Le sang du sacrifice. (1917)

Page 1







LE SANG DU

SACRIFICE


ŒUVRES DE JEAN AlCARD

Collection

m-18 jésus à

4

francs

le

volume

ROMANS

— Roi de Camargue, vol. — L'Été vol. — Notreà l'Ombre, vol. — L'Ame d'un Enfant, Dame d'Amour, vol. — Diamant noir, vol. — Fleur vol. — d'Abîme^ vol. — Melita, vol. — L'Ibis bleu. vol. — Benjamine, vol. ~ Maurin des Maures, Tata, vol. — L'illustre Maurin, vol.

Le Pavé d'Amour,

1

vol.

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

POÉSIE

Les jeunes Croyances, 1 vol. — Rébellions, Apaisements, — Poèmes de Provence (cour, par l'Acad. fr.), 1 vol. — 1 vol La Chanson do l'Enfant (cour, par l'Acad. fr.), 1 vol. — Miette et Noré (cour, par l'Acad. fr. Prix Yitet), 1 vol. — Lamartine (cour, par l'Ac. Prix du budg.), 1 vol. Le Livre d'heures de l'Amour, 1 vul. —Visite en Hollande, 1 vol. — — l'Homme, vol. Le Dieu dans 1 Au Bord du Désert, 1 vol. Le Livre des Petits, 1 vol. — Jésus, 1 vol. — Le Té-

moin (Poème de France, 1914-1911), du Sacrifice, 1917, 1 vol.

1

vol. à 2 fr.

50

— Le Sang

DIVERS

— Alfred de "Vigny. Milo, 1 vol. — Cris dans la Mêlée, 1 vol

La "Vénus de

1

vol.

Des

THÉÂTRE

Au

Pygmallon (un clair de la Lune (un acte en vers), 1 vol. Smilis (4, actes en prose, à la Comédieacte en vers) 1 vol. actes en vers repréPère Lebonnard vol. Le Française) 1 (4 Don Juan, 1 vol. sentés à la Comédie-Française), 1 vol. Othello, le More de Venise (5 actes en vers, représentés à la Comédie-Française). Portrait de Mounet-Sully, par Benjamin La Légende du Cœur (5 actes en vers Constant. 1 vol. 4 fr. représentés au Théâtre Antique d'Orange et au Théâtre SarahLe Manteau du Roi (5 actes en vers Bernhardt), 1 vol.

représentés à

la

Théâtre, tome

ry9:20.

Porte- Saint-Martin),

1

vol.

Théâtre, tome

II.

Imprimerie Lauure, rue de Fleurus,

9,

à

Paris.

1.


'''^ffîl

JEAN AICARD de l'Académie française Président de l'Union française

LE SANG DU

SACRIFICE Avec traduction anglaise par Miss et

itf?'

traduction italienne par M. S.

GUNNING

LALLICI

AUX NATIONS ALLIÉES A

RUDYARD

KIPLING, A CARDUCCI, a D'ANNUNZIÛ A

TOLSTOÏ

ARMÉNIE - POLOGNE AMÉRIQUE 19 17

'^'•^-1-

PARIS ERNEST FLAMMARION, EDITEUR 26,

Itioils (le trailuftion,

RUE RACINE, 26 d'adaptation el de repiodiictioii lènt-wi^ pour tous les pays.


ZISX

Droits de traduction et de reproduction réservés

pour tous les pays. Copyright 1917,

by

Ernest Flammarion.


LE SANG DU SACRIFICE

A A

LA France,

LA Belgique, a l'Angleterre,

A A

LA Russie,

la Serbie, ad Monténégro,

A LA RODMANIE, A l'ItALIE, Au Portugal, A l'Amérique, A TOUS LEURS blessés,

a

tous leurs morts,

Ce poème Est dédié.

France!

Il

cria

Il

tomba, face au

:

«

»

puis, sans douleur ni pensée,

ciel, la poitrine

percée,

Parce qu'ainsi l'avaient voulu de mauvais

Renversé sur Il

le dos,

entra dans la mort

rois.

comme en croix. comme en un vaste rêve.

bras ouverts,

1


LE SANG DU SACRIFICE.

2

Tout d'abord,

il

dormant sur une grève,

se crut

Car, tout autour de lui, les soupirs des mourants,

Réguliers, traversés de longs cris déchirants,

Semblaient être

Dans

Puis

les nuits

il

Alors, Si

s'éveilla, il

la

mer

se tord désespérée.

mais seulement en

esprit.

parut qu'il était Jésus-Christ;

lui

bien que, sans surprise entré dans

Martyr démesuré, cloué contre

Tournoyante, Il

marée

voix d'une horrible

la

— dont

il

mystère,

le

la terre

épousait le contour.

couvrait l'univers d'agonie et d'amour.

Et les

mers

matins roses,

et les ciels, soirs rouges,

Les appels infinis des êtres et des choses.

Les brutes des forêts et

les

oiseaux de

l'air,

Tout s'unit dans son cœur pour conjurer

l'enfer.

Soupirs des océans, légers soupirs de l'homme,

Tout

est

C'est le

Et

si

rythme profond, dans rythme qui

fait les

la veille

univers

si

ou

le

somme.

beaux.

tous les longs cris hurlés sur les tombeaux.

Tous ceux des moribonds hérissés d'épouvante, Et tous ceux de la mer, en fureur

quand

il

vente,

Différents et mêlés, se heurtaient dans les airs,

Un rythme encor, Quand

le ciel

pareil

au bruit des vastes mers,

disloqué croulerait en décombres,

Soumettrait ce chaos aux lois fixes des nombres.


LE SANG DU SACRIFICE. Nul

cri, le voulût-il,

ne demeure isolé;

Et des milliers de cris, dans l'espace troublé,

En rencontrant des

milliers d'autres, s'y confondent;

D'autres milliers, distincts de ceux-là, leur répondent; Et ces accords fatals font, de ces cris discords. L'éternel souffle égal des vivants et des morts.

L'homme gisant, couché dans son sang qui Au grand rythme de la douleur universelle Frissonne, transformé de

la

ruisselle.

nuque aux talons;

Les pentes de ses flancs lui semblent des vallons Ses genoux soulevés sont

comme

des montagnes

Tout son sang coule en fleuve à travers

Son âme sent ses

os,

douloureux

les

;

;

campagnes

et cachés.

Sous terre et sous sa chair se confondre aux rochers Il

est tout, vie et

Tout

l'esprit

mort, l'antinomie entière,

pur qui souffre en l'immonde matière,

Et, sur son globe affreux, prêtre et victime, tel S'offre

aux dieux inconnus

le

martyr immortel.

;

;


Nous, les fleuves, porteurs de mondes, des névés vierges et blancs,

Fils

Nous, qui dans les plis de nos ondes,

Capturons des

Nous

soleils

tremblants

;

qui, d'une fraîche lumière.

Baignons, en des ciels reflétés, Près des fiers châteaux, la chaumière, Et les hautes tours des cités

;

Nous, créateurs de capitales.

Nous qui ne reculons jamais, Nous, de qui

les

sources natales

Sont des vierges sur des sommets

Sous

le

;

vieux pont qui les encadre.

Nous qui, de tous nos

flots

chantants.

Portons aux mers plus d'une escadre

De lourds bateaux, trésors

flottants

;


LE SANG DU SACRIFICE Nous, les grandes routes en marche, Bleus liens des peuples amis,

Nous qu'on

fait

passer sous une arche

Triomphants, libres

et

soumis;

Nous, faiseurs de beautés utiles, Nous, les grands fleuves généreux,

Qui jetons les fleurs de nos

Sur

le

sentier des

îles

amoureux

;

Mais aussi qui rendons fécondes Les vignes, et féoonds les blés

;

Nous,

mondes

les fleuves,

porteurs de

Par qui donc sommes-nous troublés?

Un nouvel Rouge

affluent arrive,

et noir

La fauvette

dans nos claires eaux;

a fui notre rive.

L'abri chantant de nos roseaux.

Plus de couple aux mains enlacées

Dans

les sentiers verts,

sur nos bords.

Où sont nos puretés passées? Pourquoi charrions-nous des morts? L'incendie affreux nous colore. Blafard le jour, rouge la nuit;

Nous ne voyons plus d'autre aurore Il

est en

nous

la

mort qui

luit.

:


LE SANG DU SACRIFICE. La cathédrale flambe et croule; El partout des fantômes noirs,

Des exilés, en morne foule, Errent dans l'horreur des grands soirs.

Nous voulions Sainte paix,

Nous

voilà,

le

bonheur des hommes,

amour innocent.

.

.

maudits que nous sommes,

Des fleuves de deuil et de sang.


l'homme

Alors,

Répondit

gisant, roidissant ses vertèbres.

et sa voix

fit

trembler les ténèbres

:

Les fleuves coulaient purs; des monstres sont venus

a

Les traverser de fleuves

J'ai

!

Vos bourgs

maux

jusqu'alors inconnus.

voulu protéger vos eaux claires,

et vos cités

Vos palais, vos jardins,

aux clochers séculaires,

— vos pères,

les névés,

Les ciels qui, dans vos eaux, semblent des cieux rêvés.... Et c'est pourquoi je meurs, bras ouverts, face aux astres fleuves,

Adieu

!

désormais miroirs de nos désastres,

— Mais,

tôt

ou

tard, je revivrai vainqueur;

Fleuves-rois, votre pourpre est le sang de

mon cœur.

»


Voici. Les monts, dont la hauteur fait des abîmes,

Les monts vêtus de blanc, qui portent sur leurs cimes

Des bandeaux scintillants de constellations, Crièrent vers les rois et vers les nations

«

Hauts

et purs,

:

nous étions des autels sous un

Les premiers visités de

la

première

voile,

étoile,

Les premiers colorés du jour oriental. Et l'éclair, qui vous luit

Nous

comme un

signe fatal,

nous, l'alliance scellée

signifie, à

Des feux du ciel avec

la

neige immaculée.

Pourtant, quand vous montiez vers nous, bâtons en main.

Nous mettions

à vos pieds tout ce qui n'est

La plaine aux lourds travaux, Et nos souffles,

le

la

qu'humain,

mare aux lourds miasmes

vent des grands enthousiasmes.

Qui vous prenait dans son remous torrentiel,

Vous

inspirait le

vœu

d'escalader le

ciel.

Aujourd'hui, vous dressez jusqu'à nous haine et honte;

Vos cœurs se font plus bas dans

le sentier

qui monte,

;


LE SANG DU SACRIFICE. Et vos souffles de

Hier,

mort empestent

les glaciers.

nous déchirions, quand vous nous

Nos longs voiles;

traversiez,

et nos vierges, les neiges hautes,

Vous accueillaient avec douceur,

comme

des hôtes

;

Dieu qui mourut sur un mont rocailleux

Et le

Vous souriait

ici

du fond des

ciels plus bleus.

Aujourd'hui, vos canons, noirs sur

la crête

blanche.

Ébranlant les échos, provoquent l'avalanche. Hier,

quand votre amour menteur nous

vénérait,

Malgré tous nos orgueils, nous gardions un regret

Parce que

la

hauteur se nommait

la frontière;

Mais, l'esprit triomphant sans fin de la matière,

On

voyait, survolant nos déserts sans chemins.

Condors miraculeux, vos grands oiseaux humains Tenter en plein azur les hautes traversées

;

Et nous étions sous eux fiers et pleins de pensées.

Avec vous, vous avez abaissé notre orgueil: Maintenant nos glaciers sont tristes

comme un

deuil,

Parce que l'avion, d'où pleut un sang de crimes, Souille la majesté tranquiHe de nos cimes.

Nos gouffres, débordants de nuit, sont moins affreux

Que

les

cœurs des mortels qui s'égorgent entre eux.

peuples sans raison, que

la

haine gouverne,

L'ours est meilleur que vous dans la noble caverne,

Et le loup vous méprise, et l'aigle vous maudit, Et les vrais ciels vous sont

un domaine

interdit. »


Le doux martyr chrétien, plus beau que Prométhée,

Aux monts hautains

«

jeta sa réponse irritée

Vous rêviez sous

le ciel

;

des

:

hommes

sont venus

Vous traverser de maux jusqu'alors inconnus. Mais moi, l'esprit qui garde

Monts hautains,

j'ai

^§t le

cœur qui protège.

voulu secourir votre neige,

Vos glaciers glorieux, vos salubres chemins, La liberté qui

vit loin

des pactes humains,

La suprême beauté de votre forme altière. Et je vous défendis, Si j'ai J'ai

même

obstacle et frontière.

bien combattu, les plaines

le diront.

voulu vous garder vierges de tout affront;

Et vos orgueils sont faits du meilleur de

mon

rêve.

Qui vous foule du pied croit que son cœur s'élève Qui respire votre air sent s'élargir son cœur; Mais celui-là n'est pas encore un vrai vainqueur,

Puisque Et que

l'esprit

connaît une plus fière cime

le sacrifice est

un mont plus sublime.

;


LE SANG DU SACRIFICE. t

pour

l'avoir gravi,

les effrois,

les bras

vos manteaux royaux, blancs

comme

meurs

es gouttes de Je

malgré tous

tombé

je

à vos pieds,

mon sang

il

en croix, les

hermines,

sont des taches divines

;

meurs plus grand que vous, foudroyés immortels

La victime est plus près de Dieu que les autels.

»

:


Il

dit.

Et

S'offrait

le

sang pur qui vidait ses artères

aux grandes

soifs des arbres,

Et, des fonds d'agonie 11

écouta gémir l'esprit de

«

Nous étions

sous les terres;

où son âme sombrait, la forêt

les forêts

Nous balancions nos dômes

:

profondes, verts

Qui se mouvaient par grandes ondes

Comme

les

mers.

Nous abritions sous nos ramures Des

fruits,

En imitant

des fleurs, des chants d'oiseaux, les

beaux murmures

Des vastes eaux.


LE SANG DU SACRIFICE. Nous donnions

à la

pauvre femme,

Au vieux qui marche avec

effort,

Nourriture de l'âtre en flamme,

Notre bois mort.

A

^^

la

lourde hache coupante

Qui mutilait nos frondaisons,

^BNous

^H

donnions, hommes,

la

charpente

De vos maisons.

I

fous donnions le fruit, la fleurette

;Au petit écolier, content

De surprendre dans sa

retraite

Le nid chantant. Le soupir de Tombait,

la tourterelle

comme un charme

Du nid qui

subtil,

rêve sous son aile

Au mois

d'Avril.

Nous aimions

à tenir cachées

Sous nos fleurs, dans nos sentiers creux, Vos jeunes têtes rapprochées. Chers amoureux.

Nous étions

les forêts profondes.

Nous balancions nos dômes verts Qui se mouvaient par larges ondes

Comme

les

mers.

13


LE SANG DU SACRIFICE.

14

Et maintenant, sous des mitrailles enragées,

Nos troncs déchiquetés du

fer, noircis

du

feu,

Gisent, dans les débris des branches "saccagées Et,

;

morts désespérés, tendent leurs bras vers Dieu.

Nous étions

les forêts

indulgentes et douces

Nos bons chênes, toujours plus

;

forts d'être plus vieux,

Laissaient vivre à leurs pieds les étoiles des mousses,

Le

frêle insecte d'or, et la

Nous étions

biche aux beaux yeux.

grands bois, grands

les

comme

des royaumes

Les bois mystérieux sont des temples mouvants, Et leurs piliers, porteurs de flèches et de dômes,

Les balancent au souffle harmonieux des vents.

L'âme trouvait en nous des mystère

clartés imprécises.

d'un saint lieu

Tout

le

Nous

étions, sous le ciel, les vivantes églises

Que chaque Et

le ciel,

avril portait

hommage

;

un peu plus près de Dieu.

dont l'entrée en nous est

Écoutait notre

Quand

et les silences

la clairière,

à la splendeur

du

jour.

l'orgue frissonnant des forêts en prière

Chantait l'hymne de vie et d'éternel amour.

»


«

Forêts,

j'ai

défendu vos hymnes, vos ombrages,

La nuit douce qui pleut de vos rameaux épais; C'est sur

moi qu'ont frappé

Quand on vous

haine et les outrages,

la

dévasta, grands asiles de paixl

du monde.

Forêts de France, et vous toutes, forêts

Vous que peupla de dieux

le

Vous, dont

la nuit sacrée,

antique, est

Que

du

la

nuit

ciel,

rêve épouvanté, si

profonde

seule, a plus de majesté;

Ce qui mourut, par vous revit et se relève

;

Les cercueils, nés de vous, en vous reverdiront;

En vous, ma chair déjà monte Et l'unité du

monde abonde

;

elle est votre sève

sous

mon

Forêts, je souffre en vous; votre plainte est

L'hymne de vos douleurs Et je

A

me donne

vous,

filles

à vous en

est selon

mon

communion

du bois qui porta

;

front.

ma

esprit

sainte,

Jésus-Christ.

»

;

plainte


En des courses toujours

et

jamais achevées,

Avec des

cris sans fin, sans fin se poursuivant.

Les

montagnes d'eau par

flots,

Cherchent à fuir Les monts, ces

forêt,

dans

retrouvent en

comme au temps les plis

les océans,

La vie

même

est

un

elles,

des chaos primitifs.

et ses

rythmes

plaintifs.

premiers pères des mondes,

L'être troublé ressent qu'il en fut

La grâce

engendré

;

naît des courbes de leurs ondes

frisson de l'abîme sacré.

Or, la vague en fureur par des vagues suivie,

Transformant ses clameurs en malédictions,

Tous

'

des houles éternelles,

Reconnaît sa nuit verte

Devant

tumultueux du vent.

flots figés, se

Mais mouvants

La

le fouet

vent soulevées.

le

les vieux océans, pères

Ont crié vers les rois

de toute vie.

et vers les nations....

;


I

«

Sous

Avec vous,

le fer et le

comme

feu des grondantes machines,

vous, soumis aux mauvais temps,

Courriers disciplinés, nous courbions nos échines,

Nous portions vos trésors

et vos léviathans.

Quand vos vaisseaux servaient

les paisibles

conquêtes,

Nous, sûrs de battre en vain leurs boucliers épais,

Nous

étions, sous vos pieds niveleurs de tempêtes.

Des plaines d'alhance

Nous éprouvions

et

des chemins de paix.

l'orgueil de servir le génie

Les

hommes nous

Et,

sources et miroirs de

;

semblaient nos rois victorieux

;

la vie infinie,

En eux nous vénérions des dieux

faiseurs de dieux.

Grands vaisseaux, nous baisions l'acier de vos cuirasses, Car vous deviez soumettre au cœur l'instinct dompté. Et vous portiez l'espoir de rapprocher les races Et de les fondre

un jour dans

la sainte unité....


LE SANG DU SACRIFICE. Et voilà que, sous nos abîmes,

Où l'ouragan

par amour.

fait,

Des bouleversements sublimes,

Chemins ouverts aux

rais

du jour

;

Nos gouffres qui, des nefs géantes,

Ne voyaient que

les

ventres noirs.

Les aspirent, gueules béantes Et formidables entonnoirs.

comme une

Le steamer, grand

ville.

S'arrête, sifflant et soufflant,

Quand

la torpille,

Touche, éclate et

foudre le

vile.

perce au flanc.

Trois mille innocents, enfants, femmes, Affolés,

Sur

le

tremblent sur

le pont....

désert des hautes lames

Pas une pitié ne répond.

Le géant chancelle,

il

s'entr'ouvre.

Il

bascule, tout frémissant.

Il

enfonce.... La

mer recouvre

Le grand paquebot qui descend. Sous des

flots

qui n'ont plus de houle,

Vaincu sans combat, sans canon, II

descend, chargé d'une foule,

Vers

(les

fonds qui n'ont plus de nom.


I

LE SANG DU SACRIFICE. Un

frisson de quelques secondes

Court sur ce point de l'Océan, Frisson d'horreur des grandes ondes

Qui plaignent

le

vaisseau géant.

L'épave expirante se couche... Les morts vont vite sous les

flots...

Et des monstres heurtent leur bouche,

Leurs dents

On vous

et leurs

yeux aux hublots.

attendait dans les havres.

Morts mouvants, bercés des

flots verts.

Vaisseaux montés par des cadavres

Dont

les

yeux resteront ouverts.

»

19


Et

la

mer

indignée a crié

:

«

Qui S'il

Un

commet le grand crime et l'avait résolu? ose se nommer, celui-là, qu'il se nomme! cri

répond au loin

C'est le son d'une voix Si faible

»

:

«

Je ne

où tremble

l'ai

le

pas voulu

D'un loup pris par

mensonge,

la

mais que l'écho prolonge,

rage et hurlant au perdu.

Je n'ai pas fait cela, répète la voix sourde.

Je ne

»

qu'on peut croire avoir mal entendu;

C'est le cri sourd, lointain,

«

Quel est l'homme

l'ai

pas voulu

!

»

Puis, toujours faiblissant,


I

LE SANG DU SACRIFICE.

comme

perd dans

nuit lourde,,.

Le

cri,

des éclairs muets semblent trempés de sang.

I

étouffé, se

la

21


((0 fleuves, forêts, monts, et vous, mers sans limites,

Je vous prends à témoins

que cet homme-là ment.

une espèce maudite.

Il

a fait de sa race

Il

ment timidement

Il

ment. So^ cœur frissonne et sa raison

et

désespérément.

Fleuves et mers, forêts immenses,

fiers

Gardez bien son mensonge et gardez

ma

s'affole.

sommets. parole

;

Et vous, pelils enfants, gardez-les à jamais.

essaie

Il

Le

un mensonge

cri qui

à la hauteur

du crime

;

veut mentir n'est jamais assez haut.

Seule, la vérité peut atteindre au sublime Elle est le verbe, et le

mensonge

n'est

:

qu'un mot.

»


Ainsi cria, dans l'étendue,

Le géant blessé,

tel le Pliiloctète

ancien

;

Et sa clameur fut entendue,

Du couchant au Il

Tous

dit

levant, par l'univers chrétien.

encore

:

-*- «

cieux, ô terre,

les sacrifiés saignants parlent

Je porte, en

mon cœur

L'univers tout entier, son

en moi

:

solitaire,

amour

et sa foi.

Je suis la vérité profonde.

L'espoir divin qui meurt, sans fin ressuscité,

L'âme en qui se mire L'esprit secret qui

mène

le

monde,

à Dieu l'humanité.

Plus souvent je meurs, plus s'élève,

Vers l'inconnu voilé, le désir des mortels Je suis le spectre, né

;

du rêve

Qui porte en soi tous les astres de tous

les citls.


LE SANG DU SACRIFICE.

24

Je lègue

amour

Aux hommes sans

et

renaissance

pilié qui s'égorgent entre eux,

Je suis le sacrifice, essence

De l'amour,

— idéal de tous

Les terres, Saignent avec

les

mon

mers

les

douloureux.

et les fleuves

sang, parlent avec

ma

voix.

Pères en deuil, enfants et veuves.

Ne pleurez plus! Vos yeux verront ce que

je vois.

y>


I

1

dit.

Un grand

Qui vibra

frisson traversa tout le globe

comme

l'arbre effleuré par les vents

La grande nuit berçait dans

Tous

les sacrifiés, tous,

Toute

âme

est,

par un

les plis de sa

morts

fil,

liée

et survivants.

aux autres âmes,

Tout siècle se dévoue aux avenirs humains a

Si

Que

:

robe

personne ne meurt pour vous, disaient

:

les

femmes,

seront, chers petits enfants, vos lendemains?

Et la Charité, vierge

un

instant oubliée,

Résistait par le glaive à des soldats-bourreaux; Et, ficre

de souffrir,

la

vierge émerveillée,

En frémissant

d'orgueil, enfantait des héros.

L'attaque des

démons

Saint Michel

domptera

suscite les archanges; le

dragon renaissant

;

Et les justes noieront, en tombant par phalanges,

Les feux d'enfer sous le déluge de leur sang.

M

»


Monceaux de cendres écroulées, Pâles restes de l'Art divin,

Les spectres des villes brûlées Se lèvent en criant

:

«

Louvain

cœur de

Et Louvain,

la

!

Louvain

Louvain

!

Belgique,

Yille en cendre, brasier fumant,

Louvain jeta son Qui vibrera dans

« Je fus

le

cri tragique

monde

éternellement

un des temples du Livre

J'enseignais l'amour et la

:

;

foi.

Ces divines raisons de vivre Faisaient vivant le Livre et respiraient en moi.

feuillets frémissants des bibles,

Des savants vous ont lacérés! Et des philosophes horribles

Ont brûlé votre temple

et vous, livres sacrés!

I

»


I

LE SANG DU SACRIFICE.

27

Jadis le brutal Alexandre,

Poète, épargnait ta maison

:

Les barbares ont mis en cendre

Le Livre,

art, poésie,

ou science

et raison

l

Tout, bibliothèque et musée,

La beauté pure des esprits, Idéale et réalisée. S'ils

ont tout saccagé, c'est qu'ils n'ont rien compris.

Le feu fume,

la

cendre

vole....

Le livre se consume en vain

On ne brûle pas

la

:

Parole

Qui se lève, éternelle, et va criant

:

Louvain!

»

»


Alors

le Fer,

Ou sur

Cria, frère

«

dans

moins beau de

Mes services m'ont «

de

les entrailles

la terre,

l'enclume, au choc rythmé des lourds marteaux,

Fier de

l'or

que rien

fait le

l'homme que

Par où

la

je seconde, :

blessure féconde

le sol reçoit le grain.

Caressé, poli par la terre,

comme un astre; et, par mon labeur élémentaire,

Je luis

Par

Sont nourris

J'ai taillé la

Qui soutient

le

pauvre

moi.

et le roi.

colonne auguste le

temple des dieux;

J'ai fait la statue

ou

le

:

prince des métaux.

Je suis le métal souverain

J'ouvre

n'altère

buste

Des héros les plus radieux.


LE SANG DU SACRIFICE. Sur dompteur d'aveugles colères

Ou

d'injusles rébellions,

J'ai fait,

Ramper J'ai

A

devant les belluaires. l'orgueil des grands lions.

ceinturé l'orbe du

travers monts,

mers

Dans mes réseaux, Est

comme un

monde et forêts

la terre

;

ronde,

ballon dans des rets;

Et les vallons qu'enjambe

une arche.

Et les fleuves aux larges eaux,

Voient les

hommes

à lourde

marche

Vaincre les ailes des oiseaux.

Un

jour, la terre, traversée

D'un

fil

qui passe sous la mer,

N'aura qu'un c^ur, qu'une pensée, Et c'est grâce aux vertus du Fer

!

Et moi, moi qui donne à la terre Ces gages d'un destin meilleur. Je vois

mon œuvre

salutaire

Servir la haine et le malheur.

Poignée en croix, je fus l'Épée, Glorieuse au temps féodal, iMais

l'homme, qui m'avait trempée.

Renie aujourd'hui Durandal.

20


LE SANG DU SACRIFICE.

30

Il

préfère à l'arme qui brille,

Noble

et loyale

sous

le ciel,

L'aveugle et secrète torpille

Ou

le

gaz pestilentiel.

Déjà les hauts

faits

de naguère

Ont rejoint ceux des beaux tournois

Le guet-apens, voilà

Que conduit

la

guerre

l'espion sournois;

Je fus cuirasse ciselée, Je fus casque

Je pleure L'éclat de

Je pleure,

au cimier hautain....

ma gloire en allée. mon premier destin moi qu'on

dit sans

Le temps où Dieu parlait aux

!

âme, rois.

Les siècles où l'Épée en flamme Régnait,

alliée à la Croix. »

;


^B-

«

du héros, coutre dans

Glaive aux mains

Toi qui fus de tout

temps mon

Fer, par qui la beauté

la

charrue,

meilleur compagnon,

du monde

fut accrue,

Sois encor, lorsqu'il faut qu'elle soit secourue,

L'acier de la torpille affreuse et

Tue!

et sois,

pour

du canon.

l'instant, sans pitié;

moi, je saigne;

Mais le vrai dévoué ne veut pas qu'on le plaigne

Défendons-nous

:

mon

rêve et le tien sont

;

beaux

si

!

Dieu viendra. Pour tous ceux qui préparent son règne. Sculpte une gloire ailée au fronton des tombeaux.

Quand nous aurons vaincu

le

peuple des voraces.

Ces lourds buveurs de sang gorgés

d'immonde

Alors nous forgerons les dernières cuirasses Et toi, le dernier glaive

chair.

;

aux mains des nobles races,

seras pour toujours le Droit,

Ame du

fer

!

»


Dans leur antre, au pied des montagnes, Les lions, ces rois généreux, Les grands lions et leurs compagnes. Étonnés, se disaient entre eux

«

:

Oui, des rois, c'est ainsi qu'on

nomme

Les lions, pour leur majesté, Et parce que, plus forts que l'homme, Ils

sont les forts sans cruauté.

La faim seule en nous

Nous devons en subir

est cruelle; la loi

;

Mais nous abattons la gazelle

Sans jouer avec son

Poussés par

effroi

les lois infinies,

Dieu seul connaît pour quelle C'est sans

fin

!

nous plaire aux agonies

Que nous mangeons

à notre faim.


LE SANG DU SACRIFICE. On nous nommait

les

35

magnanimes....

Mais voici que, couvert de sang,

L'homme, chargé de tous

les

crimes,

Jouit des pleurs de l'innocent.

Il

n'est

donc plus

Des lions, jadis

si

le

digne maître

vantés;

Qui donc alors va reconnaître

Nos

titres et

nos majestés?

Pourtant, restons ce que nous sommes.

En restant

les seuls

lions, plus

généreux,

beaux que

Nous régnerons sur eux

les

hommes.

— contre eux.

»


«

Non, non, vous n'êtes rois que

Demeurez sans mépris Fauves

î

ne niez pas

et

les

si

l'homme vous nomme.

sans rébellion,

mérites de l'homme

:

Lequel de vous est mort pour sauver un lion ? Moi, je

meurs pour

servir l'immortelle lignée

De ceux qui, comme moi, servent l'homme Lions

1

— Et

idéal,

je bénis votre race indignée

Qui rapproche du cœur des

hommes

Votre Dieu, c'est celui qui brise

le

l'animal

superbe

Et qui vous imposa de respecter Daniel.

Mon

Dieu, c'est l'éternel sacrifié,

Plus fort que

le lion et

le

Verbe,

plus doux que le miel.

mon sang pur sans le que mon esprit et mon cœur soient

Apprenez à lécher

boire,

Afin

calmés,

Lions

!

Léchez

Soyez l'amour qui dédaigne la gloire.

ma

plaie affreuse, et vous serez aimés.

»


Le feu gronda

:

((

Quand l'homme eut capté

Éclair de deux cailloux heurtés,

Dans cette étincelle première conquit toutes

Il

«

Ce

mon

bois, petit feu.

premier groupe,

Vit en

clartés.

petit feu brille et pétille

Fais luire Et,

mes

»

la famille

moi plus qu'un

L'homme adora ma

:

être

claire

Qui réjouit en réchauffant

:

un

dieu.

flamme ;

Et je fus gardé par la femme, Et je fus chéri par l'enfant.

Ces êtres vivaient de chair crue J'ai cuit

:

ce premier aliment.

Puis leur faim, par moi secourue,

Connut

la

saveur du froment^

la

lumière,


LE SANG DU SACRIFICE.

36

Je fus le consolant mystère,

Le premier élément soumis, Et

j'ai

su donner à la terre

Les bonheurs que j'avais promis.

Si le fer,

qui tue et qui blesse,

Laboure,

Prend, à

mon

c'est que, lui si fier,

gré, de la souplesse

Et je suis le maître

du

;

fer.

Dans l'espace, aux sources natales, C'est

moi

l'étoile et les soleils

;

On m'avait donné des vestales Pour garder mes autels vermeils. Je suis la charité, le phare

Sous Je

les

:

ouragans, dans la nuit,

montre au bateau qui s'égare

Le récif mortel

Quand

je

Feux du

— qui

reluit

!

flambais en incendies. traître

ou de l'imprudent,

Des sauveurs aux âmes hardies Attaquaient

mon courroux

Sauvez l'enfant

le

vieux

Et, béni des peuples

émus,

((

!

grondant.

I

les

femmes

Un sauveur mourait dans les flammes. En héros, pour des inconnus

I

!

»


LE SANG DU SACRIFICE. Et maintenant la guerre allume,

Partout, des villages entiers!

Le globe est un volcan qui fume,

Un

seul

champ d'immenses

Et moi le foyer, moi

le

brasiers!

phare,

Je vois, battu par d'affreux vents,

L'homme,

pris de fureur barbare.

Nourrir mes feux de corps vivants ...Puisque l'homme,

I

ami des désastres,

Déc|iire les pactes conclus,

Éteignez-vous, clartés des astres

L'homme ne vous mérite

plus.

»

!

37


({

Foyer resplendissant,

Ne nous maudis pas

On n'éteindra jamais

j'ai

défendu

ta

flamme.

tous, ô feu mystérieux! cette étincelle

:

l'âme,

Ni l'éclair de l'esprit que l'homme a dans ses yeux.

Pour

la famille,

Pour

l'enfant,

Ce que C'est le

j'ai

pour l'époux

dont j'entends

défendu surtout,

Foyer

;

c'est

pour

le

et

pour

la

femme,

les pleurs et les

c'est bien la

clameurs,

flamme

Foyer que je meurs.

:

»


«

Nous,

la

matière, nous, les éléments, les choses,

Qui faisons quelquefois du mal sans Intelligences

mal

Sans idéal

sans devoir,

et

Nous subissions pourtant

L'homme nous

le vouloir,

écloses.

dirigeait,

l'influence des

âmes;

nous étions dans sa main.

Nous éclairions de vives flammes Son

ciel, sa

Nous étions

la

maison, son chemin. matière, aveugle, mais soumise;

Nos foudres pénétraient, en magiques éclairs,

La vie inconnue,

et surprise

Jusqu'au fond du palais des mers.

Nous avions aboli

la

distance et l'absence;

L'opacité fondait en spectres radieux

;

L'homme, aidé de notre puissance. Était presque l'égal des dieux.


LE SANG DU SACRIFICE.

40

iNous étions les

moyens, au lieu d'être l'obstacle

;

Toute nuit devenait, par nous, source de jour. Maître de l'heure et

du miracle,

L'homme nous menait

à l'amour.

Notre force en était sourdement réjouie

âme aux

Vaincue, elle prenait de leur

;

vainqueurs.

Une double vue éblouie Percevait l'unité des cœurs.

Et, lorsque,

lentement, se faisait sur

Un bien-être nouveau, par

globe

le

la sécurité,

Voilà que le sol se dérobe

Aux pieds de l'homme épouvanté. Et c'est lui qui sous lui creuse un horrible abîme

Qui détourne, de ses beaux destins, Lui qui nous enseigne

le

crime,

Lui que la matière dément

Mais tout veut l'unité

;

vie,

!

toute vie est lumière

Le radium promet ce que

La

— l'élément!

le

cœur rêva

;

:

en sa source première,

Est une lumière qui va.

Vous ne l'éteindrez point,

Vous ne

la

l'étincelle éternelle;

noierez pas dans vos poisons de mort.

L'infini, qui réside

en

elle.

Fera votre éternel remords.


LE SANG DU SACRIFICE. Où donc

est-il, celui

La souffrance Et

fait,

qui mêle à nos mystères

et l'horreur,

dont nous ne voulions plus,

de nos gaz délétères,

Sortir des

maux

qu'il a

voulus?

»


«

se cache-t-il

donc celui-là?

Qu'il paraisse!

»

Ce menaçant appel gémissait dans le vent.

Alors le cri lointain d'une angoisse en détresse

Traversa tout

le ciel,

du couchant au

pas voulu!

levant,

fl

Je ne

(i

Je ne l'ai pas voulu! o répétait-il plus bas.

l'ai

»,

proférait le coupable.

Et l'univers cherchait le spectre lamentable

Qu'on entendait partout, mais qu'on ne voyait pas.


Et le Sacrifié, dont les formes géantes

Portaient tous les blessés en elles, tous les morts, Jetait,

avec le sang des blessures béantes.

Les malédictions qui seront les remords. Mais les soupirs, les grands appels et les longs râles, Les cris de l'homme-enfant vers les foyers lointains,

Tout se tut

— quand

la

voix des hautes cathédrales,

Éleva dans le ciel Tangelus des matins.


«

L'avenir à nous se révèle.

Derrière l'horizon, d'où monte une clarté,

Une Jérusalem nouvelle Accueille avec des fleurs

En

un Christ

vain, les Attila, fauves à

En rugissant de haine ont

L'homme

ressuscité.

forme humaine,

hrisé nos autels....

mais, après tout, Dieu

s'agite,

le

mène.

Et nous symbolisons des rêves immortels.

Déjà, le feu

du

ciel éteint le feu

Le canon nous a

fait

un

Nous croulons, mais les

A

saints, q«i

;

surmontent nos porches,

jamais, dans le feu fumant, resplendiront.

Pour

A

des torches;

inutile affront

la

deuxième

fois,

Jeanne, au milieu des flammes,

levé ses regards vers le ciel imploré

;

Mais, tels que des dragons rampants, les feux infâmes

Se tordent sous

le fer

de l'étendard sacré.


r

LE SANG DU SACRIFICE. Un des bras de

la croix, abattu, gît

45

par terre;

Mais l'autre a retenu, pour qu'il soit

vu de

loin,

un grand Christ solitaire, prend le monde à témoin.

Cloué par une main,

Dont le bras libéré

Nos nefs, nos tours, ne sont que de fumants décombres. Le barbare avait cru frapper la France au cœur,

Jusque dans

le

passé tuer les grandes ombres,

Mais nous, spectres de Dieu, nous savons Dieu vainqueur.

Et les vents,

En

accourus du fond de

la nuit noire,

de Reims et de Paris,

traversant les ciels

Changeant leurs longs sanglots en Te

Deum

de gloire,

Font une harpe d'or de nos plaintifs débris.

On ne peut pas brûler avec d'immondes flammes L'esprit

pur qui broda nos dentelles

à jour;

Les vides en sont pleins de la lueur des

âmes

;

Nos rosaces en feu sont des soleils d'amour.

Nous sommes

les abris

des pâles multitudes.

Des mendiants d'amour qui cherchent leur chemin. N'ayant trouvé partout que sentiers longs et rudes, à tout breuvage humain.

Et l'âpre goût

du

Chacun porte

sa croix, sa misère

fiel

Nous allégeons chacun du

ou ses doutes

faix qu'il a porté

;

:

Et toutes les douleurs, nous les apaisons toutes,

Les unes par

la foi; d'autres,

par

la beauté.


LE SANG DU SACRIFICE.

46

Nous leur ouvrons

le seuil

des visions suprêmes

;

Et quand nos flèches crouleraient sous le canon, Toutes,

on

les verrait, renaissant

Remonter vers Celui qui La sphère est libre

Au

n'a dit

d'elles-mêmes,

que son nom.

et suit les routes inclinées

pôle irrésistible et fixe court l'aimant

;

;

Attiré par l'appel secret des destinées,

Le monde, au but divin, s'en va fatalement.

Or l'homme traversait l'heure

d'indifférence....

Les monstres ont surgi, l'homme s'est réveillé.

L'amour

et l'union transfigurent la

Qui resplendit aux yeux du Les peuples, réunis pour

France,

monde

la lutte

émerveillé.

dernière.

Ne renonceront plus au nécessaire accord. Tout un ordre nouveau naîtra sous

la

Qui nimbe les martyrs et qu'allume

On ne trouvera

lumière

la

mort.

plus une place sur terre

Où, par leur sang,

le

Ainsi s'accomplira le

mot de

paix ne soit écrit;

suprême mystère

:

Le royaume de Dieu fondé par Jésus-Christ. L'avenir à nous se révèle

:

Derrière l'horizon, d'où monte une clarté, Voici le Christ ressuscité

Et la Jérusalem nouvelle,

i


Les Cathédrales, noirs profils sur les

deux sombres,

Sans tours, sans clochers, tels des vaisseaux démâtés, Consolaient, en pleurant sur nos calamités.

L'âme des siècles morts, errant dans

les

décombres.

Seul, le sang des vitraux, dans la nuit sans couleurs, Rutilait;

un vent

noir, dans les orgues profondes.

Pour avoir traversé

la

misère des mondes.

Transformait le décombre en harpe de douleurs.

Et Celui qui savait et voulait salutaire

Chaque douleur de

ses grands

Répondait en esprit, pour tous

membres les

mutilés.

immolés

Couchés, les bras en croix, sur l'orbe de la terre...


«

Dans

Quand ma les

raison raillait le rêve de la foi,

temps où j'aimais

Hautes maisons de Dieu,

archanges rebelles,

les

si vieilles et si

belles,

Même

alors, vos clochers vibrants priaient

Ma

dans vos beautés, c'est

foi

la

pour moi.

prière encore

;

Et c'est pourquoi, vivant ou mort, je vous défends,

Vous qui

vîtes prier

mes aïeux

tout enfants,

Sous l'éclair des vitraux irradiés d'aurore.

Les rayons ne sont point l'astre;

Des faisceaux divergents

jaillis

il

flambe, au milieu

du centre en flamme

Mais un rayon suffit à mettre un ciel dans l'âme. Et,

même

sans

la foi,

l'amour, c'est encor Dieu.

Témoins croulants de nos croyances ancestrales, Devant vous, autels morts,

j'ai plié les

genoux...

Dans votre écroulement, priez encor pour nous, Maisons du sacrifice éternel, Cathédrales

I

.

;


LE SANG DU SACRIFICE. Que

serait le présent, sans votre

49

beau passé?

Nous ne saurions, sans vous, être ce que nous sommes; Sans votre élan vers Dieu, nous serions moins des hommes El c'est pour avoir cru que nous avons pensé.

«

Je suis la voie, a dit le Christ, je suis la vie.

»

Celui qui nous montrait, pas à pas, son chemin,

Quand, tout petits enfants,

il

nous tenait

la

main.

Nos yeux l'ont oublié, mais sa trace est suivie. C'est bien

pourquoi l'abîme a vomi ces démons

Qui voudraient dominer princes et républiques, Et qui, dans la beauté des vieilles basiliques,

Veulent anéantir tout ce que nous aimons.

4

Mais, ô Crucifié, notre éternel exemple,

L'ostensoir luit toujours dans notre

Et notre amour, dressé vers ton

cœur

fervent;

ciel, Christ vivant.

Est plus indestructible et plus haut que ton temple.

Nos peuples ont prouvé

qu'ils t'aiment, qu'ils sont tiens

Fondé sans ton amour, tout empire

est fragile.

Or, nous, qui n'avons pas renié l'Évangile, ?

Même

affranchis de toi, nous restons les chrétiens.

Les océans sanglants furent nos eaux lustrales [Le sacrifice

pur nous

a régénérés

ït, morts, nous chanterons les Te

;

;

Deum

sacrés

Sur l'orgue saint des renaissantes cathédrales. 4

;


LE SANG DU SACRIFICE.

50

Car déjà

luit le

Nos escadres Le coq de fer

Où sonne

jour des triomphes certains

le

le

;

voient flamber dans leurs sillages

chante aux clochers des villages,

l'angelus

du plus beau des matins.

»

;


Le Dévoué, tentant de changer d'attitude, Se hissa sur un coude, et la terre en trembla.... Il

vit alors venir,

Des bêtes, dont

étrange multitude,

beaucoup s'abattaient ça

et là.

Disparate troupeau d'animaux domestiques,

Chiens et chevaux, brebis

Fuyant

les toits

et

bœufs, de toutes parts,

en flamme ou les enclos rustiques,

Couraient, large torrent fait de groupes épars.

La guerre

!

Ils

fuyaient tous, en hordes lamentables.

Les ronflements du feu, les vacarmes du fer.

Qui faisaient un enfer des prés et des étables... Ils

fuyaient au hasard l'homme, l'ami d'hier.

Puis,

Tous

quand

ils

se croyaient sortis de la tourmente,

s'arrêtaient pensifs, tristes, baissant le cou,

Pauvres êtres, en qui naissait une Et que

l'homme inhumain

âme

aimante,

trahissait tout-à-coup.


LE SANG DU SACRIFICE.

52

En

cercle, les chevaux, rapprochant leur misère.

Naseaux contre naseaux, semblent tenir conseil; L'un deux, parfois, troublant Jette

un

cri,

le

cercle qui l'enserre.

qui provoque au loin un cri pareil.

L'agneau bêlait sa plainte aux mères éloignées,

Le chien, gardien sans maître, aboyait au perdu, Les bœufs songeaient, baissant leurs têtes résignées,

Au bon

foin,

désormais vainement attendu.


I

*

Hier encor, dans les enclos, dans les étables,

Calmes, nous attendions les heures du travail,

Quand des hommes, avec des Ont désolé

la

cris épouvantables,

crèche et traqué

Nous aimions

le

le bétail.

bon maître en compagnons

Son joug sur notre

dociles,

front, son harnois sur nos dos,

Hélas! et nous n'avons plus l'ami, plus d'asiles,

Nous, traceurs de sillons et traîneurs de fardeaux.

Dans l'ordre quotidien de nos crèches soignées.

Nous regardions

Comme un t

le foin

comme un

Qui pendaient du plafond dans un frais demi-jour.

Tout a croulé, tout a brûlé, _

signe d'amour;

signe de paix, les toiles d'araignées,

la

guerre gronde.

Nous servions volontiers l'homme, meilleur que nous.

Aux heures de

repos, devant ce roi

du monde,

jNous nous couchions, pliant sous nos flancs nos genoux.


LE SANG DU SACRIFICE.

54

Nous avions confiance en

Nous revenions vers Le

soir,

la

prudence humaine

l'étable, seuls

;

au besoin.

un pâtre enfant nous ramenait sans peine,

Et nous aimions son toit reconnu de bien loin.

Ils

ont changé les socs en épieux dans

Ils se

la forge,

mordent entre eux, comme des chiens

Et ne vont plus, cherchant à se prendre à

Qu'en troupeaux dévorants

comme

la

jaloux,

gorge,

en hiver les loups.

»


I

Pour dire

Chevaux '

ont des champs du maître,

le regret qu'ils

et

bœufs, brebis

et

Vers r horizon, où l'on aura

Tout hennit, bêle,

et tout

vaches, confondus, la

paix peut-être,

mugit

à

cous tendus.

Puis, sous l'éclair, rouge et tremblant, des incendies,

Sous

les

canons,

— muets

tantôt,

pour un moment,

-

Bœufs, chevaux et moutons, sur leurs jambes roidies,

Recommencent

;

à fuir, à fuir

Sous leurs mille galops,

[Palpitant à coups sourds

la

plaine au loin frissonne,

comme un tambour

Et le clocher voisin, pendant

Sous

le

éperdûment.

voilé....

que l'heure sonne,

tonnerre des canons tombe écroulé


«

Ghers amis, qui m'avez aidé dans mes conquêtes

Contre les éléments, jour par jour combattus, Je vous plains;

pardonnez

à

l'homme, nobles bêtes,

D'avoir ses passions sans avoir vos vertus.

Vous, que Jésus enfant caressa dans l'étable, Toi,

bœuf laborieux

Vous que

laisse

;

toi, l'âne patient.

éperdus

la

guerre épouvantable,

Pardonnez sa démence à l'homme inconscient. Petit

agneau bêlant, qui figurais naguère

Jésus lui-même et les candeurs des temps passés.

Cheval qu'il associe à ses travaux de guerre.

Chien

fidèle,

bon chien, secourable aux

blessés,

Pardonnez aux humains leur fureur inhumaine,

Leur oubli de l'amour

et

des pactes conclus....

Les malheurs médités par Passeront avec

elle

;

on ne

la

force germaine

les verra plus.

.


LE SANG DU SACRIFICE. bêtes de

Chers animaui, chevaux de

trait,

Sachez bien qu'envers vous

j'ai fait

Et que, pour vous, ô les meilleurs Je suis

tombé devant

la

tout

57

somme,

mon

devoir,

amis de l'homme,

crèche et l'abreuvoir.

Lorsque vous reviendrez vers vos chères prairies,

Vous saurez

mon amour,

Car je serai sous terre,

Vous nourriront de

ô bétail innocent.

et les

mon

herbes fleuries

esprit et de

mon

sang.

»


Et,

pendant qu'au milieu des

Le Dévoué, qu'émeut,

même

cris

on s'entr'égorge,

au fond de ses maux,

L'exode épouvanté des humbles animaux,

Entend l'appel touchant d'un

petit rouge-gorge.

L'oiseau, qu'aima Jésus en croix, vient à son tour

Consoler le grand

cœur de

C'est le balbutiement qui

celui qui console

comprend

la

;

parole

Et l'instinct de pitié, la volonté d'amour.

;


Tonnerre des canons, crépitement des balles,

Tous

les

sommets

lointains sont des volcans

On entend

la

Le globe a

tressailli

mort vivre

et souffler

fumants

;

en rafales.

de mille écroulements.

Sous l'horizon, au bord des forêts arrachées, Des soldats, décidés à tenir jusqu'au bout, Et les pieds sur des morts au fond de leurs tranchées,

Dans ces tombeaux, creusés par eux, meurent debout. Sur des tiges de feu qui jaillissent de terre, Des astres tout à coup montent épanouis, Écrivant en plein ciel un ordre militaire, Signal de mort, qui tient les regards éblouis.

Et l'on dirait qu'en blocs de fer

L'obus, plus grand qu'un Et, sous sa

masse,

il

— tout

homme,

le ciel

tombe.

accourt, tonne en crevant

ouvre une effroyable tombe

plus d'un héros glisse, enterré tout vivant.

;


LE SANG DU SACRIFICE.

60

On meurt, on meurt, on

souffre,

on meurt, on souffre, on crie

Tout est colère, horreur, terreur

La grenade est lancée, Bondit vers

la

La baïonnette

et

et l'attaque

;

hurlement...

en furie

tranchée adrerse, brusquement. va,, revient, et

pique, et troue,

Crève des flancs, des cœurs, et des yeux convulsés....

On

souffre,

on

crie,

Et, satisfaits, les

on meurt, dans

le

morts dorment sous

sang, dans la boue; les blessés.

paix des champs! patrie! ô moissons, ô vendanges!

La moisson Est-ce

est

de chair,

un homme,

est-ce

la

vendange

est

de sang.

un dieu qui veut ces maux étranges,

Et terrasse le faible, et punit l'innocent?


I L'esprit

d'amour a plaint

les

animaux en

fuite.

Mais voici des humains chargés de plus grands rtiaux,

Foulant leur vigne en fleur et leur moisson détruite,

Menacés

et fouaillés

comme

des animaux.


Nous, savez-vous à quoi l'ennemi nous destine?

«

Quand Pour

On

il

marche

faire

à l'attaque,

il

nous pousse en avant

de nos corps son bouclier vivant

fusille celui

de nous qui se mutine.

Nous tremblons moins devant Qu'à revoir les soldats de

Nous sommes de

I

la

Un mur en marche,

la

le fusil

ennemi

patrie aimée.

chair à canon, désarmée et

;

qui saigne et souffre, et gémit.

Les survivants, au gré de leurs bourreaux sans âme. Exilés, déportés, esclaves prisonniers,

Tels des nègres aux

mains des anciens négriers.

S'en iront sous le fouet vers l'Allemagne infâme.

Adieu, dans les cités aux trottoirs populeux,

La lente promenade Le soldat

vil,

et la

rencontre amie.

dont nous subissons l'infamie,

Nous ramène aux horreurs des siècles-fabuleux.


LE SANG DU SACRIFICE.

63

nous avions cru vivre en un temps de clémence,

ît

le

monde

oublierait à jamais la terreur!

Et c'est sur l'ordre sans appel d'un empereur

Que, hideux d'être un mort, Aussi,

quand nous verrons

Vaincus par leur

pitié, le

le

passé

recommence

!

les nôtres, atterrés,

regard plein de larmes,

Hésitants devant nous, prêts à baisser leurs armes Frères, leur dirons-nous, n'hésitez pas

:

Tirez!

)


Ainsi pleurent des gens de France et de Belgique..

Ils passent,

disparus dans une ombre tragique

OĂš

l'inutile

amour de

Un

autre groupe, alors, ĂŠmerge de

leur pays les suit.

la nuit.


-

Nous fuyons

«

Nous allons vers Avec

la

la

patrie et nos douces campagnes,

l'exil,

front bas, courbant le dos,

faim, la soif et la

Et portant nos néants

Quand nous avons

mort pour compagnes.

comme

de lourds fardeaux.

quitté la petite patrie,

Plus d'une mère est morte au bord du vieux chemin;

Nos

petits, qui tétaient la

Sont morts, en

la

mamelle

tarie,

pressant encore de la main.

Mon chien boiteux me suit vers la terre inconnue; Ma vache est familière et ne m'a pas quitté Mais voyez mes haillons fangeux et ma chair nue. ;

.

J'étais riche et je suis

vêtu de pauvreté.

Beaucoup sont plus que moi pauvres

seront-ils

et

lamentables;

demain? où serons-nous ce soir?

Et devant quel foyer paisible, à quelles tables,

Pourrons-nous nous chauffer une heure,

et

nous asseoir? 5


LE SANG DU SACRIFICE.

66

Nous n'osons plus porter nos regards en De peur de Et nous

voir,

au

loin,

arrière,

flamber notre maison

sommes des cœurs malheureux en

Dont nul Dieu n'entend plus

;

prière,

la plaintive oraison. »


Ils

Au regard du troupeau

disent.

Un vieux Debout,

qui se traîne,

un

prêtre apparaît qui, devant

murmure un chant que

Plainte expirante, en qui vit

un sens immortel.

Immobile, tout un régiment, sous

A son chant

autel.

entend à peine,

l'on

les

armes,

rituel répondait par instants

;

Sous l'orage, ainsi chante une forêt en larmes; Et la j»lainte semblait venir

C'était la triste voix

Elle venait

Et

comme

un

Oh!

J'ai

siècles infinis

cri léger,

;

;

— monotone.

elle était lasse et lente,

Une imploration «

des steppes en automne

du fond des

Elle était fraternelle

;Après

du fond des temps.

au cœur lourd des bannis.

doux comme une caresse,

se répétait toujours

:

— regardez. Seigneur... Oh — voyez ma détresse

faim,

!

j'ai soif.

Seigneur, venez à

mon

secours.

))

!


LE SANG DU SACRIFICE.

68

Et tout le régiment, à voix lourde et profonde,

Le front nu, l'arme au pied, chantait sans fm, tout bas,

Sur un rythme obstiné, l'appel secret du monde «

Je viens à vous, Seigneur, ne vous détournez pas.

Et dans ce

même

Tout pleurait Tout

:

:

appel, qui

les forêts

les fleuves, les

Seigneur!

tombe

et se relève,

que torturent

les vents

mers mourantes sur

La poussière des morts «

:

et la chair

la pitié crie et

des vivants

ne peut plus se

:

taire.

Ferez-vous pas, sur nous, revenir vos bontés? Jamais, en aucun temps, on n'a vu sur

Fondre à

la fois tant

;

la grevée,

la terre

de malheurs immérités

!

»

»


La France,

Chacune

la

Russie et l'Angleterre

ainsi priait

pour

soi, toutes

et

Rome,

pour l'homnie.

Pourtant, plus que jamais, le sang pur ruissela,

Car un prince, de tous les empereurs

le pire,

Imposait, dans tout son empire.

Aux

que

soldats

lui seul inspire.

Ce mot d'ordre inouï

((

Quand

Frappez

On

et

je

:

«

Soyez des Attila!

commande, Dieu

massacrez

!

m'assiste

:

Rrûlez qui vous résiste

peut vaincre, soldats, par la seule terreur

Que

la

;

terreur partout vous précède et vous suive

Où vous

êtes passés,

C'est l'ordre

«

I

que plus rien ne survive

;

I

de votre empereur.

Assez des combats loyaux de naguères.

Des générosités qui prolongent les guerres

Le crime

est

beau qui

fait les

!

criminels vainqueurs.

Restaurez l'esclavage, aggravez

la torture!


LE SANG DU SACRIFICE.

70

La guerre sans

pitié, c'est la loi

Allons, tigres,

mordez

Tout

homme

à

même

de nature

dans

:

les coeurs!

montre une âme attendrie

qui, soldat,

Doit être appelé lâche et traître à sa patrie. »

Alors, le Dévoué, tourné vers le levant

«

Pour longtemps, sur

Us sont

la

Christ ressuscité,

Tu

la terre, ils

bête fauve, et nous

sais, toi,

Défend

mort

que

la

sommes

ont tué la joie; la proie...

et toujours vivant.

France, en

ta parole éternelle

Elle est l'amour. Je

:

elle,

:

meurs en

la

servant.

»

I


I

Or, tandis

que déjà

la

chair du sacrifice

Goûte en repos l'amour du monde racheté,

Un

spectre, sans espoir

Entre dans

les

que son malheur

finisse,

chemins de son adversité.

Sentant son casque d'or, que cercle une couronne, Vaciller, Il

jette

il

y porte une tremblante main.

un long regard sur ce qui l'environne

Des membres morts sont Partout des yeux, dont

les

le

Brillent dans la poussière

regard perce son âme,

se posent ses pieds

Partout des doigts tendus le montrent

Son peuple

est

un hideux enfer

Contre les gaz mortels chaque Il

:

pavés de son chemin.

comme

;

infâme

homme

se croit entouré de loups à corps

ayant un masque,

humains

;

Par moments l'aigle d'or qui frémit sur son casque, S'il

;

d'estropiés.

y porte les mains lui dévore les mains.


LE SANG DU SACRIFICE.

72

Le sang de tous

les

morts sous

lui frissonne et crie....

Pas un pouce de terre où des sacrifiés N'aient versé tout leur sang, chacun pour sa patrie

;

Et, vie et mort, tout lui refuse les pitiés.

Et

comme

l'élément, les choses et la hête,

Ont compris

les

répons du Martyr

Leur réprobation, qui

A

s'élève

infini,

en tempête,

chassé devant elle et courbe

le

Honni.

J|

^


Les monts

:

Gomme

â

nous-même, aux

aigle?,

nos compagnes,

Ravisseuses d'agneaux, tu parais odieux;

Car l'amour a touché

les

rochers des montagnes

Sans entrer dans ton cœur ni réjouir tes yeux.

Les forêts

:

Fou sanglant dont l'âme

est carnassière,

maudit des lauriers, sois maudit des cyprès! Le bois de ton cercueil, pour vomir

I

Se souviendra qu'il eut notre

Les bêtes

:

ta poussière,

âme de

forêts.

Toi qui veux toi-même qu'on te

Du nom dur

Va, maudit par

la

mère

et les petits

de l'homme,

Demander de t'absoudre aux enfants des La matièbe

:

En voulant qu'on gémisse

En courbant sous l'horreur Tu

défias

nomme

d'Attila fléau des nations,

un monde où

les

âmes

et

lions

!

qu'on saigne,

et les corps,

l'Évangile règne

;

Entre l'esprit et nous, tu nias les accords.


LE SANG DU SACRIFICE.

74

LouvAiN

:

Tu connaîtras

Les poètes, dont

la

vengeance du Livre. souverain,

le verdict est

Te voueront aux mépris dont plus rien ne délivre

Quand

le style est d'acier et la

Le fer

page d'airain.

Toi qui souillas la Belgique trompée

:

Et ne sais que trahir et tuer sans péril,

Rends-moi, prince félon, ton fantôme d'épée. Toi qui traitas l'honneur sacré de chiffon

Les fleuves

:

Poursuivi par

le

vil

!

peuple des veuves

Qui voudrait lapider ton spectre gémissant,

Tu pencheras

ta soif horrible sur les fleuves

Nous prendrons

L'océan

:

Sur

la

tes

couleur et

le

:

saveur du sang.

mains, égorgeuses de foules.

Quand rouleraient mes Tout

la

flots

sans fond, prince inhumain,

sang de ton crime empourprerait mes houles,

Sans pouvoir effacer

la

tache de ta main.

Roi, le monde te renonce. Tu n'auras plus le feu, plus de pain ni de sel Quand tu les mendieras, Dieu fera sa réponse

Les cathédrales

:

Par l'inertie et le silence universel.

;


Toutes ces voix suivaient

le

tragique fantôme,

Car les temps de terreur étaient bien révolus; Et celui qui voulut l'univers pour royaume Cherchait partout

le

monde

et

ne

le

trouvait plus.


Le monde

était

changé. L'huilianité, meilleure,

Révélait sa splendeur dans chaque

Chacun d'eux, dévoilant

homme mourant;

sa gloire intérieure.

Rayonnait d'un amour que, seul, l'amour comprend.

Comment

trouver ce qu'on cherche, sans le comprendre

Qui veut trouver l'amour doit l'avoir éprouvé.

Le monde,

las

des

maux

qu'en

lui la

Ne peut créer l'amour que pour L'humble,

haine engendre,

l'avoir rêvé.

qu'il transfigure, orgueil jadis et haine,

En marche vers l'amour,

le

conquiert pas à pas;

Et le Roi qui n'a rien de la tendresse

Cherche partout

le

monde

et

ne

le

humaine

trouve pas.

?


*

Le sang du Dévoué sans nom, martyr des crimes, Là, coulait fleuve

Le monde

ici,

;

n'était plus

grondait en océan;

que l'âme des victimes

cœur ne

l'aveugle de

voyait que néant.

Devant cet univers qui maudit et qui saigne,

Son orgueil Il

défaillit

dans un suprême

comprit que lui-même

Et que

monde

le

Le grand

a

il

effroi

;

avait clos son règne,

pour jamais un autre

Sacrifié gisait toujours

roi.

dans l'ombre

Et le Banni, partout retrouvant ses regards.

Posant partout

le

pied dans ses traces sans nombre.

Partout heurtait du

((

cœur

les

grands membres épars.

Moi qui suis en un seul tout ce qui souffre

Dit le Martyr, je

meurs;

la terre

La paix du monde approche; Sois aussi

me

elle vient; c'est

malheureux que ton crime

et pleure.

reprend;

mon

fut grand.

))

heure;


LE SANG DU SACRIFICE.

78

11

dit.

Sa grande forme, avec lenteur dissoute,

Comme

fond un amas neigeux sur les sommets,

Se résorbant dans

la terre,

y disparut toute.

Mais son âme, dans la clarté, règne à jamais.


Voici.

Par

Toute

le sang,

la terre étant

comme

arrosée

mais aussi par l'âme du Martyr,

Qui l'imprégnait, fluide, en flamme extravasée,

Le bon grain du froment germa, prêt à La poussière du corps immense Les prés s'en nourrissaient;

Tout prenait de son âme Fut

la

masse que meut

;

était

féconde

la forêt s'en

et la

la force

sortir.

;

nourrit;

sphère du monde

de

l'Esprit.

Puis, lorsque la moisson fut haute entre les vignes,

Quand

les taillis

nouveaux, bien verts, bien droits, épais,

Bercèrent les doux nids pleins d'oiseaux,

— à ces signes,

L'homme goûta vraiment des prémisses de Quand Il

le

sommet des monts

revit l'aube i:iremière.

parut rayonner un feu sorti de

L'esprit de sacrifice étant

paix.

lui.

une lumière

Qui par-dessus la mort éternellement

luit,


LE SANG DU SACRIFICE.

80

Quand 11

le souffle

de paix se leva dans l'aurore,

raconta d'abord aux grands blés assoupis

Puis aux raisins gonflés et que le soleil dore,

La gloire de

la

vigne et celle des épis.

Des blés aux pampres verts et de plaine en montagne. Court une émotion que la brise transmet Et

le

bruit de la

La chanson de

la

mer

qui s'exalte,

plaine et l'hymne

Terre, gloire à toil l'amour

La chair du Dévoué

t'a

;

accompagne du sommet.

pénétrée;

un cœur humain;

t'a fait

La matière a connu qu'elle

est

chose sacrée

Et porte en soi l'esprit qu'elle sera demain.

Hosannah

!

tous les morts, avec des

âmes neuves.

Revivent plus parfaits en des vivants nouveaux...

Que vous

voilà grandis,

petM^enfants des veuves

!

Sur la tombe des morts reprenez leurs travaux. Rebâtissez plus hauts le palais et le temple;

Mettez un battant d'or dans

la

cloche d'airain;

Nos héros, qui seront votre immortel exemple, Sont morts pour que

le

Écoutez bien en vous

la

Cœur gouverne en

souverain.

volonté des lombes

:

Travaillez; recréez sans fin de la beauté...

vautour gardez bien vos colombes.

Mais contre

le

Pour que

monde ne

le

soit

plus ensanglanté.


LE SANG DU SACRIFICE. Sous un arc triomphal Gardez

la

fait

81

avec des épées,

vierge en fleur et le petit enfant.

La Force avait conquis des gloires usurpées

:

Tiens-la bien sous ton glaive, Esprit, seul triomphant!

Gloire à

toi,

sainte paix

N'accepte aucune honte

!

mais, sois

et

la

paix altière

:

gronde au moindre affront;

Et fleuves, monts et mers, heureux d'être frontière,

Feront

le juste

orgueil des

fils

qui nous viendront.


Au

SOLEIIi

DE bOLLIÈS-LE-ViEUX,

Ville jadis, déjà ruine,

Que, depuis neuf cents ans, domine

Son église, témoin fidèle et précieux

Des temps de prière et de discipline

;

Au milieu des grands murs croulants et familiers Qu'avaient bâtis '

suij

la colline

Les Templiers

Au

;

pied de la maison divine

Que touche mon humble maison. Devant les beautés d'un vaste horizon, Ce poème, que symbolise

Ma

petite maison appuyée a l'église,

Ce testament d'amour fut rêvé, fut écrit, L'an troisième de la grande guerre française

Et

l'an

MCMXVI

De J.-G


THE BLOOD OF THE

SACRIFICE TRADUCTION

DE MISS MARGARET GUNNING



THE BLOOD OF THE SACRIFICE

To France, To Belgicm, to England, To RussiA, To Serbia, to Monténégro,

To RouMAxiA, to Italy, To Portugal,

To America, To all their dead,

To all their wounded, This poem Is DKDICATED.

One

cry,

" France!

"

to

heaven, breast

vvicked kings.

And Ihen he

fell,

without

a

— He with face upturned — pierced, For such was the of

Ihought, without a pang,

fell,

will


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

86

He lay upon Cross, vast

liis

back with arms outstretched as on the

— And entered

the realms of death as into

Atfirst he thought he slept

For

upon some océan strand,

around him, the sighs of the dying, regular but

ail

broken by long, rending of

some

dream.

some horrible

tide

cries,

In the

Seemed nights

like the voice

when

the

sea

writhes, disconsolate.

Then he awoke, but

And

it

seemed

to

in spirit only.

him

— So —

were Jesus-Christ,

as if he

that, unastonished, having entered into the mystery,

The Martyr, immense, and nailed

to the whirling Earth

— Whose contour he embraced, — Govered the Universe with agony and with love.

And

the seas and the

skies,

red

and rosy

nights

dawns, — The yearnings of living beings and of things, — The beasts of the and the birds of the — united his heart drive away infinité

forest

air,

in

Ail

to

Hell.

Sighs of the océan, and light sighs of man,

one deep rythm in night-watch or sieep,

makes the world stark w^ith fear,

'Tis

Ail

— And

if ail

is

rythm

— And the long — And those of the dying,

so fair.

wailed ovcr tombs,

cries

stifï

and

those of Ihe angry sea and the


THHT Iiowling

blast,

BLOOD OF THE SACRIFICE

87

mingled, were to

Ail différent, yet

— Yea, though the heavens ruins, — A rytlim would subject

clash together in the air,

and crumbled into

fell

still

this chaos to the fixed laws of

No

even

cry,

— And,

if

it

numbers.

would,

in troubled space,

remain

could

thousands of cries,

ing thousands of others, mingle there sands, distinct from thèse, respond,

;

chords make of those discordant cries

isolated,

Meet-

Other thou-

And

thèse fatal

— The

eternal,

even brealhing of the livingand the dead.

The Man, lying there prone, bathed blood,

— He And

— Thrills feels as

it

to the great

in his

though transformed from neck

seems as

if

his

gushing

rythm of universal pain. to heel,

curving flanks were valleys;

His raised knees, moutains.

— AU

— —

his blood flows in

— He his — hidden, Beneath the earlh —

great streams through the country-side,

feels

bones, full of pain and and beneath his flesh, become confounded with the rocks

— He

is ail

things,

life

and death, the universal

;

anti-

suffering unclean matter; nomy, — AH the pure — And on globe, atoncepriest and victim, so — The immortal martyr himself gods unknown. spirit

in

his fearful

offers

to


We the world-carrying streams, — Sons of the glacier — — We who in the hollows

feeding snows of virgin white, of our waves,

We who skies,

And

— Capture shimmering suns;

in

— The

lofty city

towers

— We, whose

heights

cottage beside lordly

in

reflected

castles,

;

We, the makers of back,

— Bathe

a cool, fresh light,

humble

Capitals,

natal springs

We who

never turn

— Are virgins on

the

;

— We who — Carry down tothe

Beneath the old bridge that frames them, with

ail

many

our melodious waters,

a fleet

We, the rnoving high roads, friendly peoples.

arches,

sea,

— Of weighty ships, floating treasures.

— We

Blue

links

between

that are forced to flow through

— Triumphant, docile and free;


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. We, makers

of beauties thaï serve,

generous streams,

who

also

make

isles

the vines fruitful,

And

streams,

fertile

By

are our waters troubled?

A new waters

;

the cornfields — We the world-carrying

whom

We, the great

Strewing happy lovers' palhs

With the flowers of our But

89

;

and black,

tributary, red

— The warbler bas

fled

Falls into our clear

our banks

— And

the

melodious shelter of our reeds.

In the green paths along our shores,

hand.... — Where our purity — Why bear we onwards thèse dead?

band clasped

lovers,

of other times?

— No more corne

in

is

Our waters are coloured now by dreadful wan, and red the night

day

is

see

now

:

Cathedrals blaze and

We

in the

— No

fires,

— The

dawn can we

fall in

ruins

;

— And everywhere —

Of the exiled in mournful crowds

horror of the wild night.

would bave had men happy,

innocent love.

other

our depthsis the pale hght of death.

In

dark phantoms,

Wander

;

— And behold

In holy peace,

us, accursed that

— Ri vers of mourning and of blood.

we

are,


Then the

fallen

Answered — and

"

The

man, straining

at his voice, the

darkness trembled

:

rivers flowed pure; monsters hâve crossed

them,

— Bringing

river!

I

unknown.

evils before

would hâve protected thy clear

towns and

his dying limbs,

cities

— Oh, great — Thy — Thy

vvaters,

with their time-honoiired belfries,

palaces, thy gardens, thy parent snows,

The heavens,

whichin thy waters, seem likethe Heavenofour dreams;

— And therefore face

it is

upturned to the

îdie, with stars....

arms outstretched, and

— Oh

great

whose waters, henceforth our disasters ed,

— Farewell! One day

Kingly heart.

rivers, "

I

shall

rivers

I

shall live again, victorious.

your purple stream

is

in

be mirror-

the blood of

my


Behold. The

mountains,

whose

abysses, — The mountains clad their brows — Bands

height créâtes

lofty

in white that

wear upon

gliitering with constellations,

Cried ont to kings and peoples

" Iligh

be visited by the

First to

first

:

and pure, we were

altars

to

you flashes

a sign of

the alliance concluded spotless snow.

yet,

;

fires

at

its

its

heavy miasma,

great entliusiasms eddies,

— And

— Which,

— Prompted you

— And

And

first to

Signifies to us

of heaven with the

your

feet ail that vvas

heavy labours, the pool

our breath, the wind of

seizing you in

to scale the heavens.

mighty

its

Today

— Your

— And your — glaciers. Yesterday, when

seem baser on the ascending path,

deadly breaths infect the

the lightning

even on our lieights you set up hâte and shame, hearts

veil,

when you mounted towards

us, slaves in hand, — We laid but human, — The plain with

with

doom,

— By the

And

beneath a

lonely star,

be flushed by the eastern dawn

which


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

92

you crossed us, we rent dens, the lofty snows,

Ihe beasts

mount

;

— Our long

veils;

and our mai-

— Welcomed you gently as they do

While. the

God who died upon

a

rocky

Smiled on you hère from out the depths of

bluer skies.

Today, your cannons, black upon the

white crests, startle the echoes and provoke the avalanche

— Yesterday when your lying love our

lofty pride

we

yet felt

revered us,

some regret

;

— In

ail

Because the

— But as mind ceaselessly — triumphed over matter, Soon, hovering above our pathless désert heights, — Game your great human up birds, miraculous condors, — To dare, the azuré depths, the crossing of the heights. — And we, below, were fiUed with pride and drearas. — But you, sinceyou came, bave humbled our pride. — Nowa gloora — For the aéroof mourning pervades our plane, rainingbloodand crime — Has stained the majestic solitude of our peaks. — Our chasms, whence overflows the dark,"are not so hideous, — As the hearts of mortals who slay each other. — Oh ye peoples, bereft of reason and ruled by hâte alone, — The bear bis noble — And the wolf scorns you mountain cave gentler while the eagle condemns, — And the true heaven heights were called frontiers ;

far

in

far

as

glaciers.

in

far,

is

is

domain closed

to

you

for ever.

"

a


The mild Christian martyr, nobler than Prometheus of old.

"

— Flung

to the

haughty peaks hisreproach

Long you dreamed beneath the sky

come

whose

spirit

guards I

— Your glorious freedom that

fain

ills

unknown

before.

your pathless déserts,

stately forms,

— And

you, though you were frontier and obstacle. I

from pacts of man,

lives far

whether

ï

would have succoured your snow,

glaciers,

prême beauty of your shall say

men have

but

— but and whose heart protects, — Proud

Bringing you

mountain peaks,

;

:

The

The su-

did défend

I

— The plains

fought well. Fain would

I

have kept

— And your pride and my dearest dreams are one. — He who treads your his mount. — He who breathes your — But even he not the true his heart grow greater — For the soûl knows nobler height — And that the mount of more sublime. — And you free from

truly,

ail affront.

soil

feels

spirit

air feels

is

;

Victor yet;

a

Sacrifice is

that

I

have reached that height, in spite of

for

ail its terrors,


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

Oi

Behold

I

die at your feet, with

arms outstrelched

as

— On your royal mantles, white as ermine, — — Are the drops of my blood Hke some divine

on the Cross.

slains.

Greater than you

— The victim

is

I

die,

oh stricken, immortal heights

nearer to God than are the altars.

:


So he spoke... and the pure blood that gushed froin his veins,

— Ofîered

itself to slake

trees beneath the soil, soul's agony,

moaned

k

:

— He

the thirst of the great

— And from out the depths of his

listened, as the Spirit of the forest


\

We

"

were the

our green dômes,

forests profound,

— That ever heaved

— And we rocked in great

waves

Like the seas.

We

— flowers, — As we echoed the deep murmur — Of song,

sheltered beneath our boughs,

the birds'

Fruit,

the vast waters.

We

gave

to the

walks with

effort,

poor woman, — To the old man who — The food of the flaming hearth, —

Our dead wd To the heavy, sharp-edged axe foliage,

— We gave,

— Which mutila ted our

oh men, the frame-work

-r-

Of your

dwellings.

To the flowers;

found

little

school-boy,

Fruit and wild we gave he, when in its nook he

How pleased was Some warbler's nest.


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. The gentle l

From

U

days.

turtle's sigh,

Fell Jike a subtie

the brood dreaming beneath

We

lier

— Your

hoUow

L

Oh, dear young lovers.

glades,

— In

— And

— That

our

heads drawn close together,

were the forests profound,

green dômes,

charm

— On April

wings,

loved to hide you beneath our flowers

_

We

97

we rocked our

ever heaved in great

waves

Liketheseas.

And now benealh the raging

.

balls,

Our trunks,

stripped and torn by iron and blackened by

I

[

prone amid the ruin of broken boughs,

men

We

were the ail

forests, indulgent

.

frail insect of

We

and kind;

moss with

ils

our

Let

star-like flowers,

were the great woods, great as kingdoms.

— The

And

their

Sway

tapering columns under their thousand dômes, to the

gold, and the large-eyed roe.

mysterious woods are moving temples, L

dead

— And

the stronger for their hoary âge,

live at their feet, the

The

like

arms towards God.

in despair, stretch out their

good oaks,

— Lie

fire,

— And,

harmonious breathings of the wind.

And the

souI found in us a soft and

mellowed 7

light

;


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

98

— With spot; —

ail

We

And every

the silence and the mystery of a hallowed

were living churches beneath the sky,

April brought us nearer to God.

And Heaven whose light entered by our to our homage to the splendour

Hearkened

When the the hymn

glades,

of day,

thrilling voice of the forest in prayer " of life and love eternal.

— —

— Sang


Forests,

I

— The gloom that rains from your crowded — hâve been struck by the outrage and — you were devastated, great refuges of When hâte, soft

ïhades,

mghs; le

hâve defended your hymns, your leafy

)eace

ît is I

I

— — men's terror peopled with gods, You whom of so profound. — That You whose antique, sacred night Forests of France, and

ail

ye forests of the world.

old,

is

alone, the heavens' night bas greater majesty.

That which was dead, through you rises and lives again,

And

coffms,

green once more in you

mount

in you;

it

is

born of you, one day will be ;

Already

my

flesh

the sap of your trees;

unity of the world abounds beneath

my

brow.

seems

And

to

the


100

THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

Forests, your pain is mine,

According to I

my

spirit is the

I

voice your complaint;

hymn

give myself to you in a holy

sons of the

wood

of your sorrows,

communion,

that once bore Jésus Christ.

— —

— To you, "


In their wild career ever running yet never done,

With long, ceaseless

and pursuing each other ever,

The great waves, mountains of water raised by Ihe

wind,

v^

cries,

— Fly before the wind's lumultuous

lash.

The mountains, those waves congealed, hère recognise themselves.

— But

chaos. — The — Sees own

moving, as in the time of primeval

forest in the folds of the everlasting surge,

his

green night and hears his mournful

rylhm.

Beside the océan, that

first

father of the world,

awestruck, knows that hence came his a thrill of those sacred depths

:

is

,

was born

w

l-

;

life

;

— Man, For

And grâce

life

itself

of Iheir curving waves.

Lo, the great waves followed by

furious billows,

Changing their clamour into malédictions, age-old océans, fathers of

out to kings and nations

:

ail

that lives.

Ail the

Hâve cried


"

Beneath the iron and the

fire

of your roaring

ma-

— With you, storms and you, subject stress — Like well-trained coursers, we bent beneath the load, — Bearing your treasures and your leviathans.

chines,

"

We

When

like

to

your vessels served the conquests of peace,

knowing that 'twas vain

bucklers of their

sides,

levellers of storms,

to

beat against the stout

Were, beneath your

feet,

Plains of alliance, and paths of

peace.

— To us men — seemed victorious kings; Sources and mirrors of — In them we revered gods and makers of "

We knew

the pride of serving genius,

infi-

nité life,

gods.

" Great vessels,

For yours

it

was

we

kissed the steel of your armour,

to quell in

held in subjection

;

bringing races together. holy unity.

man's heart, mère

And you

carried the

— To bind them

instinct,

hope of

one day, in a


"

And

THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

103

— Wliere,

for love of

lo,

fardown

us, ihe hurricane,

Opening paths

in

our gulfs,

Makes

beams

to llie

of day,

which had only seen — The black — Now sucked them down gaping

" Jdur depths of giant ships,

jaws,

"

bellies

in their

— And formidable whirlpools. The great steamer

like

— When

pants and hisses,

thunder-bolt, — Touches,

"

Mad with

fear,

The giant

bursts and pierces

— No

— The

— The great

It

it

It

is

its flank.

children, ail

the

stern rises,

down; and the

sea

— Vanquished withit

océan depths.

shudder

— Buffles

the horror of the océan waves

That pity the giant vessel.

goes down, bearing with

— To the nameless

vile

sinks.

stilled,

" For a second, no more, a

surface hère

Stops,

some

— But in

— The

;

ship goes

Beneath the waves now

throng

opens

liner as

pity responds.

totters, half

out combat or canon, a, great

women and

tremble on the deck....

and shuddering, closes over

"

a floaling city

the torpédo, like

Three thousand innocents,

désert of high waves

"

sublime commotion,

a

the


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

104

"

The expiring wreck

beneath the waves! glass,

lies

low

— The

And soon

dead sink

fast

against the port-hole

Sea-monslers dash their niouths, their teeth,

Iheir eyes.

"

The harbours awaited

rocked in the green waves,

— Whose

you

— Yessels

eyes shall never close.

"

Oh moving dead, manned by corpses


And the

sea, indignant cries ont

:

"

Who

— Guilty of the great crime and who willed dare

tell

his

And, far

"

ït is

name,

it

not.

the

It is

it

man If

he

lie,

" !

:

"

the Sound of a voice in which trembles a

So weak, that

— — Of

him speak

a cry responds

off,

willed

I

let

is

it?

might seem one had not heard aright.

the muffled, far-ofî cry, that the echoes prolong,

a wolf,

mad with

rage and howling dismally in the

night.

— I

"I

willed

Then dies

did not do it

not!

fainter

away

it,

and ever

in the

lightning-flashes

repeats the muffled voice,

"

— The cry, as — Through which dumb

fainter,

heavy night,

seem dipped

in blood.

if stifled,


1

— seas,

has

"

Oh I

rivers, forests, hills,

call

made

you

ail to

and you, oh boundless

witness that this

man

of his race an accursed breed.

Mes.

— He

He

lies

timidly and as one desperate.

"

He

lies.

His heart shudders and his reason gives

— Streams and mountains, immense proud summits, — Keephis before you, and keep my words, — And you, oh children, keep them for evermore

way.

forests,

lie

little

"

that

He attempts

would

a lie as great as his

lie is

reach the sublime. but words.

"

crime

never loud enough.

— Truth

is

the

;

The cry

Truth alone can

Word

itseJf, lies

are


So cried aloud into space

Philoctetes of old;

From East

to

And

:

!

The whole universe, with

dies,

"

Truth,

but ever lives again.

which the world leads

its faith

ara that profound

I

humanity

is

and

Ail bloody I

bear

love.

— That divine Hope, — am the Soûl

in

I

mirrored — The secret

I

die, the

more

shall rise

ing of mortals towards the Unknown. — born of dream — Containing

Spirit

which

I

— The yearnam

the spectre

in itself ail the stars of ail

the skies.

To the ruthless men slaughtering each other

I

to God.

The oftener

a

like

clamour was heard,

— "Oh Heaven, oh Earth, — me — In my lonely heart,

sacrifices speak in

which

his

The wounded giant

West, by the whole Christian world.

Again he said

"

;


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

108

I

bequeath love and new

the Sacrifice of self;

life

;

— The idéal of

I

am

ail

Love's essence,

who

sufïer.

I "

The land, the seas and Ihe

blood, speak with children, widows, see

what

I

see.

my

voice,

rivers

— Bleed with my

Falhers in mourning,

— Weep no more

!

For your eyes shall

"

i


A

He spoke.

— Whiclî

great shudder ran through

thrilled like a

tree

And the great night luUed robe,

— AU the victims,

Every soûl

is

ail,

bound by

globe

ail tlie

touched by the winds.

to sleep, in the folds

both the living and the dead.

a thread, to every other soûl

— Every âge works for the future of mankind — —

" If

Dear

no one dies for you,

little

children,

And the Virgin

what

will

"

the

women

of her pain, the

Charity, an instant forgotten

gave birth

to

wondering Maid,

heroes.

said,

your morrows be?

the sword resisted the soldier-torturers.

k

;

:

"

of her

"

With

And proud

— Thrilling with pride,


110

THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

The altack of démons

calls the

And The

the phalanges of the just fires of Hell in

— — drown —

Archangels forth

Saint Michael shall vanquish the Dragon born

who

fall

shall

the déluge of their blood.

;

anew


of crumbling ashes, — — The spectres of burned

Piles art,

"

Louvain

!

Louvain

And Louvain,

I

Louvain

— Which

« I

love

Made

shall ring

ruins of divinest

— Rise up and cry —

and

faith.

of the

City of ashes,

Louvain uttered a tragic

through Ihe world eternally.

was one of the temples of the Book;

:

" I

the Iieart of Belgium,

and smoking furnace now. cry,

Pale

cities

I

taught

Thèse divine reasons for

men

living,

Book a living thing, and they breathed in me.

Oh trembling Bible leaves, Great scholars hâve lacerated you, And horrible philosophers Hâve burned

both your temple and you, sacred bocks.

I


The brutal Alexander, your dwelling-place.

— Books,

ashes

AU

!

minds

A poet he, spared

barbarians hâve reduced to

Art, Poetry; or, Science

Library and

of old

— The

Muséum

Beauty idéal,

understood nothing of

— The

and Reason!

pure beauty of great

and beauty realised

it ail,

for

They

hâve they not sacked and

ruined ail?

The embers snioke; the ashes consumed. In vain

Word, that «

Louvain

!

»

rises,

:

fly...

The Book

Speech cannot be burned, eternal,

and

going forth,

is

The

cries

:


Then the

though not so beautifui

Iron, brother,

— Cried out

the Gold that nothing can impair, entrails

or from

of the earth

hammer's measured beat

made "

:

the anvil,

" Of

me,

to

my

— Of

frora the

the great

services hâve

the prince of metals.

Proud of

of metals.

man whose I

open the

efforts

fertile

I

aid,

wound,

— am the king — Through which I

the soil receives the grain.

" Caressed

and kings are "

and polished by the Earth,

and by me,

star,

I

By

my

I

elemental work,

shine like a

— Poor men

fed.

hewed the

columns,

stately

temples of the gods

;

I

That support the

carved statue and bust

the most radiant heroes. 8

— Of


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

114 " Snre I

vanquisher of blind rages

— Or unjust — Crouch

hâve made the pride of great lions

revolts, at their

tamer's feet.

"

hâve belted the world's orb,

I

tains,

Earth

"

and

seas

forests

Is like a bail

And the

valleys,

;

In

my

Through raoun-

net-work the round

caught in a snare.

— The streams — Now see heavy-footed raan —

spanned by arches,

with their mighty waters,

Vanquish the wings of the birds.

"

One day, thanks

to the virtues of Iron,

crossed by wires passing under the sea,

— The EarthJ

— Will hâve but

one heart, one thought.

"

And

who

I

better fate

;

give to the world I

see

my

salutary

— This pledge of a — Serve hâte and

work

wretchedness.

"

I

was once the Sword with

in old feudal times,

its cross-hilt,

— But man,

— Gloriouj

who tempers

ray bladej

— Dénies now Durandal. "

To the loyal weapon, glittering nobly

He prefers the gas.

stealtliy,

blind torpédo,

in the sun,

— Or

pestilentiaj


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

H5

Are things

" Already the brave

deeds of yesterday

of the past like old-time tournaments.

treachery

"

I

;

was once the chased cuirass, crest.

d the splendour of

r

"

I

weep

the time

Ambush and

behold the war waged by the crafty spy.

haughty

its

I

I

weep

my first

who, they

to

my

The helmet with

vanished glory,

destiny.

— weep — For the âges when kings,

say, hâve

when God spoke

the flaming sword

for

— Reigned,

no soûl,

I

allied to the cross.

for


—" fields,

Sword

in the hero's

hands, ploughshare in the

— Thou who hast ever beenmy trusty companion,

— by whom the beauty of the world was increased, — Be now, when that beauty has need of succour, — Iron,

The

Steel of the

fearsome torpédo and the cannon.

" Kill, and for the présent, be ruthless; behold,

— But the truly selves will

:

my dream

come. And

Thou

I

bleed.

— Let us défend ourand thine are so beautiful — God those who make ready his reign, —

devoted ask pity,

I

for ail

shalt carve a

winged glory above the gâtes of the

tomb!

When we

shall

hâve vanquished the nation of prey,

Thèse coarse drinkers of blood, gorged with foui

Then we

will forge the last cuirass of ail,

flesh,

— And thou — Thou

the last sword in the hands of noble races, shalt be for ever the Right, that Soûl of the

Sword!

"


In their dens, at the foot of the mountains,

Those generous kings,

— The greal

— Astonished, thus spoke together

" Yes, kings,

majesty,

And

men name

thus

lions

— The

lions,

and their mates,

:

— The

lions for their

because, stronger than men,

also,

They are strong without cruelty. "

law

Hunger alone ;

in us is

But then

we

cruel,

kill

— We must bow — We play

to its

the gazelle,

not

with her fright.

" Driven

end!

by

— We

infinité laws,

eat our

fill

— God alone knows

to

what

But take no pleasure in the

agonies of our prey.

"

man

Men

called us

magnanimous.

covered with blood

Rejoices in innocents' tears.

But behold now,

And loaded with crime,


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

118

" So lions

he

is

no longer Ihe worthy master.

he was wont

recognise

— Our

" Yet let

gênerons

us

still

— Oh

to extoll....

titles

Who

Of those

then will

now

and our majesly?

be what

we

are.

lions far nobler Ihan

reign over them, — against them.

".

If

we

men,

alone remain

We

shall


" Nay,

rou such,

man names

nay, you are no kings uniess

— Despise

not man,

and rebel

not against

— Wild beasts, deny not rann's merits — Which

him,

:

of you has died to save another lion?

"

1

die to save the immortal line

me, serve the Idéal Man, indignation of

"

:

He

God

is

is

;.

^

and

I

like

bless your

— Which brings the animal nearer the hear

"

your God

Who

Who breaks

the pride of the haughty,

once forced you to respect Daniel.

the eternal

than the

F

lions!

man.

— He

r

— Oh

— Of those vsho,

lion,

Saci'ificed

the

Word,

My

Stronger

and sweeterthan honey.

Learn to lick

my

pure blood, but drink

it

— So

not,

— Lions Be ye — Lick thèse my grievous — wounds, and ye shall be loved

that

my

heart and spirit

may be calmed.

the love that disdaineth glory

;,

1

m

"

!


The Fire roared

"

:

When man

made

liad

born of the shock of two stones,

flash

lightning-spark,

— He conquered

" This little fire

my wood

shine, little fire

human group, me even a god.

ail

my

I

— And,

The

In that first

splendeurs.

sparkles and crackles "

captive the Light

:

Make

the family, that

Saw something more than

first

a being in

:

"

Man adored my

rejoiceshim; I

— And

was cherished by the "

Thèse fed on raw

aliment.

knew

flame

clear I

That warms and

was guarded by Woraan,

— And

child.

flesh

:

— 'Twas

Later, their hunger,

the savour of vvheat.

by

I

grilled that first

me

succoured,


I

THE BLOOD OF THE SACRIFICE. "

I

was the consoling mystery,

— And

subdued, joys

I

was able

I

The

which

— For

pleasure

am

I

Becomes pliant

Stars and the Suns. — Of

my

To guard

am

has lost her way,

"

me

*Tis

I

unwary,

in

my

;

am

the

— The

fires,

:

In the

reef.

— Caused by the —

Fearless-hearted rescuers

wrath.

!

in tears,

a hero,

And now War

where

I

to the ship that

— The deadly, glistening

!

— Like

were given me,

who show

Save the child the old the

by the people

"

flamed out in great

traitor or the

Attacked

old, Vestals

Gharity too; see the light-house

I

my

altars of gold.

hurricane, at night,

When

as

at

Lord of the Iron.

" In Space, at the natal springs of life,

"

— The

— Ploughs

and wounds,

slays

well, *tis that he, so proud,

I

élément

first

to give to the earth

promised.

" If the Iron

"

121

for

globe

!

"

— And blessed

— The rescuer died in the fiâmes, unknown

sets alight

field of great furnaces.

women

is

brethren.

— Whole

villages,

one smoking volcano

;

every-

— One


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

i22 "

And

I

the hearth,

I

man, mad with barbarie

the light-hoiise beam, rage,

— Feed my

fires,

I

see

lashed

by angry winds, with living bodiesl " Since

man

Ihen, rejoicing in disasters,

pacts once concluded,

the stars,

— Be

— Tears up

extinguished, clear light of

— For man deserves you no more.

"


"

us not

"

man

defended thy flame,

fire

;

— There — Nor

Ihe soûl,

:

is

— Curse

a spark ne ver

that spirit-flash

lias in his eyes.

For the family, for husband, wife and child,

child, 1

fire, I

oh mysterious

be quenched

shall

that

Resplendent ail,

whose

defended

is

family hearth

tears

and cries

indeed thy flame I

die.

"

I

;

hear;

— The

That which

The hearth

:

for the


We, the éléments, matter and

We who

sometimes unwillingly do

not dawned in us,

And

— We

we submit governed us, we were yet

bright flames

We

inanimate things,

ail

know

ill,

— Intelligence has

neither duty nor idéal.

to the influence of soûls

in his

hands

;

— We

lit

;

— Man up with

— His sky, his path, his home.

were Matter, blind but subdued;

pierced, with

its

and, oh wonder,

magie

flashes

Ail

— Our lightning — unknown life,

To the farthest depths of the sea

palaces.

Distance and absence,

we had

melted into radiant spectres;

abolished;

— Opacity

Man, helped by our

— Was almost the equal of gods.

power,

We

were the means, and no obstacle.

through us, became

worker

of miracles,

a source of light.

— Man

Darkness'

— Master of time'

led us on towards Love.


f

THE BLOOD OF THE SACRIFICE. Our force ît

dazzling vision,

And

— For vanquished,

secrelly rejoiced at this,

partook of the victor's soûl;

Saw

125

And

in a two-fold,

at last the unity of hearts.

new

then, when, slowly, a

ground suddenly opened

— Wrought — Behold the

well-being,

by security, was beginning for the world

At the feet of terror-struck

man. He himself

who

is

it

digs the fearful chasra, beneath

— Who turns away the élément from happy destiny. — he who teaches us crime — He whom his feet

its

;

It is

made mad.

matter has

But

;

things

ail

demand

Radium promises what in its pristine source,

You

that in

it

it

is

life

light.

is

dreamed

;

— Life

Is a flying light.

your poisons

résides,

— You — And the of death

shall

Infinité

— Shall make your everlasting remorse. — Mingles — Where

who with our mysteries and horror which we ne ver sought.

But where suffering

in

ail

quench the eternal spark,

shall not

not drown

unity;

the heart long

is

he,

he who from our poisonous vapours

evils willed

by him ?

— Has called

fortli


"

Where hides

This threatening

that

call,

man?

Let hira stand forth! "

wailed out upon the wind.

Ihen a far-olî cry of anguish in distress

heavens from East

" it

I

willed

not, "

it

to

West

— And

— Crossed

ail

Ihe

:

not, " uttered the guilty one,

he whispered low again.

sought the lamentable spectre, but nowhere seen.

— And — Heard

ail

"

I

willed

the universe

everywhere,


— Contained — Sent forth with the blood from the gaping wounds, — The malédictions And

the Sacrificed whose giant shape

itself ail

which

the wounded,

shall

ail

in

the dead,

be the criminal's remorse.

But the sighs, the great appeals and the long, dying

— The of the child-man towards homes, — AU sank when the Gathedral voices — Raised unto Heaven the raorning Angélus.

moans,

cries

into silence,

far-ofT

lofty


"

The future

horizon,

is

whence cornes

— Salutes with

— For beyond the — radiance A new Jérusalem

revealed to us, a

flowers, a newly-risen Christ.

" In vain Attila's

— Roaring their

hordes, wiid beasts in

hâte, hâve

Man runs hère and

human

broken down our

there, but after ail,

form,

altars

:

God leads him;

— And we are the symbols of immortal dreams. " Already Heaven's fire has

quenched the torches'

In vain, the cannons' affront. saints above our portais,

smoking

— We

blazÉ

crumble, but th«

— Shallshine for ever amidth^

fires.

" For the second time, Joan in the midst of the fiâmes]

— Has raised her eyes

to the

Heaven by her implored,

But like crouching dragons, the shameful fiâmes,

Writhe about the

staff of the

sacred standard.


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. "

One

ground

arrn of the

:

But the other

be seen from far solitary Christ,

off,

hacked

cross,

Whose

still

lies

off,

129

upon the

He may

retains, so that

Nailed by one hand, a great freed

arm

calls ail the

world

to witness.

"

Our great naves, our towers are but smoking ruins,

— The barbarians thought to heart, — And even in the Past

strike France to the very

itself kill

But

we know

God's spectres,

\ve,

the great Shades that

God

is

;

the

Victor.

"

And

winds rushing up from the depths of

the

blackest night,

and of

Te Deums,

"

As they

fly

Rheims, — Changing

tlieir

make golden harps

The pure

spirit that

across the skies of Paris

long sobs inlo glorious

of our

mournful remains.

embroidered the fretwork of our

— Cannot be burnt with foui flames — The empty spaces are with gleams of soûls, — Our rosewalls,

;

filled

windows on

We

fire,

are suns of love.

are the refuges of pale multitudes,

for love, seeking their way,

long paths on every hand, cthe bitter taste of

;/

"

- But

And

who

— Hungering

ever found rude,

in every

human

cup,

gall.

Each one bears bis cross, bis pain or doubts

;

— We


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

130

ail

— And we — Some by the Faith, others by

burden that each one carnes;

liglîten tlie

appease

sorrows,

ail,

our bcauty.

"

We

suprême

them

lead ;

And

if

to

the

threshold of

— They would — And ascend once more

the cannon's blovvs, selves,

said Ris

"

them-

Him who bas but

Name.

The sphère

the world,

Rushes on

"

visions

rise again of

to

is

free,

The magnet turns

And

the

our spires should crumble beneath

to

and foUows the slanting ways

drawn by the ils

;

— of destiny, —

to the fîxed, irrésistible pôle,

inévitable,

Man was passing through

secret call

divinely-appointed

end.

a period of indifférence.

man awoke. — Unity — And, splendid, she and love hâve transfigured France,

— Rut monsters

came forth, and

shines before the world's admiring eyes.

"

The peoples united

for the last

grand

fight,

never more renounce their necessary concord. order will arise beneath the light

— Shall — A new

That crowns the

martyrs and that Death has kindled.

"

No place

will then

Word of peace

is

be found on earth,

not written in their blood

;

— Where the — Thus will


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. be accomplished the mystery suprême

:

— The Kingdom

of God, founded by Jésus Christ.

"

The future

is

revealed to us

;

Beyond the horizon whence a radiance ascends, Behold the risen Christ

Ând

the

new Jérusalem.

"

131


The great cathedrals, black skies,

— Towers and

belfries

that hâve lost their masts.

mities, they consoled it

profiles

against

sombre

gone, seemed like ships

— And weeping over our calaThe ghost of the dead âges, as

vvandered Ihrough the ruins.

Alone, in thecolourlessnight, the blood-red of the Win-

— And, the deep-toned organ, a night— That had swept over the misery the harp of sorrows. world, — Changed the wreckinto dows shone.

in

wind

in

ail

a

And He who knows

ail,

and who willed thateach pain

— Of His members, so mutilated,should be salutary, — with Replied the immolated, — Who in spirit for ail

arms outstretched orb.

as

lay,

on the cross, upon

this

earthly

4


When my days when

I

high houses of God,

so

Eveo then your vibrant

anCient

belfries

m their

childhood,

light of the stained

In

and so beautiful,

used to pray for me.

— — You défend you the saw my fathers pray, —

My faith in your beauties, And therefore, living or dead, who,

— the — Even then,

reason dericled Ihe dream of faith, loved therebelliousarchangeîs,

that

was prayer too; still,

I

In

Windows,

ail

irradiated with the dawn.

True, the beams are not the sun;heflames in the

midst

Of the divergent rays that spring from the bla-

— But one ray — the soûl, For even without zing core

suffices to

;

Oh crumbling witnesses I

your ruin, pray for us

Cathedrals!

still,

Love

ail

still

Heaven is

in

God.

of our ancestral faith,

Before you, oh dead altars,

crifice,

faith,

put

In

Abodes of the eternal

sa-

hâve bent the knee.


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

134

What would past?

the présent be without

Without you

to raise

human

should be less

your beautiful

our thoughts

And

is

it

to

because

God we

we hâve

believed that thought has been ours.

"

am

I

the

who showed

Way us,

as little children,

" said Christ " step

I

by step,

am His

he took ourhands in

— He — When, way, His; — Our eyes

the Life "

bave forgotten Him, but we foUow in His path.

That

is

indeed the reason

why the Pit has voinited forth

thèse démons — Who would dominate both princes and republics — And who, with the beauty of our antique — Would annihilate everything we ;

love.

fain

basilicas,

— In — And —

But oh, Christ Crucified, our eternal Exannple,

our fervent hearts, the monstrance ever shines,

our love, mounting to Thy Heaven, living Christ, loftier

Is

and more indestructible even than Thy temple.

Our peoples hâve proved that they loved Thee, that they are Thine;

Ail

founded on Thy love. the Gospel, ful to

empires arefr^gile that are not

— And

so we

who never bave denied

— We are Christiansstill, even whenunfaith-

Thy law.

Thèse océans of bloodhave been our lustral waters,

Pure

sacrifice has regenerated us,

— And though dead,


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. \ve shall

sing

— Sacred Te Deums

to the holy

135

organs of

the renascent calhedrals.

For belîold, already our certain Iriumph dawns

Our squadrons see cock cries

it

it

rings ou the fairest of raorns.

— The iron — Where the Angélus

flaming in their wake

to the village belfries,

;

;


The Victim sought raised

change his attitude,

to

And

himselfuponhis elbow; theEarth trembled....

Then he saw a strange multitude of beasts come towards him,

It

— And many

from time

fell,

to time.

was a most incongruous crowdofdomestic animais,

Horses and dogs, ewes with their lambs,

Everywhere from roofs sures,

— They ran,

like

in

fleeing

fiâmes and from rustic enclo-

some great

torrent,

made up

of

scattered groups.

The War!

roar and the din of

meadow

— The — and farm-yard Which turned arms

Ail fled, in

into hell

lamentable hordes,

Blindly, they fied

fire's

from man,

the friend of yesterday.

Then, when they thought themselves safe, out of the storm,

Ail stopped,

and wistfuUy, sadly hung their


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

137

— Poor beasts in whom affection had — Suddenly betrayed by inhuman man.

begun

heads, live

The horses, standing

in a ring, as if clinging to each

— Seemed hoid counsel, together. — Now and then, one them, surrounding group, — Utters and

other, in their misery,

heads ti

ail close

oubling the

from

to

their

to

of

a

çry,

far off, a like cry responds.

The young lambs bleated complaints far-off;

despairingly,

resignedly

to their

mothers,

The dog, guardian wiih no master, barked

future, they

And the oxen, with lowered heads, Dreamed of the sweet hay, which, in

would await

in vain.


— was only yesterday Ihat we waited peacefuUy, — In Ihe meadows or the stables, for the hours of work — When men came, who with — Spreac "

It

fearful cries,

désolation, and drove the cattle frora their stalls.

Like docile companions,

we

loved the kind master,

Whose yoke was on our necks, his harness on our AlasI Now we hâve neither friend norshelter;

backs.

— We

makers of furrows and drawers of burdens. In the daily order of our well-cared for stalls

looked upon the hay

as a sign of love

peace were the spiders' webs

— That

:

As

;

— W€

a sign o

hung from the

roo'

in a cool half-light.

Ail is

crum

^^^^

^^ ^"^°' ^^^ ^^

^^^^^

burnt

;

war

roar;

around us. -"willinei'" "^^ ^"^^ ^^^""^"^ "^^"' ^"^ ^^P®' * ^e liSed tO fold ÎHl] K^A at* ,u And the hour of rest r , .J; knees, beneath our ilanks. -> Before this S""^ world rinrrior,

"^

.

.


THE BLOOD OF THE

We

trusted the

back alone

wisdom

to the stable.

of

îr3AGRIFICE.

'

man

:'

his roof,

and recognised

The ploughshare, stakes;

il

when

in the forge

— Men rend each other

go about, seeking

to tear

n.

Or, at

herd would lead us back with ease

"

;

^^^en

iglit,

^

still fa'i"

159

we came

a boy-shep-

^"" ^'^ loved ^way.

'

into iron bas chai %'^^ *"^^ ^0^^^» jealous a

like

each other's throat:

vening packs, like wolves in winter-time.

\

*" ^^"


And towards perhaps,

the horizon, where peace

Ail thèse horses, oxen,

one confused mass, low and bleat, master's

Then

is

to be found

sheep and cows,

— With necks outstretched, TelHng thus of Iheir regret

neigh for th

field.

beneath the

flashes,

red

and trembling, o

— Beneath the cannon, which momen — had Oxen, sheep and horses, with ing limbs, — Again begin madly they great

for a

fires,

beeii silent,

stiffen

to liée,

Far and wide, beneath the hoofs, the plain trembles,

blows like a muffled drum,... belfry, while the

and

falls

flee.

galop of their thousani Palpitating with

— And

a

clock strikes the hour,

beneath the cannon's thunder.

hollov

neighbourin^

— Crumbles


"

Dear friends, you hâve helped

me

in

my

juests —

Over the éléments, whicli day by day,

bught;

pity

I

brgive,

you;

Oh noble

I

beasts, forgive

con-

hâve

man,

For that he has his passions without your

irirtues.

"

You

whom

the Ghild Jésus caressed in the stable,

iaborious ox and patient ass, ,var

maddens with

whom

You

dreadful

Pardon unconscious

man

aberration.

lis

'

Little,

symbol

bleating lamb,

war,

who not long

Of Jésus Himself, and

ail

man when

hurt,

ago, wast the

the childish inno-

— Horses that share, — Faithful hound, good hound,

cence of the past, )f

terror.

in

man's labours so helpful to


THE BLOOD OF THE

142

" Forgive

Immanity

fulness of love

more be "

inhuman iX^^'

its

and sacred

by Teutonic force,

s'^^ï^^ï^^CE.

pacts.

—The'

Dear animais, beasts of burden,

oh best friends of man,

When you

meads,

it,

planned

and never

seen.

mangëf!?, and the fountains

"

^^^ forget-

li^iseries

— Shall pass away wiHli

hâve done ray duty, even to you too,

Then

shall shall

;

ail,

— Hâve

K.m ^

And thaf ï

fallen

that

i^o*"

beftve your

where you drink.

corne back

you know

to

my

your much-loveJ love for you,

oh

— For be beneath the earth, and flowering grass — Will feed you with my and guileless beasts;

I

shall

spirit

my

blood.

"

I

Y^u


I

And while wilh shouts and cries men slay each Moved in spite of ail thèse ills, victim,

t The

he terrified exodus of the lowly animais,

ouching

other,

— By

— Hears the

call of a liltle red-breast.

The bird that Jésus loved when on the Cross, cornes 11

its

— —

turn

îonsoles

;

To console the great heart of Hirn who

It is

man's speech;

the will of love in

like the lisping child that understands It is

the instinct of pity that understands

man.


Tliunder of cannon and clatler of balls;

lives,

and breathes out

firey blasts

bles as a thousand ruins

— While — Death ail

smoking volcanos;

the distant summits are

;

The globe trem-

come crashing down.

There, beiow the horizon, on the edge of forests torn

up by the the end.

— Are

roots,

soldiers, resolved to hold

on

to

— Their feet resting on the dead, in the depths

of their trenches,

— In thèse tombs, dug by their hands,

they die, standing upright.

Above the iron stems springing out of the earth, Stars,

on a sudden, mount and spread,

sky a Word of

command

men's dazzled eyes.

A death

— Writing on the signal that holds


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. And then of iron.

it

seenis as

— The

on, thunders as a dreadful

alive

it

tomb,

the heavens fell in blocks

than a man, cornes rusliing

— And opens, 'neath

bursts,

— Info which

slips

many

mass,

its

a hero,

buried

î

They is

if ail

shell, taller

145

die,

they die, they suffer, die and suffer;

anger, horror, terror, howls and shrieks,

grenades are thrown ; and furiously,

AH

— Suddenly,

— The attack leaps

into the adverse trench.

The bayonet darts backwards and forwards, bores,

stabs,

Pierces men's hearts, and with eyes convul-

— They mire, — And sed....

suffer, cry out, die... in the blood, in the

satisfied,

beneath the wounded, sleep the

dead.

Oh peace

of the fields

oh gatherings of grapes ail

thèse evils

I

!

oh harvests

Is it

man

— And who strikes

î

oh motherland

or god

down

who

!

willed

the weak, and

punishes the innocent ?

10


The

Spirit of

Love pitied ihe beasts in Iheir

But behold,here are ills

;

human

beings borne

flight

down by

;

greater

Treading down their flowering vines, and their

harvest destroyed; like animais.

— Threatened themselves, and lashed


"

Know ye the doom the foe When raarching to the attack, we Of our bodies,

lie

makes

prépares for us? are thrust in front.

a living shield.

If

— —

any one

rebels, that one is shot.

"

We

— As —

tremble, not so

to see

We

before the enemy's guns,

once more our beloved country's soldiers

are but cannon-fodder, unarmed;

wall that suffers,

"

much

moans and

The survivors,

at their

bleeds.

soulless torturers' will,

Exiled, deported, prisoners and slaves,

ped and driven forward, on the road

to

As were once

the negroes in the hands of slave-dealers,

many.

!

A moving

— Are whip-

infamous Ger-


THE BLOOD OF

148

"

Farevvell, leisurely

TIIE SACRIFICE.

walks and friendly meetings,

In the cities wiili their crowded pavements; farewell.

Thèse

vile soldiersninder

brought back "

We

ail

a

at

a

more clément

âge,

— And —

had forgotten for ever the old terrors,

an Emperor's irrévocable word,

dead thing, the past " So

— Hâve

the horrors of legendary times.

thought we lived in

that the world

But

whose infaray we bow,

— —

— Hideous, being

lives again.

when we see our soldiers, at sight of us, overAnd vanquished by their pity, their eyes fuU

— — —

whelmed, of tears,

arms Fire!

Hesitate to shoot

" Brothers

:

"

", shall

and ready

we

cry, "

to

drop their

Do not

falter

;


Thus they weep, people of Belgium and

of France....

— They

pass on and disappear inlo a tragic night,

Whifher

tlie

vain longing for their opuntry follows them.

— Then another group émerges from

tlie

dark.


— We

We

"

fly

our country and our peaceful

fields,

go into exile, with bowed heads and stooping forms;

— With hunger, and death — And carrying our emptiness

for

thirst

like a

"

When we

our native

left

dead along the way-side,

feli

the dried-up breast,

to

village,

— Our Died,

our companions,

heavy burden.

— Many

little

still

a

mother

ones, their lips it

with

unknown

land,

pressing

their tiny hands.

"

My poor lame dog

— My see

milch-cow

my rags ail

— Once "

ï

was

follows

foui with

rich,

me

into the

me not. But my naked flesh....

familiar and leaves

is

now

mud; I

am

see, see

clad in poverty.

Many are poorer and more lamentable than

I;

Where will they be lo-morrow? Where shall we be to-night? Aud round what peaceful hearth at what tables

Shall

we be asked

to

warm our

limbs and

sit

awhile?


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. "

We

dare not look back whence

For fear of seeing, are

unhappy

God seems

to

far-off,

hear no more.

corne, — — And we

we hâve

our homes on

soûls in prayer,

151

fire.

— Whose plaintive orisons "


Before the eyes of the weary flock,

Thus they spoke.

— An

old priest appears, who, standing at an altar,

Murmurs

a chant that is scarcely heard,

— An expiring

lament, but in which lives an immortal sensé.

Motionless, a whole régiment in arms,

time responded to his ritual chant

to

the storm a forest in tears

Il

was the mournful voice of the steppes

was weary, slow and monotonous, sound

to the exiles'

to

After a light cry, ,soft as a caress,

my

distress "

aid.

!

It

in

autumn

— And as

had

;

it

a fraternal

heavy hearts,

was constantly repeated

my

sings in

— And the lament seemed

Rising from the depths of infinité âges,

on

Frora time

— Thus

;

from the depths of past âges.

rise

;

I

:

thirst,

" Look, l

hunger

—A

supplication

oh Lord... oh look ;

Lord, corne unto


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. And

ail

the régiment, with deep and mournful voice

Heads bared, arms lowered, sang

over,

call of

the world

in this

Ail Ihings Ail things

:

"I

corne to Thee, oh Lord, turn

same appeal, ever

weep; the

rising

forests tortured

tirae,

At once, so

falling,

by the wind;

— —

flesh of the living.

aloud and can keep silence no more;

Thou not send back

any

and

the rivers, the seas dying along the shore,

:

" Lord, pity cries

in

over and

"

— And the dust of the dead, and the Wilt

soflly

With obslinate, reiterated rythm, that secret

not away Thy Face.

And

155

to us

hâve been seen to

Thy hounties ? fall

Never,

upon the earth,

many undeserved misfortunes

'• I


than ever the

— and Rome, — Thus each — Yet, more purest blood flowed torrents; — For a

prince, of

emperors the worst,

France, Russia, England,

prayed for

itself,

ail

and everyone for Man.... in

by him alone,

soldiers, inspired

mand,

tiH then unheard of

:

— Had

laid

upon the

This word of com-

" Be like Attila. "

»

"

When

I

command, God

massacre! Burn

ail

who

me

assists

resist;

:

Strike,

Enemies may be

— Let terror go — When you shall

conquered, soldiers, by terror alone; before you, leave terror behind you

hâve passed, Jet nothing survive. of

;

This

is

the

order

your Emperor. "

Enough

Enough

of the loyal

combats but

of generosities by

lately fought,

which wars are prolonged!

— The crime that makes victors of the criminals has own, — Restore slavery; make torture worse; beauty of — War, ruthless war, such Nature's law — Corne,

a

its

is

:


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. Iger, bite into their very hearts

who

show

shall

coward and

!

— Any man, any — Shall be called

soldier,

a relenling soûl,

traiter to bis country.

"

For long to corne, they bave killed

eartb.

Oh

Thou, that France, in herself, :

:

upon

ail joy

— — Thou knowest,

They are wild beasts and we their prey.

risen Christ, dead, yet living ever,

Word

a

"

Then the Victim turoed towards the Orient

155

that

is,

Love

itself.

Défends Tby eternal

In serving hej',

I

die.

"


— Tastes in

Lo, while the flesh of the Sacrifice,

the love of the world redeemed,

there

—A

spectre for

repose,

whom

no hope thaï his inisery shall ever cease,

is

Enters on the paths of his adversity.

Feeling his golden helm, encircled by a crown,

— He long — Dead men's limbs

Totter, he raises a trembling hand.

look on

ail

that surrounds him....

casis a

are the stones that pave his way.

Everywhere

eyes,

Glitter in the

whose

stare

stabs

Everywhere outstretched fingers point infamous

;

him

to the

soûl

dust in which he sets his feet; to

him

His people form a hideous hell

as

— one

of hait

and lame.

As each

He

man

has a mask against

Ihinks himself surrounded

form;

— And,

the deadly gas,

by wolves

ai times, the gold eagle that

in

human

trembles on


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. his helm. his

— Gnaws

at his

157

hands, as he raises them to

head

At his feet, the blood of ail the dead stirs and cries alouJ.

sacrificed

own

land.

Tliere is not

— Hâve not

— And

life

an inch of grouiid where

shed

ail

men

their blood, each for his

and death,

ail

things,

deny him

their pity.

And

as the éléments, the beasts,

and

ail

things,

Hâve understood the response of the Groat Martyr, Their réprobation, rising in a tempest, it,

and bows down the Accursed.

— Drives

— —

bfforc


THE HILLS

As

— Those ravishers — For love bas touched the

to ourselves, so to the eagles,

lambs, thou seemest odious;

mountain rocks,

— But

it lias

of

not entered thy heart, nor

rejoiced thine eyes.

THE FOREST Blood-stained beast.

fool

— Oh cursed

The wood

membering

with the soûl

art

of thy coffin shall

that once

of a

carnivorous

thou by laurel and cypress-tree

it

vomit thy dust,

;

Re-

shared our forest-soul.

THE BEASTS

Oh thou who name

the harsh

— By — Go, acones of men, — Go,

hast thyself chosen to be called, of Attila, scourge of nations,

cursed of the mothers and the

little

ask the lion's cliildren to absolve thee!


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

159

ALL MATTER

Wlien thou didsf will thatmen shouidgroanand bleed,

— That

body and soûl should be crushed by

— Then thou didst defy world Gospel reigns — Between us and Mind thou horror,

in

a

;

ail

ail

this

which Ihe

hast denied

accord.

LOUVaIN

— For — sovereign. Will doom thee the Poets, whose verdict that contempt frorn which nothing can deliver, — Thou

shalt

know

the vengeance of the book. is

to

When

the style

is

of steel

and the page of bronze.

THE IRON

Oh thou who

didst sully Belgium so deceived

thou canst do naught but betray and

Thou who

didst treat sacred

without péril

kill

Give back to me, oh félon prince, thy

— For —

phantom sword,

honour as a rag of no

account.

THE HIVERS

Pursued by the multitude of widows, -^

Who

fain

would stone thy wailing spectre form, — Thou shalt bend — We over streams slake thy dreadful to

thirst

take on the savour and colour of blood.

:

shall


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

160

THE OCEAN

Oh inhuman prince! Were

to

roll

my

If ail

fathomless waters

over thy slaugliterer's hands.

— My waves

would be reddened with the blood of thy crime,

But

ne ver could they wash away tha stain from thy hand.

THE CATHEDRALS

— No more shalt thou — And when thou dosl

King, the world renounces thee.

hâve

fire,

nor

beg for them silence

and

sait

inertia.

nor bread

God

will

;

make

repîy,

by universal


AH

thèse voices followed the tragic phantom,

— And he — Sought

the times of terror were accomplished now;

who

desired

the universe for his kingdom

the world everywhere, and found

it

— For

not.

11


The world

And

liad

revealed

Every one

of

changed, humanity was noblernow, splendour in each dying nian;

its

them unveiling

his inward

glory,

— — —

Radiated with a love that love alonecan understand.

How

lo find

He who would weary of the because

it

what we seek find

evils

bred by hâte,

has seen

it

in a

not? — — The woiid

we understand

if

Love must hâve loved.

— Can only

it

create love

dream.

The lowly, once allpride and

hâte, transfigured by this

— And marching now towards Love, conquer step by step — While the king who knows naught of hudream,

it

man

tenderness,

finds

it

not.

Seeks the world every where and


The blood of the nameless Devoted One, Ihè martyr crime,

Hère flowed

flowed like an océan, the soûls of viclims,

like a greal

river,

and

to

tliere

— The world now was naught but — There where the blind-hearted

saw but nothingness.

At sight of this bleeding universe, uttering malédictions,

— His pride

Forhe saw

failed

him

that he himself

in

a

suprême

degi'ee;

had closed his reign,

— And

that forevermore the world has another king.

The great Victim

still

lay in the darkness;

banished wretch, daring feet

everywhere

to look again,

in his countless traces,

— And the

— Setting his — Everywhere

struck his breast againstthe great scattered hmbs.

"

weep, "

I

who am

back again;

Said

in

one alone,

ail

the Martyr, "

The peace

I

who die

suffer :

and

ail

who

me

Earth takes

of the world approaches,

it


164

THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

cornes; this

is

my

crime was great.

hour

Be thou as wretched asthy

"

So he spoke. Slowly his great form dissolved.

melts a snow-drift on

moun tain-tops,

by the earth, wholly disappeared. spirit reigns in the light.

As

And reabsorbed

— But for evermore, his


lold.

blood, it,

The

— but

if

by the martyr's soûl,

like extravasated fïame,

fluid,

watered — By — Impregnating — — The good seed

wlîole earth being as

also

germinated, the corn was ready

to

sprout forth.

For the dust of that immense form was

The

fields fed

on

it

;

fertile

the forest too was nourished

;

;

things partook of his soûl, and the sphère of the world

Was

Ail

the raass that the force of the spirit moves.

Then, when the harvest washigh

When

the

new

soft

When dawn,

the mountain It

and radiated

among

thevines,

coppices, thick, and green, and straight,

— Rocked the nests, — Man tasted indeed the

seemed far,

full of birds, first fruits

at thèse signs

of peace.

peaks saw once more the new

as if a fire shone forth

— For the

from him,

spirit of sacrifice is a light,

That far above death, shines eternally.


THE BLOOD OF THE SACRIFICE.

166

When first

Ihe breatli of peace arose at dawn,

to Ihe great, drowsy ears of corn,

swollen grapes,

ail

gilded by the sun,

told at

It

Then

to the

The glory

of

Ihe villes and corn fiel ds.

From frora

the

hill

breeze;

companies

to

corn

to the

plain

And

green

vine

An émotion

l)ranche8,

Aies,

of the sea rising

the noise

and

borne by the high, ac-

— The song of the plains and the hymn of the

mountain-peaks.

" Glory to thee

thee....

man

oh Earth! Love has entered into

— The of the Victim has made thee a hu— Matter understands thaï she a sacred — Bearing within herself the she will be flesh

hcart.

thing,

is

spirit

to-morrow. "

Hosannah!

again,

ail

more perfect

the dead, with

new

in a

hâve grown, oh widows' graves of the dead, take

" Rebuild, loftier

little

iip

still,

new

childrenl

again their work.

temples and palaces,

the brazen bells put a clapper of gold

your immortal example,

— Live — How you — Over the

soûls,

génération!...

— Died that

;

~ Our

Into

heroes,

the heart might

rule as sovereign.

"

Hear in yourselves

tlie

will of thèse

tombs

:


THE BLOOD OF THE SACRIFICE. and create

a

new beauty, wilhout end

guard your doves well from the

viilture

;

world may never more be drenched in blood

"

167

;

I

Beneath a triumphal arch built up with swords

Guard the blooming maid and the had conquered usurped glories

:

httle child.

But

So that the

;

Force

Spirit, hold it

well

beneath thy sword, thou alone shalt triumph!

t

'

Glory, holy peace, to thee

I

but be thou lofty-souled

Accepting no shame, and resenting the least affront;

And, rivers,

hills

and seas, happy

to

I

be frontiers,

Shail be the just pride of our sons that are to coine.

"


To THE SUN OF SoLLIÈS-LE-ViEUX, OxNCE A TOWxN, ALREADY A RUIN,

DOMINATED, THESE NINE HUNDRED YEARS, BY Its CHURCH, WITNESS FAITHFUL AIND PRECIOUS

Of THE TIMES OF PRAYER AND In

DISCIPLINE,

.

THE MIDST OF THE GREAT WALLS Crumbling and FAMILIAR,

BUILT BY THE TeMPLARS ON THE HILL,

At THE FOOT OF THE HOUSE OF GoD ThAT MY humble DWELLING TOUCHES, BeFORE THE BEAUTIES OF A VAST HORIZON, This POEM, SYMBOLISED

By MY cottage, LEANING AGAINST THE CHURCH, ThIS TESTAMENT OF LOVE WAS DREAMED AND WRITTEN, In

THE THIRD YEAR OF THE GREAT FrENCH WAR,

And THE YEAR MCMXVI A. D.

December 1916.

Translated from the French of

Jean Aicard, of the French Academy, by Margaret Gunning.


FRANCE

A LA

PAR

RUDYARD KIPLINO {Ode écrite en juin 1913.)

Toi qui as connu tous les malheurs connus, qui les as

surmontés

Parce que tu portais en

toi

la saine

légère joie de vivre, ce bouclier de la Gaule,

retenue dans

— Juge

le

sans faiblesse dans

le luxe,

terrible d'une force

que tu

tires

gent à l'esprit de l'homme, la

Avant notre naissance, nous agitions

:

première à suivre

le

le

la

prochain.

te souviens-tu? côte à côte

— Ensemble

commencer

la différence

tâche

— La

dernière à abandonner les vieilles

— France chérie de toute âme qui aime

tients de

Toi,

de ton sol inépuisable,

plus sévère de ta propre valeur, le plus indul-

vérité nouvelle, vérités,

l'effort,

et

— Sans —

dans

combat.

le

sein de

nous

Rome, impa-

— Avant que

l'on

connût

de nos langues, on connaissait notre future

Chacun de ces deux peuples

devait, en for-


A LA FRANCE.

J7()

géant son sort, modeler celui de l'autre. cela

pour

C'est

que nous avons tous deux remué l'humanité jusqu'à

ce que toute la terre fût nôtre!

monde

Que, d'un bout du

à l'autre, nos querelles ont suscité des pouvoirs,

fondé ou renversé des trônes

de barrer

route de

la

— Pour permettre à chacun — Peuples dont nous

l'autre,

faisions nos avant-postes, les mercenaires de notre cour-

roux.

C'est

pour cela que nous avons rempli

la

portes de

mondes nouveaux, sans

deux, avait passé

le

premier.

mer

— Les

d'orages, que nous avons franchi, en. les brisant,

savoir qui, de nous

— La main sur

la

garde de

notre épée, te rappelles-tu? et tout prêts à frapper,

Certains que, quelle que fût la rencontre, elle finirait en bataille,

par

la

— Éperonnés

et arrêtés à la fois à

force l'un de l'autre,

cours des âges et toute

Où avez-vous devant vous?

la

le

largeur des océans.

reculé devant nous?

Où avons-nous

— Cherchez une vague qui

une guerre entre nous.

chaque pas

Nous avons parcouru

n'ait

reculé

pas connu

D'autres peuples nous ont

retenus un moment, mais d'un charme moins puissant;

— Nous quittions pour nous élancer l'un vers — Car nous éprouvions délice commun d'une pour mystère, égale; — Chacun de nous terreur, passion, amour, — Au tribunal l'un de avec nos preuves, nous venions. — Quel autre combat l'autre,

les

lutte

le

fut,

l'autre,

l'autre,

nous eût

offert

un honneur

aussi audacieux?

aussi grand, des adversaires


A LA FRANCE. De

la

171

gorge l'un de l'autre, nous arrachions, suprême

récompense du courage,

Un

cri

d'admiration qui

s'échappait entra le coup et la parade.

— Chacun de nous

a versé dans la coupe de l'autre son sang et ses larmes

mêlés,

Les joies brutales, les espoirs démesurés, les

— Tout

a'bgoisses intolérables,

tout ce qui

l'a

relevée depuis

ce qui a souillé la vie,

un millier d'années,

épreuves supportées au delà des forces, sous tous les climats,

grandement au long des

Accouplés

sous

le

les

— Les

combats

livrés

compagne, nous avons vécu

siècles

même

!

joug de

souvenirs et

remords, maintenant nous aspirons au repos.

de

Riant

des anciennes trahisons que le temps a tournées en plaisanteries,

Nous pardonnant

pardon n'effacera jamais

:

le

vieux, crime qu'aucun

Le péché éternel, dont

chacun de nous eut sa part sur

la

place du Marché de

Rouen.

Maintenant, nous regardons monter des années nouvelles, clairs

nous demandant

si

nous entendons de nouvelles voix se

vanter ou crier

te rappelles-tu?

— De plus — Maintenant,

elles sont grosses

que nous n'en avons autrefois lancés.

Comme

quand nos

s'élever,

d'é-

questionner,

nous criions avec rage,

foules étaient déchaînées.

Maintenant, nous comptons de nouvelles quilles à

de nouvelles armées sur pied les nôtres, te rappelles-tu?

— Massées

comme

flot,

étaient

quand nous préparions nos


A LA FRANCE.

172

coups.

Pour l'amour

même

de

la vie,

nous avions dû

apprendre à connaître chacun la lame de l'autre.

— Quel

sang, quel fer, pourraient faire plus que nous n'avons fait?

C'était

une rude

école, celle

où nous avons appris à

pénétrer nos pensées. — Quel sang,

quel

fer,

pourraient

séparer des choses que nous ne puissions réunir,

— Nous

qui avons dévasté les côtes l'un de l'autre, pillé les foyers l'un de l'autre, a sonné en

Depuis

tombant dans

le

la

temps où

balance de

Brennus

l'épée de

Rome

!

— Écoute,

prenons-nous de nouveau corps à corps, ceinture contre ceinture.

— Unies enfin pour

la

garde vigilante qui con-

serve la paix à la terre.

Rudyard Kipling. 1913.

L'ode magnifique qu'on vient de lire doit

d'autant

plus nous toucher que, parmi les écrivains de son pays,

Rudyard Kipling

est,

par excellence, un génie anglais.

Sa popularité est née, en grande partie, des accents qu'il a su trouver

et

«

la

pour célébrer l'énergie anglo-saxonne

plus grande Angleterre

».

Ses poèmes

Seven Seas retentissent profondément dans

le

de

Tlie

cœur de

chacun de ses compatriotes. Enfin, on n'a pas oublié que

le prix

Nobel de littérature

quelques années.

lui

a été

décerné

il

y a


ANGLETERRE [Réponse à Kipling

écrite

en juillet

1913.

Anglais! depuis les temps où nos pères, dans Portaient, déjà plus forts

Tous

que

les rêves qui font la majesté

Jamais,

Où nos

même

Rome,

les pires destins,

de l'homme.

en des jours, qui ne sont pas lointains,

orgueils jumeaux, riant dans les batailles.

Échangeaient de

la

grâce

et

des saluts hautains.

Jamais encor, dressant un éloge à nos

Vous n'aviez

si

vibrant, dans l'or

tailles.

pur des

clairons,

Jeté l'appel qui fait s'écrouler les murailles

Votre héraut nous a charmés

!

1

Nous l'admirons.

Ce barde valeureux que l'univers couronne, Et dont l'Inde a forgé les chantants éperons.


A L'ANGLETERRE.

17'<

Vivat Rudyard Kipling, son

Son âme de poète Toute

Il

la terre

lutte

pour

et son

entend

la

œuvre

cœur de

personne,

et sa

soldat!

diane qu'il sonne.

bon combat;

la paix, et c'est le

Tout notre orgueil tressaille à son ode sublime

Où nous sentons que, près du

Oui, nous

eûmes

nôtre, son

jadis plus d'un duel

Et nous étions tous deux

Jaloux d'escalader

la

cœur

bat!

magnanime,

— triomphants tour à tour

même

haute cime

Maintenant, nous voyons qu'elle se Et nous nous rencontrons sur ce

La guerre eut son moment

;

la

;

nomme amour,

sommet de

gloire

:

paix aura son jour.

Notre amitié va clore enfin cette ère noire

le fer

donnait seul des

Et nous ouvrons

lois à l'univers,

un temple inconnu dans

l'Histoire.

Dans ce temple serein gardons nos lauriers

Même ceux

qu'on

cueillit, sanglants,

dans

verts.

les

mêlées,

Mais, de nos pavillons unis, qu'ils soient couverts.

Et

si

Par

d'autres jouteurs, en des heures troublées

les rêves

de mort d'un passé renaissant,

Essayaient, sous le choc de leurs forces triplées.


A^L'ANGLETERRE. faire,

malgré nous, vers des destins de sang,

Pencher

l'un des plateaux de la grande balance,

Nous jetterions dans

Quel? les glaives

Où Si

I

luit,

gravé, le

un contre-poids puissant

l'autre

d'Angleterre et de France,

liés

mot de

paix, ce

magiquement lourd d'une

Qu'ils ne

tomberont pas dans mettra de

Et

le soleil

Ils

sonneront

si

le

mot

divin,

sainte espérance,

la

balance en vain

!

feux sur leurs lames,

tels

clair sur le plateau d'airain,

Éveillant des échos

Que

;

si

profonds dans les âmes,

monde charmé tendra

les

mains vers nous!

Vers nous iront les cœurs des vierges et des femmes,

Et les baisers chantants des enfants à genoux!

...Après avoir défait et fait plus d'un empire,

Oui, Kipling! nous avons saigné sous de grands coups.

Connu tous Mais

les

la joie est

malheurs

et

surmonté

le pire!

en nous, et c'est l'orgueil gaulois.

Ce magnifique orgueil que ton ode respire.

Et maintenant, Kipling,

Nous aimons Qui combat

L.

la pitié

et qui

— par-dessus nos exploits,

douce, énergique et tendre,

meurt pour de meilleures

lois!


A L'ANGLETERRE.

176

Oui, tendre, c'est le

mot

qu'il

nous

Celui qu'apporta Christ au vieux

plaît

mieux d'entendre,

monde romain

Et qu'appelle l'humanité, lasse d'attendre!

Tandis que Kipling

l'olivier frissonne

regarde au

!

Un oiseau passe

et

ciel

dans

ta

main,

sur le drapeau qui

:

flotte

chante avec un cœur humain

L'arche humaine n'a plus la haine pour pilote

!

;

Elle n'aime plus voir, sous des ciels orageux,

Un sang jeune empourprer

l'Océan qui sanglote.

Tout l'avenir convie à de plus nobles jeux

Ta vaillance,

la nôtre, et

tous nos jeunes

hommes;

C'est sans être cruels Qu'ils seront courageux.

Ce qui

le

Kipling,

mieux fait voir quels grands amis nous sommes,

c'est que,

C'est la vieille

Ce Il

nom

éveille

met sur

cet

Rouen,

parmi nos plus la seule,

en nous

les

amour, dont

fières cités,

que tu nommes.

plus belles fiertés; la

France est l'apôtre,

Son resplendissement de feux ensanglantés

Car

l'idéal

guerrier de Jeanne, c'est

Ceux qu'elle a combattus, sans N'avaient qu'un

nom

:

le

;

nôtre

;

les avoir haïs,

celui d'envahisseurs

:

point d'autre

!


A L'ANGLETERRE.

177

Mais elle se voulait libre dans son pays... Telle est Jeanne, Kipling Elle, c'est

nous; ses

:

Elle est la Paix en armes.

vœux ne

Voilà pourquoi, rien qu'en la

Et tu fais,

seront point trahis;

nommant,

du profond de nos cœurs,

Monter l'enthousiasme

et les plus

Hourrah pour V Angleterre

et

tu nous charmes,

à nos yeux.

nobles larmes...

Kipling glorieux!

Jean Aicard. 1915.

12



TO

ENGLAND

{Ode written in July 1913.)

Englishmen! since the times when our fathers, in

Rome, witliin

— Already stronger than the worst destinies bore them, — the dreams that make the majesly Ail

of man.

Never, even in days not long past,

— When your pride —

and ours, twin-brothers, laughing in the

battles,

Saluted each otherwith haughty grâce.

Never

yet, raisin g a voice of praise

worthy of us both,

— Had you, so vibrant, the puregold of the clairons, — The that makes the ramparts in

call

Your herald hath charmed us!

fall

We

!

sounding spurs India hath forged.

I

— — Whose

admire him,

That valourous bard crowned by the universe,


TO ENGLAND.

180

Long

live

works, — — The whole world

Rudyard Kipling, himself and

His poet's soûl and soldier's heart!

his

hears the bugle-call he sounds.

lie fights for

pride thrills at

— AU our — his ode sublime In which we

peace, and

'tis

the good fight;

feel his

heart beat close to our ovvn.

Yes,

of

we fought many

old,

— triumphan^ each

jealously,

scale the sarae high peak

Now we upon

that

see that

summit

peace shall bave

When

name

a temple,

in turn

,

-—

We

And

tried to

:

is

— And

Love,

— War

liad its

we meet moment;

day.

shall close

the sword alone gave

we open

noble duel,

:

of glory

its

Our friendship

ils

a

unknown

its

— — the world, And

at last that

laws to

dark âge

in History.

In that serene temple let us keep our green laurels,

— Even But

let

And

those

we gathered blood-red

in the battles,

them be covered with our standards, united.

if

other

tilters, in

hours troubled

of death of a renascent past,

the shock of their tripled forces,

Were

— By the dreams to

try,

beneath


TO ENGLAND. To weigli clown, scales, — Towards

side \ve

would

What but

in

spitc of us,

one side of the great

a destiny of blood,

cast a

181

— Into the

the swords of England and of France?

Swords bound together, on whose blades

engra-

sliines,

divine, — So

word of peace, word

ved, the

other

mighty counterpoise.

magically

charged with a righteous hope.

Oh! not in vain

And

— — They

shall they fall into the balançai

the sun will throw such,fire on their blades,

will ring so clear on the brazen scale.

Awakening such deep echoes

in

men's soûls, -^ That

the whole world, charmed, will stretch out

us!

— To

ils

hands

to

us will go out the hearts of matrons and of

maids,

And ...

the nmsic of kneeling children's kisses!

making and unmaking more than one Empire,

After

— Yes, Kipling, we hâve bled under heavy blows, Known But joy

is

every misfortune and overcome the word!

within us, and

'lis

the pride of the Gaul,

— —

That magnificent pride expressed by thine ode.

And now Kiphng,

abovo

ail

our exploits,

We


TO ENGLAND.

182

love pity, soft, energetic and tender

and

dies for belter laws

Yes, tender, that

is

Pity that fights

I

The word Christ brought

— — For the old Roman world

word we most

the

to

love to hear,

which mankind yearns, weary of waiting.

While the

olive

branch trembles

thy

in

— —A

hand,

Kiplingl look up to the sky; over the fluttering flag

bird passes that sings as with a

human

No more the human ark hath

more she

loves to see

heart!

— No — The blood

for a pilot, hâte;

under stormy

skies,

of youth redden the sobbing Océan.

The whole future

invites

vaUance, our own, and

ail

to

Thy

— And they

will

nobler jousts

our youth;

be brave without cruelty.

And the thing are,

that best proves

what great friends we

— Kipling, — among — old Rouen alone, that thou

cities,

is

this,

that

It is

our proudest callest

by her

name.

That name awakes in us the noblest pride sheds on that Love whose apostle France

dour of blood-red

fires.

is,

;

— And

Its

splen-


TO ENGLAND. 'or Joan's idéal

fouglît

warrior

:

ours too;

hating them,

against witliout

name; the invader's

is

185

Such the Maid, Kipling

we

Those she

Had but one

noue other!

But she, Joan, would be free in her

'tis

:

She

is

own

land....

Peace in arms.

— She,

ourselves; her wiil shall not be betrayed.

I—

And therefore thou charmest us by merely naming And from the depths of our hearts thou makest

to

our eyes,

Hurrah

— Enthusiasm and the noblest

for

her, rise

tears....

England and the glorious Kipling

Translated from the French

Jean Aicard, of the French Academy, by Margaret Gunning.

ol



IL

SANGUE DEL

SACRIFIZIOTRADUCTION

DE

M.

S.

LALLICJ



IL

SANGUE DEL SACRIFIZIO

Alla Francia,

Al Belgio, all' Inghilterra, Alla Russia, Alla Serbia, al Monténégro, Alla Rumania, all' Italta,

Al Portogallo, All' America,

A A

TUTTI

I

LORO MORTÏ,

TUTTI

I

LORO FERITI,

QUESTO POEMA

È DEDICATO.

Egli gridô

:

«

Francia!

»

poi, senza

pensiero, Egli cadde, in faccia, sato,

dolore e senza

al cielo, col

petto trapas-

perché cosi avevano voluto dei malvagi

re.

Riverso sul dorso, le braccia aperte, corne in croce, egli entrô nella

morte corne

in

un sogno.


IL

188

SANGUE DEL

credotte addormentato sopra una

Siille pi'ime, egli si

spiaggia,

SACRIFIZIO.

imperoccliè,

intorno a

tutt'

lui,

singhiozzi

i

dei morenti, regolari, traversati da lunghe strida strazianti,

sembravano

notli in cui

il

Quindi egli Allora

sorpresa

gli

si

voce d'una orribile burrasca, nelle

la

mare

si

destô,

torce disperatamente.

ma

soltanto in ispirito.

parve d'essere Gesù Cristo, cosi che, senza

— addenlrandosi nel mistero — che

rato, confitto contro la terra la superficie, egli

Ed

i

mari, ed

si

martire smisu-

volge, onde sposava

copriva l'universo diagonia e di amore.

i

cieli,

sere vermiglie, rosei mattini,

richiami infmiti degli uomini e délie cose,

i

belve délie

le

foreste e gli uccelli dell'aria; tutto si uni nel suo cuore

per scongiurare l'inferno.

Sospiri degli occani, leggeri respiri dell'uomo, tutto è

ritmo profonde nella veglia e nel sonno

;

è

il

ritmo che

fa

gli universi cosi belli.

E

se tutte

le

lunghe pêne urlate suUe tombe, tutte

quelle dei moribondi del si

mare

in furore,

irti

per

urtassero nell' atmosfera;

rombo

degli

lo

quando venta

spavento, e tutte quelle (differenti e

commiste)

un ritmo ancora,

ampî mari, nel momento

in

cui

siraile al il

cielo

squassato accenn a acrollarein frantumi, sottometterebbe

questo caos aile leggi

fisse del

numéro.


IL

SANGUE DEL

Nessun grido, per quanto

SAGRIFIZIO. lo voglia,

189

resta isolato,

e

délie migliaja di gridi, nello

spaziocommosso, incontran-

done migliaja

confondono;

d'altri,

vi

si

altre migliaja,

distinte da esse, loro rispondono, e questi accordi fatali

fanno, di questi gridi discrepanti,

l'eterno àlito uguale

dei vivi e dei morti.

L'uomo che

giace, coricato nel suo sangue che spiccia

— nel gran ritmo dei dolore universale — rabbrividisce, trasformato dalla nuca gli

sembrano

délie valli, le sue giaocchia

corne délie montagne

per

i

campi

;

Le ciirve dei suoi fianchi

ai piedi.

la

;

tutto

sollevate sono

suo sangue cola in fiumi

il

sua anima sente

le

sue ossa, peste e nas-

coste, sotto al suolo esottoalla sua propria carne,

turarsi colle rocce; egli è tutto

intera; e,

sull'

orrido

globo,

s'offre agli dei sconosciuti,

:

vita e

conna-

morte, l'antinomia

sacerdote ed olocausto,

martire immortale.


((

Noi,

i

fiumi trascinatori di mondi;

vergini e blanchi;

imprigioniamo tremuli

soli

ai fieri castelli la

capanna, e

vette

le sorgenti natie

in sfondi

riflessi,

le alte torri délie città

Noi, creatori di capitali; noi, che

mai; noi, onde

de' nevai

;

Noi, che di fresca luce irroriamo,

presso

figli

noi che, nelle reti dei nostri gorghi,

non

ci

;

arretriamo

sono immacolate e suUe

;

Noi che,

con ogni nostra spuma sonora, rechiamo

mari più d'una squadra tesori

di carchi battelli

sotto al vecchio ponle che

li

incornicia

ai

fluttuanti ;

Noi, le grandi strade in moto, azzurri vincoli di popoli

amici; noi,

fatti

liberi e docili

;

passare solto ad un arco

— trionfanti,


IL

SANGUE DEL

SACRIFIZIO.

Noi, artefici di utili bellezze; noi, rosi,

che spargiamoi

degli innamorati

Ma che

fiori

191

larghi fiumigene

i

délie nostresponde sul sentiero

;

altresi

rendiamo féconde

le viti e

fecondi

i

mondi, da chi dunque

grani; noi, fiumi trascinatori di

siamo turbati?

Un nuovo

affluente,

un nuovo

tributario arriva nelle

nostre chiare acque; rosso e nero; la capinera è fuggita dalla nostrariva, dal musicale

Non più coppie,

dalle

mani

schermodei nostricanneti.

intrecciate, sui verdi nastri

erbosi dei nostri margini.... Dove sono le nostre purezze

d'un tempo? perché convogliamo noi dei defunti?

L'odioso incendio ci colora alla notte; noi

;

livido di

non discerniamo più

un funèbre bagliore che

ci

La cattedrale avvampa e

giorno, rosso

altra aurora; è in noi

chiazza.

si sfascia,

e

dovunque

degli

spettri foschi, degli esiliati in miserabile folla, vagolano

nel terrore délie sere délia

gente,

eterne

;

noi volevamo la fehcità

pace santa, semplici

amori;

ed

eccoci,

maledetti che siamo, fiumi di angoscia e di sangue!

»


Allora Tuorno

rispose

«

I

giacente, irrigidendo le sue vertèbre,

e la sua voce fece

tremare

tempo

fiumi, io

ignoti.

i

voslri

vostre città dai campanili secolari,

i

vostri

le

borghi e

le

palazzi,

vostri giardini,

i

nevai (vostri padri),

nelvostro cristallo, parevano io

:

vostre acque limpide,

ho voluto proteggere

che

ténèbre

fiumi scorrevano puri; dei mostri vennero ad

attossicarli di mali sino a quel

i

le

muojo,

cieli di

le braccia aperte,

i

cieli

che,

sogno, ed è perciô

di fronte agli astri....

fmmi, ormai specchi délie nostre sventure, addiol Ma, tosto

tardi, io rivivrô

vostra porpora è

il

vittorioso

:

sangue del mio cuore.

o »

fmmi

re, la


Ed

ecco.

I

monti, onde l'altezza forma

abissi,

gli

i

monti abbigliali in candida veste e che portano su lie loro

cime délie ai re

— vélo,

ed

stole scintillanti di costellazioni

ai popoli

Alti e

«

primi

i

:

eràvamo délie are

puri, noi

visitati

dalla prima

giorno che spunta in oriente;

segno

voi, corne

— gridarono

il

Stella,

i

ad un

sotto

primi

lampo che

tinli dal

sprizza, per

annunzia, per noi, l'alleanza sug-

fatale,

firmamento colle nevi inviolate.

gellata dai fuochi del

Nondiraeno, quando saliste verso di noi col bastone in

pugno, noi deponemmo

umano

era che dalle

:

le

ai vostri piedi tutto ciô

falde dai'

grevi esalazioni, e

grandi entusiasmi, che

impeto

irresistibile,

il

grevi

nostro

vi afferrava

ispirandovi

che non palude

lavori, la

afflato,

il

vento dei

a rimorchio nel suo la

brama

scalare

di

l'empireo. Oggidi voi conducete fmo a noi l'odio e la

vergogna

;

i

vostri cuori si fanno più bassi più

che calcate è sublime, e

i

vostri tanfi di

il

gradino

tomba ammor13


SANGUE DEL SACRIFIZIO.

IL

194

bano

ghiacciai.

i

Jeri,

laceravamo, quando voi

iioi

ci

attraversavate, le nostre lunghe cappe, e le nostre vergini, le nevi eccelse, vi accoglievano

degli ospiti, e vi

il

Dio, cheinori

con dolcezza, corne

sopraun monte ronchioso,

sorrideva quassù dal cerchio délie sfere più turchine.

Oggi

vostri cannoni, cupi su'la cresla bianca, scotendo

i

provocano

gli echi,

menzognero

aiîetto

le ci

valanghc. Jeri, quando

venerava, malgrado

provavamo rammarico che

glio, noi

ma,

si chiamassero frontiera;

senza posa

la

materia,

il

assoggettando

videro sorvolanti sui

si

vostro

nostro orgo-

catene di picchi

le

spirito

lo

il

nostri

deserti, privi di vie tracciate, dei condôri meravigliosi, i

vostri uccellimeccanici, tentarein pienoetere

viaggi.

E

Neir abbassar voi, avete abbassato Ora,

i

il

superbi

nostro orgoglio.

come

nostri ghiacciai sono tristi

Tavione..., da cui gronda la

i

noi eravamo, sotto ad essi, altèri e raziocinanti.

un sangue

in lutto, poichè

maestà tranquilla dei nostri cocuzzoli....

traboccanti di caligine, degli uomini, che

si

sono

meno

sgozzano l'un

imbratta

di delitti, I

baratri,

spaveutosi dei cuori coll' altro.

nazioni

senza senno, o nazioni che Tira governa, l'orso è migliore di

voi

nel suo nobile antro,

l'aquila a vietato.

»

voi impreca, e

i

e

il

lupo

vi

veri cieli vi sono

dispregia

e

un dominio


Il

ai

dolce martire cristiano, più dolce di Prometeo, lanciô

monti

((

sua risposta irritata

altèri la

:

Voi sognavale sotto al cielo; degli uomini sono

venuli a contaminarvi con dei mali ignoti sino a quell' islante,

ma

tegge

neve,

i

spirito

monti

altèri,

io

vostri ghiacciai

che osserva e cuore che pro-

ho voluto soccorrere gloriosi,

strade, la libertà che vive

i

vostri

anche ostacoli e

frontière.... Se io

tuto, le pianure Io diranno. Io

lumi da qualsiasi ingiuria, col raeglio del

((

Chi

vi

e

i

non

ho

ho ben combat-

vostri orgogli sono nutriti

mio sogno.

preme

col piede crede che

è ancora

un vero

il

suo cuore il

si

elevi,

cuore,

ma

vincitore, perché Io spirito

:onosce una più fiera cima e

I.

io vi

ho voluto serbarvi inco-

chi respira la vostra aria sente allargarsi colui

vostra

lontana dai patti umani, la

suprema bellezza del vostro aspetto superbo, ed difesi,

la

deserti senza

il

sacrificio

è

un monte

.


IL

196

SANGUE DEL

SACRIFIZIO.

più baldo. È per averlo scalato, ad onla di tutti

che

io

croce

morii

al

vostro cospetto,

— sui vostri

lino; le

le

terrori,

i

braccia in

mantelli reali, bianchi corne l'ermel-

mie gocce

muojo più grande

cadendo —

di

sangue sono macchie divine;

io

di voi, fulminati imperituri; la vittima

è più vicina a Dio degli altari su cui si

immola.

»


Egli disse.... arterie, si

E

porgeva

sangue puro, che vuolava

il

aile

— dalle voragini agonia somniergeva — udi gemere

glèbe, e

di

vamo

«

dove l'anima sua

si

eravamo lejoreste profonde, noi dondola-

i\oi

le

ondate

sue

lo spirito del bosco.

egli

le

grandi seti degli alberi sotto aile

nostre cupole verdi, che altalenavano a grandi

— corne

i

mari

;

noi riparavamo, sotlo alla nostra testura, deîle frulta, dei fiori, dei canti di pennuti, imitando

vaste acque

i

bei susurri délie

;

noi lendevamo alla povera femmina, al vecchio che

cammina con focolare che

I

isforzo,

i

nostri sterpi secchi, alimente del

fiammeggia

;


IL

198

SANGUE DEL

pesante ascia aguzza, chc mutilava

alla

noi davamo, uomini

vostre case

gV impiantiti

!

le

nostre fronde

e gli scheletri délie

;

davamo

noi

lieto di

il

SACRIFIZIO.

la

mammola

coccola, la

sorprendere nelle sue cavilà

il

tubare délia tortorella scendeva

sottile dalla covata,

allô scolaretto,

nido pigolante;

corne

che sognava solto Tala

un fascino in aprile;

noi ci piacevamo a tener celate sotto ai nostri fiori, nei nostri

labirinti

vicini, o cari

eravamo

noi

solitarî,

le foreste

nostre cupole verdi, che

corne

i

Ed

i

vostri

giovani visi vicini

amanti;

si

profonde, noi dondolavamo

le

cullavano a grandi ondate

mari.

ora, sotto alla mitraglia rabbiosa,

i

nostri tronchi,

cincischiati dal ferro, bruciacchiati dal fuoco, si avvilis-

cono fra bondi

i

residui di rami scerpati e

— drizzano

le

— cadaveri

freme-

estremità verso Dio.

Noi eravamo le foreste indulgenti e soavi

;

le

nostre

buone querce, tanto più robuste quanto più antiche, ciavano esistere sotto chi,

il

al

loro ceppo le raggiere dei

las-

mus-

fragile insetto d'oro e la cerva dai timidi occhi;


IL

SANGUE DEL

SACRIFIZIO.

199

come reami

Noi eravamo dei grandi boschi, grandi

boschi misteriosi son dei templi mobili, e svelti,

sotto

a

mille curvilinei

soffitli,

i

loro

;

i

fusti

ninnano per

li

l'impulso armonioso dei venti.

L'anima trovava l'arcano ed

il

in noi

silenzio

dei barlumi imprecisi, tutto

d'un luogo santo

sotto al cieîo le vive chiese, cTie ogni

un E

;

noi

eravamo

primavera portava

po' più accosto a Dio.

il

cielo,

ascoltava

il

che pénétra in noi per nostro

omaggio

allô

gli

spiazzi aperti,

splendor dei giorno,

quando l'organo vibrante dei boschi

in preghiera into-

nava l'inno délia vita e delT eterno amore.

»


— la

«

Foreste, ho difeso

i

vostri inni, le vostre

ombre,

dolce nette che piove dai vostri rami spessi; è su di

me

che han colpito

1'

devastarono, o grandi

odio e gli oltraggi, allora che vi asili di

pace.

Foreste di Francia, e voi tutte, foreste del mondo, voi

che popolô di dei

il

pavido sogno; voi, onde

sacra, antica, è cosi buja che la notte del cielo

ha maggior maestà

ciô i

che mori, per mezzo vostro risuscita e rinverdiranno

carne già sale; essa è vostra sotto alla

notte

;

feretri, di voi nati, in voi

abbonda

la

— sola —

mia fronte^

;

si

risolleva

in voi, la

linfa, e l'unità del

;

mia

mondo


IL

SANGUE DEL

foreste, io solTro in voi

;

il

SACRIFIZIO.

vostro la-jno è

r inno de' vostri dolori è seconde

e io

mi do

a voi in

il

mio

»

il

mio lagno

;

spirito,

comunione santa

del legno, che porlô Gesù Cristo.

201

;

a

voi, figlie


In

corse,

sempre

e

giammai compiute, con

grida senza fine, senza fine inseguendosi,

i

flutti,

tagne d'acqua enfiate dal vente, cercano di

délie

mon-

fuggir la

sferza tumulluosa del vente.

I

menti, questi

flutti

rappresi,

(ïuidi cerne nei giorni del

La feresta, nelle

si

ma

ritrovano in essi,

caos primitive.

grinze délie

acque perennemente

inqaiete, ravvisa l'effige délia sua nette verde e

il

suo

ritmo lamentoso.

Dinanzi agli oceani, primi padri dei mendi, l'essere

palpitando

— inluisce che

egli ne fu generato; la grazia

stessa nasce dalle volute, dagli intrichi dei lero cavalleni: la vita è

un brivido

dell' abisso sacre.


IL

Ora i

1'

onda

iii

suoi clamori in

di

lutte

nazioni

le

SANGUE DEL

SACRIFIZIO.

203

furore, incalzala da altre onde, Iramuta

bestemmie;

vite,

tutti

hanno gridato,

i

vetusti oceani, padri rivolti

ai

re

e

aile


— lanti,

((

Sotto al ferro ed al fuoco délie

macchine bronto-

voi, corne voi, sottomessi ai tristi tempi,

con

mes-

saggeri disciplinati, noi piegavamo le nostre schiene, noi

portavamo

Quando

i

i

vostri tesori e

vostri

i

vascelli

vostri leviathan.

si

destinavano a tranquille

conquiste, noi, sicuri di percuotere invano

i

scudi, noi eravamo, sotto ai vostri piedi

livellatori

di

cammini

di

pianure

tempeste, dellc

di

alleanza e dei

loro grossi

pace.

Noi provavarao orgoglio nel servire ci

sembravano

i

nostri re vittoriosi

vita infinita, in essi

Grandi

vascelli,

corazze, perché voi

il

;

genio

;

gli

uomini

fonti e spère délia

ven eravamo degli dei creatori di

noi baciavamo

l'acciajo délie vostre

dovpate sotloporre

debellato, e voi recavate in

grembo

dei.

la

al

cuore Tistinto

lusinga di riavvi-


»

t

IL

SANGUE DEL

SACRIFIZIO.

205

un giorno

cinare le stirpi e di amalgamarle

nella santa

unità.

Ed ecco che,

nei nostri recessi, ove l'uragano fa, per

amore, degli sconvolgimenti sublimi, varchi dischiusi raggi del giorno, tesche,

i

non vedeyano che

i

ventri neri, le inghiottono

gole spalancate e formidabili imbuti

Lo

«

steamer

fischiando

e

ai

nostri gorghi che, délie navi gigan-

grande corne una

»,

ansimando, quando

città,

si

torpedine,

la

ferma folgore

vigliacca, tocca, scoppia e gli squarcia un' anca.

Tremila innocenti, fanciulli, donne, impazziti, tremanti, sul ponte.... Sul deserto degli alti flutti,

una

Il

non risponde

pietà.

colosso barcolla,

mante,

si

tuffa;

il

si

fende, egli oscilla ancora spasi-

mare ricopre

il

grande piroscafo che

discende.

Solto a dei flutti che

non hanno più

stizza, annichilito

senza lotta, senza cannoni, egli discende, zeppo d'una foUa, verso délie ripe che non hanno più nome.

Un brivido per un minuto, scorre su questo punto l'oceano,

un brivido

di orrore,

délie grandi onde, che

un brivido

compiangono

il

del-

di raccapriccio

vascello colosso.


IL

206

Gli

avanzi

SANGUE DEL

délia

nave spacciala

salme nuotano veloci verso cozzano dei loro pupille contro

Vi

si

i

SÀCHIFIZIO.

gli

si

adagiano;

isololti;

e

dei

délie

mostri

musi, délie loro sanne e délie

loro

finestrini délia carcassa.

attendeva nei porti, o defunti

clie

scivolale in

balia dei flutti, o vascello montato da defunti, sui cui

occhi non calarono le palpebre.


Ed

il

mare, indignato, gridô

consuma l'iramenso svelarsi, colui,

che

delitto

si sveli!

Un grido risponde da

«

lo

È

il

non

si

io,

lo

non

non

Se

osa

»

in

cui

tréma

la

bugia; cosi

puô credere d'aver inteso maie. È

^dalla rabbia e ululante

«

deciso?

:

sordo, loDtano, che l'eco prolunga

uomo che

»

lungi

suono d'una voce che

fïebile

l'ho voluto.

e

Chi è V

«

:

l'aveva

;

perdutamente.

l'ho fatto » ripelè la voce serda,

l'ho voluto. »

il

grido

grido di lupo, preso


208

Poi,

IL

SANGUE DEL

sempre indebolendosi,

SACRIFIZIO. il

grido,

come

soffocato,

spegnesi nella notte cupa, in cui dei lampi, m첫toli, sem-

brano

intrisi di

sangue.


— io vi

fiumi, foreste, monti, e voi, mari senza

a

chîamo

a testimonî

che quell'

Egli ha fatto délia sua razza

mente per timoré

Egli vacilla.

meute

;

il

uomo mente. stirpe maledetta

suo cuore

si

:

Egli tenta

egli

contrae e la sua ragione

Fiumi e mari, foreste smisurate,

mia parola

;

e per disperazione.

ricordatevi bene délia sua

Il

una

liraiti,

menzogna

fiere

cime

e ricordatevi délia

e voi, fanciulletti,ricordateveneper sempre.

una menzogna

ail'

altezza del suo crimine.

grido che vuol mentire non è mai abbastanza alto.

Sola la verità e la

puô assurgere

menzogna non

è

al

sublime

che ciancia.

:

essa è

il

o

44

verbo,


Ciô gridô negli spazî, clete antico; e l'oriente,

il

suo clamore fu inteso,

il

Egli disse ancora

:

me

!

io porto, nel il

i

al-

suo amoro e

la

la verità assoluta, lo spirito divino,

Più spesso io muojo e più il

sua fede.

che muore il

mondo,

éleva verso l'ignoto sof-

si

desiderio dei mortali

nato dal sogno, che porta in se tutti

;

io

sono lo spirito

gli astri di tutti gli

\

orizzonti

Io lascio in

soli-

che mena a Dio l'umanità.

lo spirito secreto,

fuso di nebbia

sacrificati

mio cuore

e senza fine risuscita, l'anima in cui si riflete

agli

Filo-

occaso

dall'

o terra, tutti

cieli,

a

tario, l'universo tutto intero,

sono

il

per l'universo cristiano.

sanguinanti parlano in

lo

come

gigante ferito,

crédita

nomini senza

pietà,

amore e che

si

lievito

scannano

di

risorgimento

tra loro; io

sono


IL

il

SANGUE DEL SACRIFIZIO.

essenza

sacrificio,

dell'

amore,

idéale di

211

tutti

i

dogliosi.

Le terre,

i

mari,

i

fiumi sanguinano del mio sangue,

parlano colla mia voce.... Padri in gramaglie, ragazzi e vedove, non piangete pin

che

io

veggo.

»

!

i

vostri occhi

vedranno

ci


Egli disse.

Un gran brivido traversé

tutto

il

globo, che

vibrô corne pianla sfiorata dai venti. La grande notte

pieghe

délia

sua veste

cullô

nelle

tutti,

morti e sopravviventi.

Ogni anima ogni secolo

si

è,

per un

dedica

filo,

ail'

congiunta

avvenire

— Se nessuno périsse per — quale sarebbe, «

»

la Garità,

vergine un

momento

sacrificati,

aile altre

umano

voi

i

anime;

:

— dicevano

cari fanciulletti, la vostra

a

E

tutti

le

donne

dimane?

»

dimenticata, resisteva

colla clava a dei soldati carnefici e, fiera di soffrire, la

vergine

meravigliosa, trasudante

degli eroi.

di

orgoglio,

figliava


IL L'attacco dei

calpesterĂ

il

SAiNGUE DEL SACRIFIZIO demonĂŽ

suscita gli

sangue,

le

arcangeli; Gabriele

dragone che rinasce, ed

ranno, precipitandosi a falangi, sotto

vampate d'Averno.

t>l3

i

il

giusti

anneghe-

diluvio dei loro


Ammassi

di ceneri

che franano, pallidi resti

combusle

divina, gli spettri délie città

cando

:

Lovanio

«

!

E Lovanio, cuore

Lovanio

!

Lovanio

!

si

dell' arte

levano repli-

»

del Belgio, città incenerita, t'umoso

braciere, Lovanio gittô la sua tragica protesta,

ripercoterà nel

({

lo fui

mondo

che

uno dei templi del Libro,

io

insegnavo

l'

amore

Queste divine ragioni délia vita vivificavano

e la fede.

si

in perpetuo.

il

Libro e respira vano in me.

U

foglietti elettrizzanti délie Bibbie, dei dotti vi

strappati

;

e dei filosofi esosi

hanno dato

al

rogo

il

hanno voslro

sacrario e voi, libri sacrif

Un casa

dî, :

verso,

i

il

brutale Alessandro, Poeta, risparmiava

barbari hanno ridotto in polvere scienza e sillogismo

;

il

la

tua

Libro, arte,


IL

SANGUE DEL SACRIFIZIO.

tutto, biblioteca e

museo,

la bellezza

215

pura délia psiche,

concetto e realizzazione. Se essi nulla han risparmiato è

che

11

essi nulla

fuoco avvampa,

invano. «

han compreso.

Non

Lovanio!

»

si

la

brucia

»

cenere vola.... la

parola, che

Il

Libro si

si

consuma

éleva eterna

:


AUora al

il

ferro, nelle viscère délia terra, o sull* inciidine,

cadenzato bolto dei magli pesanti, gridô

non prezioso

«

dell' oro,

miei

I

che niente altéra

servigi

mi

han

reso

fratello

:

il

principe dei

metalli.

Superbo sovrano

:

dell'

io

uomo che

apro

la ferita

io

assecondo, sono

il

fécondatrice, per cui

métallo il

solco

ricevela semente.

Accarezzato, strofmato dalla terra, io splendo e,

lati

poveri ed

Io

i

il

re.

ho segato l'augusta colonna, che sostiene

degli dei

famosi.

come un

da me, dalla mia primordiale falica, sono satol-

astro

;

io

ho

fatto la statua

ed

il

i

templi

busto degli eroi più


IL Risoluto

soffocatore

ho

rivolle, io

SANGUE DEL SACRIFIZIO.

fatto,

cieche

di

collere

217

o

d'inique

dinanzi ai belîuari, fiaccar la cer-

vice degli enormi leoni.

cingo Torbita del moiido, per monli, mari e selvc;

Io

nelle

mie

spire, la rotonda terra è

come un pallone

nella

sua retc.

E

cheun' arcata cavalca, ed

le valli

i

fiumi dal copioso

elemento, vedono uomini di lento passo vincere

le ali

degli uccelli....

Un giorno solto al

terra, listata da

un fdo che

s'incastra

mare, non avrà che un cuore, che un pensiero;

ed è grazie

Ed

la

io,

alla virlù del ferro.

io

che fornisco

miglior destino, io veggo

alla la

terra questi pegni

d'un

mia opéra salutare ancella

dell'odio e délia sventura.

I

Coll'

l'èra

eUa a mo'

ma

feudale,

di

croce, io fui la Spada gloriosa nel-

l'uomo, che l'aveva temprata, rinnega

oggi Durandal.

Egli preferisce all'arma che brilla, nobile e leale sotto al sole, le

I

il

losco ed occulto siluro o

il

pestifero gas. Già

magnifiche imprese d'or non è molto hanno raggiunto


218

IL

SANGUE DEL

SACRIFIZIO.

nelsilenzio quelle dei vaghi tornei; giierra,

io fui iorica

toso; io

gli agguati,

ccco

la

che una spia scaltra dirige;

piango

cesellata, fui il

mio

elmo

dal cimiero ardimen-

luslro tramontato, lo sfarzo délia

mia prima forluna.

Io piango, io

che son ritenulo senz' anima, l'evo

Dio parlava ai re,

i

secoli in cui la

dava, alleata délia Croce.

»

in cui

spada corrusca coman-


Spada in pugno

dell' eroe

ogni epoca

fosti in

il

vomero

mondo

cui la formosilĂ del

quando

;

dell' aratro, tu

mio miglior compagno che essa

faccia d'uopo

ferro per

;

fu accresciuta;

che

sii

sia presidiata,

anche,

l'acciajo

dĂŠlia torva torpedine e del cannone.

Uccidi

sangue,

e

ma

sii il

por un atlimo senza pieti;

Difendiamoci

sioni

:

il

mio sogno ed

il

sgocciolo

io

vero apostolo sdegna che lo

si

compas-

tuo sono cosi

superbi! Iddio verra. Per tutti coloro che preparano

suo regno, scolpisci uua gloria alata sul frontone

il

dei

sepolcri.

Quando avremo vinto tori di

remo uiia

popolo dei voraci, questi bevi-

il

sangue, gonfi di sozzo carname, allora noi costrurle

ultime corazze, e

tu,

ullima spada, in niano ad

prode geaerazione, tu sarai per sempre

anima

d-l ferro!

Âť

il

Diritto,


Nelle loro caverne, ai piedi délie montagne, questi re generosi, gl'imponenti leoni e stupili si dicevano a vicenda

— per

«

Si, ci

la loro

sono

forti

La famé birne

le

i

leoni,

loro femmine,

:

chiamavano re;

maestà, e perché

cliiamavano

cosi

— più

forti dell'

i

leoni,

uomo

senza essere crudeli.

sola, in noi,

la legge,

ma

noi

è crudele;

siamo

ammazziamo

la

costretti a su-

gazzella

senza

godere délia sua angoscia.

Assillati dalle leggi

suprême, onde Dio solo conosce

meta, è senza raliegrarci dei rantoli che

norma Ci

la

cibiamo a

del nostro appetilo.

chiamavano

sangue, l'uomo, le

ci

i

magnanimi. Ma ecco che, brutlato carico di tutti

lagrime dell innocente.

i

di

crimini, s'inebria per


\

IL

Egli

non

è

SANGUE DEL SACRIFIZIO. diinque più

il

rispettabile

padrone

vantati. Clii

dunque

nostri titoli, e confermerà la nostra

maestà?

leoni,

un giorno tanto

221

dei

ratificherà »

Cionnullameno restiamo quelli che siamo. Restiamo soligenerosi (o leoni, più

regneremo sovr'essi.

9

i

i

ammirevoli degli uomini), noi


I

((

No

no Voi non !

!

Conservalevi

tali.

siete re

immuni da

che se l'iiomo

vi

nomina

disprezzo e da ribellione, o

belve; non negate imeriti dell'uomo; chi di voi è morto

per salvare un leone?

io

lo,

muojo, per salvare Timmortale prosapia

di

coloro che, corne me, servono l'uomo idéale, oleonil

E

io

benedico

la

nostra razza sdegnosa, che riavvicina

l'animale al cuore degliuomini.

Il

Dio

voslro

v'impose

di

sacrificato,

il

è quello

che umilia

non sbranar Daniele.

Il

il

superbo e che

mio Dio

è Teterno

Verbo, più forle del leone e più dolce del

miele.

Apprendete a leccare leoni! Siate l'amore che

il

mio sangue senza

non aspira

alla gloria.

miaorribile piaga, e voi sareteamati.

berlo,

o

Leccate

la


Il

fuoco

«

mormora

:

Quando Tuorno s'impossessô

due piètre soffregate, conquistô

Il

tutti

in

délia luce,

quella scintilla primitiva, egli

mia legna, o piccoio fuoco

:

un

L'uomo adora

metti auréole alla

;

!

primo raggruppamento,

che un cssere

di

miei fulgori.

i

piccoio fuoco brilla e scoppietta

Il

lampo

la

famiglia, vide in

me

più

dio.

la

mia chiara fiamma! che rinfranca

riscaldando; eio fui

la

cura délia donna, e io fui

la

tene.

rezzadel bambino.

Essi

pascevansi di carne cruda

primo alimento noble

il

;

poi

la loro

sapore délia farina.

famé,

;

io

ho cotto questo

da

me

soccorsa, co-


SANGUE DEL

IL

224

lo fui

consolante mistero,

il

SACRIFIZIO.

primo elemento soggio-

il

seppi dare alla terra le félicita

gialo, e io

che

le

avevo

promesse.

Se

ferro,

il

che uccide e che ferisce, anche

mio

arare, è che lui cosi altèro, assume, a ticité,

ed

io

sono

il

Negli spazî, nelle

ed

i

soli

;

si

usa per

talento, élas-

suo despota.

mie sorgenti

m'avevano date délie

native, iosono la Stella

vestali per custodire

miei

i

altari vermigli.

Io

sono

notte, io

carità,

la

mostro

il

faro

al battello,

:

burrasche,

nelle

che dévia,

lo scoglio

nella a

fior

d'acqua illuminato.

Allorchè io divampava in incendi tore

deir

imprudente,

audaci affronta vano

((

Salvate

il

il

bimbo

detto dalla folla

dei

mio corruccio

!

il

vecchio

!

— fuochi del

tradi-

dalle

fibre

salvatori e

il

le

mio

donne

commossa, un salvatore

— da eroe — per gente mai

borboltiô.

!

»

E,

bene-

cacciava tra

si

le

flamme

il

globo è un vulcano che erutta, è un solo campo d'este-

Ed ora

la

vista

!

guerra brucia dovunque degli interi villaggi

sissimi bracieri.


IL

Ed

io

SANGUE DEL SACRIFIZIO.

focolare, io

il

il

225

faro sferzato da venli feroci, io

scorgo luonio, invaso da barbaro furore, nutrire fuochi di corpi palpitanti

Poichè l'uomo, araico délie sciagure, straccia conclusi, spegnetevi, vi njerita

più

o

i

miei

i

patti

!

facelle degli

astri;

Tuoino non

».

15


«

Focolare risplendente,

Non maledirci mai una

tutti, o

scinilla

:

io

ho difesa

la

tua fiamma.

fuoco misterioso. Non siestinguerà

l'anima, ne

il

baleno dello spirito che

all'uomo guizza negli occhi.

Per

la

famiglia, per

ragazzo, di cui sento difeso e

per

il

il

marito e per

pianto e gli

sopraltuto è proprio il

focolare, io muojo.

la »

la

strilli,

moglie, per ciô che io

tua fiamma, è

il

il

ho

focolare;


Noi, la materia, noi, gli elementi, le cose, che facciarao

quache

volta

il

maie senza volerlo, intelligenze manche-

voli di sviluppo, senza ideali

vere,

noi

l'uomo

ci dirige va,

minavamo strada

e senza coscienza del

subivamo dapertutto

l'influenza dĂŠlie

mano; noi

noi eravamo in sua

di vive faville

il

suo cielo,

la

do-

anime

sua casa,

la

;

illu-

sua

;

noi eravamo la materia,

penetravano,

ma

docile

con magici sprazzi,

veniva sorpresa fino

ail'

;

i

la vita

nostri

fulmini

nascola,

che

imo del palazzo dei mari.

Noi avevamoabolitola distanza e l'assenza; l'opacitĂ

si

fondeva in spettri variegali; l'uomo, ajutato dal nostro vigore, era quasi pari agli dei.


SANGUE DEL

IL

228

Noi eravamo

i

SACRIFIZIO.

mezzi, invece d'essere l'ingombro; ogni

notte diveniva per noi fonte di gioja.

Padrone

dell'

ora e

prodigio, l'uomo ci guidava

del

air amore.

La nostra forza ne era tacitamente soddisfatta. Vinta, essa pigliava

Un

un

anima

po' dell'

dei vincitori.

istinlo profetico presentiva, abbagliato, l'unità dei

cuori.

E quando sul globo germogliava un benessere nuovo, per

la sicurezza,

deU'uomo Ed

il

suolo traballa sotto

è lui che, sotto a se stesso, scava

chetto,

che storna da bei destini

c'insegna

Ma

ecco che

ai piedi

allibito.

il

delitto,

lui

tutto vuole l'unità

mette ciô che

il

gli

un

orribile traboc-

elementi;

lui

che

che dalla materia è sconfessato.

;

ogni vita è luce

cuore farneticô

;

il

radio pro-

la vita, nella

sua prima

;

sorgente, è una luce che procède.

Voi la

non spegnerete punto

affogherete nei vostri

l'eterna scintilla, voi

tossici mortali. L'infinito,

risiede in essa, faràil vostro insanabile rimorso.

non che

i


IL

SANGUE DEL SACRIFIZIO.

229

Dove è dunque colui che mesce nei misteri

la soffe-

renza e l'orrore, di cui noi non volevamo più orma, e trae, dai nostri gas deleteri, délie catastrofi

voluto ?»

che

egli

ha


Dôve

«

che

si

acquatta dunque colui ?

comparisca!

egli

»

Questo generoso appello squittiva nel vento.

Allora

((

il

non

lo

voluto

grido lontano d'un' angoscia in pericolo tra-

il

passô tutto

»

cielo dal

l'iîo

ponente

voluto

»

diceva

ripeteva più basso.

tasma esecrato, che

si

al levante

E

il

reo;

:

« io

indovinava dapertutto,

vedeva in nessun luogo.

non

l'universo cercava

il

l'ho

fan-

ma non

si


Ed

il

Sacrificato,

tra vano tutti

i

onde

forme mastodontiche concen-

le

feriti, tutti

i

morti,

sangue, daglisquarci dĂŠlie carni,

gettava insierae le

col

maledizioni, che

si

cangeranno in rimorsi.

Ma le

i

sospiri, le grandi invocazioni,i lunghi singhiozzi,

grida dei fanciulli verso

azzittĂ´,

quando

la

i

focolari discosti, tutto

voce dĂŠlie eccelse cattedrali

ĂŠleva to nel cielo l'angelus del mattino.

si

ebbe


L'avvenire a noi

«

donde

accoglie con

Indarno di odio,

fiori

Dietro

orizzonte,

ail'

gli

un

Attila,

nuova

Cristo risuscitato.

fiere dal

hanno spaccato

in sostanza,

raa,

si rivela.

un crepuscolo, una Gerusalemme

sale

i

Dio lo

volto

umano, ruggendo

nostri altari.

mena

L'uomo

si

agita

noi simbolizziamo

e

i

sogni immortali.

Già

il

fuoco del cielo smorza

cannone

ci

ma

i

rao,

ha arrecato un' santi

che

il

fuoco délie ténèbre.

inutile ingiuria

sormontano

i

nostri

;

Il

noi crolliaportici,

per

serapre, nel fuoco divampante risplenderanno.

Per alzô

i

la

seconda volta, Giovanna, in raezzo aile fiamme,

suoi sguardi al cielo implorando

dragoni che

s'inerpichino,

i

;

ma, corne dei

fuochi infami

sotto al ferro del mistico stendardo.

contorconsi


SANGUE DEL

IL

Uno

ma

dei bracci délia croce,

mano

sia visto

da lungi

;

in-

un gran Cristo solo superstite,

parcbiamare

cui braccio libero

233

abbattuto, copre la terra

l'altro tiene ferrao, affinchè

chiodato in una il

SACRIFIZIO.

mondo

il

a testimonio.

Le nostre navate, le nostre torri non sono che délie furaanti rovine.

11

barbaro aveva creduto di colpir

ed anche nel passato; di uccidere noi,

Ed

ombre

i

Francia

al

cuore;

grandi ombre. Ma

sappiamo che Dio è vincitore.

venti, accorsi dal fondo délia nolte nera, attra-

versando lunghi

di Dio,

la

le

Reims

cieli di

i

singhiozzi

in

e di Parigi,

Deum

Te

di

cambiano

gloria,

e

i

loro

formano

un' arpa d'oro délie nostre dolenti macerie.

Non spirito

loro

si

puô bruciare, con délie fiamme immonde,

che ricamô a giorno

fori

Noi siamo

i

soli

marmorei i

lo ;

i

nostri

d'amore.

refugi délie pallide moltitudini, dei mendi-

canti d'amore, che cercano

dovunque che dei

gusto dei

nostri merletti

sono pieni délia luce deile anime;

rosoni ardenti sono

trovato

i

fie le,

in ogni

Ognuno porta

la

il

loro

cammino,

e

non han

sentieri lunghi e rudi, e l'aspro

bevanda umana.

sua croce,

la

sua miseria o

i

suoi


IL

254

dubbi;

SANGUE DEL

SACRIFIZIO.

alleggeriamo ciascuno del fardello che ha

noi

portato; e tutti gli strazi, tutti, noi calmiamo, gli

uni

colla fede, gli altri colla bellezza.

Noi apriamo loro la soglia

— quando noni —

i

délie visioni

suprême,

e

nostri pinnacoli precipitassero sotto ai can-

vedrebbero rinascere da se medesimi e

tutti si

rimontare verso a Colui, che non ha detto che

suo

il

nome.

La sfera è libéra e segue irresistibile

e

fisso

le strade in

corre

richiamo segreto dei destini, al fine segnatogli

mostri

il

pendenza

calamita;

Mondo

si

al

polo

attirato

dal

;

avvia fatalraente

da Dio.

l'uomo traversava

Adesso I

la

sono sorti;

l'uomo

un' ora s'è

di

indilferenza.

l'amore

ribellato;

e

l'unione trasfigurano laFrancia, che risplende agli occhi del

I

più

mondo

meravigliato.

popoli, collegati per l'ultima lotta, non rinunceranno al

necessario accordo. Tutlo un ordine nuovo nas-

cerà sotto alla luce, che circonda di nimbi

i

martiri ed

illumina la morte.

Non

si

troverà più un luogo sulla terra dove, col loro

sangue, la parola di pace non sia scritta. Gosi

si

com-


IL

pierà

il

supremo mistero:

Gesù Cristo.

— donde

SANGUE DEL

235

regno di Dio, fondato da

»

L'avvenire a noi sale

il

SACRIFIZIO.

un

Gerusalemme

si

rivela.

bagliore, ecco

novella.

»

il

Dietro

ail'

orizzonte,

Cristo risuscitalo e la


Le caltedrali, neri profili sotto lorri,

senza

ai cieli foschi,

senza campanili, corne dei

disalberati,

vascelli

consolavano, piangendo sopra le nostre sventure, l'anima dei secoli andati, errante fra irottami.

Solo,

il

nitilava;

sangue délie vetrate, nella nette senza colore,

un

vento

nero,

penetrato

negli

organi

profondi,

— avendo percorso

forraava

ruderi in arpa dolorosa. E colui che sapeva, e

i

la

miseria dei paesi, tras-

che voleva che fosse salutare ogni grandi merabra

mutilate,

tutte le vittime, coricate

suir orbe délia terra.

spasimo délie sue

rispondeva in

le

braccia

ispirito,

in

croce

per


((

Quando

la

nei tempi

fede,

mia ragione dileggiava in

cui

amavo

gli

il

sogno délia

arcangeli

ribelli;

alte case di Dio, cosi vecchie e cosi suntuose,

allora

i

vostri campanili vibranti pregavano per

anche

me.

La mia fede nelle vostre bellezze è pure una preghiera ed è perciô che, vivo o morto, pregare

i

io

;

difendo voi, che vedeste

miei avi nella infanzia, sotto

ai

barbagli dei

vetri, irradiati di aurora.

I I

raggi non sono l'aslro; esso arde in mezzo ai fasci

rdivergenti, scaturiti dal centro in fiamme, basta

fede

a mettere

un

cielo nell' anima, e

ma un

raggio

— anche senza

la

l'amore é ancora Dio. Testimoni crollanti délie

nostre antiche credenze,

dinanzi a Voi, altari morti, ho

piegate le ginocchia. Nel vostro

diroccamento, pregate

ancora per noi, case del sacrificio elerno, o cattedrali.


IL

238

Ghe sarebbe

SANGUE DEL il

SACRIFIZIO.

présente senza

il

vostro bel passato?

Senza di voi, noi non sapremmo essere ciô che siarao senza

il

vostro

slancio verso Dio, noi

;

saremmo meno

uomini, ed è per aver creduto che noi abbiamopensato.

«

lo sono la via » Di Colui,

che

ci

ha detto

ci

ma

la

ricordano,

si

Ed

è

Cristo

sono

« io

mostrava passo a passo

quando, piccolissimi,

non

il

teneva per mano,

i

il

la vita ».

cammino

nostri occhi

sua strada èseguita.

per questo che l'abisso ha vomitato questi de-

moni, che vorrebbero dominare principi e repubbliche; e che, nella bellezza délie vecchie basiUche, vogliono an-

nientaretutto ciô che noiamiamo. «.

Grocifisso, nostro eterno

Ma,

brilla serapre nel nostro

librato verso

il

modello; l'ostensorio

cuore fervente

;

e

il

nostro amore,

tuo cielo, o Gristo vivo, è più indistrutti-

bile e più alto del tuo tempio.

I

nostri

popoli hanno provato che

ti

amavano, che

sono tuoi.

Fondato senza

il

tuo amore, ogni impero è fragile.

Ora noi, che non abbiamo rinnegato affrancati da te, noi restiamo

furono

le

i

cristiani.

nostre acque lustrali

;

il

il

Vangelo, anche

Oceani di sangue

sacrificio

puro

ci

ha


IL rigenerati;

SANGUE DEL

SAGRIFIZIO.

e noi, noi cantererao

i

239

Te Deura

sacri, sul-

l'organo venerabile délie rinascenti basiliche.

Perché già spuntô squadre

li

di ferro

li

il

giorno dei certi trionfi

:

vedono divampare nelle loro scie; canta

ai

le il

nostre gallo

campanili dei villaggi, su cui suona

l'angelus dei più bello dei mattini.


L'Uomo votato giamento,

si

al sacrifizio,

tentando di cambiar atteg-

rizz6 su d'un goraito, e la terra ne tremô...

— Egli

vide allora avanzarsi una strana frotta

bestie,

onde moite cadevano qua e

massa

là.

di animal! domestici, cani e cavalli,

da tutte

le parti,

fuggendo

recinti,

correva

(largo torrenle,

i

tetti

in

délie

Una disparata pécore e bovi,

fiamme o

composte

di

i

rustici

gruppi

sparsi).

La guerra! Essi fuggivano

tutti, in

orde di meschini.

L'ansar del fuoco, gli strepiti di ferri, che riduéevano

ad un inferno

le

praterie et le stalle.... Essi fuggivano

air impazzata l'uomo, l'amico di ieri.

Poi, si

quando

si

credevano usciti dalla tormenta,

fermavano pensosi,

esseri,

tristi,

curvando

nei quali sbocciava un'

l'uomo, inumano, aveva traditi

anima

ail'

la

testa.

affettuosa, e

improvviso.

tutti

Poveri

che


IL In cerchio,

i

SANGUE DEL cavalli

narici contro narici, d'essi, talvolta,

teva

SACRIFIZIO.

avvicinavano

la

sembravano tener

turbando

il

241

miseria

loro

consiglio.

;

Uno

circolo che lo stringeva emet-

un grido, che provocava

—

lontano

—

un grido

simile.

L'agnello belava diviso;

suo lagno

buoi, reclinando

perduto.

I

in aria

buon

il

il

alla

madrĂŠ da

fieno,

il

capo rassegnato, fmtavano

ormai vanamente

atfceso.

16

I

cui era

cane, guardiano senza padrone, abbajava al

il


leri

«

aspettavamo

ancora, nei chiusi, nelle le

stalle, tranquilli

ore del lavoro, allorchè degli uomini, con

urli spaventosi, lianno desolato

il

presèpe e insidiato

le

mandrie.

«

Noi

pagni;

il

amavamo

il

buon padrone, come

suo giogo suUa nostra fronte,

nostro dorso. Ahimè!

abbiamo più

i

docili

com-

suoi arnesi sul

non abbiamo più l'amico, non

asile, noi tracciatori di solchi e trascinatori

di batuffoli.

Nella consueludine quotidiana dei noski ricoveri ben tenuti, noi

consideravamo

come un segno soffiUo in

di

il

fieno

come un segno d'amore;

pace, la ragnatela, che penzolava dal

una fresca penom

;

Tutto è crollato, tutto è bruciato; la guerra romba.

Noi servivamo volentieri l'uomo, migliore di noi. Nelle ore di riposo, davanti a questo re

accucciavamo, piegando

i

del

ginocchi sotto

mondo, noi ai fianchi.

ci


IL

SANGUE DEL

Noi avevamo fiducia nella prudenza

navamo

alla

pastorello,

amavamo

stalla

soli,

un ragazzo, il

suo

ci

W5

SACRIFIZIO.

umana

se abbisognava;

;

noi ritor-

alla sera,

un

riconduceva senza pena, e noi

casolare, che distinguevamo da assai

lontano.

Hanno cambiato

mordono

i

vomeri

in

ispiedi, nella fucina;

fra loro corne dei cani invidiosi.

si

Cercando di

prendersi per la gola, non vanno piĂš che in attruppainenti, corne d'inverno

i

lupi. Âť


Per dire cavalli,

la loro nostalgia

buoi,

l'orizzonte, dal

dei

mucche

pécore

e

quale

avrà forse

si

campi e del padrone,

cono, rauggiscono, belano, coi coUi

Indi, sotto agli sprazzi

sotto ai cannoni,

rossi

confusi

verso

pace, insieme nitris-

la

tesi.

e mobili degli incendî,

muti qualche volta per un momento,

buoi, cavalli e becchi, dalle

gambe

irrigidite,

ricomin-

ciano a fuggire, a fuggire sbrigliataraente.

Sotto

i

loro mille galoppi, la pianura lontana trasale,

palpitante pei colpi sordi, corne

E

il

campanile vicino, mentre

le

sotto al tuono délie artiglierie.

un tamburo

ore scoccano,

si

velato....

rovescia


«

Cari amici, che

mi

mie con-

avete ajutato nelle

quiste contro gli démenti, giorno per giorno combattuti,

compiango

io vi

;

perdonate

ail'

uomo,

nobili animali,

d'avere le vostre passioni senza avère le vostre virtù.

Voi, che Gesù

bambino accarezzô

nella stalla

laborioso; tu, asino paziente; voi, che

guerra spaventosa, perdonate

la

lascia

;

tu,

bove

raminghi

sua demenza

ail'

la

uomo

incosciente.

Agnellino bêlante, che simboleggiavi un di Gesù stesso e

i

candori dei tempi passati

nelle sue operazioni di guerra

che soccorre

i

feriti,

furore inumano, clusi

;

le

il

— — cane

perdonate

cavallo, che egli usa fedele,

alla razza

buon cane,

umana

il

suo

suo oblio dell' amore o dei patti con-

sventure, preraeditate dalla tracotanza germa-

nica, spariranno con essa;

non

le si

rivedranno più.


210

IL

SANGUE DEL SACRIFIZIO.

Cari animali, cavalli da tiro, bestie da soma, sappiate

che rispetto a voi che per

voi,

i

io

davanti al presèpe e

Quando sarete

il

ho adempiuto

migliori amici dell' ail'

a tutto

uomo,

il

io

mio dovere; sono caduto

abbeveratojo.

voi ritornerete nelle vostre care praterie, voi

mio amore,

o bestiame

innocente, perché io

sarô sotterra, e le erbe fiorite vi nutriranno del mio spirito e del

mio sangue.

»


E mentre,

fra

le

grida, la gente

si

sgozza,

l'IIomo

votato al sacrificio (cui impressiona, anche nel fondo dei suoi mali, l'esodo pauroso dell' umile armento) intende

il

richiamo commovente d'un piccolo pettirosso.

L'ucello, che

Gesù

in

croce predilesse, viene a sua

volta a consolareil gran cuore di colui

balbutimento che

comprende

pietà, la volonté d'amore.

la

che consola; è

parola,

è l'istinto

il

di


Tuono

dei cannoni, crepitio délie palle, tutte le alture

lontane sono dei crateri fumanti

;

si

sente

la

morte che

yive e soffia le sue raffiche.

Il

globo ha sobbalzato per mille franamenti. Sotto al-

l'orizzonte, al

margine doi boschi sbarbicati, dei

soldati,

decisi a resistere sino ail' estrerao, coi piedi su dei cada-

tombe scavate

veri, nel fosso délie loro trincee, in quelle

da

muojono

essi,

Sopra

montano

i

ritti.

tronchi di fuoco che pullulano dalla terra,

tutt'

in pieno cielo

ad un tratto degli astri

un ordine

estesi,

che scrivono

militare, segnacolo di morte,

il

quale attira gli occhi abbacinati.

E

si

direbbe che, in blocchi di ferro, tutto

stacchi. L'obice, più

scoppiando, e ventoso

sotto al suo peso

sepolcro, dove più

tumulato vivo.

il

cielo si

grande d'un uomo, accorre, tuona

— esso

d'un eroe

âpre une spa-

scivola e resta


SANGUE DEL

IL

Si

muore;

si

muore,

SACRIFIZIO.

si soffre;

si

muore,

249

soffre

si

;

si

grida; tutto è collera, orrore, terrore ed urlo; la gra-

nata è lanciata e l'attacco, in furia, salta trincea nemica

verso la

— bruscamente.

La bajonetta va e viene e punge, e buca; fende dei fianchi, dei

cuori e degli occhi convulsi. Si

muore, nel sangue, nella melma,

grida,

si

fatti

morti dormono sotto

i

pace dei campi

mie

I

la

messe è

il

o patria

Dio,

soffre, si

soddis-

ai feriti.

di carne, la

È un uomo, è un e abatte

!

e

!

o mietiture

vendemmia

che vuole questi

debole, e punisce l^innocente?

I

o

vendem-

è di sangue. strani

mali?


Lo

spirito

giasco.

d'amore ha compassionato

Ma ecco qui

malanni, calpestare distrutte

—

il

bestiarae fug-

degli uomini, oppressi da piĂš grandi i

loro vitigni giĂ floridi e le loro biade

rainacciati e frustati corne del bestiame.,..


«

Sapete voi a che cosa

Quando esso marcia air far dei nostri corpi

noi che

si

il

nemico

vi

destina?

attacco, esso ci spinge avanti per

uno scudo

vivente. Si fucila quello di

ammutina.

Noi tremiamo nel rivedere

i

meno

dinanzi

al

soldati délia patria

moschetto nemico che

armata

;

noi siamo délia

carne da cannone, carne inerme; noi siamo un

muro

in

movimento, e un muro che sanguina, che patisce, che geme,

I

sopravissuli, in balia

esiliati,

mano

degli antichi

scudiscio, verso la

Addio

dei

deportati, schiavi, ni grieri,

loro

boia

prigionieri, se

senz'

anima;

corne negri

ne andranno, sotto

in allô

Germania turpe.

(nelle citlà dai

marciapiedi popolosi) lente pas-

seggiate ed incontri cordiali....


IL

252

Il

SANGUE DEL SACRIFIZIO.

soldato vile, di cui sopportiamo l'infamia, ci rituffa

negli orrori dei secoli favolosi.

E noi avevamo creduto menza,

in cui

il

rismo; ed è per tore,

che

mondo il

di vivere in

un tempo

dimenticasse per serapre

il

di cle-

terro-

comando, senza appelle, d'un impera-

rabbioso d'esser un morto

il

passato

si

riproduce.

Anche quando vedremo

i

nostri annichiliti, vinti dalla

loro pietà, colle pupille piene di lagrime, esitanti dinanzi a noi, pronti a lasciar madère lo schioppo

direrao loro

«

— non

esitate

:

Sparatel

»

«

frateili »

— 1


Cosi piangono dei Francesi e dei Belgi...

Essi passano,

rinulile

Un

amore

altro

scompajono

in un'

dei loro paese

gruppo

allora

li

ĂŠmerge

ombra

tragica, dove

segue.

nella notte.


— noi

«

Noi fuggiarao

andiamo verso

la patria e

l'esilio,

nostri dolci campi;j

i

a fronte bassa,

cûrvando

la]

schiena, con la famé, la sete, e la morte per compagne, e porlando

i

nostri nonnulla corne dei pesanti fagotti.

Quando abbiamo

madré piccini,

è

morta

Il

orlo del vecchio sentiero

che suggevano

premendola ancora

la

lasciata la piccoJa patria, più d'una

ail'

alla vizza

colle

mio cane zoppo mi segue verso

nostri

la terra

sconosciuta;

non mi ha abbandonato.

è famigliare e

Ma vedete

miei cenci fangosi e

io ero ricco e

i

manucce.

mia mucca

i

;

mammella, sono morti,

la

mia carne

nuda....j

sono veslito di povertà.

Molti sono più poveri e più da compiangere di

Dove saranno

essi

me.

domani? dove saremo noi questa sera?


IL

e

SANGUE DEL SACRIFIZIO.

255

davanti a quai cheto focolare, a quai tavola, potremo

noi riscaldarci un'ora e sedere?

Noi non osiamo più rivolgere

i

nostri occhi indietro,

per tema di veder lontano bruciare la nostra casa; noi siarao dei cuori infelici, che pregano, e di cui nessun dio

più ascolta

la

lamentosa orazione.

»


Essi dicono. si

— Agli sguardi

del gregge che

si

Irascina,

présenta un vecchio prête che, davanti ad un altare,

mormora un canto clie s'intende appena; un lagno spirante, in cui vive un senso immortale.

stecchito,

Immobile, tutto un reggimento in arme, rituale rispondeva

ad

intervalli, sotto al

canta un bosco in lagrime.

Ed

il

al

suo canto

temporale

;

cosi

lagno sembrava provenire

dal bujo degli evi.

Era

la triste

voce délie steppe in autunno

geva dal fondo dei secoli infmiti, e stanca, lenta,

monotona

;

ella

— siccome

giun-

ella era

aveva un suono fraterno pei

cuori gonfi di pianto

Dopo un grido leggero, dolce come una carezza, un' implorazione

si

ripeteva sempre

:


IL

«

SANGUE DEL SACRIFIZIO.

257

Oh!... Guardale, Signore.... Oh! vedete

Ho

doglio.

farae,

ho

sete,

Signore;

il

venite

mio corin

nostro

soccorso.

E

tutto

fronte

reggimento, con voce grave e profonda,

il

nuda

di labhro, sopra

raondo

:

spalleî

))

E

«

lo

in questo

tutto piange

fmmi,

i

defunti e

:

un ritmo

vengo

a

insistente, l'appello segrelo del

voi. Signore;

non mi

stesso appello, clie scende e le foreste

che

i

si

voltate le

risolleva,

venti torturano, tutto

mari, che muojono sulla sabbia; la

la

e l'arma al piede, cantava senza posa, a fior

le

:

i

ceneri dei

carne dei viventi.

Signore, la pietà grida e non puô più tacersi.

Non

iarele

piovere su di noi, nuovamente, le vostre bontà? Mai, in

nessun tempo,

si

vide sulla terra, rovesciarsi insieme

tante fulraini immeritati.

o

17


La Francia,

la

Russia e l'Inghilterra

ciascuna cosi pregava

pcr

e

se,

e

Roma

pregavano per

tutte

rUomo....

Tultavia, più che

un principe, in tutto

il

il

mai

suo impero

sangue puro scorse, perché

il

peggiore di

tutti griraperatori,

ai soldati,

questa parola d'ordine inaudita

«

Quando

io

«

comand<^ Dio mi

crate! Bruciate chi vi retiste! Si solo terrore;

dovunque esso

vi

che

imponeva

egli solo inspira,

Siate degli Attila.

assiste

:

»

Colpite e raassa-

puô vincere,

précéda e

vi

soldati, col

segua; dove

voi siete passati, che niente più sussista. Questo è l'ordine del vostro imperatore.

«

altri Il

»

Ne abbiamo abbastanza

dei combattimenti leali

tempi, délie generosità che prolungano

delitto è bello se fa

vitù, aggravate

i

i

le

guerre.*

rei vincitori. Rislabilite la schia-

supplizî.

La guerra senza pietà è una


IL

SANGUE DEL SACRIFIZIO.

legge naturale. Su, tigri, luordele poiTuio

uomo

che, vestendo

dev'Bssere chiamato

Allora «

Per

il

la divisa,

lungo tempo, sulla terra,

che

la

e

cuori. Ogni

sua palria.

verso

essi

il

siamo

la

sempre vivente, tu

Francia in se stessa difende

la

»

levante

hanno uccisa

gioja; essi sono la bestia selvaggia e noi

moito

i

mostra un' anima tenera.

vile e traditore délia

Sacrificato disse, rivollo

Cristo risuscilato,

259

:

la

preda.

sai, tu,

tua parola eterna.

Quesla parola è amore; io muojo ubbidendola....


Mentre già l'amore del

che

la

carne del Sacrificato

mondo

sua sciagura

la

gusta in riposo

redento, uno spettro, senza speranza

Sentendo vacillare

finisc-a,

il

entra nel sentiero

del suo

suo elmo d'oro, cui cerchia una

corona, vi porta sopra una

lungo sguardo su ciô che

mano tremante.

Kgli getta

lo circonda. Degli arti di

un

morto

lastricano la sua strada.

Dovunque

degli occhi,

polvere

il

cui sguardo fora l'anima sua,

dove

brillano

nella

dovunque

délie dita tese lo

il

posano

i

suoi

piedi;

mostrano corne un perfido;

suo popolo è un' orrenda bolgia di storpi.

Gontro egli si

i

gas mortali ognuno avendo una maschera,

crede attorniato da lupi dal corpo umano.


IL

SANGUE DEL

momenii

In certi

SACRIFIZIO.

l'aquila d'oro,

elmo, se egli vi porta suie mani,

sangue di

Il

grida.

Non

tutti

c'era

i

morti,

un palmo

non avessero versato tulto la

sua patria, e

vita

e

gli

il

che freme sul suo divora le niani.

sotto a

di terra

261

fermenta e

lui,

dove dei

sacrificati

loro sangue, ciascuno per

morte

— tutto

gli

rifiutava

indulgenza.

E, corne gli elementi, le cose e le bestie

preso

il

«

responsorio

riprovazione, ehe e fa

curvare

il

si

»

hanno com-

del Martirio infînito

;

la loro

alza in burrasca, caccia davanti a se

Vitupéra to.


I

MoNTi

Corne a noi stessi, aile aquile, nostre sorelle,

:

rapilrici di agnelli,

ha ammorhidito

le

ramore

tu apparisci odioso, perché

rocce délie montagne, senza entrare

nel tuo cuore ne rallegrare la tua vista.

I

BoscHi

faga,

:

Pazzo sanguinario, onde l'anima è antropo-

maledelto dai lauri e maledetto dai cipressi

legno del tuo feretro, per vomitare le tue ceneri,

si

!

Il

ricor-

derà che egli participé dell' anima délie nostre foreste.

Gli

animali

:

Tu che vuoi da

Attila, flagello délie nazioni, va,

dai figliuoli dei leoni

La materia

:

te stesso

in oui

Volendo che

régna

ti

si

chiami

î

altri

gemano

piegando sotte l'orrorele anime ed

mondo

che

maledetto dalla madré e

il

i

e

sanguinino,

corpi, tu sfidasti

un

||

Vangelo, tu negasti gli accordi

fra lo spirito e noi.

à


SANGUE DEL SACRIFIZIO.

IL

LovAMo

Tu conoscerai

:

la

vendetta del Libro.

che pronunciano un verdetto sovrano, al

2(^5

ti

I

poeti,

consacreranno

disprezzo dal quale nuUa più ripara, quando lo slile é

d'acciaio ed

FERRO

IL

fogliô è di bronzo.

il

:

che spogliasti

Tu,

trattasti

I

FiuMi

il

santo onore

il

ingannato,

Belgio

ammazzare senza

non. sai che tradire ed

gnaci, principe fedifrago,

che

il

rischio, conse-

tuo balocco di spada,

come un

e

tu,

vil straccio.

Inseguito dalle torme di vedove, che vorreb-

:

bero lapidareil tuo spettro singhiozzante, tu chinerai

il

labbro assetato sui fiumi. Noi prenderemo

il

il

colore e

sapore del sangue.

L ocEANo rotolassero rato,

il

Quando

:

i

miei

mani, trucidatrici

di folle,

senza tregua, o principe snatu-

sangue dei tuoi misfatti imporporebbe

spume,

ma non

délie tue

mani.

Le cattedrali

Tu non Anche

sulle tue

flutti

,si

:

Re,

potrebbero cancellare

il

mondo

avrai più fuoco,

se tu

li

ti

le

le»

interdice.

più pane, più sale.

chiedessi per elemosina, Iddio

ponderebbe coU'inerzia

mie

macchie

ti

e col silenzio dell' universo.

ris-


i

Tutte queste voci seguivano i

tempi

Golui, tutto,

di

terrore s'erano

il

tragico fantasma, poichè

completamente

rivoltati,

e

che voleva l'universo per reame, cercava, daperil

mondo

e non lo trovava piĂš.


.,„,.

I...

m

r

il

suo splendofe in ogni

lasciando trapelare

amore che

la

Il

sua interna gloria,

amore

solo dall'

Corne trovare ciô che trovare

uomo morente. Ciascun

si

è

d'essi,

irradiava

un

compreso.

cerca, senza capirlo? Chi vuol

amore deve provare amore....

mondo, stanco

dei mali che l'odio gli accende,

non

puô gridar l'amore che per averlo sognato.... L'umile, che esso trasformô, che era un giorno orgoglio ed in

marcia verso l'amore,

lo conquista

ilRe, che non ha niente délia tenerezza

dapertutto,

il

mondo

e

non

lo trova in

ira,

passo a passo. Ed

umana, cerca,

nessun luogo.


sangiie

Il

delitti,

mondo non il

senza

del Sacrificato

fmme,

colava

più

era

martire

Il

dove

Davanti a

nulla.

il

dei

océano.

in

che l'anima délie vittime,

non vedeva che

cieco di cuore

nome,

colava

qui

questo universo, cheimprecae che sanguina, ilsuoorgoglio

si

che

egli

sinarri in

un supremo sgomento;

stesso aveva posto

fine

liiondoriconosceva per sempre

Il

dapertutto

il i

bandito incontra va piedi nelle sue,

lo,

che

terra

sono

ad

che piange

mi riprende.

dice Il

Sii

ombra

nell'

e,

suoi sguardi; posando

membra tempo

Martire

castigo del

esso viene; è la sua ora. delitto fu grande!... »

un il

i

il

orme senza raembra, urtava

dapertutto, col cuore le grandi

«

suo regno e che

altro re.

grande Sacrificato giaceva sempre

ovunque,

e

al

un

comprese

egli

sparse.

quel

che

muojo

mondo

io si

soffre ;

la

approssima;

tanto infelice quanto

il

tuo


IL Egli disse. ciolta,

corne

E

SANGUE DEL la

luce,

rĂŠgna elerna.

267

sua grande forma adagio adagio dis-

un ammasso

sorbita dalla terra

SACRIFIZIO.

di

neve suUe cime, venne as-

e svani tutta.

Ma l'anima

sua,

nella


Tutta

*Ia terra

cssendo corne bagnata di rugiada du]

sangue, ed anche dalle anime dei Marliri che

vano

(luidi in

del frumento

si

fiamrne spandentesi

riempi e fu pronto a

il

la

feconda-

buon granello

sgusciare

dn11'<

gnaina,

\/,i

polvcre

prati se ne

(lel

coipo imiiieiiso

nutrivano,

la

foresta

s'imbeveva délia sua anima, e

grumo

gambi da mietere crebbero nuovi boschi cedui, ben

dondolarono,

la

dalla forza dollo

agita 1,0

i

le

alti fra

le

mondo

Poi

tut'

fu

un

quando

i

vigne, quando

dirilti,

pieni di uccelli i

ferace:

ne nutriva;

spirito.

verdi, ben

dolci nidi

vette dei

se

lendeva

sfera del

segni, Tuorno ha gustato veramenle

Quando

la

ben a

i

fitti,

questi

prodromi délia pac»

monti rividero

la

prima alb

parve che raggiasse un fuocoschizzato da esse;

lo spirito

II


IL

ciel

levo neU'aurora,

si

'259

al di sopra,

perpetuamente splende. Quando

tomba,

pace

di

essendo una luce chc,

sacrificio

délia

SANGUE DEL SACRIFIZÏO.

narra

esso

al di il

dapprima

grandi biade assopite, quindi aile uve turgide che

sofïio

il

aile

sole

indora, la gloria délia vigna e quella délie spicbe.

Dai grani

tagne,

vano, ed

done

al

ai

pampini verdi

corse una

e dalle pianure aile nnon-

comniozione che

brusîo del mare che

il

canto dei piani e

ail'

trasmeUe-

gli zefiri

destava, teneva bor-

si

inno dei vertici.

terra! gloria a te! l'amore t'ha penetrata. La carne del Sacrificato t'ha fatto

un cuore umano. La materia ha

conosciuto che essa è cosa santa, e porta in se lo spirito

che lagovernerà domani. Osanna!

anime nuove, rivivono più

Oh come

dei morli, riprendete

Riedificate più aîti

il

battaglio d'oro nella

che saranno il

i

morti, con délie

siete grandi, piccoli figliuoletti délie

SuUa tomba

affinché

tutti

perfetli nei viventi nuovi!....

vostro

i

palazzo ed

campana esempio

vedove!

loro lavori.

il

tempio; mettete un

di bronzo.

I

immortale,

nostri eroi,

sono morti

cuore dominasse sovrano.

Sentite bene in voi

la

volontà del lavoro;

lavorate;

ma, contro

ritornate a creare, senza fine, délia

bellezza;

air

colombe, perché

avoltoio,

mondo non

M

sia

custodite

le

vostre

più insanguinato!

il


IL

rii)

Solto ad todite

la

SANGUE DEL

un arcodi

trioiiFo,

vergine liorenle ed

il

SACRIFIZIO. fallu

con dĂŠlie spade,

ciis-

fanciullo.

La forza s'era inpossessata di clave usurpate

;

tienla

siipina sottoalla tua clava, o spirito, solo vincitore!

Gloria a te, santa pacel

monti Oj

e

mari,

goglio dei

felici

figli

ma

sii la

pace altĂŠra; e fiumi,

d'essere frontiera, faranno

che da noi discenderanno.

il

giuslo

J


Al sole

Dl

SoLLIÈS-LE-ViElX,

ClTTA UN GIORNO, GlÀ RULNA,

Ghë, DA NOVECENTO

Alla sua

ciiiesa,

Delle epoche In

ANxNI,

sovrasta

testimomo fedele e prezioso preghiera e

di

di disciplina;

MEZZO ALLE GRANDI MURAGLIE, TE.NTENNANTI ED AMICHE,

Ghe AVEVANO COSTRUTTO, sulla collina, I

A

Templari

;

piedi della casa divina,

Giie tocca la mia umile abitazione;

Davanti al fascino d'un vasto orizzonte, (Jl'esto

poema, che simbolizza

La mia piccola dimora, appoggiata alla chiesa, QUESTO TESTAMENTO d'aMORE, FU IMMAGINATO, FU SCRITTO L'anno terzo della grande GUERRA francese

E

l'anno

MGMXVI

Dl G.-G.

Dicembre 1916.



L'ITALIE ET LA

FRANCE A

Un vent pur

a soufflé des cimes,

Un

autre est venu de la

mer

Ils

chantaient haut,

chantaient clair,

Ils

dénonçaient

Ils

disaient les vertus sublimes

les

ils

mêmes

Qui triompheront par

L'Alpe et

Garducci.

:

crimes.

le fer.

Méditerranée

la

Se content les âges lointains,

Où, devant

la

terre étonnée,

S'étalaient les fastes latins.

Et l'Alpe chante

:

«

Temps héroïque des

«

aïeux.

Fils latins, dit la

Défendez

l'art,

Est-ce que

»

mer immense,

sauvez les dieux.

La France évoqua «

Recommence,

l'Italie

ma mère

»

:

m'oublie? ^

18


FRANCE

L'ITALIE ET LA

274

Ou

bien, ô

ma mère

ma

et

sœur,

Comprendras-tu que l'heure est grave,

Ou veux-tu devenir De

((

mon

mon âme

Tandis que

Avec La

l'avion, ce

mer

l'esclave

horrible envahisseur

survole.

symbole,

d'Icare, notre

Pendant que

?

mon

mer.

idéal plane,

Pur comme l'étendard de Jeanne, Dans

d'un bleu

le ciel latin,

C'est par-dessous

que

le

clair,

Barbare

Entre dans nos eaux et s'empare

De notre domaine

latin

;

deux eaux que chemme

C'est entre

L'infâme torpille ou la mine.

Le piège lâche

«

A chacun

et clandestin.

l'arme de sa race.

Un même monstre nous menace, ma sœur! c'est ce Germain dur, Sans

pitié,

ma

d'âme anti-chrétienne... mort,

11

veut

Il

est la nuit et

Il

veut que la terre le craigne.

il

veut la tienne,

nous

l'azur.

Et que, sur tous les peuples, règne

Son orgueil, celui de son

roi.


L'ITALIE ET LA FRANCE. veut éteindre

Il

Rome

Dont

la

lumière

hérita la première

Et que tu m'as transmise, à moi

Pour l'honneur de toute

«

275

I

la terre,

Belges et Russes, l'Angleterre,

La France, traquent

Nous abattrons

la

le

bête

Germain

Viendras-tu ce soir ou demain

Cria

:

«

? »

une voix de poète*

Levons-nous,

Le glaive

;

amour du monde,

Toi, l'Italie,

Alors, en Italie,

;

immonde

est

nu

;

temps

est

il

la gloire

!

apprête

Ses palmes pour nos combattants.

I

L'idéal de Paris et l'idéal de C'est le

même

et

splendide héritage de l'homme.

Aurore d'avenir qui nous Dans

la

France, ton

Italie, ô

Uome,

luit

du passé

cœur lui-même

est

!

menacé,

mère éternelle!

Ouvre donc en chantant, toute grande, ton

aile

Au-dessus des sommets de l'Alpe, blancs et purs. Et par-dessus la mer, entre les

Le poète a

Dans

1.

G.

le

dit.

deux azurs.

Sa voix vibre

cœur de son peuple

d'Annunzio.

libre

»


L'ITALIE ET LA FRANCE.

276

Qui frissonne et répond L'Italie,

comme une

harpe au vent.

heureuse, est enfin venue

Son Épée est helle,

;

elle est nue,

Et flamboie au soleil levant

Comme

Noble lame d'acier, par Elle vaincra, l'Épée

Car

le

A

monde

immortelle

âmes

flot

vivant

dorée,

et sacrée,

est pareil

l'inaccessible soleil sa

monte en suivant

Rien ne Ni

la gloire

secret des

Que rien n'arrête en Et qui

du

Astarté qui sort, blonde,

fait dévier,

l'astre,

marche assurée.

sa courbe et son destin.

dans l'éternel espace,

corps de feu, qui passe et qui repasse,

Ni cet autre soleil, notre idéal latin.

Aube d'un

renaissant, d'un immortel matin.


RUSSIE


La traduction du poème en langue rmse fois, entreprise, et

plusieurs fois abandonnée,

traducteurs. Enfin réalisée, elle et

fut, plusieurs

me

par divers

fut envoyée naguère

ne m'est jamais parvenue. Tout donne à croire quelle

a disparu dans un naufrage en Méditerranée.

Juillet 1917.

{


LA MARCHE AU TOMBEAU A

Tolstoï.

Le gjand vieillard a pris son bâton de voyage.

Gomme un Il

chêne qui doit sa force à son grand âge,

est très beau. Sa taille est

Sous

le

haute

;

ses

yeux pers,

front chargé d'ans, ont de jeunes éclairs;

Lasse des vanités trop longtemps entendues,

Son De

oreille se

la

Sur

cache aux broussailles tordues

barbe sauvage

la

et des

cheveux, mêlés.

tempe, aux sourcils très longs,

Le nez s'écrase,

tel celui

La bouche, qui se perd à demi sous

De

la

comme

de Michel-Ange la

envolés;

;

frange

moustache épaisse aux rudes poils chenus,

Raconte, en mots profonds, des rêves ingénus.


LA MARCHE AU TOMBEAU.

280

Ne jugeons pas ce chêne aux tares de l'écorce; il est vieux et plus son grand cœur a de force

Pius

L'âge accroît en beauté les forêts et les mers; Et ce vieillard, miroir profond de l'univers,

Répète, à lui tout seul, en paroles sublimes.

Tous

les cris

de douleur qui montent des abîmes.

Pourquoi, vêtu de bure et

le

bâton en main,

mis en chemin?

Vieillard, vers quel pays t'ee-tu

* * *

((

J'ai

J'aspire

trop vu que ce

monde

au règne heureux de

est

un enfer de haine

tendresse humaine.

la

Le riche a des châteaux, des terres, des valets;

Le pauvre, sur

le seuil

lumineux des

Grelotte et voudrait bien entrer

Cependant

qu'il

gémit

on

:

palais. le

repousse.

sa plainte affreuse et douce,

Le bal voluptueux chante

et rit

dans

les fleurs.

Trouvant que tant de joie insulte à ses douleurs, Le pauvre sent son cœur se gonfler de colères.

Comment répond Par

la

haine,

le

riche aux haines populaires?

et voilà le cercle

Mais les pauvres se font aussi

la

douloureux!

guerre en4re eux,

Et les riches aussi se font entre eux la guerre.

Le prince détrôné qui, respecté naguère,


LA MARCHE AU TOMBEAU. que tout

Prétend.Mit

Par

le

mot

roi tient

virulent, par

son pouvoir de Dieu,

le fer

ou

feu,

le

môme

Attaque un autre roi qu'un

'-^81

Dieu couronne...

Quel est ce moribond qu'une foule environne?

Un

pauvre!... L'ayant vu travailler de ses bras,

La Grève, reine aveugle, a crié Il

Il

qu'un seul parmi ses frères

leur jette ce cri

Avec

:

«

les assassins, les

la

le

secoure.

juges triomphants la

vengeance,

perpétuer semblent d'intelligence.

Partout des échafauds sur des seuils de prisons

Un

))

J'ai trois petits enfants. »

Qui suscitent, par les vindictes,

Pour

Tu mourras!

liberté l'entoure;

meurt esclave; un peuple en

Et, sans

«

:

soleil

;

sanglant meurt sur tous les horizons;

De peuple

à

peuple on s'espionne, on s'assassine,

Et chaque nation détestant sa voisine.

L'une à l'autre ayant pris des drapeaux et de

pour

Sous

les cent mille pieds

s'être battu

l'or.

qu'on doit se battre encor.

C'est

de

La face de Jésus, agonisante,

Ouvrant sa bouche pâle

la cavalerie,

crie,

fermant ses beaux yeux.

et

En habit d'empereur, un spectre glorieux. Sabre en main, escorté de hideuses chimères,

La Mort,

— chevauche,

Écrase les enfants qui

et,

lui

sur

le

cœur même des mères,

tendent les bras

!

Le zénith clair ne luit que pour des yeux d'ingrats Nul ne

le voit

Étendu sur

le

vraiment que

le

dos, pour glisser

blessé qui tombe.

Ha

tombe.

:


LA MARCHE AU TOMBEAU.

282

Seigneur! des milliards d'hommes, des millions

De millions, dont l'âme appelle Meurent dans l'ombre

I...

tes rayons,

Et moi, qui porte dans

Toute une source fraîche où

luit ton ciel

Ne

puis-je leur donner, ne serait-ce

De

mon

Quand Oh!

pouvoir d'amour où

je parle,

ma

J'allais,

abandonnant

ma

comme un pauvre

famille et

Feignant d'être insensible aux Si j'entrais, vieux,

qu'un peu,

reconnu Dieu?...

voix se perd dans trop d'espace

par leurs chemins,

si,

j'ai

mon âme

en flamme,

dans

la

cris,

mes

!

qui passe,

biens,

aux pleurs des miens,

misère universelle,

Peut-être verrait-on au moins une étincelle

Du rayonnant

espoir que je porte en

Peut-être entendrait-on

le

mon cœur! moqueur

sceptique

Confesser que l'amour divin dans l'homme existe!

perdu, seul,

J'irais,

Ne

quittant, moi, qu'un vain

Comme Et, tel

Jésus quitta

le

Bouddha fuyant

Je ferais dire à ((

— pauvre errant que nul

mon

monde

royaume du le

n'assiste,

artificiel.

ciel

;

pays de son père.

peuple qui désespère

:

Puisqu'un jour, puisqu'une heure avant son dernier jour,

Ce vieillard vient à nous,

il

faut croire à l'amour!

Plein de sa soif d'aimer, qu'il n'a pas assouvie,

Et voulant, sans mourir, s'évader de

la vie.

Le vieillard merveilleux prit son bâton en main. Choisit

une nuit noire,

et se

mit en chemin.

»


LA MARCHE AU TOMBEAU.

285

* *

11

une nuit d'hiver, noire

choisit

Tout l'univers souffrant Il

*

et glacée.

criait clans sa pensée.

s'en alla, fouetté par la neige et le vent...

Deux jours plus tard

«

Ouvrez!

il

frappe aux portes d'un couvent

Quel est ton

((

:

»

nom ?

«

))

Je suis François d'Assise....

Je suis Jésus, étant le pauvre! »

Mais l'Église

Lui répondit

:

«

Passez, vieillard

on n'ouvre pas.

:

»

Alors, l'âge terrible alourdissant son pas. Il

sentit

un

Et chercha

frisson dans sa chair misérable,

du regard un pauvre secourable

Près de qui s'endormir au revers d'un talus...

((

Me

voilà sans abri,

Me

Quand

voici

dans

sous

la nuit,

tout souffre, souffrir par

Mon âme Dont je

parmi ceux que nul ne connaît plus amour,

c'est

mieux vivre.

est libre enfin, loin des riches joyeux

me

fis

longtemps

le

complice odieux.

Maintenant je serai ton serviteur Seigneur, dans

fidèle,

la vie à la fois, et

;

le givre;

hors d'elle!

»


LA MARCHE AU TOMBEAU.

284

Mais, dès qu'il crut avoir a\îCompli son dessein,

La Mort

lui dit

:

— Seule,

j'ai

Déjà, ce

vu l'amour

à sa

Sur

terre, ô

lumière,

grand

Quand Jésus

vieillard, nul

chemin ne conduit

et tes clartés sont

a quitté son ciel

n'a trouvé

que

Ce n'est qu'au

dis qu'à

la défaite et

qu'on

ciel

Tu veux dormir? Ne

moi

voici

les

est

mon

de

Ton rêve

pour votre terre, l'abandon.

compris lorsqu'on

sein; voici

ma ta

est bon,

couche.

bouche

l'on

achève ailleurs.

Plein de sa soif d'aimer qu'il n'a pas assouvie, Celui qui, sans mourir, s'évadait de la vie.

L'étrange pèlerin, son bâton au côté.

S'endormit dans

la

mort Éci'it

I

les sots ni les railleurs.

ceux que

est de

la nuit.

j'ai fait taire.

mots suprêmes de

Que ne comprendraient pas Dors...

sein

source profonde;

Seuls parlent avec Dieu ceux-là que

Il

mon

que tu vois reste invisible au monde;

A

la

Vieillard, la paix n'est qu'en

((

et l'immortalité.

au lendemain de

la

mort de

Tolstoï.

JkAN AlCARD.

»


ARMÉNIE - POLOGNE AMÉRIQUE



ARMENIE

Son poète,

Erémian,

P. S.

pour

a jeté

elle la plainte

inoubliable.

Vivant infini

:

«

la

passion qu'elle souffre,

Je suis fatigué de mourir!

Il

supplie Dieu et lui dit

Il

a cette vision

(f

La Mort frappe à

Il

a,

:

«

il

prononce ce mot

»

Sortez du silence

permanente

!

»

ma porte

:

avec

l'os

de son doigt.

»

pour sa nation, l'espérance qu'elle goûtera un

jour les douceurs de

la

paix, sous

l'ombre claire des

oliviers, sous la fraîcheur des vignes.

Au sommet du mont nimbée d'aurore.

Ararat,

il

voit la gloire debout,

Elle attend le final

triomphe des mar-

tyrs d'Arménie, de ceux, ô Christ vivant, qui

pour f avoir aimél

»

«

sont haïs



POLOGNE

La légende populaire de Saint-Nicolas, remonte à

la

mémoire. Le hideux boucher

coupé en morceaux

a tué et

les

petits enfants.

Leurs membres dépecés furent jetés au

saloir,

san-

glants, mêlés, méconnaissables.

Les petits enfants sont dans la mort définitive.

Mais Saint Nicolas passe; restes invisibles,

((

foi,

Levez-vous

il

dit, la

I...

et,

debout près de leurs

main haute, comme pour bénir

Vous n'êtes pas morts, mais, par

vivants pour la force et la grâce.

Et les voilà qui s'évadent hors de Et voici

la

la

:

la

»

mort oubliée.

Pologne qui rassemble ses membres dé-

pecés.

Le mauvais

songe, dès le

réveil,

sera

comme

n'avait jamais été. 49

s'il


POLOGNE.

290

Un

siècle,

deux siècles de douleurs

s'efîacent,

dans

la

minute des résurrections promises, commencées, certaines.

Et

le

drapeau

amarante déjà

azur où resplendit l'aurore des

flotte vivant

dans un

libertés.

i


AMÉRIQUE

On

a

cru longtemps que des grains de blé, ensevelis

en des flacons bien clos,

il

y a des millénaires, avec les

momies d'Egypte, gardaient une immortelle,

vie persistante,

que ces graines, remises en

et

après des vingt mille années,

pouvaient

comme terre,

germiner

et

verdir encore. Cela est vrai

de certaines essences, c'est-à-dire des

sentiments et des idées.

Le

xviii«

siècle

a

porté en Amérique un grain qui,

tout à coup, au xx«, devient moisson, moisson

d'hommes,

moisson d'âmes.

Par millions, en Amérique, se prêtes à défendre en Europe toutes les nations

armée des Et voici tania,

la

lèvent

des énergies

liberté des nations, de

du monde, contre

la

vieille autocratie

forces jeunes de la science.

un autre miracle, du même ordre

comme une

:

Le Lvsi-

richesse perdue, se noie aux sillons


AMÉRIQUE.

292

des eaux atlantiques.... El voilà qu'aussitôt cette semence,

qu'on croit à jamais disparue, lève, les

mers des

flottes nouvelles,

fait se

lever sur

au-dessus desquelles pal-

pite le pavillon étoile. ...

Sois salué par toutes lésâmes, pavillon d'Amérique,

où des lignes de pourpre figurent coulant en ruisseaux,

monde que

répètent au

même mers,

— les

et

le

où des

sang des sacrifices étoiles

assemblées

heures de nuit sont celles-là

qui font apparaître, au-dessus des terres et des

plus d'infinies clartés.

le

Jean âicard.

'ari*,

799^6.

15 juin 1917.

Imprimerio L*hlre, rue de Fleurus,

9, à

Pari



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Aicard, Jean François

Victor

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Le sang du sacrifice

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DO NOT REMOVE

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