Revue de Madagascar - N° 4 - 1904

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Revue de Madagascar (Paris) Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Comité de Madagascar. Revue de Madagascar (Paris). 1904/04/10.

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SOUVENIRS D'UN

SOLDAT D'AV*ANT-GARDE (1) (1895)

CHAPITRE XIII LES HOVAS ATTAQUENT

TSARASOATRA. MORT DU LIEUTENANT AUGEY - DUFRESSE. LES RENFORTS ARRIVENT. — PREMIÈRE VICTOIRE. UNE MARCHE FORCÉE. COMBAT DU BERITZOKA. DEUXIÈME VICTOIRE. UNE NUIT A BEHANANA. IMPRESSIONNANTE CÉRÉMONIE. A

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Dès le 28 juin, le bataillon des tirailleurs algériens du commandant Lentonnet, un peloton de chasseurs d'Afrique et deux pièces de la 16e batterie avaient été envoyés à 25 kilomètres en avant pour occuper Tsarasoatra. Voir la Revue du 10 janvier et suivantes. Dans la Revue du 10 février, page 134, il s'est glissé une erreur dont Andriai.ena doit réparation à l'un de ses bons amis et à ses lecteurs par suite Une inconcevable amnésie, même au bout de huit années, lorsqu'il a voulu l'élahlÜ' un passage tronqué de ses « lettres », il a confondu le Petit Guide de conseversation franco-hova d'un maître en langue malgache, l'interprète et admilllstl'ateur des colonies Julien, avec quelque Guide-âne de contrebande. Le lecteur soucieux de la plus scrupuleuse exactitude voudra bien rectifi1er ainsi les sept premières lignes de l'alinéa :( S'imaginerait-onque j'ai entre les mains, au lieu du Guidefranco-hova édité & notre intention par l'Imprimerie Nationale, un affreux vocabulaire dont le simple examen a plongé mes amis dans une douce hilarité?C'est un charabia de porteur d'eau, un sabir teinté de malgache, mais à coup sur ce n'est « » Pas du hova. Cet opuscule compromettant me laisse rêveur, etje me « demande si je vais être plus heureux avec les bouquins officiels, par exemple AVEC l'Itinéraire ANDRIAMENA. on y lit plusieurs fois. » (1)

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Le village était abandonné. Les reconnaissances poussées dans différentes directions n'ayant rien décelé d'anormal, le .! commandant avait laissé sur place une de ses compagnies lui-mêmeétait allé se poster avec la cavalerie et l'artillerie à mi-chemin de Suberbieville, au hameau de Behanana, afin de commencerles travaux de ia route avec deux compagnies. Cinq ou six jours après, la rumeur avait couru que lesHovas s'étaient rapprochés d'Ampasiry, situé au col du massif de Zangaloatra ; mais une pointe d'avant-garde lancée le 24juin sur les pentes opposées du mont Beritzoka, n'avait trouvé aucune trace de l'ennemi. Toutefois, les bruits alarmants fournis par des espions persistaient. Le 28 au soir, vers neuf heures, un groupe de Hovas se heurta à une sentinelle avancée; celle-ci tira en se repliant et fut suivie par les assaillants jusqu'aux avant-postes où on échangea des coups de fusil pendant une partie de la nuit. Le 29, vers six heures du matin, les animaux étaient conduits à l'abreuvoir quand le poste de surveillance des hommes en corvée aperçut des Hovas, au sud de Tsarasoatra. Le commandant Lentonnet et le lieutenant Augey-Dufresse (le fils de l'amiral) en virent au moins 300 et crièrent « Aux armes » elle Une demi-compagnie devait partir en reconnaissance se porta en avant pendant que chacun prenait sa place de combat. Les chasseurs d'Afrique du lieutenant Corhumel gardèrent à pied le camp, face à l'Ikopa. Les Hovas, s'étant approchés à 400 mètres, ouvrirent le feu. Tsarasoatra est un plateau auquel on n'accède que par une série de vallonnements et de ravins très profonds, et l'ennemi qui s'y tenait caché se trouvait ainsi dans un angle mort; il fallait être dessus pour tirer. C'est grâce à cette position abritée que les Hovas purent se glisser encore jusqu'à 100 mètres du camp sans être à découvert. La fusillade s'engagea, très vive de part et d'autre. A un moment, vers sept heures, notre camarade Dufresse, qui se penchait pour mieux observer, reçut une balle dans le ventre: la blessure était mortelle. Un caporal français du régiment d'Algérie eut le même sort. L'ennemi, bien commandé, ne perdait pas un pouce de ter-

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rain; il dessinait même une marche de flanc, de façon à nous envelopper et à la nous couper la route de Suberbieville section du camarade Poncet envoya quelques obus à mitraille, Pour aider à arrêter ce mouvement tournant, et des feux de tirailleurs semèrent un certain désordre parmi les adversaires les plus décidés. C'est alors que le capitaine d'infanterie de marine Aubé,avec 25. turcos qu'il demanda, se jeta à la baïonnette dans un petit b.oIS, au centre des positions houves : il réussit à faire diverson pendant qu'une deuxième contre-attaque était poussée d'un autre côté par le lieutenant algérien Kacy. Nos'feux de salve - recommencèrent de plus belle. Cependantles Hovas auraient encore tenu s'ils n'avaient eu la préoccupation de ramasser leurs morts sous des rafales de projeclles ils débandèrent, perdirent pied et s'enfuirent dans les

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ravins. il était à peine huit heures et demie du matin, et déjà les initions se faisaient rares. Une heure ne s'était pas écoulée qu'une épaisse colonne ennemie descendait les pentes du Beritzoka, dans la direction bouquet de bois que nous occupions. Heureusement qu'au bruit du canon les 5e et 7e compagnies de tirailleurs (capitaine Pillot et lieutenant de Grandrut) accouraient de Behanana et prenaient position à l'Est de Tsarasoatra, en soutien du capitaine Aubé la section d'artillerie : de

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Poncet appuyait cette nouvelleaction. Ces troupes fraîches rétablirent notre avantage par de rapides feux de salve, et le de l'ennemi, ujft instant hésigros tant, se replia pour aller camper sur le terrain boisé des Crêtes du mont Beritzoka. Nous comptions 2 tués et 6 blessés; les Hovas n'avaient abandonné que 35 cadavres, mais, au dire des quelques prisOIlniers, ils avaient emporté plus de 150 morts blessés. ou La nuit se passa aux aguets. Après les premiers engagements, des chasseurs d'Afrique aient partis à bride abattue prévanir le général Metzinger, quIls rencontrèrent en reconnaissance en arrière de BehaIlana. Il piqua aussitôt des deux vers l'avant, tout en fai-


sant avertir le Général en chef, qui donna l'ordre aux deux autres sections de la 16e batterie et au 40e chasseurs de quitter Suberbieville sur-le-champ le thermomètre marquait 32 degrés à l'ombre! Ces troupes marchèrent, le29, de midi à dix heures du soir, et le lendemain, à quatre heures, elles étaient de nouveau reparties : pour des gens minés par la fièvre, c'étaient là de formidables étapes à travers une sorte d'Auvergne montueue où la route n'est qu'une piste à peine tracée qui tantôt contourne d'énormes blocs de rochers, tantôt escalade des pentes abruptes et dénudées. Le général Metzinger avait décidé, avec beaucoup de hardiesse et d'à-propos, qu'il attaquerait les Hovas immédiatement afin de ne pas leur laisser le temps de se reconnaître — soit qu'ils aient voulu se retirer après avoir manqué nous surprendre, soit qu'ils aient décidé de se retrancher au Beritzoka et de nous y livrer un second combat. Le 30, à six heures du matin, le général mettait en ligne 2 compagnies de tirailleurs -algériens, 3 compagnies du 40e chasseurs et 2 sections de la 16e batterie. Une section de la 15e batterie était en réserve à Behanana. Ils'agissait de déloger l'ennemi des hauteurs du Beritzoka, à sept kilomètres de Tsarasoatra. L'avant-garde prit position avec des difficultés d'accès extrêmes sur un mamelon où elle dut frayer un sentier pour les mulets de l'artillerie. Un combat s'engagea sans plus tarder par des feux de salve, auxquels les Hovas répondirent assez vivement. Pendant ce temps, le gros de la colonne gravissait les pentes escarpées c'était un plaisir de voir les tirailleurs s'accrocher aux buissons, se faufiler entre les pierres, et les petits chasseurs grimpant encore avec entrain, malgré l'immense fatigue de leurs marches forcées. Une fusilladenourrie partait des crêtes où les ennemis se tenaient abrités derrière des rochers, tandis que leurs canons lançaient des projectiles à bonne portée. Enfin, la 16° batterie, arrivée à 2.500 mètres des pièces houves, fit cesser leur feu en tirant quelques obus percutants.

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Au même moment, les fantassins parvenaient à moins de 300 mètres des tirailleurs adverses une succession de salves Rapides provoqua chez les Hovas un mouvement de recul aussitôt les turcos du lieutenant Grass, suivis des chasseurs à pied, en profitèrent pour s'élancer, baïonnette au canon. Cette lutte à l'arme blanche décida de la fin de la bataille Ceux des Hovas qui avaient tenu jusque là pour défendre leur camp lâchèrent pied dans différentes directions; mais comme Ilsétaient obligés de remonter sur les plateaux environnants, la section d'artillerie de Brunet les cribla d'une pluie de Mitraille jusqu'à la limite de la portée des pièces de montagne. Les tirailleurs ont affirmé avoir vu un européen diriger l'action, quelque Anglais sans doute, et s'enfuir un peu avant la chargefinale. L'ennemi laissait entre nos mains 2 hotchkiss sur quatre qu'il avait, le drapeau de la Reine (1), la correspondance de Rainianzalahy, 14e Honneur et commandant chef, des fusils, en des munitions,des provisions de riz et plus de 400 grandes tentes en rafia. Chaque tente devait abriter unedizainehommes. On estimé les forces houves à 5.000 hommes, a dont au moins 2.000 fusils. Nous avons eu,pendant ce combat, 12 blessés, et parmi eux Un officier de chasseurs à pied. Les Hovas ont certainement perdu beaucoup de monde, malgré les conjectures des devins et des sorciers, qui, à entendre les prisonniers, avaient prédit à Rainianzalahyque la lune nouvelle assurerait la défaite des vazaha. Les chefs s'étaient partagé nos chevaux à l'avance la rapidité avec laquelle nos renforts arrivèrent déjoua leurs calculs. Les résultats immédiats de ces deux victoires sont considérables l'ennemi, désorganisé, s'est retiré : au loin, jusque Vers Andriba, nous abandonnant ainsi un vaste champ libre et nous permettant de pousser activement les travaux de la "Oute et duravitaillement. La 16e batterie et le 40e chasseurs restent ce en avant

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Drapeau blanc, sauf le coin inférieur rouge Au centre, la couronne J'aie surmonte les initiales rouges des deux mots Ranavalo Mpanjaka, C'est-à-dire RanaAselo Reine. Ce drapeau est au musée des Invalides. (1)

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malheureux bataillon, qui vient de se conduire si vaillamment au feu, a été brûlé par son effort énergique du 29 juin, et il ne peut même plus retourner en arrière La fièvre s'abat sur lui à tel point que les deux tiers de son effectif tombent épuisés. Le général Metzinger est parti pour Suberbieville le 1er juillet, emmenant les corps du lieutenant Dufresse et du caporal Sapin, portés à bras par des conducteurs sénégalais de haute stature je vois passer le funèbre cortège à Behanana, et je salue une dernière fois celui qui fut un si aimable et si brave compagnon. Que de sensations étranges cette rencontre ne va-t-elle pas raviver pour un instant chez ceux qui, comme moi, se croyaient inaccessibles à l'émotion! Déjà, la veille, j'avais été poursuivi par une impression aigüe de tristesse et d'isolement je m'étais étendu pour passer la nuit dans une case où, sans que je le sache, gisait un malade atteint d'un accès pernicieux. A trois heures du matin, un ronflement grave me fait dresser l'oreille j'entends un râle précipité d'agonie, puis un silence se prolonge mon voisin était mort. Le jour suivant, j'ai cédé la place pour laisser exposer le cadavre, en attendant qu'on lui prépare une sorte de cercueil avec nos caisses à biscuit. Enveloppé de sa toile de tente, il fut cloué tant bien que mal entre quatre planches, puis on. creusa une fosse profonde. Les compagnons d'armes du défunt apportèrent ensuite deux couronnes d'herbes entrelacées où ils fixèrent cette inscription : A notre bon camarade, les Tirailleurs français de la 5e Cie

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Sur une croix se détachaient ces mots, tracés à l'encre POUR LA PATRIE. ICI REPOSE LE CAPORAL. DE LA 5e Cie DE TIRAILLEURS MORT A SON POSTE, A VINGT ANS.

PRIEZ POUR LUI.


Enfin, la compagnie vint chercher mort, le capitaine son Pradal tous les autres officiers en tète une garde d'honneur présentait les armes pendant la levée du corps. A deux cents mètres du village, la compagnie s'arrêta sur Un petit monticule entouré d'une haie de branchages là, au bord de la fosse, un sergent vint dire, tête nue, un De profundls, suprême et dernière prière. Le cercueil descendu, le même sergent prit de la terre sur Une pelle et chacun, officiers et soldats, vint jeter sur la bière Une poignée de cette terre devenue française.

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CHAPITRE XIV LES RACONTARS D'UN JOURNAL PARISIEN. NOTRE LES BACILLES SITUATION SANITAIRE DE L'EXPÉDITION. LE 14 JUILLET A SUBERBIEVILLE.

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L'ALLÉGEMENT DE LA BRIGADE METZINGER.

15e BATTERIE A MEVATANANA. — UN ABANDON IMMÉRITÉ. LA 2e BRIGADE PREND LA TÊTE.

REPRISE DE LA MARCHE EN AVANT.

Me voici de retour à Suberbieville après une courte absence

de trois

jours, mais c'est suffisant pour me faire voir le camp sous un aspect qui n'a plus rien d'enchanteur. Pourtant, à en croire un bon apôtre de journal parisien, il Semblerait que nous ayons mis la main sur un Eldorado Moderne après avoir énuméré nos fatigues, L'Echo, compatissant, annonce à ses lecteurs que nous « allons trouver, exactement à huit (!?) kilomètres de Mevatanana, une « ville française avec tout le confort qui. etc. 1 Ce ne sont là, ma foi, que bâtons flottants, et les deux ou trois bâtisses en pisé encore disponibles viennent d'être occupées par de nouveaux arrivants de l'état-major ou des services s péciaux le vulgaire loge à l'Hôtel du bon Soleil qui, chaque Jour, fait payer très ch er son inclémente hospitalité. Aussi, en ces temps d'inaction prolongée, on ne parle plus que de fièvre, dysenterie, hôpital, inhumations décidément, 011 meurt trop vite à Suberbieville.

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Quanta l'étroite arête de Mevatanana, la 15e batterie va y tenir garnison; la partie Nord sert-déjà de dépôt d'éclopés,

sorte de lieu de transition,où, cahin-caha, la mine patibulaire et l'œdème aux jambes, les anémiés et les plus impaludés du cantonnement tâchent de profiter d'un peu de bien-être en attendant leur rapatriement; ily a gros à parier que l'on cachera ces têtes coloniales à la montagne d' Ambre, à NosyComba ou ailleurs, avant de les montrer en France. Jusqu'à présent, par un respect exagéré de la « propriété» indigène, et alors que tant de vies sont précieuses, on a laissé inoccupé Ranomangatsiaka, le village des travailleurs sakalaves à la solde de la Compagnie minière; sans doute aussi, on s'imagine que les habitants fugitifs vont revenir. En vain, au seuil des cases invariablement vides, les portes s'ouvrent, prometteuses d'un peu d'ombre et de fraîcheur relative les moribonds s'entassent sous des tentes dressées en plein soleil, ils y cuisent et meurent suffoqués. Mais voici que les accès pernicieux deviennent plus fréquents, les ambulances sont insuffisantes et on se décide enfin à donner l'ordre d'abriter les malades sous les paillottes indigènes. Ranomangatsiaka est à flanc de coteau, au détour d'un couloir où l'air circule et s'échauffe moins que sur notre plateau; un mince filet d'eau fraîche et limpide court dans une c'est juste assez pour justifier le nom du village « là crevasse où l'eau est froide» à force de piétiner sur les bords de la source, elle se charge de mille souillures et son eau, bienfaisante peut-être, n'est pas buvable. Les effectifs valides sont réduits de plus d'un tiers ou de moitié; les artilleurs et surtout les sapeurs ont fonda, ainsi que les autres troupes blanches; dans notre brigade, il n'y a que les Tirailleurs algériens qui aient tenu. La Légion, solide pourtant, est fort éprouvée. L'expédition elle-même est atteinte de deux maladies dont la voiture Lefebvre et le kabyle sont les bacilles. La voiture Lefebvre n'est pas discutée c'est même étonnant comme on s'entend, sur toute la ligne d'étapes, pour trouver que l'on ne pouvait mettre une plus mauvaise carriole entre les mains d'un plus médiocre conducteur.

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Le convoyeur kabyle aurait été mieux apprécié si un enrô-

laientdisparate n'avait rassemblé dans les convois autant

d impotents, d'ulcéreux, de vieillards fatigués ou d'individus canailles et paresseux. Quel contraste avec le recrutement des Tirailleurs algériens etavec les conducteurs soudanais, toucouleurs, yolofs, etc., tous gaillards vigoureux parmi lesquels il s'en trouve qui ont (< fait le Dahomey », dont ils portent fièrement la médaille commémorative. On leur a donné des fusils pour la défense eventuelle des convois et ils demanderaient qu'à s'en servir. Leur nombre eût été plus ne grand qu'on aurait pu diminuer Proportionnellement l'effectif kabyle en renvoyant la masse des anémiés qui se traînaient pour suivre. Le 14 juillet est arrivé sur ces entrefaites c'est un dimanche etles officiers assistent, très nombreux, à la messe du P. DenJOy, dont les allocutions dominicales sont fort goûtées: il a la Parole facile, élégante, la citation heureuse et. il n'est pas long. Il prononce, ce jour-là, un court sermon où la note Patriotique est discrètement touchée, ce qui lui vaut un succès de respectueuse émotion (1). A l'issue de la cérémonie, le général Metzinger, tout aJ) André Denjoy s'était engagé à dix-huit ans, en 1870, et avait pris part

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an*combats de l'armée de la Loire. DI.ssionnaire à Madagascar en 1887-89, aux environs de Tananarive, le P. aœOJoy repartit en 1895 à bord du Cachar. avec le 40e Chasseurs, et il fut

C

à l'ambulance n° 1. d,à Marololo, à Suberbieville, dahJD négation à Ankaboka,pastoral. et de devoir

il fiL

des prodiges de charité,

tuandu soir de juillet, vers les dix

heures, raconte mon ami Pages, corresP. Denjoy,chargé de plusieurs couvertaites Je Gaulais, je rencontrai leainsi; fut obligé de m'avouer qu'il portaitses: lui demandai où il allait.maladesil les plus gravement atleinls. Je propres couvertures aux cfis remarquer température c'était unegrave imprudence de se dépouiller de ses coieilures et de que ainsi aux variations de si dangecuses, pendant las'exposer dans ces régions tropicales. Il est très probable nuit, Ue 1 mon observation ne l'a pas empêché de recommencer. » Remplacé à l'ambulance n° 1 par le P. Bardon, le P.Denjoy obtient d'aller il. où ses petits chasseurs le réclamaient, et successivement il estenvoyé à Anjiéjié, à Antsiafabositra et à Andriba. ureusement éva a depuis longtemps ses forces trahissent son courage; sans que jamais une plainte se fùt échappée de ses lèvres, il dut être touu sur En route, les forces lui reviennent, il s'échappe et retour à sonMajunga. il est tellement affaibli que les jambes luimand'Andriba tnaln-pendantposte le la messe. Enfin le P. Bardon vient encore le remplacer arriae. filanzane; mais à peine sOnvda repart en octobre pour Majunga, porté en Marololo, le 10 octobre, il meurt d'un accès pernicieux, victime de veU amlrable ven dévouement. Le jourmême, àMarololo, on apprenait la noude la prise de Tananarive; en signe de deuil, les réjouissances furent

rasoatra

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Ses au lendemain.

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— J.

T.

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DE MIRAMONT.


radieux, apprend qu'il est promu divisionnaire. Comme une traînée de poudre, cette nouvelle fait le tour du camp où elle est accueillie avec les marques de la plus vive satisfaction; depuis plus de quatre mois, le général a été constamment sur la brèche, ne s'épargnant aucune fatigue, veillant à tout, dirigeant les opérations avec une sûreté de vues et une énergie peu communes. C'est un chef d'une droiture et d'une élévation de caractère remarquables; il sait à la fois être ferme et bienveillant, il aime le troupier, il s'intéresse à lui sans ostentation ni emphase; aussi, à l'avant-garde, chacun se ferait-il hacher pour lui, tant le dévouement et l'abnégation extrêmes paraîtraient naturels. Le Général en chef a passé la revue d'une partie des troupes de la lre brigade, mais on voyait trop qu'il y avait des «creux »5 pendant un instant, des nuages échevelés passèrent devant le soleil, des ombres étranges glissèrent rapidement sur le sol, -et, par une singulière évocation, on eût dit que les ombres des disparus défilaient à nos côtés dans une chevauchée fantastique. Malgré les jeux et les réjouissances d'usage, malgré le punch cordial qui clôtura cette journée à l' «Hôtel du Général Duchesne », la fête s'est terminée au milieu d'un enthousiasme relatif on ne connaissait encore que de rares récompenses, et nombreux parmi nous sont ceux qui ont mérité les honneurs. Petit à petit, les troupes de Suberbieville sont parties et la marche sur Andriba va commencer. La 2e brigade triomphe elle doit dépasser la brigade Metzinger et prendre la tête à Antsiafabositra, au pied des monts petits Ambohimena; presque seule d'ailleurs, elle reste capable de pousser activement les travaux de la route. De son côté, la pe brigade s'est allégée des unités et des hommes qui ne pouvaient plus continuer et elle pioche sur la route, au delà de Tsarasoatra. Restent le 200e et le 40e qu'on n'ose larguer le général Metzinger n'attend plus que leurs relèves pour compléter ses effectifs d'infanterie à cinq bataillons. La 16e batterie est comprise dans l'ordre de marche, tandis

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que notre glorieuse 15e, si vaillamment commandée, reste utilée, amoindrie - et désespérée de rester en arrière, faute

dunepoignée

d'hommes valides qu'elle aurait trouvés sur place, dans le personnel de la batterie de 120 les deux : lourdes pièces n'ont aborder les rampes de la route de pu terre, elles sont venues par eau jusqu'à Port-Tafia et elles se Sont pitoyablement échouées sur la terrasse de notre campement qu'elles ont défoncée. L'utilisation des officiers disponibles par suite de la réorganisation des troupes de la 1re brigade me laisse encore noccupé : vais-je aller en avant ou en arrière, dans un écheon de ravitaillement ou dans un dépôt d'éclopés? La bonne fortune me tire d'affaire au-delà de mes espérances. Le 28 juillet, jour où le général Duchesne est parti de Suberbieville, le colonel Palle, commandant l'artillerie et les étapes, rentrait d'une tournée d'inspection je me présente et, aux premiers mots, le colonel m'arrête « C'est entendu, me dit-il; je viens d'apprendre que un tel est rapatrié je vous emmène demain matin au Beritzoka. De là, vous rejoindrez la 6e batterie attendant. en » Il était temps je suis rentré sous l'abri blindé avec un Violent accès de fièvre. Après avoir fait cantine, la tête ma dolente, j'ai absorbé force quinine et je me suis abattu sur IIlon lit, bien résolu à partir, coûte que coûte. Le29 juillet, de bon matin, j'étais route, accompagnant en le colonel Palle, tandis que mon pauvre ordonnance Valin entrait à l'hôpital pour dysenterie et anémie palustres. Le capitaine Lavail, dont je n'avais pu prendre une dernière fois congé à Mevatanana, m'envoie le billet ci après

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Mon cher ami, Mesplussincèresfélicitations.

N'oubliez jamais que vous avez fait vos premières armes aVec la 15e batterie. Dites bienpartout le sacrifice immérité qui est demandé au Personnel de cette unité de la première heure, et dont la rêcompense eût été de marcher en avant.


Bonne campagne; au plaisir de vous serrer la main sur route de Tananarive.

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LAVAIL.

Je ne devais plus rencontrer mon excellent et brave capitaine. CHAPITRE XV 1

— LE CAMP DU PONCEAU. — LE CAMP DES SOURCESANJIÉJIÉ. — LES POSTES D'OR SUR LA RANDRIANTOANA. LA FIÈVRE LARVÉE. — UN NOUVEL ENNEMI

BEHANANA.

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LES DONS DES FEMMES DE FRANCE. PREMIÈRES PETITES PLUIES. — FAUSSE ALERTE. Au PIED DES MONTS PETITS AMBOHIMENA.

LE MOKAFOHY.

La route s'allonge, à partir de Mevatanana en lacets tortueux dans un pays sauvage, quartzeux en diable, et qui ne s'humanise que par éclaircies à une quinzaine de kilomètres -' plus loin, auprès du village de Behanana, entouré de rizières. On vient d'y trouver, dans des silos, une quantité considérable de paddy dont on avait grand besoin pour nos animaux. Le dépôt des Chasseurs d'Afrique y fera Passé cetendroit, le sol revêt une âpreté plus grande, les mamelons se succèdent les uns aux autres, le roc affleure sous une mince couche de terre rouge, les arbres sont rares sur les pentes un arbuste, sorte de faux jujubier, étend désespérément ses maigres rameaux où pas un oiseau ne se repose, et il faut descendre au fond des plis de terrain pour apercevoir un petit ruisseau cristallin, ombragé de quelques rafias. Mais ces failles verdoyantes ne sont que des taches dans une

séjour.

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immensité monotone d'un jaune rougeâtre. Au loin, noyé dans la buée bleue, l'horizon rappelle au colonel Marmier le relief tourmenté du Monténégro: on dirait desvagues basaltiques brusquement figées et dont les arêtes plus claires, les blancheurs de quartz, représenteraient à distance l'écumemousseuse et frangée. Nous passons à Tsarasoatra, puis nous gravissons lamontée du Beritzoka, où ont eu lieu les dernières batailles.


:

Déjà nous atteignons des altitudes de 400 à 500 mètres le soleil est brûlant milieu du jour, mais, dès qu'il vient à au baisser, la fraîcheur tombe. La nuit, il fait presque froid le vfnt souffle en permanence, parfois avec furie; on se sentrespirer plus à l'aise, grâce à cet abaissement de la température qui fouette le appauvri, réveille et ranime le corps sang énervé par l'anémiante chaleur de la journée. Au Beritzoka, auprès d'une cascade de la Nandrojia, on a installé un hôpital. Nos hommes ressentent pas vite de ce changement ne se air, , car ils subissent le contre-coup des fatigues accumulées, des accès de fièvre antérieurs et ils sont trop éprouvés pour réagir; mais c'est ici qu'il faudrait transporter rapidement les renforts impatiemment attendus ils auraient plus de chances dachever la campagne sans succomber à leur tour. Après le massif de Beritzoka, on suit une piste préconisée Par mon camarade Haberer le tracé doit rejoindre la route de l'état-major en avant d'Andriba. Les lacets serpentent en s'accrochant au flanc des collines, Se déroulent corniches, et toute la troupe — la brigade en Voyron en tête — allonge chaque jour cet étroit ruban au pIlx de grandes fatigues et d'un retard immense dans la marche en avant: tout cela. à cause des voitures Lefebvre. Leurs brancards tôle sont cassés et elles s'en vont, avec en des brancards de fortune souvent renouvelés, rouler au fond des précipices Il faudrait être derrière chaque Kabyle avec Une trique pour le faire marcher autrement qu'un bétail. Les Mulets, parcimonieusement nourris pour cause), sontéreinils tombent sur le chemin, malgré l'allégement du fardeau quIls traînent, car ces voitures ne portent pas leur charge. Les approvisionnements subissent ralentissement dont un chacun pâtit et les officiers se voient supprimer le supplément de ration auquel ils avaient droit. On ne touche plus ni pain ni vin -bref, il serait temps d'arriver près nous avons de80kilomètres piocher et Andriba n'est pasencore l'lmerina. Lelffiouvelnent en avant se dessine lentement, mais enfin on marche le 31 juillet, je rejoins la 16ebatterie : au camp des ources, où nous restons quelques jours.

;

:

;

:

, ;à

(et

:


Le 5 août, nous nous installons sur les bords de la Randriantoana, presque à moitié chemin. d'Andriba. Nous voudrions bien rencontrer les insaisissables Hovas, mais si ces farceurslà calculent ce qu'il nous a fallu de mois pour parvenir jus.,. qu'ici, ils doivent également se tenir le raisonnement suivant: de risquer une bataille à présent attendons la « Pas la peine saison des pluies; avec l'aide du général Tazo (la Fièvre), les vazaha seront fichus. » C'est peut-être vrai. colonne se transporte au lieu dit Anjiéjié, dans Le 7 août, la fourche formée par le confluent de la rivière Ampasiryavec la Randriantoana, affluent de gauche de la Betsiboka. En soulignant « lieu dit», je vise un article de journal qui nous depuis fait trouver de gros villages à tout bout de champ longtemps nous n'avons aperçu que des groupés de trois ou quatre cases isolées, et pas un chat. Nous sommes encore éloignés d'Andriba d'à peu près cinquante kilomètres toutefois, nous restons dix jours stationnaires, jusqu'au 17 août, car la route devient plus difficile à frayer sur des croupes argilo-rocheuses d'altitudes variant de 400 à 750 mètres, et plus difficilement aussi arrivent les voitures Lefebvre. C'est ce qui nous fait croire que route et voiture auront vécu après Andriba ; on s'occupera de faire de ce point un Biscuitville de première grandeur, d'y rassembler un fort convoi de mulets bâtés, et de là nous partirons, munis de x jours de vivres, pour un raid final; le sort de la campagne, le salut du corps expéditionnaire en dépendent. Prendront part à ce raid de 180 kilomètres les Tirailleurs algériens et la Légion, une figuration du 200e et du 40e, puis l'infanterie de marine avec ses Malgaches et ses Haoussas, deux compagnies du train, les deux compagnies de conducteurs sénégalais, les deux batteries de montagne de l'artillerie de marine et enfin la 16e batterie de la Guerre; des chasseurs d'Afrique compteront à l'effectif du Quartier-Général. On vient d'abandonner une section de batterie de 80 de campagne dont les deux pièces ne peuvent plus suivre chaque tour de roue s'achète au prix de manœuvres de force inutiles et de fatigues meurtrières.

:

la

:

;

;


depuis que nous avons quitté Behanana, l'aspect du pays

;

changé; même succession de montagnes quartzeuses aux profils arrondis, ou, le plus souvent; tourmentés mêmevégétation dans les failles: Pourtant, quand ces creux s'élargissent en laissant passer un ruisseau, les arbres tiennent plus denses et d'essences diverses; l'eau coule, bruyante, enserrée dans un lit de rochers qui doit avoir peine à la contenir pendant la mauvaise saison elle bondit entre les pierres, s'éparpille en cascades ou roule sur un sable d'or 11

a guère

;

et de mica. Je me suis amusé, par curiosité, à faire une battée à la Manière sakalave dans la Randriantoana; au bout d'une heure, j'avais réuni quelques d'un mélange de terre et grammes d'oxyde de fer où brillaient de vraies paillettes. Pour terminer l'opération, il aurait fallu tour de main, celui du encore un batteur de faute de dispositions et.de savoir-faire,

profession; j'aijeté vent au ma fortune. Je n'étais pas le premier à chercher de l'or en cet endroit, car le lendemain j'ai aperçu, dissimulés entre les roseaux,des Vestiges d'un campement Sakalaves. Les rivières sont très poissonneuses; nos zanzibarites et quelques-uns d'entre nous sont d'enragés pêcheurs. Pour ma part je suis allé à la pêche qu'une seule fois, parce qu'en ne faisant de l'équilibre pieds nus sur les rochers, mouillé jusqu'au torse, j'ai été pris d'un lumbago dont la quinine seule m'a débarrassé. C'était là, apparemment, attaque de ce paludisme que une les médecins, d'ordinaire moins facétieux, ont appelé la fièvre Protéiforme ou larvée. Avez-vous mal quelque part? fièvre — larvée. C'estune raison majeure, une tarte à la crème qui vous laisse sans réplique, on s'avoue vaincu. Nuit et jour, il fait vent à décorner tous les zébus de un Madagascar, Dieu sait s'ils sont (1); à la côte 700 et cornus (bon campement, disait le Guide de Beylié), pas une tente n'a tenu. La bise fait fraîche parfois comme à l'automne rage, cheznous, mais aussi comme on dort bien! quelle différence (1)Lescornes de quelques taureaux mesurent Im40 d'écartement d'une

de

,

à

pointe l'autre


!

quel changement avec le bas Boéni, même en saison sèche avec les nuits chaudes, humides et sans airde la saison pluvieuse que j'ai, vu se terminer à Majunga! Puis, pas de moustiques. pour le moment; mais, par contre, àpartir du Beritzoka, une nuée de mokafohy, ce qui veut dire «mouche courte ». Depuis le lever du soleil jusqu'à la nuit, l'ennemi ailé tour, noie autour de vous, vous assaille, profite du moindre pli de vêtement qui baille ou s'entrouvre. Pas un bruissement, pas une note de fanfare qui vibre ou qui bourdonne pour annoncer son approche; il se pose, on est piqué. Une goutte de sang est au bout du coup d'épingle. La vengeance est facile; s'oubliant dans son triomphe ou trop lent à sucer la plaie, vite on écrase le mokafohy qui meurt sur la brèche. Il faudrait, pour s'en préserver, débroussailler partout, mettre le feu aux herbes sèches et porter un moustiquaire de tête;nous en arriverons à mettre des voilettes comme les amazones. Dans certains parages du versant Ouest, les voyageurs sont obligés d'entretenir pendant les haltes un feu de bouses de

-

zébudesséchées. Dès que le jour paraît, le mokafohy bat en retraite jusqu'au lendemain; cette toute petite mouche est surtout abondante près des ruisseaux et des arbres, ce qui rend les corvées d'abreuvoir presque irritantes. Il est superflu de parler des heures de lavage dulinge et des vêtements; à force de frotter, l'usure arrive trop vite et, d'ailleurs, avec cette terre et cette poussière rouges, il faudrait recommencer tous les jours puis, raison majeure, nousn'avons plus de savon. Ce n'est pas seulement le savon qui fait défaut; nous sommes

;

,

encore privés des secours ingénieux et délicats que les Femmes de France ont dû prodiguer; la faute en est peut-être aux voitures Lefebvre et à la pénurie des convois postaux. En tout cas, la répartition générale des envois a été illusoire : seuls, les dons des comités régionaux adressés nominativement à M. le colonel Y. ou à M. le commandant Z. sont parvenus à leur réelle destination. Les colis affluent au 200e, au 40e et à la Légion (le comité d'Oran aété d'une généro-

-


sité rare); j'y ai bu des vins réconfortants en croquant des gâteries au chocolat, mais les batteries de montagne, par exemple, se brossent. militairement. Nousavons eu, en tout, trois bouteilles de byrrh, vingt-cinq paquets de bougie et douze douzaines de flacons d'essence de santal qu'un fumiste avait conseillée. pour chasser les moustiques. Deux souvenirs se rattachent à notre séjour au camp d'Anjiéjié l'un est l'apparition de la pluie, une pluie fine, serrée, pénétrante comme un brouillard et qui est tombée un seul jour, Juste assez pour nous avertir de nous hâter. L'autre est un épisode gai de la vie des camps. La nuit du 15 août, d'épais nuages couraient à travers le ciel, découvrant ou masquant la lune tour à tour et projetant des ombres gigantesques, surles pentes des ravins. Nous dormions à poings fermés quand un coup de feu retentit, suivi de cris d'alarme. Depuis Marovoay, depuis les légendaires et inénarrables alertes folles du 200e, j'étais resté sceptique; je me retournais pour me rendormir, mais il fallut Se lever quand même et se mettre sous les armes. Notre commandant, le chef d'escadron Ruffey, allait prendre les dispositions d'usage lorsqu'un capitaine du 40e est venu dire (< Rassurez-vous, une de mes sentinelles a tiré sur un zébu! » Si encore nous avions dû manger cette vache enragée qui n'existait que dans l'imagination du petit chasseur! Le 18 août, nous quittions le camp pour aller planter nos tentes à Antsiafabositra, au pied des monts petits Ambohimena. Des reconnaissances exécutées par le 13e régiment d'infanterie de marine sont heurtées, les jours précédents, à se des partis houves qui surveillaient mouvements. nos

:

:

ANDRIAMENA.

(A suivre.)


FLEUR D'ANJOMA Saynète en un acte PERSONNAGES jeune viveur malgache RABENJA, jeune chapelier RAKOTO, garçon de restaurant RAHENDRY, fonctionnaire indigène

RABEMILA,

RAZAFINTSALAMA RAJIMISON RAKOTO RAKOTO RAJOANASY RASOANINDRINA

malgache.

BOTO.

UN RAVOELY,

RABEMILA.

femme de RATAVY, domestique de RAVOELYRAZAFIMIAVO Une noce malgache, groupes de danseurs et chanteurs malgaches, marchands du Zoma, bourjanes et musiciens.

au

La scène se passe à Tananarive,

Zoma.

Le théàtre représente le Zoma, à 6 heures du matin. A gauche, au premier plan, le Restaurant d'un Grec à l'enseigne: « Aux Thermophyles, Salon des Familles, noces et banquets de Société. » Au fond, une église; à droite, les bou-

;

tiques du Zoma, dont plusieurs déjà ouvertes; allées et venues de bourjanes et de marchands qui s'installent; au premier plan, une boutique de fleuriste au second plan, une boutique de chapelier ces deux étalages ne sont pas installés au lever du rideau.

SCÈNE RAKOTO,

;

1

puis les botos du restaurant.

sortant du restaurant et arrangeant la devanture : Je suis très pressé. c'est jour de Zoma, et il faut faire feu des quatre pieds. nous avons ce matin une noce de trente-six couverts et ce soir un dîner de société. la Philarmonique malgache. Les (I) Dans le numéro de marsde laRevue nous avons rendu compte (correspondance deTananarive) dela fête organisée dans la Capitale parla section du Comité de Madagascar et nous avons signalé le vif succès obtenu par les acteurs indigènes qui ont interprété Pleur d'An-joma. Nous pensons être RAKOTO,

; d'An-

agréables à nos lecteurs en publiant cette saynète locale qui a été très applaudie à Tananarive. Le Zoma est le grand marché de Tananarive le mécanisme de la langue (abréviation de Any amin'ny malgache veut que l'on dise Fleur Zoma) au lieu deFleur de Zoma.


botos ne sont pas encore arrivés, et le patron dort encore. Très curieux, le patron. C'est un Grec d'un modèle à part, un nourrisson des Muses. Dès son arrivée, au lieu de faire l'inventaire, il n'a vu à Tananarive que la nature, la beauté du site et le reste. du reste surtout. En tout cas, il s'est mis à apprendre le malgache et, Pour mieux se documenter, il change de professeur tous les soirs. C'est bizarre. Tout ne me passionne ça pas. CRIS DE BOTOS,

arrivant par le fond.

0 ry zalahy a o leretsy a (i). RAKOTO, se

Ah! voilà les

retournant aubruit.

botos!. (Interpellant les botos). Allons,faingana (2)

(Il les bouscule et les pousse vers le restaurant.) LES BOTOS,

entrant dans le restaurant.

Oui, M'sieu, oui, M'sieu. RAKOTO,

leur parlant

il

l'entrée du restaurant.

Et tâchez de me dresser la table proprement. Le fer à cheval des grands jours. (Revenant au milieu de la scène.) Maintenant, je vais terminer mon marché. Voyons ma liste (Il lit) Patates. Asperges. Choux de Bruxelles. Ces choux de Bruxelles qui poussent à Tananarive, c'est drôle, savez-vous.

:

UN

BOTO,

sortant du restaurant.

M'sieu, le patron demande si la fleuriste est arrivée:

! ! tellière.Il

RAKOTO.

!!Hier.

Une fleuriste maintenant les lui faut toutes. Ah, mais Boto? cette vie de polichinelle Allons

bon

!

!

LE

M'sieu

C'était une denJe ne favoriserai pas

boto

RAKOTO

Tu diras au patron que je suis parti au marché.

: :!

i) Cri familier aux Malgaches pour s'appeler les uns les autres. C'est à Peu près, en français Eh, là Oh là-bas! (2) Faingana, en français Dépêchez-vous.


LEBOTO Et s'il demande la fleuriste? RAKOTO

Eh bien! Tu répondras qu'à Tananarive toutes les fleuristes sont des rosières. (Il s'en va par la droite.)

!.

LE BOTO,

Des rosières Connais rentre dans le restaurant.)

étonné.

pas.Enfin, je SCÈNE

dirai çà au patron. (Il

II

RABEMILA, UN BOTO, DES BOURJANES. RABEMILA,

entrant en filanzane par la droite et s'adressant à ses bourjanes.

Ambany! (Les bourjanesdéposent Rabemila, qui descend sur le devant de la scène.) Encore une nuit de noce. J'ai mal aux cheveux et j'irais bien me coucher. Mais çà ne peut pas se passer comme ça. Etre de caste noble et apprendre que sa femme se dérange. Qu'elle donne des rendez-vous au Zoma. Je la trouve violente. (Voyant les bourjanes qui tournent autour de lui.) Haninona hianareo (I)? LES BOURJANES,

tendant leurs chapeaux.

Ny karamanay Ramosé (2). RABEMILA,

bousculant les bourjanes.

le

Fichez-moi camp. Ces bourjanes sont d'une exigence (au public) Et puis. je suis dans une dèche. Il y six mois, j'épouse Ravoely, une jeunesse fort gentille, ayant du bien, une. {anaky ny mpane foefo. (3) Nousallons Antsahondra etnousnous jurons fidélité. En fait de dot, je lui donne des fleurs, rien que des fleurs. Elle adorait çà. Après la lune de miel j'ai repris l'existence joyeuse, mais ça n'a pas duré longtemps. Aujourd'hui. je suis à sec,comme une (I) En français: Que voulez-vous (2) En français Notre salaire Monsieur. (3) En français : Fille de richard. (4) Antsahondra, dépendance de la mairie de Tananarive et siège dl'etat civil indigène.

a

à

:

(4)

?


province du Sud. Les huissiers sont à mes trousses. et ma femme me fait des traits.. On me rapporte partout qu'elle a des tendresses pour un chapelier de Faravohitra. Je n'y croyais pas, mais tout-à1 heure, en réintégrant le toit conjugal, j'aidécouvert un papier qui ne me laisse aucun doute sur mon infortune. Ils ont un rendez-vous lei, ce matin. C'est égal, allons bien voir: En attendant, instalnous lons-nous chez le Grec surveillons les opérations. (Ils'assied à et une table sur le devantdu restaurant et il appelle.) Garçon?

arrivant,

UN BOTO,

uneserviette sur le bras.

Voilà! M'sieu! Ronono? Mofo? Dité? Sokola? (I) RABEMILA,

irrité.

Tu m'embêtes avec tes consommations hygiéniques; sers-moi un Pernod, animal! LE BOTO,

sortant une bouteille d'absinthe de dessous sa veste

Un Pernod? Voilà, M'sieu!

(Ilverse.) RABEMILA

bonne heure. (.4 part.) Si je l'interrogeais?. (Haut.) Dis-moi, connais tu un chapelier qui tient une boutique au Zoma? A la

LE BOTO

Un chapelier? Tsia ! Tsy fantatro izany (2)

!

RABEMILA

si un chapelier mpanaosatroka (3).

Mais,

y LE BOTO

Ah! Oui, M'sieu, yen a la boutique là, mais li n'a pas là encore.

!

encolère.

RABEMILA,

Animal! lâche gredin! Donner un rendez-vous à ma femme et me faire poser quand j'arrive à l'heure! (Ij Du lait? du pain? du thé? du chocolat? ,2/ Je ne sais pas ce que vous voulez dire 1.51 Qui fait des chapeaux.


LEBOTO

Qu'est-ce que vous avez?

RABEMILA, en

colère.

j'ai. Rien.

Tu m'embêtes. (Se calmant. A part) Il faut pourtant que je le fasse causer. (Haut.) Ah! écoute un peu.Tu n'as pas vu une ramatoa avec le chapelier? Ce que

!.

LE BOTO,

Uneramatoa?.En

faisant l'étonné.

!.

En

(I)

RABEMILA

Oui, oui, tu ne veux rien dire.Tous les mêmes, cesbotos. Ils ménagent des rendez-vous aux femmes, mais pour renseigner les maris. il n'y a plus personne. Oh mais je tirerai la chose au clair. Voyons d'abord la pièce à conviction. (Il tire un papier de la poche de son veston.) Il a signé ça d'un nom de guerre pour détourner les soupçons.(Pendant toute cette scène, les botos sontsortissuccessivement de la maison et se tiennent debout devant la porte du Restaurant.)

!

SCÈNE III RABEMILA, RAKOTO, BOTOS ET BOURJANES. RAKOTO,

entrant par lefond à droite avec des bourjanes portant dessoubiques de légumes.

bourjanes. Par

la petite porte. (Illeur montre une porte au dernier plan à gauche.) Là! Allez déposer tout ça à la cuisine (Apercevant les botos quiflânent devant la porte du restaurant.) Encore ici, tas de feignants! Voulez-vous retourner votre travail. (Il les bouscule, lesfait rentrer dans le restaurant et ferme la porte à clef.) Là, bouclés. Ces domestiques malgaches me portent sur les nerfs.

Ici, les

à

Jamais nous ne serons prêts pour onze heures. Je suis d'une humeur. (ApercevantRabemila.) Ah! un client. C'est ce mauvais sujet de Rabemila. Un être pervers, licencieux et cousu de dettes ! (Luitapant sur l'épaule.). Qu'est-ce que tu fais là? !<

BEAULA

Ne m'en parle pas, je suis d'une humeur. En locution négative malgacheéquivalant (I) En

!. !.

à

peu près

à

Non, non.


RAKOTO

Tiens, c'est comme moi. RABEMILA

?

Ton patron te fait des misères Je ne ! ; c'est tous

Oh,

non

encore

RAKOTO

le vois jamais. Il est près de huit heures et il dort les jours comme ça! RABEMILA

Un

!

patron.

in partibus, quoi Assembler! Et tu te plains?.

Si les huissiers pouvaient lui

RAKOTO

Dame!. C'est un flemmard qui de

ne sert jamais un client. En fait travail, il pratique la contemplation et la poésie. Le Parnasse. la blonde Vénus. Je n'entends parler que de çà! RABEMILA

Qu'est-ce que tu me racontes là? RAKOTO

Ce sont des histoires de son pays. 11 prétend qu'on retrouve tout ça ici et que Madagascar est un temple. RABEMILA,

interrompant.

Ah!

> RAKOTO

Untempledel'Amour. avecdesfemmes.des femmes antiques RABEMILA

Antiques.

Il

n'est pas gracieux,ton RAKOTO

C'est une manière de parler.

«

patron.

!

Beau comme l'antique

»


RABEMILA

C'est égal, je n'apprécie pas

ça. Et il s'appelle,ton phénomène?

RAKOTO

Un nom de fleur, moncher.

«

Corylopsis!

»

RABEMILA,éclatant.

? (Il est en proie à la plusvive

Corylopsis. » Misérable! Où est-il agitation. ) «

Qu'est-ce qui te prend?

Ilya. Il y

a. quoi?

RABEMILA,

RAKOTO

toujours en colère. RAKOTO

RABEMILA

Eh

bien!. Ce « Corylopsis » est l'amant de ma femme! RAKOTO

De

Ravoely!.

chapelier!

Ah bah! Tout le monde raconte que c'est un RABEMILA

Comment. On t'avait dit ça

?.

RAKOTO

Dame! Je ne sais pas, mais c'est le bruit qui

court.

RABEMILA

Eh bien, je le croyais, mais je sais maintenant à quoi m'en Le séducteur. c'est ton Grec.

tenir.

RAKOTO

Ce n'est pas possible, il n'y a que trois semaines qu'il est à Tananarive et il ne voit personne.


RABEMILA, montrant le

restaurant.

Tu es sûr qu'il n'entre pas de femmes ici? RAKOTO

Oh! Quelques professeurs de malgache. s'enseigne maintenant ça en tête à tête. méthode Berlitz. RABEMILA

Alors, je n'ai plus de doute, Ravoely est ici et je vais t'en donner l la

!

preuve

!

Ça m'etonnerait fort

RAKOTO

RABEMILA

Eh bien! Ecoute. Voilà le billet j'ai trouvé tout à l'heure que dans un de ses tiroirs. (Lisant.) Avec des fleurs demain matin Soyez au Zoma dès l'aurore;

C'est signé:

«

Et d'un amour qui vient d'éclore Venez embellir le festin. Corylopsis. » Si après ça tu n'es pas convaincu!. RAKOTO, à

part.

Aïe! Aïe! La fleuriste! Comment arranger ça? (Haut). Je t'assure que tu te trompes. Le patron est absent. Il prend les eaux. à

Antsirabe.

RABEMILA, C'est faux! Tu m'as dit tout à l'heure qu'il dormait encore. Je suis sûr que ma femme est là et je veux vérifier.(Ilfaitmine d'entrer dansl'établissement et cherche à forcer la porte fermée à clef.)

l'arrêtant.

RAKOTO,

Sapristi! (A part.) Comment éviter une catastrophe? (Haut.)Non, non, je t'assure! RABEMILA

Laisse-moi tranquille! Cette maison abrite des amours adultères; rien ne m'empêchera d'entrer. (Ils disputent.) se


SCÈNE IV LES MÊMES, RAHENDRY RAHENDRY,

Qu'est-ce qu'il

arrivant par

et les séparant.

le fond

y a? RAKOTO,

montranl Rabemila.

Ce Monsieur veut pénétrer de force dans l'établissement. RABEMILA, l'interrompant.

Ma femme est là dans cette maison. Je demande à constater le

flagrant délit. RAHENDRY

Votre femme! Je lui ai causé à Faravohitra, il y Elle n'est pas ici!

a

dix minutes.

RABEMILA

Non, non, c'est du bluff. Vous êtes tous complices. D'ailleurs, ici, c'est un hôtel, je prends une chambre au jour, au mois, à l'année.. C'est mon droit. RAHENDRY

C'est juste, pourvu que vous ne fassiez pas de scandale. RAKOTO, a

part.

Je n'avais pas pensé à ça. Après tout, qu'il entre. Corylopsisse débrouillera. (Haut, appelant leBoto.) Boto? LEBOTO Ronono? Mofo? Dité? Sokola

?

RAKOTO

Mais non imbécile! Fais visiter la maison à Monsieur. (bas) et surtout pas la chambre du patron. (Haut) C'est compris?

! (I) suivide Eny

(I)Oui.

LE BOTO,

très haut.

(Rakoto, ayant ouvert la porte, entre dans le restaurant, Rabemila.)


! Je

Enfin

RABEMILA

!

vais savourer les joies de la vengeance

SCÈNE V RAHENDRY, RAKOTO RAKOTO Il

!

va se passer des choses terribles

RAHENDRY

Pourquoi ça?

RAKOTO

Je crains bien que sa femme ne soit en train de donner une leçon e malgache au patron. Et alors.

!

RAHENDRY

Sa femme

Puisque je vous dis que je viens de la rencontrer à p aravohitra. Il en sera pour ses frais. RAKOTO,

Ah! Vous menlevez un Par ici?

Jopère

poids.

rassuré.

Mais qu'est-ce qui vous amène

RAHENDRY

mes recouvrements. Je suis le délégué de toutes les Sociétés de Tananarive et, les jours de zoma, je fais ma petite tournée des souscripteurs. Alors, j'ai pensé à vous. M

RAKOTO

Vous êtes bien gentil. Dites donc, ça doit vous donner un travail? RAHENDRY

:

Oui, ce n'est pas une sinécure. Elles pleuvent les Sociétés Comité de Madagascar, Société de bienfaisance, OEuvre des enfants métis..RAKOTO, interrompant.

Une oeuvre où les clients ne doivent pas vous

manquer.


RAHENDRY

Oui, le métis donne beaucoup à Tananarive en ce moment. Et puis, ce n'est pas tout Nous avons le Sport-Club, la Société d'Encouragement, la Philharmonique. Aujourd'hui, c'est le tour de la Ligue anti-alcoolique.

:

RAKOTO

Une très belle institution, à laquelle tous les Grecs s'honorent

d'appartenir. RAHENDRY

C'est égal, ça me donne chaud! J'ai envie de m'asseoir et de prendre quelque chose. (Ilvas'asseoir à la porte du restaurant. ) UN BOTO,

arrivant.

Ronono?Mofo?Dité?Sokola? RAHENDRY

Tu me prends pour un LE BOTO,

autre. Allonge-moi un Pernod.

sortant la bouteille de dessous sa veste.

Voilà, M'sieu! RAKOTO

C'est ce que vous appelez la ligue anti-alcoolique? RAHENDRY

Oh! ça ne tire pas à conséquence, depuis le rapport Duclaux. Dites donc, il paraissait bien emballé, Rabemila!

!

Dame

RAKOTO

Mettez-vous à sa place RAHENDRY

Ah, non! par exemple. Un coureur, un débauché RAKOTO

Je sais bien qu'il ne vaut pas cher. mais enfin, il a des griefs, ne serait-ce que le billet doux du patron.


RAHENDRY

Le billet, je sais quoi. Un quatrain où il est question de fleurs? RAKOTO

Tiens,

vous êtes au courant? RAHENDRY

Parbleu. Vous avez ce matin une noce à servir? RAKOTO

Oui.

! Votre patron

Eh bien

et Une gracieuseté à

RAHENDRY

a voulu faire une surprises aux jeunes époux

Ravoely.

RAKOTO

Comment,

une gracieuseté? t RAHENDRY

Mais oui! Ravoely matin un boutique de fleuriste au ce ouvre Zoma, et, pour l'étrenner, Corylopsis l'a chargée de décorer la salle du festin.

:

Alors, tout s'explique

Quoidonc?

RAKOTO

cependant, il y a unpointqui mechiffonne. RAHENDRY RAKOTO

Passe pour le Grec, mais il y a le chapelier. Rabemila a une paille dans l'existence. RAHENDRY

Le chapelier. Rabenja, je le connais; c'est le fiancé de Ravoely et non pas son amant. Elle doit l'épouser lorsqu'elle aura obtenu edivorce contre Rabemila. RAKOTO

En attendant, elle

est toujours fourrée chez lui.


RAHENDRY

C'est tout naturel. il fallait bien qu'elle trouve un métier et Rabenja, qui vend au Zoma depuis longtemps, l'a aidée pour installer sa boutique de fleurs. RAKOTO

Alors je n'ai plus rien comme çà!

dire et je suis content que ça finisse

à

RAHENDRY

Je vous l'avais bien dit; il ne faut pas voir le mal partout. Il regarde sa montre.) Déjà huit heures et je dois aller au tribunal à huit heures un quart. Je me sauve. [Ilfait mine des'en aller. ) Un

RAKOTO

instant.

RAHENDRY

Qu'est-ce qu'il y a? RAKOTO

que. Rabemila est encore ici et

que, s'il se rencontre tout à l'heure avec sa femme, il va se produire une catastrophe. Je voudrais bien être ailleurs. Tenez, je l'entends arriver, il faudrait trouver un moyen de l'éloigner. Il y a

RAHENDRY

Vous allez me mettre en retard. Enfin! Laissez-moi faire, je connais son faible. et je m'en charge. RAKOTO

C'est cela, je retourne à mes fourneaux. (Ilrentredans Rahendry se dissimule, quoique restant visible au public.)

;

le restaurant

SCÈNE VI RAHENDRY, RABEMILA, UN BOTO, AGENTSDE POUCE RABEMILA,

sortant de la maison.

J'ai fouillé toute la maison et je n'ai rien trouvé. Ces amours clandestines sont entourées de mystère et de dissimulation. Bah! il faut noyer son chagrin. (Il s'assied à une table et appelle). Garçon, un

!.

Pernod


UNBOTO

:

voilà, voilà M'sieu. (Il sert un verre d'absinthe.) RAHENDRY,

apparaissant et s'adressant à Rabemila.

Commande illicite de boisson alcoolique à consommer sur place cinquante francs d'amende! RABEMILA

Comment ça, je n'ai pas consommé. RAHENDRY Uj Pas de subterfuges! Autrement.

C'est un peu fort!

RABEMILA

RAHENDRY

Où est votre livret? RABEMILA,

zi-oitique.

Un livret! C'est à moi que vous demandez

ça.Oh! là là!!

RAHENDRY

Ah! c'est comme ça! Injure à un mandataire de l'autorité. dans l'exercice de ses fonctions. (Il appelle des agents qui passent.) Polisy! Polisy!. (I) (Lesagents arrivent.) Fourrez-moi cet homme-là au Poste, et ne le relâchez pas avant qu'il ait payé ses dettes. RABEMILA

Mes dettes! Je demande un concordat. RAHENDRY

!

Non, non, ça ne prend plus. (Aux agents.) Allons, enlevez RABEMILA, se

S'il est (1)

débattant.

!

permis. Passer à tab ac l'héritier d'un grand nom

Police! Police!


RAHENDRY,

seul.

de

Voilà une bonne besogne de faite. Débarrassés ce vaurien, Ravoely et Rabenjaont maintenant le champ libre. (Ilsortsonmouchoir et s'essuie le front.) J'ai eu chaud tout de même. (Apercevant le verre d'absinthe,ets'assurantque personnene le voit.) Ah! faisons disparaître cette boisson illicite. (Il vide le verre d'absinthe et regarde sa montre.) Huit heures dix. je n'ai que le temps d'arriver. (Il sort rapidement par le fond.)

SCÈNEVII RAVOELY, RATAVY

entrant par la droite suivie d'une petite domestique portant un vase de verveine etde fillettes et jeunes garçons, portant des soubiques de fleurs.

RAVOELY,

Allons vite, dépêchons-nous, le Zoma est déjà plein de monde et nous ne sommes pas encore installés. Par ici, par ici. (Avançant sur le devant de la scène pendant que les fillettes et les jeunes garçons installent les fleurs à l'étalage.) — J'espère bien réussir mon ouverture. On m'a commandé des bouquets de tous les côtés et j'ai à décorer une salle de banquet chez le Grec d'en face. Sans Rabenja, je ne serais jamais sortie de tout ce travail. Depuis trois heures du matin, il m'a aidée à couper des fleurs dans tous les jardins de Faravohitra. C'est lui-même qui remplissait les soubiques. Quel bon cœur! J'ai hâte d'obtenir ma séparation pour lui tenir parole. Nos familles se connaissent depuis longtemps 'et je lui avais promis de l'épouser. Mais mes parents, mal conseillés, m'ont mariée de force et je suis devenue la femme d'un fils de famille qui est en train de mal tourner et qui me fait toutes les misères

!.

RATAVY

?

Ravoely! Où faut-il mettre le vase de verveine RAVOELY

Là, sur ledevant de l'étalage. (Tristement.) Le vase de verveine! Il me rappelle mon mariage, il y a six mois. C'est un cadeau de mon mari. Il était gentil alors, mon mari, et il me disait d'un ton ému « Prends cette fleur, Ravoely, elle est simple et douce comme l'amour que je t'ai juré. »Ils sont loin ces serments. Quinze jours

:


!

Plus tard, Rabemila repris son existence décousue d'autrefois, et a il n'a pas tardé à dissiper tout ce que nous possédions — Mes Parents ont ouvert les yeux et se sont décidés à demander le divorce. Alors, Rabenja a oublié qu'on l'avait repoussé et, d'une façon très touchante, il a fait tout ce qu'il fallait pour m'aider à 111établir et à ouvrir une boutique au Zoma. Ce matin, il s'est tellement occupé de moi qu'il n'est pas encore arrivé pour installer ttïon étalage. RATAVY,

accourant del'étalage.

Ravoely! RAVOEJY

Qu'est-ce qu'il y

a

?

RATAVY

Un accident! RAVOELY,s'approchant

de l'étalage.

:

Vilaine! tu as brisé mon vase! (Examinant Pauvre verveine!. Le proverbe a bien raison l'amour s'en va » (Elle dispose son étalage.)

!.

le vase avec ((

tristesse.)

La fleur se faneet

SCÈNE VIII LES MÊMES, RAKOTO RAKOTO, sortant

delamaison du Grec.

Enfin, la table est mise et le dîner sera cuit à point. Il ne reste plus qu'à décorer la salle. Le patron qui vient de se lever réclame ses fleurs à cor et à cris c'est la première fois qu'il fait autant de tapage. (Apercevant Ravoely.) Ah! voilà justement la jolie bouquetière (Appelant.) Ravoely?

!.

RAVOELY

;

quitte son étalage et s'approche avec ses suivantes portant des soubiques de fleurs.

Voilà, Monsieur Rakoto ! Toutes mes guirlandes sont prêtes. Ce sera réussi comme tout. Tenez. (Montrant successivement les guirlandes et les bouquets contenus dans les soubiques.) Voilà des roses, des marguerites, des œillets, et puis voici une gerbe pour la mariée. Est-ce joli tout cela?.


RAKOTO

Délicieux. mais je connais quelque chose de bien mieux encore. RAVOELY

Quoidonc? RAKOTO

Comment, vous ne devinez pas? La gentillesse et les jolis yeux de

fleuriste.

la

RAVOELY

Voulez-vous bien vous taire! RAKOTO, se

rapprochant.

Je vous disque si.

!

RAVOELY

;

Monsieur Rakoto

:

On m'a appris une devise à l'école la voici « Aimezqu'on vous conseille et non pas qu'on vous loue. » Et puis, vous me faites perdre mon temps. Je vais arranger la salle. Vous pouvez vous en rapporter à moi. (Elle entre dans la salle du restaurant.)

SCÈNE IX RAKOTO, RABENJA RAKOTO, près de

la porte du restaurant.

Elle est gentille la petite. Rabenja ne sera pas à plaindre. Ah le voilà. Cachons-nous. (Il se dissimule.) RABENJA, entrant par

!

lefond avec des bourjanes portant

des soubiques de chapeaux.

Par ici, par ici. Je suis en retard, mais en me pressant un peu, je rattraperai le temps perdu. les affaires de chapeaux ne commencent jamaisavant dix heures. (Regardant l'étalagedeRavoelydéjà en place.)

! Ravoely est installée, c'est l'essentiel!

Ah

RAKOTO,

Eh,

s'approchant etfrappant sur l'épaule de Rabenja.

! Rabenja, tous

bien

!

mes compliments


KABL'.XJA

?

Des compliments, à propos de quoi

RAKOTO

Oh! je sais tout (Montrant le restaurant.) Elle est

là.

RABENJA

?elle>

Quiça

RAKOTO

Mais votre fiancée, Ravoely. étonné.

RABENJA,

a dit?.. Je n'avais parlé de ça

Comment, qui vous

à

personne !

RAKOTO

Estimez-vous heureux que le secret ait été divulgué. Sans cela, cétaitune affaire terrible, Rabenja était venu icipourvoussurprendre et voulait tout massacrer. Mais on y a mis bon ordre. Il est coffré etrienne s'oppose plus. RABENJA,interrompant.

Oh

nous attendrons le jugement du divorce. RAKOTO

C'est juste, dans la chapellerie on y met des formes. Mais vous savez, avec ces Messieurs du Tribunal, ça peut durer des mois

!

t RABENJA

Jespère que non! Ça se passe à l'indigénat, et puis on m'a promis

qu'en faveur de mon industrie.

RAKOTO

!

Ah! oui, le chapitre des chapeaux

RABENJA

Il

n'y a pas de quoi plaisanter. Les chapeaux. c'est une bonne


affaire pour Madagascar et le Fanjakana voit çà d'un très bon œil. Aussi, j'espère. (On entend des cris de joie.) Qu'est-ce que ça ! courant au fond et revenant. C'est la troupe des chanteurs quiprécède la RAKOTO,

Eh ! mais. Les voilà.

noce.

RABENJA

Ah, oui! ce sont les

«

»

Ambohimamory

(i).

RAKOTO

Maintenant que mon déjeuner est prêt, nous pouvons nous offrir ce petit spectacle. (Ils s'asseyent la porte du restaurant.)

i

dès qu'ils sont assis.

LE BOTO,

Ronono? Mofo? Dité

?

Sokola? RABEXJA

Non, rien du tout. BOTO, a part.

le

! (Ilsort. Pendant lesdernières suivis

C'est le premier Pernod que je rate

de la noce, fontleurentrée et répliques, les (( Ambohimamory )), commencent à exécuter leurs chants.Les marchands et les bourjanes qui circulent sur le Zoma forment cercle autour d'eux; à chacun des morceaux, tout le monde applaudit à la fin de la dernière danse, Ravoely sort du restaurant.)

;

SCÈNE

X

LES mêmes, RAVOELY RAVOELY,

sadressant à Rakoto.

La salle est prête et la noce peut entrer. RAKOTO

Nous avons le temps, ils ne sont pas encore allés à l'église. (I) Les Ambohimamory, groupe de chanteurs renommé des environs de

Tananarive.


RAVOELY

Alors, j'ai une idée. Je vais fleurirtoute la noce, et vous, M. Rabenja, vous allez offrir un chapeau à la mariée. RABENJA

Très volontiers, un fin chapeau d'«ahibano » (i). (Il prend un chapeau à son étalage et s'adresse à Ravoely. ) Comme cela? RAVOELY

!

et je vais le garnir de ce joli bouquet de myosotis. (Elle prend un bouquet a son étalage et en garnit le chapeau.) Voilà. (Rendant le chapeau a Rabenja et bas.) Çà nous portera bonheur. (Rabenja offre le chapeau garni de fleurs à la mariée ; Ravoely, les ifllettes et les jeunes garçons prennent les soubiques de fleurs à l'étalage et les distribuent à toute la noce, quelques soubiques et le vase de verveine restent à étalage.) Oui

l

RAKOTO

Sont-ils gentils tous ménage bien assorti.

? Fleurs et chapeaux, ça fera un petit

deux

LE BOTO,

venant dufond.

M'sieu! Il y a là des danseurs qui demandent à accompagner la noce. RAKOTO

! amène-les, nous allons leur faire un succès.

Eh, bien

1

LE BOTO

!

Les voici (Les danseurs entrent et exécutent une danse pendant que Rabenja,Ravoely et les jeunes enfantscontinuent à distribuer des bouquets.) TOUS,

à la fin des danses.

Bravo! bravo!. (Les danseurs et les chanteurs,suivis de sortent par lefond.) (i) Ahibano, paille de chapellerie réputée à Madagascar.

lanoce,


RAKOTO,

Dix heures

regardant sa montre.

vingt.

Dans une demi-heure, après l'église, les agapes pourront commencer.En attendant, je vais donner le dernier coup d'œil aux fourneaux. (Il entre dans le restaurant.)

SCÈNE XI RAVOELY, RABENJA RABENJA,tendrement,

sapprochant de Ravoely.

Ravoely ! RAVOELY, le

regardant avec reconnaissance.

?

Comment pourrai-je vousremercier

RABENJA

? désir

Vous savez bien, Ravoely, que je au cœur. notre mariage et votre

Me remercier! Y songez-vous

n'ai qu'une pensée, un

amour.

RAVOELY

Moi aussi, Rabenja, vous connaissez les sentiments que, toute enfant, j'ai eus pour vous. RABENJA ,

!

Oui, les circonstances nous ont séparés RAVOELY

C'est

vrai mais mon cœur n'a pas changé! RABENJA

Est-ce bien sûr ce que vous me dites-là? RAVOELY

Je vous le jure et je ne puis plus avoir aujourd'hui qu'une joie, celle de devenir votre femme. RABENJA

Je vous crois, cependant, j'ai un scrupule.


RAVOELY

Lequel?

RABENJA

J'en aperçois l'image ici, parmi vos fleurs. Ce vase de verveine que Rabemila vous a donné comme gage d'amour. RAVOELY,émilC.

Que voulez-vous dire?

Eh yeux.

! cette fleur,

bien

RABENJA

je la vois toujours là, vivante, devant mes RAVOELY

Détrompez-vous, l'amour n'existe plus.

!

RABENJA

Mais ce vase cependant

RAVOELY

Ce vase, je vais vous dire son histoire. C'est une idylle touchante que j'ai lue dans les œuvres d'un des plus gracieux poètes de la

France: Sully-Prudhomme.

RABENJA

Je vous écoute.

:

La voici

RAVOELY

LE VASE BRISÉ Le vase où meurt cette verveine D'un coup d'éventail fut fêlé. Le coup dut l'effleurer à peine, Aucun bruit ne l'a révélé. Mais la légère meurtrissure, Mordant le cristal chaque jour, D'une marche invisible et sûre, En a fait lentement le tour,


Son eau pure a fui goutte à goutte, Le suc des fleurs s'est épuisé; Personne encore ne s'en doute, N'y touchez pas. il est brisé!! Ainsi, souvent, la main qu'on aime, Effleurant le cœur, le meurtrit, Et le cœur se fend de lui-même, La fleur de son amour périt!!

Toujours intact aux yeux du monde, Il sent croître et pleurer tout bas Sa blessure fine et profonde. Il est brisé. n'y touchez pas!!!

rabexja, tendrement.

?

Vous me jurez que votre ancien amour est bien mort RAVOELY

Je vous le jure. RABENJA

Vous avez vu cette noce. A quand notre tour? RAVOEI.Y

Espérons Rabenja. C'est une question de jours et peut-être d'heures. (A ce moment entre Rahendry, qui a entendit les derniers mots.)

SCÈNE XII Les

.mêmes,

RAHENDRY,

Rahendry

interrompant.

Mes enfants, ce n'est même plus une question de minutes, la chose est faite-, vous n'avez plus à cacher vos sentiments.

rabenja et Se peut-il?

RAVOELY,

ensemble.


RAIIENDRY

Absolument, j'arrive du Tribunal, et le jugement vient d'être rendu. Le voici « Attendu que Rabemila, époux légitime de Ravoely, <1 s'est rendu coupable à l'égard de celle-ci d'injures graves, et <( qu'après l'avoir délaissée, il a dilapidé ses biens; par ces motifs, <( le Tribunal déclare dissous le mariage intervenu entre les con« tractants et condamne Rabemila en tous frais et dépens. » [Ravoela et Rabenja se rapprochent et causent à voix basse; on entend descrisde joie dans lefond.) Tiens, voilà la noce qui revient.

:

SCÈNE XIII LESMÊMES, RAKOTO, I.ESMUSICIENS RAKOTO, sortant

ET LES CHANTEURS

du restaurant.

La noce! Tout est prêt pour la recevoir. (La noce entre sur Précédée par les danseurs et chanteurs.)

lascène

RAIIENDRY

Oui, mais avant le banquet, il faut laisser exécuter les danses et les chants en l'honneur des époux. TOUS

Oui, oui! (Les danseurs s'avancent sur le devant de la scène et commencent leurs danses;après les danses.) Bravo! Bravo! RAIIENDRY

Maintenant, écoutons les hary

(i)

Oui!

«

Ambohimamory

»

de Rakotonana*

! Rakotonanahary.

oui

TOUS

1

) Bravo! Bravo!

(A la fin des chants. RAKOTO

Et maintenant, à table! RAIIENDRY

Mes enfants, j'ai une proposition à vous faire. (1) Rakotonanahary, chef de la chorale malgache desAmbohimamory.


RAKOTO

!

Quoi donc

RAHENDRY

:

Pour compléter là fête, je demande qu'au lieu d'unenoce nous en célébrions deux celle des mariés d'aujourd'hui et celle des mariés de demain, Rabenja et Ravoely.

!

la droite.

RABEMILA, entrant par

Un instant

RAKOTO

Rabemila. Encore un accroc! RABEMILA,

s

à tous.

s'avançant et adressant

Un aecroc! Détrompez-vous. Je ne viens pas en trouble-fête. RAIIENDRY

Alors, vous savez tout? RABEMILA

:

Oui, l'injustice de mes soupçons, le divorce, là condamnation. Je sais tout. Et j'ajoute Ce qui m'arrive est mérité. RAKOTO

ça. c'est de la franchise. RABEMILA

Reconnaître ses torts, c'est encore ce qu'il y a de mieux quand on a la résolution de les réparer

!

RAHENDRY

Mais qu'allez-vous faire? RABEMILA

Après avoir payé ce que je dois, il me restera un troupeau et quelques rizières. Je vaisles mettre eji valeur et chercher à me faire pardonner la vie oisive et inutile que j'ai menée jusqu'à présent.


KAMENDRY

bonne heure, à tout péché miséricorde! C'est encore un proverbe, et ce n'est pas la première fois qu'on l'applique à Madagascar. A la

RAVOELY

Et moi, Rabemila, je vais vous donner aussi une parole de consolation. Vous avez été surtout victime des circonstances et de ces vieux préjugés qui ont, pendant si longtemps, fait méconnaître aux Malgaches les bienfaits de l'activité et du travail. Mais les yeux du peuple se sont dessillés et vous avez compris vous-même qu'il fallait changer votre existence. Nous sommes prêts, Rabenja et moi, à vous aider de nos exemples et de nos conseils et, si vous le voulez, nous resterons vos amis. RABENJA

!

De bien grand cœur

RABEMILA,

leur serrant les mains, ému.

!

Oh! merci

RAKOTO

Alors, je vais ajouter un couvert? TOUS

Oui, oui, à table!

!

La noce est servie

LE BOTO,

solennel.

(Chantfinaldes Ambohimamory.)

(Rideau).

t


NOTES SUR LE

PAYS SAKALAVE(1 III

ETHNOGRAPHIE

-

SES HABITANTS MASIKORO ET VEZO. — UN VILLAGE SAKALAVE. LEURS TRAVAUX. UN DINER DANS LA BROUSSE. LE TAM-TAM. — LE SIKILY OU SORCIER. — LE BILO. LES TOMBEAUX. LA RELIGION. — CULTURE

ET PÊCHE.—MALADIES.

La population indigène établie dans le Cercle de Morondava se compose principalement de Sakalaves, de Hovas, de Betsimisarakas, de Makoas et de Comoriens. Les Hovasont construit quelques villages aux environs de Morondava. La plupart d'entre eux font du commercedans les petits postes de l'intérieur, ou bien élèvent des bœufs pour alimenter les boucheries du Cercle. Ils servent également de bourjanes (porteurs de bagages) et de domestiques. Les Makoas, venus de la Côte orientale d'Afrique, et installés depuis longtemps dans le pays, s'occupent de culture. Ils sont dociles et travailleurs, maissansénergie ni personnalité. Ils furent, avant notre arrivée, les esclaves des Malgaches. A présent ils sont les catéchumènes les plus zélés des (1)

Voir la Revue du

10

mars.


missions norvégiennes. Ils ont besoin d'une intelligence qui les conduise. Nous nous occuperons, ici, des Sakalaves, seulement. La race Sakalava est nettement partagée en deux les Masikoro et les Vezo. Les Masikoro forment les peuplades de l'intérieur. Ils vivent au milieu des forêts ou dans les pâturages, gardant leurs bestiaux, plantant le maïs et le riz, fabriquant le caoutchouc. Ils sont sauvages. Beaucoup d'entre eux n'ont jamais vu de blancs, ayant toujours pris la fuite à leur approche. C'est parmi les Masikoro que se sont formées les petites bandes de pirates et de voleurs de grands chemins, qui disparaissent de plus en plus. Ces bandits, dangereux lorsqu'ils vous trouvaient isolés, étaient une gêne pour les villages soumis, dans lesquels ils venaient chercher asile; aussi n'y étaient-ils plus reçus; et même, dans certains cas, le chef du village, pour faire preuve de loyalisme, les livrait à l'autorité militaire. Ces pirates, chassés des villages, traqués par les reconnaissances, se sont fatigués d'une vie inquiète. Ils ont disparu, et à présent le pays est aussi sûr que peut l'être un immense territoire dans lequel un indigène peut assez facilement échapper à toute recherche. Tout autre est le Vezo. Celui-ci habite les villages situés le long de la côte. Ses pirogues et ses goélettes le transportent à Morondava et Majunga. Il est actif et assez intelligent. S'étonnant rarement, il méprise l'épaisse ignorance du Masikoro. Depuis les temps les plus reculés, une haine héréditaire a séparé ces deux races. Les Masikoro, plus nombreux que les Vezo, répondaient à leur mépris en pillant leurs villages, en enlevant leurs femmes et leurs enfants. Il y a quelques années, c'étaient encore entre eux de véritables combats, alors que notre autorité n'était pas établie. La bonne parole des missionnaires norvégiens était impuissante à empêcher cela.

:

à


Enfin, grâce à notre intervention, la paix est faite. C'est à peine si quelques querelles éclatent parfois, provoquées par les moqueries des Vezo ou l'arrogance des Masikoro. Les races, en se fréquentant davantage, finiront par s'unifier pour le plus grand bien du pays et de ses habitants. *

** Le Sakalave., quoiqu'il ait encore peu subi le contact du blanc, n'atteint certes pas le degré de sauvagerie des peuplades du Centre africain et des Indiens de l'Amérique du Sud. Il a ses mœurs, sa religion et ses cérémonies. Etant intelligent, il s'assimile vite ce qu'il voit faire par le blanc et sait en tirer parti. Il est industrieux, artiste et quelque peu sculpteur et musicien. Les cérémonies qui marquent les diverses phases de son existence, ne manquent pas d'originalité et de piquant, rappelant par leur symbolisme naïf et grossier les rites de l'antique

Hellade. Il habite des villages, souvent misérables et sales, parfois coquets et d'un coup d'œil pittoresque, auxquels on accède par d'étroits sentiers sinueux, bordés d'énormes cactus aux pointes vénéneuses dont la masse compacte était jadis un infranchissable rempart contre les incursions fréquentes des Fahavalos. Le village Sakalave se compose d'un plus ou moins grand nombre de cases construites avec de petits bambous appelés bararata et dont la toiture est faite avec une feuille de roseau. En général, la case est étroite et peu élevée. Il faut se courber pour y entrer, et à l'intérieur, se tenir accroupi. Son mobilier se compose d'un kibany, sorte de cadre de bois sur lequel sont tendus des lacets, où l'on dormirait fort bien s'il ne recélait pas tant de punaises. Dans un coin, une sajoa en terre pour conserver l'eau fraîche, puis quelques vignons et des pois du Cap pendus à la solive, des poissons salés. Le tout couvert d'une teinte noire et sale, provoquée par la fumée du feu que les indigènes allument la nuit pour se chauffer et chasser les moustiques.

;


La case du chef ne se distingue pas des autres. Lorsque vous êtes de passage, le chef vous fait donner le logis le plus convenable, à moins qu'il n'ait une case fermée à clef, spécialement destinée aux Européens en voyage, case toujours proprement tenue, garnie de nattes coquettement tressées et d'un kibany. sans punaises, celui-là. On est presque toujours bien reçu dans ces petits villages aux habitants curieux et bavards. Lorsque vous approchez, votre venue est signalée de loin par les aboiements des chiens qui vous ont éventé. Des cochons affolés passent et repassent en se poursuivant devant votre petite troupe. Enfin, lorsque, débouchant des sentiers aux murs de cactus, vous arrivez dans le village, la population s'enfuit dans les cases. Vous voyez alors apparaître des tètes curieuses de femmes, à travers le frêle tissu des bararata, murmurant : « Un Vazaha! » Seul, le chefva au-devant de vous, s'il n'a pas quelques peccadilles sur la conscience. Dans le cas contraire, vous ne pouvez le voir qu'après l'avoir demandé et patiemment attendu. Et vous faites antichambre à l'ombre d'un vaste manguier, en attendant que Son Excellence ait bien voulu condescendre à quitter son champ de maïs ou sa sieste, pour venir voir ce que veut le Yazaha. Pendant ce temps, la population, ne voyant rien d'hostile dans votre allure, se décide à quitter son attitude timorée, et se rapproche de vos porteurs et de vos bagages qu'elle examine avec curiosité. Ici, c'est une misérable femme aux seins pendants que suce péniblement un nourrisson plus loin, une fillette porte sur son dos un poupon fortement emmailloté dans son lamba un garçonnet tout nu, au ventre gonflé de maïs et de riz, poursuit une poule; enfin, un groupe de jeunes filles vous regarde du coin de l'œil en riant, tandis que les hommes inspectent vos bagages dans lesquels ils espèrent bien trouver une caisse d'absinthe suisse. Au fond, comme décor, un gros baobab, des cases, et quelques autels formés d'une plateforme d'environ un mètre carré surélevée de trois mètres au-dessous du sol, appeléebilo, et sur lesquels, dans certaines cérémonies, on expose les

;

;


:

malades aux rayons du soleil pour les guérir remède d'un effet douteux. A côté, trois poteaux sont plantés en terre, deux se touchant presque, le troisième un peu plus éloigné, ce qui, de même que la poignée de main spéciale que tout à l'heure vous donnera le chef, permet de supposer que jadis des voyageurs apprirent pour leur sécurité personnelle, aux Sakalaves, certains signes franc-maçonniques. Enfin, voici venir le chef. L'air important dans son lamba bleu, presque toujours sale et déchiré; l'attitude orgueilleuse et narquoise, il donne assez l'impression d'un Don César de Bazan entouré de ses gueux. Lui et ses amis s'asseoient sans façon à terre en formant demi-cercle, et les salutations d'usage commencent. Il ne faut pas avoir l'air gêné par tous ces yeux inquisiteurs dont le regard converge sur vous. Si vous parlez la langue, vous obtiendrez vite la confiance mais si vous n'êtes pas fort, remettez-vous en à votre interprète — qui vous trompera sans doute — mais qui vous évitera le ridicule des solécismes et des barbarismes, dont l'aristocratie et la plèbe qui vous entourent ne manqueraient pas de rire bruyamment, imitant fidèlement en ceci nos compatriotes vis-à-vis des étrangers. sont Enfin, le Kabary commence « Salam, Vazaha! » Ce des demandes sur le but de votre voyage, sur ce que vous désirez et ce qu'il y a dans vos caisses; ce à quoi il ne faut jamais répondre franchement sous peine de ne rien obtenir. Montrez-vous doux et ferme, ayez l'air de ruser, et vous serez vite populaire. Alors le chef fait un signe, et l'on vous apporte, suivant la richesse du village, des poules, un jeune cabri ou un cochon qui serviront à la nourriture de vos bourjanes. Par contre, vous offrez vos caisses d'absinthe qui seront gardées précieusement pour être bues au tam-tam que le soir on fera en votre honneur. Cette largesse vous attire la sympathie de tous, et dès lors, vous êtes amis. Cependant, vous faites comprendre que vous désirez vous reposer, et le chef, conscient de son rôle d'amphytrion, ordonne à chacun de retourner à ses occupations et discrètement s'en va lui-même.

;

:


Vous établissez alors un campement sommaire, et tandis que votre cuisinier prépare le repas, vous commencez votre toilette. A travers les fentes de votre case, les femmes, sans doute ignorantes de l'anatomie d'un Yazaha, vous contemplent pendant vos ablutions. Enfin, la peau rafraîchie et le corps reposé, vous vous promenez à travers le village. Et vous vous intéressez à cette vie indigène, nonchalante et primitive, mais non dépourvue de grâce bucolique. Voici un groupe où l'on fabrique de l'alcool, et Dieusait quel alcool Poison formidable et infect, obtenu avec des fruits du palmier sauvage concassés dans un alambic. L'instrument est ingénieux et les femmes qui l'emploient ne se doutent guère que bien des élèves de chimie n'égalent pas leur habileté en manipulation! Par contre ne leur demandez pas quel est l'auteur du fameux axiome perd et « Rien ne se rien ne se crée. » L'alambic se compose de deux marmites à trois pieds, dont l'une, les pieds en l'air, est renversée sur l'autre. Elles sont soudées avec de la boue séchée, et figurent la chaudière. Un feu de bois est placé en dessous. Un vieux canon de fusil fait office de serpentin. Traversant une auge à porcs remplie d'eau, le réfrigérateur, il relie les marmites au flacon destiné à recueillir le poison goutte à goutte. Ces dames, attentives, sont accroupies autour de l'instrument et attendent en bavardant que la distillation soit terminée. De temps en temps, l'autorité les prend en flagrant délit. Un bon coup de pied renverse alors toaka et alambic, car tous ces bonnes gens ne savent pas qu'à Madagascar est défendu, même et cet alcool est si aux noirs, de distiller bon. à leur avis! D'un autre côté, c'est un groupe d'hommes. Une forge en plein air. Simple, ingénieuse deux énormes bambous d'environ un mètre de hauteur sont attachés l'un à l'autre et chacun est percé dans le bas d'un trou. Dans cet orifice on introduit l'embouchure de deux canons de fusil brisés, d'environ trente centimètres de long. Dans chaque bambou, une

!

:

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il


sorte de piston entouré d'un linge est muni d'un long manche. On place sur l'extrémité extérieure des canons de fusil un amas de braise. Un homme saisit les manches des pistons, et alternativement, les élève, les abaisse, provoquant ainsi hors du bambou un souffle violent et continu, qui, sortant par les canons du bas, entretient l'incandescence du charbon. Le forgeron tient au bout d'une longue pince un morceau de fer qu'il martèle, et auquel il donne la forme d'un clou, d'un crochet, d'une pointe de harpon. C'est ainsi qu'autrefois les Sakalaves fabriquaient le dard de leurs sagaies, ce qui leur est interdit à présent. Par ici, une femme tresse des nattes aux dessins variés, ou bien des corbeilles appelées sobika, cependant qu'à ses côtés une fillette trille des grains de maïs et met à part ceux qui seront plantés. Debout, élevant en cadence un énorme pilon de bois plus grand qu'elle, une vigoureuse Sakalave décortique du riz dans un gros mortier de palissandre. Un peu plus loin, un jeune homme est accroupi sur une natte, taillant avec son couteau des cuillères à riz. Parfois, sortent de ses doigts, de petits objets minutieusement sculptés qui valent bien assurément certains bijoux modern style. Il doit être le créateur des statues placées dans les villages et sur les tombeaux. *

Cependant la pintade que vous avez tuée en cours de route est cuite, et votre boy vient vous prévenir que la table est mise. Le crépuscule atténue la crudité du jour, et vous serez très bien pour dîner sous le manguier. Mais après avoir déplié votre serviette vous entendez les beuglements des bestiaux qui rentrent au village pour être parqués. Et bientôt de solides gaillards tenant un bâton pointu, débouchent des sentiers et dirigent les bœufs vers le parc. Ceux-ci, la démarche lente, comme abrutis par la chaleur, rentrent nonchalamment dans leur barrières en vous regardant de leurs gros yeux étonnés et en vous bousculant un peu. Du parc, les veaux, en mugissant, se précipitent au devant de


leur mère, et c'est une cacophonie assourdissante jusqu'à ce que, la tétine entre les dents, ils aspirent goulûment le lait qu'ils ont impatiemment attendu une journée entière. Vous commencez à dîner. Les moustiques viennent alors vous tenir compagnie, et vous vous giflez et tapez avec la rage et la conviction d'un moine qui se donnerait la discipline. Puis, le photophore étant allumé, de grands papillons de nuit tombent dans votre verre et dans votre assiette les fourmis montent à l'assaut de votre sucre. Petits désagréments auxquels on ne prête plus grande attention après quelques jours de brousse. Enfin, la population vient avec curiosité et indiscrétion, voir comment se nourrit un Vazaha Lorsque vous jetez une boîte de conserves, vide, chacun se précipite pour la ramasser, et c'est une bousculade, car c'est un article très apprécié des indigènes. Enfin, lorsqu'à la fin des repas vous débouchez une bouteille de vin mousseux dont le bouchon saute bruyamment tandis que la mousse jaillit, la foule émerveillée murmure d'étonnement « Le Vazaha boit de la poudre »

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C'est la nuit maintenant. Un grand feu s'allume au milieu du village, et tout le monde s'assemble autour. Les femmes sont accroupies, les enfants à leurs côtés. Plus loin, les hommes causent et discutent en débouchant les bouteilles d'absinthe, souvenir de votre générosité. On apporte d'énormes tambours un tronc d'arbre creux, cylindrique, aux extrémités duquel sont tendues deux peaux de bœufs encore garnies de leurs poils. Les femmes les tiennent légèrement inclinés devant elles, entre leurs genoux, et commencent à taper dessus avec deux morceaux de bois. Des jeunes gens pincent la corde d'une sorte de mandoline faite d'une calebasse et d'un manche sculpté sur lequel sont tendues des cordelettes de rafia. Et le concert commence. D'abord une sorte de mélopée étrange, plaintive et sauvage, non dépourvue d'un charme angoissant, bien vite énervant. Le chant est doux. Les mots sont articulés, compréhensibles. Leur sens? Pornographique et enfantin; le territoire

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sakalave manque de rhapsodes, et les indigènes, quoique paresseux, ne sont pas poètes. Mais le son du tam-tam s'accentue. Les phrases se précipitent; les coups résonnent davantage. La cadence est parfaite, l'ensemble se lie à merveille, et bientôt, excités par le bruit, le rythme, les chants et les clameurs, ces gens vont hurler et se livrer l'orgie effroyable. Cris stridents de femmes, claquements réguliers des mains, pour activer la cadence! Tous se suggestionnent, abrutis parla phrase impitoyable du tam-tam qui tonne, qui gronde, qui martèle les tempes. Et les bouteilles se vident. On se les passe de mains en mains; dans la précipitation de boire, il tombe de l'absinthe sur le visage, sur les lambas. On crie, on pousse de longs hurlements de joie, les langues se délient, dans les yeux brille l'étincelle du plaisir qui sera tout-à-l'heure éteinte par la lueur glauque de l'ivresse. Soudain, un grand gaillard à peu près nu se décide à donner le spectacle. Il bondit au milieu du cercle. De longs cris de joie l'accueillent. Et il commence à danser. Il tourne sur luimême, frappe le sol de ses pieds, avec rage et à coups précipités, comme s'il cherchait à écraser quelque chose. Il bondit, tourne, crie, vire, agite les bras et les hanches, et soudain se raidit, saute, tel un pantin, les jambes raides, les bras ankylosés, agitant seulement les mains, faisant mille grimaces qui enchantent le public. Mais cela dure peu. L'ivresse qui le gagne au son du tam-tam, lui suggère mille facéties, mille gambades étonnantes, il saute, il tourne sur lui-même, il avance, il recule et soudain, tel qu'il est apparu, il bondit hors du cercle et disparaît dans les ténèbres en jetant un long hurlement. Epuisé, sans souffle, ivre-mort, il tombe et ne bouge plus. Les autres, excités par cet exemple, se lèvent et tenant à peine debout, se dandinent en criant, esquissant quelques pas en titubant. Et toujours, toujours le tam-tam infatigable rythme la scène, tapant, frappant sans répit. Une femme se lève et danse. Elle ne prend que des attitudes, mais bousculée par les hommes, elle revient parmi ses compagnes et boit. L'ivresse déborde, le tam-tam est abandonné.

à


Souvent des batailles éclatent. Des hommes, fiers de leur force, provoquent les autres. Les applaudissements et les cris les excitent à la lutte. Le plus faible tombe. D'autres accourent pour le soutenir et bientôt la mêlée devient générale parfois elle se termine par la mort de l'un des combattants. Par terre, de grands corps étendus, gisent, assommés par l'ivresse. Et dans les cases, ce sont des cris de disputes. De temps en temps un gémissement. Tout se calme. Les bœufs mugissent longuement. Au loin un bouc brame. Le feu s'éteint. Tout s'endort.

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** *

Le lendemain, les choses reprennent leur aspect normal. Les bœufs sont conduits au pâturage, les hommes travaillent dans les rizières ou dans les plantations de manioc. Voici venir vers vous un homme qui accompagne le chef. C'est le sikily le fameux sorcier de la contrée. Il est venu pour assister à un bilo. C'est un personnage craint, respecté et obéi. Ses paroles sont des édits, ses avis sont des lois. Ses ordres, toujours ponctuellement exécutés. Son autorité le place au-dessus des plus grands chefs de la contrée. Cette puissance vient, en général, de ce qu'il est rusé et qu'il sait conduire les chefs en les flattant. Puis, il prend un empire immense sur les indigènes, en les trompant grossièrement, soit qu'il leur prédise l'avenir ou qu'il leur vende très cher de grossiers fétiches. Les sorciers ont joué pendant un certain temps un rôleassez important, surtout par les sorts qu'ils jetaient à ceux qu'ils n'aimaient pas, ou qu'ils ensorcelaient parce qu'ils recevaient Une certaine rémunération pour le faire. Le sorcier intervenait encore, en cas de maladie, en cas d'épidémie sur les animaux, en cas de difficulté avec lajustice du pays. Ils promettaient moyennant des récompenses souvent fortes, de sauver les malades, hommes ou animaux, etde tirer d'affaire par la vertu de leurs talismans, les parents qui avaient maille à partir avec la justice.

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L'influence de ces sorciers sur les indigènes nous était souvent néfaste. Ils tendent à disparaître de jour en jour, le Gouvernement étant, avec raison, très dur pour eux. Leur règne est fini. On croit moins ce qu'ils racontentdepuis que leurs fétiches n'ont pas su protéger des balles Lebel. Il est donc assez rare de rencontrer un sikily. Celui-ci vient assister au bilo, cérémonie qui a pour but d'exorciser une jeune femme de l'endroit, « une malade du, diable. » Cette cérémonie, particulièrement longue et fatigante, ressemble beaucoup au tam-tam, en ce sens que, de même que dans toutes les cérémonies sakalaves, elleest accompagnée de chants, de danses et de libations d'absinthe et d'hydromel. La malade et ses parentes sont assises sous un grand arbre. Leurs cheveux défaits flottent en flocons noirs surleurs épaules. Elles sont vêtues d'un simple lamba et d'un grand drap blanc jeté sur le dos. Chacune d'elles tient une longue badine. Derrière leur groupe, les amies, les femmes du village et celles des environs sont accroupies.Elles chantent. De temps en temps, un seul coup sur le tam-tam marque la fin de la strophe. La mère dela malade se lève, et, telle une vieille sorcière, se livre à quelques gambades et vient reprendre sa place. Plus loin, sous un arbre, les hommes sont paresseusement étendus. Bientôt, sortant de la brousse et pénétrant dans le village, arrive le troupeau de bœufs appartenant à la famille. Les frères de la malade maintiennent les animaux et les rangent autant que possible en droite ligne devant les femmes. Celles-ci se lèvent et le chef de famille les rejoint. Alors commence la bénédiction du troupeau. Des saluts et des génuflexions. Le taureau est amené. On lui lave les parties sexuelles. Puison relâche et la malade doit courir après et ne revenir dans le groupe qu'après l'avoir touché de son bâton. Ensuite le père de la malade lui donne quelques conseils et la bénit ainsi que sa mère et ses sœurs. Le tout, accompagné de chants. Puis les bœufs retournent à leur pâturage. Le groupe se transporte alors devant un petit autel sur lequel une statue

le


grossièrement sculptée représente la malade. Devant elle des courges à long bec sont remplies d'hydromel. On amène alors une génisse. Toutes les femmes l'entourent et versent sur son corps de l'eau qu'elles recueillent ensuite dans des calebasses. Un jeune garçon introduit sa main dans les parties génitalesde la génisseet provoqueune secrétion innommable, pieusement recueillie et bue par les assistants avec l'eau des calebasses. Après quelques salutations devant la statuette, on se met boire. Les hommes mêlent se aux femmes, et l'absinthe circule. Souvent la malade est alors prise d'une crise nerveuse provoquée par le bruit, la chaleur, l'obsession qu'elle a d'ellemême, durant la cérémonie, et par l'idée du diable qui va s'en aller. Crise parfois salutaire, puisque c'est dans un phénomène semblable de suggestion que bien des hystériques trouvent la guérison dans certaines cérémonies religieuses, en Europe. La malade est enfin hissée sur une plate-forme le bilo, et à ses pieds la cérémonie se termine par des chants, des danses etdes batailles. Du reste, les réunions d'indigènes finissent toujours ainsi. Les mariages et les enterrements sont prétexte à de nombreuses réjouissances. Les funérailles d'un chef important exigent des hécatombes de Lestombeauxsont toujours très éloignés desvillages,defaçon que les ombresdes morts neviennent pas tourmenter lesvivants. La cérémonie funèbre consiste à placer le cadavre dans un trou que l'on recouvre de terre et sur lequel on place de l'argent etdes mets. Par-dessus, on dresse un amas de pierres surlequel on a disposé les armes du défunt ou ses instruments de pêche. La tombe est entourée d'une barrière sculptée d'objets familiers pirogues, : caïmans, bœufs, parfois de figurines obscènes. C'est un lieu désormais sacré, que nul ne doit violer, sous peine de voir la nuit un fantôme errer sur ces pierres le biby 010. Bientôt, des serpents se nichent dans cet abri, attirés par sa fraîcheur, et lorsqu'un Sakalave voit se dérouler leurs anneaux, il frémit en pensant que dans ces reptiles s'est réfugiée l'âme du mort.

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bœufs.

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Toutes les mesures sont prises pour oublier le mort le plus rapidement possible; son nom n'est plus prononcé, ceux qui survivent changent le leur, et un deuil d'un mois est exigé. On ne peut savoir si les Sakalaves ont admis l'existence d'un Dieu, parce que la plupart de ceux qu'on interroge, voyant les gens civilisés parler de Dieu, se croiraient humiliés en avouant qu'eux ne le connaissent pas. Cependant il est probable qu'ils n'ont pas d'autre culte que celui de leurs ancêtres, et ce culte est surtout caractérisé par la crainte qu'ilsont de la colère de ces derniers. Bref, leurs croyances sont grossières, mais elles sont souvent égalées par bien des superstitions qu'ont en Europe des gens civilisés.

** On n'obtient encore des Sakalaves, que peu de travail. Le besoin d'argent leur en donnera le goût. Ils en comprennent la nécessité lorsque le moment est venu de payer l'impôt individuel « la tête », et qui se monte à 10 francs par an. Malheureusement cet impôt, trop peu élevé, ne les oblige pas à un long travail. En quelques jours ils ont gagné deux piastres, à moins qu'ils n'envoient leurs femmes et leurs filles les chercher à la ville en se prostituant. La confection des nattes et la fabrication du caoutchouc sont les seules industries du pays. L'agriculture peut se résumer à la plantation du maïs, du riz, des pois du Cap et du manioc. Ils en cultivent ce qui est nécessaire pour subvenir

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propres besoins. Cependant, les rizières ont pris une grande extension aux environs de Morondava. Elles sont en pleine voie de prospérité. Les indigènes se plaignent de ne pouvoir écouler le riz qui leur reste en excédent après avoir assuré leur nourri ture et fourni les divers postes militaires du Cercle. Or, la suppression de quelques-uns de ces postes ne devant pas tarder à être exécutée, le rendement des rizières qui aura considérablement augmenté, permettra l'exportation des excédents de ce farineux sur la côte orientale d'Afrique, où il aurait un écoulement assuré.

à leurs


Certains chefs de villages, désireux d'affirmer leur désir de bien faire, ont demandé l'autorisation d'installer des plantations de cocotiers. Tel, le chef d'Andika, à l'embouchure du Maharivo. Les résultats ne peuvent être appréciés qu'après quelques années, mais il faut dire que le cocotier, arbre d'un rapport considérable, vient admirablement dans le pays, ainsi que le prouvent ceux qui furent plantés il y a longtemps à Morondava et dont la tête empanachée sert de point de repère aux navigateurs. Le Vezo pratique la pêche et il navigue. On ne peut donc que l'encourager dans cette voie. Des primes sont accordées à ceux qui possèdent une goélette. Les poissons sont des plus délicats et se vendent peu cher. Le seul reproche à faire aux pêcheurs est de ne pas pêcher, par superstition, la sole et la raie, qui sont pourtant excellentes et que, de ce fait, on mange très rarement. L'élevage dubétail est la principaleressource du Masikoro; mais l'amélioration de là race exigerait un peu plus de soins qu'il n'en donne aux bestiaux. Masikoro et Vezo sont de solides gaillards. On doit pouvoir en tirer du travail. Ni faibles, ni dégénérés, ils n'ont pas à redouter certaines épidémies comme celles qui sévissent sur les indigènes du Sénégal et de l'Amérique du Sud la fièvre jaune et la peste. Cependant ils sont tous syphilitiques, mais à un degré très affaibli. Quelques-uns, atteint de la lèpre, sont soignés aux environs de Morondava dans une léproserie sous la surveillance d'un pasteur norvégien. Bref, les Sakalaves sont relativement sains. Il n'y aqu'à voir la splendeur de leur torse bronzé, la largeur de leurs épaulés et la finesse de leur taille, — cambrure des femmes, la chute dé leurs reins, lé galbe de leurs jambes, pour ne pas s'étonner des dires dé certains voyageurs qui virent en eux des descendants — brunis — de Périclès.

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la

PETIT-NICOLAS. (A suivre)


COMPENDIUM DES

PLANTES MALGACHES

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Epallage anemonifolia, DC. — Herbe. —Augea (Bets?),— Déc. Bets. (?), localité indéterminée, entrel'Imer. et la côte Est (?). —M. Epallage rupestris, DC. — Herbe ou petit arbuste. — M. Epallage humifusa, Baker. — Herbe. — Juin-juillet. — Côte E.

—M.

Epallage minima, Baker. — Herbe. — M. Epallage dissitifolia, Baker. — Herbe. — O. M. (Ankavandra).

—M.

Temnolepis scrophulariaefolia, Baker. — Herbe. — Pays découvert. — Imer. (Antehiroka). — M. Wedelia elongata, Vatke (= Wollastonia elongata, DC.).— Herbe. — Juin-fév. — Pays découvert. — Imer., Antsih, Mont Ambohitra (N. M.) — M. Wedelia pratensis, Vatke.— Herbe ou petit arbuste. — Imer.— M.

Aspilia Bojeri, DC. — Herbe. — Pays découvert. — Vak. A. (sommet Est de l'Ankaratra). — M. Aspillia Thouarsii, DC. — Herbe. — Côte E. — M. Aspillia Baroni, Baker.—Herbe — Déc. fr. janv.—Pays découvert. — Nak. A. (Sommet S. O. de l'Ankaratra).—M. Melantheramadagascariensis, Baker.—Plante sarmenteuse. —Fanitso (Antsih.),Menavony (Antsih.). Mai. — Sept. — Marais. — Antsih. — M.

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i Voirlenumérodu10novembre1903


SpilanthesAcmella,L.—(=S.africana, DC., S. caulirhiza,

DC., S.mauritiana, DC., S.costata,Benth, S. Abyssinica, Schultz. Acmellamauritiana,Rich., Verbesina Acmella L.). — Herbe cultivée comme aliment. — Anamalahonkova (Imer.), Anamalahokely (Imer.),Kimotodoha (Bets.).-Pendant toute l'année.—Imer., Bets., Antsih., Androna.—M. Maurice, et partout sous les tropiques de l'ancien monde. Spilanthes oleracea, Jacq. (variété de S. Acmella). — Herbe, cultivée comme Anamalahobe (Imer.), Kimotodohambazaha (Bets.), Mangevitsa (Bets.) — Déc. — Mars. — Imer., Bets. côte N.-O. —M. Inde, Amérique du Sud, et dans tous les pays chauds. Bidens leucantha, Willd. (= B. pilotsa, L. B. chinensis, Willd.; B.tripartita,Bojer;B.abortiva, Schum. et Thonn., (B. abyssinica, Schultz, et Glossogyne chinensis, Less.) — Herbe. Les feuilles sont quelquefois employées comme aliment. — Les fruits arrivés à maturité sont appelés Isipolotra, AnantsinahyouAnantsimahivavy (Imer.), Sept. — Juin. — Imer. Bets. Ank. Antsih., Trakavola (Bets.), Androna, côtes E. et N. -E. Antomboka — M. Maurice, Rodriguez, Seychelles, Colonie du Cap, Afrique tropicale, mais aujourd'hui à peu près cosmopolite, bien qu'elle soit probablement originaire d'Amérique. N'est évidemment pas indigène à Madagascar. Bidens bipinnata, L. -(== B. chinensis, Wall.; B. Wallichii, DC., etKotschyi, Schultz.) Herbe. Les feuilles sont quelquefois employées comme aliment. Les fruits arrivés à maturité sont appelés Isipolotra, Anantsinahilahy (Imer.), Irakajea (Bets.). — Fév. — Mai. — Principalement près des villages. — Imer., Bets. et Majunga (Malatsy), Antomboka. — M. (probablement introduite), Afrique tropicale et sous tous les tropiques en général. Chrysanthellum indicum, DC, (= C. procumbens, Rich. C. Swartzii, DC. ; C. Senegalense, DC. Hinterhubera Kotschyi, Schultz, et Anthemisamericana, L.). — Herbe. — Oct.-déc. — Pays découvert. — M. : à peu près cosmopolite. Cotulamultifida, DC. — Petite herbe. — Fév.-av.-juil.-sept. Pays découvert. — Imer. M. et Afrique du S. Centipeda minuta, Baker. — (C. orbicularis, Lour.;Sphaeromorphaea centipeda, DC. Myriogyneminuta, Less., Dichrocephala minima,Bojer.). — Petite herbe. — M., Maurice (non originaire) ; Asie tropicale et Polynésie. (= Cremocephalum cernuum, DC. ; Gynura cernua, Benth. Seneciocernuus, L. fil. S.rubens,Jacq.; Crassocephalumcernuum, Mœnch.; Cacalia uniflora, Schum. et Thonn.) — Herbe. Les Betsileo

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en appliquent les feuilles, préalablement pilées, sur les plaies. Les fruits velus sont, lorsqu'ils sont mûrs, fixés sur les extrémités des dards employés pour les sarbacanes. — Maimbobe (Imer.), Anandrambo (Imer.), Betranomay ou Tranobemay (O. Imer.), Fitangosana (Bets.). — Juin-nov.-mars-mai. Pays découvert. Imer., Bets., Antsih., Androna,Antankar., O. Madag. (Ankavandra), côtes E., N.-E., et N.-O. Antomboka (Mt-Ambohitra, etc.) M., Comores, Maurice, La Réunion, et Afrique tropicale. Gynura Sonchifolia,Baker.—Herbe.—Juill.-août, Bets. (?).-M. Gynura auriculata, Cass (= G.ovalis DC.; G. pseudochina, Benth. ; G. bulbosa, Hook., Senecio pseudochina, L. Porophyllum Cacalia bulbosa, Lour.; et C. ovalis, Ker.). hieracioides, DC. — Herbe. — Localité indéterminée entre l'Imerina et la côte Est. — M. et répandue sous les tropiques de l'ancien monde. Cineraria anampoza, Baker. (= Senecio anampoza Baker). Herbe. —Anampoza. C'est aussi le nom de quelques autres herbes. (Imer.). — Juin-déc. — Pays découvert. — Imer. — M. Tagetes erecta, L. — Herbe. Le « souci français. — Jardins, mais échappe maintenant à la culture. — Nov.-fév. — Originaire de l'Amérique du Sud. Emilia citrina, DC. — Herbe. — Employée dans le traitement de la gale et des condylomes. Autsointsoina (Imer.), Tsiontsiona (Bets.). Pendant toute l'année. — Pays découvert. — De l'Imerina à Alamazaotra, Bets., Yak. A., Antsih., — Androna, O. Madag., O.— M. côtes E., N.-E., Emiliagraminea, DC. —Herbe. — Les Betsileo font de ses feuilles préalablement pilées un remède contre la gale. En Imerina, ces feuilles sont employées dans le traitement de la syphilis. Antsointsoindahy (Imer.), Faninkandro (Imer. ), Kiboiboitany (Bets.). Pendant toute l'année. — Pays découvert. — Imer., Bets. — M. Anampoza (1) (Imer.), Emilia adscendens, DC. — Herbe. Terrains marécageux. Tsiontsiondahy (Betsim.). — Janv.-juil. Imer., côte E. (se rencontre et là de l'intérieur jusqu'à la côte). —M. Emilia amplexicaulis, Baker. — Herbe. — Les feuilles sont employées par les Betsimisaraka à la guérison du condylome. — Tsiontsiona (Betsim.). Tsoina (Betsim.), Siasia (Betsim.). Toute l'année. — Pays découvert et parties boisées. — Se rencontre communément de l'Ank. et de l'Est de l'Antsih. jusqu'aux côtes E. et N.-E. et l'Antomboka. — M.

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il) C'est aussi le nom de quelques autres herbes.

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Senecio Bojeri, DC. — Herbe. — Vandantaho (O. Imer.).—Mars. — Parties boisées— Imer., Bets. — M. Senecio longiscapus, Bojer — C'est peut-être une variétéde S. cochlearifolius. Bojer.) — Kitongo — Tsorana (Bets.) — Sept. —

Sur le flanc des collines. — Imer., Bets., Antsih. — M. Senecio Bakeri, Scott Elliot. — Herbe. — Parties boisées. — Fort-Dauphin. — M. Pays découSenecio riparius, DC. — Arbuste. — Oct.-fév. vert. — Imer. — M. Senecio simplicissimus, Bojer. — Herbe. — Mars. — Imer. —

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M.

Senecio antandroi, Scott Elliot. — Arbuste charnu. — Pays découvert. — Antandroy (côte S.-E.) — M. Senecio rosellatus, Bojer. — Herbe.—Centre de M. — M. Senecio Vaingaindrani, Scott Elliot. — Arbuste. — Terrains marécageux. — S.-E. du Bets. — M. Senecio emirnensis, DC. — Herbe. — Juil. — Pays découvert. — Ank. — M.

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Senecio emirnensis,var. lanceolata, Scott Elliot. 1lerbe. Pays découvert. — Vak. A. — M. Senecio angavanensis, Bojer. — Arbuste. — Oct. — Imer. —

M.

Senecio antitensis, Baker. — Petit arbuste. — Pays découvert.

— Mt Antety à Ambositra (Bets.). — M. Senecio vittarifolius, Bojer. — Herbe. — Cent. rMadag.—M. Senecio madagascariensls, Poir. — Arbuste (?). — M. Senecio canaliculatus, Bojer. — Herbe ou petit arbuste. — Mars. — Imer., Bets. — M. Senecio mesembryanthemoïdes, Bojer. — Herbe. — Imer. —M. Herbe. — Déc.-mars. — M. Senecio tenuiscapus, Bojer.

Senecio adscendens, Bojer.

—M.

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Herbe. — Nov.-mars. — Imer.

Senecio resectus, Bojer. — Herbe. — Imer. — M. Senecio sparsifolius, Bojer. — Herbe. — Vak. A. — M. Senecio adenodontus, Bojer. — Arbuste. — Avr.-juin. — Pays découvert. — Bets., Vak. A. — M. Senecio hypargyraeus, DC. — Arbuste. — M. Senecio cochlearifolius, Bojer, — Herbe. — Les indigènes emploient la bourre floconneuse provenant des feuilles en guise d'amadou. —Hazofotsinanahary (Imer.),Fotsinanahary(Imer.),Kiton-


gotsorana (Bets.). — Fév.-juil. — Pays découvert. — Imer., Bets. M.

Senecio desmatus,Klatt. —Arbuste. Localité indéterminée entre l'Imerina et la côte Est. — M. Senecio acetosaefolius, Baker. — Plante grimpante. — Mangity (Bets.). —Bets.—M. Senecio cyclocladus, Baker. — Arbuste. — Juin-juil. — Imer. (Lohavohitra). — Pays découvert. — M. Senecio melastomaefolius, Baker. — Petit arbuste charnu. — Sept. — Pays découvert. — Vak. A. (Vavavato). — M. Senecio vernicosus, Baker. — Petit arbuste. — Sept. — Pays découvert. — Vak. A. (Vavavato). — M. Senecio cicatricosus, Baker. — Petit arbuste. — Sept. — Pays découvert. — Vak. A. (Vavavato). -- M. Senecio monocephalus, Baker. — Petit arbuste. — Sept. — Pays découvert. — Vak. A. (Vavavato). — M. Senecio Hildebrandtii, Baker. — Petit arbuste. — RamboImer. (Andrangonaombe (Bets.) — Sept. — Pays découvert. loaka). — Vak. A. (Vavavato). — M. Lelaombe (Bets.), Senecio microdontus, Baker. — Herbe. Lelosy (Bets.), Mangalahikely (Vak. A.),Madionanoray (Vak. A.).— Sept.-janv. — Pays découvert. — O. Imer. Vak. A., Bets. — M. Senecio faujasioides, Baker.. — Arbuste ou petit arbre. Les feuilles servent de remède contre le condylome. Les Betsileo les emploient pour les affections syphilitiques, les dites feuilles étant tout d'abord pilées, puis séchées au soleil, enfin appliquées sur les parties malades. — Hanidraisoa (Imer.), Fiandrivavala (Imer.), Kiboiboy (Bets.) — Sept.-déc. — Près des lieux boisés et des lisières des forêts. — Imer., Bets., Antsih. — M. Senecio erechthitoides, Baker. — Herbe. — Maitsoririnina (Imer.) août.-déc. — En pays découvert, dans les terrains Imer., Bets. — M. vagues. Senecio betsiliensis, Baker.—Arbre. Mangatomandry(Bets.). — Forêts. — E. Bets. — M. Arbuste. — Mai-août. — Forêts. Senecio curvatus, Baker. — E. Imer., E. Bets. — M. Senecio Parkeri, Baker. — Arbuste sarmenteux. — Imer. (Andramasina) — M. Senecio polyrhizus, Baker. — Herbe. — fl. et fr. juin. Imer.

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—M.

Senecio multibracteatus, Baker. —Herbe.

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Imer.

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M.


Senecio purpureo-viridis, Baker. Arbuste. — Mangaravina — (Bets.). — Pays découvert. —Imer., Bets. — M. Senecio rhodanthus, Baker. — Herbe. — Nov.-déc. — Imer., (Ambatovory).

— M.

Senecio lapsanaefolius, Baker. Herbe. — Legovia Kokolahy — (Bets.). — Bets. — M. Senecio gossypinus, Baker. Arbuste. — Sept. — Paysdécou— vert. O. Imer., N.Antsih. M. Senecio leucopappus, DC. (= Cacalia leucopappa DC). — Arbuste. — Bets. — M. Gerbera piloselloides, Cass. = G.Schimperi, Sch. Bip., G. ovalifolia, DC., G. amabilisHance, Arnicapiloselloides, L.et Pseudoseris RutenbergiiBaill.) Pays découvert. Herbe. Sept.-déc. — M., Colonie du Cap,—Afrique — tropicale, l'Himalaya, Birmanie et Chine. Gerbera podophylla, Baker. — Herbe. — Sept. — Pays décou-

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vert.

-Vak. A. -

Cent. Madag.-Gerbera Bojeri,

M.

Gerbera Candollei, DC.

Madag.

(~ Lasiopus

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Candollei, DC.)

M. DC. (=Lasiopus Bojeri,DC.) herbe.

— M.

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Herbe. Cent.

Gerbera hypochearidoides, Baker. — Herbe, — FI. et fr. déc. Terrains marécageux en pays découvert. Vak. A. (Flempona et — Sommet de l'Ankaratra). M. — Gerbera emirnensis, Baker. — Herbe. — Sept. — Pays décou-

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vert. — Vak. A. — (Vavavato). — M. Cichorium Intybus, L. Chicorée. Introduite, mais rare. — — Mai. — E. Imer. — M., Colonie du Cap, et cosmopolite, mais originaire d'Europe, de l'Afrique du Nord et de la partie tempérée

del'Asie occidentale.

--

Hieracium madagascariensis, DC. Herbe. Déc.-mars. Pays — découvert. M. — Vak. A. (Sommet de l'Ankaratra). Lactuca capensis,Thunb. =Scorzonera capensis,Thun.) — Herbe. — Mars; fr. oct. Pays découvert. — Imer. — M., Colonie du

(

Cap, et Afrique tropicale. Lactuca indica, L. (=L.Mauritiana Poir.). Herbe. Introduite. Beroberoka? (Antsih.). Juin-juil. — Pays découvert. — Antsih., — village d'Alamagaotra. M., Maurice, Seychelles Inde. Lactuca madagascariensis, Bojer. Herbe. M. — Lactuca Welwitschii, Scott Elliot.— Herbe. Terrains sablon— neux, Fort Dauphin. M. et Angola.

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-

-

et


-

Lactuca nudicaulis, Klatt. (= Brachyrhamphus nudieaulis, M. Klatt.) Herbe. Lactuca Scariola L. var. sativa. — La laitue. — Introduite

-

et cultivée. — Salady. — Originaire du S. de l'Europe, de l'Afrique du Nord et de l'Asie occidentale. Sonchus oleraceus, L. (= S ciliatus Lam. et S. Royleanus DC., S. macrotus, Fenzl, S. Schimperi A. Br.) — Herbe; le laiteron. Introduite (?) Les Betsileo font de ses feuilles un aliment. — Beroberoka (Imer.), Anamboraka (Bets.). — Mars-oct. — Pays découvert. — Imer., Bets., E. Androna. — M., Maurice, Rodriguez, colonie du Cap et Afrique tropicale, mais cosmopolite. S. eryngioides DC. Sonchus asper, Vill. (=S.fallax Wall., — Herbe. — M., Maurice, etc., d'ailleurs cosmopolite.

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-

et

Sonchuspauciflorus, Baker. — Herbe.-Kifokondanitra (Bets.).

Pays découvert. — Imer., Bets. — M. Microrhynchus sarmentosus, DC. (= Launaea pinnatifida, Cass., L. sannclllosa, Schultz, Prenanthes sarmentosa, Wild., et Lactuca Rampe le long des grèsarmentosa, Willd.). — Herbe. — Juil. ves, au bord de la mer. — Côte E. — M., Maurice, La Réunion, colonie du Cap, Natal, Mozambique et Asie tropicale. — Nov. —

-

GOODENOVIAE

(=

S.Lobelia, Benth.. S. latevaga, Scaevola Koenigii,Wahl. S.Sericea, Forst., S. Sieberi,deVriese et Cerbera ovata, Hance, Sieber) Arbuste, Bararaka (Betsim. — Juil. — Près de la mer. — côte E. — M.,Maurice, Seychelles, Chine et de la Polynésie jusqu'en Afrique. Scaevola Plumieri, Vahl (= S. Thutibergii, DC.. et S. Senegalensis.DC.). — Arbuste, n'est probablement qu'une variété de S. Kœnigii, Vahl. — Fl. et fr. juil. — Près de la mer. — Côte E.— M.

et

et, en général, sous les tropiques.

-

CAMPANULACEAE

Lobelia natalensis, A. DC. — Herbe. — Anandaingo (Imer.). — Pays découvert. — Imer., côte E. — M., Natal et Afrique tropicale. Lobelia serpens, Lam. (—L. filiformis, Lam., L. telephioides, DC., L. polymorpha, Bory, L. bicolor, Bojer, L. fervens, Thumb., et L. madagascariensis,R. et S.) — Herbe. — Tsinainondrikely (Imer.) Anambosaka (Betsim. du Nord-Est) — F jadant toute l'année. -


Pays découvert. E. et N.-E. — M., Comores, — Imer., Ank., côtes Maurice, et La Réunion. Lobelia Hartlaubi, Buchen. — Herbe. —Juill. Forêts. — E. Imer., E.Antsih. —M. Dialypetalum floribundum, Benth. — Herbe haute. — Poakaly (Imer.), Tsiodany (Vak. A.). — Juin. — Oct., mars. — Parties boisées principalement — E. Imer., Vak. A. — M. Lightfootiamadagascariensis, DC. — Herbe. — Takorobabonakoho (Imer.), Telovitranankaratra (Vak. A.). — Sept.-marsjuil. — Pays découvert. — Imer., Bets., Androna, côte E. — M. Lightfootiasubaphylla, Baker. — Herbe. — Sept.-déc. — Pays découvert. — Imer. (Ankaratra). — M. Wahlenbergia Bojeri, A. DC. — Herbe. — Déc. — Pays découvert. — Vak. A., Bets. — M. Wahlenbergia madagascariensis, DC. — (=W.oppositifolia, A. DC Nov. — Pays découvert. — — Herbe, probablement. — Imer. M., et, si, comme la chose est vraisemblable, il est la --même espèce que W. oppositifolia, il se rencontre également dans la colonie du Cap. Wahlenbergia Hilsenbergii, A. DC. — Herbe. — Fév. — Pays découvert. — Imer. — M. Wahlenbergiaemirnensis, A. DC. — Herbe. — Pays découvert. — Imer. — M. Wahlenbergia Rutenbergiana, Vatke. — Herbe. Oct.-nov. Pays découvert. —Antsih. — M. Sphenoclea zeylanica, Gaertn. — Herbe. — Juin, oct., nov.— Rizières et terrains marécageux. (Maro— N. Imer., N.-O. Madag. voay, etc.). — M., et partout sous les tropiques.

-

A.

).

A.

-

REV. R. BARON.

de la Société de Londres.

Missionnaire

(A suivre.)


Documents et Informations MADAGASCAR CHRONIQUE DU MOIS DE FÉVRIER.

— Retour de M. Lepreux. Inauguration de la décortiquerie de Tendro. — La Pacification dans Sud. — La Fête de l'Union des Femmes de France. Tananarive, le

15

février

-

le

1904.

Le jeudi 4 février courant, est rentré à Tananarive M. le Gouverneur des colonies Lepreux, chargé des fonctions de Secrétaire général, qui, au retour de l'importante mission relative au chemin de fer dont il s'est heureusement acquitté à Paris, vient reprendre le haut poste qu'il occupe depuis quatre ans avec la distinction que chacun sait. Son retour a été accueilli avec une vive satisfaction, justifiée par l'extrême bienveillance dont il a toujours fait preuve vis-à-vis de tous ceux qui ont eu affaire avec lui. Le Gouverneur Général s'était porté à sa rencontre jusqu'à Ambohimangakely, et, au secrétariat général, l'attendaient un groupe d'officiers et de fonctionnaires qui l'ont salué à l'arrivée. Le retour de M. Lepreux correspond avec le départ de M. l'administrateur en chef Vergnes qui, pendantl'absence de M. Lepreux, a rempli les délicates fonctions de ce dernier d'une façon remarquable, s'attirant l'affection de ses subordonnés. Le général Gallieni a tenu à remercier et à féliciter par une lettre officielle son éminent collaborateur. Un événement économique important, pour la région de Tananarive, s'est produit le 10 février à Tendro, à quelques heures dans l'ouest de la capitale, où l'on inaugurait la décor-.


tiqueriequ'y a faitconstruire M. Léon Suberbie. C'est le premier établissement de ce genre créé à Madagascar, et il faut reconnaître que, rarement, une usine fut installée sur un terrain plus propice à son activité. Les alentours de la capitale sont, en effet, formés par d'immenses plaines plantées de riz, mais C'est surtout le Sud et l'Occident qui offrent à ce point de vue des ressources importantes il a été trop souvent question du Betsimitatatra et des riches vallées de l'Ikopa,de la Sisaony et de l'Andromba pour qu'il soit nécessaire d'insister sur la richesse agricole de cette région qu'on a si justement appelée le ventre de l'Imerina. Elle est, du reste, destinée à accroître encore sa production quand des travaux hydrauliques très importants auront régularisé le régime des eaux et accru la fertilité d'un sol que les premiers souverains hovaontsu, il y a quelques siècles, conquérir sur les premiers occupants et sur ces eaux elles-mêmes. A l'heure actuelle, la contrée produit annuellement de vingt à trente mille tonnes de riz, dont une partie déjà s'exporte vers les régions basses de I'lle; ces chiffres, fort appréciables, s'élèveront sans nul doute suffisamment, par la suite, pour que le chemin de fer soit assuré de trouver un important fret de descente. L'initiative de M. Suberbie aura pour effet de faciliter le commerce du riz en permettant de ne transporter loin de l'Imerina que du grain débarrassé de toutes ses impuretés, en supprimant, par conséquent, le poids mort qui élève le prix de vente réel ses diverses applications produiront d'autres conséquences encore que la description de l'usine permettra tout à l'heure d'apprécier. La décortiquerie puise sa force dans ce même Ikopa auquel elle devra une bonne partie dela matière à travailler. A environ a5 kilomètres de Tananarive, la rivière, jusqu'alors tranquille et navigable, est brusquement transformée en rapides, puis fait une série de sauts dont le plus important a 14 mètres de buteur et se répartit sur une largeur de 200 mètres encombrée de rocs énormes; ce sont les chutes de Farahantsana qui, par leur curiosité, attirent depuis quelque temps d'assez nombreux visiteurs. M. Suberbie, ayant obtenu la concession de ces chutes, amis à profit la situation merveilleusement appropriée

;

;


qu'elles présentaient pour l'installation d'une force motrice considérable.Utilisant la hauteur totale du saut, soit 30 mètres, il a placé en un point choisi la turbine destinée à lui fournir l'énergie nécessaire, mais ne voulant qu'employer débit le matériel strictement indispensable, il n'a utilisé qu'un calculé pour fournir 75 chenaux de force sur l'axe de cette turbine. La force produite suffit non seulement à actionner la décortiquerie, mais encore àenvisager, pour la suite, la possi

La dècortibuerie de Tendro (grand pavillon).

bilité de sérieux agrandisscments; elle n'est, du reste, qu'une infime partie de celle dont permettent de disposer les chutes de Farahantsana; des calculs précis ont, en effet, démontré que le saut de 14 mètres représente à lui seul un minimum toujours disponible de 7.000 chevaux, auxquels ilsera sans doute donné plus tard une utilisation industrielle. La turbine actionnedeux dynamos de 650 volls et 45 ampères; elles sont placées à 3 kilomètres et demi de Tendro qui se trouve lui-même en amont des chutes, dans l'îlot deNosy-Be. La disposition tourmentée du terrain ne


à

permettait pas de construire ladécortiquerie proximité des chutes; on s'est contenté d'y placer l'usine génératrice, et l'emploi de l'électricité à haute tension permettant de transporter facilement la force motrice à l'endroit le plus favorablc, celle-ci a été envoyée à Tendro à l'aide de cùbles. Là, sélève l'usine proprement dite où s'effectuent les diverses opérations du décorticage. Les derniers perfectionnements de la mécanique ont été apportés dans les ateliers, et c'est sous la simple surveillance de quelques ouvriers que le riz subit toutes les transformations voulues. Les appareils peuvent décortiquer vingt tonnes de paddy par 24 heures, soit un minimum de 6.000 tonnes par an. Divers magasins et ateliers nécessaires à la manutention du riz ont été édifiés près de l'usine qui se dresse, près de l'Ikopa, sur une petite colline. Au pied de celle-ci, M. Suberbie fait construire un véritable port comprenant un quai d'embarquement avec hangars pour abriter les marchandises, des voies Decauville et des plans innclinés auto-moteurs pour monter le paddy à l'usine et en descendre le riz; ici encore l'électricité entre en jeu, notamment pour mouvoir une pompe destinée à alimenter un réservoir d'eau qui fournira l'eau potable à la décortiquerie et constituera une réserve en cas d'incendie. Tendro est situé de telle sorte qu'il est possible d'utiliser, pour entrer en relations avec presque tous les centres agricoles de la région, la voie aquatique. Les richesses en riz de l'immense grenier environnant peuvent venir s'y concentrer économiquement par les pirogues qui utilisent l'Ikopa, la Sisaony la Moriandro, l'Andromba et les canaux dont les rizières sont sillonnées; la route de l'Ouest, très voisine,ainsi que les chemins qui relient les gros villages de cette contrée privilégiée constituent également d'excellentes voies de communication. La nature a donc tout disposé pour queM.Suberbie ne trouve que des commodités exceptionnelles. Une usine si bien placée ne pourra manquer de s'étendre elle n'aura pas de peine à le faire. D'autre part, la résolution prise par son propriétaire de l'employer à moudre toutes sortes de grains, à commencer par le riz, en même tempsqu'elle décortiquera le paddy, lui assurent, au moins

*

;


dans quelquesannées, quand les céréales deFrance se seront définitivement implantées dans la région, une activité plus grande encore, des profits certains et même une action véritable sur les mœurs des indigènes qui en viendront tôt ou tard à utiliser le riz sous d'autres formes qu'ils l'ont fait jusqu'ici. C'est en prévision de l'avenir que tout a été disposé pour donner à la décortiquerie un développement considérable. L'inauguration fut une fête à la fois intime et solennelle. Le Gouverneur Général avait accepté de s'y rendre avec sa famille, et un certain nombre de notabilités et decolons avaient répondu à l'invitation de M. Suberbie. Plusieurs toasts ont été échangés après un déjeuner servi parla maison Martel,qui n'en est plus à faire ses preuves à Tananarive. *

De bonnes nouvelles sont parvenues du cercledesMahafaly où le distingué commandantTralboux a su amener à composition, dans un temps très court et par des moyens très pacifiques, une population de vingt-huit mille âmes pour laquelle la turbulence, le brigandage et la guerre étaient de règle depuis leur origine. On se souvient qu'à la fin de 1902, le général Gallieni avait passé à l'administration civile le cercle de Tulear, limitrophe de celui des Mahafaly, qui n'en était alors qu'une subdivision et que l'on dut continuer à soumettre à un régime d'exception. Le commandant Tralboux eût pu sans grand'peine écraser les dissidents etles convaincre, par la terreur, qu'il était inutile de lutter contre la puissance française; il s'en garda bien, de tels moyens ne convenant guère aux idées généreuses que nos troupes appliquent dans les moments les plus critiques; ils allaient, du reste à l'encontre de la façon de voir et d'agir du Chef de la colonie et pouvaient soulever dans le Sud des rancunes longues à se

calmer. Se fondant sur les divisions intestines qui régnaient depuis longtemps entre les diverses tribus ou castes, il mit fin à ces inimitiés en établissant l'influence unique du chef Tsiampondy, descendant direct de la famille royale dont les chefs des diverses branches se disputaient jalousement le pouvoir.


Une habile politique amena ce résultat sans effusion de sang, puis Tsiampondy, disposant désormais d'une autorité effective, fut utilisé pour l'administration des Mahafaly. Des chefs,

choisis parmi ses parents ou ses anciens sujets, dirigèrent les cantons sous ses ordres et le contrôle supérieur du commandant du cercle et de ses adjoints. On laissa à la population une certaine autonomie à condition qu'elle reconnût sans conteste notre pouvoir et acceptât le principe de l'impôt. Ce mode d'administration, qui continuera à être appliqué, n'est autre chose que ce protectorat intérieur dont le Gouverneur Général s'est montré à plusieurs reprises partisan et qui, en l'occurrence, fait merveille. Il a l'avantage d'être très économique et, tout en ne compliquant pas les rouages administratifs, de ne pas froisser dans leur coutume, dans leur amourpropre ou dans leurs traditions, des peuplades ombrageuses et d'un naturel peu pacifique. A l'heure actuelle, l'ordre est parfait chez les Mahafaly, qui peuvent se livrer en toute sécurité à l'élevage, l'une des futures sources de richesse de cette région; des écoles ont été ouvertes dans certains centres, où les enfants de nos ennemis d'hier reçoivent les leçons de soldats français improvisés instituteurs; des routes commencent à faciliter les relations entre les différentes parties d'un pays très vaste et encore imparfaitement connu; un médecin militaire prodigue ses soins gratuits aux indigènes qui sont particulièrement sensibles à cette marque d'intérêt. Déjà, des commerçants sont venus s'installer à Ampanihy, le chef-lieu du cercle, et à Androka, et plusieurs d'entre eux ont pu, sans aucun inconvénient, pénétrer isolément dans l'intérieur. Il n'y a plus désormais qu'à songer à amener progressivement les Mahafaly vers un état social meilleur : ce sera l'œuvre du temps et de la patience. Le 7 courant, a eu lieu à la caserne du Palais une fête charmante organisée par le 13e régiment d'infanterie coloniale et le comité tananarivien de l'Union des Femmes de France. Il s'agissait d'une réunion mondaine, autant qu'artistique et athlétique; aussi, une foule considérable de spectateurs se


trouvait-elle, à 2 heures de l'après-midi, dans la grande salle centrale de l'ancienne résidence de Rainilaiarivony,merveilleusement décorée du haut enbas. Aux premiers rangs se trouvaient le Gouverneur Général, sa famille et ses officiers d'ordonnance, M.-le gouverneur Lepreux et les principales notabilités civiles et militaires derrière eux, une assistance élégante et joyeuse se pressait, qui ne cessa d'applaudir les différentesparties d'un programme très bien composé.

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LesMoniteurs de Gymnastique du

13e Colonial

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Ce furent d'abord les moniteurs et escrimeurs du régiment 1 qui eurent la mission de charmerl'assemblée; ils y réussirent sans peine tant ils exécutèrent de tours et d'exercices, réussis au delàde toute expression. Les bravos, les applaudissements je ne puis se succédèrent sans arrêt à chaque numéro malheureusement tous les passer en revue, mais j'ai plaisir à mesouvenir de l'adresse et de la vigueur que déployèrent

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tous les soldats; les félicitations méritées que reçut ensuite M. le lieutenant Lapolin, qui les dirigeait, s'adressaientaussi


hommes, qui avaient fait preuve de tant d'énergie et de bonne volonté. La seconde partie était entièrement artistique; le lieutenant Samalens en avait disposé l'ordre et le programme avec un goût dont ce n'est pas la première fois qu'il fait preuve à Tananarive; les artistes — il fut du nombre — qui jouèrent et chantèrent, recueillirent d'unanimes applaudissements et provoquèrent par la joyeuseté deleurs interprétations des rires répétés. Le spectacle s'acheva par une représentation impeccable de La Grammaire, la délicieuse comédie de Labiche, qui fut enlevée avec un brio sans égal. Puis on procéda au tirage d'une tombola qu'avait organisé le comité local de l'Union des Femmes de France; après quoi on assista, rempli d'une profonde émotion patriotique, à un tableau vivant animé Les Dernières Cartouches. Cette reproduction saisissante d'un, des épisodes les plus glorieux de l'infanterie de marine, obtint un succès inoubliable que soulignaune ovation prolongée. Et tandis que retentissait, sonore et belliqueux, l'hymne de l'infanterie coloniale, la foule s'écoula lentement et satisfaite de cet après-midi si bien rempli. à ses

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* *

Il me reste à vous signalerle mariage célébré à Tananarive le 9 février de M. Linguinou, commissaire de police en notre ville, avec Mme Gagé. Les deux époux, très estimés dans la capitale, ont reçu en cette circonstance de nombreuses marques de sympathie de leurs amis qui ont tenu à leur apporter, nombreux, leurs meilleurs vœux de bonheur et leurs compliments.

¥* Mais c'est encore par un obituaire que je clos cettecorrespondance. Il concerne M. Burhaus, garde régional, et M.Clotte, inspecteur de police, décédés tous deux en congé; le premier à Salon (Bouches-du-Rhône), le second à Alger; M. Pirou, employé au chemin de fer et M. Bouquin, garde


régional, sont également au nombre des morts. Ces tombes, trop tôt ouvertes, privent la colonie de modestes et courageux serviteurs qui s'étaient fait apprécier, chacun dans sa sphère, au cours de leurs carrières si brusquement interrompues. E.

CHAMIER.

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— L'Emyrne en détresse. — Récompense au P. Colin. — Mariage. — Nécrologie.

La tornade de Tulear.

Tannnarive, 29 février

1904.

La quinzaine écoulée a été extrêmement calme et incapable de fournir à la chronique une abondante matière. Les pluies quotidiennes de la fin de l'hivernage et des orages fréquents sont peut-être la cause de cette sorte de torpeur contre laquelle il est malaisé de réagir dans une ville comme Tananarive, où la tranquillité n'est pas un vain mot! C'est, du Sud que nous vient aujourd'hui l'actualité, et nous ne pouvons que le déplorer, car elle consiste en une tornade dont Tulear a eu, dans la nuit du 1er au 2 février, la malencontreuse visite. Des signes certains de perturbation étaient, à ce qu'il parait, venus mettre en garde dès la veille les habitants de la région contre le mauvais temps, mais celui-ci, qui a, du reste, fort peu duré, s'est manifesté avec la plus extrême violence. A onze heures du soir, la trombe survenait à cinq heures du matin, le calme avait reparu, au prix de sérieux dégâts. De nombreuses cases indigènes démolies de fond en comble, les rizières perdues, la résidence du chef de la province décapitée et inondée, la toiture de la maison du commandant d'armes arrachée et portée au loin, où elle défonçait une autre demeure, les travaux publics arrêtés ou détruits, tel est le bilan de cette courte bourrasque. Celle-ci est venue à la suite d'une série de gros temps qui ont régné sur le canal de Mozambique et sur la côte Ouest, non sans causer quelques dommages. On ne signale fort heureusement de ce fait aucun

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sinistre ni aucune victime, mais les navires présents dans ces parages ont été durement éprouvés. C'est ainsi que vapeur Emyrne, qui fait momentanément le service desports de la côte occidentale de notre Ile, a eu une traversée de retour, entre Tulear et Majunga, des plus mouvementées. Sorti du premier de ces ports avec ses soutes peu garnies de charbon, il voulut revenir au point de départ pour compléter son chargement, puis se rendre à Durban dans le même but. La mer démontée l'obligea à se rejeter vers Morondava. Entre ce point et Majunga, les bourrasques recommencèrent et donnèrent l'assaut au navire dont les panneaux furent défoncés. C'est avec ses cales remplies d'eau et sa cargaison détériorée que l'Emyrne. parvint au terme de son voyage, ayant mis un temps fort long à accomplir un trajet qu'il franchit habituellement en quarante-huit heures de marche effective. L'abondance peu commune des pluies tombées cette année sur Madagascar a déterminé un peu partout des débordements de rivières et des inondations fâcheuses pour les cultures et les routes. Mais ces inconvénients sont si loin d'être aussi déplorables que les cyclones répétés dé l'an dernier, que nous nous réjouissons d'avoir été, jusqu'à présent, épargnés par ces météoresdont le passage produit des'effets désastreux et bien longs à réparer. Espérons que laGrande Ile va continuer à jouir, jusqu'au retour du beau temps, de la même immunité.

le

*

eu

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*

le plaisir d'apprendre que le R. P. Colin, le Nous avons savant directeur de l'observatoire d'Ambohidempona, avait reçu de l'Académie des sciences de Paris une haute distinction. Il a obtenu le prix Gay, d'une valeur de 2.500 francs, réservé au lauréat d'un concours public ouvert par cette docte compagnie aux astronomes, géographes et explorateurs. Le P. Colin avait présenté au jugement de l'Académie un ouvrage intitulé Positionsgéographiques à Madagascar, qui a été l'objet d'un rapport extrêmement élogieux. Ce livre contient toute la série calculée des observations astronomiques effectuées par l'auteur à Madagascar, de 1889


à 1902 ; on n'en trouve pas moins de 2000 ayant fourni 17 positions géographiques, 7 latitudes et 2 longitudes isolées et constate que le réseau géodésique déterminé par le P. Colin s'étend sur une surface de 31.000 kilomètres carrés.

l'on

L'Académie a trouvé l'occasion, dans son rapport, de retracer la belle carrière scientifique du lauréat qui déjà, en 1890, avait reçu le prix Jérôme Ponti et, en 1898, le prix d'astronomie Valz. Elle lui a consacré, dans son bulletin du 21 décembre dernier, une belle page d'où il résulte qu'il a fourni notre colonie une contribution considéà la connaissance rable résultant d'un ensemble de travaux continuels et de la plus haute précision. La nouvelle récompense obtenue par le P. Colin, si elle a donné pleine satisfaction au savant, a dû mettre à une rude épreuve la modestie bien connue de l'homme privé, car la presse locale a été unanime à le féliciteren termes flatteurs du choix de l'Académie dont il est, depuis 1890,membre correspondant.

de

** Le 27, M. Martin, missionnaire, a épousé à Tananarive, Mlle Froment, institutrice, et les nouveaux mariés ont reçu de très nombreuses marques d'amitié et d'estime de l'assistance présente à la cérémonie nuptiale, à laquelle se trouvaient notamment Mme Gallieni et un officier d'ordonnance du Gouverneur Général.

:

**

¥

Je termine en évoquant, comme trop souvent, lesouvenir de morts nouveaux il s'agit de MM. Bœll et Tschaggeny, deux colons de la province de Mananjary, qui ont succcombé trop tôt à la peine.

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E.

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CHAMlER.

Un arrêté du Au Conseil d'Administration de la Colonie. 25 février confirme,pour une nouvelle période de deux ans, dans les fonctions qu'ils ont déjà occupées avec tant de distinction, nos collègues et amis MM. Sescau et Plasse, en qualité de membres titulaires et MM. Richard et Hallot, comme membres suppléants du Conseil d'Administration de la Colonie.

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Les exportations de Madagascar en 1903. — Nous donnons ci-dessous le tableau des exportations pour 1903 comparées à celles de l'année précédente. L'or, le caoutchouc, le raphia, les peaux sont en augmentation sensible, le caoutchouc principalement avec près de deux millions de différence en plus sur 1902. Par contre, il faut constater une diminution de près de deux millions sur les bœufs. Les éleveurs feront bien de se rappeler les récents arrêtés pris par le gouvernement sud-africain, arrêtés autorisant l'importation du bétail argentin. Cette concurrence, qui n'existait pas au commencement de 1903, peut leur être préjudiciable. Il est vrai cependant qu'ils pourront parer à ce contre-temps et regagner le terrain perdu, en soignant leurs expéditions. Ils le peuvent, la qualité des bœufs de Madagascar étant indiscutable. La diminution constatée sur la vanille provient des cours très bas qui se font depuis quelques mois surce produit et non d'un manaue de production. .l

Or. Caoutchouc. Raphia Bois., Cire. Vanille. Produits exportés.

Bovidés

:

Peaux grandes

Farineux alimentaires..

1902

Francs.

4.122.612 4.401.250 545.630 1.039.150

1903

Francs.

5.848.073 2.541.785 2.594.110 1.982.064

692.841

1.202477

297.722 789.519 391.654 302.108

655.380 556.018 317.286 206.214 16.288.161

Totaux12.582.486

A ces chiffres, il convient d'ajouter une somme de 384.754 francs, montant des produits divers exportés. Ce qui donne un total de 16.672.915, qui sera dépassé de beaucoup en 1904, si l'exploitation de l'or et la recherche du caoutchouc continuent à se développer et d'autre part si, comme il faut l'espérer, les bœufs malgaches reprennent le chemin des ports sud-africains comme en 1902.

Explosion de la poudrière de Diego-Suarez. — Uneexplosion dont on n'a pu encore déterminer les causes, s'est produite à Diego-Suarez, le 19 février, détruisant, la poudrière duSakaramy et toutun secteur de la défense du front de terre de notre point d'appui dix-huit indigènes ont été tués ou blessés, et les dégâts de-un atteignent le chiffre million.

;


FRANCE Nécrologie— Nous avons signalé dans le précédent numéro de la Revue la mort tragique de M. Lemaire,colon à Tananarive., Cette mort est d'autant plus sensible au Comité que M. Lemaire faisait partie depuis longtemps de notre section locale dont il était, un des

membres les plus dévoués. Nous adressons à la mémoire de nôtre collègue un juste tribut de regrets. Nous avons également appris le décès de M. Prosper-Eugène Huetde Froberville, décédé au château de Villelouet, près Blois (Loir-et-Cher) le 20 mars 1904, à l'âge de 88 ans. Petit-neveu du chevalier de Froberville, célèbre parsesvoyages dansl'Océan Indien, en particulier à Madagascar, et dont les manuscritset le dictionnaire sont déposés au British Mûseum à Londres où ils forment une partie du fonds Farguhar, M. Prosper-EugènedeFrobervillenvait luimême beaucoup étudié Madagascar. Il est l'auteur de nombreux travaux historiques relatifs à cette Ile, entre autres d'une réédition de Leguevel deLacombe avec une longue préface géographique et historique, d'une étude sur le règne de Radama (1810-1828), d'un mémoire sur les progrès des découvertes géographiques dans l'île de Madagascar, d'un aperçu sur la langue malgache et de recherches sur la race qui habitait l'île de Madagascar avant l'arrivée des Malais. M. E. de Froberville était, en outre, propriétaire d'une magnifique bibliothèque relative à Madagascar,qui contenait,entre autres raretés, un exemplaire manuscrit du voyage de Mayeux.

La Grandidierite.-En 1902, M. Lacroix, professeur au Muséum d'histoire naturelle, a donné, dans le Bulletin de la Société minéralogique (1) une note préliminaire sur une nouvelle espèce minérale découverte dans la région australe de Madagascar. Depuis lors, grâceaux recherches de M. le commandant Blondlat, le gisement de cette substance a pu être retrouvé, et M. Lacroixvient, de publier une étude plus complète dans les comptes rendus de l'Académie des sciences (2). En voici les passages principaux «En étudiant une collection de roches rapportées au Muséum par M. Alluaud, d'un voyage dans la partie méridionale de Madagascar, j'ai rencontré un minéral quine répond à aucune espèce

:

connue. (1) Bulletin de la Sociélé minéralonique de France, t. XXV, 1902, p. 85. (2) Comptes rendus, Académie des sciences, 12 octobre 1903.


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Ce minéral se trouve dans les granités des falaisesd'Andrahoil y forme des masses d'un vert mana, près de Fort-Dauphin bleuâtre de quelques centimètres de plus grandes dimensions, associées au quartz sous forme de pegmatites. « Le caractère distinctif qui a appelé immédiatement mon attention sur ce minéral, réside dans son pléochroïsme extrêmement «

intense, et dans les phénomènes d'absorption qu'il présente. « De premiers essais chimiques indiquent que ce minéral est un silico-aluminate basique de fer, de magnésie, de chauxavec environ ? 0/0 d'alcalis. Il est infusible, inattaquable par lesacides sadensité est de 2,99. «Ce minéral parait devoir se rapprocher du groupe de la saphirine dont il est d'ailleurs très distinct je propose de le désigner sous le. nom de grandidierile, en l'honneur de M. Alfred Grandidier, le savant auquel nous devons tant sur la géographie et l'histoire naturelle de Madagascar. » Le Comité de Madagascar est heureux d'enregistrer ce nouvel hommage rendu à son président d'honneur.

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Le traitement des alluvions aurifères par le sluice - boxe mobile. — L'Officiel de la Colonie du 17février contient un mémoire détaillé, avec croquis, sur le traitement des alluvions aurifères au moyen de sluices-boxes mobiles. Le rendement total est, parait-il, de 96,7 0/0 et, si l'on en croit l'auteur de ce mémoire, M. Félix François, ce chiffre ne serait nullement exagéré, mais bien plutôt au-dessous de la réalité. L'appareil offre notamment, assure-t-on, cet avantage capital d'être complet par lui-même, c'est-à-dire de débourber, classer par grosseur, classer par densité, tout à la fois, dans le même appareil, sans le secours d'aucun autre; de n'exiger que peu d'eau; de se débarrasser de lui-même des stériles et de la magnétite par la seule succession des opérations de traitement; de recevoir le « tout venant du placer et, enfin, d'avoir un travail continu.

»

Nomination. — M. le général de division Oudri, dont on n'a pas oublié les beaux états de service, pendant la cam pagne de Madagascar, vient d'être appelé au commandement du 4e corps d'armée au Mans. Nous adressons à notre éminent collègue nos plus sincères félicitations.


L'assistance médicale.—Dès les premières années de l'occupation française à Madagascar, pour favoriser l'accroissement de la

population trop clairsemée de la Grande Ile, un service d'assistance médicale et d'hygiène publique indigènes avait été organisé dans les provinces centrales de l'Ile. Par décret du 3 mars, ce service vient d'être doté d'un budget autonome alimenté en recettes par une taxe spéciale, la vente des médicaments, le produit éventuel des dons et legs à ce destinés, les dons manuels des Conseils indigènes de notables, et les sommes versées par les malades payants. Le décret prévoit que cette organisation sera bientôt étendue aux provinces côtières. —M. Laveran a faitrécemment à paludisme à Madagascar. Le # l'Académie de médecine communicationqu'il avait annoncée à la suite de la lecture du rapport de M. Kermorgant, sur la santé publique aux colonies. Il constate qu'à Madagascar la mortalité s'est élevée, en 1900, à 330/00,alors qu'à la Nouvelle-Calédonie elleaàpeine dépassé 5 0/00. L'excédent de mortalitédans la Grande Ile africaineprovient presque en totalité du paludisme, qui y règne à l'état endémique. La fièvre palustre est propagée par une espèce de moustique, les les « anophèles », dont M. Laveran a constaté la présence dans nombreux échantillons d'insectes qui lui ont été envoyés par les directeurs de la santé des principales stations de Madagascar. Ils sont dans la proportion de 60 à 76 0/0 parmi les «culicides » (cousins ou moustiques), recueillis dans les casernes, hôpitaux ou infirmeries militaires. Ces « anophèles ne sont pas dangereux par ils ne propagent le paludisme que s'ils sont infectés par eux-mêmes les germesdes végétaux en décomposition, sur lesquels ils se posent. Or, ces occasions d'infection sont nombreuses à Madagascar, surtout en raison des travaux entrepris pour la construction des routes, des chemins de fer, l'amélioration des cours d'eau, etc. Des mesures énergiques de protection s'imposent il faut suivre l'exemple des Américains, qui sont parvenus à faire disparaître la fièvre jaune à Cuba. La quinine est indiquée comme moyen préventif et curatif, mais elle ne suffit pas. La moustiquaire constitue un préservatif souvent illusoire contre la piqûre des moustiques et, de plus, elle a l'inconvénient d'empêcher la circulation de l'air. Les expériences faites avec succès dans divers pays, notamment en Italie, en Corse, et plus

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récemment par les Japonais à Formose, ont démontré l'efficacité des toiles métalliques garnissant toutes les ouvertures des habitations. Ces toiles métalliques protègent le soldat, non seulement quand il est couché, mais dès qu'il est rentré à la caserne. En. Italie, par l'emploi de ce procédé, rendu obligatoire pour les habitations des employés de l'Etat, par une loi du 2 novembre 1901, sur 5.000 personnes ainsi protégées, dans la campagne de Rome, 30/0 seulement ont été atteintes. A Formose, dans une compagnie de soldats japonais de 115 hommes, cantonnée dans des habitations munies de toiles métalliques, aucun n'a été atteint, tandis que dans le reste du bataillon, comptant 600 hommes, 285 cas de paludisme se sont déclarés. M. Laveran est convaincu que M. le général Gallieni, qui a déjà tant fait pourl'amélioration de l'hygiène à Madagascar, voudra compléter son œuvre par l'adoption d'une mesure propre à réduire beaucoup la mortalité palustre. Il propose, en conséquence, l'adoption de la résolution suivante « L'Académie de médecine, considérant les excellents résultats obtenus, au point de vue de la lutte contre le paludisme, par la protection métallique des habitations, émet le vœu que cette méthode soit appliquée dans l'armée — et, notamment, à Madagascar— dans les casernements où abondent les moustiques, propagateurs du paludisme. » Ce vœu a été adopté à l'unanimité.

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Les immeubles coloniaux. — Il ya quelques années déjà, un de nos collègues les plus actifs et les plus dévoués, M. V. Tamburini, alors adjoint au maire du 17e arrondissement, aujourd'huijuge de paix à Palaiseau, où récemment il organisa une conférence sur Madagascar, avait signalé, dans le Bulletin del'Afrique française, un usage suranné qu'avec infiniment de raison il souhaitait voir disparaître. Il s'agissait, en l'espèce, de la formule restrictive limitant à la France continentale, dans la plupart des contrats de mariage, les acquisitions immobilières destinées soit à l'emploi des sommes mises à la disposition des époux par le contrat, soit au remploi de la dot de la femme par le mari. « Les futurs époux, dit la formule, seront tenus de faire emploi de cette somme de. en acquisitions d'immeubles situés en France continentale placements sur particuliers par privilèges ou hypothèques sur immeubles de rapport situés en France continentale, etc. »

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Le Temps el un grand nombre d'autres journaux appuyèrent la proposition de M. Tamburini, estimant que cette formule devait être changée, étant vraiment trop caduque en présence de l'expansion coloniale de la France. A l'époque où notre honorable collègue signalait ces faits, la pacification de Madagascar n'était point suffisamment avancée pour que l'on pût songer à comprendre cette Colonie au nombre de celles en faveur desquelles on réclamait le même traitement que la Métropole.

Peut-être même cette considération spéciale à Madagascar,fit-elle que la réforme proposée tomba dans l'oubli. Le groupe colonial de la Chambre, ne pouvant émettre un vœu d'ensemble pour toutes nos colonies, préféra l'ajourner. Aujourd'hui, que la sécurité est parfaite dans la Grande Ile et la pacification achevée, il semble bien que le moment serait favorable pour reprendre la proposition de M. Tamburini, et il ne paraît pas que son adoption doive susciter de grandes difficultés. En effet, les notaires de Paris n'imposent pas leurs formules, ils les suggèrent simplement. Le plus souvent, les familles ne songeraient jamais à cette restriction, mais le notaire la trouve dans les traditions de son étude. Il est probable qu'il n'a sur elle aucune opinion personnelle; c'est la force de l'usage qui la lui fait insérer au contrat. Et tandis que par un des plus remarquables mouvements d'opinion qu'on ait jamais vu dans un pays, tous les écrivains, tous les hommes politiques et tous les hommes de notre temps essayent d'orienter la jeunesse vers les entreprises coloniales, le conseiller habituelettoujours écouté de la maison, lenotaire,sansl'avisduquel on ne déplace guère ses capitaux, le notaire se met en travers en répétant par habitude «Méfiez-vous, affaire douteuse, restez en France. » , Un vœu d'ensemble émis dans ce sens par les assemblées délibératives de l'Algérie et des Colonies (chambres consultatives, conseils généraux, commissions municipales, etc.) qui serait appuyé par le groupe colonial de la Chambre et du Sénat, ne pourrait manquer, semble-t-il, d'influencer favorablement la Chambre des notaires de Paris et la faire modifier sa formule dotale dans ce qu'elle a de contraire aux Colonies.

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Bulletin du Comité de Madagascar

àa oférences. — La séance solennelle dit comité de Madagascar ArnIOn^ alieu depuis ans, a obtenu le 16 mars dernier l'p.S'If succès, grâce à quatre dévoués organisateurs, M. Gatineau,

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ses président de notre section, M. le général de Torey et notre gucM.Lamv; l'amabilité de la oocioiAitnaiust.ii.ellegrâce aussi à l'obligeance et à voulu d'Amiens et de son président M.Bousigues qui bien mettre leur local à la disposition du comité. 1n Ifsc6 grand nombre de nos collègues et d'habitants d'Amiens, parmi 1<, ^0u':os les notabilités de la ville, avaient répondu à l'appel pro sectIOn,ptc'estdevantune salle comble que M. Marcel Dubois, profoSSeur de géographie commerciale à la Sorbonne, qu'accompaSalt. notre Secrétaire Général, a fait, avec sa grande éloquence et sa coloniale, une superbe conférence sur le caractère de la mise e,, en 1aleW'de <rf donnantMadagascar. Nous craindrions, en le résumant ou en oquence que de courts extraits, de déflorer ce beau morceau eVlie de que nous espérons pouvoir publier in-extenso dans notre mai. érons que cette bellemanifestation ne fera que fortifier lezèle etl'activité de nos amis d'Ami qui pourrontman ne q uer de ens de nouveaux adhérents au Comité. cetserait à désirer que toutes nos sections de province suivissent nous savons déjà que quel ques-unes se préparent à le aIre. l' actif

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secrétaire général du Comité de Madagascar, la série de Société1eJJ^^lC(iine ses conférences sous les auspices de la des conférencespopulaires, s'est rendu le samedi 26Mar,,,

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la assistance se pressait a la mairie, dans la salle reuse de Justice de paix, où le conférencier a parlé de « notre


œuvre de francisation à Madagascar ». Cette intéressante conférence organisée par M. Delemon, délégué de la Société à Ivry, et présidée parM. Bêche, administrateur de la Société, était accompagnéedeprojections lumineuses qui ont particulièrementintéressé les auditeurs. ainsi Enfin, - que la tradition s'en est établie à l'École Colo— niale, quatre conférences publiques ont été faites sur Madagascar avant les vacances de Pâques. La Revue, comme tous les ans, ne manquera pas d'en donner des comptes rendus analytiques. Nous nous bornerons aujourd'hui à énumérerles sujets traités par chaque conférencier Le 1ermars, M. Lemoine, ancien chargé de mission à Madagascar, a parlé de la Constitution géologique de Madagascar (projections). Le 8 mars, M. Dubreuil, conseiller à la Cour d'Appel, ancien procureur général à Madagascar, a traité le sujet suivant L'ancienne administration malgache. La Reine Ranavalona etson premier ministre Rainilaiarivoni). Le15 mars, M. G. Julien, administrateur des Colonies, chargé du cours de langue malgache à l'École Coloniale, a parlé de Madagascar après huit ans d'occupation française (projections). Le 22 mars, M. le chef d'escadron Pellé, du 15e régiment d'artillerie,ancien chef d'état-major de la place de Diego-Suarez, avait Diégo-Suarez, valeur et choisi comme thème de sa conférence rôlecommepoint d'appui de la flotte. Toutes ces conférences ont été très suivies et très applaudies.

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Dîner de l'Union Coloniale et du Comité. — Le dîner mensuel de l'Union Coloniale et du Comité de Madagascar avait attiré, le 22 mars dernier, un nombre inaccoutumé de convives venus pourapplaudir à la distribution des récompenses annuelles décernées par l'Union Coloniale. La Colonie dé Madagascar et son éminent Gouverneur ont été particulièrement fêtés, car la médaille d'or de l'Union a été décernée au général Gallieni, tandis que d'autres médailles ont été attribuées au général Lyautey, pour son rôle brillant dansla Grande Ile, à l'Assistance médicale et à l'hygiène publique àMadagascar, au capitaine Lenfant, à M. Coppolani et à l'école française d'Extrême Orient. Nos amis liront certainement avec plaisir la partie du rapport que le secrétaire général de l'Union, M. Chailly-Bert, a consacré aux lauréats de Madagascar

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Pur quatrième fois, a-t-il dit, l'Union Coloniale a la joie de vous convoquer à cette cérémonie dela distribution de ses médailles. pecérémonie, ellel'a réduite à n'être qu'une fête intime: cela est conforme à discrète. Elle se demande pourtant si elle a son allure âisondemaintenir cecaractère d'intimité à la proclamation d'actes bien faIts pour réjouir l'orgueil légitime de la nation. Elle tient du oIns à faire savoirqu'elle a récompensé moins de mérites qu'elle connaît; que le peu de médailles dont elle dispose a été disputé Par des rivaux nombreux et assez éclatants pour qu'ellese assez soit trouvée gênée de choisir entre eux et n'ait pu souvent se décider quepar des raisons d'opportunité ou d'ancienneté de services. Le génÙal Gallieni. lesnoms — Notre médaille d'or, illustrée par d Preiniers titulaires MM. Etienne, Ballay, Doumer, a été attricette année au général Gallieni, gouverneur général de Madajsjjscar.Lenom du général Gallieni est, depuis longtemps, lié à de nos colonies. Les services qu'il leur a rendus sont e,clatants. Et qui étonnera ceux qui savent l'histoire de sa vie, ce e est peut-être que la récompense qui lui échoit ne lui ait été qu'aujourd'hui. Legépéral Gallieni a, en effet, passé succesivement par le Sénégal, le Soudan,, l'Indo-Chine et Mada:5al'; partout il s'est illustré des actes, par des œuvres ou Pa"desméthodes d'unevaleuretpar d'uneportéequifont de lui un emment pays certainségards un précurseur et un en un mot, un personnage colonial de premier rang. pï Sénégal, simple capitaine, bras droit du général Brière de F' comprend, il reprend, il continue et élargit les plans de toireétroit C'est à lui que nous devons de déborder enfin le terridans lequel nous étions enfermés. Explorateur, négov Ul\soldat, s'acquitte à miracl de sait e son triplerôle. «geretrésister fatiguesdes voyages il sait attendre le aux Inornefit de se présenter, d'être reçu et de parler et supporter nUl*®^ente; il sait lutter de ruse quand il le faut et, quand il le faudra.1 1-Litter d' h héroïsme. plusieurs adveréroïsme. Il a affaire, à la fois, à _plusieurs a d versaire que leur couleur ne doit pas nous faire mépriser et qui, à l'h h amte près, ont été vraiment des hommes: Ahmadou, Samory, pa:olladou-LahIfine, et il les tient en respect ou les bat par la Parol Ou l'épée. Il excelle à faire des plans decampagne, par c°oii^n à les exécuter. Dans sa lutte contre MahmadouLal^11?'eexcelle n décembre 1886, il fait converger deux co l onnes, qui, le251611-inbre,kilomètres de distance, arrivent, juste en même temps Diana,après une marche pleine d'obstacles en

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pays inconnus. La marche, si justement célèbre, et la rencontre en 1939, des trois colonnes sur le lac Tchad, ne doit pas nous faire oublier celle plus modeste, qu organisait Gallieni quinze ans plus tôt. Puis l'ennemi battu, il le dépouille, le harcèle, le presse et l'accule à l'impuissance ou à la mort. A cela, nous devons le Soudan et le cours du Niger. Et déjà, il I)réNoit le pays de Kong, la boucle et le Fouta-Djallonettout l'avenir del'Ouest-Africain.Sansdoute, il n'est pas seul il a des lieutenants, il a Caron, qui monte jusqu'à Tombouctou; il a Peroz, soldat et négociateur. lesanime et les il est le chef, il est l'esprit.L'action,tellequ'il la conçoit, pousse lui survit et s'élève bientôt à la dignité de tradition. Au bout de quelques années, il passe au Tonkin avec le grade de colonel. Et le soldat, qui reste soldat, va devenir grand organisateur, homme éminent dans l'administration et le gouvernement. Ce qu'il a fait dans les territoires militaires est dans toutes les mémoires. M. de Lanessan lui a rendu justice et le colonel Lyautey, à qui nous arriverons tout à l'heure, a décrit sa méthode et l'a faite sienne. Nous ne doutons pas que ce soit l'œuvre politique et économique, accomplie dans le Nord-Ouest du Tonkin, qui a qualifié le colonel Gallieni, devenu général, pour le gouvernement de Mada-

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gascar. A Madagascar, le général Gallieni est déjà depuis huit années. Le monde colonial l'y a suivi de son attention et de sa sympathie. Le gouvernement lui a donné de grands pouvoirs et, lui, a accompli de grandes choses. Pacification, exploration et reconnaissance du pays, inventaire de ses ressources, dénombrement de ses habitants, étude de leur caractère et de leurs mœurs, efforts pour se les concilier et les faire caopérer à la grande œuvre entreprise ; étude et mise en train de travauxgigantesques, qui vont bouleverser la vie économique du appel aux colons, qui viendront de France pour prendre leur pays partde ces travaux, développer le commerce et implanter l'industrie; formation d'officiers qu'on change en fonctionnaires et à qui plus de pouvoirs confiésn'imposeront que plus de services à rendre; création desservices d'hygiène et d'éducation, qui préparent des hommes plus robustes et des ouvriers plus habiles et, pendant ce temps-là, intervention constante en faveur de la colonie auprès des puissants du jour, auprès des capitalistes, pour en obtenir de l'argent, auprès de la Guerre et de la Marine, pour leur arracher des hommes, desarmesdes travaux, la sécuritéde l'Ile tout cela.

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ravail surhumain, qui éprouve etbrise le moral et le physique, a eu Mené par un cerveau qui prévoit tout, une constance que ileti ne ecourage ni ne rebute, qui lutte contre tout, contre les hommes InJuLes et contre la nature marâtre terre infertile, climat insa51e, population rare ou paresseuse, éléments hostiles, et aboutit à un résultat d'ensemble, qui commande l'estime et

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appellel'admiration.

Non pas l'œuvresoit encore parfaite. La volonté la plus forte que IIa

pu briser tous les obstacles. Les plans les plus ingénieux n'ont P'1 prévenir tous les mais le général Gallieni, engagé suiaccrocs une conception donnée — et que, pour notre part, nous avons parfois combattue — a montré une ampleur de vues, un souci du (etall, une puissance dans l'exécution, une résistance aux forces j ad a Vel' ei>S('si fi 'e enfin, confiance ddans lle succès final1 qui impose ett qui une P lame. Et l' UnionColoniale croit s'honorer elle-même endécerd'or à un homme à qui rienn'a manqué que la C*(\niP1'i*ci*té de la nature, pour emporter de haute lutte le plein qui, le jour — pas encore tout proche — où il quittera l' champ deet bataille, trouvera, en débarquant en France, l'accueil enthousiate du parti colonial tout entier. généralLyauley. Après le chef, le lieutenant: après le — n:l'al 0' Gallieni, colonel Lyautey. Il faudrait dire aujourd'hui le b(-neial, ?UVClons car le colonel a reçu les étoiles. Mais le général, nous le plus tard : il est actuellement dans le Stid-Algérieti, sUr lrontière du Maroc. Il travail l à la grand denotre pays eur e y -uccès ses entreprises prochaines. Et il y travaille suivant la ethode qui a fait le succès et le renom de ce coionelLyautey, à Iuj nous faut revenir. d'ailleurs, presque rien à en dire que vous ne sachiez (léjà- vous l'avez, presque tous, entendu ici, quand il a fait parmi s cette merveilleuse conférence le «Rôle colonial de l'armée», Us tard transformée en un articlesur de la Revue des Deux-Mondes et en unebrochure retentissante. Vous l'avez encore entendu quand exposé, par la parole et par la plume, son œuvre si curieuse iAprès le Sud de Madagascar. lui, de lui, je n'ai plus ricll it vous dire. Vous avez, comme nou^°USll(>^onu l Lapériode de laque ques-unes de ses idées favorites. "tratiOn,afin(Iule conquête doit être liée à la période de l'admiadmIlllstl'alenl' l'officier dutemps de laconquête, s'il sait qu'il du temps de paix, ménage son domaine de

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L'administration d'une possession neuve doit reposer sur la connaissance intime des diverses populations qui l'habitent.Lerégime de la métropole ne saurait convenir à la possession: et, dans une même possession, des populations et des régions différentes exigent des procédés différentsde gouvernement et d'administration. Je m'en tiens à ces deux maximes que j'ai choisies entre vingt. Ce sont ces maximes appliquées par le colonel Lyautey, qui ont donné en Indo-Chine et à Madagascar les résultats que vous savez et ont valu à notre lauréat d'être appelé par le gouverneur général de l'Algérie, M.Jonnart, pour le plus grand bien de la France, à opérer sur la frontière du Maroc. En attendant qu'il y remporte de nouveaux succès,l'Union Coloniale a cru qui lui importait de décerner une médaille à l'auteur du « Rôle colonial de l'armée et à l'organisateur du Sud de Madagascar. L'assistance médicale et Vhygiène]Ml>U<[iie à Madagascar. Beaucoup de nos colonies sont dépeuplées. L'Afrique, jadis réservoir d'hommes, en est à peu vide aujourd'hui. L'indo-Chine ne nourrit pas la moitié de ce qu'elle pourrait. La guerre est un des principaux facteurs de cette absence de population. La nourriture médiocre, l'hygiène insuffisante, et la maladie en sont les autres causes. Nousallons, par un régime de paix etde travail, rendre àces pays l'abondance. Mais ce n'est pas assez nous avons le devoir de les protéger dans leur santé. De là, l'organisation, presque partout, des écoles de médecine et des œuvres d'assistance médicale et d'hygiène. Nulle part, cela n'a été mieux fait, avec plus d'ampleur et d'esprit de suite qu'àMadagascar. C'est qu'ici l'intérêt politique et humanitaire de cette lutte se double d'un intérêt économique pressant. Le grand obstacle à la mise en valeur de l'Ile, c'est la disproportion entre l'étendue de son territoire, grand à lui seul comme la France, la Belgique et la Hollande réunies et le nombre de ses habitants à peine deux millions et demi. Aussi, dès le premier jour, le général Gallieni a-t-il porté tous ses efforts vers l'organisation d'un service d'assistance médicale et d'hygiène publiques indigènes. Il s'agit d'arriver d'abord à guérir hommes et femmes desmaladies invétérées qui s'opposent à la conception ou qui rendent fatalement les grossesses infructueuses;ensuite, de faire vivre les enfants. conçus et nés; enfin de délivrer la population de certains fléaux, comme la variole, qui engendrent mille maux, dont le pire est la cécité. Un des premiers actes du général a été la création, par un arrêté

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u 2 décembre 1896, d'une école de médecine et d'un hôpital indi-

genes. Cet arrêté a été suivi de toute une série de mesures, inspires de la même pensée et tendant au même but. 16 février 1897. Circulaire prescrivant à tous les médecins du — corps d'occupation de distribuer gratuitement à tous les indigènes des soins et des médicaments et de procéder à des vaccinations. -15 Uln1898. Instructions relatives aux mesures à prendre pour aVoriser l'accroissement la population de l'Imerina. ^fVri'l1899.—Arrêté de l'assistance médicale indigène. organisant maii1899. Création de l'Institut Pasteur, vaccinogène et antiTananarive.

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indigènes — Arrêté créant un corps de médecins

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Fondation du parc vaccinogène de Diego-Suarez. 1901 et 13 juillet 1903. Réorganisation définitive de j'asgSiiotance — médicale et création des budgets autonomes. JUIllet 1903. Création d'un corps de sages-femmes de l'assistasemédicale. — '- Peomme 611 le voit, pas un seul jour, la pensée initiale n'a été Perdle de Vue' et c'estainsi que, d'étape en étape, on est arrivéà gamsabon actuelle. Cette organisation, placée sous la haute directiontechnique du chefde tatifi santé de Madagascar, assisté d'un Comité central consula Pourbase l'Ecole de médecine de Tananarive. Cette école viSe^°lmer desmédecins et des sages-femmesindigènes. Les dUlants des deux sexes entrent à l'Ecole après concours. La durée des est de cinq ans pour les étudiants en médecine, de trois tms Pour les élèves sages-femmes. lI1 un concours est ouvert pour l'obtention du titre de médeciJn1 Lesns coomsabon et de sage-femme del'assistancemédicale. L-Ecole les autres prennent l'engagement de servir cinq ans. est placée sous la direction d'un médecin militaire ayant au le grade de médecin-major dudirîeur 2e classe et sous le contrôle de l'assistance médicale. sa création, l'Ecole sage-femme. délivré 112 diplômes de médecin a Lesétablissementsdel'assistance

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L'institut Pasteur de Tananarive et le parc vaccinogène de

Diego-Suarez 3° Les hôpitaux et dispensaires de l'assistance médicale. Toutes les provinces du plateau central sont pourvues d'hôpitaux, de dispensaires et de léproseries. Au total, pour le plateau central, 22 hôpitaux, 28 dispensaires, 5 léproseries, plus une maternité à Tananarive, sous la direction du docteur Vilette, médecin de 2e classe. Les médecins de colonisation assurent le service des hôpitaux et des différentes formations sanitaires dans les provinces, font des tournées dans les villages, pratiquent des vaccinations, donnent des conseils et des consultations gratuites aux habitants et vulgarisent les principes généraux de l'hygiène. Dans chaque province également, un certain nombre de sagesfemmes diplômées sont chargées, sous la surveillance des médecins de colonisation, de donner des soins aux femmes enceintes et de les accoucher. Un médecin des troupes coloniales inspecteur de l'assistance médicale, est chargé de la direction de tous les services médicaux et hygiéniques de la province, celui-ci assisté d'une commission régionale composée de fonctionnaires européens et indigènes, du médecin inspecteur, de médecins indigènes et de notablesindigènes. Chaque province a son budget de l'assistance médicale alimenté par une taxe spéciale. Les hôpitaux représentent un total de 1.220 lits. Les léproseries peuvent recevoir 2.040 lépreux. Les statistiques de 1902 accusent les chiffres suivants

hùpitaux. léproseries.

Malades reçus dans les Malades dans les Nombre des consultations gratuites Nombre des vaccinat

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9.934 2.040 709.485 98.232

Le budget des dépenses de toutes les provinces atteint en 191)2 le chiffre de 945.116 francs. Le résultat de cet effort a été une augmentation très sensible des naissances et diminution notable des décès, et cela malgrédes épidémies meurtrières de grippe et de paludisme. La variole a à peu près complètement disparu du plateau central. Les provinces de la côte n'ont pas encore une organisation aussi complète et aussi régulière. L'assistance médicale utilise les formations sanitaires du service colonial, dans lesquelles des salles spé-


laes sont réservées

malades indigènes. En 1902,1.200 malades aux Ileté hospitalisés; plus de 40.000 consultations gratuites ont été données, 52.000 vaccinations ont été pratiquées; la dépense a été de 94. 00 francs, soit 1.039.116 francs pour la dépense totale de l'assisce 'do dans la colonie. etteorganisation,dont nous venons d'indiquer lesgrandeslignes, nVIent de rattacher: 1.dl La diffusionde petites brochures en malgacheindiquant aux indigènes n Igè - ^6S l dangers des différentes maladies, les moyens de les év^'ter, les règles de l'hygiène infantile, etc. La Société d'assistance des métis, subventionnée par la colonie et dont l'un des buts principaux est d'assurer à ces enfantsdes soins m'i^aux de maladie; cas d}o Les visant spécialement la repopulation (exemption Mesures dIPO.t,s aux pères de cinq enfants et de service militaire aux pères de arnlle; impôt sur les célibataires institution d'une fête annuelle des enfants); des contre l'alcoolisme (réglementation etlimitation du commrcelalutte tuberculose et spiritueux), contre le paludisme, leg Inladies des voies respiratoires, la syphilis, la variole et la lèpre. organisation, dans son ensemble, nous a paru mériter l'attention de notre Association. Nous luiavons décerné une médaille el'hous décernons pour la première fois et que nous avons créée 0nneur de notre premier président, M. Mercet. Il nous a paru qUe 1 lîledaille destinée à récompenser cette œuvre essentiellement paalne et pratique devait être placée plus particulièrement sous le Patronagedel'homme l'esprit si raisonnable sensible à et cœur qui a, urant dix années, dirigé notre conduite. Et désormais, quand CacalOn S'en rencontrera, c'est toujours à des œuvres ayant ce Caract,re ou de générosité que nous réserverons la médaille

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medalle, nous n'avons pu l'accorder à un homme, Depuis es.homines qui auraient pu la mériter ont été trop nombreux. Les dUiectèurs du service de santé, depuis 1896, ont été les docleurSClavel, Lidin,VaysseetClarac. Et les directeurs de l'École deluédecine docteursMestaver,Rousselot-Bénaud, 189(5

: "Irdraii,Lévrier.

Ne POUvantni voulant faire l'enle des ne un

Chauveau,

choix, nous l'avons donnée à Gallxeplaire œuvres médicales de Madagascar, sauf à en délivrer à chacun des services pour lesquels le général lnihateur responsable de toute cette organisation, voudra bien nous le réclamer

Grall-


Avis. -Notis prions instammenttous nos collègues de vouloirbien ne pas omettre de nous indiquer, cas échéant,leurschangements d'adresse; le service de la Revue devient forcément irrégulier, sinon impossible, quand nous ignorons l'adresse exacte à laquelle nous devons le faire,etdonne lieu à des réclamations qui sont peu justifiées. Nous serions particulièrement reconnaissants à nos collègues de Madagascar, qui rentrent en France ou qui retournent dans la Colonie, après avoir passé quelque temps dans la métropole, detenir compte de notice prière. Le prochain Sakafo aura lieu le premier mercredi de mai.

le

OFFRES ET DEMANDES Jeune homme, excellentes références, connaissant la comptabilité, 25 ans, serait désireux d'être engagé dans une exploitation agricole ou industrielle à Madagascar. Ecrire à M. Paul Pichereau, 8, rue Nicolle, Paris. 18°Commerçant techno-chimique, ancien industriel de la branche textile, acheteur de laine brute au Caucase, connaissant le français, l'allemand, le russe, le polonais et un peu l'anglais, possédant un petit capital, demande emploi à Madagascar comme agent commercial, représentant, etc. Ecrire à M. Louis A. Tyc, n° 25 Krakowska, à Gestochowa (Pologne russe). 19° Homme marié, 42 ans, ayant fait 4 ans service comme marin de l'État, possédant aptitudes pour gérer exploitations forestières et scieries à vapeur pour le débit des bois, ameublement, charpenté, menuiserie, etc., désirerait trouver emploi à Madagascar. S'adresser au 20° Agriculteur, 31 ans, 3 diplômes agricoles (agriculture, laiterie, aviculture), excellentes références, ayant occupé emploi chef de culture à Madagascar (côte Ouest) demande emploi analogue de surveillant aux colonies, de préférence à Madagascar. S'adresser à M. Alphonse Massin, à Fayl-Billot (Haute-Marne). 17°

Comité.


BIBLIOGRAPHIE

REVUES

p1 • Gaussèque). * (Décembre 1903 — Mars 1904)

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-

BUlletin trimestriel de l'Académie malgache. — 2e trimestre 11903* SoMmaire : Règle de l'apostrophe et du trait-d'union (par ] e

Mission Extrême Orient (compte rendu de la partie philoloen gigue, ethnographique et historique par M. A. Jully). -- De l'étymologie du mot mbay (lettre de M. Bénévent; Raybaud)- — Le voyage de Tananarive en 1817. (ManusJames Hastie, traduit et annoté par MM. Sibree et A. Jully). ouyeau dictionnaire malgache-français (suite) par lé P. Callet (a (oiivrage

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inachevé). récitdu

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ea Unintérêt rétrospectif

voyage accompli en 1817parJamesHastie, Tananarive, 1 esent des plus grands, les documents ,e,.r\ellr® à 1820 étant fort rares. Le manuscrit en a été offert à l'Académie parMM.Dupont et Baron. ous rappelons que leBulletinde l'Académie malgache est en nos bureaux, où l'on peut également s'abonner à toutes les PUbheations. éditées par le Gouvernement général de la Colonie. économique. Les 4e trimestre 1903. — Sommaire fol'êtsdeMadagascar. — II. Traitement de la rage chez les herbiAhatote Exportations de Madagascardans le Sud-Africain. -,-le sur traitement A.m] au sluice des alluvions aurifères à à caoutchouc.—VI. Lecommerce des es paIlles chap chapeaux Madagascar. VII. VII.Le Lecommerce commerce du Z] dans ^u-ri eaux Madagascar. province de l'Imerina centrale. VIII. La distilla— Paifuntis à Madagascar. IX. L'industrie aurifère. X — sur le climat de Diego-Suarez, etc. Revue Qevue d 't es troupes coloniales. Les numéros de novembbre et , de aetcelTlbje — contiennent la suite de lathèse de M. le commissaire destroupescoloniales Fernand Sabathier sur « Le problème de la

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main-d'œuvre à Madagascar », dont nous avons précédemment entretenu nos lecteurs. Bulletin de la Société de Géographie du Havre. — 2e, 3e et reproduction 4etrimestres. — « La colonisation à Madagascar d'une note très intéressante du général Gallieni sur l'Ile entière. Bulletin de la Société de Géographie de Marseille. — 3e trimestre. — « Notes sur Majunga », avec un plan de la ville, par M. Pierre Carré, commissaire aux Messageries maritimes. Journal des Savants.—Décembre.—«Madagascar XVIe siècle», par H. Froidevaux. Etude critique sur la publication de la Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar, entreprise par le Comité. Revue politique et parlementaire. — 10 décembre. — « Questions de politique indigène », par M. Ch. Depincé. L'auteur prouve qu'à Madagascar, comme en Algérie et en Indo-Chine, l'idée directrice des dernières réglementations est non pas d'assimilerles populations indigènes, mais de les rapprocher plus intimement de la famille française et de les élever jusqu'à elle, et à Madagascar principalement, de restaurer la politique des races et faire pénétrer dans les institutions administratives l'esprit du protectorat. Journal Asiatique. — Décembre. — « L'élément Arabe et Souahili en malgache ancien et moderne », par M. Gabriel Ferrand. Copieuse et savante étude de notre excellent collaborateur. Armée et Marine. — 13 décembre. — « Le chemin de fer de Madagascar », compte rendu illustré (5 belles photographies des travaux) relatant la visite faite le22 octobre par le général Gallieni aux chantiers de construction et tout spécialement l'inauguration du tunnel de Vongo-Vongo. Armes et Sports. — 31 décembre. — « Les courses hippiques à (6 photographies). Madagascar La Dépêche coloniale illustrée. — 31 décembre. — « L'assistance médicale et l'hygiène publique indigènes à Madagascar par Ch. Jamin. La série si intéressante des numéros que la Dépêchecoloniale illustrée a consacré en 1903 à Madagascar s'est enrichie en fin d'année d'une très attrayante étude sur l'assistance médicale, artistiquement éditée et ornée d'un nombre considérable de fort jolies photographies et de portraits des administrateurs ou des officiers du corps de santé, organisateurs de cet important service.

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\a^r'CU'*Ure pratique des chauds. — Décemhre. — « Les pays du cacaoyerJJ, par M. Deslandes, sous-inspecteurd'agriculture

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aMadagascar.

Jo,,rnaid'agriculture tropicale. f fruUltieis

— 'M décembre. — « Arbres et plantes potagères à Madagascar par M. Désiré Bois. A t'oposd'un article de M. Prudhomme paru dans le Bulletin éco-

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quÇdeMadagascar.

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parM. Deslandes. Ses '[uallles — (( Le café Libéria à Madagascar intrinsèques, moyens augmenter les profits. d'J^La France de demain. Décembre et janvier. — « Création d' colonie

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Madagascar », intéressant récit, très documenté, des Stations françaises au XVIIe siècle. mois colonial et maritime. Productions minéralesdeMadagascar — Décembre. — « par Miguel Zerolo, ingénieur civil des à

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Mines. anvier.

-

S b t. Le commerce à Madagascar », par Raoul1 Sabattier, L^v,er. «Lesvoiesdecommunication à Madagascar », par amard. (2 photographies extraites de notre Revue). l,' S Lerégime des terres à Madagascar par Paul Deville, ([U' , du nspll'C, pour cette étude, du rapport du Secrétaire Général du pmile de Madagascar au Congrès colonial international. decueil de jurisprudence coloniale. — Iant,iei-. Cour d'appel (je anananve. Audience du8juillet 1903. Affaire Chantepie contre notanes Madagascar. Les lois de douane de la Métropole et — n°tam1Tlentlecode Ùé:rrn:U}gUées des douanes des 6-22août 1791 sont réputées avoir à Madagascar. Le fait d'introduire dans l'Ile, sans alat¡(:n en détail des marchandises inscrites d'u n rn au manifeste navIre, constitue une contravention qui peut être poursuivie I)Ierne en 1absence de constatation faite au moment du débarque—

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de Jurisprudence estime, au contraire, qu'aucun des actes leglslaLifs cités par l'arrêt ne promulgue à Madagascar le do douanes métropolitaines, et que la simple infraction COmmise aurait dû êtresupportée non par le destinataire desmarchandises mais par l'auteur présumé du débarquement. 2R l6r' Tribunal de 1re instance de Tananarive. Audience du 28 eP.em|lre 1903. Affaire Louveau contre Martin de FourchambaultLaiUcIe171 gascar du décret du 16juillet 1897, organisant à Madaleglmede propriété foncière, n'édicte de procédure à en cas de saisie immobilière ou d'expropriation forcée pour

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arriver à la vente des immeubles, qu'à l'égard des immeubles immatriculés qui ontété hypothéqués. Néanmoins ily a lieu d'admettre que mêmeprocédure doit être suivie pour arriver à la vente des mêmes immeubles non-hypothéqués, pourvu que le titre soit exécutoire. Le commandement de payer fait au débiteur, et dûment inscrit, en vertu de ce même article171, sur lesregistres de la conservation foncière avec mention sur le titre de l'immeuble immatriculé du débiteur, est opposable à un autre créancier dont le propre titre n'est inscrit qu'ultérieurement, lors même que l'immeuble immaculé n'aurait pas été hypothéqué au profit du premier créancier. Revue de l'Enseignement Colonial, publiée par la Mission laïque française. —Janvier-février (n°1).— Une école normale indigène l'école Le Myre deVilers », par J. et L. Lapassade, directeur et directrice de l'école. Étude très complète sur l'école normale indigène de Tananarive. Madagascar Illustré. — Février. — Cette nouvelle publication trimestrielle, luxueusement éditée par laDépêche deMadagascar, à Tamatave, contient une trèsintéressante étude sur Tamatave illustrée de très nombreuses photographies. Elle est en vente, à Paris, au bureau des publications de l'Office colonial, au prix

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«

de 0 fr. 75. Le prochain numéro, annoncé pour le mois de mai, sera consacré à Tananarive. A travers le

monde. ;— 28 février.— « Une promenade à Tananarive», par Mortagne (4 photographies). La Vie Coloniale. — Février et mars. — « La vie, les aventures, l'œuvre coloniale du général Gallieni », par Henri Cyral. Récit anecdotique de la carrièremilitaire et administrative du

J.

Gouverneur général de Madagascar. pratiques sur Madagascar avec des illustrations. « Notes Revue Générale des Colonies. —Mars. — « Silhouettes coloniales : Gallieni )), par Cette nouvelle revue coloniale publie, depuis sa fondation, d'intéressants articles signés de noms connus et estimés. Dans son numéro de mars, elle consacre au général Gallieni, dont elle donne le portrait, une notice biographique et critique qu'on lira avec plaisir.

»,

Mousmé.

-:

Lesecrétaire général du Comité de Madagascar DIRECTEUR-GÉRANT C. DELHORBE


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