Revue de Madagascar - N° 3 - 1904

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Revue de Madagascar (Paris) Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Comité de Madagascar. Revue de Madagascar (Paris). 1904/03/10.

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SOUVENIRS D'UN

SOLDAT D'AVANT-GARDE (1)

(1895)

CHAPITRE X

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MAROLAMBO. ANDROTRA. — MARCHE SUR TRABONJY. AMBATO. LE CONFLUENT DU KAMORO.

RIVE DROITE DE LA BETSIBOKA.

—UN PASSAGE DANGEREUX.

LES DIFFICULTÉS DU RAVITAILLEMENT. LE CAMPEMENT DES HAUTEURS DÉNUDÉES.

Me voici donc

trottant dans la brousse, au petit bonheur, II , ayant pour me guider que les empreintes des mulets sur le là où l'herbe jaunie et les affleurements rocheux ne IIIempêchent pas de releverles foulées. Les heures s'écoulent, rapides sous le soleil qui trop vite s, elève jusqu'au zénith; d'âcressenteurs deterremarécageuse ;n?ntent dans une buée qui semble s'échapper du sol et parls j'ai de la peine à ne pas cligner des paupières sous une aVeUglante réverbération. En de Marolambo (en mal lanibo malgache vue de g ache maro iiiai-o beaucoup, lambo ngIier), je prends une fausse piste, mais un indigène qui est aventuré sur le même sentier fait signe craintivement me Prendre sur la gauche et je traverse le village sans nouvelle

l, r

Encontre. (1)

Voir les Revues du

10

janvier et du

10

février.


Plus loin je m'arrête, car la tête me tourne, pour attendre quelques instants que la forte chaleur soit un peu tombée et pour grignoter un pain de guerre je repars ensuite en allongeant l'allure, afin d'atteindre l'avant-garde avant la nuit. Vers quatre heures, je franchis un ruisseau qui courait limpide sur le sol ferrugineux rien que cette claire vision, après de nombreuses flaques d'eau nauséabonde aurait suffi pour me rafraîchir et donner des ailes à mon cheval. Enfin, à cinq heures et demie du soir, déjà inquiet, je pénètre sous bois, dans une forêt de lianes emmêlées et d'arbres tordus les empreintes, rares, cessent brusquement sur la berge d'une large rivière à fond de sable il n'y a rien de l'autre côté, aucune trace de pas. J'abandonne les rênes de mon cheval, et nous remontons le courant, au milieu de l'eau je tombe sur des cases désertes, celles du village d'Androtra, et la forêt paraît reprendre deplus belle. Tout-a-coup, à la nuit, une clairière s'ouvre, et des c'est l'avantfeux de popote brillent dans la brume

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Je remets les plis de service au général Metzinger et je me couche harassé ma toile de lit m'a semblé douce après six jours de dure. La lendemain, frais et dispos, nous étions debout à quatre heures et demie du matin (21 mai) journée fatigante s'il en fut, mais admirablement supportée. Après huit heures de marche, nous campons au sud de Mangabé, nous préparant à attaquer le rouve et les hauteurs de Trabonjy-Mahatomboka c'était là que les Hovas devaient nous attendre. Pendant que les tirailleurs algériens, la Légion et deux sections de la 15e batterie aborderont chacune des positions, le 40° chasseurs et une section d'artillerie s'efforceront de prendre l'ennemi à revers. fais partie de cette petite colonne, sans maugréer contre le sort qui me sépare du gros, car il se peut que les troupes de front ne rencontrent pas le moindre miramila (soldat) et que nous, au contraire, nous ayons l'occasion d'échanger des coups de fusil on ne fait pas comme l'on veut une hécatombe de Hovas.

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Mais les Hovas ayant joué des jambes, comme à Miadana, nous arrivons fort férir (22 mai). Rama-

au presque sans coup zombazaha se réservait sans doute pour Mevatanana. A Trabonjy, le rouve est entouré de défenses moins fortes Marovoay : au lieu de22 canons, nous n'en avons trouvé que trois. En revanche, les difficultés d'accès sont très grandes ;il faut escalader série de falaises, sauf d'un côté une OÙ les pentes sontdouces, mais où l'on enfonce encore à miJambe dans la boue. Cette position commande le village d'Ambato, situé au confluent de la Betsiboka et du Kamoro devons nous r établir un poste important de notre ligne de communicaIon fluviale. Nos vivres faire bond sont insuffisants pour un nouveau en avant. Nous restons trois jours au repos; j'en profite POUr doubler moustiquaire d'une seconde mousseline et ma Ur border d'un ruban de fil, afin qu'elle ne se puisse déchirer.

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deux précautions, qui s'imposaient, .la première allaitencore être inefficace, et je ne devais guère moins me piqué les endant cette halte forcée, nous rendîmes visite à la reine Sakalaves d'Ambato : nous avons tenu dans sa case un fe'Me kabary dont Sa Majesté a fait tous les frais; le fallac- interprète de ce palabre s'est payé notre tête, à la uejoie de Bénévent, en nous traduisant un malgache qu'il eLcOlIlprenait très bien. pas 26 nous sommes ravitaillés par un convoi de mulets és et par le Boéni, qui péniblement venait de remorquer Premier chaland sur les 170 kilomètres d'ici Majunga. lllètr àmême jour, nous franchissons le Kamoro, rivière de cinq mètres deprofondeur, large de trente à quarante Les cet endroit, peuplée de et caïmans. LeIllaland tropd'encombre des vivres nous mène à l'autre bord sans mulet tombe à l'eau en abordant seul un sur la berge abrupte; il portait le courrier qui prend un bain C6S

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nuitssuivantes.

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série Nous

suivons la rive droite de la Betsiboka

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le paysage

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change et, au lieu d'une lande roussie, entièrement brûlée, nous marchons, jusque près de Betongao, sous un véritable dôme de bananiers dont les larges feuilles ne laissent pas passer le soleil. De temps à autre, aux bananiers succèdent des champs cultivés, où nos zanzibarites vont dévorer à belles dents de longs morceaux de canne à sucre. Le 27 mai, nous traversons un village de cinq ou six cases pouilleuses abandonnées devant chacune se dresse un poulailler de paille de riz, en forme de javelle. Par bonheur, coqs et poules n'étaient pas loin aussi une paire de volailles estelle bientôt embrochée dans chaque cuisine. Tandis que la broche tourne, je suis envoyé en reconnaissance afin de partir de bonne heure le lendemain, mais comme je tarde à revenir, le capitaine Lavail se lance à ma recherche; nous nous rencontrons au détour d'un sentier, la main sur la crosse du revolver, riant franchement de notre méprise. La nuit, les moustiques sont en tel nombre que je vais me coucher entre les feux de bivouac des zanzibarites : je suis enfumé, rôti d'un côté et gelé de l'autre; le rayonnement nocturne est si intense, que la rosée s'accumule dans les plis de la toile caoutchoutée qui me sert de couverture. A quatre heures, réveil (28 mai) : on n'y voit goutte pour bâter et les poulaillers de la veille nous servent tour à tour de lampadaires. On part aux lanternes sur le sentier relevé la veille pour gagner les pentes d'Ankafiati. Passé ce point, la route s'embrouille nous voici devant une fourche dont naturellement nous prenons la mauvaise branche. La troupe, harrassée, fait la grand'halte pendant qu'on envoie reconnaître la bonne direction nous retrouvons la bifurcation, où, cette fois, le général fait planter un bâton surmonté d'une, planchette sur laquelle on peut lire, dans le sens d'une flèche, le mot « Ankatsaka ». kiloartilleur, disait de oublié, les On un marquer — mètres! Nous allons sur le pied d'une bonne lieue à l'heure, ce qui paraît fort beau dans ce pays entrecoupé de montées et de descentes pierreuses. Ankatsaka est toujours plus loin!

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nuit, tirant la langue etfourbus, nous nous arrêtons Sur Une petite crête; seuls, d'innombrables moustiques nous A- la

Assaillent. Le 29 au matin, nous marchons pendant sept kilomètres Pour gagner Marocati, où l'on fait séjour; le fameux Anvatsakan'était autre que l'endroit même où nous avions campé la veille!

Marocati est tout simplement plateau pelé d'où la vue un etend

au loin jusqu'à Mevatanana et qui domine la BetsiLe fleuve coule à 500 mètres de nous, reflétant le bleu il glisse sur un lit de sable rougeâtre et ronge dans 8011 courant rapide des îlots aux contours ravagés; les rives sont tantôt basses, couvertes d'herbes de marais et de ataniers, tantôt à pic et dénudées. Quel merveilleux paysage, pittoresque, d'un charme - tout t pical Mais c'est aussi .des passages les plus dangereux un de a route de Suberbieville; c'est là, à l'un des détours de aetsIboka, qu'un explorateur, le Dr Béziat, a été assassiné Par ctes fahavales (voleurs de grand chemin) et qu'un des E"Péeils fuyant Tananarive a été tué en 1894. C'est pourUolles Pour pirogues isolées s'attendent pour passer Marocati et descendre le fleuve avec plus de sécurité. eut-être s'étonnera-t-on de la régularité de notre marche en avant (je parle au point de vue stratégique, car autrement oire route esthérissée de difficultés); c'est les Hovas que royaient voir prendre la seule voie fluviale, et, pour nous nous la barrercomme Ambato, ils avaient garni les berges hlarIS de tirailleurs. Dans leur idée, ils s'imaginent probaque nous ne dépasserons pas Mevatanana parce que la Betsiboka jamais OUs ravitailler. va pas, et que nous ne pourrons En fait, nous sommes réduits à la portion congrue, pour le 111 oent,. les potins de l'arrière sont pessimistes. qUel route de terre se construit par tronçons, au prix de aux difficultés et de quelles fatigues,- afin d'être accessible voitures Lefebvre (1). Mais ces véhicules extraordinaires Plusde - plus de 5.000 voitures ridelles et à couvercle; 5.000 harnais; P'us de 6.000muletsetde7.000conducteurs.

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ont donné plus d'un mécompte lors de la mise en marche des ils ont bien roulé sur le sable du premiers échelons Dahomey, paraît-il comment vont-ils se comporter ici, sur des pentes sans nombre? Depuis cette mémorable campagne, les brancards ont été perfectionnés; aussi, presque tous se cassent-ils dans les tournants. Les voitures Lefebvre sont trop lourdes, c'est un gros poids mort à traîner, et elles ne portent pas assez en proportion (1). Mes camarades des Tirailleurs regrettent la vulgaire charrette tunisienne, l'araba (2) avec laquelle ils vont aux manœuvres et qui passe n'importe où, qu'il yait un chemin ou qu'il n'y en ait pas (3).

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Poids de la voiture Lefebvre : 335 kilogs, dont 160 pour les roues. 510 francs Prix, rendue à Marseille, accessoires et emballage compris environ. Inconvénients Poids mort considérable, qui rend la traction des voitures, chargées seulement à 200 kilogs, très pénible pour un seul mulet, dans les moindres montées. — Absence totale de moyens d'enrayage. — Hauteur des brancards au-dessus du sol insuffisante pour les mulets français et même pour les mulets algériens. — Insuffisance de longueur des brancards pour les mêmes mulets. — Difficulté de maintenir la voiture chargée en équilibre, l'essieu étant placé notablement en avant du centre de gravité du coffre. — Défaut de résistance des brancards en tubes de tôle d'acier étirés. (Mirepoix). (2) Ces voitures, d'origine maltaise, entièrement en bois, à deux roues, très rustiques et ne pesant pas plus de 250 kilogs, sont attelées à un seul cheval ou mulet et circulent à peu près sur toutes les pistes de la Régence; elles ont rendu de réels services pendant l'expédition de 1881 et en rendent encore aujourd'hui pour le transport des vivres et des bagages à la suite des colonnes. Les compagnies du Train de la division d'occupation en sont pourvues. Des voitures maltaises, de forme à peu près identique, ont été employées par les Anglais en Abyssinie et se sont convenablement comportées. (Mirepoix). (3) Il est évident que les modèles Lefebvre n'étaient pas pratiques (oh non!), mais il est bon d'ajouter qu'il nous fallait à toute force un véhicule, étant données la longueur du trajet, l'insuffisance des communications et des ravitaillements par eau, l'organisation et la composition trop « européennes Il de notre nombreuse expédition, à laquelle environ 18.000 hommes de troupe ont pris part. Sans compter qu'il fallut transporter un matériel considérable, il serait téméraire de certifier que nous serions parvenus à nous ravitailler sur plus de 500 kilomètres uniquement avec des mulets bâtés, eussent-ils été en plus grand nombre; ils ne pouvaient vivre sur le pays et n'avançaient qu'à la condition de déplacer avec eux leur nourriture. Or, au milieu de la campagne, certains échelons étaient tellement fatigués que les mulets portaient ou traînaient des charges insignifiantes. L'expérience d'un ravitaillement par mulets bâtés fut faite en 1896-97 pour (1)

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D'autre part, le ravitaillement par les voies fluviales ne se fait pas aussi vite qu'on l'avait espéré; les canonnières remorquant les chalands ne sont pas assez puissantes; elles ont de la peine à remonter la Betsiboka dont le courant est très rapide et dont le lit navigable, le chenal, encombré de bancs de sable, se déplace d'un jour à l'autre. Il n'y a qu'un pilote avec lequel on soit presque sûr de ne pas échouer, c'est un agent de la Compagnie Suberbie, pilote du BoénÍ. Lavenir est gros d'imprévus et, une fois à Mevatanana — ce qui est l'important problème du moment — nous verrons venir. Je dis nous dans un double sens, car il est question de faire marcher à nous ne son tour en avant la 2e brigade reprendrions la tête que pour marcher sur Tananarive. Sur ces entrefaites, nous apprenons avec plaisir que le Général en chef a donné l'ordre de pousser activement les opérations; nous nous attendons à faire tous, sans broncher, Une rude campagne. Le 1er juin, levons le camp pour occuper les hauteurs nous enudées d'Amparinampony. Vous voyez d'ici le paysage, aHkopa. quelques kilomètres du confluent de la Betsiboka et de

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La canonnière Infernale (commandant Tracou), ayant à Son bord l'ex-pilote du Boéni, vient d'arriver et nous remet notre courrier. en troupesde Tananarive, sur les 300 kilomètres de la route de Tamatave: elle fut désastreuse, net ous peine de malgré les promesses du début, et elle dut être enrayée PaoèrTles voir tous les mulets et les cadres blancs de deux comde conducteurs sénégalais mourir d'épuisement et de maladies.



CHAPITRE XI LA

A

AMPARINAMPONY. PHILOSOPHIE D'UN COURRIER. SÉJOUR — LA FIÈVRE AU CAMP. CHASSE AU CANARD. A RIUVÉE PASSAGE DE LA BETSIBOKA. DU GÉNÉRAL DUCHESNE.

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LA 16e BATTERIE ENTRE EN LIGNE. BOMBARDEMENT ET PRISE DE MEVATANANA.

Undemes amis m'a écrit longuement, et il s'est fait l'écho d Critiques journaux: en France, l'opinion commence à SInquiéter dedes nos luttes contre les difficultés matérielles et Contre la fièvre, bien plus Hovas. des batailles à livrer

aux que i Al'avant-garde, on ne se montre pas moins préoccupé: déjà, on parle de ne pas pousser loin avec tout le corps expéla question très ardue des ravitaillements d'une colonne est pourbeaucoup dans cette inquiétude latente, chacun ^fe-t-elle se demande s'il ira à Tananarive. La 2e brigade la nique à lallc la nôtre? Toute l'artillerie de continuera-t-elle? On ne saurait croire quelle atti1ance exerce les fatigues, parmi nos hommes ce but suprême à atteindre les maladies, les privations seraient-elles pires, pi-dée de la marche ferait tout oublier et tout avant en SuPPorter.

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ans quelques semaines, nous serons fixés. Ca attendant, pendant cinq jours, du 1er au 5 juin, nous Ca sur les hauteurs dénudées d'Amparinampony, — haugrIllées du soleil, sans un arbre ni un brin d'herbe. grelotte sous ce soleil de plomb j'ai une dysenterie qui -ln coue ta: tainee'^es les jambes et jerestecouché dans la tente du capiaccès pernicieux ont augmenté, jalonnant notre route de le de

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cadavres: JUIn i soir, de la avoir les épuisé après au ressources qili.nine, du calomel, de l'ipéca, etc., jointes à un jeûne que je Supporter, le Dl' Debrie me déniche une bouteille de tharnpagne et, enseveli sous les couvertures de dix mulets, je abndonne à l'effet de cette suprême tentative.

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Le lendemain, bien vide encore, j'étais sur pied: le champagne a été souverain. Nous en sommes à court depuis Marovoay, sans quoi nous le prodiguerions dans ces occasions où il faut se galvaniser. Je me laisse hisser cheval et je vais à la découverte pour me tasser les boyaux et chercher aventure, — surtout pour échapper un instant à cet air de pestilence et de mortel dégoùt qui plane sur le camp. Entre les hauteurs dénudées et la Betsiboka, un bataillon de tirailleurs algériens travaille à couper des bois pour la construction d'un futur pont sur le fleuve; un ponceau permet déjà de franchir un torrent rapide, déversoir d'un petit lac avoisinant. Le matin même, un somali qui buvait au torrent a eu la tête prise, happée par un caïman aux aguets il a été entraîné sous les yeux des tirailleurs sans qu'ils aient pu lui porter secours. Plus loin, un campement de pêcheurs sakalaves est caché parmi des arbres des filets entiers de poisson boucané ont été abandonnés et j'en fais charger un mulet pour nos hommes. Ces poissons ressemblent à de petites plies cuites a l'eau, leurs chairs desséchées se gonflent suffisamment pour être accommodées en salade. Pour comble de chance, au moment où le bœuf nature se faisait rare (nous n'en avions pas depuis huit jours), j'ai bon augure. A entendu dans les roseaux des COÎll, Coîn! défaut de Hovas, j'ai réussi à tuer deux canards à coups de revolver après les avoir manqués plusieurs fois ce sont là les seuls ennemis que j'aurai tirés. Il peut paraître étrange que la viande de boucherie fasse défaut dans un pays où les zébus foisonnent, et avec une Intendance qui a tout prévu. Mais voilà, ces bœufs défilent parti avec agilité devant Servicead-mi-nis-tra-tifqui apris de dire aux Corps Il faut donc donner « Débrouillez-vous! ». la chasse aux troupeaux, les ramener de loin et les garder, qui plus est, car c'est une viande par trop nomade elle franchit les clôtures comme à Séville le plus fier taureau, elle se laisse enlever par ces voleurs de Sakalaves avec une facilité inouie, et on est obligé de la rabattre à coups de fusil. La 15e batte-

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rie Illet à profit l'habileté de ses auxiliaires zanzibarites ou s°malis quine demandent qu'à courir la brousse, et pourtant. nous manquons d'entrecôte, comme les camarades. Le 5, dernier jour de campement dénudées, Hauteurs les sur 1 riveHovas s'enhardirent de notre inaction; en tiraillant de la Opposée de la Betsiboka sur les travailleurs occupés à a b attre des bois, ils blessèrent deux hommes. nous L'après-midi, le Général chef arrivait en sur la canonnière

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aVe, guidée par l'indispensable pilote dont j'ai parlé, et ^morquant chaland de vivres nous étions ainsi doubleun Ineiit sûrs de marcher le lendemain. En effet, le 6 juin au matin, la 15e. batterie et la Légion se PProchaient de la Betsiboka le fleuve à son pour passer cpnfluent avec l'Ikopa. D'autre part, la Brave jetait sur la 1Ve droite de l'Ikopa compagnie de turcos chargée de une rendre Embusquées les Hovas à revers. Usclllées dans les roseaux nospièces pièces à midiprécis, préc nos roseaux tt a prêtes à tirer — que la canonnière fût remon— téeevant à notre rencontre pour forcer le passage. g.Q.eforêt nous, sur une berge étroite, couverte d'une sorte vierge, nous voyions à travers une éclaircie un fort oupe ennemi qui paraissait décidé à défendre vigoureusedent ses positions des balles sifflaient chaque fois que l'un nous 1/2, canonnière lentement,pres des roseaux. eh de h orss'avance A

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montrait la eusement, au^mUelrépondent et

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tire un premier coup de hotchkiss, les feux des Hovas. dehussitôt tornrsdes nos pièces en batterie sont pousséés à bras en roseaux et ouvrent le feu à 1.200 mètres. Les obus ^°Qib ent en plein dans la clairière où, quelques minutes aupa.sagItaient les Hovas: la chute des projectiles sème le chez les ennemis qui commencent à lâcher pied. can bout d'une demi-heure, après une trentaine de coups de airon, saire on pouvait être persuadé qu'il n'y avait plus d'adver-

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redescend pour faire monter dans le chaland débarquer sur la rive opposée la batterie regarde, au cran du repos, attendant qu'on ait en reconnu un gué. unbataillon


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Un prisonnier sakalave indique à Bénévent et au capitaine Aubé le point guéable peut-être n'est-il pas encore praticable en cette saison, mais tant pis! A quatre heures, nos mulets bâtés et seulement débarrassés des pièces, des caisses de munitions et des bagages, s'engagent dans le lit du fleuve, pendant plus d'un demi-kilomètre ce devait être là un spectacle saisissant. Nous marchions en file indienne, guidés par le sakalave

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qui suivait une ligne brisée, cherchant du pied les moindres profondeurs les hommes étaient à la tête des mulets, de l'eau jusqu'à la poitrine. On luttait pour ne pas être entraîné et, quelque soin que l'on mit à passer aux mêmes endroits, on enfonçait dans un trou, on glissait sur le sable vaseux, déviant quand même et pris de vertige à regarder le fil rapide du courant. Les conducteurs juraient, tapaient sur les mulets; les chevaux chancelaient sous le cavalier, malgré l'énergique excitation de l'éperon; chacun se démenait pour son compte dans un tel brouhaha qu'il dut, je l'imagine, écarter les caïmans. Ils n'étaient pas loin, car un légionnaire qui puisait de l'eau après le débarquement a lâché son seau de toile devant une gueule ouverte, — ce qu'il a préféré, disait-il, plutôt que d'avoir euson jambeembordè. Enfin, nous voilà sur la rive gauche, entre la Betsiboka et la rive droite de l'Ikopa. On campe juste avant la nuit, dans la clairière où nos projectiles étaient tombés les arbres sont criblés d'éclats. Nous n'avons pas trouvé de cadavres, car les Hovas enlèvent leurs morts, mais le lendemain, à Morarivo, des tombes parurent fraîchement creusées. Au confluent, les deux cours d'eau ont un aspect absolument autant la opposé, comme le Rhône et la Saône en France Betsiboka est rapide, tourmentée, limoneuse, d'un jaune sale, autant l'Ikopa est tranquille, presque limpide; depuis longtemps nous n'avions vu et bu de l'eau aussi claire. Les rives de l'Ikopa sont sablonneuses, bordées de roseaux et de grands arbres. Le sable, d'une prodigieuse richesse en paillettesdemica, donne l'illusion d'une poudred'or étincelante au soleil; on ne peut résister à la tentation de se baisser

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pour prendre à la poignée ce brillant mirage et laisser couler entre ses doigts une fortune imaginaire, tandis qu'elle se cache sous nos pieds, dans les alluvions moins superficielles et annuellement amoncelées. Le 7 juin au matin, nous avons gagné Morarivo à travers une véritable forêt de lianes à latex et de citronnierssauvages singulier ou, mieux encore, merveilleux rapprochement auquel se plaît quelquefois la Providence, — le jus acide du citron coagulant le suc laiteux des lianes et permettant ainsi de recueillir le précieux caoutchouc. Le 8, nous sommes arrivés à Beratsimanana en contournant des abris de batteries et de nombreux retranchements. qui devaient barrer les défilés. Ce jour-là, notre marche a été pénible et, embranchés sur un faux sentier, nous ne fûmes rendus qu'à quatre heures du soir au cantonnement. Mais la proximité du but à atteindre avait donné des forces aux plus affaiblis; 15 kilomètres à peine nous séparaient de Mevatanana et le lendemain allait être, pensions-nous, un grand jour de bataille. La 16e batterie de montagne vient de rejoindre la 15e à l'avant-garde ce groupe d'artillerie est sous les ordres du commandant Delestrac. Le général Metzinger a arrêté ses dispositions et le dimanche 9 juin, à 6 heures du matin, nous marchons sur Mevatanana. Notre route qui, la veille, serpentait à travers d'immenses. rivières desséchées et de vastes herbages aux teintes fauves, devient bientôt plus ardue les collines s'entassent en masses abruptes et rapprochées, si bien qu'il faut monter, descendre, se cramponner au sentier, suivre une gorge étroite entre deux croupes rocheuses mais nos mulets algériens sont admirables de sûreté et c'est un plaisir de les voir escalader les pentes les plus raides avec 150 à 200 kilogs sur le dos, pour quelques-uns. A l'angle des vallées de l'Ikopa et de son affluent, la Nandrojia, le rouve de Mevatanana se dresse dans le lointain sur une crête, comme une acropole antique,dominantparun à-pic de cent mètres le plateau à l'extrémité duquel s'étend l'exploitation Suberbie.

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La crête du rouve est inaccessible, sauf au Nord et au Sud DÙ s'accrochent deux sentiers de chèvres, bordés de précipices. Daprès les renseignements fournis par les espions, l'ennemi a Construit deux fortes batteries aux points où deux sentiers ces débouchent, à droite et à gauche de la crête, et il en a dissimulé une troisième entre les deux, auprès des bâtiments

durouve.

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Voici les ordres la Légion et les tirailleurs algériens attaqueront par le Sud le 40e chasseurs se portera directement en avant; nos deux batteries de montagne appuieront ces IllOuvements. Le convoi attendra la réserve pour pénétrer avec dans Suberbieville. Obliquant fortement à droite, à gué la rivière nous passons N androjia * avec les chasseurs et nous nous rapprochonsd'un Plel-nier piton situé à 3.500 mètres environ de Mevatanana dont nous ne sommes plus séparés que par deux petites collines. Les Tirailleurs algériens s'avancent à leur tour; les

nous en occupant la seconde et la plus rapprochée de ces eux collines, bouquet de bois derrière nous. avec un A droite, on voit, àla jumelle, le relief très accusé d'une lterie en effet, nos pièces ne sont pas plutôt pointées qu'un coup de trop court nous salue. canon La 15e et la 16e batteries, placées côte à côte, règlent leur dlf t' sur la position de droite et sur l'emplacement approximatif de la cour du rouve où l'on entrevoit des cànonniers houves. Quelques règlent définitivement le tir à 2.000mètres coups environ; puis, afin de produire plus d'effet, la 15e batterie sort ses caisses les obus allongés, à la mélinite. A ce moment, la position de gauche riposte un coup court h couvre de poussière; un coup long traverse en plein la avec un sifflement subaigu, et un troisième projette ses éclats sans blesser personne. pjT" Quels maladroits,s'écrie l'ami Pierron qui ne rêve que 11ale, bosse, décoration, et qui reçoit, par ricochet, un fragde projectile sur son casque. étaittemps que nos pièces intervinssent. Servies avecun ang-froid remarquable, elles tirent épaisse but,

uivons

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lft.

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une


colonne de fumée noirâtre accompagnel'explosion de la mélinite; nous nous imaginons une pluie de fer au point de chute. C'est signal de la débandade : le feu des Hovas se ralentit et cesse. Pour assurer notre succès, et tandis que la 16e batterie canonne la position de gauche, la 15e continue à battre les deux autres objectifs à elle seule, elle tire une quarantaine d'obus, dont vingt-six à la mélinite. Enfin, nous restons spectateurs des mouvements de l'infanterie. La longue file des Tirailleurs et des Chasseurs à pied s'est avancée sous laprotection de nos pièces et, à onze heures du matin, nos couleurs flottent sur Mevatanana : le capitaine Bulot est arrivé le premier au haut du rouve, où il a planté le drapeau de la Légion, juste au moment où les petits vitriers débouchaient dans la place. Pendant ce temps, convoi entrait tranquillement à Suberbieville, empêchant ainsi le feu qui venait d'y être mis de se

le

;

le

propager. Les artilleurs ont été les triomphateurs de la journée et ce sont eux qui ont décidé les Hovas à déguerpir l'impression morale causée par notre tir à la mélinite adû être terrifiante. Il paraîtrait que Ramazombazaha aurait écrit à la Reine qu'il avait exterminé l'infanterie, mais qu'il n'avait pu venir à bout de l'artillerie dont chaque muletporte un homme et un canon.

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CHAPITRE XII UN ABRI BLINDÉ. — LE NID D'AIGLE DU ROUVE. L'EXPLOITATION SUBERBIE. LE LAVAGE DE L'OR. — UN SÉJOUR QUI SE PROLONGE. ENCORE

LES DIFFICULTÉS DU RAVITAILLEMENT. LA CHASSE AU ZÉBU. MÉSAVENTURE DU ROI SALIMO

— LES"OUVRIERS

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DELA PREMIÈRE HEURE

LA PRESSE EN PANNE. UNE GRAVE NOUVELLE ALERTE A TSARASOATRA.

Mevatanana offrant une difficulté d'accès très grande, on a cantonné l'artillerie entre la crête du rouve et Suberbieville, sur un petit mamelon où les Hovas ont construit une batterie


dominant l'Ikopa et les établissements Suberbie le capitaine : Lavail établi a son parc sur la plateforme de ce mamelon. Nous, nous logeons sous les abris de la batterie houve : c'est une excavation en demi-lune dont le plafond est blindé avec des rails de Decauville. Le soleil n'y pénètre voilà un pas avantage qui nous paraît idéal. Le lendemain de notre prise de possession, à peine reposés, lOUS sommes allés voir Mevatanana et les effets de nos projectiles. Après trois quarts d'heure d'une montée éreintante par le côté sud (le sentier de droite), nous franchissons une large et Profonde crevasse au-dessus de laquelle on a jeté un simple madrier, et nous voici dans cette place qui affecte — on l'a Vu— les aspects d'un nid d'aigle, d'une forteresse du moyen âge aux assises taillées à pic. Le sommet de la crête forme un étroit plateau sur la longueur duquel se profilent, de chaque côté d'une rue unique, des maisons indiennes en briques et en pisé rouge. Une haute palissade entoure les deux ou trois cases du rouve. Tout autour de cette crête effilée, un ravin de 10 mètres constitue une défense naturelle, infranchissable, sauf sur une étroite languette de terre qui maintient la communication du coté de l'est et fait ressembler Mevatanana à une presqu'il e aérienne. La position aurait dû être inexpugnable et, à juger nos emplacements de batterie de cette hauteur, nous avons. Pu nous féliciter que les artilleurs houves n'aient continué pas leur tir, car il eût fallu déloger et chercher autre chose. La vue s'étend près de 30 kilomètres à la ronde, malgré sur les accidents de terrain qui interrompent places la portée, par Dans la direction de Tananarive, ce ne sont que petits sommets arrondis, collines déchiquetées, le tout dénudé, glabre, Pelé, sans arbre ni verdure apparente et d'une teinte presque uniformément rougeâtre, ce qui nous promet de l'agrément; mais tant pis, Quand chacun de pourvu que l'on marche nous dit on à la batterie ou à la brigade, c'est « avec un » ardent désir de place en avant. Mangera-t-on conserver sa tout le temps? Chi lo sa, le ceinturon est là, en cas de besoin. Au rouve, nous avons trouvé 9 pièces, dont 3 hotchkiss

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!


(deux de 78mm), une quantité d'obus, de fusées, de dynamite, de barils de poudre et decaisses de cartouches. Quant aux dégâts que nous avons faits, ils sont minimes les obus allongés de la pièce actuelle de montagne n'ont pas une charge de mélinite suffisante ils n'ont pas creusé de trous plus grands que les dimensions d'un chapeau mais les éclats, déchiquetés et projetés au loin, ont dû ajouter à l'horreur de l'effet moral. Le jour suivant (4 juin), nous visitons les établissements Suberbie, avant qu'on ne palissade et qu'on n'en défende l'entrée, afin d'empêcher le pillage ou la détérioration d'un matériel dont la Compagnie a dressé l'inventaire le Gouvernement se soucie peu de laisser s'enfler la forte somme demandée comme indemnité, soit une trentaine de millions. Cette réclamation parait déjà exagérée, même en comptant la main-d'œuvre d'installation, l'aménagement d'un canal de dérivation pour faire marcher des turbines, les postes de lavage d'or abandonnés, le personnel en souffrance, etc., d'où on peut conclure que la créance Suberbie se présente sous les apparences d'une opération fructueuse. Les Hovas ont saccagé ce qu'ils ont pu, et, n'eût été l'arrivée prématurée du convoi par la route de Beratsimanana, ils auraient tout brûlé. Il reste quelques cases et une vingtaine d'habitations européennes en briques ou en bois, avec elles sont occupées présentement par vérandah à l'étage l'Etat-major. Le Général en chef loge dans la maison

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Suberbie. L'usine est alimentée par un canal. Elle comprend turbines, moulins à bocards, ateliers, cabinet d'essais chimiques, machine à vapeur, machine à glace (1), etc. Un Decauville défoncé relie l'établissement au village indigène de Ranomangatsiaka et à une carrière de quartz aurifère. L'or se rencontre, m'a-t-on dit, depuis la mer jusqu'à l'Imerina, soit dans les alluvions plus ou moins récentes et

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Quand la batterie de 120 fut arrivée, le capitaine Baquet et le lieutenant Cornu de Lafontaine s'installèrent à l'usine le premier soin du capitaine Baquet fut de réparer et de faire fonctionner la machine frigorifique, — ce qui valut à cet officier distingué le surnom momentané et reconnaissant de Baquet-la-Glace. (1)


forme de pépites, de grains ou de poudre, soit dans les quartz que nous foulons aux pieds toute la journée avec tant d'indifférence. Sur le versant ouest de la Nandrojia, deux filons quartzeux étaient exploités. Dans d'autres postes, l'or alluvionnaire était extraitpardes lavages Ampasiry possédait. Un outillage complet, avec chûte d'eau, sluices, etc. La récolte de l'or faisait également par l'intermése diaire des Sakalaves les agents dela Compagnie des Minesdu Boéni disputaient aux trafiquants indiens les bénéfices de cette exploitation clandestine, pour les beaux yeux de laquelle Ils échangeaient parfois des coups de fusil. J'ai assisté, matin, à un lavage de l'or à la bâtée, répétiun tionqui m'a été donnée un de mes compatriotes, M. Ripar chardot, contremaître de l'usine. Qu'on s'imagine un chapeau chinois en tôle mince ou en >0ls, comme celui des Sakalaves c'est la bâtée. L'indigène s'accroupit bord d'un ruisseau en apparence au Quelconque après avoir enlevé les couches de sable superbelles à coups d'angady (bêche), il puise du sable alluvionJaire et de l'eau puis, un mouvement de balancement par elicoïdal, il force l'eau de la batée à s'échapper par la tangente en entraînant le. sable; quand il épuisé l'eau, il a en reprend à nouveau et recommence jusqu'à ce qu'il n'y ait plus ufond pointu du récipient qu'un peu de terre. et de l'or. a densité de la terre étant très faible par rapport à celle de l' or (1), celui-ci reste dans la batée à l'état de poudre ou de Petits grains il faut souvent faire une centaine de lavages Pour obtenir quelques grammes du précieux métal, comme aUssi on peut tomber du premier coup sur une batée très riche. Et voilà comment chacun de nous pourrait devenir un nabab, avec du temps, énormément de patience ou de veine et beaueoup de fièvre. En principe, d'or, Sakalaves chercheurs mais les sont tous d emandez-leur renseignement, un indice, ils s'enfuiront en un • JUrant qu'ils n'y entendent rien car, outre la défense de laver à a batée sur le territoire de la concession Suberbie, il savent SOus

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et,

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t\elLadensité Us

de l'or est d'environ 19; c'est, après le platine, le plus lourd les métaux. La densité des matières terreuses est de 2, en moyenne.


:

trop ce qu'il en coùte d'être pincé néanmoins, c'est grâce à eux que les indiens receleurs de Mevatanana font des affaires. d'or. Quant au quartz, il faut avoir la chance du lieutenant-colonel de Nonancourt pour y trouver d'emblée des paillettes (combien petites) sans le secours du pilon; pour nous, voyez. la guigne, nous ne mettons la main que sur du quartz terreux micacé ou transparent comme du cristal. Dix jours viennent de s'écouler; ils se ressemblent en mono-

tonie. Les environs sont d'un calme désespérant et les reconnaissances poussées jusqu'au petit village d'Antanimbarin(attendez un peu quej'aille à la ligne) -dratsotsoraka, à 35 kil. en avant, et même plus loin, n'ont rien révélé. C'est en vain que les Chasseurs d'Afrique des lieutenants Carré et de Piépape, partis chaque matin aux avant-postes, errent sur les hauteurs, la carabine sur la cuisse, guettant le houve: sœur Anne elle-même y perdrait patience. Au fond, cette tranquillité nous agrée on ne peut mieux, car notre arrêt prolongé est absolument forcé. Nous sommes à Suberbieville avec la perspective d'y rester peut-être jusqu'à la fin de juillet ou davantage il nous faut une route et des vivres. Les Tirailleurs algériens, la Légion,le40e Chasseurs, le 200e ou ce qu'il en reste, tous travaillent autour de Suberbieville à cette route fatale sur laquelle nos pauvres petits la terre fraîcheFrançais rencontrent leurs pires ennemis ment remuée, l'excès de soleil et la fièvre. Les légionnaires, pourtant si endurants et si crânes, sont surmenés et rechignent devant la pelle et la pioche qu'ils appellent, par dérision. fusils modèle 95 ». « Qu'y a-t-il donc d'étonnant si les hôpitaux se remplissent et s'il est de plus en plus question de pousser en avant la 2e brigade (général Voyron) ? elle Ce n'est pas que celle-ci soit inactive, au contraire dispose d'un merveilleux et puissant outillage — les bataillons noirs — pour achever la route de Majunga avec l'aide des compagnies du Génie; mais bientôt sa tâche en arrière sera terminée et elle nous passera sur le corps.

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brigadevoit venir les troupes de la marine avec une certaine appréhension, car elle se rend bien compte qu'une fois en avant, et pour peu que les événements fléchissent, ces troupes sont capables de lui brûler tout à fait la politesse. Le gros du problème est d'accumuler à Suberbieville assez de rations 500000 rations de marche — pour que l'une — des deux brigades prenne l'avance; le diable sera, si l'on Veutfaire la part des heureux, de réserver à chaque unité du corps expéditionnaire une place, si petite soit-elle, pour le bond final d'Andriba Tananarive. à Nous vivons, plutôt nous vivotons au jour le jour penou dant que les vivres s'entassent. Voici, grosso modo, comment le ravitaillement s'effectue La

1re

:

Par voie d'eau. Les canonnières de rivière et les chalands tenant à pas ne 1 a lamede la baie de Bombetoka (1), les vivres débarqués à Majunga sont transbordés sur des boutres et sur quatre petits caboteurs de haute mer, le Kilwa, le Barwa, le Gertie et le-, l9urd : ces bateaux à faible tirant d'eau remontent la Betsiboka jusqu'en face de Marovoay, à Ankaboka, soit 75 kiloa)

mètres.

D'Ankaboka à Ambato (90 kil.) et jusqu'à Marololo (60 kil.),

quatre grandes canonnières remorqueront chacune deux chaands, soit vingt-cinq tonnes. Ces mêmes canonnières aller d'Ambato à Maropourront 1010 (60 kil.) que fort peu de temps encore, parce que les aux baissent à mesure que s'avance la saison sèche on sera {)bligé de les remplacer les autres bateaux à aubes,du par type inférieur. De Marololo à Sakoabé ou Port-Tafia (2), huit petites canonnières donneront chacune la remorque à un chaland. Mais la navigation et le pilotage sont difficiles, les échouages , et les avaries fréquents rien que pour ce dernier

ne

(1) Le montage des

:

:

et des chalands était à peine commencé aParn dut reconnaître canonnières que ce matériel était impropre au service de la baie, aJe

suite du clapotis assez fort qui règne dans ces parages à certaines heures la journée. (Mirepoix.) (2N tTQJia veut dire port en sakalave.


trajet (25 kil. à vol d'oiseau), la durée du parcours est de trente-six à cinquante-deux heures dejour. A Sakoabé, les mulets des convois régimentaires et du train transportent les vivres jusqu'à Suberbieville. Par voie de terre. La route de Majunga à Marovoay s'achève et s'améliore petit à petit: on aplanit, on tourne les difficultés, et des chantiers nouveaux s'ouvrent de Marovoay à Suberbieville. Le Génie est sacrifié pour construire un pont de bois sur la Betsiboka (1). Enfin, on amorce route de Tsarasoatra, dans la direction d'Andriba. Les transports se font par voitures attelées à un ou deux mulets ou par mulets bâtés. Les voitures Lefebvre n'ont pas encore donné la mesure de leur utilisation si tout allait bien, elles pourraient être chargées à 200 kilogs. De même, les mulets bâtés doivent théoriquement transporter 90 kilogs, en plus des 30 kilogs du bât, tandis que les quatre cents mulets abyssins de la compagnie de Conducteurs sénégalais (capitaine Gendron) portent à cru, avec des brêlages improvisés, 70 kilogs decharge maxima. Ces petits animaux sont d'un très bon service, meilleur comparativement à celui des gros sujets ils sont sobres et faciles à entretenir. Les bêtes de France, elles, ne valent pas les mulets d'Algérie. Leur ration journalière est de 4 kilogs de grain (orge) or, si cette cavalerie doit vivre sur la nourriture qu'elle apporte, ce mode de transport ne donnera pas, à la longue, un gros rendement : il faudra trouver du paddy en route (2). Si l'on compte les arrêts, les repos, les pertes et avaries, les indisponibilités et les morts, quel nombre prodigieux de b)

la

:

;

;

Le pont de la Betsiboka nous coûta une compagnie du Génie tout entière. La 13e Cie (capitaine Ferrand), en débarquant à Majunga, comptait (1)

«

«

hommes à son effectif; lorsque plus tard elle rejoignit l'avant-garde à Suberbieville, le pont sur la Betsiboka terminé, elle n'en comptait plus que « appelaient « 17, dont un seul non gradé que les officiers et les sous-officiers « pompeusement le sapeur de la Compagnie. (XXX.) (2) Le paddy est le riz non décortiqué, que l'on peut donner aux animaux, soit seul, soit mélangé avec de l'orge.

«

188


voyayes ne faudra-t-il pas pour nous alimenter, chaque — ration carrée d'homme de troupe équivalant à 1 kilog en chiffres ronds, viande fraîche non comprise (1). Aussi, dès que les canonnières, qui ont été montées avec un retard extraordinairement imprévu (2), auront accumulé à l'arrière,sur Ambato et sur Marololo, une quantité considérable de vivres et de matériel, la route deterre reliant ces points à Majunga sera presque délaissée, après avoir coûté tant de peines et nécessité tant de sacrifices. Les convois de mulets partiront directement de Marololo, pour l'avant, jusqu'à Andriba. Le colonel Palle organise un système d'échelons et de navettes, detelle sorte que chaque section de ravitaillement devra couvrir un tronçon de route d'une moyenne 18 à 20 kilomètres: les approvisionnements seront ainsi portés de gîte en gîte d'étape, par des bons successifs en avant. Le rôle ingrat de nous faire vivre est peu glorieux en apparence; cependant, depuis le Chef qui dirige jusqu'au simple

de

conducteur, quelle remarquable énergie, combien d'abnégation et de dévouements ignorés En dehors des transports officiels, nous sommes encore à <( espérer l'arrivée des bienheureuses pirogues des marcelles chands. Jeme trompe, il deux, est venu en de M. Savaron mais elles ont été réquisitionnées par comme l'autorité militaire, il pleuvra avant que les négociants en fasSentmonter d'autres. Leur contenu a été enlevé à prix d'or: Champagne, Vichy, Saint-Galmier, vinaigre, huile, lait concentré, conserves de viandes, de poisson, de légumes, macaroni, fromage de Hollande, chocolat, bougie, savon, tabac,

!

»

;

juste.

Papeterie, etc. Pour comble d'infortune, la pénurie de viande fraîche se fait sentir Suberbieville même. Le zébu se raréfie il pique des, randonnées de vingt à quarante kilomètres et il échappe à toute tentative de rapprochement. Aussi, commence-t-on à

:

à

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(1)600 de biscuit; 250 grammes de viande de conserve; 100 gramgrammes mes légumes de petits vivres café,

de

Sel,

ou riz, et environ 50 grammes

thé. 1 La dernière canonnière ne devait être à flot que le 15 juin

!

sucre,


intéresser les noirs à la capture des bœufs, avec la promesse d'une piastre à gagner, en envoyant nos coolies battre l'estrade

au loin. A la 15mebatterie, nous avons un abyssin d'un noir d'ébène; au visage fin et allongé, de complexion grèle en apparence, mais d'une agilité infatigable, nos zanzibarites lui servent de rabatteurs. Quand il ne peut ramener un troupeau et que ces bêtes sauvages, indécises ou forcées un instant, vont s'enfuir vers des brousses inconnues, il coupe d'un coup de couteau la corde du jarret des animaux qu'il a choisis les laissant sur place, il donne à nos mulets le temps de venir chercher les quartiers séparés et recouverts de la peau. Le zébu de cette région n'est pas gros tout découpé, il ne pèse pas plus de 80 à 90 kilogs de viande. A Majunga, il était plus étoffé et rendait de 100 à 130 kilogs dans l'Imérina, il y a, paraît-il, d'aussi gros bœufs que ceux d'Europe. Nosfournisseurs ordinaires, les Sakalaves, font preuve d'une évidente mauvaise foi en s'éloignant, eux et leurs troupeaux; ils craignent peut-être que les Hovas, quelle que soit l'issue de la campagne, reviennent lorsque nos troupes seront passées et coupent le cou à ceux qui nous auront ravitaillés. Cependant, lassés de ménager des pourvoyeurs aussi fourbes, nous avons pris le parti d'agir vigoureusement. Le roi Salimo, le plus influent du bas Boéni, et dont la résidence était de l'autre côté de la Betsiboka, avait reçu de nous des subsides; à Majunga, Bénévent (qui se connaît en sakalaves) aurait souhaité, au plus, qu'on le renvoyât avec son sac de piastres, un litre d'absinthe suisse et un royal. coup de pied s'il avait insisté il insista, pour notre confusion, et les canons du Primauguet tonnèrent en son honneur Or, ce brave « Sélim » empêchait maintenant les autres rois ou reines de moindre importance de nous vendre des bœufs: on vient de mettre la main dessus. Sans égards pour son auguste personne, on l'a transporté ficelé à Ankaboka, d'où il donne de meilleurs conseils à ses cousins du royaume et à ses nomades sujets. Voilà bien des questions pleines d'imprévu. Comme il faut songer à tout, j'élève un petit cochon dans la tranchée de

;

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;

:

!


du temps à le larddumetmanioc;

notre abri, mais c'est étonnant comme

former! Nous déterrons des yatates, nous allons, avec des convois de mulets, enlever le paddy découVert dans des silos, et nous entassons des fagots de bois pour alimenter nos cuisines on tiendrait le pays depuis un an qu'on rencontrerait aussi peu de bois pour faire la soupe. Les zanzibarites nous ont construit un superbe village composé de cases en latanier ; les hommes,, épuisés, fiévreux, y trouvent un peu de bien-être. Les dons des Femmes de France sont annoncés. Le 16 juin, après la messe militaire, on a parlé des récompenses auxquelles s'attendaient les Ouvriers de la première heure, suivant l'expression louangeuse dont s'était servi le commandement; la 15ebatterie a été déçue et, depuis ce jour, Un grand écusson fait loucher à l'entrée de notre camp. On y lit: -se

:

Cette légitime poussée d'amour-propre trouvé ainsi le a ***°yen de s'affirmer, en attendant mieux, et chacun se reprend e plus belle à espérer qu'ilmarchera en avant ce serait déjà, eeta, une récompense. D'autres que nous se lamentent de rester en panne ce Sont les reporters. Un groupe sympathique nous a suivi à Suberbieville, et campe près de l'usine il y a là le correspondant du Monde

:

:

:


Illustré, le peintre Tinayre, dont les croquis scrupuleux sont pleins de relief et de vie; l'exhubérant et cordial Pagès, du Gaulois, qui donne la réplique gaie à son commensal Boudouresque, aux heures où la fièvre fait « languir le Petit Marseillais. Je ne passe pas devant leurs tentes sans m'arrêter et m'asseoir; je fais même un crochet pour les faire enrager et je truque l'échelle du thermomètre pour leur donner l'illusion d'une température infernale. Malgré des prodiges de bonne humeur, ils restent perplexes peut-être le beef leur fait-il aussi défaut? Soupçonnent-ils qu'ils n'iront pas plus loin? Ils attendent impatiemment les événements. Le 29 juin, à dix heures du matin, une grave rumeur circules tirailleurs du bataillon Lentonnet venaient d'être lait attaqués à Tsarasoatra et les chasseurs à pied du lieutenantcolonel Massiet du Biest, rentrant à Suberbieville après la corvée de route pour manger la soupe, étaient repartis brusquement.

»

:

:

ANDRIAMENA.

(A

suivre.)


NOTES SUR LE

PAYS SAKALAVE I

LE CERCLE DE MORONDAVA GÉOGRAPHIE

— FLORE — FAUNE

DIVISIONS ADMINISTRATIVES

— LA

PACIFICATION

Le cercle de Morondava, situé sur la côte Ouest de Madagascar, entre le 19° 30' et le 21° 30' de latitude Sud, le 41° 30' et le 43°30' de longitude Est, occupe une superficie de 35.000

kilomètres carrés. Il

est baigné à l'Ouest sur une longueur de 350 kilomètres, Par le Canal de Mozambique. Au Nord il est limité par le cercle de Maintirano, à l'Est par les provinces de Miandrivazo, d'Antsirabé et d'Ambositra, au Sud-Est par la province de Fianarantsoa, au Sud par celle de Tuléar. Sa vaste superficie est couverte de forêts, de pâturages, de brousse inculte de marais. et Les principaux cours d'eau qui l'arrosent sont La Tsiribihina, fleuve d'environ 400 kilomètres, formé par deux d'eau; leMahajilo, venu du massif d'Ankaratra et cours la Mania, venue des environs d'Ambositra. LAndranobilo et la Morondava, rivières de moindre importance; le Maharivo dont le cours a 130 kilomètres, venu

:


du massif du Makay, et le Mangoky (500 kilomètres) qui vient des environs de Fianarantsoa. Sur le littoral, le sol est peu accidenté et sablonneux. A une centaine de kilomètres dans l'intérieur, s'élève la chaîne montagneuse du Msiandava qui va rejoindre vers le Sud le massif du Makay et se continue au nord, vers la Tsiribihina, par les montagnes du Bevony et du Bemahara. La température y est fatigante, sans être malsaine. Assez fraîche et supportable en hiver, elle est torride en été, étouffante et des plus désagréables lorsque les pluies se font attendre. La saison des pluies est la plus pénible, l'évaporation de l'humidité du sol transformant l'atmosphère en étuve. La végétation est misérable et rabougrie sur la côte, où elle se compose surtout de grandes quantités de palétuviers. A l'intérieur, on trouve des forêts, jusqu'à ce jour peu exploitées, et contenant pourtant les esLémurien sences les plus précieuses, telles que l'ébène, le palissandre, le santal, et des bois de construction comme le natte et le faux camphrier, enfin des arbres et des lianes à caoutchouc. La faune du territoire Sakalave est des plus ordinaires et ne compte guère de spécimens. Elle se compose des lémuriens, quadrumanes inoffensifs, parmi lesquels le gidro, au pelage brun, le maque à la fourrure grise, queue annelée blanche et noire, le sifaka, atteignant souvent 1 mètre de haut, au visage noir et à la fourrure entièrement blanche, enfin le singe de nuit, animal assez rare et qui ne voit que dans l'obscurité. On trouve en assez grande quantité le rat palmiste, facile à apprivoiser et très redoutable pour les antres ratset les souris, mais aussi pour les poulaillers.


Comme animauxnuisibles il faut citer le fosa, sorte de renard sauvage, grand voleur de volaille; le sanglier qui ravage les plantations de maïs, et le caïman qui pullule dans les moindres ruisseaux, dans les plus petites mares.

Poste d'observation en pays sakalave

La variété d'oiseaux est considérable. Certains sont comestibles, comme la pintade, le kata-kata, sorte de perdrixgrise, la sarcelle et le canard àbosse. D'autres sont d'un beau pluIllage, comme l'aigrette et le flamand, sans compter l'immense


variété qui se niche dans les épaisses forêts et dont on ne connaît pas tous les types. Peu de reptiles, dont quelques serpents assez gros, mais inoffensifs et non venimeux. Quant au sol, il n'a pas encore révélé de richesses on n'y a jamais découvert le moindre filon de charbon et l'on ne trouve que de très petites quantités de quartz aurifère dans la région du Bongoo-lava.

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Le cercle de Morondava se divise en neuf secteurs la Basse-Tsiribihina, chef-lieu de secteur Belo, sur Tsiribihina; Sud-TsiriNord-Tsiribihina, chef-lieu Seranana; le le — — bihina, chef-lieu Kibohy — le Betsiriry, chef-lieu Miandrila Sakeny, vazo; celui de Mahabo, chef-lieu Mahabo; chef-lieu Malaimbandy; — celui de Mandabé, chef-lieu ManMangoky, chef-lieu Manja; et le secteur côtier, dabé; chef-lieu Morondava. Il est l'un des derniers cercles militaires de l'île, et ce n'est que grâce aux efforts répétés d'une administration militaire, à la fois ferme et habile, que l'on espère voir ce cerclé devenir d'ici peu une province civile. Tandis que la pacification marchait avec rapidité sur la côte est et en Imerina, tant par la soumission des populations, que par l'arrivée considérable des fonctionnaires et des colons, le cercle de Morondava présentait aux différents chefs qui l'ont commandé, de nombreuses difficultés. S'attirer la neutralité d'abord, puis la soumission et l'amitié de peuplades sauvages et méfiantes, n'est pas chose aisée. Le Sakalave, guerrier intrépide, n'avait jamais voulu reconnaître l'autorité des Hovas. Vivant de rapines et des petites guerres qui se livraient de village à village, il pouvait, à la rigueur, rappeler la féodalité où les provinces se combattaient entre elles, filles d'une même patrie, sans être régies par aucune loi, et sujettes d'un chef qui s'imposait par sa force. Pour le blanc qui chassait le Hova et qui s'implantait à sa place, le Sakalave ne pouvait que ressentir de la méfiance.

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Pour lui, homme primitif et fanatique, entièrement dominé par l'autorité du sorcier indigène, nos canons et nos chaloupes à vapeur étaient autant de monstres appelés à anéantir tas siens, à détruire leur liberté, alors qu'avec moins de défiance, surtout moins d'orgueil, il eût compris que nous apportions la civilisation et l'indépendance. Que d'habileté, que de diplomatie il a fallu pour obtenir les premières entrevues avec les grands chefs sakalaves Que de cadeaux on a dû offrir à leur convoitise enfantine, que de Patience pour se mettre à la disposition des caprices d'Inguereza. Que de dévouement de la part du fameux colon M. Samat, qui donnait à son frère de sang ses propres enfants en otages, lors de la soumission de ce puissant chef! Jamais on ne saura trop ce qu'il a fallu de qualités pour obtenir le résultat auquel sont parvenus aujourd'hui nos officiers, après huit années de travail une soumission complète, la confiance des populations indigènes et un mouvement commercial fortement accentué. Ils ont usé de fermeté et de douceur, d'une douceur inépuisable vis à vis des indigènes qui auraient parfois mérité des châtiments sévères et c'est pourquoi on ne peut ajouter foi aux calomnies qui se plaisent à représenter nos vaillants marsouins comme des bourreaux et de sanguinaires envahisseurs, alors qu'ils ont presque toujours fait preuve d'une patience qui n'avait d'égale que leur abnégation. Il est malheureusement regrettable que le séjour d'un commandant de cercle ne dépasse pas deux années. Les différents genres d'administration qui résultent de ce changement sont trop fréquents. Ce que l'un entreprend n'est parfois Pascontinué par son successeur. Souvent les vues et l'expérience du premier sont discutées par le suivant. L'esprit même de la politique n'est plus le même, les indigènes sont déroutés de sentir pendant un certain temps une main de fer Peser sur eux, soudain remplacée par un gant de velours. Il faudrait dans l'administration de pays peu civilisés, un Peu plus d'esprit de suite. La question est évidemment très délicate, peut astreindre un officier à occuper longcar on ne temps poste très différent des fonctions auxquelles l'appelle

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logiquement sa profession de militaire. Alors que quelques parfois de faire une bésogne mois de plus lui permettraient parfaite, force lui est de céder la place à un nouveauvenu, à peu près ignorant du passé, des mœurs et de la politique de la contrée. Néanmoins, la pacification du pays sakalave est à présent terminée : les Sakalaves, assez intelligents, ont compris, une fois la méfiance tombée, tout l'avantage qu'ilsavaient se remettre entre nos mains. Ils voyaient que contre le canon et le Lebel leurs vieuxfusils à pierre ne pouvaient résister. Les villages brûlaient, les récoltes abandonnées ne les nourrissaient plus, les bœufs pris dans les razzias se faisaient rares. D'un côté, c'était la lutte, la fuite dans la brousse, l'existence inquiète, la famine d'un autre côté, c'était l'administration qui offrait des cadeaux, qui achetait et payait bien les bœufs, les volailles, les bois et les pierres. Peu à peu les indigènes vinrent à Morondava, l'un apportant des produits comestibles, l'autre des roseaux et de petits bambous servant à la construction de cases sommaires. Après avoir vendu facilement sa marchandise, le Sakalave se promenait dans la ville, étonné de ces bâtiments sortis en quelques semaines d'un banc de sable. Il entrait, craintif, dans une cantine et s'abreuvait d'alcool ou bien achetait quelques objets marmite, hache, toile, puis s'en retournait là-bas, dans son village perdu parmi les tamariniers et la brousse épaisse. Et il racontait aux amis accourus pour l'écouter, béants d'admiration, les merveilles de la ville où personne ne l'avait brutalisé, où l'on avait bien .payé ses marchandises et où l'absinthe était si bonne à boire!. Et lorsqu'il revenait, des camarades attirés par la curiosité, le gain, le goût de l'absinthe, l'accompagnaient. C'est ainsi que dans les rues de Morondava, on voit passer de grands gars, drapés dans de la toile bleue, solides et fiers, barbus et chevelus, portant sur leur épaule, au bout d'un bâton, un filet contenant des boules de caoutchouc, de la, gomme, de la résine. Dès les premiers temps de l'occupation, un marché avait

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été construit un simple toit de chaume, pour abriter du soleil vendeurs et marchandises. Quelques rares indigènes se risquaient à venir vendre leurs légumes et leurs volailles un interprète était posté là pour faciliter les marchés entre européens et sakalaves qui se comprenaient alors à peine. Mais à présent, des environsviennent les femmes portant des <*ufs, des poulets, tenant en équilibre sur la tête un litre de lait. Leurs frères les accompagnent portant la charge pesante d'énormes régimes de bananes, d'épis de maïs ou de goyaves Parfumées. A l'heure actuelle, le marché de Morondava est parfaitement achalandé. Un boucher hova débite tous les jours du bceuf, souvent du porc et du cabri, rarement du mouton. Les indigènes commencent à connaître les goûts des blancs et cultiventdes légumes d'Europe qu'ils vendent très bon marché.Enfin, l'on voit souvent venir de l'intérieur des bandes de Sakalaves apportant de grandes billes de bois, des planches grossièrement sciées qu'ils revendent à l'Administration ou <lux commerçants hindous. D'autres, venus par mer, sur des pirogues chargées de plenches vendent sur la plage des bois pour un prix insignifiant: avantage à noter car il permet au colon de s'installer convenablement sans grandes dépenses. Ce commencement de civilisation se reproduit en plus petit dans les nombreux postes militaires du Cercle, et à peu, peu le travail, le désir de réussir, de faire mieux dans la culture et dans l'élevage, développe chez l'indigène. Nous reviense drons plus longuement tout à l'heure sur ses aptitudes agricoles et commerciales il ne nous reste pour le moment qu'à constater hautement l'œuvre de pacification et de progrès que 40118 devons à plusieurs années d'une administration conslencieuse et expérimentée, dont nous ne saurions trop louer les nobles efforts.

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II

MORONDAVA LA VILLE — LA SOCIÉTÉ COLONIALE — LES FEMMES INDIGÈNES

LES ÉTRANGERS — LES BOYS

On a malheureusement trop décrié la côte Ouest de Mada-

gascar. Il est temps de lui rendre justice. Elle est moins connue que le reste de l'Ile, la majeure partie des colons s'étant, dès les premiers temps, transportée sur la côte Est et dans les régions plus civilisées de Tananarive, de Fianarantsoa et de Fort Dauphin. Mais ceux qui, comme M. Alfred Grandidier, ont vécu au pays sakalave et l'ont étudié longuement, vous diront toutes les ressources qu'offre une contrée salubre, riche en bétail, et parsemée de profondes forêts, aux gras et verdoyants pâturages traversés par des fleuves où les animaux viennent boire et brouter pendant la saison des pluies une sorte de luzerne sauvage. De-ci, de-là, de vastes clairières avec des étangs formés par les pluies et autour desquels les bestiaux trouvent encore leur pâture à la saison sèche, alors que les grandes vallées sont brûlées par l'implacable soleil. Sur le littoral, des bras de mer pénètrant à l'intérieur des terres forment de vastes étangs salins où le poisson abonde. Ces marais ont été une grosse difficulté pour l'érection d'une ville au bord de la mer. Aussi, grande a été l'hésitation des officiers chargés de déterminer un endroit favorable. De n'importe quel côté il faut faire plusieurs kilomètres avant de trouver de la terre ferme. C'est pourquoi toutes les villes de la côte sont construites sur le sable. Il était difficile de trouver un emplacement mieux situé que celui de Morondava, étant donné que cette ville doit ravitailler le Ménabé et la vallée de la Tsiribihina. Mais au prix de combien d'efforts est-on parvenu à protéger ce petit pays qui risquait à chaque cyclone d'être englouti par la mer. Que de


travaux il fallu a pour arrêter les flots et pour gagner la terre sans avoir à traverser des marais boueux, encombrés de palétuviers et inondés à marée haute Combien de journées de main-d'oeuvre indigène représentent ces modestes digues en terre battue, que de gros palétuviers maintiennent Il a fallu niveler des rues et des places qui se transformaient en lacs à

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raison des la

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Construction d'une route

pluies, faire des trottoirs pour marcher sans recouvrir d'un plancher solide une étendue de able et de boue dans laquelle enfonçait péniblement et où on es charrettes avançaient avec peine. A présent, Morondava se ressent deces nombreux travaux. Le commerçant qui hésitait à s'y installer, y vient en toute confiance. Les maisons s'étendent longueur, non sans une en certaine coquetterie de plage la mode; des villas à véranda à àlaGnt la grève, une avenue d'environ milles mètres conduit àlaRésidence, enfin une grande place ornée d'un kiosque à USlque est une agora toute désignée pour les revues et les fatigue,bref,


réjouissances du 14 Juillet. Depuis 1900, les bâtiments s'élèvent, solides et massifs, construits par une section de légionnaires ouvriers, avec des pierres apportées des environs sur des goélettes indigènes. Morondava s'étend, et chaque jour voit de nouvelles cases s'élever là où autrefois il n'yavait que boue et palétuviers. Un emplacement qui se donnait gratuitement il y a deux ou trois ans, se paie couramment aujourd'hui à raison de mille francs l'hectare. Ce chiffre prouve l'extension qu'à prise cette ville et la voie de progrès dans laquelle marche le cercle de Morondava. Aussi est-ce le moment de venir recueillir les fruits de tout ce travail la toilette du pays est complètement terminée, la contrée est pacifiée: c'est maintenant aux colons français de profiter du travail et de l'expérience des initiateurs de la Terre Sakalave

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Comme presque toutes les villes coloniales, Morondava paraît une bien petite cité, lorsque l'on arrive de France. Les yeux sont encore habitués aux vastes constructions d'Europe, ou voire aux plus modestes bâtisses de Majunga. Aussi ne peut-on retenir une exclamation de désenchantement, lorsque l'on aperçoit, du large, cet aride banc de sable sur lequel quelques maisons ont été plantées, à l'ombre de cocotiers empanachés. Et la barre à traverser pour attérir, a vite fait de vous refroidir. Par contre, lorsque l'on arrive de la brousse et que l'on a passé de longues journées, loin de toute civilisation, parmi un ou deux compatriotes et les indigènes, parmi les moustiques et les fièvres, soit dans un poste à l'existence sans imprévu, ou bien en voyage, sans confort, Morondava semble une terre promise, une VilleLumière, une capitale. Ne vaut-il pas mieux contempler les choses sous leur bel aspect, et un vieux colonial ne doit-il pas être satisfait, même lorsqu'il trouve que tout va mal, par habitude, du reste. Et le fait est que s'il y a mieux que Morondava, il y a plus mal, même en France.


Une petite promenade en ville aura trop vite, hélas, fait admirer les beautés et les curiosités de l'endroit.

Après le débarquement sur le banc de sable, non sans avoir été légèrement trempé le baptême du colon par la barre de la côte Ouest, êtes tout surpris de voir un nouveau vous bras de mer à traverser. Il n'y a que la mer et le sable pour vous donner de ces déceptions Pour atteindre la ville, il faut faire un détour de 500 mètres et traverser sur un pont, ou courageusement en prendre son parti et enfourcher un solide Sakalave qui pour deux sous vous traverse sur son dos, non sans vous humecter le bout des pieds, noircir de ses bras et de ses mains l'immaculé complet blanc, et vous faire aspirer les senteurs de son parfum sui generis. On arrive devant la Douane, et la formalité des bagages étant terminée, il faut se mettre à la recherche d'un toit. Ce n'est pas facile, car il n'y a pas d'hôtel. Mais les colons sont complaisants pour les nouveaux venus et jamais un nouveau débarqué n'a couché à la belle étoile. La promenade ville est alors indiquée, et l'on a bientôt en fait le parcours de l'Avenue du Territoire, vaste boulevard planté de cocotiers et bordé de maisons de commerce. Une végétation rapidement poussée étonne, la sécheresse de ce sur banc de sable des arbres, dits bois noir, du vétiver, des lauriers du Japon donnent un peu d'ombrage et de coquetterie aux habitations. Puis admirez la Résidence, construite en pierres, une vous d des plus belles de l'Ile, et la tournée se terminera par une visiteaux tombeaux sakalaves; au camp sénégalais, au café de l'endroit. L'énumération n'est pas longue, Morondava ne comprenant (ue le strict nécessaire bâtiments publics une ambucomme .ane très bien conditionnée, une poste, une école pour les indigènes et une prison. Sans compter les différents locaux assignés aux services de l'Administration de la place, puis des Messageries maritimes. En somme si l'on ne trouve pas le superflu à Morondava, on

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est toujours assuré dunécessaire. Et aux colonies il ne. faut pas être exigeant.Le pain est fourni par le Service administratif, la pension revient à environ 120 francs par mois au restaurant, l'hôpital se paie 10 francs par jour, et enfin le télégraphe vous relie avec le reste de l'Ile, au tarif de 10 centimes par mot. Quant aux cantines etdébits de boisson, on ne les compte plus. * *

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Et pendant quinze jours Morondava semble un pays habitable, puis on s'en lasse, comme de tous les endroits où chaque jour vous condamne - à revoir les mêmes gens, les mêmes choses et à entendre les mêmes boniments. Ah la monotonie et l'exagération inconsciente des conversations entre coloniaux! Ce sont toujours les mêmes histoires, ainsi qu'il arrive aux gens qui se voient trop souvent, depuis trop longtemps, et qui finissent, le climat aidant, par ne plus pouvoir se supporter. Un colonial, pour vivre agréablement, doit trouver en lui seul des ressources de distractions. Il doit savoir dessiner, faire de la musique ou de la photographie, être poète à la rigueur, et aimer la lecture, de façon à ne pas redouterla solitude. Ainsi il ne sera pas contraint de fréquenter, pour se distraire, des gens souvent ennuyeux, sans instruction, épaves rejetées par la France, incapables d'avoir une situation dans leur pays, et dont l'unique plaisir réside dans l'alcool et le jeu. :. Aussi Morondava, au bout de quelque temps vous semblera sans intérêt, et vous le prendrez en dégoût. C'est alors le moment de dépenser votre activité. Jene parle pas des affaires et de la profession exercée, cardans les pays chauds on y consacre peu d'heures chaque jour. Une distraction toute indiquée est la chasse. Le gibier abonde aux environs jamais chasseur ne revient bredouille. Que vous alliez dans la forêt massacrer la stupide pintade ou barbottiez dans les rivières à la poursuite des sarcelles,

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vous reviendrez — sans être un Nemrod — avec des chapelets invraisemblables de gibier. Et c'est assurément un des meilleurs moments de l'existence du colonial, que celui où il marche à l'aventure, en quête de gibier. Le paysage, sans offrir grand pittoresque, charme toujours par l'imprévu de sa végétation tropicale des fouillis de bananiers aux larges feuilles, des baobabs monstrueux, des palmiers au feuillage décoratif. Puis. c'est le calme inquiétant d'une nature sauvage, dont le silence n'est troublé que par des cris d'oiseaux; c'est le mystère des étroits sentiers sous bois, où l'on croise un Sakalave farouche, une femme chargée de bois, tandis que sous la ramure c'est une envolée d'oiselets au riche plumage. Sensations de grand air et d'indépendance, si difficiles à trouver dans nos campagnes françaises, où l'implacable Poteau chasse gardée, vous fait souvenir que vous êtes vasSal de la civilisation.

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La vie coloniale a maintes fois tenté la plume de romanciers de talent. Il serait oiseux de recommencer ici, ce qui a été décrit avec tant d'humour et de réalisme, par Jean Star dans Les Tonkinades, par M. Fernand Deschênes, dans son amuSant croquis de Colonsville extrait de France nouvelle, et par Olivier Seylor, l'auteur des Maritimes.

Morondava n'offre ni plus, ni moins d'intérêt que les autres villes coloniales. Jusqu'en 1902 aucune femme européenne ne l'habitait. Aussi Morondava était-il devenu vaste garçonnière aux allures une des plus libres—un corps de garde— ces dames sakalaves n'exigeant pas la même retenue que nos blanches compatriotes. C'est assurément, bien pénible pour un nouveau colonial, ^ue de se trouver du jour au lendemain, condamné. au pain noir, surtout s'il est un raffiné, habitué au pain de luxe. Et Pourtant, l'habitude est si bien une seconde nature, que l'on s habitue à voir une femme sakalave s'occuper de l'intérieur et aquer aux petits soins du ménage. Toutefois ne lui en demanons pas trop La femme sakalave est, de prime abord, sale,

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bête et paresseuse. Sa figure est peu séduisante. Par contre, les lignes de son corps peuvent être avantageusement comparées à la plastique la plus impeccable des statues grecques. Sans aucune notion de vertu, elle a pourtant certaines pudeurs qui n'en font pas tout à fait une fille, quoi qu'elle n'habite avec l'européen que pour le bien-être qu'il lui procure. En effet, la plupart du temps, le blanc choisit sa femme parmi les plus jolis spécimens des villages environnants. Moyennant quelques piastres par mois, la Sakalave quitte sa famille et sa case, et vient habiter en compagnie du Vazaha. Les premiers temps elle se livre à peine, étant excessivement timide, craignant, dans son orgueil, que son mari ne rie des maladresses qu'elle commet. Par contre, elle cherche dès son arrivée, à imposer sa famille, père, mère, frères, sœurs et amies, qui s'efforcent de tirer le plus possible du parent blanc. Un peu d'autorité renvoie férocement tout ce monde. Avec les indigènes il faut être juste, mais imposer sa volonté et ne pas se laisser gruger. Du reste, malgré toutes les précautions, on est trompé. Avec les amis, avec les indifférents, avec les boys mêmes. La femme sakalave ne peut en effet pratiquer que. ce passe-temps, puisqu'elle est à peu près incapable de faire autre chose. Ce n'est pas parvice, certes, non, elle est plutôt. indifférente, mais par manque d'occupation. Elle lave mal, ignore le blanchissage. Elle sait rarement coudre. Elle passe des heures à jouer les mêmes airs sur un accordéon, ou bien elle s'occupe de sa toilette, allant acheter des étoffes chez les hindous, ou passant des journées à peigner ses cheveux crépus et indociles, on encore à essayer des bijoux. Car elle est coquette. souvent sa garde-robe est mieux montée que celle d'une bourgeoise de province. Elle est, la plupart du temps, vêtue d'une matinée en percale sur laquelle elle jette un lamba, sorte de pièce d'étoffe rectangulaire, en soie pour les élégantes, mais plus ordinairement en tissu léger. Elleva pieds-nus, ne pouvant supporter de chaussures, mais elle porte en collier des pièces d'or, des livres sterling, des louis, des petites chaînes de corail ou de perles dorées. Elle a des boucles


sakalaves

Femmes


d'oreilles et des bagues, et souvent sa narine est percée d'un petit ornement en or, à la mode indienne. Il est curieux de voirl'attachement que les blancs ont au bout d'un certain temps pour leur femme, malgré l'indifférence de celle-ci. Il est vrai que chacun s'en croit aimé, tant la naïveté en amour est chose humaine. Et, bien des blancs, pour conserver leur femme sakalave, font des sacrifices et s'attirent des ennuis qu'ils ne supporteraient peut-être pas pour une épouse légitime et blanche. Leur amour devient de l'adoration lorsqu'il peut se reporter sur un enfant issu de cette union. Et de quelle tendresse le père entoure-t-il ce petit être de hasard, jusqu'au jour où il le quitte, l'abandonnant à la mère et à des camarades indifférents, pour ne jamais le revoir. Ce n'est pas sans un serrement de cœur, que l'officier qui rejoint son poste, ou le commerçant en tournée, voit parfois dans la brousse, vivant dans de misérables villages, de chétifs enfants au teint clair, aux figures maigriotes, petits blondins abandonnés à la mère sakalave par l'européen qui regagne son pays! Leur frimousse, sur laquelle on retrouve les traits de l'ancêtre: face rusée du paysan ou figuredélicate du citadin, donne aux pauvres petits l'air d'oiseaux en détresse, tombés du nid. Et pris de pitié envers cet enfant qui porte inconsciemment en lui un peu de notre sang français, vous donnez aux parents quelque monnaie pour adoucir la vie rude du blondin. Mais, hélas, il n'en profite guère, et le don permet à la famille de s'enivrer dès votre départ à la santé du pauvret, encore plus isolé parmi l'indifférence bourrue des siens. L'éloignement efface dans le cœur du père parti, le souvenir de son enfant, et celui-ci, ni Français, ni Malgache, méprisé du blanc, en sera plus tard le domestique, l'homme à toutfaire, si c'est un garçon, et la chair à plaisir si c'est une fille. Car malgré les écoles laïques ou religieuses, l'enfant suit les exemples donnés par la famille indigène, et sa vie est d'un être à part, aimant peu les indigènes sur lesquels il sent sa supériorité et détestant les blancs qui en ont fait ce qu'il est. Après un tel réquisitoire, il faut, pour être juste, donner un avocat à la femme sakalave, et constater que loin de sa famille, loin de la ville et vivant dans la brousse avec un colon


^He lui rend

quelques services, en servant d'interprète, en soignant les volailles et en surveillant les domestiques. Vivant loin de ses compagnes ordinaires, elle fait preuve de bonne volonté, voire de dévouement. Nombre d'Européens doivent en effet de la reconnaissance à leur ramatoa indigène, car c'est souvent grâce à cette humble compagne qu'ils vivent sans trop de difficultés. D'autres, plus. pratiques, utilisent la femme et la famille en envoyant les frères chercher des bœufs à bon marché, dans la brousse, ou en leur faisant faire à peu de frais des plantations dont ils empochent le bénéfice. Quant au portrait de la véritable sakalave, celle qui vit au milieu des siens, dans la brousse, il n'est guère séduisant. Vivant loin des Européens, n'en ayant parfois jamais vu, elle n'offre pas un exemple recommandable de propreté, et l'intérieur de sa case laisse fortement à désirer. Elle est généralement assez accueillante pour celui qui traverse son village, allant lui chercher de l'eau dans une calebasse et prêtant volontiers son lit et sa natte Elle est douce, vivant au milieu de ses enfants, de sa tamille, travaillant peu, ne s'occupant qu'à de petits travaux faciles, comme la confection des nattes, ou pilant avec un long Morceau de bois le riz ou le maïs mis à décortiquer dans un massif mortier de bois. Mais, à l'occasion, la Sakalave est courageuse, témoin le fait de cette compagne de pirates, qui, surprise dans la déroute et maintenue par le lieutenant Chambon, lui jeta son lamba Sr la tête et profita de sa surprise pour s'enfuir, sans aller lOIn. car une balle tirée au hasard par le lieutenant, l'atteignit dans mais charnu. un endroit peu dangereux

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Pour en revenir à Morondava, nOus ajouterom; que la ma,.. Jeure partie des étrangers installés dans le pays se compose de commerçants hindous la plaie du commerce français olonial auquel leur concurrence fait tort considérable. un "eulr facilité à vivre économiquement leur permet devendre ameilleur marché que l'Européen.

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Cet avantage pour l'acheteur est très préjudiciable aux autres commerçants. Viennent ensuite les commerçants grecs, qui, pour la plupart tiennent des débits de boissons et des magasins de produits alimentaires. Quelques Allemands, des Turcs, des Zanzibarites et enfin des pasteurs norvégiens représentent la colonie étrangère. Ces derniers ont installé aux environs de Morondava des temples et des écoles où ils donnent l'instruction Makoas des deux sexes. aux jeunes Sakalaves Leur présence dans le pays est propice aux habitants, auxquels ils apprennent la culture et dont ils font de bons jardiniers. Malheureusement, leur éducation est plus morale que pratique, les pasteurs absorbent un peu trop leurs ouailles, qui ne mettent guère de complaisance vis-à-vis des Français et qui ne reconnaissentqu'une autorité: celle du pasteur. Enfin, suivant en ceci la façon de faire de leurs collègues du Nord de l'Amérique, les Norwégiens créent des pasteurs indigènes or, il est absolument déplaisant de voir des nègres sans aucune instruction affublés d'un sacerdoce, et faire le prêche à leurs frères de couleur, qui ne comprennent du reste pas grand chose aux préceptes bibliques.

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La population de sang noir se complète par un assortiment de métis de la Réunion, qui exercent les professions de blanchisseuses ou de charpentiers — ou qui ne font rien, que flâner, boire et faire du tapage. #

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Mais la plaie de Morondava, c'est le boy. Le boy indigène, sale, paresseux, menteur et bête. A cette énumération de qualificatifs peu flatteurs on pourrait encore ajouter les épithètes les plus sévères sans crainte d'être pessimiste. Il semble, en effet, difficile de trouver domestique plus déplorable que le boy malgache. A Morondava, les boys sont recrutés parmi les Hovas, les Sakalaves et les Comoriens. Ces derniers sont les plus détestables, car ils sont les plus voleurs. Le boy, ou 60/0, est souvent cause de plus d'une colère ou


d'une exaspération dans lesquelles vous jettent ses stupidités quotidiennes. Les mésaventures survenues aux blancs par suite de leur déplorable service seraient trop nombreuses à raconter; qu'il suffise de dire que le maître est obligé à une surveillance incessante, qu'il doit voir tout par lui-même, depuis la cuisine jusqu'à la façon de poser la moustiquaire, depuis le balayage jusqu'au marché, car le boy s'entend à faire danser l'anse du panier tout aussi bien que nos cordons bleus parisiens. Il ne faut jamais acheter de vêtements coûteux ^u boto, car on les voit trois jours après sur le dos d'un ami auquel illes aura donnés, joués DU vendus. Quelques bonnes corrections pourraient, à la rigueur, faire passer aux malgaches ce goût de la communauté, mais, outre que cela soit défendu, l'exemple serait sans effet, car l'âme malgache n'admet pas la propriété. « Ce qui La Résidence est à toi est à moi ». Et c'est pourquoi vous verrez vos boys se moucher dans vos serviettes de toilette, manger dans votre vaisselle, coucher dans vos couvertures. Et pourtant on les paie assez cher pour en exiger un service convenable Un cuisinier se paie 30 fr. par mois, et il ne veut pas faire autre chose que sa cuisine, et quelle cuisine! — un boy à tout faire se paie de 15 à 20 fr., et Il ne fait rien. Cela ne donne-t-il pas des regrets, lorsque en les voyant vautrés par terre et jouant de l'accordéon, on songe aux pauses petites domestiques de province, venues à Paris et travaillant comme des forcenées, depuis 6 heures du matin jusqu'à 10 heures dusoir, pour 25 fr. par mois, avec des privations, dans une cuisine obscure et un seul jour de sortie par mois?

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(A suivre.)


L'article du numéro de février de la Revue « Comment s'appellent les habitants de lImerina»,contient une erreur dont j'ai hâte de m'excuser et qu'il est nécessaire de signaler au cas où elle aurait lecteurs. pu échapper à quelques-uns de ses Par uneconfusion queje ne m'explique pas j'avais cru pouvoir citer l'autorité de Flacourt en faveur du mot Hova. Tous ceux qui l'ont lusavent que c'estsous lenomde Vohitsanghombes qu'ildésigne une tribu de l'intérieurquiparait devoir être identifiée avec les Hova. Me sera-t-ilpermis d'ajouter que cela n'enlève rien de leur valeur de ma aux arguments quej'ai cru pouvoir mettre en avant en faveur thèse et de signaler même à l'appui de celle-ci le mot bien connu Ankova, souvent employé dans le pays en parlant de l'Imerina ? ANDRÉ CHAZEL.

ÉTYMOLOGIES MALGACHES

MADAGASCAR Le mot actuel de Madagascar, dit M. A. Chazel (1), semble bien être le nom déformé de l'une des régions ou des villes de la côte africaine, appliqué par erreur à notre Ile à l'époque où elle n'était encore connue en Europe que par l'intermédiaire des Arabes. Quant au mot malgache, malagasy, il est assez douteux qu'on doive le rattacher au précédent». Marco Polo est le premier voyageur qui mentionne la grande île africaine sous un nom voisin de la forme moderne Madagascar. Il ne l'a pas visitée lui-même et tient ses informations de marins arabes. Ses rensenseignements sont confus et attribuent inexactement à Madagascar une faune et des coutumes africaines. Il y a une confusion évidente, produite peut-être par l'assonance, entre Madagascar et la ville africaine de Magadoxo. Sir HenryYule l'a fait remarquer dans son édition du récit «

Revue de Madagascar, n° 2, 1904. Comment s'appellent les habitants de l'Imerina, p.97-105. (1)


de voyage (1) de Marco Polo, en ajoutant cependant que celuici désigne Madagascar. M. Henri Cordier, le « nettement savant professeur à l'Ecole de Langues Orientales, a maintenu cette opinion dans sa réédition du « Marco Polo de Yule (2). Dans la 2e partie de mes Musulmans à Madagascar (3), j'ai émis l'hypothèse que le nom Madagascar était peut-être une déformation de l'arabe Madagas-barr signifiant le pays des Malgaches. Cette étymologie été accueillie a par M. Cordier et mentionnée dans son travail. M. A. Grandidier est, au contraire, d'avis que Marco Polo désigne exclusivement le port de Magadoxo sous le nom de

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Mogelasio ou Madeigascar et que ce dernier nom fut ensuite appliqué à tort à la grande île africaine. « Le nom de Madagascar appliqué à tort par Cantino et Canerio en 1502 et par tous les géographes qui les ont suivis à l'île que les Portugais ont appelée île de Saint-Laurent, est donc une corruption du mot Mogdicho(sic) (4) ». L'exactitude de cette opinion n'est en rien démontrée Le port africain dont il s'agit, situé sous le 2e degré de latitude septentrionale, s'appelle en souahili J/ogadicho, en arabe Maqdachâou. Les Portugais en ont fait Magadoxo et les Chinois, dans les annales de la dynastie des ; Ming, Mou-kou-tou-sou. Pourquoi Marco Polo aurait-il moins bien entendu que les Portugais et les Chinois? Mogelasio est évidemment une réminiscence de Mogadicho, mais Madei-

9ascar est tout autre chose. Enfin, le voyageur vénitien mentionne expressément que Madeigascar est une île. A ce détail précis, M. Grandidier répond dont Marco Polo, qui n'estjamais venu « Les Arabes en Afrique, tenait ses renseignements, emploient indifféremment le même mot djeziret (sic) pour île, et pour côte ou pour Pays maritime (sic) (5) H. L'arabe djazîra djeziretest une — forme dialectale d'Orient qui n'a pas à être employée dans la

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(1)

The book of sir Marco Polo the venelian concerning the Kingdoms and ;larvels of the east, traduit et édité par le colonel Sir Henry Yule, 3e édit.,

revuepar le professeur H. Cordier. Londres, 1903,in-8,chap. XXXIII, p. et 413, note 1. (2)Loc.cit.,p.414. (a) Paris, 1893, p. 83-90. tA\ ,.. -\2> Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar. t. 1, p. XI. \D) Collection des ouvrages anciens, p. XI, note 1.

411


circonstance — vient de la racine trilitère djazara, couper, et signifie exclusivement île et presqu'île. La traduction de djazîra par côte, pays maritime est un contre-sens absolu. Il n'existe pas — j'ai consulté à ce sujet les orientalistes les plus autorisés — de dictionnaire ni de texte arabes où djazîra soit mentionné ou employé avec ce sens. L'argumentation de M. Grandidier va donc à l'encontre du but qu'il se propose et constitue un excellent appoint en faveur de la thèse contraire. Je reprendrai du reste cette intéressante question. En résumé, pour combattre victorieusement le point de vue de Yule, il reste à démontrer : que le mot île du texte de Marco Polo peut s'appliquer à la terre ferme, que la forme souahili Moyadicho — et non Mogdicho qui n'est ni souahili ni arabe — ou l'arabe Maqdachâou ont pu devenir Madeigasexpliquer le suffixe car s'il n'est pas possible d'y car et voir une oblitération de l'arabe barr ainsi que je l'ai conjecturé. Contrairement à l'affirmation de M. A. Chazel (1), tous les indigènes des îles voisines ne désignent pas Madagascar sous le nom de « Grande Terre ». Cette expression est seule usitée Sainte-Marie de Madagasdans les îles de langue malgache car et les petites îles de la côte Nord-Ouest. Dans les îles de langue Bantou (Comores et Zanzibar), on se sert exclusivement des mots « Bouki, Boukini », ce dernier signifiant plus exactement à Madagascar. Enfin, Mahory qui désigne également Madagascar, est fréquemment usité dans les manuscrits arabico-malgaches modernes.

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à

:

AMBANILANITRA ET AMBANIANDRO

Ambanilanitra (litt. : ceux quisont sous le ciel) désigne dans le dialecte de l'Imerina, la population entière, nobles, Hova et esclaves. Ambaniandro (litt. : ceux qui sont sous le jour), au contraire, désigne seulement le peuple libre, c'est-à-dire les Hova, à l'exclusion des Andriana et des esclaves. Cette interprétation est consacrée par tous les lexicographes (Cf. (1)Lococit.,p.98.


:

sub verbo ambany le Dictionnaire malgache-français du P. Weber, 35; le NewMalagasy-englishdictionarydu Rev. p. Hichardon, p. 28, et le Dictionnaire malgache-français des PP. Abinal-Malzac, lrc édition, 1888, 23; 2e édition, 1899, p. P- 25). Je renvoie à ces travaux M. A. Chazel qui ne voit pas pourquoi « les hommes libres seuls seraient dits sous le jour alors que les esclaves sont avec eux sous le ciel (1) ». Ambanilanitra et Ambaniandro sont vraisemblablement deux expressions métaphoriques dont l'origine nous est et nous sera peut-être toujours inconnue. Les peuples orientaux font fréquemment intervenir le ciel dans leur protocole. Onvoit que l'empereur de Chine est fils du ciel les princes siamois fils du roi et d'une princesse royale, portent letitre analogue de Tiao Fa ou princes du ciel. Je croirais volontiers que Ambanilanitra se rattache au même ordre d'idée protocolaire. Ambaniandro qui, dans l'Imerina, désigne exclusivement le peuple libre, a, hors de l'Imerina, le même sens que Ambanilanitra. Il s'applique, dans les dialectes orientaux, à tout individu originaire de l'Imerina, sans distinction de caste. UnAndriana, un Hova, un esclave de Tananarive seront ainsi traités d'A mbaniandro, par un Antambahoaka ou un Antanosy. ^e cas de variation de sens d'un même mot suivant la tribu qui l'emploie, n'est pas unique. Le mot Hova, par exemple. signifie roturier, individuquin'est nob'c. p^^e-, ::'\c-'¡ l'Imerina; et prince, dansplusieurs ";"l-L:.:l¿8 du Sud-Est et de l'Ouest. Jesignala double sens de Ambaniandro, que

;

ni

roi, ce

ni

IIeiscftéimnie encore aucun dictionnaire et dont je puis affirmer

l'exactitude.

MERINA

Grandidier a, le premier, je crois, écarté le nom de Hova, inexactement donné les Européens aux habitants par de l'Imerina, etlui a substitué celui de Merina. Cette rectification s'imposait, Il ne pouvait s'agir de conserver dans des travaux scientifiques, le nom de Hova, qui est celui d'unecaste M. A.

(1)Lococit.,p.102-103.

16


et non de l'ensemble de la population. Emprunté à la topologie, le motMerina a été employé conventionnellement pour désigner également les habitants, le dialecte, les mœurs et les coutumes de l'Imerina. Plusieurs auteurs en ont fait usage dans ce sens après M. Grandidier; l'expression est maintenant accréditée. Je ne vois donc pas la nécessité de lui substituer tardivement, comme le suggère M. A. Chazel, soit le francomalgache Imérinien, soit Ambaniandro, ni surtout la forme francisée de ce dernier mot « Ambaniandre (1). » L'emploi du mot Merina pour désigner les habitants de l'Imerina n'est, du reste, pas tout à fait nouveau, ainsi qu'on peut le constater par quelques passages des Tantaran'ny Andriana (2). Enfin, sur la côte nord-occidentale, les musulmans de langue arabe et les Bantous se servent généralement du motMere pour désigner Tananarive et l'Imerina, et E l-mere pour désigner les habitants. Le dissyllabe oxyton Mere n'est pas autre chose que la forme apocopée du trissyllabe proparoxyton Merina. ANTIBOINA

J'aiemployé quelquefois, comme plusieurs malgachisants.

i narration,

unterme oau

pour désigner commodément, au cours de la l'ensemble V de la population d'une région. Les habitants de l'Iboina, par \;X"!iJ lAQ.) sont appelés Anliboina. dans mes Musulmans à Madagascar. Cc~-~ .iu1 ne l'ignore; mais il est d'une clarté parfaite et iltient lieu du nom collectif qui nous manque. Ces deux considérations suffisent à en assurer la conservation. Les Antaisaka de Vangaindrano ont procédé de façon identique en créant les mots Ntaimery, Taimery, formes aphérésées de Antaimery, pour désigner les gens de l'Imerina. Le néologisme Antiboina peut donc s'appuyer sur le précédent d'un néologisme indigène de formation exactement semblable. On ne saurait exiger davantage. (1)Lococil.,p.100,103-104.

~;~,~

(2)

Cf.

l'article de M. Chazel, loc. cil. p.

101.


ETYMOLOGIES ARABES ET SOUAHILIES Je viens de publier dans le fascicule de novembre 1903du Journal Asiatique, un article sur l'élément arabe et souahili en malgache ancien et moderne.Un vocabulaire de 27 pages Contient à peu près tous les mots malgache d'origine arabe Ou souahilie. J'ai donné la transcription française de tous les lllots arabes pour qu'elle puisse être utilisée par l'auteur du Prochain dictionnaire. Il ne faut pas qu'on retrouve des étymologies de ce genre Silamo, les arabes, les musulmans. Du français Islam (1). Dans article de l'Antananarivo Annual de 1876 (2), un M. L. Dahle racines a rapproché quelques mots malgaches empruntées à plusieurs langues sémitiques et indo-euroPennes. C'est un contre-sens philologique. Nous savons à n ei1 pas douter, que les Arabes ont colonisé certaines parties deMadagascar. Aucune autre immigration Sémite, y compris laprétendue migrationjuive, n'a été attestée par des documents istoriques de quelque valeur. Les mots malgaches d'origine sémitique ne doivent donc être rapportés qu'à des racines arabes. L'hébreu, le chaldéen, le syriaque, le copte, contraignent à l'opinion de M. Dahle, sont hors de cause. Autant vaudrait conclure des mots français passés en malgache, que cette dernière langue est apparentée à la famille indo-europeenne et particulièrement au groupe latin, italien, espagnol, Portugais et roumain. ,JI'ai* rejeté deuxétymologies suggérées MM. A. Granpar dIdl,er et Jully Ramini de l'arabe Imâm, chef (3), et Rahajy a del'arabe hâdjdj,pèlerin de la Mekke (4). A priori, elles sont Pactes. Il n'est pas admissible que deux des principaux héros d es légendes historiques arabico-malgaches se soient appelés Uri chef, l'autrepèlerin. Que dirait-on d'un récit de ce genre 1 es Arabes étaient commandés par un nommé chef et son inal-Malzac, Dictionnaire malgache-français. 2" édit., p. 583.

:

de

:

:

J

,(4)

);( Theinfluence of the Arabs on the malagasy language: Oi-igine des malgaches. Paris, 1901, in-4, p. 123, fin de la

note 2. rive, Documents 88,p.800.historiquesinNotes, reconnaissances et explorations, Tanana-


?

petit-fils, un nommé pèlerin de la Mekke Les noms communs Imâm (1), et Hâdjdj ne signifient pas autre chose. Si même on admettait cette invraisemblance, il faudrait, conformément à la grammaire arabe, que les deux noms fussent précédés de l'article el el-Imâm, el-hâdjdj. Nous aurions alors en arabico-malgache, en ajoutant le préfixede courtoisie Ra Ralahimamy,Ralahimamo avec un h euphonique intervocalique ou Ralamamy, Ralamamo Ralahajy. Ces formes régulières sont très éloignéesdeRaminici et Ra hajy. M. Jully a, du reste, transcrit arbitrairement les Rahadzi et Racoube de Flacourt par Rattadji(sic) et Ra-Koba-Hadji (sic). Cette rectification n'est en aucune façon justifiée. J'ai publié récemment (2) une légende sur Raminia d'après un manuscrit arabico-malgache de la Bibliothèque Nationale. Les. deux noms précédents y figurent. Le premier est écrit Ra Hazy (3), et cette orthographe exclut tout rapprochement avec l'arabe hâdjdj le second est écrit tantôt Rakova, tantôt Rakovatsy qui ni l'un ni l'autre ne peuvent être transformés en Ra-Koba-

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Hadji. Jeterminerai par un conseil et je fais des vœux pour qu'il

soit écouté et suivi. L'étymologie est une science délicate et difficile. Comme toutes les sciences,. elle est régie par des règles et des lois immuables. Lorsque deux langues aussi différentes quel'arabe et le malgache, participent la formation d'un mot, il est indispensable de les connaître toutes les deux pour éviter de regretables erreurs d'étymologie. Quels merveilleux progrès feraient l'histoire et la philologie malgaches si chacun de nous voliaitne pas sortir de sa spécialité et se consacrer exclusivement aux questions rendues familières par des études antérieures

à

!

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GABRIEL FERRAND.

(1) Avec cette réserve que IniCtiii. désigne plus particulièrement un chef religieux. Cf. Kazimirski, Dictionnaire arabe français, sub verbo. Le titre de

Imâm donné au Sultan de Mascate, indique une souveraineté spirituelle qui prime le pouvoir temporel de ce souverain. (2) Journal Asiatique, mars-avril 1902. (3) L'hde Rahazy est très différent de l'h de hàdjclj dans la graphie en caractères arabes et leur aspiration est également très différente.

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Documents et Informations INFORMATIONS

MADAGASCAR

Ironique

— (La réception du 31 décembre; discours du Gouverneur Général. — La route d'Antsirabe. — Une école européenne à Anivorano. — Distinctions honorifiques. DU MOIS DE JANVIER.

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Nécrologie)

Tananarive, 15 janvier 1904.

La réception du 31 décembre au Gouvernement Général a ete tout particulièrement brillante. Comme de coutume, un grand dîner officiel la précédait, auquel assistaient les notaciviles et militaires, le consul de la Grande-Bretagne. les chefs le des missions religieuses françaises

riés

et étrangères, Résident et quelques membres de la Chambre consultative de notre ville, Rasanjy, gouverneur principal de l'Imerina. Le repas été suivi de plusieurs discours, prononcés le a par Lheide la Colonie, M. Girard, général, chef du serprocureur VIce judiciaire, M. Porter, consul anglais, M. Borchgrevinck, superintendant des missions norvégiennes, et Rasanjy. Tous o.nt exprimé au général Gallieni et à sa famille, les vœux Incères de la population française, étrangère ou indigène de ,~Madagascar tous ont constaté l'effort constant qui s'accomPIt dans la Grande Ile hâter son développement et les pour sultats déjà produits par la tâche entreprise. Les allocutions de MM. Porter et Borchgrevinck ont affirmé les sentiments ( estime et de cordialité que les Anglais et les Norvégiens,

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en particulier, nourrissent à l'égard de la France et de son représentant dans cette colonie, où tous reçoivent un accueil si empressé et si bienveillant. Le discours du Gouverneur Général a produit une vive impression. Il rend hommage au dévouement et au zèle de tous et jette un clairvoyant regard sur la situation actuelle de Madagascar. Le général Gallieni ne se fait pas illusion sur les difficultés nouvelles qui se dressent devant les administrateurs. Aujourd'hui se posent les grands problèmes économiques qui renferment dans leur solution l'avenir de la Colonie. Pour que Madagascar entre définitivement dans la voie prospère que son chef lui a tracée, il faut que l'équilibre s'établisse entre les chiffres des importations et des exportations et que Madagascar finisse par recevoir plus d'argent qu'elle n'en donne. C'est là l'œuvre du temps, puissamment secondé par les efforts de ceux qui président aux destinées de la Grande Ile. Or, du présent, on peut augurer que demain sera ce qu'on espère. Pour 1903, en effet, la valeur des exportations dépasse d'environ 30 0/0 celle des années précédentes L'activité générale permet de penser que cette progression continuera et que la balance entre les entrées et les sorties « s'établira d'ici quatre ou cinq ans, et cela sans nuire en rien selon l'expression aux intérêts généraux de la Métropole même du chef de la Colonie. L'exemple d'autres colonies nous apprend que mieux vaut bâtir lentement, mais solidement, l'édifice économique d'une terre nouvelle que de se hâter dans cette œuvre. Mais là où la hâte est justifiable, obligatoire même, c'est quand le Gouvernement crée l'outillage qui servira plus tard à utiliser les produits multiples qu'il s'efforce concuremment de développer. Cet outillage, constitué en l'espèce par les voies de communication et les accès, est déjà, il n'est plus besoin de le dire, mieux amorcé à Madagascar que partout ailleurs. Pour qu'il soit complet, il faut encore, sans doute, faire bien des sacrifices, mais la récolte, pour être un peu tardive, n'en sera que

»,

plus belle. Mais ce sujet m'entraîne loin de la soirée du 31 décembre, et ce n'est pas ici l'endroit de discuter à fond une théorie aussi


;

sérieuse. On me pardonnera ce commentaire très personnel du discours du Gouverneur Général il plaît d'ouvrir une année nouvelle sur des espoirs aussi justifiés que ceux qu'il est Possible de nourrir à Madagascar. La réception qui suivit le dîner, favorisée par un de ces temps merveilleux que nous avons d'habitude pendant la période lunaire, eut un éclat sans pareil.Plusqu'à l'ordinaire encore, elle fut empreinte de gaieté et d'élégance, et les couples de danseurs s'en donnèrent à cœur joie jusqu'après 4 heures 1/2 du matin.

+* Dans le discours, dont je viens de parler, le Gouverneur Général faisait allusion à l'entreprise prochaine de la création

de routes nouvelles destinées à relier Tananarive aux pays

voisins, les plus riches en riz, notamment aux régions d'Antsil'nbe et de Betafo. Entre l'annonce et l'exécution, le temps n'a pas duré. Le 4 janvier, M. Jacquet, conducteur des travaux Publics quittait le chef-lieu de la Colonie pour aller procéder aux études de la voie carossable qui reliera, avant qu'il soit longtemps, Tananarive à Antsirabe. Le tracé de cette route sera tel qu'au moyen de quelques déviatious bien comprises elle traversera les vallées des rivières Ilempona et Sahatsio ou les rizières sont particulièrement nombreuses et productives. Et désormais, des contrées essentiellement fertiles et cultivées ne seront plus exposées à voir leur surproduction toujours croissante leur rester pourcompte elles participeront Pour leur profit à la consommation générale les vœux de la Population et des administrateurs seront ainsi heureusement comblés.

;;

Ce discours du chef de la Colonie prononcé le 31 décembre est décidément bien d'accord avec lIes faits. On y lit que le gouvernement local a donné la preuve qu'il avait grand souci des familles européennes s'occupant le

en plus au cœur: les enfants

».

de ce qui leur tient A nouveau, il vient de le «


témoigner par la création à Anivorano, dans le district de Fetraomby, d'une école laïque préparatoire pour les garçons européens et assimilés. Depuis le commencement des travaux du chemin de fer, Anivorano est, en effet, devenue une localité importante où la population blanche s'est accrue au point de nécessiter l'ouverture d'un établissement scolaire. Ainsi, les questions qui touchent le plus près à l'avenir de la Colonie paraissent une fois de plus inséparables de celle de l'instruction à donner aux enfants, les artisans de demain, et c'est dans un des centres où l'activité estla plus grande, où le labeur est le plus continu que les élèves de l'école nouvelle apprendront, d'après des programmes choisis, à devenir des hommes utiles au pays où ils sont appelés à continuer l'œuvre de leurs parents. *

Le 23 courant, la section indigène de Tananarive du Comité de Madagascar, donnera au théâtre municipal une fête de propagande analogue à celle qui, en avril 1903, obtint, au palais de la Reine, un si vif succès. Les organisateurs, qui sont à l'heure actuelle dans le feu de la préparation, ont élaboré un programme de choix auquel les Européens trouveronttout autant de charme que les Malgaches. Mettant à profit les étonnantes facultés scéniques dont je vous ai dernièrement entretenu, des indigènes joueront dans leur langue le troisième acte de l'Avare, et il ne sera pas sans intérêt, même pour ceux qui ne comprendront pas, de juger, d'après les gestes et la mimique, l'idée que se font les Malgaches d'un Harpagon, d'un Valère ou d'un maître Jacques, d'un Cléante ou d'une Marianne. Une pièce française composée pour la circonstance sera également représentée un orchestre fera entendre des morceaux variés, œuvres parfois d'indiles chanteurs les plus réputés de la région chanteurs gènes d'Antsahondra, d'Ambohimamory et de Rabakoniarivo viendront, comme l'an dernier, enthousiasmer la foule le gros succès sera sans nul doute pour Rainizanamanga, Betsinjaka fameux, dont le nom suffit à attirer en masse les spectateurs dans tous les concerts qui sont donnés à Tananarive et aux

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environs par les imprésarios malgaches. Je me réjouis à 1 avance, avec tous les membres du Comité de la réussite de cette fête qu'affirme déjà, aujourd'hui, l'entrain avec lequel s'enlèvent les places il est craindre que le théâtre ne soit trop exigu pour contenir l'assistance et, dès maintenant, il est sérieusement questionde donner deux représentations.

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à

* -¥

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Je me fais l'écho de la satisfaction générale qui a accueilli la nouvelle, apportée par câblogramme, des récompenses Accordées à quelques personnalités de Madagascar à l'occasion du jour de l'an. C'est, au premier rang, M. Lallier du Coudray, commissaire principal de 1reclasse des colonies, chef du service colonial de Marseille, promu officier de là Légion d'honneur,juste récompensedes remarquables services dont a largement profité la Grande Ile, alors que M. Lallier duCoudray remplissait, de 1897 à 1901, les fonctions de Secrétaire Général et à laquelle ont applaudi tous ceux qui l'ont connu ici. La croix de chevalier est accordée à M. l'administrateur en chef Péan, chef actuel de la province de Marianjary, qui,jeune encore, a déjà à son actif une longue et belle carrièreadministrative à la côte occidentale d'Afrique et dans laGrande Ile. Citons encore M. le capitaine Giorgio, chefdu bureau topographique de l'Etat-Maj or, qui reçoit àlafoisla croix etles palmes académiques, double distinction bien méritée par des services nombreux et remarquables. Le nouveau décorévient, enautres choses, d'achever de superbes cartes de Madagascar qui sont le « dernier cri» de l'exactitude et le fruit d'un labeur peu commun jepasse soussilence sonamabilité et sa courtoisie bien connues qui lui valent autant de sympathies qu'il de relations. a Enfin, je retiens parmi les promotions au grade de chef de bataillon celle de M. le capitaine du génie Lanty, dont j'ai eu 1 heureuse occasion de vous entretenir dernièrement à l'occaSlon de son départ de Tananarive où il remplissait les difficiles fonctions du chef du service des ponts et chaussés. C'est, Parmi .d'autres nominations, une des mieux accueillies il n'en est pas deplus méritée.

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Pourtant, je m'en voudrais de ne pas citer celle qui a donné le quatrième galon à un philantrope qui a mis sa

science, ses moyens et son grand dévouement à la disposition de l'œuvre de régénération poursuivie à Madagascar à l'aide j'ai nommé M. le médecin-major de l'assistance médicale Villette dont la maternité d'Iscraka, déjà décrite par la Revue, a participé pour une bonne part à l'accroissement si rapide de la population de Tananarive. Toutes ces récompenses atteignent des mérites reconnus qui, pour s'exercer dans des genres divers, n'en sont pas moins tous également dignes d'éloges.

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La quinzaine a été malheureusement marquée par de trop nombreux décès. A Tananarive, M. Villaumé, stagiaire d'artillerie coloniale, est mort le 5 de ce mois après une longue et cruelle maladie, donnant jusqu'à la dernière minute l'exemple d'une énergie admirable, puisque le 4 au soir il travaillait encore à mettre en ordre sa comptabilité et qu'il succombait quelques heures plus tard, à une heure du matin. M. Bertaud, contremaître tanneur, à l'école professionnelle de notre ville, a été enlevé par un accès pernicieux dans la nuit du 9 au 10, laissant une veuve qui cinq jours auparavant, lui avait donné un enfant. M. Bertaud était un artisan habile, un bon professeur et un excellent camarade. A Diego-Suarez, M. Mortages, gérant du Cercle français et membre de la Chambre consultative, a perdu sa femme, le 4. Toute la ville a 1 tenu à conduire la défunte à sa dernière demeure, et à donner:ainsi au mari infortuné une preuve de sa douloureuse sympathie. A Lohariendava, dans le district de Fetraomby, le gendarme Padovani et l'infirmier Crulowski se sont noyés en traversant la Vohitra, dans des circonstances encore peu connues, grossissant ainsi une liste funèbre déjà trop remplie. A tous ces morts, adressons un suprême adieu et souhaitons que la suite de l'année 1904 soit plus clémente. E. CHAMIÉR.


Le

retard du Djemnah. — La fête indigène du Comité de Madagascar. — Les céréales de M. Couesnon et la brasserie de M. Jouve.— Nécrologie Mort tragique de M. Lemaire.

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Tananarive, le

31

janvier

1904.

Nous venons, par suite d'un accident dont vous avez connu les détails bien certainement avant nous, de passer une quinzaine fort énervante. Une avarie de machine survenue au Djemnah retenu a ce paquebot à Aden, du 6 au 21 courant, et c'est seulement le 29 dans l'après-midi qu'il a touché à Diego-Suarez. J'imagine que les passagers du malchanceux navire, au nombre desquels se trouvait M. le gouverneur Lépreux, ont dû maudire le sort qui les retenait aussi longtemps dans une escale peu réputée pour ses agréments. Quant à nous, qui n'avions pas les mêmes raisons de nous plaindre, nous avons pourtant trouvé le temps long et un véritable soupir de satisfaction a salué la nouvelle de l'atterrissage du djemnah à Diego, nouvelle que, par comble d'infortune, il nous a fallu attendre encore plus d'un jour, le mauvais temps ayant momentanément interrompu les communications télégraphiques entre ce port et Tananarive. Enfin, tout est bien qui finit bien les conséquences de l'accident se bornent, Jusqu'à maintenant, à un retard dans la réception et le départ des correspondances; dans trois ou quatre jours, nous lirons avec plus d'avidité des correspondances qui se seront fait désirer plus longtemps que de coutume.

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La fête annuelle du Comité de Madagascar jouit vraiment, dans la population malgache de Tananarive, d'une faveur extraordinaire et la population européenne elle-même lui accorde un intérêt dont le succès éclatant remporté par la oirée du 23 janvier, a donné la preuve la plus manifeste. Dès l'annonce de cette solennité, ce fut, au bureau de location 411 défilé ininterrompu d'amateurs qui se disputèrent loges, fauteuils, chaises et simples parts de bancs avec un enthousiasme du meilleur augure. Aussi, le soir de la représentation,


le rideau se leva-t-il devant une belle salle, où le nombre le disputait l'élégance.Le théâtre municipal était beaucoup trop

à

petit pour contenir tous les Malgaches qui eussent voulu vibrer aux accents de leurs chanteurs favoris ou applaudir les acteurs des pièces portées au programme, et ce n'était pas un spectacle banal que de voir à toutes les portes se presser une foule ardente, anxieuse, mais qu'il fallut, faute d'espace, inexorablement maintenir au dehors. Quant à l'intérieur, je voudrais pouvoir le dépeindre avec fidélité. Les Européens occupaient les loges de côté et la plus grande partie des fauteuils d'orchestre; personne ne m'en voudra de dire que c'était la partie la moins originale de la salle du reste, la présence de nombreuses dames donnait à ce parterre un charme suffisant pour que les plus difficiles fussent satisfaits. Mais derrière, Un directeur de troupe quelle assistance et quel entrain théâtrale aurait jalousé, encherchantenvain un coin qui soit libre, le Comité de Madagascar dont la popularité peut provoquer des manifestations semblables à celles de l'autre jour. Ramatoa gracieusement vêtues, Malgaches riches et mis à la dernière mode, masse populaire moins bien placée peut-être mais non moins heureuse d'être là devaient tout à l'heure s'échauffer tout comme ce public du midi de la France, appréciateur de bons spectacles, grand amateur d'art et de talent, frayeur des artistes et des imprésarios. Les organisateurs de la fête du Comité n'avaient pas à le craindre que leur public manifestât du mécontentement programme avait été fait avec un soin si minutieux, une connaissance si parfaite des goûts de l'indigène que la salle ne devait pas tarder à être transportée d'aise. C'est ce qui arriva on eût dit que la foule s'électrisait; dès le début, les applaudissements éclataient pour ne plusfinir; les cris,trépignements, rires, ovations sans fin, se succédaient ensuite tout le long de la soirée sans que jamais une note discordante vint rompre l'uniformité de cette unanime et bruyante satisfaction. Les Européens présents qui, tous, ne pouvaient faire étalage de connaissancesétendues en langue malgache et comprendre les paroles qu'on déclamait ouchantait devant eux, prirentun plaisir véritable à voir et entendre ces témoignages d'en-

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!

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à


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thousiasme. L'intérêt, en un mot, fut partout sur la scène et dans la salle. Le spectacle, d'ailleurs, était fort bien composé. Il commença par la distribution des récompenses de l'exposition de Hanoï et parmi les lauréats, qui furent tous acclamés, on compta plusieurs indigènes dont des médaillons et brevets consacrèrent l'habileté dans l'exercice de certaines professions telles que la bijouterie. Après cette entrée en matière consacrée aux arts malgaches et à la glorification des efforts accomplis par les particuliers et les services publics en vue du développement de la Grande Ile, débuta le programme véritable. L'Association philharmonique Malgache, groupement de jeunes musiciens indigènes très bien conduits par Andriantseheno, exécuta une ouverture fort appréciée pour son ensemble, qui valut aux virtuoses, non moins que leur bonne tenue, un chaleureux accueil. Puisque j'en suis à parler de cette société, j'ajoute de suite qu'elle se fit entendre à plusieurs reprises au cours de la soirée et qu'elle provoqua chaque fois parmi l'assistance un plaisir véritable; elle interpréta différents morceaux d'auteurs européens arrangés par son chef dont les connaissances en harmonie éclatèrent ainsi en même temps que son autorité de conducteur d'orchestre, un autre disposé également par un indigène,Razafintsalama, et une Fantaisiemalgache due à uncompositeurnommé Ramboatiana, à qui un certain passé musical a procuré depuis longtemps, à Tananarive, une réputation méritée. Chaque fois qu'elle joua, l'Association philharmonique obtint un très vif succès qui" me fait souhaiterqu'elle nous donne plus souvent, désormais, l'occasion de l'apprécier. La fête comprenait trois parties. Lapremière fut presque exclusivement rem plie par un concours de chant qui mit en présence les trois plus fameux groupes de chanteurs dela région Betsinjaka, Ambohimamory et Amboasary. Ils Parurent dans cet ordre et, tant qu'ils furent sur scène, un Vrai délire se déchaîna parmi la foule des auditeurs indigènes. Les trois morceaux qu'exécuta, en alternant, chacun des groupes eurent, néanmoins, un succès divers, conséquence duprocédé de composition mis en œuvre pour séduire l'au-

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ditoire et que l'on put nettement apprécier dans les variations de l'enthousiasme. Ce furent les Ambohimamory qui parurent l'emporter : leurs chants extrêmement animés, pleins de vie et de gaieté, accompagnés d'un musique simple, mais fort animée, provoquèrent les applaudissements et les ovations avec plus de fréquence et d'unanimité que ceux de leurs

Rasoanindriana

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concurrents. Les Betsinjaka qui, l'an dernier, avaient remporté la victoire, plurent beaucoup aux musiciens, mais la complexité de leur harmonie fit sur l'assistance malgache une impression moins vive que l'art populaire des premiers nommés, si, du moins, l'on se base, pour apprécier leur succès, sur les bruyantes manifestions de la salle. Les Amboasary eurent aussi de nombreux partisans ils usèrent, avec beaucoup de charme, de la forme dialoguée et, chez eux plus que chez leur rivaux, on remarqua une tendance plus grande à se rapprocher de la méthode musicale européenne

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ce n'est peut-être pas là, après tout, que doit résider le mérite de chanteurs indigènes. Ce concours fut, en un mot, un des principaux épisodes de la soirée.

Les chants furent coupés par l'apparition d'une charmante jeune Malgache, Rasoanindriana, qui vint, vêtue d'un élégant eostume blanc, réciter avec infiniment de grâce et d'expression l'élégie reproduite ci-dessous, due à l'un de nos plus sympathiques concitoyens, dont la modestie s'effaroucherait si je violais l'anonymat qu'il tient à garder. Et pourtant, ces beaux Vers mériteraient d'être signés, car autant à la lecture qu'à l'audition, il s'en dégage un souffle poétique que les spectateurs ont su reconnaître en félicitant par leurs bravos l'auteur discret et son interprète éloquente. Je ne puis m'empêcher d'ajouter que la surprise générale fut grande quand on entendit Rasoanindriana réciter La légende de Tritriva avec une pureté d'accent, une sobriété de gestes, une élocution émue vraiment extraordinaires qui ajoutèrent à l'attrait de la pièce. LA LÉGENDE DE TRITRIVA 1

trois jours dans le Sud, loin de Tananarive S'étend un pays vert, riant et montueux, Où le sentier étroit péniblement arrive, Découpant sur le ciel un profil curieux, On rencontre en chemin leballon de Tritrive Où viennent de partout rêver les amoureux.

A

II M

Là-dessus on raconte une tragique histoire Qu'aucun guide imprimé n'indique au voyageur Seuls, les vieux de l'endroit en gardent la mémoire, Et leurtouchant récit d'une humaine douleur Peut mettre au plus blasé, lorsqu'il y veutbien croire, Un peu de sentiment et de tristesse au cœur !

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III C'est que dans tout pays et quoi que l'on prétende, Dès que vibrent les mots de jeunesse et d'amour Il faut que l'âme exulte ou bien qu'elle se fende,


Qu'elle chante gaîment ou pleure tour à tour. Et maintenant, je vais vous dire la légende Qu'à Tritrive en passant, on m'apprit l'autre jour. IV

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Un délicat manteau de fleurs et de verdure Tapisse en l'entourant le pied du mamelon Mais tout près du sommet, une large échancrure Aux regards étonnés s'ouvre en gouffre profond, Les bords en sont àpic un lac à l'onde obscure, Immobile et muet s'étale tout au fond.

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y Abîme ténébreux, antre plein de mystère, Dont la mort a marqué les murs noirs et poudreux Quel effroi dans tes flancs, insondable cratère, D'où notre globe un jour, en Titan furieux, Dans un rude frisson exhala sa colère Vomissant des torrents de laves et de feux

!

VI A quelque temps delà, raconte la légende,

Deux jeunes amoureux, presque encor des enfants, S'étant fait de leurs cœurs la chaste et pure offrande, Et puis, ayant un jour échangé leur serments, Ne purent, sort cruel, fléchir à leur demande Le caprice jaloux d'égoïstes parents

!

VII Alors, on putlés voir, pendant toute une année, Au bord du lac, souvent, se donner rendez-vous, Y répandre des pleurs sur la rive étonnée, Et quelquefois aussi, tremblants, à deux genoux, Prier, comme voulant calmer la destinée, Et des dieux du volcan apaiser le courroux

!

!

VIII

!

Le désespoir vient vite lorsqu'on aime Un soir, les deux enfants, lassés de ce fardeau, Lassés d'avoir souffert et de l'amour lui-même, Ayant pris pour linceulleur lamba le plus beau Et tendrement unis dans un baiser suprême, firent un tombeau Du lac sombre et profond, Hélas

se

!


IX

J'ignore en'vérité si cette histoire est feinte, Mais, si les deux amants, ont éprouvé ces maux, Quelque chose survit de leur idylle éteinte, Car, aux flancs du rocher, j'ai vu deux arbrisseaux Qui poussent enlacés dans une douce étreinte Et paraissent pleurer sur le cristal des eaux

!

La seconde partie fut occupée au début par l'exécution de chants qu'interprétèrent les anciens chanteurs d'Antsaroyaux hOndra. Ces artistes très réputés mirent successivement au service des compositeurs Rainizanabolona, Raonivalo, Razollarivo, Ratsiambakaina, Rakotomanga Razafindrazaka,leur leelle virtuosité en interprétant les morceaux de ces derniers. Jevous laisse à quel accueil leur fit un public pour qui penser le chœur d'Antsahondra est une sorte de gloire locale. Aussitôt après, le rideau se leva sur une adaptation malgache de l'Avare, jouée par un groupe de jeunes indigènes fort bien stylés. Au lieu de ne donner que le troisième acte, :Olllme la chose avait été primitivement convenue et comme Je vous l'annonçais dans ma précédente correspondance, les traducteurs avaient arrangé la pièce tout entière en la réduiant beaucoup. Grâce à une mise au point éclairée, l'ensemble etait accommodé avec tout l'art scénique désirable aussi, la représentation obtint-elle un succès indescriptible. Les acteurs, Costumés selon la mode duxvne siècle et grimés avec beaucoup d'à-propos, firent preuve d'un si merveilleux entrain, usèrent d'une mimique si expressive, tinrent leur rôle, qu'ils possédaient d'une façon imperturbable, tant de perfection que avec les Européens les moins malgachisants les suivirent avec Intérêt et s'amusèrent franchement. Quant aux indigènes, ils furent transportés ce caractère universel d'Harpagon ainsi que les passions diverses personnifiées par les autres héros de la pièce ne parurent pas étrangers à ce peuple observateur au suprême degré. La traduction, en mettant à la portée de tous une morale présentée sous forme de satire, n'avait pas églige l'esprit dont l'Avare français abonde les mots drôles, les proverbes tenaient lieu de ces expressions si vives et si

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fines qu'on trouve dans l'œuvre classique et notre grand Molière, s'il fut revenu en ce monde pour assister, à Tananarive, à l'interprétation de sa pièce, n'eut certes pas désavoué ceux qui surent en rendre l'intention appréciable pour des gens dont la culture intellectuelle est des plus primitives. Le nom d'Harpagon ne tardera pas à entrer dans la langue malgache qui sera ainsi dotée, sans que l'Académie intervienne, d'un néologisme peu commun cela seul suffirait pour faire apprécier le succès de ce numéro sensationnel. La troisième partie comportait le clou de la soirée, consistant en une saynète en un acte, intitulée Fleurs d'A njoma, composée pour la circonstance par l'auteur de la Légende de Tritriva et jouée en français par des indigènes. L'action en est simple, gracieuse et morale il s'agit d'un jeune viveur qui dissipe ses biens et la dot de sa femme et soupçonne deplus, à tort, cette dernière d'inconduite or, l'épouse du mauvais sujet, personne modèle, aime de l'affection la plus honnête un brave chapelier qui lui rend ce sentiment et avec l'aide duquel elle s'établit comme fleuriste au Zoma. Après diverses péripéties amusantes ou remplies d'émotion, un divorce brise cette union mal assortie, permet le mariage de la fleuriste et du chapelier et ouvre, enfin, les yeux du premiermari qui, faisant amende honorable, promet de mener désormais une existence exemplaire.Le tout est gracieux, spirituel, rempli de situations comiques, de scènes d'amour, de traits de mœurs locales, de critiques et de conseils du meilleur ton; un style alerte et simple, quelques épisodes judicieusementintercalées achèvent de donner à cettepièce un charme que surent faire ressortir les interprètes. Ceux-ci ne furent nullement arrêtés par la ils jouèrent avec un naturel difficulté de la prononciation parfait; leur excellente tenue impressionnafavorablement les spectateurs; aussi ne leurménagea-t-on pas, à maintes reprises, les applaudissementsles plus chaleureux dontl'auteur put sans fausse modestie prendre sa part. La soirée s'acheva par des chants et danses merina de jadis qu'exécutèrent les anciens d'Ambohijafy sous la direction de Mavo. Les danses consistaient en de simples pas cadencés accompagnés de mouvements lents des bras et des mains et

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de chants gutturaux aux tonalités un peu tristes les Européens les Malgaches eux-mêmes éprouvèrent une vive ILQpression en voyant ces hommes et ces femmes aux cheveux

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blancs ougrisonnants, reproduire ainsi, avec une gravité accrue encore par la somptuosité de leurs costumes, les dissections d'autrefois ce fut donc sur un véritable enchantement que tomba le rideau au milieu d'ovations sans fin. Mais l'exiguité de la salle ne cadrant nullement avec le "Ollibre des Malgaches désireux d'assister à la représentation, Il a fallu, hier soir, ouvrir à nouveau les portes du théâtre Municipal pour une seconde soirée. Le spectacle, dont le programme était le même que le samedi précédent, ne l'a cédé en rien à son devancier. Mais cette fois, l'auditoire était Presque exclusivement composé d'indigènes ce fut du délire d un bout à l'autre. Les ovations se succédèrent jusqu'à la fin ^ôJées de cris de joie quasi inhumains acteurs, danseurs et chanteurs se dépensèrent sans compter mais furent chaleu1Gisement récompensés d'avoir su agiter les âmes de leurs semblables par l'accueil qu'ils reçurent. L'Avare et Fleurs d'Anjomaobtinrent un succès encore grossi par la renommée qluavaient acquise les deux pièces en ces huit jours. Le tournoi pngagé le 23 entre les Ambohimamory, les Betsinjaka et les Amboasary se termina par la victoire prévue des premiers, ll°n sans que leurs concurrents leur aientchaudement disputé a palme. Les vainqueurs, désignés par la voix populaire et 1111 jury impartial, reçurent en fin de séance la bannière d'honneur du Comité de Madagascar et exécutèrent chant de un glaire dont chaque mesure fut saluée par utie tourmentedu Ihlblic. A la sortie, de véritables manifestations s'organisèrent f;lla foule accompagna longuement les chanteurs qui, encoupar cette conduite triomphale, régalèrent une dernière ls leurs admirateurs d'une audition non moins goûtée que 1 es Précédentes. Ce fut qu'après une heure du matin que le ne silence se rétablit dans la ville, quand chacun fût allé cher1er dans' unsommeil réparateur un repos bien gagné après nt. d'émotions, sommeil que troubla peut-être encore le souvenir d'une harmonie enthousiasmante, d'un Harpagon risible °u Rasoanin d riana gracieuse.

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Le Bulletin économique du quatrième trimestre 1903 signale les heureux résultats obtenus dans la culture des céréales d'Europe par un colon français, M. Couesnon, dont les efforts persévérants ont déjà été rapportés par la Revue à diverses reprises. Cet agriculteur possède à Farafasika, gouvernement d'Ambohitrimanjaka, dans le district del'Avaradrano Marovatana, c'est-à-dire non loin de Tananarive, une concession faite de terrain alluvionnaire et sablonneux, située au confluent de l'lkopa, de la Lisaomy et de la Mamba. Après avoir par trois fois en une seule année ameubli le sol au moyen de labours à la charrue, il a procédé à des semis de blé, d'avoine, de seigle et d'orge. Le blé a bien réussi l'an passé et 25 kilos,degrains appartenant aux variétés « Blé de Bordeaux », « Blé de Noé »5 de Médéah » auxquelles s'ajoutait un peu de blé venu « Blé d'Antsirabe ont produit 310 kilos à la récolte, soit un rendement de 1240 p. 100. Ce nouveau grain est de bonne qualité quant à la paille, qui atteint lm ,50 de haut, elle est fort belleL'avoine, mise en terre en juin dernier, n'a pas encore acquis sa maturité, mais si les pluies de la saison actuelle ne l'altèrent pas, il faut espérer qu'elle donnera un rendement satisfaisant. Le seigle a mieux réussi que toute autre céréale. 72 kilos de semences ont fourni 1.500 kilos de graines nouvelles, soit une moyenne d'environ 2.500 p. 100, avec une grande quantité J de paillehaute de l-,60. L'orge, enfin, dont la récolte n'est pas encore terminée actuellement promet une multiplication abondante le grain est, paraît-il, plus beau que celui venant de France ici encore, la tentative sera sans nul doute fructueuse. L'intérêt des expériences de M. Couesnon est patent peutêtre, lorsqu'elles auront appris dans quelles conditions les céréales dont il s'agit doiventêtre cultivées pour réussir sur le plateau central, lorsque, en un mot, un calendrier agricole sera établi à leur propos, arrivera-t-on quelque jour ce résultat, moins utopiste qu'on veut bien le dire, de produire sur place tout ou partie du grain nécessaire à l'alimentation des centrale. D'études très hommes et des animaux de

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reniarquables dont l'Officiel a fait mention, il résulte que dans bon nombre de céréales malgaches, on trouve, en plus grande proportion qu'en France même, les éléments gras et Azotés qui sont la condition de la valeur nutritive de ces gaines. C'est l'affaire du temps, des engrais appropriés, du choix du terrain et d'essais tels que ceux de M. Couesnon à Parafasika et de M. Georger à Antsirabe, de déterminer dans quelle mesure on peut compter sur ce nouvel avenir agricole de l'Imerina. Il convient, il est vrai, seulement encore d'espérer; mais, du moins, l'espoir est fondé sur des résultatssérieux et ce n'est pas être trop optimiste que de dire qu'à ce point de Vueaussi, le plateaucentral, sidécrié, n'a pasditson dernier mot. La réussite de laculture de l'orge dans le moindre délai servirait utilement une industrie qui vient de se créer près de tananarive j'ai nommé la brasserie. Un colon français : a installé à Ambohimangakely, à une heure duchef-lieu, une fabrique de bière actionnée par une chute d'eau et une machine àvapeur, et pourvue du matériel de brasserie le plus moderne. :'e passe sur les difficultés matérielles qu'a du vaincre cet industriel pour mener à bonne fin son entreprise et édifier en celieuunemagnifique usine elles font honneur à sa ténacité. Pour nous faire prendre patience, il avait, en 1902, commencé par nous fournir la glace, si appréciée dans les pays coloniaux depuis le 25 décembre dernier, la bière Jouve — du llOIn de son fabricant — a fait son apparition dans la ville et Comiïience à faire la conquête de toutes les tables. Brune ou londe, cette fraîche boisson est délicieuse il n'est pas un rTananarivien qui ne chante ses louanges aussi, n'avons-nous plus rien à envier à ce point de vue aux habitants de la MétIPole. Mais, ce nous est surtout une grande satisfaction de Penser, avalant des bocks mousseux, qu'un Français a su, en le premier, créer en plein cœur de l'Ile une industrie aussi utile. Et c'est pourquoi, il faut souhaiter que l'orge malgache P°usse assez abondamment pour que la brasserie d'AmbohillCtngakely agriculteurs et brasseur y trouen puisse user vaient leur compte, ceux-là étant assurés d'écouler leurs Produits l'usine, celui-ci voyant, si je puis m'exprimer ainsi,son usine devenir autonome.

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La mort, semble-t-il, s'appesantit par périodes sur la Colonie et ses coups, par leur soudaineté, surprennent et déconcertent. C'est ainsi que nous avons appris brusquement une série de décès qui causent autant de vides profonds dans la Colonie. Le 10 janvier, M. Leuglet, colon à Maromby, près de Fianarantsoa,mourait terrassé par des fatigues excessives, laissant inachevée une tâche qu'il poursuivait depuis quelques années avec beaucoup d'intelligence et toute l'ardeur de la jeunesse. Le 13, Mme Roustan, femme du gérant du bureau postal el télégraphique de Marovoay, était enlevée brutalement, à 27 ans, à l'affection de son mari, pendant qu'elle allait à Majunga faire soigner une maladie intestinale, d'apparence moins meurtrière. A Majunga même succombait le 16, un jeune officier de 24 ans, M. le lieutenant Fons, qui, dans sa courte carrière, avait déjà fait apprécier ses brillantes qualités militaires. II était en service à Maevatanana, en qualité d'officier de renseignements du cercle, quand il fut atteint du mal qui devait, malgré son énergie, l'obliger à se faire évacuer sur une formation sanitaire et le terrasser rapidement. D'une manière tardive nous est parvenue la nouvelle du décès de M. Dufour, comptable aux chantiers du chemin de fer, survenu le 26 décembre 1903 à l'ambulance d'AniveranoLe défunt, qui n'avait pas 25 ans, éprouvé déjà par quatre années de service militaire accomplies dans l'infanterie coloniale et au cours desquelles il lui avait été donné, en Chine, de se distinguer, n'a pu résister au climat des basses régions, pénible en cette saison ; la fièvre L'a emporté sur les soins les plus éclairés. Lacolonie européenne toute entière a été vivement.impressionnée en apprenant, le 29 dans la matinée, la mort de M. Knott, vice-consul anglais à Majunga. Depuis dix-sept ans à Madagascar, connu de tout le monde et ne comptant que des amis, le défunt s'était signalé autant par sa courtoisie que par son habileté et la science avec laquelle, dans l'observatoire qui porte son nom, créé par lui en 1887, il avait étudié


le climat météorologique de la côte Ouest. Il a été enlevé subitement cours d'une promenade enpirogue sans que rien puisse faire prévoir cette fin rapide. La journée d'aujourd'hui réservait pénible

au

nous encore une éprise et une émotion poignante. Un des colons les plus sympathiques, les plus courageux et les plus méritants de notre ville, M. Albert Lemaire, hier encore plein de vie et de projets, a été, ce matin, blessé mortellement au cours d'un lame épouvantable, dont personne ne parvient à s'expliquer a., cause déterminante et qu'il m'est pénible de vous retracer ci en détail au cours d'une discussion futile, il a reçu d'un tHopéen un coup de fusil en plein corps. Il y a quelques eures seulement qu'il succombé milieu de sa famille a au desespérée, donnant jusqu'au dernierinstant, malgré d'atroces souffrances accrues par des soucis bien compréhensibles, temple de la sérénité la plus étonnante. Chacun ici est consterné cette mort brutale a jeté dans les esprits une Sorte de perturbation àlaquelle l'action judiciaire ne permettra pasde calmer immédiatement. M. Lemaire laisse et se une veuve trois petits enfants vers lesquels sont allés d'unanimes témoignages de pitié et d'estime les Malgaches eux-mêmes se Ont associés à ces marques de regrets pour cet accident incroyable qui arrache à l'existence homme dont la franun chIsé, la droiture, l'inaltérable égalité d'humeur faisaient, jj Olllne travail et le succès de ses entreprises, une des son r' gures les plusconsidérées Tananarive. Je clos cette funèbre liste l'annonce du décès, survenu par , Diego Suarez, de M.le capitaine Le Moal, du 3merégiment de ailleurs malgaches, officier distingué 'et de commerce armant. Il laisse après lui le souvenir d'un parfait soldat, Ul1ami sûret d'un supérieur très bienveillant.

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E.

CHAMIER


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L'Horaire du Persépolis — Les modifications suivantes ont été apportées à l'horaireduPersépolis, chargé du service de la côte Ouest, à partir du voyage de février 1904. I. — Mois qui suivent un mois de 31 jours, — ANALAVAVA

:: ::lele :: : :: ::: ::

Arrivée Départ

MAJUNGA

Arrivée

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Nosi-BE — DIEGO-SUAREZ..

Départ Arrivée Départ Arrivée

par exemple février

le 31 janvier, à 4 heures du matin. 1er février, à 10 heures du soir. 2 février, à 8 heures du matin. 2 février, à 4 heures du soir. le 3 février, à 3 heures du matin. le 3 février, à 2 heures du soir. le 4 février, à 7 heures du matin.

II. ,. - Mois qui suivent un mois de30jours, par exemple, décembre Arrivée le 1erdécembre, à 4 heures du matinMAJUNGA le 1erdécembre, à 10 heures du soir. Départ ANALALAVA Arrivée le 2 décembre, à 8 heures du matin. Départ le 2 décembre, à 4 heures du soir. — le 3 décembre, à 3 heures du matin. Arrivée NOSI-BE le 3 décembre, à 2 heures du soir. Départ — le 4 décembre, à 7 heures du matin. DIEGO-SCAREZ.. Arrivée Les Automobiles. — Le Journal Officiel du 20 janvier contient un intéressant rapport de M. le capitaine Grüss, sur le fonctionnenement des automobiles depuis sa création. Le service d'automobiles organisé entre Tananarive et la côte Est pour le transport des courriers postaux et des voyageurs compte aujourd'hui huit mois d'existence et n'a cessé, pendant cette période, de fonctionner dans des conditions satisfaisantes. Le matériel comprend huit voitures de 12 à 16 chevaux; quatre ateliers d'entretien et de réparation ont été créés au points terminus du parcours et aux points intermédiaires. Le courrier de France, marchant jour et nuit, fait le trajet en dix-huit heures et le courrier bi-hebdomadaire en deux jours. Chaque voiture postale est aménagée pour transporter quatre voyageurs. Depuis le 1er juin 1903, date de l'ouverture du service, les automobiles du service postal ont couvert 46.000 kilomètres et transporté 106 tonnes de courrier, ainsi que 185 voyageurs avec leurs bagages.


L'Enseignement. — L'arrêté du 15 juin 1903 organisant le service de l'enseignement indigène est abrogé, et remplacé par un arrêté portant la date du 25 janvier 1904, qui a paru au Journal Officiel du27 janvier. Les Tirailleurs Sénégalais de Diego-Suarez. — Un incident s'est produit le 4 janvier aux environs de Diego-Suarez. Des tirailleurs sénégalais ayant trouvé dans la brousse le cadavre d'un de leurs compatriotes se sont rendus en nombre au Tanamboa et, supposant que les indigènes étaient les auteurs de cet assassinat, ils en ont tué trois et blessé une dizaine. Un détachement de troupes européennes fut envoyé en toute hâte et le colonel Ruault se rendit au Tanamboa pour y rétablir l'ordre.Les femmes terrorisées ont fui, se réfugiant à Antinabé. Il est question de transporter au cap Diego le camp des tirailleurs et de ne leur laisser les armes qu'en service commandé, comme au Tonkin.

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Le Syndicat des prospecteurs. Un groupe de prospecteurs d'Ambositra vient de se constituer en syndicat professionnel (conformément à la loi du 21 mars 1884) le 10 décembre 1903, sous le titre de : Syndicat desprospecteurs de Madagascar. Il fait appel à l'adhésion de toutes les personnes qui, dans la colonie, vivent de la prospection ou d'une industrie s'y rattachant. Le dockflottant deDiego-Suarez.—Une lettre de M. le colonel commandant la défensefait connaître qu'undock flottant de 114tonneaux venant de Toulon et destiné aux ateliers qui doivent être créés à Diego pour la réparation des torpilleurs, est arrivé à destination le jeudi 21 janvier, dans l'après-midi. Il était piloté par le remorqueur d'escadre Goliath, commandé par le lieutenant de vaisseau Couvers et monté par 49 hommes d'équipage. Le Goliath a dû quitterDiego vers le 5 février pour rallier Toulon.

la

MadagasChambres consultatives. — M. Grayon, agent de kara, et M. Gaboriau, sont nommés, le premier, membre dela Chambre consultative de Fort-Dauphin, en remplacement de M.Namur; second, membre de la même assemblée à DiegoSuarez, en remplacement de M. Sandoz.

le

la

Uncercle de soldats à Diego-Suarez.—A demande du général Gallieni, l'Union des Femmes de France vient de fonder à Diego-


Suarez un cercle réservé aux hommes de troupes de notrearmée coloniale. Luxueusement aménage, ce cercle comprend des salles de lecture et de correspondance, un salon de jeux, une bibliothèque, une salle d'escrime, une salle de douches et de bains, un buffet. Le ministre de la Guerre, à qui cette innovation a été soumise, l'a pleinement approuvée et il est probable que l'Union des Femmes de France créera, autant que ses ressouces le lui permettront, d'autres établissements semblables.

La lutte contre le paludisme. — En vue de prévenir, en 1904, les épidémies de paludisme qui ont sévi à diverses reprises sur les indigènes des régions de l'Imerina et du Betsiléo, le général Gallieni a fait afficher dans tous les villages, un « kabary » en langue malgache indiquant les précautions à prendre ou les moyens à employer pour prévenir ou combattre efficacement la maladie. En outre, des provisions de quinine ont été distribuées à tous les chefs de villages en quantités proportionnées au chiffre dela population.

FRANCE.

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ANGLETERRE

Compagnie des Messageries françaises de Madagascar. — Le Journal officiel deFrance (26 février) contient un décret approuvant un avenant à la convention du 6 octobre 1897 passée entre la colonie de Madagascar et la Compagnie des Messageries françaises de Madagascar pour la construction et l'exploitation du canal des Pangalanes.

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Création de postes dans la magistrature de Madagascar. Un décret du président de la République en date du 30 janvier décide la création d'un poste de lieutenant de juge au tribunal de première instance de Tananarive et un poste de juge suppléant au tribunal de première instance de Majunga. Le lieutenant de juge remplit les fonctions attribuées au juge d'instruction par le Code d'instruction criminelle. En cas d'empêchement du juge-président, il le remplace dans ses diverses fonctions, sauf pour le jugement des affaires dont il a connu comme juge d'instruction. Le juge suppléant est appelé à remplacer le juge-président absent ou empêché; il peut également être chargé des fonctions du ministère public.


Un emploi de commis greffier assermenté est également créé dans chacun des tribunaux de première instancedeDiego-Suarez et de Majunga.

Le Comptoir d'Escompte à Tulear. — Le Comptoir National d'Escompte de Paris vient de décider la création d'une agence à Tulear, ce qui porte à six le nombre de ses établissements dans la colonie.

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la Chambre des Communes. —On a parlé de Madagascar — une fois encore — au Parlement britannique. C'était le 8 février, à la Chambre des Communes, à propos de la discussion sur le système protectionniste. Le comte Percy, auquel le député Walton faisait remarquer que «la France ne respecte pas à Madagascar les droits que les traités confèrent à l'Angleterre a répondu en traçant l'historique des discussions qui ont eu lieu sur ce point avec le gouvernement français. Il a ajouté qu'il n'y a plus rien à dire au sujet de cet incident, « qui servira de leçon à l'Angleterre pour l'avenir, » et maintenant que l'Angleterre connaît les vues de laFrance au sujet des effets produits par l'annexion, « elle fera bien— c'est toujours le comte Percy qui parle de s'éviter de pareils malentendus dans — les négociations qui pourront s'engager. » A

»

Nominations. — Ont été nommés conseillers du commerce

extérieur : M. Moinard, négociant à Diego-Suarez, Président de la Chambre consultative de cette ville M. Frémont, représentant à Tananarive des Établissements Gratry, de Lille; M. Durand, ancien administrateur colonial.

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Tableaux d'avancement. — Administrateurs coloniaux. Nous sommes heureux de féliciter nos collèguesetamis,MM.Vergues,

Moriceau, Compérat, Titeux, Lacaze, Garnier-Mouton, Guyon, Carmeneau, Guédes, Lagriffoul, Dubosc-Taret, Demortière, Marcoz, Louédin, Fontfreyde, Vally, Carde, Marchand, Pouperon, Bensch, Lamazière et Lapalud qui ont été portés au tableau d'avancement du personnel des administrateurs coloniaux pour le grade

supérieur.


Troupes coloniales. — Parmi les inscriptions, nous sommes particulièrement heureux de signalercelles deMM.lescapitaines Martin, officier d'ordonnance du général Gallieni, et Galy-Aché; les docles le lieutenant Lobez teurs Beigneux, Jourdran et Thiroux vétérinaires en second Tatin et Grandmougin, auxquels nous adressons toutes nos félicitations.

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Clément Delhorbe, Secrétaire général du Comité de Madagascar, a fait deux conférences sur la Colonie, avec projections, dans le courant du mois de février, la première à Asnières, le samedi 13, sous les auspices de la Société républicaine des Conférences populaires, et la présidence de M. RaffestinNadaud, la seconde à Palaiseau (Seine-et-Oise) le vendredi19. Cette dernière conférence, qui avait pour titre « Une heure à Madagascar et qui réunissait un nombreux public de cultivateurs de la région, avait été organisée par les soins de M. Victor Tamburini, juge de paix à Palaiseau.

Conférences. —

M.

»

ingénieur agronome, sous-inspecteur de l'Agriculture à Madagascar, a fait le jeudi Il février à deux heures el demie, une conférence à l'École supérieure d'Agriculture coloniale (Jardin Colonial deNogent) sur la circonscription agricole de l'Est M. Deslandes,

de la Colonie.

Exposition de Géographie coloniale. — Le samedi 6 février, le secrétaire général du ministère des Colonies, M. Bousquet, a inauguré, Galerie d'Orléans, l'Exposition de Géographie Coloniale, organisée par les soins de YOffice Colonial. Le service géographique de la colonie de Madagascar (Bureau topographique de l'Etat-major du corps d'occupation) y est excellemment représenté par les belles et nombreuses cartes de la Grande-Ile qu'il nous a données, travaux de grand mérite qui le mettent bien au-dessus des services similaires des autres colonies. Concours agricole de Paris. — Le jury du Concours présidé par M. llenrique, député, et dont MM.Charles-Roux, président du Comité etDelhorbe, secrétaire général, faisaient partie, a distribué .les récompenses suivantes à la Colonie de Madagascar Grand diplôme d'honneur : Direction del'Agriculture à Tanana-

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rive. Diplôme de médailled'or, grand module cole del'Est.

Circonscription agri-


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Diplômedemédaille d'or Province de Majunga. Médaille d'or M. Camille Kempf, à Antsoka. Médaille d'argent grand module M. Frager. Médaille d'argent M. Giraud, à Nossi-Bé. Médaille bronze MM. Bouquet, à Farafangana ; Locamus, à la Grande-Terre G. Herscher, à Nossi-Bé.

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Bien que ces récompenses fassent le plus grand honneur à la Colonie et à nos colons, il faut constater cependant qu'elles sont en bien moins grand nombre que l'année dernière. Il ne faudrait pas conclure de ce fait qu'il se soit produit un ralentissement quelconque dans les progrès agricoles de la Colonie l'unique raison de cette diminutionprovient simplement de ce quelaplupart des produits destinés à figurer au Concours agricole ne sont pas arrivés à temps à Paris, certains même n'étant pas encoredébarqués à Marseilleau moment de l'ouverture du Concours. Il est bien à désirer que les envois soient effectués désormais en temps utile, afin que la Colonie reprenne la place qu'elle avait occupée à l'Exposition précédente, c'est-à-dire la première

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L'Exposition Coloniale de Marseille.

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Nos lecteurs savent depuis longtemps que les personnalités coloniales les plus en vue de Marseille, secondées par le Conseil général des Bouches-duRhône, la municipalité et la Chambre Commerce de notre grand port de la Méditerranée ont pris l'initiative d'une Exposition Coloniale qui aurait lieu en 1906. d'exécution et vient de receCe projet va entrer dans sa période voir la sanction des pouvoirs publics. Par décret en date du 1er mars 1904, rendu sur la proposition du ministre des Colonies, du ministre de l'Intérieur et du ministre des Affaires étrangères, M. J. Charles-Boux, ancien député, ancien commissaire général de la section coloniale et des pays de protectorat à l'Exposition universelle de 1900, a été délégué dans les fonctions, de Commissairegénéral de l'Exposition coloniale deMarseille. M. le DrHeckel, directeur de l'Institut et du Musée colonial de Marseille, a été délégué dans les fonctions de Commissaire général

de

adjoint.

Personne plus que le Comité ne se félicite de la nomination de son président à un poste pour lequel sa haute compétence et son désignaient sansconteste. Noussommes heureuxdelui expérience adresser nos félicitations ainsi qu'à M. le Dr Heckel qui est un de nos amis de la première heure.

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CHRONIQUE COMMERCIALE, INDUSTRIELLE ET AGRICOLE

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Le Le Commerce de la Colonie durant le 1er semestre 1903. commerce général de l'Ile s'est élevé, pendant le 1er semestre de l'année qui vient de s'écouler, à la somme de 27.273.810 francs, en augmentation de 823.777 francs, sur la période correspondante de l'année dernière, où il avait atteint26.450.033 francs. Le montant total des importations est de 19.985.861 francs, au lieu de 21.605.523 francs en 1902, celui des exportations de 7.287.949 francs, au lieu de 5.444.510 francs. Ainsi, tandis que pendant ce 1er semestre de 1903, les importations ont fléchi de .019.662 francs sur les six premiers mois de 1902, pendant le même laps de temps correspondant, les exportations ont augmenté de 1.843.439 francs. Importations. — La diminution des importations est quasi générale. Elle a porté sur presque tous les produits. Cependant, parmi les principalesmarchandisesintroduites dans la Colonie, les denrées coloniales de consommation, les produits et dépouilles d'animaux, les boissons, les tissus, surtout, ont été l'objet d'une augmentation sensible. Exportations. — L'importance relativement considérable du mouvement ascensionnel des exportations, a produit l'heureux résultat général balance du dans la seulement de commerce compenser non la diminution sensible des importations, mais encore de procurer une augmentation sérieuse des transactions extérieures, sur la période correspondante de 1902. Les expéditions de bœufs vers Maurice et l'Afrique du Sud se sont particulièrement accentuées. Et si la vanille et la cire animale ont vu leurs exportations s'affaiblir, en revanche le commerce des

]


bois, du raphia, des peaux, du caoutchouc, des trépangs, des farineux alimentaires, a augmenté dans de notables proportions. Il convient de citer, à part l'or, dont les sorties se sont chiffrées par 2.289.114 francs contre 1.723.030 francs en 1902, accusant ainsi une plus-value de 566.084 francs à l'avantage du 1er semestre de l'année en cours. La comparaison des résultats obtenus durant ce 1er semestre avec ceux de la période correspondante de 1902, démontre que les produits de la colonie commencent à trouver de nombreux débouchés sur les places du dehors, et cette conclusion nous permet de bien augurer de l'avenir.

:

Le commerce de la Colonie durant l'année 1903. — Le mouvement signalé par les statistiques relatives au commerce du 1er semestre, n'a fait que s'accroître. Les chiffres approximatifs des exportations pour 1903, s'élèvent, en effet, à 16.239.369 fr. 73 pour 17.629.586 kilogrammes, donnant une augmentation de 3.094.529 fr. 73 pour une diminution de 4.526.808 kilogrammes sur 1902. La plus-value porte principalement sur les produits aurifères gagnant 1.730.665 francs, le caoutchouc, 2.000.003 de francs, le rafia, 560.000 francs. La moins-value porte sur les bœufs, perdant 2.000.000 de kilogrammes, représentatifs des fonds perdus. Les importations diminuent de 9.352.000 francs.. Le commerce de Majunga en 1903. — L'administrateur en chef des colonies, chef de la province de Maj unga, vient d'adresser au Gouverneur Général les renseignements suivants sur la situation économique de cette province en 1903 : Les exportations ont atteint le chiffrede 3.424.808 kilos de marchandises, qui ont donné une recette de 2.705.252 fr. 45, produisant ainsi, sur l'année précédente, une augmentation de 1.153.403 fr. 30, portant principalement sur les riz, caoutchouc, bois, rafia et cire. Cette augmentation aurait certainement atteint un chiffre bien supérieur si le commerce des bœufs ne s'était quelque peu ralenti au commencement de l'année, par suite d'un arrêt momentané dans l'exportation du bétail. Il est agréable de constater cette situation, qui accuse un progrès très sensible dans le mouvement de notre grand port de la côte

Ouest.

-


Les vins et leurs débouchés à Madagascar. — COTE EST.— du Diégo-Suarez de vins importées DIÉGO-SUAREZ. Quantités à — 1er janvier au 31 octobre1902 Vins rouges de toutes sortes, 15,802 hecto.— Vins mousseux et de Champagne, 16,661 litres. La consommation est en augmentation sur l'année précédente. La presque totalité des vins provient du Midi (Hérault et Aude). Il est importé du Bordeaux en fûts et barriques, mais en petite quantité. Les vins de l'Hérault et de l'Aude sont de vente très courante. Ils sont chargés en couleur et titrent 13°. Ils reviennent à 105 et 110 francs la barrique de 250 litres, tous frais de dédouanement et de débarquement payés. Les fûts doivent être solidement confectionnés. Ils restent la propriété de l'acheteur. Lesvins peuvent être expédiés en toute saison. L'expédition a lieu, suivant les ports d'origine, par Bordeaux, Cette ou Marseille. Toutes les maisons de Diégo ont en France des correspondants qui font leurs achats. Les paiements ont lieu en espèces et à 60 jours de livraison. Le cours moyen du change sur Paris a été 11/2 0/0 en 1901. VOIIEMAR. — Il est consommé environ 180 barriques de vin annuellement dans la province de Vohemar. Il provient du Midi, est très chargé en couleur et titre14°. Il est en grande partie vendu aux indigènes. Les Européens consomment du vin de Bordeaux. Celuici titre 11° et est vendu à raison de 160 francs le fût de 225 litres. Pour les gros vins, la contenance des fûts varie entre 230 et 250 litres. Les prix sont établis franco port de débarquement, fût compris. Les nombreux transbordements que subit la marchandise exigent que les fûts soient très solides. Il est prudent aussi de les recouvrir d'une couche de chaux pour éviter le coulage. Il existe à Madagascar un petit ver blanc qui perce les barriques en deux ou trois jours et occasionne ainsi de grandes pertes. Les vins provenant de Bordeaux sont embarqués à bord des paquebots des Chargeurs-Béunis, de la Compagnie Havraise Péninsulaire. Ceux provenant de Marseille ou d'Alger prennent les bateaux des Messageries Maritimes ou encore, mais plus rarement, ceux des Chargeurs-Réunis ou de la Compagnie Havraise. L'époque la plus favorable pour les expéditions est celle qui va de mars à décembre.

:

1


Un magasin de demi-gros dont la gérance serait confiée à un des commerçants établis à Vohemar aurait peut-être des chances de leussir. Le taux des patentes est établi de la manière suivante

Commerce de

:

gros. gros.,

I.

400 fr. par an. 100 1/2 — — dêta 50 — — Ces chiffres seront probablement élevés en 1904. Lecoût d'une licence de débitant dé boissons Vohemar de 300 francs par an. De plus, tout débitant est soumis à une patente annuelle de 50 francs. Un crédit de 3 à 6 mois est généralement accordépar les maisons de détaillants. gros aux Les modes de paiement sont chèques sur le Comptoir en el Escompte, en traites sur le Trésor et en mandats postaux. TAMATAVE. C'est par le port de Tamatave qu'ont lieu les plus — brandes importations de vins. Le tableau ci-dessous donne approximativement les quantités, valeur et des vins importés provenance depuis le 1er janvier 1902 jusqu'au 8 décembre.

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à

---

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est

D'ORIGINE VINS DORIGINE

NATUREDES

DES

VINS

DEGRÉS DEGRES

Vins ordinaires

--Insdeliqueurs. V.

-— --Champagne

Vi de Vins

t

PAYS

VALEURS

fr.

14etmoins France889.446

12etmoins 10° 12°

Algérie..

Allemagne

Tunisie.. —

France..

Tunisie..

Égypte..

Espagne. Portugal. France

1.971.8151it.

150 138 348

205 48 975

40 120.782

220

Italie. 120 Allemagne

QUANTITÉS QUANTITES

65 45 180

360 160

179.625

67.195 18 16

9,12 60 150 72 39.175Bout.

Le vin ordinaire qui est le vin de consommation courante est fordernentchargé alcool et très coloré il provient en majeure partie ed grosses maisons de commerce établies à Marseille et est surtout les Européens ou créoles peu aisés ou par les indipar genes. Il est vendu 115 francs la bordelaise de 225 litres; le blanc revient à 140 francs, le Frorisac à 130 francs. Le vin blanc Graves

oiûmé

en

;


n'arrive qu'en caisses de 12 bouteilles et coûte de 17 à 20 francs. Quelques vins de qualité supérieure importés dans la Colonie sont d'un placement relativement difficile. Les vins blancs sont peu appréciés et la quantité importée est très faible. La consommation des vins de Champagne et mousseux parait en décroissance Les négociants en gros établis à Tamatave, servent d'intermédiaire entre le détaillant ou consommateur et le producteur. Des offres directes aux particuliers, hôtels, restaurants ou aux détaillants, ne semblent pas avoir beaucoup de chances de réussir. D'autre part, en raison de l'absence de caves, le vin se conserve mal à Tamatave. placentpas devins dans la province déTamatave. Lesétrangers Des essais tentés par une maison anglaise n'ont pas abouti. Le double fût est à recommander pour les expéditions de vins, à cause des vers signalés ci-dessus qui; dans la région, attaquent et percent rapidement tous les bois. Il n'existe pas de droits d'octroi proprement dits à Madagascar. Ceux-ci sont remplacés par une taxe de consommation perçue à l'entrée dans la Colonie, sur certaines marchandises. Lecours moyen du change sur Paris a été de 11/2 en 1901. Les négociants de la place sont généralement en compte-courant avec les maisons de la Métropole. Les paiements s'effectuent aussi à 90 jours.

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En 1901, il a été importé par Mananjary Vin ordinaire en fûts 200 hectolitres. Vin ordinaire en bouteilles 1.000 litres. Les vins en fûts proviennent généralement de Marseille et de Bordeaux. Les vins en bouteilles proviennent de Bordeaux. La plus grande partie des vins qui débarquent à Mananjary, qu'ils soienl destinés à la consommation locale ou expédiés dans le Betsiléo(Fianarantsoa, Ambositra, etc.), sont des vins rouges de qualité très ordinaire, très alcoolisés, et chargés en couleur. En général, ce sont des vins dits des côtes de Provence et du Bordelais, embarqués à Marseille ou à Bordeaux. Aucun vin étranger n'est venu à Mananjary. Toute la population européenne et créole de Mananjary boit du vin. Les indigènes en consomment un peu, mais semblent avoir une préférence marquée pour les anisés, les absinthes de traite et le rhum ordinaire de la Réunion. MANANJARY.

:


Quelques indigènes aisés boivent cependant du vin d'une manière Presque continue. Les vins ordinaires en barrique de 220 litres se vendent rouges ed 120 à150 francs. Il se consomme peu de vin blanc et les prix sont sensiblement les Inêmes que pour les vins rouges. Le prix est établi, fût compris, franco au port d'embarquement. T OUs les autres frais sont à la charge de l'acheteur (transport, d ébarquement, taxe de consommation). Les importations font généralement en simple fût pour les vins d qualitéordinaire.se Les avaries et le coulage sont fréquents. Les Particuliers qui reçoivent directement de bons vins de table les se dOnt expédier en fûts très bien conditionnés ou mieux encore en double fût. La Compagnie Havraise Péninsulaire prend beaucoup de fret Pour Mananjary. Les navires mettent huit jours de moins pour ccoinpiir la traversée que ceux des Chargeurs, et font escale à

e

Marseille. L

indigène qui consomme du vin ne regarde pas à la qualité de la Inarchandise, il recherchesurtout le bas prix. Pour l'Européen, il serait à souhaiter qu'on pût lui livrer du vin d bonne qualité, juste assez alcoolisé pour pouvoir voyager et ne autant pas plus de 120 francs la bordelaise de 225 litres. Toute native qui serait faite dans ces conditions aurait de sérieuses aûces de réussir. On devrait apporter le plus grand soin dans la rication des fûts pour éviter le coulage et conserver au vin sa aUne qualité. On trouverait facilement à Mananjary, où il existe quelques maisons de commerce, un représentant offrant grosses toutes les garanties désirables. L'entrepôt fictif existe et fonctionne dans les conditions ordinaires. Ue agence. du Comptoir National d'Escompte de Paris est él dans cette localité et facilite ainsi les paiements qui ont leula plupart du temps à 30 90 jours. ou Le cours du change sur Paris est moyen Par lettre 1 1/2 0/0. Par câble 2 0/0. ARApANGANA. Il est importé annuellement à Farafangana 400 Ilques de 225 —litres. Sur ce nombre 220 barriques environ sont COnsommées par les Européens et 180 par les indigènes. Levin vendu aux Européens est généralement de bonne qualité. Il provient Ij du Bordelais et est vendu à raison de 1 franc le

,

blie „

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litre.


Celui qui est destiné aux indigènes est de qualité très inférieure. Il est payé de 70 à 80 centimes le litre. La province de Farafangana consommeenviron 30 barriques de vin blanc ordinaire, payé 125 francs la barrique de 225 litres pris à quai du port d'embarquement. Il est écoulé 500 caisses environ de vin fin tant blanc que rouge, provenant moitié de Bordeaux, moitié de la Bourgogne. Les offres directes de vente pourraient être faites aux commerçants établis dans la place qui accepteraient, sans doute, de lancer des marques nouvelles. Un magasin pour la vente exclusive du vin ne pourrait guère prospérer à Farafangana. Ce commerce doit êtrerattaché à celui des toiles, quincaillerie, mercerie, épicerie, bimbeloterie. Les paiements s'effectuent en mandats ou en nature, c'est-à-dire avec des produits du pays. Ils ont lieu lors de la réception des marchandises, quelques-uns dès la réception de l'avis d'expédition ou des factures. Les commerçants qui sont représentés en France par des maisons de banque paient en traites sur ces maisons. Le change est de 1 1/2 0/0.

:

— Tous les vins importés annuellement à SainteMarie, 250 hectolitres environ, viennent de France Nantes, Bordeaux, Cette, Aigues-Mortes, Marseille. Ils titrent de 12° à 14°. On en reçoit cependant de 10° et même de 9° 5, mais ils ne se conserSAINTE-MARIE.

vent pas longtemps et doivent être mis en bouteilles dès leur arrivée et tenus au frais. Il est vendu une très faible quantité de vins fins. Le Saint-Emilion et le Saint-Jullien sont les marques les plus prisées. La consommation du vin paraît devoir s'étendre, à Sainte-Marie. Les indigènes commencent à en faire usage et semblent fort apprécier cette boisson on pourrait faire des offres directement aux commerçants. Les prix diffèrent pou de ceux des autres localités de la côte Est. Les vins de qualité supérieure sont importés à Sainte-Marie par caisses de 12 bouteilles. Il n'y a pas d'entrepôt à Sainte-Marie. La marchandise doit être dédouanée dès son arrivée Cependant, en vertu d'un ancien arrêté local, la douane autorise quelquefois le dépôt en magasin de quelques colis afin de donner un certain délai aux propriétaires pour acquitter les droits.

:


VATOMANDRY.

La consommation du vin est peu importante à — Vatomandry. r Rien de particulier ne mérite d'être signalé en ce qui concerne la qualité du vin, le prix, etc. Toutes ces conditions ne

ifferent pas de celles qui ont été précédemment exposées. Le Président de la Chambre Consultative de Vatomandry a signalé le développement prennent les transactions sur les vins que et relevantla phrase suivante du questionnaire « par quels moyens, par quelles méthodes concurrents arrivent-ils à nous supnos planter? Ces questions ne », il la commente en ces termes « devraient

: :

pas nous être posées à nous coloniaux, puisque le mal Provient du système économique établi France depuis quelque en dIX ans; les Chambres de commerce françaises, les associations ornmerciales, entre autres l'Association des anciens élèves des écoles Supérieures de prêchent depuis le même temps commerce abolition du système protecteur actuel, la reprise des traités de commerce, la création des ports francs,etc. (1 Que ces demandes soient écoutées, et on verra en France, la Prospérité passée revenir. (( Pourquoi rivaux (Italie, Espagne) développent-ils leurs nos transactions sur les vins? Tout simplement parce qu'ils font ce que aisaient nos négociants de Bordeaux, avant la mise en vigueur des fmeux tarifs protecteurs et avant l'interdiction absolue par l'amenPiou de faire les coupages même dansles locaux spéciaux accordés à cet effet, c'est-à-dire que les vins français dits d'exportation coupés avec des vins d'Espagne ou d'Italie se font, par exemple, maintenant à Pasages au lieu de se faire à Bordeaux. Et à Pasages, dans les coupages faits, il entre peu de vins français. <( Pasages augmente d'importance tous les jours, tandis que Boréaux diminue tellement que la Compagnie des Messageries Marirns, privée de l'aliment de fret que lui donnaient autrefois pour Amérique du Sud les vins communs faits en entrepôts spéciaux Par le mélange des vins étrangers aux vins français a été sur le Point de supprimer son service sur l'Amérique du Sud. »

dent

— Il a été importé à Fort-Dauphin pendant

PORT-DAUPHIN. 3

les

Premiers trimestres de l'année 1902pour 65.407 litres de vin rouge, •220 litres de vin blanc et2.160 litres de vins mousseux. Européens et Malgaches habitant Fort-Dauphin boivent du vin. Lesvins, rouges et blancs, viennent de Bordeaux. Il est consommé peu de vin blanc et de vins fins. Les commerçants font venir ceux e Bourgogne sur commande spéciale du consommateur.

-


Les maisons de Fort-Dauphin ont leurs commissionnaires en France, et les offres directes qui leur seraient adressées n'auraient sans doute pas beaucoup de succès. Un négociant en vin qui ouvrirait un magasin de gros et de détail à Fort-Dauphin ne ferait pas ses frais, étant données les maisons de commerce de tous produits établies sur la place depuis de longues années et qui s'occupent de la vente des vins. Fort-Dauphin ne possède qu'un hôtel très peu important. Le change est de 1 1/4, 1 1/2 0/0. COTE OUEST. — NOSSI-BÉ. — Pendant l'année 1901, il a été importé près de 2.000 hectolitres de vin en barrique, à Nossi-Bé et environ 17,000 bouteilles représentant une valeur approximative de 20,000 francs. Les vins de vente courante sont ceux du Midi. Ils doivent être assez colorés. Il est fait une très petite consommation de vin blanc — 100/0 environ de la consommation totale. Les indigènes et les créoles consomment beaucoup de vin.Néanmoins les préférences des premiers se portent vers les rhums et absinthes de très mauvaise qualité vendus bon marché. En barrique, le vin est vendu 50 et 55 francs l'hectolitre, il provient en totalité de la Métropole. Le vin est acheté franco bord Marseille, le fret etl'assurance étant à la charge de l'acheteur. L'avance de ces frais est généralement

faite par l'expéditeur. Les vins viennent en fûts solidement confectionnés, il n'est fait usage du double fût que pour les vins de qualité supérieure. Il n'existe pas d'entrepôts à Nossi-Bé. Le change sur Paris a toujours étéau pair. ANALALAVA.—Tous les vins rouges ou blancs écoulés dans le cercle d'Analalava sont expédiés en fûts. Il en est importé une très faible quantité en bouteille. Ils sortent tous de France (Cette et

Montpellier).

Tous les Européens boivent du vin et recherchent ceux qui sont peu alcoolisés. Les indigènes préfèrent les gros vins colorés et alcoolisés. La consommation du vin est susceptible de prendre de l'extension, les boissons (absinthe et eau-de-vie anisée) très riches en alcool produisant rapidement l'ivresse. Dans un certain nombre de familles aisées de race hova, il n'est pas rare de voir servir du vin à tous les repas.


Un dépôt de vin dépendant d'une des grosses maisons établies à Diego ou à Majunga, aurait des chances de réussir à Analalava, qui est le port de transit des marchandises destinées au Cercle de

Mandritsara. Un bateau des Messageries Maritimes touche deux fois mois par a, Analalava. Mais le fret de cette Société 100 fr. par tonne — est — très élevé et constitue entrave assez sérieuse au développement une des transactions. Il aurait peut-être intérêt à s'adresser à la Comy pagnie Havraise Péninsulaire, ou aux Chargeurs Réunis. Les naviles de ces deux Compagnies louchent à Majunga qui est relié à Analalava par un service de petits voiliers. Pour lancer nouvelle, le seul moyen pratique serait une marque établir un agent en permanence à Analalava. Il n'existe pas d'entrepôt à Analalava. Les paiements se font à 4 ou 5 mois. MAJUNGA. de France à Majunga — En 1901, il a été importé Vin ordinaire en 1.000 hectolitres. Vin ordinaire en bouteille 286.877 bouteilles. Vins 18 hectoliîres. Vins fins en 40.910 bouteilles.

fûts.

:

fûts. bouteille.

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:

D'Allemagne Vin ordinaire en Vin fin

bouteille

: bouteille.

70 bouteilles. 54 —

De Turquie

Vin ordinaire en 162 bouteilles. Vin fin en 17 hectolitres. La vente des vins lieu en demi gros et au détail. a Les marques les plus courantes sont vin ordinaire du Midi, Bordeaux, Médoc, St-Julien, St-Estèphe, St-Emilion, Graves. Les ventes sont faites directement soit par les producteurs, soit Par l'intermédiaire de commissionnaires. Des facilités de paiement sont accordées aux commerçants.

fûts

:

RÉGION CENTRALE. Il est consommé TANANARIVE. — — c'haque année, à Tananarive, environ 2,500 hectolitres de vin, dont près d'un tiers de vin blanc. Le vin est vendu en dames-jeannes de 18 à 20 litres. Leur prix varie entre 25 et 35 francs, le vin rouge, 35 et 45 pour le vin pour blanc.


Depuis l'ouverture des routes de l'Est et de l'Ouest et grâce aux nouveaux modes de transport par voitures à bras et à traction animale, on reçoit du vin en fûts de 225 à 250 litres. Les vins blancs en majeure partie de provenance bordelaise sont presque exclusivement transportés en dames-jeannes. On peut évaluer à 2,000 caisses de 12 à 24 bouteilles la quantité de vin fin consommée annuellement à Tananarive. Le Bordeaux c:-:t vendu de 3fr. 50 à 4 francs, le Bourgogne de 4 à 6 francs la bouteille. — Il est importé annuellement à Fianarantsoa environ 162 hectolitres de vin. Il provient généralement de l'Aude et est mélangé avec du vin d'Algérie. Il est importé également des vins fins, rouges et blancs, de Bordeaux et de Bourgogne. La vigne est cultivée, mais encore sur une faible étendue, dans la province de Fianarantsoa. La mission catholique a commencé à fabriquer du vin, en petite quantité. Un colon espère pouvoir en livrer, d'ici peu à la consommation. La teneur alcoolique du vin FIANARANTSOA.

varie entre 6° et 9° La culture de la vigne a lieu aux environs de Fianarantsoa et d'Ambohimalaza. La consommation duvin estencore trop limitée pournécessiter la création à Fianarantsoa, d'une maison spéciale pour la vente de cette boisson dont le prix est relativement très élevé. Il n'y apasde change surParis, les règlements sefont directement parles maisons dont le siège est en France. (Feuillede renseignements de l'Officecolonial)


BIBLIOGRAPHIE

G. JULIEN,

Administrateur des Colonies, chargé de cours à l'Ecole coloniale. Précis théorique et pratique de langue malgache. Rudevàl éd., 4, rue Antoine Dubois, Paris, XV, 244 pp. in-8. Avecunepréface de M.A. GRANDIDIER.

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Cet ouvrage est certainement ce qui a été publié de plus complet et en même temps de plus sûr à l'usage de ceux qui voudront s'initier à la langue malgache. Laissant côté, de parti-pris, tout appareil scientifique, toute considération de grammaire comparée, et toutediscussion théorique, M Julien nous présente exposé très complet et extrêmement clair de la langue parlée et écrite enImerina. Ouel que soit le point de vue que l'on adopte dans la questiôn vivement controversée, entre malgachisants, de l'intérêt scientifique comparé des divers dialectes usités dans l'île, il faut être reconnaissant à l'auteur de nous faire profiter de sa parfaite connaissance de ta langue et des mœurs des Hova ainsi que d'une expérience déjà longue dans l'enseignement de leur langue. Nul doute, en effet, que Pour ceux-là mêmes, et ce sera toujours le petit nombre, qui auront a étudier ou à pratiquer les autres dialectes, il ne soit préférable de serendre maîtres en premier lieu de celui qui est parlé par population la plus nombreuse, la plus civilisée et la plus civilisable de notre colonie. Le plan adopté par M. Julien est parfaitement approprié à l'idée d'utilité toute pratique qui a inspiré son ouvrage. Nous n'avons pas ici un exposé systématique mais une méthode progressive, essentellement adaptée au travail personnel, qui fait pénétrer pas à pas dans l'usage et la connaissance de la langue, en s'élevant de ce qui est simple et facile aux difficultés et aux complexités. Chacune des 25 leçons est suivie d'un vocabulaire formé soit de mots groupés

de

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d'après leur sens, soit d'expressions relatives aux diverses circonstances de la vie, d'un thème et d'une version composés de phrases détachées se rapportant de même le plus souvent aux choses et aux usages de Madagascar. On sera surpris du nombre et du choix judicieux des mots dont on a formé ainsi un véritable petit vocabulaire méthodique. La place de l'accent indiquée permet de saisir la véritable physionomie du mot prononcé et de le retenir ainsi sous sa forme vivante. La disposition typographique, très heureuse et très variée, a dû coûter beaucoup de peine à l'auteur, elle en épargnera au lecteur et donne à l'ouvrage un aspect clair et attrayant bien rare dans des livres de cette nature. On reconnaît à ces détails que nous avons ici le fruit de toute une expérience acquise dans l'enseignement du malgache aux Européens, et cela à Madagascar même. Un index des principales questions traitées rendra également de grands services, et ceux qui voudront pousser plus loin leurs recherches trouveront dans la Bibliographie les indications les plus détaillées et les plus complètes sur les différents travaux, plus nombreux qu'on ne pourrait croire, publiés sur la langue malgache, en français ou en anglais, à Madagascar ou en Europe. A la suite de chaque leçon, M. Julien a eu l'heureuse idée de placer une courte lecture Malgache accompagnée de sa traduction. La difficulté qu'il y a à se procurer en France de bons textes malgaches fera apprécier cette innovation. Ajoutons que ces morceaux constituent, par les sujets qu'ils traitent et par leur groupement, un véritable petit exposéde la civilisation et de la vie des indigènes, auquel la compétence de l'auteur donne une grande valeur. Si l'on Style y joint les chapitres suivants dont le titre donnera une idée épistolaire. — Style officiel. — Poésie. — Usages et bienséances (principales formules usitées dans les différentes circonstances de la vie). — Proverbes et Maximes (au nombre de 180, accompagnés de la traduction) ; on verra que c'est comme une petite encyclopédie des choses et des idées malgaches que M. Julien nous présente sous le titre trop modeste de Précis de langue malgache. Nous en avons dit assez pour faire apprécier toute l'utilité de cet ouvrage que de plus compétents que nous pourront seuls critiquer en détail. Mais M. Julien n'a pas seulement voulu mettre entre les mains de ceux qui sont appelés à vivre à Madagascar un instrument qui leur permettra d'acquérir l'usage de la langue du pays, il a fait aussi œuvre de propagande. Il est, sa préface nous l'a fait voir, un fervent de l'idée coloniale. Il est de cette génération nouvelle de fonctionnaires coloniaux qui sentent toute la grandeur de l'œuvre à

:


aelle

ils collaborent, qui voudraieut voir s'orienter vers les liorizons plus larges de la France du dehors, l'activité des jeunes ançais d'aujourd'hui. Si je ne me trompe, il s'est proposé d'y travailler pour part sa non seulement en rendant plus facile l'étude de langue malgache, mais aussi faisant partager à ses lecteurs lessentiments qui sont les siens en après quinze années de séjour au milieudes malgaches. Il sait nous faire apprécier les très réelles qualités intellectuelles et sociales de cette race Hova qui désormais, sous l'influence de la civilisation française, semble appelée à Pendre un développement nouveau et à jouer un rôle capital dans l'évolution de la Grande Ile. N'est-ce pas le meilleur moyen de rendre facile entre nous-mêmes et nos nouveaux sujets cette intelligence mutuelle et rapprochement ce sans lesquels il ne saurait rien Se faire de durable et de fécond? Si telle est bien, comme nous en avons l'impression, la caractéristique de livre au milieu de tant ce de manuels de valeur parfois trop inégale, on nous permettra d'en liciiter et d'en remercier l'auteur.

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-

ANDRÉ CHAZEL.

LES OPHIDIENS DE MADAGASCAR

Ilya quelques semaines,en Sorbonne, M.le Dr Jourdran,directeur

de l'école de médecine de Tananarive, soutenait sa thèse de doctorat

ès-sciences surles Ophidiens de Madagascar. Nous avons alors, dans cette Revue même, vivement félicité le Dr Jourdran de san brillant et si mérité succès; aujourd'hui, il nous semble intéressant de parler à nouveau de son beau travail que nous n'avions pas encore eu le temps d'étudier. L'herpétologie est, en général, une science dédaignée, surtout aux colonies où l'on collectionne de préférence des échantillons zoologiques couleurs brillantes et à l'aspect séduisant, comme les aux oiseaux et les insectes, l'on s'attache et peu à la connaissance des serpents, soit par répulsion ou indifférence naturelle, soit par crainte difficultés ou des dangers que présentent leur recherche, leur lagnose.

s

Il faut donc louer le Dr Jourdran de initiative, de son labeur son et de son courage. Son livre est l'un des plus importants qui existent, les serpents de Madagascar.

sur Au premier coup d'œil, d'après le nombre des animaux dont il laIte, leur variété, onpeut penser que c'est une monographie, une compilation de tous les documents relatifs aux serpents malgaches

;


iln'en est rien, le Dr Jourdran n'a

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parlé que des reptiles qu'il a pu étudier lui-même etdont il a possédé des exemplaires c'est dire la somme d'efforts et le travail que représente son œuvre. Quoique ne pouvant entrer ici, à notre grand regret, dans le détail technique de ses recherches et des remarquables diagnoses scienti fiques, nous tenons cependant à signaler plusieurs points importants. Dans l'ouvrage du Dr Jourdran, l'attention est tout d'abord attirée par les planches qui sont en grand nombre et fort belles par leur précision, elles seront d'un grand secours pour la détermination spécifique et grâce aux radiographies qui, dans la majeure partie des cas, accompagnent chaque serpent, elles aideront puissamment à l'étude anatomique. C'est du reste, croyons-nous, et il y a là un heureux précédent, la première fois qu'on tente par ce procédé précis, une étuded'ostéologie comparée des différentes espèces d'ophidiens. La carte perpétologique qui sert de frontispice au livre est aussi digne de retenir l'attention, car à Madagascar, plus encore que dans tout autre pays, la répartition géographique des animaux est importante à connaître. On sait, en effet, combien étrange par sa faune el sa flore est notre nouvelle colonie et les hypothèses les plus contradictoires émises sur ses affinités zoologiques et botaniques. Les uns ont voulu voir en Madagascar un petit continent isolé de toutes les terres voisines depuis les périodes géologiques les plus reculées c'est l'opinion de M. le Pr Boule à laquelle s'est rallié le Dr Jourdran ; les autres,et nous sommes du nombre, considèrent la Grandc Ile comme un témoin de l'époque tertiaire, comme un vestige d'un amas de terres qui s'étendaientjadis à la place de l'Océan Indienet dont la majeure partie a été ensevelie sous les eaux par des cataclysmes subséquents. Quoi qu'il en soit, il n'est pas douteux que Madagascar est encore peuplé à l'heure actuelle d'une faune tertiaire et que ses analogies sont avec l'Inde et l'Australasie et pas avec l'Afrique. Il est donc curieux de constater que tous les ophidiens de Madagascar appartiennent à des formes archaïques très anciennes les Colubridees et les Bordées, c'est-à-dire au groupe des couleuvres et des boas. On doit encore ajouter, c'est une constatation qu'il faut déduire du travail du Dr Jourdran il n'y a pas à Madagascar de serpent venimeux, malgré les assertions contraires des indigènes.

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G. G.


Bulletin du Comité de Madagascar

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Avis. Nous prions instamment tous nos collègues de vouloir IJ Heu ne pas omettre de nous indiquer, le cas échéant, leurs changeants d'adresse; le service de la Revue devient forcément irrégulier, Sln°nimpossible, quand nous ignorons l'adresse exacte à laquelle nous devons faire, et donne lieu alors à des réclamations qui sont Peu justifiées. Nous serions particulièrement reconnaissants à nos (Ollègues de Madagascar, qui rentrent en France ou qui retournent ans la Colonie, après avoir passé quelque temps dans la métropole, etenir compte de notre prière.

le

Le Sakafo.— Au dernier Sakafo, celui du mercredi 24 février, nlquel nos deux présidents, M. Charles-Roux et M. AlfredGrandiclier, assistaient, M. lecapitaine du génie Junck, qui revient de Madagascar, bien voulu donner quelques renseignements a sur état d'avancement des travaux du chemin de fer, auxquels, comme 0tlsait, a pris une part active. Ces indications ont virement Pressé les convives.

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prochain Sakafo aura lieu le mercredi 30 mars, mais il n' y Hllra pas de réunion avril, et à partir de mai, sur la demande en (t un grand nombre de nos collègues, le Sakafo aura lieu, non pas le dernier, mais le premier mercredi de chaque mois. Le Sakafo u mois de mai est donc d'ores et déjà fixé au mercredi 4. Le

Dîner du Comité et de l'Union Coloniale. Au dîner mensuel — de l'Union Coloniale et du Comité deMadagascar, qui a eu lieu le "lardi soir 23 février au Grand-Hôtel, les convives ont entendu une les intéressante discussion sur la question de la main-d'œuvre aux


colonies. Les orateurs, qui tous ont apporté le résultat de leur expérience d'administrateur, de colon, d'ingénieur, ont fourni des renseignements très précieux. La discussion a été ouverte par M. Couturier, qui a montré combien il était urgent de reprendre l'immigration indienne à la Réunion, puis MM. Le Myre de Vilers, de Boisadam, J.-B. Malon, J. Marc-Bel, d'André et Blanchot ont, tour à tour, apportédes faits dont au prochain dîner on essaiera de tirer les conclusions. M. J. Charles-Roux, président de l'Union el du Comité a remercié les orateurs et donné rendez-vous aux auditeurs à la prochaine réunion.

La Section poitevine. — Le bureau de la section poitevine du Comité de Madagascar a tenu une séance le 18 février, sous la présidence de M. Hild, doyen de la Faculté des Lettres, président. Assistaient à la séance MM. Girault, Fairan, et le lieutenant Royer; membres M. Lambertin secrétaire, MM. le lieutenantcolonel Gérard et le commandant Moyet; s'étaient fait excuser: MM. Coussy, Servant, Réau et Moreau. On s'est occupé de la question de l'Assemblée générale, d'une conférence à organiser, et de plusieurs demandes émanant de Poitevins désireux de trouver du travail à Madagascar.

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OFFRES ET DEMANDES Monteur mécanicien, ancien quartier-maître de la marine il Madagascar, très au courantdu travail du fer et de l'industrie des machines, demande emploi de son métier à Madagascar. 4° Un de nos collègues ayant habité longtemps Madagascar, bien acclimaté, très au courant des usages du pays et de la langue, désire trouver soit un commanditaire, soit un associé, pouvant disposer de 25.000 francs de capital, pour entreprendre, dans la province de Majunga de préférence, une exploitation agricole, don l'élevage des bœufs sera la base. S'adresser pour plus ample informé, pour les références et les conditions, à la Rédaction de la Revue. 6° Comptable expert demande installation de comptabilité, tenue de livres,vérification, mise à jour, inventaire, surveillance, etc. Prixmodérés. S'adresser à M. Corneloux, 12, rue Mansart, Paris (IXe). Références de premier ordre. Recommandé par le Comité. 7° Un des plus anciens colons de Madagascar, établi à Majunga, possédant 1000 hectares de pâturages avec pacage, etc., mettrait 3°


volontiers à la disposition des commerçants en bétail. ces ressources S'occuperait aussi, au besoin, de l'embarquement, etc. 8° Propriété de 4 hectares à vendre, sise dans la baie d'Antongil, province de Maroantsetra; 17.000 pieds de vanille, 1.500 caféiers arabica, 200 jeunes cocotiers, 3.000 bananiers; deux cases malgaches; close par haie naturelle. Sur rivière navigable et accessible auxNavires dépassant pas 60 tonneaux. Occasion exceptionnelle. ne crire auComité. 90 M.

C. B., ancien élève de l'Ecole de Grignon, très au

courant de3 affaires, ayant été longtemps représentant d'une maison américaine (matériaux de traction électrique), excellentes références villande emploi commercial ou agricole à Madagascar. Propriété à vendre située près d'Antalaha, province de V ohemar, 60 hectares partie exploités. Vanille 16.000 pieds. en Café arabica 16.000 pieds. Rapport cette année. Maison avec dépensées. Route de Vohemar à Maroantsetra. Rivière navigable avec 1bogues, conduisant au port d'Antalaha. S'adresser au Comité. 10 M. S., 33 connaissant comptabilité partie double, prod,uitschimiques ans, et pharmaceutiques, ayant séjourné en Guinée et eii Chine, meilleures références, demande poste agent commercial 10°

a Madagascar.

F..,garçon restaurateur ayantservi dans les meilleurs res-

12° M.

ttaurants de Paris, connaissant cuisine, désirerait place gérant ou niaître d'hôtel à Madagascar. 13° Célibataire, 33 ans, bachelier ès-sciences, deux ans de séjour a, Madagascar côte Est comme industriel, demande emploi dans entreprise culture coloniale ou comptoir. Ecrire au Comité. 140 Jeune homme, bonnes références, très actif, vingt-six ans, .^naissant le commerce, désire place d'agent commercial à Madagascar.

MM. Colas,mécanicien, et Monet, tourneur métaux, en enant de faire leur service militaire dans l'artillerie, désirent trouver emploi de leur profession à Madagascar. Très recommandés au Point de vuede la moralité, de la conduite du travail. et 150

16°

Jeune homme, libéré du service militaire, douze ans de prat'lque agricole, connaissant la comptabilité, demande emploi de ptable, contre-maître ou régisseur dans une entreprise de colo-, sation à Madagascar. Bonnes références.


ACTES OFFICIELS Journal Officiel de la République Française

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(Sdécembre /!)(J:/. — Corpsducommissariat des troupes coloniales. Ont été désignéspourservir à Madagascar MM. les commissaires de 3e classe Tiret à Lorient, Richelot f

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Brest. —Auserviceadministratif destroupescoloniales en France, à Brest, M. le commissaire Abel; à Lorient, M. le commissaire Arché, rentrants de Madagascar. Hldécembre.—Artillerie coloniale. — Ont été affectés à Madagascar MM.Ternant, Mattei, Grouhel. Pringent, Comard, officiers d' administration. En France Au1errégiment à Lorient, M. Chavanon; à la chefferie du Génie Rochefort, M. Brodin: la direction du génie à Toulon. M.Huart. décembre.— Erratum au décretapprouvant une convention conclue entre le département des Colonies et la Compagnie forestière de Madagascar. 21décembre. — M. Guerchet, médecin-major au 6e régiment d'infanterie coloniale est affecté à Madagascar. 2~>décembre. — Infanteriecoloniale. — Ont été désignés pour servir Madagascar : MM. lescapitainesTrestourneletFiégenschuli. Ont été affectés en France Au 3erégiment, M. le chef de bataillon Gallois et M. le lieutenant Lenhardt; au 5e régiment, MM. les lieutenants Foulon et Adeline; au 7e régiment, M. le lieutenant-colonel Lavoisot.

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Le secrétaire général du Comité de Madagascar DIRECTEUR-GERANT C. DELHORBE


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