L'Afrique du Nord illustrée : journal hebdomadaire d'actualités nord-africaines : Algérie, Tunisie, Maroc
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L'Afrique du Nord illustrée : journal hebdomadaire d'actualités nordafricaines : Algérie, Tunisie, Maroc. 15/07/1922. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : - des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. - des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisationcommerciale@bnf.fr.
Nouvelle Série, N° 63 — 15
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JUILLET iqaa
/y Année. ^Nouvelle Série, A"° 65.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
V'">toT rivet. DANS LES RUINES DE D.1EMILA Mgr Bessièrc, évêque de Conslnntine, prêchant sur l'emplacement de l'antique basilique de Cresconius, où saint Augustin, se rendant d'Hippone à Césarée, en 418, prononça un sermon contre les derniers doiïatistes.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRÉE
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CHRONIQUE DE LA SEMAINE Dans les steppes de Baraki. — De l'eau, s. v. p. ! vécue. — L'exode estival. — Com— Comédie pliments à la glace. — Proverbes. Voici trois semaines, l'honorable maire d'Alger, M. Rafii, méprisant les dangers que pouvait présenter une semblable randonnée et dédaigneux des rigueurs d'une canicule précoce, se dirigeait, entouré d'une nombreuse caravane d'élus, de fonctionnaires et de journalistes, vers les steppes désertiques de Baraki. Le motif de ce voyage était- d'importance. 11 consistait à recevoir officiellement un forage artésien appelé à solutionner la question de l'approvisionnement d'Alger en eau potable, comme la suppression de toute subvention avait, peu de jours auparavant, définitivement « liquidé » le théâtre. La presse périodique et quotidienne a rendu compte de l'événement : on ne me tiendra pas grief, je l'espère, d'y revenir. Devant une assistance triée sur le volet, M. Rafii prononça des paroles catégoriques. Montrant, d'un geste large, l'orilice du puits d'où jaillissait un liquide terreux et
jaunâtre,
la salive. La mise en service du nouveau puits n'a donc rien solutionné du tout. Attendons les trente mille mètres cubes
s'écria : — Nous avons là un apport nouveau de plus de cinq mille mètres cubes par jour ; si Ton tient compte des quantités d'eau déjà mises à la disposition des usagers, nous pouvons affirmer que le problème de l'eau potable à Alger est résolu... De petits groupes s'étaient formés. Dans l'un, un ingénieur révélait à quelques profanes la découverte, dans les profondeurs des terrains alluvionnaires, d'ossements mystérieux provenant, sans doute, d'un mastodonte antidéluvien... .l'osai exprimer mes craintes : — Etes-vous bien certain, Monsieur l'Ingénieur, qu'un paisible Algérois ne découvrira pas, un beau malin, un diplodocus dans sa carafe ou un plésiosaure dans son pot à eau ? L'éminenl technicien, après m'avoir considéré d'un air hilare, voulut bien me rassurer avec un sourire amène : — ('aimez vos appréhensions, cher Monsieur, je vous en supplie ; ce sont là des craintes chimériques. C'est à peine si, muni d'un microscope puissant, vous pourriez déceler, dans celte nouvelle eau, la présence, par centimètre cube, de quelques milliers de bacilles d'Eberlh, de vibrions pernicieux et de microbes pathogènes, ce qui n'a aucune importance, pour les contribuables, les frais d'hospitalisation ne devant bientôt plus être supportés par les communes. Le corps médical tout entier... .Je m'inclinai. M. Rafii achevait sa péroraison : — ... Notre eau esl gazeuse, légère, diurétique, digestive. Buvez-en, Messieurs, buvezen Malgré la conviction évidente de l'orateur, celle invite n'eut aucun succès. L'assistance, composée cependant de conseillers austères, de fonctionnaires ponctuels et de journalistes sobres, préféra déguster quelques bonnes bouteilles de mousseux authentique préparées, sans doute, par un humoriste pince-sans-rire. Chacun revint rassuré de cette cérémonie, où on avait promis à nos gosiers altérés des cataractes rafraîchissantes. Si j'ai évoqué ici ce souvenir, c'est qu'une conversation surprise hier, entre deux ménagères installées dans un tram, m'a montré combien il fallait être circonspect à l'égard de l'enthousiasme officie] et de l'éloquenc<; administrative. — Oui, ma chère, disait l'une, on me vend, à Bab-el-Oued, soixante centimes, un broc de dix litres d'eau, — plus cher que le vin il y a vingt ans — Moi, ma bonne, renchérissait l'autre qui il
!
!
notre porte, attendant de voir passer devant nous le cadavre de notre ennemie... On n'est pas plus courtois. Nous n'irons pas, pour remercier ce confrère charmant, , faire d'emprunt à la littérature des guerriers \ qui, à Anual, à Batel, au Gurugu, ont montré qu'ils savaient aussi bien se battre que parler. Nous nous contenterons de prier ces voisins hostiles — ils sont heureusement une infime minorité — de méditer (s'ils souhaitent la mort de la France, pour voir occuper, par l'Espagne, la ville convoitée) un vieux proverbe de chez nous : Qui prétend chausser les souliers d'un mort, risque de marcher bien longtemps pieds mis • ANDRÉ DOHIA.
habite vers la cité Biseh, depuis longtemps, mon mari ne peut plus se débarbouiller qu'en humectant le coin de son mouchoir avec de
qu'on nous promet par ailleurs. Espérons que nous ne les attendrons pas aussi longtemps que les offres des directeurs de théâtre relatives à l'exploitation de notre première scène. Les gardiens d'asiles d'aliénés sont vigilants ; la preuve nous en est donnée, par ce fait qu'aucun échappé de leurs cabanons capitonnés n'a songé à tenter de mener à bien, sans un centime de subvention, une saison théâtrale que M. Savona, avec 300,000 francs, n'a même pas pu terminer. LA PETITE CHRONIQUE En attendant, les polémiques vont leur train : la comédie qui se joue actuellement ELEGANTE JEUNESSE entre partisans et adversaires de telle ou Dans le casino de celte petite plage où je suis venu telle solution, n'est pas la moins amusante, [arnienler quelque peu, une élégante jeunesse se qui ait été offerte, au public. presse, l'orme des groupes, des coteries, où tous les M. Dupuy, dont l'abstention a, somme clans sont fédérés » en un club. Vous penser, bien que le premier soin de ce club a toute, déclenché la crise actuelle, préconise été d'organiser l'éternel tango. C'est un excellent la création d'un orchestre. moyen de faire connaissance, surtout quand on acM. BarruA quoi servira-t-il, rétorque — compagne ce glissant et très intime tèle-à-tête de caud, d'un ton sans tendresse, s'il n'a aucun quelques autres de ces danses exotiques qui. s'il esl logique avec lui-même, ne doivent pas évidemment chanteur à accompagner ? déplaire au successeur de M. Piou. M. de Galland a également donné son avis D'ailleurs, les parents qui, en 1920 encore, regimautorisé. baient un peu, paraissent s'être résignés, mieux, avoir M. le docteur Fuster, radical jusqu'au tout à fait compris l'étal d'esprit de leur progéniture, bout, prétend que le théâtre est enfin « li- car ils encombrent, au point qu'on n'y peut trouver une table ni jour ni soir, le pourtour de la salle de quidé » et que c'est là un bon débarras... Ils ont fait du spectacle des évolutions très Quelques édiles, se souvenant avoir voté danse. souvent scabreuses de leurs enfants leur distraction une taxe de séjour à Alger, se demandent favorite. Après tout, il viendra peut-être un jour où je ferai s'il sera bien honnête de la percevoir sur des étrangers fourvoyés dans une station clima- comme eux ! .le ne crois pas pourtant jamais partager la joie de tique où il n'y a ni théâtre, ni casino conve- cette mère, certainement plus heureuse, quand ou dénable, ni distractions originales, et où les cerna à sa tille, après un pas des plus lascifs, un precommerçants eux-mêmes sont obligés d'éclai- mier prix de scottisch espagnole, que si celle-ci avait été reçue à son doctoral en droit. rer les rues à leurs irais !... L'esprit d'indépendance s'est naturellement consi!
••
Les choses en sont là... Pour le moment, les Algériens fuient, vers l'Europe à pleins bateaux. .Jadis, je consacrais à vilipender l'exode estival, quelques entrefilets bien sentis. Aujourd'hui, je le préconiserais volontiers... Quantum mutatus ub Mo... il faut dire qu'on fait, de l'autre côté de l'eau, tout le possible, pour nous attirer et
nous retenir. 11 n'est pas jusqu'aux palaces suisses qui ne dessinent — fort intelligemment soutenus d'ailleurs par leur Gouvernement — un effort sérieux pour appeler la clientèle. On trouve, à Interlaken, à Chesières, à Ouchy, de bons petits hôtels, où la pension coûte de 18 à 20 francs français par jour, — trois repas, chambre, tennis, orchestre, dancing, etc. — Nous offrirons encore mieux, l'année prochaine, me confiait, ce printemps, le secrétaire général d'une importante association d'établissements helvétiques ; si nous arrivons à l'entente projetée, nous vous enverrons chercher par des paquebots italiens, susceptibles de franchir l'étape Alger-Gênes en 22 heures, sans blujf. Grâce à nos coupons internationaux de chemin de fer combinés, nous vous transporterons d'Algérie en Suisse pour 150 francs français, en première classe, et: vous pourrez, avec un supplément de prix insignifiant, gagner Paris par les voies les plus rapides... Que fait-on ici pour ceux que leurs affaires ou leur situation retiennent en Algérie ? Mieux vaut n'en point parler... Cette réserve, la Correspondancia Miliiar devrait bien se l'imposer au sujet du Maroc et de Tanger. L'aimable journal dont les attaches germanophiles sont connues écrivait dernièrement celle phrase, lapidaire : — Ici, nous sommes partisans d'une alliance avec le Portugal, l'Italie et l'Angleterre. Si la France ne veut pas nous donner Tanger, nous resterons, suivant le conseil arabe, sur
dérablement, fortifié dans cette jeunesse cosmopolite des cités balnéaires. Chaque jeune iille a son chevalier servant et les promenades, d'où les parents sont, cela va sans dire, rigoureusement exclus, s'organisent. Les ancêtres, on les laisse tomber, pour écrire comme parlent ces jeunes affranchis ; car, je remarque que la pureté de la langue française n'a pas gagné à cette émancipation qui passe dans le langage. L'argot du poilu triomphe, et s'il fut héroïque dans les tranchées, grommelé par les rudes bouches de ces sublimes soldats, il est simplement choquant sur les lèvres fardées de vingt ans, autour des tables des pâtissiers. 11 y a des mots curieux qui sentent bon, mêlés au relent du pinard, mais qui s'arrangent moins bien du parfum des crèmes à l'abricot. Ce qui me préoccupait, depuis longtemps, c'était de savoir quel usage — verbalement bien entendu — les couples pouvaient faire du tète-à-tète. .l'avoue avoir employé des ruses d'apache — ceux de Fenimore Couper et non ceux de Pantin — pour satisfaire ma cu-
riosité.
Comme nous, comme nos ancêtres, ces Daphnis et ces Chloés, libérés de toute surveillance, s'enlretenaienl-ils des poètes '? Choisissaient-ils leurs rythmes divins pour proférer (les aveux détournés el violemment personnels Evoquaient-ils des songes, des avenirs où, timidement, ils mêlaient des allusions directes et qu'emportait, la fin des vacances ? Ce ([ne j'ai entendu n'a aucun rapport avec ce délicieux sentimentalisme rococo et sans conséquences des naïvetés de jadis. L'idylle d'aujourd'hui, plus perverse, plus pratique par certains côtés sur lesquels je ne veux pas insister, outre de plates et insipides plaisanteries, a pour thème le sport, la dansé, la danse, le sport, et c'est à peu lires tout. Si, pourtant, j'ai entendu une blonde enfant, qui jadis eût murmuré Le Lac, disserter sur les valeurs de bourse. D'ailleurs, le bon ton est de peu parler, entre jeunes, par mots isolés, sans construire de phrases, avec un air éternel de *?
lassitude.
Ou'on se rassure pourtant : Cette simplicité d'esprit, cette extraordinaire liberté d'allure, celte intempérance de langage qui sont les caractères essentiels d'une bonne partie de la jeunesse bourgeoise, n'ont pas contaminé encore toute la province. .l'ai rencontré, de charmants spécimens de jeunes Mlles el de jeunes hommes, qu'on trouve toujours dans telle ville ou telle bourgade, simples, bienveillants, naturels, bien élevés. Celles-ci ne portent pas de mouchoirs de soie noués autour du front, ce qui est le dernier cri. Ceux-là consentent à avoir un chapeau sur la tète, ce qui leur permet de l'enlever pour saluer. El, avec eux. heureusement, l'on peut encore P. C. causer.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRÉE
Peut-être le lilaUelu aura-l-il plus de chance et airachera-t-il à l'océan une parcelle des richesses incalculables qui y sont enfouies et qui semblaient perdues à tout jamais !
raisons, qui ne l'ont pas beaucoup honneur à Seipion Dupleix, ne vous paraissent pas convaincantes, je ne me chargerai pas d'en fournir d'autres, la curiosité naturelle me faisant par trop défaut. Si ces
CURIOSITE NATURELLE toute époque on peut découvrir, parmi les personnages occupant les situations en vue, des gens médiocrement doués. Dans la première moitié du xvir siècle, on trouvait, à côté d'esprits supérieurs comme Descartes, des intelligences rudinienlaires au nombre desquelles il convient de ranger M. Seipion Dupleix, conseiller el historiographe du roi Louis XIII. Le cardinal Richelieu l'employa, dil-on, à rédiger des pamphlets politiques ; mais, outre ses travaux officiels ou officieux, l'historiographe du roi occupa ses loisirs à des recherches dont je vais pouvoir donner une idée. Ce qui fait différer l'homme de la bête, d'après Seipion Dupleix, c'est que le premier — sans parler de l'âme qu'il est seul â posséder — sait, quand il est instruit, discerner les causes, tandis que l'anima] ne connaît que les effets. Désireux de ne pas êlre classé, comme les ignorants, au rang des bêtes, Seipion Dupleix a recherché l'explication d'un grand nombre de faits et a consigné les résultats dans un volume intitulé la Curiosité naturelle rédigée en questions selon l'ordre alphabétique. Ce volume eut plusieurs éditions el j'utilise celle de Paris, chez Claude Sonnius, 1(>2(>. Les questions que ce livre prétend résoudre ne sont pas toutes de l'invention de Dupleix ; il s'est servi « des problèmes d'Aristote, d'Alexandre Aphrodysien, des oeuvres des plus excellents médecins, naturalistes et autres graves aulheurs », mais il a aussi beaucoup contribué du sien, « tant à l'invention et disposition, qu'en facilitant les raisons des autres ». 1! ne s'agit' pas ici d'amusements comme ceux que l'on trouve dans les Propos de table, de Philarque, où des convives dissertent sur des sujets divers ; Dupleix était un homme sérieux et, ne voulant rien omettre des questions suggérées par les actes physiologiques les plus ordinaires, il est sorti parfois des limites que nous imposent les convenances modernes. Voici quelques questions tirées du livre de Seipion Dupleix ; il y en a de plus saugrenues encore : « Pouiquoy est-ce que les femmes n'ont point de barbe, et ne sont point si velues que les hommes '? » est-ce que les femmes parlent plus ' Pouiquoy que les hommes '? « Pouiquoy est-ce que les femmes sont plus avares, plus rusées et médailles que les hommes ? » Pourquoi est-ce que les femmes et les petits enfans larinoyent plus souvent cl plus facilement que les hommes parfaits en âge ? » 'que les petits enfans sont orii Pouiquoy est-ce dinairement morveus et ont la teste galeuse ? » « Pouiquoy est-ce que nous sommes fort chatouilleux aux plantes des pieds el au-dessous des aisselles '? Pourquoy est-ce que nous sommes aussi fort chatouilleux à l'endroit de la rate ? » ii (Joëlle est la cause de l'amertume de l'ordure des oreilles ? » ii Pourquoy est-ce qu'à ceux qui sont yvres toutes choses semblent tourner en rond ? » ii Pourquoy est-ce que les hommes ne remuent par les cartilages extérieurs des oreilles comme font les autres animaux qui en ont '? » Certaines questions portent sur des points qui nous sembleraient contestables : « Pourquoy est-ce que ceux qui ont double prunelle sont suspects de sorcellerie ? » ii Pourquoy est-ce que les filles naissent les pieds les premiers et les masles au contraire la leste la première ? » « D'où vient qu'un corps mort pèse plus que lorsqu'il esl vivant ? » « D'où vient que nous toussons en grattant le dedans des oreilles ? » ii Pourquoy est-ce que l'Afrique, produit plus de monstres que les autres régions ? » « Pourquoy est-ce que les Ethiopiens et les Mores ont les dents fort blanches et la peau fort noire ? Mais comment se peut-il faire que le soleil blanchisse leurs dents et noircisse leur cuir » A
S. Mn.i.or.
MORT DU BEY DE TUNIS
LES '( VESUV1ENNES » Tel esl le nom que l'on donnait à certaines féministes exallées, parce qu'elles réclamaient l'émancipation des femmes avec une ardeur de volcan en aclivilé. Dès le lendemain de la Révolution, les femmes réclamèrent le droit à la vie politique. Sous la présidence de Désirée Gay, directrice de l'Association des lingères, on fonda la Société d'éducation mutuelle des femmes, qui siégeait 58, rue de Richelieu. Cette sorte d'école avait pour monileuses » des femmes presque célèbres, puisqu'on trouvait parmi elles Adèle Esquiros, Anafs Ségalas et Amable Taslu. Malheureusement, comme toutes voulaient enseigner, l'école compta autant de professeurs que d'assistantes, mais pas une seule élève, et elle dut fermer ses portes. Les féministes fondèrent alors le-C/ufc de l'émancipalion des femmes, sous la présidence de Jeanne Déroïn. Elles proclamaient que la représentation nationale devait être universelle, c'est-à-dire comprendre des femmes aussi bien que des hommes ; mais le club était sévèrement interdit aux « tyrans conjugaux ». Si l'un d'eux, déguisé en femme, venait à se faufiler par curiosité dans l'assemblée et qu'il fût découvert, il était, sans pitié, « passé à la savait' ». Au contraire, le Club des femmes, que présidait Eugénie Xiboyet, admettait les hommes ; on y vit paraître Emile Souvestre à côté de sa femme qui était romancière elle-même, el le fabuliste démocrate Lachamheaudie. « II esl difficile, a écrit un contemporain, de se faire une idée du tapage effroyable, des cris incohérents qui accompagnaient les prédications des citoyennes. Les motions de ces dames provoquaient des interpellations d'une joyeuselé inimaginable... » Bref, le préfet de police Caussidière ne tarda pas à fermer le Club des femmes. Et le même sort frappa le Club de la Montaijne, où l'on tenait les propos les plus sanguinaires. Ouanl à la population parisienne, elle se gardait de prendre ces clubs au sérieux. Elle s'amusa fort à l'apparition du costume féminin républicain : — robe rouge et tablier bleu, corsage rouge avec col blanc et cravate tricolore, bonnet phrygien, — et à la lecture de la Constitution politique des femmes, rédigée par les Vésuviennes. Cette constitution établissait le mariage'obligatoire, pour les femmes, à vingt el un ans au plus lard, et, pour les hommes, à vingt-six ans. Pour les célibataires endurcis, les Vésuviennes avaient découvert un moyen admirable de les amener à résipiscence : ils comparaissaient devant un tribunal sexuel, el les refractaircs des deux sexes étaient condamnés au service militaire à perpétuité. Plaise aux dieux que les femmes d'aujoud'hui, bientôt nanties du bulletin de vole cl égales en droit aux hommes, ne suivent pas l'exemple des Vésuviennes ! <i
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.l'arrête là mes citations ; toutes ces questions sont de l'invention de Seipion Dupleix, conseiller et historiographe du Roy, et c'esl à ce grave personnage qu'en revient loul le mérite, si mérite il y a. .le n'ai pas cité d'explications ; en voici une
comme spécimen : « Pourquoi] esl-ce qu'entre tous les animaux à cornes les femelles n'ont point de cornes, excepté les Duchés et les chiures ? « Pouj'ce que les femelles sont plus froides que les masles : el leur froideur serrant et fermant les pores et conduits de la chair el des os (comme dit est), elle empesehe les cornes de sortir. Ou bien c'esl que les femelles estant d'une nature plus foiblé, timide et fuyarde, la nature, qui ne fait rien en vain, leur a desnié les cornes qui ne leur pouvoient. servir que d'empesehemenl et fardeau inutile à leur fuite. -Toutefois, ayant tout fait pour l'usage et commodité de l'homme, elle a voulu donner particulièrement aux vaches el aux chèvres des cornes, afin que l'homme les peusl plus aisément saisir, arrester et attacher, el s'en servir comme estant des animaux domestiques. »
Depuis quelque temps, la santé du bey de Tunis inspirait, des inquiétudes à tout son entourage. On s'attendait à une issue fatale, mais la mort hésitait devant l'auguste malade qui, malgré ses souffrances, luttait courageusement. Enfin, lundi, la triste nouvelle se propagea rapidement. S. A. Mohamed En Naeeur avait cessé de vivre. 11 avait succombé, à 12 h. 15, à une crise d'urémie. La consternation se répandit dans la ville. Le prince était aimé. Agé de soixante ans, il était le treizième souverain de la dynastie hussenite. Le l(i mai 1900, il avait succédé à son cousin Mohamed El-Hadj Bey. 11 avait régné seize ans. C'était un homme d'une excellente culture intellectuelle, de sentiments très pieux, d'un caractère noble, charitable el bon. Il tenait la France en particulière affection. Il lui était profondément attaché. El dernièrement, son amour pour elle, sa haute conception de ses devoirs de souverain envers ses sujets lui avaient valu plus d'une contrariété, plus d'un" douloureux conflit. Nous nous inclinerons donc respectueusement sur
LES TRESORS DANS LA MER
l'ne dépêche toute récente du Neui-Yorl; Herald annonce (pie le steamer lilaUelu vient de quitter
New-York, se rendant à l'endroit où le Lusilania a été coulé. Ce navire emporte le matériel nécessaire pour tenter le sauvetage des trésors que contenait le transatlantique. Le Lusilunia, en effet, avait à bord tout un chargement d'or, d'argent et de pierres précieuses. Plus près de nous, le steamer Kqupl, coule en mai dernier dans les parages de l'île de Sein par 11!) mètres de fond, portait une des plus grosses sommes en espèces qui aient jamais disparu dans un désastre maritime: 1,22!) barres d'argent, 140 boîtes d'or monnayé, !)0 boites de bijouterie, le tout s'éleva ni. à une valeur de plus de 50 millions. Les paquebots de la Peninsular Oriental, dont faisait partie VEijijpl, ont le quasi-monopole du transport des espèces monnayées d'Europe en Asie, el inversement, pour les besoins du commerce, anglais d'Exlrème-Orienl : ainsi s'explique le précieux chargement du navire coulé, qui, par suite, sera en bon rang dans la liste des nombreux navires chargés de lingots et de richesses de toutes sortes engloutis dans les Ilots au cours des siècles ! La liste en serait longue, surtout s'il nous fallait y ajouter tous les naufrages — causés par la main des hommes ceux-là — de ces dernières années ! Parmi tous ces trésors, le plus célèbre cl le plus important est sans doute celui qui repose dans la baie de Vigo. En 1702, au temps où le pouvoir de l'Espagne s'étendait encore sur les Indes Occidentales, une flotte revenait d'Amérique chargée de toutes les richesses que, pendant trois ans, on avait extraites des mines d'or et d'argent. On évaluait cette cargaison à 700 millions. Mais, en arrivant à Vigo, le convoi fut attaqué par une llolle anglo-hollandaise, sous le commandement de sir George Roock. Les Espagnols préférèrent couler leurs galions que de les voir passer aux mains des étrangers. Dans ces vingt dernières années, de nombreuses tentatives de sauvetages ont déjà été faites en divers endroits où l'on savait la présence de trésors engloutis, mais sans grand succès.
Le bey de Tunis, Mohamed En Xnceur,
qui vient de mourir.
celte tombe qui se referme, et nous adresserons à sa famille éplorée nos plus sincères sympathies. Conformément à l'ordre de la succession établi par un acte datant du 2(5 avril 1801, c'est le bey du camp, le prince Mohamed El-Habib, qui est monté sur le trône héréditaire entre les princes de la famille hussenite par ordre d'âge. La cérémonie d'investiture a eu lieu au palais de la Marsa, en grand apparat. Le nouveau bey est né en 185!) ; il est père des princes Sidi. Lamine et Sidi Azzedim Bey. Orphelin de bonne heure, il fut adopté par le bey Sidi Sadok et son éducation fut. confiée au général de la garde, Allah ben Fridjia, qui lui fil donner une solide instruction, dans laquelle les arts d'agrément us furent pas négligés. Aussi, les connaissances du nouveau souverain sont-elles étendues el des plus variées. Il est un artiste de talent et on connaît de lui des toiles brossées avec infiniment de goût et un sens très averti des couleurs. -On doil également au nouveau souverain des compositions musicales particulièrement appréciées, qui dénotent un sens profond de l'harmonie. Les arts mécaniques, également, n'ont pas de secrets pour Son Altesse. Enfin, ces vastes connaissances, mises au service d'une intelligence vive et réfléchie, une amabilité exquise, font, du nouveau souverain, un causeur plein de charme et qui exerce sur tous ceux qui l'approchent une véritable séduction. Nature droite et. généreuse, compatissante envers ïes malheureux, Sidi Mohammed El-Habib Bey est un ami loyal et dévoué, de la France. On peut dire que, sous son règne, en étroite union avec la nation protectrice, la Tunisie poursuivra son évolution dans l'ordre, le progrès et la justice.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRÉE
Panorama du Tell vu des hauteurs de Chréa. L'ALGERIE PITTORESQUE CHREA STATION Un été torride continue celle année les ardeurs d'un printemps d'une rare sécheresse. Dès les orages de la Pentecôte disparus, le thermomètre, sous les feux d'un .soleil de plomb, a atteint, d'un bond, d'invraisemblables hauteurs. SI s'y maintient. Les jours succèdent aux jours, coupés de siroco et de vent d'Ouest, mais sevrés de ces brises du Nord et de l'Est qui, jadis, tempéraient heureusement les chaleurs estivales. Nous avons, devant nous, trois mois à haleter, — la perspective n'est pas gaie. Que faire ?... Les privilégiés de la fortune ou ceux à qui leurs occupations permettent de prendre annuellement un repos bien gagné ont assuré leurs dispositions à l'avance et couvert de leurs souscriptions les listes de passages de la Compagnie Générale Transatlantique el de la Compagnie, de Navigation Mixte. Le Timijad, le Charles-Roux, la Mursa-ll emportent, chaque semaine, un contingent important de passagers assurés de goûter, dans quelque trou très cher, une température relativement supportable. Mais c'est là une exception. Nombre d'Algériens sont retenus ici par leurs affaires et doivent se contenter d'atténuer ai home les rigueurs de la température sénégalienne dont l'été nous gratifie ou de découvrir une villégiature qu'ils pourront rejoindre, leur journée finie, afin de se refaire et de raviver leurs forces. Ils ont le choix entre la mer et la montagne. Beaucoup préfèrent celle-ci, en raison de son caractère nettement tonique el réparateur. Le corps médical n'hésite pas à la recommander à tous les surmenés, à tons les nerveux cm? plusieurs mois d'agitation fébrile ont mis à bout
de foret:-. C'est à ceux-ci que nous croyons devoir dédier cette courte étude sur Cbréa-Station, dont la vogue s'accroît de jour en jour. On est frappé, dès l'abord, par les différences énormes existant entre les températures relevées à Chréa el celles notées à la station météorologi-
que de Blida, installée dans la cour de la Mairie de la Ville des Roses. Notre excellent confrère le Tell publie, à ce sujet, des relevés comparatifs particulièrement
L'orientation à l'Ouest du centre d'esiivnge cause une perle de 3 degrés, ce qui esl regrettable ; mais, en s'inslallant sur le versant Nord, qui domine les glacières, les amateurs de camping les rattraperont aisément. (2e qui l'ait surtout le grand intérêt de Chréa, au point de vue climatique, est que, souvent, tandis qu'un siroco infernal embrase Blida et ses alentours, les habitants de Chréa jouissent d'un agréable zéphyr ; la différence de température entre les deux points peut alors atteindre 13 degrés. Cette particularité a soulevé le scepticisme de nombreux Algériens ; on en trouve heureusement l'éclatante confirmation dans une thèse signée
intéressants. La différence moyenne entre la température de Blida, qui ne dill'ère pas sensiblement de celle d'Alger, est de 8 degrés-centigrades environ. Cet écart n'a rien d'excessif, quelque invraisemblable qu'il puisse paraître. L'altitude de Chréa est de 1,509 mètres (poste météorologique) et celle de Blida de 2(i() mètres 70 (cuvette du baromètre). Jl y a donc une différence de niveau de température de onze degréscentigrades environ.
Dans la clairière
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l'arbre du chameau.
Photos l'romio.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRÉE
du nom de M. Thévenel, un de nos meilleurs météorologistes et que l'on peut résumer ainsi : — En dehors des courants horizontaux, tels qu'ils résultent des données barométriques et agissant sur la température selon la nature des régions d'où ils proviennent, en dehors des effets de la radiation solaire ou du rayonnement nocturne exerçant leurs influences selon l'état de l'atmosphère, une toute autre cause complètement indépendante des précédentes peut agir sur la température avec une intensité souvent considérable. Une variation brusque de la pression dans un sens ou dans l'autre peut produire, sur la masse d'air qui la subit, soit un échauffement, soit un refroidissement sans aucune action calorique de source étrangère. On connaît l'expérience du briquet à air, dans laquelle une masse de ce fluide, soumise dans un cylindre à une compression brusque, atteint une température assez élevée pour enflammer un morceau d'amadou. II s'agirait de rechercher si, dans la nature, les conditions de cette expérience ne se trouvent pas réalisées dans une mesure beaucoup plus faible, il esl vrai, mais sullisanle pour produire des effets thermiques sensibles. 11 suffît de supposer qu'un courant d'air violent soit amené à descendre le long du versant d'une montagne. C'est là ce qui se produit à Blida, lorsque souille le vent du Sud. En évaluant la valeur du relief de l'Atlas à 1,250 mètres au-dessus de la ville, la pression barométrique éprouverait une variation brusque de 010 '"/'" à 740 '"/'" dans son passage de Chréa à Blida. Or, d'après les formules de la thermidodynamique on calcule aisément réchauffement résultant que l'on peut évaluer à 3 3 degrés centigrades environ. Si, à Blida, il y a 40, à Chréa il y aura 27.
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Sur les sommets de l'Atlas el, en particulier, à Chréa, la fraîcheur des nuits est délicieuse, el s'explique par un très fort rayonnement. Dès 3.200 mètres, l'air esl d'une limpidité et d'une siccilé presque parfaites. De légers souilles du Sud viennent, aux premières heures de fa nuit, diminuer sa proportion de vapeur d'eau. Les conditions de refroidissement rapides y sont donc trop nombreuses pour que cette constatation puisse être l'objet d'une discussion sérieuse. Etant donné, nous ne saurions trop le répéter, (pie la température à Alger et à Blida est à peu près la même, Chréa, dont l'accès est maintenant des plus faciles, est la slalion idéale de .montagne en Algérie. Les paysages qu'on y contemple ont été trop de fois décrits et représentés ici pour qu'il soit nécessaire d'insister sur leur solennelle grandeur. Nous ne pouvons qu'engager nos lecteurs à visiter ce coin charmant. Les forêts de cèdres d'Algérie sont universellement connues. Que de beauté sauvage elles évo-
l'imiii l'roniio.
Station estivale de Chréa
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quent ! Au milieu d'elles l'on jouit de sensations indéfinissables. L'esprit s'élève dans l'ambiance du pittoresque. Bien de plus.beau que de voir ces arbres vénérables s'étaler majestueusement, régner en sou-
Distribution des Prix au Lycée d'Oran.
un coin de la forêt de cèdres. \
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vendus sur les plateaux et les sommets où passe le vent du large, couvrir les pentes en niasses serrées et livrer à la montagne un assaut triomphal. ANDW'Ï DOHIA.
l'halo I.ack.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRÉE
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DANS LES RUINES DE DJEM1LA Autrefois, ce fut une ville d'eaux, de plaisir el d'estivage. C'était là que venaient chercher un refuge contre les ardeurs de l'été les riches commerçants de Silitis et de Cirla, les fonctionnaires romains obligés de rester à proximité de leurs postes et tout le monde léger et charmant qui, à l'époque romaine, comme de nos jours, hantait les villes de plaisance. Avec ses vastes plantations, ses rues bordées de colonnades fraîches, Djemila leur offrait en elïet un asile enchanteur. L'eau circulait dans la belle ville en abondance, ainsi que le prouve l'important réseau d'égouts que l'on y a retrouvé. Les bains y étaient nombreux. Toute la cité avait été construite pour le bien-être, la nonchalance, le repos, et la vie devait s'écouler gaiement dans cette petite ville africaine dorée par le soleil. Qu'en reste-t-il aujourd'hui '? Des étendues semées de ruines. Comme ses soeurs, Djemila, abandonnée, a été pillée, ravagée, démolie au cours des guerres ci des invasions qui ont semé le deuil dans toutes ces régions jadis prospères. 11 semble même que la nature soit venue aider à l'oeuvre dévastatrice de l'homme et du temps el que les tremblements de terre aient bouleversé l'ordonnance impeccable, géométrique des monuments qui jonchent le sol de leurs augustes débris. Et pourtant de toutes ces demeures dévastées, de tous ces alignements de colonnes tronquées, de toutes ces places désertes qu'envahissent des herbes
DJEMILA. — Le temple de Tellus Cenetrix.
Le marché de Cosinius.
maigres et desséchées, de tous ces temples, de tous ces édifices branlants se dégage une émotion dont l'on ne peut se défendre. D'autres hommes ont vécu là. Us ont disparu, emportés comme des grains de saille par l'écoulement formidable du temps. Mais la cité qu'ils conçurent témoigne encore par la solidité de ses murs crevassés de la grandeur de leur rêve.
Les deux jours ont à peine sufli pour visiter les grands Thermes (de près d'un hectare d'étendue) ; les Arcs de triomphe d'Antonio et de Caracalla ; le Temple gigantesque de la famille divinisée de Seplinie. Sévère ; les deux Fora ; la Basilique judiciaire ; la Curie ; les prisons intactes et lugubres ; le Temple de la Victoire ; celui d'une richesse élé-
gante de Tellus genctrix ; les marchés, surtout celui de Cosinius, admirable de conservation, avec ses tables de mesures, et le Théâtre immense, inchangé, avec ses gradins, sa scène, son orchestre, son mur de façade, ses dépendances, etc.. Le fort byzantin, les châteaux d'eau, les fontaines, les égouts, les nombreux portiques, la tribune aux harangues, le Capitole. la table sacrificielle sont des modèles du genre. Les voies principales, Cardo Maximus et Decumanus, semblent prêtes è recevoir les chars. Et, au Musée, ce sont les curiosités trouvées dans les fouilles et les mosaïques incomparables d'une richesse et d'un lini merveilleux. Enfin, les Basiliques et monuments chrétiens, occupant une superficie considérable, réeenvment découverls, sont des curiosités remarquables. L'antique église, fondée par l'évèque Cresconius, au retour de la conférence de Cartilage, en 411, pour fêter le triomphe des orthodoxes sur le donalisnie. est un édifice curieux et opulcnl. renfermant les tombeaux des anciens évèques de Cuicul. Deux autres basiliques sont à côté, l'une primitive, l'autre petile et coquette, semblant la chapelle privée des prélats romains. El plus bas. un Baptistère aux dimensions extraordinaires (14 mètres de diamètre) et aux décorai ions étranges (deux galeries avec niches de repos et cuve baptismale cariée ornée de quatre colonnes de marbre blanc de trois mètres de hauteur, avec pierre d'entablement à ogives el anneau central qui devait tenir suspendue une colonne en albâtre). C'est le plus grand monument connu de ce genre. On voit que Djemila détrône Tiingad et s'attribue facilement maintenant le litre de Pompei Africaine. Ces découvertes avaient inspiré à Mgr Bessièrc, archéologue averti, le distingué éveque de Constantinc et d'Hippone, membre de la Soeiélé archéologique, l'idée de célébrer, dans la basilique de Cresconius. une cérémonie pontificale. Avec l'autorisation de M. le Gouverneur général, ce prélat a, le 5 juin, au milieu d'une foule impression-, née, dans un cadre grandiose, présidé une cérémonie à l'endroit même où saint Augustin officia en 118, se.
Djemila est une des plus saisissantes leçons de la philosophie de l'histoire. Telles furent, sans nul doute, les impressions recueillies par les membres de la Société archéologique, historique el géographique de Constantinc, dont on a remarqué, ces dernièrijs années, le brillant essor, au cours de l'excursion qu'elle avait organisée à l'occasion des fêtes de la Pentecôte dans les magnifiques ruines de Djemila. Vingt-cinq de ses membres (l'élément féminin élanl joliment représenté), profitant des deux jours fériés, ont parcouru, en détail, les vestiges de l'antique cité. Cette promenade a été un véritable triomphe. Reçue et bien traitée par M. Verrou, le sympathique cantinier-surveillant, mutilé de guerre, la caravane est revenue émerveillée. On comprend l'engouement des touristes pour ce centre archéologique, colonie romaine réputée, station d'estivage, ville universitaire el de collection d'impôts en nature prélevés sur la région par les Maîtres du monde d'alors. D'abord, station préhistorique, puis berbère, phénicienne et enfin romaine, Cuicul était élevée par l'empereur Nerva au rang de municipe et. par l'empereur Tnijan à celui de colonie. Admirablement placée dan; un cirque montueiix, à l'extrémité ouest de la Nuniidie, Cuicul a été, de tout temps, un point, militaire important, entre Cirta (Constantinc) et Sitifis (Sétil'l. Son rôle s'était accru à l'époque brillante des Anlonins el des Sévères. Sa conservation es! telle qu'on semble, en circulant dans ses rues intactes, vivre un instant l'existence de nos prédécesseurs latins.
Groupe des membres delà Société Archéologique de Constantinc en excursion à Djemila. Photos Trivct.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRÉE
rendant d'Hippone à Césarée (Cherchell) pour prêcher contre les derniers donatisles. Le discours prononcé par Mgr Bessière, à cette occasion, a été remarquable d'érudition, de libéralisme el de patriotisme. Après remerciements aux représentants du pouvoir temporel, il a rendu hommage à nos morts de la grande guerre el exalté les vertus des premiers chrétiens qui contribuaient à la grandeur des gouvernants romains, nos ancêtres dans ce merveilleux pays. L'événement constituera une date dans notre histoire locale. Ses effets sur la population indigène seront excellents. Nos sujets y verront une manifestation de la puissance française et un retour à la brillante époque dont ces ruines sont les majestueux témoins.
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UN RARE EXEMPLE D'ÉNERGIE
FÉMININE
des êtres d'exception devant lesquels on éprouve quelque élonnement tant leur vitalité nous paraît d'une essence supérieure à la moyenne. M"" Marvingt, que noire ville a eu ces jours-ci la bonne fortune de. retenir dans ses murs, se range sans conteste au nombre de ces êtres privilégiés qui trouvent moyen de vivre en une vie l'existence de plusieurs. M"'' Marie Marvingt détient une foule de records sportifs qui témoignent de son excellence en toutes choses. Admirables sont ses états de service. Qu'on en juge un peu : Alpinisme. — Traversée de l'aiguille des Grands Charmoz et du Grépon, même journée. Aêroslalion. — Traversée de la mer du Nord en spbérique, 1,000 kilomètres, comme pilote. Premier 11
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Marvingt. ., . .
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prix de l'Aéro-Club de l'Est, contre 27 concurrents masculins. Automobilisme. — A S911 brevet de chauffeur. Bussang-Aurillac dans la même journée. A piloté une locomotive et les bateaux à vapeur. Aviation. — Premier record féminin de durée el <le dislance, a remporté la coupe Féniina en Italie. Plus de !)00 atterrissages sans casse. A participé à des bombardements aériens, au-dessus de Frescaty. Esl l'inventeur de l'avion sanitaire. Canoluqc. — Nancy-Coblentz en canot ; premier prix de périssoire debout. Pratique l'as, le ski, le canot automobile, la voilé, l'aéroplage. Cqelisme. — A fait du bicycle, tricycle et à bicyclette Nancy-Naples, Nancy-Bordeaux, le tour de France, etc. Escrime. — Sabre, épée, fleuret. Equilalion. — Monte en cavalier et en amazone, fait de la voltige et du travail à panneau. Conduit à deux et à quatre. Ciimnaslique el jeux. — Travaille à tous les appareils, fait des poids et haltères. Pratique la boxe, la lutte, le jiu-jitsu, le golf, le billard, le waler-polo et à cheval, le hockey, le baseball, le football, travaille siir le til de 1er el sait jongler. Marche. — 57 kilomètres dans les Alpes-Maritimes, dont deux ascensions de rocher. A fait de la course, les sauts en hauteur et en longueur. Natation. — Première traversée féminine des 12 .Kilomètres 500 de Paris à la nage ; premier prix de Toulouse, 20 kilomètres en mer. Sports d'hiver. — Première élève de Durban Hiinsen, elle remporte vingt premiers prix de ski, luge, patinage, championnat de bosleigb el l'onde la pre-
Mgr Bessière, évêque de Constantine et d'Hippone, célébrant la messe dans la basilique de Creseonius. l'hotoTmei. Nous avons pu nous rendre compte par nous-mêmière école de ski en France, dont un élève, le caporal Jean Weiis (mort au champ d'honneur), obtient mes du labeur formidable que celle affaire a entraîné. Mais aussi quelle satisfaction pour les comités le deuxième prix dans un championnat international militaire de ski. corses, M. Henri i'ranceschini el les intéressés que le superbe résultat obtenu : diminution de plus de 48 Tir. — Prix d'honneur au fusil de guerre, à la heures du trajet Alger-Ajaecio, économie totale d'au carabine, seule femme ayant reçu les palmes de moins 50 ?;. sur le voyage. premier tireur du ministre de la Guerre. A abattu Bonne chance au Cuaruja el à ses passagers, com14 pigeons, sur 14, au tir aux pigeons. Pratique toupliments sincères à tous ceux qui ont collaboré à tes les chasses, tontes les pèches. cette oeuvre de régionalisme intelligent. Sciences. — Parle cinq langues, a son diplôme d'Espéranto. A étudié le droit, la médecine. Elève de Bcrnhcim. pratique l'hypnotisme et la suggestion. A LA GLOIRE DE LA LEGION ETRANGERE Assistante en chirurgie. Connaît à fond la graphologie, chiromancie, phréLE i"r RÉGIMENT ÉTRANGER nologie, physiognomonie. A pratiqué toutes les sciences psychiques. A étudié l'astronomie et la géoDE SIDI-BEL-ABBÈS désie, « ce qui ne l'empêche pas d'être une ménagère accomplie ». llonuiiiific à M. le colonel lioulel-Peshareau, eoininamlaiit Ii; 1" régiment ICI ranger à Siili-hel.4;7s. — A étudié la tragédie pendant dix ans et le Alihè.s. d'un humble prûsiilent de souiélt': sporlivc chant. Fait du dessin, de la peinture, de la sculpture; el ilo pl'(*|iaralion militaire. danse les danses anciennes el modernes. A. Ci. Littérature. — A eu de nombreux prix pour ses Dans l'armée d'Afrique et dans l'armée coloniale, poésies et nouvelles (Myriel). Collaboratrice de il n'est pas de type plus curieux ni plus entouré de l'Eclair de l'Est depuis 1!)0!) et de nombreux jourlégendes que celui du légionnaire. Il parait au premier plan dès qu'il y a quelque pari un danger à naux. A fait plus de SOI) conférences. M1"' Marvingt, née à Aurillac de parents parisiens el lorrains, haaffronter, de la gloire à recueillir. bite Nancy, mais voyage constamment. Elle ne dort Vieux soldai rompu à la vie en campagne, s'acclimalant plus facilement dans les pays neufs, déen moyenne que quatre heures par nuit. brouillard, le légionnaire possède un esprit de corps Pendant la guerre s'est engagée dans les aviateurs qui lui donne une force incomparable. Servant cinq militaires. A séjourné, comme poilu, dans les tranchées françaises de première ligne. Seule femme ans au minimum, plus souvent quinze, les légionnaires forment une troupe instruite, expérimentée, ayant obtenu le sauf-conduil pour tout le front itaapte à accomplir tous les travaux, à vaincre toutes les lien où elle a séjourné six mois en plusieurs périodes. difficultés. Enfin, par dessus tout et avant tout, le Pendant deux ans, seule assistante d'un des chirurgiens les plus notoires de France. M"" Marvingt est venue de France par avion pour faire toute une série de conférences de propagande sportive. Elle en a déjà fait un grand nombre à Casablanca, Muzagan, Mogador, Safi, Rabat, Meknès, l'cz, bref dans toutes les villes du Maroc et d'Algérie, en tout 25, dont 7 aux écoles. Elle compte en faire en Kabylie, en Tunisie. Elle quittera l'Afrique du Nord pour se rendre à Dakar, au Dahomey, en Guinée, au lac Tchad, et s'embarquera ensuite pour les Indes. El nul doute qu'elle ne suscite partout où elle passera les mêmes sentiments d'admiration et d'étonnenient. devant le bel exemple d'activité féminine qu'elle représente.
ALGER-AJACCIO l'heure où paraîtront ces lignes, le grand vapeur Cuaruja, de la Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur, — ballant pavillon français et arborant à la drisse d'artimon le guidon corse blanc à tète de maure —- (initiera noire port à destination d'Ajaccio, emportant douze cents enfants de Cyrnos vers l'île de Beauté. C'esl la première fois depuis trente ans que l'on réussit à affréter un navire pour transporter d'Algérie en Corse directement les familles originaires de ce pays désireuses de passer leurs vacances dans la petite patrie ». La tâche était compliquée et ardue. C'est grâce à l'union des comités corses el à l'activité inlassable de notre ami M. Henri Franceschiiii, que les négociations avec les autorités, les Compagnies, la distribution des passages, l'aplanissemenl, des difficultés inhérentes à une entreprise de cet ordre ont dû d'être menées à bien. A
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Le drapeau du
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Etranger el sa garde d'honneur.
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légionnaire esl soldat, passionné d'avenlures, de nonveautés, de gloire. En Algérie, au Mexique, au Tonkin, au Dahomey, à Madagascar, au Maroc, le légioniiairc a toujours ouvert la route et prodigué son sang. Digne de son nom, il a repris, après deux mille ans, la tradition du légionnaire de l'ancienne Rome, soldai intrépide et grand bâtisseur. L'histoire des régiments étrangers, c'est toute notre hifoire militaire; depuis quatre-vingts ans, la Légion a ajouté au prestige des anciens corps étrangers la gloire incomparable qu'elle s'est acquise dans toutes nos grandes guerres el dans toutes nos expéditions lointaines. Par des preuves innombrables de dévouement, par son constant esprit de sacrifices, la Légion a tenu magnifiquement le serment que prête chaque légionnaire et qui est la devise inscrite à son drapeau : Honneur el l'idélilé.
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Le vieille Légion. La France a toujours groupé sous son drapeau des soldats étrangers. Depuis Charles VII, des étrangers ont combattu dans toutes nos guerres et pris leur part de toutes nos gloires. Tous les exilés, tous les opprimes trouvaient en France une nouvelle pairie à laquelle ils donnaient leur amour et leur sang. Sans parler des Suisses et des Allemands qui. sous l'ancien régime, ont toujours fourni les plus gros effectifs et dont l'histoire est trop connue, comment oublier ces troupes dont la fidélité leur valut d'être la garde personnelle du roi : les Gardes Ecctssaises, Je Royal Irlandais.
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Fidèle à ses principes, l'Assemblée Nationale supprima les régiments étrangers en les naturalisant purement cl simplement français. Plus lard, les corps étrangers se mirent au service du génie de Napoléon. Il suffit de se souvenir du courage des lanciers polonais à Somo-Sierra. et de connaître le culte qui, chez les vétérans des pays rhénans, entourait la mémoire de l'empereur, pour être certain de leur attachement à la France. Formée en 1831, la Légion étrangère compte à son début beaucoup de vieux soidats étrangers de l'Empire. Ce sont eux qui lui apportent les traditions de l'armée napoléonienne, première base de celles de l'armée d'Afrique. Elle se recrute ensuite dans tous les pays d'Europe comprenant surtout dès Polonais sans patrie et des Italiens fuyant le joug autrichien : plus tard, des Alsaciens-Lorrains. Transportés d'abord à Alger, la Légion a bientôt des bataillons à Oran el à Bougie. Elle prend une pari glorieuse à toutes les colonnes et tous les combats de cette guerre d'Algérie où les qualités propres du troupier jouent un rôle primordial. Bravoure el sang-froid, entrain, résistance à la fatigue el aux maladies, vigilance continuelle, esprii de ressource. Les chefs deviennent les généraux et maréchaux de tous les régimes, les Bedeau, les Mangin, les Saint-Arnaull, les Mac-Mahou, les Canroberl, les Saussier, les de Négrier, les Grisot, etc.. Les faits d'armes sont innombrables. En 1857. à Constantinc. elle prend un drapeau, repousse deux attaques, forme la deuxième colonne d'assaut qui s'empare de la ville et perd le colonel Combes, atteint de deux balles. En 1840, ce sont la colonne de Bougie el l'héroïque défense de Miliauab où elle perd 450 hommes, tués, sur 750. En 1844, elle prend Biskra. En 1845, elle fait partie des colonnes contre Uou-
La caserne du 1"' régiment Etranger à Sidi-bel-Abbès, Maza. En 184!), elle prend Ziiatcha. Entre temps, elle l'ait de multiples colonnes, bàlit des villes, construit des roules, des postes, dessèche des marais. En 1854, elle est en Crimée. A l'Aima, le général Canroberl esl enthousiasmé par la fière allure des légionnaires. « A la bonne heure, leur erie-l-il, servez d'exemple aux autres, braves légionnaires ! » Elle se distingue à Sébastopol, où son chef, le colonel Yicnol. est tué. En 1857, elle prend part aux colonnes de Kabylie et décide de la prise d'Icheriden. En 185!). elle inscrit Magenta à son drapeau. En lSti2. elle est au Mexique où une compagnie livre l'immortel combat de Canicronc. Pendant neuf heures. <>2 légionnaires soutiennent, contre 1,200 fantassins et 850 cavaliers, UUL- lutte acharnée, repoussant toutes les propositions de l'ennemi. Barricadés dans une ferme, torturés par la soif, enfumés par l'ennemi qui accumule des broussailles qu'il enflamme, fusillés par les brèches, les légionnaires luttent jusqu'à la dernière cartouche, puis, mettant- baïonnette au canon, ils foncent sur l'ennemi qui s'empare des dix-neuf survivants. Les Mexicains avaient perdu .'((II) hommes dont 200 lues. En 1870. un bataillon de Légion défend héroïquement le faubourg Bannier, à Orléans. De 1871 à 18S5, ce sont les colonnes du général de Négrier, pendant les insurrections de Kabylie et du
les mines, sept assauts, le bombardement continuel, elles ont perdu, lorsque la brigade Uiovanuinelli vient les dégager, le tiers de leur effectif, L'n officier est tué, tous les autres sont blessés. Le 4 février, les légionnaires prennent Lang-Son. Puis, ce sont des colonnes continuelles en pays difficile, à la poursuite des bandes de pirates et d'irréguliers chinois. Et partout, c'est la bravoure du légionnaire qui l'ait merveille. Une escouade, une demi-section rencontrent l'ennemi par hasard. Par rellexe, follement, elles attaquent toujours, sans égard à la force de l'adversaire et leur élan est tel que cette lactique audacieuse obtient souvent des résultats extraordi-
naires.
Au Dahomey, c'est encore la Légion qui entre avec le colonel Dodds à Kano et à Abomey. A Madagascar,
tout en payant un lourd tribut au climat, elle lutte
Siid-Oranais.
En 1884, Bac-Minh ; en 1885, deux compagnies de Légion sont bloquées dans Tbuyen-Quan par plusieurs milliers de Chinois. Elles soutiennent un siège héroïque de trenle-six jours. Victorieuses, malgré
Deux vétérans de la Légion. Lorsqu'un soldai de France entre à l'hôpital, dit-on couramment, c'esl pour être rapatrié ; un tirailleur, c'est pour guérir ; un légionnaire, c'est pour mourir. » Il est inutile de rappeler le rôle de la Légion pendant, la grande guerre. Dès 191.1, son effectif fut triplé par le nombre de volontaires. Tous les étrangers qui connaissaient la France, et par conséquent l'aimaient, s'engagèrent en masse. La Légion fournil les cadres et un nombre suffisant de vieux légionnaires pour donner la solidité et l'esprit de corps. Les résultais furent ceux que la presse a popularisés, que neuf citations à l'armée ont consacrés. Cette Légion fut aussi le premier noyau de deux armées : polonaise el tehéco-slovaque. Aux Dardanelles, la Légion écrivit les plus belles pages de son Histoire : à Sebdul-Babr, où le bataillon, ayant perdu Ions ses officiers, réduit, d'une centaine d'hommes commandés par un adjudant-chef, attaque encore et prend deux tranchées turques — à KérêvésDéré — pendant la retraite de Serbie, où lé bataillon de Légion est sans cesse à l'arrière-garde. Dès le début de la conquête, la Légion fut envoyée au Maroc. Elle y refit cette guerre d'Afrique où elle s'était autrefois illustrée. Elle sut y accroître sa de façon sloïque.
M. le
colonel Boulet-îlesbareau et son état-major.
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L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
gloire. Le combat d'Alouana montra combien étaient vivaces chez elle l'esprit de devoir el de sacrifice. La Légion n'avait pas dégénéré. Pendant la guerre, sa tâche y fut particulièrement lourde. Les troupes d'opération au Maroc avaient été fortement réduites. La Légion elle-même avait vu partir pour le front français une grande partie des volontaires n'appartenant pas aux nations en guerre contre nous. Les autres furent organisés en bataillon formant corps. Leur lâche fut énorme. Devant suppléer à Finsuffisance numérique par leur activité et la rapidité de leurs mouvements, ces unités ne connurent pas le repos. Les colonnes succédèrent aux colonnes, les combats, les reconnaissances, les créations de postes se multiplièrent. II fallait sans répit soutenir nos partisans, intimider les hésitants que sollicitait -la propagande ennemie, agir vigoureusement et immédiatement contre les dissidents qui menaçaient l'oeuvre entreprise. La Légion peut être Hère de son oeuvre dans ce Maroc qu'elle a contribué à conquérir et qu'elle nous a gardé.
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La Légion d'aujourd'hui.
Depuis plus de trois ans, la guerre est terminée. Au prix de 1,500,000 morts el de 800,000 mutilés, la France a conservé son indépendance et acquis une gloire immortelle. Les nations opprimées attendaient sa victoire pour revivre, comptant sur elle pour les proléger. Dans l'Orient a retenti le vieux cri de guerre, jamais oublié : Cesta Uei per l'rancos. Les nations vaincues ne peuvent plus dire : « Dieu est trop haut, la France est trop loin. » La France a assumé la protection de la Syrie. La Victoire l'.)18 a l'ail a 111 lier à la Légion de nombreux volontaires de toutes nationalités. Tous arrivent au 1,r Etranger, à Bel-Abbès. L'instruction y est poussée activement et le nouvel engagé comprend bientôt ce qu'est un légionnaire. Quelle que soit son origine, il esl vite amalgamé dans ce creuset qu'est la Légion. il voit toutes les différences s'effacer dans une même discipline, il voit des gradés de sa nationalité qui lui commandent en français, il entend parler journellement de la Légion, de son passé, du Maroc, de la Syrie et aussi du Tonkin. ce paradis du légionnaire. Ses souvenirs antérieurs, pour beaucoup ceux des dernières années, sont des cauchemars, s'effacent, 11 esl légionnaire, il en est fier. Dès qu'il est débrouillé, il est dirigé sur l'une quelconque des compagnies échelonnées entre Bel-Abbès et le Guir. Son instruction y est terminée, il est prêt à faire campagne. Il était à craindre que celte Légion ne fût pas à la bailleur de l'ancienne, que les passions politiques ou nationales ne nuisissent à la solidité de l'édifice, que la Légion ne fût plus le modèle de loyalisme qu'elle avait toujours été. Ces craintes furent vaines. Les légionnaires d'aujourd'hui sont semblables à leurs anciens. Ils connaissent le. même amour des aventures et de-, pays neufs. Ces volontaires, dont beaucoup viennent de se battre pendant sept ans, sont bientôt impatients de faire campagne el sollicitent leur envoi sur les T. O. E. Les faits montrent la façon dont ils s'y conduisent.. Au Maroc : le 21 mars 15)21, un détachement de 88 légionnaires de la !)' Compagnie du 4' Régiment Etranger est attaqué par surprise à l'Oued-Ouzziat. A la première décharge, treize légionnaires sont tués et douze sont blessés. Les treize survivants luttent pen-
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La grande musique de la Légion (orchestre symphonique dirigé par M. Aka). '
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dan| deux heures, et, malgré la supériorité nuinérique de l'ennemi, sous la conduite de leur lieutenant, enlèvent à la baïonnette la position de l'adversaire el le mettent en fuite. Ils n'avaient abandonné ni un blessé, ni un cadavre, ni une arme. Le 4 septembre 1!)21, trois bataillons de Légion l'ont partie du groupe mobile de Bekrit et participent aux opérations du Djcbcl-Ahroun. La mission du groupe mobile consiste à s'emparer du massif de l'Abroun après avoir occupé le piton de Sidi-Oualar el la croupe de l'Ajgou. Le terrain à parcourir esl inconnu en grande pallie. D'après les renseignements recueillis, l'ennemi est décidé à opposer une forle résistance. Les unités chargées de la prise de Sidi-Ouatar quittent le bivouac à 8 h. 80, et à li h. 15. après un irrésistible assaut à la baïonnette, occupent leur objectif. A !) heures, l'attaque de l'Ajgou se déclanche : le combat, rapidement mené, permet à nos troupes d'assurer la conquête définitive de la croupe à i) h. 80. A 1(i heures, les généraux Pocymireau et Bhevency sont sur le sommet de l'Abroun. Grâce à l'instruction, à la discipline et au courage des troupes engagées, celle opération importante fut rapidement menée avec des pertes très minimes. Au Levant. Le 4" Bataillon du 4' Etranger fournit 100 volontaires pour exécuter un coup de main sur un village rebelle. Le détachement l'ait une marche de dix heures pour gagner sa base de départ. 11 l'ait une nouvelle marche de quinze heures en pays montagneux et hostile pour atteindre son objectif, accomplit sa mission à la baïonnette et ramène 21 prisonniers. Ce
cou]) d'audace vaut aux officiers, sous-officiers et légionnaires du détachement dix-sept citations à l'or-
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dre de la brigade. La vieille Légion eût-elle l'ait mieux ? Le (i novembre 1!)21, le l"r Régiment Etranger envoie au Tonkin un bataillon qui occupe Lang-Son, Na-Cham, Cao-Bang. la région limitrophe de la province chinoise du Quang-Si où règne depuis un an la guerre civile avec toutes les misères qu'elle entraîne. Des troupes du Quang-Si passent la frontière et projettent d'attaquer Lang-Son le jour de Noël. Apprenant l'arrivée des légionnaires à Lang-Son, ils renoncent à leur attaque, tant esl redoutée la Légion en Extrême-Orient. Le (i janvier 1!)22, une petite colonne de 100 légionnaires, commandée par le capitaine Thomas el le lieutenant Blanqucl. est chargée de nettoyer la région entre Dong-Doug el Na-Cham. Sans pertes, le capitaine Thomas accomplit sa mission, tuant 40 pirates dont un chef important porteur de documents inédits cl s'einparanl d'un drapeau qui parle en langue annamite l'inscription suivante : i. Troupe de la reprise de l'Annum, '2r lialaillon, ,'J'' Kéijimenl. Chef de lialaillon Sa-Qinh. » La traditon est icnouée. La conduite des légionnaires sur tous les fronls. leurs nombreuses citations permettent d'être lier de l'oeuvre accomplie. l'n chef qui a vu la Légion à l'oeuvre, le général Aubert, a résumé dernièrement son appréciation dans l'éloge suivant : » C'esl la meilleure troupe, européenne, solide, brave et nianoeuvrièrc ; elle s'esl toujours montrée à la hauteur des circonstances les plus critiques. » Au Maroc, en Syrie, comme à la frontière chinoise, le légionnaire sait, toujours mourir héroïquement comme jadis ce sous-oflieicr de Taxa, en criant : « V//»<! la France ! Vive la Léqion ! » La vieille et grande musique de la Légion fut de de tous temps l'auréole de. la Ville qui l'abrite. Les artistes qui la composent ont fait d'elle un symbole qui subsistera toujours et qui l'a placée une des premières de noire belle France. A. GIIASSHT.
L'ACTIVITÉ DU KRONPRINZ l'interview qu'il a récemment donnée au Times, l'ex-kronprinz est aussi versatile que son père dans ses occupations. « Outre mes mémoires, n-l-il dit, je viens encore d'achever un autre livre... De temps en temps, je joue du violon et je fais de la peinture. Puis, quand l'envie m'en prend, je vais à l'atelier de mon ami Luijl, le maréchal ferrant, pour y fabriquer quelques fers à cheval. » Est-ce pour cette raison que l'automobilisine a, dit-on, fait de grands progrès dans la région et que Luijl a perdu quelques-uns de ses plus vieux clients '? Si les fers de Luijl. ne sont pas fous de Luijt, on dit aussi à Berlin que tous les Mémoires du kronprinz ne sont pas du kronprinz, mais de Karl Rosner, le correspondant, de guerre du lierlincr LoUal A nzeiqer. A
en croire
ERRATUM
L'équipe de fool-ball de la Légion (lieutenant Doubaud), classée première aux Championnats militaires de 1922.
Dans la pièce de vers Exode, de notre excellent collaborateur M. de Pouvreau-Iîaldy, un vers ayant sauté à la composition, il faut lire : Triste, au Jardin d'Essai pour voir la multitude ; Mais comme la jnoiteur ij porte tout, entrain, Tous les soirs, à Nelson, je vais prendre mon bain.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
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LE BAISER DE LA MORTE racontions des histoires étranges. Nous étions assis sur la terrasse qui domine le jardin. La nuit était venue, une de ces chaudes nuits d'été, bleue, profonde, sans lune, semée d'étoiles. Les hommes, renversés dans leurs fauteuils d'osier, l'uniaieivt nonchalamment. Les femmes, nerveuses, écoutaient, le coeur envahi parfois de peurs mystérieuses. Car c'était vraiment d'étranges histoires que celles que nous leur racontions, histoires de l'au-delà, transmissions de pensée au moment de la mort, avertissements secrets, apparitions, que saisie ? et voici celle que rapporta le petit Delbreuil. Elle ne pouvait certainement arriver qu'à lui. Delbreuil : trente ans, un beau visage ténébreux, des yeux noirs, des cheveux noirs, des vêlements noirs et. naturellement, des idées noires... La preuve : Ce soir-là. nous nous
Quelque temps après la mort de ma femme, commença-t-il. disparue, comme vous le savez, tragiquement à la suite d'une opération, je rencontrai, en rôdant un soir sur les boulevards, une ancienne petite amie que j'avais connue avant mon mariage, Mon malheur la loucha. Elle comprit le rôle qu'elle pouvait remplir auprès de moi : elle fut une consolatrice parfaite. » Ces premières paroles jetèrent un froid sur l'assislance. Delbreuil le comprit. Il s'expliqua : — Peut-être me reprocherez-vous mon peu de fidélité au souvenir de la morte?... Vous avez raison. Moimême, quand je me retourne vers celte période de ma vie. je ne comprends pas toujours bien ma couduile. Le dèsemparemenl dans lequel je me trouvais est ma seule excuse... Quoi qu'il en soit. Yelle me consola. Sa pitié me détourna du suicide... C'est là un fait... Mais passons... J'arrive à ce qu'il y eut d'étrange et de mystérieux dans notre courte liaison. t'n après-midi, nous causions. Nous causions et... soudain, voilà que... je la regarde, incrédule... slupéfaif... Certes, la révélation qu'elle venait de me faire était inattendue. — Alors, vraiment, dis-je, si je le voulais, je pourrais l'endormir ? Oui... répondit-elle. Tu n'as qu'à me fixer droit au fond des yeux, avec la volonté formelle que je m'endorme... Et tu verras... au bout d'un moment, je dormirai... Tu pourras faire de moi tout ce que lu voudras. Je répondrai exactement à Imites tes queslions... i'
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Mais je n'avais pas réfléchi. Sur quoi interroger la dormeuse ? Sur Marise morte ? Si j'essayais ? Pourquoi pas ? Je pris donc la main de Yelte : — Peux-tu voir le passé ? Elle s'agita, fronça les sourcils. Oui..'. — Et moi : — Tu vas donc remonter loin, aussi loin que lu le pourras... Tu vas essayer de me voir dès le début de ma liaison avec Marise... Me vois-tu "? Cherche... Je le veux... — Oui... — Moi ? — Oui... je te vois... — Mais elle ? — Elle aussi. Je m'écartai, incrédule. J'objectai : — Mais lu ne la connaissais pas ! — Je la vois quand même. — Comment est-elle "? Elle la décrivit, lentement, péniblement. — Grande... Brune... De beaux yeux marrons... Et je recueillis avec émotion les mots fatidiques qui allleuraient à ses lèvres, comme des souffles venus de l'inconnu. — ... l'n air amusé... mutin, t'n caractère très doux... Elle est assise... Elle a une robe bleue... assez décolletée... Tu viens de parler... Elle regarde en souriant ses mains... oh !... de belles mains, blanches, potelées et caressantes... Toi... lu les embrasses doucement... — Où nous vois-tu ? dis-je, exigeant plus (le précision pour me convaincre. — Où ?... Oh loin !... 1res loin... Je vous vois, tous les deux... dans une forêt... près de Paris... Ce doit être un dimanche. 11 y a beaucoup de monde dans celle forêt... des fenimes... des enfants... Vous êtes assis sous un arbre dans une clairière... Ton amie a des souliers jaunes, découverts... Sa robe courte laisse voir ses jambes. Elle ne les cache pas parce qu'elle sait qu'elles sont jolies... Elle a la tète peuebée. Elle joue avec la pointe de son ombrelle. — Dé quelle couleur ? -- Bleue. — Il y a combien ;le temps de cela "? La donneuse hésita, puis se mit à compter sur ses doitgs, lentement. -— Six ans... au mois de juillet... C'était vrai. Il y avait six ans, au mois de juillet, je me rappelais en effet. Nous avions fait. Marise et | moi. une promenade dans la forêt, du côté de Chaville. Ce jour m'avait laissé un souvenir délicieux... Ah ! çà. pour qu'on les retrouve avec une telle précision, est-ce que les images du passé demeurent éternellement inscrites dans l'espace, tandis que nous, emportés par le Temps, nous les perdons (le vue... Le moindre geste, le plus furtif sourire demeurerait donc fixé iinpérissahlcmcut. !... Ou bien... Y et le. endormie, mystérieusement (louée de vision intérieure, déchiffrait-elle en moi les souvenirs que ma mémoire avait sauvés ? Lisait-elle vraiment dans le Passé ou dans mon cerveau '? N'étail-elle qu'un miroir que j'impressionnais à mon insu ? Je la considérai avec un étonnemeul mêlé de terreur. Elle dormait, calme dans la courbe molle du canapé, ignorante des paroles véridiques qu'elle avait prononcées. fïl le vertigineux désir nie vint de pousser encore plus loin l'expérience. Puisque le passé, ne semblait avoir pour elle aucun secret, ne pourrait-elle pas plonger ses regards magiques par delà le monde réel, dans l'inconnu des ténébreux chemins qu'ouvre | la mort ? El, martelant les mots d'une voix volontaire, tandis qu'elle frémissait toute comme une plaque sensible, je lui commandai de libérer son esprit, de s'élever jusqu'aux régions inexplorées où seules pénètrent les âmes des disparus... — Cherche Marise... Appelle-la. — Je suis seule. — Où es-tu ? — Loin. — Sur terre ?.... — Ailleurs... — Où ? Elle se tordit, désespérément. — Ah ! je ne puis te le dire. — Et Marise ? — Attends... Elle gémit et se tut. Des fies nerveux passaient sur son visage aux yeux cernés. Des efforts, des élans la secouaient. Puis elle resta immobile, la respiration oppressée. | J'étais partagé entre la peur et. le désir de savoir. Où étais-je moi-même '? Quel vent de folie souillait en moi '? \
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J'hésitai : Mais crois-tu que j'aurais assez de force dans -le regard pour...? — Tu n'as qu'à essayer... me dit-elle... Je suis presque sûre d'avance que tu réussiras. Tu as des yeux vifs... Et je sens que la volonté est supérieure à la mienne... Viens l'asseoir ici... Je m'installai sur le canapé à côté d'elle. — Prends-moi ]a main, dit-elle. —- Vraiment, dis-je encore étonné, j'ignorais que tu te livrais à de telles expériences... lu ignores encore beaucoup de choses sur —- Oh moi. déclara-l-cHc en riant. Je pris donc sa main tiède qu'elle m'abandonna et la serrai doucement. Elle sourit : !
— Allons, sois sérieux. El puis, avanl de commencer, promets-moi que, si lu m'endors, lu ne poseras pas de questions auxquelles je pourrais être ensuite houleuse d'avoir répondu. Je promis...
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Nous nous immobilisâmes, les yeux dans les yeux, le sentis l'acuité fixe de mon regard pénétrer dans ses prunelles sombres, comme un poignard, Evidemment. j'étais le plus fort et je la dominais. Mais des picotements de sable agaçaient mes paupières. Tout le décor environnant s'abolissait. Au centre de grands halos lumineux, je ne percevais plus que la clignotante lueur de ces deux yeux couleur de feuille morte que je fixais, que. je sentais faiblir, et qui, lentement, s'éteignirent... Une seconde, je détournai mon regard pour reprendre des forces. Sa main frémit dans la mienne. Un lie nerveux, extrêmement .rapide, plissa son front. Ses yeux eurent une tendance à se révulser... Elle aspira l'air deux ou trois fois, profondément, comme si la respiration lui eût manqué. Je redoublai de volonté. Ses paupières s'abaissèrent, se relevèrent à demi, luttèrent encore et demeurèrent définitivement-closes. Elle dormait. Lentement, je nie redressai, Elait-cc possible ? Je craignais quelque supercherie. Je la secouai. Elle ne résista pas. Je levai son bras. Le bras resta dans la position donnée, rigide. Aucun symptôme de fatigue ne le lit se baisser. J'étendis son corps inerte sur le canapé. 11 resta immobile. Alors je me sentis entrer dans un temps inconnu. J'étais à la fois lier et. effrayé du résultat de ma. volonté. Je ne me savais pas nanti d'une telle force mystérieuse ! D'un ton autoritaire, je l'interrogeai : — lis-tu prèle à me répondre, ? Un souille passa sur les lèvres pâlies. — Oui. Et je déclarai, formel : — Je vais donc te poser quelques questions.
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que j'interrogeai et sondai le mystère de la mort, elle marchait vers moi, à chaque minute, à chaque seconde. Elle faisait le siège de celle anomalie révoltante qu'est ma vie. Elle la rongeait. Elle la grignotait, et j'eus soudain l'impression rapide d'être suspendu au-dessus d'un vide infini sur une mosaïque ' qui s'effritait et se rétrécissait morceau par morceau... Je harcelai la déchill'reuse du Mystère : — Cherche... cherche... répétais-je. Je veux savoir... Je veux savoir où l'on s'en va après la mort... Je veux l'apprendre de la morte que je regrette. Appelle-la. Elle te répondra, Demande-lui si elle est heureuse... Y elle tressaillit. Son visage s'éclaira. — Oui. — A-l-elIe souffert quand elle est morte ? — Non... — M'a-t-efle appelé dans son agonie ? — Elle ne pouvait plus, trop faillie. — Pouvait-elle, guérir ? — Trop lard. Le mal était déjà le plus fort. — Il fallait donc qu'elle mourût ? — Son heure était venue... — Son heure '?... Pourquoi si tôt, en plein bonheur? — C'est un secret que les morts gardent... — Alors, sa vie, ici-bas, n'était donc qu'un court passage ? — Une balte sur le chemin. — Que! chemin ? — Vers le bonheur. — El elle ne me regrette pas ? — Pourquoi te regretterait-elle ? Crois-tu qu'elle t'ait perdu '? Elle est encore avec loi... près de toi... Elle va partout où lu vas... — lit pourtant, moi, je nie sens seul. — Parce que tu vis. La vie est un étal inférieur. - Eh bien, qu'elle se manifeste à moi, puisque je ne puis m'élever vers elle !... — Elle ne le peut. L'essence des morts est trop subtile pour pénétrer dans l'atmosphère des vivants... — Physiquement, mais spirituellement ? — Tu as la pensée. — Je n'aurais jamais d'autre consolation que de penser à elle. — Ce n'est pas toi qui pense à elle, mais elle qui se rappelle à toi. Je me redressai, effaré devant la dormeuse inspirée. — Yelte. en ce moment... lu vas me dire... je le veux... Qui parle ? Esl-cc toi inconsciemment... ou... quelque être inconnu... par tes lèvres... — J'exprime par des mots ce qu'elle me suggère. Tu la vois donc ? Qu'esl-elle ?... — — lue lumière... qui vibre... — Eh bien, dis-je, sentant ma raison sombrer dans le vertige, s'il est vrai que lu sois en sa présence... s'il esl vrai, Yetle. que tu lui serves d'instrument, d'intermédiaire lerreslre... qu'elle exécute par toi le geste qu'elle désire...
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Delbreuil se tut un instant. Le cercle des femmes s'était resserré autour de lui, curieusement et sous la clarté atténuée des étoiles, on voyait briller leurs yeux. Delbreuil reprit : — ... Alors Yelle se leva. Elle se leva, les paupières baissées, les mains làlonnanl dans le vide. Elle eut un moment d'hésilalion qui dénotait un effort, une tension extrême de tout son être pour vaincre une impossibilité formidable. lîl brusquement, comme libérée, elle vint à moi, prit avec lenteur mon cou entre ses bras... Effrayé par ce visage mort, je m'étais rejeté en arrière. Mais ses lèvres se tendirent vers les miennes et s'attardèrent en un long baiser. Or, ce baiser, ce n'était pas celui d'Yelte !... Ce baiser, je le reconnaissais et je tremblais de l'avoir reçu ! Ce baiser, c'était celui de Marise. Ainsi, par delà la mort, celle que je regrettais m'avait témoigné son amour. Je restai confondu, frémissant, terrifié. Etait-ce bien vrai ? Où m'avait emporté mon imagination ? N'avais-je pas été le jouet de quelque hallucination; une victime de l'auto-suggestioii ? Pourlant, il n'y avait pas de doute. C'était bien ainsi que Marise m'embrassait autrefois, et comment admettre que Yelte eût inventé ce baiser si différent du sien ? Non, l'ordre lui en était venu. Il lui avait été commandé, insufflé... Yette, exténuée, s'était abattue sur ma poitrine. 11 me fut aisé de la réveiller. Intermédiaire inconsciente, elle n'avait gardé aucun souvenir, el moi-même, je lui cachais mon angoisse. Je n'ai jamais plus osé évoquer la morte, profaner son sommeil, mais je ne puis songer, sans être saisi d'un frisson étrange, au dernier baiser (pie j'ai reçu d'elle, à ce baiser qui me venait d'outre-tomhe, mystérieusement, comme un dernier adieu...
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Autour de nous, dans le. petit salon or, un grand silence. Le soleil mourait dans les rideaux jaunes de la fenêtre tournée vers l'infini. Son disque s'y diluait en flamme blonde, comme l'on représente les matérialisations d'esprits divins dans les tableaux primitifs... Des pétales de roses se détachaient d'un bouquet. El le balancier de la pendule qui ornait la cheminée découpait le temps avec, régularité, comme un faucheur dans un champ de javelles. Ainsi, tandis
Delbreuil se lut. 11 y eut un moment de silence. On entendit distinctement bruire les perles de l'écharpe que M""! Mériane ramenait, d'un geste frileux, sur ses épaules nues. — Vous avez l'imagination bien macabre, jeune homme, déclara soudain, d'un ton pércmiptoire, le commandant Aslier, esprit positif el froid. Mais, personne ne l'approuvant, il se renfonça dans son fauteuil et. ce soir-là, on ne raconta plus aucune autre histoire... Piiïuuiï Br.ncu.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRE
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LUCHON STATION SULFURÉE. DE MONTAGNE POUR ENFANTS
Dans une magistrale conférence faite à Ludion le 5 septembre 11I00, le regretté doyen Landouzy, précisant les grandes indications thérapeutiques des eaux sulfureuses de cette station, insistait fortement sur leurs remarquables effets dans les maladies des enfants el, illustrant sa démonstration de nombreuses observations cliniques, montrait que la cure thermale avait une utilité el une efficacité d'autant plus grandes qu'elle était prescrite plus tôt et s'adressait à des individus jeunes n'ayant pas encore de troubles organiques définitifs ni fortement enracinés. L'appel de Landouzy fut entendu ; aussi la clientèle enfantine se presse-t-elle chaque année plus nombreuse à Ludion où de riches sources minérales el un climat de moyenne altitude renforcent, en les associant, la puissance respective de leurs vertus guérisseuses. Ludion, station sulfureuse de moyenne montagne (080 mètres), a, dans les divers états anémiques el chloro-anémiqucs, une action trois fois favorable, grâce à ses sources sulfureuses, ses eaux ferrugineuses, son climat de mi-altitude. Les expériences faites à Ludion même par M. le professeur Marcel Labbé ont clairement montré à ce sujet les excellents effets de la cure sulfureuse, et, tout particulièrement, du humuge naturel (la grande spécialité de cette station) qui a sur le sang une action des plus favorables, en augmentant le nombre des globules rouges, et l'hémoglobine elle-même. Le traitement sulfureux de Ludion amène une modification heureuse du sang et aide à la formation de l'hémoglobine en mettant à la disposition de l'économie du soufre, métalloïde qui entre dans la constitution de l'hémoglobine pour une teneur triple de celle du 1er. Les eaux ferrugineuses, très fraîches, relèvent l'uppélil des jeunes sujets qui les absorbent, facilitent la digestion el reconstituent le sang en stimulant la l'or-
Luehon en 1860.
nation de nouveaux giciiules rouges et activant l'éla-
boration de l'hémoglobine. Ces eaux sont très nombreuses à Ludion, où le médecin n'a que l'embarras (iu choix pour déterminer la source ferrugineuse qui conviendra le mieux à lelle ou telle forme d'anémie infantile. Enfin, le climat de moijenne altitude, qui esl celui de Ludion, ajoute ses bienfaisants effets à ceux des sources sulfureuses et ferrugineuses. 11 détermine, à son. tour, une augmentation progressive réelle des
globules rouges. L'appétit devient meilleur, contribuant ainsi à un relèvement rapide de l'état général de la nutrition, l'enfant joue plus longtemps sans fatigue, et reprend de bonnes couleurs. Ainsi que l'a depuis .longtemps montré M. le. docteur Martine, un des facteurs thérapeutiques les plus importants et les plus habituels du climat de montagne est Vaérothérapie. c'est-à-dire la cure d'air, la suraération. A cet effet, l'enfant trouve, à Ludion. de multiples pelouses bien séparées des roules et avenues, exemples par conséquent du voisinage dangereux des automobiles el véhicules de toute espèce, cl où il pcul sans crainte s'ébattre, jouer, se délasser, passer, en un mol. la journée toute entière en faisant ample provision d'air pur el vivifiant. La cure de plein air est complétée à Ludion par celle de terrain, parfaitement organisée, le choix des
Le pavillon Ch. Mouren.
La salle des Pas-Perdus des grands thermes, à Lu eh on.
La nouvelle salle de pulvérisation.
promenades, leur longueur, leur durée, leurs étapes étant méthodiquement, réglées par le médecin luimême, suivant un plan schématique, très bien conçu, des diverses promenades de la station, avec indications précises de l'orientation des chemins, de la direction du soleil, des déclivités, des pentes, etc.. J'ajoute (pie, dès 1!)22, fonctionnera,' à 100 mètres environ au-dessus de Luchon, sur le petit plateau ensoleillé de la chaumière, accessible à la fois par des lacets forestiers el par un funiculaire, un cours de culture physique combinée à Yhéliolhérapic ; en d'autres termes, sous la surveillance de moniteurs et monitrices qualifiés et soumis eux-mêmes à une direction médicale permanente, les enfants, dévêtus, feront au soleil une série d'exercices de gymnastique médicale et. respiratoire (type Hébert) progressivement et prudemment gradués. Cure solaire el cure gymnastique associées amènent de véritables résurrections : de petits êtres, pâles et anémiés, renaissent rapidement à la vie (G. Lyon), leur teinl se colore, leur appétit se réveille et leur poids augmente dans des proportions vraiment étonnantes.
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRÉE
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plicable au moyen des données actuelles de la physiologie, nos expériences ont abouti à des résultais qui ne peuvent être considérés que comme entièrement négatifs. » FETE FEDERALE DE GYMNASTIQUE
LA 44
Dans le Crapouillol, outre d'excellentes critiques sur les ouvrages récemment parus, on lira avec curiosité, l'article pittoresque que M. André Warnod consacra aux liais du Quartier des Halles. C'est la tournée des grands ducs ; en imagination. M. A. Warnod nous '' conduit en effet dans un monde un peu spécial dont il nous explique les moeurs, la psychologie. Monde mis à la mode
La 44'' Fêle fédérale de Gymnastique a eu lieu dernièrement à Marseille, dans le magnifique parc Borély, en présence d'une foule de spectateurs. De nombreuses sociétés de l'Afrique du Nord y ont pris part. Nos gymnastes algériens et tunisiens, une équipe militaire venue du Maroc se sont faits chaleureusement
par plusieurs littérateurs, parmi lesquels M. Francis Carco, lauréat de l'Académie Française par son Homme traqué.
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Au sommaire de la Revue lileue : La
Semaine de la Monnaie, par M. RaphaëlGeorges Lévy, membre de l'Institut ; L'Abstention des Etals-Unis, par M. Perapplaudir pour leur belle tenue, leur ry Belniont ; un conte de la grande rodiscipline, la sûreté de leurs mouve- mancière suédoise Selma Lagerof : Une ments el la science de leurs exercices. Histoire de Uolland ; une intéressante Nous donnons ici un cliché repré- Revue des Revues étrangères, de Gassentant les gymnastes de l'Afrique du ton Cboisy i enfin, un article de M. Re-
Kéfalin. le gagnant du Grand Prix de Paris. JOURNÉE
DU GRAND
PRIX DE PARIS
LA DÉBÂCLE DU
SPIRITISME
Le Grand Prix 1!)22 s'est couru, cette : A la suite de l'intéressante enquête année, devant une foule énorme venue sur le spiritisme entreprise naguère de tous les coins de Paris et de la pro- , par Heuzé. des expériences ont eu lieu vince, avide d'assister à l'épreuve très sur son initiative au laboratoire de populaire qui est cependant de 1res; physiologie de la Sorbonne.
courte durée. Mais l'effervescence est à son comble, peu importe les fatigues, les déplacements pénibles, où hommes, femmes, enfants sont pressés, coincés, bousculés... c'est le " Grand Prix de Paris ». fête populaire par excellence.
Ces expériences avaient pour objet
possible la réalité des La 44' fête fédérale de gymnastique à Marseille. éleclroplasines ». c'est-à-dire des ma» térialisations métapsychiques que prétendait produire un médium connu, Nord dans leurs exercices de barre fixe. né de Puaux sur la Question d'Orient M"" Eva Carrère. Toutes nos félicitations aux organisa- où est explicitement indiqué le Devoir Les expérinie/italeurs, les profesteurs de cette magnifique fête : à MM. de la France. Cazalel, Pathé, haut commissaire de l'éducalion physique ; Dominique, préLa Direction de VOplical, 4, boulevard sident de la Fédération des Sociétés de Seguin, Oran, envoie à toutes les perGymnastique de l'Afrique du Nord ; sonnes qui en font la demande son CataBeeteinvald, Barsotti, Cajeri, docteur logue général d'articles photographiques. de vérifier si
Lacbaud.
NOS SPAHIS A VINCENNES
Sous la présidence de M. Alexandre Millerand, président de la République, et en présence de M. Barthou el des maréchaux de France, une grande fête militaire a eu lien à Vince.nnes au profil (ies monuments commémoratifs de la guerre. Les nombreux Parisiens qui assistaient à celle réunion garderont certainement un souvenir ineffaçable de ce spectacle magnifique où ils purent apprécier la maîtrise de nos incomparables écuyers de l'Ecole de Saumur qui exécutèrent mille prouesses sur leurs
Héros Xll, vainqueur de la Grande Semaine. et chacun s'y rend avec le vague es- seurs Georges Dumas, Louis Lapicque poir de ' loucher » le gagnant. et Henri Piénon, tous trois physioloLe Président de la République, ac- gistes et psychologues réputés, vien-
compagné de l'Empereur d'Annam, as- nent de publier un procès-verbal relasistait à la réunion, et ce dernier, très tif a ces expériences et dont les conregardé dans sa robe de soie noire toute clusions sont, nettement négatives. brodée d'or, fut l'objet de nombreuses Les trois savants ont cru constater,
ovations. Quinze concurrents se présentèrent pour l'épreuve,-et après le défilé d'usage, le départ fut donné par le starter. Après une lutte sévère, Kéfalin triomphait, l'emportant de trois quarts de longueur sur Hamas, qui se plaçait, second devant Algérien. Le. montant du prix revenant au 1" s'élève à 50!),500 francs. Le deuxième reçoit 50,000 francs. Le troisième, 25,000 francs. L'éleveur du gagnant, le comte Moustiers-Mérinville, louche 40,000 francs. Kéfalin appartient à M. Ambaliclos. En résumé, excellente journée pour la Société d'Encouragement et félicitations aux organisateurs de cette belle réunion. MAURICE DE GUY.
dans des conditions d'éclairage très mauvaises, à deux reprises, sur quinze séances d'expérimentation, l'émission par la bouche du médium d'une, sorte de substance inerte qui n'avait aucune des apparences de formes vivantes habituellement attribuées à Y « électroplasme », mais ils ont remarqué que cette substance était, entièrement inerte, qu'elle était maintenue par les lèvres du médium, n'avait que les mouvements imprimés par la bouche, et ne disparut qu'après que le médium l'eût mâchée el avalée comme s'il s'agissait d'un objet en caoutchouc ou de quelque chose d'analogue. La conclusion très nette des savants est la suivante : ce qui concerne l'existence, » En d'un « électroplasme » qui serait inex-
L'INVITATION
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superbes montures. Mais l'enthousiasme fut à son comble lorsque nos intrépides spahis s'élancèrent sur leurs chevaux fougueux, au milieu de la longue piste, les uns debout sur leur selle, les autres se pliant jusqu'à terre pour ramasser de minuscules objets placés sur leur passage. Tout cela à la charge, au milieu de cris et de coups de l'eu, pendant que « rhitas » et tains-tams prêtaient à cette fête le. plus pur cachet « Sud algérien », nous donnant l'illusion d'être transportés- dans le bled et d'assister dérouaux superbes fantasias qui lent habituellement durant se les Télés locales. Enfin, une véritable manoeuvre de corps d'armée, y compris les évolutions de la cavalerie, sous le feu de l'artillerie et des autos-mitrailleuses, vint terminer cette mémorable journée, qui fut, par sa complète réussite, la légitime récompense de tous ceux qui mirent sur pied cette belle réunion patriotique. MAUIUCE UE GUY. REVUES Au moment où le fameux domaine d'Edmond Rostand est mis en vente, on lira avec plaisir les très intéressants souvenirs que publient les tnnales de cette semaine sur Cambo. Dans le même numéro, les signatures de Raoul Baudet, Ahel Bonnard, A. Fribourg, D' Gustave le Bon, Jean Nesmy, André Rivoire, G. de Palowski, Yvonne Sarcey, Marcelle Tinayre. Toute l'actualité de la semaine sous toutes ses
formes.
A LA
LECTURE
Autrefois, lorsqu'un livre apparaissait à l'évenlaire des librairies, les éditeurs se contentaient de l'entourer d'une légère bande, de couleur, d'un modeste : Vient de paruitre.. Puis, quand on eut lancé la mode des prix littéraires, tout livre récompensé se couvrit d'une bande plus large pour faire savoir au monde la distinction dont il était l'objet. Cela n'était pas assez. Peu à peu, les éditeurs imaginèrent de donner en quelques mots particulièrement élogieux le sujet du livre présenté sur une bande plus grande encore. Les éditeurs de l'un de nos meilleurs romanciers ont trouvé mieux : ils se sont amusés à dénombrer les lettres contenues dans ses livres. Et sur la flamboyante bande, rouge qui ceint ces imposants bouquins, on lit : « ... Trois volumes contenant un million deux cent trente-cinq mille cent cinquante-huit lellres. » De cette façon, le lecteur sait qu'il en aura pour son argent.
ANNONCES
L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTREE
i5 Juillet igij!'