Les Annales politiques et littĂŠraires : revue populaire paraissant le dimanche / dir. Adolphe Brisson
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Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche / dir. Adolphe Brisson. 1883-1939. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : - des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. - des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter utilisationcommerciale@bnf.fr.
resteront sous le commandement de leurs
SO:M::ÏULA.I:R.:E Chmiqut Felitiçu». Notes de la Semaine : L'Exposition;. L'Exposition ; La Philosophie des Ex.
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officiers. ' Quelques députés-de l'extrême-.gauche demandaient que l'armée coloniale ne pût jamais séjourner sur le territoire de la métropole, et l'on devine les raisons de leur amendement à ce sujet. Ils craignent que cette armée, « trop imbue de l'esprit militaire », ne devienne, à un certain moment, l'instrument d'un coup d'Etat. Le ministre de la guerre a fait justice de cette suspicion en quelques mots, et
AUGUSTE DORCHAIN
HEKRY FOUQUIER
positions Après PExpesition de Paris : Alfred Picard.
MAURICE DOKKAY
— La santé d'Emile Faguet.— La décoration des Gonconrl. — Le et Clou » de l'Expoiition.—Pçissms d'avril et oeuts de Pâques. _— Mon courrier.
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— Méthode d'ignifu-
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Cadeaux de
SERGIHES
Humoristes : La Géométrie de
ADOLPHE BRISSOK
Carand'Ache
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La Croix : L'Horizon du Calvaire; le Trou dans le Roc ; le Bourreau sur l'Echelle Causerie Théâtrale: La et Clairière » ; ; « Jean Bart » ; le e Petit Chape-
JEAN AICARD
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ron Rouge».. Piges Oubliées : La Pâque de Jeanne
ADOLPHE BRISSON ANATOLE FRAHCE Yieomle DE BORRELLI
d'Arc Pénitence ; Le Devoir du Soldat.... 'Analyses Littéraires : Alphonse Daudet Notes Mondaines : Toilettes masculines; . ' Présents de Pâques .. Mouvement Scientifique : Règles de
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Colonel de Villebois-Hareuil^ .
JULES LEMAITRE BARONNE STAFFE
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Pâques; (Suis de poules; Lapins
HENRI DE PARVILLE
d'Australie ..
Le Roman du Roi de Rome Livres Ntuveau de la
(suite)..
CHARLES LAURENT
Semaine.....
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PAQUES : Portrait de Jésus, d'après une émeraude. EXPOSITION DE 1900 : Vue panoramique du pont Alexandre-III (double page).. •
MUSIQUE : Marche héroïque de Jeanne d'Are, par M. THÉODORE DUBOIS.
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d'une manière toute humoristique : « J'ai, a dit le général de Galliffet, quelque connaissance des coups d'Etat. On m'a proposé, à plusieurs reprises, d'en faire, et on n'a même pas attendu, pour cela, mon arrivée au ministère. » J'ai toujours refusé, parce que je ne me sens pas capable d'un crime de lèsé-patrie et que l'emploi qui en serait la suite me déplairait. » D'ailleurs, a-t-il ajouté, un coup d'Etat est bien moins facile à exécuter qu'on ne l'imagine. Il faut, pour le moins, la complicité du gouverneur de Paris, qui ne s'y prêterait pas. »
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Le pays possède enfin une armée colo,niale.' Elle est bien évidemment sur le papier encore, puisque la Chambre vient seulement de la voter et qu'il faut la ratification du Sénat ; mais on peut espérer là voir sur ses pieds avant quelques mois. Le projet du gouvernement a passé dans son entier. C'est dire que l'armée nouvelle dépendra uniquement de la guerre et que les partisans du rattachement à la marine, —comme nous le laissions, et comme la discussion le laissait pressentir, — ont été battus. La seule disposition ajoutée par l'Assemblée-porte que les troupes coloniales conserveront toujours leur autonomie et
Comme il fallait s'y attendre, le retour du budget à la Chambre a été l'occasion d'une nouvelle interpellation sur la politique générale du Cabinet. M. Denys Cochin, l'un des membres de la droite que l'Assemblée a'ccueille avec le plus de sympathie, qu'elle écoute, qu'elle applaudit même, est venu reprocher au ministère sa politique et ses alliances, et ce qu'il a spirituellement appelé le « baptême de M. Viviani et la confirmation de M. Carnaud ».. Passant en revue les diverses lois proposées par le gouvernement : la loi sur les associations, la loi sur le stage scolaire, il leur a reproché leur esprit césarien. Et, se tournant vers M. Waldeck-Rousseau et M. Millerand, il les a courtoisement, mais fermement, accusés de préparer l'esprit public au césarisme et de rendre les
institutions parlementaires suspectes au pays. « Votre politique, s'est-il écrié en manière de péroraison, supprime l'opinion moyenne et rejette des deux côtés la masse des citoyens dans les partis extrêmes. » Le président du Conseil s'attendait à cette interpellation ; elle courait depuis quelques jours les couloirs, et il s'y était préparé. Il s'est vivement défendu d'être le personnage sectaire que disait l'orateur de la droite et d'ouvrir la voie., au césarisme.
«
Notre politique religieuse, notre po-
litique scolaire, a-t-il objecté, s'inspirenl uniquement, l'une et l'autre, des traditions libérales, et ceux qui votèrent l'article 7 : les Barthélémy Saint-Hilaire et les libéraux qui s'appelaient Léon Say, Ducler, ne nous désavoueraient pas ; elles se recommandent uniquement du vrai parti républicain. » Sur ce terrain, l'intervention d'un membre du parti progressiste semblait probable ; et, en effet, M. Méline est monté à la tribune et a reproché au cabinet, à son. tour, d'être le prisonnier des socialistes. « Si l'influence de M. Millerand n'est pas prépondérante dans le. ministère, expli-, quez-nous, lui a-t-il dit, vos complaisances.pour le drapeau rouge, les interventions de vos préfets contre la liberté du travail, votre façon d'appliquer la loi sur les attroupements; expliquez^nous. enfin,, votre tolérance pour ce comité central dû parti socialiste qui prépare ouvertement la guerre civile et le renversement de la société. » C'est à grand'peine, d'ailleurs, que M. Méline a pu parler. L'extrême gauche lui rendait la tâche si difficile, par ses interruptions et ses invectives, qu'il a pris le parti de-quitter la tribune, et d'en appeler simplement au jugement du pays. Le ministère a trouvé sa majorité habituelle de soixante voix.
x De vives discussions se sont engagées à propos de l'épandage des eaux d'égout dans la grande banlieue parisienne et à propos aussi de la translation des cendres de Diderot au Panthéon. Enfin, une interpellation sur la grosse ' question de Beïra, et l'autorisation donnée par le Portugal à l'Angleterre de transporter des troupes et du matériel de, guerre par le chemin de fer de Beïra a> Umtali, a été renvoyée à un mois.
X
„ En Algérie, les colonnes légères qui opèrent dans le Sud poursuivent leurs succès. Nos troupes sont entrées, en effet, à Igli, qui est le relai extrême, sur la frontière marocaine, du chapelet de ces oasis sahariennes que nous venons de conque-, rir, et dont la possession nous assuré contre tout retour offensif des bandes qui pourraient se rallier dans l'arrière-pays marocain. Les troupes du général Bertrand n'ont, d'ailleurs, rencontré aucune résistance et sont entrées à Igli sans coup férir. Les Ksouriens, rendus prudents par; l'écrasement des -gens d'In-Rahr et du pacha du Tin, n'ont fait aucune résis-
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ANNALES POLmfttTSS ET &mtfRA|»Bg.
glaises, elles les attirent dans des embuscades, leur infligent des pertes considérables et font prisonniers tous, les détachements isolés ou détachés. X A Reddesburg, un peu à l'est deBethaL'héroïque colonel de Villebois-Mareuil, nie, le général de Wet a cerné trois comqui, dédaigneux de la vie facile que lui ' pagnies du Royal IrïshRifles, deux compaassurait sa fortune et du grand avenir gnies d'infanterie montée et les a faites prilui-même qui l'attendait dans l'armée; sonnières. A Meenkasfontein, trois jours était allé combattre en Afrique pour Fin- après, ce même général attrait tué aux dépendance de~l'Etat libre et du Trans- Anglais 600 hommes et leur aurait,Tait vaal, est tombé au champ d'honneur, 900 prisonniers. A Weepener, enfin, le. sous les balles anglaises, au cours d'une commandant Olliyier, de poursuivi qu'il reconnaissance qu'il faisait aux environs était encore il y a deux semaines, est de Boshof, en avant des postes avancés passé assaillant. Il a si bien manoeuvré, de la colonne Methuen. jours derniers, qu'il est parvenu à inces Notre compatriote était le seul officier vestir une colonne anglaise et qu'il la européen qui eût réussi à se faire com- serre de près. Les Boers se montrent plètement accepter des Boers. Les géné- d'autant plus actifs que le maréchal Roraux républicains appréciaient pleinement berts est à peu près réduit à l'impuisses connaissances techniques, ses hautes sance par le manque de cavalerie. La qualités de tacticien ; ils venaient de lui fatigue, le climat, la maladie ont décimé confier un commandement et l'avaient ses régiments. chargé d'étudier la position de Boshof, qui En outre, l'armée anglaise manque de est un noeud de routes extrêmement im- vêtements. Lé ministère était Si conportant, en ce sens qu'il commande la vaincu, en octobre, qu'il s'agissait d'une route directe de Kimberley à Bloemfon- promenade militaire et que tout Serait fini tein et celle aussi de Jacobsdal et où une deux mois plus tard, qu'il n'a qu'imparfaiarmée déterminée pourrait couper les tement pourvu aux nécessités d'une camcommunications de lord Methuen et de pagne pendant la saison des pluies et la lord Roberts, et isoler les unes des autres saison d'.hiver. Il n'y a pas d'eau potable ; les trois armées anglaises. les vivres sont'difficiles à réunir. Les détails de sa mort sont encore inQuelles difficultés l'armée anglaise ne connus ou mal connus : mais, ce qui est va-t-ellepas rencontrer dans sa marche? sûr, c'est qu'il a dû vendre chèrement Vraiment, elle n'est pas encore à Pretoria, sa vie. si tant est maintenant qu'elle y parvienne ! j Les Anglais, d'ailleurs, apprécient noblement sa conduite et la virilité de son caractère. « Nous ne voulons voir, disait NOTES LA hier le journal officiel de lord Roberts à Bloemfontein, que le Français courageux et mourant pour une cause qu'il avait QUELQUES.SOUVENIRS épousée avec toute la chaleur de sa na4.NS quelques heures., l'Exposition ture généreuse. »-Et toute la presse anglaise, à quelques exceptions près, parle sera ouverte et inaugurée. Plus d'une fois, sans doute, elle de lui sur ce ton. sollicitera ici la plume de mes colIci, sa mort a causé une profonde douleur ; autant de douleur que de fierté. laborateurs et de moi-même. Dans ce miLe colonel de Villebois-Mareûil faisait crocosme prodigieux, dans cette encyclopérevivre en effet, comme, on l'a dit. les die vivante, dans ce retour des peuples 'généreuses traditions des Rochambeau dispersés vers une Babel qu'ils auront construite jusqu'au faite, maïs qu'ils savent proet des Lafayette. Une souscription patriotique est ou- visoire et de plâtre, nous chercherons plus verte pour lui élever un monument; un d'une fois la trace du passé ou les germes service religieux a dû être célébré pour de l'avenir; nous lui demanderons des avertissements ou du réconfort, des leçons de lui à Notre-Dame. A la Chambre, le général de Galliffet sagesse ou des sujets de joie; enfin, nous lui a rendu publiquement hommage; il a tâcherons peut-être de démêler si, parmi rappelé son héroïsme en 1870, à la jour- tant de matériaux légers et disparates, ne née de Blois, où il ne voulut pas se laisser se trouve pas du moins l'une de ces pierres enlever du champ de bataille et resta, sacrées dont chaque siècle apporte deux ou quoique grièvement blessé, pour animer trois aux lentes assises du Temple éternel. Pour aujourd'hui, je veux simplement ses soldats ; et, comme on le lui demandait de toutes parts, il a permis à tous ses évoquer quelques souvenirs, heureux s'ils camarades de l'armée d'assister à ce ser- en éveillent d'harmoniques au coeur de vice. ceux qui,' lors de la première Exposition républicaine, en 1.878, avaient vingt ans comme X je lés avais. La situation de lord Roberts à BloemCar je ne veux point parler de l'Exposition fontein et de l'armée d'invasion dans de 1889 : elle est trop présente à toutes les l'Etat libre est devenue très difficile et mémoires, et, malgré la signification histoquelque peu critique même. Elle n'est pas rique, olficielle, qu'on lui voulut donner par de nature, en tout cas, à satisfaire ceux des sa date même, elle n'eut pas, dans les âmes, sujets de la reine Victoria qui s'étaient un retentissement pareil à celui de la préimaginé qu'avec la levée du siège de Kim- cédente, ni une signification morale aussi berley et de Ladysmith, et la capitulation profonde. du général Cronje, la guerre était finie. De 1871 à 1S78J Paris avait gardé le deuil, Avec une étonnante persévérance, une strictement. A peine un sourire,' en 1873, adresse stratégique inattendue, les forces lorsque, le dernier terme de l'indemnité de républicaines se sont maintenues sur le guerre étant'payé, on crut pouvoir fêter, par flanc dé l'ennemi. Alors qu'on les croyait quelques illuminations et une revue à Longen pleine retraite sur Kroonstadt, elles champs, la visite du shah de. Perse. Encore, essaiment autour de Bloemfontein,, et, non le poète de l'Année terrible, qui, en toute '.•jiîVenîas de harceler les troupes an- grande occasion, prenait la parole, crut-il
devoir protester par son poème dé la Libération du Territoire, dOnir.je. .retrouve la brochure toute pliée et. maculée dâiis mes vieux papiers de collège :
tance. Encore un peu, et le plan méthodique d'occupation des oasis du Tidikelt sera accompli»
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A quoi bon étaler déjà nos régiments ?_ A quoi bon galoper devant l'Europe hostile? Ne point, faire envoler de.poussière inutile Est sage : un jour viendra d'éclore et d'éclater....
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Et l'on continua de Se recueillir. Qé po..,:, lut pas sans beaucoup d'hésitations qu'on décida, pour 1878, l'ouverture d'une Exposition universelle, dans ce Paris où il faudrait montrer aux étrangers les ruines encore debout de l'Hôtel de Ville et des Tuileries. Mais, parla reconstitution déjà très avancée de nos forces militaires,, par l'espoir d'un gouvernement définitif et conforme aux aspirations générales^ un grand désir de vivre et d'affirmer leur vitalité renaissanté était venu aux génératidiisqui avaient vu la guerre; et quand l'Exposition s'ouvrit, le 1er mai, ce fut, à Paris, comme une explosion d'allégréssê en Un jôurde délivrance..Je ne'me souviens pas d'avoir pris ma part d'une émotion civique et collective plus grande que celle de ce matin-là, lorsque,, descendant le boulevard Saint-Michel, je vis, à perte de vue, briller les trois couleurs d'innombrables drapeaux, Aucune affiche n'avait invité les'citoyens à pavoiser leurs fenêtres ; t>n. neus'était.paê 'même donné le mot; mais tout lé moiide, comme "par miracle, avait eu, la même pensée.. Et que de réjouissances improvisées; jaillies! Que de chants par les rués! Que,de fleuris aux boutonnières ! Quel épanouissement sur les visages! Deux mois plus tard, à la fête du 30 juin, et peu d'années après., lors de la première célébration du Quatorze Juillet, on revit encore quelque chose d'approchant, mais non jamais rien de pareil. Et quand pouvons-nous espérer de le revoir?. Mon émotion de ce jour-là fut si forte que, dans une petite revue littéraire du Quartier Latin, accueillante à mes premiers essais, je publiai, sur l'Exposition, une. page enthousiaste. Victor de Lâpïade, le noble poète lyonnais qui avait été, à l'Àcàdémie française, le successeur d'Alfred de Musset et qui y fut le prédécesseur de François Coppée, Lut cette page coihnïe toutes celles que, dans sa bontéj il me permettait de lui soumettre; mais il me gronda fort: tt Cher jeûne ami, m'écrivit-il, vous voyez dans',,' l'Exposition universelle le relèvement de la patrie: une nation se relève par son Coeur,: par ses vertus austères, par l'énergie de son bras, et non par ces coûteuses farces que déplorent même' les industriels sérieux et dont ne profitent que les chevaliers d'industrie. Consultez lés grands commerçants: tous vous diront que l'Exposition est funeste au travailla la richesse, et j'ajouterai, moi, à la moralité de. la France.. C'est, la, troisième que je vois, et chacune d'elles a été suivie d'une déchéance dans, l'intelligence et l'honnêteté-françaises,, Et, là-dessus, je me trouve en complet accord avec un grand esprit sincère, M. Renan, dont la philoso^ phie n'est pourtant pas la mienne. » Ces affirmations me frappèrent beaucoup et nul ne pourrait nier, sans. mauvaise foi qu'elles ne contiennent une part de vérité; Nous les avons tous entendues répéter hiei encore, et on les répétera demain. Le bieç et lé mal sont étroitement mêlés en toute;, affaires humaines, surtout en d'aussi complexes. Il s'agit séulemeht de savoir si,'vrai:. ment, c'est le mal ici.'qui'l'emporte, et cela, grâce à Dieu, n'est point Certain, avant de nous prononcer, écoutons la Voix con* ,
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227.
LES;-ANNALES POLITIQUES.,ET LITTEIU.IB.E&
je l'entendis, cette voix, et sortant de quelle bouche auguste! Ah! ce souvenir-là me remue le coeur plus encore que celui du premier matin de l'Exposition. C'était à la fin du môme mois, à la Gàîté, où l'on célébrait, par une fête oratoire, le centenaire de la mort de Voltaire. Le Comité,avait réservé aux étudiants tout le second-étage du théâtre, et je fus parmi les favorisés' qui purent y trouver place. Sur la scène,'une estrade se dressait pour les orateur-s'et les invités dé marque. Au milieu, une table couverte d'un tapis de velours rouge; autour de cette table, trois sièges. /Aquelques pas en arrière, un piédestal, auquel étaient suspendues des couronnes de lauriers et de roses, supportait un buste de i Voltaire/—non pas un de ces moulages pris sur.l'illustre-marbre du Théâtre-Français,'"mais le buste original en terre cuite, fait par Houdond'aprèsnature, et que Louis Viardot avait prêté. ' "L'estrade se remplit. A mesure qu'ils entrent et que l'un de nous les reconnaît, nous nous montrons les poètes, lès savants, les hommes d'Etat, les artistes: Voici Littré, voici Renan,.'voici Ernest LeEn
1.8Ï8,
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gouvé, Leconte de Lisle, Sully Prudhomme, Emile Au'gier, Vacquérie,,. Henri Martin, .'Edmond About, Emile dé Girardin, Challemel-Laçour, Paul de Musset, Alphonse Dau'dêt, i'anthropologiste Broea, le grand chimiste ' Wurtz, des peintres comme JeanPaul Laurens, des sculpteurs comme Clésinger et Mercié, combien d'autres encore! À deux heures, rumeur au dehors, puis frémissement dans la salle. C'est Victor Hugo, qui entré. Nous sommes, tous debout, et nos salves, nos .acclamations recommencent dix fois, longtemps après que le maître s'est assis, .— assis au-dessous du buste de Voir taire, sûr le socle duquel Se détachent ses cheveux blancs. Avec quelle impatience j'attendais qu'il prît là parole! Mais il fallut, "d'abord subir un discours tout politique, écrit en style de .Chambre des députés, que prononça Spuller. ;On fut plus heureux avec le second orateur,; Emile Deschanel, qui fit, sur le philosophé de Ferney, une. conférence de forme exquise' et de haute; pensée. Enfin, Victor Hugo se leva, que je fus surpris de trouver .dé petite taille, prit en main de vastes 'feuilles de papier, couvertes de son énorme .écriture, et, d'une articulation puissante, •en,appuyant lourdement sur les a, —-un reste d'accent iranc-eomtois, me dit-on, — il commença : « Ily-acent ans aujourd'hui, un homme ^mourait. Il'mourait immortel. Il s'en allait •chargé delà plus illustre et de :la plus redoutable des responsabilités : la responsabilité, dé là conscience-'-humaine avertie et rectifiée. Il s'en allait maudit 'et béni : maudit par le passé, béni, par l'ayénir, et ce sont "là/messieurs, les deux formes superbes de là gloire... » ;. Et les antithèses magnifiques se- succèdent. Le récit de l'exécution de Calas et ^'dii chevalier de La Barre nous donne à -tous le frisson. Et le rôle de Voltaire se dé'gage, se précise ; et les idées générales apparaissent avec leurs applications au présent.; et le poète prophétise : « A Voltaire, un cycle nouveau commence. On sent que, désormais, la suprême puissance gouvernante dû genre humain sera la pensée. La civilisation obéissait à la force, elle obéira à l'idéal... » Mais il ne dit pas qu'elle y obéisse encore ; il dit seulement':• «La civilisation, sur la plainte dû genre -humain, instruit le procès et- dresse le dossier criminel des .
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conquérants et des capitaines. »' Et, faisant allusion à la guerre qui, en ce temps même ou il parle, désole les Balkans et l'Asie Mineure,, il s'écrie : « Non, il ne se peut,pas que la vie travaille pour la mort! Non, il ne se peut pas que la femme enfante dans la douleur, que les hommes naissent, que les peuples labourent et sèment, que le paysan fertilise les champs, que l'ouvrier féconde les villes- et que les penseurs méditent, que l'industrie, fasse des merveilles, que le génie fasse des prodiges, que la vaste activité humaine multiplie, en présence du ciel étoile, lès efforts et les créations, pour aboutir à cette épouvantable Exposition internatipv naje qu'on appelle, un champ de bataille Le vrai champ de bataille,'.le voici : c'est ce rendez-vous des chefs-d'oeuvre du travail humain que Paris offre au monde en ce •moment. La vraie victoire, c'est la victoire de Paris. » Vingt-deux ans ont passé depuis ces paroles. Une autre Exposition s'ouvre, au lenr demain des massacres d'Arménie, massacres tels qu'on n'en avait point vti de pareils depuis les temps d'Attila et de Timour, massacres impunis encore. Elle s'ouvre à l'heure où des millions d'Hindous meurent de l'atroce famine, lorsque l'argent -qui aurait -pu servir à leur acheter les quelques poignées de riz suffisantes à les faire vivre est •employé par leurs maîtres à combattre, pour la soif de l'or, « les peuples qui labourent .et sèment... » L'Exposition s'ouvre, — et c'est à cause de tout cela même qu'il faut qu'elle s'ouvre, — image.d'harmonie, de fraternité, de paix. .L'image suscite le désir, lequel enfante la Volonté, mère de l'action ; c'est ainsi qu'à l'objet de notre contemplation nous devenons "lentement semblables et que toute bienfaisante image, tôt ou tard, est réalisée. L'Exposition s'ouvre, et nous y accueillerons d'un coeur ami tous nos hôtes, qu'Us soient de la race des vaincus ou de celle des vainqueurs,- de' celle.'des persécuteurs ou dé ç.eile des persécutés, — car nous n.'en som.nies plus à haïr toute une nation pour, le crime de quelques politiciens monstrueux .et responsables ; et nous saluons, en tel ou tel souverain magnanime, père et bon génie •de son peuple, l'apôtre de la paix entré lès peuples. En entrant dans les palais delà puissante' •Angleterre, fût-ce dans son, pavillon des Indes ou dans celui de l'Irlande, souvenonsnous que le plus grand des Anglais a mis ces paroles de remords et de pitié sur les lèvres du vieux roi Lear, exposé pour la première fois aux affronts du yént et de la -pluie : « Pauvres misérables nus, où que vous soyez, vous, qui supportez lés assauts de_;cêt impitoyable orage, comment vos têtes sans toits et vos ventres sans, nourriture, comment vos haillons fripés et "troués vous défendront-ils Contre des intempéries pareilles à celles-ci? Oh ! j'ai pris trop peu de soin-dé ces choses. Accepté cette médecine, ô mon orgueil! Expose-toi'à sentir, ce que sentent les misérables/afin que-tu •puisses verser'sur eux ton superflu et- leur montrer le cief plus juste, s . '''.'•Eh pénétrant dans-la ..section de la grave et laborieuse Allemagne, fût-ce dans sa section -militaire, rappelons-nous le finale dé la neuvième symphonie, ce cantique écrit,par Beethovén-sur les paroles de Schiller:. « O joie, belle étincelle de la divinité-, fille 'de l'Elysée céleste; pleins d'une 'Ivresse sa-créé, nous entrons dans ton sanctuaire... Tous les êtres boivent la. joie, s'abreuvent au sein dé la nature; les bons etlesinéchahts'suivent maintenant un chemin de 1
.
fleurs. Que des millions d'êtres, que le monde entier se confonde dans une même
étreinte ! » Et sur notre propre domaine, même devant nos canons, — force au service du droit qui est le seul fondement immuable det là paix,— évoquons, malgré tout, l'avenir lumineux qu'au jour de fête dont j'ai parlé tout à l'heure, et dont celui-ci est comme-l'anniversaire, Victor Hugo faisait luire à nos âmes, comme au temps où il chantait , ces strophes d'espérance : '
Temps futurs! Vision sublime! Les peuples sont hors de l'abîme; Le désert morne est traversé : Après les sables, la pelouse; Et la terre est comme-une épouse, Et l'homme est comme un fiancé,., Au fond des cieux, un. point scintille. Regardez: il grandit, il brille,Il approche, énorme et vermeil. O République universelle, Tu n'es encor'que l'étincelle; , Demain, tu seras le soleiU
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Chansons! diront les sages sans rêves. Soit, mais chansons de route; et c'est en les v. chantant que la pauvre humanité soulève j son faix, se met on marche, avance, — arrive. ::;- AUGUSTE DORCHAIN. ''."
Dans le prochain Numéro :. NOTES DE LA SEMAINE, par GEORGES
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B'ESPARBÈS.
L'EXPOSITION
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I. — LA PHILOSOPHIE DES EXPOSITIONS
L'Exposition qui va s'ouvrir, n'est pas une chose une. En son ensemble, elle se compose d'autant d'éléments divers qu'il y a d'architectures de styles variés dans les monuments et les baraques qu'on a vus sortir de terre, de l'avenue du Ooursla-Reine au Ohamp-de-Mars et au Trocadéro, depuis l'affreuse porte d'entrée du Oours-la-Reine jusqu'aux constructions, assez souvent pittoresques, des bords de la Seine. On peut trouver, à l'Exposition, trois ordres d'idées fort divers. Il y a, d'abord, un grand et magnifique concours d'inventions et de produits industriels de tous les pays. Puis, un autre concours, non moins intéressant, des oeuvres d'art de tous les peuples, et de ce qu'on pourrait appeler les produits intellectuels dé notre siècle. Enfin, on y trouvera une vaste foire, une. kermesse sansprécédents. On voit que, de la sorte, il y en a pour tous les goûts, comme on dit. A la veille de l'ouverture, ma préoccupation la plus essentielle est que l'équilibre se fasse, dans une juste mesure, entre ces éléments disparates et qu'il n'y en ait, pas un seul qui disparaisse trop devant les autres. On a voulu que l'Exposition fût « amusante » : je ne demande pas mieux. Mais il ne faudrait pas que, pour être amusante, elle cessât d'être utile et •instructive. Je. voudrais qu'on pût la considérer, dans son ensemble, comme une sorte de personne morale, bien équilibrée, ayant le goût élevé des choses de la pensée : lettres, arts, sciences, l'amour et la curiosité du travail, et ne donnant à la distraction et au plaisir que la part légitime, mais restreinte, qui lui appartient dans les existences bien réglées. Depuis un demi-siècle, j'ai vu un certain nombre d'Expositions, quatre ou cinq.
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Les -premières furent, peut-être, un peu trop sévères. Celle de 1855, par exemple, qui succéda à la première Exposition universelle, qui fut anglaise, manquait de distractions. Elle fut marquée surtoutpar l'admirable triomphe - de l'Art français. Les diverses écoles de peinture y figurèrent d'une façon splendide avec leurs plus hauts»représentants : Ingres, Delacroix, Decamps. Le paysage et ce qu'on appelait alors le « Naturalisme », méconnus jusque-là (Théodore Rousseau avait vu ses tableaux refusés aux Salons précédents), s'imposèrent à l'admiration de la foule avec Millet, Oorot, Troyon, Théodore Rousseau, Jules Dupré. Oe fut, vraiment, une révélation, un épanouissement de génie artistique. Ceci, je dois l'avouer, ne se retrouva pas aux Expositions suivantes. Par contre, elles se firent de plus en plus
divertissantes. La kermesse l'emporta et la Fête du travail tourna à la Fête du plaisir. Bien qu'il soit un peu tard pour ces réflexions, il ne faudrait pas qu'il en fût de même aujourd'hui et que la note joyeuse s'exagérât, au point d'absorber presque seule l'attention de la France et du monde conviés à Paris. La partie industrielle de l'Exposition doit garder, dans les esprits, la place considérable à laquelle elle a droit. Le,siècle est un siècle industriel. Qu'on soit heureux ou non de ce caractère que les faits lui imposent, il n'y a pas à aller contre la réalité: La lutte des industries nationales est poussée au paroxysme. Les peuples de l'Europe sont, entre eux, dans un état de guerre pacifique, chacun cherchant la victoire par le perfectionnement de l'outillage et l'organisation de la main-d'oeuvre. Les chemins de fer, la navigation à vapeur, aidés de la télégraphie électrique, ont créé dans le monde la plus formidable révolution économique qui se soit jamais accomplie. Jusqu'à notre époque, chaque nation avait, pour ainsi dire, la spécialité de certains produits, agricoles ou industriels. Une sorte de convention tacite faisait que ces produits, n'étaient presque pas soumis à la concurrence. Les nations et les villes, avec une tranquille régularité, vivaient de ces produits, par voie d'échange. Avec le développement des communications, dû aux chemins de fer et aux bateaux à vapeur, et avec les prodigieux progrès du machinisme, un double phénomène ' s'est produit, dont les tarifs de douane protecteurs essaient, en vain, de pallier les effets. D'une part, le machinisme a poussé la production à un point inconnu jusqu'ici : d'où la nécessité de créer des marchés nouveaux et la fatalité imposée .à tous.les peuples d'avoir une politique d'expansion coloniale. D'une autre part, la disparition des spécialités indiscutées et ce qu'on pourrait appeler l'universalisation de la fabrique. A chaque Exposition, on s'aperçoit de plus en plus que tous, les pays fabriquent tous les produits. Jadis on disait, pour ne parler que de la France : le drap, c'est •le Nord; la soie, c'est Lyon; les couteaux, c'.est Châtellerault; les porcelaines, c'est Limoges; les savons,c'est Marseille; l'article de Paris, c'est Paris, etc., etc. Aujourd'hui, il n'est pas un produit qui ne soit concurrencié, en Europe et en Amérique. La vieille sécurité industrielle et commerciale a disparu. L'étude des produits étrangers, la connaissance des conditions de la main-d'oeuvre, — double face du problème, — est l'indispensable ..
LES ANNALES POLITIQUES ET LITTERAIRES
avantage, la leçon vitale que la France doit d'abord trouver dans l'Exposition. Mais notre siècle n'est pas seulement (et heureusement) le siècle de lïn.dustrie. Il a la passion des idées, l'inquiétude noble des problèmes sociaux, le goût des arts dont la valeur sociale n'est plus contestée et qui, fussent-ils un luxe, sont devenus le luxe nécessaire. A cet ordre d'idées, celui à qui je trouve le plus de charme, l'Exposition doit répondre encore et d'une double façon. Tout d'abord, elle nous montrera ses oeuvres d'art, où, malgré la concurrence, je crois bien que nous garderons encore la royauté. Puis, ce seront ce qu'on peut appeler les instruments de l'intelléctualité et de la science : les appareils, les livres, l'outillage scolaire, les collections historiques. Enfin, ce qui ne se traduit pas par quelque signe matériel, ne sera pas, pour cela, absent et négligé. Les représentations théâtrales, •les congrès, très nombreux, donneront une idée juste de l'état et des progrès des choses de l'intelligence, en France et dans le monde entier. Et ceci ne sera pas la partie de l'Exposition qui devra le moins retenir notre attention. Ensuite, qu'on se divertisse tant qu'on voudra! Je me défends de mon mieux d'être un vieillard morose et chagrin, ne comprenant plus rien aux joies de la jeunesse envolée. Si je ne les partage plus, je sais, du moins, leur sourire encore. Le seul désir que j'exprime à ce propos, c'est de voir ces joies s'ennoblir et se faire plus douces en restant sans regrets, ce qui arrive quand on sait y mêler le goût'de l'art et de la beauté, qui suffit à y faire entrer une suffisante décence. Il est clair que les riches oisifs du monde entier s'apprêtent à venir « faire la fête » à Paris et que le légendaire baron de Gondremark boucle sa valise, bien résolu, une fois encore, à s'en « fourrer jusque-là ». La façon dont ces visiteurs entendent se divertir est chose qui les regarde seuls. Il y a bel âge que le sage latin : Trahit sua quemque voluplas, ce que le dicton populaire traduit assez bien, en constatant que chacun prend son plaisir où il le trouve. Mais, si nous ne pour vons rien sur les goûts, les appétits et les fantaisies de nos « hôtes », •— car, par définition, il n'y a plus de « rastaquouères » pendant six mois, — nous pouvons tenir la main à ce que la gaieté de la kermesse ne soit pas outrée. Ni pruderie, ni impudeur. Avouerai-je que j'ai été uît peu inquiet de quelques affiches et de quelques, programmes ? J'espère, et je le dis franchement, que leurs promesses ne seront pas toujours tenues, quand elles sont trop alléchantes pour l'imagination des vieux messieurs un peu fatigués. J'espère qu'on aura su se garder des exhibitions qui ne sont ni de notre climat ni de notre temps. L'amour que je professe pour l'antiquité, qui ne se troublait pas devant la beauté nue, me rend irritable pour la polissonnerie du déshabillage qui, hypocritement, se réclame du passé. L'esprit et le goût français sauront, j'espère, faire justice de ces entreprises, s'il s'en produit. Sérieuse et amusante, profitable aux esprits autant qu'agréable aux yeux : telle doit être l'Exposition. Paris a, dans ses armes, un.navire. Il ne convient pas qu'il soit, comme on l'a trop dit, le « bateau de fleurs » de l'Europe. Qu'il soit, orné de fleurs aussi comme les nefs triomphantes, le navire
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dés Argonautes qui va, à travers les mers inconnues et orageuses, à la conquête des trésors de l'avenir! HENRY FOÙQUIER.
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APRÈS
L'EXPOSITION ou
DEUX ÉTATS. D'AME
Elle avait exprimé le désir fou de visiter avec lui l'Aquarium dû Trocadéro. C'était un de ces derniers jours de mars; il faisait un temps froid, un vent aigre-et le ciel était d'un gris sale; mais, à l'heure du crépuscule, dû côté de l'Occident, au-dessus de Grenelle, il y; eut une lueur rougeâtre comme d'un incendie. Tout était silencieux/ et désert ; le Champ-de-Mars, cet étrange jardin qui„ n'a que tous.les onze ans sa monstrueuse floraison de palais, de,restaurants, dé pa*; villons et de kiosques, le Champ-de-Mars était sans mystère : seuls, la Galerie des Machines et le Palais des Beaux-Arts rappelaient ses destinées et surtout la Tour. Eiffel où grimpa toute la France de quatre-vingt-neuf (de mil huit cent quatre-vingt-neuf), où des milliers d'êtres humains semblèrent, d'un peu loin, des insectes hoirs se promenant sur cet arbre symbolique :1e Muflier.
Ettoutcelaétaitinfinimentmélanoçlique. Maintenant, il marchait à la façon d'un homme impatient, les yeux constamment tournés vers l'Est, non pas dans unepar,, triotique préoccupation, mais parce que c'était de ce côté-là que son amie devait venir. Il pensait, en l'attendant : ,,:, . — Hélas! que j'en ai vu mourir des Expositions, des universelles Expositions !; De celle de 1866, il ne se rappelait qu'une visite à un scaphandre, et une brûlante après-midi de juillet où, petit garçon fatigué que sa mère tenait par la main, il pleurait parce qu'on' ne trouvaitpas de fiacres pour rentrer à la maison. De l'Exposition de 1878, il ne se rappelait plus grand'chose, sinon qu'elle avait coïncidé avec des examens péniblement passés, et qu'elle fut une Exposition sérieuse^, sévère même, ennuyeuse, dirai-je, l'Expo-' sition d'un peuple qui se relève. Mais de celle de 1889 il "avait conservé un très vif souvenir; il en avait violemment aimé le côté exotique et il y avait même participé en ce sens, que tous les soirs, pendant un mois, il s'enivra de voir
danser la Soledad et la Macarona. Il sourit un moment à ces souvenirs multicolores ; mais il cessa bientôt de penser à des choses frivoles et il envisagea la prochaine Exposition .au point de vue social. Comme il avait des idées générales, il vida les lieux communs et' comme son amie n'était pas encore venue, il fut pessimiste. — Vraiment, pensait-il, les historiens; en ont de bonnes qui font commencer les temps modernes à la prise de Oonstàhti-! nople par les Turcs ! C'est très comique ;, mais une autre date de départ s'impose pour les temps actuels, pour les tempsnouveaux où les événements'et les découvertes se succèdent avec une telle rapidité que les jeunes hommes comme moi ont pu voir, en un espace: de moins/de trente ans. l'éclairage électrique et l'agonie des Parnassiens, les téléphones- et le naturalisme, le phonographe et les mages, l'antisepsie et les décadents métalliques, le microbismé et l'école romane, la bicyclette et l'idéalisme, l'aûtomobilisme et le naturisme, sans comptersept présidents de République depuis Thiers dit le Bref jus--
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I.ES ANNALES POLITIQUES ET LITTERAIRES
qu'à Emile Loubet, et tant de ministres
que/Silhouette lui-même, qui, sous
Louis XV, fut ministre huit mois, en serait épouvanté. Quels progrès allait-on constater après ; cette Exposition de .1900 qui ouvre le vingtième siècle ? Quels progrès et quels désastres aussi, car chaque Exposition est une oeuvre détestable de centralisation, c'est un coup de pompe formidable, une '/effroyable aspiration de la province par Paris, et non pas seulement pendant les six mois que durent ces fêtes de l'intelligence et du travail, mais encore pendant Mes/intervalles. Il prit des instantanés de l'avenir. '/ Après l'Exposition dé 1900. Tinfluenza, une maladie terrible, plus perfide que plus foudroyante que le choléra, la peste, puisqu'il faut l'appeler par son nom, déParisiens, la peste apportée sans - cime les doute daits de riches tapis d'Orient, justice immanente et arménienne des choses, châtiment de précédentes et extérieures politiques. De l'Exposition de 1900, les provinciaux qui y sont venus ont rapporté un tel èblouissement, un tel vertige qu'ils ont trouvé, en rentrant chez eux, la campagne bien triste, la terre ingrate et la petite ville insupportable. La province abandonnée : il y a un immense exode est . vers la Ville-Lumière ; l'attraction est irrésistible; les Provençaux insinuants, les gens du Nord industrieux, ceux du Centre pleins de ténacité et de bon sens, envahissent Paris, et. la grande*ville, toujours trop petite, s'étend dans la direction de l'Ouest jusqu'à Meulan-les-Mureaux ; Levàllois-Perret est un quartier central. L'industrie, après avoir pris un développement anormal, traverse une crise épouvantable; des grandes maisons, séculaires ou à peu de chose près, suspendent, leurs paiements, et l'on voit des marchands de comestibles, chevaliers de ,1a Légion d'honneur, se faire sauter la cervelle.' " /"Cependant, les gens qui, en France, ne sont ni patrons, ni ouvriers,' ni fermiers, ni paysans, mais les intermédiaires, les usuriers s'enrichissent seuls au milieu de la misère générale, et, comme ils ont acquis sans peine, ils jouissent sans pudeur. Alors, les ouvriers sans travail s'agitent, des murmures grondent, des discours fianîberit, des bombes éclatent, des citoyens sont menacés. ;Puls la guerre étrangère, la guerre pleine d'horreurs, la guerre où l'on ne voit pas l'ennemi, où il n'y a plus de bravoure ni d'élan possibles, où la furia franëesa et puis rien du tout c'est absolument la même chose, puisque l'on est tué de très loin par des balles venant on ne Sait d'où. ."- Enfin, plus tard et peut-être plus tôt qu'on ne pense, l'invasion chinoise, le péril jaune, et la vieille Europe étouffée sôûs la formidable poussée des Barbares. ; Il en était arrivé là dans la vision sombre de l'avenir (est-il utile de mentionner qu'il avait lu tout ça dans des livres?), lorsqu'il sentit une petite main qui lui touchait l'épaule : c'était son amie qui était enfin venue, non pas du côté de t'Est, mais du côté de l'Ouest, contre son attente. '-' donc? interrogea-t-il' D'où viens-tu — sôupçonneusenlent. : Elle donna une explication assez plausiblede son retard, et elle dit : //^'je/suis là depuis dix' minutes ; mais. :
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tu avais un si drôle d'air : tu parlais tout haut et tu ne me voyais pas.
Il répondit : terribles choses qui des à Je pensais — arriveront après l'Exposition. entendu; vraibien, j'ai tout Je sais — ment, fit-elle effrayée, est-ce que tu crois que l'on aura la guerre? Mais, comme elle était venue, il était devenu soudain optimiste. — Non, dit-il, je crois que tout ça pourra très bien s'arranger. Et il affirma : -—' Nous n'aurons pas la guerre ; d'ailleurs, il n'y aura plus jamais de guerre, et c'est en quoi le progrès a du bon, car les rêves d'universelle fraternité deviendront bientôt de joyeuses réalités, et je ne désespère pas de voir les Etats-Unis d'Europe. gens : les usuriers, — Et ces vilaines par exemple ? — Les usuriers ne prêteront plus qu'à (-
rire...
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le péril jaune? Mais — — Oh ! le péril jaune, nous avons bien
le temps, dit-il en regardant sa montre. fit-elle allons voir Alors, rassurée, —
les poissons. Il répondit gravement : L'Aquarium fermé, les poissons est — dorment, ils sont couchés, et c'est la punition des petites filles qui arrivent en
retard.
Cependant, les réverbères s'allumaient et, sur la Seine,.les Hirondelles s'illuminaient de clartés orangées et de feux rouges. En suivant les pentes du Trocadéro, ils descendirent vers le fleuve et, le long des quais, ils marchèrent vers Paris. — Petite âme, lui disait-il, la consolante chimie nous enseigne que toute réaction est limitée par l'inverse réaction. Lorsque Paris, trop4iabité, sera devenu inhabitable, il y aura un retour vers les. campagnes. L'infâme capital périra par le capital, car il arrivera un moment où la terre nourricière rapportera plus que le vil métal ; alors, nous aurons dans le sensible Vexin une petite maison de style, hoc erat in votis; nous aurons un potager, un verger, une vache, et nous serons végétariens. Et ils continuèrent ces rêves de vie heureuse et modeste dans un restaurant très chic où ils dépensèrent beaucoup d'argent ; il y avait, à côté d'eux, des personnages connus, tandis qu'en haut, dans une loggia, des tziganes en dolman pourpre jouaient des airs tristes, si tristes qu'ils avaient l'air de plaindre tous ces gens-là de l'existence qu'ils menaient. MAURICE DONNAY.
M: Alfred Picard est l'homme du jour.
Il est nommé grand-croix. Et il n'a pas volé cette récompense. Depuis sept ans, il a beaucoup travaillé. Sa tête de Lorrain est dure comme le roc des montagnes. Quand il a pris une résolution, après l'avoir méditée, il s'y tient obstinément. Il oppose une résistance inflexible aux influences qui la voudraient ébranler. Sa vie se résume en trois mots : labeur,- patience," régularité. Eile pourrait être offerte en modèle aux enfants sages. Il entre à l'Ecole polytechnique; il en sort brillamment, il passe par l'Ecole des ponts et ch >ussées. Il est expédié à,Metz, dans son
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pays. Il voisine, avant 1870, avec les officiers prussiens, et se convainc de la supériorité de leurs -vertus militaires; il en éprouve une inquiétude qu'il corrimunique à ses jeunes camarades, lieutenaints et capitaines d'artillerie. Mais ceux-ci ne partagentpoint ces appréhensions, que l'événement —- trop tôt, hélas ! — justifie... La guerre éclaté. M. Alfred Picard, enfermé dans la citadelle, y endure les souffrances du siège. Il s'efforce au moins de se dérober aux conséquences de la capitulation. Il redoute la captivité à Mayence ou à Coblentz, et, d'autre part, il lui répugne de s'engager par serment à ne plus porter les, armes contre l'ennemi. Il rêve de reconquérir sa liberté. Mais par quel expédient? — Celui dont il s'avise est fort original. Comme il traîne mélancoliquement son sabre sur Je' pavé de Metz, il aperçoit, dans la glace à demi brisée d'un magasin, une figure blême et lugubre, torturée par trois mois de disette et de découragement. — J'ai la mine d'un moribond, songe-t-il. Il court chez un major de ses amis : — Vous allez déclarer que je suis tuberculeux au dernier degré et qu'il y a urgence à m'envoyer mourir dans ma famille. Ainsi fut fait. Le major consentit à charger sa conscience d'un pieux mensonge; la débilité d'Alfred Picard le rendait si vraisemblable que les médecins allemands n'en eurent aucun soupçon. Le faux poitrinaire" défila ' «sous leurs yeux apitoyés; il gagna la .Suisse, rejoignit, par un détour, les troupes de la Loire et s'y engagea jusqu'à la fin des hostilités. La paix conclue, Alfred Picard avait hâte de rallier sa bonne ville de Metz. Comme la circulation des trains n'était pas rétablie, i! partit, sa valise sur l'épaule, et franchit d'une . traite les quatre-vingts kilomètres qui sépa-rent Paris de Meaux. Ce n'était vraiment pas mal pour un valétudinaire! Heureux les maigrès! Ils ont des âmes romaines et des jarrets de facteurs ruraux. Etonnez-vous si le royaume terrestre leur appartient! Dès lors, M. Alfred Picard poursuit normalement sa carrière; il brûle les étapes. Il occupe, en province, des postes éminents ; on lui confie une direction technique au ministère des travaux publics. A l'issue de l'Exposition: de 1889, il assume la charge.de liquider cette entreprise. En moins de deux années, l'opération s'achève sans bruit, sans secousse, par l'impulsion d'une activité continue et réfléchie. Un matin de l'été 1892, le ministre, M. Jules Roche, lui transmet la résolution du Conseil./ L'Allemagne a la velléité de préparer pour 1900 une Exposition : la France prendra les. devants et retiendra cette date. Pouvez-vous nous pré— Il est dix heures. senter, à deux heures, un premier projet? Ce jour-là, M. Alfred Picard oublia de déjeuner. A l'heure dite, il apportait son papier . au président du Conseil. Le lendemain, le décret paraissait à l'Officiel. Et, de la sorte, fut arrêtée, dans un élan d'ardeur patriotique, la colossale manifestation qui devait être l'apothéose industrielle et /commerciale du siècle. :
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M. Emile Faguét est. à peu près remis de son accident. Après dix jours de repos, il a' été autorisé à se lever et a pu faire quelques promenades autour de sa chambre. Enfin, il est desceftdu au jardin de la maison de santé.'. qu'il habite, à Neuilly, et, depuis deux jours, il marche à peu près bien, ne boitant qu'à. '
peine. Encore une semaine, et il n'y paraîtra plus. " ,' L'état général de l'écrivain est excellent ' Mais il a hâte de rentrer dans son appar-/ tement delà rue Monge, parmi ses livres, et ses papiers. Il a éprouvé un vif regret, avouait-il, de manquer ainsi, bien malgré lui, à ce premier devoir d'un « lundiste » : l'exactitude. Aussi, dans trois ou quatre jours,-' FagUetespère-t-ii M. semaine sûrement, ^ cette être rendu >à la liberté par son:médecin et pouvoir reprendre ses fonctions de critique et de chroniqueur. ^ Emile Faguet M. Ajoutons que a reçu, depuis qu'il est à Neuilly, de nombreuses mâr:
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ques de sympathie et que, chaque après-midi, ses amis viennent tenir notre collaborateur au courant des petits événements parisiens.
l'ordre-de la Légion d'honneur ne m'étonne, Ainsi, tel sera le clou de ; notre Exposition: parisienne., si on peut employer ce mot de pas. là, dit- clou pour désigner une chose ronde. » — Heureusement, la princesse est il avec un sourire. Je suis parti tout rêveur..; , écoulés, Trois s'étaient étions à nous ans ,» la fin de l'été de 1867/lorsqu'un matin, à déjeuner, en ouvrant une lettre de la princesse, d'avril Poissons et oeufs de Pâques. j'appris que j'étais nommé chevalier de la j'imagine que la farce innocente connue" Légion d'honneur. Ma joie fut courte, car poisson d'avril de le nom a dû cousis-., sous j'étais nommé seul, sans mon frère. La nomiau temps où.s'observaientrigoureusement; nation était faite dans de telles conditions ter, Carême, à dépiter les gourmands.: lois, du les exprimer à mes que je ne pouvais même pas en leur envoyant unyraipojsspjn/,,; amis les plus chers mon étonnement. En orthodoxes 'leur'" en'arêtes, dont la seule .chair et vue en effet, je tenais ma croix de la princesse qui, était permise. n'en ayant pas pu obtenir' deux de l'emAujourd'hui, le commerce des poissons" celle-là s'était contentée dé dipereur, en d'avril, et aussi celui des oeufs de Pâques,' sant : pleine décroissance, malgré les protesest en l'aîné, le Eh bien! elle cadet sera pour » — étalages Depuis' des tations, tantôt,menteurs. le d'attendre. temps a. année chaque nouvelle marque quinze ans, Hélas! la princesse trompait. bonne se » diminution d'affaires sur la précédente. C'est l'aîné qui aurait pu attendre. Mais on une disparaître, tend à L'oeuf pascal moins vite lit les destinées. dans ne pas » cependant que le poisson de sucre, dont,la Et, maintenant, attendons à l'oeuvre l'Aca- vente est, d'ores et déjà, quasi réduite à néant. démie Goncourt. C'est à Paris qu'ils se ^fabriquaient surtout,/ Elle ne fera peut-être pas beaucoup de be- mais aussi dans le Nordet dans TËst'; Lille,-' Remis et Nancy possédaient des marques sogne. Mais elle fera beaucoup de bruit. C'est peut-être ce que désirait son fonda- glorieuses, impuissantes maintenant à triom-:, ':'."-, pher de l'indifférence générale". " teur. Il faut avouer, d'ailleurs, que l'industrie des;" fin-Carême été soumise •friandises toujours a L'Exposition est ouverte... des risques spéciaux. à La première question que je me suis posée coïncide Pâques D'abord, lorsque le, avec celle-ci pénétrant est : en y lai très.-rapproché, s'en i«'avril trouve ou clou? le Où —" est devient poisson illusoire. du venté « L'oeuf' confrère AlA ce moment, mon excellent mange le poisson », suivant l'expression conphonse Allais m'a frappé :sur l'épaule... sacrée des négociants dé la/ partie. D'âutréi cherchez clou, dit-il Vous .le ? Vous, me ;— part/plus Pâques se trouve enfoncé dans le ; le verrez bientôt. d'avril, et plus le commerce des oeufs; Et, ayant joui de la surprise où me jetaient moissatisfaisant. Cela tient ;à. l'éloignement est il poursuivit ses paroles, : ' plus grand du ior janvier, où lès gens se sont . ruinés en cadeaux. Les capitaux ont eu le « — C'est un clou à la: fois grandiose et charmant! temps de se reconstituer et les occasions de' politesses de renaître. » L'idée, à vrai, dire, n'en est pas absolu:Erifin, comme on'ne sait jamais ce qu'on/ ment neuve, bien qu'elle soit peu connue, et j'eus l'occasion d'en parler au sein des organes vendra,-les fabricants sont obligés1-de:'pr,o^/ spéciaux quand je rendis Compte, de ma visite duire un stock trois fois supérieur aux bé-, à l'Exhibition de Chicago. soins réels, dont les deux, tiers," par consé-: époque,: l'idée a fait du quent, restent pour l'année suivante et lie;" » Mais, depuis cette chemin et, grâce aux travaux des chimistes s'améliorent pas en vieillissant. Mais, direz-vous, pourquoi les intéressés/ et ingénieurs français, elle va entrer dans la — voie d'une magnifique.réalisation. ne consultent-ils pas leur calendrier? Rien/ :de-plus simple que de vérifier la proximité : » Il s'agit de la. bulle de savon de 100 mèdes deux dates en question,- et d*agir en con-' tres de diamètre (cent mètres). (Celles qu'on vit à l'Exposition de Chicago "séquence... ' » ne dépassaient pas 3o pieds.) Ah! voilà! c'est qu'il y a,un coefficient dé chances qui dépend exclusivement delàtem-,,:; » Cent mètres ! Savez-vous que cela est une /-"..'.' ;-''-''ï3 dimension fort insolite pour une bulle de pérature. _' _. . froid, l'oeuf. « va tout seul »../; Quand il tait savon ! d'assister au gonflement d'une Quand il fait chaud, bonsoir! » Je viens de ces bulles : l'opération tient du prodige. "Non pas, comme vous pourriez l'imaginer,, minceur presque chimérique, parce qu'on préfère, en ce. cas, offrir des" » Malgré sa la pellicule de.la bulle est d'une souplesse et fleurs, mais parce que, depuis tantôt dix ans, d'une résistance extraordinaires. le chocolat règne eumnître dans la confiserie,' et qu'en France on n'aimera manger.du cho» (On arrive à ce résultat en ajoutant à l'eau de savon une certaine quantité de colle de colat que lorsqu'il fait froid. ..;;. Le fait est bizarre, cet .aliment nous venant poisson, additionnée d'acétate d'alumine.) des pays chauds; pourtant, il a été constaté » De petits oiseaux peuvent se poser sur cet immense ballon- sans en froisser l'enve- par tous les chocolàtiersd.ont s'honore notre/ ,''"::-\ ' beau pays. ' loppe. ' ' simplement merveilleux Actuellement, on fabrique encore deux; » C'est tout oeufs de sucre contre un de chocolat; mais, » La façon dont la bulle est attachée à la terr-e constitue un des détails les plus intéres- les premiers constituant l'article commun et" las secondsl'article de luxe,,la proportion se ; 'sants de cette innovation. trouve renversée au point de vue des recettes. » A force de travail et de patience, les directeurs de cette, gigantesque entreprise ont On vend, par exemple, pour deux millions/ réussi à dresser des araignées qui fabriquent dé francs d'ceufs de chocolat contre un mil-, / un léger et solide réseau, à peine visible' à lion d'oeufs de sucre,. l'oeil nu et qui va de la bulle à un point du Depuis un mois, la fabrication bat son plein! sol. ' Elle est exécutée par des/femmes dont beaunuit que ce specta- coup ne travaillent que pendant la saison du » Mais c'est surtout la Jour- de.l'an et celle ^de Pâques.,Le métier, cle défie toute corhparaison! quoique assez bien rérribué,e.st donc plutôt, » Grâce à une petite quantité de sulfure de zinc (procédé Charles Henry) figurant dans ingrat, puisqu'il comporte; jusqu'à neuf mois ;dè morte-saison, Et, cependant, il ne peut pas sa composition, la bulle, est lumineuse. s'ëiérçer sans apprentissage. La spécialiste a » (Le sulfure de zinc, préparé parle procédé Charles Henry, a la propriété de briller pen- besoin "d'une grande agilité', de doigts pour dant la nuit de toute la lumière qu'il a reçue .égaliser, au fond des moules creux, les demi;coquilles de cacao fin qui, deux à deux, se%. pendant le jour.) » On ne peut pas, non, véritablement, on ne- .iront' tout'.- à: l'heure rapprochées^ l'.ube/,d:e,:;,;; peut pas s'imaginer l'émotion ' presque refir l'autre pour "former un oeuf parfait, avec ouï •gieuse qui s'empare de vous à la''contempla- sans'surprise dans ses flancs. Là-plus grande tion de cette sphère fantastique, deceîte'boule difficulté est' id'entretenir lapâte à la tempe-, de."rëvel..< rature voulue pour' qu'elle soit maniable et .
L'Académie Goncourt est constituée. Les membres "déjà nommés se sont adjoint MM. Léon Daudet, Elémir Bourges et Lucien Descaves. A ce propos, une histoire assez curieuse sur Edmond de Goncourt. Je la trouve retracée dans une lettre qu'il écrivit à M. Ange Galdémar, Il explique comment il fut rayé, ainsi que son frère, sur/Une liste de la Légion d'honneur : le fait? écrit Edmond de. Gon« Je tiens court, de mon vieil ami Eudore Soulié, le beau-père de Victorien SardOu. 1S64. Conviés par la princesse » C'était en Mathildé à venirpasserquelques jours à SaintGratien, nous nous étions rendus, mon frère et moi; à l'aimable invitation. princesse, quim'avaitséduit, deprime» Là saut, par sa grâce et son esprit, acheva l'oeuvre-de séduction par le charme d'une hospitalité aussi libre que cordiale. Nous étions lorsqu'il sous -l'impression de cet accueil, princesse sembla, tout à coup, que la nous devenaitnervéuse et singulièrement préoccupée. Nous pensâmes qu'elle avait reçu quelque nouvelle imprévue qui la contrariait. Deux jours après, nous quittions Saim>Gratien, surpris de voir* que l'état d'inquiétude, de préoccupation de la princesse persistait. A quelque temps de là, rencontrant dans » la rue. Eudore Soulié,. qui était des amis de la princesse, je lui fis. part de ce brusque changement d'humeur qui nous avait quelque peu étonnés, mon frère et moi. ! fit Soulié, on ne vous a » •— Comment donc pas dit?... cher ami ? » — Quoi donc, princesse vous avait invi» —-Mais que la tés tous deux à venir chez" elle pour vous remettre la croix? la croix? _.» — Pour nous remettre ;» — Oui, à chacun de vous. Elle Payait demandée à l'empereur. C'était chose faite,. lorsque, au moment de signer le décret, l'empereur .s'est ravisé et.. ./ . effacés ? » — Et il. nous a Oui. -; » —, bien ! ça ne m'étonne pas. Eh » —r . étonne pas ? » — Comment ! ça ne vous » — Parce qu'on nous a déjà dit que nous ne serions jamais décorés. .. ' » — Et pourquoi ne s.èrez-vous jamais décorés ?r. : » — Parce que nous avons écrit, mon frère moi, Y Histoire de la Société française penet . dant le Directoire. » — Qu'est-ce que le Directoire a à faire avec votre décoration ?. » — L'anecdote suivante vous le dira. C'était l'année dernière, à Biarritz. L'impératrice lisait notre livre, lorsque l'empereur entra chez elle. Le livre tomba des mains de la souveraine qui partit d'un franc éclat de rire. Etonné; l'empereur voulut savoir la cause de cette hilarité et son étonnement grandit lorsque, ayant ramassé le volume, il lut le titre. » '—Comment, demahda-t-il doucement-, c'est ce livre d'histoire qui vous fait rire? » — C'est qu'il y a une phrase si drôle, si drôle. »' Et l'impératrice,-parcourant le chapitre qu'elle venait de lire, indiqua du doigt le passage à l'empereur. Il y était question des « ... des femmes du Directoire ». L'empereur chercha le nom de l'auteur et vit qu'ils étaient deux: Edmond et Jules de Goncourt. » — Voilà, dit-il, des livres d'histoire qu'il n'est pas bon de laisser traîner sur les tables. » L'incident fut rapporté entre intimes. Et un membre de la maison dé l'empereur dit ^quelques jours après à un- de mes amis, qui me le.répéta ,: .',.-; » —/Les .Goncourt peuvent être sûrs de leur affaire : ils ne seront jamais décorés. » — C'est pourquoi, mon cher ami, fis-je à Soulié» c'est pourquoi cette radiation de .
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LES ANNALES POLITIQUES ET LITTÉRAIRES.
ne blanchisse pas. en refroidissant. Cette température doit être la même que celle du corps humain : au-dessus,- ou au-dessous, le travail ne vaut rien. Aussi voit-on, à chaque instant,l'ouvrière en oeufs porter à ses lèvres un petit fragment de pâte. Vous penseriez.que c'est par gourmandise. Loin de là, les pauvrettes consultent leur thermomètre. Du chocolat elles ont hor..reur, eh étant saturées. Tant qu'il s'agit d'oeufs de petites dimensions, ne dépassant pas le volume des oeufs d'autruche, la question du maintien de degré dé chaleur se résout'avec un peu d'agilité. Mais, lorsqu'il s'agit de ces spécimens fantaisistes qui rappellent la ponte de quelque monstrueux oiseau antédiluvien, la maind'oeuvre", qui ne peut/cesser d'être rapide, constitue un véritable tour de force.
d'en badigeonner la surface avec une .solution, (également ignifuge) de sulfate d'alu-
mine. » ' •Si nos lecteurs laissent brûler ^eiirs meubles, ce ne sera pas de notre faute.
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Les causeries mondaines ont, ces jours derniers, enregistré la nouvelle d'un mariage qui a été accueilli, de toutes parts, avec satisfaction et sympathie. C'est celui d'une belle et brillante personne, qui n'est'plus une toute jeune fille, mais qui garde encore, en lsa maturité commençante, un lumineux rayonnement de grâce et d'esprit. Son intelligence, ses charmes, sa naissance la prédestinaient,semblait-il, à la plus enviable desùnéè. Cependant, elle ne trouva point tout dé suite un parti digne d'elle, faute de dot. Lancée dans le monde de très bonne heure, elle y attirait tous les hommages, elle y remMon courrier : portait les d'elle succès. Autour s'emtous ' 8 avril 1000. " press-aient les lois de la mode et du chi'c, et Monsieur Serginès, En ma qualité de vieille abonnée des An- jusqu'aux princes de sang royal. Tant d'adnales, vous voudrez bien me permettre de mirations ne lui furent guère, en somme, qu'un le bonheur. Elles gênèrempart contre doléances, apporter même temps vous. mes en effrayèrent] peut-être elles doute, et rent, sans félicitations, que mes pour l'heureuse idée que Car. MH= de X..., je le répète, n'avait pas de nos chères Annales ont eue de. nous faire une fortune. Gazette du Vieux Paris." Mais il y a une lacune Ainsi les années se succédèrent sans fixer (à nip.n-iunible avis) dans ce journal, qui prosa vie-'Peu à peu on l'aperçut"'moins dans les met d'être si intéressant. Fànt-il franchir d'un salons. Elle quitta même Paris avec les siens; salit l'espace qui sépare ïë neuvième siècle du Et c'est dans le calme d'une villégiature treizième? Et ce douzième siècle, qui a vul'apo- qu'elle a rencontré le galant homme, dont elle feée de l'architecture romane et l'aurore de l'art Il est Anglais. Elle ogival, vous ne nous y ferez j;as pénétrer1? Le porte désormais le nom. devenue une Anglaise. Et les couParis de Suger, de Louis VII, dé Philippe-Au- est donc d'outre-Manche permis, à l'occatumes ont donerien n'a d'intéressant guste qu'il sera passé sion de fiançailles, une. manifestation de ses silence ? sous Violiét^le-Duc y a glané des motifs d'ameu- cordialité qui semble toute naturelle cheznos blements à faire pâmer de jalousie tous les positifs voisins. Au lieu des cadeaux de mamarchands de meubles -auglaisl Faites-nouss riage ordinaires, au lieu des bibelots inutiledonc un peu pénétrer chez les habitants de notre' ment coûteux/souvent laids,- toujours supervieille cité pendant cette époque (qui voyait déjà flus, les amies anglaises de M'l= X... lui ont lés habitants de l'autre ,côté du détroit nous adressé de simples chèques. ,Elle en a reçu, à chercher cette querelle qui ne finit jamais), vous ce qu'on assure, pour plus de. soixante-dix sais mille francs ! Et je ne pas, après tout, -si droit, monsieur Sergiaes,' à la toute aurez reconnaissance d'une fidèle abonnée, grande la franchise nette d'un semblable usage ne compense pas amplement ce qu'il peut. avoir admiratrice du douzième siècle. d'un peu brutal pour des Françaises. .11 offre, "Si nous avions voulu résumer toute l'his- du moins,.cet avantage appréciable de coutoire de. France dans la Ga^ejte, il nous eût per court à ces manoeuvres préliminaires de : fallu cent numéros. - Et- l'Exposition ne- dure fiancés,^'appliquant de concert à diriger le que six mois. Nous avons choisi les époques choix-de leurs donateurs obligés vers de solespliis caractéristiques... Et d'ailleurs, nous lides argenteries ou d'Utiles garnitures de : ' avons pris conseil-de noséminents collabora- cheminées... teurs, qui nous prêtent le" concours le plus SERGINES.. . empressé. -M-,- Henri de Borhier nous.à envoyé une superbe page, le Soufflet, pour le deuxième numéro [numéro mérovingien), qui paraîtra le mai.-Et M. Robida travaille déjà-au nui" méro de Marguerite de Bourgogne!... Sous ce titre, Adolphe Brisson publie fVous pensez si ce dernier.s.era suggestif?,.. d'Éditions d'Art, -aujourd'hui, à -
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NOS HUMORISTES
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la Société
în-4° de grand luxe, que volume un de l'-incendie du Théâtre-FranA-propos çais, on nous demande comment on peut ob- tous les amateurs voudront possédei\dans leur; bibliothèque. H y analyse et y décrit tenir l'ignifugation du bois... Voici la méthode NodonrrBretonneau, la l'oeuvre de nos plus éminents caricatuplus employée : ristes. L'ouvrage est orné, de nombreux 100 inédits de grandes plancroquis et La pièce à traiter plongée dans est s une ches, reproduisant les. pages les plus cécuvé doublée en plomb, contenant une solution saturée de, borate, et dé sulfate d'ammo- lèbres de Caran d'Ache, Forain, Heiv 'niaque, à la.température de 8o° centigrades. mann Paul, Léandre, Robida, Steinlen etUn courant électrique est lancé au travers. Willette... La couverture en couleurs est Douze heures d'immersion suffisent pour faire dessinée par Léandre. Nous détachons le absorber au bois de iS.à 20 0/0 de son poids premier chapitre du volume. Nous-ne des sels du bain et iésrépartir dans toute la "pouvons joindre, malheureusement, lès y masse. Par; le séchage subséquent, ces sels illustrations qui l'accompagnent (1). déposent autour de chaque fibre une sorte de ., gaine: La pièce étant alors .soumise à l'action GÉOMÉTRIE DE CARAN D'A'CHE LA du feu, la substance "ignifuge fond, se dé11 est moins connu qtie son oeuvre. Lorscompose/enduit la fibreet's'oppose àl'inflammatioh/des gaz. Le bois se ' carbonise lente- qu'il publia, voilà bientôt vingt ans, ses mentj. sans flamme ni fumée, sans former -premières pages comiques, elles conquirent,' tison; la carbonisation ,est rigoureusement du premier coup, la sympathie du public. limitée aux-points soumis directement à l'ac- Elles.le séduisirent par un air d'inédit, par tion du feu; il n'y a pas^propagation et, ,si de de rond, d'imquoi franc, je sais ne un l'on prolonge cette action suffisamment, les perturbablement jovial, par une verve qui, parties chauffées se 'réduisent en cendres. renouveler, précisément paraissait dans.tonte sans se Lebois ignifugé desa masse » vient très dur, tout: en conservant sa couleur, toujours nouvelle. En vain, quelques crison "élasticité et sa ténacité : pour' le rendre, (l)Un volume grand in-4°, format des Annales, franco en outre, absolument imperméable, il suffit 18 francs. " .
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tiques objectèrent-ils que les « histoires sans légende», de Caran d'Ache, n'étaient point originales, qu'elles s'inspiraient des procédés de Wilhelm Busch, d'Oberlandeiy tTHengeler, de Reinicke, des caricaturistesallemands des Fliegende Blaitter. La foule, ne s'arrêta point à ces objections. Elle ne, boude pas contre son plaisir. Elle aime ceux qui la divertissent, soit en lui présentant un fidèle tableau de ses misères, soit en les lui, faisant oublier. Elle aima Forain et elle aima Caran d'Ache, comme elle aime Paul Hervïeu et Georges Feydeau, la comédie et le vaudeville. Bientôt son engouement; s'aviva d'un grain de curiosité. Elle apprit . que Caran d'Ache (crayon en russe) s'appe-, lait de son vrai nom Eninianuel'P-oîrée, qu'il: servait dans l'armée française avecle grade de caporal, qu'il était' beau comme le jour, qu'il inspirait des passions fatales àuxnour-. ricès des Tuileries et que son grand-père avait perdu un bras et une jambe pendant la campagne de 1812. Il n'en fallait pas tant pour le rendre légendaire. Rien n'est plus doux à savourer que la gloire et. rien n'est plus difficile à soutenir. L'homme, dont la fonction est d'être spirituel, est condamné à avoir toujours de l'es- prit. M. Carari d'Ache n'a pas trop fléchi sous cette terrible obligation. Ce qu'il a tiré de son imaginative est proprement inconcevable. Des milliers de dessins y sont éclos :,; beaucoup sont exquis, presque tous sont ingénieux, pas un seul h'ést absolument plat et indifférent. Quand l'idée manque, l'exécution y supplée; si, d'aventure, le cerveau ; est fatigué, la main reste diligente. Et M. Caran d'Ache continuel... Les semaines, les mois s'écoulent, et tranquille-", ment, avec l'implacable régularité des saisons et des phases de la lune, il poursuit sa besogne de clown ou, si le mot lui agrée: davantage, de « monologuiste ». Je désirais surprendre les secrets.de cette intarissable production. Mais les amis de l'artiste m'avisèrent des difficultés que .rencontrerait, mon entreprise, en apparence la plus aiséedu monde. — Caran d'Ache mène une existence cloîtr.ée, mystérieuse. Il habite, rue de la Faisanderie, un hôtel somptueux et clos aux, regards. Il s'y enferme, tel le philosophe en sa tour d'ivoire. D'incorruptibles serviteurs défendent l'accès de son atelier, et lui-même, a recours à des ruses singulières pour dé-/ courager l'audace de ses visiteurs... Méfiezvous ! c'est très dangereux ! Et voilà l'es avertissements qui me furent glissés dans le tuyau de l'oreille. Ils excitèrent mon ardeur. J'ai, de tout temps, été/ attiré par les entreprises chimériques. Je î pris quelques précautions indispensables, je mis ordre à mes affaires, je m'armai d'énergie et de sang-froid, et uii matin, à dix heures précises, m'étant recommandé à Dieu, je gravis le seuil du farouche auteur de l'Epopée. !
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Après que j'eus trois fois pressé le bouton de la sonnette électrique, une çamériste vint ouvrir. Elle sembla fort étonnée lorsque je lui exprimai l'envie que j'avais d'être introduit chez son maître, Une pareille outrecuidance confondait son entendement. murmura-t-elle. — Il n'est jamais là, rôpliquai-je. aujourd'hui, Il sera y — Et, comme mon attitude était résolue, et ma voix impérieuse, elle consentit, non sans . pâlir, à se saisir de la carte que je lui tendais et disparut dans les méandres de l'es-',, ca.lier. Je demeurai seul un temps assez long. Je me trouvais dans un salon décoré avec richesse, de soies et de satins brochés ;
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1ES ANNALES POLITIQUES ET LITTERAIRES
ornés de tableaux modernes et de gravures anciennes en belles épreuves. Je, m'occupais à considérer ces bibelots. Soudain, une tenture s'écarta lentement, comme poussée par des doigts invisibles. Un nouveau personnage surgissait devant moi. C'était un valet.de chambre, mais un valet magnifique. Il avait la taillé bien prise, les épaules larges, les dents blanches; il portait, avec une surprenante dignité, le tablier-blanc'à bavette, insigne de sa profession; sa tête était, coiffée d'une sorte de casquette, ou de moufflet en laine écossaise, qu'il ne songea pas d'abord à retirer. Et confesserai-je ma petitesse? Je fus choqué de son oubli. Mais j'admirai sa distinction native et la désinvolture avec laquelle il répondit à ma muette interrogation : — On ne vous a donc pas révélé SES habitudes? IL ne dort pas de la nuit. IL se couche à l'aube et se lève au crépuscule. Ces paroles élégantes et simples étaient relevées d'une pointe d'accent qui leur communiquait une saveur exotique. Je crus y discerner comme une intention de raillerie. D'étranges soupçons me traversaient la cervelle. _A_ce moment, j'aperçus l'extrémité d'un album, ou d'un carnet, qui émergeait de la pochette du ' tablier. Ce fut un trait de lumière. — Caran d'Ache... c'est vous? m'écriai-je. L'homme s'ôurit, s'inclina courtoisement. Il avouait!... — Donnez-vous donc la peine d'entrer. Je le suivis dans son cabinet. Une profusion de croquis, les uns cloués aux murs, d'autres à l'étatd'ébauche, s'yamoncelaient. Ils débordaient des tables, inondaient les sièges,, masquaient à demi la fenêtre et gi-* ~-saicitt sur le tapis. M. Gâran d'Ache s'installa à son bureau; je "m'emparai de l'unique chaise qui fût libre. Autour de nous grimaçaient des silhouettes, la plupart grotesques, quelques-unes héroïques: des Anglais casqués do liège, un John Bull apoplectique, un Chamberlain Carnivore, à la mâchoire agressive; des Boers costumés en Bas-de-Cuir; des Brésiliens trop bruns et moins gros que leurs cigares ; de mélodieux tziganes et des princesses pâmées ; des animaux, beaucoup d'animaux, sauvages ou domestiques, mais uniformément d rigolos » : lions.débonnaires, girafes déguisées en poteaux télégraphiques, chevaux de course -— puissants seigneurs — et chevaux de fiacre — pauvres hères; —chiens de tous rangs et de tous poils : la levrette en paletot de Mme.la baronne et le caniche du pont des Arts. Enfin, là-bas, à l'horizon, des soldats qui avancent/silhouettes noires se détachant en vigueur sur la neige éblouissante: la redingote, le petit chapeau, puis l'étàt-majorchamarré, puis les clairons, puis -
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les tambours, puis les masses profondes de la Grande Armée... J'ai demandé à Caran d'Ache si, parmi ces figures d'un autre âge, il avait introduit le profil de son aïeul : — Je ne possède de lui, m'a-t-il dit, qu'un méchant portrait que nous avions à Moscou. Mais mon père m'a bien souvent conté
son histoire, qui s'est déroulée et dénouée cées. Elles s'étaient immobilisées et cristalà la façon d'un roman. Usées dans ma mémoire. Pendant qu'il accomplissait ses devoirs Le brave Poirée était chef d'escadron au 7e chasseurs et officier de la Légion d'honmilitaires, il résolut de prendre': conseil/;;, neur. Il avait reçu la rosette de l'empereur d'Edouard Détaille ; il pensait que ce maître sur le champ de bataille. Il allait décrocher serait, pour son jeune'talent, le plus sûr des/ son cinquième galon, quand il essuya, à guides. Un matin, donc, ayant brossé sa. bout portant, la décharge d'un peloton de tunique, astiqué son ceinturon, reluisant, cosaques. Il fut laissé pour mort sur la verni, éblouissant, impart d'un pied léger:./ place et recueilli dans une famille polo- Il sonne, non sans effroi,! à lapôrteducé^/i naise, qui le combla d'égards et de soins. Il lèbre peintre. Celui-ci l'accueille avec cette " y avait là, surtout, une jeune fille, dont la indulgence enjouée qui le rend si'séduisant tendre sollicitude le toucha jusqu'au plus et parfois si redoutable. Il l'exhorté à èxé--.profond du coeur... Vous devinez la suite. cuter., en six coups de plume, le portrait d'un Le blessé aima la jeune fille, la jeune fille de ses camarades de chambrée et à lui sou-,,, aima le blessé. Leur inclination fut couron- mettre le résultat de, cette improvisation^;/ née par l'hymen, comme disaient alors les Le caporal Poirée file à la caserne;,, awse ' poètes. Poirée se fixa en Russie, où il fit l'aide-cuisinier : souche d'honnêtes gens. Et c'est ainsi que — Tiens-toi là debout et ne bouge plus... Hélas! le croquis est détestable ; il le naquit Caran d'Ache, ayant du sang slave et du gaulois dans les veines, placé entre déchire, le recommence, le déchire encore. ; deux patries et sollicité par elles. A huit — J'aime mieux « pincer l'oreille ,0; ans, il fut mis au meilleur gymnase de Mos- Jules » ; c'est moins embêtant, murmure le cou. A seize ans, il le quitta, ses études cuisinier. achevées. Et son père lui ordonna de se A ces paroles, le caporal lui flanque deux rendre à Paris : jours. — Va-t'en au diable ! — Mon fils aîné sert dans l'armée russe, Le lendemain, il reprenait, de souvenir.^ lui déclarâ-t-il ; tu serviras dans l'armée le dessin raturé et l'achevait triomphale->française. Le vieux Poirée, du haut de son cadre, ment. Le cuisinier était là, parlant, roulant applaudit à ce discours. Emmanuel boucla son calot entre ses gros doigts graisseux, sa malle, empocha le boursicaut, maigrement d'une ressemblance et d'une bêtise inefgarni, destiné à assurer les menus frais du fables. Le caporal Poirée lui enleva ses voyage. Quinze jours plus tard, il était in- deux jours. Il était heureux; il avait trouve/ corporé au 74e de ligne et endossait, pour sa voie. la première fois, cet uniforme de « bibi de — Oui, cher(monsieur, je suis affligé d'une, 2e classe », que son crayon devait populatimidité incroyable. Je'ne puis travailler riser. que dans le silence, la solitude et la nuit. ; pudeur la dis-je, J'ai recherché les Vous du chat .et, du traces chef d'esavez, — — de l'éléphant. Cadron dans les livres de l'époque. /î ."''} Il saisit sur sa table un volume fatigué et — C'est cela même. , Un narquois sourire feuillette le erre sur ses lèvres... avec précaution; l'ouvrage a pour titre Premier état militaire de la Ré- Et l'on s'extasie sur la gravité des hommes publique française, an XI. Il y est effecti- du' Nord ! Il est vrai que M. Caran d'Ache vement question d'un certain Poirée, lieute- n'est qu'un demi-Moscovite... ...;^-:*P' nant à l'ancien régiment du Royal-Piémont. ' ..' X. J'observe M. Caran' d'Ache. Il ne badine En somme, je distingue assez nettement, plus. Il est sérieux, presque solennel. Et je devine pourquoi nous fûmes émus, na- à travers-ces digressions, ce qui constitue guère, en voyant défiler les Ombres de 'l'originalité de Caran d'Ache et l'essence" de son art. Daumier synthétise et concentre, l'Epopée. Il y a des heures où l'âme du grand-père dans un puissant raccourci les exprès^/ d'Ache les mouvements Caran!| lés sions et confond l'âme du ; petit-fils, où le se avec grognard se substitue au bouîevardier. Ce analyse, les divise, les gradue. Or,; rien, sont les mystères — et les grâces — de n'est comique comme un, mouvement dé-; .composé... Un monsieur, flirté- avec une l'hérédité. dame et s'incline galamment sur le dossier X de son fauteuil. !/. . Il est encore un troisième Caran d'Ache, Il a publié de remarquables études sur la cavalerie russe ; elles offrent un intérêt purement documentaire. Toute intention satirique en est exclue. Elles sont d'une hardiesse, d'une fougue extraordinaires. Je le complimente sur le caractère réaliste et la sincérité de ces oeuvres. Je voudrais savoir dans quelles conditions il les a exécutées : sans doute en se mêlant à la vie, en la fixant, vibrante et chaude, sur le papier. — Il m'en coûte de vous détromper...Mais je suis absolument incapable de copier }a nature. Le modèle me trouble, je ne le possède, je ne suis en état de reproduire sa physionomie qu'après qu'il a disparu. Mon oeil est un appareil photographique qui retient tout: l'ensemble et le détail. L'impresPeu à peu, l'entretien devient plus tendre^ sion qu'il a ressentie, en une seconde, né les causeurs plus, distraits ils courent ' ; a s'efface plus ; elle est d'autant plus nette une catastrophé ; inévitable ; le fauteuil qu'elle est plus lointaine. Jadis, j'accompa- penche, le -centre de gravité se déplace ; gnais mon frère aux manoeuvres de Kras- chaque image, marque une étape, le vers noïé-Selo. Je me gardais bien de crayonner dénouement. Ce qui devait arriver arrive. les scènes dont j'étais l'acteur ou le témoin. La dame est renversée, les jambeslen .l'air:;;, C'est au bout de dix-ans que je les ai retra- le cavalier' l'accompagne dans /sa" chute;' .
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LES AHNAtES POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
Sohirils fâchés ou ravis de l'accident ? Nous en sommes réduits aux conjectures, car
Géométrie et mouvement : ainsi peut-on définir M. Caran d'Ache. Je ne pousserai pas plus avant la comparaison entre deux génies, qui ne sont pas du même ordre. Pourtant, je ne crois pas qu'il faille dédaïgner-ie labeur qui s'emploie à l'amusement de l'humanité. Si ses moyens sont frivoles, sa fin ne l'est pas, car il contribue à rendre la
terre habitable... •— Alors, ai-je demandé à Caran d'Ache, vous continuerez éternellement à dessiner
CAUSERIE THEATRALE THÉÂTRE-ANTOINE : La Clairière, pièce en.cinq actes;/: de MM. Maurice Donnay et Lucien Descaves.' — ..; PORTE-SAINT-MARTIN : Jean Bart, drame en cinq /'.'" actes de M. Edmond Harâucourt. — ODÉON ;
Lé/
Petit Chaperon Rouge, conte en trois actes, en vers, j. de M. Lefebvre-Heriri,musique de M. Francis Thofflé./ :
Encore une pièce sur la question sociale. Quand nous serons à dix !... Celle-là, du ; des bonshommes ? moins, a franchement réussi ; elle est due à la collaboration de deux hommes de lét- / — Aujourd'hui, demain, toujours! Cette réponse respirait l'optimisme et la très qui ne se ressemblent ni parle carac- / sérénité. Et j'ai compris que l'éminent hu- tère ni par le génie et qui ont eu le singù.-.;"j moriste goûtait, dans cette vallée de larmes, lier caprice de s'unir. M. Maurice Donnay / parfait contentement. le voluptueux poète, l'observateur irô-, un est leurs; visages nous sont cachés. Mais il est nique, que vous connaissez ; il a dû ses suc-: : " ' ADOLPHE BRISSON. intéressant de voir un éventail derrière ces à des oeuvres finement moqueuses et lequel il se passe quelque chose attendries, et rien ne faisait prévoir quJil y; V/Gë ne sont pas là des hommes, ni des eût en lui l'étoffe d'un réformateur et d'un. .,-' femmes, mais des marionnettes articulées apôtre. M. Lucien Descaves, par contre, né qui n'ont que l'apparence et ne donnent pas s'est jamais amusé aux bagatelles; il n'a l'illusion de la vie. Pourtant, examinez-les des satires, dont la plus guère écrit que I. — L'HORIZON DU CALVAIRE de près, et vous distinguerez, sous la raihaineuse fut ce fameux roman de Sous-Of/> deur de leurs lignes droites, une infinité Quand il fut sur le mont, 11 domina la ville plein de fiel et de rancune. ; d'observations et d'intentions spirituelles. Et la Judée et tous les pays d'alentour, Donc, M. Maurice Donnay, qui s'accom- /; par-dessus les de Et, cris plèbe vile, cette Attachez, je vous prie/vos regards sur ce mode de social, état M. Lucien» ; notre et loin Plus l'horizon portaient l'amour. que ses yeux ténor. '''>/ /; Descaves, qui le déteste, se sont rapprochés ÏPvient de soupirer son morceau. Il est Son regard s'arrêtant sur l'Occident, sur Rome : momentanément et voici le résultat de leur , satisfait et de ses auditeurs et de lui-même ; c Pan est vaincu ! * dit-il ; puis son esprit vola collaboration : :;,: Vers le Sud, et son coeur d'enfant s'émut dans l'homme, Le docteur Alleyras, s'étant trouvé très ; Vit Bethléem et dit : « L'étoile est toujours là ! » malheureux en état de mariage, a quitté/ Puis il cherche au Levant, vers le lac. Asphaltite, femme, mais n'a pu obtenir d'elle qu'elle sa Les barques des pêcheurs sur les rivages, blancs, le divorce. Il s'est arrangé une nouacceptât Ses amis, dont la foi lui semble bien petite, velle existence. Il vit avec une jeune par-// Puisqu'ils sont aujourd'hui dispersés, et tremblants. sonne, Jeanne, qui est pour lui une compaPuis, au Nord, il revoit, par delà Sanïarie, idéale et parfaite. Mais l'irrégularité de;' gne La douce Galilée et l'aube des matins, leur situation les obligea de certains mena-* Les reproches touchants de sa mère Marie docteur Alleyras dû Le gements. rompre// a Et l'outil maladroit sous ses doigts enfantins. toutes relations avec sa famille. Il s'est exilé Toute sa vie en lui dans un éclair repasse, dans une petite ville et y exerce honnêteEt la terre, où ce roi commandera ies rois, ment son métier, estimé et aimé de tout le Lui rend justice et dit : « Ton coeur.emplit l'espace! » monde, surtout des gens du peuple et des Mais le bourreau cria : « C'est prêt, viens sur ta croix, J humbles à qui il est secourable et bienlâisant. Il s'intéresse, notamment, à un petit groupe d'ouvriers dont la situation est par-, il. — LE TROU DANS LE ROC ticulière. Pour planter et dresser la croix couchée à terre,... L Ces hommes se sont groupés ; ils ont pu, ' Il faut d'abord creuser le Golgotha pierreux ; Le ciel noir regardait s'accomplir ce mystère, /-'grâce à la munificence d'un philanthrope, Et les gens commençaient à parler bas entre eux,.,; ; s'installer dans un domaine, la ferme de la , Clairière, qu'ils exploitent en commun. Ils Sous ie fer jaillissait le feu, des rocs rebelles; sont là quatre ménages et cinq ou six céliEt le trou qu'il fallait se creusa lentement, bataires qui se partagent fraternellement Et Jésus,, regardant ce trou plein d'étincelles : le travail à accomplir et les fruits de ce tra« Ma maison doit durer sur un tel fondement. * '/:.' loyalement d'appliquer les ;/; lia divinement chanté;.son «ut» est bien Puis, quand ce fut fini : « Par ma mort je commence ; vail. Us essayentdoctrine collectiviste. Leurs ; principes de la sôftliAdmirez-le. Il est frais, rose, parfumé, Regardez donc, vous tous qui pouvez approcher ;l; voisins les regardent avec défiance et leur;/ /ffisë'au petit fer. Le diamant, de sa chemise, Dans ce trou de rocher je jette ma semence : témoignent une vague antipathie; ils les " étincelle. Et tandis qu'il parcourt avec né- Ma moisson lèvera dans un trou de rocher. » appellent « sauvages »; et, dans ce terme, il ,gligencé les poulets que-yses adoratrices lui entre de la crainte et du mépris. Le docteur ont /;<dépêchés, son accompagnateur un III. —LE BOURREAU SUR L'ECHELLE ; — Alleyras est supérieur à ces préjugés ; il. ..bohème aux cheveux-mélancoliques—l'aide rend volontiers visite à la colonie et luipro-/ humblement à enfiler son paletot. Pas be- Et lorsqu'il fut en croix, un homme, sur l'échelle, battre eneor les clous qui retenaient ses bras, Vint digue les secours de son art, Min; dé légende. Il est superflu de faire par- Et le martyr, sentant le bourreau chancelle : que Nous concevons qu'il s'y plaise : c'est, en,'/ ler ces personnages. Que se diraient-ils « Si tu veux te hâter, frère, tu tomberas !... » effet, un vrai paradis. Le tableau que tra- / qu'on ne devine? Ils.sont rudimentaires et cent d'elle MM. Donnay et Descaves, au complets. L'artiste a mis en saillie leurs El le vil mercenaire, à qui le mot s'adresse, Si ce mot ne l'eût pas mis en garde, tombait... second acte de leur pièce, vous met positi- : traits; caractéristiques. Et c'est le coeur gonflé d'inutile tendresse, vement l'eau à la bouche. Quand le rideau y //Cet effort de sélection-et d'épuration lui En pleurant, qu'il frappa sur les clous du gibet. Rebuté quelques tâtonnements. D'abord il se lève, les o sauvages » se livrent à leurs: ;.' occupations de chaque jour; ils sont-très sentant ses mains percées, construit sommairement, l'épisode que lui Alors le dieu cria,sanglants gais. L'un d'eux badigeonne les murs du/ vers le grand ciel profond, suggère sa fantaisie, comme un dramaturge Levant ses yeuxde leurs clous souffrant de ses pensées plus que réfectoire ; il se nomme Poulot, dit Capo.ul, / établît, son canevas. Sur cette première Bien Pardonnons-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ! chantant « à pleine'/ et.justifie surnom en ce il .esquissé, applique Un calque, puis un sevoix des airs d'opéra-comique. Un autre tire 1, ; JEAN AICARD. cond/puis un troisième. Par ces filtrages des plans sur une table d'architecte; c'est .-successifs,'il élimine l'inutile, il ne conserve de la bande : Collonge, dit l'Amal'artiste le principal, il dégage enfin figures que ces les commUni- teur. H dessine de jolis meubles pour ned'adresser Prière toutes schématiques qui égalent en limpidité et E&tions relatives à la rédaction des Annales direction,'ou plus,-exà.: frères qui, sa sous finesse; surpassent en les graffitti de Pom- à M. ADOLPHE BIUSSON, rédacteur chef. tement d'après ses conseils, les exécutei.;; en pé! V Les autres communications (abonne™ Enfinv Rouffieu, grand théoricien nourri d *'':'.-. ' mentset mandais) doivent être adressées Karl Marx, et qui est'le, vrai fondateur/ On à défini Pascal: Géométrieé'tpassion... à M .l'Administrateur des Annales. de. la Compagnie. Ces citoyens paraissent.. ,
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LES ANNALES. POLITIQUES ET LITTERAIRES
noffensifs et paisibles, ainsi que leurs daines , pleines de vulgaires; peut-être, mais •un peu -bonne volonté. - ' Parmi elles, il en est "une dont la distinction nous charme- L'histoire de M,!° Hélène Souricet-est touchante. Elle exerçait, dans la petite ville d'à côté,le métier d'institutrice. Elle a eu; la faiblesse d'aimer le fils du gros entrepreneur Aristide Verdier, qui, après l'avoir séduite, l'a abandonnée. L'infortunée/redoutant un scandale inévitable, voulait se suicider, et c'est le docteur Allèj'ras-qui l'a "détournée.de cette fâcheuse ré- ; solution et l'a eùgagéè'à chercher un re' fuge à "la Clairière. Tandis que cette idylle se déroulait, nous ' nous demandions où les auteurs voulaient en venir. Leur dessein était-il de nous offrir uii tableau idéalisé de la société future? Delà part de M Deseaves, ce projet ne nous eût pas.surpris; mais lâ.prôsence de M. Donnay le-rendait invraisemblable. Il me sem-
ordre tels que MM. Gémier et D.umény, "M™ÈS Suzanne Despreiî. et Eugénie Nau.
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raire de M. Edmond Haraueourt se sont un. peu 'mal à l'aise. Ce poète n'a pas- la facile et-cordiale bonhomie d'Alexandre Dumas, Il remplace cette rondeur qui lui manque par une puissante imagination. La figure de Jean Bart lui offrait une superbe occasion de l'exercer. Il l'a modelée avec grandeur, et il a trouvé, comme toujours,, en M. Coquelin, un interprète étonnamment souple, agile et grandiloquent. Admirable spectacle pour les vacances de Pâques. Lès collégiens, après avoir vu Jean Bart, pourront aller entendre, à l'Cdéon, les précieux vers {précieux dans les deux sens) qu'y débité le Petit Chaperon:Rouge. Et le blait entendre' quelqu'une des'discussions Petit Chaperon Rouge ne se contente pas de -qui ont dû s'engager entre les' deux écri- déclamer : il chante des airs qu'a composés à vains alors qu'ils bâtissaient leur ouvrage : son intention le maître Francis Thomé. — Je vous assure qu'ils sont très heureux Cette musique, à elle seule, vaut le voyage. Et puis, il n'y a plus de voyage à faire pour à la Clairière, assurait M. Descaves. aller à l'Odéon !... M. Maurice Donnay souriait doucement. '— D'ailleurs,reprenaitM. Descaves, il faut ADOLPHE BRISSON. qu'ils le soient ! M. Donnay souriait toujours. Son sceptià. l'obligeance de M. Théodore Grâce pièce' la cisme l'a emporté ; et se dénoue Dubois, directeur du Conservatoire, nous selon la vérité humaine, qui est bien éloipouvons publier, dans le Supplément de gnée, hélas ! des rêves des' utopistes. Donc, au bout- de ^quelques semaines, cette semaine, un fragment de la belle l'Edeh-de'.l'a Clairière se change'en enfer. Marche Héroïque qu'il a composée en On s'yjalouse ;. on s'y querellé. Mmo Roilfîeu l'honneur de Jeanne d'Arc et qui doit s'amourache de 'M. Collonge. M. Collonge être exécutée, le ik avril, dans la Salle s'amourache de l'institutrice. MmoRouffieu des Fêles du Champ-de-Mars,polir l'inauéprouvé, à l'égard de celle-ci, les fureurs guralionde l'Exposition Universelle. d'IIermion.e contre Androïniique. Le docteur Alleyras, écoeuré'par les potins et les perfidies' de la vie provinciale, est venu, lui aussi, s'installer à la Clairière. Sa présence y est inàl accueillie. Les compagnons sont humilies d'avoir, au milieu d'eux, ce savant LA PAQUE DE JEANNE D'ARC 'qui leur est .'supérieur. Mmo Rouffieutraite faut entendre les leçons du calendrier. Mmo Alleyras de chipie. Bien mieux, elle dél'année Au de où moment nous somCollonge, dit l'autorité l'Amateur, à nonce mes,'les mystères de la nature et les mystères de la religion se confondent comme- n'ayant,pas accompli son service militaire.! -Elle se venge ainsi de ses dé- en leenes magninques; i esprit et ta matière célèbrent àl'envi l'éternelle résurrection; les dains. C'est la catastrophe,- la fin de.la colonie. sanctuaires et les bois fleurissent ensemble. Sùrvivra-t-eHe à-cet assaut;? Est-elle tuée L'église" chante : Maria... Die nob.is, Dis-nous, Marie, •— dans, l'oeuf? La question se pose au dénoue- qu'as-tu chemin? ton vu sur ment du drame. MM. Descaves et Donnay J'âi'vu le maire et les vêtements, les té— ont préféré ne pas y répondre, laissant la moins angéliques, et j'ai vu la gloire du Resporte ouverte à l'espoir. suscité... Il y: a bien du talent^dans cette pièce. Le Et ces. paroles charmantes expriment avec quatrième acte est un des plus. vigoureux là même puissance le retour du printemps et du Christ. Elles associent, dans que je. connaisse : c'est celui où éclatela la victoire discorde des « sauvages ».-"Et les épisodes une image de passion et de gloire, l'éternel et le dieu des temps nouveaux. Tanqui: le remplissent sont d'une couleur, d'une Adonis dis que, de la nef, montent avec l'encens ces observation, d'un, merveilleux. mouvement paroles joyeuses : , L'illusion est complète. Ce ne sont pas des Dis-nous, Marie, qu'as-tu vu sur ton — héros de, r.oman qu'on ,a, sous les yeux : ce chemin?. Les oiseaux qui font leur nid dans le vieux sont des créatures/de .chair et de sang. Ce clocher répondent par leur chant: sont des.ho°mme;s: Et si yo us saviez comme cet acte est — Marie, Marie, dans ton chemin, tu as vu joué! N'ayant pu assister à la-.première re- ' les premiers rayons du soleil semêler à la pluie, comme le sourire aux larmes, présentation, je ..suis allé à la quatrième. doucetransformer se en feuilles et en fleurs. La J'étais mêlé aux bons bourgeois du quartier et lumière se.change aussi en amour quand elle et j'entendais, dans les. couloirs, des excla- pénètre dans nos coeurs. C'est pourquoi, . mations, do'nt Antoine a le droit de s'enor- saisis de l'ardeur de bâtir des .nids, nous gueillir. ".Un honorable commerçant confiait .portons des brins de paille dans notre bec.
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à son épouse
Oui, la chaleur féconde se métamorphose désir qui grande de Ici, c'est est Théâtre-Français en ; ce une preuve comme au :. — de composition de l'univers. M. Berl'unité de n'est sûr. excellente soirée. o passerune est chimiste, commence à soupEt le fait est qu'Antoine -communique à thelot, qui choses, les vieux alchimistes ces çonner que camarades l'ardeur et le désir de per- avaient devinées avant lui, Mais ses de comment, fection-.qui,bouillonnent-.en-lui. Il y a, dans cette unité/sortit la diversité? j.a troupe, une extraordinaire cohésion.. Elle - 'C'est ce qui passe l'intelligence des chirompte, du .reste^ des-artistes de premier mistes comme celle des oiseaux. :,
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,. Voilà, ' voilà ce que Marie a vu sur son — chemin. Elle a vu la gloire du Ressuscité," qui meurt et qui renaît tous les .ans.'.-Il,renaîtra longtemps encore après que nous ne serons qu'un peu de cendre légère. Cependant il ne renaîtra pas toujours, car il n'est, tout soleil qu'il est, qu'une goutte de feu perdue/; dans l'espacé, infini. Et que sommes-nous, nous, les oiseaux? Un rien, un monde. Nous aimons, nous couvons nos oeufs, nous nour-" rissons nos petits. Nous sommes une parcelle de ïa vie universelle., Et -tout, dans l'univers, est utile, à moins que tout ne soit qu'illusion : et vanité; ces deux idées sont également philosophiques. Mais les oiseaux croient qùè les-oiseaux sont nécessaires et ils agissent en ' conséquence. Voilà lé.dialogue-des orgûes^et des oiseaux; telque;je i'ai :entèudu un jour'en passant de-,' vant une église de village, le:matin de'Pâques. Il'm'a paru très religieux. Dans tous les pays et dans-tous les siècles,; le solstice du printemps a mêlé, dans une/, solennité joyeuse, les espérances du mystique à l'allégresse de là nature. D.ans l'antiquité, les femmes de l'Orient, du Nil jusqu'à TOronte, avec de grands cris, pleuraient pendant sept jours le doux Adonis qu'un dieu cruel avait tué et qui devait passer, chaque année, six mois sur la terre et six mois, sous la/ terre. Les pleureuses disposaient, s-ur. les terrasses de leurs maisons, de, petits pots d'ar-, gile où elles avaient enfoui des graines de fenouil et de laitue. Sous la .tiédeur du" soleil, les plantes hâtives germaient rapidement et s'élevaient du sol Lorsqu'elles étaient poussées et que les pots d'argile étaient couverts de verdure et de'fleurs, c'était le signe ; que la vie revenait au corps d'Adonis. Les cris d'allégresse couraient de terrasse en terrasse, et le délire d'une joie frénétique succédait aux clameurs de deuil. Le christianisme, dans ses féeries.pascales;/ ne s'est pas dégagé de ce;doux paganisme qui l'enlace, au fond des campagnes, comme lé lierre et la ronce embrassent une croix de; ' pierre. Dans le Bassigny, les paysans célèbrent encore le renouveau comme au temps de Jeanne d'Arc, en associant aux cérémonies 'du culte catholique des rites plus anciens, qui témoignent d'un naturalisme candide^;,/S Le pro.cès de la Pucelle nous révèle les naïves réjouissances auxquelles se livrait, aux premiers jours du printemps, la x jeunesse de ; Domremy. Chaque aimée, le.dimanche..-de Loetare, ou dimanche des Fontaines, qui est celui de la Mi-Carême, les filles et les garçons du vil-lage allaient en troupe manger,dû païh: et dés, ' noix sous l'arbre des Fées, puis ils buvaient;. a la Fontaine-des Groseilliers. ;Cêtârbre-desi Fées était un hêtre, un hêtre merveilleux qui: répandait une belle et grande Ombre;. On' lé/ nommait aussi l'arbre-'-des Dames, car lés-fées/ étaient des damés aussi bien ,que les saintes;. niais des danies volùptueusément.pàrées et ne; portant pas, comme fâ'«e Sainte-Catherine, i une lourde couronne d'or. Elles aimaient"'! mieux porter des chapeaux.de -fleurs.lie'.:: hêtre était très vieux, très beau, très vénë-/ rable. Il s'élevait près de la Fontaine aux.Groseil-Z liers où, jadis, les fées s'étaient baignées. Une,; vertu était'restée aux eaux de cette fontaine:/ ceux qui en buvaient étaient guéris de. la. fièvre; l'eau n'était pas bonne seulement pour les malades, les fées ont plus d'un secret;, les,' fillettes, qui- buvaient à - jeunes garçons et les la. source.,'aux premiers.joursdu printemps;, le/; savaient bien. La fontaine. s'appelaït aussi", la bonne fontaine aux Fées-Notre-Sëigneur,--. vocable ingénieux et doux, qui plaçait sous, .la protection de Jésus les petites personnes.surnaturelles que ses apôtres avaient si rude-.; ment poursuivies sà'ris pouvoir les chasser déleurs forêts et de leurs sources natales." La marraine, de, Jeanne, femme du mïiïre;/ avait vu de ses' 3reux les daines, mystérieuses, ' et elle le confessait à tout venant. Les fées avaient leur jour d'audience; quand, on vou».. .
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sll me reste peu de place pour parler de Jean Bart. Le drame historique et populaire est un genre où le haut talent litté-
Les oiseaux chantent.et parlent: encore ;
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1ES 'ANNALES POLITIQUES ET LITTÉRAIRES
'slaïî/Ies voir en secret, on ry /niais elles se montraient peu.
allait: le
jeudi;
Je voudrais bien, avoir le privilège.
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. Dé deviner de quoi l'écolier rougissait. !;/ /îfbn loin de la source et de l'arbre, cachée- Notre auteur n'en dit rien. Croyez qu'il s'agissait /"sous un coudrier, une. mandragore végétait. De quelque énorniité, débauche ou sortilège, -Routes les magies rustiques étaient réunies Choses qui, dans ce temps parfois, rébarbatif, ' -dans ce petit coin,de-terre; un innocent pa-- Après quelques semblants de procédure brève, '-,/ gànisrney renaissait sans cesse avec les feuil- En chemise et pieds nus menaient leur.hooime en Grève, Pour.être,-amende faite au Parvis, brûlé vif. /lçs.;et les fleurs. /;. Jeanne y venait une fois l'an avec les au- Là sacristie était à deux pas; sur la. table tr'es « faire ses fontaines », comme on disait. Landry prit un vélin oublié,par hasard ; ;!Cn-goûtait, on dansait, on chantait. Avec ses D'un trait, il écrivit détestable acte son branches suspendait /compagnes, Jeanne, aux carrément, sans détours, et sans arl .; -"du hêtre sacré des couronnes, dé fleurs. Elle Franchement, Et, tombant de ses yeux comme d'un ciel d'orage, les renouvelait ainsi //se-savait'. pas qu'elle : . -/pratiques des ancêtres païens qui sacrifiaient Des larmes s'écrasaient sur le bas de la page,.. arbres pierres auxTontaines, ' et Quand.il revint au moine, il faisait peine à voir," et aux aux ornaient le tronc antique des chênes de Et se cacha la face, attendant la tempête. tableaux et de statuettes votives. Elle ne saz/vàit pas qu'elle imitait lés vierges de la Gaule, Lé prêtre lut, frémit, puis il hocha la tête :. /phbphëtesses comme elle. Rien né me touche, .« lion flls, il est des cas, vous devez le savoir, vrai dire, comme ce paganisme inconscient Où d'absoudre à moi seul je n'ai pasle pouvoir; qui nous montre d'abord en Jeanne la jeune Votre "forfait est pis qu'unpéehé, c'est un crime! /fille des' champs, l'éternelle Chîoé, célébrant Dois-je je montrer écrit au Révérenaissime.?'»/ «Faites! » gémit Landry, dans sa honte absorbé., culte éternel de la "Nature. -Ainsi,-partout, la._re.ncontre,de Marie avec Elle moine, d'un pas traînant sur!le-dallage .;. /lé/mystérieux jardinier. devient le symbole (par ses pauvres genoux étaient raidis par l'âge),/-/ /dès; joies de la terre, en-même temps; que des S'en fut, à coups discrets, frapper chez son Abb,é, .
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/espérances célestes/ yîr^Dic'nobis, Maria.'..- Dis-nous, Marie, /qu'às-tu vu sur ton 'chemin ? ANATOLE FRANGE, ,"-:-;';.;: -
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l'Académie française.
PÉH1TOCE .,
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(LÉGENDE DÉ SEMAINE .SAINTE)
quatorze cent de l'Incarnation, ; tin/écolier nommé LaDdry,.jiatif'(l'Auxfirre, ! Venu,upour son malheur^ en;la grande cité, .-"'Eaisâit-le.désespoir de l'Université. '-Bans nous appesantir plus qu'il .n'est .nécessaire ;Suf les débordements de jeé mauvais garçon, -Sachez-que dans Paris, où si peu sont novices, s/Aima Mater » n'eut pire nourrisson. - Jamais 1' /GMtàit, au grand complet, la:palette dés vices ; !-- Et l'on/eût.étonné ses-très-rares amis -En/citânt'un méfait qu'il .n'aurait pas commis. laisse le soin de compléter la glose. : Je vous ; Qr/j)àr"un'bel avril, quand la Pâque approcha, /Sans-qu'oii ait jamais su comment advint la chose, ;ïl.sé:iit;ën' cette âme une.métamorphose : -ÎJh.sëul fait est certain, la grâce le loucha. /L'ènfânt, hier encor fanfaron 'dé blasplième, /Eût horreur de sa vie et honte de lui-même. ; On,:se, cherche, d'instinct,,des juges indulgents /Pour/peu que de choisir-On -soit resté le maître; Si repentants soient-ils, quand vient l'heure du prêtre, ; -C'.est.aux vieux confesseurs que vont les jeunes gens. Eanary n'eût point voulu d'un'sévère Chanoine Sous le;camail d'hermine où/pend une croix d'or; : -ii^alia; simplement, trouver le' plus vieux moine Bù'ïl'ë.j'éfendissime Abbé de "Saint-Victor. "Vers, l'an
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Sïmme on pense, au début", tout alla bien : « Mon Père, /Bénissez-mOi, dit-il, parce que -j'ai péché. » :'El le pur véniel fut vite; dépêché ;.. . "Le.s cas! par manquements, par pensera, ne sont guère ! &rôs;â dire, et le compté en est vitelàché. liais, quand il dut parier dé véritables fautes, /Sa^oix-'se.lit plus basse'et d'un tfnibre plus sourd, /.Eigûând il abordait quelque péché bien lourd, Landry sentait son coeur sauter entre ses côtes ; : Çès. tenipes ruisselaient, sa gorge était en feu la!mb!eaux à lambeaux s'en arrachait l'aveu. ; Et !;J/ûis, lë-tèrme apparut de; la lutte terrible : ïà'âme/'entj'ère semblait être; passée au crible. ;
fit le moine, et sommes-nous au bout ? /ÎTë.resle-l-il plus rien, et'de mortel peut-être, /Que^vous n'ayiez pas dit? Courage, avouez toutl i /Mais.l'enfant s'effondra !surles,:genouxdu prêtre, !Et.,sa voiî.. s'éteignit en hoquetant tout bas :• . /wïeîhé;'peux pas, je ne .peùxpas, je ne peux pas ! .. "Le^vïèiilard. méditait. — «Celui qui vous appelle, 'Celui qui/jusqu'à moi vous mena par la main, Né laissé qu'à regret jin pécheur en chemin. : Èïïisqu'a vous accuser vôtre'langue est rebelle, ' \ ; . Prolonger cette scène est;au;;riioins superflu. Mais, votre main de clerc-saura"sans doute écrire /Ce ;que vous ne pouvez ou-ne voulez pas dire ; Je vous'rendrai le pli lorsque' je l'aurai lu. :
/«Est-ce tout,
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/ÂlléEl V
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L'Abbé de Saint-Victor priait dans sa celluleFroide, où ne se voyait qu'un crucifix au mur. C'était un homme grave, et de jugement sûr.. . Le. bon vieux moine entra. Dans un court préambule Il se fit l'avocat du jeune pénitent; Il dit.comme il était éperdu, sanglotant, Puis, tendant le vélin, se tint prêt à la crise. .
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L'Abbé reçut le pli, l'ouvrit... 'et-, la surprise Lui fit faire un sursaut; et puis, on eût pu voir Son regard se river à la croix de bois noir. Il'semblait que ce prêtre, en son mutisme austère, De l'écrit qu'il .tenait, se fût peu soucié, Et demandât, rêveur, et par delà la terre, ,; Le secret d'une énigme au Grand Supplicié. Soudain, du ciel d'avril jusqu'alors bas et gris, -: Un rayon d'or, filtrant parla hautejfenêtre, Vint se poser au front penché du divin Maître.'.. Elle jPriepr sourit, car il avait compris^
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Levieux moine attendait/anxieux; Sa pensée
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Retournait à l'enfant, à cette âme angoissée Qui démandait pitié, qui criait au secours,Et-qu'au gouffre un refus jetterait pour toujours!-'
Or/voicl que l'Abbé parla dans le silence
nom qui viennent ici à moi comme des frères/; et qu'une séparation dé deux siècles n'a enrien changés, c'est toujours'de la France unieet forte, de la France rayonnante sur le monde/ qu'il est question. Or, du type légendaire de son soldat, qui douterait que cette, France nesoit inséparable? S'il m'échoit de prouver que le'type n'a pas varié, nulle; parmi ces âmesdroites où je suis admis, ne conclura que daZ France n'est pas comme un soldat. Si peu que:je sois, ma foi en son-immutabilité est si in/;; vincible qu'elle parlera, pour.tout ce quimé/ manque, à ceux qui laiment toujours d'un^ invincible souvenir sur cette fière terre du/ Transvaal. .-:' J'aurai ici assisté à un beau spectacle d'iiu-/ manité, d'une humanité soulevée par lés deux plus grands ' sentiments qui puissent: agiter l'homme : Dieu et la patrie. Tous mes. collègues étrangers savent l'apprécier comme; moi. Mais, ce que j'aurai eu en plus qu'eux,/ c'est la réconfortante pensée de m'être senti ici; pour ainsi dire parmi les miens et d'avoir gpûté/! tant de sympathies vibrantes qui passaient;; par le France Colonel pour monter en tbu-"; ' chant hommage vers la France. '';/ Lorsque je suis venu ici, je croyais niât-;; cher au sacrifice et j'attendais le couronne-/; ment des opérations du général Bûller pour. la fin de janvier. Sur la côte de Mozambique, j'étais déjà moins sûr désir Redver.s Buller../ Après la bataille de Golenso, depuis que,j'ai vu comment s'improvisait un général;, comme Botha, je me demande si lord 'Ro-/ berts lui-même saura passer, fût-ce avec la dernière réserve et toute la .yeomanry de! ' la vieille Angleterre! Il y à ici quelque chose ! d'inexpugnable: c'est Dieu qui a pris fait pour/; les Boers. //: Quiconque les a vus combattre, prudents et-l'ceil aux aguets, le fusil rapide et meurtrier, ! habiles à se déplacer, alertes à se multiplier,>'r; inflexibles et quand même bienfaisants, sus-/, pendant leur feu dès qu'il a produit son effet,:.; refusant de poursuivre dès que,la rétraite de: l'ennemi est obtenue, comprend, à les voir si graves et si maîtres de leur force, qu'ils sorit;vraiment des êtres à part, ces Boers "extraor—' dinaires, surs de leur oeil comme de leursnerfs, et de leur résolution comme de. leurendurance, des soldats, à coup sûr, -mais/;; d'une élite depuis longtemps disparue. ../ Autour de ces hommes, le monde a pu-; marcher ; eux sont restés ce qu'étaient leurs,, pères, depuis deux cents ans qu'ils avaient!,, apporté sur ce cap africain leurs pénates et; leur foi. Nobles ou de bonne race pour là'-/ plupart, ils vivaient sur leurs fermes comme/; jadis, libres et isolés, chasseurs ï aux castels desoldats et'cavaliers, par' hérédité autant que/ gentilshommes, chevaleresques par natur.e,v. i de manières dignes et de . mine décidée par,/ atavisme. C'est une belle résurrection du,/ passé que ces gens d'autrefois dressés enpleine lumière d'à, présent pour lancer un/; défi aux déclins de nos" civilisations trop avancées. Il est juste qu'à la nation la plus// enfoncée dans les égoïstes contemplations elles matérialités pratiques ils aient jeté le gant,/. Quoi qu'il doive arriver, ils l'ont humiliée,/! vaincue, affolée. Â l'Europe de compiendrje/! visi/!/ que laisser dépouiller cette branche. déjà; ; doyante échappée de son vieux tronc appauvri, ce serait renoncer sa propre lignée-/, hommage.de servien nouvel et plus-complet incorrigible de pré-/; lité envers une Angleterre tentions, mais déjà marquée d'impuissance,!;; désignée, par conséquent, pour de plus m.o"-:-destes visées, après sa crise d'impérialisme,,/.;
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Mon frère, vous saviez qu'en la juste balance, "Dieu,:qui voit les vivants et jugera les morts, A nos iniquités çpmpare,nos remords; ,. » Mais, quand vous arrivez au terme de la route,.-.' La clémence d'en haut voulut donner, sans doute, , Une ïeçon dernière à votre charité. Regardez bien ce pli que vous m'avez porté Vous verrez que Celui qui lie et qui délie Fait mieux que pardonner : il efface, il oublie! Un,Te Deum sera, par nos frères, çhanlé . .-...: Pour ce miracle, après VAgrius Dei, dimanche. » f.
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—-Et le vieillard fléchit sur ses gerioux; perclus;/ Car du terrible aveu rien ne subsistait plus ; Que des pleurs qui séchaient sur une page,blaîiche.. •
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Vicomte DE BORRELLI. L'héroïque colonel de Villebois-Maréuil n'était pas seulement un admirable officier..C'était, un écrivain de grand mérite. Nous, détachons cette belle page d'une-lettre. qu'il a.adressée,' quelconfrère, ques semaines avant sa mort, ,â notre M. G. Bert'lioalat, directeur de la Liberié;. "
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Colonel DE VILLEBOIS-MAREUIL/^
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LE
DEVOIR,DU SOLDAT
Nous recevons tous les jours beauedupi cle demanÏÏes de changements d'adresses.rappeler toute, de-} devons Arotis que — mande de changement, pour être effeç^ tuée, devra être accompagnée d'une], somme de 25 centimes en timbres^ poste et d'une des dernières bandes im-: priméèêt -
23.6"
LES ANNALES POLITIQUES ET LITTÉRAIRES'
ANALYSES
LSÏîlEâllIS
L'ART D'ALPHONSE DAUDE5
Personne n'aima plus, la vie. Enfant et adolescent (il le contait lui-même volontiers), il était comme ivre d'être au monde, de voir la lumière, et de sentir. Transplanté de Nîmes à Lyon, la cité brumeuse lui fait prendre conscience de son Midi et met en lui, sans doute, de quoi être un jour quelque chose de plus qu'un félibre supérieur. Toutefois, venu à Paris, il continue de gaspiller ses jours et les présents des fées: mais.une femme— sa femme — le recueille, l'apaise à la fois et le fortifie, et, en apportant à co tzigane l'ordre et la paix du loyer, le fait capable de tâches sérieuses et de beaux livres. La maladie, enfin, le complète. Elle agrandit son coeur et sa pensée par l'effort de souffrir noblement, et par les méditations mêmes et les lectures de ses longues insomnies; et, d'autre part, elle pousse à l'aigu snn expressive lébrilitô d'artiste. En sorte que je ne sais si l'on vit jamais, chez aucun écrivain, plus surprenant accord de la sensibilité ^pittoresque et de la sensibilité morale. .
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Romancier, Alphonse Daudet est très original et très grand. Le réaliste, c'est lui, et non M. Zola : l'auteur lui-même des Rougbn-Macquarl l'a confessé loyalement. Daudet est comme « hypnotisé » (c'était son mot) par la réalité. Il «traduit» ce qu'il a vu, et le traiis orme, niais seulement ce qu'il a vu. Ses livres, construits sur des impressions notées (les ameux « carnets »), participent encore quelquefois du décousu de ces impressions, en même temps qu'ils en conservent l'incomparable vivacité. — Ses personnages ne nous sont présentés que dans les moments où ils agissent ; et il n'est pas un de leurs sentiments qui ne soit accompagné d'un geste, d'un air de visage, commenté par une attitude, une silhouette. C'est à cause de cela qu'ils nous entrent si avant dans l'imagination et qu'ils nous restent dans la mémoire. — Les personnages des romans « psychologiques » redeviennent pour nous, la lecture finie, des ombres vaincs. Mais, presque autant que le pesant Balzac. Daudet, de sa main légère, pétrit des êtres qui continuent, de vivre, et « Jait concurrence à l'état civil ». Ce réaliste est cordial. Il aime ; il a pitié ; il ne dédaigne point.. Il s'est préservé de ce pessimisme-brutal et méprisant qui fut' à la mode et qui s'appela, on ne sait pourquoi, le naturalisme. Alphonse Daudet a été, dans un coin de tous ses livres, le poète affectueux' des petites gens et des humbles destinées. Mais ce réaliste à mi-côte est aussi un grand historien des moeurs, et qui s'est trouvé aisément égal aux plus grands sujets. Une part notable .de l'histoire du second Empire et de la troisième République est évoquée dans le Nabab et dans ce Numa Roumeslan dont la personne et l'aventure sont si largement représentatives du monde et de la vie politique d'il y a quinze ans. Les Rois en exil, c'est presque tpute la tragédie des rois d'aujourd'hui. L'Evangéliste est une des plus fortes études que je sache du ianatisme religieux ; et combien curieuse,, cette rencontre de l'esprit protestant .avec.rame de ce catholique païen ! Et Sapho — avec les différences. que vous sentez et qui sont toutes à l'avantage de Daudet — est simplement Ta Manon Lescaut de ce
c'est notre version; à nous gens d'à présent, de l'éternelle aventure des captifs de la chair ; version parfaite et définitive, d'une signification si générale et d'une couleur si particulière ! Et Sapho est donc un chef-d'oeuvre, et je .crois que l'Evangéliste en est un autre. Et ces livres ont à la fois un sourire à fleur de phrase et, gonflé jusqu'à déborder souvent au travers, un profond réservoir de pitié et de tendresse humaines. siècle
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Et l'écrivain, chez Daudet, est de la qualité la plus rare. La Bruyère, Saint-Simon, Michelet, sont de sa famille. Dans ses derniers ouvrages, surtout, son style est celui .d'un extraordinaire « sensitif ». Il a l'immédiat frémissement de la vie aussitôt exprimée que perçue. Pas une phrase de rythme oratoire ou de tour didactique. Jamais on ne fît un tel usage de toutes les « figures de grammaire » abréviatives : anacoluthe, ellipse, ablatif absolu. Des notations brèves, saccadées, comme autant de secousses électriques. Pas un poncif; une continuelle invention verbale. L'impression, vers la fin, en était presque trop forte, et comme lancinante/C'était comme le trop-plein de sensations qui vous oppresse par les temps d'orage. On eût dit, en feuilletant cette prose, qu'il vous partait des étincelles sous les doigts... Et néanmoins, je ne sais comment, dans ses plus vives audaces, Daudet savait se garder, soit du « précieux », soit du charabia impressionniste ; il conservait un instinct de la tradition latine, un respect spontané du génie de la langue.
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Ai-je défini cet adorable écrivain?. Hélas*, non i C'est qu'il est très complexe dans sa transparence... — On rencontre, en littérature, de beaux monstres, des phénomènes, assez faciles à décrire grâce à l'évidence de leur faculté maîtresse et de leurs partis pris. Mais que dire de ce Latin harmonieux? Il y a chez lui trop de choses : du nerf, de l'ironie, du pessimisme même et de la férocité, mais aussi de la gaieté, du comique, de la tendresse, le goût de pleurer... Pour les bonnes gens, voyez-vous (et pour les autres aussi), Daudet possède un don qui domine tout: le « charme » ; et c'est à ce mot simple et mystérieux qu'il faut en venir quand on parle de lui. Mais le charme, comment cela se définitil? Un classique a dit : — Si l'on examine les divers écrivains, on verra que ceux qui ont plu davantage sont ceux qui ont excité dans l'âme plus de sensations en même temps. N'estimez-yous pas que cette réflexion s'applique très bien à Daudet, et qu'une des marques essentielles de son talent est cette aisance avec laquelle il passe et nous fait passer d'une impression à l'autre et ébranle presque dans le même instant toutes les cordes de la lyre intérieure? Et son charme n'est-il pas, en effet, dans cette facilité et
cette incroyable rapidité à sentir, et dans cette légèreté ailée ?...
X Bien sur, je n'ai pas encore tout dit, ni même tout indiqué. Je reviens à son âme, qui était gracieuse et noble, et qui alla toujours s'embellissant.— Il faut se Souvenir ici que les pages les plus douloureuses peut-être et les plus imprégnées de l'amour de la terre natale qui aient été écrites sur 1 « Année terrible » sont d'Alphonse Daudet. — Il îie faut pas oublier non plus que
cet homme, dont la sensibilité-et l'imagination furent si vives et l'observafionsi hardie,! n'a pas laissé une seule page impure ; "qu'en ce temps.de littérature luxurieuse,etmême/ lorsqu'il traitait les sujets les plus scabreux/,:, une hère délicatesse retint sa plume, et que l'auteur de Sapho est peut-être le plus ! chaste de nos romanciers. ;
Il me disait un jour : — Quand je songe à quel point j'ai eu jadis la folie et l'orgueil de vivre, je me dis qu'il est juste que je souffre. Je me rappelai ce propos d'héroïque rési»; gnation en voyant, parmi les roses qui jonchaient son lit de mort, sa tête devenue ascétique et, sur sa poitrine, le crucifix... JULES LEMAITBM, de l'Académie française.
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Vieilles Chansons Vendéennes, transcrites et harmonisées par ALFUED ROUSSE. "-^ C'est une Idée charmante et tout à fait à la mode,aujourd'hui, de ressaisir par un point quelconque le fil de l'antique tradition nationale, de: faire revivre l'âme de nos ancêtres-et de communiquer sympathiquement avec eux par la .reconstitution de ces reliques que découvrent saris "cesse nos savants et nos artistes: ruines pittoresques de monuments disparus, vénérables débris d'objets, curieux, souvenirs de coutumes bizarres, originales superstitions et vieilles chansons du pays, de France... Les recuefls de poésie populaire,: surtout, abondent depuis quelque temps.;Celui que vient de faire paraître la Maison-musicale (1),' entre autres, nous paraît appelé "au plus vif succès. Il contient une vingtaine de chansons"' vendéennes, choisies avec le plus grand soin et! gârdant toujours, dans la note ironique ou langoureuse, le plus scrupuleux souci dès bienséances. Le texte en est d'une naïveté -tou-: chante et les vieux airs, habilement harmonisés par le musicien distingué Alfred Rousse, conservent une saveur de terroir réellement exquise.. N'oublions pas de dire, enfin, que cette at-, trayante publication est illustrée de superbes lithographies dues au talent déjà renommé du délicat artiste J. Wely. .
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NOTES MONDAINES' DINERS ET BALS DE TETES. — LE DANGER, P.OUR.LES HOMMES, DE CE DEMI-DÉGUISEMÊNT ET! DES TRANSFORMATIONS DU COTILLON. -— LE LINGE DANS LA TOILETTE MASCULINE. — LES ! CRAVATES ACTUELLES. —-'LA CHAUSSETTE. — LA MOUSTACHE. '— LA. REDÏN- L LE GANT. GOTE ET L'HABIT. — OEUFS ET BIJOUX DE PAQUES.
Les dîners et bals de têtes sont "tout; ce qu'il y a de plus à la mode, mais j'avouebiëh ne pas" comprendre du tout cette vçgûé; .Qé; demi-travestissement, ce déguisement ; de la tête seule, m'a toujours paru absurde : Unâi-/ culise sûrement lès hommes qui s'y soumettent. La toilette du soir d'une femme" peut encore s'accorder avec quelques coiffures. ,des ! autres- temps ; mais un monsieur en ..habit noir, fût-il beau comme Apollon, ne peut être que grotesque, en cadenette, queue éh/cato-! gan, affublé d'une perruque Louis Xiy, Ou coiffé à la clown. :'Et même, avec les allures des club.mèn et sportsmen, le toupet Louis-Philippe, les cheveux roulés des dandys i83o,"'les;longs che-; veux à l'artiste ou au romantique, voire Ta-, « Capoul », paraîtront d'un comique achevée! Si jeune et si élégant -que l'on ..soit; on se fait tort en se caricaturant, ne fut-ce quépôur/ .//-;/'//./;;/, un soir.. ,. ../",•./" Je ne subirais donc pas, si j'étais tomaie/!
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Les Viei.Mes Chansons Vendéennes. sont yéndàëa,!, aux lecteurs des Annales, à'titre de prime, âu!.pri£ de:i ,-.-."• 8 frl, franco, (1)
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1ËS ANNALES POLITIQUES ET LITTERAIRES
ces caprices d'une maîtresse de maison. Je voudrais bien paraître en Roi-Soleil, en connétable de Luynes, en Incroyable, mais de la tête aux pieds. J'irai plus loin : je me refuserais même aux sottes transformations du cotillon. Je ne nouerais pas un tablier audessus de mon habit ; je ne me coifferais pas du bonnet de coton ; je n'entourerais pas mes épaules d'une écharpe, etc., et autres accessoires d'idiotes figures d'une danse insipide. On va dire que 'c'est d'un amour-propre
/trop chatouilleux. Eh
non ! c'est tout simplement comprendre la dignité de la personne humaine. Et puis,, je sais qu'aux yeux d'une femme satirique, "l'aspect revêtu un instant par un homme, qu'elle trouve chic et charrhant, lui reviendra à certaines heures, amenant sur ses lèyres un sourire irrésistible, et que c'est là une impression qu'il est dangereux de provoquer chez elle. Fregoli, seul, peut compter sur des applaudissements.
X Un côté important de l'élégance masculine, c'est le linge, que les hommes doivent porter aussi beau que possible et toujours très frais. Nous conseillons la chemise blanche, qui va à tous les teints, tandis qu'un visage barbu s'enlaidit, se brunit au moins, parfois singulièrement, du.voisinage d'un col bleu, rose ou mauve. C'est pour cette raison, sans nul doute, qu'on portait manchettes et col blancs avec un plastron de couleur; mais c'était d'un goût très reprochable. '•"'' La'chemise entièrement blanche paraît, du reste, seule à la mode, ce printemps. Les Anglais ont imaginé des plastrons à gros plis, à plis moyens, à rayures ou carreaux (blancs) tissés — comme on- fait pour le linge de table plus épais. Nous avons vu, dans un trousseau de fiancé, des chemises du matin, dont le plastron était orné d'un très petit jabot tuyauté. Sous le col,-à petits coins rabattus, se .nouait à la main l'étroite cravate anglaise (un peu moins de deux doigts), en treillissé noir; les extrémités de cette sorte de ruban étaient coupées carrément.. Cela n'empêche pas du tout la faveur accordée aux très larges cravates, dont les bouts sont taillés en triangle, et qu'on noue en régate. Les hommes, ou ceux qui les habillent, pèchent toujours en ce qui concerne la couleur de ces cravates: duTouge grenat ou plus vif, du vert lierre et du vert pré, du violet. C'est bien laid. Je m'étonnais de voir un de mes jeunes amis si entiché du rouge : fond de cravate au semis, de fleurettes, toujours cette couleur près du visage... et si peu seyante. Savez-vous ce qu'on m'a appris? Qu'il porte la couleur favorite de sa dame. Rouge, passion. Un autre étudiant a adopté le bleu, fidélité, comme Ellel Ils attendent d'ayoirvaincu le sort pour semarier. N'est-ce pas très moyen âgeux... troubadour? Extraordinaire, quelques heures avant le vingtième siècle ! Ce n'est pas que je me moque de ces jeunes gens; bien au contraire, je serais ravie de voir cette jeune génération moins sceptique, plus poétique. !
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Mais révenons au vêtement. Ce qui est joli, c'est la chaussette assortie au pantalon comme nuance. Dans les mouvements qu'onpeut faire, découvrant le pied, cette harmonie est très appréciable. Te gant à la mode est en peau de daim grise, ou de couleur tan. Les jeunes gens ne portent que la moustachew Je les félicite de se raser le menton. Mais je réclame la barbe entière pour l'homme parvenu à la maturité; il peut cacher ainsi la déformation que subissent, vers la cinquantaine, les contours du-visage.Je n'aperçois guère de changement dans les habits. La redingote longue, à revers de soie, boutonnée haut, ne laissant apercevoir la chemise qu'en une petite pointe, a beaucoup de distinction. On l'abandonne un peu
trop pour la jaquette. Mais elle est de rigueur absolue pour les invités à la messe de mariage, pour les visites non intimes, les cinq àsept, pour les enterrements, les cérémonies publiques de jour, où l'on n'a pas de
rôle. Vous savez qu'à la cour dey Berlin, par décision impériale, le frac,- l'habit n'est plus admis. Le smoking ou l'uniforme : voilà le décret de Guillaume II. Nous n'en avons cure à Paris, naturellement. L'habit dont les basques sont très en arrière, qui s'ouvre largement sur un gilet blanc, si excessivement décolleté qu'on n'aperçoit que la fin de ses revers au-dessus des trois boutons (en rangée double), l'habit garde sa faveur en France... justement parce que l'empereur allemand le proscrit.
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Les « oeufs de Pâques » qu'un homme peut offrir aux femmes qui ne sont pas ses parentes, consistent seulement, comme les présents du Jour de l'An et de Noël, en fleurs, bonbons, livres et musique — etiis sont d'importance moindre. "D'un usage moins général aussi, mais, néanmoins, très bien accueillis. Les primevères sont « fleurs de Pâques » On peut les envoyer dans une ^gentille (non. luxueuse) corbeille, ornée de noeuds étroits en ruban vert Nil. C'est très simple, mais absolument charmant. Les clubmen adressent en même temps, aux enfants de la maison, des petits oeufs en chocolat (des « oeufs nègres », comme dit un bambin de mes amis), sous des touffes de pâquerettes, dont les tiges sont réunies sous un beau ruban rose. Cette recherche pour les fillettes. Un « bijou de Pâques » — mais répétons qu'on n'offre un bijou qu'à une parente, à une fiancée... et encore, à celle-ci, aux approches du mariage,—un « bijou de Pâques »;-c'est Ie scarabée, qui était un symbole de résurrection, d'immortalité, dans le culte de la vieille Egypte. Il va sans dire qu'il faut l'insérer dans un écrin en forme d'oeuf. L'oeuf est, très anciennement, un autre emblème dé résurrection, que nous, modernes, avons conservé. C'est pourquoi il figure toujours au déjeuner de Pâques. Une très gracieuse élégance, c'est de disposer ces oeufs cuits durs traditionnels entre des touffes de coucous. Les hommes de la famille sont mis à contribution <: ils exercent leurs talents calligraphiques en traçant, sur les oeufs, des devises, dé bons voeux, des pensées affectueuses, des dessins. Les femmes sont ravies, les enfants enchantés ; il ne faudrait donc pas refuser ses services. Et puis, elles sont jolies, ces vieilles coutumes ; ne les laissons pas tomber en désuétude. Répandons-les, au contraire !
Baronne STAFFE.
MÛBI'MinCfflWiP VARIÉTÉS PAQUES
La fête de Pâques tombe, cette année, le dimanche 15 avril. On m'écrit : « Pourquoi le 15 avril? Il y a erreur.On devrait célébrer la fête de Pâques le 22avril, sept jours plus tard ; pourquoi a-t-on avancé
la date? » Et, en apparence, cette remarque est très exacte. Dans tous les livres de cosmographie, d'astronomie, et même dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes, on trouve la règle suivante pour fixer la fête de Pâques : di« On célébrera Pâques le premier manche après la pleine lune, qui arrive le jour de léquinoxe du printemps ou quelques jours plus tard. » Appliquons la règle. L'équinoxe survient,
en 1900, le 21 mars; la lune équinoxiale est pleine le dimanche 15 avril. Par conséquent, le premier dimanche après la pleine lune équinoxiale, c'est le 22 avril. Donc, Pâques devra être célébré le dimanche 22 avril. Certain de notre raisonnement, nous ou-' vrons le premier almanach venu et nous lisons : « Pâques, 15 avril! » Qui se trompe? Et la règle? On l'a appliquée, cependant ? Parfaitement ; et l'on a, en effet, quelque droit de s'étonner de cette discordance. Aussi nous semble-t-il utile de remettre les choses au point. La règle, telle qu'elle est donnée dans les livres, manque de précision; il eût fallu spécifier qu'il ne s'agissait pas ici de la lune astronomique, mais bien de la lune pascale. Les astronomes n'ont rien à voir dans la fixation de Pâques. C'est le comput ecclésiastique qui est chargé, de par la tradition, de fixer les dates des fêtes mobiles-de l'Eglise. Les computistes ne se guident pas, dans leurs calculs, sur la marche de la lune vraie, mais bien sur celle d'une lune fictive: ia « lune pascale ». Delà, la confusion qui s'est produite dans l'esprit de quelques personnes. Le mode de fixation de Pâques remonte à l'an 325, au Concile tenu à Nicée. Il fut ordonné alors que « la célébration de la fête de Pâques se feraitle premier dimanche après le quatorzièmejour de la lune du premier mois, en sorte, néanmoins, que, ce quatorzième jour de la lune tombant un dimanche, on attendît au dimanche suivant, c'est-à-dire sept jours après ». C'était la Grande Pâque, ainsi nommée/, pour distinguer la fête de. la résurrection des autres fêtes solennelles qui portaient aussi le nom de Pâques dans la première Eglise. Avant le Concile de Nicée, on déterminait la succession des lunaisons au moyen du fameux nombre d'or de Méton (1). Méton s'aperçut, en effet, que deux cent trentecinq lunaisons correspondaient à peu près à dix-neuf années solaires. La découverte du philosophe athénien fut inscrite en lettres d'or sur des tables de marbre. Tous les dixneuf ans, les nouvelles lun,es dans le cycle de Méton reviennent aux mêmes dates de l'année (2). La première année du cycle est celle où la nouvelle lune tombe le lor janvier. Partant du nombre d'or, on déduit la lune pascale. Mais, au Concile de Nicée, on décida encore que, pour avoir l'âge de la lune, on abandonnerait la méthode du cycle d'or sujette à caution et qu'on la remplacerait par la méthode des épactes, plus simple. Et, depuis ce. temps éloigné, les. computistes continuent, fidèles aux décisions de l'Eglise, à fixer l'âge de la lune.au moyen de l'epacte. Qu'est-ce que l'epacte? C'est l'âge de la lune au 1er janvier. Quand on connaît Té-' pacte, on peut obtenir, sans calcul, toutes les phases lunaires d'une année. Il suffit, pour cela, d'ajouter le nombre de jours écoulés depuis le commencement de l'année et de diviser ce nombre par 29.5, durée d'une lunaison moyenne; le reste de la division marquera l'âge de la lune. On conçoit bien que cette lune moyenne: ne concorde pas toujours, dans sa marche, avec la lune vraie ou astronomique ; il petit y avoir un désaccord de un, deux et même trois jours entre la lune astronomique et la lune pascale. Ainsi, en 1900, l'epacte est. XXIX, ce qui signifie que, le 1er janvier, la lune avait vingt-neuf jours. La luiie. vraie avait trente jours. Le désaccord est de un jour. Donc, la lune pascale doit arriver un jour plus tôt que la lune vraie, soit le 14 avril. Le dimanche suivant survient le lendemain et, d'après la règle, c'est donc, bien le dimanche 15 que doit être célébrée la fête de Pâques, et non pas le 22 avril. Bref, ne jamais confondre la lune astronomique avec la lune des computistes. Ce n'est pas la première fois que l'on s'y .
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Méton vivait au cinquième siècle avant Jésus-.'/ Christ. ' cycle de Méton avec.. le. (2) Il ne faut pas confondre le cycle de Saros, qui est de 18 ans il jours. (1)
£38
«3S
1
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de son prisonnier, palpait les doublures, explorait son dos et ses hanches. "/ bandit? le diable a-t-il fait, Que en — Cela doit pourtant former un joli paquet Voyez donc lés chaussures, vous autres! , On étendit Fabio sur une table, on luirez tira ses souliers, on vérifia la coiffe de son .
L'AVENTUREUSE —
PHYSIOLOÛIE OEUFS DE POULES
Quel est le plus grand producteur de.maiière alimentaire que nous possédions ? Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas du premier coup. Notre meilleur fabricant...,c'est la poule pondeuse? Non la poule, mais la pondpuse. D'après les analyses de M, Balland, un rouf de poule a une composition alimentaire .très riche. Le blanc contient 86 0/0 d'eau avec 12 0/0 d'albumine et .0.5 0/0 de matières -minérales ; le jaune renferme 51 0/0 d'eau cl 15 0/0 de matière azotée, 30 0/0 de graisse et, 1.5 0/0 de matières minérales. Dans son "ensemble, l'oeuf renferme donc 75 0/6 d'eau ;
Suite
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Horrible, ce Galloni? Non. Mais terrible. 11 était de taille moyenne, maigre et nerveux. Son visage eût paru insignifiant sans la pâleur livide qui lui mettait comme un masque tragique, et si le nez, qui s'abaissait, long et plat, jusque sur la lèvre supérieure; n'avait révélé une terrible brutalité d'instinct et de raisonnement. Ses yeux, en revanche, étaient largement ouverts, mobiles, presque beaux, n'eût été leur expression ordinairement sournoise. Il était tout de noir vêtu et portait une haute cravate qui lui tenait la tête relevée. le lieutenant, vous — !Eh bien, monsieur avez l'homme? demandà-t-il on entrant. Ah I bien, Je voici. Sans reproche, tu nous as lait courir, camarade ! Avance à l'ordre ! "Fabio, sans daigner lui répondre, se tourna vers l'o'.ficier : — Est-ce la mode, maintenant, monsieur, j ai dit-il, de faire interroger les coupables parleurs complices?... J'avoue que j'ai souvent médit du gouvernement autrichien, .que je liais; mais cet homme a fait pis que moi : il était des nôtres, et, si nous l'avions écouté, nous aurions pris les armes pour assassiner lâchement vos soldats de garde. Nous, étions peut-être des fous, mais, lui, c'est un misérable!... Le lieutenant, visiblement gêné, — car, au fond, 1-1 pensait peut-être comme Fabio, — se contenta de regarder Galloni, en levant les sourcils d'un air interrogateur. Pauline se pencha vers Charlotte et lui dit tout bas : fiancé, brave votre C'est garçon que un — mon enfant! Galloni, lui, ne se montra nullement dé.monté par lés vains propos de son prisonnier. On lui reprochait d'avoir trahi? La belle affaire? N'était-ce pas son métier? j'ai bien joué Cela l'ami, prouve, que — mon rôle, voilà tout, dit-il. Ah çà ! où sont les papiers? papiers? demanda le lieutenant, — Quelsdernière question visait. que cette Comment! Vous né l'avez donc pas — fouillé? Avancez, vous autres! Deux des agents, entrés à sa suite dans la boutique, vinrent se placer de chaque côté de Fabio et lui saisirent les bras. de bonne volonté, main— Allons, dis-moi lettres tenant, où sont les que tu portais à Vienne. Cela m'épargnera l'ennui de retourner tes poches, et l'on t'en saura gré... Non? Tu ne veux pas? Fabïo le regardait d'un air méprisant et se taisait. reprit .bon! Galloni C'est — Et il se mit à le fouiller. Mais c'était un policier du genre démonstratif et bavard. Il éprouvait, en agissant, le besoin de s'accompagner du bruit de ses paroles. que ce n'est pas un — Figurez-vous homme que j'ai là, disait-il à un interlocuteur imaginaire, tout en plongeant sa main dans toutes les poches ouvertes à ses recherches. C'est une mine 1 Une mine de documents. Il emportait une liasse dé lettres dés; princes Bonaparte à leur cousin et neveu de là-bas, sans compter d'autres pièces intéressantes que je ne connais pas, malheureusement. Tout cela est destiné à Jâvoriser la fuite de leur « Roi de Rome ». Pauline, lentement, leva lés yeux vers Charlotte, debout auprès d'elle,,! puis regarda furtivement les cartons en murmurant tout bas : — Ah ! je comprends... Galloni, cependant, ayant achevé l'inspection dés poches, fourrait -brutalement son bras jusque sous le gilet' et sous la chemise
chapeau. — Rien encore.! rugit Galloni. Tu sortais cependant de chez toi, quand oh t'a suivi, et chez toi je n'ai rien trouvé : j'en viens!... Allons, il n'y a pas d'hésitation possible : comme on ne jette pas dans là. rue des/doi? cuments semblables, le paquet doit se trouver ici. Attachez-moi les bras de cet homme et videz les cartons. Les agents, montés, sur les tables, ço.mmencèrent la visite des rayons les plus; éle- . vés.; l'un d'eux ouvrait les tiroirs ; Un autre, à qui M 1' 0 L'Olive avait dû, remettre son trousseau de clés, inspectait le coffre-fort du comptoir, sous la surveillance du lieute.-.!' nant de gendarmerie. interrogé ces -personnes ? — Vous avez dit Galloni en s'adressant à ce.dernier.— Oui, répondit l'officier, sous la resr ponsabilité de M. le comte Baldi,-qui
est là...
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IMDUST'SIE LES LAPINS D'AUSTRALIE
On se souvient de l'étonnante pullulation tics lapins en Australie. On en avait introduit quelques-uns qui firent merveille à tel
point que-leur descendance dévasta plan-, talions, jardins, vergers, bois, etc. On s'adressa en ce temps-là, qui date seulement de douze ans, à M. 'Pasteur pour trouver Un reniède au fléau. Autre temps, autres moeurs. Quand les Australiens, virent que, malgré tout, les lapins croissaient toujours, ils eu;rent, à la fin', une bonne idée, la seule prît-' fiqué, d'ailleurs. Lé fléau,, .tout bien envisagé, devait tourner à leur avantage. Trople lapins, Eh bien! que ne les mange-t-on? .'On les mit à toutes les sauces-, et l'on' songea à les envoyer à l'étranger d'où ils provenaient, mais, cette fois, tués et conservés par /a méthode frigorifique. Aujourd'hui/on exporte des lapins d'Aus;raiîe dans toutes les parties du inonde. Le ïhargemént le plus considérable de lapins conservés est sorti récemment de Mèlîourne 'sur un steamer emportant 15,000 ;aisses contenant 360,000 lapins. Trois cent soixante mille lapins 111
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je connais... de vue, M. le, comte, fit Galloni, ainsi que Mmc la princesse! Sar ria. Celles-ci sont les lingères,sans doute ? Il s'approcha des deux femmes, et, tou- . jours avec le même affreux sourire, il leur dit : — J'en suis fâché, mesdames* mais, puis^ de s'exécuter que votre ami ne veut pas bonne grâce, il va falloir que j'inspecte: vos poches, à vous aussil """/•Fabio, attaché à quelques pas'de là et gardé à vue, poussa un cri de colère :".':. Lâche! lâche! ce n'est pas assez ,d'être -— un immonde, traître : voilà que tu t'attaques à des femmes sans défense!..1. Ah! misérable ! Deux gendarmes, qui le tenaient par les épaules, avaient peine à l'empêcher de se précipiter. --.-.— N'approchez pas! fit Charlotte,./toute pâle, en reculant, devant Galloni. v; Et, saisissant" une longue paire de ciseaux, elle ajouta : Je me serai frappée avant que vous, —touchiez! •me / . Mn° L'Olive, elle, au contraire, vint, audevant de l'agent et lui dit, en levant, les bras comme pour livrer ses poches : — Voulez-vous commencer par moi, s'il vous plaît, monsieur? Ce sera Té bénéfice de mes cheveux blancs. Ce simple mot, dit avec toute la majesté tranquille de la vieillesse, bouleversaTâme de la princesse. — Cette scène est indigne, en vérité ! s'écria-t-elle.Comte, dites donc à cet homme que le seigneur Fabio est entré ici quand nous y étions déjà, un instant àpeine avant l'arrivée des gendarmes, et qu'il n'a pas eu le temps de confier à qui que ce fût les pièces qu'on recherche. ,'._ la C'est vérité, attesta Baïdi. -, ~rr— Ah! fit Galloni, toujours soupçonneux^ Et par quelle porte est-il entré, s'iî-vous'plaît? ~ — Par celle-ci, répondit le comte en montrant le côté de la ruelle. — Ouais! riposta l'agent. -Nos. hommes prétendent qu'il n'a pu entrer que par là.. Et il mollirait la porte de la rue. Mais, tout à coup, il parut réfléchir, fit quelques pas, suivit à son tour, avec un! flair-Temar-. quable/le chemin qu'avait-.dû/faire le fugitif, puis il reprit fout haut : ; — J'y sais i Fabio" est venuvde la rue,, où. nous le poursuivions.. Une foîs.:.entré.içi, laseule... issue possible, pour/lùl c'était., la;! ruelle.. Il s'est dirigé de ce côté. Il est,sorti. Mais-c'était gardé là-bas 1... Il ouvrit la-porte, en disant ces' mots et s'assura qu'en effet oii voyait luire, à l'ex-tréhiité. de Timpassc, les .baïonnettes de. quelques soldats. notre homnië est — Alors, continua-t-il, revenu .sur-ses pas,, il est...rentré 'dans la — Oh
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substances nutritives. Deux oeufs sans les coquilles pesant en moyenne 100 grammes, il en résulte que 20 oeufs .représentent assez exactement la valeur alimentaire de 1 kilo de viande. Et le prix de revient de la viande et de l'oeuf est assez voisin. Car, si 20 oeufs valent en 'moyenne environ 2 fr. 50, le kilo de viande choisie vaut à peine 2 fr. '30. Une poule de 1 kilo fournit donc, en quelques jours, son propre poids de substances alimentaires. C'est une véritable fabrique de produits comestibles. En 1898, il a été déclaré, à l'octroi de Paris, 53S,299,120 oeufs, représentant, à raison de 50 grammes chacun, -26,914,956 kilos de matières aliment taires, soit la quantité de viande, sans les os, fournie par 168,200 boeufs de 400 kilos, soit les deux tiers des boeufs livrés à la '-consommation parisienne. Ces chiffres sont significatifs. Encourageons l'élevage des races de poules les plus estimées comme pondeuses. et 25
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trompe. Lés mêmes circonstances se sont, produites en 1876, mais en seiis inverse. Alors, de par la lune astronomique. Pâques eût dû venir lé 9 avril; mais la lune pascale avait un retard'd'un, jour; elle ne tombait que le 9, et-Pâques fut fixé au 16 avril suivanti Même .anomalie encore en 1724. D'après les calculs;!de J. Bérnotijlli, publiés à Lausanne, la pleine lune eut lieu réellement •le samedi S avril, à 4 h. 21 m. du soir. Et la Pâque aurait dû,: par conséquent, être célébrée le .dimanche 9. Elle ne le fut que le dimanche -16, parce que c'est au 9 avril lui même quela méthode des épactes attribua la pleine lune.
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Voir les Annales depuis le 1« avril 1900. ;
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boutique, où vous veniez d'arriver pendaift sa Courte absence. Sur ces entrefaites, MM. les gendarmes, à leur four, se- sont présentés, et puis moi-même je suis venu... Il fit une nouvelle pause, regarda tout autour de lui, calcula mentalement, et, enfin, ses yeux se fixèrent sur les cartons posés auprès "delà princesse. /'— Ne cherchons plus, dit-il tout haut: lés" papiers doivent être làrdedans. Cela .était si simple, si clair et si décisif, que tout lé monde eut le frisson. M.1'" L'Olive regarda Charlotte avec angoisse. Lés paupières de la jeune fille battaient comme siune lumière aveuglante eût blessé sa vue. Baldi, ébranlé par le ton convaincu de Galloni, se taisait en .regardant la princesse. Celle-ci, désormais résolue et acceptant la lutte qu'elle avait commencée d'élan, suivait, sans émotion apparenté, toutes les évolutions de l'agent. Galloni s'approcha d'elle très respectueusement et lui dit : _: — Madame la princesse m'excusera-t-ellë de la déranger? Je voudrais examiner ces cartons. Lentement, sans affectation, mais avec une fermeté tranquille, elle étendit la main sûr l'une des trois boîtes vertes autour desquelles le drame se jouait. Il n'y avait rien, que des objets de lingerie", dans celle que sa malii touchait, elle lé savait bien: elle avait vu lé manège de Charlotte repoussant en arrière et laissant ouverte celle où les papiers/étaient dissimulés. Ses doigts ne touchaient qu'une cachette vide ; mais son geste couvrait tout. ''- '.. ..—Il/n'y a ici, monsieur, répondit-'elle :doucement, que des parures choisies par moi dails cette maison, parures que j'ai payées -et qui m'appartiennent. Fouiller dans ces cartons, c'est, en quelque sorte, pràtique'r une perquisition chez moi. Avezvous urimandat? ""-*•.Hérésie- ou subtilité, madame la princesse, répondit Galloni-avec une politesse railleuse : tous les objets qui se trouvent ici sont réputés appartenir au locataire. Avezveras le bail de la boutique? '•'.! ^— Je vous répète que ceci est à moi. Emploierez-vous la forcé pour vous é'n assurer? ';-.. — S'il faut à Votre Seigneurie un simulacre de contrainte, répliqua l'agent, je suis si certain de mon droit; que je n'hésiterai pas., à frôler votre gant du bout de mon doigt. Bâldlfil un mouvemént"comme pour s'interposer. ' r^ Laissez, comte, dit Pauline. Cet homme fait peut-être son devoir, après tout. Je vais lé satisfaire. Seulement, Comme ces dentelles doivent me servir, comme je dois.les porter sur mes épaules et sur mon visage, je!tiens à leur épargner tout Contact... inattendu. Oh 'trouvera bon. que j'y touche seule! " - '. ' Tout le monde se taisait. Tous les yeux étaient fixés .sur les deux" combattants de cet.étrange duel. .La princesse ouvrit lé premier carton. Elle renversa le couvercle sur celui qui contenait les papiers et souleva une à une les dentelles.ét^ les mousselines rangées avec soin, sous ses doigts. Elle les posait toutes, successivement, sur ce qu'il lui importait de cacher. , Etes-vbus qu'il n'y a rien, convaincu ^, monsieur? Elle pencha le carton vide, pour montrer à Galloni qu'aucun papier lie s'y trouvait. '••*-. A l'autre, maintenant! fit^ëlle. Ëtj posément, avec la même lenteur in-" .différente, elle recommença ...le même ma^ nège. Mais, quand elle eut terminé, quand la dernière éoharpe exhumée de la boîte, désormais vidé, eut été rejoindre la jonchée dés autres, alors la colère parut s'emparer dé la grande dame. Sës/yéUx étincelèrént. Elle saisit à son tour lés ciseaux que Charlotte avait reposés près d'elle, sur la table, et dit d'une voix vibrante :. ; bien vu, «-• Et, maintenant que vous avez .
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au,Iargel La princesse Sariâ ii'à pas accoutumé de parler aussi longtemps à un valet! Au large; si tu ne veux pas que je cloué ta main de traître sur cette tablé ! — C'est bien!... madame, riposta'Galloni d'un air à-la fois menaçant et déçu. C'est bienl... Il s'éloigna en murmurant tout bas : —. Je ne suis qu'un maladroit. Il y a eu un escamotage que je n'ai pas vu. ._• Fâbio n'en Groyait pas ses yeux. Il ...se- demandait par quel miracle d'adresse, le dépôt qu'il avait laissé sous la frêle protection de ces parures venait d'échapper aux.investigations de son ennemi. Charlotte, elle, né put que tomber assise auprès de la princesse, embrasser furtivement le .bout de ses doigts et lui dire'eh pleurant : — Ah ! madame, soyez bénie ! Pauline, sans perdre un instant et profitant de la confusion qui régnait encore autour d'elle âpres l'issue'négative'dés recherches, plongea sa main sous l'amas des dentelles, saisit le paquet cacheté, et, prestement', le mit dans son corsage. Galloni et le lieutenant se concertaient, au milieu du magasin, sur ce qu'il restait à faire. L'officier soutenait à l'agent qu'ils perdaient leur temps dans cette boutique et qu'il devait y avoir d'autres conspirateurs à saisir, au lieu de continuer à chercher d'introuvables papiers. \: — Vous devriez conduire votre homme à là prison, conclut-il, et revenir demain matin, au jour, pratiquer ici des fouilles consciencieuses. — Soit, répondit Galloni. En attendant, veuillez laisser ici des sentinelles aux deux issues. Je reviendrai demain avec lés ouvriers qu'il faut, et, quand je devrais tout démolir... Il fit signe aux agents d'emmener Fabio et sortit devant eux. Avant de franchir.lé seuil, le prisonnier se retourna entre ses deiix gardiens et cria aux trois 'femmes/ qu'il confondait dans, ùn niêmé sentiment de reconnaissance : donné ici mille — Merci à celles qui m'ont fois mieux qu'un asile, et qu'elles -nié pardonnent la douleur que je leur cause ! Dans la prison où je vais, je' ne cesserai de les bénir et de prier Dieu pour que l'oeuvre de justice puisse s'accomplir sans moi... " Allons ! assez de phrases ! interrompit — dont la figure sinistre reparut dans Galloni, l'encadrement de la porte. En route ! LiëU" tenârit, veuillez donner l'ordre qu'on iip touGhè à riéiî de ce qui se trouve ici.
voilà en prison. C'est Milan, cela^ mainte*.
nânt!
pensez-vous, madame ? dit tout à coup Baldi, qu'elle avait oublié..... Vous paraissez nerveuse; irritée... — Ah! grand Dieu; non, mon cher ami, fit-elle, un peu surprise d'entendre cette voix mondaine. Pourquoi, serais-je irritée ? Mais vous avez raison de me rappeler à moi-même. Il faut laisser ces dames pren-\ dre un peu de repos — si elles peuvent reposer, les malheureuses ! — Voulez-vous ' bien voir si l'on n'a pas renvoyé mes gens, trop loin et s'il est possible de faire avancer jusqu'ici ma voiture? Pardon, n'est-ce pas? Bëldi s'inclina et sortit avec empressement. Dès qu'il eut disparu, Pauline se leva et vint poser la main sur- l'épaule fde. Ghar% lotte. dit-elle, matin, lui Demain je .nié met— trai en route pour Vienne. Si.vous le voulez, je m'offre à' demander là-bas la grâce de votre fiancé,, et je vous promets de l'obtenir. Ah! madame, que vous êtes bonne! —, Charlotte, dit avec un regard de reconnaissance. Mais lui, que dira-t-il? Ayons-nous le droit d'intercéder pour lui sans sa per? mission ? Pauline fut. surprise, non pas de cette pensée si naturelle et si juste, mais qu'elle vînt à cette jeune fille, à cette humble boutiquière, tout à coup grandie à ses yeUx. ' Cependant elle insista. - —Je suis sûre qu'il vous bénira, mon en'ant, si, grâce à vous, il sort de prison. Charlotte -Non, fit tristeen secouantqu'il — ment la tête. Je suis certains, hioi, né voudra pas de la liberté, s'il faut qu'il •s'èiigagé-â né plus servir sa 'Cause, s'il doit re=nier ses idées... quelle-utilité cependant, de En prison, — sera-t-il à ses ainis? — Hélas ! madame, il ne les aura pas, du moins, désavoués.;. Ah ! Il ne s'agissait plus^ maintenant, pourdePauline Saria de faire launiônê d'un protection à de malheureuses gens peu rencontres sur sa route : tant de loyauté, dé , conquise, et courage l'avait définitivement ce fut avec un véritable élan de coeur qu'elle dit à Charlotte : ; . . ... f— Ecoutez! On n'a rien contre Fabio, puisque les seules preuves qui l'accusent je. les ai là... Je puis dès lors soutenir, en toute assurance, qu'on l'a arrêté à tort, sur un rapport suspect. Je puis raconter ce que j'ai vu, dire cette .trahison patiemment montée, cette provocation permanente à la révolte pour mieux surprendre les hommes IV capables de se soulever.,. M 1' 0 L'Olive, qui avait assisté^ muette et EN HOUTÉ immobile jusqu'alors, à ce débat, dit triste* Tant que le lieutenant demeura présent, ment : deux postes dé factionpour organiser les cela, madame, croyez-vous donc Tout — donner la consigné à 'ses' qu'ils l'ignorent, naires et pour le râcon-: à qui vous ceux Charlotte honimes, put se contenir ; mais, terez? lorsqu'il se fut retiré, Jâ jeune fille éclata en Vous avez raison : ils le savent peut-;, — sanglots. être, répondit la princesse. Mais il y a dés: Mon pauvre Fabio! disait-elle, au mi- choses qu'on laisse faire de loin et que l'on — de lieu ses larmes. Comment faire, niàinte^ rougit de revoir de près. J'aurai la grâce de. nânt,. pour le secourir? Fabio, vous dis-je, sa. liberté sans condition, La vieille tante, bien émue elle aussi, sa liberté sans reproche. Que votre nièce, mais, assez forte pour ne pas, pleurer, lui si elle le veut, vienne avec moi : nous la caressait doucement les mains et les che- demanderons ensemble. Charlotte avait relevé la tète ; elle écou;veux en disant : tristement et bien vite rai- tait avec ravissement ces paroles d'espoir, — J'ai eu bien enfant! OIT! je ne te reson, ma pauvre, ces promesses de réussite qu'une noble, proché rien ! C'est ma faute aussi. J'aurais femme lui prodiguait, si généreusement, et dû deviner plus tôt ce qui se passait. "Ma elle se reprenait à la vie : elle se disait coh? îusémeht que l'on pourrait se revoir, être pauvre petite Pleure, va! pleure ! ' ! Et la princesse, regardant ce couple dou- hëûrèUx encore,et surtout, ah! oui,'surtout,, loureux, se disait : fuir â jamais cette exécrable ville!... Elle, regarda M 110 L'Olive et lui dit : f— Voilà deux femmes qui étaient heU; entendez, nia tante, ce que m'offre, Vous reuses, tranquilles, honorées, qui vivaient — princesse? leur de talent/Un la travail et leur de coup de Mais un souvenir vint traverser sa joie revent a passé, a tout ravagé autour d'elles et. va les laisser désormais désespérées. Qu'ont- naissante : madame? les lettres, Et elles fait de mal ? Rien. L'une' d'elles aime — lettres? les lettres? répondit Paus'est pris de passion un brave garçon qui — Les pour une idée folle, mais, après tout, géné- line... Eh bien, nous, en ferons ce qu'il vous reuse. Un misérable l'a dénoncé, livré, et le plaira, des lettres! Venez avec moi, ^Ohar-
— A quoi
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"1ÈS ANNALES POLITIQUES ET 'LITTÉRAIREE.
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lotte, et, s'ils vous rendent votre ami, vous les lui remettrez vous-même... un peu plus tard seulement, ajouta-t-:elle en souriant... Allons, est-ce dit? Partons-nous? Mlle L'Olive les Faut-il?... disaient à — yeux de sa nièce, levés vers elle. dame. toi? répondit la Partir, pauvre — Oui, je sais bien, M. le chambellan du viceroi pourrait, à la demande de Mmo la princesse, faire adoucir un peu la prison de Fabio. Et, alors, rien ne t'empêcherait d'aller là-bas pour hâter sa délivrance... Mais... ? firent ensemble la princesse et — Mais Charlotte. Mais que vais-je devenir, moi, seule —? Me ici voyez-vous au milieu de tout ce désordre, dans une maison que la terreur va faire déserter, bien sûr/et que, d'ailleurs, la police va probablement fermer pour quelques jours ? Je me connais : je ne vivrai pas, te sentant si triste et te sachant si loin !.. Eh bien, si je partais aussi, moi? Qu'en dites-vous, toutes les deux ? Peutêtre pourrais-je vous être bonne à quelque chose, là-bas ! Les vieilles gens, cela n'est -pas toujours embarrassant. Il arrive que cela donne, parfois, un sage conseil. Elisa suffirait bien à garder la maison. Et ce passeport, tu l'as, n'est-ce pas, Charlotte? Si j'en profitais comme toi ? Charlotte, toute émue, regardait la princesse, n'osant répondre elle-même. Juste à ce moment, Baldi reparut. lui dit Escortez-nous, ami, Paumon — line : j'emmène deux compagnes de route. Elle adressa un regard de sympathie radieuse aux deux femmes, qui se précipitèrent sur ses mains. — Emmener.ces dames? répondit le comte, stupéfait. Mais y songez-vous, princesse ? Cela n'est pas possible. ' cela n'est possible? Ah! Eh bien, pas — de plus raison pour le faire ! Elle retrouvait soudain sa belle humeur en face d'une difficulté à-surmonter et d'une bonne action à poursuivre : vous me connaissez peu, mon — Comme pauvre Baldi! Ou plutôt comme vous vous connaissez mal ! Le comte ouvrait de grands yeux et la regardait avec une inquiétude un peu comique. Elle poursuivit : ! Ces deux'dames vont prendre — Ecoutez chez elles de menus objets de toilette qui leur sont indispensables, comme pour aller passer la nuit hors de cette maison, bouleversée par l'invasion de la police. Vous ferez vérifier sous vos yeux, par les gendarmes qui sont là, leur modeste bagage, afin qu'il ne soit pas dit qu'elles emportent aucun papier. Vous nous accompagnerez toutes les trois jusque chez moi, où vous me ferez l'amitié de souper avec nous, et, demain, tandis que nous roulerons sur la route de Vienne, vous direz à votre gouverneur la vérité, la pure vérité : que les deux lingères de la rue dell'Orso sont allées demander l'indulgence' du prince de Metternich pour un grand coupable, qu'elles aiment, attendu que c'est le fiancé de l'une et le futur neveu de l'autre. Baldi hésitait encore. — Je ne dis pas non, princesse Je pourrais faire cela. Mais, vous, ne craignez-vous pas de vous compromettre en paraissant dans cette affaire ? — Oh I moi, mon ami, répondit-elle, avec un geste d'insouciance généreuse, ma destinée est d'aller toujours, sans résistance et sans regrets, où me pousse un secret instinct que j'ai là. C'est peut-être ma fantaisie ! C'est peut-être mon coeur!... Allons souper ! Et il fut faifcomme elle avait dit. Et, quelques instants plus tard, les gendarmes, indifférents, montaient la garde, dans l'impasse et dans la rue, aux deux portes d'une maison vide. CHARLES LA UREN T. ! (.4 suivre.) ,
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:
MDCCCC
NUMÉRO GALLO-ROMAIN SOMMAIRE L'Origine de Paris Les Arènes de Lutèce.... Lutèce, poème Pensées et Réflexions sur Paris
JULES VERNE HENIU LAVEDAN EDMOND HARAUCOURT
BARBÉS (A.). — L'Appel au Soldat (275 p.],
STRABON, l'Empereur JULIEN, JDLES CÉSAR, l'Empereur ANTONIN, SAINT DENIS
in-18
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j - ''!:'i:M 50
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3 50 3 50 6 » ROSNY(J.-H.).—LaCharpente(310p.),in-18. 3 50 SERAO (M.). — La Vertu de Beppina (260 p.),
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RenaUdot, à l'enseigne des Trois-Ecritoires et du Grand-Coq, rue des Vieilles-Ecoles. On souscrit aux quatorze numéros qui seront publiés d'ici le 1" novembre, contre la somme de cinquante-cinq sols (2 fr. j5), envoyée à l'Hôtel des Annales, i5, rue SaintGeorges.
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(M.).— Puvis de Cbavannes (suite de la collection l'Art et les Artistes) (256 p.), .-; 4 i ! grand in-18 VILMORIN (Ph. de). — Manuel de Floricul............ 4 ,;»"j, lure (324 p.), in-18 | ' ! (Extraie du Mémorial de la Librairief
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L'Andalousie au temps des Maures Le Grand Guignol Le Théâtre Cambodgien Le Théâtre des Auteurs Gais
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En raison de l'affluence croissante des demandes de renseignements et <Iu nombre de plus en,plus considérable, ..a'-oéùvres^sonmises à notre examen, il nous -est déy^iïti matériellement impossible de correspondre avec tous nos aimables par lettres privées lecteurs. Kons les prions donc, instamment, J>OKT éviter tout retard et tout malentendu, de n'exiger de nous — sauf en quelques eâ spéciaux — que de brèves réponses pari « Petit Courrier », et de nous indiquer ton' jours clairement sous quels 1101ns ou pseù donymes ces réponses doivent être m-érêes.
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Ces listes seront prochainement complé-
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