university of
connecticut libraries
UA 703.L5M6
hbl, stx
Question de
3
la
Légion étrangère
T1S3 DObEMlTt
L
/
G
% V
i
GASTON
IVIOCH
U QUESTION DE LA
LÉGION ÉTRANGÈRE DEUXIÈME MILLE
PARIS BIBLIOTHÈQUE-CHARPENTIER EUSÉNE FASQUELLE, ÉDITEUR
H,
RUE
DE
GRENELLE,
1914
11
1
LIBRAIRE
1
A.MURY GENÈVE
I
LA QUESTION DE LA
LÉGION ÉTRANGÈRE
— DU MÊME AUTEUR Artillerie
:
Des Canons
:
à Fils d'acier (Berger-Levrault, 1887).
Expériences américaines sur le Frettage des Bouches à feu (Id. Notes sur le Canon de campagne de Vavenir (Id., 1891) 1889). L'Artillerie de V Avenir et les nouvelles Poudres, trad. d< l'anglais, de J.-A. Longridge et annoté (Id., 1893). Vu(
—
—
—
générale sur V Artillerie actuelle (Id., 1895).
Art
militaire
:
La Poudre
sans
Fumée
et la
Tactique (Id., 1890)
Histoire Sedan. : les derniers Coups de feu (Denlu, i885). — Histoire de Norvège, trad. dej'allemand, de John Lund (Kris tiania, i~ :
Linguistique La question de la Langue internationale et sa solu tîon par l'Espéranto (Giaid et Brière, 1897). (*) De la pro nonciation de V Espéranto (Gauthier-Yillars, 1907). (*) De l Transcription des Noms propres en Espéranto (Office centra espérantiste, 1910). X-Lexique, vocabulaire de V argot d V Ecole Polytechnique Gauthier -Yillars, 19 10). :
—
—
— (
Organisation des Etats La Défense nationale et la Défense de Côtes (Berger-Levrault, 1894). La Défense des Côtes et ù Marine (Id., 1895). Artillerie et Budget (Id., 1897). L'Armée d'une Démocratie (Edit. de la Revue Blanche, 1899) :
—
—
—
La Réforme
Rapport sur 19 10}. 1910).
—
la
La
militaire
:
—
Vive la Milice
création d'un lycée à
!
(Bellais,
1900).
—
Monaco (Imp. de Monaco
représentation vraiment proportionnelle (Gornély.
Politique internationale L'Alsace- Lorraine devant VEaropt (Ollendorf, 1894). Autour de la Conférence interparlementaire (Gollin, 1895). Alsace- Lorraine. Réponse à un pamphle allemand (Id., 1895). Une voix d'Alsace {Eine Stimme aui Elsass) (Id., 1896). L'Ere Une royale idée (Davy, 1897). sans violence. Révision du Traité de Francfort (Edit. de la Revue Blanche, 1899). Ce que coûte la paix armée, et comment er Vers la Fédêratior finir (Bureau Français de la Paix, 1900). d'Occident : Désarmons les Alpes! (Giard et Brière, 1905). (*) Sur le Désarmement : Chimères et Réalités (Impr. Espérantiste, 1906). Histoire sommaire de l'Arbitrage permanent, édition revue (Monaco, Institut international de la Paix, 1910). *
— — —
—
—
—
—
—
—
Traductions littéraires
(*)
:
L'anglais tel qu'on
Bernard (Hachette, 1907).
About (Hachette, 1909). (*)
En
Espéranto.
le
parle, de Tristan
— Le Roi des Montagnes, d'Edmond
GASTON MOCH
LA QUESTION DE LA
LÉGION ÉTRANGÈRE DEUXIÈME MILLE
PARIS BIBLIOTHÈQUE- CHARPENTIER EUGÈNE FASQUELLE, ÉDITEUR il,
RUE DE GRENELLE,
11
1914 Tous droits de reproduction, de traduction réservés pour tous pays.
et d'adaptation
UA
703 L
IL
:
A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE
5 exemplaires numérotés sur papier de Hollande.
FAC-SIMILĂ&#x2030; DE LA
Lettre
du Colonel autrichien de Benedict traduite Ă la page
241
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~C<^.A
z:
LA QUESTION DE LA
LÉGION ÉTRANGÈRE PREMIÈRE PARTIE LA CAMPAGNE CONTRE LA LÉGION
PANGERMANISTES ET GENS DE BON SENS
La campagne de 4a tre la
presse allemande con-
Légion étrangère est un exemple frap-
pant à l'appui du mot que Thiers appliquait
aux choses de
la
politique
ne rien prendre
:
au tragique, mais tout au sérieux. Assurément, en
elle
effet,
déterminé d'irréparable nimité du pays auquel
;
n'a encore rien
loin de rallier l'una-
elle
s'adresse, 1
.elle
ya
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
2
déjà soulevé des protestations qui sont de bon
augure pour l'avenir
;
et c'est
donc dans
le
plus grand calme que nous pouvons l'observer, en souriant à ses outrances. Mais cette tranquillité ne doit pas
d'en suivre
nous
développement
le
faire négliger
aux
et d'aviser
conséquences qu'elle comporte,
et qui, le
cas
échéant, pourraient devenir fort graves.
serait fort
11
difficile,
grande
utilité,
tement
les initiateurs
et
d'ailleurs
sans
de rechercher quels sont exacde l'agitation contre la
Légion. L'essentiel est de noter qu'elle
parti pangermaniste,
lequel
l'a
émane du
menée avec
assez de suite et d'ardeur pour produire une
impression
réelle sur
un bon nombre
d'esprits
pondérés, qui ne peuvent imaginer que tant
de
«
révélations
»
sensationnelles soient de
pures inventions.
Ce premier
résultat ressort des articles déjà
publiés par divers journaux que n'anime au-
3
PÀNGERMANISTES ET GENS DE BON SENS cune
aucun
hostilité,
France;
et j'ai
parti-pris
contre
eu personnellement mainte
occasion d'en constater la réalité, dans
correspondance
la
ma
mes conversations avec
et
mes amis allemands. Or, c'est
ici
qu'est le danger.
Si l'agitation
demeurait limitée aux milieux
pangermanistes, sans gravité
réelle,
que
nent bien
elle
serait
irritante,
mais
car les Français compren-
nation allemande, dans
la
son ensemble, ne doit pas être rendue responsable de ses énergumènes,
ne
le
sommes de nos
de leurs jingoes,
non plus que nous
nationalistes, les Anglais
et les Italiens
de leurs méga-
lomanes. Sous ce rapport,
les divers
qui prétendent faire de la
grande politique »
«
peuples
n'ont rien à s'envier les uns aux autres. Chacun
possède ses de
«
trublions
les faire taire
»
:
la
— autant
question n'est pas vouloir empêcher
un chacal de hurler pendant simplement de bien et d'autre,
faire
la nuit
—
mais
comprendre, de part
combien peu ils représentent la saine
opinion publique de leurs pays respecLfs.
•
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
4
Assurément,
les
pangermanistes sont, de
tous ces exaltés, les plus détestables brutalité injurieuse,
ils
rer qu'à leurs congénères des~«
russes. Mais
chacun
:
par leuf
ne peuvent se compa-
sait qu'ils
bandes noires
»
ne sont qu'une
minorité, dans ce peuple laborieux et paisible
de soixante-six millions d'âmes cès
mêmes
suscitent
;
et leurs ex-
un notable mouvement
de protestation, dont un heureux symptôme vient d'être fourni par
le
courageux volume
du professeur Nippold sur Le Chauvinisme allemand Si
(1).
grand tapage que mènent
la Post, la
Tae-
glische Rundschau, la Kreuz-Zeitung, la Rhei-
nisch-Westphaelische Zeitung et consorts, leurs excitations et leurs injures sont donc, en elles-
mêmes, sans grande conséquence. Mais teurs
il
n'en serait plus de
même,
si
de haine, qui ont su émouvoir déjà un
grand nombre
d'esprits
pondérés
et pacifiques,
parvenaient à convaincre décidément :
(i)
ces fau-
la
masse
Der deutsche Chauvlnismus, Stuttgart, W. Kohlmam-
iner, 19 13,
1
marc.
PANGERMANISTES ET GENS DE BON SENS
5
de la population allemande que la France maintient, envers et contre tous, une institution dont le caractère la ravalerait
d'une tribu de sauvages.
uu
tôt à
conflit aigu,
les forcenés
On
au niveau
en viendrait bien-
non plus seulement entre
des deux nations, mais entre ces
nations elles-mêmes;
et
des sommations inad-
missibles finiraient par nous être adressées,
au tragique une aventure qui
faisant tourner n'est
encore que déplaisante
Dans
le
et ridicule.
numéro de décembre
1913 de la re-
vue Hochland, M. Henrich Pohl exprime à cet
égard une opinion fort répandue en Alle-
magne, en disant que
existence de la
la seule
Légion étrangère peut,à l'occasion, l'étincelle
qui mettrait
le feu
l'appui de cette crainte,
il
Ce qui sif,
cite
lui.
un
est allé à fait
dans
A de le
:
fera pencher la balance,
Le seul
».
article
écrivait,
au moment déci-
ce n'est pas la question de savoir
allemand
fournir
aux poudres
M. Richard Nordhausen, qui
Tag du 15 mai
«
un jeune
si
Alger volontairement ou malgré
de son engagement sera
décisif. 1.
La
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
6
fierté
nationale s'enflammera et ne le supportera pas
Ce
en
silence.
est
un outrage
seulement parce que
n'est pas
un
à l'humanité,
doit disparaître.
Ce
n'est pas
sion.
la
paix a
le
L'Allemagne,
de l'honneur. Tout
même
devoir de travailler à sa suppres-
nation victorieuse, ne peut pas
la
indéfiniment ce qu'elle
tolérer
n'admettrait
maintenant, cette revendication, que
les villes-frontières,
on mette
fin à
pas,
partir
de
les
Allemands
la
Légion, et
ne puissent plus être incorporés dans
Il
A
après une guerre malheureuse.
que, tout d'abord,
Légion
esclavage, qu'elle
seulement parce qu'elle
offense le sentiment allemand
ami de
la
l'enrôlement dans
demeurera impérissable.
est bien certain
que
nait à se généraliser, et
si
d'âme ve-
cet état
si les
Allemands, sous
prétexte que leurs pères ont vaincu les noires
en 1870, prétendaient nous imposer leurs vues
en matière d'organisation militaire
et
exercer
leur souveraineté dans nos villes de l'Est,
on
courrait à une catastrophe qui ébranlerait le
monde C'est
civilisé tout entier.
pourquoi
il
est juste
temps
d'aviser, et
de s'adresser aux deux peuples qu'une poignée
7
PANGERMANISTES ET GENS DE BON SENS de brouillons malfaisants peut
entraîner à
leur perte.
Aux Allemands,
il
montrer ce que
faut
valent les assertions extravagantes par les-* quelles on s'efforce d'abuser leur crédulité; faut les inviter à se
dre
et
demander
il
à quoi peut ten-
aboutir une agitation entretenue par de
semblables moyens, et leur représenter combien
dangereuse
est toujours,
en pareille matière,
l'intervention de l'étranger, lors
même
qu'elle
se produit avec tact et discrétion, c'est-à-dire
dans des conditions inconnues aux teuto-
manes. Les Français, ensuite, auront à examiner certaines modifications de détail, apportées
recrutement ou au fonctionnement de gion,
indépendamment de
toute
la
sî
au
Lé-
sommation
venue du dehors, ne seraient pas de nature à enlever tout prétexte, critique
même
si
minime
bienveillante.
soit-il,
à une
II
DANGER DE L'INTERVENTION DES ÉTRANGERS
Nul ne peut dire les
hommes
si
un jour viendra, où
auront pris l'habitude de considé-
rer les choses assez objectivement
pour tenir
compte de toute critique dans
mesure où
elle
la
de quelque part qu'elle
est justifiée, et
vienne. Mais ce qui est certain, c'est qu'ils
sont encore bien loin d'une semblable impartialité,
ne fût-ce que parce
qu'ils suspectent
On
l'impartialité de leurs censeurs.
accepte
toujours difficilement les critiques, lors qu'elles sont fondées.
Et avant tout,
tivités, qu'elles soient nationales,
nelles
ou
offenses,
autres,
sans
repoussent
même
même
les collec-
profession-
comme
des
vouloir les examiner,
DE L INTERVENTION DES ETRANGERS celles qui leur sont adressées
U
du dehors;
cela
semble être précisément une condition, une des raisons d'être de toute vie collective.
Mais que dire d'une campagne d'attaques de la dernière violence,
émanée, en temps de paix
armée, de l'un des deux camps opposés, contre l'armée de l'autre pays? N'est-il pas évident qu'elle
ne
peut
avoir d'autre
résultat
que
d'exaspérer les esprits, de gâter irrémédiable-
ment
les relations entre les
deux nations?
A
supposer que ses protagonistes soient sincères
dans leur
indignation,
comment ne com-
prennent-ils pas qu'ils agissent à contre-pied
des intentions philanthropiques dont
ils se
réclament, et qu'ils ne s'y prendraient pas au-
trement
s'ils
voulaient rendre toute réforme
impossible, de manière à maintenir la plaie
toujours à vif pour pouvoir
l'irriter
sans cesse
et
déterminer finalement une catastrophe
la
LégiQn
était
qu'on prétend,
? Si
vraiment l'institution barbare le
premier devoir des étrangers
qui n'auraient d'autre but que d'améliorer cet état de choses serait de s'abstenir
de toute ac-
10 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE tion publique
dans leur propre pays,
borner à signaler très discrètement
et
de
se
mal
à
des citoyens français, seuls qualifiés pour
y
faire porter
le
remède.
Gela est tellement évident, qu'on est forcé
de
suspecter
les
intentions
qui mènent tout ce tapage.
des
On
hommes!
voudrait ne!
voir en eux que d'honnêtes gens, abusés par'
quelques aventuriers qui ont inventé rière fructueuse
de pseudo-légionnaire désa-
busé, et désireux
compatriotes
et
seulement d'éclairer leura
de leur épargner un sort mi-
sérable. Mais, en vérité, ladroits, si être,
«
la car-
gaffeurs
»
on ne
le
peut. Si
que des gens puissent
on n'imagine pas que tout un
une presse nombreuse
ma-
et
parti, toute'
sachant admirable-
ment organiser une action commune, poussent l'aveuglement jusqu'à mener une campagne
humanitaire, pendant des mois et des mois,
de
la
manière
même
que tout
homme
de bon
sens reconnaît la plus propre à en assurer l'insuccès. Et cette certitude
ment amené, d'une
où Ton
est force-
arrière-pensée haineuse et
DE L'INTERVENTION DES ÉTRANGERS agressive, est de nature à
fortifier
11
chez les
Français la décision de se refuser à toute discussion. Ainsi, le simple
au
loir créer,
bon sens indique qu'à vou-
sujet de la
Légion étrangère, une
question internationale, on ne peut aboutir J
qu'à une situation inextricable et grosse de
dangers.
Mais
il
existe bien des cas
se laisse pas arrêter
dérations
;
où une nation ne
par de semblables consi-
et si la situation était
que la dépeignent
les
vraiment telle
pangermanistes, ou
si,
ce
qui reviendrait pratiquement au
même,
masse des Allemands
convaincre
qu'elle
est
telle,
on
se
laissait
concevrait
parfaitement
qu'une poussée d'opinion entraînât
nement à
tions que réclament
être
le
gouver-
à la France les représenta-
faire
cerveaux brûlés
la
;
et
un
certain
dans ce
cas,
nombre de on pourrait
rapidement conduit à des conséquences
irréparables. C'est ce
qu'exprime
le
jugement suivant,
porté par la Correspondance helvétique, etrepro-
.
12 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
du 29 sep-
duit dans les "journaux parisiens
tembre 1913
:
La plupart des Français, toujours un peu insouciants, n'accordent pas à la
légers e
campagne
antilé
gionnaire toute l'attention qu'elle mérite.
Plus réfléchis et plus attentifs que les Suisses, les
qui redoutent aussi
ambitions
les
Français
Belges, les Hollandais et les Danois
et les visées
les
monstreux armements,
les
annexionnistes de l'Allemagne
demandent à quoi pourra bien aboutir
impériale, se
cette levée de boucliers pangermanistes.
Bon nombre
d'entre eux estiment que lorsque l'opinion publique
allemande sera formidablement excitée contre gion, le
débordé
gouvernement impérial pourra et
que, pour
adressera à la France cier la
A
satisfaire
être
cette
une sommation
la
Lé-
un peu
opinion,
il
d'avoir à licen-
Légion
moins de descendre au rang de cinquième puisAlors se produira cette
sance, la France refusera.
attaque brusquée, dont
il
a été
si
souvent question
ces derniers temps.
Les Suisses, Belges, Hollandais, Danois
et
tous les
libéraux des autres pays sont convaincus qu'un écra-
sement de
la
France
serait
un immense
et irrépa-
DE L'INTERVENTION DES ÉTRANGERS rable
malheur pour
monde
le
triomphe immédiat de Europe,
entier.
Ce
13
serait le
l'hégémonie allemande en
contemporaines obtenues après
et les libertés
tant d'efforts, de luttes et de sang, seraient prompte-
ment
étouffées sous les lourdes bottes des junkers
prussiens.
Cette manière
répandue chez s'associer à
de
les
neutres que la tendance à
une campagne
fondée, et dont
beaucoup plus
voir est
qu'ils savent
suspectent donc
ils
non
la ten-
dance.
Le
silence gouvernemental, en face d'une
agitation reposant tantôt sur le l'insulte, et tantôt
sur
mensonge
et
les insinuations et les
procès de tendance, ne peut qu'accréditer en
France l'opinion que préparer
là ce que,
on appelle une
«
l'on est
en train de nous
depuis plusieurs siècles,
querelle d'Allemands
».
Elles
sont de nature à faire accepter par beaucoup
de gens la thèse absurde de nos nationalistes, suivant laquelle la question de gère est tenue en réserve par
allemand pour
lui fournir
la
le
Légion étran-
gouvernement
éventuellement un 2
14 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE prétexte
ultimatum. C'est ainsi que
à
France militaire du 4 octobre écrivait Pourquoi ce déchaînement furieux contre la Légion étrangère
demment profonde.
a
On
dossier »
ment de Berlin
sait
Et, en vérité,
connaît
la
et la façon
des-
très alle-
comment
von Bernhardi
ne
quand on écrire
exiger de notre
se laisse
temps nous
voit le gé
dans
la
revue
du Matin, du
1
plutôt s'efforcer
gouvernement que ja
imposer une guerre, car dans ferait défaut
point de vue économique.
une guerre
gouverner
:
Nous devons il
le
se défendre contre
berlinoise Der Greif (citation
novembre)
méthode germa-
dont
en jouer à l'occasion.
suppositions,
telles
néral
cas le
politique
gouvernement
campagne. Dans quel
cette
dossier français ».
mais
le
évi-
de constituer par cette question un élément di
nique du
de
raison
que
certain en effet
Vraisemblablement par ce sentiment
?
mand <(
et systématique
Les raisons en sont
multiples. D'abord, une Il est
allemand favorise sein
?
la
:
pour
la
préparer
c<
m
Nos dirigeants doiven
de préparer longtemps à l'avano
qu'ils considéreraient
comme
inévitabL
DE L'INTERVENTION DES ÉTRANGERS >u nécessaire, et
d'en prendre l'initiative au
15
moment
oulu.
Heureusement, ce Darle ainsi, ni
n'est
pas l'empereur qui
un représentant qualifié de l'opi-
nion allemande
:
ce n'est
que
le
général von
Bernhardi. Ses paroles doivent 3uisqu'elles exposent
néanmoins
être retenues,
ouvertement
les
concep-
ions d'un parti qui prétend bien devenir ca-
pable d'entraîner un jour son pays.
On
sait
en
effet
que
la
préparation d'une
guerre ne consiste pas seulement à accumuler les
armements. Elle exige que Ton
compte des que
«
impondérables
l'on se soit assuré le
vement patriotique de
»,
tienne
c'est-à-dire
concours d'un soulè-
l'opinion, sans lequel
une grande guerre nationale
est actuellement
impossible. Et c'est à quoi peut viser la confection
du
a
dossier de la Légion
»,
destiné à
déterminer éventuellement l'explosion, ror teutonicus, l'article
que
le
/«-
faisait entrevoir, plus haut,
de M. Nordhausen.
16 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
On
voit par là
combien
d'examiner avecattention
guments produits par ment, de bonne
est nécessaire
et sang-froid les ar-
Allemands qui
les
foi, qu'il
tion de nature à les
il
existe là
émouvoir
et
peut-être
un jour une intervention
combien
il
une quesà justifier officielle;
est nécessaire également de
inviter à procéder à
une
esti-
pareille critique
les
ob-
jective de nos arguments, et à se représenter les
désastreuses conséquences que pourrait entraîner
un emballement
irréfléchi.
III
POPULARITE DE LA LEGION EN FRANCE
Avant d'entrer dans sion,
il
le
fond de
la discus-
faut encore indiquer en quelques
mots
an de ses aspects qui semble inconnu de la plupart des Allemands.
en effet, étonné un grand nombre d'entre
J'ai,
eux en leur disant que, l'étranger est
si
toute ingérence de
dangereuse en matière d'organi-
sation militaire,
il
n'est pas possible d'en
ima-
giner une qui constitue une plus lourde erreur,
une
«
gaffe
siste à
»
plus complète, que celle qui con-
vouloir discréditer notre Légion étran-
gère.
Convaincus, par
les récits
eux, que cette troupe est
qui ont cours chez
un ramassis de ban2.
1S LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
commandés par de sombres
dits
ils
un Français, rencon-
croient, en en parlant à trer l'approbation
brutes,
embarrassée de quelqu'un
qui se sent solidaire d'une mauvaise action
:
trouvent un contradicteur indigné, dis-
et ils
posé à prendre pour une offense personnelle toute parole prononcée contre ce corps d'élite;
sont stupéfaits d'apprendre qu'il n'existe
ils
pas de plus sûr
moyen
d'exaspérer
un
d'entre
nous, que de s'attaquer à un corps qui est sim-
plement un
des plus
populaires
de notre
armée. Il
est
donc nécessaire de leur montrer quelle
situation privilégiée la
Légion occupe dans
l'opinion publique française.
Pour
définir cette situation,
peler que le drapeau
du
1
er
il
suffît
de rap-
régiment étranger
est décoré.
C'est
mée le
une coutume toute particulière à
française,
que celle qui consiste à décorer
drapeau d'un corps de troupe qui
marquablement distingué au 1859,
et,
l'ar-
depuis
lors,
s'est re-
feu. Elle date
de
en tant de combats, onze
POPULARITÉ DE LA LÉGION EN FRANCE régiments seulement ont ainsi obtenu de suspendre
hampe de
la
Or,
le 1 er
la
Légion d'honneur à
étranger est un de ces régiments.
dans
nom évoque
l'esprit
tout
un
de tout Français,
trésor de gloire, toute
une tradition de dévouement qu'il est intolérable
Et
si
droit
leur drapeau.
C'est dire que,
son
de
l'étoile
le
19
et
de vaillance,
de voir chercher à ternir.
un Allemand veut bien ajouter à
cette
considération celle, également appréciée par tous les Français, et sur laquelle nous revien-
drons plus la
du service incomparable que
Légion rend à des malheureux auxquels
offre il
loin,
un refuge
et
une occasion de relèvement,
comprendra quelle lourde faute
patriotes
elle
ses
commettent en s'attaquant à
com-
elle.
IV
PAMPHLETAIRES ET CONFERENCIERS
Il
est difficile
protagonistes de
de parler sans passion des
campagne
cette
bien, ne m'occuperai-je
que
le
;
et aussi
moins possible
de leurs productions. Ces dernières présentent
un
tel
ramassis de mensonges éhontés
et d'in-
jures grossières, qu'elles sembleraient devoir
dépasser
le
but, et
ne pouvoir toucher que
des esprits naïfs, plus à plaindre qu'à blâmer. Il
faut pourtant les mentionner en passant,
puisque, par la vertu magique de elles sont arrivées à
bonne
partie
la répétition,
émouvoir réellement une
du public
:
ce serait fermer les
yeux à l'évidence que de contester
qu'elles ont
réussi à ébranler des esprits plus pondérés
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS
21
que ceux des membres de la Ligue pangermaniste,dela Ligue militaire, âe la Ligue navale,
ou de cette Ligue allemande de protection contre Légion
la
band
étrangère
Schutzver-
(Deutscher
gegen die Fremdenlegion),
constituée à
prince
Munich sous
Hermann
von
la
qui
s'est
présidence du
Sayn-Wittgenstein,
ou encore de son émule, YÀssociation pour combattre Vesclavage des Allemands dans
Légion étrangère (Verein zur
la
Bekaempfung
der Sklaverei Deutscher in der Fremdenlegion).
Parles soins de ces dernières associations, et aussi des industriels avisés qui, en tous pays,
savent battre monnaie avec
le
scandale,
seulement l'Allemagne, mais tous
les
non
pays de
langue allemande sont inondés d'articles, bro-
chures
et livres
haineux, ainsi que de placards
illustrés, destinés à et les
les
annoncer ces publications
conférences publiques par lesquelles on
commente. Un
article
de M. André Fri-
bourg,paru dans YOpinion du 11 octobre 1913, en donne d'intéressants spécimens, que
AI.
Oc-
22 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
manquer de
tave Mirbeau ne pourra
collec-
tionner pour la prochaine édition de son Jardin des
supplices.
représentant
un
une barre de
fer
On
voit
des dessins
là
légionnaire nu, fustigé avec ;
un
autre, également nu, et
violemment frappé par un chef barbare autre, toujours
d'arbre par les mains et les pieds, à
dune troupe de
au-dessus
Je passe sur
dans
la neige
un mètre
fusille, et
sur ce-
de froid
et
qui lui monte à mi-corps
moins, ceux-là sont habillés,
et
:
au
ne témoignent
pas du sadisme qui paraît jouer un rôle
un
fauves dévorants.
un autre qu'on
qu'on laisse mourir de faim
lui
;
nu, suspendu à deux troncs
si
grand
dans l'imagination des auteurs de cette
méprisable littérature.
Il
Les
textes, naturellement, sont à l'avenant.
est
entendu, une fois pour toutes, que la
Légion étrangère
est « la
honte de ce
l'enfer sur terre », que, les
vent y trouver que «
de l'âme
et
tirent, ils
du corps,
le
la
siècle..»
Allemands ne peu-
déshonneur,
mort
»
;
la torture
que,
s'ils
s'en
en reviennent brisés, blanchis avant
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS
23
Tàge, perdus pour la joie et le travail; mais
que
«
plupart sont enfouis dans les sables
la
du désert
»,
et
existe, 200.000
que
«
depuis que
Légion
la
Allemands sont tombés,
times de cette dévorante bête de proie
»
:
vic-
deux
cent mille, c'est-à-dire, depuis que la Légion existe,
une moyenne de 2.400 par an
!
Ces insanités sont soigneusement collectionnées dans
les
Bel-Abbès
et
bibliothèques régimentaires de
de Saïda, où
elles font la joie
des
légionnaires, allemands ou autres. Mais en Alle-
magne, elles sont certifiées
et
commentées, dans
des réunions publiques organisées à grand orchestre, par des gaillards qui se présentent
comme
anciens légionnaires, souvent revêtus
d'un uniforme plus ou moins authentique,
et
qui s'entendent à faire frémir leur auditoire.
Le s'est
nommé livré
Hasselmann, de Cologne, qui
à des exhibitions de ce genre en
août 1913, peut être donné
du genre (i)
(1). Il
a servi, prétend-il, pendant
Voir Y Humanité du
précité de Y Opinion,
comme un modèle
i
er
septembre
191 3 et
l'article
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
24
sept ans à la Légion, et y a obtenu le grade
de sergent-major. Pendant tout ce temps,
seulement on ne ceau de viande, et
de
riz,
fois sur
mais
une
pas donné un seul mor-
lui a
et
il
il
n'a
a
dû
et
se contenter de pain
dormi que quarante-trois
paillasse,
deux mois,
norij
— soit
une
fois tous les
du temps, à
le reste
la belle
étoile.
sort ordinaire des soldats,
Si tel est le
même
d'un sergent-major, on peut imaginer
quelles épreuves subissent les le
hommes
punis:
brave Hasselmann n'hésite pas à raconter
que
l'un d'eux a
doigts coupés
;
eu
le
Cet
et les
recouvrant d'une cloche en
de fer remplie de
voré vivant
nez
les oreilles, le
après quoi, on l'aurait enterré
jusqu'au cou, en iil
el
rats,
qui l'auraient dé-
!
homme
à l'imagination
malheureusement pas un
si fertile
On
n'esl
lui a
déjà
trouvé des imitateurs, ou, pour mieux
dire.'
des concurrents, car d'
«
il
ancien légionnaire
isolé.
semble que »
soit
venir une profession lucrative
la qualité
en passe de ;
cela,
de-
bien en-
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS
25
tendu, à la condition d'être exercée par de tristes
victimes,
péniblement échappées de
notre enfer colonial. Les réunions où on les
exhibe font assez penser à celles des salutistes, l'assistance est toujours édifiée par l'au-
où
tobiographie de quelque pécheur repenti.
même
L'un d'eux a sion
inattendue
de
fourni au Matin l'occa-
défendre
le
kronprinz
contre les affirmations compromettantes des
pangermanistes Ce journal contenait, en !
6 octobre,
le
le
effet,
télégramme suivant de Berlin
Le Hamburger Fremdenblatt, une
feuille très
:
im-
portante d'Allemagne, prenant texte d'une conférence faite
par
un
légionnaire,
certain Mertinat, lequel se dit ancien écrit
que
les révélations
faites
par cet
individu sont tellement atroces qu'on aurait peine à les
croire
si
l'authenticité de ses récits n'était pas
garantie par certaines personnalités,
prince héritier d'Allemagne.
le
11
en a
notamment par
semble presque certain que
se disant
recommandé
dû mentir une
magne ne
fois
et
le
faux légionnaire,
protégé par le kronprinz,
de plus,
le
prince héritier d'Alle-
s'occupant pas d'affaires aussi délicates. 3
26 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
Un
démenti ne saurait tarder d'être
infligé à cette
|j
1
nouvelle, que nous ne reproduisons que parce qu'elle est
donnée par
le
journaux, nous
un
des
répétons, les plus considérés
en
Hamburger Fremdenblatt
le
,
| '
Allemagne.
Autre exemple. Dans d'octobre 1913, je
me
les
premiers jours
Les vitrines des libraires y étaient garnies -de. biographies d'un
nommé Hans
légionnaire ou prétendu illustrés
; :
Kull, ancien
de placards
tel, et
annonçant des conférences
vait faire.
I
trouvais à Nuremberg.
qu'il de-
Le volume, pour 139 pages de
texte
serré avec 44 illustrations et 4 planches hors texte,
ne coûte que 80 pfennigs,
et porte l'indication
rément, ne public ni
en
même
suffit
le
effort
410 mille
soit 1 franc, »
;
cela, assu-
pour 410.000
tirage réel ait
chiffre fantastique
l'exagération,
e
pas à faire croire que
acheté
ait
que
«
;
de propagande ont
là
francs,'
approché de ce
mais, toute part
on reconnaît
le I
faite
à
quel formidable
fait les
éditeurs de ce
libelle.
Le ramassis
d'inepties qui constitue ce vo-
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS
27
lume échappe à toute analyse. On y trouve des détails vraiment extraordinaires sur la vie intérieure d'un corps de troupe de notre armée.
Par exemple,
le soir
même
de son arrivée,
jeune légionnaire assiste à une scène qui fait
«
connaître la discipline qui règne
le
lui
ici ».
Au moment où
l'adjudant se présente dans la
chambrée pour
faire l'appel, les
hommes
saillent et le rossent d'importance.
avaient pris soin de les
«
les
coupa-
on appliqua un singulier pro-
On nous fit tième homme fut cédé.
guerre »
Comme ils
commencer par renverser
lampes, on ne peut reconnaître
bles, et alors,
l'as-
numéroter,
et
chaque sep-
traduit devant le conseil de
!
Quant aux
illustrations de l'ouvrage
on y
trouve, entre autres, celles qui ont été repro-
duites dans YOpinion.
Il
convient de noter à
Ion voit un
légion-
naire nu, suspendu par les pieds et les
mains
ce propos que le croquis où
au-dessus d'une troupe de fauves, ne représente pas,
comme
on a cru, un supplice pré-
tendument en usage à
la
Légion
:
Hans Kull
28 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE ne manque pas d'aplomb, mais
ne va pour-
il
tant pas jusque-là. Mais ce dessin et
accompagne
qu'il
sur
homme
et
sur
le texte
intéressant la crédulité
On y apprend, en effet, que notre
a été fait prisonnier, à Madagascar,
par des indigènes, qui bêtes.
un jour
de Fauteur
la véracité
de son public.
jettent
l'ont ainsi
Mais heureusement,
grande présence tirer d'affaire.
il
est
d'esprit, qui lui
exposé aux
doué d'une
permit de se
D'abord, attaqué par de vul-
gaires moustiques,
il
leurs piqûres. Mais
quand arrivèrent des cha-
dut se résigner à subir
cals et des hyènes, qui ne
charogne,
mirent en
il
mangent que de
poussa des hurlements qui
fuite.
Ils
la les
sont remplacés par une
panthère, animal qui ne touche pas aux cadavres
;
mort,
aussitôt, notre vaillant et la
les
hyènes
la rescousse, et
il
et les
le roi
chacals viennent
recommence à
qu'ils sont partis, survient
reusement,
faire le
panthère, déçue, s'éloigne piteuse-
ment. Alors
à
ami de
un
du désert
lion;
crier
!
Dès
mais heu-
est rassasié, et se
contente d'aller boire au ruisseau voisin. Enfin,
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS ie
e
sont des vautours. Rien à faire, cette fois
:
malheureux va succomber, quand arrivent
des indigènes, qui s'écrient, stupéfaits
On
vivre encore, chien blanc! »
'emmène, fille
il
Toi
«
:
on
le délie,
d'un chef. La
devient esclave
de ce dernier est enlevée par un lion. Le
vaillant héros, la
29
bon
tireur, la
sauve en abattant
bête d'un coup de fusil. Devenu, à la suite
de cet exploit, tribu,
il
s'enfuir.
un grand personnage dans
s'empare d'un cheval
Au
parvient à
et
cours de sa route,
il
est
attaqué par unej panthère, et la seul
coup
core une
de jolie
sabre,
ait
qui
le
d'un
constitue en-
où
l'on s'étonne,
à
il
bon
échappé à tant de dangers.
Je demande pardon au lecteur de ger
encore
tue
prouesse sportive. Enfin,
rejoint la Légion, droit, qu'il
ce
la
lui infli-
résumé de ces inventions pitoyables,
dont l'auteur se^montre un digne descendant
du baron de Mùnchhausen, l'émule allemand de notre baron de Crac. Mais
elles
remplissent
vingt-deux pages in-octavo de texte serré, soit la
sixième partie du volume;
et
il
n'était 3.
pas
30 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
montrer à quels
inutile de s'est laissé
artifices
frelatés
prendre la sensibilité de tant de
braves gens.
La couverture du
livre
ornée d'un croquis,
de Hans Kull est bien dessiné de
le seul
un légionnaire
toute la série, qui représente
subissant
le
supplice de la crapaudine, sous la
garde d'un tirailleur algérien
et cette illustra-
;
tion est visiblement inspirée d'une autre, qui se trouve sur les placards
annonçant
les
férences, et dans laquelle j'ai reconnu
con-
un
cli-
ché qui circula en France vers 1900, à l'épo-
que
où
punitions
furent
révélées
corporelles
compagnies de
abominables
les
en
alors
usage
aux
dont une pous-
discipline, et
sée d'opinion publique sut avoir raison. L'au-
pu
teur aurait tout aussi bien texte
son
au moyen de dessins représentant un
des supplices du
moyen âge
photographie de
la
voit
illustrer
«
:
justement, une
vierge de fer
»
que Ton
au musée germanique de Nuremberg
aurait fait l'ailaire.
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS
/ ce
31
propos, d'ailleurs, on notera que, soit
ignorance, soit mauvaise
la
foi,
plupart des
tableaux par lesquels on s'efforce de déconsidérer la Légion se rapportant,
non
à
elle,
mais
aux compagnies de discipline, ou du moins décret
du
2 janvier 1902, qui les réforma à la suite
du
à ce que celles-ci étaient avant
mouvement Ce
fait
le
rappelé plus haut.
a été reconnu, en Allemagne, par
bien des auteurs qui, tout en se montrant hostiles à la Légion, qu'elle ne fût
Gazette de
moins
combattue que par des argu-
ments valables. Tel la
voudraient au
est le
Coblence,
Gazette de Cologne
du
1
er
cas d'un article de reproduit
dans
la
janvier 1913, et cité
par M. Heinrich Pohl. Et de même, M. F. von
Papen, dans
les Preussische
tome CXLVIII), dont
le
fond
Jahrbùcher (1912,
s'élève contre
est constitué
une
littérature
par des lettres
et dé-
clarations de soi-disant légionnaires qui n'ont
jamais servi à
la Légion.
32 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Ce
n'est d'ailleurs
gion, c'est
pas seulement sur
sur toute
Lé-
la
militaire
l'institution
française que l'on peut constater la complète
ignorance de
la
plupart des auteurs qui colla-
borent à cette campagne. Voici, par exemple,
gande
intitulée
:
«
une brochure de propa-
Ce qu'un Allemand doit
voir de la Légion étrangère française
»
sa-
(Was
der Deutsche von der franzœsischen Fremdenlégion
On
y
wissen muss), par M. von Witzleben. lit,
à propos de l'abus des punitions
C'est avec
dre
:
une préméditation rusée que, pour per-
un homme qu'on
a pris en grippe,
on
profite de
ce qu'il se trouve en état d'ivresse. S'il arrive
malheureux de rentrer sous-officier le suit à la
chambrée
ordre quelconque. Que,
sous
et
réponde par une injure,
vère
;
il
le
but
et c'est le conseil
Quiconque a
est
n'évitera pas
mais qu'il en vienne au
lui
l'influence
l'homme ne pense pas au danger qui
exécutant l'ordre,
au
ivre à la caserne, l'astucieux
le
donne un
du
vin,
menace*
atteint.
Même
une punition
et
en sé-
« relus d'obéissance »,
de guerre. servi
dans l'armée française
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS sait
que
«
l'ivresse
considérée
—
comme
ne peut, en aucun cas, être circonstance atténuante
cette inscription est portée,
précisément pour éviter
les
—
et
que,
peines excessives
pouvant résulter de ce principe, le
»
en caractères
gras, sur les livrets des militaires,
sur
Ba-
le
règlement
service intérieur prescrit à tout gradé
qui rencontre un inférieur en état d'ivresse de s'écarter de lui, et de ne le faire
appréhender
que par des égaux en grade. Le
sous-officier
qui se livrerait à la vexation que M. de Witzleben signale face de lui,
comme
courante, trouverait en
non des témoins du
refus d'obéis-
sance de l'homme, mais des témoins de son
propre abus d'autorité,
et
ne pourrait pas
échapper à une punition sévère.
Il
serait fastidieux de reprendre
une à une
toutes les histoires dramatiques qui, depuis
deux ou
trois ans, ont fait le tour
allemande,
et
où
l'on voit
de la presse
de pauvres jeunes
gens torturés, ou fusillés sans jugement, à
34 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE propos de peccadilles qui méritaient peut-être
deux jours de consigne au quartier. Quand tapage qu'elles soulevaient devenait trop
on a procédé à des enquêtes
le
fort,
sérieuses, des-
quelles résultait, en règle générale, que la vic-
time n'existait pas, ou bien qu'elle se portait à merveille
et
ne demandait rien à personne.
Je rappellerai seulement, dans d'idées, la le
ordre
cet
comique aventure de Paul Trœmel,
légendaire bourgmestre d'Usedom.
Dans
premiers mois de 1913,
les
les
naux allemands entreprirent une
campagnes d'ensemble, sur
jour-
de leurs
le
cas de ce
fonctionnaire honorable, marié et
père de
belles
deux enfants, qu'on aurait entraîné à la Légion en abusant de sa faiblesse d'esprit (singulier
compliment à prussien)
;
vement, de ministrés.
faire à
un bourgmestre royal sommée,
la
France
le
rendre à sa famille
Trœmel
était
et
à ses ad-
dans sa
fut aussitôt visité
garnison par des journalistes, à qui qu'il s'y trouvait fort bien, et
qu'une chose,
plutôt vi-
c'est
qu'on
il
déclara
ne demandait
le laissât
en paix»
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS
du
L' Illustration
avec
le
mai publia son
portrait,
fac-similé d'une note de lui disant
Entré dans qu'il
31
35
me plaît
la
:
Légion étrangère à Saïda, je déclare,
ici
très
bien et pour cela je ne veux
pas retourner à Allemagne. Je veux tout volontière-
inent rester dans la Légion.
Troemel alias Tunze. Saïda, le 16
mai igi3.
M. Nr. i3.6i 7
Vers
la
même
époque,
les
mands durent annoncer que
dom
mots
alle-
illus-
:
Je vous adresse en signe de vie
supporte très bien
journaux
l'adjoint d'Use-
une carte postale
avait reçu de lui
trée portant les
.
le service.
mes
salutations. Je
Je pense souvent à vous.
Mille choses pour vous et votre famille.
De
votre
:
Paul Troemel.
Finalement,
il
fut
réformé pour surdité
lé-
novembre.
—
Pour rentrer en Allemagne, pensera-t-on,
et
gère, et arriva à Marseille le 25
pour échapper définitivement à
ses
bour-
36 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
— Nullement:
reaux?
Son
se fixer à.
aucune intention de retour au
Paris, sans
pays natal
pour venir
!
histoire est la suivante, d'après les in-
terviews publiées dans les journaux des 26 et 27 novembre.
Né à Francfort en
1881,
il
fit
de bonnes
militaire de Metz,
études
à
nommé
sous lieutenant au 56 e d'infanterie, à
Cassel.
dans
l'école
En 1911,
il
la politique.
démissionna pour
avec
le
se lancer
il
entra en con-
gouvernement impérial à cause de
ses idées libérales
tracta
fut
Nommé bourgmestre d'Use-
dom, puis député au Landtag, flit
et
:
et, le
26 mars 1913,
un engagement de cinq
2 e étranger, à Saïda, sous
le
il
con-
ans, au titre
nom
du
de Tunze.
Libéral... faible d'esprit, tout s'explique!
Quoi
qu'il
en
soit,
sonnage notoire,
Trœmel, devenu un per-
fut interviewé par tous les
correspondants de journaux, à son arrivée à Marseille. L'Illustration blia
un nouveau
fois, et
du 29 novembre pu-
portrait de lui, en civil cette
toujours dans
l'état le
plus florissant.
I
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS Et
le
Temps du 27 donna, de
37
sa part, les dé-
clarations suivantes: «
Mes impressions sur mon séjour dans excellentes.
sont
pu y
n'avoir pas
même
J'avoue rester plus
<(
Ce que
j'ai
admiré dans
Légion
je regrette de
longtemps mais
infirmité dont je suis atteint ne
c'est l'esprit
que
la
la petite
l'a
pas permis.
la
Légion étrangère,
de corps qui y règne
surtout la bien-
et
veillance des chefs pour les soldats ».
Trœmel
Parlant des incidents de Saverne, M.
time qu'il ne faut y voir que
pagne menée par Rhin.
les
le
es-
prélude d'une cam-
journaux nationalistes d'outre-
.
« Ces vexations », a-t-il ajouté, « ont leur répercussion dans la Légion étrangère, mais cette réper*
cussion est tout autre
que
ce
que
l'on
Allemagne. Je puis dire que, pendant :ourt
que fait
la
que
j'ai
campagne menée contre
plus de bien que de mal.
rent jamais .
passé à la Légion, j'ai
si
elle
escompte en le
temps
pu
très
constater
en Allemagne
lui
Les recrues n'arrivè-
nombreuses que depuis que certains
journaux allemands
la
colonie pénitentiaire, »
représentent
comme une
38 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
Je ne sais le
s'il
est exact que,
du 4 octobre, on
Gaulois
un des conférenciers de
comme
dan
ait retrouvé,
la
Ligue contre
un ancien marchand de
Légion,
l'écrivai
1
cacaouettes
bien connu au Quartier Latin, qui, après avoi servi pris
aux bataillons d'Afrique
(!),
aurait entre
une tournée de conférences de »,
frais
paj és. Mais ce qui
c'est
qu'on embarrasserait fort
T
Mertinat
les
et
les
mandant de produire Ce doivent rents
mands
de
être,
ces
qui,
tout au
toui
est vraisemblable
Hassel
les
Kull en leur
leur
livret
de
militaire
plus, de proches
nombreux
légionnaires
pour des peccadilles, ont
turés et fusillés
légior
marcs par jour,
à raison de vingt
naire
mann,
«
p;;
all<,
été to
sans jugement...
Leurs inventions, d'ailleurs, ne sont passa] paraître
un peu grosses
diteurs.
Le 25 août, à Cologne,
à certains de leurs a le
mann, après avoir terminé au la
France
!
A bas la République
sieur Hass<
cri !
»,
de
:
«
Ab
fut sifflé,
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS
gionnaires n'étaient pas le les
sée
le
;
en
plus malheureux
Vorwœrts résumait sa
31 août, de le
Westfaelisches Volksblatt
faisait ressortir l'absurdité
mbre,
les
soldats de l'armée allemande prussia-
mférence d'après
i
que
socialiste vint déclarer à la tribune
i
39
le
même journal
exprimant
;
8 sep
et le
revenait à la charge
souhait que les soldats alle-
le
ands fussent aussi bien traités que leurs calarades de la Légion. PareiLle mésaventure surprit
Dnférencier al
du même
du 3 décembre
la
/olff,
le
u capitaine »
ex-légionnaire, devait prendre la parole. Allé-
par cette promesse que répétaient d'énormes
ffiches, les
yait
Légion étrangère
organisé dans la salle « Germania », à Berlin,
ne réunion au cours de laquelle
îés
Jour-
le
:
La ligue fondée pour combattre rait
un
à Berlin
genre, d'après
auditeurs vinrent en foule. Hélas
maldonne
on de
et
il
!
y
lorsque le sieur Wolff prit posses-
la tribune,
que l'imprimeur
il
dut commencer par
s'était
trompé
(sic) »,
avouer et
qu'il
avait servi à la Légion qu'en qualité de caporal
!
40 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Cette réunion devait d'ailleurs tourner à la confi sion des organisateurs. L'un des orateurs ayant
un
fi
tableau effroyable des tortures infligées aux
li
gionnaires en Afrique et à Madagascar, de violent protestations se firent entendre ce
que vous racontez
est
faux
!
« Menteurs,
:
» «
Légion?» crièrent des légionnaires ceux-là,
tiques,
et l'un
Où
toi
étais-tu à
retraités,
I
authen
d'eux escaladant lestradi j
commença un
petit discours
:
« Je veux explique
pourquoi je
me
que dans
régiment prussien où je
On
le
suis
engagé à
la
Légion. C'est parc servais... »
n'en entendit pas davantage. Le
présideni
agitant furieusement sa sonnette, couvrit la voix d
pauvre diable qui, quelque peu bousculé, dégringo! plus vite qu'il ne l'aurait voulu. Ce fut la
débandade. Le public quitta
pour
cette fois,
à l'ordre
Mais
du
renoncer à voter
la
la
le
signal
salle et
on du
résolution porté*
jour.
enfin, tant d'assertions, répétées av•c
un aplomb inlassable, ne peuvent manquer d produire quelque impression. De « il
reste toujours
quelque chose
»,
la
calomnie
et le public
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS
41
tout en convenant qu'on exagère peut-être, se dit qu'il n'y a point
de fumée sans
feu.
ne se trouve pas
Cela d'autant plus, qu'on
seulement en présence de personnages
comme
ces
légionnaires de
que
le
pant
les situations les
sait
feu est attisé par des
combien
les
falots
pacotille,
mais
hommes
occu-
—
plus élevées,
et
Ton
Allemands sont sensibles à
l'argument d'autorité.
Par
exemple,
pângermaniste Post du
la
14 août 1913 publiait un article
von Puttkammer ce
(1),
du général baron
débutant par ces mots
Combien de temps encore la France
elle
mettra-t-
à l'épreuve, avec sa Légion étrangère,
l'inlassable patience de l'Allemagne Suit, le
tableau
résultat
»
?
inévitable des tourments
imposés aux légionnaires,
et
de leur sinistre
:
Des milliers d'Allemands, qui sont entraînés à (i)
:
Ce
militaire
peu courtois ne doit pas
avec lé baron Charles de
confondu
être
Puttkammer, chambellan
cien
conseiller provincial,
actif
du rapprochement franco-allemand.
pacifiste
convaincu
la
el
an-
et partisan
4.
42 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Légion,
il
foyers, et le reste
n'y en a pas la moitié qui revoient leurs
parmi ceux-là, beaucoup sont
affaiblis
pour
de leur existence. Et nous supportons cela
depuis quatre-vingts ans
Et voici
le
!
gracieux tableau des motifs pour
lesquels nous maintenons cette institution
La France minution de
:
a besoin de la Légion à cause de la disa natalité, et aussi à cause
de
dégé-
la
nérescence physique qui n'a cessé d'augmenter dans ce pays depuis les guerres de Napoléon. Les Français,
en outre, sont intoxiqués par
rale et de religion.
coup
plus
exemple
faix doivent se
qu'un épaule.
l'Allemand, et :
dans
beau-
est
un
simple
les gares, les
porte-
mettre à deux pour porter une malle
Allemand chargerait négligemment sur son D'ailleurs,
caractéristiques
dents,
que
prouver
les excès
du manque de mo-
Le Français de nos jours
faible
suffit à le
par
l'alcool et
sensuels, par tout ce qui résulte
on reconnaît partout des signes
de
dégénérescence,
maladies
des oreilles, etc., et cependant les
songent toujours à
la
des
Français
revanche.
Quant aux moyens d'empêcher
ment des Allemands dans
l'enrôle-
la Légion,
le
gé-
PAMPHLÉTAIRES ET CONFÉRENCIERS néral n'hésite pas à proposer ce
Aggravation de
1°
qui suit
du
141
l'article
pénal, punissant de prison
43
toute
:
Code
personne
ayant enrôlé des allemands pour une armée
com-
étrangère. Désormais, le racoleur et ses plices devraient être punis
Mesures
3°
raine,
où
spéciales
de réclusion
;
contre l'Alsace-Lor-
se trouvent plus
de
anciens légionnaires allemands
la ;
moitié des
expulsion de
tous les anciens légionnaires résidant dans les
provinces annexées, exception faite de ceux
dont
le
loyalisme allemand aura été éprouvé
Tout espion français
3°
allemand ne devrait mise en
mands
liberté
de
saisi
être gracié
en territoire
que contre
deux légionnaires
la
alle-
;
4° Interdiction
aux Français de venir chas-
ser en Alsace-Lorraine
;
Aggravation des conditions de séjour
5°
pour
les militaires étrangers
raine
;
6°
;
Les
magne
fils
en Alsace-Lor-
des étrangers résidant en Alta-
seraient soumis au service militaire,
44 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE sous peine d'expulsion (l'auteur croit que cette disposition existe dans la 7°
Enfin
Il
faut mettre
lité
française)
;
:
un terme à
la politesse et à
l'amabi-
que beaucoupd'Allemands témoignent aux Fran-
çais.
la
loi
Ceux-ci ne nous rendent pas cette politesse,
considèrent
comme une marque
nous ne devons pas oublier que
la
et
de faiblesse. Or,
France
vit princi-
palement sur son prestige d'autrefois, alors que
la
force de l'Allemagne ne cesse d'augmenter.
On
voit
que
main morte,
manque de
le
brave général n'y va pas de
et
qu'en
qui
ce
politesse et
concerne
d'amabilité,
il
le
sait
prêcher d'exemple. Le Temps du 16 août écri-
beaucoup de modéra-
vait à ce propos, avec
tion
:
«
Sûrement, un
tel
article est loin
de
représenter les sentiments de la majorité de l'opinion allemande.
que la
cette violente
Il
est certain
campagne
pourtant;
d'agitation contre
Légion ne saurait manquer de produire de
l'effet
sur l'opinion allemande, mal informée,
et particulièrement sensible aux histoires
brigands
».
dej
LA TENDANCE INSIDIEUSE
journaux
Divers
allemands font campa-
gne d'une manière plus réservée écrire, plus insidieuse
en verra un exemple dans
1
octobre 1913
La campagne contre
la
On
et impartiale.
les lignes
du Frankfurter General- Anzeiger, Matin du
j'allais
— et que leurs lecteurs
doivent trouver très calme
er
—
suivantes
citée
par
le
:
Légion étrangère a été
très
maladroite, toute de faux sentimentalisme. Elle ne s'appuyait que sur des données insuffisamment contrôlées.
Aussi
la presse française eut-elle l'occasion
s'élever avec indignation contre les
mands. Comment doit-on mener
de
mensonges
alle-
lutte?
Tout
cette
d'abord en mettant de notre côté l'opinion publique
46 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE non seulement en Allemagne, mais dans pays, et surtout en France.
les
autres
Nous devons prouver aux
Français et leur faire démontrer par leurs amis que,
somme
toute, la présence
d'Allemands dans
leur attire plus d'ennuis politiques que tions militaires. sion,
En
la
Légion
de
satisfac-
évitant toute contrainte
ou pres-
on peut espérer que
gouvernement
le
français
qui, entre parenthèses, est, sur ce point, tout à
fait
indépendant du Parlement, limitera discrètement le
nombre
allemands, pour arri-
des engagements
ver peut-être à les supprimer complètement.
Ainsi,
on commence par reconnaître pru-
demment que «
pangermaniste
l'agitation
»,
pour ne pas dire
faut
donc renoncer à
insuffisamment contrôlée
créée de toutes pièces.
Il
est
s'appuyer sur ses allégations «maladroites
Mais
comme
il
est
désagréable aux Allemands
que de leurs compatriotes Légion,
on
s'efforcera
européenne contre
cette
s
engagent dans
d'ameuter
où,
la
l'opinion
troupe, et l'on fera
faire d'amicales représentations
jusqu'au jour
».
pour avoir
aux Français la
paix,
ils
consentiront à la supprimer, ou au moins à
LA TENDANCE INSIDIEUSE
47
n'y plus accepter de volontaires allemands.
Les prémisses de ce raisonnement impli-
quent une il
forte
dose de naïveté
n'y a guère de raisons
dans tous
les pays,
;
car enfin,
pour que l'opinion,
épouse des griefs notoire-
ment imaginaires. Mais quelle naïveté plus grande encore, que à
l'efficacité
C'est fou Il
celle qui consiste à croire
de cette méthode.
!
faut réellement avoir
une bien maigre no-
tion de la psychologie des peuples, et plus par-
ticulièrement de celle du peuple français, pour
concevoir
et
exposer ouvertement une tactique
aussi puérile, aussi contraire au but poursuivi.
De semblables
suggestions,
lisaient, justifieraient,
que
les violences
si elles se
généra-
peut-être plus encore
des pangermanistes, l'aver-
tissement, cité plus haut, de la Correspondance helvétique.
VI
l'enquête de la gazette nationale
et le yorwaerts
Voici maintenant une série d'opinions par-
comme émanant
ticulièrement intéressantes,
d'hommes
politiques
connus,
bien
parmi
lesquels les chefs de plusieurs fractions
du
Reichstag. Ce sont les réponses à une enquête
que
la
National-Zeitang organe national-libé,
ral, c'est-à-dire
les
chauvin, avait entreprise dans
milieux parlementaires,
fut publié le 3
et
dont
le résultat
septembre.
La déclaration
la
plus catégorique, et la plus
dangereusement agressive, émane naturelle-
ment du général en puté au Reichstag,
retraite
von Liebert, dé-
membre du
parti del'em-
l'enquête de la gazette nationale
des chefs les plus remuants de
pire, et l'un
l'Association pangermaniste Il
n'y a pas d'autre
française
honte
la
et
à
employer qu'une acRépublique
la
l'inconvenance de
et
l'amener à y mettre
La Haye
paix, à
moyen
:
pour représenter à
tion diplomatique,
d'hommes,
49
fin.
ce
et ailleurs, auraient tout lieu
vailler à faire disparaître ce
trafic
Les amis de
la
de tra-
ferment d'antipathie du-
rable.
Le député Bassermann, chef du parti national-libéral, et
chauvin non moins notoire, ne
va pas jusqu'aux remontrances diplomatiques,
mais n'hésite pas à vouloir porter sur
le
terrain parlementaire, guère
gereux que celui de Il n'est
le
la
la
diplomatie
question
moins dan-
:
pas douteux que, dans sa prochaine session,
Reichstag s'occupera
du scandale de
la
étrangère française. Le mieux sera de poser
tionne
la
ques-
protection des sujets allemands contre les
racoleurs et leurs complices, au d'initiative
Légion la
ou de
résolutions,
moyen de propositions que
l'on transmettrait
sans retard à une Commission. Celle-ci aurait à re-
chercher
les
moyens
législatifs
de mettre
fin
5
au raco-
50 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE lage, et à faire des propositions positives»
atten-
constituer en Allemagne de
dant, on continue de associations
En
pour combattre
la
Légion. Leur première
tâche est de réunir et de contrôler les matériaux existants,
de montrer au gouvernement impérial
Parlement
préparer ainsi
Un
d'une action
la nécessité
le terrain
pour
et au
législative, et de
la législation future.
autre national-libéral,
le
docteur Liej
mann, député de Charlottenburg,
dit
:
Je m'oppose par principe à l'idée de créer une lé-
gion étrangère allemande en face de
nous n'avons pas
un semblable
l'affront d'y constituer
lence.
C'est
pourquoi
moyen d'amener primer
française
«
il
foyer de puru-
semble n'exister
chevaleresque
:
armée
»
qu'un
France à sup-
scandale contre la civilisation que constitue
le
la légion
la
la
droit d'infliger à notre
le
:
il
faut
que
réitérées de tout le
le
dégoût
monde
prendre qu'un Etat qui,
et les manifestations
civilisé lui
même
fassent
son pouvoir sur des moyens aussi malpropres,
dehors des bonnes
mœurs du xx
Les députés de gauche
se
com-
aux colonies, appuie est
en
montrent pour
la
e
siècle.
plupart aussi mal informés, aussi pleins de
l'enquête de la gazette nationale
51
mais au moins
cer-
tains d'entre eux font-ils preuve déplus de
mo-
préjugés contre la Légion
;
dération, de plus de sentiment des
conve-
nances internationales.
M. Gothein, à égard,
A
un
effort suffisant
la place
voyons
la vérité, n'a
ici le
du
pas
fait,
à cet
:
devoir de défendre la patrie, nous
métier payé de tueur d'hommes pour
compte d'un peuple étranger. Le maintien par France de
cette institution, qui
aucun pays
civilisé,
population. Dans
de
la
un pays comme
grande Révolution sur cette
la
dans
s'explique par la stagnation de la
prétend encore aujourd'hui
humaine,
n'existe plus
le
le
la
France, qui se
représentant des idées
le droit
de
la
personnalité
manière de recruter une troupe
doublement répréhensible. Les États
civilisés
est
ont
conclu des ententes internationales pour réprimer la traite des
blanches et l'esclavage, mais
ils
ont main-
tenu pour cette sorte d'esclavage une exception pro-
fondément regrettable; que de combler
c'est
une
nécessité urgente,
cette lacune.
Le député radical Heckscher voit dans tence de la Légion
l'exis-
un obstacle permanent à
52 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE toute
rapprochement
nouvelle tentative de
franco-allemand.
Le député radical Mugdan Je considère
comme
des
écrit
:
moyens inopérants
l'éta-
blissement de pénalités contre l'entrée dans la Légion
que Ton a proposée, de
étrangère, ou la mesure,
rendre plus
difficile
aux anciens légionnaires leur
re-
tour en Allemagne. Celui qui veut rentrer dans sa y être admis
patrie doit
!
Cela, bien entendu, sans
préjudice des dispositions concernant ceux qui se sont soustraits
au service
militaire.
peuple français, de débarrasser
Ce
serait le devoir
la
France d'une
du
insti-
tution aussi indigne.
Avec
le
député radical Mùller-Meiningen,
on arrive enfin dans
le
domaine des
idées rai-
sonnables. Ses propositions tendent surtout à retenir les jeunes et sont les i°
Allemands dans leur pays,
suivantes
:
Traitement absolument humain
et
bon des
sol-
dats dans l'armée allemande, punition très sévère des
bourreaux
et insulteurs
de soldats
;
2° Répression très énergique des balourdises
bu-
reaucratiques. Notre bureaucratie a déjà sur la cons-
l'enquête de la gazette nationale 53 cience maints jeunes Allemands, à ce point de vue
;
3^ Essai d'obtenir l'interdiction de rengagement
déjeunes gens mineurs dans
la
Légion;
cela,
par
la
voie internationale à défaut de la voie diplomatique
;
4° Enfin, création d'une « Légion coloniale volontaire »
allemande^ pour tenir compte du goût pour
aventures qui pousse beaucoup de nos jeunes
les
gens à entrer dans
la
Légion
française.
On
devra don-
ner à cette troupe certains privilèges extérieurs,
et,
en présence de certains petits péchés de jeunesse, on Mais l'essen-
évitera les formalités bureaucratiques! tiel est
et restera
toujours d'affermir l'amour de la
patrie et de l'armée
non par un vain patriotisme de
hourras et de
fêtes (î),
mais
la justice,
qui est
dans
l'Etat.
(i)
qui
le
Les Allemands donnent
se dissipe
rapidement,
fondement de tout ordre
le
nom
de Hurrah-palriotis-
mus à cette forme dégénérée du patriotisme que pratiquent les
pangermanistes,
groupements
comme
les associations
similaires, et
celui de notre
qui
Ligue des
des vétérans et autres
consiste
essentiellement,
patriotes, des camelots
du
roy, des jeunesses plébiscitaires, en discours, acclamations, injures, manifestations
turbulentes, chansons de café-con-
cert et représentations de
drames ineptes.
54 XA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Il
de dire mieux
était difficile
être le
;
mais peut-
député démocrate-socialiste Wolfgang
Heine y
est-il
parvenu
Ceux qui prêchent que nos jeunes gens
le
:
dédain de
de guerre à l'étranger. Je crains que
Jeu ne- Allemagne
et
paix sont cause
la
se laissent séduire les
par
le service
menées de
terminent un accroissement des enrôlements à
Beaucoup de légionnaires
gion.
la
de tout ce qui en dépend ne déla
Lé-
sont, paraît-iL, des
déserteurs allemands, qui sont poussés dans les bras des racoleurs étrangers par l'exagération de la disci-
pline et la crainte des punitions trop
sévères. Il s'y
trouve probablement une forte proportion d'éléments
de moindre valeur intellectuelle, d'hommes à volonté faible,
qui sont
les
premiers à entrer en conflit avec
la discipline militaire. Il faut citer enfin,
biles
qui poussent souvent à entrer à
la
comme moLégion, l'in-
suffisante éducation de la personnalité, la misère, le
chômage,
les
traitements et congédiements arbitraires
et les autres souffrances sociales des déshérités
Nous trouvons encore dans Terreur,
si
cette
du
sort.
réponse
répandue en Allemagne, sur
manière dont s'opérerait
le
«
racolage
»
la
pour
l'enquête de la gazette nationale 55 la Légion, ainsi
qu'une conception bien singu-
lière et contradictoire
engagés
;
diocre,
si
volonté,
car enfin,
de
si
la
mé-
hommes dénués
ce sont des
comment
valeur morale des
cette valeur est si
de
concilier ce fait avec le re-
proche, absolument
justifié,
qui est adressé à
Técole allemande, de ne pas travailler à dé-
velopper
le
sentiment de
la personnalité,
chercher au contraire à l'étouffer sous
de
la discipline ?
de
le
poids
Ceux qui s'évadent des
régi-
ments allemands ne sont-ils pas précisément ceux qui sentent
le
plus vivement à quel point
leur personnalité y est sacrifiée
Ces réserves
faites,
courage avec lequel
il
MM.
?
faut reconnaître
le
Mùller-Meiningen
et
Heine invitent leurs compatriotes à
faire
un
retour sur eux-mêmes, et à reconnaître que,
Allemands de
pour détourner
les
faut améliorer,
dans leur propre pays,
la
Légion,
il
la con-
dition des travailleurs et des soldats.
L'organe du parti socialiste,
le
Vonoaerts,
56 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE tient
un
pareil langage, et
montre une
Le 8 septembre,
impartialité.
réelle
reproduisait
il
les déclarations d'un ancien légionnaire, qui
proteste contre les calomnies courantes. Pen-
dant toute son instruction, à peine
s'il
déclare-t-il,
entendit une injure; et
c'est
quand une
parole rude tombait, c'était en plaisantant
Le
comme un tié.
l'homme
service est très dur,
ce qu'il peut
;
doit
mais, dans son service,
soldat, et
Ce qui rend
on peut presque
la vie si
:
donner tout est
il
traité
dire avec ami-
dure n'a rien à voir avec
les
choses militaires.
Mais
la vérité, d'après
partis
les
effets
—
bourgeois
l'insoumission et
s'attaquer à la cause (1)
Vorwaerts, est que
le
veulent atteindre les la
désertion
:
Qu'il soit permis en Allemagne, pour
peuple, de devenir officier,
que
les
(i)
comme
punitions excessives ou
ments dont
se
les
rendent coupables
Reproche injustement généralisé,
la déclaration
— sans
de M. Mûller-Meiningen.
un entant du
dans
la
Légion
mauvais
:
traite-
les officiers et les
comme
le
montre
LE VORWAERTS
57
vieux soldats ne soient pas plus durs que dans
Légion
;
l'ouvrier
que
les
allemand de vivre dans son pays
n'ira plus chercher à la
ments, et un
la
conditions économiques permettent à
toit
pour
Légion
s'abriter.
le
pain,
:
alors
il
les vête-
VII
AU RE1CHSTAG
Selon toute vraisemblance,
par M. Bassermann, que gion soit portée devant
la le
le désir
exprimé
question de la LéReichstag,
sera
exaucé, et plutôt encore plusieurs fois qu'une seule
:
au besoin,
le
chef des nationaux-libé-
raux se chargera bien lui-même de soulever l'incident. Il
ne faudra pas, à ce moment, s'émouvoir
outre mesure de ce qui pourra se dire à la tri-
bune. LeReichstagestcoutumier de semblables débats qui, à
ma
connaissance,
produits au moins sept
fois. Et,
s
y sont déjà à cet égard,
nous ne pouvons que nous réjouir de
l'état
de
minorité politique où la Constitution de l'Em-
AU REICHSTAG
59
allemande. Si
pire maintient
la
nation
Reichstag avait
le
pouvoir d'obliger par un
vote
gouvernement impérial,
le
il
aurait
arriver déjà qu'une majorité, égarée par
campagne en
le
pu la
cours, ait déterminé quelque ac-
tion fort dangereuse
actuel des choses,
:
au
lieu que,
dans
l'état
un député pose une ques-
tion au gouvernement, celui-ci répond, et c'est tout.
Au
cours de la discussion, des paroles
déplaisantes peuvent être prononcées à notre adresse, mais nous ne les
par
le
compte rendu de
l'essentiel
:
la liberté
la
connaissons que séance, et c'est là
de notre tribune nous
dispose à ne pas prendre au tragique ces
ma-
nifestations oratoires.
Mais
il
est intéressant
occasions que
le
de rappeler
ici
les
Reichstag a eues de s'occu-
per de notre Légion, pour bien montrer que, si l'origine et
les
imputables aux
excès de la
campagne sont
pangermanistes,
tous
les
maintenant, y prennent part, y comdémocrates socialistes.
partis, dès
pris les
Le 25
février 1911, le rapporteur
du budget
60 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
de
la guerre,
M. Mathias Erzberger, député du
centre catholique, ne craignit pas de déclarer
à la tribune que « la France poursuit à la Lé-
gion une œuvre indigne de la civilisation
Le 30 mars, devant
la
question fut encore agitée
Reichstag, et
le
».
le
comte de Kanitz,
chef du parti conservateur (ou agrarien), dit qu'il nir,
ne
fallait
rôler des
Le
pas renoncer à l'espoir d'obte-
par des négociations, que l'on cesse d'en-
11
Allemands dans
novembre de
la
la Légion.
même année,
au cours
d'une discussion relative aux affaires marocaines, le général
von Liebert, député du
parti
de l'empire, dont on a pu apprécier déjà sentiments dans Si l'on avait tenu la
le
chapitre précédent, dit
aurait été
A
:
:
compte de l'opinion publique,
première exigence du peuple allemand, dans
négociations
les
avec la France (au
sujet
les
du Maroc),
suppression de la Légion étrangère.
quoi M. Erzberger fit l'objection suivante
Je souhaite également
— je
l'ai
:
déjà dit, au prin-
temps dernier, que l'Allemagne n'alimente plus
la
61
AU REICHSTAG Légion étrangère,
et
que, parle
moyen
privées, d'explications officielles les casernes,
on prémunisse contre
Mais
il
me
et
écoles
les
dangereux pour
la vie et
et
dans
service
le
pour un
qu'il est déshonorant
cette Légion, parce
Allemand,
d'associations
dans
pour
la santé.
semble douteux au plus haut point que
Ton doive introduire dans un
traité international
un
semblable point concernant l'organisation intérieure de l'armée.
Quant à Tannée
1913, elle n'a pas
vu moins de
quatre interventions à la tribune du Reichstag.
Le 24 janvier, M. Mùller-Meiningen, posa une question tendant à savoir S'il est
pour
la
exact que,
:
l'assure, le racolage
Légion étrangère française a été particulière-
ment intense dans culier,
comme on
radical,
il
s'est
gagements de
ces derniers temps, et
produit sujets
un
si,
allemands mineurs,
assure-ton, en territoire allemand de l'affirmative, ce que
les
;
en parti-
nombre d'en-
plus grand
et,
et
même,
dans
le cas
gouvernements confédérés
ont l'intention de faire pour mettre fin à ces abus.
Le docteur Lewald, directeur à
l'Office
périal de l'Intérieur, répondit que,
im-
dans cha6
62 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
que cas signalé,
le
gouvernement impérial
avait procédé à une enquête, et que rien ne
permettait de conclure que
le
recrutement en
général, et particulièrement celui des mineurs, fût
devenu plus intense.
ajouta-t-il,
on n'a pu
«
«
En aucun
cas
»,
établir l'existence de
racoleurs en territoire allemand, et dans
di-
vers cas on a reconnu que les assertions faites
à ce sujet étaient de pures inventions.
Le 14
avril, lors
»
de la discussion du budget
des Affaires étrangères, M. Bernstein, démo-
demanda que
crate-socialiste,
ment
agît
énergiquement contre
Cette action, tible
est
gouverne-
les racoleurs.
parfaitement compa-
avec une politique de rapprochement
d'amitié. et
dit-il,
le
Ce
n'est
et.
pas une affaire d'armements
de menaces, mais de justes réclamations à
faire valoir
formes
;
le
tout est d'observer certaines
et d'avoir
pour
soi l'opinion publique.
souvent arrivé que des na-
Aussi bien
est-il
tions -sans
aucune puissance militaire sont
arrivées à faire valoir des
times.
prétentions légi-
;
63
AU REICHSTAG Et là-dessus, l'orateur cita
le
cas d'un jeune
Bavarois du Palatinat, âgé de vingt ans seule-
ment, qui travaillait à Lausanne. Là,
bauché par un racoleur
(?)
il
sait
comment,
poré dans fut tué
la
au
Légion
et
on
envoyé au Maroc, où
il
que son père eût tenté
feu, après
toutes sortes
et,
;
par se trouver incor-
finit
il
em-
qui lui proposa
une place dans une usine de Marseille ne
fut
de démarches
pour
faire
le
libérer.
M. Zimmermann, sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, réponditque des démarches
pressantes avaient été faites à Paris par le
gouvernement bavarois, faisant valoir que cet
homme dait
était
d'une mauvaise santé, qui
impropre à servir à
enquête,
le
demande de
la
Légion.
gouvernement français a libération.
d'ailleurs vingt
ans
son incorporation,
et
et
çais repousse toute
Le jeune
le
ren-
Après
rejeté la
homme
avait
demi au moment de
le
gouvernement fran-
demande
relative à
des
engagés de plus de dix-huit ans. Et après avoir promis d'agir énergiquement auprès
du
64 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
gouvernement français chaque
Allemand mineur taire conclut ?sous avons
qu'un
fois
serait enrôlé, le sous-secré-
:
examiné avec soin tous
venus à notre connaissance depuis
les cas
trois
qui sont
ans
et ce
;
ne sont pas seulement des cas dont nous avons saisis
parles familles, mais,
gnalés par la presse.
11
en
mation suivant laquelle
le
plus souvent, des cas
est résulté 17 fois
hommes
ces
que
été si-
l'affir-
auraient été in-
corporés malgré eux, était complètement dépourvue
de fondement.
généralement d'exagéra-
Il s'agissait
tions, de tentatives
faites
par des insoumis en vue
d'échapper à une condamnation pour s'être soustraits
au service
venue devant
ment
la justice,
et cinq
que
Dans
b*
cas,
qui a prononcé
l'affaire
un
est
acquitte-
condamnations. Mais à l'occasion de
ces poursuites, ces cas,
militaire.
les
on n'a pas pu
établir,
condamnés aient
été
dans quatre de
en rapports avec
des agents français. Enfin, dans 9 cas, l'enquête est .encore pendante.
Vous
voyez,
Messieurs, que nous agissons
toute énergie contre éventuels.
Autant
les
qu'il
sera mis fin à cet abus,
avec
menées d'agents français peut dépendre de nous,
il
aue nous regrettons autant
REICHSTAG que vous,
et
nous empêcherons
65 retour de
le
de
laits
ce genre, qu'il nous arrive d'avoir à déplorer.
Le lendemain, 15
avril,
député radical
le
Ahlhorn, qui ne paraît pas avoir une notion très nette
du
ridicule, déclara
Depuis quelque temps,
les
:
racoleurs pour la Lé-
gion étrangère française parcourent le territoire alle-
mand ils
(jusque dans la Hesse) avec une
travaillent avec
un
tel succès,
telle
audace,
sans qu'on entende
jamais parler d'une arrestation, que chaque patriote sent sa bile s'échauffer.
bien
elle est
Ou
bien notre police dort, ou
dépourvue de tout doigté
— ce qui
n'est
—
pas étonnant avec notre lourdeur bureaucratique,
ou
enfin la surveillance de nos frontières est
si
la-
mentable, qu'il n'y a aucune difficulté à faire passer la frontière,
par
le train,
en plein jour, à un
homme
qu'on a préalablement endormi. Le père apprend-il la
chose et court-il à Nancy, on lui dit sèchement
que son
fils
est
engagé
Et ne croyez pas qui
se
et parti...
qu'il
ne
s'agisse
que d'hommes
sont soustrails au service militaire. ?son,
la
plupart de ces malheureux ont été détournés, enivrés, et
menés
là
d'où l'on revient rarement. 6.
66 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE I
En réponse aux objurgations M. Zimmermann renouvela ses
de l'orateur, déclarations \
delà
veille.
Enfin, dans la séance
du 28 mai,
le
bouillante
général von Liebert demanda, aux applaudis-
sements des conservateurs, mais sans succès, qu'une tout
loi
déclarât déchu de sa nationalité
Allemand qui s'engage dans la Légion (11
appuya sa proposition par
Il
vantes
les paroles sui-
:
Je crois que nous avons, à l'égard de notre peuple, devoir de traiter de tels
le
se seraient décidés
de
la société, et,
en état
dehors de
lors
avant tout, de déclarer à
que toute
française
même qu'ils d'ivresse, comme des parias hommes,
l'institution
de
la
la
Légion
nation est
en
la civilisation.
Ces quelques exemples permettent dépenser
que
la
question de la Légion sera encore sou-
levée, plus souvent qu'il ne conviendrait, de-
vant (i) la
du
le
La
Reichstag. législation
Il
faut
actuelle
en prendre notre.
permet de prononcer
déchéance d'un Allemand qui
a pris, sans
service à l'étranger, mais n'en fait pas
ainsi
autorisation,
une obligation
j
j
j
67
AU REICHSTAG parti en
nous disant que ces manifestations
oratoires,
même quand
elles
dépassent les
bornes où l'on devrait se maintenir en parlant
dune
nation étrangère, n'ont aucune influence
sur les relations franco-allemandes. Mais on est bien obligé de reconnaître qu'elles
avoir
une
action
indirecte
très
peuvent
fâcheuse,
quand on renia rqueque des hommes considérables de tous les partis y ont pris part
:
tant
dans ces débats qu'à propos de l'enquête de la
Xational-Zeitung,
noms
nous
avons relevé
les
des députés von Kanitz, conservateur-
agrarien,
von Liebert, du
parti de l'empire,
Erzberger, du centre catholique, Bassermann et
Liepmann, nationaux-libéraux, Ahlhorn,
Gothein, Heckscher, Mugclan, Mùller-Meiningen, radicaux,
Bernstein
crates-socialistes. fort importante.
C'est là
et
Heine,
démo-
une constatation
VIII
LA GAZETTE DE FRANCFORT
Le 20 septembre fort a publié
tance est duire car
la
un
telle,
1913, la Gazette de Franc-
article qu'il
de
tête,
dont l'impor-
convient de
intégralement, malgré
sa
le
repro-
longueur
question y est étudiée dans
le
louable esprit de calme et d'impartialité
autant
il
est impossible de
;
plus ;
et,
répondre aux fu-
reurs pangermanistes autrement que par un silence dédaigneux, autant
il
convient d'exa-
miner avec soin l'argumentation d'un contradicteur aussi plein de réserve et de dignité. Divers cas d'enrôlements dans la Légion étrangère,
dont l'opinion publique d'attirer de
nouveau
s'est
préoccupée, viennent
l'attention sur cette institution,
LA GAZETTE DE FRANCFORT et de
69
provoquer Une série de manifestations publiques.
Comme
arrive
il
souvent dépassé
fréquemment en
le but, et l'on
cas,
on
a
exposé au
s'est ainsi
péril d'atteindre le contraire de ce
ce qu'il convenait effectivement
pareil
qu'on voulait
et
de poursuivre.
de
De
toutes parts, aujourd'hui, s'élèvent des avertissements
contre
la
tendance, à
exagérer
de
l'état
Légion
la
étrangère et à répandre des assertions inexactes, qui
ne peuvent que fournir
gratuitement à
française des éléments de polémique. qu'il soit
temps de
s'éclaircir les
la presse
semble donc
Il
au sujet de
idées
la
lutte contre la Légion étrangère et de son but.
La première question qui
se pose est la suivante
:
avons-nous un droit quelconque, nous autres Alle-
mands, de combattre française a déjà qu'elle
la
Légion étrangère
répondu par
veut considérer
comme purement
la
question
de
française, et qu'elle
mettre aucune immixtion dans
?
La presse
la négative, et la
déclaré
Légion
ne peut adintérieures
les affaires
delà France. Mais, indépendamment de divers points Légion compte en permanence environ
accessoires, la
5.ooo Allemands, y compris par ce
fait,
allemande,
la
et
les
Alsaciens-Lorrains
question se rattache à
nous devons revendiquer
la le
;
politique droit de
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE:
70
nous intéresser au
sort de ces
Allemands. Gela
est
d'autant plus le cas, que le contact se trouve établi avec la sphère
ment,
du
droit
et surtout
la
manière dont d'engage-
les contrats
par cette circonstance, qu'il s'agit
d'hommes soumis au leur
allemand par
enrôlements, par
se font les
engagement
l'étranger
à
que
service militaire allemand,
soustrait
les
à
ce
devoir envers leur patrie, et qu'ils se trouvent amenés à
un
conflit
les lois
Que
de devoirs lorsqu'il y a opposition entre
auxquelles les
ils
doivent obéissance.
Français se refusent à toute discussion sur
cette
matière, rien de plus naturel. Déjà
disait
qu'un soldat étranger équivaut
naux a
:
Choiseul
à trois natio-
un, que l'on a enlevé à l'ennemi, un, que l'on
gagné à l'armée française,
et enfin
un Français qui
peut réserver ses forces au travail productif Si les Français veulent nous accorder
le
droit de calculer
aussi de cette manière, la Légion est
qui nous intéresse à
tendons dire par
Allemand qui
un haut
là rien
une
degré. Mais nous n'en-
de plus que
ceci,
s'enrôle dans la Légion
perdre de vue qu'il
fait
institution
par là
que tout
ne doit pas
un double
et
triple
tort à sa patrie.
Jusqu'ici,
et abstraction
faite
des
questions de
LA GAZETTE
l>£
FRANCFORT
71
principe, la discussion a toujours porté principale-
ment sur
question des racoleurs et
la
sur
À
aux légionnaires.
vais traitements infligés
mau-
les
inter-
presse allemande rapporte que
valles périodiques, la
des racoleurs ont été arrêtés, et fournit des détails sur l'action de ces gens. La presse française,
en
et,
général, tous les Français nient formellement l'exis-
tence de ces racoleurs.
on
n'a
pu
Il
faut convenir que, jusqu'ici,
réussir à établir incontestablement cette
existence sur
aucun exemple déterminé,
veut pas reconnaître pour fort.
Mais
il
tel le
qu'une semblable preuve manière incontestable pas contester que
le
;
cas
l'on ne
Markel à Franc-
même
nature
résulte de la
si
des choses
est très difficile à fournir et,
d'autre part,
de
caractère
la
de
on ne peut
Légion, en tant
que troupe de mercenaires,conduit a priori au système
du
racolage et y sera toujours
on ne
Même
comme
si,
cesse de le soutenir, l'affluence vers la
dépasse ses besoins,
la
;
et
pas nous accorder ce point,
que
le
Légion
vraisemblance est en faveur de
i'existence des racoleurs
tain
lié.
recrutement de
même il
la
est
l'on
si
tout à
Légion
ne veut fait
misère ou de l'inexpérience
en profitant de
la
intéressés, qu'il
s'agisse
cer-
est effectué
d'ouvriers sans travail,
des
de
72 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE déserteurs
ou seulement de délinquants en
fuite.
Mais cela constitue un point important pour
jugement à porter sur
la
le
Légion, en tant qu'institu-
tion en opposition avec les idées modernes.
Il
doit y
avoir beaucoup d'exagérations et d'inventions dans ce
que
allemandes racontent fréquemment
les feuilles
au sujet des mauvais traitements que
les
légionnaires
Dans une troupe
subiraient de la part de leurs chefs.
qui se trouve en campagne pendant
plus grande
la
partie de l'année, ce genre d'abus est, en lui-même,
moins facilement concevable qu'ailleurs cadre de la Légion est pris parmi
ments du corps dangers
les
le
en
légionnaire et ses
en outre,
le
meilleurs élé-
les
français, et
et les souffrances subis
vent créer entre tions
d'officiers
;
il
semble que
commun
doi-
chefs des rela-
que Ton n'obtient pas facilement dans d'autres
troupes.
Mais, d'autre part, là
il
faut tenir
d'une société assez mêlée,
der
le
sentiment de
la
compte
très éloignée
qu'il s'agit
de possé-
subordination, et qui doit con-
tenir maints criminels, qui ont voulu se soustraire à
des poursuites
au moyen
d'un
enrôlement
qui
n'exige aucune pièce d'identité. Cette composition et le
but
même
de
Ja
Légion rendent nécessaire une
LA GAZETTE DE FRANCFORT particulièrement
discipline
qui et
est
maintenue par
les
73
une
sévère,
punitions
discipline
rudes
les plus
par l'occupation continue des légionnaires. Mais explication
cette
ne
De
là résulte la
abandonnons degré
les
ment parmi les
deuxième question que nous
à l'appréciation des Français
sorts les
de
espèce
exigences d'une discipline
vie des légionnaires, qui
la
toute
sans aucun doute,
ni des rigueurs qui,
procédés,
dépassent fréquemment sévère.
pas
justifie
compte
moins enviables de
répond-elle aux idées modernes
à
:
quel
certaine-
ce
monde,
?
Les deux points que nous venons de considérer,
méthode du recrutement naires,
et le
ressortiraient peut-être
l'Etat français fournissait
moins vivement,
moins encore. coloniales
faut
minimum Si la
d'existence,
qu'elle en vienne à
une convention sur
la
et
non
pas
ou peut-être
France veut mener
principalement avec des
évidemment
tion et à
si
aux étrangers qui entrent à
son service une compensation suffisante,
seulement un
la
traitement des légion-
guerres
ses
mercenaires,
il
une rémunéra-
durée du contrat qui
correspondent aux conditions modernes du travail. Aussi bien,
a
pas d'argent, pas de
Suisses
))
est
un
vieux proverbe français. C'est pourquoi nous nous 7
74 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE bornerons concerne
à insister sur
ici
un
seul autre point, qui
condamne certainement
et
Lésion, en
la
tant que corps composé principalement d'étrangers.
Nous voulons parler du
caractère
du contrat qui
lie-
le légionnaire.
La discussion
ce contrat porte surtout
relative à
sur le point de savoir
s'il
de droit privé ou de
est
droit public.
A
propos de l'incident de Casablanca, survenu en
1908, la Cour d'Arbitrage de La
Haye
a déclaré
que
ce contrat est de droit public. Auparavant, les tri-
bunaux
bli
un
arrêt
du 10 décembre
qu'un contrat militaire
qu'il n'est pas admissible
le
les
deux
parties, et
que Pun des contractants
gouvernement
tion opposée, celle
ce
lie
1879, a éta-
contrat sans l'assentiment de l'autre.
statue sur ce
Néanmoins,
mée,
La Cour de
français n'étaient pas de cet avis.
Cassation, par
que
et suivant laquelle
la il
contrat, qui présente
français a la concep-
Cour de La Haye est
a confir-
souverain à regard de
par suite un caractère de
droit public. Ce point de vue vient d'être* motivé erv détail
dans
le récent
Légion étrangère
Par contre,
le
volume de Charles Poimiro, La
et le droit international.
gouvernement allemand
s'en tient
LA GAZETTE DE FRANCFORT au point de vue développé par
meyer dans
le
numéro du
professeur Nie-
le
octobre 1908 de la
i5
Deutsche Juristen-Zeitung, à savoir que
hommes soumis au
le droit public,
du
mais
droit privé C'est là,
légion-
service militaire par
ne sont enrôlés dans ce
qu'ils
que par un contrat d'engagement
service
« les
leurs chefs, dans la
naires ne sont pas, à l'égard de
situation des
75
ressortissant
«<.
comme on
l'a dit
plus haut,
un point de
controverse internationale, qui a été tranché provi-
soirement en faveur des Français, mais qui, à notre avis,
cun
demande encore une étude doute,
le
attentive.
Sans au-
du gouvernement
point de vue
ne répond pas au sentiment général du droit
français et
aux
conceptions sociales. Autre chose est de satisfaire à l'obligation générale
du
service militaire
propre pays, ou de servir à l'étranger
Dans
naire.
le
premier
cas,
il
situation de droit public,
s'agit
que
dans son
comme merce-
évidemment d'une
l'Etat seul a pouvoir
de déterminer conformément
à
la
sous les garanties posées par
la
Constitution.
dans
le
second
cas,
il
ne
loi,
c'est-à-dire
s'agit effectivement
Mais
que
d'un contrat de droit privé, dépourvu de ce caractère public
—
même
les
Français enrôlés dans
la
Légion
/
76 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE perdent, pendant la durée de leur service, leur qualité
que
de citoyens, les règles
—
et
on ne peut donc
générales d'un semblable contrat, c'est-
à-dire qu'il doit être établi par les
non pas seulement décrété par une sa puissance supérieure.
ment dans
la
circonstances,
reconnu
deux
seule en vertu de
telles,
que, dans d'autres
un semblable contrat ne
valable
absolument
solde
:
parties, et
Les conditions de l'engage-
Légion sont
service excessif libre,
lui appliquer
laissant à peine
jamais
serait
insuffisante,
un peu de temps
engagement pour une période extraordinaire-
ment longue prétexte.
Et
et
qu'on ne peut réduire sous aucun durée
cette
est
souvent prolongée par des
punitions, que les légionnaires peuvent facilement
encourir à tout cela,
la suite les
de tracasseries de sous-officiers. De
engagés
mis au courant.
11
n'ont pas été préalablement
n'est pas
étonnant qu'il
se pro-
duise par la suite tant de tentatives d'évasion.
Toutes
que
ces circonstances
l'on revise le point de
tamment que légitimité,
maintient
l'on
demander no-
et
examine, au point de vue de
l'application la
autorisent à
vue admis jusqu'ici,
du
contrat.
Même
conception actuelle de ce contrat,
publique française devrait
se
si
la
sa
l'on
Ré-
rendre compte que, du
LA GAZETTE DE FRANCFORT
77
point de vue démocratique, ce système de mercenaires est à rejeter
en principe
;
démocratie que s'impose défendre elle-même, au
le
principe qu'elle doit se
moyen de
ses citoyens,
combattent pas seulement pour de pour
la patrie. C'est
une institution qui
une
car c'est précisément à
pourquoi
il
n'est plus
conception moderne de l'Etat.
l'argent,
qui ne
mais
faudrait renoncer à
compatible
avec
la
IX
LA REVUE HOCHLAND
Enfin, les derniers jours de l'année 1913 ont]
vu paraître un
écrit qui,
sans être d'une tenue
aussi correcte que l'article de la Frankfurter
Zeitung, et tout en présentant encore bien des détails sous
un jour complètement
moigne d'un
effort
erroné,
té-
sérieux vers l'objectivité
impartiale.
Je veux parler d'un travail déjà mentionné plus haut, que M. Heinrich Pohl a publié,
sous
le titre
gère,
dans
land,
La
le
lutte contre la
Légion étran-
numéro de décembre de Hoch-
une importante revue catholique à
dance relativement
libérale, qui paraît à
ten-
Mu-
nich. Cette étude est longue et assez touffeu-
LA REVUE HOCHLAND de sorte
qu'il faut
se
borner à
commence par
L'auteur
diera la question sine ira role,
79 la
résumer.
déclarer qu'il étuet odio, et tient
pa-
au moins au début, en faisant justice
d'une partie des calomnies qui courent contre la Légion.
Mais tout en accordant, avec M. von
Papen, que celle-ci vaut mieux que sa réputation,
peint sous de sombres couleurs la sé-
il
vérité de la
discipline, la dureté
l'insalubrité
du
du
service,
climat, et enfin l'immoralité
régnant
dans
un
adonné,
dit-il,
à l'ivrognerie
milieu
particulièrement surtout à la
et
pédérastie.
Mais, cela posé, l'auteur ajoute que
moyen de là les
faire
œuvre
le
seul
utile consiste à laisser
déclamations courantes,
et
à étudier im-
partialement les points de droit soulevés par l'existence de la Légion.
D'abord, la protection des sujets allemands contre
Et
ici,
le
racolage sur
le territoire
de l'Empire.
après avoir rappelé les débats que ce
point a
soulevés au Reichstag,
il
est
obligé de convenir que jamais on n'a
pu
bien éta-
80 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE blir
un cas
de semblable racolage, qui
réel
sévèrement réprimé par
serait d'ailleurs
les
lois existantes.
A
la suite
de cette constatation, M. Pohl en
vient à appuyer très courageusement l'opinion
que nous avons vu émettre déjà par M. Mùller-
M. Wolfgang Heine
Meiningen, ivaerts,
que
c'est
en améliorant
du soldat allemand que plus efficacement il
cite à ce sujet
le
et
la
Vor-
condition
combattra
l'on
recrutement de
M. von Papen
le
la
le
Légion
;
:
Chaque année on apprend que des déserteurs nombreux, effroyablement nombreux,
se réfugient à
la
Légion pour échapper aux suites d'une faute ou aux
mauvais traitements
infligés
par des anciens ou des
supérieurs. Si l'on parvenait à supprimer complète-
ment
ces
mauvais traitements,
le
nombre
des légion-
naires allemands baisserait très considérablement.
Mais viduels
il
:
ne le
s'agit
pas seulement d'abus indi-
Code de justice militaire lui-même
est coupable.
D'anciens légionnaires ont recommandé
un adou-
cissement du Code de justice militaire allemand,
i
LA REVUE HOCHLAND
comme un bon moyen sertions qui sont
gement
fréquemment
à la Légion.
ment pas
On
si
de réduire
le
81
nombre des
suivies
Ce point de vue
dé-
d'un enga-
n'est certaine-
à négliger.
a vu que M. Mûller-Meiningen a pro-
posé de créer une
allemande
»,
« Troupe coloniale
afin d'offrir
volontaire
un débouché aux
jeunes gens que l'esprit d'aventures entraîne vers notre Légion. Cette idée a été fréquem-
ment préconisée en Allemagne, par de Cologne, par
M. von Papen,
docteur Ritter, de
et,
la Gazette
enfin, par le
Mayence, à l'Assemblée
générale de l'Association pangermaniste qui eut lieu en septembre 1913. M. Pohl s'y rallie, ainsi qu'à
cette,
veiller à ce
que
observation, les
trent pas trop difficiles sur
hommes
devra
qu'on
bureaucrates ne se monle
à enrôler. Mais, aussitôt après,
siens les termes injurieux par lesquels
Liepmann a
protesté
contre
des
passé il
fait
M. Paul
l'organisation
d'une Légion étrangère allemande. Ce n'est
donc pas l'incorporation d'éléments douteux qu'il
nous reproche, mais, en principe,
celle
82 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE de volontaires étrangers
et
;
verra,
l'on
a^
manqu
chapitre XXVII, que ce reproche ne
pas de saveur, venant d'un Allemand. Suit,
une longue discussion juridique sur
droit que tout sujet allemand possède,
protégé par qu'il se
le
1
ci'êtr
gouvernement impérial,
loi-s
trouve à l'étranger, lùt-ce en quai il
de soldat à
la
Légion.
À cet
égard,
il
faut
si
gnaler un point important, qui pourra détei
miner des
conflits regrettables,
nement allemand adopte La nouvelle nalité dans
loi
du 22
l'Empire
et
les
juillet 191 3 sur
dans
qui doit entrer en vigueur
le
les er I
la
situation
gouver
la
natio;
Etats confédéré;
janvier 19 14, a in
troduit certaines innovations qui
pour
si le
vues de l'auteur
juridique des
sont importante légionnaires
aile
mands. D'après
l'article
28 de
cette loi,
l'Allemand qu
sans autorisation de son gouvernement, est entré a service d'un Etat ne faisant pas partie de
l'Empin
peut être déclaré déchu de sa nationalité par décisio
de l'autorité supérieure de son Etat d'origine, n'a obtempéré à la
sommation de
se
démettre,
s'
fait
LA REVUE HOGHLAND ;ar
83
cette autorité. Cette disposition s'applique à
agement dans
Légion étrangère française
la
Fen-
La
(i).
échéance de la nationalité n'est pas devenue obligaDÎre.
Tant que
té signifiée
à
la décision
l'intéressé,
qui le
la
prononce n'a pas
légionnaire
allemand
este sujet allemand, et doit, à l'occasion, être
pro-
gé par l'Empire.
Cette question de la nationalité des légionaires allemands, et de la protection
qu'ils
eurent réclamer des autorités allemandes, onduit à toute une discussion juridique dans iquelle uelle
ici, et
pour
la-
nous devons nous borner à renvoyer à
article )i
on ne saurait entrer
de M. Pohl
et
au commentaire de
la
qu'a publié M. Delius. Elle mérite toute
attention de notre trangères, car ion,
(i)
la
litiges les
question
est
l'occa-
plus imprévus.
bien
moins, pour
Hass Delius. Das deutsche Reichsund Slaatsangehœ-
gkeitsgesetz
^i3.
Affaires
on pourra y trouver, à
matière aux
Mais
Ministère des
vom 22.
Juli
1913, Mannheim
et Leipzig,.
84 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE M. Pohl, d'arriver à des
hommes
empêcher
qui
faire sortir
lui
la
Légion
sont engagés, que de les
s'y
d'y entrer
pouvons que
de
sur ce point, nous ne
et
;
donner raison. Mieux vaut,
toujours, prévenir que réprimer;
et,
dans
le
cas qui nous occupe, celte action préventive est conseillée
par
prudence
la
taire, puisqu'elle est
la
plus élémen-
purement nationale,
c'est-
à-dire inattaquable, tandis que, l'homme une fois
au service de
France, on est conduit à
la
une action internationale, des plus
Or
ici,
l'auteur adopte entièrement les idées
émises par
le
D Max r
Neueste Nachrichten sulte
que Ton
se
Roloff dans les Leipziger
du
11 juin, et d'où
trompe
fort
dès qu'un Allemand passe çaise,
ré-
il
en croyant que,
la frontière fran-
une nuée de racoleurs s'attache à
pas pour
lui faire
signer
meilleurs racoleurs, les a,
délicates.
le
un engagement
:
les
gouvernement français
sans bourse délier, dans
consuls allemands
ses
la
personne des
:
Les consuls d'Allemagne n'ont pas d'argent pour rapatrier leurs nationaux nécessiteux et porteurs
de
LA REVUE HOCHLAND bonnes références, ou pour
On
secours.
comme
«
:
par un petit
n'apaise pas la faim avec des
Vous
n'aviez qu'à rester à la
lieu d'aller à l'étranger
tant à
les aider
85
!
s'en sont bien dit
» Ils
eux-mêmes, avant
phrases
maison, au
au-
d'aller trouver le consul...
Si l'intéressé est en France, vingt-quatre heures
après sa visite au consul,
Et
il
faut
remarquer
il
qu'il
est
ne
s'agit ici
de bonne
gens convenables,
engagé à
la
Légion.
que de jeunes
conduite,
munis des
meilleurs certificats. Le vagabond professionnel sait se débrouiller, à l'étranger, sans consuls et sans
gion étrangère
;
le
Lé-
déserteur a rarement des papiers
sur lui, et sait d'avance qu'il n'a rien à attendre du consul... ...
A
Marseille, par exemple, la Société allemande
de secours donne au jeune postulant quelques marcs
pour calmer
sa faim, et le consul le
mais de l'autre côté de
la rue,
police qui arrête le déguenillé
met
se tient
à la porte
;
un agent de
comme vagabond
!
Que
servent les louables efforts des particuliers qui cher-
chent à diminuer l'affluence des Allemands à Légion,
si les
la
consuls, les représentants qualifiés de
l'Empire, à qui s'adresse tout d'abord leur
compatriote tombé
dans
moyens de
en aide
lui venir
besoin,
le ?
Il
ne
jeune
n'ont pas les serait
vraiment
86 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE pas nécessaire d'augmenter bien considérablement le
budget du Ministère des Affaires étrangères, pour secourir des gens dignes d'intérêt, tombés dans la mi-
ou par d'autres motifs. Les consuls
sère par légèreté
n'auront pas de peine à l'ivraie
:
assez de connaissance des
Tant que côté,
séparer le
on doit supposer que
la situation
on ne
Allemands à
hommes pour
Légion;
et
tenté de dire que ce corps
de nécessaire
pour un de
se
bond
:
homme
est parfois il
sans
moyens la
Sauf
presque
est
quelque chose
est plus
honorable,
convenable, d'être légionnaire que
comme
vaga-
sans aveu. Les tribunaux français
ne plaisantenj pas avec
dans
nombre des
le
perdre dans une prison française et
cela.
même, on
car, après tout,
homme
ont
ne sera pas améliorée de ce
saurait espérer réduire la
bon grain de
ces fonctionnaires
les
étrangers qui sont trouvés
d'existence, et qui pourraient s'engager
Légion mais ne veulent pas
cette dernière pointe,
le faire
!
gratuitement in-
jurieuse pour nos tribunaux, cet article est
on ne peut plus judicieux. En
se ralliant à ses
conclusions, M. Pohl cite un article analogue,
paru dans
la
Koblenzer Zeitung, sous
le titre
:
LÀ REVUE HOCHLAND
La
véritable
87
manière de combattre
la
Légion
étrangère. D'après ce dernier article, les con-
suls allemands ne seraient pas aussi
que
M
le dit
Roloff, et donneraient
siteux la
somme
consulat
le
nécessaire
plus voisin
proche en proche jusqu'à
et
démunis
aux néces-
pour gagner
arriver ainsi de
la frontière.
Jadis, les consulats autrichiens agissaient de
Mais depuis
un
de revenir
même.
quelques années, l'Autrichien qui se
présente à son consul ne reçoit plus lui assure
le
abri et
un
temps pour
à
frontière. S'il vient
un centime. On
repas gratuits, et on lui dit le
premier train vers
la
au rendez-vous, un employé du
consulat le conduit à la gare, lui prend son billet, et lui
remet
la
somme
indispensable pour
puis qu'on agit ainsi, le
Légion
A
a
nombre
le trajet.
De-
des Autrichiens à la
diminué de près de moitié.
Paris, les
Allemands besogneux ne vont pas au
consulat, mais reçoivent de petits secours des associations d'assistance,
ment,
ils
toutes les
pedibus
avant
pour rentrer au pays. iNaturelle-
dépensent cet argent sur place. sources taries,
cam
jambis.
la frontière, à
ils
se
Une
mettent en
La conséquence
est
que
fois
route
peu
Verdun, Mézières, Toul, Nancy,
88 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Epinal ou Belfort, des centaines d'hommes s'engagent à
la
Légion, pour pouvoir enfin, après des se-
maines, manger à leur faim. Il
du
que
faudrait
travail
le
aux Allemands nécessiteux. Quand
ou
aurait réuni dix frontière
consulat à Paris pût procurer
vingt,
un de
par
ses
il
les ferait
employés.
en
il
conduire à
la;
Les bureaux
de recrutement de l'Est auraient bientôt moins de besogne, car
ils
engagent au moins autant
mands en route pour
rentrer au pays que
d'Alle-j
d'hommes
venant d'arriver en France.
Il
M.
est
fâcheux qu'après ces constatations;
peu
Polil revienne à l'idée, d'ailleurs
cisée,
d'une
action
prendre contre
gagement à esclavage,
France. D'après
doit
être
réprouvé
Après qu'on a la
préi
entre-
lui,
l'en-
comme
par l'ensemble des nations civilisées
une honte de
à
Légion équivaut à un véritable
la et
la
diplomatique
flétri la
;
Légion étrangère
nation française,
il
n'est
comme
que
naturel qu'on ait dit à plusieurs reprises, à la
bune du Reichstag allemand, que
la
te
troj tri-
France, en
la
LA REVUE HOCHLAND conservant, se place en dehors
du
89
cercle des nations
civilisées.
L'empire allemand recueillera l'approbation des nationaux de tous
les Etats
civilisés,
considère
s'il
comme un
esclavage le service de légionnaires alle-
mands,
s'il
et
tire
de
là les
conséquences voulues,
tout tranquillement et résolument...
De même que
...
ches, et nalité
l'esclavage et la traite des blan-
que toute dégradation analogue de
humaine,
la
Légion étrangère,
la
person-
telle
qu'elle
existe aujourd'hui, devrait être interdite
en droit in-
ternational.
Le droit nation
français,
qui
indigne d'une
la tolère, est
civilisée.
Mais
à ce
propos,
il
est
l'auteur s'élever contre
intéressant de voir
un de
ses confrères,
M. ViktorReven, qui, dans un ouvrage intitulé
La Légion la
étrangère
France viole
le
(1),
:
expose gravement que
droit international en infli-
geant un traitement particulier
à
certains
étrangers, et en imposant, à des étrangers le service militaire. Car, d'unppart, (i)
Die Frtmdenlegion,
2
e
on ne
fait
édition, Stuttgart, 19 13. 8.
au-
90 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE cime acception de nationalité dans tement des légionnaires,
de
et,
le trai-
nul
l'autre,
j
n'est obligé d'entrer à la Légion. Et de plus,
M. Pohl observe que M. Reven s'engage
]
ici j
dans une voie pleine d'embûches.
Même
nos traités
les
plus répandus de droit inter-
national n'observent pas toujours, la
ici, la
retenue et
]
prudence nécessaires. Ainsi, on. a déclaré contraire
au droit international, d'une manière générale, fait
au paiement d'une taxe en remplacement de ce vice.
Pour reconnaître que
cette thèse n'est pas
forme au droit en vigueur, sur l'article
1 1
rédaction de la
10 de
la
loi
de
il
suffit
la loi militaire
loi
du 22
le I
ou
d'astreindre des étrangers au service militaire
ser-
con-
d'un coup d'œii
de l'Empire, sur
la
juillet 19 13 et sur l'article
sur l'impôt militaire extraordinaire du
3 juillet 1913.
Il
est bien évident,
tions,
par lesquelles
en les
astreints à contribuer
effet,
que ces disposi-
étrangers se trouvent
aux
frais
de la défense
de l'Empire, peuvent d'autant plus être contestées en droit, qu'il est tout à fait impossible
de séparer, dans
les
armements d'un pays,
les
LA REVUE HOCHLAND
91
instruments de défense proprement dits de
ceux qui permettront éventuellement quer
le
d'atta-
pays de ceux qu'on a obligés à payer.
Cette constatation est d'ailleurs d'ordre tout
à
fait
général.
Quand un
un pays quelconque, tributions,
serait
il
étranger, fixé dans
reçoit sa feuille de con-
mal venu à déclarer
qu'il
refusera de payer tant qu'il n'aura pas la certitude que son argent ne servira pas à solder
une dépense
militaire, ce
simplement supprimer Aussi M. Pohl
a-t-il
pour quoi
les
il
faudrait
budgets militaires
!
bien raison de dissua-
der ses compatriotes d'invoquer avec trop de
grandiloquence, à propos de la Légion étrangère, les principes tional.
«
Le
généraux du droit interna-
droit des étrangers,
encore
bien obscur
comme nomme
l'observent le
».
les
La
»
dit-iî,
vérité
est
pacifistes,
droit international
«
est
que,
ce qu'on
n'est
encore
qu'un ensemble de coutumes ne présentant
aucun caractère d'unanimité et qu'il serait
ni d'obligation,
grand temps que
les
puissances
s'entendissent pour l'adoption et le dévelop-
92 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE peinent progressif d'un Code de droit international positif.
Enfin, M. Pohl conclut par une vue des
plus louables. Les conflits soulevés par
corporation de sujets allemands dans gion portent sur des questions de
l'in-
la Lé-
fait,
qui
n'affectent ni l'honneur ni les intérêts vitaux
des deux puissances
;
lorsqu'ils n'ont
résolus par la voie diplomatique,
ils
pu
être
sont donc
essentiellement du domaine de la Cour per-
manente d'Arbitrage de La Haye, ou d'une
Commission internationale Bien mieux idée
encore,
il
d'enquête.
un
Peut-être pourrait-on conclure trage
vue
ainsi son
précise
:
permanent entre notre pays de tous les différends
question
de
la
et
traité d'arbila
France, en
pouvant résulter de
Légion étrangère.
On
la
pourrait s'en-
tendre à l'avance pour établir une méthode d'apla-j
nissement applicable à ce groupe de tendre
la naissance
conclure
cas,
au
lieu d'at-
de chaque conflit particulier pour
un compromis
d'arbitrage.
LA REVUE HOCHLAND
On
93
ne peut que se rallier à une proposition
aussi
renverrait chacune de
sage, qui
difficultés
ces
devant des juges impartiaux, sans
passer par une période de tension diplomatique dont la presse à
sensation aime tou-
jours à exagérer la gravité. Mais pourquoi faut-il
que l'auteur ajoute aussitôt ce qui suit?
Pour ne pas
faire naître d'illusions, et
aux deux puissances
la liberté nécessaire
faudrait que le traité d'arbitrage
il
questions
autant que
«
le
de main,
un
Car, en
les
Légion
la
permettront
particuliers et les circonstances ».
laisser
sur toutes
franco-allemandes relatives à
contint la clause
pour
de décision,
les cas
un tour
différend particulier concernant
un
lé-
gionnaire allemand peut se changer en une question politique sérieuse
;
et
dans une question de ce genre,
suivant l'excellente expression er
1
du comte Bulow
du
mars 1900J, nous ne reconnaîtrons jamais d'autre du peuple alle-
ligne de conduite que le salas publica
mand. Finalement, donc, l'Empire allemand devra, précisément pour décider
ou non.
si
les cas
un tribunal
dangereux,
se
réserver de
d'arbitrage entrera en action,
94 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
Grand merci
dit rien qui vaille.
main
forcer la
formant,
Un
d'arbitrage qui
traité
aux pangermanistes
laisserait
«
nous
Pareille restriction ne
!
à leur
la
faculté de
gouvernement en trans-
en un tour de main
»,
l'incident le
plus insignifiant en une question nationale
d'un
œuf
traité serait
une
et l'ont sait qu'ils s'entendent à faire
un bœuf
!
—
un semblable
—
duperie qu'on ne peut vraiment pas s'attendre à nous voir admettre. rien de mieux,
s'il
est
Un
traité d'arbitrage,
conclu de bonne
sans réserves ni arrière-pensées. dire d'un semblable traité, qui
qu'à tants
mais
la !
ne jouerait
convenance d'un des deux contrac-
Ce ne serait plus un
—
foi,
Mais que
qu'on
me
traité d'arbitraire
I
traité d'arbitrage,
passe l'expression,
—
un
RÉCAPITULATION DES ARGUMENTS
En résumé,
ALLEMANDS-
l'argumentation des Allemands
contre la Légion étrangère porte sur les points
suivants
:
D'abord, en droit;
et,
question préjudicielle
pour commencer, une
:
Le contrat d'engagement à |
droit privé, et ne saurait la
critique
et
aux
la
donc
Légion
est
être soustrait à
réclamations des
étrangers, sur les points
où
il
de
Etats
peut être con-
traire à l'ordre public. I
Or, 1°
il
On
soulève les objections suivantes
:
ne saurait admettre qu'un Etat mo-
derne recoure, pour sa défense, aux services
de sujets étrangers, car
il
les
provoque ainsi à
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
96
l'insoumission
à
et
à la désertion, et les astreint
un devoir qui peut entrer en conflit avec leur
devoir national
confirmée par
;
c'est là, dit-on,
le fait
que tous
une doctrine
les Etats
ont suc-
cessivement renoncé à employer des soldats étrangers
et cette
;
considération s'impose par-
ticulièrement à une démocratie, et plus encore
au pays qui a proclamé et s'en dit
2°
toujours
le
les Droits
de l'homme
champion;
Le contrat d'engagement à
la
Légion
est
léonin, car la durée en est trop longue, la ré-
munération des légionnaires
est insuffisante,
qu'on leur impose est excessif
le service
telle est l'exploitation
reux sont soumis,
;
et
à laquelle ces malheu-
qu'il
leur arrive de voir
prolonger indéfiniment leur service, pour tenir compte des journées de prison que leurs
gradés leur ont arbitrairement infligées 3°
Ce contrat abuse de
la
misère ou de
;
la
con-
fiance des intéressés, qui en ignorent la
gueur
;
4' Il est
En
ri-
fait
applicable à des :
hommes
mineurs.
.-
RÉSUMÉ DES ARGUMENTS ALLEMANDS 1° le
L'Allemagne
a,
97
plus que tout autre pays,
droit de se préoccuper de ce qui se passe à
en raison du grand nombre de ses
la Légion,
sujets qui 2°
y servent;
Le recrutement
est opéré
par des racoleurs
sans scrupules, qui abusent leurs victimes en les grisant et et
il
par des promesses fallacieuses
aboutit à former
de meurt-de-faim, d'aventuriers dits, voués à l'ivrognerie et
3lus infâmes 3°
et
de ban-
aux mœurs
les plus
traite-
abominables, tant au point de
vue des conditions matérielles delà par suite de
les
;
Les légionnaires sont soumis aux
ments
;
un scandaleux mélange
la brutalité
vie,
que
de leurs cadres, qui
leur infligent toutes les tortures morales et
physiques.
Nous
allons examiner successivement tous
ces points.
DEUXIÈME PARTIE LA RÉALITÉ
XI LES RACOLEURS
La légende des racoleurs Allemagne. Elle
pionomanie,
ce
s'y
est
symptôme
fièvre obsidionale qui sévit
a la vie dure en
superposée
à
l'es-
classique de
la
moment
sur
en ce
l'Europe entière. Dans la plupart des pays, touriste sif
ou le commis-voyageur
court le danger d'être arrêté
en Allemagne,
et
s'il
le
plus inoffen-
comme
est Français,
le
il
espion
;
risque en
outre de se voir accusé de racolage pour le
compte de
la
Légion.
100 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Et pourtant, dans ce pays où
notamment avec un
la police
tel soin,
la police, et
des étrangers, est
faite
qu'à première vue elle semble
en êlre l'institution caractéristique, dans ce
pays où
la
comme un
dénonciation, considérée
acte normal, est pratiquée dans des proportions inconnues partout ailleurs,
il
possible, jusqu'ici, de mettre la
main sur un
n'a pas été
de ces racoleurs qui troublent tellement
le re-
pos des pangermanistes. Mais rien n'y
fait
quantité d'Allemands des plus sensés ont
par se laisser convaincre est
que leur
:
fini
territoire
constamment parcouru par des émissaires
de notr^ gouvernement, chargés de lui procurer de ia chair à canon.
même
On a vu
plus haut que
la Gazette de Francfort, obligée
de re-
connaître que l'existence des racoleurs n'a ja-
mais pu d'affaire
dance priori
:
être établie
positivement, se
tire
en nous intentant un procès de tena
Le caractère de
la
Légion conduit a
au système du racolage... La vraisem-
blance est en faveur de l'existence des racoleurs
»•
LES RACOLEURS T
101
Singulière vraisemblance, qui implique une
complète aberration mentale chez
ment
Ne
gouverne-
le
français et son administration militaire!
serait-ce pas, en effet,
que d'envoyer à
une véritable
l'étranger, à
grands
folie,
frais,
des
agents d'une catégorie aussi inférieure, qui ne sauraient
ment, en
le
et
manquer de
se faire
prendre rapide-
de compromettre leur gouvernement
plaçant dans la posture
quand
la
plus fâcheuse
;
les
candidats à l'engagement
affluent, sur notre
propre territoire, au point
et cela,
qu'on en refuse une bonne moitié
Une que
fois
!
de plus, disons donc aux Allemands
les racoleurs n'existent
que dans leur ima-
même
de sens précis que
gination. Ce
dans
mot
l'esprit
Londres
;
n'a
des
Français
qui
aucun d'eux ne manque
ont
visité
d'aller con-
templer, à titre de curiosité locale, les sergents
recruteurs qui déambulent à Trafalgar-square et
dans Whitehall,
comme
et
qui sont
pour eux
des survivants du bon vieux temps
d'avant la Révolution. L'idée de recourir aux services de semblables
individus paraîtrait 9.
102 LA QUESTIOxN DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE tout à
fait
saugrenue à un Français quel-
conque.
Ce qui peut exister, par contre,
—
il
convient
de l'indiquer discrètement,— ce sont des agents provocateurs. Il
en
est arrivé,
effet,
que des consuls de
France en Allemagne aient reçu des verbales,
ou
même
écrites, d'individus
offres
propo-
sant, soit de s'engager à la Légion, soit de prc
curer des engagements. Des offres analogue
parviennent souvent à nos bureaux de recru-
tement ou à d'autres autorités françaises. Er voici
deux exemples, publiés par
19 octobre 1913
le
Le soussigné, désirant entrer à
la
Légion étranger
française, mais ne possédant pas l'argent
au voyage, prie qu'on tante
un monsieur
nécessair
lui envoie des fonds poste
Apolda R. R. ioo, ou encore de
cher par
Matin di
:
le faire
à la gare d'Apolda,
6 h. Ô2, se dirigeant sur
res-
cher,
au train
Weimar.
Salutions très distinguées.
Rudolph Recht.
103
LES RACOLEURS Zalenz Je prie
dans
la
la
direction
Silésie,
j
Allemagne'.
de bien vouloir
Légion étrangère, dans laquelle
désir de servir, et
d'avoir
bureau d'enrôlement,
afin
m 'admettre j'ai
le
grand
l'amabilité d'en avertir le
qu'on m'envoie
les
condi-
tions d'engagement.
Veuillez agréer l'expression
démon
profond res-
pect.
!
îvent la signature et
La seconde de donné
suite,
V adresse.)
ces lettres,
si
l'on
y avait
ne pouvait donner lieu qu'à une
retentissante polémique de presse. Mais la pre-
mière aurait eu de tout autres conséquences; et
nous ne pouvons que plaindre son auteur,
policier
temps
amateur mais
qu'il a
l'attente
Dans
le
perdu, en gare d'Apolda, dans
du racoleur qui ne
au train de 6
ce genre
maladroit, pour
s'est
pas présenté
h. 52.
quelle
proportion
proviennent-elles
les
avances
d'hommes
de
naïfs,
égarés par les racontars qui ont cours dans leur pays, ou bien
d'agents d'une
société de
104 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE protection contre
la
Légion étrangère ou de
quelque association pangermaniste, cherchant à prendre nos fonctionnaires en défaut et à
un beau scandale,
créer
rait dire.
Mais
il
va de
ne leur
est
jamais
cieuses,
on
les néglige
On
est toutefois
faite
soi :
qu'on ne sau-
qu'aucune réponse
puériles
ou tendan-
également.
en droit de pencher pour
seconde hypothèse, car leur, véritable
c'est ce
la
la
capture d'un raco-
ou supposé, comblerait les vœux
de tant de gens
!
C'est ainsi que, le 1 er octobre 1913, le Lokal-
Anzeiger
et la
la Société
Post annonçaient, de la part de
contre la Légion, la promesse d'une
prime de 375 francs à
la
première personne
qui ferait arrêter un des racoleurs opérant en
Allemagne. Le* Matin du lendemain observait qu'il et les
y a quelque contradiction entre
fréquentes annonces d'arrestations de ce
genre que l'on trouve dans ces
naux. Quant au Temps,
ment
cet appel
:
il
mêmes
jour-
écrivait judicieuse-
LES RACOLEURS
105
Celte prime ne sera jamais payée, puisque de tels
on doit s'attendre
racoleurs n'existent pas. Toutefois,
que
à ce
nombre
de
l'espoir
la
gagner
fasse
des fausses dénonciations,
et,
augmenter
le
par suite, celui
des télégrammes sensationnels contre la Légion étran-
gère dans
qve
ia
presse allemande. C'est précisément ce
désire la Société de
Peu
journaux allemands eurent
après, les
d'ailleurs :ine
propagande de Munich.
bonne occasion de reconnaître
quels pièges grossiers peuvent être tendus à la crédulité
du public par de vulgaires chevaliers
d'industrie.
La Taeglische Rundschau du 22 octobre rapportait,
en
la
effet,
burlesque
aventure qui
suit: Il
y a quelque temps,
rances
nommé
d'un employé d'assu-
le cas
Gustave Puis, âgé de vingt ans, de
Langenstein, dans
le
Harz,
fit
énormément de
bruit
dans toute l'Allemagne.
Ce jeune
homme
affirmait avoir été invité à boire
à la gare de Halle-sur-Saale par
un
racoleur français,
puis s'être subitement réveillé dans une caserne de
Nancy.
106 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Là on
l'avait obligé à signer
pour Belfort,
un
avait réussi, avec
il
lement racolé pour
la
marche
en Allemagne.
et à revenir
parents, qui
plètement
papier.
Il
éga-
train en
il
fut
com-
rétabli.
s'intéressa vi-
durent ouvrir
cette affaire, et les autorités
à
route
rentra chez ses
Toute l'opinion publique allemande
vement
du
légion, à sauter
soignèrent jusqu'à ce qu
le
En
un Hollandais
une enquête. Or,
enquête a démontré que Puis
cette
avait inventé cette histoire de toutes pièces.
Comme, au sous la
foi
cours de l'instruction,
du serment,
vient d'être
condamné
il
à
il
un an de
prétendait avoir été en France. les
déposé
Il
il
prison.
Puis avait vagabondé à Berlin tout
joyeuse vie, puis balayé
avait
accusé de parjure et
fut
le
temps
avait d'abord
rues et couché à
qu'il
mené
l'asile
de
nuit. Il
faut rendre
hommage
à l'impartialité avec
laquelle la feuille pangermaniste a reconnu
comme
ce Puis s'était
triotes.
Mais comment
arrive à faire
l'Allemagne racolé et
»
«
moqué de est-il
ses
compa-
possible qu'on
énormément de bruit dans toute
avec l'histoire d'un jeune
homme
endormi en plein centre du pays,
LES RACOLEURS et se réveillant
dans une caserne de Nancy,
demande une quinzaine
après un trajet qui
d'heures en train rapide
Et pourtant,
107
c'est
un
!
fait
celte
:
bourde pro-
homme puisse être grisé, même enpi-eine Allemagne, et
digieuse, qu'un
en
France ou
se
réveiller
dans une caserne française, légion-
naire sans
le
savoir, est acceptée
role d'Evangile par
une
mands. On a vu, dans aux
un
du
débats
Ahlhorn
la
comme
multitude
chapitre consacré
le
que
Reichstag,
le
trouve toute naturelle;
esprit aussi avisé
pa-
d'Alle-
et
député
même
que M. Bernstein s'ima-
gine que nous entretenons à Lausanne des racoleurs chargés d'expédier à Marseille, sous prétexte d'un
embauchage quelconque, des
jeunes gens qui se trouvent un jour, on ne sait
comment, soldats à
la
Légion
Les associations contre
buent beaucoup
à
la
répandre
!
Légion contrices
légendes,
qui trouvent plus facilement créance du
ment qu
elles
ont
le
mo-
patronage de semblables
groupements opérant sous
le
pavillon de la
108 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE L'une
philanthropie.
par exemple,
d'elles,
celle qui est constituée
«
pour combattre
l'es-
clavage des Allemands dans la Légion
»,
a
Hans Kull quelques documents,
fourni à M.
sans lesquels les souvenirs personnels de l'auteur seraient
vraiment
C'est ainsi qu'à la fin
une
note,
intitulée
de chasse à française.
:
trop
du volume
se
trouve
Une nouvelle méthode
Vhomme pour
On apprend
inconsistants.
la
Légion étrangère grâce à la vigi-
là que,
lance des autorités allemandes, ainsi que des associations spéciales,
semble
coleurs français
c'est
le sol
de
l'Empire
devenu trop chaud pour
être
terrains
«
»,
les ra-
qui ont dû choisir d'autres
d'opérations.
Soit
en passant,
dit
une tactique bien commode que
celle
qui consiste à se plaindre d'être envahi par les racoleurs, et,
après qu'il a été impossible
un
seul, à déclarer qu'ils sont
d'en prendre partis
!
Quoi
qu'il
en
soit,
il
paraît que c'est à
dres que nos agents opèrent. les
Allemands nécessiteux, en
Ils
se
Lon-
y abordent
donnant pour
LES RACOLEURS leurs compatriotes,
109
un secours
leur offrent
pécuniaire, les conduisent en France;
un engagement
les grisent, leur font signer
comme
et,
Evidemment,
cela doit revenir
de légionnaire
soit riche,
ce prix
mands
se
;
ré-
dans une caserne.
veillent
tête
malheureux
toujours, les
là, ils
!
faut-il
:
pour pouvoir
Et
faut-il aussi
aient
que
s'offrir
que
les
cher,
par
République
la
des soldats à
jeunes Alle-
une fâcheuse propension à
laisser enivrer par
se
des inconnus, pour qu'on
puisse édifie^ toute une
campagne sur
réputation d'intempérance
En y réfléchissant
leur
!
de près, on peut attribuer
à cette
invention une origine assez vraisem-
blable.
On sait, en effet, que
les sergents recru-
teurs qui parcourent les rues de tent à leur casquette lores
que les
:
les
le
jue
le
flot
de rubans trico-
quelque touriste allemand, couleurs anglaises sont les
nôtres, a
pour
un
Londres por-
dû s'imaginer
compte de
la
France.
ignorant
mêmes que
qu'ils travaillent Il
n'a pas réfléchi
gouvernement anglais saurait bien 10
110 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE s'opposer à ce que des agents français vinssent,
sur son propre territoire, faire concurrence
aux hommes qui ont mission de des soldats
Mais ce
et
procurer
des marins.
n'est pas tout. Aussitôt après avoir
exposé cette
«
nouvelle méthode
une
question rapporte
montrer
lui
«
histoire
combien facilement
»,
la note
destinée
en à
jeunes
les
étrangers sont exposés, en France, à être enrôlés contre leur volonté s'agit
dans
Max Kûhn
d'un certain
la
Légion
qui, à
». Il
Nancy,
fut enivré par des racoleurs, et, suivant la for*
mule,
«
caserne
se réveilla le ». Il
lendemain matin
à
la
souffrit mille misères, contracta
une maladie de cœur, reçut un coup de feu
dans « le
la poitrine,
et
gouvernement
devint impotent
lui
en l'expulsant par delà
tré
au pays,
taire, qui le le
il
;
alors
français se débarrassa de
se présenta
la frontière
».
Ren-
à l'autorité mili-
reconnut impropre au service;
et
tribunal d'Elberfeld lui infligea 160 marcs
d'amende pour émigration pour insoumission.
illicite, c'est-à-dire
LES RACOLEURS
111
Voilà donc un insoumis qui invoque l'excuse
commode
si
de l'enivrement par incon-
nus, remontant à plusieurs années,
et
on
lui
accorde, ou l'on feint de lui accorder créance
pour monter une machination absurde contre
un pays
arrive
Il
bonne et
voisin
foi
!
heureusement que des gens de
examinent
choses de plus près,
les
constatent l'inanité de ces légendes. C'est
que
ainsi
la
1914 contenait
National-Zeitung du 3 janvier
un
intéressant reportage, dont
voici le résumé, tel que ...
par
Le
donné
l'a
le
Temps
:
dans la Gazette Nationale
récit publié hier
un rédacteur nommé Erhard Breitner montre
qu'il
faux q&e
est
les
jamais été enrôlés de force dans
eu
naliste a
yeux
la
reaux de
la
la
Légion. Ce jour-
curiosité d'observer de ses propres
méthodes d'engagement
les
allemands aient
déserteurs
Légion.
suivies par les
rendu en France,
Il s'est
passer pour déserteur, et a
demandé
Xégion.
que
Il
doit reconnaître
françaises n'ont exercé sur lui lui a laissé toute la liberté
bu-
s'est fait
à entrer dans la
les autorités militaires
aucune pression
et
qu'on
de signer son engagement*
112 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGER! Voici à peu près le récit cTErhard Breitner «
Le
Nancy
I
er
janvier, je passai la frontière
et je
Novéant
;
me
non
loin de
rendis d'abord au village français
j'allai aussitôt
dans un café
que
je voulais aller à
me
rendre auprès du maire.
Légion.
la
mis à un interrogatoire
que
:
A
déclara
et je
On me
de,
conseilla de
la mairie, je fus sou-j
minutieux. Je déclarait
très
je n'avais point de papiers.
On me donna
alors
me
ren-
j
une enveloppe fermée
et
on
me
conseilla de
dre à Pagny. Je m'informai des moyens d'aller à
Nancy
;
je
demandai à l'employé qui j'avais des
si
gion.
leva les épaules et dit en
êtes
en bonne santé,
pourquoi pas? route
!
En
rendit l'en-
chances d'être accepté à
veloppe Il
me
si
riant
vous en avez
le
la
Lé-*
Si
vous
ferme
désir,
:
«
tout cas, bonne chance sur votre
»
Erhard Breitner
se rendit alors
par le premier train à Nancy.
ment, on examina avec soin
Au
à Pagny, et de
\i
bureau de recrute*
la lettre
de recomman-
dation remise par le maire de Novéant, et on
le sou-
mit à un nouvel interrogatoire. Dans l'après-midi l'examen médical eut service.
Un
lieu. Il fut déclaré
officier lui
ment et lui montra la
apporta
place où
il
un
bon pour
1
contrat d'engagé
fallait signer.
Breitne
\
LES RACOLEURS
demanda main loisir.
«
et
la
113
permission de réfléchir jusqu'au lende-
d'emporter
L'officier
Vous pouvez
le
le
contrat,
regarda
faire ce
afin de l'étudier à
avec
défiance
que vous voulez
vous contraignons en aucune manière
;
n'avez pas le droit d'emporter cette pièce. vez vous en
pas
si
aller si
vous voulez
;
je
ne
;
dit
:
mais vous
Vous pou-
sais
nous vous reprendrons demain
et
nous ne
».
toutefois
Breitner,
persistant dans son attitude, quitta alors la caserne et
rentra en Allemagne, d'où
il
a adressé cette lettre à
la Gazette nationale.
Hâtons-nous d'ajouter, d'après publié par
le
M. Breitner ne
Journal, fit
que non seulement
meuse boisson enivrante qui perdit café, qu'il déclare avoir il
résumé
pas connaissance avec la
compatriotes, mais on lui
Mais
le
offrit
fa-
tant de ses
une tasse de
trouvée excellente.
faudra encore bien des expériences
de ce genre
— à supposer qu'elles soient
lement rapportées par
les
fidè-
journaux de tout
bord, pour détruire les effets du travail de ca-
lomnie que, depuis
si
longtemps, on poursuit
méthodiquement contre la France, à propos de 10.
114 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE la Légion.
Pour le moment, des gens parmi
plus sérieux, en
les
Allemagne, croient aveuglé-
ment aux méfaits de
ces racoleurs qui,
commettre
de ce dont on les accuse,
la moitié
pour
devraient former une légion plus nombreuse
que
la
Légion elle-même.
Tout les
cela est d'autant plus pitoyable,
metteurs en scène de
peuvent manquer
que
cette agitation
ne
au cou-
d'être parfaitement
rant de nos lois et règlements, ainsi que de la
manière dont on
les
applique. Mais la masse du
public allemand, qu'ils trompent sciemment,
a besoin d'être éclairée sur ce point, non seule-
ment par des
efforts particuliers, tels
présente étude ou tionale,
A A
la
officielles-
Matin du 10 novembre pu-
télégramme suivant, de Berlin
la suite
que
reportage de la Gazette na-
mais par des constatations
cet égard, le
bliait le
le
:
de la campagne menée par
la
presse
prétendu racolage pour
la
Légion
allemande contre
le
étrangère, le chancelier de l'Empire,
mann-Hollweg,
a
M. de Bcth-
récemment ordonné une minu-
tieuse et impartiale encpiête.
LES RACOLEURS
115
Suivant des informations de bonne source publiées par
un
les
journaux allemands, les recherches ont donné
résultat
purement
négatif, et
a été impossible
il
jusqu'à ce jour de convaincre de racolage une seule des personnes arrêtées sous cette inculpation.
Je ne sais ce que vaut cette nouvelle, dont la •
rédaction est
un peu vague mais ;
il
est
désirable -qu'elle soit confirmée, et que
vernement allemand, qui
communiqués
à la
le
bien
gou-
est assez prodigue
presse,
donne
aux
grande publicité possible
la
résultats
de
plus
de
toute enquête entreprise sur cet irritant sujet
des racoleurs. Le gouvernement français ne
pourra que
de faire ainsi la lu-
lui savoir gré
mière sur des accusations haineuses
et
dépour-
vues de fondement. Ces dernières, en .duire avec
effet,
continuent à se pro-
une persistance vraiment déconcer-
tante. Voici, par exemple,
un télégramme du
novembre, paru dans
Temps daté du 23
21
Les journaux
campagne contre ^nationale
le
pangermanistes la
continuent
Légion étrangère.
:
leur
La Gazette
apprend par un télégramme de Hanovre
116 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE, qu'un lycéen de
cette ville aurait été enlevé à
parents par des racoleurs opérant pour la
le
compte
Légion. Cette affirmation ne s'appuie d'ailleurs
aucune base
pangermaniste ne fait
idée
du
su;
rende pas compte du tort
qu'ell»
se
pressi
en multipliant des histoire
aussi invraisemblables
vérité, ces
d<
la
à sa propagande
En
que
singulier
précise. Il est
se:
que
ridicules.
journaux ont une bien
pièti\
sens critique de leurs lecteurs, à qui
représentent l'Allemagne entière
comme
il
cou
verte d'un vaste réseau de racoleurs, opéran
dans les
les
régions les plus diverses,
et
enlevan
jeunes gens par centaines, sans jamais êtr
pris sur le fait!
Dès
le
lendemain, cette inepte invention
démentie
Le Berliner Tageblatt de menti catégorique au
ce
matin donne un dé
récit fantastique publié
gazettes pangermanistes la légion
étai;
:
au
d'un lycéen Tropf, qui a
une longue
lettre à sa famille,
volontairement engagé à
la
par
1<
sujet de l'engagement écrit
où
Légion.
premières informations publiées par
il
A
de Marseill déclare
s'êti
en croire
1<
la presse berli
LES RACOLEURS noise,
Tropf avait
été enlevé
117
par un racoleur de la
Légion étrangère. Les journaux poursuivent
pagne systématique contre
la
Croix annonce qu'un jeune
quitté l'Allemagne
Mais ils
pour
la
homme, nommé Tjomas,
aller contracter
un engage-
à la Légion étrangère.
les lecteurs
de
la
eu connaissance de
National Zeitung ont-
l'article
Et que vaut, à leurs yeux, organe radical
cam-
leur
aux environs de Berlin, a
domicilié à Trebendorf,
ment de cinq ans
d'ailleurs
Légion. La Gazette de
la
du Tageblatt
?
parole du grand
?
Et quant au départ, également spontané,
du jeune Tjomas, que peut^on y objecter Gazette de la Croix publie-t-elle la liste
native de tous les émigrants aille
?
Que
?
La
nomi-
l'un d'eux
en Amérique ou en Algérie, où est
la dif-
férence ? Voici, fait
pour en
finir
avec ce point, encore un
qui montre que l'ardeur des anti-légion-
naires ne se laisse pas arrêter par le seul bruit
que
le
chancelier de l'empire aurait
fait
procé-
der à une enquête concluant à la non-exis-
118 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE tence des racoleurs. Le Journal
iï Alsace-Lor-
du 22 novembre contenait
raine
vante
la
note sui-
:
Trente personnes ont constitué hier soir à Berlin
un groupe de combat
contre la Légion étrangère. Le
Munich.
siège central est à
Il
a été décidé de former
de pareilles sociétés dans toutes
magne
la
recommandé
les
France l'extradition de tous
les
La réunion
a
moyens suivants au gouvernement Exiger de
la
légionnaires ayant
engagés 2
d'Alle-
réunion de ce soir ont parlé plusieurs an-
légionnaires.
i°
villes
(1).
Dans ciens
les
moins de 21 ans
:
lorsqu'ils se sont
;
Engager
l'Italie,
l'Espagne, la Suisse et l'Au-
triche à protester à la Conférence de l'institution de la
Légion étrangère
La Haye contre
;
3° Aggraver les lois punissant les recruteurs 4° Rapatrier les
;
Allemands sans ressources. qui
se
trouvent en France,
On (1)
Il
peut supposer que s'agit
Municboise.
évidemment de
le
gouvernement
alle-
sections locales de la Société
119
LES RACOLEURS
mand
ne manquera pas de faire comprendre à
ces trente bourgeois de Berlin qu'il y a certaines
«
exigences
»
que
ne peut pas poser
l'on
à une nation indépendante, tions
communes où Ton
et certaines ac-
peu de chances
a
d'entraîner les autres Etats.
Quant aux deux autres moyens préconisés par
la section, ils
sont tout à
fait
recomman-
dâmes.
Que Ton
rapatrie les
Allemands indigents
existant en France, rien de
mieux
:
nos tra-
vailleurs ne tiennent pas à les voir avilir le
prix de la
main-d'œuvre, non plus que nos
œuvres d'assistance ne à leur charge. Et
vœu répond
il
se soucient de les avoir
est à
à celui de
MM.
remarquer que ce Roloff etPohl, cité
plus haut. Reste l'idée d'aggraver les lois contre les racoleurs.
Ce
n'est
pas en France qu'on y verra
moindre inconvénient, puisque ne pourra pas
faire
frapper
cette
un
le
mesure
seul agent,
français ou étranger, de notre gouvernement.
120 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
Mais que
les vaillants ligueurs
y prennent
garde. Sont-ils bien certains que les premières
victimes de ces lois vengeresses ne devraient
pas
être,
à défaut des consuls visés par
M. Rolqff,
précité de
l'article
général von Deimling,
le
le
colonel von Reuter,
le
jeune sous-lieutenant baron von Forstner
et les
membres du
bourg
?
—
question,
Je ne si
le
lieutenant Schadt,
Conseil de guerre de Stras-
me
permettrais
pas cette
n'avait déjà été posée,
elle
en
Allemagne même, par un grand nombre de journaux,
et si les
faits,
ou plutôt
les
sujets
allemands, n'y avaient répondu à l'avance. Voici,
à cet égard, quelques extraits
du
journal Le Temps.
Numéro du On
26
novembre 1913
télégraphie de Saint-Dié.
Cinq jeunes Alsaciens, viennent de
se présenter
spécial de la gare de
à la
ont été dirigés sur
d'Epinal.
originaires
de Saverne,
au bureau du commissaire
Saint-Dié, et ont formulé une
demande d'engagement Ils
:
le
Légion étrangère.
bureau de recrutement
LES RACOLEURS
Numéro du On
4 décembre
:
télégraphie de Chartres
:
121
Indigné de la conduite des autorités à
la suite
des
incidents de Saverne et des brutalités dont les soldats
sont ce
que son
tres,
un négociant de Colmar
victimes, fils
au 102
servît
après l'avoir
fait
e
a tenu à
d'infanterie, à
Char-
naturaliser Français.
homme vient d'arriver à la écrit Y Homme libre. Il ne connaît
caserne
tout notre langue. Les officiers ont mis leurs
hommes
Le jeune
«
Marceau,
au courant de invités à se
cette situation
particulière et les ont
montrer bienveillants envers leur nou-
veau camarade. Cette exhortation les
pas du
était superflue, car
braves soldats chartrains avaient entre eux spon-
tanément décidé de
faire tout ce
qui dépendrait d'eux
pour rendre agréable au jeune Alsacien son passage dans l'armée française.
»
Numéro du 14 décembre
:
Boulevard de Sébastopol hier, dans jeunes gens abordaient
un gardien de
d'eux lui tenait ce langage
la
soirée, trois
la paix, et l'un
:
Nous sommes Alsaciens-Lorrains. Mon de ses camarades étaient soldats.
Ils
frère et
un
ont déserté. Moi, 11
122 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE qui
que dix-huit ans,
n'ai
eux pour
je suis parti avec
ne pas servir dans l'armée allemande. JNous voulons nous engager dans
Légion étrangère. Venus à Paris
la
dans ce but, avec quelques économies, nous n'avons plus rien maintenant.
Le gardien conduisit
les trois
jeunes gens au com-
missariat des Arts-et-Métiers. Ce sont effectivement trois Alsaciens
Charles
;
de vingt-trois ans,
Zweg
et
et le frère
Jacques Wolf, âgés
de ce dernier, Louis
Wolf.
Au
reste,
trance
Légion
il
même
semble bien certain que
de
la
est allée à
l'ou-
campagne menée contre
la
rencontre du but visé par
ses promoteurs, en ce sens qu'en attirant l'at-
tention sur cette troupe, elle
y a déterminé un
notable surcroît d'engagements.
On
sait,
en
effet,
que tous
les
concentrés à Marseille, d'où on
pour Oran à chaque courrier, fois (i)
par semaine
engagés sont les
c'est-à-dire
Bien entendu, ces départs ont lieu par
Hans Kull
deux
(1).
postaux. Et l'on peut s'étonner en lisant dans sieur
embarque
qu'il a été
embarqué sur
«
les le
courriers
volume du
un grand
vais-
123
LES RACOLEURS
Or, d'après Y Opinion du 13 décembre, le
nombre des départs du de
fort Saint-Jean a été
:
3.016 en 1910
3.276 en 1911 3.432 en 1912
3.540 jusqu'au
On
1
estimait alors que
er
septembre 1913.
le
nombre
total,
à la
de 1913, atteindrait 4.660, représentant une
fin
augmentation de précédente
1.228,
ou 35,6 0/0 sur Tannée
(1).
même
D'après la
née du lundi
13
source, dans la seule jour-
octobre
1913,
vingt deux
jeunes Allemands se sont présentés au bureau
de recrutement de Verdun pour être dirigés sur la Légion. ^eau de guerre français
non
le
pour
faire
que
le
signal
honneur
(i)
Voir
un
les
qui donna par I
Peut-être,
un coup de ca-
après tout,
est-ce
à ce futur historiographe delà Légion,
gouvernement de
Marseille par
»,
du départ
la
République
l'a fait
chercher à
cuirassé...
remarques du chapitre XIII, page i44*
XII
COMMENT SE FONT LES ENGAGEMENTS
L'engagement à
Légion
la
étrangère ne
peut se contracter que devant un
tendant militaire, après que
le
sous-in-
candidat a subi
dans un bureau de recrutement un examen d'aptitude physique.
Les conditions du contrat figurent sur d'engagement,
l'acte
sous-intendant
doit en
donner lecture au candidat avant de
lui faire
et
le
signer cet acte, dont à conserver.
En
il
lui
fait, l'officier
devant lequel l'homme l'éclairé
car
il
également sur
est bien inutile
homme
remet un exemplaire
pour que
de recrutement,
comparaît d'abord, la portée
de cet acte,
d'examiner à fond un
celui-ci se ravise ensuite, en
COMMENT SE FONT LES ENGAGEMENTS 125 présence du sous-intendant. Est-il besoin de
un homme
dire que, si
tement ou à la sous-intendance en
ou de visible inconscience, mis à
la porte
au recru-
se présentait
état d'ébriété
serait aussitôt
il
des bureaux? Tout Allemand
sérieux qui lira ces lignes appréciera la diffé-
rence qui existe entre des
au moins
(le
officiers,
sous-intenâant et
de recrutement) sont des
le
dont deux
commandant
officiers supérieurs,
et les racoleurs de la légende, qui font signer
l'engagement par des
hommes grisés d'eau-de-
vie et de promesses fallacieuses.
L'étranger qui veut s'engager dans la Légion I
doit être âgé de 18 ans
au plus 1
m.
;
il
doit avoir la taille
et
de 40 ans
minimum
de
55 et être vigoureusement constitué et en
état de faire
dans
au moins
campagne, tant en Algérie que
les colonies.
Bien entendu, l'examen phy-
sique qu'il subit à cet
effet est très sévère, et
une bonne moitié des candidats y sont refusés
:
le
bureau de recrutement qui, par négli-
gence, expédierait d'hôpital
»,
en Algérie
se verrait reprocher
du
« gibier
sévèrement 11.
126 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE inutiles qu'il imposerait
les frais
Le candidat doit présente devant 1°
De son
équivalente 2°
D'un
3°
Du
par
le
sous-intendant
le
à l'Etat
être porteur, lorsqu'il
:
se
:
acte de naissance ou d'une pièce ;
certificat
de bonne vie
certificat d'aptitude
et
mœurs
;
physique, délivré
bureau de recrutement.
Mais, dans
le
cas où
il
deux premières pièces
n'est
pas porteur des
ci-dessus,
on passe
outre à l'engagement. Cette
dernière
disposition
ne
s'applique
qu'aux candidats étrangers.
Quant aux Français, quer également
gement; car
ici les
elles
et les qualités
il
est nécessaire d'indi-
conditions de leur enga-
déterminent
la
composition!
particulières de ce corps de
troupe sur lequel nos voisins se font des idée* si
fausses.
Bien entendu, je ne parle pas des cadre servant au
titre français.
sous-officiers, sont des
sujets d'élite,
Ceux-là, officiers
hommes
pour qui
c'est
e
de choix, de
une distinctio
COMMENT recherchée Légion. ticle
est
SE
et
FONT LES ENGAGEMENTS 127
enviée que d'être détachés à la
On a, d'ailleurs, vu
plus haut, par l'ar-
de la Gazette de Francfort, que leur valeur
reconnue, en Allemagne, par les
que n'aveugle pas
En dehors
la
hommes
passion politique.
de ces cadres, Feffectif de
la
Lé-
gion comprend, dans une proportion d'environ 45 0/0, des Français « servant au titre étranger
».
Cette qualification ne signifie
nullement,
comme on le croit en Allemagne, que ces hommes aient perdu momentanément leur qualité de citoyens français,
ce
qui serait
absurde, puisqu'ils ne peuvent acquérir au-
cune autre nationalité
ment que, pendant ment,
ils
ne
la
;
elle signifie
simple-
durée de leur engage-
peuvent pas servir au
titré
français, c'est-à-dire profiter de la situation qu'ils
ont pu acquérir à la Légion pour entrer
avec leur grade dans un corps de troupe métropolitain
ou
colonial.
Or donc,
les
Français qui désirent servir au
titre
étranger doivent contracter
un engage-
128 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
ment, dans
mêmes
les
étrangers, devant Ils
conditions que les
un sous-intendant
sont tenus de produire, outre
d'aptitude physique délivré par le
dant de recrutement
Leur
1°
vices 2° 3°
militaire.
le certificat
comman-
:
livret militaire
ou un
état
de ser-
;
Un extrait de Un certificat
leur casier judiciaire d'identité,
délivré
;
par
le
maire de leur dernier domicile.
En aucun
cas, ils
ne sont dispensés de
la
production de ces pièces. L'extrait du casier judiciaire, notamment, est nécessaire blir
que
le
pour
éta-
candidat n'a subi aucune condam-
nation
entraînant l'exclusion de l'armée ac-
tive, ces
condamnations empêchant égalemen
tout engagement dans la Légion
(i)
i°
Rappelons que sont exclus de l'armée Les
individus
cas prévu à l'article 117
Ceux
:
ont été condamnés à une
qui
peine
infamante ou à une peine infamante dans
afflictive et
2°
(1).
du Gode pénal
qui, « yant été
tionnelle de
le
;
condamnés à une peine correc-
deux ans d'emprisonnement
et
au-dessus, ont
COMMENT SE FONT LES ENGAGEMENTS 129 Mais
il
plus tard
— nous y
faut noter ici
— que
reviendrons
exigence est facile à
cette
tourner, puisqu'il suffit que le candidat se dise étranger, pour qu'on ne lui
impose plus au-
cune justification de son identité.
Ce
serait
une erreur de croire que
cette dis-
position ne peut bénéficier qu'à des malfaiteurs proprement dits
:
voici
un exemple du
contraire.
Au mois
de
juillet 1913, les
journaux ont
rapporté l'aventure de deux sous-officiers de la
garnison de Nice, qui avaient demandé à
aller servir
au Maroc, sans réussir
à obtenir
cette faveur. Ils désertèrent, s'engagèrent à la
Légion sous de faux noms, mais furent recon-
nus
et arrêtés,
lun avant même
d'être
embar-
qué, l'autre à son arrivée au corps, où se trouvait
un
officier
de son ancien régiment.
furent traduits devant été?
en outre,
un
par l'application
conseil de guerre, de
l'article
pénal, frappés de l'interdiction de tout cice des droits civiques, civils
3° Les relégués collectifs.
Ils
ou
4a du
Code
partie de l'exer-
ou de famille
;
130 LA QUESTION DE LA LEGION ÉTRANGÈRE qui ne pouvait pas absoudre leur désertion,
mais qui, vu
les circonstances,
qui l'avaient
déterminée, se borna fort justement à leur
mois de prison avec
fliger trois
Quoi
qu'il
laquelle,
en
soit,
le
répète,
je
in-j
sursis.
cette pratique
nous
—
sur
reviendrons
plus loin en détail, n'est pas sans inconvé-
motiva un décret du 14 août
nients. Elle
1906,
qui aggrava notablement les conditions de l'engagement.
Depuis un certain temps, en tatait
un
sensible abaissement
ral et
de
la discipline
coup de mauvais
effet,
on cons-
du niveau mo-
des légionnaires. Beau-
sujets s'étaient engagés en>
fournissant de faux renseignements d'identité; et
de plus,
les
rengagés, sachant que leurs
droits à la pension de retraite étaient définiti
vement acquis,
se laissaient
souvent aller à
l'inconduite.
Pour
les gradés,
normale, la
on disposait d'une sanction
rétrogradation,
bien suffisante
COMMENT SE FONT LES ENGAGEMENTS 131 >our les maintenir dans le droit
chemin mais, ;
on
l'égard des simples légionnaires,
était
lésarmé, à moins de recourir à des rigueurs excessives et à de trop fréquents envois aux
compagnies de discipline. Ainsi que ninistre,
dans
le
République qui motive Il
ne peut
le dit le
rapport au président de la le
décret
être question de
:
leur appliquer des
Deines disciplinaires exagérées ou des
moyens de
ré-
pression spéciaux, que réprouverait le caractère hu-
manitaire de notre législation actuelle. Mais
semble possible
du
et équitable
de
les retenir
gain, et de ne les payer, en
sorte, ;
aux
ouvriers
mau-
manquent
obligations de leur contrat.
En que
les
que
l'Etat se
réserverait la faculté de renvover les éléments
d'un patron dont
me
par l'appât
quelque
proportionnellement aux services rendus
vais, à l'instar
il
conséquence,
les contrats
le
d'engagement des légionnaires
non gradés pourront trois
décret de 1906 décida
être résiliés d'office après
ans de service, dont six mois passés dans
une compagnie de discipline; les contrats
et
de
même pour
de rengagement, au bout de dix-
132 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE huit mois de nouveau service,
si
l'homme a
passé en tout huit mois aux compagnies de discipline.
Mais
cette grave
mesure
discipli-
naire ne peut être prononcée que par ral
commandant
Indochine
et
commandant l'avis
le 19
e
le
géné-
corps d'armée (ou, en
à Madagascar, par
le
général
supérieur des troupes), et sur
d'un conseil de discipline convoqué à cet
effet; et
comme
elle
implique que l'homme a
déjà motivé la réunion d'un autre conseil sem-
envoyé dans une compagnie de
blable qui
l'a
discipline,
on peut estimer que des garanties
suffisantes sont fournies par là contre l'arbitraire.
Mais l'expérience montra bientôt que cela ne suffisait
pas encore,
des 10 mars 1908
et
et
deux nouveaux décrets,
24 mars 1912, vinrent ren-
chérir sur la sévérité de celui de 1906. Actuel-
lement,
dans certains cas
déterminés, par
exemple quand on apprend qu'un légionnaire a déjà été renvoyé antérieurement des troupes coloniales ou de la Légion, ou qu'il a encouru
une condamnation aux travaux publics,
il
COMMENT SE FONT LES ENGAGEMENTS 133 peut être traduit sans aucun délai devant un conseil de discipline,
aux fins de résiliation de
son engagement ou rengagement. Ces dispositions sont d'engagement,
et
doivent être lues par la signature
de
inscrites sur
l'acte,
le
l'acte
de celles
font partie
qui
sous-intendant, avant
à l'homme désireux de
s'engager.
On
voit
combien on
est loin
de l'étrange con-
ception des journalistes allemands, suivant laquelle on s'efforcerait de prolonger arbitraire-
ment
durée du service des légionnaires, en
la
leur infligeant des journées de prison, dont la
durée totale viendrait s'ajouter au temps pour lequel Il
ils
est
se sont engagés.
bien exact que, d'une manière géné-
rale, les militaires
après
le
sont maintenus au corps,
départ des
hommes
de leur classe,
pendant un nombre de jours égal au nombre de journées de prison ou de cellule qu'ils ont
pu subir au cours de leur temps de sauf la disposition suivante
:
si
ce
service,
nombre de
journées dépasse soixante, la durée du main12
134 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE tient
au corps
est fixée
par
le
conseil de disci-
pline, statuant en dernier ressort, et être inférieure à trois
mois
ne peutj
ni supérieure à
un
an. .
du
Ainsi, la durée
être
infligé
à
rabiot» qui pourrait]
ce
un légionnaire comme à
autre soldat, en vertu du droit saurait dépasser
un
an.
En
tout
commun, ne
outre, cette prolon-
gation de service ne peut pas résulter automa
tiquement,
comme on
le croit
en Allemagne
d'une série de punitions injustes ou excessive!' infligées
par un sous-officier mal
disposé,!*;,
conseil de discipline fournissant à l'intéressi la possibilité il
est évident
de se défendre. Mais d'autre part
que ce mode de répression
peut avoir d'efficacité que
s'il
est
n-
employé tou
à fait exceptionnellement, à titre d'exemple*
comme
cela a lieu
dans
les
troupes du servie
obligatoire. Si, après avoir recruté par engage
ments un corps de volontaires de qualité doi teuse,
on conservait, par punition, ceux qui
s
sont montrés mauvais, ou encombrerait bier tôt ce
corps d'éléments qui achèveraient de
COMMENT SE FONT LES ENGAGExMENTS 135 gâter complètement, et corrompraient tout
le
reste.
précisément pourquoi on en est venu,
C'est
après quelques expériences fâcheuses, au pro-
cédé directement contraire à celui que
mands
croient en vigueur.
Au
les Alle-
lieu de conser-
ver par force les éléments malsains, au delà
du terme de leur engagement, on a institué une procédure permettant de rompre ce dernier avant son expiration;
et ce
vère, puisqu'il enlève
au légionnaire sa situa-
tion, tout
en
le
châtiment, très sé-
privant du bénéfice de la pen-
sion de retraite, fait partie des dispositions
dont
les
hommes
sont avisés avant de signer
leur engagement.
Que
tout cela est loin de la légende de ces
racoleurs gens,
qui
amènent de pauvres jeunes
par surprise, dans un enfer où des
gradés impitoyables finiment
1
les
maintiendront indé-
;
XIII
NOMBRE ET NATIONALITE DES LEGIONNAIRES
Recherchons maintenant de quels éléments la
Légion se trouve composée, par
turel
Quelle
est,
d'abord,* la
diverses nationalités dans
garrée
La
le
jeu na-
de cette législation. répartition
des
cette troupe
bi-
?
première constatation, un peu para-
doxale, à laquelle on est conduit, est que la
Légion étrangère
pour moitié, compo-
est,
sée de Français. Et la seconde, que
le
nom-
bre de ses soldats allemands a été fortement exagéré, dans les deux
soins de la polémique
:
pays, pour les
on
est
be-
naturellement
porté, d'un côté, à grossir les motifs
que Ton
.
.
NATIONALITÉ DES LÉGIONNAIRES
137
croit avoir de se plaindre, et de l'autre, à faire
valoir l'attraction exercée par la Légion sur
lesjeunes Allemands.
M. Hans Kull, documenté par Y Association contre V esclavage des Allemands dans la Légion étrangère, « d'après les cielles », attribue
suivante
données françaises
à la Légion
Alsa ciens-Lorrains
5.44o
soit
Allemands
i.44o
»
960
»
8 »
45»/o 12
»
84o
»
7
Français
.
600
»
5
i
Italiens.
.
600
»
5
»
Espagnols
.
600
»
5
»
48o
»
4 »
Autrichiens
»
Hollandais
48o
»
4 »
Divers
600
)>
5
soit
100 °/
.
.
Total
.
.
.
Et l'auteur ajoute que
i3.o4o
«
de 1907 à 1908
pas incorporé moins de 4.946 sujets
mands,
offi-
composition
:
Suisses
'a
la
soit 2.635
Alsaciens-Lorrains
et
»
»,
on
alle-
2.311
utres Allemands. Il
est
permis de se tromper, mais non à ce
joint. 12.
138 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
Tout d'abord, on remarquera cette expression elîe
«
pendant
ou bien
1.386
»
:
deux années 1907
les
vague de signifie-tet 1908 »,
pendant une année, à cheval sur
«
1907 et 1908 »? l'auteur,
le
de 1907 à 1908
«
On
le sait
d'autant moins, que
dans sa préface, prétend avoir relevé
engagements d'Allemands,
septembre 1908 fient cinq
mois
une année,
à
»
:
si
de mai à
«
ces derniers mots, signi-
pleins, ils correspondent,
un nombre de
pour
3.326 engage-
ments.
Mais peu importe, car l'exagération, commise n'est pas
du simple au double? mais bien du
simple au décuple
en
effet, le
nombre
:
pendant ces deux années, total des enrôlés
de toutes
nationalités n'a été que de 1,704 et 2.595, sur
lesquels on compta,
respectivement, 223
307 Alsaciens-Lorrains
Quant aux
effectifs
suis pas en état de les
à une
même
date
;
et
!
des deux régimentsje ne
donner tels
mais
qu'ils étaient
les voici, à
deux dates
suffisamment voisines pour qu'on puisse, sans erreur sensible, les comparer et les totaliser.
NATIONALITÉ DES LÉGIONNAIRES
139
F .S
s o £T
Te -i,
Français
.
.
.
.
.
Alsaciens-Lorrains.
Belges
.... ....
Suisses
.
Allemands
.r
-
-""-
-
c
^
zr,
Z ^^
O
2.58o
2.169
35o
Total
°/o
4.749
45,2
O
-
87e
354 85" 9
1
704
6,7
855
17.6
384
39
i
77 5
7.4
,
2^7
327
624
5,9
,
223
255
4 78
4,5
i43
128
271
2,5
58
61
IJ 9
1,1
Luxembourgeois
29
4i
7°
°,7
Tunisiens
61
» m
'7
.
•
Italiens
Espagnols
Russes
.
.
Marocains
.
Autrichiens
.
i84
Hollandais
.
32
Américains
.
3il
29
<
:
\
1
Hongrois.
Turcs.
.
.
,
.
.
28
28
335
6 99
6,5
5.i33
10 521
99.8
.
1
1
61
Divers
5.388
Ceux du r.rticle
1 er
régiment sont empruntés à un
de M. Stéphane Lauzanne, qui venait
140 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE de se renseigner sur place, à Bel-Abbès (Matin
du 2 octobre 1913) pris
;
et
ceux du 2 e régiment sont
dans l'ouvrage de M. Poimiro, lequel
du colonel Passard, commandant
tenait
giment
les
le ré-
(1).
Ces chiffres appellent un commentaire. signifient,
en
effet,
Ils
que 4.749 hommes au moins
sont certainement et réellement des Français ce sont çais
:
1° les
2° les
;
gradés servant au
hommes
:
titre fran-
qui, tout en établissant
leur qualité de Français, se sont engagés au titre
étranger
gés d'abord turalisation
;
et 3°
comme ;
des étrangers qui, engatels,
ont obtenu leur na-
en moyenne, on accorde environ
140 naturalisations par an dans chaque régi-
ment (i)
en
;
et
sur l'ensemble des deux régiments,
Rappelons à ce propos que
réalité,
la
Légion étrangère
une brigade commandée par un général.
compose, en
effet,
est,
Elle se
de deux régiments divisés chacun en
6 bataillons à 4 compagnies, plus deux compagnies de dépôt (une de recrues et une de convalescents)
outre
de
un
trois
bataillon de
marche
:
au
total,
;
il
l'effectif
régiments ordinaires. Actuellement, 5
existe
en
de plus bataillons
«ont au Maroc, 3 en Indochine, le reste en Algérie.
e
NATIONALITÉ DES LÉGIONNAIRES il
14Î
y a en permanence environ 300 naturalisés
originaires d'Alsace-Lorraine (1).
Mais, sur les 5.772 gers,
il
se trouve
connu de Français
hommes qualifiés d'étran-
un nombre qui,
tout à fait in-
ne pouvant ou ne vou-
lant pas fournir de pièces d'identité, se sont
donnés pour étrangers; ceux-là
comme
lement inscrire
se fontgénéra-
Belges,
Luxembour-
geois ou Suisses, c'est-à-dire d'un
pays de
langue française. D'autre
part,
les
engagés
allemands
se
donnent souvent pour Alsaciens ou pour Autrichiens, et
dans l'espoir
de toute façon,
pays
annexés,
comme
d'être
les fils
sont
mieux accueillis
;
d'immigrés, nés en
officiellement
De
Alsaciens-Lorrains.
comptés
sorte que, fina-
lement, la statistique ci-dessus doit être interprétée de la manière suivante
:
Sur 10.521 hommes, la Légion compte au
moins 4.749 Français, (i)
et
au plus 5.772 étran-
Voir à ce sujet l'intéressant
Fribourg, Les
Alsaciens- Lorrains
d&nsVOpinion du i5 novembre
et
i()i3.
article la
de
M. André
Légion étranger
9
142 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE gers. Et,
parmi ces derniers, on trouve au plus
704 Alsaciens-Lorrains
non encore naturalisés,
775 Belges, 624 Suisses,
au moins
et
etc.,
1.855 Allemands.
Mais
enfin,
dans l'impossibilité où Ton est
dé préciser absolument
admettrons
comme
les chiffres,
nous
bons, ou au moins
les
comme
suffisamment approchés. Et nous dirons donc
que
la
hommes,
Légion
comptait,
dont
en
1913,
10.521
Alsaciens-Lorrains
et
1.855 Allemands, soit 2.559 ressortissants
de
704
l'Empire. S'ils
nombreuse
sont malheureux, c'est en
compagnie, puisque nous brutaliserions égale-
ment
3.213 autres étrangers
et,
ce qui est plus
étrange encore, au moins 4.749 Français Et
Ton songe que tout pangermaniste
n'a
Alsace-Lorraine,
il
le
bruit fait par la presse
trouvé
aucun écho en
ne reste plus, pour
tiver tant d'alarmes,
si
que
1.855
formant environ un sixième de
mo-
Allemands, l'effectif to-
tal.
Sans doute,
le
nombre ne fait rien
à l'affaire
;
NATIONALITÉ DES LÉGIONNAIRES et y
eût-il.
143
encore moins de victimes, on com-
prendrait que leurs compatriotes s'en trassent émus. Mais encore
jours, que est
mon-
— à supposer,
les faits allégués soient
en droit de s'étonner de
la
tou-
exacts— on
disproportion
existant entre la cause et ses effets, et de se
demander •ont là Ils
si,
les
pangermanistes
conscience bien nette.
protestent violemment contre la situation
faite à 1.855
tôt de leurs
ces
de leur côté,
de leurs compatriotes,
anciens compatriotes, car enfin
hommes, en venant
à
volontairement abandonné •d'origine.
— ou plu-
la
leur
Légion, ont nationalité
Mais ne compte-t-on pas, à
l'inté-
rieur de l'Empire, sur trois de ses frontières,
plusieurs millions d'habitants qui n'ont nulle-
ment demandé à devenir Allemands, montrent
médiocrement
sort? Et que diraient nos
qui ont plus
d'affinité
tions cédaient nalistes, et
satisfaits
et
qui se
de leur
voisins, si les peuples
qu'eux avec ces popula-
aux excitations de leurs natio-
prétendaient
terrain- international
la
transporter sur te
question du régime
144 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE qu'elles subissent fort ?
en vertu de
D'une part, une poignée de
libérés
du plus
la loi «
Prussiens
suivant l'expression que s'appliquait
»,
à lui-même
Henri
Heine; de
millions de Mussdeutsche,
d' «
des
l'autre,
Allemands par
quelle serait, pour des tiers impar-
force »
:
tiaux,
la question la plus internationale?
Je n'insiste pas sur ce sujet délicat
et qui, je
point de savoir
si les lé-
le répète,
réserve
le
gionnaires sont réellement tant j'ai
voulu indiquer seulement que,
jours
imprudent de
affaires suffit
du
voisin,
même
Pour en tifs,
à plaindre
il
s'il
s'immiscer
finir
dans
existe des cas
pas d'y regarder à deux
;
est tou-
où
les il
ne
fois.
avec cette question des effec-
une précision
est
encore nécessaire, afin
d'éviter des interprétations erronées et
mal-
veillantes.
On
sait
en
effet
que certains Allemands re-
présentent la Légion leur race
:
comme
le
tombeau de
d'après les écrits cités au chapi-
NATIONALITÉ DES LÉGIONNAIRES tre IV,
145
200.000 d'entre eux y auraient déjà
une moyenne de 2.400 par an.
péri, soit
notablement plus
que
Légion
la
n'a
C'est
reçu
toutes nationalités depuis sa
d'hommes de création.
importe de ne pas confondre
Il
le
nombre
des engagés avec celui des départs de Marseille,
nier,
mentionné à
pour
les trois
dont on avait à 10.724,
Mais
il
page 123.
la
années 1910, 1911
en
der-
et 1912,
complets, s'élevait
les résultats
soit,
Ce
moyenne, 3.574 par an.
comprend, outre
les
engagés partis de
France, des rengagés, des hommes des cadres, et enfin
les
bre
des
hommes
rentrant de congé. Sur
deux premières catégories, un grand nom-
d'hommes sont refusés
à l'examen médical
subi à l'arrivée en Afrique, qui est plus sévère
que celui des bureaux de recrutement. Et par contre,
beaucoup d'engagements sont
tractés en Afrique
pas dans
la
même,
statistique
et
con-
ne figurent donc
au départ de Mar-
seille.
Le nombre véritable des engagements, 13
tel
146 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE qu'il a été fourni officiellement à
a
été
de
M. Poimiro,
:
1.704 en 1907
2.595 en 1908 2.397 en 1909
2.118 en 1910
Total
:
8.844,
La moyenne pour ces quatre années 2.203,
comprenant environ
1.200
est
donc
étrangers,
sur lesquels environ 280 obtiennent, par la suite, leur naturalisation.
D'autre part, on vient de dire que
l'effectif
de
la Légion, en 1913, peut être évalué à 10.521
hommes. on
Si l'on admettait ce
arriverait à
fier
pleinement
naires
nombre
une conclusion le
tel
quel,
qui, sans justi-
pessimisme des anti-légion-
allemands, révélerait un rendement
bien insuffisant du
nombre des hommes
in-
corporés.
La proportion des rengagés, en
à
48 0/0 du total.
effet, s'élève
Sur 10.521 hommes,
elle
donnerait donc, en nombre rond, 5.000 ren-
gagés
et 5.500 soldats
de moins de cinq ans de
NATIONALITÉ DES LÉGIONNAIRES
147
services. Et ces derniers étant répartis en cinq classes,
on arriverait à une moyenne de 1.100
hommes
présents, par année de recrutement
Le déchet
serait
donc de 50
Seulement, d'après je dois à tif
0/0.
renseignements que
les
un ancien officier de
Légion,
la
comprend que
ci-dessus ne
instruits, incorporés
dans
l'effec-
hommes
les
les unités actives*
Il
faudrait y ajouter, pour chaque régiment,
la
compagnie des recrues, dont
très considérable et varie les arrivées
constamment, selon
mensuelles de France,
ments contractés en Afrique préparation
les
cet officier, qui a
commandé une s'est
hommes. En
élevé
fait, le
de ces com-
une
compte
d'établir des
fait,
fois
nombre
des légionnaires varie entre 13.000 Et, tout
engage-
degré de
et le
antérieure des engagés; d'après
pagnies, son effectif
qu'à 1.400
l'effectif est
justotal
et 14.000.
autant qu'il est possible
moyennes en
pareille matière, le
déchet peut être compris, suivant
les
époques,
entre 18 et 36 0,0.
Encore
n'est-il
pas imputable uniquement
148 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE à des décès et à des infirmités contractées au service.
comprend également un nombre
Il
variable de désertions, de condamnations, et
surtout de ces renvois par mesure disciplinaire dont cédent, et
il
au chapitre pré-
a été question
que ne mentionne aucun auteur
alle-
mand. Quant aux pertes proprement par
le
feu et la maladie,
dites,
causées
serait illusoire de
il
chercher à en donner une moyenne, car
elles
varient naturellement dans des proportions considérables.
On
pense bien que ce n'est pas
sans de douloureux sacrifices que
la-
Légion a
mérité de voir inscrire sur ses drapeaux les
noms de
Sébastopol, Kabylie, Magenta, Ca-
merone, Extrême-Orient, Dahomey,
Mada-
gascar, auxquels on pourrait ajouter ceux de la
guerre franco-allemande, du Maroc, et de
tant d'expéditions obscures
et
souvent
fort
meurtrières: en une courte campagne dans
Sud-Oranais,
il
est arrivé à
le
une compagnie de
perdre 60 hommes, dont deux
officiers.
Mais
ce sont là des risques de guerre, tels qu'ils ne
NATIONALITÉ DES LÉGIONNAIRES s'en produit
que dans des circonstances ex-
ceptionnelles,
et
auxquels
ment penser avant de ment.
Ils
homme
149
faut
il
contracter
représentent
ici la
évidem-
un engage-
part que tout
de faire au hasard, au
est bien obligé
moment
de prendre une détermination quel-
conque;
et cette part est
certainement toujours
considérable quand on prend du service dans
une armée coloniale. Mais nous avons pleine-
ment est
le
la*
dans
les
garnison,
ni de deuils
et
postes les plus reculés, la vie
Légion, dont on verra plus loin tout
confort, ne
Et
minimum. En
réduite au
même à
droit de dire que, dans l'espèce, elle
le
comporte pas plus de souffrances que
celle
d'aucune autre troupe.
c'est là l'essentiel.
13.
XIV LES CHERCHEURS D'AVENTURES
ET LES DÉSHÉRITÉS
Passons maintenant à l'examen de
la
valeur
morale des éléments ainsi réunis.
Pour
conférenciers panger-
les écrivains et
manistes, la chose est bien simple.
suivant eux, comprend
un
La Légion,
nombre
certain
d'esprits aventureux, séduits par les
d'une existence romanesque
;
hasards
des victimes
du
racolage, attirées là par leur misère, leur naïveté et leur
imprudence
;
puis des déserteurs,
autant de traîtres méprisables
;
massis de chevaliers d'industrie bandits, contumaces
ou
libérés,
enfin et
un ra-
même
de
qui, joints
LES CHERCHEURS
d' AVENTURES
aux déserteurs, corrompent
151
les autres, et
don-
nent leur empreinte à l'ensemble.
Les chercheurs d'aventures, nous n'en parlerons pas
:
Légion
si la
n'existait pas, ils s'en-
gageraient dans d'autres corps coloniaux, il
suffirait
où
de rendre plus élastiques les limites
d'âge à l'admission.
La misère, assurément, coopère au ment,
comme
elle
recrute-
amène des malheureux à
exercer des métiers bien plus pénibles, et dans lesquels réel
sont loin de trouver
ils
dont
le
confort très
jouissent les légionnaires
la garantie d'une
et d'avoir
pension de retraite au bout
de 15 ans.
Et certainement, avaient
s'ils
le
la
plupart des
choix entre
la
hommes,
rude profes-
sion des armes aux colonies et de
bonnes
rentes ou une occupation facile et richement rétribuée,
ne choisiraient pas
Mais voilà
:
tout le
Et alors, on ceci
:
ceux des
est
monde
la
première.
n'a pas ce choix.
bien obligé de se demander
hommes
qui ne se sont engagés
que par misère absolue, par incapacité de
152 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE trouver un autre travail quelconque, ceux qui étaient réellement des épaves de l'organisation
économique nus,
si la
assistés?
que
seraient-ils
deve-
les avait recueillis?
— Des
actuelle,
Légion ne
Des mendiants? Des délinquants?
Mettons que, pour ces malheureux,
Légion
la
soit
une sorte d'œuvre d'assistance par
vail,
certainement moins pénible que d'autres,
et
le tra-
qui offre des chances d'avenir très appré-
ciables, allant jusqu'au grade d'officier et à la
décoration, avec
un minimum assuré par
pension de retraite de simple légionnaire l'on sera forcé
de convenir que
titution fort utile. d'ailleurs pas
Ce côté de
échappé
c'est là
la
une
;
la et
ins-
question n'a
à certains auteurs alle-
mands, comme M. Roloffet divers hommes politiques cités phis haut.
XV SUR LES DESERTEURS, EN GENERAL
Quant aux déserteurs, leur cas simple qu'on paraît
si
n'est
pas
mérite une
le croire, et
étude détaillée.
On méprise très justement, en tous pays, ies hommes qui ont abandonné leur drapeau par lâcheté, par l'appât du
gain
ou
d'un
grade supérieur, par mépris de leur devoir civique, bref ceux qu'un sentiment vil et ina-
vouable a poussés à combattre leur patrie leurs anciens
Mais
les
lâches et les sans -patrie ne quittent
évidemment pas une armée pour ler
et
compagnons d'armes.
dans une autre,
et
aller s'enrô-
notamment dans une
troupe qui est constamment en campagne ou
154 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE sur
le
qui-vive
et d'autre part,
;
si cette
der-
nière assure à ses soldats une vie matérielle très convenable, elle
ne leur
d'or suffisant à attirer les
offre
pas un pont
hommes
capables
de trahir par esprit de lucre. Une des raisons
pour lesquelles aucune payée au
ment que
moment de
l'État français
au reproche
somme
d'argent n'est
l'engagement est précisé-
ne veut pas s'exposer
d'attirer les étrangers
titution d'une sorte de
prime à
Tout ce gibier de potence venir à la Légion. Et
si,
par
se garde
par aventure,
présente sous l'influence d'un excès tané de misère,
il
est très
la
cons-
la désertion.
donc de le
cas se
momen-
vraisemblable qu'un
homme
de ce genre ne tardera pas à tomber
sous
coup des punitions graves qui
le
mineront
la
déter-
rupture de son engagement, en
vertu des dispositions citées plus haut.
Mais tous
les déserteurs
ne méritent pas
la
réprobation qui s'attache à ceux que nous
venons de considérer. Bien au contraire, est qui, victimes
il
en
de circonstances extérieures,
ont pris, pour des motifs dignes de tout res-
SUR LES DÉSERTEURS, EN GÉNÉRAL pect,
155
une résolution toujours bien pénible,
puisqu'elle entraîne l'expatriation et la rupture
des liens de famille
et d'amitié,
sans compter
Tels sont Les
les difficultés matérielles.
hommes
à qui la fierté la plus légitime a rendu intolérables certaines molestations, ou qui, au
nom
d'une tradition toujours vivante dans leurs
cœurs, ne peuvent pas adopter
culte d'une
le
patrie qu'on prétend leur imposer.
Nous touchons
ici
à la considération qui est
réellement la cause profonde de
Allemands contre
la
l'hostilité
des
Légion. Cette dernière les
un élément de com-
gêne, parce qu'elle crée
paraison que Ton peut interpréter dans un sens défavorable à l'Allemagne tions, est
chaque Allemand qui
:
sauf excep-
sert à la
Légion
une protestation vivante contre certaines
institutions de son paj^s.
J'aurais voulu m'abstenir de parler de ces
choses, car cette partie de
mon étude m'expose
fort à être taxé d'hostilité systématique, sinon
de chauvinisme
mands:
agressif,
par beaucoup d'Alle-
et certes, ce n'est
pas dans cet esprit
156 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
que
j'écris.
Je prie donc ceux qui seront tentés
de penser ainsi, de faire
le petit effort
de
lire
avec patience un exposé qui
est
nécessaire
bonne compréhension de
cet
important
à la
sujet.
XVI LES VICTIMES DE MAUVAIS TRAITEMENTS
De même que
les
journaux allemands ne se
lassent pas de rapporter des histoires de supplices infligés à
des légionnaires, leurs con-
ïères français donnent
fréquemment des in-
formations du genre de la suivante, découpée
dans
le
Temps
:
Chalon-sur-Saône, 12 août 191
Un
Allemand,
neuf ans,
s'est
nommé
la
Richard Muller, âgé de dix-
présenté ce matin au recrutement de
Chalon-sur-Saône dans
afin d'y contracter
erté, dit-il, à la suite des
subis.
un engagement
Légion étrangère. Richard Muller
gagé à l'école des sous-officiers de
1
11
3.
était
Potsdam.
11
mauvais traitements
en-
a déqu'il
porte au bras droit une blessure qui lui a 4
158 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE été faite d'un coup de baïonnette. Ses poignets sont
meurtris par
les chaînes.
Les médecins militaires vont s'assurer qu'il peut servir dans la Légion.
Sans doute, chaque se présenté ainsi à
en disant
qu'un déserteur
fois
un bureau de recrutement,
qu'il a fui les
mauvais traitements
dont
il
faire,
dans ses déclarations,
victime,
était
il
faudrait la part
pouvoir
de lexa-,
gération et du désir de se rendre intéressant
même quand
il
traces de coups
fréquent
—
montre sur son corps et
de blessures
—
on ne peut savoir
des
ce qui
esl
elles
ne
si
proviennent pas de quelque rixe après boire et
il
est naturellement impossible
;
;
de contrôlei
des dires qui sont souvent suspects. Et san$
doute aussi, nos journaux sont enclins à accep ter
aveuglément ces autobiographies peut-êtr<
un peu truquées, à renchérir sur
elle,
à exa
gérer la brutalité régnant dans l'armée aile
mande. Mais
il
n'en est pas moins certain que
le;
poursuites pour mauvais traitements de supé
!
LES VICTIMES DE MAUVAIS TRAITEMENTS rieurs à soldats,
159
ou pour brimades sauvages
d'anciens à conscrits, sont en Allemagne d'une
fréquence inconnue partout ailleurs
—
si j'ai
bonne mémoire, on en a relevé plus de 250 au cours de l'année dernière soit dit
;
et ces
poursuites qui,
en passant, n'aboutissent jamais qu'à
des peines dérisoires de quelques jours d'arrêt, sont motivées, dans chaque cas particulier,
par une longue suite de brutalités. Or, isolés,
ou peu répétés, que
les
cas
l'autorité
ne juge
un
conseil
pas nécessaire de traduire devant
de guerre, sont évidemment beaucoup plus
nombreux d'où ;
le
l'on est
fondé à conclure que
maltraitement des soldats est bien un
trait
caractéristique de l'armée allemande. C'est une constatation qu'il est permis défaire
sans y mettre d'intention particulièrement désobligeante et hostile.
mœurs allemandes traits
Il
est certain
ont
que
les
conservé quelques
de rudesse dont les pangermains vont
jusqu'à faire honneur à leur nation,
et
contre
lesquels la protestation des esprits libéraux est
de jour en jour plus vive
et
plus puissante.
On
160 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE connaît, par exemple, la
duels d'étudiants, et
dont
coutume barbare des
les balafres
I
répugnantes
les juristes et les fonctionnaires les plus
paisibles tirent vanité, et
qui,
hors d'Aile-
magne, n'ont d'équivalent que sur
j
les visages
j
des Cafres. L'été dernier, on apprit avec éton-
I
nement, par des annonces de journaux, que
I
certains chirurgiens facilitent cet embellisse-
1
ment aux ger,
étudiants, sans douleur et sans dan-
en leur tailladant
la figure
après insensi-
bilisation et avec toute garantie d'asepsie. Or,
au milieu de nouvelle, les
de rire soulevé par cette
l'éclat
vieux Germains protestèrent,non
contre le maintien
dune
tradition aussi fâ-
cheuse, mais contre l'amollissement des mœurs et la
dégénérescence que dénotait
du nombre des duels!
hommes,
investis
Croit- on
la
réduction
que ces mêmes
d'un grade dans l'armée,
soient très enclins à respecter la personnalité
d'un conscrit, ou à la protéger contre les excès d'un est
subordonné
?
Pour eux,
un moyen d'éducation à
tiné à aguerrir, à
tremper les
la
brutalité
la Spartiate, des-
hommes
;
et c'est
J
LES VICTIMES DE MAUVAIS TRAITEMENTS
161
preuve de vaine sensiblerie, que de
faire
la
combattre. D'ailleurs, les punitionscorporelles ont-elles été supprimées
mandes? Et pourquoi bambins
et
les écoles alle-
se montrerait-on plus
d'hommes
sensible à l'égard vis de
dans
de
faits
que
vis-à-
fillettes ?
Cette tendance est bien
connue dans
les
pays
qui envoient des officiers faire des stages à l'étranger; en Suisse
notamment, des plaintes»
ont été formulées maintes fois à l'adresse des instructeurs
ayant accompli de
qui,
sem-
blables périodes en Allemagne, en étaient re-
venus trop prussianisés, non seulement dans leur allure extérieure, mais dans leur manière d'être vis-à-vis
quand vant
il
de
la troupe.
Et
il
y a deux ans,
arriva, en plein Constantinople, de-
la porte
du ministère de
la guerre,
qu'un
lieutenant-colonel de la mission allemande,
trouvant qu'une sentinelle ne l'avait pas salué correctement, lui rectifia la position avec sa
cravache, et fut tué raided'un coup de baïonnette, cette riposte officiers
tragique n'étonna que les
allemands. 14.
162 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
Eh
bien,
il
n'est
pas nécessaire d'aller jus-
qu'en Turquie pour trouver des hommes à qui le
sentiment de leur dignité rend ces procédés
insupportables. Même pour leurs compatriotes,
mieux vaut
qu'ils désertent,
ou de tuer leurs chefs;
et
que de
en tout cas, on ne
peut demander aux étrangers de rer
comme
se suicider
les
considé-
des criminels.
Sans doute, on conçoit que leur conduite, ainsi
que
les réflexions qu'elle suggère, soient
désagréables aux Allemands; mais
que ceux-ci
s'en
est-il
juste
prennent à leurs voisins ?
XVII
LES ANNEXÉS
Encore plus brûlante
et
dangereuse à traiter
est la question des déserteurs Alsaciens-Lor-
rains.
On
a
vu plus haut que
ces derniers, soit 704
nombre déclaré de
non encore
naturalisés
300 naturalisés, contre 1.855 Allemands,
et
est
tion
au-dessus de la réalité dans une proporimpossible à
déterminer. Mais, quel-
que réduction qu'on il
le
veuille
lui faire subir,
est très élevé relativement à celui des Alle-
mands, puisque y compris
les
la
population du pays annexé,
immigrés, ne constitue que
les
3 0/0 de celle de l'Empire.
Le nombre des engagements d'Alsaciens-
164 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Lorrains a d'ailleurs sensiblement décru
:
il
se
maintient, depuis quelques années, entre 200 et 300 il
par an, alors
qu'il était plus
que double
y a vingt ans. Entre autres causes de
réduction,
il
cette
faut noter que, de 1871 à 1880,
on
n'accepta pas d'autres engagements que les leurs et ceux des Suisses, et aussi que la loi
du
26 juin 1889, admettant, pour certaines catégories d'individus, l'acquisition de la qualité
de Français par simple déclaration, permet aujourd'hui
à
beaucoup d'Alsaciens Lorrains
d'entrer directement
dans l'armée française
sans passer par la Légion étrangère.
Quoi
qu'il
en
soit, l'existence
de la Légion,
plus connue çn Allemagne que celle de la loi
de 1889 sur la naturalisation, met en évidence
un
fait,
que j'énoncerai
le
plus discrètement'
possible en disant que les Alsaciens-Lorrains
paraissent servir plus volontiers dans l'armée française que dans l'allemande.
Nous sommes conduits par
là
à quelques
considérations que je dois indiquer, non pour
donner à ce
travail
une allure politique
qu'il
LES ANNEXÉS
165
importe, au contraire, d'éviter, mais simple-
ment pour exposer dont
il
les
causes d'une situation
faut bien constater la réalité.
En dehors
des milieux « pangermanistes
»,
on ne trouve plus guère personne pour contester
que l'annexion de
la plus
été
l'
Alsace-Lorraine ait
grande faute commise en poli-
tique internationale depuis les conquêtes de
Napoléon. Or, cette faute a été aggravée encore,
si
possible, par la suite ininterrompue de mala-
dresses qui a sévi depuis lors sur ce pays. Et
parmi
les fautes
secondaires qui vinrent ainsi
renchérir sur la
principale,
une des
plus
graves consista dans l'imposition prématurée
du
service militaire à la population annexée.
Lorsque, en 1890, Helgoland fut cédée à l'Allemagne, la Grande-Bretagne ne traitait pas, la
comme nous
gorge
:
elle
en 1871, avec
le
couteau sur
concluait librement une tran-
saction équitable, et put faire admettre que les
habitants de
ment de maître,
l'île,
nés avant son change-
seraient dispensés
du
service
166 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE militaire.
Ce dernier n'y fut donc appliqué
qu'en 1910, à
une génération nouvelle, qui
l'accepta d'autant plus naturellement, qu'au-
cun souvenir de guerre, de conquête
à
deuil ne se mêlait
ment de Dès
l'idée
et
de
de son change-
nationalité.
1893, je montrais, à la suite
du remar-
quable écrivain qui signait Jean Heimweh, «
A
comment on
aurait
pu gagner
les
annexés
».
propos de la dispense du service
mili-
pour une période de vingt ans,
je di-
taire
sais (1)
:
C'eût, été,
de
des habiletés.
la part des
En ne
veille, ni leurs fils,
Allemands,
forçant ni
à servir dans
les
les
la
vaincus de
nombre des options pour
proportion la
on eût évité l'émigration des jeunes gens, qui d'appauvrir le pays, de déchirer
la
rangs de leurs
vainqueurs, on eût diminué dans une considérable le
plus grande
les familles,
France
:
n'a cessé
de ravi-
ver toutes les plaies, de causer des mesures de rigueur, telles
(i)
que
la confiscation des biens des partants
V Alsace-Lorraine
;
bref,
devant V Europe, par Patiens, Paris,
OUendarff.
I
LES ANNEXÉS
on
aurait
ménagé
la
une génération de
167
transition, et, en renonçant à
soldats
malgré eux,
sécurité bien
médiocre pour l'Empire, on aurait vraisemblable-
ment
préparé, pour l'époque actuelle,
en grande
Mais ce sont
des idées que l'Allemagne
là
bismarckienne
On
une génération
partie allemande.
était
incapable de concevoir.
appliqua donc sans ménagement
la loi
de
recrutement. Les anciens soldats français dedes réservistes et des landwehriens
vinrent
allemands
compte
l'on
et
;
incorpora, sans
mesure, des jeunes gens parmi
uns
tenir
des souffrances représentées par cette
s'étaient
coup de
engagés avant
feu
!
faire le
contre l'envahisseur, d'autres le
drapeau trico-
avaient perdu quelque
de leur famille ou l'invasion
pour
l'âge
avaient eu leur père tué sous lore, et tous
lesquels les
souffert matériellement de
Et pour
voir supérieur,
le
membre
cela,
on invoquait un de-
patriotisme
:
comme
si
un
peuple pouvait, par ordre, changer de patrio-
tisme
A
comme on change
de linge.
ces considérations /morales s'ajoutaient
168
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
celles
de
l'intérêt
personnel dans ce qu'il a de
plus légitime. L'Alsacierï-Lorrain incorporé
dans l'armée allemande
sait
bien qu'il n'y peut
arriver à rien toujours dédaigné,sinon insulté, :
toujours suspect, écarté systématiquement des postes entraînant une certaine responsabilité personnelle, tels que l'humble emploi de télé-
graphiste militaire, chair à canon.
il
n'est
bon qu'à
Dans l'armée
quelque catégorie sociale
faire
de la
française, et à
qu'il appartienne,
il
obtiendra l'avancement correspondant à son instruction et à la qualité de ses services;
puis
ce sera la pension de retraite
ou une
situation civile, souvent les deux ensemble. Ces
choses-là sont de notoriété publique,
au delà des frontières qu'elles déterminent
;
il
n'est
même
pas étonnant
des vocations dans la
patrie de Kellermann, de Kléber, de Ney
et
de
Rapp. Ce
n'est
pas qu'on ne sente,
même
en Alsace-'
Lorraine, les inconvénients que présente pour le
pays l'exode continu de tant de ses jeunes
gens, choisis
parmi
les
meilleurs. Le journal
169
LES ANNEXÉS
numéro
Dur' s Elsass, en résumant, dans son
du 4 octobre
de Y Illustration du
1913, l'article
19 juillet,
l'accompagnait de ce commentaire,
auquel
attachait
il
l'insérer
dans
les
assez d'importance
deux langues
pour
:
Personne n'en voudra aux Allemands de chercher à empêcher leurs jeunes gens d'entrer à la Légion
étrangère, et nous autres Alsaciens, nous aussi, nous
ne pouvons que déconseiller à nos compatrioles sacrifier leurs forces à la
Légion
et d'en priver
d'aller
notre
pays qui en a tellement besoin.
Mais nous nous élevons contre menée^. l'agitation contre
la
la
manière dont
est
sommes
Légion. Nous
outrés des mensonges et des insanités colportés contre la
Légion étrangère...
Quoi
qu'il
en
soit,
on voit que, parmi
îommes quiontabandonné
le
drapeau de leur
)ay? d'origine pour venir servir à [il
existe
>A
les
me
annexés
(y
compris
Polonais), auxquels
injustice
criante,
Légion,
la
au moins deux catégories,
traités et les
les
les
les
mal-
Danois
on ne peut, sans
appliquer
dans son 15
170
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
sens infamant la qualification de déserteurs.
Quant à
la
situation
hommes, quant au
juridique
de
ces
droit de la France à ac-
cepter leurs services, nous y reviendrons plus loin.
XVIII
LES DÉLINQUANTS DE DROIT COMMUN
LEUR RELÈVEMENT
Restent tions Ici,
les
hommes
coupables
d'infrac-
au droit commun. règlements
les
Français
et
les
ont institué, entre les
étrangers,
une différence de
traitement qui est sujette à controverse.
Pour
les
Français, en
livret militaire (ou, ce
effet, la
production du
qui revient au
même,
d'un état de services), ainsi que d'un extrait du casier sable.
ayant
judiciaire,
On
est
absolument indispen-
n'admet pas, en
encouru
effet, les
hommes
des condamnations qui en-
raînent l'exclusion de l'armée (voir re XII)
;
mais on accepte ceux dont
chapile
passé
172 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE comporterait, en cas d'appel au service, l'envoi
aux bataillons
d'infanterie légère d'Afrique
{vulgo, zéphirs).
On
ces derniers,
dont
il
existe
admet, en
une chance de relèvement
la Société a le devoir
de tenir compte
hommes du
aussi bien, d'ailleurs, les gent, désignés
que, chez
effet,
;
contin-
pour ces bataillons spéciaux,
peuvent-ils être envoyés dans d'autres corps,
après un séjour d'épreuve d'une année.
Pour
les étrangers,
mence bien par
au contraire, on com-
prescrire qu'ils doivent pro-
duire, outre leur acte de naissance
pièce vie et
équivalente, un mœurs; mais on
l'absence de ces pièces,
certificat
à tout
il
sera passé outre à dit,
on renonce, en
contrôle sur leur passé, et l'on
s'expose à enrôler, parmi des
hommes
tibles de relèvement, des criminels
tablement
il
de bonne
ajoute aussitôt qu'en
l'engagement. Autrement fait,
ou une
n'y a rien de
bon
suscep-
dont véri-
à espérer.
Cette disposition est difficile à justifier
Ton peut
même
soutenir que,
si
une
;
et
distinc-
tion devait être établie entre engagés français
DÉLINQUANTS ET RELÈVEMENT
173
mieux dans
et
étrangers, elle se comprendrait
le
sens d'une exigence plus sévère à l'égard des
léments venus du dehors, qui sont plus suà caution, puisqu'il est moins facile ou
jets
nême impossible de ancesde leur
s'informer des circons-
faute.
D'autre part, bien des Français, qui ne seaient pas acceptés en raison de leurs antécéents, profitent de la facilité plus
aisse
aux étrangers.
Il
grande qu'on
leur suffit de se décla-
er étrangers — c'est-à-dire Belges ou Suisses,
uand
ils
ne connaissent que leur langue made se donner un état
ernelle, et îaire,
Parfois
il
tyant servi ;rade
civil
imagi-
pour qu'on ne leur demande rien de plus. arrive qu'un de
honorablement
ou une
demande à
Français servant au
dors on
lui
même
hommes, mérité un
distinction, fasse connaître sa
éritable identité et
omme
et
ces
inflige,
pour
la
être
titre
inscrit
étranger,
forme, soixante
ours de prison pour fausse déclaration d'idenité
;
on ne
stdit.
les lui fait
pas accomplir,
et tout
,
15.
174 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Sans doute, ce sont
là des subterfuges
qu'on
peut juger peu compatibles avec la nécessaire rigidité des lois et des règlements militaires.
Mais pourtant, voici deux cas où Ton peut trouver ample matière
montrent combien
il
à
réflexion,
est difficile
de porter un
jugement absolu sur des matières aussi cates.
remarquable coïncidence,
même jour,
au moment
ils
même
où
j'écris.
1913, contenait
dépêche suivante de Montpellier, du 7 Le
conseil de guerre
pellier, vient
sursis
du 16
de réduire à
e
un mois de
prison
gée au contumax Cherfils, originaire de Cherfils, étant sergent-fourrier
faux
;
commit une
puis
il
série
déserta et
Drôme.
réfugia en Suisse.
Il
comme manœuvre.
ancien légionnaire suisse, à qui la
il
j
d'infanterie et
se
de s'engager à
au 96
la e
avec
forcés infli-
de détournements
vécut six mois, gagnant sa vie
lui conseilla
:
corps, siégeant à Mont-
une peine de vingt ans de travaux
à Béziers,
une
se sont produits
Le Journal, du 8 novembre la
déli-
Leurs précédents se comptent par cen-
taines, et je les choisis ici parce que, par
le
qui
et
confiait ses pei
Légion étrangère
Ui
|
DÉLINQUANTS ET RELÈVEMENT un engagement de cinq ans au
contracta
sous
le
nom
2* étranger,
de Marcel Henri, sujet suisse.
A. l'audience, le défenseur,
donne
175
M
e
Ricateau, de Béziers,
lecture des certificats délivrés à Cherfils par
ses chefs à la
l'accusé,
M.
Légion.
On entend
l'ancien capitaine de
Berlandier, actuellement comrnandant
au i43 e d'infanterie,
et
M.
le
docteur Magnan, pré-
sident du conseil général de la
Drôme, qui donnent
de bons renseignements sur Cherfils.
Des documents
un
l'accusé fut
des dépositions
et
parfait
honnête
homme
que
résulte
il
et
un
excel-
lent soldat jusqu'au jour
où une influence féminine
l'amena à commettre
faute
jugé. Le conseil,
la
ému, rendit
pour laquelle le verdict
il
est
d'indulgence
que nous relatons plus haut.
D'autre part, on Devant
comparu lité
dans
le
d'assises des
hier le légionnaire Jean
Temps du 9
On
sait
article
par lequel
comme
le
que
est il
le
Léman
Temps, journal du
donc du 8 novembre,
commence, indique que
précédent, du 7.
(1)
:
Basses-Pyrénées, a
Joseph-Mathieu Duron, — arrêté
(i)
Cet
Cour
la
lit
le
le
en réa-
mois dernier
soir,
et le
—
est antidaté.
mot
« hier »,
jugement
est,
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
176 à
Pau, où
s'était
il
rendu pour
faire liquider sa
pen-
sion de retraite militaire.
Originaire des Landes,
Duron
avait été
condamné
par contumace, en 1896, peu après sa sortie d'un ré-
giment d'infanterie coloniale où engagement, à
pour faux
cés,
un
avait contracté
il
de vingt ans de travaux for-
la peine
usage de faux, commis au préjudice
et
de M. Ollé-Laprune, banquier à Pau. C'est alors que sous le
nom
de Jean Léman,
il
s'engagea à la Légion
étrangère où, pendant sept années, soldat d'élite, se distinguant qu'il fut décoré sur
le
si
il
se
comporta en
bien par sa bravoure,
champ de
bataille et
nommé
caporal-fourrier quelques mois avant sa libération.
Cependant,
le
mois dernier, l'heure de
ayant sonné pour
lui, le
liquider sa pension.
mais
là,
moyen
Il
se
la
retraite
légionnaire songea à faire rendit à
Pau
à
cette fin
;
inquiet de son passé, ne sachant par quel
sortir des difficultés qui
s'offraient à lui,
il
eut l'idée d'aller prendre conseil du procureur de la
République
et
de lui confier son secret,
que ce magistrat
se vit
dans
la
et c'est ainsi
pénible nécessité de
le
faire arrêter.
Dans une émouvante
plaidoirie,
barreau de Pau, a rappelé tout et a
notamment donné
lecture
M°
le passé
Favarel,
du
du légionnaire
du télégramme
sui-
DÉLINQUANTS ET RELÈVEMENT
.
vant qu'il venait de recevoir sous
les
ordres duquel
Mon
il
aller
lieutenant
avait servi
;
déposer en
les"
journaux, je regrette de ne
Cependant je
ta faveur.
tain de ton acquittement. Bravo pour notre bienfaitrice
!
Moundy,
brave Léman,
Renseigné trop tard par pouvoir
du
171
suis cer^
vieille
Légion
Toutes mes sympathies.
Après une courte délibération, l'ancien légionnaire a été acquitté
aux applaudissements d'un nombreux
auditoire.
hommes que
Voilà deux S'ils
la
Légion a sauvés.
avaient été arrêtés aussitôt leur crime
commis, ou
qu'ils
se fussent constitués pri-
sonniers, leur peine qui, en raison de leurétat
de contumace, a été portée automatiquement
au maximum, aurait
très
moindre
même pu
;
elle aurait
probablement
deux ans de prison pour
un an pour
le
second,
si
le
été
se réduire à
premier, et à
on leur avait trouvé
des circonstances atténuantes. Mais qu'on les ait
envoyés aux travaux forcés ou en prison,
ils
y auraient achevé de
se
corrompre
définiti-
178 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
vement
;
même
en admettant, contre toute
vraisemblance, qu'ils leur était impossible,
s'y soient
une
minée, de trouver un emploi
dans
le
cadre de la vie sociale
rémédiablement perdus.
amendés,
il
fois leur peine ter-
Au
:
et
de rentrer
ils
étaient ir-
lieu de cela, ils
ont pu entrer à la Légion en se faisant passer
pour étrangers,
et s'y sont
manière, que
Conseil de guerre et la Cour
le
conduits de
d'assises ont également considéré
faute était rachetée.
La
telle
que leur
en vigueur
législation
ne leur a donc pas seulement ouvert la voie du salut qui,
;
elle a
au
également bénéficié à
deux criminels endurcis, pos-
lieu de
sède aujourd'hui en eux des lités, et
la société
membres
réhabi-
certainement décidés à poursuivre dé-
sormais une existence honnête
et utile.
Qu'au-
rait-on gagné à les écraser sans recours sous toute la.rigueur
du Code pénal ?
Et voici encore qu'un
moment
le
de
cas d'un jeune capitaine
folie,
une vilaine
jeu, a obligé de quitter l'armée.
comme étranger,
histoire de Il
s'engage
devient un bon sous-officier,
DÉLINQUANTS ET RELÈVEMENT et, retraité,
achève sa vie paisiblement
l'obscurité,
comme
mieux
l'acculer
179 et
dans
colon en Algérie. Valait-il
au suicide?
Mais, d'autre part, convient-il que la fournisse
ainsi
elle-même
le
moyen de
loi
la
tourner? Convient-il que, permettant à l'un ce qu'elle interdit à l'autre, elle
même
encourage
à la fraude, fût-ce dans une
tention?
meure
Ou
elle-
bonne
in-
bien vaul-il mieux qu'elle de-
rigide et implacable, et qu'elle réduise
au désespoir
et
à de nouveaux crimes ceux
qu'une certaine bienveillance permettrait de
sauver? C'est
là
on peut soutenir égale
bonne
tions,
un problème au pour
le
foi et
dans
et le
les
sujet
duquel
contre avec une
meilleures inten-
mais qui ne fournit vraiment aucun
prétexte de déclarer, entre autres aménités,
que tion
la ;
mise au ban de
France
s'est
loin de
!à, le
la civilisa-
spectateur impartial n'y
peut trouver qu'un motif de sympathie.
Car un
fait
prime
la
considération du passé
regrettable d'une partie des légionnaires. C'est
que des hommes
qui, ayant
commis unefaute,
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
1$0
sont disposés à s'engager pour servir loyale-
ment, en se soumettant à
aux fatigues
et
la
rude discipline,
aux dangers que comporte
service à la Légion étrangère, ces
le
hommes
sont repentants et profondément désireux de se réhabiliter. Ils ont conservé le sentiment de
l'honneur
cièrement
:
et c'est là ce
qui les distingue fon-
délinquants
des
apache n'aurait guère
l'idée
semblable engagement. Et il
est bientôt liquidé
par
ordinaires.
Un
de contracter un
si le
cas se présente,
les
compagnies de
discipline et le conseil de guerre,
ou au moins
parla résiliation de l'engagement, ou encore par
la désertion.
C'est ici la
que nous trouvons
grandeur morale de
la
le rôle
Légion
occasion offerte à des hommes,
:
elle est
velle,
une
qui ont pu
commettre un péché de jeunesse ou faute grave, de
éminent,
même une
commencer une existence nou-
de faire leurs preuves de courage, de dé-
vouement, une occasion de mériter à nouveau l'estime publique et de retrouver la paix de
leur conscience. Restant dans la mêlée sociale,
•
DÉLINQUANTS ET RELÈVEMENT seraient,
Is
même
la justice,
I
>assé
;
devenus
lible, ils
En
sous
le
serviteurs
les
dans ce
poids de leur
anonymes du de plus pé-
qu'il a
rachètent leur faute, et reconquièrent
marcher
droit de
e
après avoir payé leur dette
écrasés
levoir militaire
181
vérité, la
la tête haute.
Légion joue
ici
un
rôle qui fait
onger à celui de certains ordres religieux.
non seulement à des coupables, mais
Lrrive
mssi à des >ar
hommes
dont
le
cœur a
été
broyé
quelque grande douleur intime, de vouloir
e réfugier
dans un
asile inviolable, où
demandera compte de leur
îe
leur
ls
pourront retrouver
>nt la foi, et ils
contemplation
le
personne
secret, et
entrent en religion, soit que la
et la prière leur offrent
soin d'activité qu'ils satisferont sions
où
repos moral. Les uns
une con-
;olation suffisante, soit qu'ils sentent
dans
un beles
mis-
ou dans des œuvres d'assistance. D'au-
res trouvent le salut à la i
I
juste titre qu'on a
Légion
;
et c'est
donc
comparé cette dernière aux
>rdres militants de jadis, templiers, chevaliers le
Malte, chevaliers teutoniques. 16
182 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Il
ya
là
une somme de noblesse, une gran-
deur, qu'il est déplorable de voir méconnaître
en Allemagne, mais qui, depuis plus de quatrevingts ans, a grandement contribué à établir,
dans notre pays, Légion.
la solide popularité
de
la
XIX
.ÉSUMÉ
ANTÉCÉDENTS DES LÉGIONNAIRES
DES
En résumé, classer comme
légionnaires
les il
suit,
peuvent se
au point de vue de
leur conduite passée (bien entendu, abstraction faite des gradés envoyés à la Légion
y servir au
pour
titre français).
Les Français engagés au
ment environ 45
0/0
du
titré
étranger for-
total et se subdivisent
en quatre catégories.
D'abord un certain nombre d'anciens soldats
mxquels on
ement leur casier judiciaire 1s
non
seu-
est vierge,
mais
n'a rien à reprocher
ont obtenu à leur corps
le
:
certificat
de
Donne conduite.
Parmi eux,
les uns,
désireux de suivre la
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
184
carrière militaire, viennent à la Légion, au
étranger, dans
titre
l'espoir d'y trouver
avancement plus rapide qu'en
un
se rengageant à j
leur corps.
D'autres n'ont eu que plus tard l'idée de
reprendre du
service, à la
éprouvés dans
la vie civile,
suite de revers
mais
ils
passé Tâge de 32 ans, à partir duquel
ont dé-f]
la
Légion
seule leur est ouverte.
La troisième
catégorie se
compose d'hommell
qui ont subi, pendant leur temps de service, trop de punitions de salle de police ou de poi-
son pour avoir pu obtenir
bonne conduite, mis à
et
se rengager.
au régiment
les «
péché que contre
le
certificat
d&j
qui n'ont donc pas été ad-1
Ce sont ceux qu'on appellaJ
mauvaises
têtes »
la discipline, et
;
ils
n'oni-
souvent
paflij
des écarts de conduite plutôt que faute d'esll
homme, par exemple, qu|j| sauter le mur » en garnison!
prit militaire. Tel
aimait trop à sera
un
«
excellent soldat
I
aux colonies.
Enfin, nous trouvons des
hommes
qui ont
des antécédents judiciaires n'entraînant pas
ANTÉCÉDENTS DES LÉGIONNAIRES mais
l'exclusion de l'armée, d'être
les
185
empêchant
rengagés dans d'autres corps. Ceux-là,
on ne saurait trop
le répéter,
montrent, par
le
seul fait de leur
engagement à la Légion,
ont conservé
sentiment de l'honneur, qu'ils
le
qu'ils
sont susceptibles de relèvement.
Quant aux
comme
étrangers,
tels, ils
ou hommes
inscrits
comprennent:
D'abord des anciens soldats, des insoumis et
des déserteurs étrangers, sans antécédents
ou bien n'ayant commis que des
judiciaires,
fautes légères
muler leur
;
ils
n'ont
aucun motif de
possèdent donc généra-
identité, et
lement leurs papiers en règle
En second fâcheux,
et
lieu,
des
;
hommes au
passé plus
qui se présentent donc sous un
Ȏtat civil de fantaisie, et sans et
dissi-
parmi ces derniers
aucuns papiers
se trouvent des
physiquement ou moralement
tarés,
;
Français
ou cou-
pables de fautes graves entraînant l'exclusion
de l'armée,
et
qui ne peuvent donc s'engager
qu'en se faisant passer pour étrangers. Cette dernière catégorie représente évidem16.
186 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
ment un élément douteux, qui tenu sévèrement.
veillé et
A
doit être sur-
l'épreuve,
on y
trouve incontestablement beaucoup de spé-
cimens de ce que
les officiers
mauvais légionnaire
»
:
appellent
«
le
malfaiteurs endurcis,
ou bien hommes dégénérés pour cause coolisme ou de syphilis. Ces dernières
d'altares,
souvent héréditaires, peuvent avoir échappé
à l'examen médical en France,
et
ne se révéler
qu'au second examen qu'ils subissent en arri-
vant en Afrique, ou qu'ils
même
sont au service.
nement à sirables
»
la ;
Il
Légion des
et aussi
plus tard, une fois entre donc certai-
hommes
bien a-t-on
non dé-
«
reconnu, à
cause d'eux, la nécessité de pouvoir ler
annu-
éventuellement l'engagement d'un légion-
naire.
Mais qui,
la très forte
douteux à leur
proportion des
hommes
arrivée, servent
de cinq
à quinze ans de manière absolument satisfaisante, et obtiennent
des
distinctions
même
des grades et
honorifiques, prouve
bien
qu'on aurait tort de désespérer d'eux a priori
ANTÉCÉDENTS DES LÉGIONNAIRES et de les repousser
que
dans l'abîme
;
187
c'est
ce
font les pays qui ferment rigoureusement
leurs frontières vent, sur
aux immigrants qui
une simple appréciation de
qualifiés de
non
se trou-
police,
désirables, et cette ligne de
conduite nous paraît bien moins humaine.
XX CE QUE VALENT CES HOMMES
D'après tout ce qu'on vient de voir,
semblage d'hommes qui constitue
la
l'as-
Légion
est d'une variété réellement prodigieuse.
En
ce qui
concerne
l'âge,
d'abord,
on
trouve des soldats depuis 18 ans, âge légal mi
nimum
même
(ou
moins, dans
le
cas d'étran-
gers engagés sans papiers), jusqu'à 55 ans, â£
extrême de
la retraite
pour un légionnaire en
gagé à 40 ans. Puis, toutes les nations, toutes les profes sions, tous les milieux sociaux, tous les anté
cédents imaginables.
Les livres
et articles
abondent en
publiés sur la Légion
détails et en anecdotes pittc
CE QUE VALENT CES HOMMES resques
sur
d'hommes
et
mélange
extraordinaire
cet
189
sur l'àme collective, façonnée par
tant d'épreuves et de traditions
dans laquelle viennent
se
glorieuses,
fondre leurs per-
sonnalités.
Le général Bruneau, notamment, sacré de belles pages
En
colonne (1)
J'ai
eu dans
commandé
Mon
con-
lui a
émues dans son
livre,
:
ma
un honneur suprême
vie
un régiment de
la
Légion,
le 2
e
:
j'ai
étranger.
éternel regret sera de n'avoir pas eu l'occasion
de conduire au feu cette troupe incomparable dont
nom
évoque
militaire
le
à juste titre le,souvenir de
plus
puissant oui
ait
le
l'organisme
jamais existé, la
lésion romaine. Attirés par la prestigieuse
unique Suisses,
au
monde,
renommée de
Alsaciens-Lorrains,
Allemands, Hongrois, Slaves,
gnols, Turcs
paquebot
et
même, sont
ce
corps
Belges,
Italiens,
Espa-
arrivent par centaines à chaque
immédiatement
dirigés
sur
ces
usines à soldats qui sont les dépôts de Sidi-bel-Abbès et
de Saïda.Là en quelques semaines ou en quelques (>} Paris,
Calmann-Iévy.
190 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE mais, suivant l'origine ou
la
dureté du métal
hu-
main, tous ces éléments hétérogènes, jetés dans l'ardent foyer de cire, et
faire des héros
comme
de corps, ont fondu
l'esprit
sont définitivement
Ôoulés dans le
moule
à
!
Princes, ducs, marquis, comtes ou vicomtes, géné-
raux
et officiers
de tous grades
et
de tous pays, sol-
dats de toutes les armes et de toutes les armées magistrats, prêtres, financiers,
de
loi,
diplomates,
;
hommes
fonctionnaires de toutes sortes; braves gens
qui veulent simplement « voir du pays niques, désœuvrés
l'honneur, veulent
tous
;
le
ceux
neurasthé-
»,
qui,
ayant perdu
reconquérir, et tous ceux qui ont
préféré se faire soldats plutôt que de se brûler la cervelle
:
tous ceux que dégoûte notre civilisation veule
et décadente, et tous ceux qui sont obligés
de
la fuir;
tous ceux qui crèvent de faim, et tous ceux qui sont rassasiés
de voluptés
m'entendez bien, stoïque,
loyal,
;
tous, sans exception, tous, vous
sont
dévoué,
de l'homme de guerre,
Ce qu'on
mués en patient,
cet
être
tenace,
brave,
prototype
le légionnaire.
appelle en France
le
grand public ne
soupçonne pas l'incroyable diversité d'origine, d'éducation, de situation sociale de ces
hommes. Par
suite
CE QUE VALENT CES HOMMES
191
de circonstances exceptionnelles on apprend, un jour, le
mort à
de Géryville, est bel
l'hôpital
cousin de l'empereur d'Allemagne. lern «
est
Mu lier,
légionnaire de 2 e classe
par exemple, que
Un
bien
et
le
Hohenzol-
!
Quand ce
venu
sera fini », dit-il
sur son
le voir
de regarder sous
mon
lit
à son capitaine, qui
d'agonie, « je vous prie
traversin, vous y trouverez
portefeuille et des papiers contenant
sonnalité
paix
Et
;
mais,
d'ici là,
un
ma véritable per-
permettez-moi de mourir en
».
cet évêque,
que
je
trouvai en faction devant le
quartier-général de la division d'Oran, aux grandes
manœuvres du 19 e
Ce
prélat,
corps, en 1894!
devenu
« le
meilleur soldat de la Légion
plus beau
un ancien évêque de Corinthe. parlé de lui, le général
guement
von
l'histoire
X..., qui,
et
le
Et, après avoir
Bruneau rapporte lon-
d'un certain comte Otto
après avoir vécu sous
de Justus Perth, de Dhûrmer,
et
», était, paraît-il,
s'était
le
engagé sous
nom celui
conserva jalousement son
incognito de légionnaire malgré la nouvelle
192 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
devenu
qu'il était
l'héritier
12 millions de couronnes
Le lecteur
un
!
saura gré de reproduire
que M. Albert de
article
ancien
me
d'une fortune de
officier à la
Légion, a publié dans
Journal du 28 octobre 1913, sous
Chair à Canon C'est ainsi
que
ici
Pouvourville, le
le titre
de
surnommés eux-mêmes
les
:
se sont
légionnaires des deux régiments étrangers. Et, pour
connaître ce qu'ils font, ce qu'ils disent,
pas de
lire
beaucoup de
jours à Saïda ou à Sidi-Bel-Abbès à la Légion, y avoir obéi
mandé comme
officier.
il
ne
suffît
ou de passer quinze
livres
;
il
comme soldat,
faut avoir été
y avoir
com-
Mais, pour connaître ce qu'ils
pensent, cela n'a encore été donné à personne, et cela paraît
proprement impossible. De l'incroyable
amalgame que présente que
les résultats
Dans
ce creuset,
la
Légion, nul ne peut savoir
du mélange. où sont
Ils
sont magnifiques.
précipités les produits les
plus divers et étranges, la flamme héroïque, qui tou-
jours l'échauffé, pousse à
la surface et rejette
hors les scories honteuses et le
moindre
alliage,
ne
laisse
au de-
subsister, sans
que l'indestructible métal des plus
pures vertus militaires.
CE QUE VALENT CES HOMMES Mais quelle énergie, quel
commander dans
tact,
193
quel doigté pour
où prédomine, avec TA1-
ce milieu
sacien-Lorrain jeune et furtif, l'Allemand insociable et
secret,
et
même
hommes, doués
des
pour y vivre qualités
les
Entre tous ces
!
plus
vaillantes et
aussi des vices les plus puissants, qui viennent à la
Légion pour
se faire, sous
l'armature d'une discipline
extraordinaire, à la fois de rigueur et de générosité,
une
du
honorable,
existence
mort,
il
mieux,
ou,
une franc-maçonnerie de
est
silence qui conduit
aux
une
digne
la discrétion et
actes les plus stupéfiants
en apparence.
Un
exemple
A
:
Vietri (Tonkin), en 1886,
un
ca-
poral de légionnaires tient le service topographique aussi bien
qu'un polytechnicien.
C'est
un Allemand,
qui a porté l'uniforme des hussards de Brunswick et a été officier d'ordonnance
>uverneur de
Metz.
d'Egler et on ne
dans un qui
lot
Il
sait
du général de Leszczynski, est
là
sous le
rien de son passé.
faux
Un
de recrues, arrive un soi-disant
sait aussi la
nom jour, Bel<?e,
topographie et qu'on lui adjoint pour
manier l'alidade
et l'éclimètre.
Les deux
hommes
se
regardent
et
du
même
La recrue
est
un
lieutenant français, de l'état-major
coup d'œil
se reconnaissent..
17
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
194 de
la division
qui
de
Nancy,
fer, à
deux
les
officiers,
connus, diplomatiquement, sur
se sont
franco-allemande, dans
tière
et
la
fron-
des réceptions,
l'éclat
des dîners et des ambassades, se retrouvent, au fond
de
bourgeron anonyme de
l'Asie, sous le
Ils se
serrent la
main pour
se
marquer
la
Légion.
qu'ils se re-
connaissent.
Mais
ne parlent pas du passé
ils
jamais, pas
même
au
lit
ils
;
n'en parleront
de mort de l'Allemand, qui
trépasse de la fièvre des bois l'an d'après, à Bakhé.
Cette rencontre
tragique, ce
mutisme
tragique encore, toute la Légion est
là.
entêté plus
Et ce malheu-
reux portait un des plus beaux noms de l'aristocratie militaire prussienne. je
ne
On ne
le
connaîtra jamais
:
car
l'écrirai pas, et suis seul à le savoir.
Les Allemands sont en nombre considérable à
Ce
Légion. Pourquoi y sont-ils venus
?
moi
le
à le dire, et d'ailleurs
jamais.
On
leur plaît
:
on ne
ne leur demande rien ils
:
n'est pas à
leur
ils
disent ce qui
;
il
C'est cet oubli total, c'est ce qu'ils
a plus
n'y a que de la chair à ca-
non, numérotée. Et qu'on ne dise pas que
mort vivante,
demande
se taisent, s'ils veulent. Il n'y
d'individus à la Légion
la
c'est cruel.
voile épais, c'est
cette
sont tous venus chercher à
la
CE QUE VALENT CES HOMMES Légion.
Ils l'y
noue pas
;
et la
mort elle-même ne dé-
cordons du masque.
les
un ordonnance,
J'y eus
un
trouvent
195
singulier ordonnance
;
à Sontay, en 1890. C'était il
ne savait rien du tout de
son métier, sauf monter à cheval;
et,
tout en ou-
bliant de cirer les bottes et d'astiquer les cuirs,
un
ragouinait c'était
irlandais
une
avec
poussière sur
il
ba-
imperturbable. Fort poli,
courtoisie exquise qu'il laissait la
mes tuniques
et sur
matin, au lieu d'entrer dans
ma
mes parquets. «
cainha
»,
Un va
il
chez l'adjudant major avec une lettre chargée que
vaguemestre vient de lui remettre. Quand il
me
rencontre,
beau salut
spencer rouge-;
il
officiers. C'était
glaise,
Le
civil.
sans
et,
soir,
me
parler,
pincé dans
dînait à côté de
un
il
il
me
en
le
sort,
fait
un
un magnifique
moi au mess des
cadet d'une grande maison an-
qui avait disparu de l'armée des Indes pour
une dette de jeu impayée. Son 'instant de
repartait
mourir
pour
;
et,
la lutte,
frère aîné venait à
toutes créances éteintes, capitaine,
il
millionnaire, et
jbaronnet.
La
caractéristique de l'esprit de cette troupe,
où
le
meilleur et le pire, sans s'étonner, se coudoient, est
'extrême rigueur de la discipline et l'extrême frater-
196
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
nité dont sont empreintes les relations entre les chefs et les soldats.
Les anecdotes typiques y
foisonnent.
Je néglige ce coadjuteur de l'évêque de Cracovie, le plus bel ivrogne des deux régiments, qui ne retrou-
que pour
vait son sang-froid pital, les prières des
dire, près
mourants
amiral français, qui, forte
d'un
lit
d'hô-
d'un
illustre
tête, passait sa vie
en pri-
;
et ce
fils
son, et qui, titulaire de la médaille militaire, l'accrochait à la porte de son cachot, en dehors n'était pas punie, elle
de faction à lui porter sa ronde, tpire
il
!)
les
armes quand, au cours de !
Mais je veux dire
les plaidoiries.
au camp de Phuxa, en 1891, par un des
plus terribles étés
turellement,
et,
;
il
buvait ferme
qui pis
est,
Un
I
rentre à midi
I
l'absinthe coloniale. il
au camp, perdu, sans casque. Insolation delirium iremens;
il
accès de
I
casse tout, rosse son caporal, et
I
pousse des hurlements de bête fauve. Notons
ici,
l'armée française,
d'honneur
pour le
1
l'absinthe, na-.'l
:
jour, après les libations coutumières,
(1)
l'hisi
vaut mieux,
Poméranien, qui
pour l'honneur du corps, que toutes Il était
elle
et contraignait la sentinelle
passait devant (i)
d'un humble
(car
le lecteur
salut
est
dû
Au
étranger,
:
bruit, son que,
dans
à l'étoile de la Légion
ainsi qu'à la Médaille militaire.
I
|
I
CE QUE VALENT CES HOMMES
197
lieutenant de section accourt, le punit, veut l'arrêter.
L'énergumène saute sur son portant sur son
revolver, et tire à bout
Bien entendu,
officier.
mais, dégrisé subitement au fracas de il
lâche ce cri
ne m'as jamais frappé
l'arme contre lui-même
détourne
le
la
manque;
détonation,
Brute (Dummkopf!) que je suis
«
:
faire ça, à toi qui
le
il
canon
le
;
et
;
il
tire
coup part,
;
!
a
Et
il
Te
!
tourne
l'officier s'élance,
la balle se
perd dans
la toiture.
Ah «
Ce
!
Tu ne
que
cri,
!
!
oreilles,
entendu
:
quelle louange de
»
Et pourtant, avoir tenté de tuer son supérieur,
c'est le conseil
de guerre,
descend à Hanoï; spéciale, tiré.
toi
prussien à son nouveau chef fran-
l'ancien troupier çais
de mes
j'ai,
m'as pas frappé,
Et
il
a
il
comme
mort
il
a
légionnaire, et les
hommes, que lePoméranien il
payait sa dette.
position chinoise, feu à bout
l'arme blanche,
trine le biscaïen
un
huit jours après,
Dans un assaut d'une et à
L'homme
passe au conseil, et par faveur
celui-ci est tellement
est acquitté. Or,
certaine.
défenseur... l'officier sur qui
juges sont tellement des
portant
la
il
recevait en pleine poi-
qu'un pirate destinait à son
chef.
Et
ce misérable, qui eût, dans n'importe quelle armée, été
fusillé
et
enterré
honteusement,
fut
inhumé, 17.
198 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE trompettes
sonnantes
et
étendards claquant, avec
l'appareil tragique qu'il méritait...
un témoignage allemand, paru dans un organe important du parti radiVoici maintenant
cal, la
revue munichoise Màrz, du 11 octo-
bre 1913, sous la signature
Arnault. Après avoir esquissé l'arrivée à
M.
de le
Heintz-
tableau de
Bel-Abbès d'un convoi de nouveaux
engagés, « venus chercher
un refuge dans un
milieu étranger qui leur refera une patrie l'auteur continue de la sorte Ici,
on ne contrôle pas
veaux venus. épaules,
tant
On
les
elles
L'âge varie entre
1
se
:
les déclarations
inscrit,
»,
des
nou-
en haussant parfois
les
montrent invraisemblables.
8 et 45 ans (i), mais ces nombres
ne sont pas exacts, puisqu'il y a des enfants de 16 ans, qui se font passer pour plus âgés.
Quant aux
professions,
on
inscrit des
employés,
des ouvriers, des cordonniers, des serruriers, des étudiants, des peintres,
qui
s'est
(i)
etc.
Mais souvent,
donné pour mécanicien
Erreur matérielle,
ans [Note du traducteur).
la
est
limite d'âge
tel
un
homme
ingénieur,
étant fixée à
4o
CE QUE VALENT CES HOMMES employé
cet
élève de l'Ecole Polytechnique.
être sans profession
défroqué, ou
tel
:
Beaucoup déclarent
un ancien
car
officier,
autre qui a pratiqué
seraient pas en état,
manuel, de prouver,
à
la
l'occasion,
un
prêtre
médecine, ne
avaient déclaré
s'ils
ancien
serrurier est
été notaire, ce
a
199
un métier
qu'ils
con-
le
naissent.
nom ? On
Le
prend
celui
le
avant qu'un
vous souvenir mieux de votre nom, » dit
arrive
Il
nommé Durand, et que homme réponde.
qu'on appelle
temps
se passe
qu'on veut.
quelque « Il
faut
sous-
le
officier.
Un
corps
composé d'éléments aussi hétérogènes
orme un ensemble
très
remarquable
;
en général, on
entend dire beaucoup de bien du légionnaire vante sa rare propreté.
Il
sait
tout faire. Tout.
3n besoin d'un peintre pour décorer
une
salle?
;
on
A-t-
Il
s'en
iprésente aussitôt un, qui ornera le plafond de belles
3eurs, d'un Lre r i
voici. Il
eut-on
les
combat sanglant. Faut-il un menuisier? fabriquera tout
un comique, un
un
mobilier d'officier,
tragédien,
instrumentistes, pour les fêtes
es a
sous la main.
un compositeur,
du régiment ? On
200 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
A
Bel-Abbès, où
la
population se compose princi-
palement d'Espagnols pauvres, quente
les
familles, fait
s'assied le soir Ils
devant
le
la porte,
cuisine,, et
la pipe.
lient facilement, les camarades. Ils se sont
se
commun
et
portent doréna-
leurs douloureux secrets.
parlent pas des autres. rités
la
en fumant
compris d'un mot, d'un regard, vant en
légionnaire fré-
le
ménage,
Ils
Ils
ne
respectent toutes les obscu-
de leur passé.
La maladie de
la
Légion
est le « cafard ». C'est ui»i
certain état de dépression, résultant
l'ébranlement moral, et de l'abus
du
de
climat,
l'alcool
de
(l'ab-
sinthe)...
Suivent quelques exemples de cafard, ajanfl
déterminé d'absurdes coups de duels ou
même
vagante
équipée des
Adgar, qui
A
fit
cinquante,
collectifs,
comme
tête, indivi-î
cette extra!
tant de bruit en 1908 ils
se
duite d'un lieutenant.
d'Aïn-ell
légionnaires :
mettent en route, sous
En
rase
la
conî
campagne ils attende™
CE QUE VALENT CES HOMMES qui va d'Aïn-Séfra à Oran.
le train
201
l'arrêtent,
Ils
l'envahissent, et obligent le mécanicien à rebrousser
chemin.
Au
bout de 20 kilomètres,
la frontière
font arrêter
du Maroc. Cafard.
C'est lui qui les avait
fois réveillés, ils
comprirent l'absurdité
Lne
réunis.
ils le
marchent en bon ordre sur
à nouveau, descendent et
de leur acte, et rentrèrent.
Quand
légionnaire est
le
continue à boire, et baïonnette, ses
du
atteint
n'a pas d'argent,
s'il
vêtements, tout
cafard,
il
vend
sa
il
qu'il possède, à
ce
quelque juif algérien, sans s'occuper de ce qui s'en suivra.
années,
Le vin il
bon marché. Dans
à
est
même
ne coûte
rien
:
cinq centimes d'entrée à la porte
Le
remède contre
seul
On
départ en campagne.
demain pour
tira
guéri. Les légionnaires
(1)
lit,
cabaret.
:
et
les
Chanson datant où
l'on
:
[ter)...
Pour
164),
l'action, le
déjà le cafard est
les Alsaciens, les Suisses et les il
est
à la décision, qu'on par-
Pour
Belges,
bonnes
chantent joyeusement
Tiens voilà du boudin
(p.
du
le cafard
battre
se
les
on paie seulement
Lorrains;
n'y en a plus (1).
de
l'époque
rappelée
n'acceptait à la Légion
plus haut
que des engagés
Alsaciens-Lorrains et Suisses [Note du traducteur).
202 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Cette chanson est l'appel, la sonnerie de la charge. Ici, c'est
Au
l'héroïsme qui entre en ligne.
bout de cinq
rengage.
de service,
ans.
De nouveau, au bout de
Alors, au bout de quinze ans,
marie.
Il
reste
en Algérie
le
légionnaire se
cinq autres années. a sa pension. Il
il
se
et devient colon. *
Telle est la vie
du
légionnaire.
On peut
faire toutes
ses réserves sur l'effet politique de cette institution.
Mais quand on
lit
tendent de
du
la vie
ce
que certains journaux pré-
légionnaire, celui qui
l'a
obser-
vée sur place pendant longtemps est bien obligé de ~ se présenter
pour dire ce
qu'il a
vu de
ses yeux.
•
Je ne sais la Légion, d'elle
du
;
mais
si
ou il
l'auteur de cet article a servi à s'il
a simplement vécu à côté
a certainement pénétré l'âme
légionnaire, et
il
en a bravement pris
la dé-
fense contre ses compatriotes.
Cela facilite la tâche de dire quelques mots
des
mœurs
de ces légionnaires, que
les Aile-
CE QUE VALENT CES HOMMES
mands peignent
volontiers sous de
si
203 sombres
couleurs.
Assurément,
la
Légion
n'est
pas un pension-
nat de demoiselles. Mais quel est qui ressemble à
un
tel
le
pensionnat?
régiment
En
pays, la caserne est une école de vice
;
tous et
que Ton peut en dire de plus atténuant,
ce
c'est
que, pour la plupart des jeunes gens, la con-
tamination ne dépasse pas une sorte de fanfaronnerie qui se traduit en propos et en chants grossiers jusqu'à l'ordure.
Mais à
la
Légion, la proportion de ceux qui
ne se contentent pas de chanter
est certaine-
ment élevée. Beaucoup vont plus
loin, et cela
est déplorable.
Seulement,
il
n'est
pas démontré
que
les
vices qu'on y dénonce avec tant de complai-
sance y soient notablement plus
répandus
que dans bien d'autres groupements. En tous pays, on a le tort de croire que l'on peut dissi-
muler celles
ses
du
propres turpitudes
voisin.
En
en exagérant
France, dans ce pays qui,
faute d'hypocrisie, passe pour plus
corrompu
204 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE que
d'autres, quantité de gens sont convaincus
que
les «
chevaliers de la Table-ronde
nombreux dans
particulièrement
giments prussiens.
ment
mais on ne
;
Ils se
»
sont
certains ré-
trompent grossière-
en fera pas démordre,
les
• i
et certains
termes de notre argot montrent
combien leur erreur
est
répandue.
En général,
pour accréditer une légende de ce genre au sujet
que
du
voisin,
l'on grossît
peut-être
suffit
il
d'un seul scandale,
malignement,
demain
et
dont on aura
pendant en son propre
le
pays.
Quoi
mœurs
en
qu'il
soit,
il
est certain
un grand nombre de
colonies de tous pays,
pour des motifs bien connus de développer
que
la
ici. Il
Légion en
le
dit
et qu'il est inutile
serait puéril de prétendre
soit
torise à dire qu'elles
qu'on
que ces
sont fort répandues en Orient et dans
indemne. Mais rien n'au-
y soient aussi généralisées
en Allemagne, où, sur ce point
encore, on la confond, plus ou moins involon-
tairement, avec certains corps naires. C'est
de
discipli-
une calomnie, que de prétendre
CE QUE VALENT CES HOMMES qu'elle
soit,
à cet égard,
corrompue que
tel
205
sensiblement plus
groupe de blancs, que Ton
pourrait citer, vivant en Afrique ou en Asie.
Je n'insiste pas sur ce sujet répugnant, qui
peut procurer
d'amères surprises à chaque
peuple qui voudra examiner avec attention ce qui se passe dans ses propres colonies.
Quant à
l'ivrognerie, hélas, elle est encore
bien davantage
le
vice
caractéristique
des
pays chauds. Qu'il
me suffise de dire,
à cet égard, qu'après
avoir parcouru bien des pays où elle sévit,
je
n'aurais jamais imaginé que Ton pût boire aussi formidablement que je
l'ai
vu
des bateaux allemands naviguant
faire sui-
sous
les
tropiques, ainsi que dans la colonie de l'Est africain allemand. Et j'ai petite ville
séjourné dans une
du Mozambique, où, sur une popu-
lation blanche de 200
hommes,
il
y avait une
bien forte proportion d'ivrognes, dont les deux plus fieffés étaient
un négociant allemand
et
un français, agents consulaires de leurs pays respectifs
!
18
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
206
Qu'on s'enivre donc à
monotone
la Légion,
Mais une
fois
en campagne, l'ivrognerie disparaît cafard, e\ il
la
vie de garnison, cela n'est ni con-
testable, ni étonnant.
naud,
dans
i
suivant
le
en route,
comme
le
mot de M. Heintz-Ar-
ne reste plus place que pour
l'hé-
roïsme.
La
vérité est
porte
si
généralement, telle
que
les accusations
légèrement contre
que
la
la
procès de la vie
le
que Ion
Légion sont, plus coloniale
conçoivent trop de blancs. Nou-
veaux venus à
la colonisation, et
n'ayant en-
core qu'une armée coloniale rudimentaire, les
Allemands ont déjà trouvé l'occasion d'enrichir leur langue d'un
mot nouveau,
(vertige colonial),
le
pour désigner
Tropenkoller l'état d'esprit
que beaucoup d'hommes contractent au service colonial:
ils
maladie mentale
doivent bien savoir que cette n'est
pas un produit spon-
tané du climat, mais que (et
les
excès évitables
que bien des coloniaux savent heureuse-
ment
éviter)
formation.
contribuent puissamment à sa
CE QUE VALENT CES HOMMES Qu'ils créent
raison de
— et — une
donc
le faire
î
ils
207
auraient bien
Légion coloniale,
comme tant d'entre eux le proposent les mœurs y ressembleront beaucoup à celles de :
la
Légion étrangère...
déjà
si
on n'en peut
dire autant de leur petite troupe actuelle.
Heureux,
si
coloniale
ces volontaires rachètent
leurs défauts par des qualités comparables à celles
de nos légionnaires
I
1
XXI
LA DISCIPLINE, A LA LEGION
La à
discipline est
Légion.
la
qu'elle
trages
nécessairement sévère,
Mais
est-il
ne comporte ni
de
besoin
dire
les sévices ni les ou-
au moyen desquels on soulève
gnation d'un public trop crédule
?
A
l'indi-
I
s'attar-
der à ces inepties, on ferait injure, non seule-
ment aux cadres font
honneur de
peut
le dire,
choisis et éprouvés qui se servir à la Légion, mais, on]
aussi aux soldats qui se laisse-
raient traiter de manière aussi inhumaine.
M. Albéric Cahuet
écrivait très justement à*
ce propos, dans l'Illustration
Ce qu'est
le
du 19 juillet 1913
légionnaire au feu,
il
est inutile
de
:
le
LA DISCIPLINE A LA LÉGION
209
r
rappeler en ces lignes, car notre article prendrait proportions d'un fabuleux livre d'or...
admirable en campagne,
soit
Que
les
ce soldat,
plus facilement que- tous
autres déprimé par la vie de garnison où se réveillent
trop souvent les instincts de ces natures ardentes et impulsives, on ne saurait s'en étonner. la nécessité
d'une
d'ailleurs, le
dont on et
stricte
même
Il
discipline, qui
en résulte n'a point,
caractère impitoyable que
est obligé d'user
pour
les bataillons
celle
d'Afrique,
qui doit être opportune et appropriée à des .élé-
ments d'origine ral
Bruneau,
lours
;
«
si
diverse.
c<
une main de
et les colonels
qui ont
Il
faut », écrit le géné-
fer
dans un gant de ve-
laissé le
meilleur sou-
venir à la Légion sont précisément ceux qui ont su
dans une juste mesure ces deux manières
allier
différentes de s'imposer rité.
:
la bienveillance et la
si
sévé-
))
Ce serait
quer
les
folie,
en
effet,
que de vouloir appli-
mêmes méthodes
différents les
à des
uns des autres par
hommes
si
la race, l'édu-
cation, le passé, l'âge, les aspirations.
d'eux constitue en quelque sorte un
Chacun «
sujet
»
psychologique, qui doit être étudié avec soin, et
manié en tenant compte de son individua18.
210 LA QUESTION DE LA UÉGION ÉTRANGÈRE litési tranchée.
un
A
on peut prédire
cet égard,
bel échec à l'armée allemande,
elle s'avisait d'instituer
une Légion
jamais
si
étrangère,-
de vouloir y appliquer intégralement
et
les
méthodes d'éducation, ou plutôt de dressage qui peuvent réussir dans une cour de caserne
de Potsdam.
Un exemple,
à cet égard, M. Stéphane
zanne rapporte, dans
un
l'article cité
Lau
plus haut
entretien qu'il eut à Bel-Ahbès, avec deux
légionnaires allemands, dont l'un avait
deux ans comme grenadier de sienne, puis était
à sa
était
venu à
ter les
la garde prus
la Légion, j
quatorzième année
de
où
il
er
service
de Wesel, au bout
L'autre avait déserté trois mois,
fait ses
de
parce qu'il ne pouvait plus suppor
mauvais traitements
la part
de ses anciens.
Je lui
demande encore
qu'il
subissait de
:
— Qu'est-ce qui vous plus surpris — Tenez, regardez vous-même, a le
ici ?
c'est ceci...
Et,
du
doigt,
il
nie
montre par
la
porte des légion
naires qui passent sur le trottoir à côté d'adjudants^
211
LA DISCIPLINE A LA LÉGION d'officiers supérieurs faire
le
ment
les
en
salut
militaire.
uns
les autres.
uniforme,
On Il
sans
à
familière-
côtoie
se
avoir
n'y a ni gêne, ni
rai-
deur.
— Daswûrden wir ja
nicht in Deutschland sehen
jeune légionnaire (Cela, nous ne
fait le
le
!
verrions
pas en Allemagne).
En
effet, les
sidérés
légionnaires, en ville, sont conr
comme dans un camp,
et
dispensés
d'un salut qui, dans d'aussi petites localités, serait surtout
rieurs
:
importunant pour leurs supé-
mieux pour
cela vaut encore
pline que de l'habitude,
laisser
ces
la disci-
derniers prendre
que Ton peut constater dans
les
de tous pays, de rendre
le
petites garnisons
salut avec négligence. Mais évidemment, telle
Allemand, prendre née,
une
tolérance est incompréhensible pour
la
et
Ton conçoit
qu'elle
lui
un
fasse
Légion pour une bande indiscipli-
dépourvue de tout esprit
lement, ces
hommes,
si
militaire. Seu-
négligents en appa-
rence, exécutent fidèlement les ordres donnés,
combattent en héros,
et se feront
tuer pour
le
212 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE supérieur qui, à la
ville, se laissait traiter
par
eux en camarade.
Pour comprendre pline
ressort de cette discil
le
particulière qui fait de la Légion
si
corps unique,
il
un
faut, à défaut d'expérience per-
sonnelle, connaître
ciens légionnaires
un
ou
certain
nombre
d'officiers les
d'an-
ayant com-
mandés. Un de ces derniers, qui a fait campa-j gne avec eux à Madagascar, en Indo-Chine
dans
le
Sahara,
me disait
qu'en neuf ans
il
et
n'a
pas infligé d'autres punitions que des sanctions morales, telles que l'abstention
du tutoie-
ment,
temps où
il
et qu'il regrettera
vivait
On
toujours
le
au milieu de ces hommes.
ne saurait mieux dépeindre
les relations
existant entre les légionnaires et leurs officiers,
que ne
l'a fait
un de
ces derniers,
M. Albert
le
Figaro du 10 janvier
n'ait fait à son
chef aucune confidence
de Pouvourville, dans 1914: Bien qu'il d'aucune
sorte,
le
légionnaire sait bien qu'il n'est
LA DISCIPLINE A LA LÉGION au regard de son
pas,
autre
il
:
même terre et
enfant de la des
mêmes
pas
fils
du
sol national,
Mais
Le chef
Il
même
quement
y
;
il
intelligence et
une expérience... et
jugé par
de cette sorte de jugement qui a des
tient.
qu'il
Et
y
il
n'est
qu'un numéro matri-
profonds, et qui compte. Et
Il
race, capable
avec des intérêts et des pa-
l'officier veut,
chaque circonstance, que ce jugement rable.
un
n'est pas
chaque instant, observé
se sent, à
ses soldats, tifs
une
est
il
la
comme un
soldat
mêmes amours
n'est rien
il
;
un
moins.
de
passions et des
rents sur ce sol cule.
officier,
est à la fois plus et
213
modans
lui soit favo-
montre pratiquement
et publi-
y a là une réciprocité de
tient. Il
contrôle et d'estime intellectuelle, qui n'existe dans
aucune autre armée, dans aucun autre pays.
Mais, d'autre part, blessé de la vie,
«
Légion l'armature
debout
et
légionnaire
le
un
est
qui est venu chercher à la militaire
qui
le
tiendra
suppléera à sa vertu défaillante
Cet appui moral dont
il
a besoin,
pas la sécheresse d'un règlement qui peut lui
fournir
Qui
».
ce n'est le
:
lui dira
si
son effacement volontaire,
si
son
214 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGER suicide social lui ont fait
son
du bien ou du mal
Ce
?
qui est son critérium.. .L'officier
officier seul
e
sa conscience, vivante et vibrante, et sans appel. B les
jugements de
celte conscience-là
sont
d'autaï]
plus respectés et redoutés, qu'ils ne sont pas
d'une sanction réglementaire,
lui-même qui
a
d'œil, souvent
furtif,
choisi
que
que
c'est
par un coup d'œil que
angoisse, l'approbation
minué moralement
le
toiera plus,
ou
occasion qu'il
il
s'est
di
ne
le
y aura
désignera pas à d'aller
ne
il
la
le -ié
premier
se faire tuer, et
il
du
1-
con
Et cette condamnation volontairement accepté
est pire
que tous
les
châtiments disciplinaires
connu un légionnaire qui ne vrer
<
est imperceptible aux autres
mettra, peine atroce, à la garde des mulets et voi.
av<!
chef l'accordera ou L
ne parlera plus au soldat, ou
l'officier
cou;
de son chef,
punition de l'homme qui
la
suiv
l'homrrj
le soldat sollicitera,
secrète
Et
c'est
son juge. C'est par un
une
refusera.
et
le
quand
il
dimanche, était
afin que son
et
de qui
ivre, d'être
lieutenant ne
le
le
souci unique
ramené
vite
jV
étail
au cachoi
rencontrât pas
rues de Saïda en cet état. Le respect et des insignôi honorables
:
pouvait pas ne pas s'eni
dans
du chef
ou glorieux que
le
accept
soi
mêm
LA
DISCIPLINE A LA LÉGION
n porte est poussé
ici
trois
à l'extrême, et
Allemands, tous
215
on connaît à trois décorés
el-x\bbès
ces
our
de guerre de la médaille militaire, qui
faits
dgeaient, avec une hautaine insistance, les mares
de respect dues à cette médaille et qui, avaient résolu de
ils
ur médaille sur leur Ainsi,
l'officier
muet
rbitre ées et
Et
lit
c'est
!
est
directeur,
le
de ces consciences fer-
à leur conduite que cet officier re-
s'il
a été lui-même à la hauteur de sa
Pour
che
si difficile.
n'a
qu'un critérium
se renseigner à ce sujet, :
Ses soldats, le regard de ses soldats,
rne et en
seule îl'à
jour
de ces âmes tortueuses...
muait
,.
au quartier
de légionnaires
et incontesté
le
la fête », laissaient
faire
«
campagne, leur manière de
marque de
gratitude de
l'homme
chaque instant rend l'honneur,
^peccablement
la patrie et
en co-
et,
servir.
c'est
Car
à qui le
de
servir,
l'étendard de ce chef.
Peut-être comprendra-t-on le lien invisible, mais oit
et
formidable, qui joint ces
sespoir à e vie,
ces silencieux
en apparence âpre
par et
silencieux
devoir, et
par
comment
rebutante, éveille en
216 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE eux tous tous pline
y a
il
:
enthousiasmes
les
héroïsmes.
les
souples
à Poccasion,
suscite
coordonné de volontés
l'effort
comme
iandées
et
et,
n'y a là ni contrainte ni disci-
11
des
viriles,
lames d'acier bien
trempé, et à qui, évidemment, rien n'est impossible.
Un est
de cet état d'âme
trait caractéristique
que
les légionnaires
d'autres chefs
sidèrent
que
comme
ne veulent connaîtra
les leurs,
avec qui
ils
se con-
par un lien personnel
liés
la Légion leur tient lieu de patrie et d'armée, et le reste
officiers
tion
ne compte pas pour eux.
me
Un
de leurs
racontait que, dans une expédi-
où Ton avait eu
la singulière idée
de ré-
partir des légionnaires dans des bataillons de
zouaves, on n'en put rien
où
l'on
tirer,
jusqu'au jour
reconstitua leurs unités
firent merveille.
résultat; car
où
On
aurait
l'esprit
pu
de corps
;
alors,
ils
s'attendre à ce serait-il porté
à son paroxysme, sinon dans un corps qui n'a nulle part de semblable ?
Or, tout
comme
le
légionnaire n'est inter-
changeable avec aucun autre soldat, on ne
LA DISCIPLINE A LA LEGION
217
saurait prendre pour étalon de sa discipline
dans l'armée
ce qui se passe ailleurs, fût-ce française, et fût-ce
dans nos autres troupes
Comment donc un
d'Afrique.
auteur allemand,
déjà incapable de concevoir la discipline à la française, faite surtout
de confiance
bonne volonté réciproques,
?
Là, tout est
ger dans la stupéfaction. Et
ment, des siens, si
de
pourrait-il porter
un jugement équitable sur à la Légion
et*
celle
fait
qui
pour
le
règne plon-
comme, évidem-
officiers et des sous-officiers
on leur donnait à commander
prusla
Lé-
gion, telle qu'elle est, ne sauraient avoir d'autre idée
de botte
que d'y et
«
mettre de l'ordre
»
à coups
de cravache, on s'imagine tout na-
turellement, outre-Rhin,
que
nous menons nos légionnaires.
c'est ainsi
que
XXII
LES RENGAGES ET CEUX QUI DESERTENT
Pour
caractériser
hommes suffire
manière
la
sont traités à la Légion,
de constater que 48
°/
de
dont il
les
devrait
l'effectif
sont
des rengagés.
Et sur ce nombre,
il
s'en trouve
beaucoup
qui ont repris du service, non à l'expiration de leur premier engagement, mais après avoir quitté la Légion, et goûté plus
temps de
la liberté.
Certains d'entre eux ont
de
faire des
comparaisons
concluantes.
On
ou moins long-
En
voici
même
eu l'occasion
qu'ils
ont trouvées
deux exemples.
sait qu'il existe diverses institutions des-
tinées à aider les légionnaires libérés, en atten-
LES RENGAGÉS ET CEUX QUI DÉSEBTENT
dant
A
qu'ils aient
trouvé une situation
notamment,
Paris,
219
civile.
sont hébergés au
ils
poste-caserne du bastion 86, boulevard Keller-
mann. Or, au mois de septembre trouvait
un Allemand,
l'histoire
est typique.
allemande,
il
il
s'y
Baslen, dont
Déserteur de l'armée,
avait accompli cinq ans de ser-
Légion.
vice à la
nommé
1913,
Au
bout de ce temps,
il
rentre au pays, veut régulariser sa situation, est incorporé
trouve
si
dans l'armée impériale
bien, qu'il déserte
retourne à
la
Légion,
qu'à sa retraite
et
;
et
une seconde
il
s'y
fois,
y reste dix ans, jus-
(article
précité de
M. Sté-
phane Lauzanne).
A la même époque, le 7 septembre, un nommé Charles Schneider, né en Lorraine annexée, se présentait au commissariat de police d'Albert
dirigé sur
(Somme), en demandant à
être
un bureau de recrutement pour s'en-
gager à la Légion.
Ce Schneider, âgé de 32 ans, avait servi dix ans au le
1
er
régiment étranger, où
grade de sergent, la
il
avait obtenu
médaille
militaire,
220 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE l'ordre
du Dragon d'Annam,
du Tonkin, du Maroc le
et
et les
médailles
du Haut-Guir. Libéré
27 février 1912 à Taourirt (Maroc), ir fît part
à son capitaine de son intention d'aller en
Lorraine voir sa mère malade, ensuite contracter
et
de revenir
un nouvel engagement. Le
capitaine lui représenta que
non seulement
il
perdrait ainsi son grade de sergent, le règle-
ment
ne
comme
permettant
simple soldat, mais
arrêté en Lorraine fit
:
condamné
le
comme
il
que
1
risquait d'être
déserteur. Rien n'y
Schneider voulait revoir sa mère.
Dénoncé,
Il
l'incorporation
il
à
passa en conseil de guerre
deux ans de
et fut
forteresse, en Silésie.
réussit à s'évader, traversa toute l'Allemagne,
Luxembourg
et la
Belgique, pour arriver, à
bout de ressources, à Albert.
Il
a maintenant,
au bout de dix-huit mois d'épreuves, retrouvé la sécurité,
à ce régiment qu'il n'avait voulu
quitter que pour quelques semaines.
A
qui donc fera-t-on croire que,
frait à la
Légion toutes
si
l'on souf-
les privations, toutes
les brutalités, toutes les
humiliations,
il
s'y
I
LES RENGAGÉS ET CEUX QUI DÉSERTENT 221 trouverait en permanence plus deo. 000 hommes
ayant repris
service
du~
sous
un
drapeau
déshonoré, après cinq premières années de pa-
Comment
souffrances?
reilles
se fait-il que,
depuis 1831, l'histoire de la Légion ne soit pas plutôt
une
suite
sanglantes?
jehaque
ininterrompue de mutineries
Comment n'apprend-on
instant qu'un
ihommes, que plaisent à
les
petit
journaux
représenter
pas
groupe
de ces
allemands
comme un
à
se
troupeau
d'apaches, a profité de son isolement au fond
du Sahara ou de quelque brousse lointaine, pour massacrer tête?
les tortionnaires placés à sa
Sans doute,
il
se produit parfois
des
:rimes, sous l'influence d'un accès de cafard,
émoin l'anecdote du Poméranien, rapportée M. de Pouvourville,
jar
îaut. ;e
si la
qu'on a lue plus
dixième partie seulement de
qu'on raconte en Allemagne était vraie, complots,
et
non
seulement des crimes individuels
et
im-
''est
)as
Mais
et
de sang-lroid que
mlsits, devraient
se
les
produire constamment,
^u lieu de cela, les légionnaires ne
demandent 19.
222 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE qu'à rester jusqu'à leur quinzième année de service. Il
est vrai qu'en regard des rengagés,
citer
bien des cas de désertion.
D'une manière générale, soit en garnison, sir et
on peut
pendant
se produisent
ils
périodes de
les
loi-
d'ennui qui séparent deux campagnes,
soit sur la route d'Indo-
Chine, pendant la tra-
versée du canal de Suez, où
homme, déprimé par
est facile à
il
un
de sauter
la traversée,
à l'eau et de se rendre à l'agence de désertion
bien connue qui est installée à
Mais aussitôt en campagne,
légionnaire se
le
réveille avec toutes ses qualités, et
question d'abandonner faire tuer
pour
le
Port-Saïi.
il
n'est plus
drapeau, mais de
se
lui.
Ces désertions d'ailleurs, s'expliquent par des causes qui font
s'attendre à les voir plus
homme
pourrait mcnic
qu'on
nombreuses.
peut être pris de découragement, en
s'apercevant que l'existence n'est
Un
pas ce
qu'il avait rêvé;
du légionnaire il
peut avoir
chance d'un changement favorable de
sa
la
LES RENGAGÉS ET CEUX QUI DÉSERTENT 223 tuation de fortune, qui lui fera regretter la vie civile,
alors
qu'il lui
son engagement
résilier
ajcès de cafard, avoir
dont
les
est
impossible de
peut, au cours d'un
commis une
faute grave
conséquences l'épouvantent;
haut,
au chapitre qui
il
ou
traite des
peut plus
antécédents
même
qu'il
peut
se croire victime d'uneinjustice
dont
des légionnaires
il
il
un de ces dégénérés mentionnés
être
être
;
n'ose pas
;
j'accorde
demander
que pareille timidité enfin céder
aux
le
soit
redressement, bien
peu probable;
sollicitations de
il
peut
sa famille,
d'une maîtresse, — ou simplement de quelque agent de la Ligue allemande contre
on ne
se souvient
la
Légion
:
que trop du grave incident
qu'un agent consulaire allemand a créé à Casablanca, en 1908, en facilitant la désertion d'une
demi-douzaine de légionnaires. Mais, avec de l'argent et de belles promesses, n'arriverait
pas au voit
même
résultat partout ailleurs
?
on
Et ne
on jamais de soldats allemands déserter,
même
sans avoir subi aucune influence ou
sans avoir reçu aucune aide du dehors?
224 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
Le véritable critérium du naires n'est donc pas le
mais
sort des légion-
nombre des déserteurs,
celui, si considérable, des rengagés.
dernier, ainsi
que
le culte
par ses anciens soldats, fraternelles
et
voué à les
la
Ce
Légion
associations
que ceux-ci ont fondées, non seu-
lement en France, mais aussi en plusieurs
comprendre
pays étrangers, suffiraient à
faire
l'inanité des récits lugubres
que Ton colporte
outre-Rhin. Mais néanmoins,
il
est
bon
d'y
ajouter quelques détails, à l'adresse des Alle-
mands soucieux de lignes.
la vérité qui
liront ces
XXIII
LA VIE MATERIELLE
J'ai
eu l'occasion de voir un bataillon de
la
Légion, en août 1912, à Casablanca.
La
ville,
encombrée par un
afflux extraordi-
naire de population civile qui s'entassedans les
maisons disponibles, ne possédait pas de caser-
nements
;
et la réserve
du corps expéditionnaire,
comptant quelque 5.000 hommes,
était
donc
sous la tente, au pied de l'enceinte, dans des conditions assurément peu plein été.
confortables en
Mais je puis assurer que
naires, qu'on les vît
menant en
ville,
les légion-
dans leur camp ou se pro-
ne donnaient aucunement
l'impression de tristes victimes à laquelle se serait
attendu un lecteur des journaux
aile-
i
226 LA QUESTION DE LA LEGION ÉTRANGÈRE
mands
;
présentaient
ils se
comme
de bons
et
superbes soldats, parfaitement satisfaits de leur sort.
Ce
sort,
©n va
le voir, n'est
nullement misé-
rable. Il
serait fastidieux
des soldes
de donner
ici le
tableau
des pensions de retraite affé-
et*
rentes aux divers grades et anciennetés. Sans
doute, les centimes de poche alloués aux
lé-
gionnaires pendant leur premier engagement,
comme
à tous les soldats
à payer les distractions d'un
suffiraient pas
clubman. Mais
de notre armée, ne
les
hommes
sont entretenus et
nourris de manière à n'avoir rien à dépenser
de ce chef;
le
dépense pour
tabac, qui représente une grosse la
plupart des militaires, leur est!
fourni gratuitement, et
comme à tous nos
soldats,
ceux qui ne fument pas font argent de leurs ne faut pas oublier que, dans
bons. Enfin,
il
des localités
comme
Bel- Abbès, Saïda, et les
postes éloignés qu'occupe la Légion, l'argent
de
poche,
hommes, ne
plus
largement
serait guère
distribué
aux
qu'un encouragement
LA VIE MATÉRIELLE
à
l'ivrognerie;
il
nouveaux venus,
est naturel
et
de
le
227
mesurer aux
de se montrer plus large,
après ce temps d'épreuve, pour les rengagés -ces
derniers reçoivent,
naires,
comme
:
simples légion-
selon leur ancienneté, de S
50 à
fr.
11 francs par prêt, soit de 85 centimes àl
fr.
10
par jour.
Quant à
la
pension de
retraite,
bout de 15 ans de service,
obtenue au
elle s'accroît
annuités correspondant aux
des
campagnes,
et
peut arriver à dépasser, pour un simple légionnaire, la pension allouée à
un
sous-officier des
troupes métropolitaines. Elle peut s'arrondir
encore
ment
(comme
la solde, d'ailleurs)
du
traite-
afférent à la médaille militaire (100 fr.)
ou
même
les
Français
à la croix (250 francs). Puis, pour et les
naturalisation, ploi civil.
il
étrangers ayant obtenu la
y a
la perspective
Dernièrement
est
d'un
em-
mort un Alsacien-
Lorrain, ancien ouvrier menuisier, qui avait été retraité
comme
Légion d'honneur,
adjudant, chevalier de la et était
-des contributions directes
devenu receveur
en Algérie
:
il
n'au-
228 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE rait
pas atteint un pareil résultat en restant au
pays
D'autres, enfin, sans
!
lisés,
même
être natura-
obtiennent une concession dans une co-
lonie, et arrivent ainsi à des situations à la fois
avantageuses
Tout
cela,
en
et
indépendantes.
vérité,
ne constitue nullement
l'exploitation, le contrat léonin
nonce
si
que
l'on dé-
sévèrement. La vérité est qu'il
de se bien conduire à
de ne pas
s'y
la
suffît
Légion, ou au moins
conduire très mal, pour y at-
teindre, en quinze ans,
une situation matérielle
toujours très sortable, et souvent tout à
fait
avantageuse.
Et pendant ces quinze ans,
si l'on
subit des
misères, ce sont celles auxquelles doit
s'at-
tendre toute troupe en campagne; mais, tant
que cela d'un
A
est possible, les légionnaires jouissent
maximum
de confort.
cet égard, l'article
tion jlu 19 juillet
a
paru dans
l'Illustra-
pu dissiper bien
illusions. Je
doute
sumé par
journaux allemands. Pour
les
qu'il ait été traduit
ou
des ré-
facili-
LA VIE MATÉRIELLE ter la chose,
229
avait eu pourtant
['Illustration
l'attention ironique de le faire précéder de la
note suivante
«
:
La reproduction des photo-
graphies illustrant cet article est autorisée. Le
correspondant-photographe de Y Illustration à
M. Geiser, mettra gratuitement des
Alger,
épreuves à
disposition des journaux alle-
la
mands soucieux de compléter tation sur la
On
y verra notamment
preté de ces
documen-
»
le
confort et la pro-
casernements
qui comportent
non seulement des pour
leur
Légion étrangère.
salles
les soldats aussi
de lectures
et
bien que pour
de jeux, sous-
les
officiers, mais jusqu'à une salle de spectacle.
On y
lira aussi
des
menus par
lesquels
on ju-
gera de la véracité de ce malheureux Hassel-
mann
qui, en sept ans, n'a
dormi que 43
sur une paillasse et n'a jamais eu à
que du pain sec tout, ce
et
du
brave garçon
riz...
est-il
fois
manger
Peut-être, après
végétarien
!
Cette question de la nourriture a sa grande
importance
et suffît
manière dont
à donner une idée de la
est assurée,
dans son ensemble, 20
230 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
donc
la vie matérielle d'une troupe. Je crois
intéressant de reproduire
ici
ceux qu'a publiés
Y Illustration. 1er
RÉGIMENT ÉTRANGER 25 e COMPAGNIE.
Menu du
11
(BEL-ABBÈS)
au 17
11
juillet 1913
juillet
MATIN
SOIR
Soupe grasse
Bœuf
Potage pâtes
Bœuf
sauce moutarde
Nouilles au* gratin
d'Italie
rôti
Salade panachée
Salade
12
juillet
MATIN
SOIR
Soupe paysanne
Bœuf
sauce piquante
Potage vermicelle
Ragoût de bœuf aux
Haricots blancs à la maître
Choux
carottes
braisés
dhôtel Salade
Dimanche 13
juillet
MATIN
Potage pâtes
SOIR d'Italie
Biftecks
Haricots verts en salade
Tomates
farcies
Salade garnie
Vin
Soupe grasse
Bœuf
sauce moutarde
Riz au gras Salade
LÀVI£ -4ATÉR1ILLE
231
(Menu spécial)
juillet
Réveil
— Brioche
Chocolat
Après
Vin blanc
la
—
revue
fiâte-mx- secs
DÉJEUNER-
Œufs aux Tomates
anchois farcies
Oies rôties
Pommes
duchesse
Salade russe
Crème
à la vanille
Fromage de Lorraine Vin Café
—
Liqueurs
—
Cigares
15 juillet MATIN
Soupe
Bœuf
SOIR
Potage tapioca
a l'oignon
Bœuf
sauce piquante
rôti
Ragoût de pommes
Macaroni sauce tomates Salade
et
de choux
16 juillet MATIN
Soupe aux haricots
Bœuf
en vinaigrette
SOIR
Potage semoule
Ragoût de mouton
Purée de pommes
aux pommes
Salade
Carottes sauce blanche
232 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE 17 juillet MATIN
SOIR
Soupe au
Soupe légumes
Bœuf
Haricots blancs à
la
riz
Bœuf sauce moutarde Pommes au four
sauce Robert
bretonne
Salade
Dans tous
régiments, l'ordinaire varie
les
d'une compagnie à l'autre, suivant l'habileté
avec laquelle
les
fonds sont gérés. Celui qu'on
vient de citer est certes suffisamment varié et substantiel. Mais en voici
un meilleur,
par M. Stéphane Lauzanne;
compagnie qui riche que
la
se trouve
précédente
MENU DU (26
1 er e
il
relevé
s'agit
d'une
momentanément plus
:
ÉTRANGER
compagnie)
Dimanche 21 septembre 1913 DÉJEUNER
DINER
Soupe au fromage
Soupe au pain
Bœuf rôti Pommes au four
Ragoût de bœuf
Salade russe
Semoule au chocolat Raisins
Vins, café
Rizotto
LA VIE MATERIELLE
233
22 septembre DÉJEUNER
Soupe aux pâtes
Potage semoule
Bœuf sauce Robert Pommes en salade
Ragoût de mouton Nouilles aux tomates
Café
23 septembre DEJEUNER
Soupe au pain
Potage vermicelle Boulettes de
bœuf
Mouton
braisé
Pommes purée
Haricots bretonne
Vin
24 septembre DÉJEUNER
DINER
Soupe au
Potage tapioca
Bœuf
Bœuf
rôti
riz
cornichons
Macédoine
Purée de pois Saint-Germain Café
25 septembre
Soupe paysanne
Bœuf Lentilles
sauté
au jus
Pommes
Soupe au pain
Bœuf
sauce piquante
Riz à l'italienne
aïoli
Raisins
Vin 20
234 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE 26 septembre DÉJEUNER
DINER
Potage semoule
Soupe aux pâtes
Hachis Parmentier
Bœuf sauce tomate Pommes en salade
Nouilles au four
Café
Au
Tonkin,
témoin
le
menu
celui-ci, pris
est
plus savoureux encore,
au hasard parmi cent autres;
Journée du 2
avril,
à
An-Ky SOIR
MA.TIN
Soupe aux légumes
Soupe grasse
Œufs sur le plat Bœuf mode Ragoût de pommes
Omelette aux oignons
Bœuf Tripes à
la
rôti
mode de Gaen
Poulet rôti
Choux-raves au jus
Salade
Salade, bananes
i/4 vin, café
i/4 vin, thé
Ce sont
là,
on en conviendra, des ordinaires
capables de faire envie à bien des gens,
regard desquels
il
et
en
serait intéressant de pou-
voir placer ceux d'un régiment allemand quel-
conque.
XXIV TEMOIGNAGES D ETRANGERS
Mais
les
témoignages qui précédent ont paru
dans des journaux français, être
considérés, par les
sujets à caution.
En voici
et
peuvent donc
Allemands,
comme
d'autres, rassemblés
au hasard de mes dernières lectures,
et
qui
ont été adressés à des organes étrangers.
On
a déjà vu (chapitre VI) celui d'un Alle-
mand, publié par le Vorwaerts du 8 septembre. Il
se
résume ainsi
des circonstances, ifaute des chefs,
en soldats
et
Service très dur en raison
mais nullement
qui traitent
même, peut-on
Pareillement,
donné
:
le Petit
par
la
les légionnaires
dire,
avec amitié.
Bleu, de Bruxelles, a
l'intéressante lettre qui suit, écrite par
236 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
un légionnaire belge à son quiété des sinistres
Légion
;
du 8 août
:
la
elle
«
père, qui s'était in-
révélations » publiées sur
a été reproduite par
le
Matin
Guîcer (Maroc), 29 avril 191
Mon J'ai
1.
cher père,
reçu votre lettre et la coupure du journal .
bruxellois
que vous m'avez envoyée
relative à la
Lé-
gion étrangère. J'ai lu cette coupure avec une violente indignation et je tiens à vous déclarer formel-
lement que tout ce qu'elle raconte
est
complètement
faux.
Je vais reprendre point à point cet ignoble article i° Il n'existe
aucun racolage pour
cun y vient librement corporation est
même
et la visite si
la
:
Légion. Cha-
médicale avant
l'in-
rigoureuse que beaucoup de
ceux qui veulent s'engager ne sont pas acceptés par le
médecin 2
d'un
;
Notre sort à esclave.
La
la
Légion n'est nullement
discipline est
le
paternelle et
sort
bien
moins dure, d'après mes camarades, que dans certains régiments de l'Est de la
France
;
1
237 Ce
3°
son
n'est à la
c'est la
;
gradés nous
Légion ni
la
réclusion, ni la pri-
vie libre militaire sans brutalités. Le»
estiment et savent, quand
il
le
faut,
nous passer de petites fautes qui seraient sévèrement punies dans d'autres armées 4°
Comme
vous dire, tous les
la
vous
voyez, par
dimanches
et
les
jours
Ce
je viens de
que
nous avons
;
de fête pour nous
;
Notre vie n'est nullement
caserne.
ce
Légion n'est pas un enfer
amuser librement 5°
le
;
la
vie
uniforme de
n'est qu'à la portion centrale, à
y a un peu de service de caserne
qu'il
hommes y
mais
restent à peine quelques mois, car dès
leur instruction est terminée,
d'autres
;
Saïda,
garnisons,
où
ils
service
le
les
que
sont versés dans est
bien
moins
chargé.
Quant ménages
à la nourriture, je suis certain se contenteraient
donne ci-dessous
le
dimanche matin, 3o
Comme
petit
chocolat au
vant
:
lait.
menu avril
que bien des
de notre ordinaire. Je vous
qu'on va nous servir
le
:
déjeuner du matin, bous aurons du Ensuite, à dix heures, le repas sui-
potage velours, salade de harengs et cents durs,
chouchoute, beefsteack, navets sautés à la Vichy, jjiu>
238 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE neaux au
vin, vin, café
un potage, un
dessert, et bien
Tout
au
Le
tafia.
un
pîat de viande,
entendu du café
nous aurons
soir,
plat de légumes, et
du vin
un
(i).
en plein Maroc, à plus de 100 kilomètres
cela
de Casablanca.
Dans
l'après-midi,
casion de la fête
par
offerts
il
y aura des jeux divers à
capitaine et les sous-officiers.
le
Vous voyez que nous sommes noncé par
le
La solde gagés
ou
;
1 1
6°
loin de l'enfer
an-
journal allemand.
n'est pas très forte,
mais
l'oc-
du régiment avec 3o francs de prix
les
francs
en
rengagés ont tous
comme
pour
effet,
les dix
argent de poche
en-
les
jours 8 fr.5o
;
Tous ceux qui veulent s'en donner
la
peine peu-
vent avoir de l'avancement. Il
un il
y a dans
ma compagnie un caporal espagnol et mon sergent-major est belge
caporal allemand
;
;
va s'en aller bientôt avec au moins 1.000 francs de
retraite et la médaille militaire, qui lui
core ioo francs par an. (i)
On
dès que
voit,
par
cet
Dans
ma
exemple
et
rapporte en-
compagnie, sur par
le
précédent, que
Légionnaires sont en campagne, on
les
trois
améliore
encore leur excellent ordinaire, au moins tant que cela possible. Sans doute, tions,
mais
:
ils
à la guerre,
est
peuvent être soumis à des priva-
comme
à la guerre
!
:
TÉMOIGNAGES D'ÉTRANGERS caporaux, deux sont allemands et
•élevés
A
japonais.
Ber-Rechid, à deux étapes
le
239 troisième
d'ici, il
adjudant roumain, un sergent-majoF
et
y a tfn
plusieurs
sergents allemands.
Mon
cher père, je m'arrête, car j'en aurais trop à^
pour protester contre
te dire
envoyé.
En somme,
les
l'article
bien nourris, bien habillés, bien traités. Il
contre
couchés
ne faut rien demander de plus
attaques
les
que vous m'avez
légionnaires sont heureux,
la
qu'une jalousie mal
bien
et
et
mépriser
placée
organise
Légion étrangère.
Van Eckaute. ù* compagnie,
2 étranger, à Guicer e
par Casablanca (Maroc).
Dans la Gazettede Lausanne du 29 août on trouve des déclarations semblables, par un ancien légionnaire allemand,
1913, faites
nommé
François Boillet. Vous avez lu dans les
Allemands
les
dernières dépêches
Légion étrangère.
J'ai
honte de mes compatriotes, et
malgré^mon origine badoise, crier bien
comment
avec acharnement la
maltraitaient
je
haut que ce ne sont
me
là
fais
un
devoir de
que calomnies.
240 LA QUESTION DE LA LEGION ÉTRANGÈRE Pendant douze ans que lore,
j'ai servi le
drapeau
au Soudan, au Maroc, jamais je
plaindre de mauvais traitements.
de tous
les
que
connus
j'ai
Allemands
et soldats
Il
en
eu à
n'ai est
de toutes
trico-
de
les
me
même nations
qui ont combattu à mes côtés. Tous
et
sont unanimes à proclamer la bonté de nos chefs et
clémence
justice, la
même
qui régnent dans
ments étrangers. Et ce que j'avance, je puis
le
la
les régi-
prouver.
Voici de nombreuses lettres écrites en français et
en allemand qui
me
sont parvenues d'anciens cama-
rades de la Légion. Quelques-unes prouvent surabon-
damment qu'on
Du
reste,
malheureux
pour vous montrer
je vais vous citer
Au
n'est pas
la
à la
Légion.
bonté de nos chefs,
une anecdote.
retour d'une reconnaissance,
un de nos cama-
rade^, exténué de fatigue, sortit des rangs et s'affala
sur le talus bordant cela,
la route.
Notre capitaine, voyant
descendit immédiatement de
crocha
le
sac de notre
propres épaules, puis sa bête.
il
camarade,
fixa
sur
ses
aida le malade à se hisser sur
La colonne rentra
rentrés, nous
son cheval, déle
ainsi
acclamâmes notre
au quartier. Aussitôt capitaine...
Promettez-moi de défendre un peu notre chère Légion par
la voix
de votre journal. Dites bien que
TÉMOIGNAGES D'ÉTRANGERS les soldats
qui y sont arrivés
les
241
uns désespérés,
les
autres déshonorés, sont devenus de braves cœurs, et
ont été traités beaucoup mieux qu'on ne Test dans
une caserne allemande.
Voici enfin
un témoignage un journal
a été publié par
qui, à la vérité,
français,
mais dont
aucun organe allemand ne pourra discuter l'authenticité ni la spontanéité.
Le
7 février 1914, le
écrite
lonel autrichien ger,
Matin a publié une
au major du
pour approuver
le
un rengagement à
trouve
«
)>.
1 er
régiment étran-
désir de son
tracter
fait
lettre
quelques semaines auparavant par un co-
la
fils
extraordinairement heureux
En
de con-
Légion, où
il
se
et satis-
voici la traduction, d'après le texte
original, dont j'ai
pu reproduire
la
photogra-
phie en tête de ce volume, grâce à l'obligeance
de la direction du Matin
:
Sankt Peter, près Gratz (Autriche) y le
28 décembre 1913.
Très honoré Monsieur
Mon fils, Bruno
le
major,
de Benedict, vient de
me faire con21
242 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE naître son intention de se rengager
pour dix ans à
te
Légion.
Comme
son état de santé
s'est
beaucoup amélioré dam
ces derniers temps, et qu'il se trouve extraordinairemen,
heureux
et satisfait
ment d'accord avec
En même sance,
très
à la
la
Légion, je
me
démarcke de mon
déclare pleine- I fils.
temps, je vous exprime toute
honoré Monsieur, pour
l
ma
appui,
reconnaisl'intérêt
a
la bienveillance
que vous avez accordés à mon
vous prie de
continuer à l'avenir votre gracieuse pro-
à
tection,
lui
fils,
et je
montre digne.
la condition qu'il s'en
Avec V expression de ma considération
la
plus
distin-
guée, je suis votre très dévoué.
Benedict, colonel de réserve,
On
observera qu aucune autorisation pater-
nelle n'étant nécessaire
rengagement,
que
le
c'est
pour contracter un
de son propre mouvement
colonel a donné à la Légion ce précieux
témoignage d'estime, dont itablement exceptionnel
le
caractère est vé
et décisif.
TROISIÈME PARTIE DISCUSSION
XXV LE CONTRAT D ENGAGEMENT EST-IL DE DROIT PUBLIC OU PRIVÉ
La question de savoir gagement à privé,
qui
la fait
Légion le
est
le
si
?
contrat d'en-
de droit public ou
fond de
de la Gazette de Francfort,
l'argumentation et
à laquelle on
semble attacher une très grande importance en Allemagne, constitue un problème juridique dont
il
serait impertinent à
de vouloir donner la solution.
un profane
244 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE D'après la Gazette, la Cour de Cassation a jugé, contre le
gouvernement
français,
que ce
contrat est de droit privé, mais la thèse gou-
vernementale a
été
sanctionnée par
la
Cour
Permanente d'Arbitrage.
Au premier
abord, on peut estimer que la
situation n'est pas tout à fait aussi nette que
l'indique cet article. Si l'on se reporte, en
à
sentence arbitrale, dont
la
dans
le
le texte est
effet,
donné
Rapport du Conseil administratif de
la
Cour Permanente d'Arbitrage pour Vannée 19G9,
on constatera que juger
Tribunal
s'est
gardé de
point de droit. Ce dernier portait sur
le
conflit
le
le
survenu entre
l'autorité militaire
française et l'autorité consulaire allemande, qui, toutes deux, prétendaient exercer leur ju-
ridiction sur les légionnaires
mande
:
la
d'origine
alle-
première, en raison de leur qualité
de soldats français, servant en territoire oc-
cupé par lité
la
France, et
la
seconde, vu leur qua-
de sujets allemands se trouvant en pays
soumis au régime des capitulations.
Le Mémoire présenté par
le
gouvernement
LE CONTRAT D'ENGAGEMENT
allemand poussait
d'ailleurs sa thèse juri-
dique à ses conséquences
en attaquant
dans son essence. Suivant gagement, ne liant
simple et
«
la
lui, le
contrat d'en-
légionnaires à l'Etat
les
un temps déterminé,
est
l'article 138
comme mœurs
allemand,
«
un
militaire, par
»
;
sujet
du Code
contraire à l'ordre
public et aux bonnes a soustrait
un
devient nul, aux termes du
tel, il
paragraphe premier de
il
Légion jusque
contrat de services de droit privé
comme
civil
plus générales,
les
de
l'institution
français que pour
245
»,
dans
le
cas où
allemand à son devoir
exemple dans
le
cas où
il
est ap-
pliqué à un déserteur.
Nous reviendrons plus des déserteurs. Pour
le
loin à cette question
moment, nous n'avons
à considérer que la question préjudicielle.
Or donc,
le
Tribunal arbitral
commença
par se refuser à la trancher en principe, pour les
motifs suivants
Considérant que été parlé
:
le conflit
de juridictions dont
il
a
ne saurait être décidé par une règle absolue
qui accorderait d'une manière générale
la
préférence, 21.
246 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE soit à
Tune,
currentes
soit à l'autre des
deux
juridictions con-
;
dans chaque cas particulier,
Que,
compte des circonstances de déterminer
il
faut tenir
qui sont de nature à
fait
la préférence...
Mais ce
considérant
immédiatement
est
suivi d'un autre, qui tranche la question, en
dans
fait,
le
importe, en
sens de la thèse française. Peu effet,
que
le
juger que l'espèce qui
que ce l'on
qu'il
Tribunal
lui était
en dit s'applique à tous
pourra imaginer
Considérant que
la
n'ait
voulu
soumise, puisles cas
que
:
juridiction
du corps d'occupa-
tion doit, en cas de conflit, avoir la préférence, lors-
que
les
personnes appartenant à ce corps n'ont pas
quitté le territoire placé sous la domination diate, durable
et effective
de
la force
immé-
armée...
Nous.n'en demandons pas davantage, puisqu'il résulte
trine
de là que, conformément à
présentée par M.
Weiss, dans
les
deux
le
la
doc-
professeur André
Mémoires
français,
l'Allemagne ne saurait avoir aucune qualité
247
LE CONTRAT D'ENGAGEMENT
pour s'immiscer dans Légion
Sous
de
la
est
avant tout soldat;
:
«
les affaires intérieures
n'est
il
patrie est celle qu'il a lois militaires
drapeaux*
les
soldat
que soldat; sa
promis de servir;
de cette patrie
les
et ses juridic-
siennes». Qu'un
tions sont les
le
légionnaire
déserte ou quitte régulièrement le service à la tin
de son engagement,
et qu'il
commette
l'im-
prudence de retourner en Allemagne sans y être
sous
en règle avec le
coup des
la loi militaire,
lois
il
retombera
de son pays natal,
et
n'aurons aucune objection à formuler
exemples en sont nombreux, de Charles Schneider, 219).
Mais tant
c'est-à-dire,
cité
:
les
et tel est le
cas
plus haut (page
est sous les drapeaux,
par définition,
«
en territoire placé
domination immédiate, durable
sous la effective
qu'il
nous
de
soumis à
la
force
armée française
la juridiction
exclusive
», il
et
est
de l'Etat
français. C'est là, en vérité,
avec une
telle
un principe qui s'impose
évidence, qu'on se
quelles arguties de chicane
il
demande par
est possible d'y
248 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE trouver matière à un procès international, et
de voir un lien quelconque entre
l'arrêt
de
Cassation du 10 décembre 1879, établissant
que
ne saurait statuer sur
l'Etat français
le
contrat d'engagement sans le consentement de l'intéressé, et la prétention
à s'immiscer dans
la
de l'Etat allemand
rédaction et l'applica-
tion de ce contrat.
Mais, lors
même
que l'opinion de
de Francfort serait
même
qu'il
y
la Gazette
fondée, c'est-à-dire lors
aurait contradiction entre l'arrêt
sentence arbitrale, cette dernière consa-
et la
crant la thèse
du gouvernement
français,
que
sinon admettre que, dans l'ordre inter-
faire,
national, la question est actuellement tranchée
par
la
haute autorité de
la
Cour Permanente
d'Arbitrage, dont le gouvernement allemand avait
demandé
et
a loyalement accepté
la sen-
tence?
Que
les spécialistes
du
droit des gens con-
tinuent à la discuter dans leurs Congrès et leurs savantes revues, rien de
mieux
:
un jour
finira par venir, où, à la suite de leurs travaux,
LE CONTRAT D'ENGAGEMENT l'accord désirable s'établira sur
dence unique
249
une jurispru-
Mais vraiment,
et définitive.
il
polémique de presse,
n'y a point là matière à
ni à déclamations de réunions publiques. Plaise
aux dieux que et
les
dissentiments entreFrançais
Allemands ne portent jamais que sur des
questions aussi abstruses, aussi faites pour être
gravement examinées par de paisibles
ristes,
dans
le silence
Cette réserve le
ftiite
du cabinet sur
ju-
!
point de savoir
le
gouvernement allemand a
le droit,
si
ou non,
de critiquer officiellement le contrat d'engage-
ment à prit
Légion, nous pouvons examiner
la
l'es-
de ce contrat. Car peu importe qu'il puisse
ou non, cielles
:
être
l'objet
représentations
de
le seul fait qu'il est
qué dans
le
violemment
public constitue
oblige à rechercher
si les
oppose sont fondées, fois illicite et léonin.
s'il
offi-
criti-
un danger
et
objections qu'on lui
est exact qu'il soit à la
XXVI DES SOLDATS DE METIER, EN GENERAL
Sur
le
Légion, détail il
principe
même
de l'existence de
abstraction faite
et
que comporte
le
contrat d'engagement,
de séparer, dans
convient
la
des clauses de
deux notions qui sont bien
la
discussion,
distinctes
des soldats de métier, en général,
:
celle
et celle
des
soldats étrangers.
On la
a vu en effet que certains adversaires de
Légion s'adressent à notre démocratie sur
un ton de reproche amical, pour songer au tort moral qu'elle se
ployant dans son armée des des
gens
d'hommes
qui ».
font
«
«
l'inviter
fait
mercenaires
métier
de
à
en em»,
tueur
SOLDATS DE MÉTIER, EN GÉNÉRAL
Nous ne pouvons
être
251
que pleins de recon-
naissance pour la sollicitude que l'on témoigne
au bon renom de
ainsi
on ne
la
République
;
mais
s'étonnera pas de ce que nous désirions,
autant
que
mêmes,
et
nous occuper
possible,
nous-
en toute indépendance, du maintien
de ce bon renom.
Assurément,
des
conseils
-toujours être les bienvenus.
d'ami
Mais
doivent
ici,
ce ne
sont pas précisément des amis qui ont atta-
ché
le grelot, et
mêmes
ils
l'avoir fait
veillance
;
ceux qui
ne prétendent pas euxavec discrétion
méconnus
brouiller et rer des
et
de n'arriver
envenimer
bien-
dans
pures, risquent donc
les intentions les plus
d'être
et
les suivront, fût-ce
qu'à
la situation, et
à
ems'atti-
réponses désobligeantes. Le moins
qu'on puisse leur
dire, c'est que, tout
en recon-
naissant volontiers que nos institutions et nos
mœurs
sont encore trop peu démocratiques, trop
fortement des
siècles d'absolutisme qui ont
pesé sur notre
et
se ressentent encore
pays, nous pouvons souhaiter aux Allemands
252 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE de parcourir à leur tour
chemin que nous
le
avons derrière nous. Notre démocratie
est
bien imparfaite, soit; mais qu'ils atteignent
seulement pareil résultat, lité
auront qua-
et ils
pour nous donner conseil en matière de
démocratisme. Il
n'en est pas moins utile de faire remar-
quer que
la question
de la légitimité du ser-
vice militaire obligatoire est encore contestée
par bien des gens. Sans doute,
du continent européen
démocraties
les
se sont vues obligées
d'instituer ce service, à l'exemple
du
très
démocratique royaume de Prusse. Mais qui constituent
le
monde anglo-saxon
celles
persis-
tent à n'en pas vouloir entendre parler,
nom
de
la
que, dans
le
liberté individuelle
:
peu
au
convaincues
cas d'une attaque, l'esprit civique
de leur population leur fournira
les
défenseurs
nécessaires, elles se contentent d'une
armée
permanente composée de cesjiommes que, selon l'angle sous lequel on voit les choses,
on
nomme
naires.
des
volontaires
ou des merce-
SOLDATS DE MÉTIER, EN GÉNÉRAL
253
Notons à ce propos que certaines questions de mots ont une grande importance en
Nous venons d'indiquer que
tière.
du
tout la
même
la
ma-
ce n'est pas
chose, que d'appeler les en-
gagés (nationaux ou étrangers, peu importe) des volontaires ou des mercenaires. Mais que dire de
de
la
M. Gothein qui, dans
la
consultation
National Zeitung, citée plus haut, stig-
matise, à propos de la Légion, le « métier de
tueur
d'hommes
».
Cet honorable député
a-t-il
songé que cette qualification désobligeante ne s'applique pas seulement à ceux qui s'engagent
comme cer,
simples soldats avec l'espoir d'avan-
mais aussi à tous
les officiers, à tous les
sous-officiers rengagés? Parole
qui pouvait
lui
attirer
un bien beau procès
pour offense à l'armée allemande
Quoi
qu'il
en
soit,
il
imprudente,
n'est
!
pas nécessaire de
sortir du continent européen pour trouver des adversaires du service militaire obligatoire,
même
en dehors des milieux tolstoïens ou
anarchistes.
Par exemple,
le
Courrier de la Bourse, de 22
254 LA QUESTION DE
U
LÉGION ÉTRANGÈRE
demander
Berlin, s'étant avisé de
«
s'il
n'est
pas temps de faire disparaître, par un accord international, des
troupes mercenaires dont
sentiments du
l'existence heurte les civilisé
»,
monde
M. Henri Follin répondit, dans
numéro de décembre
le
1913 de V Individualiste
européen, par cette réflexion* d'une profonde ironie
:
délicatesse
du monde
civilisé! Il n'est pas heurté-
de voir arrachés à leurs familles
à
et
leurs
des millions de jeunes gens qu'on oblige à
caserne en attendant qu'on cherie.
Mais
il
serait
les
la
la
utilisât
aux.
guerre quelques milliers-
de déclassés qui, eux-mêmes, ne
bons à autre chose
aller- à
oblige à aller à la bou-
choqué que l'on
répugnantes besognes de
travaux
se
reconnaissent pas
!
Cette remarque, à la vérité, est surtout
boutade de philosophe exaspéré par
une
la sottise
des préjugés dominants. Mais d'autres motifs, d'ordre concret, déterminent d'autres auteurs
à se prononcer contre Aï.
le
Poimiro, par exemple,
service obligatoireécrit
:
SOLDATS DE MÉTIER, EN GÉNÉRAL
255
~Nous ne méconnaissons pas la valeur morale d'une
conception qui astreint tout les
drapeaux, quoi qu'il
si
une
qu'elle
pareille théorie n'est
amène
leurs effectifs
les
ïurriîtt iront
monde
à passer sous se
demander
pas dangereuse, puis-
nations à augmenter incessamment
militaires,
vant plus en supporter s'en
le
permis de
soit
jusqu'au jour où, ne pou-
les
charges financières, elles
au sort des armes pour trancher leurs
rivalités.
Nos préférences vont, sans hésitation, aux armées de métier qui n'enrôlent que des gens aptes physi-
quement
et
intellectuellement au métier des armes
ce qui n'est pas toujours le cas, de nos jours le
monde
bles,
est
appelé sous les
;
où tout
drapeaux, forts ou
fai-
courageux ou lâches, patriotes ou antipatriotes,
amis ou ennemis du pays. Ces troupes de métier représentaient suffisamment
comme
solidité, et si leur
ment moindre que
coût n'était pas relative-
celui de nos
elles avaient l'avantage,
faire faucher, sur les
armées obligatoires,
en cas de guerre, de ne pas
champs de
bataille,
toutes
le-
jeunes forces physiques ou intellectuelles d'un pavs.
Le patriotisme n'en suffit
de
se
était
pas
moins ardent,
il
rappeler celui de nos anciennes popula-
256
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
tions.
L'exemple que, de nos jours, nous donne
peuple anglais,
Mais
est sous ce
rapport plus que probant.
cette théorie que,
crois aussi erronée
le
pour
ma
du point de vue
que du point de vue moral,
part, je
militaire
n'est professée,
en France, que par une faible minorité
:
à
l'opposé des Anglo-Saxons, nous considérons
presque unanimement,
mands, que
comme
font les Alle-
la défense nationale est
un devoir
primordial, incombant à tous les citoyens
capables d'y contribuer d'une manière quel-
conque.
Nous
allons
même
plus loin, et nous pen-
sons que l'existence de troupes composées de soldats de
métier,
ou
même
seulement de
troupes contenant une forte proportion de ces soldats, constitue les libertés
ment que
un danger permanent pour
publiques
l'armée, en
:
nous voulons ferme-
temps de guerre,
soit la
nation en armes, entièrement levée pour sa défense, et qu'en
temps de paix,
rien de plus que l'école
préparée.
où
cette
elle
ne
soit
défense est
SOLDATS DE MÉTIER, EN GÉNÉRAL Mais nant
il
la
ne
s'agit
pas
d'opérations concer-
défense nationale. L'occupation de
territoires coloniaux taire, et
ici
257
où
l'état
soumis au régime mili-
de guerre est permanent, est
à proprement parler une tâche de gendarmerie
ou de police générale. Or, bien que la police et la gendarmerie
accomplissent une mission que Ton peut assimiler dans une certaine mesure à la défense nationale, puisqu'elles préservent la société
contre les agents intérieurs de sa dissolution, il
n'est
encore venu à
l'esprit
de personne de
proposer qu'on les recrute par voie d'obligation: ce sont partout des métiers
proprement
exercés par les gens à qui
conviennent.
A
ils
dits,
plus forte raison doit-il en être ainsi des
corps consacrés à la police coloniale, puisque leur action s'exerce dans des pays dont
on ne
hommes
quel-
peut imposer
le
climat à des
conques. Le service aux colonies ne doit être exécuté que par des volontaires;
et l'une
nombreuses objections que soulève
des
la poli-
tique coloniale de notre République, avec ses 22.
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
258
conquêtes démesurées, est s'est fréquemment
service obligatoire.
lent citoyen, prêt à
d'office,
On
l'on
des
hommes
peut être un excel-
donner sa vie pour dé-
fendre la patrie attaquée, et aller servir
où
trouvé (actuellement encore
au Maroc), d'y employer,
du
la nécessité
ne pas vouloir
aux colonies.
Bien entendu, ces considérations ne s'appliquent
qu'aux citoyens
de la
Quant à ceux qui sont nés ou nies, qui
médiats
métropole
fixés
aux colo-
y possèdent donc leurs intérêts imqui y sont acclimatés r c est évidem-
et
ment sur place que s'impose
à eux
le
devoi
civique de défense nationale. Notons d'ailleurs que, depuis qu'on leur applique l'obligation
du
service (c'est-à-dire théoriquement, depuis
1905, et
en
fait,
depuis la présente année., on
a reconnu la nécessité de leur épargner un trop fort
changement de climat pourquoi transfor;
mer en une être
de
un
la
situation privilégiée ce qui devrait
droit également
métropole
reconnu aux entants
?
Finalement, donc, non seulement l'emploi
SOLDATS DE MÉTIER, EN GÉNÉRAL
de
soldats de métier est légitime
259
aux colonies;
mais une armée coloniale sainement organisée ne devrait comprendre, en dehors d'eux, que le
petit
nombre des hommes du contingent
qui s'engagent pour y accomplir leur temps de service légal, et l'ensemble des citoyens nés
ou domiciliés aux colonies; que ces dernières moralement, en à leur sécurité.
cela,
en attendant
soient, matériellement et
état
de pourvoir elles-mêmer
XXVII
DE L'EMPLOI
DES ÉTRANGERS
EN TEMPS
DE GUERRE, NOTAMMENT EN ALLEMAGNE
Tous
les Etats,
i j
sans aucune exception, a(|
mettent qu'en temps
de guerre une armél
peut comprendre des volontaires étrangers] et
l'ennemi considère ces soldats
belligérants réguliers, au
même
comme
titre
de!
que kl
nationaux. Il
ne
s'est
pas livré une guerre où l'on ni
puisse citer de
nombreux exemples
d'étranger!
armes, soit par conviction polil
ayant pris
les
tique, soit
simplement par goût des aventures
tantôt
ils
sont enrôlés et servent isolémen
dans des corps quelconques,
et tantôt,
s'il
sont assez nombreux, on en forme des unité
l'emploi des soldats étrangers
261
constituées. Les Polonais et les Garibaldiens,
notamment, ont toujours peau de au
la
quand
liberté,
afflué sous le drail
était
menacé, ou
secours des peuples opprimés.
quels services 1870-71, ainsi
ils
que
j'aie
même
cette
sait
ont rendus à la France en
Légion hellénique
la
d'autres volontaires étrangers
sans que
On
pu
;
le vérifier,
guerre,
et
il
a été
dit,
que, pendant
Allemands
les
bien
et
ont dû
combattre certains de leurs compatriotes,
ori-
ginaires des pays que la Prusse avait annexés trois
ans auparavant.
Je puis suivante.
citer,
à ce sujet, la curieuse anecdote
Le lendemain de Sedan,
mon
père,
alors chef de bataillon, et qui parlait l'alle-
mand
à la perfection, rencontra
amis, officier d'état-major, qui
le
un de
ses
pria de venir
aider les camarades alors occupés, avec des officiers
allemands, à régler
cution de la capitulation
:
la
les détails d'exé-
négociation traî-
nait en longueur, faute d'une suffisante con-
naissance des langues de part
et d'autre.
Mon
père accepta naturellement cette pénible cor-
262 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE vée
;
quand tout
et,
rieur allemand
courtoisement
vous
le
:
«•
fut réglé,
un
officier supé-
prit à<part, et lui dit très
Monsieur
ferez bien, quand
mon camarade
vous serez en captivité
de ne plus parler allemand: on vous reconnaîtrait,
et cela
pourrait vous nuire
devant Tétonnement manifesté par il
lui
mon
expliqua qu'il l'avait pris pour un
Et;
».
père
Hano
vrien.
Ce cas de l'engagement de ressortissants l'Etat et
ennemi
et
d<
d'une légitimité contestable!
se produit d'ailleurs fort rarement. Mai;
quant aux
hommes
neutres, leur
guerre
originaires
engagement pour
est, je le répète,
la
des
Etatî
durée d'uni
chose normale
et ad|
mise partout.
Cela,
En
même
en Allemagne.
droit, la question
Dans son monumental
ne
fait
aucun doute
traité sur
le
Le
drai
public de l'Empire allemand, M. Paul Labanc
professeur à l'Université de Strasbourg,
cil
l'emploi des soldats étrangers
263
par M. Poimiro, dit d'abord, en ce qui con-
cerne les troupes mercenaires en général Lorsque
les
besoins militaires ne sont pas entière-
ment remplis par l'Etat
se voit
:
forces nécessaires.
service
le
forcé
de
se
obligatoire
général,
procurer par contrat
L'introduction du service
les
mili-
taire obligatoire n'exclut pas ce dernier.
Puis, en ce qui concerne particulièrement les étrangers
:
Les étrangers peuvent sans doute être admis à ser-
dans
vir
mande mais
et
(1),
ils
En
l'armée
ou dans
la
;
ce qui concerne la marine, à la vérité, citée
ne prévoit
l'engagement
rengagement d'étrangers que
siniers et sommeliers.
Pendant
la
sous-officiers
;
Mais
ils
l'état
comme
cui-
elle ajoute:
durée de leur service,
des personnes de
(i)
flotte alle-
n'y sont jamais tenus.
l'Ordonnance et le
de terre
prendre volontairement du service
militaire
;
font partie
ils ils
ont rang de
sont soumis aux lois et règlements
Wehrordnung (Ordonnance sur l'armée),
article 21,
n° 4, et Marineordnung (Ordonnance sur la marine), article 37
,
n°
1.
264 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE militaires
;
ont droit à l'assistance en cas d'inva-
ils
lidité.
Ces dispositions indiquent nettement s'agit ici
qu'il
d'engagements admis d'une manière
nullement exceptionnelle, mais permanente, dès
le
temps de paix
rapprochées de
;
mation de principe posée par M. elles laissent
Pour
comme dans
cette dernière,
en
suffît à cet
ci-dessus, les
Le premier
égard de
les
effet,
aucune contes-
comme
en droit.
après les textes
citer,
exemples suivants. officier
de l'armée allemande
qui fut tué en 1870 était un Anglais,
Winslow
;
il
faisait partie
de
la
qui fut enlevée à Schirlenhof, les
com-
l'armée de terre.
tation n'est possible, en fait Il
Laband,
supposer qu'en temps de guerre
on accepterait des étrangers* parmi battants, tout
l'affir-
nommé
reconnaissance
le
25 juillet, par
chasseurs du sous-lieutenant de Chabot,
et dont le chef, le comte de Zeppelin, revint seul (i)
(1).
Episode rappelé par M.
Temps du a3 janvier 1914.
Reginald
Kann, dans
le
l'emploi des soldats étrangers D'autre part, on trouve dans la Revue
janvier 1914, intitulé
:
Un
le
du 15
compte rendu d'un volume
Grec sous
1870. L'auteur,
265
drapeau prussien en
le
M. E. Rangabé,
était,
au début
de la guerre, élève dans une école militaire prussienne, et
fit
toute la
campagne avec
le
grade de Portepee-Faehnrich (enseigne, aspirant-officier). Peut-être se trouva-t-il
un jour
en face de ses compatriotes de la Légion
nique
Que parti
serait-il arrivé, si l'Angleterre avait pris
pour
la
ralisant, la
France,
Grèce
et
la
si,
guerre se géné-
était entrée
opposé à l'Allemagne, ou l'autre
helli-
?
dans
le
camp
seulement l'un ou
si
de ces pays avait été entraîné dans quel-
que autre guerre. Leurs tanément sous raient-ils
sujets, servant
le
drapeau
pas subi
le conflit
momen-
allemand, n'aude devoirs que
Allemands nous reprochent de créer ? Et
on pas fondé à dire que, par sa propre
les
n'est-
législa-
tion et par ces précédents, l'Allemagne a ruiné
à l'avance
la thèse qu'elle a
Cour d'arbitrage dans
soutenue devant la
l'affaire
de Casablanca 23
?
266 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈBf: Et, d'autre part, si le
mand
gouvernement
ail
veut qu'on prenne au sérieux son opp
sition à l'emploi de volontaires étrangers,
devrait, par
une juste
au moins à ceux de
réciprocité, interdi]
ses sujets sur lesquels
a prise, de combattre sous un drapeau étrange 1 Or, dans la récente guerre des Balkans, dis
que
les officiers
te
de la mission française
Grèce ont conservé leur uniforme national n'ont pris aucune part aux hostilités, ceux la
mission allemande en Turquie portait
l'uniforme ottoman et combattaient en Thra
Notamment,
le
lieutenant bavarois Preysî
commanda un détachement lieutenant-colonel von
vembre
1912,
à la tête
e1
en
était,
]
du détachement
Derkos (Temps du 24 janvier Mais
de cavalerie,
Lossow
1914).
les freiwillige Kriegsteilnehmer,
ou
t
gagés volontaires pour la durée de la guer
ne sont^ pas admis seulement dans Tarn continentale.
On
seule sérieuse
campagne coloniale que
mand s
les vit intervenir lors de les
A
aient encore soutenue, la guerre con
l'emploi des soldats étrangers es [es
Héréros, en 1905-1906. Le
?n
son temps, partons
Iré
Fribourg
lui a
fait fut
267
signalé,
les journaux, et
M. An-
consacré un article très do-
cumenté dans Y Opinion du 29 novembre 1913.
On
i
ignore
le
nombre
lurent enrôlés de la sorte té
élevé,
si
l'on juge
qui
total des étrangers
par
;
mais
doit avoir
il
deux
les
sui-
faits
En août 1904, il arriva une troupe de Boers, commandée par le général Maritz;
ants.
00
sur une liste de tués, insérée dans les Vier-
t
djahrshefte fur Truppenfùhrung
i
und Heeres-
unde (Cahiers trimestriels pour la conduite es
troupes et
l'art
militaire),
que publie
le
rand état-major, on relève au moins neuf olontaires boers, italiens et français. es
derniers eut
même
ogieuse que voici
Huet avait Ile
j
:
il
aux
cuirassiers, à
Luné-
avait pris part à l'expédition de Madagascar, et
décoré.
Dans
au service de l'Allemagne,
lent un excellent soldat ldat) y
de
:
servi huit ans
avait été blessé
ricain,
Un
l'honneur de la notice
d'après le
le
Sud-Ouest
se
montra éga-
(ein aeusserst
bmuchbarer
jugement de
il
ses supérieurs.
26S LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Voilà donc un Français mort au service de l'Allemagne, parmi bien d'autres étrangers, et
de manière à mériter un
de ses chefs. Je fit il
me
hommage
alors le tour de la presse française
aucun journal pour
n'y eut
l'égard de nos voisins
bourgeois
le
professeur
:
français,
dans leur
égoïsme, trouvaient et continuent de trouver
mode
de faire conquérir
mais
se permettre à
Karl von Stengel, écrivant ceci les
;
un jugement ressem-
blant à celui que nous applique
Les paysans et
spécial
souviens que cet épisode
et
com-
défendre leurs colonies
par des mercenaires allemands, qui
les
dispensaient
d'y risquer leur peau (1).
On
eût été en droit, pourtant,
une opinion de ce genre, car
ou force
d'exprimer
la Schutztruppe*
coloniale, ne comptait à cette époque,
dans le Sud-Ouest africain, que 821 hommes. A la
première
alerte,
plus de 5.000 (i) Article
dans
on
lui
hommes
envoya d'Allemagne de renfort, auxqueh
la Zeilschrift jiir
Politik, 1913, vi, cit
par M. Pohl.
I
269
l'emploi des soldats étrangers
s'ajoutèrent plusieurs centaines de volontaires
étrangers; ces derniers y formèrent donc une
proportion incomparablement supérieure
des 5.700 étrangers de nos armées afri-
celle
caine et coloniale
Tout
même
(1).
cela est intéressant à rapprocher de
ce qu'on écrit en
de
à
de
la
Allemagne contre
Légion,
et
principe
le
notamment de
concluant que l'em-
la Gazette de Francfort,
ploi de soldats étrangers
l'article
«
n'est plus
compa-
avec la conception moderne de l'Etat
tible
On
vient de voir, en
non seulement de
effet,
droit,
que
cet
emploi
».
est
mais de pratique cou-
rante en Allemagne.
Les Allemands seraient-il seuls à l'ignorer? (i)
En
1913, et pour tout l'ensemble des colonies alle-
imandeSjla Schutztruppe comptait 6.470
(Européens
et
hommes
(dont 2.448
4.022 indigènes), à qui s'ajoutaient
jhommes de police (dont 782 Européens
et
t.o32
2Ôo indigènes).
XXVIIÏ
DÉSERTEURS, OU ÉMIGRÉS?
A
cela,
on objecte que ces hommes,
soustraits
au pénible
effectivement
indirectement:
leurs
frères,
de combattre
les
combattent
rendent service à la nation
ils
ennemie de leur
devoir
même
patrie,
en remplaçant aux
colonies ses propres nationaux, qu'elle vrait
y
pour
la
est
maintenir, et dont
de-
peut disposer
guerre en Europe. L'allié de l'ennemi
un ennemi, et
former un
un
elle
l'on n'a
homme
pas
le droit
de trans-
en ennemi de sa patrie, en
déserteur à l'ennemi, de l'amener à violer,
directement ou non,
le
serment que dans cer-
DÉSERTEURS, OU ÉMIGRÉS
271
?
tains pays, on lui a fait prêter lors de son in-
corporation.
Remarquons tout d'abord que la considération du serment militaire, soulevée par tous les
auteurs allemands à propos de la Légion,
n'a rien qui doive
nous frapper. Nous pour-
rions nous borner à lui opposer que c'est là
une
allemands
affaire enlre les soldats
gouvernement,
res interalios acta,
concerne aucunement. Mais
sommes en
il
et leur
qui ne nous
y a mieux nous :
que ce serment
droit de dire
est
dépourvu de toute valeur juridique, comme contraire, précisément, à cet ordre public que l'on
invoque
C'est,
en
si
volontiers contre la Légion (1).
effet,
d'une manière tout à
abusive que Ton assimile
ici les
de
Que
aux
jurent fidélité au roi
de Prusse, rien de mieux volontaire, et les Note pour
et
ceux-ci, faisant librement choix
la carrière militaire,
(i)
du
soldats
contingent aux engagés volontaires officiers.
fait
le
oblige
:
donc en droit
lecteur allemand:
aucun serment politique ou
leur serment est
militaire.
il
n'existe en
et
en
France
272 LA QUESTIOxN DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE conscience. Mais
crues ordinaires.
tel n'est
La
loi
pas
cas des re-
le
leur impose le service
militaire et la discipline, sous peine de sanc-
Un beau
tions sévères.
on leur
même
lit
si
jour,
une formule, on
la
les
rassemble,
les
oblige à jurer,
mort pour défendre son
leur père est
pays contre
on
conquête allemande. C'est
là
une extorsion de consentement, une violence, qu'ils subissent faute et
s'y soustraire,
qui peut bien les exposer aux rigueurs du
Code de
justice militaire allemande,
ne saurait ni
de pouvoir
les lier vis-à-vis
mais qui
de leur conscience,
aux yeux d'un gouvernement étranger. Mais,
cet
même
en débarrassant
élément mystique
cette objection
et
la
question de
inopérant,
de principe, que,
il
subsiste
la désertion
étant punie par les lois de tous les pays, l'en-
gagement de déserteurs étrangers toutes
circonstances, immoral,
l'ordre public. Et
serait,
en
contraire à
non seulement l'engagement
des déserteurs, mais celui des insoumis, qui
deviennent ainsi des déserteurs par anticipation; et
même
celui de tout
homme
en état
DÉSERTEURS, OU ÉMIGRÉS de porter
armes
les
273
?
appartenant
et
à des
pays de service militaire obligatoire, puisque cet
homme
serait rappelé
en cas de mobilisa-
tion.
Ceux qui soutiennent qu'il
cette thèse oublient
y a déserteurs et déserteurs.
Nous avons eu soin de distinguer
hommes
(chapitres
XV
entre ces
à XVIII). Les
uns ont
déserté pour quelque motif inavouable où à la suite d'un crime
odieux
;
s'ils
viennent à la
Légion, ce qui ne saurait être que bien rare, ils
y auront
chassés.
vie dure et en seront bientôt
la
D'autres,
moins grave
et
coupables
d'une
faute
disposés à revenir au bien,
trouvent là une occasion de relèvement moral et matériel
que
qui n'existe pas dans leur pays
celui-ci
leur tendre
:
ne nous reproche donc pas de
une main secourable.
Restent ceux qui ont déserté parce qu'on les molestait,
ou bien parce que, en leur âme
conscience, la
ils
et
ne se sentaient pas assimilés à
nation qui a conquis leur sol natal. Ceux-là, que peut-on leur reprocher? Ce ne
274 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE sont pas des déserteurs
Leur ancienne part, elle
à
ce sont des émigrés.
patrie peut regretter leur dé-
ne peut ni l'empêcher, ni s'opposer
ce qu'un autre Etat les recueille.
Ce serait •
:
sortir
de notre sujet que de discu-
du
ier ici la légitimité de l'émigration, ou
moins de rappeler elle a
donné
les
discussions auxquelles
question est désor-
lieu, car cette
mais tranchée. Elle opposait, jadis, deux idées contradictoires
:
que chaque
le droit
homme
a de disposer de sa personne, en vertu du principe de liberté individuelle, et
le
droit des
États à s'opposer à leur dépopulation. Or, au-
jourd'hui, la Russie reste
considère pas
le
le seul
État qui ne
droit à l'émigration^comme
appartenant naturellement à tout individu.
Les Allemands,
donc >
le droit
comme
les
Français ont
d'émigrer, c'est-à-dire de renon-
cer aux avantages que leur confère leur nationalité,
en
même temps qu'ils
de ses charges. Et
les
d'offrir leurs services —
s'affranchissent
émigrés ont
même
le
droit
militaires
—à
leur patrie d'adoption, qui a le droit de les
DÉSERTEURS, OU ÉMIGRÉS?
que Ton peut
accepter.
Tout
d'établir,
comme le fait
que celui qui
ce
275
faire,
c'est
la législation française,
dans une armée étrangère,
sert
sans y avoir été autorisé par son gouverne-
ment, perd par cela seul sa nationalité d'origine. Cette disposition peut apparaître
comme
une naïveté, puisqu'elle consiste à priver un
homme
de ce à quoi
noncé
mais
;
elle
des
l'avertit
qu'elle
établit
jour où
il
en
il
a volontairement re-
a son
utilité,
puisqu'elle
conséquences
de son acte, et
situation
à venir, pour le
sa
sera rentré dans la vie civile
réalité, la liquidation
;
c'est,
de son ancienne
si-
tuation légale, la reconnaissance de celle qu'il
a montré vouloir assumer.
Autrement
dit,
l'expatriation n'est pas seu-
lement une opération matérielle, un déménagement, par lequel on quitte un quartier ou
une
ville
pour s'en
aller habiter ailleurs
une rupture, un divorce, l'abandon de
;
c'est
l'an-
cienne patrie, l'adoption d'une patrie nouvelle:
on
s'ex-patrie.
peut
le
Et
regretter
;
la patrie
elle
qu'on abandonne
peut s'efforcer de retenir
276 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE ses enfants,
moyen
—
efficace
ce pour quoi elle n'a d'autre
que de
montrer plus
se
rable que tout autre pays. Mais possible,
dans
tenir par
l'état
il
dési-
lui est
im-
du monde, de
actuel
re-
force celui qui veut la quitter, et
surtout de l'empêcher de trouver accueil dans le
pays
qu'il a
librement élu.
Si l'on contestait ce droit
à disposer de lui-même,
de chaque
maintenir indéfiniment sur
homme
l'on prétendait
si
lui les obligations
militaires résultant de sa nationalité de nais-
sance, malgré sa volonté de s'expatrier, on en viendrait logiquement à poursuivre la suppres-
sion de certaines garanties que tous les pays civilisés
s'accordent à considérer
comme
gitimes et nécessaires. Par exemple,
il
lé-
ne fau-
drait pas de bien grands efforts à des juristes subtils
pour pousser
raisonnement jusqu'à
le
réclamer une énormité qu'ici, n'a
que personne, jus-
osé préconiser
:
l'extradition des
déserteurs et des autres accusés politiques.
Car
enfin, le fait de leur accorder asile n'est-il
pas, autant
que
celui
de
les
enrôler, quali-
DÉSERTEURS, OU ÉMIGRÉS? fiable
de « contraire à Tordre public
bonnes mœurs
On
277
voit
traîné, si
aux
» ?
combien
loin
Ton admettait
Allemands. Et
et
il
on pourrait la thèse
est à peine
être en-
juridique des
besoin de dire que
sous aucun prétexte, la France ne laissera contester son droit à accueillir les
hommes
qui se réclament de son drapeau,
à utiliser
leurs
services aussi
propres
fils.
bien que
et
ceux de ses
XXIX LES SOLDATS ETRANGERS, AUX COLONIES
Dans
ce qui précède,
nous ne nous sommes
engagements conclus par
occupés que des
des étrangers en vue d'une guerre déterminée,, et,
par conséquent, pour la seule durée de
cette guerre.
Mais, aux colonies,
manent. Cela ne
l'état
signifie
de guerre est per-
pas que l'on
s'y batte
constamment; maison y est constamment exposé à un départ inopiné en colonne ou à quelque insurrection locale;
les bataillons
Légion sont en première
dans
les ter-
pacification
est le
la
ritoires
militaires
moins assurée. Et
ligne,
de
où
la
les
engagés n'y sont pas
SOLDATS ÉTRANGERS, AUX COLONIES attirés accidentellement
grande conflagration,
telle
par
bruit
le
279 d'une
qu'une guerre euro-
péenne, mais y arrivent à tout moment, en un
courant continu.
La notion des engagements à terme, en vue d'un état de guerre qui est permanent, se substitue
donc
là tout
engagements pour
naturellement à celle des la
durée d'une guerre,
la-
quelle durée est indéfinie par définition. Et de
on en
là
l'idée
vient,
non moins naturellement,
à
de grouper tous ces engagés étrangers en
un corps
spécial, afin de
pouvoir mieux
les
instruire et les utiliser.
En
vérité,
il
est
impossible de concevoir en
quoi l'enrôlement d'un étranger,
durée tout à
fait
née, cesserait de l'être
quand il
est
un temps déterminé, en vue d'un permanent.il semble
où
la
licite
pour
la
inconnue d'une guerre don-
même
conclu pour
état de guerre
que ce dernier cas,
durée du contrat est spécifiée, est
le
plus
conforme aux principes généraux du droit quelle eût été la situation d'un «
pour
la
durée de la guerre
»
homme
:
engagé
au début de
la
280
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
Guerre de Sept ans, de de
celle
celle
de Trente ans, ou
de Cent ans?
Et, d'autre part, la question
examinée plus
haut (chap. XXVII), de l'emploi de volontaires étrangers contre leur pays d'origine, ne se pose pas, en ce qui concerne les Européens engagés
pour servir aux colonies. La Légion, en est
effet,
essentiellement instituée pour ce service
colonial, et
non pour amener des Européens à
combattre leurs
frères. Si
quelques-uns de ses
bataillons avaient à prendre part à une guerre
continentale, nous aurions, au contraire, intérêt évident à maintenir en Afrique les
patriotes,
non
deux bataillons de :
la
en 1870, quand
Légion furent envoyés
on eut soin de commencer par en
extraire tous les éléments allemands, laisser
com-
naturalisés, de nos ennemis.
C'est d'ailleurs ce qui fut fait
en France
un
en Algérie.
pour
les
XXX LES SOLDATS ETRANGERS, AUX PAYS-BAS
ET AUX ÉTATS-UNIS
11
est d'ailleurs
inexact que tous les pays
aient renoncé à incorporer des étrangers dans leurs troupes, dès le
temps de paix.
Les Pays-Bas ne possèdent pas,
une légion étrangère analogue à
dit,
l'a
nôtre les
;
comme on
mais
ils
la
admettent, en grand nombre,
étrangers dans leur armée coloniale, et
cela,
dans des conditions
étudier en vue de
l'objet
très intéressantes à
que nous poursuivons
ici.
Voici d'abord la reproduction textuelle d'un
placard
officiel,
imprimé en français par
les
282
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
soins
du commandant de
réserve coloniale!
la
à Nimègue.
CONDITIONS pour être admis au service militaire
dans une des Colonies des Pays-Bas.
Les étrangers qui veulent s'engager dans militaire d'une des être
admis sous
le service]
Colonies des Pays-Bas, peuvent conditions suivantes
les
1.
Ne
2.
Avoir une bonne constitution
:
pas être mariés. (les
myopes ne sont
pas admissibles).
m.
3.
Avoir au moins
4.
Être âgé de 18 ans au moins
la taille
de
i
et
55,
36 ans au plus
trente-sixième année pas accomplie). (21 ans pas accomplis) qui le service susdit, doit
produire un
sentement délivré par
Ce
désire
tente. Si le
consentement
est
faut produire l'acte de décès
donné parle tuteur,
il
Être
muni d'un
certificat
de contuteurs.
les
par l'autorité compé-
donné par
du
père.
la
mère,
Quand
il
faut produire un certificat
juge de paix, constatant 5.
Un mineur
s'engager dans
parents ou
les
certificat doit être légalisé
la
certificat
(lai
il
est
du
nomination du tuteur. délivré par
l'autorité
,
SOLDATS ÉTRANGERS, AUX PAYS-BAS 283 compétente, constatant qu'on a toujours été de
bonnes
mœurs.
vies et
Produire un acte de naissance ou de baptême.
6.
Ceux qui ont
7.
servi
doivent autant que possible
apporter leurs papiers militaires, tandis que ceux
qui n'ont pas servi, doivent produire
un
certificat
authentique, constatant qu'ils ont satisfait complè-
tement aux obligations militaires dans leur (Pour
les Suisses ce certificat est
patrie.
remplacé par un
acte d'origine). 8.
Un
9.
Le postulant
portrait légalisé par l'autorité compétente.
Commandant
doit se présenter en personne chez le
de
la
ou dans une des autres
garnisons du Pays (Maestricht,
Breda,
Duc, Bergen-op-Zoom). Celui qui le service susdit
prime de 10.
2
reçoit, sans
minimum
aux Indes
Indes occidentales,
est
et
de
six ans, tant
que pour
seulement
Réserve coloniale.
celui
comme
du jour de
tion de l'acte d'engagement par le la
admis pour
aucune retenue, une
orientales
soldat d'Infanterie, à partir
de
est
Bois-le-
25 florins des Pays Bas.
L'engagement
le service
Nymègue
Réserve Coloniale à
(Nijmegen), Pays-Bas,
pour aux
simple
la ratifica-
Commandant
.
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
284
Les anciens militaires pourront cependant s'en-
1 1
gager pour Tarnie dans laquelle condition que pour la cavalerie la est
de
i,65
mètre,
poids
le
ils
ont
taille
servi, à
minimum
ne dépassera pas
70 kilogrammes. 12. Savoir parler et comprendre parfaitement la langue
néerlandaise [flamande), ou allemande.
SONT EXCLUS DE TOUT ENGAGEMENT
1.
Les déserteurs.
2.
Les personnes émigrées à cause d'un délit politique.
3.
Ceux qui ont
quitté le service militaire soit d'une
manière non honorable, 4. Les Français, les
métans,
les
soit à
Wallons,
cause d'infirmités.
les Anglais, les
Maho-
Nationalités hors de l'Europe et les
Suisses qui n'ont pas l'âge de 20 ans accomplis.
PENSION ANNUELLE
Après un service de quinze ans aux Indes, on peut réclamer une pension annuelle, qui s'élève pour
Adjudant et qui
sous-officier à
566
florins des
monte pour chaque* année de
jusqu'à 666 florins.
un
Pays-Bas,
service de plus,
SOLDATS ÉTRANGERS, AUX PAYS-BAS Pour un Sergent-Major. » Sergent ou Fourrier » .
285
.
026-626
.
486-086
»
florins
»
»
Caporal
33o 460
»
»
»
Soldat
270-070
»
AVIS IMPORTANTS Il
n'y aura pas de paiement anticipé des frais
voyage, mais en quelques cas ces frais tués entièrement,
En
ou en
de
seront resti-
partie.
cas de refus à cause
d'inaptitude physique,
le
postulant sera rapatrié gratuitement.
Ceux qui sont
déclarés bons, mais dont les papiers
ne sont pas parfaitement en règle, seront logés, nourris et
—
—
au besoin
monnaie de poche,
le
habillés,
ils
recevront de la
tout aux frais de l'Etat, jus-
qu'à ce que leur acte d'engagement sera sera évident qu'ils Il
est
ne peuvent être admis au
recommandable de ne pas
l'intermédiaire de
ratifié
ou
qu'il
service.
se faire enrôler par
Soi-disants enrôleurs, le gouverne-
ment Néerlandais n'étant d'aucune manière en rapport avec de telles personnes.
L'enrôlement d'étrangers n'est pas du ressort des «
Agents
officiels »
l'enrôlement pour
qui en Hollande sont préposés à le service
aux
rsijmègue, novembre 1910.
colonies.
286
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
Je suis en mesure de compléter ces données
par des renseignements provenant directement
du
ministère néerlandais des Colonies.
Les conditions d'engagement ci-dessus exposées sont observées très strictement, notam-
ment en ce
qui concerne la nécessité de fournir
des pièces d'identité vie et
mœurs,
ainsi
et
un
certificat
de bonnes
que l'exclusion des déser-
teurs et des autres éléments spécifiés plus
haut.
Ces exigences morales s'expliquent tout naturellement par
le fait
que
les étrangers ainsi
recrutés ne sont pas destinés à former
un
corps spécial, mais à servir côte à côte avec les sujets néerlandais
qui prennent du service
dans l'armée coloniale. Aussi bien,
ments
sujets à caution
dans notre Légion
les
élé-
que nous incorporons
sont-ils exclus de tout autre
de nos corps de troupe.
Quant au
refus de principe opposé à l'enga-
gement d'hommes de il
est
motivé par
le fait
certaines nationalités,
qu'on a trouvé, à
l'ex-
périence, qu'ils avaient trop de peine à appren-
SOLDATS ÉTRANGERS, AUX PAYS-BAS 25? dre
le
hollandais.
Ainsi
qu'on verra
plus
bas, l'armée coloniale ne comprend, sauf de
hommes
rares exceptions, que des
des nations
germaniques. Enfin, on remarquera que,
touchent en s'engageant
de 472
fr.
frais jusqu'à Java,
prime assez élevée
Curaçao ou Surinam, ce
qui n'est pas une petite dépense,
gagement ne
se contracte
six ans. C'est là
hommes
les
doivent se rendre à leurs
ils
50,
la
si
un terme
et
que l'en-
pas pour moins de
fort long, car
l'armée
coloniale néerlandaise, à la différence de la nôtre, n'a pas de troupes de relève
métropole,
et le
service
y
entièrement aux colonies est
de
même
il
dans la
donc accompli
est vrai qu'il ei*
à la Légion, mais la majeure
partie de cette
garnisons
des
;
est
dernière est au salubres
n'existe pas sous
le
dont
repos
dans
l'équivalent
climat débilitant de
l'irisu-
linde.
Quant au nombre des étrangers tés,
voir
il
:
s'élevait, à
la fin
ainsi recru-
de 1912, à 1177, sa-
288 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Allemands Belges (Flamands)
.
828
soit
220
»
18,7
»
58
»
4,9
»
2
»
2,1
»
)>
3,o
»
99,9
%
....
Suisses
Luxembourgeois
71,2 °/
Divers (dont un sous- lieutenant français) Total
L'effectif total 1
er
36
.
.
de
janvier 1913, était i°
Officiers,
Armée
aux Indes.
1.177
.'
.
soit
l'armée le
suivant
coloniale,
ail
:
des Indes Orientales .
.
.
»
en congé
»
détachés en Hollande
.
.
.
1.178
227
Sous-officiers et soldats
...
75 31.762
33.244 â° Troupes des Indes Occidentales (Guyane et Curaçao)
20
Officiers
Sous-officiers et soldats
495 5i5
Le
total est
de 33.757 hommes, auxquel
s'ajoutent des corps francs de colons (Schut terijen) et
de 4.846
des corps de milice indigène, fort
hommes
(dont 1986 Européens
e
2.860 indigènes).
Mais ce qui nous intéresse
ici, c'est l'armé»!
SOLDATS ÉTRANGERS, AUX PAYS-BAS 289 proprement
coloniale
hommes
de troupe
Orientales, on
dite.
de
Sur
l'armée
les
31.762
des
Indes
compte 9.769 Européens. En ad-
mettant, faute de renseignements privés, que
parmi
les officiers, ainsi
que dans tout
des Indes Occidentales,
il
n'existe pas
l'effectif
un
seul
indigène, le total des Européens servant dans
Farmée coloniale néerlandaise 11.764.
Sur ce nombre,
serait
donc de
les 1.177 étrangers re-
présentent exactement 10 0/0, et les 838 Alle-
mands,
En
7,1 0/0.
présence
d'une
d'éléments étrangers,
on peut
semblable proportion et
surtout
allemands,
s'étonner de ce que jamais la
ne
protestation
soit
élevée
en
moindre
Allemagne
contre ce recrutement.
Je ne dis pas cela pour détourner contre les
Pays-Bas
le
ressentiment de nos voisins, mais
seulement pour montrer que tuelle n'a pas
campagne
ac-
pour seul objet de protéger des
compatriotes contre
ment aux
la
les risques
d'un engage-
colonies. Car, au témoignage d'un
officier qui a visité l'Insulinde, la vie est aussi 25
290
LA QUESTION DE LÀ LÉGION ÉTRANGÈRE:
pénible, sinon davantage, dans Farinée
colo-
niale néerlandaise qu'à la Légion, ne fût-ce
qu'en raison du séjour ininterrompu dans la région équatoriale; et l'on sait qu'au nord de
Sumatra,
D'autre
l'état
de guerre est permanent.
part, les
dans leur marifie des nalités, si bien
que
États-Unis
incorporent
hommes de
toutes natio-
voisinage sur rade d'un
le
navire américain est toujours considéré corn me «
non désirable » par
le
cadre d'un autre pays les
:
marins courent à
commandant dans terre,
les
d'une es-
bordées que
ceux des Etats-
Unis, dont la solde est relativement élevée,
déterminent souvent des désertions parmi les équipages des autres
flottes.
D'après les rapports fiscale
1911-1912,
la
officiels
pour l'année
marine des États-Unis
comptait en 1912, sur un total de 47.515 telots et sous-officiers
:
42.859 Américains de naissance, 2.875 naturalisés,
ma-
MARINS ÉTRANGERS, AUX ÉTATS-UNIS 1.781 étrangers
ou
291
natifs des colonies,
soit un total de 3,9 0/0 d'étrangers, ou 9,8 0/0 d'hommes non Américains de naissance. Sur
nombre,
'ce
il
y avait G36 Allemands, 435
Ir-
landais, 294 Suédois, 236 Anglais, 235 Chinois,
21
1
du
Japonais, et 30 à 40 Français. Le
24 novembre 1913, rapportait
trois de ces derniers servaient à
mont
et
Temps
même
que
bord du Ver-
de YOhio, alors à Marseille
et
;
il
ne
vint à l'idée de personne, en France, de s'éton-
ner de ce
de protester contre
fait et
la
d'aller visiter Paris et d'y
tume de marins
permis-
hommes
sion qui tut donnée à certains de ces
montrer leur cos-
étrangers.
Ainsi, la flotte américaine
compte dans
ses
marins allemands, auxquels
équipages 636
peut s'ajouter, proportionnellement au nombre total,
un bon
millier d'Allemands d'origine,
naturalisés Américains
rable au
ciens-Lorrains,
giments de n'ait
:
le total est
compa-
nombre des Allemands, non Alsala
existant dans
Légion.
jamais invoqué
A
quoi
les
deux
tient-il
les principes
du
ré-
qu'on droit
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
292
contre cette situation, alors qu'il ne s'agit pas
d'une troupe coloniale, mais bien d'équipages qui peuvent être amenés à combattre ceux de
marine impériale ?
la
%
•
Enfin, nous ignorons, en France,
magne
si
l'Alle-
attend effectivement de se trouver en
de guerre pour user de la faculté, qu'elle
état
réservée,
s'est
d'employer
étrangers. Ce que
textes cités plus haut,
blissent
des
nous savons,
volontaires c'est
les
au chapitre XXVII, éta-
que ces engagements ne sont nulle-
ment exclus a
priori dès le
temps de paix, à
permanent, tout au moins dans
titre
que
la
ma-
rine. Il
n'y aurait
donc pas
lieu de s'étonner si la
troupe coloniale contenait des étrangers,
et si,
par exemple, de ces hommes, engagés pen-
dant tés fais
la
au service après pas
les
Héréros, étaient res-
la fin
des hostilités. Je ne
guerre contre
ici
un procès de tendance analogue à
celui qu'on nous intente à propos des prétendus
MARINS ÉTRANGERS, AUX ÉTATS-UNIS 293 racoleurs (1)
;
j'énonce simplement une hypo-
thèse compatible
mande,
avec
et qui, si elle
la
législation
était vérifiée,
ne soulè-
verait nulle part de protestation. (i)
alle-
Voir page ioo.
25.
XXXI LA DUREE DU CONTRAT D ENGAGEMENT
Si
maintenant nous passons aux détails du
contrat d'engagement, nous trouvons qu'on lui
reproche sa durée,
comme
excessive. Sur
ce point, la critique semble fondée.
Les engagements à
la
Légion, en
effet,
ne
sont reçus que pour une durée de cinq ans, tandis
que
comme pour
les
rengagements sont
admis,
toute l'armée coloniale, pour un,
deux, trois ou cinq ans, jusqu'à concurrence
d'un total de quinze années de service. Il est
évident que la durée du premier en-
longue pour que
gagement doit
être assez
l'homme
temps de fournir un service
ait le
effectif appréciable. Si, tait
pour
lui,
par exemple, on adop-
comme pour
le
rengagement,
DURÉE DU CONTRAT D'ENGAGEMENT
minimum
tin
295
d'un an, l'Etat jouerait très
Même
souvent un rôle de dupe.
en admettant
que l'engagé connaisse suffisamment notre langue gine,
il
et qu'il ait servi
inutilisable, puisqu'il et
être incorporé
où
il
d'ori-
à son arrivée, qu'une recrue
n'est,
règlements
dans son pays
ne connaît rien de nos
de nos manœuvres
;
il
doit
donc
dans une compagnie de dépôt,
recevra l'instruction nécessaire. Et
n'avait à servir, en tout, que
deux ans,
il
ne rendrait pas à TÉtat l'équiva-
lent de l'argent
Algérie, ainsi
dépensé à
le
transporter en
qu'à l'entretenir
stage préliminaire
;
pendant
héberger à la Légion, pour
au moment même où
ils
la
une
là
se
quitter
seraient en état de
fournir la contrepartie du service reçu
n'aurons plus
ce
à tout instant, dés gens
momentanément embarrassés viendraient faire
s'il
pendant un ou
:
nous
un corps de troupe, mais
sorte d'asile de nuit.
Par contre,
le
terme de cinq ans, pour
le
premier engagement, est réellement trop long.
Non seulement dans
l'armée métropolitaine,
2%
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
mais dans Légion,
ans
les
la
l'engagement se conclut pour trois
et cette
;
troupes coloniales autres que
durée permettrait au légionnaire
de faire au moins deux ans de service colonial,
un séjour considéré comme
ce qui constitue suffisant
pour
fonctionnaires
les
coloniaux. Dans ces conditions,
boursé en travail instruction; et
les frais
si,
vient pas, ou
s'il
employés
aurait rem-
occasionnés par son
pendant
reconnu que l'existence à
il
et
la
ce temps,
Légion ne
il
avait
lui
con-
avait trouvé des motifs suffi-
sants de vouloir rentrer dans la vie civile, on
devrait considérer que sa dette est payée, et le laisser partir.
En
le
retenant pendant deux ans
déplus, on s'encombre d'un soldat médiocre, parce que de mauvaise volonté
;
on pousse à
l'inconduite et à la désertion; on diminue la
considération qui s'attacheau Il
nom delà Légion.
y a donc lieu d'examiner très sérieuse-
ment
l'idée
de réduire à trois ans la durée du
premier engagement.
On
continuerait, d'ailleurs, à conclure
les
rengagements, au gré des intéressés, pour un,
DURÉE DU CONTRAT D'ENGAGEMENT
297
deux, trois ou cinq ans. Mais pourquoi n'ad-
mettre qu'une durée totale de services unifor-
mément
égale à 15 ans?
ans,
un
homme
qui
s'est
engagé
retraité
quand
révolue. Or,
il
On
accepte, pour cinq
âgé de quarante ans,
et celui
dix-huit ans est forcément
à
sa trente-troisième
année
est
peut avoir intérêt à servir plus
longtemps, pour améliorer sa pension de retraite,
tion, est
ou pour attendre un grade, une distinc-
ou un emploi
civil; et, sauf accident,
encore en pleine vigueur morale
sique.
pour
Il
les
et
il
phy-
semble donc qu'on devrait admettre,
hommes
restés valides, la possibilité
de se rengager jusqu'à concurrence de 25 ans
de service, avec limite d'âge
à
43 ans
:
de
cette manière, celui qui s'engage à dix-huit
ans pourrait rester au service aussi longtemps
que
s'il
avait
attendu sa quarantième
née pour conclure
un engagement de
ans. Bien entendu, les
hommes
antrois
retraités
au
bout de 15 ans de service conserveraient leurs droits à la pension actuelle, et les autres re-
cevraient des annuités supplémentaires.
XXXII SUR LE PRÉTENDU CARACTÈRE LÉONIN
DU CONTRAT
En
ce qui
concerne
caractère
le
qu'un organe aussi sérieux que Francfort
croit devoir
d'engagement,
la
la
imputer
léonin
Gazette de
au contrat
deuxième partie de ce
travail
a suffisamment montré l'inanité des faits invo-
qués pour
le justifier.
Mais
n'est
il
pas inutile
d'y revenir brièvement.
Donc, on reproche à
aux engagés un service
la
Légion d'imposer
excessif, tout en
ne
fournissant en échange qu'une rémunération dérisoire, et rielles et
une existence de privations maté-
de misères morales
;
et c'est
par un
véritable abus de confiance que de pauvres
PRÉTENDU CARACTÈRE LÉONIN
299
égarés seraient amenés dans cet enfer, sans
avoir pu soupçonner à quoi
s'exposaient.
ils
Sans vouloir tracer un tableau idyllique dont l'invraisemblance ferait sourire,
il
faut pro-
tester avec indignation contre des assertions
aussi éloignées de la réalité.
Le
service, à la Légion, est ce qu'il est.
A
moins de raisonner comme des enfants nourris
de romans d'aventures, on ne saurait
s'at-
tendre à ce que la vie des légionnaires, consacrée à la conquête, à la défense et à la première
mise en valeur de contrées à peine connues, soit
comparable à
de commerce, ou
dans une bonne
celle
d'un paisible employé
même
d'un soldat stationné
petite garnison de la
métro-
pole.
Quant à elle
la
rémunération de ce service,
ne comprend pas seulement l'argent de
poche qui, pendant
le
premier engagement, est
le
même
il
faut y ajouter l'entretien qui,
que celui du troupier métropolitain
on
l'a
;
vu, est
tout à fait satisfaisant, les chances d'avance-
ment, une pension de retraite gagnée en quinze
300 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE ans seulement,
et la possibilité d'obtenir la
naturalisation dans
un
délai réduit
suite,
un emploi
niale.
Tout cela constitue un
civil
et,
par
la
ou une Concession coloassurément
sort,
médiocre aux yeux d'un millionnaire, maisj bien supérieur à celui que la plupart des
gionnaires avait au
On
service.
est ici
moment
lé-
de leur entrée au
en présence d'un cas bien
net d'application de la loi de l'offre et de la de-j
mande. Telle qu'est
la Légion, elle attire
coup plus de candidats qu'e
beau-
n'en peut in-
ie
corporer; on n'a donc aucun motif pour aug-
menter
les frais qu'elle
ce serait
un pur
— Mais, nous ici
occasionne au budget
;
gaspillage. dit-on, la République spécule
sur la misère de ces pauvres diables
;
elle j
ne leur accorde, pour prix de leurs services, qu'un salaire de famine.
A
notre époque, où
PEtat s'inquiète partout du sort vailleurs par leurs employeurs,
fait
il
aux
tra-
doit, tout le
premier, améliorer les conditions de travail qu'il
impose à
ses propres agents.
Le reproche aurait plus de
valeur,
s'il
éma-
\
PRÉTENDU CARACTÈRE LÉONIN nait d'un pays
où
301
l'exploitation des travailleurs
serait impossible. Or, sans doute, l'Allemagne
possède une législation ouvrière très avancée, et les lois
d'assurance
et
de protection y sont
particulièrement développées. Mais ces lois ne
peuvent aller jusqu'à garantir à l'ouvrier des conditions de travail qui, dans leur ensemble, soient seulement comparables à celles de la
Légion. J'ai eu l'occasion, par exemple, au
cours de certaines longues traversées, de
me
rendre un compte précis des conditions qu'une
grande compagnie allemande de navigation fait
à son personnel, depuis
qu'au dernier chauffeur
et
le
capitaine jus-
aux gens de service
;
eh bien, sans entrer dans des détails qui seraient déplacés
ici,
je puis dire que,
pour
les
officiers, ces
conditions sont des plus médio-
cres, et que,
pour
le
personnel inférieur,
sont franchement inhumaines. être légionnaire feur,
elles
Mieux vaut
que matelot de pont, chauf-
ou steward à bord d'un de
ces
ba-
teaux. Il
est
néanmoins intéressant de constater 26
302 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE qu'un auteur, en France, a reconnu
qu'il
y avoir quelque chose à réformer dans
peu
l'orga-
nisation de la Légion, et que ses proposition
tendent uniquement à améliorer sur quelque: points la situation matérielle des je
1
hommes
veux parler de M. André Fribourg
dernier article de la série qu'il a publiée
et di
dam
Y Opinion (13 décembre 1913).
En premier lise
lieu,
il
pour qu'on
insiste
réa-
enfin la création, proposée en 1904, adop-
Sénat en 1908,
tée par le
lors à la
et oubliée depuis
Chambre des Députés, d'un régiment
étranger de cavalerie
et
d'un bataillon étran-
ger d'artillerie. Cette
mesure
est
demandée par beaucoup
de légionnaires qui, ayant servi dans ces armes, passeraient avec joie dans les nouvelles subdivisions;
elle
d'un grand
du cheval
déterminerait
l'engagement
nombre d'hommes qui ont
et
répugnent à marcher,
dos, sous le soleil des tropiques
augmenterait notablement de
la
Légion, dont
elle
la
;
le
le
goût
sac au
enfin, elle
valeur militaire
ferait
une véritable
PRÉTENDU CARACTÈRE LÉONIN petite
armée.
On
ne peut que
aux pouvoirs publics
En second
lieu,
la
303
recommander
(1).
les légionnaires
sont très
désireux de voir améliorer leur solde. C'est là
un sentiment
très naturel, et qu'ils
partagent d'ailleurs avec tous les militaires
et
tous les fonctionnaires de tous les pays.
Pour
les raisons
exposées plus haut, cette
mesure ne semble pas indiquée actuellement, en ce qui concerne
simples légionnaires ac-
les
complissant leur premier engagement le serait
encore moins
si,
et elle
;
comme nous
pro-
le
posons, la durée de cet engagement était ra-
menée de cinq à d'y recourir
que
ans.
trois si le
Il
n'y
aurait lieu
nombre des engagés
ve-
nait à fléchir sensiblement. Déjà pendant
(i)
deux escadrons «
la
guerre
étrangers,
à
du Mexique, on 200 hommes
compagnies montées » actuelles ne sont pas de
lerie
;
elles
possèdent
simplement un
formé
a
chacun. Les
mulet
la
cava-
par
deux
tommes, de sorte que leurs hommes, en route, puissent reposer alternativement. Elles constituent
nontée 3as
»,
ou plutôt
prendre
oroprement
les
dite,
«
demi-montée
allures
vives
où tout
le
«
», car elles
comme
monde
une
ne peuvent
l'infanterie
est à cheval.
se
infanterie
montée
304 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Mais des avantages, dans il
le détail
desquels!
est inutile d'entrer ici, pourraient être ac-
cordés aux rengagés, sous forme de hautes |: paies et de primes.
Et surtout,
il
importe de
faire disparaître ai
plus tôt l'anomalie incompréhensible qui
que
la
pour
fai
solde et la haute paie sont moindres
étrangers
les
c'est là
que pour
les
Français
une injustice dont l'absurdité
saute
aux yeux. Mais tout
cela, ce sont
de petites améliora-
tions de détail, d'un caractère administratif e intérieur, et qu'on être complet. Si
on
ne mentionne les réalise,
ici
!
que poui
on verra venir
plus de postulants, et l'on aura donc plus
de
choix entre eux. Mais en attendant, la situation actuelle ne justifie certainement pas
h
tapage qu'on mène, outre- Rhin, à son sujet. Ainsi,
il
suffirait
de répondre aux critique:
allemandes par l'argument classique des éco nomistes, par l'invocation de la et
loi
de
l'offr<
delà demande.
Mais on a vu plus haut à quel point ces
cri
PRÉTENDU CARACTÈRE LÉONIN
exercent table.
peu fondées. Les
sont
tiques
un métier
Mais
ils
à cet égard.
sont avertis de ce qui les attend
Ils le
savaient certainement avant
— personne n'est
fou pour s'imaginer que soit
tionnaire oisif
légionnaires
pénible, cela est incontes-
de songer à s'engager
aux colonies
305
;
le
service militaire
une sinécure de
et,
avant de
assez
les
petit fonc-
engager, on a
eu soin de leur rappeler qu'ils allaient contracter de dures obligations.
Par contre, leur existence matérielle assurée dans des
est
conditions excellentes, su-
périeures en tout cas à celles que la plupart d'entre eux pourraient se procurer dans la vie civile, et
celles
qui ne craignent la comparaison avec
d'aucun régiment de leur pays d'origine.
Enfin, quant à leur traitement moral, ce
qui est certain, c'est que pour ces
dont
la
hommes,
plupart sont des épaves de la vie, vic-
times soit du sort, soit de quelque faute qu'ils
veulent racheter,
il
représente
le
réconfort et
le salut.
Sans doute, quelques voix isolées prétendent 26.
306
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
avoir rapporté de la Légion une impression contraire.
Accordons que, parmi
les
confé-
renciers qui scandalisent tellement les oreilles
allemandes, parmi
les
Hasselmann,
les Merti-
nat,les Kull, et autres personnages douteux
même
acabit,
il
du
se trouve réellement quelques
anciens légionnaires qui aient
été-
maltraités
par des chefs indignes. Ne constate-t-on jamais des abus individuels analogues dans d'autres armées?... Je n'insiste pas; certaines comparaisons seraient trop faciles, la presse libérale et socialiste
et je les laisse
allemande.
à
XXXIII
LES DÉLINQUANTS
ET LES FAUSSES DÉCLARATIONS D'iDENTITÉ
La question de l'engagement d'hommes poursuivis
ou condamnés pour des crimes ou dé-
lits de.
droit
commun
complexe.
est fort
Je crois avoir montré, par des exemples assez probants,
combien il
fermer
de salut que la Légion ouvre à
la porte
serait regrettable
de
ceux de ces dévoyés qui ont conservé assez de
bons sentiments présenter
de
:
et
la société, la
compassion
geant de l'assisté
me
de ressort pour venir
au point de vue de
et
un énergique
semblent, en pareil cas*
l'intérêt
général
une aide
effort
pltfs
s'y
exi-
personnel
recomman-
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
308
dables qu'une froide rigueur confinant
au
pharisaïsme.
Or donc, pour pouvoir engager dignes d'intérêt
et qui,
ces sujets
si
grâce à leur volonté de
réhabilitation, deviennent
les
plus merveil-
leux soldats, on a imaginé l'expédient consistant à n'exiger aucuns papiers de ceux qui,
n'en produisant pas, sont ou se disent étrangers.
sur
de
De
la
manière, on ignore ce qu'ils ont
cette
conscience, et l'on échappe à l'obligation
les refuser,
tice s'ils se
ou
même
de les livrer à la jus-
trouvent sous
le
coup d'une pour-
suite. Il
est tout à fait indispensable
la possibilité
d'engager ces
de se réserver
hommes,
et
de leur
garantir le secret absolu sur leur passé.
La
première sécurité nécessaire à ceux qui de-
mandent
asile à la
aient à cacher
Légion consiste à y être
un nom d'emprunt,
soit qu'ils
une faute quelconque,
soit qu'ils;
incorporés sous
aient simplement des raisons intimes
famille pour désirer leurs camarades, ni
n'être pas
même
ou de
connus. Ni
leurs chefs ne doi-
LES FAUSSES DÉCLARATIONS D'iDENTITÉ
309
vent pouvoir pénétrer leur pénible secret, qui permettrait, soit de les molester, soit de les
tourmenter sans intention malveillante
et
par
simple indiscrétion. La certitude de pouvoir ainsi s'enterrer vivant constitue la force prin-
cipale et la valeur propre de la Légion, et ci-
mente entre
ses soldats
une camaraderie, une
solidarité inébranlable, qui
solide qu'on
la plus
en font
puisse
la
troupe
concevoir, une
troupe qu'aucun ennemi n'a jamais pu mettre
en échec.
Mais
il
y a pourtant quelque chose^de cho-
quant à ce que arme,
la
l'on puisse confier ainsi
une
garde d'un drapeau, une parcelle de
l'autorité publique, à
un anonyme dont
sonne ne connaît
véritable identité, dont
la
personne n'a pu apprécier
—
avec une indulgence excessive
de relèvement.
Il
est
fût-ce parfois
— la
capacité
plus grave encore de
s'exposer de la sorte à accepter le répète, le
per-
—
bien que, je
cas ne puisse se présenter que ra-
rement, des êtres réellement abjects, dont on
devra subir
la
présence pendant assez long-
310 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE temps, jusqu'à ce qu'ils désertent ou se soient
mis dans
que
l'on
le
cas d'être chassés. Et, enfin, puis-
juge
utile, et
éventuellement
le
avec raison, d'assurer
secret
mêmes
doit,
dans
çais,
ouvertement, sans
les
on
aux étrangers,
cas, l'accorder
aux Fran-
les astreindre
au sub-
terfuge consistant à se dire étrangers.
Or, tout cela peut se concilier sans peine.
A
cet effet,
l'homme
qui,
au moment de
s'en-
gager, ne fournirait pas le dossier prescrit par le
règlement, serait tenu de montrer ses pièces
d'identité
seul
:
s'il
au sous-intendant ne possédait pas
militaire, et à lui
dites pièces,
les
devrait faire connaître son identité à cet cier supérieur, en lui
donnant
le
procéder à une vérification rapide
il
offi-
moyen de et
discrète
de sa déclaration. L'engagement serait accepté,
en tout lité il
état de cause, sous le
choisis par l'intéressé
serait révocable
;
nom
et
la
qua-
mais, on va voir,
dans certains
cas.
Les renseignements recueillis seraient expédiés, sous pli scellé, par le sous-intendant,
agissant toujours
en personne, au général
LES FAUSSES DÉCLARATIONS D'IDENTITÉ 311
commandant
Légion, qui
la
droit d'en prendre les
aurait seul le
connaissance,
conserver ensuite sous un
pli
lui-même. Le général statuerait
devrait
et
par
scellé
définitive-
ment sur les engagements réservés par
le
sous-
intendant.
Même
les colonels
giments de
la
commandant
les
deux
ré-
Légion continueraient à rester
dans l'ignorance au sujet de
l'identité
de cette
catégorie de légionnaires, afin de ne pas pou-
voir
par
se
laisser
influencer involontairement
connaissance de leurs antécédents,
la
et
de
ne pouvoir tenir compte que leur conduite au corps des ainsi
et
de leurs services, dans l'attribution
grades de caporal
que dans
les
et
de
sous-officier,
propositions pour la
mé-
daille militaire.
On
peut s'étonner que je propose ainsi d'exi-
ger une déclaration destinée à n'être connue
que du sous-intendant ter secrète
et
du général,
consentir à sa divulgation.
à cela.
et
à res-
jusqu'au jour où l'intéressé pourra Il
y a deux motifs
312 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
En premier refuser
un
on aura
lieu,
certain
ainsi le
nombre
moyen de
d'engagements.
Bien entendu, on continuait à être très large ^t à admettre des le
hommes
qui seraient dans
cas d'être exclus des autres corps de l'ar-
mée mais ;
il
existe pourtant des crimes par-
eux-mêmes ou
ticulièrement répugnants en
par
qui les ont entourés, ou
les circonstances
des cas de récidive ou de
folie criminelle,
dont
auteurs devraient pouvoir être refusés,
les
comme que
le
des non-valeurs morales, aussi bien
service
du recrutement
refuse les non-
valeurs physiques.
Mais à cet égard, être laissée
tenir la
la décision
au sous-intendant
:
ne peut pas
elle doit
au général, responsable de
appar-
de
la valeur
Légion, et seul compétent pour apprécier
-caractère et les besoins de cette troupe.
le
Un
sous-intendant, guidé surtout par des considérations juridiques,
aurait
pu refuser
les
.-engagements CherfHs et Duron, mentionnés
aux pages 174 les aurait
et 175
:
le
général
commandant
certainement acceptés,ofïrant à deux
LES FAUSSES DÉCLARATIONS D'iDENTITÉ 313 jeunes dévoyés
le
droit chemin, et
moyen de
rentrer dans le
donnant au pays deux bons
serviteurs.
Les
hommes
refusés par le général seraient,
demandaient, reconduits au lieu où
s'ils le
s'étaient présentés
sanction, pas
cerne
pour s'engager. Mais aucune
même
l'expulsion en ce qui con-
les étrangers, ne
contre eux
ils
:
pourrait être
prise
seraient sous la sauvegarde de
militaire
l'autorité
ils
à laquelle
s'étaient
ils
confiés.
A
cela,
Dans
deux objections.
l'ordre pratique,
tera de là,
pour
l'Etat,
on notera
qu'il résul-
une dépense sans com-
pensation. Tous les criminels en rupture de
ban
donc pouvoir
vont-ils
pendant quelques jours,
un
petit
«
se faire offrir
aux
frais
de
la
?
Ce danger en
se faire héberger
même
voyage en Algérie
princesse »
soi,
et
effet,
n'est guère à redouter.
que toutes
Il
les dispositions
va de
qui pré-
cèdent seraient inscrites sur les actes d'enga-
gement,
et
que
le
sous-intendant aurait 27
le
de-
314 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE voir d'en donner connaissance aux intéressés,
en
même
temps que, dans
les cas
douteux,
il
avertirait ces derniers que leur engagement n'est signé qu'à titre révocable.
ditions,
il
est
Dans
ces con-j
peu probable qu'un bien grand
nombre de criminels endurcis persistent dans leur intention de
s
méfiants par essence est offerte
engager. Ces gens :
la
sont
sauvegarde qui leur
ne leur dira rien qui
vaille, et ils
au-
ront peur de se jeter dans la gueule du loup.
On peut donc compter que îe nombre des hommes sur lesquels le général devra prononcer négativement sera très
pense résultant de
minime. Et
leur voyage
sera
la dé-
com-
pensée par l'économie des journées de prison qu'ils
ne manqueraient pas de faire une
fois
engagés, par l'assainissement de la Légion,
par
la
suppression de tout prétexte aux récri-
minations qui courent contre
elle.
La seconde objection soulevée par mentation proposée
ici est
la régle-
d ordre juridique,
ou mieux, d'ordre public.
Dans quelle mesure
est-il
admissible que
%
LES FAUSSES DÉCLARATIONS D'iDENTITÉ des fonctionnaires, des
officiers, ayant
naissance d'un crime ou d'un
pas
coupable à
le
curent
Ne
moyen d'échapper
le
délit,
deux ans de prison
pour des motifs
non
déci-
faciles à saisir, la
exception en faveur des proches pa-
du
malfaiteur, père ou mère,filsou
époux, frère ou sœur, Il
mois à
?
L'objection est troublante, mais
rents
pro-
pas coupables du délit de
se rendent-ils
loi fait
lui
à la répression?
recel de malfaiteurs, passible de trois
sive. Déjà,
eu con-
ne livrent
même
la justice, et
315
est facile
et alliés
au
même
fille»
degré.
de concevoir une exception ana-
logue pour les sous-intendants militaires et
pour
le
commandant
général
la
Légion, en
matière de recrutement de cette dernière. Les confidences que ces officiers auraient reçues à ce propos les obligeraient
de vue de la
loi
comme
silence,
au point
à celui de l'honneur;
elles seraient inviolables la confession, ou,
au
comme
pour mieux
le
secret de
dire, elles
titueraient leur secret professionnel.
cons-
XXXIV LA QUESTION DES MINEURS
Il
un second
existe
périeux,
motif, tout à fait im-
d'exiger toujours des candidats la
déclaration effective et contrôlable identité
:
c'est la nécessité
ont bien l'âge requis signer Il
un
et la
de leur
de s'assurer
qu'ils
capacité civile de
contrat.
faut convenir, en effet,
certaines protestations des
que sur ce point
Allemands
sont
justifiées.
Assurément, expriment désir
ou
la
ils
vont trop loin
quand
revendication, ou simplement
l'espoir
ils
le
que nous supprimions tout
engagement d'hommes de moins de vingt
et
23 décembre 1913,
le
un ans. Par exemple,
le
LA QUESTION DES MINEURS
317
correspondant berlinois de V Humanité téléphonait à ce journal (numéro du 24) velle suivante
Le Berliner Tageblatt
çais avait
nou-
avait affirmé, hier, avoir ap-
de source autorisée que
pris
la
:
gouvernement fran-
le
décidé de ne plus admettre dans la Légion
étrangère que des engagements de personnes
ayant
accompli leur vingtième année.
Le Journal cette nouvelle geblatt,
des Débats
est
prend
Berlin, le Berliner Ta-
dans son édition de mercredi, maintient son
affirmation antérieure. Il
ayant opposé un démenti à
du journal de
— G. W.
bien certain que l'organe berlinois
ici
son désir pour une
con-
réalité, et
firme ses lecteurs dans une espérance chimé rique. Si,
en
effet,
on examine
la question
pirant d'un esprit positif et
en
s'ins-
non d'un sentimen-
talisme vague et stérile, on reconnaîtra que le
fait
d'enrôler
un mineur
rien de répréhensible,
pour
le service, et
prises
n'a en
soi-même
quand l'homme est bon
que toutes garanties sont
pour que sa signature
soit valable. 27.
318 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE Sur
le
premier point, rien à dire
que, dans l'intérêt
même
physique des candidats
de
l'Etat,
:
on
sait
l'examen
est aussi sévère qu'il
convient.
Mais quant à il
la
validité
de l'engagement,
y a certainement un progrès important à
accomplir.
Pour s'engager dans troupe,
un mineur
doit,
tout autre corps de
en
avoir l'âge de
effet,
18 ans au moins, et être autorisé par son père
ou son gion,
tuteur.
on
même,
Mais pour l'admettre à
s'il
est
ou
se dit étranger, la
qu'il a réellement 18
tant,
il
s'agit ici
ment
Léni
preuve
ans accomplis. Et pour-
d'un contrat de plus longue
durée que l'engagement ordinaire, grave, puisqu'il comporte
colonies,
la
n'exige de lui ni l'autorisation,
le
et
autre-
service
une discipline particulièrement
aux sé-
vère, et de fréquents risques de guerre ajoutés
à ceux qui résultent du climat.
Il
conviendrait
donc de protéger, au moins aussi bien que dans
le
cas général, les familles et les mineurs
eux-mêmes contre un coup de
tète irréfléchi.
LA QUESTION DES MINEURS
moins qu'on puisse
Ainsi, le
faire,
319 sur ce
point, est d'appliquer à la Légion les condi-
commun
tions qui sonT de droit
armée,
et
l'armée
néerlandaise, c'est-à-dire
coloniale
minimum
d'exiger l'âge
sation
dans notre
qui sont également en vigueur dans
du père ou du
de 18 ans
véritablement
s'indique
et l'autori-
tuteur. Cette réforme
comme un
devoir
d'ordre public, sous la réserve qui sera indi-
quée plus bas.
Mais par
nous sommes ramenés aux con-
là,
sidérations qui
précèdent,
sur la nécessité
d'obliger les candidats à faire connaître leur identité véritable.
Sans doute, dans en
présentent
n'est possible, et le
ment majeur. Et ter
de réformer
cas où
vue
si
il
est
et
aucune
l'on pourrait
le
hésitation
candidat est bien visible-
donc
se conten-
règlement en prévision des
impossible de discerner à simple
l'homme
de vingt
la plupart des cas qui se
pratique,
un
a
un peu plus ou un peu moins
ans. Par exemple, à la disposi-
tion établissant
que les candidats peuvent
être
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
320
dispensés de produire des pièces d'identité, on ajouterait que cette faculté n'est applicable
qu'à ceux qui sont manifestement majeurs.
On
fournirait ainsi toute la satisfaction désirable
à cet égard, sous la responsabilité des médecins militaires, des
ment
et
commandants de
recrute-
des sous-intendants.
Mais ces
officiers
peuvent se tromper. Et,
d'autre part, les considérations morales exposées plus haut, en faveur de la suppression de
toute exception de ce genre, sont impérieuses.
En
s'y
ties à
rendant, sous la réserve des garan-
donner aux
hommes
corporés sous un état
dra du
même
civil
désireux d'être in-
supposé, on résou-
coup, et sans laisser subsister la
possibilité d'une erreur, la question très déli-
cate de l'engagement des mineurs.
Mais
cette question est
fâcheusement com-
pliquée par l'observation suivante.
La campagne contre pour tous ceux qui
s'y
la
Légion
est,
sinon
sont laissé entraîner,
LÀ QUESTION DES MINEURS
du moins pour politique
ses promoteurs,
qu'humanitaire.
que jamais
elle n'a
321
bien plutôt
La preuve en
est
eu d'écho hors d'Allema-
gne, et que jamais, dans ce
pays on ne
s'en
est pris à l'armée coloniale néerlandaise, alors
qu'en face de 6,7 0,0 d'Alsaciens-Lorrains
de 17,6 0/0 d'Allemands,
étrangers,
30,5 0/0 d'autres
mands forment
la
à
eux seuls
et
Légion compte et
que
les
les
Alle-
71,2 0/0 des
étrangers entrés au service des Pays-Bas.
Dans
ces conditions,
il
est facile
d'imaginer
quelle serait en Allemagne, et surtout en Al-
sace-Lorraine, la situation d'un père ou d'un tuteur qui aurait autorisé son à s'engagera la Légion
toute la
il
ou pupille
aurait à ses trousses
meute des pangermanistes,
les autorités,
pire, et
:
fi's
il
qui
le
ainsi
que
mettraient au ban de l'Em-
se verrait persécuté d'une
manière
intolérable. C'est
pourquoi on peut hésiter devant
l'idée
d'une réforme qui entraînerait de semblables représailles
;
et
M. Poimiro, notamment, y
tout à fait opposé.
est
322
LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
Il
semble pourtant qu'on puisse tenir un
juste compte de la situation
que
véritables otages
si
intéressante des
engagés mineurs,
les
originaires de l'Empire allemand, laisseraient
au pays.
En
effet, le
jeune
homme
siens pour s'expatrier
qui se sépare des
rompt par
sans l'autorisation paternelle,
se crée
Il
velle,
en
sa
famille.
une existence indépendante,
bout d'un certain temps de
on peut
le
considérer
qui
les liens
normalement à
rattachaient
le
avec ou
là,
cette
et,
au
vie nou-
comme émancipé
fait.
Autant donc
il
est
choquant qu'un mineur
puisse s'échapper de chez ses parents pour aller s'engager à la Légion, autant
il
légitime qu'après avoir émigré et vécu tain
temps par
ses propres
vienne libre d'embrasser
la
moyens,
semble
un
cer-
il
de-
carrière de son
choix, sans consulter l'autorité familiale dont il
a cessé de recevoir l'impulsion.
Aussi semble-t-il qu'on pourrait admettre ce
moyen terme
:
LA QUESTION DES MINEURS j
Tout mineur qui désire contracter un en-
gagement à
la
Légion étrangère
est
tenu de
produire l'autorisation de son père ou tuteur. «
Est dispensé de cette condition
dont
le
le
mineur
père ou tuteur réside à l'étranger, et
qui réside lui-même en territoire français depuis six mois au moins. »
De
cette façon,
on épargnerait aux familles
le
danger signalé plus haut. Les Alsaciens-Lorrains et les Allemands, qui sont seuls à ris-
quer d'être molestés pour cette raison, en seraient quittes pour aider leur
à subsister pendant quoi,
ils
le
fils
ou pupille
délai prescrit
;
après
ne pourraient plus être rendus res-
ponsables de son engagement
XXXV LE RÔLE POSSIBLE DE L'ARBITRAGE
ET LE RAPPROCHEMENT FRANCO-ALLEMAND
Enfin, on devra donner la plus grande atten-
M. H. Pohl, rapportée
tion à la suggestion de
plus haut, et
d'un
recommandant
traité d'arbitrage
la
permanent,
questions qui peuvent surgir du
conclusion relatif
fait
de
aux
l'exis-
tence de la Légion. L'idée, telle que la présente l'auteur, est peu praticable; mais, à la
condition de
on peut en.
l'éclaircir,
de
la
tirer l'indication
mettre au point, d'une action
effi-
cace.
Depuis longtemps, la
les pacifistes
préconisent
conclusion d'un traité d'arbitrage perma-
nent, sans réserves, entre l'Allemagne et la
LE RÔLE POSSIBLE DE L'ARBITRAGE France,
comme
325
entre les autres pays. Et le
jour viendra, sans aucun doute, où ces puis-
sances se décideront à assurer
la solution ju-
ridique de tous leurs différends éventuels, et établiront ainsi
fondement qui
la
paix du
monde
soit inébranlable
sur
la
:
le
seul
bonne
foi
et la confiance mutuelle.
Mais, dans idée
n'a
l'état
actuel des choses, cette
évidemment aucune chance
réalisée d'emblée
ration attentive.
:
elle exige toute
S'il
est vrai,
en
d'être
une prépa-
effet,
pacifistes français sont en droit de
que
les
regretter
que, depuis 1904, leur gouvernement n'ait en-
core contracté que 13 traités d'arbitrage per-
manent, quand
le
Brésil en a
Etats-Unis 27, l'Espagne 24,
signé 31, les
l'Italie 21, la
si-
tuation est encore bien plus fâcheuse du côté
de l'Allemagne, qui n'en a qu'un seul à son actif.
On
a bien essayé, en 1907, à la deuxième
Conférence de La Haye, d'entraîner ce pays
dans
un
proposant
vaste la
mouvement d'ensemble, en
conclusion d'un
traité 28
gêné-
32G LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE: ral d'arbitrage, qui aurait lié les 44
puissances
représentées à la Conférence. Mais bien que idée ait été examinée sous toutes les
cette
formes possibles, puisqu'elle ne donna pas à
moins de huit
qu'elle ait rallié
projets très
la
distincts,
et
lieu.)
bien
grande majorité des
suffrages (32 voix contre 9, et 3 abstentions),
échoua, précisément en raison de l'oppo-
elle
sition
de l'Allemagne.
On
dut,
pour
cette fois,,
contenter d'un vote de principe, qui fut
se
rendu à l'unanimité en faveur d'un
dû à
vœu
réser-
vant l'avenir
et
énergique
habile de M. Léon Bourgeois.
A
et
la
persévérance à la fois
que propose M. Pohl,
la vérité, ce
traité d'arbitrage
c'est
un
qui ne porterait pas sur tous
les différends éventuels,
mais seulement sur
ceux
et
relatifs à la
serve,
dont
j'ai
abusif, des cas
Légion,
montré plus haut
le
caractère
que l'Allemagne jugerait de-
voir être exclus. Or, il
encore, avec la ré-
même dans ces conditions,
ne semble pas que
la caste
qui dirige ac-
tuellement la politique étrangère de l'Empire soit
disposée à admettre une convention por-
LE RÔLE POSSIBLE DE L'ARBITRAGE
327
tant jsur toute une catégorie déterminée de différends possibles.
Mais, qu'ici,
si
l'Allemagne a toujours refusé, jus-
de se
absolue
et
lier
par l'arbitrage d'une manière
permanente, on n'en
est pas
moins
obligé de reconnaître qu'elle a déjà recouru
assez fréquemment à des arbitrages occasionnels pour résoudre, sans emploi de la violence,
des difficultés dont
la
diplomatie n'avait pu
venir à bout. Et parmi ces conflits, certains
extrême gravité,
étaient d'une
exemple ceux des Carolines <1899), et de Il
importe
Casablanca
même
comme
(1885), des
par
Samoa
(1908).
de souligner que, dans
cette dernière circonstance, c'est l'Allemagne
qui proposa
peu de
cas,
le
recours à l'arbitrage, alors que
mieux que
celui-ci, auraient per-
mis d'invoquer, de part
et d'autre, le prétexte
de l'honneur national offensé. Quelle
était,
en
effet, la
situation ?
—
Des
militaires français avaient repris de force, entre les
mains d'agents subalternes du consul
allemand, six légionnaires dont ce dernier
328 LA QUESTION DE LA LEGION ÉTRANGÈRE avait facilité, sinon provoqué la désertion, et qu'il prétendait faire
tection, alors
même D'un
que
embarquer sous
sa pro-
d'entre eux n'étaient
trois
pas sujets allemands. côté, donc,
tional allemand,
nous voyons l'honneur na-
pouvant exiger une applica-
tion aveugle de l'article 3 de la Constitution
impériale, qui dit, à son paragraphe 6
:
«
Vis-
à-vis de l'étranger, tous les Allemands ont droit égal à la protection de l'Empire
mandant, en outre, réparation pour de
fait
de-
les voies
exercées à l'égard d'un garde marocain
attaché à et
», et
un
un agent diplomatique allemand
;
de l'autre côté, nous trouvons l'honneur na-
tional français, exigeant
allemand respecte par
le
que
le
gouvernement
contrat librement signé
les légionnaires, et
demandant satisfaction
contre cet agent diplomatique qui cherchait à
désorganiser nos troupes en temps de guerre,
en créant à côté
d'elles,
en territoire soumis à
notre autorité militaire, une agence de désertion opérant ouvertement, à la barbe de cette autorité.
l' ARBITRAGE
329
en puissance, des casus
belli,
LE RÔLE POSSIBLE DE Il
y avait
là,
de quoi mettre semaines, du
1
le
er
feu à l'Europe. Or, en trois
au 22 mai
de cinq arbitres arrangea toute agitation, par
un
1909,
un tribunal
l'affaire et
mit
fin
à
jugement de
véritable
Salomon.
La première conclusion à s'il
arrive
présence, néral
—
une autre
fois
tirer
qu'on se trouve en gé-
brochures, articles, conférences,
—
ment allemand aura vra d'abord
la traiter
prit de conciliation ;
puis,
le
gouverne-
prise en mains,
on de-
avec llattention
et l'es-
que mérite toute démarche
si la
solution tarde à interve-
nir par la voie diplomatique, et
que l'opinion
publique risque donc de s'énerver, proposer
le
le
il
recours à l'arbitrage, que
vernement allemand ne pourra
donné
est que,
non plus de polémiques d'ordre
mais d'une espèce définie que
officielle
delà
faudra le
gou-
refuser, étant
précédent existant.
Mais il y a plus. Si ce gouvernement s'est malheureusement montré, jusqu'ici, le plus réfractaire de tous à l'idée des traités d'arbi28.
330 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE trage applicables à tous les différends futurs,
nullement témoigné
n'a
il
l'égard des clauses
la
même
défiance à
compromissoires spéciales,
par lesquelles on s'engage à soumettre à bitrage certaines
l'ar-
catégories déterminées de
différends.
remarque ne s'adresse pas seulement
Cette
aux
traités
de commerce
et
autres conventions
analogues, où l'introduction delà clause com-
promissoire
depuis 1823, devenue peu à
est,
peu de pratique constante admise, en traités
dans
du
:
cette clause a
été
par l'Allemagne dans des
de tout autre nature,
les
11
effet,
et
notamment
deux conventions franco-allemandes
novembre
1911, relatives
au Maroc
et
au Congo. Or, ce sont
là
des conventions politiques au
premier chef,et pouvant donner ficultés de souveraineté, flits
à
main armée,
lieu à des dif-
de frontière, de con-
bref à toute la série des
cas à propos desquels on a coutume de ré-
questions
server
les
ou
intérêts vitaux.
les
intéressant Et, en
l'honneur
outre, c'est à
LE RÔLE POSSIBLE DE L ARBITRAGE
331
la suite d'une crise des plus graves, au cours iïe
laquelle btien des gens ont
pu
croire à rim-
ai inence de la guerre, que Ton est convenu de
conjurer désormais par l'arbitrage toute autre* crise de
même
origine, sans exception ni ré-
serve.
Qu'est-ce à dire, sinon que, les deux gouver-
nements comme
deux peuples ne voulant
les
pas se lancer dans une guerre d'extermination, la vision subite
reur a
suffi
du danger dans toute son hor-
pour emporter toutes
les
résis-
tances qu'une diplomatie surannée opposait à l'œuvre bienfaisante de l'arbitrage
on pas conclure de logue, suscité par
un
différend relatif à la Lé-
mêmes
cours au
même remède?
craintes détermineront
pourra-t-on objecter
attendre l'heure du danger
économiser une
Et ne doit-
qu'au cas de danger ana-
gion, les
— Mais,
?
là
crise,
tenant à conclure
le
?
ici,
le re-
pourquoi
Pourquoi ne pas
en cherchant dès maintraité
préconisé
par
M. Pohl?
— Parce qu'en
agissant dans ce sens, on
332 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE tournerait le dos aux précédents que nous offre
de l'arbitrage, qu'on n'aurait
l'histoire
donc que
peu de chances d'aboutir,
fort
et
qu'une négociation aussi délicate ne doit être entreprise que
à peu près certain du
si l'on est
succès. Jusqu'ici, en effet, les conventions d'arbi-
trage sont toujours nées des circonstances sui-
vantes
Ou un
:
bien,
un
conflit s'étant élevé,
acte spécial,
venant de est celui
le
ne concernant que
on conclut lui, et
soumettre à des arbitres. Ce cas
de l'arbitrage occasionnel, qui per-
mit de résoudre l'incident de Casablanca
Ou
con-
bien, concluant
;
une convention quel-
conque, d'ordre général, on y introduit clause compromissoire. Cest tés
le
la
cas des trai-
de commerce, traités d'extradition, traités
instituant
l'Union Postale universelle et les
autres Unions analogues, etc.
Ou
encore, on conclut
mettre fin à un conflit,
moyen de
cette
même
;
un arrangement pour et
on convient, au
clause compromissoire,
LE RÔLE POSSIBLE DE L'ARBITRAGE d'éviter la
333
production d'un conflit analogue,
en s'engageant
à-
déférer à l'arbitrage tontes
difficultés résultant
de
même
la
catégorie de
différends. C'est le cas dés conventions sur le
Maroc
Ou
et le
Congo
enfin,
;
on conclut un
permanent, convention sur tous les
traité d'arbitrage
d'ensemble
portant
différends qui pourront surgir
entre les contractants, en réservant ou certaines questions.
magne
On
vu combien
a
non
l'Alle-
hésite encore à s'engager dans
cette
où tant de nations s'avancent résolu-
voie,
ment.
Mais jamais encore on n'a eu
l'idée d'envi-
sager a priori, en vue de conclure une convention d'arbitrage,
une catégorie déterminée de
questions au sujet desquelles non seulement
aucun tion
conflit,
n'est
mais
pendante entre
intéressés. Plutôt les
même
aucune négocia-
les
gouvernements-
que d'anticiper tellement sur
événements possibles, de chercher aussi
loin le
fondement d'une clause compromis-
soire,
serait infiniment plus
il
simple
et
plus
334 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE sage de négocier franchement un traité d'arbitrage permanent.
Or,
tel est
9
précisément
cerne la Légion.
s'est
Il
le
cas en ce qui con-
produit à son sujet un
incident, celui de Casablanca, qui est réglé, c'est-à-dire sorti de la politique pour entrer
dans
l'histoire.
Et depuis
tion entretenue en
toute l'agita-
lors,
Allemagne est le
fait
de per-
sonnalités privées, et se montre sans tonde-
ment, puisque
le
gouvernement impérial n'y
a point trouvé matière à intervention diplomatique.
Comment donc
entamerait-on, dans ces con-
ditions, des négociations en
vue de conclure un
traité d'arbitrage particulier à cette question, et qui
en prendrait
n'a pas à engager
une conversal'organisation
de son armée coloniale elle pleine liberté
elle a
La France,
un pays étranger sur
évidemment, tion avec
l'initiative ?
;
et,
en accordant chez
à la parole
et
à la presse,
renoncé d'avance à formuler aucune
réclamation contre et publicistes
les
excès des conférenciers
allemands. Quant à l'Allemagne,
LE RÔLE POSSIBLE DE L'ARBITRAGE si elle
voulait entreprendre une négociation
de ce genre,
elle sait
en y mettant toutes a
à
335
bien qu'on les
lui
répondrait,
formes diplomatiques
:
Avez-vous une plainte déterminée, concrète, formuler
? Si oui,
nous allons l'examiner*
Sinon, nous n'avons rien à vous dire sur ce sujet Il
».
n'y a donc, en définitive, qu'une procé-
dure à suivre
:
Attendre qu'il se produise une réclamation
donnant
lieu,
non à
la nécessité évidente
d'une
réparation immédiate, mais à une contestation; proposer de soumettre ce litige à la
d'Arbitrage de la
Haye
;
et,
une
fois la
Cour
sentence
rendue, profiter de la convention qui en réglera l'exécution
pour convenir de soumettre
dorénavant à l'arbitrage tout autre différend occasionné par
Et
ainsi, tout
fut le
la
Légion.
comme
tournant de
la
l'histoire
crise
de Fachoda
qui détermina
rapprochement anglo-français, puis
le
l'entente
cordiale, la crise déterminée depuis quelques
années au sujet de
la
Légion pourra contribuer
336 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE rapprochement franco-alle-
efficacement au
mand.
Le rapprochement franco-allemand
Comme
ces
!...
mots sonnent étrangement, au
début de 1914, au moment où internationales ont
amené
un niveau inconnu
jusqu'ici,
suspicions
les
les
armements à sans que rien
permette de penser que ce niveau ne sera pas dépassé demain
Et pourtant, là. Il
!
faudra bien
il
faudra que
les
finir
par en venir
deux peuples
se décident
à écouter la voix de la raison,
s'ils
ne veulent
périr de mort violente ou de consomption. Il
y a un peu plus de vingt ans, en no-
vembre
1913, j'écrivais,
devant l'Europe
deux peuples faire
amis...
la
«
:
dans Y Alsace-Lorraine
Le devoir
et l'intérêt
des
non seulement de ne pas
est,
guerre,
mais
d'être cordialement
La tâche du moment
présent, c'est la
réconciliation de la France et de l'Allemagne.
Or, que
s'est-il
se
passé depuis lors
?
»
LE RAPPROCHEMENT FRANCO -ALLEMAND 337
La
comme inévipréconisée même dans
guerre, toujours prédite
table
et
prochaine,
chaque pays par quelques fous dangereux, pas plus survenue pendant
n'est
ans que durant
la
ces vingt
période égale qui les avait
précédés. Mais la mésintelligence, la suspicion,
même
parfois
certains
griefs
poursuivi leur œuvre tiéfaste
;
motivés, les
ont
armements,
toujours croissants, continuent d'absorber une quantité
prodigieuse de forces vives
et
de
capitaux, qui font défaut aux œuvres de civilisation,
même
les
plus urgentes
;
les
initia-
tives fécondes sont paralysées par l'incertitude
du lendemain, ou brusquement annulées par des crises aiguës.
Mais celles
le fait
même
que des crises
comme
de Tanger, Algésiras, Casablanca, Aga-
dir, se
sont dénouées pacifiquement, montre
à l'évidence à quel point cette tension perma-
nente est artificielle et contre nature. Les deux peuples, égarés par des excitations inconscientes
ou coupables, peuvent redouter chacun
les intentions
du voisin
;
mais
ils
s'estiment 29
338 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE réciproquement l'un de l'autre
;
et
sentent qu'ils ont besoin
leurs masses profondes ne de-
mandent qu'à collaborer en au progrès de
la civilisation
toute confiance ;
et les
hommes
capables d'une vue élevée, ou portant une part
de responsabilité dans
comprennent que doit plus être
les affaires
publiques,
paix franco-allemande ne
la
rompue, quelle doit
être assise
sur une base inébranlable.
Et voilà que l'Alsace-Lorraine, par de ses corporations
plus autorisées et de
les
son jeune parlement issu
proclame hautement
la voix
du suffrage universel,
qu'elle
en a assez de ser-
vir de théâtre et d'enjeu à des luttes fratrici-
des
:
qu'elle a droit, elle
la
principale inté-
ressée, à élever la voix entre son ancienne patrie et la nouvelle, pour les
rappeler à la raison
et pour leur servir de trait-d'union,
et
non
plus d'objet de discorde; que ces deux pays
ont également
manqué
elle, l'un en la livrant
l'autre
à leur devoir envers
comme une
en violant ses sentiments
par une annexion imposée,
et
rançon, et
et ses
droits
en infligeant à
LE RAPPROCHEMENT FRANCO ALLEMAND 339 ce peuple démocrate
sienne
;
qu'il
un dur régime à
la
prus-
ne leur reste donc plus, à son
égard, que le devoir de penser enfin à
pour
L'événement
n'a
donc
fait
que corroborer
conviction que j'exprimais en 1893
jamais,
il
elle,
non pour eux.
elle, et
faut dire
la
:
tâche du
;
plus que
moment
sent, c'est la réconciliation de la
la
France
préet
de
PAllemagne. Or, parmi les facteurs qui agissent à ren-
contre de ce rapprochement, la anti-légionnaire lors
est
campagne
un des plus dangereux,
même qu'elle est menée dansJes meilleures
intentions
du monde.
Par exemple, M. Heinrich Pohî termine son article
du Hochland par
Quiconque
est
se contente pas
réellement
ces
mots
:
un ami de
la
paix et ne
de prononcer des discours béats en
faveur, quiconque considère
dangers qui menacent
la société
consiste dans l'opposition
sa
que Fun des plus grands des Etats européens
que des mobiles surtout
sentimentaux ont créée entre l'Empire allemand
et
sa voisine de l'Ouest, celui-là doit déclarer la guerre
340 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE à la Légion étrangère.
Quiconque
supprimer, contribue à vaincre
la
travaille à la faire
guerre
et à assurer
la paix.
Il
est difficile,
en
vérité,
de se blouser plus
complètement.
D'une manière générale, on devrait com-
mencer à
savoir, en
sommes un peuple
Allemagne, que nous
plutôt susceptible, duquel j
on ne peut rien obtenir par
la
menace
et les
récriminations blessantes. Et, en particulier, déclarer la guerre à la Légion, c'est déclarer'
moralement
la
guerre à la France, où ce corps
sera défendu peut-être plus le serait la
unanimement que
garde royale prussienne en Alle-
magne.
La
seule conduite que l'on puisse
recomman-
der aux Allemands soucieux d'améliorer
les>
relations entre leur pays et le nôtre, consiste;
donc à reconnaître que
même,
est
la
Légion, en elle-
une institution aussi légitime que
toute autre force
armée
;
à s'en remettre à la
France du soin d'en améliorer l'organisation générale, en évitant une pression extérieure
f
LE RAPPROCHEMENT FRANCO- ALLEMAND que
les
341
Allemands n'accepteraient pas plus
que nous
;
enfin, à
agir d'accord
avec leurs
amis français, chacun sur son gouvernement respectif,
Légion
pour que tout différend
soit résolu
pare ainsi
la
relatif à
par la voie juridique
la
et pré-
voie à une convention d'arbi-
trage.
29.
CONCLUSION
En
résumé,
après
avoir
calomnies répandues dans
j'ai
France
de les
montré que quelques réformes sont
possibles et désirables, dans l'intérêt la
et
demandes d'arme-
préparer à de nouvelles
ments,
seule intention
la
d'exciter les esprits contre la
même
Légion. Ces réformes sont les suivantes 1°
Réduire à
engagement 2°
trois
ans
la
(voir chapitre
Admettre
les
hommes
pour
les
dant
la retraite la
de
:
durée du premier
XXXI)
;
rengagements jusqu'à con-
currence de 25 ans de service
au bout de
de
justice
fait
et
43 ans d'âge
restée valides, tout en accor-
avec pension proportionnelle
quinzième année (chap. XXXI)
;
344 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE 3° Veiller à ce
homme
qu'aucun
ne puisse
s'engager avant sa dix-huitième année révolue, et exiger
que tous
les
mineurs produisent une
autorisation de leur père ou tuteur, sous la réserve indiquée au chapitre 4°
XXXIV
;
Exiger la production de pièces d'identité,
sinon au bureau de recrutement, au moins, à
au sous-intendant en per-
titre confidentiel,
sonne, sous les garanties de secret spécifiées plus haut
;
en sorte que
de s'engager sous un
les
nom
hommes
certitude que leur identité ne sera
du sous-intendant la
et
désireux
supposé aient
la
connue que
du général commandant
Légion, personnellement (chapitre XXXIII); 5°
Dans
certains cas graves, ne faire signer
l'engagement devant titre provisoire, le
dernier ressort;
l'homme
le
sous-intendant qu'à
général ayant à décider en
en cas de
refus,
ramener
à son point de départ, sous la sau-
vegarde de
militaire,
l'autorité
sans
qu'il
puisse être poursuivi ou inquiété d'aucune
façon (chapitre 6° Créer à la
XXXI)
;
Légion un^ subdivision de ca-
345
CONCLUSION
aux ren-
valerie et unç, d'artillerie; accorder
gagés étrangers
la
même
situation pécuniaire
qu'aux français (chapitre XXXI). Cet ensemble
de réformes enlèverait tout
prétexte de critiques contre la Légion, et devrait
donc donner toute
satisfaction à ceux des
Allemands qui n'ont en vue que et l'amélioration
le
bien général
des relations entre leur pays
et le nôtre-
Mais à ces
ici, et
pour terminer,
Allemands
il
faut renouveler
cette prière instante
:
Qu'ils bornent leur intervention à enrayer,
dans
leur,
propre pays,
la
campagne
violente
anti-légionnaire des pangermanistes, à trer à leurs compatriotes justifiée,
dangereuse
et
combien
suspecte;
rendent compte que l'organisation de est
une
affaire
purement
vif les fibres les plus
mon-
elle est in-
qu'ils la
se
Légion
française, touchant à
profondes du sentiment
national français, en sorte que la plus grande réserve doit être observée à son^égard par les étrangers,
mands,
et
particulièrement par les Alle-
346 LA QUESTION DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE
A
cette condition seulement,
il
pourra être
question en France d'une action quelconque
en vue de corriger qui peuvent
quelques défectuosités
les
exister
dans
cette
institution.
Mais tant que nous recevrons d'Allemagne des
sommations discourtoises, ou seulement des objurgations ou des indications, elles n'auront d'autre effet que d'empirer les relations
franco allemandes. Si,
au contraire,
et d'autre,
la question est traitée
avec l'impartialité objective que l'on
s'est efforcé d'atteindre
les
difficultés
mêmes
de part
dans
actuelles
la présente étude,
conduiront
d'elles-
à la solution la plus satisfaisante. Le
premier différend concret qui pourra se présenter sera tranché soit à l'amiable, arbitrage,
comme
Casablanca
;
il
est arrivé
pour
par
celui de
après ce second précédent, on en
viendra tout naturellement à signer,
pour
soit
les affaires
marocaines
comme
et congolaises,
une clause convenant de soumettre désormais à la juridiction arbitrale tout autre à la Légion
;
et l'on
litige relatif
s'acheminera ainsi vers la
CONCLUSION réalisation
mand,
du
347
traité d'arbitrage
franco-alle-
c'est-à-dire vers la détente qui doit pré-
céder l'entente finale.
Et
la
Légion, de la sorte, aura rendu
grand service aux deux pays à Paris,
mars 1914.
la fois.
le
plus
APPENDICE Note
1
(Addition au chapitre IV).
UN DRAME ALLEMAND SUR LA LÉGION
Jusqu'au début de 1914,
les
nombreuses
re-
présentations de propagande, données en Alle-
magne
contre la Légion, ne s'élevaient pas au-
dessus du niveau du cinématographe
et
de
la
chanson de café-concert. Il
était réservé
à M. Erwin Rosen de cher-
cher un succès facile dans l'exploitation du
chauvinisme
du sentimentalisme
et
irrai-
sonné, en produisant un drame qui fut accueilli sur
magne,
une des premières scènes d'Alle-
et qui,
répandre dans
de le
là,
pays
ne manquera pas de se entier.
Le correspondant berlinois du Temps, M. L. 30
APPENDICE
350
Comert, écrivait à ce propos (numéro du 26 février)
:
Berlin, 25 février.
Le Cafard, la
le
drame qu'Erwin Rosen
Légion étrangère, a
été joué hier soir
a écrit contre
au Kùnstler-
Theater de Berlin. Ce fut une manifestation où n'a rien à voir,
un
épisode de la
l'art*
campagne poursuivie j
contre notre plus beau corps militaire africain.
premier rang des loges on remarquait
le
Au
chef du parti
progressiste, le député Mûller-Meiningen, qui a tou-
jours eu dans cette question
tude.
Le succès de
cet appel
une intransigeante aux passions
et
atti-
de cette
suggestion de la crédulité publique paraît avoir ré-
pondu fin
du
à l'attente des entrepreneurs
du troisième
acte et celle
spectacle.
accueillies par des bravos frénétiques.
Des femmes
pleuraient d'attendrissement, et six ou sept teur dut paraître devant
la
La
du quatrième furent
rampe
et venir
fois
l'au-
saluer le
public.
L'œuvre n'a aucune valeur
drame vulgaire sans gné de haine.
Au
C'est
un
souci d'exactitude et tout impré-
lever
sont obscures. Dans
littéraire.
du rideau,
la salle et la
un rayon de lumière
légionnaire s'avance vers le public
:
«
scène
verte
un
Nous sommes
\
UN DRAME SUR LA LÉGION les
légionnaires d'Afrique », s'écrie
puis
il
continue en allemand
:
«
Tout ce que vous
vous montrer ce que nous souffrons
mourons
».
en français,
t-il
rigoureusement exact
allez voir ici est
et
;
nous allons
comment nous
Après ce boniment forain, qui a de quoi
surprendre dans ce Kûnstler-Theater dont sont peut-être
les
plaudissait hier le
rampe
351
les
acteurs
meilleurs de Berlin: et où on ap-
drame de Gerhart Hauptmann,
la
s'allume.
Suit,
une analyse du drame, à laquelle on ne
reprochera pas d'en dissimuler sodes, car,
si
nous
la
les noirs épi-
reproduisions
ici, elle
n'occuperait pas moins de cinq pages de texte et
;
vraiment, ces pauvres inventions ne méri-
taient pas tant d'honneur.
La correspondance du Temps les intéressantes constatations
La presse berlinoise de
masquer
la
médiocrité
M. Erwin Rosen, mais
même «
ce
se termine par
qui suivent
matin
littéraire elle
:
n'essaie pas de
de la
pièce
en loue l'intention
de et
l'exactitude véridique.
C'est
Courrier de
d'une impitoyable vérité la
Bourse.
»,
prétend
le
352 ((
APPENDICE Cette pièce », dit la Gazette de
évidemment
écrite
pour détourner de
qui voudraient y entrer.
Croix, « a clé
la
la
Légion ceux
dans ces con-
Il est difficile,
ditions, de la juger avec toute la froideur de l'esprit critique.
drame a
Quand
il
s'agit
d'une
on ne peut
telle cause,
même
aucune collaboration, pas
rejeter
d'un
celle
qui, par sa tendance, s'éloigne de l'art. »
On
ne saurait trop louer
Lokal-Anzeiger, «
On nous
le
but
plaide le Berliner
»,
et l'intention
de l'œuvre.
affirme que l'auteur s'est servi de ses propres
souvenirs pour écrire ce drame. C'est un avertissement
pour tous de
la
curieux que tenteraient
les
Légion.
Rosen
soit
un
Il
est
les
aventures
dommage cependant qu'Erwin
aussi médiocre écrivain
Nous pouvons du moins
féliciter
dramatique le
Berliner Tageblatt, qui a le courage d'écrire
drame sur
la
Ce
«
Légion étrangère n'est qu'un pesant
inopportun mélo de boulevard Certes,
:
il
est
nous-mêmes,
et
à
et
».
inopportun
boulevard nous oblige à
».
du
critique
!
Et
iaire
confesser
si
lernol de
un retour
sur
que nous ne
connaissons que trop, en France, cette déplorable littérature des
romans et des drames que,
par euphémisme, on qualifie de patriotiques,
UN DRAME SUR LA LÉGION
353
nous n'en sommes que plus en droit de dire que
auteurs de semblables productions
les
sont des malfaiteurs publics.
Au ne
reste, l'opinion
se laisse pas
voudraient,
et
publique, en Allemagne,
duper par eux autant
que
vins. Voici à cet égard
ajouter à ceux que
Le Journal du
deux témoignages à
l'on a trouvés plus haut.
mars 1914 publiait
2
pondance suivante de Munich Une
revue munichoise,
dernier numéro, sur
qu'ils le
disent nos organes chau-
le
la
le
la corres-
:
Kain, publie dans Sun
Légion étrangère, un
article
qui diffère remarquablement de ceux que l'on est
habitué à voir dans
Après de
la
s'être élevé
la
presse allemande.
contre
les
presse chauvine contre
tendus
a
enrôleurs
d'après ces
produit
mêmes
»
ia
attaques
a injustifiées »
Légion, contre
les
pré-
qui pulluleraient en Allemagne
feuilles, l'auteur
les chiffres les
de
plus récents sur
des soldats composant
la
étant pas en majorité,
« les
les
l'article
re-
nationalités
Légion. Les Allemands n'y insinuations et provoca30.
354
APPENDICE
tions, dit-il,
de la presse allemande sont absolument
déplacées. « Sans compter ceux qui y vont pour chercher des
émotions, d'autres qui ont eu parfois maille à partir avec
la justice
temps une «
de leur pays y mènent
la
plupart du
vie nouvelle qui les régénère.
Nous ne voyons donc aucune raison pour com-
battre la Légion, et
si
nos chauvins
le font, c'est
sans
doute pour soulever des complications. Autrement, rien ne nous autorise à critiquer cette institution moralisatrice, qui d'ailleurs n'avait pas été fondée
par
la
France dans un but de conquête, mais par
les
représentants de tous les pays au Congrès de Vienne
de i8i5. C'est donc une institution internationale
dont
la
première idée,
ginal, revient
et c'est là le point le plus ori-
au général prussien Blûcher.
)>
Cette dernière assertion, malheureusement, est bien singulière seize ans après le
ans après
la
;
car c'est
le 10
mars
Congrès de Vienne,
mort de Blûcher, que
et
la
1831,
douze
Légion
étrangère fut créée, bien moins en vue de renforcer l'armée française, que d'utiliser les
nom-
breux étrangers alors réfugiés sur notre
terri-
UN DRAME SUR LA LÉGION toire, et
auxquels l'Etat
355
de donner
était obligé
des secours allant jusqu'à 140.000 francs par mois. Mais, à part ce lapsus, I '
est dicté par la raison
l'article
même. Et
une grande satisfaction qu'on peut
du Kain
c'est le
avec
rappro-
suivant de la revue démocra-
I
cher de
I
tique die Aktion, de Berlin, dont j'emprunte la
l'extrait
I traduction
f bre
1913
// est
au journal
le
Matin, du 28 septem-
:
grand temps que
l'on mette fin
à une campagne
I d'excitation qui chaque jour devient plus odieuse et augI
mente
danger de guerre. Ne
le
se lèvera-t-il
sonne pour crier à ces agitateurs
— .
Vous
êtes des
France. Elle n'a qu'un but «
pitié
Non,
!
Votre lutte
ce n'est pas
pour
le
sort des
:
pousser à
V humanitarisme
,
la
guerre
ce n'est
!
pas
la
légionnaires qui vous incitent à
agir, vous qui n'avez pas d'autre idéal que des massacres
en masse
!
Ce qui vous anime,
honteux qu'inhumain. due. I
:
menteurs conscients
contre la Légion étrangère est une lutte masquée contre la
I
«
donc per-
Ceux qui
c'est
La Légion
un chauvinisme aussi
a besoin d'être défen-
déblatèrent contre elle ne sont que des
chevaliers d'industrie, qui présentent
jour dénaturé.
les
choses sous un
APPENDICE
356 ((
à
la
Les mauvais traitements ne sont pas plus fréquents Légion que dans Varmée allemande. Certes,
cipline
y
est sévère;
mais ce n
est
la dis-
pas une institution pire
que bien des entreprises industrielles allemandes (1).
Personne
—
et
cesi là
d'y entrer. Elle respecte
le
point capital
les traités
— nest
obligé
conclus avec ceux qui
s*y engagent.
Si vous voulez empêcher
«
Légion,
procurez-leur
Allemands
les
donc
d'existence dans leur pays. Si
de le
grand, cest
Légion; Il
la
conditions
nombre des désespérés
qui cherchent un refuge dans cette « patrie »
d'aller à la
meilleures
institution
est
si
qui est coupable, et non la
ce nest surtout pas la nation française. »
convient de rendre
hommage
à
l'homme
courageux qui a osé dire ces vérités à ses compatriotes la
;
son article est
comme
morale du présent ouvrage. (i)
Voir page 3oi.
le
résumé
et
Note 2
SUR LE PRÉTENDU RACOLAGE
On
a lu à la page 111 l'aventure de
reporter de la Gazette nationale qui
ner, ce
dut constater que ni à
m
Novéant. sion sur
à
et
qui
de
Nancy, on n'exerça aucune pres-
lui.
Ce passage le
Légion
la station frontière
feignit de vouloir s'engager à la
dans
M. Breit-
était déjà
imprimé quand parut,
Temps du 23 janvier
1914,
un extrait
des mémoires d'un ancien légionnaire anglais,
M. G. Manington,qui cher
de
mand (1). fi) .To'in
.4
est intéressant à
l'expérience
Voici cet
du
journaliste
amusant
soldier of-the Légion, par
Vlurraj, 1907.
rappro-
G
récit,
alle-
qui montre
Manin^loii
;
Londres,
APPENDICE
358
également que nos
de recrutement ne
officiers
sont pas des ogres
ont
terribles, et qu'ils
si
conscience de leur devoir d'empêcher un jeune
homme
de s'engager par un simple coup de
lendemain
tête qu'il regretterait le ce
Vous
désirez vous engager dans
ments étrangers bureau de
—
répondis-je.
:
«
La Légion
Eh !
me demanda
le
un
Oh
I
Vous
êtes
c'est.
Quelque
un
commandant du
)).
imbécile,
Il
cette
sourit et
mon ami...
service y est dur, la discipline sévère...
fils
de famille
;
cela se voit. Je sais ce
bêtise sans doute.
tresse inconstante. Il y
en
Un jupon,
a mille
enchantées de vous consoler. Allez
du
même
que
une maî-
autres qui seront faire
rien de tel pour changer les idées. Si êtes toujours
régi-
— Oui. Monsieur,
depuis hier
bien, vous êtes
Le
un de nos
Depuis quand avez-vous pris
—
détermination? reprit
?
rue Saint-Dominique.
la
:
un bon dîner
avis et résolu à embrasser
carrière des armes, revenez
me
trouver
;
demain vous
».
la
Note
3
COMPLEMENTS DIVERS
La campagne
antilégionnaire.
—
Pendant
que ce volume achevait de s'imprimer,
il
s'est
produit une notable recrudescence des attaques contre la Légion. Bien entendu, chacun des
exemples qui vont
être cités
toujours en pareil cas,
le
a
fait,
comme
tour de la presse alle-
mande.
Le 3 mars
1914, le Berliner Tageblatt appre-
nait de Francfort qu'un M. Conrad, ingénieur
à
la
Société générale d'électricité, à Giessen,
âgé de quarante ans, avait disparu,
de ses amis avait reçu de
en France, où
il
par des racoleurs.
lui
une
et
qu'un
lettre, écrite
déclarait avoir été
emmené
— Un ingénieur de quarante
APPENDICE
360
ans, cueilli au centre de l'Allemagne
!
Voilà
qui ferait plus d'honneur à l'habileté de nos
racoleurs-fantômes qu'à
l'esprit
de leur vic-
time, et surtout à celui des gens capables d'accueillir
une
pareille bourde.
Gageons que
cet ingénieur, parti en joyeuse
compagnie, reparaîtra, une
fois
son viatique
épuisé, convaincu d'avoir fait à son
une plaisanterie Le 4 mars,
spirituelle
l'officieuse Gazette de V Allemagne
du Nord annonçait que gion
la
Ligue contre
Reichstag un mémoire sur
Le
7
la
commentaire
le
même
dangers qu'elle
organe publiait, sans
ni rectification, la note suivante,
reçue de la Ligue
D'après une communication I
les
Légion.
mars,
qu'il avait
la Lé-
remettre au gouvernement et au
allait
impute à
camarade
!
:
qui nous
est faite à
instant, les autorités ont été informées de vingt cas
où, dans l'Allemagne
neurs
se sont
du Sud,
engagés à
la
des jeunes gens mi-
Légion ou ont été racolés
pour ce corps.
A
ce propos, le Journal
du 8
faisait
remar-
COMPLÉMENTS DIVERS quer que, officiel
auparavant,
trois jours
de Bavière avait publié
démentant
361
Moniteur
le
un communiqué
l'existence des racoleurs
;
mais ce
document, transmis à la presse par les agences, silence par les
avait été passé sous berlinois, la
si
prompts à
journaux
accueillir les notes de
Ligue de Munich.
Ce communiqué scandale dont
la
se rapportait à
un véritable
Chambre des députés bava-
roise avait été le théâtre, quelques jours plus
qu'a rapporté
tôt, et
cours de
la
le
Matin du 5 mars.
Au
discussion du budget de la guerre,
député Loibl avait prononcé un discours
le
contre
la
Légion,
et
n'avait pas craint de
dire:
On
a
Munich la
assuré que
le
consul général de France à
était d'accord avec les agents
Légion, et on offre
même
de
récemment, un racoleur français nich.
Il est
indispensable que cet
sang allemand dans
les
le
a
recruteurs pour
prouver. Encore été arrêté à
immonde
Mu-
trafic
de
colonies françaises prenne
fin.
Ces étranges paroles ne furent pas relevées 31
APPENDICE
:362
membres du gouvernement qui
ipar les
taient à la séance
dut
;
ministre résident
et notre
aller protester contre elles
auprès du comte
du Conseil
Hertling, président
assis-
ministre des
et
Affaires étrangères de Bavière, lequel
lui pro-
une
son mi-
mit de
faire faire
rectification par
nistre de la guerre.
Le
11
d'après
mars,
les
journaux
annonçaient,
Nachrichten
les Leipziger Neueste
Le ministre prussien des chemins de «l'apposition
dans
les
wagons
et
fer a autorisé
dans
les gares d'af-
un
fiches contre la Légion étrangère. C'est
la propagande
faite
Ces affiches
dans
gares
les
seront
de
Ligue
la
tout d'abord
placées
proches de la frontière et dans les
trains se dirigeant vers la France
Xe
résultat
par la section rhénane de
^militaire.
:
12 mars,
ou
la
Belgique.
on apprenait en France une
nouvelle assez surprenante. L'ancien bourg-
mestre et légionnaire
Trœmel
qui, en no-
vembre, déclarait vouloir se fixer à Paris, parti pour faire en
conférences sur la Légion
mencer par se
faire
était
Allemagne une tournée de ;
il
devait
com-
entendre à Halle, mais la
COMPLÉMENTS DIVERS police
interdit
la
séance
3gJ
annoncée. Pour-
quoi cette interdiction, alors que, sur tout
on permet
territoire,
le
les
conférences et
exhibitions organisées pour vilipender la
gion? Craignait-on que vât en M.
cette dernière
Trœmel un défehseur?
Et,
Lé-
ne trou-
s'il
en est
pas fondé à penser que les infa-
ainsi, n'est-on
mies débitées sous
le
couvert de la trop fa-
meuse Ligue sont patronnées par les autorités ? Enfin,
le
portaient
son tour,
20 mars,
que le
les
journaux français rap-
Ligue militaire reprenait, à
la
projet de créer
une Légion colo-
où Ton ne
se montrerait pas.
niale allemande,
trop exigeant en ce qui concerne le passé des
engagés
(1).
Mais,
fait
à noter, elle propose
en
outre que, suivant une pratique qui nous est
reprochée neurs,
si
vivement, on y admette des mi*
même sans autorisation
de leur père ou
tuteur.
A
ce sujet,
le
correspondant berlinois de
VHumanité téléphonait (i)
Y air pages 53
et 81.
le 19
mars ;
APPENDICE
364 La
presse nationaliste n'abandonne pas
la
lutte
contre la Légion étrangère, malgré toutes les désillusions qu'elle a subies jusqu'à présent. effet,
de rappeler que parmi tous
breux dont il
elle
n'y en a pas
un examen
convient, en
Il
les cas très
nom-
a entretenu l'opinion publique,
eu un seul qui eût
il
été confirmé par
précis.
Aujourd'hui même,
Ligue contre
la «
la
Légion
étrangère » annonce dans les journaux une nouvelle représentation où
un ancien
légionnaire qui se serait
évadé, ferait le récit des souffrances qu'il a endurées. Il est
bon de
logues et sieurs
se souvenir
non moins
villes
que des représentations ana-
théâtrales ont eu lieu dans plu-
de province
et
ont toujours
qu'elles
abouti à compromettre la campagne dirigée contre la
Légion.
L'organe
officiel
de
la «
Ligue militaire
d'une Légion allemande de i5.ooo placée dans
allemande
la colonie
se
du
proposition
demande,
la
création
hommes qui serait
sud-africain. Cette Légion
composerait d'Allemands, et une des
conditions essentielles de la
»
dans son dernier numéro,
d'ailleurs,
son existence
serait, selon
du journal pangermaniste, l'impunité
garantie à tous les délits et à tous les crimes commis.
Pour
les
mineurs, l'organe
officiel
de
la
Ligue de-
COMPLÉMENTS DIVERS mande formellement que ou du tuteur ne
La
soit
le
365
consentement du père
pas exigé.
Vossische Zeiiung,
en rendant compte de
cette
proposition, déclare ne pas vouloir l'examiner de plus près, car elle aboutirait
de criminels et
à
un
créer
le journal ajoute
que
corps de troupe la réalisation
du
projet est d'avance impossible.
Une attaque contre l'armée coloniale néerlandaise.
—
Ce qui a
été
à la page 289, de
dit,
l'immunité des Pays-Bas vis-à-vis de
la fu-
rieuse indignation des antilégionnaires alle-
mands, a cessé dans
le
d'être
exact.
Temps du 4 mars,
vant de Berlin La campagne contre
le
On
en
lit,
effet,
télégramme sui-
:
la
Légion étrangère
se conti-
nue en Allemagne par des attaques contre les troupes coloniales hollandaises.
une
sorte de
roman
11
vient de paraître à Berlin
fantaisiste intitulé
:
« Fils
un jeune homme
quiet et légionnaire », où
de ban-
soi-disant
d'une excellente famille rhénane rapporte ce qu'il a
vu
à la légion hollandaise.
épisodes la
description
administrée à
yeux des
un
soldat
On
d'une
y trouve entre autres terrible
bastonnade
pour une peccadille, sous
officiers.
31.
les
5
APPENDICE
366
A quand
tour des Etats-Unis ?
le
Maltraitement de soldats
moment où
se produit
campagne contre
la
et
d'écoliers.
— Au
un redoublement de
la
Légion, on ne peut trou-
ver mauvais que nous sortions de
la réserve
observée plus haut à l'égard des traitements subis par les soldats allemands, et qui causent parmi eux tant de désertions et de suicides.
Le Temps du
gramme de
mars contenait un
télé-
Metz, rapportant six de ces sui-
survenus en quelques jours, rien que
cides,
dans
1 er
les
bourg
garnisons de cette ville et de Stras-
:
Les suicides de soldats se multiplient à Strasbourg et
ie
à Metz. e
sous
Il
un
train.
taillon
du
bourg,
s'est
deux
gistre
Metz
y a quelques jours, deux soldats du
régiment d'infanterie, à Strasbourg,
:
Avant-hier,
train des
un
soldat
se jetaient
du
i5 e
ba-
équipages, également à Stras-
brûlé la cervelle. Aujourd'hui on enresuicides
des soldats
de
la
garnison de
un canonnier du 70 e régiment|d' artillerie de
367
COMPLÉMENTS DIVERS campagne
un jeune giment
s'est
pendu dans une de
sous-officier
s'est tiré
Dans une
la 3
un coup de
cbaîoibrée
;
en outre
compagnie du
e
1
45* ré-
fusiî.
lettre adressée à ses parents, ce sous-offi-
cier écrit qu'il a été poussé
au suicide pour échapper
aux tracasseries de son capitaine. Enfin on apprend
du
ditions
soldat
dragons, qui se soustraire
mort dans de
la
singulières con-
Emmelmuth, du serait
pendu
le
aux brimades dont
il
9/
Tegiment de
17 février
pour se de la
était l'objet
part des anciens de l'escadron.
La
d'Emmelmuth
famille
Bochum,
habite
en
Westphalie.
Dans un premier, un deuxième, un troisième et
un quatrième télégrammes l'escadron,
suicide.
quième seulement, en date du
mande aux
parents
faire revenir s'est
s'ils
une enquête, traité à
il
a
le
s'est alors
pu
Dans un cin-
février,
19
on de-
maintiennent leur volonté de
au pays natal
pendu. Le père
par
adressés à la famille
on ne parle pas du
établir
corps de leur
rendu à Metz
que son
coups^de bâton dans|l'écurie
et
fils
a
fils
et
été
qui
après
mal-
probablement
camarades'qui, pour faire croire à
un
suicide, auraient traîné le corps dans les cabinels,
où
achevé par
ils
ses
l'auraient
pendu
à
une courroie.
APPENDICE
368
d'Emmelmuth ont
Trois soldats de l'escadron
été
arrêtés.
Deux jours plus taient sées
tard, les
journaux rappor-
que des circulaires venaient d'être adres-
simultanément aux diverses subdivisions
nationales de l'armée allemande, contre les
mauvais traitements
cerne l'armée bavaroise ministre
de
supérieurs
soldats, ainsi
bavarois,
un ordre qui
que
le
les
général
rappelle à tous
doivent
mauvais traitements envers
l'avenir
qui ne se seront pas conformés à
que
les conseils
ou
de guerre.
Le ministre de
la
guerre prend, de son côté, l'enga-
gement de poursuivre sans 'indulgence
les
supérieurs
qui auront considéré avec trop de légèreté vais traitements infligés ral
les
ses prescrip-
tions ne soient plus épargnés par leurs supérieurs
par
les
les injures.
Le ministre recommande pour officiers
celle qui con-
de l'armée bavaroise qu'ils
éviter à tout prix
Voici,
:
guerre
la
Kress, vient de publier les
injures.
du 3 mars,
d'après l'Humanité
Le
les
et
aux hommes. Enfin,
de Kress déclare que
la
question
les
mau-
le
géné-
se poserait très
COMPLÉMENTS DIVERS sérieusement de savoir
si
les officiers
369
qui se seraient
rendus coupables de mauvais traitements pourraient encore rester dans l'armée. Les sous-officiers
sont
menacés de punitions analogues.
On
peut se demander
cet ordre sera plus
si
que tous ceux qui Font précédé. En
efficace
tout cas,
il
ne semble pas avoir exercé l'action
immédiate que
l'on
la discipline tant
présumerait en raison de
vantée de Tannée allemande.
Voici, en effet, à trois semaines de distance,
deux exemples de ces répressions dérisoires auxquelles
page 159.
il
Ils
a été
fait
allusion plus haut, à la
sont fournis par
de Berlin au Matin du 23 mars
un télégramme :
Le Conseil de guerre d'Insterburg l'adjudant gardien-chef
Gumbinnen
de
la
prison
a
condamné
miKtaire de
à quatre semaines d'arrêts simples pour
avoir maltraité les prisonniers confiés à sa garde.
Par 17 degrés de
hommes
froid, ce
sans feu, au point
sous-officier laissait les
que l'un d'eux a eu
les
du 45 e
ré-
pieds gelés.
D'autre part,
un adjudant
giment d'infanterie ont
été
et cinq soldat
condamnés,
le
premier à
370
APPENDICE
trois jours,
et
les
cinq autres à trois et huit joi
pour avoir, par leurs mauvais
d'arrêts,
traite men
poussé une recrue au suicide.
Trois jours
homme
pour
d'arrêts
la
mort
d't
!
Voici encore, d'après
le
Temps
du.
20 mai
l'odyssée d'un malheureux, qui ne trouver
certainement pas que la Légion est un enfei Le commissaire de interrogé hier tenstein,
S'étant
de enfui,
un
police de
Vernon, M. Taxil,
déserteur allemand,
Hambourg, où
il
était
Helmuth
Wartenstein vint à Paris
gagner Rouen à pied.
Il
s'est
Wa
en garniso et
voul
égaré en route et
trouvé à demi mort d'inanition dans une meule paille.
A
l'hôpital de
la
(
Vernon, on a constaté que
malheureux portait sur de coups. Remis à
fi
le
corps de nombreuses trac
gendarmerie,
il
a déclaré voulo
s'engager dans la Légion étrangère.
Comme il est indiqué plus haut, à la page 16 on ne peut s'étonner de voir maltraiter les dats dans
un pays où
les
sont encore considérées nécessaires dans les
so
punitions corporelk
comme
écoles.
légitimes
<
Le Temps d
COMPLÉMENTS DfVERS
5 mars
371
contenait, sur ce dernier point, le télé-
gramme
suivant de Strasbourg
Une motion
socialiste
collègues a été déposée
:
émanant de M. Bohle
et ses
sur le bureau de la seconde
chambre du Parlement d'Alsace-Lorraine. Cette motion invite
l'emploi de la férule et les écoles
le
gouvernement à interdire
les
punitions corporelles dans
primaires du pays.
On
se
souvient qu'au
cours du dernier procès du Journal d'Alsace -Lorraine, <pii se
teur,
M. Yung,
ments -du
termina par
infligés
Ban de
la
Quelles
la
condamnation de son rédac-
celui-ci s'était élevé contre les traite-
par
les instituteurs
aux élèves des écoles
Roche.
peuvent
être
les
réflexions d'un
Alsacien qui voit frapper son alors
qu'il a
d'éducation, dans
primé depuis
à
fils
l'école,
connu jadis d'autres principes
un pays où cet abus
longtemps
si
est
sup-
?
Encore un bel exemple de faute rachetée.
Le Temps du
20
histoire qui suit
Un
jeune
mars rapporte
la
—
touchante
:
homme
d'origine
bretonne,
François
372
APPENDICE au 26
Maynard, incorporé y fut de
en 1910,
régiment d'infanterie
part de ses camarades ayant eu
la
condamnation
connaissance d'une
qu'un beau jour
cruelles,
plus
pourtant,
tard,
et était
il
déserta.
il
se
avait subie
qu'il
avant son arrivée au corps, l'objet de
telles allusions
Quelques mois
constituait
prisonnier
mis en prévention de conseil de guerre.
Des volontaires étant à ce moment demandés pour faire
partie
de l'expédition du
qu'on
supplia
racheter sa faute.
ajoutant qu'un
pour
Le
soir
même, Maynard s'évadait de
ger, et sous le
Peu
la
11
après,
nom
il
comporta fit
fort
revenait à Toul, se pré-
vingt-neuf
comme
sujet étran-
il
Il
fut dirigé sur
prit part à plusieurs
Géry ville combats
bravement.
notamment
taine Labardette
prison et pas-
de Dufour, s'engageait pour cinq
Légion étrangère.
de là au Maroc, où
et se
pour
opposa un refus,
qui a déserté est trop lâche
au bureau de recrutement
sentait
et
lui
se battre.
sait la frontière.
ans à
Sdn capitaine
homme
Maynard
voulant partir
désignât,
le
Maroc,
du détachement du
partie
capi-
qui fut tué avec un lieutenant et
hommes
par
les
vint finalement du Maroc,
Marocains. Maynard re-
titulaire
de
la
médaille de
COMPLÉMENTS DIVERS la
campagne avec deux
agrafes. Il révéla alors sa vé-
ritable identité et sa situation taire.
Ramené
à Nancy,
conseil de guerre ses états
du
de service à
373
il
a
au point de vue mili-
comparu
hier devant le
20* corps qui, après l'exposé de la
Légion,
l'a
acquitté à l'unani-
mité.
C'est
dans
le
même numéro
de journal que
se trouve l'aventure de l'Allemand
Wartens-
tein,
rapportée plus haut. Qui oserait sou-
tenir,
devant ces deux hommes, que
est
la
Légion
une institution à supprimer?
FIN
22
TABLE DES NOMS ET DES PÉRIODIQUES CITÉS
Ahlhorn, député au Reichstag, 65, 67, 107. Aktion, 355.
Baslen, légionnaire, a 19.
Bassermann, député au Reichstag, 47, 58, 67. Bayerische Staats-Zeiiung, 36 1,
De De
Benedict, colonel autrichien, 242, Benedict, Bruno, légionnaire, 241.
Berlandier,
commandant,
175.
i
Berliner Tageblatt, 116, 117, 317* 352, 809. Von Bernhardi, général, i4, l&*
Bernstein, député au Reichstag, 62, 67, 107. chancelier impérial,
Von Bethmarm-Hollweg,
Bismarck, 167. Blùcher, maréchal, 354. Bœrsen-Kurier, 2,53, 35 1, Bohle, député alsacien, 371. Boillet, François, légionnaire, 23g.
Bourgeois, Léon, sénateur, 326. Breitner,
ma
n3,
35;,
Bruneau, général, 189, 209. Bûlow, comte, chancelier impérial, g3. Gahuet, Albéric, 208.
De
Chabot, lieutenant, 264»
ilJ$
•
316
TABLE DES NOMS
Cherfils, légionnaire, 174, 175, 3i2.
Choiseul, 70.
Comert, P., 35o. Conrad, prétendu enrôlé, 35g. Correspondance helvétique, 11, 47. Delius, Hans, 83.
Von Deimling,
général, 120,
Deutsche Juristen-Zeitung, 75.
Dhurmer, légionnaire, 191. Duron, Joseph-Mathieu, légionnaire,
Durs Eisass, 169. Van Eckhaute, légionnaire,
175, 176, 3i2,
239.
Egler, légionnaire, 193.
Emmelmuth, soldat allemand, 367. Erzberger, Mathias, député au Reichstag, 60, 67. Favarel, avocat, 176. Figaro, 212. Follin, Henri, 254.
Von
Forstner, lieutenant, 120.
France
militaire, 14.
Frankfurter General- Anzeiger 45 Frankfurter Zeitung, 68 à 7 7, 100 ,
248, 298. Fribourg, André, 21,
lift,
,
127, 243,
241,
267, 3o2.
Gaulois, 38.
Gazette de Lausanne, 239. Geiser, 229.
Gothein, député au Reichstag, 5i, 67. Greif \l\. Hamburger Fremdenblatt, 25, 26. %
Hasselmann, légionnaire (?), a3, 24» 38, 229, 3o6. Hauptmann, Gerhart, 35 1.
ET DES PÉRIODIQUES CITÉS
377
Heckscher, député au Reichstag, 5i, 67. Heimweh, Jean, 166.
Heine, Henri, i44Heine, Wolfgang, député au Reichstag, 54, 55, 67, 80.
Heinz-Arnault, 198. Henri, Marcel, voir Cherfils. Hertling, ministre bavarois, 36a. Hochland, 5, 78 à 9^ 338, Hohenzollern, légionnaire, 191.
Homme
libre,
121.
Huet, volontaire français, tué au service allemand, 36 7 Humanité ,.a3, 317, 363, 368. .
Illustration, 35, 36, 169, 228, 229.
Individualiste Européen, 254.
n3, 174, 192, 353, 36o. Journal d Alsace- Lorraine y 118, 371. Journal des Débats, 317. Journal, 39,
Von
Kanitz, comte, député au Reichstag, 6o, 67.
Kain 353, 355. t
Kann, Reginald, 264. Kellermann, maréchal, 168. Kléber, général, 168. Koblenzer Zeitung, 3i, 86.
Kœlnische Zeitung
,
31
Von Kress, général, Kr eux- Zeitung, 117,
,
81.
368. 352.
Kronprinz, 25. Rûhn, Max, prétendu racolé, 110. Kull, Hans, légionnaire (?), 26 à 3o, 38, 108, 12a, 137, 3o6. 32.
.
^
TABLE DES NOMS
378
Laband, Paul, professeur.
2.62,
264.
Labardette, capitaine, 372.
Lauzanne, Stéphane,
i3(),
210, 219, a3a.
Leipziger NeuesU NachrichJUn^
Léman, Jean,
Von
voir
Leszczynski, général, 193.
Lewald, directeur à
Von
&i % 36 2,
Duron. l'Office
impérial de l'Intérieur
Liebert, général, député au Reichstag,
48» 6o*,
66, 67.
Liepmann, député au Reichstag, 5o 67, t
8k
Loibl, député bavarois, 36 1.
Lokal-Anzeiger, io4> 352.
Von Lossow,
lieutenant-colonel allemand au service*
ottoman, 266. Maerz, 198.
Magnan, 176. Manington, G., légionnaire, 357. Maritz, général boer au service allemand, 267. Markel, prétende racoleur, 7 1 241, 355, Matin, i4, 35, 45, 192, io4, n4, a36 36 1, 369. Maynard, François, légionnaire, 372. ;
Mertinat, légionnaire
(?),
25, 38, 3o6,
Mirbeau, Octave, 22.
Moundy, lieutenant, 177. Mugdan, député au Reichstag,
52, 67.
Mùller, légionnaire, 191. Mûller, Richard, engagé, 157.
Mùller- Meininger, député au, Reichstag, 5a, 55, 56, 61, 67, 80, 81, 35q. Napoléon, i65
.
ET DES PÉRIODIQUES CITÉS National- Zeitung, 48 à 55, 67, 357.
m
379
à n5, 117, 253,
Ney, maréchal, 168. Niemeyer, professeur, 76. Nippold, professeur, 4Ntrddeutsche Zeitung, 36o.
Nordhausen,
•
,
-
5, i5.
Ollé-Laprune, 176. Opinion, 21, 23, 27, 123, i4t, 267, 3o2 3i, 79, 80, 81.
Yon Papen,
Passard, colonel, i4i.
Perth, Justus, légionnaire, 191. Petit Bltu, 235.
Pohl, Heinrich, 5, 3i, 79 à 94, 268, 324, 326, 33i, 338.
Poimiro, Charles, 74, i4o, i46, 254, 263, 32
1.
Post, 4, 4i» 104.
De
Pouvourville* ancien
à
officier
la
Légion, 192,
212, 220. Preussisohe Jahrbùcher, 3 1
Preysing, lieutenant allemand au
service
266. Puis, Gustav, soi-disant racolé, io5, 106.
Von Puttkammer, baron Charles, Von Puttkammer, général baron
*
4*« 4i-
Rangabé, Grec au service allemand, 265. Rapp, général, 168. Recht, Rudolf, agent provocateur
(?),
Von
Reuter, colonel, 120. Reven, Viktor, 89, 90.
Revue, 265. Rheinisch-Westphaelische Zeitung, 4«
10 %*
ottoman,
TABLE DES NOMS
380
Ricateau, avocat, 176. Rittei\ 81.
Roloff,
Max, 84, 87, 119, 120.
Rosen, Erwin, 349 à 35i. Von Sayn-Wittgenstein, prince Hermann, ai. Schadt, lieutenant, 120. Schneider, Charles, légionnaire, 219, 220, 2/17.
Yon
Stengel, Karl, 268.
Taeglische Rundschau, 4» io5.
Tag, 5. Taxil, commissaire, 370.
Temps, 37, 44> io5, 111, n5, 120 à 123, 157, 176, 264, 266, 291, 349, 35i, 357, 365, 366, 370, 371. Thiers,
1.
Tjomas, engagé à
Trœmel, Paul,
le
la
Légion, 117.
bourgmestre légionnaire, 34 à 37,
362. Tropf, engagé à la Légion, 116, 117.
Tunze, voir Trœmel. Viertelsjahrshefte fur Truppenfùhrung und Heeres-
kunde, 267. Vorwaerts, 39, 55, 56, 80, 235. Vossiche Zeitung, 365.
Wartenstein, Helmuth, engagé, 370, 373. Weiss, André, professeur, 246. Westfaelisch.es Volksblalt, 3g.
Winslow, Anglais tué au
service allemand, 264*
Von
Witzleben, 32, 33. Wolf, Jacques, engagé à
Légion, iaa. Légion, 122.
la
Wolf, Louis, engagé' à
la
Wolff, légionnaire
39.
(?),
ET DES PÉRIODIQUES CITÉS
381
X*", Otto von, légionnaire, 191.
Yung, 371. Zeitschrift
fur Politik, 268.
Zeppelin, comte, 264.
Zimmermann,
sous-secrétaire
d'Etat
aux Affaire»
étrangères, 63, 66.
Zweg, Charles, engagé à
la
Légion, 122»
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE LA CAMPAGNE CONTRE LA LÉGIOÎ^
Pangermanistes et gens de bon sens Danger de l'intervention des étrangers Popularité de
la
Pamphlétaires
et
Légion en France
.
.
.
8
....
17
conférenciers
La tendance insidieuse
.
waerts
.
20
45
.
L'enquête de la Gazette nationale
1
.
.
et le
Vor48
.
AuReichstag
58
La Gazette de Francfort La revue Hochland Récapitulation des arguments allemands
68 72 •
95
384
TABLE DES MATIÈRES
DEUXIÈME PARTIE LA RÉALITÉ Les racoleurs
99
Comment se font les engagements .... Nombre et nationalité des légionnaires .
Les chercheurs d'aventures
et les
.
124
136
déshé150
rités
Sur les déserteurs, en général Les victimes de mauvais traitements Les annexés Les délinquants de droit commun leur relèvement .
.
.
.
.
.
.
.
153 158
163
;
Résumé'des antécédents des légionnaires Ce que valent ces hommes La discipline, à la Légion Les rengagés et ceux qui désertent .
La Témoignages d'étrangers vie matérielle
.
161
.
183
-.
189 208
.
.....•
218
225
234
TROISIÈME PARTIE DISCUSSION
Le contrat d'engagement blic ou privé ?
est-il
de droit pu• •
.7
-•
245
TABLE DES MATIÈRES Des
De
385
....
soldats de métier, en général
250
l'emploi des soldats étrangers aux ar-
mées, en général.
260
'
.
Déserteurs, ou émigrés
270
?
Les soldats étrangers, aux colonies Les soldats étrangers, aux Pays-Bas
.
et
.
278
.
aux 281
Etats-Unis
La durée du contrat d'engagement Sur
le
....
294
prétendu caractère léonin du con-
....
trat
Les délinquants
298
et les fausses déclarations
307
d'identité
La question des mineurs Le rôle possible de l'arbitrage, chement franco-allemand
316 et le
rappro324
CONCLUSION
243
APPENDICE Note
1.
Note
2.
Noie
3.
— Un drame allemand sur la Légion. — Sur le prétendu racolage. ...
— Compléments divers
349 357
(La campa-
gne antilégionnaire. Une attaque contre l'armée coloniale néerlandaise. Maltraitement de soldats et d'écoliers.
Encore un
bel exemple de relèvement.)
Table des noms
et
des périodiques cités
.
.
33
359 383
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