LA LÉGION ÉTRANGÈRE AU FRONT (1915)

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Revue des deux mondes : recueil de la politique, de l'administration et des moeurs Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Revue des deux mondes : recueil de la politique, de l'administration et des moeurs. 1930-01.

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POUR

LE

CENTENAIRE

LA LÉGION

LA LÉGION

DE

ÉTRANGÈRE

AU FRONT (1915)

LA

E de

avait régiment la vallée de le fond

suit

de

la

ouvrait

la

colonne,

je m'étais

les

La avoir

au

séjours

qui

jusqu'au fond des

maintenant,

petit village la route qui

par Notre

malgré ce paysage

sur jouait souvenir des trous

le

du barda. poids du Nord semblait de l'hiver,

souffrances

creusés

les pluies que en embuscade,

dans

l'argile emplissaient alors que

la neige. ici venir

les

blanche

de

d'une sur

eau

la plaine, était finie.

La guerre de tranchées fait le grand les avait Une fois On pour coup. on ne s'arrêterait avant la victoire front point percé, complète. la descente les rescapés, des Champs-Elysées Et ce serait, pour anciens les joies et les plaisirs retrouvés. sous les fleurs, arrêt,

tombait

un

il gagnait les lignes. bataillon de transmettre en fin de un ordre Chargé à une balustrade adossé et regardais passer

Champagne, baignoires les nuits passées glacée, sans

dans

l'aube

et

allègrement,

d'avril

MARCHE

vallée,

marche.

chassé

à

débarqué Saint-Pol

légionnaires. Ils marchaient brise

EN

LÉGION

sous de la paix, temps défiler de leur pas des zouaves des marches endiablées. nant Au

j'avais

assisté

au

passage

de

le ciel

méditerranéen,

alerte, Au

précédés

cavaliers

Caucase, cosaques

de plus

le

vu j'avais clairons sond'une montés

fois, sur


REVUE

leurs

bètes

nerveuses

isolément au les

cosaque tclierkcsse

chaussés pieds déambulaient la

aux

allaient,

au gré de huit,

ils traversaient leurs

tard, Visions

qui

1945.

de

mois fait

II.

avait de

le

ces

feu

dans

affronté

fondu

ensemble

métaux

divers

le symbole aux Champagne,

bronze; de

cimetières

Le

de

de

qu'ils aussi

c'était

venus

étaient la

et

regard desquelles n'avaient titude qu'ils vivants Au

aux

contact

mains des

de

vétérans

de la discipline nombre accomplis; ment

un

sous

la nouvelle égale

braver

du

débrouillage eux-mêmes.

Légion, métier

les

ils d'Afrique, et étaient devenus eux,

», de leur seulement non

militaire,

ces

dans

avaient

mais

du

apporté seulement la

pas les

français, rangs certaines mutilations de chose, s'ils

avaient avaient

oôlé, de aussi

de

retenus. le senti-

acquis

avaient leur

tombaient

point

rapidement avaient reste, fait

la cer-

des

soldats

déjà

bénéficier

connaissance cette

servi

science

sans du

aux zouaves des points ils rendaient laquelle d'entre eux me fit songer la fin de plusieurs

dans Si

dans

ne

drapeau. de la « vieille

Ceux

légionnaires, et résistant

à Verzeà Prunay, côte à côte sous reposaient

l'ennemi,

d'entre

de

Marquises,

de pensée la perte de la vie est peu à espérer pas de merci

au

des

pendant

alliage souple union était cette

la

souffrance;

l'idéal

en commun

volontaires un

printemps dont les

cœur

de la Légion où les morts nay. une inscription une croix identique. portant A la « Légion de la guerre », les volontaires flamme de nobles sentiments. Ce n'était leur mort

comparable

troupe

le

le

par

dépassées

1er étranger au de la garde impériale

marche

régiment conservé intact

l'an

quelques de moitié.

toutes

eut

mois

villes

diminués

un

Imaginez eussent

grognards volontaires

comme

de

régiment

ces

il n'y du

effet,

leurs jusqu'à ils d'astrakan,

à leur retour lorsque, la chasse allés donner

», guerre à moi. alors en

knout

le

contemplé j'avais d'un ressortissants vêtus un cheval

bonnet

de

peut-être,

longs avait

« gens s'offrait

étaient

fantaisie,

de leur de cinq,

posséder pour descendait, presque

à nouveau

bataillons

de

spectacle Jamais ce

trop pauvres sombre qui

du haut de boltf», coiffés dans les villes en chantant; de Perse, ou ils étaient

frontière

bandits,

plus

de

MONDES.

de deux, par rangs la tête fièrement poing, rejetée en arrière; de infanterie formée cette plabtounia,

de leur

à

ils

DEUX

ou

territoire

de

DES


LA

à celle dans

de une

ce

cheyalier

bataille

de

« expia avaient été

chroniqueur, la plupart véritable

vocation

nombreux

ÉTRANGÈRE

LÉGION

FRONT.

un boulet par et qui, dit un vieux

en coupé de Souabe

grison

la guerre par une mort

deux

une

vie

», à s'engager à la Légion par une de il y avait Parmi ces derniers aussi braves qu'incomparables

conduits

militaire. soldats

Bretons, s'ils avaient

AU

héroïque

orageuse

c'est qu'il leur offrait ce corps, plus d'occasions de faire des campagnes et d'augmenter que tout autre leur ainsi la modeste bout de quinze au ans, pension qui, aux de vivre du besoin dans leur à l'abri permettrait pays mœurs d'une simplicité antique. marins;

A

Marseille, volontaire sur avait

leurs

être

frères

la visite

d'armes

couvertures nuit

des

troupes un bois, Seul

sous

mes

bande

plus avaient

Parmi

ces

fournir

maladie

nouvelle

une

avaient

classe. cours

de

dix

passé

en

prison

qu'on ment

lui

réservait,

fût

jonchaient leur dernier des lits

Souchez,

ou

une

les

de de

transportaient ceux-là

résisté, leur la

uniforme

ceinture

les

bleu de

de

endurci

mener

laine

bêtes

des

intempéries où.

n'importe trouvé

de

seule sans

de tels

d'Afrique n'avaient

qui, même

pour

jouer

le

préférable

que

le

Mais,

journée. doute était-il

au pas rôle régi-

éléments.

tard, jours plus de leurs la corps sommeil

de

légionnaires de service,

années

douze

composé

Quinze

dans

étaient

Nombreux

dizaine

enveloppées

ou

les

les

Maroc,

de les arrêter. capable on aurait facilement

à une

cadres

claire,le corps

et

Des ingérégiments. la place eùt été plutôt dont dans nieurs, volontaires, engagés les armes servaient comme soldats de deuxième spéciales,

quoi

des

du

opéré

dans

pouvait

le plomb serait 3500 hommes,

ou

inertes

yeux,

la

proportion volontaires

les

se relayant, avaient qui

hommes, Ceux

aspirant-

la

rhumatismes,

masses

lequel On prise.

de

plus le fer ou

les

par

d'Afrique, sur corps

n'âvaient

Parmi

l'Algérie avaient

guerre

un

villes,

même.

l'arrière,

une

par

coupé

éliminé

autres

de

vaincus

défilaient

qui

foncé

de

avait

les la

que quatre des tranchées.

hors

mêmes

dans

venus

hiver

Certains, sur évacués

être

sanitaire

quatre; sensiblement

d'un

épreuves sélection.

choisi

les

trois

« terre

quarts

de

ces

hommes

de

», dormaient personne dans le rouge humus d'Artois ougisaient du mois suivant sur et, après l'attaque

d'hôpitaux sombre tuerie

sous

un

ciel

éclatant,

le

régiment


REVUE

DES

DEUX

MONDES.

de ne comptait comme plus qu'une poignée d'hommes..Alors, tous celui les régiments c'était servant en France étrangers des autres on y versa les débris régiqui avait le plus souffert, ments de la Légion (1). L'enthousiasme le régiment sur dun,

une

Un

contait bataille

de

assauts

les

tion

la

d iris

façon de bataille

anglais, h brèche.

L'attente

se

Justice hommes?

à

leur

«( Ils défenseurs

tour des

ceux

dans fuyaient les Allemands des

au

kaki

régiments

ne

complètement reconnaissant

la

le

rompirent lança

fusi-

ou

rendue leur

posi-

la plaine.

qu'on

et

toujours tout en civils,

écus-

battaient

de

que, mitrailleurs, grenadiers de tuer sur place plutôt que fut point déçue.

fut-elle

aux

col

se

la

de

épisode résistait

ennemie en

coloniale,

On savait

chefs

Les

un

position Les hommes

à la mort échappe' de 1918, lorsque la Légion fut l'un

feraient

des

l'Infanterie

Une

furieux. plus de vert avaient chargé des fous ») et bientôt

ils

liers.

telle

de caporal des camarades

à

Somme.

qui avaient Au printemps

front

Néanmoins peu tombé. à Veren Champagne, de la grande guerre,

un

gloire

permissionnaire, en ma présence

comme

était

jusqu'à je vivrais impérissable. Quand de l'âge d'or de la paix je universelle, jamais le frisson soir de la fin de certain qui me traversa

n'oublierai

sonné

début

se comporta de tous les champs

qu'il acquit l'avènement 1917.

du

valeur

reculer.

à

ces

gueravec

étaient un pau trop portés à les confondre rière, peut-être les « joyeux libres ils étaient en per», et leurs allures, quand à cette aidaient assimilation. Un de mes camamission, rades,

un

volontaire

tchèque, café à Lyon

élève

dans un jour termes par un consommateur vous Oh! bien, après la guerre, ne serait Cela qu'amusint, un

firent plutôt lisait quelque

les légionnaires alors pénible le

plus temps

grand après,

ne laissa

de

Bourdelle,

en ces interpellé êtes de la Légion. » réhabilité.

fut lorsqu'il « Ah vous serez mais pa^ de

une leur

leur que régiment, de citations nombre passé

au

se trouvait

deuxième

constatation causer

que

une

surprise à l'armistice, totail était, h l'armée, rang.

Sans

doute

les 2", 3" et (t) Le 1<Prégiment de marche du 1" étranger opérait au Maroc 4" (garibaldien) rég m nts de marche, en France et le 3* en Orient. Le 2« régide m'nt étranger comprenait lui aussi, pendant la guerre, plusieurs régiments mirche.


LA

avait-on glorieux gère. sente

LÉGION

estimé

ÉTRANGÈRE

FRONT.

«

de le titre pas que détenu par la Légion de tout ce que l'amour

ne convenait qu'il » fùt de France

régiment Mais dans

quel régiment mot de « France

ce seul

AU

» était-il

représein qu'au

vivace

plus

plus étran-

du

« » ? D'ailleurs l'armature régiment presque étranger entière de la Légion de cette natioétait les vétérans française; nalité de tous venus formaient le contingent d'Afrique peut-être le

plus certain avait

âge

et parmi de fils, de

imposant nombre fait

refuser

», la devise

ments

de France.

Et lors

qui

ce

frères

d'armes

ils

étaient

six

hommes.

la

une

Vaast, la

remplacée sur figure

tel

.Les hommes Serbes;

à l'automne

ment,

de dix

pour y continuer aux derniers accrochée à la retraite Un

à travers chef

nouvelle

Une

La

vient

Manche

et

mules à

du

Saintcontre

'précipité

restera

do

sera

envoyé vieux

territoire

le

et, une

suite,

du

vive.

grandes

à leur

l'armée

lambeaux

fresque séculaire. race.

Ces

ce sont

les

leur

et

front

détacheen

Serbie

roi

Pierre,

promise

guerrier

déjà

gaulois.

bleue.

finesse rappeler

les

qui

hommes, dans

allure

joug de leur

les neiges de l'Albanie. à cheval; tête de bataillon

coulée

sombre

visière,

de

d'officiers ce

prochain

d'un

ou

Cinq

charge; en s'inscrire

libérée

leurs

emblèmes

la

s'avancent

qui

? Comme

de

par

régi-

suivaient-ils

leur

du bélier

iront

patrie, encadrés

le

et

les

maintenant;

mèneront

ils

tous

glorieux Une section?

approchent tête de fer ils

de

de

et

« Honneur

des

portées

jours,

à quinze la lutte

autre

toujours,

Polonais

Tchèques, au fier regard

drapeau celle de

point.

mitrailleuses,

germanique, de sanglants lauriers, le Panthéon de leur

dans

tel

ou

fort

plus « Valeur

son

légionnaires 14 juillet 1919

Non

muraille

ceint

le

au

que,

par les drapeaux

de

Victoire,

reconnu

de

devise

défilaient

les rapide, dans quelques

pas

si bien

compagnie?

légionnaires Les Précédés des au

été

escortant

un figuraient jeune » que leur franLe caractère

mêmes

de « poilus unités. d'autres

combien

drapeau, défilé de

du

volontaires

frères

dans

de la Légion avait çais de la guerre, l'ancienne » avait été Discipline Patrie

les

républiques

des parfois

traits

entrevus

sous

que latines

la

du

patrie

d'Amérique

l'abri chevalier ne

sont

d'une de la point


REVUE

absentes.

Du

athlète

flot

décèle

pu effacer, dans les diverses Une deux

DEUX

MONDES.

çà et là, la figure glabre de leur visage, hiver qu'un

émerge, Le hàle

nordique.

n'a

DES

les

légionnaires

d'un

jeune

en Europe disséminés

d'Afrique,

compagnies. noire ou jaune

face

Il y a virent

de loin en loin. apparait les rivages de la Méditerranée

millénaires

et plus, un ondoiement

dans une passer, d'enseignes représentant tête de cheval, des gens en armes qui appartenaient, pareilleà des races sans nombre. Mais 11 s'arrête entre ment, l'analogie les troupes accourus à

de Cartliage et les volontaires de 1914. Ces hommes de toutes défendre la liberté se battent parts pour d'un ou un sou un paquet de caporal par jour,

raison

litre

de

vendent Est-ce ment lazzi de

tous supplémentaire ils le donnent. sang,

pinard pas leur parce

que

consenti,

mais,

qu'échangeaient la colonne en le

venait

je songeais en dépit du les poilus,

marche du

grondement et de grand.

farouche

vers

les

dix

à ce

sacrifice

clair

soleil

coin

de

Un

à la large couverte géant poitrine marchait au d'une premier rang compagnie, salut c'était le caporal sonore; Schneider, années de Légion. comptait près de quinze guerre, s'étaient

il était

venu

déclarés

avec

d'Algérie avec

Français,

libre-

suprême

ceux

d'autres

d'où là-bas, sais quoi de

terre, je ne

flottait

canon,

ne

et des printanier semblait qu'au-dessus

il me le

Ils

jours.

de

médailles

qui un

m'adressa « pays Au début

un

».

Il

de

la

des

légionnaires Suisses et des

qui

Belges les légionnaires les Belges et les Suisses (seuls parmi étrangers, à combattre Sa haute été admis avaient en France). taille, clairs concouraient à faire sa longue barbe chàtain et ses yeux si réussi nous traverde lui un type de légionnaire que, lorsque sions

Fère-Champonoise, bravos redoublaient

les

la bataille peu après sur son passage et les

à ses côtés. marcher pour eut une Ce fils de l'Oberland

la

de

Marne, se bat-

gamins

taient

m'ont

conté

virent

passer dans

fardeau qu'ils obus rèrent

en

1917, de son

qu'un jour, des hommes une

toile

de

avaient qui ces

pu retrouver à un avait éclaté restes,

l'un

fin

d'eux

tente du

Des tragique. dans un secteur

escouade

sculpta

ou

deux une

calme,

de croix.

ils

un

portant C'était

ensanglantée. de Schneider, corps

mètre

camarades

léger tout ce

tué

par un Ils enter-

lui. Et

l'ancien


LA

armailli

(1) eut. une

naires,

LÉCION

une

tombe

ces

tombes

de

dans séjourné leur simplicité,

ayant dans

soir

était

(80000 trouée mulées

les trente

était

embusqué.

banc

rustique,

étaient

les

belles

plus

au

revers

ou

quarante pas, Près de chaque trois ou quatre

qui

faisaient

école

avec

léurs

Remplissez-les le Toulonnais

l'onguent on sinon

Charlot, fait

avions

de

halte

sur

une

était

la

la

fait

dissi-

des

une

peints à des élèves

songer

eût

kilomètres, 220, un 210.

un

sur

pièce, obus

suivi

lourdes

Sur

Rimailho,

étaient,

hussards, cantonnements

batteries

un

poilus

des

l'infanterie

coteau.

les

avions

leurs

du

légion-

la Légion, du front.

croisant

ou côtoyant dragons attendaient dit-on, que les précipiter), longeant

futaie

tous

nous

journée, à Mont-Saint-Éloi,

autres

de

que

la

Toute

des

l'aveu

secteurs

mêmes

posés, maternelle.

Nous

à celle

de

qui,

FRONT.

des

s'y la

tous

AU

semblable

parmi

conduit

cavaliers, pour dans

les

venu.

Le r.oute qui des chasseurs,

ÉTRANGÈRE

de petit façon de couleur vive bien

d'une

sages

criait aux gris, ne les aura jamais

petite étail

éminence.

que

s'étendait

artil-

Le

soleil

d'une près de disparaître; l'atmosphère limpidité parfaite. Les villages, chacun d'un entourés bois, semblaient, petit au milieu autant d'oasis. des prairies, Et, spectacle .saisUsint, dans

toutes

routes afflux chaine.

aussi

directions,

loin

la vue

les

mouvants. Un tel sombres, tronçons larges de troupes ne pouvait une offensive que présager proà fondre Dans le ciel, sur tout une ailé, prêts espion avaient

de

d'avions

vingtaine orbes. Un

les

coup

de sifflet.

à

cocarde

tricolore

décrivaient

Nous

notre

reprenons soldats que

tombée. Des presque « 1 » de nos écussons, nous est

nous

demandent

de

marche.

croisons, si nous

grands La

nuit

avisant sommes

le le

1er de ligne. le 1er laitier, d'Annecy, devant qui marche Sauvage,

Non, clairon

Sauvage Nous Ils

n'ont

donc

est

vexé.

prendre jamais

Je

l'entends

de pour entendu

(i) Pâtre des Alpes suisses.

leur

répond

froidement

moi.

qui marmonne la biffe. Non des fois. mais, du 1er Mystérieux I parler

le


REVUE

PRISE

LA

IL

n'est

pas loin a commencé

qui recommencent final

DES

ne

n'est

la

dans

fut

pas l'air,

cette

contera

mieux

ensemble

de la

notes

zouaves,

»,

à l'assaut.

« Ouvrages

le

que

canons

Ce chœur

les

terminé, que déjà et les « Marocains

des

les

puis fois.

cette

s'élancent

prise

bombardement,

L'effroyable cesse un instant,

tous

tonner,

1915)

(MAI

heures.

et tirailleurs,

légionnaires Ce que

MONDES.

BLANCS

à l'aube,

à

éclatent

DEUX

OUVRAGES

de dix

monstrueux

charge

DES

blancs

», nul, dans son

communiqué

jamais, langage

laconique C'est

un

flot

Les hommes, avec un mépris qui roule. prodigieux de l'adversaire, ne s'arrêtent débordent. pas aux tranchées qu'ils de Tout au plus murent-ils dans les abris dont elles tentent parfois, • des sections à la baïonentières d'Allemands. Au passage, sortir, ils

nette,

enfoncent

des

ils continuent.

toujours eux.

Le flot s'en

ceux

Les

la

atteignit battre le

alla

flanc

bataillons

retranchements Folie,

le nombre,

de

furieuses

tête

de

la falaise

des

.Pendant dans

battu,

un

air

et ployant sous en tirailleurs, déployés loin

couchée, La vingt-trois

de Neuville; nous nous charge,

chez

clairons,

loin

et

des

les

pentes dans

pénétrèrent diminuées trop

troupes sur replièrent

sans ne les

ne parvinrent et des heures

et

cesse

le bois écrasées

d'où

les

de la par par sur plus

à les chasser.

point nous

le

région. hérissées de

à l'ennemi

pentes,

et

les plus

se maintenir

purent

et

derrière

points d'appui allemande dans cette

ces

heures

drap

non

la

ligne escaladèrent

contre-attaques

» sont

à Béthune, la déborda falaise de Vimy, avec

l'un

de

et Vimy, et elles se

la route,

barrent

d'Arras

la couronne; mais, des arrivant renforts

qui

Givenchy la crête

qui leur blancs

Ouvrages

route

de Neuville-Saint-Vaast, village formidables de la deuxième Les

ennemis

avons

couru,

com-

nos capotes dans de gros sanglés de turco. un barda Maintenant, toujours dans un champ nous nous retranchons

incendié,

et, tout remémorons les à la

en grattant le sol dans la position les événements de la journée. été sonnée avait légionnaires, par file

indienne

derrière

une

meule

de


LA

et battue paille, 105 allemand les

LÉGION

ÉTRANGÈRE

treize

par était

tambours.

tombé

au

AU

FRONT.

Un

mauvais

milieu

cercle

du

Neuville, fortune.

Les

Allemands

ont

sur

le toit

du

village, Parfois un

retombe. pelle encore mince Dans

homme

Les

Neuville

la partie

a pris

des piraux assaillants. devant

des

caves,

des

toits,

A un

certain un

d'enfer,

JLj

qu'occupent incendies; plusieurs

puits, Nous une sol, tenant

nous

DE

est

un

conseil.

de

moi

nous

ou

huit

bidons

d'hommes une

sorte

se

on

tire

sou-

sur

les

Il n'en

joua

que

NUIT

la

de

partie allemands

des

meules

le feu

au

Neuville

ont

allumé

de paille auxde fusées, moyen

de ce paysage. n'a plus rien

et

d'abord

LA

obus

nous, à mettre

à l'échelle

explosions Des s'écroulent.

hésiter les nôtres voyant la Légion se mit à sonner

Dans

les

à l'en-

à

fenêtre

BATAILLE,

tombée.

nôtres,

rendons

cinquantaine où ils forment

de terre

s'abattent

Allemands.

derrière

torches

légionnaire chacun sept

qui

chaque

des

longtemps, personne Depuis couchés lea blessés torture près vieux

la

tenait

et légionnaires Sur par maison.

Français, le bruit des

moment, clairon de

a réussi

l'ennemi

quelles flambent,

à la le clo-

enlevant

des

maisons de

CHAMP

à peu les

peu

mains

mètres

UN

nuit

peine

lignards maison

marmites;

fracas

à quelques la charge les premières notes.

ir

aux

le

ce feu

qui le talus

Targette,

Neuville,

conquérir

village déjà instant d'énormes avec

La

et maintenant

du

chaque confond

sans

action dans

maisons, jusque un cri et la main

d'assaut

canons; de

en

de

trouent

derrière,

d'un régiment de nos bataillons, sont

des

mitrailleuses

de

les corps. se déroule. un combat cependant, sauvage d'un d'armée voisin renforcé (le 20'), corps

et,

plusieurs en train

des

pousse traversent

balles

Un

nemi

et

l'herbe hommes couchant huit tapins, dans les airs. une caisse à une vingtaine de mètres venant à les balles, par nappes présent que au-dessus du parapet de nos tranchées passent

envoyant C'est

cher.

formaient

que sur

infortunés

lisière

un

nombre

à boire, et la soif dans la tranchée; un

nous

à la partons de deux litres à Neuville.

assis de

ou

Sur plutôt

coquille,

recherche en une

d'un

sautoir. petite

place sur le

accroupis ont l'air d'Indiens


REVUE

Ils ne vive

répondent d'un des

jaillie

Plutôt

de

que

de cette

les

façon-là,

DES

DEUX

à nos

point brasiers

Une flamme questions. plus éclaire: ce sont des cadavres

les

on entasser, en les serrant

MONDES.

a sans les

doute uns

tiennent moins de place. qu'ils Devant nous s'ouvre à présent une rue où tants des lueurs elle doit déboucher fantastiques; dont l'église, les flammes. Nous

les

maisons

Une

mitrailleuse

nous

Toutes

y engageons les deux ou trois

th-bas,

était

balle

déclenché en

l'une

sont,

courent sur

l'autre,

après

prend rasnnt'ies

en

prudemment,

comme

ins-

par la place

de

gagnées par en enfilade.

h

ennemie

secondes, par un

les disposer autres pour

préféré contre les

murailles.

si le tir

de la Maxim, une d'horlogerie,

mouvement

situant

dans

encoignure nous dit leurs, puits avec du pétrole.

d'ail-

passe

Une sentinelle abritée longuement. de porte nous arrête on ne passe pas; le camarade, les Allemands ont empoisonné

une

Sans

de

plus

nous

succès,

visitons

de soldats d'autres compagnie dessein tous les puits que nous; C'est bien nous retournerons nous

que

y ont blessés. Nous

avons

été

quittées amenés la

ensuite

unités

mètres,

tranchées

des

aux

aux

deux

rubans bords

possible que née ? Neuville

nous

neuses,

dessinent

qui

en

d'acier dentés,

le

double

à

blancs

tant le

nous de sur

butant

déchirant à

aux deux

fils

centiEst-il

dans

et les nous

front,

contre

eux-mêmes.

de chemin,

lointain

des

l'inextricable

» un

d'eau

pleins l'intention

à travers

larges et tordus

ayons parcouru flammes dans

de Berthonval

tonneaux

l'attaque,

voilà

et

en Targette, dans le même

venus

aux

dans la nuit, repartis, fouillis de ce qui fut les « Ouvrages des cadavres, roulant dans des trous, barbelés

La

à sec.

sont

t3 matin; veille de

les

lajourfusées lumi-

aident

à

nous

orienter. Nos anciennes

tranchées

nuits

précédentes, nos remplissons en

hâte

Ce plainte même.

qui

bidons

première ligne, maintenant silencieuses et,

après

nous

être

si animées et vides.

désaltérés,

les Nous

partons

la compagnie.

rejoindre

champ

sont

de

de s'en

bataille, élevait,

la et

nuit qui

1. semblait

J'entendrai exhalée

la toujours par la terre


LA

Les

ETRANGERE

LÉGION

brancardiers

étaient

AU

en

FRONT.

faible trop beaucoup la dont les blessés tous

nombre

aux postes de secours transporter de ces malheureux, était Certains près de qui plaine parsemée. et de à boire donner nous de leur nous suppliaient passions, au pied couché l'un loin de là. Je revois ,les emporter d'eux, pour

d'un

arbre;

me

je

penchais

mon

compagnon remarqua it tenait son ventre. Où

as-tu

Au

ventre.

Une

été

blessé

seule

vivement

que,

de

à boire,

donner ses

deux

mains

et

un homme nous aperçûmes peu plus loin, sur elle. de paille étendu meule basse, presque il semblait un Christ écartés du corps largement de sa bouche. Il vivait coule encore, sang avait si

était

faible

crispées,

adossé

Un

ration

lorsque

fatale. Je retirai lui être pouvait à grandes nous nous éloignâmes alterses prières, moins longtemps

entendre pour des malédictions.

enjambées nant avec

lui

?

d'eau

gorgée mon bidon

pour

sans

que,

il

doute,

Avec

ses

en

bras Du

croix.

mais

n'alla

à une

sa

respijusqu'à

pas

l'aube.

LA

ir L

jourvient, en calmant Les

nous

qui leur

CONTRE-ATTAQUE

apporte

angoisse. recommencent

balles

mais

couvre

le parapet de terre qui assez est maintenant pour épais nos se passe à approfondir encore

celui-ci

en

abris Au nos

début

de l'après-midi, soulevant une

lignes,

une

deuxième,

nous

membres nous

aux

a

été

attendons quatre

projeté feuillets

des

marmite

grande

gerbe feu

Le

Accroupis la fatale de

coins dans

l'air,

de papier, hauteur d'une assez grande la lumière du dans blables, seuls

une

encore.

intense.

rapidement serrées,

autre

soulagementauxblessés.

battre

de

La matinée garantir. eux. et à les reli~jr entre

nous

de

peu

un

dans

vient de de nos

s'abattre

sur

l'ennemi

une puis devient

fossés,

les

terre

dents

nos qui éparpillera de l'horizon. Un homme près il semble où s'être volatilisé

des en

marmite

lettres

sans

voltigeant à des soleil,

doute,

retombent sem-

doucement, papillons

blancs

noirs. TOMt LV. – 1930.

44

et


REVUE

Plusieurs la nuit

DEUX

MONDES.

batteries

de soixante-quinze en position en bordure

se mettre

artilleurs

n'ont

pièces,

DES

encore

pas

leur

reçoivent un cri

qui

Soudain, Les boches Nous

nous

eu part

sont

venues

pendant les d'Arras;

de la route

le temps de de marmites.

bien

masquer

les

baïonnette

au

retentit

f dressons

et

frémissants,

mettons

canon. Ils sortent et dévalent

du

bois

le long débouche

des de

grisàtre notre droite. Des

zouaves

de la Folie,

accourent les

pour occuper à l'aube en

une de

du

jambes

derrière

d'un

comme

nord-ouest

à toutes

tranchées

prévision le double flot

Sur

pentes la partie

par bandes de la falaise;

nous,

des autre

sur

Neuville,

de la route

bord

qu'ils

loups, masse

ont

évacuées

bombardement.

de les obus vers nous qui roule s'abattent avec une rapidité et une préinouïe, soixante-quinze cision la telle A travers les dirait avec la main. qu'on posés fumée et dont le voile se déchire qui les couvre, par instants, on voit les Allemands reculer devant ce feu terrible, et refluer dans la forêt et le village. Ceux

de la forêt

humain

en

sortent

bientôt

En

à nouveau.

du

avant

courent maintenant des hommes, des ofuciers groupe principal Sans briser l'élan de d'arrêter doute, qu'il importerait pour nous les couchons en joue, tandis l'artillerie l'attaque que recommence

à se livrer,

à sa sanglante tranchée nous

l'endroit coup,

touché il tombe.

Allemands de repaire. Pas tous meule

de

blottis se

demi-section,

quelques

jours

il

à coup

sûr;

de nos

pièces,

précipitamment deux à une

trentaine

derrière.

a reçu

Le en

dirige une

notre

privés la

hommes

des le

parfois de terre

le petit nuage de corriger permet

nous

cependant: do paille

et demeurent

fusil

grouillante sur appuyé

mais

par le feu ont regagné

Décimés

une

le besogne tirons presque

de courir;

continue

la masse

sur

tir,

ennemis, rebord de

l'homme

visé

à qui s'élève et au second

de leurs forêt

la

qui

chefs, leur

les sert

sont de

ser~

rampant lettre lui

'nt

parvenus jusqu'à mètres de notre ligne

notre cht'f Dorangc, vers !a meule. !1 y a la mort de annonçant


LA

son

tué

frère,

il regagne les yeux

LÉGION

une

Mon

Sa

lignes. flamme

frère

FRONT.

AU

les Allemands.

par

nos

ÉTRANGÈRE

Bientôt,

figure

aplat

toujours est

énergique

ventre. il a dans

pâle

étrange.

est

nous

vengé

en

dit-il,

sa

essuyant

batonnctte. Les

Allemands

de

nos

nouvelles

bable

que de leur C'est sur les seules

ils savent

bien

de

batteries

trombe

de fer,

un

comme

nous

assauts bien

sommes

lourdes

trop peu du canon,

le secours

moins

pro-

furieuse. reprend, s'acharnent maintenant en état

seront

que celles-ci et ils cherchent

à

les

écraser

et d'acier. en

spectacle tragique, lancera de nouveau

les

bélier,

sans

de plomb ce

contemplons à l'heure l'ennemi

comme

longtemps

chasser

à nous

d'autant

paraît

qu'ils

pas

l'instant

pour

positions ? Cela côté la canonnade

Nous tout

renoncé

aussi que, ne passeront

ils

tirer, sous une

ont-ils

songeant que contre nos lignes, de son et infanterie;

masses nombreux

ses

pour repousser nous restera alors

il ne

qu'à

mourir. Des

hauteurs

de la Folie,

l'avalanche

fond

la troisième

pour

fois. Les

derrière

soixante-quinze, Trois sur pièces hors

da

mélinite

éclatent

s'affole

nous

possible;

coup

magasin

qu'en et le

par la donner

toutes

les

au

tirons, par cas

milieu nous

emplissent

l'air

Il ne reste Allemands le ramier rouge.

et

batterie, chaque folle de rapidité l'illusion

un secondes, des assaillants, aussi,

dans

coup cependant, d'extrême danger.

de la culasse jeu l'air de poilus-fantômes; avoir l'aube tourmentée des âges,

décharge devons à

mais, vouloir

service

semble qui reste encore intacte

dans

quatre,

couvrent

tous

en danse! 1

rentrent

nous,

paraissent comme des les

mises

son

tir,

celle

batterie obus

est à

la

dont

le troupeau de toute la vitesse ne nos

doit

vider

fusils

silencieux, si l'on fût

déchirements autres

été

la que ou deux

le tas, car on Avec

ont

son

dont

la

nous revenu

terrifiants

bruits.

et des blessés; des sur la côte que des morts au massacre et qui se sont enfuis, échappés éperdus, a disparu dans le bois de la Folie, de la Folie plus


REVUE

DES

DEUX

RETOUR Il

LE

Des nuit.

tirailleurs

Les

viennent

autres

nous

tous

trois

la

trois mille partis neuf cents Certaines

tous;

nos

ofGciers

commandait

des commandants

les

sont

compagnies

sur

grièvement ont quatre,

tous

hors

de combat.

à peu douloureuse

près est

encore

celle

du

la

commandait

lieutenant-

Le

tombés. a été

à

cents

cinq

le régiment de bataillon

sont

capitaines la plus perte

la

ont déjà pour la plurégiment dans au soir; nous les rejoignons ferme de Berthonval, assez spacieuse

nous revenons l'attaque, sont réduites a une demi-section. Presque colonel qui

de

à la tombée

remplacer

du

compagnies la veille

été relevées part la grande cour de nous contenir pour

MONDES.

et

blessé été

tués;

Mais

la

Pein, général les « Ouvrages

d'enlever chargée brigade d'une il fut frappé ancien colonel du I" étranger, blancs » balle en pleine l'ennemi avec un alors qu'il chargeait poitrine, qui

de

ses

n'est

bataillons un

pas lui.

pour

Nous

de

seul

nous

légionnaires de nous qui n'eût,

écoulons

en

silence

tous

nous

sans

hésiter, la

dans

et

l'aimions,

sa vie

donné Notre

nuit.

il

compa-

sur la gauche, laisse la masse sombre de Mont Saint-Ëloi gnie du village couchés et va camper dans aux abords un champ le sur les toiles de tente et recouverts de nos vieilles capotes, bientôt fusil le long du corps, nous dormons profondément. DE SOUCHEZ

L'ATTAQUE

Y L

son quitté bataillon après

division du

laient

soir; sur

la

du l'attaque soleil de près d'une lumière Quelques des

boyaux,

cantonnement

avait

route, grand lendemain. se coucher dorée; heures

nous

amènent

occuper avait bu le les

inondait

leurs coup

heures x défi-

positions pour du départ. Le

champs

et

les

collines

chantait.

marche tout

par

des

sentiers

des premières près ténèbres des formes

dans les vaguement des gars sur le sol; ce sont allongées de l'infrnterie coiffés du béret phiné, distingue

les sept « Marocains

les

allant

et l'on de

vers

bataillon,

On

t8)6)

(JUIN

de

la

Savoie

de montagne;

montueux

et

on lignes; humaines et

du leur

Daurégi-


LA

LbGIO\

ÉTRANGÈRE

AU

FRONT.

ment

en liaison des bataillons avec attaquera, à pied, du côté de la sucrerie et du cimetière tandis nous déboucherons des tranchées que

de

chasseurs

de

Souchez,

en

du

avant

Cabaret

rouge. Continuant

nous passons sous ce qui fut le Cabaret d'avancer, cheminer si bas que l'on n'y rouge, qu'à par un tunnel peut et nous allons nous empiler dans un étroit quatre pattes boyau aux dents, nous de dormir. où, les genoux essayons A la fine un

épais tranchée

pour hommes

Des foie

de

morue la « gnolle »

Les

chefs

von

un

entre les

le gosier

raconte

parvenue Les heures

lard.

L'ordre

deux

ou

si sec, jusqu'à

tout

dressons, nous

transis; de la hors

sautons

peu. me réclamant

« huile

leur

de

bidon dans mon qui porte hommes! 1 Deux litres pour soixante toucher leurs deux quarts, qu'ils d'une leurs en se servant poilus moi

rations. demain

qui ont attaqué menti. Le vieux

Français il en aura n'est

dégourdir

ensuite faire

nous

la terre;

m'interpellent, en effet »; c'est

Kluck

les

avait

nous

nous

jour, couvre

pour r la section. d'escouade viennent

répartissent cuiller pour Si

du

pointe brouillard

dans

ses troupes

communiqué que étaient en état d'ébriété,

légionnaire que pas une goutte son estomac! Le soleil

passent.

son

Marchai du

en se levant

prétend

qu'il

précieux

liquide le brouil-

a dissipé pas, on

ne venant va essayer toujours d'attaquer de dormir encore un peu, bercés de la canonnade; par le bruit mais comme tout le monde ne peut être assis, un homme sur Mes depuis qui sont

trois

reste

pauvres de longs

debout.

debout

il

continue,

qui

temps pleuré Plus d'un tion

en

est

ces

hommes

à un

autre

appuyée fond de

une

la

dans

tranchée,

de le

menons

ceux visage; le parapet de

sur

dur

plainte d'enfant

de

baïonnette, contenu très qui

des douce a long-

calmé.

passera presque qui n'aura pas

ils n'envient le sort cependant; de dix-sept français ans que l'on avait

pas trop

nous

que de leur

le cœur, – une plainte n'est tout à fait pas encore

parmi de ce sommeil-1~

plaignez volontaire

traits

tête

exhalent

qui

serre et

vie

au dorment qui de jambes, de fourreaux les reins meurtris par

d'outils,

musettes,

dure

les la

somnolent,

ceux terre; parmi un enchevêtrement manches

La

compagnons) a creusé mois

sans de fin.

transiNe

les

de personne. Un voulu «embus-


REVUE

» avant

quer

il

un

Debout Nous fixons

passe,

tout

le monde dans

la baïonnette

de

Nous

d'où

Une passent En

de la

borne

le feu

sautent;

Des

lames

mourir

presque

insensible,

la cote un

leurs

Lorsque suffisamment

la-haut~ la position

les

tranchée,

les

nous

en

fuient

qui obus

de

leurs se

croisent,

furieuses au

les

toits,

une

près,

colline, au flanc abrupt qui ensuite en un ravin

domine

Souchez

émergeant

d'un

dont Ilot

on

de ver-

le- plateau; la dernière est balayé A Waterloo, de la colline. les quand des premiers escadrons eurent comblé creux

le ravin

et les

de

notre

la

mitraille

de Souchez;

les obus

ont

chemin

tranchées

de laquelle

se creuse

ii9/–

bas-fond

le corps le plateau,

arrêtés

la

de

de Vimy, base le terrain,

à sa.

pied et les chevaux

hommes

falaise

l'horizon;

pente

dans

aperçoit dure.

large. de l'artillerie

la compagnie s'arrête, pliés en deux; parfois la paroi de la tranchée, blottissons contre du les éclats.

contrefort en

assez

le prolongement Allemands faits prisonniers

et profond. Cette colline,

point

mines

nous

en courant,

tranchée

une

au-dessus peu profonde, la section en sifflant; y est massée. à peu face de nous, à un kilomètre

remonte

de

et, tout fusil.

tranchée

dénudé,

allée

en-

nos

viennent

le dernier

large

tranchée

sursauter

Dans

des

avançons, nous nous

et alors

et

la

fait

lignes, poursuivis par batteries. Des blessés tout sanglants vers un poste de secours.

propres hâtant

côté

sur

dans des

violence.

apercevons vers troupeau

reposant

boyau, de notre

maintenant

nous

pas

1

l'étroit

a commencé;

L'attaque redouble

n'en

que il revenir,

la tête qui dort, les lèvres entr'ouvertes.

qui

au canon

voici

de

déclaré

briscard,

ordre

courons

Nous

est

avait

nous

partir pour l'attaque, même il aurait la certitude

accompagnerait; d'un vieux l'épaule

~louDAtN )J dormie

MONDES.

pEUX

de

bien

quand nous

DES

ou

les

l'ennemi.

elle

charge passa. auront bu coteau

du pentes ceux d'entre nous

sang, de

la

d'Ohain,

doit

baionnettes Cette

être

colline

conquise

que

n'auront

retourneront, est la clef de à tout

prix.


LA

ÉTRANGÈRE

ce

parvenir jusqu'à avons dû franchir à

nous

l'ennemi

mètres;

nous

que hauteurs

les

le terrain

et

nous

nous

en

un

'): un

jambe! Un

malheureux

engageons. de cris, des

éclate projectile secondes auparavant; courait tantôt, qui,

poilu

Une le

fond; l'heure! Les tous

des

de songer temps » et l'on est déjà obus se font plus

sens

l'extrémité Un

parvenus.

du

dernier

de

mètres,

retourne moi;

comment

lorsqu'un

insla

deux

les bords

les

je

balles

où nous plateau, bond nous conduit

ou un

et

dans

le

serai

tout

à

bouqurt n'en suis vient

appel

sillonnent

sommes au

hommes

je

Un

côté. mais

un

dans

encourager pour ( il a disparu

« Voilà

quatre

batteries

d'amputer. me trouvais

sur

rares,

ses

<' Attachez-moi

cadavres

de l'autre

ou j'ai près de moi trois dévalons la pente. Sur le bord opposé, silhouette de son feuillage; taine

je

de

explosions, avant

en

vient

je me derrière

avec

tranchée,

obus

qu'un à l'endroit

lignes,

tôt fait pas plus sur notre Souchez

par de nous,

mêlé par le tonnerre, « fuyons nous qui nous aveugle, déchirant domine le tumulte appel

la fumée

trois

face

nos

cinquantaine

n'avons

formé

à droite

de

une

nous

Étourdis

tant,

fRONT.

avancé

point découvert

et guette demi-cercle

du

bonds,

quelques gauche, foudroient

AU

de l'attaque.

signal -LJ Pour

ir

LÉGION

de

en

maintenant

bord

du

ravin;

l'escouade.

Nous

dessine

d'arbres plus qu'à me faire

la

une

vingde changer

direction Pas

ici 1

là-bas,

par cherche

Celui tirailleur, trou d'obus

qui dont

sur

la

ainsi

tête

à nous

coiffée

la droite.

Alors

de

que

ou trois

d'un

est un danger seule d'un émerge deux je ne suis plus qu'à comme si le fer d'une

prévenir la chéchia

atroce, pas de lui, une douleur hache m'avait m'arrache cœur, pénétré par l'épaule jusqu'au un cri; la tête la première dans et, le côté je roule paralysé, le trou d'obus.

Le

tirailleur

qui,

perdu sacompagnie, et bande ma blessure, Comme

il achève

touché

au bas-ventre

n'est lui, pas ou bien celle-ci

cette

après

avoir

un opération, se traîne jusqu'à

blessé, n'existe coupé

peut-être –' me plus, capote

Espagnol notre trou

et qu'une d'obus;

a-t-il relève

chemise. a balle main-


REVUE

le corps

tenant, tord

en gémissant. De nouvelles

autre

un

appel

DEUX

MOKDES.

recroquevillé

dans

le fond

compignies ou retentit,

traversent un

de notre surgit près en avant, le regard il a disparu.

parfois, penché

d'après, Venant marmites le ravin souflle

la

grenade, puis, Je revois Au

l'attaque.

d'obus;

tendu

vers

rien. attente

cours

de

la

le

court,

dans

notre

la

de lourdes collines, dans font explosion

les ou

l'une

le dont d'elles, de nos têtes nous mètres,

le départ

tranchée,

traversée

buste

l'instant

colline;

de

des claquements a presque cesse La balonnette et le couteau.

fusillade plus notre

Un il

à

temps homme,

passe au-dessus un entonnoir à quelques

lorsqu'elle va creuser

d'épouvante, couvrant de terre. Là-haut,

de

ravin;

commandement. trou

il se

de l'entonnoir, le

de la plaine là-bas, par delà le bord du plateau labourent de tumulte; qu'elles emplissent

monstrueux

glace nous

DES

du

plateau, je la canonnade s'était

pour me suis

un instant ralenbuisson; reposé près d'un tie et, presque des balles les vibrations dans seules, métalliques l'air en ce 1 ieu rôdait h. une assez rappelaient que la mort sur

la gauche,

grande

distance

couraient, lumière

une lumière douce, jouer; qui paraissaient du Nord la remarque d'Alphonse qui, suivant émaner des près, de leur être extérieure semble

au lieu des

rendait

eaux.

des

hommes,

aimable

presque

bleu

points

le

sévère

pàle, cette

Daudet, des bois,

paysage

de

Lorette. Et pourtant l'une des plus

en ce moment (1) était qui se livrait de celles qui eurent cette sanglantes pour théâtre s'étendant du de quelques bande de terre kilomètres, longue n'est dont on a dit qu'il aux collines de Lorette, pas labyrinthe ait combattu avec où l'on d'endroit Verdun, après peut-être, moins carré

L

de pitié et ait été arrosé

soleil

E

la bataille

est

et,

dans

et où

notre

l'ombre

façon plus de plus de sang.

à son

par degrés. A la nuit tombante,

fusil

désespérée,

d'une

l'herbe,

déclin;

dans

le tirailleur it se glisse

(i) C'est par dizaines de milliers dans cette journée du «juin.

nous vers

abri,

quitte; la colline.

que, de chaque

it

le mètre

monte

prend

son

côte, tes hommes tombèrent


LA

a été

L'attaque Il y après un adieu

de sept

parviens valide je Seule les

tente

tant

qu'a éviter de nant

vers

leur

fusil;

eau-forte que, Trouant ]a

heures

d~ l'après-midi. ce trou d'obus. Après

dans

si je main

de l'envoyer chercher de ma seule m'aidant

lignes,

pourrait le torse nuit

rendre

le spectacle en me j'avance

sous

que j'ai traînant

nu, maintenant

sur

complètement presque des blessés de mouvantes taches monochromes, qui, sans remuer duré te jour, sont restés étendus pour mainterecevoir la balle se hâtent qui les achèverait, le plateau. d'autres

Il en

est

les

genoux transformé

s'est

sur

en

marchent

qui sur

progressent ravin de la mort

Le

rampent.

Après

deux

que je suis et la promesse

tandis

genoux. descendue

à

heures

nos

FRO\T.

AU

l'escalade.

une

les

LfRA:\CHBE

déclenchée

à l'Espagnol à gagner

yeux,

Josaphat

LEOON

s'appuyant et les mains, en

ou de

vallée

1

avoir

en

cheminé,

longtemps

à presque Ils me font

m'arrêtant

de tirailleurs. à un poste chaque instant, j'arrive boire et l'un à gagner un « nid de blessés » insm'aide d'eux au carrefour Une d'un de tranchées. tallé principal système d'hommes sont étendus à terre ou là, immobiles, cinquantaine à autre assis sur la banquette des infirmiers de tir; De temps viennent Mon

chercher

l'un

d'eux.

au poste de secours; dans transporté le large boyau qui y accède, la mienne des civières sont alignées est placée à leur suite. Deux hommes coiffés du calot des soldats d'un rond, tour

vient

d'être

ont

régiment westphalien, de la mienne et sur capote

grise

qui

le

des brisées, jambes il fait sang de toutes

laquelle

recouvre, d'obus éclats

amené gît ils

la civière voisine jusqu'ici leur la Soulevant capitaine. me

dans

le

montrent

d'autres

les

parties

du

deux corps,

parts.

un pansement, Après Adrian. Ma couche est

je voisine

suis

conduit

de celle

dans

une

baraque

de Timotei, le sergent Pendant la traversée du plateau, il restait corse. debout après les bonds. Et il était très beau à voir avec son alors, visage à la Bonaparte, et son fin profil la main bronzé attendant, de son fusil, sur le canon se fussent que ses poilus appuyée


DES

REVUE

relevés.

Une

balle

lui

DEUX

traversa

MONDES.

la

dans

poitrine

de

un

ces

momen)s-)à. Nos

sont tournées l'une vers l'autre. Je lui figures où il a été blessé; tandis essaie de me répondre, qu'il co i!e de sa bouche. H mourut Les

la

force,

du sang

le lendemain.

voitures

à la gare nombreuses

demande

de la Croix-Rouge qui de la vallée d'embarquement

et les majors à faire la route

invitent à pied.

ceux

les

transportent de Saint-Pol de nous

Je

en

pars, et au bras.

zouave blessé à la jambe grand nous passons d'une Comme batterie, près de vin blanc. nous offre un coup Nous logis

qui

blessés

sont

peu sentent

s'en

d'un

compagnie un nous

maréchal

des

sentons

tout

ragaillardis. la chaleur

devient

plus péniblement. Le conducteur

Nos

Cependant, toujours quentes. dans un bord

de

ces

de la route,

sa voiture

et nous

se tassant

encore.

Et toute jamais

bientôt une

ce

douceur

d'une

moments

où,

nous

essayons y fait monter.

seront

des

de vivre

lits

et nous

accablante haltes,

maintenant,

ambulance assis de

à

nous qui d'un l'ombre

retrouver

Elle

blancs, que nous

avançons sont fré-

est

nos déjà

des avions

forces,

pleine, soins bien

arrête mais

en

féminins. cru ne plus

connaitre.

G.-JEAN

aperçoit arbre au

REYBAZ.


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