Mensuel des forces françaises en Afghanistan N°25 Janvier2011
N°25 - Janvier 2011
EDITO DU MOIS DE JANVIER lière pour le capitaine Benoît DUPIN du Battle Group ALLOBROGES, et le second maître Jonathan LEFORT de la TASK FORCE LA FAYETTE, tombés les 17 et 18 décembre 2010 dans l’accomplissement de leur mission. Mes pensées les accompagnent ainsi que leur famille et le second maître Julien B., blessé au combat.
La fin décembre 2010 et le début de l’année 2011 se sont caractérisés par un fort engagement opérationnel. D’autres challenges se présenteront à nous, notamment la félinisation du parc VAB du théâtre PAMIR et le redéploiement des forces françaises en KAPISA – SUROBI. Je sais pouvoir compter sur vous.
Au mois de décembre, nous avons accueilli la relève du GTIA SUROBI, la TASK FORCE RICHELIEU, commandée par le colonel HELUIN ainsi que la relève du bataillon hélicoptère, la Task Force MOUSQUETAIRE, commandée par le colonel NICOLAS. Je leur souhaite bonne chance et soyez assurés du soutien entier de l’état-major NCC France.
En cette fin d’année, recevez tous mes vœux les plus sincères, pour vous, vos familles et tous ceux qui vous sont chers. Que 2011 voit se réaliser vos souhaits les plus chers : bonheur, santé et satisfactions professionnelles.
SOMMAIRE EDITO IN MEMORIAM ALLOCUTION Dossier spécial armée de l’air TASK FORCE LA FAYETTE
Voilà un mois, je prenais le commandement du contingent national France. Je mesure, chaque jour, l’honneur qui m’est fait de commander, ici en Afghanistan, des hommes et des femmes qui ont quitté les leurs, pour que ce pays, torturé par tant années de guerre, puisse recouvrer enfin la paix.
Je m’incline respectueusement devant tous ceux qui ont donné leur vie depuis 2001 et tous ceux qui ont été meurtris dans leur chair. J’ai une pensée plus particu-
A l’occasion des fêtes de fin d’année, nous avons eu l’honneur de recevoir Monsieur Alain JUPPE, ministre de la Défense et des Anciens combattants, l’amiral Edouard GUILLAUD et le général d’armée aérienne Jean-Paul PALOMEROS, marquant ainsi l’intérêt porté par nos responsables politiques et nos chefs militaires aux forces françaises déployées en Afghanistan
Contacts Centre de presse / Kaboul Communication.officier-presse-1@ops-pamir.terre.defense.gouv.fr 844 200 2303
BATTLE GROUP ALLOBROGES BATTLE GROUP RICHELIEU
Colonel Christophe MOORES,
BATHELICO
Commandant du contingent national FRANCE
BATTLE GROUP NIEL
Cellule CONDUITE
POMPIERS GAN OMLT POMLT SIC IJC HQ ISAF
IN MEMORIAM
Page 3
ALLOCUTION
Nous sommes rassemblés ce jour pour honorer la mémoire de deux hommes exceptionnels, deux héros, deux soldats tombés à quelques heures d’intervalle au service de la France. Capitaine Benoît DUPIN, ce 17 décembre vous avez pour une fois laissé la conduite de la compagnie du génie du groupement tactique interarmes « ALLOBROGES » pour réaliser au sein du détachement de liaison et de reconnaissance du génie une mission d’évaluation en vue d’installer un poste au profit de la « ROAD MAINTENANCE TEAM » de JALOKHEL. Cette mission, vous l’avez conduite au sein d’un détachement constitué de nos alliés américains et roumains, en compagnie d’autres citoyens afghans ayant choisi de servir leur pays et combattre l’oppression talibane. Faisant preuve d’un grand courage, vous avez poursuivi la mission malgré les balles ennemies, jusqu’à ce qu’une explosion ne vous couche à jamais sur cette terre afghane pour laquelle vous avez donné votre vie. Second maître Jonathan LEFORT, avec vos camarades du commando « TREPEL » une fois de plus cette nuit du 17 au 18 décembre vous vous êtes élancé bravement dans l’obscurité pour aller surveiller puis fouiller l’habitation d’un dangereux terroriste en vue de l’appréhender. Déjà pris à partie lors de l’infiltration, vous avez poursuivi la mission tout en continuant à livrer bataille. Averti que vos adversaires avaient fui dans un compound plus éloigné, votre pugnacité vous a poussé à les poursuivre et à rejoindre ce nouvel objectif. C’est en investissant courageusement une pièce dans laquelle deux insurgés s’étaient cachés que vous êtes tombé. Deux morts glorieuses éloignées d’à peine quelques heures et quelques kilomètres, mais pourtant deux parcours bien différents. L’un, marsouin puis légionnaire, fantassin puis sapeur, montagnard aguerri. L’autre, de ces marins qui combattent aussi vaillamment sur terre qu’en mer, de ces commandos dignes de l’héritage de leurs anciens de 1944. Une diversité toute à l’image de cette TASK FORCE qui, je veux le dire devant vos deux dépouilles, regroupe la quintessence des fils de France venus, comme l’ensemble de ces soldats qui servent notre drapeau ici ou ailleurs, de toutes les armées, de toutes les armes ou services. Deux histoires différentes pour un destin commun, celui du don ultime de votre existence au service du plus noble des idéaux, celui de notre chère Patrie. Mais je le sais vous n’êtes pas morts seulement par idéal patriotique, vous êtes aussi tombés pour que s’accomplissent la mission, parce qu’elle est sacrée, et vous vous êtes sacrifiés pour vos camarades, preuve éclatante de cette inébranlable cohésion qui fait les meilleures troupes.
s DUPIN, second maître LEFORT, à l’heure où la TASK FORCE LA FAYETTE, unie comme jamais malgré sa Capitaine diversité, se trouve face à son destin, que votre sacrifice héroïque nous donne le courage dont vous êtes pour toujours les éclatants symboles. Que notre douleur d’aujourd’hui, notre peine immense qui s’ajoute au chagrin de vos familles et de vos proches, soient notre force de demain, la lumière qui éclaire nos âmes et guidera nos cœurs et nos armes vers la victoire. Nous poursuivrons, soyez en sûr la mission, sans haine mais aussi sans faiblesse. A Dieu capitaine DUPIN, à Dieu second maître LEFORT.
Page 4
DOSSIER SPECIAL ARMEE DE L’AIR-
DOUCHANBE L’ACTIVITÉ TRANSIT DU DETAIR DE DOUCHANBE
I
nstallé sur l’aéroport de Douchanbé, le DETAIR bénéficie d’une position stratégique par rapport au théâtre afghan. Outre le soutien du groupement de transport opérationnel, de la station météorologique déployable et du nœud SIC SYRACUSE, le DETAIR est le point de « rupture de charge » nécessaire au transit des militaires entrant ou sortant du théâtre. Cette mission de transit, réalisée au profit des contingents français, belges et espagnol, espagnol se décline en deux volets distincts. Le premier concerne le traitement des avions, mission réalisée par le détachement de transit Interarmées (DETIA). Au cours de l’année 2010, le DETIA aura
gérer près de 45 000 pax et plus de 4 000 tonnes de fret pour environ 900 aéronefs. aéronefs Le second volet concerne le soutien hébergement et restauration des transitaires. Le DETAIR dispose d’une capacité maximale de 330 lits sous tente et d’un ordinaire spécial opération (OSO). Bien que sommaires, les conditions d’hébergement sont satisfaisantes grâce notamment aux systèmes de climatisation, aux nombreux sanitaires et douches disponibles ainsi qu’au travail de reconditionnement quotidien réalisé par des personnels civils de recrutement local. Le chef de l’OSO propose des menus varié et de qualité, même lorsque l’état des ration-
naires dépasse 500 personnes (soit le triple de sa capacité normale). Téléphonie et internet sont mis à disposition. Le foyer propose également des revues, des jeux, la télévision et un espace d’accueil convivial (le Karacho). Les équipes du DETAIR prouvent chaque jour leur capacité à s’adapter, à se dépasser et à optimiser les moyens dont elles disposent pour d’offrir un accueil de qualité et un moment de détente agréable aux soldats de la coalition de passage au Tadjikistan.
DETAIR DOUCHANBE
Page 5
DOSSIER SPECIAL ARMEE DE L’AIR-
DOUCHANBE GROUPEMENT DE TRANSPORT OPÉRATIONNEL (GTO) DE DOUCHANBE
P
résents sur le théâtre afghan depuis décembre 2001, les avions de transport d’assaut et équipages du groupement de transport opérationnel (GTO) de Douchanbe assurent des missions d’appui aérien et de soutien logistique au profit des forces françaises en Afghanistan et des pays de la coalition.
nefs, soumettent hommes et machines à rude épreuve. Face à la menace sol-air présente sur le théâtre, les équipages mettent en œuvre des procédures d’approche grande pente et tirent le meilleur parti des systèmes défensifs de leur appareil.
Unité de l’armée de l’air, le GTO est équipé de deux C160R, et reçoit également le renfort d’un C130 en période estivale. Il intègre en plus de services techniques et de sa station radio, une équipe de largueurs du 1er Régiment du train parachutiste (RTP) pour les missions d’aérolargage.
Les destinations pratiquées sur le théâtre afghan sont des plus variées. Si les missions au profit des forces françaises se concentrent sur leurs lieux d’implantation Bagram, Kaboul et Kandahar, les missions réalisées au profit de l’ISAF emmènent les équipages vers Mazar-eSharif, Herat, ou des terrains plus rustiques comme Qala-e-Naw, Tarin Kowt ou Chagcharan.
Pour le GTO, cet automne a été l’occasion d’une activité particulièrement soutenue en raison de la relève en cours de la Task Force Lafayette. Le mois d’octobre a ainsi été le plus actif de l’année avec plus de 200 heures de vol réalisées et un rythme d’un à deux vols par jour. Ces missions de cinq à six heures dans un climat rigoureux au dessus d’un territoire montagneux qui nécessite de voler aux limites de performances des aéro-
Le mode d’action le plus utilisé par le GTO est l’aéroportage. Cependant l’unité met également en œuvre des capacités d’aérolargage. La plus employée est le largage de matériel à très grande hauteur et ouverture basse (LMTGHOB). Cette technique consiste à larguer du matériel à une altitude de vol comprise entre 5000m et 7000m afin d’être hors de portée de la menace sol-air. Le procédé peut délivrer jusqu’à 4.8 tonnes de
fret en une seule mission.
Le GTO a réalisé avec succès un largage de ce type ce mois-ci au profit de la Battle Group Bison en Surobi. A cette occasion il a utilisé pour la première fois sur le théâtre le largage de deux charges simultanées, qui permet de limiter au maximum le temps d’exposition des équipes chargées de la récupération au sol. La mission a également été l’occasion de montrer que le GTO était capable de se déplacer au plus près de la ressource à larguer. L’équipage et les largueurs mis en place à Kaboul ont pu conditionner les charges et préparer le vol sur place, démontrant ainsi la souplesse d’emploi de ce procédé. Lcl Géraud , COMGTO
Page 6
DOSSIER SPECIAL ARMEE DE L’AIR-
Les RAVITAILLEURS LA MISSION DU DETC135 EN AFGHANISTAN
Q
uel est exactement le rôle du DETC135 sur le théâtre afghan ?
Page 7
DOSSIER SPECIAL ARMEE DE L’AIR-
Les RAVITAILLEURS LA MISSION DU DETC135 EN AFGHANISTAN
Nous servons à ravitailler en vol les avions de la coalition. Cela permet à tous les chasseurs allant du B1B au A10 et du Rafale au F1CR d’augmenter leur temps sur zone. De même, en cas de TIC, nous servons de station service volante afin que les avions de chasse puissent appuyer nos camarades terriens.
Pour cela, nous disposons du C135FR. C’est certes un vieil avion (il a été construit en 1962) mais, grâce à ses nacelles de ravitaillement en bout d’ailes et à sa perche de ravitaillement, il est compatible avec l’ensemble des avions évoluant sur le théâtre. L’équipage est formé de quatre personnels : deux pilotes, un navigateur et un opérateur ravitaillement en vol. Afin de pouvoir effectuer l’activité demandée, le détachement comprend deux équipages par avion. Mais un avion ne peut fonctionner sans soutien au sol. Une équipe technique de 17 personnes est sur place pour remettre en œuvre, dépanner et en résumé bichonner ce vénérable, mais
formidable outil de travail. Enfin, pour n’oublier personne, le détachement comprend un officier renseignement qui nous donne, jour après jour, la situation en Afghanistan ainsi qu’un personnel support pour s’occuper du côté administratif.
mettons, quelle que soit notre spécialité, tout notre cœur pour être là dès que les combattants au sol ont besoin d’aide. *Troup in contact **High value airborne asset
Ce petit détachement permet quotidiennement de livrer aux alentours de vingt tonnes de carburant aux avions de la coalition ce qui correspond à environ une heure à une heure et demie de temps sur zone supplémentaire pour chaque avion ravitaillé.
Bien qu’opérant en Afghanistan, le ravitailleur français n’y est pas basé pour une raison simple : il fait parti des HVAA**. Cette catégorie comprend l’ensemble des aéronefs sensibles tels que les avions radar ou les ravitailleurs. A ce titre, ils sont éparpillés au nord (Asie centrale) comme au sud (pays du nord de la péninsule arabique) du théâtre. En conclusion, même si nous sommes basés hors des zones de combats, nous Page 8
DOSSIER SPECIAL ARMEE DE L’AIR-
DETCHASSE LE DETACHEMENT CHASSE M 2000 ET M-F1 À KANDAHAR
L
e DETCHASSE français, basé à Kandahar, Afghanistan, est envoyé par la France dans le cadre de l’opération PAMIR, pour restaurer la sécurité en Afghanistan et lutter contre le terrorisme.
Page 9
DOSSIER SPECIAL ARMEE DE L’AIR-
DETCHASSE LE DETACHEMENT CHASSE M 2000 ET M-F1 À KANDAHAR opérationnelles réduisent grandement l’exposition à ces menaces. La plus grand danger reste le ravitaillement en vol, effectué jusqu’à 3 fois par mission par les pilotes. C’est une phase de vol extrêmement technique qui ne laisse pas le droit à l’erreur.
poussière et à l’organisation étrange pour un novice. En effet, la base de Kandahar est en perpétuel changement et abrite plus de 20000 personnes, l’activité y est débordante, tant d’un point de vue aéronautique que personnel au sol. C’est comme arriver dans une ville complètement inconnue et essayer de s’orienter à mesure que l’on progresse. Il faut aussi prendre l’habitude de l’anglais qui est bien entendu la langue principale sur le site. Il est composé de 3 Mirages 2000D, avions biplaces (pilote + NOSA navigateur officier système d’arme) et 3 Mirages F1, avions monoplaces, équipés en armement air/sol. Leur mission principale est le CAS (close air support), c'està-dire le soutient de troupes au sol. C’est une tâche complexe qui peut aller de la simple surveillance de zone, à la défense de troupes prises sous un feu ennemi. Les Mirages F1 ont en plus une mission de reconnaissance IMINT (Imagery Intelligence) et ELINT (Electronical Intelligence) sur le théatre. La préparation pour un tel détachement commence en France avec la formation continue de pilotes et de NOSA à la mission spécifique de CAS et de RECO. Ces personnels sont formés avec rigueur pendant quelques années avant d’avoir le niveau requis de pilote ou navigateur opérationnel, clé pour pouvoir partir en opération extérieure pour la France. Les premiers jours passés sur la base de Kandahar sont relativement difficiles pour les équipages. Il faut découvrir un environnement très particulier, plein de
En parallèle, il faut aussi commencer à travailler. Peu après leur arrivée, les équipages se font briefer sur le théâtre et ses spécificités mais également sur les règles de vie en communauté. Et puis vient le moment tant attendu du premier vol au dessus de l’Afghanistan, qui représente l’accomplissement d’un entraînement difficile en métropole. Les troupes au sol attendent notre venue tous les jours pour les aider et les protéger dans leur mission de sécurisation du territoire. Les Mirages français sont, en vol, au service des JTAC (Joint Tactical Air ..), qui demandent principalement aux équipages de surveiller des points d’intérêt, d’escorter des convois ou des patrouilles à pied, et de reporter les éventuelles activités suspectes qu’ils peuvent remarquer. En cas d’attaque sur les troupes alliées, les équipages peuvent être amenés à délivrer leur armement, sous certaines conditions très restrictives, afin de limiter les dommages collatéraux. A chaque mission, la partie la plus dangereuse n’est pas la menace sol/air présente sur le théâtre, car les procédures
Les Mirages étant des avions monomoteurs, en cas de casse de la perche de ravitaillement il y a une forte probabilité d’ingestion d’un morceau par le moteur, ce qui risque de provoquer de sérieux dégâts à l’avion. En Afghanistan, il n’y a pas autant de terrains pour se dérouter qu’en France, ce qui augmente le risque d’une éjection en territoire ennemi. L’éjection en territoire hostile est la plus grande hantise des équipages, même si les moyens de récupération mis en place en Afghanistan sont d’une efficacité redoutable. La mission ne se termine pas à la coupure moteur, son débriefing détaillé est une part importante du travail. Après seulement, les équipages retournent en « zone vie » pour profiter d’un peu de temps libre et se reposer. La base est très bien équipée, notamment en installation sportive, pour la détente des hommes et femmes qui sont engagés en Afghanistan. Le DETCHASSE Mirage 2000 et Mirage F1 à Kandahar, comprenant mécaniciens et personnels naviguant, constitue une grosse partie des forces française engagées en Afghanistan, et travaille activement pour mettre en vol les avions français 7 jours sur 7, chaque jour de l’année. DETCHASSE
Page 10
DOSSIER SPECIAL ARMEE DE L’AIR
DETAIR BAGRAM PRÉSENTATION DU HARFANG
N
ouveau système des Forces aériennes, le drone Harfang est un système aérien piloté à distance destiné à définir les futurs besoins de l'armée de l'air en matière de drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance). Polyvalent et modulable, il renforce les moyens d'observation et d'action déjà disponibles au sein des forces en offrant permanence, discrétion, réactivité et sécurité. Par le biais de l'observation multisenseurs, le drone Harfang assure en effet la surveillance permanente de la zone d'opération lors de missions pouvant dépasser 12 heures. il reste extrêmement discret tant au niveau sonore que visuel en croisant à moyenne altitude. L'Harfang permet en outre un recueil instantané de nombreux types de données : radar, image, vidéo ou données de localisation, et apporte ainsi une plusvalue considérable pour la conduite en temps réel des opérations. Enfin, piloté à distance, cet aéronef peut effectuer ses missions en ambiance
NRBC sans faire courir de risques à un équipage embarqué.
Le vecteur aérien est piloté à distance ou à vue.
Le drone Harfang est ainsi apte à remplir des missions à caractère strictement militaire dans un cadre interarmées et interalliés comme à l'heure actuelle en Afghanistan. Cependant, il réalise aussi des missions de service public au profit d'autres ministères.
La mission principale du "Belfort" est l'acquisition et la transmission de renseignements de théâtre. Une cellule renseignement intégrée à l'équipage traite et analyse en temps réel les informations recueillis par les différents capteurs embarqués.
Le système de drone Harfang est composé de trois segments distincts :
Les officiers et sous-officiers renseignement fournissent ainsi aux décideurs militaires ou civils des informations adaptées à la conduite des opérations. L'officier renseignement est le coordinateur tactique. Il définit à ce titre les objectifs et les modalités de la mission et en assure par la suite la conduite. Ces personnels sont recrutés dans la filière renseignement de l'armée de l'air. Ils reçoivent dès leur arrivée à l'unité une formation complémentaire adaptée aux particularités du système d'armes.
-le segment sol : composé de trois modules aérotransportables. Le segment sol permet d'assurer la préparation et la restitution des missions, la conduite du vecteur ainsi que le recueil et la diffusion des données transmises. - les liaisons de données : via une liaison directe (antenne LOS "Line of sight") ou une liaison satellite (antenne SATCOM) permettent de s'affranchir du relief et de la distance. Les liaisons cryptées assurent la transmission de données en temps réel entre le segment sol et le vecteur. - le vecteur aérien : équipé de capteurs électro-optiques, infrarouge, d'un désignateur laser et d'un radar embarqués.
Le pilote de drone (appelé opérateur de vol) est à la fois responsable du pilotage du vecteur et de la mise en œuvre des capteurs embarqués. Il applique les directives du coordinateur tactique, chef de mission. DETAIR BAGRAM Page 11
DOSSIER SPECIAL ARMEE DE L’AIR
DETAIR BAGRAM ESCADRON DE DRONES 1/33 22h30 : la salle d’opération de l’escadron Harfang s’anime… Les officiers renseignement achèvent leur préparation, les interprétateurs images s’imprègnent des lieux de la mission avec les pilotes qui élaborent les tactiques en fonction des prises de vues souhaitées et du niveau de discrétion imposé par nos « clients ». Ce soir, la mission se déroulera en RC-C et RC-E, au profit d’une Task Force étrangère et de la Task Force Lafayette. 00h15 : après le briefing, le pilote effectue le traditionnel tour avion pour vérifier que celui-ci est prêt, puis se dirige vers la station de contrôle (son poste de pilotage) afin d’y effectuer ses procédures de mise en route. 00h50 : le Harfang se dirige vers la piste d’envol. La mission commence maintenant ! En effet, rouler de nuit sur une plateforme telle que celle de Bagram n’est pas chose aisée avec une perception de l’environnement extérieur retransmise par une caméra panoramique jour à grand angle. 01h00 : nous décollons à l’heure prévue derrière un jumbo 747 civil. Le drone fait bien pale figure face à l’imposante silhouette de l’avion de transport qui s’élève dans les airs. Le décollage s’effectue sous la surveil-
lance de l’opérateur qui peut à tout moment l’interrompre si le système ne le fait pas de lui-même…
transmises, afin de leur donner les moyens d’anticiper tout ce que depuis le sol ils ne peuvent pas encore voir.
02h00 : une fois arrivée sur la zone d’intérêt, le drone est placé en attente, sous pilotage automatique, a distance de l’objectif et en toute discrétion. La permanence de surveillance commence…
A l’arrivée des véhicules à destination, la pression retombe en station de contrôle.
Chaque compound est scruté, chaque accès étudié, tout mouvement suspect est rapporté. Pendant ce temps, les interprètes images constituent, après une analyse immédiate de premier niveau, leurs dossiers de renseignement à l’aide du Système d’Aide à l’Interprétation Multicapteurs. Cela va durer jusqu’à 6h00 du matin avant de changer de zone de travail et de contacter par radio le JTAC . Nous devons initialement repérer l’itinéraire qu’un convoi empruntera quelques heures plus tard sous notre surveillance. Le minutieux travail de reconnaissance d’itinéraire commence afin de s’assurer qu’aucune embuscade n’est en train de se monter à leur encontre, ni qu’aucun poseur d’IED ou de tireur de roquettes ne prépare une attaque. Nous assurons par la suite l’escorte du convoi jusqu’à sa destination. Les informations sur leur environnement leurs sont régulièrement
Mais ce relâchement d’attention n’est que de courte durée car des tirs d’armes légères sont rapportés à proximité de nos troupes… Le pilote dirige alors la caméra infrarouge vers la zone estimée des tirs et distingue peu de temps après un départ de roquette depuis un flan de montagne. L’alerte ainsi que le point d’origine des tirs sont immédiatement transmis au poste de commandement tactique des forces au sol. Tandis que nos forces amies prennent les mesures de protection adaptées, les moyens en alerte à Bagram décollent et arrivent très rapidement sur la zone identifiée par nos soins. Ils peuvent ainsi débuter leur travail CAS seulement quelques minutes après la détection des tirs insurgés. Il est 14h50, 14h50 la situation est stabilisée et il est temps pour nous de rentrer à la base. Le Harfang se pose 14h00 après son décollage. A ce jour, l’Harfang a offert environ 3000h de vol à la coalition depuis le 17 février 2009, date de son premier vol sur le territoire afghan. DETAIR BAGRAM
Page 12
DOSSIER SPECIAL ARMEE DE L’AIR
DETAIR BAGRAM PRÉSENTATION DU HARFANG
Les pilotes sont tous issus du personnel navigant de l'armée de l'air. Leur formation offre l'ensemble des pré-requis à la conduite d'aéronefs dans des zones réservées aux drones ou lors d'opérations aériennes complexes et interalliées. Les équipes de mécaniciens assurent la maintenance, la préparation au vol et la remise en œuvre du système. Ils suivent les formations initiales propres à leurs spécialités (systèmes et supports de télécommunication, avionique, vecteur) puis approfondissent leurs connaissances sur le système grâce à une formation théorique et pratique dispensée au sein de l'unité. Les opérations techniques plus lourdes sont réalisées en fonction des contrats de maintenance établis avec les industriels. Histoire et Traditions Créée en 1996 sur la base aérienne 217
de Brétigny-sur-Orge, l'équipe de marque drones 29.664 devient l'escadron d'expérimentation drones 01.330 "ADOUR" en 2002 sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. Cette unité réalise l'expérimentation du drone tactique Hunter, puis du système SIDM, premier drone de type MALE de l'Armée de l'Air. En 2009 il poursuit sa mission depuis la base aérienne 709 de Cognac d'où il assure le soutien à l'opération extérieure en Afghanistan. Initialement unité d'expérimentation, l'"Adour" a acquis ses lettres de noblesse au Kosovo en 2001 et 2002. Déployés en Afghanistan depuis février 2009, les Harfang effectuent leurs missions au profit des forces de la coalition. Dans le cadre de missions de soutien au profit d'autorités civiles, l'unité a participé à la surveillance du sommet du G8 en 2003, au 60ème anniversaire du débar-
quement en Normandie en 2004 et à la venue du pape Benoît XVI à Lourdes en 2008. L'escadron de drones perpétue les traditions d'unités prestigieuses de l'Armée de l'Air. L'unité détient et conserve depuis 2002 l'insigne et les traditions de l'escadrille VR 291 dite "Lynx", symbolisant l'endurance, la persévérance et l'observation discrète de jour comme de nuit. A compter du 1er septembre 2010, il reprend les traditions de l'escadron de reconnaissance 01.033 "Belfort" et devient Escadron de Drones 01.033 "Belfort". Il est composé de deux escadrilles SAL33 ET VR291. il fait ainsi perdurer l'héritage de la "Hache d'A. Bordage", prestigieuse unité de reconnaissance créée durant la grande guerre. DETAIR BAGRAM Page 13
TASK FORCE LA FAYETTE PRÉSENTATION DE L’OPERATION COORDINATION CENTER PROVINCIAL (OCCP)
L
a plus septentrionale des positions françaises de la zone de responsabilité de la Task Force La Fayette se situe à Mahmoudmoud-E-Raqhi. Située à la poignée d’éventail des vallées de Nijrab et de Bagram, « MeR » est la capitale administrative de la province de Kapisa où siègent le gouverneur, les étatsétats-majors provinciaux du NDS (service de renseignement), de l’ANP et l’OCCP (Operations coordination center provincial). Un détachement de liaison de la Task Force La Fayette (TFLF) y travaille depuis 2009, mais y est à demeure depuis juillet 2010.
un regional command de l’ISAF. La Task Force La Fayette est associée à l’OCCP Kapisa car, en tant que « battle space owner * », elle est un acteur majeur de la sécurisation de la province. Pour ce faire, elle a détaché quatre militaires français chargés de suivre et parfois conseiller la coordination des opérations. Le détachement de liaison OCCP n’a pas vocation à « faire du mentoring ». En revanche, il appuie les acteurs de la sécurité de la province dans leurs actions de planification, d’analyse, de synthèse. Des savoir-faire pratiques en matière de topographie, de compte-rendu, de production ou de traitement des informations sont toutefois enseignés.
L’OCCP est un état-major afghan, fort de 35 officiers des ANSF, chargé de coordonner les opérations de l’ANA, de l’ANP et du NDS dans toute la province de Kapisa (districts de Tagab, Alah say et Nijrab, mais aussi Kohband, Kohistan 1 et 2, et Central Kapisa). Le chef de détachement du DL le compare à nos étatsmajors inter-armés de zone de défense (EMIA-ZD). Créé en 2009, il est subordonné à un OCCR (regional) stationné à Pol e Charki. Chaque OCCR est associé à
Le DL OCCP est implanté au cœur de la cité administrative de Mahmoud-eRaqhi. L‘enceinte qui l’héberge mesure 17 mètres sur 36 ! Les 29 passagers du bord ne sont pas tous dédiés au DL. Cinq POMLT, mentors de l’état-major de l’ANP, et cinq interprètes partagent la position avec le DL. Il y a aussi 2 transmetteurs et 1 « énergiste » pour les groupes électrogènes. Les 12 derniers sont les militaires de la garde, armée alternativement par les battle group Allobroges
et Richelieu, et parfois aussi les éléments organiques de la Task Force La Fayette (compagnie SIC, etc.). L’installation compte 20 chambres et bureaux**. Une salle à manger permet aux uns et aux autres de se retrouver autour d’un menu n° 5, 8 ou 12… réchauffé et parfois amélioré de vivres frais achetés sur le marché local par le major de camp. Une station Internet permet d’attendre l’arrivée hebdomadaire du courrier postal. Le sport, exclusivement à l’intérieur de l’emprise, se fait grâce à une corde lisse, un punching ball, des haltères, une corde à sauter mais également en déchargeant, deux fois par mois, le camion qui livre les fûts de gazole.
DL OCCP * Battle space owner : notion américaine signifiant, dans ce contexte précis, que le général commandant la Task Force La Fayette est garant de tout ce qui se passe dans la zone d’action. ** Dans quelques semaines, le DL aura un bureau au sein même de l’OCCP.
Page 14
BATTLE
GROUP
ALLOBROGES
1ER MOIS EN KAPISA POUR LES ALLOBROGES
S
amedi 20 novembre 2010, le colonel Bruno Gardy, chef de corps du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins prend le commandement du groupement tactique interarmes (GTIA) Kapisa. Cette journée marque le début d’une page d’histoire qui durera six mois. Après un mois de mandat hivernal, voici les premiers bilans de la zone d’action de Kapisa Nord.
Page 15
BATTLE
GROUP
ALLOBROGES
1ER MOIS EN KAPISA POUR LES ALLOBROGES La relève d’Hermès s’est concentrée du 12 au 25 novembre. Après une installation sommaire des éléments, les premiers départs en opération s’effectuent dès le lendemain. Cette mise dans l’ambiance rapide permet de découvrir la zone d’action, confirmer les retours d’expérience, valider les procédures et rassurer sur la qualité de la préparation opérationnelle. En quelques jours, le rythme est pris : préparation des opérations, départ avant le lever du jour, retour généralement de nuit pour diminuer les risques d’IED* sur la « MSR **», remise en condition et repos,… Toutes ces opérations sont systématiquement réalisées aux côtés des unités de l’ANA (armée nationale afghane) ou de l’ANP (police nationale afghane). Soutenant le déploiement des autorités régaliennes de l’Etat afghan, ces patrouilles communes font prendre conscience à la population qu’elle peut avoir confiance dans son armée et dans sa police du fait de la formation, la discipline et l’appui dont elles bénéficient auprès des armées de l’OTAN. A ce jour, les SGTIA ont reconnu, sécurisé, tenu plusieurs itinéraires ou villages de Kapisa en un peu plus de 10 journées d’opérations chacun. Le TC2 a transporté et escorté plus de 45 poids lourds acheminant les marchandises mensuelles (munitions, carburants, nourriture, courrier, etc.) nécessaires aux deux « FOB » (Forward Operating Base ou base opérationnelle avancée).
Tagab est une zone de concentration des efforts de la force. Centre économique au confluent des vallées d’Alasay et de Bedraou, Tagab possède un marché important. Entre deux opérations de niveau SGTIA ou GTIA, les sections ont réalisé plus de 20 patrouilles à proximité des villages de Maktab, Tagab et Shekhel. Ces patrouilles contribuent à rassurer la population et à dissuader toute tentative d’action de la part des Insurgés.
ture de la Kapisa aux journalistes. A compter du 28 novembre, pas moins de 4 journalistes se succédent. Le Figaro, France 24, Raids Magazine, Libération, tous participent aux missions avec les SGTIA et interviewent les militaires du GTIA.
GTIA Kapisa est intégré à la brigade française appelée " Task Force Lafayette " dont la zone de responsabilité couvre la province de la Kapisa et le district de Surobi. En pratique, il s’agit pour le GTIA Kapisa de soutenir les ANSF (force de
Composé de 800 hommes, le GTIA est divisé en trois groupes tactiques armés par trois compagnies de 140 militaires du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins, renforcés par 260 soldats de montagne en provenance des corps de la 27e brigade d'infanterie de montagne et par
Ce mandat est aussi marqué par l’ouver-
plus de 80 soldats d'autres corps. Le
sécurité nationale afghane) afin d’accroître la sécurité dans sa zone de responsabilité, permettant ainsi le développement économique de la vallée. La consolidation du développement économique est conduite grâce au pôle de stabilité en charge de coordonner les missions des CIMIC et de l’équipe de Page 16
BATTLE
GROUP
ALLOBROGES
1ER MOIS EN KAPISA POUR LES ALLOBROGES
Reconstruction de la province (PRT) pour les projets à court et à moyen termes et grâce à ses propres actions pour les projets à long termes. De façon plus générale, la mission du GTIA Kapisa rentre dans celle, plus globale, des forces en présence, qui consiste à permettre au gouvernement afghan de gérer lui même le pays. Lieutenant Candice, Officier de presse Battle Group ALLOBROGES *Improvised Explosive Device, acronyme anglo-saxon dont la traduction est Engin Explosif Improvisé **main supply road Page 17
BATTLE GROUP RICHELIEU PREMIERE DÉCOUVERTE DE MUNITIONS POUR RICHELIEU
L
e 15 décembre dans la région de Jagdalay, au cours d’une opération menée conjointement avec l’ANP (police nationale afghane), le groupement tactique interarmes (GTIA) Richelieu a mis à jour sa première cache d’armes. Cette opération, fruit d’une coopération étroite entre l’ANP et la coalition, a permis de récupérer 15 obus de 82 mm et 22 boites de munitions de 14,5 mm. Cette saisie, opérée grâce à des informations données par la population, met en lumière la volonté des afghans d’enlever aux insurgés les moyens de leurs actions. La récupération d’armes a été faite en concertation avec nos alliés américains.
Le bataillon Richelieu qui comprend un groupe d’EOD (explosif ordonance disposal) et une l’équipe WIT (Weapon Intelligence team) a mis en place un dispositif de sécurisation de zone avant d’entreprendre le recueil d’indices puis la destruction sur place des munitions saisies.
BATTLE GROUP RICHELIEU
Page 18
BATHELICO LES ROTOR DE PAMIR
A
rmé par le personnel du 1er régiment d’hélicoptères de combat de Phalsbourg pour le soutien des GAZELLE, par le personnel du 5ème régiment d’hélicoptères de combat de Pau renforcé par du personnel de l’école francofranco-allemande du CANNET DES MAURES pour le soutien des TIGRE, les mécaniciens du peloton de maintenance des hélicoptères d’attaque et de reconnaissance assurent à la fois le soutien de niveau 2 et la mise en œuvre de ces aéronefs. Le peloton fonctionne sur un rythme d’alerte de 24 heures, avec des équipes de mise en œuvre se relayant à KAIA et prêtes par ailleurs à être projetées sur les FOB à tout moment. Les mécaniciens interviennent en effet régulièrement pour assurer le soutien avancé ou parfois le dépannage des 3 GAZELLE et des 3 TIGRE déployés en appui au plus près des GTIA, (CCA « on station » suivant la
dénomination employée dans l’OTAN). Techniciens passionnés et possédant une solide culture aéronautique, le personnel du peloton constitue une équipe soudée au sein de laquelle les compétences des uns et des autres sont complémentaires. C’est cette solide cohésion qui, conjuguée à un grand professionnalisme, permet au peloton d’offrir à la Task Force, une disponibilité technique opérationnelle régulièrement supérieure à 80%.
Ces mécaniciens peu nombreux mais hautement qualifiés, connaissent bien le théâtre pour y avoir déjà été déployés à plusieurs reprises pour la plus grande part d’entre eux. Jamais ils ne s’économisent pour que toujours, continu à résonner en Kapisa et en Surobi, le bruit familier à leur camarades d’Allobroges ou de Richelieu, des rotors de PAMIR.
LE BATHELICO Page 19
BATTLE GROUP NIEL LE SOUTIEN DU VBCI camp de Warehouse. Ses dix containers KC 20 de pièces de rechange et son container spécifique pour l’échange de pneumatiques trouvent eux aussi petit à petit une place appropriée en zone technique. Matériel récent, nouvellement projeté en Afghanistan, le VBCI suscitait évidemment quelques interrogations initiales quant à son gabarit imposant et à ses nouvelles technologies. Déclaré opérationnel depuis le 20 juillet 2010, il s’avère que ce véhicule est parfaitement adapté au théâtre et plus particulièrement à la région sud de Tagab, notamment grâce à sa souplesse d’emploi et à sa puissance de feu.
L
es maintenanciers du BATLOG NIEL sont regroupés au sein du soussous-groupement de maintenance adapté au théâtre (SGMAT). Ayant à cœur d’assurer une disponibilité technique opérationnelle maximale des matériels soutenus au sein de leurs ateliers, les mécaniciens de la section réparation mobilité terrestre (SRM) réalisent des réparations des niveaux techniques 1 et 2 et assurent la mise en configuration des matériels.. Depuis peu, ils doivent prendre en compte le soutien de matériels nouveaux tels que le BUFFALO, le véhicule blindé hautement protégé (VBHP) ARAVIS ou encore le véhicule blindé de combat de l’infanterie (VBCI). Ils développent ainsi un savoir faire technique et un retour d’expérience unique sur les nouveaux équipements de l’armée de terre.
Le VBCI, répondant directement à un besoin opérationnel primordial pour les GTIA. Sur le théâtre, il est répartit comme suit :
- trois VBCI de type rang et un VBCI équipé du missile anti-char Eryx se trouvent à Nijrab, ils sont actuellement soutenus par des spécialistes du 35e régiment d’infanterie.
- trois VBCI de type rang et un VBCI équipé du missile anti-char Eryx sont également déployés sur le COP 46, ils sont actuellement soutenus par des spécialistes du 35e RI de Belfort, du 92e RI de Clermont-Ferrand et du 1er Tirailleur d’Epinal. Ils ont à leur charge la partie tourelle et châssis au niveau NTI 12.
L’arrivée de ce nouveau véhicule sur le territoire afghan n’est pas passé inaperçue et a nécessité de nombreux aménagements de nos zones techniques. D’ailleurs, après avoir travaillé quatre mois en plein air, l’adjudant Erwan RENEVOT, spécialiste VBCI qui nous revient tout juste du COP 46, va bientôt voir se concrétiser la mise en place d’une travée couverte sous Bachmann au sein du
En termes de fiabilité, nos techniciens n’ont relevé aucun souci majeur à ce jour. C’est un matériel fiable dont les visites annuelles viennent d’être effectuées. Les seules opérations de maintenance réalisées à ce jour ont été d’ordre électronique et se sont réglées soit par rechange de pièces soit par réglage via le système DIGITAL qui est l’ordinateur de diagnostique du VBCI. D’un point de vue purement logistique, le VBCI présente une spécificité : celle de la source d’approvisionnement. En effet, le chef d’atelier commande ses pièces directement au service de la maintenance industrielle terrestre (SMITer) via le logiciel du constructeur OASIS, ce qui implique que notre chaine d’approvisionnement sur le théâtre ne soit utilisée que pour la réception et l’expédition des pièces.
Particulièrement attentive à la disponibilité technique opérationnelle de ce type de matériel pour les unités de la Task Force La Fayette, c’est toute la chaîne maintenance qui travaille à pied d’œuvre pour apporter un soutien technique optimal au service de la Force.
LTN Benoît
Page 20
BATTLE GROUP NIEL LE BATAILLON LOGISTIQUE NIEL A FÊTÉ LA SAINT-ELOI À KABOUL
L
e bataillon logistique a fêté le 3 décembre 2010 à Kaboul, le saint patron de l’arme du matériel, « des mécaniciens et techniciens* ». A cette occasion, une messe à l’attention de StSt-Eloi a été célébrée à la chapelle de Warehouse par l’aumônier Thépaut. Cette célébration fut ensuite suivie d’une prise d’armes regroupant l’ensemble du BATLOG en armes et en tenue de défilé sur la place d’armes Maréchal Leclerc. Cette cérémonie avait deux buts. Le premier était d’effectuer une remise de décoration de médaille OTAN non article 5 avec agrafe ISAF au profit de 120 personnels du bataillon. Le second était de célébrer Saint-Eloi par la lecture de l’ordre du jour par le colonel Vincent Duthoit, chef de corps du BATLOG NIEL**. A l’issue de cette belle prise d’armes, un pot a été offert à tous les participants et aux invités à l’intérieur de la tente 102. En fin d’après-midi, le bataillon logistique s’est associé à nos sapeurs pom-
piers dans le cadre des festivités de StEloi et de St-Barbe (patron des sapeurs, artilleurs et artificiers) afin d’organiser un tir à la corde destiné à toutes les unités françaises et étrangères basées sur le camp de Warehouse. Cette activité ludique et sportive, qui a regroupé huit équipes dont trois étrangères, a reçu un réel succès et a vu la victoire de l’équipe géorgienne. Il est à noter l’excellente seconde place de nos camarades du DETSIC. Enfin, la journée s’est clôturée par un repas de corps au sein du restaurant France. La soirée a bien sûr débuté avec l’arrivée remarquée du chef de corps du BATLOG dans une tenue non conforme. L’arrivée de St-Eloi (lui-même), venu pour baptiser les nouveaux venus dans la grande confrérie des forgerons, a été une surprise pour beaucoup. Cette soirée à laquelle le colonel Moores (commandant du contingent national France - FRA NCC) a été associé, fût rythmée par des sketchs filmés ou joués et par les chants des unités du bataillon.
Cette journée de tradition a été, aux dires de tous, une réussite totale et une réelle opportunité pour renforcer la cohésion du bataillon logistique NIEL. « Et par StSt-Eloi, vive le matériel ! »
* Saint-Eloi est le patron des orfèvres, des forgerons, de ceux qui travaillent le fer, des mécaniciens et techniciens.
**NIEL vient du nom du maréchal de France, ministre de la guerre en 1867 qui est originaire de la ville de Muret près de Toulouse où est stationné le 3e régiment du matériel qui est le corps support du BATLOG NIEL.
Page 21
J4 : Cellule Conduite le détail la cinématique de la relève avec en pièce jointe la liste des effectifs OUT et IN. Les ordres seront relayés jusqu’au dernier soldat. WAREHOUSE JJ-3 avant le vol Un tir « chicom » est envisagé sur Bagram le jour de pose de l’ATS, un changement d’APOD est inéluctable. Il faut se réarticuler rapidement…J-2, l’alerte est levée. WAREHOUSE JJ-1 avant le vol
A
ssis devant son écran d’ordinateur, le geste sûr, en quelques clics les billets d’avion pour 4 personnes sont réservés en LAST MINUTE pour se rendre de l’autre côté de la planète. Opération certes anodine de nos jours sauf lorsqu’il s’agit d’une relève du contingent français en Afghanistan…. BAGRAM JOUR J – 4heures avant le vol 09h00 : les noms s’égrènent : adjudant GAR…Présent, Présent, Lieutenant de vaisseau BOD…Présent, Présent, ……… 265 personnes, le compte y est. Dans quelques minutes elles recevront leur précieux sésame qui leur permettra de prendre l’AIRBUS, leur carte d’embarquement pour la France, après avoir réalisé la phase d’OUT PROCESSING. Mais auparavant que s’est-il passé ? WAREHOUSE J – 90 jours avant le vol 10h00 : en salle visio de l’EM FRA NCC tous les représentants des formations de théâtre sont réunis. La séance, menée par FRA NCC/J4, a pour objet de présenter la MAB (mission analysis briefing) de la relève avec ses impératifs, ses contraintes et ses variables. La mission : relever environ 4 000 hommes en 5 mois. Les ordres sont donnés : les unités établiront pour J1*, les listes de pax OUT, Dead-Line J-15, puis recoupement avec les EMO d’armées ; [traduisez par : les unités fourniront à la cellule des effectifs du NCC, la liste du personnel désigné pour le retour avant une échéance de 15 jours avant le décollage] ; le G4 de la Task Force Lafayette réservera auprès de l’US ARMY les hélicoptères CHINOOK afin de permettre le transport des pax à J-1 , ainsi que leur hébergement et leur alimentation sur la base aérienne de Bagram ; le Battle Group Niel. T1 / sera en mesure d’appuyer la relève de la TF avec ses VAB si la voie routière doit être privilégiée. T2 / mettra en œuvre ses vecteurs logistiques afin de transporter le fret. T3 / réalisera le transport du per-
sonnel OUT, de « grand Kaboul » vers l’APOD (airport of disembarkation) de destination, sous escorte blindée. CCITTM AIR (centre de coordination interarmées des transits, transports et mouvements) coordonnera ses moyens afin de procéder aux opérations de contrôle, de chargement de l’ATS (avion de transport stratégique) et d’embarquement du personnel. AvezAvez-vous pris en compte l’extraction des pax de KANDAHAR ? Oui, le personnel de l’Armée de l’Air sera pré-acheminé par ATT (avion de transport tactique) à J -2. Prévoir leur hébergement et l’alimentation pour 2 jours… Pendant cette réunion, chaque phase de la relève est décortiquée et analysée. Durant 2 heures toutes les hypothèses sont émises ; toutes les questions posées trouveront réponses et les doutes seront levés. Le lendemain de la réunion, l’OPO TYPHON, relatif à la relève, est rédigé et signé par l’ASIA (adjoint soutien interarmées). Nul doute, il s’agit là d’une opération logistique de grande ampleur, interalliée et interarmées ou chaque acteur aura un rôle déterminant à jouer. WAREHOUSE JJ-15 avant le vol La machine est en marche, depuis plusieurs semaines les messages de relève ne cessent d’affluer sur les consoles de J1 : AIR, MER, TERRE, GENDARMERIE, toutes les armées et tous les services interarmées contributeurs sont au rendez-vous : - X succède à Y et Z à W… les synthèses sont transmises aux formations de 1° catégorie qui exploitent les données et procèdent aux derniers ajustements. Retour des données… exploitation….appels téléphoniques… courriels…. L’ATS est confirmé par CCITTM AIR, APOD, horaires de pose et de décollage les éléments affluent… WAREHOUSE JJ-4 avant le vol Toutes les données sont réunies. Un FRAGO est rédigé par J4 qui donne dans
Réunion de coordination au FRA NCC : les pré-acheminements de la Task Force sont effectués en CH 47 conformément à la planification, Niel Last Resort (de dernier ressort) n’aura pas lieu. La cinématique du lendemain est « brossée » avec tous les acteurs : DL, DETIA, BATTLE GROUP…effectif…J4, chaque détail est vérifié et les ultimes ajustements sont apportés. Le timing doit être respecté ! WAREHOUSE JOUR J - 6 heures avant le vol 07h00 : l’équipe d’OUT Processing est rassemblée devant le NCC : J4, J1, chancellerie théâtre, UDPS, COMSITE, trésorerie du BATTLE GROUP, tout le monde est présent en frag avec son armement. Les consignes pour le déplacement sont données, les contrôles radio effectués, en route. BAGRAM JOUR J – 4heures avant le vol 09h00 : les noms s’égrènent : adjudant GAR… Présent, Lieutenant de vaisseau BOD… Présent. L’OUT PROCESSING est nominal, tous les documents administratifs de sortie de théâtre, finalisés jusqu’à très tard la veille, ont été remis aux intéressés (RISAC, attestation de fin de séjour, attestation de port de médaille…), les cartes ISAF invalidées et les TIC* réintégrées. 265 personnes, le compte y est ! Toute l’équipe d’OUT PROCESSING a bien œuvré, l’acheminement du personnel vers le ROTARY peut débuter. BAGRAM JOUR J + 1 heure après le vol Bonjour à tous et bienvenue en Afghanistan……253 pax IN, le compte y est ! Et au bilan que retiendriezretiendriez-vous ? 10 000 hommes en relève, sur 5 mois, soit l’équivalent d’une ville comme JOIGNY ; le professionnalisme et la bonne humeur permanente de l’équipe OUT PROCESSING, qui vous souhaite dès à présent un « JOYEUX NOËL ». *J1 : service gérant les effectifs du théâtre **Trousse individuelle du combattant
J4 / CONDUITE Page 22
POMPIERS ACTIVITÉS POUR LE MOIS DE DÉCEMBRE DE L’ESIS
L
es activités du mois de décembre ont été très riches pour l’Escadron de sécurité incendie et sauvetage (ESIS) 1H.462, tant sur l’aspect opérationnel que sur celui de la cohésion sur le camp de Warehouse. En date du 04 décembre, le personnel de l’ESIS a fêté dignement la Sainte Barbe, patronne des artilleurs, des sapeurs et des pompiers. L’après midi a débuté avec l’organisation d’un parcours pompier pour lequel 16 participants provenant de divers entités de l’Armée de terre ont pu montrer tous leurs talents dans l’exercice de cette activité à la fois sportive et sympathique. Dans la soirée, l’ESIS avait organisé un
repas avec nos camarades du dépôt de munitions, du service des essences des armées, du Peloton Transport et Manutention (PTM) de la section de maintenance et transport (SMT) du bataillon logistique (BATLOG), de la Cellule de Soutien au Stationnement (CSS), du National Contingent Commander (NCC) France ainsi que l’équipe CYNO totalisant ainsi plus de 70 convives. Cette soirée interarmées a été l’occasion de fêter dans la joie et la bonne humeur notre Sainte Patronne commune. Dans le cadre des échanges mutuels et internationaux avec les différentes nations, l’ESIS a organisé une instruction avec les secouristes du ROLE 1 Portugais le 07 décembre et Allemands le 08 décembre. L’objectif principal de ces
rencontres était d’effectuer un échange de connaissances entre nos différents moyens respectifs afin de pouvoir notamment les inclure dans le cadre d’un exercice en commun. Ces manifestations ont permis d’effectuer un échange professionnel fort enrichissant et de renforcer les liens existants entre nos nations. Dans le cadre des différentes interventions pouvant être effectuées sur le camp, l’ESIS est le premier maillon de secours présent sur les lieux. A ce titre, ils nous aient plus qu’indispensable de connaître les moyens existants sur le camp dont nous pourrions avoir besoin, en complément de ceux du ROLE 1 Français. Page 23
GAN PRESENTATION DU GROUPE AÉRONAVAL (GAN)
L
e groupe aéronaval (GAN) comprend le porteporte-avions Charles De Gaulle, les frégates Tourville et Forbin, le pétrolierpétrolier ravitailleur Meuse et le soussous-marin Améthyste. Il participe de fin octobre à fin février à une mission baptisée Agapanthe. Le déploiement en océan Indien vise à contribuer à la stabilité d’une région d’intérêt stratégique pour la France. Une partie de ce déploiement est consacrée à l’opération Pamir.
Depuis le 25 novembre, date à laquelle ont commencé les vols opérationnels audessus du territoire afghan, le GAN évolue en mer d’Arabie. Missions de commandement et de contrôle pour les Hawkeye, missions d’appui des troupes au sol pour les Rafale et les Super-Etendard Modernisés. Pendant un mois, les vols en partance du Charles De Gaulle se succèdent à raison de 2 à 3 patrouilles de chasseurs et 1 à 2 vols Hawkeye par jour, les temps de vol avoisinant les 6 heures.
Chaque jour en Afghanistan, plus de 300 d’aéronefs survolent le territoire pour des vols de reconnaissance, d’appui aérien, de contrôle aérien et de transport. Sur la moyenne des 40 patrouilles
d’appui aérien quotidiennes, les chasseurs français en assurent cinq à six. Le soutien de l’aéronautique navale s’ajoute en effet aux vols conduits par les 3 Mirage 2000 et les 3 Mirage F1CR de l’armée de l’Air.
A la date du 15 décembre, les aéronefs du groupe aérien embarqué avaient réalisé 166 sorties et plus de 700 heures de vol : 24 vols de Hawkeye (120 heures de vol), 50 patrouilles chasse (550 heures de vol), 38 sorties pour des missions nounou (ravitaillement à l’air) par les Rafale ou Super-Etendard ainsi que des missions de close air support et de reconnaissance.
Jusqu’au 25 décembre, le groupe aérien embarqué conduira en moyenne chaque jour trois patrouilles mixtes ou SEM d’appui aérien au profit des troupes au sol en Afghanistan, un à deux vols d’Hawkeye pour assurer le contrôle des opérations aériennes et deux à trois sorties de chasseurs pour le ravitaillement des patrouilles. Le porte-avions américain Abraham Lincoln, à quelques encablures de son homologue français, participe également au soutien des forces de la coalition en Afghanistan.
Le GAN
Page 24
GAN OPERATION AGAPANTHE
A
gapanthe 2010 est le 5e déploiement du Charles De Gaulle en océan Indien mais le premier après son arrêt technique programmé de longue durée.
Décidée en 2001, peu après les attentats du 11 Septembre, la première opération Agapanthe a duré sept mois, le porte-avions avait alors parcouru une distance équivalente à trois fois le tour de la terre. Ensuite, le GAN a été de nouveau déployé en 2004, 2006 puis 2007 toujours en mer d’Arabie, au large du
Pakistan. Véritable base aérienne flottante, libre de ses mouvements, le Charles De Gaulle dispose d’une grande autonomie et assure une large part de sa maintenance y compris des aéronefs embarqués. En plus de l’appui qu’il fournit aux opérations militaires en Afghanistan et de lutte contre les pirates, le groupe aéronaval conduit cette fois-ci des coopérations militaires internationales avec l’Inde, les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Le GAN
Page 25
GAN INTERVIEW DE L’AMIRAL
T
rois questions au contrecontreamiral JeanJean-Louis Kérignard, commandant la Task Force 473
PouvezPouvez-vous nous présenter le groupe aéronaval ? Le groupe aéronaval est certes un outil politique, mais surtout un puissant outil militaire qui permet de maîtriser localement des espaces aéromaritimes et de projeter de la puissance vers la terre. Que ce soit pour protéger les intérêts nationaux, intervenir dans le règlement d'une crise ou prendre part dans un conflit majeur, le GAN constitue une puissante capacité militaire à la disposition du chef des armées, pour la mise en œuvre de la stratégie générale militaire et la conduite des opérations. Le groupe aéronaval répond aux cinq fonctions stratégiques : connaître et anticiper, prévenir, dissuader, protéger et enfin
intervenir. Il s’agit donc d’un outil technique des plus performants, doublé d’une formidable mécanique humaine. Le président de la République l’a d’ailleurs rappelé : « Quel que soit le grade ou la fonction, ce n’est pas rien de participer à la sécurité et à l’indépendance nationale de la cinquième puissance mondiale ».
dessus de l’Afghanistan en soutien des troupes au sol. Pendant la phase Pamir d’Agapanthe, la capacité d’appui des troupes au sol est multipliée par 2 grâce aux avions de combat embarqués sur le Charles De Gaulle. Le GAN projette des capacités complémentaires avec le Hawkeye.
La mise en œuvre du groupe aéronaval dans un environnement opérationnel reste une science particulièrement complexe. La France est, aux côtés de nos alliés américains, la seule nation à pouvoir mettre en œuvre un tel dispositif.
Quels sont les atouts du groupe aéronaval dans cette zone chrysogène ?
Pertinence du GAN pour l’appui aux forces à terre en Afghanistan ? L’allonge du groupe aérien embarqué permet de projeter nos aéronefs au-
Les atouts du groupe aéronaval sont nombreux. En effet, certains ont trop souvent tendance à réduire le groupe aéronaval au seul porte-avions. L’ensemble des unités qui composent le groupe aéronaval participent aux efforts de la coalition dans la zone, assurent des missions de de présence et de surveillance. Le GAN
Page 26
OMLT PRÉSENTATION DES OPERATIONAL MENTORING AND LIAISON TEAMS (OMLT)
E
n 2005, l’ISAF a défini le concept (CONOPS SHAPE de février 2009) des OMLT (Operational Mentoring and Liaison Teams), qui accompagnent la montée en puissance opérationnelle des bataillons de l’armée nationale afghane (ANA).
77 OMLT, issues de nombreux pays de la coalition, ont été mises en place. Les OMLT apportent leurs conseils auprès des états-majors, des commandants de kandaks (bataillons), des commandants de compagnies et des chefs de sections afghans. Elles vivent sur le terrain avec les unités afghanes, dont elles suivent toutes les missions, de la préparation opérationnelle aux actions de combat. Les OMLT opèrent avec leurs kandaks respectifs à partir de Forward Operating Bases (FOB) ou de Combat operating Post (COP), en étroite collaboration avec les forces de l’ISAF présentes dans leur zone d’action.
Les militaires français affectés au sein des OMLT suivent une formation de 6 mois en France et une formation OTAN de 10 jours en Allemagne (CJTF HOENFELDS), puis partent pour l’Afghanistan pour une mission de 6 mois.
élevé. Depuis novembre 2009, ces OMLT (au nombre de 5 + OMLT étatmajor) ont basculé auprès de la 3ème brigade, qui opère dans la zone de déploiement de la brigade française (Task Force La Fayette), en Surobi et Kapisa.
De 2006 à 2009, 5 OMLT françaises ont amené une première brigade du 201ème corps au niveau d’autonomie le plus
Les 7 OMLT françaises sont armées par environ 370 militaires »
PRÉSENTATION DU 201ÈME CORPS
L
e 201e corps est constitué de 3 brigades.
Depuis le 14 octobre 2009, l’état--major des OMLT qui menl’état tore la 3e brigade, est implanté sur le camp de Pol E Charki en périphérie Est de Kaboul.
La 3e brigade du 201ème Corps est encadrée par 6 OMLT françaises soit près de 354 militaires. Ces dernières composées des 1er, 2e, 3e kandak (bataillons) d’infanterie, du 4e kandak d’appui et du 5e kandak de soutien et d’un état-major de brigade sont déployés en RC-E.
brigade en février 2011. On trouve en SUROBI : le 2e kandak d’infanterie, le 4e kandak d’appui et le 5e kandak de soutien. On trouve en Kapisa : Les 1er et 3e kandak, d’infanterie, Ne reste à Pol E Charki avant son transfert vers Naghlu haut que l’état-major de la 3ème Brigade et le 6e kandak actuellement en formation au CFC jusqu’en février 2011.
Actuellement une 6e OMLT encadre le futur kandak 6 au Consolidated Fielding Center (CFC). Ce kandak et son OMLT devrait être déployé dans la zone d’action de la 3e Page 27
POMLT POMLT 1 TORA : « À PEINE ARRIVÉS DÉJÀ DÉPLOYÉS ! »
L
’arrivée sur le théâtre afghan n’a pas été de tout repos pour les gendarmes de l’escadron 25/7 de Saint Etienne les Remiremont armant la POMLT* de Tora**. Après un déplacement de 48 heures en passant par Chypre, le Tadjikistan puis Bagram***, ils sont arrivés à Kaboul en VAB****, pour y percevoir rapidement leur matériel.
A Tora, c’est une semaine de dernières informations sur la province de Surobi, puis les gendarmes règlent leur armement. Il est temps, car au lendemain de ces réglages, la POMLT accompagne le GTIA***** BISON dans une opération majeure en vallée de Tagab. La mission confiée à la police afghane est de tenir un checkpoint au sud de la zone d’action des militaires français et de l’armée afghane. Conseillés dans leur mise en place par les mentors, les policiers sont également appuyés par les gendarmes, dont la mission est d’assurer à tout moment la sécurité du dispositif. Le point de contrôle, situé à un carrefour clé, gêne profondément les insurgés, en
réduisant leur liberté de manœuvre. Par ailleurs, tout comme une patrouille de gendarmerie exercerait un rôle dissuasif à la sortie d’une discothèque, la présence d’un dispositif policier sur les axes tend à créer un sentiment d’insécurité chez l’ennemi. Cette présence permet aussi de recueillir des informations et de laisser venir au contact la population locale, laquelle peut ainsi voir ses policiers travailler à son profit. Au final, l’impression est très bonne ; les policiers afghans ont tenu leur rôle, la gendarmerie a utilement appuyé la force dans son domaine de compétence et les checkpoints ont donné des résultats. Maintenant que cette première épreuve est passée, la POMLT s’intègre de mieux en mieux au dispositif français. Bientôt aura lieu la relève du 126e RI par le 2e RIMA. L’accélération du rythme des opérations dans la vallée de Tagab sera l’occasion pour la POMLT de continuer utilement sa mission de formation et de conseil auprès de la police afghane. COM GEND
* Police Operation Mentoring Liaison Team, acronyme anglo-saxon pour désigner les équipes de militaires étrangers (mentors en
anglais) accompagnant les policiers afghans. Ce dispositif, inspiré des OMLT qui accompagnent de l’armée nationale afghane (ANA), vise à compléter sur le terrain la formation dispensée aux policiers dans les écoles de formation initiale. ** La FOB (Forward Operationnal Base) de TORA est l’emprise principale des militaires français dans la province de Surobi, à l’Est de Kaboul ; 2 POMLT y sont stationnées, avec près de 700 autres soldats. *** Bagram est la principale base américaine en Afghanistan. Elle regroupe environ 30000 militaires. C’est l’un des principaux points d’entrée sur le théâtre. **** Pour Véhicule de l’Avant Blindé, blindé principal des forces françaises, véritable bête de somme bonne à tout faire des Armées, revalorisé, surblindé et amélioré au fil des différents engagements. ***** Groupe Tactique InterArmes. Sur la base d’un régiment d’infanterie, plusieurs fonctions opérationnelles sont rattachées, avec des éléments génie, artillerie ou cavalerie.
Page 28
SIC LA COMPAGNIE SIC DE WAREHOUSE
J
e chante parce que l'orage n'est pas assez fort pour couvrir mon chant, et que, quoi que demain l'on fasse, on pourra m'ôter cette vie, mais on n'éteindra pas mon chant. Louis Aragon, Les Yeux d'Elsa Arrivée début octobre, majoritairement en provenance du 42ème régiment de transmissions, et après quelques jours de consignes, la nouvelle compagnie SIC a investi les réseaux et systèmes de communication du grand Kaboul. Fidèle à l'esprit du 42 qui vit ses dernières opérations extérieures*, la compagnie n'a pas caché son envie d'en être et, loin du cliché qui confine le transmetteur au fin fond d'un centre douillet, elle participe volontiers aux épreuves que concoctent avec bonheur le BATLOG (corrida, challenge corde de la Saint Eloi) et le NCC (parcours canadien, ascension du Gharib Gar), de même qu'elle renforce bien des missions quand son personnel n'est pas déjà en intervention de l'ambassade à Mahmud E Raki. La mission de cette petite unité (2/29/07) est d'assurer en permanence la disponibilité, l'intégrité et la confidentialité des réseaux et systèmes, déployés dans sa zone de responsabilité, tout en optimisant les architectures. Aussi verrez-vous de temps à autres, les hommes et les femmes qui la composent fureter de chemins de câbles en stations de travail, cherchant à résoudre
rapidement les pannes éventuelles ou faisant évoluer tel ou tel système. La rigueur qu'exige leur travail de même que la frustration d'avoir parfois à dire non, du fait de ressources comptées, n'entament ni leur bonne humeur ni l’entrain avec lequel ils œuvrent attentivement sur l’architecture SIC. Une architecture SIC de théâtre peut être assimilée à un organisme vivant, entendez par là qu'elle doit constamment évoluer pour répondre aux besoins de la Force. C’est un fait qui se vérifie tout particulièrement en Afghanistan où les systèmes s'empilent et les réseaux s'enchevêtrent au gré des mandats.
cherche au quotidien, à étoffer l’éventail de ses connaissances tout en les partageant. Nécessaire, cette polyvalence garantie également la jeunesse d’esprit d’un personnel qui, se remettant sans cesse en question et s’adaptant aux évolutions techniques et conceptuelles, renoue, à l’heure des batailles numériques, avec cet « esprit qui a fait [de] grandes choses et qui en ferait de toutes autres en d’autres temps » (P. Valery) *Actuellement projeté en Afghanistan (WHS, TORA), sur l'île de Mayotte (Proterre P4) et au Kosovo, le 42ème Régiment de Transmissions sera dissout à l’été 2011.
Une architecture SIC est aussi un système d'arme, celui du Command & Control (C2). Certes, sa finalité ne réside pas dans la destruction d'un objectif mais en facilitant la remontée d'information et la prise de décision, elle accroît notre efficacité et contribue directement aux succès de la Force. Comme tout système d'arme, elle nécessite un soutien spécifique. Combien d’hommes pour soutenir le Leclerc ; combien d’hommes pour soutenir le Rafale ? Cependant, ce soutien, au nom de l'enveloppe constante, est essentiellement fourni par la polyvalence du personnel qui se retrouve à gérer plusieurs systèmes à la fois. En elle réside la clef de voute de la réactivité et de l’efficacité du centre. Voilà pourquoi, chacun doit et
Page 29
IJC DES GENDARMES FRANÇAIS DANS LA RECHERCHE D’INSURGÉS AFGHANS
C
EXC et JEFF ne sont pas des acronymes des plus courants, certainement moins connus que celui d’NCIS, et pourtant leur réalité est digne d’une série policière américaine.
Le Combined Explosives Exploitation Cell - CEXC et le Joint Expeditionary Forensics Facility- JEFF sont des laboratoires biométriques qui appartiennent à la Task Force américaine Paladin basée à Bagram. Chacun d’entre eux emploie un technicien en identification criminelle de la gendarmerie nationale française.
L’Adjudant Muriel travaille au CEXC, qui s’attèle à révéler les empreintes d’ EEI (engins explosifs improvisés) explosés ou intacts retrouvés sur le terrain, et alimenter les bases d’identification criminelle américaines.
L’Adjudant Xavier est intégré au JEFF. Celui-ci ouvre le spectre des recherches scientifiques puisqu’il travaille à l’identification de tous les autres supports récupérés sur le terrain, lors de fouilles opérationnelles par exemple. L’ADJ Xavier voit ainsi passer pour manipulation des objets de toute sorte: armement, munitions, manuscrits, photos, argent, composants électroniques, ustensiles de cuisine et tout autre objet de la vie quotidienne. Le JEFF possède également les moyens de recherche ADN, ce qui implique un niveau de recherche d’identification très pointu.
Après triages et analyses photographiques, les “pièces à conviction”, qui arrivent dans les laboratoires biométriques, sont envoyées au CEXC dès lors qu’il
s’agit de prises d’empreintes sur un EEI, et dirigées vers le JEFF pour tout autre type de recherche sur EEI ou empreintes sur un autre objet.
Chacun des résultats obtenus au CEXC et au JEFF est envoyé aux Etats-Unis à la Biometrics Identify Management Agency en Virginie, et c’est à ce niveau que les confrontations d’empreintes ont lieu et peuvent permettre l’identification d’un criminel voir même d’un réseau tout entier.
Les deux gendarmes français sont positionnés en priorité sur des objets provenant de la zone de responsabilité de la TF La Fayette (Kapisa et Surobi), et sur
demande ils peuvent récupérer les recoupements d’informations opérés aux Etats-Unis. Ces techniciens professionnels de la gendarmerie nationale représentent une véritable plus-value étant donné qu’ils facilitent l’identification d’insurgés actifs et contribuent ainsi à la guerre contre le terrorisme au sein de la coalition.
LTN Audrey Officier de liaison de la TF La Fayette auprès du RCRC-E, Bagram
Page 30
HQ ISAF LE FRANÇAIS DU STRATEGIC PARTNERING
L
a France occupe depuis le mois de juillet dernier un poste au sein du DCOS Strategic Partnering du HQ ISAF. Cette branche du HQ est en charge de la préparation, de la coordination et de la conduite de tous les partenariats ainsi que des visites de niveau stratégique. Servir au sein du DCOSSP permet d’avoir une bonne vision globale de la campagne militaire en cours en Afghanistan.
Commandé par un général de division australien, secondé par un général de brigade italien, le DCOS SP est véritablement multinational avec 26 officiers, sous-officiers et civils venant de 12 nationalités. Le DCOS SP est organisé autour de quatre cellules principales :
Cellule Partenariats avec les ministères liés à la sécurité (Défense et Intérieur) et Cellule Partenariats avec les autres ministères. La mission principale de ces deux cellules est de s’assurer de la teneur et la cohérence des messages délivrés par les différents partenaires des ministres Afghans. Elles essaient aussi de coordonner ces engagements pour éviter qu’un ministre ne voie défiler dans son bureau trois généraux de l’ISAF ayant chacun des messages différents.
Cellule Key Leader Engagement Cette cellule est chargée de la préparation et de la coordination des voyages des principaux leaders afghans à travers le pays, que ce soit le Président, les ministres, les parlementaires ou les leaders religieux. Ces voyages se font toujours avec une participation active de l’ISAF. Dans le cadre du soutien à la gouvernance, par exemple, les autorités Afghanes sont fortement incitées et accompagnées pour aller rencontrer les gouverneurs et les représentants de l’Etat dans les provinces. Il en est de même avec les visites sur les postes frontières du pays ou au DFIP (Detention Facilitie in Parwan).
Cellule Strategic Engagement Cell C’est la cellule dans laquelle j’occupe depuis le 2 aout dernier, pour six mois, le poste de Staff Officer. Je suis le premier et actuellement le seul français au sein du DCOS SP. Cette cellule englobe le Joint Visitor Bureau de l’ISAF et travaille main dans la main avec l’USFOR-A Joint Visitor Bureau. Nous somme chargés de la préparation, de la coordination et de la conduite des visites des autorités de l’OTAN (commandeurs, leaders et délégations), des personnalités des TCN* (présidents, ministres, parlementaires et commandeurs) et des représentants des organisations internationales à l’ISAF :
En outre, nous briefons chaque matin le COMISAF sur « les engagements stratégiques » des trois jours suivants. Tâche qui m’incombe depuis début novembre.
Quatre mois et demi de présence au sein de la DCOS SP, entité éminemment internationale au sein de laquelle règne une excellente ambiance, m’auront convaincu de la richesse de cette expérience unique.
*Troup Contributing Nation
CES Jacques (EMF 3 / Division Planification Opérations) Page 31