran, est
un
lieu
de pèlerinage fréquenté par
koubba du marabout Sidi-Abder-Rhaman, qui
Sahariens, à la
les
vivait
au
xvii'' siècle.
En
1881
les
ossements vénérés transportés à Géryville; mais on
,
cette
koubba
fut détruite
par
le
colonel de Négrier, et les rendit
aux Arabes deux ans après. Tiout, 800 habitants, doit être signalée à cause
du voisinage de
ALGERIE
93
ci -devant
l'importante oasis de Figuig,
nid marocain de rôdeurs
qui souvent inquiétaient nos frontières.
Figuig , que oasis
le
Maroc nous
a cédé, paraît-il,
entourée de murs
d'une dizaine de ksour,
pour
et
le
une
est
peuplée de
sur l'Oued- Sousfana,
10.000 habitants. Elle est située vallée pourrait être choisie
en 1886,
dont
la
passage d'un chemin de fer
transsaharien.
—
IV.
Alger f
de 65.000 habitants, est
ville
,
donné son nom.
laquelle elle a
Marseille, à
Province d'Alger
la capitale
de l'Algérie, à
Elle est assise presque en face
même
une distance de 772 kilomètres, au milieu
de
de
la
côte algérienne, au fond d'une baie demi- circulaire, de 20 kilo-
mètres d'ouverture. Elle est
Ijâtie
en amphithéâtre au pied
et
penchant d'une colHne escarpée faisant partie du massif de
sur
le
Bou-
la
zaréah, dans le Sahel, qui atteint plus loin 407 mètres d'altitude.
Alger est entourée d'une enceinte bastionnée et protégée par plusieurs forts
;
elle est divisée
haute ou arabe
celle-ci est
;
bardée en 1830,
et
par
en
basse ou européenne et en
ville
dominée par
le fort
la
presque journahère avec Marseille
renferme toutes de laine
filatures
,
les
citadelle
bom-
de l'Empereur.
Le port d'Alger, grand de 90 hectares, ville
kasbah ,
ville
en communication
est
et d'autres
ports d'Europe.
branches de l'industrie européenne
des teintureries
,
:
La des
des brasseries et des tanneries
;
indigènes font des broderies sur cuir en or et en argent pour
les
mauresques, portefeuilles, pantoufles, des ceintures de brochées d'or.
selles
Fondée en 935 par signifie les
îlots),
les
Arabes, sur un groupe
d'ilôts
(El-Djezaïr
près des ruines de VIcosium romaine,
devint au xvio siècle, sous les Barberousse,
soie
Alger
un grand centre de
bombardée sous Louis XIV par Duquesne en 1684, ce n'est que depuis la conquête française qu'Alger a
piraterie. Inutilement
1683
et
cessé d'être la terreur de la Méditerranée. «
Actuellement Alger est devenue
africain,
torique,
non par
comme
première par
le
le
nombre des
la
première
ville
du continent
habitants, mais par son rôle his-
foyer de la civilisation européenne. Elle est aussi la
charme
et la
grandeur imposante de l'aspect
:
après
LA FRANGE COLONIALE
94 l'avoir
vue de
la
mer, au détour de
oul)lier le tableau
du
siècle,
la
on pouvait
la citer
comme
bâtie en amphithéâtre triangulaire
mais
elle
pointe Pescade, nul ne peut
merveilleux qu'il a contemplé. Encore au milieu
a grandi, et maintenant
elle
type régulier d'une cité
le
sur
le flanc
le
haut de
Province
marbre blanc, aux blocs inégaux ou jaunes des parois, ;
cheur de
la pierre;
en nuances
le vert
une
carrière de
d'Alarer.
et
mal
taillés.
Les teintes bleues
des jalousies, ne se discernent pas à
seulement, au matin,
en rayons roses,
endiguée par
les
et, le soir, le
elle
couchant
s'y réflé-
de maisons descendait
s'arrête à mi-côte,
limitée et
masses régulières de maisons françaises
qui se prolongent en façade au-dessus triangle de la ville arabe,
lumière naissante de
la
violettes. Jadis la cataracte
jusqu'à la mer; de nos jours
comme
colhne,
toutes les couleurs sont éteintes par l'éblouissante blan-
l'orient s'y brise
chit
la
murailles de la kasbah, se montre encore ce
les
qui reste de la vieille Alger, qui ressemble de loin à
distance
;
forme un ensemble beaucoup
plus vaste et plus complexe de contours. Vers
que couronnent
d'une montagne
une autre
ville
des quais.
Au
sud
du
escalade les pentes; mais,
entièrement formée de maisons modernes,
elle
ne se confond pas
en un immense éboulis de roches blanches on en distingue les murs grisâti-es et les toits rouges contrastant partout avec la ver:
,
dure foncée des jardins.
quement
limitées par
Au
une zone
delà,
les
constructions
sont brus-
verte, celle des remparts
herbeux
ALGERIE
95
des talus boisés; mais en dehors de la cité proprement dite, à
et
Mustapha,
recommence, moins compacte que dans
la ville
ceinte des rues, et d'autant plus gracieuse, pressant les
bas quartiers dans chaque ravin
ses
l'aise
groupant ses
,
sur chaque croupe avancée, et, vers
le
l'en-
maisons de plus à
villas
sommet de
la colline,
dressant au-dessus des arbres touffus les kiosques et les campaniles
de ses palais
:
c'est là surtout
que résident
Anglais et autres
les
étrangers qui viennent passer la saison d'hiver sous
doux climat
le
d'Alger. «
La
faible largeur
a forcé la
ville
grandissante à se développer au loin
mer, de chaque côté du noyau primitif de quatre
îlots
mer
de l'espace compris entre les coteaux et la
la ville
,
long de
le
qui
fait
face
la
aux
des Beni-Mezghanna, devenus maintenant la péninsule
de la Darse. «
Vers
nord-ouest, au sortir de Bab-el-Oued,
le
«
Porte du
la
lluisseau, ^ plusieurs faubourgs, interrompus par des cimetières, se succèdent jusqu'à l'interminable rue
en dehors de Bab-Azoun, vivants ou morts,
Un chemin
,
;
le
sud,
porte où l'on accrochait les suppliciés,
Mustapha, Belcourt, continuent Alger.
de manœuvres, un jardin public semblent devoir limiter
mais au delà recommencent
la ville, «
TAgha
la
Saint-Eugène vers
L'ensemble formé par
les
rangées de maisons.
communes
les trois
d'Alger, de Saint-
Eugène, de Mustapha, se développe sur une longueur d'une dizaine de kilomètres, colline et la
une
pourtant en maints endroits, resserrée entre
et
mer,
la ville n'a
pareille cité,
parallèles
on
au rivage
,
le
et
pas
même
la
200 mètres de largeur. Dans
comprend, toutes
les
rues maîtresses sont
de distance en distance s'ouvrent des places
d'où l'on descend au bord de la mer. «
A
la
principale
,
du Gouvernement
dite « place
»
,
viennent
aboutir les rues les plus animées et les escaliers les plus fréquentés
du port de ;
là
partent presque toutes les voitures pour la banlieue
d'Alger et les villes de l'intérieur.
Une
foule multicolore se presse
costume banal, imposé par
mode, l'emporte
sur la place:
si le
sur tous
autres accoutrements, pourtant mainte couleur écla-
les
tante brille sur le fond
jours en
sombre ou
grisâtre
mouvement des promeneurs
et
la
que forme
la
masse tou-
des gens affairés: les bon-
nets rouges des pécheurs, les chéchia des portefaix, les gandoura
brodées des Biskri se croisent avec des vieux
juifs, les robes, les
les turjjans
jaunes ou bariolés
écharpes, les chapeaux aux soies écla-
LA FRANCE COLONIALE
93
Quelques personnages pour tels, se promènent dans arabes, grands chefs ou se donnant blancheur immaculée, ou bien, assis leur haïk de pure laine, d'une quelque liqueur défendue devant les cafés, boivent majestueusement femmes mauresques, aux larges par le coran. Deux par deux, les
femmes
tantes de leurs
et
de leurs
lilles.
La mosquée neuve
à Alger.
pantalons bouffants, ghssent d'un pas rapide, ne montrant sous d voile que leurs yeux noirs, entourés d'un cercle bistré '.
le
Mustapha, 12.000 habitants, à deux kilomètres d'Alger, dont elle divisée en plusieurs est un faubourg, est une commune prospère
Mustapha inférieur, qui possède un hôpital civil, de et Mustapha vastes casernes, un jardin d'essai très remarquable, école supérieur qui entouré de riches et riantes villas, possède une sections
:
,
normale de jeunes gens. 1
Elisée Reclus
,
l'Afrique septentrionale.
ALGÉRIE Sidi-Ferruch qu'île célèbre
,
250 habitants, donne son
par
le
kilomètres de là est
nom
à une petite pres-
A
débarquement des Français en 1830. le
trois
plateau de Staouéli, 700 habitants, où
troupes du dey furent défaites
concédé en 1843 ce champ de l'ont
97
le
les
19 juin 1830. Le gouvernement a
bataille
aux religieux trappistes
qui
,
une
co-
mer sur
les
transformé en une ferme modèle de 1.200 hectares,
et
lonie pénitentiaire.
Tombeau de
la
Chrétienne.
Koléa OU Coléa, 4.300 habitants, collines
du Sahel occidental
Autrefois
« ville
sainte
j>,
sa
et
sur
mosquée
est
proche de
gauche du Mazafran.
la rive
est
la
transformée en un hôpital
militaire. Ses environs sont de véritables jardins.
Le tombeau de Gherchell, dans
la Chrétienne. la
commune
—A
mi-chemin entre Koléa
de Marengo, auprès du village de
Montebello et des ruines phéniciennes de Tipaza élevée
du Sahel porte un antique monument
tombeau
dit
Roumia, sur son
nom
et
de la Chrétienne, en arabe
,
la colline la
très curieux
:
plus
c'est le
Koubba ou Kabor-cr-
lequel les archéologues ont beaucoup discuté. Malgré
vulgaire, cet
énorme
édifice
ne renferme point
la
dépouille 7
LA FRANCE COLONIALE
98
mortelle d'une servante du Christ; c'est plutôt la sépulture d'an-
On
ciens rois de Mauritanie. le
modèle du Medracen,
dans
qu'il fut bâti
tombeau des
par Juba
numides qui
rois
de haut, dont
le
périmètre de
s'élève
Chrétienne est un édifice conique de 32 mètres
la
soubassement carré a 63 mètres sur chaque face;
la
base du
ioniques engagées;
il
monument
est
orné de 60 demi-colonnes
en quatre parties égales par quatre
est partagé
Au-
portes décoratives d'une hauteur de 6 mètres 20 centimètres.
commence une
dessus
sur
II
province de Gonstantine.
la
Le Tombeau de le
le
suppose
série de
33 degrés hauts chacun de 58 cen-
timètres qui, en rétrécissant graduellement leur plan circulaire,
donnent à
l'édifice
monument galeries
est
l'apparence d'un cône tronqué. L'intérieur de ce
disposé en caveaux reliés par des couloirs et des
mesurant 170 mètres de longueur
Cherchell, 3.600 habitants
,
Viol des Carthaginois, la Julia Qa^a-
rea des Romains, devint sous Juba ritanie césarienne.
de théâtres
et
totale.
le
Jeime
de
la capitale
la
Mau-
Aussi y trouve-t-on des ruines d'hippodromes,
d'aqueducs romains
qu'un port
ce n'est aujourd'hui
;
assez médiocre.
Tenez, 2.700 habitants, Cartennœ co /orna, petite avec
un
port; c'est l'entrepôt naturel de la région
ville fortifiée
du Dahra
et
d'Or-
léansville.
une
Orléansuille, 3.000 habitants, est
à 140 mètres
d'altitude sur la rive
jolie petite cité
gauche du
et
de laines, mais
:
un marché
c'est
climat y est peu agréable
le
bâtie
Chéliff, et sur l'em-
placement du Castellum Tingitanum des Romains de blé
moderne
pour
les
Européens. Miliana,
la
taire bâtie à
Malliana romaine, 0.500 habitants,
740 mètres sur
nant la rive droite du 1.200
le flanc
ChélifT.
En
et
carrières de marbre. Plus loin,
chemin de thermal de
fer,
tandis
,
<r
commandant
le
a le
périt presque entiè-
en mines de
fer,
de plomb
et
en
qu'au nord -est se trouve l'établissement
Hammam- Rirha,
Teniet-el-Haàd,
domi-
et
Affreville lui sert de station de
le
plus fréquenté de l'Algérie.
Teniet-el-Haâd, 1.400 habitants, est mihtaire
cité mili-
de maladie. Ses environs abondent en
renommés
vignobles et en fruits
une
1840, une garnison française de
hommes, bloquée par Abd-el-Kader, y
rement de privations
est
méridional du Zaccar
un marché arabe
et
un poste
massif de l'Ouaransénis. Col du Dimanche,
»
est ainsi
nommé du
ALGERIE
99
jour où se tient son marché hebdomadaire
que domine
le village est
la
;
hauteur du seuil
de 1.145 mètres. Les Arabes y sont pro-
portionnellement plus nombreux qu'à Miliana, et une petite colonie
nègre occupe près de Teniet deux groupes de masures appelées «
Tombouctou
» le
Supérieur
est célèbre dans le
de chênes
et
monde
et l'Inférieur.
Le
Dimanche
Col du
«
des botanistes par ses admirables forêts
de cèdres qui recouvrent les deux versants du djebel
Endat; des sources ferrugineuses d'une grande richesse
dans
la forêt.
»
Au
sud s'étend
bois et ruisselant de fontaines
,
du Sersou,
plateau
le
jadis couvert de
maintenant sans verdure
ravins dans lesquels coulent des eaux sauvages
,
jaillissent
et
coupé de
détruisant au lieu
de féconder. Le Sersou est une des régions de l'Algérie où se voient
le
plus de
pierres levées;
monuments
préhistoriques, tombelles, enceintes,
une ancienne
ville,
une quarantaine de
à
kilo-
mètres au sud-ouest de Teniet, occupe une surface plus grande que d'Alger.
la cité
Parmi
monuments
les
étranges de cette région
plus curieux consiste en alignements de pierres disposées de nière à former
un immense
symboliques, dont leurs plaines.
Boghar,
»
lézard de 80 mètres de longueur.
monde un exemple de
retrouve ainsi dans l'ancien
ces
le
,
ma-
On
monuments
mound-builders de l'Ohio aimaient à orner
les
(Elisée Reglus.)
4^00 habitants, à
970 mètres,
le
Castellum mauritanum
des Romains, l'un des arsenaux d'Abd-el-Kader, est encore une place forte qui
surplombe de 400 mètres
grand marché se
du
tient
au
le défilé
du
Chéliff
Un
ileuve.
Médéa, Nador,
920 mètres sur une croupe du mont
112.000 habitants, à
est l'ancienne capitale
du beylik de
Titeri.
Son climat
sain et son territoire fertile en blé, asperges et vins déjà
Au nord la
moyen.
village de Boghari, situé sur la rive droite
de cette
ville se
koub!)a d'un saint
d'un coup de hache pays.
y>
trouve
musulman
le
défdé où
Ce djebel donne son
le djebel
est
renommés.
Mouzaïa, surmonté de
qui, d'après la légende, « fendit
il
nom
fit
au
naître la Chiffa col
pour arroser
ou ténia de
célèbre par de sanglants combats en 1840-41
;
au
la
le
Mouzaïa,
village de
Mou-
zaïa-lcs- Mines, qui possède des gisements de cuivre sur le versant
sud, et à
la
commune
de Mouzaïa -Ville, 1.700 habitants, sur
le
versant nord, non loin de Blida.
Blida, IIJ.OOO habitants,
au mi Heu des
sites délicieux,
ville
modernisée, gracieusement assise
dans un pays
ferlilc
surtout en oranges
LA FRANGE COLONIALE
100
mandarines, est un point stratégique
et
tant;
A
et
commercial
très
impor-
plus elle a des minoteries et des distilleries considérables.
(le
douze kilomètres sud on admire
les
superbes gorges de
monts de Mouzaïa
l'Atlas entre les
immense déchirure de
la Chiffa,
et
des
Béni-Salah.
Boufarik, 6.500 habitants, dans une position jadis fort insalubre au milieu de la magnifique plaine de la Métidja, possède un marché
Dans
agricole très fréquenté.
portent des
florissants
agricoles
même
la
plaine,
noms
beaucoup de
villages
De
français bien connus.
Marengo et Montebello déjà cités, Joinville, Montpensier, Aumale, Rovigo, Aima, Saint-Pierre
l'ouest à l'est, signalons
station de Blida, et Saint-Paul,
près de Fondouk, etc.
Dellys, 3.600 habitants, le
Rusucurns des Carthaginois,
n'a qu'un
port médiocre sur la côte de Kabylie; elle possède l'école des Arts
pour
et métiers
l'Algérie.
Tizi-Ouzou, 2.500 habitants, en aralje Fedj-el-Guendoul , « le col des Genêts épineux » fut le point le plus avancé de l'occupation ,
romaine
et
turque dans
militaire français,
le
même
en
Djurdjura. Depuis 1858, c'est un poste
temps qu'une
ville florissante.
Le Fort-National, 200 habitants primitivement Fort-Napoléon, est une place de guerre construite en 1857, à 916 mètres, au centre ,
de
Kabyhe. C'est
la
«
une épine plantée dans
de la grande
l'œil
Kabylie », disent les indigènes, qui tentèrent de s'en emparer en 1871.
Au
pied du Fort-National, Aït-Lliassen
plus grand village de la Kabylie et
industrieux des Kabyles; fusils à crosse incrustée
ils
de
,
4.000 habitants., est
des Béni-Yemsi qui sont
comme
de 1871. il
En
en
Italie,
corail.
la rivière, a été
ici,
non une
mais un désastre pendant l'insurrection
aval de ce bourg,
n'y a place que pour lui
le
plus
fabriquent de l»eaux bijoux et des
Palestro, 500 habitants, sur Tisser oriental, rappelle victoire
les
:
conquise à
la la
<r
l'Isser s'enfonce
dans une gorge où
route d'Alger à Constantine, qui suit
mine dans
la
paroi crayeuse d'où glissent des cascades.
dureté du roc,
Çà
et là,
immense
sur les corni-
ches, dans les fissures et les brisures, des herbes s'accrochent, et aussi des broussailles et des
quand la
ils
viennent boire au courant de
rivière passe
velles.
<f
arbustes où les singes dégringolent l'Isser.
De
ce défilé superbe
dans une vallée féconde, pleine de colonies nou-
(0. Rkclus.)
ALGÉRIE Aumale, 4.500
101
habitants, est une ville de guerre fondée en 1846,
à 850 mètres au pied du djebel Dira, sur l'emplacement
romaine;
elle
garde
la sortie
de
la
grande Kabylie vers
deVAuzia le
plateau
algérien.
Bou-Saada,
le lieu
«
du Bonheur,
»
compte 5.000 habitants;
Vue de Ghardaïa.
elle
commande
sud du
le
même
plateau et forme le centre
com-
mercial de la région de l'Hodna.
Laghouat ou El-Aghouat, 3.800 habitants, sur l'oued Djeddi, à 777 mètres, est devenu depuis 1852 le chef-lieu du Sahara algérien; son
marché, aujourd'hui
Tadjemout, dont
renommés, et
très fréquenté, a
les habitants fabriquent
ruiné celui de
des burnous et des haïks
celui &' Aïn-Madh]) , la métropole rehgieuse de l'ordre
des Tidjàniya.
En
plein désert,
Ghardaïa, 10.000 habitants,
est la cité princi-
,
LA FRANGE COLONIALK
102
des
pale de la tribu
Béni-Mzab ou
Mozal)ites,
dont
oasis
les
comptent 180.000 palmiers entourés de magnifiques jardins. Ouargla, 2.000 habitants, dans
la vallée
de l'oued Mya, est un
centre d'oasis qui contiennent 300.000 dattiers et sont peuplées de
nègres laborieux. Mais beaucoup de. leurs puits ont été détruits par Mozabites,
les
et le
marché d'Ouargla
est
en décadence.
Enfin El-Goléa, 1.600 habitants, est à la hmite méridionale de l'influence française, c'est-à-dire à plus de
900 kilomètres d'Alger.
nous paye un
Visitée en 1873 par le colonel de Galiffet, elle
mais n'a pas de garnison française. C'est une
oasis de
tribut,
16 000 pal-
miers des Chaamba, pillards ou convoyeurs qui parcourent toute la
contrée au sud d'Ouargla, jusque vers
le
Soudan. C'est aussi à
400 kilomètres environ au sud -est d'El-Goléa en 1884,
lieu,
massacre, par
le
çaise
commandée par
dans
la notice historique.
les
Touaregs, de
le colonel Flatters
— Province de
V.
d'Ouargla qu'eut
et
,
et
la
mission fran-
dont nous avons parlé
Constantine
CoNSTANTiNE f 33.500 habitants, est une place très forte, autrefois imprenable. Assise sur un promontoire rocheux de 600 mètres ,
d'altitude
moyenne,
elle est
entourée presque entièrement par
abîme profond de 200 mètres, au fond duquel
le
Rummel
eaux jaunâtres en passant sous quatre voûtes naturelles
mant de
il
reste de belle» antiquités, entre autres
arc de triomphe et le palais
du bey.
nissa et Jugurtha. Ruinée en 311 tin, ils
dont
elle
l'avaient
porte
le
,
C'est là
for-
la ''Numidie
un pont romain, un que régnèrent Massi-
cette ville fut rebâtie
par Constan;
vainement assiégée l'année précédente.
Les industries européennes qu'on y remarque sont
la
minoterie
l'industrie indigène
con-
surtout dans la tannerie, la cordonnerie et la fabrication des
burnous. Cette française, a «
en
nom. Les Français la prirent d'assaut en 1837
et la fabrication des pâtes alimentaires; siste
et
belles cascades.
Constantine répond à l'antique Cirta, la capitale de
dont
un
roule ses
ville,
le
principal, marché aux grains de l'Afrique
pour port d'embarquement Philippeville.
Avant de s'engager dans
militaire à
la « cité
aérienne
l'étroite
», le
gorge qui a donné sa force
Rummel ou
«
rivière des Sables >
ALGERIE s'est
est
uni au Bou-Merzoug,
soudain de
torrent,
mal
la vallée
brusquement
103
rétréci
,
<r
pont du Diable
»
,
les
de roches. Le
passe à côté d'un établissement therla
s'enfuit
et
sinueuse. Des bords de l'abîme, on ne
caché par
Le passage
>.
la noire allée
niché dans une anfractuosité de
cade du
qui féconde
la « rivière
lumineuse à
détours du ravin
:
roche, puis
sous
en rapides dans
la
l'ar-
gorge
voit pas le courant d'eau,
des rochers
les assises saillantes
qui se correspondent d'une falaise à l'autre et que
des
couloirs
Province de Gonstantine.
verticaux rayent de distance en distance, empêchent
descendre jusqu'au fond du gouffre où tournoient «
Cinq ponts unissaient autrefois
quatre d'entre eux
il
le
regard de
les hirondelles.
deux lèvres de l'abîme
les
ne reste que des fragments informes
;
le
:
de
cin-
quième, bâti à l'angle oriental du rocher de Gonstantine, a toujours été reconstruit, et sous sa
grande arcade de
fer, jetée
à 405 mètres de hauteur par les ingénieurs français
,
récemment
se superposent
murs de toutes les époques, depuis les temps d'AntoPieux. Immédiatement au-dessous. du pont, le Rummel dis-
des pans de nin
le
parait sous
une voûte de rochers;
ravin n'est plus qu'un val
le
déchiré et percé de puisards, du fond desquels des cascades
;
à 300 mètres plus loin
,
le
noires galeries, et, de part et d'autre, les
monte
torrent
le
murmure
émerge de ces
falaises descendent ver-
ticalement jusqu'au fond de la cluse; seule une arcade isolée, ogive naturelle d'une étonnante régularité de forme, unit encercles deux
la FRANCE COLONIALE
1j4
parois opposées. C'est là que la déchirure du sol offre son caractère le plus grandiose:
murailles, diversement colorées et çà
les
surplombantes, se dressent à plus de 200 mètres de liauteur,
et là
sommet;
portant quel(j[ues constructions au jadis
du Sac
un
pierres
les « trois
le
là
-haut se trouvaient
placées sur le kef Chekora ou
rocher
«
du haut duquel le pacha faisait précipiter, cousus dans les victimes ou les esclaves dont il voulait se défaire. En
»,
sac,
bas,
5>
torrent se divise en plusieurs bras entre les pierres, puis,
arrivé à l'issue de la gorge, plonge par trois ressauts successifs dans
cirque
la vallée inférieure,
lins et
de maisonnettes
brusques
et
immense de verdure, parsemé de mourayé de routes blanches descendant en
Des cascades du Rummel, on peut s'aventurer jus-
lacets.
qu'à une certaine distance dans
méphitique. La cause en
échappe
est
souvent
cité
((
«:
:
<r
de
que
le
exprimée par
hommes
proverbe
le
hommes;
fientent sur les corbeaux;
et c'est
»
ravin a été transformé en égout...
Les maisons se pressent sur
la
est.
Ailleurs, les corbeaux fientent sur les
à Constantine, les
ainsi
mais l'odeur qui s'en
défilé,
le
gorge profonde
le
grand bloc de pierre, au-dessus
du Rummel. Au nord sont
et silencieuse
les
constructions militaires, les casernes, l'hôpital, l'arsenal et la kas-
bah proprement régulières
dite.
Au sud
de
la
du quartier européen;
labyrinthe de rues inégales; vers bites;
au sud, dans
la ville
kasbah
,
Juifs
les
s'entrecroisent les rues
habitent, à
Moza-
centre, se groupent les
le
un
l'est,
basse, grouillent les Arabes, dans
dédale de ruelles et de cours,
où
un
Européens ne s'aventurent
les
d'ordinaire qu'accompagnés d'un guide.
Trop à
l'étroit
dans leur
quartier, les Arabes ont débordé de la ville et couvert de leurs
cabanes pittoresques un talus situé près de L'édifice le plus curieux et l'une des
intéressantes de l'Algérie,
est
demeures mauresques
le palais
occupé maintenant par l'état-major de dehors,
c'est
la porte occidentale.
la
un ensemble de masures; mais
riches colonnades
ornées
les
plus
du dernier bey, Ahmed, garnison française vu du :
à l'intérieur
de scupltures, de faïences,
il
a de
même
de
fresques, et ses beaux jardins contrastent délicieusement avec le
mouvement
et le bruit des rues
Sélif, 5.800 habitants,
stratégique et
'
environnantes ^
»
à 1.085 mètres d'altitude, est
commerçante qui garde
Elisée Reclus, l'Afrique seplcnlrionale.
l'entrée
de
la
une
Kabylie
ville ;
elle
,
ALGÉRIE fut
105
fondée par les Français en 1839, sur l'emplacement de
romaine, capitale de
la
Mauritanie sitilienne.
la Sitifls
Ses environs, qui
sont fertiles en céréales, furent incendiés en 1871 par les Kabyles insurgés.
Msila, 2.800 habitants, dans fabrique de
le
Hodna, au sud-ouest de
Sétif
des haïks et des burnous.
la sellerie,
Constauline.
Bordj-boU'Arreridj, 1.200 habitants, à haute
l'ouest de Sétit
dans
la
Medjana, commande le défilé des Portes de Fer ou Bibans, dont les gorges, célèbres par leur profondeur, furent franchies en 1839 par le duc d'Orléans. Ses environs sont et fertile plaine
de
peut-être l'endroit du appelle
Es- Snam ou
la
monde
le
les Idoles;
plus riche en menhirs, que l'on
on en compte par
milliers, et l'un
d'eux a 10 mètres de hauteur sur 11 d'épaisseur.
Reprenons au nord
le
long de la cote de
la
province de Constantine.
BoiKjie, 5.100 habitants,
au fond occidental du golfe de même kilomètres nord de l'embouchure du Sahel, possède
nom, à trois un bon port bien
abrité par la presqu'île
du mont Gouraya
cl
fait
LA FRANCE COLONIALE
106
un commerce assez important. Cette cité kabyle est entourée d'un nombre considérable d'orangers, de grenadiers et de figuiers. Elle a donné son nom à une sorte de chandelle qu'elle fabrique depuis longtemps.
nom
Bougie, de Bèdjaïa,
d'une tribu,
Saldx des Romains,
la
d'un royaume vandale, puis berbère,
fut la capitale
et eut
peut-
être alors 50.000 habitants. Djidjelli, 3.000 habitants, Ylgilgili des Carthaginois, qui creu-
sèrent dans
le
colonie romaine
roc les tombeaux que l'on y voit encore, devint ,
puis
ville
au commencement de
ce. siècle, française
détruite le 22 août 1856 par
peu abrité Collo
d'un accès
un tremblement de
a été
elle
son port est
terre;
difficile.
1.300 habitants,
,
depuis 1839,
le
magnus
Collops
des Romains, est
au sud -est du large massif des Sébarou-Bougiarone; son
située
port
et
épiscopale chrétienne. Nid de corsaires
dépêche
est petit,
mais sûr;
mi-
ses environs possèdent des
nières importantes et de vastes forêts.
Philippeville ,
li.OOO habitants, fut construite en 1838 par
maréchal Valée au bord de
cada romaine. Son port
la
mer, sur l'emplacement de
artificiel,
pôt pour une grande partie du
—A
province.
la
le
Rusi-
d'entrée périlleuse, sert d'entre-
commerce avec 'Gonstantine
et la
quatre kilomètres nord-ouest de Philippeville, se
-trouve la crique de Stor.a (i.lOO habitants), qui a été longtemps
l'unique port de la baie; quoique peu sur, c'est encore là que les navires se réfugient par les gros temps.
Bône, 20.000 habitants, voisine des ruines de l'ancienne Hippone, est située
« ville
des jujubiers
»
des Kabyles;
un
Seybouse, sur
la
la
côte occidentale d'une large baie,
port amélioré par de récents travaux; son territoire est
riche en oUviers, en forêts et en mines de fer; elle fait actif surtout
d'un
elle est
au pied de l'Edough, à deux kilomètres nord de l'embou-
chure de avec
YAnnaba ou
mur
en
tabac,
en
crénelé et défendue par
un commerce
en grains. Elle
corail et
est entourée
Génois, qui couronne
le fort
le
cap de Garde.
La
Calle, 3.600 habitants, se dresse sur
au continent par une plage de sable de corail
si
;
c'est le centre
importantes depuis François
se voit la tour
1er.
du Bastion de France ou
en 1561, près du canal qui déverse
le
un rocher
a
isolé et relié
des pêcheries
l'ouest
de
vieille Calle,
trop- plein
du
la Calle,
construite
lac Mélah.
ALGERIE Guelma, 4.000 habitants, ville
prospère, située sur
mètres sud de
la
la
un
Caïama
plateau
107
des Romains, est une petite
fertile et
boisé, à
deux
kilo-
Seybouse. C'est un des plus importants marchés
de bestiaux, principalement de bœufs exportés en France.
On
y
trouve des ruines romaines.
A
quinze kilomètres ouest de Guelma, sur
Un
Aqux
TibiUranx,
mam -Meskoutinc dits.
,
ruines de l'antique
les
des chàleaux de Bougie.
se voient les célèbres sources thermales à! Ham-
dont
nom
le
signifie les
Bains enchantés ou mau-
Ces sources, d'une température de 80 à 95 degrés
et
donnant
plus de 80.000 litres d'eau par heure, sont situées au milieu de sites pittoresques, décrits ci
Les Bains maudits.
—
-après.
a;
...
De
loin déjà
on reconnaît rempla-
cement des eaux aux masses de vapeur qui d'elles.
Elles surgissent actuellement avec le
l'extrémité d'un plateau s'élève à
où
elles
plus d'abondance à
forment dix bouillons
quelques décimètres au-dessus du
au-dessus
s'élèvent
sol.
,
dont l'un
Contenant on
dis-
solution des sels calcaires blancs qui se déposent à mesure qu'elles
LA FRANCE COLONIALE
108
se refroidissent, elles construisent
elles-mêmes, en descendant
kis
pentes, la roche sur laquelle elles tombent en cascade. Les formes
de ce travertin
(c'est le
nom que
les
géologues donnent aux roches
constituées ainsi par les eaux minérales) sont aussi variées qu'élé-
Leur blancheur
gantes.
éljlouissante
ou leur couleur d'un brun
rougeàtre donne à l'eau qui les baigne, tantôt une teinte d'un bleu clair, quand
fond est blanc, tantôt une coloration brune
le
repose sur du travertin coloré par l'oxyde de fer ou
lorsqu'elle
Quand
par des matières tinctoriales employées par les Arabes. pente n'est pas trop forte, l'eau déposant de tous
dont
sels
même
chargée,
elle est
côtés les
les
en résulte qu'elle se forme à
il
la
elle-
de petites digues de quelques centimètres de hauteur. De rebords circulaires plus ou moins ondulés, étages
là, des bassins à
l'un au-dessus de l'autre; l'eau
tombe d'un bassin dans
faisant autour de petites cascades
,
ou en glissant sur
l'autre
le
en
travertin
déjà formé.
Dans
«
les endroits à forte pente, la
formation des cuvettes éta-
gées devenant impossible, l'eau, en glissant sur la pierre, l'enduit
d'une couche de travertin représentant des draperies, des surfaces
mamelonnées tites
,
et
quand
,
de forme conique
fdet d'eau générateur.
,
rocher surplombe
le
de
la
La cascade
seaux qui se jettent dans
le
,
de véritables stalac-
pointe desquelles coule sans cesse le se divise ensuite
Ghedakra, dont
le
en plusieurs ruis-
fond est tapissé de
conferves d'un beau vert, et où vivent, malgré la haute température,
de petites grenouilles «
et
des poissons.
Quand on approche des bains d'Hammam -Meskoutine, on du plateau une surface d'un hectare environ de
aperçoit au haut
superficie sur laquelle s'élèvent plus de cent petits cônes formés
par
une
les
eaux
large
jaillissantes
base, les autres
toutes grandeurs
mètres;
même
les
retombant sur elles-mêmes. Les uns ont
,
semblent des aiguihes.
uns sont
isolés,
les
de quelques-uns,
souvent au sommet un petit
et
ou un pistachier-térébinthe pousse Rien de plus bizarre
et
la
le
facile à
phénomène.
s'est
emparée
olivier
sauvage
dans un pot de
,
brusquement à
vu, rien de plus
peine d'analyser
comme
de plus inexplicable
ces cônes réguliers s'élevant l'a
y en a de
autres disposés par groupes, ou
soudés entre eux deux à deux. La végétation
comme on
Il
depuis quelques décimètres jusqu'à quatre à cinq
fleurs.
au premier abord la surface
comprendre
si
du on
,
que
sol, et,
se
donne
ALGÉRIE
109
Mais l'imagination superstitieuse des anciens a cm voir dans subitement changés en ces élévations des personnages fantastiques là, le nom de pierre par une malédiction due à leurs crimes. De «
«
bains des Maudits
».
Bains maudits.
«
les
L'art pourrait,
en guidant ces sources,
constructions les plus compliquées, et
des statues, des bas -reliefs, Allyre, à est
à
son débit à 80.000
celiii
même
à mouler des vases,
le fait
aux eaux de Saint-
Glermont en Auvergne. L'abondance de
un élément qui manque
elïet,
comme on
forcer à élever
les
la
source africaine
à celles de l'Europe; on
litres
d'eau à l'heure.
Il
estime, en
peut se comparer
des eaux de Louèche en Suisse, et d'Aix en Savoie.
«... T.es sources
d'Hammam -Meskoutine
ont changé de place.
,
LA FRANCE COLONIALE
110
Lorsqu'elles sortaient au haut <lu i)lateau où elles ont formé les
cent cônes dont nous avons parlé, elles n'étaient probablement pas mais des piscines et un aqueduc situés à l'est de la casutilisées ;
cade montrent que thermales de
la
Actuellement
il
taire.
cade,
les
Romains n'ont pas plus négligé
Numidie que
de
celles
la
Gaule
hôpital mili-
au-dessous de
Plusieurs bouillons, situés à l'est et
vapeur, et l'Arabe
les ricbesses
de la Germanie.
un grand
existe près de ces sources
la cas-
de
où l'on prend des bains
de baraques
sont couverts
et
même y construit
son gourbi de
feuillage,
quand
(français) lui persuade qu'il trouvera dans ces
le médecin roumi eaux un remède aux rhumatismes
plein air dans ses haltes nocturnes'.
Soukharras ou Souk-Aliras,
«
contracte en couchant en
qu'il »
marché aux nippes,
»
4.350 habi-
tants, bâtie sur l'emplacement de l'ancienne ïhagaste, patrie de
saint Augustin, est située sur le
chemin de
Tunis, son commerce est très prospère; Téhcssa, ])àtie
à
1.900 habitants,
près
fer
elle a
de Constantine
à.
de beaux vignobles.
de la frontière tunisienne,
est
1.088 mètres au milieu des nombreuses ruines de l'an-
cienne Theveste.
On
y remarque lare de triomphe dédié à Septime-
Sévère, le temple de Minerve, aujourd'hui éghse catholique, et les
La plupart de ses maisons sont construites romaines, et la monnaie romaine y avait encore cours
débris d'une basihque.
en pierres
à l'arrivée des Français en 1842.
Batna, 3.800 habitants, dont le nom arabe signifie « bivouac d, une position militaire importante au pied du massif de FAurès
est
à 1.020
mètres d'altitude
;
c'est aussi
un centre d'échanges
Tell et le Sahara. Elle a des rues larges,
jardin public, ouest,
une
un musée archéologique,
entre
le
bordées de platanes, un
et,
à cinq kilomètres nord-
belle forêt de cèdres.
de correction
un
village et
une maison centrale
établis à dix kilomètres sud-est
de Batna, au milieu
Lamhèse, 500 habitants,
est
de remarquables ruines de l'arieienne Lamôèssa ou Lambœsis/'la capitale militaire de la
Numidie romaine.
«
Il est
pour
l'antiquité'
classique, dit M. Piesse, des lieux bien autrement célèbres que
Lamhœsis, mais on trouverait
difficilement
et d'un aspect plus intéressant.
On
a dans
une ruine plus Viche-
Pompéi
la ville
sous les cehdres et surprise dans toutes les occupations
•^
X., Marjasin fiiHoresqiie.
de
enfouie la vie;
m
ALGÉRIE Lambœsis nous montre dont
le
les pierres
mosaïques
et
ses
habitants et
au milieu d'une imposante
Découverte de treize cents autels
solitude.
belles
abandonnée de
la ville
temps seul a rongé
tombeaux, de cinq d'inscriptions innombrables voie romaine et
;
bordée de tombeaux; prœlorium long de 28 mètres, large de 20, haut de 15
musée, riche déjà de vingt
(c'est là qu'est logé le
deux cents autres antiquités); quatre portes
tues et de plus de
un voyageur en compta, y compris triomphe, une quarantaine, dont quinze en bon état); a environ cent ans,
aqueduc conduisant à
(il
les arcs
y de
restes d'un
source d'Aïn-Boubena; ruines
la colonie la
d'un temple d'Esculape élevé par
sta-
de Marc-Aurèle
les ordres
et
de
Lucius Verus ruines d'un temple delà Victoire cirque de 104 mètres ;
;
de diamètre avec quatorze, portes; tombeau de Flavius Maximus,. préfet de
laissée
par
monument
troisième légion,
la
haut, terminé en pyramide
;
roues des chars, etc
les
carré de 6 mètres de
rues dallées conservant l'empreinte :
l'inventaire et la description
de ces ruines exceptionnelles demanderaient un volume.
Le Medracen, Arabes, est
proportions.
route de Constantine à
la
triste et
de Djendeli. Sa ressemblance avec
tienne nous dispense de le décrire.
de moindres
est plus ancien et
gauche de
se trouve à
Il
il
Batna, sur un plateau mamelonné,
été bâti
(Joanne.)
Kohor Maclrous ou tombeau de Madrous desun monument analogue au tombeau de la Chrétienne le
dont on a parlé plus haut; mais
salé
»
On
nu, non loin du lac
le
monument de
le
considère
pour servir de tombeau à Massinissa,
la
comme
Chréayant
Numides,
roi des
ejl
à ses descendants. ^
El-Kantara , 2.200 habitants.
du désert
et le
col d'El-Biar
chemin de
«
Au
sud-ouest de Batna, la route
en construction se dirigent vers
fe'r
(1.090 mètres), c'est-à-dire
mence, d'abord insensible,
la
des Puits
«
descente vers
ruisseau, l'oued El-Kantara, qui descend
le
j>,
le
où com-
Sahara; un petit
brusquement par une
succession de cascatelles d'une hauteur de plus de 300 mètres,
A
droite,
à
rochers calcaires, coupés de
failles,
hérissés de dents,
coule à
peine cà
côté de la route.
et là,
donné à
dressent des"
les falaises s'écartent, le
se précipite en cascade, traversé par a'
se
offrant à
dans leurs anfractuosités, un peu de terre végétale
où pousse un arbrisseau. Soudain qui
gauche,
la vallée le
nom
ex^cellence, celui (jui relie le Tell
ruisseau
un pont romain d'une
d'El-Kantara
:
c'est le «
au Saliara. De tous les
arclie
l^nt >
pat*
sites (k-i-rAî-
LA FRANCE COLONIALE
112 gérie, si riche
pourtant en beaux paysages, nul n'est plus fameux
:
là
est le contraste le plus net entre les plateaux et les oasis; l'Orient se
montre soudain par une l'hiver,
sur
un
de l'autre
«
de
celle
porte d'or
l'été
;
D'un côté
d.
en haut
est le Tell
,
est la région
en bas
versant, la montagne est noire et couleur de pluie
rose et couleur de beau temps,
A
ses pieds
on
;
le
de
Sahara ;
sur l'autre,
voit s'ouvrir
une
vallée
El-Kantara.
où
l'eau serpente à l'ombre
nettes, formant les clairières
de
ensemble
et les
le village
les
:
hommes,
;
trois
groupes de maison-
d'El-Kantara, se montrent dans
l'oasis, tout différents
région septentrionale
peaux
de palmiers
demeures
de ceux qu'on a vus dans
et les jardins,
même
tout a changé d'aspect, et c'est
la
les trou-
une autre
lumière qui éclaire ces tableaux. Toutefois ce n'est pas d'El-Kantara
que
l'on peut
encore dépasser de
ou
sel et les <!
contempler l'immense horizon du désert
le vaste et fertile
»
par
il
faut
bassin dEl-Ôutaïa, sa montagne
thermes de Font-Chaude
Bains des Saints
:
,
appelés Ilammam-el-Salehin
les indigènes et situés à six
kilomètres
ALGERIE de Biskra; puis gravir un seuil,
au sud
la
mer
s'ouvre la
«
de Sfa, pour voir s'étendre
des sables tachetée des archipels d'oasis
Porte du Désert »,
immense
la plaine
le col
H3
Foum
es-Sahara,
se dérouler jusqu'à la
que
c'est là
:
que
l'on voit
hgne rouge ou
violette,
et
Tougourt.
noire parfois, de l'horizon des sables. L'illusion est complète
barre lointaine, on dirait l'océan*
Biskra,
Reine
•
7.100
habitants,
»
VAd Piscinam
du pays des Ziban ou du Zab,
»
une redoute appelée l'Aurùs
!
;
fort
cette
:
est
un
des
Romains,
«
poste militaire avec
Saint- Germain, au pied méridional de
son marché est très prospère,
elle
fabrique des burnous,
des haiks et de beaux tapis. L'oasis de Biskra renferme 130.000 tiers,
'
la
qui ont là plus ([u'ailleurs ce qu'ils demandent
E\is6e Weclvs, l'Afrique seplenlrionale.
:
les
(lai-
pieds
LA FRANGE COLONIALE
114
dans l'eau
et la tête
dans
le
feu; ses 5.000 oliviers datent, dit- on,
des Romains.
Dans
la villa
Landon, tout près deBiskra, s'épanouissent toutes
merveilles de la végétation tropicale
:
cocotiers, caféiers, cannes à sucre, eucalyptus, etc. etc.
mire en toutes saisons
les fleurs les plus belles et les
Le Zab renferme d'autres oasis, notamment les babitants révoltés furent
dont
1849, après un siège héroïque;
celle
exterminés par
On
y ad-
plus rares.
de Zaatcha, Français, en
de Sidi-Okha, célèbre par
et celle
son pèlerinage au tombeau de Sidi-Okba, de Kairouan, qui fut tué en 682 par
les
les
bamljous,
ficus, bananiers,
le
fondateur
musulman
Berbères.
les
Tougourt, 6.000 habitants, chef-lieu de l'oued Rhir et ancienne
Rouara,
capitale des
ville
de briques séchées au
soleil,
est située
dans un groupe d'oasis renfermant 160.000 palmiers, qu'arrosent
200 puits artésiens prenant
A l'est de Tougourt, un
autre groupe
précédent.
courent
Au
les
eaux de l'igharghar souterrain.
l'oued Souf, peuplé de Berbères Souafa, est
d'oasis ,
moins bien arrosé
le
delà est la région d'El-Areg ou des dunes, que par-
maraudeurs Ghaamba
les
brûlant que
et aussi
de plus aride,
c'est aussi
;
c'est le désert
actuellement
dans ce
la limite naturelle
possessions algériennes et tunisiennes tout ù la
CHAPITRE
qu'il
a
de nos
fois.
IV
GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE Agriculture. ture.
ses
La nature
vallées
;
le
— L'Algérie argilo sol
-
est essentiellement
calcaire
accidenté
canton, parfois dans chaque
propre à l'agricul-
ou limoneuse de
du
Tell
commune,
,
ses plaines et de
qui donne dans chaque
des terrains à des niveaux
différents, appropriés aux plantes des pays froids, chauds ou tem-
pérés; sa teip.pérature relativement chaude; des pluies suffisantes, et
les
surtout son climat varié, perniettent d'obtenir en Algérie toutes cultures
non seulement de l'Europe indistinctement,
mais
encore celles de l'Asie, de l'Amérique; de l'Australie, à part celles qui demandent uïi climat tropical et des pluies régulières.
,,
ALGERIE Aux tivés,
produits
si
du
variés
115
où 3.000.000 d'hectares sont
Tell,
faut ajouter les ressources spéciales
il
hauts Plateaux
celles des
du Sahara
et
cul-
même
dont on commence une exploitation très
,
productive.
Environ deux cents puits artésiens français, creusés dans
la
du Hodna et dans les bas-fonds sahariens, ont multiplié les champs fertilisés par l'irrigation au moyen d'eau jail-
plaine
oasis et les lissante.
Les puits sahariens. accepté la lutte contre
—
«
De
toute antiquité les Sahariens ont
climat et travaillé à
le
«
ressusciter la terre
»
à faire refleurir le sol aride. Bien avant que l'on ne forât des puits
en Artois, on en creusait dans l'Afrique septentrionale.
artésiens
L'indigène attribue la création des sources jaillissantes au souverain
mythique des premiers âges, Dou'l-Korneïn, Cornes le fds
^
,
que
de Jupiter
il
connaît
vert, »
le
prince aux
«
deux
légende confond souvent avec Alexandre devenu
Ammon. Aux
premiers âges, Dou'l-Korneïn per-
avec une tarière pour faire surgir les sources nouvelles
çait le roc
car
la
« la
comme
fontaine de la vie
l'oasis
aux hommes du désert
:s>
;
il
qu'il a fait naître. ,
et
est
immortel,
Mais
«
toujours,
n'apparaît plus
il
son œuvre ne fut continuée que par
descendants de ses premiers disciples,
formant
la
les
corporation
spéciale des ghethas ou plongeurs. Aidés du concours volontaire et gratuit de la tribu
prévoient fait
,
les foreurs
le jaillissement
de puits choisissent l'endroit où
ils
de l'eau souterraine, puis, après avoir
fumer un peu d'encens aux génies de
la
mer
inférieure,
ils
creusent la vasque superficielle et le trou cylindrique où s'amassent les
eaux corrompues du sous -sol. Attachés à des cordes en
de palme,
ils
se font descendre
au fond du puits
et
leurs couffins de terre et de sable, de débris rocheux,
nature des assises,
ébouleuses
môme
;
ils
et
fibres
remphssent suivant la
boisent en poutrelles de palmiers les parois
arrivent ainsi à
une profondeur dépassant 50, GO
75 mètres dans quelques puits, jusqu'à
la
généralement composée de pierre dure. Si l'eau
et
dernière couche, qu'ils
entendent
couler au-dessous d'eux brise son couvercle de roche par quelque fissure latérale,
naire
ils
ils
prévoient
peuvent être engloutis soudain; mais d'ordile
danger
et se font
remonter à temps, après
avoir brisé la pierre d'un dernier coup de pioche ou sous le poids
d'une lourde masse qu'ils laissent tomber de haut. Ces noirs fontainiers
du Sahar-a peuvent
rester cinq
minutes sous
l'eau.
LA FRANCE COLONIALE
116 «
science a modifié les procédés primitifs, et depuis 1856,
La
autres outils européens ont remplacé les couffins des
les tarières et
plongeurs. Sans avoir à descendre dans le puits de forage, l'ingé-
nieur français Jus put atteindre, à
Bahr-Tahtani ou
la
Mer
f(
séché de l'oued Rhir des marabouts
le
de
niètres de profondeur, le
»
qui coule sous
,
le lit
des-
première fontaine ainsi creusée reçut
et la
,
nom
traité d'amitié juré
inférieure
(30
Source de
«
désormais entre
la paix »,
en souvenir du
Sahariens et
les
les
Français,
créateurs des eaux vives; les mères y baignèrent leurs enfants
pour leur porter bonheur. Les Français, disaient les indigènes, avaient retrouvé c la tarière du prince aux deux Clornes la clef des ,
eaux souterraines cachée par
«
Végétaux. aujourd'hui
Pvome.
On
magiciens ^
les
— Les céréales sont
comme du temps où
le principal
»
produit de l'Algérie
celle-ci était l'un des greniers
de
récolte plus de 25.000.000 d'hectolitres de grains de toute
espèce.
L'orge, préférée pour les chevaux, au Heu de l'avoine qui serait trop échauffante, est ahmentaire
même
pour l'homme
porte surtout pour les pays à bière; son produit tient
rans, avec 10 milHons d'hectolitres. Vient ensuite le blé dur avec lequel on fabrique
importé d'Europe est assez
peu
et plus délicat.
cultivé
Les légumineuses très cultivées
par
on
:
:
le
tendre
le blé
(1
couscoussou d'hectolitres)
,
le
est
La pomme de
terre et surtout les
comme
pri-
France.
et la
en grand progrès aujourd'hui dans
d'Alger, Médéa, Miliana, Oran, Bône, pour
dont l'usage est interdit par cultivaient -ils
humide,
sorgho.
légumes des jardins de la plaine d'Alger s'exportent
La vigne
sol
fèves, lentilles, pois chiches et autres, sont
les indigènes.
meurs pour Paris
premier
le
Le maïs exigeant un
remplace par
le
miUion
,
(5 millions d'hectolitres), puis
elle s'ex-
;
que pour
Mahomet
:
du vin,
aussi les indigènes ne la
On compte
le raisin.
les districts
la fabrication
45.000 hectares de
vignobles produisant 800.000 hectolitres de vin. ij'olivier
prospère surtout dans
de Tlemcen; l'oranger,
commun;
le dattier
l'eau et la tête dans
1
la
Kabylie
le citronnier,
et
dans
des oasis, qui veut être cultivé le
feu
»,
donne
Elisée Reclus, l'Afrique seplenlrionale.
les
environs
à Blida; le figuier est très
à lui seul la
<r
le
pied dans
moitié de la nour-
ALGÉRIE du
riture
désert, outre
au tissage des nattes mier.
Un
et
que son son
117
Ijois sert
à la charpente, ses fibres
fruit à la fabrication
hectare de dattiers produit vingt
du vin
de pal-
dit
plus qu'un hectare
fois
de céréales.
Parmi
les plantes industrielles, le
tabac est en progrès, d'autant
plus que sa culture n'est pas soumise à la régie le lin est
du Sig
Le coton
aussi très usité.
et
de l'Habra
,
mais
il
comme en
croit très bien
dans
France
ne peut actuellement soutenir
currence étrangère; en revanche
l'alfa,
moment
la
con-
ou spita tenacissima , sorte
de graminée haute d'un mètre, croissant en abondance sur teaux, est en ce
;
les plaines
les pla-
du
exploité en grand pour la fabrication
papier, des cordages, tresses, sacs, tapisseries et tissus résistants.
graminées
L'alfa, le sparte et le diss, autres
de dix millions d'hectares bétail des
Les
;
textiles,
couvrent plus
pousses tendres sont mangées par
les
le
nomades.
forêts, bois et broussailles
tares et couvrent généralement
montagneux de
ont une étendue de 2.500.000 hec-
une
partie de
chacun des massifs
l'Atlas tellien, particulièrement l'Aurès.
Les princi-
pales essences sont le chêne-liège (275.000 hectares), plus abondant
en Algérie que partout ailleurs; pin d'Alep
en moindre quantité,
;
—
Il
est juste
importé d'Australie
et
que
sences diverses.
que
le
chêne vert, le
le
chêne zéen
et le
cèdre, le thuya et autres es-
de mentionner encore l'eucalyptus,
l'on plante
dans
les endroits
marécageux
l'on veut assainir.
— Le bétail,
Animaux.
l'une des grandes richesses de l'Algérie,
compte plus de 11.000.000 de
têtes, dont les dix-neuf vingtièmes
appartiennent aux indigènes et vivent aux pâturages. Les espèces sont généralement rustiques et de
taille
médiocre.
Les hêtes à cornes (1.200.000) sont petites, mais sobres bustes
;
solides,
les
mais ne donnent qu'une laine
7.000.000,
il
commune; au nombre
errent dans les steppes et les plaines du sud,
pourraient en nourrir trois
fois
plus.
de
qui
Les chèvres, relativement
nombreuses (2.500.000), comptent pour un et
et ro-
bœufs servent au labour. Les moutons sont grands,
tiers
dans
les
troupeaux
nuisent trop souvent aux forêts et broussailles; elles donnent
surtout
le lait;
on a introduit
porcs, maudits par
le
la
chèvre d'Angora à long poil. Les
Prophète, commencent seulement à trouver
(hoit de cité depuis l'occupation française.
Les chevaux algériens sont peu noml»roux (150.000);
ils
appar-
LA FRANCE COLONIALE
118
tiennent aux races barbe et arabe dont la réputation dernière surtout, est universelle et méritée
course
la
,
pour- cette
rien n'égale pour la
:
valeur de la jument arabe, petite, de
membrure
fine,
souple et vigoureuse, d'une sobriété, d'un courage et d'une douceur extraordinaires.
On compte
Les chameaux, ces
350.000 ânes
et mulets.
vaisseaux du désert
«
d
,
de l'espèce à une
bosse appelée dromadaire, sont au nombre de '220.000; toutes sortes de services
comme
somme, à lait et à viande. en moyenne 150 kilogrammes et le
nombreuse.
On
volaille est assez
du
ver à soie; les abeilles de la Kabylie
animaux sauvages,
les
,
lieues par jour.
essaye l'élevage de l'autruche
La
Parmi
donnent de bons produits.
le lion et la
panthère deviennent
plus rares; l'hyène et surtout le chacal se trouvent
dans
le Tell
;
le
rendent
bêtes de
Le chameau de charge porte chameau coureur ou méhari fait jusqu'à 30
et
ils
renard fenec, les antilopes,
nombreux jusque
les gazelles et les
autru-
ches, sont principalement dans le Sahara.
Industrie.
— L'Algérie
est
moins
industrielle qu'agricole, ce qui
s'explique par le défaut de bras et par la faciUté d'obtenir d'Europe les
produits manufacturés
on
:
se contente
donc d'exploiter
les
ma-
tières premières que l'on destine à l'exportation.
Sauf
combustible
le
qui paraît être rare
,
,
On
mines de toute espèce. Le fer y abonde.
en
l'Algérie est riche
exploite
du
fer
magné-
tique très propre à la fabrication de l'acier, dans le massif de Bône,
surtout
Hamra,
Mokta-el-Hadid, aux mines d'Ain- Mokra,
à
etc.;
raya dans
de l'hématite rouge à
Zakkar-Gharbi
le
,
dans
Çouma la
de Bou-
près de Boufarik, à Gou-
montagne des Béni-Saf
près
et
d'Oran.
Le
i^lornb argentifère s'exploite à
Gar-Rouban
et
au djebel Fil-
haoucen, près de Lalla-Maghnia; à Kef-oum-Teboul, près de Galle, et
au cap Cavallo, près de Djidjelh
Mines, à Aïn-Barbar
Batna; V antimoine et
(
;
le cuivre, à
la
Mouzaïa-les-
Gonstantine), et à Ghil-oum-Djin, près de
et le
zinc près de Guelma; le mercure à Taghil
près de PhiUppeville.
Le
sel est
extrêmement abondant
et s'extrait
de diverses manières:
des eaux marines dans la saline d'Arzeu et la sebkha d'Oran
mines de salés
sel
gemme
,
des
de Guerab, près d'Aïn-Témouchent, des lacs
ou chotts des hauts Plateaux
et
du rocher de
sel
d'Outaïa
(Batna). Il
faut citer encore le
marbre onyx d'Ain -Tekbalek, sur Tisser
,,
ALGERIE marbre blanc
occidental, le
119
statuaire de Filfila, près de Philippeville;
eaux minérales d'Aïn-Merdja
Vargile plastique de Kabylie; les
(Tafna), les Bains de la Reine, près d'Oran
Melouan, de
de l'Harrach,
la vallée
Les principaux produits fabriqués sont
Bône Guelma ,
Blida, Alger
tantine et à
Philippeville
,
les
;
Tlemcen
nages à Biskra,
les
;
les tapis à
couteaux
à Gonstantine
,
les cuirs
,
Mascara
(bains)
à Gonstantine
,
Aumale
,
maroquinés à Gons-
armes en Kabylie,
et les
femmes des
Alger, les vêtements brodés par les
hammam
Vhuile d'olive, àTlemcen,
:
les farines
;
pâtes alimentaires
les
;
Meskoutine, près de Guelma.
et
tribus
du
les
;
les
lai-
bijoux à
désert.
— Le commerce intérieur de province à province
GoMMERCE.
est
relativement peu considérable, car chaque province a des produits similaires Il
;
le trafic se fait
ne dispose d'aucun
n'existait
il
essentiellement entre le pays et l'extérieur.
canTil,
d'aucune rivière navigable.
aucune autre route que
les sentiers
En 1830,
de caravane, mais
l'administration française a depuis lors créé -12.000 kilomètres de
chemin, dont 3.000 kilomètres de routes nationales classées, desservies par des voitures publiques. elles les villes
du
Tell,
Non seulement elles
relient entre
mais une route va d'Alger à Laghouat, une
autre de Gonstantine à Biskra, et une troisième de Gonstantine à
Tébessa vers l'intérieur du pays.
Les chemins de
activement; 2.000 kilomètres
fer se construisent
de lignes sont exploitées. Une ligne longitudinale met en communi-
Oran avec Alger, Gonstantine et Tunis (sauf une intermomentanée en Kabylie). Des lignes transversales ou per-
cation directe
ruption
pendiculaires à la côte vont d'Oran à Sidi-Bel-Abbès, d'Arzeu à
Saïda
et
Mécheria sur
le
plateau (pour l'exploitation de l'Alfa), de
Philippeville à Gonstantine et Batna, de
Bône à Guelma
Des lignes télégraphiques (10.000 kilomètres) villes
du
Tell et s'avancent jusqu'aux confins
et
Tébessa.
relient toutes les
du Sahara. Le réseau
algérien est raccordé "avec le réseau français par les câbles sous-
marins d'Alger
et
de Bône à Marseille.
Le commerce extérieur de
l'Algérie
comprend
le trafic
par
mer
avec l'Europe d'une part, ot parterre avec les contrées limitrophes d'autre part.
dont les
les
Il
est
peu considéral)le avec
produits sont analogues, de
caravanes se sont détournées vers
notre occupation. Ge
commerce par
le
môme le
Maroc
qu'avec
Maroc
et la le
Tunisie
Sahara, dont
et le Tripoh,
terre consiste
depuis
en importation
de peaux, laines, dattes, gommes, plumes d'autruches et plantes
,
LA FRANCE COLONIALE
120
médicinales, que nous troquons contre du numéraire, du sucre,
du savon, des
armes, des articles de quincaillerie et de
tissus, des
mercerie.
Le commerce extérieur par mer est au contraire, en progrès très appréciable. D'une valeur de 8 millions en 1830, il monta en 1850 ,
à 94 millions, dont 73 à l'importation
et
21 à l'exportation
à 300 millions, dont 175 à l'importation
1884,
a atteint
il
et
en 1870
;
125 à l'exportation
485 millions, dont 342 à l'importation
;
en
143 à
et
l'exportation.
Les pays avec lesquels l'Algérie l'importation
:
la
France
,
pour
fait le
les 4/5
pagne, pour 1/12; puis la Norvège
,
;
plus d'échanges sont, pour
l'Angleterre,
l'Italie, les
pour 1/8
Pays-Bas,
la
:
l'Es-
Belgique
et les États barbaresques.
L'importation consiste en tissus
vêtements sucre,
,
surtout de coton et de laine
manufacturés
et autres objets
le café, la houille, la
;
,
puis viennent les vins, le
fonte et divers objets en fer.
L'exportation consiste en produits agricoles
:
céréales et farines
légumes de primeurs pour Paris, bestiaux, peaux, laines; poissons de mer, graines oléagineuses
et huile, liège et
bouchons,
vers textiles, minerais de fer et autres, marbre et
Le et
trafic
extérieur se
sel.
presque entièrement par
fait
d'Oran (chacun pour 35
0/0),
alfa et di-
les ports
d'Alger
de Philippeville (16 0/0), de Bône
(10 0/0); viennent ensuite, par ordre d'importance, les ports d'Arzeu,
Mostaganem, Bougie, Nemours, Beni-Saf, Cherchell.
jelli et
Ils
la Galle, Dellys, Djid-
sont surtout en relation avec Marseille et les autres ports
français.
Le mouvement des ports
algériens est de 4 millions de tonnes,
transportées par 9,000 navires, entrés ou sortis, naviguant pour les
deux
tiers
sous pavillon français, pour
un quart sous
pavillon
anglais, les autres sous pavillon espagnol, italien, norvégien, etc.
La marine marchande
spéciale de la colonie jauge 40.000 ton-
neaux.
Alger communique presque chaque jour par vapeur avec Marseille,
soit
Cette.
Oran
directement, soit en faisant escale à Port-Vendres ou à et Philippeville sont aussi
en relation régulière principa-
lement avec Marseille. Ces ports sont desservis par
les
paquebots des
trois
Transatlantique, Touach et Messageries maritimes.
compagnies
:
,
ALGERIE
121
ÉTYMOLOGIES DES MOTS ARABES ET BERBÈRES USITÉS DANS LA GÉOGRAPHIE DU NORD DE L'aFRIQUE
Add, au
pluriel, ahùJ, servi-
Ex. Abd-Allah, serviteur de Dieu. Abiad, Ahiod, au féminin Békia, blanc. Ex. Ouedel- Abiod, la rivière blanche. AssiF, Hassi, Haci, B., puits. Ai IRAK, pluriel Idraren, B., montagne. teur.
:
:
Ai;adir, ^\m\(i\ Igadlren, B.,
pays
ou
des
jujubiers
(Bône); Blida,
la
petite
fils,
tribus
phu"iel, heni,
berbères Beni-Mansour, fils du Victorieux. BiR, pluriel, biar, abiar, abar, :
puits.
Boghar, bou-ghar, caverne. BoRDJ, corruption du latin burgus, bourg, château ou
rocher, forteresse.
Ahmar, fém. Hamra,
rouge. AÏN, pluriel Aïoun, eau, som-ce, fontaine. Ex. AïnTémouchent, source aux chacals. AÏT, B., descendance, famille synonjTiie de Beniet Oulad, en arabe. Ex. Aït-Lhassen. :
;
:
Bou, abou, père
Bordj-bouel-Arreridj, château du père au plumet signifie aussi :
;
la position, la possession
:
Bou-farik, l'endroit du blé hâtif (.)ued-bou-merzoug, ;
rivière de la fertilité.
:
Akhal,
lée de l'orge.
noir.
Aksa, lointain. Ex.: Maghrebel-Aksa, l'occident lointain (le
Alma, Aman,
B., prairie.
B., eau, source; en arabe, grâce, pardon. Arab, arb, arbi, les Arabes. Arba, le mercredi ou 4*^ jour :
Souk-el-Arba, marché du mercredi. Areg, arig, sing. arga, dunes de sable. ASFAR, fém. safra, sefra, jaune. AziB, B., cabane, ferme. AzRAG, azreg, fém. zerga,
cheur,r8seau de montagnes.
Chergui,
pi. cheraga, orienChott-el-Chergui, le chott de l'est.
tal
:
Chiffa, rivière. Chott, schott, pi.
cîitout,
tout, rivage, et
cho-
par exten-
sion, lac salin qui se des-
sèche en été Chott -elDjérid, le lac des palmes. Dahra, nord, opposé à Gue:
porte, entrée. Bagdad, plaine nue. Bahar, liuhr, mer, lac,
ma-
rais.
Daya,
pi. diar, diour,
maison,
bled, terre,
pays, champs Beled-elDjérid le pajs des palmes Bled-es-Soudan, pays des noirs Bled-el-Anaba ville :
,
;
,
;
Cette
liste
est dressée
pi. :
Draa,
Dra, bras, colline Dra - el - Mizan allongée bras de la balance. Drinn, graminée à grain comestible. Eghris, Egris, plaine, de Gheris, troupeaux. El, article le, la. L se change en 11, r, t, s, lorsque le mot suivant commence par ces :
lettres Abd-er-Rhaman. Fahs, campagne, champ. Fedj, pi. Fedjoudj, passage, col.
Fogara,
puits à galerie
ou
canal souterrain. FoNDOUK, caravansérail, auberge. Village près d'Alger. FouM, bouche, entrée, défilé. G. La lettre G dans les mots lierbères surtout est gutturale et se remplace souvent par R. Ex. Rhir pour Ghir, :
Rhadamès pour Ghadamès. Galaa, Kalaa, forteresse :
Coléa.
Gour, butte dans
pi.
la plaine.
Garaa, Guérah, bas -fond,
dhaija, prairie
humide,
bas-fond, mare. Dhar, dahr, dos, versant, cime. Dira, comme Adrar. Djebel, montagne DjebelChegga, monts des crevasses. :
BÉlDA, blanche. Belad, hlad, beled,
joli.
Djezaïr, île, presqu'île Al-Djezaïr, les îlots (Alger). Djoun, baie, golfe. Djurdjura, jurjura, glouglou, cascade V Douar, groupes de tentes,
Gara,
bla, sud.
Dar,
Djezira,
:
cherb. crête. cherbket, filet do pê-
station.
bleu.
AzROU, B., roche. Bab, pluriel, bihàn, ahouad,
'
Chareb, Chebka,
Cheikh, chef, vénérable. Cherchar, cascade.
Maroc).
Djemel, chameau,
village.
fort.
Akhdak, fém. Khadra, vert. Chaaba, chabet, chab, ravin, Akba, montée, coteau. gorge. Akbou, Kouhha, coupole, Chaïr, orge Oued-cliaïr, valmausolée.
et vendredi (jour de réunion dans la mosquée);
école.
ville.
Ben,
^
étang.
Guar,
pi.
verne
:
G hirân, grotte,
ca-
Boghar.
Gharbi, rharbi, occidental
:
Chott-el-Gharbi.
Gharia,
forteresse.
:
GHÉDiR,j-V?iV, trou plein d'eau. (ihourd-esGUOURD, dune
Djema, Djemmaa, réunion,
Sba, la dune du lion. GouM, contingent de cavaliers
Oued-Djedi, Djedi, sable rivière du sable. conseil, et par extension,
mosquée (lieu de la réunion)
d'après JlaUebrun, le ffûnéral
:
pour une ex))édition. GiEBLl, méridional.
Parmentior, M. Duveyrier, M. Clicrbonncau
(Revue de Géo'jraphie) et M. Kli8(^-e Reclus ( l'A/nqnc geptcntiionaJe). On y adopte ordiiialrerucnt l'ortlii)grai)lie des documents ofliclols sur l'Algérie mais il est bon d'observer que l'on n'est pas d'accord sur la nianltTc do transcrire les sons arabes par des lettres franc^alscs et que de nombreuses variations existent. dciniions locales Pour Ctre bref, nous ne ici que les définitlims, avec des oxeinpUs pour quelques noms seulement la lecture dos chapitres de l'Algérie et do la Tunisie fnurnlt l'occasion d'y trouver des applications nombreuses. La lettre B marque les mots d'origine berbère. ,
;
:
LA FRANCE COLONIALE
122
]\L\di:r, b., plaine, confluent. OuM, oumm,TCiltT(i; en topoGuERN, Korn, pointe, pic. graphie, lieu, même sens Mafrag, séparation. GuKTAR, source lente. que bou. Haad, dimanche Tcniet-el- Maghreb, iMor/reb, occident :
;
à l'ouest de l'Égj^jte, pour les Arabes. Magrousi, carrefour des chemins.
OoRTi,
Haïk, ample vctemeiit. Hallodf, sanglier.
Mahalla campement.
Hamada,
Maléh, melah, milh, sel, salé. Mansodr, fém. mansoura,
Ras, raz, pi. vous, tête, cap, chef Seba-Bous, sept caps. RiF, pi. riouf, rivage, lieux
Ilâad.
Hadjau, pierre, roche. Hadj, pi. Iladjadj i)èlerin ,
de la Mecque.
,
Maïz,
plateau rocailleux
et désert, causse.
Hamma
thermale
source
,
hammam,
pi.
thermes
:
Hammam-Meskoutine,bain des Maudits.
Hanout,
Haounit,
pi.
les
tombeaux.
Hassian,
pi.
puits
la brassée, ce qui est
contenu dans
le bras plateau encaissé. ICH, yich, B., corne, cime. Idelès, le diss, sorte de graminée Dellys ? In, B., c'est la prép. dans In Salah, le paj's de Salah. ,
:
:
Kalaa, forteresse. Kalhil, noirâtre.
plaine.
cultivés.
Reg,
victorieux.
merhout, sing. lié à mérabline, dévoué quelqu'un, sacré. Marsa, mersa, mers, port, havre, ancrage. Mascar, maascar, le camp Mascara. ,
Matmor, silo, grenier. Mechera, chemin de l'abreuvoir, gué.
le sable.
Hodna,
de hortus, jardin.
:
:
Haodch, ferme. Harrouch, broussaille. Hassi, dans
maza, chèvre.
hammamat, [Marabout,
source,
l)ain,
;
pi.
B.,
OusTii, centre, milieu. OuTA, outaya, la grande
sol
ferme, plat.
Remel, roumel,
sable.
RouM,
roitmi, fém. roumia, les Romains, et par extension, les Chrétiens.
Saada, sada, fém. saida, bonheur.
Safra, fém. de J..9/ar, jaune. Safsaf, saule, tremble. Saguia, canal d'irrigation. Sahara, plaine vaste et im-
productive. Mechouar, salle du conseil. Sahel, rive, littoral. Mechta, quartier d'hiver. Médina, medinet, pi. modon, Sebkha, dépression ou ville, et aussi terrier, clapier.
lac
salé.
Senn, dent, cime aiguë. Medjaz, gué, passage. Méhari, pi. meJiara, chameau Sera, serra, cime, crête. de
Serir, seghir, petit.
selle.
Melghir, spongieux. Merdj, pi. Moroudj, pré marécageux, herbage.
SiDi, si, seigneur, sieur. SiF, sabre, crête de dune. Smala, réunion de la famille,
des serviteurs et des trouMerzoug, messaouad, mipeaux. moun, prospère, heiu'eux. Gucntra, pont. Souk, marché et bazar. Mezar, lieu de pèlerinage. Kasbah, kashat, citadelle. MiA, miyâ, cent Oued-Mia, SouF, B., même sens que oued. KoBOR, tombeau. rivière aux cent bras. SouMiNA, minaret, tour. KÉBiR, grand Oued-el-Kébir. MiLiANi, abondante, remplie. SoUR, rempart, mur d'enKÉDiM, ancien.
Kantara,
Gantra,
pluriel
:
:
Kef, kaf, Khalifa,
pi.
hlfân, rocher.
calife, lieutenant,
suppléant.
Khamis,
le 5"
jour de la se-
maine, jeudi.
MiTiDJA, la Couronnée, l'Entourée (de montagnes?)
MouzAÏA, enflée, gonflée. MsiD, endroit giboyeux. MsiLA, le torrent.
Naam, autruche. Khang, hheneg, gorge, col. Kharba, hherba, kroub, ma- Nador, tour de guet,
vigie.
Nar, cours d'eau.
sure.
Knatir, arcades ou aqueduc. Nakhla, pi. nakhal, palmier, palmeraie. Khou, pi. Khouan, fi-ère,
sition à la plaine déserte.
NAiious, moustiques.
confrères.
ceinte.
Sunnite, de sunna, tradition. Tabia, clos, enclos. Tadrart, b., montagne. Tala, source, fontaine. Taleb, pi. tolba, lettré. Tare, extrémité, promontoire. Tayeb, fém. taiba, bon. Tell, tel, de tellus, colline, terre productive, par oppo-
KouBBA, coupole, tombeau Nebka, colline de sable, dune. Ténia, teniet, col, défilé. élevé à un marabout. Nezaa, nza, tumulus, endroit Tessala, broussailles. d'un crime. KsAR, pi. ksour, château, Tit, b., source. bourg fortifié, plus ordinai- Ogla, réunion de plusieurs Tizi, B., col Tizi-Ouzou, :
rement village entouré de murs.
Lalla ou
Iclla, B.,
dame
vé-
nérée, sainte.
Ma, pi. miah, amia, Mabrouk, béni.
eau.
Macta, mockta, carrière, chée, gué.
OuAD, oued, ouadi,
pi. ottidan,
Trik, chemin, route.
rivière, torrent;
par exten-
Touta, mûrier. Zaouïa, école, centre
sion, lit
à sec ou dépression,
gieux.
vallée, fosse.
Ouled, oïdad, oualad, tran-
col
des genêts.
puits.
les
lils
de...
Odldja, champ du labour.
Zemla, dune allongée. Zeriba, de zerb, haie. Zerzour, étourneau.
reli-
TUNISIE
CHAPITRE
I
NOTICE HISTORIQUE Nous ne pourrions mieux résumer l'histoire ancienne de qu'en empruntant
«
Ce
royaume de Tunis,
petit
dues à Ma^ Lavigerie, actuel-
les lignes ci-après,
lement cardinal-archevêque d'Alger
Tunisie
la
et
de Carthage.
dit le
.
savant prélat, appartenait,
dès l'origine, à l'ensemble des contrées de l'Afrique du Nord con-
nues sous
dénomination générale de Libye. C'est
la
donnent nos Livres toire profane. les «
saints, et après
eux Hérodote,
nom que
le
père de
Les Libyens ou Laahim étaient, d'après
la
leur
l'his-
Genèse,
descendants de Cham.
Une
race préhistorique a laissé les traces de son passage en
reste,
monuments mégalithiques qui se en grand nombre dans toutes les régions
depuis
la
Tunisie dans
a
le
les
retrouvent, du
qui
s'étendent
Gyrénaïque jusqu'au détroit de Gibraltar.
D'après
les traditions locales recueillies
par Salluste, des armées
confuses de Perses et de Mèdes se jetèrent plus tard sur après avoir traversé
le
nord de l'Arabie
le
et celui de l'Egypte,
pays,
où
les
habitants ne leur permirent pas de s'établir. Poussées par l'entraî-
nement de
la
conquête jusqu'au delà du détroit de Gibraltar, mais
arrêtées par les belliqueuses populations des Gaules, elles
revin-
rent sur leurs pas et s'établirent définitivement dans l'Afrique
Nord, entraînant sans doute avec qu'elles
avaient
d'abord
(ki
elles une partie des populations
vaincues.
C'est
ce
qui explique, avec
LA FRANGE COLONIALE
124
l'usage
des Carthaginois de lever partout
cenaires,
et
des
légions
avec l'invasion ultérieure des Vandales,
la
de merprésence
parmi nos populations africaines de types nombreux des races du nord. D'autres peuplades, chassées de la Palestine et de la Syrie, sui-
«
virent la
même
route qui fut pendant des siècles, celle des grandes ,
migrations de l'Asie occidentale, et se mêlèrent aux premiers vainqueurs. Enfin, chose très peu remarquée et qui expHque néanmoins
Carte de
quelques
faits
la
Tunisie.
des temps postérieurs et
même
de l'époque contem-
poraine, des troupes nombreuses d'Israélites vinrent, toujours en suivant la
un
certain
môme
voie, à l'époque des désastres de la Judée, habiter
nombre des
points de l'Afrique, où elles formaient des
tribus séparées. Elles ont en partie subsisté jusqu'à nos jours. ville
de Tunis compte en ce
moment
35.000
La
juifs indigènes. Il s'en
trouve, assure- 1- on, plus de cent mille dans la Tunisie, où leur influence s'accroît chaque jour,
de
comme
en Algérie, par
la
puissance
l'or. «
les
Pendant que
l'intérieur se trouvait ainsi
unes sédentaires
,
les autres
nomades
,
occupé par des tribus,
selon leurs diverses ori-
gines, le littoral devenait le siège de comptoirs puissants, formés
,
LA FRANGE COLONIALE
126
par Tyr
mêmes
maritimes de ces
et les villes
régions de
l'Asie
d'où étaient venues autrefois les populations de l'intérieur. C'est ce que mettent chaque jour davantage en lumière les études poursuivies avec persévérance depuis notre occupation algérienne.
comment les nombreux comptoirs phéniciens Meninx Cercinna Thenœ Leptis Abrotonum
Cela explique aussi
de
Tunisie
la
:
,
,
Thapsus Adrumète Aspis ,
,
le plus célèbre
enfm
,
de tous
,
Neapolis
Carthage
,
,
Nepheris
,
,
ont
si
,
Tunis
Utique
,
et
facilement trouvé à
établir autour d'eux leurs relations commerciales et à se créer des alliés.
« L'histoire
besoin de
actuelle. Inutile
par
s'assujettit,
qu'elle
toutes les
alliances,
soit
rappeler à nos lecteurs.
savent
Ils
«
la
pohtique de Carthage est trop connue pour qu'il
son
commerce
ses
et
côtes et la plus grande partie de la Tunisie
de rappeler
comment
cette république, qui
domi-
nait par son admirable situation maritime le reste de l'Afrique et les îles
de
la
craintes
de
celle-ci livra à sa rivale le duel gigantesque
où
Méditerranée, excita
Rome, comment
la jalousie
et les
termina par les victoires de Scipion
elle faillit périr, et qui se
et la
ruine de la patrie d'Annibal. Je remarquerai seulement que ce long travail des siècles avait
«
un but providentiel, et que l'Afrique du Nord se trouva ainsi réunie au monde romain au moment précis où celui-ci allait recevoir l'Évangile et le répandre par les envoyés de Pierre et de ses suc-
cesseurs.
faudrait maintenant, avant de parler de nos souvenirs chré-
« Il
dire
tiens,
ce qu'elle était au point de vue religieux et
lorsque l'Évangile y fut prêché. C'est là, en qui peuvent car
et
doivent intéresser
que
n'est autre chose
il
pour ramener à
lui
encore, je ne puis, vous
le
et
effet,
un
des aperçus
plus des lecteurs chrétiens,
la constatation
âmes
les
le
moral,
les
du
travail
de Dieu,
nations perdues. Mais,
comprenez, qu'indiquer
les
ici
sommets
des choses. a
Tertullien montre, les
llagelle
erreurs
croyances et celui des
et
dans
les
les vices
mœurs
écrits substantiels et forts
de son temps,
étaient
,
à Carthage,
où
il
que Tétat des
comme
la résul-
tante des éléments divers que chacune des invasions successives
dont
j'ai
« Il
parlé avait portés avec
elle.
y constate tout d'abord l'idée de Dieu, qu'il a, le premier,
TUNISIE appelé éloquemment
ùme naturellement chrétienne. On monuments mégalithiques des plus
d'une
le cri
retrouve jusque dans les
la
127
anciens habitants de nos contrées.
Tyr porta naturellement
«
maintint à Carthage ses superstitions
C'étaient ceux-là
et ses dieux.
noms
et
mêmes dont
Baal ou Moloch,
céleste.
On
comme
Mais rien de cruel
immolait à Saturne,
de sang-froid,
et
«
leurs propres enfants.
«
enfants des pauvres et les égorgeaient
«
la
un soupir
« «
le
au
comme
les
de tendres agneaux
;
sans jeter une larme ni pousser
sacrifice,
lui faisait
la statue, était
perdre
nombreuse de musi-
placée une foule
«
ciens qui jouaient de la flûte et d'autres instruments,
«
pêcher qu'on entendît
Rome, après
«
sachant
le
Ceux qui n'en avaient pas, achetaient
moindre signe d'attendrissement
le
à Tanith,
prix du sacrifice, et elle ne sauvait pas son enfant. Cependant,
autour de
«
;
en
la
Plutarque, que les Carthaginois immolaient
dit
((
assistait
« C'était
:
rendu
le culte
et peut-être aussi
des victimes humaines et surtout des enfants.
mère
des Phéniciens
Saturne des Romains, Astarté ou Tanith,
le
Vénus
déesse ou
à ces divinités.
sous des
est parlé,
il
divers, dans les saints Livres, à propos
les cris
noms de Saturne
et
de Vénus. Telle
»
ses dieux avec leurs
sa conquête, apporta tous
qui firent revivre celles de Baal et
infamies,
pour em-
de ces malheureses créatures.
d' Astarté
sous
les
de
était la situation religieuse
région de Carthage au premier siècle de notre ère.
la
Une
«
tradition, conservée par de graves écrivains des premiers
siècles, veut
que saint Pierre lui-même
soit
venu
visiter l'Afrique
et y porter les prémices de la foi. Nous l'apprenons de Flavius Dexter, évêque de. Barcelone, contemporain de saint Jérôme, qui en
a
fait l'éloge et
auquel
dans sa chronique
lit «
qualité de vicaire
«
partit ((
il :
a dédié son livre «
du Christ,
pour V Afrique
fils
Joseph;
et
ils
viris illustribus.
l'Egypte.
On
Pierre,
se rendit en Espagne...
Les ménologes grecs y font venir
de son
De
Année de Jésus -Christ, 50.
De
là,
en il
»
Samaritaine, en compagnie
la
auraient habité Carthage, y prêchant
le
que, dès
le
Christ. «
Quoi
qu'il
en
soit
milieu du second
de ces traditions,
siècle,
il
se tint à
il
est certain
Carthage un concile où se
trouvaient réunis jusqu'à soixante-dix évéques.
Mgr Lavigerie passe en revue cliristianisine à
l'histoire
travers les persécutions
»
de l'établissement du
des empereurs romains
,
LA FRANCE GOLO^JIALE
128
d'abord, puis des Vandales ariens (vc siècle) et des Arabes musul-
mans
Ensuite
(vii° siècle).
à ce propos une énumération des
fait
il
lieux et des faits historiques qui intéressent
mais qui sont, pour ainsi
gion,
dire, les
non seulement
la reli-
antécédents de l'occupation
française de cette partie de l'Afrique. C'est pourquoi nous la repro-
duisons
tout en abrégeant les détails
,
Ce court résurné de tant de
«
à montrer
suffit
combien notre
au monde chrétien. Je
:
de catastrophes
,
le
souvenir,
poussière,
la
le
répète, Carthage et le
comme un immense
sont
d'elle
reli-
mais où tout
sans doute,
quaire, longtemps oublié et profané
garde
d'héroïsme
,
terre tunisienne doit être vénérable
déjà dit, je
l'ai
qui va dépendre
territoire
foi
sang des serviteurs de Dieu,
le
et
de notre devoir de remettre en honneur. Les chrétiens
qu'il est
d'Europe qui viennent en Tunisie, soldats,
le
et
jusqu'à nos officiers et nos
comprennent déjà pour Carthage,
et
ne peuvent con-
templer sans émotion, du haut de Byrsa, l'ancienne acropole, notre Saint- Louis actuel, les ruines qui les entourent et qui toutes
noms,
rappellent les
Et déjà, à Byrsa
«
les vertus, le
môme, où
martyre des
saints.
étaient le palais
du proconsul, son
prétoire, les prisons publiques, quels souvenirs touchants et
parables et
du second
C'est là qu'avant la fin
!
comparurent ces martyrs
scilli tains
incom-
enfermés
siècle, furent
qui, les premiers,
entendre à leurs juges sur la terre d'Afrique
langage de
le
firent
la liberté
des âmes. C'est là encore que saint Cyprien comparut une pre-
mière «
fois
même
au
tribunal, et
Je suis chrétien et évêque le
«
qu'ils
renferment,
mées avec de
;
je
seul vrai Dieu qui a créé
«
leurs
d
:
ne connais point d'autres dieux que
le ciel
,
la terre et la
que Perpétue
C'est là
compagnons,
entendre ces belles paroles
fit
se
mer,
et tout ce
et Félicité furent enfer-
montrant au-dessus des
faiblesses
la nature. «
Non
loin
de Byrsa, voici l'amphithéâtre
étaient livrés
aux bêtes, où
cette passion
du sang
fessions.
Sur
la voie
saint Cyprien. ville, les
lien,
où
A
et
saint
Augustin
des spectac>as dont
des Mappales, est
quelques
jets
où
les
s'assit tout il
chrétiens
brûlant de
parle dans ses
le lieu
de
la
Con-
sépulture de
de pierre, en se rapprochant de
la
anciens cimetières chrétiens, ces arecC dont parle Tertulles fidèles célébraient leur culte
Près des anciens remparts (juatre cents
,
on
au temps des persécutions.
voit la place
où
s'étaient réunis les
évêques catholiques qu'Hunéric avait mandés à Car-
TUNISIE
129
thage sous prétexte de discuter de la foi avec ses ariens, et qu'il envoya tous en un même jour en exil, après en avoir fait écraser plusieurs sous les pieds de ses chevaux.
Dans
l'intérieur
de
la cité,
^^^^^^^^^«^S^^^^^^!^^^^^^^^^^^!^^^^[^
c.x^xv^v>c<SÎOXS^*^^^*;:*v^
Tuiii^ieni.e cl son cnCanl.
et
où
presque toutes ensevelies dans
le
sol
se tinrent tant de conciles, lumières
,
les
ruines des basiliques
du monde
chrétien. Enlin
près de la place Neuve, au haut des grands escaliers conduisant
LA FRANCE COLONIALE
130
des quais aux plus Ijeaux quartiers de Carthage, l'emplacement des
thermes de Gargilius, où Augustin, Possidius, Alype, soutinrent victorieusement la
catholique contre les Donatistes,
foi
sous la
présidence du tril^un Marcellin, qui devait payer de son sang son
courage et sa droiture.
Mais
«
je
ne parle que de Carthage, alors qu'un
si
grand nomhre
d'autres églises réclameraient leur place dans ce tableau. « Il
montre l'immensité de l'œuvre de
faut savoir, et ce chiffre
réparation qui nous est confiée, qu'il n'y avait pas moins de trois cent cinquante-trois évêchés, dont les
dans
la
Taharka,
«
Hippone-Zavyte,
le
rivage de la mer,
mar-
l'Algérie, rappelle les trois
tyrs dont Victor de Vite a raconté
la
sont encore connus,
première qui se rencontre sur
la
en dehors des limites actuelles de
«
noms
seule Tunisie actuelle.
la lutte et la
la Bizerte actuelle,
mort bienheureuse.
a sa sainte Restitute, dont
légende ressemble à celle de plusieurs saints d'Afrique.
Utique
«
et sa
masse blanche. Massa Canclicla
martyrs dont
trois cents
les
:
cette
corps furent plongés dans
masse de chaux
la
blancs par leur innocence, autant que par leur sépulcre,
vive,
comme le
dit saint
Augustin dans
le
discours qu'il a consacré à leur
mémoire. Tunis, avec sa sainte Olive,
«
force à sa patrie
ébranler sa
martyrisée
sous
ravie de
tyrans qui ne purent
les
foi.
Maxula,
«
et
la vierge palermitaine,
Rhadès
la
actuelle, célèbre
martyrologes ont donné son
par
les
héros auxquels les
nom, martyres maxulitani , par
cor-
ruption Massylitani.
Kourha,
«
et
où
il
la
Curubis antique,
par
l'exil
de saint Cyprien,
eut la vision fameuse qui lui annonçait son martyre.
Hadrumèle ,
«
illustre
la
elle aussi, la terre
Sousse actuelle, que l'on peut vraiment appeler, des saints. C'est de là que sortirent saint Mavilus,
saint Vérule, saint Victorien, avec vingt-deux autres martyrs
et les
plus illustres de tous, saint Boniface et sainte Thècle. «
et
Ruspc
ei Vile
de Cercina où saint Fulgence, accablé d'années
de fatigues, voulut se retirer dans
construit
un monastère pour
combat où en ce dans
il
se préparer
les souffrances
et
où
il
avait
au dernier combat, ce
ne demandait à Dieu que deux choses
monde durant l'autre. »
la solitude,
de son agonie
:
« la
et la
patience
miséricorde
TUNISIE «
Gafsa,
poste
le
131
plus avancé qui soit aujourd'hui occupé par
le
nos troupes, patrie des six martyrs Boniface, Rogatus, Libérât, Rusticus, Septimus et Maxime. «
Thuburho,
la
Tebourba
actuelle, avec ses martyrs
son saint Servus qui
et surtout
souffrit
un martyre
nombreux,
inouï, impos-
sible à décrire. «
Sicca, le Kef actuel, patrie d'Arnobe, où, par l'ordre d'Hu-
néric, fut réunie la troupe généreuse des 4.966 martyrs qui furent
chassés dans les déserts au milieu des nomades, dans des conditions de cruauté d'une part, d'héroïsme de l'autre, qui
ne sau-
raient être assez célébrées. c(
Que de noms, néanmoins,
j'aurais à citer encore!
d'Utique, et ses deux martyrs Félix et Gennadius
TheudaUs, avec son
saint Félix; la
Uzalès, près
Thimisa, avec
;
Habetdeus, durant
saint évêque
persécution vandale; Membressa, avec ses quarante -trois mar-
parmi lesquels
tyrs,
Lassa
;
Vaga,
la
Ammon,
puis Émilien, Didyme,
Pœmus
Béja actuelle, et les martyrs qui portent son
Culcitanum, avec sa nombreuse troupe de confesseurs de son intrépide sainte Victoire; Abbenza,
et
les saints
de son
nom
les donatistes;
héroïques femmes,
son évêque
saint
;
Carpi, et ses
Perada,
et
les saintes
Papinien
;
la foi et
son évêque, saint Valé-
rien, victime de la persécution de Genséric;
par
et
nom;
Thimkla-Regia , avec
nombreux martyrs mis
son évêque, saint Germain,
à mort et trois
Dionysia, Dativa et Léontia; Vita et
Sufès,
la
Sbiba actuelle, avec
ses
soixante martyrs; Nepte, la Nefta moderne, avec saint Lactus, son
évêque; Tambaica, avec ses deux frères que
même «
Mais
Dans
la
foi
unit dans
un
triomphe.
les
c'est
assez parler des temps anciens
du christianisme.
longs jours de mort qui suivirent l'invasion
musulmane,
que de noms nous aurions à mentionner, depuis ceux des disciples de saint François jusqu'aux fds de saint Vincent de Paul religieux de la Trinité et de la Merci «
dans des
Enfin,
par sa mort
les
par sa captivité
et saint
!
monde,
plus chères encore à la
Vincent de Paul;
miracle de sa charité
le
de voir
la
foi
second illustrant
la ville
Tunis. Saint Louis adressant à Dieu cette parole «
premier sanctifiant
le
ruines de Garthage, en 1270; et le
aux
temps plus rapprochés de nous, comment
oublier deux figures chères au
France, saint Louis
et
chrétienne prôchée à Tunis
!
:
»
«
musulmane de Oui
Saint
me
donnera
Vincent de
,
LA FRANCE COLONIAI.E
132
Paul convertissant un renégat
comme un
trophée
' .
ramenant on France avec
et le
lui
»
Saint Vincent de Paul lui-môme, dans une lettre à
M. de Commet,
avocat au présidial d'Acqs (Dax), raconte sa prise par les corsaires et sa captivité
à Tunis. Ce récit, dont
a été conservé, peint bien les et
mérite de trouver sa place
mœurs
sinon l'orthograplie,
le style,
de celte époque du xviie siècle
ici.
Saint Vincent de Paul a Tunis.
—
Étant sur
«
partir de Marseille par terre, je fus persuadé par
avec qui
vu
m'embarquer avec
logé de
j'étais
faveur du temps qui
la
était.
pour épargner, ou, pour mieux
jusqu'à Narbonne,
lui
être et
pour n'y jamais être
et tout
je
fis
perdre. Le vent nous fut aussi favorable qu'il
rendre ce jour à Narbonne (qui
Dieu n'eût permis que de Lyon
,
un gentilhomme
pour plutôt y
Ce que dire,
point de
le
était faire
fallait
pour nous
cinquante lieues),
trois brigantins turcs qui côtoyaient le golfe
pour attraper
les
barques qui venaient de Beaucaire
y avait une foire que l'on estime être des plus belles de
il
tienté,
ne nous eussent donné
que deux ou
même moi le reste
chasse et attaqués
la
si
,
où
la chré-
vivement,
trois des nôtres étant tués et tout le reste blessé, et
qui eus
de
si
ma
félons et pires
un coup de
flèche qui
me
servira d'horloge tout
vie, n'eussions été contraints de
que
nous rendre à ces
Les premiers éclats de leur rage furent
tigres.
de hacher notre pilote en mille pièces, pour avoir perdu un des principaux des leurs, outre quatre ou cinq forçats que leur tuèrent.
Ce
fait,
ils
les
nôtres
nous enchaînèrent après nous avoir gros-
sièrement pansés, et poursuivirent leur pointe faisant mille voleries,
donnant néanmoins
à ceux qui
liberté
se rendaient
sans
combattre, après les avoir volés. Et entin, chargés de marchandises,
au bout de sept ou huit jours,
ils
prirent la route de Barbarie,
tanière et spélonque de voleurs sans aveu arrivés,
ils
du Grand Turc, où,
étant
nous exposèrent en vente, avec procès -verbal de notre
capture, qu'ils disaient avoir été
dans un navire espagnol,
faite
parce que, sans ce mensonge, nous aurions été délivrés par consul que
le
roi
tient
là,
pour rendre
libre le
le
commerce aux
Français. Leur procédure à notre vente fut qu'après
eurent dépouillés
une hoqueton de
'
,
ils
qu'ils nous nous baillèrent à chacun une paire de braies
lin avec
M"R LAViGEnJE, Annales de
la
une bonnette,
Propagation de la
et
nous promenèrent par
foi, avril
-mai 1885,
,
TUNISIE la ville
ayant
où
de Tunis,
venus pour nous vendre. Nous tours par la ville, la chaîne au col, ils
étaient
ils
cinq ou six
fait faire
nous ramenèrent au bateau,
manger
qui pouvait
n'étaient point mortelles.
où
afin
Ce
les
nous ramenèrent à
fait, ils
marchands nous vinrent
les
marchands vinssent voir pour montrer que nos plaies
que
qui non, et
et
133
la place
que
l'on fait
la
sondant nos plaies
,
,
cheminer
même
ou d'un bœuf, nous faisant ouvrir
à l'achat d'un clieval
pour voir nos dents palpant nos côtes faisant
de
visiter tout
bouche et
nous
pas, trotter et courir, puis tenir des fardeaux,
le
puis lutter pour voir la force d'un chacun, et mille autres sortes
et
de brutalités. «
Je fus
vendu à un pêcheur, qui
bientôt de moi,
depuis, par
pêcheur à un
le
me
cherche de
homme
sir.
Il
humain
fort
et traitable,
avait travaillé cinquante ans à la re-
disait,
occupation
était
neaux, en quoi. Dieu merci, m'aimait fort
puis de sa
médecin spagirique, souve-
pierre philosophale.
la
Mon
«...
défaire
contraire que la mer, et
si
vieillard,
rain tireur de quintessences, lequel, à ce qu'il
contraint de se
fut
pour n'avoir rien de
de tenir
et se plaisait
loi, à laquelle
il
feu à dix ou douze four-
le
je n'avais plus
faisait
me
de
de peine que de plai-
discourir de l'alchimie et
tous ses efforts de m'attirer,
me
jDromettant force richesses et tout son savoir. Dieu opéra toujours
en moi une croyance de délivrance par lui faisais, et à
quelle je crois «
Vierge Marie, par
la
fermement avoir
les assidues prières
Je fus donc avec ce vieillard
,
depuis
le
mois de septembre 1605
tan pour travailler pour lui, mais en vain, car les
qui
me
chemins.
comme M.
pour recouvrer tous
mourut de regret
son neveu, vrai anthropomorphite
de Brèves, ambassadeur pour
les esclaves chrétiens.
ennemi de nature, m'acheta
ainsi s'appelle le
Seigneur; car
de celui-ci
chaud
il
sul-
le roi
en Tur-
avec bonnes et expresses patentes du grand Turc,
venait
Savoie,
laissa à
mené au grand
revendit bientôt après la mort de son oncle, parce qu'il
ouït dire
qui,
me
Il
je
la-
été délivré...
jusqu'au mois d'août prochain, qu'il fut pris et
par
que
seule intercession de
la
bien que l'on tient
là le
était
et désert.
Un
renégat de Nice en
m'emmena à son lemat, comme métayer du Grand-
et
peuple n'est rien, tout est au sultan. Le temat
dans
la
monlagiie, où
L'une des
trois
chréliennc, mais schisinaliijne,
le
pays est extrêmement
femmes qu'il avait élait grecque une autre élait turcjuc, qui servit
,
I.A
134
à la miséricorde de Dieu pour retirer son mari de
d'instrument l'apostasie
esclavage.
remettre au giron de l'Église et
Curieuse qu'elle
était
un jour,
elle
me commanda
ressouvenir du d'Israël captifs
que
mari,
mon
Dieu. Le
Quomodo cantabimus in terra aliéna des enfants me lit commencer avec la larme 'à
en Bahylone
,
,
Elle ne
merveille.
c'était
le soir,
je fossoyais, et
de chanter louanges à
gina, et plusieurs autres choses, en quoi sir,
délivrer de son
champs où
psaume Snpcr flumina Bahylonis,
l'œil le
me
de savoir notre façon de vivre,
venait voir tous les jours aux
me
elle
le
,
FRANCE COLONIALE
qu'il avait
et puis le
manqua
Salve Re-
prenait tant de plai-
elle
point de dire à son
eu tort de quitter sa
religion,
qu'elle
estimait extrêmement bonne pour un récit que je lui avais fait de notre Dieu et quelques louanges que j'avais chantées en sa pré-
sence; en quoi, disait-elle,
elle avait
eu un
si
divin plaisir, qu'elle
croyait point que le paradis de ses pères et celui qu'elle espé-
ne
un jour
rait
le plaisir qu'elle
qu'il y avait
glorieux,
fût si
ni
accompagné de
avait pendant que
je louais
tant de joie,
mon
que
Dieu, concluant
quelque merveille...
« Son mari me dit, dès le lendemain, qu'il ne tenait qu'à une commodité que nous ne nous sauvassions en France mais qu'il y donnerait tel remède dans peu de temps que Dieu y serait loué. ,
,
Ce peu de jours furent dix mois
qu'il m'entretint
dans ces vaines
fm exécutées espérances, au bout desquels nous nous sauvâmes avec un petit esquif, et nous nous rendîmes, le 28 juin,
mais à
la
à Aigues-Mortes'.
La
«
»
Vincent de Paul avait duré ainsi près de
captivité de saint
deux ans, du 26 ou 27 en France,
il
juillet
1605 au 28 juin 1607. De retour
n'oublia jamais la contrée où
il
avait
esclave, et, au milieu des grandes et immortelles treprit plus tard pour
le
gémi comme
œuvres
qu'il en-
soulagement de l'humanité souffrante,
songea également à secourir de toutes ses forces
les
il
malheureux
chrétiens qui étaient captifs en Tunisie... «
En
retour d'un pareil bienfait, et, afm d'honorer une pareille
mémoire,
Mo''
Lavigerie a choisi cet apôtre par excellence
pour en
faire le
patron de
fondée à Tunis,
et celui
de cette
charité
'
ville
a
elle-même où, pauvre esclave,
Saint Vincent de Paul, Lettre à M. de Commet, avocat
{Dax).
de la
la catliédrale provisoire qu'il
au
présiclial
d'Acqs
135
TUNISIE cet
humble enfant des Landes
avait jadis porté des fers, et
chrétiens l'invoquent maintenant
Reprenons
la
suite
comme
où
les
leur céleste protecteur'.
des événements jusqu'à la
»
conquête fran-
çaise;
la Manouba. Quartier général du général Logerol à
Vandales, les ByzanCarthaginois, les Romains, les sa pouvoir des Arabes, et Okba établit tins la Tunisie tombe au sucdynasties musulmanes se capitale à Kairouan (670). Plusieurs chrétiens. En lt>/0, saint cèdent et toutes font la guerre aux
Après
les
Louis vient attaquer Tunis, devenue
1
Victor GuÉRi.v, la France catlwUque.
la capitale
du royaume;
il
LA FRANCE COLONIALE
436
campe sur
les
ruines de Caiihage et y meurt de la peste; mais ce
un
qui nous paraît pour lors
de
désastre est pIul(H
dans
l'influence française
le
le
premier germe
pays, car les Arabes
eux-mêmes
ont toujours eu notre saint roi en vénération, tellement que -lors
de l'érection de sa statue sur
gènes ont voulu
En
la traîner
le
plateau de Byrsa en 1841
1390, Charles VI, aidé des Génois,
expédition qui échoua.
,
les indi-
eux-mêmes jusqu'au sommet de la
En
colline.
contre Tunis une
fit
1535, Charles -Quint s'en empara, mais
bientôt Barberousse la reprit et la soumit ainsi qu'Alger aux ïurcs,les derniers
bey
En
possesseurs avant nous.
Mohammed un
traité
connu sous
1(385,
nom
le
nous obtenons du
de Capitulation, en
vertu duquel les sujets chrétiens peuvent recourir à la protection
des consuls français.
de piraterie par nastir.
En
En
1871
,
le
181G, la
En
XV
1770, Louis
bombardement de bey
le
Mahmoud
fait
punir certains actes
Bizerte, Porto-Farina et
Mo-
abolit l'esclavage des chrétiens.
Porte ottomane accorde l'émancipation au bey de
Tunis lequel toutefois doit recevoir l'investiture du Sultan ,
et
frapper
monnaie en son nom. Deux ans après, 1873, le bey MohammedSadok signe un traité qui met la Tunisie sous le protectorat ande notre influence dans ce pays, sans
glais; c'en était fait
tement de l'Angleterre, pendant que
l'affaire
le désis-
des Khroumirs nous
donnait occasion de nous en emparer.
En
effet,
en 1881, par suite de quelques
Khroumirs qui
de maraudage des
infestaient la frontière algérienne, des démêlés s'en-
gagèrent entre la France et
vant réprimer
faits
les
le bey.
Celui-ci ne voulant ou ne pou-
méfaits imputés à
française, sous les ordres
payskhroumir, puis
ses sujets
,
une expéditiou
du général Forgemol, pénètre dans
le
se porte sur Tunis, dont le bey, après en avoir
appelé en vain aux grandes puissances,
Bafdo, qui met son pays sous
le
du
doit signer le traité
protectorat de la France (12 mai).
Toutefois les Arabes des tribus du sud se soulevèrent pour leur
indépendance,
et
il
fahut les
de Kairouan
bombardements de Sousse, de Sfakès,
de Gafsa pour
soumettre. L'Europe, y compris l'Angleterre elle-même, accepta les faits accomplis la
a prise
et
les
:
Turquie
Par
et l'Italie seules protestèrent
le
l'intégrité
du Bardo,
la
de son territoire
et
traité
vainement.
France
garantit au
bey de Tunis
de ses droits de souverain. Le bey
s'engage à n'avoir de relations avec les autres puissances que par l'intermédiaire diplomatique de la
Répubhque
française.
TUNISIE
137
CHAPITRE
II
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE La Tunisie sud par
le
est
bornée au nord
Littoral,
— Le
delà Tunisie
littoral
par
la
Méditerranée
est plus
au
,
mouvementé, plus
de l'Algérie. La baie de Bizerte et
échancré que celui
larges golfes de Tunis, de qu'île
et à l'est
désert tripolitain, et à l'ouest par l'Algérie.
de Dakhéla, aux
Hammamet
de Gabès, joints à
et
Kerkennah
îles
et
Djerba,
trois
les la
pres-
le caractérisent
plus avantageusement.
Du
cap
Roux algérien aux caps Raz-el-Keroum
ou cap Blanc,
le littoral
et
élevé, rocheux, bordé
Raz-el-Abiad
d'écueils, est la
continuation de la côte algérienne.
On
y remarque
Fratelli
Le cap Blanc
un second Toulon l'est,
un port
projette d'en faire
,
enfermé dans
français.
Bon, d'autre part,
et
golfe de Tunis, large le
au sud des
Zembra, s'ouvre
îles
de 70 kilomètres
et
le
nique par un
la
étroit goulet
grands navires, aussi
la
s'y
lagune de Porto -Farina. Le cap
golfe
,
dont
la partie
la Goulette. Celle-ci reçoit la
laquelle se trouve Tunis.
ou chenal avec Cette lagune
la
n'est
Rome,
avancée prend
Méliana
et
le
commu-
lagune au fond de pas accessible aux
Goulette est -elle l'avant -port de Tunis, à
laquelle elle est reliée par
Au sud- est
cap
beau
profond de 50.
Carthage, qui conserve des ruines de l'ancienne rivale de
marque un étranglement du de rade de
le
plus abondant cours d'eau de la Tunisie,
termine au nord-ouest dans
nom
com-
militaire qui serait
entre le cap Sidi-Ali ou Farina, d'une part,
La Medjerda,
îles
îles Galita.
de Bizerte
étroit goulet avec le lac
On
montagnes.
Plus à
plus au large, les
et,
abrite l'excellent port de Bizerte, dont la baie
munique par un les
de Tabarka, surmontée d'un fort, les
l'île
ou des Frères,
un chemin de
de Tunis, se dessine
montueuse de Dakhéla, terminée par
la le
fer.
presqu'île rectangulaire et
cap Bon.]
orientale est généralement basse, sal)lonneuse,
et
Au
delà, la côte
baigne dans une
LA FRANCE COLONIALE
138
mer peu profonde, dont
ensablements interdisent l'accès des
les
d'Hammamet renferme
ports aux grands navires. Le large golfe
même nom,
port de
Du
cap Dimas
semée
Sousse
celui de
et celui
du cap Afrika au cap Kapoudiah,
et
le
de Monastir. la côte est
d'écueils, puis redevient sablonneuse avec le port de Sfakès,
qui fut pris par les Français, en laborieux. Des îles Kerkennali,
Djerba, s'ouvre
fond de laquelle dort
situées en lace de
de Gabès,
le golfe
la
la petite ville
en attendant que
le
nication avec la
mer
un débarquement
1881, après
Sfakès, à
de Gabès, l'ancienne ïacape,
canal projeté par Roudaire établisse la
des chotts.
l'île
Syrta minor des anciens, au
La grande
île
commu-
Djerba,. populeuse
ferme l'entrée d'une lagune formée par deux presqu'îles
et fertile,
sablonneuses; viennent ensuite
les
deux lagunes de Mellaha
Biban, au delà desquelles commence
la côte inhospitalière
et
de
de
la
Tripolitaine.
—
Orographie.
Qui connaît
son massif
l'Algérie,
tellien,
son
plateau, son Sahara, ses chotts, ses oueds, rivières sans eau ou
mal alimentées, connaît aussi la Tunisie, qui gement oriental de la région algérienne. Sur
le
des Khroumirs, avec
une
Ils
le
prolon-
djebel Ghorra, haut de 1.200 mètres à la
le
série d'autres
vent l'Atlas telhen Farina.
que
septentrional se trouve le massif devenu célèbre
littoral
frontière, puis
n'est
chaînons moins élevés qui achè-
viennent mourir au cap
et
déversent leurs eaux dans
la
Blanc
et
au cap
mer au nord, ou dans
la
Medjerda au sud.
Sur
la droite
de ce lleuve
et
à la limite du plateau s'étend une
chaîne montagneuse saharienne plus importante, qui se détache de l'Aurès algérien. Le massif
Mékhila ou Halouk, Zilk,
et
de 1.343 mètres domine
Au
atteint 1.415
mètres au mont
1.204 mètres au mont Berberou. Le djebel
haut de 1.363 mètres
tinue par les collines
du Madjer
,
au nord de Kairouan,
est
la ville
un sommet
et
de Zaghouan. Cette chaîne se con-
du Dakhéla et va fmir l'Atlas saharien au cap Bon.
sud- ouest de Kairouan, des groupes de collines rocheuses
sablonneuses se trouvent éparses au milieu des oueds qui caractérisent
le
Hydhograpiiie. incliné vers
l'est.
La Tunisie ne présente qu'un
est arrosé
parle Tin,
la
Medjerda,
l'Etboul et l'oued Lél)em.
Le Tin
l)aigne
et
des chotts
Saliara tunisien.
— Il
et
Mateur
et finit
dans
le lac
Ichkel.
seul versant la
Méliana,
139
TUNISIE La Medjerda,
de ce seul fleuve tunisien digne
nom,
appartient
massif de Souldiarras,
elle descend du par ses sources à l'Algérie Khroumirs, où elle baigne Ghardmiaou puasse au sud du massif des reçoit par sa rive station du chemin de fer; elle et Souk-el-Klanis, Kaled ou affluent algérien, puis l'oued droite l'oued Mellègue, venant du plateau Safran), et l'oued Siliana, . fleuve jaune . (0. :
Une caravane
clans le Sahara.
en Testour, elle tourne au nord -est tunisien; après avoir baigné Tebourba, arrose Mejez-el-Bab traversant une befle plaine où eUe ,
Fondouck
puis elle se divise et les ruines d'Utique;
ches pour
finir
M)
dans
Isilomètres,
la
en deux bran-
cours de lagune de Porto-Farina, après un
dont 240 dans
la Tunisie.
Medjerda, est plus long (280 kiloL'oued Mdlègue, affluent de la fleuve. Il naît dans le massif mètres) que la partie supérieure du sous le nom d'oued Meset aux conlins de l'Aurès, des
Nememcha
kiana; puis
il
antiques, y reçoit parcourt une région pleine de ruines la ville sainte du baigne à droite le plateau qui porte
l'Aïn-Safra, et Kef.
,
LA FRANCE COLONIALE
140
La Méliana coule du sud-ouest au nord-est comme se jette
dans
mais
lacs, Il
— La Tunisie
la plupart sont salés et
du nord au sud
faut citer
et
baie de la Goulette.
la
Les chotts et leurs bassins. ou
Medjerda,
la
time de Bizerte
en
cliotts
guérah
du
Iclikel, voisin
lac
mari-
sebkha Sedjoum au sud -ouest de Tunis
la
;
la
est riche
presque sans eau.
en
et
face de la lagune de cette ville; la baie Djériba, qui reçoit l'EtbouI;
où débouche l'oued Marguélil qui passe à Kairouan
la Kelbia,
sebkha Sidi-el-Hani
,
plus étendue, au sud-est de la
Mansour
servant de débouché aux oueds rara
Fekka; puis
et
ville
le
;
la
,
et
Guer-
tributaires, enfin les grands chotts Rharsa
Mansouna, sans
et le
même
et Djérid.
Le
chott Rharsa est la continuation
en Tunisie l'oued Tariaouri
reçoit
Le Djérid son niveau dans
grand
est le plus
de
nous parlerons
la
le Tell,
di\dsions
élevée
— Gomme en
et
Plateau et
le
confondent
se
supportable,
eUe
comme
elle
peuplée
il
est
il
;
compris
capitaine Roudaire, dont
ci-après.
en
Algérie,
une
seule
susceptible
est
les
région,
accidentée
et
l'était
on peut distinguer en
Sahara, mais
le
quoique montagneuse
,
mais
de la Méditerranée, et
mer saharienne du
Régions physiques. Tunisie
algérien ]\Ielrhir;
lac de toute l'Afrique septentrionale
est inférieur à celui
le projet
,
du chott
qui passe à Gafsa.
;
de
deux premières le
moins
Tell,
d'un climat chaud productive
devenir
du temps des Carthaginois
et
des
Romains.
Le Sahara tunisien participe aux caractères du grand désert quant à son climat torride, à la sécheresse et à la stérilité de son sol tefois la
proximité de
Le climat
et les
mer et un accès plus un progrès relatif.
la
d'espérer dans l'avenir
productions naturelles de
la
gues à ce que nous connaissons de l'Algérie.
;
tou-
permettent
facile
Tunisie sont analoIl
est
donc
inutile
d'insister ici sur ce point.
La mer des chotts.
— C'est
la
dépression occupée par les chotts
Melrhir, Rharsa et Djérid, dont le niveau paraît être inférieur de
10 à 27 mètres à celui de l'Océan,
que
le
capitaine Roudaire a
proposé de transformer en une mer dite des chotts ou rienne
».
On
y amènerait l'eau de
20 kilomètres, creusé depuis
le
la
«
mer
saha-
Méditerranée par un canal de
fond du golfe de Gabès jusqu'à
pointe du chott el-Fedjedj, partie orientale du
la
grand chott Djérid.
TUNISIE
En
comprenant
y
eux-mêmes,
chotts
les
141
mer saharienne
la
n'aurait pas l'immense étendue qu'on lui supposait d'abord lors-
qu'on elle
croyait
atteindrait
la
à
peine
112
à
J
5.000
inondable
était
kilomètres
carrés,
;
soit
deux départements français, avec une longueur de
l'étendue de
70 lieues;
qu'une grande partie du Sahara
nappe d'eau
formée aurait eu, croyait -on, une
ainsi
influence salutaire sur le climat de la région, outre qu'elle aurait l'accès des districts
facilité
méridionaux de notre grande colonie
africaine.
Mais
,
par suite d'une étude plus approfondie
officielle a
,
une commission
déclaré que l'exécution de ce projet serait aussi peu pra-
Non seulement
tique que sans résultat avantageux.
les
dépenses,
évaluées à plus d'un milliard, seraient hors de proportion avec les
revenus, mais l'inondation causerait existantes,
et
actuellement
Quoi
la
ruine des oasis aujourd'hui
convertirait en marécages
insalubres des régions
fertiles et habitées.
qu'il soit, ce projet
de
mer
saharienne, bien que patronné
par M. de Lesseps, est ajourné pour un temps illimité, ce qui n'a pas empêché
l'illustre
ingénieur de proposer la création d'un port
Roudaire, près de Gabès, en souvenir du promoteur de il
y a quelque temps, et
le
l'idée,
mort
creusement de nombreux puits pour
multiplier les oasis dans la région des chotts.
CHAPITRE
III
GÉOGRAPHIE POLITIQUE Etiinograpiiii-:.
—
La population de
la
Tunisie, longtemps éva-
luée à 2 millions et plus, atteint à peine 1.500.000 habitants, et ce chiffre est encore trop élevé
La nerait
eu égard à celui de
l'Algérie.
superficie est d'environ 120.000 kilomètres carrés, ce qui don-
une densité de population de 12 habitants par kilomètre
carré.
Les Tunisiens sont surtout des Berbères, race doîninante
et pri-
mitive, mêlés à des Arabes, race conquérante; celle-ci a imposé
LA FRANCE COLONIALE
142
mahomé-
sa langue, sa civilisation et sa religion, c'est-à-dif-e le tisme.
y a au moins 75.000 Israélites dans les villes, dont ^25.000 à Tunis, et le rôle de cette race juive dans l'administration, les Il
finances, l'accaparement des biens, est le
On
Algérie.
çais, Italiens;
400 Grecs
Les Tunisiens.
—
et
qu'en
ici, paraît-il,
Maltais, Fran-
:
200 protestants anglais.
D'une
la description
extrayons
même
compte, en outre, 30.000 catholiques
lettre
nous
datée de Tunis (i88'2)
ethnographique suivante
:
«
vu tout
J'ai
d'abord des spécimens fort remarquables et fort malpropres de l'armée tunisienne; de
de grosse
toile bise
;
l'artillerie
de siège en l)louse et en pantalon
des officiers à hausse-col et à la tunique râpée
à ceinture d'or, les pieds nus dans des pantoufles de cuir
et
sentinelles en cafetan de drap noir en loques,
piston encrassés de rouille; des
armés de
des
;
fusils à
marchands accroupis derrière des
malles chargées des produits du pays
:
poulets, pastèques, petits
pains sans levain, figues, amandes, gâteaux arabes, sucreries, ceintures, burnous, fez, babouches, pipes, tabac, et que sais-je!
hommes
turban blanc correctement entouré de rouge
le
,
yatagan à
ture; des portefaix arabes, maltais ou nègres, à pieds nilles; des juives vieilles,
type biblique, blanches noires
comme
nus
la ceinet à
comme du
la suie... J'ai
attelés à des charrettes
énormes
et à
lait
admiré
,
jaunes
les petits
comme un
coing ou
chevaux du pays, à
la
une hauteur dépassant leur
cela,
mais
change de
j'ai
la
le sable
eu
le
taille
J'ai
et
,
temps de
me et
et
du pri^ accepté après
Les Kiiroumirs.
le débat'.
et
fait
que traverser tout
tiers
du
mes dépens, que
ou au quart de
la
valeur
»
qui s'est attachée
noni de cette peuplade mérite qu'on les
chargés
dél^attre contre les surprises
— La notoriété
Les Khroumirs
et
de petits chameaux marchant
d'apprendre, à
demandé équivaut toujours au
prix
vu des ânes bâtés
des chemins. Je n'ai
monnaie du pays
le
licol,
ou montés par des Maures aux membres
l'abdomen proéminent.
gravement dans
1
gue-
jeunes, mégères ou femmes superbes au
élégance complète, conduits par une simple corde attachée au
«
le
encolure, aux jarrets de gazelle, aux yeux pleins de feu, d'une
fière
à
Des
superbes, fièrement drapés dans des burnous blancs,
s'y arrête
un
instant au
quelque temps.
Ouchetteta, tribus peu industrieuses,
G. R., Revue de géographie, 1882.
,
TUNISIE mais adonnées à
du
l'élève
appartiennent à
bétail,
chtone du nord de l'Afrique
143
ce sont des Berbères
:
sauf quelques expressions locales,
le dialecte usité
la
race auto-
et ils
,
parmi
parlent
les
popu-
c'est-à-dire le chaouia. Autant les villages de
lations de l'Aurès,
nos Kabyles du Jurjura se présentent sous un aspect pittoresque et
Khroumirs
riant, autant le massif habité par les
un
offre
et les
Ouchetteta
aspect misérable avec ses cabanes en branchages et ses
huttes de pierre et de boue, recouvertes d'une charpente primitive
sur lesquelles sont assemblées des plaques de liège. Les chefs seuls
possèdent une maison construite en pierres
et
en mortier de terre
encore partagent -ils cette demeure avec toute
male
ou
l'âne
:
chambre de mur, qui
mulet,
le
vache, la chèvre ou
la
un mètre au-dessus du
s'élève à
bouc. L'unique
le
en parties inégales par un
l'habitation est divisée
sol.
;
domesticité ani-
la
La portion
la
petit
plus
vaste est réservée à la famille, tandis que l'autre, transformée en
écurie
est
,
occupée par
A
les bestiaux.
mération (pourrait -on dire village?) public, que l'on appelle
djemaa
' .
une
sorte d'édifice
est établi
« lieu
d'assemblée les
C'est là qu'on
».
questions d'intérêt
»
Ces détails font comprendre que vait être
chaque agglo-
pour discuter
se réunit à certaines heures
commun
l'entrée de
longue ni
difficile.
conquête tunisienne ne pou-
la
La Tunisie,
d'ailleurs, n'a pas
eu d'Abd-
el-Kader à nous opposer.
Gouvernement.
— Bien que soumise à
une monarchie héréditaire ou
remment sous le un prince de la qui occupe
Sadok
,
et
le
de
que
heylik,
Tunisie reste
l'on désigne aussi indiffé-
Ben Ali-Tourki,
trône depuis 1691
;
le
originaire de Candie,
bey actuel est Mohammed-el-
d'après la
fait
la famille, frère
depuis 1885
le titre
ou
loi
turque, où
et
Européens
de
mer
et les
la
couronne passe à
fils.
gouvernement français en Tunisie porte
de Résident général
affaires étrangères. Il a sous ses ordres les
et relève du ministre des commandants des troupes
et tous les services administratifs
concernant
les
indigènes.
Toutefois les indigènes sont régis selon
1
la
régence. Le souverain ou bey de Tunis est
famille de
Le représentant du
de terre
France,
son héritier présomptif, son frère Sidi-Ali.
L'hérédité se l'aîné
nom de
la
Augii.sle CiiERBONNEAU,
Rcvuc de
(jcograpJiic.
le
mode ancien
:
ils
for-
LA FRANCE COLONIALE
144
ment 41
tribus
,
groupées en
!22
ouatans ou caidats (gouvernés par
des caïds), dont la fonction propre est de rendre justice, et 31 tribus nomades ou mixtes (sédentaires et nomades), à la tête desquelles
nommés
sont aussi des caïds
par
khalifas (lieutenants), et les cheiks
Le code
lages. «
civil
pour eux
bey. Sous les caïds sont les
le
ou maires des communes
et vil-
est le coran.
conservant à la Tunisie son autonomie administrative
En
,
non
fonctionnaires nationaux, son budget, ses ressources propres,
seulement
il
pour
résulte
ses
métropole une économie considérable
la
on
(évaluée à plus de trente millions), mais tique, et c'est de cette façon
fait
acte de
bonne
poli-
que l'Angleterre a pu créer de vastes
et florissantes colonies qui ne sont nullement à charge à la métro-
Sinon,
pole.
de s'ingérer maladroitement dans tous les
à force
d'une administration minutieuse
détails
locaux, les
intérêts
mœurs
et
et jalouse,
on
froisse les
habitudes nationales, et on se crée
du peu de développement Gambon, résident général à
mille difficultés qui ont été cause jusqu'ici
de nos colonies.
»
(Discours de M.
Tunis, 1885.)
Au
point de vue militaire, la Tunisie forme deux divisions (Tunis
en
et Sousse), subdivisées
six brigades
Tunis, Aïn-Draham, El-
:
Kef, Sousse, Gafsa, Gabès.
Nonobstant
le
peu de chrétiens,
siège archiépiscopal de
le
pape Léon XIII a relevé
Garthage, dont
le titulaire
est
en
le
même
temps archevêque d'Alger.
— A part Tunis,
Villes principales. de
ville
la
régence ne renferme pas
considérable, et l'on est d'ordinaire peu fixé sur les chiffres
de population. Souvent l'on attribue à une bourgade habitants de tout
un canton;
les oasis lorsqu'ils
par une
Tunis
même ,
il
en
est
la totalité
des
ainsi particulièrement dans
renferment plusieurs villages épars mais régis
municipalité.
grande
ville
de 130.000 habitants
,
le
Tunes ou Tunesium
des anciens, doit son importance à la destruction de Garthage par les
Arabes au vif
ou de
la
siècle. Gette nouvelle capitale
Tunisie actuelle est assise à seize kilomètres de la Méditer-
ranée, au fond d'une vaste lagune (|ui
de l'Afrique propre
communique avec
la
nommée El~Bahira ou Boghaz,
mer par
l'étroit
canal de la CTOulette.
Adossée à une ceinture de collines, entourée d'une enceinte bastionnée que domine une kasbah ou citadelle; pourvue de palais, de
mosquées, de minarets, Tunis présente à distance un aspect
pitto-
TUNISIE
comme
resque; mais,
dans toutes
les
non pavées en rendent
étroites, sales et
14o
l'intérieur désagréable
Européens. Ceux-ci préfèrent habiter le nouveau
les
des rues
orientales,
villes
pour
quartier
«
franc d, qui se forme au bas de la ville, autour des quais et des
gares de chemins de
mense
palais
Tunis
est
où
le
fer.
Dans
les
environs
bey passait autrefois
Bardo
le
,
un im-
est
la belle saison.
dans tout
commerçante. Elle exporte
l'Orient des
armes blanches de luxe, des bijoux, des vêtements brodés
Entrée du port de
selles
,
des babouches
,
des tapis
,
principal centre d'exportation de
,
des
la Gouletle.
des essences précieuses l'alfa et
;
c'est le
de l'huile d'olive de
la
contrée.
Les quais sont situé
La
la
une
ville
la Goulette,
lagune tunisienne.
Goulette, en itahen la Goletta,
à cause de l'étroitesse C'est
par un chemin de fer au port de
reliés
au débouché de
a la
gorge,
d
est ainsi
du canal qui donne accès dans
nommée
la
lagune.
de 3.000 habitants, renfermant un arsenal, des chan-
tiers, des bassins,
de grands magasins et un phare superbe. C'est
aussi la principale forteresse
du pays, qui
fut prise
par Charles-
Quint en 1535.
A
trois
kilomètres nord de
la
Goulette sont les restes de l'opu-
lente Carthage.
Cartiiage.
—
«
On
sait
que, restaurée 860 ans avant Jésus
Christ, elle devint par la ruine de
Tyr
la
première puissance mari10
-A FRANCE COLONIALE
146
time du monde par Auguste,
plus tard
;
elle jeta
Romains, puis colonisée
détruite par les
,
encore quelque éclat sous
le
christianisme;
mais enfin, après avoir été la capitale des Vandales en Afrique, elle
tomba, vers
la fin
du
sous
vii^ siècle,
les
coups des Arabes pour ne
plus se relever.
Que ((
reste-t-il
Cinq
de l'ancienne Carthage?
villages construits
au milieu de ses ruines"
avec ses
et
ruines mêmes. La Marsa, sur l'emplacement de l'ancienne Mégara, grands. C'est aujourd'hui l'habitation du bey le quartier des
régnant, des princes tunisiens, celle des consuls durant la moitié
de l'année. Sidi-Bou-Saïd, sur
cap qui porte encore
le
nom
le
de
Carthage. Ld. Malga, autour des anciennes citernes d'Adrien, dans l'ancien quartier des Mappales. Douar-el-Schott, le
<r
village
du
lac »,
à l'extrémité de l'ancienne Tœnia, qui borde le lac de Tunis et don-
que Scipion s'en empara. Enfin
nait accès dans la ville. C'est par là
Sidi-Daoud, sur l'emplacement mait Carthage du côté de de
plaisance, les
même Le
la terre.
unes sur
de
reste est
bord de
le
la triple enceinte
parsemé de maisons
mer,
la
qui fer-
sur les
les autres
collines.
Aucun souvenir chrétien n'y sommes entrés en Tunisie, sauf
était
«
en honneur, lorsque nous
monument national de SaintLouis, élevé, il y a près d'un demi-siècle, sur un terrain cédé à la France. Aujourd'hui, les choses prennent un aspect nouveau. Saint-Louis
sur
,
qui était dans
sommet de Byrsa,
le
le
le
plus triste abandon, a vu se dresser,
de Carthage et le
la
le
établis le palais
maison des ecclésiastiques qui diée à saint Cyprien,
commencent à
:
séminaire diocésain
maison d'étude des missionnairss d'Alger. Dans
quartier de Mégara, sont
qui
Deux commu-
des édifices magnifiques.
nautés se trouvent établies à son ombre
de l'archevêque,
la
sont attachés, une chapelle dé-
lui
une chapelle
paroissiale
se fixer à l'entour
;
pour
les
cathohques
une maison pour
Sœurs
les
qui font l'école aux enfants de tous cultes et soignent les pauvres et les
malades
;
Kram, sommet de Byrsa, les travaux commencés, à côté de la petite
près des anciens ports, l'hôpital militaire du
avec sa chapelle et ses Sœurs; sur
de la cathédrale définitive déjà
le
église Saint-Louis, desservie par les Missionnaires et qui
provisoirement céleste,
struire
lieu.
en
tient
Près de l'ancien temple de Junon ou Vénus
témoin de tant de cruautés
une chapelle dédiée à Marie,
et d'infamies, j'ai fait et j'en
ai fait
un
con-
centre de
LA FRANCE COLONIALE
148
pèlerinage pour la portion la plus pieuse de notre population catholique, l'autre
pour
pour
Deux
les Maltais.
les
filles
orphelinats, l'un
des Européens,
pour
les
garçons,
un
Enfin
sont préparés.
couvent de Garméhtes françaises, maltaises et italiennes, réalise la
grande pensée de fraternité nationale qui dans
et surtout
les
miens ^
est
dans
vœux de
les
tous
»
Kairouan, 15.000 hahitants, au milieu d'une vaste plaine dont
une une
un grand
partie est remplie de marais salés, est
mercial et ville
terdite
le
sainte des
musulmans, dont
l'entrée était
aux chrétiens; mais, en 1881,
elle
com-
de l'Afrique septentrionale
elle est
;
sévèrement in-
dut ouvrir ses portes à
l'armé française*. Fondée en 670 par les Arabes, la capitale
centre
rendez -vous général des caravanes du Soudan. C'est
elle fut
longtemps
remarquable par ses
nombreuses mosquées. Son industrie consiste dans
la fabrication
des tapis, des articles de sellerie brodée d'or, des babouches d'un travail admirable.
Kairouan, bien déchue de son ancienne splendeur, est dans
«
une enceinte en briques de 3.125 mètres de développement, de 10 mètres de hauteur, avec meurtrières
et
créneaux, flanquée, de
20 mètres en 20 mètres, de tours rondes ou de tourelles. Cinq portes s'ouvrent dans ce
mur, autour duquel Kairouan
par ses faubourgs de Kahli a (du sud)
et
se prolonge
de Djiblia (de
tagne), par cinq autres faubourgs, des cimetières,
le
mon-
des ruines et
La mos-
des décombres. Les constructions religieuses y abondent.
quée principale, qui jouit dans tout
la
monde musulman d'une
célébrité proverbiale, est
un
fondation de la
qui date dans sa forme actuelle de 827
ville et
bel édifice dont l'origine
récemment encore, aucun roumi et d'ailleurs la ville
même
était interdite
aux non croyants ,
trois
seulement. La mosquée a été construite en pierres de :
c'est
mètres de côté, environné d'un
la ;
(chrétien) ne pouvait y pénétrer,
que très peu d'Européens y sont entrés avant 1881 nant de Suffetula (Sbeïtla)
remonte à
un immense
mur
,
si
bien
ou quatre
taille
prove-
quadrilatère de 140
d'enceinte haut de 8 mètres,
épais de 6, flanqué d'énormes contreforts, percé de plusieurs portes
dominé par une grande tour
et
ronnée de çoit
^
de
trois étages
en
carrée, très large à sa base et cou-
retrait les
fort loin. L'intérieur est
une
uns sur
les autres
;
on
l'aper-
véritable forêt de magnifiques
D'après M*"» Lavigehie, Annales de la Propagation de la foi.
,
TUNISIE colonnes en onyx, porphyre
d'œuvre de
la
et
149
marbre blanc veiné de rose, chefs-
sculpture romaine, supportant avec leurs chapiteaux
corinthiens la voûte plate ornée d'arabesques en stuc et en plâtre;
y en a plusieurs centaines, tirées des temples romains qui abondaient dans cette contrée; une superstition défend aux musulmans
il
d'en calculer
le
nombre sous peine de perdre
la vue.
croyance veut que toute personne en état de péché
Une même
soit
incapable
Bizerle.
d'une église chréde passer entre deux colonnes qui proviennent i. tienne de l'époque romaine
Un
»
du minaret, escaher de 129 marches monte à la plate-forme
d'où l'on découvre
un magnifique panorama.
Kairouan Après avoir donné ces détails sur Tunis Carthage et de la passons rapidement en revue les autres lieux remarquables sud. régence, en procédant de l'ouest au nord, à l'est et au ,
El-Kef, titude, sur
«
le
Rocher,
d
5.000 habitants, bâtie à 800 mètres
un escarpement du bassin du Mellègue,
pale ville mihtaire et
commerçante de
la
d'al-
est la princi-
Tunisie occidentale. C'est
Sicca venera romaine.
la
Au nord
de
la
Medjerda,
Vacca antique,
la
ham, 1
ville
poste militaire
il
faut signaler Déjà, 4.000 habitants,
forte et
marché de céréales;
récemment
— Aïn-Dra-
établi pour la surveillance des
0. NiEL et Vivien de Saint-Martin, Dictionnaire géographique.
LA FRANCE COLONIALE
150
tribus
kbroumires,;
—
en face
Khroumirs, débarquèrent
les
centre agricole
,
Taharka, sur de
l'ilot
la
même nom,
Français en 1881;
—
inhospitalière
cùlc
avec
des
une rade où
Matcur, 3.000 habitants,
au sud de Bizerte.
des PhéBizerte, 5.000 habitants, est l'ancienne Hippo-^Zaritiis pirates. Ville la plus niciens, jadis puissante et célèbre par ses septentrionale de la Tunisie,
elle est
située
au sud -est du cap
Sousse.
Blanc, sur un goulet ensablé qui conduit de rieur, le lac taire,
de Bizerte.
On
la
projette d'y créer
un second Toulon, capable de
mer à un lac intéun vaste port miU-
tenir en échec la puissance de
Malte.
Porto -Farina, sur une baie dont
le
goulet est obstrué par les
alluvions de la Medjerda, a perdu son importance maritime d'au-
pas
trefois, et n'a
célèbre
Utique,
gauche de
Au
la
millier d'habitants. Il
dont
en
est
de
même
ne reste que l'emplacement sur
il
de
la
la rive
Medjerda.
sud de
la fertile et
mamet, 2.500 la « cité des
un
populeuse presqu'île de Dakhéla,
Ham-
habitants, ville maritime, mais sans port, est appelée
Pigeons
»,
genre qui nichent dans
à cause des innombrables oiseaux de ce les
montagnes voisines.
Sousse Qw Soxisâ, 8.000 habitants, n'a qu'une rade d'atterris-
TUNISIE sèment d'assez
difficile
accès, mais qui sert de port à Kairouan, à
un chemin de
laquelle elle est reliée par les millions d'oliviers
pour Marseille.
meium
des
Ville
Romains
;
151
par
fer; elle se distingue
de ses jardins et sa grande exportation d'huile d'origine phénicienne,
forte
elle subit
c'est
YHadru-
de nombreux sièges et fut bombardée
en 1881.
Monastir ou Mislir, 7.000 habitants, n'a jamais eu de monastère
Monastir.
chrétien,
comme
son
nom
semblerait l'indiquer. C'est
quenté, quoique ensablé, et cette
ville
passe pour
un port
fré-
plus propre de
la
la Tunisie.
Mahadia, assise sur
du
cité
«
Mahdi ou guide
un rocher en mer, non Pompéiens. Ce
César écrasa
les
fatimites et,
au moyen âge,
le
»,
6.000 habitants,
loin de l'ancienne
fut la capitale des
port
tiens, qui l'appelaient Africa. Elle
le
Thapsus
premiers
est ,
où
califes
plus fréquenté par les chré-
s'adonne surtout à
la
pêche de
la
sardine.
A
trois lieues
au sud-ouest de Mahadia, on va admirer, près du
village (.VEl-Djcm, les ruines
plus grands et des
par
les
Romains. Cet énorme
de 185 mètres d'altitude
forme
elliptique,
du TJiysdrus, comprenant
mieux conservés de tous
il
édifice
occupe
et s'aperçoit
mesure à
de
l'intérieur
les le
l'un des
amphithéâtres élevés
sommet d'une
trois lieues
à
la
colline
ronde
;
de
150 mètres dans son grand
LA FRANCE COLONIALE
152
axe.
fut fondé
Il
probablement par Gordien l'Ancien, qui avait été
proclamé empereur dans
mieux
choisi
pour
la ville
de Thysdrus. Nul endroit
la célébration des fêtes; plusieurs fois aussi cette
construction géante servit de forteresse, et
Kahina
s'y défendit
n'était
la
fameuse prétresse
contre les envahisseurs arabes en l'an 689. C'est
encore dans l'amphithéâtre d'El-Djem, que les chefs et les délégués
Amphithéâtre d'El-Djem.
des tribus méridionales de la Tunisie décidèrent, en 1881, le sou-
lèvement général contre
les Français.
^
ou Sfax, l'ancienne Taphrura, est une johe et indus-
SfaUs
âmes, ayant une rade sûre quoique peu après Tunis, le principal centre du commerce de
trieuse ville de 15.000
profonde. C'est, la
régence avec l'Europe. Elle fut prise par
— Les
îles
les
Français en 1881.
Kerkena, en face de Sfakès, comptent 10.000 habitants.
Gahès, l'ancienne Ta -Cape, est située au fond du golfe de ce
nom. Ce
n'est point
une
ville,
mais un groupe de
villages peuplés
de 10.000 habitants disséminés au milieu de magnifiques jardins elle est le
débouché des produits de
;
la riche plaine d'El-Arad.
Gafsa ou mieux Capsa, 4.000 habitants,
est située
dans le Djérid
ou pays des Palmes, sur un tributaire du chott Rharsa. Ville con-
TUNISIE Numides
sidérable sous les
et les
153
Romains,
militaire,
Nefta
occupée par
et
une bonne position
Français depuis 1880.
les
Toseur, entre
et
encore aujour-
elle est
d'hui une station importante des caravanes
Rharsa
les chotts
sont deux
et Djérid,
groupes de villages de 8 à 10.000 habitants, situés dans deux des plus belles oasis du Sahara. Ce sont des centres pohtiques et
rehgieux, en Kbilli et
même
temps que des marchés
agricoles.
Douz, au sud du Schott, sont des
lieux
d'échanges
entre les Tunisiens et les Tripolitains.
Djerba ou GerM, située dans
L'île
grande
la plus
Meninx, qui y
l'île
île
des
«
Lotophages
monuments romains,
que
tels
C'est la légendaire
ou des mangeurs de
j>
sauvage.
l'état
l'arc
une bizarre pyramide élevée par
lotus, plante
renferme de curieux
Elle
de triomphe de Marc-Aurèle, et
Turcs
les
et
un combat en 1558.
des Espagnols tués dans ficie est
fond du golfe de Gabès, est
africaine de la Méditerranée.
partout à
croît
le
renfermant dont
L'île,
les têtes
la
super-
de 640 kilomètres carrés, est habitée par 40.000 Berbères
qui passent pour les plus industrieux jardiniers,
tisserands
et
pêcheurs de toute l'Afrique septentrionale.
Tout
le territoire
chacun renferme
la
de Djerba est divisé en enclos ou jardins dont
demeure du
duquel on supplée par rante
:
on y
cultivateur, et le puits au
l'irrigation
tissus de laine et de soie; qu'ils
« les
Djerabois
d
grenade
et
— Les tisserands fabriquent des
confectionnent des haïksou vêtements,
ils
— Pêcheurs
et
exportent au loin les éponges ainsi que
le
vont vendre à Tunis
marins,
au manque absolu d'eau cou-
cultive surtout le raisin, l'olive, la figue, la
aussi le blé, l'orge et les légumes.
moyen
et
jusque dans
le
Sahara.
poisson qu'ils ont salé et séché, mais l'antique pêche du mollusque, sorte de buccin, qui produit la pourpre, est aujourd'hui négligée. L'île,
divisée en cinq
mais de gros
villages
«
où
houmet» ou
quartiers, n'a pas de villes,
se tiennent les
marchés
;
le
principal est
l'Houmet-Souk, au nord. Les côtes sont défendues par de vieux forts dit
du moyen âge, en
M. Duveyrier, que
le
très
mauvais
nombre des
état, « et
il
arrive souvent,
artilleurs est inférieur à celui
des pièces rouillées qu'ils auraient à servir en cas d'attaque.
Industrie et commerce. la
—
Comme
tous les pays
»
musulmans,
Tunisie ne possède ni agriculture ni industrie progressives. Tou-
tefois le sol,
quoique mal cultivé, produit l'orge,
dourah, dans
le Tell.
On
cite l'olive
le
froment,
le
de Sousse, l'indigo de Nefta,
pistache de Sfakès,
la
FRANCE COLONIALE
LA
154
le
caroubier,
renommées du Belcd-el-Djérid.
beaux chevaux de race barbe, des mulets des bœufs de petite
soude sont
la
taille et
mines de
y a des
Il
surtout les dattes
le jujuljier,
L'agriculture pastorale élève de
chameaux,
excellents, des
des moutons à grosse queue.
métaux, mais inexploitées;
difTérents
communs dans
le sel et
les chotts.
L'industrie se contente de la fabrication d'objets usuels, d'arti-
de ménage, auxquels
cles
de luxe,
les calottes
faut joindre les
il
rouges ou
armes
vêtements
et les
les soieries et tapis, les
fez,
peaux
maroquinées.
Le commerce fer relie
assez actif, ne dispose pas de routes
intérieur,
carrossables, mais on
commence
Tunis à l'Algérie par
à en tracer. Déjà
la
qui réunira la capitale à Sousse, reliée à
de la Medjerda
la vallée
vont de Tunis à Carthage; et à
un chemin de d'autres
;
Goulette une ligne est projetée laquelle fut
Kairouan par un chemin de
pendant
guerre
la
fer à voie étroite.
Des lignes télégraphiques (1.000 kilomètres), exploitées par France, traversent
pays, et
le
un
câble sou s -marin en rattache le
réseau tunisien à Alger par Bône, et à
daigne
Le commerce dont
le
avec
l'Italie,
il
se fait d'une part avec le
Sar-
Sahara par caravanes,
rendez-vous principal est Kairouan; d'autre part, par
et
mer
Malte, la France.
exporte des céréales
pays
la
extérieur, assez important, s'élève à plus de 80 mil-
:
blé et orge, de l'huile d'olive, des fruits
figues et dattes,, de la soude, des peaux, le
France par Malte,
la
et la Corse.
lions de francs;
Il
la
pour
du
l'intérieur de l'Afrique des
corail. Il
:
importe pour
cotonnades anglaises,
des soieries françaises, des verroteries de Venise, des couteaux,
de
la
poudre.
—
Le
triste
commerce des
esclaves nègres pour les
pays turcs est prohibé depuis assez longtemps.
Les principaux ports sont est
excellente
Farina,
et
qui
Hammamet,
fait
:
Tunis, dont
les
5/6 du
la position
trafic;
—
commerciale
Bizerte,
Porto-
Sousse, Sfakès, Gabès, que nous rangeons
par ordre de position géographique. Le mouvement des ports est de 300.000 tonnes seulement,
et la
marine marchande locale ne jauge
que 3.000 tonnes. C'est
peu pour un pays aussi avantageusement doté
permis de prévoir pour
la
;
Tunisie, devenue française,
plus prospère que pour l'Algérie elle-même.
mais
il
est
un avenir
SÉNÉGAL COMPTOIRS DE GUINEE
CHAPITRE
I
NOTICE HISTORIQUE Le Sénégal
A
est la plus
ancienne de nos colonies.
ce titre nous croyons intéressant d'emprunter à M.
quelques détails concernant sur «
les
explorations des
les côtes occidentales d'Afrique, à partir
En novembre
Gaffarel
Normands
du
français
xivc siècle.
1364, les Dieppois équipèrent deux navires, du
port d'environ cent tonnes chacun, qui firent voile vers les Canaries, arrivèrent vers
devant
la
noirs de
Noël au cap Vert
baie qui conserve encore la
auxquels
côte,
inconnus, accouraient pour
dans «
les
le
et mouillèrent à
nom
Rio-Fresca,
de Baie de France. Les
blancs étaient restés jusqu'alors
les voir,
mais ne voulaient pas entrer
les vaisseaux.
Lorsqu'enfm
ils
s'aperçurent que nos compatriotes ne deman-
mon-
daient qu'à ouvrir avec eux des relations amicales, et leur traient
quantité
d'objets
échanger, peu à peu
ils
inconnus
qu'ils
semblaient disposés à
renoncèrent à leurs défiances,
tèrent de l'ivoire, do l'ambre gris et
du poivre,
contre les bagatelles dieppoises dont
la
Dieppois, qui désiraient pousser l)rcndre
plus
vue
qu'ils
les avait
avant,
leur
et
appor-
troquèrent tentés. firent
par signes qu'ils reviendraient l'année suivante,
engagèrent à amasser pour leur retour d'autres productions
Les
comet les iiidi-
LA FRANCE COLONIALE
156
gènes.
Ils
nom
ce
découvrirent ensuite
le
Cap
Vert, auquel
ils
donnèrent
à cause de l'éternelle verdure qui l'ombrage, et arrivèrent
à Boulaubel, ou Sierra- Leone,
comme
le
nommèrent depuis
les
Portugais. « Ils
duquel
s'arrêtèrent ils
ensuite à
trouvèrent
un
l'embouchure d'un fleuve, auprès
village d'indigènes
qu'ils
nommèrent
le
Carte de la Sénégambie française.
Petit- Dieppe, à cause de la ressemblance situé entre
deux coteaux, avec
le
du port
Dieppe français.
et
du
Ils
achevèrent
village,
d'y charger leurs navires d'ivoire et de poivre, et, à la fin de
1365, après six mois de voyage,
ils
étaient de retour
mai
en France
avec une riche et précieuse cargaison. «
Les
profits
du voyage
et l'espoir
de
les
augmenter encore exci-
Normands. En septembre 1365, quelques mar.chands de Rouen s'associèrent avec ceux de Dieppe, et, au heu de deux vaisseaux, en firent partir quatre. Les deux premiers tèrent l'émulation des
SÉNÉGAL
457
avaient mission d'explorer les côtes depuis le Gap Vert jusqu'au
Petit-Dieppe, et d'y charger des marchandises. devaient pousser
Les deux autres
de nouveaux pays à
plus avant, et découvrir
Au
explorer. Ce second voyage fut également heureux.
mois
sept
deux premiers navires
les
bout de
Dieppe
étaient de retour à
avec beaucoup de cuirs, de poivre et d'ivoire. Des deux autres navires chargés d'explorer de nouveaux pays
nomme
sur la côte qu'on village appelé
Grand
,
le
premier s'arrêta
nom
Sestre, auquel les matelots donnèrent le
de Paris. Ce navire ramassa
si vite
une
quantité de cette pré-
telle
une
cieuse denrée, qu'il ne voulut pas s'exposer à compromettre
en poursuivant son voyage,
cargaison
riche
aussi
Le quatrième navire longea
Dieppe.
à celle de l'Or.
un
aujourd'hui Cote du Poivre ^ et dans
revint
et
à
Côte des Dents et arriva
la
L'or était en poudre. Les indigènes en ramassent
encore de nos jours dans
cours d'eau qui descendent des monts
les
Kongs.
La nouvelle de
«
ces découvertes
certitude de s'enrichir à
peu de
,
la
facihté
frais excitèrent les
peu de temps, de véritables comptoirs, dirions aujourd'hui,
des échanges
des loges ,
la
,
En comme nous
Dieppois.
s'élevèrent sur toute la côte de Guinée. Les
indigènes, attirés vers nos
compatriotes par la
mœurs, par leur entrain sympathique, par
de leurs
facilité
leur absence de morgue,
apportaient en abondance à ces loges l'ivoire, la poudre d'or, poivre les plumes d'autruche ,
,
Normands vendaient en France
les
peaux de bêtes féroces
,
que
Peu
à des prix exorbitants.
le
les
à peu
des relations régulières s'établissaient. Les indigènes apprenaient
même
notre langue, et accueillaient avec empressement tous ceux
de nos compatriotes qui n'hésitaient pas à s'enfoncer dans l'intérieur
du
pays...
En
«
que
la
1380, quelques armateurs de Dieppe et de Rouen, voyant
concurrence diminuait leurs profits
voyage d'exploration.
nom d'Or
de :
poudre
la
En décembre,
le
Notre-Dame de Bon-Voyage,
neuf mois après d'or.
La
était
il
,
était déjà
de retour à Dieppe
voie était ouverte.
Il
un nouveau
résolurent
navire qui portait
ne
sur ,
le
beau
la
Gôte
chargé de
restait qu'à s'y
engager
résolument.
Le 28 septembre 4381 trois navires partaient de Dieppe pour nouveau comptoir de la Mne. On a conservé leurs noms
«
le
la
,
:
Vierge,
le
Saint- Nicolas, l'Espérance. La Vierge s'arrêta à
la
,,
LA FRANGE COLONIALE
158
Mine; et
Saint-Nicolas s'avança plus au sud jusqu'au cap Corse,
le
y Espérance ouvrit des loges
Akara.
En
juillet
et la
Sabon, Tormentin
et
1382, les trois navires étaient de retour en France
vantèrent tellement à leurs armateurs les richesses
et les capitaines
du pays
à Fanlin,
douceur de ses habitants, que ceux-ci résolurent d'y
fonder une véritable colonie, et d'en faire
le
centre de leurs opéra-
tions commerciales. «
En
1383, trois vaisseaux partirent donc pour la Mine.
taient des matériaux de construction
,
Ils
por-
des instruments de travail et
des semences. Ces trois vaisseaux s'acquittèrent heureusement de
quand
leur mission , et
revinrent en France dix mois
ils
plus richement chargés qu'ils ne l'avaient encore été, derrière eux
une partie de leurs équipages. Ce
fut le
ils
après
laissaient
premier éta-
blissement de nos compatriotes sur ce continent où, depuis,
l'in-
fluence française n'a cessé et ne cessera, espérons -le, de grandir.
La colonie de
Mine
la
prit tout
de suite de grandes proportions. De
nombreux vaisseaux s'y rendirent; une église et un fort.
il
fallut bâtir
pour
les
nouveaux
arrivants «
des
Cette prospérité ne fut pas de longue durée. Les terribles guerres
Armagnacs
et des
Bourguignons désolèrent notre pays
et les
,
Anglais profitèrent de nos discordes pour envahir nos provinces. <r
L'heure
était
mal choisie pour fonder une France
africaine,
Normandie un des principaux théâtres de la guerre, et que les Anglais maîtres de Rouen de Dieppe de Honfleur et des autres ports, arrêtaient tout commerce. Nos armateurs normands essayèalors
que notre patrie
était foulée
par l'étranger, que
la
devenait
,
,
,
rent bien quelque temps de soutenir ces lointains comptoirs ce fut peine perdue
nos autres loges
:
;
mais
dès 1413, la Mine était abandonnée, toutes
l'étaient déjà depuis
on renonça aux voyages sur
quelques années. Peu à peu
les côtes d'Afrique.
de ces aventureuses expéditions se perdit
,
Le souvenir
même
surtout lorsqu'une autre
nation, le Portugal, substitua son influence à la nôtre sur les tribus
indigènes, et, plus jaloux de ses droits que nous ne l'avons jamais été des nôtres,
dont
ils
non seulement chassa nos négociants des marchés
avaient longtemps été les seuls maîtres, mais encore nous
enleva, par -devant l'histoire et la postérité, la gloire de l'avoir pré-
cédée dans ces régions',
1
d
p. Gaffarel, doyen de la faculté de Dijon
,
extrait de V Explorateur.
SÉNÉGAL Quoi
qu'il
en
soit
de ces
faits très
159
éloignés de nous,
notre his-
toire, au Sénégal, ne remonte qu'à 1626, où une compagnie de marchands de Dieppe et de Rouen se forma pour créer ou pour
soutenir les comptoirs français établis sur le littoral de la Guinée.
Ces établissements passèrent en 1664 à
Titi, chef de
Bamakou,
orientales fondée par Colbert ciales,
et
enfm à
la
,
et
la
Compagnie des Indes
Dionké, chef de Sikoro.
puis à diverses associations
Compagnie
commer-
des Indes occidentales , qui seule
eut quelque prospérité.
Gorée, Rufisque, Portudal et Joal, sur la côte au sud du cap Vert, furent enlevés à la Hollande en 1677, et le fort de Podor, sur le Sé-
négal, fut construit en 1743. Les Anglais occupèrent
deux
fois la
colonie, de 1763 à 1783, et de 1809 à 1814.
Sous et le
la restauration,
des essais de culture restèrent
progrès colonial no
commença qu'en
iiifi-iiclueux,
185^, avec l'administra-
LA FRANGE COLONIALE
160
tion vigoureuse et intelligente
du commandant, plus tard général
Faidherbe. Celui-ci dota Saint-Louis d'institutions libérales et financières, et d'écoles dirigées, soit
gations religieuses les indigènes, et
En
1857,
il
;
par des laïques, soit par des congré-
créa des forts sur
le
Sénégal pour maintenir
conclut avec ceux-ci des traités de paix.
El-Hadji-Omar,
le terrible
le
dateur de l'empire de Ségou-Sikoro, sur la colonie et vint attaquer le fort
fanatique
le
fon-
menaça d'envahir
Niger,
de Médine, sur
musulman
le
cours
moyen du
Le poste de Médine.
Sénégal; après
un
siège de trois nlois, soutenu
métis légendaire Paul Holl
et
héroïquement par une poignée de nos braves soldats,
le
la
place fut secourue par Faidherbe.
La puissance de
la
France en
jeta
un plus vif éclat, et son inroyaume de Brakna, l'an-
fluence s'étendit par la soumission du
nexion du Dimar, du Toro
et
de toute
la côte entre Saint-Louis et
Dakar
(1861). Bientôt après, les habitants de la
Nunez
et
du Rio-Pongo devenaient nos
Des explorations vers Quintin, leillet
le
Casamance, du Rio•
tributaires.
Niger commencèrent avec
MM. Mage
et
qui pénétrèrent jusqu'à Ségou-Sikoro, en 18G6. M. So-
y arriva à son tour en 1878.
L'année suivante,
les
Chambres votèrent des
crédits
pour
le
11
LA FRANGE COLONIALE
162
chemin de
de jonction du Sénégal au Niger; mais une faible
fer
seulement de
partie
a pu être terminée en 1884, à cause
la ligne
surtout de l'insalubrité
du climat, qui décima
dépense hors de proportion avec
cette
ajourner l'achèvement du
l'année suivante
de Ségou,
un
1879
de paix. Ce
sur tout
Tombouctou...
même
en
De son 1881,
»,
le fort et le ;
la prise
les
il
royaume
;
il
établit notre
entendu, qu'Ahmadou
Ijien
camp retranché de
Kita, à l."250 kilomètres de
Bamakou, où un
fort fut construit la région.
Une canonnière
,
le
grand centre commercial
du Sénégal à fer qui
hsant toutes
et poli-
occidental.
celle
un jour
même
par
la
construction d'un che-
du
assurerait notre influence sur toute l'Afrique
les forces
la
de l'Algérie, par l'étabhssement de rap-
nord- ouest. Si nous savons agir avec prudence
que donnent
le
en
uti-
et la religion,
par
et ténacité,
commerce
négociants et les missionnaires, aussi bien qu'une diplomatie
habile, peut-être qu'avant
un demi -siècle
minera sans conteste sur toutes et
à
Niger y promène déjà le pavillon tricolore, riverains apprennent à connaître et qui est parvenu jusqu'à
ports commerciaux, peut-être
les
pour mar-
le
L'objectif de la politique française doit être de relier
min de
soit lui-
de toute cette région.
de possession française de
du Soudan
colonie
le droit
eut à combattre Samory, puissant chef des Malinkés,
Kabara, port de Timbouctou tique
;
côté, le colonel Borgnis- Desbordes alla construire, en
vapeur lancée sur
que
de Bafoulabé
haut Niger, depuis ses sources jusqu'à
pour autant,
parvint en 1883 à
quer
le
réalité le souverain
Saint-Louis et
le fort
accorde aux Français
traité
exclusif de fonder des comptoirs dans son
protectorat
résultat probable, a fait
le
s'avança jusqu'au Niger et obtint d'Ahmadou, roi
il
traité
«
et
,
projet.
capitaine Galiéni construisit en
Le
Les
les travailleurs.
50 kilomètres exécutés ont coulé plus de 30 millions de francs
du Sahara. Jointes
ront ainsi
un empire
moitié de l'Europe.
l'influence française do-
les parties occidentales
à l'Algérie et à la Tunisie
,
elles
du Soudan
nous donne-
colonial franco -africain, aussi vaste
que
la
SÉNÉGAL
163
CHAPITRE
II
GEOGRAPHIE PHYSIoUE La colonie
fran(;aise
cipal qui l'arrose,
Sahara au nord,
du Sénégal,
Soudan
lleuve prin-
dans l'Afrique occidentale, entre
est située le
du
ainsi appelée
à
l'est,
Guinée au sud
la
le
et l'Atlan-
tique à l'ouest.
Le Sénégal français proprement
ne comprend que
le littoral
mais avec ses dépendances, poussées aujour-
kilomètres carrés;
du Sahara au nord,
d'hui jusqu'au cap Blanco
sud
dit
versant de gauche du fleuve, sur une superficie de 200.000
et le
et le
Niger à
l'est,
la
Mellacorée au
notre possession sénégaUenne,
ou plutôt
sénégamhienne , comprend 12 degrés en latitude (du 9« au 21 c en latitude nord) et
12 à 13 degrés en longitude (du
7^
au 20^ en lon-
gitude ouest de Paris), ce qui donne une superficie double de celle
de la France,
En
de kilomètres carrés.
soit l.(J00.O0O
d'autres termes,
toute la
quelques enclaves anglaises
et
région appelée Sénégambie, à part portugaises
,
subissant notre in-
fluence exclusive, peut être considérée et étudiée
comme
colonie
française.
—
Le littoral présente un développement de plus Le uttof.al. de L300 kilomètres le cap Vert le divise en deux parties d'égale :
longueur, mais de caractères bien différents.
Du c'est
cap Blanco jusqu'à Saint-Louis, la
même
jusqu'au cap Vert
côte saharienne, basse, bordée de dunes, d'étangs ou la-
généralement droite, sans échancrure, sans port,
gunes;
elle est
sauf
chenal du Sénégal, d'un accès rendu très
le
difficile
par une
<loub]e ligne de brisants et de bancs de sable qui l)orde tout
le
littoral.
Toutefois on remarque au nord, baie
du Lévrier, formée par
cap Blanco
nom,
;
puis
la
la baie Saint-
dans
la presqu'île
la
partie saharienne,
baie poissonneuse d'Arguin avec
Jean et
le
la
aujourd'hui espagnole du l'ile
de ce
cap Timris. dette côte est inexploi-
,
LA FRANCE COLONIALE
11)4
téc, si ce n'est
anciens comptoirs
el les
parles pêcheurs canariens,
français de Portendick et d'Arguin ont disparu.
Le cap Vert, caho
Vercle des
Portugais,
plus occidental du
le
continent africain, termine une presqu'île remarquable par sa nature basaltique autant que par sa forme triangulaire. Cette pres-
basaltique de
Du
de Corée,
circonscrit la l)aie
qu'île
renfermant
l'îlot
également
même nom.
cap Vert au fleuve Mellacorée,
sénégambienne
côte
la
est
fortement échancrée par une douzaine d'estuaires, larges, déchiquetés eux-mêmes; séparés par des presqu'îles et des caps nomItreux.
Bien qu'obstrués par des bancs de sable,
donnent accès
ils
à la navigation dans des fleuves côtiers, dont les principaux sont la
Cambie
et le
Rio-Crande.
Orographie. ritables
— Le Sénégal renferme plus de plaines
que de
vé-
montagnes.
La région montagneuse du sud-est se rattache au système dit des monts Kongs qui couvrent l'intérieur de la Guinée septentrionale et dont le point central paraît être le mont Loma, 2.000 mètres, aux sources du Djoliba- Niger. Le massif du Fouta-Djalon et du Taugue, d'où descendent tous
les fleuves
de
la
région sénégam-
bienne, parait élevé de 2.000 à 3.000 mètres; parmi les sommets qui conservent des neiges permanentes, on signale les monts Sère,
Colimat et Pélat, situés à l'ouest de Timbo, aux sources du Bafmg et de la Falémé. Des chaînons rayonnants séparent les cours supérieurs
du Niger, du Sénégal
et
de chacune des rivières dites du
Sud.
Les plaines, plus ou moins littoral et
fertiles
et boisées,
s'étendent sur toute la partie nord-ouest
inférieurs de la
Gambie
et
du Sénégal. Au
dominent sur ,
le
entre les cours
nord de ce dernier fleuve
jusqu'au Niger, c'est la plaine du Sahara avec ses déserts caractéristiques et ses rares oasis.
Hydrographie. le le
— Les principaux fleuves de
Sénégal et la Cambie,
Pongo,
Des ou
la
Mellacorée
le
Rio-Géba,
et les
deux
le
sauf pour
le
,
dont
les
Sénégambie sont
Rio-Crande,
le
Rio-Nunez,
Scarcies.
comptoirs français sont étabUs sur
rivières maritimes
la
chacun de ces fleuves
embouchures sont des
estuaires
Sénégal, qui se termine en une sorte de delta incom-
plet.
Le Sénégal
est
formé à Bafoulabé de deux grands affluents
:
le
,
SENEGAL Bafing ou
Rivière Noire
«
qui paraît être
Bafing,
elle Bakoï ou
i),
la
165 «
rivière
Blanche
Le
».
branche principale, descend du Fouta-
Djalon, passe près de ïimbo, et parcourt une vallée bordée d'es-
carpements à l'ouest, plus plate à
Niger;
il
l'est.
Le Bakoï
peu
naît au pays
lieues seulement de
Manding, à quelques
élevé de
Bamakou
et
du
coule vers le nord- ouest en recevant plusieurs affluents
du pays du
Jallonka,
du Fouladougou, de
Kita, et rejoint le Bafing
à Bafoulabé.
En
aval de ce confluent, le Sénégal forme dans le
série de chutes dont la
première
du Felou, que
nière, la chute
large de plus de 400 mètres.
ou plutôt
cipal affluent, qui sépare le
où sur il
s'étend en
il
la limite
une
belle
du Fouta
et
il
Bambouk une
de Guina,
et la der-
haute de 20 à 30 mètres et
l'on dit
ne devient navigable qu'à Médine
Il
à Kayes; plus bas,
est le saut
reçoit à droite la
Falémé, son prin-
Bambouk du Bondou
et
baigne Bakel,
nappe de GOO mètres de largeur
du Toro,
baigne Matam, Saldé et Podor
traverse
il
ensuite
;
ou marigots, qui enveloppent de longues cipale est celle de Morfil, cette
île
î
il
puis
une vaste plaine où
se divise
îles
;
en deux bras
boisées dont la prin-
de l'Ivoire
»,
où
les
indigènes
chassaient autrefois l'éléphant.
En
aval de Podor, après avoir
fleuve
le
communique avec deux
Guier au sud, et qu'il draine,
qu'il
rempHt de
lacs, le
Cayor au nord,
eaux dans
au contraire, au temps de
du Oualo
plaine marécageuse et boisée
il
la
et le
saison des pluies,
la sécheresse.
Dans
la
passe à Richardtoll et se
nouveau en nombreux marigots ou bras de
divise de
deltas dont
plus septentrionaux, arrêtés aujourd'hui par la barre sablon-
les
neuse du l'île
littoral,
courent vers
le
sud.
Le bras
principal, qui baigne
de Saint- Louis, atteint une lagune dirigée du nord au sud
s'en échappe à travers la
et
ses
formé de nombreux méandres,
dune par une coupure qui, variant '
de position, se trouve actuellement à 15 kilomètres au sud de
la
capitale.
La longueur du Sénégal est évaluée à 1.600 kilomètres depuis sources du Bafing, et à 1.250 kilomètres depuis Bafoulabé. Son
les
altitude est de plus de 2.000 mètres à sa source, 11-3
mètres au
confluent, à Bafoulabé, et 50 à Médine.
Navigable depuis Kayes (1.000 kilomètres) au temps des grandes
eaux
et
depuis Podor (250 kilomètres) en toute saison,
est la voie
commerciale naturelle entre
la côte et le
bassin
le
Sénégal
du Niger.
.
LA FRANCE COLONIALK
166
Malheiireuseinent les barres sablonneuses de son embouchure, les chutes de sa partie supérieure, les variations irréguliéres de son niveau, provoquées par les pluies de l'hivernage, nuisent à sa navigation, qui n'est praticable en tout
temps qu'aux bâtiments calant
moins d'un mètre.
Le Saloum
n'est
qu'une
mais
rivière,
petite
estuaire très vaste, rempli d'iles
;
il
dans un
se jette
traverse le petit
il
royaume de
Saloum
La Gamine, moins longue que embouchure en
le
Sénégal
estuaire plus large (5 à
(IMIO kilomètres),
navigable. Elle descend du massif de Tangué,
par
le
nord pour courir vers vallée
fertile
l'ouest
;
une
contourne
qu'elle
traverse
elle
a
kilomètres) et plus
1(1
une large
et
en arrosant divers comptoirs anglais, entre autres
Albréda au nord, Sainte-Marie-de-Bathurst au sud de son embouchure.
La Casamance Sedhiou
et
a peu d'étendue; elle baigne les postes français de
de Garabane.
Le S an -Domingo ou Cachéo ,
Rio-Géba
le
et
le
Rio- Grande
(Grande-Rivière) forment des estuaires navigables sur desquels les Portugais ont établi des factoreries les îles
le
Rio-Pongo
et la
marquent
la limite
chef-lieu de
le
de
Mellacorée traversent des
nombreux comptoirs
Les deux rivières Scarcies sont sous
dont
le
et le cabotage.
Rio-Nunez,
régions fertiles qui renferment de
et
bords
Bissagos, peuplées de métis portugais qui excellent dans
commerce I^e
;
les
en face se trouvent
le
la florissante colonie
même nom
français.
protectorat de l'Angleterre
se trouve à
nègre de Freetown,
l'embouchure de
la
Rokelle.
Le Niger,
fleuve
du pays des
noirs, forme actuellement la limite
orientale des possessions françaises
Loma, dans
la
chaîne des Kongs
du Sénégal. Né au massif du
envoie des affluents encore peu connus,
le
il
se dirige vers le
lui
nord-
pays des Mandingues, y nouveau fort français de Bamakou, puis Ségou-Sikoro,
est sous le
baigne
nom
du Fouta-Djalon, qui
et à l'est
la capitale
de Djoliba, traverse
du Ségou,
et
Sansandig.
le
—
Plus au nord
il
reçoit à
droite de puissants affluents, se divise en plusieurs bras qui enfer-
ment de
vastes
marécages que
îles
dans
le
Bourgou
et
l'on désigne parfois sous le
traverse
nom
Dabou. Arrivé à Kabara, en face de Timbouctou,
d'immenses
de lac Dibbie ou le
grand marché
167
SENEGAL soudanien,
le
Niger décrit vers
remarquable analogue à qui
le
ramène vers
celle
le golfe
l'est
le
et
sud-est une courbe
du Congo, mais en sens inverse, ce
de Guinée, dont
il
semblait d'abord vou-
loir s'éloigner.
Le cours
inférieur et le delta
aux Anglais,
comme
du Niger appartiennent aujourd'hui
son cours supérieur est destiné à devenir
Baobab au Sénégal.
kilomètres, Ce lleuve immense, long de plus de 4.5UU et de la civilisation vers sera ainsi l'artère principale du commerce central. le Soudan occidental et le Sahara
français.
Climat.
- Contrée intertropicale
surtout dans les déserts
du
,
le
Sénégal a
le
climat torride,
nord, mais avec des atténuations con-
sidérables sur le littoral, dues à l'influence
du courant
froid
marin
qui suit la côte du nord au sud.
de t>0 à 28 degrés Saint-Louis, les écarts de température varient Médine ou à Bakel, seulement, température moyenne; tandis qu'à en degrés en hiver jusqu'à 05 degrés
A
le
thermomètre monte de 25
LA FRANGE COLONIALE
108
mùme
été,
à l'ombre, lorsque souffle l'harmattan ou vent du nord-
venant du Sahara.
est
Il
n'y a
que deux saisons
fièvres, la plus funeste
et
V hivernage, saison des pluies
et des
aux Européens, qui dure de juin à novembre;
et la saison sècJie, plus
décembre à juin,
:
chaude, mais moins malsaine, qui dure de
compte à peine quelques jours de pluie en
six mois.
du
le massif. montagneux
Grâce à son altitude plus considérable,
centre jouit d'un climat plus tempéré, dont la colonisation euro-
péenne profitera peut-être un jour.
En
hiver,
des
tornades
tournoyants
ou vents
et
nuageux,
accompagnés de coups de tonnerre, souvent aussi d'averses abondantes sévissent fréquemment sur le littoral, et des raz de marée dévastent la côte en mai et juin.
Productions.
—
Sans parler
ici
des produits commerciaux,
le
Sénégal abonde en végétaux et animaux qui atteignent souvent une
grande
taille.
Qu'il
nous
suffise
de citer parmi
mense baobab, le palmier, le bombar ou fromager,
tamarinier, l'acacia,
le
beaux bois de teinture
et
le
le chi
de construction
les
premiers, l'im-
gommier, l'adansonia,
;
ou arbre à beurre, de
parmi
seconds
les
les
,
singes, le lion, le léopard, l'éléphant, l'hippopotame, le crocodile,
perroquets, l'autruche,
les
le
fourmis blanches ou termites
marabout ou cigogne à et les
moustiques sont
sac.
Les
les fléaux
de
la contrée.
L'or, l'argent, le fer, le cuivre existent, mais sont
Le
sel est assez
peu
exploités.
commun.
CHAPITRE
III
GÉOGRAPHIE POLITIQUE Ethnographie.
—
que 2.000 Européens répandus sur un mètres carrés
;
La population et
coloniale ne
comprend guère
200.000 noirs, administrés par nous
et
territoire vaguement évalué à 40 ou 50.000 kilo-
mais dans ces derniers temps plus de 2.000.000 de
,
SENEGAL
169
noirs et autres indigènes ont été placés sous notre protectorat et
vivent soit sédentaires,
soit
nomades, sur une étendue de 4 à
500.000 kilomètres carrés. Peu à peu notre influence reste de la
le
On
s'établit
sur
Parmi
les
Sénégambie.
distingue les Européens, les Maures et les noirs.
Européens
,
il
y a à peine 300 commerçants
,
la
plupart Français
(juerrier peul.
résidant à Saint-Louis ou à Gorée
;
les
autres sont des employés
qui ne séjournent qu'un temps plus ou moins
civils et militaires
long, à cause de l'insalubrité
du
climat.
Les Maures, de race berl)ère, musulmans les
la
Trarza rive
pour
et les Douaïcli
droite
faire des
du
fleuve
razzias
,
,
qui parcourent en qu'ils
et
fanatiques,
nomades
le
sont
désert de
n'ont que trop souvent traversé
au milieu des peuplades noires de
la rive
gauche.
Parmi
les noirs
on classe
gues, les Toucoulcurs ,
etc.
les
Penh,
les
Ouolofs, les Mandin-
LA FRANCE COLONIALE
170
Les Peula, appelés aussi Foulahs, Foulbés ou Fellatahs, sont plutôt
de race brune ou éthiopienne;
mahométans
et
conquérants,
habitent
ils
industrieux le
et
pasteurs,
Fouta du bas Sénégal
massif du Fouta-Djalon. Les Ouolofs, Yolofs ou Djolofs, sont de vrais nègres, au
et le
teint
Berger peul.
noir, nez épaté, lèvres épaisses, mais de belle stature; la plaine
habitent
au sud de Saint -Louis.
Les Mandingues,
Bambaras, fétichistes
On
ils
;
Mandings ou Malinkés,
sont intelhgents, ils
cultivateurs,
et
leurs frères les
aptes
au négoce
et
peuplent les régions centrales et les bords du Niger.
appelle Toucoulcurs les tribus métisses de Peuls et de nègres
musulmans, rusés, fanatiques de grands embarras à
et turbulents, ils
la colonisation
;
ont créé souvent
du pays.
Les indigènes sont en général groupés en villages avec un chef élu, ou en petites souverainetés ou royaumes.
Il
y a parmi eux des
SENEÛAL hommes
li])res et
des esclaves. Les guerriers, qui sont en honneur,
se partagent la dépouille des vaincus.
pophages dans
le
171
On
trouve
même
des anthro-
sud-ouest.
Les PKrpLADES du Sénégal. -^ années en contact avec
les
î
Quoique depuis Iden
Européens,
Femme
les
indigènes du Sénégal
peule.
ont jusqu'à présent conservé leurs
mœurs
et leurs
coutumes
mitives, avec leurs dialectes différant tous les uns des autres.
sont orgueilleux, fourhes, astucieux et paresseux au leur vie est celle de l'animal; pour eux le
de l'existence est de manger trie
et cultivent juste à
et
des
lis
Ils
superlatif;
suprême honheur,
de dormir,
peu près ce
pri-
l'idéal
n'ont aucune indus-
qu'il faut
pour subvenir aux
besoins de l'année... d
...
iiiôlée <r
...
Toutes ces peuplades ont pour de mépris
;
elles
les Européens une répulsion nous délestent profondément...
L'esclavage existe dans toutes ces contrées; dès qu'on est
un peu au courant des mcnirs indigènes, on distingue
tout de suite
LA FRANCE COLONIALE
172
classes différentes de captifs.
deux
La première comprend
de case, l'ami plutôt que l'esclave du maître, dont
souvent
confiance;
la
un mot,
force majeure; en
il
a
même
vendu, sauf dans
comme
est considéré
il
Quant aux
partie de la famille.
à plaindre, car
n'est jamais
il
le captif
faisant
paesque
captifs ordinaires, ceux-là sont plus
sont parfois soumis à des traitements rigoureux.
ils
Appartenant aujourd'hui à celui-ci, demain à celui-là,
vendus suivant
les
caprices
du
faites
basses et sans
,
la
villages,
moindre aération
sont cylindriques,
surmontées d'un
dans
presque toutes chez
le ])as- fleuve,
ils
sont
maître...
Les noirs vivent dans des cases groupées en
«
sièrement
très
cas de
le
;
gros-
leurs formes
en cône; quelques-unes,
toit
les Sarracolets et les
Kas-
sonkais, ont la partie cylindrique formée de pieux et de branches
recouvertes de terre argileuse
hommes, femmes,
grouillent
domestiques
;
on y couche, on y
;
dans un espace restreint
cela
mulent,
s'y
tout le reste est en paille.
et
fait la
un
cuisine,
non aéré
concentrent; du poisson, de
quelquefois dans
la
cultive
la
,
un espace
uni,
devant l'entrée
on y
odeurs
accu-
s'y
viande séchée, ramassés
En
dehors des nattes sur
vêtements, et de leurs calebasses qui, on peut
les
servent à tous les usages aplati et
on y mange, tout
couchent, du miserai )le coffre en bois dans lequel
ils
ramassent
les
;
Là dedans animaux
certains
coin, contribuent encore à rendre l'accès d'une
case insupportable pour tout Européen. lesquelles
même
enfants, voire
;
vide plus ou moins grand
même un légumes, comme
;
le dire,
le sol est
est réservé
petit jardin y est attenant
quelquefois
quelques
patates douces,
case est complètement nue
ils
:
giraumons, yombos ou
mais jamais on n'y voit de
fleurs,
non plus que
d'arbres fruitiers. Tous ces villages sont généralement d'une saleté
repoussante les
;
ils
n'offrent
aucune symétrie,
unes près des autres, se touchant
les cases
même
sont construites
quelquefois,
sans
ordre; de petites ruelles étroites, malpropres, où se répandent les
odeurs des cases, permettent de circuler d'un endroit à l'autre du village, «
en faisant mille tours
et détours.
Leurs costumes sont primitifs
ou toubé dont
la ceinture
,
ils
se
composent d'un pantalon
est à coulisse,
descendant à peu près
jusqu'au genou, et d'un houbou, morceau d'étoffe qui va jusqu'aux chevilles,
au milieu duquel on ménage un trou pour passer
cousu de chaque côté,
il
laisse des ouvertures
pour
la tête;
les bras...
Yolofs et les Toucouleurs portent la tête complètement rasée;
Les
un
SÉNÉGAL un morceau de
couteau,
Même
ration.
pour
bouteille cassée, leur suffit
cette opé-
ainsi, sans avoir rien sur la tête qui les garantisse,
du
affrontent les plus forts rayons
ils
173
Kassonkais portent
cheveux sensiblement de
les
séparés en plusieurs mèches tressées;
une
à leur coiffure, mais,
Les Sarracolets
soleil.
ils
la
même
apportent un grand soin
fois installée, ils restent
quinze jours ou
semaines sans y toucher.
trois
Les femmes n'y mettent pas moins d'amour-propre,
€
et les
manière,
coiffeurs ont besoin de patience, la
femme
pas en manquer. Lorsqu'une
personne qu'on
la tête et
coiffe
ne doit
se fait coilîer, elle s'étend par
terre tout de son long, la face contre le sol
hauteur de
et si les
la coiffeuse s'assied
;
à
la
commence le démêlage avec un outil que, sans un râteau; pour faciliter l'opération et
exagérer, on peut appeler
rendre beurre
cheveux plus souples, on
les ;
heures,
ce travail terminé
—
les
,
—
et
il
enduit soit d'huile, soit de
les
ne dure pas moins de plusieurs
cheveux sont séparés en
petites
successivement chacune autour d'une paille
mèches, enroulées
toutes ces pailles sont
;
ensuite ramenées derrière la tête et liées ensemble. Là, s'arrête la
première séance,
qu'un jour ou deux après, lorsque
et ce n'est
cheveux ont pu assez prendre
donner
le
dernier lissage'...
le pli,
qu'on enlève
les pailles
pour
i>
Les principaux États ou royaumes du Sénégal sont, au nord Cayor, dont
Fouta,
le
le
chef porte
Bondou;
Manding; à Narou,
le
à
le
les
nom
l'est,
le
de Daniel
Bambouk,
l'ouest, le Baol, le Serère, le
;
le
le
Oualo,
Saloum,
Biafar, le Fouta- Djalon; ce dernier
le
le
Dimar,
le
le Kita,
le
Chabou,
le
le
Jallonka,
:
royaume, soumis
à
notre protectorat en 1883, a pour capitale Timbo, aux sources du
Bafmg. Administration.
—
La colonie
neur résidant à Saint-Louis.
Un
est administrée
par un gouver-
préfet apostolique est le chef
du
culte catholique. Il
n'y a que
temps des paroisses elles
La ment
communes
trois :
sont administrées colonie
élit
un
organisées, qui sont en
Gorée-Dakar
Saint-Louis,
comme
et
même
Rufisque;
de France.
celles
conseil général et
nomme un
député au. parle-
français.
Ci-devant divisé en deux arrondissements dits de Saint-Louis
*
L. MuiHON d'Aucknat, BuUeiin de la Socièlé de Géoçirnphie.
et
LA FRANCE COLONIALE
j-j/^
de Gorée,
le
Sénégal comprend aujourd'hui quatre arrondissements
ou parties diversement administrées, savoir ceux de Saint- Louis, du Haut-Fleuve, de Dakar et des Rivières-du-Sud. :
villes
Signalons les
ou
principaux centres de population de
les
la
colonie.
__ L'arrondissement de Salnt-Loiis, placé sous les ordres de Saint- Louis, directs du gouverneur, compremi les cercles I,
Dagana, Podor
et Saldé,
sur
le
bas Sénégal.
Saint-Louis, 20.000 habitants, chef-lieu de la colonie et résidence du gouverneur, est bâtie sur un ilôt sablonneux du fleuve
Carte du delta du Sénégal.
Sénégal, à quinze kilomètres de son embouchure, mais à 500 mètres à peine de la mer, dont elle n'est séparée que par le petit bras du fleuve et une langue de terre appelée côte de Barbarie. Saint-
Louis a été fondée en 1626 par la Compagnie française patronnée par le cardinal de RicheUeu. Longtemps composée de simples cases de paille
presque entièrement remplacées par des maisons à
,
oaleries et à terrasses,
tenues,
la ville
édifices publics; le
bordant des rues bien alignées
et
bien entre-
de Saint-Louis possède aujourd'hui quelques beaux
un pont de bateaux, long de
orand bras du
ileuve
pour atteindre
à
6r)0
mètres, traverse
Bouëtville la gare
de Dakar; deux autres ponts sont jetés à Oé, sur
chemin de
fer
petit bras
pour rattacher
les
ouolof Parc de Saint-Louis)
et
du le
deux faubourgs de Guet-Ndar (en de Ndar-Tout (Petit-Saint-Louis),
bâtis sur la langue sablonneuse de Barbarie et peuplés principale-
ment de pécheurs.
SENEGAL Saint- Louis
de si
la
fait
un commerce
colonie vers le Niger lui
actif
175
par
le fleuve,
ménage un avenir
l'on exécute le projet d'un avant-port
éviter le détour de l'embouchure.
Malgré
et l'extension
florissant, surtout
en face de
la ville
les difficultés
pour
delà barre,
y viennent débarquer, bord à quai, les marchandises et remportent les gommes, les arachides, les peaux
les navires
européennes, et les cuirs
entreposés par
les
Le
forl
maisons de commerce.
de Bakel
La banlieue de Saint- Louis contient Ndiago, Mérinaglien, Richardtoll,
les villages
etc.;
de Gandiole,
une vingtaine de
forts
sont établis sur la route de Dakar et sur le bas fleuve.
Dagana, Podor
et
Saldé, sur
Sénégal, sont les chefs-lieux
le
des cercles dépendant de l'arrondissement de Saint- Louis.
—
IL
L'arrondissement du Haut- Fleuve est administré mili-
tairement par localité
Matam tifié
un commandant qui
au confluent du Bafing
en 1881 sur
vers
Il
les
Cages,
comprend depuis
plusieurs cercles dont les chefs-lieux sont Bakel, poste for-
en 18^20; Médine, qui rappelle
><ur le
Kayes ou
réside à
fondée en 1880, en aval de Médine.
de 1857; Bafoulabé,
camp retranché établi nom et Bamakou, ville du Bambara, d'où l'influence et le commerce français vont descendre
le
Niger,
le siège
et
du Bakoi
plateau de ce
Timbouctou.
;
;
Kita,
LA FRANCE COLONIALE
176
Des groupements d'habitations indigènes ces postes fortifiés
qui assurent
U arrondissement
in.
Dakar
de
se forment autour de
la tranquillité
de
la contrée.
par un fonc-
est administré
relevant du gouverneur. Peu étendu,
tionnaire
civil
les villes
de Gorée, Dakar, Rufisque et Portudal.
comprend
il
Dakar, 2.000 habitants, fondée en 1857, pour suppléer à l'insuffisance du port de Gorée, est bâtie à l'intérieur d'une baie formée par la presqu'île du cap Vert, et sur un petit plateau d'une altitude de 18 mètres. Port sûr, défendu par un fortin; dépôt de charbon, Louis et avant-port de tête de ligne du chemin de fer de Saintcette ville, point
de ralliement de
la division
navale et relâche des
paquebots des Messageries maritimes, Dakar est appelé à un avenir brillant, peut-être à supplanter Saint- Louis.
Gorée a été bâtie en 1305 par les négociants dieppois, sur un superficie, situé à l'entrée de la baie de ce îlot de 36 hectares de -
nom
elle est
défendue par un castel qui domine
la ville à
00 mètres
de hauteur. Gorée a eu son époque d'importance et fut l'objet de plusieurs attaques navales; détrônée aujourd'hui par Dakar, sa population est tombée de 4.000 à 2.000 habitants. Rufisque, du portugais rio Fresca a rivière fraîche ville très florissante
de 5.000 habitants, située sur
Portudal et Joal, 2.000 habitants, sur
comme
sent avoir lY.
la côte
»,
la côte
une
est
du Baol.
de Sine, parais-
Rufisque une origine portugaise.
L'arrondissement des Rivières -du -Sud s'étend du Rio-
Saloum à
la
Mellacorée
au sud-ouest de
la
:
il
comprend tous
Sénégambie
,
et est
les
comptoirs établis
administré par
un
lieutenant-
gouverneur. Ses principaux centres de commerce et de population sont Sedhiou, à 35 lieues les villac»-es de Kaolak, sur le Saloum :
;
de l'embouchure de à l'embouchure
du
la
Casamance
même
fleuve
;
;
—
—
Carabane, dans une
— Boké,
sur
le
île
Rio-Nunez^; —
— plus au sud Conacry, nouvelle Boffo, sur rive gauche de dence du heutenant- gouverneur — Benty, sur le
Pdo-Pongo
rési-
;
;
la
la Mellacorée, point extrême des possessions françaises. Les indigènes de la Sénégambie vivent principaIndustrie.
—
lement de l'élevage du bétail, de la pêche, de la culture du mil, du manioc, du riz, du maïs et de l'arachide. Celle-ci est une papilionacée
dant les gousses s'enfoncent en terre pour mûrir,
donnent une huile abondante propre à divers usages.
et
Q
:ii.:.Titi|i;ii.ii.|||iiil1lllH|il'!|jliiiiir
12
,
LA FRANGE COLONIALE
178 Ils cultivent
bleue dont
ils
aussi l'indigo, le coton et tissent des bandelettes d'étoffe font le pagne, sorte de vêtement assez rudimentaire.
des fabricants d'objets y a parmi eux des forgerons, des potiers, usuels, de bijoux, souvent artistemeut travaillés. Ils exploitent l'or, Il
dans
le
Bambouk (pour un
répondant à certains besoins locaux ne
industries
Diverses
«
demi-million) et d'autres métaux.
font pas défaut aux indigènes,
Les industries de luxe
«
en certains cas, aux Européens.
et,
que
telles
En
pays comptent des artisans habiles.
du
l'orfèvrerie et les tissus
ce qui concerne la pre-
mière, on pourrait presque dire que les bijoux fabriqués sortent des mains de véritables artistes, étant donné surtout l'outillage primitif employé. et parfois
La
«
Le dessin
est correct, les filigranes sont délicats,
ne laissent rien à désirer
fabrication des tissus
comme
comme
fini et
du pays qui servent
goût.
la confection
à
partie principale du costume indigène, est entre les
du pagne,
mains des tisserands noirs dont cèdent en rien aux
métiers et l'installation ne
les
outils primitifs des bijoutiers.
chaîne et la trame sont irréprochables
;
Et cependant
passées avec des
les
fils
le
la
de
différentes couleurs produisent des dessins d'une rég-ularité parfaite.
tissage se fait par bandelettes de
Le
réunies ensuite, forment
le
Bon nombre de pagnes mélange de
fils
deux mètres de longueur qui
pagne. sont tissés en
fil
de coton blanc sans
de couleur, pour être ensuite
en bleu avec
teints
l'indigo sénégalais. «
Les forgerons,
et
notamment
les individus
fectionnent les poignards, les fers de lance
ouUl agricole employé. Le hilaire a
la
de race Lawbé, conet le hilaire,
le
seul
forme d'un croissant à bords
tranchants et à cornes arrondies et rentrantes.
Les cordonniers font non seulement la chaussure, les babouches ou bottes en cuir rouge ou jaune, mais encore les fourreaux de €
sabres, de poignards, les housses de selle, etc. ^
Commerce. les rétyions
:
— Le commerce intérieur se
fait
i»
différemment selon
sur le haut fleuve, on troque les produits du pays
contre des marchandises importées dans le Cayor, sont échangées contre espèces sonnantes ou contre du ;
en barre; dans les
rivières
fusils, 1
de
la
Extrait des
le
arachides
fer
de Suède
Serrère, on troque contre de l'eau-de-vie; dans
du Sud, contre des guinées ou poudre, du tabac, etc.
Nolic.'\i
les
coloniales
,
publiées par
le
tissus
de coton, des
ministère de la Marine.
SÉNÉGAL
^119
Le commerce de la colonie est assez tlorissant depuis une dizaine d'années. Le chemin de fer de Saint-Louis à Rufisque et Dakar, long de 263 kilomètres, rend déjà de grands services. ligne, à voie étroite, de
remonte
le
1
Une
autre
mèlre de largeur, commencée en 188:2,
haut fleuve depuis Kayes, où fmit
navigation régu-
la
Bafoulabé, plus tard Bamakou.
lière, et doit atteindre
Le commerce extérieur de
de 25 millions
la colonie s'est élevé
en 1875 à 50 millions en 1883.
Il
se fait
pour
les 2/3
avec la métro-
surtout pour l'exportation.
pole,
Les marchandises importées proviennent de
France (12 mil-
la
lions de francs), de l'Angleterre (6 millions), de la Belgique (4 millions),
de l'Allemagne (3 millions), et de l'Amérique (2 millions).
Ce sont notamment des denrées alimentaires des
armes
et
Hambourg, du
des tissus belges fer
de Suède et
et
des vins français,
et
eaux-de-vie de
anglais, des
du tabac d'Amérique.
Les exportations consistent surtout en arachide, pour une valeur rapidement croissante de 13 millions en 1880 à 20 millions en
—
1883;
en
gomme
du Rio-Nunez,
et
Gorée-Dakar sont deux ports d'importation
et
sésame, cire, peaux le riz
pour 4 millions; en caoutchouc,
d'acadie, et
plumes; en outre,
le café
de la Casamance.
Saint- Louis et
d'exportation; Rufisque et la plupart des comptoirs font surtout l'exportation et la troque.
Le mouvement de
la
navigation a lieu particulièrement avec les
ports de Bordeaux, Marseille, Londres, Liverpool, Cardif,
bourg
Des Dakar.
et
Boston.
Bordeaux
services réguliers sont étal)lis de
De
petits
jusqu'à Kayes.
à
Bamakou,
de Liverpool à
les transports
vapeurs de l'État font
De Kayes
et
sur
Les comptoirs des Rivières-du-Sud sont
le fleuve
correspondance par terre
la
prend dix-sept jours. Des canonnières naviguent déjà sur
lier
Ham-
reliés
par un
le
Niger.
service régu-
de bateaux à vapeur.
Une hgne
télégraphique rattache Saint- Louis à
câble sous-marin anglais, subventionné par tugal,
reUe Paris par Cadix
Bathurst,
et Ténériife
la
et
et le
à Saint-Louis,
Conacry, Freetown, Grand-Bassam,
Grand-Popo, Lagos,
Bamakou. Un
France
Saint-Paul-de-Loanda.
Assinie, 11
Por-
Dakar, Accra,
rattache ainsi
la
métropole à nos possessions du Sénégal et à celles des cotes de
Guinée dont nous allons parler.
COTES DE GUINEE
IhsToiuQUE. et de les
— Nul doute que
Rouen, en
xiv*^ siècle;
1700, où
même
temps que
Guinée aussi
côtes de
mais
Ijien
l'histoire est
compagnie
la
négociants français de Dieppe
les
que
Portugais celles
,
du
n'aient fréquenté
Sénégal,
dès
le
muette sur leurs exploits jusqu'en
d'Afi-iqne fonda, sur la rivière d'Assinie,
Caile
un comptoir
les
t-lci
côtes de Guinée.
qui fut abandonné quelques jours après. C'est en 184;î
seulement que Louis -Philippe chargea
le
lieutenant,
plus tard
amiral Bouët-Willaumez, de prendre officiellement possession des territoires
de Grand- Bassani
,
d\A.ssinie et
du Gabon.
Le royaume de Porto-Novo, sur la c<He des Esclaves, ne devint notre protégé qu'en 1804 et ne fut occupé militairement que vingt ,
ans après.
Le Popo
est situé sur la
même
c<He, en face
suite de négociations diplomatiques, en
du Dahomey. Par
1880, la France a obtenu
le Grand-Popo, tandis que l'Allemagne a pris possession du PetitPopo et du Togo, situés à l'est de la colonie anglaise de la Cote-
d'Oi-, et les
Portugais se sont établis officiellement sur la c<He du
Dahomey, de manière à resserrer nos comptoirs de Esclaves. la
Un
coup
d'ot^il
situation respective
jeté sur la carte ci-contre fait et
péennes dansées parages.
la
côte des
comprendre
reiichovètrement des possessions euro-
COTES DE GUINÉE
181
I.- COTE D'IVOIRE
tement, de
— La
Assjme.
Bassa:\i et
partie de la côte d'Or ou, plus exac-
côte d'Ivoire appartenant à la France, présente
la
un
développement de plus de 300 kilomètres. Elle s'étend à l'ouest, jusqu'à
de Libéria,
république
la
l'est,
d'Or, qui
commencent
elle
à la rivière Tanoé.
Assinie, qui en sont les
et
sans démarcation bien déter-
confine aux possessions
minée; à
anglaises de la côte
— Dabou, Grand- Bassam
principaux comptoirs, ne consistent
qu'en villages indigènes, auprès desquels on a établi un poste, ou enceinte entourée de palissades, destiné à protéger les maisons de
commerce.
Gomme
pour toute
Guinée en général,
la
basse, marécageuse,
boisée
insalubre;
et
la
elle
côte dlvoire
est
en une
consiste
langue de terre sablonneuse, derrière laquelle court une série de lagunes où affluent
eaux de
les
l'intérieur.
La lagune de Bassam, ou d'Ebriès, baigne à la fois GrandBassam, situé à l'est, à i kilomètres de la mer sur l'emboucliiire de l'Akba, Petit- Basscmi au sud, Assinie est situé sur
débouché à
la
la
au nord.
et l)al>ou
même nom,
de
rivière
qui sert de
double lagune d'Ahi-Tendo, dans laquelle se jettent,
à l'ouest, la rivière Bia ou Assinie,
et
à
l'est, la l'ivière
Tanoé,
limite de la colonie.
L'exportation de
la
côte
d'Ivoire
palme, poudre d'or, cuirs, ivoire; les
indigènes Jaks-.laks, qui occupent
de préférence avec
merce français
la
pour Il
est si
surtout en
huile de
principalement par
le littoral
et
qui trafiquent
négociants anglais. L'importance du com-
les
peu considérable, qu'en 1872
Grand-Bassam à
a livré à
consiste
elle se fait
maison Verdier de
le
gouvernement
la
Rochelle, et Assinie
maison Swanzy de Londres, en réservant
toutefois ses droits
la
l'avenir.
y a
celles
même
eu un projet d'échanger ces deux possessions contre
que l'Angleterre
tient
sur
la
Gambie, ce qui eût
été peut-être
pour chacune des deux parties, en écartant
plus avantageux
les
occasions de conflits d'intérêts.
Les
.\oii;s.
—
<(
Deux grandes
races, tivs distinctes, liabilcnt la
région voisine de nos élablissements.
La première, qui occupe
le
LA FRANCE COLONIALE
4^2
particularité exceptionnelle chez les territoire d'Assinie, offre cette
races noires, que le
fils
hérite de son père.
nous retrouseconde, qui habite sur la côte d'Ivoire, l'hérédité transmise par vons, comme chez les peuples du Gabon, du père passe au fils aîné de sa la hgne des femmes; l'héritage frère. ou, à défaut de celui-ci à son propre «
Dans
la
sœur,
Poste de Grand- Bassam.
<î
La grande
famille
qui peuple la côte d'Or
comprend
:
les
Achantas. Les Achantis, qui habitent l'intérieur, les Fantis et les Denkeras ils sont peu naturels d'Assinie sont des Wœssaws et des ;
nombreux. «Élancés, bien pris,
ils
traits sont grossiers, leur
ont une grande vigueur, mais leurs
nez épaté
et leurs lèvres lippues;
dant leur peau est plus souvent très fine
et
cepen-
d'un beau noir. Quel-
les Peuîs ques-uns, par leur teinte cuivrée, rappellent absolument par l'intérieur, du Sénégal, ce qui ferait supposer qu'ils peuvent, habitant le haut Niger. être en communication avec les Bambaras,
COTES DE GUINEE '
(T
Au
moral,
sont faux,
ils
ils
183
possèdent tous les vices ordinaires de leur race
perfides,
astucieux et voleurs; on les
anthropophages. Fétichistes ardents,
ils
dit
;
même
sont restés rebelles aux
tentatives de conversion, et les missionnaires ont
dû abandonner
tout espoir de les catéchiser. «
Les Jaks-.Taks semblent former une race à part, absolument
Poste français d'Assinie.
étrangère.
Ils
ont su s'élever par leur intelligence et leur industrie
au-dessus des populations qui
les
entourent.
Nous
avons déjà
les
vus, courtiers du httoral, tremblant pour leur monopole, lever contre nous l'étendard de la révolte et inciter à
peuplades productives de l'intérieur; mais, depuis qui leur fut infligée, tirer
Il
mètres; sées
ont compris tout
la
rude leçon
le parti qu'ils
pouvaient
de leurs bons rapports avec nos nationaux, et sont devenus
pour nous des cipal.
ils
la rébellion les
auxiliaires dévoués.
occupe sur
la
les cases, fort
G rand-Jak est
leur bourg prin-
plage une étendue de plus de huit cents
nombreuses
et
bien construites, sont dispo-
par groupes réguliers entourés de palissades de
l)ambou.
LA FRANCE COLONIALE
[84
Leurs
en général, qtioique absolument semblables à ceux
villages,
des antres nègres, respirent cependant un air d'aisance qui
les
disliiigue entre tous'. »
COTE DES ESCLAVES
II.Le
Poi'O.
— L'importance
de nos établissements du Popo n'est
pas bien connue, ni sans doule bien considérable, d'autant plus
que
la
ciales
concurrence allemande y
fait tort
aux transactions commer-
de nos maisons marseillaises. L'objet des échanges est sensi-
blement
le
même
qu'à Porto-Novo, dont nous allons parler.
—
La colonie française de Porto-Novo est située sur la côte des Esclaves, à l'est du lac Denham et du Dahomey, et à l'ouest de la ville plus connue de Lagos, chef-heu des possessions
Porto -Novo.
comprend une
anglaises. Elle
côte de 45 kilomètres de longueur, se trouve le poste français de
formée d'une barre sablonneuse où Cotonou,
et
d'une lagune courant de l'ouest à
l'est
au delà de
laquelle est bâtie Porto-Novo.
Porto-Novo
royaume de
,
peuplée de 20,000 habitants, est la capitale du
même nom
qui s'est soumis au protectorat français
,
et
qui compte environ 100.000 indigènes, tous de race nègre, .superstitieux et fétichistes.
La puissance du
Dahomey
s'y
roi est despotique et les
coutumes barbares du
pratiquaient encore récemment. Des missionnaires
catholiques et une école tenue par des religieuses ont aidé à la con-
version de 2.000 noirs.
Le commerce de Porto-Novo lions)
il
;
surtout
consiste
amandes de palme
et
de
la
est relativement considérable (iO mil-
dans
l'exportation
poudre d'or
des
huiles,
troquées contre des mar-
,
chandises européennes. Des maisons de Marseille y ont de
breux comptoirs. Malheureusement
la
des
nom-
lagune n'a de débouché qu'à
Lagos qui dépend de l'Angletere; mais on projette de construire
un
fortifié
et
résidence du
avec l'Europe ne se
fait
commandant que par
les
Lagunes et forêts en guinke. fois,
'
de terre par
canal qui couperait la langue
dans une pirogue d'indigène à
Hue
el
Hachigot, Nos
petiles Colonica.
français.
Cotonou, poste
La correspondance
navires qui touchent à Lagos.
—
«
C'était
l'abri
en plein midi, cette
d'une tente mouillée.
COTES DE GUINÉE On
«
longeait les verdures épaisses de
branches
les
fiter
et
185 la rive,
on passait sous
sous les racines pendantes des arbres, pour pro-
d'un peu d'ombre chaude et dangereuse qui tombait
là
sur
l'eau.
Un «
Cette eau
comme de
missionnaire caltiolique dans les lagunes de Guinée.
semblait stagnante et immobile,
l'huile,
elle
était
lourde
avec de petites vapeurs de fièvre qu'on voyait
ça et là planer sur sa surface polie. «
Le
d'un
soleil était
ciel
au zénith,
il
éclairait droit
d'aplomb, au milieu
d'un gris violacé, d'un gris d'étain, qui
des miasmes de marais.
était tout terni
|);ii-
LA FRANCE COLONIALE
486 «^C'était
quelque chose de
tiède n'apaisait plus leur soif
courage. L'eau
comme
malgré tout leur
étaient obligés de se reposer
rameurs noirs
les
que
terrible la chaleur qu'il faisait,
si
étaient épuisés et
ils
;
fondus en sueur.
« Et alors, quand ils s'arrêtaient, la pirogue, entraînée tout doucement par un courant presque insensible, continuait son chemin
à la dérive. Et nous pouvions voir de tout près ce le
monde de dessous
monde
à part,
palétuviers, qui peuple les marais de toute
les
l'Afrique équatoriale.
A
«
l'ombre, dans les fouillis obscurs des grandes racines, ce
monde
dormait.
Là, à deux pas,
«
mollement sur
il
vase,
la
souriant et idiot;
y
des caïmans glauques, allongés
avait
bâillant, la
gueule béante
et
visqueuse,
l'air
y avait de légères aigrettes blanches qui dor-
il
maient aussi, roulées en boules neigeuses au bout d'une de leurs longues pattes,
et posées,
des caïmans pâmés;
pour ne pas se sahr, sur
même
dos
y avait des martins- pêcheurs de tous
il
verts et de tous les bleus, qui faisaient la sieste
dans
le
au ras de
branches, en compagnie des lézards paresseux;
les
surprenants,
grands papillons
dans des
éclos
,
ayant
tout brillants
l'air
de
comme
mortes quand
feuilles
des écrins
ils
l'eau
de
et
de
températures
chaudière, qui s'ouvraient et se fermaient lentement, posés porte où
les
n'im^-
étaient fermés
mystérieux quand
ils
et
,
étaient
ouverts, tout étincelants de bleus nacrés et d'éclats de métal. « Il
y avait surtout des racines de palétuviers, des racines
des racines
,
pendant partout
en avait de toutes
comme
longueurs, de tous
les
trant et descendant de partout
trompes
,
de bras gris
des gerbes de filaments
,
;
on eût
dit
les
;
et il
y
calibres, s'enchevê-
des milliers de nerfs
voulant tout enlacer et tout envahir
:
,
de
d'im-
menses étendues de pays étaient couvertes de ces enchevêtrements de racines. Et sur toutes tous les caïmans, gris
le
les vases,
sur toutes les racines, sur
y avait des familles pressées de
gros crabes
qui agitaient perpétuellement leur unique pince d'un blanc
d'ivoire,
Et
il
comme
cherchant à
mouvement
l'épaisse
verdure,
création au repos.
[de
en rêve des proies imaginaires.
somnambule de tous
le seul »
saisir
ces crabes était, sous
grouillement perceptible de toute cette
(Pierre Loti.)
CONGO FRANÇAIS
Notice historique. dans
golfe de
le
anglaise,
la
—
Err 1842,
l'escadre française,
Guinée, pour surveiller, d'accord avec l'escadre des nègres, choisit
traite
comme
Louis
petits rois riverains appelés
en 1843,
lieu
fondé en 1849.
et Denis.
même
profitait
les explorateurs français
remontent l'Ogôoué (1874);
peu de
Savorgnan
Marche
mais
,
cette colonie,
et
de Compiègne
Brazza,
de
naissance, lieutenant de marine au service de
l'Alima et
fut
abandonnée en 1871.
Mais bientôt
en 1877,
prise de possession
1862, on s'empara du cap Lopez et du delta de
rOgôoué. Toutefois notre commerce qui fut
La
premier village français, Libreville,
et le
En
de refuge et
lieu
qui fut acheté à deux
de ravitaillement, l'estuaire du Gabon,
eut
évoluant
la
italien
de
France, atteint,
plateau des sources de ce fleuve et y découvre (1878)
le
la
Licona, qu'il soupçonne être des affluents du Congo;
repoussé par
les
pas sans apercevoir
indigènes
le
fleuve
,
il
est obligé de retourner sur ses
lui-même que, un an auparavant
(1877), l'explorateur américain Stanley avait descendu en entier
depuis Nyangoué jusqu'au golfe de Guinée.
Pour comprendre que déjà, en 1876, les représentants
tionale
pour
la
la suite
le roi
des événements,
il
est Itoii
de rappeler
des Belges, Léopold II, avait fondé avec
des grandes puissances une Association internacivilisation
de l'Afrique centrale, en vue surtout
d'éteindre la traite des nègres et de faire profiter le
commerce de
toutes les nations. Des stations scientifiques et hospitalières furent
d'abord échelonnées sur
la
route du Zanguebar au grand lac Tan-
ganîka, dans la région orientale. Apprenant la traversée de Stanley, le roi le fit
Congo,
venir à Bruxelles
qu'il venait
,
puis
le
chargea de retourner sur
le
de découvrir, avec mission d'y établir des sta-
)
LA FRANCE COLONIALE
188
lions et d'ouvrir (ral)Oi(l
côte occidentale
voiture au
;
car
il
une communication vers rintërieur par la s'agissait de suppléer par un chemin de
défaut de navigabilité du fleuve, qu'interrompent les
cataractes échelonnées de Vivi au lac Stanley (Stanley-Pool). Ainsi
furent établis successivement, de 1879 à 1882, une série de postes,
notamment ceux de Boma,
Mayanga
Vivi,
Carie du
Gabon
et
et Léopoldville.
du Congo.
Mais, pendant ce temps, encouragé par une nouvelle subvention
du
roi
Léopold, de Brazza, dans un second voyage, remontait de
nouveau rOgôoué venu sur par
le
et fondait Franceville
Congo,
il
lequel celui-ci se
ritoire dit
obtient de
met sous
sur
Makoko,
le. plateau
central; par-
roi des Batékés,
un
traité
protectorat français et cède le ter-
le
de Brazzaville, où notre explorateur plante
le
drapeau
tri-
colore sur la rive nord du Stanley-Pool, en face de Léopoldville.
De Brazza regagne ensuite revient
en
France
Répuljlique, par
conclu avec çais
le roi
où,
la loi
la
dé Quillou
et
gouvernement de
la
cote par la vallée
bientôt
après,
le
du 30 novembre 1882,
Makoko,
«
le
traité
se fait remettre par le comité fran-
de l'Association internationale,
Franceville et de Brazzaville,
ratifiant
d
les
deux
stations fondées de
(Notices coloniales.
CONGO FRANÇAIS
189
Dans un troisième voyage accompli de 1883 à 1885, cette fois avec du gouvernement de la République franle titre de « Commissaire points du littoral, notamçaise », de Brazza s'empare de plusieurs mentdePonta-NegraetdeLoango, pendant quel'Association africaine
L'évangt'liiation des nègres.
établissait plusieurs stations
remontant encore une pour
lui faii-e la
fois
dans
la vallée
l'Ogôoué,
remise de
la
il
du Quillou-Niari
vint retrouver le roi
ratification des
;
puis,
Makoko
traités susdits (;ivril
1884).
Mais de cette prise de possession s'ensuivirent avec l'Association du Pordes difficultés qui s'accrurent encore par les prétentions tugal, revendiquant,
au
nom
fl<'
ses droits bistoriques, la possession
LA FRANGE COLONIALE
190
du
Congo.
})as
En
on attribue généralement
effet,
découverte
la
de l'embouchure du Congo-Zaïre au Portugais Diego Gam,
on
1484, et le Portugal fut longtemps en relations d'affaires avec l'an-
royaume du Congo ou de San- Salvador; mais depuis siècles il n'avait rien établi à l'intérieur, et le Congo lui-môme
cien
monde étonné
inconnu jusqu'au jour où Stanley révéla au
trois
resta
ce fleuve
géant.
Pour aplanir
les différends politiques,
prince de Bismark au
représentées sont la
fut
rien
fallut
moins
convoquée par
de l'Empire allemand,
le
s'ouvrit
et
à
novembre 1884. Les quatorze puissances qui y furent
Berlin le 15
Hongrie,
nom
ne
il
qu'une conférence internationale, laquelle
:
l'Allemagne, la France, l'Angleterre, l'Autriche-
Russie,
l'Italie, la
Belgique,
Hollande,
la
l'Espagne, le Danemark, la Suède-Norvège,
la
Portugal,
le
Turquie
et les Etats-
Unis d'Amérique.
un Acte général,
résulta de cette conférence
Il
vrier 1885, qui consacre les principes suivants 1"
La
liberté
du commerce
de
et
la
signé le 25
:
navigation dans le bassin
conventionnel du Congo, lequel comprend non seulement
hydrographique du ileuve
et
celui de Quillou et de toute
ral
comprend
la
le
bassin
de ses affluents, mais encore, à l'ouest, depuis Sette-Kama (2» 30'
la cùte
tude nord) jusqu'au fleuve Logué près d'Ambriz. libre prolongée
fé-
A
l'est, la
région des grands lacs et tout
de l'océan Indien, depuis
le
Somaul
(5° latitude
lati-
zone
le litto-
nord) jus-
qu'aux bouches du Zambèse. Cette vaste zone commerciale reste ainsi libre
pour tous
les
queUes que soient
pavillons,
sances qui possèdent ou posséderont dans l'avenir inclus 2'^
libre
neutralité
,
en cas de guerre
comme
y
desdits territoires de la zone
indigènes
ne peuvent
base d'opérations militaires, pour
ne pas nuire aux droits des neutres
30
,
États possesseurs, fussent-ils ]»eUigérants,
les
les attaquer ni s'en, servir
les
puis-
les territoires
;
La :
les
et
pour
éviter tout conflit avec
;
La suppression de
la traite
des esclaves, la protection des in-
digènes, des missionnaires et des voyageurs, ainsi que la liberté religieuse
;
en un mot,
la
plus complète égalité de tous les individus
indigènes ou européens séjournant dans -
40
La
le
pays
;
création d'une commission internationale chargée de sur-
veiller l'exécution
des stipulations précédentes
;
CONGO FRANÇAIS Enfin
5^^
bassin entier du Nii^er est soumis aux
le
de liberté commerciale que
tions
Pendant
191
celui
mêmes
condi-
du Congo.
négociations, la France, le Portugal et le roi des
les
Belges ont pu se mettre d'accord pour
partage des territoires
le
contestés. fut
Il
convenu que
la
France
du bassin du Quil-
restait maîtresse
lou et d'une grande partie de la rive droite du Congo, tandis que le
Portugal obtenait
outre
le petit territoire
se
donner
fit
le
gauche du fleuve vers son embouchure,
la rive
de Cabinda situé plus au nord. L'Allemagne
poste de Nokki, non loin de Vivi, pendant qu'elle
annexait de vastes provinces dans l'Afrique orientale.
Ces revendications
satisfaites,
tantes n'exigeant pas de part
et les autres
puissances contrac-
spéciale de territoire,
pold II, qui seul pendant six ans avait supporté les
le
Léo-
roi
frais
énormes
des entreprises dirigées par Stanley, fut reconnu légitime posses-
seur de la plus grande partie du bassin du Congo dont les limites
une étendue de près de 2.000.000 de kilomètres
furent fixées sur carrés,
comprenant
bande de
territoire
du
térieur
le
donnant accès par
le roi
des Chambres belges, a pris ,
une
fleuve et
la côte occidentale
dans
l'in-
continent. Ainsi s'explique la création de I'État indé-
pendant du Congo, par Etat
moyen du
cours supérieur et
Léopold
le titre
II, qui,
de
<r
Souverain
sans que l'union des deux pays sous un
en rien la responsabilité de
la
Belgique,
avec l'autorisation s
même
du nouvel chef engage
étant elle-même
un
État
neutre.
Le drapeau de africaine dont
il
d'or au centre.
l'État
du Congo, comme
a pris la place
est
,
Son administration supérieure
correspond avec un gouverneur général terre africaine,
notamment
Léopold ville. Ces agents, d'une
flottille
et
affluents,
ils
la
est à Bruxelles et
et des agents établis
sur
Banana, Boma, Vivi ou Matadi,
que
le
la
et
plupart belges ou anglais, disposant
ont fondé de nombreuses stations sur
ont remonté, tels
à
étoile
de bateaux à vapeur, continuent l'exploration de
frique centrale;
Congo
celui de l'Association
de couleur bleue avec une
le
l'A-
haut
dans ces derniers temps, d'importants
Kassaï,
le
Soukourou,
l'Ikata, le
Koango,
et
rUbangi.
le
Revenons maintenant au a Congo français s>, car tel est désormais nom qu'il faudra donner à ces territoires que l'on désigne aussi
sous celui trop peu précis
<t
d'Ouest africain
»
.
LA FRANCK COLON lALK
192
Nous
allons esquisser la géogi-aphie de cette région.
Description
— Le Congo français est situé dans
t;KO(;i;AiMiiQUK.
En
partie ouest de l'Afrique centrale et équatoriale.
la
nant
le
Gabon,
est borné au nord par
il
de latitude nord, à
l'est
par
le
Rio-Campo
couis du Congo
le
moyen
et le 17e
de longitude E. de Greenwicli (remplacée en 1887 par
rUbangi), au sud par par
le golfe
Tchiloango (5" latitude sud)
le
y compreet le
30'
2'>
degré
cours de
le
à l'ouest
et
de Guinée.
Sa forme générale
est celle d'un liexagone irrégulier
trique, dont le côté inférieur est plus étroit
Politiquement,
le
Congo
que
mais symé-
côté supérieur.
le
français confine au nord à la colonie
allemande du Cameron et à la colonie espagnole de Corisco, à l'est et au sud, au territoire de l'État indépendant, et au sud-ouest, au territoire portugais
de Cabinda.
superficie, évaluée à plus de 000. (H)() kilomètres carrés, est
La
supérieure à celle de
nord-
est,
mandes
car
un espace
du Rio-Campo,
Clara, Pongara sont
:
la baie
et
peut s'accroître encore par
est réservé entre les
territoii-e
à
Il
l'est et
est
le
limites alle-
bon de noter
au sud
partie
fait
Les bassins de l'Ogôoué, du Gabon
rive gauclie, sont seuls exceptés.
trois presqu'îles,
:
libre.
— La partie
Le littoral.
et
régions inconnues.
moitié de notre
que plus de de la zone commerciale
crée
libre
et belges, vers les la
et
France
la
nord de
la côte est
fortement échan-
Santa-
terminées par les caps Esieiras,
Lopez, y déterminent
de Corisco, où se jette
trois
enfoncements, qui
Moumi; l'estuaire du le Remboé, et la ])aie
la rivière
Gabon, au fond duquel affluent la Como et de Nazareth, où aboutit la brandie principale de VOgôoué.
Du
cap Lopez à l'embouchure du Congo,
droite,
présente
le
la
côte, sensiblement
caractère général de toutes celles
du
golfe de
Guinée, c'est-à-dire une série de lagunes longitudinales, séparées de
la
mer par
des langues de terre sablonneuse et des bancs de
sable, qui en rendent l'accès
tammes
est le lac
difficile.
La plus importante de
ces
N'Comi.
Orographie. — A partir de
l'étroite
plaine littorale, le sol s'élève
graduellement par des séries de collines étagées qui aboutissent
un
plateau central de 000 à 800 mètres d'altitude
la partie connue, c'est-à-dire au plateau
moyenne
,
à
dans
montagneux de France-
ville.
Les sommets ne paraissent pas dépasser 1.000 à 1.500 mètres
dans
le
sud.
Au nord du Gabon,
les
Monts de Cristal n'ont que
CONGO FRANÇAIS 500 mètres, tandis que
C amer on, en
le
193
territoire allemand, atteint
4.000 mètres.
—
Hydrographie. gôoué,
Quillou-Niari
le
Congo à
et le
Le Rio-Gampo, et le
Moimi,
le
Gabon, l'O-
sont les fleuves principaux de la région.
l'est,
Le Rio-Campo marque
Le Mouni
le
Tchiloango, qui coulent vers l'ouest,
dans
se jette
la frontière franco -allemande.
de Corisco, mais son territoire est
la baie
revendiqué par l'Espagne.
Le Gabon estuaire
un
n'est pas
comme on
fleuve,
moins long, mais plus large
ronde, dont
le
et
bassin peu étendu est entouré de montagnes.
imite les inflexions du cours.
La
à la Loire, dont
il
Ses sources, encore peu connues
plateau de Franceville
le
un
plus profond que la Gi-
Como et le Remboé sont ses deux affluents. UOgôoué est un fleuve égal pour la longueur sont dans
cru, c'est
l'avait
;
il
coule au nord-ouest dans une
contrée pittoresque et boisée, forme une courbe au sud de l'équa-
baigne
teur,
postes de Madiville, Booué,
les
communique au sud avec
le
Junanga
lac
formant un vaste delta terminé par
le
et
Lopé, Lambaréné, va
cap Lopez
fluent principal, le Nazareth, dans la baie de
sud un autre bras
Le Remho
nommé le
finir ;
il
à l'ouest en
envoie son dé-
même nom,
et
au
Fernand-Vaz.
sont deux rivières qui se terminent dans
et la Sette
grande lagune de N'Gomi.
la
Le Kouilou, appelé aussi Quillou ou Niari,
est
un
fleuve assez
considérable dont les sources sont peu éloignées de la rive nord du
Congo, avec lequel on a espéré
un
canal.
Congo.
Il
Son cours traverse
décrit les
un
dans
la
Sa rive gauche appartient
bouchure, qui traverse Portugal, dont « roi
le roi
de Cabinda
d'Afrique
que l'Ogôoué
et le
des comptoirs florissants.
Il
va
baie de Loango.
Le Tchiloango ou TcM forme çais.
inflexions
plateau fertile et de belles vallées où l'Asso-
ciation internationale avait établi finir
mettre en communication par
le
mêmes
»,
la
limite
sud du
territoire fran-
à l'État hbre, sauf près de son
la petite
em-
province de Cabinda, laissée au
porte entre autres titres héraldiques ceux de
de
«
seigneur de Guinée
»
et d'
«
empereur
».
Le Congo
est un des plus grands fleuves du monde, tant par sa longueur, qui doit dépasser 4.000 kilomètres, que par l'étendue de son bassin et le volume de ses eaux. Son cours supérieur, dccou13
LA FRANCE COLONIALE
I9i
complètement connu
vert par J.ivingstone (1809) n'est pas
mais
;
il
du lac Banguéolo et recevoir le trop-plein du lac TanLoukouga. De Nyangoué jusqu'à la mer, il a été parcouru en canot par Henri Stanley dans une exploration mémorable (1876-1877). Sous l'équateur il présente une première série de
paraît sortir
ganîka par
la
sept cataractes ou chutes dites les Stanley -Falls. Ue là,
au nord-ouest en formant une courbe immense qui
nouveau sous
équatoriale,
la ligne
tourne
ramène de
continue du nord au sud
et
jusqu'au Stanley-Pool, sorte de lac formé par ileuve. Entre le Stanley- Pool et Yivi,
le
il
un élargissement du
franchit
il
une seconde
série
trente-deux cataractes, dites de Livingstone, échelonnées sur
(le
une longueur de 300 kilomètres mètres;
i]00
il
va
dans
finir
le
et
d'une hauteur totale de plus de
Guinée par un estuaire
golfe de
large de 11 kilomètres.
Dans son cours moyen, entre
une longueur de 1.700 kilomètres, plaine horizontale où son
deux
les
séries
de cataractes, sur
Congo traverse une immense
le
s'élargissant jusqu'à atteindre de 20
lit,
à 40 kilomètres d'une rive à l'autre, renferme d'innombrables îles
boisées et paraissant bien peuplées.
Il
du nord, VUbangi, qui forme
la
qu'au le degré de latitude,
du sud
roii
,
de Vlkata
et
et
y reçoit d'énormes affluents;
nouvelle frontière franco-belge jusle
Kassaï, grossi du Sankou-
des eaux du lac Léopold II, du Kouango,
etc.,
tous situés dans l'État indépendant.
Sauf dans bâtiments de
cataractes,
les
mer
le
embouchure, jusqu'à Boma
amont de Vivi
Congo
le
est
partout navigable. Les
remontent depuis Banana, port situé à son et Yivi,
En
stations de l'État libre.
des premières cataractes, des vapeurs vont d'une
et
chute à l'autre et relient les stations d'isanghila,
Manyanga
et
Léopoldville sur le Stanley-Pool, distant de 530 kilomètres de l'Océan.
De
là, la
navigation ne rencontre plus d'obstacles, et déjà les
vapeurs de l'État libre rattachent Léopoldville, chef-lieu, aux stations échelonnées
sur
le
Congo central parmi ,
lesquelles
nous
rons Bolobo, Ikengo, Equateur-Station, Bangala, Upoto
cite-
et Fallo-
Station.
La
rive droite
du
Ileuve est française depuis
Manyanga jusqu'au
continent de l'Ubangi, sur une longueur d'environ 000 kilomètres. Elle y reçoit le Le(ini,
plateau central,
ainsi
Jacques de Brazza.
VAlima (pe
la
et la
Licona, qui descendent du
liouiKjc
,
récemment explorée par
CONGO FRANÇAIS Climat et productions.
—
195
Le climat du Gabon
et
du Congo en
pour les EuGénéral est torride, fiévreux, débilitant, sinon mortel
o
qui ont à prendre de grandes précautions bygiéniques passer quelques années. Cependant des missionnaires y ont
ropéens,
pour y fait
jusqu'à dix et vingt années de séjour.
Les productions naturelles sont toutes aux terres africaines. Déjà au mv^
celles
que
l'on reconnaît
siècle les [Portugais y cherchaient
LA FRANCE COLONIALE
196
de
l'or;
cependant
métaux y sont peu connus, mais
les
taux pullulent dans les forêts
damment, de même que caoutchouc,
le
le
;
les
végé-
palmier à huile se multiplie abon-
le
bananier,
cacaoyer, l'ébénier,
le
le
gommier
copal, l'arbre à
sandal, l'arachide,
le
poivre
malaguette.
De nombreux panzé,
le
singes,
notamment
le gorille
du Gabon,
le
chim-
troglodyte, avec le léopard, l'éléphant, l'hippopotame, le
gavial et le
boa Python, sont
grandes espèces sauvages. Les
les
t%W/
L'hippopotame
les termites,
fourmis géantes,
^//^,
et le crocodile.
les
moustiques,
les
mouches
veni-
meuses ne sont pas moins incommodes. Les crocodiles, qui méritent une mention spéciale, pullulent
Sur
bancs de sable du bas
dans tout
le fleuve et
Congo,
n'est pas rare d'en voir de véritables tribus, trente, qua-
il
ses affluents.
rante, cinquante individus,
dormant au
devant l'homme, mais dans l'eau
ils
les
A
soleil.
terre, ils fuient
prennent leur revanche
et
souvent des steamers ont vu leurs bandes s'élancer contre eux en
rangs serrés, «
et essayer
Tout à coup,
dit
de leur barrer
M. Stanley,
le
la route.
bruit inaccoutumé de notre
hélice et le clapotement de nos roues éveillent à la fois les crocodiles et leur colère.
un
à
Secouant leur engourdissement,
un hors des
criques où
ils
sommeillaient
les reptiles glissent
et s'apprêtent
à nous
CONGO FRANÇAIS punir de notre audace. L'œil en feu sur nous
et,
inconnus,
ils
ils
,
197
arrivent par soubresauts
prenant probablement nos bateaux pour des animaux se disposent à l'attaque... Point de doute,
ils
étaient
résolus à ne s'arrêter qu'après avoir percé de part en part la coque d'acier
du navire, avec leurs
à cinq ou six mètres , quille,
la
et
ils
têtes
en forme de
plongeaient
vrilles
;
mais arrivés
probablement pour explorer
,
revenaient ensuite à la surface, pour se remettre à
notre poursuite jusqu'à complet épuisement \
»
Les indigènes du haut Congo, qui font viande de tout, depuis chenille jusqu'à
singe
,
musc, ses
l'homme, en passant par
ne dédaignent pas la chair"
œufs, qu'on
à part une forte odeur de
:
fait
celle
son nid à quelques mètres de
y trouve en
œufs d'oie, avec
du poisson;
recherchés.
fort
nombre considérable,
— sont de
jusqu'à cinquante et soixante, les
serpent, le chien et le
le
de ce reptile ressemble assez à
œufs sont aussi
Le crocodile
le crocodile
la
cette différence
que
la
les
même
la
Les
rivière.
—
quelquefois
dimension que
deux bouts sont égaux.
Aussitôt après la ponte, la femelle les recouvre d'une couche de
dix à douze centimètres de terre, sous laquelle
ou deux avant
ils
restent
un mois
d'éclore.
—
Géographie pootique.
La
superficie
du Congo français
d'environ 600.000 kilomètres carrés, dont 50.000 à peine pour
est
l'an-
cien Gabon.
La population européenne du Gabon proprement guère 200 habitants, Français pour
les
deux
dit
ne dépasse
tiers; les autres.
Amé-
missionnaires, Anglais, Allemands et Portugais. Autour
ricains
d'eux gravitent 100.000 noirs
:
tels
sont les Gabonais
,
ou îM'Pon-
guès, formant la race primitive qui s'éteint; les Bakalais, chasseurs et trafiquants, et les
suppose
Mais
la
Pahouins ou Fans, race conquérante que l'on
dernière venue.
les récentes
annexions ont beaucoup augmenté
le
nombre
des noirs soumis à notre action exclusive; car, en supposant seu-
lement une densité de sept habitants par kilomètre carré
,
on arrive
à 4.000.000 d'indigènes, qui subissent déjà notre influence par les relations commerciales
,
en attendant de participer à notre
civili-
sation et à nos habitudes administratives.
Comme *
partout, les noirs gabonais et congolais sont ignorants,
H. Stanley, Cinq années
au Congo.
LA
198
FRANCE COLONIALE
superstitieux, fétichistes ou idolâtres; cependant quelques-uns sont
mahométans ou
convertis au christianisme par les missionnaires
catholiques et protestants.
Chaque soit
village
ou groupe de
villages, se
héréditaire, soit électif, mais le plus
gouverne par un chef, souvent, c'est
le
plus
Indigènes de l'Afrique centrale.
riche ou le plus influent qui s'impose et prend le litre de roi. Tel est le roi
Makoko, chef des nègres Batékès
leurs ennemis, habitent les bords
Les coutumes barbares,
qui, avec les Abfourous,
du Congo.
la
polygamie, l'esclavage,
même
l'an-
thropophagie existent parmi eux. Le travail est réservé aux femmes ainsi
qu'aux esclaves
de légumes, de
faits
fruits,
prisonniers à la guerre. Se nourrissant
de
volailles, vêtus à
peine d'un pagne en
cotonnade ou de quelque tissu grossier, parfois d'herbes sèches,
mal logés dans des cases en bambou, ces pauvres noirs abusent d'une vie rendue trop les vices.
facile,
par
la fainéantise,
qui conduit à tous
CONGO FRANÇAIS
— L'administration du Gabon-Congo
Administration.
en ce
moment
199
(1888) à M. P. de Brazza
vaisseau de l'État est à sa disposition, petites chaloupes canonnières qui
,
est dévolue
gouverneur général
remontent
;
un
qu'une douzaine de
ainsi
les rivières
pour pro-
commerce.
téger le
Les débuts de Libreville, poste du Gabon, en 1850.
Le
chef- lieu,
assis sur et
Libreville
ouïe Plateau, appelé aussi Baraka,
un plateau au nord de
l'estuaire;
il
est
compte 140 Européens
quelques centaines de noirs. Voici
comment un voyageur
«... Lorsqu'on vient
du
M. Marche, on aperçoit sur
nommé teur,
français décrit Vestuaire
droite le
la rive
en mémoire du fondateur de
mont Bouët,
la colonie.
une maison en briques rouges tranche sur
sombre qui couvre plus loin,
le
du Gabon
:
large et qu'on entre dans la rade, dit
rivage
:
c'est la
Au le
ainsi
pied de la hau-
fond de verdure
mission catholique.
Un peu
(juelques cases de bois, puis deux maisons blanches
LA FRANCE COLONIALE
200
carrées
ment sur
la
c'est Libreville
:
plage
commerce
blissements de
Plateau, puis
le
demeures de Glass
les
,
ou
le siège
du gouverne-
Plus au fond on peut distinguer dans
et l'hôpital.
où sont
,
le lointain,
principaux éta-
les
anglais, allemands et américains; puis,
sur une éminènce, la mission américaine et Prince-Glass,
le vil-
lage des noirs. «
Autour de
présence de
la
rade, d'énormes touffes de palétuviers trahissent
la
tei
j
abondante,
tation
marécageux
ains
que dominent
grands spathodéas, connus sous
deux
se couvrent
le
;
plus
loin
,
d'immenses
nom
croît
une végé-
fromagers
et
de
de tulipiers du Gabon, qui
par an d'une abondante moisson de fleurs
fois
orangées. «
Enfm, au dernier plan,
comme
qui surgissent de l'eau
ferment
le
coup d'œil de
du Rhemboé.
et
A
aux Perroquets
l'île
la
et l'île
Coniquet,
d'énormes bouquets de verdure,
rade
et
Como
cachent l'embouchure du
mon-
l'horizon ondulent les premières hgnes de
tagnes du continent africain, dont les
teintes s'affaiblissant
degrés, se fondent et s'évanouissent dans le bleu intense du «
Tout cela donne à
un
cette baie
plus animé. Cette rade profonde et
on n'y
voit
que
de
le stationnaire
navires anglais ou américains, navires français ou
si
aspect qui séduirait, belle
s'il
par ciel.
était
manque de mouvement, un petit nombre de
la division,
et,
plus rares encore,
quelques goélettes
quelques
chargées de remonter le
cours des rivières. «
Tel
notre établissement
est
du Gabon, fondé pour
servir
d'appui à notre marine de guerre, et peut-être pour favoriser les essais d'un
commerce qui
a prospéré assez bien entre les
des Anglais et des Américains, mais resté timide
qui
l'a
ou malheureux. Ce
n'est pas la faute
Les principales factoreries françaises de
Como, au cap Lopez, sur l'Ogôoué
Nazareth
Sur
et
la côte et
si
notre pavillon
»
ses
sont étabhes sur
bouches appelées
Fernand-Vaz.
la côte
sud-ouest, la France a acquis les comptoirs de Sette-
Kama, Nyanga, Mayoumba, Loango, ancienne fut jadis florissante, et
'
du gouvernement
créé, si le but militaire seul a été rempli et
n'a eu à protéger que des intérêts étrangers ^
la
mains
qui, entre les nôtres, est
Ponta-Negra ou
Alfred Marche, voyageur au Gabon,
la
ville
portugaise qui
Pointe-Noire, prise en
CONGO FRANÇAIS 1880
,
un combat sanglant avec
après
les
201
indigènes
,
non
loin de la
frontière portugaise de Gabinda.
Dans
le
fertile
nous a cédé
bassin du Quillou-Niari, l'Association africaine
les postes
de Rudolfstadt, Baudouinville, Stéphanieville
et Philippeville, qu'elle
avait créés et qui rappellent les
noms
des
princes" de la famille royale belge.
Sialion de Franceville (Congoj.
Franceville et Alima, sur le plateau central, et Brazzaville sur le
Stanley-Pool, sont les principales stations françaises actuelles. Brazzaville est considéré çais
comme
le
chef-lieu
du Congo
fran-
dont l'administration n'est pas encore réglée d'une manière
,
stable.
complément, nous donnerons, d'après les Notices coloétablisseniales officielles, une description sommaire des vingt-sept ments fondés au 30 juillet 1885 par P. de Brazza; bien que pluexistence éphésieurs d'entre eux n'auront probablement qu'une
Comme
mère,
ils
donnent une idée plus exacte de l'œuvre accomplie
jusqu'à ce jour dans lo
le
Congo
Vallke de l'Ogôouë.
—
français.
Cap Lopcz.
Mandji ou du cap Lopez est gardée par 40
—
La
station
hommes
de
l'île
environ, dont
LA FRANCE COLONIALE
.202
4 Laptots
On
30 Kroumens. C'est un des postes
et
les
mieux
établis.
y voit une maison d'habitation dont les proportions sont assez
vastes et plusieurs autres cases, des magasins qui peuvent abriter
3.000 tonnes de marchandises, une poudrière, un observatoire
un sanitorium, un
téorologique, les
Kroumens,
mé-
jardin d'essais, des cases pour
etc.
—
Lambaréné.
La mission a
ici
un simple magasin dont
le
chef a sous ses ordres trois ou quatre Laptots et autant de Krou-
mens. Njolé.
—
La
station des
limite entre le territoire
îles
Njolé marque,
du Gabon
sur l'Ogôoué,
la
de nos possessions du
et celui
Congo. Les bateaux à vapeur ne calant pas plus de 90 centimètres
remontent facilement jusqu'à Njolé. Situation excellente au point de vue stratégique et commercial. Maison d'habitation suffisante.
Développements à prévoir.
— Poste de secours près des rapides de ce nom. Achouka. — La position bien choisie. Les constructions Apingi.
est
chain.
Le poste
et
augmentées dans un avenir pro-
installations seront 'probablement
est situé sur la rive
gauche de l'Ogùoué, chez
les
Okandas.
— Sur
Booué.
la rive droite
du
Le point
fleuve.
chemin de
la
mer
chasseurs
et
commerçants, qui savaient autrefois
à Franceville, au milieu de Pahouins intelhgents, parti
tirer
leur situation pour piller les traitants et arrêter à volonté le
merce du
fleuve.
Le traînage des pirogues
et le
le
canon de leurs
fusils.
de
com-
transport des mar-
chandises par terre pour franchir les chutes s'accomplissaient
ralement sous
mi-
est situé à
litté-
Le poste commande
les
chutes et protège les passes.
— Poste de secours près des chutes.
Boundji.
Nghémé ou MadivUle.
—
Sur
la rive
gauche de l'Ogôoué, dans
pays des Adoumas. M. de Lastours a baptisé
le
« Madiville », là,
en
c'est-à-dire
«
village de l'huile de
poste
installés sur
un emplacement
du nom de
palme
beaucoup de palmiers. Case d'habitation
effet,
et
».
Il
bonne intelhgence avec les gens du
en très
et tranquilles.
poste.
Le pays
Doumé. — Poste de secours près de chute. Franceville. — Station située sur une colline très
y a
magasins
très vaste qui a été défriché
peu de temps. Les indigènes voisins sont doux vivent en
le
Ils
est sain.
la
son altitude
,
élevée.
Malgré
ce séjour est assez malsain à cause des marécages qui
CONGO FRANÇAIS l'avoisinent.
La station
comprenant une
se
salle à
203
compose d'un corps de bâtiment principal
manger, un magasin
et
une chambre à cou-
cher très confortable; d'un vaste dépôt d'approvisionnements; d'un
hangar pour
les ouvriers;
vant à loger
enfm, d'un long corps de bâtiment ser-
hommes du
matelots et autres
les
d'homme
Franceville que les Batékés transportent à dos
chandises pour
les
poste.
C'est de les
mar-
amener au poste d'Alima-Diélé. On compte
journées de marche,
un homme ne peut guère porter
et
six
plus de
quinze kilogrammes. 2°
Vallée de
L'ALL^L\..
une case d'habitation
La
station possède
des magasins.
et
— Poste
Ngampo.
— Alima-Diélé. —
au confluent de
la rivière
de ce
nom
et
de
l'Ahma.
— Habitations, hangars,
Alima-Leheti.
magasins,
qui font de cette station notre premier port dans
ateliers, etc., le
bassin du
Congo.
Bonya ou M'Bossi.
— Au continent de l'Alima
et
du Congo. Ce
dernier poste est de création toute récente, et les renseignements
sur son installation font encore défaut.
On
que
sait
les postes
de l'Ahma sont
centre des approvision-
le
nements en manioc des tribus riveraines du Congo.
—
—
Port de Makoko. Nganchouno. Sur le Congo. Résidence du roi Makoko. Makoko ou mieux Mbé. 3«
—
Ces deux établissements jalonnent
la
route qui
relie
le
haut
Ogooué au moyen Congo. Brazzaville.
—
Cette station, installée par
rendra de grands services, grâce Elle se
compose d'une quinzaine
à
sa
M. de Chavannes,
position
d'habitations
géographique. entourées
d'un
jardin.
Nzabi. 40
— Petit poste.
Sur le Niari-Quillou.
—
Niari Babouendé.
— Ce poste pos-
sède des cases d'habitation et des magasins.
Niari-Loudima.
—
Station importante au confluent des deux
cours d'eau.
Ngotou. choisi
— Le
comme
de Ngotou
»,
[)0ste
de Ngotou sur
position mihtaire; on
où
la rivière est étranglée
de basalte. Le poste, construit sur la le
passage.
le
Niari-Quillou est très bien
l'a installé
au
lieu dit
«
portes
entre deux hautes murailles
falaise,
commande absolument
LA FRANCE COLONIALE
204
Sur la côte.
50
Quillou,
— Pointe-Noire, Loançjo, embouchure du Niaricases de Nyanga. — Magasins
Mayoumba
travail-
et
et
leurs algériens.
Ces postes sont établis aux termes de Ceux-ci,
dier avec les chefs.
d'après
conventions stipulées,
les
conservent l'entière propriété de leurs terres;
vendre
par M. Gor-
traités passés
ils
peuvent
les
les
conditions consacrées par les usages du pays. Mais
et
La
reste sous la suzeraineté de la France.
reconnue
les
louer
percevoir des redevances sous la forme et dans
ou
et les chefs se sont
liberté de
le territoire
commerce
est
engagés à user de leur autorité pour
prohiber, dans les terres soumises à leur juridiction,
la traite
des
esclaves.
Dès aujourd'hui,
la
métropole a donc pris pied sur son nouveau
Vingt- sept établissements installés assurent son
territoire colonial.
action sur les peuplades
aux entreprises
environnantes
et
promettent
;
chacune
d'elles
centre civilisateur.
peu
à
peu
et
ne sont
industrielles et commerciales. Ces stations
pas seulement des camps retranchés qui protègent voies
sécurité
la
De
forme
comme un no^au
là partira l'influence
gagnera jusqu'aux régions
grandes
les
de colonisation et un
des blancs, qui s'étendra
les plus reculées
de
l'inté-
rieur.
Le commerce.
—
Le commerce du Gabon
10 millions de francs.
Il
se fait
s'est élevé
en 1885 à
malheureusement beaucoup moins
par navires français (18 en 1884) que par navires étrangers (141)
:
anglais, allemands et portugais.
L'exportation consiste surtout en caoutchouc (pour 2 millions), ivoire, ébène, bois rouge, huile de
tation,
palme, arachide,
en cotonnades appelées guinées, poudre
et l'impor-
et fusils,
eaux-de-
vie, mercerie, sel, etc.
L'importance du commerce sur évaluée pour
la
le
Congo ne peut encore
partie française. Mais dans l'État libre
déjà à "plus de 40 millions,
ce qui
il
être
s'élève
présager pour l'avenir de
fait
notre colonie une situation des plus florissantes.
Des services réguliers avec Liverpool, Anvers, postes français
relient les ports
Hambourg
du Congo en
même
et
haut fleuve concurremment avec
Léopold IL
ils
Boma
le
le
et Vivi
desserviront les
temps que ceux de
Sous peu, des vapeurs promèneront le
de Banana,
Bordeaux;
l'État libre.
drapeau tricolore sur
drapeau bleu
étoile
du
roi
CONGO FRANÇAIS Après ces données générales sur instant sur
vieux habits ciale et
un »
article
particulier;
au Congo.
Il
il
le
commerce, revenons un
s'agit
là tout à
y a
20o
de l'importation
la fois
matière
«
des
commer-
étude ethnographique assez intéressante.
Un
Les vieux habits.
—
«
aux secrets du commerce
consomme de
au Congo.
Voilà,
dont ne se doutent guère
d'Afrique
roi
les
certes,
un
article d'importation
personnes qui ne sont pas
africain.
Ce que
la
initiées
côte occidentale
vieux habits, de vestons passés, de redin-
gotes usées, de fracs hors d'usage, de tuniques d'uniformes
démo-
Les anciens uniformes rouges ou bleus des soldats anglais ou français trouvent là un placement admirable. Les vieux habits galonnés et chamarrés sont extrêmement demandées
,
est inimaginable.
LA FRANCE COLONIALE
206
dés.
quelque usé
n'est pas de frac,
11
On
trouve amateur au Congo.
dans lequel Stanley décrit
où
en jugera par
qui ne
passage suivant,
le
costume des chefs de
Vivi,
au
moment
revint en cet endroit, en 1879. (Second voyage.)
il
A
a.
le
puisse être,
qu'il
nous retournâmes à notre
quatre heures du soir, dit- il,
camp, sur
la
plage, pour conférer avec les chefs de Vivi. Entourés
d'hommes armés,
d'environ une quarantaine
amenés par
souriant Massala, qui
le
me
les
ces chefs
me
furent
présenta tour à tour
par ordre d'importance.
D'abord
a.
doyen des seigneurs
le
de Vivi,
Vivi-
s'appelant
Mavoungou, de Banza-Vivi, fils d'un père qui portait exactement le même nom. C'est un petit homme trapu et affligé d'un pied bot. Il
nous regarde de travers, d'un
drait être
un
aimable
air
et
air de truculente
obséquieux.
Il
bravade, qui vou-
porte une livrée bleue
de domestique, un bonnet phrygien en tricot multicolore et un caleçon de nuance criarde.
Banza-Sombo, vigoureux
Vient ensuite Ngoufou-Mpanda, de
«
vieillard à
cheveux
gris
,
véritable Oncle
Tom
,
vêtu d'une tunique
rouge de soldat anglais, un chapeau de feutre brun, un caleçon à carreaux,
un cohier en
poils
d'éléphants enfilé de quelques
Des anneaux en
reliques de fétiches, en guise de porte-bonheur. fil
de laiton ornent
à
son chapeau, se courbe pour
manque pas de
comme «
de
de ce personnage.
les chevilles
me
faire
Il
porte la
grâce, et, à l'aide d'une jambe,
il
se gratte l'autre,
les matelots.
Puis on
me
taille grêle,
chevilles et le
présente Kapita, un chef de physionomie joviale,
enveloppé d'une tunique de soldat bleu foncé,
cou garnis
comme
les chevilles et le
faire place à
indiquent que
Vivi-Nkou, dont
la sobriété n'est
les
cou du précédent.
Après un salut imitant également celui des marins,
pour
main
une révérence qui ne
les traits flétris, les
il
se range
yeux
hilares,
pas sa maîtresse vertu. Celui-ci est
vêtu d'une redingote noire et d'un chapeau de soie.
En
fait
de
caleçon, une ample jupe de laine écarlate.
un brave jeune homme bien découplé, portant un paletot brun foncé qui a évidemment appartenu au domestique de quelque club de Londres, un caleçon en «
toile
Enfin vient Benzani- Congo,
de coton à pois bleus et des anneaux en
villes, q:
aux poignets
Les
et
fil
de laiton aux che-
au cou.
hommes d'armes
n'avaient pas mauvaise tournure.
Les
.
CONGO FRANÇAIS du commerce leur avaient fourni
profits
207
les
d'habillements convenables, en calicot à
moyens de
ou en
desseins
écru. Presque tous étaient coiffés d'une casquette de
ayant
mais
nombre, portaient de préférence
le petit
marque «
Tower
«:
Comme
paille.
rayée,
me
Vivi, elle
armes, des
le feutre
ou
anglais
fusils à pierre portant la
y>
peu nombreuse que
Si
toile
calicot
forme d'un prétentieux bonnet phrygien; quelques-uns,
la
chapeau de
le
s'affubler
faisait
fût cette
un
espérer
assemblée d'aborigènes de
brillant avenir
pour l'Afrique, en
supposant que, par un miracle de bonne fortune,
je
pusse par-
venir à décider les millions de nègres de l'intérieur à se dépouiller
de leur accoutrement d'herbes sèches
européens,
d'occasion
tels
exemple. Quel débouché
,
pour adopter des vêtements
qu'on en porte à White-Chapel, par y aurait là pour les vieux habits
il
!
Les
anciens uniformes des héros militaires de l'Europe, les livrées des laquais de clubs et do la valetaille attachée aux Pharaons modernes, roljes
les vieilles
d'avocats,
mes
sévères redingotes de
Rothschild, les
habits usés des
les
éditeurs
eux-mêmes
serviraient à parer
des chefs du Congo, qui s'y pavaneraient avec joie, les jours où
ils
auraient à se mettre en grande tenue, pour faire des visites de
cérémonie. «
prévisions
:
mes premières
l'expérience a entièrement confirmé
Depuis,
rencontré par milliers de noirs enfants de l'Afrique
j'ai
qui ne croient pas déroger en utilisant les vieux habits des pâles enfants de l'Europe, mais, au contraire, se donnent beaucoup de
mal pour réunir de quoi acheter ces vêtements légitimes et fiers propriétaires'.
Notons
ici
que
si
l'habit
et
en devenir
les
»
européen
est très goûté
au Congo, notre
pantalon, par contre, n'y a aucun succès.
Le
troisik.mp:
rentré
P)razza,
voyage de M. de Buazza. (1883-1885). en France à
la fin
—
M. de
de 1885, a été naturellement
reçu partout en triomphateur. La Société de Géographie de Paris,
dont
il
est
membre,
a organisé au Cirque d'Hiver en son
honneur
une séance extraordinaire présidée par M. de Lesseps. L'explorateur y a
fait le
long récit de son troisième voyage, dont nous avons
parlé plus haut; nous en extrayons quelques pages relatives à son
'
H. Stanley, Cinq années
de vue économique.
au Congo,
ciW;
par M.
.1.
W'auteus, dans
le
Congo au point
COLONIALE
LA. FRANCE
^08
passage à Franceville, sa descente de l'Alima, son arrivée sur
Congo
et la
remise des
traités
au
sons les appréciations de l'auteur ces
immenses
d'amener à «
Le 22
territoires,
la civilisation
juillet
1884
Makoko puis nous reproduisur les moyens de colonisation de roi
;
peuplés de sauvages qu'il s'agit avant tout
par
les
procédés pacifiques.
sans péripéties bien remarquables
,
vions à Franceville après avoir remonté «
La
nous
arri-
cours de l'Ogôoué.
le
situation de Franceville est réellement belle, sur la haute
pointe d'un
mouvement de
élevé, à partir
terrain qui, après s'être insensiblement
du confluent de l'Ogôoué
et
de
la
Passa, tombe, par
une pente rapide, d'une hauteur de plus de 100 mètres sur qui coule à ses
rivière
le
pieds.
la
L'horizon lointain des plateaux,
dans un panorama presque circulaire,
alignements réguliers
les
des villages qui couvrent les pentes liasses,
la
note fraîche des
plantations de bananiers tranchant sur les tons rouges des terres argileuses, font de ce point
une des vues
les plus jolies et les
plus
comme un besoin de même temps comme un vague désir
séduisantes de l'Ouest africain. Elle inspire
se
reposer en admirant, et en
de
marcher vers «
les
horizons qu'on découvre.
En me rendant
à Franceville, j'avais conclu de nouveaux traités
avec les chefs riverains
,
en vue d'une organi-
traités faits surtout
sation dont j'aurai à parler plus loin et par lesquels, dès ce
moment,
notre service de pagayeurs était assuré. <r
De
toute
Franceville à l'Alima, à chaque agglomération de villages,
une population
nous entourait des manifestations «
L'Alima, après
l'est,
se dirigeait
en plus basses;
abandonnant
grouillante,
ses occupations,
les plus cordiales...
s'être infléchi
longtemps au nord -est puis à
maintenant au sud, ses rives devenaient de plus la végétation se
transformait, les marécages du
delta apparurent avec leurs hautes herbes et les horassus qui en
émergent; tout à coup, brusquement, nous débouchions dans (Jongo. Magnifique spectacle. Messieurs,
d'eau touchant laquelle
le ciel
le
que cette immense nappe
à l'horizon, semée d'innombrables
îlots et
sur
s'épand à l'infmi cette lumière intense qui semble noyer
tous les objets et tous les plans dans une buée tiède et jaunâtre. «
Mais passons sur
les
beautés du
site,
aussi bien que sur les
incidents d'un voyage de quatre jours dans les J'avais touché à la station de
un
Bolobo
et salué
méandres du Congo.
son chef, M. Librecks,
très avenant et très aimable officier de l'armée belge.
Le 27 mars,
,
CONGO FRANÇAIS Ngaiichouno. M. Ballay y
j'arrivai à
dans
les
était
209
parfaitement installé
meilleurs termes avec les chefs environnants
me
Makoko. Je
et
vassaux de
,
retrouvais en pays connu; c'est là que, trois ans
auparavant, je m'étais embarqué pour aller prendre possession des territoires cédés
voulu donner
le
nom
leurs sujets étaient
de
me
visites et «
N'Gouna, auquel
à
«
mon
main de tous
reçut avec
une marche de nuit nous con-
et
j'en fais
:
une pompe peu
faisant allusion
couru
mon honneur et sur mon compte,
aussi liien
disait
au peuple présent
la
cérémonie de
un abrégé sommaire. usitée et des démonstra-
aux faux bruits qui avaient
en Afrique qu'en Europe,
il
:
en vérité
,
«
Vous tous qui
^
Voilà celui qu'on disait mort
«
Voilà celui qu'on disait pauvre
«
Et
il
présents des-
les
Tout d'abord, dans une chanson impro-
tions de joie excessives.
— En vérité
ces amis de jadis.
résidence.-
visée en
«
;
nombre de
je fus assailli
m'avait envoyé saluer par
de vous décrire en détail
serait trop long
Makoko me
chefs et
nous réunissions
hâte,
réception et la remise des traités «
les
connaissances
arrivée,
récompenser sa loyauté,
aux abords de sa
11
vieilles
fatiguai à serrer la
une ambassade." En grande duisit
Société de Géographie a
de Brazzaville. Tous
pour moi de
Makoko, prévenu de
tinés à
la
êtes là, voyez.
désignait,
:
est revenu.
il
:
voyez ses présents.
»
en parlant ainsi, un magnifique tapis
et
un
coussin de velours que nous avions placé sur ses peaux de lion. « «
Le peuple reprenait en chœur
Ceux
qui ont ainsi parlé sont des
cérémonial admis
même nombre
,
en manière de refrain »
Puis, suivant
:
\o,
môme temps que moi et faisant le Makoko me donnait une vigoureuse acco-
se levant
de pas,
et
menteurs.
en
,
lade, ne se lassant pas de sourire à son ancien ami. «
Je le priai de faire prévenir ses premiers vassaux, afin que la
remise des traités pût se faire en séance solennelle. La cérémonie fut «
renvoyée au surlendemain.
Au jour
dit,
tous les chefs et leurs plus notables sujets réiion-
dirent à la convocation.
Le palabre
se tint sous
un vélum de
laine
rouge, semblable à celui sous lequel avait ou lieu notre première réception.
On
jours, et, dans
chacun
avait déployé l'appareil le plus brillant des le
but de donnei' plus de solennité à
avait apporté ses dieux lares
pour
la
les |)i'eiidro à
grands
cérémonie, témoin. 14
,,
LA FRANGE COLONIALE
210
un
« C'était
spectacle bien étrange que cette
compacte accroupie
foule
dans
,
bigarrure des étoffes à cou-
la
mouvement d'une lance ou
leurs vives, le faisait
où
,
passer des éclairs. Çà et
là,
nombreuse réunion
le
déplacement d'un
tranchant sur
le reste,
fusil
quelques
pagnes de satin ou de velours nous indiquaient que des générosités étrangères avaient devancé les nôtres,
Makoko
«c
peaux de
trônait sur ses
lion,
négligemment accoudé
sur des coussins, entouré de ses femmes et de ses favoris. à quelques pas de lui
En
face,
M'pohontaba, l'un de ses premiers vassaux
,
peaux de léopard, atten-
et les autres chefs assis à terre sur des
le signal du palabre. Nous étions un peu sur le côté. Makoko, sans se lever, bienvenue à tout son monde; il expliqua en quelques
daient que le souverain donnât entre les deux groupes,
souhaita la
mots
but de
le
vint à
la
réunion
puis chaque chef, M'pohontaba en
;
genoux protester de sa
Makoko,
fidélité à
tête,
seul vrai chef,
disaient -ils, seul propriétaire et souverain de tous les territoires
Tous
batékés.
comme autrefois, heureux et fiers d'être
se déclarent,
placés sous la protection de notre drapeau, et fétiches et par les
A mon
«
hommes Makoko de
tour,
jurent sur les
rappelai le passé en quelques mots;
je
présentaient les armes, on sonna aux champs, et je la
remise des
traités
cérémonie fut dressé
la
ils le
mânes de leurs pères.
au
nom
de
et signé, et
la
mes fis
à
France. Procès -verbal
on se rendit sous
le « hall »
exposés à l'admiration de tous, les
improvisé où se trouvaient,
présents destinés à chacun et étiquetés à son nom. Les cris de surprise, les
bruyante
marques de et
joie, les
gaie dans
chacun emportant
remerciements, jetèrent leur note
le va-et-vient
d'une foule curieuse; puis,
ses nouvelles richesses,
on
se dit gaiement au
revoir. Il
«
fallut rester
chez
Makoko quelques jours encore pour
l'aider
à terminer les différends survenus entre certains vassaux depuis
mon «
dernier passage. J'allais
seuls
les
partir;
dans un palabre intime,
principaux chefs,
rendrais à Brazzaville par des pouvoirs de
Makoko
solennellement au
nom
,
il
la
fut décidé
voie
du
de son chef
me
M'pohontaba, muni
par terre pour
les
assistèrent
que, pendant que je
fleuve,
s'y rendrait
auquel
territoires
me
et les
remettre
vassaux
secondaires qui les administrent. «
Le lendemain, nous
étions de retour auprès de
M. Ballay;
CONGO FRANÇAIS deux jours de nouveaux préparatifs,
et
211
le
canot à vapeur, suivi
MM.
d'une dizaine de pirogues, amenait à Brazzaville
Chavannes
et
Brazzaville , dont on vous a parlé
«
Ballay, de
moi.
l'extrémité d'une croupe assez large qui
brusquement à cent mètres de
si
souvent,
domine
la rive,
le
est située sur
Congo
et s'abaisse
dans un éboulement de
sable argileux. Cette croupe semble être le premier obstacle contre lequel se butte le fleuve
première cataracte. De
pour
en tournant se précipiter à
aller
regard embrasse dans son entier l'im-
là le
mensité du Stanley -Pool et tout
la brise
cirque de hautes montagnes
le
qui l'entourent. Le pays est peuplé, et
la
le sol est fertile, l'air est
sain,
constante d'ouest y apporte la fraîcheur relative
des
plateaux qu'elle a traversés. €
me
Le lendemain, dans un palabre
Makoko,
présentant les chefs des deux rives du Congo, leur ordonnait
de n'obéir qu'à moi; puis, prenant
dans «:
solennel, le délégué de
les
mains de tous,
il
les mettait
miennes en signe d'abandon.
Cette cérémonie n'était
avait
les
eu lieu à
fut dressé et
mon
du
reste
que
la répétition
de
celle qui
premier voyage en 1880. Le procès-verbal en
communiqué
lendemain au représentant de l'Asso-
le
ciation africaine. «
C'était
atteindre
le
mon
!'=>
juin
1884
premier but,
poursuivre immédiatement
;
et
les
il
avait fallu plus d'un
quelque désireux que fatigué d'une
autres,
tension d'esprit et d'ailleurs malade, je
me
an pour
je fusse
de
continuelle
décidai à prendre huit
jours de repos à notre station de N'Gantchou (Ndganchounon).
Mieux portant au bout d'une semaine, j'essayai mes en allant visiter Makoko. Dans cette courte promenade, «
compté cent un éléphants en
trois
forces j'avais
de leur bonne
jours et profité
volonté pour en tuer quatre dont les défenses, données en présents à certains chefs,
me
firent passer
pour un
homme
complètement
désintéressé des biens de ce monde. «
A côté
de ces résultats scientifiques
et
poHtiques, se placent
des résultats économiques plus importants encore. «
Le premier
est d'avoir
définitive qui doit, à sentiel
mon
conquis sur
les
populations cette influence
avis, constituer l'élément primordial es-
de toute création de colonie. Tirer parti des indigènes, fondre
leurs intérêts dans les nôtres, en faire nos auxiliaires naturels, c'était là,
suivant moi, l'un des plus hauts objectifs de
ma
mission.
LA FRANCE COLONIALE
212
A
((
hommes nous
Par
qui les lient,
traités
les
leurs
un temps déterminé de
doivent annuellement
en dehors de leur salaire,
vice;
com-
l'heure présente, les anciennes tribus de l'Ogôoué sont
plètement dans nos mains.
ser-
trouvent dans de sérieux
elles
avantages économiques et dans notre protection une compensation
au temps qu'elles nous consacrent, Les Pahouins eux-mêmes, ces tribus cannibales que de puis-
«
santes migrations conduisirent autrefois sur les bords de l'Ogôoué,
que leur sauvagerie
et
comme
leur instinct de pillage avait long-
temps éloignées de nos vues, Pahouins,
depuis
qui
vingt
arrivent
y
enfm.
mêmes
Ces
en révolte constante
ans sont
et
ouverte contre l'autorité française du Gabon, ont été amenés, par les intérêts
mêmes
que nous leur avons créés, à
bases que les autres peuplades.
sentir à
nous fournir des auxiliaires
dérable au point de vue de
moyen de maintenir une
seul
est absolument, —
,
ont dû, eux aussi, con-
une garantie consi-
et c'est là
la tranquillité
;
avec nous sur les
traiter
Ils
heureusement,
le
un pays qui
sécurité complète dans
j'allais dire
même
peut-être est-ce
— hors de
la
portée
des canonnières de notre marine de guerre. Ces nouvelles recrues sont venues sans trop de répugnance s'encadrer dans les rangs de
nos premiers auxiliaires
Adoumas, Okandas, Apingis, Okotas,
:
Bangoués, toutes tribus dont
une
bien
inimitié
les avaient
instinctive
que des
toujours éloignées aussi faussés
intérêts
et
mal
compris. « Peu à peu ces Pahouins viendront doubler et nombre de nos auxiliaires leurs aptitudes naturelles ;
physique,
leur
sobriété
tripler
extrême,
les
rendent
le
leur force
,
merveilleusement
propres à nous seconder dans ces contrées neuves. ((
que se constitue l'homogénéité des éléments ma-
C'est ainsi
niables de l'Ogôoué; tous ces térêts
dans un
aujourd'hui
m'a «
été
liés
à nous par
donnée par
Pagayeurs,
et
réunis par les
mêmes
in-
de dépendance à notre égard, sont
une organisation dont
l'inscription
porteurs
hommes manœuvrent nos nos marchandises «
hommes,
même sentiment
maritime de
ou soldats,
la
suivant
l'idée
première
France. les
besoins,
ces
pirogues dans les rapides, transportent
sont toujours prêts à défendre notre drapeau.
Ailleurs que dans l'Ogôoué, sur les plateaux qui séparent le
bassin de cette rivière de celui du Congo, nous avons, dans les
groupes de villages voisins de
la route,
plus de 3.000 Batékés qui,
LA FRANCE COLONIALE
214
pour n'être pas encore précisément enrôlés
moins honnêtement
effectuent pas
et disciplinés,
n'en
régulièrement nos transports.
Les Batékés du haut Alima ont commencé à devenir nos
d
pagayeurs,
de Brazzaville,
et à l'ouest
qu'on en saurait
Dans
en attendant
utiliser.
haut Congo enfin, chez
le
Ballalis,
les
nous fournissent plus de travailleurs
de devenir nos porteurs,
«
et
les
peuplades encore bar-
bares, notre action est trop récente pour avoir
pu produire de
semblables résultats; je ne doute pas toutefois que nous ne obtenions par
dans ((
les
la
les
humaines, qui sont
patience. Les immolations
coutumes de ces peuples, deviennent moins fréquentes.
En un mot,
à différents titres et dans des contrées différentes,
depuis l'indigène transformé en soldat
et
qui passe
un an sous
les
armes, jusqu'à celui qui porte un ballot pendant sept jours, en-
hommes
viron 7.000
sont employés
perdent à notre contact
les vices
annuellement par nous.
Ils
de leur sauvagerie primitive;
notre langue et notre influence se répandent dans leurs familles
dans leurs tribus,
ce groupe,
et
et
qui représente une population
d'environ cinq millions d'àmes, se forme progressivement à l'école
du et
travail et
féconde,
du devoir. Une influence
et je
ainsi basée doit être stable
puis en donner une preuve.
Il
y a douze ans,
le
commerce du haut Ogôoué était la traite des esclaves le chiffre total du commerce du Gabon atteignait à peine deux millions; aujourd'hui le commerce licite a remplacé l'ancien trafic, et le
seul
;
chiffre des transactions atteint «
environ quatorze millions de francs.
Enfin nos possessions, qui jadis ne comprenaient qu'une bande
étroite et insignifiante
de côte, entre
le
cap Saint- Jean
et le
cap
Sainte-Catherine, sont actuellement plus que centuplées. <r
Laissant maintenant
le
passé pour l'avenir, je
me demande
ce
qui reste à faire encore. <r
Ces contrées de l'Ouest africain qui constituent notre nouvelle
colonie sont loin d'être toutes parfaitement étudiées, complètement
organisées, et ne peuvent entrer en exploitation que le jour où les voies de communication auront relié à la
navigable de l'intérieur.
Il
reste
mer l'immense
réseau
donc à poursuivre notre œuvre
d'étude et d'organisation, et pour la continuer dans les meilleures
conditions possibles,
ropéens
un
et à
million.
il
suffirait
d'employer une cinquantaine d'Eu-
peu près deux cents noirs,
soit
une dépense d'environ
«
CONGO FRANÇAIS
215
L'avenir du bassin du Congo, considéré d'une façon tout à
fait
générale, dépend en partie des voies de communication à créer.
Dans
obscurités actuelles de la question, je ne sais ni où, ni
les
quand, ni comment ces voies seront
mais
établies;
je puis affirmer
seront quelque jour... Je considère l'Ouest africain et
qu'elles le
bassin
du Congo comme un pays dont
merce
et
l'avenir
le
dépend du com-
de la culture des indigènes, non de la colonisation par
l'émigration. «
Voilà une contrée neuve encore
où s'acclimateront individuel-
,
lement quelques Européens, mais où l'Européen en général, sur-
du nord,
tout celui
un milieu défavorable
se trouve dans
tempérament. Cependant on convient que
à son
richesses naturelles
les
de ce pays merveilleusement arrosé sont considérables, mais
il
faut
chercher au cœur du continent, en former de grands cou-
les aller
rants et les diriger vers la côte.
convenablement
cultures
faut
Il
une
richesses naturelles sous
compter aussi que certaines
s'ajouteraient
établies
encore
ces
à
tout en étant plus à
latitude qui,
portée de l'Europe, est celle de Sumatra, de Bornéo et du Brésil. «
Sans parler
ici
de l'ouverture des voies de communication, à
y aurait à pourvoir d'une manière spéciale, la récolte des produits du sol, l'établissement des cultures, représentent une laquelle
il
main-d'œuvre considérable qu'on ne peut demander ni aux Arabes, ni
aux Chinois, ni surtout aux ouvriers de race blanche.
Or
«
cette
main-d'œuvre, nous
populations fort primitives, gentes,
il
trouvons sur place, dans des
la
est vrai,
mais non pas
qui sont assez maniables pour
et
qui sait les
inintelli-
manier, ne
pas les heurter, apporter dans les relations avec elles beaucoup de
une bienveillance sans
fermeté,
faiblesse
une patience
et
sans
limites. a
En
voulant leur imposer brusquement nos réglementations,
nos manières de faire,
une
infailliblement à
ment.
A
gènes
me
part
même
semble
de voir
lutte la
être,
de penser, nous arriverions
et
où nous
les
conduirions à l'anéantisse-
question d'humanité,
en ce cas, l'hygiène
la la
protection des indiplus sûre pour la
poule aux œufs d'or. «
Aussi bien que personne,
je
connais
les difficultés
de création
d'une colonie sans en forcer le développement, sans vouloir qu'elle rentre dans le
un
type déterminé.
Que
la
haute administration, que
haut commerce prennent garde de vouloir mettre trop
vite
en
LA FRANCE COLONIALE
210
coupe réglée une possession, qu'à vrai dire nous connaissons encore insuffisamment, et dont
les
indigènes ne sont pas encore initiés à
ce que nous voulons d'eux.
Ainsi donc
«
notre action, jusqu'à nouvel ordre, doit tendre
transformation
surtout à
préparer
de
de production
travail,
l'Européen, avec
*
p. DE
Brazza
Congo
le
la
Italien
»
par son père, mais Français par sa mère, M. de
marine française,
français (janvier 1687).
en agents
de consommation; plus tard viendra
simple rôle d'intermédiaire'.
Savorgnan de Brazza.
est officier de la
et
des indigènes
el
en ce moment gouverneur
général du
RÉUNION
ILE DE LA
—
Historique.
forme
le
Avec
les
îles
Maurice
groupe des Mascareignes
carenhas,
France en
navigateur
prit possession
en 1642
,
et
du nom de Mas-
découvrit en
portugais qui les
Bourbon
Rodiigiiez,
et
ainsi appelées
,
XIV
Louis
1508.
concéda à
la
La la
compagnie des Indes orientales, qui, en 1665, fonda Saint -Paul, première résidence du gouverneur.
En
1715,
l'île
Maurice, sa voi-
abandonnée des Hollandais, devint aussi nôtre
sine,
et s'appela Ile
de France. Toutes deux prospéraient par la culture de
la
canne à
sucre, lorsqu'en 1810, elles tombèrent au pouvoir des Anglais.
Bourbon nous est
rendue quatre ans après
fut
encore britannique. La révolution
donna, en 1794,
Ce
nom
de Réunion ne veut rien dire
M. Onésime Reclus. nisa
:
réellement
«
L'île s'appelait
elle s'appelle
encore
»
,
éternités
»
Bourbon quand on ainsi.
carte
du monde.
le
changements de
nom
—
L'île
Bourbon
dans des
qui bouleversent
il
la
est située
dans l'océan
21o latitude sud, à 600 kilomètres de la côte orien-
de Madagascar. De forme eUiptique, son grand axe incliné au
nord-ouest a 71 kilomètres de longueur, de celle
Le
de
la Table.
littoral
a
Sa
"superficie est
la
pointe des Galets à
de 2.512 kilomètres carrés.
un développement de 207
kilomètres. Faiblement
accidenté par le cap Bernard , la pointe des Galets et
nord-ouest, par il
foi
»
Description pnvsinuE. Indien, sous
la colo-
Flagornerie pour les
qui vieillissent, mépris du vrai, offense à l'histoire,
y a de tout cela dans les
tale
nom
ajouterons-nous avec
heureux, insulte aux vaincus, enthousiasmes naïfs, «
le
de la Réunion, qu'elle reprit en 1848.
d'île «
lui
mais non sa sœur, qui
,
les
le
cap Noir au
pointes des Gascades et de la Table au sud-est,
ne présente cependant aucune baie profonde. Généralement bas
LA FRANGE COLONIALE
218
sablonneux,
et
n'a
il
mais seulement quelques
point de port,
mauvaises rades foraines exposées aux violents ouragans de
cette
région.
Vue de
mer,
la
comme deux
l'île
l'île
la disposition
du piton de
et
cône immense ou plutôt et
la
de forêts. La
de ses plateaux en gradins attes-
est le produit d'éruptions volcaniques
marqués par
centres principaux sont
Neiges
comme un
cônes juxtaposés, couverts de verdure
nature de son sol, tent que
apparaît
les
dont
les
deux
sommets du piton des
Fournaise.
Le piton des Neiges, haut de 3.069 mètres,
et le
Grand -Bénard,
qui en a 2.895, sont entourés de trois cirques ou anciens cratères,
appelés cirques de Salazie, de Mafate et de Gilaos. Les cirques se
sont formés par l'effondrement des laves et leur enlèvement par les
eaux
Au
sud-est de
torrentielles qui se sont ouvert des passages vers la
est le seul volcan
intervalles
le
l'île,
en
piton de la Fournaise, haut de 2.625 mètres, activité,
mais
les
il
ne se réveille plus que par
de 15 à 20 ans. Ses coulées de laves ont formé
Grand-Brûlé, qui s'étend jusqu'à Entre
mer.
la côte.
deux cônes volcaniques s'étendent des plateaux
de 1.600 mètres d'altitude moyenne
et désignés
plaines des Salazes, des Cafres, des Palmistes.
descend par degrés vers
la côte,
le
sous les
De
élevés
noms de
ces plaines on
plupart des habitations et
et la
des cultures se sont groupées sur les pentes inférieures.
Le massif de
l'ile
est sillonné
d'une multitude de ravines pro-
fondes, creusées par les torrents qui descendent directement des
plateaux à
mer,
la
comme
autant de rayons d'une circonférence.
Les plus considérables sont
les rivières
du Mât, des Galets
et
de
Saint- Etienne, qui sortent des trois criques de Salazie, de Mafate et
de Gilaos,
de servir à
et celles des
mer,
et leur
tion.
Toutefois
Pierre
;
et
encaissement
un
et
de
l'Est.
Ges torrents, loin
les
même
rend peu propres
canal d'irrigation arrose
de Saint-Paul (16 hectares);
celui
à l'irriga-
commune
la
quelques étangs dans l'intérieur
a
l'ile
notamment
Marsouins
navigation, ont peine à porter leurs eaux jusqu'à la
la
les
et
sur
de Saintla
côte,
cirques de Salazie
de Gilaos renferment des sources thermales.
Le climat de
la
Réunion, grâce à son
relief, est varié et
salubre
on n'y connaissait aucune maladie avant l'introduction des leurs indiens.
mais
elle est
La température moyenne sur
moindre sur
les
le
:
travail-
rivage est de 24»,
plateaux, et les sommets se couvrent
ILE DE LA REUNION
même
de neiges temporaires. Les pluies,
•219
très
abondantes, donnent
de 4 mètre 80 centimètres de hauteur moyenne annuelle jusqu'à
5 mètres d'eau, saison de
1'
chaleur et
«
hivernage
les
au nord-est. C'est dans
la
de novembre à mai, caractérisée par
la
à Saint-Benoît, exposé »,
grandes pluies qui l'accompagnent, qu'ont lieu ces
marée
funestes ouragans ou cyclones et les raz de
habitants et des marins
celui
:
Carte de
ainsi
que tous
La
l'île.
soufflent
« belle
saison
de 1829 détruisit vingt navires,
de
la
Réunion.
est
»
due aux vents plus rafraîchissants qui
fer
magnétique
légumes
;
mais
un défrichement
En
revanche,
les forêts
sables de la plage,
extrait des
a peu ou point de minéraux. Les animaux, la
même
végétation est riche en fruits
inconsidéré.
sources thermales, et sur
le
cyclone de 1879
Les volcans de Bourbon. aient singulièrement ait
domestiques,
ont été en grande partie détruites par
Voici quelques détails sur les volcans de la
cans
de
du sud -est.
sont aussi très rares. et
redoutés des
les caféiers qui faisaient la principale richesse
Sauf un peu de l'île
l'île
si
—
«...
et
et
leurs
:
Bien que
diminué d'intensité,
Réunion
les feux souterrains
que l'un des deux
vol-
cessé depuis plusieurs siècles d'être dangereux, partout on
retrouve des traces de
la
force ignée.
Ici,
des sources thermales
LA FRANCE
220
qui jaillissent
COLOMALE
à 87'2 mètres d'altitude, la source de Salazie , qui
:
contient de l'acide carbonique; celle de Mafale, à 082 mètres, sul-
fureuse et ferrugineuse; celle de Cilaos, dans
température s'élève à 48»,
la
neuse;
là,
champs de
des
piton de Fournaise,
le
le
Bras-Roufjc, dont
qui est alcaline, acidulé et ferrugi-
et
lave, et, à l'extrémité orientale de
l'île,
sombre cratère qui, de temps à autre,
allume ses incendies sur Thorizon. Par bonheur ses éruptions ne sont jamais accompagnées de tremblements de terre, ce qui indique facile
le
dégagement des gaz
foyer comburant.
sourd
et continu. Bientôt
tombe dans
et
le fleuve
vers
peut-être aussi l'apaisement du
et
Le volcan semble
la plaine,
une où
annoncer par un bruit
enflammée déborde du cratère
lave
elle
les
continue de brûler; par bonheur
de feu se dirige toujours du côté de
le seul
côté où
s'arrête parce
que
une issue
lui soit
ouverte.
la lave se refroidit;
la
De temps
comme
entend
liruit
Quand
il
et
il
flots
il
de
continue sa
arrive sur la côte, on
frissonnement de l'eau froide qu'on laisse tomber
le
sur du fer rougi
assourdissant.
à autre
mais de nouveaux
bitume ou de métal arrivent pour l'alimenter,
marche avec un
mer, c'est-à-dire
:
c'est la lave qui
tombe dans l'océan en cascades
étincelantes. «
La Réunion continue donc
à être
le
théâtre de
volcaniques, mais qui ne présentent plus aucun sécurité
de ses habitants.
Pourtant,
le
phénomènes
danger pour
la
29 novembre 1875, un
grand malheur a frappé notre colonie. Une partie du piton des Neiges et du Gros-Morne
s'est
écroulée dans
ensevelissant sous ses débris le village les
le
cirque de Salazie,
du Grand -Sable,
situé sur
bords du torrent des Fleurs -Jaunes. Plus de 150 hectares ont
été ainsi recouverts
par des milliers de mètres cultes de rochers
de terre, qui forment, dans tout cet espace,
et
comme un manteau
d'une épaisseur de iO à 00 mètres. Près de cent vingt victimes ont été ensevelies sous ces débris sans
qu'il soit possible
de songer à
retrouver leurs cadavres. Dans cette catastrophe, un terrain en pente, reposant sur une couche d'argile et de rochers lisses, glissa et fut
poussé à plus de deux kilomètres de distance avec une rapi-
dité effrayante.
rent debout...
Les constructions,
les arbres,
Au premier moment on
les
moissons restè-
a cru que le piton des Neiges
reprenait son activité. Mais ce n'était qu'un éboulement, consé-
quence trop naturelle de
la
désagrégation des rochers volcaniques
de ces montagnes sous l'influence des agents atmosphériques.
En
ILE DE LA 1809, un
immense incendie
RÉUNION
221
montagnes. Les
avait déjà déboisé ces
temps
racines qui retenaient la terre pourrirent avec le
comme
rent
Donc n'accusons pas de
pluviales.
terrains, et affirmons sans crainte
dangereux ^
ont cessé d'être
Comme complément de
l'île
et devin-
autant de canaux par lesquels s'infiltrèrent les eaux cette catastrophe les feux sou-
que
les
volcans de la Réunion
»
un de nos amis
à la relation précédente,
Bourbon nous adresse
la
note suivante
L'éboulis s'est
«
:
détaché du Gros- Morne, lequel est adhérent au Piton des Neiges. Il
y a eu soulèvement du sol et tremblement de terre au moment Une case renfermant une famille, les arbres qui
de l'éboulement.
avoisinaient cette case
et
,
à 200 mètres de distance.
une
petite parcelle de terrain ont
Une
autre case, vide, a glissé,
glissé
sans se
désagréger, de la rive droite sur la rive gauche de la ravine des
Heurs -Jaunes, en passant sur de
lit
la rivière,
les
débris qui avaient comblé le
parcourant ainsi un espace de près de 400 mètres.
»
—
« Le cyclone a éclaté sur l'île, dans la Le cyclone de 1879. nuit du 20 au 21 mars 1879, avec une violence excessive qui n'a pris fin que dans la matinée du 22. Le baromètre est descendu, le
21 à midi et demi, jusqu'à 727, l'une des plus fortes baisses obser-
un grand nombre
vées depuis
Dès
«
le
20 au matin,
d'heure en heure
sait
au large. Vingt
et
d'années.
était déjà arrivé à
mais l'on espérait que
;
un
il
rallier leur
d'appareillage leur était
capitaine s'ils
du
A
bord; à une heure Cette mesure,
fait.
le
et
plusieurs jours; mais
était
demie,
due à
le
donné signal
l'initiative
du
qui eussent été perdus
mouillage.
Les navires déradés ont été obhgés de tenir
«
grossis-
cyclone passerait
midi Tordre
port, a préservé ces navires,
avaient conservé
le
mer
la
:
navires (dont neuf à Saint-Denis) se trou-
vaient alors sur les différentes rades.
aux capitaines de
759
ils
la
mer pemlanl
sont tous successivement rentrés, après
avoir subi des avaries plus ou moins considérables. «
Le navire anglais China
est
Saint-André, à l'embouchure de
mes d'équipage ont et anglais
se perdre sur le littoral
la rivière
du Mât;
ses neuf
do
hom-
Les navires autrichien Voliuitccr
Margaret-Wilkie, rentrés à Saint-Paul
recueilli, le
'
été sauvés.
venu
le
27 mars, ont
premier, l'équipage du navire anglais Ucvival-of-Cur-
Extrait de la Revue de Géographie
,
\'><l'd.
FRANCE COLONIALE
LA
222
digan,
second,
et le
déradés de Maurice où
vigueur qu'à
dans a
la
du navire
celui le
italien. 6r Zona,
tous deux
cyclone a sévi, mais avec bien moins de
Réunion. Aucini bâtiment de
ne se trouvait
l'État
l'ile.
Trente-cinq personnes ont péri, tuées sous
On compte
maisons ou noyées.
débris de leurs
les
de nombreux blessés. La plupart
des édifices publics et des propriétés particulières, dans les
comme magés <r
dans
les
communes
réclament de coûteuses réparations.
et
Au Muséum,
armoires contenant
les salles et
bibliothèque et
la
villes
ou moins endom-
rurales, sont plus
le
laboratoire ont été inondées.
les collections,
Il
y a dans cet
établissement des richesses considérables qui sont menacées. Les
du gouvernement, du
toitures de l'hôtel
teur de l'intérieur
,
du receveur général
nombre considérable de cases en bois versées par «
.
le
et
;
les quais
,
les radiers
ont été enlevées
,
;
un
de paillotes ont été ren-
Les maïs,
les vivres,
souffert.
plusieurs ponts ont été
,
des rivières et d'autres ouvrages ont
points. Les petites cultures sont dévas-
été détruits sur plusieurs
beaucoup
du direc-
vent ou emportées par les eaux.
Les routes sont coupées ou ravinées
enlevés
tées.
lycée, des hôtels
sont perdus. Les cafés et les vanilles ont
La grande culture
n'a pas
non plus
été épar-
gnée. Les cannes, déjà hautes, ont été brisées ou couchées, et l'on
estime que tiers «
la récolte sera réduite
sur les habitations
A
les
d'un quart
et peut-être
même
d'un
plus éprouvées.
Saint-Denis, neuf personnes se sont noyées en cherchant à
échapper à l'inondation. familles avec les hauts de
l'îlot
On annonce
qu'elles habitaient
la rivière
la
dans
disparition de plusieurs la rivière
personnes a également disparu.
11
est à craindre
victimes n'augmente encore lorsqu'on aura points habités de l'intérieur'.
Géographie politique. sement en décroissance.
du Màt. Dans
des Galets, une famille composée de cinq
que
le
nombre des
pu pénétrer dans
les
»
—
La population de l'île est malheureuDe 210.000 habitants en 18(37, elle n'en
compte plus que 168.000 en 1883. La superficie étant de 2. 512 kilomètres carrés,
la
densité de la
population est de 66 habitants par kilomètre carré, un peu moins
qu'en France. Les habitants comprennent 30.000 blancs ou créoles,
1
Journal
officiel
de
la
république française. Avril 1879.
ILE DE LA
un nombre
triple
RÉUNION
223
de noirs affranchis et de Malgaches auxquels sont
venus se joindre 30.000 Indiens, 8.000 Gafres, 6.000 Malgaches, engagés comme travailleurs aux cultures, et quelques centaines de Chinois négociants. issus
Les blancs sont des créoles
Cabanes ou
çaises plus
pailloltes abritant les
ou moins
alliées
d'anciennes
Malabares des sucreries,
aux Malgaches,
et
familles
à
fran-
Bourbon.
quelques autres
Européens.
Toute
kl
population indigène parle
le
français,
ainsi
(pie
le
mélange de vieux français et de malgache. Kilo est cathorelève de l'archelique; l'évêché de Saint-Denis, formé en 1851,
créole,
vêché de Bordeaux.
;
LA FRANCE COLONIALE
224
Les travailleurs immigrants sont païens; car, leur séjour dans l'île
n'étant que temporaire,
L'île est
il
est difficile de les christianiser.
administrée par un gouverneur
d'un conseil
civil assisté
privé et d'un conseil général. Elle envoie au parlement français
un
sénateur et deux députés.
en deux arrondissements , dont
Elle se divise est
déterminée à peu près par
U arrondissement
la
circonscription
de partage des eaux.
la ligne
du Vent comprend neuf communes, savoir
du nord au sud,
Saint-Denis,
Sainte -Marie,
Saint -André, Salazie, Bras-Panon,
:
Sainte-Susanne,
Saint- Benoît, Plaine des Pal-
mistes et Sainte- Rose.
U arrondissement
Sous-le-Vent
Saint-Paul, Saint-Leu,
Saint-Joseph
Le de
et
jusqu'au
lation indiquée
lages de
Les
la
composé de sept communes Saint-Pierre,
:
Entre-Deux,
Saint-Philippe.
territoire très
la côte
est
Saint-Louis,
communes
étendu de ces
sommet
pour
s'étend généralement
des montagnes, de sorte que la popu-
les chefs -lieux
comprend
aussi celle des
vil-
campagne.
seize
communes renferment
trois villes
:
Saint-Denis, Saint-
Pierre et Saint-Paul, et cinquante-trois bourgs ou villages.
Saint-Denis, 36.000 habitants, située au nord de
est le
l'île,
chef- lieu de la colonie et de l'arrondissement du Vent. Siège
gouvernement, d'une cour d'appel
,
de l'évêché
ville s'agrandit et s'embellit
chaque jour, mais
Elle a érigé des statues à la
Bourbonnais
verneurs de
et
d'un lycée
elle n'a
et à Poivre,
,
du
cette
pas de port. anciens gou-
la colonie.
l'embouchure de
la
rivière des Marsouins, a donné naissance à l'amiral Bouvet,
le
Saint- Benoit, 10.000 habitants, à
premier des enfants de
l'est et
la colonie qui
à
fut appelé à la gouverner.
Saint-Pierre, 24.000 habitants, bâtie en amphithéâtre sur
la
côte sud-ouest, est le chef- lieu de l'arrondissement Sous-le-Vent elle
a
un
port artificiel assez
commode.
Saint-Paul, 25.000 habitants, sur serrée entre la côte et
un étang de
la côte
nord-ouest, est res-
16 hectares.
C'est là
que
les
premiers colons s'établirent en 1665. Sur son territoire on creuse le
port de la Pointe des Galets.
Commerce. industrie de
— La culture de l'île.
tion des esclaves
C'est
pour
la
canne à sucre
elle
qu'il a fallu,
est
presque l'unique
depuis l'émancipa-
en 1848, recourir aux travailleurs
libres de l'Inde,
RÉUNION
ILE DE LA de
Chine
la
et
des côtes d'Afrique.
225
Néanmoins
la
production du
sucre est tombée de 70 millions de kilogrammes en 1860, à 30 millions
en 1883. Cette décadence explique
La production du
dépeuplement de
le
café, qui fut de 3.500.000
kilogrammes,
duite à 500.000 kilogrammes, mais tend à se relever. Celles
de
la vanille,
du manioc, des
patates, des légumes, sont
L'absence d'élevage de bétail
et
l'île.
est ré-
du maïs,
en progrès.
une industrie manufacturière
presque nulle font recourir à l'étranyer pour
approvisionne-
les
ments de toute espèce. Le commerce intérieur dispose d'une route, d'un chemin de et
de
lils
télégraphiques faisant presque
Le commerce extérieur
les trois
pour
quarts avec la France,
tour de
élevé en
s'est
francs, dont plus de la moitié
le
le
fer
l'île.
1883 à 50 millions de
les exportations;
se fait
il
reste avec Maurice,
pour
Madagascar
et l'Inde anglaise.
Les exportations consistent surtout en sucre, pour 17 millions de francs, en café pour un million, en vanille, rhum, caoutchouc, clous de girofle; et les importations, en vins, tissus, meubles et
machines provenant de France, denrées alimentaires,
riz,
bétail
d'Afrique et de Madagascar.
Les
Un
villes
de commerce sont surtout Saint-Denis
et Saint-Pierre.
port nouveau avec bassin s'établit en creusant les sables à
la
Pointe des Galets, au nord de Saint- Paul. Les messageries maritimes font
communiquer chaque mois Saint-Denis avec
et Saint -Nazaire
En
par
le
canal de Suez et
le
Marseille
Cap.
attendant qu'un câble sous-marin soit établi à Bourbon,
celui de
Zanzibar à Aden
fait le
service des correspondances avec
l'Europe.
lo
LA FRANCE COLONIALE
226
ILES KERGUÉLEN, SAINT-PAUL ET
A
800 lieues au sud-est de
AMSTERDAM
Réunion, dans
la
la
mer
des Indes,
par 490 de latitude sud, se trouve la terre inhabitée de Kerguélen,
que dont
le il
navigateur français de
nom du
au
prit possession
même nom
découvrit en 1772,
et
Cette prise de possession ne
roi.
paraît pas avoir été ratifiée officiellement et n'a été suivie d'aucune tentative d'occupation.
En
effet,
terre,
cette
dont l'étendue est
d'environ 4.000 kilomètres carrés, n'est qu'un amas d'Iles et de presqu'îles rocheuses, hautes de 1.800 mètres au
mont Ross, dé-
chiquetées extraordinairement en d'innombrables golfes et baies,
parsemées de plus de 200 d'autant plus capitaine
difficiles,
Cook
lui a-t-il
qui rendent les abords
îlots et écueils,
que
la terre
donné
le
y est très mauvaise. Aussi
nom
de
le
terre de la Désolation».
«
Toutefois, dans ce siècle, les Anglais ont relevé la carte de ces
parages,
et les
ont fréquentés pour la pêche à la baleine et aux
même
phoques, qui y abondaient en
oiseaux de mer. Cette analogie avec les la
même
latitude, fait espérer
temps que d'innombrables îles
Malouines, situées sous
que Kerguélen, malgré son climat
austral, pourrait nourrir des troupeaux de moutons
dernières
îles,
aujourd'hui exploitées par des
comme
ces
éleveurs anglais,
après avoir été, en 1703, l'objet d'une tentative d'occupation française par Bougainville.
Les deux
îlots
velle-Amsterdam,
rocheux situés
et inhabités
de Saint- Paul et de Nou-
au nord-est de Kerguélen, par 49" de
latitude, sont aussi parfois attribués à la France, à cause
d'un essai
d'établissement d'une pêcherie française en 1842. Découvertes en
1696 par
le
Hollandais Flaming, c'est là que les astronomes fran-
çais s'installèrent le soleil,
en 1874 pour observer
pendant que
ricains, étaient
les
passage de Vénus sur
observateurs anglais, allemands et amé-
campés sur
circonstance qui a rappelé
le
le
l'île
de Kerguélen.
C'est
même
souvenir de ces terres australes.
cette
MADAGASCAR ET ILES VOISINES
CHAPITRE
I
NOTICE HISTORIQUE La France ne possède pas encore de de Madagascar, mais
de 1885 en
fait
elle
fait la
grande
ile
y a des droits incontestés,
africaine
et le traité
présager la possession dans un temps plus ou moins
rapproché.
Découverte par
les
Portugais, que ce soit en 1500, par
Tun des
lieutenants de Cabrai, ou en 1506, par Lorenzo d'Alméida, qui lui aurait
donné
le
nom
de son patron, Saint- Laurent, Madagascar,
après des tentatives infructueuses de colonisation portugaise, vit
normands plus d'un
arriver les navigateurs
Richelieu, voulant doter créa la
«
Société de l'Orient
siècle après.
En
lGi'2,
France d'étabhssements d'outre-mer,
la
»,
dont
les
agents reçurent mission de
pour y ériger colonies et commerce et en prendre possession au nom de Sa Majesté très chrétienne ». A partir se rendre à
de 16i3,
Madagascar
les
«:
Français, conduits par Pronis, s'établirent successi-
vement sur
la C(He orientale,
Dauphin, à
l'ile
à la baie Sainte- Luce, puis à Fort-
Sainte- Marie, à ïamatave, à Fénérive
et
Foule-
pointe, et dans la baie d'Antongil. Malheureusement, l'insalubrité
de
la côte,
jointe à la
mauvaise administration
et
Pronis et de ses compagnons, qui pratiquèrent
aux cruautés de
même
la
traite,
LA FRANCE COLONIALE
223 firent
et attirèrent
échouer ces entreprises
sur les blancs
haine
la
des pauvres Malgaches, qui d'abord les avaient reçus avec joie. Toutefois, vers 1(350, de Flacourt fut plus heureux sur la côte
sud-est
Fort-Dauphin. En
et releva
l(3()i-,
sous Louis XIV,
la
^,'^lirrteiùfcs
Q' "Iles
ComoTC»
IJfahUU 'ç~,JJ'am<i7i%i,
/MayaUe\j
-
^MaÂaréj
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Lilauricc (_iy^| S'DenL,
'
LBcnirboB
SyKèrté
/.
F e
re n
ToTléar
^cfujlr.
.Vu
-^ i
a
fur V-Tt^a^f-''
i
M 21*/c h
^ i
k
Carte de
l'île
de Madagascar.
Compagnie des Indes orientales», fondée par Colbert, succédant à la Société de l'Orient, obtint pour siège principal d'exploitation Madagascar, qui prit ofiiciellement les noms d'i/e Dauphine et de (T
France orienlale. Les mais échouèrent pour
tentatives de colonisation les
mêmes
causes que
recommencèrent,
les
précédentes
derniers colons, expulsés par les indigènes, se réfugièrent à
:
l^s l'ile
MADAGASCAR Bourbon (10G2), de
la
couronne
et la i),
229
Grande-Terre, bien que
«
réunie au domaine
continua pendant un siècle à être
la
proie des
pirates et des négriers.
En
sous
1750,
le
ministère de
Marie fut achetée aux chefs de
300 hommes conduits par
le
Ghoiseul, la petite
la côte.
En
1773, Louis
Hongrois Benyowski
:
île
Sainte-
XV
envoya
celui-ci s'éta-
Types hovas de Madagascar.
une grande influence sur
but dans la baie d'Antongil
et acquit
Malgaches de
proclamèrent leur
la côte,
qui
le
l'opposition jalouse des colons de
roi;
Bourbon. Sous
mais la
il
les
périt par
révolution et
l'empire, d'autres essais furent également infructueux, et en 1811 tous les postes
français
tombèrent au pouvoir des Anglais, qui
depuis plusieurs années déjà aidaient
les
Hovas de
l'intérieur
à
s'organiser en peuple conquérant.
Le nies,
que «
et
traité
de 1814, en rendant à
notamment Bourl)on, ne 8 déclarait
la
de ses dépendances
».
l'article
la l'^rance
stipula rien
plusieurs de ses colo-
pour Madagascar, tandis
cession à l'Angleterre do Cette foi'mule pouvait
l'île
|)ivl(^r
Maurice à
équi-
LA FRANCE COLONIALE
230
voque,
l'on considérait les droits sur
si
pendances de
la
d'eux des concessions territoriales,
les chefs
Radama
En
le'",
le
jeune roi
à se rendre peu à peu maître de toute
1817, ce prince, doué d'une intelligence remarquable pour
Une
batterie de
ropéenne, conclut avec leur
allié
royaume. et
dé-
la côte et à ol)tenir
nous en aidant
sa race, et désireux de doter ses peuples
rait
de
«
soit, tandis
gouverneur anglais de Mau-
le
rice, sir Furquehar, sut agir contre
l'île.
comme
possession de Maurice». Quoi qu'il en
que nous continuions à influencer
des Ilovas,
Madagascar
Il
et
les
canons
à
d'une civilisation à l'eu
Tananarivo.
Anglais un traité par lequel
supprimait
la
traite
des
esclaves
accueillit les missionnaires méthodistes
il
se décla-
dans
son
de Londres,
ceux-ci, après avoir créé des écoles à Tananarivo et ailleurs,
finirent par acquérir sur l'esprit de la
cour une influence qui dure
encore actuellement.
En
1825,
Radama
fit
expulser les Français de Fort-Dauphin et
de Foulepointe. Après sa mort, arrivée en 1628, sa veuve Ranavalona lui succéda; mais, sultjuguée par le vieux parti hova et par les prêtres des idoles,
son long règne se signala par des cruautés
sur ses propres sujets et par une réaction contre les étrangers, qui furent souvent malmenés,
malgré plusieurs interventions des na-
vires de guerre anglais et français. Toutefois triotes,
du
nom
un de nos compa-
de Laborde, avec l'approbation de
la reine,
sut
MADAGASCAR créer près de Tananarivo
un
231
vaste établissement industriel
prenant forges, fonderie de canons, verrerie, menuiserie
et
Un
de charronnage.
fils
Radama
avec Napoléon
III
II,
un
qui, traité
Tananarivo.
ï
roi
de Magadascar
».
lui
Radama
même
Entrée du
le
reconnaissait
il
fut
et
comme
palaii?.
accordait les plus grandes faveurs
aux Français; mais bientôt après, étranglé par hovas,
de Ranavalona
ayant succédé en 1861, conclut
où celui-ci
—
de
autre Français, M. Lambert,
exerça une certaine influence sur l'esprit
de son
com-
tuilerie, ateliers
les réactionnaires
remplacé, en 1SG5, par sa veuve, Rasoaherina,
en 1809, par sa nièce Ranavalona
II.
et,
Celle-ci, ayant épousé son
premier ministre, se convertit au protestantisme
et subit dès lors
l'ascendant des méthodistes anglais.
Cependant
la
paix se maintenait
catholiques françaises elles-mêmes l'île,
lorsqu'on
l'intérieur, et les missions
étaient
très florissantes
dans
1883, les réclamations du gouvernement français
au sujet de quelques l'amiral
;'i
faits
peu marquants n'ayant pas
Pierre vint bombarder et occuper Maziniga sur
abouti, la
c<)te
LA
232
FRANCE COLONIALE
nord-ouest, Vohémar, Tamatave, Foulepointe, sur tale.
menée peu vigoureusement par notre
guerre,
I.a
qui pendant deux ans se contenta de ])loquer le côtes,
Ce l'ile
traité
troupes,
néanmoins au
aboutit
traité signé le
sauf
et
lui
la
baie
rend de
tous
l'ile
M
côte orien-
expédition,
et d'inquiéter
décembre J885,
Hovas comme souveraine de
reconnaît la reine des
entière,
la
les
occupés
postes
Diégo-Suarez.
nos
par
La France abandonne
ainsi ses droits particuliers de protection sur les peuples sakalaves
Tananarivo.
et
malgaches de
la
—
Palais de la reine.
côte nord-ouest et nord-est.
pourront pas acquérir des biens dans
l'île,
Les étrangers ne
mais seulement
les
affermer pour un temps renouvelable. Par contre, une indemnité
de 40 millions est accordée par
naux tilités
français et étrangers :
les
pour
le
gouvernement hova aux natio-
les pertes subies
pendant
les
hos-
douanes du port de Tamatave resteront entre nos mains
jusqu'au payement intégral de cette indemnité. De plus, la France acquiert
le droit
de construire dans
la baie
établissements militaires à sa convenance, d'en faire une position maritime capital, c'est
que
la reine
de Diégo-Suarez des ce
qui lui perm.ettra
du premier ordre. Mais
rivo d'un résident officiel français,
qui aura en main toutes les
relations diplomatiques avec les puissances étrangères, sans tefois
point
le
des Hovas subit la présence à Tanana-
«
tou-
s'immiscer dans l'administration intérieure des États de Sa
Majesté
la
reine
;».
MADAGASCAR C'est là
ne
soit
une
sorte de
pas introduit,
en amener tous
les
il
protectorat
«
»
233
déguisé, et bien que le
prudence
suffira d'agir avec
Quoi
effets.
en France ne semble pas
qu'il
en
mot
sagesse pour
et
soit, l'opinion
publique
d'une combinaison aussi peu
satisfaite
claire, qui prête à des interprétations contradictoires, et l'on craint
de voir recommencer bientôt de sourdes hostilités
même
la
peut être
et
guerre, avec une cour aussi jalouse de ses droits que de
son indépendance.
CHAPITRE
II
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE
de Madagascar est située dans l'océan Indien, au sud -est de l'Afrique, entre 12o et25o 30' de latitude sud, M» 20' et 48o de L'île
longitude
est.
Sa forme ovale, qui rappelle assez bien allongée
du sud- ouest au nord-est;
dans son grand axe petit axe.
et
elle
celle
de
la
Corse, est
présente 1.600 kilomètres
une moyenne de 450 kilomètres dans son
Sa superficie, évaluée à 000.000 kilomètres carrés, dé-
passe celle de la France; c'est
la
plus grande
île
du globe après
la
Nouvelle -Guinée et Bornéo.
Le
littoral oriental est
généralement bas, sablonneux, bordé de
lagunes et de dunes, et offre peu de bons ports, tandis que celui
du nord -ouest, plus montueux, îles,
est
déchiqueté en nombreuses
presqu'îles et baies favorables à la navigation.
La côte sud-
ouest est moins bien partagée.
Le canal de Mozambique, large de 400 kilomètres, sépare Madagascar de la côte africaine du Mozambique. Les baies principales sont celles d'Anton gil et de Diego -Suarez, au nord- est; celles de
Passavanda, de Narinda, de Mazamba, de Bombetok
et
de
l>aly,
au nord -ouest; celle de Saint- Augustin, au sud-ouest.
Parmi
les îles côtières, signalons
Sainte-Marie etNossi-Bé, qui
sont françaises. Les caps roinur(|iiablos
soiil
les
caps d'Ambre
el
LA FRANGE COLONIALE
234
Saint-Sébastien au nord, Saint-André
Sainte-Marie au sud,
Le série
relief
du
sol,
et
Saint -Vincent à l'ouest,
cap Ngoncy ou cap Est.
et le
imparfaitement connu, est caractérisé par une
de chaînes de montagnes plus ou moins parallèles entre
allongées dans le sens de
formant un énorme bourrelet ou
l'île et
assez semblable aux plateaux d'Algérie.
plateau
800 mètres
d'altitude
de 2.000 mètres
,
moyenne,
tion aux
est
On
Ce
[plateau, de
surmonté de sommets de plus
atteignant 2.500 mètres au
au sud de Tananarivo.
elles,
mont Tsîafazavona,
accordait autrefois 3.600 mètres d'éléva
monts Amhoitismènes, nom sous lequel on désignait
l'en-
semble du système de Madagascar. Très rapproché de
la côte orientale,
le
plateau malgache laisse
à l'ouest la grande plaine des Sakalaves, ridée elle-même par de
longues chaînes de collines qui suivent
la
même
ouest au nord-est. La partie méridionale de et
direction
l'île
du sud-
moins élevée
est
plus déserte que les parties centrales et septentrionales. L'île
forme deux versants hydrographiques d'inégale largeur,
arrosés par une multitude de rivières, dont plusieurs dépassent
l'importance de la Seine. Le versant oriental, le plus étroit, ren-
ferme
le
Maningory qui ,
sert de
débouché au
lac Alaouter; le
Man-
gourou, qui parcourt également une vallée longitudinale du grand plateau.
Le versant occidental renferme
le
Suffia, dans la province d'An-
kara; YIkoupa ou rivière de Tananarivo,
cendent du plateau d'Émyrne; parcourent
les plaines
le
et le
Mangouké
Kitsamhi, qui deset
VA^ioulahy , qui
du sud- ouest. Aucun de ces
fleuves n'est
navigable, et tous n'ont d'ailleurs été qu'imparfaitement explorés
par les Européens.
Gomme
eaux dormantes outre ,
le lac
Alaouter ou Alaotra
signa-
,
lons le Tasy (ou Nossi-Vola?), dans le bassin de l'Ikoupa; le Kin-
kony, dans
le
Bouéni,
et la
longue série de lagunes qui bordent
la
côte orientale.
Le climat de Madagascar
est
humide, torride
et fiévreux,
peu
propre à l'acclimatation des blancs, sauf peut-être sur les plateaux du centre; la côte orientale a été des Européens d
l'hivernage
»
)>.
,
nommée
«
Les pluies durent de novembre en
comme
à
Bourbon
;
l'été est
le
cimetière
avril
:
c'est
plus sec et plus sa-
lubre.
Tous
les
voyageurs vantent
les
beautés pittoresques et les ri-
MADAGASCAR
23o
chesses naturelles de Madagascar. Les carrières et les mines métalliques les plus variées abondent,
Pont de bois
et
notamment
le fer,
le
cuivre, les
porteurs à Madagascar.
pépites d'or, les pierres précieuses et la houille. L'ile a très
riche, offrant des
considérables,
types tout particuliers;
des cultures de tout gein^c
:
il
riz,
une
llore
y a des forêts
manioc,
'café,
coton, canne à suci'e, épicos, lal)ac, etc. Sa faune possédail auli-e-
LA FRANCE COLONIALE
236 fois le
dronte, oiseau géant disparu qui atteignait deux mètres de
museau de renard
rongeur
les chats
;
encore par
caractérisée
liauteur; elle est
singes à
sauvages
zébus à garrot de graisse,
et
les sangliers
,
les
les
Mais
elle
ne possède
de ruminants
et
si
que Madagascar n'y a pas
éléphants,
temps
les
ni
de pachy-
continent voisin
dans
été rattaché
ni
de. carnassiers, le
onagres
les
reptiles et insectes lui
ni lions,
communs sur
bœufs
les
,
moutons à grosse queue,
gazelles, aucune de ces grandes espèces
dermes
les tenrecs
,
ou ânes sauvages; de nombreux oiseaux, sont propres.
makis ou lémurs,
à queue touflue; l'aye-aye, singe
:
preuve
même
pré-
historiques.
CHAPITRE
III
GÉOGRAPHIE POLITIQUE Ethnographie.
—
La population de Madagascar
est
vaguement
évaluée à 3 à 4 millions d'habitants, ce qui, pour une superficie
de 000.000 kilomètres carrés, ne donne que 5 à 8 habitants de densité par kilomètre carré.
On lées
distingue trois races ethnographiques principales, assez 1°
:
les
Hovas, de race malaise ou brune, dont
les
auraient été transportés de la Malaisie à Madagascar par
de
navigation
la
rusés
,
ces
Sakalaves ^
et
ancêtres le
hasard
des courants marins. Intelligents, énergiques,
Hovas habitent les
mê-
dominent toute
l'intérieur et
l'île
;
2» les
Betsimisaraks et autres Malgaches de race nègre,
cultivateurs, doux, hospitaliers, mais
peu industrieux
et habitant
les plaines côtières, surtout à l'ouest; 3» les blancs, les mulâtres les
et
métis, résultant du croisement des Arabes,
peut-être des
Juifs, des indigènes, des Gafres originaires des continents voisins, tels
du
que
les Antalots
delà côte sud -est,
les Betsiléos
des plateaux
centre.
Ces populations sont généralement ignorantes stitieuses,
sorciers
;
exploitées par des
«
sikydis
» et
toutefois la reine et sa cour sont
,
des
païennes, super«
ombiènes
»
ou
devenues protestantes
.
MADAGASCAR de
la
000
et
les
missions des
comptent plus de 80,000 indigènes catholiques répartis en
350 stations ou
Sœurs
ou Wesleyens,
secte des méthodistes
Jésuites
;25.
237
Les écoles
villages.
chrétiennes
tenues par des
des Frères français sont assez nombreuses, et renferment
et
élèves.
Le code
civil et
criminel est très rigoureux
épreuves judiciaires par l'eau,
le
,
même
feu, le fer,
le
barbare
;
les
poison, sont en
Ns..
Y^jj^i Soldai hova.
usage.
La
lées «
kabar
justice est
rendue dans des assemblées populaires appe-
»
L'intérêt d'actualité qui se rattache à la conquête de
nous porte à donner
mœurs
ici
quelques détails sur
l'état
Madagascar social et les
des Malgaches.
État social des Malgaches.
—
«
Bien que
la
fusion entre les
diverses races qui peuplent Madagascar soit loin d'être achevée,
M. Vivien de Saint-Martin,
dit
le
climat, des rapports continuels,
une organisation pohtique peu différente, surtout l'usage d'une même langue dans tout le pays, ont donné aux habitudes, aux
mœurs
et
similitude
aux coutumes de tous si
prononcé,
un tableau qui leur »r
soit
qu'il
comme
Malgaches un caractère de
possible de tracer
à cet égard
commun.
Ainsi on peut dire que
gaches,
est
les
,
sauf quelques exceptions
,
les
Mal-
tous les peuples dans l'enfance, sont curieux, su-
LA FRANGE COLONIALE
238 perficiels, vantards,
superstitieux, vindicatifs, sensuels, crédules,
prodigues. Leur aversion pour tout exercice, soit corporel, soit intellectuel, est assez prononcée. vaillent, ce n'est
veté
et
les
que par force
sont paresseux, et,
s'ils
leur jeunesse se passe dans
tra-
l'oisi-
divertissements; leur vieillesse s'écoule dans l'indo-
Vivant au jour
lence.
;
Ils
jour, le présent est tout pour eux.
le
La
dissimulation, la fourberie, loin d'être considérées par les Hovas
Indigène de la côte de Madagascar vendant du charbon.
comme
des vices, sont les objets de leur naïve admiration. Dans
leur opinion
,
la
mauvaise
d'habileté, de talent.
La
polygamie
dans toute
est usitée
ruse sont des signes de capacité,
foi et la
sensualité est générale à Madagascar. l'île
;
le
moindre chef de
La
village
possède d'ordinaire plusieurs femmes. Cependant depuis l'adoption de
la
rehgion chrétienne
comme
religion
d'État chez les Hovas,
ceux-ci n'en prennent plus qu'une. L'ivrognerie n'a aucune borne chez
la
plupart des tribus, excepté dans l'Imérina; et la passion des
Malgaches pour «
les
boissons alcooliques dépasse toute idée.
Mais, à côté de ces défauts,
les
Malgaches ont des qualités
précieuses. Ils sont bons, affectueux, complaisants,
Les hens de
la famille et
hospitaliers.
de l'amitié sont très i^espectés parmi eux
;
MADAGASCAR
239
l'anmiadversion publique vengerait l'oubli dans lequel un parent
ou un ami
laisserait
son parent ou son ami malheureux
ou serment du sang
est
à la naissance
taureaux
;
,
il
est extraordinaire
tombeaux
est profonde.
y a des prières et
ces usages sont cependant
Femme Hovas. Clomme tous
et le falidra
scrupuleusement tenu. L'amour des mères
malgaches pour leurs enfants des Malgaches pour les
,
les
,
A
et la la
vénération
mort,
comme
des sacrifices de bœufs ou de
tombés en désuétude chez
les
de Madagascar.
peuples indolents et sensuels, les Mal-
gaches aiment passionnément la poésie et
la
musique. Tous
les
voya-
geurs parlent de leur éloquence. L'art oratoire est très cultivé chez eux, et leur langue s'y prête admirablement. «
Les coutumes superstitieuses sont très nombreuses à Mada-
gascar, mais les
il
est impossible de les connaître toutes, parce
indigènes se cachent ordinairement des étrangers pour
complir. Partout l'on trouve des individus qui, outre
le
que
les ac-
métier do
médecin, exercent aussi celui de devin. Ces prétendus sorciers ont la plus grande influence sur l'esprit des indigènes, et il n'est guère d'affaires
aussi
qu'on entreprenne sans
un grand usage
les consulter.
d'amulettes
Les Malgaches font
ou talismans;
ils
leur allri-
COLUMALE
LA FRANCE
2'^0
môme
buent toutes sortes de vertus,
de
celle
faire connailre ce qui
doit arriver.
Le costume national des Malgaches
«
blanche, dont l'une,
d'étoffe
entre les jambes et
fait
simho, drape largement joui's
de
simbo
le
fête,
riche et plus beau.
La
le
compose de deux pièces
sadika, entoure d'un caleçon,
l'office
le
se
dont l'autre,
et
remplacé par
est
tête, les
jambes
le
et les
lamba, qui
pieds sont ordinaire-
artificielles
figures. Elles sont
de tatouages qu'on leur
Le
«
le résultat
Dans l'entourage de ont adopté
dans
riz,
le
cour,
la reine, à la
dans leur
fait
nobles et les
les
la
dans
centre;
le
base de
la
le
maïs ou
manioc,
le
nourriture chez les Malgache.^.
y joignent des légumes, des fruits, de la volaille, et parfois de
Ils
kl
qui représentent diverses
costume européen.
l'est et
dans l'ouest, forment
est plus
castes guerrières de l'intérieur ont le
corps couvert de cicatrices
officiers
le
corps, les épaules et les bras. Dans les
ment nus. Les Malgaches des
enfance.
revient
les reins,
viande de bœuf.
«Les habitations sont, en
général, des cases hautes d'environ
deux mètres, espèces de chaumières composées d'une carcasse en charpente, couverte soit de
feuilles
de ravinalasur
en joncs ou en pisé dans l'intérieur,
Une
natte étendue sur le sol,
une
en roseaux dans
soit
une calebasse
à peu près tout le mobilier.
La case du
est
une marmite,
chef,
un lambeau
excepté chez les
d'étoffe
comme
signe d'autorité'.
posséderait encore
le «
singe proto-type de
qu'on pourrait bien y trouver aussi
que
j'ai
;
j'ai
donc consulté
les
l'homme»,
légende du
C'est à
Ayant
«
j'ai
pensé
merveilleux
le
recom-
philosophes modernes. tort
que certains savants
(darwinistes) s'attribuent
Vivien de Saint-Martiv, Dictionnaire géographique.
2
D'après
R. P. Abinal, missionnaire catholique.
Celte élude
psychologique, du plus haut intérêt, nous paraît mériter sa place l'abrégeant.
«
archives locales, et voici ce
1
le
est
Madagascar
découvert; je livre ce travail sans prétention et
mande aux d
»
la
ne
et
)>
— L Mélamorphoses. —
dans une revue que, d'après certains écrivains,
changement
voilà
que par une perche à l'extrémité de laquelle
Superstitions des Malgaches-. lu
et
absolument semblable à celle des autres habitants,
s'en distingue
attaché
l'ouest.
tente ou panier carré pour serrer
leurs objets les plus précieux,
Hovas,
la cùte est, soit
ici.
elhnographique
Nous
la citons
cl
en
MADAGASCAR du
celle
singe devenu
«
leurs fausses déductions
homme ,
il
241
Bien avant
».
y avait à
la
mise au jour de
Madagascar des castes
et des
familles revendiquant l'honneur de descendre de ces colons velus
logiques que nos docteurs, ces gens tiraient
de
la forêt,
les
conséquences pratiques de leur opinion, en honorant leurs
et, plus
prétendus ancêtres durant leur vie
et
en
après leur
les ensevelissant
trépas. Il
«
y a sur ce sujet deux légendes
ment que
à queue courte), lémuridé dont
de l'homme qui appelle
première
perdue; mais
,
fait
répété
le cri
,
simple-
dit tout
du Babakoto (singe semblable à
voix
la
à certaines époques retentir toute la
de ce brusque passage d'un genre à l'autre
forêt. L'histoire
s'est
générés, vivant dans leur arrière-petit- fils, suf-
les-
pour en garantir
fisent
la
:
ces castes descendent en ligne droite
donc
l'authenticité;
neveux qui l'assurent sont
elle
puisque
fut,
les
là.
La seconde légende rapporte qu'un condamné à mort fuyait champs devant son exécuteur armé d'un long coutelas.
«
à travers
D'aventure sailles
il
parvient dans la forêt et se jette au milieu des brous-
au pied d'un arbre. Le bourreau arrive aussi
cherche.
et
regarde et scrute chaque fourré; mais, à sa grande surprise,
qu'un singe grimaçant sur
voit qu'il
branche, au lieu d'un
la
trouver au pied de
s'attendait à
l'arbre,
peur. C'est fort étrange, se dit-il, je poursuis voilà qui devient singe
en un
innocent. Là- dessus
se retire,
la forêt;
Or on ne
«
clin d'œil
Il
!
ils
devait assurément être
chose s'opéra, mais
la
des pieds jusqu'à
la tête.
A
les
le
côté le plus noble.
la
lé-
petits-fils
l'inverse de leur
montèrent au lieu de descendre, et eurent
sens de regagner
et le
l'homme-singe s'enfonce dans
et
par quel procédé
sait
hommes,
grand-père,
homme
glacé de
et
un homme,
gende ajoute qu'au bout d'un court espace de temps naquirent
Il
ne
avec ceux de son espèce et s'y crée une famille.
s'y alhe
il
il
blotti
il
Ce sont leurs
fils
le
bon
dont on
trouve les familles sur la lisière de la forêt, au versant oriental de Ils
l'île. ((
la
respectent
Un jour,
le
le
babakoto, qui est sacré pour eux...
P. Pages, ayant, sans malice et sans intention, lâché
détente de son fusil dirigé contre
étendit mort, avec les volatiles,
encore sur
les arbres.
bon Père prétendait fourrure; mais il une peau
Fier de son coup
un ragoût,
de
,
le
de
avait
compté sans ses porteurs, parmi lesquels
et
la
d'oiseaux,
ces types arriérés grimpant
taire
la
viande
un de
un arbre chargé
le
tué
avait des IG
LA FRANGE COLONIALE
242 petits-fils;
aïeul.
revendiquèrent à cor et à cris
ils
Le Père voulut
mais on
rire,
le fit
cadavre de leur
le
composer par
milieu de la forêt, le chasseur se rendit et livra
donnèrent
fils
le
un double
suaire d'usage, y enveloppèrent son corps, lui fournirent le
Le singe
le gibier.
mort reçut les honneurs de la sépulture. Les hnceul de rabanne,
la révolte
Se voyant abandonné au
ouverte et le refus net d'aller plus loin.
portèrent à une fosse creusée pour lui,
lui
offrirent des chevelures ainsi que des pleurs et des lamentations,
chantées et sanglotées tour à tour
mais mieux
«
Il
un
est
que
tirée,
queue retranchée
d
patrons de
autre singe ci- devant
n'est point
«
risible,
l'homme- singe à
.
morphose fut sans retour. il
conséquence tout aussi
:
celle des
Il
homme
porte dans
originaire de
on
l'ile,
le
pour lequel
pays
le
nom
la
méta-
de Rajako
a introduit d'ailleurs.
l'y
:
Il
conserve une profonde rancune aux femmes; en voici la mison « Rajako, du temps où il vivait selon la nature humaine, avait :
uni son existence à une à honneur de
lorsque
jour que
le
dans
formément à
l'usage qui lui
grande cuiller
pour
fait
un
tirer le riz
devoir de servir son mari, saisit
de la marmite et
du pays, comme
dans maintes régions de
l'île.
Il
faut dire
le
déposer sur de
cela se pratique encore
que Rajako, de par son destin, ne pouvait pas être
touché, sans malheur pour
lui,
par l'ustensile placé entre
de sa femme... Or, la querelle s'envenimant, la inari...
de langue,
La dame, con-
querelle s'engagea.
larges feuilles, vaisselle
«
les assauts
couple, assis au coin du feu, s'occupait à la
commun, une
cuisson du dîner
la
à la riposte, tenant surtout
final
dispute portait la guerre au sein du ménage.
la
Un
«
femme bonne
coup de feu
faire le
Au même
les
mains
dame en frappa son
instant, l'inflexible destin déroula son cours en
changeant subitement Rajako en singe. Le malheureux gambada d'abord jusqu'à
pour de forêt, «
où
la porte,
là s'élancer il
se fixa
sur
grimpa ensuite sur
la
branche voisine
et disparaître
Plusieurs tribus, sur tous les points de
caïman.
A
les
de sa case,
:
l'île,
se
la
donnent une
leur première souche serait
en croire, un beau jour
les
caïmans
hommes hommes, et
et les
furent fort étonnés, les premiers en se voyant devenir
ceux-ci de ne plus voir de caïmans. Malheureusement,
morphose
dans
pour toujours...
généalogie plus forte, mais moins agile le
le toit
fut partielle,
et
beaucoup de
sujets
la
méta-
conservèrent les
MADAGASCAR La descendance bipède
goûts et les appétits des caïmans.
de passer ainsi sous
On
de représailles. «
la
243
discuta de part et d'autre, et à la fin on pactisa.
point traquer son frère caïman, et le
caïman de ne point manger son parent homme.
pubHe
mangé un homme,
ait
crime dans tout
le
le
canton de
du
usages, se rend sur les bords il
procède en règle,
apostrophe
du
les frères
<c
On
au courant des
la
somme
Là
population.
après quoi
et verbalise;
la famille
mordre à l'hameçon
il
solennel de
de livrer
le
qu'il jette à l'eau...
salue d'une huée formidable qui,
le
annonce au
répétée par les échos,
loin le prélude de l'exécution.
hisse en terre ferme l'oncle scélérat
résistance
nœud
au
de
revient le lendemain, et l'on trouve le coupable caïman
retenu à l'hameçon. Alors on
On
vieillard
leur rappelle le pacte
lac,
forçant de
le
connu, on
ferme. Le chef de
la terre
une enquête
fait
arrive qu'un
S'il
le délit est
lac à la tête
leurs pères, proclame le crime, et
coupable en
que
aussitôt
en son absence, quelque
ou,
la tribu,
furieuse
dent de frères implacables, menaça d'user
L'homme promit de ne
caïman
,
coulant glissent le long de la
coller sur
Que
ses flancs.
deux hgnes,
le
contre la force point de
beau protester par d'énergiques
a
il
:
;
faire?
il
se rend,
pied droit en avant et
sur les cordes, tout en
le
efforts, les lacets
première corde
et
vont se
car les neveux, sur
buste en arrière, la main
suffoquant, lui donnent l'immobilité d'un
le
soliveau. ((
En
cette pénible position,
il
écoute
le réquisitoire
du neveu-
magistrat, qui d'abord s'excuse d'être forcé de sévir. L'orateur,
passant aux considérants sitent la écailles,
,
arrive enfin
aux conclusions qui néces-
peine de mort. Alors les pieux aiguisés vont, à travers
chercher
la
vie fortement ancrée;
mais enfin, après avoir mugi,
le
caïman
les
supplice est long,
le
ronfle
une dernière
fois
et meurt... (K
Alors
commencent
déliés et flottent
les
pleurs
au gré du vent
;
et le
deuil
;
cheveux sont
les
on porte le défunt au tombeau
au milieu des lamentations usitées dans un deuil de la fosse
on élève un tumulus,
et
une pierre marque
famille. lu
Sur
place de
la tête.
«... Certaines origine canine,
museau, aux
castes, et
fortes
moins prétentieuses,
leur souche se
dents,
boule -dogue sans doute.
se vantent d'une
perd dans une espèce à court
qu'on ne trouve
i)oint
dans
l'île
:
le
LA FRANCE COLONIALE
244
Dans
«
sud,
le
vu
j'ai
descendants des sangliers, métamor-
les
phosés jadis. Cette tribu ne tue point
dont
le sanglier,
la chair est
plus répandu que l'homme. Ces animaux
prohibée; aussi y est- il
vont par bandes, ravagent
les récoltes
sans que personne songe à
les détruire.
D'autres se glorifient d'appartenir au genre
«
mouton
aussi
;
ils
ont cette viande en horreur. Toutes leurs maladies, toutes leurs leur viennent,
infortunes
inadvertance
toucher
,
pieds les poils tombés
depuis
la graisse
peut-être fouler aux
,
du dos de leurs pères.
n'est peut-être pas,
Il
<(
viande ou
la
dans toute
l'île,
une
classe d'oiseaux,
veuve jusqu'au martin- pêcheur bleu, qui
la
par
parce qu'ils peuvent,
disent -ils,
n'ait
eu sa
métamorphose en homme. Toutes ces castes se targuent de leur origine,
«
pecte l'opinion de l'autre. Ces gens ont plus de
qu'à
'la
lumière du
soleil, tant
que
est vrai
il
le
perdre de vue l'origine divine, afin de couper à Dieu...
en ces fables
foi
diable ravale et
le
res-
fait
chemin du retour
»
—
Métempsycose.
II.
chacune
et
a
La
à
foi
comme
métempsycose,
la
croyance subjective, est universelle à Madagascar. Tous, à quelques exceptions près, admettent que l'âme de certains individus, de quelques peuplades
dans
le
même
,
émigré à
la
mort pour
aller résider
corps des bêtes. Cependant tout Malgache ne croit pas au
passage de son
âme dans
le
corps d'un animal à
du
la sortie
sien.
L'âme du Betsiléo mourant n'entre point indistinctement dans un corps quelconque, car le premier venu n'est pas toujours digne ce
de loger un
tel
hôte.
Chacun
que son animal -domicile gine.
Aux
nobles,
dile;
à la
lie
le
d'avance chez qui
sait
lui est
ira,
il
attendu
marqué par son sang ou son orile caïman ou le croco-
boa; aux roturiers,
populaire,
le
toua, anguille assez semblable au thon
de mer. «
Le menu
fretin
du peuple, dont l'âme passe chez
use du procédé suivant pour
Après
le
les parties internes,
on
en goûte devient
domicile
le
bouchée. Le Betsiléo ne «
le
faciliter et
dernier soupir on ouvre
L'âme des
les jette
mange
roturiers de
les anguilles,
hâter la transmigration.
cadavre, on en retire toutes
le
dans
le
sac sacré; l'anguille qui
de l'âme avalée avec
la
première
point de cette anguille.
bonne
corps des caïmans. Là encore,
caste passe, à leur mort, dans
comme
jadis,
ils
continuent à
MADAGASCAR
24S
mais par un nouveau genre de corvée. Le
servir leurs seigneurs,
souverain des morts leur confie
mission d'aller annoncer à leurs
la
maîtres vivants l'approche de l'émigration de leur àme, ce dont
en
s'acquittent
ils
montrant dans
se
les rivières et les lacs voisins
des demeures seigneuriales. «
Quand un noble passe de
en état de siège
aux esclaves
et
et interdite
aux amis,
vie à trépas,
à tout mortel,
de
afin
demeure
sa
excepté
mise
est
à la famille,
opérer
le laisser tranquille
le
de sa permutation. Son corps, enveloppé de tissus de soie,
travail
est sanglé verticalement le
ses pieds repose
long du pilier central de sa case. Sous
une gamelle
d'argent, à son défaut
un vase de
por-
décom-
celaine, afin de recevoir la matière liquide, résultat de la
position à travers les étoffes. <r
Au
bout d'un certain temps,
d'insectes
ou vers grouillant
le
liquide
du bassin fourmille
grossissant dans
et
matière
cette
putride, qui devient boueuse. Ce n'est point là le résultat attendu,
on
donc encore,
veille <r
et
on s'enivre pour tuer
le
temps.
Enfin paraît une grosse larve à tête noire qui dévore tous ses
compagnons, vers travail.
Le
voilà en
germe de vipère;
On
couleuvre et enfin boa.
on
détritus de l'œuvre, et
futur
elle est le
âmes de
C'est lui le noble qui a
et insectes.
emporte
bientôt,
du
les restes
les enterre.
A
train où
va,
il
sera
pilier,
la larve tout l'honneur, car
germe du boa, destiné à recevoir en son
sein les
se réjouit d'abord, ensuite elle fait publier
transformation de feu N..., ci-devant seigneur de
Devenu grand,
a
il
suspendus au
tant de Betsiléos, peut-être celles de plusieurs familles.
La parenté survivante la
terminé son
le
boa reconnaît sa case
reconnaît aussi aux losanges
coloriés
la contrée.
et sa famille,
qui
le
de sa robe, reproduction
fidèle des perles de couleur qui ont été intercalées dans le tissu
du
suaire,
Le boa ancêtre
«
se
qu'il
se
nomme
fanano, en langue du pays. Lors-
montre quelque part,
la
population noble
et
roturière
masse interroger, qui son parent, qui son seigneur. Il pas rare de rencontrer mille et deux mille personnes, for-
vient en n'est
mant
escorte
son nom,
un
la
au noble serpent
et
discourant sur ses couleurs,
ressemblance de sa peau, voire son identité avec feu
tel.
«
est
Quelquefois
mort.
il
Quand
y a réception du fanano au village où il
paraît,
sa famille
lui
fait
le
noble
une ovation. La
LA FRANCE COLONIALE
2'i6
parenté se porte à sa rencontre, étend à terre sur son passage un
beau
on
de soie, et
tissu
Ensuite
pose.
l'y
l'invite à s'y placer.
chef
le
dialogue en ces termes
le
«
:
nom
salue au
le
ne comprend pas,
S'il
de tous
cêtre entortillé lève la tête, c'est dire qu'il va bien. <(
On
«
Seigneurie.
va immoler un grand »
et
gros
Le grand-père, ne
On
«
on
le
de
enfonce
joie,
lui
en
sur
village,
la
place
prémices en
sert les
lui offrant le
et qu'il avale
enfonce sa tête dans ses replis
premier sang,
jusqu'à satiété; après
commence
et
sa paisible
digestion. L'assistance interprète autrement la chose et pense
noble serpent a dit
le ce
tez,
((
sur
:
dépose sur une étoffe rouge. Le bœuf gras est
déguste avec complaisance il
Le chef ajoute
circulairement tout
fait glisser
au beau milieu du
l'emporte donc
immolé, on
quoi
L'an-
lui.
publique;
qu'il
ouvre
d
bœuf en l'honneur de Votre
se sentant plus
sa tête au centre de ses replis et la
autour de
et
Comment va Monseigneur?
«
:
Merci; à vous
les restes,
que
mangez, chan-
dansez, buvez, pérorez, amusez-vous, je vous écoute, roulé
mon
tapis. » Il doit avoir le
à souhait des
vœux
et des
cœur content,
amusements
désirés
;
car on lui sert
on ne cesse qu'à
l'extinction des voix, à l'épuisement des provisions et des jarrets,
après quoi on congédie poliment la bête, en l'emportant en quel-
que
lieu solitaire, à elle consacré.
Le boa
«
dans ces pays
est sacré
rence, genou en terre,
le front
;
tout Betsiléo lui fait la révé-
son seigneur vivant. Jamais une main téméraire ne
on le
croit
que
celui qui
en aurait
la
lui ravit la vie
à :
criminelle audace mourrait sur
coup, victime de sa barbare témérité. Pour
deux,
comme
courbé entre ses mains,
ma
part, j'en ai occis
chose plus merveilleuse encore, je ne m'en porte pas
et,
plus mal. «
Mon
premier exploit
faillit
bouleverser la province. Mes amis,
après m'avoir en vain supplié de ne point délibéré, prirent le large au
que
j'allais
mourir victime uniquement de
tout ce que j'entendis de malédictions
que
j'enlevais la
peau de
bouches étaient occupées à
de
arrivait à la capitale;
ma on
suicider de propos
mon
boa,
mon
est
opiniâtreté.
impossible
les faire pleuvoir.
lin
vît
bien Dire
tomber sur moi, pendant
dix lieues à la ronde que j'étais mort sur
après, la nouvelle
me
moment du coup, afm qu'on
le
Le
:
soir,
carreau,
deux mille on
et,
tragique, portée par la
savait à
huit jours
renommée,
la publiait à la cour, c'est-à-dire à cent
MADAGASCAR du théâtre de l'événement. Je
lieues
247
paraissais au bazar,
et
yeux de dix mille personnes s'obstinaient à ne voir que
ombre
!
Qu'on ne m'attribue ni l'invention ni
«
été
j'ai
les
mon
témoin
et
acteur;
même
la broderie,
car
tout cliché sur place et fidèlement
j'ai
reproduit sur l'original; je ne donne que la copie exacte, dans de ces pauvres le but de glaner quelques prières à l'intention aveugles et des missionnaires qui les instruisent
»
'.
—
Le gouvernement est monarchique absolu, mais réglé par des usages; il est aux mains du premier ministre, époux de la reine. Les gouverneurs des provinces cumulent toutes GouvERNEMEA'T.
fonctions
les
civiles, judiciaires
militaires,
cumul conduit naturellement
et
à la tyrannie
financières, et ce
et
aux exactions de
tout genre.
Les provinces, qui sont avant tout des divisions ethnographiques, incertaines n'ont que des délimitations et des dénominations très
;
pays des signalons, au centre, Ylmérina, Émyrné ou Ankhova,
Hovas
c'est la
:
province la plus importante de
le
l'île;
Maschikora;
— —
Betsiléo,
à la pointe
le Vurimu, le sur la côte ou pays des Antankaras; Ankara septentrionale, V Betanimena,VAnorientale, YAntanvaratsi, \e Belsimasaraka,\e
également important;
Antonosses; tatsimu, YAntaimuri, YAntarai, YAnossi, pays des
—
sur la côte occidentale,
provinces de Sakalaves
trois
Mahafali Villes.
et
—
YAndrui,
—
;
Tananarivo, sur
du royaume
et la
enfin, au sud,
le
le
Ménabé,
Fereniai,
le
sont des régions désertes et sauvages.
([ui
bassin supérieur de l'Ikoupa, capitale
Bouvni, YAmhongou,
le
le
plateau de l'Émyrné et dans le
mètres d'altitude, est
à 1.500
résidence de la cour. C'est une
la
ville rela-
70.000 habitivement considérable, à laquelle on donne de 30 à Son selon que l'on ajoute les villages formant faubourgs. tants,
nom
signifie la cité des mille (harivo) villages (tanna).
Tananarivo est bâtie sur
«
les
sommets
et le
liane d'une
mon-
arrondie en tagne de granit; l'arête supérieure, quoique un peu sont à peine dos d'àne, n'offre pas une large surface; les flancs abrupts. d';d)ord à
1
R.
1880.
De
est
loin l'aspect
grandiose
une assez grande distance que
p. Abi.val, missionnaire
à
Madagascar.
et
le
original;
on ne
voit
grand palais de couleur
Extrait
des
Missions
catholiques,
LA FRANCE COLONIALE
248
domine
grise qui
dégagent, ainsi
tout; peu à peu les autres palais
que
du sommet
clochers des temples méthodistes.
les
en a déjà plusieurs dont
les flèches s'aperçoivent
se
Il
y distinctement de
loin. «
Du
...
haut de
la ville
on a une vue magnifique;
immense panorama avec des autant que la vue,
l'horizon,
à
et,
lacs et des
rivières
sommet lières,
sur les flancs
;
En somme, une
palais d'une assez belle architecture au
des aspérités et des anfractuosités irrégu-
,
des cases de toutes formes, entassées les unes sur les autres,
séparées par des espaces étroits qui ne peuvent avoir aucun
malpropreté
la
un
des montagnes d'une teinte
bleue. Tout le pays est complètement déboisé...
montagne escarpée avec des
c'est
qui s'étendent
et l'aridité à
peu près partout; dans ces rues
maisons, une population qui a toujours rien faire
la
;
plupart des
hommes et
l'air
nom
;
et ces
de se promener, de ne
des femmes, vêtus de blanc, nu-
pieds, marchant solennellement ou accroupis
le
long des murailles
;
quelques-uns portés par des esclaves sur leurs fdanzanes; des
peaux jaunes, noires, cuivrées; rien n'indiquant malaise
;
avec des airs d'autorité; les autres, passif; du sommet de
vers le sud,
un
puisse rêver,
la ville et
spectacle magnifique et tel est le
plus humbles, à
villages plus
malsaines
villes
populeux que
et plus
'
;
côte orientale,
Radama,
!
sement français dans
les côtes,
—
la baie
Fénérive,
tants, ayant
—
un port
fertile
et
1
marché de
Maurice
,
Vohémar,
Po7't-Choiseul, ancien établis-
d'Antongil
;
— Tintingue, avec un bon
en riz;
—
l'île
Sainte-
Foulepointe, 1.500 habi-
assez sûr.
Tamatave, 10.000 habitants, avec une bonne rade, cipal
qui sont
la ville prin-
se trouvent
mouillage, au nord de la Pointe-à-Larrée et en face de ;
»
à 1.200 mètres d'altitude.
du nord au sud,
prise par les Français en 1883;
Marie
doux,
mais on les connaît peu.
cipale des Betsiléos, bâtie par la
l'air
uns
ou plutôt de gros
peut citer Fianarantsoa , 10 à 15.000 habitants,
Sur
les
une des plus belles vues qu'on
tableau offert par Tananarivo
nombreux
;
de tous les côtés, mais surtout
Les provinces centrales renferment des
On
la souffrance, le
des figures d'un aspect peu gracieux en général
l'île;
est le prin-
son port, en relation réguhère avec Bourbon
est le point d'accès le plus fréquenté vers
D' Lacaze, Souvenirs de Madagascar.
Tananarivo
;
,
LA FRANGE COLONIALE
2o0 c'est
résidence des consuls européens et
aussi la
évêché dont
Au
supérieur des missionnaires
titulaire est le
le
Compagnie de
d'un
siège
le
de
la
Jésus.
sud de Tamatave, jusqu'à
la baie
Sainte-Luce,
On
de rade sûre ni de bon mouillage.
il
n'y a plus
Andeuoranto Manoura, qui sont plus rapprochés de la capitale, mais moins pratiqués que Tamatave. La baie Sainte- Luce ou Lucie, et Fort -Dauphin qui en est proche, furent les premiers étay trouve
'2.000 habitants, et
blissements français de Madagascar, mais
sont inoccupés au-
ils
jourd'hui.
En remontant hospitalière,
la cote
occidentale, peuplée de Sakalaves et peu
on rencontre Masz/tora^ puis Tolléar, port sur
de Saint- Augustin; mais au nord du cap Saint- André dent, dans
la
baie de Baly, le port de Bouéni, dont
tégé français; dans la baie de
Mazunga,
pris en 1883;
il
Bombétok,
chef est pro-
Mazangaye ou
celui de
donne accès, par
le
la baie
se succè-
la vallée
de l'Ikoupa,
La baie de Passandava , commandée par
vers Tananarivo.
l'île
Nossi-Bé, est d'une grande importance par ses mines de charbon. Enfin
dont
,
tout au nord de
le site
est
,
la
magnifique baie de Diégo-Suarez,
comparable à
la
célèbre baie de Rio -de -Janeiro,
pourra devenir entre
les
l'ile
mains de
France une station militaire
la
d'une importance capitale. Subdivisée en plusieurs baies et criques
pourvues de mouillages cheuses faciles à
profonds,
fortifier et
de presqu'îles ro-
entourée
'
de forêts exploitables pour
les
cons-
tructions navales, capable enfin de contenir les plus grandes flottes
de guerre et de commerce, Diégo-Suarez sera peut-être un jour « Aden » de la mer des Indes admirablement située pour commander les routes de l'Europe et de l'Afrique vers l'Asie et
notre
,
rOcéanie.
Industrie et commerce. tère et la facilité
—
La
légèreté naturelle de son carac-
de satisfaire aux besoins essentiels de son exis-
tence n'ont pas stimulé le Malgache à développer l'industrie, pour laquelle
il
a toutefois des aptitudes remarquables. Construction de
maisons en bois
peaux en
de pirogues
,
tissage d'étofl^es
fibres, d'armes, d'ustensiles
en bois, rien ne et
et
lui
manque; mais
il
,
fabrication de cha-
de ménage enfer, en poterie, est plut(jt pasteur, agriculteur
pêcheur que fabricant.
Le commerce
est
n'a pas de routes,
en conséquence peu considérable
mais seulement des sentiers;
;
d'ailleurs
l'île
les transports se
MADAGASCAR
2bl
font par bateau et surtout à dos criiommes, car le Malgache est
excellent et vigoureux porteur.
Le riz
tratic extérieur
les tortues, la les
consiste
pour Maurice, Bourbon
cotonnades,
cire, les
les
dans l'expédition de bœufs
et le
Gap;
il
et
de
faut y joindre les peaux,
bois de teintures qui s'échangent contre
indiennes, la faïence, la poudre, les outils,
Rade de Mazuns;a.
les
améripots et marmites en fer, de provenance européenne ou
caine.
On la
évalue
moitié se
le fait
commerce avec
la
extérieur à 25 millions de francs, dont
France
et ses colonies; le
reste, avec les
colonies anglaises, les États-Unis, l'Allemagne.
Le port principal lières
avec
Mazunga
est
les terres et
et le port
Tamatave, qui a des correspondances réguîles voisines et avec l'Europe. De môme que
de Nossi-Bé,
il
recevra sans doute une impul-
pour sion favorable de la situation politique nouvelle qui va s'ouvrir notre
«
France orientale
».
LA FRANCE COLONIALE
2o2
LES SATELLITES DE MADAGASCAR
Les choses de ce monde n'ont jamais qu'une valeur
Naguère, dans l'énumération des colonies françaises on
un
certain orgueil. Sainte- Marie de
Mitsiou, Nossi-Fali, misérables
terre lites
»
et ses
avec
Madagascar , Nossi-Bé, Nossi-
îlots
rocheux plus ou moins
Aujourd'hui que nous possédons en perspective
riles.
relative.
citait,
innombrables richesses d'avenir,
les
la «
sté-
grande
pauvres satel-
de cette planète principale perdent beaucoup de leur intérêt.
7^La~a.-£aJ.^
^(tkH:
J^
Carte de Nossi-Bé et des
L'île
Bourbon elle-même,
Comores.
îles
l'une de nos plus précieuses provinces
d'outre -mer, semble s'amoindrir en face
du
colosse, surtout lors-
qu'on se souvient que Bourbon elle-même n'a été que
le pis-aller
des tentatives coloniales françaises dans ces régions aux xvii° et xviiie
siècles.
En
effet,
Bourbon
doit surtout sa colonisation
aux
Français chassés de Madagascar, et leurs descendants n'attendent
que l'occasion pour
aller
reprendre leur place dans cette France
orientale, qui leur était destinée.
Cela dit, jetons
un coup
L Sainte -Marie «
Nossi-Bourrah
de », et
d'œil sur les satellites de Madagascar.
SAINTE-MARIE Madagascar, par
les
Arabes
nommée «
par
les
Nossi-Ibrahim
indigènes », est
une
,
MADAGASCAR
253
petite île rocheuse de 105 kilomètres carrés et
de forme très allongée
,
un canal de 5 à 10 kilomètres de Occupée militairement en 1821 elle nous donne l'excel-
séparée de Madagascar par
largeur.
,
lente rade de Port-Louis ou Sainte-Marie, qui sert de refuge aux
mais son climat humide, chaud
navires contre les cyclones; très
malsain,
un avenir
funeste aux Européens pour lui donner
trop
est
et
assuré. Sa population est de 0.000 Malgaches et d'une
Son commerce consiste dans le cabotage de denrées alimentaires pour une somme de 200.000 francs. trentaine d'Européens.
II.
Nossi-Bé
-
NOSSI-BÉ
annexes sont situés sur
et ses îlots
de Madagascar. Ce sont des
lies
dont les côtes sont creusées de bons ports
la côte
elles
;
nord-ouest
nues, volcaniques,
rocheuses,
sont peuplées de
7.000 Sakalaves; mais leur climat chaud, humide, est meurtrier
pour
les
Européens.
Nossi-Bé, en sakalave carrés de superficie.
en 1841
et
grande
« la
Son chef- lieu
île
d, n'a
que 293 kilomètres
Hellville, fondé par l'amiral Hell
défendu par un fortin, n'est qu'une bourgade peuplée
de créoles venus de Bourbons, de Sakalaves, de fonctionnaires
et
de soldats français.
Au
sud de
l'île
principale se trouve
Nossi-Cumha, à
Fali, au nord Nossi-Mitsiou et Nossi-Lava; mais ces
aucune importance
Nossi-
îlots
n'ont
coloniale.
Le commerce de Nossi-Bé se fait avec Nantes,
s'élève à
Marseille, la
ou 8 millions de francs
Réunion
et
prend l'importation de denrées alimentaires €t l'exportation
l'est
Madagascar. :
bétail, riz,
11
et
com-
tissus,
de sucre, café, huile de coco, bois d'ébène
et
de
d, est l'île
la
du groupe des Comores, que découvrît en 1527
le
santal.
III.
Mayotte, de son plus orientale
nom
- MAYOTTE
indigène
«
Mahoré ou Moueté
Portugais Ribero.
Longtemps délaissée comme
mandant d'un navire
inutile et
presque inhabitée,
frauçais y reconnut, en
18i0,
l;i
le
com-
magniliciuc
LA FRANCE COLONIALE
254
rade de Dzaoudzi
et
pour
traita
l'acquisition
de
l'île
avec
le
chef
sakalave Andrian Souli, expulsé de Madagascar par les Hovas.
Louis-Philippe accorda à ce chef une pension de 3.000 francs et lit
prendre possession de
l'ile
en 1843.
Mayotte a 350 kilomètres de superficie;
de G60 mètres, d'origine volcanique,
elle est
montueuse haute ,
fertile et très boisée; elle est
Mayotle.
entourée d'une ceinture de récifs de corail
et
de brisants redou-
dont le principal est Pamanzi. La rade
tables, et de plusieurs îlots,
de Dzaoudzi, résidence du personnel administratif, est formée par
une partie de Pamanzi. Ces
îles
cains, ciants,
L'eali potable
y
fait
défaut.
sont peuplées de 8.000 liabitants, la plupart Arabes
afri-
ou Sakalaves émigrés de Madagascar, avec 200 blancs négoArabes ou fonctionnaires européens; ceux-ci redoutent
le
climat chaud et malsain de la région.
Le commerce francs
en 1883.
Nossi-Bé
et
s'est élevé Il
se
de 100.000 francs en 1852, à 2.500.000
fait
Madagascar.
Il
surtout avec la France, la Réunion, consiste dans l'exportation
du sucre.
MADAGASCAR du rhum, de
la vanille, et
2d5
dans l'importation de produits manufac-
turés.
Le transport
et le service postal
font régulièrement
de Mayotte
et
de Nossi-Bé se
chaque mois par un paquebot de
Réunion,
la
correspondant à Saint- Denis avec les Messageries maritimes, ou à
Mahé, avec
les
steamers andais.
Lac sur
-
IV.
L'archipel des
de plusieurs de ces
îles
:
les
montagnes
à Mayolte.
LES ILES COMORES
Gomores comprend quatre grandes
ilôts.
entourées
îles
Mayotte, dont nous venons de parler,
les trois autres
sont
Anjouan, Mohilla
et
est l'une
Ngazia ou
la
Grande- Comore.
A que
notre époque de fièvre annexionniste, les
Comores ne
il
était facile
de prévoir
resteraient plus longtemps inoccupées. Aussi
disions-nous, dans la précédente édition de cet ouvrage, qu'elles
nous appartiendraient probablement sous peu. En
clTet,
bien que
LA FRANCE COLONIALE
2B6
depuis longtemps les Anglais eussent établi dans
l'île
Anjouan un
dépôt de charbon pour leur marine, les agents français ont pu, en 1885, conclure des traités avec les roitelets de la Grande -Comore, d' Anjouan
puis avec ceux
approuvés par
les
Aucune opposition ne
s'étant produite
mieux, lorsque, ^u moment où Anjouan,
disposait à se rendre à
cevoir,
parce que
dans
contrat.
le
européenne,
la
le
soumission des protégés.
La France compte donc une
le
fait
de
diplomatie
la
signifie
dépen-
a fallu enlever déjà plusieurs chefs
il
gré mal gré
la
pour
refusa de le re-
l'île
compris que protectorat
soit,
l'incident se terminera
par
allait
résident officiel français se
sultan de
le
Comores.
les îles
de ce côté, tout
récalcitrants; mais
Les quatre
gouvernement fran-
présence d'un résident n'était pas stipulée
n'avait pas
il
comme
toujours,
bon
colonie de plus.
Comores sont, avec Nossi-Bé, comme les piles Madagascar au continent africain à travers
îles
d'un pont qui
le
Apparemment que, peu au
dance. Quoi qu'il en
,
Ces traités ayant été
aux puissances son protectorat sur
çais a signifié
le
de Mohéli.
et
décrets du 24 juin 1886,
relierait
,
canal de Mozambique. Ce sont des
îles
volcaniques, montueuses,
boisées, fertiles, mais malsaines. Leurs côtes sont abruptes, bor-
dées de galets et souvent de coraux.
Leur superficie
d'environ 2.000 kilomètres
totale est
Leur population, évaluée
à 40
ou 50.000 habitants,
d'Antalots, Arabes mêlés de sang nègre et professant
est le
carrés.
formée
mahomé-
tisme.
La Grande -Comore, ou Ngazia, groupe, est
la
la
première au nord-ouest du
plus considérable en étendue et en élévation
comme
en population. Ses montagnes dépassent 2.500 mètres; on y signale des cratères actifs.
Son
territoire,
dépourvu de ruisseaux,
est
généralement aride; ses côtes abruptes ne sont abordables que sur trois points,
aux
villages de
Mouchamouli, Itzanda
et
Maroni. Ce
sont les résidences de petits chefs ou sultans, plus ou moins soumis
au roi d'Anjouan. L'île
MoHiLLA, ou Mohéli,
village principal
Napoléon
Douéni.
III à Paris
Anjouan, que
les
Politiquement,
plus petite et la moins élevée, a pour
1809, la reine de Mohéli vint trouver
solliciter sa protection.
Anglais appellent Johanna, est remarquable
par sa forme triangulaire tres.
En
pour
la
c'est
;
son point culminant s'élève à 1.700 mèla
plus importante. Elle renferme deux
MADAGASCAR Pomomj
murées,
villes
257
Moussamoudou
et
cette dernière est la
:
résidence du sultan d'Anjouan, «roi des Gomores, rité n'est
sans doute que nominale en dehors de relâche habituelle des navires
aussi la
est
»
dont l'auto-
Moussamoudou
l'île.
qui
fréquentent ces
parages.
—
Détails ethnographiques.
Gomores par vue la et
les
Arabes
L'époque de
ce
la
colonisation des
incertaine; elle remonte peut-être au
est
Les arrivants y trouvèrent des noirs semblables à ceux de côte d'Afrique. Les unions des Arabes avec les femmes indigènes siècle.
nombreux croisements
les
une population dont Tout
monde
le
,
qui ont eu heu depuis ont produit couleur varie du blanc presque pur au noir.
professe l'islamisme au moins nominalement.
souhéli, idiome de
des habitants
la
dont
la côte orientale
les notables
de l'Afrique, est
le
Le
langage
savent l'arabe, mais s'en servent
rarement. «
Les dissensions qui suivirent
pour résultat de morceler titre
la colonisation
les îles entre
de sultan. L'état social des Arabes du
servé en grande partie dans des
rappelant,
moyen âge
le
con-
s'est
l'on voit de petites villes
avec leurs murailles flanquées de tours carrées, les
bourgades de Syrie
vieilles
où
îles,
des Arabes eurent
des chefs qui prenaient
et des contrées
intestines et surtout les incursions
tentrionale de Madagascar,
barbaresques. Les guerres
des habitants de la partie sep-
qui osaient
s'aventurer
au delà des
300 kilomètres environ qui séparent cette grande terre des Gomores et faisaient
de ces <r
îles
En
régulièrement des razzias, avaient obligé à fortifier leurs
les habitants
villes.
général, les Gomores sont apathiques, mous, pusillanimes,
mais doux
et hospitaliers
;
ils
possèdent une civilisation supérieure
aux habitants de l'Afrique méridionale et de Madagascar. Tout
monde mâche «
Les habitants dJAnjouan voyagent volontiers sur mer.
près de
Moussamoudou un
chantier pour
la
tant des
moussons. La tisseranderie
et l'orfèvrerie sont très
dues parmi eux. Les bijoux sont assez élégants, outils «
11
employés
La
fait ressortir l'habileté
capitale de
l'île
profi-
répan-
et l'infériorité
Les maisons sont
des
des ouvriers.
Mohéli est située à
la côte orientale, sui-
large plateau de sable qui se trouve à 4 kilomètres environ rivage.
y a
construction des cou-
Quelques-uns de ces bateaux vont jusqu'aux Indes en
tres.
le
le bétel.
un du
presque toujours surmontées de johes 17
LA FRANCE COLONIALE
258
terrasses où les Arabes vont prendre le frais pendant la nuit. ville,
divisée en
entourée de hautes murailles, est
ont chacune leur mosquée. Le palais du sultan
une grande place carrée quée, une
fontaine
Le
remarquables. ornées de bas-
et
palais
reliefs.
des maisons de la
rues sont
,
si étroites,
un beau portique
a
écoles
,
une
est
comme
mos-
belle
mausolées portes
et plusieurs
presque toutes
celles
ont plus de deux pieds d'épaisseur;
hommes ne
que quatre
demeure chacune dans son
où des enfants apprennent
les
pourraient pas y mar-
composée d'Arabes, de Maures
cher de front. La population,
de noirs hbres
au centre sur
plusieurs
cimetière avec
Ses murailles,
ville,
est
au milieu de laquelle
un
La
trois parties qui
quartier.
Il
et
y a plusieurs
la lecture, l'écriture et les pre-
miers éléments du calcul. «
Les habitants de l'intérieur de
ceux de
l'île
sont plus mal habillés que
portent au lieu de turbans de larges chapeaux
la côte. Ils
de jonc qui s'élèvent en forme de pyramides et ressemblent à ceux des Chinois et des Italiens
Les femmes
et les
Les femmes ont
hommes
les
;
ils
les teignent
de diverses couleurs.
se font raser la tète tous les vendredis.
dents brûlées par la chaux qu'elles mêlent au
bétel; leurs lèvres sont barbouillées de rouge,
leurs cils «
la
et
leurs
sourcils
et
teints en bleu foncé, et leurs ongles en rouge.
Les femmes esclaves aux Comores, venant presque toutes de
cote d'Afrique, sont hideuses. Elles ont le lobe de l'oreille tiré
percé d'un grand trou dans lequel elles mettent,
ment, un gros bouton de métal ou de joues
sillonnés
sont
de balafres,
la
cuir.
comme
Leur front
orne-
et leurs
lèvre supérieure est percée
d'un trou bouché avec une piastre ou un morceau de bois disposé de manière à projeter la lèvre en avant, de sorte que, vues de profil à
Quand
quelque distance, elles
elles
semblent avoir un bec de canard.
ôtent ce singulier et
incommode ornement,
la
supérieure retombe sur l'inférieure, qu'elle recouvre tout à
par
le
trou ouvert coule sans cesse la salive rouge
que provoque <r
la
lèvre
fait, et
comme du
sang
mastication du bétel.
Les Arabes des Comores sont
très religieux. Ils
semblent n'être
occupés que des plaisirs qui leur sont promis dans l'autre vie et de ceux dont ils jouissent déjà sur la terre. Les cérémonies d'enterre-
ment sont
fort curieuses.
Le corps, après avoir
lavé et frotté d'essences, est enseveli
camphre
et
de divers aromates
et
dans un
été
soigneusement
linceul couvert de
enfermé dans une bière de bois
OBOCK ET DÉPENDANCES
259
odorant que l'on dépose dans une petite chapelle élevée par famille
du défunt dans
la
la
principale cour de la maison. Des lampes
brûlent autour du cercueil gardé pendant la nuit par les plus pro,
ches parents avec un iman ou prêtre mahométan. Le neuvième jour ont lieu les funérailles
Les enfants dant
corps n'est pas porté à la mosquée.
du mort
et les esclaves
la nuit.
le
:
Le lendemain
lui
de
les portes
donnent la
la sépulture
pen-
maison sont ouvertes à
un
tous les passants qu'on invite à venir prendre part à ,
festin
;
ils
sont servis par la famille, qui jeûne ce jour-là. Les Mohilois font
de grandes dépenses pour
dôme
le
les
tombeaux. Les riches font placer sur
des édifices tumulaires des ornements en argent ou en or
représentant des Heurs ou des fruits.
Les habitants de
«
ment sauvages.
la
prête admirablement.
Grande -Comore ont des mœurs extrême-
hvrent peu à l'agriculture, quoique
Ils se
Ils
combattent avec
l'île
s'y
la lance et le bouclier et
se font souvent la guerre entre eux. L'eau de
étant boueuse,
l'ile
sont en général réduits à l'eau de coco pour boisson. Les coco-
ils
tiers
forment de véritables forêts
On compte toutes
dans
régies
l'ile
et
donnent des
une trentaine de
villes
indépendants,
par des chefs
fruits
énormes.
ou bourgades presque et
la
entourées de murailles construites en maçonnerie'.
plupart
sont
»
OBOCK ET DÉPENDANCES se trouve sur la côte orientale d'Afrique et sur la route
Obock de l'Inde
:
elle tire toute
son importance de sa position à l'entrée
de l'océan Indien.
Notre possession d'Obock remonte à peu d'années.
pendant
le
creusement du canal de Suez,
surer quelques postes sur
de Zeilah
le petit territoire
En 1882,
elle
elle
s'annexa
acquit de toute la
le
la
même
,
situé à l'ouest
le village
I8O0,
France, voulant
passage aux Indes
d'Obock
En
s'as-
acheta du sultan
du
de Sagallo,
golfe d'Aden. et
en 1881-,
baie de Tadjourah et la côte septentrionale
jusqu'à l'entrée du détroit de Bab-el-Mandcl). Le torritoh-e d'Obock
*
Hansen-Blangsted. Extrait de VExploralion.
LA FRANCE COLONIALE
260
présente ainsi
un développement de 200 kilomètres de
60 kilomètres de profondeur. Le
littoral
côtes sur
forme au sud -ouest
la
baie deTadjourah, terminée par le petit golfe de Gubbet-Kharra, et
remonte au nord-est jusqu'au delà du cap Séjean, vis-à-vis de l'île anglaise de Périm, à l'entrée du Bab-el-Mandeb, y compris les îlots
des Sept -Frères.
L'intérieur est
mont Goda;
le
montagneux
et atteint
Bahr-Assal, situé à
1
.665 mètres d'altitude au
l'ouest, est
un
chott ou lac
un
climat sec et
salé.
Carte des établissements de la
Le
sol,
mer Rouge.
de nature argileuse et calcaire, joint à
chaud, rend généralement
le
pays aride
et désert, sauf
dans
les
vallées arrosées.
La population soumise de race mélangée arabe
au
petit sultan
Obock
à la France est d'environ 20.000 Danakils et
abyssinienne
;
ils
obéissent généralement
deTadjourah, qui subit notre protectorat.
une rade excellente;
est surtout
elle
n'est
occupée que
depuis peu par une factorerie française à côté d'un village indi-
gouvernement y a établi un un dépôt de charbon pour le ravitaillement de
gène. C'est en 1885 seulement que quartier militaire et
le
notre marine de guerre, qui sera ainsi dispensée de recourir au
dépôt anglais d'Aden.
On
vient d'installer aussi à
Obock un dépôt
pénitentiaire
pour
nos forçats algériens et annamites, élément redoutable, semble- 1- il,
pour
la tranquillité et l'avenir
de
la colonie.
,
OBOCK ET DEPENDANCES
261
Tadjourah, résidence du sultan Ahmed, est un gros village peuplé d'un millier d'indigènes Danakils. Les Français occupent à Tadjourah
les Egyptiens, le
autre village, deux fortins abandonnés
et à Sagallo,
Choa
C'est à Sagallo
vers l'Abyssinie, qui
Les
petites îles
,
mais
il
et de
Mosha, dans
la
la baie
par l'Angleterre qui occupe aussi
où aboutissent
par
caravanes pour
peut s'alimenter par
en retour des armes
,
du musc
,
les
de l'Abyssinie. Le commerce d'Obock n'est
et l'intérieur
encore que rudimentaire
exporte de l'ivoire
que se forment
et
poudre
le transit
munitions de guerre d'or.
de Tadjourah, sont possédées de Zeilah et de Berbéra,
les ports
caravanes de l'Harar et du Somaul.
les
Outre le territoire d'Obock, la France possède des droits plus ou moins contestés sur plusieurs points des côtes de la mer Rouge, bien qu'il n'y
ait
eu jusqu'à ce jour aucune prise effective de pos-
session.
Ce sont lo
Le
:
territoire de
Cheick-Saïd, formant
l'Arabie sur le détroit de
garnison turque.
Une
Bab
colline
- el -
Mandeb
;
la
pointe sud-ouest de
il
est
occupé par une
de 240 mètres domine complète-
ment l'île de Périm haute seulement de 70 mètres en y construiun fort on pourrait annuler la valeur stratégique du poste ,
sant
;
,
anglais. 2o
La
nord de
baie et le village d'Edd, sur la côte abyssinienne,
3o
La baie
4o
La baie d'Adulis
en
et
au
la possession italienne de la baie d'Assab.
et le port
d'Amphila, un peu plus au nord. et le
port de Zoula, dans une belle position,
face des îles Dallak et au sud de
port égyptien (en ce
Massaoua
moment italien ) de
la côte
,
qui est
le
principal
d'Abyssinie.
INDE FRANÇAISE 4^^-=^-=
Historique.
— L'Inde asiatique passe pour
plus beau, le plus
plus riche pays de la terre. Tous les grands caractères
fertile, le
physiques
ethnographiques du globe y sont représentés
et
montagnes, fleuves abondants, riantes,
le
:
hautes
vallées pittoresques, plaines luxu-
climat varié, population dense, civilisée depuis les ori-
gines de l'histoire. Tout cela
fait
de l'Inde un pays envié, que
tous les grands conquérants ont tour à tour envahi ou convoité «
La nation qui possède
du monde,
l'Inde est la première
»
:
a dit
Napoléon. Aussi voyons-nous successivement Sésostris, Darius, Alexandre le
Grand
,
se diriger vers cette merveilleuse contrée qu'envahissent
Grecs, les musulmans (xe siècle),
ensuite les
Mongols avec Gengis-Khan
les
et
fils
les
Afghans,
de Tamerlan
,
les
dont l'un,
Baber, fonde l'empire mogol de Delhi, qui subsista du xv^ au xviiie siècle.
D'un autre
côté, surviennent les Portugais, qui, les premiers, avec
Vasco de Gama, doublent
le
cap de Bonne -Espérance, en 1497,
arrivent à Calicut; puis les Hollandais, qui se contentent, les Portugais,
de commercer sur
et
comme
les côtes (xvF-xvii^ siècles);
les
Anglais, qui établissent leur première compagnie des Indes en 1599, et les
Français, qui fondent la leur en 1604.
Pendant les
le
xviiP siècle, une rivalité s'établit entre ces derniers:
Anglais se fortifient dans
et les
Français dans
nale.
Un
et
le
le
Dékan
,
Bengale, sur
le
Gange
instant, de 1745 à 175G, les efforts de la
de Dupleix, soutenus par
donner l'empire du Dékan
les
et
et à
Madras,
à Pondichéry et sur la côte méridio-
Mahrattes
,
Bourdonnais
seml)lèrent devoir nous
de l'Inde entière; mais
impolitique du gouvernement de Louis
la
conduite
XV, jointe malheureusement
HINDOUSTAN FRANÇAIS
263
à des sentiments de mutuelle jalousie entre ces deux grands fit
hommes,
échouer l'entreprise.
Mahé de l'île
la
Bourdonnais
comme Dupleix
de France,
Ce dernier
française.
par négociation
et
«
gouverneur de
était
l'était
donner à
avait entrepris de
par conquête
la
,
l'ile
Bourbon
et
de
des Indes pour la Compagnie
domination
péninsule asiatique. Pour réaliser ce projet,
il
Compagnie,
la
totale
de
lui fallait
INDE Carte 7^.
la
grande
des guerres,
\^
historique
Possessions eu U?qes^Jht.m.ça2jeJ
A. Ajinr^x:ic7is aru^lai^cr I*-
fassessians portu^aise^'i
zoo Joo lûo sàoK
Carte pour servir à l'histoire des conquêtes dans l'Inde.
des alliances, et surtout une politique hardie, reculât pas devant les sacrifices
sement on
lui refusa
ses projets
».
De son
c(Hé,
«
la
d'hommes
des secours
,
décidée,
qui
ne
et d'argent. Malheureu-
tout en lui laissant poursuivre
Bourdonnais, qui n'avait pu obtenir non plus
des secours du gouvernement, construisit lui-même des navires,
arma des bâtiments de commerce, laquelle
il
et se
Anglais et vint
affronta les
forma une escadre avec
les
assiéger jusque dans
Madras, centre de leurs possessions asiatiques. Après quelques jours de tranchée, racheter
moyennant
convention
et
garde
la
ville
dix
capitule
millions.
la place; et
et
obtient la
Ul)orl(>
Dupleix refuse de
comme
l'armée et par l'escadre, veut maintenir
de se
ralilier
l;i
son rival, soutenu par
la i)arole
donnée, Dupleix
LA FRANCE COLONIALE
264
renvoie en France, où
le
il
comme
dénonce
plein d'activité et de courage,
un
traître
un administrateur
guerrier
plein de zèle et
de lumière. «
Après plusieurs tentatives pour recouvrer Madras
,
Anglais
les
dirigèrent toutes leurs forces contre Pondichéry, chef- lieu de nos
Dupleix, avec huit cents Français et trois
possessions asiatiques. mille Indiens
déploya dans cette circonstance des ressources iné-
,
puisables de génie, de courage et d'habileté. teur, munitionnaire, artilleur et général,
il
cinquante-six jours de tranchée ouverte Anglais furent réduits à lever
Mais
«
pourvut atout;
et,
après
et plusieurs assauts,
les
le siège. » et
Dupleix
de l'Inde, ce qui fut une faute.
Quelques années
Lord Ghve
Jours, et
administra-
la fois
de 1748 rendit Madras à l'Angleterre,
le traité
fut rappelé
A
plus
tard
la
se présentait devant
guerre recommençait (1778).
Chandernagor,
nous expulsait du Bengale.
supplanter au Coromandel lendal avec l'escadre
,
Il
en cinq
l'enlevait
nous
cherchait aussi à
lorsque l'arrivée du comte Lally-Tol-
du comte d'Aché
un moment
arrêta
leurs
progrès. «
ma
Toute
politique est dans ces cinq mots,
d'Anglais dans
les
Indes;
»
et,
Gondelour, Saint -David, Arkôt, ainsi que le
Karnatic.
mandel
les
Madras, centre de
lui refuse le
à son projet, Lally
la
:
Plus
leur enlève
il
cinq forts qui couvrent
de quatre semaines, tout
se trouve dégagé des Anglais. Mais,
jet d'assiéger
d'Aché
En moins
Lally
dit
pour commencer,
le
quand
il
sud de Coro-
forme
le
pro-
puissance britannique, l'amiral
secours de ses vaisseaux. Contraint de renoncer
marche contre
le
rajah de Tanjaour, allié des
Anglais; pendant ce temps, ceux-ci s'emparent de Mazulipatam et
menacent Pondichéry. Lally revient sur quoique privé de «
En
la flotte,
quelques jours
garnison a se retirer
le
le
va investir Madras.
quartier indien est emporté; mais la
temps, grâce à l'insubordination des assaillants, de
dans
le fort
de ses lieutenants
,
Saint - Georges
,
est forcé de battre
dans Pondichéry, par mille
il
ses pas, dégage la ville, et,
hommes appuyés
le
général
et Lally,
en
bientôt
abandonné
retraite. Investi à
son tour
Eyre-Coote, avec vingt -deux
de quatorze vaisseaux,
il
fait,
pendant dix
mois, des prodiges de bravoure et d'héroïsme. Enfin, trahi par
ceux qui l'entourent, malade
que sept cents soldats
et
et
couvert de blessures, n'ayant plus
quatre onces de
riz
par jour à distribuer
HINDOUS! AN FRANÇAIS par ration,
il
laisse
aux habitants
265
la liberté d'ouvrir les portes à
l'ennemi. €
Ainsi tomba le dernier débris de l'édifice colonial élevé par
Dupleix; vait
le
monde
indien,
un moment promis
désormais perdu pour elle^
à la France, se trou-
»
Mort de Tippoo-Saïb au siège de Séringapatam.
tard le Les Anglais, étendant leurs conquêtes, détruisirent plus de Mysore, dont les chefs, Haïder-AU et Tippoo-Saïb,
royaume
furent nos alliés, et dont le dernier périt
même
sous les ruines de
linit Séringapatam, en 1799; puis l'empire des Mahrattes, qui pacien 1818, laissant l'Angleterre maîtresse d'acquérir peu à peu,
fiquement ou par '
F.
les
armes,
A"*, Histoire de France.
le reste
des territoires qui forment
,
LA FRANCE COLONIALE
2G6
aujourd'hui l'empire indo- britannique, sept
France,
Le
de 1814 nous avait rendu quelques chétifs lambeaux de
môme
alors question de céder
aux Anglais au
Géographie.
comprend
les
— L'Inde,
ou plutôt VHindoustan français actuel,
cinq territoires ou établissements de Pondighéry,
Karikal, Yanaon, Mahé, Chandernagor, dispersés sur de Coromandel, de Malabar
le
lieu
de France.
l'île
Le
la
peuplé de plus de 250 millions d'àmes.
et
traité
terrain qu'il fut
de
comme
fois vaste
sol y est
et
dans
généralement bas
climat chaud et
humide
du nord en hiver
et
et
le
Bengale.
sablonneux
les vents réguliers
;
les côtes
du sud- ouest en
été,
provoque de terribles ouragans ou cyclones
mais
,
très fertile
ou moussons
leur renversement
et et
soufflent
de redoutables raz-
de-marée. Ces cinq territoires ont une superficie totale de 508 kilomètres carrés, le dixième d'un département français,
et
de
musulmans, avec
285.000
habitants,
la
plupart Indous et
une population
2.500 Européens, presque tous Français ou descendants de Français.
un gouverneur général
L'administration s'exerce par
résidant à
Pondichéry.
Pondichéry ,
le
«
Poutoutchéri
établissements français de l'Inde, située sur la côte de
dans
bas
le delta
parties
:
la
«
et
est
une
marécageux du Pannar. »,
ville
de 40.000 âmes
de guinées (cotonnades)
deux
Elle se divise en
bâtie à l'européenne et peuplée de
noire », toute composée de cases
et la « ville
indiennes. Pondichéry possède filature
des indigènes, chef- lieu des
Coromandel, à 143 kilomètres sud de Madras, blanche
ville
2.000 Européens,
»
une cour d'appel ;
elle n'a
et
une importante
qu'une rade foraine
et
un
pont-débarcadère, mais on y projette le creusement d'un bassin. Le territoire de Pondichéry, extrêmement morcelé par des en-
comprend quatre communes Pondichéry, OulVillenour, et Bahour, avec deux cents « aidées » ou villages
claves anglaises, ffaret,
:
d'Indous. Sa population est de 133.000 habitants répandus sur une superficie de 29.000 hectares.
Karikal côte de
Son
est
situé
Coromandel
territoire,
à 100 kilomètres sud de Pondichéry, sur la et
au milieu de l'immense delta de Cavéry.
de 13.000 hectares, se divise en trois
Karikal, Nédouncadou et
la
lages avec 95.000 habitants.
communes
Grande-Aldée, comprenant 110
Son commerce
:
vil-
est assez important.
HINDOUSTAN FRANÇAIS Yanaon, est
assis
dans
le delta
du Godavéry,
267
à 800 kilomètres nord-
de Pondichéry, n'est qu'un comptoir entouré d'un terrain de
1.500 hectares, avec une population de 5.000 habitants. Son com-
merce
est nul.
Mcihé est situé à l'embouchure de la rivière Mahé, sur
la côte
de Malabar, à 400 kilomètres ouest de Pondichéry. C'est une jolie petite ville,
mais son port
presque
est
inactif.
Son
territoire
de
Carte des territoires français de l'ilindoustan.
G. 000
hectares comprend, outre
la ville,
quelques aidées avec une
population totale de 8.000 habitants.
Chandernagor, le
Bengale, sur
la «
Tchandranagar
la rive droite
tants, dont
des Indous, est situé dans
de l'IIougly, bras du Gange, à 28 kilo-
mètres en amont de Calcutta Pondichéry. C'est une
»
et
ville Ijien
300 Français, sur un
à 1.600 bâtie,
kilomètres au nord de
peuplée de 33.000 habi-
territoire restreint
seulement. Son trafic, presque nul, se
fait
avec
de OiO hectares
la capitale
indo-
l)ritannique.
Outre ces cinq établissements, traités,
dans sept dos
villes
la
France possède, eu vertu
anglaises,
des comitoius
composés souvant d'une seule maison avec terrain quelques cases indiennes.
ou
îles
i.ociis,
avoisinaiil
cl
LA FRANCE COLONIALE
26S
Ces loges fi'ançaises se trouvent ù Balassore, Dacca, Patna Jaiigdia,
dans
Galicut,
au sud de Mahé,
le
Bengale; à Mazulipatam et
et
au sud de Yanaon; à
,
à Surate, grande
ville
au nord de
Bombay. Industrie et commerce. siste
dans
dans
les cultures,
guinées, à Pondichéry.
— L'industrie de l'Inde française con-
On
la fabrication
des tissus de coton ou
a découvert de riches mines de lignite
à Bahour.
Le commerce de
fer,
intérieur dispose des canaux naturels
des chemins
postes et télégraphes de l'Inde anglaise.
Le commerce extérieur dont
,
les trois
s'est élevé
en 1883 à 32 millions de francs,
quarts pour l'exportation.
Il
se fait
pour
la plus
grande
partie avec les autres ports de l'Inde et par vaisseaux anglais
;
puis
avec la Réunion, Maurice, Marseille et Anvers, par vaisseaux étrangers plutôt que français.
Les produits exportés sont l'arachide, pour 15 millions;
les gui-
nées destinées aux nègres d'Afrique, l'indigo, l'huile de coco, riz.
Les
articles
les soieries
,
importés sont
les
le
cotonnades indiennes ou anglaises,
vins et liqueurs de France.
Pondichéry
et
presque nul dans
Karikal concentrent tout
le
commerce, qui
est
les autres territoires.
Les services de vapeurs anglais, rarement français, établissent les
communications avec
les ports voisins,
l'Europe, la France et
nos autres colonies.
En somme,
le
commerce de
beaucoup plus avec
la
France dans l'Inde s'exerce
les ports anglais
qu'avec nos propres établisse-
ments. Ceux-ci conservent toutefois une certaine importance politique, bien que, en vertu des traités, fortifier et
il
nous
soit
même
interdit de les
de les transformer au besoin en positions militaires
et
stratégiques.
Heureusement les pertes
l'acquisition récente de l'Indo- Chine
que nous avons subies dans l'IIindoustan.
compense
INDO-CHINE FRANÇAISE
CHAPITRE
I
NOTICE HISTORIQUE France peut regretter
Si la
l'Hindoustan,
elle
asiatique dans l'Indo- Chine,
au centre des plus riches pays de l'extrême
situation,
la
perte de ses possessions dans
retrouve depuis vingt- cinq ans de belles occa-
un nouvel empire
sions de se créer
dont
la
Orient, est exceptionnellement favorable. L'histoire de notre établissement dans ce pays
époque
où un
évêque
emmena en France une révolution de militaire et
des
îles
le fils
palais.
missionnaire
du
roi
Louis
en obtint en retour
remonte à 1787,
catholique,
Ma'"
d'Adran,
annamite Gia-Long, dépossédé par
XVI promit
à ce prince
de
la cession
la baie
Poulo-Condore. Gia-Long, rétabli sur
le
un secours
de Tourane
trône
et
d'Annam en
1802, introduisit l'influence française dans son pays et se servit d'officiers français
pour l'organisation de son armée
et la
fortifi-
mais ses successeurs, notamment Ïu-Duc,
cation de ses villes;
subissant l'influence des mandarins chinois, chassèrent les Français et renouvelèrent les persécutions contre les chrétiens jusqu'à
une escadre franco-espagnole s'empara de Tourane, évacuée peu de temps après, et de Saigon, que la France
ce qu'en 1858
qui fut
,
conserva nonobstant
Les
hostilités
se
les
réclamations de Tu-Duc.
rouvrirent
nous assura l'acquisition des Saigon, Mitho
et
en 1801 trois
;
mais
et
Bien-Hoa. En 1807, pour mettre
Ha -Tien.
de 1802
provinces cochinchinoises de
veaux troubles, notre armée s'empara de
Ghaudoc
traité
le
celles
lin à
do nou-
de Vinii-f.ong,
LA FRANCE COLONIALE
270
En
1863,
Siam
et
Le
le
royaume du Cambodge,
objet de dispute entre le
l'Annam, se soumit à notre protectorat.
désir de
commercer avec
provinces chinoises occidentales
les
du Mékong par
détermina l'exploration
le
capitaine de Lagrée, qui
remonta ce fleuve jusqu'en Chine (18GG-1868) non navigable. Plus tard, dans le même but,
marin Francis Garnier, explorèrent
et le
Rouge du Tonkin
;
mais
le
il
le
reconnut
négociant Dupuis
Son g- Haï ou
le
ce qui excita la défiance des Annamites
,
la prise
d'Hanoï par
nier et
une guerre nouvelle
fleuve
amena
,
lieutenant Gar-
le
(187.3).
L'année suivante Tu -Duc dut signer
un
traité
par lequel
reconnaissait nos
il
dernières acquisitions en Cochinchine
soumettait son royaume 'd'Annam
et
au protectorat de la France, nonobstant les
que
droits d'investiture
la
Chine
exerçait depuis des siècles sur les rois
d'Annam.
La France
obtenait
en
outre
le
droit de garnison et le prélèvement des droits de
douane dans plusieurs
du Tonkin, ce qui amena peu Carte de l'Indo- Chine.
les «
Pavillons -Noirs
(1883)
et
même
la
d'abord, ensuite avec l'Annam,
»
faits les
mai 1883, en faisant une
les Pavillons-Noirs, le
des complications, puis la guerre avec
commandant sur
la
fm de
Tonkin
plus importants. sortie
du
fort
d'Hanoï, assiégé par
bandes de pillards mi-chinoises, mi-annamites,
français Rivière est battu et tué, et sa tête est
portée en triomphe dans et
le
Chine (1885).
Rappelons quelques
En
villes
à peu
juillet
cesseur de Tu -Duc,
le
pays. Des renforts arrivent de France,
on s'empare de Hué, dont rendu responsable de
est
la
le
jeune roi, suc-
guerre, et se voit
La Chine en prend adresse aux puissances une protes-
obligé de se soumettre au protectorat français.
ombrage; en novembre tation
pour maintenir
elle
ses
droits de suzeraineté, et elle fait sou-
tenir par ses troupes les hostihtés
de Sontay et
de Bac-Ninh par
tion de Tien-Tsin
du 11 mai 1884
des Tonkinois. Mais la prise
Français conduit à
les ,
par laquelle
la
la
conven-
Chine reconnaît
notre protectorat sur le Tonkin. Toutefois la guerre se continue
INDO-GHINE FRANÇAISE sans être ouvertement déclarée, et
271
même
porte
se
en territoire
chinois.
En
juillet, l'amiral
et l'amiral
Courbet
Fou-Tchéou,
Lespès occupe Ke-Lung, dans
s'illustre
en détruisant
l'un des ports de la Chine;
la flotte
armée de 40,000 hommes, du temps
amener
le
En mars
1885,
Partie méridionale de
d'un échec sensible, au fin à
une guerre ruineuse pour
consacre
la prise
la citadelle
moment où les
deux
convention de Tien-Tsin
la
la
Formose,
chinoise près de
mais au Tonkin
à notre
triomphe.
l'île
et
il
faudra,
des sacrifices pour
de Langson est suivie
de Hanoï.
Chine proposait de mettre parties.
et stipule
Le
traité
du 9 juin
que chaque belhgé-
rant retirera ses troupes des territoires envahis
,
sans prétendre à
aucune indemnité de guerre. Toutefois les Annamites ne désarmèrent pas, et la déposition intempestive excita
un soulèvement
du jeune
général qui causa
le
roi
par
les
Français
massacre de plusieurs
missionnaires européens, de plus de 40.000 chrétiens indigènes, considérés
comme
nombreuses
favorables aux étrangers, et la destruction de
églises et missions.
En automne 1885,
la situation paraît
tellement grave, que l'opinion publique en France se prononce pour l'évacuation de ce pays qui
nous cause
tant d'embarras, et
que
la
LA FRANGE COLOiMALE
272
Chambre ne
vote la continuation de l'occupation qu'à
douteuse de deux ou trois voix,
obtenues par
une majorité
gouvernement
le
grâce à certaines manœuvres. Notre avenir et notre prestige en
Orient n'ont donc tenu qu'à
Mais ces
difficultés
un
vote plus ou moins inconsidéré.
L'Indo- Chine
sont actuellement vaincues.
française, par sa population
nombreuse
15 mil-
s'élevant à plus de
lions d'habitants , par ses richesses végétales et minérales , par son
aux portes de
excellente position
Chine
la
trieuse,
et des riches colonies hollandaises et
un
appelée à
brillant avenir,
nistration habile, sage
commerce «
et
de
Au Tonkin
implanté dans
,
la
indus-
et si
M. de Bizemont
pays
et
nous prendrons les
le
,
le
au concours
la
meilleur
,
si
Nous devons
qu'en favorisant
aucun
d'autant
conversions
les
détacher complètement de
populations soumises à notre protectorat.
elles
du
catholicisme est fortement
extension.
moyen de
actif
métropole.
ne tarderait pas à prédominer son
est
,
en profiter par une admi-
marine marchande de
dit
le
l'on sait
si
moins négliger cet appui précieux Chine
peuplée
espagnoles de la Malaisie
et chrétienne, jointe
obstacle ne s'opposait à
liques,
si
au milieu des empires anglais de l'Inde et de l'Australie,
sauront bien se défendre contre
Une
fois
k
catho-
empiétements de
les
leurs redoutables voisins, sachant que, retombant sous leur joug, «lies seraient
désormais sacrifiées sans merci. C'est
du problème du Tonkin
et
Les détails ci-après feront voir
le
solution
pas ailleurs.
là
qu'est la
»
caractère des guerres annamites
France
et la solidarité qui existe entre les intérêts de la
et
ceux du
cathohcisme dans l'extrême Orient.
Le massacre des
—
chrétiejxs.
«
Saigon,
niission de Cochinchine orientale est à
gramme que
je
vous
ai
le
8 août 1885.
— La
peu près anéantie. Le
envoyé aujourd'hui au
nom
télé-
de Mg^
Van
Camelbeke ne marque que cinq missionnaires et dix mille chrétiens massacrés, c'est le chiffre dont nous sommes absolument sûrs;
nombre des victimes aura été plus considérable dans notre mission. Dans huit à quinze jours vous recevrez
mais
très
probablement
le
de nouveaux détails. «
C'est
au Quang-Ngaï qu'ont commencé
les
massacres
et
les
nombreux et très turbulents, deux mois, quand survint la prise
incendies. Les lettrés, qui y sont très
y étaient surexcités depuis déjà de la capitale. Vous savez que
peu avant
cette époque.
le
P. Poirier faiUit être tué par eux,
Naturellement
la prise
de
Hué
accrut leur
'iin
^
\i
'if' .
- ^iAlP^'-'^ù'i.
-
«i:; V,
j# ?-;:« v";
m\
'<,
,
r^
18
LA FRANGE COLONIALE
274
fureur contre les Européens.
Ils
du Quang-Ngaï,
le
13
juillet
commençaient à incendier
les
chré-
révolte et s'emparèrent de la citadelle
Le lendemain 14,
dernier.
ils
Van-Bàn
tientés et à massacrer les chrétiens.
bèrent l'une
14, l'autre
le
cette dernière chrétienté
chrétiens.
15
le
une
se soulevèrent, organisèrent
et
Ban-Gôï succom-
Le P. Poirier
juillet.
avec à peu
dans
fut tué
deux cent cinquante
près
y eut, après ce massacre, deux jours d'interruption.
Il
Les mandarins de Binh-Dinh
et le
mandarin chargé de garder
sauvages au Quang-Ngaï se réunirent soi-disant pour étouffer rébelhon.
mêmes pendant quelque temps Tous
les jours ils
aux maires de
ne
fût pas troublé.
Du Quàng-Ngaï,
Yen
ailleurs.
et
a
trompés nous-
et aussi l'administration française.
expédiaient des ordres aux chefs de cantons
villages, leur enjoignant
et
«
de
au Binh-Dinh, au Phu-
cette politique passa
Aussi qu'entendait -on partout de
mal
restez
;
Au
«
certifions, disaient-ils, qu'il
en paix chez vous
grand jour,
dessous,
ils
c'était
,
l'ordre
contre
ne vous arrivera aucun
leur manière de procéder;
organisaient les
« n'est, disaient-ils
mais, en
pour une plus sûre
lettrés
j>
et
les chrétiens.
plus «
Ce
dans leur langage figuré, qu'après avoir exter-
Français de terre (les chrétiens indigènes), que nous
«
miné
«
parviendrons à chasser
les
Français de mer.
Voilà la politique des Annamites
X
même
ne sera pas troublé.
prompte exécution de leurs complots contre
les
bouche des
la
parce qu'ils avaient peur.
Nous vous
« î
,
que l'ordre
veiller à ce
mandarins? Des protestations de paix, des plaintes les chrétiens
la
reprirent la citadelle et firent semblant de décapiter
Ils
une quinzaine de rebelles. C'est ce qui nous a
les
avant l'attaque
du Binh-Dinh,
et j'ai
;
je
l'ai
s>
clairement vue bien
tâché d'en informer l'adminis-
tration française , espérant qu'elle viendrait à notre secours aussitôt
quelle connaîtrait le véritable état des choses... «
Au Quàng-Ngaï,
quent
la plus
la dernière chrétienté vers le
rapprochée de
quarante chrétientés
,
mon
district, venait
sud, par consé-
de succomber. De
pas une seule n'y restait debout; trois mis-
sionnaires et plus de six mille chrétiens y avaient été massacrés.
Toutes
les églises
,
tous les étabUssements delà mission, toutes les
maisons des chrétiens y avaient livrés le
été pillés, saccagés,
aux flammes. L'orage grondait horriblement,
Binh-Dinh
allait être attaqué... Il fallut fuir...
et
puis enfin
certainement
,
INDO-CHINE FRANÇAISE
275
Quelques heures après, nous entrions au port de Quin-Hon épiscopale et le collège de Lang-Son formaient un
«
:
résidence
la
immense
foyer d'incendie; quelques chrétientés environnantes brû-
même
A terre, la plage était couverte de chrétiens; plus de huit mille s'étaient réfugiés tout autour de la concession. en
laient
temps.
Monseigneur
«
une dizaine de confrères
et
s'y
trouvaient;
ils
attendaient notre retour avec anxiété. Pendant la nuit tout le ciel était en feu dix foyers d'incendie illuminaient l'horizon dans un ,
rayon de huit à douze kilomètres... Mgr Van Camelbeke m'envoya avec quatre confrères à Saigon avec mission d'acheter du riz pour nourrir les huit mille chrétiens «
réfugiés au poste de
Quin-Hon
quelques jours; dans
la
et qui
de leurs biens. Nous passâmes
la nuit
mains nous nous embarquâmes sur
En passant
«
«
sion est ruinée,
l'on peut
mer, dévorées par
de cent
anéantis'.
que
la
cinquante
les
donné,
flammes.
et était
exé-
résidence épiscopale,
du Quàng-Ngaï
églises
et
paroisses
c'est
que
la
mis-
deux séminaires, et
du Binh-Dinh,
sont
entièrement
»
Autres DÉTAILS.
—
avait été
maintenant affirmer,
orphelinats, les couvents
plus
et le len-
plus sinistre empressement.
Tout ce que
les
pu sauver
auprès du prélat,
paquebot des Messageries.
le
Ce qui prouve qu'un ordre supérieur le
n'ont rien
ils
devant lePhu-Yen, nous avons pu voir plusieurs
chrétientés, situées plus près de la
cuté avec
n'ont de vivres que pour
débâcle générale,
—
«
Saigon, séminaire de Saint- Joseph, 45 août
Nous n'osons pas entrer dans de nouveaux détails sur cette catastrophe. Nous dirons seulement que, pour trouver dans l'histoire un désastre comparable au nôtre, il faudrait remonter 1885.
...
plus haut que les Vêpres sicihennes, jusqu'aux actes de vandalisme
des hordes barbares qui envahirent une à une, les provinces du vaste empire c'est
que
cette série
été exécutée
dont
et
romain. De plus, ce qui en augmente
de tueries et de boucheries de nos chrétiens a
dans un pays privé de communications télégraphiques,
les côtes n'étaient surveillées, déjà
aucun bateau de guerre, de
telle
sorte
que
depuis longtemps, par les théâtres
dies et
des scènes de carnage ont été aussi nom])i-eux
tipliés,
pour
1
M,
hon-eurs,
les
ainsi dire,
des incen-
et aussi
mul-
que nombreuses étaient nos chrétientés ou
Gei'I'ROy, misbionnaire, Les
Missions cxlhoUnucs, 18 soplombre
188^».
,,
LA FRANGE COLONIALE
276
paroisses catholiques,
elles-mêmes sur une étendue
éparpillées
considérable de terrain, du nord au sud.
A
cause de tout cela les
meurtriers et les incendiaires ont pu faire leur œuvre iniïime en toute liberté. Jamais, croyons -nous, on n'a et d'incendies
se succédant,
vu autant de massacres
en quelques jours, deux ou
trois
semaines environ, sur une aussi vaste échelle, et sur tant de points à la fois
,
avec tant de férocité et d'acharnement, de
part de
la
com-
patriotes dénaturés, exterminant leurs frères désarmés l'odieux se mêle au raffinement de la rage. Nos ennemis ont réussi au delà de :
leurs espérances.
France que nos chrétiens
C'est principalement à cause de la
«
ont été persécutés et tués. Nos catholiques passent, aux yeux des païens, pour être et sont en effet les seuls amis des Français. Les
païens, par
le
guet-apens du 5
à Hué,
juillet
forces tout d'abord contre les Français.
leur gré,
ils
ont essayé leurs
Ne pouvant
réussir selon
viennent de tomber, en masses innombrables
et orga-
nisées, sur nos pauvres chrétiens pris à l'improviste et sans armes.
Car
la
population catholique se compose
d'agriculteurs paisibles,
pubUques
,
peu mêlés aux
et ainsi elle n'a
tations turbulentes
et
,
dans sa presque affaires et
pas à se reprocher d'avoir
brouillonnes
,
totalité
aux fonctions ,
par des exci-
suscité des haines et des repré-
sailles. «
De
nouvelles
dépêches vous apprendront bientôt combien
de vingt-neuf missionnaires, de dix-sept prêtres indigènes, de plus de quarante maîtres de religion, de cent vingt élèves en latin
en théologie, de quatre cent cinquante religieuses indigènes
et
de quarante
et
un
mille chrétiens,
combien peu, dis-je,
il
et
restera
de survivants. ff
Les détails envoyés par
le
vénérable prélat dans ses deux
grammes sont malheureusement au-dessous de <r
Tous
télé-
la réalité.
les officiers, soldats et voyageurs, la plupart étrangers, et
quelquefois indifférents à toutes les questions de missions, ont vu
de leurs propres yeux, et avec une vive émotion, ,
nos désastres.
Ils
ont vu également, parqués sur
la le
grandeur de sable de la
plage, autour de la concession française, nos 8,000 chrétiens des
environs échappés à
drapeau français'. 1
la
mort, qui s'étaient réfugiés à l'ombre du
»
M. CiiAMBOST, Les Missions catholiques, 25 septembre 1885.
,
INDO-CHINE FRANÇAISE
CHAPITRE
277
II
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE
— L'Indo- Chine
Situation.
française, désignant l'ensemble des
quatre territoires que nous possédons à divers
Gochinchine, orientale
le
de
Cambodge, l'Annam grande péninsule
la
l'Inde au delà
est
par
la
la
:
indo- chinoise,
basse
la partie
appelée
aussi
du Gange.
Elle est bornée au
nord par l'empire Chinois
mer de Chine, au sud -ouest par
l'ouest par le
titres
Tonkin, forme
et le
royaume de Siam ou
les
le
à
,
l'est et
golfe de
au sud-
Siam
et à
indépendants du
territoires
Laos.
L'Indo -Cliine française est comprise approximativement entre 8» 40' et 23" de latitude nord, est
du méridien de
et
entre 100" et 107'^ de longitude
Paris.
Sa plus grande longueur, du sud au nord, lui
donne plus de 1.600 kilomètres,
est
de 14o 20', ce qui
et sa largeur, très variable, est
de 60 à 200 kilomètres. La superficie totale est ainsi estimée à 400.000 kilomètres carrés,
Littoral.
—
Le
littoral
soit les 4/5
de
France.
la
indo -chinois est formé par
Chine ou mer du Sud. Relativement très étendu
mer de
la
ce qui est avan-
,
tageux au point de vue des relations extérieures,
il
présente un
développement de plus de 2.800 kilomètres, dont 400 pour bodge, 700 pour le
la
Cochinchine, 1.200 pour l'Annam
le
Cam-
500 pour
Tonkin.
Dans son ensemble dont la
et
la
le
littoral
dessine
boucle supérieure est tracée par
boucle inférieure par
la
une le
grande
golfe
lettre
du Tonkin,
péninsule cochinchinoise et
le golfe
S, et
de
Siam.
Siam, formé au sud-ouest par la longue \)i'esqu'ile de Malacca, projette au nord la baie do Bangkok, où débouche le fleuve Ménam. Sur les côtes du Caml)odge, il renferme plusieurs îles du nom générique de Koh, et l'île Vhxi-Quoc
Le grand
golfe de
LA FRANCE COLONIALE
278
OU Koh-Kon,
bodge
plus grande de la région;
la
Kompong-Som
de
les baies
cochinchinois, celles deHatien et
de
Table, et celle de
la
neuse de
Du
forme dans
il
de Kami:>ot; dans
et
Cam-
le
le
Bassac
deRach-Gia, séparées par
Camau, formée par
la
le
cap
longue pointe sablon-
Camau ou Cambodge.
Camau
cap
au cap Saint- Jacques,
basse et maréca-
la côte,
Mékong
geuse, est indentée par les nombreuses bouches du
Donnai, fleuve dont
ont formé
les atterrissements
le
et
du
vaste delta
péninsulaire de la basse Cochinchine.
Les baies de Gang -Ray de Saigon,
rivière
et
le
donnent entrée dans
et des Cocotiers
donne attache aux câbles sous -marins qui France
A côte
Saigon avec
relient
la
Chine.
et la
partir
la
cap Saint- Jacques, haut de 150 mètres,
du cap Raké, qui marque
cochinchinoise, la
la limite
généralement montueuse, présente, dans son
de l'Annam,
ensemble, une double courbure convexe, puis concave;
elle
est
finement déchiquetée par une multitude de petites échancrures, lagunes et canaux littoraux, entremêlées
baies, qu'îles
,
de caps
cette côte
bordées de récifs
,
peu accessible à
et
Qui-NJion,
le
cap
muniquant avec la limite
Le
le
et la
baie de Tourane,
d'Hué,
le
cap Vung-Chua, qui marquait
sud; puis
le
il
une multitude
d'îles
le littoral
des Pirates. Le cap
:
telles
est
îles
c'est
:
le delta,
Laï-Chas
au nord
d'îles et d'îlots
de Cat-Ba, de
la
Table et
la frontière chinoise,
fermé au nord par
presqu'île de
embou-
du Thaï-Binh, découpant
bordé de milliers
sont les
Paklung marque
delà le golfe du Tonkin est la
et
basses et populeuses
montueux
rocheux peu habités
par
parallèle.
présente les nombreuses
chures du Song-Haï, ou fleuve Rouge,
l'est
Choumay com-
tonkinois est généralement bas, sablonneux, découpé
de canaux dans
à
puis la baie de
de
la baie
du Tonkin, reculée aujourd'hui du 18^ au 20^
littoral
duquel
cap Padaran, les baies
le
presqu'île Varela et le cap
plus oriental de l'Annam;
la rivière
de pres-
la navigation.
Nous signalerons, du sud au nord, Kamran, Binh-Kang et Hong-Koé, la Varela ou Pagode,
d'ilôts,
de bancs de sable qui rendent
et la
la
et
au
province de Canton,
grande
île
d'Haïnan,
appartenant à l'empire chinois.
MoxTAGivES.
— L'intérieur de l'Indo- Chine
encore pour qu'on puisse en décrire
le
est trop
peu exploré
du
On
détail
qu'en général, sauf les deltas du Song-Haï
et
relief.
du Mékong,
sait
tout le
INDO-CHINE FRANÇAISE
279
pays est montueiix, élevé de 500 à 1.000 mètres, disposé en plateaux que surmontent des chaînes montagneuses et des sommets atteignant 2.000 mètres et plus.
Ce haut pays peut longue
et large
couvre tout
sud dans et
et la
forme à
elle
les bassins fluviaux
la fois la ligne
breux chaînons se dirigent vers et
,
la
du Song-Haï
physique du partage des
Hmite politique des États d'Annam
des rivières maritimes
du nord au
chinois, s'abaisse et s'avance
Laos pour séparer
le
du Mékong;
eaux
chaîne qui, détachée du grand plateau du Thibet,
Yun-Nan
le
comme une
considéré sommairement
être
et
de Siam. De nom-
côte en enfermant les vallées
déterminent une foule de^ baies et de caps
montueux.
Hydrographie.
Mékong, Song-Ma et
le
le
— Les fleuves principaux sont,
Vaïco,
Donnai;
le
au
en Cochinchine,
Tonkin,
le
Song-Ca,
Le Mékong ou Cambodge y long d'environ 4.000 kilomètres, l'un des grands fleuves de l'Asie. bet, traverse le il
Yun-Nan
change plusieurs
vers
l'est.
Ce
Il
prend sa source dans
chinois et l'immense plateau
n'est encore là
du nord au sud,
il
est
le Tlii-
du Laos, où
brusquement de direction vers
fois
sud
le
s'élargit vers
mais
;
,
continuant
Bassac, et se remplit
d'iles
nombreuses jusqu'au-dessous des rapides de Sambor. Dans
royaume du Cambodge,
il
et
qu'un torrent coupé par des cascades
qui en rendent la navigation presque impossible sa route
le
Song-Haï.
le
le
tourne brusquement à l'ouest, arrive à
Phnom-Penh, où se forme ce qu'on appelle les quatre bras du Mékong le bras du nord -est n'est autre que la partie supérieure du fleuve; le second remonte vers le nord -ouest sous le nom de Toulé'Sap et communique avec le grand lac de même nom les deux autres formant la fourche du delta, sont deux défluents qui :
;
coulent vers
le
sudrest et pénètrent dans la basse Cochinchine sous
noms du fleuve antérieur ou Thiang-Giang rieur ou Han-Giang. les
Le
mer de Chine par à
et
fleuve postérieur, le plus occidenlal, baigne
Xuyen, Cantho, Traon; Le
,
la
il
forme plusieurs
Chaudoc, Long-
îles et se jette
dans
la
double embouchure dite du Bassac.
fleuve antérieur,
Vinh-Long, où
il
de fleuve posté-
le
plus oriental, passe à Canlo, à Sadcv,
se divise en plusieurs branches, dont
runc
passe à Bentré, une autre à Mylho.
A l'est du
Mékong,
et
parallèlement à son cours
inféi'ieur,
coulent
LA FRANCE COLONIALE
280
deux Vaico, anciens
les
Ijras
du
la rivière
fleuve,
de Saigon
el le
Donnai, qui concourent avec lui à la formation du delta.
Le Vaïco occidental traverse qu'il
des Joncs, vastes marais
la plaine
passe à Tan -An et se jette dans
draine en partie,
oriental. Celui-ci passe à
Ben-Keu, à Ben-Luc,
et
le
Vaïco
dans
finit
le
Soirap.
Le Donnai
qui sort de l'Annam et dont
,
peu connu, absorbe
cours supérieur est
le
Song-Bé à Trian, passe à Bien-Hoa,
le
reçoit
Habilalion sur pilotis à Hué.
le
Saigon,
gable dite
La
Vaïco, et se termine par
le
rivière de
d'Annam;
elle
à Saigon
où
,
la large
embouchure navi-
du Soirap.
Le Saigon
Saigon a également sa source dans
coule du nord au sud, passe à
elle
et le
a
Donnai en
se réunissant
et arrive
confondent leurs cours telle sorte
chure du Donnai passerait au sud sous
nom
de Saigon se terminerait au nord dans les
royaume
une largeur de 400 mètres.
inférieurs, qui sont censés se croiser, de
caps Gangio
le
Thudaumot
le
la
que l'embou-
de Soirap
,
et celle
baie de Ganh-Ray, entre
et Saint- Jacques.
Tous ces fleuves ou
rivières sont;
mis en communication entre
eux par une multitude de canaux appelés arroyos , qui se croisent dans tous les sens et dans lesquels la marée pénètre, aussi bien que dans
les fleuves qu'ils unissent.
INDO-CHINE FRANÇAISE Les arroyos sont transports;
ils
281
routes de la Cochinchine et servent aux
les
sont couverts de barques de toutes dimensions qui,
partant ensemble
au moment où
la marée leur est favorable, du mouvement au pays des centaines d'em-
donnent de
la vie et
barcations,
déployant leurs voiles de formes et de
:
variées, et s'étalant sur toute la surface
présentent alors
un
fleuve ou
du canal,
spectacle des plus gais et des plus animés.
Le rocher
Rivières de
du
dimensions
VAmiam.
citadelle de rsinh-Binh,
—
Le versant annamitain de
la
mer de
Chine a trop peu de profondeur pour présenter des cours d'eau d'une certaine étendue.
Ils
sont
du
reste très
peu connus, surtout
dans leur cours supérieur. Ce sont de nombreux torrents descendant en cascades du plateau intérieur, traversant des vallées pittoresques et se confondant à leur embouchure avec les ports et les baies ainsi,
que nous avons
du sud au nord,
Tourane
Au
cités et
et
les rivières
ils
portent
de
Kamran,
le
nom. On trouve de
Phu-Ycn, de
de Hué.
Tonkin,
d'étendue.
dont
la ligne
de partaj^ s'éloigne
Du cap Vung-Chua
à
zaine d'emljouchures de petits fleuves,
canaux paraUèles à
la côte.
et les fleuves
ont plus
Ninh-Binh, on signale une doureliées entre elles
par des
Les principaux de ces fleuves sont
le
LA FRANCE COLONIALE
-282
Song-Ca,
à Vinh,
qui passe
n'est dépassée
que par
celle
du
Sonfj-Ma, doul l'imporlance
et le
Rouge.
fleuve
Le Somj-Haï ou fleuve Rouge, caractérise le Tonkin comme le Mékong caractérise la basse Cochinchine; ils se terminent tous deux ipar un delta considérable qui forme la partie riche de cliacun de ,
ces pays.
Le Song-Haï,
Yun-Nan est,
chinois, sous
pénètre dans
il
Sontay, Hanoï
nom
long d'environ 1.500
et
le
de Hong-Kiang. Coulant au sud-
Tonkin à Lao-Kay, arrose Hong-Hoa,
le
fîong-Yen,
et
va
En amont
de Sontay,
ou Da-Giang, qui
le fleuve
fait
< rivière Claire d, ou
Rouge
le
Yun-Nan
deux
reçoit
»,
la
Lo-Gicmg, qui passe à Tuyen-Quang.
Day, bras navigable qui passe
sieurs autres
con-
à droite la «rivière Noire
:
aval de Sontay et au sortir des montagnes,
Cua-Day ; au
affluents
au sud un grand détour, à gauche
ramifications du fleuve pour former le
en ligne droite sous
finir
de Cua-Ralat.
sidérables venant aussi du
En
nom
du
descend
kilomètres,
milieu,
le
à
commencent sont
le delta; telles
Ninh-Rinh
et
:
les
au sud,
débouche par
le
Balat ou vrai Song-Haï; au nord, plu-
branches qui se confondent avec
Binh, fleuve qui passe à Thaï-Nguyen
et à
celles
du Thaï-
Bac-Ninh. Ces branches
entremêlées forment un lacis d'arroyos qui baignent au nord -est Jes villes de
Haï-Duong, Quang-Yen
Haï-Phong,
et
ayant un port maritime, accessible surtout par
le
cette dernière
Cua-Cam.
Enfin, sur la frontière septentrionale du Tonkin,
Lan g- Son
et
les villes
de
de Cao-Bang semblent être situées sur des cours d'eau
appartenant à des fleuves chinois des provinces de Kouang-Si et de •Canton.
— A part
Régions physiques.
les
montagnes neigeuses, l'Indo-
Chine française réunit une superbe variété de régions physiques vastes plateaux
montagneux dans
le
Laos,
l'intérieur; plus près des côtes, régions
agréables,
nombreuses
vallées arrosées
le delta
du Mékong ou
la
comprend
tout
de collines pittoresques
débouchant sur
enfin deux fleuves géants formant deux deltas le delta
qui
la
:
et
mer,
du premier ordre
:
basse Cochinchine, populeuse et civilisée,
du Tonkin, plus ancienilement
civilisé
et
plus fortement
peuplé encore.
Dans
une
ces
foule
deux
deltas,
comme
toujours d'un niveau horizontal,
de canaux naturels appelés arroyos, d'après un mot
1ND0-CHL\E FRANÇAISE
283
espagnol, se croisent en tous sens et découpent en une foule d'iles bas,
le sol
marécageux, formé^par
limon charrié par
du Rhin
delta
et
les
de
la
fleuves.
Meuse,
les atterrissements
Gomme
les îles fluviales
niveau inférieur parfois de 4 à
ou dépôts du
hollandais du du Tonkin ont leur
les polders
mètres à celui des hautes marées;
sont maintenues à l'abri des inondations par des digues ou
elles
levées de terre construites par les habitants. Ces digues servent en
même
temps d'assises à
ou routes qui
plupart des lieux habités, et de chemins
la
les relient entre
même
eux en
C'est dans le fond inondable de ces îles
principale denrée alimentaire
En
Cochinchine,
les
temps que
les
que se cultive
canaux.
le riz
la
,
du pays.
digues construites jusqu'à ce jour sont peu
considérables ou nulles; mais, à l'avenir, par suite de l'affaissement
graduel du sol boueux du delta,
il
sera probablement nécessaire
d'en construire pour s'opposer aux inondations qui détruiraient les cultures.
Pour
le
Cambodge,
le
caractère
du Mékong, ou
réservoir
le
le
plus remarquable est
le
Toulé-Sap , sorte de mer intérieure
longue de 120 kilomètres, large de 20 à 30,
et
d'une superficie de
2.500 kilomètres carrés. Resserré dans sa partie inférieure,
en Grand- Lac au nord-ouest
divisé
communique par un fleuve,
,
il
est
il
-Lac au sud-est; il Mékong, et reçoit de ce
et Petit
large canal avec le
au temps des crues, une énorme masse d'eau qui, enva-
hissant les terres basses été
grand
se vide par le
,
triple la surface
même
canal
,
et alors
accumulés dans ses bas -fonds donnent
du
lac
;
au contraire
,
en
d'innombrables poissons
lieu à
une pêche extraordi-
naire dont le produit s'élève parfois à G millions de francs.
Climat.
comme
—
Le climat de
la
Cochinchine
et
du Tonkin,
litant, est et restera
malheureusement
colonisation européenne de ces pays
le
plus grand obstacle à
Europe,
est relativement supportable
mousson du
au-dessous de
;
la
riches.
si
comme
en
est réconfortant à cause
de
L'hiver ou saison sèche, qui dure de septembre à mai
la
étant,
celui de l'Inde en général, chaud, humide, fiévreux, débi-
il
nord-est, bien que la température ne descende guère IS^.
nage, la chaleur
Mais pendant
l'été,
humide provoquée par
qu'on appelle la
là-]>as hiver-
mousson du sud-ouest
reste nuit et jour entre 26o et 34o centigrades; elle est récllemeiil
insupportable,
même
pour
les
animaux, qui
chent l'ombre et ne bougent plus pendant
le
instinclivciiuMil
jour.
vWv-
LA FRANCE COLONIALE
284
Do
dysenteries, les anémies qui
là, les iiisolalions, les fièvres, les
ruinent
le
tempérament du plus grand nombre des Européens,
séjournent trop longtemps, et qui ont
nos soldais que
les balles
fait
s'ils
beaucoup plus de mal
à
de l'ennemi.
Les moussons sont des vents réguliers qui soufflent en hiver du nord-est, et en été
du
sud-est.
Le passage d'une mousson à
l'autre
provoque les cyclones et les typhons qui portent leurs ravages dans nord plus souvent qu'en Gochincliine.
le
Productions naturelles. Le granit Hoa,
le sel
de
Gochinchine.
la
Le haut Tonkin le fer
est plus riche
la
pierre poreuse de Bien-
en métaux
le
:
charbon,
le cuivre,
y sont assez communs.
Quant aux richesses passées en proverbe tier,
,
des salines, telles sont les rares exploitations minérales
végétales et animales de l'Inde, elles sont
nous
qu'il
;
suffise
de citer
les
palmiers
:
coco-
aréquier, latanier, dont les feuilles servent à couvrir les cases
le rotin
ou rotan, l'oranger,
le thé, le caféier,
le citronnier, l'arbre à pin, le
ébéniers et bois de
les
chide, l'indigotier, le tabac, le bétel
,
le
fer,
bambou
le
;
cacaoyer,
cotonnier, l'ara-
et le palétuvier
des
marécages.
Parmi
les
animaux
il
,
y a les singes gibbons
;
les roussettes, grosses
chauves-souris frugivores et à chair comestible; tète est
mise à prix;
la
panthère,
dont
le tigre,
léopard, l'éléphant,
le
le
la
rhino-
céros, le sanglier, des oiseaux de toutes espèces, de grands lézards, le
caïman, que l'on élève en parc pour
tortues, les serpents cobra et
python
,
le
manger, l'iguane,
de superbes raies
et
breux poissons qui, salés ou séchés, contribuent beaucoup à nourriture populaire;
fourmis, sans oublier
dans
l'air.
l'abeille, le
les
les
de nomla
ver à soie, de grosses araignés et
insupportables moustiques qui pullulent
INDO-CHINE FRANÇAISE
CHAPITRE
285
III
GÉOGRAPHIE POLITIQUE Ethnographie générale.
— Avant
— Mœurs
et
coutumes des Annamites.
d'entrer dans les particularités
relatives à
chacune des
quatre parties de notre Indo-Chine, nous empruntons au P. Lecrand
de
Lyraye, qui a vécu
la
connaissait
connaître
si
le
bien
,
si
longtemps parmi
les
Annamites
quelques passages intéressants
;
ils
et les
nous feront
caractère et les principales circonstances de la vie des
peuples indo-chinois.
—
Les habitations.
«
Les maisons sont, pour
la plujDart,
des
constructions de peu d'importance et d'une apparence très misérable.
On
voit d'abord
une
cour carrée de terre battue, qui
petite
est très unie et très soignée, et qu'on appelle san. Autour de cette
cour, qui sert aux besoins et,
du ménage, sont plantés des aréquiers,
à quelques pieds de ces arbres, est élevé le remblai de terre
qui sert de plateau ou d'assise à la maison principale et aux constructions de
décharge.
ordinairement de quelques
Elle est faite
bambou
colonnes de résistance et de pieux de
nieusement avec du bois
et
non avec des
curer partout. Les colonnes étant posées, on pieu à pieu, on balle saire.
;
on
laisse
les
fait
enduit de terre battue avec de
des
treilles
la paille et
quelques ouvertures pour donner
le
de
de la
jour néces-
Ces ouvertures ont des volets tressés qui se ferment quand
on n'a plus besoin d'y voir
clair
;
on construit une
de joncs, de feuilles ou de paille, n'est pas suffit
chevillés très ingé-
clous, difficiles à se pro-
un
palais,
aux besoins
et
mais qui devient qui
finit,
ainsi
et
avec
toiture couverte
on a une maison qui
le
sanctuaire domestique, qui
la
coutume, par être trouvée
belle. «
Les maisons des gens riches ont d'assez belles colonnes
l)ois;
un
(\c
licau
péristyle de trois ou quatre pieds de large fait le tour do
maison, et
la
colonnade, qui forme proprement
la
la
construction, se
repose sur la colonnade du péristyle par des bouts de poutres, d'or-
LA FRANGE COLONIALE
286
un peu en dehors. dinaire sculptés en tête de dragon, qui ressortent par devant, de et, Les cloisons alors sont de planches par derrière
Habilalion annamite.
chaux battue avec du papier; sujets de la vie €
un
Dans
les
elles sont peintes
champêtre. de réception, on remarque thé (nha-che), fumer et converser à
maisons riches, outre
petit salon
souvent de dillerents
pour boire
le
la salle
INDO-CHINE FRANÇAISE l'aise.
Au
fond de ce petit salon
donne sur un
une ouverture à coulisse qui
est
bosquet ou sur un
petit
de pierres venues du
littoral
de
la
petit
monticule,
allée
vie
famille et
de famille.
proprement
—
«
Nous
le
réser-
remarque quelquefois
ffuerre.
voici arrivé à
dite, cette vie
femme, de parents
très
avec art
pavée de coquillages.
Annamites en costume de
La
fait
mer. Devant se trouve
voir où se jouent de petits poissons, et l'on
autour une
287
et enfants,
l'examen de
de famille où et
les
la vie
de
rapports de mari
réciproquement, m'ont
i)arn
raisonnables et d'un grand bon sens, sauf ([uelques formes
p'ovenant de
la législation
femme annamite
chinoise; cependant j'aflirmerai (pie la
n'estpoint esclave, qu'elle jouit, au contraire, d'une
grande autorité dans
le
ménage
et
qu'elle y est toujours
honorée
LA FRANCE COLONIALE
288
quand
elle
élevés
comme
breux.
Une grande preuve de
que
se conduit bien; j'affirmerai aussi
un peuple
faut chez
il
les enfants sont
ce que j'avance c'est que la vieillesse
des vieux parents (père aussi bien que mère) est heureuse père,
et
nom-
aussi pauvre et aussi
et pros-
qu'on leur rend, je crois, avec plus d'affection
dévouement que chez aucun peuple, sur qu'ils ont
dépensé de peines
et
le
de
et
retour de leur âge, ce
de sueurs pour l'éducation de leurs
enfants. «
Les femmes
,
au Tonkin
comme
pieds et retenues,
champs, dont
et
en Cochinchine, ne sont pas à
en Chine, à
maison. Elles vont aux
la
étant dérangés par le service de la milice et les corvées
mandarins
et
donne une
de
commune. La
la
hommes
font en grande partie la culture, les
elles
hal^itude de réflexion
vie extérieure qu'elles
de retenue
,
petits
et
du
des
roi,
mènent
leur
de force de carac-
tère qui relève ordinairement leurs brillantes qualités de l'esprit et
du cœur. L'instruction. mites,
comme
—
pas à apprendre
la
marchés. Aussi
les
térateurs.
L'éducation chinoise étant imposée aux Anna-
«
la législation et les principales
coutumes, on ne pense
langue qu'on parle au foyer domestique langue annamite n'a point de livres
la
Toute composition en langue vulgaire
trine grossière et de
Les mariages. ensemble,
—
c'est la
et
ni,
dans
de
lit-
de doc-
est traitée
mauvais goût.
Quand deux jeunes gens pensent
«
bouchée de
comme
bétel,
à
s'unir
en toute autre circon-
stance, qui est choisie pour les premiers frais d'entrevue et pour le
signe d'honneur dans la
demande
et l'acceptation.
Quelques pré-
sents étant reçus et la bouchée de bétel acceptée, le jeune est regardé
comme
aux semailles
La
serviteur de la maison;
et à la
sépulture.
—
il
doit venir travailler
moisson. «
Quand quelqu'un
vient à rendre le dernier
soupir on lui ferme les yeux, on lui lave quelquefois
du
vin, et
on
le revêt, s'il est riche,
d'autres encore que l'on
fait faire
«
l'on
fois
mis dans
corps avec
la
;
s'il
est
pauvre
met par- dessus
on l'enveloppe ensuite d'une
Le corps une
le
de ses plus beaux vêtements
à la hâte
coud un habit de colon blanc que ordinaires, et
homme
,
on
et
lui
ses habits
natte.
bière,
si
l'enterrement est
solennel, on entend les joueurs d'instrument de deuil faire retentir
leurs airs funèbres, et les apprêts de la sépulture ont' lieu.
demande à
la
commune
son brancard;
le village
désigne
la
On
corvée
INDO-CHINE FRANÇAISE des porteurs et
min de
le
petits reposoirs et des offrandes, et
qui est d'usage pour le
un grand
royaume qui prenne
laps de
repas.
Mais
lieu
où
il
Il
la
prépare sur
le
che-
l'on dispose tout ce
n'y a point de police dans
du
officiellement acte
temps à s'écouler entre
s'occupe du <r
On
maître des cérémonies.
289
mort
décès, et qui règle le
et l'enterrement,
ou qui
se fera.
ont-ils des cimetières
comme
les
mahométans ou même
Ambassadeur annamite.
comme
les
Chinois, leurs voisins, pour les enterrer? Non.
On ne
voit nulle part de cimetières proprement dits; mais on'voit partout
des tombeaux isolés sur
le
bord des routes, sur
la rive
des fleuves,
au milieu des champs, autour des haies de bambous du dans
les halliers déserts
les jardins.
dans
les
comme
L'Annamite
,
sur
le
tient à
village,
versant des petites collines et dans être enterré sur sa propriété
ou
lieux indiqués par leur position et leur configuration
prospères à l'avenir des familles.
Uéfjalilé des citoyens.
—
<r
Dans l'Annam,
l'esclave est
inconnu
et la servitude est en liorreur. Aussi la plus grande égaUté i-êgne
parmi
les citoyens.
Tout Annamite peut aspirer aux emplois, tout 19
LA FRANGE COLONIALE
290
Annamite peut posséder,
Annamite peut
tout
se
plaindre aux
mêmes tribunaux, et la justice n'a de privilèges pour personne. « Je distinguerai de la façon suivante les quatre La religion.
—
religions qui sont reconnues
ou
tolérées par le
gouvernement,
et
qui
sont établies partout et d'ordinaire pratiquées confusément ensemble 1»
«
comme
qui
Celle ils
moissons;
elle consiste
à adorer le ciel et la
sans doute pour avoir des
à l'automne,
Confucius
;
lettré
2o Celle
;
:
interprétés
premiers empereurs de Chine, pour avoir un bon
les
gouvernement
un grand
et
de Confucius,
des livres
sont à présent
le
au printemps
terre
«
ressort
;
enfm
,
pour avoir sa science infuse
les ancêtres,
du Phat ou Fo, qui
et
pour avoir une bonne
devenir
postérité.
bouddhisme, mais dont on
est le
retrouve chez les Annamites la plupart des croyances, des pratiques et toutes les abstinences. 30 Celle des esprits,
«
pour merveilleux
hommes, animaux ou choses reconnus
40 Enfin celle des sorciers,
«
naie, qui
pour
logie
qui
fait
dite.
brûler du papier -mon-
des évocations, des sortilèges, et qui
fait
le
proprement
c'est l'idolâtrie
:
tombeaux, qui
fait
enfin de la
bonne aventure pour
de l'astro-
le
choix de
ou de
heureux, pour la direction de rencontres
noms
fait
choix de terrains convenables aux hal)itations et aux
sentiers
propices, etc.
—
« La comédie se joue dans Le théâtre. solennelles de l'année. époques aux communes
toutes les grandes
de comédiens qui sont appelées à cet
pour lesquelles on
fait «
d'énormes contributions,
vu
la
effet et
Il
y a des troupes
pauvreté des habitants.
Ces troupes sont de deux sortes
:
les
Phuong-Nha-Tro
et les
Phuong-Cheo. Ces derniers sont des bouffons, des magiciens, des gens de toutes sortes qui se réunissent afin de gagner quelque argent en amusant
bas peuple par des représentations ordinaire-
burlesques et grossières; c'est à
ment
de nos foires «
le
Mais par
titrés
et
les le
peu près
le
charlatanisme
de nos places publiques.
Phuong-Nha-Tro sont des comédiens patentés
et
gouvernement. Ce sont des villages entiers, hommes,
femmes et enfants, qui ont un territoire et qui forment une commune, à la charge de fournir au roi, tous les ans, un nombre de voulu pour
le
théâtre de Sa Majesté, Par là,
monopole de
la
comédie dans un arrondissement ou une pro-
sujets et le
vince, et
ils
ils
peuvent prétendre à donner seuls toutes
ont
les
le droit
grandes
INDO-CHINE FRANÇAISE représentations qui ont lieu dans les localités
Les jeux.
—
«
Un
291
de leur ressort.
autre délassement des Annamites est le jeu
des cartes chinoises, qui est une des grandes plaies de la population. «
Il
y a une autre espèce de jeu appelé co {ludus latruncolo-
Bonze annamile.
rum), qui ressemble à notre jeu d'échecs, mais qui se joue différemment c'est le môme que celui des Chinois. Dans les grands :
jours de fête, au premier de l'an surtout, parler ainsi, c'est-à-dire que deux
il
se joue vivant,
communes
si
je puis
jouent ensemble,
l'aulre des garçons. Ces l'une devant fournir des jeunes fdles et corn me jeunes filles et ces garçons se placent dans une campagne les pièces
d'un échiquier,
et les chefs des
deux
localilés, assis sur
des environs des estrades, indiquent devant toute la population
,
LA FRANCE COLONIALE
292
du jeu, qui
alors réunie les diverses mutations
est d'ordinaire très
brillant, très goûté et très joyeux.
Citons enfin les combats de coqs
((
de voir dans chaque
hommes
dans
les
pendant
village,
la
On
est
étonné
mousson du sud-ouest,
plus sérieux et les plus âgés s'amuser à lancer
pendant des journées
les airs,
très suivis surtout en Cochin-
innocent du cerf-volant au Tonkin.
cliine, et le jeu
les
,
et des nuits entières, ce
ceau de papier monté d'un tube qui
mor-
bourdonne. C'est une
siffle et
préoccupation de toute l'année.
Les médecins.
—
«
Les
de
livres chinois, traitant
médecine
la
et
de l'histoire naturelle des plantes, ne sont enseignés officiellement
par personne
et
ne donnent lieu à aucun concours public. Le fds
étudie avec son père, le neveu avec son oncle, et quelques sujets
chinois avec le praticien qui s'est
médecin
l'endroit. Est
conque prétend en
de
et docteur,
faire
plus grande réputation dans
fait la
même
et sa mort les prive de toute rétribution.
une garantie de
les
Chinois,
et ils
—
voilà
pour
l'esprit
voilà
pour
le
TAnnamite sont
;
une grande générosité
L'Annamite il
est méfiant, et, les
n'est pas fanatique;
il
a
remarquable
tact
fidèle
il
en voit bien
il
la
:
les
la raison.
il
ne
nouIl
a
mais
il
les hait pas.
plus grande tyrannie et aux plus le
bon ordre
en horreur l'esclavage. Enfin
timidité, je dirai bretonne, qui résiste
il
peu
à
peu
bien public
et le
est timide,
force brutale qu'elle ne peut affronter en face.
et
mais de cette
longtemps à
Son cœur
est
bon
compatissant, et, pour lui, l'homme sans affection (vo-tam) est
monstre (nguoi vo-lo) nguoi-voiam, «
:
attachement
n'aime pas
il
craint les étrangers, mais
soumet volontiers à
il
un grand
se livre souvent sans frein,
pénibles travaux de la corvée pour
mais
un un
en général,
accepte quand
des superstitions auxquelles
se
et
la sagacité,
cœur.
veautés; mais
Il
et c'est
Les Annamites sont moins orgueil-
«
fond d'intelligence et de discernement, et
«
coutume,
sont plus courageux et meilleurs soldats.
les qualités de
Ajoutons que
guérison du malade,
la
C'est la
ses soins et de son savoir.
Caractère de l'Annamite. leux que
d'école, qui-
son métier.
Les médecins. ne sont payés qu'après
c(
que maître
c'est le
:
quand
il
a prononcé
la et
un
cette expression de
dernier terme de son mépris.
Les défauts de ce peuple sont
la légèreté et la
van
i
lé
qui en est
g
INDO-GHINE FRANÇAISE source.
la
quand
il
Il
aime
le brillant et tient
n'y a pas lieu de craindre'.
293
à se vanter, à faire
la
cartographie indo-
:
ANNAMITE
FRANÇAIS
CAMBODGIEN au, scremot
moui hone
chrouy
haï- ko
Colline
Estuaire
cua, koua
dambank peam bank
haï-teou
Étang
ao
tépang, nong
Fleuve
choug,
Forêt
rung go, hon ho
Canton
Cap
Ile
Lac
LAOTIEN
CHINOIS
vioung long
Baie
haï-ouan
ao
srek
,
r::ch
po
ta-nàme
tenlé, strung
yen - tu n kiang
mê-nàmc
prey
Un
pu
co, hon, ca
haï-tao
ko
heou, fou
nang, nôme
Marché Montagne
kieu, cho
moui, mui
pnom (phnom) chon, chonm
Province
tinh, ligne
khet *
Rapide
Ihac
Rivière
Sauvage
khé preeck moi, muong
Village
lang, sa
Ville, ler ordre 2e ordre
Iham, dinh phu fou) huyen
— —
brave
^
Étymologies des principaux termes géographiques de chinoise
le
3^ ordre
keng, se cou
fan-teou
'stong toute, stung
,
phon
sen-tao
penong phu m krong
ho, ku
,
ban sen
yen
,
muong
fou
tchou, tcheou bien
Prononciation dans les transcriptions indo-chinoises
:
comme en latin, soit nn doublé. N Nh se prononce comme espagnol, soit f/n. Ng final se prononce n nasal, comme dans lo7ig. final se
prononce
il
Ay El f/
ou
ai"
se prononce a2'c,
un seul son.
se prononce eïe; et oï, oïc.
comme ou; x comme
s; s
comme
ch.
LES QUATRE PAYS DE L'UNION Statistique générale.
—
L'Indo-Cbine française
quatre parties diversement administrées, totale
offrant
approximative de IG.000.000 d'habitants,
et
se divise en
une population
une
superficie
de 400.000 kilomètres carrés, soit une densité de iO habitants par kilomètre carré.
Ce sont 1
le
la
basse Cochinchine, administrée directement par
la
P. Legrand de la Lyraye, missionnaire. Extrait des Nolxccs coloniales publiées par
gouvernement delà république
à l'occasion
de l'exposition d'Anvers, 1883.
LA FRANGE COLONIALE
294
France,
le
royaume de Cambodge,
le
royaume d'Aiiuam
et le
Tun-
kin, placés sous le protectorat français.
Administration générale.
— Un décret, du 17 octobre 1887, du
président de la République française, consacre Vunion des quatre parties sous Il
un gouverneur général
a sous ses ordres
Un Un Un En Yices
civil
de V Indo-Chine française.
:
lieutenant général pour la Gochinchine
résident général pour le
Cambodge
;
;
résident général pour l'Annam et le Tonkin; outre, cinq chefs d'administration correspondant aux ser-
communs
des troupes général, le
de l'Indo-Chine, savoir
:
le
commandant supérieur
le
commandant supérieur de chef du service judiciaire et le :
la
marine
;
le secrétaire
directeur des douanes et
régies.
L'unité administrative doit rester limitée aux services ci-dessus
énumérés. Chaque pays conservera son autonomie, son budget, son organisation propre,
telle qu'elle résuke des institutions locales ou des actes diplomatiques passés avec les souverains des terri-
toires placés sous le protectorat
On
de
la
France.
espère que l'union des pays indo-chinois ainsi comprise aura
pour résultats
:
Economie dans
le
personnel, résultant de la suppression d'emplois
que l'organisation des services communs permettra de
Augmentation des
recettes,
réaliser
;
.
par l'extension à toute l'Indo- Chine
de la perception en régie de certaines contributions indirectes qui,
en Cochinchine
et
au Cambodge, donnent des revenus importants;
Concentration de toutes
pour assurer
la pacification
les forces vives
des pays de l'Union,
complète de ces riches contrées
développement agricole, industriel
et
et leur
commercial;
Piéduction des dépenses métropolitaines, par une meilleure utilisation des forces militaires et navales
que
la
France entretient en
Indo-Chine.
COCHINCHINE La Cochinchine une
est peuplée de 1.700.000 habitants (en
superficie de 60.000 kilomètres carrés, ce qui
1886) sur
donne une po-
pulation relative de 28 habitants par kilomètre carré.
INDO-CHINE FRANÇAISE La population
29b
formée presque entièrement de Cochinchinois
est
comme
ou Ajinamites qui appartiennent, jaune ou mongolique.
Un
les
Chinois, à la race
de leurs caractères ethnographiques est
l'écartement du gros orteil ce qui leur a
fait
,
donner
le
nom
indigène
de Giaochi. Leur religion bouddhiste, leur culte des ancêtres, leurs
mœurs démocratiques
etfamihales sont ceux des Chinois, qui
ont été longtemps les maîtres du pays.
Aux
Cochinchinois proprement
Mois
dgiens, 10.000
immigrants ou
On compte sionnaires.
natifs et 2.000
en
Européens, presque tous Français. les
mis-
Beaucoup d'enfants fréquentent aujourd'hui
les
nou-
même
en caractères
le français.
— La colonie
est administrée
par un lieutenant
d'un conseil colonial composé de membres fran-
assisté
de membres annamites élus.
çais et
est enseigné
où l'annamite
temps que
Administration. général,
100,000 Cambo-
50,000 indigènes catholiques convertis par
velles écoles françaises, latins
dits s'ajoutent
ou montagnards sauvages, 60,000 Chinois
Elle
nomme un
député au
parlement français.
La Cochinchine désignées par les
était
noms de
leurs chefs-lieux: Saigon,
Mytho, Vinh-Long, Chaudoc Depuis 1876,
elle
divisée en six provinces,
ancienneinent
Bien-Hoa,
et Hatien.
comprend seulement quatre
circonscriptions
ou provinces, subdivisées en arrondissements {huyen), cantons {long) et vihages. Ce sont, au nord -est 1°
La
circonscription de Saigon
,
:
avec les six arrondissements de
Saigon, Tay-Ninh, Thudaumot, Bien-Hoa, Baria et
le
vingtième
arrondissement. î2oLa circonscription de Mytho, formant quatre arrondissements
Mytho, Tan- An, Gocong
:
et Cliolon.
La circonscription de Vinh-Long, formant quatre arrondissements Vinh-Long, Bentré, Tra-Vinh et Sadec. 3»
:
La circonscription du Bassac, au sud-ouest du fleuve, divisée en sept arrondissements Chaudoc, Hatien, Long-Xuyen, Rach40
:
Gia, Cantho, Soctrang et Bac-Lieu.
Villes. chine, est
—
Saïgon, 70.000 habitants, chef-lieu de la Cochinet bâtie en plaine sur les bords de la rivière de Saigon,
entourée de canaux. Détruite au temps de
la
conquête,
elle
s'est
angle droit. rebâtie plus belle avec des rues larges, se croisant à reste de Le quartier des Européens, d'un niveau plus élevé que le
LA FRANCE COLONIALE
296
la ville, est vaste et salubre;
ou
On
villages d'indigènes.
— Port excellent,
dran.
il
est entouré de
y vénère
nombreux faubourgs
tombeau de l'évêque d'A-
le
quoique non pourvu encore de docks
de quais, mais accessible aux plus grands bâtiments par
du Donnai ouSoirap, Saigon de toute
la
que
est cause
est la principale place de
région; mais son éloignement de les
la
mer
et
la rivière
commerce
(70 kilomètres)
paquebots rapides passent en vue des côtes sans
s'y arrêter.
Cholon, 40.000 habitants, kilomètres en amont de
plupart chinois, est situé à cinq
la
la capitale
grand marché de Saigon
c'est le
,
principal entrepôt de la colonie pour
et le
le riz et
tous les produits
indigènes. Elle doit son origine à une colonie chinoise qui s'y établit
au
siècle dernier.
Bien-Hoa, sur
Long,
€
Donnai; Mytho, sur
jardin de la Cochinchine,
le
Chaudoc, sur
central; et frontière
le
y>
Mékong oriental; Vînhsur un autre bras plus
le
bras occidental du fleuve, près de la
le
du Cambodge, sont des
villes
de 5 à 10.000 âmes
et des
marchés importants. Les autres chefs-lieux d'arrondissements, quoique moins populeux, sont florissants
En
paillotes
la
plupart ne datent que delà conquête.
de facile construction,
qu'un marché
A
;
général, les vifles indiennes, composées de petites cases ou
s'y établit
pour
attirer le
100 kilomètres delà côte,
Calebasses
,
»
deviennent vite populeuses dès
les iles
commerce. Poulo- Condor ,
des
îles
«:
peuplées de 500 habitants sont une station navale pré,
cieuse et une colonie pénitentiaire pour nos sujets asiatiques.
INDUSTRIE ET COMMERCE.
—
Los culturos alimentaires de
riz,
maïs, igname, patate, manioc, canne à sucre, ananas, poivre autres épices, celle
du coton, de
et
l'indigo, la fabrication de tissus
légers, nattes, bijoux, ouvrages en bois et en rotin, ainsi
ploitation des salines, sont les principales industries
que
des
l'ex-
Anna-
mites, dont les besoins sont d'ailleurs très restreints.
Le commerce intérieur dispose d'une multitude de canaux ou arroyos, de routes assez nombreuses, mais souvent rudimentaires, et
d'un chemin de fer qui
Le commerce extérieur dont plus de
la
relie
Saigon
s'est élevé
et
Cholon à Mytho.
en 1883 à 60 milUons de francs,
moitié pour les exportations, qui consistent en
poissons secs ou salés, peaux, coton, pour
la
Chine
et le
riz,
Japon.
Les importations consistent en cotonnades anglaises (pour
les
INDO-CHINE FRANÇAISE 4/5),
soieries
françaises,
fers
et
ferronneries belges et français,
charbon anglais ou australien, vins, liqueurs France, thé de Chine
et
opium de
Les échanges se font pour l'intermédiaire de
et
et
comestibles de
l'Inde.
les 3/4
Hong-Kong
297
avec
la
Chine
et le
Japon par
de Shanghaï, pour 1^4 seulement
avec la France et l'Europe.
Un sémaphore
Les transports ont
par
lieu
mands et hollandais. Le commerce extérieur et se fait
en Indo-Chine.
les
navires anglais,
est concentré entre les
presque entièrement sur
les places
français,
alle-
mains des Chinois
de Saigon pour l'im-
portation, et de Cholon pour l'exportation.
Les Messageries nationales services par mois; la durée
et les paquel)ols anglais font plusieurs
du voyage de France à Saigon
est
de
trente à trente- cinq jours.
Un
réseau télégraphique sillonne la colonie, et des câbles sous-
marins relient Saigon par
Kong
et
Singapour; de
là
le
cap Saint- Jacques avec Hanoï, Hong-
avec
la
France.
LA FRANCE COLONIALE
298
ROYAUME DE CAMBODGE Le Cambodge Srok-K'mer,
pays des Kmers,
«
tion, attestées par
accepta
»
dont
la
puissance
la
péninsule indo- chinoise.
protectorat de la France
le
et la
civilisa-
superbes ruines d'Angkor, s'étendaient sur
les
une grande partie de
Norodom
royaume do
actuel n'est qu'un reste de l'antique
;
En
1863,
le roi
continua à gou-
il
verner par lui-même ses États, jusqu'à ce qu'en 1884 l'adminis-
suprême
tration
pour
lui fût enlevée
aux mains d'un
être remise
résident général qui représente la république française.
Le Cambodge par
est
borné au nord par
Mékong, au sud
le
Sa superficie
et à l'ouest
par
le
royaume de Siam
la
Cochinchine
et la
100.000 kilomètres carrés
est évaluée à
à
,
l'est
mer.
et sa
popu-
lation à 500.000 habitants seulement (d'après les renseignements
K d'autres disent à 1.000.000. Les Grand-Lac sont seules habitées.
officiels
Les Cambodgiens appartiennent à dhistes assez fervents.
dominer par
les
Chinois,
du Mékouii
jaune,
ils
et
du
sont boud-
et indolent, ils se laissent les
Malais, qui se sont
parmi eux.
glissés
Le royaume
Pnom -Penh,
plus peuplée,
Triam
Banam.
et
provinces, qui sont celles de
Kampot,
la seule
province maritime,
Kompong-Chuang, Kompong-Tom, Kompong-
Pursat,
Pnom-Penh
divisé en huit
est
la
Kratié,
tale
la race
D'un caractère doux
Annamites,
les
rives
que
,
du Cambodge,
l'on
est
prononce Phnom-Penh,
une
ville
la
nouvelle capi-
de 35.000 âmes, située en face des
bras du Mékong, dans une position commerciale excellente autant
que pittoresque. Les maisons ne sont généralement que des
pail-
lottes,ou cases en paille, au milieu desquelles s'élèvent le palais roi, les
tants
maisons en briques des Chinois
récemment
bâtis
pour
les
et les édifices
du
plus impor-
administrations françaises.
Oudonrj , situé un peu en amont, est l'ancienne capitale du pays.
Les autres chef- lieux de provinces ne sont généralement que des villages.
Commerce.
— Les
Cambodgiens ne s'occupent que de
du
sol et
les
mains des Chinois.
de
la
pêche dans
le
»
Grand -Lac. Le commerce
la
culture
est entre
INDO-CHINE FRANÇAISE Le
trafic extérieur est
299
de 15 à 20 millions de francs.
Les produits exportés sont
:
le
poisson (pour une valeur de
4 millions), le coton, les haricots pour Singapour la colle de pois;
son, les peaux, les nattes pour
la
Cochinchine;
le
cardamome,
les
bois de teinture et de construction pour la Chine,
Jatc^jr
I'oulIo Ohv
Poiilo
Carie du
Cambodge
et
de
la
Condor
basse Cochinchine.
la CochinLes produits importés consistent en sel, provenant de spiritueux de chine et destiné aux salaisons de poissons; vins et
France, sucres, poteries, tissus anglais et français. sur Les transports se font par jonques et par vapeurs
breux canaux qui, par les ports
de
la
le
Grand-Lac
Cochinchine.
et le
les
nom-
IMékong, se relient avec
,
LA FRANCE COLONIALE
300
ROYAUME D'ANNAM ET TONKIN Le royaume
d'Annam
«
dont
»
le
nom
chinois signifie le
a
sud
une extension méridionale du Céleste -Empire, dont Cochinchine; mais aujourd'hui on réserve ce nom aux provinces méridionales, tandis que le nom d'Annam désigne la partie centrale, et celui de Tonkin, la partie paisible
il
»
était
était vassal. Il s'appelle aussi
septentrionale du royaume. «
Le nom de
Dong-Kinh,
Ton-Kin
«
cour de
«
est
»
l'est,
d
une corruption du mot chinois
c'est le
Bac-Ky
des Annamites.
Il
formait ci-devant une vice -royauté dépendante de l'Annam, dont
il
est aujourd'hui séparé administrativement.
réduit à la partie la plus montagneuse, la moins riche
L'Annam,
de son ancien territoire, est borné au nord par
par
la
Cochinchine
,
et
s'allonge entre la
il
tagnes à l'ouest, sur une longueur de
moyenne de 400
mer
Tonkin, au sud
le
à
l'est et les
L200 kilomètres
et
mon-
une largeur
kilomètres.
Sa superficie
est
d'environ 120.000 kilomètres
carrés; et
sa
population supposée, de 6 à 8 millions d'habitants.
Le Tonkin
est
borné au nord par
Yun-Nanet du Kuang-Si, et à l'ouest
par
Sa superficie seulement pour
le
à
l'est
par
les la
provinces chinoises du
mer, au sud par l'Annam
Laos.
est d'environ 100.000 kilomètres carrés le
Delta
comme pour l'Annam, Ethnographie. composée,
comme
mites avec
un
et sa
,
population est évaluée
,
dont 15,000 sans preuve
à 6 ou 8 milUons d'habitants.
— La
population de l'Annam
de la
celle
et
du Tonkin
est
Cochinchine, principalement d'Anna-
plus fort contingent de Chinois natifs ou immigrants.
Les sauvages Mois habitent
le
Laos. La religion dominante est
le
paganisme bouddhiste. Les missions catholiques, confiées à des missionnaires français et espagnols, sont florissantes; elles
liques,
dont
trois
pour
la
de 100.000 chrétiens, et quatre pour tiens.
Malheureusement
forment sept vicariats aposto-
Cochinchine ou l'Annam, comptant plus
les
le
Tonkin, avec 400.000 chré-
dernières guerres ont détruit et ruiné
beaucoup de chrétientés, surtout dans l'Annam méridional. «
Les catholiques de
la
mission française ont
fait
cause
commune
INDO-CHINE FRANÇAISE
301
avec nous dans les dernières guerres et nous ont été d'un véritable appui.
Ils
nous ont fourni, dès
le
commencement, malgré
Carie de l'Annam
et
le terrible
du Tonkin.
exemple de 1874, un grand nombre de volontaires qui ont rendu des services appréciés à
Nam-Dinb,
à la prise de Sonlay, etc., el
LA FRANCE GOLOxNlALE
302
plus lard
Aussi
ils
ont formé
ils
principal noyau des tirailleurs tonkinois.
le
ont été en butte à toutes les vengeances de l'ennemi; des
ordres secrets émanant de Chine
comme
reprises de les traiter vice-roi
et
de
les
ont prescrit à plusieurs
des Français et de les exterminer. Le
Hoang-Ké-Vien, chargé, avec
chasser du Tonkin
Hué
des troupes contre leurs villages et en a détruit
(Notices coloniales
Administration.
de
l'aide des Pavillons-Noirs,
barbares de l'occident, a souvent envoyé
un grand nombre.
»
officielles.)
—
Le
roi
d'Annam
était
absolu. Aujourd'hui son gouvernement
d'un résident général de
un monarque
ci-devant
est placé sous le contrôle
république française "siégeant à Hué,
la
de deux résidents supérieurs étabhs, l'un à Hué pour l'Annam, l'autre à Hanoi pour le Tonkin, qui a une administration particulière.
—
ANNAM.
L'Annam comprend douze
généralement par
Ce sont,
nom
le
provinces
désignées
de leurs chefs-lieux.
du sud au nord
:
Binh-Thuan, Khan-Hoa, Phu-Yen,
Bin-Dinh (chef-Heu Qui-Nhon); Quang-Ngaï, Quang-Nam, QuangDuc (chef-lieu Hué); Quang-Tri (chef-lieu Dong-Hoï); Quang-Binh,
Ha-Tinh, Nghe-An (chef-Ueu Vinh); et Than-Hoa. Les nières faisaient autrefois partie du Tonkin. Villes.
— Hué,
capitale
du royaume,
fut bâtie
trois der-
au xviF
siècle,
à trois lieues de la mer, sur une petite rivière, au milieu d'un triple cercle de Elle
montagnes qui
comprend deux
lui
villes
:
donnent un aspect riant la citadelle,
« ville
et pittoresque.
royale, »
immense
quadrilatère de 2.600 mètres de côté, à front bastionné, habité par les fonctionnaires et les
•canal et
soldats
composée de cases ou
;
marchande
la ville
paillottes.
,
bâtie sur le
Sa population, que
l'on
estimait à 100.000 habitants et plus, n'est guère que de 30.000 âmes.
Son commerce
consiste surtout
dans l'approvisionnement de
la
cour.
Tourane, sur une baie au sud de Hué,
fut le
premier gage donné
à la France par Già-Long en 1790, et la première elle
ville prise
par
en 1858.
Qui-Nhon, sur de Bin-Dinh Elle a,
,
est
la côte
un
sud-est,
et
dans l'importante province
port qui fut ouvert aux Européens dès 1874.
comme Hué, une citadelle du
ingénieurs français au
système Vauban, bâtie par
commencement de
ce siècle.
les
INDO-CHINE FRANÇAISE
TONKIN.
303
— Le Tonkin
comprend cinq grandes provinces admimandarins du premier degré. Ce sont Hanoï, au centre; Bac-Ninh, Sontay à l'ouest; Haï-Duong, au nord-est, et Nam-Dinli, au sud. nistrées par des
Il
:
y a, en outre, huit petites provinces, dépendantes des pre-
Boutiques de marchands à Hué.
mières et administrées par des mandarins du second degré. sont: Nin-lîinh, Hung-Yen, Haï-Phong, Quang-Yen, dans
Hung-lloa, Tuyen-Quang, sur
le
haut fleuve; Taï-Nguyen, Cao-
Bang avec Langson, sur la frontière chinoise. Villes. Les noms des provinces sont aussi ceux
—
principales, ou
mieux des grands
Au Tonkin, comme en
Chine,
Ce
le delta;
villages qui
les villes
en sont
des
villes
cliefs-lieux.
sont essentiellement coin-
LA FRANGE COLONIALE
304
d'une citadelle
posées tant
autour
et
desquels
magasins,
gènes, des
d'un confort variable,
marché plus
d'un
et
groupés
sont
se
des habitations à etc.
ou
moins
impor-
cases
des indi-
un ou deux
étages, et
les
Généralement, chaque nationalité a son
quartier.
Quant aux les
villages,
uns des autres,
ils
très
hameaux indépendants
sont composés de
nombreux dans
entourés de
les rizières,
végétation.
Chaque habitation, en torchis
est séparée
de sa voisine par des haies de cactus et des ruisseaux
hameaux
d'eau croupissante. Dans les
ou sur
les
un marché dans
s'est établi
il
Hanoï, 80.000 habitants, l'Annam,
chef-lieu
le
est située
Ilaï; elle est entourée
tres
situés le long d'une route
bords d'un cours d'eau, on rencontre parfois un rudi-
ment de rue quand capitale de
couverte de chaume,
et
de lacs
la localité.
du Tonkin
au nord-ouest du et
de marais.
et l'ancienne
delta sur le Song-
Gomme
tous les cen-
annamites ou chinois, ce n'est qu'une agglomération de
vil-
nombre de cent huit et formant sept cantons. Quelques mieux bâtis, contiennent les palais et les bureaux des fonctionnaires. G'est « le grand marché », la grande ville de com-
lages, au
quartiers,
merce affaires
du pays. Les commerçants chinois y font
et d'industrie
en gros.
Nam-Dinh, 30.000 ville
les
du pays;
habitants, dans,
c'est le chef-lieu
de
la
le
bas
Dfelta, est la
province
seconde
plus peuplée et
la
la
plus riche en rizières.
Maï-Phong, 10.000 habitants, de
Gam, où peuvent
arriver les gros navires,
port des Européens
Haï-Duong , sur Sontay, sur
le
création récente, sur le Gua-
et l'entrepôt le
devenue
est
le
grand
du Tonkin.
Thaï-Binh, Bac-Ninh, près du Song-Cau,
Song-Haï,
villes
de 10 à 20.000 habitants, ont été à
demi ruinées par la prise des Français. Beaucoup de Ghinois qui y faisaient le
commerce
se sont éloignés.
Industrie et commerce.
—
Gomme
ture est la principale occupation de
produits sont les
mêmes,
figurent les fruits et
et,
du
riz et
et
des denrées tropicales,
:
taille et
chevaux, bœufs, buffles, chèvres
moins communs
fer, le cuivre, l'étain, le
et
qu'en Europe. Par
contre la volaille est abondante et à bon marché.
Le
l'agricul-
du Tonkin. Les
légumes d'Europe.
Les animaux domestiques porcs sont de petite
à C(Hé
en Gochinchine,
l'Annam
charbon, sont exploités.
LA FRANCE COLONIALE
306
L'industrie est variée; elle produit tous les objets nécessaires à la vie
indigène, mais peu d'articles pour l'exportation.
Le commerce Cochinchine,
est
généralement dans de
les villes sont
se font par eau dans
<r
les deltas, à
les
mêmes
grands marchés
»
les transports
;
dos d'hommes et de buffles dans
ne sont que des sentiers;
l'intérieur, les routes
conditions qu'en
les
chemins de
fer
sont encore inconnus.
Les principales transactions sont aux mains des Chinois depuis plusieurs siècles
:
ce sont eux qui traitent avec les négociants euro-
péens
et qui introduisent les produits étrangers
et les
cotonnades de Manchester
lement par
les
et
de
les articles anglais
;
Bombay
pénètrent non seu-
vaisseaux venus de Hong-Kong
mais encore en transit par
et
de Singapour,
la frontière chinoise.
extérieur peut être évaluée sans base
La valeur du commerce
certaine à 10 ou 20 millions de francs pour l'Annam, au double
ou au triple pour le Tonkin. Les Anglais et les Chinois en tirent le plus grand profit; puis les Français, les Allemands, les Hollandais. Les exportations consistent notamment en soies, plantes tinctoriales, coton, laques, cuivre et étain
mercerie
chinoises,
soieries
en cotons anglais,
du Yunnam;
les importations,
médecines,
lampisterie,
miroiterie.
,
Haï-Phong à Saigon et à la France. « Beaucoup de personnes Le présent et l'avenir du Tonkin. en France s'imaginent encore aujourd'hui que le Tonkin est un
Un
câble sous- marin relie
—
pays neuf au point de vue des relations commerciales avec l'Europe, et elles en concluent que, le pays étant maintenant sous notre domination faciles et «
nos produits vont y trouver des
,
immédiats. C'est là un point qu'il importe d'examiner,
faut se rappeler
Il
débouchés
que
le
port d'Haï -Phong n'est ouvert au
commerce européen que depuis dix ans, et savoir que de temps immémorial les Chinois sont établis au Tonkin. Depuis de longues années péens
y importent, surtout par Canton, des produits euroaméricains. Ce sont les articles anglais et en particuher
ils
et
les filés
de coton,
les
cotonnades de Manchester
depuis longtemps forment
la
et
de Bombay, qui
grande majorité des produits étran-
gers introduits dans le pays. « 11
convient donc de se rendre compte qu'il ne nous
de prendre conquérir
le
Tonkin par
le terrain
les
armes, mais
commercial, lequel, bien
qu'il
suffit
pas
nous faut aussi
qu'il n'y ait
pas une
INDO-CHINE FRANÇAISE maison anglaise dans
seule
aux produits de
le
307
pays, appartient depuis longtemps
Comment
l'industrie anglaise.
arriverons -nous à
substituer nos produits aux articles étrangers. C'est
dont nous cherchons
ne faut pas
« Il
se dissimuler que,
Tonkin pourra rester pour
les
proljlème
là le
la solution.
pour quelque temps encore,
Hong-Kong
tributaire de
et
le
de Singapore
gros articles d'importation destinés à la population indi-
gène. Tous ceux qui connaissent les marchés de l'Extrême-Orient
Haï-Phong, vue de
la rivière.
n'ignorent pas qu'un négociant du Tonkin qui veut importer des
cotonnades européennes aura plus de
deux places que de d'Angleterre.
La
les faire
raison en est bien simple
Hong-Kong ont des marchés lières
comme
Londres
fret
la soie,
le
...
Il
:
acheter sur ces
même
c'est
directement
que Singapore
et
en relations journa-
ces derniers donnent ces coton-
de retour aux nombreux navires qui portent à thé,
l'indigo,
assuré, le stock considérable et <c
:
considérables,
avec les expéditeurs anglais
nades
facilité à les
venir de France ou
est indispensable
etc.
Le
fret est
donc toujours
constamment renouvelé...
d'amener nos industriels à
leur outillage et, imitant l'industrie anglaise,
modifie)-
à fal)riquer spécia-
lement pour l'étranger, à produire des tissus conformes aux usages et
aux] habitudes du pays auquel
ils
sont «lestinés,
de qualité
LA FRANGE COLONIALE
308
moyenne
et ù
bon marché.
S'ils
peuvent arriver à ce
résultat,
nous
pouvons leur garantir des débouchés certains dans l'Extrême-Orient, possession au Tonkin d'un marché qui pourra rivaliser avec
et la
Singapore
Hong-Kong.
et
Pour donner une
«
idée de la situation
du commerce
actuelle
européen, nous dirons qu'à part quatre maisons (dont une
mande) qui sont
établies ici depuis plusieurs années, les
alle-
commer-
çants d'Haï-Phong et d'Hanoï en sont encore à la période d'études
chacun
de grands ou de petits projets, mais
est arrivé avec
de guerre, l'incertitude du lendemain, térieur, (T
les
On
en ont empêché jusqu'à présent
Tonkin;
publications,
uns en ont
les
appuyé, nous
Le Tonkin
un
n'est pas
rapide
l'in-
:
les
ressources
du
l'avenir
et
beaucoup
les autres
on
données
s'est
que des deux côtés on a exa-
une nouvelle
comme
Californie,
se l'imaginent encore,
mais ce
n'est
beau-
pas non
pays sans ressources,
ne faut pas venir
Il
sur
beaucoup de bien,
croyons pouvoir dire
coup de personnes
«
dit
rechercher sur quelles
de mal. Sans vouloir
plus
peu de sécurité de
la réalisation...
a déjà écrit des volumes, tant dans les journaux que dans
différentes
géré.
le
;
l'état
on
ici
avec l'espoir d'y faire une fortune
se préparerait à de grandes déceptions
avec l'idée de s'y établir pendant plusieurs années
et
avec persévérance à l'œuvre que l'on entreprendra.
nement à
faire
pour
les
chercheurs laborieux
faut arriver
il
:
de travailler Il
y a certai-
qui disposent de
et
quelques capitaux. «
Le chmat
est sain,
quoique très chaud en
été.
Pendant cinq
mois, au moins, la température est bonne et permet de refaire ses forces affaiblies. Le sol est très fertile, du moins dans le Delta;
dans presque tous
les terrains
de cette région, on
fait
deux récoltes
par an, moins abondantes chacune, il est vrai, que unique de la basse Cochinchine, mais d'un produit
blement supérieur. lesquels
On
trouve
ici
récolte
tous les produits des tropiques,
pas cependant
n'excluent
la
total nota-
les
produits
d'Europe.
Les
choux-fleurs et les petits pois poussent à côté du thé et de la canne à sucre.
La culture
l'agriculteur
agricole
est
français
trouvera
susceptible d'un grand développement, et
qui voudra
un instrument
entreprendre une exploitation docile et
peu coûteux dans
le
Tonkinois, qui est laborieux, et le deviendra encore davantage, lorsqu'il sera certain
de garder pour
lui le fruit
de son
travail.
INDO-CHINE FRANÇAISE «
Sous
d'affaires
le
rapport du commerce,
au Tonkin
;
pour
il
309
y a certainement des éléments
s'en convaincre
rues des principaux centres, Hanoï ou
,
suffit
il
de parcourir
Nam-Dinh par exemple
règne une activité extraordinaire; partout on vend
chaque maison a sa boutique ou son magasin et articles
;
et
les
il
;
y
on achète;
produits indigènes
européens s'écoulent, par petites quantités,
il
est vrai,
mais sans discontinuer. « Il n'est
pas douteux que
grand développement; Hanoï
le
commerce d'Hanoï
commerciale du Tonkin. Placée au centre du la
production agricole, à proximité des
appelés à prendre
un grand
est appelé à
est et restera toujours la
première
ville
delta, c'est-à-dire
districts
un de
miniers qui sont
essor, des régions forestières riches en
produits de toute sorte, son importance commerciale ne peut que s'accroître;
mais ce qui complétera sa prospérité, ce sera, dans un
avenir prochain
les transactions
,
seulement l'entrepôt, mais encore
avec le
le
Yunnan
;
elle
sera
non
marché des produits qui des-
cendront de Lao-Kay, marché des marchandises d'importations
et
marché des produits d'exportation. «
Haï - Phong restera longtemps encore
Quang-Yen pourra toujours «
le
principal
marché de
En résumé, nous sommes
commerce
port de
nous avons
le
;
Hanoï sera
l'intérieur.
de ceux qui croient à l'avenir de
notre nouvel établissement; nous avons là d'exploitation et
le
être le port administratif et militaire;
un
très
beau champ
ferme espoir qu'on saura en
tirer
parti'. »
1
Notices coloniales, publiées par
nationale d'Anvers, en 1885.
le
Gouvernement,
à l'occasion de l'Exposition inter-
NOUVELLE-CALÉDONIE ET DÉPENDANCES
Historique. par
le
— La Nouvelle-Calédonie fut découverte,
capitaine Cook, qui lui
donna
le
nom
natal (l'Ecosse). L'amiral d'Entrecasteaux
en 1774,
primitif de son pays
en releva
côtes en
les
1791. Des Anglais y exploitaient les bois de sandal, et des missionnaires français s'y étaient établis dès 4843, lorsqu'en 1851 quelques
marins français de l'A Zcmè^e furent massacrés par Balade, au nord -est de léon
III fit
but d'en
l'ile.
prendre possession de
faire
une
indigènes de
les
représailles, en 1853,
Par la
Nouvelle-Calédonie dans
colonie pénitentiaire
Guyane, reconnue trop insalubre. Les
Napo-
îles
pour remplacer
le
de
celle
Loyalty furent annexées
en 1864. Il
a été question d'annexer à la Nouvelle-Calédonie l'important
archipel des Nouvelles-Hébrides, découvertes également par Cook:
mais des conventions
faites et
renouvelées en 1887 avec l'Angle-
terre et l'opposition des Anglo-Australiens maintiennent la neutralité
de ces
îles.
Le groupe néo-calédonien comprend, outre la Grande des Pins, les îles Loyalty et de nombreux îlots côtiers.
—
La Nouvelle-Calédonie Géographie physique. située entre le tropique du Capricorne et le 20^ degré de
Terre,
l'ile
une
île
est
latitude sud,
et sur le 163^ degré
de longitude est de Paris, c'est-à-dire presque
aux antipodes de
France.
la
Les grandes terres voisines sont l'Australie, située à 1,500 kilomètres à l'ouest;
la
Nouvelle-Guinée au nord-ouest,
Zélande au sud-est. Notre
île,
et la
de forme très allongée,
Nouvelle-
et orientée
du
NOUVELLE-CALÉDONIE
311
nord-ouest au sud-est, mesure 400 kilomètres de longueur, sur une largeur
moyenne de 55 kilomètres,
de superficie. Son falaises
de roches anciennes
Balabio; au nord -est
la
;
soit
18.000 kilomètres carrés
découpé, est formé souvent de hautes
littoral, très il
présente au nord
baie de Kanala
;
les îlots
au sud -est
le
Paaba
et
cap de
la
Reine-Charlotte; au sud-ouest la baie d'Ouaraïl, celle de Saint-Vin-
cent avec
l'ile
Ducos;
celle
de
Nouméa, fermée par
l'île
Non
et la
presqu'île Ducos.
4di. ooc 3 4
loohJ.^
s /a.
Carte de
L'île est
la
Nouvelle-Calédonie.
défendue sur toutes ses faces par une ceinture de
récifs
nombre de passes déterminées. Ces récifs, formés d'immenses bancs de coraux, brisent la mer à une certaine distance; ils laissent entre eux et le rivage un canal d'eaux tranprésentant
quilles
un
assez grand
d'une grande ressource pour mettre en communication
les
pour
les
différents points de la colonie, et d'une navigation sûre
caboteurs à voile aussi bien qu'à vapeur. L'intérieur est arides,
ce
montagneux
qui donne à
l'ile
et
formé de terrains anciens, souvonl
un aspect général
double chaîne s'allonge non loin des côtes
assez (lisle.
et présente
Une
de nombreux
LA FRANCE COLONIALE
312
sommets de
l.'iOO
1.050 mètres.
;\
On
distingue, au sud-est,
le
mont Humboldt, 1650 mètres et la Dent-de-Saint-Vincent, 4547 mètres; au centre, le mont Arago, 1.030 mètres, et la Table-Unie, visible en mer des deux côtés de l'ile; au nord, le mont Panié, 1.642 mètres, et le mont Homedebua, 1.300 mètres. Entre les deux ,
chaînes s'étend une série de plateaux ondulés.
Les deux versants
côtiers sont
parcourus par des rivières peu
longues, mais très larges et abondantes, formant de nombreuses cascades, et navigables seulement à leur embouchure. Les principales sont
:
le
Diahot, 100 kilomètres,
parallèlement à l'axe de
l'île; la
Néra,
qu'i
ie
court au nord -ouest,
Foa
Tontoula, au
et la
sud-ouest. Plusieurs rivières sont en partie souterraines.
Le climat
est
dant
mais tempéré par
tropical,
vents ahzés du sud-est.
de mer ou de 12o à 20» pen-
les brises
est
(mai à novembre), monte à 35» pendant
la belle saison
vernage (décembre à gans; ceux-ci sont
La température, qui
avril),
très salubre, ce qui est
qui est
de
le fléau
la
saison des pluies et des oura-
la colonie.
Néanmoins,
dû au peu de largeur de
balayée par les vents de la mer,
en outre un arbre fébrifuge,
le
et
l'hi-
l'île,
le
climat est
constamment
à son sol découvert, produisant
niaouli, sorte de myrte.
Le règne minéral offre l'or, le nickel, le fer, le cuivre et le plomb. Le règne végétal n'est pas très luxuriant, car beaucoup de terres sont rocheuses et stériles, mais
il
canne
est varié, et produit maïs,
à sucre, tabac, café, banane, patate, etc. Sauf le requin, le trépang, la sauterelle, très nuisible,
maux rope
sauvages
;
par contre,
s'y multiplient
les
quelques oiseaux,
il
y a peu d'ani-
espèces domestiques importées d'Eu-
aisément.
Géographie politique. néo-calédonien est
et
—
La population
d'environ 60.000
actuelle
du groupe
habitants, et sa superficie
de 20.000 kilomètres carrés, équivalant à 3 ou 4 départements français.
Les habitants se décomposaient, en 1885, en 40,000 indigènes, dont
la
ceux-ci,
moitié dans les il
îles
Loyalty, et 20.000 Européens.
Parmi
y a 4.000 résidents libres ou fonctionnaires, presque
tous français, 3.000 militaires avec leurs familles, et 10 à 12.000
en cours de peine ou libérés. Parmi les étranon compte 600 Angle- Australiens, quelques Allemands et
forçats transportés
gers,
,
autres.
Les indigènes sont,
les
uns de race brune ou malaise, de
taille
NOUVELLE-CALÉDONIE
313
assez grande, à cheveux longs et raides, les autres de race noire,
plus petits,
On
à cheveux crépus.
idolâtres, parfois
anthropophages
;
nom
leur donne à tous le
Kanaks ou Néo -Calédoniens. La plupart
de
sont encore sauvages et
vivent par tribus de 1.000 à
ils
un même chef. Jaloux de leur indépendance, Kanaks ont longuement combattu les Français notamment par
à 1.500 individus, sous les
,
l'insurrection sanglante de 1879
Pirogue de
et
de travailler pour eux
;
la
;
ils
refusent de se mêler aux blancs
Nouvelle-Calédonie.
décimés par
introduites par les Européens, leur
la
guerre et par
nombre
les
maladies
a décru de plus de
moitié depuis la prise de possession.
Les missionnaires catholiques
et protestants
ont converti dS.CMlO
indigènes.
Le Néo-Galédomex.
—
pression de ceux qui ont
parmi «
en
les
lui
pu
Au
moral,
;
mais
il
dit
le
noir calédonien,
l'observer n'est pas outrée
plus insociables de l'Océanie.
une vertu,
< testable
«
M. Bourgarel.
« Il
,
si l'im-
se range
Je suis encore à chercher est intelligent, c'est incon-
est paresseux, fourbe, cruel et orgueilleux
La cruauté,
«
delà de toute expression.
«
révèle par l'existence, trop
la férocité
au
de ce peuple se
souvent constatée, de l'anthropo-
,
LA FRANCE COLONIALE
314
par l'usage de mettre
les têtes des
ennemis mangés
«
pliagie,
«
un trophée au-dessus des maisons, de massacrer sans
«
naufragés,
comme
pitié les
etc. d
D'autres voyageurs, d'autres auteurs sont plus indulgents pour
«
Néo- Calédoniens;
les
haut, mais
reconnaissent les défauts signalés plus
ils
l'installation
notamment
insistent sur certaines de leurs qualités,
ils
sur leur intelligence très réelle;
ils
admirent l'heureuse situation
et
de leurs villages, leur extrême habileté dans tout ce
qui concerne l'irrigation de leurs jardins, de leurs petites plantations; la fmesse, l'éloquence, la
anciens dans
les
réflexion, la maturité de
assemblées où se traitent
les intérêts populaires.
L'anthropophagie a disparu de plusieurs de leurs tribus où ,
gion chrétienne a
ou plutôt leurs cases ont seulement de 2 à 3 ,
,
mètres de hauteur; et leur
unes sont rondes,
les
forme varie un peu suivant
pente de bois
la reli-
de grands progrès.
fait
Leurs maisons
«
leurs
les autres sont carrées,
les tribus
;
toutes ont
une char-
recouvertes d'une épaisse couche de paille.
et 'sont
Quelques-unes sont doublées d'une couche de l'écorce du niaouti,
que
l'on rencontre partout;
ouverture que la porte
,
mais nulle part on ne trouve d'autre
qui a 3 à 4 pieds de haut au
maximum
sur 2 de large. Le mobilier se compose de nattes, de calebasses ou
de moitiés de cocos destinés à contenir
la provision d'eau
ou deux vases de terre cuite; on aperçoit coin, quelques les
et
morceaux
d'étoffes et des
aussi,
,
et
d'un
pendus dans un
armes. Les poux,
les
puces
moustiques fourmillent dans ces infects taudis. Les palais
des chefs ont beaucoup plus d'apparence viis du dehors, mais à l'intérieur
ils
diffèrent
peu des cabanes du peuple. Les hommes
femmes portent autour des
les
espèce de corde en
pendues de
fil
reins
et
une ceinture composée d'une
de coco ou de bourao, à laquelle sont sus-
petites tresses
généralement de
de 10 à 15 centimètres de long,
et
même
la
nature, qui ont
forment plusieurs couches,
comme
dans une épaulette. «
Pour armes,
lance
la
et la
les
fronde
servent guère qu'à
on peut signaler toutes les
le
;
Néo -Calédoniens ont ils
1
connaissent l'arc et
la chasse.
tabou,
si
Parmi
leurs
ici
la flèche,
hache,
mais ne s'en
coutumes particulières,
remarquablement caractéristique de
communautés océaniennes,
nésiens ont dû apporter
le casse-tête, la
avec eux'.
et
que
les
immigrants poly-
»
Vivien de Saint-Martin, Nouveau Diclionnaire de Géographie universelle.
NOUVELLE-CALEDONIE On
appelle iahou l'interdiction que
le
315
prêtres des îles
Polynésie prononcent sur une personne ou sur
un
donner une sorte de sainteté ou
C'est ainsi
souverains sont tabous;
sur eux, c'est encourir
Le
toucher, et parfois
les
la
Cases de
On
la
pour
lui
que
les
lever les yeux
la
à la sépulture d'un grand chef
Nouvelle-Calédonie.
devient aussi tabou rien qu'en touchant une personne
supérieure par
rang.
le
Administration.
neur général
même
de
mort, ou du moins une peine très sévère.
un dieu ou
terrain consacré à
est tabou.
d'inviolabilité.
objet,
—
La
un gouver-
colonie est administrée par
civil, et divisée
en cinq arrondissements
Ouaraïl, Bouraïl, Diahot et Kanala. Elle forme
un
:
Nouméa,
vicariat apo-
stolique.
Nouméa ou
Fort-de-France,
au sud -ouest de
l'île,
malheureusement, Elle possède
une
elle
ville
dans une n'a
de 4.000 habitants, est située
anfractuosité d'une grand» baie
pour eau
polal)le
belle rade abritée par
l'île
que
celle
Nou, où
;
de cilorne.
se trouve
le
,
LA FRANCE COLONIALE
316
pénitencier-dépôt, et par la presqu'île Ducos, qui sert aussi de lieu de déportation.
Ouaraïl
et
Bouraïl sont deux autres pénitenciers situés sur
la
côte sud-ouest.
Diahot est un groupe de petites de
môme nom,
de
la côte est.
dispersées
Kanala
et
localités situées
un centre important sur une
est
Les exploitations minières
notamment dans
dans une vallée
et agricoles se
baie
trouvent
du Thio, du Diahot, du
les vallées
Foa. L'île des
Pins, ou Kounié, distante de 50 kilomètres,
tueuse, volcanique, couverte de conifères.
indigènes,
pour
les
Les
:
parisiens.
Loyalhj (en anglais, Loyauté), sont au nombre de
trois
Lifou ou Chabrol, Mare et Ouvéa ou Halgan. Elles sont
de formation corallaire, très boisées gènes convertis est
Longtemps réservée aux
en 1871, un grand étaljlissement pénitencier
communards
îles
grandes
elle reçut,
mon-
est
peuplées de 15.000 indi-
et
de quelques rares Européens. Leur commerce
et
presque nul.
Les Nouvelles- Hébrides comprennent six grandes
ment Espiritu-Santo,
et
de nombreux
îles,
avec une
îlots,
notam-
superficie
de 130.000 kilomètres carrés.
11 s'y fait
de colonisation française
anglo-austrahenne. Si un jour
et
actuellement des tentatives elles
sont annexées à la Nouvelle-Calédonie, elles nous donneront une
population de 70.000 indigènes de race noire, chétive, mais tranquille.
comme
Déjà
Néo-Hébridais sont engagés par
les
domestiques
Commerce.
—
développée pour
comme
et
travailleurs
les
Calédoniens
aux plantations.
L'industrie, nulle pour les naturels, est très les
blancs
;
elle consiste
dans l'élevage du
quelques cultures de café, vanille, tabac, manioc, légumes,
On
peu
bétail etc.
essaye l'exploitation de la houille, du nickel, qui est très abon-
dant, du cuivre et autres métaux.
Mais tiaire
;
la
Nouvelle-Calédonie est surtout une colonie péniten-
une dizaine de
localités, sont
de l'État,
soit
ou minières
ils
ateliers
rales
de condamnés aux travaux forcés
les milliers
;
dans
employés
les
soit
dans
concessions et
,
détenus dans
les chantiers et
les exploitations ru-
construisent des routes ou fabriquent une
foule d'objets en fer et en bois propres à la marine, à l'industrie et à l'agriculture.
Le commerce de
l'île
s'est élevé,
en J883, à 17.000.000 de francs,
,
NOUVELLE-CALÉDONIE dont
deux
les
pour
tiers
visionnements de vivres
les
317
importations, qui consistent en appro-
bétail, vins, liqueurs, épiceries, articles
:
d'habillements pour les colons et les transportés.
exporte de l'huile de coco , des écailles de tortue
Il
de nickel
Le
et autres.
seul port de
commerce
par vapeurs anglais
lière,
Sidney
et l'Australie, la
^
qui est en relation régu-
surtout avec San-Francisco
Nouvelle-Zélande, Taïti
encore; un fd télégraphique la relie à
Nouméa,
est
et français
Le cabotage
par Bordeaux.
marin
tient lieu
tour de
fait le
avec
la
France
l'ile, et
un
câble sous-
Sydney.
—
«
Semblerait
Il
...
Calédonie devrait être pour les émigrants et les colons un
la
véritable paradis, tous les produits
un climat
sous
et
de routes, qui manquent
La TRANSPORTATION ET LA COLONISATION. que
des minerais
,
montre
du
y venant en abondance
sol
délicieux. Pourtant, la statistique de la population
cet étrange résultat,
que trente -trois années d'occupation
se traduisent par l'introduction de 11.000
condamnés
et
de 3.500
Français hbres, dont 1.500 fonctionnaires. N'avons-nous pas su meilleur parti de cette riche possession?
tirer
vrai
non seulement
et
;
immigrants
la
Il
n'est
que trop
colonisation de la Calédonie par des
libres a été jusqu'ici limitée et
soumise à toutes sortes
d'entraves, mais encore ne doit-on pas craindre de dire hautement
que
ne saurait concevoir aucune espérance d'un avenir meil-
l'on
leur, et
que, dès à présent,
la
Calédonie est absolument fermée à
l'immigration libre. <r
Pour trouver
un peu haut
les
causes de cette situation,
et suivre la colonie
dans
faut
il
remonter
de son développe-
Tliistoire
ment. «
Après son annexion en 1853,
une certaine importance,
et
la colonie
les
commençait à prendre
gouverneurs
déployaient
une
louable activité pour aider au peuplement et tirer parti des res-
sources du pays. Mais
la loi
de 1864 ayant iq)pliqué
la
peine de
la
transportation aux anciens forçats, c'est la Nouvelle-Calédonie qui fut choisie
cette la
pour remplacer
mesure,
mère
même
le
patrie
temps
il
les
bagnes de Brest
gouvernement métropolitain
une population criminelle croyait réaliser
couramment par
une utopie
et
et
de Toulon. Par
éloignait
du
dangereuse,
(pie l'on
sol
de
et
en
désigne encore
l'expression de colonisation pénale. Sous l'em-
pire de celle oi-rcur grossière, mais très i-épandu(\ que ce sont
,
LA FRANCE COLONIALE
318 les
convicts
«
que
ont fondé l'Australie, on supposait
qui
anglais
»
employés d'abord aux travaux publics, se trans-
les forçats,
formeraient dans
la suite
en bonnétes colons,
et feraient paisible-
ment, sur les terres à eux concédées, soucbe d'une population entièrement régénérée. Ce n'était qu'un rêve,
libre, travailleuse et
mais dont
France
poursuite a coûté et coûte encore trop cber à
la
L'élément pénal est aujourd'hui représenté par 7.514 forçats
«
en cours de peine,
mais sont
tion,
3.814 libérés, qui ont payé leur condamna-
et
astreints,
plupart pour
(la
la
à peu près 5 millions par an.
:
la vie) à
pendant un certain nombre d'années résider dans la colonie sous la surveil-
lance de l'administration. «
Les condamnés en cours de peine sont répartis en divers
groupes, dont
Non);
ils
plus important est celui
le
nombre de 2.340,
y sont au
du pénitencier-dépôt
et ce chiffre
comprend
(île
les
transportés appartenant à des professions mécaniques, les dange-
reux, les punis, les incorrigibles et les malades de l'hôpital. Les ateliers
proprement
pent que 300.
dits
de l'administration pénitentiaire n'en occu-
Un condamné
Galédonie, 406
fr.
coûte à l'État, pendant son séjour en
70 par an;
il
ne s'amende pas
et
ne rapporte
rien. «
Aujourd'hui, environ 7.500 forçats
oisiveté relative,
sous
tains
;
la trace
On
successifs,
du rude labeur auquel
comme
la loi
de 100 à
cherche vaineinent,
dépourvue de routes, de quais,
cuns travaillent
qui
aucun châtiment ne sau-
condamnés ayant, par des jugements la colonie
»
punitions corporelles ayant disparu, et cer-
300 ans de travaux forcés à accomplir. dans
croupissent dans une
d'une fausse philanthropie,
l'égide
entraîne la négation de toute répression rait les atteindre, les
«
d'édifices publics
a voulu les astreindre. D'au-
de simples employés, dans
les
bureaux de
l'administration, ou sont attachés à la domesticité des fonction-
naires; d'autres, au
nombre de 400 seulement, sont mis
à la dis-
position des colons de l'intérieur; plus de 1.000 ont obtenu des
concessions de terre, où avoir contracté,
sous
ils
vivent dans une demi -liberté, après
l'égide
de l'administration, de scandaleux
mariages leur permettant de lâcher
la
bride à tous leurs mauvais
la
plupart, en faveur des con-
instincts. «
Quant aux
libérés, privés
pour
damnés, des concessions qui devraient leur revenir,
ils
errent à
NOUVELLE-CALÉDONIE raventure, clierchant partout du travail
époque de
cette
ne pouvant en trouver à
et
crise et de stagnation. Bientôt réduits à la misère,
retombent à
ils
319
la
charge de l'administration pénitentiaire, qui en
nourrit et en abrite 650, pour les empêcher de mourir de faim
moins
qu'ils
ne préfèrent vivre de vols, de recels
et
;
à
de débauches;
200 seulement sont concessionnaires.
Le principe de
«
la transportation,
donc produit aucun des
qu'il
tel
est
ne sont pas régénérés, puisqu'ils continuent, dès faculté, leur existence criminelle et dissolue;
puisqu'ils travaillent à peine, et
devenu
appHqué, n'a
résultats qu'on en avait espérés. Les forçats
que
le
ils
qu'ils
la
ne sont pas punis,
séjour de la Calédonie est
des prisonniers. Enfin, loin de coloniser,
l'idéal
en ont
tent par leur présence toutes sortes d'obstacles
moraux
ils
appor-
et matériels
à l'établissement des colons libres.
Par
î
cise, ni
suite, la Calédonie,
devenue une colonie de nature indé-
pénale ni hbre, est fatalement vouée à
été préférable,
quand on
s'est
Nouvelle-Calédonie, d'affecter
la stérilité. Il eût
décidé à envoyer des condamnés en totalité
la
de
l'île
à l'étabHssement
d'une colonie pénitentiaire, en interdisant l'immigration au lieu de
la
favoriser.
C'est
du
reste à cette résolution
que semble avoir
abouti le système hybride actuellement en vigueur.
termes d'un décret rendu du 16 août 1884, tous nibles, soit 110.000 hectares, ont été ajoutés
vouloir fermer absolument
tiaire. C'est
En
aux
effet,
les terrains
dispo-
au domaine péniten-
pays à l'émigrant libre,
le
qui, n'y trouvant ni terrain à cultiver ni industrie à exercer, n'a
que «
de s'y expatrier.
faire
L'envoi des récidivistes en Calédonie, qui vient de recevoii' un
commencement
d'exécution,
une nouvelle affirmation de ce
est
système déplorable tant au point de vue de colonisation.
Leur nombre
récidivistes
libérés.
Il
damnée
faut
répression que de
est faible encore, et l'on
une expérience encore trop récente, mais les
la
il
est
ne peut juger
permis de dire que
ne coloniseront pas plus que
donc se
les
forçais
ou
résitiner à voir la Nouvelle-Calédonie
à jouer éternellement
le
rôle de bagne,
l'archipel des Nouvelles- Hébrides
la
et clierclier
un autre domaine où
le
les
con-
dans colon
puisse s'établir et prospérer avec ses propres forces, sans avoir à
redouter
'
le
contact d'un éjriiient vicieux et coirnpItMir'.
Charles du Peloux. Exliail de VExploralion.
»
,
LES NOUVELLES-HEBIUDES
Nou-
L'archipel des Nouvelles-Hébrides s'étend, au nord-est de la
velle-Calédonie, sur une longueur de
kilomètres, entre
5'2()
20o de latitude sud, 164» et lOTo de longitude est. plusieurs groupes, savoir
au nord,
:
cinq petites
les
Banks proprement
aussi appelées Torrès, et les
de neuf; au centre, Espiritu-Santo
Ambryn
,
Sandwich
,
Anioua, Tanna, Erronan
La
superficie totale
et
le
au
;
sud
les
îles
Aoba, Aurore,
Erromango
,
Annatom.
serait
population, que Forster,
Api
au nomlire
deux
et Mallicolo, les
et
d'Ababa,
lies
dites,
plus considérables de l'archipel; Saint-Barthélémy,
Pentecôte
compose de
se
Il
-13o et
de 130.000 kilomètres carrés, et
compagnon de
à t^OO.OOO habitants, paraît être
l'illustre
la
Cook, estimait
tombée à 60.000.
Les insulaires des Nouvelles -Hébrides sont des noirs mélanésiens
ils
;
sont divisés en une multitude de tribus indépendantes et
on rencontre des groupes
d'ordinaire ennemies. Sur plusieurs îles,
de Polynésiens, dont quelques-uns, leur complexion conservé au milieu des noirs
La
fertilité
de ces
l'atteste,
pureté de leur race.
la
a été hautement reconnue par tous les
îles
vayageurs. Quiros, navigateur espagnol, qui découvrit en 1606 qu'il baptisa
terre «
« Il
:
du nom d'Espiritu-Santo
n'y a point de contrée
qui l'égalent
en Europe.
))
De
donna à
l'archipel le
si
,
belle
nom
visita
On
en parlant de
en Amérique
retrouve
en 1768 Aurore
la
la
les
bien peu
et
Pente-
vue de ces terres exubé-
même
impression chez Cook,
en 1776, à qui revient l'honneur d'avoir découvert groupe, qu'il appela
et
l'île
cette
de Grandes- Cyclades, quil n'a
pas conservé, fut frappé d'admiration à rantes de végétation.
écrivait
Bougainville qui, dans son voyage
de découvertes autour du monde, côte et
ont
Nouvelles-Hébrides , du
nom
le
reste
du
d'un groupe
d'iles écossaises.
Comme produits ordinaires des Nouvelles- Hébrides le fruit
la
de l'arbre à pain,
la
noix de coco,
canne à sucre, l'arrow-root
forêts
,
les
les patates, les
,
on peut citer
bananes,
le
ignames,
renfermant des bois de cliarpente sont nombreuses
;
:
sagou,
etc.
Les
de beaux
r
,
LES NOUVELLES-HEBRIDES
321
pâturages pourraient nourrir d'abondants troupeaux enfin les terres ,
arables dominent.
L'archipel renferme des ports spacieux, profonds et bien abrités,
que Port-Sandwich, l'un des meilleurs abris naturels connus,
tels
dans
l'ile
Mallicolo
Requin, dans
;
Havannah, dans
l'île
Sandwich,
Espiritu-Santo; Port-Résolution dans
l'île
baie
la
l'île
Tanna,
depuis de longues années fréquenté par les navires européens. outre
,
ces îles ne sont pas entourées
d'une ceinture de corail,
et
comme
,
par suite
du
En
Nouvelle-Calédonie
la
en sont facilement
les côtes
abordables.
On
conçoit donc l'opportunité de l'annexion des Hébrides à la
Calédonie. Mais
un engagement réciproque de
maintient
çrleterre
la
consigné dans une
neutralité de ces
par
lettre écrite
îles.
la
marquis d'Harcourt, ambas-
le
sadeur français à Londres, au comte de Derby, «
Mon gouvernement tient
«
il
ce
velles- Hébrides, et
((
le
«
pecter.
à déclarer
France avec l'An-
Cet entassement est
le
18 janvier 1878
que pour ce qui
le
,
n'a pas le projet de porter atteinte à l'indépendance des il
serait
»
Non-
heureux de savoir que, de son côté,
gouvernement de Sa Majesté
qu'il était
:
concerne,
est
également disposé à
la res-
Le gouvernement britannique répondit immédiatement
en conformité de vues avec celui de France.
Depuis lors
les
événements ont marché. En 1882, des notables
de Nouméa, à l'instigation de M. Higginson, fondèrent
la
Com-
pagnie calédonienne des Nouvelles -Hébrides, qui acheta de vastes territoires elle
un
dans
traité
l'île
Sandwicli
comptoirs en 1885;
les
de Port-Sandwich vendirent à et
et y créa des
mêmes heureuses opérations à de 1884, le grand chef Naïm Raugéréré
renouvela
demandèrent à
être placés,
Mallicolo, et, par et d'autres cliefs
la Société le territoire
eux
et leurs tribus,
de cette rade
sous
le
protec-
torat de la France.
En résumé, session
les raisons
qui militent en faveur de
du groupe néo-hébridais par
nomique, commercial, stratégique
et
anglo- australiennes s'y opposent pour
la
la
piise de pos-
France sont
d'ordi'e éco-
politique, mais les colonies les
mêmes
raisons, et paili-
culièrement pour ne pas avoir à leurs portes de nouveaux
élal)lisso-
ments pénitentiaires dangereux.
21
,,
DÉPENDANCES
TAITI ET
La France possède dans
la
Polynésie orientale plusieurs archi-
pels dont l'importance est généralement la statistique
10
lies
peu considérable. En
voici
:
superficie
Taïti,
2" Iles TouAMOTOu 3° Iles Marquises,
4" Iles TuBUAÏ, 5° Iles Wai.us,
1
—
17 S kilom. carrés
—
900 kilom. carrés 1245 kilom. carrés 35 kilom. carrés
—
43 kilom. carrés
— -
10 000 habit.
population
— — —
000 000 1000 3 000
—
8
habit.
6
habit. habit. habit.
Ce qui donne une population de 28.000 habitants dispersés sur
une centaine
d'îles
dont
la superficie totale est
de 3.400 kilomètres
carrés équivalant à la moitié d'un département français.
Ces
îles
occupent, sur
immense du
8^
au 28^ degré de latitude sud,
de longitude ouest de Paris, et
de l'océan Pacifique, un espace
la carte
2.400 kilomètres de
l'est
et
du 130^ au 160^ degré
3.000 kilomètres du nord au sud
soit
à l'ouest.
Les îles de la Polynésie française sont administrées par verneur général siégeant à Papéiti administrent les divers groupes
L Les ILES Taïti
-
furent
capitale de Taïti
,
;
un gou-
des résidents
d'îles.
LES ILES TAITI découvertes
en
1606
par
l'Espagnol
Quiros. Le capitaine Gook les explora en 1768 et leur donna le nom d'archipel de la « Société » en l'honneur de la Société royale ,
de Londres. Bougainville l'appela
une description
la
«
Nouvelle Cythère
j)
,
et
fit
aussi enthousiaste qu'exagérée de la nature enchan-
teresse de Taïti, de la douceur des
mœurs
des habitants et de
la
,
DÉPENDANCES
TAITI ET régime
de leur
perfection
gouvernemental
323
basé
sur
de
l'état
nature.
Dés 1797, des missionnaires anglais convertirent
mœurs,
protestantisme, améliorèrent leurs
de
devenu
l'Ile,
une
établir
Pomaré
le roi
sorte de
1er,
à conquérir les
En
le
de
du gouvernement
de la reine Pomaré IV,
l'esprit
protectorat de la France.
qui sollicita
En
anglais, le
face d'une protestation
protectorat fut d'abord
refusé par Louis-Philippe; toutefois, après quelques troubles
payement d'indemnités au consul anglais Pritchard, français sur Taïti fut établi de
annexion pure nier roi,
Les
en 1847,
fait
et
le
un
et
protectorat
transformé en une
simple en 1880, par suite de l'abdication du der-
Pomaré V. ou de
îles Taïti
sud-est, les
nord,
et
et
1842, l'amiral français Dupetit-Thouars
supplanta l'inlluence anglaise dans
part
voisines et à
îles
monarchie constitutionnelle avec parlement
ministres responsables.
la
au
les Taïtiens
aidèrent l'un des chefs
Société forment deux groupes, savoir
du Vent
îles
Taïti,
:
Sous- le- Vent
les îles
une dizaine
la
:
Moorea
et
:
au
quelques îlots; au
Raïatea, Bora-Bora, Huachine
et
d'autres.
L'Angleterre, qui avait depuis quarante ans, sur ces dernières îles
des droits
communs
avec nous les a cédés en 1887, à la France,
par un accommodement possède sur
les côtes
,
relatif
aux droits de pêche que
Taïti, ou Tahiti- Taïarapu, est une îles
France
la
de Terre-Neuve. double, formée de deux
île
ou presqu'îles montagneuses, unies par l'isthme de Taravao
qui n'a que 14 mètres d'altitude à peine, et qui est large de 2 kilo-
mètres. Taïti,
la
partie la
sommet l'Orohena,
2, '237
plus grande au nord-ouest,
mètres, formant
le
pour
a
bord d'un immense
cirque ou cratère dit du Papenoo, volcan analogue à ceux de
l'île
Bourbon. Des lacs, des cascades, de nombreuses rivières torrenplus importante est
tielles,
dont
grande
fertilité
de
enchanteur
l'île
La forme de
la
sur
la côte et
et
la baie
élevé, sauf
un climat délicieux, rendent
sans danger pour
Taïti est ronde, tandis
est ovale. L'isthme,
sud
à
Papenoo, jointes à une
le
défendu par
Phaéton, d'accès assez
le
les
que fort
difficile.
la presqu'île
séjour
de Taïarapu
de Taravao, protège au
Le
au sud, où s'étend une plaine de
littoral,
1 à
largeur, est partout entouré de récifs corallairos
ouverts par quelques passes navigables.
le
Européens.
généralement
3 kilomètres de très
dangereux,
LA FRANGE COLONIALE
324
Moorea, également montagneuse, possède
L'île
très vastes
Les
de Papatoai
îles Taïti
et
sont peuplées d'un millier d'Européens,
français, et de 7.000 indigènes de race
mœurs
douces, indolents,
c'est le reste
deux baies
les
de Cook. la
plupart
brune ou polynésienne, de au protestantisme;
civilisés et convertis
d'une population autrefois bien plus considérable.
Ils
habitent de petits villages sur la côte et dans les vallées.
ï
fj
-^
-
I.dijL>
Cor-a^Lr
Oueipoet/
CS3-'
o.
^.
'«5 '-
"""
I
NOUKA- HIVA
Cartes des
îles Taïti et
Papéiti ou Papeete, ci-devant lieu des établissements français
de leurs dépendances.
«
de
capitale » de Taïti, est le chetla Polynésie. C'est
une
ville
de
3.000 habitants, composée de cases en bambou, entourée de jardins verdoyants. Situé sur la côte nord-ouest de
l'ile,
son port est sûr,
il concentre tout le commerce, non seulement de l'île, mais encore de toute la région. Le commerce, qui s'élève à 8 à 10 millions de francs, consiste
assez vaste et profond;
surtout dans l'exportation de nacre en coquilles (pour 1 million de francs), de citron, vanille, coprah (graine de coco), oranges, que
Papeete expédie principalement à San -Francisco,
—
et
dans
l'im-
portation d'étoffes, vins, farines, biscuits, viandes salées, bois de construction.
Le
Une
trafic est
route
fait le
tour de
l'île.
surtout aux mains des Allemands et se
seaux étrangers
et français
deaux, l'Europe
et l'Australie.
avec San-Francisco,
la
fait
par vais-
France par Bor-
TAITI ET
Les Taïtiens.
—
«
La race
DÉPENDANCES
32o
taïtienne est fort belle. Les
hommes
sont grands et bien proportionnés. Leurs corps robustes annoncent la
santé,
la
souplesse et la force; agiles
Une Taïtienne
dans tous ches les
et
les exercices
bien rangées,
mains, d'une finesse
Taïti ajoute
femmes ont
yeux grands,
ils
excellent
les
1rs
dents i)lan-
extrémités,
et
surtout
remarquable. Le costume des femmes do
un charme nouveau
Elles portent
adroits,
(métisse).
physiques. Les les
et
une gaule ou tapa,
à l'ensemlile de leur
physionomie.
sorte de longtu^ tunique llottanle,
LA FRANCE COLONIALE
325
Presque de mousseline légère ou de calicot aux couleurs voyantes. piquent toujours nu-tète, elles laissent flotter leurs cheveux, qu'elles de feuillages et de fleurs, ou bien
peau de bambou ou de panama, oreilles sont parées
et
de fleurs. Les
elles se coiffent
orné de guirlandes légères. Leurs
hommes
Paysage de
ronnes
;
genoux « ils
leur vêtement se et
d'une chemise
d'un petit cha-
portent aussi des cou-
Taïti.
compose d'un pareo tombant jusqu'aux
flottante.
Le caractère des Taïtiens
est
un peu
celui de tous les enfants
:
sans motif, sont capricieux, fantasques, boudeurs tout à coup et
foncièrement honnêtes,
et hospitaliers
dans l'acception du mot
la
extraordinaireplus complète. Les dispositions contemplatives sont ment développées chez eux, et ils se montrent sensibles aux aspects gais
ou
tristes
de
la
nature.
Ils
sont paresseux; pourquoi
travail-
DÉPENDANCES
TAITI ET
Les forêts produisent d'elles-mêmes tout ce
leraient-ils?
pour nourrir ces peuplades insouciantes les
bananes
,
pour tout
etc., croissent
Les années s'écoulent pour
une
327
La
rêverie sans fm.
le
les Taïtiens
;
le fruit
monde
et suffisent à
l'Océan
:
la
la perfidie
mer
et
seule occupation qui leur plaise, parce
Montés sur leurs
passeront des journées entières bercés par
ils
est leur
même
chacun.
dans une oisiveté absolue
qu'elle n'est ni régulière ni forcée, c'est la pêche.
pirogues légères,
qu'il faut
de l'arbre à pain,
des
élément favori,
un
flots offre
imagination. Les goélettes qui font
ils s'y
attrait
trouvent à
l'aise, et
de plus à leur ardente
cabotage entre Taïti et
le
les îles
voisines trouvent chez les indigènes de précieux auxiliaires, et les baleiniers
ont souvent aussi recours à eux pour compléter leurs
équipages.
Une grande
«
lève
peu après
le soleil,
tinées.
Il le
un charme
le
s'écoule dans l'eau.
Il
se
ruisseau voisin, et là, enveloppé
prend un bain
fort
ma-
les
mimosas en
fleurs,
il
prolonge en causeries nonchalantes avec ses compagnons,
et arrive ainsi l'heure «
gagne
particulier dans la fraîcheur des pures
de son seul pareo, sous long, qui a
du Taïtien
partie de la vie
du
repas.
La nourriture ordinaire des indigènes
consiste surtout en
ma-
yoré, fruit de l'arbre à pain; en fei, fruit d'un bananier sauvage,
qui croît en abondance sur
montagnes de
les
accompagné d'une sauce appelée miti , que l'amande de
la
de mer. Dans fêtes et
noix de coco
en
et
la
en poisson cru,
l'île;
l'on obtient
en râpant
délayant ensuite avec de l'eau
accompagnement obligatoire de toutes les cérémonies, on mange des volailles, des co-
les festins,
de toutes
les
chons cuits tout entiers dans
le
mes, des crabes, des homards,
II.
-
four canaque, des taros, des ignaetc.' d.
LES ILES MARQUISES
Les ILES Marquises,
ainsi appelées
Mendoza, par l'Espagnol Mendana qui
en l'honneur du marquis de les
découvrit en 1594, appar-
tiennent à la France depuis 1842. Situées à 1.300 kilomètres nordest
de Taïti; on en compte 15, dont
les principales sont
:
Nouka-
Hiva, chef-lieu Païo-Ho, siège du résident français Hiua-Oa, ou ;
Dominique, haute de 1.2G0 mètres. 1
Hue
et
Hauricot, Nos
pcliles Colonies.
la
LA FRANCE COLONIALE
328
Toutes ces
îles
sont volcaniques, montagneuses, bien arrosées,
en denrées tropicales. Elles sont peuplées de 6.000 indigènes ou Marquésans, de race polynésienne, de belle taille, conTaïtiens. vertis au catholicisme, mais moins civilisés que le
fertiles
.^^»
Baie de Matavai à Taïli.
Le commerce, peu considérable (300.000 francs), est fait par les caboteurs venant de Taïti. A peine compte- t-on 200 Français dans ces parages.
III-VI.
-
LES ILES TOUAMOTOU, AVALLIS, ETC.
Les ILES TouAMOTOU, découvertes par Cartefeten 1767, exploAnglais de rées par Bougainville en 1768, furent occupées par les 1830 à 1855, et appartiennent à la France depuis 1859. Elles forment III.
,
TAITI ET
un immense
DÉPENDANCES
archipel d'une centaine d'îles, dont la plupart ne sont
que des attelons ou bancs de affecte la
329
récifs
chaque attolon
corallaires;
forme d'un anneau ou d'un croissant,
centre une lagune ou
et
renferme au
lagon d'eau verte dans laquelle se pêche
l'huître perlière.
Les plus grands attolons, Rairoa lieu, ont jusqu'à
cuit, tandis
et
40 kilomètres de largeur
qu'au niveau de
mer
la
;
de végétation puis ,
fait
100 kilomètres de cir-
et
les naturels
ont construits n'ont pu
les
mais, grâce
sous-marins, ces attolons ont émergé
pêche,
est le chef-
que leur anneau n'a qu'une épaisseur d'un demi-kilo-
mètre. Les polypes ou madrépores qui les élever
Fakarava, qui
et se
des soulèvements
à
sont couverts d'un peu
y ont planté
avec la
le cocotier^ qui,
leur principale subsistance.
Ci-devant ces c'est-à-dire
s'appelaient Iles Basses
îles
soumises.
les appelât plutôt
îles
Les habitants «
Touamotou
y)
ou
Pomoutou,
lies
demandé à mot qui veut
ont ,
ce
qu'on
dire
loin-
Ces indigènes, au nombre de 7.000, sont des métis de Taï-
taines.
tiens et de nègres;
ils
sont catholiques et vivent de la pêche des
perles.
Au
sud- est de Touamotou,
les
Gambier ou Mangaréva
îles
annexées en 1844 sont au nombre de G, enfermées dans une
même
ceinture de coraux. Elles comptent à peine 800 habitants,
convertis au catholicisme par les Pères de Picpus.
Mangaréva, haute
Le commerce
est
volcanique, renferme
et
de 100.000 francs
et
le
La
principale,
chef- lieu
Rikitea.
provient de la vente do la
nacre. IV. Iles Touboiaï.
— Au
sud de
Taïti, se trouve le
Toubouaï, annexées en 1874. Hautes
îles
que 500 habitants, qui sont catholiques. l'île
et volcaniques, elles n'ont
On
y rattache, plus au sud,
Ra;pa ou Opara, 150 habitants, importante par sa position
téo-ique, et
pour laquelle une convention de neutraUté paraît
avec l'Angleterre. V. Iles Wallis.
sur les
îles
— En 1887,
la
France a
donna son nom, ces
îles
le
commodore
sont situées par
dans l'océan Pacifique, au nord-est des la
établi
stra-
éta])lie
son protectorat
WaUis.
Découvertes en 1707, par
de
groupe dos
Nouvelle-Calédonie
et
de
anglais Wallis,
le
170'^
îles Fidji,
(|ui
Iciii-
de longitude
esl
à égale dislaïue
Taîti. L'ile principale
de rarchii)el,
Ouvea, renferme une population de 3.000 indigènes Maoris. De
,
LA FRANCE COLONIALE
330
grande
LaiJle,
bien
faits,
doux, hospitaliers,
pratiquent la
ils
reli-
gion catholique, ayant été convertis par des missionnaires maristes français débarqués dans l'archipel vers 1837.
Ouvea possède un bon port d'une profondeur suffisante pour mettre aux navires d'un fort tonnage d'y séjourner.
Au
point de vue commercial, l'importance des
viendra considérable avec sur les routes de
le
temps,
Panama en Chine
au point de vue mihtaire,
Taïti;
Ces raisons ont
duite. L'amiral
Mauq
de
Nouvelle-Calédonie à
et les
Amélia
la
y trouveront du
escadres
et y
opéreront leurs réparacon-
lui dicter sa
de Saint-Hilaire a été chargé de se rendre à
Ouvea à bord du Ducrès, la reine
de-
étape de ravitaillement
au gouvernement pour
suffi
WaUis
comme
charbon, des matériaux de rechange tions.
îles
per-
et les
et, à la suite
de courts pourparlers avec
principaux chefs de tribus,
il
a conclu
un
nouveau traité de commerce sur les bases élargies de celui de 1842. Ce traité, approuvé par le président de la République, est inséré au Bulletin des Lois (1887). Cette acquisition nouvelle de la France est due entièrement à
de nos missionnaires catholiques, qui
l'influence
partout la grande idée de la patrie
,
et lui
rendent
maintiennent
les plus signalés
services, sans en recevoir toujours la reconnaissance méritée.
VI. Iles Clipperton.
—
Signalons enfin
situé à l'extrémité de l'Océanie
sud des
îles
non
,
l'îlot
loin des côtes
de Clipperton
du Mexique, au
Revillagédo, par 10° 17' de latitude nord et llio 27' de
occidentale de Paris. Ce n'est qu'un attolon rocheux,
longitude
sans étendue, mais qui peut devenir un point de relâche pour les navires
et
acquérir de l'importance pour nous lorsque l'ou-
verture du canal de
Panama aura développé
la
navigation dans ces
parages.
—
La pèche des perles aux îles Basses. mence dans la matinée avant d'entamer le ;
pêcheurs se groupent sur
le
«
La plonge com-
travail quotidien
bateau et chargent
le
,
plus digne ou
les le
plus respectable d'entre eux de réciter une prière que tous suivent
avec ferveur. Le bateau est sur faits
;
ils
le lieu
de pêche. Les apprêts sont
ne sont pas longs. Pour tout vêtement, l'indigène a son
par 60, pour
tout outil
face, les fonds
que
le
une
lunette. Destinée à examiner, de la sur-
plongeur doit explorer, cette lunette est assez
semblable à une lunette de
calfat
:
elle se
compose de quatre plan-
DEPENDANCES
TAITI ET
331
ches, longues de 40 à 45 centimètres, larges de 25 à 30, formant
une chambre dont l'une des deux extrémités est ouverte. « Le plongeur tuamotu est, à bon escient, considéré comme
le
meilleur plongeur de la terre. L'Indien employé aux travaux de la
pêche dans
comme un
le golfe
Persique
et à
Ceylan, et qui passe à bon droit
des meilleurs fouilleurs de mer, ne peut lui être comparé.
Hade de
Celui-ci descend dans l'eau attaché à ses pieds
servant à
lest,
défait
le
;
Taïti.
au moyen d'un poids
de 20 livres
sa ceinture contient encore 7 à 8 livres do
maintenir dans
de son premier fardeau;
les il
se
profondeurs quand
tamponne
les
il
yeux
s'est
et les
un bandeau sur
la avec du coton imbibé d'huile, s'applique bouche, va visiter les fonds de 40 pieds, reste de 50 à 00 secondes
oreilles
sous l'eau, et remonte ensuite en s'aidant de
la
corde dont
il
était
accompagné. <c
Point n'est besoin de tout cet appareil pour
le
Tuamotu,
ni
de
LA FRANCE COLONIALE
332
consistent, quelques toules ces précautions. Ses seuls préparatifs ses poumons instants avant la plonge, à faire fonctionner fortement fait, par d'énergiques mouvements d'aspiration et d'expiration. Cela
prend une dernière
il
et
copieuse provision d'air
tout vêtement, se laisse choir au fond de et
,
puis
,
l'eau, les pieds
dégagé de premiers,
d'accélérer sans que ceux-ci soient munis d'aucun poids capable
La pêche des
la rapidité
2Ô
et
mais
de sa chute.
Il
perles.
peut descendre, non à 40 pieds, mais à
30 brasses; rester sous l'eau, non 90 secondes au maximum, '2
et
même
3 minutes,
et,
une
fois sa cueillette faite,
à la surface, sans le secours d'aucun cordage, avec
promptitude.
moyenne de
1
tionnellement
il
revient
une incroyable
Chaque plonge, dans les grands fonds, dure en minute à 1 minute 1/2, rarement 2 minutes, excep3.
Des maisons de commerce ont essayé, sans y réussir, de mettre en honneur le scaphandre parmi les indigènes. Ceux-ci refusent de «
.
TAIT! ET
DÉPENDANCES
s'en servir, prétendant, et cela paraît fondé,
pareil détermine rapidement chez férieurs. Trois
font de très fructueuses pêches;
phandre
eux
Européens emploient
fait fuir les
qu'il «
les
Après
le travail
fois,
ils
du jour,
membres
in-
et, grâce à lui,
remontent à
le
sca-
la surface
tandis que le plongeur indi-
détacher rapidement,
même
en rapporte deux en
des
scaphandre
assurent en outre que
ils
sans ramener plusieurs nacres à la
gène doit se contenter de
que l'usage de cet ap-
la paralysie
le
Rarement
requins.
333
et
est bien rare
il
temps.
les
plongeurs se mettent en
devoii'
d'ouvrir les huîtres récoltées, se servant pour cela d'un large couteau qu'ils manient avec le
muscle adducteur
une grande
est tranché.
sont ensuite examinés avec
un
dextérité.
Chaque
Du
premier coup,
coquille et son contenu
soin extrême, pour qu'aucune perle
n'échappe à leurs méticuleuses recherches et ne passe inaperçue.
Les patrons ne manquent pas d'assister à cette opération; car, bien que dénué de toute poche pour la dissimuler, vite fait d'avaler la perle qu'il
le sable
Tuamotu
a
vient de découvrir. Les coquilles
appartenant aux pêcheurs indépendants déposées dans
le
sont,
humide jusqu'au jour de
une la
fois
vidées,
vente, afin que
l'évaporation ne leur fasse rien perdre de leur poids. «
La plonge
se pratique d'un bout de l'année à l'autre et plus
spécialement pendant et février.
En
les
juin, juillet,
mois de novembre, décembre, janvier août
et
septembre,
elle
n'a
heu que
l'après-midi, la température de l'eau étant trop fraîche dans la
matinée
1
'
^
Extrait des Nolices coloniales.
GUYANE FRANÇAISE
— La Guyane
Historique.
est cette
immense contrée de l'Amé-
rique méridionale circonscrite entre l'Océan d'une part, le fleuve des Amazones, son affluent
Rio-Negro,
le
Politiquement cette contrée,
part.
France, est divisée en cinq parties et française
vaste
et
quatre fois
Guyane
:
l'Orénoque, d'autre
comme
la
anglaise, hollandaise
au nord-est partie brésilienne au sud, ;
et partie
véné-
zuélienne à l'ouest.
Colomb
Cette région, découverte par
ne reçut
du
Améric Vespuce (1498-99)
et
premiers colonisateurs français qu'au commencement
les
xviic siècle.
En
1637, des marchands de
Rouen
vinrent fonder
un comptoir et le fort Louis dans l'île de Cayenne. En 1651 se forma la Compagnie de la France équinoxiale, pour l'exploitation ,
des terres
«
situées entre
l'Amazone
et
l'Orénoque
»,
mais
la pos-
session de ce territoire fut disputée par les Anglais, les HoUandais et les
que
Portugais, et le traité d'Utrecht, 1713, n'attribua à la France
la partie
comprise entre
Maroni, à l'ouest,
le
que Vincent Pinçon avait découverte en 1500 Or,
comme
situation est
il
de savoir quelle
mal déterminée
Portugal d'abord, actuellement.
s'agit
En
le Rrésil
,
et
«
la rivière
».
est cette rivière
dont
en résulta une contestation avec
il
la le
ensuite, contestation qui dure encore
1817, après
la
restitution de la colonie
parles
Portugais qui, aidés des Anglais, nous l'avaient enlevée, on convint de flxer provisoirement la limite au fleuve Oyapock, laissant
en
litige l'espace
compris entre l'Oyapock
et le
cap Nord, à l'em-
bouchure de l'Amazone. Quoi
qu'il
en
soit, la colonie
faute de colons, malgré
ment.
ne
lit
jamais de progrès sérieux,
plusieurs tentatives faites par le gouverne-
GUYANE FRANÇAISE En
335
17G3, Choiseul y expédia 15.000 Alsaciens
Lorrains, qui
et
y périrent presque tous, tués par la faim et l'insalubrité du pays. En 1797, la révolution y déporta un grand nombre de ses vic-
times;
le
coup d'État du 2 décembre 1852 y envoya des condam-
nés politiques
et
blit,
celle
plus tard
;
Guyane pour
la
Guyane reçut fois
de 1867 détermina
de peau
forçats
,
commun. Chaque
crime de droit
blanche
en
les noirs, les
les
condamnés pour
une mortalité effrayante
Nouvelle-Calédonie,
réservant
la
en
peu
Cayenne
et la
Guyane
le
plus grand
française, dont la situation est
brillante.
Géographie physique.
—
La Guyane
française est bornée au
nord-est par l'Atlantique; au sud-est par l'Oyapock, qui
du
territoire contesté,
Umac,
nord, 52o
La
au sud par
à l'ouest par le
landaise de
Surinam
et 57o
;
tiellement basse,
mer
y
le
Maroni qui elle est
Brésil ou les
fait la limite
de
comprise entre 2o
la
sépare
monts Tumucla colonie liol-
et 6^
de latitude
de longitude ouest de Paris.
côte, longue de
d'eau; la
la
Guvane.
Ces essais malheureux ont jeté, à tort ou à raison,
effet
les
Algériens et les Annamites.
Carte de
discrédit sur
s'éta-
gouvernement à expédier
le
350 kilomètres,
marécageuse
et
est
peu accidentée, essen-
sablonneuse,
manque de profondeur pour
aussi n'a-t-elle qu'une rade,
celle
presque à
fleui-
l'accès des navii-es;
de Cayenne,
accessible aux
LA FRANGE COLONIALE
33Ô
o-rands ])àtimenls.
Les embouchures de fleuves sont envasées;
de rOyapock forme un grand estuaire bordé à
Mana
Orange. Le cap
du cap
sont en face
Les
est le plus septentrional.
par
le
cap
du Salut
îles
Charlotte.
Guyane
L'intérieur de la
l'est
celle
en Terres-Basses
se divise
Hautes. Les Terres-Basses bordent
la
mer
et
et Terres-
remontent
les vallées
de fleuves jusqu'aux premiers sauts ou rapides, qu'elles franchissent à une distance variable de 20 à 80 kilomètres. Ce sont des allu-
nommées
vions argileuses, les unes sèches,
marécageuses, tourbeuses croissent les forêts
et
noyées, que l'on appelle pripris, et où
les
premières coUines qui bordent
teaux étages avec
maque,
,
des
amas d'herbes
la
par pla-
les rivières et se relient
chaîne des monts
flottant
commencent avec
terre molle. Les Terres-Hautes
un fond de
les autres
de manguiers et de palétuviers; les marais trem-
blants sont des tourbières en formation
sur
savanes,
Tumuc-Umac ou Tumucu-
située au sud. Ces monts, qui paraissent atteindre à peine
500 mètres
d'altitude,
forment
partage des eaux du bassin de
le
l'Amazone.
En somme, peu
élevé,
la
Guyane, sauf
surmonté çà
fondeurs inconnues
,
plateau
de collines de 300 à 400 mètres,
et Là
caractérisés par d'immenses
un
les plaines côtières, est
et
forêts vierges qui s'étendent à des pro-
dans lesquelles se cachent
les
sources de plu-
sieurs cours d'eau.
Les fleuves principaux sont le
Kourou,
:
le
Maroni,
Comté, l'Approuague
la
et
la
Mana,
le
Sinnamary,
l'Oyapock, qui coulent tous
parallèlement du sud au nord, ou au nord-est.
Le Maroni,
à la frontière
500 kilomètres,
Tapanahoni, fères, et
cendant
L'Oyac, ou de Cayenne
plus important; formé de l'Araua et du
le
comme
les plateaux,
la navigation.
tous les autres fleuves de la région, en des-
de nombreux sauts ou rapides qui interceptent
Son cours la
inférieur est rempli d'îles.
Comté,
reçoit
et se divise en
de-Vile, enveloppent
ïJOyapock forme
l'île
les
la rivière
nom
de Toiir-
le
de Cayenne.
au nord-ouest du
la rivière
tropical de la
son insalubrité pour
dans sa partie inférieure
deux bras qui, sous
la frontière
qui a pour hmite au sud
Le climat
d'environ
sort des forêts vierges, traverse des placers auri-
il
forme
est
franco -hollandaise, long
Guyane
d'Amapa ou est
territoire contesté,
celle
de l'Araguary.
chaud, humide
blancs est passée en proverbe
et fiévreux :
<r
;
Cayenne
GUYANE FRANÇAISE tombeau des Européens.
est le
habitée jusqu'aujourd'hui;
^
mais
337
Gela est vrai pour il
est
la côte,
probable que
les
seule
plateaux
intérieurs sont plus sains.
La température ne de 28o
;
il
soufflent juillet,
varie qu'entre
et 35o
avec une moyenne tombe plus de 4 mètres d'eau annuellement. Les vents habituellement du nord-est et de l'est. De décembre à
c'est
la
20-^
,
saison pluvieuse ou hivernage; la saison sèche,
La moûlagne d'Argent
[iJuyane).
plus courte, va de juillet à octobre- novembre. relatif vient
en mars.
Il
y a
moins d'ouragans
et
Un
Ijeau
temps
de raz-de-marée
qu'aux Antilles. l'or et sans doute Los productions naturelles y sont variées d'autres métaux ne lui manquent pas. La Guyane est le légendaire :
Eldorado, y est
le
pays de
l'or
ou de
«
l'Homme doré
d'une puissance exceptionnelle.
Il
Le règne végétal
».
y a abondance de bois de
charpente, de marine, de teinture, d'ébénislerie
:
ac;ijou,
palis-
sandre, ébène verte, bois de rose, cendi'c jaune, bois violet, bois d'angélique, cèdi-e noir, arbre à pain, arbre à
lait,
gommier,
miers de toute espèce. 22
pal-
.
LA FRANGE COLONIALE
338
Parmi tapir,
animaux, citons une foule de singes,
les
l'armadille, l'agouti, le fourmilier,
le
le
jaguar,
le
paresseux, les perro-
alligators, torquets, les oiseaux-mouches, les reptiles: iguanes,
tues; les poissons; en outre,
des myriades d'insectes ennemis de
l'homme, qui ne contribuent pas peu à rendre contrée peu
le
séjour de cette
commode.
aux grands, des bons aux féroces, des plus laids animaux aux plus beaux, cette misérable France équinoxiale a des bourdoimants moustiques à foison; c'est l'homme qui lui manque Des
<r
petits
:
et
mouche
suçants;
«
ou plutôt homicide, car bouche ou l'oreille pond ses œufs
hominivore
entre dans le crâne par la l'on
meurt de
que
la
la
méningite
poudre seule
,
elle et
,
fourmis qu'un ruisseau n'effraye pas
;
reculer; scorpions et mille-pattes; l'arai-
fait
Q-née-crabe, monstre velu: l'anguille électrique,
»
dont
le
le
mortel à ceux qu'il pique;
crapaud pipa, monstre pustuleux;
choc terrasse;
le
court serpent
le corail,
boa, long de huit mètres, assez fort
pour enrouler, écraser, ensaliver, engloutir et digérer les grosses bétes qui courent dans la savane; le caïman, le jaguar, le tapir avec son rudiment de trompe; des singes sans nombre; des oiseaux de tout plumage et de toute envergure, dont l'un, l'urubu, noir vautour, est ici, comme ailleurs, en Amérique torride, le grand
entrepreneur de salubrité publique, par
charognes
'.
la
prompte expédition des
»
Géographie politioue.
— La Guyane française compte une popu-
lation coloniale de 20.000 habitants à peine, sur
lué est
un
territoire éva-
vacmement à 70 ou 100.000 kilomètres carrés, dont un dixième exploité. On y compte seulement 2.000 blancs, y compris les
troupes et
le
personnel des administrations. Les blancs créoles, au
nombre de 1.000, sont de
diverses
Les indigènes
nationaUtés.
sont des Indiens Galibis, Approuagues, .Vrovacas, Émérillons, Roucouyennes qui sont plus ou moins nomades et sauvages des ;
,
nèores marrons, descendants d'esclaves évadés bois; des mulâtres et quelques coolies hindous
ceux qui furent engagés tures.
On y
comme
parle le français ou
Admiî«jistration.
—
La
travailleurs le créole.
colonie a
»
Onésime Reclus,
la
France
et ses colornes.
vivant dans les
aux mines
et
aux
de
cul-
Le catholicisme domine.
un gouverneur
Cayenne, ainsi qu'un préfet apostolique
à
et
et chinois, reste
et
civil
résidant
une cour
d'appel.
Elle
nomme un
GUYANE FRANÇAISE
339
Chambre
en
député à
la
française. Elle est divisée
Flore de la Guyane. 1. 3.
Rafflesia Arnoldi.
Phalœnopsis amabilis. 6.
4.
2.
Niphobolus pulescens. 5. Cycas
.Krides suaveolens.
Nepenihesdistillaloria.
7.
circiiinalis.
Scindapsus pcriusus.
quatorze communes, dont une iirhaine, Cayenne;
les aulics nirdh^-i
ou quartiers. Les centres d'habitations se trouvent tous aux cinbouchiires des
LA FRANGE COLONIALE
340
fleuves et
en portent ordinairement
rent du Maroni,
—
d'Arabes;
— Oyapock,
lavages d'or;
sement Saint-Paul et
de
la
— Approuague,
Mère;
la
Sinnamary , qui
;
— —
les îlots cùtiers
du
deux
date de
Cayenne- Tour -de -Vile, avec
ville, et
de
et
—
et
,
siècles;
du Salut
ancienne station, ayant des
où, en 1725,
où existaient
de Saint-
les religieuses
ses pénitenciers de la côte et des îles
Kourou y avec Père
le
;
Saint-Lau-
:
plus florissant, ayant un grand pénitencier
Maiia, fondée en 18:28 par
Joseph-de-Gluny
Cayenne ,
nom. Tels sont
le
le
P.
Fauque fonda
l'établis-
de Saint-Georges
les pénitenciers
Montagne -d'Argent.
Malheureusement en
dence.
Il
niales,
comme pour
la
est ainsi
Guyane, pour
loin de prospérer,
en déca-
est
les essais de cultures de denrées colo-
l'extraction de l'or dans les placers aurifères
des sables de rivières, qui donnèrent cependant pour
et le lavage
4 millions d'or en 1877. Les tentatives de colonisation pour les
condamnés transportés dans de nombreux pénitenciers n'ont guère eu plus de succès tout paraît avoir échoué soit devant la mor;
pour cause de mauvaise
soit
talité,
manquent pour
administration.
dont
les
bras
qui sont réduites à 7.000 hectares de
les cultures,
plantations de canne, café, rocou, coton, et
Les
produits sont insuffisants
vivres
«
même
pour
j)
les
ou légumes, besoins des
rares colons.
Les pénitenciers ne sont plus qu'au nombre de quatre ceux de Saint- Laurent, sur le Maroni, pour les Arabes d'Algérie, de la :
rivière
Kourou, des
Cayenne, truite
du Salut
de Cayenne.
et
chef- lieu de la Guyane, est une belle ville, cons-
le
en bois
îles
;
a 8.000 habitants, la plupart nègres ou mulâ-
elle
tres. Elle est située
en avant d'une
de Cayenne s' embranchant avec
île fluviale
la rivière
formée par
la rivière
Oyac. Sa rade est bonne,
mais son port ne peut recevoir que des bâtiments de 500 tonneaux.
Cayenne concentre tout
le
peine à 8 miflions de francs
,
commerce extérieur, qui s'élève à dont un million seulement pour les
exportations de produits coloniaux
:
or, sucre,
rocou, poivre
et
clous de girofle, peaux brutes.
Les importations comprennent pour 7 millions de marchandises tissus et vêtements,
chaussures, viandes salées et conserves,
;
li-
queurs, vins destinés aux résidents et colons et provenant presque ,
,
exclusivement de France, sauf
La Guyane
est
la
morue de Terre-Neuve.
en relations mensuelles avec
la
Martinique par
FHANCE COLONIALE
l-A
:^/,2
mais
les traiisallaiiliques français et anglais;
par télégraphe avec
reliée
deux
de colonisation
siècles
d'autant moins que
France.
la
satisfaisante de notre
peu
situation
Toile est la
et
,
les parties anglaises et hollandaises,
et fait
un
^250.000 habitants, produit
Espérons que notre
trafic
le
chmat
jouissent d'une pros-
elle
moyen
mais une source de profits et un
mère
de plus de 140 miUions.
France équinoxiale
«
torpeur et que, imitant ses voisines,
la
mômes,
où
croissante. La Guyane hollandaise compte 80.000 habitants un commerce de 40 millions, et la Guyane 'anglaise, avec
périté
de
Guyane après
ce médiocre résultat se comprend
conditions naturelles sont les
et les
pas encore
elle n'est
j>
sortira
un jour de
sa
sera non plus une charge,
d'extension pour l'influence
patrie.
Ajoutons
ici
quelques détails sur
nègres marrons, à
les
Indiens Galibis
et
sur les
la Cxuyane.
—
Les Lndiens Galibis.
«
les côtes,
Les Indiens Galibis habitent
surtout à l'embouchure des fleuves. On en compte à peu près 7.000, tous soumis à la France; mais cette reconnaissance de notre autorité
ne se manifeste guère qu'au
moment où
ils
élisent
un
capitaine chef de tribu, dont le grade est soumis à la confirmation
du gouverneur. ((
Les Galibis, en
effet,
sont encore des nomades. Se jugent-ils
dans l'exercice de ce
lésés
enfants, bagages,
ils
qu'ils appellent leur liberté,
embarquent tout dans une pirogue
construire ailleurs leur cabane. Parfois
pur caprice.
Il est
vrai de dire
même
que leurs
ils
frais
femmes, et
vont
déménagent par
d'installation sont
médiocres, la plupart d'entre eux ayant pour demeures des ajou-
pas,
toits
de feuilles soutenus par des piquets fourchus, ou des
carbels, cabanes supportées par des piquets de quatre mètres de
haut.
On y monte par
Élevés ainsi en ni les
des poteaux entaillés en forme d'échelle.
l'air, ils
sont logés plus sainement et ne craignent
insectes dangereux ni les bêtes féroces. Leur mobilier consiste
en quelques hamacs, des instruments aratoires, des bancs de bois et
des pots vernissés.
êtres et
doux
jamais
Nos missionnaires ont
et sociables,
ils
mais
ils
réussi à en faire des
n'ont ni intelhgence ni énergie,
ne s'élèveront au-dessus de
la satisfaction
de leurs
besoins matériels. « Il
et les
y a bientôt
un
siècle, c'était la
économistes de vanter
l'état
mode parmi
les
philosophes
de nature. Malouet, dans ses
GUYANE FRANÇAISE Mémoires,
consacre
intéressants,
<railleurs
343
plusieurs
pages
vanter leurs vertus, et présente presque leur genre de vie
un
idéal à poursuivre. Cette admiration rétrospective
rire aujourd'hui.
nous
à
comme
fait
sou-
»
—
Les nègres marrons.
En dehors
«
nègres, aujourd'hui travailleurs libres
des anciens esclaves
et bientôt citoyens actifs,
il
nous faut mentionner un certain nombre de tribus nègres, qui mènent dans les grands bois du Maroni la vie que leurs ancêtres menaient jadis dans
Guyane
hollandaise.
On
désigne sous
les
le
descendants
les
marrons, comme on
d'esclaves évadés, de nègres la
Ce sont
les forêts équatoriales.
les appelait,
nom
de
générique de
nègres Boshs ou Bonis. Leur nombre n'a jamais été bien connu, et
de grandes inégalités se produisent dans leur appréciation. Les
uns
les
recensement,
inférieur. D'après le dernier
une
un
évaluent à 25.000, et les autres donnent ils
chiffre bien
étaient 17.000. C'est
un chef suprême et électif, le commandé par un capitaine. Les
sorte de fédération obéissant à
grand Man. Chaque
village est
affaires correctionnelles sont
graves sont déférées à
Man, Les
de sa juridiction. Les causes
un jury des
villages boshs
ressemblent aux villages africains. Les
nègres se construisent des huttes closes tous les regards.
On
l'état
le reste
de nature,
dérobent leur intimité à travail, d'in-
ne travaillent que pour vivre,
Ils
du temps à danser et
et
ne voit chez eux aucun signe de
dustrie et de relations utiles.
passent
et à boire.
Ils
vivent
et
bien à
si
sont tellement revenus à la superstition de leurs
ancêtres, que, lorsque meurt
un
des leurs, les autres passent
nuit à pousser des cris sauvages, afin d'empêcher esprits de venir enlever leur est
les plus
capitaines présidé par le grand
compagnon. En 1862,
venu à Cayenne. Ce sont nos costumes qui Font
les le le
la
mauvais
grand
Man
plus vive-
a fallu céder à son caprice et lui donner
un uni-
forme, qu'il porte dans les grandes occasions avec une
majesté
ment
frappé.
bouffonne. cette
Il
Comme
ses ministres ont,
grotesque,
parodie
nos
officiers
l'éternelle plaisanterie des boites
d'ornement.
J^e
eux aussi, réclamé pour eux ont renouvelé pour
de conserves
(lis(iibu('Os
ministre des affaires étrangères ou
tel
en
eux guisi*
aulie haut
dignitaire bosh porte avec gravité sur son couvre-chef ou sur sou
cœur une plaque en Nantes, '
»
ou
:
<r
cuivre doré où on
Sardines à l'huile de
Gaifahiîl, Les Colonies franraiica.
la
lit
:
«
Bn-uf à
Rochelle'.
»
la
modo de
LES ANTILLES
LA MARTINIQUE ET LA GUADELOUPE
— Les
Historique. situées
îles Antilles, si fertiles el si
deux Amériques, furent
entre les
avantageusement premières
les
terres
découvertes par Christophe Colomb en 1492 et 1493.
un grand
Exploitées ou colonisées d'abord par les Espagnols,
nombre
d'entre
Anglais
et
tombèrent au
elles
des Français.
C'est
xvii^
siècle
aux mains des
en 1G25 seulement que Richelieu
Compagnie française des Indes occidentales , et que le sire capitaine du roy dans les mers du Ponant (de l'ocd'Esnambuc,
fonda
la
<r
cident),
sivement
»
vint occuper Saint- Christophe; la
Guadeloupe,
Tabago, Saint- Vincent
Martinique,
la
et la
plupart des
partie occidentale de la grande île Haïti
heureusement
cette colonisation
hommes
tion à outrance des
la
ne
prit ensuite succes-
du Vent,
lies
la
Grenade,
ainsi
que
la
ou Saint-Domingue. Mallongtemps qu'une exploita-
fut
et des
on
Dominique,
choses
:
les
indigènes caraïbes
furent massacrés, et l'on dut recourir au travail des esclaves nègres
enlevés en Afrique l'un obtint
;
des
îles
pour 60.000
furent vendues à des particuliers, dont
livres la
Martinique
et Sainte-
Lucie
;
des
guerres de rivalité, des brigandages dévastèrent sans relâche ces colonies,
que
entreprises
l'on
ne considérait à
purement
En 1672, Louis XTV 5 millions de plusieurs fois,
Domingue,
cette
époque que
comme
des
financières.
livres,
racheta à une deuxième compagnie, pour
de 1759
libérés trop
que l'Angleterre nous enleva
Antilles,
les
à
1810.
En
1790,
brusquement
et
les
noirs
de Saint-
imprudemment par
les
décrets révolutionnaires de l'Assemblée constituante se révoltèrent ,
et se rendirent maîtres
de
l'île
Haïti
,
qui forme aujourd'hui deux
LES ANTILLES
En
Ktats indépendants.
Antilles qui et
ses
1815, les Anglais nous rendirent celles des
nous restent,
dépendances,
345
c'est-à-dire la Martinique, la
et la
Guadeloupe
moitié de Saint-Martin. L'île Saint-Bar-
thélémy, que nous avions cédée à la Suède en 178 i-, nous fut rétrocédée en 1877, moyennant compensation financière.
—
Géographie physique.
Les Antilles françaises sont situées et 63-65o de longitude ouest; elles font
par 14-180 de latitude nord partie de l'archipel des îles
^OT^Th
Sous-le-Vent ou des
ffr.J
\63° 3o-
Ca^aL
'^
lej
petites Antilles
Sainte' -M-ÔJ^ Sainte Jtoséa
Ca^ietrut^
ci? la-
cU
0.
Pcuris.
J?omxnxçiL&
,
P.I.cU-lo' CaravellCf
£^° nnTi_iy^u,e^ àrlinique
1
S.Vhruiàn^
PETITES / f ANTILLES. / / la.ooo.ooo.
MarbcLtie)
^^'^'^^^ a=
':OrcncLcie-
tfl
O^Pl^BeLhoTTL'
l^:::^^Assompkony
CanaJL Sr" Lucien
Carte des Antilles françaises et de la Martinique.
une courbe remarquable des côtes de
occidentales, qui décrit
Guyane aux grandes Elles sont
au nombre de deux grandes
Guadeloupe, séparées par petites îles, savoir
Dominique
la
îles, la
sines de la Guadeloupe,
l'île
Martinique
et la
anglaise, et de plusieurs
Désirade, Marie -Galante,
la
:
la
Antilles.
Saint -Barthélémy et
les Saintes, la
voi-
moitié do
l'île
Saint-Martin, situées plus au nord.
La Martinique, dinina,
soit
ainsi
nommée,
soit
de son
par Christophe Colomb, qui
Saint-Martin (1493), est une
île
la
nom
caraïbe la 3/«-
découvrit
le
largeur et de 987 kilomètres carrés de superficie. Sa forme, allongée, est fortement ébréchée au sud-ouest par
de Fort-de-France
et
du Marin, que sépare
mant. La côte orientale projette sine de
nombreuses
Cayes, de l'espagnol
l)aies «
la
la
presqu'île de
»,
les
la
la
'.\()dc
elliptiipu',
deux
presqu'île
Itaies
du Dia-
Caravelle et des-
renfermaut une miiiUliKle
Cayos
jour de
de 70 kilomètres de longueur sur
d'ilols appelés
rochers. Ces l)aics sont inalinMi-
I^A
3/^6
FRANGE COLONIALE
reusemciit rendues inliospitalières par des bancs de récifs madir
poriques.
Goiiïullalion d'un guérisseur nègre (Martinique).
Son
sol
volcanique, montagneux, est surmonté de pitons boisés
et
de mornes ou collines de laves
la
montagne Pelée, 1.350 mètres,
partie sud est
moins élevée
et
;
il
et
est
dominé au nord-ouest par
par
les pilons
du Carbel
do nature plus argileuse.
;
la
LES ANTILLES Parmi lonnent
Lézard
les
nombreux
les flancs
347
torrents, souvent à sec en hiver, qui
sil-
des montagnes, les principaux sont la rivière du
et la rivière Salëe.
La Guadeloupe
par vénération pour Notre-Dame de
Espagne. C'est une
Iles distinctes,
la
Guadeloupe,
soit à
île
soit
cause de
montagnes estramaduriennes de
sa ressemblance avec les
nom en
par Christophe Colomb,
fut ainsi baptisée
même
double, en réalité formée de deux-
séparées par la rivière Salée, sorte de canal maritime
naturel, large de 20 à 50 mètres,
qui
semble creusé dans un
3o
'fia
Guadeloupe
la
—
isthme de terres basses. la
Guadeloupe proprement
mais improprement, car élevée de
piton de
1
et
de ses dé|ien lances.
L'île occidentale,
de forme ovalaire, ou
dite, est aussi appelée la
c'est
une
ile
Basse- Terre,
volcanique, montagneuse,
mont Sans-Toucher, et de 1 .48i mètres au volcan en activité. Son cours d'eau principal
la
Soufrière,
Goyave; son
littoral,
escarpé, bordé de l)risants,
(^st
accessible. L'ile orientale, aussi faussement appelée la (Irandc-
Terre
,
est la plus petite des
lines, s;iuf
deux
Entre
:
c'est
quelques mornes, sans bois
caire boit l'eau pluviale; elle est les plus
une
])asse,
ile
ni rivières,
néanmoins
sans col-
car son sol cal-
très fertile cl renfciiiie
grandes cultures de canne à sucre. les
deux
terres s'ouvrent
Grand-Cul-de-Sac-Marin le
Tcrre,d>:nCc^s<!^
.480 mètres au
est la Rivière à
peu
^
/.^Tcpre-d'enHaut
^<.^if^^
Carie de
,
Petit-Cul-de-Sac, avec
,
deux golfes appelés, au nord,
terminé par la
baie
d(^
la
baie de Lameiilin
IV»inle-à Pitre.
;
h;
au sud,
La Graiide-Tenv,
LA FHANCb; COLONIALE
348 (le
lorme triangulaire, projette ù
longue pointe des Clià-
la
l'est
teaux, terminée par des aiguilles basaltiques, et s'avancant
pour séparer
de
l'ile
Désirade de deux
la
opposition à la Grande-Terre, ont
La Désirade y ou aperçoit en
rocheuse
la
«
première terre que l'on
la
une
c'est
de forme allongée,
île
fertile.
Marie-Galante
L'île
Colomb,
appelés Petite-Terre.
ét('
Désirée », est
venant d'Europe;
peu
et
comme
qui, sans doute par
îlots
de
est ainsi appelée
la goélette
de Christophe
Maria-Galanda (Marie-Gracieuse). De forme arrondie,
la
elle est plate à l'intérieur, fertile et
L'archipel
des
Saintes,
bien boisée.
"Santos,
los
est
formée de
volcaniques découverts par Christophe Colomb
le
six
jour de
la
îlots
Tous-
saint.
Les
Saint-Barthélémy
îles
nord de
la
Saint-Barthélémy est un
que souvent sines.
—
et
Saint-Martin sont situées à 50 heues
Guadeloupe, au milieu
il
anglaises et hollandaises.
d'îles
de 21 kilomètres carrés, tellement sec,
îlot
faut aller chercher de l'eau potable dans les îles voi-
L'île Saint-Martin, plus considérable
que
précédentes
les
(55 kilomètres carrés), n'appartient à la France que pour les deux tiers, la partie
nord, avec
l'îlot
—
Climat et productio^-s. par leur nature volcanique les plus
tempéré par
variant de 17o à 33o,
:
pluies
peu d'étendue, de
l'île
les brises
même somme
4 mètres), torrentielles sons
Par leur situation intertropicale,
et leur
grandes analogies avec
chaull, mais
Tintamarre.
les Antilles
Réunion.
la
de mer,
même
Même
ont
climat
température
de pluies abondantes (3 à
et périodiques,
même
succession de sai-
hiver sec et rafraîchissant, été pluvieux et chaud (car les
accompagnent toujours
tefois cette différence
Antilles ont l'été en
le soleil
dans sa course).
les
y a tou-
que, situées dans l'hémisphère opposé, les
même temps
que l'Europe, de mai à sep-
tembre, alors que Bourbon a son hiver,
Les ouragans,
Il
raz-de-marée,
et
réciproquement.
tremblements de terre
les
presque annuels, y font parfois de grands ravages. En 1838 Fortde-France, et en 1843 Pointe-à-Pitre, ont été complètement détruits.
Les minéraux sont presque nuls, sauf
—
La
flore
est
arborescentes,
riclie
le
soufre et le sel marin,
en espèces tropicales
conifères, arbre à pain,
muscadier, caféier, goyavier,
giroflier,
:
palmiers, fougères
mancenillier,
avocatier,
tamarin, campêche, acajou,
,, ,,,
LES ANTILLES
349
térébinthe, cotonnier, cacaoyer, ananas, etc.
peu considérable,
rongeur de
de marsupiau de
sorte
La faune indigène, les reptiles, les
communs. On y pêche même
vipères, les poissons sont
Le manicou,
—
pauvre en mammifères; mais
est
la
la baleine.
Martinique, et l'agouti,
Guadeloupe, ont une chair comestible. Les espèces domestiques ont été importées d'Europe. la
Géographie politique.
— La population
Leur
leurs immigrants. n'égale la
que
totale des Antilles fran-
non compris 15
çaises est de 330.000 habitants,
de 2.G30 kilomètres carrés,
superficie,
d'un département français
la moitié
à 20.000 travail-
mais
;
la densité
de
presque
le
population est de 125 habitants par kilomètre carré
double de
En
voici
celle
1°
Martinique,
2°
Guadeloupe
3° Désirade
de France.
tableau statistique
le*
superficie
— — — — — —
,
,
4° Marie-Galante
,
S" Les Saintes,
6° Saint-Barthélemy, 7° Saint -Martin,
Ces
iles
:
:
987 kilom. carrés
population 165 000 habit.
1380 kilom. carrés 26 kilom. carrés 150 kilom. carrés 13 kilom. carrés
21 kilom. carrés
55 kilom. carrés
sont peuplées, pour
cendants de Français; pour
— — — — — —
140000 2 000
habit. habit.
15 000 habit.
600 000
habit.
4000
habit.
1
3
un dixième, de blancs ou
liabit.
créoles des-
dixièmes, de nègres libérés et
les huit
gens de couleur (mulâtres, quarterons, grillons, câpres), résultant
du mélange des deux races. Le dernier dixième comprend les Européens, soldats ou fonctionnaires, et les travailleurs immigrants indous table
forment
et chinois qui
que
la
la
massacre qu'en ont
fait les
mais
|)eu
pas grandes pour
les
ait
Il
est regret-
entièrement disparu par
le
premiers colons blancs.
Les mulâtres, qui constituent intelhgeiits,
population flottante.
race indigène caraïbe
la
masse du peuple et
ti^availleurs,
blancs, dont
le
leurs
antillien, sont
sympathies ne sont
noml)ro et riullueiice dimi-
nuent.
La langue Antilles; elle
française est d'uji emploi pi'csque exclusif dans nos
domine aussi dans
la
Dominique anglaise
La plupart des écoles primaires sont tenues par Le christianisme
est
Administration.
et à JJaïli.
les coiigréganistes.
généralement professé.
—
Les Antilles françaises forment deux gou-
vernements, dont l'un comprend
la
]\[arlini(|uo
scnli-,
cl
Taulre
LA FRANCE COLOMIALE
:{50
Guadeloupe avec ses dépendances, qui sont toutes les [)etites députés à la Chambre îles. Chaque gouvernement nomme deux
la
française.
La Martlmque compte 105.000 habitants; arrondissements
:
Kort-de-h^rance et Saint-Pierre,
Paysage de
vingt-six
elle est divisée
la
et
en deux
comprend
Martinique.
communes, qui sont beaucoup
plus vastes que celles de
la
métropole.
Fort-de-France , 1^2.000 habitants,
est le siège
du gouvernement
est cour d'appel. Situé sur une rade superbe, son port sur Saint-Louis, excellent, sa position miUtaire magnifique. Le fort
et
de
une
la
presqu'île rocheuse, le domine.
Saint-Pierre, 23.000 habitants, ville épiscopale, sur manque de port; mais sa bonne rade foraine en fait place de
commerce des
Antilles françaises.
la
côte ouest,
la principale
LES ANTILLES Les autres centres populeux sont
le
351
Lamentin,
le
Marin,
la Tri-
nité, la Basse-Pointe.
La Guadeloupe a 140.000 elles
forment ensemble
Pointe- à- Pitre
et
habitants, et ses dépendances 25.000;
trois
arrondissements
:
la
Basse- Terre,
Marie -Galante, comprenant trente-quatre com-
munes.
' ^^^^'rZr^'^* Paysage de
La
ville
de Basse- Terre est
la
le
Guadeloupe.
chef- lieu
du gouvernement,
!»
siège de la cour d'appel et de l'éveché. Située sur la C()te sud-ouest
de
l'île
qui porte
le
môme nom,
elle n'a
sa population, en décadence, n'est phis
Au
qu'une rade foraine,
qii(>
et
de 8.000 habiianls.
contraire, Pointe-à- Pitre, 17.(K)0 habitants, est llorissaiil.».
Située entre les deux
îles,
belle rade, bien abritée,
commerce de
en
au sud-ouest de fliit
la
la
Grande-Torre, sa
principale place do guerre «H
.le
la colonie.
Le Moule, 8.000 habitants,
q\,
Port-Louis, dans
la
(Iraiide-Torro-
LA FRANCE COLONIALE
352
Sainte- Marie et Capesterre, dans
la
Basse -Terre, sont d'autres
petites villes maritimes.
chef-lieu
le
ne forme qu'une commune, dont
12.000 habitants,
La Désirade, est
le
de
l)ourg
Grande-Anse. Elle possède une
la
léproserie.
Marie- Galante, 15.000 habitants, forme un arrondissement et trois communes. Son chef-lieu est Grand-Bourg, au sud-ouest de l'Ile.
Culture de canne et pèche.
Les Saintes, 1.600 habitants, forment Terre-de-Haut bien
et
fortifiées,
les
deux communes de
de Terre-de-Bas. Roclieuses, bordées de
elles
récifs et
sont le Gibraltar français des Antilles. Les
habitants sont d'excellents marins et pêcheurs. L'île
Saint-Bartiiélemy, 3.000 habitants, forme
Carénage
,
forme
commune du
de
Saint-Martin,
l'ile
qui fut
4.000
habitants,
Marigot. Elle renferme d'excellents mouil-
—
eaux sont très poissonneuses.
lages, et ses
et
,
retraite de flibustiers.
française
partie la
commune du
port que les Suédois avaient appelé Gustavia
longtemps une
La
la
La
partie hollan-
daise a d'importantes salines et pour chef- lieu Philippsburg
port
,
actif.
Commerce.
—
Les Antilles sont,
comme
la
Réunion, des colonies
à cultures ou à plantations de canne à sucre, produit dominant; cacao, café, qui fut tabac,
épices, etc.
cultures de
«
vivres
un
A ï>
instant
ces
abandonné; coton, rocou,
cultures
du pays
:
ind^ustrielles
le
;
se joignent les
manioc, banane, iguane, patate,
arbre à pain, ananas. La canne à sucre Antilles
vanille,
fait
la vraie richesse
des
elle se cultive sur les côtes jusqu'à 300 mètres d'altitude,
café jusqu'à 600 mètres; au delà s'étagent les forêts d'acajou,
de bois de campêche, de bois de fer, de catalpas, etc. La pêche est une grande ressource pour l'ile Marie- Galante. Saint-Martin exploite des salines. Le soufre des volcans de la Soufrière est
abondant, mais inexploité.
Les routes coloniales sont assez nombreuses, et possède même quelques chemins de fer à voie
la
Grande -Terre
étroite
qui
des-
servent les usines à sucre.
Le commerce général
s'élève,
année moyenne, à 120 millions
de francs, se partageant par moitié entre la Martinique deloupe, et aussi à peu près par moitié en exportations tions.
et la et
Gua-
importa-
»
LES ANTILLES Les exportations consistent pour
rhum
353
5/6 en sucre et ses dérivés
les
;
(eau -de -vie), sirops et mélasses, puis en rocou, vanille, casse, bois de teinture. Les importations consistent en et tafia
—
vins, viandes salées et beurre, habillements, objets de luxe, outils et
métaux ouvrés, venant de France, morue de Terre-Neuve,
farine des États-Unis, guano, houille anglaise.
Les échanges se font avec
France, pour
la
exportations et 1/3 des importations),
le reste
la moitié (2/3
des
avec les États-Unis,
l'Angleterre, les Antilles anglaises et espagnoles, Haïti.
— Le pavil-
lon étranger (américain, anglais) prévaut pour les transports sur
Ce dernier correspond surtout avec Saint -Nazaire, Bordeaux, Marseille.
le pavillon français.
Les grands marchés coloniaux sont Saint-Pierre de et Pointe-à-Pitre,
la
le
Havre,
Martinique
où, ainsi qu'à Fort-de-France, les transatlan-
tiques français et anglais font relâche.
Des câbles sous -marins
relient les Antilles françaises et leurs
voisines à l'Europe par les États-Unis et Terre-Neuve, et par le Brésil et Lisbonne.
Ajoutons,
comme
termes de comparaison, que
le
commerce de
Haïti s'élève à 100 millions, celui des Antilles anglaises à 300 millions
celui
et
1 milliard
de Cuba
et
Porto-Rico, aux Espagnols, à plus de
de francs.
La nature aux Antilles.
—
«
Terminons
par une esquisse des grands spectacles que
Contemplons une matinée des
Antilles
le
tableau des Antilles
la
nature y développe.
dans
la saison des fortes
losées, et pour en jouir complètement, saisissons le le soleil,
quille,
paraissant avec tout son éclat dans
dore de ses premiers feux
la
un
ciel
moment où pur
cime des montagnes,
larges feuilles de bananiers et les toulfes des orangers.
réseaux de lumière qui
les
:
les gouttes
l'insecte qui c(
la
les les
les feuil-
plus trans-
imperceptibles de rosée qu'ils ont retenues,
ne sont plus qu'autant de perles que mille nuances, et
Sous
gazent avec délicatesse, tous
lage divers semblent tissus de la soie la plus fine et
parente
et tran-
le soleil
se plait à colorer de
du centre de chaque groupe de
feuilles étincelle
nage dans ces gouttes d'eau.
Les prairies n'oITrent pas
un
as[)e('t
surface de la terre n'csl qu'une plaine
Souvent, lorsque qui couvraient
les
rayons du
le vaste
soleil
moins ravissant de ont
miroir de l()':éan,
cristal <lissii)(!'
une
et
les
:
ton
If
l;i
de <lianiant. bronillai'ds
illusion
d'oi)tiquo 23
LA FRANGE COLONIALE
334
TanUH
vient on doubler les flots et les rivages.
énorme
lit
de sable là où s'étendait
un
l'on croit voir
mer, tantôt
la
canots
les
éloi-
gnés semblent se perdre dans une vapeur embrasée, ou, soulevés au-dessus de l'Océan,
temps qu'on
ils
flottent
ombre s'y réfléchir
voit leur
mirage sont fréquents dans
même
dans une mer aérienne, en
les climats
fidèlement. Ces effets de
équatoriaux.
La douce tem-
pérature de la matinée permet à l'ami de la nature d'admirer les riches paysages de cet archipel. Quelques montagnes nues et ren-
versés l'une sur l'autre dominent par leur élévation toute la scène inférieure.
A
leurs pieds se prolongent des
montagnes plus basses,
couvertes de forêts épaisses. Les collines forment din de cet amphithéâtre majestueux;
qu'aux bords de la mer, de la plus noble sont des moulins
et ,
de
elles
depuis
troisième gra-
sommets
A
chaque pas, ce
des habitations qu'on voit à travers les branches
ou qu'on entrevoit ensevelis dans les ombres de la forêt. « Les plaines offrent également des tableaux neufs
Pour vous en former une
gnant et la
le
;
l'ornement de nos les
cocotiers,
les
faites-en à plaisir mille groupes différents, en y joi-
tamarinier, l'oranger et tels autres arbres dont les nuances
hauteur leur soient proportionnées
touffes bizarres
Yoléandre corclia
fait
rassemblez les palmiers,
jardins botaniques;
et variés.
en pensée tous ces arbres
idée, réunissez
et arbustes dont la magnifique végétation
plantaniers
jus-
sont couvertes d'arbres et d'arbrisseaux
plus belle structure.
la
le
leurs
ou
vigne de
;
voyez jouer au milieu
de l'épine de Jérusalem,
sébestriers,
les
les
buissons de
l'écarlate vive et brihante des
et des roses d'Afrique,
Grenade,
les riches
les
berceaux entrelacés du jasmin
bouquets délicats du
lilas,
les
et
de
la
feuilles
soyeuses et argentées de la portlmidia ; ajoutez-y la magnificence variée des le vert
champs de cannes
émail de leurs feuilles
;
ou
étalant la pourpre de leurs fleurs les
maisons des planteurs
,
les huttes
des nègres, les magasins, les ateliers, la rade lointaine couverte
d'une forêt de mâts. «
L'Océan
même
offre
rare partout ailleurs.
souvent
Aucune
étonnamment transparente,
coraux
et les
dans
la
matinée, un aspect
que vous oubliez presque que
rayons de vue y soient interceptés le sable à une profondeur
ici,
brise n'en ride la surface; elle est
vous distinguez
;
les
mousses qui tapissent
les
les
rochers et
immense vous croyez pouvoir ;
si
saisir les
premiers, et vous compteriez
sans peine les mollusques et les testacés qui se reposent sur l'autre.
LES ANTILLES
335
Mais quel trouble soudain agite cette foule d'oiseaux
<r
Ces sinistres
l'air
gan. L'atmosphère devient d'une pesanteur insupportable,
momètre en plus,
dans
s'élève extraordinairement, ro])scurité le
de
et
du désespoir, cherchent des asiles? pressentiments nous annoncent l'approche d'un oura-
quadrupèdes qui, avec
vent tombe tout à
le silence.
fait, la
le
ther-
augmente de plus
nature entière paraît plongée
Bientôt ce silence est interrompu par les roule-
ments sourds des tonnerres éloignés
la
;
scène s'ouvre par une
foule d'éclairs qui se multiplient successivement, les vents déchaî-
mer
nés se font entendre, la ses vagues;
leur répond par le mugissement de
les bois, les forêts,
les
cannes,
les plantaniers,
les
palmiers, y joignent leurs murmures et leurs sifflements plaintifs. La pluie descend à flots les torrents se précipitent avec fracas des ,
montagnes
des collines,
et
les rivières
s'enflent
bientôt les ondes accumulées débordent de leur les plaines.
Bientôt ce n'est plus
n'est plus la
mer mugissante
désordre de tous truisent.
se
vents furieux, ce
qui ébranle la terre
mêle à l'onde,
et
et
et sul)meri>'ent
lit
éléments qui se confondent
les
La flamme
un combat de
par degrés,
;
non
,
c'est le
et s'entre-
l'équilibre
dé-
de l'atmo-
sphère, ce lien général de la nature, n'existe plus. Tout retourne à l'antique chaos. Quelles scènes n'éclairera pas le soleil
Les arbres déracinés toute la contrée.
et les habitations
Le propriétaire
du matin!
renversées couvrent au loin
s'égare
en voulant chercher ce
qui reste de ses champs. Partout gisent les cadavres des animaux
domestiques pêle-mêle avec
eux-mêmes
les
oiseaux des forêts. Les poissons
ont été arrachés de leurs humides retraites,
recule d'effroi
quand on
les
meurtris en se froissant contre les débris'...
'
Malte- Brun, Géographie
et
l'on
rencontre, loin de leurs demeures,
universelle.
»
SAINT-PIEURE ET MIQUELON H3=-^'Ot;-
— Après
Historique.
découverte de rAmérique par Chris-
la
tophe Colomb en 1492,
et
pendant qu'au xyp siède l'Espagne
fondait d'immenses et riches colonies dans les parties centrales et occidentales de ce vaste continent, les Français, de
Anglais,
En
portèrent
leurs
vers l'Amérique
efforts
1494, Jean Cabot, Vénitien au
Terre-Neuve
vrit
et le
envoyé par François
Labrador.
!<"•,
même
que
les
septentrionale.
service de l'Angleterre, décou-
En
1524,
Florentin Verazzani,
le
explora les côtes du Canada,
après, Jacques Cartier, de Saint -Malo, remontait
et,
dix ans Saint-
le fleuve
Laurent.
Mais
en 1G08, avec
c'est
que commence
la
fondation de Québec par Champlain,
la colonisation
du Canada ou d©
Nouvelle-France,
la
tandis que nos voisins créaient la Nouvelle-Angleterre
un peu
plus
au sud. Les explorations des missionnaires français et de Cavalier de
la Salle
(1680) ajoutèrent au Canada les bassins des grands lacs
du Mississipi, qui reçut
et la vallée
le
nom
de Louisiane, en l'hon-
neur de Louis XIV.
Au commencement du
siècle dernier,
les
nombre
de 30 à 40.000, occupaient donc en
toire six
ou huit
fois plus vaste
que
la
au
colons français,
Amérique un
métropole
;
terri-
c'était trop
en présence des Anglais déjà beaucoup plus nombreux dans
peu
le voi-
sinage. Aussi les guerres d'Europe leur furent-elles funestes.
Dès 1713, et les terres
le traité
de
d'Utrecht nous enlevait Terre-Neuve, l'Acadie
la baie
donnait à l'Angleterre
deux les
îlots
d'Hudson,
le reste
et
en 1763,
le
du Canada, ne nous
de Saint- Pierre et Miquelon,
et
un
traité
de Paris
laissant
droit de
que
les
pêche sur
côtes de Terre-Neuve.
Toutefois
il
est
bon de remarquer que
si
le
Canada ne nous
SAINT-PIERRE ET MIOUELON appartient plus politiquement,
nombreux que
plus
fois
Montréal
et
Québec
Dominion
of
les nôtres, la
Aussi,
même
Canada
couronne britannique verner.
Anglais y sont aujourd'hui trois
population des provinces de
est restée française de
de mœurs, de religion et le
si les
,
à part
cœur comme
d'institutions
jouit d'une
;
en
fiction
protège plutôt qu'elle ne gêne
le
effet,
d'origine,
depuis 1867,
autonomie complète sous
qui laisse à chaque État la
357
le
la
soin de se gou-
de souveraineté anglaise, qui
développement de ces colonies,
le
bas Canada, avec ses 1.200.000 de Français, est- il en dehors de
^Hots dcl!>e.lirU
^^'l-^^ PIERRE ;.^^^ PIF^tf^ r-;V^f-A^
,.--
Carte des
l'Europe
la
plus importante,
sante des expansions de la la faculté colonisatrice
en
Saint-Pierre et Miquelon.
îles
comme
mère
la
plus belle, la plus
patrie, celle qui montre
de notre race lorsqu'on
la laisse
le
floris-
mieux
s'épanouir
liberté.
Saint-Pierre et Miquelon sont deux petites kilomètres de Brest, sur latitude
nord
et 58» 30'
la
côte sud de
iles
situées à 6.000
Terre-Neuve, par il^ de
de longitude ouest.
Peuplées de 5.000 habitants; d'une étendue
de 325 kilomètres
carrés à peine; formées de plateaux rocheux, granitiques, hauts de 200 mètres et tellement stériles que les sapins n'y atteignent pas la
un climat brumeux et froid qui en séjour en hiver peu agréable, ces deux iles n'ont de valeur
taille
d'un
rend
le
que
homme;
comme
placées sous
rendez-vous pour nos pêcheurs en
été.
plus étendue que sa voisine, est une ilc barre double, formée de deux ilôts rocheux réunis jtar unediuio ou
Miquelon, neuf
fois
LA FRANGE COLONIALE
358
sablonneuse longue de 10 kilomètres, sorte d'isthme qui plus d'une a été coupé par la vague et où trop souvent les navires vont
fois
Au
s'échouer.
nord,
la
Grande Miquelon renferme
l'anse et la ville
de Miquelon, ainsi que deux vastes lagunes nommées harachois,
où
barques trouvent un abri au sud,
les
;
sœur jumelle, porte
aussi grande que sa
manque de
le
Miquelon, presque
nom
de Langlade et
ports.
Saint- Pierre est
L'ile
la Petite
4.000 mètres de largeur;
Langlade par un canal de
séparée de
n'a que 25 kilomètres carrés de sur-
elle
face et 5 à 7 kilomètres d'étendue;
mais
elle
possède une
belle. et
vaste rade au fond de laquelle s'est bâtie la ville de Saint -Pierre. Cette rade, fermée à l'est par les îlots dits aux Chiens (phoques),
aux Vainqueurs
et
aux Pigeons,
et
par
Grand-Colombier,
le
est le
principal rendez-vous de tous les navires se rendant aux bancs
:
là
aussi se trouvent les principales sécheries de poissons.
La
ville
de Saint-Pierre , chef-lieu de
d'un
la colonie, siège
tri-
bunal de première instance et d'une préfecture apostolique, est construite
en bois du nord;
4.000 habitants
,
qu'une population sédentaire de
elle n'a
presque tous français
qui double son importance en
On
été.
et
,
une population
flottante
y construit des goélettes et
des pirogues de pêcheurs.
La pêche de
trie
et la
préparation de
la colonie et
La pêche
se
fait
tout sur le
morue
en occupent toute
dans tout
Saint-Pierre et sur
la
le
le
la
constituent la seule indus-
population.
golfe Saint- Laurent, sur le
Banquereau
situés
au sud de
l'ile,
banc de
mais sur-
oTand banc de Terre-Neuve. Ces bancs sont des fonds
couverts d'un énorme amas d'alluvions déposées à leur point de
rencontre par
du courant
les
eaux chaudes du Gulf-Stream
polaire. C'est là
que
et les
se développent
taines époques fixes et en bandes innombrables, la le
capelan et d'autres poissons. C'est
là
eaux froides
ou arrivent à morue,
le
cer-
hareng,
que, chaque année,
les
pêcheurs anglais, américains, hollandais et français viennent se Les ports
réunir. ville,
bretons et
normands de Saint-Malo, Gran-
Fécamp, Dieppe, y envoient de trois à quatre cents goé-
montées par 800 à 1.000 marins exercés. Trente mihions de kilogrammes de poissons forment la part de nos pêcheurs tandis
lettes
,
que
leurs
concurrents
huit à dix fois plus l'Océan.
:
de
telle est
diverses
nationaUtés
en
prennent
l'abondance de cette production de
SAINT-PIERRE ET MIQUELON La morue de
se
prend au moyen de
filets
359
flottants, dits
seines,
ou
de fond. Les hameçons sont amorcés avec du poisson plus hareng ou capelan, qu'il a fallu acheter ou pêcher tout
lio-nes
petit,
d'abord.
jour, sur le
Chaque
bateau, la
Pèche de
désossée, salée
:
c'est la
morue
la
morue
prise est vidée,
morue.
verte qui,
ne pouvant se conserver
Antdles, a expédiée rapidement en France, au.^ conserver indéliniment; c'est Bourbon; la morue dite sèche peut se grève et lavée, est étendue sur la celle qui, après avoir été vidée demandent un espace pour sécher à l'air et au soleil. Les sécheries trouvent non seulemenl aux considérable; celles des Français se sur les côles ouest, nord et Saint-Pierre, mais encore
longtemps,
îles
est
Miquelon
LA FRANGE COLONIALE
aeO et noiJ-est
de Terre-Neuve, où
sécherie, droits exclusifs
la
France a conservé ses droits de
ou partagés avec
les Anglais.
L'industrie de la pêche, excellente école de marins, est encou-
ragée par
gouvernement français au moyen de primes d'arme-
le
ment accordées par
le
commerce
chaque année
colonies. Toutefois
national entre la France et ses
voit
diminuer
le
nombre de nos
compatriotes qui font ce rude métier.
Le commerce de dans
néanmoins
colonie est
la
florissant;
s'est élevé
il
quinze dernières années de 10 à 25 millions de francs, dont
les
15 millions pour les exportations de huile de foie de
morue
verte,
morue sèche,
morue, rogue (œufs de morue qui servent
saumon, capelan
et autres
poissons, expédiés vers la France et ses
Les importations consistent en vêlements
colonies.
d'appâts),
de
et objets
consommation, vins, eaux- de -vie, venus de France, des ÉtatsUnis, du Canada et des Antilles; en outre le sel de Cadix nécessaire
aux
salaisons.
communication fréquente avec
Saint-Pierre est en
nombreux
les
paquebots transatlantiques. Deux câbles sous -marins viennent y atterrir un câble anglais et le cable français qui relient Brest aux :
États-Unis.
Terminons
cette notice
par quelques détails sur l'intéressant type
des pêcheurs de Saint-Pierre et Miquelon.
Type du pécheur de Terre-Neuve. mèrent
la
geant,
un
population primitive des
—
îles
«
Les
trois races qui for-
ont produit, en se mélan-
type qui ne présente aucune originalité, mais chez lequel
on retrouve, avec un langage émaillé de vieux français, de mots bretons et basques et d'expressions normandes, les coutumes de
noms mêmes
ces contrées. Leurs familles
du pays dont
plus connus de nous
Aubert, des Coste, «
La majeure
pêcheurs,
ils
des
,
sont ceux que portent les vieilles
noms
fort
communs en Normandie
honnêtes
a
des
et
Ce sont ces rudes
robustes, qui, méprisant
vivent mouillées
», a dit
l'histoire tient entre le flot qui
danger sans
le
nombre demander
l'Océan de qiioi subvenir aux besoins de leurs familles
dont toute
:
les
etc.
partie des habitants sont marins.
cesse affronté, vont au milieu des périls sans
laborieuses qui
comme
sont partis; nous avons noté,
;
populations
un grand
monte
à
et la
poète,
et
vague qui
s'en va. <f
Quand
l'hiver a
suspendu tous
les
travaux extérieurs
;
quand
SAINT-PIERRE ET MIQUELON
bateaux, désormais inutiles, dorment halés sur les grèves; quand
les
neige a couvert
la
361
d'une couche épaisse
la terre
munications presque impossibles, éprouvés par finir, tricots,
la
bas
la
femme
garde -robe pendant et
vareuses pour
la
la
et
les comdommages
rendu
répare les
rude saison qui vient de
campagne prochaine
,
dont on
attend l'ouverture avec impatience; le mari raccommode, met en
ordre
les
se sert
engins, et fabrique ces longs
pour
la
Pèche de
«
Lorsque
tout à coup
à mailles étroites dont
il
baleine (Mers polaires).
la
de
l'été arrive, l'aspect ;
filets
pêche aux harengs.
les
maisons où
l'on
la
rade de Saint-Pierre change
se tenait barricadé s'ouvrent de
nombre, depuis
toute part; les auberges, qui sont en grand
le
Lion-d'Or jusqu'au moindre cabaret, arborent à leurs fenêtres des appâts séduisants de bouteilles de tous
tude de navires venant du
lai'ge
tants de «
Et
l'ile
à dix,
douze
et
c'est là, à sa façon, à
les
et ([ui fait
môme un
le
poris de
monter
quai une popu-
France, depuis
le chilïVc
des liabi-
quinze mille âmes.
certain point de vue,
tion très distinguée, très fière d'elle-mrm(%
une
formats, et une multi-
débarquent sur
lation nouvelle qui arrive de tous
Bayonne jusqu'à Dunkerque,
les
ipii
une popula-
se considère
comme
espèce d'élite dans la création, et qui, en vérité, n'a pas tout à
fait tort.
En un mot,
ce sont
les
[x'chcuis des
bams
qui
l'oiil
là
LA FRANCE COLONIALE
362
provisions de vivres
leurs
pour eux-mêmes, d'appâts pour
le
poisson qu'ils veulent prendre. Le costume de ces matelots atteint
dernières limites possibles du désordre pittoresque. Des bottes
les
montant jusqu'à mi-cuisse, des chausses de
comme
ples
celles
ou de laine, am-
toile
de Jean Bart sur l'enseigne des marchands de
tabac, des camisoles bleues et blanches, ou rouges, ou rouges et
blanches, des vestes ou des vareuses de tricot qui n'ont plus de couleur,
si
jamais elles en ont eu
,
des cravates immenses, ou plutôt
des pièces d'étoffes accumulées, tournées, nouées autour du cou,
énormes pendant sur
des suroîts
laine bleue enfoncés sur les oreilles
des mains
nilles,
comme
que de couleur humaine
,
dos, ou bien des bonnets de
le
et
;
,
sortant de toutes ces gue-
des battoirs, des visages plutôt basanés plutôt noirs que basanés
,
couverts de la
végétation désordonnée d'une barbe qui depuis quinze jours n'a pas
vu
le rasoir
;
voilà l'aspect honoré, respecté,
admiré du pêcheur des
bancs. «
Il
reste encore
un point important pour que
la description soit
complète. Prenez l'homme ainsi qu'il vient d'être dit, roulez-le pen-
dant deux bonnes heures dans la graisse de tous les poissons possibles
alors
ne manquera rien à
ressemblance. Car
il
faut le
concevoir huileux au premier chef, sans cela ce ne serait plus
le vrai
:
il
la
pêcheur. «
va
Ainsi s'offrir
fait,
il
descend de sa goélette, aussitôt
avec bonhomie, mais avec
le juste
qu'il a mouillé, et
sentiment de ce
vaut, à l'accueil chaleureux et admiratif de l'habitant.
dans
le
sentiment de sa gloire sur ce sol qui l'appelle depuis un
mois. Les mains dans les poches, la pipe à la bouche,
Adam
dans
le
tion d'être au
comme pas
paradis terrestre,
monde dont ,
la merveille; et,
il
il
en a l'innocence
se considère aussi
encore une
un homme de mer, depuis
pense cela de
*
Il
qu'il
marche
fois,
il
,
rappelle
en toute humilité,
a raison, car
l'amiral jusqu'au
lui*. »
Comte de Gobineau, Voyage à Terre-Neuve [Tour du monde).
FIN
il
et la satisfac-
il
n'est
mousse, qui ne
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION DES COLONIES EN GÉNÉRAL
^ La coDCurrence coloniale — Diverses sortes de colonies m. — Utilité et nécessité des colonies IV. — Aperçu chronologique de la colonisation française.
7
I.
12
II.
Citations d'auteurs. J.
Duval,
Carte. —
19
.
Leroy-Beaulieu, page
1 î.
.1.
Delaire,\G.
17.
Planisphère des colonies françaises,
—
Gravure,
— Sur l'économie politique,
14
9.
Berger kabyle (fronlispice).
ALGÉRIE Chap.
—
I.
II.
— L'histoire la conquélc — Géographie physique. — Configuration et
"25
'
montagnes. Les cour» d'eau
et
générale. Les côtes. Les
les
lacs.
Le climat
et les
productions
—
111.
—
IV. — Géographie
—
41
Géographie politique.
—
Ethnographie. Administration. Pro70
vinces et villes
économique. — Agriculture.
Étymologie des mots arabes
et berbères usités
dans
Industrie. Conmierce.
la
géographie du nord 121
de l'Afrique
—
Entrevue de la Tafna, Louis Blanc, 30. La déftnsc do Mazagran, 33; Citations d'auteurs. prise de la Smala, 33, 6'"" Drohojoivska. La France algérienne, 39; Oran, !^5; Alger, 93; Constanline, 102; El-Kantara, 111; les puits sahariens, lUi, L'Usée lieclus. Le simoun à Alger, Ch. Desprcz , 02. Los sauterelles du Saiiarn, V. Largcaii, Gi. Le 1
Chacune des colonies
est traitée
dans
le
nicme ordre do matières
sions ne soient pas toujours indiquées aussi distinctement.
(jne
l'Ali^irii',
l'ien
que
les divi-
TABLE DES MATIÈRES
3G'i
Les travailleurs en Algérie, MoU, 72. Le jargon sabir, 74; les Berbères et les Arabes, 77, 0. Reclus. Les Juifs en Algérie, E. Drumonl, 7o. Les djemaa en Kabylie, 78; les koubbas de l'Algérie, 82, Aug. Cherbonneau. La vie nomade, M. Wahl , 79. Les Bains maudits, daltier clans l'oasis, G. Nachligal, 67. L'alfa et le sparte, 0. Niel, 08.
X.,
du Magasin
pilloresquc, 107.
— L'Algérie; 24. Provinces d'Oran, 86; d'Alger, 94; de Conslantine, 103. Gravures. — Abd-el-Kader, 31. Prise de Constantine, 37. Une place à Biskra 49.
Cartes.
,
cholts algériens, 57.
marchand,
Le simoun,
63.
Nègre badigeonneur
Les sauterelles,
6o. L'alfa et le palmier, 69.
Les
Maure
Tente arabe, SI. Oran, 87. la Chrétienne. 97. Ghardaïa, 101. Constanlme, lOo. Château de Bougie, 107, Bains Maudits, 109. ElKantara, 112. Tougourt, 113. 71.
et Biskri portefaix, 73.
Tlenicen, 89. Sidi-bou-Médine, 91. Mosquée à Alger, 96.
Tombeau de
TUNISIE
— Notice historique — IL — Géographie physique — — Géographie politique
Chap. L
123
137 '.
III.
—
La Tunisie, 123; Carlhage Vincent de Paul à Tunis, par lui-même, mirs, Aug. Cherbonneau, 142. Kairouan
Citations.
Carte de
et ses restes,
132. ,
141
145, par Ms^ Lavigerie. Saint
Les Tunisiens, G. R., 142. Les Khrouet Vivien de Saint-Martin , 148.
0. Niel
Tunisie, 124.
la
—
Gravures. Tunis, 125. Tunisienne et son enfant, 129. Le quartier général du général Logerot, 135. Une caravane au Sahara, 139. La Gouletle, lia. Mosquée de Kairouan, 147. Bizerle, 149. Sousse, loO. Monastir, 151. Amphithéâtre d'El-Djom, 152.
SENEGAL Chap.
— —
I.
II.
— Nolice historique — Géographie physique
168
Géographie politique
—
Les Normands au Sénégal, P. Gaffarel, 155. Les peuplades du Sénégal, Muiron d'Arcenat, 171, Industrie sénégalaise. Notices coloniales, 178.
Citations. L.
—
III.
185 163
Cartes de
la
Sénégambie française,
Gravures.
—
Tili, chef de
160. Fort de
Bamakou,
152. Saint-Louis et le delta
Bamakou,
161.
et
Baobab,
du Sénégal,
174,
Dionké, chef de Sikoro, 159. Poste de Médine, Berger peul, 170. Femme
107. Guerrier peul, 169.
peule, 171. Bakel, 175. Dakar, 177.
GUINEE Historique Citations.
et
—
géographie. Les noirs
— Cote
guinéen.?.
180
d'Ivoire et côte des Esclaves
Hue
et
Haurigot, 198,
Lagunes de
la
Guinée
,
P. Loti, 201,
Carte des côtes de Guinée,
180.
Gravures.— Grand-Bassam,
182. Assinie, 183.
Un
missionnaire dais les lagunes, 185.
TABLE DES MATIÈRES
36S
CONGO FRANÇAIS Chap.
I.
—
IL
— Notice historique — Géographie
187 192
—
L'Estuaire du Gabon, Alfred Marche, 199. Les vieux habils au Congo, H. Stanley, 205. Troisième voyage de M. de Brazza, par /la'-méme, 2U8.
Citations.
Carte du Gabon
et
du Congo,
188.
— L'évangélisation des
Gravures.
et le crocodile, 196.
nègres, 189. Chasse à réléphant, 19o. L'hippopotame Indigènes de l'Afrique centrale, 198. Les débuts de Libreville, 199.
Station de Frauceville, 201.
Un
roi
au Congo, 205. Types de Balékés, 213.
REUNION Notice hietorique et géographie Iles
Kerguélen, Saint- Paul
—
Citations.
Journal
et
217
Amsterdam
officiel
Carte de
l'ile
Gravure.
—
,
221.
de la Réunion, 219.
Paillotes de Malabares, à
Bourbon,
MADAGASCAR ET Chap.
— —
L II.
226
Les volcans de Bourbon, Revue de géographie, 219. Le cyclone de 1879,
225.
ILES VOISINES
— Notice historique — Géographie physique
m.
—
220
233
236
Géographie politique
—
Élat social des Malgaches, Vivien de Sainl-Marlin, 2J7. Superstitions des Malgaches; métamorphoses et métempsycoses, P. Abinal,2W. Tananarivo, D' La-
Citations.
cazc, 247.
Carte de Madagascar,
228.
—
Types hovas, 229. Tananarivo. Une batterie de canons, 230. Enlrce du palais, 231. Palais de la reine, 232. Pont de bois et porteurs, 235. Soldai hova, 237. Indigène vendant du charbon, 238. Femme de Madagascar, 230. Vue de Tananarivo. 249. Rade de Mazunga, 251.
Gravures.
Satellites de Madaoascah.
—
Sainte -Marie,
Nossi-bé,
— Ethnographie
Carte de ces (JiiAvuRES.
i
îles, 252.
— Vue de
et
les
-^j^
OiiocK et Tadjouuaii Citations.
Mayollc
-o2
Comorcs
—
des Comores, Ilansen-llUvKjslcd , 257.
Carte d'Obock,
2G0.
Mayolle, 25i. Lac sur
les
monlagncs,
255.
TABLE DES MATIÈRES
366
INDE FRANÇAISE
—
L'Inde française.
Histoire et géographie
202
— Dupleix et Bourdonnais aux Indes, F. A., 263. — Carie historique de l'Hindoustan, 263. Les territoires Cartes. Gravure. — Mort de Tippoo-Saïb 26o.
Citation.
la
de l'Inde, 267.
,
INDO-CHINE FRANÇAISE Chap.
— —
I.
II.
— Notice hi.storique — Géographie physique — Géographie politique. —
269 277 Cocliinchine.
III.
Cambodge, Annam
et
283
Tonkin Citations. mites,
—
P.
Le massacre des chrétiens, Geoffroy et Chambost, 272. Mœurs des AnnaLegrand de la Lyraye, 283. Le présent et l'avenir du Tonkin, Notices
coloniales, 306.
— L'Indo-Chine, 270. Cambodge Cochinchine, 299. Annam Tonkin, 30L à Hué, Gravures. — Citadelle d'Hanoï, 271. Citadelle de Hué, 273. Habitation sur Cartes.
et
et
pilotis
Ninh-Binh, 2SL Habitation annamite, 286. Guerriers annamites, 287. Ambassadeur, 289. Bonze, 291. Un sémaphore, 297. Boutique de marchand à Hué, 303. Pagode des suppliciés à Hanoï, 303. Haï-Phong, vue de la rivière, 307.
280.
Rocher
citadelle de
NOUVELLE-CALÉDONIE Histoire et géographie.
Citations.
—
—
I.
—
II.
Nouvelle-Calédonie
310
Nouvelles-Hébrides
320
Le Néo-Calédonien, Vivien de Saint-Marlin , du Peloux, 317.
313.
La transportation
et la
colonisation, Cli.
Carte.
—
Gravures.
Nouvelle-Calédonie, 311.
—
Pirogue, 313. Cases de
la
Nouvelle Calédonie, 313.
TAITI Histoire et géographie.
Citations.
— Les
— —
Taïtiens,
I.
323
Taïti
II.
Hue
Dépendances: Marquises, Touatnotou, Wallis. et
Haurigot, 326. La pêche des perles aux
îles
328
Basses,
Notices coloniales, 331.
— Taïti et ses dépendances, (Iravures. — Une Taïtienne (méti-sse), Carte.
Rade de
32-3.
Taïti, 331.
La pêche des
326.
Paysage de
perles, 333.
Taïti, 327. Baie de Matavaï, 329.
TABLE DES MATIÈRES
367
GUYANE —
Histoire et géographie.
Citations.— Faune de
Guyane
Guyane,
la
334 0. Reclus, 338. Les Galibis et les nègres
marrons
P. Gaffarel, 3V2.
Carte.
—
La Guyane,
333.
—
Gravures. La montagne d'Argent (Guyane), 337. Flore de Cavenne, 340.
la
Guyane,
339.
Vue de
ANTILLES Histoire et géographie.
— La nature
Citation.
Cartes.
— Des
Gravures.
—
La Martinique
au.\ Antilles,
et la
Guadeloupe
344
Malle-Brun, 353,
Antilles françaises et de la Martinique, 3i5.
De
la
Guadeloupe, 347.
—
Consultation d'un guérisseur nègre (Martinique), 346. Paysage de tinique, 350. Paysage de la Guadeloupe, 3ol.
la
Mar-
SAINT-PIERRE ET MIQUELON Histoire et géographie Citation.
Carte.
—
Gravures.
—
3o6
Le pêcheur de Terre-Neuve, C' de Gobineau,
Iles
360.
Saint- Pierre et Miquelon, 357.
— Pèche
de
la
morue,
359.
18780,
—
Pêche de
la baleine,
Tours, Irapr. Mamo.
361.
.^6
PLEASE
CARDS OR
SLIPS
UNIVERSITY
JV 1826 G6 1888
DO NOT REMOVE
(îochet,
FROM
THIS
OF TORONTO
LIBRARY
Alexis Marie
La France coloniale
illustrée