LE SANG DU
SACRIFICE
ŒUVRES DE JEAN AlCARD
Collection
m-18 jésus à
4
francs
le
volume
ROMANS
— Roi de Camargue, vol. — L'Été vol. — Notreà l'Ombre, vol. — L'Ame d'un Enfant, Dame d'Amour, vol. — Diamant noir, vol. — Fleur vol. — d'Abîme^ vol. — Melita, vol. — L'Ibis bleu. vol. — Benjamine, vol. ~ Maurin des Maures, Tata, vol. — L'illustre Maurin, vol.
Le Pavé d'Amour,
1
vol.
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
POÉSIE
Les jeunes Croyances, 1 vol. — Rébellions, Apaisements, — Poèmes de Provence (cour, par l'Acad. fr.), 1 vol. — 1 vol La Chanson do l'Enfant (cour, par l'Acad. fr.), 1 vol. — Miette et Noré (cour, par l'Acad. fr. Prix Yitet), 1 vol. — Lamartine (cour, par l'Ac. Prix du budg.), 1 vol. Le Livre d'heures de l'Amour, 1 vul. —Visite en Hollande, 1 vol. — — l'Homme, vol. Le Dieu dans 1 Au Bord du Désert, 1 vol. Le Livre des Petits, 1 vol. — Jésus, 1 vol. — Le Té-
—
moin (Poème de France, 1914-1911), du Sacrifice, 1917, 1 vol.
1
vol. à 2 fr.
50
— Le Sang
DIVERS
— Alfred de "Vigny. Milo, 1 vol. — Cris dans la Mêlée, 1 vol
La "Vénus de
1
vol.
Des
THÉÂTRE
Au
—
Pygmallon (un clair de la Lune (un acte en vers), 1 vol. Smilis (4, actes en prose, à la Comédieacte en vers) 1 vol. actes en vers repréPère Lebonnard vol. Le Française) 1 (4 Don Juan, 1 vol. sentés à la Comédie-Française), 1 vol. Othello, le More de Venise (5 actes en vers, représentés à la Comédie-Française). Portrait de Mounet-Sully, par Benjamin La Légende du Cœur (5 actes en vers Constant. 1 vol. 4 fr. représentés au Théâtre Antique d'Orange et au Théâtre SarahLe Manteau du Roi (5 actes en vers Bernhardt), 1 vol.
—
—
—
—
—
—
représentés à
la
Théâtre, tome
ry9:20.
—
Porte- Saint-Martin),
1
vol.
—
Théâtre, tome
II.
Imprimerie Lauure, rue de Fleurus,
9,
à
Paris.
1.
'''^ffîl
JEAN AICARD de l'Académie française Président de l'Union française
LE SANG DU
SACRIFICE Avec traduction anglaise par Miss et
itf?'
traduction italienne par M. S.
GUNNING
LALLICI
AUX NATIONS ALLIÉES A
RUDYARD
KIPLING, A CARDUCCI, a D'ANNUNZIÛ A
TOLSTOÏ
ARMÉNIE - POLOGNE AMÉRIQUE 19 17
'^'•^-1-
PARIS ERNEST FLAMMARION, EDITEUR 26,
Itioils (le trailuftion,
RUE RACINE, 26 d'adaptation el de repiodiictioii lènt-wi^ pour tous les pays.
ZISX
Droits de traduction et de reproduction réservés
pour tous les pays. Copyright 1917,
by
Ernest Flammarion.
•
LE SANG DU SACRIFICE
A A
LA France,
LA Belgique, a l'Angleterre,
A A
LA Russie,
la Serbie, ad Monténégro,
A LA RODMANIE, A l'ItALIE, Au Portugal, A l'Amérique, A TOUS LEURS blessés,
a
tous leurs morts,
Ce poème Est dédié.
France!
Il
cria
Il
tomba, face au
:
«
»
puis, sans douleur ni pensée,
ciel, la poitrine
percée,
Parce qu'ainsi l'avaient voulu de mauvais
Renversé sur Il
le dos,
entra dans la mort
rois.
comme en croix. comme en un vaste rêve.
bras ouverts,
1
LE SANG DU SACRIFICE.
2
Tout d'abord,
il
dormant sur une grève,
se crut
Car, tout autour de lui, les soupirs des mourants,
Réguliers, traversés de longs cris déchirants,
Semblaient être
Dans
Puis
les nuits
il
Alors, Si
où
s'éveilla, il
la
mer
se tord désespérée.
mais seulement en
esprit.
parut qu'il était Jésus-Christ;
lui
bien que, sans surprise entré dans
Martyr démesuré, cloué contre
Tournoyante, Il
marée
voix d'une horrible
la
— dont
il
mystère,
le
la terre
épousait le contour.
couvrait l'univers d'agonie et d'amour.
Et les
mers
matins roses,
et les ciels, soirs rouges,
Les appels infinis des êtres et des choses.
Les brutes des forêts et
les
oiseaux de
l'air,
Tout s'unit dans son cœur pour conjurer
l'enfer.
Soupirs des océans, légers soupirs de l'homme,
Tout
est
C'est le
Et
si
rythme profond, dans rythme qui
fait les
la veille
univers
si
ou
le
somme.
beaux.
tous les longs cris hurlés sur les tombeaux.
Tous ceux des moribonds hérissés d'épouvante, Et tous ceux de la mer, en fureur
quand
il
vente,
Différents et mêlés, se heurtaient dans les airs,
Un rythme encor, Quand
le ciel
pareil
au bruit des vastes mers,
disloqué croulerait en décombres,
Soumettrait ce chaos aux lois fixes des nombres.
LE SANG DU SACRIFICE. Nul
cri, le voulût-il,
ne demeure isolé;
Et des milliers de cris, dans l'espace troublé,
En rencontrant des
milliers d'autres, s'y confondent;
D'autres milliers, distincts de ceux-là, leur répondent; Et ces accords fatals font, de ces cris discords. L'éternel souffle égal des vivants et des morts.
L'homme gisant, couché dans son sang qui Au grand rythme de la douleur universelle Frissonne, transformé de
la
ruisselle.
nuque aux talons;
Les pentes de ses flancs lui semblent des vallons Ses genoux soulevés sont
comme
des montagnes
Tout son sang coule en fleuve à travers
Son âme sent ses
os,
douloureux
les
;
;
campagnes
et cachés.
Sous terre et sous sa chair se confondre aux rochers Il
est tout, vie et
Tout
l'esprit
mort, l'antinomie entière,
pur qui souffre en l'immonde matière,
Et, sur son globe affreux, prêtre et victime, tel S'offre
aux dieux inconnus
le
martyr immortel.
;
;
Nous, les fleuves, porteurs de mondes, des névés vierges et blancs,
Fils
Nous, qui dans les plis de nos ondes,
Capturons des
Nous
soleils
tremblants
;
qui, d'une fraîche lumière.
Baignons, en des ciels reflétés, Près des fiers châteaux, la chaumière, Et les hautes tours des cités
;
Nous, créateurs de capitales.
Nous qui ne reculons jamais, Nous, de qui
les
sources natales
Sont des vierges sur des sommets
Sous
le
;
vieux pont qui les encadre.
Nous qui, de tous nos
flots
chantants.
Portons aux mers plus d'une escadre
De lourds bateaux, trésors
flottants
;
LE SANG DU SACRIFICE Nous, les grandes routes en marche, Bleus liens des peuples amis,
Nous qu'on
fait
passer sous une arche
Triomphants, libres
et
soumis;
Nous, faiseurs de beautés utiles, Nous, les grands fleuves généreux,
Qui jetons les fleurs de nos
Sur
le
sentier des
îles
amoureux
;
Mais aussi qui rendons fécondes Les vignes, et féoonds les blés
;
Nous,
mondes
les fleuves,
porteurs de
Par qui donc sommes-nous troublés?
Un nouvel Rouge
affluent arrive,
et noir
La fauvette
dans nos claires eaux;
a fui notre rive.
L'abri chantant de nos roseaux.
Plus de couple aux mains enlacées
Dans
les sentiers verts,
sur nos bords.
Où sont nos puretés passées? Pourquoi charrions-nous des morts? L'incendie affreux nous colore. Blafard le jour, rouge la nuit;
Nous ne voyons plus d'autre aurore Il
est en
nous
la
mort qui
luit.
:
LE SANG DU SACRIFICE. La cathédrale flambe et croule; El partout des fantômes noirs,
Des exilés, en morne foule, Errent dans l'horreur des grands soirs.
Nous voulions Sainte paix,
Nous
voilà,
le
bonheur des hommes,
amour innocent.
.
.
maudits que nous sommes,
Des fleuves de deuil et de sang.
l'homme
Alors,
Répondit
—
—
gisant, roidissant ses vertèbres.
et sa voix
fit
trembler les ténèbres
:
Les fleuves coulaient purs; des monstres sont venus
a
Les traverser de fleuves
J'ai
!
Vos bourgs
maux
jusqu'alors inconnus.
voulu protéger vos eaux claires,
et vos cités
Vos palais, vos jardins,
aux clochers séculaires,
— vos pères,
les névés,
Les ciels qui, dans vos eaux, semblent des cieux rêvés.... Et c'est pourquoi je meurs, bras ouverts, face aux astres fleuves,
Adieu
!
désormais miroirs de nos désastres,
— Mais,
tôt
ou
tard, je revivrai vainqueur;
Fleuves-rois, votre pourpre est le sang de
mon cœur.
»
Voici. Les monts, dont la hauteur fait des abîmes,
Les monts vêtus de blanc, qui portent sur leurs cimes
Des bandeaux scintillants de constellations, Crièrent vers les rois et vers les nations
—
«
Hauts
et purs,
:
nous étions des autels sous un
Les premiers visités de
la
première
voile,
étoile,
Les premiers colorés du jour oriental. Et l'éclair, qui vous luit
Nous
comme un
signe fatal,
nous, l'alliance scellée
signifie, à
Des feux du ciel avec
la
neige immaculée.
Pourtant, quand vous montiez vers nous, bâtons en main.
Nous mettions
à vos pieds tout ce qui n'est
La plaine aux lourds travaux, Et nos souffles,
le
la
qu'humain,
mare aux lourds miasmes
vent des grands enthousiasmes.
Qui vous prenait dans son remous torrentiel,
Vous
inspirait le
vœu
d'escalader le
ciel.
Aujourd'hui, vous dressez jusqu'à nous haine et honte;
Vos cœurs se font plus bas dans
le sentier
qui monte,
;
LE SANG DU SACRIFICE. Et vos souffles de
Hier,
mort empestent
les glaciers.
nous déchirions, quand vous nous
Nos longs voiles;
traversiez,
et nos vierges, les neiges hautes,
Vous accueillaient avec douceur,
comme
des hôtes
;
Dieu qui mourut sur un mont rocailleux
Et le
Vous souriait
ici
du fond des
ciels plus bleus.
Aujourd'hui, vos canons, noirs sur
la crête
blanche.
Ébranlant les échos, provoquent l'avalanche. Hier,
quand votre amour menteur nous
vénérait,
Malgré tous nos orgueils, nous gardions un regret
Parce que
la
hauteur se nommait
la frontière;
Mais, l'esprit triomphant sans fin de la matière,
On
voyait, survolant nos déserts sans chemins.
Condors miraculeux, vos grands oiseaux humains Tenter en plein azur les hautes traversées
;
Et nous étions sous eux fiers et pleins de pensées.
Avec vous, vous avez abaissé notre orgueil: Maintenant nos glaciers sont tristes
comme un
deuil,
Parce que l'avion, d'où pleut un sang de crimes, Souille la majesté tranquiHe de nos cimes.
Nos gouffres, débordants de nuit, sont moins affreux
Que
les
cœurs des mortels qui s'égorgent entre eux.
peuples sans raison, que
la
haine gouverne,
L'ours est meilleur que vous dans la noble caverne,
Et le loup vous méprise, et l'aigle vous maudit, Et les vrais ciels vous sont
un domaine
interdit. »
Le doux martyr chrétien, plus beau que Prométhée,
Aux monts hautains
—
«
jeta sa réponse irritée
Vous rêviez sous
le ciel
;
des
:
hommes
sont venus
Vous traverser de maux jusqu'alors inconnus. Mais moi, l'esprit qui garde
Monts hautains,
j'ai
^§t le
cœur qui protège.
voulu secourir votre neige,
Vos glaciers glorieux, vos salubres chemins, La liberté qui
vit loin
des pactes humains,
La suprême beauté de votre forme altière. Et je vous défendis, Si j'ai J'ai
même
obstacle et frontière.
bien combattu, les plaines
le diront.
voulu vous garder vierges de tout affront;
Et vos orgueils sont faits du meilleur de
mon
rêve.
Qui vous foule du pied croit que son cœur s'élève Qui respire votre air sent s'élargir son cœur; Mais celui-là n'est pas encore un vrai vainqueur,
Puisque Et que
l'esprit
connaît une plus fière cime
le sacrifice est
un mont plus sublime.
;
LE SANG DU SACRIFICE. t
pour
l'avoir gravi,
les effrois,
les bras
vos manteaux royaux, blancs
comme
meurs
es gouttes de Je
malgré tous
tombé
je
à vos pieds,
mon sang
il
en croix, les
hermines,
sont des taches divines
;
meurs plus grand que vous, foudroyés immortels
La victime est plus près de Dieu que les autels.
»
:
Il
dit.
Et
S'offrait
le
sang pur qui vidait ses artères
aux grandes
soifs des arbres,
Et, des fonds d'agonie 11
écouta gémir l'esprit de
—
«
Nous étions
sous les terres;
où son âme sombrait, la forêt
les forêts
Nous balancions nos dômes
:
profondes, verts
Qui se mouvaient par grandes ondes
Comme
les
mers.
Nous abritions sous nos ramures Des
fruits,
En imitant
des fleurs, des chants d'oiseaux, les
beaux murmures
Des vastes eaux.
LE SANG DU SACRIFICE. Nous donnions
à la
pauvre femme,
Au vieux qui marche avec
effort,
Nourriture de l'âtre en flamme,
Notre bois mort.
A
^^
la
lourde hache coupante
Qui mutilait nos frondaisons,
^BNous
^H
donnions, hommes,
la
charpente
De vos maisons.
I
fous donnions le fruit, la fleurette
;Au petit écolier, content
De surprendre dans sa
retraite
Le nid chantant. Le soupir de Tombait,
la tourterelle
comme un charme
Du nid qui
subtil,
rêve sous son aile
Au mois
d'Avril.
Nous aimions
à tenir cachées
Sous nos fleurs, dans nos sentiers creux, Vos jeunes têtes rapprochées. Chers amoureux.
Nous étions
les forêts profondes.
Nous balancions nos dômes verts Qui se mouvaient par larges ondes
Comme
les
mers.
13
LE SANG DU SACRIFICE.
14
Et maintenant, sous des mitrailles enragées,
Nos troncs déchiquetés du
fer, noircis
du
feu,
Gisent, dans les débris des branches "saccagées Et,
;
morts désespérés, tendent leurs bras vers Dieu.
Nous étions
les forêts
indulgentes et douces
Nos bons chênes, toujours plus
;
forts d'être plus vieux,
Laissaient vivre à leurs pieds les étoiles des mousses,
Le
frêle insecte d'or, et la
Nous étions
biche aux beaux yeux.
grands bois, grands
les
comme
des royaumes
Les bois mystérieux sont des temples mouvants, Et leurs piliers, porteurs de flèches et de dômes,
Les balancent au souffle harmonieux des vents.
L'âme trouvait en nous des mystère
clartés imprécises.
d'un saint lieu
Tout
le
Nous
étions, sous le ciel, les vivantes églises
Que chaque Et
le ciel,
avril portait
hommage
;
un peu plus près de Dieu.
dont l'entrée en nous est
Écoutait notre
Quand
et les silences
la clairière,
à la splendeur
du
jour.
l'orgue frissonnant des forêts en prière
Chantait l'hymne de vie et d'éternel amour.
»
«
Forêts,
j'ai
défendu vos hymnes, vos ombrages,
La nuit douce qui pleut de vos rameaux épais; C'est sur
moi qu'ont frappé
Quand on vous
haine et les outrages,
la
dévasta, grands asiles de paixl
du monde.
Forêts de France, et vous toutes, forêts
Vous que peupla de dieux
le
Vous, dont
la nuit sacrée,
antique, est
Que
du
la
nuit
ciel,
rêve épouvanté, si
profonde
seule, a plus de majesté;
Ce qui mourut, par vous revit et se relève
;
Les cercueils, nés de vous, en vous reverdiront;
En vous, ma chair déjà monte Et l'unité du
monde abonde
;
elle est votre sève
sous
mon
Forêts, je souffre en vous; votre plainte est
L'hymne de vos douleurs Et je
A
me donne
vous,
filles
à vous en
est selon
mon
communion
du bois qui porta
;
front.
ma
esprit
sainte,
Jésus-Christ.
»
;
plainte
En des courses toujours
et
jamais achevées,
Avec des
cris sans fin, sans fin se poursuivant.
Les
montagnes d'eau par
flots,
Cherchent à fuir Les monts, ces
forêt,
dans
retrouvent en
comme au temps les plis
les océans,
La vie
même
est
un
elles,
des chaos primitifs.
et ses
rythmes
plaintifs.
premiers pères des mondes,
L'être troublé ressent qu'il en fut
La grâce
engendré
;
naît des courbes de leurs ondes
frisson de l'abîme sacré.
Or, la vague en fureur par des vagues suivie,
Transformant ses clameurs en malédictions,
Tous
'
des houles éternelles,
Reconnaît sa nuit verte
Devant
tumultueux du vent.
flots figés, se
Mais mouvants
La
le fouet
vent soulevées.
le
les vieux océans, pères
Ont crié vers les rois
de toute vie.
et vers les nations....
;
I
—
«
Sous
Avec vous,
le fer et le
comme
feu des grondantes machines,
vous, soumis aux mauvais temps,
Courriers disciplinés, nous courbions nos échines,
Nous portions vos trésors
et vos léviathans.
Quand vos vaisseaux servaient
les paisibles
conquêtes,
Nous, sûrs de battre en vain leurs boucliers épais,
Nous
étions, sous vos pieds niveleurs de tempêtes.
Des plaines d'alhance
Nous éprouvions
et
des chemins de paix.
l'orgueil de servir le génie
Les
hommes nous
Et,
sources et miroirs de
;
semblaient nos rois victorieux
;
la vie infinie,
En eux nous vénérions des dieux
faiseurs de dieux.
Grands vaisseaux, nous baisions l'acier de vos cuirasses, Car vous deviez soumettre au cœur l'instinct dompté. Et vous portiez l'espoir de rapprocher les races Et de les fondre
un jour dans
la sainte unité....
LE SANG DU SACRIFICE. Et voilà que, sous nos abîmes,
Où l'ouragan
par amour.
fait,
Des bouleversements sublimes,
Chemins ouverts aux
rais
du jour
;
Nos gouffres qui, des nefs géantes,
Ne voyaient que
les
ventres noirs.
Les aspirent, gueules béantes Et formidables entonnoirs.
comme une
Le steamer, grand
ville.
S'arrête, sifflant et soufflant,
Quand
la torpille,
Touche, éclate et
foudre le
vile.
perce au flanc.
Trois mille innocents, enfants, femmes, Affolés,
Sur
le
tremblent sur
le pont....
désert des hautes lames
Pas une pitié ne répond.
Le géant chancelle,
il
s'entr'ouvre.
Il
bascule, tout frémissant.
Il
enfonce.... La
mer recouvre
Le grand paquebot qui descend. Sous des
flots
qui n'ont plus de houle,
Vaincu sans combat, sans canon, II
descend, chargé d'une foule,
Vers
(les
fonds qui n'ont plus de nom.
I
LE SANG DU SACRIFICE. Un
frisson de quelques secondes
Court sur ce point de l'Océan, Frisson d'horreur des grandes ondes
Qui plaignent
le
vaisseau géant.
L'épave expirante se couche... Les morts vont vite sous les
flots...
Et des monstres heurtent leur bouche,
Leurs dents
On vous
et leurs
yeux aux hublots.
attendait dans les havres.
Morts mouvants, bercés des
flots verts.
Vaisseaux montés par des cadavres
Dont
les
yeux resteront ouverts.
»
19
Et
la
mer
indignée a crié
:
«
Qui S'il
Un
commet le grand crime et l'avait résolu? ose se nommer, celui-là, qu'il se nomme! cri
répond au loin
C'est le son d'une voix Si faible
»
:
—
«
Je ne
où tremble
l'ai
le
pas voulu
D'un loup pris par
mensonge,
la
mais que l'écho prolonge,
rage et hurlant au perdu.
Je n'ai pas fait cela, répète la voix sourde.
Je ne
»
qu'on peut croire avoir mal entendu;
C'est le cri sourd, lointain,
«
Quel est l'homme
l'ai
pas voulu
!
»
Puis, toujours faiblissant,
I
LE SANG DU SACRIFICE.
comme
perd dans
nuit lourde,,.
Le
cri,
Où
des éclairs muets semblent trempés de sang.
I
étouffé, se
la
21
—
((0 fleuves, forêts, monts, et vous, mers sans limites,
Je vous prends à témoins
que cet homme-là ment.
une espèce maudite.
Il
a fait de sa race
Il
ment timidement
Il
ment. So^ cœur frissonne et sa raison
et
désespérément.
Fleuves et mers, forêts immenses,
fiers
Gardez bien son mensonge et gardez
ma
s'affole.
sommets. parole
;
Et vous, pelils enfants, gardez-les à jamais.
essaie
Il
Le
un mensonge
cri qui
à la hauteur
du crime
;
veut mentir n'est jamais assez haut.
Seule, la vérité peut atteindre au sublime Elle est le verbe, et le
mensonge
n'est
:
qu'un mot.
»
Ainsi cria, dans l'étendue,
Le géant blessé,
tel le Pliiloctète
ancien
;
Et sa clameur fut entendue,
Du couchant au Il
Tous
dit
levant, par l'univers chrétien.
encore
:
-*- «
cieux, ô terre,
les sacrifiés saignants parlent
Je porte, en
mon cœur
L'univers tout entier, son
en moi
:
solitaire,
amour
et sa foi.
Je suis la vérité profonde.
L'espoir divin qui meurt, sans fin ressuscité,
L'âme en qui se mire L'esprit secret qui
mène
le
monde,
à Dieu l'humanité.
Plus souvent je meurs, plus s'élève,
Vers l'inconnu voilé, le désir des mortels Je suis le spectre, né
;
du rêve
Qui porte en soi tous les astres de tous
les citls.
LE SANG DU SACRIFICE.
24
Je lègue
amour
Aux hommes sans
et
renaissance
pilié qui s'égorgent entre eux,
Je suis le sacrifice, essence
De l'amour,
— idéal de tous
Les terres, Saignent avec
les
mon
mers
les
douloureux.
et les fleuves
sang, parlent avec
ma
voix.
Pères en deuil, enfants et veuves.
Ne pleurez plus! Vos yeux verront ce que
je vois.
y>
I
1
dit.
Un grand
Qui vibra
frisson traversa tout le globe
comme
l'arbre effleuré par les vents
La grande nuit berçait dans
Tous
les sacrifiés, tous,
Toute
âme
est,
par un
les plis de sa
morts
fil,
liée
et survivants.
aux autres âmes,
Tout siècle se dévoue aux avenirs humains a
Si
Que
:
robe
personne ne meurt pour vous, disaient
:
les
femmes,
seront, chers petits enfants, vos lendemains?
Et la Charité, vierge
un
instant oubliée,
Résistait par le glaive à des soldats-bourreaux; Et, ficre
de souffrir,
la
vierge émerveillée,
En frémissant
d'orgueil, enfantait des héros.
L'attaque des
démons
Saint Michel
domptera
suscite les archanges; le
dragon renaissant
;
Et les justes noieront, en tombant par phalanges,
Les feux d'enfer sous le déluge de leur sang.
M
»
Monceaux de cendres écroulées, Pâles restes de l'Art divin,
Les spectres des villes brûlées Se lèvent en criant
:
«
Louvain
cœur de
Et Louvain,
la
!
Louvain
Louvain
!
Belgique,
Yille en cendre, brasier fumant,
Louvain jeta son Qui vibrera dans
—
« Je fus
le
cri tragique
monde
éternellement
un des temples du Livre
J'enseignais l'amour et la
:
;
foi.
Ces divines raisons de vivre Faisaient vivant le Livre et respiraient en moi.
feuillets frémissants des bibles,
Des savants vous ont lacérés! Et des philosophes horribles
Ont brûlé votre temple
et vous, livres sacrés!
I
»
I
LE SANG DU SACRIFICE.
27
Jadis le brutal Alexandre,
Poète, épargnait ta maison
:
Les barbares ont mis en cendre
Le Livre,
art, poésie,
ou science
et raison
l
Tout, bibliothèque et musée,
La beauté pure des esprits, Idéale et réalisée. S'ils
ont tout saccagé, c'est qu'ils n'ont rien compris.
Le feu fume,
la
cendre
vole....
Le livre se consume en vain
On ne brûle pas
la
:
Parole
Qui se lève, éternelle, et va criant
:
Louvain!
»
»
Alors
le Fer,
Ou sur
Cria, frère
—
«
dans
moins beau de
Mes services m'ont «
de
les entrailles
la terre,
l'enclume, au choc rythmé des lourds marteaux,
Fier de
l'or
que rien
fait le
l'homme que
Par où
la
je seconde, :
blessure féconde
le sol reçoit le grain.
Caressé, poli par la terre,
comme un astre; et, par mon labeur élémentaire,
Je luis
Par
Sont nourris
J'ai taillé la
Qui soutient
le
pauvre
moi.
et le roi.
colonne auguste le
temple des dieux;
J'ai fait la statue
ou
le
:
prince des métaux.
Je suis le métal souverain
J'ouvre
n'altère
buste
Des héros les plus radieux.
LE SANG DU SACRIFICE. Sur dompteur d'aveugles colères
Ou
d'injusles rébellions,
J'ai fait,
Ramper J'ai
A
devant les belluaires. l'orgueil des grands lions.
ceinturé l'orbe du
travers monts,
mers
Dans mes réseaux, Est
comme un
monde et forêts
la terre
;
ronde,
ballon dans des rets;
Et les vallons qu'enjambe
une arche.
Et les fleuves aux larges eaux,
Voient les
hommes
à lourde
marche
Vaincre les ailes des oiseaux.
Un
jour, la terre, traversée
D'un
fil
qui passe sous la mer,
N'aura qu'un c^ur, qu'une pensée, Et c'est grâce aux vertus du Fer
!
Et moi, moi qui donne à la terre Ces gages d'un destin meilleur. Je vois
mon œuvre
salutaire
Servir la haine et le malheur.
Poignée en croix, je fus l'Épée, Glorieuse au temps féodal, iMais
l'homme, qui m'avait trempée.
Renie aujourd'hui Durandal.
20
LE SANG DU SACRIFICE.
30
Il
préfère à l'arme qui brille,
Noble
et loyale
sous
le ciel,
L'aveugle et secrète torpille
Ou
le
gaz pestilentiel.
Déjà les hauts
faits
de naguère
Ont rejoint ceux des beaux tournois
Le guet-apens, voilà
Que conduit
la
guerre
l'espion sournois;
Je fus cuirasse ciselée, Je fus casque
Je pleure L'éclat de
Je pleure,
au cimier hautain....
ma gloire en allée. mon premier destin moi qu'on
dit sans
Le temps où Dieu parlait aux
!
âme, rois.
Les siècles où l'Épée en flamme Régnait,
—
alliée à la Croix. »
;
^B-
«
du héros, coutre dans
Glaive aux mains
Toi qui fus de tout
temps mon
Fer, par qui la beauté
la
charrue,
meilleur compagnon,
du monde
fut accrue,
Sois encor, lorsqu'il faut qu'elle soit secourue,
L'acier de la torpille affreuse et
Tue!
et sois,
pour
du canon.
l'instant, sans pitié;
moi, je saigne;
Mais le vrai dévoué ne veut pas qu'on le plaigne
Défendons-nous
:
mon
rêve et le tien sont
;
beaux
si
!
Dieu viendra. Pour tous ceux qui préparent son règne. Sculpte une gloire ailée au fronton des tombeaux.
Quand nous aurons vaincu
le
peuple des voraces.
Ces lourds buveurs de sang gorgés
d'immonde
Alors nous forgerons les dernières cuirasses Et toi, le dernier glaive
chair.
;
aux mains des nobles races,
seras pour toujours le Droit,
Ame du
fer
!
»
Dans leur antre, au pied des montagnes, Les lions, ces rois généreux, Les grands lions et leurs compagnes. Étonnés, se disaient entre eux
—
«
:
Oui, des rois, c'est ainsi qu'on
nomme
Les lions, pour leur majesté, Et parce que, plus forts que l'homme, Ils
sont les forts sans cruauté.
La faim seule en nous
Nous devons en subir
est cruelle; la loi
;
Mais nous abattons la gazelle
Sans jouer avec son
Poussés par
effroi
les lois infinies,
Dieu seul connaît pour quelle C'est sans
fin
!
nous plaire aux agonies
Que nous mangeons
à notre faim.
LE SANG DU SACRIFICE. On nous nommait
les
35
magnanimes....
Mais voici que, couvert de sang,
L'homme, chargé de tous
les
crimes,
Jouit des pleurs de l'innocent.
Il
n'est
donc plus
Des lions, jadis
si
le
digne maître
vantés;
Qui donc alors va reconnaître
Nos
titres et
nos majestés?
Pourtant, restons ce que nous sommes.
En restant
les seuls
lions, plus
généreux,
beaux que
Nous régnerons sur eux
les
hommes.
— contre eux.
»
—
«
Non, non, vous n'êtes rois que
Demeurez sans mépris Fauves
î
ne niez pas
et
les
si
l'homme vous nomme.
sans rébellion,
mérites de l'homme
:
Lequel de vous est mort pour sauver un lion ? Moi, je
meurs pour
servir l'immortelle lignée
De ceux qui, comme moi, servent l'homme Lions
1
— Et
idéal,
je bénis votre race indignée
Qui rapproche du cœur des
hommes
Votre Dieu, c'est celui qui brise
le
l'animal
superbe
Et qui vous imposa de respecter Daniel.
Mon
Dieu, c'est l'éternel sacrifié,
Plus fort que
le lion et
—
le
Verbe,
plus doux que le miel.
mon sang pur sans le que mon esprit et mon cœur soient
Apprenez à lécher
boire,
Afin
calmés,
Lions
!
Léchez
Soyez l'amour qui dédaigne la gloire.
ma
plaie affreuse, et vous serez aimés.
»
Le feu gronda
:
—
((
Quand l'homme eut capté
Éclair de deux cailloux heurtés,
Dans cette étincelle première conquit toutes
Il
—
«
Ce
mon
bois, petit feu.
premier groupe,
Vit en
clartés.
petit feu brille et pétille
Fais luire Et,
mes
»
la famille
moi plus qu'un
L'homme adora ma
:
être
claire
Qui réjouit en réchauffant
:
un
dieu.
flamme ;
Et je fus gardé par la femme, Et je fus chéri par l'enfant.
Ces êtres vivaient de chair crue J'ai cuit
:
ce premier aliment.
Puis leur faim, par moi secourue,
Connut
la
saveur du froment^
la
lumière,
LE SANG DU SACRIFICE.
36
Je fus le consolant mystère,
Le premier élément soumis, Et
j'ai
su donner à la terre
Les bonheurs que j'avais promis.
Si le fer,
qui tue et qui blesse,
Laboure,
—
Prend, à
mon
c'est que, lui si fier,
gré, de la souplesse
Et je suis le maître
du
;
fer.
Dans l'espace, aux sources natales, C'est
moi
l'étoile et les soleils
;
On m'avait donné des vestales Pour garder mes autels vermeils. Je suis la charité, le phare
Sous Je
les
:
ouragans, dans la nuit,
montre au bateau qui s'égare
Le récif mortel
Quand
je
Feux du
— qui
reluit
!
flambais en incendies. traître
ou de l'imprudent,
Des sauveurs aux âmes hardies Attaquaient
mon courroux
Sauvez l'enfant
le
vieux
Et, béni des peuples
émus,
((
!
grondant.
I
les
femmes
Un sauveur mourait dans les flammes. En héros, pour des inconnus
—
I
!
»
LE SANG DU SACRIFICE. Et maintenant la guerre allume,
Partout, des villages entiers!
Le globe est un volcan qui fume,
Un
seul
champ d'immenses
Et moi le foyer, moi
le
brasiers!
phare,
Je vois, battu par d'affreux vents,
L'homme,
pris de fureur barbare.
Nourrir mes feux de corps vivants ...Puisque l'homme,
I
ami des désastres,
Déc|iire les pactes conclus,
Éteignez-vous, clartés des astres
L'homme ne vous mérite
plus.
»
!
37
—
({
Foyer resplendissant,
Ne nous maudis pas
On n'éteindra jamais
j'ai
défendu
ta
flamme.
tous, ô feu mystérieux! cette étincelle
:
l'âme,
Ni l'éclair de l'esprit que l'homme a dans ses yeux.
Pour
la famille,
Pour
l'enfant,
Ce que C'est le
j'ai
pour l'époux
dont j'entends
défendu surtout,
Foyer
;
c'est
pour
le
et
pour
la
femme,
les pleurs et les
c'est bien la
clameurs,
flamme
Foyer que je meurs.
:
»
«
Nous,
la
matière, nous, les éléments, les choses,
Qui faisons quelquefois du mal sans Intelligences
mal
Sans idéal
sans devoir,
et
Nous subissions pourtant
L'homme nous
le vouloir,
écloses.
dirigeait,
l'influence des
âmes;
nous étions dans sa main.
Nous éclairions de vives flammes Son
ciel, sa
Nous étions
la
maison, son chemin. matière, aveugle, mais soumise;
Nos foudres pénétraient, en magiques éclairs,
La vie inconnue,
—
et surprise
Jusqu'au fond du palais des mers.
Nous avions aboli
la
distance et l'absence;
L'opacité fondait en spectres radieux
;
L'homme, aidé de notre puissance. Était presque l'égal des dieux.
LE SANG DU SACRIFICE.
40
iNous étions les
moyens, au lieu d'être l'obstacle
;
Toute nuit devenait, par nous, source de jour. Maître de l'heure et
du miracle,
L'homme nous menait
à l'amour.
Notre force en était sourdement réjouie
âme aux
Vaincue, elle prenait de leur
;
vainqueurs.
Une double vue éblouie Percevait l'unité des cœurs.
Et, lorsque,
lentement, se faisait sur
Un bien-être nouveau, par
globe
le
la sécurité,
Voilà que le sol se dérobe
Aux pieds de l'homme épouvanté. Et c'est lui qui sous lui creuse un horrible abîme
Qui détourne, de ses beaux destins, Lui qui nous enseigne
le
crime,
Lui que la matière dément
Mais tout veut l'unité
;
vie,
!
toute vie est lumière
Le radium promet ce que
La
— l'élément!
le
cœur rêva
;
:
en sa source première,
Est une lumière qui va.
Vous ne l'éteindrez point,
Vous ne
la
l'étincelle éternelle;
noierez pas dans vos poisons de mort.
L'infini, qui réside
en
elle.
Fera votre éternel remords.
LE SANG DU SACRIFICE. Où donc
est-il, celui
La souffrance Et
fait,
qui mêle à nos mystères
et l'horreur,
dont nous ne voulions plus,
de nos gaz délétères,
Sortir des
maux
qu'il a
voulus?
»
«
Où
se cache-t-il
donc celui-là?
Qu'il paraisse!
»
Ce menaçant appel gémissait dans le vent.
Alors le cri lointain d'une angoisse en détresse
Traversa tout
le ciel,
du couchant au
pas voulu!
levant,
fl
Je ne
(i
Je ne l'ai pas voulu! o répétait-il plus bas.
l'ai
»,
proférait le coupable.
Et l'univers cherchait le spectre lamentable
Qu'on entendait partout, mais qu'on ne voyait pas.
Et le Sacrifié, dont les formes géantes
Portaient tous les blessés en elles, tous les morts, Jetait,
avec le sang des blessures béantes.
Les malédictions qui seront les remords. Mais les soupirs, les grands appels et les longs râles, Les cris de l'homme-enfant vers les foyers lointains,
Tout se tut
— quand
la
voix des hautes cathédrales,
Éleva dans le ciel Tangelus des matins.
—
«
L'avenir à nous se révèle.
Derrière l'horizon, d'où monte une clarté,
Une Jérusalem nouvelle Accueille avec des fleurs
En
un Christ
vain, les Attila, fauves à
En rugissant de haine ont
L'homme
ressuscité.
forme humaine,
hrisé nos autels....
mais, après tout, Dieu
s'agite,
le
mène.
Et nous symbolisons des rêves immortels.
Déjà, le feu
du
ciel éteint le feu
Le canon nous a
fait
un
Nous croulons, mais les
A
saints, q«i
;
surmontent nos porches,
jamais, dans le feu fumant, resplendiront.
Pour
A
des torches;
inutile affront
la
deuxième
fois,
Jeanne, au milieu des flammes,
levé ses regards vers le ciel imploré
;
Mais, tels que des dragons rampants, les feux infâmes
Se tordent sous
le fer
de l'étendard sacré.
r
LE SANG DU SACRIFICE. Un des bras de
la croix, abattu, gît
45
par terre;
Mais l'autre a retenu, pour qu'il soit
vu de
loin,
un grand Christ solitaire, prend le monde à témoin.
Cloué par une main,
Dont le bras libéré
Nos nefs, nos tours, ne sont que de fumants décombres. Le barbare avait cru frapper la France au cœur,
Jusque dans
le
passé tuer les grandes ombres,
Mais nous, spectres de Dieu, nous savons Dieu vainqueur.
Et les vents,
En
accourus du fond de
la nuit noire,
de Reims et de Paris,
traversant les ciels
Changeant leurs longs sanglots en Te
Deum
de gloire,
Font une harpe d'or de nos plaintifs débris.
On ne peut pas brûler avec d'immondes flammes L'esprit
pur qui broda nos dentelles
à jour;
Les vides en sont pleins de la lueur des
âmes
;
Nos rosaces en feu sont des soleils d'amour.
Nous sommes
les abris
des pâles multitudes.
Des mendiants d'amour qui cherchent leur chemin. N'ayant trouvé partout que sentiers longs et rudes, à tout breuvage humain.
Et l'âpre goût
du
Chacun porte
sa croix, sa misère
fiel
Nous allégeons chacun du
ou ses doutes
faix qu'il a porté
;
:
Et toutes les douleurs, nous les apaisons toutes,
Les unes par
la foi; d'autres,
par
la beauté.
LE SANG DU SACRIFICE.
46
Nous leur ouvrons
le seuil
des visions suprêmes
;
Et quand nos flèches crouleraient sous le canon, Toutes,
—
on
les verrait, renaissant
Remonter vers Celui qui La sphère est libre
Au
n'a dit
d'elles-mêmes,
que son nom.
et suit les routes inclinées
pôle irrésistible et fixe court l'aimant
;
;
Attiré par l'appel secret des destinées,
Le monde, au but divin, s'en va fatalement.
Or l'homme traversait l'heure
d'indifférence....
Les monstres ont surgi, l'homme s'est réveillé.
L'amour
et l'union transfigurent la
Qui resplendit aux yeux du Les peuples, réunis pour
France,
monde
la lutte
émerveillé.
dernière.
Ne renonceront plus au nécessaire accord. Tout un ordre nouveau naîtra sous
la
Qui nimbe les martyrs et qu'allume
On ne trouvera
lumière
la
mort.
plus une place sur terre
Où, par leur sang,
le
Ainsi s'accomplira le
mot de
paix ne soit écrit;
suprême mystère
:
Le royaume de Dieu fondé par Jésus-Christ. L'avenir à nous se révèle
:
Derrière l'horizon, d'où monte une clarté, Voici le Christ ressuscité
Et la Jérusalem nouvelle,
i
Les Cathédrales, noirs profils sur les
deux sombres,
Sans tours, sans clochers, tels des vaisseaux démâtés, Consolaient, en pleurant sur nos calamités.
L'âme des siècles morts, errant dans
les
décombres.
Seul, le sang des vitraux, dans la nuit sans couleurs, Rutilait;
un vent
noir, dans les orgues profondes.
Pour avoir traversé
la
misère des mondes.
Transformait le décombre en harpe de douleurs.
Et Celui qui savait et voulait salutaire
Chaque douleur de
ses grands
Répondait en esprit, pour tous
membres les
mutilés.
immolés
Couchés, les bras en croix, sur l'orbe de la terre...
—
«
Dans
Quand ma les
raison raillait le rêve de la foi,
temps où j'aimais
Hautes maisons de Dieu,
archanges rebelles,
les
si vieilles et si
belles,
Même
alors, vos clochers vibrants priaient
Ma
dans vos beautés, c'est
foi
la
pour moi.
prière encore
;
Et c'est pourquoi, vivant ou mort, je vous défends,
Vous qui
vîtes prier
mes aïeux
tout enfants,
Sous l'éclair des vitraux irradiés d'aurore.
Les rayons ne sont point l'astre;
Des faisceaux divergents
jaillis
il
flambe, au milieu
du centre en flamme
Mais un rayon suffit à mettre un ciel dans l'âme. Et,
même
sans
la foi,
l'amour, c'est encor Dieu.
Témoins croulants de nos croyances ancestrales, Devant vous, autels morts,
j'ai plié les
genoux...
Dans votre écroulement, priez encor pour nous, Maisons du sacrifice éternel, Cathédrales
I
.
;
LE SANG DU SACRIFICE. Que
serait le présent, sans votre
49
beau passé?
Nous ne saurions, sans vous, être ce que nous sommes; Sans votre élan vers Dieu, nous serions moins des hommes El c'est pour avoir cru que nous avons pensé.
«
Je suis la voie, a dit le Christ, je suis la vie.
»
Celui qui nous montrait, pas à pas, son chemin,
Quand, tout petits enfants,
il
nous tenait
la
main.
Nos yeux l'ont oublié, mais sa trace est suivie. C'est bien
pourquoi l'abîme a vomi ces démons
Qui voudraient dominer princes et républiques, Et qui, dans la beauté des vieilles basiliques,
Veulent anéantir tout ce que nous aimons.
4
Mais, ô Crucifié, notre éternel exemple,
L'ostensoir luit toujours dans notre
Et notre amour, dressé vers ton
cœur
fervent;
ciel, Christ vivant.
Est plus indestructible et plus haut que ton temple.
Nos peuples ont prouvé
qu'ils t'aiment, qu'ils sont tiens
Fondé sans ton amour, tout empire
est fragile.
Or, nous, qui n'avons pas renié l'Évangile, ?
Même
affranchis de toi, nous restons les chrétiens.
Les océans sanglants furent nos eaux lustrales [Le sacrifice
pur nous
a régénérés
ït, morts, nous chanterons les Te
;
;
Deum
sacrés
Sur l'orgue saint des renaissantes cathédrales. 4
;
LE SANG DU SACRIFICE.
50
Car déjà
luit le
Nos escadres Le coq de fer
Où sonne
jour des triomphes certains
le
le
;
voient flamber dans leurs sillages
chante aux clochers des villages,
l'angelus
du plus beau des matins.
»
;
Le Dévoué, tentant de changer d'attitude, Se hissa sur un coude, et la terre en trembla.... Il
vit alors venir,
Des bêtes, dont
étrange multitude,
beaucoup s'abattaient ça
et là.
Disparate troupeau d'animaux domestiques,
Chiens et chevaux, brebis
Fuyant
les toits
et
bœufs, de toutes parts,
en flamme ou les enclos rustiques,
Couraient, large torrent fait de groupes épars.
La guerre
!
Ils
fuyaient tous, en hordes lamentables.
Les ronflements du feu, les vacarmes du fer.
Qui faisaient un enfer des prés et des étables... Ils
fuyaient au hasard l'homme, l'ami d'hier.
Puis,
Tous
quand
ils
se croyaient sortis de la tourmente,
s'arrêtaient pensifs, tristes, baissant le cou,
Pauvres êtres, en qui naissait une Et que
l'homme inhumain
âme
aimante,
trahissait tout-à-coup.
LE SANG DU SACRIFICE.
52
En
cercle, les chevaux, rapprochant leur misère.
Naseaux contre naseaux, semblent tenir conseil; L'un deux, parfois, troublant Jette
un
cri,
le
cercle qui l'enserre.
qui provoque au loin un cri pareil.
L'agneau bêlait sa plainte aux mères éloignées,
Le chien, gardien sans maître, aboyait au perdu, Les bœufs songeaient, baissant leurs têtes résignées,
Au bon
foin,
désormais vainement attendu.
I
—
*
Hier encor, dans les enclos, dans les étables,
Calmes, nous attendions les heures du travail,
Quand des hommes, avec des Ont désolé
la
cris épouvantables,
crèche et traqué
Nous aimions
le
le bétail.
bon maître en compagnons
Son joug sur notre
dociles,
front, son harnois sur nos dos,
Hélas! et nous n'avons plus l'ami, plus d'asiles,
Nous, traceurs de sillons et traîneurs de fardeaux.
Dans l'ordre quotidien de nos crèches soignées.
Nous regardions
Comme un t
le foin
comme un
Qui pendaient du plafond dans un frais demi-jour.
Tout a croulé, tout a brûlé, _
signe d'amour;
signe de paix, les toiles d'araignées,
la
guerre gronde.
Nous servions volontiers l'homme, meilleur que nous.
Aux heures de
repos, devant ce roi
du monde,
jNous nous couchions, pliant sous nos flancs nos genoux.
LE SANG DU SACRIFICE.
54
Nous avions confiance en
Nous revenions vers Le
soir,
la
prudence humaine
l'étable, seuls
;
au besoin.
un pâtre enfant nous ramenait sans peine,
Et nous aimions son toit reconnu de bien loin.
Ils
ont changé les socs en épieux dans
Ils se
la forge,
mordent entre eux, comme des chiens
Et ne vont plus, cherchant à se prendre à
Qu'en troupeaux dévorants
comme
la
jaloux,
gorge,
en hiver les loups.
»
I
Pour dire
Chevaux '
ont des champs du maître,
le regret qu'ils
et
bœufs, brebis
et
Vers r horizon, où l'on aura
Tout hennit, bêle,
et tout
vaches, confondus, la
paix peut-être,
mugit
à
cous tendus.
Puis, sous l'éclair, rouge et tremblant, des incendies,
Sous
les
canons,
— muets
tantôt,
pour un moment,
-
Bœufs, chevaux et moutons, sur leurs jambes roidies,
Recommencent
;
à fuir, à fuir
Sous leurs mille galops,
[Palpitant à coups sourds
la
plaine au loin frissonne,
comme un tambour
Et le clocher voisin, pendant
Sous
le
éperdûment.
voilé....
que l'heure sonne,
tonnerre des canons tombe écroulé
—
«
Ghers amis, qui m'avez aidé dans mes conquêtes
Contre les éléments, jour par jour combattus, Je vous plains;
pardonnez
à
l'homme, nobles bêtes,
D'avoir ses passions sans avoir vos vertus.
Vous, que Jésus enfant caressa dans l'étable, Toi,
bœuf laborieux
Vous que
laisse
;
toi, l'âne patient.
éperdus
la
guerre épouvantable,
Pardonnez sa démence à l'homme inconscient. Petit
agneau bêlant, qui figurais naguère
Jésus lui-même et les candeurs des temps passés.
Cheval qu'il associe à ses travaux de guerre.
Chien
fidèle,
bon chien, secourable aux
blessés,
Pardonnez aux humains leur fureur inhumaine,
Leur oubli de l'amour
et
des pactes conclus....
Les malheurs médités par Passeront avec
elle
;
on ne
la
force germaine
les verra plus.
.
LE SANG DU SACRIFICE. bêtes de
Chers animaui, chevaux de
trait,
Sachez bien qu'envers vous
j'ai fait
Et que, pour vous, ô les meilleurs Je suis
tombé devant
la
tout
57
somme,
mon
devoir,
amis de l'homme,
crèche et l'abreuvoir.
Lorsque vous reviendrez vers vos chères prairies,
Vous saurez
mon amour,
Car je serai sous terre,
Vous nourriront de
ô bétail innocent.
et les
mon
herbes fleuries
esprit et de
mon
sang.
»
Et,
pendant qu'au milieu des
Le Dévoué, qu'émeut,
même
cris
on s'entr'égorge,
au fond de ses maux,
L'exode épouvanté des humbles animaux,
Entend l'appel touchant d'un
petit rouge-gorge.
L'oiseau, qu'aima Jésus en croix, vient à son tour
Consoler le grand
cœur de
C'est le balbutiement qui
celui qui console
comprend
la
;
parole
Et l'instinct de pitié, la volonté d'amour.
;
Tonnerre des canons, crépitement des balles,
Tous
les
sommets
lointains sont des volcans
On entend
la
Le globe a
tressailli
mort vivre
et souffler
fumants
;
en rafales.
de mille écroulements.
Sous l'horizon, au bord des forêts arrachées, Des soldats, décidés à tenir jusqu'au bout, Et les pieds sur des morts au fond de leurs tranchées,
Dans ces tombeaux, creusés par eux, meurent debout. Sur des tiges de feu qui jaillissent de terre, Des astres tout à coup montent épanouis, Écrivant en plein ciel un ordre militaire, Signal de mort, qui tient les regards éblouis.
Et l'on dirait qu'en blocs de fer
L'obus, plus grand qu'un Et, sous sa
Où
masse,
il
— tout
homme,
le ciel
tombe.
accourt, tonne en crevant
ouvre une effroyable tombe
plus d'un héros glisse, enterré tout vivant.
;
LE SANG DU SACRIFICE.
60
On meurt, on meurt, on
souffre,
on meurt, on souffre, on crie
Tout est colère, horreur, terreur
La grenade est lancée, Bondit vers
la
La baïonnette
et
et l'attaque
;
hurlement...
en furie
tranchée adrerse, brusquement. va,, revient, et
pique, et troue,
Crève des flancs, des cœurs, et des yeux convulsés....
On
souffre,
on
crie,
Et, satisfaits, les
on meurt, dans
le
morts dorment sous
sang, dans la boue; les blessés.
paix des champs! patrie! ô moissons, ô vendanges!
La moisson Est-ce
est
de chair,
un homme,
est-ce
la
vendange
est
de sang.
un dieu qui veut ces maux étranges,
Et terrasse le faible, et punit l'innocent?
I L'esprit
d'amour a plaint
les
animaux en
fuite.
Mais voici des humains chargés de plus grands rtiaux,
Foulant leur vigne en fleur et leur moisson détruite,
Menacés
et fouaillés
comme
des animaux.
—
Nous, savez-vous à quoi l'ennemi nous destine?
«
Quand Pour
On
il
marche
faire
à l'attaque,
il
nous pousse en avant
de nos corps son bouclier vivant
fusille celui
de nous qui se mutine.
Nous tremblons moins devant Qu'à revoir les soldats de
Nous sommes de
I
la
Un mur en marche,
la
le fusil
ennemi
patrie aimée.
chair à canon, désarmée et
;
qui saigne et souffre, et gémit.
Les survivants, au gré de leurs bourreaux sans âme. Exilés, déportés, esclaves prisonniers,
Tels des nègres aux
mains des anciens négriers.
S'en iront sous le fouet vers l'Allemagne infâme.
Adieu, dans les cités aux trottoirs populeux,
La lente promenade Le soldat
vil,
et la
rencontre amie.
dont nous subissons l'infamie,
Nous ramène aux horreurs des siècles-fabuleux.
LE SANG DU SACRIFICE.
63
nous avions cru vivre en un temps de clémence,
ît
Où
le
monde
oublierait à jamais la terreur!
Et c'est sur l'ordre sans appel d'un empereur
Que, hideux d'être un mort, Aussi,
quand nous verrons
Vaincus par leur
pitié, le
le
passé
recommence
!
les nôtres, atterrés,
regard plein de larmes,
Hésitants devant nous, prêts à baisser leurs armes Frères, leur dirons-nous, n'hésitez pas
:
Tirez!
)
Ainsi pleurent des gens de France et de Belgique..
Ils passent,
disparus dans une ombre tragique
OĂš
l'inutile
amour de
Un
autre groupe, alors, ĂŠmerge de
leur pays les suit.
la nuit.
-
—
Nous fuyons
«
Nous allons vers Avec
la
la
patrie et nos douces campagnes,
l'exil,
front bas, courbant le dos,
faim, la soif et la
Et portant nos néants
Quand nous avons
mort pour compagnes.
comme
de lourds fardeaux.
quitté la petite patrie,
Plus d'une mère est morte au bord du vieux chemin;
Nos
petits, qui tétaient la
Sont morts, en
la
mamelle
tarie,
pressant encore de la main.
Mon chien boiteux me suit vers la terre inconnue; Ma vache est familière et ne m'a pas quitté Mais voyez mes haillons fangeux et ma chair nue. ;
.
J'étais riche et je suis
vêtu de pauvreté.
Beaucoup sont plus que moi pauvres
Où
seront-ils
et
lamentables;
demain? où serons-nous ce soir?
Et devant quel foyer paisible, à quelles tables,
Pourrons-nous nous chauffer une heure,
et
nous asseoir? 5
LE SANG DU SACRIFICE.
66
Nous n'osons plus porter nos regards en De peur de Et nous
voir,
au
loin,
arrière,
flamber notre maison
sommes des cœurs malheureux en
Dont nul Dieu n'entend plus
;
prière,
la plaintive oraison. »
Ils
Au regard du troupeau
disent.
Un vieux Debout,
qui se traîne,
un
prêtre apparaît qui, devant
murmure un chant que
Plainte expirante, en qui vit
un sens immortel.
Immobile, tout un régiment, sous
A son chant
autel.
entend à peine,
l'on
les
armes,
rituel répondait par instants
;
Sous l'orage, ainsi chante une forêt en larmes; Et la j»lainte semblait venir
C'était la triste voix
Elle venait
Et
comme
un
Oh!
J'ai
siècles infinis
cri léger,
;
;
— monotone.
elle était lasse et lente,
Une imploration «
des steppes en automne
du fond des
Elle était fraternelle
;Après
du fond des temps.
au cœur lourd des bannis.
doux comme une caresse,
se répétait toujours
:
— regardez. Seigneur... Oh — voyez ma détresse
faim,
!
j'ai soif.
Seigneur, venez à
mon
secours.
))
!
LE SANG DU SACRIFICE.
68
Et tout le régiment, à voix lourde et profonde,
Le front nu, l'arme au pied, chantait sans fm, tout bas,
Sur un rythme obstiné, l'appel secret du monde «
Je viens à vous, Seigneur, ne vous détournez pas.
Et dans ce
même
Tout pleurait Tout
:
:
appel, qui
les forêts
les fleuves, les
Seigneur!
tombe
et se relève,
que torturent
les vents
mers mourantes sur
La poussière des morts «
:
et la chair
la pitié crie et
des vivants
ne peut plus se
:
taire.
Ferez-vous pas, sur nous, revenir vos bontés? Jamais, en aucun temps, on n'a vu sur
Fondre à
la fois tant
;
la grevée,
la terre
de malheurs immérités
!
»
»
La France,
Chacune
la
Russie et l'Angleterre
ainsi priait
pour
—
soi, toutes
et
Rome,
pour l'homnie.
Pourtant, plus que jamais, le sang pur ruissela,
Car un prince, de tous les empereurs
le pire,
Imposait, dans tout son empire.
Aux
que
soldats
lui seul inspire.
Ce mot d'ordre inouï
((
Quand
Frappez
On
et
je
:
«
Soyez des Attila!
commande, Dieu
massacrez
!
m'assiste
:
Rrûlez qui vous résiste
peut vaincre, soldats, par la seule terreur
Que
la
;
terreur partout vous précède et vous suive
Où vous
êtes passés,
C'est l'ordre
«
I
que plus rien ne survive
;
I
de votre empereur.
Assez des combats loyaux de naguères.
Des générosités qui prolongent les guerres
Le crime
est
beau qui
fait les
!
criminels vainqueurs.
Restaurez l'esclavage, aggravez
la torture!
LE SANG DU SACRIFICE.
70
La guerre sans
pitié, c'est la loi
Allons, tigres,
mordez
Tout
homme
à
même
de nature
dans
:
les coeurs!
montre une âme attendrie
qui, soldat,
Doit être appelé lâche et traître à sa patrie. »
Alors, le Dévoué, tourné vers le levant
—
«
Pour longtemps, sur
Us sont
la
Christ ressuscité,
Tu
la terre, ils
bête fauve, et nous
sais, toi,
Défend
mort
que
la
sommes
ont tué la joie; la proie...
et toujours vivant.
France, en
ta parole éternelle
Elle est l'amour. Je
:
elle,
:
meurs en
la
servant.
»
I
I
Or, tandis
que déjà
la
chair du sacrifice
Goûte en repos l'amour du monde racheté,
Un
spectre, sans espoir
Entre dans
les
que son malheur
finisse,
chemins de son adversité.
Sentant son casque d'or, que cercle une couronne, Vaciller, Il
jette
—
il
y porte une tremblante main.
un long regard sur ce qui l'environne
Des membres morts sont Partout des yeux, dont
les
le
Brillent dans la poussière
regard perce son âme,
où
se posent ses pieds
Partout des doigts tendus le montrent
Son peuple
est
un hideux enfer
Contre les gaz mortels chaque Il
:
pavés de son chemin.
comme
;
infâme
homme
se croit entouré de loups à corps
ayant un masque,
humains
;
Par moments l'aigle d'or qui frémit sur son casque, S'il
;
d'estropiés.
y porte les mains lui dévore les mains.
LE SANG DU SACRIFICE.
72
Le sang de tous
les
morts sous
lui frissonne et crie....
Pas un pouce de terre où des sacrifiés N'aient versé tout leur sang, chacun pour sa patrie
;
Et, vie et mort, tout lui refuse les pitiés.
Et
comme
l'élément, les choses et la hête,
Ont compris
les
répons du Martyr
Leur réprobation, qui
A
s'élève
infini,
en tempête,
chassé devant elle et courbe
le
Honni.
J|
^
Les monts
:
Gomme
â
nous-même, aux
aigle?,
nos compagnes,
Ravisseuses d'agneaux, tu parais odieux;
Car l'amour a touché
les
rochers des montagnes
Sans entrer dans ton cœur ni réjouir tes yeux.
Les forêts
:
Fou sanglant dont l'âme
est carnassière,
maudit des lauriers, sois maudit des cyprès! Le bois de ton cercueil, pour vomir
I
Se souviendra qu'il eut notre
Les bêtes
:
ta poussière,
âme de
forêts.
Toi qui veux toi-même qu'on te
Du nom dur
Va, maudit par
la
mère
et les petits
de l'homme,
Demander de t'absoudre aux enfants des La matièbe
:
En voulant qu'on gémisse
En courbant sous l'horreur Tu
défias
nomme
d'Attila fléau des nations,
un monde où
les
âmes
et
lions
!
qu'on saigne,
et les corps,
l'Évangile règne
;
Entre l'esprit et nous, tu nias les accords.
LE SANG DU SACRIFICE.
74
LouvAiN
:
Tu connaîtras
Les poètes, dont
la
vengeance du Livre. souverain,
le verdict est
Te voueront aux mépris dont plus rien ne délivre
Quand
le style est d'acier et la
Le fer
page d'airain.
Toi qui souillas la Belgique trompée
:
Et ne sais que trahir et tuer sans péril,
Rends-moi, prince félon, ton fantôme d'épée. Toi qui traitas l'honneur sacré de chiffon
Les fleuves
:
Poursuivi par
le
vil
!
peuple des veuves
Qui voudrait lapider ton spectre gémissant,
Tu pencheras
ta soif horrible sur les fleuves
Nous prendrons
L'océan
:
Sur
la
tes
couleur et
le
:
saveur du sang.
mains, égorgeuses de foules.
Quand rouleraient mes Tout
la
flots
sans fond, prince inhumain,
sang de ton crime empourprerait mes houles,
Sans pouvoir effacer
la
tache de ta main.
Roi, le monde te renonce. Tu n'auras plus le feu, plus de pain ni de sel Quand tu les mendieras, Dieu fera sa réponse
Les cathédrales
:
Par l'inertie et le silence universel.
;
Toutes ces voix suivaient
le
tragique fantôme,
Car les temps de terreur étaient bien révolus; Et celui qui voulut l'univers pour royaume Cherchait partout
le
monde
et
ne
le
trouvait plus.
Le monde
était
changé. L'huilianité, meilleure,
Révélait sa splendeur dans chaque
Chacun d'eux, dévoilant
homme mourant;
sa gloire intérieure.
Rayonnait d'un amour que, seul, l'amour comprend.
Comment
trouver ce qu'on cherche, sans le comprendre
Qui veut trouver l'amour doit l'avoir éprouvé.
Le monde,
las
des
maux
qu'en
lui la
Ne peut créer l'amour que pour L'humble,
haine engendre,
l'avoir rêvé.
qu'il transfigure, orgueil jadis et haine,
En marche vers l'amour,
le
conquiert pas à pas;
Et le Roi qui n'a rien de la tendresse
Cherche partout
le
monde
et
ne
le
humaine
trouve pas.
?
*
Le sang du Dévoué sans nom, martyr des crimes, Là, coulait fleuve
Le monde
Où
ici,
;
n'était plus
grondait en océan;
que l'âme des victimes
cœur ne
l'aveugle de
voyait que néant.
Devant cet univers qui maudit et qui saigne,
Son orgueil Il
défaillit
dans un suprême
comprit que lui-même
Et que
monde
le
Le grand
a
il
effroi
;
avait clos son règne,
pour jamais un autre
Sacrifié gisait toujours
roi.
dans l'ombre
Et le Banni, partout retrouvant ses regards.
Posant partout
le
pied dans ses traces sans nombre.
Partout heurtait du
—
((
cœur
les
grands membres épars.
Moi qui suis en un seul tout ce qui souffre
Dit le Martyr, je
meurs;
la terre
La paix du monde approche; Sois aussi
me
elle vient; c'est
malheureux que ton crime
et pleure.
reprend;
mon
fut grand.
))
heure;
LE SANG DU SACRIFICE.
78
11
dit.
Sa grande forme, avec lenteur dissoute,
Comme
fond un amas neigeux sur les sommets,
Se résorbant dans
la terre,
y disparut toute.
Mais son âme, dans la clarté, règne à jamais.
Voici.
Par
Toute
le sang,
la terre étant
comme
arrosée
mais aussi par l'âme du Martyr,
Qui l'imprégnait, fluide, en flamme extravasée,
Le bon grain du froment germa, prêt à La poussière du corps immense Les prés s'en nourrissaient;
Tout prenait de son âme Fut
la
masse que meut
;
était
féconde
la forêt s'en
et la
la force
sortir.
;
nourrit;
sphère du monde
de
l'Esprit.
Puis, lorsque la moisson fut haute entre les vignes,
Quand
les taillis
nouveaux, bien verts, bien droits, épais,
Bercèrent les doux nids pleins d'oiseaux,
— à ces signes,
L'homme goûta vraiment des prémisses de Quand Il
le
sommet des monts
revit l'aube i:iremière.
parut rayonner un feu sorti de
L'esprit de sacrifice étant
paix.
lui.
une lumière
Qui par-dessus la mort éternellement
luit,
LE SANG DU SACRIFICE.
80
Quand 11
le souffle
de paix se leva dans l'aurore,
raconta d'abord aux grands blés assoupis
Puis aux raisins gonflés et que le soleil dore,
La gloire de
la
vigne et celle des épis.
Des blés aux pampres verts et de plaine en montagne. Court une émotion que la brise transmet Et
le
bruit de la
La chanson de
la
mer
qui s'exalte,
plaine et l'hymne
Terre, gloire à toil l'amour
La chair du Dévoué
t'a
;
accompagne du sommet.
pénétrée;
un cœur humain;
t'a fait
La matière a connu qu'elle
est
chose sacrée
Et porte en soi l'esprit qu'elle sera demain.
Hosannah
!
tous les morts, avec des
âmes neuves.
Revivent plus parfaits en des vivants nouveaux...
Que vous
voilà grandis,
petM^enfants des veuves
!
Sur la tombe des morts reprenez leurs travaux. Rebâtissez plus hauts le palais et le temple;
Mettez un battant d'or dans
la
cloche d'airain;
Nos héros, qui seront votre immortel exemple, Sont morts pour que
le
Écoutez bien en vous
la
Cœur gouverne en
souverain.
volonté des lombes
:
Travaillez; recréez sans fin de la beauté...
vautour gardez bien vos colombes.
Mais contre
le
Pour que
monde ne
le
soit
plus ensanglanté.
LE SANG DU SACRIFICE. Sous un arc triomphal Gardez
la
fait
81
avec des épées,
vierge en fleur et le petit enfant.
La Force avait conquis des gloires usurpées
:
Tiens-la bien sous ton glaive, Esprit, seul triomphant!
Gloire à
toi,
sainte paix
N'accepte aucune honte
!
mais, sois
et
la
paix altière
:
gronde au moindre affront;
Et fleuves, monts et mers, heureux d'être frontière,
Feront
le juste
orgueil des
fils
qui nous viendront.
Au
SOLEIIi
DE bOLLIÈS-LE-ViEUX,
Ville jadis, déjà ruine,
Que, depuis neuf cents ans, domine
Son église, témoin fidèle et précieux
Des temps de prière et de discipline
;
Au milieu des grands murs croulants et familiers Qu'avaient bâtis '
suij
la colline
Les Templiers
Au
;
pied de la maison divine
Que touche mon humble maison. Devant les beautés d'un vaste horizon, Ce poème, que symbolise
Ma
petite maison appuyée a l'église,
Ce testament d'amour fut rêvé, fut écrit, L'an troisième de la grande guerre française
Et
l'an
MCMXVI
De J.-G
THE BLOOD OF THE
SACRIFICE TRADUCTION
DE MISS MARGARET GUNNING
THE BLOOD OF THE SACRIFICE
To France, To Belgicm, to England, To RussiA, To Serbia, to Monténégro,
To RouMAxiA, to Italy, To Portugal,
To America, To all their dead,
To all their wounded, This poem Is DKDICATED.
One
cry,
" France!
"
to
heaven, breast
vvicked kings.
And Ihen he
fell,
without
a
— He with face upturned — pierced, For such was the of
Ihought, without a pang,
fell,
will
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
86
He lay upon Cross, vast
liis
back with arms outstretched as on the
— And entered
the realms of death as into
Atfirst he thought he slept
For
—
upon some océan strand,
around him, the sighs of the dying, regular but
ail
broken by long, rending of
some
dream.
some horrible
tide
—
cries,
—
In the
Seemed nights
like the voice
when
the
sea
writhes, disconsolate.
Then he awoke, but
And
it
seemed
to
in spirit only.
him
— So —
were Jesus-Christ,
as if he
that, unastonished, having entered into the mystery,
The Martyr, immense, and nailed
to the whirling Earth
— Whose contour he embraced, — Govered the Universe with agony and with love.
And
the seas and the
skies,
red
and rosy
nights
dawns, — The yearnings of living beings and of things, — The beasts of the and the birds of the — united his heart drive away infinité
forest
air,
in
Ail
to
Hell.
Sighs of the océan, and light sighs of man,
one deep rythm in night-watch or sieep,
makes the world stark w^ith fear,
'Tis
Ail
— And
if ail
is
rythm
— And the long — And those of the dying,
so fair.
wailed ovcr tombs,
—
—
cries
stifï
and
those of Ihe angry sea and the
THHT Iiowling
blast,
BLOOD OF THE SACRIFICE
—
87
mingled, were to
Ail différent, yet
— Yea, though the heavens ruins, — A rytlim would subject
clash together in the air,
and crumbled into
fell
still
this chaos to the fixed laws of
No
even
cry,
— And,
if
it
numbers.
would,
in troubled space,
remain
could
thousands of cries,
ing thousands of others, mingle there sands, distinct from thèse, respond,
;
—
chords make of those discordant cries
isolated,
—
Meet-
—
Other thou-
And
thèse fatal
— The
eternal,
even brealhing of the livingand the dead.
The Man, lying there prone, bathed blood,
— He And
— Thrills feels as
it
to the great
in his
though transformed from neck
seems as
if
his
gushing
rythm of universal pain. to heel,
curving flanks were valleys;
His raised knees, moutains.
— AU
— —
his blood flows in
— He his — hidden, Beneath the earlh —
great streams through the country-side,
feels
bones, full of pain and and beneath his flesh, become confounded with the rocks
— He
is ail
things,
life
and death, the universal
;
anti-
suffering unclean matter; nomy, — AH the pure — And on globe, atoncepriest and victim, so — The immortal martyr himself gods unknown. spirit
in
his fearful
offers
to
We the world-carrying streams, — Sons of the glacier — — We who in the hollows
feeding snows of virgin white, of our waves,
We who skies,
And
— Capture shimmering suns;
in
— The
lofty city
towers
— We, whose
heights
cottage beside lordly
in
reflected
castles,
—
;
We, the makers of back,
— Bathe
a cool, fresh light,
humble
Capitals,
—
natal springs
We who
never turn
— Are virgins on
the
;
— We who — Carry down tothe
Beneath the old bridge that frames them, with
ail
many
our melodious waters,
a fleet
We, the rnoving high roads, friendly peoples.
arches,
sea,
— Of weighty ships, floating treasures.
— We
—
Blue
links
between
that are forced to flow through
— Triumphant, docile and free;
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. We, makers
of beauties thaï serve,
generous streams,
—
who
also
make
isles
the vines fruitful,
—
And
streams,
fertile
—
By
are our waters troubled?
A new waters
—
;
the cornfields — We the world-carrying
whom
We, the great
Strewing happy lovers' palhs
With the flowers of our But
—
89
;
and black,
tributary, red
— The warbler bas
fled
—
Falls into our clear
our banks
— And
the
melodious shelter of our reeds.
In the green paths along our shores,
hand.... — Where our purity — Why bear we onwards thèse dead?
band clasped
lovers,
of other times?
— No more corne
in
is
Our waters are coloured now by dreadful wan, and red the night
day
is
see
now
:
—
Cathedrals blaze and
We
in the
— No
—
fires,
— The
dawn can we
fall in
ruins
;
— And everywhere —
Of the exiled in mournful crowds
horror of the wild night.
would bave had men happy,
innocent love.
other
our depthsis the pale hght of death.
In
dark phantoms,
Wander
;
— And behold
—
In holy peace,
us, accursed that
— Ri vers of mourning and of blood.
we
are,
Then the
fallen
Answered — and
—
"
The
man, straining
at his voice, the
darkness trembled
:
rivers flowed pure; monsters hâve crossed
them,
— Bringing
river!
I
unknown.
evils before
would hâve protected thy clear
towns and
—
his dying limbs,
cities
— Oh, great — Thy — Thy
vvaters,
with their time-honoiired belfries,
—
palaces, thy gardens, thy parent snows,
The heavens,
whichin thy waters, seem likethe Heavenofour dreams;
— And therefore face
it is
upturned to the
îdie, with stars....
arms outstretched, and
— Oh
great
whose waters, henceforth our disasters ed,
— Farewell! One day
Kingly heart.
rivers, "
I
shall
rivers
I
shall live again, victorious.
your purple stream
is
in
be mirror-
the blood of
—
my
Behold. The
mountains,
whose
abysses, — The mountains clad their brows — Bands
height créâtes
lofty
in white that
wear upon
gliitering with constellations,
Cried ont to kings and peoples
" Iligh
be visited by the
First to
first
—
:
and pure, we were
altars
to
you flashes
a sign of
the alliance concluded spotless snow.
—
yet,
;
fires
at
its
its
heavy miasma,
great entliusiasms eddies,
— And
— Which,
— Prompted you
— And
And
—
first to
Signifies to us
of heaven with the
your
feet ail that vvas
heavy labours, the pool
our breath, the wind of
seizing you in
to scale the heavens.
mighty
its
—
Today
— Your
— And your — glaciers. Yesterday, when
seem baser on the ascending path,
deadly breaths infect the
—
the lightning
even on our lieights you set up hâte and shame, hearts
veil,
when you mounted towards
us, slaves in hand, — We laid but human, — The plain with
with
—
doom,
— By the
And
beneath a
lonely star,
be flushed by the eastern dawn
which
—
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
92
you crossed us, we rent dens, the lofty snows,
Ihe beasts
mount
—
—
;
— Our long
veils;
and our mai-
— Welcomed you gently as they do
While. the
God who died upon
a
rocky
Smiled on you hère from out the depths of
bluer skies.
—
Today, your cannons, black upon the
white crests, startle the echoes and provoke the avalanche
— Yesterday when your lying love our
lofty pride
we
yet felt
revered us,
some regret
;
—
— In
ail
Because the
— But as mind ceaselessly — triumphed over matter, Soon, hovering above our pathless désert heights, — Game your great human up birds, miraculous condors, — To dare, the azuré depths, the crossing of the heights. — And we, below, were fiUed with pride and drearas. — But you, sinceyou came, bave humbled our pride. — Nowa gloora — For the aéroof mourning pervades our plane, rainingbloodand crime — Has stained the majestic solitude of our peaks. — Our chasms, whence overflows the dark,"are not so hideous, — As the hearts of mortals who slay each other. — Oh ye peoples, bereft of reason and ruled by hâte alone, — The bear bis noble — And the wolf scorns you mountain cave gentler while the eagle condemns, — And the true heaven heights were called frontiers ;
far
in
far
as
glaciers.
in
far,
is
is
domain closed
to
you
for ever.
"
a
The mild Christian martyr, nobler than Prometheus of old.
"
— Flung
to the
haughty peaks hisreproach
Long you dreamed beneath the sky
come
—
whose
spirit
guards I
— Your glorious freedom that
fain
ills
unknown
before.
your pathless déserts,
stately forms,
— And
you, though you were frontier and obstacle. I
—
from pacts of man,
lives far
whether
ï
would have succoured your snow,
glaciers,
prême beauty of your shall say
men have
but
— but and whose heart protects, — Proud
Bringing you
mountain peaks,
;
:
—
The
The su-
did défend
I
— The plains
fought well. Fain would
I
have kept
— And your pride and my dearest dreams are one. — He who treads your his mount. — He who breathes your — But even he not the true his heart grow greater — For the soûl knows nobler height — And that the mount of more sublime. — And you free from
truly,
ail affront.
soil
feels
spirit
air feels
is
;
Victor yet;
a
Sacrifice is
that
I
have reached that height, in spite of
for
ail its terrors,
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
Oi
—
Behold
I
die at your feet, with
arms outstrelched
as
— On your royal mantles, white as ermine, — — Are the drops of my blood Hke some divine
on the Cross.
slains.
Greater than you
— The victim
is
I
die,
oh stricken, immortal heights
nearer to God than are the altars.
:
So he spoke... and the pure blood that gushed froin his veins,
— Ofîered
itself to slake
trees beneath the soil, soul's agony,
moaned
k
:
— He
the thirst of the great
— And from out the depths of his
listened, as the Spirit of the forest
\
—
We
"
were the
our green dômes,
forests profound,
— That ever heaved
— And we rocked in great
waves
—
Like the seas.
We
— flowers, — As we echoed the deep murmur — Of song,
sheltered beneath our boughs,
the birds'
Fruit,
the vast waters.
We
gave
to the
walks with
effort,
poor woman, — To the old man who — The food of the flaming hearth, —
Our dead wd To the heavy, sharp-edged axe foliage,
— We gave,
— Which mutila ted our
oh men, the frame-work
-r-
Of your
dwellings.
To the flowers;
found
—
little
—
school-boy,
—
Fruit and wild we gave he, when in its nook he
How pleased was Some warbler's nest.
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. The gentle l
From
U
days.
turtle's sigh,
Fell Jike a subtie
the brood dreaming beneath
We
lier
— Your
hoUow
L
Oh, dear young lovers.
glades,
— In
— And
— That
—
our
heads drawn close together,
were the forests profound,
green dômes,
charm
— On April
wings,
loved to hide you beneath our flowers
_
We
—
97
—
we rocked our
ever heaved in great
waves
—
Liketheseas.
And now benealh the raging
.
—
balls,
Our trunks,
stripped and torn by iron and blackened by
I
[
prone amid the ruin of broken boughs,
men
We
were the ail
forests, indulgent
.
frail insect of
We
and kind;
moss with
ils
our
—
Let
star-like flowers,
were the great woods, great as kingdoms.
—
— The
And
their
—
Sway
tapering columns under their thousand dômes, to the
—
gold, and the large-eyed roe.
mysterious woods are moving temples, L
dead
— And
the stronger for their hoary âge,
live at their feet, the
The
like
arms towards God.
in despair, stretch out their
good oaks,
— Lie
fire,
— And,
harmonious breathings of the wind.
And the
souI found in us a soft and
mellowed 7
light
;
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
98
— With spot; —
ail
We
And every
the silence and the mystery of a hallowed
were living churches beneath the sky,
April brought us nearer to God.
And Heaven whose light entered by our to our homage to the splendour
Hearkened
When the the hymn
—
glades,
of day,
thrilling voice of the forest in prayer " of life and love eternal.
— —
— Sang
Forests,
I
— The gloom that rains from your crowded — hâve been struck by the outrage and — you were devastated, great refuges of When hâte, soft
ïhades,
mghs; le
hâve defended your hymns, your leafy
)eace
ît is I
I
— — men's terror peopled with gods, You whom of so profound. — That You whose antique, sacred night Forests of France, and
ail
ye forests of the world.
old,
is
alone, the heavens' night bas greater majesty.
That which was dead, through you rises and lives again,
—
And
coffms,
green once more in you
mount
in you;
it
is
born of you, one day will be ;
—
Already
my
flesh
the sap of your trees;
unity of the world abounds beneath
my
—
brow.
seems
And
to
the
100
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
Forests, your pain is mine,
According to I
my
spirit is the
I
voice your complaint;
hymn
give myself to you in a holy
sons of the
wood
of your sorrows,
communion,
that once bore Jésus Christ.
— —
— To you, "
In their wild career ever running yet never done,
With long, ceaseless
—
and pursuing each other ever,
The great waves, mountains of water raised by Ihe
wind,
v^
cries,
—
— Fly before the wind's lumultuous
lash.
The mountains, those waves congealed, hère recognise themselves.
— But
chaos. — The — Sees own
moving, as in the time of primeval
forest in the folds of the everlasting surge,
his
green night and hears his mournful
rylhm.
Beside the océan, that
first
father of the world,
awestruck, knows that hence came his a thrill of those sacred depths
:
is
,
was born
w
l-
;
—
life
;
—
— Man, For
And grâce
life
itself
of Iheir curving waves.
Lo, the great waves followed by
furious billows,
Changing their clamour into malédictions, age-old océans, fathers of
out to kings and nations
:
ail
that lives.
—
—
—
Ail the
Hâve cried
"
Beneath the iron and the
fire
of your roaring
ma-
— With you, storms and you, subject stress — Like well-trained coursers, we bent beneath the load, — Bearing your treasures and your leviathans.
chines,
"
We
When
like
to
your vessels served the conquests of peace,
knowing that 'twas vain
bucklers of their
sides,
—
levellers of storms,
—
to
beat against the stout
Were, beneath your
feet,
Plains of alliance, and paths of
peace.
— To us men — seemed victorious kings; Sources and mirrors of — In them we revered gods and makers of "
We knew
the pride of serving genius,
infi-
nité life,
gods.
" Great vessels,
For yours
it
was
we
kissed the steel of your armour,
to quell in
held in subjection
;
—
bringing races together. holy unity.
man's heart, mère
And you
carried the
— To bind them
—
instinct,
hope of
one day, in a
"
And
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
103
— Wliere,
for love of
lo,
fardown
us, ihe hurricane,
Opening paths
in
—
our gulfs,
Makes
beams
to llie
of day,
which had only seen — The black — Now sucked them down gaping
" Jdur depths of giant ships,
jaws,
"
bellies
in their
— And formidable whirlpools. The great steamer
like
— When
pants and hisses,
thunder-bolt, — Touches,
"
Mad with
fear,
The giant
bursts and pierces
— No
— The
— The great
It
it
It
is
its flank.
children, ail
the
stern rises,
down; and the
sea
— Vanquished withit
océan depths.
shudder
— Buffles
the horror of the océan waves
That pity the giant vessel.
—
goes down, bearing with
— To the nameless
—
vile
sinks.
stilled,
" For a second, no more, a
surface hère
Stops,
some
— But in
— The
;
ship goes
Beneath the waves now
throng
opens
liner as
—
—
pity responds.
totters, half
out combat or canon, a, great
women and
tremble on the deck....
and shuddering, closes over
"
a floaling city
the torpédo, like
Three thousand innocents,
désert of high waves
"
—
sublime commotion,
a
the
—
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
104
"
The expiring wreck
beneath the waves! glass,
—
—
lies
low
— The
And soon
dead sink
fast
against the port-hole
Sea-monslers dash their niouths, their teeth,
Iheir eyes.
"
The harbours awaited
rocked in the green waves,
— Whose
you
—
— Yessels
eyes shall never close.
"
Oh moving dead, manned by corpses
And the
sea, indignant cries ont
:
"
Who
— Guilty of the great crime and who willed dare
tell
his
And, far
—
"
ït is
name,
it
not.
the
—
It is
it
man If
he
lie,
—
" !
:
"
the Sound of a voice in which trembles a
So weak, that
— — Of
him speak
a cry responds
off,
willed
I
let
is
it?
might seem one had not heard aright.
the muffled, far-ofî cry, that the echoes prolong,
a wolf,
mad with
rage and howling dismally in the
night.
— I
"I
willed
Then dies
did not do it
not!
fainter
away
it,
and ever
in the
lightning-flashes
repeats the muffled voice,
—
"
— The cry, as — Through which dumb
fainter,
heavy night,
seem dipped
in blood.
if stifled,
1
— seas,
has
"
—
Oh I
rivers, forests, hills,
call
made
you
ail to
and you, oh boundless
witness that this
man
of his race an accursed breed.
Mes.
—
— He
He
lies
timidly and as one desperate.
"
He
lies.
His heart shudders and his reason gives
— Streams and mountains, immense proud summits, — Keephis before you, and keep my words, — And you, oh children, keep them for evermore
way.
forests,
lie
little
"
that
He attempts
would
a lie as great as his
lie is
reach the sublime. but words.
"
crime
never loud enough.
— Truth
is
the
;
—
The cry
Truth alone can
Word
itseJf, lies
are
So cried aloud into space
—
Philoctetes of old;
From East
to
And
:
!
The whole universe, with
dies,
"
Truth,
but ever lives again.
which the world leads
its faith
ara that profound
I
humanity
is
and
Ail bloody I
bear
—
love.
— That divine Hope, — am the Soûl
in
I
mirrored — The secret
I
die, the
more
shall rise
ing of mortals towards the Unknown. — born of dream — Containing
Spirit
which
I
— The yearnam
the spectre
in itself ail the stars of ail
the skies.
To the ruthless men slaughtering each other
I
—
to God.
The oftener
a
like
clamour was heard,
— "Oh Heaven, oh Earth, — me — In my lonely heart,
sacrifices speak in
which
his
The wounded giant
West, by the whole Christian world.
Again he said
"
—
;
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
108
I
bequeath love and new
the Sacrifice of self;
life
;
—
— The idéal of
I
am
ail
Love's essence,
who
sufïer.
I "
The land, the seas and Ihe
blood, speak with children, widows, see
what
I
see.
my
voice,
rivers
—
— Bleed with my
Falhers in mourning,
— Weep no more
!
For your eyes shall
"
i
A
He spoke.
— Whiclî
great shudder ran through
thrilled like a
tree
And the great night luUed robe,
— AU the victims,
Every soûl
is
ail,
bound by
globe
ail tlie
touched by the winds.
to sleep, in the folds
both the living and the dead.
a thread, to every other soûl
— Every âge works for the future of mankind — —
" If
Dear
no one dies for you,
little
children,
And the Virgin
what
will
"
the
women
of her pain, the
Charity, an instant forgotten
gave birth
to
wondering Maid,
heroes.
said,
your morrows be?
the sword resisted the soldier-torturers.
k
;
:
•
"
—
of her
—
—
—
"
With
And proud
— Thrilling with pride,
110
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
The altack of démons
calls the
And The
the phalanges of the just fires of Hell in
— — drown —
Archangels forth
Saint Michael shall vanquish the Dragon born
who
fall
shall
the déluge of their blood.
;
anew
of crumbling ashes, — — The spectres of burned
Piles art,
"
Louvain
!
Louvain
And Louvain,
I
Louvain
— Which
« I
love
Made
shall ring
—
ruins of divinest
— Rise up and cry —
and
faith.
of the
City of ashes,
Louvain uttered a tragic
through Ihe world eternally.
was one of the temples of the Book;
—
:
" I
the Iieart of Belgium,
and smoking furnace now. cry,
Pale
cities
—
I
taught
Thèse divine reasons for
men
living,
—
Book a living thing, and they breathed in me.
—
Oh trembling Bible leaves, Great scholars hâve lacerated you, And horrible philosophers Hâve burned
—
—
both your temple and you, sacred bocks.
I
The brutal Alexander, your dwelling-place.
— Books,
ashes
AU
!
minds
—
A poet he, spared
barbarians hâve reduced to
Art, Poetry; or, Science
Library and
—
of old
— The
Muséum
Beauty idéal,
understood nothing of
— The
and Reason!
pure beauty of great
and beauty realised
it ail,
for
—
They
hâve they not sacked and
ruined ail?
The embers snioke; the ashes consumed. In vain
Word, that «
Louvain
!
»
rises,
:
fly...
—
The Book
Speech cannot be burned, eternal,
and
going forth,
—
is
The
cries
:
Then the
though not so beautifui
Iron, brother,
— Cried out
the Gold that nothing can impair, entrails
or from
of the earth
hammer's measured beat
made "
:
—
the anvil,
" Of
me,
to
my
— Of
frora the
the great
services hâve
the prince of metals.
Proud of
of metals.
—
man whose I
open the
efforts
fertile
I
aid,
wound,
— am the king — Through which I
the soil receives the grain.
" Caressed
and kings are "
and polished by the Earth,
and by me,
star,
I
—
By
my
I
elemental work,
shine like a
— Poor men
fed.
hewed the
columns,
stately
temples of the gods
;
—
I
—
That support the
carved statue and bust
the most radiant heroes. 8
— Of
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
114 " Snre I
vanquisher of blind rages
— Or unjust — Crouch
hâve made the pride of great lions
revolts, at their
tamer's feet.
"
hâve belted the world's orb,
I
tains,
Earth
"
and
seas
—
forests
Is like a bail
And the
valleys,
;
—
In
my
—
Through raoun-
net-work the round
caught in a snare.
— The streams — Now see heavy-footed raan —
spanned by arches,
with their mighty waters,
Vanquish the wings of the birds.
"
One day, thanks
to the virtues of Iron,
crossed by wires passing under the sea,
— The EarthJ
— Will hâve but
one heart, one thought.
"
And
who
I
better fate
;
—
give to the world I
see
my
salutary
— This pledge of a — Serve hâte and
work
wretchedness.
"
I
was once the Sword with
in old feudal times,
its cross-hilt,
— But man,
— Gloriouj
who tempers
ray bladej
— Dénies now Durandal. "
To the loyal weapon, glittering nobly
He prefers the gas.
stealtliy,
blind torpédo,
in the sun,
— Or
pestilentiaj
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
H5
—
Are things
" Already the brave
deeds of yesterday
of the past like old-time tournaments.
treachery
"
I
;
was once the chased cuirass, crest.
—
d the splendour of
r
"
I
weep
the time
Ambush and
behold the war waged by the crafty spy.
haughty
its
—
I
I
weep
my first
who, they
to
—
my
The helmet with
vanished glory,
—
destiny.
— weep — For the âges when kings,
say, hâve
when God spoke
the flaming sword
for
— Reigned,
no soûl,
I
allied to the cross.
for
—" fields,
Sword
in the hero's
hands, ploughshare in the
— Thou who hast ever beenmy trusty companion,
— by whom the beauty of the world was increased, — Be now, when that beauty has need of succour, — Iron,
The
Steel of the
fearsome torpédo and the cannon.
" Kill, and for the présent, be ruthless; behold,
— But the truly selves will
:
my dream
come. And
Thou
I
bleed.
— Let us défend ourand thine are so beautiful — God those who make ready his reign, —
devoted ask pity,
I
for ail
shalt carve a
winged glory above the gâtes of the
tomb!
When we
shall
hâve vanquished the nation of prey,
Thèse coarse drinkers of blood, gorged with foui
Then we
will forge the last cuirass of ail,
flesh,
— And thou — Thou
the last sword in the hands of noble races, shalt be for ever the Right, that Soûl of the
—
Sword!
"
In their dens, at the foot of the mountains,
Those generous kings,
— The greal
— Astonished, thus spoke together
—
" Yes, kings,
majesty,
—
And
men name
thus
lions
— The
lions,
and their mates,
:
— The
lions for their
because, stronger than men,
also,
—
They are strong without cruelty. "
law
Hunger alone ;
—
in us is
But then
we
cruel,
kill
— We must bow — We play
to its
the gazelle,
not
with her fright.
" Driven
end!
by
— We
infinité laws,
eat our
fill
—
— God alone knows
to
what
But take no pleasure in the
agonies of our prey.
"
man
Men
called us
magnanimous.
covered with blood
—
Rejoices in innocents' tears.
—
But behold now,
And loaded with crime,
—
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
118
" So lions
he
is
no longer Ihe worthy master.
he was wont
recognise
— Our
" Yet let
gênerons
us
still
— Oh
to extoll....
titles
—
Who
—
Of those
then will
now
and our majesly?
be what
we
are.
—
lions far nobler Ihan
reign over them, — against them.
".
If
we
men,
alone remain
—
We
shall
—
" Nay,
rou such,
man names
nay, you are no kings uniess
— Despise
not man,
and rebel
not against
— Wild beasts, deny not rann's merits — Which
him,
:
of you has died to save another lion?
"
1
die to save the immortal line
me, serve the Idéal Man, indignation of
"
:
He
God
is
is
;.
^
and
I
like
bless your
— Which brings the animal nearer the hear
"
your God
Who
Who breaks
the pride of the haughty,
once forced you to respect Daniel.
the eternal
than the
F
lions!
man.
— He
r
— Oh
— Of those vsho,
lion,
Saci'ificed
—
the
Word,
—
—
My
Stronger
and sweeterthan honey.
Learn to lick
my
pure blood, but drink
it
— So
not,
— Lions Be ye — Lick thèse my grievous — wounds, and ye shall be loved
that
my
heart and spirit
may be calmed.
the love that disdaineth glory
;,
1
m
"
!
The Fire roared
—
"
:
When man
made
liad
born of the shock of two stones,
flash
lightning-spark,
—
— He conquered
" This little fire
my wood
shine, little fire
—
human group, me even a god.
ail
—
my
I
— And,
The
In that first
splendeurs.
sparkles and crackles "
—
captive the Light
:
—
Make
the family, that
Saw something more than
first
a being in
:
"
Man adored my
rejoiceshim; I
— And
was cherished by the "
Thèse fed on raw
aliment.
knew
—
flame
clear I
—
That warms and
was guarded by Woraan,
— And
child.
flesh
:
— 'Twas
Later, their hunger,
the savour of vvheat.
by
I
grilled that first
me
succoured,
—
•
I
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. "
I
was the consoling mystery,
— And
subdued, joys
I
was able
I
—
The
which
— For
pleasure
am
I
—
Becomes pliant
Stars and the Suns. — Of
my
To guard
am
has lost her way,
"
me
*Tis
I
unwary,
in
my
;
am
the
—
—
—
— The
fires,
:
—
In the
reef.
— Caused by the —
Fearless-hearted rescuers
wrath.
!
in tears,
a hero,
And now War
where
I
to the ship that
— The deadly, glistening
!
— Like
—
were given me,
who show
Save the child the old the
by the people
"
—
flamed out in great
traitor or the
Attacked
old, Vestals
Gharity too; see the light-house
I
my
altars of gold.
hurricane, at night,
When
as
at
Lord of the Iron.
" In Space, at the natal springs of life,
"
— The
— Ploughs
and wounds,
slays
well, *tis that he, so proud,
I
élément
first
to give to the earth
promised.
" If the Iron
"
121
for
globe
!
"
— And blessed
— The rescuer died in the fiâmes, unknown
sets alight
field of great furnaces.
women
is
brethren.
— Whole
villages,
one smoking volcano
;
every-
— One
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
i22 "
And
I
the hearth,
I
man, mad with barbarie
the light-hoiise beam, rage,
— Feed my
—
fires,
I
see
lashed
by angry winds, with living bodiesl " Since
man
Ihen, rejoicing in disasters,
pacts once concluded,
the stars,
— Be
— Tears up
extinguished, clear light of
— For man deserves you no more.
"
—
"
us not
"
man
defended thy flame,
fire
;
— There — Nor
Ihe soûl,
:
is
— Curse
a spark ne ver
that spirit-flash
lias in his eyes.
For the family, for husband, wife and child,
child, 1
fire, I
oh mysterious
be quenched
shall
that
Resplendent ail,
whose
defended
is
family hearth
tears
and cries
indeed thy flame I
die.
"
I
;
hear;
—
—
— The
That which
The hearth
:
for the
We, the éléments, matter and
We who
sometimes unwillingly do
not dawned in us,
And
— We
we submit governed us, we were yet
bright flames
We
inanimate things,
ail
know
ill,
— Intelligence has
neither duty nor idéal.
to the influence of soûls
in his
hands
;
— We
lit
;
— Man up with
— His sky, his path, his home.
were Matter, blind but subdued;
pierced, with
—
its
and, oh wonder,
magie
—
flashes
—
Ail
— Our lightning — unknown life,
To the farthest depths of the sea
palaces.
Distance and absence,
we had
melted into radiant spectres;
abolished;
— Opacity
Man, helped by our
— Was almost the equal of gods.
power,
We
—
were the means, and no obstacle.
through us, became
worker
of miracles,
a source of light.
— Man
—
Darkness'
— Master of time'
led us on towards Love.
f
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. Our force ît
—
dazzling vision,
And
— For vanquished,
secrelly rejoiced at this,
partook of the victor's soûl;
Saw
—
125
And
in a two-fold,
at last the unity of hearts.
new
then, when, slowly, a
ground suddenly opened
—
— Wrought — Behold the
well-being,
by security, was beginning for the world
At the feet of terror-struck
man. He himself
who
is
it
digs the fearful chasra, beneath
— Who turns away the élément from happy destiny. — he who teaches us crime — He whom his feet
its
;
It is
made mad.
matter has
But
;
things
ail
demand
Radium promises what in its pristine source,
You
that in
it
it
is
—
life
light.
is
dreamed
;
—
— Life
Is a flying light.
your poisons
résides,
— You — And the of death
shall
Infinité
— Shall make your everlasting remorse. — Mingles — Where
who with our mysteries and horror which we ne ver sought.
But where suffering
in
ail
quench the eternal spark,
shall not
not drown
unity;
the heart long
is
he,
he who from our poisonous vapours
evils willed
by him ?
— Has called
fortli
"
Where hides
This threatening
that
call,
man?
Let hira stand forth! "
wailed out upon the wind.
Ihen a far-olî cry of anguish in distress
heavens from East
" it
I
willed
not, "
it
to
West
— And
— Crossed
ail
Ihe
:
not, " uttered the guilty one,
he whispered low again.
sought the lamentable spectre, but nowhere seen.
—
— And — Heard
ail
—
"
I
willed
the universe
everywhere,
— Contained — Sent forth with the blood from the gaping wounds, — The malédictions And
the Sacrificed whose giant shape
itself ail
which
the wounded,
shall
ail
in
the dead,
be the criminal's remorse.
But the sighs, the great appeals and the long, dying
— The of the child-man towards homes, — AU sank when the Gathedral voices — Raised unto Heaven the raorning Angélus.
moans,
cries
into silence,
far-ofT
lofty
"
The future
horizon,
is
whence cornes
— Salutes with
— For beyond the — radiance A new Jérusalem
revealed to us, a
flowers, a newly-risen Christ.
" In vain Attila's
— Roaring their
hordes, wiid beasts in
hâte, hâve
Man runs hère and
human
broken down our
there, but after ail,
form,
altars
:
—
God leads him;
— And we are the symbols of immortal dreams. " Already Heaven's fire has
quenched the torches'
In vain, the cannons' affront. saints above our portais,
smoking
— We
blazÉ
crumble, but th«
— Shallshine for ever amidth^
fires.
" For the second time, Joan in the midst of the fiâmes]
— Has raised her eyes
to the
Heaven by her implored,
But like crouching dragons, the shameful fiâmes,
Writhe about the
staff of the
sacred standard.
—
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. "
One
ground
arrn of the
—
:
But the other
be seen from far solitary Christ,
off,
—
hacked
cross,
—
Whose
still
lies
off,
129
upon the
He may
retains, so that
Nailed by one hand, a great freed
arm
calls ail the
world
to witness.
"
Our great naves, our towers are but smoking ruins,
— The barbarians thought to heart, — And even in the Past
strike France to the very
itself kill
—
But
we know
God's spectres,
\ve,
the great Shades that
God
is
;
the
Victor.
"
And
winds rushing up from the depths of
the
blackest night,
and of
Te Deums,
"
—
As they
fly
Rheims, — Changing
tlieir
make golden harps
The pure
spirit that
across the skies of Paris
long sobs inlo glorious
of our
mournful remains.
embroidered the fretwork of our
— Cannot be burnt with foui flames — The empty spaces are with gleams of soûls, — Our rosewalls,
;
filled
windows on
We
fire,
are suns of love.
are the refuges of pale multitudes,
for love, seeking their way,
long paths on every hand, cthe bitter taste of
;/
"
- But
—
And
who
— Hungering
ever found rude,
in every
human
cup,
gall.
Each one bears bis cross, bis pain or doubts
;
— We
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
130
ail
— And we — Some by the Faith, others by
burden that each one carnes;
liglîten tlie
appease
sorrows,
ail,
our bcauty.
"
We
suprême
them
lead ;
—
And
if
to
the
threshold of
— They would — And ascend once more
the cannon's blovvs, selves,
said Ris
"
—
them-
Him who bas but
Name.
The sphère
the world,
Rushes on
"
visions
rise again of
to
is
free,
The magnet turns
And
the
our spires should crumble beneath
to
and foUows the slanting ways
drawn by the ils
;
— of destiny, —
to the fîxed, irrésistible pôle,
inévitable,
Man was passing through
secret call
divinely-appointed
end.
a period of indifférence.
man awoke. — Unity — And, splendid, she and love hâve transfigured France,
— Rut monsters
came forth, and
shines before the world's admiring eyes.
"
The peoples united
for the last
grand
fight,
never more renounce their necessary concord. order will arise beneath the light
—
— Shall — A new
That crowns the
martyrs and that Death has kindled.
"
No place
will then
Word of peace
is
be found on earth,
not written in their blood
;
— Where the — Thus will
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. be accomplished the mystery suprême
:
— The Kingdom
of God, founded by Jésus Christ.
"
The future
is
revealed to us
;
Beyond the horizon whence a radiance ascends, Behold the risen Christ
Ând
the
new Jérusalem.
"
131
The great cathedrals, black skies,
— Towers and
belfries
that hâve lost their masts.
—
mities, they consoled it
profiles
against
sombre
gone, seemed like ships
— And weeping over our calaThe ghost of the dead âges, as
vvandered Ihrough the ruins.
Alone, in thecolourlessnight, the blood-red of the Win-
— And, the deep-toned organ, a night— That had swept over the misery the harp of sorrows. world, — Changed the wreckinto dows shone.
in
wind
in
ail
a
And He who knows
ail,
and who willed thateach pain
— Of His members, so mutilated,should be salutary, — with Replied the immolated, — Who in spirit for ail
arms outstretched orb.
as
lay,
on the cross, upon
this
earthly
4
When my days when
I
high houses of God,
so
Eveo then your vibrant
anCient
belfries
m their
childhood,
light of the stained
In
—
and so beautiful,
used to pray for me.
— — You défend you the saw my fathers pray, —
My faith in your beauties, And therefore, living or dead, who,
— the — Even then,
reason dericled Ihe dream of faith, loved therebelliousarchangeîs,
that
was prayer too; still,
I
In
Windows,
ail
irradiated with the dawn.
True, the beams are not the sun;heflames in the
midst
—
Of the divergent rays that spring from the bla-
— But one ray — the soûl, For even without zing core
suffices to
;
Oh crumbling witnesses I
your ruin, pray for us
—
Cathedrals!
still,
Love
ail
still
Heaven is
in
God.
of our ancestral faith,
Before you, oh dead altars,
crifice,
faith,
put
—
—
In
Abodes of the eternal
sa-
hâve bent the knee.
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
134
What would past?
—
the présent be without
Without you
to raise
human
should be less
—
your beautiful
our thoughts
And
is
it
to
because
God we
we hâve
believed that thought has been ours.
"
am
I
the
who showed
Way us,
as little children,
" said Christ " step
I
by step,
am His
he took ourhands in
— He — When, way, His; — Our eyes
the Life "
bave forgotten Him, but we foUow in His path.
That
is
indeed the reason
why the Pit has voinited forth
thèse démons — Who would dominate both princes and republics — And who, with the beauty of our antique — Would annihilate everything we ;
love.
fain
basilicas,
— In — And —
But oh, Christ Crucified, our eternal Exannple,
our fervent hearts, the monstrance ever shines,
our love, mounting to Thy Heaven, living Christ, loftier
Is
and more indestructible even than Thy temple.
Our peoples hâve proved that they loved Thee, that they are Thine;
—
Ail
founded on Thy love. the Gospel, ful to
empires arefr^gile that are not
— And
so we
who never bave denied
— We are Christiansstill, even whenunfaith-
Thy law.
Thèse océans of bloodhave been our lustral waters,
Pure
sacrifice has regenerated us,
—
— And though dead,
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. \ve shall
sing
— Sacred Te Deums
to the holy
135
organs of
the renascent calhedrals.
For belîold, already our certain Iriumph dawns
Our squadrons see cock cries
it
it
rings ou the fairest of raorns.
—
— The iron — Where the Angélus
flaming in their wake
to the village belfries,
;
;
The Victim sought raised
change his attitude,
to
—
And
himselfuponhis elbow; theEarth trembled....
—
Then he saw a strange multitude of beasts come towards him,
It
—
— And many
from time
fell,
to time.
was a most incongruous crowdofdomestic animais,
Horses and dogs, ewes with their lambs,
Everywhere from roofs sures,
— They ran,
like
in
fleeing
—
fiâmes and from rustic enclo-
some great
torrent,
made up
of
scattered groups.
The War!
roar and the din of
meadow
— The — and farm-yard Which turned arms
Ail fled, in
into hell
lamentable hordes,
—
Blindly, they fied
fire's
from man,
the friend of yesterday.
Then, when they thought themselves safe, out of the storm,
—
Ail stopped,
and wistfuUy, sadly hung their
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
137
— Poor beasts in whom affection had — Suddenly betrayed by inhuman man.
begun
heads, live
The horses, standing
in a ring, as if clinging to each
— Seemed hoid counsel, together. — Now and then, one them, surrounding group, — Utters and
other, in their misery,
heads ti
ail close
oubling the
from
to
their
to
of
a
çry,
far off, a like cry responds.
The young lambs bleated complaints far-off;
—
despairingly,
resignedly
to their
mothers,
The dog, guardian wiih no master, barked
—
future, they
—
And the oxen, with lowered heads, Dreamed of the sweet hay, which, in
would await
in vain.
— was only yesterday Ihat we waited peacefuUy, — In Ihe meadows or the stables, for the hours of work — When men came, who with — Spreac "
It
fearful cries,
désolation, and drove the cattle frora their stalls.
Like docile companions,
we
loved the kind master,
Whose yoke was on our necks, his harness on our AlasI Now we hâve neither friend norshelter;
—
—
backs.
— We
makers of furrows and drawers of burdens. In the daily order of our well-cared for stalls
looked upon the hay
as a sign of love
peace were the spiders' webs
— That
:
—
As
;
— W€
a sign o
hung from the
roo'
in a cool half-light.
Ail is
crum
^^^^
^^ ^"^°' ^^^ ^^
^^^^^
burnt
;
war
roar;
around us. -"willinei'" "^^ ^"^^ ^^^""^"^ "^^"' ^"^ ^^P®' * ^e liSed tO fold ÎHl] K^A at* ,u And the hour of rest r , .J; knees, beneath our ilanks. -> Before this S""^ world rinrrior,
—
"^
.
.
THE BLOOD OF THE
We
trusted the
back alone
wisdom
to the stable.
of
—
îr3AGRIFICE.
'
man
:'
his roof,
and recognised
The ploughshare, stakes;
il
when
in the forge
— Men rend each other
go about, seeking
to tear
n.
Or, at
herd would lead us back with ease
"
;
^^^en
iglit,
^
still fa'i"
159
we came
a boy-shep-
^"" ^'^ loved ^way.
'
into iron bas chai %'^^ *"^^ ^0^^^» jealous a
like
each other's throat:
vening packs, like wolves in winter-time.
\
*" ^^"
And towards perhaps,
—
the horizon, where peace
Ail thèse horses, oxen,
one confused mass, low and bleat, master's
Then
—
is
to be found
sheep and cows,
— With necks outstretched, TelHng thus of Iheir regret
neigh for th
field.
beneath the
flashes,
red
and trembling, o
— Beneath the cannon, which momen — had Oxen, sheep and horses, with ing limbs, — Again begin madly they great
for a
fires,
beeii silent,
stiffen
to liée,
Far and wide, beneath the hoofs, the plain trembles,
—
blows like a muffled drum,... belfry, while the
and
falls
flee.
galop of their thousani Palpitating with
— And
a
clock strikes the hour,
beneath the cannon's thunder.
hollov
neighbourin^
— Crumbles
—
"
Dear friends, you hâve helped
me
in
my
juests —
Over the éléments, whicli day by day,
bught;
pity
I
—
brgive,
you;
—
Oh noble
I
beasts, forgive
con-
hâve
man,
For that he has his passions without your
irirtues.
"
You
whom
the Ghild Jésus caressed in the stable,
iaborious ox and patient ass, ,var
maddens with
—
whom
You
—
dreadful
Pardon unconscious
man
aberration.
lis
'
Little,
symbol
—
bleating lamb,
war,
who not long
Of Jésus Himself, and
ail
man when
hurt,
ago, wast the
the childish inno-
— Horses that share, — Faithful hound, good hound,
cence of the past, )f
terror.
—
in
man's labours so helpful to
THE BLOOD OF THE
142
" Forgive
Immanity
fulness of love
more be "
inhuman iX^^'
its
and sacred
by Teutonic force,
s'^^ï^^ï^^CE.
pacts.
—The'
Dear animais, beasts of burden,
oh best friends of man,
When you
meads,
it,
planned
and never
seen.
mangëf!?, and the fountains
"
^^^ forget-
li^iseries
— Shall pass away wiHli
hâve done ray duty, even to you too,
—
•
—
Then
shall shall
;
ail,
—
— Hâve
—
K.m ^
And thaf ï
fallen
that
i^o*"
beftve your
where you drink.
corne back
you know
to
my
your much-loveJ love for you,
oh
— For be beneath the earth, and flowering grass — Will feed you with my and guileless beasts;
I
shall
spirit
my
blood.
"
I
Y^u
I
And while wilh shouts and cries men slay each Moved in spite of ail thèse ills, victim,
—
t The
he terrified exodus of the lowly animais,
ouching
other,
— By
— Hears the
call of a liltle red-breast.
The bird that Jésus loved when on the Cross, cornes 11
its
— —
turn
îonsoles
;
To console the great heart of Hirn who
It is
man's speech;
—
the will of love in
like the lisping child that understands It is
the instinct of pity that understands
man.
Tliunder of cannon and clatler of balls;
lives,
and breathes out
firey blasts
bles as a thousand ruins
— While — Death ail
smoking volcanos;
the distant summits are
;
—
The globe trem-
come crashing down.
There, beiow the horizon, on the edge of forests torn
up by the the end.
— Are
roots,
soldiers, resolved to hold
on
to
— Their feet resting on the dead, in the depths
of their trenches,
— In thèse tombs, dug by their hands,
they die, standing upright.
Above the iron stems springing out of the earth, Stars,
on a sudden, mount and spread,
sky a Word of
command
men's dazzled eyes.
—
A death
—
— Writing on the signal that holds
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. And then of iron.
it
seenis as
— The
on, thunders as a dreadful
alive
it
tomb,
the heavens fell in blocks
than a man, cornes rusliing
— And opens, 'neath
bursts,
— Info which
slips
many
mass,
its
a hero,
buried
î
They is
if ail
shell, taller
145
die,
they die, they suffer, die and suffer;
anger, horror, terror, howls and shrieks,
grenades are thrown ; and furiously,
—
AH
— Suddenly,
— The attack leaps
into the adverse trench.
The bayonet darts backwards and forwards, bores,
—
stabs,
Pierces men's hearts, and with eyes convul-
— They mire, — And sed....
suffer, cry out, die... in the blood, in the
satisfied,
beneath the wounded, sleep the
dead.
Oh peace
of the fields
oh gatherings of grapes ail
thèse evils
I
!
oh harvests
—
Is it
man
— And who strikes
î
oh motherland
or god
down
who
!
willed
the weak, and
punishes the innocent ?
10
The
Spirit of
Love pitied ihe beasts in Iheir
But behold,here are ills
;
—
human
beings borne
flight
down by
;
—
greater
Treading down their flowering vines, and their
harvest destroyed; like animais.
— Threatened themselves, and lashed
"
Know ye the doom the foe When raarching to the attack, we Of our bodies,
lie
makes
prépares for us? are thrust in front.
—
a living shield.
If
— —
any one
rebels, that one is shot.
"
We
— As —
tremble, not so
to see
We
before the enemy's guns,
once more our beloved country's soldiers
—
are but cannon-fodder, unarmed;
wall that suffers,
"
much
moans and
The survivors,
at their
bleeds.
soulless torturers' will,
Exiled, deported, prisoners and slaves,
—
ped and driven forward, on the road
to
—
As were once
the negroes in the hands of slave-dealers,
many.
!
A moving
— Are whip-
infamous Ger-
THE BLOOD OF
148
"
Farevvell, leisurely
TIIE SACRIFICE.
walks and friendly meetings,
In the cities wiili their crowded pavements; farewell.
Thèse
vile soldiersninder
brought back "
We
ail
a
at
a
more clément
âge,
— And —
had forgotten for ever the old terrors,
an Emperor's irrévocable word,
dead thing, the past " So
— Hâve
the horrors of legendary times.
thought we lived in
that the world
But
whose infaray we bow,
— —
— Hideous, being
lives again.
when we see our soldiers, at sight of us, overAnd vanquished by their pity, their eyes fuU
— — —
whelmed, of tears,
arms Fire!
Hesitate to shoot
" Brothers
:
"
", shall
and ready
we
cry, "
to
drop their
Do not
falter
;
Thus they weep, people of Belgium and
of France....
— They
pass on and disappear inlo a tragic night,
Whifher
tlie
—
vain longing for their opuntry follows them.
— Then another group émerges from
tlie
dark.
— We
We
"
fly
our country and our peaceful
fields,
—
go into exile, with bowed heads and stooping forms;
— With hunger, and death — And carrying our emptiness
for
thirst
like a
"
When we
our native
left
dead along the way-side,
feli
the dried-up breast,
to
—
village,
— Our Died,
our companions,
heavy burden.
— Many
little
still
a
mother
ones, their lips it
with
unknown
land,
pressing
their tiny hands.
"
My poor lame dog
— My see
milch-cow
my rags ail
— Once "
ï
was
follows
foui with
rich,
me
into the
—
me not. But my naked flesh....
familiar and leaves
is
now
mud; I
am
see, see
clad in poverty.
Many are poorer and more lamentable than
I;
—
Where will they be lo-morrow? Where shall we be to-night? Aud round what peaceful hearth at what tables
—
—
Shall
we be asked
to
warm our
limbs and
sit
awhile?
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. "
We
dare not look back whence
For fear of seeing, are
unhappy
God seems
to
far-off,
hear no more.
corne, — — And we
we hâve
our homes on
soûls in prayer,
151
fire.
— Whose plaintive orisons "
Before the eyes of the weary flock,
Thus they spoke.
— An
old priest appears, who, standing at an altar,
Murmurs
a chant that is scarcely heard,
—
— An expiring
lament, but in which lives an immortal sensé.
Motionless, a whole régiment in arms,
time responded to his ritual chant
to
the storm a forest in tears
Il
was the mournful voice of the steppes
was weary, slow and monotonous, sound
to the exiles'
to
—
After a light cry, ,soft as a caress,
my
distress "
aid.
!
—
It
in
autumn
— And as
had
;
it
a fraternal
heavy hearts,
was constantly repeated
my
sings in
— And the lament seemed
Rising from the depths of infinité âges,
on
Frora time
— Thus
;
from the depths of past âges.
rise
—
;
—
I
:
—
thirst,
" Look, l
hunger
—A
supplication
oh Lord... oh look ;
Lord, corne unto
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. And
—
ail
the régiment, with deep and mournful voice
Heads bared, arms lowered, sang
—
over,
call of
the world
in this
Ail Ihings Ail things
:
—
"I
corne to Thee, oh Lord, turn
same appeal, ever
weep; the
rising
forests tortured
tirae,
At once, so
falling,
by the wind;
— —
flesh of the living.
aloud and can keep silence no more;
Thou not send back
any
and
the rivers, the seas dying along the shore,
:
" Lord, pity cries
in
over and
"
— And the dust of the dead, and the Wilt
soflly
With obslinate, reiterated rythm, that secret
not away Thy Face.
And
155
to us
hâve been seen to
Thy hounties ? fall
—
Never,
upon the earth,
many undeserved misfortunes
'• I
—
than ever the
— and Rome, — Thus each — Yet, more purest blood flowed torrents; — For a
prince, of
emperors the worst,
France, Russia, England,
prayed for
itself,
ail
and everyone for Man.... in
by him alone,
soldiers, inspired
mand,
tiH then unheard of
:
— Had
—
laid
upon the
This word of com-
" Be like Attila. "
»
"
When
I
command, God
massacre! Burn
ail
who
me
assists
resist;
—
—
:
Strike,
Enemies may be
— Let terror go — When you shall
conquered, soldiers, by terror alone; before you, leave terror behind you
hâve passed, Jet nothing survive. of
;
—
This
is
the
order
your Emperor. "
Enough
Enough
of the loyal
combats but
of generosities by
lately fought,
—
which wars are prolonged!
— The crime that makes victors of the criminals has own, — Restore slavery; make torture worse; beauty of — War, ruthless war, such Nature's law — Corne,
a
its
is
:
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. Iger, bite into their very hearts
who
show
shall
coward and
!
— Any man, any — Shall be called
soldier,
a relenling soûl,
traiter to bis country.
"
For long to corne, they bave killed
—
eartb.
Oh
Thou, that France, in herself, :
:
upon
ail joy
— — Thou knowest,
They are wild beasts and we their prey.
risen Christ, dead, yet living ever,
Word
a
"
Then the Victim turoed towards the Orient
—
155
that
is,
Love
itself.
—
Défends Tby eternal
In serving hej',
I
die.
"
— Tastes in
Lo, while the flesh of the Sacrifice,
the love of the world redeemed,
there
—A
spectre for
repose,
whom
—
no hope thaï his inisery shall ever cease,
is
Enters on the paths of his adversity.
Feeling his golden helm, encircled by a crown,
— He long — Dead men's limbs
Totter, he raises a trembling hand.
look on
ail
that surrounds him....
—
casis a
are the stones that pave his way.
Everywhere
—
eyes,
Glitter in the
whose
stare
stabs
Everywhere outstretched fingers point infamous
;
—
him
to the
soûl
dust in which he sets his feet; to
him
His people form a hideous hell
as
— one
of hait
and lame.
As each
He
man
has a mask against
Ihinks himself surrounded
form;
— And,
the deadly gas,
by wolves
ai times, the gold eagle that
in
—
human
trembles on
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. his helm. his
— Gnaws
at his
157
hands, as he raises them to
head
At his feet, the blood of ail the dead stirs and cries alouJ.
—
sacrificed
own
land.
Tliere is not
— Hâve not
— And
life
an inch of grouiid where
shed
ail
men
their blood, each for his
and death,
ail
things,
deny him
their pity.
And
as the éléments, the beasts,
and
ail
things,
Hâve understood the response of the Groat Martyr, Their réprobation, rising in a tempest, it,
and bows down the Accursed.
— Drives
— —
bfforc
THE HILLS
As
— Those ravishers — For love bas touched the
to ourselves, so to the eagles,
lambs, thou seemest odious;
mountain rocks,
— But
it lias
of
not entered thy heart, nor
rejoiced thine eyes.
THE FOREST Blood-stained beast.
—
fool
— Oh cursed
The wood
membering
with the soûl
art
of thy coffin shall
that once
of a
carnivorous
thou by laurel and cypress-tree
it
vomit thy dust,
—
;
Re-
shared our forest-soul.
THE BEASTS
Oh thou who name
the harsh
— By — Go, acones of men, — Go,
hast thyself chosen to be called, of Attila, scourge of nations,
cursed of the mothers and the
little
ask the lion's cliildren to absolve thee!
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
159
ALL MATTER
Wlien thou didsf will thatmen shouidgroanand bleed,
— That
body and soûl should be crushed by
— Then thou didst defy world Gospel reigns — Between us and Mind thou horror,
in
a
;
ail
ail
this
which Ihe
hast denied
accord.
LOUVaIN
— For — sovereign. Will doom thee the Poets, whose verdict that contempt frorn which nothing can deliver, — Thou
shalt
know
the vengeance of the book. is
to
When
the style
is
of steel
and the page of bronze.
THE IRON
Oh thou who
didst sully Belgium so deceived
thou canst do naught but betray and
Thou who
didst treat sacred
without péril
kill
Give back to me, oh félon prince, thy
— For —
phantom sword,
honour as a rag of no
account.
THE HIVERS
Pursued by the multitude of widows, -^
Who
fain
would stone thy wailing spectre form, — Thou shalt bend — We over streams slake thy dreadful to
thirst
take on the savour and colour of blood.
:
shall
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
160
THE OCEAN
Oh inhuman prince! Were
to
roll
my
If ail
fathomless waters
over thy slaugliterer's hands.
—
— My waves
would be reddened with the blood of thy crime,
—
But
ne ver could they wash away tha stain from thy hand.
THE CATHEDRALS
— No more shalt thou — And when thou dosl
King, the world renounces thee.
hâve
fire,
nor
beg for them silence
and
sait
—
inertia.
nor bread
God
will
;
make
repîy,
by universal
AH
thèse voices followed the tragic phantom,
— And he — Sought
the times of terror were accomplished now;
who
desired
the universe for his kingdom
the world everywhere, and found
it
— For
not.
•
11
The world
And
liad
revealed
Every one
of
changed, humanity was noblernow, splendour in each dying nian;
its
them unveiling
his inward
glory,
— — —
Radiated with a love that love alonecan understand.
How
lo find
He who would weary of the because
it
what we seek find
evils
bred by hâte,
has seen
it
in a
not? — — The woiid
we understand
if
Love must hâve loved.
— Can only
it
create love
dream.
The lowly, once allpride and
hâte, transfigured by this
— And marching now towards Love, conquer step by step — While the king who knows naught of hudream,
it
man
tenderness,
finds
it
not.
—
Seeks the world every where and
The blood of the nameless Devoted One, Ihè martyr crime,
—
Hère flowed
flowed like an océan, the soûls of viclims,
like a greal
river,
and
to
tliere
— The world now was naught but — There where the blind-hearted
saw but nothingness.
At sight of this bleeding universe, uttering malédictions,
— His pride
Forhe saw
failed
him
that he himself
in
a
suprême
degi'ee;
had closed his reign,
—
— And
that forevermore the world has another king.
The great Victim
still
lay in the darkness;
banished wretch, daring feet
everywhere
to look again,
in his countless traces,
— And the
— Setting his — Everywhere
struck his breast againstthe great scattered hmbs.
—
"
weep, "
I
who am
—
back again;
Said
—
in
one alone,
ail
the Martyr, "
The peace
I
who die
suffer :
and
ail
who
me
Earth takes
of the world approaches,
it
164
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
cornes; this
is
my
crime was great.
hour
—
Be thou as wretched asthy
"
So he spoke. Slowly his great form dissolved.
melts a snow-drift on
moun tain-tops,
by the earth, wholly disappeared. spirit reigns in the light.
—
—
As
And reabsorbed
— But for evermore, his
lold.
blood, it,
The
— but
if
by the martyr's soûl,
like extravasated fïame,
fluid,
watered — By — Impregnating — — The good seed
wlîole earth being as
also
germinated, the corn was ready
to
sprout forth.
For the dust of that immense form was
The
fields fed
on
it
;
fertile
the forest too was nourished
;
;
—
things partook of his soûl, and the sphère of the world
Was
Ail
—
the raass that the force of the spirit moves.
Then, when the harvest washigh
When
the
new
soft
When dawn,
—
the mountain It
and radiated
among
thevines,
—
coppices, thick, and green, and straight,
— Rocked the nests, — Man tasted indeed the
—
—
seemed far,
full of birds, first fruits
—
at thèse signs
of peace.
peaks saw once more the new
as if a fire shone forth
— For the
from him,
spirit of sacrifice is a light,
That far above death, shines eternally.
THE BLOOD OF THE SACRIFICE.
166
When first
—
Ihe breatli of peace arose at dawn,
—
to Ihe great, drowsy ears of corn,
swollen grapes,
ail
—
gilded by the sun,
told at
It
Then
to the
The glory
of
Ihe villes and corn fiel ds.
From frora
the
hill
breeze;
—
companies
to
corn
to the
plain
—
And
green
vine
An émotion
l)ranche8,
Aies,
of the sea rising
the noise
and
borne by the high, ac-
— The song of the plains and the hymn of the
mountain-peaks.
—
" Glory to thee
thee....
man
oh Earth! Love has entered into
— The of the Victim has made thee a hu— Matter understands thaï she a sacred — Bearing within herself the she will be flesh
hcart.
thing,
is
spirit
to-morrow. "
Hosannah!
again,
ail
more perfect
the dead, with
new
in a
hâve grown, oh widows' graves of the dead, take
" Rebuild, loftier
little
iip
still,
new
childrenl
again their work.
temples and palaces,
the brazen bells put a clapper of gold
your immortal example,
— Live — How you — Over the
soûls,
génération!...
— Died that
;
~ Our
—
Into
heroes,
the heart might
rule as sovereign.
"
Hear in yourselves
tlie
will of thèse
tombs
:
—
THE BLOOD OF THE SACRIFICE. and create
a
new beauty, wilhout end
guard your doves well from the
viilture
;
—
world may never more be drenched in blood
"
167
;
—
I
—
Beneath a triumphal arch built up with swords
Guard the blooming maid and the had conquered usurped glories
:
httle child.
—
But
So that the
—
;
—
Force
Spirit, hold it
well
beneath thy sword, thou alone shalt triumph!
t
—
'
Glory, holy peace, to thee
I
but be thou lofty-souled
Accepting no shame, and resenting the least affront;
And, rivers,
hills
and seas, happy
to
I
—
be frontiers,
Shail be the just pride of our sons that are to coine.
"
To THE SUN OF SoLLIÈS-LE-ViEUX, OxNCE A TOWxN, ALREADY A RUIN,
DOMINATED, THESE NINE HUNDRED YEARS, BY Its CHURCH, WITNESS FAITHFUL AIND PRECIOUS
Of THE TIMES OF PRAYER AND In
DISCIPLINE,
.
THE MIDST OF THE GREAT WALLS Crumbling and FAMILIAR,
BUILT BY THE TeMPLARS ON THE HILL,
At THE FOOT OF THE HOUSE OF GoD ThAT MY humble DWELLING TOUCHES, BeFORE THE BEAUTIES OF A VAST HORIZON, This POEM, SYMBOLISED
By MY cottage, LEANING AGAINST THE CHURCH, ThIS TESTAMENT OF LOVE WAS DREAMED AND WRITTEN, In
THE THIRD YEAR OF THE GREAT FrENCH WAR,
And THE YEAR MCMXVI A. D.
December 1916.
Translated from the French of
Jean Aicard, of the French Academy, by Margaret Gunning.
FRANCE
A LA
PAR
RUDYARD KIPLINO {Ode écrite en juin 1913.)
Toi qui as connu tous les malheurs connus, qui les as
surmontés
—
Parce que tu portais en
toi
la saine
légère joie de vivre, ce bouclier de la Gaule,
retenue dans
— Juge
le
sans faiblesse dans
le luxe,
terrible d'une force
que tu
tires
gent à l'esprit de l'homme, la
Avant notre naissance, nous agitions
:
première à suivre
—
le
le
la
prochain.
te souviens-tu? côte à côte
— Ensemble
commencer
la différence
tâche
— La
dernière à abandonner les vieilles
— France chérie de toute âme qui aime
tients de
Toi,
de ton sol inépuisable,
plus sévère de ta propre valeur, le plus indul-
vérité nouvelle, vérités,
l'effort,
et
— Sans —
dans
combat.
le
sein de
nous
Rome, impa-
— Avant que
l'on
connût
de nos langues, on connaissait notre future
Chacun de ces deux peuples
devait, en for-
A LA FRANCE.
J7()
géant son sort, modeler celui de l'autre. cela
—
pour
C'est
que nous avons tous deux remué l'humanité jusqu'à
—
ce que toute la terre fût nôtre!
monde
Que, d'un bout du
à l'autre, nos querelles ont suscité des pouvoirs,
fondé ou renversé des trônes
de barrer
route de
la
— Pour permettre à chacun — Peuples dont nous
l'autre,
faisions nos avant-postes, les mercenaires de notre cour-
roux.
—
C'est
pour cela que nous avons rempli
la
portes de
mondes nouveaux, sans
deux, avait passé
le
premier.
mer
— Les
d'orages, que nous avons franchi, en. les brisant,
savoir qui, de nous
— La main sur
la
garde de
notre épée, te rappelles-tu? et tout prêts à frapper,
—
Certains que, quelle que fût la rencontre, elle finirait en bataille,
par
la
— Éperonnés
et arrêtés à la fois à
force l'un de l'autre,
cours des âges et toute
Où avez-vous devant vous?
la
—
le
largeur des océans.
reculé devant nous?
Où avons-nous
— Cherchez une vague qui
une guerre entre nous.
chaque pas
Nous avons parcouru
—
n'ait
reculé
pas connu
D'autres peuples nous ont
retenus un moment, mais d'un charme moins puissant;
— Nous quittions pour nous élancer l'un vers — Car nous éprouvions délice commun d'une pour mystère, égale; — Chacun de nous terreur, passion, amour, — Au tribunal l'un de avec nos preuves, nous venions. — Quel autre combat l'autre,
les
lutte
le
fut,
l'autre,
l'autre,
nous eût
offert
un honneur
aussi audacieux?
aussi grand, des adversaires
A LA FRANCE. De
la
171
gorge l'un de l'autre, nous arrachions, suprême
—
récompense du courage,
Un
cri
d'admiration qui
s'échappait entra le coup et la parade.
— Chacun de nous
a versé dans la coupe de l'autre son sang et ses larmes
mêlés,
—
Les joies brutales, les espoirs démesurés, les
— Tout
a'bgoisses intolérables,
tout ce qui
l'a
relevée depuis
ce qui a souillé la vie,
un millier d'années,
épreuves supportées au delà des forces, sous tous les climats,
—
grandement au long des
Accouplés
sous
le
les
— Les
combats
livrés
compagne, nous avons vécu
siècles
même
!
joug de
souvenirs et
remords, maintenant nous aspirons au repos.
—
de
Riant
des anciennes trahisons que le temps a tournées en plaisanteries,
—
Nous pardonnant
pardon n'effacera jamais
:
le
—
vieux, crime qu'aucun
Le péché éternel, dont
chacun de nous eut sa part sur
la
place du Marché de
Rouen.
Maintenant, nous regardons monter des années nouvelles, clairs
nous demandant
si
nous entendons de nouvelles voix se
vanter ou crier
te rappelles-tu?
—
— De plus — Maintenant,
elles sont grosses
que nous n'en avons autrefois lancés.
Comme
quand nos
s'élever,
d'é-
questionner,
nous criions avec rage,
foules étaient déchaînées.
Maintenant, nous comptons de nouvelles quilles à
de nouvelles armées sur pied les nôtres, te rappelles-tu?
— Massées
comme
—
flot,
étaient
quand nous préparions nos
A LA FRANCE.
172
coups.
—
Pour l'amour
même
de
la vie,
nous avions dû
apprendre à connaître chacun la lame de l'autre.
— Quel
sang, quel fer, pourraient faire plus que nous n'avons fait?
C'était
une rude
école, celle
où nous avons appris à
pénétrer nos pensées. — Quel sang,
quel
fer,
pourraient
séparer des choses que nous ne puissions réunir,
— Nous
qui avons dévasté les côtes l'un de l'autre, pillé les foyers l'un de l'autre, a sonné en
—
Depuis
tombant dans
le
la
temps où
balance de
Brennus
l'épée de
Rome
!
— Écoute,
prenons-nous de nouveau corps à corps, ceinture contre ceinture.
— Unies enfin pour
la
garde vigilante qui con-
serve la paix à la terre.
Rudyard Kipling. 1913.
L'ode magnifique qu'on vient de lire doit
d'autant
plus nous toucher que, parmi les écrivains de son pays,
Rudyard Kipling
est,
par excellence, un génie anglais.
Sa popularité est née, en grande partie, des accents qu'il a su trouver
et
«
la
pour célébrer l'énergie anglo-saxonne
plus grande Angleterre
».
Ses poèmes
Seven Seas retentissent profondément dans
le
de
Tlie
cœur de
chacun de ses compatriotes. Enfin, on n'a pas oublié que
le prix
Nobel de littérature
quelques années.
lui
a été
décerné
il
y a
ANGLETERRE [Réponse à Kipling
écrite
en juillet
1913.
Anglais! depuis les temps où nos pères, dans Portaient, déjà plus forts
Tous
que
les rêves qui font la majesté
Jamais,
Où nos
même
Rome,
les pires destins,
de l'homme.
en des jours, qui ne sont pas lointains,
orgueils jumeaux, riant dans les batailles.
Échangeaient de
la
grâce
et
des saluts hautains.
Jamais encor, dressant un éloge à nos
Vous n'aviez
si
vibrant, dans l'or
tailles.
pur des
clairons,
Jeté l'appel qui fait s'écrouler les murailles
Votre héraut nous a charmés
!
1
Nous l'admirons.
Ce barde valeureux que l'univers couronne, Et dont l'Inde a forgé les chantants éperons.
A L'ANGLETERRE.
17'<
Vivat Rudyard Kipling, son
Son âme de poète Toute
Il
la terre
lutte
pour
et son
entend
la
œuvre
cœur de
personne,
et sa
soldat!
diane qu'il sonne.
bon combat;
la paix, et c'est le
Tout notre orgueil tressaille à son ode sublime
Où nous sentons que, près du
Oui, nous
eûmes
nôtre, son
jadis plus d'un duel
Et nous étions tous deux
Jaloux d'escalader
la
cœur
bat!
magnanime,
— triomphants tour à tour
même
haute cime
Maintenant, nous voyons qu'elle se Et nous nous rencontrons sur ce
La guerre eut son moment
;
la
;
nomme amour,
sommet de
gloire
:
paix aura son jour.
Notre amitié va clore enfin cette ère noire
Où
le fer
donnait seul des
Et nous ouvrons
lois à l'univers,
un temple inconnu dans
l'Histoire.
Dans ce temple serein gardons nos lauriers
Même ceux
qu'on
cueillit, sanglants,
dans
verts.
les
mêlées,
Mais, de nos pavillons unis, qu'ils soient couverts.
Et
si
Par
d'autres jouteurs, en des heures troublées
les rêves
de mort d'un passé renaissant,
Essayaient, sous le choc de leurs forces triplées.
A^L'ANGLETERRE. faire,
malgré nous, vers des destins de sang,
Pencher
l'un des plateaux de la grande balance,
Nous jetterions dans
Quel? les glaives
Où Si
I
luit,
gravé, le
un contre-poids puissant
l'autre
d'Angleterre et de France,
liés
mot de
paix, ce
magiquement lourd d'une
Qu'ils ne
tomberont pas dans mettra de
Et
le soleil
Ils
sonneront
si
le
mot
divin,
sainte espérance,
la
balance en vain
!
feux sur leurs lames,
tels
clair sur le plateau d'airain,
Éveillant des échos
Que
;
si
profonds dans les âmes,
monde charmé tendra
les
mains vers nous!
Vers nous iront les cœurs des vierges et des femmes,
Et les baisers chantants des enfants à genoux!
—
...Après avoir défait et fait plus d'un empire,
Oui, Kipling! nous avons saigné sous de grands coups.
Connu tous Mais
les
la joie est
malheurs
et
surmonté
le pire!
en nous, et c'est l'orgueil gaulois.
Ce magnifique orgueil que ton ode respire.
Et maintenant, Kipling,
Nous aimons Qui combat
L.
la pitié
et qui
— par-dessus nos exploits,
douce, énergique et tendre,
meurt pour de meilleures
lois!
A L'ANGLETERRE.
176
Oui, tendre, c'est le
mot
qu'il
nous
Celui qu'apporta Christ au vieux
plaît
mieux d'entendre,
monde romain
Et qu'appelle l'humanité, lasse d'attendre!
Tandis que Kipling
l'olivier frissonne
regarde au
!
Un oiseau passe
et
ciel
dans
ta
main,
sur le drapeau qui
:
flotte
chante avec un cœur humain
L'arche humaine n'a plus la haine pour pilote
!
;
Elle n'aime plus voir, sous des ciels orageux,
Un sang jeune empourprer
l'Océan qui sanglote.
Tout l'avenir convie à de plus nobles jeux
Ta vaillance,
la nôtre, et
tous nos jeunes
hommes;
C'est sans être cruels Qu'ils seront courageux.
Ce qui
le
Kipling,
mieux fait voir quels grands amis nous sommes,
—
c'est que,
C'est la vieille
Ce Il
nom
éveille
met sur
cet
Rouen,
parmi nos plus la seule,
en nous
les
amour, dont
fières cités,
que tu nommes.
plus belles fiertés; la
France est l'apôtre,
Son resplendissement de feux ensanglantés
Car
l'idéal
guerrier de Jeanne, c'est
Ceux qu'elle a combattus, sans N'avaient qu'un
nom
:
le
;
nôtre
;
les avoir haïs,
celui d'envahisseurs
:
point d'autre
!
A L'ANGLETERRE.
177
Mais elle se voulait libre dans son pays... Telle est Jeanne, Kipling Elle, c'est
nous; ses
:
Elle est la Paix en armes.
vœux ne
Voilà pourquoi, rien qu'en la
Et tu fais,
seront point trahis;
nommant,
du profond de nos cœurs,
Monter l'enthousiasme
et les plus
Hourrah pour V Angleterre
et
tu nous charmes,
à nos yeux.
nobles larmes...
Kipling glorieux!
Jean Aicard. 1915.
12
TO
ENGLAND
{Ode written in July 1913.)
Englishmen! since the times when our fathers, in
Rome, witliin
— Already stronger than the worst destinies bore them, — the dreams that make the majesly Ail
of man.
Never, even in days not long past,
— When your pride —
and ours, twin-brothers, laughing in the
battles,
Saluted each otherwith haughty grâce.
Never
yet, raisin g a voice of praise
worthy of us both,
— Had you, so vibrant, the puregold of the clairons, — The that makes the ramparts in
call
Your herald hath charmed us!
fall
We
!
sounding spurs India hath forged.
I
— — Whose
admire him,
That valourous bard crowned by the universe,
TO ENGLAND.
180
Long
live
works, — — The whole world
Rudyard Kipling, himself and
His poet's soûl and soldier's heart!
his
hears the bugle-call he sounds.
lie fights for
pride thrills at
— AU our — his ode sublime In which we
peace, and
'tis
the good fight;
feel his
heart beat close to our ovvn.
Yes,
of
we fought many
old,
— triumphan^ each
jealously,
scale the sarae high peak
Now we upon
that
see that
summit
peace shall bave
When
name
a temple,
in turn
—
,
-—
We
—
And
tried to
:
is
— And
Love,
— War
liad its
we meet moment;
day.
shall close
the sword alone gave
we open
noble duel,
:
of glory
its
Our friendship
ils
a
unknown
its
— — the world, And
at last that
laws to
dark âge
in History.
In that serene temple let us keep our green laurels,
— Even But
let
And
those
we gathered blood-red
in the battles,
—
them be covered with our standards, united.
if
other
tilters, in
hours troubled
of death of a renascent past,
—
the shock of their tripled forces,
Were
— By the dreams to
try,
beneath
TO ENGLAND. To weigli clown, scales, — Towards
side \ve
would
What but
in
spitc of us,
one side of the great
a destiny of blood,
cast a
181
— Into the
the swords of England and of France?
Swords bound together, on whose blades
—
engra-
sliines,
divine, — So
word of peace, word
ved, the
other
mighty counterpoise.
magically
charged with a righteous hope.
Oh! not in vain
And
— — They
shall they fall into the balançai
the sun will throw such,fire on their blades,
will ring so clear on the brazen scale.
Awakening such deep echoes
in
men's soûls, -^ That
the whole world, charmed, will stretch out
us!
— To
ils
hands
to
us will go out the hearts of matrons and of
maids,
And ...
the nmsic of kneeling children's kisses!
making and unmaking more than one Empire,
After
— Yes, Kipling, we hâve bled under heavy blows, Known But joy
is
every misfortune and overcome the word!
within us, and
'lis
the pride of the Gaul,
— —
That magnificent pride expressed by thine ode.
And now Kiphng,
—
abovo
ail
our exploits,
—
We
TO ENGLAND.
182
love pity, soft, energetic and tender
and
dies for belter laws
Yes, tender, that
is
—
Pity that fights
I
The word Christ brought
— — For the old Roman world
word we most
the
to
love to hear,
which mankind yearns, weary of waiting.
While the
olive
branch trembles
thy
in
— —A
hand,
Kiplingl look up to the sky; over the fluttering flag
bird passes that sings as with a
human
No more the human ark hath
more she
loves to see
heart!
— No — The blood
for a pilot, hâte;
under stormy
skies,
of youth redden the sobbing Océan.
The whole future
invites
vaUance, our own, and
ail
to
—
Thy
— And they
will
nobler jousts
our youth;
be brave without cruelty.
And the thing are,
that best proves
what great friends we
— Kipling, — among — old Rouen alone, that thou
cities,
is
this,
that
It is
our proudest callest
by her
name.
That name awakes in us the noblest pride sheds on that Love whose apostle France
dour of blood-red
fires.
is,
—
;
— And
Its
splen-
TO ENGLAND. 'or Joan's idéal
fouglît
warrior
:
ours too;
hating them,
against witliout
name; the invader's
is
185
Such the Maid, Kipling
we
—
Those she
Had but one
noue other!
But she, Joan, would be free in her
'tis
—
:
She
is
own
land....
Peace in arms.
— She,
ourselves; her wiil shall not be betrayed.
I—
And therefore thou charmest us by merely naming And from the depths of our hearts thou makest
to
—
our eyes,
Hurrah
— Enthusiasm and the noblest
for
her, rise
tears....
England and the glorious Kipling
Translated from the French
Jean Aicard, of the French Academy, by Margaret Gunning.
ol
IL
SANGUE DEL
SACRIFIZIOTRADUCTION
DE
M.
S.
LALLICJ
IL
SANGUE DEL SACRIFIZIO
Alla Francia,
Al Belgio, all' Inghilterra, Alla Russia, Alla Serbia, al Monténégro, Alla Rumania, all' Italta,
Al Portogallo, All' America,
A A
TUTTI
I
LORO MORTÏ,
TUTTI
I
LORO FERITI,
QUESTO POEMA
È DEDICATO.
Egli gridô
:
«
Francia!
»
poi, senza
pensiero, Egli cadde, in faccia, sato,
dolore e senza
al cielo, col
petto trapas-
perché cosi avevano voluto dei malvagi
re.
Riverso sul dorso, le braccia aperte, corne in croce, egli entrô nella
morte corne
in
un sogno.
IL
188
SANGUE DEL
credotte addormentato sopra una
Siille pi'ime, egli si
spiaggia,
SACRIFIZIO.
imperoccliè,
intorno a
tutt'
lui,
singhiozzi
i
dei morenti, regolari, traversati da lunghe strida strazianti,
sembravano
notli in cui
il
Quindi egli Allora
sorpresa
gli
si
voce d'una orribile burrasca, nelle
la
mare
si
destô,
torce disperatamente.
ma
soltanto in ispirito.
parve d'essere Gesù Cristo, cosi che, senza
— addenlrandosi nel mistero — che
rato, confitto contro la terra la superficie, egli
Ed
i
mari, ed
si
martire smisu-
volge, onde sposava
copriva l'universo diagonia e di amore.
i
cieli,
sere vermiglie, rosei mattini,
richiami infmiti degli uomini e délie cose,
i
belve délie
le
foreste e gli uccelli dell'aria; tutto si uni nel suo cuore
per scongiurare l'inferno.
Sospiri degli occani, leggeri respiri dell'uomo, tutto è
ritmo profonde nella veglia e nel sonno
;
è
il
ritmo che
fa
gli universi cosi belli.
E
se tutte
le
lunghe pêne urlate suUe tombe, tutte
quelle dei moribondi del si
mare
in furore,
irti
per
urtassero nell' atmosfera;
rombo
degli
lo
quando venta
spavento, e tutte quelle (differenti e
commiste)
un ritmo ancora,
ampî mari, nel momento
in
cui
siraile al il
cielo
squassato accenn a acrollarein frantumi, sottometterebbe
questo caos aile leggi
fisse del
numéro.
IL
SANGUE DEL
Nessun grido, per quanto
SAGRIFIZIO. lo voglia,
189
resta isolato,
e
délie migliaja di gridi, nello
spaziocommosso, incontran-
done migliaja
confondono;
d'altri,
vi
si
altre migliaja,
distinte da esse, loro rispondono, e questi accordi fatali
fanno, di questi gridi discrepanti,
l'eterno àlito uguale
dei vivi e dei morti.
L'uomo che
giace, coricato nel suo sangue che spiccia
— nel gran ritmo dei dolore universale — rabbrividisce, trasformato dalla nuca gli
sembrano
délie valli, le sue giaocchia
corne délie montagne
per
i
campi
;
Le ciirve dei suoi fianchi
ai piedi.
la
;
tutto
sollevate sono
suo sangue cola in fiumi
il
sua anima sente
le
sue ossa, peste e nas-
coste, sotto al suolo esottoalla sua propria carne,
turarsi colle rocce; egli è tutto
intera; e,
sull'
orrido
globo,
s'offre agli dei sconosciuti,
:
vita e
conna-
morte, l'antinomia
sacerdote ed olocausto,
martire immortale.
—
((
Noi,
i
fiumi trascinatori di mondi;
vergini e blanchi;
imprigioniamo tremuli
soli
ai fieri castelli la
capanna, e
vette
le sorgenti natie
in sfondi
riflessi,
le alte torri délie città
Noi, creatori di capitali; noi, che
mai; noi, onde
de' nevai
;
Noi, che di fresca luce irroriamo,
presso
figli
noi che, nelle reti dei nostri gorghi,
non
ci
;
arretriamo
sono immacolate e suUe
;
Noi che,
con ogni nostra spuma sonora, rechiamo
mari più d'una squadra tesori
—
di carchi battelli
sotto al vecchio ponle che
li
—
incornicia
ai
fluttuanti ;
Noi, le grandi strade in moto, azzurri vincoli di popoli
amici; noi,
fatti
liberi e docili
;
passare solto ad un arco
— trionfanti,
IL
SANGUE DEL
SACRIFIZIO.
Noi, artefici di utili bellezze; noi, rosi,
che spargiamoi
degli innamorati
Ma che
fiori
191
larghi fiumigene
i
délie nostresponde sul sentiero
;
altresi
rendiamo féconde
le viti e
fecondi
i
mondi, da chi dunque
grani; noi, fiumi trascinatori di
siamo turbati?
Un nuovo
affluente,
un nuovo
tributario arriva nelle
nostre chiare acque; rosso e nero; la capinera è fuggita dalla nostrariva, dal musicale
Non più coppie,
dalle
mani
schermodei nostricanneti.
intrecciate, sui verdi nastri
erbosi dei nostri margini.... Dove sono le nostre purezze
d'un tempo? perché convogliamo noi dei defunti?
L'odioso incendio ci colora alla notte; noi
;
livido di
non discerniamo più
un funèbre bagliore che
ci
La cattedrale avvampa e
giorno, rosso
altra aurora; è in noi
chiazza.
si sfascia,
e
dovunque
degli
spettri foschi, degli esiliati in miserabile folla, vagolano
nel terrore délie sere délia
gente,
eterne
;
noi volevamo la fehcità
pace santa, semplici
amori;
ed
eccoci,
maledetti che siamo, fiumi di angoscia e di sangue!
»
Allora Tuorno
—
rispose
—
«
I
giacente, irrigidendo le sue vertèbre,
e la sua voce fece
tremare
tempo
fiumi, io
ignoti.
i
voslri
vostre città dai campanili secolari,
i
vostri
le
borghi e
le
palazzi,
vostri giardini,
i
nevai (vostri padri),
nelvostro cristallo, parevano io
:
vostre acque limpide,
ho voluto proteggere
che
ténèbre
fiumi scorrevano puri; dei mostri vennero ad
attossicarli di mali sino a quel
i
le
muojo,
cieli di
le braccia aperte,
i
cieli
che,
sogno, ed è perciô
di fronte agli astri....
fmmi, ormai specchi délie nostre sventure, addiol Ma, tosto
tardi, io rivivrô
vostra porpora è
il
vittorioso
:
sangue del mio cuore.
o »
fmmi
—
re, la
Ed
ecco.
I
monti, onde l'altezza forma
abissi,
gli
i
monti abbigliali in candida veste e che portano su lie loro
cime délie ai re
— vélo,
ed
stole scintillanti di costellazioni
ai popoli
Alti e
«
primi
i
:
eràvamo délie are
puri, noi
visitati
dalla prima
giorno che spunta in oriente;
segno
voi, corne
— gridarono
il
Stella,
i
ad un
sotto
primi
lampo che
tinli dal
sprizza, per
annunzia, per noi, l'alleanza sug-
fatale,
firmamento colle nevi inviolate.
gellata dai fuochi del
Nondiraeno, quando saliste verso di noi col bastone in
pugno, noi deponemmo
umano
era che dalle
:
le
ai vostri piedi tutto ciô
falde dai'
grevi esalazioni, e
grandi entusiasmi, che
impeto
irresistibile,
il
grevi
nostro
vi afferrava
ispirandovi
che non palude
lavori, la
afflato,
il
vento dei
a rimorchio nel suo la
brama
scalare
di
l'empireo. Oggidi voi conducete fmo a noi l'odio e la
vergogna
;
i
vostri cuori si fanno più bassi più
che calcate è sublime, e
i
vostri tanfi di
il
gradino
tomba ammor13
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
IL
194
bano
ghiacciai.
i
Jeri,
laceravamo, quando voi
iioi
ci
attraversavate, le nostre lunghe cappe, e le nostre vergini, le nevi eccelse, vi accoglievano
degli ospiti, e vi
il
Dio, cheinori
con dolcezza, corne
sopraun monte ronchioso,
sorrideva quassù dal cerchio délie sfere più turchine.
Oggi
vostri cannoni, cupi su'la cresla bianca, scotendo
i
provocano
gli echi,
menzognero
aiîetto
le ci
valanghc. Jeri, quando
venerava, malgrado
provavamo rammarico che
glio, noi
ma,
si chiamassero frontiera;
senza posa
la
materia,
il
assoggettando
videro sorvolanti sui
si
vostro
nostro orgo-
catene di picchi
le
spirito
lo
il
nostri
deserti, privi di vie tracciate, dei condôri meravigliosi, i
vostri uccellimeccanici, tentarein pienoetere
viaggi.
E
Neir abbassar voi, avete abbassato Ora,
i
il
superbi
nostro orgoglio.
come
nostri ghiacciai sono tristi
Tavione..., da cui gronda la
i
noi eravamo, sotto ad essi, altèri e raziocinanti.
un sangue
in lutto, poichè
maestà tranquilla dei nostri cocuzzoli....
traboccanti di caligine, degli uomini, che
si
sono
meno
sgozzano l'un
imbratta
di delitti, I
baratri,
spaveutosi dei cuori coll' altro.
nazioni
senza senno, o nazioni che Tira governa, l'orso è migliore di
voi
nel suo nobile antro,
l'aquila a vietato.
»
voi impreca, e
i
e
il
lupo
vi
veri cieli vi sono
dispregia
e
un dominio
Il
ai
dolce martire cristiano, più dolce di Prometeo, lanciô
monti
—
((
sua risposta irritata
altèri la
:
Voi sognavale sotto al cielo; degli uomini sono
venuli a contaminarvi con dei mali ignoti sino a quell' islante,
ma
tegge
—
neve,
i
—
spirito
monti
altèri,
io
vostri ghiacciai
che osserva e cuore che pro-
ho voluto soccorrere gloriosi,
strade, la libertà che vive
i
vostri
anche ostacoli e
frontière.... Se io
tuto, le pianure Io diranno. Io
lumi da qualsiasi ingiuria, col raeglio del
((
Chi
vi
e
i
non
ho
ho ben combat-
vostri orgogli sono nutriti
mio sogno.
preme
col piede crede che
è ancora
un vero
il
suo cuore il
si
elevi,
cuore,
ma
vincitore, perché Io spirito
:onosce una più fiera cima e
I.
io vi
ho voluto serbarvi inco-
chi respira la vostra aria sente allargarsi colui
vostra
lontana dai patti umani, la
suprema bellezza del vostro aspetto superbo, ed difesi,
la
deserti senza
il
sacrificio
è
un monte
.
IL
196
SANGUE DEL
SACRIFIZIO.
più baldo. È per averlo scalato, ad onla di tutti
che
io
croce
morii
al
vostro cospetto,
— sui vostri
lino; le
le
terrori,
i
braccia in
mantelli reali, bianchi corne l'ermel-
mie gocce
muojo più grande
cadendo —
di
sangue sono macchie divine;
io
di voi, fulminati imperituri; la vittima
è più vicina a Dio degli altari su cui si
immola.
»
Egli disse.... arterie, si
E
porgeva
sangue puro, che vuolava
il
aile
— dalle voragini agonia somniergeva — udi gemere
glèbe, e
di
vamo
«
dove l'anima sua
si
eravamo lejoreste profonde, noi dondola-
i\oi
le
ondate
sue
lo spirito del bosco.
egli
—
le
grandi seti degli alberi sotto aile
nostre cupole verdi, che altalenavano a grandi
— corne
i
mari
;
noi riparavamo, sotlo alla nostra testura, deîle frulta, dei fiori, dei canti di pennuti, imitando
vaste acque
i
bei susurri délie
;
noi lendevamo alla povera femmina, al vecchio che
cammina con focolare che
I
isforzo,
i
nostri sterpi secchi, alimente del
fiammeggia
;
IL
198
SANGUE DEL
pesante ascia aguzza, chc mutilava
alla
noi davamo, uomini
vostre case
gV impiantiti
!
le
nostre fronde
e gli scheletri délie
;
davamo
noi
lieto di
il
SACRIFIZIO.
la
mammola
coccola, la
sorprendere nelle sue cavilà
il
tubare délia tortorella scendeva
sottile dalla covata,
allô scolaretto,
nido pigolante;
corne
che sognava solto Tala
—
un fascino in aprile;
noi ci piacevamo a tener celate sotto ai nostri fiori, nei nostri
labirinti
vicini, o cari
eravamo
noi
solitarî,
le foreste
nostre cupole verdi, che
corne
i
Ed
i
vostri
giovani visi vicini
amanti;
si
profonde, noi dondolavamo
le
cullavano a grandi ondate
—
mari.
ora, sotto alla mitraglia rabbiosa,
i
nostri tronchi,
cincischiati dal ferro, bruciacchiati dal fuoco, si avvilis-
cono fra bondi
i
residui di rami scerpati e
— drizzano
le
— cadaveri
freme-
estremità verso Dio.
Noi eravamo le foreste indulgenti e soavi
;
le
nostre
buone querce, tanto più robuste quanto più antiche, ciavano esistere sotto chi,
il
al
loro ceppo le raggiere dei
las-
mus-
fragile insetto d'oro e la cerva dai timidi occhi;
IL
SANGUE DEL
SACRIFIZIO.
199
come reami
Noi eravamo dei grandi boschi, grandi
boschi misteriosi son dei templi mobili, e svelti,
sotto
a
mille curvilinei
soffitli,
i
loro
;
i
fusti
ninnano per
li
l'impulso armonioso dei venti.
L'anima trovava l'arcano ed
il
in noi
silenzio
dei barlumi imprecisi, tutto
d'un luogo santo
sotto al cieîo le vive chiese, cTie ogni
un E
;
noi
eravamo
primavera portava
po' più accosto a Dio.
il
cielo,
ascoltava
il
che pénétra in noi per nostro
omaggio
allô
gli
spiazzi aperti,
splendor dei giorno,
quando l'organo vibrante dei boschi
in preghiera into-
nava l'inno délia vita e delT eterno amore.
»
— la
«
Foreste, ho difeso
i
vostri inni, le vostre
ombre,
dolce nette che piove dai vostri rami spessi; è su di
me
che han colpito
1'
devastarono, o grandi
odio e gli oltraggi, allora che vi asili di
pace.
Foreste di Francia, e voi tutte, foreste del mondo, voi
che popolô di dei
il
pavido sogno; voi, onde
sacra, antica, è cosi buja che la notte del cielo
ha maggior maestà
ciô i
che mori, per mezzo vostro risuscita e rinverdiranno
carne già sale; essa è vostra sotto alla
notte
;
feretri, di voi nati, in voi
abbonda
la
— sola —
mia fronte^
;
si
risolleva
in voi, la
linfa, e l'unità del
;
mia
mondo
IL
SANGUE DEL
foreste, io solTro in voi
;
il
SACRIFIZIO.
vostro la-jno è
r inno de' vostri dolori è seconde
e io
mi do
a voi in
il
mio
»
il
mio lagno
;
spirito,
comunione santa
del legno, che porlô Gesù Cristo.
201
;
a
voi, figlie
In
corse,
sempre
e
giammai compiute, con
grida senza fine, senza fine inseguendosi,
i
flutti,
tagne d'acqua enfiate dal vente, cercano di
délie
mon-
fuggir la
sferza tumulluosa del vente.
I
menti, questi
flutti
rappresi,
(ïuidi cerne nei giorni del
La feresta, nelle
si
ma
ritrovano in essi,
caos primitive.
grinze délie
acque perennemente
inqaiete, ravvisa l'effige délia sua nette verde e
il
suo
ritmo lamentoso.
Dinanzi agli oceani, primi padri dei mendi, l'essere
palpitando
— inluisce che
—
egli ne fu generato; la grazia
stessa nasce dalle volute, dagli intrichi dei lero cavalleni: la vita è
un brivido
dell' abisso sacre.
IL
Ora i
1'
onda
iii
suoi clamori in
di
lutte
nazioni
le
SANGUE DEL
SACRIFIZIO.
203
furore, incalzala da altre onde, Iramuta
bestemmie;
vite,
tutti
hanno gridato,
i
vetusti oceani, padri rivolti
ai
re
e
aile
— lanti,
((
Sotto al ferro ed al fuoco délie
macchine bronto-
voi, corne voi, sottomessi ai tristi tempi,
con
mes-
saggeri disciplinati, noi piegavamo le nostre schiene, noi
portavamo
Quando
i
i
vostri tesori e
vostri
i
vascelli
vostri leviathan.
si
destinavano a tranquille
conquiste, noi, sicuri di percuotere invano
i
scudi, noi eravamo, sotto ai vostri piedi
livellatori
di
cammini
di
pianure
tempeste, dellc
di
alleanza e dei
loro grossi
pace.
Noi provavarao orgoglio nel servire ci
sembravano
i
nostri re vittoriosi
vita infinita, in essi
Grandi
vascelli,
corazze, perché voi
il
;
genio
;
gli
uomini
fonti e spère délia
ven eravamo degli dei creatori di
noi baciavamo
l'acciajo délie vostre
dovpate sotloporre
debellato, e voi recavate in
grembo
dei.
la
al
cuore Tistinto
lusinga di riavvi-
»
t
IL
SANGUE DEL
SACRIFIZIO.
205
un giorno
cinare le stirpi e di amalgamarle
nella santa
unità.
Ed ecco che,
nei nostri recessi, ove l'uragano fa, per
amore, degli sconvolgimenti sublimi, varchi dischiusi raggi del giorno, tesche,
i
non vedeyano che
i
ventri neri, le inghiottono
gole spalancate e formidabili imbuti
Lo
«
steamer
fischiando
e
ai
nostri gorghi che, délie navi gigan-
—
grande corne una
»,
ansimando, quando
—
città,
si
torpedine,
la
ferma folgore
vigliacca, tocca, scoppia e gli squarcia un' anca.
Tremila innocenti, fanciulli, donne, impazziti, tremanti, sul ponte.... Sul deserto degli alti flutti,
una
Il
non risponde
pietà.
colosso barcolla,
mante,
si
tuffa;
il
si
fende, egli oscilla ancora spasi-
mare ricopre
il
grande piroscafo che
discende.
Solto a dei flutti che
non hanno più
stizza, annichilito
senza lotta, senza cannoni, egli discende, zeppo d'una foUa, verso délie ripe che non hanno più nome.
Un brivido per un minuto, scorre su questo punto l'oceano,
un brivido
di orrore,
délie grandi onde, che
un brivido
compiangono
il
del-
di raccapriccio
vascello colosso.
IL
206
Gli
avanzi
SANGUE DEL
délia
nave spacciala
salme nuotano veloci verso cozzano dei loro pupille contro
Vi
si
i
SÀCHIFIZIO.
gli
si
adagiano;
isololti;
e
dei
délie
mostri
musi, délie loro sanne e délie
loro
finestrini délia carcassa.
attendeva nei porti, o defunti
clie
scivolale in
balia dei flutti, o vascello montato da defunti, sui cui
occhi non calarono le palpebre.
Ed
il
mare, indignato, gridô
consuma l'iramenso svelarsi, colui,
che
delitto
si sveli!
Un grido risponde da
«
lo
È
il
non
si
io,
lo
non
non
Se
osa
»
in
cui
tréma
la
bugia; cosi
puô credere d'aver inteso maie. È
^dalla rabbia e ululante
«
deciso?
:
sordo, loDtano, che l'eco prolunga
—
uomo che
»
lungi
suono d'una voce che
fïebile
l'ho voluto.
e
Chi è V
«
:
l'aveva
;
perdutamente.
l'ho fatto » ripelè la voce serda,
l'ho voluto. »
il
grido
grido di lupo, preso
208
Poi,
IL
SANGUE DEL
sempre indebolendosi,
SACRIFIZIO. il
grido,
come
soffocato,
spegnesi nella notte cupa, in cui dei lampi, m첫toli, sem-
brano
intrisi di
sangue.
— io vi
fiumi, foreste, monti, e voi, mari senza
a
chîamo
a testimonî
che quell'
Egli ha fatto délia sua razza
mente per timoré
Egli vacilla.
meute
;
il
uomo mente. stirpe maledetta
suo cuore
si
:
Egli tenta
egli
contrae e la sua ragione
Fiumi e mari, foreste smisurate,
mia parola
;
e per disperazione.
ricordatevi bene délia sua
Il
una
liraiti,
menzogna
fiere
cime
—
e ricordatevi délia
e voi, fanciulletti,ricordateveneper sempre.
una menzogna
ail'
altezza del suo crimine.
grido che vuol mentire non è mai abbastanza alto.
Sola la verità e la
puô assurgere
menzogna non
è
al
sublime
che ciancia.
:
essa è
il
o
44
verbo,
Ciô gridô negli spazî, clete antico; e l'oriente,
il
suo clamore fu inteso,
il
Egli disse ancora
:
me
!
io porto, nel il
i
al-
suo amoro e
la
la verità assoluta, lo spirito divino,
Più spesso io muojo e più il
sua fede.
che muore il
mondo,
éleva verso l'ignoto sof-
si
desiderio dei mortali
nato dal sogno, che porta in se tutti
;
io
sono lo spirito
gli astri di tutti gli
\
orizzonti
Io lascio in
soli-
che mena a Dio l'umanità.
lo spirito secreto,
fuso di nebbia
sacrificati
mio cuore
e senza fine risuscita, l'anima in cui si riflete
agli
Filo-
occaso
dall'
o terra, tutti
cieli,
a
tario, l'universo tutto intero,
sono
il
per l'universo cristiano.
sanguinanti parlano in
lo
come
gigante ferito,
crédita
nomini senza
pietà,
amore e che
si
lievito
scannano
di
risorgimento
tra loro; io
sono
IL
il
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
essenza
sacrificio,
dell'
amore,
—
idéale di
211
tutti
i
dogliosi.
Le terre,
i
mari,
i
fiumi sanguinano del mio sangue,
parlano colla mia voce.... Padri in gramaglie, ragazzi e vedove, non piangete pin
che
io
veggo.
»
!
i
vostri occhi
vedranno
ci
Egli disse.
Un gran brivido traversé
tutto
il
globo, che
vibrô corne pianla sfiorata dai venti. La grande notte
pieghe
délia
sua veste
cullô
nelle
tutti,
morti e sopravviventi.
Ogni anima ogni secolo
si
è,
per un
dedica
filo,
ail'
congiunta
avvenire
— Se nessuno périsse per — quale sarebbe, «
»
la Garità,
vergine un
momento
sacrificati,
aile altre
umano
voi
i
anime;
:
— dicevano
cari fanciulletti, la vostra
a
E
tutti
le
donne
dimane?
»
dimenticata, resisteva
colla clava a dei soldati carnefici e, fiera di soffrire, la
vergine
meravigliosa, trasudante
degli eroi.
di
orgoglio,
figliava
IL L'attacco dei
calpesterĂ
il
SAiNGUE DEL SACRIFIZIO demonĂŽ
suscita gli
sangue,
le
arcangeli; Gabriele
dragone che rinasce, ed
ranno, precipitandosi a falangi, sotto
vampate d'Averno.
t>l3
i
il
giusti
anneghe-
diluvio dei loro
Ammassi
di ceneri
che franano, pallidi resti
combusle
divina, gli spettri délie città
cando
:
Lovanio
«
!
E Lovanio, cuore
Lovanio
!
Lovanio
!
si
dell' arte
levano repli-
»
del Belgio, città incenerita, t'umoso
braciere, Lovanio gittô la sua tragica protesta,
ripercoterà nel
({
lo fui
mondo
che
uno dei templi del Libro,
io
insegnavo
l'
amore
Queste divine ragioni délia vita vivificavano
e la fede.
si
in perpetuo.
il
Libro e respira vano in me.
U
foglietti elettrizzanti délie Bibbie, dei dotti vi
strappati
;
e dei filosofi esosi
hanno dato
al
rogo
il
hanno voslro
sacrario e voi, libri sacrif
Un casa
dî, :
verso,
i
il
brutale Alessandro, Poeta, risparmiava
barbari hanno ridotto in polvere scienza e sillogismo
;
il
la
tua
Libro, arte,
IL
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
tutto, biblioteca e
museo,
la bellezza
215
pura délia psiche,
concetto e realizzazione. Se essi nulla han risparmiato è
che
11
essi nulla
fuoco avvampa,
invano. «
han compreso.
Non
Lovanio!
»
si
la
brucia
»
cenere vola.... la
parola, che
Il
Libro si
si
consuma
éleva eterna
:
AUora al
il
ferro, nelle viscère délia terra, o sull* inciidine,
cadenzato bolto dei magli pesanti, gridô
non prezioso
—
«
dell' oro,
miei
I
che niente altéra
servigi
mi
han
reso
—
fratello
:
il
principe dei
metalli.
Superbo sovrano
:
dell'
io
uomo che
apro
la ferita
io
assecondo, sono
il
fécondatrice, per cui
métallo il
solco
ricevela semente.
Accarezzato, strofmato dalla terra, io splendo e,
lati
poveri ed
Io
i
il
re.
ho segato l'augusta colonna, che sostiene
degli dei
famosi.
come un
da me, dalla mia primordiale falica, sono satol-
astro
;
io
ho
fatto la statua
ed
il
i
templi
busto degli eroi più
IL Risoluto
soffocatore
ho
rivolle, io
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
fatto,
cieche
di
collere
217
o
d'inique
dinanzi ai belîuari, fiaccar la cer-
vice degli enormi leoni.
cingo Torbita del moiido, per monli, mari e selvc;
Io
nelle
mie
spire, la rotonda terra è
come un pallone
nella
sua retc.
E
cheun' arcata cavalca, ed
le valli
i
fiumi dal copioso
elemento, vedono uomini di lento passo vincere
le ali
degli uccelli....
Un giorno solto al
terra, listata da
un fdo che
s'incastra
mare, non avrà che un cuore, che un pensiero;
ed è grazie
Ed
la
io,
alla virlù del ferro.
io
che fornisco
miglior destino, io veggo
alla la
terra questi pegni
d'un
mia opéra salutare ancella
dell'odio e délia sventura.
I
Coll'
l'èra
eUa a mo'
ma
feudale,
di
croce, io fui la Spada gloriosa nel-
l'uomo, che l'aveva temprata, rinnega
oggi Durandal.
Egli preferisce all'arma che brilla, nobile e leale sotto al sole, le
I
il
losco ed occulto siluro o
il
pestifero gas. Già
magnifiche imprese d'or non è molto hanno raggiunto
218
IL
SANGUE DEL
SACRIFIZIO.
nelsilenzio quelle dei vaghi tornei; giierra,
io fui iorica
toso; io
gli agguati,
ccco
la
che una spia scaltra dirige;
piango
cesellata, fui il
mio
elmo
dal cimiero ardimen-
luslro tramontato, lo sfarzo délia
mia prima forluna.
Io piango, io
che son ritenulo senz' anima, l'evo
Dio parlava ai re,
i
secoli in cui la
dava, alleata délia Croce.
»
in cui
spada corrusca coman-
Spada in pugno
dell' eroe
ogni epoca
fosti in
il
vomero
mondo
cui la formosilĂ del
quando
;
dell' aratro, tu
mio miglior compagno che essa
faccia d'uopo
ferro per
;
fu accresciuta;
che
sii
sia presidiata,
anche,
l'acciajo
dĂŠlia torva torpedine e del cannone.
Uccidi
sangue,
e
ma
sii il
por un atlimo senza pieti;
Difendiamoci
sioni
:
il
mio sogno ed
il
sgocciolo
io
vero apostolo sdegna che lo
si
compas-
tuo sono cosi
superbi! Iddio verra. Per tutti coloro che preparano
suo regno, scolpisci uua gloria alata sul frontone
il
dei
sepolcri.
Quando avremo vinto tori di
remo uiia
popolo dei voraci, questi bevi-
il
sangue, gonfi di sozzo carname, allora noi costrurle
ultime corazze, e
tu,
ullima spada, in niano ad
prode geaerazione, tu sarai per sempre
anima
d-l ferro!
Âť
il
Diritto,
Nelle loro caverne, ai piedi délie montagne, questi re generosi, gl'imponenti leoni e stupili si dicevano a vicenda
— per
«
Si, ci
la loro
sono
forti
La famé birne
le
i
leoni,
loro femmine,
:
chiamavano re;
maestà, e perché
cliiamavano
cosi
— più
forti dell'
i
leoni,
uomo
—
senza essere crudeli.
sola, in noi,
la legge,
ma
noi
è crudele;
siamo
ammazziamo
la
costretti a su-
gazzella
senza
godere délia sua angoscia.
Assillati dalle leggi
suprême, onde Dio solo conosce
meta, è senza raliegrarci dei rantoli che
norma Ci
la
cibiamo a
del nostro appetilo.
chiamavano
sangue, l'uomo, le
ci
i
magnanimi. Ma ecco che, brutlato carico di tutti
lagrime dell innocente.
i
di
crimini, s'inebria per
\
IL
Egli
non
è
SANGUE DEL SACRIFIZIO. diinque più
il
rispettabile
padrone
vantati. Clii
dunque
nostri titoli, e confermerà la nostra
maestà?
leoni,
un giorno tanto
221
dei
ratificherà »
Cionnullameno restiamo quelli che siamo. Restiamo soligenerosi (o leoni, più
regneremo sovr'essi.
9
i
i
ammirevoli degli uomini), noi
I
—
((
No
no Voi non !
!
Conservalevi
tali.
siete re
immuni da
che se l'iiomo
vi
nomina
disprezzo e da ribellione, o
belve; non negate imeriti dell'uomo; chi di voi è morto
per salvare un leone?
io
lo,
muojo, per salvare Timmortale prosapia
di
coloro che, corne me, servono l'uomo idéale, oleonil
E
io
benedico
la
nostra razza sdegnosa, che riavvicina
l'animale al cuore degliuomini.
Il
Dio
voslro
v'impose
di
sacrificato,
il
è quello
che umilia
non sbranar Daniele.
Il
il
superbo e che
mio Dio
è Teterno
Verbo, più forle del leone e più dolce del
miele.
Apprendete a leccare leoni! Siate l'amore che
il
mio sangue senza
non aspira
alla gloria.
miaorribile piaga, e voi sareteamati.
berlo,
o
Leccate
la
Il
fuoco
—
«
mormora
:
Quando Tuorno s'impossessô
due piètre soffregate, conquistô
Il
tutti
in
délia luce,
quella scintilla primitiva, egli
mia legna, o piccoio fuoco
:
un
L'uomo adora
metti auréole alla
;
!
primo raggruppamento,
che un cssere
di
miei fulgori.
i
piccoio fuoco brilla e scoppietta
Il
lampo
la
famiglia, vide in
me
più
dio.
la
mia chiara fiamma! che rinfranca
riscaldando; eio fui
la
cura délia donna, e io fui
la
tene.
rezzadel bambino.
Essi
pascevansi di carne cruda
primo alimento noble
il
;
poi
la loro
sapore délia farina.
famé,
;
io
ho cotto questo
da
me
soccorsa, co-
SANGUE DEL
IL
224
lo fui
consolante mistero,
il
SACRIFIZIO.
primo elemento soggio-
il
seppi dare alla terra le félicita
gialo, e io
che
le
avevo
promesse.
Se
ferro,
il
che uccide e che ferisce, anche
mio
arare, è che lui cosi altèro, assume, a ticité,
ed
io
sono
il
Negli spazî, nelle
ed
i
soli
;
si
usa per
talento, élas-
suo despota.
mie sorgenti
m'avevano date délie
native, iosono la Stella
vestali per custodire
miei
i
altari vermigli.
Io
sono
notte, io
carità,
la
mostro
il
faro
al battello,
:
burrasche,
nelle
che dévia,
lo scoglio
nella a
fior
d'acqua illuminato.
Allorchè io divampava in incendi tore
deir
imprudente,
audaci affronta vano
((
Salvate
il
il
bimbo
detto dalla folla
—
dei
mio corruccio
!
il
vecchio
!
— fuochi del
tradi-
dalle
fibre
salvatori e
il
le
mio
donne
commossa, un salvatore
— da eroe — per gente mai
borboltiô.
!
»
E,
bene-
cacciava tra
si
le
flamme
il
globo è un vulcano che erutta, è un solo campo d'este-
Ed ora
la
vista
!
guerra brucia dovunque degli interi villaggi
sissimi bracieri.
IL
Ed
io
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
focolare, io
il
il
225
faro sferzato da venli feroci, io
scorgo luonio, invaso da barbaro furore, nutrire fuochi di corpi palpitanti
Poichè l'uomo, araico délie sciagure, straccia conclusi, spegnetevi, vi njerita
più
o
i
miei
i
patti
!
facelle degli
astri;
Tuoino non
».
15
«
Focolare risplendente,
Non maledirci mai una
tutti, o
scinilla
:
io
ho difesa
la
tua fiamma.
fuoco misterioso. Non siestinguerà
l'anima, ne
il
baleno dello spirito che
all'uomo guizza negli occhi.
Per
la
famiglia, per
ragazzo, di cui sento difeso e
per
il
il
marito e per
pianto e gli
sopraltuto è proprio il
focolare, io muojo.
la »
la
strilli,
moglie, per ciô che io
tua fiamma, è
il
il
ho
focolare;
Noi, la materia, noi, gli elementi, le cose, che facciarao
quache
volta
il
maie senza volerlo, intelligenze manche-
voli di sviluppo, senza ideali
vere,
noi
l'uomo
ci dirige va,
minavamo strada
e senza coscienza del
subivamo dapertutto
l'influenza dĂŠlie
mano; noi
noi eravamo in sua
di vive faville
il
suo cielo,
la
do-
anime
sua casa,
la
;
illu-
sua
;
noi eravamo la materia,
penetravano,
ma
docile
con magici sprazzi,
veniva sorpresa fino
ail'
;
i
la vita
nostri
fulmini
nascola,
che
imo del palazzo dei mari.
Noi avevamoabolitola distanza e l'assenza; l'opacitĂ
si
fondeva in spettri variegali; l'uomo, ajutato dal nostro vigore, era quasi pari agli dei.
SANGUE DEL
IL
228
Noi eravamo
i
SACRIFIZIO.
mezzi, invece d'essere l'ingombro; ogni
notte diveniva per noi fonte di gioja.
Padrone
dell'
ora e
prodigio, l'uomo ci guidava
del
air amore.
La nostra forza ne era tacitamente soddisfatta. Vinta, essa pigliava
Un
un
anima
po' dell'
dei vincitori.
istinlo profetico presentiva, abbagliato, l'unità dei
cuori.
E quando sul globo germogliava un benessere nuovo, per
la sicurezza,
deU'uomo Ed
il
suolo traballa sotto
è lui che, sotto a se stesso, scava
chetto,
che storna da bei destini
c'insegna
Ma
ecco che
ai piedi
allibito.
il
delitto,
lui
tutto vuole l'unità
mette ciô che
il
gli
un
orribile traboc-
elementi;
lui
che
che dalla materia è sconfessato.
;
ogni vita è luce
cuore farneticô
;
il
radio pro-
la vita, nella
sua prima
;
sorgente, è una luce che procède.
Voi la
non spegnerete punto
affogherete nei vostri
l'eterna scintilla, voi
tossici mortali. L'infinito,
risiede in essa, faràil vostro insanabile rimorso.
non che
i
IL
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
229
Dove è dunque colui che mesce nei misteri
la soffe-
renza e l'orrore, di cui noi non volevamo più orma, e trae, dai nostri gas deleteri, délie catastrofi
voluto ?»
che
egli
ha
—
Dôve
«
che
si
acquatta dunque colui ?
comparisca!
egli
»
Questo generoso appello squittiva nel vento.
Allora
((
il
non
lo
voluto
grido lontano d'un' angoscia in pericolo tra-
il
passô tutto
»
cielo dal
l'iîo
ponente
voluto
»
diceva
ripeteva più basso.
tasma esecrato, che
si
al levante
E
il
reo;
:
« io
indovinava dapertutto,
vedeva in nessun luogo.
non
l'universo cercava
il
l'ho
fan-
ma non
si
Ed
il
Sacrificato,
tra vano tutti
i
onde
forme mastodontiche concen-
le
feriti, tutti
i
morti,
sangue, daglisquarci dĂŠlie carni,
gettava insierae le
col
maledizioni, che
si
cangeranno in rimorsi.
Ma le
i
sospiri, le grandi invocazioni,i lunghi singhiozzi,
grida dei fanciulli verso
azzittĂ´,
quando
la
i
focolari discosti, tutto
voce dĂŠlie eccelse cattedrali
ĂŠleva to nel cielo l'angelus del mattino.
si
ebbe
—
L'avvenire a noi
«
donde
accoglie con
Indarno di odio,
fiori
Dietro
orizzonte,
ail'
gli
un
Attila,
nuova
Cristo risuscitato.
fiere dal
hanno spaccato
in sostanza,
raa,
si rivela.
un crepuscolo, una Gerusalemme
sale
i
Dio lo
volto
umano, ruggendo
nostri altari.
mena
L'uomo
si
agita
noi simbolizziamo
e
i
sogni immortali.
Già
il
fuoco del cielo smorza
cannone
ci
ma
i
rao,
ha arrecato un' santi
che
il
fuoco délie ténèbre.
inutile ingiuria
sormontano
i
nostri
;
Il
noi crolliaportici,
per
serapre, nel fuoco divampante risplenderanno.
Per alzô
i
la
seconda volta, Giovanna, in raezzo aile fiamme,
suoi sguardi al cielo implorando
dragoni che
s'inerpichino,
i
;
ma, corne dei
fuochi infami
sotto al ferro del mistico stendardo.
contorconsi
SANGUE DEL
IL
Uno
ma
dei bracci délia croce,
—
mano
sia visto
da lungi
—
;
in-
un gran Cristo solo superstite,
parcbiamare
cui braccio libero
233
abbattuto, copre la terra
l'altro tiene ferrao, affinchè
chiodato in una il
SACRIFIZIO.
mondo
il
a testimonio.
Le nostre navate, le nostre torri non sono che délie furaanti rovine.
11
barbaro aveva creduto di colpir
ed anche nel passato; di uccidere noi,
Ed
ombre
i
Francia
al
cuore;
grandi ombre. Ma
sappiamo che Dio è vincitore.
venti, accorsi dal fondo délia nolte nera, attra-
versando lunghi
di Dio,
la
le
Reims
cieli di
i
singhiozzi
in
e di Parigi,
Deum
Te
di
cambiano
gloria,
e
i
loro
formano
un' arpa d'oro délie nostre dolenti macerie.
Non spirito
loro
si
puô bruciare, con délie fiamme immonde,
che ricamô a giorno
fori
Noi siamo
i
soli
marmorei i
lo ;
i
nostri
d'amore.
refugi délie pallide moltitudini, dei mendi-
canti d'amore, che cercano
dovunque che dei
gusto dei
nostri merletti
sono pieni délia luce deile anime;
rosoni ardenti sono
trovato
i
fie le,
in ogni
Ognuno porta
la
il
loro
cammino,
e
non han
sentieri lunghi e rudi, e l'aspro
bevanda umana.
sua croce,
la
sua miseria o
i
suoi
IL
254
dubbi;
SANGUE DEL
SACRIFIZIO.
alleggeriamo ciascuno del fardello che ha
noi
portato; e tutti gli strazi, tutti, noi calmiamo, gli
uni
colla fede, gli altri colla bellezza.
Noi apriamo loro la soglia
— quando noni —
i
délie visioni
suprême,
e
nostri pinnacoli precipitassero sotto ai can-
vedrebbero rinascere da se medesimi e
tutti si
rimontare verso a Colui, che non ha detto che
suo
il
nome.
La sfera è libéra e segue irresistibile
e
fisso
le strade in
corre
richiamo segreto dei destini, al fine segnatogli
mostri
il
pendenza
calamita;
Mondo
si
al
polo
attirato
dal
;
avvia fatalraente
da Dio.
l'uomo traversava
Adesso I
la
sono sorti;
l'uomo
un' ora s'è
di
indilferenza.
l'amore
ribellato;
e
l'unione trasfigurano laFrancia, che risplende agli occhi del
I
più
mondo
meravigliato.
popoli, collegati per l'ultima lotta, non rinunceranno al
necessario accordo. Tutlo un ordine nuovo nas-
cerà sotto alla luce, che circonda di nimbi
i
martiri ed
illumina la morte.
Non
si
troverà più un luogo sulla terra dove, col loro
sangue, la parola di pace non sia scritta. Gosi
si
com-
IL
pierà
il
supremo mistero:
Gesù Cristo.
— donde
SANGUE DEL
235
regno di Dio, fondato da
»
L'avvenire a noi sale
il
SACRIFIZIO.
un
Gerusalemme
si
rivela.
bagliore, ecco
novella.
»
il
Dietro
ail'
orizzonte,
Cristo risuscitalo e la
Le caltedrali, neri profili sotto lorri,
senza
ai cieli foschi,
senza campanili, corne dei
disalberati,
vascelli
consolavano, piangendo sopra le nostre sventure, l'anima dei secoli andati, errante fra irottami.
Solo,
il
nitilava;
sangue délie vetrate, nella nette senza colore,
un
vento
nero,
penetrato
negli
organi
profondi,
— avendo percorso
forraava
ruderi in arpa dolorosa. E colui che sapeva, e
i
la
miseria dei paesi, tras-
che voleva che fosse salutare ogni grandi merabra
mutilate,
tutte le vittime, coricate
suir orbe délia terra.
spasimo délie sue
rispondeva in
—
le
braccia
ispirito,
in
croce
per
—
—
((
Quando
la
nei tempi
fede,
mia ragione dileggiava in
cui
amavo
gli
il
sogno délia
arcangeli
ribelli;
alte case di Dio, cosi vecchie e cosi suntuose,
allora
i
vostri campanili vibranti pregavano per
anche
me.
La mia fede nelle vostre bellezze è pure una preghiera ed è perciô che, vivo o morto, pregare
i
io
;
difendo voi, che vedeste
miei avi nella infanzia, sotto
ai
barbagli dei
vetri, irradiati di aurora.
I I
raggi non sono l'aslro; esso arde in mezzo ai fasci
rdivergenti, scaturiti dal centro in fiamme, basta
fede
a mettere
—
un
cielo nell' anima, e
ma un
raggio
— anche senza
la
l'amore é ancora Dio. Testimoni crollanti délie
nostre antiche credenze,
dinanzi a Voi, altari morti, ho
piegate le ginocchia. Nel vostro
diroccamento, pregate
ancora per noi, case del sacrificio elerno, o cattedrali.
IL
238
Ghe sarebbe
SANGUE DEL il
SACRIFIZIO.
présente senza
il
vostro bel passato?
Senza di voi, noi non sapremmo essere ciô che siarao senza
il
vostro
slancio verso Dio, noi
;
saremmo meno
uomini, ed è per aver creduto che noi abbiamopensato.
«
—
lo sono la via » Di Colui,
che
ci
ha detto
ci
ma
la
ricordano,
si
Ed
è
Cristo
sono
« io
mostrava passo a passo
quando, piccolissimi,
non
il
teneva per mano,
i
il
la vita ».
cammino
nostri occhi
sua strada èseguita.
per questo che l'abisso ha vomitato questi de-
moni, che vorrebbero dominare principi e repubbliche; e che, nella bellezza délie vecchie basiUche, vogliono an-
nientaretutto ciô che noiamiamo. «.
Grocifisso, nostro eterno
Ma,
brilla serapre nel nostro
librato verso
il
modello; l'ostensorio
cuore fervente
;
e
il
nostro amore,
tuo cielo, o Gristo vivo, è più indistrutti-
bile e più alto del tuo tempio.
I
nostri
popoli hanno provato che
ti
amavano, che
sono tuoi.
Fondato senza
il
tuo amore, ogni impero è fragile.
Ora noi, che non abbiamo rinnegato affrancati da te, noi restiamo
furono
le
i
cristiani.
nostre acque lustrali
;
il
il
Vangelo, anche
Oceani di sangue
sacrificio
puro
ci
ha
IL rigenerati;
SANGUE DEL
SAGRIFIZIO.
e noi, noi cantererao
i
239
Te Deura
sacri, sul-
l'organo venerabile délie rinascenti basiliche.
Perché già spuntô squadre
li
di ferro
li
il
giorno dei certi trionfi
:
vedono divampare nelle loro scie; canta
ai
le il
nostre gallo
campanili dei villaggi, su cui suona
l'angelus dei più bello dei mattini.
L'Uomo votato giamento,
si
al sacrifizio,
tentando di cambiar atteg-
rizz6 su d'un goraito, e la terra ne tremô...
— Egli
vide allora avanzarsi una strana frotta
bestie,
onde moite cadevano qua e
massa
là.
di animal! domestici, cani e cavalli,
da tutte
le parti,
fuggendo
recinti,
correva
(largo torrenle,
i
tetti
in
—
délie
Una disparata pécore e bovi,
fiamme o
composte
di
i
rustici
gruppi
sparsi).
La guerra! Essi fuggivano
tutti, in
orde di meschini.
L'ansar del fuoco, gli strepiti di ferri, che riduéevano
ad un inferno
le
praterie et le stalle.... Essi fuggivano
air impazzata l'uomo, l'amico di ieri.
Poi, si
quando
si
credevano usciti dalla tormenta,
fermavano pensosi,
esseri,
tristi,
curvando
nei quali sbocciava un'
l'uomo, inumano, aveva traditi
anima
ail'
la
testa.
affettuosa, e
improvviso.
tutti
Poveri
che
IL In cerchio,
i
SANGUE DEL cavalli
narici contro narici, d'essi, talvolta,
teva
SACRIFIZIO.
avvicinavano
la
sembravano tener
turbando
il
241
miseria
loro
consiglio.
;
Uno
circolo che lo stringeva emet-
un grido, che provocava
â&#x20AC;&#x201D;
lontano
â&#x20AC;&#x201D;
un grido
simile.
L'agnello belava diviso;
suo lagno
buoi, reclinando
perduto.
I
in aria
buon
il
il
alla
madrĂŠ da
fieno,
il
capo rassegnato, fmtavano
ormai vanamente
atfceso.
16
I
cui era
cane, guardiano senza padrone, abbajava al
il
—
leri
«
aspettavamo
ancora, nei chiusi, nelle le
stalle, tranquilli
ore del lavoro, allorchè degli uomini, con
urli spaventosi, lianno desolato
il
presèpe e insidiato
le
mandrie.
«
Noi
pagni;
il
amavamo
il
buon padrone, come
suo giogo suUa nostra fronte,
nostro dorso. Ahimè!
abbiamo più
i
docili
com-
suoi arnesi sul
non abbiamo più l'amico, non
asile, noi tracciatori di solchi e trascinatori
di batuffoli.
Nella consueludine quotidiana dei noski ricoveri ben tenuti, noi
consideravamo
come un segno soffiUo in
di
il
fieno
come un segno d'amore;
pace, la ragnatela, che penzolava dal
una fresca penom
;
Tutto è crollato, tutto è bruciato; la guerra romba.
Noi servivamo volentieri l'uomo, migliore di noi. Nelle ore di riposo, davanti a questo re
accucciavamo, piegando
i
del
ginocchi sotto
mondo, noi ai fianchi.
ci
IL
SANGUE DEL
Noi avevamo fiducia nella prudenza
navamo
alla
pastorello,
amavamo
stalla
soli,
un ragazzo, il
suo
ci
W5
SACRIFIZIO.
umana
se abbisognava;
;
noi ritor-
alla sera,
un
riconduceva senza pena, e noi
casolare, che distinguevamo da assai
lontano.
Hanno cambiato
mordono
i
vomeri
in
ispiedi, nella fucina;
fra loro corne dei cani invidiosi.
si
Cercando di
prendersi per la gola, non vanno piĂš che in attruppainenti, corne d'inverno
i
lupi. Âť
Per dire cavalli,
la loro nostalgia
buoi,
l'orizzonte, dal
dei
mucche
pécore
e
quale
avrà forse
si
campi e del padrone,
—
cono, rauggiscono, belano, coi coUi
Indi, sotto agli sprazzi
sotto ai cannoni,
rossi
—
confusi
verso
pace, insieme nitris-
la
tesi.
e mobili degli incendî,
muti qualche volta per un momento,
buoi, cavalli e becchi, dalle
gambe
irrigidite,
ricomin-
ciano a fuggire, a fuggire sbrigliataraente.
Sotto
i
loro mille galoppi, la pianura lontana trasale,
palpitante pei colpi sordi, corne
E
il
campanile vicino, mentre
le
sotto al tuono délie artiglierie.
un tamburo
ore scoccano,
si
velato....
rovescia
—
«
Cari amici, che
mi
mie con-
avete ajutato nelle
quiste contro gli démenti, giorno per giorno combattuti,
compiango
io vi
;
perdonate
ail'
uomo,
nobili animali,
d'avere le vostre passioni senza avère le vostre virtù.
Voi, che Gesù
bambino accarezzô
nella stalla
laborioso; tu, asino paziente; voi, che
guerra spaventosa, perdonate
la
lascia
;
tu,
bove
raminghi
sua demenza
ail'
la
uomo
incosciente.
Agnellino bêlante, che simboleggiavi un di Gesù stesso e
i
candori dei tempi passati
nelle sue operazioni di guerra
che soccorre
i
feriti,
furore inumano, clusi
;
le
il
— — cane
perdonate
cavallo, che egli usa fedele,
alla razza
buon cane,
umana
il
suo
suo oblio dell' amore o dei patti con-
sventure, preraeditate dalla tracotanza germa-
nica, spariranno con essa;
non
le si
rivedranno più.
210
IL
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
Cari animali, cavalli da tiro, bestie da soma, sappiate
che rispetto a voi che per
voi,
i
io
davanti al presèpe e
Quando sarete
il
ho adempiuto
migliori amici dell' ail'
a tutto
uomo,
il
io
mio dovere; sono caduto
abbeveratojo.
voi ritornerete nelle vostre care praterie, voi
mio amore,
o bestiame
innocente, perché io
sarô sotterra, e le erbe fiorite vi nutriranno del mio spirito e del
mio sangue.
»
E mentre,
fra
le
grida, la gente
si
sgozza,
l'IIomo
votato al sacrificio (cui impressiona, anche nel fondo dei suoi mali, l'esodo pauroso dell' umile armento) intende
il
richiamo commovente d'un piccolo pettirosso.
L'ucello, che
Gesù
in
croce predilesse, viene a sua
volta a consolareil gran cuore di colui
balbutimento che
comprende
pietà, la volonté d'amore.
la
che consola; è
parola,
è l'istinto
il
di
Tuono
dei cannoni, crepitio délie palle, tutte le alture
lontane sono dei crateri fumanti
;
si
sente
la
morte che
yive e soffia le sue raffiche.
Il
globo ha sobbalzato per mille franamenti. Sotto al-
l'orizzonte, al
margine doi boschi sbarbicati, dei
soldati,
decisi a resistere sino ail' estrerao, coi piedi su dei cada-
tombe scavate
veri, nel fosso délie loro trincee, in quelle
da
muojono
essi,
Sopra
montano
i
ritti.
tronchi di fuoco che pullulano dalla terra,
tutt'
in pieno cielo
ad un tratto degli astri
un ordine
estesi,
che scrivono
militare, segnacolo di morte,
il
quale attira gli occhi abbacinati.
E
si
direbbe che, in blocchi di ferro, tutto
stacchi. L'obice, più
scoppiando, e ventoso
—
sotto al suo peso
sepolcro, dove più
tumulato vivo.
il
cielo si
grande d'un uomo, accorre, tuona
— esso
d'un eroe
âpre une spa-
scivola e resta
SANGUE DEL
IL
Si
muore;
si
muore,
SACRIFIZIO.
si soffre;
si
muore,
249
soffre
si
;
si
grida; tutto è collera, orrore, terrore ed urlo; la gra-
—
nata è lanciata e l'attacco, in furia, salta trincea nemica
verso la
— bruscamente.
La bajonetta va e viene e punge, e buca; fende dei fianchi, dei
cuori e degli occhi convulsi. Si
muore, nel sangue, nella melma,
grida,
si
fatti
morti dormono sotto
i
pace dei campi
mie
I
la
messe è
il
o patria
Dio,
soffre, si
—
soddis-
ai feriti.
di carne, la
È un uomo, è un e abatte
!
e
!
o mietiture
vendemmia
che vuole questi
debole, e punisce l^innocente?
I
o
vendem-
è di sangue. strani
mali?
Lo
spirito
giasco.
d'amore ha compassionato
Ma ecco qui
malanni, calpestare distrutte
â&#x20AC;&#x201D;
il
bestiarae fug-
degli uomini, oppressi da piĂš grandi i
loro vitigni giĂ floridi e le loro biade
rainacciati e frustati corne del bestiame.,..
—
«
Sapete voi a che cosa
Quando esso marcia air far dei nostri corpi
noi che
si
il
nemico
vi
destina?
attacco, esso ci spinge avanti per
uno scudo
vivente. Si fucila quello di
ammutina.
Noi tremiamo nel rivedere
i
meno
dinanzi
al
soldati délia patria
moschetto nemico che
armata
;
noi siamo délia
carne da cannone, carne inerme; noi siamo un
muro
in
movimento, e un muro che sanguina, che patisce, che geme,
I
sopravissuli, in balia
esiliati,
mano
degli antichi
scudiscio, verso la
Addio
dei
deportati, schiavi, ni grieri,
loro
boia
prigionieri, se
senz'
anima;
corne negri
ne andranno, sotto
in allô
Germania turpe.
(nelle citlà dai
marciapiedi popolosi) lente pas-
seggiate ed incontri cordiali....
IL
252
Il
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
soldato vile, di cui sopportiamo l'infamia, ci rituffa
negli orrori dei secoli favolosi.
E noi avevamo creduto menza,
in cui
il
rismo; ed è per tore,
che
—
mondo il
di vivere in
un tempo
dimenticasse per serapre
il
di cle-
terro-
comando, senza appelle, d'un impera-
—
rabbioso d'esser un morto
il
passato
si
riproduce.
Anche quando vedremo
i
nostri annichiliti, vinti dalla
loro pietà, colle pupille piene di lagrime, esitanti dinanzi a noi, pronti a lasciar madère lo schioppo
direrao loro
«
— non
esitate
:
Sparatel
»
«
frateili »
— 1
Cosi piangono dei Francesi e dei Belgi...
Essi passano,
rinulile
Un
amore
altro
scompajono
in un'
dei loro paese
gruppo
allora
li
ĂŠmerge
ombra
tragica, dove
segue.
nella notte.
— noi
«
Noi fuggiarao
andiamo verso
la patria e
l'esilio,
nostri dolci campi;j
i
a fronte bassa,
cûrvando
la]
schiena, con la famé, la sete, e la morte per compagne, e porlando
i
nostri nonnulla corne dei pesanti fagotti.
Quando abbiamo
madré piccini,
è
morta
Il
orlo del vecchio sentiero
che suggevano
premendola ancora
la
lasciata la piccoJa patria, più d'una
ail'
alla vizza
colle
mio cane zoppo mi segue verso
nostri
la terra
sconosciuta;
non mi ha abbandonato.
è famigliare e
Ma vedete
miei cenci fangosi e
io ero ricco e
i
manucce.
mia mucca
i
;
mammella, sono morti,
la
mia carne
nuda....j
sono veslito di povertà.
Molti sono più poveri e più da compiangere di
Dove saranno
essi
me.
domani? dove saremo noi questa sera?
IL
e
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
255
davanti a quai cheto focolare, a quai tavola, potremo
noi riscaldarci un'ora e sedere?
Noi non osiamo più rivolgere
i
nostri occhi indietro,
per tema di veder lontano bruciare la nostra casa; noi siarao dei cuori infelici, che pregano, e di cui nessun dio
più ascolta
la
lamentosa orazione.
»
Essi dicono. si
— Agli sguardi
del gregge che
si
Irascina,
présenta un vecchio prête che, davanti ad un altare,
mormora un canto clie s'intende appena; un lagno spirante, in cui vive un senso immortale.
stecchito,
Immobile, tutto un reggimento in arme, rituale rispondeva
ad
intervalli, sotto al
canta un bosco in lagrime.
Ed
il
al
suo canto
temporale
;
cosi
lagno sembrava provenire
dal bujo degli evi.
Era
la triste
voce délie steppe in autunno
geva dal fondo dei secoli infmiti, e stanca, lenta,
monotona
—
;
ella
— siccome
giun-
ella era
aveva un suono fraterno pei
cuori gonfi di pianto
Dopo un grido leggero, dolce come una carezza, un' implorazione
si
ripeteva sempre
:
IL
«
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
257
Oh!... Guardale, Signore.... Oh! vedete
Ho
doglio.
farae,
ho
sete,
Signore;
il
venite
mio corin
nostro
soccorso.
E
tutto
fronte
reggimento, con voce grave e profonda,
il
nuda
di labhro, sopra
raondo
:
spalleî
))
E
«
lo
in questo
tutto piange
fmmi,
i
defunti e
:
un ritmo
vengo
a
insistente, l'appello segrelo del
voi. Signore;
non mi
stesso appello, clie scende e le foreste
che
i
si
voltate le
risolleva,
venti torturano, tutto
mari, che muojono sulla sabbia; la
la
e l'arma al piede, cantava senza posa, a fior
le
:
i
ceneri dei
carne dei viventi.
Signore, la pietà grida e non puô più tacersi.
Non
iarele
piovere su di noi, nuovamente, le vostre bontà? Mai, in
nessun tempo,
si
vide sulla terra, rovesciarsi insieme
tante fulraini immeritati.
o
17
La Francia,
la
—
Russia e l'Inghilterra
ciascuna cosi pregava
pcr
e
se,
e
Roma
—
pregavano per
tutte
rUomo....
Tultavia, più che
un principe, in tutto
il
il
mai
suo impero
sangue puro scorse, perché
il
peggiore di
tutti griraperatori,
ai soldati,
questa parola d'ordine inaudita
«
Quando
io
«
comand<^ Dio mi
crate! Bruciate chi vi retiste! Si solo terrore;
dovunque esso
vi
che
imponeva
egli solo inspira,
Siate degli Attila.
assiste
:
»
Colpite e raassa-
puô vincere,
précéda e
vi
soldati, col
segua; dove
voi siete passati, che niente più sussista. Questo è l'ordine del vostro imperatore.
«
altri Il
»
Ne abbiamo abbastanza
dei combattimenti leali
tempi, délie generosità che prolungano
delitto è bello se fa
vitù, aggravate
i
i
le
guerre.*
rei vincitori. Rislabilite la schia-
supplizî.
La guerra senza pietà è una
IL
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
legge naturale. Su, tigri, luordele poiTuio
uomo
che, vestendo
dev'Bssere chiamato
Allora «
Per
il
la divisa,
lungo tempo, sulla terra,
che
la
e
cuori. Ogni
sua palria.
verso
essi
il
siamo
la
sempre vivente, tu
Francia in se stessa difende
la
»
levante
hanno uccisa
gioja; essi sono la bestia selvaggia e noi
moito
i
mostra un' anima tenera.
vile e traditore délia
Sacrificato disse, rivollo
Cristo risuscilato,
259
:
la
preda.
sai, tu,
tua parola eterna.
Quesla parola è amore; io muojo ubbidendola....
Mentre già l'amore del
che
la
carne del Sacrificato
mondo
sua sciagura
la
gusta in riposo
redento, uno spettro, senza speranza
Sentendo vacillare
finisc-a,
il
entra nel sentiero
del suo
suo elmo d'oro, cui cerchia una
corona, vi porta sopra una
lungo sguardo su ciô che
mano tremante.
Kgli getta
lo circonda. Degli arti di
un
morto
lastricano la sua strada.
Dovunque
degli occhi,
polvere
il
cui sguardo fora l'anima sua,
dove
brillano
nella
dovunque
délie dita tese lo
il
posano
i
suoi
piedi;
mostrano corne un perfido;
suo popolo è un' orrenda bolgia di storpi.
Gontro egli si
i
gas mortali ognuno avendo una maschera,
crede attorniato da lupi dal corpo umano.
IL
SANGUE DEL
momenii
In certi
SACRIFIZIO.
l'aquila d'oro,
elmo, se egli vi porta suie mani,
sangue di
Il
grida.
Non
tutti
c'era
i
morti,
un palmo
non avessero versato tulto la
sua patria, e
—
vita
e
gli
il
che freme sul suo divora le niani.
sotto a
di terra
261
fermenta e
lui,
dove dei
sacrificati
loro sangue, ciascuno per
morte
— tutto
gli
rifiutava
indulgenza.
E, corne gli elementi, le cose e le bestie
preso
il
«
responsorio
riprovazione, ehe e fa
curvare
il
si
»
hanno com-
del Martirio infînito
;
—
la loro
alza in burrasca, caccia davanti a se
Vitupéra to.
I
MoNTi
Corne a noi stessi, aile aquile, nostre sorelle,
:
rapilrici di agnelli,
ha ammorhidito
le
ramore
tu apparisci odioso, perché
rocce délie montagne, senza entrare
nel tuo cuore ne rallegrare la tua vista.
I
BoscHi
faga,
:
Pazzo sanguinario, onde l'anima è antropo-
maledelto dai lauri e maledetto dai cipressi
legno del tuo feretro, per vomitare le tue ceneri,
si
!
Il
ricor-
derà che egli participé dell' anima délie nostre foreste.
Gli
animali
:
Tu che vuoi da
Attila, flagello délie nazioni, va,
dai figliuoli dei leoni
La materia
:
te stesso
in oui
Volendo che
régna
ti
si
chiami
î
altri
gemano
piegando sotte l'orrorele anime ed
mondo
che
maledetto dalla madré e
il
i
e
sanguinino,
corpi, tu sfidasti
un
||
Vangelo, tu negasti gli accordi
fra lo spirito e noi.
à
SANGUE DEL SACRIFIZIO.
IL
LovAMo
Tu conoscerai
:
la
vendetta del Libro.
che pronunciano un verdetto sovrano, al
2(^5
ti
I
poeti,
consacreranno
disprezzo dal quale nuUa più ripara, quando lo slile é
d'acciaio ed
FERRO
IL
fogliô è di bronzo.
il
:
che spogliasti
Tu,
trattasti
I
FiuMi
il
santo onore
il
ingannato,
Belgio
ammazzare senza
non. sai che tradire ed
gnaci, principe fedifrago,
che
il
rischio, conse-
tuo balocco di spada,
come un
e
tu,
vil straccio.
Inseguito dalle torme di vedove, che vorreb-
:
bero lapidareil tuo spettro singhiozzante, tu chinerai
il
labbro assetato sui fiumi. Noi prenderemo
il
il
colore e
sapore del sangue.
L ocEANo rotolassero rato,
il
Quando
:
i
miei
mani, trucidatrici
di folle,
senza tregua, o principe snatu-
sangue dei tuoi misfatti imporporebbe
spume,
ma non
délie tue
mani.
Le cattedrali
Tu non Anche
sulle tue
flutti
,si
:
Re,
potrebbero cancellare
il
mondo
avrai più fuoco,
se tu
li
ti
le
le»
interdice.
più pane, più sale.
chiedessi per elemosina, Iddio
ponderebbe coU'inerzia
mie
macchie
ti
e col silenzio dell' universo.
ris-
i
Tutte queste voci seguivano i
tempi
Golui, tutto,
di
terrore s'erano
il
tragico fantasma, poichè
completamente
rivoltati,
e
che voleva l'universo per reame, cercava, daperil
mondo
e non lo trovava piĂš.
.,„,.
I...
m
r
il
suo splendofe in ogni
lasciando trapelare
amore che
la
Il
sua interna gloria,
amore
solo dall'
Corne trovare ciô che trovare
uomo morente. Ciascun
si
è
d'essi,
irradiava
un
compreso.
cerca, senza capirlo? Chi vuol
amore deve provare amore....
mondo, stanco
dei mali che l'odio gli accende,
non
puô gridar l'amore che per averlo sognato.... L'umile, che esso trasformô, che era un giorno orgoglio ed in
marcia verso l'amore,
lo conquista
ilRe, che non ha niente délia tenerezza
dapertutto,
il
mondo
e
non
lo trova in
ira,
passo a passo. Ed
umana, cerca,
nessun luogo.
sangiie
Il
delitti,
là
mondo non il
senza
del Sacrificato
fmme,
colava
più
era
martire
Il
dove
Davanti a
nulla.
il
dei
océano.
in
che l'anima délie vittime,
non vedeva che
cieco di cuore
nome,
colava
qui
questo universo, cheimprecae che sanguina, ilsuoorgoglio
si
che
egli
sinarri in
un supremo sgomento;
stesso aveva posto
fine
liiondoriconosceva per sempre
Il
dapertutto
il i
bandito incontra va piedi nelle sue,
lo,
che
terra
sono
—
ad
che piange
mi riprende.
dice Il
Sii
ombra
nell'
e,
suoi sguardi; posando
membra tempo
Martire
castigo del
esso viene; è la sua ora. delitto fu grande!... »
un il
i
il
orme senza raembra, urtava
dapertutto, col cuore le grandi
«
suo regno e che
altro re.
grande Sacrificato giaceva sempre
ovunque,
e
al
un
comprese
egli
sparse.
quel
che
—
muojo
mondo
io si
soffre ;
la
approssima;
tanto infelice quanto
il
tuo
IL Egli disse. ciolta,
corne
E
SANGUE DEL la
luce,
rĂŠgna elerna.
267
sua grande forma adagio adagio dis-
un ammasso
sorbita dalla terra
SACRIFIZIO.
di
neve suUe cime, venne as-
e svani tutta.
Ma l'anima
sua,
nella
Tutta
*Ia terra
cssendo corne bagnata di rugiada du]
sangue, ed anche dalle anime dei Marliri che
vano
—
(luidi in
del frumento
si
fiamrne spandentesi
—
riempi e fu pronto a
il
la
feconda-
buon granello
sgusciare
dn11'<
gnaina,
\/,i
polvcre
prati se ne
(lel
coipo imiiieiiso
nutrivano,
la
foresta
s'imbeveva délia sua anima, e
grumo
gambi da mietere crebbero nuovi boschi cedui, ben
dondolarono,
la
dalla forza dollo
agita 1,0
i
le
alti fra
le
mondo
Poi
tut'
fu
un
quando
i
vigne, quando
dirilti,
pieni di uccelli i
ferace:
ne nutriva;
spirito.
verdi, ben
dolci nidi
vette dei
se
lendeva
sfera del
segni, Tuorno ha gustato veramenle
Quando
la
—
ben a
i
fitti,
questi
prodromi délia pac»
monti rividero
la
prima alb
parve che raggiasse un fuocoschizzato da esse;
lo spirito
II
IL
ciel
levo neU'aurora,
si
'259
al di sopra,
perpetuamente splende. Quando
tomba,
pace
di
essendo una luce chc,
sacrificio
délia
SANGUE DEL SACRIFIZÏO.
narra
esso
al di il
dapprima
grandi biade assopite, quindi aile uve turgide che
là
sofïio
il
aile
sole
indora, la gloria délia vigna e quella délie spicbe.
Dai grani
tagne,
vano, ed
done
al
ai
pampini verdi
corse una
e dalle pianure aile nnon-
comniozione che
brusîo del mare che
il
canto dei piani e
ail'
trasmeUe-
gli zefiri
destava, teneva bor-
si
inno dei vertici.
terra! gloria a te! l'amore t'ha penetrata. La carne del Sacrificato t'ha fatto
un cuore umano. La materia ha
conosciuto che essa è cosa santa, e porta in se lo spirito
che lagovernerà domani. Osanna!
anime nuove, rivivono più
Oh come
dei morli, riprendete
Riedificate più aîti
il
battaglio d'oro nella
che saranno il
i
morti, con délie
siete grandi, piccoli figliuoletti délie
SuUa tomba
affinché
tutti
perfetli nei viventi nuovi!....
vostro
i
palazzo ed
campana esempio
vedove!
loro lavori.
il
tempio; mettete un
di bronzo.
I
immortale,
nostri eroi,
sono morti
cuore dominasse sovrano.
Sentite bene in voi
la
volontà del lavoro;
lavorate;
ma, contro
ritornate a creare, senza fine, délia
bellezza;
air
colombe, perché
avoltoio,
mondo non
M
sia
custodite
le
vostre
più insanguinato!
il
IL
rii)
Solto ad todite
la
SANGUE DEL
un arcodi
trioiiFo,
vergine liorenle ed
il
SACRIFIZIO. fallu
con dĂŠlie spade,
ciis-
fanciullo.
La forza s'era inpossessata di clave usurpate
;
tienla
siipina sottoalla tua clava, o spirito, solo vincitore!
Gloria a te, santa pacel
monti Oj
e
mari,
goglio dei
felici
figli
ma
sii la
pace altĂŠra; e fiumi,
d'essere frontiera, faranno
che da noi discenderanno.
il
giuslo
J
Al sole
Dl
SoLLIÈS-LE-ViElX,
ClTTA UN GIORNO, GlÀ RULNA,
Ghë, DA NOVECENTO
Alla sua
ciiiesa,
Delle epoche In
ANxNI,
sovrasta
testimomo fedele e prezioso preghiera e
di
di disciplina;
MEZZO ALLE GRANDI MURAGLIE, TE.NTENNANTI ED AMICHE,
Ghe AVEVANO COSTRUTTO, sulla collina, I
A
Templari
;
piedi della casa divina,
Giie tocca la mia umile abitazione;
Davanti al fascino d'un vasto orizzonte, (Jl'esto
poema, che simbolizza
La mia piccola dimora, appoggiata alla chiesa, QUESTO TESTAMENTO d'aMORE, FU IMMAGINATO, FU SCRITTO L'anno terzo della grande GUERRA francese
E
l'anno
MGMXVI
Dl G.-G.
Dicembre 1916.
L'ITALIE ET LA
FRANCE A
Un vent pur
a soufflé des cimes,
Un
autre est venu de la
mer
Ils
chantaient haut,
chantaient clair,
Ils
dénonçaient
Ils
disaient les vertus sublimes
les
ils
mêmes
Qui triompheront par
L'Alpe et
Garducci.
:
crimes.
le fer.
Méditerranée
la
Se content les âges lointains,
Où, devant
la
terre étonnée,
S'étalaient les fastes latins.
Et l'Alpe chante
:
«
Temps héroïque des
—
«
aïeux.
Fils latins, dit la
Défendez
l'art,
Est-ce que
»
mer immense,
sauvez les dieux.
La France évoqua «
Recommence,
l'Italie
ma mère
»
:
m'oublie? ^
18
FRANCE
L'ITALIE ET LA
274
Ou
bien, ô
ma mère
ma
et
sœur,
Comprendras-tu que l'heure est grave,
Ou veux-tu devenir De
((
mon
mon âme
Tandis que
Avec La
l'avion, ce
mer
l'esclave
horrible envahisseur
survole.
symbole,
d'Icare, notre
Pendant que
?
mon
mer.
idéal plane,
Pur comme l'étendard de Jeanne, Dans
d'un bleu
le ciel latin,
C'est par-dessous
que
le
clair,
Barbare
Entre dans nos eaux et s'empare
De notre domaine
latin
;
deux eaux que chemme
C'est entre
L'infâme torpille ou la mine.
Le piège lâche
«
A chacun
et clandestin.
l'arme de sa race.
Un même monstre nous menace, ma sœur! c'est ce Germain dur, Sans
pitié,
ma
d'âme anti-chrétienne... mort,
11
veut
Il
est la nuit et
Il
veut que la terre le craigne.
il
veut la tienne,
nous
l'azur.
Et que, sur tous les peuples, règne
Son orgueil, celui de son
roi.
L'ITALIE ET LA FRANCE. veut éteindre
Il
Rome
Dont
la
lumière
hérita la première
Et que tu m'as transmise, à moi
Pour l'honneur de toute
«
275
I
la terre,
Belges et Russes, l'Angleterre,
La France, traquent
Nous abattrons
la
le
bête
Germain
Viendras-tu ce soir ou demain
Cria
:
«
? »
une voix de poète*
Levons-nous,
Le glaive
;
amour du monde,
Toi, l'Italie,
Alors, en Italie,
;
immonde
est
nu
;
temps
est
il
la gloire
!
apprête
Ses palmes pour nos combattants.
I
L'idéal de Paris et l'idéal de C'est le
même
et
splendide héritage de l'homme.
Aurore d'avenir qui nous Dans
la
France, ton
Italie, ô
Uome,
luit
du passé
cœur lui-même
est
!
menacé,
mère éternelle!
Ouvre donc en chantant, toute grande, ton
aile
Au-dessus des sommets de l'Alpe, blancs et purs. Et par-dessus la mer, entre les
Le poète a
Dans
1.
G.
le
dit.
deux azurs.
Sa voix vibre
cœur de son peuple
d'Annunzio.
libre
»
L'ITALIE ET LA FRANCE.
276
Qui frissonne et répond L'Italie,
comme une
harpe au vent.
heureuse, est enfin venue
Son Épée est helle,
;
elle est nue,
Et flamboie au soleil levant
Comme
Noble lame d'acier, par Elle vaincra, l'Épée
Car
le
A
monde
immortelle
âmes
flot
vivant
dorée,
et sacrée,
—
est pareil
l'inaccessible soleil sa
monte en suivant
Rien ne Ni
la gloire
secret des
Que rien n'arrête en Et qui
du
Astarté qui sort, blonde,
fait dévier,
l'astre,
marche assurée.
sa courbe et son destin.
dans l'éternel espace,
corps de feu, qui passe et qui repasse,
Ni cet autre soleil, notre idéal latin.
Aube d'un
renaissant, d'un immortel matin.
RUSSIE
La traduction du poème en langue rmse fois, entreprise, et
plusieurs fois abandonnée,
traducteurs. Enfin réalisée, elle et
fut, plusieurs
me
par divers
fut envoyée naguère
ne m'est jamais parvenue. Tout donne à croire quelle
a disparu dans un naufrage en Méditerranée.
Juillet 1917.
{
LA MARCHE AU TOMBEAU A
Tolstoï.
Le gjand vieillard a pris son bâton de voyage.
Gomme un Il
chêne qui doit sa force à son grand âge,
est très beau. Sa taille est
Sous
le
haute
;
ses
yeux pers,
front chargé d'ans, ont de jeunes éclairs;
Lasse des vanités trop longtemps entendues,
Son De
oreille se
la
Sur
cache aux broussailles tordues
barbe sauvage
la
et des
cheveux, mêlés.
tempe, aux sourcils très longs,
Le nez s'écrase,
tel celui
La bouche, qui se perd à demi sous
De
la
comme
de Michel-Ange la
envolés;
;
frange
moustache épaisse aux rudes poils chenus,
Raconte, en mots profonds, des rêves ingénus.
LA MARCHE AU TOMBEAU.
280
Ne jugeons pas ce chêne aux tares de l'écorce; il est vieux et plus son grand cœur a de force
Pius
L'âge accroît en beauté les forêts et les mers; Et ce vieillard, miroir profond de l'univers,
Répète, à lui tout seul, en paroles sublimes.
Tous
les cris
de douleur qui montent des abîmes.
Pourquoi, vêtu de bure et
le
bâton en main,
mis en chemin?
Vieillard, vers quel pays t'ee-tu
* * *
—
((
J'ai
J'aspire
trop vu que ce
monde
au règne heureux de
est
un enfer de haine
tendresse humaine.
la
Le riche a des châteaux, des terres, des valets;
Le pauvre, sur
le seuil
lumineux des
Grelotte et voudrait bien entrer
Cependant
qu'il
gémit
on
:
palais. le
repousse.
sa plainte affreuse et douce,
Le bal voluptueux chante
et rit
dans
les fleurs.
Trouvant que tant de joie insulte à ses douleurs, Le pauvre sent son cœur se gonfler de colères.
Comment répond Par
la
haine,
—
le
riche aux haines populaires?
et voilà le cercle
Mais les pauvres se font aussi
la
douloureux!
guerre en4re eux,
Et les riches aussi se font entre eux la guerre.
Le prince détrôné qui, respecté naguère,
LA MARCHE AU TOMBEAU. que tout
Prétend.Mit
Par
le
mot
roi tient
virulent, par
son pouvoir de Dieu,
le fer
ou
feu,
le
môme
Attaque un autre roi qu'un
'-^81
Dieu couronne...
Quel est ce moribond qu'une foule environne?
Un
pauvre!... L'ayant vu travailler de ses bras,
La Grève, reine aveugle, a crié Il
Il
qu'un seul parmi ses frères
leur jette ce cri
Avec
:
«
les assassins, les
la
le
secoure.
juges triomphants la
vengeance,
perpétuer semblent d'intelligence.
Partout des échafauds sur des seuils de prisons
Un
))
J'ai trois petits enfants. »
Qui suscitent, par les vindictes,
Pour
Tu mourras!
liberté l'entoure;
meurt esclave; un peuple en
Et, sans
«
:
soleil
;
sanglant meurt sur tous les horizons;
De peuple
à
peuple on s'espionne, on s'assassine,
Et chaque nation détestant sa voisine.
L'une à l'autre ayant pris des drapeaux et de
pour
Sous
les cent mille pieds
s'être battu
l'or.
qu'on doit se battre encor.
C'est
de
La face de Jésus, agonisante,
Ouvrant sa bouche pâle
la cavalerie,
crie,
fermant ses beaux yeux.
et
En habit d'empereur, un spectre glorieux. Sabre en main, escorté de hideuses chimères,
La Mort,
— chevauche,
Écrase les enfants qui
et,
lui
sur
le
cœur même des mères,
tendent les bras
!
Le zénith clair ne luit que pour des yeux d'ingrats Nul ne
le voit
Étendu sur
le
vraiment que
le
dos, pour glisser
blessé qui tombe.
Ha
tombe.
:
LA MARCHE AU TOMBEAU.
282
Seigneur! des milliards d'hommes, des millions
De millions, dont l'âme appelle Meurent dans l'ombre
I...
tes rayons,
Et moi, qui porte dans
Toute une source fraîche où
luit ton ciel
Ne
puis-je leur donner, ne serait-ce
De
mon
Quand Oh!
pouvoir d'amour où
je parle,
ma
J'allais,
abandonnant
ma
comme un pauvre
famille et
Feignant d'être insensible aux Si j'entrais, vieux,
qu'un peu,
reconnu Dieu?...
voix se perd dans trop d'espace
par leurs chemins,
si,
j'ai
mon âme
en flamme,
dans
la
cris,
mes
!
qui passe,
biens,
aux pleurs des miens,
misère universelle,
Peut-être verrait-on au moins une étincelle
Du rayonnant
espoir que je porte en
Peut-être entendrait-on
le
mon cœur! moqueur
sceptique
Confesser que l'amour divin dans l'homme existe!
perdu, seul,
J'irais,
Ne
quittant, moi, qu'un vain
Comme Et, tel
Jésus quitta
le
Bouddha fuyant
Je ferais dire à ((
— pauvre errant que nul
mon
monde
royaume du le
n'assiste,
—
artificiel.
ciel
;
pays de son père.
peuple qui désespère
:
Puisqu'un jour, puisqu'une heure avant son dernier jour,
Ce vieillard vient à nous,
il
faut croire à l'amour!
Plein de sa soif d'aimer, qu'il n'a pas assouvie,
Et voulant, sans mourir, s'évader de
la vie.
Le vieillard merveilleux prit son bâton en main. Choisit
une nuit noire,
et se
mit en chemin.
»
LA MARCHE AU TOMBEAU.
285
* *
11
une nuit d'hiver, noire
choisit
Tout l'univers souffrant Il
*
et glacée.
criait clans sa pensée.
s'en alla, fouetté par la neige et le vent...
Deux jours plus tard
—
«
Ouvrez!
—
il
frappe aux portes d'un couvent
Quel est ton
((
:
»
nom ?
—
«
))
Je suis François d'Assise....
Je suis Jésus, étant le pauvre! »
Mais l'Église
Lui répondit
:
—
«
Passez, vieillard
on n'ouvre pas.
:
»
Alors, l'âge terrible alourdissant son pas. Il
sentit
un
Et chercha
frisson dans sa chair misérable,
du regard un pauvre secourable
Près de qui s'endormir au revers d'un talus...
—
((
Me
voilà sans abri,
Me
Quand
voici
dans
sous
la nuit,
tout souffre, souffrir par
Mon âme Dont je
parmi ceux que nul ne connaît plus amour,
c'est
mieux vivre.
est libre enfin, loin des riches joyeux
me
fis
longtemps
le
complice odieux.
Maintenant je serai ton serviteur Seigneur, dans
fidèle,
la vie à la fois, et
;
le givre;
hors d'elle!
»
LA MARCHE AU TOMBEAU.
284
Mais, dès qu'il crut avoir a\îCompli son dessein,
La Mort
lui dit
:
— Seule,
j'ai
Déjà, ce
vu l'amour
à sa
Sur
terre, ô
lumière,
grand
Quand Jésus
—
vieillard, nul
chemin ne conduit
et tes clartés sont
a quitté son ciel
n'a trouvé
que
Ce n'est qu'au
dis qu'à
la défaite et
qu'on
ciel
Tu veux dormir? Ne
moi
voici
les
est
mon
de
Ton rêve
pour votre terre, l'abandon.
compris lorsqu'on
sein; voici
ma ta
est bon,
couche.
bouche
l'on
achève ailleurs.
Plein de sa soif d'aimer qu'il n'a pas assouvie, Celui qui, sans mourir, s'évadait de la vie.
L'étrange pèlerin, son bâton au côté.
S'endormit dans
la
mort Éci'it
I
les sots ni les railleurs.
ceux que
est de
la nuit.
j'ai fait taire.
mots suprêmes de
Que ne comprendraient pas Dors...
sein
source profonde;
Seuls parlent avec Dieu ceux-là que
Il
mon
que tu vois reste invisible au monde;
A
la
Vieillard, la paix n'est qu'en
((
et l'immortalité.
au lendemain de
la
mort de
Tolstoï.
JkAN AlCARD.
»
ARMÉNIE - POLOGNE AMÉRIQUE
ARMENIE
Son poète,
Erémian,
P. S.
pour
a jeté
elle la plainte
inoubliable.
Vivant infini
:
«
la
passion qu'elle souffre,
Je suis fatigué de mourir!
Il
supplie Dieu et lui dit
Il
a cette vision
(f
La Mort frappe à
Il
a,
:
«
il
prononce ce mot
»
Sortez du silence
permanente
!
»
ma porte
:
avec
l'os
de son doigt.
»
pour sa nation, l'espérance qu'elle goûtera un
jour les douceurs de
la
paix, sous
l'ombre claire des
oliviers, sous la fraîcheur des vignes.
Au sommet du mont nimbée d'aurore.
Ararat,
il
voit la gloire debout,
Elle attend le final
triomphe des mar-
tyrs d'Arménie, de ceux, ô Christ vivant, qui
pour f avoir aimél
»
«
sont haïs
POLOGNE
La légende populaire de Saint-Nicolas, remonte à
la
mémoire. Le hideux boucher
coupé en morceaux
a tué et
les
petits enfants.
Leurs membres dépecés furent jetés au
saloir,
san-
glants, mêlés, méconnaissables.
Les petits enfants sont dans la mort définitive.
Mais Saint Nicolas passe; restes invisibles,
—
((
foi,
Levez-vous
il
dit, la
I...
et,
debout près de leurs
main haute, comme pour bénir
Vous n'êtes pas morts, mais, par
vivants pour la force et la grâce.
Et les voilà qui s'évadent hors de Et voici
la
la
:
la
»
mort oubliée.
Pologne qui rassemble ses membres dé-
pecés.
Le mauvais
songe, dès le
réveil,
sera
comme
n'avait jamais été. 49
s'il
POLOGNE.
290
Un
siècle,
deux siècles de douleurs
s'efîacent,
dans
la
minute des résurrections promises, commencées, certaines.
Et
le
drapeau
amarante déjà
azur où resplendit l'aurore des
flotte vivant
dans un
libertés.
i
AMÉRIQUE
On
a
cru longtemps que des grains de blé, ensevelis
en des flacons bien clos,
il
y a des millénaires, avec les
momies d'Egypte, gardaient une immortelle,
—
vie persistante,
que ces graines, remises en
et
après des vingt mille années,
pouvaient
comme terre,
germiner
et
verdir encore. Cela est vrai
de certaines essences, c'est-à-dire des
sentiments et des idées.
Le
xviii«
siècle
a
porté en Amérique un grain qui,
tout à coup, au xx«, devient moisson, moisson
d'hommes,
moisson d'âmes.
Par millions, en Amérique, se prêtes à défendre en Europe toutes les nations
armée des Et voici tania,
la
lèvent
des énergies
liberté des nations, de
du monde, contre
la
vieille autocratie
forces jeunes de la science.
un autre miracle, du même ordre
comme une
:
Le Lvsi-
richesse perdue, se noie aux sillons
AMÉRIQUE.
292
des eaux atlantiques.... El voilà qu'aussitôt cette semence,
qu'on croit à jamais disparue, lève, les
mers des
flottes nouvelles,
—
fait se
lever sur
au-dessus desquelles pal-
pite le pavillon étoile. ...
Sois salué par toutes lésâmes, pavillon d'Amérique,
où des lignes de pourpre figurent coulant en ruisseaux,
monde que
répètent au
même mers,
— les
et
le
où des
sang des sacrifices étoiles
assemblées
heures de nuit sont celles-là
qui font apparaître, au-dessus des terres et des
—
plus d'infinies clartés.
le
Jean âicard.
'ari*,
799^6.
15 juin 1917.
—
Imprimerio L*hlre, rue de Fleurus,
9, à
Pari
<..," N
V^
,t^Q ?152 A^S3
Aicard, Jean François
Victor
CARDS OR
.^ ^
^
^^^^•'
Le sang du sacrifice
PLEASE
DO NOT REMOVE
SLIPS
UNIVERSITY
^
l^v
'^•«^r-.
FROM
THIS
OF TORONTO
LIBRARY