A travers le monde - 1898

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A travers le monde (Paris. 1895)

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A travers le monde (Paris. 1895). 1898. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : - des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. - des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisationcommerciale@bnf.fr.


TRAVERS LE MONDE


LEVALLOIS-PERRET IMPRIMERIE CRÉTÉ DE L'ARBRE 1

55,rueFromont,55.


NOUVELLE SÉRIE

4' ANNÉE

A

TRAVERS LE MONDE AUX

PAYS INCONNUS.

PROFILS DE VOYAGEURS.

MISSIONS POLITIQUES ET MILITAIRES.

DANS LE MONDE DU TRAVAIL.

LA LUTTE ÉCONOMIQUE.

GRANDES COURSES DE TERRE ET DE MER LA FRANCE AU DEHORS

PARMI LES RACES HUMAINES.

EXCURSIONS.

CONSEILS AUX VOYAGEURS.

A TRAVERS LA NATURE

QUESTIONS DIPLOMATIQUES ET POLITIQUES.

LIVRES ET CARTES

BILAN DES EXPLORATIONS EN COURS, ETC.

Lsloar-du-~Yotode" 'Aete-~ORde.-b&r-EdocfdrdCbdrîoa' ~eo.1860~

PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET C" 79, BOULEVARD SAINT-GERMAtN, 79 LONDHES. 18, K/~C Wf~MM .S7'HEEr, ~7'R~JVn

1898

DWWd.

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.d.-pd..C. 6-


Les Jardins d'Essai Coloniaux1 Après avoir passé en ro'e les nn'MM ~t<don'eM~ conduire à la <-n~OH des ~rdiHS d'essai co/OKMt~J'~M<eMr,Af. D~'&OM~ s'est attaché à montrer, dans ce troisième f!c/p,~«c//e a!'6fe~!<MM?~e la co<<7H!M/o?: Ha~Mn/e de nos possessions d'0!<<re-mer~eM< tirer de leur &o?!ne or~n.M<!OH.

Qi les jardins d'essai peuvent rendre déjà de signalés

services en démontrant pratiquement la possibilité de faire telle ou telle culture en même temps qu'en indiquant d'une façon précise quels sont les rendements qu'on est en droit d'en espérer, leur rôle, ce-

pendant, ne doit pas se borner à cela seulement. H faut encore que des expériences y soient entreprises en vue de sélectionner les espèces et de créer des races

lo-

cales, soit donnant des rendements plus élevés ou des produits de qualité meilleure, soit offrant une résistance plus grande aux maladies qui peuvent les atteindre. H en résultera un ensemble d'indications dont profitera grandement !a culture. Là encore, prenons

de la betterave est venue réduire à néant l'exploitation de la canne? C'est alors surtout, que, par des méthodes de sélection, on est arrivé à faire donner à la racine sucrière près de deux fois ce qu'elle fournissait au début. En même temps, les procédés de culture se sont

tellement perfectionnés que la production du sucre européen, aidée encore par des droits protecteurs, a pu, d'un seul coup, prendre la place prépondérante qu'elle occupe encore aujourd'hui. Et que faisait-on pendant ce temps dans nos colonies pour supporter la lutte et essayer de triompher de la concurrence ? Rien ou à peu près rien On

a bien expérimenté l'appli-

cation de quelques engrais qui ont redonné à )a canne un peu de vigueur, mais la plante elle-même est restée un exemple telle qu'elle était au début, On sait quelle crise c'est-à-dire mettant toujours pénible subit, en ce moment, le même temps à donner les la culture de )a canne à sumêmes rendements. Si )a cre. Les grandes quantités culture a pu bénéficier, grâce de sucre produites par la aux engrais, de rendements betterave sont venues exerplus élevés, l'industrie est cer une concurrence telle restée en présence de proP/tO<o~'t!)tedc.M./fdoc<i;)tt'~L!c~)t.<. sur la culture de la canne, duits à traiter dont la rique des colonies entières chesse en sucre était sensiblement la même que par le ont dû, presque complètement, renoncer à l'exploitapasse. tion de la plante qui, à elle seule cependant, durant une longue période et encore il y a de cela peu d'anQue si, au contraire, on eût appliqué à la canne nées, assurait leur prospérité et leur richesse. les mêmes méthodes de sélection qui ont présidé à la formation des variétés de betteraves améliorées, il ne Mais quel est le moment où cette concurrence faut pas douter qu'avec des races à plus grande richesse saccharine elle se fut mieux défendue contre la ). Voir les numéros 39 et .16, des 23 septembre et )3 novembre [89~, p. 3o5 et 36t. concurrence qui lui était faite. ~janvier <8q8. N« i. A TRAVERS LE MONDE. LIV.

a; ,1:


Le de~ré de perfectionnement que l'on peut atteindre en appliquant à la culture des plantes tropi-

cales des méthodes raisonnécs d'amélioration, nous est donné par les résultats qui ont été obtenus aux Indes néerlandaises pour la production du quinquina. Le fait est intéressant à rappeler. Il y a de cela une trentaine d'années, la majeure partie du quinquina importé en Europe provenait des forêts de l'Amérique du Sud. Actuellement, l'importation de ces régions s'est singulièrement réduite. La raison n'en est pas dans ce que la consommation ait diminué; bien au contraire, elle est plus importante que jamais. Le marché est donc resté le même, mais il s'est déplacé. En effet, on a entrepris aux Indes néerlandaises, et particulièrement au Jardin de Huitenzorg-, des expériences d'amélioration qui ont donne les résultats les plus re-

marquables. C'est ainsi que, tandis que tes anciennes écorees de quinquina sauvage ne donnent pas plus de 10 à 12 pour mille de quinine extractibles, les variétés perfectionnées donnent fréquemment plus de cent grammes de quinine par kilogramme d'écorce. Tel est le remarquable résultat auquel ont conduit les expériences méthodiquement suivies. Eh bien ce qui a été obtenu pour le quinquina peut être renouvelé pour toutes nos plantes colo-

niales, pour

le thé, le café,

)e

ses plantations. C'est là la première chose à faire. Avant même de songer à construire sa paillotte, il lui faut déjà choisir son coin et, dès le premier jour, semer les graines dont il dispose. Ces quelques jours d'avance représenteront parfois une année gagnée. C'est énorme. H me souvient combien nous nous sommes bien trouvés, dans le haut Oubanghi et dans la Kémo, de procéder ainsi. Dès le premier jour, nous semions des radis et de la salade. Parfois nous avons transporté des plants repiqués dans une caisse qu'un noir portait sur la tête. Et pour peu que nous ayons eu deux ou trois semaines à rester en place, nous étions )ar~ement récompensés de nos efforts. Lorsque l'on vient pour coloniser, il est plus désirable encore de ne pas perdre un instant. Le succès en dépend. Si donc on est sûr de trouver, d'une part, tous les

renseignements nécessaires, de l'autre, des plants tout préparés et qui attendent, pour ainsi dire, le

colon, on peut désormais, sans la moindre inquiétude, partir pour une colonie qui possède d'aussi

puissants moyens de réussite. Si le colon trouve, en

arri-

vant, des plants nécessaires pour immédiatement occuper le sol qui est mis à sa disposition, c'est pour lui deux années de gagnées. Quelle somme énorme d'argent cela représente Je pourrais citer des colons qui ont du dépenser des dizaines de mille francs pour faire chercher dans des colonies voisines les plants qui leur étaient nécessaires, et ceux-ci, ayant subi un long transport, n'ont pu reprendre que dans une assez faible proportion.

coton, le caoutchouc, etc..Mais il ne faut pas perdre de vue que les variétés ainsi obtenues n'ont surtout de va)cur que dans le milieu même où elles ont été produites. Il y a là un fait très net d'adap<.nunnt;[<nn'uK'it:t~'Mtt.n:Hf~p. .\rjARnl;<n't:SA)t)ErmR[:ViLJE. tation. Aussi convient-il de reprendre des expériences parallèles sur ry;n<o~rj/'A;f.V.Dr/'f)))'.<t' chacun des points où la culture de telle ou tette plante est pratiquée. Et c'est la une Et puis, ne l'oublions pas, les plantes que l'on raison encore pour laquelle la multiplication des jardoit surtout cultiver au début, sont celles dont les dins coloniaux est indispensable. i-'our que cette insproduits sont d'un placement assuré, quelle qu'en soit titution rende tous les services qu'on est en droit l'origine telles sont )e café, te cacao, la vanille,etc.Or, d'en attendre, il faut au moins un jardin d'essai par s'il s'agit du café, du cacao, du poivre ou de tant colonie. d'autres plantes. on ne peut qu'au prix de très réelles difticultés se procurer le moyen de les propager, car I) nous reste encore à dire quelques mots du leurs graines perdent en quelques semaines leurs fatroisième point de vue auquel nous nous sommes cuttés ~'erminatives. S'agit-il de la vanille, c'est pis placés, c'est-à-dire de la propagation des variétés les meilleures et des espèces reconnues utiles et facileencore, car cette orchidée ne se propage que de bou. turcs. Et il en est ainsi de la plupart des plantes coment cultivables, ainsi que de leur distribution aux loniales. Où le colon ira-t-il chercher ces graines ou colons. ces boutures, qu'il ne peut apporter de France, si le La plus grande difficulté que rencontre le colon jardin d'essai ne peut lui en livrera Toutes les diffiqui se rend dans une de nos possessions d'outrecultés sont dans les débuts. C'est de ceux-ci cependant de la région équatorialc de est mer se procurer que dépend le succès de l'entreprise. les éléments nécessaires pour procéder sans reTous les efforts de ceux qui ont pour mission tard aux plantations. En admettant même qu'il ait acquis par des études spéciales lcs connaissances non seulement de faire venir des colons dans une cotonie plus ou moins lointaine, mais surtout de les y techniques et qu'il sache bien ce qu'il a a faire, ce faire réussir, doivent don cse porter vers ce point, le qu'il lui faut ce sont des plants ou tout au moins des plus important de tous faciliter les débuts. C'est pour graines pour procéder sans retard a l'organisation de


cela que les conseils et les encouragements doivent être prodig'ues, sous toutes les formes et le plus largement possible, au nouvel arrivant; c'est pour cela encore que ceux qui sont chargés de guider ces débuts doivent être bien renseignés par l'examen direct des faits, par tes observations de chaque jour, par l'expérimentation constante.

L'aide du gouvernement donnée aux nouveaux

colons doit donc se manifester de deux façons: d'abord donner tous les renseignements sur les cultures à faire, sur leurs exigences, sur leurs rendements; pris fournir des plants préparés en vue de plantations en

grand.

jardin d'Essai aura

prépare et précède les grandes modifications qu'il faut faire subir successivement aux méthodes cultuKUe

rates si on veut les tenir sans cesse au courant d'un mouvement général de pro-

grès.

Dans les colonies, où déjà la population européenne devient très dense,

où l'activité humaine se ma-

nifeste par un développement chaque jour plus grand de tous les arts et de toutes les industries, ce Jardin d'Essai peut cesser de livrer aux colons des plants d'arbres ordinaires, que des pépiniéristes produiront. 11 devra éviter de. leur faire concurrence et réservera alors son action pour la propagation des espèces nou-

donc pour fonction de produire chaque année une

velles ou rares, et plus particulièrement encore pour la création de variétés amé-

quantité de plants en rapport avec les demandes

liorées et la recherche des meilleures méthodes. II met-

Le

éventue))es,et ces plants seront cédés à un prix très bas.

tra les colons au courant de RAPHIA TfHntCERO (JARDIN DE HBXEY!L).E). ses recherches par la publiMieux vaut vendre à prix f/!0<o~'a/c.D~'nM'.t/ cation périodique d'un bulmodéré que de donner. On letin. attache plus d'importance à ce qu'il a fallu acquérir; Enfin, tes Jardins d'Essai peuvent encore rendre partant, il y a moins de gaspillage. de signalés services aux entreprises de colonisation en préparant, par une éducation spécialement donnée, un Ce système de la vente des plants est puivi au certain nombre de jeunes Jardin d'Essai de Tunis. H donne tes plus heureux régens qui peuvent être mis a sultats. Chaque année ce la disposition de ceux qui jardin produit plus de cent viennent s'établir dans le cinquante mille plants d'arpays. A chaque Jardin debres de toutes espèces, arvrait être attaché un cerbres fruitiers et arbres forestain nombre déjeunes gens, tiers. Actuellement, cette en qualité de stag'iaires. Préproduction énorme suffit à parés déjà par des études peine aux demandes. agronomiques suivies dans les écoles de la métropole, Elle a une influence ils auront vite fait de se très nette sur le développespécialiser et d'acquérir des ment des plantations, qui notions pratiques qui leur couvrent déjà des surfaces permettront de rendre bientrès grandes. tôt les plus grands services, A Tunis, les arbres lorsqu'ils seront attachés à sont vendus à un taux tellela direction de quelque ment faible, que celui-ci ne grande entreprise de coloreprésente qu'une partie innisation. fime du prix réel de revient. C'&st là un des modes d'enTel est, sommairecouragement les plus utiles ment énoncé et dans ses lidont puisse se servir un gougnes principales seulement, vernement. le programme qu'il serait, à LACAOYERS DE SIX ANS (JARDIN DE LUtREVILLL:). On peut poser en fait notre sens, si désirable 7'/to/~rj/Nc~.V.7~~n' d'appliquer à l'organisation que plus une région est près de tout un système de colonisation agricole. encore des origines de sa colonisation, plus les services que peut rendre un Jardin d'Essai sont consiGrâce aux e]ements qui existent déjà ou qu'il serait aisé de compléter, il serait facile d'organiser dérables. Atais son action reste durable cependant.


Jardin d'Essai dans chaque colonie. Le Muséum d'Histoire naturelle de

en peu de temps, au moins un

Paris, qui a déjà rendu les plus éminents services en envoyant des spécimens de plantes utiles dans nos diverses possessions d'outre-mer, fournirait aisément les éléments de début. On parle de la création d'un établissement qui relierait toutes nos possessions en envoyant de l'une dans l'autre les diverses plantes utiles. L'aide qu'une semblable institution pourrait accorder serait précieuse pour le développement rapide des Jardins d'Essai coloniaux. Par l'emploi simultané de tous ces moyens de propagation, on arriverait à doter rapidement chacune de nos colonies du plus puissant élément de succès qu'on puisse leur accorder. Dire à l'heure actuelle à un homme jeune actif, intelligent, ayant des capitaux: « allez cultiver aux colonies c'est le conduire presque inévitablement à la ruine. Et il en reviendra désillusionné, il dira son échec, et d'autres hésiteront à suivre cette voie, où lui, l'homme bien doué, n'a pas pu réussir. Lui donner ce conseil alors qu'il sera certain de trouver, dès son débarquement, toute t'aide matérielle nécessaire, c'est lui assurer le succès. Et ce qu'il aura fait, d'autres voudront l'entreprendre. Si tette est la situation, et nous avons essayé d'établir par les faits que nous avons pu citer qu'il a-t-on le droit d'hésiter un en est réellement ainsi instant ?

Les exemples matériels sont là qui montrent tout ce que l'on peut attendre d'une semblable organisation. L'extraordinaire développement qu'a pris notre agriculture continentale dans ces dernières années est dû surtout aux remarquables travaux d'hommes eminents dont s'honore la science agronomique française, et qui sont les Tisserand, tes Dcherain, les Schlesing, les Aimé Cirard, et tant d'autres encore. Du jour où, pour l'agriculture coloniale, on entrera résotùment dans cette même voie d'incessantes études et de sa-vantes recherches, du jour encore où des hommes d'une science profonde, comme ceux dont nous venons de citer le nom, voudront prendre cette nouvelle venue sous leur haut patronage, de ce jour-là cette agriculture nouvelle sera fondée. Elle le sera à la plus grande gloire de l'agronomie française, car si l'agriculture coloniale est celle qui a le moins de passé, il n'est pas téméraire de dire qu'elle est, par contre, celle qui a le plus d'avenir.

J.

DVBOWSKf.

Notes sur Mascate T~.

)e

capitaine Arthur Stiffe donne, dans lc (tco!~j~/</ca/ Journal de décembre, d'intéressants détails sur ,\iascate, la capita)e de l'Oman et la résidence d'un prince, qu'on appelle aujourd'hui sultan ou saïd, mais qui portait autrefois le titre d'iman. C'est un

IVi

centre de commerce ou mieux de transit très important, avantage qu'il doit à sa position à la pointe avancée de )'Arabie du côté de l'Inde et à t'entrée du golfe Persique. C'est un entrepôt naturel entre l'Inde l'Arabie et la Perse. Deux forts en ruine s'élèvent sur les hauteurs qui dominent t'anse de Mascate. Tous deux ont été bàtis par les Portugais en ~87 et i588 celui de l'est s'appelle Djalali, et celui de t'ouest~leraBi; dans ce dernier on trouve encore de très vieux canons, pour la plupart d'origine portugaise ou espagnole. La résidence actuelle du sultan rappettè également le séjour des Portugais. C'est un grand bâtiment à trois étages qui se trouve au centre de la ville, et qui renfermait autrefois, avec la résidence du gouverneur, une factorerie, une chapelle, des magasins et des casernes. Les Arabes lui donnent le nom d'E~-D~er~J, corruption d7~e:~ (église). Cette époque de l'occupation portugaise est la plus importante de l'histoire de Mascate; elle a duré cent quarante-trois ans, depuis t5o?, année de la conquête de la ville par Atbuquerquc, jusqu'à i65o. Les Portugais réussirent à s'y maintenir, malgré une révolte des Arabes en i522, et deux expéditions turques, qui reconquirent temporairement la ville en i55i et 1581. Ce fut la dernière place d'Arabie qui resta entre les mains des Portugais lorsqu'ils en furent dépossédés, en !65o, par trahison, nous dit-on, ils avaient depuis long-temps perdu Harmuz et ils venaient d'être dépouittés de l'Oman. Toute la garnison fut massacrée, l'exception des quelques soldats qui consentirentà se à

faire musulmans. Depuis lors, Mascate fut un instant possédée par les Persans, sous Xadir Chah (entre i~Sô et 1741). Ellc atteignit sa plus haute puissance sous le sultan Seid-Said, le conquérant de Zanzibar (1804-1856); mais depuis sa mort, ellc a décliné, ainsi que tout l'Oman, constitution par suite de guerres intestines, et de la de Zanzibar en un sultanat séparé. Actuellement, Mascate est sous le protectorat de la Grande-Bretagne, qui y est représentée par un agent politique. Comme nous l'avons dit, Mascate est surtout un anglais, et port de transit. Quelques commerçants beaucoup d'Hindous y sont établis. Elle n'a guère d'autre production que la pâte de halvah, et c'est dans dattes renommées son port que sont embarquées les dé la fertile région de Batina. Le climat de Mascate est extrêmement chaud, même en hiver: it ne tombe de pluie et très peu que dans cette saison, car cette partie de la côte arabe est du sud-ouest, en dehors de l'influence de- la mousson déviée par le promontoire de Ras-el-Hadd. Parfois seulement la chaleur est tempérée par des vents du sud-est. Abd-er-Razzatf,qui écrivait en 1442, dit «qu'en fondait mai, la chateur était si intense que son épée dans son fourreau, comme de la cire ». C'est là, dit le capitaine Stiffe, une exagération qu'on peut presque pardonner, car cette ville est certainement l'une des plus chaudes de la terre.


L'Expédition et la mort de Bôttego DjM~ notre KMMero de juin 78f); c?: o~~?MH/ la Mor~ du capitaine Bo~e~o, nous ~-M!<;n/o?~ s'OH/)re-

m;e~-

ro~e à travers la ~M~!<e des Somalis, ainsi

~e les ~ne/'M

étapes de son deuxième ro~e si c~-He</ewe;~ terminé dans le bassin du Nil. Nous donnons ici le ~më de ce dernier t'o~e à dater du point oie les Hot<ye~/M de la ca/-a)'aKe s~/eH~ cessé d'a/ r)'yercH~K)-o~e. 7/HOM/a!~ remercier .V. raHHHtelli, l'un des S!~)'!faH~ du désastre, qui a bien voulu KO!M dOH?!er

les détails que

HO!M /:<!

deWMd/OM.

A partir d'Elmole, près de la rivière Daoua, affluent droit du fleuve Djouba, la mission Bôtte~o s'unit à une caravane de Somalis qui portaient des cargaisons de LEL'CITERKt. LEL'YAXXL'TELLI. toile, de laiton et de perles pour les échanger chez les Djam-Djams et d'autres Gallas contre de l'ivoire. A Salolé, Bôttego abandonna définitivement le cours du Daoua, qui l'aurait amené trop vite vers le Nord, dans le pays des Gallas-Aroussis, tandis que son objectif était de visiter la région des bassins intérieurs des lacs de l'Ethiopie méridionale et de contourner le plateau abyssin tout entier par le sud et par l'ouest. Il parcourut les pays des GaUas-Borans, laissant sur sa droite le village de Gomole, résidence d'un chef mystérieux qne les indigènes appellent Afelet. C'est dans ces parages que les explorateurs italiens reçurent les dçrnières nouveties d'Italie (mars 18~6). Leur grand voyage autour de l'Abyssinie méridionaie allait s'effectuer sans qu'ils se doutassent des désastres de leur patrie dans l'Abyssinie septentrionale. Les Borans qui peuplent la contrée, depuis )e Djouba jusqu'au lac Stéphanie, s'adonnent exclusivement à t'éievage. Assez pacifiques, ils se livrent rarement au pillage chez les tribus voisines. Les marchands passent sans grande difficulté sur leur territoire, et les blancs eux-mêmes y reçoivent bon accueil. La mission traversa la rivière Sagan, qu'on identifiait naguère avec f'Omo, et qui n'est qu'un tributaire du lac Stéphanie, comme l'a prouvé Donaldson Smith. Elle passa près du licu où l'infortuné prince Ruspoli avait été tué par un éléphant, à la fin de t'année i8~3. Pointant vers le Nord, elle atteignit le pays très montagneux des Djam-Djams, malgré les

braves Borans, qui la dissuadaient de passer chez ces indigènes nombreux et très hostiles aux étrangers. Les explorateurs escaladèrent la chaîne abrupte

qui sépare !e bassin du Gotana (tributaire du lac Paghadé), du bassin du Sagan et où ils constatèrent des altitudes de 3,6oo mètres. Ils découvrirent le vaste et pittoresque lac Paghadé, auquel ils donnèrent )e nom de « Reine Marguerite en l'honneur de leur souveraine. Le Paghadé, long d'environ i5o kilomètres, reflète dans 'ses eaux très limpides tout un archipel d'ilots habités et cultivés. Il est relié par un émissaire au petit lac Tchiamo, situé à quelques kilomètres au Sud, le même que Ruspoli appelait Abbaja et qu'il plaçait par erreur à .l'ouest du cours de

t'Omo. Les insulaires du Pag'hadé se montrèrent mal intentionnés ils attaquèrent même, avec soixante-dix pirog'ues, un canot désarmé de la mission, et )e petit détachement n'eut que )e temps de se jeter derrière un rocher pour s'abriter et attendre le secours. Au premier coup de fusil, les assaillants s'enfuirent précipitamment. fallut ensuite franchir la haute chaîne qui sépare les bassins intérieurs des deux lacs du cours de l'Omo, massif couvert de nuages et dominé par des cimes de ~ooo mètres. Après cette chaîne, Hôttego arriva sur les bords de t'Omo, qui cesse en ce point de couler du Nord au Sud pour prendre la direction du Sud-Ouest. Les abords de la rivière sont rendus extrêmement difficiles par la vég'étation dense, et la caravane dut s'ouvrir un sentier avec la hache. On se rappelle que le cours inconnu de l'Omo constituait une des dernières énigmes importantes de la géographie africaine. Certains explorateurs faisaient de ce cours d'eau un tributaire du Nit; d'autres le considéraient comme un affluent du Djouba, et, par conséquent, de l'océan Indien; d'autres, enfin, voyaient en lui un simple tributaire du lac Rodolphe ou BassoNarok, dont le bassin est' fermé. Ces derniers avaient raison, comme devait te prouver la mission Hottego. Ayant constaté le débouché de t'Omo dans le Rodolphe, Bôttego et son second, le lieutenant de vaisseau Vannutelli, poussèrent une pointe sur le lac Stéphanie, à travers un pays rempli d'éléphants, où ils firent des chasses merveitteuscs. Une caravane somati se trouvant sur le point de retourner à la côte, te docteur Sacchi, médecin de la mission, fut'chargé de revenir avec elle pour rapporter les collections et le chargement d'ivoire. Le 5 novembre 1896, la mission reprenait sa marche en longeant la rive occidentale du lac Rodolphe jusqu'à l'embouchure de la rivière Tirgot, juste au point où s'était arrêtée la mission Teleki, venant du Sud ([888). Hôttego dut revenir vers le Nord, parce que l'eau saumatre du fleuve et les chaleurs excessives de ces basses régions commençaient a endommager la caravane. Ensuite, on entreprit la marche vers le bassin du Nil, puisque le chef de la mission se proposait aussi de visiter tes régions inconnues de t'Abyssinie sud-occidentale, pays qu'il considérait comme placé dans la sphère d'influence italienne. On remonta d'abord un cours d'eau qui descend directement du Nord et auquel les officiers italiens donnèrent te nom de leur camarade Maurice Sacchi. Ce cours d'eau, très limpide, II


se perd dans des marais, près de la rive N.-O. du tac. Marchant vers )e X. X.-O., la mission parcourut les derniers contreforts méridionaux du Kan*a, fertiles en café. Puis, à Djaba, sous le 6" de~'re de latitude, une grande vallée s'ouvrit, descendant vers l'Ouest c'était celle de FAcobo, afnuent gauche du Sobat. Cette vallée est très peu habitée et n'a pour toute végétation que quelques tamariniers. Kn revanche, elle est couverte d'herbes très hautes et très épaisses. Dans le méridien, elle se couvre pays des Yambos, sous )e cependant de plantations tabac, )c~umes, riz.

La mission traversa ensuite l'Oupeno, lc plus mportant des cours d'eau qui forment le Sobat en ce point, il mesurait .tco mètres de largeur, pendant )'èDa~'e. Ki)e remonta

'Oupeno

jusqu'à

Gambeia, sur

la

rive droite, parsemée de gracieux d viDa~'es, au pied des monts. Car la montagne allait recommencer, à mesure qu'on reprendrait la marche vers

]cNord. de

Hôttes'o,avant pénétrer dans la

reg'ion tourmentée

des Oua))e~as, envoya une lettre au

Dedjiasmac abyssin de Lega, qui auto-

risa le

passag'e. l'uisiiserendità à

beaucoup approché. Voyant cela, Hôttego s'élança en avant. Au même instant, il reçut deux balles, l'une à la tempe gauche, l'autre en pleine poitrine. II tomba raide mort. Ainsi finit en lion, comme disaient nos indigènes, notre bon capitaine. I~ous ne dûmes le salut qu'à la retraite dans un ravin où l'ennemi ne nous poursuivit pas, trop occupé qu'il était à se disputer nos

bagages. »

Le combat avait été si meurtrier que, de quatrevingts Ascari, il n'en resta que vingt. Les deux officiers survivants brûlèrent le drapeau italien qui allait être pris et furent faits prisonniers par )e Dedjiasmac.

Alors commença pour eux une série de fatigues et de longues souffrances. Enfin le 6 juin, un envoyé du négus Ménélik vint les

chercher a\'cc

des chevaux. Ils avaient subi quatrevingt-un jours de captivité. Après avoir contourné les sources du Yabus, ils

gagnèrent la Didessa, chevauchant

toujours directe-

ment verst'Kst, vers Addis-Ababa, où le négus leur apprit qu'il n'avait été pour rien dans l'événement. De là ils gagnèrent Aden et l'Italie.

Nous don-

nons ci-contre les portraits des deux du Dedjiasmac, survivants dont l'héprès de (jobo.Lc [f'~larst!!t~,i)etaroïque conduite ne 1b)it son camp sur s'est pas départie un CARTE DE LA SECONDE EXt'LhtTtOX UU1TH.O. instant. Le lieuteune hauteur pour éviter les curieux qui ne manqueraient pas d'essayer nant de vaisseau Vannutelli est né à Rome, le 2-~ juin dcs vols. 18~1. H a suivi pendant cinq ans les cours de l'Académie navale de Livourne, d'où il est sorti garde-marine Le chef g'aDa reçut très aimablement les offien juillet t8(,o. Comme sous-lieutenant de vaisseau, ciers italiens, mais dans l'intention de les attirer dans il passa quelque temps sur les côtes d'Afrique, a un pièg'e et de les piller. Hôtte~'o s'aperçut de ces bord du stationnaire de Massaouah. H profita même stratag'èmes et se tint sur ses gardes, je citerai texde ses loisirs devant cette région pour faire quelques tuellement ce que m'écrit )e lieutenant de vaisseau excursions dans le Tigré et dans le Harl<a. C'est sur Pendant la nuit du 16 .Mars, la hauteur \'annutci)i sa demande que Hôttego se l'adjoignit en i8<p. Il a sur laquelle nous étions campés fut cernée. Après été nommé lieutenant de vaisseau en i8< Le lieuteavoir vei))é sans discontinuer, de manière à être prêts nant Charles Citerni, du ~c régiment d'infanterie, est à tout événement, nous envoyâmes, à l'aube, des parlené à Scarlino le 3 août f8~-4. Sorti de l'Ecole militaire mentaires pour tenter de nous tirer d'affaire pacitide Modëne, en juillet 189.3, il fut demande par Bôtteg'o quement. Alais tout fut inutilc.lors, voyant que la lui-même. seule issue était le combat, nous rassembtames nos /l~c~r; et déctarames que quiconque d'entre eux voulait Le récit détaillé de cet important voyage, où les découvertes géographiques ne manquent pas plus que passer à l'cnnemi était libre de le faire. l'as un seul ne profita de cette permission. Nous ouvrîmes ensuite le les événements dramatiques, paraîtra prochainement Vannutelli feu. Le capitaine se tenait au centre, moi, a )a gauche, en un volume, sous la direction des officiers Citerni, à la droite. Au bout de quelques minutes, te et Citerni. capitaine me fit demander un fusil, parce que lc sien veU. MÉHIER DE MA'tnL'ISIErLX. nait d'être cassé. (ciui envoyai une nouveHe arme. Pendant ce temps, l'ennemi, infiniment nombreux et très avantageusement secondé par la position, s'était la résidence môme


attendant cette relation complète, il nous a paru utile de fournir quelques renseignements sur cette curiosité naturelle, d'après les notes que AI. Henri de Parville a publiées dans l'un des derniers numéros du C()/M~H/. .Mais en

Une ville bâtie en un mois La

96:) mètres d'attitude-, à mi-hauteur d'une vaste dépression, s'ouvre un trou béant. Accompagne de .M. A. Vire, du Muséum, AI. Martet s'est fait descendre dans ce trou un puits de 40 mètres de profondeur. Tout au bas, le puits donne accès à une grotte jmmense. Cette g'rottc ovale mesure 5o mètres de )arg'eur sur ioo mètres de longueur. Au fond, aux reflets de la lumière électrique, on aperçoit un amoncellement de plus de 200 colonnes statag'mitiques, hautes de 3 a 3o mètres, une véritable foret de colonnes diamantécs. La fantastique beauté de cette partie de la caverne est indescriptible. Ni l'homme ni les cataclysmes naturc)s A

ville .de Skaguay, en Alaska

L fièvre de l'or suscitée par les mines du Kiondyke,

renouvelle les miracles qui transformèrent jadis les solitudes californiennes en un pays peuplé, prospère, où les villes surgissaient du sol comme des champignons. Mais on n'a rien vu de pareil à la fondation de la ville de Skaguay, sur la côte du Pacifiquc, qui sert de point de départ aux chercheurs d'or se rendant au Klondyke. Cette ville, née au mois de septembre dernier, compte déjà des milliers d'habitants, des rues larges et régulières qui se coupent à angle droit, comme toutes les rues américaines, et filent pendant des kilomètres, entre' deux rangées de maisons en bois. Au milieu de septembre, le nommé lien Moore avait loué un terrain où il élevait sa hutte, auprès de laquelle il construisait un petit magasin. Peu après, la banque de l'Alaska et North-West Trading Company,

ainsi qu'un certain nombre de tentes, se groupaient autour de ce noyau. Trois semaines plus tard, c'étaient des rues et des places, et toute une vi))e Skaguay est bâti sur une vaste plage que recouvre la haute mer. Les steamers n'y peuvent aborder les milliers de chercheurs d'or qui débarquent là doivent !e faire au moyen de bateaux plats ou même à dos d'homme. Chacun doit surveiller ses propres bagages, qui, à l'arrivée de chaque steamer, s'entassent sur le rivage en amoncellements confus. Mais, malgré le manque de police et l'affluence de toute l'écume sociale des deux mondes, on n'a pas entendu parler de vol manifeste chacun finit par retrouver son bien, dans l'effroyable promiscuité des hommes et des choses qui se remarque sur le débarcadère. Du reste, deux grands môles sont en construction, qui vont doter Skaguay d'un port en eau profonde. Ce qui manque encore à la ville et gêne son développement, c'est le bois de construction, qu'il faut faire venir de très loin et à grands frais.

n'ont brisé un seul de ces clochetons de cathédrale. Aucune grotte au monde ne possède sans doute pareiitc richesse. La plus haute stalag-mite connue, la Tour astronomique H de la caverne d'Ag'g'teIck (Hongrie; n'a que 20 mètres d'élévation. La grande stalagmite de l'aven de la Lozère en mesure 3o, et la voûte de la grotte monte à 6 mètres et 10 mètres plus haut. A l'extrémité nord-est de la grotte existe encore un puits vertical de 6 mètres de diamètre. M. Marte! y est également descendu le puits est bouché à 3- mètres de profondeur par un ébou)is de pierres. L'aven de la Lozère, que M. Marte) a baptisé « Aven Armand », en l'honneur du nom du contre-maitre qui n'a cessé de l'accompagner dans ses explorations, est l'un des plus profonds que l'on connaisse en France. I) est à plus de 200 mètres sous terre; celui de Rabane] près Gang'es (Hérauit), seul est à 212 mètres. M. Marte), au point de vue g'éo)og-ique, estime que )e g'ounre a servi d'exutoire à un ancien lac, comme les Katavotheras actuels des lacs Phonia, Stymphale, Copaïs, en Grèce. M. Marte) ne craint pas de qualifier le nouvel abime de véritable merveille, aussi bien au point de vue pittoresque qu'au point de vue g-éo)og'ique. Ce sera évidemment une grande richesse pour le pays, si l'on sait mettre cette belle caverne à la portée des touristes

/6'/n;)'<* le y'.UM~XL*,tu t.H.< .MM yj coH~tf/c ~'H.!jti\7);o.ot;)'Troisième cHition, revue et mise au courant par Albert Milhaud, ap-ré~e d'histoire. Paris, Alcan, )f~, )vo!.in-t:.

Alfred Deberle.

L'Aven Armand HJ

IVi

H.-A.

MARTEL,

l'explorateur bien connu

première édition de cette histoire,précieuse pour tous ceux qui s'occupent des jeunes républiques hispano-américaines ou qui ontanaire avec elles, datait de <)t;'6.EUeavait été accucillie avec heaucoup de faveur par le public. J\LA)hertA!iihaudacomp)Éte)atroisième édition, en y ajoutantun chapitre initial sur l'Amérique avant ('oiomh. une histoire des principaux événements qui se sont produits depuis vingt ans (guerre du Pacifique, révolution du ('hiii et du Brésil, criseeconomiquedei'Argentine)etennnune bibliographie sommaire, qui rendra de grands services aux chercheurs. Le succès est du cette oeuvre intéressante et utile. L A

des

grottes et des cavernes, l'inventeur, pourrait-on

dire, de cette science nouvelle qu'on a appelée la spé)eo)og'ie, donnera prochainement aux lecteurs du To!odit MoHL/c une description détai))ée, avec photographies à l'appui, de la découverte qu'il a faite, aux vacances dernières, d'un aven fort curieux du causse lléjean, dans la Lozère.


;t~r~ li~ ~R ~1 AUX :~OI~IS~ILS 7: 1; K~.

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Les Automobiles'f~M~; desMors. dont nous donnons ci-dessous T i- cription compictc.est d'un modctc récent. comme A

cette pièce F est en communication avec un pùle de la source d'électricité l'autre p~ie étant en communica. tion avec la masse de la machine. Une palette H fixée sur un axe D vient s'appuyer sur la pièce F. L'axe D, profonde a l'extérieur, porte en outre une palette C, sur laquelle agit une ti~e A soulevée tous les deux tours du moteur par une came 0 fixée sur un axe B, tournant a mi-vitesse de l'axe du moteur. On voit donc que chaque fois que l'explosion

mica

LA VOITURE MORS

la

voiture

E))e a

caractéristiques un moteur à quatre cylindres, l'allumage électrique et la transmission par courroies. Les quatre cylindres du moteur ~'oir la n~ure cicontre) sont inclinés à .).~ degrés deux par deux, deux pis-

Yt'EnELAVOtTt'RE.

devra être produite, la palette E sera écartée de F et une étincelle se produira en S, étincelle très chaude qui allume d'une manière certaine le mélange explosif. L'électricité est fournie a la mise en marche par un accumulateur placé dans la caisse avant de la voiture. Aussitôt le moteur en marche, on substitue, par le mouvement d'un commutateur, le courant d'une dynamo à celui des accumulateurs. Cette dynamo recharge en même temps l'accumulateur, qui se trouve de cette manière toujours en charge. Une circulationd'eau existe autour des fonds des cylindres, et des ailettes assurent le refroidissement des corps des cylindres. Les bielles et l'arbre ont leur ~raissa~e assuré par l'huile qui se trouve dans la capacité .M et dans laquelle ces pièces viennent tremper à chaque révolution. Le moteur de six chevaux ne pèse que 4~ kilos sans son votant. PautMEYAX.

A TiT

DH~SIXSnUMUTECR.

tons placés l'un en face de l'autre agissant sur une même maniveUe. et les deux autres sur une autre manivelle

ea)eeaiHu°dclapositionde)aprcce-

dente. On a ainsi un système parfaitement équilibre. L'allumage est fait au moyen de l'étincelle d'extra-courant de rupture et non pas par l'étincelle d'induction, ce qui permet l'emploi d'une canalisation électrique ne devant conduire que de l'électricité a basse tension et, par conséquent, d'un isolement facile. Dans le fond de chaque cylindre est disposée une pièce F isolée électriquement au moyen d'une feuille de t. Voir année

tf<pa~e~.<

PLASD'EXSEMM.EnELAVOITrRr.


Un

«

Lac Cratère

dans l'Orégon

appelle C;HS: les lacs ~<M dans les cratères deS 1'0/MM, 0!< dans des a~!WM d'O/HC )~/Ce!)!<C. On CH T0!'< beaucoup e?: Italie et dans /4?~<?'y'~Me Cc~a/e, pays oie les )'o/c~ sont encore CH jc//w7e. Il j;' c?! ut aussi e?! France, en /l//emct~'y:c, dans les /?:~p.; et ~aH.; les ~r~M ~K monde oit les )'o/ca~~ ont joué !<H /'o/e important L~7!s /tM~o/e de la géologie. Il H'CH existe ~!<<7: ctit.ï ~a~-fK~. ÛH

LElac Cratère des Etats-Unis est situe dans

le sud

de l'Orégon, au milieu de la chaîne des Cascades;

s'il doit s'attirer spécialement l'attention des géologues, par son caractère tout particulier, il semble fait aussi pour séduire les touristes et tous les admirateurs de la nature. D'après V.-(i.

Rickseeken. Dutton a découvert le premier les aspects les plus remarquables du lac, et cn a donne une excellente mais trop brève description. Enfin, sous l'inspiration des M Mazamas'), société

d'excursionnistess

montagnards de Portland, cnOrè-

gon, une étude plus

sérieuse du lac a L-

Stee),)e)acaétévu,

LeIacCratëre

pour la première fois, par un Euro-

estsitueà)fo)d)omètres environ des. stations d'Ashland, de ~ledford ou de

péen en i853. Les

premiers voyageurs qui-i'ont visité sont

(io)dHit),duchcmin

Lord jMaxwel) et ALHeunt)eyqui, avec le capitaine

de fer du Pacifique Sud, dans la vallée de la rivière Rogue. Cette vallée marque la limite entre les monts K)amathde

O.-C. Applegate et

trois autres explorateurs l'ont traversé en 1872. Ma-

)achaineCôtière,à à l'ouest, et la chaîne

dame F.-F. ~'ictor

l'a vu en 1873 et

des Cascades,

en

fait une brève description dans

chemin de fer au lac

son ouvrage tis A t-iseiz. Des membres du Levé g'éolog'ique

A

Coupe su'vant 6

CARTEDULACCRATLRE.

vinrent l'étudier en 1883, et après en avoir bien examiné le bord, il abattirent des troncs d'arbres qu'ils attachèrent avec des cordes, pour en faire un radeau, et naviguèrent sur ses eaux. En 1886, sous la direction du capitaine C.-E. Dutton, plusieurs sondages du lac furent faits par U.-G. Steel, et une carte topographique des environs fut dressée par Mark B. Kerr et Eugène LE MONDE.

à

l'est. Le trajet du

a

A TRAVERS

été faite.

2e

UV.

Cratèrepermetd'observer les traits les plus remarquablcs de ce grand amon-

ce))emcntde)aves.

La chaîne des Cascades, dans )e sud de l'Oregon. est un targ'e plateau irrégulier coupé A pic, surtout à l'Oucst, et surmonté de cônes volcaniques, g'cneralement unis, mais quelquefois inégaux et escarpés. Les cônes sont de dimensions très variables et disposés sans régularité. Chacun d'eux a été un volcan actif. Les fragments provenant d'une violente éruption janvier )R(/ ~o


près de l'orifice volcanique qui les a lancés et ont formé des cônes de cendres les coulées de lave descendant de leurs bases ont élevé le niveau se sont amassés

général du sol entre les cônes. La route Dead Indian, qui part d'Ashtand, traverse les montagnes à une altitude moyenne inférieure à i 5oo mètres. Htte passe à quelques milles du mont Pitt et borde le baie du Pélican du lac Ktamath, renommé pour ses pêcheries. Elle longe la base orientale de la chaîne, pendant 32 kilomètres, vers le nord, puis elle monte le long de la baie Anna jusqu'au bord du lac Cratère. Des stations de Medford ou de Gotd Hill, les routes, un peu plus courtes, passent par la vallée de la rivière Rogue. On y remarque des ptaines formées par une grande quantité de matières volcaniques qui ont comblé les vallées. A travers ces plaines, l'Anna et la

mètres~, avec sept aiguilles s'élevant à 2~00 mètres au-dessus. La crête est g-énératement praticable, et un homme peut la suivre à pied autour du lac, sauf en quelques endroits où des éboulements se sont produits. Sur beaucoup de points, le meilleur chemin est sur le côte intérieur de la crête. De cette route escarpée, on jouit de merveilleux points de vue, soit au nord-ouost du rocher Victor, soit sur les pentes des rochers Llao, Round Top, Kerr Notch et Eagle. On a achevé ainsi le tour du lac. Les traces de glaciation ne se remarquent que sur )e versant extérieur, mais elles s'étendent jusqu'au sommet les glaciers couverts de pierres qui ont strié les roches des sommets ont dû évidemment descendre de plus haut, et il est évident que les conditions topographiques actuellcs n'expliquent pas ce phénomène. La formation des glaciers demande une

certaine

au-dessus du niveau

Rogue se sont

des neiges, de façon

creusé des défilés

à ce que

très profonds. abandonne le grand chemin à 5 kilomètres du lac, la pente devient très rapide. En arrivant au sommet de la chaîne, on

pendant la période glaciaire, le lac Cra-

tère n'existait pas, et que son emplacement était occupé par une montagne offrant les conditions nécessaires pour la formation des s;)aciers. L'im-

aperçoit soudainelac dans

toute sa majes-

tueuse beauté. La vue embrasse, sur une distance de 3o

kilomètres,une ran-

gée de rochers s'é-

levant

à des

hau-

celles-ci

puissent s'accumuler descendre sous l'influence de la gravité, et donner ainsi naissance aux glaciers. I) est évident que,

Lorsqu'on

ment le

élévation

L'JLEDEWIZAKD.

7J'('

teurs variant de i5o à 600 mètres, qui entourent une magnifique nappe

d'eau bleue et limpide. Le premier point qui fixe les regards surpris est l'île Wizard, située à 3 kilomètres au loin près de la rive occidentale du lac. L'escarpement de son versant ouest et le cône abrupt, mais symétriquement tronqué à sa partie est, dénotent son origine volcanique. Les pentes intérieures et extérieures du rebord sont d'une nature essentiellement différente tandis que l'une est très douce, avec une inclinaison de 10 à i5 degrés, l'autre est abrupte et recouverte de rochers. La pente extérieure est partout également éloignée du lac, et, comme elle descend à 3oo mètres au moins au-dessous du niveau général de la chaîne, elle arrive à la base du grand cône évidé qui contient le lac. Notre carte du lac Cratère, faite d'après celle du levé géologique des Etats-Unis, indique très clairement cet aspect et montre aussi l'existence de beaucoup d'autres cônes plus petits sur la pente extérieure du grand cône.

La variation dans l'altitude de la crête du rebord du cratère est de ~5i mètres de 206; à 2.5o8

HHC

/t~0i,')'t'.

portance de ceux-ci

indique que cette e montagne était assez haute pour rivaliser avee les pics les plus élevés de la contrée.

Les

.Mazamas » ont eu, ['été dernier, une réunion au lac Cratère, avec les clubs de ~ledford, Ashiand et Klamath. Reconnaissant que la haute montagne qui occupait autrefois la place du lac n'avait pas de nom, ils la baptisèrent, avec les cérémonies d'usag'e, Mont Mazama. Le rebord du lac est un vestige du mont Mazama, mais en nommant celui-ci on entend plus spécialement parler de sa partie qui a disparu. La pente extérieure du rebord, quoique escarpée, n'est pas un mur continu. Elle est faite de

nombreuses falaises, beaucoup plus étendues horizontalement que verticalement. Les falaises sont disposées en corniches, et quelquefois la pente entière, de la crète jusqu'au bord du lac, est un rocher, non pas absolument vertical, il est vrai, mais décrivant un angle tel que l'ascension en est impossible. Les rochers Dutton et Llao, qui bordent le lac au sud et au nord, sont les plus élevés du rebord. Outre les rochers, les autres éléments du versant intérieur sont des forêts et des talus qui, sur certains points, permettent d'approcher du lac, non pas très facilement, mais cependant, sans grand danger, avec


des précautions. La pente

intérieure sud-ouest du tac, très visible du rocher Victor, est pittoresquement boisée, et vers Fextrémité de la route, à l'est du rocher Victor, une descente rapide conduit au bord de l'eau. J[ y a bien des pentes semblables le long de la rive occidentale en face de l'île. A cet endroit, le rebord n'a que ;6o mètres de hauteur; et une longue pente, appelée, à cause de sa forme, le W~c~/CM, descend de la crête au rivage. C'est surtout sur le lac, en bateau, qu'on peut examiner en détail la position et la structure des rochers. Ils sont entièrement composés de conglomérats volcaniques et de coulées de laves stratifiées. En arrivant au bord de i'eau, l'observateur est surpris de ne pas trouver de plage. Les pentes escarpées au-dessus de la surface du lac se continuent au-dessous de l'eau à une grande profondeur.

Ensuivant

le cours

des laves, nous pouvons reconstruire par la pensée, ta grande montagne volcanique, qui occupait autrefois la place du tac, c'est-à-dire le mont Mazama, qui a formé une grande partie de ce pays.

angle du rocher, il marque probablement la continuation d'une arête immergée, ou peut-être, ce qui est moins vraisemblable, est-ce un bloc g'iissé du rocher Dutton. En cas d'éruption volcanique, )a lave s'élève dans le volcan et déborde le cratère, ou, par la pression de la colonne il fait éclater les eûtes du volcan et s'échappe par cette fissure. Dans le dernier cas, comme la matière fondue se refroidit, la fissure se bouche avec la lave soHdinée et forme un Le

~c.

plus caractéristique que l'on rencontre ici est situé )c tongdu versant nord de l'île Wizard; il se nomme Devil's Backbone, il varie m. 5o à 8 mètres d'épaisseur, et coupe le rebord du lac de la base au sommet de la crête. Les dykes sont plus nombreux dans la partie plus ancienne du rebord sous le rocher Llao. Si merveilleux que soit )c lac, il ne sert qu'à dissimuler la vraie merveille, l'énorme abîme qu'il a à demi combié. L'abîme ou ('a)dera, comme l'appellent

de

quelques géologues,

a 2ço

mètres s de profondeur; il s'étend du haut du rebord

jusqu'à mi-chemin du niveau de la mer, et son fond est, Vers l'est du rocher sur une surface d'un mille carré, en dessous du niveau Llao, le rebord perd un peu du lac Upper Klamath, au de hauteur, et, à l'entrée de pied est de la montagne. t'ansc Cleetwood, on voit Son vo)ume est d'environ 12 le spectacle remarquable milles cubes, et si nous y d'une traînée de lave qui descend la pente intérieure. ajoutons le volume perdu MOXCEAKr)ENEtGEDAXS!.ECRAtf:)!E. du mont Mazama, il se trouC'est la seule qui se soit D\7/')'C.<;Hn<Ao<~)'N/ie. verait augmenté d'au. moins comportée de cette manière moitié. Comment une telle et son action jette beaucoup de clarté sur la disparition du mont Mazama. masse a-t-elle pu se déplacer et laisser à sa place un pareil abime ? L'abîme est complètement fermé et ne Les Palissades ont moins de i8o mètres de haupeut, par conséquent, être considéré comme )e résultat teur au-dessus du lac. 'Leur surface supérieure préde l'érosion. L'orig'ine volcanique de tout ce qui ensente des stries glaciaires qui s'étendent au-dessous toure le lac ferait généralement supposer que cette des couches de pierres et de rhyolithe provenant de grande révolution aurait été produite par un phénola dernière éruption du mont Mazama. Ce volcan mène volcanique, soit enlevé par une grande exploétait donc en activité dans la période glaciaire. sion volcanique, soit détruit dans un immense effonSur la côte est du lac, on voit le rocher Rcd drement. Cloud, remarquable par les pinacles de tuf roug'e A première vue, le rebord du lac Cratère fait qui se dressent près de son sommet. Ici, les sources penser que ce gouffre a été produit par une explosion commencent à jaillir du versant intérieur et tombent et la présence d'une grande quantité de pierre ponce proviennent génécascades le lac. Ces sources en vers confirme cette première appréciation mais, après un ralement des bancs de neige, mais certaines jaillissent examen approfondi, nous trouvons, comme nous souvent aussi d'une facon naturelle. l'avons déjà dit, que le rebord n'est pas composé La partie la plus escarpée du rebord, à l'excepd'éléments provenant du fond, mais de couches de tion peut-être du rocher Llao, est le rocher Dutton, laves solides intercalées dans des conglomérats volcarendu plus remarquable encore par les brèches qui niques provenant du mont Mazama. Les moraines dés'ouvrent à chacun de ses côtés, et par le Phantom posées par les glaciers descendant de la montagne enShip à son pied. touraient une partie du rebord et comme on ne trouve pas de fragments volcaniques dans ces moraines, il Le Phantom Ship est un petit îlot rocailleux est évident qu'il n'y a eu aucune action explosive en près du bord du lac, au-dessous du rocher Dutton. rapport avec la formation du gouffre ou puits volSa masse raboteuse avec des rocs très élevés, se drescanique. sant comme les mâts d'un navire, lui a fait donner Nous pouvons arriver à comprendre l'origine ce nom, et, comme un fantôme, il disparaît quand on probable du gouffre, en nous figurant les conditions le regarde de certains points du rebord occidental. Se qui ont dû accompagner une éruption du mont Mazama. trouvant en ligne avec une arête descendant d'un


l,a colonne de matières fondues s'élevait dans l'intérieur de la montagne pour déborder au haut du cratère ou s'échapper par des fissures a travers les flancs du cône. Les fissures ainsi formées se présentent généralement a une certaine hauteur sur tes flancs de la

montagne. Si cependant une ouverture s'était produite sur un côté de la montagne, à un niveau plus bas, c'est-à-dire à quelques millc pieds au-dessous du sommet, et si la matière fondue s'en était échappée, la montagne se serait creusée, et )e sommet, ayant une partie de son support déplacé, aurait été miné et aurait disparu dans le réservoir de lave en fusion. Quelque chose d'approchant s'est produit, dit le professeur Dana, au Kitauéa (îles IlawaP. Là, se trouve tin lac qui ne contient pas d'eau, mais bien de .la lave fondue, car le Kitauéa est encore un volcan

actif.Kni8..)o,i)y y

eut une éruption du )\i)auca, a .)3 kilomètres du lac, et à t2<)o mètres audessous de son

ni-'

veau. 'La colonne delave représcntée,

parie tières

lac de mafondues du

]\i)auea, descendit

aune profondeur

den8mètres,et)c

sol de la partie entourant immédiatement le lac, n'ayant plus de soutien, s'affaissa.

Etant donne que le bassin a des parois imperméables, le lac Cratère s'est forme sans difficulté, car, dans cette région la précipitation est plus grande que l'évaporation. Le lac ne se comble pas, ni ne déborde. L'excédent de i'eau doit avoir une issue souterraine, probablement vers )e sud-est, où l'on voit d'assez larges brèches dans les rochers et où abondent d'excellentes sources. La couleur du lac est d'un bleu profond, excepté le long des berges, où l'eau a des ombres et des teintes vertes très variées. Elle est si transparente que, même dans un jour sombre, une assiette blanche de 25 centimètres de diamètre peut être vue à une profondeur de près de cent pieds. Il n'a pas de poissons, mais un petit crustace s'agite dans son eau et des salamandres paraissent en abondance à certains endroits

lelon~durivag'e. Le

niveau du

lac oscille avec les saisons. Pendant les pluies de t'hiver,i) il s'élève et, en été, il s'abaisse. En août dernier, des obser-

vations ont été faites pendant 22

jours et le lac s'est

abaissé d'environ 2 centimètres et

demi tous les cinq ou six jours, sui-

vant les conditions de la température. Les Maxamas"ont établi une échelle d'eau, et on peut

La position élevée du gouffre espérer etreàmemc occupé parie lac LES BOKRS DU LAC CRATERE. D'J/Tt~ <t)tf ~t0<0~r~f. de faire des obserCratère fait suppovations à l'avenir. ser qu'il provient d'un -affaissement. Ce n'est qu'à 2~ tiitomètresâ à M. R.-V. Quermann, qui a visité le lac l'été derl'ouest du lac que la surface du sol s'abaisse au ninier, a fait quelques observations intéressantes de sa veau de son fond. La dernière coûtée de lave du mont température. A i heure, le 22 août, la température de démontre parfaitement celui-ci Alazama est enque l'eau à )a surface était 60" Fahrenheit). gouffré. La plus grande partie de cette coulée est desà une profondeur de 553 pieds la température était 3g" cendue et s'est répandue sur la pente extérieure mais 4'°o 104.3 nous avons vu qu'à t'entrée de t'anse Ctcetwood, une 46° iô23 partie de cette lave s'est répandue au bas de la pente intérieure. La seute explication plausible de ce phéLa température augmentant avec la profondeur nomène semble être que, après la dernière éruption fait penser que le fond doit encore être plus chaud, du mont Mazama, et avant que la partie la plus épaisse mais il est nécessaire de faire de plus amples observade la lave répandue se fut solidifiée, la montagne s'est tions pour établir des conditions si anormales de temaffaissée et que la portion encore visqueuse du torrent pérature dans un tac. l'a suivie dans sa descente. Abstraction faite du charme de son paysage, On a supposé, que lc cône qui s'élève sur l'île le lac Cratère offre un des champs d'observation les Wizard représente le sommet du mont Mazama enplus intéressants et les plus instructifs du monde entier gtouti. Mais on découvre bientôt en le visitant que pour l'étude de la géologie volcanique. c'est un volcan tout récent, qui s'est é)evé sur le fonds Considéré sous tous ses aspects, il peut se du puits volcanique depuis l'affaissement originaire. comparer au Grand Canon du Colorado, à la vallée de Les sondages ont révélé que d'autres cônes volcaniYosemite et aux chutes du Xiagara, et il serait désipour le plaisir et gné comme un « Parc National ques s'élèvent du fond du lac, sans atteindre sa surface. D'ailleurs, les éruptions volcaniques du fond du lac l'instruction des voyageurs. l'ont comblé en partie. Primitivement, il devait avoir plus de i 200 mètres de profondeur.


~-CIVILISATIONS-~

~J-r' REUOIONS Une

Cérémonie funèbre musulmane à Alger

Ln)! 20 avril 1897 mourait a Gucmar, dans l'Oucd-Souf,

A)g'cr dans la mosquée de Djema-Ht-Djedid. Cette mosquée, la plus é)égante pour l'aspect extérieur, est située sur la place du Gouvernement, ou, pour parler plus exactement, en contre-bas de cette place. En effet, avant l'occupation française, l'entrée de l'édifice était au niveau de la mer qui venait battre presque à ses pieds, sur une plage de sable fin. Aujourd'hui, la civilisation a envahi ce coin, des quais ont été construits, un boulevard élevé tout le long du port qu'il domine d'une dizaine de mètres, et la place du Gouvernement mise au niveau du boulevard. Djema-el-Djedid a été partiellement enterrée, et ce que

)'onenvoits'é)c-

au sud-est de la province de Constantine et presque ver au-dessus de à la frontière de la Tunisie, )e marabout Si Ahmed la place n'est que bon MohammedTedjini. I[ était de cette glorieuse race la moitié de la des Tedjini, dont le berceau est Aïn-Mahdi, aux envihauteur totale de de Laghouat. Descendants du Prophète, chefs de rons la mosquée.L'enla secte religieuse qui leur a emprunté son nom, celle trée est restée au des Tidjanïa, les Tedjini ont dans le monde musulman niveau du quai, et africain une influence considérable de la frontière du pour y accéder, il Maroc au golfe de Gabès, de la Méditerranée au Nifaut descendre un ger, en passant par le pays Targui, leur voix est écoutée escalier raide et et, le plus souvent, ils g-luant, fréquenté l'ont élevée pour soutout le jour par tenir la cause franles marchands de çaise. poisson dont les L'inimitié d'Abdéchoppes s'étalent El-Kader pour Si Moaux pieds de la hammed Kl Habib Djema, ce qui l'a fait Tedjini et ses violennommer par les Européens, mosquée de la ces à son endroit nous Pêcherie. procurèrent l'appui des Tidjania. La haine La mosquée, consde l'émir, qu'avait fait truite au temps des Beys naître au cœur de Si par un escfave chrétien, ..Mohammedia desest une vaste nef à peu truction d'Aïn-Madhi, près carrée. L'intérieur fut habilement exploiest d'une grande simplitée par nos généraux, cité. Au centre de l'édiet, dès 1846, les Tidfice, sous la coupo)e, une janïa marquèrent leur estrade assez éievée, suployalisme en favoriportée par des piliers de M!XARETDELAMOSQL'ÈEnjEMAELnjECID. sant la marche du duc MUSQUÉE DE DJEMA EL DJEDID, bois; tout autour règne d'Aumale sur Biskra. P/!0<o~r<yt<cdf~M.y.jc/t<;«<'ftj4);.<r('t\t)\<. une balustrade artisteLe tits de Si ment ouvragée, et auMohammed, Si Ahmed ben Mohammed Tedjini, fut dessus se dresse une manière de clocher à jour, qui ne un. de nos clients fidèles, malgré une incartade qui, contribue pas peu à accentuer la ressemblance avec en 1860, lui valut d'être déporté à Bordeaux. Revenu une chaire à prêcher chrétienne. Le parquet de l'esseconda Algérie après forcé France, il séjour en en ce trade, aussi bien que le sol de la mosquée, est recoude toutes ses forces notre établissement. vert d'épais tapis,'venant de Syrie; tout autour des Pour les musulmans, Si Ahmed ben Mohammed larges piliers surmontes de chapiteaux, rappelant le Tedjini était un grand saint; pour nous il avait été un sty)e corinthien, s'enroulent à hauteur d'homme des auxiliaire précieux. Ses coreligionnaires devaient l'honattes. Point de décoration, des murs nus, blanchis à la chaux; seules sont suspendues aux voûtes de mulnorer et le vénérer après sa mort il méritait bien que la France gardàt à sa mémoire un souvenir reconnaistiples lanternes, de formes et d'âges divers, les unes sant. Il était de bonne politique de marquer ce sentianciennes et d'un magnifique travail de ciselure, les a ument par une cérémonie à laquelle seraient conviés tes tres modernes et d'un rococo déconcertant. Comme Arabes. Aussi, le Gouverneur général de l'Algérie et le dans nos vieilles églises du Moyen Age, la clarté est clergé musulman d'Alger se mirent-ils d'accord pour distribuée avec parcimonie par de petites fenêtres, garcélébrer, dans une cérémonie religieuse la piété et les nies de ces vitraux qui sont une des formes les plus services de Si Ahmed Tedjini. intéressantes de l'art arabe. Travaillant avec deux seuls outils, un ciseau et un marteau, dans un bloc ("est le 3 mai qu'elle eut lieu. Elle se passa à


de plâtre, l'ouvrier y grave des caractères qui, par leur ensemble, forment de ces proverbes ou de ces sentences morales tant aimés des musulmans. Le plâtre n'est pas creusé droit, mais ob)iqucment, de façon que la lumière diversement colorée par les verres placés dans les intervalles des lettres, semble descendre directement du ciel sur le prieur, en formant des préceptes vertueux. Seule, la coupole est percée à son sommet d'une large ouverture d'où tombe une lumière abondante, inondant de clarté les peintures aux tons simples et doux qui la décorent, et rayonnant ensuite dans tout l'édifice pour aller graduellement s'éteindre contre les murs toujours dans l'ombre, le long desquels s'alignent pendant le jour, enveloppés dans leurs burnous, des hommes qui prient. ou qui dorment. A la cérémonie avaient été conviés les grandes autorités algériennes, les chefs indigènes, les musulmans notables, les tolba de la Medersa, les cheikhs des Confréries religieuses. Tout ce monde, ainsi que le clergé musulman, comme disaient les invitations, avait revêtu ses plus beaux costumes, et rien n'était plus réjouissant pour un œil de coloriste que l'ensemble de ces amples vêtements, aux teintes riches et franches, largement drapés et harmonieusement rangés. Au fond de la mosquée, dans la niche, tournée Vers la Mecque, où se place d'ordinaire l'Imam pour faire la prière, était un vieux marabout très vénéré, Si Mohammed ben Beikassem, cheikh des Rhamania. Affaissé par l'âge, et de santé débile, il était entré, soutenu par ses serviteurs pour honorer sa piété et ses vertus, on lui avait donné cette place, et accroupi sur ses talons, entièrement vêtu de blanc, son opulente barbe blanche descendant sur son haïk, les yeux miclos, dans cette niche tapissée de carreaux aux couleurs criardes, il faisait songer aux patriarches bibliques. A sa droite, avaient pris place les deux Muftis d'Alger, le Mufti hanéfite, rite auquel est affectée la Djema-El-Djedid, et le Mufti maléidte, dont les adeptes se rendent à la mosquée de la Marine. Après les muftis, alignés le long du mur, venaient les Imams des deux rites, parmi lesquels le vénérable cheikh Lamali, professeur à la Medersa. Au pied de l'estrade, rangés en cercle, face à la niche de l'Imam, étaient accroupis les chefs indigènes, caïds, cheikhs, aghas, et même deux bach-aghas Si Eddin-ben-Ilamza, des Ouled-Sidi-Cheikh-Cheraga, de la province d'Oran, et Si El-Hadj-Lakdar, des Laarba de Laghouat. Tous étaient revêtus du classique costume arabe le haïk roulé sur la calotte rouge et maintenu par le turban de corde en poil de chameau, la veste, le gilet et le large pantalon, caché par les pans du haïk, ramenés à l'aide d'un mouchoir de madras rouge attaché en haut de la veste, les bottes de cuir rouge dans les souliers vernis, le burnous blanc recouvert du burnous d'investiture,rouge, orné de glands et de broderies d'or, symbole d'autorité. et aussi de vassalité là-dessus s'entrechoquaientles croix de toutes sortes, françaises et étrangères; on voyait jusqu'à des Mérite agricole, donnés pour récompenser l'introduction dans les tribus de charrues ou moissonneuses du modèle primé au dernier Comice. Parmi ce rouge et ce blanc, éclataient, brillant de broderies comme des aubes, les

burnous bleus soutachés d'or de deux chefs de l'extrême sud oranais. Sous les turbans, on distinguait des faces bistrées, graves et énergiques, sauvages même. Les corps musclés, amplement drapés d'étoffés épaisses, avaient une dignité et une majesté sans égales; on se sentait en face d'hommes de race, d'une race antique,

mais vigoureuse, que n'a pas affaiblie et énervée l'effort intellectuel. Pour les autres invités, ils étaient répandus dans toute la mosquée, rangés en lignes parallèles, éga)ement distantes les unes des autres, accroupis, leurs chaussures posées à côté d'eux. Enveloppés dans Icurs burnous, ils attendaient en silence l'arrivée du Gouverneur. Sur deux tribunes accotées aux flancs de la mosquée, étaient les invités européens et nos noirs, et nos redingotes ajustées faisaient « tubes piètre effet à côté de ces couleurs et de ces vêtements flottants. A l'heure fixée, le Gouverneur arriva, escorté de sa maison militaire. Lui et ses officiers pénétrèrent, sans se chausser des classiques babouches, jusqu'au milieu du cercle formé par le clergé et les chefs il s'assit sur le fauteuil qu'on lui avait préparé, ses officiers d'ordonnance et son interprète restant debout autour de lui. L'office commença. Je ne puis mieux dire; car à peine les chanteurs avaient-ils ouvert la bouche qu'un air de plain-chant emplit les voûtes de la mosquée. Qu'à cet instant on eût fermé les yeux, que mentalement on eût mis

à

la place des gandourahs et des

burnous, des aubes et des vestons, qu'on se fût représenté les lampes allumées, et qu'un orgue eût accompagné la voix, on se serait cru à un service religieux catholique mêmes notes graves et monotones, même ampleur de sons. Seuls un nasillement assez prononcé et une cadence un peu plus rapide marquaient la différence. Ce furent les jeunes gens de l'estrade qui commencèrent les Muftis et les Imams leurs répondirent, et cela dura un certain temps. Puis, des serviteurs apportèrent aux membres du clergé des Corans, dans lesquels ils lurent sur un ton de psalmodie, différents versets. Ensuite, les chants reprirent, la mesure scandée par un balancement d'avant en arrière du corps, dont les musulmans contractent l'habitude au cours de leurs études coraniques à la mosquée. Enfin le plain-chant cessa et le mufti Si Mohammed Boukandoura se jeva. Le Gouverneur en fit autant le clergé, les chefs tes imitèrent le cercle tout entier se leva. Derrière eux les fidèles, se précipitèrent et ce fut un fouillis de turbans blancs et de chechias rouges, qui semblaient des coquelicots semés ça et là parmi des marguerites. Si Boukandoura prenant la parole en arabe, commença par invoquer le nom de Dieu; puis il dit la piété et les vertus de Si Ahmed Tedjini, souhaitant que la secte des Tidjanïa conservât, malgré la mort de son chef, son influence dans le monde musulman il termina en remerciant le Gouverneur de sa bienveillance et de l'initiative qu'il avait prise de cette cérémonie, et en exhortant ses compatriotes à se montrer fidèles et reconnaissants envers la France, dont le Gouvernement ne cherche qu'à augmenter le bien-être et la prospérité de l'Algérie. Ce discours mi-religieux, mi-politique traduit, le


Gouverneur paria, et reprenant habilement l'histoire de Tedjini, appuyant sur les marques de fidélité qu'il

avait données à la France, il en fit, lui aussi, l'éloge et finit par un appel au loyalisme des Tidjania. Puis, au nom des sectes religieuses musulmanes, Si Mohammed ben El-Hadj Mohammcd ben Beikassem, et au nom des chefs et de la population indigène, Si-El-Hadj Lakdar, adressèrent à M. Cambon leurs remerciements pour sa démarche si bienveillante. Et la cérémonie religieuse prit fin. Restaient les réceptions. Guidé par Si Mohammed Boukandoura, le Gouverneurse dirigea vers le cabinet du Mufti. C'est une petite pièce rectangulaire, éciairée par deux fenêtres autour de laquelle règne un divan. Même simplicité que dans la mosquée; pour tout luxe un tapis et une bibliothèque où sont réunis un grand nombre d'ouvrages arabes, depuis les plus graves traités de science jusqu'aux poèmes d'amour. Mais le joyau est un Coran manuscrit, d'une délicatesse d'enluminures remarquable; il date du xn° siècle et on le conserve précieusement dans un coffret à serrure. On complimenta le Mufti et le Gouverneur sur la beauté et la grandeur de la cérémonie; et l'on était d'autant plus émerveillé que c'était la première fois que semblable chose se voyait à Alger on échangea des paroles aimables, on émit des propos frivoles; les invités européens, et les musulmans de marque s'étouffèrent dans l'étroite pièce on apporta le café, et le iunch mortuaire terminé, les autorités s'en furent, le Gouverneur regagnant Mustapha escorté de spahis. Dans la mosquée, un grand mouvement se produisit alors. Si Mohammed ben Heikassem s'était levé, et, soutenu par ses serviteurs, il se dirigea vers la porte, escorté par plusieurs chefs, grands diables de six pieds, qui semblaient être là autant pour le protéger contre les ardeurs de la foule qui se précipitait pour baiser ses mains, un pan de son haïk ou de son burnous, que pour t'honorer. Lui parti, quelques chants retentirent encore, puis tout le monde se sépara, les tolba de la Medersa se dirigeant vers le repas que le clergé leur offrait, et dont les reliefs devaient être distribués à la foule. ANDRÉ LIARD.

L'expédition Marchand, ou mieux son avantgarde dirigée par M. Liotard, se trouvait le ler juin a Dem-Solimen et le a3 juillet a Mechra-e)-Re)(,sur]e Hahr.eI-Ghaza!, où elle devait attendre la petite <~ot-. tille amenée du Congo. De Mechra~eI-Rek à Fachoda, il y a trente jours de navigation. Réunie entièrement 4 Meshra-et-Rek, l'expédition a dû monter la canonnière !e Fa~cr~e et les autres bateaux de manière a pouvoir aller de t'ayant. AI. de Honchamps, qui a quitté Addis-Ababa le 17 mai dernier, se trouvait à Corée le i~juiiïet. H y laissait le capitaine Clochette qui y mourut le 24 août. De Corée, la mission de Honchamps se dirigeait vers Nasser, sur le Sobat, affluent du Nil, où il se jette non loin de Fachoda. HHe avait encore à franchir 600 kilomètres. Pendant ce temps, les )'!c)gcs, sous la conduite du baron Dhanis, gagnaient i'OueMé, ayant comme objectif Lado, sur le Nil, entre Fachoda et Ouade)aï, Le 6 septembre, le baron Dhanis était à Nyangoué, sur l'Ouellé supérieur, d'où il a dû marcher vers l'Ust. Le 19 octobre dernier, l'expédition Macdona)d, partie de Mombasa, dans l'Ouganda, pour aller vers )e Haut-Nil, était arrêtée, par une révolte de ses por. teurs à Kampaia. Cette mutinerie, qui a causé, comme nous l'avons dit, la mort des principaux chefs de la mission, a dû désemparer celle-ci, qui a, croit-on, bien peu de chance d'aboutir désormais. Ce qui donne à le penser, c'est que les Anglais semblent décidés à précipiter leur marche sur Khartoum, comme s'ils ne voûtaient pas laisser à d'autres le mérite et l'avantage de s'étabHr les premiers sur le Ilaut-Nil. On voit donc combien sont vives les compétitions sur ce point du Continent noir. Mais nous devons avoir foi dans )'énergie de nos compatriotes et croire a leur prompt et complet succès.

Maurice Leudet.

GM<«aMMtf//<);<«Mt', ouvrage illustré de très nombreuses gravures d'après des originaux et des documents photographiques.–Pans, F. Juven, éditeur, io,rue Saint-Joseph (;vo).in-t2).

A ucL'Nsouverain en Europe n'excite une curiosité plus vive que

'Guittaume)I.M.MauriceLeudet,quiaton~tempsvécuen

Les Missions r~A\s

vers le Haut-Nil

un article publié le n décembre, sous ie

Les Compétitions sur le 77ct!7, nous avons indiqué à nos lecteurs quelles étaient les missions dirigées du côté du bassin supérieur du grand fleuve africain et nous avons montré quels étaient les intérêts sérieux attachés à la possession des territoires voisins du Nil. Voici aujourd'hui quelques dates permettant de suivre les voyages de ces différentes missions et, notamment, celui de Ja mission Marchand, dont il a été tant parlé dernièrement, sur le bruit, heureusement faux, de son massacre.

titre

Allemagne et qui connait bien les hommes et les choses d'outreRhin, a donc été bien inspiré en publiant un volume sur l'Empereur allemand. Rien de ce qui touche ce souverain ne saurait nous être étranger et c'est jeter un jour tout particulier sur son caractère que de nous faire connaitre sa vie d'enfant, ses années de jeunesse et son existence actuette, tant dans sa famiiie que dans les manifestations diverses de la vie quotidienne. Si l'anecdote n'est pas de l'histoire, elle en forme souvent le complément utile, voire nécessaire. M. Maurice Leudet n'a pas manqué de reconnaitre combien la personnalité du maitre de t'Attemagne était séduisante par certains côtes, mais il a, en même temps, su se garder de toute exagération laudative à l'endroit du petit-fils de Guittaume f'. )i a ainsi fait œuvre impartiale et il est resté dans la mesure qui convenait chose, on l'avouera, qui n'était pas sans difficulté pour celui qui entreprenait de traiter un pareil sujet. Son livre mérite donc d'être lu. Il est écrit d'une plume élégante et tacite enfin, ce qui ne gâte rien. il est orné d'une pro-fusion d'illustrations fort intéressantes qui ajoutent à l'agrément du récit et nous donnent plus vivante encore la physionomie de

GuittaumeH.


Renseignements pour un Voyage aux Mines d'Or de l'Alaska

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est charmante et coupée par des escales jours de Paris àXew-York. On de New-York à San-Francisco. que font la plupart des bateaux. 5 s'arrête a Takoma. C'est une ville de deSan-Francisco à Juneau. p 60 ooo habitants, où le voyageur trouvera de Juneau à Dawson-City. ), toutes les commodités d'hotets et de banques. Elle s'enrichit par le transit ?ç jours. avec le Japon et la Chine. Trois heures après, on relàche au port rival de Seattle, at'e.xtrëmité de la grande ligne centrale DATE DU DÉPART qui coupe le continent américain depuis Un Français partira de Paris tout Xew-York et les lacs. La traversée conau début de mars. Il arrivera ainsi dans tinue au milieu de merveilleux paysages, le pays de l'or à la bonne époque, c'est- dans un chenat assez étroit formé par à-dire du )5 mai il fin août. Partir avant l'ile de Vancouver et les îles qui en dépendent. Il semble qu'on navigue sur un serait pure folie. 8

francs. Cette somme suffira s'il veut travailler pour un voyage de touriste, il faut compter une centaine de francs par jour en plus. Nous prenons pour type une expédition par la passe du Chilkoot, 95 0,0 des mineurs ayant jusqu'alors choisi cette route. Les travaux exécutés par Thé British Yukon Company pour aplanir la Passe Blanche a )o milles au sud du Chilkoot feront évidemment gagner de la sécurité, du temps et de l'argent. En août dernier, LES ROUTES trois cavaliers ont, par cette route établi un vrai record. Nous parlerons plus bas Nous avons indiqué une route par de deux autres routes qui semblent dedétour mais il voir dans l'avenir remplacer celles du San-Francisco. C'est unvisitera, est à conseiller. On en effet, ('hilkont et de la Passe Btanche. dans la grande ville californienne. le compagnies de l'A273 fr. 25 siège des grandes Paris a New-York (en 2° et.). laska. Là, sont centralises tous les ren2.~() New-York il San-Francisco ° seignements et on trouvera probableSan-Francisco à Juneau 200 ment à faire un forfait pour le voyage Juneau il ° jusqu'à Dawson-City et m&me pour l'enDyea par le Chilkoot a Dawdu Kiondyke. La Soo ° tretien sur les rives son-City plus importante de ces compagnies Equipements achetés a Ju(peut-être la plus grande compagnie 'ooo commerciale du monde) est l'Alaska )2& Provision Commercial Company, dont l.e négoce principal est celui de la fourrure, mais ? ooo fr. qui s'occupe actuellement avec fièvre 5 ooo

Dyea.)

neau.

d'organiser les transports et le ravitaillementde l'Alaska. On remarquera que même avec Pour éviter le détour par San5 ooo francs, la somme prévue pour le retour (en cas de maladie, par exemple', Francisco on peut, soit prendre le train est insuffisante. Avec un aussi petit ça. pital, il faut partir avec l'intention de laver l'or ou de louer ses services. Les prix indiqués ne comportent pas de places de luxe dans les chemins de fer et les bateaux. Ce serait d'ailleurs un piteux entrainement que de commencer une telle excursion dans une cabine fastueuse, pour finir par tirer un traineau à garniture d'acier sur les neiges de l'Alaska. Les prix de transport de Dyea a Dawson-Cityvarient selon que le temps favorise le passage du Chilkoot. Nous avons lu une lettre d'un mineur qui n'a dépensé que u? dollars (585 fr.) pour traverser la montagne.

du

à Kew-York, et après avoir suivi en

bateau les grands lacs Erié, Huron et Supérieur, aboutir à Seattle, port du Pacifique, d'où on gagnera Juneau; soit encore débarquer à Québec et, par la ligne canadienne du Pacifique, s'embarquer en face de Vancouver. A San-Francisco, le voyageur pourra se décider, au lieu de gagner Juneau et le Chilkoot, à prendre un des bateaux de l'Alaska Commercial Company qui, contournant la presqu'île de l'Alaska, à l'ouest de l'ïle L'nalaska, rejoindra le fort Saint-.Michall, à quelques milles au nord de l'embouchure du Yukon. De là, on remontera l'immense fleuve jusqu'à Dawson-City en quatorze jours environ. Cette route a surtout été DURÉE DU VOYAGE choisie par les retardataires partis en juillet et août dernier et l'on raconte La durée est également variable, qu'elle n'est pas très pénible. selon l'état des montagnes et des fleuves. Commençons notre voyage de On n'aura pas de désillusions en compSan-Francisco à Juneau la traversée tant

fleuve. Escale à Victoria, en territoire

britannique, une ville célèbre par une promenade le long de la mer, qui mesure plusieurs Kilomètres et qui est l'une des plus belles du monde. Ayant pris du charbon à Nanaïmo, le vapeur 'continue sa route par une succession de canaux dont le principal porte le nom de la Reine Charlotte. Après le port Simpson, on entre dans les eaux de l'Alaska. Le paysage devient plus sauvage. On passe par une série de détroits et de dénies qui font ressembler le voyage à une excursion dans les liords de la Norvège. On s'arrête à PortWrangel, bien déchu depuis le départ des Russes, mais qui va très probablement regagner sa splendeur de jadis. C'est, en effet, à Fort-Wrangel l'avcnir que commençera la route de vers le Ktondyke. De Fort-\Vrangel on et se dirigera sur Ctenora, le lac Teslin pratile bassin du Yukon. La route est cabtcacheval lorsqu'on ne peut la faire en bateau. Le pays est relativement agréable, suffisamment peuplé d'Indiens et fertile en gibier et en poisson. Il a été décidé tout récemment qu'une ligne de chemin de fer relierait Glenora par Telegraph-Creeck au lac Teslin d'où on gagne facilement en bateau le Yukon. De Glenora à Fort-Wrangel on peut naviguer en bateau à vapeur mais il est probable que les Etats-Unis feront un chemin de fer qui se reliera à la ligne canadienne a Glenora. De Fort Wrangel on gagne Juneau hautes en suivant des défilés bordés de et magnifiques montagnes neigeuses, dont quelques-unes dépassent 6000 mètres et de glaciers dont les pieds viennent se fondre dans la mer.

C.'t~xt)'


Le Chemin de

fer de Tientsin à Pékin

premier c/;em:M de fer chinois fut co<r!< il y a près ~'MH ~!<a~ siècle, entre Chang-Haï et Woosrtng ~M!e/-c. Le ~OM)'erHeme)!/chinois, assailli par les doléances des par MHe com/)!e anglaise. Son existence Ha/~s qiti accitM/e?~ cette nn'cn<OH « diabolique » d'!<He/0!</c de Me/a! usa de son droit de rachat et, K?M fois la laissa dë~!<re..tt~OM/'d'/nn', ~7-~ce à L:7/M~-C/Mn~, les chemins de fer commencent propriétaire de la avec d'aM/OH~h~ d'intérêt à .<{';H~odtn'e en Chine. raici quelques détails sur l'une de ces voies ferrées. ~H les /'7~A'MC-c?: que l'attention ~'o!~ra/e est cf~'o~rd'/nn' tournée vers ~Le

Apremière voie La L lonné

ferreeatarg'e extension qui ait sit-

l'Empire du Mi)ieu fut la ligne de Tientsin à Chan-Haï-)\ouan, point où la Cirande-~turaiUe de Chine aboutit à la mer. Cette ligne fut inaugurée en t8~. Sa longueur totale est de 2~6 kilomètres,

En février i8ç6, parut le décret impérial qui ordonnait la construction de la ligne, en même temps qu'un concours était ouvert parmi les maisons étrangères de Tientsin pour la fourniture des rails, du matériel des ponts et

des locomotives. Les commandes furent réparties entre des industriels de différentes nationalités. Les locomotives entre autres furent fournies par des Américains et le matériel de ponts par des Anglais. Les wagons sortirent tous des ate-

distance parcourue en huit heures par les trains ordinai-

res

on sait qu'en

vertu d'une récente convention russochinoise,cetteligne devra être prolon-

g'éedansun

délai

dedixansaudeia de la Grande-Mu-

raille, jusqu'à

.\Iou){denetGirin,

liers

où viendra aboutir un embranchement du Transsibérien.

Sans présenter de difficultés

de

Tong-

Chan.

paleestTong-Chan,

GARK DE LANCHAK (LIGNE DE CHAN-HAl-KOUAN).

extraordinaires,l'établissement d'une

à mi-chemin, petite

//j/'r~;<H~)0;o~r~«-.<c.V.r<'r<-<tO«e<.

voie ferrée de ;27

La station princilocalité qui ajacquis dernièrement assez d'importance, en raison des grands ateliers et fonderies qu'y a créés Li-ttungChang peu de distance se trouvent les riches mines de charbon de Kai-Ping. La construction de la tig'neTientsin-t~ékin fut décidée en automne )8().S, peu de temps après la tin de la guerre sino-japonaise. Il est plus que probable que si tes Chinois avaient été victorieux, jamais le chemin de fer de Pékin n'aurait été construit. Mais les victoires des Japonais ont eu, pour le commerce étranger, cet heureux résultat d'obliger le gouvernement de Pékin à se montrer plus favorable aux idées nouvelles et à regarder d'un oeit moins défiant les innovations que les Européens lui apportent. A

TRAVERS LE MONDE.

3° LIV.

)filometresdelon-

H'ueur, à travers la plaine qui sépare Tientsin et Pékin, a toutefois rencontré plus d'obstacles qu'on ne s'y

attendait, et ceci, en raison des inondations périodi-

ques qui couvrent le pays de plusieurs pieds d'eau. Cependant, )e travail avança assez rapidement la main d'oeuvre ne fit pas défaut, car des milliers de coulis ne demandaient qu'à être employés aux travaux de .terrassement sous la direction de son étatmajor européen, cette petite armée acheva sa tâche dans le temps prescrit. Au début, une difficulté faillit retarder lcs travaux plusieurs cimetières chinois se trouvaient sur le tracé de la voie. H faut avoir habité la Chine pour connaître le respect, ou mieux le culte, que tes Célestes professent à l'égard des tombes de leurs

?

3.

15

janvier 1898.


ancêtres. Les profanateurs sont punis de mort. Pour certains de ces cimetières les choses purent s'arranger et la voie put les traverser, pour d'autres il fut impos~sibte d'obtenir des familles la permission demandée. Il est curieux de voir en ptusieurs endroits la voie ferrée dévier de la ligne droite, faire un demi-cercle .pour éviter quelques tombes, puis reprendre plus loin la direction première. Certes, les morts qui dorment là sont plus respectés maintenant que de leur vivant. Plusieurs conflits se produisirent également entre les travaiiïeurs et les populations batelièrcs des bords du Pe'i-Ho qui voyaient, non sans raison, dans le chemin de fer, une concurrence dangereuse. Avec les bateliers il y avait moins de ménagement à garder qu'avec les tombes l'envoi de quelques soldats, une ou deux têtes co'upées ct une large

les jambes repliées et, dans ces positions commodes, fument, jouent, ne s'interrompant que pour boire une tasse de thé, qui bout dans de petites machines portatives. H se trouve toujours quelque musicien dans la bande, lequel ne manque pas de tirer de sa guitare les

trois sons uniques qu'elle produit, musique singulièrement agaçante pour les oreilles d'un étranger. Comme, a moins de payer un prix fabuleux, il n'y a pas de ~r; )'j/e-c~' pour les Européens, on comprendra qu'un pareil voisinage n'est pas toujours très plaisant. Avec un peu d'audace et de volonté, il y a pourtant moyen de faire évacuer un compartiment par les Chinois qui l'occupent, ce n'est peut-être pas très teg'a), mais nous sommes en Chine et dans ce pays on passe encore bien des choses aux occidentaux! Le tracé suit

presque )a)i~ne

distribution de

droite. Au nord de Tientsin s'étend un lac, profond seule-

coups de bambou

eurent"vitefaitde retabiir i'ordre. l'but alla si bien, à

ment de quelques

mètres, mais d'une étendue assez considérable. A l'époque de la saison des pluies, l'eau couvre toute la contrée avoisinante et vient

la

grande surprise de ceux qui connaissent les lenteurs et

les tergiversations de t'.administration

chinoise, que le

10

battre le talus du chemin de fer, qui fait ainsi l'office de digue. De nombreuses équipes de

mai )8ç" la première locomotive

arrivait à .Ma-Chia!~ou, sous les murs de Pékin.

coulis sont pos-

Le voyage de

tées de distance en distance et survei)lent cette partiee

TientsinaPékincst des plus intéressants,

non peut-être

paria variété des paysages qui dé-

dangereuse.

t.m'<Ut'U'\T!.tHLEH.\X-ltO(HG~LDEL)HX-H.\t-K<jr\~j.

/)'.7/'rc.<Hnt.f<)/)\t/t'f.V.Pf;'rf)tn;

filent devant les

yeux du voyageur, mais par les scènes curieuses qui, aux stations ou dans le train même, se présentent à )a vue d'un observateur attentif. Comme il n'y a

qu'un train par jour, dans chaque sens, on ne' peut faire encore )e trajet complet, aller et retour, en une seule journée. La gare de Tientsin est située sur la rive gauche de Peï-IIo, en face du quartier européen. Qu'on ne se figure pas un bâtiment tel que serait chez nous la gare d'une ville de plus d'un million d'habitants, c'est une petite maison en briques avec un seul rezde-chaussée. Le matèrie) est peu luxueux, mais suffisant pour un voyage de courte durée et les bancs cannés des wagons de première classe sont peut-être préférables, en ce pays où la propreté n'est pas une vertu courante, à des sièges plus rembourrés les voitures de seconde classe n'ont que des bancs de bois tout simples. L'intérieur des wag'ons est disposé d'une façon toute particulière. De chaque côte se trouve un banc adossé à la paroi et laissant au milieu un grand espace vide où les indigènes entassent leurs bagages. Euxmêmes se couchent sur les banquettes ou s'assoient

La première station atteinte est celle de~Yang'-Tsoun, village assez important, situé à une certaine distance de la g'.n'e. Le tracé n'a pas eu à tenir compte des intérêts qu'auraient pu avoir des localités intermédiaires de se trouver sur le passage de la ligne; ils sont nuls, car, pour les habitants, le transport par eau sera toujours le meilleur marché. C'est ainsi qu'il ne se trouve aucun village près de la voie; de distance en distance, on a construit de petites ~ares auxquelles on a donné )e nom des localités les plus proches. Entre Yan~Tsoun et Lo-Fati, la station suiinondé, la voie vante, le pays est en passe sur de nombreux ponts plus ou moins longs, jetés à travers les lagunes le plus important de ces travaux d'art est jeté sur le Pei-Ho, peu après Yuang'Tsoun, il mesure )oo mètres de long et est supporté par )~ piles en béton.

partie

L'eau pourtant se fait plus rare, à mesure que l'on monte elle disparaît, et après Lan-Pan~, on n'en voit plus trace. Le terrain est alors cultivé, ce ne sont sorte d'avoine haute de partout que champs de 3mètres, qui est le blé des Chinois du Nord. Après An-Tinp.ce sont de grands vergers, au milieu desquels

/u'i,


on aperçoit de petites maisons chinoises à moitié cachées dans la verdure et parfois aussi )e toit retevé d'une pagode que dominent les deux hautes perches traditionnelles. Au nord, se rapprochant toujours davantage, les derniers contreforts dos montagnes de Mongolie, les fameuses collines de Pe)dn découpent sur un ciel bleu leurs contours dénudés. De Huang-Tsoun, la ligne fait un détour pour éviter le parc impérial de chasse, car, bien que l'empereur n'y chasse plus depuis longtemps, on n'a pu obtenir des Chinois l'autorisation de le traverser. A FengTai, qui est l'avant-dernière station, un embranchement du chemin de fer se dirige vers Lou-Kou-Tsiao c'est )a tête de la tigrfe de Praotin-Fou à Han-Koou, sur]eYang-Tsé-Kiangdont nous reparlerons plus loin. Voici enfin Ma-Chia-Pou,)a station terminus. Xe cherchez pas ce nom sur un plan de Pé-

kin, vous ne )e trou-

veriez pas. Ma-

classe, le prix d'une simple course est de deux taéis en seconde classe d'un taël, ce qui est assez modique pour un trajet de i:y kilomètres. H existe encore une troisième classe, qui coûte quelques centaines de sapèques, pour les gens du pcuple. Le corps des ingénieurs est entièrement étranger il y a aussi un certain nombre de mécaniciens européens, mais tout le personnel des bureaux est composé de jeunes Chinois pariant anglais. Chaque train est toujours accompagné dedeuxétrang-ers, dont l'un monté sur la machine. jusqu'à présent, le trafic des marchandises a été peu important et les trains ne comprennent guère que des wagons de voyageurs. En effet, malgré la modicité des prix de transport, les marchands chinois ont encore avantage a faire voyager leurs marchandises par eau, et, en somme, )e chemin de fer n'a pas fait grand tort

à]abate))erie.

Chia-Pou ne .comprend qu'une maison, c'est la gare,

Cette année, plus peut-être en-

core que les précé-

bâtiment encore plus modeste que celui de Tientsin. Là, se sont

dentes, des centaines dejonques re-

montent et descendent lee Peï-Ho,

installés

d'innombrables martransportant leurs chands ambulants, lourdes cargaisons aniers, )oueursde de riz, de sel, de charrettes, qui asbois, de peaux et saillent le voyageur de mille produits divers. de leurs offres répétées. De la staTant que les tion, on n'aperçoit chemins de fer chiqui capitale, la pas nois ne comprese trouve cachée par naient que la ligne rideau de verde Chan-Haï'un LAUGXEUET~XTSINAPÈKIXPKESDELAX.FAXG. dure une route Kouan,i)s étaient D'J/')'t.«H<0<0~rj/N'f~Pf)'t;HO)< large, mais poussiép)acéssous)'autodéfoncée, y rite directe du vicereuse et conduit. Il est indispensable de prendre une charrette; roi du Pechili, Li-Hung-Chang, qui portait le titre de « Directeur des chemins de fer du nord de )a Chine en vingt minutes on arrive à la première porte de la Après la disgrâce du Bismark chinois, et lorsque la ville chinoise, et en une heure à la ville tartare où, à Chine sembla adopter définitivement les chemins de côté de.la lég-ation de France, se trouve l'o/c~ de fer, le fameux 7~o~; Cheng fut nommé Superinten7-'cA:/H, nom pompeux donné à l'unique établissement « 1. dant des chemins de fer impériaux ». Cheng est européen autorisé dans la capitale duCéIeste-Hmpire'. un des principaux mandarins du Céleste-Empire. t'instar de Jusqu'à présent, on se rendait de Ticntsin à Li-Hung-Chang, dont il fut J'éiève, et dont il est mainPékin en bateau ou en charrette chinoise. Le dernier tenant l'ennemi acharné, c'est lui.qui fonda les ateliers moyen était le plus rapide mais aussi le plus fatide Hung-Yau, près de Han-Koou, diriges par des g'ant généralement, il fa)!ait compter de quatre à ~e)ges.Cheng est un homme réso)u,favorab)e aux idées cinq jours de route, tandis qu'en bateau, sept, parfois progressistes, mais animé d'un esprit très particulamême dix jours, étaient nécessaires. Lorsque le service riste, dont il a donné la preuve récemment en voûtant des trains sera complètement org'anisé ou pourra aller émettre un emprunt intérieur réservé aux Célestes. Sa et revenir le même jour. Les marchands chinois, qui combinaison n'a d'ailleurs pas réussi et ne pouvait circulent entre les deux villes, sauront certainement guère réussir, car on trouverait difficilement un Chiapprécier cet avantage, sinon pour le temps épargné nois disposé à prêter de l'argent aux mandarins. qui, à leurs yeux, est chose secondaire, du moins pour La grosse question à t'ordre du jour, et dont l'économie faite sur le prix du voyage. En première tout le monde ici se préoccupe maintenant, est celle du dernières Un deux Européens sont, ances se ou ). chemin de fer de Lou-Kou-Tsiao a Han-Koou. L'années, installés à Pékin, mais ils n'y sont que tolérés par les Chinois, car Pékin n'est pas un port ouvert. Seul, r//<i/ de PcA'nt est légalement autorise à vendre à Pékin, et en

théorie seulement, au personnel des légations.

). Au change actuel, le tact vaut de 3 fr. a 3 I) comprend de 3uu à ~«o sapeques.

t

fr.j.


nonce que le gouvernement chinois se décidait à construire cette ligne a amené à Tientsin des représentants de différents syndicats industriels et financiers, s'efforçant, les uns et les autres, d'obtenir )a.concession des travaux ou l'avance des fonds nécessaires. Après de longs mois d'intrigues et de démarches, pendant lesquelles toutes les influences possibles furent mises en jeu par les divers concurrents, c'est un syndicat betge qui vient d'obtenir la concession tant convoitée. Le choix d'une nationalité qui, comme importance politique, n'occupe en Europe qu'un rang secondaire, peut paraître étrange au premier abord, car le syndicat belge avait des rivaux américains, anglais et allemands. On comprendra plus facilement le choix fait

par le gouverne-

g'ouvernement chinois n'a pas d'argent et ne veut pas en emprunter. Le dernier emprunt de 16 minions de livres sterling, fait par lc gouvernement chinois, sera en partie an'ccté à la construction d'une ligne de Nankin à Chang-Ha') 5(X) kilomètres environ;. Cependant, le premier pas est fait et l'on peut prévoir que, dans un avenir peut-être moins éloigné qu'on ne le croit, la Chine possédera son réseau de chemins de fer, mettant en communication rapide les provinces les plus éloignées du Céleste-Empire et ouvrant de riches débouchés au commerce. L'attention du monde civilisé se tourne actuellement de plus en plus vers la Chine, et dans les milieux politiques et commerciaux on s'occupe toujours davantage de l'imporqu'acquerra

ment chinois, quand

tance

presse anglaise de

lorsqu'il se décidera à entrer définitivement dans l'ère des progrès et des ré-

le grand

on saura que la

Chang-Haï affirme que le syndicat n'est

belge que de nom et que derrière se trouvent des Français et des Russes. Quoi-

Empire

formes. Les uns crient au péril

siège de la

jaune, d'autres supposent en rêve la

société se trouve bien en Belgique, il

possession des im-

menses territoires

vrai que la moitié des membres de la mission qui sont venus ici étaient des Français, mais nous ne partageons pas pour cela les idées des journaux de Chang-Haï. Le motif généralement admis est qu'en confé-

commerce, d'autres

que le

qui s'ouvriront au

est effectivement

rant le droit au

syndicat belge de

construire la ligne

de Han-Koou, le

enfin

escomptent

les richesses inconnues ou jusqu'ici

matexptoitéesqui, pendant de longues

années, pourront donner de beaux profits aux hommes énergiques et en

treprenants. Pour

LI-HU~G'CfIANG, PREMIER DIRECTEUR DES CHEMINS DE FER t'IIINOIS ET MANDARINS FORMANT SOK ETAT-MAJOR.

/)'~rf.~ les photographies de

gouvernement chinois a voulu traiter avec un pays dont il ne craindrait pas les revendications et les menaces en cas de contestations futures. Le contrat a été signé, et malgré tes bruits contradictoires qui circulent, l'auteur de ces lignes a des raisons pour croire que tout est bien définitivement réglé et que les travaux commenceront au printemps prochain. De Han-Koou, la ligne projetée se dirige au nord, traverse par quelques tunnels les montagnes qui séparent le Hou-Pé et le Ho-Nan, oblique légèrement à l'ouest et atteint Honan-Fou et Ming-Tchi. Ce détour s'explique par la nécessité de trouver un endroit où le Hoang-Ho ne soit pas trop large. C'est près de MingTchi que se fera le passage du fleuve, sur un pont long de i 3oo mètres. Le fleuve Jaune franchi, la ligne revient à l'est, remonte au nord et, en suivant la grande route, traverse le Ho-Nan et le Petchili jusqu'à PaotingFou et Loukou-Tsiao. On estime que les travaux pour cette ligne de i 200 kilomètres dureront sept ans. D'autres projets sont en perspective, mais le

P~rt-~H~

nous, nous croyons que l'on exagère beaucoup du péril jaune et, en même

temps, nous sommes convaincus que, pendant longtemps encore, la Chine ne sera pas un pays ingrat pour ceux qui veulent étudier ses ressources, s'initier aux habitudes et aux besoins de ses habitants. Ceux qui ventent travailler (car, en Chine comme ail!eurs, il faut travailler pour arriver), ceux-tà réussiront. Nous ne regrettons qu'une chose, c'est de voir la place infime qu'occupent en Chine l'élément et le commerce français comparés à ceux des Anglais et des Allemands. Le vœu qu'on nous permettra de faire en terminant, est que le commerce français profite, plus qu'il ne l'a fait jusqu'à présent, des avantages réservés aux nations européennes, lors de l'ouverture complète de la Chine, ouverture dont l'introduction des chemins de fer est )e signe précurseur certain. Ticntsin, octobre t8<)".

Alfred PERRENOL't).


bermabès avaient complètement ruiné. L'officier français fut donc accueilli comme un libérateur par les populations et ce fut sous la protection des baïonnettes françaises que les indigènes purent réoccuper les lieux

Les Francais au

~7~

Cliché ~ar~H~ Bai

Gourounsi

Tour dit ~/oH~e T~AXSle numéro du

Clicllé l'irou S~t'M<-Gct'ma;H.

du 14 août 1897',nous

avons rendu compte des résultats obtenus au Mossi et au Gourounsi par la mission Depuis lors, Voulet de nouveaux événe- LEL~CHAXOlXE. LECAP~YOCLET. ments se sont déroutés au Gourounsi, qui sollicitent tout particulièrement l'attention de ceux qui s'intéressent à notre expansion coloniale. Le Gourounsi s'étend du t5° au t2° de latitude Nord, du 3° au 5° de long. 0. H est enserré par les deux branches de la Volta la Volta blanche, qui le sépare à l'Est du Mossi, la Volta noire qui le sépare à l'Ouest du pays des Oulé, des Dagaré et du Lobi. Le pays, montagneux et boisé, a un aspect sauvage et déso)é qui contraste avec les plaines plantureuses du Mossi, parsemées de villages riches et prospères. Quatre grandes tribus habitent )e Gourounsi les Nonouma, les Sissala, les Boura et les Dagaré. Les populations, fétichistes,' s'adonnaient à l'agriculture, laissant le commerce aux mains des Dioulas. Les centres principaux du pays, appelés Oua-Loumbelé, Leo, Sati, avaient atteint un certain degré de prospérité lorsque se produisit l'invasion des Zabermabès dont nous avons rendu compte naguère. Les populations autochtones s'unirent alors contre l'envahisseur et le lieutenant Voulet fit triompher la cause de Hamaria, le roi légitime, contre son compétiteur Baba-To, le chef des Zabermabès. Dès que la mission française fut rentrée à Ouagadougou, Baba-To revint au Gourounsi où il inquiéta sérieusement notre protégé Hamaria. Ce prince fut d'autre part en butte aux intrigues des Anglais qui lui offraient de traiter avec eux, ce qu'il refusa. Mais il importait de ne pas le laisser dans un isolement qui aurait pu nous faire perdre le fruit des premiers avantages obtenus. Aussi le lieutenant Chanoine fut-i) envoyé au Gourounsi avec quarante tirailleurs et quinze spahis afin d'étudier la situation. II trouva les Zabermabès, devenus très audacieux depuis notre départ, qui venaient d'enlever dans les villages gourangas des drapeaux français que les indigènes y avaient arborés. Le lieutenant Chanoine prit hardiment l'offensive réunissant l'armée de Hamaria à sa petite colonne, il marcha contre Baba-To qui fut complètement défait à Gadianga, le )~ mars. Poursuivant sa marche vers le Sud, il pénétra dans le pays d'Aseydou qui s'étend de Oua-Loumbcté au Nord à la rivière d'Aseydou au Sud, et que les Zat. Voir aussi A /rjM~ le Afo))~ i8ç~, page 2)3, l'article et la carte de la BoHf/e du Niger.

qui les avaient vu naître. Le lieutenant Chanoine, après avoir dépassé Koundougou, fit un changement de direction, marchant vers le N. Ouest, pour gagner Leo, la capitale du Gourounsi, en reconduisant à Oua-Loumbeté les habitants qui avaient évacué leur ville à l'approche des Zabermabès. En arrivant à Leo, l'explorateur fut étonné d'y trouver six soldats noirs anglais que l'agent Fergusson y avait laissés, lors d'un précédent voyage, sous prétexte qu'ils étaient fatigués et ne pouvaient' lc suivre. Ces braves soldats se portaient à merveille, mais se refusèrent à quitter )e pays. Le lieutenant Chanoine s'empressa d'adresser une réclamation au représentant de l'Angleterre pour lui exposer combien cette attitude au Gourounsi était contraire à la convention signée naguère avec le lieutenant Voulet. Au même moment, la situation s'assombrissait vers l'Est, où les Anglais étaient aux prises avec les sofas de Samory. Le lieutenant Chanoine rendit compte de tous ces incidents au capitaine d'infanterie de marine Scat, notre résident au Mossi, qui s'empressa d'arriver à Leo avec un renfort de soixante tiraillcurs et de quarante cavaliers. Le i avril, tes officiers français recevaient un messager porteur d'un mot du capitaine Cramer, expliquant le désastre de la mission anglaise et exposant le « désir anxieux x qu'it avait d'être reçu par nous. Les traditions de générosité en honneur dans notre armée, sont aussi vivaces en Afrique que sur toute l'étendue de notre territoire. Les officiers anglais ~tes capitaines Cramer et Hastewood. le docteur Peath) reçurent donc la plus large hospitalité et ils furent reconduits à Gambakha selon leur désir. Le 22 avril, le petit détachement français rencontrait, à Yarba, le capitaine Stewart, résident de Coumassie, avec lequel fut conclue une convention provisoire, donnant la Volta blanche comme frontière entre le Gourounsi et le Gambakha. Le capitaine Stewart prit de plus, l'engagement, par écrit, de maintenir BabaTo à deux jours de marche en arrière de la frontière provisoire. Cette entente réglée, le capitaine Stewart revint à Gambakha, et la mission française rentra à Leo le t<~ mai. En y arrivant, le capitaine Scal apprit que le capitaine Casemajou, du génie, explorait la HauteVolta il envoya le lieutenant Chanoine au devant de lui et les deux officiers firent leur jonction à Diebougou. Les missions françaises du Gourounsi étaient donc reliées à celles de la Volta, complétant ainsi l'occupation de la région centrale de la boucle du Niger. Le lieutenant Chanoine revint alors à Leo, puis à Ouagadougou pour rentrer en France, avec la satisfaction d'avoir bien servi son pays. tt nous faut maintenant revenir un peu en arrière pour suivre les opérations exécutées dans la Haute-Votta. Le colonel de Trentinian, bien décidé à occuper les contrées de la région centrale de la boucle du Niger, avait formé à Ségou une colonne dont il

i


confia le commandement au chef de bataillon Valet, de l'infanterie de Marine, ayant pour chef d'état-major le

capitaine d'artillerie de marine Hugot. Cette colonne était constituée par les compagnies Bouland et Mayeur, les pelotons Spiess et Malot, des tirailleurs sénégalais, la compagnie auxiliaire du lieutenant Maillaud, la section d'artillerie du lieutenant Dutheil de la Rochère. Le docteur Vivien assurait le service de santé le capitaine Casemajou et le lieutenant Millot étaient détachés à l'état-major. La colonne quitta Segou le 27 février i8ç?, passa à San le mars et arriva à Lanfiera, où elle fut rejointe par le peloton de tirailleurs du lieutenant Bunds, et le peloton de spahis du lieutenant Courtois. Les opérations contre les Samos, avec lesquels le lieutenant Voulet avait été déjà aux prises, commencèrent aussitôt. Les Samos furent défaits à Sono, Diedou, Yegueré, Niancoré, après quoi le commandant Valet établit son quartier général à Sono. H dut bientôt, par suite de maladie, remettre le commandement au capitaine Hugot, qui poursuivit les opérations avec beaucoup d'énergie. Pendant qu'il procédait à l'occupation du pays, il envoya vers le Sud le capitaine Casemajou avec le peloton Malot, en lui donnant pour instructions de prendre le contact avec les populations, pour préparer la marche en avant de toute la colonne. Les Bobas, habitants de la région de Bobo-Dioulassou, s'efforcèrent d'arrêter notre pénétration et ils se concentrèrent à Mausara. Le capitaine Ilugot marcha contre eux et les défit, le 2.3 avril, après un sanglant combat, qui nous coûta quatre morts et soixante-cinq blessés, dont cinq officiers. La route vers le Sud nous était dorénavant ouverte, et le commandant Caudrelier, qui*i vint prendre la direction des opérations, ayant pour adjoint le capitaine Braulot, dirigea ses efforts dans cette direction. Il établit son quartier général à Boromo, et forordres ma deux colonnes secondaires l'une sous les du capitaine Braulot et du lieutenant Bunas, devant se rendre dans le Lobi, pour observer les mouvements de Samory la seconde, commandée par le capitaine Hugot, nommé résident au Gourounsi, devant procéder à l'occupation définitive de ce pays. Cet officier avait pour adjoint le lieutenant Millot, et comptait sous ses ordres la compagnie auxiliaire du lieutenant Maillaud. Le capitaine Hugot arriva à Leo le 22 mai, règla les affaires pendantes et se dirigea vers le Sud pour occuper Oua-Loumbolé et Funssi. Baba-To était revenu dans le Gourounsi et avait pillé et brûlé le village de Bélélé-Asseydou, après avoir massacré une partie de la population, puis il s'était dirigé sur Douré. La convention de Yarba était donc violée, le résident de France s'en plaignit au résident anglais, et il se lança à la poursuite de BabaTo. Arrivé à Saguécé, le 6 juin, après une marche des plus pénibles, à travers un pays rocailleux, coupé de torrents, dépourvu de routes, le capitaine Ilugot apprit que Baba-To était dans les environs. Il envoya aussitôt le lieutenant Maillaud en reconnaissance avec auxiliaires. quatre cavaliers, dix tirailleurs et quelques La reconnaissance,descendant les pentes de Saguécé, s'engagea dans un long et étroit défilé, bordé de hauts

escarpements, seul chemin conduisant à Doucé. Après une heure de marche, le lieutenant Maittaud prenait contact avec des éclaireurs zabermabès et il prévenait aussitôt )e capitaine Hugot de ce qui se passait. Il continua à avancer lentement et aperçut bientôt un groupe d'une soixantaine de cavaliers ennemis qui, devant le faible effectif de la petite troupe, crurent pouvoir aisément en venir à bout. Pour augmenter leur confiance, le lieutenant MaiHaud simula un mouvement rétrograde aussitôt les zabermabès chargèrent au galop. Mais soudain, un commandement retentit Demi-tour à droite, halte feu de salve, joue, feu Une salve bien dirigée vint jeter le désarroi dans les rangs ennemis deux nouvelles salves presque à bout portant, achevèrent sa déroute. La reconnaissance reprit son mouvement en avant, et bientôt le lieutenant Maillaud était rejoint par le reste de la petite colonne que commandait en personne le capitaine Ilugot..e Les troupes furent fractionnées en trois groupes aux ordres des lieutenants Millot et Mailtaud et du sergent Sancenot, puis l'on marcha sur Doucé qui fut enlevé de vive force, à la suite d'un mouvement tournant exécuté sur la droite par )e lieutenant MaiHaud. En vain la cavalerie des Zabermabès essaya-t-elle de reprendre l'offensive décimée par nos salves, elle se débanda et chercha son salut dans la fuite. Cette victoire fut très importante pour nous, quatre des principaux chefs ennemis ayant été tués, pendant que, d'autre part, nous nous emparions d'un butin considérable qui permit de ravitailler la colonne. Après un jour de repos à Doucé, )e capitaine Ilugot partit dans la direction de Oua, et bientôt atteignit Boussa, où l'almamy de Oua fit à nos troupes une réception triomphale, s'empressant de renouveler te traité signé antérieurement avec le capitaine Baud. Les limites méridionales du (iourounsi étaient atteintes un poste fut laissé à Houssa, car Oua n'existait plus, ayant été ruinée par les sofas de Samory. Le capitaine Hugot avait exécuté sa mission, il revint au Funssi le i5juin. Huit jours après, il avait à Helété une entrevue très cordiale avec le capitaine anglais MontgomeryCampbell qui s'engagea à faire incarcérer Baba-To à Coumassie, en attendant son jugement. Malheureusement, les fatigues subies par nos officiers avaient altéré leur santé le lieutenant Maillaud arrivé à la fin de son séjour fut rapatrié, et il put rentrer en France, très malade il est vrai. Le capitaine Hugot fut moins heureux, il succomba à la peine le le sou27 juillet, laissant à tous ceux qui l'ont connu venir d'un brave et loyal officier. Le lieutenant Millot qui a pris le commandement, continue son œuvre et fait respecter l'autorité de la France au Gourounsi. Le capitaine Braulot et le lieutenant Bunas avaient quitté Boromo peu après le capitaine Hugot, se dirigeant vers le Lobi. Le 26 mai, ils fondaient un poste à Diebougou et ils entraient bientôt en relations avec Samory, qui parut animé des meilleures intentions à notre égard et s'engagea, sans même se faire trop prier, à remettre entre nos mains la ville de Bounoua.


Lorsque forts de cet engagement, les nôtres arrivèrent sous les murs de Bounoua, ils trouvèrent la

ville occupée par les sofas qui refusèrent de l'évacuer. Le capitaine Braulot, ayant ordre de ne pas engager d'hostilités, revint donc sur ses pas. Chemin faisant, il rencontra Sarankeny-Mory, le fils de Samory, à la tête d'une nombreuse armée. Celui-ci lui déclara qu'il y avait un malentendu, et le pria de revenir avec lui, jurant qu'il opérerait lui-même la reddition de Bounoua. Le capitaine Braulot eut confiance dans la parole de Sarankeny-Mory. H changea donc encore une fois de direction, se tenant en tête aux côtés de Samory, pendant que le peloton du lieutenant Bunas marchait un peu en arrière, entouré de l'armée de Samory c'est dans cet ordre que l'on arriva en vue de Bounoua. A ce moment, un son de trompe se fit entendre, et subitement les sofas de Sarankeny-Mory firent sur le détachement français une décharge mortelle. Braulot et Bunas sont-ils morts ou sont-ils prisonniers de Samory ? Sur les contrôles des troupes de la marine ils sont portés « disparus Puisse cette lugubre mention bientôt disparaître! NED NOLL.

-<t~tm~~s~ Notes Haï-Nan sur

T T\ explorateur français,

M. Claudius MadroHe, a

parcouru en )8Q6,i'iIe d'Haï-Nan. Nous trouvons dans ses récits de voyage d'intéressants détails sur l'ile dont on parle tant depuis quelques jours. · Sa superficie est de 36 195 kilomètres carrés, soit plus de quatre fois la superficie de la Corse qui n'a pas 9 ooo kilomètres carrés. Sa population est de ) 8to ooo habitants, sur lesquels on compte i 700 000 Chinois, 110000 aborigènes refoulés dans les montagnes de l'intérieur et seulement 24 Européens, savoir Il Anglais, 6 Américains,3 Allemands, 3 Danois, i Portugais. Il n'y a aucun Français. Hn'y a même pas de consul de France, dans une contrée si voisine de notre Toniun, alors qu'il y a. depuis 1876, un consul anglais et un agent consulaire allemand. Les Chinois occupent surtout le Nord et l'Est de l'ile, laissant le Sud aux aborigènes qui vivent entièrement indépendants dans des massifs montagneux et qui sont regardés par les Célestes comme des « barbares et des « sauvages Vu leur petit nombre, les autochtones sont donc fort disséminés,tandisque dans la partie septentrionalehabitée par les Chinois, la population est dense et comme comprimée dans les vallées où la proximité de l'eau permet une irrigation commode des rizières, principale culture du pays. L'île possède un grand nombre de ports, mais il n'y en a qu'un, celui de Hoï-Hoou, situé au Nord, presqu'en face de la presqu'île de Leï-Tchéou-Fou, et voisin de la capitale Kioung-Tchéou-Fou, qui soit ouvert au commerce européen; c'est également dans cette ville que tous les produits provenant du dehors

viennent se faire dédouaner par les agents (tous anglais) des douanes chinoises. Les bâtiments anglais, d'abord très nombreux dans le golfe du Tonkin; furent bientôt distancés par le pavillon allemand, puis les Danois prirent la tête, suivis par le pavillon français qui, aperçu pour la première fois en ;8~9, tend à prendre la première place. En i8go, les Messageries maritimes, ayant créé une ligne entre le Tonkin et Hong-Kong, firent escale à Hoï-hoon. Les Messageries ayant cessé ce service, furent remplacées par une ligne française, la Compagnie Marty, bien connue en Indo-Chine, qui, avec des vapeurs français et danois, dessert le Tonkin, PakHoï, Haï-Nan et Hong-Kong. Les chiffres suivants indiquent bien la progression de nos intérêts en i885, le mouvement du port de Hoï-hoon était de 5~o bâtiments jaugeant 225 2i6 tonnes, dont 284 allemands, 268 anglais, 10 danois, 6 américains, 2 français; en ;895, le mouvement était de 632 bâtiments jaugeant 388 88o tonnes, dont 282 danois, ).5o français, ~2 allemands, 54 anglais, 2 hollandais, 2 norvégiens. Quant à la valeur que pourrait avoir pour nous la possession d'Haï-Nan,M. C!audiusAIadroi)e l'apprécie en ces termes « Notre empire indo-chinois doit être ie centre de notre influence en ExtrêmeOrient et pour qu'il en soit ainsi, il faut protéger nos intérêts et prévoir l'avenir. Le golfe du Tonkin doit devenir une mer française. Haï-nan est à la porte même de ce golfe, commandant la route de Singapour-Hong-Kong, comme « t'ceil de la Chine vers nos possessions asiatiques et l'un des points stratégiques des mers d'Asie ».

Georges Roche.–AaCt<~<«'Ct~M!<'t-.?<tV<;<;ro/'c(tvol~in-8'

tome

8;- de la

bibliothèque scientifique internationale, avec

ni gravures dans le texte, cart. à l'anglaise, 6

éditeur.

fr.)-

Félix Alcan,-

r\EpEtS des siècles, l'homme s'est préoccupé de régulariserla production de la mer, et pour qu'une exploitation désor donnée ou trop active des espèces comestibles n'en amenât pas la diminution ou la disparition, il voulut restreindre l'exercice des pèches et aider la nature elle-même, en se livrant à une sorte de

culture du milieu marin. Dans la seconde moitié de ce siècle, c'est en France, sous l'influence du génie fécond de Coste, et grâce aux efforts du commissaire de la marine de Bon, que s'est créée l'industrie ostréicole. Par contre, c'est surtout à t'étfanger que les hommes de science se sont consacrés le plus activement à l'étude de toutes les questions biologiques qui intéressent l'exploitation des mers. Depuis lors, ces connaissances se sont précisées et éten dues et l'on est arrivé à fabriquer des alevins des espèces comestibles importantes avec une précision technique bien plus grande. M. Roché, inspecteur général des pêches maritimes, n'a pas d'écrire un traité d'aquiculture, mais il a pensé la prétention eu qu'il était intéressant d'initier le public au fonctionnement des industries maritimes et à la technique des méthodes piscicoles et ostréicoies. Il expose d'abord les procédés de pèche modernes et les résultats qu'ils fournissent dans les mers d'Europe, puis il passe en revue les essais et les résultats de piscifacture et de pisciculture pratiqués dans les divers pays, la reproduction des homards et des langoustes,l'ostréiculture si développée en France que ses débouchés actuels sont devenus insuffisants. Un dernier chapitre est consacré à la culture des éponges industrielles.


Renseignements pour un Voyage aux Mines d'Or de t'Ataska'1

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XKM~-O,

le

sur les rox/M. Apres le lac Lindemann, on gagne successivement le lac Bennet, le lac Takou, le lac des Boues. Là, à fin avril, TrNKAUest après Sitka, capitale poli- l'eau commence à dégeler, et on constique de l'Alaska, la principale ville La de ces pays. On y compte 3ooo habi- truit en cinq ou six jours un bateau. lente, navigation commence, tantôt tantants en comprenant les voyageurs qui tôt rapides, ies les où dans passagers y séjournent. C'est à Juneau que le veillent à s'éloigner des bancs de sable voyageur s'équipera. Au retour, il achè- et des rochers. Après avoir abandonné tera là des souvenirs de l'Alaska, objets le premier canot, on reprend la route de d'argent ciselés par les Indiens, des p*uis nouvelle reconstruit fourrures précieuses qu'il payera d'ail- terre, Ononsuit le lac LeuneBarge (Le barque. leursaussicherqu'à Paris. Barge est un Canadien Français qui exDe Juneau on gagne Dyea, et c'est plora ces régtons en )86< On descend là que commence la partie pénible du les fleuves Lewis, Ilostalingua, la petite voyage. La passe du Chilkoot, sur la et la grande rivière des Saumons puis, frontière canadienne et britannique, après un périlleux rapide, on entre oblige à une terrible ascension de dans l'immense fleuve Yukon, qui, par vous mène ) ooo mètres, sans abri contre les ratâtes une traversée sans danger, de neige et pour laquelle la nature a ac- jusqu'à son fameux petit afnuent, le cumulé tous les obstacles. On passe au Klondvke. On arrivera enfin a DawsonPteasant-Camp que la bonne humeur City, terme du voyage. des émisants a ainsi baptisé par comPour toute cette dernière partie paraison avec les dentés qui suivent. Le de l'expédition, le régime est polaire. voyageur recommence l'ascension six ou On se couche à cinq heures du soir et sept fois sur des rochers à pic où l'on repart à la lueur du soleil de misouffle un terrible vent polaire car on nuit. ne peut porter les bagages d'un seul coup. Les Indiens prennent 20 dollars ENTRAINEMENT ET ÉQUIPEMENT par cent livres de paquets pour la traversée du Chitkoot, impossible d'ailleurs II serait ridicule et' mortel d'entresans ces guides, habitués a reconnaitre prendre ce voyage sans posséder cerleur route sur la neige. On avance de des forces deux kilomètres par jour. On ne fait le taines aptitudes spéciales et endurer la physiques suffisantes voyage que par un temps clair et on fatigue, le froid et lespour terribles mousattend s'il fait de la brume. A la desde l'Alaska. II est, en général, à cente, on creusc')8o mètres en hauteur) tiques des marches dans la glace. La durée du déconseiller aux femmes. Outre l'anglais qu'il devra savoir passage a varié de deux a quatorze l'ingéhisser les bagages, jours. Pour àpeu près, le voyageur, dans la traverniosité des prospecteurs a imaginé un sée de San-Francisco à Juneau, apprentreuil d'un nouveau genre. Dans la dra le CAnt~o/ langue avec laquelle neige, on plante un pieu armé d'une il se fera comprendre des Indiens. C'est poulie, autour de laquelle gtisse une un mélange d'anglais, d'indien et de .corde fixée à deux traineaux. L'un, en français. Homme, se :MM)t. La l'autre, bagages, en goutte d'eau: tum. La bouteille: la boubas, contient les de dernier remplit On vide. haut, est ce tai. La construction des phrases: est éléneige, puis, quand l'équilibre tend à se mentaire. faire, deux hommes sautent dedans A Juneau, le voyageur achètera et leur poids fait monter le traineau son équipement. chargé. Prix de Juneau: Après la traversée du Chilkoot, on se repose deux ou trois jours sur les Une casquette de fourrure 20 fr. rives du lac Lindemann et on recharge Machinawde ;oo les traîneaux. Si l'on ne peut ou ne Gilet de chasse de laine )0 veut emporter tout ce que l'on possède, Chemise de flanelle 20 on enfouit le superflu dans la neige et, Gilet de 20 par-dessus, on plante un poteau. Tout L'n col de 3o ce qu'on abandonne ainsi est au service Une 5 du premier venu qui en aura besoin Bottines et gros bas de laine.. 25 c'est une coutume établie comme une loi. Bottes en caoutchouc i!t En route, on rencontre quelques bloc- Couverture en peau de renne.. 60 khaus où on couche. Costume peau de 2.~0 Draps de lit, )o LES ROUTES (suite)

dit

laine. flanelle. fourrure. ceinture. renard.

couvertures.

Voyez le numéro

précèdent,?. Gants, peau de

renne.

)o

Voilà pour l'habillement. L'équi-

pement comprendra en outre, la nourriture (farine,jambon, haricots, conserves, .t?o kilogrammes), les instruments de cuisine, le poële, les instruments de travail (piolets, haches, marteaux, etc., etc.) et un traineau en bois dur et garni d'acier. Ajoutez encore un revolver et un fusil de chasse. En poids, habillement et équipement, chaque voyageur transporte <oo kilogrammes environ. Il y en a cependant qui sont partis avec moins, persuadés de trouver à Dawson-City tout ce qu'il faut pour vivre. Mais beaucoup ont été déçus. RENSEIGNEMENTS SUPPLÉMENTAIRES

est évident que l'avenir simplifiera ce voyage et le facilitera. L'itinéraire que nous indiquons est celui qui JI

a été le plus suivi jusqu'à

présent; mais

nous répetons qu'il sera probablement abandonné pour une route plus abordable. Dans l'intérieur du pays, en hiver, il faut prendre des précautions pour ne pas se faire geler. Les nez et les oreilles perdus ne se comptent plus. Lorsque sur un traineau tiré par des chiens, l'allure devient très rapide, il faut éviter de rester exposé au vent. Un Indien est arrivé un jour debout sur son traineau et mort de froid. Il faut se faire raser assez souvent (cela coûte t dollar~, car l'air expiré fait de la barbe un glaçon gênant. Une nuit un marchand de fourrure russe est mort étouffé par sa barbe. Pour le froid, il vaut mieux habiter une maison construite dans la terre. On creuse tout simplement un grand trou sur lequel on construit un toit. On bouche les interstices avec des fourrures et on fait du feu de bois. Le plus grand froid constaté au Ktondyke a été un jour de novembre où le thermomètre a marqué ~o" centigrade. Les mineurs font la cuisine eux-mêmes, car une cuisinière coûte -)oo dollars par mois. On mange du poisson, du porc fumé, des haricots, des gâteaux faits de farine, de sucre et de graisse d'ours ou de phoque. On boit du thé. On trouve sous la neige des baies qui, cuites dans la graisse de porc, forment une friandise. Avoir soin, au départ, de se munir de petits jouets (diables qui sortent d'une boite, surtout) et de verroteries qui font les délices des Indiens.


Notes sur la Nouvelle-Zélande

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A'0;0'e//C-Zc/J~e est non .!(.</C);)CX/ !< des les /<07-M~;<M ~M monde, MJ/S JM.S' !<;t des plus 7~/t'M.MH/ ait point de )'!<e ~;< général et des expériences de toute so/e ~x'oH ~?;/e chaque jour ~<; les !?M/0)M~<M C/ .!OC/M. <9?! ~O~C Nt)'<?C intérêt ces ?!0/M,t'C/7M par :N! 7'~HCO~ qui a /OH~Cm~.<; y-M!~ dans li .YO!0'C//C-ZC/)!

LnA Xouve)!e-/é)ande est

à peu près l'antipode de la France. Elle se compose de deux îles, l'île du Nord et t'He du Sud, séparées par le détroit de Cook. Dans I'))e du Sud se trouvent les grandes villes de Du-

nedin, deChristchurch et de Nel-

son. Dunedin est un centre industriel

et commercial très important et possède de très beaux

bâtiments, parmi lesquels les ban-

Les villes principales décile du Nord sont ~Ye))ing-ton, le pays traditionnel des coups de vent et des trembternents de terre, où siège le gouvernement, et Auckland.Chacune de ces deux villes donne son nom à la province où elle est située. C'est dans s la province d'Auckland que se trouve le //<~ .La/:e District (te district des lacs chauds), une des

merveilles de la

ques sont particulièrement remarquables.

nature. Une quantité de sources et

Christ-

de

church, la cité des plaines, est le centre pastoral et agri-

lacs d'eau

chaude sont parsemés au milieu de monts de différentes altitudes, dont

cole par excellence,

ctc'estdeLyttel-

tep)usé)evéest)e

ton, un port de la côte Est, situé à

montTarawera. L'un de ces lacs

quelques Idiomeest appelé le ~o/tres de la grande /<M~ Catt/OK (le ville, que s'expéchaudron d'eau )'L.US DE JUSTICE D'AL'CKLAXD. dient les tonnes de bouillante). La PAo<o~'a/M7?Mr<nH.DMH~;H. beurre et les miltempérature de lions de moutons destinés aux marchés de Londres. ['eau qu'il contient est tellement élevée, qu'une vapeurr incessante s'étevc en une colonne blanche vers le ciel, Non loin de là, dans la même province (la proempêchant la vue de distinguer ce qui se trouve en vince de Canterbury) s'élève la chaîne de montagnes deçà. On raconte que bien des Maoris y étant tombés appelée les Alpes du Sud. C'est au milieu de cette par imprudence, ont trouvé là une mort horrible. Non chaîne, possédant des glaciers, des ravins et des loin du mont Tarawera s'étend lc lac Rotamahana, près gorges magnifiques, oh se trouvent des fougères de duquel se trouvaient trois merveilles de la création toute beauté, que s'élève majestueusement le mont c'étaient trois terrasses naturelles, dont une rose, une Cook, recouvert de sa coupole de neige dont la blanbleue et une blanche. La gravure de tapag-e 28 représente cheur éclatante jette des reflets argentés sous les la terrasse rose, la plus belle des trois, qui fut détruite rayons du soleil. Rien, pour )c touriste intrépide, ne par une éruption volcanique. peut surpasser en grandeur et en beauté le spectacle varié et pittoresque qui s'offre à sa vue en faisant Au mois de juin ;886, les habitants du district l'ascension, parfois très dangereuse, de ces montagnes. des lacs chauds furent réveillés pendant la nuit par A TRAVERS

LE MONDE.

4° LIV.

).

22

janvier

<8çfi.


une détonation formidable c'était la terrasse rose qui sautait. Affolés, ils sortirent de leurs maisons et

assistèrent à un spectacle aussi effrayant que grandiose le montTarawera était en flammes, lançant vers les cieux des masses de pierres et de lave qui retombaient en cascade, jetant la mort et la désolation sur

les plaines environnantes. Auckland, où se trouvait autrefois le siège du gouvernement, est une fort. jolie ville à l'aspect des plus pittoresques, bâtie sur des collines qui s'élèvent de chaque côté et à l'extrémité de Queen-Street, la rue principale et le centre commercial de la cité. C'est aussi le port le plus important de l'île du Nord, et c'est là que la ligne postale de San-Francisco fait escale en se rendant à Sydney. La rade est magnifique, elle offre un abri sûr aux navires de toutes les parties du monde. qui viennent y mouiller. La ville possède de beaux édinces. Il y a de jolis parcs, et celui que l'on appelle le Domaine offre un aspect des

se rencontrent, ils se serrent d'abord la main, puis, au lieu de s'embrasser, ils se frottent le nez l'un contre l'autre. Ce sont des orateurs distingués Je me rappelle qu'au soixante-dixième anniversaire de Sir GeorgeGrey, que l'on avait surnommé le përe des Maoris, des chefs délégués vinrent assister au meeting tenu d'État. Bien que je en l'honneur du vénérable homme ne pusse les comprendre que très imparfaitement, je fus néanmoins frappé du geste noble et de l'emphase déclamatoire avec lesquels ils soulignaient les passages saillants de leur péroraison. Comme toutes les colonies anglaises de l'Australie, à l'exception de Fidji, qui appartient encore à la couronne d'Angleterre, la Nouvelle-Zélande est absolument autonome; le seul lien qui la rattache à l'empire britannique est son gouverneur, nommé par le

C"I~4cabinet de Saint-

James. Sa législature se compose de deux Chambres: le Conseil législatif ou Sénat, et la Chambre des

représentants.

Cette dernière est

plus enchanteurs, tant par les arbres géants que l'on y rencontre à chaque pas que par les

issue directement

taillis touffus où les plus belles fou-

exécutif se compose d'un gouverneur et de minis-

gères s'entrelacent sur un tapis d'é-

tres responsables devant la Cham-

du suffrage univer-

sel. Le pouvoir

bre

meraude. Le sol de la

des

repré-

sentants. Les Mao-

ris sont représentés à la Chamet son climat se bre et au Sénat par prêtent à toutes les des membres choiJ'ho<Oi~7~/<BM)'<f)H,.7~cdtH. cultures. Le blé, sis par eux dans l'avoine, le maïs, leurs tribus et qui siègent généralement sur les bancs le houblon, les pommes de terre, les légumes de toutes de l'opposition. espèces y viennent à ravir, et les fruits y sont superbes A l'imitation de tous les pays jeunes, la Nouen même temps que succulents. Seule, la vigne n'a pu s'y acclimater en plein air on est obligé vette-Zétandc a passé par toutes les péripéties de la d'avoir recours aux serres pour obtenir du raisin de plus grande prospérité et de la dépression la plus table. rude, et il n'a fallu rien moins que la ténacité et )a persévérance propres à la race ang'to-saxonnc pour Les Maoris, au contraire des races polynéqu'il ocque cet archipel prenne la place importante siennes, sont intelligents, braves et pleins d'humanité. cupe aujourd'hui parmi les colonies anglaises du Leur hospitalité est proverbiale. Vivant au milieu Pacifique. d'une civilisation nouvelle pour eux, ils ont su écarter De toutes les possessions britanniques de la cintout ce que cette civiHsation peut comporter de mauquième partie du monde, c'est certainement celle qui a vais et préserver dans presque toute leur intégrité été le plus éprouvée. L'Australie, elle, n'a eu à lutter leurs mœurs patriarcales. Alors que, dans les rues de Sydney et dans la brousse, la vue est affligée par le que contre les difficultés inhérentes à la fondation d'établissementscoloniaux, et la découverte de l'or lui spectacle de malheureux indigènes se livrant à l'alcoolisme le plus épouvantable, c'est à peine si en Noua donné un coup d'épaule qui n'a pas peu contribué à velle-Zélande on voit un Maori dans le plus petit état son merveilleux développement. Mais la NouvelleZélande, en outre des mêmes difficultés, a été le théâtre d'ébriété. de guerres sanglantes dont le continent australien a Ils sont grands, bien bâtis, à la démarche noble, toujours été exempt. au geste plutôt affable. Ils ont la figure tatouée d'une C'est ainsi que, après les premiers succès de façon artistique, et cela en proportion du rang qu'ils colonisation, alors que la prospérité apparaissait raoccupent dans leur tribu. Leur manière de se donner dieuse pour couronner les efforts des vaillants pionniers l'accolade ne manque pas d'originalité. Lorsqu'ils

Nouvelle-Zélande

~5it.~r_vu:a.m.

L'HUrtTALETUNEPART~nL'DUMAtM.


qui avaient posé la première pierre d'une jeune nation, une guerre terrible éclata. Les Maoris, -peuple brave et intelligent, mécontents de l'invasion anglaise, qui petit à petit les circonscrivait dans un cercle qu'ils jugèrent devenir trop étroit, les Maoris se levèrent comme un seul homme, en 1801, et déclarèrent la guerre à leurs envahisseurs. Ingénieurs émérites, pendant que le gouvernement était obligé de demander des renforts de troupes à l'Angleterre,ils construisirentdes forts qui, plus tard, firent l'admiration du génie militaire anglais, et ils se battirent comme des gens conscients de leurs droits, c'est-à-dire en héros. Et là il n'y eut à déplorer aucune de ces atrocités qui ont toujours lieu entre ce qu'il est convenu d'appeler des sauvages et les Européens. Malgré leur vaillance, ils durent néanmoins déposer les armes, non toutefois sans avoir obtenu une

partie des hon-

neurs de la guerre, car la paix de Tarana)d leur accordait un vaste terri-

1

toire sur )equeHeur roi conservait toute suprématie et qui

devait être interdit à l'envahissemént des Européens, à moins que les Maoris ne les acceptassent parmi eux.

Après la

guerre, il y eut un

semblant de prospérité, produite par le séjour d'une forte armée d'occupation qui dépensait dans

~a

:r

rêts, qui commençaient à former un chiffre des plus respectables.

Des politiciens clairvoyants, à la tt~c desquels se trouvait Sir George Grey, comprirent que cela ne pouvait se perpétuer, que l'on courait infailliblement à la banqueroute. Les emprunts cessèrent, les travaux inachevés furent arrêtés, et une armée considérable d'ouvriers se trouva sans travail. De nouveau l'émigration recommença. C'est alors que tous les yeux se tournèrent vers les merveilleuses ressources dont la nature avait doté le pays. Il y a là de vastes forets d'un arbre appelé le AaMn',qui atteint des proportions gigantesques et dont le bois est admirablement veiné. De cet arbre exsude une

substance résineuse qui, ayant

coulé pendant des

.r ba~:

,91'

durer l'échéance de premiers emprunts approchait, et il y avait, en outre, à payer chaque année les inté-

«

années et des années, s'enfonce len-

tement dans le sol et forme en certains

endroits une couche assez épaisse de l'article connu dans le commerce sous

le nom de~M~-t

~<~ (gomme de kauri)et qui sert

principalement à la 'fabrication du vernis. La. plus belle

qualité de cette gomme, transparente comme le

cristal, sert aussi à ALBERT PARK. la confection de bile pays l'argent P/tO<o~fa~A<eBMf<on,a/)!<M<*d!);. joux et d'objets de qu'elle recevait fantaisie. Or, une d'Angleterre.Mais, quantité d'ouvriers sans travail, armés d'épieux et lorsque la pacification fut complète, les troupes anglaide pioches pour sonder le terrain, ainsi que de tentes ses furent rappelées, et une période de dépression compour s'abriter, se répandirent dans les campagnes mença le pays redevint pauvre, ses habitants émigréoù l'on avait reconnu l'emplacement de forêts depuis rent vers l'Australie, et l'herbe poussa dans les rues longtemps disparues, et se livrèrent à leur nouvelle des villes qui, quelques mois auparavant, étaient pleines industrie. Ce travail était parfois très lucratif. Ils tomd'animation. baient souvent sur des morceaux de bois pétrifiés qu'a-C'est alors que les hommes d'Ktat néo-zélandais près avoir polis ils vendaient pour en faire des bijoux. eurent recours à une nouvelle politique. Comme presVivant continuellementdans la brousse, où ils ne pouque tous les travaux publics étaient encore à créer, ils vaient dépenser que fort peu, il n'était pas rare de les se décidèrent à demander à la métropole, sous forme voir revenir, après cinq ou six mois d'absence, ayant d'emprunt national, les fonds nécessaires à la création en poche un capital d'une centaine de livres sterling' de leurs chemins de fer et de leurs routes, à l'érection (2,500 francs). de leurs monuments, à la fondation de nouvelles villes, etc., etc. D'un autre côté, on découvrit quelques mines d'or au Thames, près d'Auckland, et la vie devint plus Sir Julius Vog'el, alors président du Conseil des facile. Cependant, tout cela n'était pas suffisant, et la ministres, inaugura l'cre des emprunts. Chaque année législature comprit que c'était surtout vers l'agriculon faisait un nouvel emprunt de Soooooo de livres sterling (?5 ooo ooo de francs) jusqu'au jour où on ture, l'élevage et l'industrie lainière que ses efforts devaient se diriger. On alla au plus pressé, et, pour arriva à une dette publique de 33 ooo ooo de livres sterling (825 ooo ooo de francs). La prospérité alors trouver de l'emploi aux sans-travail, les Chambres votèétait à son comble; le travail était des plus florissants, rent une loi établissant les village settlements (colonies agricoles). De vastes territoires furent divisés en peles salaires élevés, et, l'offre ne répondant plus à la tites fermes distribuées a tous ceux qui en faisaient la demande, la population s'accrut dans des proportions demande. Le gouvernement leur fournit des instruconsidérables. Cet état de choses ne pouvait toujours


ments aratoires, quelques têtes de bétail et des vivres pour une certaine période, la seule condition étant d'améliorer lcur concession et de la mettre en état de culture dans un laps de temps déterminé. L'agriculture reçut un nouvel essor, et le commerce d'exportation s'accrut considérablement. C'est ainsi que de quelques moutons qu'elle exportait en 1882, la Nouvette-Xetandeétait arrivée, en 189~, à envoyer en Angleterre 2 oooooo de têtes qui réatisèrent plus de t 162000 1. st., soit 2~o.Soooo francs. Son commerce des céréa)es prend une grande importance, et quant A sa laiterie, elle en est arrivée a battre sur le marché de Londres les beurres du Danemark, et en qualité et en quantité. L'industrie aussi a fait des progrès. Les lainages de la NouveUe-Xé)ande, en particulier, ont une grande réputation sur tous les marchés angtais. Bref, l'ère de la prospérité est arrivée d'une mamere stable pour ce pays admirable, et les lé-

gislateurs aujourd'hui n'ont plus qu'à perfectionner leurr œuvre. Et puisque je suis en train de parler de législature, il serait peut-être bon ici de dire que la

XcuveUc-Zéiande fait actuellement

refroidir à i'ég'ard de son élue, qui, à son tour, dut se

retirer pour faire place à un successeur ma)e.

Tout ceci prouve que le parlement néo-zétan-

dais va audacieusement de l'avant dans sa )ég'is)ation, et très certainement il nous ménage de nouvelles surprises. Un parti très puissant fondé par Sir Georg'e Grey, un des plus grands propriétaires terriens du pays, s'ag'ite depuis plusieurs années en vue de la nationalisation du sol. Les adeptes de ce parti prétendent que dans un pays nouveau la terre doit appartenir au peuple tout entier, et que l'Etat n'a pas )e droit de t'aliéner au profit d'une classe, mais bien ~dc la louer à bai! a tous ceux qui veulent la faire fructifier. Au point de vue intellectuel, la NouvelleXéiande n'a rien à envier au vieux monde. Le système de l'instruction laïque et obligatoire est depuis longtemps déjà en ..vigueur sur toute l'étendue du territoire. H existe un grand nombre de sociétés artistiques et litté-

raires où la jeu-

nesse des deux sexes va passerses instants de loisir

cn

s'instruisant. En 1882, je fondai à Auckland la Société littéraire française dans le dessein de répandre notre langue et de faire connaître nos grands écrivains, nos grands

l'expérience d'une question qui a été l'objet de bien des controverses en Europe. et qu'avec son penseurs. Notre LATERHASSEROSE. esprit d'initiative r/~);0~rj/L'7!t<)'<OH,t7~<Mf.M. programme se comelle a introduit dans posait de conférensa législa tion. Je dissertations de ces contradictoires, de causeries et de veux parler du sunrag'e des femmes en matière polititous genres. Cette Société obtint le plus grand succès; que. Bien que je n'aie pas l'intention de discuter le pour elle se composait de plus de cent cinquante membres, et le contre de cette mesure, je ne puis résister au désir dont vingt tout au plus étaient Français. En i883, de relater le premier résultat de la nouvelle loi. ayant comme correspondants M. deMontotk, profesAux élections municipales, Miss Bates avait été seur de français à Christchurch, M. Max Muret, proélue, à une forte majorité, maire d'Onehunga, petite fesseur à Dunedin, et M. Bourgeois, professeur à Comme d'Auddand. kilomètres quelques ville située à Wapier, je fondai un journal artistique et littéraire en bien l'on pense, l'opinion publique fondait les plus français, le A'co-Zf/M~M, la première feuille en notre grandes espérancessur cette innovation originale, qui, langue parue dans cette partie du monde. La presse supposait-on, devait amener plus de moralité dans locale fit l'accueil le plus gracieux à son jeune conl'administration des affaires de la commune. Or, tant frère de la vieille Gaule, et, bien qu'elle eut à rompre qu'il n'y eut qu'à administrer, à part quelques actes plus d'une lance avec lui, elle ne cessa de le traiter de d'intolérance, tout alla assez bien la )M:M&'e remla façon la plus courtoise. plissait ses fonctions avec dignité. Mais la session du En effet, les traits caractéristiques de la popuconseil municipal s'ouvrit, et c'est ici que les déboires lation néo-zétandaise, qui appartient en presque tocommencèrent. Les malheureux conseillers s'apertalité à la race anglo-saxonne, sont un mélange d'urçurent bientôtqu'ils se trouvaient sous la férule d'une banité, de politesse exquise dans les devoirs de l'hosautocrate qui n'admettait aucune contradiction. Les pitalité. Aussi le voyageur en quête des grandes plus courageux essayèrent de protester, mais, dès manifestations de la nature peut-il en toute confiance qu'ils ouvraient la bouche, la mairesse les rappelait à visiter ce pays merveilleux, où il trouvera une populal'ordre ou leur retirait la parole, sous le prétexte qu'ils tion et des institututions dont l'analyse fournit au s'éloignaient de la question ou qu'ils se répétaient d'une façon fastidieuse. Les réunions devinrent tellepenseur bien des sujets de comparaison et un enseignement des plus précieux. ment intolérables que le conseil tout entier donna sa Albin VtLLEVAL. démission. L'opinion publique commença alors à se


g-énieurs ont travaillé au prolongementde cette ligne,

Chemins de fer de Rhodesia 609 mètres de rails par jour de travail Les Fêtes d'inauguration à Boulouwayo.

Les

T\ujour

M. Cecil Rhodes fut nommé directeur de la «oùBritish South Africa Company )' (devenue

en ]888 une eompag-nie à qu'on a appelé le

charte onC/ta~/cn~), celui

Napoléon de l'Afrique du Sud employa toutes ses forces à

dont l'établissement depuis Mafeking jusqu'à Boulouwayo revient à i 800000). st. Les salaires contribuent à ce chiffre pour une somme mensuelle de 12 ooo ). st. Le 19 octobre 18~, le premier train fit son entrée à Boulouwayo, La locomotive, ornée de guirlandes et de drapeaux, arborait sur son avant, en grandes lettres blanches, la devise ~UM~:ce 7MoL/M:'ut Elle remorquait un wagon-salon occupé par Al. Pauling', l'entrepreneur de la ligne, et les principaux ing'énieurs, un fourg'on à bestiaux et quatre trucs chargés de matériel. La ligne fut inaugurée à Boulouwayo le 4 novembre, jour anniversaire de l'occupation duMatabeletand par les troupes de la «Chartered ». Le service des trains ordinai-

organiser et à développer le nouvel Etat, qui prit, le 3

res dut être suspendu pour permettre le passage

mars i8ç5, le nom de Rho.desia. La

des six trains spé-

ciaux réservés aux

question des chemins de fer fut une de celles qui préoc-

invités, parmi lesquels se trouvaient sir Alfred Miiner,

cupèrent le ptuss M. Cecil Rhodes, car celui-ci sentait l'impérieuse nécessité de mettre le

gouverneur de la colonie du Cap, sir

WatterHelyHutchinson, gouverneur de Natal, le

territoire de la Rho-

duc de Roxburg'he,

sir James Sive-

desia en communication avec l'est et le sud de l'Afrique.

wright, premier

Malgré le

M.H.M.Stantcy,

ministre du Cap,

soulèvement des

membre du Parlement, le colonel

Matabétés et l'insurrection des Machonas, qui désolèrent le pays pendant la plus grande CARTE DES CHEMINS partie de l'annéec 1897, la construction des chemins de fer fut menée avec la plus grande activité. Actuellement, la ligne de Beira aboutit à Umtati,g'raceàl'énergie des ing'énieurs, qui eurent à vaincre de grandes difficultés, car la voie s'étend sur de vastes espaces marécageux qu'elle n'abandonne que pour traverser des rivières profondes et rapides, gravir des pentes abruptes et franchir des précipices; en 1898, elle atteindra Satisbury. Quant à la ligne du Cap, qui se terminait à Mafeking, elle se trouvait prolongée le 16 février jusqu'à Pa)apye le 10 juin, elle atteignait la mine Monarch, au nord du district de Tati ie septembre, Ic trafic était assuré jusqu'à Francistown ie 3o septembre, le service fonctionnait jusqu'à Fig-Trce au commencement d'octobre, tes rails étaient posés jusqu'à Boulouwayo, qui se trouve à 880 kilomètres de .Mafeking et à 200 kilomètres de Capetown. D'octobre 1896 à octobre 1897, on a posé en moyenne un mille anglais de rails 609 mètres) par jour de travail. 2 200 ouvriers indigènes, 220 ouvriers blancs et 3o in-

t'

(

Sanderson, m e m bre du Parlement,

eti\lademoise)Ie Rhodes.

DE FER DU SUD-AFRIQUE.

La

ville

de

Boulouwayo était somptueusement décorée. II y eut des banquets, des concerts, des courses de chevaux, un pique-nique d'enfants, des concours de tir, de polo, de cricket, et un g-rand bal. Sir Alfred Mitncr posa la première pierre de la nouvelle Bibliothèque et visita la Bourse, dans la grande salle de laquelle se tenait l'Exposition des produits de la région. Les invités déjeunèrent à ta. ferme de M. Rhodes et firent une excursion sur lcs monts Matopo, à un point nommé 7"e ne))', d'où l'on jouit d'une vue superbe sur les roches fortifiées qui abritaient, pendant la dernière guerre, les chefs Sekombo et Umtugutu. Le propriétàire du Palace Hôtel réussit loger confortablement les trois cents invités, à leur fournir a chacun le tub matinal et à leur servir de succulents repas. C'est ainsi que, grâce à la persévérance de AL Rhodes, fut inauguré le chemin de fer de Boulouwayo, quatre ans après la prise du kraal royal de LoUengouta.L'immédiate conséquence de cet événement,

tfo/


le plus

considérable de l'histoire de Rhodesia, sera de

fixer à Boulouwayo une population stable, engagée

dans l'exploitation des ressources minières et agricoles du pays. Le développement progressif des autres lignes ferrées et l'organisation actuelle des trains automobiles sur les routes, résolvant l'importante question des transports, permettent de prédire au vaste et riche domaine de la Chartered une prospérité achetée au prix de luttes terribles et de cruelles souffrances. Une foule d'obstacles guerres, peste bovine, sauterelles, difficultés des transports, disettes n'ont pas empêché le nouvel État de sortir de ses limbes. En peu d'années, une nombreuse population blanche s'y est établie. Sur tout le territoire de Rhodesia, des centres civilisés, des agglomérations de mineurs et de prospecteurs ont pris racine. Des sociétés industrielles, possédant entre elles un capital de plus de cinq cent millions de francs, s'y sont créées. Aujourd'hui, une ville superbe, pourvue de tous les raffinements du confort moderne, s'élève à l'endroit où les huttes des Matabélés se groupaient autour du kraal d'un chef barbare. Actuellement, la Chartered poursuit la construction des chemins de fer de Boulouwayo à Salisbury, de Boulouwayo au Zambèze, sur les rives duquel se trouvent d'importants gisements de houille, et de Chiromo, sur le Chiré, à Zomba, capitale du Nyassaland. Les Portugais, de leur côté, vont établir une voie ferrée entre Beira et Sena, qui est placée sur les bords du Xambèxe. C'est ainsi que partout bientôt, dans les profondeurs de l'Afrique, le sifflet des chemins de fer et des machines à vapeur remplacera le cri de guerre des sauvages. D'après certaines nouvelles, que nous avons données du reste dans nos /H/b)')M~'oM.9, les travaux de chemins de fer de la Rhodesia auraient été un peu trop hâtifs, et la solidité des remblais ne serait pas à toute épreuve. Cela se peut. Mais, quoi qu'il en soit, la ligne existe avec le temps ses défauts seront

corrigés.

M.

La Baie de Kiao-Tchéou

et

son Hinterland

Z.</<e faite

~<! .t<~ est !N!f axj/j'~e d'~e co~e~ce par le doc~Kr Frédéric Hirth à la section de

3/Kn!'cAde/~&'oc~<o/o~M/ea//emjHa'e. A baie de Kiao-Tchëou est située sur la côte sudJL' est de la presqu'ile qui forme la partie orientale de la province de Chang-Toung. Cette province forme donc l'Hinterland du port dont les Allemands se sont

T

emparés. On pourrait diviser cet Hinterland en deux parties le Hinterland immédiat, beaucoup plus important au point de vue des ressources naturelles et celui, plus éloigné, que traverse le fleuve Jaune. Le premier est un pays plat, à part deux districts monta-.

gneux, entre lesquels s'étend une bande de terrain qui forme la préfecture de Laï-Tchéou-Fou, avec la capitale du même nom sur le golfe du Pe-Tchi-Li. Comme les douze autres préfectures de la province, celle-ci se divise en un certain nombre de cercles dont le plus méridional est celui de Kiao-Tchéou précisément. Plus à l'est se trouve la préfecture de TœngTchéou-Fou, à laquelle appartiennent les ports de Tche-Fou et de We'i-Haï-We'f,ce dernier toujours occupé par les Japonais jusqu'au payement intégral de l'indemnité de guerre due par la Chine. La ville de Kiao-Tcheou ne se distingue guère des autres villes chinoises. Ses édifices ont le caractère stéréotypé de ceux de Pékin ou de Canton; rien ne caractérise le temple de Haï-Chocn-Miau, le Neptune chinois, ou celui de Kuan-Ti, le dieu de la guerre, ou celui de Huo-Chœn, le dieu du feu. Le mur qui entoure la ville et n'a pas pu la défendre contre les Allemands a été construit en briques au X[v° et au xv<= siècles. Le tschi-tchou, ou préfet du cercle, demeure dans un bâtiment au nord-ouest de la ville. II est à la fois juge et percepteur d'impôts, et magistrat suprême du cercle. Une nuée de fonctionnaires lui obéissent. L'institut pour l'enseignement des préceptes de Confucius, qui ne fait défaut à aucune ville chinoise, se trouve, depuis sa fondation au x<~ siècle, dans la partie sud-est de la ville. La population s'occupe de pêche et d'agriculture à en croire les vieilles chroniques chinoises, la simplicité de ses goûts et l'honnêteté de ses mœurs sont légendaires la pauvreté, ou du moins la médiocrité de fortune, est assez générale et oblige la population à observer les règles de la plus méticuleuse économie. Les riches se nourrissent de céréales et de millet; les pauvres, de riz et de kau-liang, sorte de millet de qualité inférieure voilà toute la différence. Les produits agricoles de la préfecture de LaïTchéou et, en général, del'Hinterlandsont les céréales, le millet, le riz, l'orge et surtout les haricots, qui forment le principal article de commerce; le sésame, les oignons, les melons, les courges, les choux, des fruits abondants et. de toute espèce, sont cultivés avec succès. Le pommier, le poirier, la vigne, le cerisier, etc., ont été introduits à Tché-Fou par les Européens et prospèrent dans leurs jardins; mais les Chinois, qui ne mettent pas de soin à leur entretien, les laissent végéter ou dépérir. Ils ont, en revanche, comme fruits de rapport, les nèfles, les amandes, les noix, les châtaignes. La pêche leur fournit des produits abondants. Le sel est obtenu par l'évaporation de l'eau de mer dans des étangs artificiels, et forme une des ressources les plus considérables de la province. Les animaux domestiques sont le bœuf, le cheval, le porc, le mouton~ l'âne et le mulet. Les chasseurs ont, comme gibier, le daim, le lièvre, le faisan, le pigeon et le canard sauvage, etc. Les ressources minérales de la province sont

problématiques. On a beaucoup trop vanté de soidisant mines d'or et d'argent et, même ses mines de houille. Celles-ci, du moins, sont exploitées, mais sont cependant loin de suffire aux besoins de la marine et


l'industrie, qui s'alimentent à Cardia et au Japon. Toutefois, en y appliquant les procédés rationnels modernes, on pourrait faire produire beaucoup plus aux mines de houille de Tchi-Tchouann.deLaï-Wou, de Lin-Tchi, etc. Mais le commerce, l'industrie et même l'agriculture de la province n'existeront que lorsqu'on aura des moyens de communication sérieux. Les rivières du Chang-Toung sont à peine navigables pour de petites embarcations. Le fleuve Jaune est mal endigué et mal canalisé; ses inondations, périodiques comme celles du Nil. mais désastreuses, en font le fléau de tout le pays. Du reste, même enfermé dans son lit par des digues intelligemment construites, il ne suffirait pas comme route fluviale. II faut absolument des chemins de fer, dont la routine chinoise s'effraye encore. En résumé, Kiao-Tchéou ne peut songer de longtemps à rivaliser avec Hong-Kong, si puissamment outillé, et qui a pour lui la tradition, le fait accompli, le prestige. Mais, par une exploitation rationnelle des ressources de la contrée, avec un réseau de chemins de fer, et jouissant, d'ailleurs, d'un climat excellent, Kiao-Tchéou pourrait, en quelques années, devenir un centre commercial important pour toute la partie nord-est de l'empire chinois.

de

Une Ascension du mont Rainier

et à l'expérience des clubistes. Parmi eux on remarquait une dame, Miss Foy Fuller, de Tacoma, premier

vice-président du club, qui fut la première de son sexe à poser le pied sur le formidable rocher. Il était midi. Au-dessus d'eux s'élevait le sommet lui-même, extrêmement abrupt. On ne pouvait y

parvenir qu'en escaladant une série d'arêtes et de champs de neige. Mais, en quatre heures, la cime

était vaincue, tous les obstacles surmontés les uns après les autres. Le sommet du mont Rainier est d'origine volcanique. Un énorme cratère se dessine encore en forme d'amphithéâtre, au fond duquel les clubistes tinrent une séance extraordinaire, interrompue par des hourras

Nesika T~a~nM! &M/e/ A 4 h. ~5, la descente recommença. Le professeur Mac Clure, de l'université nationale d'Orégon, s'était joint aux ascensionnistes pour faire, au sommet, des observations scientifiques. Il redescendit avec eux. Arrivés à Camp Muir, la nuit étant survenue, la plupart décidèrent d'y passer la nuit. Mais le professeur et quelques autres persistèrent à continuer leur route dans l'obscurité. Mal leur en prit A n heures du soir, en traversant un glacier, M. Mac dure disparut tout à coup. Ses compagnons, qui ne pouvaient rien voir à cause des ténèbres, l'appelèrent en vain. Ce n'est qu'à l'aube qu'ils retrouvèrent son corps inanimé au bas d'une fente de neige, sur une moraine, où il s'était précipité. Ils transportèrent son cadavre à Camp Mazama, d'où des messagers partirent aussitôt pour Tacoma, afin de prendre les mesures nécessaires pour les funérailles. Ce malheur vint attrister une splendide ascension qui avait commencé sous les meilleurs auspices. et des

Mort du professeur Mac Clure mont Rainier, un des sommets de la région septentrionale du Coast-Range ou chaine Côtière, dans le territoire de Washington, au nord-ouest des Etats-Unis, est connu par une ascension célèbre que fit de sa cime, en 1870, AI. E. T. Coleman. L'année

LEE

dernière, cette haute montagne de 3,767 mètres a tenté

l'audace des membres du club alpin américain appelé Mazama. Malheureusement. l'ascension qu'ils firent se termina par une catastrophe la mort du professeur Mac Clure. Voici dans quelles circonstances. Les Mazamas avaient quitté Portland pour Tacoma, le 19 juillet. Ils étaient au nombre de cinquante, organisés militairement par sections. Après une journée consacrée à la visite de la vallée du Paradis, près de Longmires, ils reprirent leur marche en avant, fidèles à la devise des Mazamas, formulée en indien Nesika A'/a~!))'a Sahale, c'est-à-dire Nous allons au sommet 1 C'est le mardi 27 juillet qu'ils commencèrent à monter enfin les premières pentes du massif du Rainier. Le paysage devenait franchement alpestre et même sauvage, de formidables rochers entassaient au-dessus d'eux leurs arides escarpements, entre autres le « rocher de Gibraltar H, qui s'offrait à leur ascension comme une barrière gigantesque. Il fallait à tout prix la gravir, et du côté ouest seulement, les autres versants étant notamment labourés par des éboulements. L'ascension de ce contrefort de massif dura quatre heures et ne fut marquée par aucun incident, grâce à la bonne discipline

L'Algérie. Troisième édition, revue et augmentée. Paris, Alcan, tSf)~, in-8*. Prix, 5 francs.

Maurice Wahl.

~E vo)ume de M. WaM est déjà bien connu du public qui s'inaux questions africaines. Il a mérite, lors de la publication de sa deuxième édition, une récompense de l'Académie des sciences morales et politiques. La troisième édition, qui vient de paraître, a été soigneusement revisée. L'auteur ne s'est pas borné à mettre à jour les statistiques il a encore refondu entièrement toute la partie politique et économique. L'ouvrage est divisé en six livres. Le premier, tout géographique, traite du sol et du climat. Le second raconte l'histoire de l'Algérie, depuis ses premiers habitants jusqu'au régime turc. Le troisième est consacré à l'histoire de la conquête française. Le quatrième traite des habitants, Arabes, Berbères, Maures, Juifs, Français et étrangers, et du mouvement de la population. Remarquons que fauteur, qui est Israélite, si nous ne nous trompons, s'efforce d'être impartial dans la question, si controversée, des Israélites. Le cinquième livre traite des institutions politiques et de la colonisation. Le sixième, enfin, est consacré aux forces productives, apiculture, forêts, élevage, industrie, commerce, voies de communication, crédit. Ce rapide coup d'œit jeté sur ce volume montre assez quel t'intérét. est en Au moment où le problème algérien se pose de nouveau devant les pouvoirs publics et devant l'opinion, il présente un

téresse

caractère d'actualité qui en assure le succès. Le lecteur y trouvera, à côté d'appréciations personnellesrésultant d'observations directes et de longues années d'étude, une abondance de faits et de renseignements précis qui lui permettront de juger en connaissance de cause.


T~fTSCY/e ~r.VDSC77/t! 7''r~ r.YD

<~OG~t/

S7'~r/Sr/A'r~~M~C7~

Navigabitité de la mer de Kara pour les navires de commerce

ren

navigateur anglais Wiggins est le premier qui réussit. )R'-t, a faire franchir a son vapeur ~);.7 la mer de Kara, alors si redoutée, et a atteindre l'embouchure du

Jenissei. L'année suivante,il il voulut refaire le même trajet, mais s'arréta dans la mer de Kara, tandis que Xordenshjôld parvenait, en suivant la même route, a l'embouchure du lënissei, qu'il remonta sur un bateau i vapeur. La réussite de ces essais, et la découverte que la mer de Kara était libre de glaces, engagea le vapeur anglais 7'H;/w prendre i8?6. cette des route, transporter a en pour marchandises en Sibérie. Le capitaine Wiggins,qui dirigeait le navire, réussit dans cette nouvelle entreprise. H fut imité par le capitaine allemand Dahlmann, qui entra dans en l'Obi et parvint jusqu'à Toholsk, au confluent de l'h'tich et du Tobol. La même année, un vaisseau à voiles, commande par le capitaine russe Schwanenberg, partit d'Iénisséisk et accomplit heureusement le trajet de Sibérie à Saint-Pétersbourg. Le problème était donc résolu. Ces navigateurs furent bientôt suivis de beaucoup d'autres, et la mer de Kara commença a devenir une voie régulière de transit entre l'Europe et l'Asie. H est vrai que ces cotes, qui n'avaient pas encore été scientifiquement explorées, ménageaient mainte surprise désagréable aux marins imprudents ou aventureux. C'est ainsi que Xordenskjôld luimême, en )R7<), avait du abandonner en route une partie des marchandises qu'il s'était chargé de transporter en Sibérie. En jH78, un autre navire échoua dans le golfe d'Obi; un troisième malheur arriva, en !R!t3, au vapeur ~f.7r après avoir travcrsé heureusement la mer de Kara, le pilote se trompa de route près de l'embouchure du lénisséi,et le navire alla donner contre un banc de sable, où périt corps et biens. C'est alors que le gouvernement russe envoya a plusieurs reprises des expéditions scientifiques chargées de relever cartographiquement les côtes, de déterminer la latitude et la longitude exactes des localités, d'étudier le courant, de sonder les principaux passages de la mer de Kara. Maintenant que les cartes de ces régions ont acquis l'exactitude la plus rigoureuse, et que les grands fleuves sibériens, rendus navigables, se rattachent au réseau du chemin de fer transsibérien, la mer de Kara est devenue une grande route de commerce-

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l'/<

/«))!

leurs de grands enfants, prendraient des habitudes de propreté, de travail, d'honnêteté, et apprendraient la langue allemande par l'usage, de même que les autres notions théoriques ou pratiques destinées à les civiliser, ~'est-ce pas par tradition orate que se sont transmises tout d'abord les grandes (ouvres et les grandes doctrines de l'humanité Les jardins Froebet sont d'ailleurs une création allemande: il est donc tout naturel qu'ils servent de principal instrumentde civilisation dans tes colonies du jeune empire. T//7;

L'Orthographe géographique fT<E commission scientifique américaine, composée de dix membrL"- représentant les bureaux et départe-

ments officiets pit~a~t moins occupés de publications géographiques, s'est ~)ee pour fixer définitivement l'orthographe des noms gcouraphiques. parfois assez flottante, surtout en ce qui concerne les nouveaux territoires de l'Amérique envahis par les chercheurs d'or. Les décisions de cette commission auront force de loi pour tous les livres, cartes, actes officiels qui seront désormais publies dans les Ktats-Unis. Ainsi le nom même de Klondike, qui désigne d'une manière générale les territoires dont nous venons de parler, est souvent écrit Ctondyke, Klondyke, Chandike, Chandik. La commission a décide qu'on écrirait 7t'/«;t~ft'. Un des lacs du Yukon supérieur a reçu le nom de /.f/)'~t', qu'on écrit quelquefois Labarge. Cette dernière orthographe sera désormais considérée comme incorrecte. Un autre lac. d'où sort le Yukon, a été nommé successivement Linderman, Lindemann. Il faudra maintenant écrire /);A'~tj;;)t. Un affluent du Yukon. le 7~'n't' ne pourra plus être appelé le Lewis. C'est ainsi que l'orthographe de cent quarante-neuf noms géographiques se trouve désormais fixée.

il

7)7?rT.S<7/E

Les

A'M~.Y/Z/?/7'f'.Y~

f~ f~

Jardins d'Enfants indigènes dans tes Colonies

T

diffusion exagérée de l'instruction primaire fait des déclassés ailleurs qu'en Hurupe. L'Inde est inondée de demi-savants qui mènent une vie oisive en attendant un petit poste officiel. Les nègres de l'Amérique du Nord sont en passe de devenir plus instruits que les blancs. En deviennent-ils meilleurs Au contraire, ils n'en sont que plus fourbes et plus voleurs et d'ailleurs ils encombrent des carrières déjà remplies de candidats perpétuels.

Les États-Unis, pour remédier à la surabondance de po-

pu)ition,repoubsenttous)esemiiMantsquinesaventnijireni écrire. Par malheur, remarque la femme auteur Onida.ces illettres sont pour laplupartd'honnétespens,quine boudent pas à l'ouvrage, tandis queceuxqui savent lire et écrire sont souvent

desmenteurs et des paresseux.e Aussi l'auteur de l'article propose-t-il de créer à l'usage des nègres, dans les colonies allemandes, non pas des écoles, mais des ateliers d'apprentissage et des jardins d'enfants, où les nègres adultes eux-mêmes, qui sont d'ail-

.r~.Y.t/. 0/ ~(,7~.tP//)' (~t/'n.' 7~r~

~Ey~V.4AW~ ,W7T7fE/yGA\Y.

t L

Le lac Victoria Nyanza grand lac africain fait l'objet, dans la

allemande

éditée par justus Perthes, d'une longuerevue étude que nous

ne pouvons malheureusementrésumer qu'en quelques lignes.

Ce lac est d'un aspect enchanteur, avec ses innom-

brables ites toujours vertes, ses baies ombreuses, ses pro-

montoires. ses eaux limpides, et les riants villages qui animent ses rives. ~Malheureusement, il est souvent agité par de violentes tempêtes, dont les indigènes attribuent la cause a un dieu caché dans les profondeurs du lac. Aussi élèvent-ils à cet Eole africain, dans toutes les capitales de leurs petits rois, une hutte en guise de temple, où ils lui sacrifient des chèvres et des poules. Ces indigènes se divisent en plusieurs tribus, telles les Barouma, les Bakeréoué,les Basita, qui fournissent que de hardis bateliers tandis que les Basse, les Basiba, les Hasinga.les Basoukuma, qui ne savent pas nager, manient plus timidement la voile et la rame. Les Basiba semontrentpourtantsur tous les points du lac, où ils font le commerce des étoffes, de la poudre, des chèvres, des bœufs mais les autres tribus ne s'écartent guère de leurs.rivages respectifs. Les Basoukouma, moins bien outillés, se bornent à la pèche, sur de simples troncs d'arbres à peine creusés et mis i flot, tandis que les Basse et les Ba~vuma présentent de très bettes barques. Même variété dans leur caractère, dans leur aspect extérieur, dans leurs mœurs. La plupart, cependant, sont soumis a ta tyrannie des chefs, qui pillent, maltraitent, tuent leurs sujets à leur bon plaisir: cette tyrannie, les guerres civiles et la polygamie font décroître rapidement la population.


La Kalaa

des Beni-Hammad tw~e

dit passé de la ~e/c/e KOMs ne Notre connaissance de <T!~Me septentrionale est encore bien coH~enssoKs guère que le Kom des ~OKt'c~~M et la date des batailles HHe Itistoire littéraire et ~/M'/oso/)/M'<e dit 7t/re~, M~c histoire de l'art, MMe archéologie berbères sont encore à écrire. Ce seraient là de &ect:t.v /n'e.s, 7;MM He~a~OKt pas de sitôt; les woHKHteK/s de l'art HiM~x/HtOH du Maghreb sont MO~ co)!HM~ et rares, de /ct/oa7: à T'/emce/t; quatre siècles ~'e'~e~de~/ dont l'étude HOH.s est tH~e/'d:7e. 6'd/Mte~c[, dans le Tafilelt, est t'Ha~ordet&~e yt~M/, MoK/at /d/s', Fez 7KeMe on Rabat sont d'accès difficile à l'archéologue; Mehdia, Bougie, OH/ été tour à tour de~'it~es et ;'eM/!e.s' par les G'e)!o~, les E~~MO/.s', les 7'«/'c.s' et les Français. L'e/Hdc que M. P. 73/aHcAc~ faite ~'ùtH de/'M/er d'une )'e berbère fort bien co~en'ee dit OH;/ewe siècle, la A'a/M des BeHt-7/om)Had, sera peute<fe KMc co7!<<io?t utile à /'e'/Mde dK passé de notre colonie, et nous aidera MHS doute à ))t!eM~~M~er, d'après ses

frKt'es, ce peuple berbère si vivace, si /e;Mce et si fort, qui yoxe et yo;<e/'a ~raHd rôle, dans <s<o/eyM<e de notre Algérie.

t/M'om le feMt/<e Olt ?:OM

"TE voyag-eur qui, sent

MH

si

Le Mag'hreb au xf siècle était g'ouverné, au nom des khalifes fatimites du Caire, par l'émir de Mehdia. Mais le Maghreb est une terre d'indépendance ceux qui, pour se délivrer du jougdes khalifes orientaux, avaient proclamé tes Idricides à Fez, les Rostemides à Tiaret, les Fatimites à Sidjilmessa, ne devaient pas garder longtemps leur obéissance à ces mêmes Fatimites, du jour où la conquête de l'Egypte en faiverse dans toute sa longueur; lcs jardins fleurissent autour des murailles, et sait des despotes lointains et inconnus. la rivière qui coule à leur pied fertilise, Un homme profita de ces dispositions c'était l'oncle même de l'émir .comme le Nil, les champs sur lesquels elle déborde. Tobna est une belle ville, Badis, Hammad ben Bologguin ben Ziri. mais deux jours plus tard, le voyageur II recruta des troupes, prêcha l'indépenarrive à la Kalaa des Béni Hammad dance berbère et la révolte contre les celle-ci est la capitale de tout l'Occiimams blancs, déploya l'inoffensif dradent elle dresse ses mosquée e s, ses peau noir des. Abassides; mais en écoles, ses caravansérails, au pied de la homme prudent il se construisit tout d'abord dans les montagnes du Hodna haute montagne de Tagarboust les pâturages qui l'entourent sertissent d'émail un refuge inexpugnable Kalaat HamCARTE DU MAGHREB CENTRAL. mad « Castel Hammad », auraient dit vert les pierres blanches de ses murs la disette y est inconnue, car des grenos pères. mers immenses y renferment tant de blé que tout le De 1007 à 1060, la Kalaa devint une ville, et la peuple musulman y apaiserait sa faim pendant des mois ville prospéra tes émirs de Mehdia avaient cédé la baisser Sainte faire le niveau. De la Terre sans en partie qu'on leur abandonnât leur Tunisie, et ils laisd'Arabie, de l'Egypte et de la Perse, des marchands y seraient leur oncle tranquille. Les fils de Hammad ne conduisent des caravanes, et depuis le Mag'hreb extrême s'en tinrent pas là après Tlemcen soumise, Fez ocoù déferle l'Océan ténébreux, les pauvres g'ens en apcupée, Ouargla conquise, des troupes hammadites s'inpellent à la justice de IIammad, comme jadis à celle de staHèrent à Gabès, à Kairouan, à Tunis des Syrtes à Salomon les fils de Beni-israë). » l'Océan, de i'Oued-Mya à la Méditerranée, te pays A la vérité, il y a là dedans un peu d'exagéraobéit au seigneur de la Kalaa. tion la « Capitale de l'Occident» une grande ville, La décadence suivit de près les Hammadites mais dura peu elle ne vécut pas deux siècles toute avaient eu de terribles alliés, les Arabes des Benison histoire tient entre l'année 1007 et l'année n85. de Kairouan, se rend a Fez, diles routiers arabes du moyen ag'e, entre au treizième jour de voyage dans la plaine du Hodna. C'est un admirable pays couvert de cotonniers et sillonné d'eaux vives. Tobna y est une belle ville, aux murailles de briques, aux portes doublées de fer; une grande rue bordée de maisons et de bazars la tra-

fut

A

TRAVERS LE MONDE.

5° LIV.

'N" 5.

2(~

janvier

i8<)H.


Hillal, et des Beni-Soteim, nouveaux venus dans l'Ouest quand la bête fut à bas et la curée faite, les

nomades remontèrent acheva), et, faute d'adversaires, tombèrent sur leurs amis. Leurs coureurs coupèrent les routes de la Kalaa, le commerce s'arrêta, et la ville se vida de ses habitants t'émir,qui ne pouvait en sortir sans une armée, alla fonder une nouvelle capita)c à l'abri des précipices de la grande Kabytie Bougie naquit, et la Kalaa commença son agonie. Prise par les Atmohades en n53, reprise, brûtée et jonchée de dix-huit mille cadavres par les Almoravides en n85, la ville disparut qui avait été la capitale de l'Occident, et les chroniques furent seules a nous garder son nom. Le Hodna a dépouillé ses verdures; les cotonniers ont fait place

àt'a)fa;teseaux

chantantes ont été mourir dans le ma-

rais du Chott;

Ngaous, Atag-ara, Tobna même ont disparu mais je ne pouvais croire qu'une ville comme la Kalaa se fut évanouie sans laisser de traces. Cinq ou six ouvrages contenaient la même

J'ai tôt fait de recruter mon personne) ce sont de braves gens que les Oulad Depradj, et c'est un digne Et puis, ils homme que leur cheik Si Missoum. On m'a pourtant dit qu'il y sont si malheureux avait eu un complot, que, la veille de mon arrivée, on avait décidé de tenir la dragée haute au Roumi, qu'on avait juré de ne pas travailler à moins de deux francs par jour. Les pauvres gens Je leur offris ce que j'avaip vingt-cinq sous pour douze heures de travail II en vint cinq au premier appel, dix au second, cent disait l'un d'eux, au troisième « Ecoute, Sidi, me tandis qu'assis devant la maison du cheikh,j'inscrivais le nom de mes ouvriers, tu ne me prends pas, c'est ton droit; tu as raison..Mais tu as peut-être tort ./e MM ~OH /n!M;7, tu sais j'ai travaillé au chemin de fer; et puis, je suis bien pauvre; j'ai deux petits enfants. Comment t'appelles-tu?– Mousa ben Sliman.»,J'inscrivis Mousa ben Sliman et il me baisa tes mains; trois jours après, comme je )e félicitais au chan-

tier

tant que cinq de ses

camarades, il me dit:«Jete remercie de m'avoir employé

deux

phrase: "Hen reste une tour.

»

Je voulais en avoir le cœur net; j'avais

de travaillerau-

LA KALAA DES UEXI IIAMMAD, A GAUCHE

L'OUED SELMAXN, A DROITE LE DJEBEL TAGARBOUST.

P/;o<o~r~et<e~P.B/j))c/;f<.

devant moi les dix jours des vacances de Pâques

le dévoué président de la Société a/'c/teo/o~c de CoH~y~ie m'engagait à j'eus vraiment beautenter l'aventure je partis, coup de chance.

-et

Car la Kalaa est encore debout. On n'y arrive plus à l'ombrage des palmes, et les guides ne savent plus la route des caravanes. Le sentier qui de Msi)a monte à la Kalaa s'accroche aux rochers et remonte les torrents. Celui qui y conduit depuis Bordj Redir et Bordj Bou Arreridj grimpe raidement au sommet de la crête qui sépare le haut plateau du Ilodna, et puis dégringole vertigineuxjusqu'au pied de la ville. Mais dans tes rochers, lcs galets, tes cailloux, de grands monuments se dressent encore. L'un est le château du Fanal, dont Ibn Khaldoun quarante-cinq mètres de nous avait g'ardé le nom façade, quatorze mètres de hauteur. L'autre est le minaret de la grande mosquée, Merveille du monde n, disait le moyen âge musulman, fière tour de vingt-cinq mètres, solide comme il y a huit siècles.

Entre la tour et le château, sur quatre cents hectares, les murs crèvent le sol, les pierres roulent parmi les orges, les fragments de verre et d'émail brillent dans la poussière du chemin une mosquée se devine, un palais s'indique

plus loin, un pont, une fontaine, des greniers s'aperçoivent nous pouvons nous mettre à l'ouvrage.

tu sais,mes

petits, l'unn de mourir:

vient depuis trois mois, rien mangé que des herbes et ça pas bon pour les petits! L'autre est malade aussi, mais je .J-

je te remercie H y en avait d'autres, qui ne pouvaient être inscrits sur la listc des élus, et que cent fois par jour je retrouvais sur mon chemin, le pan du burnous plein de fragments de marbre ou d'émail: "J'ai bien cherché pour toi, veux-tu me donner un sou pour tout cela qui est « du temps dcsHammadi?)) Hâves, déguenillés, fiévreux et sentant la faim, ils serraient le sou dans un coin de leur gandourah, et puis ils s'asseyaient par terre, et ils mangeaient des herbes. Un soir, comme, ércinté, je remontais pour la troisième fois au château du Fanal, un vieillard très blanc se [eva qui m'attendait sur le sentier « Ecoute, Mais, Sidi, moi marabout donne-moi du travail Sidi marabout- je ne peux plus, je n'ai plus de place! Ecoute, Sidi, moi marabout! fais-moi travailler! Jec n'en ferai pas lourd, je le sais je suis vieux et je n'y vois pas clair, mais je travaillerai aussi longtemps que tu voudras, douze heures, quinze heures, et tu donne quatre sous, me donneras ce que tu voudras donne cinq sous écoute, j'ai faim » Et, me prenant la main, des larmes sur sa barbe blanche « Sidi, Sidi, tu es mon père, donne-moi un peu de travail » Alors, comme touché, je lui disais « Eh bien donc, va, mon père marabout, et travaille avec les autres. » II se redressa, me mit la main sur l'épaule, et avec une dignité de patriarche m'entourant le cou du chapelet travaille


de ses ancêtres «je te donne ma bénédiction » Pauvre patriarche à vingt-cinq sous par jour Le sirocco séchait les orges, et les sauterelles doraient la montagne grise. Ils me furent d'excellents travailleurs, ces montagnards des Maadid « Le salut soit sur vous, Musulmans » Un sourire ouvrait leur triste visag'e, très confiants, ils venaient me présenter leurs et, trouvailles « Est-ce que c'est vieux, Sidi ? Oui, ça, ceci est vieux; c'est du temps des Hammaditcs! Avant les Romains, Sidi ? Oh non; Je temps des Romains, c'est avant Notre Seigneur Mohammed, » Les r tûtes s'inclinaient respectueuses et, se relevant, laissaient voir des yeux ou souriait une bonne surprise.

.0.

Et vraiment, èn neuf

jours de temps, ils déblayèrent la mosquée, vidèrent les gâteries extérieures du Fana), ramenèrent au jour la fontaine pub)ique, attaquèrent ]e palais du Gouvernement. « Je veux vous dire, mes amis, ce que je viens faire chez vous, leur avais-je explique tout d'abord: il y a eu ici une grande ville, bâtie

par

les Musulmans d'autrefois. On ne )e sait pas en France, et je veux montrer aux gens de France que les Mu-

les ingénieurs berbères y avaient soudé ]'extrémite de leurs remparts. Deux sillons venant du nord partageaient la ville en trois éperons de vastes terrasses formaient gradins et transformaient chacune de ces proues en un gigantesque escalier. Des constructions de toute nature embarrassent le sillon occidental, qui semble avoir été la grande rue de )a ville ce sont des constructions voûtées, hautes de huit mètres et larges de deux. Ce sont des muraiUes crépies, soutenues de lourds contreforts. Ce sont des portes enterrées jusqu'au cintre. C'est l'arche 1'~ 1d'un _1i__ pont jeté au tra-

vers du ravin, solidement construit en beaux matériaux. Sur chaque marche des grands escaliers qui montent vers le nord, des monuments sont debout à l'est, vers le milieu de l'ascension, se trouve une fontaine publique c'est un bassin rectangulaire de quatorze mètres sur dix la vasque qui recevait les eaux

est

une belle cuve de pierre

blanche formée de huit demicercles soutenus de colonnettes légères. Au sommet de l'escalier orienta) s'élève le château du Fana), Kasr El Menar; au

sommet de l'escalier central, sulmans des Maadid surent, )e palais du Gouvernement, eux aussi, construire de bettes auquel le voisinage d'un vaste mosquées et de vastes palais réservoir a fait donner par voûtez-vous m'aider à gtoles indigènes le nom de DarEi rifier vos ancêtres?)) Ma paBahr.au pied de ce même role, ils m'y ont aidé de tout escalier s'élève le minaret et leur cœur je ne suis pas très se révèlent les murs de la sûr que )a trique soit l'arguGrande Mosquée. MOS~b'ME:MiNARt:T\'UDbSUD-t:SÏ. ment définitif de la « race su~/tO<o~'ra/)cde~P.aHc/)c/. La Grande Mosquée est périeure ». un rectangle de soixante Cependant, la physionomie de la vieille ville mètres soixante-cinq. se Une première cour était sur dessinait peu à peu Hammad avait bien choisi l'ementourée d'un portique de marbre rose et d'émait placement de son castel supposez un vaste plan invert. Dix portes donnaient accès dans le sanctuaire cliné de forme triangulaire, dont le sommet soit de treize nefs parallèles s'y alignaient, larges de .quatre deux cents mètres plus é)evé que la base. La base, mètres, profondes de trente-cinq, et soutenues de longue de deux.miiïe mètres, repose une petite cent douze colonnes. Une corniche d'émai) bleu turplaine entourée de montagnes. La facesur Nord est doquoise courait sur les murs de marbre blanc; des minée par une muraille à pic, le Djebel Tagarboust mosaïques multicolores couvraient le sol. la face Est surplombe le ravin de l'Oued Selmann Un minaret encore debout s'élevait au-dessus il fallait deux cents mètres d'échelles monter dede la maison de prières rien des gentillesses puis l'Oued il eût fallu quatre cents pour un peu mètres de corde mièvres des minarets, égyptiens; rien de la gracilité pour descendre de la montagne un triangle incliné, inquiétante des minarets turcs comme à Kairouan, défendu sur deux faces par un fossé et un mur natucomme àïtemcen, comme à Séville, la tour carrée du rels, voilà la Kalaa. Maghreb campe fièrement hors du sol la solidité et Sur la troisième face, une muraille défendait la l'élégance de ses proportions. Un dessin très sobre ville, muraille épaisse et haute de dix de grandes arcades en tiers-point où s'ouvrent des mètres qui, sans tour ni saillants, opposait seulement sa masse à petites fenêtres géminées, et, de-ci de-là, restes d'une l'ennemi; au nord-est elle remonte les décoration plus riche, des créneaux qui tiennent pentes du Taengarboust les couches géologiques sont redressées core au mur. y et les bancs rocheux se soulèvent à cinq, six, huit Le château du Fanal est du même style, sobre mètres hors du sol, comme autant de murs naturels et fort. D'étroites meurtrières en ouvrent seules les


murs aveugles; de grandes niches en décorent seules la façade. A l'intérieur, une galerie voûtée fait le tour de l'édifice, à peine éclairée, mais parée jadis de mosaïques de faïence aux tons très doux. Une grande salle au centre est encore obstruée, mais des colonnes de marbre gris y crèvent les ébouiis mais la pioche étoiles' vertes a ramené par dizaines des croix et des et bleues salle du trône, sans doute, salle des ambassadeurs. ou simplement chambre de repo's?Les travaux à venir calmeront peut-être ces imaginations. on vient de trouver une maître « Maître, chambre dans le rocher! » Ils sont une quinzaine ai gesticuler, l'air radieux, d'avoir trouvé quelque chose « Oh une belle chambre, tu sais grande, grande

»

L'accès, par malheur, n'en est pas facile le chateau du Fanal surplombe a deux cents mètres l'Oued Selmann; l'un d'eux a reconnu une porte au flanc de la falaise; il s'est fait attacher, a été voir, a trouvé. J'en fais autant. Nous passons

1

tagnes s'abaissent en une brèche gigantesque, et i'œi)

court sans obstactc. jusqu'au fond même du Hodna, jusqu'à l'horizon rosc que )e chott barre d'un trait d'argent. –Mais revenons à t'archcotogic. Les trouvailles faites ici sont d'ordre plutôt intime tel est un cabinet de toilettc paré d'emai) jaune et muni en un coin d'une cuvette fixée au sol. C'est, plus loin, tout un réseau de souterrains et de caves où courent les conduits qui amenaient au Palais l'eau emmagasinée en aurait un réservoir intact, large' de onze mètres. i) y Meias la rentrée sonne, et je dois tant à faire ici laisser tout cela mais c'est d'un cœur joyeux que je me remets en route. Oui, il y a encore bien à faire à la Ka)aa; oui, j'en ai à peine cfneure les ruines. Je ne sais où se dressait lc palais du Sa)ut, la forteresse d'Aroncene, et cette église de Xotre-Dame où les tolérants monarques berbères permettaient que l'on enterrât, devant l'autel de la Vierge, un moine du Mont-Cassin mort en captivité. Mais, tandis que, secoué par mon cheva) sur les

cailloux du retour, j'écoudans des couloirs rempliss 1 tais mon guide me raconter de pierres écrou)ees;àptat )a prospérité passée de la ventre, la bougie au bout de ]\a)aa « au temps où, tu sais, la main tendue, nous avanSidi, cent chameaux y receçons pénib)ement. Le chevaient en une seule boutimin se resserre et le p!aque leur charge de soie fond s'abaisse. II est très jaune, où un marchand, sans curieux ce plafond, que formot dire, y éventrait cent ment de petits troncs de outres d'huile parce qu'une genévriers, serrés les uns chose imsouris morte La les torcontre autres. CHATEAU DU l'ANAL VU DU NORD-EST. pure avait été trouvée en che des Atmohades les a P~oyo~)'<Cf<f~P..B<j)tc/)< l'une d'elles, au temps où noircis déjà mais la pureté IIammad priait le Seigneur de leurs fibres a défié la pourriture. et confondait les fourbes par le témoignage d'un chien. », je pensais que mon temps peut-être n'avait Voici enfin la grande salle la mu)'ai)!e noire pas été perdu, que l'archéologie parfois n'est pas une tourne inexorable autour de nous; )a.voûte s'alourscience morte, dit épaisse sur nos fronts, a Tu sais, murmure mon que ce furent nos « indigènes si déchus, si vilipendés, si misérables, harcelés l'an derguide, on appelle aussi la ruine Bordj E) Akra (la tour nier, tenaillés cette année par la famine, qui, au temps de la Mort), Des passages de chroniques me redu roi Robert et du sire de Coucy,plantaient de cotonviennent Belbar, qui en 1088 avait osé se révolter niers et glorifiaient de monuments le district aujourdans Constantine, Aboul Fotouh ben Temim, qui en d'hui désert du Hodna; je songeais que toute une civiio95 avait joué au sultan, dans Bône, furent descenlisation d'art et d'industrie avait vécu dans ces pays dus à bout de corde devant la petite porte du ravin, jusqu'à la conquête turque, et que peut-être la conenfermés dans )a chambre noire, et peut-être quelque naissance du moyen âge berbère réserve aux vrais amis jour poussés du pied au fond de l'Oued. de l'Algérie et ses habitants, avec bien des surprises, Tandis que je photographie la tour de la Mort, bien des motifs d'espérer en l'avenir. un long cri vient à nous du fond de la vaiïée là-bas, P.. BLAXCHET. au chantier du palais des émirs, un homme agite le pan de son burnous et appeiï'e, d'une voix lente et suraigûe « la llohammeda La conférence faite le i5 janvier par M. Étienne » La voix traîne: « la Mohammeda » Un de nos hommes répond au a vivement sur le Commerce extérieur de la signal. « Dis au maître que l'on a trouvé quelque intéressé l'auditoire qui se pressait en foule sur les chose » Et nous descendons par les pentes. gradins du cirque des Champs-Elysées. En signalant la décadence fâcheuse de notre commerce extérieur et Le palais des émirs est enterré; mais on en voit très nettement les grandes lignes c'est un rectangle en indiquant les pays où nos produits pourraient de cinq mille mètres carrés dont la façade, longue de trouver des marchés avantageux, M. Ëtienne devait se faire écouter de tous ceux qui ont à cœur l'avenir du cent cinquante mètres, semble avoir porté trois coupotes. Vers le sud, où regardait la porte, les monpays. Puissent ses éloquentes paroles trouver de l'écho.

F/cc


nerohs donc à donner ici un bref aperçu de ses principaux résultats. L'année i8ç~ ayant été consacrée presque en-

M.

tière à l'exploration des Pamirs. Sven Hedin montait vaillamment, dès le mois de février, à l'assaut de cet immense massif; le io mars, il atteignait le lac KaraKoul il y naviguait sur un canot de sa fabrication

Sven Hedin dans t'Asie Centrale

C~c/~T/o~,

h/t

~T~o~~rc~.

IVi

SvExIlED)N, que la Société de g'éog'raphiedoit recevoir

prochainement,continue dignement l'héroïque lig-née de ces Scandinaves qui mettent au service de l'exploration la vigueur physique, la force d'endurance du so)dat, en même temps que les connaissances encyclopédiques du savant.

M.SVENHEDfN.

Nordenskioid et Nansen avaient exploré les terres

arctiques;

Sven

Hedin, le premier parmi ses compa-

pour y faire des sondages, et constatait une profondeur maxima de 230 mètres. Puis il descendait le versant chinois, beaucoup plus abrupt que le versant russe, et arrivait le 7 avril à Kachgar. 11 repartait bientôt pour les montagnes et entreprenait l'ascension du Moustagh-Ata, cime superbe qui ne le cède au Gaurisan-Kar que d'un millier de mètres, et qui domine de son sommet couvert de neige et de glace les pentes orientales des Pamirs.

plusieurs reprises, il recommença au péril de' sa vie l'assaut du colosse, mais il ne' put dépasser, A

dans sa dernière tentative, la hauteur, de 6 ooo mètres. L'état de ses hommes, le mal des montagnes, dont il était atteint luimême, un ouragan de neig-e l'en em-

pêchèrent. Une

triotes, s'est atta-

croit pas cependant j que l'ascension du Moustagh-Ata soit impossible à des alpinistes expérimentés les derniers exploits de MM. Conway dans l'Himalaya et Fitz

qué à ces régions de l'Asie centrale où les déserts brûlants s'étendent au

pied des chaînes glacées. C'est en i8()o, à peine ag'é f de 25 ans, qu'il fit

son premiervoyage en Perse et en

Kachgarie.

Hy

y

CARTE DU VOYAGE DE M.

but

conçut l'idée d'une nouvelle expédition, ayant pour .tout d'abord le plateau des Pamirs, puis la grande dépression du Turkestan orienta),, ce cul de sac de l'Asie où tous les peuples en marche à travers le continent ont laissé des représentants, comme ces alluvions que les remous d'un fleuve déposent dans quelque anse tranquille. Bien que parcouru depuis. quarante ans par de nombreux explorateurs, Schlagintweit, Shaw, Prjevalslii, et tous les Russes qui lui ont succédé, Bonvalot. et Henri d'Orléans, Grenard et Dutreuil de Rhins, ce pays offre encore bien des problèmes au géographe, à l'ethnographe et à l'archéologue. M. Sven Hedin aura eu la bonne fortune d'en

résoudre quelques-uns. Ayant pu organiser son expédition, grâce aux libéralités du roi Oscar et de deux riches compatriotes, il partit de Stockholm en. octobre 1893; le 2 mars 1897, il arrivait à Pékin, d'où il revenait en Suède par la Mongolie et le chemin de fer transsibérien, ayant ainsi traversé deux fois, de part en part, le continent d'Asie.

Nous avons déjà parlé ici-même* des épisodes de ce voyage de trois ans et demi, nous nous bori. Voir dans le Tour du Mo;e du 6 juin )8g6; du 4 juillet 1896; du 24 octobre i8c)6, trois articles sur la première partie du voyage de Sven Hedin.

SYENHEDtN.

Gera'iddans

les

Andes semblent lui donner raison.

Le séjour du voyageur dans le massifn'aura pas été inutile pour la science, puisqu'il arecueilli de'nombreux documents sur. les glaciers du Moustagh et sur leurs variations. Il a pu en conclure que les neiges et les glaces couvraient autrefois dans les Pamirs une superficie beaucoup plus étendue qu'aujourd'hui, et qu'elles ne cessent de reculer, parce que l'humidité

de

la région va en diminuant. En i8()5, M, Sven Hedin partait de Kachgar et traversait la partie du désert de Gobi comprise entre le'.Yarkand-Daria. et le Khotan-Daria, et connue sous le nom de TaIda-Makan. Ce fut la..partie la plus dramatique de son voyage. Sa provision d'eau étant insuffisante, il manqua mourir de soif, et c'est presque en ratant qu'il'atteignit, le 5 mai, les premières flaques du Khotan-Daria. Mais il avait perdu deux de ses hommes, presque tous ses chameaux, ses journaux et ses instruments scientifiques ceux-ci furent retrouvés plus tard et lui furent rendus. Cette traversée du désert permettra de rectifier sur plusieurs points les cartes actuelles. Ainsi le territoire compris entre Kacbgar et le Yarkand-Daria, loin d'être un désert, comme on l'a cru jusqu'ici, renferme au contraire de petits villages réunis par des pistes et entourés de plantations. Quant au Takla-


Makan lui-même, il était à peu près inexploré: M. Sven Hedin y a constaté l'existence des montagnes du Masar-Tagh, simplement sig'nalées par Prjevalski et Carey; elles forment deux massifs, entre lesquels

s'étend un grand lac. De retour à Kachg'ar par la vattée du KhotanDaria, l'Aksou, Outch-Tourfan, il dut faire revenir des instruments d'Europe, et mit à profit ce retard

pour explorer encore une fois les Pamirs. Son voyag'e le mena jusque sur le versant de l'Amou-Daria, dans la vattée de l'Ak-Sou, où il rencontra la commission de délimitation anglo-russe, qui achevait ses travaux. La campagne de 1896 ne fut pas moins féconde en résultats que les deux autres. En janvier, Al. Sven Hedin quittait Khotan pour prendre la direction de l'Est. Peu de jours après, en suivant l'ancien lit qui prolonge vers le Nord le Keria-Daria, absorbé aujourd'hui, il découvrit, avant d'atteindre )e Tarim, les ruines d'une ancienne ville bouddhiste, disparue depuis mille ans sous les sables, qui, poussés par le vent du nord-est, avancent peu à peu et menacent d'envahir toutes les oasis situées à la base du Kouen-Loun. Les constructions remises au jour par les fouilles étaient en bois de peuplier et en roseau, cimentées d'un mortier dur comme la pierre. Sur les murs de l'une d'entre elles, Sven Iledin releva des peintures représentant des femmes assises, les mains croisées'dans l'attitude de la prière, portant sur le nez une marque jaune, comme les Hindous. Cette découverte jette une vive lumière sur l'histoire ancienne du Turkestan oriental et la civilisation hindoue qui s'y introduisit. II

et le manque d'arbres sur ses bords indique qu'il est

tout nouveau. La cause de ces déplacements est très simp)e la partie du Turkestan où vient mourir le Tarim est une plaine absolument unie, et sur 100 kilomètres, on n'y observe pas de différences de niveau de plus de deux mètres. Revenu à Khotan, M. Sven Hedin repartit en juin )8q6, franchit le Kouen-Loun à la passe de Jappkaiik, puis l'Arkatag, et, marchant vers l'est entre cette chaîne, et une seconde, non moins élevée, il atteignit un immense ptateau, couvert de vastes et nombreuses nappes d'eau sa'ée )e voyageur n'en compta pas moins de trente-trois. H ne rencontra pas un être humain, mais d'innombrables troupeaux de yaks et d'ânes sauvages. La constitution de cette partie du plateau thibétain ressemble donc à celle de la rég'ion au nord de

Lhassa.

Ayant dépassé le Thibet, M. Sven Hedin pénétra en Chine par le Koukou-Nor et Lan-Tchéou. Il suffit de jeter un coup d'œil sur une des cartes récentes de l'Asie centrale et de lui comparer l'itinéraire du voyageur suédois pour voir quelles notions nouvelles ii nous apporte. II mérite, dès maintenant, de prendre place au nombre des grands explorateurs du vieux continent, à côté de ceux que avons énumérés. H a accompli la même œuvre qu'avait poursuivie et presque achevée notre cher et regretté Dutreuil de Rhins, et, plus heureux que lui, il a pu revoir sa patrie et recevoir, dans le monde savant, l'accueil qu'il a si pleinement mérité.

était encore réservé à notre voyag'eur de ré-

soudre un problème qui a, depuis longtemps, divisé les géographes il s'agit de la position du LobNor. En 1876, Prjevalski ne l'avait pas trouvé à l'endroit où le plaçaient les cartes chinoises, de dix ans antérieures; mais il avait découvert, à une centaine de kilomètres vers le Sud-Sud-Est, un bassin d'eau douce, sans profondeur, où les dernières eaux du Tarim se mêlaient à celles du Tchertchen-Daria. C'est ce même lac qu'ont visité Bonvalot et le prince d'Orléans. Le voyageur russe n'hésita pas à y voir le Lob-

Nor des Chinois. Mais cette opinion a été combattue d'emblée par le géographe allemand Richtofen, qui soutenait que les cartes chinoises n'avaient pu commettre une erreur aussi grossière. L'exploration de Sven Hedin permet de concilier les deux opinions. I) a vu, à la place marquée par les cartes chinoises une nappe d'eau importante, tandis qu'il n'a trouvé, sur l'emplacement du lac vu par Prjevalski et par Bonvalot, que de vastes terrains boueux. Tout le monde avait raison le Lob-Nor se déplace depuis neuf ans, date de la visite de Bonvalot, il est revenu vers le Nord. Ainsi, le lac actuel est bien à peu près où l'avaient marqué les cartographes chinois; mais ce n'est plus le même il s'allonge du Nord au Sud au lieu de s'étendre de l'Ouest à l'Est,

Nouvelles de la Mission de Béhagle LnA mission de Béhagle, dont

le prog-ramme est synthétisé dans la formule concise « Du Congo a la Méditerranée », est arrivée dans la première dizaine de décembre à Brazzaville d'où elle a dû partir le ro janvier

par le vapeur hollandais ~lM<o/Mc//e. Elle se compose, outre )e chef d'expédition, de

M. Mercuri, son second, de Cheikh-Lakhdar, du caravanier Ali, et de 180 hommes. Contrairement à l'habitude, M. de Béhag'te n'a pas alourdi sa mission d'une forte escorte militaire. Mais dans son personnel de porteurs il a choisi les hommes qui présentaient le plus d'aptitudes, il les a dressés au maniement d'armes et au tir, aux formations en tirailleurs et en carré. H se trouve ainsi avoir quarante bons soldats qui sont en même temps des porteurs.

Le nouveau commissaire général du Congo, Al. de Lamothe, dans un rapide voyage qu'il vient de faire à Brazzaville, a remarqué la bonne tenue de cette force de police et, après avoir constaté qu'aucune mission, sauf celle du capitaine Marchand, n'avait réuni


sur le Congo autant d'éléments de succès, a donné à AL de 8éhag)e les plus grandes facilités pour l'exécution de son programme. Grâce à ce concours précieux, le hardi explorateur a pu poursuivre sa tâche avec une pleine et entière confiance. Au moment de mettre sous presse, nous rece.vons une lettre de M. de Béhagle datée de BrazzaviHe, i3 décembre. H nous dit, entre autres choses « Les meilleures nouvelles nous arrivent de Marchand, qui est sur le Nil avec le vapeur Faidherbe. Tout son

monde est en bonne santé. » Ce renseignementvient heureusement confirmer tes bruits qui circulent sur la marche en avant de la mission Marchand et qui nous permettent de croire à son succès prochain et définitif.

La Population de la France

L mouvement de

Si les alarmes dont nous parlons plus haut ont

pu se produire, c'est que la natalité a, chez nous, une très fâcheuse tendance à décroître en 1872 et en 1876, on enregistrait, en France, 966 ooo naissances, et nous en sommes maintenant à 100 ooo au-dessous Or,

le nombre des naissances annuelles est

actuelle-

ment de 1800 ooo en Allemagne; i i

6oo ooo en Autriche-Hongrie

i5oooo en Italie;

i i2.5 ooo en

Grande-Bretagne et en Irlande.

Si donc le chiffre de la natalité ne se relève pas chez nous, nous verrons d'ici peu les nations rivales augmenter, doubler même leur population, tandis que la nôtre restera stationnaire. Pour ne citer que l'Allemagne, on a calculé que, dans cinquante ans, elle compterait 78 millions d'habitants, soit le double de la

nôtre, c'est-à-dire qu'il y aurait deux Allemands pour un Français. Ce n'est pas seulement dans une lutte les armes à la main que cette inégalité serait dangereuse; elle le serait aussi sur le terrain économique ou industriel. Et voilà pourquoi il faut s'écrier de plus en plus Honneur aux familles nombreuses 11 y va de l'avenir du pays.

la population en France pour

l'année i8c)6aeté)e suivant:

Popuiation. Mariages. Divorces. Naissances. Mort-nés.

Décos.

38i33385 290 17:[

~o5i

L'Italie (de VinMarius Bernard. ~Ix~ottf de la 7)/edt~rraHe'f. timitte à Venise), grand in-8", avec t2o gravures de H. Avelot, et une carte spécialement dressée pour l'ouvrage. H. Laurens, éditeur, 6, rue de Tournon, Paris. Prix to fr.

865586 420.54 771886

D'où- il suit que l'excédent des naissances sur les décès a atteint le chiffre de 93 700. Ce résultat,

sans être extraordinaire, est pourtant digne de remarque, car il vient atténuer, dans une certaine mesure, les alarmes qu'on avait pu légitimement concevoir lorsqu'on avait vu, au cours des dernières années, les décès l'emporter sur les naissances. Voici, en effet, pour la dernière période décennale, les chiffres constatés

1887. i888. 1889. 1890. 1891. 1892. j893. 1894. 1895. 1896.

AXXEES.

H y a

voir

NAISSANCES.

DÉCÈS.

899333 882689 880579

842797 837867

866377 855847

875888

874672 855388

877526

8i562o

834173

851986

865 586

77:886

3 ooo en 1893; 17000 en 189.5.

sooooen

Par contre,

il y

minutieuse de la description, a quelle finesse dans l'observation M. Marius Bernard a habitué ses lecteurs; ce nouveau volume ne le cède en rien aux précédents, ni sous le rapport du style, ni au point de vue des illustrations,toujours vivantes et d'une piquante originalité. L'un des mérites de M. Marius Bernard est d'avoir vu par iui-meme tout ce qu'il décrit. Cette collection,-~tHtOtf)' de la Méditerranée, qui chaque année s'augmente d'un volume, est unique sous le double rapport de l'exactitude historique et géographique, et du mérite littéraire et artistique. Le ./Mra le pays Les AfOH~XM de .Fra<tce. Fraipont. /ra)ic-com<o~, avec une préface de M. Pierre Baudin. Grand in-8" avec )3o dessins inédits de l'auteur. H. Laurens, éditeur, 6, rue de Tournon, Paris. Prix ;o francs.

]\t Fraipont, qui, il iVt.

donc eu cinq fois excédent des décès, sa-

38 ooo en 1890; io ooo en 1891;

du en récit, à quel imprévu du détail pittoresque, à quelle exactitude

G.

794933 876505 876882

838 o59

volume est le quatrième d'une série.qui a eut. la faveur bien CE L-< méritée effet, à quel charme dans le public. On sait,

1892;

avait

eu cinq fois excédent des naissances, savoir 57 ooo en ]88?; 40000 en 1888; 6 ooo en 1889; 40000 en 1894; 93 ooo en 1896. Ce dernier chiffre est, on le voit, le plus élevé, et de beaucoup, qui ait été atteint depuis dix ans.

quelques années, nous avait donné les Vosges, nous offre aujourd'hui le y<tra. Certes, les aspects et les paysages ne sont plus les mêmes, mais l'intérêt n'y perd rien, et sous la conduite d'un tel guide, qui sait être à la fois peintre, poète, causeur charmant, observateur judicieux, bon critique, le voyage n'a qu'un défaut, celui d'être trop court. Cette contrée du Jura, moins connue que celle des Vosges, a cependant un cachet de plus grande originalitédont le sol et les habitants euxmêmes portent la profonde empreinte. L'auteur a su saisir le trait original et le mettre en relief. Les ;3o dessins inédits qui accompagnent le texte ajoutent a y a

l'agrément de ce volume, qui a le mérite appréciable d'être à la fois instructifet agréable. En fait de voyage, tout ce qui touche à la France a été trop délaissé jusqu'ici. On ne saurait trop réagir contre cette tendance, afin d'instruire les Français sur leur propre pays. C'est le service que rendra le nouveau livre de M. Fraipont, qui continue dignement la collection des AfoMtsg~Mde FraMce.


POLE NORD

Andrée. Le

bateau parti de Tromsoe en

novembre,pouratterexptorertes points

personnel et ses charges et a dù repartir te)o janvier, pour se rendre dans haut Oubanghi.d'ouil gagnera un affluent navigable du Tchad. I! attendra là la mission

Bruun (lieutenant David), officier danois,

de renfort que M.Bonne) deMéxières doit lui amener de France en mai prochain. .Blondiaux (lieutenant) et l'adjudant Not ont dù, d'après leur plan, quitter leur point d'hivernage au commencement d'octobre, pour reprendre leur voyage en suivant le cours du Cavaityversia mer,qu'ils comptent atteindre vers le mois de mars prochain. La mission Bonhoure, dont on avait annonce le massacre en octobre dernier, est rentrée saine et sauve A la côte d'Ivoire.

Na.thorst(docteur),quifutent883undes

houre, rappelé pour prendre le gouvernement de la colonie, ont eu plusieurs entrevues avec Samory à Dabakala. Bouysson, chargé par la Société du haut Ogôoué (Congo français) d'une mission agricole et scientifique, a visité la région cotiére du nord du Congo et la région du bas Ogôoué. Braulot (capitaine). On est toujours sans nouvelles de l'infortuné capitaine, dont le

du Spitzberg ou des baleiniers avaient entendu des cris de détresse, est revenu sans avoir découvert aucune trace des

exp)orateurs.0n°espere encore qu'Andrée et ses compagnons ont été obligés

d'hiverner sur la Terre François-Joseph et qu'on aura de leurs nouvelles au prin-

temps.

Bernier (capitaine), de Montréa), a préparé une expédition pour le pô)e nord il comptepartir)e;mars. a exploré t'été dernier les régions Nord et Sud de l'Islande, ainsi que le plateau central, qu'il a traversé deux fois (études archéologiques). Conway (sir W.-Martin) a continué pendant la dernière saison ses explorations dans l'intérieur du Spitzberg occidental. Il a gravi le pic centra) des Trois Couronnes et )e Horn Sounds Tind, point culminant de l'archipel. compagnons de Nordenskiotd, organise pour cette année une nouvelle expédition suédoise arctique.Les principaux membres seront le capitaine Nilson, le docteur Kotthoff, chargé des observations zoologiques, le docteur Humberg, géologue.Le docteurNathorstcompteexptorerta région comprise entre le Spitzberg et la Terre François-Joseph;son bateau t'~tHiarc<;c a déjà fait en L8o5 un voyage au pote sud. Peary a obtenu un congé de cinq ans qu'il emploiera, s'il le faut, à atteindre le pote. ]t ira cette année jusqu'à Sherard Osborn Fiord, à 8f"5' de latitude nord, où il retrouvera la tribu d'Esquimauxqui chasse en ce moment le morse et l'ours pour la nourriture de ses chiens. U s'avancera alors avec ses Esquimaux à ;)8o kilomètres plus au nord, où il hivernera ce sera la première étape. Thoroddsen (D') a étudié, cette année, les effets du tremblement de terre qui a aftecté l'Islande méridionale pendant l'automne )8o6,et qui a produit de notables modifications dans la forme du terrain. Welmann quittera Tromsoë au mois de juin prochain sur son vapeur la Laura, et gagnera d'abord ta Terre François-Joseph, ou il espère retrouver Andrée.

MM. Nebout et Le Fiiïïàtre, qui la dirigeaient depuis le départ de M. Bon-

détachement avaitétéattaquéàt'improviste par les troupes du SaraX'Kemi Mori.fits de Samory, à la fin de septembre. On espère encore qu'il n'est que prisonnier.

Foa (Édouard), explorateur français venant

de Loango, a quitté Lisbonne le janvier,serendant au t[aVre,oùiiest arrivé le 7. Il rentre en France après une absence de plus de trois ans passés en grande partie dans le bassin du Zambèze. a traversé l'Afrique,des bouches du Zambèze a celles du Congo, avec vingt-quatre fusils et deuk cent vingt-cinq porteurs. Heymans (capitaine belge) a remonté en

t8oytaLua,afnuentdegauchedet'Ou-

banghi, jusqu'à Bowara. La

tua

naviga-

après un séjour de cinq mois en Sibérie

et au Caucase. Côntenson (capitaine) et l'abbé Chabot ont parcouru t'Arménie et une partie de t'Asie Mineure.Missiontopographique et

archéologique.

Drijenko et

la mission russe du lac Baïkat sont rentrés d'trkoustk à Saint-Pétersbourg.

Korzinski (botaniste russe) cien

et i'académi-

Za.Ieman ont terminé leur mission

scientifique au Turkcstan et dans le Bokhara. Labbé (Paul) est rentré à Paris ayant achevé son voyage à travers la steppe

kirghiseetteTurkestan.

Legras (Jules) vient d'accomplir en Sibérie

sept mois entrepris sur l'initiative du Ministère de l'instruction publique, tt est rentré par Yokohama et un voyage de

San.Francisco.

Massieu (M') doit rentrer prochainement à Paris, ayant achevé son long voyage de quinze mois. Elle a parcouru la Bir-

manie,t'indo.Chine,taChine,agagnéta Sibérie (trkoutsk,fin d'octobre), puis le Turkestan(Taschkent,!3décembre).E)te

est maintenant en l'Europe. Monnier (Marcet) est allé de Biisk à Sémipatatinsk d'où il allait se mettre en route pour la Perse se proposant de ne rentrer en Russie que par le Caucase. WolS'(exptorateuranemand), après avoir

ètèenChineetauJapon,aexptorét'i)e

Sakhalin, les mers d'Ohkotsk et de Behring. En passant près de l'embouchure .de la rivière Kamtchatka, il avu en éruption le plus grand volcan du monde, le Ktioutchevstraïa,qui,a~So-t mètres d'at-

titude.

OCÉANIE

·

permettrait d'éviter le coude de l'Oubanghi,encombré de rochers. Raoul, pharmacien de i~ classe de la marine, est de retour de sa mission en MaMacdonald (major anglais), qui s'avançait avait été chargé par le gouverlaisie. de l'Ouganda dans la valtéeduhaut'Nil, nement d'aller chercher les plantes qui s'est trouvé arrêté dans sa marche en pourraient fournir des matières premières avant par suite de la défection d'une partie de son enectif militaire à Kampala. au commerce et à l'industrie. Les résultats de cette mission sont très imporMarchand (capitaine). Rien n'a confirmé tants.. la nouvettc,reçue du Congo belge, annonçant le massacre de la mission Marchand AMÉRIQUE tout, au contraire, permet de croire que nos compatriotes poursuivent sans encombre leur tâche. Un des offi- Dusen (ingénieur suédois) est de retour ciers de la mission, le capitaine Simon, POLE SUD d'un voyage de deux ans dans l'Amérique qui avait dù revenir pour raison de santé, du Sud (Cordillères, Pampas, lac Nahuelvient de mourir à Batna. Huapi et la vallée qui en descend jusqu'à Gerlache (de), avec la Belgica, qui avait Orl.éans (prince Henri d') se dispose à l'Atlantique). passé à Montevideo, le n novembre, est partir de nouveau pour l'Abyssinie.)! Il arrivé le o décembre a Punta-Arenas, d'où Jesup (Morris-K.), président du Muséum il devait repartir le n décembre dans la sera accompagné de M. de Lèontieff, de américain d'histoire naturelle, a quitté le direction du sud. La Belgica allait s'engaM. Mourichon et de trois ou quatre de territoire des États-Unis, chargé d'une ses amis. ger dès lors dans sa région d'exploration. mission qui a pour objet l'étude des poRossignon (agent de l'État du Congo) a pulations habitant les cotes de t'océan retrouvé le lac Léopold 11, qu'on avait Pacifique septentrional,entre le neuve CoAFRIQUE perdu de vue et qui se trouve dans l'Afrilumbia, en Amérique, et le fleuve Amour, centrale. Sa longueur est de )2 kiloque en Asie. Il voudrait rechercher les rapBailly, accompagné de MM. de Boisé et mètres ses bords sont boisés, fertiles, ports qui peuvent exister entre la race H. Pauly, s'est embarqué le 3o novembre peuplés. Les indigènes riverains s'appelaméricaine et celle de l'ancien monde. La à Marseitte, à destination de Konakry. lent les Tomba; ils sont barbares et an- .durée du voyage de l'expédition Jesup De la Guinée, il doit remonter vers les thropophages ils ont un culte et croient est évaluée à six ans. sources du Niger et chercher à gagner ta à la survivance de l'âme après la mort. Côte d'Ivoire, après avoir contourné les La Vaulx (comte Henri de), qui a terminé colonies de Sierra-Leone et de Libéria, Zintg''a<r (explorateur allemand) du Cameson voyage d'exploration en Patagonie, roun a succombé le 5 décembre, à Tédont l'Hinterland est à peine connu. d'imestderetouràParis.ttarapporté nérin'e, aux suites d'un accès de malaria. anthropologiques et du Kiari a portantes collections Béhagle (de). La crue inopinée Beliagte ethnographiques. à mission de contraint la reASIE tarder de six mois la montée par cette voie de ses deux bateaux. M. de Béhagle était ;en décembre à Brazzaville avec son Baye (baron de) vient de rentrer à Paris ble


Le chemin de fer de ~eyrout à Damas et Mzérib /.e~!M/c;-M.M~/M~~f.<;~</)'e~/c;-o?!/ cn;!?ict<e à

xo.!

lecteurs /e.OHC//OH)!e~e);e/a~ew/c/-c~)-</c

0/ra/c~

~<H ;-J.!M)/ dcC/!Ct)N'7M ~e/C/- établi CK ~C/'L:r /M/)'e/~X~MC.e/ ~OH~ /'e.Y/CH.S'OM doit /M~/K.L:)!~ ~M;e.s' aux /);<c?!M comme ~«.v )'oj'~eK~e!<o/)Je7M que /ecowMe/-cc, 6'c/c~cc ox /emeH< c/M~!<c ~fHMc'e

t~7M ce

~s.

rout par une voie

Y"puts que Damas et te Haouran sont rchés a Beyferrée, les

relations entre la

côte et les rcg'ions situées au dc)a de )'Anti-Liban sont devenues plus faci)cs

ct plus

fré-

située à l'est de la ville, non loin de l'usine ag'az, la voie, se tenant en deçà du Nahr Beyrout, monte au sud-est vers A)ey, et s'eteve rapidement a une hauteur considérable. Une

bonne partie

quentes.

chemin est construite à crémaillère,

Le tracé du nouveau chemin de

et la pente atteint

fer suit d'assez

près,

du

parfois jusqu'à centimètres par mètre. La montée

moins dans la plus grande partie de son parcours, l'ancienne route des voitures, du

7

)ap!usfo-rtese

on)esait,a)asuite

trouve entre Araya et Aley. Si j'ajoute que certaines courbes ont été tracées

de

au

construite, comme

l'expédition

française de i86o. La voie ferrée,aussi bien que l'ancienne route, a été établie avec des fonds français; ellc est adminis-

proportions de celui-ci. Aucun non plus ne traverse un

MAALLAKA.

P/!0<o~t'f;~ftc de

pagnie independante, -1et )e service se fait en français. La direction imprimée dès )e premier jour par l'administration de ce chemin de fer, a permis d'établir une discipline et une régularité de service qui contrastent heureusement avec )e fonctionnement de la plupart des offices publics de ce pays. Les voyageurs ont seuls l'accès des quais, où ils ne trouvent pas l'encombrement des oisifs et des curieux. Les troupeaux ne pénètrent pas sur la voie, et, en cas de violation des règlements, tout délinquant peut être poursuivi. Les mêmes facilités manquent à d'autres établissements dont les municipalités indig'ënes n'ont pas secondé les efforts. Entre Beyrout et Damas, l'itinéraire compte treize stations et neuf haltes. De la gare de Beyrout,

.1-

LE MONDE.

de 100

mètres, on verra qu'aucun chemin de fer d'Europe n'est établi suivant les

trée par une com-

A TRAVERS

rayon

6" LIV.

~7.

paysage aussi

J. Pa)'Mo<.

sp)cndide.

De Beyrout au point cu)minant de la ligne (audessous du );han de i\Hzhir, à i 5~2 mètres d'attitude),

spectacle est sans pareil. D'un côté ieSannin, le Djebel Kenneiseh et l'Amana de l'autre le Djebet Barouk et t'IIermon, qui garde pendant tout t'été de la neige sur ses hauts versants. A nos pieds la vallée du Nahr Beyrout,au milieu de laquelle les montagnes, les plateaux, les petits villages se détachent comme sur une carte en relief. L'ensemble, noyé dans la iumièrc du'so)ei), est un 'fond gris, en opposition avec ie bleu limpide du ciel et le bleu très foncé de la Méditerranée. Les maisons plates; qui font l'effet de petits cubes de carton, ressortent à peine sur la teinte du terrain les plantations d'arbres semblent des plaques de mousse. On dirait un de ces paysages en )e

?

6.

5

février )8~8.


miniature qu'on façonne en France pour servir de décor aux crèches de Noël. Plusieurs des stations de cette première partie de la ligne servent aux Heyroutins de lieux de villégiature pour la saison d'été. H s'est aussi construit à Ain-Sôfar, à près de ;,3oo mètres d'altitude, un splendide hôtel européen où l'on échappera à la chaleur humide des villes de la côte, ou au climat brûlant de

est à trente kilomètres au nord-est. Au sud-ouest se détachent les jumeaux de Xiha, qui ferment El Bekaa dans la direction méridiona)e. La' transparence de l'air est telle, que les moindres détails, rochers, crevasses, plantations, villages, se dessinent nettement à de grandes distances, et semblent fuir à mesure qu'on s'en rapproche. On contcmple ainsi pendant très longtemps la structure symétrique des croupes de t'AntiLiban, fermant à l'est 'Et Bekaa.

Au passage nous saluons Crey (eI-Kerèyeh).où

Tandis que la route carrossable tourne au sud pour gagner Damas

l'Egypte.

l'industrie lyonnaise a installé des filatures de soie, nous contemplons pour la dernière fois ia Méditerranée, et !e train s'engage entre les rochers, nus de toute végétation. Le tunnel passé, nous découvrons !a plaine d'El Bekaa, l'ancienne Célésyrie, vers iaqueHe nous descendons rapidement. Sur les pentes de la montag'ne,)a)ocomotive n'a qu'à retenir sa vapeur pour empêcher le train de suivre avec trop de vitesse les méandres de la voie. De Sàadnéil, on distingue, au milieu de l'immense plaine, plusieurs sections cultivées. L'une d'entre elles appartient au Gouvernement français. C'est Tanaïl, orphelinat agricole entretenu par les P. P. Jésuites. Ceux-ci possèdent aussi, à une petite distance, le splendide établissement

par Djedidyé et

A~eythe)oun, )a voie

ferrée

traverse

à

t'est les g'or~es du

Ouadi Yafoufa, af-

fluent du Léitani,

puis elle forme un coude pour descendre au sud par Xerghaya et Zebdani. La vue, assez res-

treinte, ne s'étend

pas au de)à d'une lieue,mais la plaine, bien arrosée, est extrêmement fertile,

et les environs de beaucoup de ces villages sont pourvus de verdure.

Les fruits de Zebdani ont une célébrité. Des vendeurs se présentent aux portières des wagons en nous offrant des pommes, et nous acquérons à bon compte, en monnaie du pays, quelques-uns de ces énormes de viniculture de fruits. Ces pommes ne valent pas !\sara. celles de France, et l'on assure A~taa)!aka, que les espèces européennes insitué à peu près au troduites en Syrie dégénèrent milieu du trajet, un au bout de peu d'années. De arrêt d'une demifait, ces pommes donnent une heure nous est ocsensation d'âcrete au moment où VOYAGEORSARABES.–ALAGAREnEMXÈR)B. troyé, car le train on )cs met a la bouche elles Py;o<o~a/);M~<y.7~rMO<. montant et Je train sont cependant rafraîchissantes descendant se croisent à cet endroit. La gare, assez et laissent après eiïcs un arrière-goût agréable. Le étendue avec ses dépendances, est pourvue d'un bufïet raisin, les ligues fraiches, les abricots, que l'on trouve où l'on est convenablement servi. à Zebdani et en d'autres stations du parcours, sont excellents. La voie ferrée ne passe pas à Zah)é, quoique cette A partir de Zebdani, nous commençons à suivre localité soit devenue en ce siècle une ville importante le Barada, fleuve biblique qui traverse Damas pour (f5ooo habitants), pourvue de plusieurs églises ou se perdre, à vingt kilomètres à l'ouest de cette vil)e, écoles, et très industrielle. On dit que tes Zahliotes clans )e lac Ateybeh. Le chemin de fer forme, avec le regrettent aujourd'hui d'avoir mal compris leurs intécours d'eau, qui est assez rapide, mille sinuosités rêts en n'accueillant pas les avances de la Commission entre les arbres, qui décorent ie fond de la vallée. d'exploitation de la ligne. Nous voyons l'ancienne Abila, aujourd'hui Souk-OuadiPeu après la station de ~tâattaka, nous quittons Barada, village entouré de vergers. Non loin de cet la chaîne du Liban et nous traversons à toute vitesse la endroit se trouve une ancienne voie romaine, un aqueplaine d'El Bekaa. Le Nahr-Et-Léitâni, l'un des grands duc en ruines et quelques tombeaux. Plus bas E) Figé, cours d'eau de la Syrie, est, à l'endroit où le chemin "tedéSIô". Du TTtY~, « la fontaine", ou plutôt de ferte coupe, un tout petit ruisseau. Cette plaine de chemin de fer, avant d'arriver à la station, on voit, de d'El Bekaa compte vingt tdtomètres de largeur. Baalbek l'autre côté de l'eau, dans un site magnifique, la route

y~


semble des teintes de cet austère paysage, qu'anime de fois à autre le passage d'une troupe de eavaHers, ou une lente caravane de chameaux, ou bien une famillc dc gazellcs qui, surprises par l'arrivée du train, dotaient a toute vitesse devant la locomotive, et que bientôt nous perdons de vue. Mzérib, point terminus de la )ig'ne, intéresse à divers titres les voyageurs. C'est en effet la première station, en deçà de Damas, des pè)erins musulmans allant une fois l'an à la Mecque. Les caravanes secondaircs viennent y rejoindre la caravane principale, qui y fait un arrêt de quelques jours. Le chemin de -fer fournira ainsi aux Européens le moyen de venir avec sécurité, à Fépoque du pèlerinage, voir le campement du /Md/. Tout près de la station se voit le vaste étang du Badjeh, ou les r pèlerins se baignent. Pour ce motif, l'étang est réputé sacré. Au milieu de l'eau, dans une ) He, subsistent les restes de l'ancienne ville. El Mzérib est défendu par deux châteaux forts le vieux chiteau, ~L:'af c<ct~e/e)evé, dit-on, auxv~ siècle par Sé)im et )e nouveau château, à droite du vinag'c,fy~/o'cf/c/~cJt'dc/i, dont l'état de délabrement ne justifie plus l'appellation. Si les Arabes ont vu de mauvais œi) l'introduction du chemin de fer.dans cette partie de la Syrie (en effet, d'après leurs préjugés religieux, on ne peut se servir que de ce que le ALEY–DEPART DU TRAIN. Créateur a fait de ses mains,

conduisant au temple ancien dédié aux divinités de )a rivière. Cette ruine est un but de promenade aimé des Damasquins. Nous longeons en même temps le ruisseau, la conduite d'eau a ciel ouvert destinée a l'alimentation de la ville, et la route, que nous avons rejointe à Hameh; et bientôt, après un détour au sudouest du Djebe) Kasiyoun, nous apercevons à trois kilomètres devant nous les minarets de Damas. Le trajet a duré huit heures, pour un parcours de )44 kitomètres. Le débarquement s'opère en plcin air. L'arrêt de Damas-Héramké ne possède pas encore de gare, la construction de celle-ci étant subordonnée à la décision qui sera prise au sujet de la pro)ongation de la ligne dans la direction de l'Euphrate (Biredjik). Les habitants de Damas et de la région située au detà demandaient que la ligne remontât de Damas au neuve par Nebk la compagnie préfère un autre itinéraire passant par Baatbek. Les événements politiques ont contrarié jusqu'à ce jour l'exécution des travaux. Un prolongement de la )igne Beyrout-Damas dessert la région du Haouran et du Ledja, jusqu'à Mzérib()0) kilomètres), côtoyant ainsi la grande route des caravanes de la Mecque. La route romaine de Damas a posra passait plus a t'est et traversait )e plateau

duLedja. Des dix arrêts intermédiaires, on peut noter El Kis-

soué, important village près duNahre) Aouadj, qui est peut-être le Parpar de la Bible, et Sunaméin, riche en ruines de temples, de tours, d'édifices antiques, dans lesquels le style romain se présente modifié par le goût des constructeurs du pays. De )à on peut se rendre à Naoua, à six lieues au sud-ouest. Ces deux loca-

i ALAGA RE DE

lités sont les plus propre's à r~OtO~t'a/'AtM'f/e~'aH/Cttr. et non de l'oeuvre de la main faire connaître !e type spécial des hommes), il s'en faut que tous dédaignent un des villages du Haouran, aux maisons entièrement moyen de transport qui facilite grandement les comconstruites en pierre, sans l'emploi du bois. Les munications. Du reste, n'avaient-its pas antérieurement bancs, les armoires, les objets mobiliers, les lampes accepté les voitures ? elles-mêmes sont en pierre. Outre les voyageurs, le chemin de fer du Haouran La dévotion musulmane, greffée sur une tradition transporte tes produits du pays, consistant principaleantérieure à t'hég'ire, rattache à cette région le soument en céréales. Au mois d'avril, après les pluies de venir de Job. On montre, à l'ouest d'El Merkez, Je printemps, les Bédouins du désert viennent établir tombeau de Job, à Cheykh Sa'ad, au milieu de la colonie leur campement auprès de Mxérib. Afin d'écarter ces nèg're établie par le fils d'Abd-ei-Kader, la pierre de pillards, on est obligé, tant que dure leur séjour, de Job et le bain de Job. 'ainsi nous t'a-t-on dit) les soldats turcs dans mettre Une autre station de la ligne ferrée, Chcytd~le train. Mestdn, à 8& kilomètres de Damas, va devenir une II faudra quelque temps, sans doute, pour que grande gare, par suite de la translation en cet endroit la locomotive européenne obtienne pleine possession du siège du gouvernement du Haouran. Des Arabes de la route qu'elle s'est ouverte à travers le désert. nomades, des Druses, réfugiés du Liban, et des chré-Les chameliers n'ont pas encore compris que leur tiens grecs composent la population de cette contrée. intérêt consiste à desservir les localités éloignées du Au plus loin que le regard se porte, c'est une succeschemin de fer, et non à essayer à côté de celui-ci une sion de monticules formés de déjections vo!caniques,reconcurrence difficile. Pourtant, dès la première année couverts par places de quelque végétation. La montad'exploitation, les résultats ont dépassé les devis, l'horizon ferme Djebel Haouran dite, le proprement gne tandis que sur d'autres points tes travaux se pourà l'est. La lumière du soleil noie et adoucit tout l'en-


suivent avec activité pour joindre, par une )i~nc long-eant)acôtcde Syrie, ~i'ripoii à Beyrout, et Heyrout à Saïda, au milieu de sites que l'on admirera à )'cg'a) de maint paysage célèbre de notre Europe.

J. PAroso'r.

ncur; mais Hagen était un homme d'une rare énergie qu'aucun danger ne rebutait. !) partit donc. Hagen était accompagne de quatre Européens, parmi lesquels ie docteur ifahi, et de quatre noirs de confiance. Ils s'avancèrent à la file indienne dans-un étroit sentier souvent obstrué par des lianes ou de

gigantesques racines saillantes. iiagcn, impatient d'arriver au but, avait fini par prendre la direction de

Le Désastre de l'Expédition du Dr Ehlers en NouveHe-Guinée TA Nouvelle-Guinée, bien qu'elle ait: été jusqu'à la découverte des mines d'or moins explorée que tant d'autres contrées, a déjà fait des victimes. Le docteur Otto Ehlcrs, un ancien camarade de l'empe-

reur Guillaume II à )'université de Bonn, a trouvé la mort dans la grande île, en octobre t8ç5. Il était parti de la côte, le f4 août précédent, pour explorer la Terre de )'empereur Guillaume, avec une nombreuse escorte de porteurs, mais sans peut-être avoir pris toutes les précautions utiles. Ses compagnons et lui manquaient des instruments propres à déterminer leur position exacte ils errèrent donc à l'aventure au milieu de marécages et de forêts ils subirent mille privations dix porteurs sur quarante moururent en peu de temps. Finalement l'expédition aboutit à un désastre

On avait cru, sur la foi de premiers renseignements, que )e D~ Ehlers était mort de ses fatigues; on avait cru ensuite qu'il était mort noyé dans le Lakemoumou, et c'est ce récit que nous avions donné nousmême. Mais ces différentes versions viennent d'être reconnues inexactes, grâce à l'enquête minutieuse faite par le docteur Uaht.juge impérial. Le D~ Hah), en interrogeant les indigènes qui avaient accompagné Kh1ers, finit par leur faire avouer que le malheureux explorateur avait été assassiné par deux jeunes naturels de l'île Huka, Ranga et Opiha, depuis six ans au service de la Compagnie chargée de faire la police dans la colonie allemandc. Ranga, en particulier, s'était fait remarquer par son intelligence et son énergie, et AL )c gouverneur de IIagen l'avait recommandé, ainsi que son compagnon, au docteur Eh)ers pour son voyage d'exploration dans la grande i)e.

Quand l'enquête fut.achevée, les deux prévenus furent jetés en prison à Stephansort, mais ils parvinrent à s'évader au moment ofi ils allaient être jugés, et s'enfuirent dans l'intérieur du pays, après avoir dérobé des armes et des cartouches à un colon chinois. Ranga avait juré de donner la mort a AI. de Hagen, qu'il accusait de ses malheurs. Ce dernier, t'ayant: appris, n'apporta que plus d'ardeur à poursuivre en personne les meurtriers dans les forêts vierges qui commencent vis-à-vis des îles jomba et s'étendent jusque dans l'intérieur de la Nouvette-Guinée. On peut taxer de téméraire cette résolution du gouver34 du

-22

Voir le Tour du A~HA'; août !8()6.

n°' )

du 4 janvier i8q6 et

la petite troupe et même par la devancer. Au bout de quelques heures de vaines recherches, on entendit tout à coup un jeune indigène pousser un cri dans le voisinage Hagen tourna la tête de ce côte et, au même instant, reçut une balle qui lui traversa la poitrine dans la région du cœur. Ses gens t'avaient promptement rejoint, et, sans pouvoir songera pour-

suivre l'assassin, ils durent étendre sur une civière construite à la hâte le corps inanimé du gouverneur, qu'iis rapportèrent à la côte. Le croiseur allemand se trouvait, par hasard, non loin de là; un des compagnons de Hagen se chargea d'aller apporter au capitaine du navire la triste nouvelle. Maigre tous )cs soins qui lui furent prodigués,'Hagen n'avait pas tardé à rendre le dernier soupir. !i faitait venger sa mort, causée, a n'en pas douter, par Ranga, d'autant plus que ce double assassinat, resté impuni, pouvait porter atteinte au prestige du pavillon aiiemand aux yeux des indigènes. Aussi, le )7 août dernier, le /j/A'e vint-il jeter l'ancre au large des îles Jomba, afin de bombarder tous les villages de la côte qui devaient aussi donner asile aux meurtriers. L'opération, retardée d'un jour à cause du mauvais temps, fut exécutée impitoyablement. Les Allemands débarquèrent et s'avancèrent dans l'intérieur du pays en brûlant tous les villagcs, en s'emparant comme otages des rares indigènes qui n'avaient pas pris la fuite, et en répandant dans tout le pays la nouvelle que si les habitant leur livraicnt les meurtriers morts ou vifs, ils recevraient comme récompense des porcs et des sacs de riz, ce qui constitue, aux yeux des Xéo-Guinéens, un présent royal; sinon, tout serait détruit. La peur du châtiment et i'appat du gain l'emportèrent alors sur la crainte superstitieuse que Ranga avait su faire régner autour de lui. Tous tcsïamuis des bords du (iogoi et de Ataraya se mirent en campagne et atteignirent, au bord même du Gogo), tes deux fugitifs qui erraient dans les bois. Rang'a se défendit comme un lion, ou plutôt comme un renard pris au piège, f) esquiva si habilement les prcmiers javelots qui furent lancés contre lui, que ses adversaires commençaient à le croire protégé par les esprits, lorsque Opina s'affaissa, blessé à la jambe. Alors Ics l'amuls redoublèrent d'ardeur, et Rang'a lui-même, grièvement blessé, s'éiançait dans le fleuve pour s'échapper à la nage, lorsqu'une dernière blessure à la tête lui fit perdre connaissance. On lc ramena sur le rivage, transpercé de vingt-trois flèches.

7-c

Quand les naturels eurent apporté aux Allemands les corps des meurtriers, ils touchèrent .)a récompense promise, et leurs deux têtes furent ciouées à des poteaux, à Stephansort, afin d'inspirer à tous les Néo-Guinéens une crainte salutaire.


intérieures destinées a supporter deux paires de roues de chemin. La paire de roues arrière est folle'sur l'essieu, car elle ne doit ag'ir que comme guide; au

Un Navire-Amphibie

en Danemark le meilleur meiiïeur nom ~<');s'r )e C'petit qu'on puisse puisse donner nom qu'on

pctit vapeur qui circule aussi facilement sur la a un siii-

terre ferme que sur ]es eaux d'un lac, avec cette différencc que, sur le lac, il est libre, tandis que, sur terre, g)issc sur un petit raitway.

il

])

contraire, la paire de t'ayant est calée sur son essieu, car c'est elle qui doit donner le mouvement. Ajoutons que ces roues sont de petit diamètre et pareilles a .des roues de wagonnet; eiies sont logées dans des évidcmcnts longitudinaux mcnag'es dans la carène,dont elles ne dépassent que très peu la surface, par un petit secteur de leur partié inférieure. Lorsque le .St'j~M arrive au point de l'isthme qu'il doit franchir, il s'engage entre deux estacades de pilotis alignées perpendiculairement à la rive, et, guidé par elles, il

vient reposer sur

F

des rails disposés le long- d'un plan incliné, comme les cales de halag'e que l'on peut voir dans tous nos ports de mer. Quand il

est ac-

tue))ement unique au monUe.

incurie

il

voir,i)fautai)cren Danemark, où

circule entre deux lacs, à petite distance de Gopen-

t

est bien assujetti sur ses rails, les roues de l'avant

t hague.Son nomPPPI est le Cj'.a'y;c', en

sOntmises en mou-

danois )e.S'rj);c~. Avant sa construction, les passagers étaient obiig'es de

vement par

transmission ve-

traverser a piedci !'isthmede35ometres compris entre un petit point

LE5V.HN

débarquer. Le&'MHCKa a

i3"8o de longeur

sur2"85 deiar11

SORTAIT DE L'~AU.-

D'L7~)'~ H~~ /)/<O~O~t't1'Cde PI. -S~t'C~O~.

nommé Fiskeback et le lac de Parum, courte promenade, il est vrai, mais qui oblig'eait a un transbordement tandis que maintenant on s'embarque à son bord sur un des lacs, on traverse ce lac, on franchit l'isthme et l'on va jusqu'au bout du second lac, tout cela sans

g'eur.

i

compris.

Lorsqu'on exactement

manœuvre inverse

s'opère alors

1

l'asLE'SVAKEN'ROHLANT SUR LES RAILS. D'après H;te photographie de 7)/. /~)'cAOM.

servent les nombreux lacs des pays scandinaves. Sa' machine de vingt-sept chevaux met en mouvement une he)ice' ordinairc qui lui imprime une vitesse très convenabie. Mais, à la différence des navires habituels, partie inférieure, de fortes iong'rines il porte,

sa

on

désembraye la commande des

pect de toutes les

embarcations à passagers qui des-

brayer la

en machine la pente; devient alors inutile un frein puissant permet de la modérer jusqu'au moment où le bateau arrive dans le second lac. Une

mètre et un

Icvoitnotter,i)a

canicien d'em-

redescend

peut por-

poids d'environ )5tonneaux,tout

nant de la machine motrice il suffit, pour cela, au mé-

c.ommande de ces roues, et le bateau amphibie se trouve ainsi subitement transformé en une sorte de locomotive, remontant elle-même la rampe qui se trouve devant elle. Dans cette rampe, la, machine tourne à toute vitesse. Au sommet, situé à peu près à la moitié de l'isthme, la voie

ter soixante-dix passagers avec un tirant d'eau d'environ

une

roues,on embraye l'hélice, le propulseur est mis en

.marche, et le voyag'e s'achève dans les conditions or-

dinaires. La voie ferrée qui sert au ~MHCH est en rails d'acier, à l'écartement de )'2.5. Les pentes du profil tong'itudina) sont de ]/5o. Le bateau reste trois à


quatre minutes sur la terre ferme un peu cette d'un piéton.

sa vitesse dépasse

L'histoire de ce curieux navire est intéressante il a été conçu et dessiné par un Suédois, à noter M. Lector-Mag'reU, qui en a dirigé la construction dans les chantiers de M. Ljung'g'reen, à Christiansund. Il était destiné a Horas, ville'de tocx~n âmes qui se trouve entre deux lacs, sur un isthme étroit; mais pendant que s'achevait le ~)'jH6H, une voie ferrée fut tracée entre ces dc.ux lacs, et cette concurrence im-

prévue déjoua les projets des constructeurs du bateau. Cctui-ci fut vendu à la ville de Copenhague pour la somme de nooo couronnes, transporté sur un navire à Etseneur, d'où un chemin de fer le conduisit au lac de Farum. L'affaire eut la chance de réussir comptétement. Dans la semaine, le bateau fait trois trajets par jour; le dimanche, il va et vient sans interruption,

COUPE SC)!KMATI(JL'EDL''SVAX[!X'.·.

pour satisfaire les promeneurs de la ville accourus en foule; des centaines de groupes, famiiies, sociétés, font le trajet jusqu'à Parum et retour. Les cyclistes et les enfants payent moitié prix; i!ya a des biiiets collectifs à prix réduits lorsque voyaient vingt-cinq personnes réunies qui se sont annoncées d'avance. Le service ne dure que du )~ juin au octobre. L'idée de lancer un navire sur la terre ferme n'est pas nouvelle, et encore moins scandinave. y a a plusieurs années que le capitaine J.-H. Kads, un des meilleurs ingénieurs américains, a proposé que)que chose de pareil à travers l'isthme deTehuantepec,mais sans pouvoir réaliser son projet. Les vieux routiers de la mer secouaient la tête en l'écoutant et répondaient Impossible! On voit que ce mot n'a plus de sens. Qui sait si la construction de navires amphibies ne serait pas la meilleure solution de bien des difficultés de transport ou de transbordement dans maints pays ou il faut rompre charge et mettre pied à terre pour passer d'un lac à l'autre ou d'un fleuve à l'autre, parfois à travers des isthmes très étroits? La dépense serait minime, et l'affluence des passagers la couvrirait bien vite.

population, qui est de ~5o ooo habitants et satisfaisant néanmoins si on se rend compte qu'en j8ç-~ il ne restait des écoles fondées par )e colonel Ga))iéni que la seule école des otages de Kayes. La nécessite de répandre notre iangue parmi les indigènes se faisant de plus en plus sentir, le Heutenant-gouverneur a réorganisé, à frayes, l'école des otages, qui est devenue l'école des fils de chefs et qui compte plus de cinquante élèves; puis il a fait ouvrir récemment une école primaire à Kayes et une autre'a Médine. Audessous de ces deux écoles sont les écoles de cercle, on le maître, à défaut d'instituteur, est un sous-officier. Les é)èvcs y viennent chaque jour pendant deux ou trois heures apprendre a parler français on leur donne, en outre,-quelques leçons de choses, mais on ne leur y apprend pas encore a lire et à écrire. A côté de ces écoles, les Pères du Saint-Esprit ont fondé, à Kita et Dinguira, des orphelinats où l'on enseigne la culture à de nombreux enfants indigènes. A Dinguira, les sœurs de Saint-Joseph de Cluny ont créé une école de filles et une crèche pour les métis d'Européens. Enfin, les Pères Blancs, toujours si dévoués à l'expansion de f'œuvre civilisatrice en Afrique, sont récemment arrivés dans la colonie et ont ouvert des écoles à Ségou et à Tombouctou. Ajoutons à ces renseignements que deux écoles professionnelles fonctionnent à Kayes et à Kouiikoro en vue de former des ouvriers indigènes pour les ateliers d'artillerie et du génie. C'est ainsi que l'influence française se répand dans cette lointaine colonie, sur laquelle il est permis de fonder tant d'espérances.

)'

Les Écoles au Soudan Français TL existe actuellement

au Soudan trente êtablissements scolaires, comptant environ 730 e)eves nombre faible si on le rapproche du chiffre de la

Les Todavas du Nilghiri Lnprovince de Koïmbatorc, dans le pays tamoul, est une des parties les plus montagneuses de la

présidence de Madras. Les massifs de FAneimaH ~'Monts d-es Ëiéphants) et du Nilghiri la remplissent tout entière de leurs sommets, de leurs chaînons et de leurs plateaux. Peu propre à la culture du riz, à cause de son caractère montagneux, cette contrée est cependant favorable à la culture du café, du thé, du tabac, du sucre, etc. Ses parties basses sont, en été, une véritable fournaise; il y règne un air lourd, humide, malsain, à cause de la proximité de grands marais )e long de la mer. Aussi le voyageur qui est venu par te chemin de fer de Madras jusqu'au pied du Nilghiri, où la voie ferrée cesse et où il doit monter en palanquin, est-il agréabieme'nt surpris et, pour ainsi dire, ranimé, lorsque, sur le penchant de la montagne, le souffte frais des hauteurs descend enfin jusqu'à lui et dissipe peu à peu la chaleur accablante de la plaine. C'est ainsi qu'il arrive à Kunur, petite ville à 2000 mètres de hauteur, puis à Oatacamund, à


mètres, belle ville de p)aisance et station thérapeutique où de nombreux Européens viennent chercher la guérison dans un air pur et frais. Audessus de cette ville, dominant les milliers de villas et les hauteurs couvertes d'une végétation luxuriante, se dessinent les sommets du Dovapet et du Snowdon, qui atteignent presque une attitude de 3ooo mètres. Les populations indigènes qui habitent ces montagnes constituent la tribu des Todavas, une des plus intéressantes, mais des moins connues de l'Inde. Leur origine est encore un problème. Ils n'ont rien de commun avec les Hindous, ni par l'aspect extérieur, ni paries croyances religieuses, ni par la langue. Eux-mêmes se proclament aborigènes, et prétendent que leurs ancêtres ont été créés sur les sommets du Niighiri. Certains savants voient en eux les descendants de colons romains ils ont, en effet, un nez romain, et lcurs femmes une beauté presque romaine d'autres, ne surprenant chez eux aucune trace de ces pratiques idolâtres communes aux Hindous, supposent que c'est un avant-poste des Juifs égaré ainsi loin de leurs coreligionnaires. Du reste, ces indigènes n'ont ni littérature ni inscriptions qui pourraient nous aider à éclaircir le problème. Certains mots de leur tangue semblent prouver seulement qu'ils seraient venus d'une contrée plus septentrionale. Ils sont divisés en cinq castes, si nettement tranchées qu'il n'y a jamais un mariage entre deux ressortissants de classes différentes. Aussi ces indigènes, étant peu nombreux, se marient-ils beaucoup entre parents. Le mariage ne comporte pas, du reste, une fidélité éternelle, et la poiyandrie légitime ou illégitime est la règle généra)e. Une femme, en épousant un homme, appartient à tous tes frères de cet elle-même ne se gène pas pour multiplier homme encore le nombre de ses maris fort libre de manières et même entreprenante à l'égard des étrangers, elle quitte souvent le domicileconjugal sans faire scandale, ni provoquer la colère de son mari. Les enfants sont peu nombreux, parce que les Todavas tuent souvent leurs filles. Les enfants maies seuls sont les bienvenus quand tes filles prennent leur place ou se multiplient trop, les parents les égorgent, tout simplement. ii est vrai que les Anglais ont presque, extirpé ces abominables pratiques. .Les Todavas 'sont grands éieveurs de buffles. Grâce à la fertilité du pays, ils n'ont pas besoin d'émigrer de pâturage en pâturage, et habitent des villages formés de huttes semi-circulaires on l'une des pièces sert de cuisine et l'autre de chambre à coucher; toutes deux sont fort obscures et sans air, mais les propriétaires n'y passent guère que la nuit. Vivant toujours en plein air, sur la hauteur, le Todava'est d'une taille très élevée et d'une force herculéenne, toujours armé d'un bâton en forme de massue, dont il se sert pour sauter les ruisseaux et franchir les mauvais pas dans la montagne ou pour assommer ses buffles d'un seul coup. Et ceci témoigne d'autant mieux de la vigueur du Todava que le buffle. des montagnes est une bête à moitié sauvage, ombrageuse, farouche, qui ne craint pas d'entrer en lutte avec les grands fauves.

2 ?oo

cru longtemps que les Todavas étaient sans cuite et sans dieu c'est une erreur. Leur idolâtrie, pour être moins grossière que celle des Hindous, n'est g'uèrc plus intelligente. Ils adorent aussi un objet matériel, qui, dans l'espèce, est un crâne de buffle, dont ils font la demeure de la divinité. Ils ap/7;m~)'a, c'est-à-dire dieu supellent leur dieu prême. Hs lui adressent lcurs prières, qui sont toujours des demandes intéressées faites en vue de bénédictions matériettes, et des oblations de lait ou de beurre. A côté de ce dieu,.d'autres divinités trouvent une place dans leur panthéon ainsi le dieu de la chasse, dont ils invoquent le secours contre le tigre, qui menace les troupeaux et les hommes eux-mêmes on a vu de ces fauves emporter dans leur gueule des femmes todavas surprises dans la campagne. Ils ont des prêtres qui habitent des sanctuaires appelés A/i~. Les ~)/j/.< comme ils se nomment, vivent dans une solitude absolue défense est faite aux Todavas de leur parler mais ces saints personnages ne se font pas faute de descendre parfois dans tes vittages todavas pour réclamer des habitants ce qui leur ptait, et que personne n'oserait leur refuser, de crainte de voir la peste s'attaquer à leurs On a

bestiaux.

Après la mort, l'âme des Todavas monte au ciel, en gravissant les sommets comme un escalier. Làhaut, dans <' l'autre district», comme ils appellent l'audelà, lc mort a besoin de lait et de troupeaux; aussi immote-t-on sur son tombeau un, cinq, dix, vingt buffles, suivant ta fortune du défunt, pour qu'il ne meure pas de faim dans l'autre monde. Ce petit peuple, si intéressant, diminue rapidement et ne compte plus guère qu'un millier d'âmes. Dans un siècle, grâce à la stérilité et aux mœurs plus que légères des femmes todavas, il aura disparu de la surface de la terre, à moins que le christianisme, qui a eu jusqu'ici très peu d'action sur lui, ne vienne le régénérer complètement.

Gustave Saige, correspondant de l'Institut.

~)/OMaco,

ses

origines

('<~OM~M<o"'<d'après les documents originaux. Un voi.in-tô, illustré de portraits et de dessins, broché, 3 fr.So.tibrairië Hachette.

nouvelle tire son originalité de ce que, pour la prefois, cette histoire se trouve débarrassée de légendes et de traditions artificielles. L'auteur établit, par le simple exposé des faits, combien la vérité historique est autrement glorieuse pour le'petit peuple monégasque et les C.rimaldi, ses souverains. Sous un petit format, il a condensé les longues introductions pla cées en tête des gros volumes de DocxmeH~' qu'il public depuis dix ans, et il a exposé la singulière fortune de cette antique colonie phénicienne détachée de la Provence par l'ambition, de Gênes, puis échappant à cette République pour former un Etat indépendant sous les Grimaldi, alliés de la France pendant la guerre de Cent ans. ]i montre enfin comment, par une succession depotitiques et de diplomates d'une prudence et d'une habileté consommees, l'indépendance de Monaco et la souveraineté de ses princes se sont affermies, tandis que partout ailleurs se consti' T i~'ŒUVRE mière

tuaient les grands États modernes. Ce volume intéressera tous les esprits curieux, tous les érudits, et fournira aux voyageurs d'intéressantes données sur un petit pays dont on ne connait guère que le climat enchanteur et les distractions variées.


Les Herborisations en Afrique

dans leherborisation bois de Meudon. Dans nos surtout

pour pays, une a but l'instruction personnelle, parfois la recherche de documents précis pour la géographie botanique,- mais en tout cas on opère sur des végétaux depuis longtemps déterminés et classés dans les archives de la phytologie, En Afrique, itn'envaptusde même. Bien rares sont les botanistes de profession qu se sont faits en même temps explorateurs du continent noir. On peut citer Adanson.Huttner, Wel-

witsch,Schwein<urth,Dybowski,etc.,a il coté d'autres de bien moindre envergure. Il en résulte qu'une herborisation africaine est toujours, plus ou moins, un voyage de découvertes, et que les échan-

tittons recueillis revêtent,de ce fait, une importance toute particulière. Aussi

méritent-its d'être traités tout autrement facilement remptaçabtes que ceux recueillis au cours d'une herborisation européenne. Si les botanistes de profession sont rares en Afrique, en revanche les Européens y pénètrent de plus en plus

nombreux et peuvent, quelle que soit leur spécialité: fonctionnaires, exptorateurs, militaires ou colons, suppléer a l'absence des premiers, en recueillant avec des soins particuliers les plantes qu'ils rencontrent. RÉCOLTE DES PLANTES

Toute plante africaine mérite d'être récoltée, sinon pour elte-méme, du moins en raison de son habitat, dont la détermination permet de dresser des cartes précises de répartition géographique. Ahus tout sujet n'est pas bon i récolter. Du moment qu'on a le choix, ce choix doit s'arrêter de préférence sur des individus r/<CM.M;<< et <i-

~/C/

Ct)~t'< veut dire

pourvus a la

fois de feuilles, de Heurs, de fruits, voire de racines. Les

feuilles seules

sont généralement insuffisantes pour la détermination d'un végéta), car on sait

que les caractères botaniques sont surtout empruntés aux lieurs et aux fruits. Toutefois,si les feuilles ont des formes variables suivant leur position (à la base ou au haut des tiges) ou suivant l'àge du sujet (comme, par exemple, chez l'7'Mcj/_r/< végétal australien qui a des analogues en Afrique), il est indispensable de les joindre à t'échantillon, en notant soigneusement leur origine et leur position. Les échantillonsdoivent être choisis de dimensions aussi considérables que le permettent les moyens de dessiccation et d'emballage. Lorsqu'il s'agit d'arbres ou d'arbustes, de fruits volumineux ou char-

faut

suppléer aux lacunes de l'échantillon, soit par un croquis en noir ou même en couleur, si la chose est possible, soit par une courte description relatant l'aspect et les qualités /t'M~brme, dimensions, couleur, g(~ût,odeur, etc.). Si la plante se présente sous des aspects varies,–recueillir des échantillons de ses diverses formes. Toutes ces précautions prises, on n'a encore fait que la moindre partie de la besogne utile.Les spécimens botaniques n'ont une récite vaieur qu'en raison des circonstances dans lesquelles ils ont été recueillis. En conséquence,itestindispensabie que chacun d'eux soit accompagne de la mention de ces circonstances et notamment: l°De la désignation, aussi exacte que possible, de la localité oit la plante

~\x n'herborise pas en Afrique comme nus.

«r.j;

stituec par une feuille de papier brouillard ou buvard pliée en deux, a défaut dans du papier non cotte, et, comme pis aller, dans un papier quelconque, fùt-ce un simple journal. La plante doit être étal6e de façon

quetaformedesesfeuittes.desest'eurs et de ses diverses parties reste aussi

reconnaissable que possible. Alors commence l'importante opération de la dessiccation: si l'on dispose du papier buvard en abondance, et que l'on ait tous les jours le temps d'ouvrir les chemises et d'exposer les plantes à t'air, cette opération peut être menée rapidement. C'est le cas général pour te fonctionnaire, t'ofticier ou lc coton. Atais le voyageur qui passe rapidement doit se contenter de ta </«~n. chemises sont empitees les unes sur les autres: on intercale, si possible, entre chacune d'ettes. un lit a été récoltée de papier destiné à servir de tampon. 2° De la date de la récolte, accompagnée,si possible, de la date de la Le tout est comprimé entre deux planfloraison et de la maturité des fruits ches fortement serrées par des cordes pendant ta marche, chargées de lourdes noter si cette date tombe pendant la pierres lorsqu'on arrive ata natte. saison sèche ou pendant la saison humide de la région où l'on herborise); Les plantes doivent rester sous jusqu'à complète dessiccation: 3° De la .s'<; de la plante, c'est- presse celle-ci produit plus ou moins rapià-dire,sic'cst une plante désertique ou dement, sesuivant que l'on se trouvedans aquatique, de pré, de marais, de tour.bière, de brousse ou de foret, de plaine la saison sèche ou dans la saison humide.Dans nos pays, lorsque les plantes ou de montagne sont sèches, il suffit de les étiqueter et Enfin, de les particulatoutes 4° de les cataloguer a tcurptace dans un rités que ne peut révéler un échantillon herbier, où leur conservation est relatidesséché couleur et odeur de's fleurs; vement facile. aquosité dcs tiges; sucs propres, blancs En Afrique, les plantes desséou colorés taille approximative forme chées, comme d'ailleurs toutes les colde ta racine, si ccllc-ci n'adhère pas au spécimen port de la plante fréquence lections, ont a craindre deux ennemis ~vit-elle isolée ou par massifs~: noms redoutables l'humidité et les termites. et usages indigènes. L'humidité les détruit par la moiOn conçoit qu'it faille consigner sissure: les termites, toujours en quête ces observations, ou au moment même de nourriture organique, saccadent en de la récolte, ou le plus tôt possible quelques heures les enveloppes de paaprès, pour éviter toute erreur. Pour la pier et les échantillons obtenus a grand'même raison, il est indispensable que le peine. On peut préserver les herbiers papier où sont consignées ces notes contre t'humidite en les déposant touadhère solidement aux échantillons aux- jours en tieu sec et en les recouvrant d'envetoppes imperméables ata pluie. quels celles-ci se rapportent. Contre les termites et autres insectes, les collectionneurs allemands CONSERVATION DES PLANTES emploient avec succès la <7/7/;H< il est facile d'emporter une ample It tte suffit pas de récolter des dont provision pour ta conservation de tous spécimens de plantes avec les précau- les- bagages, et dont on saupoudre fortions de nature a les rendre utiles à la tement les feuillets de l'herbier et la science il faut encore les conserver. qui les contient. Or, en Afrique, la chose se complique caisse ou le ballot Hntin. une utile précaution conde difficultés inconnues en Europe. siste, pendant les battes, à suspendre II faut tout d'abord, comme chez ce colis spécial au moyen d'une corde, 'nous, dessécher les plantes, opération soit au plafond d'une case, soit a une des plus simples, que l'on pourrait branche d'arbre. C'est une garantie à la même faire exécuter, après la lui avoir fois contre l'humidité et contre les ter montrée une ou deux fois, à un indigène mites. d'intelligence moyenne. P.M'LCOMHËS. Une fois recueilli, chaque échan(~.t.<)'< tillon doit être placé, le plus tôt qu'il sera possible, dans une chemise con-

.<Les


La Navigation du Mékong

Lf;0~

la Ht!)'a/OH

Mékong sont d'une telle /W/'0/Ct7)CC~O!<r /'L!)'CH/ de /;0~ possessions indoc/i/)!o~e~, ~<'OH Me saurait les .s'~tia/cr arce trop de soin, OM fur e/ à mesure .cyM' se /)/-oJ;<~e)~. /.<? Tour, du Monde, e~!H.s ~OH numéro du 2 HO)'eM)&<-e 7f9< a déjà relaté cct~ qui se sont cfccoM~)/s CH 7S()J et 7~9~. Nous 0//O~.S' résumer ici CC!<.V qui 0)!/ eK /!eM dcpuis, et, pour CH bien faire apprécier toute la portée, HO;<.S allons rappeler ~et'ewcx/ les ~n')ic~a:<A'/at/~ relatifs à /J/'o~'r~/);e du y/c!o'c. de

~K

A VANTl'exploration du Mékong' par Doudart de La-

en 1866, Kratiè, entre le is" et le [3" degré de latitude septentrionale, était le point extrême g'rée,

déterminé sur cee fleuve par les hy-

drographes de la

marine. A peine à deux degrés de Saïgon, les incerti-

en un grand nombre de bras. Ce n'est que dans un brumeux lointain qu'on apercevait la rive opposée à celle que nous suivions. Les eaux, se brisant contre les roches qui formaient une succession presque ininterrompue de rapi-

des, élevaient dans l'air une grande

tudes commen-

voix mugissante.

çaient donc pour la

Entre tes îles, ces

science géogra-

rapides présentent un aspect sing'utier;

phique. La mission Doudart de Lagrée

sur les rochers et

les bas-fonds, une

avait justement

incroyable quantité d'arbustes ont pris racine ils paraissent au-dessus de'

pour but de rectifier les cartes anciennes et d'apprécier la navigabilité du fleuve, par le-

l'eau, l'échine ployée par le courant on dirait une forêt inondée. Quel-

quel on espérait re-

lier la Cochinchine française aux pro-

ques arbres de haute taille sem-

vinces occidentales

de la Chine. Il s'ag'issait surtout de savoir si les rapi-

blent ne tenir à la terre que par les P/!Oh)~ra~A/edf~<'7'/H~t'au. lianes qui les unisdes connus à cette époque étaient un obstacle absolu, sent à la rive comme des racines aériennes. » et si les Des de Khône, notamment, constituaient une Ces quelques lignes donnent une idée très nette infranchissable barrière. de l'aspect du fleuve entre Kratiè et Stung-Treng et La mission, partie de Sa'igon le 5 juin 1866, fut des difficultés qu'y présente la navigation, surtout aux conduite par une canonnière jusqu'à Kratiè, et, parbasses eaux. du Mékong- devient tir de ce point, où la navigation Au delà de Stung-Treng, le fleuve continue à difficile, elle continua à remonter le fleuve à l'aide de être d'une targ'eur immense; les deux rives sont, en pirogues indigènes.. certains endroits, etoig'nées de plus de deux lieues, et M. de Carné, qui fit partie de l'expédition, a dérien ne peut donner une idée de la violence de l'eau. crit cette navigation d'une façon très saisissante, et Maigre les colossales proportions du lit qui la contient, le spectacle qu'il dépeint n'a pas changé depuis. elle se tord dans les coudes trop brusques et bat la rive avec furie. Les îles se multiplient à l'infini. « Le fleuve, dit-il, est semé d'!)es qui le divisent A TRAVERS

LE MONDE.

LE MEKONG AU SUD DES CHUTES DE KHÔNE.

?° LIV.

?

7.

t2 février 1898.


d'autres issues. Ici, t'eau se

STUNG-TRENG,VU DU MEKONG.

P/;0<0~)'a/'A:C~7";M.!faH. Enfin apparaissent les !)cs de Khône, si nombreuses que les Laotiens ont donné à cet archipel nuvial le nom de .S'a;~OH, ou « les quatre mille îles ». Le nom de A7!OHe est généralement réservé à la plus grande de ces îles, dont la longueur est de 18 à 20 kilomètres, et la plus grande largeur de 7 kilomètres. L'île de Khône est alignée, avec celles de Papheng, Sedam, Sahong, Isohun, Dit, et d'autres.plus petites, suivant une même parallèle en travers du fleuve, et leurs intervalles forment une série de chutes qui ont reçu la dénomination commune de c/n//M de A'Ke. Pour donner une idée de leur importance, il suffit de signaler que la différence de niveau des eaux du fleuve, entre le nord et le sud de l'ile de Khône, atteint 23 mètres, sur une longueur de moins de 3 kilomètres, et que les variations de l'étiag'e sont de 2"\5o à 3 mètres au maximum au nord de Khône, et de 12 à 13 mètres au sud. La division en deux biefs est donc bien nette. Voici la description, restée toujours vraie, que donne M. de Carne, des cataractes de Khône « Des massifs d'arbres impénétrables nous cachaient le fleuve, dont un bras considérable coulait sur notre gauche. I) s'annonçait par un bruit assez semblable à celui qu'on entend aux approches des grèves de Penmarc'h, en Bretagne le spectacle que j'eus bientôt sous les yeux ne peut se comparer, en effet, qu'à celui que présente la mer brisant sur les côtes un jour de tempête. Un bras du fleuve, large d'environ 800 mètres,

est obstrué d'une rive à i'autre, par d'énormes blocs de rochers. Le courant, décuplé par ces obstacles, précipite contre eux des eaux furieuses. La roche avancée sur laquelle je me tenais était souvent couverte par un embrun si loin que pouvait porter mon regard, les crêtes blanches des vagues s'entremêlaient aux têtes noirâtres des roches. La nappe d'eau semblait s'éiargir, se perdre insensiblement dans le lointain et n'avoir d'autres limites que les montagnes bleues de l'horizon. C'est par là surtout que les eaux du Mékong- se précipitent dans la partie

inférieure de la vaHée; mais elles se sont encore frayé

brise en tombant dans un gouffre, et renvoie en l'air une étincelante colonne de poussière humide à laquelle semble se suspendre un arcen-ciel. Plus loin, une cascade largement ouverte rappelle par son cours régulier et paisible les barrages et les écluses de nos rivières et de nos étang's ailleurs, l'eau s'épanche à demivoilée par des arbres charmants qui, inclinés sur elle, lui abandonnent leurs feui)les toujours fraiches et leurs fleurs blanches ou rosés.")) Une de ces passes, entre les îles Sedam et Papheng', porte )e nom de passe de P/a-.S'eL~m.E)!e s'étend, sur une longueur de 6 à y kilomètres, sans chute, mais avec une série de seuils formant comme autant de marches d'escalier et divisant les io à )2 mètres de déniveHation qui y existent ctM;c/!CtM/M M:<.Y, en une série de différences très faibtes'. Un grand nombre de pirogues franchissent cette passe, en particulier celles des Chinois établis à Don-Samphaï, près de Kong, qui vont à Pnom-Penh échanger certains produits du Laos, tels que la cardamome, des peaux, cornes, ivoire, etc., contre de l'argent en barre, de la cotonnade, etc. H est vrai qu'on prend la précaution de décharger les marchandises à Khône, pour les recharger quand la passe à été franchie. Ces pirogues, d'une tonne et demie à deux tonnes, sont assez difficiles à manier, même vides, pour descendre ou remonter Pla-Sedam, et cependant l'opération se fait couramment pendant trois à quatre mois de l'année. L'idée de tenter ce passage avec un bateau à vapeur, et de supprimer ainsi l'obstacle des chutes de Khône, devait naître d'eHe-mème dès que les premiers vapeurs arrivèrent au pied de ces îles. Le lieutenant de vaisseau Guissez, en jSçi-iS~, fit cette tentative avec r.4rg'K. Après avoir franchi heureusement plus des trois quarts de la passe, l'/lr~M se heurta à une difficulté insurmontable en l'état actuel des choses. Le Tour ~K Monde, dans son numéro du 2 novembre 1895, a fort bien décrit la façon dont, en 189.3 et 1894, la chaloupe à vapeur le T~m-LMOH~ et les canonnières le lI!assie et le La G/'Meh'o'e furent transbordées jusque dans le bief supérieur, au moyen de chariots traînés à bras par des indigènes sur une voie à l'écartement d'un mètre, construite à travers la grande i)e de Khône. Il a raconté également comment les canonnières le A/a.M:'e et le La GraHd/ey-e, franchissant ensuite les

rapides de Kemmarat, acquirent la certitude de pouvoir aller jusqu'à Louang-Prabang et même jusqu'à Iliengsen, au moins pendant une partie de l'année. ). Aux basses eaux. cette passe est en partie desséchée.


Là s'arrêtaient alors les informations. Voici ce qui a été effectué depuis. Dès que le directeur de la Compagnie des Messageries fluviales de Cochinchine fut en possession des

données hydrographiques recueillies par MM. Simon, Le Vay et Robaglia, les officiers des trois premiers bateaux qui avaient franchi l'île de Khône, il acquit la conviction que la Compagnie pouvait établir, sur les biefs supérieurs du Mékong, un service de vapeurs d'un tirant d'eau et de dimensions plus considérables que ceux des canonnières. En faisant construire ces nouvelles embarcations spéciales, il dut se préoccuper en même temps d'établir, dans t'ite de Khône, une voie proportionnée à leur poids et à leur dimension. En effet, alors que les canonnières 'ne pesaient guère plus de vingt-deux tonnes, les bateaux des Messageries nuviafes, destinés à être transbordés sans être démontés, pesaient un peu plus de soixante tonnes. Il fallut donc remanier presque entièrement la voie primitive et lui substituer un raiiway solide, où la traction des chariots destinés à transborder les embarcations fût effectuée par une puissante machine à vapeur. En septembre et en octobre 1896, les trois vapeurs des Messageries fluviales Co/OM&c~. 7~-cM/inian, Garcerie, furent transbordés de cette manière, dans le second bief du Mékong, dit bief de Ba.s'Mc, ou un premier service fut organisé, dès le mois d'octobre, entre Khône et Pakmoun, au pied des rapides de Kemmarat. Puis le Co/0)/~e~ et le T;-c/<H/OM franchirent successivement les rapides de Kemmarat, conduits par le lieutenant de vaisseau Simon, l'ancien chef de la mission hydrographique du Mékong, qui renouvelait ainsi, avec des bateaux de commerce, le tour de force accompli deux ans auparavant avec les canonnières A/a.s'.s'?c et La G~M~;c/-c. Cela permit d'organiser, en novembre, un deuxième service dans le troisième bief du Mékong', sur un parcours de 5oo idlomètres, pour aboutir a Vien-Tiane, ancienne capitale du Haut-Laos, qui aujourd'hui se trouve ainsi retiée directement à Saïgon. Ce service a été presque aussitôt prolongé jusqu'à Louang-Prabang, au moyen de convois rëguHers de pirogues bien armées, les ques

son cours si accidente, n'étant encore qu'à l'état de

projet.

Quoi

qu'il en soit, un service régulier de naviga-

tion est aujourd'hui assure sur le Mékong, depuis son embouchure jusqu'à Louang-Prabang, pour le transport des voyageurs et des marchandises à travers la Cochinchine, le Cambodge et le Laos, partie au de moyen vapeurs, partie au moyen de pirogues, C'est déjà là un progrès considërah)e, sur i'im. portance duquel il est inutile d'insister davantage, Mais pour montrer de combien de perfectionnements ce service de navigation est susceptible, il nous sufnra de rappeler, en les rectifiant légèrement, les chiffres que le 7'0!< ~oH~c empruntait récemment à une lettre de M. Paul Bonnetain, commissaire du gouvernement au Laos (numéro du 30 octobre 1897, Cor/'e.s'~oMt/iMce

entre )'o~eK/'s). En effet, le trajet de Pnom-Penh à Louang-Pra-

bang, à l'époque des hautes eaux (de fin juin aux premiers jours d'octobre), exige, à l'aller, environ 44 jours; a la d~cen~c, environ 16 jours à l'époque des basses eaux (d'octobre à juin), environ 57 jours à l'aller, et 35 jours au retour. Ces chifrres élevés s'expliquent par un grand nombre de raisons. En premier lieu, le fleuve est encore relative' ment peu connu, et l'expérience des pilotes ne se forme que peu à peu. En second lieu, les travaux de balisage, et d'autres travaux d'amélioration absolument nécessaires, tels que l'écrétage de certaines roches, que l'Administration a toujours promis, sont encore à i'état de projets.

Dans-ces conditions, il est élémentaire que la Compagnie ne puisse risquer ses bateaux, la vie de son personnel et des passagers, et qu'elle fasse naviguer ~c ~0!< .s-cK/cmcM/, et avec une extrême prudence.

études hydrographide cette partie du

fleuve n'étant pas encore

suffisamment avancées

pour permettre à des vapeurs de commerce de s'y aventurer sans danger, et les travaux d'améliora-

tion que nécessiterait

LA PASSE DE PLA-SEDAM AUX HAUTES EACX.

P/!0<n~m/ie~c7'/MMf;M.


Des chifTres ci-dessus, il faut donc déjà déduire

les nuits. Quant à la durée de la navigation .réelle, on pourra également la réduire graduellement, au fur et à mesure que les pilotes acquerront plus d'expérience et que s'effectueront les travaux destinés à la faciliter. L'org'anisation d'un service de cette importance n'est pas l'œuvre'd'un jour, et les améliorations qu'on y apporte s'effectuent successivement. Ainsi, l'année dernière, la Compagnie des Messageries nuviales n'effectuait le service entre PnomPenh et Khône-Sud qu'aux hautes eaux, et le service des basses eaux était fait par un bateau de l'Administration Cette année-ci, la Compagnie a assuré le service des basses eaux par un de ses vapeurs. Le voyage que M. Doumer a fait récemment au Laos et à l'île de Rhône, pour inaugurer officiellement le chemin de fer transbordeur ne sera, pas inutile aux progrès futurs de la navigation du Mékong. Le gouverneur général de l'Indo-Chine a pu, en effet, se rendre compte sur place que le service actuel de navigation, bien qu'à ses débuts, commence déjà à détourner vers le Cambodge et la Cochinchine le mouvement commercial de la vallée du Mékong, et notamment les productions très importantes de certaines provinces de la rive gauche {région de Vien-Tiane et de la Sé-Dône), qui, auparavant, s'écoulaient trop exclusivement sur le Siam, par N'ong-Khay,Oubôn et. Korat. Il en est résulté que le service de transbordement des marchandises à l'ile de Khône, auquel l'administration locale avait suffi jusqu'à présent à l'aide de trois petits wagonnets poussés par des coulis, s'est trouvé débordé par l'accroissement continu de trafic qu'a provoqué la navigation à vapeur, et qu'il a fallu acquérir et mettre en marche, pour la traversée de la petite voie de 5 kilomètres dont nous avons déjà parlé, un matériel complet de chemin de fer. M. Doumer a pu voir la montagne de marchandises qui encombrait la gare de Khône-Sud, et que le Bassac doublé du f/ex-T/a~c, quoique bondés à chaque voyage, ne parviennent jamais à épuiser, ce qui a obligé la Compagnie à construire des magasins pour les mettre à l'abri.

Aussi, dès son retour à Saïgon, a-t-il convoqué d'urgence le comité spécial d'études des travaux du Mékong, et l'a-t-il invité à élaborer un programme pratique dont la réalisation puisse être commencée dès les basses eaux de cette année et poursuivie sans désemparer. En même temps, il inscrivait aux budgets du Cambodge et du Laos les sommes nécessaires à ces travaux, et affectait à leur direction, ainsi qu'à la continuation des études, avec tous les moyens d'action nécessaires, l'un des ingénieurs du Tonkin. Avec un tel programme, le Mékong deviendra, à bref délai, facilement navigable en tout temps, sur tout son parcours, et l'on verra diminuer rapidement la durée du voyage de Pnom-Penh à Louang-Prabang. Pendant ce temps, dans le haut Mékong, la conquête hydrographique du fleuve se poursuit. Le La Grandière, bien qu'usé par quatre années de service continu, est parvenu, sous les ordres de

l'enseigne de vaisseau Mazeran (qui a remplacé depuis deux ans le lieutenant de vaisseau Simon à la tête de la mission hydrographique du haut Mékong' à franchir, le 6 août dernier, les rapides de Tang-Ho à Xieng-Lap, malgré le peu de vitesse qu'il avait à opposer à la violence de ces rapides.1

Nos canonnières ne tarderont donc pas à atteindre Xieng-Hong, point extrême de notre domination dans la vallée du Mékong, à.proximité de la fron-

tière

chinoise.

Le traité franco-siamois de juillet 1893 nous assure la liberté de navigation sur le Mékong- et ~!<r ses affluents. 11 n'est donc pas inutile de dire quelques mots de ces derniers, dont deux surtout sont intéressants

la tSë-Do~e et la .S'e-A/OKH.

La Sé-Dôhe, afftuent de gauche.du Mékong', a une importance toute particulière au point de vue commercial sa navigabilitémérite'donc d'être étudiée aveç beaucoup de soin. E)te prend sa source dans la chaîne de l'Annam, décrit un arc de cercle à grand rayon, dont la concavité est tournée vers le plateau des Boloven, rencontre en aval de Khamtong-Nhia'i, près de Beng-Keng-Kok, un massif rocheux qu'elle traverse, et retombe en chute (d'une quinzaine de mètres aux basses eaux, de quelques mètres seulement aux hautes eaux), pour suivre ensuite, jusqu'à son confluent avec le Mékong-, un cours très sinueux que Francis Garnier a comparé au cours de la Seine, aux environs de Paris. La vaHée de la Sé-Dûne, avec les centres importants de Saravan, Khamtong-Nhiai, Champe, Paksé, est très riche en cardamome, jute, cire, peaux, cornes, ivoire, buffles, etc. La largeur de la Sé-Dône varie entre 60 et 100 mètres. Sa profondeur, au confluent avec le Mékong atteint 6 à io, et même i5 mètres au milieu du chenal. Pendant la saison sèche, elle est navigable sans la moindre difficulté jusqu'à Ban-Hé. Aux hautes eaux, l'enseigne de vaisseau Barthélémy Robag)ia est remonté, avec la chaloupe à vapeur /c 7/aw-<o~, jusqu'à deux kilomètres des chutes de Beng-Keng-Kok. En amont de ces chutes, la Sé-Oône est de nouveau navigable jusqu'auprès de Saravan. La Sé-Moun, grand affluent de droite du Mékong, prend sa source en plein Siam, à t5o Inlomètres environ de Bangkok. Sa direction générale est de l'est à l'ouest, légèrement inclinée vers le sud, à la source. Oubôn et l~orat sont les deux principales villes qu'elle arrose. Oubôn est un centre commercial et administratif très important. Les Siamois y ont une scierie mécanique. Une mission catholique française y est installée depuis très longtemps Korat, siége d'un consulat français, est également un grand centre commercial. Plus de 'deux mille Chinois y sont

installés. Or la Sé-Moun est navigable depuis son confluent avec le Mékong jusqu'auprès de Korat, et, en vertu du traité de juillet i8ç3, nos navires peuvent y pénétrer et drainer vers la vallée du Mékong le commerce de ces régions. La navigation du Mékong sera donc utilement complétée par celle des affluents de ce fleuve. PAUL COMBES.


Chasse au chacal

Une

en Algérie

Lnplpie étant tombée toute

la matinée, nous ne

pouvons quitter Bordj-Ménaïei qu'à deux heures. Notre caravane se compose de sept à huit Européens, tous à cheval, et d'un petit groupe d'indigènes le cadi, Kabyle roublard et buveur d'absinthe, pas sportsman du tout, juche sur une mule grise bien docile, et quatre ou cinq cavaliers ara-

bes,

le

burnous

flottant, le fusil en

bandoulière. Les fusils, disons-le tout de suite, ne sont là que pour la forme, pour l'œj),1,

Une fois ses dispositions stratégiques prises, ses rabatteurs lancés en tirailleurs, le caïd, avec l'importance d'un général suivi de son état-major, part à la tête des cavaliers, et nous nous rendons au petit trot au lieu qu'il a choisi. Notre chef n'est pas un vulgaire bico, mais un Arabe'de haute marque et de vieille noblesse. Rarement j'ai vu allier plus de finesse à plus de dignité. Maigre et de grande taille, le teint basané, la barbe poivre et sel très courte, le nez aquilin, le profil arabe dans toute sa pureté, l'œil très vif mais bon, un sourire légèrement ironique sur les lèvres, il vous salue avec la courtoisie d'un homme du monde, et je ne sais quelle dignité orientale en plus. I) parle un français

été à Paris, est décoré des « palmes M~M~Mc.s' », comme il dit lui-même, et se croit membre de la Cat/eMie. A Bordj-Menaïel on peut se

assez correct.

M

a

tromper de ça! Mais-

j'allais

oublier les chasseurs. Car les chasseurs, en realité, ce n'est pas nous, ni

chasse, comme on le verra plus loin,

les indigènes rabatteurs, ni même le caïd. Ce sont les sloughis ou lévriers d'Afrique la forêt de Chan-

aucun coup de feu ne doit être tiré.

chasser à courre.

car, dans cette

A

3

kilomè-

tres de !~rdj-i\le-

naiel, nous attei-

/<

tilly, nous

allons

La seule différence

est

que

les limiers

y sont des slou-

g'hisetlecerfun

gnons le rendezchacal. vous de chasse, un DÉPART POUR LA CHASSE AU CHACAL. Le caïd Seccafé maure à la kri possède cinqq ~a.v 7!of<;<. D'~re.! MH~ ~/i0<og')'a/t'<' de porte duquel le caïd sloughis qui sont Seckri, nanqué de cé)èbres dans la région et dont il est très fier. Le préses deux frères, nous reçoit avec une extrême courféré du maitre s'appelle /7ao!<ec/!e, toujours le premier toisie. à forcer le chacal et' à. te saisir 'a la -nuque d'un coup Le café maure, qui se trouve à mi-chemin entre de mâchoire. De nombreuses cicatrices attestent sa Bordj-Menaïel et la. demeure du caïd, n'est qu'un valeur. I) est d'une santé délicate,'souffre de rhumasimple g'ourbi en roseaux à claire-voie. A l'un des. tismes aussi porte-t-il un paletot, comme les levrettes coins, un creux dans le sol fait le simulacre d'un fourde nos Parisiennes. Sa patte droite est teinte au MOM~ installation, le primitive Atatgre cette neau. henné. C'est, du reste, le seul de ses sloughis que le n'en prépare pas moins un déticieux MOM, qu'il sert caïd honore d'une caresse ou d'une parOte amicale. dans de petites fasses de fine porcelaine. Après avoir longé pendant quelques tdtomètres Nous prenons place dans la hutte, sur des tas. le pied de la cottine, le caïd nous place en observation de briques en guise de chaises, tandis que notre hôte et va se poster en embuscade à une centaine de pas et les principaux personnag'es de sa suite s'accrouplus loin, aveelses limiers tenus en laisse par. un pissent sur des nattes. Kabyle. Les présentations faites et le café déguste, les Bientôt, sur la hauteur, des cns retentissent. Ce ordres pour le départ sont donnés. Jt a là, aux sont les rabatteurs. On aperçoit sur la côte les points abords du g'ourbi, une quarantaine~ d'indigènes en blancs de leurs burnous se mouvoir dans les oliviers. burnous, enfants et adultes, sous la conduite de l'infaIls avancent, moitié courant, moitié au pas, en hurtigable I-Iassen, qui vont servir de rabatteurs. En lant, frappant les buissons. Deux ou trois chiens quelques paroles brèves, Seckri leur indique la route kabyles les aident dans leur besogne. La chaine se qu'ils auront à suivre. Ils graviront la colline. Au rapproche, descend les flancs de la colline. Les hurlesommet, ils s'espaceront en longue chaine et redesments des Arabes deviennent féroces. I! y aurait de cendront sur l'autre versant en poussant des cris pour quoi faire trembler les chacals à dix lieues à la ronde. cavaliers les gibier l'endroit où le vers amener A chaque instant, notre petite troupe de cavapostes. seront


liers se renforce. Attirés par le bruit, tous les Arabes des environs qui possèdent un cheval viennent se joindre à nous et nous font une brillante escorte. Ces chasses, en effet, sont une véritable fête pour tous les gens de la contrée. Enfin, les rabatteurs arrivent à une faible distance de nous, mais pas un chacal n'a paru. Sans perdre une minute, ils repartent pour faire une battue sur une autre colline. Durant cette manoeuvre, qui prendra une demiheure au moins, Seckri s'en va fouiller les bords d'un osed avec ses chiens. Là encore, à part quelques pluviers et quelques vanneaux, aucune bête n'est si-

gnalée. Cependant, de nouveaux cris retentissent sur la montagne. Les burnous réapparaissent. Les Arabes descendent, dévalent vers la plaine. rien n'arrête leur course. Ils roulent sur les cailloux, traversent les haies de cactus, sautent par-dessus tes jujubiers et les palmiers nains. et la plupart sont pieds nus Cette battue reste également sans résultat. Plus loin, sur une colline éloignée, un chacal est levé. Mais les rabatteurs ont crié trop tôt, la chaine n'était pas formée, tes sloug'his n'étaient pas à leur poste, et l'animal est bien vite hors de vue. Notre caïd parait fort contrarié. D'autant plus que le soleil baisse et que tout fait prévoir que nous rentrerons bredouilles. Pourtant il n'abandonne pas la partie. Cette fois, nous quittons la plaine, et, nous escaladons la montagne. Nous faisons au chacal l'honneur de l'aller chercher chez lui. Nos petits chevaux barbes grimpent dans les rochers comme des gazelles. Au bout d'une demi-heure, nous parvenons au sommet une sorte de dédale de rochers'entre lesquels ne pousse qu'une herbe rare et quelques palmiers nains ou des oliviers rabougris. Le panorama est d'une sauvage grandeur. Vers le sud, à une portée de canon, sous un ciel gris violacé, la mer étend sa masse d'un bleu sombre avec, sur les bords, la dentelure blanche des vagues. Une brise fraîche, presque glaciale, nous vient du large. A l'est, les collines dénudées des premiers contreforts du Djurdjura longue série uniforme de mamelons recouverts de chênes-lièges, de buissons de lentisques et de jujubiers; solitude imposante où aucune habitation n'est visible. C'est bien là la patrie des fauves chacals, hyènes, sangliers y sont nombreux et les lions et les panthères n'y paraîtraient nullement dépaysés. Au Nord ainsi qu'à l'Ouest, la scène est moins sévère. Au pied de la montagne, de vastes plaines en partie cultivées où serpente l'eau grise de l'oued Isser. Des champs d'orge, d'avoine, qui coupent çà et là les prairies à perte de vue. Puis de petits villages BordjMénaiel, Isserville, Haussonvilliers, vaguement indiqués dans des groupes d'eucalyptus. Et au delà de la plaine, l'Atlas aux lignes sobres et grandioses, dure silhouette d'un bleu uniforme, derrière laquelle fulgure le soleil couchant, que toute la brillante palette d'un Besnard ne saurait rendre. Tous les rouges, les jaunes, les oranges, les ocres, vermillon, garance, cadmium dans toute leur intensité, le vert émeraude

du ciel et le cobalt "de la montagne tout cela se heurte en une org'ic de couleurs brutale mais sublime. Je me trouvais amplement dédommagé de nos insuccès cynég-étiques par la beauté du spectacle, ou,

pour mieux dire, j'en avais complètement oublié la chasse et les chasseurs, lorsque, tout à coup, des cris me rappellent à la réalité, et, presque à mes. pieds, passe comme une flèche une bête d'un gris roux. C'est un chacal qui fuit devant les rabatteurs. Les sloughis sont lâchés. Le chacal dévale par une sorte de large couloir, sans arbres, sans rochers, et bien vite il est gagné de vitesse. D'un bond /OMC/!e le saisit à la nuque. Les autres lévriers donnent aussi leur coup de dents, et ce serait bientôt fait du carnassier si les Arabes n'intervenaient. En effet, les premiers rabatteurs sont déjà là. Ils courent avec une rapidité absolument invraisemblable. L'intrépide Ifassen, en quelques bonds, a rejoint le chacal, presque en même. temps que les sloughis. Il est nu-pieds et court indifféremment sur les rocailles, sur les silex tranchants ou les esquilles de roseaux coupés à ras du sol. Il a plutôt l'air de voler que de courir. Bientôt tous les indigènes arrivent sur la crète, et dégringolent ensuite au milieu des rochers en poussant des cris de triomphe. C'est une véritable avalanche de burnous. Comme, derrière la crête, les sanglantes lueurs du soleil couchant ont l'air d'un volcan crachant de la lave et des flammes, cette descente vertigineuse dans la pénombre crépusculaire a quelque chose de fantasmagorique et de sinistrement' dantesque. Leurs cris sauvag'cs sont terrifiants, et il me semble assister à la fuite d'hommes primitifs devant quelque effroyable cataclysme préhistorique. Hassen, cependant, délivre )e chacal, qui n'est pas mort, et dont les crocs pointus et l'œil méchant sont encore pleins de menaces. On lui passe dans la gueule un morceau de bois qu'on lie fortement avec des feuilles de palmier nain. Tout le monde est là qui entoure le prisonnier. On discute les incidents de la chasse. C'est une affaire d'Etat. Que fera-t-on du chacal? Les jeunes sont d'avis de le relâcher pour lancer encore les sloughis à sa poursuite. Le caïd met un terme à ces bruyantes discussions en ordonnant une nouvelle battue. Aussitôt la bête est égorgée d'un coup de flissa, les indigènes repartent en ordre' de bataille, se dispersent sur un autre mamelon, .et la chasse recommence. Le soleil est couché, la nuit vient, et les burnous blancs courent encore dans la montagne. Un nouveau chacal est levé. 1) prend sa course vers la plaine et suit la rive d'un 0!<c~ au bord duquel le caïd est déjà posté avec ses sloughis. Il passe. les sloug'bis partent. Vingt, trente bonds, et )1 est près d'être rejoint. Un instant, cependant, le fuyard regagne le fourré et parvient à dépister les lévriers, qui manquent de flair et ne chassent qu'à vue. Mais nous poussons nos chevaux dans cette direction en criant de toutes nos forces. Affolé, le chacal se rejette dans les champs. C'est son arrêt de mort. Tous les cavaliers, au nombre de cinquante au


moins, lancent leurs chevaux au galop à la suite de la meute. Aucun obstacle n'effraie ces intrépides chasseurs. Poursuite inénarrable, presque dans la nuit, à travers des champs et des prairies, dans une plaine immense coupée çà et ta par des ruisseaux et des fossés. C'est une véritable fantasia! Les premiers cavaliers, )e caïd en tête, sont à quelques mètres des sloughis. Nous sautons des fossés. Un Arabe et son cheval tombent dans un o;<c~. Mais ils se relèveront bien tout seuls. et la chasse continue dans un nettement de burnous blancs. La troupe passe. Seul, le cadi, sur sa mule grise bien Après une docile, nous suit à distance, au petit course échevelée de 2 ou 3 );itometres, le chacal, qui avait une forte avance, est rattrapé par les sloughis, et quelques coups de dents l'arrêtent dans sa fuite. Cette fois la chasse est terminée. Nous prenons congé du caïd, qui nous offre gracieusement les victimes, et notre petite troupe regagne Bordj-Ménaiet C'HORCEs VfOLUER. en pleine nuit.

trot.

Les Droits de la France sur !e haut Nil T 'ARRtVHE de missions françaises dans la région du Nil a cause, comme on devait s'y attendre, une émotion profonde en Angleterre. Une grande partie de !a presse a vu là, de notre part, une sorte d'acte de concurrence déloyale, et de virulents articles ont été dirigés contre nos « prétentions x qualinées d'excessives. « Le gouvernement français peut être convaincu, écrivait le Globe il y a quelques semaines, que même si les Derviches ne détruisent pas )'expédition Marchand, l'Ang')eterre ne manquera pas de maintenir son droit de posséder une route al.'ant des grands lacs à la Méditerranée. Toute la vallée du Nil appartient à l'Egypte, qui a exercé des droits souverains jusqu'à ce que l'usurpation des Derviches soit venue les abroger temporairement. Ces droits, le gouvernement les fait valoir aujourd'hui aussi énergiquement que possible et ce serait un procédé absolument injustifiable de la part d'une puissance européenne quelconque que d'empêcher ou de retarder cette tâche que l'Egypte s'est imposée. » Telle est la thèse presque unanimementdéveloppée de l'autre côté de la Manche. Il vient pourtant de s'élever, dans ce concert d'imprécations, une note discordante'elle émane de la .S'a/!< T~t't'e~ qui, après avoir établi que l'occupation française du Bahr-eI-Ghazal était tout le contraire d'une plaisanterie ou d'une chimère, reconnaît et'proclame la légitimité de nos prétentions sur les provinces de ce nom, et cela en invoquant un précédent anglais. Le cabinet de Londres protesta, en en'et,de t887 à iSço, contre les exigences du Portugal qui revendiquait la possession du bassin du Zambèze, du Nyassa et du Matabeleland. Sur quoi s'appuyait cette protes-

haut

tation angtaise~.Tout simplement sur l'acte de Berlin qui déclare « qu'une revendication de souveraineté en Afrique ne peut être appuyée que sur une occupation récite du territoire revendiqué )' et qui dénnit cette occupation effective, en disant qu'elle implique « la présence d'une force suffisante pour maintenir l'ordre, protéger les ctrang'ers et surveiller les indigènes Or, il n'y a pas un seul Anglais dans le Bahr-et-Ghazat et t'Ang'teterre n'a jamais tenté d'y maintenir l'ordre ni d'y protéger ou surveiller personne. D'où la -Sûf/M; 7~ne))~ conclut que la France a pleinement le droit de s'établir dans ces territoires. Aussi bien, c'est t'opinion professée par un écrivain qui a pourtant des sympathies anglaises, M. \Vauters, l'érudit directeur du Moto'eM)~~ ~eo~y-t~MC de Bruxelles. L'Ang-teterre, dit-il, aurait les meilleures raisons de vouloir englober le bassin duBahr~ ei-Ghaza) et le haut Nil dans sa zone d'influence. Les Français, ajoute-t-il, « n'ont aucun droit historique, mais ils occupent ». Et cela est à ses yeux une considération péremptoire. Prenons acte de la déclaration, de M. Wauters comme de cette de la &f/;<~o_r ~ef/or.

commencé par M. VfviEN SAtXT-MARTiN et continué par FR.ScnRAnER. Cartes

n" ~t;)'o/'e~o;/<'9Kcài:~ooooooo;n°8:HCt'Hfaà

AT~AS UNIVERSEL DE GÉOGRAPHIE,

DE

;:25()oo<)0:n"raHce~nt/</9)tf',àlamL'meécheHe. Le seul reproche qu'on put faire à ce bel atlas,c'était d'avancer L

trop lentement. M.

Fr. Schrader vient d'y repondre, en faisant paraitre trois cartes en même temps. Avec ces nouveaux fascicules la moitié du grand atlas est achevée aujourd'hui: quarante-quatre cartes sont publiées, sur les quatre-vingt-sept qu'il doit comprendre. La plupart des cartes générâtes ont paru, et est déjà complète: pour les cartes détaxées, une partie du monde années quelques et nous verrons c'est l'Amérique du Sud. Encore française peut cartographie se terminer ce monument que la opposer, sans crainte d'infériorité, aux plus belles entreprise;, similaires d'Angleterre et d'Allemagne. La carte de l'Europe politique, est très claire, très lisible, bien que le relief du terrain y soit figuré avec beaucoup de décelui tratails. Le coloris politique y diffère de quelques points de politique ditionnellement adopte. C'est ainsi que toute séparation est supprimée entre la Russie d'Europe et la Russie d'Asie cette séparation n'existe pas en effet, et plusieurs gouvernements chevauchent sur la frontière entre les deux continents. En revanche, la carte marque plus clairement qu'on ne le fait d'ordinaire la dualité de la monarchie austrohongroise et celle delà Suède et de la Norvège. Elle n'indique, bien entendu, que les principales voies de communication, celles qui présentent un caractère plus ou moins international. La carte de la France physique, dessinée avec la plus grande précision par M. F. Prudent, et résumant les traits physiques de la grande carte en six feuilles à l'échelle de < 1000000, faire sentir plus claia été complétée par des teintes destinées àrégions de la France rement la hauteur rotative des diiïérentes environnantes. ainsi que les profondeurs des mers La nomenclature a été l'objet d'une étude approfondie. Les à y introduire les auteurs de la carte ont cherché avec raison dénominations locales et régionales, les appellations traditionnelles si intimement liées à la condition topographique et a l'histoire, et trop oubliées aujourd'hui.. C'esf ce travail minutieux de reconstitution qui, avec la perfection du dessin et de la gravure, donne a cette belle carte surtout utile pour une valeur absolument originale, et la rendra méthodes. nouvelles inspiré des géographique un enseignement La carte de la France politique complète dignement la série des huit cartes consacrées à notre pays. Nous espérons, ditl'aupar le public cultivé comme teur, que cet ensemble sera considéré constituant un progrés dans la représentation cartographique de notre patrie.


Les Herborisations en

Afrique'

~s'!<<?c/y< fSOLUTtON DE QUELOUESjDtFDCULTÈS

SPÉCIALES

~ERT.uxs végétaux se prêtent difficileaux moyens ordinaires de récolte et de conservation. Tels sont, en premier lieu, tes arbres.]! faut que t'échantitton qu'on en recueille indique le mieux possible le mode de divergence des rameaux, la disposition des feuilles, et qu'on y adjoigne une portion du bois et de t'écorce. On le complète, comme nous t'avons dit précédemment, par des croquis et par des notes manuscrites. Viennent ensuite les plantes grasses, telles que les cactus, les euphorbes, etc., difficiles à presser et à dessécher sans altération de leurs formes. On peut en extraire la pulpe, et n'en conserver que les enveloppes externes. On peut aussi les couper. en tranches minces (longitudinales et transversales) que l'on fait ensuite sécher comme les plantes ordinaires. On sectionne longitudinalement les côtes gar-

ment

d'épines des euphorbes grasses, pour faciliter leur dessiccation. Mais cette dernière provoque, dans les tissus végétaux spongieux et gonués d'eau, un retrait qui altère les formes primitives nies

detaptante.Pourpareràeetinconvé.

nient, il faut en dessiner le contour, a ['état frais, en délimitant avec un crayon la surface qu'elle occupe sur le papier où elle repose, de façon a conserver une indication précise de sa grandeur naturelle.

Ajoutons qu'il faut manier avec précaution les euphorbes et autres celui-ci ayant souplantes a suc vent des propriétés vésicantes capables de provoquer des ecchymoses touours dangereuses en Afrique. Signalons, en troisième lieu, les fruits charnus, ainsi que les siliques et les graines facilement caduques ou su-

/j/<

jettes a s'ouvrir. Il faut les dessiner et les députpcr s'ils ne sont pas conservabtes, ou les ligaturer et les envelopperdans du papier. Dans tous les cas, il faut toujours s'efforcer de recueittir et de conserver les semences des plantes que l'on rencontre, ce qui permet d'obtenir, en Europe, en serre chaude, des individus vivants précieux pour l'étude bo-

tanique.

Il ne faut pas dédaigner non plus les champignons et les mousses. Les espèces coriaces sont faciles à conserver simplement envetopp.ées dans du papier. Celles de consistance membraneuse ou herbacée se pressent et se dessèchent comme les plantes ordinaires. Quant à celles qui vivent sur des feuilles ou sur Voyez te numéro du

page

48.

5

février

1898,

dans la plupart des cas. Mais pour les serve avec les feuilles et les écorces qui voyageurs qui désireraient acquérir des notions plus complètes sur la pratique les portent. des herborisations, les facilités ne manDans tous ces cas particuliers, de même que précédemment, l'usage abon- quent pas. dant de la naphtaline est indispensable Depuis Linnée, dans sa l'hilosoobjets récoltés. la conservationdes et J.-J. Rousseau, pour Nous ne saurions trop insister sur cette dans sa huitième lettre sur la Botanirecommandationdont'I'oubii peut causer que, jusqu'à nos jours, nombre de botanistes ont fait part au public de leur aux botanistes de vrais déboires. expérience en cette matière, dans des Manuels qu'il est facile de se procurer. EMBALLAGE ET EXPÉDITION DES PLANTES Toutefois, la meilleure préparation, Etant donnée la difficulté de la en même temps que la plus rapide et la conservation, en Afrique, des plantes plus complète, à taquette puissent s'asrecueillies, le mieux est de les expédier treindretesfutursexptorateursouméme les simples touristes désireux de rendre en Europe au fur et à mesure, toutes les des services a la science, consiste à fois que l'on en trouve l'occasion. On évitera ainsi les accidents et les pertes suivre t'finseignement spécial pour les qui viennent détruire en un jour le tra- voyageurs. inauguté en tP.q.3. et qui fait vail de plusieurs mois, comme tant de partie, depuis lors, des cours ordinaires collectionneurs l'ont éprouve en Afrique, du Muséum d'histoire naturelle. depuis Levaillant jusqu'à Schweinfurth. les maîtres de la science franCes expéditions réclament également des çaise divulguent, avec la haute autorité soins spéciaux. qui s'attache à leur enseignement, ce Depuis le lieu où l'on herborise que j'appellerais volontiers les secrets jusqu'au port d'embarquement pour .du métier scientifique, c'est-à-dire ces l'Europe, il peut y avoir une distance procédés, ces tours de main transmis plus ou moins considérable à parcourir, par la tradition, sanctionnés par l'expérience, et dont aucun Manuel ne peut et. par conséquent, les envois de plantes tenir lieu. peuvent se trouver exposés à l'humidité et aux termites. M. A. Mitne-Edwards, directeur Pour parer à ce danger dans la me- du Muséum, dans la leçon d'ouverture sure du possible, le mieux serait d'enfer- decescoursen]8c)3,atrésbienprécisé mer les plantes, fortement saupoudrées t'utitité de cet enseignement lorsqu'il de naphtaline, dans une caisse fabriquée adit: ~ien des voyageurs sont partis avec un bois que les termites n'attaquent celui de l'A'r)-u'o/a't/w tel d'ardeur, dépensant sans compter que pleins pas, Gt</HCC)).!t'. leur énergie et leurs forces, et trop souMais, a défaut de caisse, il faudra ven.t les résultats de leur mission ont bien se contenter d'un bon paquetage été singulièrement diminués,parce qu'ils imperméable, consolidé par deux plan- ignoraient de quel côté ils devaient diches ou par deux fragments d'écorce de riger leurs travaux, et qu'ils ont ainsi /<<.<. Ce colis, bourré de naphtaline, passé, sans les voir, a côté des faits les doit être recommandé aux soins tout plus importants." particuliers des porteurs, et muni d'étiL'enseignement spécial pour les quettes indiquant qu'il renferme des voyageurs a justement pour objet de cc/))/o;M de /~t/e.! pour cn//cc//n;t.<, rendre les voyages /cco); A cet effet, cra/~tj)!< /<w:t/f et les /crm!'<M. les leçons professées dans l'amphithéâtre Ces étiquettes seront une garantie sont accompagnées de conférences plus que tout Européen entre les mains du- intimes, faites dans le laboratoire, où les quel passeront les colis botaniques leur auditeurs peuvent s'exercer aux manipudonnera des soins tout spéciaux etles lations diverses, aux travaux toxidermiexpédiera en Europe le plus prompte- ques et botaniques, et où ils reçoivent ment possible. les conseils des préparateurs les plus Je crois inutile d'ajouter que ces exercés. instructions sont applicables ;)<!</a/< J'ai jugé que ces renseignements, MM/jHf~ à tous autres pays que généralement trop peu connus, étaient l'Afrique. ici à leur place, puisqu'ils permettront aux voyageurs de compléter utilement, MOYENS DE SE PERFECTIONNER au Muséum, les brèves indications que j'ai données ci-dessus. DANS

desécorces, on les récolte et

on les con-

/t;<'o/j;§x!,

LA PRATIQUE DES HERBORISATIONS

Ces conseils pratiques, bien que forcément succincts, seront suffisants

PArLCoMnES.


Madagascar

A

La prise d'Ikongo

Récit d'un Témoin oculaire La lutte de co!<e d:<ee, mais ac/ee, ~«e nos ~ot<pM t'/c~~eH~ de 6'0!<~H/ contre les Tanalas du district d'oH~-o, doit OKM-/r les yeux de ceux ~«t )'o'!<d/-a7e)~ )'o/r rétablir a Madagascar le )-e~/we ~!<re))!eH~ cn't/.Ma/e la très habile et très e'He/Me ad~:H:o/;OK dK ~J)!e/7 Ga/fH/, il Me/a;~ pas se faire d';7/M~;OH, l'ile ma/~c/te est /0!H d'e~ye pacifiée dctH~ ~OH e~son~/e. <?? ~e!~ eu ~K~c/- par ce ~<t y/e;~ de ce passer c/M; les Ta;M<c!s, dans le

Be/eo..

pays des Tanalas est situé au Sud-Est du Bets.iied, leur tribu se divise en deux branches distinctes, l'une à t'Est du Betsileo, depuis longtemps soumise aux Hovas et relativement paisible l'autre située au Sud du Faraony, complètement indépendante, les tentatives des Hovas pour mettre la main sur eux ayant toujours échoué. C'est chez ces Ta-

LEE

naias indépendants que vient d'éclater la guerre. La citadelle des rebelles, le rocher d'/A'on~o, est, aux yeux des Ma)g-aches, considérée comme imprenable

tcos, ambitieux d'étendre leur autorité sur toute l'ile, vouturent imposer leur domination aux Tanalas. Les Tanalas, prévenus, avaient, eu le temps de se réfugier sur le plateau d'Ikongo, rocher à pic de i o5o mètres de haut d'où l'on domine tout le pays. Six sentiers seu-

lement donnent accès, pratiqués au milieu des ro-

chers, qu'il faut gravir en s'aidant des mains et en

s'accrochant aux arbres, si

nombreux que l'on ne voit pas à deux pas devant soi. Les Tanalas menacés y avaient entassé, des provisions, construit des villages. De là, avec leurs fusils à

on

peut, disaient-ils, y résister à une armée entière et, de fait, la guerre dans cette pierre, leurs haches, leurs rég'ion est des plus difficiles. sagaies et des milliers de Une forêt épaisse, compierres, ils avaient pu braposée de grands arbres ver et repousser t'armée entrelacés de mille lianes la hova, forte de trois mille hommes. Ranavalo s'obcouvre en partie. En dehors de la forêt, une brousse stina, revint avec une armée épaisse et haute, sans aucun de huit mille hommes, essentier apparent où l'ennemi saya le blocus de cet imtrouve une retraite assurée, mense plateau de dix kilooù il se cache pour attaquer mètres de long sur quatre de large, fit venir du canon nos convois sol d'ailleurs extrêmement tourmenté et RA)NAKITAMANGA, GOUVERNEUR DE SASINAKA, NOTRE ALUÊ, et fut définitivement représentant l'aspect d'une ET SA FEMME. poussé. Fiers de leurs anP/;oto~'t'a/'y;/e de MO/)'f co't'f~oHdaKt. ciennes victoires, tes Tamer houleuse. nalas Ont voulu recommencer le même jeu avec nous. Les Tanalas sont fiers, ombrag'eux,d'une extrême confiance dans leurs forces. Réfugiés sur leur citaLorsque, en 1895 les Français prirent Tananadelle, ils se croient inattaquables. Sous le règne de rive, les Tanalas,voyant s'établir dans l'île un gouverRanavalo I", les Hovas, après avoir soumis les Betsinement puissant, commencèrent déjà leurs préparatifs A TRAVERS

LE MONDE.

LIV.

N" 8.

fç février iBçS.


L'ARBRE

DIT

DU VOYAGEUR (RAVELAKE).

Py!0<0~'n!Md<'MO~'eCO)'rM/'OH~H<.

de défense; mais-ils le firent sournoisement. Leurs rapports avec nous eurent d'abord l'apparence de la

plus franche amitié. H est prouvé aujourd'hui que, dès ce moment, ils se préparaient à la résistance. Quand, au mois de juillet dernier, le général Galtiéni, poursuivant sa politique de pénétration dans l'ile, envoya le chancelier J. Bertrand chez les Tanalas, avec ordre d'y établir un poste, l'escorte de cent cinquante hommes armés qui l'accompagnait excita aussitôt leur défiance. Néanmoins, dans les premiers temps, grâce à une grande modération de notre part, le pays resta calme. Ce calme n'était qu'apparent. Bientôt vinrent de tous côtés des renseignements annonçant que les Tanalas montaient par bandes nombreuses et avec d'immenses provisions sur le plateau d'lkongo, leurs monts sacrés. M. Lebard, chef de la mission d'études de la route à péage et du chemin de fer qui doit traverser le district d'lkongo, était témoin, tous les jours, de l'évacuation des villages il prévint le chancelier commandant le district. fil. J. Bertrand fit aussitôt prévenir les Tanalas qu'ils eussent à rentrer dans leurs foyers, essayant de leur faire comprendre que les Français ne cherchaient qu'à leur être utiles, sans tes opprimer. M. le résident Besson, connu de longue date de ces populations, vint lui-même de Fianarantsoa appuyer les déclarations du chancelier. II n'obtint que de vagues promesses. H était évident que les Tanalas cherchaient à gagner du temps. Ils attendaient du Sud des renforts et de la poudre. Le général Gattiéni visitait en ce moment même le Betsileo. En présence de cette attitude qui menaçait de devenir une révolte ouverte, ordre est donné par lui d'envoyer dans le district les forces nécessaires.

En attendant, le chancelier faisait des reconnaissances et désarmait plusieurs villages. I) était temps d'agir. Les villages se vidaient de plus en plus, bestiaux et provisions étaient dirigés vers le rocher. Le s3 septembre, le lieutenant Gaubert enlevait 400 bœufs aux rebelles qui, de leur côte, pillaient nos convois et interceptaient la route de Fianarantsoa au fort Carnot, le poste du chancelier. Les hostilités étaient commencées. Quelques obus furent lancés sur le plateau, sans intimider les rebelles. Pendant ce temps les renforts arrivaient, cinquante hommes d'infanterie de marine, cent tirailleurs hovas. soixante tirailleurs algériens et deux canons sous les ordres du commandant Cléret, commandant d'armes de Fianarantsoa. L'assaut fut décide on estimait à quatre mille 'le nombre des rebelles réfugiés sur le plateau, dont mille combattants et trois mille femmes, vieillards et enfants. Le commandant Cléret pouvait disposer de quatre cents hommes. Ces quatre cents hommes, divisés en petits détachements, furent chargés de garder t'entrée des sentiers conduisant à la roche. On tenta des assauts partiels qui échouèrent. Le 7, une colonne lancée du côté du Sud par Maromaniry, une des routes les moins impraticables, arriva jusqu'au sommet, mais fut arrêtée par une grêle de sagaies et de pierres entremêlée de coups de feu. L'inspecteur de milice Huet, qui dirigeait la colonne, est atteint d'une balle; des miliciens sont tués, plusieurs blessés. II fallut se contenter de tenir le poste avancé de Maromaniry. Du côté du Sud, la colonne de MM. Bertrand, Gaubert, Lestelle, avait également subi un échec. Engagée dans un sentier étroit, elle fut tout à coup assaillie par plusieurs centaines de Tanalas qui, tout en pous-

TOGCFESO, NOTRE ALUÈ, GRAXD CHEF DES SORCIERS TANALAS, TUÉ PENDANT

L'ACTION.

Photographie de Mo/re co)T~O)!da)t<.


sant des cris formidables, écrasaient nos soldats de projectiles de toute sorte et les perçaient de la pointe de leurs sagaies. Le sergent-fourrier Tellier, de l'infanterie de marine fut gravement.atteint au côte deux miliciens littéralement assommés par des pierres un grand nombre blessés. On ne pouvait décidément aborder le haut du plateau, ni par le Nord, ni par le Sud. Les indigènes signalaient deux autres chemins plus fréquentés, sur le flanc oriental. Deux colonnes y furent dirigées le plateau était à peu près cerné, mais on commençait à désespérer de pouvoir le prendre de force. Les Tanalas ont en effet une tactique très simple. Ils laissent les assaillants s'engager très avant dans ces chemins à pic, resserrés entre les arbres et les rochers, et les attendent,,blottis derrière des tranchées

~ésAct&t/e~teM~ co)i.s<K~<M.

Quand

sacré pour les vazahas (les blancs), tout le monde se reposerait. Les Tana)as du plateau, avertis aussitôt,

crurent pouvoir

faire autant et se relâchèrent de leur surveillance. Dans la nuit du samedi au dimanche, la colonne de tirailleurs algériens, sous le commandement du capitaine Tahon, filant à l'Ouest du plateau de Tamboneky, chemin très difficile et par cela même moins bien gardé, grâce à un épais brouillard, atteignit le plateau à cinq heures du matin dans le plus grand silence, tandis que plus au Sud, un de nos détachements attirait l'ennemi à lui par de nombreux et retentissants coups de feu. Au même moment, le résident Besson, qui avait abordé le plateau à quelque en

distance, après un combat acharné, atteignait également les hauteurs, chassant devant lui les Tana)as,qui, surpris par cette

invasion impré-

sentent à vingt mètres, ils lancent avec une ils se

vue, se sauvaient

de tous côtés,

nous abandonnant un butin considé-

extraordinaire

adresse teurs sa-

gaies aiguës

rable, toutes leurs

et

plu-

provisions

tranchantes, tuent

sieurs milliers de

à coups de

poules, des tonnes

fusil, à bout portant, et font rouler de

de riz, des armes,

etc., etc.

grosses pierres, en poussant des cris sauvages qui agissent sur iemora) des troupes, com-

Les

de l'ennemi peu-

vent être évaluées à deux cent cinquante tués et à

posées, en majeure partie, d'indigènes. On peut affirmer que,

un grand nombre de blessés; de

notre côté,

si)estirai]-

une

quinzaine de tués,

leurs n'avaient été soutenus par des troupes blanches,

pertes

UN

ÉPISODE DE DÉSARMEMENT DE LA POPULATION DE BELEMAKA.

Photographie de notre correspondant.

jamais on n'aurait

pris Ikongo, les Tanalas étant particulièrement coura-

geux. Les armées hovas n'ont pas, pendant la campagne de i8ç5, offert le quart de résistance de cette poignée de Tanalas. Ces quinze jours de lutte dans le district d'Ikongo ont été plus durs et plus meurtriers, au point de vue du feu, que toute la campagne de 1895, Pendant la au dire des officiers qui y ont pris part campagne, en effet, les pertes n'ont guère été 'dues qu'à la rigueur du climat et à la fatigue les pertes par le feu se comptent très rares. On eût été réduit à prendre les Tanalas par la famine, ce qui n'était pas facile, si M. le résident Besson, qui dans toute cette affaire a montré la plus grande énergie et le plus grand dévoûment, n'avait imaginé un stratagème auquel est dû certainement le succès. Nos postes étaient remplis d'espions des Tanalas qui se confondaient facilement avec les Tanalas qui nous étaient restés Sdèt'es Le samedi 9 octobre, le résident Besson réunit les troupes en un grand kabary et leur annonça que, le lendemain dimanche étant un jour ). Notre correspondant nous dit qu'il a été huit jours sans se déshabiller, sans pain, sans vin, sans café. Il fallait constamment veiller, en crainte de surprises.

dont plusieurs

Français blessés assez grièvement.

Cette affaire est appelée à avoir le plus grand retentissement dans toute l'île. Elle amènera vraisemblablement la soumission des tribus du Sud encore indécises. Les Malgaches disent déjà que, pour avoir pris Ikong'o, il faut ~Me les 7~aK~M soient vraiment les Alliés de Dieu. R. Madagascar, octobre i8()~.

Cinquante années au Grand Lac Salé' LES Mormons ont célébré, l'année dernière,

le cinquantième anniversaire de leur établissement au bord du Grand Lac Salé, sur le plateau d'Utah. Le jour de leur arrivée dans ce pays fut un 24 juillet. Ce jubilé n'a pas eu d'écho dans les journaux. Il vaut


cependant la'peirié de rappeler que'le'fondateur de la secte, Joseph Smith, né à Sharm, dans l'Etat de Vermont, le 23 décembre 18o5, a été le promoteur d'un mouvement religieux qui n'aura pas une grande place dans l'histoire, mais qui n'en est pas moins original. Ignorant au point de ne savoir ni lire ni écrire, mais doué d'une imagination exaltée, il prétendit avoir des révélations qui lui annonçaient que les Indiens d'Ame-. rique n'étaient autres que des: Juifs émigrés, il y a de longs siècles, et dont l'histoire était racontée dans des livres mystérieux, que lui Smith avait découverts, guidé par un ange, au sommet de la colline de Palmyre. Outre ces écrits vénérables, que le Saint-Esprit lui apprit à déchiffrer maigre son ignorance, l'ange lui donna une cuirasse, le glaive -de Laban, et des lunettes mag'iques qui lui permirent de lire les textes

sacrés. La traduction en anglais de ces livres parut bientôt et fut intitulée -77te BooA' of Mo/'moH. On y racontait le châtiment des Israélites transportés en Amérique, en partie détruits par la colère de Dieu, en partie marqués de cette couleur cuivrée qui, paraît-il, est la flétrissure de leur incrédulité. Le Christ en personne apparaît dans le Nouveau Monde et annonce la venue du grand prophète Joseph Smith. Cette Bible, contrefaite de la vraie, par le langage imagé, a )5 livres et 63~ pages. Malgré l'absurdité évidente de ses paroles et de ses écrits, Smith se fit quelques adhérents, mais aussi des adversaires, qui le forcèrent à passer dans t'Ohio. Là, le 6 avril i83o, dans la maison d'un adepte de Smith, fut fondée l'Eglise des 6'n/s du Dernier Jour, qui comptait alors six membres! Mais, grâce à l'habileté de Smith, ce nombre augmenta rapidement, et déjà en 1831 on comptait deux mille Mormons à Kirtland. Cependant, avec le succès, naissait l'hostilité du public, d'autant plus que les nouveaux « Saints )' se prononçaient contre l'esclavage. Smith fut persécuté, maltraité, emprisonné, et dut enfin prendre la fuite. Suivi de ses disciples, il alla se fixer dans l'lllinois, où il fonda une ville A~Kt'oo (la Belle) qui se développa rapidement. Accueilli d'abord avec faveur par les habitants du pays, il vit ses Saints croître et multiplier jusqu'à atteindre le nombre de vingt mille. ~ais alors, semble-t-il, l'orgueil lui fit oublier la prudence consommée dont il ne s'était pas départi jusque là il se faisait nommer président et prophète de la communauté, et, en outre, bourgmestre général, banquier hôtelier! Il avait ses apôtres, avec monopole, qui s'enrichissaientcomme lui rapidement et formaient déjà une petite aristocratie; il faisait des miracles; une nouvelle révélation, car tous ces bonheurs et tous ces honneurs lui étaient décernés par Dieu même, lui enjoignit de décréter la polygamie, à la grande colère de sa légitime épouse Emma. Une autre révélation le dispensa de tout travail, et les fidèles durent grassement l'entretenir. Tant de folies avaient soulevé contre lui l'opi,nion publique à un tel point que des désordres sanglants éclatèrent, et il périt assassiné, ainsi que son frère Hyram. Ce fut le 27 juin f8-t4. Les Mormons, sous la direction de Brigham Young, le successeur

et.

de Smith, émigrèrent en masse dans les déserts de

l'Ouest.

Après des fatigues

et des privations inouïes,

ils arrivèrent dans'I'Ctah, au bord du Grand Lac Salé, et ils transformèrent en peu de temps cette contrée encore déserte en un vaste et florissant verg-er. Temptes et écoles, magasins et théâtres surgirent du sol comme des champignons, et formèrent la NouvelleJérusalem. Les Indiens furent vaincus, refoulés; les Mormons, une fois bien établis, et formant une société fortement organisée sur les principes de ta théodémocratie, purent enfin rayonner dans toute l'Amérique et même en Europe pour y recruter des adeptes. Leurs efforts furent couronnés d'un tel -succès qu'ils atteignirent enfin-le chiffre d'un demi-million, dont la moitié habitait dans l'Utah, tandis que l'autre moitié restait disséminée en communautés éparses, assez importantes parfois pour avoir un temple, comme à Londres. En 1890, la Nouvelle-Jérusalem comptait 45 000

habitants. Brigham Young se fit nommer prophète à vie. H mourut le 29 août 1877, en laissant sur cette terre une belle fortune, dix-sept femmes et trente-quatre enfants. New Jérusalem est située dans une position très pittoresque au bord du Grand Lac, où se jette un au'pied du mont autre Jourdain. La ville est bâtie Wahsatch. Les rues sont larges, coupées à angle droit, les maisons entourées de jardins. Des tramTabernacle, ways électriques sillonnent les rues. Le église immense et ;de forme ovale, est le seul édifice original de cette cité tout américaine d'aspect. Les habitants sont tranquilles, paisibles, laborieux. Mais les femmes, à cause de la polygamie, sont considérées et traitées comme des êtres inférieurs. Les doctrines des Mormons sont un mélange d'idées raisonnables et de choses absurdes. Dieu n'est d'homme pas pour eux l'omniprésent; c'est une sorte idéalisé, à forme humaine, et cependant le type de la perfection. Le Christ règne en qualité de fils de Dieu; le Saint-Esprit est la volonté une du Père et du fils. A côté de cette Trinité existent des dieux, des anges et des esprits. Quand les temps seront révolus, surviendront des merveilles et des épouvantements on .saints verra apparaître Jean le jeune (~c) et trois

Mormons; les. dix tribus perdues.d'Israël viendront visiter la Nouvelle-Jérusalem, les Indiens seront exorcisés et blanchis; entre les croyants et les infidèles s'élèvera une terrible guerre qui se terminera l'anéantissement des par le triomphe des premiers et seconds. Les différentes parties de la terre, se réuniront, l'ascension aura lieu, le Jugement dernier s'accomplira. La terre sera purifiée par le feu et rendue descendra; à sa divine beauté. La Jérusalem céleste y la paix et la joie y règneront jusqu'à l'éternité. Bien que les lois de l'Union décrétées en 1882 et 1887 aient été sévères pour les Mormons et leur interdisent la polygamie, on ne peut pas parler de leur disparition,' ni même de leur décadence. Cependant les persécutions qu'il subissent finiront par modifier forcément leurs doctrines, et, espérons-le, les rendre

moins extravagantes.


La dernière Expédition

du lieutenant Peary La Météorite du cap York.

Xjous avons parlé bien des fois déjà du lieutenant Peary, de la marine américaine, qui depuis quelques, années, s'est montré un des plus patients et des plus énergiques explorateurs des ré-

g'ions arctiques. Nous avons raconté

dans ce journal

chacun de ses voyages, dont le plus ancien remonte à )8çi: nous ne reviendrons donc pas sur le récit. de ces intéressantes campagnes, qui se sont renouvelées d'année en année, et dont nos lecteurs n'ont pas perdu le souvenir. Nous ne parlerons a u j o u rd'hui que de la dernière expédition, qui n'a été pour le

Foh.mahquait des engins nécessaires pour la soulever. Eh juillet dernier, Peary emporta sur le //o/'c un nombre suffisant de vérins hydrauliques pour déplacer le bolide et l'amener en un point ou il pourrait être soulevé au. moyen de ces vérins. Aussitôt arrivé à )a. baie de Metvilte, le lieutenant se dirigea -t vers l'ile du Météore. Le paysag-e qui se déroutait autour du navire, était d'une terrifiante, grandeur partout des montagnes de glace, souvent grêles comme des obélisques et qui menaçaient ruine. Bientôt après, le navire mouillait tout près de l'Ue, à portée, de l'énorme météorite qu'il s'agissait de transporter sur le pont. Les travaux préparatoires prirent du temps. Il fallut ranger où l'on put le charbon des soutes pour faire une place à la météorite et amasser du ballast destiné à consolider l'équilibre de ce bloc de metat, une fois qu'il serait embarqué., Malgré le mauvais temps, les travaux avancèrent à

souhait. Les Esquimaux, chez lesquels le

d'une vraie popularité, aidèrent les ma-

teiots

avec

sol jusqu'à une pro-

fondeur de 2 m, 20. A l'aide de crics et de palans, on le fit en-

suite glisser lente-

qu'une simple croiqu'il doit entrepren-

à à dégag'er des pics le bo-

lide enfoncé dans le

hardii explorateur sière préparatoire au grand voyage

capitaine jouit

,.1

EMBARQUEMENT DE LA METEORITE.

B'a~rcsfïMCt'Oi/HM dit Dai)y Graphie.

dre dans quelques

mois, mais qui a offert un grand intérêt. Parti, au mois de juillet 1897, sur un navire mixte, le 77o~e, le lieutenant avait pour'mission de rapporter aux Etats-Unis un immense bolide qu'iF avait décou. vert en 1894 sur la côte Nord de ta'baie de Melville à l'Ouest du Groënland, non loin du cap York. Déjà en i8[8, J. Ross, dans son excursion au cap York, avait entendu parier d'un bolide. H.y a un demi-siècle environ, quand tngienëid revint en Ahgie'terre après avoir exploré la côte'Nord-Ouestdu Grdën.land, il rapporta qu'il avait vu des instruments de fer entre les mains des indigènes et qu'il avait' appris d'eux qu'ils en trouvaient la matière première dans de grosses pierres, mais qu'il n'avait pu en découvrir aucune. Les Esquimaux, craignant qu'on ne leur volàt leur trésor, ne voulaient pas le faire connaître. Le lieutenant Peary, plus heureux que ses devanciers, découvrit la météorite, qui reposait à quelque distance du rivage et qu'il n'eût pu trouver sans le secours des habitants de cette région. Complètement enterrée, elle ne montrait à la surface qu'une très petite partie de son sommet, et

ment sur des sabots jusqu'au rivage. Là un pont de madriers

disposés

jusqu'au

bord du navire

servit de rampe de chargement sur laquelle avança la masse à t'aide des. vérins hydrauliques. Puis on la descendit à fond de cale dans l'épaisse couche de ballast, où elle s'enfonça ;et fut maintenue par. de forts étais. Quand le chargement fut opéré, le /7o~e se remit en marche pour le cap York, qu'il atteignit en trois' heures. Une terrible tempête l'assaillit dans ces parages presque tous les Esquimaux furent débarqués..Ma)gre le .gros temps, Peary continua sa route sur le cap Sabine; ta.it.ieu.t ta chance de retrouver le lieu de campement de la malheureuse expédition Greeley, Tout était recouvert d'une épaisse couche de neige, mais à force de creuser on exhuma plusieurs objets, tels que trousse de pharmacie, boutons, une planche avec le nom de ~Ve~MM sculpté au ciseau, tristes débris de, l'affreuse tragédie où tant de compagnons de Greeley avaient succombé. Le brouillard, qui avait tenu trop fidèle compagnie au navigateur, se dissipa enfin, et l'on aperçut non loin du Hope, qui avait repris sa route, les côtes du Groenland. Le détroit de Smith, dans lequel Peary s'é-


tait engagé, présentait cette particularité qu'un des

rivages qui le limitent, celui du cap Sabine précisément, était enseveli sous la neige, tandis que l'autre bord, avec Foulke Fiord, le cap Olsen, Cairn Point, etc., n'en avait pas trace. Ensuite, Peary continua sa route en doublant le cap Alexander, le cap Shalm, le cap Cleveland, etc. C'est le 20 septembre que le Hope, brûlant son dernier tonneau de charbon, entrait à Sydney aussitôt ravitaillé il se dirigea sur New-York;. il y arriva portant encore la trace de ses luttes contre les tempêtes et les glaces des régions arctiques. Le i~ octobre, la météorite fut tirée en quelques heures de la cale du 7/o~e par la grue de 100 tonnes fallait, en effet, que possède l'arsenal de Brooklyn. Il de méune puissante machine pour soulever cette masse tal mesurant 3'°,65 sur 3"45 X i"85 et pouvant peser grand qu'on con90 tonnes. C'est le bolide le plus naisse, sa composition est de 92 o/o de fer et 8 o/o de nickel. Son aspect extérieur est d'un noir bleuté. Elle fait maintenant une des plus curieuses attractions d'un musée de New-York. Le transport de la météorite n'était pas, comme dernière nous l'avons déjà dit, le seul mobile de la expédition de Peary elle a été faite surtout pour préparer le grand voyage qui devra, si les efforts du lieutenant sont couronnés de succès, le mener jusqu'au Pôle. Dans ce but, il est allé prendre des arrangements d'Esquimaux de avec les Highlanders arctiques, tribu 230 membres qui habitent les points les plus septentrionaux du globe il les a chargés de réunir, dès cet hiver, les approvisionnements nécessaires à l'expédition (peaux d'ours et de phoque, viande de morse, etc). Il a ramené avec lui six de ces futurs auxiliaires, qui l'aideront de leurs conseils dans ses préparatifs, et a déjà désigné huit jeunes gens de la tribu qui, munis de leurs vivres, de leurs canots, de leurs chiens, de leurs traîneaux, le suivront l'été prochain jusqu'à Sherard Osborn Fiord, à environ 5oo kilomètres au nord de leur résidence actuelle. C'est sur le H~Hd)M!d, l'ancien navire de Jackson, à la terre François-Joseph, médecin, que Peary compte repartir, accompagné d'un ses autres compagnons ne devant être que des Esquicar cette fois M"" Peary, qui a suivi son mari maux dans ses voyages, ne fera pas partie de l'expédition. Le lieutenant estime que son absence durera cinq ans il qui lui ont été a déjà à sa disposition 760 ooo francs remis par la Société de Géographie américaine il croit fermement à la réussite de son entreprise. Sa connaissance des régions arctiques, sa popularité chez les Esquimaux et son indomptable énergie sont déjà de puissants éléments de succès.

Ernest Giles

Eugène Zintgraff

GiLES, qui vient de T~RXEST à Coolgardie, le

vembre

mourir à la fin de nogrand centre minier de

l'Australie Occidentale, a été l'un des plus brilants

explorateurs du sixième continent, et son nom mérite de vivre, dans l'histoire de la géographie, à côté de ceux de Leichhardt, de Bucke, de Witts, de Forrest et de Warburton. Il est même le premier de tous, si l'on compte le nombre des kilomètres parcourus en terrain inexploré. Avant 1873, la côte occidentale d'Australie, où s'était fondé, en 1829, le pauvre établissement dont Perth était le chef-lieu, n'était accessible que par mer. Aucun itinéraire ne la reliait aux parties colonisées de l'Est du continent. Giles est le premier qui ait tenté la traversée de ces déserts, dans lesquels les colons de l'Australie du Sud espéraient trouver de fertiles oasis et de riches terrains de pâturages. Mais ses deux premières expéditions, celle de 1872, où il découvrit le lac Amédée,et celle de t873à 1874, ne le menèrent pas au delà du 1260 Est de Greenwich (12303945' de Paris), qui forme la limite de l'Australie occidentale, et il fut devancé par Warburton et Forrest qui, en 1873 et 187-1, traversèrent la dernière partie inexplorée du continent

australien. Il recommença sa tentative, et, les chevaux dont

il

s'était servi d'abord se trouvant impropres à de

pareils voyages, il prit cette fois des chameaux et un chamelier afghan. Le 23 mai 1875, il partait de PortAugusta, avec MM. Tietkens et Young, et, à travers un affreux désert, où la caravane marcha seize jours sans trouver une goutte d'eau, il atteignit heureusement les premiers établissements de l'Australie Occidentale, puis Perth, où il fut reçu en triomphateur. H eut le courage de recommencer sa traversée en sens inverse, en choisissant pour point de départ baie de Champion en remontant au Nord-Est vers la les sources de l'Ashburton, et en traçant un itinéraire qui le ramena au lac Amédée. Ces deux voyages, qui témoignaient d'une endurance extraordinaire, n'eurent, il est vrai, au point de vue des colons australiens, qu'un résultat négatif: ils ne révélèrent dans cette partie du continent qu'un désert affreux, à peine interrompu de quelques rares points d'eau. Depuis lors, le nom de Giles ne reparut plus qu'une fois dans l'histoire'des explorations australiennes, et pour un voyage de peu d'importance, à l'Ouest de la station dite du Peake du télégraphe transcontinental. Ses deux expéditions de 1875 à 1876, qu'il a racontées lui-même dans un style alerte et brillant, avaient suffi à sa gloire. Elles lui avaient valu, en 1880, la grande médaille d'or de la Société de Géographie de Londres. Ernest Giles n'était âgé que de cinquante ans, étant né à Bristol en 1847. Elevé au Christ's Hospital à Londres, il avait rejoint ses parents, qui avaient émigré dans l'Australie du Sud. It avait ensuite occupé des fonctions au bureau de poste de Melbourne, mais il s'était senti bientôt entraîné vers la carrière des voyages, et il s'y était lancé sous les auspices de feu le baron de Mutler, qui a tant fait pour encourager l'exploration de son pays adoptif. Nous n'avons pas de détails sur les quinze dernières années de sa carrière, ni sur les circonstances qui l'avaient amené à Cool-

gardie.

Le voyageur allemand Eugène Zintgraff, mort à Ténériffe le 4. décembre dernier, s'était spécialement


disting-ué dans l'exploration de ia colonie allemande du Cameroun. Né le 16 janvier ;858 à Düsseldorf, il étudia d'abord le droit et acquit à Heidelberg le titre de docteur; puis il s'occupa de sciences naturelles, et partit en f88~ pour le Congo avec )'expédition autrichienne du Dr Chavanne. C'est en ]886 qu'il entreprit, au service du gouvernement allemand, ses expéditions dans le Cameroun. H- remonta d'abord le cours du Wouri et fonda la station du Barombi. Puis, de 1889 à 1890, il réussit à pénétrer dans l'Hinterland de la colonie, et fonda la station de Baliburg. En mai )889, atteignit Ibi, sur le Bénoué, et de là, en faisant un grand détour vers t'Est, la célèbre cité de Yola. II eut plusieurs fois à repousser les attaques des indigènes; après son retour à la côte, en [890, il prit le commandement d'une expédition armée qui vint à bout de

leurs résistances.

H

quitta le service colonial en

1891

et parcourut pour son compte l'Afrique de l'Est'et du

Sud. Epuisé par ses nombreux voyages, il s'était établi à Ténériffe dans l'espoir d'y rétablir sa santé, et c'est là que la mort est venue le surprendre. Outre de nombreux articles, Zintgraff a publié un volume intitulé A~-d-y~K~-MM.

Kassala LES Anglais occupent Kassala depuis le 25 décembre dernier; la place leur a été remise par les Italiens,

qui l'avaient reconquise sur les derviches en juillet

Les nouveaux venus s'y sont établis sérieusement, et, pour se mieux garantir contre les attaques des ennemis, ils viennent de s'emparer des-deux forts voisins d'Et-Facher et d'Osobri. Nous empruntons à un correspondantdu 7?mM, qui s'est rendu d'Agordat à Kassata, quelques détails intéressants sur l'état actuel de cette ville, qui fut sous le régime égyptien un florissant chef-Heu de province, ayant plus de 40,000 habitants. Les derviches ont détruit tout ce qu'ils ont pu. II ne reste plus de Kassala que des murs en ruine, des rues désertes, couvertes de fourrés, parsemées des os des habitants massacrés. La ville indigène actuelle ne consiste guère qu'en <o~K/.s, ou pai)Iottes, et l'on ne voit qu'un petit nombre de bâtiments en briques, construits généralement par des commerçants grecs. De to.us les anciens édifices de l'ancienne Kassala, un seul est resté debout c'est la filature de coton, construite par les Egyptiens, et dont la haute cheminée en briques est visible de loin. Les derviches avaient détruit toutes les machines, mais ils avaient conservé l'édifice, qu'ils avaient transformé en magasin. Les Italiens l'ont compris dans l'enceinte de leur fort qui est très solide et qui pourrait, même avec une petite garnison, tenir tête à toutes les attaques des ennemis. H a des murs de 3 mètres de hauteur, et forme un rectangle de 192 mètres de long sur 1894.

96 de

large.

De Kassala la vue s'étend à l'Ouest sur une

plaine immense qui va jusqu'au Nil à t'Est, à 5 kilomètres de distance elle est arrêtée par une chaine rocheuse, qui s'élève droit au-dessus de la plaine, et s'allonge du Nord au Sud, la dernière d'une série de chaines parattètes qu'on rencontre en venant du littorat de la Ater Rouge. Une large brèche, qui marque la route de t'Hrythrée, s'ouvre, à une portée de canon, entre le mont Mokran et le mont Kassala el /.M~. C'est au pied des parois a pic et des pentes ravinées de ce dernier que s'élève la Co~K/a, grande mosquée, renfermant la tombe du chéik Morgani, membre d'une célèbre famille persane qui a fourni au Soudan ses premiers missionnaires musulmans. Le minaret est encore intact mais les derviches ont détruit la base de plusieurs colonnes, et le toit s'est effondré. Des fourrés recouvrent les dalles de l'édifice, hanté la nuit par les chacals et les hyènes. -Quant à la tombe du saint, elle est défendue aujourd'hui par une porte en bois. C'était près de la Catmia, dans une plaine couverte aujourd'hui de buissons et de plantes d'alfa, que s'élevaient jadis les maisons des riches habitants de la ville. A 800 mètres environ de Kassala,. on trouve le Gach, .rivière dont le lit est généralement à sec; on ne sait même si ses eaux atteignent t'Atbara lors des. crues, qui ont lieu en juin, juillet et août. A cette époque, les eaux du Gach, épandues comme celles du Nil, fertilisent les terres riveraines en y déposant une épaisse couche d'alluvions. Au delà de cette nappe d'inondation, les habitants recueillaient l'eau de pluie dans des réservoirs d'où partaient des canaux d'irrigation. Avant la conquête' des derviches, la plaine de Kassala était renommée pour sa fertilité elle produisait en abondance du coton, du sucre, du tabac, du café, du dourra. La crainte des razzias, qui a survécu même à l'occupation italienne, a fait négliger tes cultures, et la plaine n'est plus qu'un désert, transformé après les crues en un vaste pâturage. Mais il n'est pas douteux qu'un bon régime politique ne lui rende rapidement son ancienne prospérité

Le marquis de

la Mazetière.

Tt~otHM et Ascètes t;<d<eM~. et les COMfCH~ bouddhistes des

les caves CÏ'M~ Un volume in-!8. Prix

sur

t0, rue Garancière, Paris.

4

.E.~f!<

VM~

fr. E. Plon, Nourrit et C", éditeurs,

T 'OUVRAGE que MI. le marquis de La Maxeiière vient de faire paraître est des plus intéressants les religions de l'Inde sont entourées de tant de mystères qu'on aime à voir se soulever le

voile qui nous les rend difficiles à saisir. L'auteur, qui a voyagé trois ans en Asie, nous représente d'une façon pittoresque, avec beaucoup de poésie et de couleur locale, la vie de l'Inde, ses croyances et ses mœurs aux époques les plus intéressantes de son histoire religieuse. Ce n'est pas une étude aride c'est une évocation et une résurrection. Nous voyons se former d'abord la. société indienne de l'époque antérieure au bouddhisme, puis se développeret, énnn, tomber en décadence la religion de Bouddha. Les rites, les idées, la manière de vivre des moines hindous sont exposés avec les détails les plus saisissants. Les légendes gracieuses ou terribles, les anecdotes, les traits, les

dialogues philosophiqueset religieux, les traductions des livres canoniques abondent dans cet ouvrage, qui initiera le lecteur aux mystères du bouddhisme.ti est illustré de nombreuses et intéressantes gravures exécutées d'après des photographies illustrent l'ouvrage. Celle du début même du livre qui nous montre l'entrée des Caves d'Ajanta est en particulier fort curieuse.


Br/~E7'AV D~ LA 7j~'

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/Mi'.4AE B&'7.(-E

GR~7~7~7-; C~tt.vc//c.

7~

Voyage aux Volcans de par

M.

Jules

Java

L);CLERQ.

la terre volcanique par excellence dans cette ile les estforces souterraines se manifestent avec une violence TAVA

et une intensité qu'on ne trouverait sur aucun autre point du monde. On peut dire que Java n'est qu'un long anPlus neau de feu, où les cratères succèdent aux cratères. peine de cent volcans actifs ou éteints, dont la moitié à du nous sont connus, ont travaillé a détacher cette terre continent asiatique, la secouent encore terriblement, la couvrent parfois de cendres et de ruines, mais aussi lui donnent cette merveilleuse fertilité qui surpasse même celle

de Ceylan.

analysons a fait l'ascension d'un grand nombre de ces volcans, entre autres, du terrible Papandajan, qui, en )?72, couvrit de ses débris ardents toute la vallée deGaroct, anéantit quarante villages

L'auteur du travail que

nous

etcoùtalavieatroismillehabitants.

Le cratère du volcan a la forme d'un hémicycle domine d'environ Pou mètres par le sommet de la montagne, dont les parois tombent a pic. L'enceinte mesure kilomètres de tour. Elle n'est ni aussi régulière, ni aussi grandiose que celle du Tongkoeban Prahoe, mais on y est en contact plus intime avec les mystères des relions invisibles. L'aspect de ce cratère fait involontairement penser aux ateliers des divinités souterraines, et c'est a cette ressemblance que le Papandajan doit son nom, qui, en javanais, signifie ./nrg'f. Dans sa brûlante enceinte, je m'arrête à chaque pas devant de bizarres phénomènes ici, un soupirail d'ou sort, avec de un bruit inquiétant de soufflet de forge, un intermittent jet une d'ou s'échappe,avec fissure vapeur sulfureuse; ailleurs, une violence inouïe, une colonne gazeuse à jet oblique, dont le sif!)ement rappelle celui d'une locomotive; plus loin une solfatare d'ou jaillit un souffle d'une telle puissance, qu'il expulse avec furie des amas de soufre; plus loin, une curieuse marmite d'où sortent des sons rauques et caverneux. Le cratère est littéralement criblé de volcans de boue, -d'ou s'échappe avec de sourds grondementsune eau chaude, épaisse, de teinte terreuse. Un contrôleur qui s'en approcha de trop près y trouva une fin horribte ses compagnons ne purent l'en retirer qu'à moitié bouilli. · Nous ne pouvons suivre le voyageur dans toutes ses excursions; énumérons rapidement le Kawah Manoek, dont le cratère contient un sinistre lac de boue noire qui se boursoufle de milliers de pétillements le Tongkoeban Prahoe, dont le nom signifie-Pirogue renversée-,et caractérise bien la forme d'un des plus beaux volcans de Java: le Mérapi, dont la cime imposante ne le cède en rien au précédent, pour la beauté et la noblesse des formes; le Poendak Lemboe, non loin de Tosari, le plus haut sanatorium de Java, où, à )8oo mètres d'altitude, on trouve un confortable hôtel meublé a l'européenne; le Dasar, dont le cratère est lé plus vaste du monde, au cœur du massif du Tenger; le Bromo, le plus célèbre volcan de l'ile, dans le cratère duquel, a en croire les indigènes qui

l'adorent comme une montagne sainte, habite l'esprit de Brahma le Ghédé, d'où l'on a une vue superbe sur une grande partie de l'extrémité occidentale de Java, etc. BL~Z.E7'~V OF 7Y/E ~.VE7~C~~V

G.KOGMP/C~

SOCIETY.

Le Conflit

entre Peary ` et le capitaine Sverdrup

La conquête du Pôle Nord, la délimitationcomplète de l'archipel groenlandais, le dernier des groupes d'iles circumpolaires, et l'élimination de tout l'inconnu qui reste sur nos cartes entre )e84= parallèle et le Pôle, sont des desiderata géographiques de première importance. On peut atteindre ce but sans risquer sa

vie ni sa

santé,

peu

de frais relativement. Le moment est venu

pour exécuter ce projet, dont la réussite est prohabte. · Tel est le préambule que Peary a mis en tête de son plan de campagne, plan qu'il a soumis au Conseil de la Société géographique américaine et qu'elle a approuve. Pour l'exécution, Peary a procédé, ainsi que nous l'avons dit dans ce journal, par étapes successives, en mettant dans son audace une méthode, une ténacité, une froide énergie qui surmontent tous les obstacles. Mais voici qu'à propos de ce voyage la discorde est au camp des voyageurs po)ai)'es. Au dire de la revue américaine, s'il est une règle d'honneur que les explorateurs aient toujours religieusement observée, bien qu'elle n'ait jamais été juridiquement ni officiellement formulée, c'est celle-ci un explorateur ne doit jamais marcher sur les brisées d'un autre explorateur, pour se servir des méthodes, des avantages, des découvertes d'autrui. Or, le capitaine Sverdrup, l'ancien second de Xansen à bord du /rjw, aurait violé cette toi il chercherait a frustrer Peary du bénéfice de dix années de travail, d'entraînement et d'expérience, en voulant, lui aussi, gagner le pôle par le Groen-

land. La revue américaine, après avoir blâmé ce projet, conclut par cette dure parole

Le capitaine Sverdrup ne peut être gène par aucune action té~ate. H peut, en ces choses-là, faire ce qui lui'plait. Mais Fhumanité le rangera au nombre de ces hommes dont elle serait heureuse d'abolir la mémoire et d'oublier le nom. Voi)à une condamnation singulièrement sévère On manque un peu d'indulgence en Amérique.

/LW/~E7!SO C~a)t, ~t-pm~f /~o~.

Rapports Commerciaux

entre l'Italie et l'Australie Federigo Gagliardi, Sydney, consul italien Eenvoyé long rapport sur les congouvernement un L

a

au

M.

a

ditions économiques, commerciales et financières de l'Australie, dans lequel il demande la création d'une ligne de navigation directe entre l'Italie et la grande terre australe. D'après lui, les produits italiens, et surtout les produits agricoles, trouveraient un débouché assuré dans le Queensland et la Nouvelle-Gallesdu Sud. Les statistiques officielles assignent, il est vrai, un autres nations, rang assez modeste a l'Italie, en regard desles.importations pour les exportations aussi bien que pour de l'Australie. Mais M. Gagliardi conteste l'exactitude de ces chiffres, parce qu'une grande partie du commerce italien, par manque de communicationsdirectes, est absorbée par )e commerce allemand, anglais ou français, les Italiens empruntant les navires de l'étranger pour transporter leurs marchandises aux antipodes. Or, dans les ports australiens, on ne s'inquiète pas pour dresser les statistiques de l'origine des marchandises importées. U parait que les exportations italiennes en Australie, d'après M. Gagliardi, deviennent de plus en plus considérables. En tSaS elles oscillaient entre quinze et seize millions de lices; en 1806 ce chiffre était encore plus important. Il n'y a pas, comme on vient de le voir, de vapeurs italiens faisant la ligne d'Australie, mais les navires à voiles italiens qui rentrent d'Australie chargés de produits de ce pays accusent également des chiffres d'importation de plus en plus satisfaisants. En outre, l'émigration italienne en Australie prend des proportions très sérieuses. Le rapport conclut en invitant le gouvernement à prendre sous son patronage l'établissement de cette ligne, qui donnera à l'industrie et à l'agriculture italiennes une vigoureuse impulsion.


Monuments mégalithiques du Haut-Bourbonnais et d'Auvergne Coupelles et Pierres à sacrifices D ANSune précédente étude nous avons pris pour

centre d'exploration NoirétabIe-en-Forez. Aujourd'hui, nous aborderons les montagnes sacrées du même système en partant d'un autre point qui sera le Mayetde-Montagne. Cet important chef-lieu de canton de l'Allier s'élève au milieu d'un plateau fertile, riche en grains et en pâturages, dont le sol est compose de fécondes alluvions entrainées des cinies environnantes par les eaux et les glaces des périodes géologiques. Cette formation est aitestée par les innombrables blocs erratiques charriés et polis par les glaciers et qui émergent du sol de toutes parts. Ce furent les

gardait ~te col et la route d'Auvergne, et qui s'appela coM/Me au moyetfage.On trouve, parait-i), des débris

de briques romaines dans les environs. Mais ce qui nous intéresse bien autrement, ce sont les monuments sacrés que nous allons découvrir en gravissant le très vieux chemin qui passe au viHag'e deChatelus d'abord, à gauche, dominant les maisons, un cromlech considérable ma)s en partie démo)i. Puis, un peu plus loin, à droite, au Nord et en contre-bas, un autre cromlech intact, compose de blocs énormes et portant à la marge

.même du chemin un singulier bassin triangulaire,àtriple

déversement. Si

maintenant on se dirige au Sud, en remontant directement.vers le sommet de la montagne, on arrive, au bout de cinquante mètres environ, au point culminant, où se trouve un très

matériaux

de prédi)ectiondes pri-

mitifs constructeurs intéressant autel de cromlechs, ainsi REZ-CIIATELUS (PIERRE A SACRIFICES). REZ DES GRANDS BOLES. druidique.Cetautel qu'on peut s'en ren~'0<0~-0~/i)~<'Af.C/ff!WMCyt. s'élève assez peu dre compte facileau-dessus du sol ment. En effet, cette r.ég-ion conserve encore un nombre et son plus grand relief ne dépasse pas deux mètres. considérable de monuments mégalithiques dont une C'est un cube de granit d'environ 2'5o sur 3 mètres partie absolument intacts, principalement sur les somtraverse du Nord au Sud par une arête faîtière et divisé mets qui enferment l'horizon du Mayet. par elle en deux versants, Est et Ouest, qui communiNous allons étudier rapidement'quetques-uns quent entre eux par une fissure artificielle. Tout le bloc est travaillé et creusé de bassins et de coupelles des plus intéressants, et nous commencerons par le de o-20 à i mètre de diamètre qui Rez-Chatelus ou de la Courtine, qui s'élève à environ se déversent en sens inverse. Ceux de l'Ouest affleurent le sol, mais un kilomètre à l'Ouest du bourg. La tradition enseigne que ce nom vient d'un cc~/e</Km romain qui tout le système Est aboutit à une excavation profonde, en forme de gouttière et dirigée vers'l'Orient. Dans cette cavité, large de o"6o à o"7o, un homme .). Voy. numéro 36, 4 septembre.)~. A TRAVERS

LE MONDE.

LtV.

N« 9.

26

février t8q8.


de forte taille, les bras croisés derrière le dos, peut facilement tenir couché à la renverse, les jambes allongées, la face tournée vers l'Est et la tête reposant dans une coupelle. Dans cette position, on sent dis-

intersection sur le fond de la coupelle, une figure qui

est exactement un swastika. Cette inscription d'un signe du feu dans une coupelle, symbole de t'eau, semble bien confirmer la théorie soutenue ici déjà de la connexité des deux cultes. La montagne tout entière est encombrée de débris de monuments les plus divers ou dominent les cromlechs et les menhirs et sur lesquels les signes sacrés sont multipliés à l'infini. Ce ne sont partout que spirales, crismes de toutes formes et de toutes dimensions, kerts, soleils au carré, inscrits les uns sur les flancs de blocs verticaux, d'autres sur de vastes dalles horizontales au niveau du sol. A noter aussi un serpent très important sur la face Sud-Ouest d'un bloc dressé à peu de distance du sommet. Au Sud-Est, on découvre un étrange monument composé d'un bloc cubique de 2 mètres décote, divisé en douze tranches ou dalles verticales par des rainures allant de l'Est à l'Ouest. Six de ces dalles simulées, celles du Nord, sont à som-

tinctement la place des coudes. Cette conformation indique avec certitude la destination de cette cavité. C'était une Pierre à Mcr(/?CM. Du reste, la tradition locale rappelle avec persistance et ténacité cette destination. Or, nous savons qu'à Bélisama, principe passif et féminin, à qui étaient consacrées les coupelles, on immolait des hommes, ce qui nous autorise à donner au monument de Chatelus le nom d'/tK/e/ de Be<M)M, d'autant plus que tout à côté se trouve une roche plate qui devait être l'emplacement du foyer du feu sacré, complément obligatoire du culte. Plus loin, du côté du Nord-Ouest, le sommet de )a

montagneestcomme entouré de larges surfaces rocheuses arasées au niveau

du sol, toutes M!C/ HCM

et couvertes

de signes

sacrés,

kerts, soleils au

carré, etc.

Lorsque, du

mets rectangulaires; les six autres sont

Mayet, on* regarde vers l'Est, on distingue, au sommet de la montagne des

à sommets

arrondis

Grands Boles, l'im-

et elliptiques. On y accède par cinq

posante silhouette

marches comme au

bloc perché

d'un monument considérable, composé essentiellement d'un banc de rocher, di-

rigé de l'Est

a

l'Ouest, incliné vers le

PIERRE HOMfDE.

Photographie de

couchant, que

surmontent à l'Est un bloc pyramida) et à l'Ouest une masse cubique énorme. D'autres rochers s'étagent en dessous, si bien qu'on dirait un sphinx colossal couché sur l'horizon. Le bloc de l'Ouest constitue la partie principale du monument, et si l'on part de cette orientation pour chercher à interpréter les sig'nes sacrés, on peut supposer que les deux blocs étaient consacrés aux Dioscures, qui se confondent, l'un, Castor, avec Bellen, le Soleil levant, l'autre, Pollux, avec Mercure Teutad, le Soleil couchant, divinité honorée en Gaule d'un culte tout particulier.

En tout cas, il n'est pas douteux

que le monu-

ment ait été consacré au Soleil le bloc de l'Est en fait foi, la forme triangulaire et pyramidale étant la forme géométrique et symbolique de l'action solaire. Le bloc Ouest porte à son sommet une très remarquable et très intéressante coupelle large de 25 centimètres, profonde de 20. Elle est pentagonale à son orifice, mais se termine à sa base par un carré. Dans les quatre angles, quatre incisions approfondissent les arêtes verticales à mi-hauteur de la coupelle et, si l'on prolonge les plans médians de ces incisions, il arrive que ces plans rejoignent diagonalement les incisions opposées et déterminent, par leur

AI.

Charles C/t. -<. 1.

de Saint- Nicolas-desBiefs. Ce monument, comme aussi celui de Noirétable, dont

l'analogie est frappante, semble se rapporter au culte des six Cabires

et

des six Cabires femelles. Au Nord des Grands-Boles, sur un monticule un peu séparé, nous trouvons une enceinte, probablement pélasgique, de 20 mètres de côté, ouverte au Sud, contenant à l'angle Nord une sorte de cabane religieuse encombrée de figurines catholiques et offrant, à 100 mètres des rochers à coupelles, un singulier bénitier d'eau sacrée formé du fond d'une bouteille. Sur le flanc Nord de l'enceinte se dresse un menhir cubique de 2 mètres de haut, près d'une mâles

chambre sépulcrale écroulée et découverte. En retournant maintenant vers le Sud, nous trouvons sur le versant Ouest .de la montagne un monument gigantesque composé de trois assises de blocs plus ou moins sphériques, aux angles arrondis par les glaces qui les avaient transportés, et faisant face à l'Ouest. Ce sont ces grands blocs qui, d'après les gens du pays, ont valu à la montagne le nom de Rocher des Grands Boles ou Boules. En redescendant par le flanc Nord, on remarque un petit cromlech de 20 mètres de diamètre entièrement conservé. Un peu plus loin, on se trouve en présence d'un vaste bloc superposé à un autre et dont la réunion offre l'ap-


parence inattendue, mais très reconnaissable, d'une tête de cheval colossale de 2~,80 sur i"5o. Les narines, l'arcade sourcilière, les os malaires, l'occiput même, se dessinent, suivant que la hauteur du soleil est favorable, par de. vastes méplats de lumière et d'ombre, peu saillants mais d'un principe de modelé remarquable, très enveloppé et très large. Les lèvres lippues, les naseaux épatés, l'aspect raccourci et trapu de la tête, rappellent visiblement la race des chevaux de Thayngen et de la Madeleine. M n'est peut-être pas hors de propos de rappeler que, chez les Aryas de l'Inde, le soleil avait sept rayons, sept rênes, pour conduire ses c/!e)'aK~ et que le divin coursier Dadikras était invoqué par les prêtres et les guerriers. Enfin, le cheval était consacré à Agni. Notons aussi que les effigies d'animaux sur les monuments de l'époque qui nous occupe sont loin d'être rares dans notre ré-

gion. C'est ainsi qu'à Séchât (Noiré-

table), nous trouvons, dans le grandiose monument du

centre du village, trois têtes de chevaux du même type, scuiptëes à l'angle

Est. Plus loin, au rocher du Chien, on

reconnait facilement une tête de cet anima]. Tout à l'heure,

Moins sauvage et moins alpestre que plusieurs cimes de la région avoisinante, le Rez de Sol n'en est pas moins un admirable sommet. Vu à distance, la courbe grandiose et la sereine harmonie de sa silhouette causent une impression d'autant plus forte qu'elle est plus calme. C'est un spectacle inoubliable ,que celui de cette ellipse immense et régulière dressant sur le ciel délicatement bleu son couronnement de quartz blanc et gris, pareil à du marbre, et qui donne l'illusion d'un rempart d'une richesse féerique. Audessous, vers le Midi, des bancs de rocher moins élevés

et

des blocs arrachés de la crète par quelque cata-

clysme, descendent en gradins gigantesquesjusqu'aux taillis de chêne dont la verdure énergique s'enlève en vigueur sur la pourpre légère des bruyères fleuries. Au Nord, au contraire, l'escarpement est abrupt et inac-

cessible. Et

l'on

songe avec stupeur aux. forces inimagi-

nables qui, d'un

effort tout-puissant, ont crevé et déchiré la masse terreuse de la montagne pour dresser à son sommet ce colossal couronnement dequartz étincelant. La falaise tranche diamétralement de l'Est à l'Ouest tout le dôme de la montagne jusqu'à sa 'base, et présente les

nous aurons à mentionner au Rez de aspects les plus Sol le rocher du étranges et les plus Lièvre, celui. de la chaotiques. A l'Est, LE ROCHER DE LA BICIIE Biche et celui du PAo(o~ra~)cd<Cy!f!r~C/i.<. 1. un vaste bloc en surCheval. Du reste, le plomb semble un culte des animaux est un des plus anciens, puisque l'on abri sous roche. Au centre s'ouvre une brèche de attribue aux rois de la seconde dynastie d'Egypte l'in8 mètres de large qu'on distingue, au loin dans la troduction, ou plus vraisemblablement la sanction de plaine, et au fond de laquelle s'ouvre une caverne, jadis habitée par un monstre féroce, moitié homme et ce culte. Rappelons encore que les AfouM~-J3M~Me/-s l'Ohio de confectionnaient aussi de gigantesques simoitié bête, qui dévorait les habitants des campagnes mulacres d'animaux. voisines. Un vaillant Templier, le chevalier des Murs, le tua en combat singulier d'un coup d'épée A signaler encore, à cinq kilomètres du Mayet, exterminateur qui fit trembler la montagne. A l'exun très beau cromlech sur le bord même de la route de trémité Ouest, dans la vallée, se dresse un groupe Lapalisse. Il est construit de blocs erratiques parmi fantastique de piliers, de colonnes, pareils à des lesquels se distingue spécialement un important quarruines gothiques, à des alignements de menhirs ou à tier de rocher triangulaire,symbole de l'action solaire. de macabres fantômes blanchâtres. Toutes ces pierres Ne quittons pas les Grands Boles sans faire informes et bizarres sont consacrées aux fées, et ces connaître que tous ces monuments d'un si haut intérêt divinités méchantes et malfaisantes, si on manque au mis sont en exploitation régulière par tous les carriers culte infernal qui leur est dû, se vengent en corromdes environs, dont c'est là le chantier attitré. De sorte pant les sources ou en jetant des maléfices aux imla prévision de leur destruction totale calcule, que se pies. N'oublions pas de dire que du haut de ce prol'État n'internon pas par années, mais par jours, si montoire isolé qui est le Rez de Sol, on découvre vient pas à bref délai. d'incommensurables horizons, au Nord jusqu'à Montchanin-tes-Mines, à l'Ouest jusqu'à la cathédralé de LE REZ DE SOL. Bourges, et au Midi jusqu'au Puy de Dôme. Laissons pour quelque temps le Bourbonnais et Etudions enfin le Rez de Sol au point de vue dirigeons-nous vers cette montagne d'Auvergne qui archéologique et cherchons-y les vestiges de ces andresse à l'horizon du Midi son dôme majestueux et cêtres vénérables qui le consacrèrent au soleil et lui isolé et dont le !nom symbolique nous attire. en donnèrent le nom.


Au sommet de la banquise de quartz on distingue nettement deux blocs perchés qui se détachent en silhouette, et dont la forme rituelle semble indiquer. qu'ils furent consacrés aux Dioscures. Cette attribution se confirme de ce fait que l'axe rocheux de.la montagne la divise en deux hémisphères Nord et Sud. Or on sait que Dioscures signifie«diviseurs des jours s et que ces divinités, dont le culte était très.répandu dans le monde ancien, présidaient en outre aux forces de la nature. Descendons maintenant par le chemin de l'Est jusqu'à la base de la montagne, sur le plan-James. Sur ce plateau, dévasté par le marteau des carriers, et au milieu des ruines éparses des monuments

sacrés, se dresse un bloc important, maintenant isolé, et qui doit peut-être sa conservation à une. tradition très vivante de vénération religieuse. C'est la Pierre ou Pierre de justice. Ce'bloc de granit, haut de trois mètres sur.trois de largeur, dont le profil s'in-

/:MM)!'dc

scrit dans un quart d'eDipse, est orienté:du Nord au Sud

et s'incline au Nord. Il porte

trois vastes excavations l'une à l'Est, de forme circulaire et de courbes très compliquées l'autre au Sud, en forme de tribune ou de siège, et, enfin; une autre à l'Ouest. Cette dernière,

Cette excavation 'ne peut être autre chose qu'une pierre à sacrifices d'une conformation, particulière et semble se rapporter au culte de Bélisama, comme Faute! du Rez Chatelus. Du reste, un argument assez probant, c'est la représentationremarquabled'une tête de biche colossale, sculptée dans un bloc de granit, à droite de la pierre à. sacrifices. Or on sait que Hélisama, qui fut aussi Diane la chasseresse, avait pour attribut, une biche. Si nous continuons à descendre vers l'Ouest, nous, allons nous trouver en présence d'un sanctuaire probablement unique au monde. On le nomme le 7~oc/:e/- dK c/Mt'a~, indice de sa consécration au soleil. On découvre d'abord une triple assise de blocs énormes, onentée du Nord au Sud et précédée d'une enceinte pélasg-ique quadrangulaire de 6 à 8 mètres de côté. Si nous escaladons ces masses de rochers, nous arrivons à une sorte de terre-plein où nous restons saisis de stupéfaction à l'aspect des étranges symboles qui nous environnent. D'abord sur la surface du rocher.

rocher, arasée et inclinée à l'Ouest, nous remarquons

un bassin, ovoïde, long de 2 mètres, profond de io

centimètres, large de 70, et

rebords arrondis. Il se déverse dans un bassin régulièrement circulaire, de à

80 centimètres de diamètre, longue deamètres,large de placé à l'Ouest. H est diffi5o à 60 centimètres, permet cile de voir là autre chose à un homme de forte taille qu'un ktéis colossal. LE ROCHER DU CHEVAL (EST). de se coucher à l'aise, la A côté se trouve Photographie de .M. C~t~C/t.1. poitrine en dessous, les bras bloc pyramidal de o"70 croisés sur le dos et la tête de hauteur. Enfin se dresse devant nous, taillé dans légèrement inclinée à l'Est on y tient beaucoup plus difncitement à la renverse et la face à l'Ouest. C'est un bloc de 2 mètres cubes, le plus étrange simulacre qui se puisse voir, et qu'il nous parait impossible de là incontestablement une pierre à sacrifices, comme l'indique son nom de Pierre humide. ne pas'admettre pour un phallus gigantesque; De l'observation de ces divers attributs, il Si maintenant nous voulons gravir par le Nord semble qu'on peut conclure que nous nous trouvons en le flanc du Rez de Sol pour en explorer les sommets, présence d'un sanctuaire consacré à la ~creHK~ë de nous trouvons, à quelques pas de la Pierre humide, un /'M/'ece. sentier ombreux qui nous y conduit par une pente douce d'un kilomètre. Plus loin nous trouvons la triade sacrée repréEn arrivant sur l'arête du premier contrefort sentée par trois blocs de granit, longs de 2 mètres, Nord-Ouest,nous distinguons, à gauche, les ruines de épais de o"70 et superposés les uns aux autres. plusieurs monuments importants, détruits par quelque Mentionnons, en terminant, un monument impoblocs composé de cromlech droite, cataclysme. A un sant, qui s'élève au Sud du Rez de Sol sur un sommet couchés et superposés puis un dolmen considérable, dénudé, et qui présente à sa face Ouest l'apparence évidemment farouche et remontant d'aspect rude et d'un animal demi-rampant, lièvre ou castor probasuivant le antiquité. En lointaine sommet, plus à la blement. lunaire d'un caractère sanctuaire arrivons à un nous On comprend, d'après ces quelques notes bien Rocher de la Biche. C'est un tranché appelé bien insuffisantes, quel intérêt s'attache à la conservarocher aplani sur une surface d'environ trente mètres tion par l'État de monuments aussi importants pour puis travaillé en tous sens pour y creuser des basl'histoire nationale. Il est certain aussi que de nousins de formes courbes et irrégulières. Ces bassins velles explorations amèneraient de nouvelles découcommuniquent ensemble par deux rigoles parallèles vertes. assez larges, tracées du Nord au Sud. Du côté Est s'ouRoanne, octobre )8t)?. vre une cavité de 5oà6o centimètres de large sur 2 mèGABRIEL qui coupelles renferme Elle quatre se de long. tres déversent l'une dans l'autre jusqu'au bord externe du

un

G.R.


ils ont la garde de ceux des grands chefs baribas. Ceux-ci, toutefois, ne se gênent guère pour spolier les Fou)bés qui, timides et fourbes, haïssent les Baribas

La Mission ° du capitaine Vermeersch au Borgou Occupation effective de cette contrée. T~fous avons rendu compte, dans divers articles antérieurs/des conditions dans lesquelles s'était accomplie l'occupation progressive de la boucle du

Niger'.1.

La mission que vient d'accomplir le capitaine d'infanterie de marine CAP~ VERMEERSCII. Vermeersch au Borg-où est un des épisodes les plus remarquables de cette marche en avant à laquelle ses compagnons d'armes ont attaché leur nom. Le Borgou, compris entre le Dahomey proprement dit, le Gourma et le Niger, est une des contrées les plus riches de la boucle du Niger. C'est un vaste plateau faiblement ondulé, d'une superficie totale de 80,000 kilomètres carrés. I) est arrosé par de nombreux cours, d'eau qui se déversent les uns dans le Niger, -tes autres dans l'Océan. Les pluies, qui tombent à deux époques de l'année, fertilisent le sol et permettent aux habitants de faire deux récoltes par an. Le mil, le maïs, t'igname, le manioc, le tabac, le coton y poussent en abondance. Les forêts contiennent des essences variées employées dans l'ébénisterie. Enfin t'étevage y est en très grand honneur et forme une des sources principales de la richesse du pays. Le Borgou comprend plusieurs provinces, indépendantes, en fait, les, unes des autres; ce sont, en allant du Nord au Sud, celles de Kandi; Kouandé, Bouay, Yagbassou, Djougou, Bori, Nikki, Kayoma, .?

Parakou.

La population du Borgou appartient à trois races différentes. La race dominante est celle des Baribas, qui réalisent assez le type du soldat laboureur ils sont Sers, entreprenants, courageux, s'adonnent à l'agriculture avec passion et se lèvent en masse pour défendre leur indépendance. Ils dédaignent les armes à feu; leurs cavaliers n'emploient que ta'tance, leurs fantassins l'arc et tes flèches empoisonnées, dont ils se servent'avec une rare adresse. Les Foulbés (au singulier Peulh) sont établis au Borgou comme dans toutes les autres contrées de l'Afrique occidentale,, c'est-à-dire-à t'état de colonies puissantes. Peuple essentiellement pasteur, les Foulbés excellent dans l'entretien des troupeaux, et articles parus dans le Tour ~M~o~e.L'occupation de la boucle du Niger (avec carte). La mission Voulet au Mossi. L'occupation de Say. Les Français au Gourounsi. f. Voir les

sans oser leur résister ouvertement. Ils nous virent donc arriver avec joie, mais évitèrent de se compromettre vis-à-vis de leurs maîtres, dont ils craignaient les représailles.

Les Haoussas forment la troisième race du Borgou. Ce sont presque exclusivement dés cômmerçants qui détiennent tout le trafic d'échange entre le Borgou et le Sokoto. Ils ont fondé en certains. points des centres commerciaux dénommés 0<MMgara qui sont, par leur richesse, plus importants que les véritables chefs-lieux de province du Borgou. Les Haoussas sont musulmans et leurs marabouts ont acquis au Borgou une situation égale à celle que possédaient leurs congénères dans les villes du Mossi avant l'arrivée de la mission Voulet. Assez favorables aux Européens, qui protègent le commerce, ils'accueillirent bien nos missions lorsqu'elles arrivèrent en t8ç4. Le commandant Decœur avait même signé un traité de protectorat avec le roi d'e Nikki. Toutefois, au mois de juillet 1897, une levée de boucliers eut lieu au Borgou violant la parole jurée, les Baribas vinrent attaquer le poste de Kouandé, où le sous-lieutenant d'infanterie de marine Aymès fit une courageuse résistance. Comme ces événements coïncidaient avec l'envoi de nombreux contingents de troupes régulières dans la colonie anglaise de Lagos et dans le BasNiger, il importait de prendre rapidement les décisions que commandaient les circonstances. M. Ballot, l'habile

gouverneur du Dahomey, n'y manqua pas. II confia le soin de nos intérêts menacés au capitaine Vermeersch, que ses remarquables services au cours de deux précédents séjours au Dahomey avaient nettement désigné pour ce choix. Le capitaine Vermeersch, nommé résident au Borgou,

avec les pouvoirs les plus étendus, réunit en hâte tous les contingents éparpillés dans nos postes, ce qui lui permit de former l'effectif d'une compagnie de tirailleurs auxiliaires, à laquelle se joignirent cin-

quante cavaliers et trois cents fantassins appartenant aux États tributaires. A la tête de cette colonne, il se porta sur Kouandé, exécutant avec rapidité une marche d'autant plus pénible que l'on était alors dans la saison des pluies. I) fallut lancer de~ ponts improvisés sur les rivières, frayer des routes à travers une végétation des plus touffues, franchir des plaines inondées et marécageuses, et surtout donner confiance à des troupes indigènes qui avaient une grande frayeur,des Baribas. Kouandé fut dégagée dans les premiers jours du mois de septembre, et le capitaine Vermeersch, prenant alors l'offensive,défaisait les bandes soulevées en plusieurs rencontres; puis les rejetant au delà du Mekrou, il rentrait le 20 septembre à Kouandé. Les événements se précipitaient d'ailleurs dans le Haut-Dahomey les Anglais, ne dissimulant nullement leurs ambitions, se préparaient, après leur campagne victorieuse au Yorouba, à venir nous disputer le Borgou; il n'y avait donc plus un instant à perdre.


Le ministre des colonies prescrivit aussitôt l'envoi au Dahomey de renfortsimportants, qui furent prélevés sur notre garnison du Sénégal. M. Ballot, de son côté, fit renforcer les contingents du capitaine Vermeersch par la compagnie Ganier. Ces deux officiers commencèrent les opérations en attendant l'arrivée des nouvelles compagnies sénégalaises et firent leur jonction avec la colonne de renfort à Parakou. Le capitaine Ganier, le plus ancien des capitaines présents, prit alors le commandement des troupes (compagnies Dumoulin et Duhalde), tandis que le capitaine Vermeersch remplissait les fonctions de chef d'état-major. L'expédition,forte de 405 fusils et quelques centaines d'auxiliaires, quittait Parakou le 4 novembre. Le même jour, elle avait, avec l'ennemi à Begourou, un premier engagement dans lequel celui-ci fut défait. Le 8, toute l'armée bariba était culbutée à Guinagourou, et nous entrions le i3 dans Nikki, dont le roi Seré-Tourou venait de s'enfuir. Le 19, ce prince venait faire sa soumission, nous jurant une fidélité inébranlable. Nous étions donc arrivés les premiers au Borgou, et lorsque les Anglais se présentèrent, il en fut comme au Mossi et au Gourounsi ils arrivaient trop tard. Depuis lors, nous avons renforcé notre occupation par l'envoi de nos vieilles compagnies sénégalaises. Le chef de bataillon d'infanterie de marine Ricour a été nommé commandant supérieur du HautDahomey, ayant pour adjoint le lieutenant Boissonas, qui s'était formé à l'école du capitaine Vermeersch. Il a sous ses ordres quatre compagnies de tirailleurs et peut, dans ces conditions, faire face à toutes les éventualités possibles. Nous sommes donc les maîtres incontestés du Borgou et des régions voisines. La diplomatie retirera sans aucun doute les fruits de l'habile politique que nous y avons suivie, et dont M. Ballot et le capitaine Vermeersch ont eu l'heureuse initiative. NED NOLL.

et de la Chine Dans /'tH:~Or<aM< discours qu'il a prononcé à la Chambre, lors de la discussion du budget des affaires étrangères, M. Hanotaux a été ameHë à exposer la situation de nos tK~erë~ en C/MHC. Nos lecteurs nous sauront gré de leur donner Kne analyse de ce discours, à un moment oit l'attention générale est tournée vers rE.<reme-0!eHf.

au lendemain de la paix de Simonosaki, la France a poursuivi sans interruption une longue et complexe négociation avec la Chine. Dans cette négociation, le ministère des Af-

r\EPUis l'année

i8<)5,

faires étrangères s'est proposé un double objectif 10 la consolidation et la pacification de notre établissement au Tonkin; 2° la pénétration effective de notre commerce et de notre influence pacifique tant dans les provinces qui avoisinent le Tonkin que dans le reste de l'empire chinois. A'l'heure présente, nous avons, avec cet empire, une frontière terrestre commune de 2 i3? kilomètres

d'étendue. Par les deux provinces des Muong, qui nous ont été laissées, nous pénétrons jusqu'au cœur du Yun-

Nan, et nous avons ajouté, dans la vallée du Mékong, une troisième ligne de pénétration à celle que nous assuraient déjà le neuve Rouge et la voie de LangSon à Lang-Tchéou. Les procès-verbaux de cette vaste délimitation générale ont été échangés en octobre dernier, il y a quelques mois à peine, à Pékin. Cette frontière est définitive. Elle est définitive et, chose plus importante encore, elle est pacifiée. Une fois cette frontière constituée, il fallait la mettre en valeur au point de vue de l'intérêt principal qu'elle présente, c'est-à-dire la pénétration et la protection de notre commerce dans les provinces méridionales de la Chine. C'est ce qui a été fait, tant par la convention de i8ç5 que par les arrangements qui ont suivi, lesquels ont eu les résultats importants que nous allons sommairement indiquer. Quatre villes chinoises de la frontière ont été ouvertes au commerce Lang-Tchéou, Mong-Tsé, Semao et Man-Hao six consulats français nouveaux ont été créés, tant dans les régions frontières que dans d'autres parties de l'empire chinois Tong-Hing, Sémao, Kokéou, Haï-Hoou (île d'Haïnan), TchungKing et Tché-Fou. Les droits de douane sur la frontière ont été modifiés de telle façon qu'ils permettent le transit des marchandises originaires de la Chine à travers notre possession du Tonkin le très désiré raccordement du réseau télégraphique a été exécuté; l'exploitation des mines de ces régions frontières a été réservée à nos ingénieurs et à nos mdustriels; enfin la création de voies de pénétration par. la frontière commune est entrée en exécution. A l'heure actuelle, en vertu d'une convention passée avec la Chine, les ingénieurs de la compagnie Fives-Lille travaillent à la construction d'un ehemin de fer qui, partant du Tonkin, doit se diriger sur Lang-Tchéou', puis sur Pé-Sé et au delà; nous aurons ainsi posé le premier rail qui mettra en communication un pays étranger avec l'empire chinois. En outre, par un acte plus récent encore, celui du 12 juin 1897, il a été décidé qu'une autre voie de pénétrationserait établie entre le Tonkin et le Yun-Nan et aboutirait à Yun-Nan-Fou. Quoique ces conventions et ces accords remontent tout au plus à deux ans, notre commerce en a déjà profité, car des missions importantes se sont rendues immédiatement au cœur des provinces qui se trouvent dans le voisinage du Tonkin et ont reçu partout le meilleur accueil. Témoin le voyage d'exploration commerciale de la Mission lyonnaise, dont nous


avons exposé à nos lecteurs les principales péripéties et qui a eu, aussi bien en France qu'à l'étranger, un succès retentissant. En ce moment, la mission GuiHemot, composée d'ingénieurs, étudie les voies d'accès et les mines; la mission Pennequin a pour but d'établir la sécurité sur les routes qui avoisinent immédiatement la frontière. D'autres se préparent et vont suivre des médecins, des pharmaciens les accompagneront et s'installeront dans les principales villes; des hôpitaux et des écoles se fondent. On peut dire que dans ces régions la politique d'expansion française est en pleine activité. Les parties voisines du Tonkin ne sont pas les seules qui aient attiré l'attention. C'est ainsi;que ]e octobre 1896, M. le capitaine de vaisseau Boutet et M. Claudel, gérant du vice-consulat de France à Fou-Tchéou, passaient, au nom du gouvernement de la République, avec le maréchal Yu, haut commissaire impérial, un contrat pour l'envoi d'une mission française appelée à réorganiser l'arsenal de Fou-Tchéou. Cette mission est en plein fonctionnement sous les ordres d'un ingénieur de la marine M. Doyère, qui vient de revenir en France, après un premier séjour en Chine, pour compiéterson personnel d'ingénieurs, de contremaîtres et d'ouvriers. En outre, les nombreuses missions catholiques et les autres missions qui sont répandues dans l'empire chinois ont partout obtenu de notre part une aide efficace. Leur situation est satisfaisante et qu'il ce est important de constater, c'est la sécurité qui, si on fait a comparaison avec l'état de choses antérieur, entoure maintenant nos missions en Chine.

i

Tous ces résultats sont des plus sérieux et M. Hanotaux a bien fait de les signaler avec éloges. Certes, il nous reste encore beaucoup à faire. H nous reste surtout à demander à notre commerce et à nos capitaux plus d'activité, plus de hardiesse, plus de persévérance. L'Angleterre et l'Allemagne accrois-

sent sans cesse leurs relations commerciales avec la Chine. Les nôtres ne se développent pas dans la même proportion. Pourquoi? Les rapports de nos consuls répondent à cette question. Notre commerce est timide, hésitant, pour ainsi, dire indifférent. C'est là une remarque que nous avons souvent faite dans ce journal et qu'il nous plait de retrouver dans le discours du ministre des affaires étrangères. .Pour que notre commerce s'étende, il faut que des débouchés lui soient indiqués, cela va de soi ;.mais il faut aussi que nos commerçants soient résolus à profiter des voies et moyens qu'on leur signale.

autres parmi les enfants

nègres, à force de douceur et de persévérance. Les nègres ne lui envoyèrent leurs enfants que dans l'espoir que le mf!~«-;f;t~f:Hc leur communiquerait un secret pour mieux .filouter les gens. Après des épreuves et des déboires sans nombre, Christallerréussitàèduquer des centaines d'élèves; il se fonda deux autres écoles pour deux autres instituteurs allemands. Christaiier se maria; le jeune ménage courut de grands dangers lors de la révolte des Dahoméens en i8n3 (décembre). Le maitre d'école mourut le )3 août 1806, miné par la fièvre, loin de sa femme et de son enfant qui étaient séjour en en Europe à ce moment-là. Telle fut la vie de ce missionnaire laïque, son beaufrère s'est chargé de nous retracer, simplement, que modestement, sans essayer de faire valoir son personnage à grand renfort de rhétorique. H a eu raison une vie aussi pleine de dévouement pour des populations primitives ou déchues n'a pas besoin d'épithètes

pour paraître: il suffit

de la

raconter.

Ned-Noll. ~tHMxa/t-f <<<)-<- de i'~r;Hc<- co/OMM/f ~Umo);ft<-A dit ~a~oKMt pour /898 (5' année). Volume in-4" de ;S2 pages avec cartes ou croquis et photogravures, couverture illustrée Paris, Henri-Charles Lavauzelle, édien couleurs 2 fr. 60. teur, «8, boulevard Saint-Germain et rue Danton, ;o. M Ned-Noll n'est pas un inconnu pour les lecteurs du Tour ~'t d;< Monde qui ont pu, à maintes reprises, apprécier la sûreté de ses informations dans les questions coloniales. Son utile Almanach du A/o~oK/);, véritabie histoire coloniale, écrite année par année, expose tous les événements qui nous intéressent plus particulièrement il nous promène tour à tour Touat et à la frontière marocaine, dans l'Afrique occidentaleauet la boucle du Niger, objet de convoitise des Anglais, à Madagascar que le général Galliéni est parvenu à pacifier, dans le Nil soudanais, théâtre actuel des rivalités franco-anglaises, des exploits du capitaine Marchand et de la lutte des madhistes contre les forces angio-égyptiennes. Les événements récents dont nos colonies ont été le théâtre y tous sont relatés avec détai); de très nombreuses cartes, croquis et photographies inédites en couleur donnent à cet ouvrage une valeur artistique considérable. Publié pour la première fois en 1894, cet Annuaire avait rapidement un grand succès. Non seulement l'auteur, dont eu le pseudonyme cache le nom d'un officier des plus érudits de l'infanterie de marine, prenait dans la littérature militaire une place non encore occupée, mais, dès son début, il se signalait l'attention de tous par son talent consciencieux, connaissancesgéographiques et sa compétence hors de pairsespour tout ce qui a rapport à nos colonies. SonJAnnuaire de [808 ne le cède en rien aux précédents. Paul Lapie. Les civilisations <MHM/<'H); Européens. Etude' de psychologie sociale.

i8o8,in-i2.Prix,3francsSo.

~K~ma~ /~)-a<'7;'<<-< Paris, Félix Alcan,

C'EST bien, au sens propre du mot, une étude sociale

de

psychologie

nous offre dans ce volume M. Paul Lapie, agrégé de philosophie qui a été professeur au lycée de Tunis.un H a entrepris d'analyser l'âme de chacune des trois populations qui vivent côte à côte en Tunisie, et il nous la fait voir dans la vie économique, dans l'organisation de la famille, dans celle du gouvernement, dans la religion et dans i'art. La caractéristique de l'esprit du musulman, de son àme, si l'on aime,mieux, c'est qu'il pense surtout passé'l']sraélite au songe surtout à l'avenir. M. Lapie nous montre les applications diverses à la vie sociale de ces deux esprits si différents le musulman, ne pensant qu'au passé, est imprévoyant;il crée la ne pas richesse comme l'Européen, il la conserve; il est et agriculteur, mais point industriel; le but du mariagepasteur est lui le pour plaisir et l'intérêt, et n'est qu'accessoirementla perpétuation de 1 espèce. Au contraire ce but est le principal chez l'Israélite, qui, d'autre part, ne crée pas plus de richesse que le musulman mais songeant surtout à l'avenir, cherche à s'enrichir par la spécuque

lation.

r/~or C/r.

On voit la thèse il s'agit, suivant une méthode semblable à celle de Taine, d'établir quelques lois générales de les reet trouver partout à l'ceuvre. M. Lapie a mis beaucoup d'ingéniosité à classer une foule de faits connus dans les catégories qu'il a établies. Il les éclaire ainsi d'un jour nouveau, et livre, d'une son forme alerte et brillante, sera lu avec plaisir et profit par ceux-là même qui trouveront quelques-unesde ses déductions un peu hasardées.

i vol. ijiustré in-.8, cartonné. Edité par la Mission intérieure,

Stuttgard,

~JÈ à Waib!ingen (Souabe), en ,863, et se destinant à l'enseignement, Christaller accepta )'o)tre que lui fit le

gouvernement allemand daiïer fonder une école dans le Cameroun. En arrivant au milieu des nègres de la colonie, il ne trouva ni école ni écoliers; il dut bâtir l'une de ses propres mains et recruter les

conclusion pratique de

AI. Lapie c'est que, malgré les séparent et qui semblent irréductibles les trois peuples tunisiens pourront remplacer leurs malenten. dus par une alliance durable Nous en acceptons l'augure gre les démentis que l'expérience nous donne aujourd'hui malpour 1 un au moins de ces trois peuples.

din-érences d'âme qui les


Les moyens de se défendre contre moustiques ne sont pas seulement bêtes de somme quelques minutes de LES L bruyants soulagement et de répit. et incommodes: la multi-

plicité de leurs piqûres peut provoquer des accidents plus ou moins graves tuméfaction douloureuse de la face et du cou, accès de fièvre, vomissements, etc., ainsi que je l'ai expérimenté et observé moi-même sur l'un des points du globe où ces diptères sont le plus abondants, l'ile d'Anticosti. Mais les piqûres des moustiques présentent un danger beaucoup plus grave Manson a démontré que ces insectes sont les agents de transmission de la ntariose, et les travaux de Finlay, du D' Laveran et de M. Vallin tendent à leur attribuer un rôle considérable dans la transmission de la fièvre jaune, du paludisme, et peut-être d'autres maladies infectueuses. La défense contre les moustiques est ainsi une précaution hygiénique des plus importantes. Les moyens à employer varient suivant les circonstances diverses qui peuvent se présenter. Nous allons les passer ici en revue. PENDANT LA MARCHE.

C'est en cours de route qu'il est le plus difficile d'éviter les piqûres, surtout si l'on voyage sous bois, dans la brousse, par des sentiers incommodes,

et avec des ;M/'e~/m<))~ qui

ne.ermet-

tent guère de s'occuper des moustiques. Si l'on peut s'envelopper les mains, la figure et le cou d'une gaze ou d'une mousseline flottante que l'on ne soit pas obligé de déplacer fréquemment, c'est évidemment ce qui conviendra le mieux pour s'opposer aux piqûres. Mais on voit combien peu de circonstances se prêtent à l'emploi de cette moustiquaire mobile. Mieux vaut encore protéger ces parties par des mitaines, un capuchon et un masque en toile épaisse, avec de la gaze ou de la mousseline en face de la bouche et des yeux. Mais ce n'est pas toujours possible. Les indigènes des pays à moustiques s'enduisent la peau d'huiles ou de graisses nauséabondes ou aromatisées. J'ai essayé ces divers produits sans résultats bien apparents. J'ignore s'il faut reconnaitre plus d'efficacité au moyen employé dans le F~H'M< des Etats-Unis et qui consiste à s'oindre la peau avec le suc d'une graminée annuelle qu'on y désigne sous le nom de /'e)!)rr

t'O~

(/Yf~CO/)!M /<g'oMM).

En réalité, le meilleur moyen de défense contre les moustiques, c'est la fumée. Toute espèce de fumée, y compris celle du tabac, les éloigne instantanément. Lorsqu'on traverse une localité où les moustiques pullulent au point que

les piqûres sont incessantes, il est indispensable de suspendre la marche de

temps en temps et d'allumer de grands feux d'herbes vertes ou humides, pour procurer aux hommes et surtout aux

tes

Moustiques DESTRUCTIONDES MOUSTIQUES.

Les moustiques pullulent surtout dans les régions inhabitées. Partout où PENDANT LES HALTES. )'hommc s'établit, les modifications qu'il Les haltes facilitent l'emploi en apporte à la nature sauvage réagissent grand de la fumée. Des foyers allumés sur les moyens de propagation des autour du campement permettent de moustiques, et ceux-ci disparaissent gratenir les moustiques à distance, de dueUement. prendre tranquillement les repas, de On sait, en effet, que les mousoccupations et tiques ne peuvent se multiplier que dans vaquer aux diverses paix. dormir de les pays humides et marécageux, au voimême en Si la nature du terrain le permet, sinage de l'eau, où se développent leurs il suffit de s'enrouler dans une couver- larves. Les travaux de l'homme, défrichedessèchements, ont ture jusqu'aux yeux, et de se coucher ments, drainage, effet de diminuer les circonstances sous le )'ct;< d'un des foyers. Tant que la pour fumée durera, pas un moustiquen'appro- favorables a l'éclosion des moustiques, chera. Si l'on dort dans un hamac sus- et le nombre de ces insectes diminue pendu, il faut le suspendre a la plus d'autant. Or, ces travaux sont également grande hauteur possible dans les bran- favorables a la santé publique en détrui'ches d'arbres, car les moustiques ne sant les causes des maladies palustres. quittent jamais le voisinage du sol, et Ce résultat peut être obtenu par assuré fumée peut être plantation d'un arbre remarquable, même sans la on d'une nuit paisible. l'eucalyptus, qui assainit tous les pays où il croit, par suite de la propriété qu'il possède d'absorber énergiquement DANS LES HABITATIONS. l'humidité du sol. Sous ce rapport, on a des résultats extraordinaires en It y a toujours moins de mous- obtenu Algérie, en Corse, dans les Marais tiques autour des lieux habités et dans Pontins, etc. Partout où on a planté des les habitations que dans les régions eucalyptus, les marécages, les mousdésertes nous dirons tout à l'heure tiques et les fièvres paludéennes ont pourquoi.Néanmoins, tts pénètrent dans disparu. C'est donc un arbre dont la proles appartements, si l'on ne prend pas pagation est à recommander dans tous la précaution de tenir les ouvertures les pays qui se trouvent dans les mêmes fermées, les pièces obscures, ou de conditions. munir les ouvertures d'un cadre mobile Quoi qu'il en soit, le plus sûr est entourant une fine toile métallique qui donne passage à l'air mais arrête les d'atteindre les moustiques dans les napplus petits diptères. pes d'eau où ils se développent. Or, la saison de l'éclosion des Si l'on ne peut enfumer, comme en pleine campagne, les moustiques qui se larves est connue. On sait que celles-ci sont introduits dans les habitations, on vivent dans l'eau, mais que pour respirer, peut suppléer a ce moyen brutal par des elles ont besoin de remonter de temps fumigations parfumées, qui les chassent en temps à la surface. Comme elles n'habitent que les eaux tranquilles, voici ou les engourdissent. moyen de destruction que l'on peut Le soir, il faut avoir soin de n'al- le et qui est d'une efficacitééproulumer aucune lumière avant de s'être employer Il suffit de répandre à la surface bien assuré que toutes les ouvertures vée. de l'eau dans laquelle vivent les larves sont hermétiquement fermées, car la une mince couche d'huile. Celle-ci interlumière attire les moustiques. cepte d'une manière absolue le contactEnfin, il faut coucher de préférence de l'air, et lorsque les larves montent a aux étages supérieurs, où les moustiques la surface pour respirer, cette opération s'aventurent moins,.toujours a cause de leur devient impossible. Elles meurent leur prédilection pour le voisinage du asphyxiées,et toute une génération de sol. moustiques se trouve par cela même Je signalerai, sans avoir pu le anéantie. vérifier, le moyen de défense suivant, Que chacun répète à plusieurs qui, s'il est efficace, serait évidemment reprises, dans son voisinage, cette opédes plus faciles à employer. Il parait ration bien simple, et non seulement ce que, dans les Indes anglaises, il suffit sera un moyen de préservation immédiat de quelques plants de ricin en pots contre les piqûres des moustiques, mais dans la maison pour faire fuir les mous- encore une garantie contre la propagatiques. On voit, en somme, que nos tion future de ces diptères. moyens de défense contre les moustiques Or, il s'agit ici, je le répète, d'une rudimentaires, et plus des pas importante question d'hygiène. sont toujours efficaces. Ce ne sont d'ailleurs PAUL COMBES. que des palliatifs, car, ce qu'il, faudrait viser, du moins dans les lieux habités, c'est la destruction des moustiques.


De Tomsk à Tachkent L'Instruction publique Les Écoles russes et indigènes L'Enseignement du français Paul Ln~c, ~!«

t'o~c

Sibérie, a

la ~'o<i):c pensée de K'O!~ cnt~'cr ~!<e/<C.M de ses HO/M. A7)t<X H0!<~ CW/C.S'.S'O~~ ~C les /'t<ho', /)e7'.S';<CfjM <~<e H0;< sommes ~)i/C/'e.MC/' nos <cc<cx/ CH /e!<a/aH/ ~« ~')'c/o~/)C))tc?~~<c prend celte partie dit )'a~/e EH~e r«Me. T!C~/ ~'L7cc'<')M~ M)! /DM~'

Texiste en Sibérie une Université. Cette Université

a été fondée, il y a quelques années, a Tomsk, après bien des luttes entre lès villes importantes de ta

Sibérie. Tomsk, Omsk.Irkoutsk,

e7!

eK

rence est que t'autorite de M. Fiorinsify porte sur des

~contrées plusieurs fois plus grandes que la France.

Cette autorité cesse dès que commence le Turkestan. Les pays du bassin du lac Bat-

~t'obolsk avaient

khach,

exprimé leurs droits dansteurs

du

g-ouvernement généra) du Turkestan, ne se rattachent

pasà)aSibérie;de même que le bassin supérieurdu Tchou, ils appartiennentau

bérie, fut préférée

gouvernement génera) des Steppes,

parmi les. autres villes. L'université ne comprend en-

dont

chef-lieu La Sibérie ne com-

prend en réalité que les bassins de

de médecine, mais

onestàtaveitied'y

)'0bi,derienise't

enseigner le droit, qui y précédera de peu l'enseignement

et de la Lena tout le pays qui forme le bassin du lac

la théologie. On pour fon-

.der l'Université, d'un professeur de

être rattaché, tout au moins dans sa partie Sud, au Turkestan. H en est question, d'ailleurs, et il est même en projet de réunir ces contrées sous la haute autorité, au point de vue de l'instruction publique, d'un curateur d'une Université qui serait fondée a Tachkent. L'erreur géographique consistant a mutiler, pour ainsi dire, le Turkestan fut, d'ailleurs, sciemment accomplie lorsque le g'enerat Koipakovsky, gouverneur de Vierny, fut nomme gouverneur générai à Omsk, on rattacha a son gouvernement tout le pays dont J) avait été le créateur et

PAo<o~ra~);;cde~7'aH<Z.f!t)M.

Le chef de l'instruction publique, depuis.Tomsk presque jusqu'à Tachkent, est le curateur de l'Université, M. Ftorinsky. On voit que le curateur a les mêmes fonctions que le recteur chez nous. La diu'eTRAVERS LE i~ONDE.

Ha)):hach devrait

ECOLE NORMALE~KtRCUtXE,DtSTRfCT DE KARKARAL1NSK.

g'ynéco)og'ie de Kazan, j\L Ftorinsky sous sa direction s'éleva le beau bâtiment qui est l'Université de Tomsk et dont il peut'se dire le véritable et habile architecte. Le monument se dresse dans un très beau parc les élèves sont, en générât, venus des différents g-ouvernements de la Russie d'Europe il y a peu de Sibériens, on y a vu un Kirghize.

A

le

ëstà0ms){.

corequetafacutté.

fit choix,

au

Nord et à l'Ouest,

journaux locaux et dans les journaux de Moscou et de Saint-Pétersbourg'. Tomsk, placée au centre de la Si-

de

situés

!0'' UV.

l'organisateur.

?

<o.

5

mars 1898.


Des gymnases, comparables à nos lycées, ont été fondés à Tomsk, à Omsk, à Semipalatinsk, à Vierny et à Tachkent; ce sont partout de très beaux monuments, même dans ces deux dernières villes, où les maisons n'ont pourtant pas à espérer longue des-

tinée, car des tremblements de terre d'une fréquence malheureuse désolent tout le Turkestan Vernyi fut un jour complètement détruite. Chaque année, d*u reste, on observe plusieurs secousses, et au mois de septembre dernier, depuis Tachkent jusqu'à la Caspienne, des secousses ont été ressenties, la plupart se produisant de bas en haut, comme si le sol se soulevait brusquement. Des monuments célèbres, à Samarkand, ont été ehdommag'és, une gare a été renversée, et il y a peu de plafonds à Tachkent qui n'aient été lézardés. A la tête des gymnases sont un directeur et un inspecteur. Leurs fonc-

tions rappellent celles de notre proviseur et de notre censeur mais, moins avantagés que ces deux fonctionnaires français, ils sont tenus de faire des cours. L'un d'eux, suivant l'usage établi en Russie, est un latiniste, l'autre un mathématicien. Longtemps, en Russie, les

professeurs de latin ont été des Tchèques ou des Autrichiens, et l'on voyait

plus primitive voiture. J'ajouterai que les KaraKirghizes qui vivent sur les bords du Tchou et du lac tssyk-Kou) ceux-là mêmes qui se disent descendre de quarante filles et d'un chien

rouge sont aussi plus sauvages que les Kirghizes du Nord. Dans les gymnases, les jeunes Kirghizes se montrent intelligents et travailleurs. Ils étudient avec un ptaisir très apparent, et l'idée de l'uniforme, d'un bel uniforme avec des broderies d'or, qu'ils porteront s'ils deviennent fonctionnaires russes, leur donne du courage dans les moments difficiles. Malheureusement, la vie ~te gymnase, bien que la discipline soit chose inconnue ou à peu près dans les établissements russes, est dure pour l'enfant de la steppe. 11 lui est souvent difficile, après les grandes courses de la 0 vie nomade, de vivre à l'étroit dans une Jo

dans le sang l'indépendance et l'amour de la liberté; c'est toute sa race qui se révolte et souffre en lui aussi, malgré son ardeur première et qui était sincère, il abandonne parfois, sans les achever, les études commencées. Il est vrai que sa santé s'accommode mal du rég'ime du gymnase combien j'en af vu pâtes, maladifs et pourtant travaillant, mais ayant dans les yeux une inexprimable tristesse! Lorsqu'ils ont le courage de dompter la nature, et lorsque leur tempérament résiste à la vie de la ville, ils reçoivent des fonctions dans les grands centres de la steppe. Ils ont ainsi fourni à la Russie des officiers, des fonctionnaires, des traducteurs vichambre

il a

alors des gymnases russes dirigés par un directeur parlant mal le russe et avec l'accent étranger. En généra), le directeur est inscrit au quatrième rang du tchine, ce qui lui donne le titre d'excellence. Les professeurs sont payés d'après le nombre d'heures de )eçons vant près des gouverneurs ou près des et, en Sibérie, reçoivent un traitement chefs de district. J'ai même rencontré spécial. Une coutume existe qui charl'un d'eux, devenu médecin fort capable merait beaucoup de nos universitaires. et à l'esprit très large, puisque, me Lorsque le professeur est arrivé à )'age )'Xt'ROFESSEUKDt;K'SI~).'E. présentant le vétérinaire de l'endroit, qui lui donne droit à la retraite, il peut, P/;o/o~)'a/t<- de ~)/. pj);/ /,aMiil n'hésita pas à l'appeler « mon cols'il est valide et vert, rester encore au lègue" service et cumuler son traitement avec sa pension Les Sartes, ces demi-frères des Kirghizes, déde retraite. daignent l'instruction que leur offre la Russie. Ils sont, Partons maintenant des élèves. avant tout, de merveilleux commerçants, sans scruD'abord et surtout nous trouvons des élèves pules d'ailleurs, usuriers madrés à l'occasion, qui ruiDe ceux-)à nous parlerons peu russes. nent les Kirghizes, marchands incroyablement voleurs ces é)cves appartiennent à toutes les villes dela Russie; ils sont et trompant outrageusement le voyageur bien malheusouvent des fils de fonctionnaires, et it y a beaucoup reux d'avoir à discuter des prix avec eux je l'ai apde fonctionnaires en Sibérie! pris, hélas! et bien à mes dépens. ou bien des fils de commerçants ayant quitté l'Europe pour aller tenter Les Dounganes ont toutes les qualités que les fortune en Asie. Ils sont souvent aussi des fils de Sartes n'ont pas. Ce sont de purs Mongols venus par Polonais, de ces nombreux Polonais que Catherine II hasard en Asie russe. Par hasard est un terme imenvoya en Sibérie. Il y a ensuite des indigènes, et ce propre, car les Dounganes, musulmans, sont venus sont ceux-tà qui nous intéressent principalement. Ces de Chine, où la vie était pour eux un supplice, cherindigènes sont des Kirghizes, des Kara-Kirghizcs, cher auprès des Russes des maîtres plus cléments. Ardes Sartes, des Dounganes. rivés là sans femmes, beaucoup d'entre eux épousèrent Les plus nombreux sont les Kirghizes, et parmi des femmes kirghizes, ou les enlevèrent au besoin. Je eux les Kirghizes du Nord, venus des gouvernements disais à un vieux Doungane qui me racontait cette d'Omsk, de Semipalatinsk ou d'Orenbourg; les plus histoire « Mais comment le mari et la femme se civilisés d'entre les Kirghizes habitent ces pays. Ceux comprenaient-i)s?"– Et le vieux me dit sentencieusequi vivent près du i3at)fhach sont sauvages j'en ai ment « On se comprend toujours assez pour faire trouvé qui ne savaient pas ce qu'était la Russie, qui métier de mari et femme, et puis c'est toujours une vivaient presque nus, nomades, voyagent sur des supériorité pour un homme d'avoir une femme qui ne bœufs ou des chameaux, ignorant même l'usage de la parle pas! »

'-0"-


de Tachkent, ou venu de Russie, ancien élève de l'école des langues orientales de Saint-Pétersbourg. J'ai observe que l'élève du séminaire faisait beaucoup mieux son dev.oir que le Pétersbourgeois. Celui-ci, au lieu d'être un maître, est plus souvent un élève, qui prend près des gamins des leçons de langue indigène, à son idée. H n'est venu en Asie centrale que pour s'exercer

Les enfants de ces Dounganes sont très re-

ils ont une prodigieuse marquablement doues mémoire; certains m'ont récité des fables et des chancomprenaient sons russes auxquelles, d'ailleurs, ils ne pas un mot. Ils ont l'esprit toujours en éveil, le caractère honnête et sympathique mais il y a le revers de la médaille: ils sont irritables au plus haut degré. Dès que vous offensez un Doungane, il tire son couteau. Dans les gymnases et les écoles, les petits Dounganes sont comme des petits coqs à tout moment, le maître les voit se lever et tomber sur la tête d'un voisin qui leur a fait la grimace ou dit un mot désagréable. Un maitre d'école me disait « Chez moi, il n'y a que des Dounganes, et il ne se passe point de classe sans qu'il n'y ait au moins un œil poché. On comprend que, dans les gymnases, les Dounganes ne peuvent rester longtemps aussi n'ont-ils donné à ,s la Russie que quelques maîtres d'école et, m'a-

dans les langues orientales.

Les salles sont toutes pareilles des bancs, comme chez nous.Tout autour de la pièce sont accrochées.aux murs des cartes de Russie ou d'Asie centrale, principalemént; d'autres tableaux sont relatifs à l'histoire zoologie, à la botanique, etc. enfin des naturelle, gravures représentant les vieux monuments grecs ou romains, le Kremlin de Moscou, Saint-Isaac de Saint-

la

Pétersbourg, Notre-.

Dame ou l'inévitable tour Eiffél. Souvent une autre pièce est voisine de la première. Là les élèves ne sont pas assis sur des bancs, mais rangés contre le mur, le long de

t-on dit, un ou deux

officiers.

Après les gym-

nases, j'.ai noté à Tachkent une intéressante institution un séminaires

petites tables près des-

quelles ils sont accroupis à l'asiatique.C'est là que le maitre musulman, le moullah, donne sa leçon,

mais que le mot ne

trompe pas les enfants n'étudient' pas là pour devenir des prêtres. On

toujours une leçon de religion

y reçoit des jeunes gens

ai souvent

assisté, et ce sont des

de seize ans, et ceux-ci restent quatre ans au séminaire.où ils sont internes. On leur apprend un peu les matières enseignées au

gymnase, mais l'enseignement y est,?, avant

j'y

L'tNSTITUTEURD'UNE ÉCOLE.

P/J~O~'J~/e

tout, utilitaire: on leur montre différents métiers, ils forment un orchestre, ils apprennent les langues de l'Asie centrale, et chaque jour des gamins indigènes travaillent sous la direction d'un des élèves et sous la surveillance d'un maître. De cette institution sortent des maîtres d'école et des traducteurs. Pour les écoles réales, je ferai les mêmes observations que pour les gymnases. J'ai vu dans ces écoles des travaux d'élèves russes, kirghizes et dounganes, et j'ai pu constater par moi-même que les indigènes luttaient, avec avantage parfois, pour les premières places. Restent, et ce sont pour nous les plus intéressantes, les écoles indigènes il y en a de deux sortes. Les premières sont dirigées par des maîtres, Russes en générât, nommés par le gouvernement russe; les autres sont des écoles purement indigènes, j'allais dire purement sauvages, et où le maître serait bien embarrassé de dire un seul mot en langue russe. Les premières écoles comprennent des élèves venus soi-disant pour -apprendre le russe. Le maître est en général un jeune homme, ces écoles sont de. date récente,– et un jeune homme sorti du séminaire

prières que les enfants m'ont dites en chœur ou récitées deux par deux. On leur apprend là, pour la prière, des poses qu'ils prennent

avec une harmonieuse lenteur. Ce moullahh est parfois jaloux du maitre d'école, il entrave même les progrès des étèves ce qu'ils apprendront de russe lui semble le commencement d'un sacrilège, et il conspire contre le maitre russe, son ennemi naturel. Les parents, s'ils sont des Sartes, se laissent facilement entramer par le fanatisme du moullah.

~7.

P~N/Lj~~C.

Quoi qu'il en soit, il y a là un essai intéressant de la part de la Russie a mon avis, les résultats sont a venir, mais je crois qu'ils viendront. Pour mon propre compte, je dois avouer ce que j'ai vu dans une grande colonie doungane j'ai trouvé à l'école un seul élève parlant, et parlant mal, la langue russe. A Tachkent, dans la dernière école visitée, nul n'a pu, parmi les gamins, me dire quels étaient son âge et son nom, dans la langue qu'on leur enseignait. Les Sartes ont leurs écoles à part. Un mot d'abord de l'enseignement dit supérieur donné dans la «t~CMe. Les étudiants vivent dans la Mtc~c&s'f et sont réunis deux par chambre ce sont presque toujours des futurs moullahs; ils seront des prêtres, des juges, des professeurs. J'ai assisté à des cours, qui sont, en généra), des conversations on y commente des prières ils ne durent d'ailleurs que trente


minutes, après lesquelles on apporte au maître sur une petite table le' thé et les fruits. J'étais, en général, admis à ces festins. Je demandai un jour a voir les cartes de geogTaphie. Les cartes étaient grossières beaucoup de villes de Turkestan, de Perse, d'Afg-hanistan et même de Russie y étaient notées j'y remarquai Paris, MarseiHe, Vienne et Tunis; mais je n'y trouvai ni Madrid, ni Rome, ni Her)in. Dans les simples écoles on apprend à lire le Coran et a chanter les prières. Les enfants sont autour du maître, qui, une longue perche à la main, réveille cruellement les attentions qui s'endorment. Un appareil sing'uHer est dans un coin on y pend par les pieds l'élève indiscipliné; un des élèves s'offrit, d'ailleurs, de se faire pendre par le maître, afin de me bien faire comprendre le mécanisme. Les parents laissent faire le maître quand il punit chez tes peuples sauvages de la steppe ou des villes, le maître doit corriger l'cnfant c'est la seule supériorité que j'aie constatée sur les habitudes françaises les parents ne donnent jamais raison à l'enfant contre )e maître. PareiHe sagesse est peut-être à souhaiter aux papas et aux mamans de France.

LesKirghizesont aussi leurs écoles particulières, mais à l'heure des leçons j'ai quelquefois trouvé le maitre, jamais les élèves. On a fait

aussi

parmi les Kirghizes une très curieuse expérience. Le gouvernement proposa aux riches Kirghizes une somme d'argent, moyennant quoi leurs en-

nous, les professeurs de langues étrangères; dans chaque classe ils ont beaucoup d'élèves, et n'enseignentque deux fois par semaine, trois fois.au plus. Ils font ce qu'ils peuvent et apprennent la grammaire aux enfants, mais ils n'ont pas le temps d'y joindre la pratique de la langue. Si encore parmi les éteves quelques-uns connaissant le français pouvaient les aider. Mais la tangue française est peu répandue en Sibérie dans de grands gymnases comme à Vcrnyi ou à Tachkent, on trouve par hasard un élève parlant français. Le professeur de l'école des cadets d'Omsk me disait « j'oublie moi-même ma langue, car je n'ai pas d'élèves avec qu je puisse parler. » Comme en Russie, et plus même qu'en Russie, "lU

générations oublient ou

n'apprennent plus les langues

étrangères. Les genéra-

tions anciennes, si elles

ec'rfvaient mal le fran-

çais, le parlaient bien. Les enfants n'entendaient que le français dans la

maison paternelle et l'étudiaient souvent avec un g'ouverncur. Ce temps est passé. Les grandes fortunes ne sont plus si nombreuses, la vie du collège est plus répandue, et l'on n'engage plus de

précepteur. Pour les

nttes les ~hang-ements ne fants appartiendraient à HLE\'ES SARTES ET CHEF UES PRIERES.–ELEVES DOL'XGANES. sont pas appréciables, la Russie, qui les instruiP/!0<0~'t!);'f~~e 7)7.t7~'<'< car dans tes couvents il rait et leur donnerait des est de règle qu'un jour fonctions variant selon leurs mérites. Les Kirghizes On parle français et l'autre allemand; on a même ajouté acceptèrent l'argent, mais il y eut ce qu'en droit l'on récemment l'étude de l'anglais, langue habituelle de appelle error /M /)c/0~, car ils envoyèrent, sous le la jeune Impératrice; mais pour les g'arçons j'ai constaté souvent le fait dont je parle. nom de leurs fils, les fils de leurs domestiques. Cette expérience avait lieu dans le chef-lieu de district de Un haut personnage de l'ambassade de Russie Karkaratinsk. ;\lais tous les malheurs se succédèrent. en France disait un jour « C'est singulier, quand je Les jeunes Kirghizes causèrent niille-ennuis, les proveux; écrire en français, en allemand ou en anglais, fesseurs, de leur côté, ne furent pas tous des modèles c'est un jeu pour moi; mais s'il me faut écrire en de bonne tenue. Voyant l'échec subi, on voulut rendre russe, je suis obiig'é de rénéchir longtemps » Eh les enfants On vous laissera l'argent et on vous renbien, encore quelques années et personne ne pourra dra vos fils et vos filles n, disait le chef du district aux tenir un tel langage en Russie maintenant, c'est le parents mais ceux-ci n'en voulaient plus les prêtres russe qu'on apprend, le russe avant tout et comme musulmans, qui avaient été pour beaucoup dans l'échec c'est une belle langue, riche, souple et sonore, comme de )'expérience, poussaient les parents à s'entêter daon la parle partout de Pétersbourg- à Vladivostok, Les seuls bons résultats furent suivants lcs vantage. comme le commerce russe devient .plus universel et la Kirghize devint jeune médecin, garde et un un autre nation plus forte, il se pourrait bien que cette langue, des forêts. jadis inutile chez nous, aujourd'hui à peine nécessaire, Kn finissant cette étude, j'aborde en quelques devint prochainement une de celles qu'il faudra savoir. mots une question nous intéressant l'enseignement PAUL LABBÈ. du français en Sibérie. Les professeurs de français sont ici dans une situation identique à celle qu'ont, chez


A

Antibes– La

Fête

de la Bonne Mère Ce/

ay'e/e

o~/e~K

MHc'

M/c'co~coH/et'af.'aHce.

Tprovençaux, l'expression A

L

/'ccoM/'c~6'e à MO/re dc/

dévotion à la Sainte Vierg'e est, chez les marins

la plus caractéristique de leurs sentiments reiig'ieux le titre de « Bonne Atere" que de préférence à tout autre ils se plaisent à lui donner, est une preuve de la sincérité de)eurr ferveur et de la

persistance de

leurs convictions. Les no'mbreux sanctuaires consa-

crés Notre-Dame de Hon-Port, élevés sur des éminences, afin

d'être

çus du

aperlarge, )e-

long de la côte

méditerranéenne,

de la couleur et de' la perspective sont outrageusement violées sur chacune de ces toiles naïves leur naïveté même n'en paraît que plus touchante. Ce sont des naufrages, des incendies en mer, des cyclones, des abordages, toutes les catastrophes; mais toujours dans un coin, en haut, à gauche, la Bonne .Mère, dans une éclaircie, tend ses bras secourables, comme un symbole d'espérance jamais déçue. A la vofite sont

suspendus des petits modèles de voiliers, des armes de sauvages, des oeufs d'autruche ornés de pompons, des bannières brodées, et, n'en dépfaise à nos amis les Russes, une superbe croix prise à Sébastopol. Les fidèles étant au complet, on entonne en chœur le cantique de Notre-Dame de Bon-Port, accompagné par un orgue d'une tonalité singulièrement nasillarde, les tuyaux de l'instrument étant formés de roseaux de toutes

dimensions. Au dehors la

colline est déjà peuplée de mar-

chands de nougat, d'échaudés' et surtout de limonade gazeuse, dont on fait, avant de retourner à la ville,

uneampieconsommation, car fa cha-

leur est forte dès le matin, et les ci.g'a)es commencent à

chanter dans les

pins

parasols

et

sont pleins d'obdans les chênesVUËD'AKTUtKS. jets offerts en télièg-es.Les bourP/iO/o~Tj~/c~c./ty.y.f~j/r~. moignage de reg-eois aisés et les connaissance. On visite fréquemment ces chapelles; cultivateurs cossus, vêtus de nanelie, de nanidn ou de les fiancées, les épouses et les mères y apportent soutoile, coiffes d'un chapeau manille sans rubans dont les bords, baissés par devant, sont relevés par dervent des fleurs, et à certaines époques de l'année, elles deviennent l'objet de pèlerinages très suivis qui prérière, enfilent dans leur ombrelle, qu'ils font tourner le cèdent ordinairement des réjouissances populaires. ]ong' du chemin avec une grâce indicible,.des couronnes de gâteaux. C'est au commencement du mois de juillet que, chaque année, la corporatiôn des marins célèbre à AnH faut l'avouer en le regrettant les véritables tibes la fête de la Bonne Mère. A l'aube, la'pius costumes locaux se perdent ou se banalisent toutegrande partie de la population se réunit sur là colline fois certaines paysannes portent encore de délicieuses de la Garoupe et assiste au lever du soleil. L'endroit capelines, peintes en blanc, retenues sous le menton ,choisi est un des plus beaux qu'il y ait au monde; par des brides noires; quelques originaux, très pral'immense panorama que colore graduellement le jour tiques, et qu'on devrait recommander à la Société pronaissant s'étend depuis la Napoule jusqu'en Italie, tectrice des animaux, en mettent même, les jours de avec les montagnes de l'Estérel et les Alpes comme grand soleil, sur la tête de leurs chevaux. Les Bréfond de tableau. gasques, laitières de la Briga, vallée du Piémont, qui font presque partie de la population, venant chaque Du côté de la Corse, une rayure empourpre année passer de longs mois en Provence pour aider à d'abord tout l'horizon; les étoiles s'éteignent une à la cueillette des olives et de la fleur d'oranger, ont une les arêtes découpées des plus hautes montagnes une jupe bleue, un tablier à gros pois, un joli ruban se colorent de tons argentés. Un grand soleil rouge, de velours dans leur épaisse chevelure, une collerette sans rayons, monte insensiblement dans le ciel. Les blanche et un corsage rouge que ne désavouerait nuages mauves qui rampaient au loin sur la mer s'époint ia Betty du C/M/e/. vaporent peu à peu, et bientôt une immense clarté remplit l'espace. Dès que le cortège est formé, six marins vigouC'est le moment de pénétrer dans la chapelle reux, pieds nus, après avoir errguir)andé de fleurs la dont les murs sont couverts d'ex-voto exécutés en statue de la Vierge, la chargent sur leurs épaules et grande partie par les donateurs eux-mêmes. Les règles la descendent, suivis de tous les Hdèles, en chantant le


cantique du patron Aubert, le long de la colline jusqu'à l'église paroissiale, en suivant ce chemin que Meissonier a peint 4ans son tableau si minuscule d'échelle, mais si large de facture le « Jeu de boules ». Rien n'est édifiant comme le spectacle de ces loups de mer bravant les fatigues excessives d'une telle procession, la chaleur et les cailloux de la route, soit pour accomplir un vœu fait en voyage dans une situation critique, soit pour se conformer simplement à une vieille et respectable coutume. Mais la fête religieuse du matin serait incomplète sans les réjouissances de la soirée. Dès midi, la ville est parcourue par un tambourineur précédé d'un individu portant au bout d'un bâton les « joies n ou prix à décerner aux vainqueurs des jeux, prix bien modestes suspendus autour d'un cerceau enrubanné et consistant en couverts en ruolz, montres de nickel, ceintures rouges, bonnets à la catalane, et surtout assiettes en étain, avec les armes gravées de la ville et la date du concours. Ces objets, offerts dès le matin à l'admiration des concurrents dans la grande salle de la Maison commune, sont pendus, après la promenade dans les rues, à l'extrémité d'une sorte de màt de cocagne horizontal, magnifiquement pavoisé, soigneusement savonné et planté sur le flanc d'un navire du port. Il s'agit d'atteindre un de ces objets pour en devenir propriétaire; mais qu'il y a loin de la coupe aux lèvres Nombreux sont ceux qui font un plongeon avant même d'approcher du but rêvé Aussi quels cris de joie ou de colère sont proférés, tandis que l'infatigable tambourineur joue alternativement l'air de la rjra.<e et de BoH M~'a~e, )KOM.S!e!;)'DMmo~/Pendant l'exercice de la bigue, sur d'autres points de la ville, ont lieu le jeu des marmites, les trois sauts, des concours de chansonnettes et même de grimaces La course à l'aviron clôture les réjouissances. Elle est réservée aux lourds bateaux de pêche montés par quatre rameurs et un barreur. Ce dernier porte le

~c,

caractéristique d'eH/aH~e,K«l'entraîneur». C'est le personiiage dont la silhouette est toujours si amunom

sante à voir dans le feu de l'action. De la main gauche il tient le gouvernail et de la droite il frappe avec un bâton sur le bord du bateau, moins pour marquer la cadence que pour accentuer ses cris, car son rôle principal est de jeter à la face des rameurs toutes les richesses que la langue provençale a en fait de termes encourageants. L'arrivée est le clou de la fête.Ordinairement les bateaux s'abordent, les poings jouent, et on entend des gros mots adressés à tous les saints du paradis et que profèrent souvent ceux-là mêmes qui, le matin, ont si pieusement descendu la Honne Mère Et tout cela pour le seul honneur de l'assiette en étain ou de l'écharpe rouge Mais qui voudrait en faire un crime à ces grands enfants que sont les marins ? Ne faut-il pas tenir compte du milieu, du soleil qui échauffe les têtes, de l'exubérance de la race, de la joie du triomphe, du désespoir de la défaite, et ces jurons ne paraîtront-ils point aussi pardonnables que ceux de Cadillac~

Jean FuGAiRox.

Notice sur la Province de Betsiléo f)ARM[les diverses provinces qui constituent notre 1

colonie de Madagascar, une de celles qui doivent le plus vivement solliciter l'attention est incontestablement le Betsiléo, dont le chef-lieu est Fianarantsoa. La distance de Tananarive à Fianarantsoa est d'environ -too kilomètres, elle peut être parcourue par les voyageurs en huit jours. La population du pays nous a toujours été favorable. Les habitants nous ont salué comme des libérateurs, lorsque nous avons substitué notre administration au joug détesté des Hovas, et tout récemment encore, le général Galliéni a été reçu à Fianarantsoa en triomphateur. La population du Betsiléo s'élève à 3oo ooo habitants répartis sur un espace de 19 ooo kilomètres carrés environ. Le climat est très doux et ne s'écarte pas sensiblement de celui de la France; le sol est fertile et les habitants sont travailleurs, intelligents et industrieux la religion catholique y est le culte dominant. Le sol est uniformément argilo-sableux et pauvre en humus, mais riche en phosphore et en potasse. L'agriculture est florissante. M. de Chazal a donné un intéressant rapport sur les cultures susceptibles d'être développées dans cette contrée. Le riz est la culture dominante; cette denrée forme d'ailleurs la base de l'alimentation publique dans notre colonie. La province de Betsiléo en produit à elle seule environ 2 5oo ooo hectolitres. Toutes les vallées sont cultivées en rizières, les pluies hivernales y entraînent des détritus et débris organiques de toute sorte qui reposent sur le flanc des collines et y accumulent ainsi un engrais naturel des plus féconds. Après le riz, on peut citer la culture du manioc, dont la production annuelle est de 2.5 ooo ooo de kilogr. On cultive également, mais en proportions beaucoup plus faibles, les patates douces, le maïs, les arachides et les haricots rouges. La canne à sucre, petite mais très sucrée, sert à donner une assez mauvaise eau-de-vie, vendue du reste très bon marché. Divers essais de plantations de café ont été faits, et ils ont assez bien réussi pour que nous puissions beaucoup espérer de cette culture. A Fianarantsoa il existe deux plantations de caféiers de 3o ooo à 60 ooo pieds chacune.

Tous les légumes d'Europe se sont heureusement accli-

matés, et l'on peut également cultiver le lin, le chanvre, le coton, le houblon, la betterave et surtout le pavot, dans le cas où la fabrication de l'opium serait autorisée, ce- qui, d'ailleurs, n'est pas à souhaiter. Enfin la fabrication de l'essence de roses donnerait de bons résultats, les rosiers poussant admirablement. Les forêts sont vastes, mais très mal exploitées. car il n'existe pas encore de scierie dans le pays, en


sorte que les indigènes, ne débitant le bois qu'à la hache, ont des déchets considérables.

L'industrie est encore dans l'enfance, faute de machines perfectionnées pour pouvoir tirer parti des richesses du sol. Il existe d'importants gisements cal-

caires dans la rég-ion comprise entre Ambositra et Fianarantsoa. Dans les environs d'Ambatofanghena on trouve des mines de fer et de cuivre. Enfin, dans le Sud de la province, on a reconnu l'existence de véritables placers aurifères. M. Bauer, contrôleur des mines, dit dans son rapport que la teneur eh or des alluvions est satisfaisante par contre, l'épaisseur, de la couche aurifère est généralement très faible; elle varie entre 0.20 et o.5o d'épaisseur. Les difficultés d'exploitation sont de plus très considérâmes. La main d'œuvre indigène est à plus bas prix dans le Betsiléo que dans tout le reste de la colonie. On peut avoir des manœuvres à raison de 0.20 à o.25 la journée, et des ouvriers d'art, tels que les menuisiers, se payent à raison de o.5o à i.8o. Le seul obstacle à l'exploitation rationnelle du pays est la difficulté des transports, qui se font uniquement par bourjanes (porteurs), au taux moyen de 1 fr. par homme et par jour. Mais des routes sont à l'état de construction, et il y a tout lieu de croire que la Société, qui a obtenu la concession d'une route à péage de Fianarantsoa à Mananjary, le port de la côte orienttaie,, construira bientôt, en suivant le même tracé, une voie ferrée. Cette route, qui traverse les riches vallées du pays tanala, est très fréquentée. Le trajet s'en effectue en cinq ou six jours pour les voyageurs. Les importations dans le Betsi)éo consistent surtout en toiles de coton écrues, en général d'importation américaine, et en sel marin. L'importation des cotonnades s'élevant à j5o ooo fr. par mois, c'est-à-dire à i 800 ooo fr. par an, il y aurait là un sérieux débouché pour notre industrie. Quant au sel marin, on en importe 27 tonnes par an, au prix de 25 fr. le quintal, ce qui représente un chiffre total de 6 25o fr. par an, transport compris. Les exportations sont très peu développées, en dépit de la richesse du pays, à cause du.défaut de moyens de transport. Elles se réduisent au riz, aux cuirs, à la cire et un peu aussi au caoutchouc, bien que celui-ci ait presque disparu, en raison d'une exploitation défectueuse. Le principal débouché de cette province est le port de Mananjary, que l'intelligente administration de MM. Ponty et Comperat, qui s'y succédèrent comme résidents, a beaucoup développé. La ville a pris une très grande importance, de grosses maisons de commerce s'y sont établies, et bientôt sans doute elle deviendra la tête de ligne de la voie ferrée projetée vers Fianarantsoa. si l'on se décide enfin à faciliter la création à Madagascar des voies de communication dont notre possession a si grand besoin, et que le généra) Galliéni réclame si énergiquement. En résumé, la province de Betsiléo est appelée à prendre un très grand développement, et, à ce titre, il convenait d'en signaler l'importance.

Les Chemins de

fer en Chine

ous avons publié dernièrement un intéressant article sur le chemin de fer de Tientsin à Pékin. Comme cette question des chemins de fer chinois est à l'ordre du jour, nous donnons aujourd'hui quelques nouveaux détails sur le « réseau » chinois. Les lig'nes en exploitation sont i" La ligne de Tientsin à Chan-Haï-Kouan, de 270 kilomètres de longueur, qui doit être reliée au T~T

Transsibérien 2° La ligne Ta-yek, de 28 kilomètres 3" La ligne de Tientsin-Pékin, de

120

mètres.

kilo-

Les lignes projetées ou en cours de construction sont la ligne Han-Koou-Pékin, de 400 kilomètres de longueur, et la ligne Woosung-ChanghaïNankin, avec deux embranchements, d'une longueur totale de 5oo kilomètres. La ligne Han-Koou-Pékin a été accordée à un syndicat franco-belge. Par contre, la ligne WoosungChanghaï. à Nankin est entièrement aux mains des Allemands. Les travaux ont'été poussés avec une telle activité que la ligne Changha'i-Woosung, de peu de longueur d'ailleurs, pourra, être misé en service incessamment. I) convient d'ajouter que la Russie a obtenu des concessions étendues pour des lignes à établir dans le nord de la Chine, en raccordement avec son Transsibérien et que, à la frontière sud de l'empire chinois, la France et l'Angleterre ont obtenu des concessions dans le Kuangsi et le Yunnan, pour raccorder aux lignes chinoises leurs réseaux du Tonkin et des Indes. En outre une concession vient d'être accordée à un syndicat américain pour la construction d'une ligne dans la province de Chan-Toung, mais les Allemands y font obstacle, en se basant sur leur récent arrangement.

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1

P. Lancrenon.

t~'o~a.

Trois mille ;t'ct«'.s' à la /'f!a)'c. De la Set'Kc a la Paris, E. Plon, Nourrit et C'°, in-8". Prix 7 fr. 5o.

de ce livre est un capitaine d'artillerie qui a eu )'idee L'AUTEUR JLt ori~inaie de parcourir sur une simple périssoire, bien nommée la t~a~j~oxefe, ces beaux et iarges chemins qui marchent tout

la Saône, le Rhône, la Seine, la Loire, la Garonne, le Danube, la Voiga, le Rhin, la Moselle, etc., et les petites rivières qui leur servent d'afnuents. ti nous fait visiter d'admirables régions, qu'il décrit d'une façon pittoresque et instructive. De nombreux dessins.~executés d'après les photographies et les documents de l'auteur, illustrent cet ouvrage qui offre au public un journal seuls

d'exploration d'un nouveau genre.


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~tuseeBritannique.Sonohjectitest d'at-

POLE NORD

Abruzzes (duc des)

a obtenu du roi Humbert l'autorisation de se rendre au Pote Xord.Usera accompag'nc de deux offi-

ciers de marine italiens, d'un ingénieur suédois et de plusieurs compagnons. Le jeune prince est'en ce moment à Christiania,oui) il est allé conférer avec Xansen au sujet de son expédition, qui commencerat'été prochain et durera trois ans. Andrée.– Un commerçant de Rome aurait reçu d'un de ses correspondants de la Russie'septentrionale la dépêche suivante:'Le gouverneur général de la Sibérie aurait appris qu'il y a deux mois des chasseurs sibériens, ont recueilli deux Européens mourant de froid.' S'agit-il des survivants de l'expédition AndréeBernier (capitaine canadien) poursuit toujours son projet d'expédition au Pote Nord.!) avec son navire aussi loin possible que au nord de la Sibérie et continuera ensuite sa route sur la glace avec huit hommes, cinquante chiens.cinquante rennes, trente.six mille livres de provisions,defaçonàpouvoir vivre deux ans. partira en juin de Victoria (Colombie Britannique) pour la mer de Bering.

ira

Godard, aéronaute français, se propose de partir dans quelques mois avec son ballon le SHrcoH/. pour rechercher son confrère suédois Andrée. Ce voyage ne s'effectuerait que si on ne recevait pas de nouvelles d'Andrée avant t'été.

Makaroff (vice-amiral russe) a

fait au chantiers nom de son gouvernement,aux Armstrong, la commande d'un grand navire briseur de glaces avec lequel il pense pouvoir atteindre le pô)e en peu de temps. Rtedel (A)fred), de Battimore, se propose d'employer un bateau sous-marin pour atteindre le pote. Sverdrup continue ses préparatifs de voyage.On annonce de Christiania qu'il a 'déjà réuni tout l'équipage du y-'r~M;. Le zoologue danois Ed. Bey prendra part à )'expédition, qui partira au commencement de rété.

teindre la jonction de la Sobat et du X]) Blanc. Close!, administrateur du cercle de t'indé'nié (Cote d'Ivoire), parti d'Assikasso par une rôute qu'avait déjasuivieM. Singer, est arrivé le 5 décembre dernier~Boudoukou.

Constantin

(v"' de)

prépare une expédition

politique et commerciale dans le Nord de l'Ethiopie. Crawford (voyageur anglais), dans une lettre écrite de Kisamba, annonce qu'ita a exploré toute la rive occidentale du lac Ban~ouéoto. Forret ((..), parti pour le Maroc en avril )!)o:, après avoir séjourne quoique temps près de Tanger, s'est lancé résolument a

t'intérieurdupays.sediri~eantat'Estsur Metinès par une route nouvelle il doit faire de nombreuses observations scien

tinques.

Huguet (Docteur),

aDjibnuti.fontprévoir que les deux mis-

Lintard et

de Bonchamps ont dit opérer leur jonction dans té Bahr et Chazal et ont sans doute rejoint la colonne Marchand. Mission Gentil. Une lettre de M. Pierre Prins, membre de la mission Gentil, datée du 2~) août dernier, donnait de bonnes nouvelles de l'explorateur Gentil, en sions

marcheverste Tchad.M.Prins.restésur

teCribinsui.sediriseaitversEtKouti. Orléans (prince Henri d') quittera Paris

dans les premiers jours de mars pour

Gerlache (de). -On a reçu par pigeons voyageurs,)e)~ février,aPuntaArenas, desnouveuesdeta~c/~tc'a.quisetrouvaitdansievoisina~edncapXorn.Tout allait bien à bord. Le vaisseau se dirigeait directement vers le Pù)e Sud.

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a découvert plus de cent nouveaux gliciers dans les montagnes de cette réH'on.

(.t') est rentrée à Paris après avoir termmé son long voyage en Asie. Turner (lieutenant) est le seul survivant d'une expédition scientifique anglaise qui vient'd'étre massacrée au Beloutchistan, sur la frontière de la Perse. Yassieu

AMÉRIQUE

Brettes (de) dont nous venons de publier l'intéressant voyage en Colombie, rentre prochainement enFrance.

Burkhardt et'WehrU.~éoto~ues suisses attachés au,Musée dé la Ptata,a BuenosAyres,sont partis,pour explorer les Cordillères et spécialement le Kahuet-Huapi.

Lista (Ramon) a formé le projet

de descendre en canot le neuve Pitcomayo depuis la frontiére orientale boliviennne jusqu'à son connucntavecte Paraguay.

médecin-major de l'armée, est char~eparie Ministère de l'Instruction publique d'une mission scientifique au M/.ab.aHn d'y poursuivre ses Monnter(A)arcet).rentré depuis quelques temps de son voyage en Asie, part pour recherches sur l'histoire, la population, le t'Ataska, envoyé par le journal le Temps, commerce, l'industrie de cette contrée. (colonel botivien), assisté de deux Marcha.nd (le capitaine), d'après les der- Pando de nos compatriotes, .\)~[.Va.rnoux et nières et rassurantes notivettes.se trouvait la Jaille, explore les territoires conde surtefteuveSoueh;it il descendait sur des testés et mal connus entre la Bolivie et le radeaux et des canots avec deux cents Pérou. Des nouvelles de la Fax agensoldats. Il avait six mittefusitsderéserve cent qu'il a été repoussé du coté du Béni pour les attiésqu'it pourrait rencontrer. par les indigènes, mais qu'il tâchera d'atSon objectifétait l'occupation de Fachoda. par un autre chemin son but, t)n'etaitpasfaitmentiondusteamer/t«- teindre t')nambary, dont il doit reconnaître le dAfr/'f. D'un autre côté, lès lettres recours et le bassin. 11 visitera ensuite les çues par At.Labrosse,consu) de France régions arrosees par le Tambopata, le

atters'embarqueràMarseitte.Sei/.eEuro-

POLE SUD

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é~~d' N/r~ r~iii rrl ~ifn~~oy .,I~ `=~!J >s,a_f, ~·- i l~~i, n llir i

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péens l'accompagneront le comte Léontietî, MM. Mourichon, Esperet, d'Ori~ny, docteur Levassor, quelques sous-officiers et trois ou quatre Cosaques.ttdéharquera

aDjibouti.oùsontréunistesSéné~atais de l'escorte. Le prince Henri et le comte

Tuichi, etc.

Rucker (major), Ruhlen et Breinerd

(capitaine) et les quatre-vingt-dix soldats composant la mission de secours envoyée par les Etats-Unis auxmineursduKtondyt;e, sont partis au commencement de février et comptent arriver à destination dans les premiers jours de mai. Varielé et les membres de l'expédition française ont quitté Paris, le <8 février, pour tenter de ravitailler au moyen de ballons tacotoniedemineursdet'Ataska Un des

battons,te/ram.baptiséparKansen,pendant son voyag'eàPans,conduira.M.VarictéàDawson-City.

Wiener, consul générât, est de retour d'une

mission commerciale dans l'Amérique du Sud et principalement dans la République

Argentine.

I,éontie!firontvoirMénétit:avantde des- Sierotzewski. de Varsovie, est détenue cendre vers les provinces équatoriates. aux AntittespartaSociétéimpériate russe

Rousson (Henri) est rentré en France, après

AFRIQUE

Bavelaer (Max) est reparti à

la fin de jan-

vier pour t'Abyssinie.nretourncàHarrar,

capitatedurasMakonnen.

Béhagle (de) écrit de Brazzaville, le t6 décembre dernier, qu'il pense quitter cette station, ainsi qu'il t'avait prévu,dans le milieu de janvier. Il se dirigera vers le Tchad, et reprendra le cours de son voyage momentanémentinterrompu. Braulot (capitaine). Tous les renseignements recueillis confirment la mort du malheureux capitaine Braulot et de ses deux compagnons, le lieutenant Bunas et

sergent Mickiewicz. Cavendish, explorateur anglais récemment le

revenu d'un voyage au lac Rodolphe, retourne dans la même région accompagné

un tons séjour à Madag;ascar,ouit il avait été chargé d'une mission d'étude par le

(étudesethnog'raphiques). OCÉANIE

Mmistére des Colonies.

Sinety (de)

et le baron Rey continuent avec succès leur excursion d'étude dans

le Choa.

Wurtz

(D') et la mission scientifique française en route pour Addis-Ababa a rencontré le mois dernier, Harrar.tamission militaire russe commandée par le

générât Wlasoff.

Roberto Yvens (capitaine portugais), plorateur africain Lisbonne.

bien connu,

est

ex-

mortil

ASIE

chef de la mission russe chargée dutieutenantAndrettetde.M.Dodson,duBousch, d'une expédition scientinqueauCaucase,

Garnier (Jutes), membre de la commission ceutrale de la Société de Géographie, et Pascal Garnier son fils, partent le :-février pour

un voyage scientifique et Australie. Ils se dirigeront industriel en sur la pointe Sud-Ouest de l'Australie (King Georg's Sound); de là ils remonteront la côte Ouest, puis marchant à l'Est ils atteindront Coot~ardie et rayonneront autour de cette station. Horn (M.), plus heureux dans sa mission qu° l'expédition Witts et Jones, a pu explorer le ~ord-Est de t'Austratie, encore inconnu.


Les îles Sous-le-Vent 7/ a quelque temps, ):<ix.! an?MHc/OM.s Ja); nos Informations et NouveHes, que les //M ~'o;~<e-cK/ aMf!~ donner

été ~M))c.M.s' à /a

F/<e.

<9H

lira donc avec ~c<-c~ la ~MC~MK détaillée c/ a~'y-M~/e

~!<c )'c!<~ &/c~ H0!<.s CK

«K officier de marine, qui a eu /'occct.<?H d'jr ~c;'ot<y'?!er.

D~E toutes nos possessions en Océanie, la plus conet par ses agréments, et par le caractère aimable de ses habitants, est certainement Tahiti. Cette perle du Pacifique, comme l'appelait La Pérouse, est le centre d'une

nue,

série

de

plateau,qui enveloppé les îles, une route large, généralement à sol dur, parfois vaseuse et molle, la seule

praticable en certaines parties. Raïatéa s'étend eh longueur sur une trentaine de kilomètres,

orientée Nord

terres

Sud avec une lar-

morcelées. L'archi-

pel le plus rap-

g-eur variable qui

proché du groupe formé par Tahiti et Morea est celui des Des Sous-leVent, ainsi nommé de sa situation dans

ne

thme étroit, bar-

rière très élevée à pic, qu'on ne peut franchir que sur un

Nord-Ouest de Tahiti qui le protège des vents ré-

point. Une chaîne

centrale coupe !Ie en deux versants, montant d'abord en pente douce pour venir aboutir à l'isthme par des sommets de plus de

g'nants,Ies alizés Sud

Est. Les

quatre îles les plus importantes sontt Bora-Bora, Houa-

heine,Raïatéa,)a pluss vaste, et

mille mètres, qui dans le Sud s'arrondissent en un cirque escarpé. Une

Tahaa. Cette der-

nière, très voisine

deTahiti,dont seu-

dépasse guère

io kilomètres. Elle est séparée en deux parties par un is-

le

de

et

GROUPE D'ENFANTS ET DE FEMMES.

MO/0~'r~n(?~C/M~C~C/.

lement une nuit de navigation la sépare, n'est séparée de Tahaa que par un détroit de deux à trois milles de large. Une même ligne de récifs les entoure d'une barrière sur laquelle viennent déferler les lames en des gerbes blanches d'écume avec un long bruit sourd et monotone. Quelques passes étroites à forts courants de marée donnent accès dans cette mer intérieure, large au plus d'un mille, creusée de chenaux sinueux, praticables pour des navires de fort tonnage, mais toujours difficiles et souvent dangereux. A travers le bleu de l'eau calme, on voit la muraille à pic, où se termine le banc de corail, creusée de grottes profondes d'où sortent des milliers de poissons bizarres, verts, jaunes ou rouges. Jusqu'au rivage, le corail, recouvert d'un mètre d'eau à peine, forme un o" HV, A TRAVERS LE MONRR.

multitude de chaînons, entre lesquels de grandes vallées sont creusées, descendent vers la mer jusqu'au rivage, découpe de golfes et de baies. Des torrents, impétueux et profonds dans la saison des pluies, arrosent ce sol, d'une fertilité surprenante, donnant en tous lieux une eau pure et limpide, à travers laquelle se jouent des milliers de longues anguilles et de grosses crevettes. Tout ce pays sauvage est couvert jusqu'aux plus hauts sommets d'une végétation touffue, inextricable. Sur la p)age poussent le citronnier, l'oranger, le bananier, l'arbre à pain, que dominent les cocotiers au feuiDage élégant. Souvent aussi, les mapes, arbres remarquables par la multiplicité de leurs racines qui s'allongent dans tous les sens en arêtes tranchantes. Ils s'étendent en forêts ombreuses sur ?

i.

i2 mars

)8<~8~


une

terre humide et vaseuse où l'homme enfonce jus-

qu'au genou, à moins qu'il ne saute de racine en racine, au risque de réveiller les innombrables crabes qui dorment à l'abri du soleil. L'intérieur de l'ile est un enchevêtrement de lianes et de brousses, au-dessus desquelles se dresse encore le mapé, le pandanus aux branches bizarres en forme de doigts tournés vers le sol, et le bourao, voisin des rivières, ce bois précieux qui sert à faire le feu et dont l'écorce remplace la corde la plus résistante. Puis, sur les pentes des montagnes, le fei, bananier dont le fruit rouge a le goût de safran les indigènes le font cuire, et ils en raffolent. Entourant ces arbustes au feuillage d'un vert éc)atant, des bois sombres, humides et glissants, de bambous dont les craquements sous les efforts du vent semblent une fusillade. Ce pays si beau, où l'on ne rencontre aucun animal dangereux, n'est parcouru que par des cochons, des poulets, quelques bœufs et des chèvres qui y vivent loin des hommes, presque à l'état sauvage. De rares sentiers conduisent aux feis à travers les forêts, suivant parfois le lit même des torrents pour aboutir sans issues aux flancs des montagnes.

n'existe aucune habitation à l'intérieur. La vie tout entière s'est concentrée sur la plage. Tantôt disséI)

minées, tantôt rapprochées à deux ou trois au fond

épaules tombe une épaisse chevelure noire, parfois blonde, presque toujours réunie en nattes. Sur l'oreille, une fleur de jasmin odorant, et d'autres, mêlées à du feuillage vert, en couronne sur la tête. Sur une légère chemise, elles portent une longue robe sans taille qui tombe jusqu'à leurs pieds, remarquables de finesse comme leurs mains. La musique est la passion de la race. Ils excellent dans le chant, naissant musiciens et habitués dès leur enfance à entendre des choeurs. Assis en cercle, les femmes au milieu, ils composent d'interminables mélopées, dont ils varient sans cesse les parties; parfois sur un rythme grave et lent, une voix monte, au timbre aigu, bizarre c'est un vieillard qui, la tête penchée dans la main, chante les yeux fermés, le coude sur le genou, ce pendant que les jeunes gens accompagnent sur une note, toujours la même, tirée du fond de la poitrine, avec un battement de mains cadencé. Puis toute la jeunesse, infatigable, se met à danser, des nuits entières, des danses lascives, énervantes, finissant toujours par des saturnales échevelées. Cette vie de fêtes n'est pas de longue durée; arrivées à t'âge de vingt-cinq ans, les femmes ne sont plus les gracieuses M/n'H~ vantées

par les voyageurs, unique-

ment occupées à rire ou à tresser des chapeaux pour leurs amants. Les plaisirs goûtés sans frein pendant une dizaine d'années fatiguent leur corps et empâtent leurs traits. Leur

d'une jolie baie, ou réunies et formant un petit village, L'JLOTDESPMSONNJERS. les cases sont en général Py!0<0~ra/'yt!Cde~<MM~MH~eya~MK7/M~<<<'<. bâties sur des pilotis qui s'avancent à une dizaine de mètres dans la mer pour éviter les myriades de crabes caractère change aussi, et d'ailleurs avantageusement. et de moustiques qui infestent le rivage. Comprenant Naguère encore brutalisées par les hommes, elles deviennent mères de famille, maîtresses incontestées au une grande et unique salle, elles sont en bambous juxtaposés, recouvertes de feuittes de cocotier tressées foyer. Elles y tiennent bien leur place par leur vive et liées avec de l'écorce de bourao, qui donnent une intelligence, leur fermeté et leur activité. Du reste, toiture imperméable. Le sol est jonché de paille et de très supérieures à leurs maris, elles n'ont plus pour nattes. Dans un coin, les inévitables malles chinoises eux qu'un faible attachement. Nous l'avons vu d'une façon bien caractéristique, à la fin de l'expédition, en bois de camphre servant d'armoires, une machine a coudre et, suspendue contre une poutre, une horloge lorsqu'il s'est agi de déporter une centaine de mecommune. Ce sont à peu près les seuls meubles des neurs aux Hes Marquises. Au premier moment, toutes indigènes. L'usage des tables et des chaises ne s'est leurs femmes voulaient les suivre, mais au jour du pas encore répandu parmi eux. départ, à peine s'en est-il présenté une dizaine qui consentissent à affronter l'exil. De même race que les Tahitiens, mais cependant Elles ont en elles une dignité native et un don un peu moins mêtés, les habitants de Raïatéa appard'autorité qui les a presque toujours fait choisir pour tiennent à la grande famille qui peuple la majeure régner et gouverner dans les iles. Dans notre lutte, partie des iles du Pacifique Sud, la Nouvelle-Zélande elles furent nos plus ardents adversaires, poussant les et les Sandwich. Grands et vigoureux, la peau bronhommes à la résistance, les enflammant de leurs diszée, ils ont une figure intelligente et fine, des cheveux lisses et des yeux noirs. La barbe chez eux est prescours véhéments, et dans les attaques, toujours présentes, chargeant les armes, pansant les blessés. Elles que un apanage de )'age mur. Leurs jambes musclées formèrent presque entièrement nos derniers groupes et tannées leur permettent de courir pendant des de prisonniers elles n'avaient pas voulu céder devant heures entières à travers les ronces, et de monter aux les Français, obstinées à mener dans la brousse avec cocotiers avec une agilité surprenante. Les femmes, leurs enfants une existence misérable, toujours en très agréables de traits, surtout dans la jeunesse, ont émoi et parfois sans nourriture. des allures de reines, une démarche lente avec un fort mouvement de hanches en avant, tandis que sur leurs L'homme, au contraire, est volontiers paresseux;


it partage son temps

entre la rêverie, le plaisir et la pa-

role. Cette dernière occupation, la plus importante, est pour lui un véritable besoin. Empêcher un Poiynésien de faire des phrases serait lui causer une peine presque aussi cruelle que de le priver de manger. La langue, d'ailleurs, se prête volontiers a cette exubérance de paroles qui permet de délayer quelques idées en de longs discours. Il existe quantité de préfixes et de

suffixes, des périphrases fort longues pour exprimer des choses simples. Jamais une lettre, par exemple, ne saurait commencer sans le « /a o/'Œ na ce i te HMK Atua '),Je te salue en le vrai Dieu et finir sans « tirara parait "j'ai fini de parler. Aussi les discussions sontelles interminables et sans conclusions. Comme ils ont en plus un besoin instinctif de mensonge, même quand ils n'y ont aucun avantage, il faut, pour obtenir ce qu'on désire, l'exprimer nettement et fermement. Il serait maladroit, toutefois, de s'emporter avec eux, car ils sont' parfaits de patience et de politesse. Ils savent être des

des buissons. Ce lieu devient « tabu ou sacré, et personne n'y pénètre. Leurs aliments poussent à leur porte, coco, igname, maiore, taro, banane, ananas tout au plus ont-ils )'a peine de les cueillir. Le poisson abonde autour du récif; ils le pochent à l'aide. de vastes filets que chaque district possède, ou la nuit aux flambeaux, avec des bâtons. Pour les bonites ou les thons, ils les vont chercher en pleine mer, et savent les prendre en les frappant avec une grande habileté d'un harpon à trois branches qui s'ouvrent, une fois entrées dans le corps de l'animal. Ils les mangent crus, ainsi que les homards, les écrevisses et d'horribles crustacés qu'on appelle varos, dans une sauce faite de coco rapé, d'eau de mer et de jus de citron. Dans les

grandes solennités, ils se nourris-

hôtes très larges,

abandonnant leurs

maisons à des étrangers qu'ils reçoivent sans compensation aucune. On voit fréquemment des enfants,

confiés par des indig'ènes à des fa-

milles amies qui les adoptent et les élèvent sans diffé-

rence

avec leurs

propres enfan'ts. Ce dernier usage est un des plus ré-

r

sent de cochons. Avec les chiens dresses, ils chassent l'animal, qui, rapidement épuisé, est facile à prendre et à lier. La bête tuée et dépouillée de ses soies, ils la cuisent au four, opération très curieuse. Ils font rougir des pierres dans un trou, puis, y ayant mis l'animal entier, les recouvrent de terre et de feuilles, sans interstices qui laissent échapper la fumée ils attendent ainsi une heure ou deux la complète cuisson. La chair se détache alors à la main facilement, et chacun vient en prendre sa part, qu'il complète avec plusieurs fruits du fei. Pour nappes ils ont des feuilles de cocotier et de bananier étendues sur le

pandus. Une mère se sépare volonCASE INDIGENE A RA'l'ATEA. tiers de son enfant CASE JNDtGEXE DANS LA bROL'SiiE. sol. P/<o~o~rf!)tM~<<t;<<eM<eKa;;<defa<jyca;<7/«~;ie<. pour en élever un Les insulaires passent autre. II faut dire, d'ailleurs, que ce peuple ne forme qu'une même faune partie de sa vie dans l'eau. Les rivières nommille dont les membres, si peu nombreux, vivent en breuses, claires et limpides, offrent des bains delicieux sous les ombrages des beaux arbres tropicaux. commun et se connaissent tous. Jamais ils ne refusent Comme toutes les races encore peu éloignées de l'état l'aide qui leur est demandée. S'agit-il de construire de nature, les Polynésiens nagent admirablement et une maison, tous se mettent à l'oeuvre, et le travail est bientôt terminé. Faut-il gagner les quelques piassans fatigue. Aussi ont-ils la passion de l'eau. Ils font de très bons marins, pleins de sang-froid et d'entres qui permettront d'acheter des vêtements, un veston durance, capables de ramer des journées entières. Les blanc et un pareo, jupe rouge à raies blanches, ils récommunications se font d'ailleurs d'un point de l'île à coltent ensemble quelques cocos dont ils tirent le col'autre par pirogues à balancier, longues et étroites, prah, qui sert à fabriquer des cordes, et le vendent dont les plus grandes peuvent porter jusqu'à cinq aux colons européens. Exempts de besoins, ils ne hommes. C'est ce qui explique l'absence de routes, sauraient avoir de luttes d'intérêts. Le mot propriété même le long de la côte. A peine existe-t-il, à traest pour eux un terme très vague, les clôtures sont vers les cocotiers, quelques sentiers qui s'arrêtent Inconnues, à peine sait-on que le terrain de son brusquement à l'entrée d'une baie qu'il faut traverser voisin va de tel cocotier à tel autre. Quand, par sur le récif. hasard, on désire qu'un lieu soit respecté, il suffit de suspendre de plaëe en place un coco aux branches Les habitants de l'archipel sont généralement


protestant, mais, pcut-ctre,

ne

se font-ils pas une idée

très exacte des religions européennes. Ils ont accepté celle qui leur offrait le plus d'occasions de chanter et de parler. D'ailleurs, lës sorciers ont une innuence prépondérante par leur facqnde.et par quelques tours de mag'ie dans lesquels ils excellent. Au dire-des. prisonniers, la responsabilitédu sorcier d'Avera a été grande. Par dès exorcismes, il avait voué nos bâtiments à être pris par les Anglais ou crevés sur le récif. Et cette prédiction, adroitement entretenue,.avait été une des causes principales de la résistance. Les sorciers jouissent aussi d'une grande considération comme médecins, habiles à guérir les'plaies avec quelques herbes spéciales. Au début de l'expédition, les indigènes ne voulaient être soignés que par eux. Plus tard seulement, ayant vu l'amélioration rapide de l'état de nos blessés, ils consentirent à se remettre entre les mains de nos médeons, pour leur plus grand profit.

aux documents qui viennent d'être communiques au Parlement britannique: Ce traité a six articles. 11 accorde aux sujets des deux nations pleine liberté d'entrer, de sortir et d'exercer leur commerce dans leurs territoires réciproques. La route des colonnes entre Zeïla et Harrar, par Djidessa, restera ouverte, sur tout son parcours, au

commerce des deux nations. Ménétik accorde à la Grande-Bretagne, au sujet des impôts intérieurs, tous les avantages qu'il accordera aux autres nations. Tout le matériel destiné exclusivement au service de t'Ëtat éthiopien aura le droit de passer par Xeïia en franchise de douane. Le transit de tous les engins de guerre destinés à Ménéiik est autorisé à travers le territoire britanni. que, dans les con-

ditions prescrites

Ils ont d'ait)eurs une remarquable

par i'Acte g'énéra) de Bruxelles.

résistance au mal et une solide constitution physique. Un homme, la cuisse brisée, supporta deux jours

Ménéii): s'engage à empêcher de son mieux le

passage à travers

ses provinces des armes et munitions à destination des Mahdistes, qu'il declare les ennemis de son empire. Le traité doit

de souffrances qui

amenèrent la mort, sans proférer au-

plainte. Un autre, blessé de deux balles dans la poitrine, resta cune

entrer en vigueur aussitôt qu'il aura été ratifié; mais il

seul quinze jours en pleine brousse, et eut la constance de ne pousser aucun cri qui eût pu le faire découvrir

REPAS PULYNÈSIËX.

P/J~/C~C~H/t?/7/~cj~f/.

d'un poste, campé pendant quelque temps dans le voisinage. Tel est le peuple qui habite les ites de Raïatéa et de Tahaa et contre lequel fut dirig'ée, il y a quinze ou seize mois, l'heureuse expédition que certaines fautes commises antérieurement avaient rendue nécessaire et dont nous retracerons rapidement les phases dans un prochain article. (".) .S't<;)'C.~

Le Traité de l'Angleterre ` avec Méné!ik ~Y ous avons donne, dans un C(W)-/< ~'eo~a/f<e

d'une de

nos précédentes couvertures, des renseignements sur le traité anglo-abyssin du )~ mai 1897. Voici à ce

sujet de plus tong's défaits empruntés

est applicable immédiatement, en ce qui concerne les

armesetmunitions, pourtesMahdistes.

Tels sont les points principaux de cet accord, qui a été rédigé en anglais et en amhari, mais dont il existe aussi une rédaction française au texte de laquelle on se référera en cas de difficulté. Ajoutons, qu'après ëchang'e de lettres entre Al. Rennell Rodd et le ras Makonnen, la frontière du'u protectorat anglais,_ dans te pays des Soma)is,a été fixée comme nous l'avons dit dans notre précédente information. (Voir la couverture du n° du 26 février). Ménétik a écrit à la reine Victoria, le 8 décembre dernier, une lettre par laquelle il exprime l'espoir que ce traité de paix et d'amitié durera toujours. Si l'on en croit certains journaux anglais il existerait d'autres accords passés par la m'ssion anglaise avec Ménétik et 'déterminant auNob'd'~ Ouest et au Sud la sphère d'influence reconnue oie par l'Angleterre. ient de tire le résumé, Quant :'t ut la presse d'oui ache pas la déception qu:il lui fait éprouvreconnait qu'il n'offre pas le caractère sensaUonne) qui lui était attribué. Mais il y a partout des gens insatiables.


nances et son armée, le mot d'ordre donné partout aux gouverneurs avait été l'abstention absolue en matière d'entreprise d'extension. La tâche était trop lourde à l'intérieur pour la compliquer à l'extérieur. 1878 marque la fin de cette période. La France, sans quitter encore ses vêtements de deuil, relève le front, et, gravement, promenant son regard sur le monde,s'aperçoit du danger nouveau qui grandit à l'horizon. C'est la lutte économique qui se déchaîne, ce sont les convoitises européennes qui s'aiguisent, les appétits qui se précisent le partage des terres encore libres de l'Ancien Monde qui sollicite l'avidité des nations européennes. »

Vingt ans d'Expansion coloniale française (t878-t898) T~

le Colonel Monteil, président du

Syndicat des IVi Explorateurs français H, a inauguré les séances publiques annuelles de cette jeune et utile Société par une conférence, aussi remarquable qu'intéressante, dans laquelle il a retracé les progrès faits par la France extérieure de 1878 à 1898. La séance était présidée par M. le général Lambert, le défenseur de Bazeilles qui, avant d'avoir été le héros de la maison célèbre des « dernières cartouches avait débuté dans l'infanterie de marine par de brillantes explorations. On était donc là entre explorateurs, mais ceux-ci comptaient à leurs côtés, dans l'assistance, beaucoup de hauts commerçants, de grands industriels, de financiers. Et c'est là un fait vraiment caractéristique, un symptôme encourageant qu'il importe de retenir les questions coloniales intéressent de plus en plus le pays nous ne sommes plus au temps où les Français dédaignaient tout ce qui se passait hors de leurs frontières; on trouve maintenant un public capable de s'intéresser aux efforts de ceux qui répandent au loin l'influence française. C'est, du reste, ce que le colonel Monteil a constaté, dès le début de sa conférence, en expliquant, avec un rare bonheur d'expression, pourquoi il avait encadré son exposé de nos progrès coloniaux dans les deux dates choisies. 1878-1898, a-t-il dit, sont deux présentent, à pro«

prement parler, ni un commencement, ni une fin;

«

dates qui ne re-

Ce sera la gloire des hommes d'État de cette époque d'avoir préparé l'oeuvre du lendemain, d'avoir compris que la France ne pouvait se désintéresser du mouvement irrésistible qui entraînait l'Europe entière comme à la curée, à la conquête de possessions »

lointaines. » L'heure

était propice,

est vrai finances, armée étaient en plus brillant état qu'elles n'avaient jamais été, et lorsque, deux ans après, dans une cérémonie solennelle, les troupes recevaient les nouveau': drapeaux qui, ignorant les heures de défaillance, ne portaient dans leurs plis que les noms des victoires anciennes, l'âme française s'éveillait de son recueillement, prête à courir à la moisson de nouveaux lauriers. » Car cette ère de l'expansion coloniale porte avec elle un caractère qu'on ne saurait dénier elle a marqué l'heure du relèvement.

jour où la France a pu regarder au dehors, on l'a sentie redoutable au dedans, et alors l'Europe a »

Du

compris, suivant la virile expression du prince d'Arenberg, que t'âme française ne se contentait pas de vivre de souvenirs. »

Toutefois ce n'est

pas

L'AFRIQUE FRANÇAISE

mais entre ces

deux époques se

développe un mou-

vement extraordinairement intense d'activité sur lee terrain colonial,

qui semblera

à

l'historiendecette

fin

de

siècle une

des caractéristiplus remarquables de l'évolution du g'enie de la nation. ques les

» Jusqu'en

)878, comme conséquence du re-

cueillement im-

posé à la patrie mutilée pour reconstituer ses fi-

il

Le ~oy/M/He CO/OMM/ français est

<ei;!<ë eH HO/y.

tout d'un coup que


L'INDO-CHJNE FRANÇAISE

en a passe en revue les

résultats.

En Amérique et en Océanie, nos extensions de territoire sont modestes nous avons acquis l'île suédoise de

Saint-Barthétémy aux

Antilles. et les îles Sous-le-Vent dans le Pacifique. Mais, par contre, en Asie et en

Afrique, nous avons singulièrement

progressé. Le colonel Monteit a cité l'une après l'autre les expéditions diverses, qui, en Indo-Chine comme

dans le ContinentNoir, ont agrandi

Le domaine c'o/on:a< français est teinté en noir. l'opinion publique s'est passionnée pour les questions d'influence extérieure. &a politique coloniale été impopulaire tant a « que l'opinion n'a voulu y voir qu'une question d'hommes expédiés au loin, sans vocation définie, par la fatalité d'un mauvais numéro du tirage au sort, et que des dépenses considérables, sans bénéfice immédiat ou

apparent. » Aujourd'hui, au contraire, les questions coloniales sont à l'ordre du jour chacun se passionne pour elles, et l'on peut dire qu'il n'existe point de

famille en notre pays qui n'ait au moins un de ses membres ayant voulu de son gré sacrifier à l'émotion des voyages ou des expéditions lointaines. » A quoi tient ce revirement si complet? C'est que la politique coloniale satisfait à des intérêts très complexes et très réels à la fois, que vous me permettrez de synthétiser en cette double formule la guerre est la solution violente d'un problème économique, la colonisation en est la solution pacifique. La colonisation, qui a existé, il ne faut pas l'oublier, à tous les âges de l'humanité, a toujours pris naissance dans des conditions à peu près identiques que je préciserai ainsi » Dès que l'unité politique d'une race s'est constituée dans une contrée de limites bien définies, avec un gouvernement fort et respecté, sous l'influence d'un état de paix prolongé, la période de colonisation s'est ouverte. Pourquoi? parce que l'état de paix n'a pas tardé à amener à la fois pléthore de population et de produits. Conséquence: nécessité d'expatriation et d'exportation, c'est-à-dire colonisation. » »

Après avoir indiqué les causes générales qui ont amené le mouvement d'expansion coloniale au-

quel nous assistons présentement, le colonel Monteil

notre domaine et il a exposé, avec une éloquence toute militaire, t'œuvre considérable accomplie depuis vingt

ans. Pour résumer

cette partie de sa conférence, il n'est pas besoin de longues phrases il suffit de reproduire les cartes projetées sur les murs de la salle de la Société de géographie et que t'éminent géographe, M. P. Vuillot, avait bien voulu dessiner. Car elles sont vraiment La tache que fait « parlantes )' ces cartes si simples sur elles la teinte des zones françaises saute aux yeux et ses dimensions grandissantes sont le meilleur et le plus sûr indice des magnifiques résultats obtenus. En Asie, nous avons constitué un véritable empire IndoChinois qui nous met en relations immédiates avec les provinces du Sud de la Chine. En Afrique, nous voyons se réaliser le rêve de l'amiral Jauréguiberry qui, dès 1879, évoquait l'idée de la constitution des Indes africaines, destinées à remplacer les Indes orientales, fondées par le génie de Dupleix, et si malheureusement perdues. Comme conclusion, le colonel Monteil a fait entendre quelques sages réflexions qu'il convient de ne point passer sous silence, car elles sont, pour ainsi dire, la morale de sa conférence. Si la colonisation, dit-il, est la solution paci« fique d'un problème économique, il faut que t'exptoitation de notre domaine colonial nous récompense des sacrifices de tous ordres que sa création nous a coûtés. » Or, si nous étudions comparativement le mouvement commercial, de 1878 à 1898, des colonies et de la Métropole, nous constatons que ce mouvement ne s'est pas accru en proportion de l'extension territoriale. En 1878, le commerce total était d'environ 36o millions, en 1896, il était d'un peu plus de 5oo mittions. » I) ne faut pas voir dans cette comparaison un Nous avons dû précipiter symptôme défavorable. notre action pour ne pas trouver plus tard les régions


que nous pouvions légitimement convoiter, occupées par des rivaux. D'autre part, il nous a fallu faire l'éducation morale de la nation qui, de rebelle, est devenue sympathique à l'oeuvre de la colonisation. Mais ce point acquis, il nous reste désormais à entreprendre l'éducation pratique de la génération actuelle. » C'est à elle qu'il appartiendra de mettre en valeur ce que la sagesse de la génération précédente a su acquérir par prévoyance. » Les colonies ne doivent plus être des exutoires pour les déclassés en quête d'une sinécure, mais bien un champ d'action où se développeront les qualités de notre race. Il faut aux colonies des bonnes volontés, intelligentes et résolues, elles sont légion déjà, il leur faut aussi des capitaux. » Les capitaux français, alors qu'ils tentaient un premier et important effort, ont été rendus timorés par des mesures maladroites. Espérons qu'elles ne se renouvelleront pas dans t'avenir. » C'est un principe faux que celui trop souvent admis, qu'il ne faut pas savoir avantager, très sérieusement même, les capitaux qui désirent s'employer en dehors; il est évident que si avec les risques qu'ils sont appelés à courir ils ne sont d'aucun rapport, ils auront plus d'intérêt à se reporter sur les emprunts étrangers qui drainent ainsi notre argent au détriment de nos affaires. » Mais, d'autre part, sous prétexte de mise en valeur rapide du domaine colonial français, il peut être dangereux, et il parait y avoir tendance en ce moment à le faire, d'attirer les capitaux étrangers dans nos possessions, moyennant des avantages qui, souvent, sont refusés à nos nationaux. I) ne faut pas, en effet, que les marchés que nous aurons créés, soient accaparés le jour où nous nous mettrons sérieusement à

l'œuvre, » Certes, il ne suffit pas que les explorateurs aient su merveilleusement agir depuis vingt ans, il ne .suffit pas qu'ils aient accru le domaine de la France par une succession de brillantes expéditions. L'heure de l'action économique a sonné. Il faut maintenant que nos colonies attirent les regards des financiers, des commerçants, des industriels, de tous ceux enfin dont l'activité fait la fortune nationale. M. le colonel Monteil a donc raison de leur adresser un appel chaleureux. C'est un nouveau et grand service, après beaucoup d'autres, qu'il rend ainsi à notre pays.

La France & l'Angleterre

dans os lecteurs

la Boucle

du Niger

ont été tenus au courant des divers incidents de la question du Niger, au sujet de laquelle est réunie en ce moment à Paris une commission anglo-française de délimitation. Cette question N

est d'apparence très embrouillée elle peut pourtant se résumer très simplement en quelques mots. Les conventions de 1889 et de 1890 ont fixé comme frontières aux possessions de la France et de l'Angleterre une ligne allant de Saï à Baroua et une autre ligne montant du golfe de Bénin pour atteindre le ge degré de latitude. Du pays compris entre Saï et le ge degré, les conventions ci-dessus ne parlent pas, ce qui signifie clairement que cette région est libre et appartiendra de droit aux premiers arrivants, arrivants qui, pour être reconnus dûment souverains d'un territoire, devront, aux termes mêmes de l'acte de Berlin, occuper ce territoire « d'une manière effective ». Or, nous occupons d'une manière effective par des postes militaires la plus grande partie du triangle compris entre le Niger, le méridien de Saï et le 9° degré de latitude. Dans ces conditions, il nous importe peu que des traités aient été passés par des agents anglais avec des personnages nègres plus ou moins qualifiés pour apposer leur signature au bas d'un document quelconque pour valoir quelque chose, ces traités devraient être appuyés, ou tout au moins suivis, d'une occupation réelle. Tel n'est pas le cas des Anglais. Tel est au contraire le nôtre. Nous sommes donc là en vertu du droit établi par l'acte de Berlin nous devons y rester. Aussi bien, c'est surtout la presse anglaise qui est excitée à l'heure présente. Récemment M. Chamberlain aux Communes, et M. Hanotaux à la Chambre ont eu l'occasion de s'expliquer sur la question; ils ont l'un et l'autre donné à entendre que des concessions réciproques amèneraient une solution équitable pour les deux pays.

Henri Déhérain.

Le So«daH

e'<te;t sous ~e'Afm<'<tH.

Paris,

GeorgesCarréetC.Naud,t8o8,in-8°.Prix:Strancs.

livre vient fort à propos, au moment ou les Anglais entreprennent la reconquête du Soudan égyptien. Il est peu de souvent prononcé depuis une quinpays dont le nom ait été plus zaine d'années. Mais notre génération, qui connait l'histoire de la révolte des Alahdistes, de la prise de Khartoum et de la perte par l'Egypte de ces vastes régions, ne se rappelle plus aussi bien comment elles ont été acquises sous Méhémet-Aii. C'est cet épisode, si important du xix° siècle, mais un peu oublié de l'histoire d'Afrique, que M. Henri Déhérain a raconté dans un volume de 35o pages. La première partie expose les raisons et raconte les épisodes de la conquête exécutée par Méhémet Ali dans la campadécrit les limites, la situagne de )82oà)822.La seconde partie tion, l'administration du Soudan égyptien après la conquête, et s'étend assez longuement sur la fondation de Khartoum et son rôle politique et commercial. En décrivant te régime égyptien, qui n'avait pour but que l'exploitation du pays, spécialement la il était traite des esclaves, fauteur montre clairement combien détesté des indigènes et combien les catastrophes de <88t àà )885 préétaient, dès les premières années de la conquête, facilekhéd)\'e moins te justement, fut voir.'Le vrai vaincu, dit-il très Méhémet-Ali. Tewfik que son arrière-grand-père La troisième partie, toute géographique, est consacrée aux explorations accomplies sous le patronage de Méhémet-Ati pour découvrir les sources du Nil. L'ouvrage consciencieux et intéressant de M. Déhérain est accompagné de cartes et d'un index qui en faciliteront la lecture, et d'une bibliographiequi montre que l'auteur n'a négligé aucun

CE

document important.


J3/B~/07W;()rB ~V/t'?SBjr,E ET RBTL'Ë SUISSE.

réseau des chemins de fer

La Question des Indigènes dans le Sud de l'Afrique

pousser au plus haut développement des provinces des plus fer:i!es,qui étaient jusqu'ici d'un difncite accès.))s devront donc s'efYorcer de créer une ligne de chemins de fer par Tsi-Xan-Fou jusqu'à la grande ti~ne Pthin-Han-Koou, qui est eioi~nee'de Kiao' Tchecu de Soo kilomètres. )i sera difficile de jeter un viaduc sur le fleuve Jaune cependant on pourrait trouver dans le tronçon ou ce neuve est entré dans le lit de l'ancien Tsi, des points d'appui assez solides pour les assises d'un pont de chemin de fer. Quels que soient les avantages que les nouveaux maîtres deKiao-Tchéou attendent de la province du Changtung, il en est un qu'elle ne leur fournira certainement pas jamais Kiao-Tcheou ne deviendra une colonie d'émigration. La population chinoise y est déjà si dense, que la vie y est devenue très difficile et que les habitants émigrent en masse dans le Liae-Toung et en Mandchourie. D'ailleurs, les Chinois vivent de rien et se contentent des moindres salaires. Les Allemands qui voudraient entrer en lutte avec eux comme agriculteurs, ouvriers, etc., seraient vite mis hors de combat. La possession de Kiao-Tcheou ne servira donc à l'Allemagne que comme pied-a-terre, port de refuge ou base d'opération. Le numéro de janvier )8çR des .U/c//t«)~)! de Petermann consacre à la baie de Kiao-Tchéou une courte notice qui complète, sur certains points, les articles de M. de Richthofen et sa brochure, parue en 1897 sous le titre /t'/J;<t'/)t)M, .!t'/))C M))~ )'0~7!<.M;C/t/C/!e (Berlin, Stilke). La notice est accompagnée 75o ooo, extraite d'une carte japonaise de d'une carte à province Chan-Toung. D'après un calcul planiméde la trique, la superficie du territoire donné à bail à l'Allemagne, est de 020 kilomètres carrés, dont 55o pour les eaux de la baie; celle de la sphère d'influence de 7 too kilo-

r L

mauvais traitement

des

natifs

en Afrique

a

tou

jours été le grand argument employé par les ennemis

de la cotonisation et de la politique de l'expansion coloniale. Les Anglais, assure-t-on chez nous, sont particulièrement brutaux avec les Nègres des pays qu'ils veulent soumettre a leur influence. Il s'est d'ailleurs, formé en Angleterre une Société pour la protection des aborigènes, ce qui peut tendre à prouver que te besoin d'une telle Société se faisait sentir. It y a évidemment de l'exagération dans certaines de ces accusations. A celles-ci, dit l'article que nous analysons, on peut opposer le but bienfaisant de l'entreprise, c'est-à-dire l'extension de la civilisation, et le fait que les cruautés qu'ont à subir les indigènes ne peuvent être comparées à celles dont on les affranchit. H ne me parait pas non plus très équitable d'examiner tous les détails d'une campagne avec le plus fort microscope qu'on puisse trouver, et de rendre les chefs responsables de certains actes isolés commis par quelques-uns de leurs subordonnés. Au banquet qui a eu lieu dernièrement à Buluwayo pour célébrer l'achèvement de la ligne du Cap, sir W. Hety Hutchinson, gouverneur de Natal, a fait une intéressante allusion a ce que l'on a coutume d'appeler'taquestion desnatifs'.ttad'abordconstaté qu'en se plaçant au point de vue le plus terre à terre, celui de l'intérêt particulier, en laissant de côté toutes considérations de religion, de morale ou de philanthropie, il est absolument essentiel pour l'Afrique australe que les indigènes y apprennent à regarder les blancs comme leurs amis et leurs protecteurs, à compter sur leur loyauté, leur esprit de justice et leur bonne foi, et à comprendre C'est parfaitement juste que le travail n'a rien de déshonorant en ce qui concerne les indigènes de Natal, mais je crains que dignité du travail ne restent aussi rudileurs notions sur

la

mentaires qu'auparavant.

cause de,l'apathie des Cafres, l'usage a prévalu depuis plusieurs années de faire venir de l'Inde des coolies, qui s'engagent pour un certain nombre d'années. A

population hindoue du Natal continue à s'accroître aussi rapidement, nous pourrions avoir bientôt une nouvelle face Ce serait un curieux résultat de no s question des natifs de abandonner la colonie à ces envahisseurs devoir de peines que orientaux. Le temps seul montrera si les Anglo-Saxons sont capables de maintenir leur domination sur des pays purement agriSi la

la

coles, ou le climat les empêche de se livrer eux-mêmes au travail

manuel. S'ils n'y réussissent pas, quel sera l'avenir de la Rhodésia et des autres colonies que projette le génie de M. Rhodes? La découverte de placers et de gisements de pierres précieuses pourra les stimuler pour une saison mais, en fin de compte, il faudra revenir à l'éternelle question de la main-d'œuvre, et, à moins que le caractère africain ne se transforme, or, vous vous L'Ethiopien peut.it changer de souvenez de l'ancien dicton les perspectives de la nouvelle grande ligne du Caire au peau? Cap n'ont rien de très encourageant,au point de vue britannique, s'entend. Si toutefois les progrès de la civilisation peuvent mettre fin aux horreurs qui se passent dans l'Afrique centrale, au Bénin, pour ne citer que cet exemple, si l'introduction des chemins de fer et du télégraphe peut amener la chute de ces tyranneaux qui sont la honte du genre humain depuis tant de générations,tes pionniers du Sud de l'Afrique n'auront pas vécu en vain.

DEUTSCIIE /fO.L6'A~Z.ZE/7~VG et .wr7'7?/WGE~V DE PET-ETMMAW

Kiao

tchéou

L professeur de Richthofen, l'un des savants allemands qui connaissent le mieux la Chine, écrit que la houille du Chan-Toungestnoire, grasse, brûlant avec une flamme très claire et fournissant d'excellent coke. Elle est donc d'une qualité supérieure. H ajoute E

faire

de Kiao-Tchéou un Si les Allemands réussissent assurée, )e et point de départ du port et une place de commerce

du Nord de ta Chine, ils

rendront à

ce)ie-ciuntrès~rahdserviceen)uifournissant)esmo\'ensde

&t<<

~'t'<0!

mètres carrés.

Nous trouvons dans la notice quelques renseignements sur les industries dont Kiao-'l'chéou sera le débouché. Ils sont dus à M. Otto Anz, un Allemand, fixé depuis de longues années en Chine. M. Anx prévoit pour ce port une grande exportation de soies grèges, tant de cocons ordinaires, que de cocons spéciaux, formés des feuilles du chêne (J;<t'r~' /'f/');.)'/) dont la production se perfectionne beaule tressage de la paille, qui a pris, depuis vingt coup ans, une grande importance dans le Chan-Toung, aura également Kiao-Tcheou pour issue nécessaire vers le dehors. En outre, le port héritera, dans l'avenir, d'une partie du~ commerce des provinces du Nord, par suite de t'ensabtement graduel des ports du golfe de Petchili.

.DBUT'SCW? A'OAOA~~Z7?/T!7.VG.

La Question de la Flotte allemande la marine préoccupent pas seulement le débats ïL ES Peiclistagsuret les diversne Etats qui forment l'Empire. Les

Allemands d'outre-mer réclament à leur tour une augmentation de la flotte, témoin cette pétition des colons du Sud du Brésil adressée au chancelier impérial Dans tout le Sud Brésilien, les Allemands émigrés constatent avec douleur que rien n'est plus rare que de voir flotter le pavillon allemand dans les eaux sud-américaines. En perdant ainsi tout contact avec la mère-patrie, ils s'en créent une nouvelle dans le pays ou ils se trouvént; ils deviennent tout à fait Brésiliens, ne consomment plus que des denrées brésiliennes, et oublient jusqu'à leur langue

maternelle.

Les pétitionnaires lancent un appel à tous les Allemands d'outre-mer pour qu'ils conjurent aussi le Reichstag de créer une flotte suffisamment nombreuse pour qu'elle serve de trait d'union entre tous les Allemands de toutes les parties du monde.


La

Corée

&

la Question

Z.

La librairie 7~c/~</e met e;t .'M/e

w/x~e

d'Extrême-Orient

~n~

/M/c..La

Corée, Indépendante, Russe ou Japonaise, Œ~ M. Villetard de a dlé eMt'o~ eH par le ~K,-Ma/ Le Temps, lors de la ~Ho-~OH~e. Nous en eA-a~o;M les ~M~M sui-vants, qui /'OM~o~~ à guerre nos lecteurs d'~tc~MM~ ~<r

~M

soit par les convoitises

coHMK, mais dont le doH< il est l'objet.

«M

~/e

He

laisse pas d'<re

ry

le début de l'ouvrage, M. Villetard de Laguérie pose nettement le problème coréen.

Je me suis rendu compte, dit-il,

qu'avec ses

ressources inemployées, les défauts de sa population,

les misères et l'impuissance de son gouvernement, la Corée est une des dernières terres vierges du globe. Elle serait insignifiante et nég)igeable si elle pouvait rester .£}C'tD.~ indépendante aux mains de ses maîtres ac-

:7,7"r"

~o~~ M/T ~'<M//o~ ~o~n-jKe ~Kc, o

Sa politique dans ce pays a été, depuis la paix

de Simonoséki, ouvertement déterminée parte dessein de s'y substituer lui-même au Céleste-Empire. It veut transformer en sujétion le protectorat qu'i) y exerçait auparavant de compte à demi avec ce der-

nier Etat.

J'ai pu le constater

tuels. Mais elle est incapable de l'effort qu'exigerait d'elle la défense de sa liberté. Dans ces conditions, elle est condamnée à devenir la proie d'un de ses voisins, et à celui-ci, quel qu'il soit, elle assurera une augmentation considérable de force dans les mers de Chine. Elle est .en effet, par sa fertilité, ses forêts, ses mines, la constitution' de son littoral, une des positions militaires dominantes de cette

et juger qu'il s'y rendait profondément antipathique et insupportable à la population tout ende r~M,

tière, qui d'ailleurs' gar-

dait contre lui de vieilles et vivaces rancunes. Or, )a Corée est continue à la Sibérie. Il ne

saurait être indifférent à

l'Empire russe d'avoir

pour voisins les Coréens ou les Japonais. Les pre-

miers sont un peuple sans puissance ni esprit militaires, pacifique par tradition autant que par nécessité. Des seconds, tout le monde connait aujourd'hui région de la terre. SÉOUL GRANDE RUE MENANT AU PALAIS ROYAL. ie tempérament et les proLe traité de SiD'a~'c.tMHe'Ao/o~'t'a/u~. cédés de mitoyenneté. Il monoséki consacre l'inest certain que t'établisse-' dépendance de la Corée par son article premier « La ment du Japon en Corée contrecarrerait les plans écoChine, y est-il dit, reconnaît définitivement la pleine nomiques de la Russie, fondés sur le transsibérien, et et complète indépendance et l'autonomie de la Corée, accroîtrait la puissance des sujets du Mikado, dangeet en conséquence, le paiement du tribut et l'accomreusement pour l'Extrême-Orient tout entier. plissement, par la Corée à l'égard de la Chine, de De là l'existence d'une « question coréenne cérémonies et de formalités en dérog'ation à cette », qui fait de la Corée « l'Egypte du Pacifique indépendance et à cette autonomie, devront cesser ». Voici maintenant la description des villes de entièrement à l'avenir. » Tchémoulpo et de Séoul, l'une le port principal, l'autre Malheureusement le Japon s'est gardé de stila capitale de la Corée. puler en même temps sa propre renonciation à ses La ville de Tchémoutpo proprement dite droits sur la presqu'île. siste dans les Concessions chinoise, européenne etconja12~ LIV. A TRAVERS LE MONDE. is. 19 mars 1898.

?


ponaise. Les maisons s'étaient, en amphithéâtre le long du quai et de deux rues parallèles au rivage jusqu'à une colline assez raide, gravie par des escaliers à paliers fréquents, et dominée par la maison d'un négociant allemand, comme une ville rhénane par son burg. Les constructions chinoises et européennes sont en briques ou en planches horizontales, avec vérandas et colonnes, sur le modèle banal et inesthétique copié dans tout l'Extrême-Orient. Les Nankins, sans souci de l'élégance, ont mis leur façade sur la rue et tournent le dos à la mer. Cela donne une perspective

d'arrière-cour malpropre,de débarras, ou même de dépotoir, à l'arrivant qui longe la corniche sur laquelle sont juchées les bâtisses. Les maisons japonaises ont l'air de joujoux, de boîtes à mouches. Leurs murs sont en planches verti-

leurs devantures, très surbaissées, sont encombrées de petits tréteaux portant des éventaires et des étalages. Au fond, sur une estrade couverte de nattes blanches f~/o~M'), s'accroupit la famille, en cales

rond sur ses talons, les mains tendues vers les charbons cendreux d'un c/n'&ac/n' (brasero). Pas de mitoyenneté toujours un manchon d'air, petit ou grand, entre voisins, avec quelques ouvertures étroites ou carrées grillées de bambous clayonnés. Sur la rue, à l'unique étage, une véranda très basse, ouvrant dans les chambres par des claires-voies de bois léger recouvertes de papier blanc et glissant sur des coulisses parallèles. Au delà des maisons des Missionnaires et des Sœurs, la ville coréenne /K-C/no!<H ou T~-C/tON; Vue de loin, elle semble un champ couvert de tas de foin épandu pour sécher. Les toitures de paille blanchâtre, serrée par un réseau large de cordelettes de même matière, ont la courbure polygonale d'une écaille de tortue. Serrées l'une contre l'autre, leur moutonnement régulier, leur similitude, complètent, pour chaque.côté de rue ou de ruelle, la physionomie d'un andain.

Murs de boue malpropres, délabrés, effrités au bas par les coups de pied, zébrés de lézardes oblitérées par des paillassons en lambeaux; accotés, juste le long des portes d'entrée, se trouvent les petits édicules que nous reléguons, en Europe, au fond des jardins. Du bas en haut, une colonne noire, monte d'une ouverture qui semble une gueule de four. C'est le poêle coréen, prolong'é comme une soupente, sous toutes les pièces ou « camps de chaque maison. On y enfonce des paquets de broussailles coupées sur les collines, et flamme et fumée, de leur combustion lente, chauffent l'intérieur et satissent le dehors. Séoul, qui occupe, dans une vallée en forme de cuvette un espace de six kilomètres, laisse une impression triste. Des toitures denses, aucune ne dépassant sensiblement le niveau commun, sont étroitement blotties l'une contre l'autre. La servitude des esprits et des corps a passé son joug' sur tous ces chaumes pales, bombés en carapaces, maintenus par des cordes de paille, en souvenir de la « yourte qui en a été le modèle. Ils gisent, tapis comme les moutons autour du berger, satisfaits de la part de soleil et d'air libre qui leur a été laissée. Quelques lignes noires, capricieuses, tranchant sur le ton clair des entours, figurent les rues importantes. Devant cette ville phénomène, on se demande M Qui donc a été assez abandonné de Dieu et des hommes pour venir savourer dans cette fosse un avantgoût de la tombe? » Ce bizarre conglomérat de matériaux grisâtres, a une bonne journée de la mer, à plusieurs heures d'une voie difficilement navigable, ne réalise en aucune façon; pour nos cerveaux habitués à enchaîner les causes aux effets, l'idée d'une capitale, c'est-à-dire d'un centre adopté par et pour les besoins d'un Etat. Le premier trait qui se détache est le costume même des gens qui fourmillent dans les rues. Habit et chapeau vaudraient, à eux seuls, qu'on se dérangeât pour venir les admirer sur place. Chaque classe sociale, chaque acte de la vie, chaque

division de la

journée, pour ainsi

dire, est distin-

gué par un couvre chef spécial. Sans parler ni des

enfants, qui vont nu-tête, le dos de leur habit graissé

par le va-et-vient de leur natte pendante, ni deséphèbes, qui portent jusqu'au mariage leurs cheveux divisés par une raie

médiane, ni des

femmes, qui toutes uniformément ont un petit bonnet de police en

VUE DE SÉOUL.

D'a/')'<MH);e~O<0~t'

drap noir, bordé de fourrure noire,


et agrémenté sur le devant d'un petit gland de soie rouge et or. Une fois homme, c'est-à-dire marié, le Coréen a

toujours ses cheveux retroussés en un nœud sur le haut de la tête. Peut-être les peigne-t-il. Mais à coup sûr il ne les coupe pas. Ils sont maintenus par un' serre-tête en crin, très semblable, comme texture, à ce

que nos couturièresappeHent de la mousseHne raide. Ceci est commun à tout le monde sans aucune exception. Mais après, la variété commence. En deuil, le malheureux Coréen est encore condamné à aggraver ses regrets par le port d'une campanule en jonc, qui le dérobe aux yeux de ses contem-

porains jusqu'au creux de Festômac. Les soldats portent un feutre rond, comme ceux de nos Bretons, mais agrémenté d'une tresse étroite de laine rouge dont les bouts pendent derrière la tête. Leurs officiers se distinguent par une jugulaire de gros grains d'ambre et une large touffe de

plumes multicolores. Si du chapeau nous passons à l'habit, l'étonnement augmente. Tous ces gens qui marchent lentement, lourdement, balancés comme une hourque hollandaise par le roulis, sont habillés d'étoffes blanches, luisantes comme si eHes avaient été repassées au borax. Les deux sexes portent un ample panta)on.serré aux chevilles et montant jusque sous les aisselles par-dessus; un gilet court comme

une brassière d'enfant. Les

des Japonais. La Coréenne est plus petite, mais. néanmoins aussi supérieure comme force physique Japonaise que le Coréen l'est au Japonais. De toutes les populations jaunes, la coréenne est certainement'celle qui est la moins éloignée du type blanc. Impossible de trotter au milieu de cette foute, placidement cahotée sur des sabots à pointe aiguë et relevée comme ceux de Polichinelle, et portés sur deux gros supports qui calent en moyenne 3o centimètres de boue.

la

Pourtant, c'est un problème tes rues de Séoul sont toutes, et toute la journée, pleines de passants ou de naneurs; aucun soupçon de cailloutage ou de pavage, même avec des briques. Le terrain, formé d'un granit putvérutent broyé constamment par tes pilons qui supportent les sabots, est matelassé d'une épaisse couche de poussière que personne ne songe a diminuer, et qu'enrichissent, au contraire,

quotidiennement

tous

les poneys, baudets, bœufs qui y pas-

sent par centaines. A la moindre

pluie, les voies deviennent des fondrières pestilentielles. Au dégel, quand la neige, en fondant, laisse à découvert tous les résidus de vie organique insouciamment jetés hors des mai-

sons, les rues les plus pauvres deviennent des foyers d'infection 'et même d'épidémie. L'été, malgre la lourdeur de la poussière, le moindre vent roule les particules terreuses en tourbillons qui rendent la marche impraticable.

femmes y ajoutent une ou pluIl n'y a qu'à passer bien sieurs jupes rondes, sans volants vite, en regrettant de n'être pas ni plis, qui descendent entre le enrhumé du cerveau. Car, à côté la cheville. et Autrefois, genou de chaque porte, saillant sur la elles ne sortaient que 1a nuit. ëOLDATSCORÈKKS. paroi comme une échauguette, Atais depuis l'invasion japonaise, D'rM?/~c/t<ï~rf7~/ftc. est un petit édifice qui, fort heudans les classes inférieure et reusement encore, ne peut être moyenne, elles ont commencé à circuler pendant la de l'habitation. 11L_L:af_ ouvert que de l'intérieur -1~ journée. Elles s'enveloppent alors d'une mante verte, De ces maisons elles-mêmes, rien à dire, sinon jetée sur leur tête, dont les deux manches pendent qu'elles sont faites de pierres ou de galets serrés dans devant elles. L'homme blanc leur fait peur, et il faut un filet en cordelettes de paille. Une sorte de mortier voir avec quelle hâte craintive celles qu'on devine grossier coûté dans les intervalles et mastiqué sur les jeunes et sveltes sous les sacs qui les empaquètent, joints en fait quelque chose qui rappelle nos blocs se glissent le long des maisons en serrant sur leur artificiels. figure ce voile bizarre, dont la fente laisse voir ne La nuit, aucun service public n'éclaire ce danalors qu'un oeil noir, grand, doux, sous un-sourci) gereux labyrinthe, si la lune n'y pourvoit. Aussi les noir, une paupière blanch,e. qui donne envie de s'asCoréens bornent-ils leur flânerie au pas de leur porte surer si les deux yeux sont pareils. Les vieilles ont ou à son voisinage immédiat. Ils ne s'aventurent loin peur aussi; mais elles s'enfuient en regardant, et c'est qu'en cas de nécessité et se munissent alors de grosses dommage. On comprend alors la croyance au maulanternes de papier, toutes rondes, qu'il portent penvais ceil. dues à de flexibles tigelles de bambou. Sur leurs Les hommes portent deux surtouts blancs silhouettes blanches, le balancement de la marche prosuperposés, tout à fait semblables aux douillettes )) de mène en brusques et capricieux zigzags, comme le feu « nos prêtres. follet d'un farfadet, le faisceau lumineux qui ondule du Les hommes sont généralement, grands, solimême mouvement devant eux. dement charpentés et bien proportionnés. Leur Aujourd'hui, en apparence, le rôle de la femme, peau est plutôt cuivrée que jaune; leurs yeux sont noirs, ctoïtrée et tenue étroitementen tutelle, est nul. On ne la beaucoup plus rapprochés de l'horizontale que consulte ni ne l'écoute. Sauf dans les classes basse ou ceux


marchande, elle ne sort jamais, et une fois mariée, c'està-dire à partir de dix-huit ans, ne voit plus du ciel que le carré découpé par les toits de sa cour intérieure. Le mari vit à part, dans l'aile opposée à la porte d'entrée, où elle n'est jamais ni admise ni appelée. E))e reste avec ses femmes, à tisser, à surveiller la cuisine, et surtout a préparer le fameux vêtement blanc des Coréens. Pour le laver, elle le défait entièrement; puis', une fois sec, elle prend les pièces une à une, et pendant sept heures en moyenne les bat avec deux bâtons de bois rond sur un rondin de granit, dont on voit des centaines en vente dans les rues. Cela seu] donne à l'habit le poli presque métallique sans lequel un homme de quelque importance serait disqualifié. De !à le bruit de galop qui sort constamment, jusque très avant dans la nuit, de presque toutes les maisons. Quand elle a fini, elle prend tes morceaux glacés et les recolle, car, heureusement, ces vêtements ne pourraient être cousus. Des sa petite enfance, on t'habitue à ce travail qui l'hébète; mieux même, on lui attache au dos un paquet de chiffons ou d'étoffe; plus tard, elle portera sans peine ses enfants. Le mariage étant la règle, la population augmenterait énormément, sans une mortalité infantile formidable et les ravages d'épidémies assez à leur place dans un milieu pareil d'autant plus que la médecine coréenne en est au même deg'ré d'avancement que l'hygiène et la salubrité publique ou privée. Les Coréens croient tous, très solidement, que .la vie est soumise à l'influence d'un être surnaturel, 7aïC/)M.g-A'OMK, dont le prototype est non pas Satan, mais le Diable des contes de nos nourrices. Toute leur -vie morale et matérielle est orientée d'après cette foi à la bonne et à la mauvaise fortune. Voici maintenant, pour terminer, comment M. Vi))etard de Laguérie apprécie la question d'Extrême-Orient et développe la nécessité de sauvegarder l'indépendance de'la Corée Le Japon, déjà dangereux par sa position au point de relâche nécessaire des navires à vapeur, qui ne peuvent embarquer assez de charbon pour marcher pendant plus de treize ou quatorze jours, à la vitesse de 13 ou I4 nœuds à l'heure, est désormais le maitre du Pacifique Nord et peut devenir l'arbitre de la querelle pendante à ce sujet entre les grandes puissances blanches. Etendu comme une digue gigantesque de la pointe du Kamtchatka au Sud de Formose, il sépare des libres espaces de l'Océan les mers qui baignent )'Asie orientale et peut en faire autant de mers intérieures, de bassins aussi fermés que la mer Caspienne ou la mer d'Aral. S'il possédait encore la Corée, son rêve, l'Asie aux Asiatiques, c'est-à-dire l'unification des jaunes sous son hégémonie, serait virtuellement

accompli,et il n'aurait plus qu'à attendre ou à favoriser des complications de l'autre côté de la terre pour transformer ce rêve en une désastreuse réalité. Le soulèvement des Philippines a coïncidé singulièrement avec la révolte de Cuba et ces deux splendides domainM sont ptacés beaucoup trop à portée de deux compères, le japon et les Etats-Unis, dont les relations étroites n'ont pas -'été une des moins curieuses circonstances de la guerre contre la Chine. L'Angleterre, qui en )885 ne supportait pas la pensée que la Chine perdit à notre profit Formose et les Pescadores, ne les a peut-être laissé prendre aux Japonais qu'avec t'arriere-pensée de s'assurer ainsi un moyen détourné de les acquérir un jour.

D'autre part, les Japonais réalisent les espérances énoncées par le 7/WM en septembre )8ç-t. Ils empêchent les Russes d'implanterleur domination en Corée et d'ouvrir au large leur fenêtre sur le Pacifique. C'est un grand service qu'ils rendent à la politique traditionnelle de l'Angleterre mais en même temps ils en recueillent de grands avantages présents, sans parler de l'avenir qu'ils préparent. Ceci pourrait bien porter ombrage à nos voisins, qui n'aiment pas voir manger par autrui les marrons qu'ils ont tirés du feu, et sont plus habitués au rôle inverse. Ils pourront bien regretter leur funeste égoïsme de Simonoséki et trouver avantage à s'associer à l'action des autres puissances pour sauver l'indépendance de la Corée, seul moyen pratique de rétablir, au moins provisoirement, l'équilibre rompu dans le Pacifique Nord au profit du Japon. Car ce malheureux État, dont le nom du ~h'): C~we, sonne rituel, comme une ironie macabre, reste, en Extrême-Orient, la pomme de discorde dont la dispute menacera de rallumer la g'uerre, tant qu'un règlement international de son sort ne sera pas intervenu. Le seul moyen d'éviter un conflit dont personne ne peut actuellement préjuger la gravité, la seule façon de concilier tous les intérêts est de faire de concert, en Corée, et pour le bien de tous les peuples civilisés, ce qu'on a jusqu'ici toléré que le Japon opérât pour le sien exclusivement. Le soin de transformer la Corée peu à peu, sans secousses, pourrait être confié à toutes les grandes puissances. Elles procureraient ainsi un bien que le Japon a péremptoirement démontré n'être pas en état de produire, et feraient disparaître, avec le seul motif qu'il puisse invoquer diplomatiquement pour justifier son attitude dans la péninsule depuis deux ans, le plus grave danger qui menace, en Extrême-Orient, la paix du monde.

r_

/s

r,


courag'ement aux concurrents, que c'était là une épreuve d'essai. C'était bien la course ette-méme; le prix avait été remporté par le cheval noir, comme je l'appris à l'auberge, un quart d'heure plus tard. Dans le village, une foule encore plus dense encombre la route qui en forme la principale rue. Les hôtels, les auberges, les débits sont remplis de buveurs. De nombreuses carrioles ont amené des visiteurs des campag'nes environnantes, de Bannalec, de Rosporden, de Concarneau; des.bicyetistes sont venus sur leurs machines. H est midi, la chaleur est torride. Cependant, les danses ont déjà commencé en pleine rue, dérang'ées à chaque instant par la bousculade des survenants. Deux cabaretiers ont, devant leurs débits où le cidre coule a nots, instatté chacun sur une estrade des ménétriers. Sur chaque estrade, ils sont deux, l'un joue du biniou,

Coins de France Luttes bretonnes à Scaër SCAËRpasse pour

l'un des rares endroits où se conserve encore, dans le Finistère, un peu de couleur locale. Le chemin de fer-en construction (de Rosporden a Carhaix) aura bientôt détruit les rares vestiges qui en subsistent.

Lorsque je m'y

l'autre de la bombarde. Je contem-

trouvais dernière-

ment, une affiche annonçait le

p)e les deux plus rapprochés de l'auberge où j'ai déjeuné. L'un a la figure maigre et longue, en lame de couteau: il joue du biniou. Celui qui joue de la bom-

Par-

don de Scaër pour

le lendemain. C'é-

tait l'occasion

de

voir une exhibition

decostumes bretons et d'assister à

ces luttes qu'a

chantées Hrizeux. J'en profitai. Sur la route départementale de Rosporden, soule-

barde a une~ face de pleine lune, roug-eaude et rasée, les épaules trapues, le

coffre solide, le souffle in)assab)e. Il fait rendre à son

vant poussière, une

un flot de

assez grande quantité de paysans et de

paysannes se

rendaientàtafëte.

instrument, sorte LESLUTTEURSA.CA~R.

P/tOto~r~/tt'e~

Ils allaient posément, tranquillement, les femmes avec cette démarche un peu lourde que leur donne la jupe plissée renforcée d'une tournure en bourrelet, mais la pesanteur de I'a)Iure contrastait avec la délicatesse de leurs visag'es et la légèreté de la coiffe blanche, ailée de trois paires de brides qui voltigeaient autour du chignon. Un peu plus près du village, toute une foule était assise dans les fossés de la route pour assister à la course de chevaux annoncée pour onze heures du matin; première partie des rejouissances. Voici, en effet, qu'arrive, au grand trot, un fort cheval noir monté par un homme rasé, sans chapeau, vêtu du costume du pays. Parvenu à un certain point de la route, le cavalier fait demi-tour et retourne vers )evi)Iag'e, à~)a même allure; un second lui succède, monté sur un beau cheval entier, gris pommelé; le cavalier est médiocre, mais la bête est superbe de vigueur et de feu; puis, à une assez grande distance, un autre suit la course, sur un cheval blanc qui souffle bruyamment; enfin le quatrième arrive sans se presser; il sait bien que, dès à présent, il est irrévocablement le dernier. J'avais cru d'abord, à voir le calme des

assistants, muets, sans exclamations, sans cris d'en-

J.

t.~7~r~, à <~<:n!f;

de flageolet au timbre de hautbois de

chasse, des notes

vives et piquées,

des sons de clairon, éclatants comme une fanfare, tandis que le biniou ronronne humblement sa complainte monotone, sur une note de basse mal accordée avec le ton de l'autre instrument. L'orchestre champêtre exécute les traditionnels airs du quadrille breton, la Ronde, le Bal, la CoM<e~Hse, )aG~fO//e, sur )esque)s des couples en costume du pays exécutent une danse grave qui ne répond guère à la sautillante allure de la musique. Les femmes ont, sur la jupe noire froncée autour des hanches, d'élég'ants tabliers plus clairs, en soie bleue, mauve, rose, feu ou feuille morte, ornés de broderies à la main ou de passementeries d'argent; sur les épaules, la grande collerette tuyautée de Quimperlé et, sur la tête, la coiffe aux trois paires de brides, avec transparent formé par un ruban de couleur. Les hommes portent le chapeau a galon de velours, la petite veste courte, avec parements en velours noir et rangées de boutons en métal, le pantalon à pont. Des figures de quadrille, par groupes de quatre danseurs, qui rappellent certaines passades des ballets d'opéras, c'est ce qu'on appelle le \Bo/. Quant à la G~fo~e, elle n'a que le nom de commun avec la danse ancienne connue sous cette appellation; le rythme en


est absolument différent. le pas beaucoup plus moderne et plus mouvementé. En attendant l'heure fixée pour les luttes, quatre heures- de l'après-midi, et laissant les danseurs s'essouffler sur la route poudreuse, sous le dur soleil d'août, les étrangers vont visiter les fabricants de meubles bretons. La sculpture sur bois est l'industrie de Scaër; on y copie les panneaux anciens, les vieux modèles; on y travaille le chêne et le châtaignier. Les amateurs marchandent les belles pièces; elles sont assez chères, en vérité. Mais l'artisan se fait fort d'exécuter n'importe quelle commande sur un croquis. On prend des adresses, on promet d'écrire. Ecrirat-on ? Le meuble breton est déjà si déprécié par la camelote d'imitation fabriquée au faubourg SaintAntoine A quatre heures, tout le monde

se. rend sur la grande prairie où doivent avoir' lieu les luttes. Elle longe la route; de beaux arbres élancés, de trois côtés, lui font une enceinte de feuillages verts qui, sans étendre bien loin leurs ombrages, donnent une sensation de fraîcheur. Le sol est uni, mollement gazonné. Au milieu, une perche est plantée où sont suspendus les prix proposés aux vainqueurs, prix modestes et rustiques, des mouchoirs de couleur, des chapeaux bretons. Le prix d'honneur se compose de deux béliers noirs entravés par les pattes et qui d'abord ne semblent pas très rassurés. Le jury, formé d'anciens du pays, experts dans l'art de la lutte, et de quelques personnages municipaux, en tête desquels estle.député de l'arrondissement, grand propriétaire local, vient se placer auprès des prix qu'il doit distribuer. Tout autour de la prairie, assise sur des bancs de bois ou debout, la foule s'est massée en ordre. Pour mieux voir, des gamins se sont lestement hissés dans les branches des peupliers et des frênes d'où ils dominent toutes les têtes. Les jeunes filles se promènent par groupes, élégantes avec leur jolie coiffe tég'ère 'sous laquelle leurs fins visages ont une carnation si fraîche, parées de tabliers de satin bordés de gâtons et de passementeried'argent. Alourdies par ce costume, les fillettes, mordant à quelque pomme, marchent avec des dandinements de cloches, de poupées en paniers. Il y a là des filles de Fouesnant, pays célèbre dans le Finistère pour la beauté de ses femmes, dont les traits délicats, les bouches d'enfants, les chastes yeux limpides, d'une eau si pure, évoquant des figures de missel,des vierges de vitrail, contrastent avec te visage tiré, les paupières bistrées, les cheveux blondis à l'eau oxygénée de la petite Parisienne névrosée qui, des bains de mer, est venue, en blanche toilette de plage, assister à ce spectacle. Les luttes commencent; ce sont des luttes à main plate, avec permission de pratiquer le croc-enjambe, et les concurrents ne s'en privent pas. La plupart sont de tout jeunes gens, de dix-huit à vingt ans, des enfants de quinze ans même. Ils se dépouillent de leur veste, de leur gitet, de leur pantalon à pont. Vêtus seulement d'un caleçon et de leur chemise, pieds nus sur le gazon, ils se tâtent, s'empoignent par les aisselles, et cherchent à se renverser par adresse ou par surprise. Les' adversaires étant souvent de force égale, la lutte dure longtemps; les chemises sont mises à une rude épreuve; malgré la solidité de la grosse

toile paysanne dont elles sont faites, plus d'une se déchire sous les efforts des lutteurs. Au moment de la chute, le vaincu, très leste, se retourne comme une anguille sur le côté; les épaules n'ayant pas touché le sol, il faut alors recommencer. C'est dur, car la chaleur est accablante. Parfois, mais rarement, dans l'assistance, les hommes interpellent les concurrents, leur donnent des conseils en breton. Les membres du jury, le chef de musique lui-même leur adressent des observations. Puis, tandis que le vaincu s'éclipse, le vainqueur s'en va, agitant le/ mouchoir rouge ou le chapeau qu'il a gagné. Plusieurs luttes se sont déjà succédé, quelques-unes même ont eu lieu simultanément. Le moment est venu de distribuer les prix d'honneur réservés aux vainqueurs des concurrents déjà récompensés. Depuis longtemps, les deux béliers couplés qui forment le prix suprême ont été déliés et lâchés dans la prairie; rassurés sur leur sort immédiat, ils broutent paisiblement l'herbe verte et drue, en attendant le résultat définitif qui, probablement, leur sera funeste. Ce prix est, en effet, jugé si important qu'il se partage entre quatre luttes. Chaque vainqueur aura ainsi droit à une moitié de bélier. Comment se fera le partage? Le boucher doit tenir ici le rôle de Salomon. Enfin, tout est fini. La petite Parisienne névrosée, qui a suivi, avec des moues méprisantes, ces luttes rustiques entre jeunes gens imberbes, peut-être offusquée dans son amour-propre de femme par la vue de tant de jolies Bretonnes saines et fraîches, a depuis longtemps disparu, avec son cortège de bicyclistes et de photographes amateurs. La foule s'écoule et revient au village. Les étrangers font atteler leur carriole pour rentrer chez eux, d'autres restent pour attendre les danses de la 'soirée, dont celles de l'après-midi ne sont que le prélude. Il y aura concours de danse, gavotte d'honneur, distribution de récompenses, un peu plus d'animation sans doute parmi les danseurs. Infatigable, cramoisi, souvent rafraîchi par l'hôtelier, le joueur de bombarde souffle toujours et fait jaillir de son instrument des notes vibrantes, incisives, saltatrices.

Georges SERviÈRES.

Améric Vespuce son acte de naissance et son portrait LEE marquis Torrigiani, maire de Florence

et prési-

dent du comité qui se constitua récemment dans cette ville pour célébrer dignement le souvenir du célèbre navigateur, voulant couper court aux interminables controverses suscitées par le manque d'un document authentique, de nature à prouver d'une manière indiscutable la date de la naissance de Vespuce, a récemment ordonné des recherches dans les archives de t'œuvre de la cathédrale. On conserve dans


ces archives, non seulement tes actes relatifs à SantaMaria del Fiore, mais aussi les livres baptismaux de San-Giovanni, le célèbre baptistère où, depuis un temps immémorial, sont baptisés tous les Florentins sans distinction. Ces recherches ont été couronnées par un succès aussi complet que possible on vient de trouver, à la page 92 du « registre des baptisés )' qui va de ;~5o à 1460, la déclaration suivante « Lundi le 18 mars 1452 Amerigo et Matteo de ser Nastagio de ser Amerigo Vespucci, du peuple de Santa-Lucia

Ognissanti.

»

Ce nom d'Ognissanti devait être encore cité quelques jours plus tard à propos de Vespuce. On savait que la famille Vespucci possédait au xv~ siècle,

II y a eu une diminution entre i8y6 et i886;

mais, depuis cette dernière année, on constate une augmentation de 24 o/o dans le montant total. Dans cet intervalle de vingt ans, les prix ont baissé d'une façon extraordinaire. Si les prix n'avaient subi aucune altération, le total du commerce de 1896 aurait été de 24 3?5 millions, en augmentation de 88 "/o sur celui de 1876.

Le tableau suivant montre la valeur totale des importations et exportations échangées entre la

Grande-Bretagne et quelques pays

MILHONSDF.PRAKCS.

PAYS.

annotateurs de Vasari avaient dit qu'elles furent

États-Unis. France. Anemagne. Austratie.

recouvertes d'une couche de badigeon vers le commencement du xvu° siècle. H y a quelques années, des

Autres Etats

dans t'égtise d'Ognissanti, deux chapelles qu'elle avait fait décorer de fresques par Ghirlandajo. On croyait

ces fresques perdues, et cela d'autant plus que des

recherches furent ordonnées pour en retrouver les traces mais on s'aperçut qu'une nouvelle couche de badigeon avait caché pour toujours les célèbres

fresques avec les portraits des Vespucci. Le hasard voulut que M. Carocci, travaillant à

une monographie de l'église d'Ognissanti, apprît, il y a quelques jours, que, sur un des autels de droite, il y avait eu autrefois une fresque représentant ce que les Italiens appellent une Pietà. L'idée lui vint alors de faire enlever le tableau de l'autel, et il eut l'agréable surprise de découvrir au-dessous la fresque, admirablement conservée, de Ghirlandajo. Elle repré-

sente la Descente de croix, et au-dessus, dans la lunette, la Madone de la Miséricorde sous le manteau de laquelle soat agenouillés, à droite et à gauche, les hommes et les femmes de la famille Vespucci. Les figures sont à deux tiers de la grandeur nature, et on y voit Améric à t'âge de vingt ans ()472). Ces deux découvertes la date de la naissance et le portrait d'Améric Vespuce, vont donner encore plus d'éclat et d'importance aux fêtes centenaires que Florence se prépare à célébrer en l'honneur du voyage de son illustre citoyen.

J875

1895

d875

d895

2,375

3,~5

j5.5

18.6

1,275

j.).~

9.H H.55

1,5

Indes. Canada~

PROt'ORTIOKS.

i,5oo

H.6

1,~00 ;,o5o

),325

500

5oo

[,çoo

;,3oo 7,950

7,800

6.4 8.5 3.1 47.5

7.6 7.4

2.8e, 43.3

Pour le commerce du monde, les relevés de t8ç4 donnent, ainsi qu'il suit, la comparaison avec les

décades précédentes

MILLIONS DE FRANCS. 1874

Empire britannique.

AHemagne.

France. Etats-Unis.

AutresÉtats.

1884

1894

20,400 24,<75 25,o5o 7,450 8,075 8,65o 7,200

7,575

6,825

5,825

7,i?5

7,825

16,400 )8,625

2t,i25

EN20ANS.

+ 23°/o + 16 5 35 +

30 70,375 Augm. 2; -)-

58,025 65,625 Le monde Ce tableau montre qu'en vingt ans le commerce de l'empire britannique (Angleterre et colonies) a augmenté dans une proportion plus grande que celui du monde en général. Les États-Unis ont un taux de progression encore plus élevé. Malheureusement le commerce de la France est loin de fournir de pareils résultats

Hess.–L'~mc He~'e.– [ vol. Librairie Calmann-Lévy. Prix 3 fr. So. ieD'Jean Hess, qui fut un très vaiiiant explorateur et qui

Jean m

Le Commerce

i'i'soutient depuis plusieurs années, dans la presse, le bon combat en faveur de ta politique d'expansion coloniale, récemment été convié à un banquet que lui offrait la jeunesse nègre

Anglais

TDK1896, la somme totale des importations et expor-

tations britanniques a été la plus élevée qu'on ait encore enregistrée. Le commerce de l'empire britannique s'élève aujourd'hui à 37 o/o de celui du monde, au lieu de 36 o/o il y a vingt ans. Le tableau suivant montre la valeur des importations et celle des exportations britanniques ANNÉES.

)876.fr.

1886. )896.

IMPORTATJOSS. EXPORTATtONS.

7,c)?5,ooo

5,025,000

7,35o,ooo 9,625,000

5,3oo,ooo 6,000,000

TOTAL.

t3,ooo,ooo 12,65o,ooo

t5,625,ooo

résidant Paris.

Ces jeunes gens, pour la plupart étudiants dans nos établissements d'instruction supérieure, avaient ainsi tenu à témoigner à M. Jean Hess leur reconnaissante pour la belle et généreuse sympathie qu'il avait montrée à la race noire, en écrivant sous le titre t'orne nègre un émouvant et très attrayant volume. Ce n'est pas à proprement parler un roman c'est une suite d'observations sur les mœurs, les coutumes et les usages des pays du centre de l'Afrique, mais ces notes précises et exactes, ces indications réelles sont mélangées à quelques ingénieuses et discrètes inventions qui, loin d'aitérerja vérité, aident au contraire à nous ,faire mieux connaître l'état d'âme de peuples trop ignorés. Le livre est écrit d'un style élégant et coloré.; l'ensemble des épisodes qui le composent nous donne comme un parfum de brousse'.Hpiairaa ceux qui s'occupent en France des choses coloniales. C'est avec confiance que nous le signalons à

tous

nos

lecteurs.


De la manière de s'orienter en voyageant .S'j)'on-n'W~M/J)'~rf);'< c'<< /c.~n)/t?t\)/j/A'/OM/M.)'~t'Jt'fn'o/<.<t')t/ft'7/< C~/J/0/H/)-<M)C-~<0)-J/«"' d'~u-e .!j;t.! m'u/r recours, bien c'))/t.). ~v <rc.! ~rj/<M !)!cj/).! ~;</ /'frwt'ro))< à tout MU~ ~f se

7~)M~S'M/M" /r

i!r;<7)te"fc;j!<A'.

EMPLOI DE LA BOUSSOLE

boussole devrait être l'inséparable TA L compagnon de tout voyageur elle peut lui rendre, en maintes circonstances,de signalés services,à la condition toutefois qu'il sache s'en servir, car les indications de cet instrument ne peuvent être réellement utiles que si elles sont sainement interprétées.

suite la boussole,de se tenir à distance (de 2 à métrés) de tout objet en fer ou en acier canon, fusil, sabre, hache,etc., capable d'influencer l'aiguille. Même avec une boussole, il est loin d'être toujours aisé de suivre une direction fixe, lorsqu'on voyage sous bois ou dans des taillis impénétrables. Je l'ai expérimente maintes fois par moimême. et j'ajouterai à mon témoignage

celui du major von Wismann,qui écrit: l'on peut s'avansole on pourrait même affirmer que ..Celui qui selaligure que à travers savane sauvage au moyen chacune d'elles a, pour ainsi dire, ;"t cer la aucune idée de l'imdont l'habitude de boussole, n'a végétation /fw/'f;-j))K')!/ africaine. la seule permet d'interpréter les manifesta- praticabilité degénéral, que sur de très en tions. Les mieux soignées, et par consé- Ce n'est, étendues de terrain qu'il est pos quent les plus sûres, sont les cow/\M c/e petites sible de marcher en dehors des chemer, dont on a donné ici même, dans mins. "Dans ce cas, il faut suivre ces une série d'articles sur la A'jw~7<:o)!, chemins ",qui sont généralement des c~/t'n: les moyens d'interpréter les indijusqu'à ce que l'on en cations. Mais leur volume ne permet gé- sentes étroites, d'autres qui mènent dans la néralement pas à un voyageur déjà en- rencontreindiquée par la boussole. combre de nombreux /)))/'m~wc)!/J de s'en direction charger, et il faut, le plus souvent, se contenter de la petite boussole du géoL'ORIENTATION PAR LES ASTRES !1

y a, en effet, boussole et bous-

/)!~n't'

mètre et" de l'ingénieur,'d'ailleurs très la suffisante dans la majorité des cas, n'exidétermination des routes de terre geant pas la précision indispensabledans la détermination des routes de mer. Il est tout d'abord indispensable o'etudier ce que j'ai appelé le /f~)/7xx. de la boussole, afin d'éviter les o'rt'Ht- ff;)!<ry<WM/. A cet effet, il faut l'essayer sur des points bien connus, et examiner comment elle se comporte eu égard à la déclinaison et à la variation diurne de cette dernière.(.t~n<n'~ 7:f«rM;< des

L~i~/M~) ,)

Dans les pays où la déclinaison n'est pas connue, faut la calculer avec

toute l'approximation possible, en comparant les indications de la boussole avec celles des astres, toutes les fois qu'on en trouvera l'occasion, et la noter a mesure sur son carnet de route. En tenant compte de ces données et du tempérament de l'instrument, on pourra se servir utilement de la boussole, en observant toutefois les circonstances spéciales dans lesquelles on l'emploie. Ainsi, lorsqu'il se produit une perturbation magnétique, une aurore boréale, un orage, les indications de l'aiguille aimantée sont sujettes a caution. De même dans les terrains primitifs ou d'origine volcanique, tels que les monts d'Auvergne, par exemple, les éléments magnétiques subissent des modifications plus ou moins profondes dues à la nature spéciale du sol, et les indications de l'aiguille aimantée s'en ressentent nécessairement. Enfin, il importe, lorsqu'on con-

défaut de boussole, on peut l'avoir oubliée, perdue, détraquée dans faut en revenir aux un accident, moyens d'orientation dont disposaient les anciens avant que cet instrument leur fût connu. Le premier de ces moyens est l'orientation par les astres. Le plus élémentaire, utilisable seulement par les nuits claires, dans l'hémisphereboréni, consiste à chercher la /'o/j/n? dans le prolongement d'une ligne droite passant par les .~r~s'de la Grande Ourse. Mais, avec une certaine habitude de cette méthode d'orientation, toutes les étoiles, ayant des positions fixes sur la sphère céleste, peuvent être utilisées dans ce but, dès que l'on sait tenir compte des apparences successives que donne aux constellations le mouvement de rotation de la terre. On peut aussi utiliser le lever et le coucher apparent des astres, et notamment, pendant le jour, la marche du A

dans la détermination des positions géographiques. En réalité, le lever et le coucher du soleil n'indiquent c.rc<t.)t<);/ t'Est et l'Ouest qu'a l'époque des équinoxes, sauf entre les tropiques. En tenant compte de ces réserves, .i) est aisé de s'orienter par la marche lorsqu'on peut voir le sodu soleil, leil.

Mais ce n'est pas sortir de notre cadre pratique que d'indiquer un procédé commode d'orientation par les astres au moyen d'une montre <e~)'(;On sait que, dans notre hémisphère. le soleil, à midi, est dans la direction du Sud. Si donc, a midi, on oriente te cadran d'une montre de façon que le chiffre XII soit tourne vers le soleil, la ligne droite de XII à VI se confondra avec la direction Sud-Nord, et le petit point lumineux produit par le soleil sur

l'émail du cadran sera juste sur cette ligne. Or, le soleil parcourt en vingtquatre heures un cercle complet, tandis que le cadran de la montre ne porte que douze graduations horaires mais celui-ci porte aussi les soixante graduations des minutes qui peuvent nous servir i subdiviser celles des heures.

Eh bien'si .nous laissons la ligne XH-VI de la montre orientée dans la

direction Sud-Nord, nous verrons qu'à chaque heure de marche du soleil, correspond sur le cadran, un déplacementde son reflet sur un intervalle de deux minutes et demi, soit la vingt-quatrième partie du cadran. Toutes les deux heures, le reflet se déplacera sur un espace de cinq minutes ou d'une graduation horaire. Par conséquent, puisqu'a midi, la montre étant orientée Sud-Nord, le chiffre VI indique le Sud, à dix heures du matiti, (la montre étant orientée de même), le soleil était en retard d'une graduation horaire et se reflétait sur le chiffre V. A quatre heures du soir, il aura parsoleil. couru deux graduations horaires et deLe Nor'd, disent les manuels de vra se refléter sur le chiffre VIII. géographie, est le point que l'on a deConclusion .4 <o;t;f heure ~t~'n;<y-, droite à le levant sa vant soi lorsqu'on a w.<c. il suffit le soleil gauche. à couchant vcr.fft'<f/rf/.7~f.!(.'t'M~f<)t.e et le sa · La chose, en théorie, parait donc extrêmement simple. Dans la pratique, /.t;;)u)</rc.!c/)'ot;)'c~)'/e)'/(. ~'J"/M ~'t'c/to); .Y7/-t'/ elle demande quelque attention. En effet, le levant et le couchant .S'M.Y. PautCOMRES. d'c/e ne sont pas le levant et le couchant ~'A/fo', et les anciens géographes, qui employaient couramment ces expressions, en tenaient régulièrement compte

e'

~t'r

/<);C/t<A-J/Mt/0;<(; A~ /tc


L'Expédition de Raïatéa numéro des détails sur les Iles 6'0!<s-/e-~eH~ et sur les mœs et coutumes des indigènes. Voici ma/H~MaH~ )N! récit de ~'e.c~OK qui fut dirigée contre ce!c! ait commeHccm~ ~S')~ pour w):!)' à bout de /e;< !7~0)<w~0;! et leur ;m/)0.!e/?~/cmc?~ /'0!</o/ de la 7~-aMce. ÛM

a

/M doM.!

<'ett't!H/-d<M:'e/'

avait été conquise au commencement de n AL\T);A

ce

siècle par le roi de Tahiti, Pomaré. Des fortifications importantes témoignent encore de la résistance très vive qu'il rencontra. Depuis lors, I'!te avait été

réunie

à la cou-

ronne royale et fut, il y a vingt ans, englobée avec toutes les possessions de

sistance de l'Angleterre,les pavillons durent être abattus à coups de canon, et )'!)e n'en persista pas moins dans sa rébellion. Enhardis par notre patience, des habitants n'hésitèrent bientôt plus à nous traiter avec la dernière arro-

gance. Une petite

étendue de côte, au Nord, le district

d'Uturoa, nous ap-

la reine Pomaré

partenait, et nous y avions construit un fortin. Notre voisine, la reine d'Avera, avait accepté

dans notre protec-

torat. Elle était divisée en un certain nombre de districts sous l'autorité de chefs ou cheffesses

protectorat, protectorat d'ailleurs le

qui obéissaient

illusoire, dans lequel elle était plus maîtresse que

eux-mêmes à la

reine résidant à

Avera.

nous-mêmes. Ce-

En t88o,une

prise

sion,

de

pendant sa demisoumission avait engendré la discorde dans le reste de l'ile, et son ancien premier mi-

posses-

un peu

brus-

quemer.t effectuée

par notre gouver-

L'AYtSO-TRANSPORT'AUDE*. ·.

neur .et acceptée par les indigènes,

P/!0<o~ra~edf/)/<<~<oia)t<deMi~ea«//)~t<e<.

nistre, Teraupoo, poussé par une r

fut malheureuse-

.ment de courte durée par suite des difficultés soulevées par le cabinet de Londres. Notre pavillon dut être amené par un de nos bâtiments, et peu après un navire de guerre anglais vint constater la régularité de l'opération. Cet abandon nous fut extrêmement nuisible dans l'esprit de la population, si bien que, il y a deux ans, lorsque, à la suite d'un accord conclu avec l'Angleterre, on voulut prendre réellement possession du groupe, les Raïatéens, malgré le sage exemple deBoraBora et de Houaheine, refusèrent de se soumettre au gouvernement français et arborèrent des pavillons anglais, en même temps que leur étendard national. Après des pourparlers interminables et l'assurance à eux donnée, par le consul britannique,de ne pas compter sur l'asA

TRAVERS LE MONUE.

[3'

LIV.

femme ambitieuse, relevant l'étendard royal, avait Été reconnu comme chef et occupait tout le Sud de l'ile. Sur la côte Ouest, le district de Tevaitoa, et dans le

Nord, Tahaa, nous étaient aussi restés hostiles. Nulle part nos partisans ne pouvaient circuler sans acquitter un impôt élevé. Nos compatriotes étaient dans l'impossibilité de sortir d'Uturoa et d'accoster en aucun point. La petite place forte, condamnée à l'inaction par ordre supérieur, était en état de siège, bloquée par les Téraupistes. La situation devenait intolérable et le gouvernement se décida enfin à y mettre un terme en organisant l'expédition. Ce fut au mois de novembre 1896 que se concentrèrent à Tahiti les troupes appelées à y prendre part. N" )3.

26

mars )8çft.


Le commandement supérieur fut confié au commandant de la division navale de l'océan Pacifique, le capitaine de vaisseau Bayle, dont le guidon flottait sur le D;<M;7Yo!<!?!. Une compagnie d'infanterie de marine prise A la \ouve))e-CaIédonie, le détachement des îles de la Société, avec l'artillerie et les deux compagnies de débarquement de l'~lM&e et du Dx~;< 7'yoxn!, un effectif d'environ cinq cents hommes, composèrent l'élément européen. En même temps, quelques volontaires tahitiens, un groupe de nos partisans de Raïatéa, devaient, armés par nous, éclairer nos colonnes, tandis que d'autres groupes de ces mêmes partisans serviraient de porteurs. On pensait, par ce dép)oicment de forces, éviter les hostilités, mais on avait compté sans l'entêtement et la présomption des i n d i gènes. Ils formaient trois troupes distinctes à Tahaa, Tevaitoa et Opua, cette dernière sous )e commandement direct de Teraupoo. Certains du succès, ils n'avaient combfné aucun mouvement commun; ils devaient nous attendre dans leurs retranchements, qui nous serviraient de tombeaux. Armes de fusils de fort calibre, de lances et de harpons, ils représentaientun total a peu prèség'ai au nôtre, sansdoute très inférieur au point de vue de l'armement et de la discipline, mais possédant l'avantage considérable de la connaissance du pays et de l'habitude de la marche à

des tcmples et des maisons communes. Soudain, le 26 décembre, te7~M.)-7Y~nx franchit au matin la passe d'Uturoa, par une petite pluie fine accompag-née d'un brouillard qui masquait les sommets d'un voile épais, et mouilla devant la résidence, où vint s'installer ie gouverneur ue Tahiti. n'y avait, cette fois, plus à douter; la prédiction des sorciers ne s'était pas réalisée, et les Français allaient commencer la lutte. dans un dernier espoir d'entente,le g-ouverneur tenta de ramener les esprits à la concorde en adressant un ultimatum avec un délai de cinq longs jours. La vie sauve était accordée à tous seuls, les chefs seraient punis et envoyés en exil. Si ces conditions très douces n'étaient pas acceptées, les rebelles rencontres dans l'ile à partir du )"' janvier seraient considérés comme ennemis et traités en conséquence. Les non-combattants, femmes et enfants, étaient invités à se réfugier sur quelques-uns des îlots

qui enserrent la grande

terre, le !ong' du récif. Cet

ultimatum fut envoyé a tous les districts. Teraupoo, a Opua, en prit connaissance, mais, d'après les dires des prisonniers que nous finies par la suite, il n'en informa personne, dans la crainte de se voir abandonné. Silence tout à fait invraisemblable pour qui connaît un peu le caractère po)ynesien. '< il est, en effet, absolument impossible de chuchoter un secret a un cocotier, sans que l'ile entière en soit informée le travers la brousse. lendemain. » A Tahaa, le réLes opérations deL'ETAT'PAPEETE'. GOELETTE DE ·. LA sultat fut )c même. Quant à vaient commencer le i5 déP/M<0~)-)!)cdf~t'/<Cn<<'Hf!M;dfMi.<<'aK//M~M<'<. Tevaitoa, nos envoyés y fucembre, date à laquelle rent reçus, mais immédiatecroyait-on, serait revenu al Tahiti le D~K~TYoMn:, parti pour t'Amerique. ment renvoyés, sans que les chefs eussent même pris la peine d'ouvrir la missive. Restait Avéra, qui, ayant L'avis, donné aux Européens résidant en l'île, de se accepté le protectorat l'année précédente, n'avait pas réfugier à Uturoa, avait fait passer un frisson dans il recevoir la notification adressée aux rebelles. La toute la population indigène. Cependant son courage reine eut l'ordre de venir rendre visite au gouvern'avait pas faibli, et comptant sans doute que, comme auparavant, nos menaces ne seraient pas suivies neur a Uturoa. C'était, de la part de ce dernier, un acte d'autorité que n'avait pu accomplir, l'année préd'effet, elle avait redoublé ses bravades. Teraupoo, cédente, notre envoyé extraordinaire, obligé d'aller disait-on, avait décidé d'attaquer notre petite place discuter à Avéra même, dans une misérable case fronforte, à l'époque même que nous avions fixée. Comme tière, sous pavillon rebelle. Pendant trois jours, blespour augmenter sa confiance, le D~Mj'-Wox/H tarsée dans sa dignité et poussée par ses sujets remplis dait à venir, retenu sur les côtes de l'Equateur plus de haine pour nous, la reine refusa de venir. Ce ne fut long'temps qu'on ne t'avait supposé. Les esprits s'agitaient la population d'Uturoa, inquiète, demandait que grâce aux conseils de raison d'un médecin des colonies qu'elle se décida à se rendre aux ordres du un renfort de g'arnison. L'infanterie de marine y vint gouverneur. Elle accepta, en pleurant, de se réfugier cantonner. Les indigènes d'Avera, jusque-là hésiavec son peuple sur un îlot et de ne pas faire partie tants, travaillés par leurs compatriotes qui leur de la révolte. Cependant nombre de ses sujets allèrent reprochaient leur tacheté, menaçaient de prendre le rejoindre Teraupoo. parti des rebelles. De nombreuses barques des îles Ce résultat obtenu, les dispositions furent prises Cook, de Houaheine, étaient venues grossir la troupe des mécontents, qui s'exerçaient à grands cris autour pour commencer les hostilités le f" janvier. Tous


les cotres de nos partisans furent réquisitionnes et mouittés au milieu des passes, où, armés par nos marins, ils formèrent un blocus infranchissable. La goélette de l'Etat le Papeete, en eut la haute surveil-

lance.

A terre, on organisa deux colonnes qui devaient marcher en longeant les deux côtes vers le Sud, tou-

jours reliées entre elles par des fractions campant dans la montagne. Elles repousseraient ainsi les rebelles, qui finiraient par être acculés contre les hauts sommets de la presqu'île. En outre, pour augmenter la sécurité des Européens, cent cinquante hommes composeraient la garnison dans Uturoa, mise en même temps à l'abri de toute attaque. Les deux bâtiments de

guerre, t'~lH&eet le

D~!<7Yo!<~ assuraient le ravi-

taillement de chaque colonne, à l'aide de leurs embarcations a vapeur. Le premier jour de l'année 18~7, par un temps

superbe, les opéra-

tions commencèrent. La colonne de l'Est se mit en marche, fouillant la montagne, les vallées et la elle campa au ( côte bout de quatre jours sur )c versant SudId de la baie Faaroa, sans avoir rencontré .un seul ennemi. La colonne de

l'Ouest au

se

Nos hommes furent diriges sur Opua, lc viiiag'e du grand chef de la rébellion Teraupoo et ne tardèrent pas à prendre le contact avec l'ennemi. Une reconnaissance, surprise dans les mapés et les bananiers, repoussa les rebelles jusque dans la vatiée de Faaroa. Malg-ré ce nouvel échec, les Canaques tentèrent cependant de défendre les lignes de crêtes qui protègent le village d'Opua. II fallut les en déiog'er chaque fois au pas de charge, et le village, faiblement gardé, tomba entre nos mains après une marche pénible dans la montagne. Continuant leur mouvement enveloppant, les deux colonnes arrivèrent à la grande baie de Faatemu, où elles opérèrent leur jonction. L'ile avait été parcourue du Nord au Sud. Laissant au campement les hommes fatig'ués.Ie commandant composa une seule colonne qui eut à fouiller la vallée profonde, à peine connue, que les rebelles avaient choisie pour dernier refuge; ils

comptaient bien que nous n'irions

jamais les chercher au milieu d'une forêt

vierge, sur un sol boueux, arrosé de torrents profonds et rapides. Franchissant te col de

Faatemu, la colonne s'engagea dans la vallée sous une pluie torren-

trouva,

contraire, pres-

que immédiatement en pays hostile, pé-

LE CROtSECR

tielle. Au milieu d'un ~C~/C/ de TJ/~C~~ Iluguet. fouillis inextricable nétrant dans le disd'arbres et de broustrictdeTevaitoa. Les éclaireurs téraupistes, surses, eUe essaya d'abord de se dép)oyer sur une ligne veillant ses mouvements, l'inquiétèrent d'abord par pour empêcher les indigènes de s'échapper. Mais l'équelques coups de fusil, qui heureusement n'atteignipaisseur du feuillage, l'impossibilité de s'orienter et de manœuvrer firent qu'elle dut y renoncer, se conrent personne, mais surexcitèrent nos hommes et leur rendirent parfois très pénibles les factions de nuit aux tentant de traverser cette vaste forêt en trois grouavant-postes. Le troisième jour, après avoir repoussé pes. Le résultat fut nul, aucun ennemi ne fut renles bandes éparses qui g'ênaient sa marche, la colonne contrét, arriva en vue du village de Tevaitoa, où s'était reTandis que se déroulaient ces incidents à Raïatranché le groupe le plus acharné, commandé par deux téa, lc D~K~7VoM:K avait, le premier jour des hosfemmes, la cheffesse et sa sœur. Dans un étroit fossé tilités, bombardé le village de Tahaa et amené le pade deux mètres de profondeur, avec des sorties couvillon anglais, que ses habitants, s'étaient obstinés a vertes ménagées vers la montagne, les indigènes conserver. Depuis lors, le bâtiment, occupé au ravitailétaient rangés en ligne, chacun des hommes armés de lement des colonnes n'avait plus reparu dans le Nord¡ fusil étant flanqué de deux autres qui brandissaient des l'~lM&e était partie pour Tahiti atin d'y prendre des lances pendant le chargement de l'arme. Une première vivres. Aussi l'orgueil des indigènes n'avait-il fait que décharge, à notre arrivée, blessa quelques-uns de nos croître et étaient-ils persuadés que nous avions abanhommes, mais n'eut pas le temps de se renouveler. donné la lutte. Leur illusion fut de courte durée. A Les marins et tes soldats se précipitèrent a la baïonpeine les colonnes étaient-elles de retour que l'atnette et nettoyèrent la place en quelques minutes. taque fut exécutée. Le village principal, où s'était Tous les défenseurs qui ne purent fuir furent tués concentré le gros de la résistance, se trouve à l'extrédans la tranchée. Cette prise si rapide d'une position mité d'une petite presqu'île séparée de l'île par un qu'ils croyaient inexpugnable terrorisa les indigènes isthme assez étroit et complètement dénudé. Aussi et entraîna de nombreuses redditions. Beaucoup, cependant, purent aussi, malgré les obus de l'Aitbe, était commandé par M. )c ). Le capitaine de vaisseau Bayle, chef de division, commandant gagner la presqu'île et rattièrent un peu plus tard la tJUGUAY-TROUIN

7~0/Û~T~f de

.0~7Y~

troupe de Teraupoo. Toute la partie Nord de Raïatéa était tombée entre nos mains. Restait à opérer dans le Sud.

supérieur, t'/U~c par M. le capitaine de frégate Chocheprat, le V~e~/e par M. le lieutenant de vaisseau Deman. Le corps expéditionnaire comprenait i o5o hommes [soldats; marins et volontaires indigènes).


fut-ii decidé'qu'un détachement, occuperait de nuit cet isthme, sur lequel une colonne d'assaut refoulerait

l'ennemi. Le plan réussit à merveille, seconde par un ciel d'orage, noir et sans lune, qui permit de ne pas donner l'éveil à la population. La colonne d'attaque, enlevant le village, repoussa dans le Nord les deux groupes téraupistes qui vinrent se heurter à nos fusils et faire connaissance avec nos balles. En trois jours, la plupart étaient tués ou pris l'île semblait entièrement en notre pouvoir. Cependant, le commandant en chef de l'expédition ayant été attaqué, à la pointe Mamora, alors qu'il passait en embarcation le long de la côte, une colonne fut chargée de purger Tahaa de ses derniers défenseurs. Le pays fut parcouru en tous sens, et les derniers rebelles traqués sans retâche contraints à se rendre. Les opérations .avaient donc pleinement réussi de ce côté. Mais Raïatca n'était pas encore complètement

saient à notre victoire, terrifiées de la facilité avec laquelle Raïatéa était tombée entre nos mains. Les chefs rebelles et les principaux meneurs, une centaine d'individus, furent déportés aux Iles Marquises pour y fonder une colonie agricole, tandis que Teraupoo et ses conseillers étaient dirigés sur l'ile des Pins, près de la Nouvelle-Calédonie. Cette prise de possession définitive d'une petite île, restée rebelle pendant si longtemps, n'est sans doute pas d'une importance capitale au point de vue de la politique générale de la France mais étant donnée sa situation, elle nous sera certainement d'un réel intérêt. Il nous était absolument nécessaire d'occuper le groupe des Des Sous-le-Vent, si voisin de Tahiti, si nous voulions conserver intacte notre seule base sérieuse d'opérations et de ravitaillement dans l'Océan Pacifique. Il eût été regrettable d'abandonner, à notre porte, une position, si mince fût-elle, qui pût, occupée par une

puissance étran-

gère, entraver nos projets et demeurer nombreuses reddiune menace perpétions que notre pastuelle pour nos possage avait détermisessions dans cette nées, Teraupoo et partie du Pacifique. ses bandes tenaient Au point de vue encore la brousse. commercial, quoiPendant que nous que de faib)c étenparcourionsTahaa, due, habilement adune petite colonne, ministrée, elle pourramenant des vivres ra produire, comme de la baie Faatemu Tahiti dont la naà Tevaitoa, avait ture du sol est la été attaquée, à son même, de belles répassag'e sur le récif coltes de vanille et près de l'île Nuude café. Cette extere, par les indiploitation, à peine gènes retranchés LA COMPAGNIE DE nÈBARQL'E~EKT DU DUGL'AY-TROL'tX ébauchée dans cette dans une forte po7'Ao;o~)'a~A<('de ~7. le <<e)~fH<t< de t'aM~ax S. S. dernière ile, a donné sition et invisibles. déjà des résultats assez satisfaisants pour permettre Elle avait dû passer, en essuyant un feu meurtrier, sans d'en prévoir de plus grands encore pour l'avenir. En ne pouvoir aborder l'ennemi. Une courte marche de les supposant pas écrasées par des frais considérables deux jours, entreprise pour châtier les assaillants, d'administration, les Des Sous-le-Vent seront au moins n'avait amené aucun résultat. I) avait alors été décidé d'occuper par un poste l'ile Nuutere. La colonne à même de se suffire au début, avantage rarement rencontré dans nos possessions. D'autre part, it ne fauenvoyée dans ce but avait, en arrivant à destination, drait pas abandonner Raïatéa aux colons étrangers qui été surprise à son tour par le feu ennemi, mais plus l'exploitent actuellement son climat excellent, la fàciheureuse elle avait réussi à prendre d'assaut la posilité d'y vivre en font une terre privilégiée pour un tration et à refouler les téraupistes. H fallait en finir on vailleur. Il n'y rencontrera peut-être pas immédiatesavait alors à peu près où s'étaient concentrés les rebelles, dans la vallée de Vaiaau. Après des marches ment la fortune, mais n'y connaîtra jamais la misère. pénibles, suivant sur le sol les traces de pas, n'alluAvant de terminer, je considère comme un demant point de feux, en un mot rivalisant de ruse avec voir de rendre hommage aux remarquables qualités, nos adversaires, nous réussîmes à prendre leur camdéployées par les hommes, marins et soldats, qui ont pement, donnant ainsi le coup de grâce à la rébe)tion. fait partie du corps expéditionnaire. On peut dire sans Voyant leur nombre très diminué et leurs derniers exagération que de rudes épreuves ont été supportées espoirs s'évanouir, les indigènes ne tardèrent pas à malgré des marches pénibles et longues sous la pluie, venir faire leur soumission et lorsque Teraupoo eut des campements dans la boue, sans tentes, où, transis été pris par un de ses compatriotes et ramené à Utuet grelottants, ils passaient des nuits sans repos, nos roa, l'ile entière nous appartint le pavillon raïatéen hommes n'ont pas cessé de montrer, pendant les confisqué était remplacé par le pavillon français. cinquante jours qu'ils ont vécu dans la brousse, une L'expédition, rapidement menée, avait réussi à énergie, une discipline et une gaieté inaltérables. souhait, et les îles voisines, toutes prêtes à se soulever, si la balance penchait de leur côté, applaudis-

pacifiée. Màtg'ré les


avaient fait leur soumission. Les villes de Houtouwayo et de Gwelo s'é)evaient sur les ruines des );raa)s indig'ënes, et les droits miniers et domaniaux de la « Chartered avaient été étendus à l'Ouest jusqu'aux régions du lac Ngami.

M. Cecil Rhodes

et la Création de la Rhodesia

En 189.5, le pays était en pleine prospérité et un décret du 3 mars lui assignait le nom de Rhodesia, en l'honneur de M. Rhodes. Au moment où l'avenir de la « Chartered « paraissait assuré, trois événements néfastes, l'invasion du Transvaal, la peste bovine et une

seconde insurrection des indigènes vinrent mettre son existence en péril.

TE«Tres Honorable" Cecil Rhodes, créateur de la Rhodesia, est né le 5 juillet iH53 à Bishop-Stortford, dans le comté de Herts. Il est le quatrième des neuf enfants du vicaire de cette ville, qui tous ont fait plus ou moins parler d'eux. Sa sœur Edith est l'auM. CECU, RHODES.

teurd'un)ivreintéressant:.4)'c):~<M

de c/M~

)'e!M~e.s' en

A~o/'t'c~e; son

frère Frank, colonel du t~ régiment de dragons, puis secrétaire militaire du gouverneurde Bombay, prit une part active à l'insurrection de Johannesburg', fut condamné à mort, puis gracié; son frère Herbert mourut au cours d'une chasse à t'éléphant au pays du Nyassa son frère Arthur exploite une ferme d'autruches dans le voisinage de Port-Elisabeth ses autres frères servent comme officiers dans l'armée anglaise dans différentes parties du monde. M. Cecil Rhodes, envoyé tout jeune au Cap pour des raisons de santé, revint en Europe terminer ses études à l'Université d'Oxford, où il prit ses grades. De retour en Afrique, il représenta pendant dix ans la

ville de Barkiy au Parlement de Capetown et fut nommé premier ministre de la colonie du Cap en i8ço. En 1880, il avait déjà posé les bases de son immense fortune en monopolisant peu à peu l'exploitation de toutes les mines de diamants de Kimberley paria création de la Compagnie'de Beers, dont il est directeur à vie. En 1889, cette Compagnie signa le plus gros chèque connu, un chèque -de 5 338 65o livres sterling (soit plus de t.33 millions de francs), en payement dé la propriété minière de < Kimbertey central

Lorsque, le

29

octobre de la même année, la

British South Africa Company obtint une charte royale lui conférant le gouvernement et l'administration des, territoires concédés en ;888 par Lobengoula, roi des Matébé)és, M. Rhodes devint un des directeurs de cette puissante société. I) employa dès lors sa prodigieuse activité à organiser et à agrandir le nouvel Etat. En 1892, les villes de Salisbury, de Victoria et d'Oumtati avaient été fondées, et la sphère d'opération de la « Chartered » s'étendait jusqu'à la riye méridionale du lac Tanganyika. En 1898, les Matébélés soulevés ayant attaqué les nouveaux colons, M. Rhodes organisa la défense du pays. Il mit à la disposition de la Compagnie une somme de 5oooo livres, prise sur sa fortune personnelle et fit connaître au commissaire impérial, qui voulait lui envoyer des troupes, que la « Chartered », comptant soutenir la lutte avec ses propres ressources, se passerait de l'assistance du gouvernement. En )894, tes Matébé)és

A la suite de l'équipée du

docteur Jameson,

Ceci) Rhodes donna, au commencement de t'annéc t8<)6, sa démission de premier ministre et de directeur de la « British South Africa Company ». Cependant son concours restait acquis à la « Chartered » il fit connaître qu'il allait, de suite, vérifier l'exactitude des rapports faits jusqu'à ce jour sur la teneur des mines aurifères; s'efforcer d'attirer des capitaux et consacrer une majeure partie de sa fortune aux entreprises locales contribuer au développement de l'agricutture et de l'étevage; activer la construction des chemins de fer, pour faciliter les transports et relier les régions agricoles aux centres miniers. Le 3o mai 1896, traversant le Mashonaland en insurrection et le Matebetetand, révolté de nouveau, M. Rhodes fit son entrée à Boutouwayo, chaleureusement acctamé par tous. tes habitants. Le 5 juillet, il parcourut sans armes, sa canne à la main, le champ de bataille de Taba-si-M'amba, et faillit être blessé par un guerrier Mashona qui déchargea sa carabine sur lui, à huit pas, sans réussir à te toucher. Le 21 août, il se rendit, au périt de sa vie, accompagné seulement de M. Johann Cotenbrahder et du docteur Sauer, en plein centre du soulèvement,' dans les monts Matoppo, et~y y traita des préliminaires de la paix avec les cinq principaux' chefs rebelles et trente-quatre représentants des districts militaires matébétés.' Le t5 décembre, te feu dévasta sa propriété de Groote-Shuu'r, située dans ta bantieue de Capetown. Cette vitta, de style hollandais, construite au pied des roches qui' hérissent tes'abôrds de la montagne de la Table, était une sorte'de musée national le terrain environnant, d'une superficie de quatre cents hectares, avait été aménagé en jardin zootogique; tout le monde y avait libre, accès. L'incendie détruisit une foule d'objets intéressant l'histoire sud-africaine. GrooteShuur renfermait, entre autres, une bibliothèque de plus de 2 ooo volumes précieux, anciens ouvrages sur l'Afrique du Sud qui avaient été découverts à Rome, à la Haye et à Lisbonne; on y voyait une collection d'objets provenant des temples phalliques de Zimbabye (Mashonatand), parmi lesquels une coupe ornée des signes du zodiaque et du crocodile sacré, des monnaies romaines, des bijoux phéniciens; puis encore le fusil, le sceau, l'immense coupe de Lobengouta, ainsi qu'un éléphant d'argent massif qui avait appartenu à ce roi. Le bruit courut que l'incendie était t'oeuvre d'une main intéressée à faire disparaitre des documents que possédait M. Rhodes et qui prouvaient d'une façon indéniable les intrigues du président Krûger avec l'Allemagne. M.


Dans les premiers jours de janvier i8~, M. Rhodes dut se rendre en Angleterre, pour s'expliquer devant la Commission d'enquête parlementaire sur les agissements de la « Chartered » au Transvaal. Son voyage, depuis Boulouwayo jusqu'à Capetown, où il s'embarqua, fut une marche triomphale. A Port-Elisabéth, les vétérans des campagnes du Marehp.tfta'id dételèrent les chevaux de sa voiture et s'y attelèrent eux-mêmes. Il fut acclamé par une foule en délire, tant à Port-Elisabeth qu'à Capetown; de tous côtés lui parvenaient des adresses de bienvenue et des tributs d'admiration. Une retraite aux flambeaux et des réjouissancespubliques fêtèrent son arrivée à Capetown; le maire de la ville, sir John Woodhead, présida le banquet de mille couverts qui lui fut offert le 5 janvier et auquel il se rendit escorté d'une foule enthousiaste. L'immense majorité des colons ne marchanda pas ses témoignages de sympathie à l'homme qui sut étendre la domination britannique depuis les frontières de la colonie du Cap jusqu'aux confins du Congo, et qui n'hésita pas à sacrifier sa position de premier ministre pour soutenir ses compatriotes dans leurs revendications contre le despotisme du gouvernement transvaalien. Les vivats poussés en l'honneur de M. Rhodes impliquaient un blâme à l'adresse du président Kruger, qui, depuis le commencement de l'année précédente, avait rendu l'existence impossible aux étrangers, en faisant voter par son « Votksraad » (parlement) des lois draconiennes sur l'immigration, le séjour des étrangers, la liberté de presse, les droits d'entrée et les monopoles. Les ovations de Port-Etisabeth et de Capetown atteignirent leur but, car le président Kruger ne sut pas dissimuler le mécontentement que lui causait la réception faite à Al. Rhodes. Parlant de ce dernier, le président des Etats-Unis, AL Cleveland, disait « Pour s'attacher un homme comme Rhodes afin de développer son empire colonial, la France donnérait vingt millions, l'Allemagne trente et l'Amérique soixante; les Anglais l'ont pour rien; qu'ils en fassent leur profit! » Le 6 janvier, après avoir pris part à un grand déjeuner offert par le « City Club », M. Rhodes s'embarqua pour l'Angleterre sur le DKHeg~H Castle. La Commission d'enquête parlementaire sur le raid du docteur Jameson tint la première de ses trente séances le 16 février. M. Rhodes, appelé à déposer, lut la déclaration suivante « Depuis le moment où l'industrie minière commença à se développer à Johannesburg, un vif mécontentement n'a cessé d'y régner, causé par les restrictions et les charges imposées à cette industrie, par la corruption administrative du Transvaal, et par le refus du gouvernement transvaalien d'accorder des droits civils aux Uitlanders (étrangers;, dont le nombre augmentait rapidement. Ce mécontentement s'est accru peu à peu, et j'ai appris, il y a quelque temps, par des habitants notables de Johannesburg, qu'en présence d'une situation devenue intolérable, la population étrangère, désespérant d'obtenir des réformes par des moyens constitutionnels, avait décidé d'employer des moyens extra-constitutionnels pour amener un changement dans le gouvernement de la République sud-africaine et pour procurer à la majorité de la population qui possède plus de la moitié du territoire et les neuf dixièmes de la fortune

du pays et qui fournit les dix-neuf vingtièmes des impôts une part légitime dans l'administration de l'Etat. Ayant de grands intérêts au Transvaal, je sympathisais avec les mécontents et partageais leurs griefs. Comme citoyen de la colonie du Cap, je sentais que

l'hostilité persistante de la République sud-africaine envers cette colonie entravait COUSiuciabuelüeni i'a~l'acCniravAii considérablement tion commune des difrérents États de l'Afrique du Sud en vue de la prospérité générale. Aussi ai-je mis mon argent et mon influence au service du mouvement de Johannesburg. Puis, agissant dans la limite de mes droits, j'ai placé, en automne 1895, un corps de troupes, sous le commandement du docteur Jameson, sur le territoire de la Compagnie confinant le Transvaal. Cette colonne était préparée à agir, si certaines éventualités se produisaient. Le Conseil d'administration de la « Chartered n'a pas eu connaissance de ces plans. En ce qui concerne l'invasion, je puis certifier que le docteur jameson a marché sans mon autorisation. « ~J'ajoute que je déclare accepter les conséquences de l'enquête ouverte par le Parlement du Cap. J'accepte également la responsabilité entière des faits accomplis, persuadé que j'ai agi dans l'intérêt de l'union étroite et de la puissance souveraine des divers Etats sud-africains. » Après avoir entendu une foule de témoins, la Commission d'enquête publia, le i3 juillet, son rapport, dans lequel elle déclare que ceux qui ont préparé l'invasion du Transvaal et se sont associés aux opérations du docteur Jameson n'ont pas obéi à un motif d'intérêt sordide; mais, quelque justifiée qu'ait été l'attitude de la population de Johannesburg, celle de M. Cecil Rhodes ne peut pas l'être. Bien que le docteur Jameson ait agi sans la sanction directe de AL Rhodes, ce dernier a encouru une grave responsabilité. Il a abusé de sa situation pour soutenir une révolution, créant ainsi de sérieuses difficultés au gouvernement anglais et au gouvernement du Cap. Il a trompé le haut commissaire, dissimulé ses intentions à ses collègues du Ministère et du Conseil d'administration de la « Chartered »; ses actes constituent une grave atteinte au droit des gens. La Commission condamne l'incursion. Elle conclut en exprimant l'opinion qu'on n'aboutirait à aucun résultat en procédant à une enquête au sujet de l'administrationde la « British South Africa Company )'. AL Rhodes n'avait pas attendu le rapport de la Commission d'enquête. Sa déposition faite, il s'embarquait le 5 avril sur le TM~/OH Castle et arrivait à Capetown le 20 du même mois, à une heure de l'après-midi. Tous les navires du port étaient pavoisés en son honneur. Une foule énorme accourut pour l'acclamer. Des députations, ayant à leur tête les maires de Capetown et de Port-Elisabeth, lui souhaitèrent la bienvenue. AI. Rhodes leur dit qu'il revenait en Afrique pour travailler à ce que chaque homme blanc put jouir de droits égaux au Sud du Zambèze. De chaleureux applaudissementséclatèrent quand il reprit possession de son siège au Parlement. Le soir, plus de 5 ooo personnes organisèrent une procession aux flambeaux à Groote Shuur, où nombre de Sociétés de musique vinrent donner des aubades.

Le

5

juillet, M. Rhodes, rentré

à

Houlouwayo,


donnait une fête aux chefs matéhélés, à l'occasion de son quarante-quatrième anniversaire de naissance. Environ cinq cents Cafres s'étaient groupés sur les roches autour du sorcier de Lobengoula, qui escortait deux reines et une fille du roi défunt. M. Rhodes fit abattre deux cents moutons. dont on leur distribua la chair, et leur donna des vêtements, de l'argent et du tabac. H profita de cette occasion pour leur adresser quelques phrases qu'ils interrompirent fréquemment par les cris de A~'M, B~/ta et par d'autres manifestations sympathiques. Dans )e courant du mois d'août, M. Rhodes tint un autre speech aux habitants de Salisbury. Il leur dit qu'en ce moment il n'était qu'au début de sa vie politique et qu'il se tiendrait toujours du côté du progrès, qu'il s'agit de Boers ou d'autres peuples; que ses propres ennuis n'étaient rien en comparaison des épreuves que les Rhodésiens avaient supportées il termina en leur prédisant qu'ils feraient un jour de Rhodesia )e principal Etat de l'Afrique du Sud. De retour à sa ferme de Samerdale, près de Boulouwayo, il se mit a organiser )'é)evag'e des autruches, et fit venir une grande quantité d'orangers qu'il distribua aux propriétaires des environs, en les priant d'en réserver les fruits aux malades de l'hôpital. M. Rhodes n'assista pas aux fêtes d'inauguration du chemin de fer de Boulouwayo,qui eurent Heu le 4 novembre dernier'. Il demeura à sa ferme d'inyaga, une récente indisposition lui servant d'excuse. Peut-être

ne voulut-il pas quitter sa retraite parce que, n'occupant plus de position officielle, il eut été difficile de lui assigner un rang convenable. H se contenta de lire les adresses des admirateurs de son œuvre. Et elles étaient nombreuses. I! y a, en effet, dans les projets grandioses de At. Cecil Rhodes tout ce qu'il faut pour séduire les imaginations. Son rêve, il le répétait naguère, est d'arriver à l'union de toutes les colonies sud-africaines, et il estime que cette union peut être un fait accompli avant cinq ans.

L'avenir dira s'il se trompe. En tout cas, c'est avec injustice qu'on a parfois accolé au nom de M. Rhodes l'épithète de flibustier. Ceux qui ont attentivement suivi toutes les phases de son existence doivent voir en lui un homme d'une activité et d'une énergie sans pareilles, qui a fait le sacrifice de son repos, de sa fortune, de sa santé et de sa vie pour donner à sa patrie un territoire riche et prospère, d'une superficie d'environ 800000 kilomètres carrés, sans qu'il en coûte un penny au contribuable anglais.

La tN/.s'.s'/o~ //o~r~ Ouvrage Lieutenant de vaisseau Hourst. i))ustrede )ço gravures et accompagne d'une carte. Paris, P)on, Nourrit et C'm-8<i8'

UeutenantHourstestt'undesrecitsdevoyage les amusants qui aient paru en ces dernières années. Écrit avec une cranerie,une bonne humeur toute française,une verve livre TE plus

du

Voir, dans le numéro du

/);tT!)'<7//0))

<Y!<

22

C/)0))/)t de /t')- de

janvier

j)ic)8,

Bo!</0!<n'0.

l'article

qui parfois même est gauloise, plein d'anecdotes typiques, de ~cènesdcm<eurs vivantes, it abonde également en informations intéressantes et en aperçus originaux. On le lit comme un roman. mais, rayant fermé, on y réfléchit comme à un des ouvrages tes plus importants qui aient paru sur le Soudan français. Le lieutenant Hourst a le premier, en effet, descendu jusqu'à son embouchure le grand Meuve qui donne son unité à nos possessions il a frayé, chemin faisant, avec les principaux des peuples qui sont devenus nos sujets,et les conclusions qu'il a tirées de son exploration fluviale et de ses re)ations avec les Touaregs, les Peuls, les Sonrhaïs, etc., méritent d'être étudiées avec attention par tous ceux qui auront à s'occuper de l'Afrique française. L'expédition de M. Hourst, qui était arrivée le n janvier )8n6 à Kabara, port de Tombouctou,à partir duquel devait commencer l'exploration proprement dite, en repartit le 22 janvier. Outre son chef, elle comptait quatre blancs, le lieutenant Bluzet, t'enseigne de vaisseau Baudry, le docteur Taburet et le R. l'. Hacquart, supérieur de la mission des Pères Blancs à Tombouctou, qui s'était décidé à les accompagner. Elle était montée sur trois embarcations le DjfO<M<, bateau en aluminium construit spécialement sous la direction du commandant Hourst, et les deux chalands t'~h~' et le Le D;!H<cc. L'ordre de marche adopté pour l'exploration du neuve fut le suivant: te/)jfox.s'< suivait la rive gauche,t'/tt~e la rive droite, en levant les sinuosités des berges;)eLf7)a )<<fc zigzaguait au milieu du Oeuve.àta recherche du chenal et en sondant constamment. Le 6 mars, après de nombreux contacts avec les Touaregs de la rive Nord, elle arrivait à l'ile rocheuse d'Ansongo, en aval de laquelle commencent les rapides. Le 5 avril, après un mois de peritteuse navigation, elle était en vue de Say. Le lieutenant Hourst se décida à y passer la mauvaise saiMais l'hostilité du chef le contraignit à chercher un refuge dans son. du neuve, ou il fit bâtir un fort, auquel il donna le nom ile une d'Archinard. La construction du fort le séjour de cinq mois qu'y fit la mission, sont racontés dans deux chapitres qui sont parmi les plus vivants et les plus dramatiques de l'ouvrage. Le iS septembre, la mission quitte Fort-Archinard, le 3 octobre elle arrive à Boussa et franchit, non sans peine, les rapides que le neuve décrit en aval. Le octobre elle est à Leba, où elle entre pour la première fois en rapport avec les officiers de la Compagnie du Niger, dont la tenue est courtoise, parfois même cordiale. Enfin elle arrive à Warri, sur la branche de Forcados. C'est le terme du voyage; le Le D.!H<ce est laissé à un lieutenant anglais; )'~«&e aux agents du consulat,le D.tffXM't expédié en Europe dÉmontÉ et déboutonne, et les voyageurs passant par décembre Porto-Novo et Saint-Louis, arrivent à Marseitte le

.?/

Tel est le récit de ce beau voyage, que les conférences et les comptes-rendus des journaux avaient déjà poputarisÉ. Mais il faut le lire pour en apprÈcier la saveur, et en mieux comprendre la portée, dans le volume de M. Hourst. )t faut lire aussi le court

chapitreintitutéC~Hc/H~'o"

D'après M. Hourst, le Niger n'est pratiquement navigable que jusqu'à l'ile d'Ansongo: il serait chimÉrique de vouloir s'en servir régulièrement audetà. An songo est à 700 kitometres de Kabara, Kabara à ooo kilomètres de Koulikoro ce sont donc français. ~oo kilomètres d'un beau bief navigable, entièrement l'atteindre de la mer: si Mais il ne prendra sa valeur que on peut du chel'achèvement or pour cela une solution unique s'impose min de fer de Kayes a Koutikoro, qui comme on le sait, va main tenant jusqu'à Dioubeba. L'exécution n'en serait pas difficile. Le Soudan français vaut-il les sacrifices qu'il va coûter? -J'ai vu le bas neuve, répond M. Hourst, le pays exploité par la Royal Niger Company, et je dÉctare qu'à part l'huile de palme, qui se trouve seulement dans les climats marins, rien de ce qui s'en exporte, gomme, caoutchouc, ivoire, karité surtout, ne manque chef. nous. Nous avons même tout cela en plus grande abon~ dance, sans compter les produits que fournit notre Soudan, et qui n'existent pas aux bouches du neuve.'· )t faut aussi chercher a mettre le Soudan en communication un avec l'Algérie et la Tunisie, et pour cela M. Hourst préconise relations des l'ouverture grands résultats attend dont il moyen avec les Touaregs Aouelliminden,)t a consacré aux Touaregstout un curieux chapitre de son livre, et fait de ce peuple, avec lequel il a réussi à avoir de bons rapports un tableau qui heurtera sans doute bien des idées préconçues, mais qui mérite d'être lu avec attention. Pour l'explorateur, le salut est dans une entente avec ces tribus, dont on a exagéré les défauts. Hs sont pillards, sans doute, mais c'est souvent par nécessité,et s'ils en trouvaient les moyens, ils mèneraient certainement un autre genre de vie. En attendant le transsaharien, qui n'est pas prochain, ils pourront devenir, et ils le deviendront volontiers, comme loueurs de chameaux et convoyeurs de caravanes, les utiles auxiliaires de notre comSi on laisse merce. Seulement l'entente ne doit pas tarder mois des sans entretepasser, dit M. Hourst, des années après nir ces relations entr'ouvertes, sans reprendre contact avec les Touaregs du Niger, on les trouvera plus difficiles, plus prévenus, moins abordables que nous-mêmes ne les avons trouves..·


De la manière de

/);/(p)ante-bousso)e\ parce

L'ORIENTATION PAR LA LUNE

peut aussi s'orienter au moyen <x de la lune, tenant compte des en

notions suivantes:

Aia/Ht'<))c,)e!ever et le cou-

cher de ce satellite difTërent de ~;<:c /;t';<t'.< de ceux du soleil. On verra donc la lune à une heure après minuit, là où brillait le soleil à une heure de l'aprèsmidi, etc.

Au/t'M~t7«jr;~)',laluneest CM rf/~y'~ de six /;t'xy'f.! sur le soleil; elle est visible minuit au point où le soleil se montrait a six heures du soir, c'est-

à-dire a l'Ouest. Au

~)! ~T/t'

la

luneest~'HJt'jHt't'A'.s'vAc~t'.tsurle

soleil; on la trouvera à minuit au point où le soleil devra apparaître à six heures du matin,c'est-à-dire al'Est.

Onvoitquc/7r?'ft'rot'/<t\une

boussole peut occasionnellement servir à obtenir la notion de l'heure lorsqu'on est privé de montre. L'ORIENTATION PAR LES PLANTES

Chacun sait que le soleil exerce une action spéciale sur certaines plantes qui orientent toujours, dans la direction occupée par son disque, leurs tiges, leurs rameaux, leurs feuilles ou leurs fleurs, et que l'on appelle, pour cette raison, plantes /K'n/n/Lyt/M. Elles suivent la marche diurne du soleil, même lorsque cet astre est caché par des nuages ou par tout autre écran. Les botanistes de profession connaissent un grand nombre de ces plantes, et l'on pourrait même dire, dans une certaine mesure, que toutes les plantes sont hetiotropiques. Mais, au point de vue pratique, nous signalerons celles que tout le monde peut aisément reconnaitre et chez lesquelles ce caractère est très

accentué.

/<

Citons, en première ligne, le ;x'o/,ou hélianthe à grandes fleurs, son parent le <u/)tj))t~;<ou hélianthe tuberculeux, et en général tous les héliantlies. Le &<f/ des ~'jn~/ft.! et le &'ut«. ~Mc/<jw/ ainsi que la plupart des c/xcoy'jt'M' sont héliothropiques. De même parmi les borraginées, les différentes espèces d'u/u/'t' et le /tn'tM~<. Telle est encore l'euphorbiacée, connue aussi sous le nom vulgaire de tournesol et dont le nom scientifique est Cr~/o'! y;f/~rn</H,etc. Je ne saurais passer sous silence les plantes, encore plus remarquables peut-être, appartenant au genre .f<t/«w originaires de l'Amérique du Nord,mais qui sont depuis longtemps acclimatées chez nous. Les Anglo-Américains donnent au

.S'MM

/.jc/H/j/t/<)! le nom de

t. Voir le numéro

12,

page q6.

s'orienter en voyageant

<j.<.<

que ses

feuilles sont constamment orientéesNord

1

L'ORIENTATION PRÉVENTIVE

Par ~<'o/j/~H/(')'t')!)'t'je désigne les précautions que doit prendre ct.'t;/);5pourcentdesfeuittes sont orientées dans le même sens. Nous avons tout voyageur lorsqu'il parcourt un pays à ce sujet le témoignage irréfutable où il peut lui être malaisé de conserver d'un botaniste de premier ordre, sir Jo- l'orientation et de retrouver sa route. seph Ilooker,qui, voyageant en chemin Ces précautions consistent a obdire si la de fer, pouvait parfaitement server et a noter, pendant qu'il est l'apparence à changeait de route sens orienté, [° la ~ff//MH de la /~H/c ~t~éparpillés dans la ;'j/cdupays, et par suite la direclion générale des plaine. Tout le monde aentendudireque des t'o;<d"Mt<; 2"la~);'ct'/)o)) dit tes-forestiers-se guident, dans les )'t');/a)asurfacedusol,etla~t'c</<')) bois, d'après la position qu'occupent les des )ni~~f.<, qui peut parfois être diffémousses et les lichens sur les troncs rente, ainsi que les variations que ces d'arbres. Le fait est exact, mais il faut directions subissent. se garder de génératiser les indications. Ces notes sont faciles à prendre, qu'il donne, parce qu'il est très variable. n'exigent ni beaucoup de peine, ni beauLestroncssegarnissentdemousses et de temps, et peuvent être, comme de lichens principalement ~xc<M~f)" coup le voir, de la plus grande utilité. )'/t')!J<t't'w"/ pluie, mais ce côté on va En effet, que l'on vienne a perdre varie, comme on le sait, suivant les régions et la direction où se trouve la sur- l'orientation par temps couvert, et sans face d'évaporation qui produit les pluies autre moyen de la retrouver, la direclocales. It faut donc bien connaitre, tion du vent, que l'on a notée, peut les particula- servir à la retrouver. Pour connaître la comme les forestiers rités du pays où l'on se trouve, pour direction de la brise la plus faible, il suffit de mouiller un doigt en l'enfonpouvoir s'orienter de cette façon. çant dans la bouche, puis d'exposer ce doigt verticalement a l'air au-dessus de L'ORIENTATION PAR LES ANIMAUX la tête. Le moindre courant d'air, sur le Certains animaux possèdent, au côté d'où il vient et où il produit une plus haut degré, le sens de l'orientation, évaporation plus rapide, cause une senet nous pouvons, en certaines circon- sation immédiate de fraicheur. stances, en tirer parti pour nous orienter Cette direction sera encore mieux nous-mêmes. Un zoologiste de profes- donnée par celle du vent qui pousse les sion, très au courant des mœurs des aninuages, qui est plus constante et n'est maux, ne se trompera guère sur la nature pas sujette aux variations locales proet la direction de leurs mouvements, et duites par les accidents de terrain. en tirera toujours des indications utiles A défaut du vent de terre ou du pour se diriger tui-mcme. des nuages, la pente générale du Même sans connaissances spé- cours servir d'indication. D'ailterrain ciales, le voyageur a intérêt à observer leurs, sipourra l'on manque de tout autre point ces mouvements pour en comprendre la de repère, suivre constamment la pente signification; qui peut, a un. moment d'un terrain, M)t.<~))~t.<~y'c/))f«)/fr, donne, lui rendre d'importants services sera le meilleur moyen de ne pas errer en cours de route. a l'aventure et d'aboutir tôt ou tard à des La direction des foulées mam- un cours d'eau, où il sera relativement mifères, celle du voLdës oiseaux et des plus facile de s'orienter, si peu que l'on insectes, mettent souvent sur la voie d'un connaisse le pays. abreuvoir, d'un cours d'eau, d'un lieu C'est, en tout cas, la méthode à habité, etc. Je n'en citerai que deux observer sous bois, où il est absoluexemples personnels. Une fois, dans les ment impossible de suivre une direction Causses uniformes et sans points de re- fixe. En suivant toujours la pente du père du Languedoc, le passage d'un terrain, on sera assuré d'aller constamtriangle d'oies sauvages émigrant ver;, ment dans un sens général permettant le Sud, me permit seul, par temps cou- d'aboutir a un lieu découvert ou, comme vert, de retrouver ma route. En ce même je le disais ci-dessus, a un cours d'eau. Languedoc, égaré dans le bois de Ramondens, je fus rj/~<(.' en suivant la OBSERVATIONSGÉNÉRALES direction d'un vol d'abeilles chargées de pollen qui regagnaient leurs ruches. Ces diverses méthodes d'orientaQuoique dans un tout autre ordre tion ne sont pas exclusives les unes des d'idées, je citerai cependant encore à autres. On doit, au contraire, les combicette place l'orientation qui me fut in- ner pour aboutir a un résultat d'autant diquéepar les ruines d'une vieille cha- plus précis que les diverses données pelle abandonnée. On sait, en effet, que recueillies seront plus concordantes. les édifices consacrés au culte sont PaulCOMBES. presque toujours orientés de l'Est à l'Ouest, l'autel principal, le chœur et le chevet se trouvant du c~té de t'Est.

etSud.Chex)e.S'A/m/c<'t')/MJ-

.S't~t


Notes sur Helgoland Cette petite </e, d'!<M deH!7omc/re carré de sM/'fr/iCM, est d'une coH/K/'a<OH géologique yor< c!<eK.!c. Très peu peuplée, elle sert ~HdoH~ l'été de station ~/M('ef!'re à des familles treMO~M OK /MM~O!<r~co/M. Elle a

pourtant une certaine :'?)t~o/Hce CtK~o<H< de

vue

stratégique nMr!me.

heures de voyage et une escale à Cuxhabateau de Hambourg stoppe devant une sorte de rempart rouge très élevé, mais peu étendu, qui émerge des flots, abrupt. C'est Helgoland. De A PRÈS six ~Y ven, le

et fortes barques viennent lo'hgues

se ranger au pied de l'échelle, reçoivent les passagers qui vont à terre et les déposent à l'escalier de l'apponte-

lauds et des aiglefins ouverts, qui se dorent au soleil. La plupart des habitations sont précédées de jardinets où l'on cultive surtout des fleurs, des roses en général. Une certaine espèce de rosiers porte des roses d'un pourpre violacé, qui semblent la floraison même de cette fa-

)aiserougeatre,au ton de brique.

Cette passion pour les fleurs (ceux qui n'ont pas de jardin les font pousser en pots sur leurs fenêtres), la propreté

ment.

Devant le port de pêche, sur un plan très étroit de galets et d'éboulis de roches, est bâtie la ville

méticuleuse des intérieurs, ainsi que l'aspect des noms inscrits sur les enseignes, révèlent bien vite l'origine frisonne des indi-

basse, t'M/cr/et~d, qu'un escalier de 188 marches et un ascenseur mettent en communication avec la ville haute

gènes.

Aujourd'hui ils sont Allemands, PAoto~T~/ue Friederichs, à /o~M~. et le plateau de ainsi que le rapl'Oberland. La pelle un petit monument érigé sur le sommet du plateau, Kaiser,strasse, la principale rue, mène à cet ascenseur, à l'endroit même où, le io août )8c)o, l'empereur C,uilpar lequel on arrive à une terrasse élevée de 60 mètres laume M prit, par « une conquête pacifique », suivant environ et bordée d'un parapet en pierre. Sur cette tersa propre expression, possession de I'!)e, cédée à l'Alrasse, qu'on appelle le .F/am, sont alignées les plus lemagne par suite d'un traité conclu le i~juittet préjolies maisons de la ville haute, les villas qu'on loue cédent avec l'Angleterre. Depuis 1807, ils étaient sujets aux étrang'ers. De petites rues étroites, pavées en anglais; auparavant ils dépendaient du Danemark, qui dalles et en briques, traversent la haute vi))e,qui renles avait enlevés en ferme l'hôtel du gouverneur, l'école et l'église. L'éau duc de Sieswig'-Gottorp, leur suzerain depuis le X)v= siècle. Tous ces changeglise, du xvi~ siècle, au clocher récemment reconstruit, n'a rien de remarquable à )'intérieur de la ments de nationalité semblent les laisser indifférents. Bien que leurs coutumes eussent été respectées, leurs voûte, comme dans les sanctuaires de nos villages de libertés particulières conservées, ils préféreraient sans pêcheurs, pend un trois-mâts en bois, navire <?~-)'o/o, doute, comme leurs frères des )!es de la Frise ocdon d'un gouverneur anglais; le cimetière l'entoure cidentale, être Hollandais, ainsi que le voudraient de ses tombes. Derriere les maisons voisines, sur des leur origine et leur langue, qui dérive autant du frison cordes tendues, sèchent ici le linge et là des cabilPANORAMA D'KELGOLAXD, A YO!. D'OtSEAU.

i~

A TRAVERS LE MONDE.

;~° LIV.

N" 14.

2

avril

<8ç8.


l'allcmand. Ils ne demandent qu'à vivre indépendants de leur vie sécu)aire de pêcheurs et de chas-

que de

seurs d'cnseaux et à faire, pendant la saison d'été, quelques bénéfices sur les touristes et baigneurs qui

viennent visiter leur rocher. La visite en est d'ailleurs facile et brève. L'île d'IIci~oiatid a ia forme d'un triangle aiiongc dont !a base, large de .5oo mètres, regarde la terre. C'est de ce côte seulement que le pied de la falaise est praticable. Aussi y a-t-on construit la ville basse. En dehors de là, le plateau seul est accessible, Des chemins tracés du temps de la domination anglaise le traversent, ou lotigent lcs bords de la falaise. Il porte te phare, te sémaphore, la poudrière et quelques établissements militaires. Des ouvrages fortifies le défendent:t du côté de la haute mer. Ces ouvrages datent de l'occupation anglaise, mais les travaux entrepris par les Allemands depuis sept ans les développent rapidement et transformeront ce rocher de i 600 mètres de long en un fort naturel qui commandera les approches de l'Elbe et du Weser et protégcra le port militaire de helmshaven contre les tentatives navales de l'ennemi. Lorsqu'on iS~o l'amiral Fourichon vint, avec l'escadre du Nord, bloquer la baie de la jade et couper les communications de Hambourg- et de Hréme, Hetg'otand devint le centre de sa croisière, bien

\il-

qu'il fut obtig'é de respecter la neutralité de l'ile, anglaise à

valant par les anfractuosités du roc en coûtées de verdure en adoucissent un peu le ton cru, ce ton de viande de boucherie dont les strates de grès blanc figureraient les nerfs et les tendons. Pour nous qui possédons les splendides rochers de l'Armorique, les granits rouges du cap Fréhel, de t'ite Sréhat, tes porphyres de t'Estcrct, ce cotons éclatant nous surprend peu. Moins favorisés sous le rapport du pittoresque, les Allemands s'extasient devant tes abruptes et sanglantes murailles d'Helgoland, à cause sans doute de leur violent contraste avec les côtes déclives, basses et sablonneuses, du Hanovre. Les tons tranchés de )a verdure du plateau, de la roche

et du sable que la mer découvre au pied de la falaise, sont rappelés dans les couleurs

d'Helgoland

son pavillon les assemble en bandes horizontales, dans l'ordre même où la nature les superpose en haut le vert, le rouge au mitieu.en bas le blanc,suivant le dicton local En Ae/~o/j~jt.: Grùn is det Lunn, Road is de Kant,

Witt is de Sunn Dat is det Woeepen Van Ilillige 7?)t

Grûn

Lunn.

t!C/!tJHC/

ist das Land,

Roth ist der Wand, Weiss ist der Sand, So sind die Farben Von Ilelgoland.

Ce qui signifie en fran-

çais verte est la campagne, roug'e la côte, blanc le sable; telles sont les couleurs d'Hel-

cette époque. C'est pour repousser à l'avenir les entregoland. PÊCHEUSE n'HELGOLAND,COSTL'MË. prises de ce genre qu'on y bâtit des abris bétonnés, des PAo/o~t'a/tt'c 7'')'<cdert'cy! à 7/c~o~Hft. Le front oriental de la batteries à coupoles, qui en fefalaise présente l'aspect d'un ront une citadelle redoutable, si le premier coup de mur lisse; mais la côte occidentale, affouittée par la mer du large, est creusée d'anfractuosités assez canon des grosses pièces de marine ne fait pas s'écrouler cette pierre friable qui se délite à l'air et cède profondes, précédées d'éboulis de rochers que l'infilsous le doigt. tration des pluies et des neiges, a détachés peu à Une promenade au bord même de la falaise gêne peu de la falaise, au terrain très friable. A la pointe Nord, un de ces rochers, séparé de la côte, à laquelle un peu l'étranger, dans un pays où il faut éviter d'être il était retenu par un arceau naturel, se dresse suspect d'espionnage militaire. Le plateau, dénué d'accidents de terrain, l'intéresse pourtant médiocrement. comme une quille gigantesque. Dans les environs, une La culture se borne à quelques champs d'orge, de roche sert de refuge à des nuées de guillemots qui viennent, au printemps, nicher dans les trous de la Irène et de pommes de terre, le reste est en prairies naturelles où paissent des moutons insulaires minuspierre, pondre et couver leurs œufs; les petits éclos, cules. Le chemin garni de bancs qui suit les sinuosités au mois de juillet, ils regagnent les régions septendes falaises permet d'en apercevoir les échancrures trionales. Ce ne sont pas d'ailleurs les seuls hôtes principales, mais pour avoir la vue complète de la côte, ailés d'Helgoland, dont la faune compte, para!t-i), il vaut mieux faire le tour de l'ile en barque. C'est le trois cents espèces din'érentcs d'oiseaux, notamment les bécasses, les vanneaux, les plongeons, les himoyen d'étudier de près la formation géologique de rondelles de mer. Un musée d'histoire naturelle en ce rocher d'Helgoland que la mer ronge depuis des siècles. Ces falaises de 6.3 mètres de haut se comrenferme une collection considérable, réunie par les posent d'argile durcie d'un rouge sang, striées par des soins d'un amateur. A la pointe Sud, un autre rocouches de grès stratifié; quelques broussailles décher isoté se dresse en sentinelle; il est connu sous


le nom de Neistack. Quand on l'a dépassé, on se trouve aussitôt en vue du môle construit en i8~t par les Allemands pour fermer le port, sur lequel débouche un tunnel creusé obliquement dans la falaise, et permettant de hisser les matériaux, les pièces de canon et les munitions jusqu'à l'Oberland. Ce port ne sert guère qu'aux navires de l'Etat; les barques de pêche sont tirées à terre sur la plage, où s'alignent les casiers à homards. On prend plus de 20,000 homards par an autour des rochers d'Helgoland. La pêche, le pilotage sont en effet, avec la chasse aux oiseaux, pendant la saison des passages,

les seules industries des habitants d'Helgoland. A l'époque du blocus continental, ils en avaient une plus lucrative, leur île étant devenue, par sa position même, un entrepôt de contrebande, dont les Anglais se servaient pour importer en Europe les produits de leur commerce. De tous les pays les négociants s'y donnaient

rendez-vous;

avait

on

dû leur aménager un local qui servait de Bourse à leurs transactions et qui, plus tard, devint le premême

mier CoHrersa~'OH~-

/MK~.L'iIe,ences années,connut

une

période de prospé-

rité que seule pouvait faire renaître la création d'un établissement de bains de

mer. C'est

un

Ileligoland. 11 semble d'ailleurs qu'ensuite l'île devint le repaire des pirates normands. Liguées contre eux, les cités hanséatiques firent la conquête d'lielgoland, mais, après combat, elles durent la céder au duc de SIeswig'-Gottorp. Quoi qu'il en soit de leur origine, les 2,3oo habitants d'IIelgoland se considèrent comme les maîtres de lcur rocher. Chez eux il y a ni rang, ni caste; ils pratiquent l'égalité absolue et l'expriment par le tutoieils ne disent )'o«.s et ne témoignent de respect ment

qu'aux vieillards. Les hommes sont robustes, graves, défiants avec les étrangers, lents et lourds dans leurs mouvements; les filles, en général, sveltes et parfois jolies. Pendant que leurs pères et leurs frères sont en mer, elles travaillent aux champs, puis apprêtent les lignes, réparent les filets. Elles portaient autrefois un costume très original qu'on ne peut plus voir qu'en

photographie. Parfois, une vieille femme,

le dimanche,

revêt la robe verte à large bordure en soie jaune, le joli fichu de couleurs vives, et se coiffe du bonnet brodé, analogue aux bonnets des paysannes de

Suède; mais

les

jeunes l'ont aban-

donné pour les modes nouvelles. Dans la belle saison, tout le monde

vit des bai-

gneurs.

La

ville

basse ne compte POINTE SEPTENTRIONALE DE L'tLË. pour ainsi dire que 'des hôtels, des penP/tO/o~r~/uc 7~cr/c/ //f~o~H~. Andresen Siemens, sions, des magasins qui, en 1826, eut de photographies ou de curiosités locales. Des écricette idée. En reconnaissance, les IIelgotandais ont teaux de location, au-dessus de presque toutes les pordonne son nom à l'une des principales rues de l'Untes, annoncent que chacun fait alors métier d'aubcrterland, la .Si'emeM~raMC, plantée d'une attée d'érables giste. Du reste, ces maisons carrées aux toits ornés de d'autant plus remarquable à leurs yeux que les arbres découpures,'aux revêtements de )ames de bois imbrisont rares à Helgoland. Dans la ville haute, on montre quées, peintes en g'ris clair, que rehaussent les linteaux un mûrier sur la place de l'école et quelques chênes blancs des doubles fenêtres, d'une architecture qui nains dans un enclos. annonce déjà le voisinage du Danemark et d'une proCes rudes travailleurs de la mer, aux traits preté hollandaise, sont d'un aspect avenant. A l'Unénergiques, bronzés par les hâtes, sont, je l'ai dit, terland se trouvent la poste, le musée, l'établissement d'origine frisonne. La Vie de saint Willibrod racontée de bains. Les bazars, échelonnés le long de la A'a/par l'évoque Alcuin, compagnon de Charlemagne, rapserstrasse, vendent un choix de .o;o'eH/s semblables porte qu'un roi frison, Ratbod, poursuivi par Pépin, à ceux qu'on voit dans les mag'asins de Dieppe ou fut obligé de fuir dans une île de la mer du Nord. d'Etretat, des coquillages, des g'atets peints et, en outre Celle-ci fut peuplée par ses compatriotes. Ils y des pantoufles et des vareuses en peau de phoque, des introduisirent le culte du dieu Fosites. D'ou le manchons de dames, des toques en grèbe, des mouettes nom primitif de Fositesland. Witlibrod y vint au et maints autres volatiles empaillés, des poupées havin" siècle, dans le dessein d'evangéliserles habitants; billées à la mode du pays, des jouets et des bibelots ceux-ci refusèrent de se convertir. En 785, la même fabriqués à Hambourg ou à Nuremberg. Cette rue tentative fut renouvelée par saint Ludger, évêque de mène au /<)-/M!M, dont la façade est précédée d'une Munster, qui, plus heureux, réussit à baptiser les insuvéranda en hémicycle où se réunissent les baigneurs laires et à remplacer le culte des dieux païens par celui pour se rafraîchir en écoutant la musique. Les condu Christ. A partir du xi" siècle, au nom primitif de certs, à l'extérieur ou à l'intérieur du Casino, conl'île succéda celui de Heilig Land (terre sainte) que le stituent à peu près leur seule distraction. Il y a bien pays a gardé depuis lors et dont les Anglais ont fait

constructeur de bateaux, nommé Jacob


théâtre, mais rudimentaire et logé dans une baraque en planches. Pour les amateurs de pêche et de

un

chasse, le poisson et le g'ibier ne manquent pas. Aux environs du A't<r/M)M et de l'appontement se concentre la vie des baigneurs. Ils y sont harcelés à toute heure par des pêcheurs qui proposent une promenade en bateau, des coquillages, des curiosités marines. Toute la matinée, des allées et venues se succèdent sur l'appontement, où des barques de

transport viennent chercher

les baigneurs pour les

mener à une île de sable située à deux kilomètres environ, appelée la Dune, et les ramènent après le bain. En effet, Helgoland n'a qu'une plage d'éboulis. Pour trouver du sable, il faut aller à la Dune. Anciennement, parait-il, ce banc de sable était relié à Helgoland

1

par un rocher

de calcaire qui prolongeait les assises

_c

commandée par Tegethoff. En 1807, sept navires de guerre anglais, sous les ordres de l'amiral Russell, bloquant Helgoland, avaient contraint de capituler le commandant de Zeska et les 266 hommes de la garnison danoise. La présence de l'escadre sur la rade produit a l'Unterland une animation inusitée. Toute {ajournée, canots à vapeur et torpilleurs vont et viennent, débarquant des officiers et des marins. Les marins allemands, avec leur petite veste bleue, cintrée, à revers ornés de rangs de boutons en cuivre, leur cols bleu clair à trois galons blancs, sont d'allure dégagée et leste. Les officiers, au contraire, en leur tunique bleu marine sanglée sur des tailles corpulentes, avec leurs barbes épaisses, leurs parements largement ouverts découvrant le col de chemise et la cravate noire, ont une tournure lourde et bourgeoise, l'air bon enfant. Ils portent la casquette prussienne, ainsi que leurs camarades de l'armée de terre. Sans être raides et gourmés comme eux, ils sont loin d'avoir les manières aisées, la démarche élégante, le chic de nos officiers de marine. A l'imitation de l'Empereur, leurs compatriotes les considèrent avec des regards bienveillants, indulgents, presque paternels. La marine de guerre étant la force militaire la plus récente de l'Allemagne, l'admiration qu'elle inspire est faite plutôt d'espoir et de confiance que de ce respect du aux armes qui ont fait leurs

11-1 et servait en même crayeuses de l'ile, temps de protection contre les assauts des vagues et des tempêtes. Méprisant cet avantage, les habitants exploitèrent si imprudemment la carrière ouverte dans le rocher qu'une grande marée de 1711 le renversa. Quelques années plus tard, le Wall, c'est-à-dire le rempart de récifs qui formaient une chaine entre I')!e et le banc de sable, fut rompu à son tour. Il ne reste plus que des écueils à fleur d'eau, sur lesquels viennent folâtrer les phoques. Les baigneurs débarquent sur cette langue de sable absolument aride où s'élèvent quelques bâtiments preuves. iégers en bois, pavillons-restauratiun, dépendant de rétablissement de Tandis que les matelots ayant bains de mer. On se baigne soit sur obtenu la permission de passer la soirée à terre sont montés, aux salles la plage méridionale, soit sur la de danse de l'Oberland, danser avec plage Nord-Est. Du côté des dames, les filles d'He)g'o)and,je descends sur HELGOLAXDAIS. ce sont des filles de bains, à costume semblables, PAo<o~Ta/)teF)'«'r<c/a//c<~o/HL<. la plage voir le coucher de soleil blanc et à coiffe noire, aperçues de loin, à des mouettes posur la mer. qui, à quatre ou cinq, tirent à sées sur le rivage, H est neuf heures. L'astre disparu, l'horizon l'eau ou ramènent sur le sable les cabines roulantes se pénètre d'une transparence mauve, qui se fond garnies d'une sorte de bavolet de toile à voile, sous dans un bleu doux éteint, la nuance de l'eau tourne lequel la baigneuse entre directement dans la mer, où au gtauque, quelques renets roses teignent encore les elle plonge son corps, chastement. Cette organisation nuages blancs comme d'un rayonnement d'aurore bon'est aucunement propice à la coquetterie, que semréale donnant la sensation d'une vue de Norvège. ignorer, du les baigneuses blent allemandes. Les reste, Bientôt, sur les crètes des imperceptibles vagues onbains de la Dune sont recommandés comme les plus dulent des stries d'un blanc verdâtre, aux lueurs de efficaces de la mer du Nord pour la force des vagues. flamme de punch, le clapotis de l'eau dans les rochers Je n'ai pu les apprécier à ce point de vue, tant l'eau fait mousser, comme une neige lumineuse, le grouilciel était Sous le de calme. juillet, chaud, et y pur lement des milliers d'infusoires dont la vie fait la mer cette mer offre des tons de saphir très pale dont le phosphorescente. bleu se mue en un vert changeant que l'ombre du Le lendemain matin, quand je me lève, une nuage le plus clair ternit de gris tendre. Vers brume tégèrevoite la surface des flots toujours calmes: deux heures, les communications cessent, et tout le tes navires de l'escadre sont invisibles, on entend enmonde revient à l'Unterland. core au loin leur canonnade. Pendant ma présence, toute l'escadre de Kiel, dix Mais une dizaine de torpilleurs les ont remnavires au moins, sans compter les torpilleurs, était placés mouillés deux par deux entre la Dune et t'ite, venue, par le canal de la Baltique, faire des exercices ils tachent de leurs affreux corps noirs le gris d'argent de tir à la mer dans les eaux d'HelgoIand, ces eaux qui de la mer. ont vu deux batailles navales soutenues par les Danois, GEORGES SERVIÈRES. l'une en i8-t8 contre les bâtiments de la Confédération du Nord, l'autre en 1864 contre la flotte autrichienne


flanc du supplicié, le linge qui conserva l'image de ses

traits.

La Procession du Jeudi Saint à Vinça (Pyrénées-Orientales) r\A\s un des pittoresques chefs-lieux de

canton des L~ Pyrénées-Orientales, nommé Vinça et situé à une trentaine de idiomètres de Perpignan, la journée du Jeudi 1- Saint -1T r"I est marquée, chaque année, par une manifestation religieuse qui n'a certainement pas sa pareille dans une autre communede France. C'est une modeste réduction des cortèges qui, dans la fanatique Espagne, parcourent généralement, la nuit, les rues de certaines villes de la haute Catalogne et qui attirent régulièrement, dans la- capitale de l'Andalousie des flots d'étrangers se rendant Séville pour les processions de la

Le groupe avance très lentement, chaque homme sous la sinistre cagoule noire surmontée d'un capuchon pointu d'une hauteur démesurée; sans aucune solution de continuité, l'étone de cette coiffure se prolonge jusque vers la taille, masquant complètement le visag'e de l'individu, qui semble comme accablé sous cet immense éteignoir où sont pratiqués, en face des yeux, deux petits trous ronds sans lesquels il ne pourrait ni se diriger. ni probablement respirer. Pas de chants, pas de bruit c'est dans un silence complet que les divers groupes se succèdent à quelques pas de distance.

Vient ensuite un personnage isolé qui attire tous les regards et qui constitue bien certainement la note la plus originale de ce singulier cortège. On l'appelle le ~<~He ceH/'e.s' le guignecendres. C'est un pénitent

noir,costumé comme les pré-

cédents, mais qui porte autour du cou, et recouvrant tout son buste, un linge blanc que l'on ne peut mieux comparer qu'à une vaste serviette. Il marche pieds nus, tenant de sa main gauche, Semaine Sainte. passée sous la serviette blanA Vinça, les choses se ehe, un grand plat en cuivre plus famille passent en en contenant quelques poignées effet, à part quelques curieux, de cendres, tandis que de sa habitants des localités voimain droite, indice yo'so, il sines, venus par habitude et vise, par un geste immuable tradition, il n'y pas d'épar et comme fatal, la triste trangers, et l'on peut dire que, poussière qu'il fixe à travers dans le département même les deux trous noirs de sa des Pyrénées-Orientales, la cagoule. Cette vision est maprocession de Vinça est très cabre et terrifiante comme peu connue, malgré sa réelle une conception de Shakcoriginalité, malgré son anspeare ou de Poe, et pourtant cienneté, qui remonte au le passage de cette appariPROCESSION DU JEUDI SAINT A VINÇA. moins au xvi~ siècle. tion fantastique provoque, Pholographiede Charles /}oM)i.'H. La petite ville a son parmi tes braves ruraux qui aspect des jours fériés; des groupes endimanchés la contemplent, une douce gaite circulent sur la grand'route des femmes, des enfants, La procession dure longtemps, et je me demandes vieilles, coiffées d'un capuchon noir, s'enfoncent dais comment le personnag'e charge de ce rôle poudans les étroites rues latérales qui conduisent à la vait, pendant'plus de deux heures, maintenir l'immosombre et antique église d'où la procession va sortir bilité de son geste et conserver aussi longtemps la à trois heures. position fatigante de son avant-bras et de son index. Le tintement d'une grosse c)oche, agitée à longs D'après mes informations, il paraîtrait qu'une sorte intervalles par un bedeau, annonce l'arrivée du cortège. de bretelle dûment ajustée sous la robe noire maintient et soutient l'avant-bras dans la position voulue. Un groupe de .trois pénitents noirs ouvre la jadis, m'a-t-on dit, le .§'K~):c cenres était toujours un marche l'un d'eux porte péniblement une croix de paroissien fervent qui, soit par mortification, soit à la trois mètres environ de hauteur; ses acolytes tiennent suite d'un vœu, remplissait cette fonction sinistre un cordon descendant de chacun des bras de cette croix aujourd'hui, c'est un simple figurant salarié. monumentale, qui pourrait supporter un crucifié de ` grandeur naturelle. Tous les emblèmes de la Passion 11 est suivi par un groupe de quatre femmes figurent sur cette reproduction du divin gibet le marportant sur leurs épaules une vierge de grandeur nateau, les clous, les tenailles, l'éponge, qui fut imbibée turelle. Ce n'est pas une statue, mais un mannequin de fiel, la couronne d'épines, la lance qui perça le habillé de vêtements de deuil, avec long voile noir


les mains tiennent le linge dont Véronique essuya la face du Christ. L'expression de la figure de la Madone n'a rien de douloureux et conviendrait mieux à une Vierge à la c/MMf qu'à une A/<~e/' rejeté en arrière

do/O/'OM.

Après la Mère du Christ, voici encore un pénitent solitaire qui tient dans ses mains une tête de mort sur laquelle ses yeux restent fixés et qui semble, comme son collègue le Gx~ne cenres, s'abîmer dans sa lugubre contemplation. Un groupe de fillettes le suit de près. Vêtues de deuil, enveloppées de la tête aux pieds d'un grand voile de gaze noire, elles s'avancent, lentes et recueillies, en double file, observant toutes la même attitude, la tête penchée vers un Christ qu'elles portent chacune sur leurs bras, à la façon dont une mère tient son enfant endormi. Pour tout ornement, elles ont sur la tête une légère couronne de verdure vaporeuse, fine et ténue comme un nuage, et passent, naïve théorie, en adoration muette devant leur divin Rédempteur. Ce groupe délicieux de sentiment et de simplicité fournirait à un peintre un motif ému et absolument neuf. Après les « Petites Adoratrices voici Jésus couronné d'épines et chargé de sa croix. Quatre hommes portent ce second « mystère n, qui consiste, comme celui de la Vierge, en un mannequin habillé. La face du Sauveur est austère et émaciée comme celle de tous les christs de l'école espagnole il est drapé d'une longue robe brune, serrée à la taille par une corde, à la manière des Franciscains. Et puis, voici encore des croix presque aussi grandes que celle qui ouvre le cortège les unes nues et à peines dégrossies, comme l'antique instrument de supplice; les autres voilées d'un crêpe noir ou d'un linceul blanc et des congrégations de femmes en capuche noir égrenant de volumineux chapelets et des confréries d'hommes, nu-tête, tenant à la main des flambeaux fumeux. Enfin le Christ en croix apparaît, torturé, douloureux, pantelant, tel qu'on le voit sur tous les crucifix d'Espagne. Deux gars solides se relayent pour le transport de cet emblème, et sur lui de grandes torches projettent leurs rougeàtres lueurs en dégageant leurs spirales de fumée noirâtre. Le clergé vient à la suite, en chape noire, psalmodiant sur un rythme grave les prières de circonstance, suivi de la foule des fidèles qui s'achemine, compacte, à travers les rues ensoleillées. Cette procession, d'un caractère primitif si intense, est fort curieuse. Naguère, pourtant, il y a quatre ou cinq ans, elle a été plus typique encore. Elle comprenait en effet, deux « mystères x de plus Jésus ~K jardin des Oliviers et la Flagellation. Le premier sujet représentait Jésus défaillant et anéanti devant les iniquités du monde. Dans le second, on voyait le Christ entre les mains de ses bourreaux armés de fouets et de verges. L'artiste local qui avait conçu et exécuté ce groupe avait bien pu camper et affubler ses personnages, mais comme il avait éprouvé de grandes difficultés dans l'exécution de leurs physionomies, il n'avait rien trouvé de mieux que de leur appliquer de ces grossiers masques en carton qui se

vendent dans les campagnes dix ou quinze centimes, à l'époque du carnaval. L'effet produit fut ce qu'on devine les deux « mystères furent retirés de la circulation. Le premier est encore, paraît-il, chez son propriétaire, où l'on me proposa d'aller le voir; quant au second, son auteur, froissé de l'accueil que ses compatriotesavaletti. fait à son oeuvre, prit une trique et mit littéralement en pièces et le Christ et ses bourC. R.

reaux.

La Mission

Bretonnet au moyen Niger

(1896-1897-1898) LnA Société de Géographie commerciale a reçu, dans

sa séance générale du mois de mars, M. le lieutenant de vaisseau Bretonnet, récemment rentré du haut Dahomey, où il a rempli avec le plus g'rand succès une très importante mission, qui a contribué à affirmer notre prise de possession sur de vastes territoires de la boucle du Niger. Les applaudissements d'une assemblée nombreuse n'ont pas manqué au jeune officier, qui a raconté dans une langue sobre et discrète les principaux incidents de sa mission. Grâce à notre B/H des e.v~onï/OH~ en eoK/ nos lecteurs ont été tenus sommairement au courant de l'oeuvre accomplie par M. Bretonnet. II convient cependant de la retracer plus longuement. Lorsqu'en 1894, après la brillante et décisive campagne du général Dodds, l'autorité militaire remit le Dahomey au gouverneur civil, cette colonie n'était qu'une sorte de long couloir de 25 kilomètres de large remontant jusqu'au 9° parattète'. Au delà, le pays pouvait être pris soit par les Anglais du Lagos, soit par les Allemands du Togoland; donc, tous les sacrifices faits pour les campagnes contre Behanzin risquaient d'aboutir à ne nous donner qu'une possession minuscule, dont l'arrière-pays convoité par nos rivaux serait infailliblement tombé entre leurs mains si nous étions demeurés inactifs. A la fin de 1896, le gouvernement français décida la reprise de notre expansion dans l'hinterland du Dahomey, afin de ne pas compromettre les résultats que nous avaient acquis les missions Decceur, Albv, Baud et Toutée. En même temps qu'il envoyait tes capitaines Baud et Vermeersch préserver nos droits menacés par les Allemands du côté du Togoland, M. Ballot, le très intelligent et très actif gouverneur du Dahomey, confiait à M. Bretonnet, l'ancien second de Mizon dans l'Adamaoua, la mission d'aller établir un poste français sur le Niger même, au point le plus en aval du cours libre du fleuve. M. Bretonnet, accompagné de MAL Carron et Carrérot, inspecteurs de la milice indigène, et de i. Voir la carte insérée dans le numéro du

t897, p. 2i3.

3

juillet


M. de Bernis, maréchal des logis de chasseurs, quitta le haut Dahomey le 28 décembre 1896 pour remonter au Nord. II établit des postes de distance en distance auprès des différents chefs, eut à subir vive attaque le janvier, à Gounarou, et, leune assez du même mois, il arriva sur le Niger, à Ilo, ville20de 10000 à 12 ooo habitants, dans )aque)ieit il fut fort bien accueilli, grâce au prestige dont jouit la France dans gions, depuis les succès du général Dodds. ces réEt peu après il descemtait le neuve. Le 5 février 1897, la mission entrait Boussa, à dont le roi, heureux de la venue des Français, s'empressa d'offrir à M. Bretonnet un terrain pour y construire un poste. C'était pour la mission un succès presque inespéré, succès qui ne fut pas vu d'un très bon oe.I par la Compagnie royale du Niger; mais comme toutes les choses s'étaient passées, de coté, avec une correction absolue, force fut la notre à Compagnie royale de s'incliner devant le fait accompli Et M. Bretonnet, installé à demeure à Boussa, fut bientôt nommé résident de France au moyen Niger. Le vaillant officier n'était pourtant pas au bout de sa tàche. Un compétiteurdu roi de Boussa, le prince Cora, soudoyant contre nous et nos alliés tous les gens de Ouaoua et du Borgou, mit le pays en rébellion. Pendant plusieurs mois, les nôtres à livrer des engagements souvent meurtriers, eurent à Ouaoua à Rand), à Rakodji, où le prince Cora fut tué, à More où l'inspecteur Carrérot succomba de ia blessure d'une flèche empoisonnée. Ce ne fut que le 14 septembre 1897, à Barou, qu'un dernier combat mit définitivement la terme à un rébellion et que les derniers insurgés firent leur soumission.

i

Ainsi, pendant près de sept mois, il avait fallu lutter sans cesse, et dans quelles conditions Deux mille ennemis étaient cachés derrière les murs de Ouaoua. Avec cent hommes enlevés de Bernis Bretonnet prenait d'assaut la ville par en deux heures; mais, quand on se compta, après l'action, quinze de nos tirailleurs étaient gisants dans le fossé. A More où Carrérot fut tué, il y avait quinze cents Baribas derrière des palanques de bois; Bretonnet avait quarante-trois tirailleurs pour les battre. Et il les battit. Mais tant de vaillance, on l'a vu, porta ses fruits, puisque les rebelles, de guerre lasse, abandonnèrent la partie. Aussi, quand Bretonnet quitta le haut Dahomey au mois de janvier dernier, en laissant, comme résident à Boussa, M. Carron, et comme résident à Ho M. de Bernis, les courriers circulaient sans armes dans tout le pays situé entre le ge parallèle et le Niger, enfin une ligne de postes allait de Say Boussa à et de Boussa à Carnotville, empêchant les Anglais de poursuivre leur pénétration vers le Nord. Malheureusement, tous nos progrès en expansion coloniale ne vont point sans victimes! Après Carrérot, mort, comme on vient de le voir, champ d'honneur, voici qu'un télégramme récent au a annoncé en France la fin tragique du maréchal des logis de Bernis, tué à Ilo les territoires nouveaux si brillam-

1. Dans la séance du 22 mars dernier à la Chambre des lords, il a cependant encore question d'une protestation du gouvernement anglaisété contre l'occupation de Boussa par la France.

ment conquis à la France sont, hétas

arrosés du sang

des méilleurs de ses enfants. La mission Bretonnet a donc eu ce résultat très important de nous donner des droits intangibles et indiscutables sur toute la zone comprise entre le Dahomey et le Niger, au delà du 9° parallèle, là où se termine l'hinterlanddu Lag'os. Elle a en partie corrigé l'erreur qu'une défaillance, ou tout au moins une inadvertance de notre diplomatie, avait inscrite dans la convention anglo-française de 1890. C'est au prix des plus grands efforts et avec de bien faibtes moyens que ces résultats ont été obtenus il n'en rejaillit que plus d'honneur sur l'officier distingué qui mena à bien la tache qu'on lui avait confiée.

Eugène Guénin.

Les 7/o;)f;M d'action C~)'e;t'f)- de la Salle, avec préface de GABRIEL BoxvALOT. Aux bureaux du comité Dupleix, 26, rue de Grammont, ou chez Challamel, rue Jacob. Prix

o fr. 5o.

socs le titre gênerai

de les 7/r)mm~ d'action M. Gabriel Bonvalot, qui est lui-mème beaucoup plus qu'un homme d'action, qui est l'action faite homme, vient d'inaugurer une série de petits livres à bon marché, dans lesquels il compte retracer ou faire retracer par des collaborateursla vie des Français qui travaillèrent avec ardeur à la prospérité et à la gloire de la France. Bien entendu, ce n'est pas seulement pour donner a ses compatriotes de simples renseignements historiques, ou pour leur rappeler des noms peu ou mal connus, que A). Gabriel Bonvalot s'est mis en tête de composer une suite de telles brochures. Ce que veut cet infatigable apôtre de l'expansion française, c'est que la vie des hommes d'action, qui jadis contribuèrent à répttn. dre au loin t'innuence de notre pays, serve d'exemple et suscite

des vocations parmi nous. Le récit des aventures de Cavelier de la Salle au Canada commence cette utile publication, que M. Bonvalot a placée sous le patronage du Comité Dupleix fondé en ces dernières années précisément pour essayer de rendre aux Français le goût de l'action. Et c'est bien rendre qu'il faut dire, car à toutes les époques de l'histoire, c'est par nombres qu'on a pu compter ceux des nôtres qui firent preuve d'initiative, d'audace et de clairvoyance en cherchant à accroître la p rospérité de la France. Ces qualités de notre race n'ont pas disparu. Elles sont seulement atrophiées par une détestable éducation et de singulières habitudes. Les petits livres du Comité Dupleix proclameront cette vérité par d'authentiques exemples.. Que ce soit, comme le dit AI. Bonvalot dans sa préface, Cavelier de la Salle découvrant le Mississipi, Montcatm succombant sous le nombre, Dupleix martyrisé, Mar-' ceau fauché dans sa jeunesse, Champlain, Colbert, Montgotfier et, plus prés de nous, Pelissier, Séguin, Caillé, Faidherbe, peu importe! Tout ce qui se fait pour entretenir la vie, accroître la gloire ou la puissance de la France, tout cela est bien..

Tous les bons Français aideront au succès de ces utiles brochures, qui sont accessibles aux plus modestes bourses et qui, néanmoins, sont fort soignées et même élégantes d'aspect. Le D' Vtaud Grand-Marais, professeur

Nantes.

GMtde du vora~w à l'ile éditeur, petit in )8.

à l'Ecole de médecine de

d'i~K. Nantes, Guisthau,

t 'AUTEL'R de ce petit livre ne s'est pas

borné à écrire une simple ite peu fréquentée et qui pourtant mériterait de l'être davantage, tant elle est curieuse et pittoresque il donné sur les habitants de l'ile, les Mf!M, d'intéressants détailsa ethnographiques et indiqué, par l'étude des monuments mégalithiques, quel était le passé de cette petite terre qui, si elle tient géographiquementà la côte vendéenne, se rattache apparplutôt historiquementau littoral breton. Les touristes et les baigneurs qui visitent nos côtes de j'Océan trouveront plaisir et profit à lire la notice de M. le

description d'une

D'Viaud Grand-Marais,à qui l'on doit déjà une très agréable description de l'ile de Noirmoutier.


PE~E~.MAW.S .WTTV/B/~WGE.Y, y/LYr/A~

jS<

La Traversée de

Bornéo par une Expédition hollandaise

en 1896

~lr<<C~dKdO<Mt'XlEt;WE'<m'!S.

expédition hollandaise avait déjà tenté, en 1804, de rLJ~NE traverser grande île de Pontianak à Koetei elle la

avait échoué. Le docteur Nieuwenhuis, qui s'était acquis comme médecin la reconnaissance et la confiance des indigènes, put enfin pénétrer sans être inquiété dans )a région intérieure encore inconnue de Bornéo, à travers des populations sauvages qu'avait encore exaspérées la disette du riz. Parti de Poetœs-Sibaru, sur la côte occidentale, le 3 juillet !&/). il remonta en bateau le fleuve Kapoeas et deux de ses affluents. Puis, mettant pied à terre, il passa, en un trajet qui demanda quelques jours, dans le bassin du haut Mahakam, le principal fleuve de la partie orientale de l'ile. Là, il se rembarqua et descendit le fleuve jusqu'à son confluent avec le Tjehan, où est située la capitale de la tribu des Pnihing Dayaks. Je trouvai là, nous dit-il, une peuplade bien disposée à mon égard, et qui me lit un bon accueil. Le chef, l'illustre Bëiarë (Lc)air). me reçut sur l'escalier de sa demeure et me conduisit luimême, pour montrer la considération qu'il avait pour moi, jusqu'à

tacabaneouilm'offraitl'hospitalite. Le docteur comptait faire un long séjour pour étudier le pays et les mœurs, les croyances, le caractère des indigènes~ Mais la famine qui sévissait dans toute cette partie de l'île le força à se rembarquer sur le Mahakam, qu'il continua à descendre. A partir du confluent du Tjehan, le fleuve, qui avait traversé jusque-là des terrains sablonneux, entra dans une région de montagnes calcaires, qui descendent brusquement dans la rivière en formant des gorges formidables. Au bout de trois heures de navigation, en passant quelques rapides peu dangereux, le docteur rentra dans les terrains sablonneux et atteignit la résidence de KwingIrang, chef de la tribu des Kayans. Il demeura assez longtemps à enrichir ses collections et à explorer la contrée. Au moyen de poignées de riz qu'il avait pu se procurer, il obtint des indigènes, qui souffraient de la faim, tout ce qu'il voulut en fait de curiosités et de renseignements. Les indigènes, sur le haut Mahakam, ne dépassent pas le chiffre de 6~00 âmes. Ils se divisent en diverses peuplades

les Sepoetans, les Pnihings, les Kayans, les Longglats. Ces derniers ont exercé jusqu'au commencementdu siècle une

véritable hégémonie sur leurs voisins. Ses collections emballées dans trente-trois caisses, le docteur continua à descendre le fleuve jusqu'à son embouchure, aSamarinda. Son voyage avait donc bien réussi. r.E~/M.VD~LWGE.V DER GESEZ.SC/MF7-

FUR E~D/fL'A'D~.

La Haute Albanie Par

/c doc<o<r K. HASSERT.

/~]!T article, du plus haut intérêt, mériterait une analyse développée que la nôtre. L'auteur, déjà connu par une description du Monténégro, a fait un long séjour

plus

Skutari, d'où il a rayonné dans toute la contrée. Nous ne pouvons le suivre dans toutes ses excursions, où il a couru de graves dangers, et qu'il raconte d'une manière très détaillée. Nous nous contenterons de détacher quelques descriptions, et d'abord dans la capitale de l'Albanie, à

celle de Skutari La ville est dominée par un château imposant qui semble planer sur toute la contrée. La plaine qui entoure la ville est bornée par des montagnes formidables et semble enchâsser

commeuneemeraude,unlacna\'igable,trespoissonneux.Les

rues de Skutari sont étroites, fates et bordées de maisons il régulières. Bref, c'est une ville turque. Les peuplades montagnardes de l'intérieur du pays fournissent des contingents au sultan en cas de guerre; en dehors de cela, leur indépendance est complète; elles ne souffrent chez elles la présence d'aucun'Turc, fonctionnaire ou autre. D'après l'auteur de l'article, rien n'est plus périlleux qu'un voyage en Albanie Tandis que le Monténégro est ouvert aux étrangers, qui sont partout accueillis sans exciter de défiance, l'Albanie est fermée d'abord par les lignes douanières turques, qui prennent à tàche de rebuter tes voyageurs par mille mesures vexatoires, et surtout par la véritable barbarie des populations indigènes, chez lesquelles sévit encore la une vendetta plus meurtrière entiers villages se liguent les uns contre qu'en Corse, puisque des les autres et qu'on s'extermine par milliers sans parler du brigandage, qui, avec la vendetta, est la seule occupation que les hommes jugent digne d'eux, ils laissent aux femmes, plus méprisées que des bêtes de somme, les travaux pénibles de l'agriculture et de l'élève des bestiaux. D'ailleurs, ils n'oseraient guère s'aventurer en rase campagne, vu que tout Albanais a des ennemis qui ont une vengeance à exercer sur lui, comme il a la sienne à satisfaire. Quand un meurtre a été commis, tous les parents, amis, voisins, et même pays du meurtrier doivent se solidariser avec lui, et paient pour lui, à l'occasion, au prix de leur vie, tous, un crime dont ils sont innocents. Si tous n'ont pas d'habits, chétives plus maisons les leurs des et armes; en revanche, ont sont retranchées comme des forteresses, avec des meurtrières pour fenêtres. Les Albanais ne sont pas tous mahométans, il s'en faut; et même, assure le docteur Hassert, beaucoup de ceux qui se sont convertis à l'islamisme restent en secret catholiques. Mais ce christianisme secret ou avoué consiste en une série de pratiques plus paiennes qu'évangéliques, où l'amour de Dieu et du prochain n'a aucune part. Ainsi le voyageur nous raconte l'histoire d'un jeune homme qui demandait a Dieu de guider son bras pour tuer son oncle, et, le crime accompli, le remerciait d'avoir exaucé sa prière. Le clergé pourrait peut-être, peu à peu, adoucir ces mœurs sauvages, s'il n'avait d'autres soucis en tête. La

t'ta,

plupart des prêtres sont de véritables agents politiques autrichiens, qui travaillent pour le compte de l'empereur François-Joseph, dont le portrait orne leurs presbytères à la place de celui du Sultan.'Aussi,l'influence de l'Autriche grandit-elle.dans ce pays; elle est contrecarrée, il est vrai, par celle du Monténégro et de la Bulgarie, qui s'efforcent de gagner l'Albanie au panslavisme, plutôt que par celle de l'Italie. Cette dernière puissance a bien ouvert quelques écoles et créé quelques consulats à Skutari, à Prizrend, etc. Mais c'est bien peu de chose. Et cependant, l'Italie a un intérêt majeur à ne pas permettre que toute la rive orientale de l'Adriatique devienne autrichienne.

/LLr.s7'7~rE ZE/rr.YG.

Aux Sources du Xingu docteur Hermann %Ieyer, de Leipsick, a fait en i8c6 un LE L voyage d'exploration dans le bassin du haut Xingu, où

découvert des tribus indiennes presque inconnues des géographes, et qui mènent une vie idyllique au milieu des forets du Brésil. Ces indigènes n'avaient jamais vu le visage d'un blanc, ils ne soupçonnaient même pas l'existence d'une rBce différente de la leur. Leurs mœurs sont douces; leurs instruments sont des plus primitifs: ils ignorent même l'usage du fer. Le docteur Meyer est parti en mai )8</< de Cuyaba (dans la province de Matto-Grosso'. Après avoir franchi le haut plateau au Nord de cette ville, il s'embarqua sur le rio Jatoba, une des branches du Xingu. Après un trajet très pénible et après avoir visité une dizaine de tribus indiennes, il rentra a Cuyaba en décembre 1806. Trois mois après, il revenait en Allemagne avec de riches collections recueillies dans son voyage.

il a


Les Positions navales de

la Mer

Jaune

Taï-Lien-Wan et Port-Arthur

t'c!

La C/n'e r)'eH< de céder à bail à la Russie, et pour ~H~, les ports de 7~i-LteH-I~!7! et de Port~4r</)Mr. OM lira donc avec <H~e/'e< l'article que veut ~et: M0!<s do?!7:e/' Villetard de .Log'Kene, ~!< nos lecteur-s le MfeH~ déjà, a visité ~'jE.v<reme-0~en< lors de la guerre ~'HO-OHaMe. mer Jaune est à la fois un enfoncement très propice aux embuscades sur la grande route océanique d'Europe et d'Amérique en Extrême-Orient et la seule voie de ravitaillement de Pékin. De ce chef, l'état in-

LnA

pour l'épargne, comme du reste tous les peuples jaunes, et leur insouciance du lendemain, les Chinois, qui pendant l'été mang'ent au jour le jour tout leur riz

quotidien, sont, à

l'approche

de la froidure, contraints d'imiter la fourmi plutôt que la cig'ale.

térieur de la Chine

lui donne une importance exception-

Mais leurs

nelle.

provisions sont calculées si exacte-

Un antago-

ment, qu'au moment où, de temps

nisme irrémédiable divise, en effet, la

population pure-

immémorial, la débacte ouvre le PeïHo aux jonques, tout a été entièrement consommé. Alors, si la prolon-

ment chinoise des vallées du HoangHo, du Yang-Tsé-

Kiang Kiang,

et du Siqui com-

prend les neuf dixièmes des sujets

g'ationdct'hiver,ou

quelque autre cause, du Fils du Ciel, et PORT-ARTHUR, ENTREE DU PORT ET DU GRAND BASS)NAI'LOT. empêchait d'arriver )esTartares-MandPAo<o~-f!f'dcA/.r</yt'<ardde/.a~<'r;c. les flottes du Sud, choux qui l'ont asdont le départ et la servie au commencement du xvu" siècle, et sont restés traversée de la mer Jaune ont été exactement calculés groupés dans la Chine septentrionale, autour de la pour qu'elles arrivent à Tien-Tsin le jour même du dynastie des Ts/H, établie à Pékin. dégel, Pékin serait affamé. Pour parer d'avance à ce danger, le Fils du Ciel Or les maigres et froides terres de la Mandchourie, qui ne produisent pas de riz, ne peuvent sufet ses ministres ont prescrit la construction de greniers d'abondance. Mais, au pays des mandarins, tout est fire à l'approvisionnement de cette ville énorme. H lui occasion de péculat, et il n'est porteur de bouton qui faut avoir recours aux Terres Jaunes du Centre et du Sud, et cette dépendance économique entretient dans ne prélève sa scomM sur les services publics dont il la population des sentiments particularistes et hostiles est chargé. Les magasins furent construits, parce qu'il y aux Mandchoux. II est un moment de i'année, même, où Pékin est littéralement à la merci de Canton, Amoy, avait un pot-de-vin à tirer de cette affaire. Le riz fut Swatow, Changhaï et autres ports du Sud, expéditeurs acheté pour le même motif. Mais il entra par une de riz. Du mois de décembre au commencement de porte dans les greniers et ressortit immédiatement par l'autre, revendu à des spéculateurs. Et depuis, le mars, les rivages des golfes de Petchili et de LiaoToung sont gelés. Malgré le peu de goût qu'ils ont crédit affecté à cette institution si nécessaire a été inA

TRAVERS LE MONDE.

t5" LIV.

N« ;5.

9 avril )8Q8.


variablement dérivé dans tes coffres profonds de ceux qui étaient préposés à son fonctionnement. Le risque de la famine subsiste donc tout entier, avec les conséquences terribles qu'il entraînerait aussitôt dans une ville comme Pékin. Sa population bigarrée, travaillée par une fourmilière de sociétés secrètes, saisirait, sans aucun doutu. a\ ce empressement cette occasion excellente de satisfaire ses haines politiques, en renversant la dynastie des 7'?:. L'empereur actuel, Kouang-Hsou, est, en effet, considéré comme un usurpateur. Un des censeurs s'est tué, pour signaler le sacrilège commis par son élévation au trône. Les mandarins du Conseil des Rites n'inscriront pas plus son nom sur les tablettes impériales qu'ils ne te font fig'urer sur

l'histoire sacrée qu'ils tiennent à

jour. La possession de la mer Jaune est donc aussi indispensable à Sa Majesté Kouang-Hsou et à la Chine officielle

quet'oxygèneànos poumons. En frappant là, l'agresseur a le double avantage de porter un coup décisif, sans que la grande masse chinoise en sente la douleur. L'amiral Cour-

découvre, en certains endroits, sur plus d'une lieue de long. La partie Sud-Ouest, diteKouang-Tong ou Hpee du-Régent, au contraire, est un pàté de rochers où la muraille presque droite n'est interrompue que par deux enfoncements, le Taï-Lien-Wan 'Wan-Baie) et Lo-Youn-Kao. Quant au Chan-Toung, sa face orientale est creusée d'une série de baies, dont les principales sont le Kiao-Tcheou-Wan. le Lii-Tao-Wan, le Yen-TchingWan (au pied Xord du cap Chantong), où débarqua l'armée japonaise qui prit We'i-Haï-Wei, en janvier 1895. Sa face Sud forme d'abord une large plage vas'est perdue seuse, où la canonnière allemande corps et biens en i8c)5, puis un large enfoncement

barre,

en

avant nrt

de Wei-Hai-Weï, par l'ile de Liou-

Koung-, entre les deux presqu'îles ac-

cores des TroisPointes et du cap Cod.

ÏAi-L]E\VAX.

–LeTai-Lien-Wan est situé à peu près exactement à l'intersection du méridien 119° 3o'Hst de

Paris, et du 89° parallèle Nord.!) s'ouvre dans une largeur de plus de io kilomètres entre deux épis rocheux, dont l'un est le der-

nier du Liao-Toung, l'autre le premier de montré.Les Chinois, l'Epée du Rég'ent. PORT-ARTHUR, LE CUIRASSÉ CHINOIS CHEX-YUEN AU BASSIN DE RADOUB. sous l'inspirationde Entre les deux, presPhotographie de V;c~)\< de ~a~fertc. Li-Uung'-Chang,mique à eg'ate distance rent à profit cette de l'un et de l'autre, s'élèvent deux hauts rochers qui leçon, qui ne leur était cependant pas destinée. plongent dans l'eau sans marge littorale utilisable La mer Jaune est nettement partagée en deux au Nord San Chan-Tao et au Sud, San Chan-Tao. Le bassins. Le bassin occidental, véritable antichambre de bassin qu'ils barrent a plus de -).oo kil. carrés. Pékin, nommé dans sa partie Nord-Est, golfe du LiaoA droite et à gauche, les croupes monstrueuses, Toung, dans sa partie Sud-Ouest, golfe du Petchili, complètement déboisées, s'éloignent et se perdent est un cul-de-sac, absolument subordonné au bassin dans l'imprécision des lignes de ce paysage panora-. oriental. Son littoral, à peu près uniformément plat, mique. A l'horizon Nord-Ouest,où la mer finit sur une ne présente que deux positions importantes le port plage toute plate, l'isthme de l'Epée du Régent séde Niou-Tchouang-,à l'embouchuredu Sira-Mouren ou Liao-Yang et Takou, à l'embouchure du Peï-Ho. On y pare les deux bandes brillantes des derniers flots du Taï-Lien-Wan et de la baie de la Société. a construit des forts pour barrer les routes de Moukden et de Pékin l'une, la ville sainte, où sont les Quelques taches claires y dénoncent des maitombeaux de la dynastie tartare, l'autre, la capitale de sons, des bouquets de mûriers; au loin la ville de l'Empire. Mais ces forts n'étaient qu'un en-cas désesChin-Choou, entourée des silhouettes vaporeuses de péré la partie décisive aurait été déjà perdue au moces arbres au bois argenté, semble un banc de fumée ment où ils auraient été appelés à jouer un rôle. efntoché par le vent. La haute cambrure harmonieusement découpée de la montagne du Honze (i5oo m.), Le bassin oriental est entouré par les trois dont les croupes largement modelées s'échafaudent presqu'îles de la Corée, de Liao-Toung et du Chanau-dessus de la cité, achève d'imprimer à ce paysage Toung. Sur la masse coréenne se trouvent les deux désolé, qu'un vent éternel dore d'une impalpable estuaires du la-Tong- et de la rivière de Pyng'-Yang'.où poussière blonde, un caractère inoubliable de tristesse la mer est assez profonde pour recevoir de grands grandiose. navires. La partie Nord-Est de la presqu'île du LiaoDeux presqu'iles rocheuses, a contours denteToung finit dans la mer par des plages que le renux bct l'avait vu et dé-


qui gouverne droit sur la terre va briser le navire sur tes rochers, et c'est seulement à quelques encâbtures que l'on distingue les trois détroits par lesquels on peut entrer dans le Taï-Lien-Wan.

t'ORTCETA'f'HEN-WAN.

PAo<o~'a/tM de

AI. ~V~<a;\< de

~a~xo'/f.

lés, séparent, l'une la baie de la Jonque de la baie Victoria, l'autre la baie Victoria de Sokotao-Wan. La première, dite Hoshang, portait le village de Taï-Lien, et un établissement militaire comprenant des magasins de vivres, de munitions et de rechanges pour la marine, un dépôt de torpilles et une école de torpilleurs. Pour défendre ces richesses, Li-Hung-Chang avait fait bâtir, sur les trois gros caps rocheux de .Ilochang, trois forts dits fort de gauche, fort de droite et fort du centre, casematés, mais sans coupoles, armés chacun de deux krupps de 0,21 et de o,i5, montés, dans des tourelles de maçonnerie, sur atrûts munis d'un rail circulaire qui permettait le tir dans toutes les directions; ces pièces étaient approvisionnées de poudre chocolat, d'obus d'acier et de fonte, à raison de trois cents coups par pièce. Sur la presqu'île de Sokotao, de l'autre côté de la baie Victoria, pour battre l'angle mort des ouvrages précédents, avait été construit un fort composé de trois ouvrages en maçonnerie reliés par un mur crénelé pour la mousqueterie, armés de canons du Creusot, qui n'étaient pas tous en place quand les Japonais s'en emparèrent le 7 novembre i8ç~. La baie de Sokotao n'était pas défendue. Par contre, pour battre la baie de la Jonque et empêcher une attaque de flanc contre Hochang, sur l'épi rocheux qui limite le golfe au Nord-Est,un fort, armé comme ceux de la presqu'île centrale, avait été bâtiàYokosan. Aucun cours d'eau ne débouche dans te Taï-Lien-Wan; aucun lac ou étang n'existe sur ses rives il a fallu creuser des puits pour assurer l'approvisionnement d'eau. H n'y avait là ni cales sèches pour la réparation des navires, ni usines, ni chantiers. C'était tout simplement une sorte de port de refuge ménagé par la nature et dont tes Chinois avaient essayé de tirer le meilleur parti.

Lou-Youn-Kao est encore mieux caché. Trois heures après avoir quitté Taï-Lien-Wan, on découvre tout à coup, sur la falaise qui borde immédiatement la mer, un grand cube de pierre au sommet dentelé par les intervattcs des embrasures; un instant après, une seconde silhouette, toute semblable, apparaît sur un second éperon, puis une autre, puis une autre encore, au pied de laquelle la terre paraît finir. Tout à coup, le bateau vire de bord et met le cap droit sur la falaise. On approche rapidement, et alors une ligne foncée qui semblait, sur la roche jaune, une veine de pierre noire, s'élargit en une passe. Le navire y pénètre et, quelques minutes après, défile dans le goulet de Port-Arthur,large d'un hectomètre, tourne à droite et bientôt vient mouiller entre deux quais de pierre, dans un bassin à ftot. Dès que nous avons mis pied à terre, nous gravissons un sentier en lacets qui monte à l'un des forts dominant la passe. En tournant )e dos à la pleine mer, nous avons à droite le fort de Mou-Choo, sous nos pieds le fort de Houangtdn ou Hon-Gou-San, et à main gauche, de l'autre côté du goulet, le phare et le sémaphore, les sept forts et redoutes de Wei-Yuen, et, sur la pointe même que t'Lpée du Régent plonge dans le Liao-Ti-Chan, )c fort de Lao-Te. Devant nous se développe, en forme de moitié d'cttipsc une ligne immense de hauteurs, dont le point le plus étoig'né est distant de quatre kilomètres environ à vol d'oiseau, et qui peut mesurer huit kilomètres entre ses deux points d'appui, Mou-Choo et Liao-Te, C'est le front de terre du camp retranché de PortArthur. Au loin, voici un ouvrage, Etse ou Eishao (en japonais Isouzan), placé sur un haut éperon commandant toute la grande plaine il portait quatre krupps deo,i5 et deux de 0,12. Mais il n'avait ni casemates ni murs de pierre, et n'offrait que des talus de terre et des plates-formes de poutres posées à

LOL'-YOL'X-KAO.–PORT-ARTHL-R.

Les deux îles San-Chan-Tao ne se détachent pas de loin sur la haute muraille continue et lisse qui forme la côte de t'Epue du Régent. En venant du Japon, on peut croire que le pilote

P~UE~R~AU~~BE~P~C~~G~ J~o~o~-ft/t'e

de

.11. Vf~eiard

je Laguérie.


même le

sol. De simples trous recouverts de planches

recélaient tes munitions. Aucun abri pour les défenseurs. Une lunette de même façon défendait un vallon ouvert sur son flanc occidental et qui aurait permis de le tourner. Au delà jusqu'au Liao-Te, aucune défense n'avait été préparée. De notre observatoire, nous pouvons distinguer un commencement de canal, que les Chinois avaient cntreptis de creuser pour assurer une deuxième issue à leur flotte. A l'Est, les ingénieurs, utilisant les saillants et les rentrants de la courbe montueuse, avaient construit le groupe de Soung-Chao ou de Bois de Pins, ainsi nommé d'un monticule couvert de ces arbres qui fait un

écran sombre à la masse principale de la ville. Le groupe

comportait trois

forts

:Ng'antse sur un piton de t28 m.,

pendant d'Kisihao, armé de deux krupps de 0,20 et qui sauta le jour de l'assaut japonais; Ouang'taï,

dont nous avons parlé. Pauvre ville, peu commerçante, dont les 8 ooo habitants vivaient uniquement de

l'arsenal. Au pied de cette butte et prolongeant la lag'une, s'étend le bassin à flot, large de 200 mètres, long d'un idtomètre, bordé de quais de pierre très larges, pavés, pourvus de bouches d'eau douce pour le ravitaillementdes navires, éclairés par des lampes électriques et parcourus par un chemin de fer Decauville. Sur le côté de la ville, une cale sèche longue de foc) mètres au fond du bassin, une autre cale sèche, longue de 40. Toutes deux étaient pourvues de pompes à vapeur pour

épuiser l'eau. Elles étaient remplies par

deux canaux munis de vannes à crémaillère qui les reliaient à un vaste étang situé au fond de la vallée.

Sur les quais, une immense grue à

vapeur, d'une force de 5o tonnes, une

deuxdemontag'ne

fonderie de bronze et de fer, une forge, une corderie, des magasins de rechange et de matériel, et au pied de HouanKin, d'immenses dé-

et un à tir rapide.

pôts de charbon de

comptant un krupp

de o, 12, un deo,oçet

deux de montagne; Soungshao, armé d'un krupp de 0,09,

Ces

trois forts

étaient indépendants l'un de l'au-

tre, et Ngantse seul

Cardiff c

empiétaient l'outillage de

cet arsenal. Un

mur continu l'enveavait des murs de loppait. pierre, sans caseLe goulet était mates ni plates-forséparé de la lagune mes solides. des jonques par une langue de sable dite Sur un second Lao-Hao ou Queue saillant avaient été de Tigre, couverte é)evés les six forts d'une ligne de batdits0urioung'(!es teries rasantes acdeux dragons), reCARTE D'ENSEMBLE DE LA MER JAUNE. cotées à un grand Hésparunmurde pierre crénelée, sans abri, sans plates-formes sérieuses, fort carré en terre, armé de cinq krupps de 0,21. armés de douze canons à tir rapide, de quatre canons Trois petits wharfs de fer avaient été disposés de o,!2 et de neuf krupps de 0,09. l'un au pied du ~coM, à l'embouchure de la rivière; Au milieu de la surface ainsi défendue s'élèvent l'autre au pied d'une des lunettes de Houan-Kin, pour deux buttes coniques, séparées l'une de l'autre par la desservir les parcs à charbon l'autre à l'extrémité de rivière qui de la grande plaine vient finir dans le port. la Queue de Tigre. Elle détache, en avant de la ville, un bras vers l'Ouest résumé, dix forts, ou plutôt dix redoutes, réEn ainsi la l'Ouest, l'hôpital butte de qui porte et entoure parties en trois groupes, défendaient du côté de la miiitaire, un gros faubourg pauvre, dont lcs Japonais terre les approches de Port-Arthur et trois puissants massacrèrent presque toute la population, et finit juste forts, armés d'une artillerie formidable, en défendaient face du goulet éperon qui repère porte un en par un l'accès du côté de la mer. D'un pauvre havre de péou ~jc'OM pour les navires venant du large. A son pied cheurs, les ingénieurs avaient fait en quelques années s'étale une lagune sans profondeur, ensablée par les le plus puissant établissement naval de l'Extrêmedeux bras de la rivière, où ne peuvent ancrer que les Orient en dehors du Japon. Les Russes en vont hériter. jonques, et à travers laquelle on projetait de creuser (.t .SMWPj un chenal pour relier le bassin à flot à la baie du PiR. ViLLETARD DE LAGUÉR1Ë. geon après l'achèvement du canal mentionné plus haut. Sur la butte orientale s'étalent les maisons de la ville, dominées par le Soung-Shao, le Bois de Pins


Le Chemin

de Fer du Congo

frique, de Gibraltar au Cap, n'a que 12 5uo tdtomètres, que le Danube n'en a que 2 750, et que le Rhin n'en a que i 3oo. Seul au monde, le bassin de l'Amazone est sensiblement plus étendu que celui du Congo, mais il est sans pentes et ne forme, sur une grande partie de sa surface, qu'un immense marais.

Le major Thys, directeur général du chemin de fer et qui est vraiment l'âme de toute J'affaire, est LeE chemin de fer du Congo sera inauguré provisoivenu récemment à Paris pour y faire une conférence rement le i~ mai. A ce moment, la ligne atteindra qui a été fort goûtée. H a parcouru toute la ligne le Stanley Pool à Dolo, à 388 kiiomètres de Matadi. De en décembre dernier et a fait, on se le rappelle, le ce point elle sera prolongée jusqu'à Léopoldville, en voyage de Stanley Pool avec le gouverneur du Congo suivant la rive droite du Pool sur une longueur de français, M. de Lamothe. A son retour, il a publié r ofio kilomètres. L'inauguration un long et très documenté rapficielle et définitive n'aura lieu port. Nous lui empruntons quelqu'en juillet. Mais cette grande ques détails qui ne sauraient manentreprise, qui aura coûté huit quer d'intéresser nos lecteurs. Au de travail, ans peut être; dès aui5'décembre, la voie était en parjourd'hui, considérée comme fait état de Matadi au kilomètre achevée. 2 ic. En revanche, dans la traverSa construction est un évésée du massif de Sona Gungu, nement important dans l'histoire qui va du kilomètre 2)0 au kilode l'Afrique. Elle ouvre au commètre 236, les pluies avaient causé des ravages considérables la namerce l'immense région du Congo be)ge, avec tous les affluents nature des terrains, formés de schisvigables du neuve, et profitera tes en décomposition, est, dans également à toute la région de cette partie de la ligne, peu favonotre Congo français qui apparrable au maintien des talus. Les tint à son bassin. Elle donne, dégâts seront promptement réen outre, un exemple à tous les parés, étant donné qu'on peut utiEtats européens qui possèdent liser le matériel roulant. Mais il des colonies en Afrique. C'est faudra encore une année, deux par des chemins de fer seulement peut-être, avant que la voie puisse qu'on arrivera à triompher des prendre, en cet endroit, son asobstacles que la nature oppose à siette définitive. La situation est la pénétration du continent noir, la même dans la vallée de la Loukaya, entre les kilomètres 336 et en interrompant par des rapides le cours inférieur de ses grandes 368, où la voie traverse également voies fluviales; Stanley l'avait dit des schistes en décomposition. depuis longtemps, le commandant Mais, sauf ces deux tronçons, IIourst l'a répété tout récemment mesurant ensemble 58 kilomètres, dans son beau récit de voyage, en LA VOIE FERREE DU COKGO. qui nécessiteront encore des réinsistant sur la nécessité d'ache- D\7/'r~);MC)'o~H/f<f*'Z.ft7?c/brH~'t/<'Bn<.vt'HM.fections importantes, la voie est ver au plus vite la ligne du Sépartout en excellent état. Elle résiste, dit le major Thys, aux tassements des remnégal au Niger. Les Belges ont su agir sans perdre blais et aux éboulements, elle est stable dans les trop de temps à délibérer, et ils sont arrivés les premiers au but. courbes, l'usure des rails est presque nulle, et l'on n'a pas encore à prévoir quand il y aura lieu à les reLe point initial de la future ligne est Matadi, nouveler, même pour tes parties de la ligne construites terme de la navigation du bas Congo, que les steail y a sept ans. Enfin le ballastage peut suivre sans les plus considérables atteindre peuvent toute mers en efforts la pose du rail, et l'on pense qu'il pourra être point, saison. De ce la ligne va rejoindre la partie naachevé quelques jours seulement après le moment où la vigable du haut Congo elle reliera donc une grande ligne arrivera au Stanley Pool. C'est là une circond'eau, la grande d'eau, à autre nappe mer, une nappe stance exceptionnelle et inespérée. le haut Congo, avec ses 17 ooo kilomètres propres à la Le major Thys prévoyait en décembre l'achèvenavigation, c'est-à-dire sans chutes ni rapides. On se ment prochain de tous les ouvrages d'art. Tous les ponts figure mal, en général, ce que représente ce réseau étaient construits jusqu'au kilomètre 160, et plus loin navigable de 17 ooo kilomètres, et on n'est vraiment il ne restait, en dehors du pont de l'Inkissi, de 100 mèfrappé de son excessive importance qu'en se livrant tres d'ouverture, et qui a été inauguré en janvier, à certaines comparaisons nous permettant de conque quelques ouvrages peu importants. L'événement stater, par exemple, que la côte occidentale d'Europe, a' d'ailleurs justifié ces prévisions, et, le 16 mars, la du cap Nord à Gibraltar, n'a que i3 5oo kilomètres, première locomotive arrivait à Dolo. que la côte méridionale d'Europe, de Gibraltar à Azof, Le rapport donne ensuite quelques détails sur lé n'a que 12 700 kilomètres, que la côte occidentale d'A-

1":I.


matériel roulant. H estime que la ligne possède les types les plus appropriés à sa construction, tant comme locomotives que comme wagons et voitures à voyageurs. Les locomotives à marchandises sont à trois essieux, et du poids de 26 tonnes et demie; celles des trains de voyageurs sont à deux essieux et pèsent 18 tonnes et demie; enfin la Compagnie possède 16 locomotives légères de travaux de 14 tonnes qui continueront à être employées, après l'achèvement de la ligne, pour le ballastage et les réfections. La voie n'a que 76 centimètres de largeur, ce qui paraît bien peu, les chemins de fer dits à voie étroite de l'Afrique australe, de l'Australie, etc., ayant r",o5. Il a fallu cette dimension pour aborder les courbes de ~5 mètres demandées par les sinuosités du terrain. Une fois en route, dit un voyageur français, le P. Augouard, on ne s'aperçoit pas de cette étroitesse de la voie. Les voitures à boggies sont

parfaitement stables sur les rails, et la Compagnie a des wagons de dix ton-

nes, absolument

Les rapports entre blancs et noirs sont excellents. Les châtiments corporels sont strictement défendus, et quand un agent inférieur frappe les noirs, il est déféré à la justice. Le cas ne se présente d'ailleurs pour ainsi dire jamais. Du haut en bas de l'échelle, la conviction de tous est faite que la brutalité vis-à-vis des nègres est un système déplorable, et, d'autre part, les noirs, convaincus des intentions formelles de la direction, sont devenus conscients de leurs droits. » A ce point de vue aussi, la construction de la ligne du Congo marquera une date dans l'histoire moderne de l'Afrique. La preuve est faite que le noir peut travailler, et même aimer son travail, s'il est dirigé par des chefs humains, bien logé, bien nourri et payé équitablement. D'ailleurs, les chiffres sont là pour prouver que le travail a été très actif sur la voie ferrée en «

construction

la

dernière campagne

s'est ouverte le

!'=''juin i8ç7 au kilo-

mètre 292; on

a donc construit en

neuf mois, du mois de uin au mois de

février, une )ong'ueur de )07 kilo-

mètres,

soit une moyenne de près de 12 kilomètres par mois. male. On estime que Le trajet de Matadi à Stanley le coût total de la ligne sera d'environ Pool pourra se faire 52 millionsde francs en 16 ou 17 heures, ou de i3oooo francs avec la traction de nuit, qui a été emCARTE DU CitEMtNDE PERDU CONGO. par kilomètre, car ployée depuis trois les derniers kHomètres construits ont coûté beaucoup moins cher que ans, et sans inconvénients, pour les besoins de la construction. Il suffira, pour en garantir la sécurité, les 40 premiers, qui avaient absorbé jusqu'à près de de quelques dispositions peu onéreuses d'éclairage. 5oo ooo francs par kilomètre. La Compagnie a terminé la gare de Matadi Quel sera maintenant le rendement de la ligne elle va compléter le port maritime par la construction du Congo ? Les prévisions que le major Thys émet 'd'une seconde jetée et créer, à côté du port, une gare sur ce point sont très optimistes, et l'exploitation faite commerciale où seront entreposés, dans deux séries déjà depuis juillet 1896, de Matadi à l'Inkissi, semble distinctes de magasins, les produits d'Europe à destilui donner raison. Pendant le mois d'octobre dernation du Congo, et les produits du Congo à destinanier, nous dit-il, il a été expédié de Matadi à l'Inkissi tion d'Europe. Mais, comme nos lecteurs le savent, car Soo wagons de io tonnes, ce qui correspond à un tonnous en avons déjà parlé, l'Etat indépendant ne compte nage annuel de 600000 tonnes à la montée. Et rien pas se borner là déjà il a mis à l'étude de nouvelles n'empêche d'augmenter ce chiffre dans de notables provoies formant extension à la voie ferrée actuelle. portions c'est une question de matériel roulant et de croisements. » Le major Thys donne quelques détails curieux sur le personnel, composé de blancs et de noirs, qui On ne peut que louer les Belges d'avoir su mea travaillé à la ligne. Les noirs étaient au nombre de ner à bien cette grande entreprise et d'avoir ainsi fait 6 ooo, venus du Sénégal, d'Accra, d'Elmina, de Sierrapreuve de volonté et d'initiative. Il y a là un exemple Leone et de Lagos cette maison comptait aussi des à imiter. Quant à nous, Français, qui sommes voisins indigènes congolais. Le nombre de ces derniers n'a pas de l'Etat indépendant du Congo, nous avons, plus encessé d'augmenter. core que d'autres, à nous féliciter de l'ouverture de cette voie ferrée en pleine Afrique, car notre Congo « L'état sanitaire du personnel noir, dit le rapport, est absolument satisfaisant. La mortalité est retirera de ce chemin de fer de sérieux avantages. En moindre sur nos chantiers que dans les villages indieffet, les protocoles de la conférence de Berlin ont gènes du Congo ou de la côte occidentale, conséquence fait de cette voie de transport une véritable voie internaturelle d'un meilleur logement et d'une meilleure nationale, entièrement libre à toutes les nations, sans alimentation. qu'aucune distinction puisse être établie entre les ricomme sur nos chemins de fer européens à voie nor-


verains et les non-riverains, les étrangers et les nationaux de ces territoires devant être traités sur le pied d'une parfaite égalité. Ce sont là, du reste, entièrement les vues de la Compagnie du chemin de fer du Congo belge, et ce sont les seules qu'il soit légitime de faire valoir.

La France en Syrie Sous le titre de Vers Athènes et Jérusalem, Gustave LaroMMe~ )'t'en~ de re'KH))- CH MK w/KMe, publié par la librairie Hachette, les re/a~oH~ de ses deux reccK~ voyages, /'MH CM Grèce, /'aM/re en Pales-

/~e. Nos /ec~eK/-s 7:0:~ sauront gré de leur doHKer ici

quelques extraits de cet a~r~oM~ t'o/Kme.

T~\Epuissept cents ans

la France a commencé en Orient une oeuvre de civilisation. Si les croisades, entreprises au nom de Dieu par des hommes, ne furent pas seulement une œuvre de sentiment, mais de sang et de conquête, le plus bel exemple de vertu où se soit réalisé l'idéal chrétien, saint Louis, appartient à la France. Les Lusignan à Jérusalem et à Chypre, les chevaliers de Saint-Jean à Rhodes, nos barons féodaux'en Palestine, en Syrie et en Grèce, ont maintenu pendant trois siècles la lang'ue, la pensée et les mœurs de la France. A leur suite; appelés, protégés et défendus par eux, nos marins et nos marchands ont fait de la Méditerranée un lac français et des ports du Levant autant de comptoirs français. Puis « le mirage oriental » a lui aux yeux de Bonaparte. Par sa fulgurante apparition en Égypte et en Syrie, le vainqueur des Pyramides et du mont Thabor a donné à l'imagination orientale un choc si retentissant que son nom assure encore le respect du Français. L'écroulement de la fortune napoléonienne n'a diminué en rien le prestige du nom français. Les Orientaux, qui se connaissent en grandeur et en poésie, estiment que la catastrophe finale ne détruit pas l'histoire faite, et que la gloire reste acquise. Ils nous tiennent encore pour le premier peuple de l'Europe. Ils savent aussi que nous sommes le plus loyal en affaires, le plus généreux d'idées, le plus bienfaisant par ses œuvres. Ces peuples, dont le radieux

soleil éclaire tant de souffrances, ont éprouvé notre désir constant d'affranchir les hommes, de les rendre moins misérables, de défendre les opprimés. Mais cette position privilégiée en Orient est menacée. Depuis la Révolution et Waterloo, tout l'effort de l'Europe, à la suite de l'Angleterre, notre plus constante rivale, tend à diminuer le rôle prépondérant de la France dans le Levant. Depuis 1870, deux grands États, dont l'un méditerranéen, l'Allemagne et l'Italie, sont entrés en ligne avec des ambitions impatientes. Un autre, la Russie, un moment arrêtée par la guerre de Crimée, a repris en Orient sa politique traditionnelle, qui consiste à éliminer toute influence rivale de la sienne. Partout notre langue, notre action et notre

commerce rencontrent des rivalités sourdes ou déclarées, hypocrites ou franches. Le Sultan a écarté notre tutelle, par peur de la Russie devenue notre alliée, et s'est jeté dans les bras de l'Allemagne. Issue d'un mouvement religieux, l'influence française en Orient s'appuyait en grande partie sur les missions religieuses. Tous' nos gouvernements les ont protégées, et avec eux .leur nombreuse clientèle d'indigènes. On se rappelle le mot de Gambetta « L'anticléricalisme n'est pas un article d'exportation. Voilà pourquoi, depuis vingt-sept ans, la République, continuant en Syrie )'œuvre de l'ancienne monarchie, subventionne des congrégations hospitalières ou enseignantes, parmi lesquelles les Jésuites de Beyrouth. Ceux-ci s'emploient, en échange, à faire aimer la France, à instruire et à moraliser en son nom. Ils n'ont ni plus de zèle ni plus d'habileté que les autres ordres, Lazaristes et Augustins. Mais ils ont eu l'heureuse idée de porter leur effort sur une des parties les plus utiles de l'œuvre commune, en se donnant à l'enseignement de la médecine. Pour un Français, il est impossible de parcourir l'Orient sans éprouver un sujet de tristesse. L'œuvre que son pays poursuivait ici depuis huit siècles subit un temps d'arrêt. Le Sultan nous joue les,Turcs commencent à croire que nous ne sommes plus à craindre. Il y a trente-deux ans, nos soldats débarquaient en Syrie pour arrêter des massacres, insignifiants auprès de ceux d'Arménie. Cette fois, la France a suivi docilement le concert européen. Pourtant la première et la plus ancienne, elle a bien des droits à maintenir et des intérêts à défendre. On éprouve quelque malaise à écouter les quelques Français missionnaires,ingénieurs, professeurs, marins et commerçants qui ont vu l'impression produite sur notre clientèle par notre attitude trop discrète. La Russie surtout nous distance, et de fort loin. Nous sommes pour elle des alliés peu exigeants. En Syrie plus qu'ailleurs, malgré les fêtes de Paris et de Saint-Pétersbourg, malgré les difficultés de notre situation européenne et quoique l'empereur d'Allemagne soit, à cette heure, derrière le Sultan, on se demande si notre pays ne sacrifie pas trop au souci de monter la garde sur les Vosges et de s'assurer. contre une agression venue de l'Est. Il ne faudrait pas que l'alliance russe fût pour nous une cause de renoncement. Mais, dira-t-on, la France n'a plus les vastes ambitions d'autrefois. Il s'agit moins pour elle d'être grande que de durer. D'accord mais pour être respectée, elle doit parler et agir avec la conscience de son passé, de sa force et de son droit. L'humilité serait le pire des dangers, même pour sa sécurité européenne. Elle ne peut pas vivre seulement de luttes électorales et d'intrigues politiciennes. Elle a une marine et un commerce ses capitaux sont engagés dans le Levant. Elle doit répandre sa langue et ses idées. Pour conserver ses débouchés et son champ d'action, elle doit suivre en Orient une politique ferme et attentive. G. LAML'MET.


POLE NORD

Abruzzes

(duc des). A eu à Christiania, en

l'absence de Nansen, un long entretien avec le capitaine Sverdrup, ex-commandant du ~'am.Uet été, le prince ira au Spitzbergpoury étudier les conditions des régions polaires. Mais le départ de l'expédition n'aura lieu qu'en 1800. Andrée. Rien ne permet plus de supposer que les deux Européens recueillis il y a deux mois par des Sibériens soient des survivants de l'expédition Andrée, dont on ne peut maintenant attendre aucune nouvelle avant t'été. Mulkey (ingénieur californien). Après les

eni-6o:cesontManning,eniHu,Huc Gibbons

et Gabet, en f8.M. M. Reid espère éviter les dangers auxquels fut expose M. Landor, qui avait tenté )a même expédition l'année dprniérp. Vitoux (Georges) est parti le 26 mars pour le Tonkin, avec une mission industrielle. )i étudiera les conditions de )a navigabilité du fleuve Rouge, de son embouchure à la frontière chinoise.

AFRIQUE

(major angtais), avec sept autres Européens, doit entreprendre prochaine-

ment une expédition transafricaine.)! Il traversera le continent noir de Capetown aA!c:\{uiune,s'écartant de sa route naturelle pour découvrir les sources du Congo. Cette expédition durera environ 18 mois. Lemaire (lieutenant belge) organise actuellement à Bruxelles une expédition qui partira en avril et qui aura pour but d'explorer une grande partie de t'Ëtat libre du Congo.

Marchand. D'après des nouvelles datées Blondiaux (lieutenant), en mission au Soudu 3 février, )e capitaine Marchand s'adan français, a pu, suivant son plan, suivre vançait vers Koutchouk-A)i;)epersonnet )e cours supérieur de la Cavally et en déle plus nombreux de samissionétaitàport sous-marin, voici le terminerle bassin. ballons et le bateau ttossinger; le capitaine Fargeau transchemin de fer. M. Mutkey fait construire Bonchamps (de). On a des inquiétudes au portait par les voies de terre son vapeur démonté et gagnait le Nord, sur la rive une locomotive destinée à marcher sur la sujet de la mission de Bonchamps, qui faits Caessais être Des glace. vont au gauche du Soueh vers Koggiali, où le vaaurait été dispersée avant d'avoir pu atnada, entre Victoria et Dawson-City. On teindre Fachoda, sur le Nil. On ne doit peur devait être remonté. Depuis, )a espère l'employer pour aller au Pote. nouvelle du succès complet des missions accepter que sous toutes réserves cette françaises serait arrivée à Djibouti, )e nouvelle venue par dépêche d'AddisStelhn (Suédois) va organiser une expédi5 mars, par l'entremise d'un envoyé du tion à la recherche d'Andrée, avec l'appui Ababa la dernière lettre reçue par le MiKègus.Unegrande expédition commannistre des Colonies remonte à trois mois; de la Société de Géographie de Suéde, dée par le ras Makonnen aurait contribué qui met à sa disposition la rente de la l'expédition était alors dans une situation fondation de la Véga. Le seul point abansatisfaisante. au succès de cette expédition. donné par les explorateurs est la Sibérie Bonnel de Mézières, en ce moment à Parkinson, Brander-Dunbar et Aylorientale, qu'arrose la Lena. C'est de ce Paris, doit repartir )e mois prochain pour mer ont rendu compte à )a Société de coté que le nouvel explorateur devra diriGéographie de Londres de deux exploraBéhagte. de rejoindre M. aller tions qu'ils ont faites dans le pays somali. ger ses pas. (lieutenant de vaisseau) est renBretonnet l'expédition SverSverdrup. Le départ de tré du moyen Niger au mois de février. Perdrizet, agent français dans )a Hautedrup est fixé au ro juin prochain. Le comSanga, parti de Carnotville, s'est dirigé On a pu lire dans un de nos derniers numandant en second sera M. Bauman, vers le Nord, est arrivé à la rivière Wom méros un compte rendu détaillé de sa lieutenant de la marine royale. Les obserdécouverte par Clozel, et en a suivi ie mission. vations scientifiques seront confiées au à cours travers des régions inexptorées. (de), chef de l'expédition allemande lieutenant Isochsen, au géologue Schey Carnap partie de )a station de Yande (Cameroun), Poncins(V°de)écrità)adatedui3janet au zoologiste Boy. vierdernier,ducampd'Attiou,prèsd'Anest arrivé le 25 décembre sur la haute kober,auN.-E.d'Addis-Ababa,quedepuis français), (Congo Sanga, près d'Uesso POLE SUD le 8 novembre 180~ il a vécu tantôt chez après avoir effectué la traversée de l'hinles Somalis-Issa, tantôt chez les Adals terland du Cameroun. L'expédition a reDrygalski (D') va prendre la direction de (les premiers au Nord, les seconds au gagné la côte par la voie du Congo et du la partie scientifique de l'expédition alleSud du golfe de Tadjourah). comptait, Stanley Pool. Une dépêche annonce mande qui doit se rendre au pote Sud. Le avant de remonter la côte. demeurer enqu'elle est rentrée au chef-lieu de la colonavire qui l'emmènera se dirigera vers le nie allemande le 2: courant. core un mois chez les Adals, puis rendre méridien des iles Kerguelen. S'il est posvisiteàMénétik. sible, on hivernera dans la zone antarc- Cavendish. Une note officieuse annonce qu'après consultation avec le Foreign Sénevez (ingénieur) est parti à destination tique. Au printemps, des voyages seraient de Djibouti, chargé d'une mission comOffice, M. Cavendish a décidé d'ajourner entrepris sur les glaces vers la côte inmerciale par un groupe de négociants son expédition sur le lac Rodolphe et le connue à l'Ouest de la terre Victoria. L'exfrançais désireux de lier des relations haut Kit. pédition durera deux ans. avec l'Abvssinie. Darragon (Louis) adresse à la Société de Géographie une note sur un voyage qu'it ASIE OCÉANIE a fait l'an dernier en Abyssinie, avec la mentionné le reBonin, dont nous avons protection du Négus. Parti d'Addis-Ababa marquable voyage dans la Chine centrale, Carnegie (D.) a fait une nouvelle explorail s'est dirigé au Sud jusqu'à Sogida, traSientreprend un nouveau voyage en Asie. de Gouragué, contrées tion du désert de l'Australie occidentale versant les (18~). dama, Amaga et visitant le Borana, stérile, Bryztnsk),enseigne de vaisseau, ex-second plaine de belle de Konso la et d'une le d'être chargé pays de t~UoKf~e vient D' Guppy (explorateur américain) vient de faisant il découvert le Chemin Duatamo. a mission d'exploration sur le haut Mékong. passer trois semaines dans le cratère lac Abbasi, au Sud du lac Ororacha. d'un des plus grands volcans de l'ile Il partira de Muong-Sin sur le La Gt-aHaussi Mékong le souvient le baron Dhadx't'f.It remontera sur Dhanis. On se Hawai et v a fait de curieuses observaque toutefois débarhaut que possible, sans nis, chef d'une mission belge au Congo, tions. Cette explorachinoise. la côte suite des de la dangers avait sur par quer couru tion durera 3o mois. rébellion des soldats batetelas. Le lieuteAMÈRtQUE DU NORD nant Doorme a livré bataille à une parLodtan (Watter), voyageur américain, parti tie des révoltés entre les rivières Oso et HeUprtn (Angeto), de Philadelphie, fait consde San-Francisco en )8o~, est arrivé à Japon, Lo\va le traversé et a remporté une victoire. Aux avoir Varsovie après truire un bateau spécial destiné a navinouvelles, les forces rebelles dernières l'Inde et la Sibérie. guer sur le Yukon. C'est un navire à roue baron du colonnes parles étaient cernées arrière de 10 mètres de tongsurSde large Monnier (Marcet), dont on avait annoncé Albert-Edouard Sud du lac Dhanis, le entre et d'un très faible tirant d'eau. Le profespar erreur le départ pour le Ktondyke. Tanganyika. Nord du le et Asie. Dans continue son voyage en une seur Heitprin se servira lui-mème de ce de à (Fétix) vient Paris après Dubois février, il anrentrer 8 bateau dès qu'il sera construit. lettre, datée de Téhéran Afrique qui à a Nordenskjold (D' N.-O.-H.) connu par un nouveau voyage en nonce qu'il a atteint la frontière persane duré près d'un an. Il a parcouru une la fin de décembre. Il compte aller à Bagde précédents voyages entreprend un route nouvelle à travers le Sénégal, le dad, Chiraz, Persépotis.Ispahan, et rennouveau genre d'explorations. a Fouta-Ojatton, la Côte d'Or et le Dahotrer en France au mois de mai, après partir de Goteborg, le 23 mars, avec un trois ans et demi d'absence. mey, et n'a rencontré d'autres difficultés ingénieur,un médecin et deux minéralocelles la présente nature. que que amérigistes, pour le Klondyke. !t donnera pluReid (Wittiam-Jameson),explorateur Stanley(lieutenant) quitté le la bientôt Fouques partir de sieurs conférences à Ottawa, à la dea cain, se propose pour il mission. Le janvier Thibet, ;5 Pool dans le pénétrer du gouvernementcanadien. de armande avec sa Chine, en vue l'Oubanghi rivait connuent de sainte. ville et se au et si possible à Lhassa, la disposait à remonter cette rivière jusTrois Européens seulement ont visité qu'aux rapides de Zongo. Lhassa depuis l'expulsion des Capucins

du


La Mort de Mabiala le

féticheur

La Mission Marchand au seuil de l'Afrique La France entière a ~);r~ o'cc intérêt les péripéties du roj~e de la M/M/OH ~rc/M7~ vers le haut A~/ et elle attend ~OM sans anxiété le succès de/:Ht/ de CM /)CtrdM et intrépides ~oMo~. Tout ce ~M! se r~or~ à eux prend ~OMc /H~e<. C'est ainsi ~M'OH lira arec plaisir le récit d'KH épisode dramatique a!<<e/ le ca/<Me 7~)-C/M?!d /'H< me/C,

lors de son dc~Ct/)«'HtC7)< OM CO?~0.

se

T"K 1893, Al. Laval, agent du Congo, rendait à Brazzaville avec un détachement de miliciens destinés à

la relève des postes du haut Oubang'hi et de la Sangha. Les hommes n'a-

vaient pas d'armes, devant prendre celles de leurs camarades licenciés et CAP~ MARCHAND redescendant à la côte. Au quinzième jour de la route, M.Lavât, arrivé au village de Mabiaia, y passa la nuit, prenant son cantonnement dans le vittag'e même. Au matin, un palabre s'éleva, les indigè-

nes prétendant que des miliciens, dans

C'était très certainement une faute. Il fallait, ou ne pas tirer du tout, ou frapper dans le tas. Les noirs prirent cette décharge pour un commencement d'hostilités et répondirent par un feu g'enéra). Quelques-uns de nos

hommes furent blessés, et le détacheL.- -=. ment n'ayant aucun moyen de défense M.LEYAtARJE. se mit à fuir. M. Laval dut faire de même, et, blessé au pied dès les premiers coups de feu, il était tué à deux kilomètres plus loin par les gens de Mabiala. La répression suivit de près l'as-

sassinat. Une colonne descendue de

la nuit, avaient en-

Brazzaville incendia quelques villages m a i s, soit

mouton. Deux sacs manlevé un

quaient aux hommes, et le chef du villaye Mabiala (les villages prennent souvent le

que cette répres-

sion fût mollement conduite, soit pour tout autre motif,

on ne parvint pas à s'emparer de l'assassin; et Marendre. LL/ Il I- 1 biala, impuni se Al. Laval, par TIRAILLEURS CONGOLAIS FAISANT L'EXERCICE DU CANON. plaisait à dire que représailles, fit enP/!0<o.~ra/c~<'j'mart< les blancs n'avaient lever quatre cabris, puis il se remit en route. Toutefois, aussitôt après pu venir à bout de lui. Depuis cette époque, la route de Brazzaville était demeurée troublée en raison son départ, deux cents indigènes armés se réude l'arrogance des indigènes. Les jB~MO!<~M, une des nirent et se contentèrent, au début de la route, de suivre à distance le détachement. Enhardis à la vue races les plus turbulentes du bas Congo avaient fait cause commune avec Mabiala nos porteurs des miliciens sans armes, les noirs peu à peu se rapétaient souvent inquiétés, et finalement la route se prochèrent, et devant leurs manifestations hostiles, trouvait complètement fermée en juin 1896. M. Laval, pensant les intimider, tira deux eoups de Cette fois, il n'y avait plus à hésiter. M. H6 fusil en l'air. nom du chef) se refusait à les faire

A TRAVERS

LE MONDE.

1

°-

!()" L!V.

N" !ô.

:6 avril 1898;


Brazza, commissaire général, se décida a des mesures de vigueur. Je reçus l'ordre de descendre l'Ogoué et de prendre au cap Lopez )e commandement d'un détachement de soixante-dix hommes pour aller ouvrir la route de Brazzaville. M. Fredon, chef de station au Congo, me précédait avec cinquante hommes. La mission Marchand venait d'arriver, et son chef avait pleins pouvoirs pour agir dans la région Brazzaville-Loudima. L'ordre me parvint, en conséquence, de me mettre à sa disposition. Cette fois la ré-

pression allait être conduite par des militaires j'avoue que je n'en étais pas fâché, convaincu qu'elle serait sérieuse et donnerait à réfléchir à mes amis les /MOt< De ce fait nous ne relevions plus d'administrateurs civils tout allait marcher militairement. c'était la certitude que la leçon serait plus sévère et plus efficace. A la suite d'un différend survenu au villag'c de Boëti- Moêka, dont le chef était le propre neveu de Mabalia, les hostilités débutèrent par la prise et l'incendie dudit village. Le capitaine Marchand, qui se trouvait encore retenu à la côte, avait délégué ses pouvoirs au capitaine Baratier, fils de l'intendant militaire, et, décidé à faire un exemple pour en finir au plus vite, il nous transmit des ordres en conséquence. Traqués de partout, chassés de leurs plantations, leurs villages incendiés, les /sot<L<s' comprenaient enfin que le meilleur parti pour eux était de venir à composition et de traiter avec les blancs. Malheureusement, Mabiala demeurait toujours impuni, et il était à craindre que, si nous ne pouvions arriver à nous emparer de lui, les choses n'allassent de mal en pis par la suite. M. Fredon fut laissé à Boëli-Moëka avec un poste d'observation ses instructions portaient de traiter avec les indigènes, mais d'arriver, coûte que coûte, à se faire livrer Mabiala, l'assassin de Laval. De mon côté, les hostilités à peu près terminées, je remontai à Comba avec le capitaine Baratier,qui recevait un soir un billet très laconique de M. Fredon portant ces mots « J'ai les moyens de m'emparer de Mabiala, attends instructions. Prenez trente hommes avec vous, Leymaric, me dit le capitaine Baratier, demain nous partons à la première heure. Ce brave Fredon me demande des instructions, nous allons les lui porter. Le lendemain soir, nous étions au poste de Boëli-Moëka. Le capitaine Marchand y était .aussi arrivé dans la journée. Nous allions donc nous trouver tous au complet pour la fête, L'expédition était réglée pour le lendemain matin. Seulement, très fatigué, le capitaine Marchand devait nous rejoindre. Notre détachement partirait en avance vers quatre heures. Voici ce qui s'était passé

Les chefs bassoudis, fatigués de cet état de choses, comprenant enfin que leur intérêt était de vivre en bons termes avec les blancs, s'étaient décidés, non à nous livrer Mabiala, mais à nous faire connaître sa retraite. Un des leurs s'offrait à nous guider. En homme qui connaît les noirs, M. Fredon avait commencé par faire ligotter solidement le chef. Ce dernier nous attendait au poste je crois même qu'il de-

vait désirer impatiemment notre venue, ne sachant trop ce qui pourrait advenir si Mabiata, prévenu de ce qui se préparait, venait à vider la contrée.

Quand le capitaine Marchand le fit appeler pour l'interroger, son premier mot fut Moi, camarade avec toi, seulement toi y faire \in; pour prendre Mabiaia, car lui, grand féticheur, peut-être il a connaître, et lui partir. Après, toi faire mauvaise manière avec Quand il sut que l'expédition se ferait dans la nuit même, un certain contentement sembla se mani-

moi.

fester chez lui.

Comme ça bon, fit-il, toi y prendre Mabiata.

Tu connais bien sa retraite ? Oui. Lui y cacher dans les grottes à deux

heures de Hoêti-Moêka. A-t-il du monde avec lui? Moi n'a pas connaître combien Soit Mais sais-tu s'il est seul Seul non.

r

Avec qui, alors? Sa famille et puis peut-être d'autres noirs, mais moi, n'a pas croire lui être avec beaucoup de

monde.

Tu ne mens pas? Oh! non, moi y parler bien vrai. Tu sais que je te mettrai aux mains de deux

de mes hommes, qu'au premier coup de fusil qui partirait, au premier signe d'embuscade je ferais faire feu sur Moi y parler vrai. Tous les chefs assemblés

toi.

dire dans le palabre « Il faut livrer Mabiala aux blancs; après, guerre y être finie. moi venir au nom des chefs pour te le livrer. » Et pourquoi ne l'amenez-vous pas au poste ? Nous n'a pas pouvoir lui être ur grand féticheur; mais toi le prendre avec tes soldats. Le capitaine Marchand décide qu'avec trente hommes, le capitaine Baratier, M. Fredon et moi nous partirons à quatre heures du matin. Vers les six heures, lui-même se mettra en marche et nous rejoindra avec vingt hommes pour le cas où l'affaire serait plus sérieuse que nous ne le pensons. On dîne, on prend le thé, et de bonne heure nous allons nous jeter sur nos lits de camp. Dans la journée j'ai désigné les hommes qui doivent partir. En bons Sénégalais mes miliciens affichent un profond mépris pour les nègres du cru. Hein Madi, nous demain y faire parler bon fusil. Ça sale sauvage Mabiata, lui y n'a plus tuer blancs.

Et Madi,

de reprendre

Moi, mon cher, y a bien comprendre commandant (capitaine Marchand, les Sénégalais désignant toujours sous ce titre le blanc qui commande, quel que soit son grade). Mabiata lui y tuer blanc, lui

après y sauver dans la brousse. Commandant n'a pas comprendre ça, lui y vouloir attraper sauvage, peutêtre lui aussi vouloir y couper la tête. Bien fait pour sauvage.

Et ça n'en linirait pas si je ne sortais de la tente donnant l'ordre de faire silence. Si tu btagues comme ça, fais-je à Madi, tu ne viendras pas demain avec nous.


Oh

oui, mon lieutenant, moi y dormir tout

de suite. tu verras moi demain peut-être y gagner (prendre) Mabiaia. Mon

lieutenant.

Quoi? qu'est-ce qu'il

C'est quatre

y a, Demba? heures moins le quart. Toi,

hier dire réveiller.

C'est bon. AppeHe-moi Souleyi-Sedi. Un moment après, le serg'ent parait Les hommes sont prêts, Souteyi ? Oui, mon lieutenant. C'est bien, forme le détachement et fais réveiller le capitaine Baratier et ALP'redon. Le Tu guide est bien attaché mettras avec lui AbdoulayeGueye et Demba-So comme escorte. Nous prenons une tasse de café noir, et en route

?.

Pensez-vous que

nous l'aurons? mc dit tout a coup le capitaine Baratier. Oui, mon capitaine. je demeure convaincu que les

indigènes en ont assez et qu'ils sont sincères. Maintenant, tant qu'à savoir si cette prise nous coûtera du monde, voilà ce à quoi je serais bien

embarrassé de répondre. Croyez-vous qu'ils soient nombreux ? Non, MabiaJa doit

face de nous la montag'ne; au pied, une petite ouver-

titre à travers laquelle miroite la faible lumière d'une lampe. !) est six heures, lc jour se lève. Nous reconnaissons aussitôt le terrain. Le capitaine Baratier prend ses dispositions un cordon de sentineHes en avant de la grotte, quelques hommes sur tes hauteurs pour empêcher Atabiata de s'enfuir. Matheureuscment tout cela ne s'est pas effectue sans bruit les miliciens, selon ieur habitude, ne peuvent observer le silence, et voilà que soudain des coups de fusil éclatent; les balles sifflent à nos oreilles. Vous êtes Nesse ? me dit le capi'.aine Baratier. Moi, non, mais Demba-So, je crois, a_)'epaule fracassée. Et vous, Predon? Rien, mon capitaine. L'échau~burée cependant est plus grave que nous ne pensions. Quatre hommes sont blessés, dont deux très grièvement. Décidément, l'affaire va être sérieuse. Forcer tag'rotte, il ne faut pas y song'er l'entrée est à peine accessible à un homme. je f.:is placer les miliciens hors de la portée des coups de feu, et, les blessés pansés, nous délibérons sur ce que nous allons faire. Sur ces entrefaites arrive le capitaine Marchand, dont les coups de feu tirés par Mabiala ont activé la marche. Le capitaine Baratier explique la situation. H reste un moment silencieux;

avoir avec lui sa famille,c'està-dire dix ou quinze fusils au plus. Seulement, s'il est dans puis reprend une grotte, il se défendra, et –;Ma foi, c'est bien si la grotte est d'accès diftisimpic. Tu te souviens, Bacile, il pourra nous tuer du ratier, dug'énerat Pciissieren monde. Afrique?. MOKT[)EMAt!)ALA. L'essentiel, c'est –Oui, mais je ne vois qu'il ne nous échappe pas. D~'6't'M ~J /H!ar/c. La nuit heureusement pas. faire comme lui. Forcer étoiles, allons des Lh bien, nous est très étoilée, et sous la clarté vacillante la g'rottc, ce n'est pas possible. nous perdrions du la marche se poursuit lente et silencieuse. Le sentier monde stupidement, et puis peut-être encore n'y parvient de quitter la brousse, et maintenant nous nous enviendrions-nous pas. gageons dans un véritable pâte de montagnes vingt noirs postés sur les hauteurs pourraient nous écraser Quoi alors? Tout simplement nous allons enfumer Atanous sans que puissions presque répondre à leur feu. Instinctivement, je m'approche du guide. H a biala, à moins qu'il ne veuille bien se rendre. bonne contenance, ses liens sont solides et les deux Superbe! miliciens ne le quittent pas des yeux. Comme s'il se L'idée est, je t'avoue, très ingénieuse. Rien dit doutait de ce qui se passe en moi, il me de mieux à faire. Auparavant, toutefois, il faut voir Moi a parlé vrai. si Mabiala se rendra. Nous faisons un détour et grimNous sommes loin encore? pons sur le dessus de la grotte. A cinq mètres sous Non, nous y arriver bientôt. Et, du reg-ard, nos pieds se trouve l'entrée. Le guide et l'interprète il semble m'indiquer la retraite où se tient jMabiata. sont avec nous. Le palabre commence On poursuit la route, et tout à coup le guide s'arrête et s'écrie: Mabiala, nous sommes ici les blancs, venus C'est là! pour veng'er enfin Laval. Veux-tu te rendre? Non, jamais aux blancs. Nous sommes arrivés à une petite clairière. A \'eux-tu te rendre, tu auras la vie sauver droite et à gauche s'élèvent des pans de roches, en

lui


Jamais

C'est cher de dire.

qu'on vienne me

prendre.

ce qu'on va faire, ne puis-je m'empê-

Si tu as des femmes et des enfants, reprend le capitaine Marchand, tu peux les faire sortir de la g'rotte. je les laisserai libres.

Non, rien. H faut cependant en finir. L'ordre est donné de couper de l'herbe sèche et de la jeter à terre. Le tas, peu à peu, s'élève, et les.miliciens, qui ont fini par comprendre ce qui va se passer, de s'écrier comme des fous Coupe, coupe! Ça, mon cher, va faire bon feu pour sale sauvage. Une dernière fois, le capitaine Marchand fait demander à Mabiala s'il a des femmes et des enfants avec lui, et s'il veut les faire sortir. Pas de réponse. Alors, une gerbe enflammée est lancée sur le tas, et la paille prend feu. C'est tout d'abord un crépitement strident, puis une fumée épaisse, lourde, opaque qui, poussée par 'le vent, s'engouffre dans la

grotte. Un silence profond. Pas un cri. La g'rotte aurait-elle une autre issue par où

Mabiala se serait échappé? C'est notre seule crainte. Mabiala nous filant dans les mains, après cette expédition, ce serait son prestige de chef et de grand féticheur rehaussé vis-à-vis des noirs et aussi peutêtre, très probablementmême, la reprise des hostilités dans toute la région. Le guide impassible est là qui regarde. Cependant, de temps à autre, un nom s'échappe de ses lèvres

AiM/a/a

Le Mouvement du port d'Anvers

-Sa marche ascendante

quel a été le mouvement du port d'Anvers pendant l'année 1897

oici

V

v

JAUGE TOTALE.

ARRIVAGES.

En)8()7.

5,no

)8ç6.

4,908

Enptusent8ç-.

152

navires. 6,<H2,~Htonnes. 5,820,669

362,o-() tonnes. navires. Le tonnage moyen, qui était de 1,174 tonnes par navire en 1896, s'est élevé l'année dernière à i,2io tonnes, conséquence directe de l'augmentation

progressive des tonnages des navires. Constatons que, pour la première fois, le ton-

nage annuel a dépassé le chiffre de 6 millions. Voici d'ailleurs la marche ascendante des arrivages depuis t86-t, année qui suivit le rachat du péage de t'Ëscaut NA\'IKLS.

En)!!Ô4. iH6~ 3.?6()

2,7.)4

))~4. ))<)!). t)t88. 4,272 4,4' )H<)3. tH()5. 4.()M ;H<)f). i897.

forcer la grotte.

Moi, mon capitaine, fait le caporal des tirailleurs amenés avec nous. Ouvre l'œil, et si tu en sors, je te nommerai

sergent.t. Merci, mon capitaine; mais n'as pas -peur. Sale sauvage, lui être « crevé là-dedans. Et l'homme, s'aplatissant, se glisse par l'ouverture. C'est une minute de poignante anxiété. Puis il reparait traînant un corps. Un seul cri s'élève parmi les porteurs qui accompagnent le capitaine Marchand Mabiala! Sont-ils nombreux dans la grotte? Six hommes, mon capitaine. Tu vois, dit le guide, j'avais parlé vrai. La tête de Mabiala, exposée au poste de Comba, amenait la soumission entière de tous les dissidents; les palabres se terminaient à notre satisfaction avec tous les chefs; Laval était vengé, la route ouverte, et les populations, frappées d'une crainte salutaire, ne témoignaient que de dispositions bienveillantes. Cette situation n'a jamais cessé d'exister depuis, sur la route de Brazzaville. HEXRI LEYMAR1E, ex-lieutenant de milice au Congo.

7u~,o35

2.~

',274~27

335 470

4,54H

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2,~70,3-0

5

A deux heures, la grotte étant entièrement refroidie, le moment est venu d'y pénétrer. Le capitaine Marchand demande un homme de bonne volonté pour

TOXXACE.

-1,958

5,nu

MOYENNE. TONNES )'AK NAVUŒ.

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;i,340.247

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5.820,66e) 6,182,74!!

),<74

t,2to(j

Cette statistique démontre que le monde maritime et surtout les grandes lignes de vapeurs apprécient à leur juste valeur les avantages et les facilités qu'on'rcnt Anvers et ses installations comparés à ceux des ports concurrents. Dans le nombre des arrivages,te pavillon anglais entre pour 2,838 navires, l'allemand pour 807, et le pavillon belge seulement pour 3<~o respectivement, 3,367,33o tonnes pour le premier, avec second, 1,275,880 troisième. 498,744 Quant au commerce français, il est à peine représente. Dans un journal belge, on trouvait cette réflexion sur la situation du commerce national regrettable d'avoir à constater que, dans le « H est mouvement maritime, le pavillon belge n'entre même pas pour io pour 100 du total cette situation est triste et humiliante, car, qu'on ne l'oublie pas, c'est à leurs armements que les grands ports anglais, Londres et Liverpool, ainsi que Hambourg et Brême, doivent leur prospérité, et, si nous voulons maintenir le rang qu'occupe la métropole belge, il faut que nous suivions les étrangers dans la voie qu'ils nous ont tracée. » Voilà un conseil que les Français pourraient bien prendre pour bon, et c'est pourquoi nous l'avons

reproduit.


La Navigation à voiles Le H~ ALCRÉ

cinq-mâts

«

France

les progrès constants de la marine à va-

i'i peur, la

navigation à voiles occupe encore une grande place dans les transactions maritimes.

de navires à voiles. La France ne vient qu'au huitième rang comme importance de tonnage à voiles et cependant c'est elle qui possède la plus importante maison d'a'rmement du monde, la maison Ant. Dom. Bordes et fils, dont le siège est à Paris et qui, malgré la perte toute récente d'un de ses navires, possède encore 38 voiliers d'un tonnage brut collectif de 79 ~3 tonneaux. Le plus grand de ces navires est le cinq-mâts France qui a été, pendant plusieurs années, le plus grand voilier en service et qui n'est dépassé que par un autre cinq-mâts, appartenant à un armateur de Hambourg et jaugeant 14 tonneaux de plus. Le~cinq-mâts France a été lancé à Glasgow le

LEUATEAUAVOILESACiXQ-MATSLA'FRANCE", ·~

~rc~7~C]'~c~~cra~~<?/L77t~r//7c~~rc/ Pour transporter certaines marchandises en-

combrantes et de peu de valeur, le voilier est préférable au vapeur. La marine. à voiles s'est beaucoup perfectionnée depuis quelques années, et, grâce à leurs dimensions, les grands voiliers modernes, peuvent lutter avantageusement contre les navires à vapeur pour les longs voyages, non seulement sous le rapport économique en transportant les blés, les nitrates, le charbon, etc., à meilleur marché, mais même sous le rapport de la vitesse beaucoup de nouveaux voiliers réussissent à accomplir des traversées plus rapides que certains vapeurs de charge.

autre et très réel mérite de la marine à voiles, c'est d'être une excellente école pour former les marins. Et si, grâce à la prime à la navigation accordée par la loi du 3o janvier i8ç3, il a été construit en France une quarantaine de grands voiliers, on ne doit Un

pas s'en plaindre, au contraire. En ne considérant que les navires de plus de ;oo tonneaux de jauge, il y a plus de 8 ooo armateurs

mesure 114'60 de longueur totale, io5"i5 de longueur entre perpendiculaires, i5"()5 de largeur extrême et io'28 de creux du pont supérieur au fond de la cale. Sa jauge brute est de 3 942 tonneaux et sa portée en lourd de 5 çio tonnes. Une de ses particularités est d'avoir des compartiments à lest d'eau et une cale étanche dont la capacité est de i 2)8 mètres cubes. Celle-ci est divisée en huit compartiments étanches par trois cloisons une longitudinale, une transversale et une horizontale à peu près à la moitié de la hauteur. La quantité de lest d'eau que peuvent contenir la cale étanche et les compartiments en dessous du double fond est suffisante pour que ce navire puisse naviguer sans autre lest, et lui a permis d'aller de Rio de Janeiro à Valparaiso. C'est la maison Bordes qui a été la première à adopter ce système pour les navires à voiles. Le dessin que nous publions est extrait de la 7?e)'t<e ~-fKf/'a/e de la ~/ar!He May'c/MH~e et doit donner une idée de la disdisposition de la mâture de ce cinq-mâts-barque; mais, à part les gens du métier, peu de personnes connais2

septembre i8ç6.

H


sent les noms donnés à ces cinq-mâts. Les deux mâts des extrémités portent les mêmes noms que d'habitude, c'est-à-dire misaine et artimon, tandis que les trois autres ont conservé le nom de grand mat, mais chacun avec une désignation spéciale. En commençant par l'avant, on a ainsi le mât de misaine, le grand mât avant, ie grand mât central, le grand mât arrière et le mât d'artimon. Le navire est en acier, ainsi que les mâts et toutes les vergues; les basses vergues ont 25',22 de longueur sans compter leurs fusées celles de cacatois ont f~3o. La hauteur des mâts au-dessus du pont est de 5o mètres. !t y a deux petites chaudières sur le pont pour fournir la vapeur aux treuits et au guindeau. Plusieurs cabestans sont disposés pour faciliter la manoeuvre des vergues, amurer et border les basses voiles, etc. L'équipage est de quarante-quatrehommes, capitaine compris. Parmi les 37 autres navires de la maison Bordes, il y a )8 quatre-mâts en fer ou en acier dont i i en acier ont été construits en France depuis quatre ans. Les iç autres sont des trois-mâts en fer de construction moins récente. Comme tous les navires de la maison Hordes, la France est affectée au transport du charbon à l'aller et du nitrate de soude au retour. Le charbon transporté au Chili est embarqué à Shields, à l'embouchure de la Tyne il sert a préparer le nitrate. Celui'ci est pris le plus souvent à Iquique et amené à Dunkerque, où il est acheté pour les besoins de l'agriculture, notamment pour l'engrais nécessaire à la culture des betteraves. Deux navires de cette maison viennent d'être affrétés pour transporter du charbon à Madagascar, d'où ils relèveront pour Newcastte (Australie) afin d'y prendre du charbon à destination du Chili et revenir de là à Dunkerquc avec du nitrate, ce qui leur aura fait faire un voyage autour du monde. Nous ne pouvons mieux terminer cet article qu'en citant la belle traversée qui vient d'être effectuée par le cinq-mâts France. Parti de Shields avec un chargement de charbon à destination de Valparaiso, il est arrivé le mars dans ce port, après une traversée de soixante-cinq jours, comptée de « Prawle Point (côté Sud d'Angleterre). C'est le plus rapide voyage fait par ce navire, et il est d'autant plus remarquable que la France est proportionnellement moins voilée et a des lignes d'eau moins affinées que les derniers grands voiliers construits depuis i8ç4 pour la maison Bordes. Capitaine L. MuLLER.

i

Préoccupée comme elle l'est toujours de tout ce qui touche au bien-être des pêcheurs et des marins, la très utile Société de <?)Me~cM!~ <)pc/!M /M; times, dont le siège est à Paris, 25, quai Saint-Michet, vient de mettre au concours la question de la coopération chez les marins et pêcheurs. Les mémoires devront être déposés au siège de la Société avant le 3i décembre de cette année. C'est là une question fort intéressante à traiter, car l'idée si féconde de la coopération doit pénétrer davantage dans les milieux français, pour le plus grand profit des travailleurs.

La Mort du docteur Sacchi au Pays des Somalis

~\x

se

rappelle

que le

docteur

Sacchi s'était détaché de la mission Bôttego, dont il faisait partie, au moment où celle-ci se trouvait au Nord du lac Rodolphe, dans le mois d'oc-

tobre !8ç6. Sacchi avait ordre de revenir à DOCTEUR SACCm. la côte somalienne, d'où toute l'expédition était partie, et d'y rapporter les provisions d'ivoire amassées en route, surcroît de bagage dont Bôttego et ses compagnons ne pouvaient s'embarrasser au moment où ils allaient affronter toutes les difficultés d'une marche dans le bassin du Nil. Bottego avait caché en plusieurs endroits ces provisions d'ivoire il chargea le docteur de les recuei))ir. Les quatre Européens avaient tué beaucoup d'éléphants dans les bassins du lac Stephanie et du lac Rodolphe Sacchi se mit en route avec cette première provision, une soixantaine de dents. Comme une caravane de Somatis se trouvait en partance pour la côte, elle se chargea de tout le transport, à condition qu'elle aurait en paiement la moitié de la marchandise. Sacchi avait pour escorte quinze Ascaris armés de fusils Vetterti. Les marchandises étaient portées à travers les forets et les précipices par des mutets et des anesArrivé à Asibo, dans le pays des Borans, le docteur laissa son chargement à la garde de la caravane, enjoignant au chef d'attendre son retour pour continuer la route,- et se dirigea avec ses Ascaris dans le pays des Ahmaros, où Bôttego avait caché plusieurs de ses dépôts de défenses. I) y arriva vers le milieu de décembre, au moment même où les terribles Amharos revenaient d'une expédition chez les malheureux Konsos. Cette horde des Amharos venait d'incendier cent villages konsos; elle avait razzié tout le bétail, tué une partie de la population et emmené le reste en esclavage. Dès que les pillards triomphants apprirent la présence d'un Européen dans le voisinage, ils se mirent à sa recherche. Les guet-apens sont faciles dans ce pays couvert et tourmenté, cette Suisse africaine. Ils atteignirent le docteur sur la rive méridionale du lac ~'a~/n~f ou .e;Me A~y;«;r!/e, en face de l'ilot G~/ame, où précisément était enfoui un des dépôts d'ivoire. Leur premier acte fut d'assassiner Sacchi. Puis ils extorquèrent aux Ascaris, probablement par des procédés très cruels, le secret de la cachette de )'!tot, et ils égorgèrent ces soldats, dès qu'ils furent en

possession du trésor. i. Voir

.4

li-avers le ~/OM~f, n°

1

tti~t, p.

f.


De là ils

coururent dans le pays des Rorans, pour y surprendre la caravane somalie, toujours ar-

rêtée. Mais le chef de celle-ci eut vent de l'affaire et prit la fuite, jetant la plus grande partie du chargement. I) arriva avec tout son monde à Logh, où il apporta la triste nouvelle de la mort de son maître. On ne peut imaginer une expédition poursuivie avec plus d'acharnement par le malheur. Bôttego, le chef, allait périr aussi, de l'autre côté du piateau éthiopien. Et si ses deux lieutenants, Vannutelli et Cisterni, sont encore vivants, c'est presque un miracle, tant ils ont couru de dangers après le drame de Gobo. Le docteur Maurice Sacchi était né à Mantoue en 1864. Lauréat des sciences physiques à l'Université de Pavie, il était entré au bureau central de météorologie de Rome. Dans la mission Bôttego, il était spécialement chargé des études météorologiqueset géo)ogiques. Brave autant que savant, il a dû tomber les armes à la main. Déjà au commencement du voyage, dans le pays des féroces Rahanouins, où la mission était constamment attaquée, il avait été grièvement blessé à l'épaule gauche par un violent coup de lance qui faillit le traverser de part en part. H. MHtHER

DE MAT)H.')S)EL'LX.

La Mission Henderson

Samory et tes Anglais NTous avons annoncé,

au mois de mai dernier,

de la mission anglaise Henderson, qui, envoyée dans l'hinterland de la Côte d'Or, tomba au milieu des bandes de Samory. Le bruit courut même )'échec

que M. le lieutenant Henderson avait été tué.

tt'n'en

était rien. Cet officier avait été simplement fait prisonnier, et fut bientôt retaché et renvoyé par Samory à la côte.

On vient de recevoir dernièrement, sur cette

malheureuse expédition, des détails plus circonstanciés que nous relatons ici. Le lieutenant Henderson avait été chargé par le gouvernement anglais d'une mission dans l'hinterland de la Côte d'Or britannique. H devait rendre visite aux différents chefs avec lesquels les Anglais avaient conclu des traités. Accompagné de quelques Anglais et de cent soldats haoussas, il quitta Accra le 20 novembre 1896 et, passant par Koumassi et Kintampo, parvint à Dakourhé, ville frontière des possessions anglaises, où des indigènes venus de Bounà lui annoncèrent que cette dernière ville avait été attaquée par Samory. La mission Henderson continua sa route; mais bientôt la contrée qu'elle traversait offrit l'aspect de la plus affreuse dévastation Samory avait tout ravagé dans le pays. Arrivé à Boualé, ville importante, mais ruinée par les « raids de Samory, Henderson apprit que le fils aîné de ce chef se trouvait à quarante milles de là, avec toute une armée, et il lui dépêcha

messager pour l'inviter à mettre fin à ces razzias, commises sur des protégés de l'Angleterre.La réponse du chef nègre fut dilatoire. Les Anglais s'avancèrent jusqu'à Oua, ville fortifiée, où ils ne trouvèrent que cinquante Sofas. Laissant à Oua la plupart de ses compagnons, Henderson poussa, avec quarante-trois Haoussas, jusqu'à Dawkaeta, qu'il atteignit au comun

mencement de mars i8< Il y reçut la nouvelle que le fils de Samory s'avançait contre lui avec sept mille hommes d'infanterie et quatre cent quatre-vingts cavaliers. Les Anglais fortifièrent à la hâte la ville de Dawkaeta, dont les remparts consistaient en une dizaine de forts très primitifs. Les vivres étaient assez abondants, mais la provision d'eau ne pouvait suffire que pour quatre jours.

L'attaque eut lieu dès le 28 mars. Les Haoussas se défendirent avec courage, tandis que les Bouas et

Lobis, alliés des Anglais, lâchèrent pied te quatrième jour. Deux des forts tombèrent enfin entre les mains du fils de Samory. La position devenait intenable pour les Anglais, qui résolurent de battre en retraite en passant de nuit sur le corps des assiégeants. Cette sortie périHeuse réussit au prix de nombreuses victimes du côté de Samory, quatre cents indigènes avaient trouvé la mort pendant le siège. De retour à Oua, Henderson vit bientôt arriver les Sofas qui s'étaient mis à sa poursuite et qui investirent la ville. Des combats eurent lieu. C'est dans l'une de ces attaques que tomba le métis Ferguson, dont les indigènes coupèrent la tête. La situation était désespérée pour les Anglais. Alors le lieutenant Henderson prit la résolution de se rendre tout seul au camp du chef ennemi, qui le reçut avec beaucoup de courtoisie, mais l'envoya à son père sous bonne garde. Samory accueillit le vaillant prisonnier avec autant de bienveillance que son fils, lui offrit un siège à ses côtés, fit passer en revue, en son honneur, les quatre mille hommes de troupes qu'il avait autour de lui. t) lui dit que les combats des jours précédents avaient été voulus par Dieu, mais que les Anglais n'en étaient pas responsables. Au bout de quelques jours, le mai, il renvoya Henderson à la côte avec des présents et en le déclarant libre.

Jean Hess

et

Ch.

Léser.t/ma~ae/tco/oxM~OMt'ySpS.–Paris, 26, rue Drouot.

Prix

franc.

TLn'yapas'd'instrument'devui~arisationptuspratiqueque l'almanach, qui sous une forme commode et pour un prix modique renferme une foule de renseignements, de données et d'indications i l'usage du public désireux de s'instruire. C'est pour développer et étendre t'ceuvre de propagande coloniale à laquelle

Hs'estvouédepuisp)usieursanneesqueM.JeanHessaconçu l'idée de l'almanach colonial, qu'il fait paraitre pour la première fois cette année, avec le concours de M. Charles Leser. Leur aimanach est donc consacré en entier aux choses coloniales. On y trouve une série de notices et d'articles illustrés du plus haut intérêt. Quelques-unes de ces notices ont même l'importance de véritables études sur les questions extérieures à l'ordre du jour.


.4.Y.Y.4~.ES 7)B

L'YS7V7'~y A'G)'P7'Y

Le Tombeau de Thoutmès

vases brisés, des ossements. Près d'une cotonne, un cygne en i

à Bibân-el-Molouk la séance du '1 mars dernier, de ['Institut Égyptien, r~~NS JL' M. Loret, directeur du services des antiquités a fait part de sa récente découverte du tombeau de Thoutmès III. C'est par une série de déductions fort simples que M. Loret a été ameneapenserqu'i) devait y avoir des tombes dans la région de Biban-et-Motouch, dans la vaUée des Rois à Thèbes, non loin des tombeaux de Ramsès III et de Séti II. H a donc ordonné, le .) février dernier, de pratiquer des fouilles dans cette régfon, et t'événement. comme on va le voir, ne tarda pas a justifier ses prévisions, car, dès le [2 du même mois, il recevait un télégramme lui annonçant une découverte importante. Nous laissons maintenant la parote a M. Loret. J'avais.dès la réception du tt)c~ramme,të)é~raphie à l'inspecteur de Gournah de refermer immédiatement le tombeau et d'attendre mon retour pour continuer le travail. De sorte que, le 2~, quand je rentrai à Thèbes, je fis reprendre le déblaiement et

je pus aller me rendre compte de l'importance de la découverte. Il fallut plusieurs heures pour ouvrir, sous le linteau de la porte, un passage par où pût se glisser un homme. Le tombeau de Thoutmès Ht se trouve placé, à une distance d'une centaine de mètres après celui de Ramsès ttt, dans une sorte d'anfractuosité de la montagne où les parois rocheuses, se dressant à pic, laissent entre elles place à un couloir large à peine d'un mètre à son ouverture. L'entrée de ce couloir se trouve située à huit ou dix mètres environ au-dessus du sol de la vallée, et l'on y accéde en' gravissant péniblement un talus très raide formé par des déblais qui roulent sous les pieds et obligent le patient à faire dix pas pour monter d'un mètre. Arrivé en haut du talus, on doit se faire hisser par des Arabes pour escalader une paroi à pic haute d'à peu près deux mètres. On est alors dans la place, ou du moins dans une gorge étroite menant à la place, Untrounoir, très bas, s'ouvre au fond de la gorge: c'est l'entrée du tombeau, c'est la porte dégagée a sa partie supérieure. Une chaleur intense et une odeur étrange sortent de ce trou comme d'une fournaise mystérieuse. On y pénètre. Brusquement, le sol, formé de durs et anguleux éclats de calcaire, descend en formant une pente de quarante-cinq degrés. On se laisse glisser sur le dos, sur le ventre, comme on peut. On a peine a se retenir, soit sur le lit de blocs mouvants qui glissent avec vous, soit aux aspérités du plafond en pente.ou les ongles trouvent difficilement une place pour s'accrocher. Au bout d'une vingtaine de

vide.

mètres,te Un

puits large de toute la largeur du corridor barre la route. franchir faut ce puits, profond de cinq ou six mètres et large de quatre ou cinq. On y fait pénétrer une échelle, à peine assez longue, et l'on atteint, dans l'ombre, le fond du puits, formé de

Il

débris éboulés. Pour continuer la route, il faut, de l'autre coté du puits, en tace de l'ouverture par où l'on est entré, atteindre une autre ouverture suuée a la même hauteur. L'échette ést appliquée sur cette nouvelle paroi. Elle n'atteint qu'à un mètre au-dessous du niveau de l'entrée, et l'on grimpe en s'aidant d'une corde attachée à une poutre placée en travers de la porte et oubliée par des

voleurs d'autrefois. On se trouve alors dans

une

vaste pièce soutenue par deux

massifs piliers carrés.Onpeuts'ytenirdehout.aDumer des bougies, et l'on reconnait une chambre encombrée de débris, parmi lesquels une statuette de bois, debout encore sur son socle, attire de suite le regard. Les quatre murs sont couverts de peintures, aux tons sobres et sévères, admirablement conservées. Dans un angle du sol de la pièce, une vaste ouverture béante indique que le tombeau ne se termine pas là. H faut descendre encore dans ce trou béant par un escalier aussi rapide que celui de t'entrée, escalier aux marches usées et encombrées d'éclats de calcaire. Enfin, l'on peut se redresser et constater que l'on se trouve à l'entrée d'une vaste salle mesurant environ quinze mètres sur neuf, et soutenue par deux colonnes quadrangulaires. Les parois, ornées de figures au trait et d'hiéroglyphes cursifs, le tout en noir et rouge sur fond gris, semblent avoir été tapissées d'un immense papyrus aux dimensions monstrueuses. Les angles de la salle sont arrondis, ce qui lui donne la forme d'un gigantesque cartouche royal. Des débris encombrent le sol des éclats de catcaire, des

bois bitumé, sans tête et sans pattes. A droite det'entrée. deux encore debout, semblables à celles de la première salle.

statues

Enfin, au fond,dejrièrcta seconde cofnnne,te sarcophage ouvert, vide, repose sur un soctedatbâtre, tandis qu'à côté de lui son couvercle git sur le sol. Je n'éprouve aucune déception à voir le sarcophage vide. la momie de Thoutmès III ayant été trouvée il y a quinze ans dans la cachette royale de Deir-ei-Pahri et se trouvant exposée au musée depuis cette date. Partout, sur les murs, sur les colonnes, le nom et le prénom de Thoutmès !II. Le sarcophage est en pierre rouge, lisse, brillante, qu'au premier abord j'avais prise pour du porphyre. Mais l'erreur a peu duré. Comme on avait du casser un peu )e sarcophage pour t'ouvrir et qu'un fragment de la pierre rouge se trouvait à terre juste au-dessous de la cassure, je l'ai emporté pour l'examiner à la lumière du soleil. Le fragment était maculé de boue. Je l'ai plongé dans l'eau pour le laver et, à ma grande stupéfaction, t'eau est devenue rouge sang. La pierre déteignait! C'était, en effet, du grés compact trempé dans une solution rouge et ciré en quelque sorte, par surcroit, au moyen d'un vernis de même couleur. A la

lueur des bougies, le sarcophage paraissait être en porphyre je crois qu'en plein jour il ressemblerait à un bloc immense d'agate

ou de cornaline. De chaque coté de la salle du sarcophage, s'ouvrent deux pièces, aux murailles crépies d'un enduit terreux. Une rapide inspection me montre: [«Dans la première pièce à droite, neuf statues entassées, en bois bitumé. Deux sont des Osiris; une, un roi coiffé du claft et vétude la robe à tablier triangulaire; quatre représentent des personnages momifiés les deux dernières sont des léopards, aux pattes absentes. Dans un angle, des ossements, parmi lesquels je reconnais unetéte et une main de cynocéphale. 2" Dans la seconde pièce à droite, un grand nombre de jarres brisées, vidées, au col de quelques-unes desquelles adhèrent encore les bouchons de terre glaise retenus par des cordes. Au milieu de la pièce, les ossements d'un bœuf au complet; de quoi monter en pièce anatomiquele squelette entier d'un taureau datant du xvi'' siècle avant notre ère. 3° Dans la première pièce à gauche, vide absolu. En cherchant bien, cependant, je trouve, dans la poussière qui recouvre le sol, un fragment de balai et le reste d'un brandon qu'ont jetés là ceux qui ont autrefois antevé la momie de Thoutmes. Ce brandon est formé d'un régimede dattes dépouillé de ses fruits et entortillé sur lui-même. .)" Enfin, dans la seconde pièce à gauche, s'étaient, côte à côte,sur le sol, deux cercueils qui ont été ouverts autrefois et refermés. L'absence de barbe indique que ce sont des femmes. Aucun nom n'est lisible sur les couvercles, qui sont enduits d'une couche de poussière et d'excréments de chauves-souris. Je fais soulever légèrement les couvercles dans idée qu'il ya peut-être des bijoux ou des objets précieux à sauvegarder. Rien Rien que deux momies admirablement conservées et emmaillotées de tissus aux couleurs douces, sur lesquels s'entre-croisent des bandelettes aux teintes plus vives. Après avoir ainsi examiné et relevé les lieux, M. Loret fit aménager la tombe de manière a en rendre l'accès moins

difficile et moins peritieux.

En somme, les documents nouveaux apportés à la science

par tadécouvertedecetombeausontnombreuxetintéressants. Sans parler du mobilier funéraire, malheureusement presque entièrement détruit, on peut citer dès maintenant Dans la première salle, un catalogue méthodique de sept

cent quarante et une divinités, représentées avec accessoires et attributs et portant chacune son nom auprès d'elle. Des dieux de haute célébrité, tels que Osiris et Anubis, s'y trouvent rangés, grâce à la classification adoptée et soigneusement expliquée, au milieu de divinités secondaires inconnues jusqu'ici. 2° Dans la seconde salle, un exemplaire complet, sans une lacune, de tout le /.<fr~ .<f ce ~f< j' j d~H~' ~V/j~M'. sorte te Guide dans l'autre monde, accompagné de plans et de cartes. Le plus ancien exemplaire connu de ce livre était celui du tombeau d'Aménophis fit. Celui de Thoutmès Ht nous fait remonter demi-siècle au moins en arrière: 3' Dans cette même salle, une colonne nous présente une scène d'un grand intérêt historique. Thoutmès III est représenté suivi de sa mère Isi-t, connue déjà par le linceul de la momie du roi; de sa femme /?j-mer< vivante; de sa femme .tj-~j-< défunte de sa femme A'('M.<-A/!)'OK; de santte.YoK/r<-<7roK, défunte.

un


Les Positions navales de la Mer Jaune

(suite)1

Weï-Haï-Weï Après a)'0!)-/f de ;Por/}/i«y- et de 7~t-L~H-t~aM, de L~t~n'e~r/e ici de Weï-Haï!~e;, place encore occupée par les Japonais yMs~K'~K ~t'e)?!eH< par la C/~ne de /?~eM)H'<e de guerre, qui t'MK~ d'être cédée à bail par la C/)/He a l'Angleterre, ~;M les wemM conditions ~!<e Po/lr//tK/- l'avait été c/

~e~~

~H:

à la Russie.

LnA position -L< cachée

de Wo-Haï-We')', beaucoup moins bien que celle de Taï-Lien et de Port-Arthur, est

néanmoins admirablement choisie, topographiquement, pour exercer une forte action mili-

quartier Nord-Ouest est formé de terrasses soutenues par des murs, dont la dernière domine de vingt ou trente mètres les parties basses.

munications entre Pékin et la Chine centrale et méri-

On ne pouvait song'crâà placer l'arsenal et ses divers organes ni là ni en aucun point de la longue dune de sa-

Jaune.

ble mouvant que la mer modèle entre

taire sur les com-

dionaiepar)amcr

le

cinquante kilomètres à l'Ouest A

Cod

et l'Haï-

Chai-In-Cian-Sou. Ces deux presqu'i-

ducapChan-Toung-, la côte plate et marécag'euse est brusquement rompue

les elles-mêmes,

avec leurs falaises

abruptes, séparées par des plages étroites et courtes,

par une presqu'île

montueuse longue n'offraient pas dade cinq kilomètres, vantage emplacelarge de huit enviment convenable. ron, que proionge dans la mer le masLes ingénieurs sif de Hai-Chaïont dû se contenter In-Gan-Sou. Ce FORT DE CHAO-PEt-TSOuï, EXPLOSÉ PAR LES CHINOIS LE 3o JANVIER i8o5. de celui qu'offrait DEMONTE massif est la corne CANON PAR UN OBUS. la côte méridionale Photographie de orientale d'un large t~He~rd de Lag-Hef/e. de Liou-Koung, en croissant de haufacedeWeï-Ha)qui au Sud, de We'i et de la grande plaine, dont la sépare un immense teurs une vaste plaine longue cerne, dix kilomètres, )arg'e de six, et prolong'e à l'Ouest bassin elliptique large de six kilomètres. la péninsule du cap Cod, longue de trois kilomètres, Mais entre elle et Hai-Chai-Ingan-Sou s'ouvre large d'un et demi. La vaste rade, ainsi déterminée, une passe iarg'e d'environ une lieue, dite Grande Passe est séparée de la pleine mer par l'ile conique de Liouou Passe orientale, et du côté de Cod, un second Koung-Tao, flanquée, à l'Ouest, de l'ile Observatoire goulet dit Petite Passe ou Passe occidentale. Houang'-Tao, l'Est, l'île Ni-Tao. de et, à ou Pour en interdire l'entrée, les ingénieurs bâtirent:, La cité de Weï-Haï-Weï est juste à la soudure sur les trois caps de Haï-Chai-In-Gan-Sou, les forts de de la plaine avec la presqu'île du cap Cod, dans un Loung-Miao-Tsouï, Liou-Kiou-Tsouï, Chao-Pei-Tsouï, vallon triangulaire si court que la ville n'a pu se dévetous les trois casematés et armés formidablement de entièrement lopper krupps, deo.i.5, 0.21, 0.22 et même (à Chao-Peï-Tsouï) sur la partie plane, et que son de 0.28! Ils prévirent une attaque par terre qui aurait du 9 avril )8<)8. t. Voir le numéro pu livrer ces ouvrages à l'ennemi, et,'sur un bourrelet A

TRAVERS LE MONDE.

)~

LIV.

N" 17.

23

avril t8ç8.


qui traverse la presqu'ile d'Ouest en Est, piacérent les deux redoutes de Mo-Tien-Lieng et les forts de ChaoPeï-Tcheng et Yang-Foung-Ling ou Liao-IIao-Li, ce dernier au-dessus d'une baie susceptible de servir de refuge ou de base d'opération à l'assaillant, juste a )a soudure de Haï-Chaï-In-Gan-Sou à la masse du

Chan-Toung. Au milieu de la Grande-Passe, sur l'île Ni-Tao, ils plantèrent un fort casematé, en pierre, et armé

d'énormes canons Krupp et Amstrong. La prcsqu'!)e du cap Cod fut défendue, au Nord, par le fort à quatre étages de batteries de deux pièces dit Pe'f-Chan-Tsou'i, au centre par les deux étages de feux de Houang'-Tao-Yaï, et au Sud par les trois batteries de Loung'-Ouang'-Miao. Chacun de ces ouvrages était très solidement bâti en pierre, gazonné, casematé et armé de krupps de o.i5, o.2 et 0.2Du côté de la terre, ils étaient défendus respectivement contre une attaque d'arrière par Kiou-FoungTing', au pied duquel étaient l'école de torpillerie et les magasins de torpilles, par une barricade de sacs de terre abritant une série de batteries de petites pièces

au-dessus

d'un viiïag'e

nommé Matao, en face du fort de Loung'-Ouang-Miao.

Inutile

d'ajouter que ces

croisait ses feux avec ~'i-Tao,et une autre, sur la crète en arrière, avait vue sur la mer pour ses quatre krupps de o.)5 et de 0.2;. Un petit îlot, à la pointe extrême orientale de Liou-Konng, portait une batterie de deux krupps dco.)5. L'ensemble était appelé TouNam-Sen. LJn tudr continu et crénelé montait de ce fort au sommet de t'ite, où un simulacre d'embrasures peintes et de troncs d'arbres entourait un projecteur électrique et un mat à signaux.

L'arsenal, au centre de l'île, contenait surtout des établissements d'études navales, une corderie et réparer une forge, mais était si mal outillé qu'il ne put la coque du cuirassé C/x'H-r);M, endommagée par un échouage au mois de décembre 1894. Un wharf de fer et complétaient ses une grande grue sur un caisson flottant

moyens-d'action, plutôt limités, comme on le voit. LiHung-Chang allait compléter ses défenses, car nous y capitulation, avons trouvé, en février )8c)5, après la une batterie complète de mortiers Krupp courts, de 0.28, et des munitions calculées trois cents coups par pièce, le tout encore emballé. Sauf à Port-Arthur, où nous aurions à relever

d'autres défauts si cette étude n'était pas nettement circonscrite, tous ces forts qui alignaient du côté de la des matelas de béton

mer ouvrages, comme ceux de recouverts de terre g'azonnée Taï-Lien-Wan avaient sur épais de cinquante mètres, ceux de Port-Arthur l'avandécoutage d'être reliés les uns aux i'ORTDEHOL'-KK)U-TSUUf,Uh~A)b~ESONUrELAVEC!.ETIXG-YUEf.étaient absolument verts du côte de la terre. P;;0<OgT~<C de ~M. V</<f~!)\Y de LayMft'tf. autres par des routes straL'assaillant, venant de ce tégiques qui auraient pu côté, aurait mitraillé les embrasures aussi aisément soutenir la 1~ comparaison'avcc nosmeittcurcs routes na-

~4

tionales. Ce sont, d'ailleurs, les seuls vrais chemins que j'aie vus et parcourus en Chine. L'approvisionnement des pièces était ég'atement de trois cents coups par bouche à feu. Un outre, la Petite et la Grande Passe avaient été barrées par une ligne de torpilles dormantes, mouittées devant une série de triangles de grosses poutres, assez rapprochés pour ne laisser passer que des barques et ancrés assez largement pour suivre, sans être disloqués, les mouvements de la marée. Deux postes d'électriciens y étaient reliés, l'un de la barricade de Matao, l'autre du fort de Loung-Miao-Tsouï. Deux puissants projecteurs électriques éclairaient les deux passages, l'un des environs de Chao-Peï-Tsouï, l'autre de la plus haute batterie de Peï-Chan-Tsouï, où il voisinait avec un télemètre du dernier modèle destiné à régler le tir sur le large. L'arsenal, dont les approches étaient ainsi défendues, était flanqué à t'Ouest d'un fort en pierre, casematé, blindé, armé, dans des tourelles couvertes de fer, de deux canons Amstrong de douze pouces, pourvus d'appareils hydrauliques qui les haussaient pour tirer et les redescendaient à l'abri immédiatement après le feu. Il battait l'angle mort des ouvrages du cap Cod, surtout de Peï-Chan-Tsouï. A l'Est, une redoute armée de pièces Amstrong

que des façades de maisons et, dans le cas d'une action combinée avec une flotte, aurait totalement paratysé toutes les ressources accumulées contre cette dernière. La connaissance de cette situation a inspiré aux Japonais les plans d'attaque qui ont eu si rapidement raison de Tai-Lien-Wan et de Weï-Ha'i-We'i. Le Japon se fit céder, par l'article II du traité de Simonoséki, toute la presqu'île dite de Liao-Toungou Feng-Tsien, entre le Yalou, le Sira-Mouren et le détroit de Liao-Ti-Chan, avec toutes les fortifications, arsenaux et propriétés de l'État qu'elle contenait, c'està-dire, entre autres, Taï-Lien-Wan et Port-Arthur; et, par l'articlc VIII, se fit autoriser, en garantie de l'accomplissement des clauses du traité, à occuper

Weï-Ha'i-Wei. Tai-Lien-Wan et Port-Arthur étaient intacts. Mais à \Veï-Haï-\Ve), seules les défenses de LiouKoung'-Tao subsistaient. Dans tous les ouvrages de Hai-Chaï-In-Gan-Sou et du cap Cod, en effet, les Chinois, avant de les évacuer pour se réfugier sur I'i)c et à bord de la flotte, avaient enlevé les pièces de culasse des canons, les avaient jetées à la mer et avaient fait sauter tous les magasins à poudre, casemates, banquettes, embrasures, etc. Même avec cette diminution, le Japon n'en était


pas moins maître des formidables défenses créées par Li-Hung-Chang pour garder la route de Pékin, défenses contre lesquelles l'effort de l'assaillant,quelque puissant qu'il fût, se serait certainement brisé, si le vieux vice-roi, plus heureux que l'« heureux n Pompée, eût pu faire jaillir des soldats de terre en la frappant du pied, ou créer des hommes comme il avait créé des forteresses. Heureusement l'intervention de la France, de la Russie et de l'Allemagne arracha au japon la Chine pantelante et qu'il croyait bien réduite à son entière merci. Une seconde convention dite de Liao-Toun~ rendit cette presqu'ile tout entière au Céleste-Empire, moyennant le versement d'une indemnité supplémentaire de trente millions de taëls (valant à ce fr. 50).

moment

L'article t[

moindre, si le paiement a été déjà effectué, seront « ajoutés comme partie intégrante au principal de «l'indemnité.)' » Or, le i" mars, le gouvernement chinois a conclu à Pékin, avec la banque de Hong-Kong et ChangHaï et avec le De;<~c/4s!a<c/M BsH~, un emprunt de seize millions de livres sterling ou quatre cents millions de francs. La Chine se trouvera donc en mesure de verser le 8 mai prochain au Japon le reliquat total de l'indemnité de cent millions de tacts, avec les «

intérêts.

Et comme Weï-Haï-Weï n'était

que te nantisqui en aura touché le

sement de cette dette, le Japon, montant intégral, va perdre cette position sans prix pour lui, à trente heures de Sasebo, son port de guerre dans l'ile Kiou-Siou, à douze heures de Port-Arthur et

àseizedeTche-

moulpo.

de ce nouvel acte stipulait « Toutes « les places fortes,

Jusqu'à ces

derniers jours, on

"ouvrages

de guerre, fabri-

«

ques, propriétés

«

sur lesdits terri-

pouvait, sans pessimisme ou malveillance, conjecturer que la cession de Port Arthur faite

«d'Etat, situées « « «

toires, se'ront

récemment à la

restitués par le Japon à la Chine,

«<H.!

Russie par la Chine serait invoquée par

/MCOHof!-

ie

"OM~O;<!7.C-

japonais, pour re-

<OH<aK~m~~K «re<~<7~M/o!<-

fuser t'évacuation de Weï-Dai-We). On sait que rien de pareil n'est plus à

«~C~ y~WMMM,

"conformément à

('cette conven«

tion.

prévoir. Le gouver-

»

En

consé-

gouvernement

Photographie de quence, au mois de novembre 1895, les 1évacuèrent Taî-Lien-Wan et troupes mikadonales Port-Arthur, après le versement, fait le 8 du même mois, des i35 millions de l'indemnité de rachat. Mais tous les canons des forts, toutes les munitions, tous les appareils des usines, ateliers, etc., avaient été emportés au Japon entre le 8 mai et le 8 novembre, et, avant de partir, les soldats du SoleilLevant firent sauter tous les ouvrages fortifiés et détruisirent tout ce qu'ils purent détruire. Donc, à l'heure actuelle, la seule position militaire de la mer Jaune où une flotte puisse réparer, en toute sécurité, de petites avaries, est \e)-Hai-Weï. Mais l'article IV du traité de Simonoséki, en stipulant le paiement d'une indemnité de guerre de deux cents millions de /~7. l'intervalle et la date des versements partiels, ainsi que le taux de l'intérêt à courir, a laissé à la Chine le droit de payer par anticipation, à n'importe quel moment, tout ou partie de l'indemnité restant due. « Dans le cas, dit le dernier « paragraphe de cet article, où le montant total de indemnité serait payé dans le délai de trois « ladite « ans après l'échange des ratifications du présent acte, « tous les intérêts seront suspendus, et les intérêts demi ou pour toute autre période « pour deux ans et

nement

ang'tais a Villelard ~e La~<M't';e. annoncé, le 6 avril, aux deuxChambres du Parlement, que la Chine avait cédé à la GrandeBretagne le port de Wei-Haï-Weï, aux mêmes conditions et pour la même durée que Port-Arthur à la

PRESQU'ILE NORD-OUEST DEWEÏ-UAÎ-WEÏ,FORTDE LOUNGOUAKGMtAO.

Russie.

La théorie des /:n~er/aM~6' assure, de ce fait, à )'Ang'[eterre des droits sur la presqu'île du ChanToung, et la met en compétition avec l'Allemagne, loca-

taire, antérieurement et pour quatre-vingt-dix-neuf

ans, de Kiao-Tchéou. Mais M. Balfour, premier lord de la trésorerie, a assuré la Chambre des Communes qu'une parfaite harmonie règne entre les chancelleries de Berlin et de Londres dans le domaine des affaires chinoises. La mitoyenneté de ces deux bons amis n'a donc rien d'alarmant. D'autant plus que le traité de Simonoséld semble avoir ménagé d'avance une transaction, en cas de difficulté, dans les articles dits séparés, exclusivement consacrés à l'occupation temporaire de Weï-Hai-WeïparIeJapon. L'article II stipule que « Le territoire temporairement occupé à Weï« Hai-Wei comprendra l'ile de Liou-Koung et une « bande de terre large de cinq ris japonais tout le « long de la ligne côtière de la baie de. Weï-HaiWeï. Aucune troupe chinoise n'aura la permission « d'approcher ou d'occuper aucune tocatité dans l'in-


« «

térieur d'une zone large de cinq ris japonais au delà des limites du territoire occupé. »

Ne voiià't-it pas, à la fois un hinterland délimité et une zone de ventilation, un de ces « tampons que les Anglais affectionnent ? La première zone contient dans ses ;6 M!omctres et demi (le ri vaut 3 tfit. 92~; non seulement les presqu'îles fortifiées et )a grande plaine, mais les vallées inférieures des émissaires du versant septentrional du massif du Chan-Toung'. H était stipulé qu'elle serait gardée par une brigade, soit la moitié à peine du corps que nous désignons ainsi, et son entretien ~f/ annuel avait été calculé à Soo ooo !25ooooo fr.]. Atême si l'amitié des Allemands n'exempte pas les Anglais de l'entretien d'une troupe d'occupation, cette opération ne sera pas exclusivcment onéreuse pour eux. Le pays est admirablement fertile et très peuplé. La plaine de \eïHaï-Weï, notamment, pourrait devenir en quelques années une Conca d'oro, une/n<er/L!,

A'0!

brûlante des marrons qu'il est sûr de ne pas manger. Personne ne sait encore s'il recevra une compensation, et il est permis de douter que celle-ci lui soit allouée en Corée. Les Russes ont retiré de ce pays les éléments d'influence qu'ils avaient eu tant de peine à y implanter, plutôt pour avoir le droit de demander à toutes les Puissances de respecter absolument son indépendance, que pour y laisser la place libre à un rival. ViLLETARDDE LAGL'ÉRIE.

Les négociations que la Chine a engagées depuis quelques semaines avec la France viennent d'aboutir à un résultat très avantageux pour nous et très honorable pour notre diplomatie. Les concessions de la Chine portent sur quatre

points:

Elle cède à bail une baie située sur la côte méridionale de la Chine, en face de 1°

l'ile de Haï-Nan.La baie n'est pas spécifiée, mais

il s'agit

très probablement

comparableàcelles

de ceiïedeKouang'-

de Va)ence ou de

Tchéou, dont nous

compté

("0!<c/' ~eo~a-

Murcie. J'y ai dix

parlons dans notre

sept

gros vi))ag'es. Elle

/Me.

est proche de Tche-

Fou

quelles que soient

les

est autorisée à construire une voie

un chemin de

fer pourrait )'y re lier et se prolonger plus tard vers les riches régions du Hoang-Ho. Enfin,

réserves que

La France

ferrée-reliantte

Tonkin àYun-NanFou par le fleuve RADE DE WEÎ-HAi-WEf. LE WHARF DE LIOK KOUNG TAO.

P/)0<o~)'n/t;'c de

nous pouvons avoir à faire sur la valeur de Weï-Ha')Weï, cette rade est actuellement la seule position navale de la mer Jaune qui puisse opposer des forts armés à un coup de main, et, en même temps, mettre au service d'une escadre quelques-unes des ressources d'un arsenal, tandis qu'il faudrait deux ans au moins et des dépenses immenses pour reconstituer Taï-Lien-Wan et Port-Arthur, même en se bornant à barrer la première rade par des forts sur Nord et Sud .S'jH-.S'tP~o, et la seconde par deux ouvrages sur t'empjacement de 7/OM;M ,le ~/o;!< ~'(~ et de )t'<?!-)'!<M, de chaque cûté du g'oulet d'entrée. H est vrai que pendant ce temps on pourrait aussi faire creuser le canal de jonction entre la baie du Pigeon et le bassin à flot, ce qui augmenterait immensément la puissance offensive de Port-Arthur et en rendrait le blocus par mer extrêmement difficile, même pour un ennemi aussi rapproché de sa base d'opérations que le Japon. L'arrangement auquel il vient de consentir suggère la pensée qu'il n'a pas encore été suffisamment averti que tout changement en Extrême-Orient ne peut profiter qu'à ses rivaux d'Europe et d'Amérique. Il continue à risquer ses doigts pour extraire de la cendre

t~k<a)\< de La~Her/f.

Roug'c.

3" La Chine

s'engage à ne ja-

Tonkin, I_! rr< 1 mais aliéner ses provinces limitrophes du c'est-à-dire celles de Kouang'-Toung, Kouang-Si et Yun-Nan. L'inaliénabilité de l'ile de Ha'i-Nan, déjà proclamée en juin i8ç", est confirmée Un arrang'emcnt est prévu entre la France et la Chine en vue de la constitution d'un service des postes. Jusqu'ici le service des postes en Chine a été exclusivement une entreprise privée qui se fait au moyen des « boutiques à lettres ». L'Ktat entretient, il est vrai, un service postal, mais c'est pour ses dépêches officielles. Il est question, depuis l'an dernier, d'établir un système postal unique pour tout l'empire. D'après les conventions actuelles, il s'établirait ainsi sous les auspices de la France, et, de même que l'Angleterre a obtenu que la direction des douanes soit toujours confiée à un Anglais, tant que le commerce de la Grande-Bretagne dépassera celui des autres pays, de même la France pourra obtenir que la direction des postes soit toujours connéc à un Français.


Rachgoun, port de guerre

et de commerce TA province d'Oran, sans être la plus fertile des trois

provinces

a)gériennes, est cependant très riche par son sol et ses productions, surtout dans sa partie Nord-Ouest voisine du Maroc. Elle a également beaucoup d'importance par son littoral, qui s'étend à l'entrce de la Méditerranée occidentale,

presque en face de Gibraltar. C'est pourtant la pluss mal partagée des provinces algeriennes, au triple point de vue des voies de communication, des débouchés commerciaux et des moyens de défense. Aussi se préoccupe-t-on de-

puis longtemps d'y

établir un port, à la fois militaire et

commercial. Le point de la côte jugéle plus favorable est celui où s'élève aujourd'hui, sur la rive droite et à l'embouchure de

la Tafna, le petit

La construction d'un port à Rachgoun est ainsi déjà inscrite, en principe, au programme des travaux nécessaires pour compléter l'outillage commercial et maritime de l'Algérie. Il peut donc être intéressant de donner quelques détails sur la construction projetée. Nous les empruntons à un rapport à la Société de géog'raphie d'Alger, et communiqué, le 20 juin 1897, au président de la Chambre des députés, ainsi qu'à une conférence faite à la même Société, le ;6 décembre 1897, par M. Gustave Milsom, ingénieur des mines, et fixé depuis dix-sept ans dans le domaine de Siga, près Rachgoun. Le port de Rachgoun comprendrait i" un avantport, de 5o hectares de superficie, formé par des jetées

solides, dont deux s'appuyantsur)'i]ot de Sig'a et drag'ué à une profondeur

uniforme de )zme-

tres;2°uncanalde

pénétration, qui

partirait du fond de

l'avant-port, et qu'on ferait, soit en se servant d'une

partie du cours ac-

tuel de la Tafna,en la draguant à la profondeur de i [

mètres, soit en creusant dans un ancien lit abandonné du fleuve, un canal latéral à la

dernier système permettrait en tout temps Tafna

ce

une navigation à

niveau plein, en eau calme, sans avoir à

village de Rachgoun. L'île de

se préoccuper des crues de la Tafna; 3° deuxbassins in-

mation volcani-

térieurs, creusés

même nom, de for-

également au fond de 11 mètres, dans POSITION DE RACIIGOUN, A L'OUEST DU DÉPARTEMENTD'ORAN, la presqu'ile située de la plage, et qui porte déjà un phare de deuxième ordre, constituerait au pied des ruines de l'ancienne Siga. Ces bassins, à quatre kilomètres en ligne droite de la plage, à sept pour le port une défense excellente. kilomètres de Rachgoun, seraient parfaitement proDans la séance de la Chambre des députés du tèges contre un bombardement possible par une février 1898, Etienne Saint-Germain avaient MAI. et 4 chaîne de collines parallèle à la côte. demandé, lors de la discussion du budget de la marine, Le coût total de ces travaux est évalué par un crédit de 3oo,ooo francs pour faire à Rachg'oun Al. Milsom à 23 millions. Mais, pour donner toute sa quelques travaux préliminaires, tels que sondages, établissement de débarcadères, etc. Repondant à valeur au port, il serait indispensable de mettre RachAl. Etienne, qui avait montré l'importance de la pog'oun en communication avec Tlemcen, le réseau des chemins de fer algériens et la frontière marocaine. Le sition de Rachgoun et l'utilité de la création proposée, projet de M. Milsom prévoit plusieurs lignes noule ministre de la marine s'est déclaré d'accord avec lui, vel'es, toutes à voie étroite (i'o5 d'écartement tout en ajoutant qu'il avait en perspective des dépenses plus urgentes. Le ministère, a-t-il dit, fera les études des rails). L'une irait de Rachgoun à Tlemcen, avec bifurcation sur LaUa-Maghnia, d'où elle pourrait plus demandées par M. Etienne; il verra ensuite quelles détard se prolonger sur territoire marocain une autre cisions il aura à prendre et quels crédits il lui faudra du port de Rachgoun à Aïn-Temouchent, où elle se demander au Parlement. que, qui se dresse à deux kilomètres


raccorderaitau réseau de t'Ouest-Atgérien. Enfin, pour

faire de Rachgoun le débouché des alfas des hauts plateaux, il conviendrait de construire une dernière ligne allant de Tlemcen à Sébou, Et-Aricha et au

Figuig.

La création du port de Rachgoun aurait pour effet d'accroître considérablement la prospérité des villes du bassin de la Tafna, Tlemcen, Latta-Alaghnia; Sebdou et Oudjda, tenues jusqu'ici isolées les unes des autres par l'absence de toute voie de communication rapide, de provoquer la création de nombreux villages dans la vallée de la Tafna, et enfin de donner à l'Algérie un point stratégique d'une importance capitale dans les guerres futures. est évident, en effet, que si la France veut avoir ses coudées franches dans tout le bassin occidental de la Méditerranée, elle doit posséder une base d'opération aussi rapprochée que possible de Gibraltar. Rachgoun, par sa situation géographique, se prête fort bien à ce rôle. C'est là que pourront se ravitailler et s'appuyer les bâtiments envoyés en croisière H

sur la grande route si fréquentée qui sert d'accès ou de sortie à la Méditerranée. Avec Bizerte à l'Est de nos possessions africaines, et avec Rachgoun, à l'Ouest extrême, nous aurions deux bases également appréciables au point de vue de la défensive et au point de vue de l'offensive.

Le lieutenant Dejoux,

de l'infanterie de marine CMcAe'O~'MK.

TL a

quelque temps, le général

dagascar.

Un tel précédent le

désignait pour faire partie de la brigade Voyron, qui se distingua si brillamment lors de la marche du général Duchesne sur Tananarive. Il s'y fit remarquer par son courage et son sang-

froid lors des affaires du 21 août et des 29 et 3o septembre )8ç5, et ne tarda pas à être classé au régiment de tirailleurs malgaches, formé au lendemain de la conquête, lorsqu'il s'agit d'assurer la pacification de la grande ite. Dans le nouveau poste, le jeune officier se multiplia, et il méritait d'être cité à l'ordre du jour dès le 20 juillet 1896, avec la mention suivante « A montré le 28 mars, au combat d'Alatsinainy, une bravoure et un entrain remarquables, en culbutant à la baïonnette un groupe de rebelles absolument fanatisés. S'est distingué, à diverses reprises, dans les opérations autour d'Anjozorobé, du 22 avril au 24 mai, et a fait preuve, le 3i mai, à Vohitena, comme dans toutes tes opérations qui lui ont été confiées, de beaucoup d'intelligence, de vigueur et d'audace, » Ce n'était pas seulement sur le champ de bataille que le lieutenant Dejoux donnait la mesure de sa valeur. Chargé d'une reconnaissance .géographique, il fit de fort intéressants travaux. )t poursuivait cette œuvre pacifique avec la conscience qu'il apportait en toutes choses, se montrant aussi bon administrateur qu'il avait été vaillant soldat, lorsque se produisit la révolte en Menahé. Dejoux y courut à la tête de ses tirailleurs. Le générât Gattiéni a dit dans son ordre du jour comment il s'y conduisit. Une balle avcugte a tranché trop tôt une carrière qui s'annonçait comme des plus brillantes. En récompense de ses excellents services, te lieutenant Dejoux avait été inscrit d'office sur le tableau pour la Légion d'honneur. Il devait être nommé le 1°'' janvier dernier. Mais la mort cruelle est venue le ravir prématurément. NED Non..

Ga)-

liéni, commandant en chef et résident général à Madagascar, citait à l'ordre du jour du corps d'occupation le lieutenant Dejoux « Cet officier, disait-il, a fait preuve d'une activité et d'un entrain infatigables, du i3 au 26 octobre 1897, pendant les opéraUEUTENANTDEJOUX* ttions engagées sur la rive droite de la Tsibirihina.S'est particulièrement distingué au combat du z5, en abordant, le premier, la position ennemie. A été mortellement atteint le lendemain même en entrainant ses tirailleurs à l'assaut. » L'officier qui était l'objet de cet ordre élogieux a succombé à ses blessures. Sa courte mais belle carrière mérite d'être retracée, car elle donnera à tous une salutaire leçon d'énergie morale. Né le i5 septembre 1867 à Mont d'Origny (Aisne), Dejoux entrait à Saint-Cyr en octobre 1887. Il en sortait dans la première moitié de sa promotion, ce qui lui permit de choisir l'infanterie de marine. Affecté au 8" régiment à Toulon, il était appelé, peu après, à servir à Diégo-Suarez, où il séjournait de 1891 à i8g3, étudiant, en vue d'éventualités à venir,

t

les questions relatives à notre future colonie de Ma-

La Situation actuelle de la côte de Bénadir la défaite d'Adoua, l'Italie T~EPUts

a dû renoncer a de conquête en Ethiopie; elle a même

ses projets réduit notablement sa colonie d'Érythrée. En revanche elle concentre ses efforts sur la côte de Benadtr, qui peut acquérir une certaine importance commerciale. Le commandant Sorrentino y a été envoyé récemment pour étudier ses ressources. De retour à Rome, il a présenté au gouvernement italien un rapport auquel nous empruntons quelques détails. Le commandant considère la situation comme tranquille et assez satisfaisante,mais cela ne l'empêche pas d'ajouter qu'il faut se tenir sur ses gardes contre les indigènes, dont la bonne foi et la sincérité paraissent fort douteuses.


Le marché de Magdochou (Mogdichou) est très fréquente; il y a des jours où l'on y amené jusqu'à six cents chameaux chargés, et cela, ma)g'ré la méfiance inspirée par les Ouadan. Les autres marchés,– Baraoua, Mcr)<a, Itala (H) Athalé), prospèrent, et leur tranquillité paraît être moins menacée. C'est à Baraoua ou Brava que les Européens trouvent le meilleur accueil de la part des habitants, qui ont fini par comprendre les avantages d'une entente avec les /eM~ Il se peut que les habitants des autres localités reconnaissent peu à peu ces avantages; à Magdochou même, le commandant Sorrentino a pu trouver assez de tolérance pour réussir à installer, à côté de la mosquée, une petite chapelle surmontée de la croix. Les douanes perçoivent environ -too ooo francs par an, ce qui fait supposer un mouvement commercial d'environ 8 ooo ooo francs (les marchandises paient un droit de 8 o/o o~ M/o'em mais il faut considérer que, ta bas, la viande ne coûte pas plus de )5 centimes le kilo et un chameau se paie environ 5o francs). Le commerce d'exportation est fait par les barques à voiles du pays, et le manque d'une ligne régulière de bateaux à vapeur se fait sentir. On cite le cas d'un bateau de la Compagnie de Navigation générale italienne qui, ayant touché par hasard au Bénadir, trouva à charger pour environ 100 ooo francs de marchandises et dut renoncer à charger 3oo tonnes de maïs, uniquement parce que les sacs faisaient défaut. Actuellement, les marchandises suivent une voie défectueuse c'est d'une communication directe du Bénadir avec Aden que dépend t'avenir de la région. Les commerçants européens l'ont bien compris et la maison Bienenfeid, entre autres, a déjà ouvert un comp-

Découverte du tombeau d'Osiris n~r ~Vi

AMÉnxEAC a découvert a Abydos le tombeau d'Osiris. « La fosse garnie de briques est évidemment d'un travail primitif, écrit M. Loret, directeur des fouilles, à Louqor. Le cénotaphe en granit

semb)c d'origine postérieure, peut-être de )'époque de Séti I<'r, bien qu'il soit de forme archaïque. C'est sans doute la reproduction exacte du cénotaphe primitif. Ce même cénotaphe se retrouve contre une paroi du temple de Séti I" à Abydos, et représente l'image très ressemblante du monument découvert par AL Amélineau, qui a enfoui de nouveau le tout dans le sable, par mesure de prudence. » Une seconde découverte complétera la première, si elle se confirme. M. Amélineau aurait acquis la certitude que dans la nécropole d'Abydos doivent se trouver également les tombeaux de Set et d'Horus. On aurait ainsi découvert les tombeaux des trois derniers rois divinisés de la seconde dynastie, dont Mariette avait longtemps cherché la trace en vain, et qu'il croyait pour cela un mythe sans réalité historique. Le tombeau d'Osiris est le plus ancien monument de l'Égypte et du monde.

toir à Mag'dochou. On se promet de bons résultats de la culture du coton et du café, notamment après l'exécution de travaux d'irrigation, qui seront d'ailleurs très faciles. Le

gros bétai) est nombreux, maigre le ravage des dernières épizooties. Sur la côte et dans l'intérieur du pays, entre Ouarchek et El Athalé, on compte environ deux millions de chameaux, ce qui expliquerait la modicité de leur prix, tandis qu'à Aden un chameau coûte 200 francs; le trafic des chameaux serait donc à lui tout seul une source de bénéfices importants. Le poisson abonde sur toute la côte, et on l'achète à des prix dérisoires les tortues, très grandes, sont vendues pour trois ou quatre francs, et on en jette la carapace. Le commandant Sorrentino pense qu'il ne faut pas trop se faire d'illusions sur la durée de la paix avec le Négus et qu'il est nécessaire de pronter de l'état de choses actuel, pour assurer d'une manière plus stable les conditions du pays. Il faudrait obtenir que les Abyssins ne dépassent pas Logh, c'est-à-dire qu'ils consentent à s'arrêter à environ 3oo kilomètres de la côte. A la suite de ce rapport, le gouvernement italien a décidé d'accorder, dans certaines limites, son appui à la compagnie commerciale du Bénadir, mais il ne prendra pas de responsabilités militaires, se bornant à envoyer un stationnaire.

Nippoit ~IrcAn' ~Kr Bf.!c);rf'~Mn~ t'OM Vj~HM);~d.MA~t.:MMH.<.SchM<)<).<cr, /<'Mmt<~MSM~

Philipp Franz von Siebold.

C;!fH/t'M)';YcH,t;Jct~;<)),/t'orMMH~M~t'WartZburg et Leipzig.

LeoWœrl,2vol.in-8'itlustré.

bel ouvrage illustré a surtout un intérêt historique. Son CE auteur, de Siebold, est mort depuis trente-deux Philipp

Franz Japon, en qualité de chirurgien-major dans visité le avait ans. Il de <823 à 1820, alors que l'emnéerlandaises, l'armée des Indes pire du Soleil-Levant était sévèrement fermé à tous les étrangers, et ce fut au péril de sa vie, comme de celle des Japonais qui le servaient, qu'il put réunir sur le pays une série da documents. Finalement découvert et expulsé du Japon en 1829, revint en Europe et publia les résultats de son voyage et de ses études dans H ne devait revoir un ouvrage qui fut un événement scientifique. le japon qu'en i85ç, à l'époque ou le pays avait été contraint de s'ouvrir au commerce étranger. U n'y fit qu'un séjour assez bref, et revint bientôt en Europe. Mais il s'apprêtait, malgré ses soixante-dix ans, y y retourner une troisième fois en <866, lorsque la mort vint le surprendre à Munich. Il n'a donc pu voir la transformationétonnante, et sans exemple dans l'histoire, qui a fait du Japon un pays civilisé à la mode européenne, centralisé et parlementaire. Le livre de M. 'de Siebold, qui parait aujourd'hui, complété d'après ses manuscrits par les soins de ses fils, n'offre plus la même espèce d'intérêt que lors de sa première apparition. Mais la valeur qu'il conserve n'en est pas moins grande. Il nous montre le Japon, presque oublié aujourd'hui, d'avant ..ta Révolution. Il des Japoamusera les amis du pittoresque, qui déplorent de voir nais en haut de forme et pantalons, voyageant en chemin de fer et parlant politique. En nous montrant d'une façon très vivante fournira d'un ce qu'était le Japon d'il y a soixante-dix ans, il pour l'étude autre côté aux philosophes des documents précieux de ce phénomène surprenant l'appropriation rapide, par un peuple, d'une culture qui lui était absolument étrangère.

il


Détermination pratique des Altitudes La LGl iJlrW mm.awa..v.. au cours des voyages déterminations d'altitude sont imLES L portantes non seulement dans les pays dont la topographie a été peu étudiée, mais encore, notamment pour les naturalistes-collectionneurs, dans ceux pour lesquels existent les meilleures cartes donnant ces indications. Ecartant comme toujours, de ces conseils, les opérations trigonométriques et toutes méthodes exigeant des connaissances spéciales, nous indiquerons, pour ces déterminations,des procédés pratiques a la portée de tout le monde.

Les

iectures-doivent être

in-

scrites au fur et à mesure sur un carnet ~t6'c. et corrigées a toisir d'après les tables publiées dans )'t)))n<j/t'c' dit

rt\7;<7,<));tt~<?.

EMPLOI DU THERMOMÈTRE

Pour suppléer, au besoin, au baromètre, le voyageur peut avoir recours au procédé de détermination de l'attitude

parl'ébuttitiondet'eau.Aceteffet.ilil

sera bon de se munir du /t'rwo/Ht'<' /))')c<r/«' de Regnault, gradue par dixièmes de degrés, de 85 à 100 degrés. EMPLOI DU BAROMÈTRE Pour l'usage de ce thermomètre, des tables donnent, en milPour tout voyage sérieux, au cours limètreshypsométriques de mercure, la tension de la vaduquel on tient à établir l'altitude aussi exactement que possible, il est indispen- peur d'eau pour chaque dixième de sable de se munir d'un ou de plusieurs degré. Un observateur exercé pourrait baromètres de Fortin, les moins fragiles et les plus simples des baromètres à même, Jt'fc MM .)))/f //tfr;tto/ttt't'.T ;)R'rmercure, et d'emporter des tubes de f;<)'f bien régie et à divisions assez rechange et du mercure pour être à larges, en évaluant a l'œi) les dixièmes même de remonter l'instrument en cas de degré, apprécier la température i laquetteatieut'ébu))itionde)'eau,et,au de fracture du tube. Il est avantageux de se munir moyen des tables hypsométriques, arriindications d'altitude déjà très aussi d'un ou de plusieurs baromètres ver a des n'aient pas toute la anéroïdes ~.système Vidi ou Bourdon), utiles, quoiqu'elles observations barométriques. bien réglés sous la cloche de la machine valeur des Rien n'empêche d'utiliser, pour ces pneumatique. Ces derniers baromètres observadéterminations, toutes les occasions qui permettent de multiplier les facilité de la avec se présentent d'avoir de l'eau bouiltions, en raison même laquelle elles peuvent être prises. Tou- lante, par exemple, la préparation des tefois,il il ne faut avoir, dans ces instru- repas, du thé,du café, etc. ments portatifs, qu'une confiance relative en ce qui concerne les observations OBSERVATION DES ZONES prises en cours de route, car les seDE VÉGÉTATION cousses du cheval ou de la voiture troublent souvent leur marche. Même sans le moindre instrument, En général, les observations doi- il est possible au voyageur de recueillir vent être faites en gravissant les pentes, des indications utiles sur les altitudes et non en les descendant, car dans ce der- rc/j/h'c.! des régions qu'il traverse par nier cas la cuvette métallique du baro- l'observation de t'ordre de superposition mètre anéroïde étant, quelquefois, assez de zones végétales. longtemps à reprendre son élasticité, on Ces zones se retrouvent, en effet, pourrait avoir des résultats très incor- plus ou moins tranchées dans tous les rects. pays montagneux du monde. On a souMais si la marche des baromètres vent cité comme type de ce phénomène, anéroides est souvent troublée dans le le pic de Teyde, dans l'ile de Ténériffe; cours d'un voyage rapide, ce sont, en mais le même fait se reproduit dans nos revanche, des instruments précieux pour Alpes et sur tous les points du globe. les observations faites pendant les haltes, Bien entendu, les plantes qui paret ils fournissent le moyen facile d'éta- ticipent à ces diverses zones varient suiblir des points de repère pour la déterlatitude, mais leur le climat et la mination des altitudes. Lorsqu'ils ont vant superposition reste régulière et donne, été réglés d'après un bon baromètre a par cela même, de précieuses indicamercure et contrôlés par une série suffi- tions. sante d'observations, comme ils sont, En règle générale, en s'élevant par construction, cow/w.sM relativement les qu'ils mesurent des plaines le long des pentes d'une réala température, et variations de pression indépendamment gion montagneuse, on rencontre tout de la gravité,– leurs indications n'ont à d'abord la zone des plantes les plus frisubir qu'une seule correction (celle de la leuses, puis celle des arbres à feuilles température moyenne de l'air), pour être caduques, puis celles des conifères, et l'on arrive enfin à une altitude où la vétrèssuflisantes.

gétation se fait pauvre et naine, jusqu'à ce

qu'elle disparaisse tout

à

fait.

Les notes recueillies par les vovageurs, relativement à ces superpositions, sont toujours de la plus grande utilité, tant comme indications d'altitude qu'au point de vue de la géographie bota-

nique. En Suisse, par exemple, le hêtre ne dépasse pas 3oo mètres d'altitude l'épicéa s'arrête à t 80o mètres, le mélèze vers 22~0 mètres. Voilà des points de repère d'une précision suffisante pour fixer l'altitude de certains itinéraires, des observations qu'on a pu faireoudes

échantillons qu'on a recueillis. Ainsi, lorsque je lis que M. le capitaine Xambeu a trouvé un Lampyride, ie3/jt'M.<;)!~r)tj/M.sur le bord d'un étang du Canigou, dans une zone de végétation de pins et de rhododendrons-, je puis, connaissant la flore des Pyrénées, en conclure sans me tromper que cet étang devait se trouver une altitude de 2000 mètres. A propos de cet insecte de montagne, il n'est pas inutile de remarquer ici que ces petits êtres obéissent, eux aussi, à des lois fixes de répartition suivant l'altitude, et peuvent par conséquent donner, à cet égard, au voyageur naturalisa d'intéressantes indications. P jur citer un exemple vraiment typique, rappelons qu'en Abyssinie l'observation du monde des insectes confirmede tous points la division du pays en quatre zones attitudinaires. déjà caractérisées par le climat et par la végétation. En effet, en notant avec soin les localités et les hauteurs, en faisant, en quelque sorte, de l'histoire naturelle le baromètre a la main, on arrive a déterminer en Abyssinie quatre faunes entomologiques tout a fait différentes les unes des autres suivant les altitudes. Par conséquent les insectes dont les conditions d'existencesont bien connues servent, pour le naturaliste, à caractériser très nettement le milieu qu'ils habitent. Ce sont, en quelque sorte, des instruments, des réactifs d'une extrême sensibilité, révélant, par leur présence ou par leur absence, des analogies insoupçonnées, des différences ignorées, qui auraient échappé à tout autre procédé d'investigation. Ces conclusions, si elles ne peuvent être déduites par le voyageur luimême de ses observations, le seront toujours par ceux qui, en compulsantses notes, sauront les interpréter. C'est pourquoi elles ne sauraient être négligées. PAL'L COMBES.


L'Ostension du Dorat L'O~OM!<?H est !<HC très vieille co<«we de la Marc/!e et dit L!'mo;y?.)!/ mois ~'ot'r;V et de mai, tous les ~/M/-yK//e7:, ~-M0;<e~ f/ .S'~?)<-Wc;H/-H~, OH mo?!e c~ /'«H ans,à a L!?;!0~e~, ait Do7- à '0)/!CHe les yc/~HM des ~a:H/~ les plus )'e'7!erc.s' ~K~ ces diverses contrées.

5jn:Lco?~

~<

'"TRÈS rares, mais exquises, il est des heures où, d'agir, las de penser, l'homme redevient naïf. Bercé par de doux souvenirs, dans les premières de

)as

ses croyan,ces, il essaye de retrouver ses joies d'enfant. Sur les plateaux de la Haute-

venir les communes de Saint-Sornin,

de

la Bazeuge et

d'Oradour.

Bientôt les députations de chaque )oca)itë devant prendre part à la fête sont réunies surla grande place du Dorat.

,1

Le Dorat, calme chef-lieu de

Vienne et de la Creuse, tes idées

canton de la HauteVienne, fut jadis

une importante

de jadis, les mœurs moyenâgeuses sub-

cité. La

rées par le temps. Hcrg'ers ayant la

-S'co~o/'?HH;, puis Dora/ton. Son château fut la forte-

ville se nomma d'abord

sistent encore, changées, défigulente allure

de

resse

portante

leurs bœufs, marchands qui, de foire en foire, vendent aux

régnèrent longtemps en maîtres

nette et couteaux

les célèbres Lusi-

gnan. Philippe le Bel, par haine et

pour des tresses

.de cheveux,

tous. malgré leur air rou-

jalousie des Tem-

blard et malgré

ptiers,eni3o3,con-

ECLISE DU DORAT.

leurs métiers,

/o~r~ne~c./t7.(.7Y~?/.

conservent, sanss raisonner, la foi dans leurs iégendcs. Aucun marché ne se termine, aucune vente n'a lieu, si on n'a juré par saint Théobald et saint )sraé). Ces deux derniers saints, au Dorât, sont en grande vénération, et le 13 juin dernier leurs « Ostensions » y

furent données. Dès l'aube, des paroisses voisines, lcs c)oches bruissaient. Et des sentes sinueuses que t'œi) perd et retrouve de colline en colline, les pèlerins descendaient. A la clarté vive du matin, de loin, on voyait des groupes multiples, espacés, émergeant des buissons et des bois. Puis, très proches, semblant sorties soudain d'une voûte cachée sous la verdure, voici '["fVFRS LE

de la

Basse-Marche, où

filles fusta-

A

la plus im-

MONDE.

j8c

HV~

fisca le comté de la Marche. Cette

confiscation ne fut que temporaire. Le Dorat, ayant vu dans ses murs Charles VU et Louis Xt, ne fut réuni, avec la Marche, à la couronne qu'en )52.5, après que le connétable de Bourbon, comte de la Marche, eût passé à l'ennemi. Le culte protestant et l'influence calviniste ayant fait de grands progrès dans le centre de la France au xv)" siècle, le Dorât fut pris d'assaut et pillé en i.~6~. A leur tour en i6<)3 et 1694 les ligueurs i'assieg'èrent. Depuis, les haines retig'ieuses se sont calmées et, à i'Ostension on voit fraterniser catholiqucs et pro-

testants. N"

)!

30

avril tS~S;


LA

f..M(nE'nEL'[:<)St:nr

DOUAT.

Py;o/o~)'e~.V.<<))Jj'. L'aspect de la foule est étrange Il y a du pittoresque dans le paysage tui-meme, dans les costumes,

tes visag'es et les poses. Les jeunes filles habillées de hlanc chantent des titanies, tes vieilles femmes aux chates multicolores croisés sur la poitrine égrènent des chapelets, et, pasteurs ou faucheurs, tous armés, défilent sur deux rangs, rythmant lc pas.

Pour se donner un air plus dig'ne, plus extraordinaire, les Dorachons ont revêtu de baroques habits. On en voit ayant sur leurs épaules de trop amples manteaux. Celui-ci est coiffé d'un casque, cet autre d'un haut bonnet à poil, dernier souvenir d'un vieux de la vieille g'arde.

Quelques-uns, dans les armoires ou ]cs coffres massifs, ont pris d'anciens pourpoints, des toques à plumes défraîchies, des feutres fanés. A.de tels costumes s'ajoute encore la diversité des armes l'espingole s'entrc-choquc avec de longues canardieres. L'usage de suivre en armes tes reliquaires des saints Théohald et Israël, d'après la tradition localc, date de iô5().Les protestants, pendant une Ostension, ayant voulu s'emparer des chasses, les catholiques s'armèrent pour lcs défendre. En notre fin de siècie, on pourrait croire que Ics fusils, les sabres et les rapières exhibés à la

cause très bas à un gars appuyé nonchalamment sur son fu5il, tel qu'un reitre dessiné par Henri Pille. Sur la place, entourée de vieilles maisons, murs blancs sous tuiles routes, on dirait d'innombrabies mudèies venus poser pour quelque fête villageoise. Heaucoup de ces pèlerins aux mines simples, aux idées d'autrefois, ont déjà fait, à ~tap'nac-Lavat, la « procession de Sept licues » et à Tulle le Tour de la Lunade ». Ils ont aussi prié saint Léonard ou saint Junien, mais n'ayant obtenu ni ~'uérison de leurs maladies, ni augmentation de leurs récoltes, c'est vers saint Théobald et saint Israël qu'ils retournent leurs demandes et lcurs prières. L'ég'tise du Dorât sous ses voûtes romanes laisse pénétrer )e chaud soleil et les désirs des pèlerins. D'après un très vieux document, «)a charte de Clovis H, le roi franc, après Veuille, aurait fait construire un oratoire non loin du lieu où Alaric fut défait; cet oratoire fut brûlé par les Northmans en H66. Bqson le \'ieux, premier comte de la Marche, réédifia le sanctuaire en (~-t. L'église actuelle fut commencée en )oi3. Au x)[['' siècle elle fut fortifiée par les soins de l'abbé Guillaume l'Ermite. Depuis on abattit les fortifications. Aujourd'hui, pourl'Ostcnsiondc 18~, une garde d'honneur pacifique défend l'entrée de l'église. Le commandant de cette troupe, g'rotesquement habillé d'un dolman d'ofncier d'artillerie, suivant un vieux cérémonial, s'adresse, l'épée haute, à chaque paroisse qui se présente. Que venez-vous faire ici, dit-il, avec ces gens

armés~"»

On lui répond :« Xous venons honorer saint Théohald et saint Israël. »

vous la bienvenue. Veuillez entrer. » Et la foule se répand dans l'ég-Iise, et chaque paroisse laisse un piquet d'honneur devant les reliA

quaires.

Après midi la procession s'organise. H y a vingt-deux paroisses qui vont défiler avec leurs ban-

procession ont été loués ou que des

antiquaires poitevins ont prêté ]eurs collections. Par fierté, le Dorachon aurait refusé ces armes sont les siennes; elles sont sacrées, car elles sont bénites et ne servent jamais qu'aux Ostensions. Ces sentiments d'un autre a~'e font ressortir, par contraste, de burlesques

détails. Ici un chantre, bonne figure rougeaude, ventre respectable, spus sa sou-

tanelle, par még'arde, laisse passer le

)on~' col d'une bouteille. Là, une vieille allonge sa tête de fouine et, dans le panier d'une voisine, hume la bonne odeur des

tourtous

n.

Plus loin, une berbère

L~EFL'SILLAUL.

f~o~rj/'yncdi'.V.KJ)'.


nières, leur clergc et leurs hommes d'armes. Les

chasses d'argent où sont enfermées les chefs de saint Théobatd et de saint Israël, s'avancent soutenues par des porteurs. Ceux-)à sont les heureux du jour. Ceints d'une écharpe de moire verte et roug'e frang-éc d'or, insigne de leur confrérie, ils appartiennent a )a vieille noblesse ou aux fami))es notables du pays. Ils marchent gravement, tête nue, avec un maintien, avec un air d'importance, car c'est un grand honneur de porter les brancards des reliquaires. Très long, avec ordre, dans les rues jonchées de fleurs, le cortège se déroute lentement. Sur son passage, tous se découvrent et se sig'nent.Aux fenêtres des maisons, les habitants ont mis leurs plus beaux tapis, des étoffes précieuses, et aux murs des toiles, des draps épinglés de verdure, cachent la nudité des pierres. Des

Le

Commerce du Brésil avec la France

qui suivent sont empruntés aux rapports très intéressants de AL Wiener, charge,

T Es renseignements en

iHc)5,

par

te ministère des affaires étrangères, d'une

mission commerciale dans tes principaux pays de l'Amérique du Sud, où cet agent a conquis tous ses gra-

pendant une

carrière de plus de vingt ans. Une parcille mission doit examiner ces trois questions: Quel est le commerce du

chantss

auxparo)esvariées, suivant les paroisses, sont psalmo-

dies lentement. Puis tout se calme et se tait. On n'entend plus le bruissement de la foule, le bruit des pas et des chants: la procession est rentrée

paysmisai'etude;

quel est son état

économique, nnancier, industriel, politique ? 2° Quelle est la situation oc-

al'cg'tise. Le soir, des

cupée par la France dans l'ensemblec

feux de salve sont

des

tirés aux portes des autorités. La poudre parle, le vin coule et sur la place du Dorât s'organise

des

transactions

commerciales ? 3°

Quei's sont tes

moyens de relever P;;o<o~)i<'d<G.7'rtto<. notre mouvement d'affaires ??' un festival. On AI. Wiener a parcouru le Brésil durant une y entend quelques vieilles chansons où le rude patois limousin se mêle au parler lent du Poitou. année. Voici, d'après ses communications aux chambres de commerce, la méthode qu'il a employée pour remEnfin, sur tout ce monde en liesse, la nuit qui plir son programme. clôt les joies bruyantes épand son ombre et son silencc. Dans les chemins qui montent, par les sentiers H a commence par le Nord du pays, remonté et les ravines, tes bons pèlerins retournent aux mail'Amazone jusqu'à 4 000 kilomètres de son embousonnées. Ils vont redire aux vieux parents que la fête chure, et étudié les trois grands marchés de la réfut bette, que les saints toujours sont puissants. gion, Para, Manaos, Iquitos (ce dernier port appartient politiquement au Pérou, mais économiquement, Ht pendant que la-bas, très loin, dans les termes comme toutes les régions cisandines de la Bolivie, et les châtettenies, on chantera des cantiques, des du Pérou, de l'Ecuador, de la Colombie, il dépend du cierges jettent un fuyant reflet sur les chasses des Brésil). saints Théobald et Israël. Puis, M. Wiener a visité successivement les Cette lueur, qui vacille et par instants rougeoie Etats ou provinces du Alarauhao, Ceara, Parahyba do les vitraux de l'église, trouble et pénètre. La journée Norte, Pernambuco, Bahia, Rio-de-Janeiro, Minas entière apparaît on revoit le lent cortège, la foute Geraes, Sao-Paolo, enfin Parana, Santa-Catharina et aux costumes étranges et bigarrés. 11 semble qu'on a Rio Grande do Sut, d'où il a gagné l'Uruguay, pour fait un rêve ou qu'on a entendu un de ces contes s'embarquer à Montevideo. Il a ainsi'*étudié 27 marbleus que les grand'mères, par les soirs d'automne, chés brésiliens. disent aux enfants, au coin de l'atre. M. Wiener, arrivé dans un port, feuillette JAOQL'KS R(U r.L'. d'abord les registres des douanes, à l'importation et à l'exportation. 1) étudie les rapports des autorités RECEPTfOND'L'XECOMMKKEl'OCRL'OSTEXSIOX.


constituées et consulte les notables habitants. H se convainc que la statistique est surtout, dans ces pays, un moyen de publicité, et que les relevés des douanes sont inexacts et incomplets. I) a pu, cependant, arriver aux conclusions suivantes Le Urési! exporte pour environ un miiiiard 203 millions de francs de produits naturels ou moitié manufacturés, tels que le café, le caoutchouc, le cacao, les peaux et cuirs, les graines de coton, les bois de teinture, la carnahuba, la salseparcille, les essences, etc. Son importation est légèrement supérieure à ce chiffre. La France fig'ure dans l'exportation pour environ 81 millions, et dans l'importation pour 53 millions. Ces deux chiffres sont inexacts d'une part, notre exportation industrielle du Xord-Fst passe par Anvers et Hambourg et figure, par suite, comme appoint aux transactions belges ou allemandes. Mais, d'autre part, beaucoup de marchandises centralisées à Paris par les négociants-commissionnaires ne sont pas d'origine française. Cependant, dans l'hypothèse la plus favorable, la France figure dans l'ensemble du commerce brésilien pour 5 à 6 o'o. Nous occupons, par suite, le quatrième rang-, alors que, il y a vingt ans, nous occupions le second. Pour connaître les causes qui ont motivé ce recul de notre commerce avec le Brésil, AI. Wiener a inauguré un système d'enquête fort simple il a convoqué, dans les marchés où il séjournait pendant quelques jours ou quelques semaines, les résidants français, et, se servant du questionnaire du ministère comme d'un ordre du jour, il a discuté tous les points avec ces négociants connaissant, par la pratique des affaires, la situation du commerce local. Lorsqu'il découvrit, dans ces réunions, des personnes particulièrement intelligentes, il étudiait avec elles, à portes ctoses, les questions où elles étaient versées. Ces parlements improvisés ont donné de bons résultats. Les procès-verbaux rendant compte de ces séances renferment des renseignements variés, clairement exposés et dont quelques-uns, publiés par ie ./)/OK!7et<r officiel dt< commerce, jettent une vive lueur sur i'esprit de nos colonies, sur leur valeur intellectuelle, morale et commerciale. Par un sentiment de haute discrétion, le chef de la mission n'a pourtant pas fait connaître toute la vérité. On le devine à certaines réticences. H s'est borné à

constater le fait regrettable que,

dans de nombreux on trouvait bien moins de

magasins de nos nationaux, marchandises françaises que de produits d'outre-Rhin. Les Français à i'étrang'cr sont donc souvent agents de nos rivaux. Il y a, d'après AL Wiener, trois causes principales du recul de notre exportation. La France n'a pas de banque au Brésil. Nos négociants se servent, pour se faire payer par leurs clients brésitiens, d'un de nos établissements de crédit, le Crédit Lyonnais, par exemple, qui envoie des traites à son correspondant du Urési), lequel est souvent une banque allemande. Les négociants français font ainsi connaître à leurs concurrents les noms, l'importance et la solvabilité de leurs clients. 2" Le service de navigation entre la France et le

r

Brésil est insuffisant. Nos trois compagnies [Messageries Maritimes, Transports Maritimes, Chargeurs Reunis ne desservent que les ports compris entre Pernambuco et Santos. Le Nord du Brésil et le bassin de l'Amazone sont abandonnés aux Anglais. En outre, nos compng'nies ne reagissent pas contre les procédés de nos concurrents allemands et anglais, qui acceptent des frets très bas dans nos ports mêmes. 3° Les fabricants français ne savent pas être, à la fois, industriels et commerçants. Leur actionn'est pas en harmonie avec les exigences de l'époque. Ils n'ont pas de représentants spéciaux sur les places étrangères, comme en ont )eurs concurrents. De cette façon, tantôt ils hésitent à accorder des crédits à des clients solvables, qu'ils perdent, tantôt, par un excès contraire, ils accordent des crédits exagérés sans prendre les précautions nécessaires. Le manufacturier allemand opère, lui, d'après les indications de son représentant à l'étranger, qui est intéressé directement aux affaires de sa maison. En réalité, l'intérêt d'un négociant n'est pas tant, comme on l'a cru jusqu'ici, en France, de vendre cher. Kt )'expérience de l'Allemand et du )3e)ge, qui sont actuellement des plus habiles à se créer une clientèie, a prouvé que la meilleure condition du succès est dans la continuité des affaires. De retour à Paris, M. \iener se mit en relation avec nombre de commerçants. Les « audiences » qu'il eut avec les directeurs de nos grandes usines, et de nos établissements industriels et financiers aboutirent à un résultat important,la création d'une banque française du Brésil, qui s'est fondée à Paris (rue Laffitte, 9 au capital de to mi)f)ons de francs, sur l'initiative du Comptoir Xational d'Escompte et de la Société Générale. Ses premières succursales sont à Rio de Janeiro, Sâo Paulo et Santos elle se réserve d'ouvrir, par la suite, d'autres comptoirs au Brésil. M. Wienera a préparé, d'un autre côté, un cahier des charges, en vue d'une subvention à accorder à telle compagnie qui établirait un service maritime entre la France et le Brésil du Nord. Enfin, M. Wienera conféré avec les chambres de commerce d'une trentaine de villes départementales, pour organiser une représentation du commerce français à l'étranger plus active que celle qui existe actuellement. Nous savons pertinemment qu'à la suite de cette grande tournée, de notables commerçants ont engagé des affaires avec le Brésil, que des associations, des syndicats se sont fondés dans le même but. En dépit de la discrétion du ministère et de son représentant, malgré le silence qui a été observé par la presse, qui a évité de mener grand bruit autour, de cette tentative, nous avons pu en suivre la marche, et, en résumant aujourd'hui les premiers résultats, nous avons eu soin de nous en tenir aux indications que l'agent du ministère lui-même a livrées à ses auditeurs. Nous ne pouvons que convier notre monde des affaires à entrer dans la voie si heureusement ouverte par MM. Hanotaux et Bompard, et à tirer profit d'enquêtes si consciencieuses et si sagement conduites.


Le

capitaine Braulot et le lieutenant Bunas

Leur Mort à Bouna (Soudan français) C</c/)co)'f/. ir\Axs le numéro du LJ To«/-

~K

~/OH~

du )5 janvier dernier,

nous avons rendu compte des événements dont la boucle du Niger est aujour-

d'hui le théâtre, et

HEL'TEXANTm.'NAS.

nous terminions en disant « Braulot et Bunas sont-ils morts ou prisonniers de Samory Sur les contrôles des troupes, ils sont portés disparus. Puisse cette lugubre mention bientôt disparaître! » Hé)as! le doute n'est plus permis, ces vaillants sont tombés au champ d'honneur, et pour toujours ils sont disparus. Le capitaine Braulot était né en i86t, à Nancy. Après de bonnes études, il s'engageait en 1879 et, franchissant rapidement les premiers grades de la hiérarchie, il sortait de l'école militaire de SaintAtaixent, le i5 mars f886, comme sous-lieutenant au 3° régiment d'infanteriede marine. Il partit l'année suivante pour Diégo-Suarez, où il fut affecté à la compagnie des,disciplinairesde la marine. Deux ans après, il revenait en France et servait au régiment d'infanterie de marine. En ]8()o, nous le retrouvons au Bénin, où il assiste a la première campagne du Dahomey et remplit ensuite tes fonctions de vicc-résident à Grand-Popo. Et partout il est noté comme un officier sur lequel on peut se lier en tontes circonstances. C'est à ces notes excellentes qu'il dut d'être choisi, en t8ç2, par le capitaine Binger, comme second dans la mission de délimitation qu'il devait diriger à la Côte d'Ivoire. On sait pour quelles raisons de jalousies internationales cette mission ne put aboutir; mais la faisant dévier de son but primitif, le capitaine Binger la conduisit à Kong, où elle entrait le CAPtT.UXHU~AL'LOT.

2~

mai )88ç.

Les éioges que le capitaine Binger fit du lieutenant Braulot vaturent à celui-ci d'être charge d'une nouvelle mission à la Côte d'h'oire, en i8ç3, et cette fois encore il s'en tira à son honneur. Si bien que, quand le commandant Monteit partit un peu plus tard pour lc Haut-Oubanghi, il emmena avec lui le lieutenant Brautot, d'abord à la Côte d'Ivoire, ensuite dans l'expédition de i8ç-t contre Samory. On avouera qu'il est peu de carrières d'explorateur proprement dit qui soient aussi remplies de missions, de voyages et d'expéditions. Pourtant Braulot ne se tint pas pour satisfait, et lorsqu'il eut pris en France quelques mois de congé, il repartit encore une fois en Afrique, à l'état-major du Soudan français. Une

mission très heureusement remplieàSikasso, auprès deTieba, notre allié, )e mit de nouveau en vedette, ct)e commandant Caudrelier n'hésita pas à se l'adjoindre, lorsqu'il partit pour la Boucle du Niger. On se rappelle qu'au cours de cette expédition, le capitaine Braulot, ayant été chargé d'occuper le centre important de Houssa, tomba dans un guet-apens organisé par les sofas de Samory. C'est là qu'il trouva la mort, à trentecinq ans, après une existence faite tout entière de dévouement au drapeau et au pays. La carrière du lieutenant Bunas, pour être moins bien fournie que celle de son chef, n'en est pas moins des plus remarquables. Ne a Seg'ré (Maine-et-Loire), le 6 février i86.), Bunas s'engageait au mois de décembre !883. Admis à l'école de Saint-Maixent, en <888, il en sortait en mars 1889, et demandait à servir dans l'infanterie de marine. Il débuta par le 4° régiment à Toulon, d'où il passa, en 1891, aux tirailleurs sénéga)ais. C'est en cette qualité qu'il prit part à la campagne que dirigea le lieutenant-colonel Humbert, contre Samory; en 189~892, et qui nous valut la possession de la vallée du Miio. Le lieutenant Bunas, qui s'était distingué pendant ces opérations, fut maintenu pendant l'hivernage à Kérouane, poste alors situé à l'extrême limite des possessions françaises au Soudan. Les occasions de se distinguer ne pouvaient manquer au lieutenant Bunas. Au mois d'avril 1892, il secondait vaillamment le lieutenant Bietrix dans l'audacieux coup de main que cet officier dirigeait contre les campements de Rabaudiara, où se trouvait Samory qui même faillit être fait prisonnier. Le lieutenant Bietrix ayant été tué, le lieutenant Bunas prit le commandement, et il se replia en bon ordre sur Kérouane, où il ramena tous ses morts et ses blessés. En quarante heures, la petite colonne avait parcouru 90 kilomètres, livré un important combat et soutenu une retraite des plus glorieuses contre un ennemi très supérieur en nombre. Cette belle action de guerre valut la croix au lieutenant Bunas. Rentré en France, il servit au 5e régiment à Cherbourg, puis repartit, en )89-), pour le Soudan. Ce pays l'attirait. Aussi quand, en )897, après un nouveau séjour en France, il eut à repartir au loin, c'est encore vers le Soudan qu'il se dirigea. Il devait, cette fois, y trouver son tombeau. Compagnon de Braulot, il était, lui aussi, de la petite colonne chargée d'occuper Boussa, et, comme son chef, il tomba frappé làchement par les guerriers de Samory. Celui-ci se défend, il est vrai, de toute complicité dans l'agression. Il assure qu'il y a eu méprise. Mais il est établi que ce fut Sara N'tieni Mory, son propre fils, qui donna le signal du massacre. 11 fit trancher les têtes du capitaine Braulot, du lieutenant Bunas et du sergent Miskievicz, pour les- expédier à son père; non content de cette mutilation, il en ordonna d'autres et commanda le massacre des prisonniers. Le lieutenant Bunas succomba bravement les armes à la main. Son souvenir doit demeurer, car il honore cette arme de l'infanterie de marine qui a, d'ailleurs, tant fait pour l'expansion coloniale de la France.


Aperçu du Code laotien L E capitaine d'infanteriede marine Bobo, qui a long-

temps séjourné au Laos, s'est livré à des observations attentives des mœurs et coutumes des indigènes de ce pays. I) a notamment étudié le code laotien, qui nous semble mériter une mention spéciale. On y trouve des préceptes pleins de sag'esse et de simplicité comme ceux-ci 1° Dormir la nuit et se réveiHer de bonne heure; 2° dire toujours la vérité; 3° ne pas s'adonner au jeu; 4" se conformer toujours à la justice; 5" réfléchir avant de faire quelque chose. H y est dit encore que les gens qui rendent la justice avec partialité, qui se laissent innuencer par les cadeaux, qui donnent raison au chef contre le paysan, écoutent ceux qui ont tort, tous ces gens, que)s qu'ils soient, seront punis par Bouddha, et quand viendra pour eux l'heure de quitter ce monde, leur âme descendra au fond du puits de feu toujours allumé dans les enfers. Les infractions à ia loi sont punies par des amendes proportionnées à la faute, et aussi à la situation sociale du coupable. Les chefs de province n'ont pas te droit de condamner à la peine de mort; les criminels doivent être conduits à la capitale pour y être jugés. Est passible de la peine de mort celui qui a tué son prochain, celui qui a démoli une statue de Bouddha, celui qui a volé le bien des bonzes ou moines.

Tout individu en état d'ivresse et qui ne reste pas couché chez lui doit être arrêté et attaché jusqu'à ce que l'ivresse soit dissipée. Un délit original est celui qui concerne les voleurs de bananiers dits « de santé )'. Dans le Laos, quand un individu est malade, il va trouver le devin, qui lui ordonne pour remède de planter un bananief. On apporte alors un petit bananier tandis que des prières sont dites puis l'arbuste est planté à côté de la maison du malade la santé de ce dernier doit être dès lors aussi prospère que le bananier sera vivace. Celui qui déracine un de ces bananiers de santé est condamné à une forte amende. En cas de rixe, s'il y a des blessures, c'est celui qui a commencé qui est puni. S'il ne résulte pas de blessures, l'agresseur doit payer à l'offensé un petit cochon pour le dédommager. Si deux hommes se rencontrent, c'est celui qui Les est le moins chargé qui laisse la place à l'autre. débiteurs insolvables sont condamnés à être esclaves, mais ils ne peuvent se racheter par la suite. En achetant des bestiaux, l'acquéreur doit spécificr qu'il les rendra au maître si, dans le mois qui suit, il est reconnu qu'ils ont une tare quelconque. Les propriétaires des animaux sont rendus responsables des dégâts que ceux-ci font dans les propriétés voisines. Tout individu qui entre dans une maison en armes pendant le jour ou la nuit, sans prévenir personne, peutêtre mis à mort. Telles sont les dispositions essentielles qui régissent le code des Laotiens; elles sont empreintes d'un bon sens indéniable. La sagesse est de tous les pays, de toutes les latitudes. Les Européens ont tort moralement supérieurs aux de se croire, autres humains.

/or/,

Le voleur est condamné à une amende de dix moins de vingt francs roupies et au remboursement des objets volés. Si le coupable est un domes-

tique, son maître est rendu responsable et doit payer La propriété est respectée. Chaque rizière pour lui. est entourée d'une barrière, et lc terrain environnant, jusqu'à concurrence de dix brasses en pays de montagne, de quinze brasses en pays de plaine, est considéré comme dépendant de la rizière.– Si des animaux sauvages sont tués dans les limites précitées, le chasseur doit partager avec le propriétaire de la rizière. Si des animaux domestiques sont tués ou volés dans les limites du village, les notables sont rendus responsables et désintéressent leurs possesseurs. Si des étrangers sont attaqués ou volés dans les limites d'un village, les notables sont également ren-

responsables. Lorsqu'un village est attaqué, les villages voisins doivent se porter à son secours; de même le propriétaire d'une maison qui pousse des cris d'appel doit être soutenu par ses voisins sous peine d'amende dus

pour ceux-ci. Celui qui insulte ses parents, les bonzes ou les chefs du pays est condamné à l'amende. Celui qui accuse faussement un individu d'un délit est condamné a l'amende.

La situation à Sierra-Leone /e~n!mMM ctHHO~ceH~ que la ~Mtion est fort /ox~< &er~-Z~OHe. La <<c de ces la <.w/-f.s'/w!CL' A'!<n'c, /(~Nc'6' est ~on;iee .< HO' J été aJ/'M~e récemment e/ ~M! fait sx//<' ~i De recet!~

H)ie

/e/e/<f'e dans notre numéro dit

7°''

t-'recto\\n, mars 'T~E)'L')s quoique temps le pays est en D

L'argent

)M:

t~t.

état de guerre.

manquant toujours pour le fameux chemin de fer dont on fait tant de bruit, le gouverneur, quelques semaines avant le i" janvier dernier, a fait promulguer un nouveau décret qui frappe tous les noirs i" d'une taxe personnelle de 5 shillings; 2° d'une taxe d'une livre sterling par pirogue en sa possession 30 d'une taxe de 10 shillings par hutte en sa possession le tout payable en une fois, le premier mois de chaque nouvel exercice. Les noirs, et cela se conçoit, n'ont pas trouvé ce


décret de leur goût. Ils ont donné à entendre qu'ils possédaient le pays bien avant les Anglais, et ils ont dit et répété qu'il leur semblait. raide de payer une redevance annuelle pour avoir le droit de vivre chez eux, de construire une hutte ou de circuler en pirogue sur la rivière. Mais leur mécontentement s'est manifeste autrement que par des plaintes, et ils ont refusé de payer. Le gouvernement a alors voulu rendre les rois

responsables pour leurs sujets. Ces pauvres rois, à qui l'on a retiré toute autorité, ont été stupéfaits de cette menace. Si on les avait habilement pris par la douceur et par l'appât du gain, en leur promettant qu'il leur reviendrait quelque bribe de la redevance touchée par leurs soins, on aurait sans doute réussi à leur rendre moins odieuse cette petite opération de trésorerie. Mais on n'a pas employé ce moyen. Aussi sont-ils restés absolument indifférents à toutes les sommations qu'on leur a faites. Et on résolut d'em-

ployer la force. Une compagnie du régiment 14~/ M:M fut expédiée dans le pays du roi des Timenés. Devant son nouveau refus de payer ou de faire payer la redevance, on l'arrêta et, après l'avoir nag'ellé devant toute sa cour, on l'amena prisonnier à Freetown. Son peuple répondit aussitôt en attaquant une compagnie anglaise quatre ou cinq hommes furent tués. L'officier anglais qui commandait le détachement, le capitaine Sharpe, fut blessé, et, comme il n'a pas encore reparu, on le dit prisonnier des noirs. Un autre roitelet, qui avait réussi à faire ouvrir les cordons de la bourse de ses sujets, se dirigeait sur Freetown, avec toute sa famille, et la précieuse redevance, soit 200 livres sterling environ, lorsqu'il fut arrêté à moitié route par des noirs, lesquels, après s'être en bons frères partagé la somme, gagnèrent la brousse, emmenant prisonniers le roi et toute sa famille. Un troisième roi, nommé Blackbouré, roi de Boulam, petit pays en face de Freetown, de l'autre côté de la rivière, a été plus énergique il a défendu à ses sujets de verser quoique ce fût, et aux menaces du gouverneur il a répondu héroïquement que pour avoir l'argent il faudrait d'abord avoir sa tête. Et comme, malgré son grand âge, il paraît tenir à celle-ci, il a levé le camp avec toute sa tribu. Il s'agit donc, pour les Anglais, de venir à bout de la mauvaise volonté et de l'insolence des noirs. Les représailles seront dures, à en juger par les préparatifs que l'on fait depuis quelques jours. Des mouvements de troupes et d'officiers se succèdent à de fréquents intervalles. On dit même qu'on enverra des soldats à Konakry, dans la Guinée française, pour pouvoir prendre à revers les noirs insoumis. Il résulte de tout cela que les affaires sont devenues presque nulles. Plus une pirogue n'ose s'aventurer dans la rivière. Le prix de toutes les denrées s'est élevé dans de grandes proportions. Quand cela finira-t-il? Nul ne le sait les noirs révoltés pourront être battus et rebattus vingt fois sans qu'on puisse arriver faire payer leur taxe; ils ignorent pour la plupart la couleur d'une pièce d'un shilling, et il sera malaisé de leur faire verser un argent qu'ils n'ont pas. Un Guinée française, une taxe analogue existe,

les

mais elle est mieux établie elle est payable en marchandises, et le gouvernement n'a affaire qu'aux chefs, qui, moyennant une commission de 25 o/o, sont chargés de faire rentrer l'impôt ce n'est pas dès lors le zèle qui leur manque. Ce matin on a ramené de l'intérieur quatre officiers blancs, blessés grièvement. Une dé-

P.-S.

pêche reçue par pigeon voyageur nous apprend que deux autres officiers sont encore blessés, dont un mortellement. H y a dix-huit soldats tués. Le chiffre des blessés n'est pas donné. On envoie d'ici des hommes de renfort. Des canonnières chauffent pour remonter la rivière. Les faits sont donc encore plus graves qu'on ne le croyait tout d'abord.

L.G.

/r;j;t.~t; et cat~rHfj jM~Mf~. t vol. gr. in-rf! 3 planches hors texte. avec t2igrav.,)8p)ans et coupes et Paris, Delagrave, )H<

E.-A.

Martel.

Martet,qui ~tE.-A. i'! spécialité

s'est fait, on sait avec quel succès, une d'exptorer le sous-sol de notre France et qui y a découvert des merveilles souvent décrites dans les colonnes du Tour ~/OM.<<' par le vaillant explorateurlui-même, n'a pas tardé à étendre ses périlleuses recherches aux pays étrangers. Tour à tour. les grottes de l'Autriche, les t.'Mf)'~ des Baléares, les Aa~M)<rc.s'du Pétoponése ont reçu sa visite; puis M. Marte) est allé promener ses rares facultés d'investigateur dans le Royaume-Uni, et c'est précisément le récit de cette campagne qui nous vaut le volume 7r/j~uff et c~t'c'r~ anglaises. L'frtande, dont les beautés pittoresques ont été si amplement décrites ici même par MUe Marie Anne de Bovet, a profondément captivé M. Martel, et le charme a été si grand, qu'il ne s'est pas borné à en explorer les cavités souterraines, mais qu'il a décrit en même temps ces lacs, ces montagnes, ces falaises, ces chaussées de géants qui font de la verte Erin une autre Suisse insulaire, encore trop peu connue et surtout trop rarement visitée par les touristes français, Il y a là autre chose que l'Irlande de la famille, des évictions, du boycottage, dont on nous vraie Irlande fait périodiquement de si noirs tableaux; appréciée mérite d'être Marte), et et c'est l'appelle M. vue comme rendre service à ce peuple ami de la France et en même temps à la cause de la vérité et de la justice que de faire connaitre Hrlande sous son véritable jour, comme vient de le faire M. Martel, dont l'ouvrage est la suite naturelle et le complément de celui de Mtte de Bovet.

la

Les îles MM'M;aH~M', Robinet de Ctéry. t vol. in-t!i, Paris, OllendorlT, i8oH.

~)'t' ~f

~omc rx~.

oublié l'étude publiée en )H()3, dans le M. Henri Boland, sur les ites de la Manche, cette Normandie insulaire si intéressante par ses origines géologiques, son histoire, ses coutumes, ses institutions, ses paysages de terre et de mer, sa population fidèle a la langue française. Tout avait été dit sur les beautés côtières et intérieures de Jersey, de Guernesey, de Sercq, etc., mais il restait à faire connaitre l'existence autonome, politique, judiciaire, administrative, des deux bailliages de l'archipel, et c'est la tache que vient de remplir avec un rare bonheur, Al. Robinet de Ctéry. Déjà dans des articles de revues, dans une communication à la Société de législation comparée, M. Robinet de Ctéry avait appelé l'attention sur le .<o'Mm<'H< de l'archipel anglo-normand, qui n'est ni colonie, ni possessionde l'Angleterre, mais simplement un domaine duchesse de Kormandont la reine est suzeraine en qualité die L'éminent jurisconsultea complété et coordonné ces études pour en former un volume des plus intéressants, un exposé clair et précis, de style élégant et sobre, que devront consulter tous ceux qui auront à s'occuper des iles normandes. Pays de ;!nM)f )'<<; ce n'est assurément pas sans intention que M. Robinet de Ctéry a donné ce sous-titre à son travail, et plus d'un ami de t'trdont jouissentde temps lande souhaitera à ce pays le Aome immémorial tes ites de la Manche, et que l'Angleterre a toujours

lecteurs n'ont pas i~ os 7'o«r MoM~c, par M

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;j/rt' !<); M" ff'nvj;

FifAxcE.

Madagascar.

L'oeuvre du général Galliéni à

L'ccuvre du général Gatliéj)i se complète et la pacification s'affirme, malgré les attaques des Sakataves,toujoursexcités par les hindous-arabes, si agréables à l'Angleterre. Dans sa dernière tournée d'inspection, le gouverneur a suivi le tracé de la route carrossable qui doit relier Tananarive à Majunga. Chemin faisant, il a trouvé cultivées et repeuplées des régions désolées et désertes

l'an dernier.

Signe d'apaisement certain et de prospérité prochaine. le nombre des soldats libérés qui demandent à

rester à Madagascar va croissant. Le gouverneur a publié récemment une remarquable circulaire relative à l'établissement de ces militaires dans la colonie. Le général Galliéni préconise l'installation de petits commerces dans certains centres de l'ile et promet aux jardiniers, pépiniéristes, boulangers, selliers, forgerons, maçons, qui s'établiront à Madagascar des gains rémunérateurs. La circulaire dit encore que la colonie met à la disposition detoutFrançais une concessionde centhectares. Pour ceux qui possèdent un petit capital leur permettant de faire face aux premières dépenses d'installation, cette concession peut être le point de départ d'une exploitation modeste, il est vrai, mais néanmoins avantageuse, sinon florissante Enfin les soldats libérés sur place ont droit encore pendant deux ans après leur libération au rapatriement gratuit la période de début de toute installation étant toujours la plus critique, ils pourront s'ils ne réussissent pas dans leurs entreprises, quitter la colonie avant la date où cesse pour eux le bénéfice de cette disposition Chose louable, le général Galliéni recommande aux soldats libérés de s'occuper d'un négoce ou d'une exploitation leur appartenant en propre, plutôt que de servir à gages chez les colons déjà'établis. C'est encourager avec raison cette force créatrice qui s'appelle l'initiative individuelle

Les dépenses de l'armée en Tunisie.

Ce

n'est pas des frais d'entretien de la division d'occupation française qu'il s'agit. Ces dépenses sont presque entièrement encore à notre charge, et nous n'en connaissons que trop hien l'importance. La Régence ne nous rembourse que 2t/) 175 francs que coûte la gendarmerie française en Tunisie, plus 40 ooo francs environ pour loyers de locaux occupés par cette même gendarmerie. En attendant que la Régence règle un jour les dépenses de la division d'occupation,elle nous déboursera en )8çH pour la garde d'honneur du bey et les Maghzen du Sud, etc.. h3oô25 francs. Si on ajoute à cela ;4& H-o francs accordés au service de la gendarmerie indigène, on voit que l'armée de la Régence absorbe annuellement 77" .)g.5 francs. Ce n'est pas tout. Une somme de -zo~ooo francs s'ajoute à ce que donne le gouvernement français pour la confection de la carte de la Tunisie, le personnel et le matériel du

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service topographique. Bref, sur un budget de 2.) minions de francs, la Régence dépense pour la sécurité du territoire 321 !<()3 francs. Ce n'est pas payer cher le bien le plus utile a la prospérité de la Tunisie. ALD;tA('.xE.

La question du service de deux

Une publication militaire allemande, qui a nom terrible L'.U/~cwcmt'n~' .S'c/nrt't'<f/)C .V;7//j;t'n)~, mais qui est fort bien faite, se répand en doléances sur le service de deux ans et les déboires qu'il réserve a l'Allemagne. 11 y a quelque intérêt a parler de ces plaintes au moment où il est question en France d'introduire aussi le service de deux ans. ~sotre confrère d'outre-Rhin dit nettes ment que te service journalier exige aujourd'hui tant de 'fatigues, dans t'armée allemande, par suite de la nécessité d'instruire les hommes en un temps trop court, que les 'sous-officiers eux-mêmes désirent arriver le plus vite possible à la fin de la période du service actif Les rengagements se font de plus en plus rares, et, dans le corps des officiers on a de plus en plus tendance à prendre sa retraite dès qu'on y a droit, il reste encore 7 p. )oo de vacances à combler dans les cadres, et le Reichstag sait que les pensions ont augmenté dans une proportion de 200 p. )oo.

ans.

militaires.

ANGLETERRE. On demande des fortune a ses inconvénients. L'Angleterre manque de

La soldats pour garder ses possessions devenues trop nombreuses. On a décidé d'augmenter l'effectif de l'armée de 25 ooo hommes, ce qui est énorme pour un pays où le service militaire n'est pas obligatoire. Les Anglais se demandent avec inquiétude si leur système d'enrôlements volontaires leur donnera ces 2~000 hommes. Rien n'est moins sûr, et la presse anglaise jette feu et flammes, excitant de son mieux le patriotisme national et autant le métier des armes. Mais, au fond, son anxiété est grande. On sent venir le jour où la Grande-Bretagne sera contrainte de proclamer l'obligation du service militaire.

Augmentation de la marine anglaise.

Voici

le budget de la marine anglaise pour )8qH-t)!(~ comporte une augmentation de t .~oooo tiv. st. sur le budget de l'année dernière et atteint le joli total de 23*78000 liv. st. Prés de 'ooo hommes (officiers.

quelques chiffres à méditer

marins, soldats, mécaniciens, etc.) viennent renforcer l'armée navale; les bâtiments en construction sont au total de )2 cuirassés, ]6 croiseurs détectasse, 6 de 2', 10 de 3', contre-torpilleurs et un yacht () sloops, 4 canonnières,

royal.

P..S.

Dans le nombre des lecteurs du 7'<w du .Vo~c, il en est qui, par eux-mêmes, s'ils sont à t'étranger ou aux colonies, par lettres reçues des pays éteignes, s'ils habitent la France, peuvent avoir connaissance de faits militaires intéressants et ignorés. Ces faits, à l'occasion, pourraient trouver place dans notre chronique. Les communications de nos lecteurs seront donc toujours les bienvenues.


De Tomsk à Tachkent Une Fête au Désert avons ~!<C ~cem));eH< M?! article très doC!<MCMM ~M/- <7H.!<n<C<!OH ~M~<e eH ~f~cr!C, a pu é'ftdier de près /M mceK~ et les cot<<;<Me.! des A'n'~M. Il donne ici la ct<fMe description f/iy!e /'cfe ~/(.fe/)ar M;t haut ~n!/ON'e A'n':e, à la fois en /t<?)!?!C! de son père, c/ à l'occasion efM~aK(-ct!M de M~e. A/.

~M/ Labbé, dont nous

TTN soir, sur cette route poussiéreuse qui conduit

de Semipaiatinsk à Tachkent je m'étais arrêté. Fatig'ue des misérables relais de poste, j'étais entre dans une pauvre cabane ou vivaient des Cosaques, non loin d'une petite ri-

vière que l'on traverse à gué plusieurs fois et que l'on nomme )'Aïa~'ouxe. C'est, venant du Nord,)a seule rivière qui arrive jusqu'au lac Ba))<hach sans se perdre dans les sables.Au printemps ellc est si iarg-e et si profonde qu'il faut la passer sur un radeau. Je me promenais, suivi

cicr lui vo)c-t-on son vin ou son eau-de-vie, s'il en a, quitte à )e tromper chaque fois qu'il désire un renseigncmcnt. Il n'y a pas au monde peuple plus ingrat et plus antipathique que le Cosaque de Sibérie. Chemin faisant, .j'ordonnai au policier

d'arrêter quelques-uns de ces Kirghizes et de leur demander où ils

allaient. j'appris ainsi que des fêtes se célébraient dans les environs chez un riche les bys sont des juges que choisissent les Kirghizes. Jadis ce choix était suffisant pour donner l'autorité judiciaire de mon interprète, titre a celui qu'on avait élu un peu solcnnel pour le aujourd'hui lc chef du brave policier qui m'acdistrict doit confirmer compagnait en faisant le choix du peuple. Ces près de moi fonction de fêtes étaient d'ailleurs domestique, et près des LETOMUHAt'r't'~ORT. depuis longtemps comKirg'hizes fonction de /~0/~T~C de 7t/. /Lf7~V~. mencées et touchaient à traducteur. Je m'etonleur fin on tes avait célébrées en l'honneur du père nais de voir les nombreux groupes de Kirghizes qui du by, mort quelques mois auparavant mais nous gaiement suivaient la route, en se dirigeant vers le étions à la veille de la plus importante le lendemain même endroit lcs uns passaient près de moi sur leurs était, en en'et, le jour des courses, le jour de la infatigables chevaux, d'autres étaient en voiture en ou, comme disent les Kirghizes « le jour de l'as M. de primitives télègues, les plus riches avaient leur tarantas, tandis que quelques-uns poussaient devant Mon attention s'éveilla aussitôt que j'entendis nomade eux des bœufs portant leurs femmes ou des chameaux ce détail. Depuis que je vivais dans la steppe chargés de tentes de voyage. et presque sauvage comme le peuple qui me donnait complète hospitalité, j'avais souvent entendu parler Assez intrigué, je revins a la maison où j'avais des as mais les jeunes gens me disaient toujours trouvé un abri. Je regrettais un peu de n'avoir pas été avec un soupir de regret « Oui, ]à-bas, dans le disdemander l'hospitalité sous une tente Idrghize là au trict d'A):mo]ins)< ou sur les bords du lac Balkhach, il y moins ce qu'on m'aurait offert l'aurait été de bon a encore de pareilles fêtes; ici, hélas! on ne les connaît cœur, le repas du soir, laitage, mouton ou cheval, et plus. » l'abri pour )a nuit, puces et poux compris. Chez le CoJe ne pensais plus qu'à me faire inviter, et je fis saque, au contraire, nulle amabilité on n'estime guère demander aux Kirg'hizes si l'on pouvait les suivre on le voyageur, plus ou moins aimablement accueilli, que Il fallait demander ne me répondit ni oui ni d'après le prix qu'il .paiera; et encore pour l'en remerA'TRAVERS LE MONDE.

tq" LIV.

non.tf). N'<

mai ~8q~


au by, je devais lui envoyer mon domestique, peutêtre qu'alors il permettrait. LJn peu agacé par ces fins de non-recevoir, je répondis assez sèchement et fis comme te renard de la fable, j'assurai qu'après tout je ne tenais pas à assister à la fête, quand au fond j'en avais le plus vif désir. Le soir, cependant, lorsque j'allai me coucher le long du poêle où dormaient déjà mes Cosaques, un il me salua avec beaucoup de jeune Kirghize entra politesse et me demanda si je tenais encore à voir la fête du lendemain.Toutes ces cérémonies duraient trop, et je répondis que définitivementj'avais décidé d'aller plus loin vers le soleil levant, sans m'arrêter davantage. Le Kirghize ouvrit la porte et me demanda si j'étais l'étranger qui si longtemps avait vécu-chez le sultan Tchermanov. Sur ma réponse affirmative, il sortit. Je restai à me demander d'où il avait appris qu'à cinq cents ki)omètres de là j'avais, en effet, passé quetques

semaines

chez te sultan Tchermànov. Une fois de plus je voyais avec

rapidité les nouvelles se répanquelle

dent dans la steppe partout où je suis atté,'1 on m'attendait toujours. Chaque Kirghize qui en rencontre un autre lui demande, c'est la règle, qui il est, d'où il vient, où

itva, et quelles sont

moindre importance, enfin de simples yourtes de voyage, des !~n'A:M, toutes très pittoresquementdressées. A chaque instant nous rencontrions, errant, de grands chameaux bruns, ou des chevaux d'invités dont les deux pieds de devant étaient étroitement liés pour qu'ils n'allassent pas s'égarer au loin. Les pauvres bêtes marchaient en sautant, à la façon des sarigues, tandis que, no.n ici" des tentes; étaient attachées à des pieux plantés en terre les juments poulinières et leurs petits. Grouillant au milieu des yourtes un peuple entier habillé de couleurs diverses les uns à cheval causaient entre eux, les autres, accroupis sur la pointe des pieds et le derrière sur les talons, discutaient en cette pose favorite, ridicule pour nous. Nous traversâmes un large espace où, en plein air, se faisait la

cuisine.

larges ln,-rrnc W De

trous avaient été creusés, et sur ces trous étaient posées d'énormes

marmites où le'

mouton et te cheval cuisaient. Une odeur de graisse vous prenait à la gorge. On préparait Ic kaourdac, morceau de mouton sauté dans la poêle,

pilaf

dans le riz bien gras, les têtes

le

de mouton bouillies, lc cheval

le

g'ritté,ct,

mets le plus apprécié, des poulains

de

l'année.

Chemin faisant, affirmé qu'on a su mon jeune guide m'ajadis à Omsk, par des vait raconté toute la LESCAMtNSDUYJLLAGE. Kirghizes portant la fête. L'aïeutdonton 7'o<o~)'a~ted<Z.a/'<'< honorait la mémoire nouvelle de village en village, que Sébastopol C-O.1.t_- ~1 avait été pris, avant que le avait été un juge fameux mort en un âge avancé. Le by actuel était son plus jeune fils, le préféré, celui qui gouvernement ou les journaux eussent eu le temps d'en faire part. avait hérité de ses biens. Les aines, ayant reçu jadis une dot, n'avaient plus de droits a l'héritage et J'avais un peu oublié l'aventure à mon réveil, quant aux deux femmes du mort, elles vivaient dans mais quelle fut ma surprise de voir le jeune Kirghize le village, dans l'aoul (village kirghize) du by. Le de la veille I) me dit alors ses noms et qualités. Le grand-père était mort en avril, époque où l'on prépare by était son père. Sur l'ordre de celui-ci, il venait me I) était né dans le district les cérémonies des « as prier de l'accompagner; deux chevaux pour moi et de Koktchétav, où l'on est le plus amateur de tellcs mon policier étaient prêts déjà. fêtes; lui-même les aimait tant que c'était l'honorer Je ne me fis pas prier, et nous partîmes. Nous que d'en célébrer en sa mémoire. Il y avait un mois suivîmes assez longtemps le bord de la rivière, et mes que les fêtes étaient décidées un jour le by convoyeux s'émerveillaient de voir de la verdure près des qua ses frères 'et ses proches et annonça son intenrives. J'étais resté si longtemps sans voir un arbre tion de donner, en l'honneur des fiançailles de sa fille Bientôt nous descendîmes dans le lit de t'Aïagouze et et de la vertu de son père, une grande fête vers la le traversàmes la rivière était là assez profonde. Nous fin de l'été, à l'époque où les Kirghizes nomades, reveavions depuis plus d'une heure et demie quitté mon nant peu à peu vers lcs demeures d'hiver, se trouvent gite, et je commençais à croire qu'on m'avait trompé ainsi plus près les uns des autres. On décida alors sur la distance, lorsque tout à coup, du haut d'un combien l'on tuerait de bêtes, combien l'on convierait monticule, j'aperçus le village du by. Jamais je n'ad'invités, ce qu'il faudrait de tentes. On fit des édits vais vu de tentes, de yourtes aussi nombreuses. H pour indiquer le lieu des fêtes, la durée des courses, y avait là quelques grandes yourtes blanches, celles le nombre des combattants ces édits furent envoyés du by et celles des principaux sultans invités, puis aux amis, qui durent en faire part aux leurs. On éleva des yourtes noires plus petites pour les seigneurs de alors une riche yourte, ce que tes Kirghizes appellent les nouvelles. On m'a

.11.


une ~a/'L:/«, où l'on devait à certains moments de la fête se réunir pour pleurer, et où les deux veuves du défunt devaient, a certaines heures, pousser des sanglots. La plaine choisie était à peine suffisante pour le troupeau, mais on y trouvait le puits le plus profond et l'eau la moins salée. Toute la famille travailla, on prépara du koumis pour abreuver un peuple, on tua du bétail pour le nourrir, et un prix de la valeur de cent chevaux fut institué pour le vainqueur de la ~f~a (course). 4 Le premier jour, les parents les plus proches étaient venus aider aux préparatifs. Le second, on avait tué lcs bêtes, ensuite un grand diiier avait été donné. Uref j'arrivais pour le jour des courses.. Le by vint à ma rencontre et me conduisit sous une itarka préparée pour moi, me remerciant de l'honneur que je lui faisais. C'était un très bel homme de trente à trente-deux ans, père d'enfants déjà grands lc fils avait quinze ans et la fille, une jolie petite Kirg'hixe, à la frimousse amu-

sante, la fiancée d'aujourd'hui avait quatorze ans.

La 'course va commencer, vint me dire le vieux sultan à barbe blanche fasse le ciel qu'un pauvre gagne avec le prix il sera riche » Deux jeunes gens prirent la tête et menèrent l'un, svelte, portait le plumet des fiancés et était richement habillé l'autre, pauvre, montait un cheval d'aspect peu engageant. Une poussière noire, atroce, nous les cacha bientôt, et nous vîmes cette poussière courir comme un nuage au bord de l'horizon. Les hommes discutaient, les femmes criaient, et le nuage tournait autour de nous avec une vitesse inimaginable. Lorsqu'à l'aide de ma lorgnette je pus distinguer quelque chose, j'aperçus les cavaliers en tas poursuivant toujours les deux meneurs du premier instant ceux-ci arrivaient dans une course folle. Tout à coup le beau cheval du riche cavalier buta et désarçonna son maître dès lors il n'y avait plus de doute sur l'issue de la course; le cheval du pauvre diable, devenu beau dans l'ardeur de la lutte, touchait le premier au but. Son cavalier vint recevoir les félicitations du by; cependant, grièvement blessé peut-être, on apportait le malheureux cavalier «

Après m'avoir fait prendre le thé, le by m'offrit d'aller chez le plus impordésarçonné le vieux à barbe tant de ses invités, le beaublanche le regarda tristepère de sa fille. Nous nous ment, puis contemplant endirigeâmes vers une grande suite le vainqueur joyeux, yourte et nous entrâmes qui, pauvre tout à l'heure, un homme, grand, fort, suétait riche maintenant, il me perbe, avec une longue barbe dit: «Dieu fait bien ce qu'il blanche et de )ong's cheveux MA TEXTE'ITARKA'. Il. blancs, était debout ses six J'allai m'étendre sous P~O<0~t'a/'A<C~cAy.M< fils, grands aussi, dont le ma tente, fatigué de ma plus jeune était le fiancé, journée et un peu ému de l'accident auquel1 j'avais entouraient leur père. Je m'assis, et le vieux, majesassiste, lorsque des chevaux s'arrêtèrent devant mon tueusement, une grande louche a )a main, se mit à reitarka mon hôte de tout à l'heure, suivi de ses six fils, muer le koumis, qu'il me servit dans une tasse d'argent. venait me rendre ma visite. Il s'assit près de moi, Puis nous dinâmes. Une fois de plus à titre tandis que les fils restaient debout devant la porte. Je d'honneur je reçus, hélas! les yeux et les oreilles d'un lui exprimai mon admiration pour la fête de l'as. mouton et une côtelette de poulain, cette dernière fête a été belle et digne du dé« Oui, dit-il, la d'ailleurs excellente. Nous mangions lentement et funt. C'était un by comme nous n'en avons plus gravement, tandis que dehors des cris se firent enmaintenant les bys sont nommés pour un an et se laistendre. Je sortis, et je vis ce spectacle inoubliable: sent corrompre. Jadis on étudiait chez un vieux by, assis à la turque autour d'innombrables bêtes cuites, puis l'on s'établissait jug'e, et le peuple lui-même allait moutons entiers, quartiers de cheval, un peuple était chez celui qu'il savait juste. à terre. Toutes les mains se fourraient dans les de pareilles fêtes avaient lieu souvent? lui viandes, et chacun mangeait, causait, chantait. Près demandai-je. des hommes, les femmes, qui, elles, ne mangèaient Oui, mais il y en avait de plus belles. J'en ai pas, préparaient le thé il fallait une cérémonie extradonné en l'honneur de mon père, en l'honneur de ordinaire comme celle-là pour qu'elles ne cachassent chacune de mes deux femmes. pas leurs visages quand des hommes à barbes blanQuand sont-elles mortes? Depuis longches se trouvaient devant elles. temps ? » Quelques-uns chantèrent, d'autres firent à terre, Et lui gravement puis à cheval, des exercices d'équilibristes. sais plus bien. » Puis montrant ses six Je ne Mais la course, longue de 20 verstes, allait comHJs, il ajouta. « Elles avaient fait leur devoir. )' devait faire qui mencer, et chacun des concurrents II baissa la tête et la releva lentement presque le tour de l'immense plaine s'essayait déjà deétaient plus belles, nos fes« Mais nos fêtes vant nous, tout comme un jockey un jour de grand tins plus copieux; on s'asseyait devant des troupeaux prix, à son galop d'essai. Il y avait là des pauvres et il ne restait rien quand on se relevait. massacrés, possicouleurs de les riches, des chevaux toutes des il y avait des tournois, et c'était les Outre courses jeunes de grands gens. bles, des gamins tout petits et

fait!

t, J"

1

-Et


une gloire suprême de mourir le jour où l'on fhono-

rait un mort. Et nos chasses, nos grandes chasses à cheval, dans la steppe Nous avions des ours et des tigres maintenant on n'en trouve plus. Avons-nous tout tué, ou bien nos n)s n'ont-ils que les bêtes qu'ils méritent Des ioups! » Et il fallait entendre le ton méprisant avec )equel le mot tomba de sa bouche des loups Il se levait pour me dire adieu, quand devant ma yourte des Kirg-hizes passèrent en voiture, et en voiture bien primitive « De mon temps, dit-il, on allait à cheval. Puis il sortit grave, ]a main dans sa barbe blanche, et ses six fils derrière lui ils étaient superbes, eux aussi, pourtant moins grands que lui, et je songeai au vers du vieux burg'rave de Hug'o, présentant ses fils a t'invité Et les fils de mes fils qui sont moins grands que nous! Le lendemain de bonne heure je partis. Le by et le vieux sultan se levèrent

pour me sa)uer. Je leur proposai de les photographier.

je dis

au

vieillard que

La baie de Kouang-Tchéou ~-)');s'r décidément la baie de Kouang-Tchéou qui été cédée à )a Prancc'en vertu de l'arrangementa récent. Elle est située, comme nous t'avons dit, sur la côte orientale de la péninsu)e qui regarde IIa't-Nan. D'après des renseig-nements dignes 'de foi, elle serait d'une valeur réelle pour nous, et il convient d'applaudir au choix qu'en a fait notre gouvernement. Kouang'-Tchéou est situé a environ 200 milles à i'Ouest-Sud-Ouestde Hong-t~ong- la baie est excellente aussi bien pour faire un port de guerre qu'un port de commerce. Le port est à certains égards, ég-a) à celui de Hong'-Kong-, su-

périeur même, quoique

mes

photographies étaient des-

quelques avantages du port anglais lui fassent défaut c'est, en tout cas, un point sur lequel il vaut la peine de mettre la main. On ac-

tinées au ministre de l'Instruction publique. I) posa gravement devant mon appareil et me

cède par deux étroites entrées au havre qui a 20 milles de longueur et est comp)e-

demanda: « Alors mon portrait

Et

il sera pour!e ministre? épela son nom. « Comment, lui dis-je,

traduire en russe )e mot «

sultan » ?

»

Modest'emcnti)

DLKmcmZES. P/)0/o~)'a~M de Lo~M. L'XE FAMILLE

il ré-

pondit « Grand-duc » Puis « Vous n'avez pas la photographie du ministre ? » J'avoue, à ma honte, que jamais je n'avais songé à acheter le portrait de M. Rambaud. Souriant à part moi, je lui dis « II vous t'enverra. »

Le vieux salua gravement, et je me mis en route. Arrivé au bout du village, je vis sortir curieuse la fille du by. Très étonné, j'interrogeai le guide « Elle couche donc ne pas chez son père Non, la dot est payée, et quoique le mariage ne soit pas célébré, selon la coutume, à i'insu des familles, qui s'en doutent, d'ailleurs, les lancés passent ici les nuits, Le vent nous jetait si violemment» le sable dans les yeux, que les deux chevaux se retournèrent, et je regardai une dernière fois les yourtes qu'on allait démonter dans quelques heures. Chacun, pensaije, s'en ira de son côté. Le vieux emmènera la jolie

petite Rn-ghixe sans tui adresser même sourire; c'est un une femme qui n'aura de valeur à ses yeux que par une fréquente maternité c'est, pour tout dire, une bête de plus, destinée à augmenter plus beau son troupeau, celui de ses fils. Et il partira la regarder, suivi de ses enfants, dont pas sans n'osera le dépasser sur la route, sans un ordre un ou sans sa permission.

p~,

tement dans l'intérieur des terres; la profondeur en est de 6"'5o à 20 mètres environ, )e fond est de bonne tenue. L'entrée orientale,

qui a une largeur d'à peu près un demi-mille (un peu plus de 800 mètres), est bordée au large par p)usieurs bancs de sable qui en rendent l'accès directement impossible du côté de la haute mer mais il y a un bon chenal qui suit à quelque distance la plage en venant du Sud, avec une profondeur moyenne de ]3 mètres

environ, bien qu'elle s'abaisse en un point à 10 mètres environ. A i'entrèe même de )a baie, la profondeur est d'à peu près )6 mètres. La partie la plus large de la baie a environ milles de l'Est à l'Ouest et environ 6 ou 7 du Nord )o au Sud, donnant ainsi un ancrage sûr à une immense flotte du plus fort tirant d'eau. Le courant de marée est très fort à l'entrée du port, comme on doit s'y attendre, vu l'immensité du bassin, qui s'emptit et se vide au flux et au reflux, et l'étroitesse du gouiet.' Une rivière de quelque importance tombe dans la baie de Kouang-Tchéou, et sur cette rivière se trouve la ville d'Iché-Komé, centre d'un commerce important avec Alacao et Kong-Moun, sur la rivière de l'Ouest. Comme on le voit, la nouvelle acquisition que les Français viennent de faire présente de sérieux

avantages.


Vieilles Coutumes du Berry ZA'/i~e des

W~/ ~s'.M):

c<?!</«)))M

et des .s'!</)e;o?~ qui

à ~M, des ~?;C/eHHM~0)~CM, J, :M~e/'e)!~M~<CH< de ~07; /)/O~M~!<e, MM vif ui/ë/-c< pour /tM~eH et le /H'/o~o~c. Nos /ec~)<s 7~!<.s' .M!<o~ donc ~-c de /e;< c~:Hc/- cet a/-</c/e sur les vieilles 6'0!<<WM ~Cr/C/<0;!?iM~!</ a été ~COM~~ notre dernier co)!co!<~ de McoHCM. /)Ct<

~<

j

il nous est resté de curieux détails sur sements qui,

au moyen ag'e,

étaient en usage dans

le

Berry

qui se

et

ratta-

chaient aux grandes solennitésdu

culte.

Le

jeu de

messe, qui a continué à être chantée jusqu'à la Révolution, s'appelait « la messe au Duc ». A Châteauroux, la veuve le plus nouvellement remariée devait, le mardi de la Pentecôte, se présenter en grande pompe, escortée des habitants, a !a principale porte du château eue portait sur la tête un pot de fleurs garni de rubans et )'on'rait au seigneur. Puis elle chantait une chanson, toujours la même, et le pot était brisé avec certaines formalités. II existait aussi à Mareui) le droit de Bache)« lerie ». Le jour de la Trinité, tout homme marié donnait à son seigneur « un éteuf ou balle de peaume de 32 carreaux et de 9 couleurs ceux qui étaient maries en seconde noces, « un bil-

CHATEAU

les divertis-

lard de deux

DE B

CHAKLESVH (MEHL-N).

j

pieds et demi, compris la masse, qui doit être

d'un pied et

demi, et chacun deux billes neu-

vesH.Lesjeunes époux devaient

la sole, entre autres, avait lieu dans )e diocèse de Bourges, aux

oiseau nommé

fêtes de

étaient tenus de

saintt

Jeanetdcsajn)

Ursin,et[ejour

des

Rois. La

soie consistait '~cn

un morceau

seulement un

ro/j-ouroitelet, mais ils !e

porter deux,

sur une perche ou « pot de banne Puis, ces cérémonies finies, on escortait "avec instruments" le setgneuraia messe.

de bois termine par deux boules A Méxières et a Mehundans l'une desCHATEAU nu DUC DE MAILLET (cnATEAUNEL'F-SUR.CHER). sur-Yèvre, les jeunes maquelles on enferD'après une ~o<o.g'ra/< ries de Il année tiraient )a mait une pièce tfn)ïin~~in~ .1 cr~nc )~< f~~A "juujLdiucMbuustesrened'arg'ent. On lançait cette pièce en l'air celui qui partres du château ou payaient une amende de « soixante venait a la saisir était déclaré vainqueur. La sole sols ». ou cheolle, soule ou balle, sorte de ballon gonné d'air, était A Quantilly, ils devaient.]e droit de BerthoHe" le jeu principal des gensd'Ëg)ise, des chanoines et des qui consistait en un pot neuf qu'on plaçait prélats. au bout d'une perche. Le jeu finissait lorsque les assistants On représentait aussi, aux principales fêtes de avaient réussi à casser le pot. Au château de Fontenay, l'année, des scènes symboliques, préludes des futurs près de Nérondes, situé sur une butte élevée, les mystères. Le Carnaval donnait ég'aiement lieu à de hommes de la seigneurie étaient forcés, lorsqu'ils y .grandes réjouissances populaires qui, plus tard, furent montaient, de porter une bûche pour le foyer du chàtrouvées fort mauvaises par les protestants. Ceux-ci telain.On pourrait citer encore le droit de«CoquinagC)', étant devenus maîtres d'Issoudun, le lieutenant général levé à Dun-le-Roi sur « ceux qui se laissent battre de Dorsanne ordonna que défense serait faite à toutes leurs femmes l'enlèvement du bélier au monastère personnes « de danser par la ville, de porter masques, de Chalivoy, la fête populaire de Turli', et. beaucoup ni aller déguisés, et à tous joueurs d'instrumens de d'autres coutumes où se montre parfois )a vieille les accompagner sous peine de punition corporelle ». g'aieté gauloise de nos pères, mélangée d'un peu de A propos de danses, on lit quelque part que grossièreté. H y avait également des redevances de pour l'entrée à Bourges de certain personnage imporseigneur à seigneur tel celui de Dames, qui devait tant, on avait fait paraître devant lui « des danseurs au seigneur de Mehun-sur-Yèvre, pour certain droit qui avaient fait peindre leurs visages et portoient du de rachat, deux éperons d'argent et douze pains pour romarin M. ses chiens. (On sait que les chiens courants que le duc Quelques coutumes se rattachent au règne de Jean faisait élever au château de Mehun avaient, dans Jean, frère de Charles V et premier duc de Berry. Ce ce temps, une grande renommée.) fut lui qui fonda, au retour de sa captivité en Angleterre, pour le repos de son âme, « une messe à note, ]. Cette fête a lieu encore actueuement le lundi de la pendant Sa vie et après son trespassement ». Cette Pentecôte.


existait encore dans nos campagnes, il y a une trentaine d'années, diverses cérémonies symboliques qui accompagnaient habituellement les mariages. C'étaient la chaussure de la mariée, sa jarretière mise aux enchères, les cadeaux obligés des convives au jeune ménage, la porte fermée, le balai jeté en travers de la porte, favorable augure, si la nouvelle épousée songeait à le relever le chou planté au sommet du toit, les verres et les pots brisés. On redit encore les chansons populaires qui se chantaient en cette occasion, et notamment celle dont le refrain 11

est

J'suis une fille d'un trop grand prix J'nouvr' pas ma porte a ces heur'ci. On plaçait également, sous les pierres qui servaient de bornes, du charbon et une tuile comme insignes du foyer et du toit. De nos jours on brûle encore les vieux balais, au mariage de la dernière fille de la maison. En certains villages, les jeunes gens tendent une corde sur le passage du cortège nuptial; arrivée à cet endroit.la noce s'arrête, les jeunes gens embrassent la mariée, et l'on trinque au bonheur des nouveaux époux. En Berry, le merveilleux tient une large place dans les traditions populaires. Du reste, les Berrichons se montrèrent de tout temps disposés aux pratiques superstitieuses. On lit avec curiosité les procès de sorcellerie qui nous ont été conservés. Sous le règnede Henri ttl, un chirurgien chargé Nous n'y d'examiner de prétendus sorciers, avait dit trouvasmes que de pauvres gens stupides, les uns qui ne se soucioient de mourir, les autres qui le désiroient, nostre advis fut de leur donner plus tost de l'ellébore pour les purger, qu'autre remède pour les punir. » Mais au commencement du xvne siècle, les accusations de sorcellerie se multiplièrent. En [6[6 et 1617, un nommé Jean Chenu avait eu à faire, comme bailli de Brécy, fief de la famille de Culant, le procès d'une bande entière de sorciers des paroisses de

Brécy et de Sainte Solange. Nulle seigneurie ne paraissait mieux faite pour la sorcellerie que cet ancien fief des Culant. Ils étaient eux-mêmes l'objet des histoires les plus singulières. On racontait que l'un d'eux, 'voulant se venger d'un de ses ennemis, un Chabannes, avait invoqué le secours du diable. Pour cela, il lui avait remis un billet, signé avec son sang, par lequel il se donnait à lui, mais qu'il avait souscrit du nom même de Chabannes. Enfin, on prétend que, sur les murs du château de Brécy, d'anciennes fresques représentaient cette bizarre mystification à laquelle le diable s'était laissé prendre, malgré sa finesse et son expérience. Les procès de sorcellerie se poursuivirent sous le règne de Louis XIII, et ils n'eurent enfin un terme que sous celui de Louis XIV. Toutefois, l'esprit de nos paysans est resté très enclin au merveilleu. On vous parlera encore, mais avec défiance, des « jetteux de sorts », des « noueux d'aiguillettes », des « meneux de loups », des « caillebottiers ôtent le lait des vaches, des « courtilliers » qui dessèchent les plantes, des « grêleux » qui amassent les orages et les font tomber sur le champ d'un voisin, surtout des « birettes », êtres fantastiques

qui

pourvus souvent de longues pattes et d'une queue longue de plusieurs mètres. fi y a aussi le ~em: et le w~c ou )'<?w~<?M. qui ne font très souvent qu'une seule et même personne le ~)'H, qui fait retrouver les choses perdues, découvre tes trésors et les sources, indique les auteurs d'un vol qui remft tes membres ou d'un assassinat; ie luxés, réduit les fractures, et qui souvent, avec des -paroles magiques ou par le souffle, guérit les brûlures et les entorses. Le sorcier ou la M/'r~c peuvent, suivant leur volonté, se transformer en animaux. On prétend qu'il leur est impossible d'assister à la messe entière les jours de grande fête, une force invisible les poussant hors de l'église au moment de l'élévation. Chacun les redoute et s'empresse de déférer à leurs moindres désirs, de peur qu'ils ne se vengent en jetant un « sort » sur la personne ou la famille dont ils auraient à se plaindre. En beaucoup d'endroits on vous montrera les carrois, sortes de plateaux où se tenait, où se tient encore, paraît-il, le sabbat. Mais ces vieilles traditions s'effacent peu à peu, et lorsqu'on les interroge sur ce sujet, les paysans ne vous répondent qu'avec méfiance et une sorte de crainte superstitieuse.. L'antique costume berrichon a, lui aussi, fait place aux idées et à la mode du jour. Nos jeunes paysannes ont tout à fait délaissé le vieux costume si coquettement porté par leurs aïeules. Voici comment il était composé jupe courte A ~o~;<c/, ordinairement de couleur foncée (gros vert, bleu, marron, etc.) et trè? ample sur les hanches; corsage entièrement froncé devant et sur les manches, avec léger décolleté, laissant voir une petite croix d'or attachée d'un ruban de velours noir; fichu de couleur vive mis en pointe derrière et se croisant devant sur la poitrine; tablier de soie à bavette carrée (la teinte gorge de pigeon était la mieux portée). Haute coiffe garnie de dentelles, encadrant bien le visage, et souliers de peau découverts pendant l'été. L'espérance souvent trompeuse du w~'ex.v, qui amène un perpétuel changement dans le monde et les choses, est un besoin inhérent à l'humanité. Peu à peu, tout s'efface et disparait, et l'on ne peut s'empêcher de regretter ces traditions locales, ces patois énergiques et piquants, ces superstitions pieuses ou bizarres, et jusqu'à cette rouille des vieux temps, curieux vestiges qui, dans le présent, faisaient comprendre ou laissaient deviner le passé.

m!

Jeanne

Au Klondyke

V.

Dawson-City

cité », devenue la métropole du district minier du K)ondyke, n'est encore qu'un amas

C ETTE

«

d'innombrables tentes éparpillées sur un sol maréca-


geux. Mais la vie y est si intense, le brouhaha de la foule si prodigieux qu'on oublie, disent les voyageurs, t'aspect morne et lugubre' du paysage pour n'être frappé que des traits de mœurs de la population bigarrée qui se presse dans les rues de la ville. La plus importante de ces rues est bordée de baraques en bois abritant des bars où jour et nuit les buveurs s'entassent. Car, dans ce pays vers lequel chacun accourt avec l'espoir de faire fortune, on ne voit que des gens assoiffés de plaisirs. Les mineurs enrichis jettent l'argent ou mieux l'or par la fenêtre. Ceux qui arrivent sont pris du désir de les imiter, et avant de posséder les richesses qu'ils voient en perspective, ils esquissent .pendant quelques jours leur vie de millionnaires futurs. Les légendes qui se colportent sur les deux mineurs les plus heureux de Dawson-City, l'un surnommé « Swift Water x, l'autre « Sitka Bctta », fascinent les pauvres diables dès qu'ils mettent le pied sur la terre du Nouvel Eldorado. L'une de ces légendes rapporte que ces deux héros avaient coutume, le soir,'pour se divertir, d'aller vider en tapinois dans le cou des mineurs attablés une bouteille de champagne; plaisanterie exquise, mais coûteuse, car la moindre bouteille de champagne se paie là-bas 5o dollars, soit 250 francs Mais il est certains industriels qui semblent devoir faire fortune, à Dawson-City, autrement qu'en fouillant des claims. Ce sont d'abord les cordonniers qui demandent et qui obtiennent 6 à 7 dollars pour remettre une semelle à une paire de souliers. Ce sont aussi les marchands de liqueurs. Jusqu'à présent les liqueurs ne payent aucune redevance au gouvernement, et un gallon (.5 titres 1/2, de whisky, qu) coûte à Seattle dollars, se revend couramment i Dawson pour 3 à 60 et quelques. H y a, il est vrai, des frais de transport assez lourds. Mais néanmoins la marge de bénéfice est grande, et le commerce des liqueurs est un de ceux qui mènent facilement à la fortune. La profession de 'médecin semble devoir être également lucrative. Un des deux docteurs établis à Dawson ayant eu l'idée heureuse d'apporter avec lui quelques remèdes les a vendus naturellement au poids de l'or, par exemple trois dollars la pilule de quinine, et 5 à 6 dollars de simples emplâtres peu compliqués.

Df< MfMA'e Ceo~t'a/t~'te Selskobs

aarbog (Annuaire de la Société

norvégienne de géographie), VIII, <8~-i8o~. Kristiania.

DANS cette excellente publication, toutes les différentes branches de la géographie se trouvent représentées par des articles

très intéressants.

Au chapitre de l'exploration, signalons le récit fait par Xansen de sa mémorable expédition devant la Société norvégienne de géographie et un tableau de l'Islande actuelle, dù à la plume

autorisée de

M. Thoroddsen (/~tf!H~ /or/foM <HH«~')t). Nous jadis publié dans les Nouvelles géographiques i8q4, p. 97 avons description et 09, une topographique de la grande ile scandinave d'après les travaux de ce grand voyageur aussi bien nous parait-il inutile de revenir aujourd'hui sur la partie géographique de cet article, quel qu'en soit t'intérét. Signalons seulement au passage un renseignementcurieux.

tous les degrés de la hiérarchie sociale, les Islandais sont de grands lecteurs. Ils ont tant de loisirs pendant l'obscur hiver local et leur cerveau rempli par le souvenir des anciennes légendes est ardem.nent épris de poésie. A

Dans ce pays perdu sous les brumes de t'océan Gtaciat, les

poètes indigènes n'ont certes pas le droit de se plaindre de l'indifférence du public, comme leurs confrères d'Europe. En quelques années une édition de leurs œuvres tirée à 5oo ou 2 ooo exemplaires se trouve épuisée. Notez que la population de l'Islande ne dépasse pas 80000 âmes, qu'elle est très pauvre et dispersée sur une étendue de plus de cent mille Idiométres carrés (ap-

proximativement la superficie des royaumes de Bavière, de Saxe et de Wurtemberg réunis). Quatorze journaux se publient dans l'ile, sans compter un grand nombre de périodiques. L'Islande n est pas un pays industriel, à peine avons-nous besoin de )e dire; tous les objets manufacturés dont elle a besoin, elle les importe d'Angleterre. N'est-il pas étrange qu'aucun commerçant français n'ait encore songé chercher un débouché pour ses produits dans cette île, alors que chaque année elle est visitée par trois cents pécheurs français qui

frètent sur les bancs. Au point de vue financier l'Islande a une place à part dans les Etats d'Europe. Non seulement ce pays n'a pas de dette publique, mais il possède une réserve d'un million. De plus, au ""janvier !&)6, les caisses publiques renfermaient une avance de 420 ooo francs et possédaient un crédit de 304 ooo francs sur le Trésor danois. Dans l'~t);MHa<re de <;t Société norvégienne la géographie historique est représentée par une étude très intéressante du D' G. Storm sur le voyage du Vénitien Zuivini dans l'océan Glacial, en [432. Le savant professeur de l'Université de Kristiania a réussi à découvrir dans une bibliothèque de Rome le manuscrit de la'retation du marin vénitien. Parti de Candie au printemps de [431, à destinationdes Flandres, le navire de Zuivini fut entraîné très loin au Nord et dut finalement être abandonné en pleine mer. Les survivants de l'équipage atterrirent finalelement le 5 janvier <432 à Rosto, la terre la plus méridionale du Laffoten. et trois semaines plus tard furent recueillis par les habitants d'une ile voisine, qui au printemps suivant les reconduisirent a Bergen. Zuivini est probablement le premier marin de l'Europe méridionale qui ait hiverné dans la zone arctique.

Nous devons enfin signaler une description du couvent de Valamo (Finlande) par le professeur Yngvar Meise; Tels les monastères de Petchenga sur l'océan Utaciat et de Sotovietstfy dans la mer Blanche, tel celui de Valamo sur le Ladoga. Situé sur une ile de la mer intérieure de la région carélienne, le couvent est resté l'avant-poste du catholicisme grec vis-à-vis du luthéranisme hnnois scandinave, après avoir été pendant des siècles un des boulevards de l'orthodoxie slave contre les envahisseurs incroyants. Fondé, dit-on, en 002, par deux moines du Mont-Athos, ce céiébre établissement religieux eut des fortunes diverses pendant la lutte qui s'est poursuivie des siècles durant, seulement à partir du entre les Slaves et les Scandinaves domination définitivement assise dans le xvm" siècle la russe fut pays, et seulement de cette époque date le brillant développe. ment du monastère caréiien. S'élevant au milieu de la nappe grandiose du Ladoga,- la superficie de ce lac est égale à trente-deux fois celle du Léman,dans un cadre d'une forêt majestueuse, la masse colossale des églises de Valamo produit une sensation profonde d'étrangeté, et, dès que ie voyageur a débarqué, à ce sentiment s'ajoute l'impression d'un recul lointain dans le passé vaporeux. Au milieu de ce désert peuplé d'églises luxueuses, dans cette société monacaie fermée à tous les bruits extérieurs il a la vision nette et précise du moyen âge et de l'importance de la vie religieuse à cette époque. L'archipel de Valamo, composé d'une grande ile et de quarante ilots et récifs, est tout entier la propriété du couvent; sur ces terres aucun autre habitant que tes moines, et nul autre édifice que les églises et les dépendances du monastère. Ajoutons un détail typique le voyageur peut vivre à Valamo sans bourse délier. Une hôtellerie qui fait partie du couvent lui offre le thé et le logement, et si son estomac s'accommode du régime monacal, libre lui est de s'asseoir à la table des religieux. Le couvent de Valamo peut être visité très facilement de Saint-Pétersbourg. Le touriste a le choix entre deux itinéraires un service régulier de vapeurs par le Ladoga, ou le chemin de fer finlandais conduisant à Sordevata, d'ou en un jour on peut visiter le couvent. D'après t'intéressante description du professeur Metsen, nous ne saurions trop recommander cette excursion aux voyageurs désireux de connaitre un des centres historiques religieux de la Russie et un de ces monastères qui, à la fin du x;x° siècle, donnent le tableau le plus vivant du passé historique le plus lointain. Cn.

R.

a


~T'7'SC//K h'0/.O.YMAZ/rL'A'G.

L'Avenir de l'Afrique Orientale Allemande B<'WtM,~omjr6'78~S.

f

quelque chose pouvait consoler les Français qu'exaspère la sage lenteur du gouvernement dans la question des voies ferrées au Sahara et à Madagascar, ce serait sans doute la mauvaise volonté du Reichstag allemand qui mu-

tile ou repousse purement et simplement les projets de chemins de fer coloniaux qu'on lui présente. Ainsi, dans la partie septentrionale de leur colonie de l'Afrique orientale, serait absolument un chemin de fer de la côte à Korogoué nécessaire pour la mise en valeur de territoires fertiles; de plus, la construction d'une voie ferrée ne rencontrerait presles capitaux allemands se que pas d'obstacle naturel mais l'Afrique les particuliers refusent à prendre le chemin de disent que ce serait de l'argent perdu, et le Reichstag se prononce contre les crédits demandés. La Bo~c/M A't)/o~<n)~ met en regard de cette indifférence l'admirable ardeur des Anglais, qui, dans leur ligne de l'Ouganda ne se sont pas demande s'ils rentreraient dans leurs frais, si le pays en valait la peine, mais sont allés de l'avant avec autant de résolution quequide harpourdiesse, et ont déjà [40 kilomètres de voie ferrée région. de la le raient bien drainer tout commerce D'ailleurs, les Allemands ont tort de mépriser ces contrées d'outre-mer où flotte leur pavillon. Dans l'Afrique orientale, prospèrent non seulement les cultures tropicales, mais aussi la plupart des plantes de nos pays l'orge, le seigle, le houblon, l'avoine. L'auteur de l'article a trouve, et des semences sans chercher, des raves pesant livres, d'orge produisant 62 tiges chacune, dont chaque épi portait Le Kilide Ho à too grains. Il y adeux récoltes par vérité la un mandjaro, couvert de laves refroidies, forme à vigne, mais la produits à part terrain à part, ayant des

an.

par exemple.yprospérerait. Si l'on évalue a 2~0000 hectares les terres cultivables de l'Usambora occidental, a i~oooo celles du KitimaNdjaro et a tooouo celles du reste de la colonie, il y aurait place trouvepour 3 ooo et même 5 ooo paysans allemands quicontrées raient un terrain fertile et un climat salubre. Ces n'ont qu'un défaut c'est le manque de voies de communication. Et c'est la malheureusement ce qu'on se soucie le moins de leur donner. Quand il s'agit, en Allemagné, de relier à un réseau de chemin de fer des contrées même sans ressources (ainsi conclut judicieusement l'article), on trouve toujours des capitalistes. Et l'Afrique attendra peut-être de longues années quelques kilomètres de rails pour écouler ses richesses inépuisables.

77~' A'ATVOA'~ GEOG7M7WC ~MG~/A~

Ruines de l'époque des Sagas

en Islande, au Groenland et dans le

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Vinetand )'

CORKEUA HORSFORD.

U~i'H~/O", mars jS~S.

O

que dès le xc siècle, donc bien avant la découverte ~Ndesaitl'Amérique par Christophe Colomb, des marins scandinaves, sous la conduite d'Erik le Rouge et de son fils Leif Erikson, avaient découvert et colonisé l'Islande, le Groenland et certains points de l'Amérique du Nord, à laquelle ils avaient donné le nom de Vineland (pays du vin). Un savant islandais, M. Valtyr Gudmundson, et le lieutenant Daniel Brunn, de la marine danoise, ont reconnu

et suivi les traces de ces hardis aventuriers a travers l'Océan, en étudiant les mines de leurs demeures. Leurs recherches en Scandinavie même, point de départ de ces expéditions, n'ont pas eu de résultats, parce que, probablement, les ruines ont été utilisées pour des constructions mais en Islande et notamment dans la postérieures vallée de Ha\vk River, on a réussi a exhumer les débris de temples pa'iens et de diverses résidences d'Erik le Rouge ou de ses compagnons. Les murs étaient d'une épaisseur d'un mètre et demi, et formés de pierres brutes dont les interstices étaient bouchés avec de la terre. Les pièces étaient en général au nombre de trois dans l'une se trouvait le foyer.

Le Groenland, découvert par Erik vers la tin du x" siècle, était peuplé de deux colonies, qui pendant 3oo ans furent florissantes. Une centaine d'habitations de ces colons norses ont été exhumées et décrites par ces mêmes savants. Enfin, dans l'Etat de Massachussets, qui faisait partie de l'ancien Vineland, des ruines ayant les mêmes caractères, mais moins bien conservées, viennent d'être découvertes par l'auteur de l'article lui-même. .W~UR

~A'1'r/J.

L'Origine des Franco-Canadiens tt~n'Mi~O);, m~)' jS~S.

~'EST de ~'33 il (6C)3 que le Canada se peupla peu à peu de colons français, divisés en deux cents familles ori-

ginaires de Normandie, Perche, Beauce, Anjou et Picardie. En t663, ces premiers Canadiens avaient atteint le nombre de

2 200.

Une nouvelle phase d'émigration commence de t()62tf)63 avec l'arrivée de )5o colons du Poitou, de La Rochelle et de Gascogne le Centre et le Sud-Ouest participent enfin à un mouvement d'expansion auquel le Nord et l'Ouest avaient seuls pris part jusque-là. A partir de )6f)5, Paris envoie à son tour son fort contingent d'émigrants.' Un comité se forme dans cette ville, ainsi qu'a Rouen, a La Rochelle et a Québec, de tf)ô7 a tf)72, et cherche a-recruter des hommes, des femmes et des jeunes filles pour coloniser le Canada. 4000 Français répondirent a ces avances. La moitié des jeunes filles qui prirent part à l'émigration étaient des paysannes normandes l'autre moitié se composait de personnes cultivées qui se fixèrent et se marièrent presque toutes a Québec, Trois-Riviëres et Montréal. En )673, le roi de France interdit ce mouvement d'émigration, qui dès lors ne se renouvela plus. ()'uo Français

leur avaient traversé l'Atlantique jusqu'à cette date nombre a décuplé depuis lors, mais c'est grâce a leurs seules vertus prolifiques, sans que la mère patrie y fut pour rien. Le français que parlent les Canadiens est celui qu'on parle de La Rochelle à Tours et à Paris, c'est-à-dire un français pur et authentique, et qui a conservé les qualités classiques du grand siècle, alors.que celui de la métropole est en train de les perdre. Les Canadiens ont gardé jalousement la pureté de leur goût et leur mstinct des choses littéraires. Le Cid fut joué à Québec en ~6~5 le en t6?7, dans cette même ville, etc. Mais, de plus, les Franco-Canadiens sont des polyglottes, et beaucoup d'entre eux parlent couramment l'anglais, l'indien et l'espagnol. Ainsi, ni le Sud, ni l'Est de la France n'ont envoyé un seul colon au Canada. Cette colonie est sortie tout entière du cœur même de l'Ouest et du Centre.

7'j/t'.


Dans l'Alaska plusieurs reprises déjà Ho;~ avons entretenu nos lecteurs des merveilles dK pays de l'Alaska. A'0!<s avons Mp)?!e <cf,~OKr les F/-aM(-aM c[)'en~<e!MH itinéraire com~ et, à la façon dit GM~eyoMHe, HO!~ avons décrit l'équipement /HdM/'cH~&/e M/CM/e le <'K~e<n~eMK~ ~K'~rcs HH temps de repos le « rK~ vers le /o?!<e re~a~, nous cro~'OM utile d'o:</e/' des détails com/eH/fnyM sur ces vastes territoires /ne~- encore à peu près A

!KCOH?!KS.

quelques T)E\DAX'r

mois Fag'itation créée autour des t mines du Klondyke s'était un peu caimée. L'hiver empêchait absolument l'accès de « l'enfer de l'or », et 1 les nouvelles de 1 Il l'Alaska, rares et désastreuses, re-

_11

froidissaient l'exubérance des plus enthousiastes. Mais voici le printemps, la fonte des neiges,

entier

aime les aventures et les voyag'es périUeux. S'il était sûr, au jour du danger, de rencontrer, envers et contre tout, l'aide de l'agent consulaire voisin, si, enfin, les journaux s'occupaient plus des prouesses de nos

nationaux dans les paya lointains, le Français aurait une ardeur extrême pour les expéditions et les entreprises commerciales qui nécessitent de l'audace.

la débâcle des glaces, et du

monde

d'être trop sédentaires. Le Français, au contraire,

accourt la

foule des aventuriers dont

l'énergie est décuplée par

l'espérance et qui sont prêts

Déjà, l'année dernière, à vaincre tous les obstaà )'époque où commençait cles pour forcer la fortune. )a renommée du Ktondyke, Ils arrivent de tous quelques-uns de nos concôtés, du Canada et de Calicitoyens se trouvaient sur fornie surtout, mais aussi les bords gelés de la petite d'Europe et l'on voit déet célèbre rivière. Un fait barquer dans les ports redivers nous a appris tout liés avec t'A)aska les piondernièrement que la police niers fatigués du Transparisienne avait arrête un vaal, brunis par le soleil vagabond au moment où iL d'Afrique entre l'achat s'endormait sous un pont. d'une machine et d'un traîLe malheureux raconta qu'il s'appelait Delmas, et que, neau, ils contemplent avec stupéfaction, et peut-être l'an dernier, il avait rapaussi avec une certaine coporté de l'Alaska un trésor j lère, un certain effroi, les de trente kilogrammes d'or. immenses affiches des comMais, aux États-Unis, cette pagnies de navigation améfortune, amassée au prix L'XERUE DE SEATTLE. ricaines qui vantent la rid'efforts inouïs, lui avait été P/!0<o~t'uf Bo~c-Braa~ à St'a<e. chesse du Transvaal et involée par un Brésilien. Delvitent les mineurs déçus du K)ondyke à g'agner les termas était revenu, découragé, sans ressource, et mainritoires moins pénibles et plus fructueux de la Réputenant, ne sachant que faire, il traînait sur le pavé de blique des Boers. Paris. Parmi toutes les expéditions dirigées vers le Quelques Français aussi sont partis vers les Klondyke, l'une des plus hasardeuses a été imaginée régions pénibles et merveilleuses du Yukon. C'est souvent à tort qu'on fait à nos compatriotes le reproche par un des nôtres, l'ingénieur Variclé. Puisqu'on hiver A TRAVERS

LE MONDE.

20° LIV.

?

20.

f4 mai )8c)f:


la

traversée du col de ChHkoot est si terrible que nul

ne peut le franchir, pourquoi ne pas faire le voyage en ballon et arriver ainsi le premier à Dawson-City r Toutes les expériences faites avant le départ d'Andrée pour la confection d'un ballon destiné aux régions polaires ont donc été utilisées à nouveau, et M. Varic)é s'est embarqué avec une fiotuiie d'aérostats perfectionnés, munis d'auto-lesteurs en métal )ég'er, destinés, en se traînant sur la montagne et en ramassant la neige, à empêcher le ballon de monter trop haut ou de s'écarter de la bonne route.

chevaux et :2 ooo kilogrammes de marchandises fut eng')outie dans la g'tacc. Une autre, ayant réussi à gagner le lac Hennet, se trouva prise au milieu d'une immense mer de glaces absolument chaotiques, où les chiens avec les traîneaux étaient incapables d'avancer. Les conducteurs n'échappèrent à la mort nn'n force d'éncrg-ie et en consommant eux-mêmes les vivres qu'ils apportaient aux affamés de Dawson-Cify. Ces échecs successifs iégitimaient les 'suppositions les plus sombres, et les quelques nouvelles n'ayant pas une origine suspecte semblaient corrobo.rer les récits pessimistes. Un ingénieur revenu du Ktondyke affirmait qu'un richard misérable lui avait offert 7.5 oon livres h865ooofr.) pour faire partie d'une expédition bien équipée revenant à Juneau. A ces bruits de détresse et de mort venaient

Quoique )a tentative soit intéressante, elle semble vouée à un échec, au moins dans ses résultats pratiques lorsqu'un des aéronautes réussira à franchir le Chilkoot, des centaines de mineurs auront déjà passé, rendu Fexpérience inutile, et certainement décourag'é une audace quelque peu imprévoyante. s'ajouter des dépêches peu rassurantes de Skag'uay et Pendant tout cet hiver, ceux que te KIondyke inde Dvea, les ports qui conduisent à l'entrée des passes de White et de Chilkoot. tr·rncer nnt téresse attr nrln avec ont attendu avnr an'111On brouillait toutes ces goisse les nouvelles du pays nouvelles venues de pays de l'or. Les gazettes amétrès différents, et, avec un ricaines et anglaises, faute peu d'imagination, on rade documents exacts, impricontait des actes de banmaient des détails fantastiditisme, des meurtres, des ques et imaginaient des hylynchages inouïs. pothèses à donner le frisson. De fait, la situation à Ce qu'on savait de plus sûr, Skaguay et à Dyea n'a pas c'est que les mineurs de été brillante pendant un Dawson-City, qui n'avaient assez long temps. pas voulu quitter leurs tréLa raison en est que sors et qui hivernaient sur c'est là qu'ont échoué les les terres g'etees, se trouderniers émigrants venus vaient absolument séparés l'année dernière pour cherdes centres d.e ravitailleLE f'AH'A SEATTLE. cher fortune. L'hiver les a D'LÏ/'r(~~C~!(~0~ ment par d'infranchissables surpris, et ils n'ont pas pu obstacles accumules par les neiges, les glaces, les tempêtes, la température gagner le pays de leurs rêves.'Us ont donc passé la mauvaise saison dans les petites villes de Dyea et de terrible et la nuit. On calcula approximativement le Skaguay et, impatientes par une attente qui ne finisnombre des chercheurs d'or restés au bord du Klonsait pas, ayant, dans un hivernage coûteux, dépensé dyke on évalua, un peu en l'air, la quantité de vileurs derniers sous et ne pouvant s'employer d'aucune vres dont ils disposaient, et la conclusion fut que dix façon, ils en sont arrivés à des excès et à des viomille mineurs devaient vivre huit mois, dans un froid lences. On a dû expédier de la troupe, et trois cents allant jusqu'à cinquante degrés, avec des provisions soldats, appuyés par un croiseur de la marine des insuffisantes pour les nourrir pendant trois mois. Etats-Unis, sont partis pour maintenir l'ordre à l'enCette statistique une fois admise, il était diffitrée du Chillioot. cile de ne pas arriver aux légendes les plus pessimistes La situation est bien meilleure à Dawson-City. et aux histoires les plus invraisemblables. Longtemps Les dernières nouvelles sont, en somme, très rassunous avons cru que les mineurs du Ktondykc s'entrerantes. La police canadienne, merveilleuse d'audace et tuaient et s'cntre-dévoraient. Pour eux l'or n'avait plus de courag'e, a réussi, en reliant avec Dawson-City les de valeur et gisait, richesse inerte, devant les portes, forts et les magasins du Has-Yukon, à éviter la catatandis que la découverte d'un vieil os déjà rong-é prostrophe qu'avait provoquée le manque de vivres. Les voquait des batailles. Quel beau sujet pour les moraprovisions ont suffi, et le prix des conserves a diminué Hstes! de s5 o/o. 11 est si peu vrai que l'or a été négligé penTous ces renseignements effrayants étaient endant une période de famine, que l'Alaska Transportacore confirmés par les tentatives imaginées pour retion and Development Company a pris ses mesures médier au dénuement des mineurs. On fit des efforts pour ramener du Yukon, sur ses bateaux, vingt millions désespérés pour parvenir jusqu'à eux, et l'échec lamende dollars d'or que les mineurs ont amassés pendant table -de toutes ces entreprises de secours sonnait la mauvaise saison. comme le glas des aventuriers de l'Alaska. Un bateau L'hiver a d'ailleurs été relativement doux aux fut envoyé qui, pris dans les glaces, sombra dans le Yukon. Plusieurs expéditions pour ravitailler les mibords du Yukon, et, par un phénomène qui semble extraordinaire dans ces pays septentrionaux,quelquesneurs, en traversant la passe de Chilkoot, eurent à peu près )e même sort. Une de ces expéditions avec douze uns des affluents du grand fleuve sont restés constam-


croissante, se perdent dans leurs évaluations. Combien de mineurs iront cette année

tenter la

chance autour du

Yukon? Les uns disent d'autres 75 ooo. Les enthousiastes et quelquess 5o mx),

journalistes américains habitués à voir grand et à ou-

CAMPEMEXTAL'DÈt'AMThESEATTLE.

P/tO/0~)\t/i'eZ.f!/i'OC/;f,ttSM«~.

ment libres de glaces. Pourtant, à Dawson-City, le mercure a gelé pendant dix jours. Les prospecteurs n'ont pas perdu leur temps pendant l'hivernage. L'énorme quantité d'or trouvée dans les sables d'alluvions du Ktondyke faisait supposer des régions plus riches encore où le métal se trouverait en filons dans le quartz. Ces hypothèses ont été vérifiées, et, d'après les dernières nouvelles, les découvertes auraient donné des résultats étonnants. Un nommé Frank Slavin, qui eut en Aménque une certaine réputation dans le vilain métier de boxeur professionnel, a trouvé des fiions courant dans le quartz de deux montagnes étevées de plus de trois mille pieds au-dessus du niveau du Yukon. Comme à cette hauteur l'or n'a subi aucune action alluviale, le métal pur se trouve à fleur de terre, et on peut suivre le titon pendant plus de six milles. Les régions voisines du Kiondyke, soigneusement explorées, vont donc produire des merveilles. Déjà on annonce qu'un autre petit affluent du Yukon a produit des boues encore ptus chargées d'or que celles qu'on connaît.

trance déclarent que les émigrants seront plus de i5oooo, quelques-uns même disent un million. Ces chiffres sont exag'eres. Les compagnies de chemins de fer américaines ont délivré déjà environ trente millc billets pour les mineurs mais l'émigration sera limitée par le manque de bateaux. Alaig're tes mesures prises pendant l'hiver, les transports maritimes seront insuffisants, et à SanFrancisco, à Takoma, à Seattle, à Vancouver, de nombreux 'mineurs sont, pour te moment, dans l'impuissance d'acheter une place sur un bateau allant à l'Alaska. Presque tous les passages sont retenus d'avance, et malgré la mise en route de tous les bateaux de rebut de la côte du Pacifique, plusieurs ont déjà fait naufrage et même explosion, il sera impossible de contenter l'impatience de milliers d'aventuriers qui, tous, veulent partir à la fois. Cette foule a tout naturellement fait monter le prix des transports par mer. Par contre, une lutte terrible s'est engagée entre la Canadian Pacific Railroad Company et les lig'nes parallèles qui traversent les Etats-Unis dans la largeur. Ces compagnies de chemins de fer, qui toutes transportent les émigrants venant des ports de l'Atlantique pour gagner ceux du Pacifique, se font une concurrence acharnée. De jour en jour, le taux des places baisse alors qu'il y a un mois le prix de la traversée du continent américain était de 80 dol-

D'autres miness ont encore été découvertes dans des régions

jusqu'alors inexploitées. Aux bords de la ri-

vière Big'Salmon,a72o kilomètres dejuneau,et aux bords du Stewart, àioco kilomètres de la même ville, on a trouvé des placers bien payants. s. Il semble que l'Alastfa nous réserve encore plus d'une merveille et plus d'une surprise. L'affluence dans les ports du Pacifique est, dès aujourd'hui, considérable, et les sta-

tisticiens,déroutés, par une foule

toujours

t

y

POSTE DE MIXEt'RS.

P/~<f?)'J/H<')ra''))C')'Scj«yf.


lars en deuxième classe, il n'est plus que de ~aujourd'hui. Les difficultés du voyage au Klondyke seront cette année considérablementamoindries. On les avait d'ailleurs beaucoup exagérées. Le fonctionnaire canadien William Ogilvie, qui s'est fait remarquer par un caractère éminent et par la modération de ses rapports, traite de ridicules les légendes racontées sur les périls d'une expédition au Kiondyke. Bien des obstacles, qui autrefois semblaient insurmontables, ont été aplanis. En septembre, un chemin de fer facilitera toutes les communications. Déjà maintenant un funiculaire fonctionne sur le Chiikoot. On l'a essayé il y a peu de temps, et pour ce premier voyage, comme personne n'osait s'y fier, on s'est servi d'une vieille indienne de soixante-dix ans qui, selon l'expression d'une gazette de l'Alaska, ne valait plus grand'chose et dont la perte n'aurait gêné personne. Ce funiculaire marche bien et une dépêche du t3 mars annonce qu'il transporte par jour soixante-dix à quatre-vingts personnes et lue tonnes de marchandises. Dans deux mois le téléphone fonctionnera de juneau à Dawson-City. On

voit donc que l'Alaska est

en train de

s'or-

ganiser rapidement, et son avenir semble brillant. Déjà ses mines d'or aiguisent d'autres appétits que ceux des émigrants à New-York, à Londres, on lance des actions de gigantesques compagnies finan-

cières d'exploitation qui ont acheté des « claims » aurifères, au petit bonheur, sans trop savoir où, à des mineurs qui, vu la législation un peu grossière du Canada, n'en étaient plus ou pas propriétaires. De ce côté on éprouvera donc quelques déceptions, et il importe d'être prudent à New-York, à Londres, et même à Paris, car tôt ou tard on y « placera des mines de l'Alaska. Toutes les compagnies ne seront pas mauvaises, mais toutes ne seront pas bonnes, et il faudra, avant d'ouvrir sa tire-lire, se bien renseigner sur la réalité des promesses bruyantes des prospectus. Faute de quoi on reconnaîtra vite que, si les claims enrichissent le mineur aventureux et hardi, ils ruinent assez facilement le rentier qui, dans son fauteuil, les pieds sur les chenets, veut participer aux bénéfices payés par les terres de l'or. Louis FORËST. ~1 6'«/n'eJ

La

Faïence dans l'Asie Centrale

r\EPUis ['ouverture

du chemin de fer transcaspien, chaque année, les touristes en nombre plus

ou moins grand visitent les villes les plus fameuses de l'Asie Centrale, Bokhara, Samarkand, etc. D'un pareil voyage on aime naturellement à rapporter quelque souvenir échappant à la banalité des turqueries » des

magasins parisiens. Aussi bien croyons-nous rendre

service à ceux de nos lecteurs qui accompliraient cette excursion ou qui s'occupent de céramique, en leur signalant les faïences modernes de cette partie de. l'Asie. Ces poteries ne sont pas, hâtons-nous de t'annoncer, des œuvres d'art de haute valeur. Ce sont .simplement des pièces curieuses, intéressantes pour le collectionneur, et des objets d'ornementation originaux pour les gens de goût. Dans une fort bette iconographie publiée tout ~efMt)7< ''OH (.'M<r. /1~CM récemment, (Stockholm, Chelins), un conservateurdu Musée national de Stockholm, Al. F.-R. Martin, vient de nous révéler cette branche de l'art dans l'Asie Centrale, qui jusqu'ici avait pour ainsi dire complètement échappé à l'attention des voyageurs. C'est dans les bazars de Bokhara et de Kokan que l'on trouve le choix le plus abondant etle plus varié de ces spécimens céramiques; à Tachkent les produits sont plus uniformes et à Samarkand plus rares. De cette dernière ville comme de Kokan et de Tachkent, M. Ma) tin a rapporté une collection de deux cents pièces différentes. Aux amateurs, cet archéologue recommande particulièrement les environs de Hokhara dans les villages voisins de cette capitale, un chercheur ferait certainement d'intéressantes trouvailles. Les produits les plus abondants de cette industrie sont des plats ornés de fleurs et de dessins géométriques, tantôt monochromes, tantôt polychromes. En Transcaspie, comme dans le reste du monde musulman, la céramique, ainsi que tous les autres arts, a subi une profonde décadence. Toutefois, si les potiers modernes de l'Asie Centrale ne possèdent plus l'habileté ni la technique de leurs ancêtres, ils savent cependant encore donner à leurs œuvres une coloration éclatante et un style particulier. Leurs motifs de décoration sont empreints d'archaïsme et de naïveté, mais l'effet reste gai et amusant. Généralement, les ornements se détachent en bleu et en blanc sur un fond souvent verdâtre, et parfois des teintes jaune ou violet foncé viennent rehausser la note chromatique. A côté de cette vaisselle, l'auteur nous fait connaître des vases, des bouteilles, des tasses, des lampes, aux formes originales et élégantes. Les produits de Samarkand décèlent une influence chinoise manifeste. De petites tasses à thé, notamment sont des copies de modèles chinois. D'après l'Américain Schayler, la fabrication de cette céramique daterait seulement d'une trentaine d'années. Al. F.-R.Martin a réussi'à découvrir quelques survivances de l'art antique; à Tachkent, des buires recouvertes du fameux émail bleu turquoise et, à Samarkand, une coupe portant ce vernis d'un bleu cobalt d'un si bel effet dans les mosaïques en faïence qui décorent les monuments de cette ville. Avant la disparition complète de ces produits qui relient le présent au passé, souhaitons qu'un de nos explorateurs en Asie Centrale suive l'exemple de M. F.-R. Martin et rapporte à nos musées une collection de cette céramique particulièrement intéressante pour la connaissance de l'histoire de l'art oriental.

~o~e

CHARLES RABOT.


trois groupes croiseurs cuirassés, croiseurs protèges, croiseurs corsaires ou destructeurs du commerce. Les croiseurs cuirassés, peu nombreux d'ailleurs, ont de la vitesse, une protection convenable et

Les Forces Maritimes

des États-Unis et de l'Espagne

iniEK que les événements qui se sont accomplis depuis le début de la guerre aient déjà modifié la

composition des forces navales des deux nations ennemies, il ne sera pas sans intérêt pour nos lecteurs de savoir quels étaient les éléments dont se composaient les flottes au début des hos-

titités.

Les tableaux ci-joints leur donneront, sous une forme parfaitement saisissable, la comparaison de ces éléments par catégories de navires. Du premier coup d'œit, il est visible que les États-Unis avaient sur les Espagnols t'avantage du nombre pour tous les navires vraiment militaires, c'est-àdire pour les cuirassés, les

croiseurs et les gardescôtes. L'Espagne l'emportait numériquement pour les navires sans valeur militaire, et qui, comme tels, ne figurent pas dans ces tableaux. Ce sont surtout des bâtiments de cette catégorie qui ont été détruits à Manitte le i<=''

mai.

E/f~s- t/HM. La flotte de l'Union n'est pas nombreuse mais, sauf un petit groupe de bâtiments très anciens, tous les navires qui la composent appartiennent à la marine moderne. Ses cuirassés se distinguent par un armement formidable. D'autre part, la protection des coques est poussée e de possible, aussi loin que telle sorte que, malgré leur vitesse modérée, les cuirassés américains ont de forts déplacements et sont, sous ce rapport, comparables aux blindés européens, les très

grands types anglais

exceptés. Les croiseurs forment

soutiennent toute comparaison avec les navires de ce type qui sont en service dans les autres marines les croiseurs ordinaires n'offrent rien de particulier, au point de vue du combat le type est de qualité inférieure, très exposé à une destruction rapide, surtout devant les grands explosifs, parce que ni )'œuvre morte, ni l'artillerie ne sont protégées d'une façon efficace. Le croiseur corsaire est intéressant avec ses machines très puissantes, il réalise de belles vitesses; mais il est faiblement armé. Comme il est destiné à la course contre le commerce ennemi, tout chez lui a été sacrifié à la vitesse et au rayon d'action. La classe 'des torpilleurs et des contre-torpilleurs est maigrement représentée dans la marine de l'Union. Pour la renforcer, les Américains ont récemment acheté, dit-on, quelques torpilleurs à l'étranger. Toutefois, il faut tenir compte de la facilité qu'ils trouvent à transformer des yachts rapides, des steamers côtiers de petit tonnage, de grandes embarcations, en navires torpilleurs. Enfin, la marine américaine possède des spécimens de sous-marins dont les essais ne sont pas terminés on les presse autant que possible, et l'on s'efforcera de les utiliser pendantla guerre. Les Américains pourraient mettre en ligne 5 cuirassés, 6 grands monitors à 2 tourelles, 8 ou io monitors, 2 croiseurs cuirassés,

3croiseurscorsaires,i~croiseurs ordinaires, 25 canon-

nières,i~torpilleurset 2

i

ou

torpilleurs sous-marins.

Mais 6 de leurs croiseurs ordinaires sont en refonte; on les presse tant qu'on peut toutefois, ils ne seront

pas disponibles avant quel-

que temps.

Espagne. L'Espagne n'a que 3 cuirassés, dont un seul est de construction moderne les deux autres sont, d'ailleurs, en refonte et ne pourront servir d'ici quelque temps, malgré tous les bruits qu'on fait courir sur leur prompte mobilisation.


Le groupe des croiseurs cuirassés a une autre valeur; il se compose de bons navires, bien armés, bien cuirassés, ayant une bonne vitesse et capables de soutenir la comparaison avec les bâtiments similaires américains. L'Espagne a aussi des croiseurs ordinaires qui sont peu protégés eu égard à la puissance destructive des projectiles nouveaux, mais qui ne sont pas infé-~ rieurs à ceux des Américains. Elte n'a pas de croiseur corsaire; mais, comme l'Amérique du reste, elle installe en croiseurs auxiliaires un certain nombre de paquebots rapides. Elle a même acheté, dans ce but, en Allemagne, deux grands paquebots récents. La classe des contre-torpilleurs et des torpilleurs est mieux fournie qu'en Amérique. Voici, d'ailleurs, les chiffres l'Espagne peut mettre en ligne i cuirassé, 4 croiseurs cuirassés, 12 croiseurs protégés, 3o contre-torpilleurs et torpilleurs et toute une série de petits croiseurs anciens et de canonnières qui ne sont pas des unités de combat, qui ne peuvent servir que dans des expéditions coloniales, et qui on ne l'a que trop vu à Manille ne peuvent tenir contre une canonnade de navires modernes.

L'Aménagement des Eaux du Nil au moyen de Réservoirs décidé que l'on va construire deux réservoirs )a Haute-Egypte, l'un à Assouan, l'autre à Assiout, en vue d'aménager les eaux du Nil dans leurs inondations périodiques.

est dans L L

Cet aménagement est un problème vital pour le pays. On sait que les inondations du Nil sont causées par les vapeurs que le vent d'Est apporte, de l'océan Indien, dans les régions des grands lacs, où le Nil Blanc prend sa source. Ces vapeurs se résolvent en neige sur les montagnes, en pluies abondantes dans les plaines; ces pluies et la fonte de ces neiges coïncident au mois de février; bientôt un véritable déluge recouvre toute la région et précipite son énorme masse d'eau dans le lit du Nil. A Khartoum, le Nil Blanc rencontre le Nil Bteu, venu des montagnes d'Ethiopie et grossi, lui aussi, par ta fonte des neiges. La crue des deux fleuves doit correspondre dans des rapports constants, pour que l'inondation du Nil ait des effets bienfaisants pour l'Égypte. Lorsque la crue est normate, elle atteint 7 mètres à Khartoum, 9 mètres à la cataracte d'Assouan et 7 métrés à la pointe du Delta. Ce sont ta les chiffres moyens; s'ils ne sont pas atteints, c'est que la crue du Nil Bteu a précédé celle du Nil Blanc de plus de vingtjours; alors l'inondation est insuffisante; c'est pour l'Égypte la sécheresse, la disette, parfois la famine. Si ces chiffres sont dépassés, c'est qu'il y a avance du Nil Blanc ou retard du Nil Bteu les deux rivières enflées en même temps

rendent la crue trop abondante l'Egypte n'est plus fécondée, mais noyée sous ce déluge. On voit dès lors le problème qui se pose il s'agit de corriger les imperfections ou les erreurs de la nature, c'est-à-dire de régler la crue du Nil, pour éviter à l'Egypte les dangers d'une crue excessive ou d'une crue insuffisante. faut donc construire dans )a Haute-Egypte de vastes réservoirs capables d'emmagasiner en temps opportun une grande quantité d'eau qui servirait à augmenter, dans la période efficace, la hauteur d'une crue insuffisante, à atténuer les effets d'une crue s'annonçant comme excessive, et enfin à fournir en étiage l'eau nécessaire à des cultures plus savantes et plus rémunératrices que celles des fellahs. Cette solution, les anciens pharaons l'avaient en partie réalisée par la création du lac Mœris. L'Egypte connut ainsi, pendant plus de vingt siècles, une ère de prospérité qu'elle n'a plus retrouvée depuis. Elle nourrissait alors 20 millions d'habitants, soit trois fois plus qu'aujourd'hui; la superficie cultivée était de ) 75ooooo hectares, soit sept fois plus grande qu'à l'heure actuelle. C'est à un ingénieur français, M. de La Mothc, que revient l'honneurd'avoir mis la'question à l'ordre du jour dès 1880. Les Anglais reprirent le problème pour leur compte, aussitôt après qu'ils eurent occupé l'Egypte; mais la révolte d'Arabi les absorba bientôt pour longtemps. En i8ç3, le gouvernement égyptien posa officiellement, pour la première fois, la question des réservoirs du Nil à une commission internationale, composée d'un ingénieur anglais, d'un ingénieur français et d'un ingénieur italien, et chargée d'examiner le projet de M. Wilikoks, inspecteur général des irrigations. Les travaux de la commission n'aboutirent à aucun résultat positif. Aujourd'hui, c'est à des ingénieurs exclusivement anglais que le gouvernement égyptien a confié cette tache. Cette résolution pourrait soulever des réclamations d'ordre politique international; mais, au point de vue économique, elle parait devoir produire d'heureux résultats. Les travaux projetés, d'après les évaluations officielles, coûteront cinquante millions de francs; ils doivent commencer immédiatement et être terminés dans le délai de cinq ans. Le plan des Anglais semble être la conquête économique de l'Egypte. La création des réservoirs permettra de rendre à la culture des terres incultivées faute d'eau et de substituer ailleurs une culture rationnelle et perfectionnée à la culture routinière des naturels. 11 y aura de ce chef dans le rendement des impôts une augmentation considérable on compte dès le début sur une plus-value d'environ i million de livres égyptiennes {26 millions de francs) qui permettra au gouvernement égyptien de faire face aux engagements contractés par lui pour la construction des réservoirs, sans avoir recours à la Caisse de la Dette, placée sous le contrôle de la commission internationale. Ainsi l'Egypte pourrait reconquérir à la longue sa pleine capacité financière et se débarrasser d'une tutelle gênante pour les Anglais.


Cordier, professeur à l'école des langues orientales, a d'abord tracé un tableau très vivant de l'état de l'Europe et de l'Asie à l'époque de M. Henri

l'expédition de Gama. Puis, M. )e lieutenant de vaisseau Emile Vedel, qui a refait lui-même, d'Europe en Inde, en passant par la côte d'Afrique, tout l'itinéraire du grand navigateur, a raconté Fexpédition. Enfin M. de la Mazelière a parlé de )'état de l'Inde lors de )'arrivée des Portugais. Le jeudi 28 avril, une séance, d'un caractère un peu ~différent, organisée par le Comité français, avait lieu à l'amphithéâtre Sorbonne. Après une allocution de M. Janssen, M. Gabriel Marcel a fait, à son tour, le récit de l'expédition. Puis M. )e comte de \Vitdik a remercié les organisateurs au nom de la colonie portugaise. A cette partie scientifique de la cérémonie, a succédé une séance de musique et de déclamation, à laquelle les premiers artistes de Paris, Al. MounetSully, A! Sarah Bernhardt, etc., avaient apporté leur concours.

Les Cigares de la Havane des cigares Y'EXPORTATtox

de )a Havane en 1896 a atteint le chiffre de iSS~t~oon.Le produit des deux

provinces Pinar del Rio et la Havane est en temps ordinaire de 280000 balles, nombre réduit en 1896 à 85 ooo. Une compagnie anglaise Henry Clay, Boci; et C"=, l'un des plus grands producteurs de cigares de la Havane, a exporté, en 1896, 52 t~ooo cigares, soit près de 270/0 de l'exportation totale. La guerre va évidemment changer tout cela. Cependant la récolte de 1897 à 98, qui sera achevée .en mai, a été estimée à y5ooo balles, une balle donnant de 6 à 10000 cigares. En j896-97, la récolte n'avait donné que 46000 balles, ce qui était cependant un progrès sur la récolte précédente.

Les Américains se hâteront naturellement, s'ils le peuvent, de tarir cette source de revenus, l'une des dernières et la plus abondante qui reste à l'Espagne. Heureusement que les réserves de cigares sont encore importantes. D'ailleurs le Mexique, la Jamaïque, Bornéo, etc., vont activer leur production pour supplanter les cigares espagnols, et produire des /<a)'aMM que les fumeurs ordinaires, c'est-à-dire la grande majorité, trouveront aussi bons que des havanes authentiques.

DfM<.<c/)<a))d;~d

M~tf /t'o<o)!ot <tM 7f:/))-e 7896; rapport officiel exposition coloniale allemande, édité par le sur comité de l'Exposition coloniale, et rédigé par Gustave Meinecke, avec la collaboration de plusieurs savants. Berlin, Dieillustré de t8S gravures, par Rudolf Ilelltrich Reimer, greive, de graphiques et de cartes. la première

in-

magnifique volume édité avec un som extraordinaire,tient y~E beaucoup plus que ne le promet son sous-titre de rapport officiel de l'Exposition coloniale de Berlin en t8o6. C'est une vé-

L'Anniversaire du Voyage de Vasco de Gama LEE Portugal

va célébrer, à la fin de ce mois, )e quatre centième anniversaire de l'arrivée de Vasco de Gama aux Indes. C'est en effet le 20 mai r~ç8 que le grand voyageur portugais arriva devant Calicut,

avec ses trois vaisseaux, après avoir doublé le cap des Tempêtes, découvert en 1486 par Bartolomeu Dias. On sait l'importance qu'a eue dans l'histoire du monde, cette grande exploration chantée par Camoëns. Elle a mis l'Europe en contact direct avec l'Inde et l'Extrême Orient. Elle a fait, pendant un siècle, du petit Portugal un des premiers Etats de l'Europe, et l'on comprend que les compatriotes de Vasco de Gama, qui vivent surtout du souvenir de leurs gloires, puisque leur empire colonial, trop lourd pour leurs épaules, leur a été enlevé par la Hollande et l'Angleterre, tiennent à célébrer avec solennité cette grande mémoire. La France s'est associée à cette fête d'un pays ami. Le lundi 25 avril, la Société de Géographie a tenu, sous la présidence de M. Milne [Edwards, une séance extraordinaire en l'honneur de Vasco de Gama. M. de Souza Rosa, ministre du Portugal en France, y assistait, avec un grand nombre des membres de la colonie portugaise à Paris.

a

ritable encyclopédie des colonies allemandes. Il est divise en deux parties la première, générale, qui décrit l'exposition, les villages indigènes, construits dans son enceinte, les produits commerciaux et industriels, les sociétés diverses etles missions protestantes ou catholiques qui exercent leur action dans ces nouvelles possessions. Elle se termine par de courtes notices accompagnéesde cartes sur chacune de ces colonies. La partie spéciale ou scientifique comprend un chapitre du D' Richard Kiepert sur la cartographie et un autre fort intéressant et très complet sur l'anthropologie et l'ethnographie, du D' von Luschau. La zoologie, la botanique et la géologie sont étudiées avec grand soin. Tous les indigènes d'Afrique et d'Océanie amenés à l'exposition y ont leur notice. Remarquons en passant que l'on avait résolu d'une façon toute scientifique la question de leur adaptation au climat d'Europe. Ils ont été si bien vêtus, logés, nourris et soignés qu'ils ont pu supporter facilement la température déjà froide des deux derniers mois de l'exposition. Les maladies ont été relativement rares et promptement guéries, et sur les ;o3 indigènes un seul, un Souahéli est mort. Le rapport médical du D' Gumanes mérite d'être étudié attentivement, en vue des futures expositions coloniales, spécialement de celles de ir~oo.

E.-A. d'Albertis.

Croo'ffj f<f; Cot'Mt'o a San Ser/Mdor.

t broch. in-8",

le capitaine ous dansceletitre, monde maritime

avec carte. Milan, <8o8.

de vaisseau d'Albertis, connu déjà pour ses nombreuses croisières dans la Méditerranée et sur les côtes d'Afrique, vient de publier le 'récit d'un voyage, dans lequel il a imaginé de suivre, avec son vacht le CorMO'e presque exactement le trajet de Christophe Colomb d'Europe à l'ile de San Salvador, aujourd'hui appelée Watling (archipel des Bahama). Quoique le voyage du Corsaire intéresse surtout les marins, il peut être lu par tous les amateurs de voyages.


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impérial russe d'agriculture, est rentré à

Saint-Pétersbourg. a Bontn entreprend un voyage qui doit le Andrée. Toutes les nouvelles répandues Ctoze!, administrateur de Dndénié.écrità oit de Grand Bassam, depuis quelque temps sur )n m.ccion mener de la Birmanie au Mékonget de du la date to mars fondement. de jours de dénuées Sining-Fou à Irkoutsk, en Sibérie. Andree sont il était atté prendre quelques repos, qu'il comptait repartir huit jours Chaffanjon est reparti avec le dessein Th. Lerner et Rûdger (capitaine de fréplus tard pour une tournée dans l'Ind'explorer la Sibérie, la Mandchourie gate allemand) organisent une expédition dénie. faire et la Corée, de dresser la carte de ces qui partira au mois de mai pour

Redjaf(~'it).vientderentreraBruxet)es.

des recherches xooio~iques dans les ré-

lions boréales. Le voyage se fera par Tromsô vers le Spitzberg et la NouvelleZemble. ]) durera environ quatre mois et demi.

NUson, Stadting et Frenckel,

envoyés à la recherche d'Andrée par la Société suédoise d'anthropologie et de géotogie, viennent d'arriver à Saint-Pétersbourg.

partiront très prochainement pour la Sibérie afin d'y entreprendre l'exécution Us

de leur mission.

POLE SUD

Gerlache (de).–On avait fait courir

le

bruit que la n~/fJ s'était échouée et brisée le i~ janvier dans le canal de Beagle (Terre de Feu). La vérité est que la Société de géographie de Bruxelles n'a reçu aucune nouvcttedeM de Gcrtache depuis PuntaArenas, 6 décembre. Mais lui permet une information particulière 13 janvier, la du date d'annoncer qu'à la ~<-<<~cj se

trouvait dans de bonnes con-

ditions à Saint-Jean (Terre des Etats), qu'elle devait partir le lendemain pour la terre de Graham, revenir au mois d'avril à Usuaïa (Terre de Feu) et partir alors pour Melbourne.

Coulbeaux. La mission Coulbeaux ramène

en Abyssinie les Lazaristes français qui en avaient été rappetésun peu avant la guerre italienne et qui vont reprendre les postes qu'ils occupaient depuis i8.)3. Les

ciales.

Drijenko et

la mission russe chargée de l'étude du lac Baïkal reprendront leurs travaux cette année.

missionnaires français remplaceront une mission de prêtres italiens. Korsynski (explorateur russe) a réuni, penDelamere (lord), qui accomplit son cindant la mission qu'il poursuit au Pamir, quième voyage en Somalie. ayant franchi de nombreux documents scientifiques. la Djouba vers le lac Rodolphe, s'achemine vers les parages de Logh. Komoroff, professeur, chargé par la Société impériale russe de géographie d'études LaviDeon de), ancien officier de cavalerie, scientifiques en Mandchourie, est rentré a attaché à la mission du Kiger et qui après Saint-Pétersbourg. la mort de Bernis avait reçu l'ordre de venir renforcer le poste d'tto, vient de LabbÉ (Paul) est désigné par le gouvernefièvre de ces régions. succomber ment pour une seconde mission chez les Bachkirs. Il partira à la fin de mai. Lemaire (lieutenant be)ge)a quitté Bruxelles

ta

te~avritets'estembarquéàAmsterdam

à destination du Zambéxe pour gagner le Sud du Tanganyika, d'ou il doit partir pour explorer l'État libre du Congo. Ses compagnons sont le lieutenant Ma.ff.-l, le sous-intendant MtChet et le peintre Dardenne. Le paquebot emmenant cette mission a fait escale à captes le

2/avrit.

Lemery (lieutenant

belge) va

faire un

voyage d'étudesàMadagascar. Maclaud (docteur), qui a déjà accompli des missions en Afrique, a quitté Marseitte le 26 avril, chargé par le gouvernementd'une EUROPE mission dans la partie Nord du FoutaDjallon, qui est peu connue et qu'il se Latkine, initiateur de l'expédition russe en propose d'étudier au point de vue écoLaponie, annonce qu'il se mettra bientôt nomique. Le docteur Marctaud part Arentre le explorer pays seul; son voyage dureraenvirondix.huit en route pour de accompagné ]t Kola. khangelsk et sera mois. MM. tUpaa, géotogue, chargé d'étudier qui a couru dans le la vallée de la Verxoutfha et Michnine, Marchand. Le bruit de la mission Mard'avril t'échec mois de officier topographe. chand n'a nullement été confirmé. AFRIQUE

paysetd'yétab)irdesre)ationscommer

Morisson (capitaine), commandant une

mission composée de deux interprètes et de trente tirailleurs, se rend à Sikasso, capitale du roi Babemba, notre allié, que nous protégeons contre Samory.

Olufsen (lieutenant danois) est

parti aux frais du gouvernementdanois et du fonds Carlsberg pour compléter son exploration du Pamir, Il formera à Och une caravane de~5hommesetde3o chevaux, se rendra par Kachgar à Yarkend, puis au lac Yachil

Koul, ensuite à la vallée du Ouakhan, passera l'hiver à Ichkachim, et continuera son voyage en t8o9. Ztchy (comte), qui veut rechercher en Asie le berceau de la race magyare, va se rendre deTinisaBakou puis àAstrakhan. De là il se dirigera par Samara et Kazan sur Irkoutsk, d'où il prendra le chemin de la Chine.

AMÉRIQUE

Coletti, chef d'une mission italienne dont font aussi partie le médecin Mendtnt et

Bom~a.rë, est parti de Rome pour le Venezuela. Il va étudier la situation agriM.

cole, industrielle et commerciale de cette région. Steen(comtevan<en) est chargé par le roi des Belges d'tu.j mission commerciale dans l'Amérique Ju Sud, dont il visitera les principaux E'ts.

avril ~Ro6, publique et par le ministre de l'instruction sciei~tufique mission Muséum.d'une par le à Madagascar, vient de rentrer en France. Orléan!) (prince Henri d') et le comte de Pendant ce ,long séjour à Madagascar, Lé.'nttett ont quitté Marseijte le io avril Variclé. La missi. n Variété,qui était partie M. Bastard a recueilli et expédié au MuduHavrepour~ew-Yorkavecunbation et sont arrivés à Djibouti, où le prince séum de nombreux documents concernant Henri séjournera pendant quinze jours. dirigeable destiné à ravitailler les mineurs les fossttes;itapoursuivien même temps du Ktondyke, est arrivée en Amérique. l'étude des populations et du pays à un Paroisse, l'explorateur bien connu pour point de vue plus général. ses voyages en Afrique et à Madagascar, OCÉAN a été chargé d'une nouvelle mission au embarqué pour Fouta-Djatton.tt Bonehamps (de), qui, d'après les derniers renseignements,se serait trouvé en pénl Konakry et compte gagner Timbo par la Kit,est du la mission route nouvelle route en constructionet relier le Chun, professeur allemand, connu pour ses sur avec sa obtravaux sur la zoologie de la mer, aqu'il Sud du Soudan. de retour à Addis-Ababa. Le prince d'Ortenu la subvention de ?œ t)oo marks léans, qui devait se porter a son secours, M.VtaIlet Robert) demandait pour explorer ies grandes pro(baron et annonce son retour dans la capitale abys- Pasquier fin du mois prochain partiront vers la fondeurs océaniques. L'expédition doit sine. Un dit que, sans prendre de repos, inaugurer ses travaux dés le mois d'août pour une expédition dans l'Afrique CenM. de Bonchamps repart pour la région prochain. Les premières recherches portrale. du Xit. ou il espère rejoindre la mission teront sur taxoutogie des grands fonds Marchand. Wtckembourgr (comte), chambellan de l'ementre l'Ecosse et les Shetland. Le navire marche le lac d'Autriche, vers rejoindre pereur M. Bonel de Mézières, qui va se rendra ensuite aux iles Canaries et du l'Afriqueoriende Rodolphe les routes par Cap-Vert, puis à la côte occidentale d'At'expéditiun de Béhagle, a dû s'embarquer anglaise. tale frique pour permettre l'étude des subau Havre, le [o mai, à bord du steamer )')«!'JfA~T'jH''jn.qui fera escale à Listances organiques que charrientles courantsversktarge. brevitie, le 3u du même mois, et touchera ASIE de Meztères Bonel juin. M. Congo te au prendra le train à Matadi avec toute son expédition et sera rendu à Brazzaville Bogdanovitcb, détégué au Kamtchatka et dans la région d'Okhotsk par le ministère vers te-ou)e8du mois de juin.

Bastard, qui avait été chargé, en

s'est


La Situation politique de Cuba publique suit avec intérét tout ce qui a rapport à la guerre /);~HO-amenca/HC..4!<M/croj'OH~MO:M devoir donner ici MH bref o/'ercM des causes et des o/KM des événements actuels, ainsi ~:<e des conditions ~H~ /M~:<e~M ils ~'accoH~<!MeK<, laissant d'ailleurs à <'a!K<e!<r la ~~OH~a~!h'<e ~e ses ef~rccM//OHS. JL'o/)tH!'OH

CMcttfA~o/cOM aAA!dr<\<.

LEmal chronique

dont souffre t'i)e

de Cuba n'est pas inhérent à )a nature de son sol, à sa situation géogra'phique, aux compétitions de races, ou à un régime économique sans issue, comme dans telles autres des Antilles françaises ou des Antilles anglaises que .l'on pourrait citer. Son sol est un humus épais, inéMARÉCHALBLANCO. puisable, d'une fertilité extraordinaire et qui rend inutile !'emp)oides engrais. Aussi cette

La race blanche y prospère et peut s'y livrer à tous les travaux à côté des races de couleur, Cuba se trouvant à la limite extrême qui sépare )a zone intertropicale de la zone tempérée

le climat y est rafraîchi pendant

l'été par les pluies et par les brises de l'Océan, et la température moyenne ne dépasse pas 26 degrés centigrades.

MAXIMO GOMEZ.

Aussi les blancs y sont-ils trois fois plus nombreux que les gens de couleur

(un million de

blancs contre trois centcinquantemille

terre magnifique

fut-elle saluée par ChristopheColomb, le :8 octobre 1492, comme f)a plus belle qu'aient jamais vue les yeux des hommes Depuis lors, les noms de « Perle des Antilles », de « Reine des Antilles », lui sont donnés, et à juste titre, d'une

habitants de cou-

leur)

et,

malgré

leurs préjugés contre ces derniers, on ne peut dire qu'ily ait lutte entre les deux races. Au point de vue économique en-

nn,si!erég'ime

politique ne venait fausser les lois de façon courante. Sa LEFORTMORRUALAHAVAXE. la nature, Cuba seflore est une des plus /J'a/')'c~'«Me/)0<o~rt;C. rait le plus riche riches du monde. pays du monde. De Au point de vue géographique, Cuba, aussi son sol fécond jaillissent à bas prix les plus précieux produits. Son sucre, admis en franchise aux Etatsgrande que l'Angleterre (moins ie pays de Galles) Unis, représente un tiers de et même en France, est située à l'entrée du golfe du Mexique, au croisela production sucrière totale du globe. ment de plusieurs des grandes routes commerciales du monde, à six heures de Key-West, à deux jours et Et n'a-t-il pas fallu, en effet, que Cuba fût une demi des bouches du Mississipi. Elle offre à la naviterre privilégiée entre toutes pour pouvoir survivre, gation plus de 35oo kifomètres de côtes, )e port de la comme elle l'a fait jusqu'ici, au système colonial esHavane (une des six premières places de commerce pagnol du monde). et des ports nombreux, au fond des Depuis que l'Espagne a des colonies, elle les a grandes baies de Nipé, de Guantanamo et de Cienexploitées surtout dans son intérêt propre, ne se faifuegos. sant pas scrupule d'y sacrifier les intérêts, même les plus vitaux, de leurs habitants. t. Superficie de Cuba u3 833 kilomètres carrés. A TRAVERS

LE MONDE.

2)'' UV.

N'* 21.

2t mai )8qft.


Quoique ce système lui ait fait perdre successivement le plus grand nombre d'entre ces colonies elle n'en a guère change. Or, voici quels sont les principes qui ont été longtemps en vigueur à Madrid. En premier lieu, les colonies sont une proie destinée au plus grand nombre possible de fonctionnaires d'origine exclusivement espagnole. C'est la colonie qui les paye grassement, c'est Madrid qui les choisit, toujours dans la métropole, jamais parmi les colons. Selon M. Queipo, fonctionnaire lui-même, le fonctionnarisme, a Cuba, « est un ver rongeur qui mine l'ile (Queipo, La question de Cuba, p. 19, 2o.) En second lieu, les colonies doivent être une source de gros revenus, directs ou indirects, pour la métropole. Les revenus directs sont les impôts. A Cuba, tout est taxé, et les recettes sont anectées à ..11_- dettes de payer les )a métropole. Bien

J_

plus, Cuba a dû contracter des emprunts dont le pro-

Mais, à vrai dire, cette soumission était plus apparente que réelle; tous les Cubains souffraient et s'irritaient déjà du régime qui leur était imposé. Vers t85o,éc)ata un véritable moîn'emeK/Ka~o-

nal qui creusa

entre les Cubains et les Espagnols. Un grand nombre de Cubains, à la tête de grosses fortunes, les mirent généreusement au service de la cause de « Cuba libre », pour laquelle ils étaient également prêts à verser leur sang. De i85o à i85~, plusieurs tentatives de soulèvement eurent lieu, mais sans grand succès. Néanmoins, le mécontentement allait croissant. Le 25 novembre ;865, parut une ordonnance royale créant un comité d'enquête chargé d'étudier la question des Antilles. Ce fut une triste comédie jouée par )e cabinet espagnol pour égarer l'opinion de l'Europe. Les impôts furent remaniés, mais de façon à faire rentrer dans les caisses le ~o«~/e~KMO!H~~M

COM<n'OH~ sup-

dM/tcte/t'ew/oj~ pour les

un abime désormais infranchissable

.~r/MCM. Dès lors une

besoins de

/a/'ennMK/e.

insurrection inévitable.

Les revenus

indirects sont les

C'était à l'é-

monopoles com-

poque où le général

merciaux au profit de l'Espagne. Pendant longtemps,

Prim voulait renverser la reine Isabette II. H proposa une alliance à Carlo

par des droits prohibitifs, la métropole se

"Manuel

réservait

toutes les importations. H n'était pas rare que les farines des Etats

était

de Cespe-

Cubain distingué, très estimé et dës,

puissant. Il manquait au gé-

très CARTE

Unis fissent )e voyag-e d'Espagne pour revenir à Cuba. Enfin, alors que Cuba était appelée à payer les dettes de la métropole, les fonctionnaires qui )a rongeaient, rien n'était fait pour développer son commerce intérieur, créer une viabilité, etc. Ses chemins de fer sont entièrement dus à l'initiative privée, qui a du ressort, malgré )e joug pesant de l'Espagne. Dans ces conditions, et malgré les plus justes griefs, il est vraiment extraordinaire que )a grande Antille, alors que les autres colonies américaines de l'Espagne se détachaient une à une de la métropole, ait mérité si longtemps l'épithète de la Mw/)7-e~!A'/ isla de Cuba. De 1812 à i83?, le gouvernement de Cuba passa

par les mêmes vicissitudes que celui de la mère patrie, avec lui profitant des révolutions libérales, avec lui retournant à l'absolutisme, sans qu'elle ait jamais cherché sérieusement l'occasion de se révolter, ou compliqué beaucoup par son attitude les embarras de l'Espagne. La lutte des colonies continentales pour leur indépendance se prolongea huit ans sans qu'elle y prît part. Même en 1837, lorsqu'un arbitraire article additionnel à la Constitution chassa ses députés des Cortès, elle ne boug-ea pas.

t'ECL'HA.

néral l'argent nécessaire à l'accomplissement des projets qu'il méditait, tandis que le Cubain auquel il s'adressait, non seulement possédait une immense fortune personnelle, mais encore avait des relations étendues qui lui permettaient de réunir des sommes considérables dans un court délai. Des négociations entamées entre ces deux hommes il résulta bientôt un accord complet. Cespedès devait fournir les capitaux destinés à soulever le peuple espagnol, et, en échange, affirme-t-on, le généra) lui promit que, dès que l'Espagne serait libre, <H~M~jHce l'île de Cuba serait décrétée. Cette perspective d'une indépendance si ardemment souhaitée fit battre le cœur de tous les Cubains. Aussi des sommes considérables arrivèrent-elles de toutes parts à Cespedès, qui s'empressa de les expédier à Madrid, et déjà l'on se croyait libre. La révolution eut lieu, en en'et. La reine Isabelle It quitta son trône et son pays. Mais on se garda bien de décréter l'indépendance de Cuba c'eùt été se priver de ressources dont l'Espagne avait plus que jamais besoin. Quand les Cubains apprirent qu'ils avaient été joués, ils furent justement indignés et se soulevèrent, jurant de conquérir par la force l'indépendance qui leur avait été formellement promise.


fâchent pied, et vont attendre, au milieu de fourrés impénétrables qu'eux seuls connaissent, une meilleure occasion. La petite race des chevaux du pays, vigoureux et agiles, leur est d'un merveilleux secours pour multiplier les attaques ou tromper à l'occasion la pour-

CAVALIER ESPAGNOL.

Tiré de Une t!HMce Copgyright,

Ca/t/~r de Hn<c~ d'HH T~nr/ft'. i8f)8, by Harper and Brothers f<'<t;t

Ce fut l'origine de l'insurrection de )868, qui dura dix ans et qui faillit donner la liberté à la grande

Antille. Elle t'aurait conquise, si, à cette époque, les Etats-Unis, à peine remis de la guerre de la Sécession, eussent pu intervenir. L'Espagne fit des sacrifices immenses pour soumettre les révoltés. Elle y parvint, non sans peine. Mais, depuis lors, une nouvelle génération de Cubains ayant surgi, elle répand son or et son sang pour affranchir le sol natal de la domination espagnole. Depuis le 24 février 1895, l'insurrection cubaine n'a fait que se développer, usant successivement les chefs, les armées, les ressources de l'Espagne. Les principales causes de la longue résistance des Cubains, tant en 1868-1878 que dans la guerre actuelle, tiennent non seulement à leur héroïque ténacité, mais aussi à la configuration de l'île et à leur manière de comhattre. L'ile de Cuba s'étend tout en longueur, sur une distance de <~5o kilomètres, et l'on a pu la comparer fort bien à une immense langue d'oiseau. Les routes manquent; les communications d'une extrémité de l'île à l'autre sont des plus difficiles. Les accidents de terrain et les bois impénétrables abondent. Dans ces conditions, la g'uerre de partisans est tout indiquée. ACuba,)'histoire se répète, et ce qu'écrivait, en 187~, M. L.-Louis Lande encore vrai aujourd'hui. On peut en juger par cette citation: Tout se borne à des escar« mouches, à de petits engagements partiels, souvent renouvelés, mais d'ordinaire assez peu décisifs. L'avantage des insurgés n'est point d'opérer en rase campagne ils se montrent par petites bandes et sans trop s'engager jamais, nuit et jour harcelant l'ennemi, fondant à l'improviste sur les corps détachés, dressant des embuscades dans les défilés et les bois. Leur coup vient-il à manquer, aussitôt i)s

suite des Espagnols. « La situation des insurges est bien meilleure qu'elle ne peut sembler au premier abord. Ils n'occupent, il est vrai, qu'un tiers du pays, mais ils y sont certainement plus forts que ne l'est le gouvernement espagnol dans le reste de la colonie. Si celui-ci est maître des points stratégiques, ils ont pour eux l'avantage du climat, des retraites impénétrables, la sympathie des populations, et, pour se recruter, une pépinière de i5o ooo insurgés latents qui, depuis cinq ans, maintient leur effectif à peu près sur le même pied et comble les vides faits dans leurs rangs. A l'heure qu'il est, il s'agit bien moins pour eux de vaincre l'adversaire que de l'user. » C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui. Pas plus qu'en 1868-18~8, les séparatistes cubains ne songent à s'emparer d'aucune ville importante, ni à livrer bataille. Ce qu'ils veulent, c'est prolonger indéfiniment la durée de la guerre par le système des répandre la terreur et )a dévastation dans le pays, et vaincre'l'Espagne en la ruinant. Ils comptaient aussi, pour clore la lutte en leur faveur, sur l'intervention des Etats-Unis, qui s'est effectivement produite, et c'est ici qu'apparait un autre des aspects sous lesquels il faut envisager la question cubaine.

~-«e/

De tout temps, les Américains des États-Unis ont suivi avec le plus vif intérêt les événements de Cuba, ainsi que le démontre le bref historique que je

vais esquisser.

Dès que l'Espagne, à la suite de sa lutte contre Napoléon I'" et de la révolution de 1820, vit se détacher d'elle, l'une après l'autre, ses riches colonies américaines, les États-Unis fixèrent leur attention sur la

reine des Antilles )'. En 182.3, consulté par le président Monroe, l'il-

est

t. /.J ~«M//f)M C!<)tC (7~W<t' des /<.V.Vott~t' 'H'.)).

APRÈS LE COMBAT.

Gravure extraite de L';<ef!)i)iccf<MC'jA/er(<<')<o<f.<tf't<H/?<t'r.

'Copyright, iHr)R,hy)farperandBrothers'.


toujours été d'avis que Cuba serait l'addition la plus intéressante qui pourrait être faite à notre système d'Etats. )' Néanmoins, il conseillait d'éviter la guerre et de s'en tus~re jen'erson disait

J'avoue avoir

remettre aux circonstances. Quelque temps après, Bolivar, )e libérateur de )'Amérique du Sud, conçut te projet de former avec les anciennes colonies espagnoles une ligue où entreraient les Antilles, également délivrées; mais il trouva dans l'opposition du cabinet de Washington un obstacle insurmontable. Cetui-ci voulait, en effet, réserver t'avenir; devenue membre de la ligue du Sud, Cuba eut été perdue pour jamais. Sous )e président Potk, les caisses de t'Espagne étant à sec, il fut question à Washington et à Madrid d'une cession de Cuba, au prix de 5oo millions. L'Angleterre, prévenue à temps, fit avorter ce projet. En )852, la France et l'Angleterre essayèrent de lier les Etats-Unis par une convention qui garantissait à l'Espagne ses possessions des Antilles. Mais, par une dépêche du < décembre )852, M. Everett, alors secrétaire d'État du président Fillmore, repoussa ce projet de garantie commune, regardant la question de la condition de ces îles comme ~y'ewc~ américaine, et refusant de s'engager dans l'entrave des alliances {enalliances) et de renoncer, pour les ÉtatsUnis, à une acquisition future qui est ~nM. l'ordrc

/fj?~

M/!0'C/ des choses.

»

parlait de la nécessité fatale pour l'Union de posséder Cuba comme complément de son pouvoir et de son territoire, et même comme garantie de sécurité extérieure, et il ajoutait « 11 serait aussi facile de construire une digue entre la Floride et Cuba pour contenir le courant du golfe que de vouloir fixer la destinée de cette île, à présent et pour toujours, au moyen d'un traité comme celui dont il est question. » Le 8 octobre 1854, les trois ambassadeurs des États-Unis à Londres, à Paris et à Madrid MM. Buchanan, Mason et Soulé eurent, àOstende, une con'férence pour se concerter sur les moyens d'obtenir ta cession de Cuba. Le plan entier des combinaisons de ces trois diplomates fut exposé dans une dépêche au président Pierce, qui a été publiée. Il

En i855, c'est d'un des ports de l'Union que sortirent les deux expéditions du générât Lopex contre Cuba, qui furent aisément arrêtées par le général Concha et aboutirent à l'exécution de leur chef, ainsi que cette projetée par le générât américain Quitman, qui avait déjà réuni plus de deux mille hommes pour appuyer Lopez, lorsque la France et l'Angleterré, en menaçant les Etats-Unis d'une intervention, paraly-

sèrent ses mouvements. M. Buchanan, devenu président, écrivait dans son message de )85g « Nos prédécesseurs ont fait savoir au monde que les Etats-Unis ont, à plusieurs reprises, tenté d'acquérir Cuba de l'Espagne, au moyen d'une négociation honorable. Le puissions-nous, nous ne voudrions pas acquérir Cuba d'une autre manière. C'est la conduite que nous tiendrons toujours, wo/M ~<'</ xe se ~rcse/i/c ~M c/f:'OM~)~'M qui Ho;~ jH/orisent c/J!cwe~ nous e~i ~f/'jr< » Ces circonstances, l'insurrection de ;868 parut

les présenter, mais, comme je t'ai déjà dit, les EtatsUnis venaient à peine de terminer )a guerre de la Sécession, ils durent se contenter de favoriser les Cubains par tous les moyens en leur pouvoir. Le peuple américain et )e Congrès lui-même ne cachèrent point pour que) parti étaient leurs vœux et leurs sympathies. L'embargo fut mis, sans raison valable, sur trente canonnières espagnoles, alors'que des croiseurs sous pavillon américain allaient porter aux insurgés d'utiles secours d'hommes et de munitions. New-York était le centre avoué de )a propagande cubaine, le lieu d'où partaient les publications, les protestations, les emprunts. Au vu et au su de tous, )a junte insurrectionnelle y recrutait des

soldats.

Les mêmes faits se sont renouvelés depuis le début de l'insurrection actuelle en t8c)6. Les États-Unis ont été le théâtre de manifestations significatives et le point de départ de toutes les expéditions de secours envoyées aux Cubains. Peu à peu, ce mouvement de sympathie pour )a cause de l'indépendance cubaine s'est accentué et est arrivé à )a guerre actuelle entre l'Espagne et les EtatsUnis. Ceux-ci, outre leur prétention d'agir par humanité, par amour de )a justice et de la liberté, ajoutent que la guerre cubaine cause un préjudice considérable à leur commerce. En effet, au point de vue économique, il y a longtemps que la conquête de Cuba est faite par les Américains. A la Havane, à Matanzas, il y a plus de maisons industrielles entre les mains des Yankees, qu'entre celles des Espagnols et des Cubains. Depuis lors, l'invasion américaine n'a fait que s'accentuer, favorisée par les traités commerciaux euxmêmes. En effet, le traité de commerce du i~.août 1891, entre l'Espagne et les États-Unis, a donné définitivement à ce dernier pays la suprématie commerciale sur Cuba, où il peut importer en /uf)!<Me trente-neuf àrticles, notamment les viandes salées, fumées et conservées, les fruits, le pétrole brut, les machines, le charbon minéral, le coton, les articles en fer. En outre, les droits du tarif général sont abaissés sur un grand nombre d'autres articles. Enfin, on dit qu'une clause secrète interdit à l'Espagne d'accorder à d'autres nations, dans les Antilles espagnoles, les mêmes avantages qu'aux Etats-Unis. pouvait mieux préparer ta mainmise politique du gouvernement de Washington sur ta « Reine des Antilles car c'est justement au nom Je leurs intérêts commerciaux menacés que tes Américains interviennent. Tels sont les divers éléments qui ont contribué à amener la situation actuelle de file de Cuba vis-à-vis de l'Espagne et des États-Unis. Cet exposé succinct permet à nos lecteurs de se faire une opinion raisonnée sur la question cubaine, ses origines, son évolution successive et ses conséquences probables. On ne

PAUL Co~'iKS.


La Mission du

capitaine Baud

dans lé Haut-Dahomey KTous avons entretenu N

reprises les lecteurs

à diverses du 7'OM/' du

J/o):~ des progrès accomplis par nos petites colonnes et

nos explorateurs

dans la boucle du Nig'er. La rentrée en France du capitaine Baud, de l'infanterie de marine, nous permet d'aCAPITAINEn.\UD. jouter un feuillet à l'histoire de notre pénétration dans l'Afrique occidentale. Le capitaine Baud avait été le second du

mesure, et le roi Botchandé était presque assiégé dans sa propre capitate. Il vit donc arriver avec joie le capitaine Baud, qui renouvela )e traité de protectorat signé deux ans auparavant par le commandant Decccur et qui s'occupa de suite de rétablir l'ordre dans les Etats de notre protège. Les capitaines Baud et Vermeersch n'avaient sous leurs ordres que trente tirailleurs sénégalais et cinquante auxiliaires haoussas, mais cette petite troupe forma une réserve aguerrie qui appuya les efforts des quinze cents hommes de l'armée de Botchandé. Victorieux en divers combats, nous enlevions successivement Barga, Tigba, Bétanga et, à la fin de février, nos officiers faisaient leur jonction avec la mission \'ou)et-C'hanoine,qui venait de conquérir le Mossi dans des circonstances encore présentes à la mémoire de nos lecteurs. La jonction du Dahomey et du Soudan était ainsi un fait ac-

compli; rien ne

put prévaloir contre cette situation qui eut pour conséquence la con-

commandant

Decoeur,dans

)a

mission qu'accomplit cet officier en )8c~-i8ç5 vers le

vention franco-

a))emande, signée

Haut-Dahomey. Il était donc tout désigné pour pour-

au mois de

dernier et

juillet

qui

vient

tache

d'être promul-

ébauchée antérieurement, qui consistait à devancer les Allemands dans les contrées du HautDahomey faisant

guée au y<)MrM~/1 officiel.

suivre

)a

11

inutile de revenir

sur les incidents qui se produisirent

l'objet de con-

entre les officiers

testations entre la

français

et allemands et dans les-

France, l'Allema-

gne

et l'Angleterre.

quels le capitaine

)!aud()t preuve

Le- capitaine Baud

avait

second

)e

pour

est donc

d'une fermeté et d'un tact auxquels on ne pourra jamais trop rendre justice. Le Courma définitivement rang'é sous nos lois, la mission se sépara. Le capitaine Vermeersch rentra a Porto-Novo pendant que le capitaine Uaud poussait vers le ))endi, contrée qui s'étend sur la rive droite du Niger entre Say et Ilo. Le capitaine );aud se dirigea d'abord sur Say, bien connue par le séjour qu'y lit le lieutenant de vaisseau Hourst, et qu'occupait alors )e capitaine Betbeder. Cet officier ne put malheureusement donner aucun renfort au capitaine Baud, qui en avait grand besoin, et il le dissuada même d'entreprendre la descente de )a rive droite du ~ig'er, le pays étant inondé. Le capitaine Baud revint donc à Hotou et se porta de là sur Kodjar, bien décidé à tenter la conquête du pays avec les faibles moyens dont il disposait. Cette tache était malaisée; le Dendi est en effet couvert d'une épaisse vég'étation et habité par une population belliqueuse qui, bien que dépourvue d'armes a feu, n'en est pas moins redoutable par suite de son habileté à se servir de la lance, de l'arc et des nèches

t'i(TEDELAUOL'CÎ.E~L'XI).KR.

capi-

taine Vermeersch, de la même promotion que lui, et qui l'avait accompagne déjà dans ses précédents voyages. La mission quittait ta France à la tin de l'année [8çô et, aussitôt débarquée à Kotonou, elle se dirigeait vers le Nord, évitant Sansanné-Mango, occupée par les Allemands, pour arriver au mois de janvier )8~ dans le Gourma. Le Gourma est un royaume d'environ -4 ouo kilomètres carrés de superficie, compris entre )e Liptako, le Dendi, le Borgou, le Sansanné-Mang'o et le Mossi. Ce vaste Etat est divisé en un certain nombre de provinces obéissant à un fama nommé à l'élection, mais dont le choix doit être ratifié par le roi du

Gourma. Les habitants s'adonnent à t'ag'ricutture et à l'élevage, mais on trouve dans tes principales villes des colonies de marchands haoussas, ainsi que cela a lieu dans toutes les contrées de l'Afrique

occidentale. Les famas des diverses provinces cherchèrent, comme l'ont toujours fait les grands vassaux, à se rendre indépendants de leur suzerain, le roi du Gourma. Ils y réussirent dans une certaine


empoisonnées. Cependant, vers le début de la campagne, le capitaine Baud n'eut qu'à triompher des obstacles accumulés par la nature, et, après avoir franchi avec difnculté la Mékran au cours torrentueux, il arrivait à Caroumama, sur le Niger. H y fut bien reçu, et dans un pa)abre solennel il convainquit les habitants qu'ils avaient intérêt à nous voir nous établir chez eux. Un poste fut donc établi et un appoittement fut même commencé sur le Niger, pour permettre au navire, dont notre officier laissait pressentir l'arrivée, de venir accoster auprès du marché. Le capitaine Baud continua sa marche vers )e Sud, mais il pénétrait alors dans )a partie méridionale du Dendi, dont les g'ens s'étaient toujours montrés réfractaires aux progrès des Européens. Ce sont les gens de Madecali qui avaient attaqué la mission Decœur à Tombouctou en i8c)5 et lui avaient tué trois hommes. Le capitaine Baud repoussa donc les cadeaux que lui offrait le chef de Madecali refusant de s'y arrêter si on ne lui remettait pas les auteurs de ce

guet-apens. Peu après son arrivée a llo,

il

mourut sur )c coup. C'est un bon soldat qui disparait, après beaucoup d'autres malheureusement. Peu après ce douloureux incident, le capitaine Baud remettait le commandement à son successeur, et il rentrait à Porto-Novo,entraversant )eBorg'ou,-p)acé sous notre domination dans des conditions que nous avons relatées dernièrement. H vient d'arriver à Paris, ayant, dans une campagne de près de deux ans, donné les preuves des plus belles qualités militaires. NED NOLL.

La Navigation

de la baie d'Hudson

apprit que les

gens de Madecali, bien loin de revenir à de meilleurs sentiments, ne songeaient qu'à continuer les hostilités et qu'ils pillaient nos protégés. On ne pouvait laisser ainsi insulter notre drapeau. Aussi, bien que ne disposant que de trente tirailleurs sénégalais et de quelques auxiliaires, le capitaine Baud n'hésita pas à se porter sur.Madecali. La rencontre avec l'armée ennemie, forte d'environ deux mille hommes, eut lieu le 3 novembre !8()~dans une vaste plaine couverte de hautes herbes qui s'étendait devant le village. Les indigènes purent donc se dissimuler, et leur attaque eût été une surprise si la petite colonne française ne s'était tenue sur ses gardes. Les feux de salve exécutés par nos tirailleurs brisèrent l'élan des assaillants, mais ceux-ci n'en couvrirent pas moins les Français d'une volée de néches empoisonnées dont une atteignit le capitaine Haud. L'officier français, se raidissant contre la souffrance, eut le temps de commander « En avant, à la baïonnette, et ne vous occupez pas de moi. n Il tomba. Les tirailleurs exécutèrent le mouvement ordonné avec une sauvage énergie et demeurèrent maîtres du champ de bataille, jonché des cadavres de deux cents de leurs ennemis. Le capitaine Baud, ramené à Ho, fut soigné par des sorciers indigènes qui réussirent là où la science de nos docteurs eût probablement fait faillite. La victoire de Madecali eut un retentissement énorme dans toute cette partie de l'Afrique en prouvant que nous étions forts. Dès ce jour, les caravanes affluèrent à Ho, bien certaines d'y trouver une protection efncace, et l'importance de cette ville en augmenta. Ho est appelée à devenir le grand entrepôt commercial du Moyen-Niger, étant le point de passage obligé des caravanes qui se rendent de Sokoto dans les Etats de la boucle du Niger. C'est à Ho que le maréchal des logis de Bernis, qui venait d'amener un convoi de ravitaillement au capitaine Baud, trouva la mort. L'n prisonnier rompant ses liens se précipita sur lui alors qu'il était à table et lui enfonça une lance dans le corps; il fut lui-même massacré par nos tirailleurs, mais l'infortuné de Bernis

LES Canadiens caressent depuis longtemps

)e

pro-

jet de mettre )a~baie d'Hudson en communications régulières avec l'Europe. Ils n'y voient pas seulement t'avantage d'ouvrir à la colonisation des terres presque désertes de l'immense Dominion; ils estiment encore

qu'ils créeraient ainsi, en comptétant la ligne de navigation par un chemin de fer, la voie de communication la plus rapide entre l'Europe et le versant du Pacifique. La voie actuelle mesure, 'de Liverpool à Montréal, 553? kilomètres, et de Montréal à Vancouver, par le Pacifique canadien, 5382 kilomètres, au total ioç!ç kilomètres. De Liverpool à Fort Churchill, sur la côte occidentale de la baie d'Hudson, on compte .~18 kilomètres; une voie ferrée allant de Fort Churchill rejoindre le Pacifique canadien à Calgary, dans le Territoire du Nord-Ouest, mesurerait i852 kilomètres; de Calgary à Vancouver, on en compte 1188, total 8458 kilomètres. I! y aurait donc une économie de près de 2 500, exactement 2 ~6t kilomètres. Mais la condition de succès d'une telle entreprise serait que )a baie d'Hudson fût facilement navigable, au moins une partie de l'année. La Compagnie de )a baie d'Hudson avait pu, bien qu'elle se servit de voiliers, entretenir longtemps des relationsrégulières avec Fort Churchill. On pensait donc que les bateaux à vapeur modernes pourraient, à plus forte raison, faire un tel service. Mais la vraie question était de savoir à quelle saison le détroit d'Hudson, qui mène à cette grande mer intérieure, sorte de Méditerranée américaine qu'on appelle improprement baie d'Hudson, était vraiment praticable. C'est pour l'étudier que le gouvernement canadien y organisa successivement diverses expéditions. Toutes revinrent avec des conclusions différentes. D'après la plus sérieuse, celle de Gordon, dont les travaux s'étendirent sur trois années, de 188~ à )886, la. navigation n'était possible, avec des bateaux construits spécialement pour ce voyage, que pendant trois mois, à savoir des premiers jours de juillet à la première semaine d'octobre. Une nouvelle expédition a été organisée l'an dernier, sous !e commandement du capitaine \Vake-


était le baleinier la Diana, qui se prêtait admirablement à la navigation dans la baie. Le capitaine Wakeham avait pour ordre de tenter le passage du détroit )e plus tôt possible dans la saison. Le 3 juin il quittait le port d'Halifax; dès la côte du Labrador, la Diana rencontra d'immenses quantités de glace qui retardèrent singulièrement sa marche. Elle ne put arriver que le 23 juin à l'embouchure du détroit d'Hudson, lequel était presque entièrement pris par les glaces et ne put être 'franchi qu'avec les plus grandes difficultés à diverses reprises la Diana fut emprisonnée dans la banquise et en danger d'être brisée; elle perdit son gouvernail, et son hélice, écrasée par les glaces, fut bientôt hors d'usage le capitaine songea plus d'une fois à abandonner son baleinier, et les canots de sauvetage étaient toujours prêts à partir. Un bâtiment moins solide n'eût jamais pu, pense-t-il, résister à la pression de ces masses congelées, qui avaient de 6 à 9 mètres d'épaisseur. Ce ne fut que le 16 juillet, après vingt-trois jours d'efforts inouïs, de dangers et de souffrance, que le bâtiment pénétra dans les eaux relativement libres de la baie d'Hudson. Après avoir atteint Fort Churchill, la Diana traversa de nouveau la baie et le détroit pour aller se ravitailler à Saint-Jean de Terre-Neuve. Elle revint en octobre au détroit d'Hudson, où l'on put constater ham. Le bâtiment choisi

que la glace commençait à se former, dès le 3o octobre, à l'entrée du détroit les passes restant encore

libres. Les conclusions du capitaine Wakeham, dont le rapport vient d'être soumis au gouvernement, sont à peu près conformes à celles de Cordon la baie n'est accessible que pendant trois ou quatre mois. Il est donc probable que le projet d'une communication régulière avec Fort Churchill sera abandonné, les dépenses qu'il entraînerait étant hors de proportion avec son utilité. L'expédition aura eu d'ailleurs de sérieux résultats scientifiques. La D/ctHa avait à son bord deux savants, MM. Bell et Lowe, du Lo'ë ~'eo/o~ç«e. Elle les a débarqués à deux reprises, et ils ont pu explorer fructueusement les deux rives du détroit d'Hudson.

Spitzberg, mais que la Russie ne commettrait plus la sottise d'aliéner des terres en apparence stériles, en réalité, peut-être, productrices futures d'or ou d'autres matières précieuses car elle se repentait trop d'avoir cédé pour un morceau de pain le territoire de l'Alaska Les journaux suédois ont pris la chose avec beaucoup de calme ils supposent que les prétentions russes sur le Spitzberg, qui de tout temps a été considéré comme terre Scandinave, visent moins des mines d'or problématiques que le port de l'Advent Bay, qui peut servir à la Russie de base d'opérationset de station de charbon pour les mers boréales et occidentales. coKdom!'nn<)K du

».

F.-R.

Martin.

schichte

S/&i'r<ca.

B't Bc;'<rj~ :;<)'

/('eM;HM ~t'r Vorge-

«xj A't<«M)' S/tt'r~cHc;! Fo//fcr. Stockholm, Chelius, t8ç,

Sous ce titre, AI. F. R.Martin, conservateur au Musée Kationa) de Stockholm,expose

les résultats d'une mission ethnographique archéologique dont il et a été chargé en Sibérie par cet important établissement. L'auteur a d'abord étudié les Ostiaks du tougane, afnuent de gauche de l'Obi (arrondissement de Sourgout) et ensuite exploré au point de vue archéologique la partie méridionale des gouvernements de Tomsk et de téniseïsk, si riches en vestiges de t'âge du bronze et du fer. Les descriptions, quelque minutieuses qu'elles soient, ne donnent jamais une idée bien nette des objets et coHections ethnographiques; aussi bien A!. F.-R. Martin a-t-il multiplié les gravures dans sa monographie. L'ouvrage qu'il vient de publier n'est même, a-vrai dire qu'un magnifique album, accompagné de légendes, fournissant constitue .tous les renseignementsutiles sur chaque objet. l'iconographie la plus complète et la plus soignée comme exécution qui ait paru sur les Ostiaks. Vêtements, objets mobilicrs, armes, engins de pêche, Yéhicutes, canots, en un mot tous les produits de l'industrie de ces primitifs se trouvent figurés en de superbes phototypies, d'après tes originaux rapportés par ce

S/M

voyageur.

Les fouilles exécutées en Europe ont, comme on sait, mis à jour un certain nombre d'objets préhistoriques en os ornés de gravures, représentant principalement des animaux; par l'étude comparée de cet art archaïque, M. Martin a eu l'attention de reproduire les dessins exécutés en sa présence pour tes Ostiaks. Ces silhouettes sont beaucoup plus grossières que celles datant des âges préhistoriques et que celles rapportées, il y a vingt ans, du pays des Tchouktchis (Nord-Est de la Sibérie), par lc profesI[. p. i35 et i3f)). Evidemseur Nordenskiotd (tarage de-/a moins développé artistique le sentiment Ostiaks ont ment, les Sibérie habitant Nord-Est de la le et que les poque les primitifs pulations de t'âge du renne en France. S)'Mr<cft renferme en outre une dizaine des planches représentant les types les plus remarquables de t'age du bronze et du fer provenant des AoMr~aHM de Minousinsk. Ces p)anches sont d'autant plus intéressantes que les séries préhistoriques de cette partie de la Sibérie sont très rares dans les musées d'Europe.

t~j,

C. R.

Le D' Lefévre.

Prétentions de la Russie

sur le Spitzberg

A

Russie vient de faire connaitre ses prétentions L sur le Spitzberg, à l'occasion d'un projet scientifique formé par des savants suédois à l'instig'ation du roi Oscar II. Il s'agissait de résoudre un problème astronomique et géographique la mesure des degrés dans les régions boréales. La Russie fut officiellement invitée par la Suède à se joindre financièrement à un projet d'expédition au Spitzberg. Au lieu de répondre directement à cette invitation, les journaux officieux russes prétendirent que ce projet « n'était qu'une invitation indirecte de la Suède à la Russie, en vue d'un

vures. Prix

Voyage a;( Laos. Un volume in-i8 avec gra4 fr. E. Pton, Nourrit et C", éditeurs, 8 et ;o, rue ~'H

Garanciére, Paris.

mt un ~'t-te D' Lefévre vient de faire paraitre, tout récemment, très intéressant Voyage au Laos. L'auteur a été membre de

la commission franco-anglaise chargée, en vertu du protocole signé à Paris en t8o<), de délimiter les frontières des possessions de la France et de l'Angleterre sur les rives du Mékong. C'est pendant l'enquête opérée sur place par les commissaires et au a recueilli tes cours de ses voyages isolés que M. le D' Lefévre Écrites chaque soir a notes qu'il livre aujourd'hui à la publicité. l'étape, avec impression toute fraiche des choses vues, ces pages constituent un guide précis et détaillé qui nous fait connaître a fond le haut Laos et permettra, à tous ceux qu'intéressent notre expansion coloniale et tes questions d'Extrême-Orient, de se rendre compte, pas à pas, pour ainsi dire, de ce que valent les régions que nous avons héritées du Siam. Cet ouvrage est accompagné d'un très grand nombre de gravures fort curieuses et d'une carte de ces territoires mal connus.

t


Espagne & États-Unis

et vingt-neuf blessés,parmi lesquels deux officiers et un sous-oflicier européens.

La Guerre.- Sans entrer dans les détails politiques,

qui ne sont pas du domaine de cette revue, voici la succession des événements le 21 avril, injonction par les États-Unis à l'Espagne d'abandonner Cuba dans les quarante-huit heures. L'Espagne réplique en remettant ses passeportsau ministre américain accréditéaMadrid. Le 26, déclaration officielle de la guerre par les Etats-Unis. Deux ou trois innocents vapeurs appartenant a des armateurs espagnols sont capturés par des vaisseaux de guerre américains.New-York ittumine.Le 27 avril, blocus de La Havane. mai, le commodore américain Dewey a force, à la Le faveur de la nuit, les passes de la baie de Manille, Au matin, attaque et anéantissement de l'escadre espagnole des Philippines, commandée par l'amiral Montojo. Du côté des Américains, six navires avec un matériel moderne en bon État; du côté des Espagnols, onze navires dont deux ou trois modernes, mais dont les autres étaient fort médiocres. La bataille de ta,baie de Manille a un retentissement considérable. Les Etats-Unis montent au Capitole. Le gouvernement espagnol reste ferme et se ramasse comme pour quelque coup décisif. Retenons simplement la dignité d'attitude de l'Espagne officielle, le courage des marins espagnols écrasés à Manille, et notons l'imminence d'un soulèvement dans la péninsule. Tandis qu'une escadre espagnole, forte de quatre croiseurs-cuirasséset de six torpilleurs ou contre-torpilleurs se dirige des Iles du Cap-Vert sur l'Amérique, les bâtiments américains, qui tenaient jusqu'alors le blocus de La Havane, se partagent en deux groupes, l'un restant dans les eaux cubaines, l'autre poussant vers t'Est dans les parages de

Porto-Rico. Le x mai, quelques petits navires attaquent simultanément à Cardenas, sur la côte Nord de Cuba et à Cienfuegos, sur la côte Sud. De part et d'autre les Espagnols ont l'avantage. Le lendemain )2 mai, l'amiral Sampson, avec onze navires, vient bombarder San-Juan de Porto-Rico. Après deux heures et demie d'une canonnade très nourrie, il abandonne la partie, sans que San-Juan ait beaucoup souffert. Ce mouvement de retraite cause en Espagne une grande satisfaction. Les Américains ne trouvent pas à Porto-Rico le succès facile, bien que brillant, qu'ils ont remporté à Manille.

France La question du Touat.

Depuis i8~5, la délimitation de frontière entre le Maroc et t'Atgérie est restée en suspens. Une mission militaire vient de se rendre auprès du sultan du Maroc,en compagnie du ministre plénipotentiaire de France à Tanger, pour arrêter nettement la délimitation de frontière et faire entrer dans notre domaine le Touat que le Maroc revendique. Le Touat est pauvre et ne compte guère que 30 00o habitants. Mais l'oasis se trouve a < ooo kilomètres dans le Sud et à i 5oo kilomètres de la côte. Nous avons aujourd'hui trois forts, d'El Gotéah à In Salah, sur la route du Touat. Notre droit est de pousser jusque-là et d'y établir un point d'appui utile à la pénétration dans le ~ud. Et comme la question de savoir si l'ensemble de l'oasis du Touat appartient à la France ou au Maroc n'a jamais été tranchée, elle doit l'être dans l'intérêt des indigènes et de notre ceuvre en Algérie. Il n'est pas douteux, du reste, que le sultan ne reconnaisse la justesse des revendications de la France.

Les braves Tirailleurs sénégalais.

Un

ordre

général, tout récent, du colonel Pujol, rend hommage à la belle conduite des tirailleurs sénégalais au Dahomey. La 8" compagnie, dit l'ordre, après un séjour de treize mois en Guinée, a été dirigée, en mars )8g~, sur le Haut-Dahomey, où elle est restée pendant toute une année. Au cours de cette pénible campagne, elle a pris part à quatorze engagements, qui lui ont coûté sept tiraitteurs tués

Le co!one!fe!:c:tccha!eurcubetneu[ian° compagnie elle s'est montrée digne de ses aînées; elle ajoute une nouvelle page glorieuse aux annales de régiment sénégalais, dont l'histoire n'est qu'une longue suite de faits héroïques accomplis sans bruit et avec une abnégation audessus de tout éloge. »

La France à Fou-Tchéou.

Il y a un an, une

mission française fut chargée, après entente entre notre gouvernement et le gouvernement chinois, d'aller prendre la direction de l'arsenal de Fou-Tchéou. Le chef de la mission, NI. Doyére, ingénieur de la marine, est revenu de Chine, rapportant d'importantes commandes à notre industrie. I) est reparti suivi de tout un personnel français destiné à fournir de contre-maitres et surveillants les ateliers de l'arsenal chinois. Les nouveaux auxiliaires de M. Doyère, mariés pour la plupart, s'embarquent avec femmes et enfants. Fou-Tchéou aura donc bientôt une colonie française, qui servira notre influence dans ce coin d'Extrême-Orient. Encore Samory. La garnison de Kong, dans l'Afrique occidentale, a été assiégée le mois dernier, pendant quinze jours, par plus de deux mille sofas de Samory. Un lieutenant d'artillerie M. Demars-Méchel commande la garnison. Il a tenu tête à ces deux mille sofas et leur a opposé une résistance héroïque, quoique les ouvrages de défense aient du être improvisés. Il perdu fort peu de monde, tout en mnigeant à l'ennemi des pertes sensibles. La situation devenait critique, cependant, quand une colonne, con-

duite par le commandant Caudrelier, a réussi, après plusieurs engagements, à dégager Kong et ses environs. La garnison était assaillie par un ennemi près de quinze fois supérieur en nombre.

Russie La Djighitofka La mission

russe envoyée en

Abyssinie a reçu la visite du Négus. Pour lui faire honneur, les Cosaques de la suite l'ont régalé d'une Cette nouvelle a été reproduite dans beaucoup de journaux, mais aucun n'a donné de détails sur la djighitofka. C'est, dit M. le commandant Laurent-Chirlonchon, qui publie actuellement, dans la 7<'t'w<f du ('ercle m/?ift', un très intéressant Jot~'tM/~ft'ojt'~e en Russie, c'est une sorte de fantasia renouvelée de celle de nos cavaliers arabes. Les Cosaques y excellent. Le cheval part au galop, le cavalier saisit un objet sur le sol, se dresse, le voilà debout sur la selle. Il saute à terre, remonte à cheval par la croupe, toujours au galop. Enfin, d'autres Cosaques jouent tout un petit drame un cavalier fuit; armé de son fusil, poursuivi par un autre cavalier. U se retourne, tire sur le poursuivant, qui, faisant semblé d'être blessé, tombe à bas de son cheval. Un troisième Cosaque survient, fait coucher son cheval auprès du blessé qu'il traine et met en travers de sa selle, fait relever son cheval, saute en croupe et part au galop! Deux Cosaques passent ensuite au galop, côte à côte, et tenant par les jambes, entre leurs chevaux, un homme coiffé d'un fez qui pousse des hurlements épouvantables. Cela figure un prisonnier turc qu'ils viennent d'enlever. On voit que la djighitofka est plutôt gaie. Elle a dû plaire vivement aux Abyssins, qui ne sont pas comme nous habitués aux jeux de cirque.

<<)<o/

A

travers la Sibérie.

La Russie, a renforcé ses effectifs dans la Sibérie orientale ce qui signifie qu'elle est prête à tout événement du côté de l'Extrême-Orient. Elle pousse en même temps les travaux gigantesques du Transsibérien. La première portion est terminée.La voie est libre jusqu'à Krasnoiack avec embranchement sur Tomsk. La seconde portion a ses ponts établis jusqu'au 63o' kilomètre enfin 2-)) ponts sont construits sur la portion du Transbaikal; 023 kilomètres de rails sont déjà posés et le matériel roulant est prêt.


La France au Il H'M<~ sans intérêt, ait moment

de

oit les

de Î863 à 1898

~w;o?~ ~OH<!c/-M arfc r/tK~/e/ey-6 e~em~Mcwn~

orc~oi~/e <t/Ke leurs limites d<f'M!/n~ de résumer /'œ!nTe accomplie Soudan /JHM~ dans CM dpr/i!C<-C.S' M~M: c'est le de cet /0y-<e, qui répondra ~T dM;~ plusieurs

~OHHe/OM

Soudan

nos

à Mes possessions ~e la côte

/ec/CMr6'. 7.

Les e.T/)/ora/c!< dre 6'o;<~M.

T E y août i863, le colonel Faidhcrbe,

du

gouverneur Senëg-ni, rédigeant les instructions remises au

lieutenant de vaisseau Alag-e, envoyé en mission à Ségou, écrivait: « Le

Les Européens, dès leur établissement à la côte occidenta)e d'Afrique, cherchèrent à découvrir les sources du ~ig-er. Anglais et Français préludèrent à leurs rivalités africaines en envoyant leurs explora-

teurs

rière-pays du Sénégal et de la Gambie.

Brue, Compagnon, Rubault, Houghton étudièrent plus par-

but serait d'arriver à créer une ligne de

postes distants

ticulièrement les hautes vallées des bassins côtiers de

d'une trentaine de lieues entre Médine et Bammakou, ou tout autre point voi-

l'Afrique occidentale.

sin sur )e Haut-Kig'er qui paraîtrait le

L'Ecossais Mungo Park fut )e second Européen qui

plus convenable

pour y créer un point commercial sur le fleuve. Si,

atteignit le Niger, au cours de son premier voyage en Afrique (le matelot français Paul Imbert ayant été le premier). Le 22 juillet

au moyen des postes dont je vous ai parlé, et qui serviraient de

lieux d'entrepôt pour les marchan-

PAYSAGEDUSOUCAN.

Photographie du

dises et les produits, et de points de protection pour les caravanes, nous pouvions créer une voie commerciale entre le Sénégal et )e Haut-Niger,n'aurions-nous pas lieu d'espérer de supplanter par là le commerce du Maroc avec le Soudan Ces lignes posaient nettement pour )'avenir]a question du Soudan français. H n'appartint malheurcusement pas à son promoteur de la voir résoudre. Avant lui on s'était intéressé en Europe a la découverte du Niger, bien qu'elle ait moins passionné les esprits que celle des sources du Nit. 1~'endant Jong'temps, d'ailleurs, on considéra le Niger (le Nil des noirs) comme une des branches du Nil égyptien. K)Edressi avait lui-même formulé cette hypothèse dans )e fameux globe du monde qu'il construisit lorsqu'il résida à la cour du roi Roger IL de Siciie.

?.)

A TRAVERS

LE

visiter l'ar-

MONDE.–2~"

MY:

ca/'<L7<Hc

fj~j.

i7()6,it

il arrivait il

Ségou, et )e succès de cette première exploration lui en fit confier une seconde. Jamais l'infortuné voyag-eur ne devait revoir le pays qui l'avait vu naitre il périt en descendant le Niger, probablement aux chutes de Houssa. Ce fut le Français René Caillé qui eut la gloire d'entrer le premier dans Tombouctou, )e 20 avril 1828, et de nous rapporter des renseignements inédits sur la cité mys-

térieuse.

Les explorations de Mungo Park et de René Caitté avaient démontré )'indépendance complète du Sénéga) et du Niger et fait connaître ce dernier fleuve sur une grande partie de son cours. En i83o, les frères Lauder reconnurent les bouches du Niger, complétant ainsi les découvertes de leur prédécesseur. Enfin Barth

? a'

a8 mai tSçS.


confirmait en 18.52 les nouvelles théories admises sur le cours du Niger, et Gerhard Rohifs en affirmait la véracité dans son voyag'e exécuté de la AIeditcrranee a

Lagos, de )865 à t86". L'insuccès de la tentative de Mungo Park découragea, sans doute,'es Anglais de gagner )e Haut-Niger, en prenant Sierra-Leone pour base d'opérations;

ils portèrent )e poids de leurs efforts dans le BasNiger. Les Français, au contraire, établis au Sénéga),

s'efforçaient d'y asseoir solidement leur domination, et )a lettre du colonel Faidherbe nous prouve à quel point l'illustre gouverneur prévoyait l'avenir. Mage ne tit pas démentir la confiance que )e gouvernement avait placée en lui. 11 avait pour second le D~ Quintin. La subvention qu'on leur accorda pour tous deux était de ,5 ooo fr.; plus tard on y ajouta 4.000 fr.. et ce fut tout. nejàRené Caillé avait entrepris son ~'rand voyage avec ses ressources per-

sonnelles, montant à

2 ooo fr. Nos explo-

rateurs modernes coûtent plus cher;

sont-ils

meilleures

dans

CA'C~!<a/M/

Dés ce jour, la période des explorations est

close, celle des expéditions militaires commence.

/DMf;r'); .ù<.S'ox~n;. Quel était donc ce Soudan inconnu où dix années durant nos ctairons allaient sonner la

charge, renversant les trônes, ébranlant les empires?

de

condi-

tions ?

AtageetQuin-

tin

irrég-uHcre, on songea d'abord a étudier un projet de chemin de fer du Has-Sénég'a) au Kig'er. Pendant que les lieutenants Monteit, Jacquemin et Sorin s'attachaient à relever le secteur compris entre Saint-Louis et Médine, le capitaine (ialliéni devait étudier la région comprise entre Médine et le Niger. La mission Ga~'éni. attaquée à i)io paries Hambaras, se vit en!evcr presque tous ses bagages et arriva à Ségou dans un véritable dénuement. Ahmadou-C'heïkou retint )a mission dans une sorte de captivité dorée pareille à celle dont il avait usé avec Mag'e. H fallut l'annonce de la marche de la colonne Horg'nisDesbordes pour qu'il donnât au capitaine (!ai)iéni son

Le Soudan est un présent du Xi~'er. Autant )a vallée du

passèrent par

Koundian et )\ita, traçant )a route que devaient suivre plus

Sénégal est pauvre

et désolée, autant celle duXig'crest riche et fertile, et donne au voyageur

tard nos colonnes victorieuses, et ar-

rmO~L'ESL'HLEBAOU.E. rivèrent à Ségou te )'impression que P/)~/0~)'J/t'~CJ/J/<')'~n/ 2H février 186~. l'on éprouve en rcReçus par Ahmadou-Cheikou, )efi)sd'E)-])adj-Omar, ils furent tenus montant entièrement le cours du Xi). dans une sorte de captivité pendant plus d'un an, temps On conçoit donc que nos conquistadors soudarédig'er l'empire profit des mit Mag'e à pour sur que nais se soient hâtes de quitter la rég'ion désertique du qui furent très utiles par Toucouleurs des notes nous ttaut-Sénég'at pour diriger tous leurs efforts vers le la suite. Sur les instances de Faidherbe, Ahmadou se Haut-Xig-er. décida enfin à donner cong'é hôtes, et ceux-ci Le débit du Xig'er est d'abord très faible, puis, revinrent par le Kaarfa, visitant Ouosseboug'ou, Nioro, après avoir dépasse les rapides de Sotuba, en aval de Koniakary, dont ils laissèrent des descriptions d'une Tombouctou, il g-rossit par suite de l'adjonction des exactitude à laquelle le colonel Archinard a rendu plus eaux des gros affluents de la rive droite. Bientôt tard pleinement justice. Le 28 mai 1866, nos officiers son lit est incapable de contenir les masses d'eau qui rentraient à Médine, accueillis avec autant de joie que s'y pressent tumultueuses il déborde, et ses diverses de satisfaction par des camarades qui désespéraient branches arrosent et fécondent les rég'ions qui s'étende les revoir. Les jours sombres de 18~0-71 nous dent entre Mopti et Tombouctou, dont la richesse empêchèrent de tirer un parti immédiat des enseiégale celle des plaines du delta du Xi). Bien plus, sur gnements fournis par la mission Mag'e et Quintin. la rive gauche s'étend un vaste système lacustre La France se recueillait et pansait ses blessures. Ce d'abord insoupçonné et que les conquérants de Tomfut le colonel Brière de l'Isle, gouverneur du Sénébouctou nous ont fait connaître. Les bords de ce vaste gal, qui reprit les traditions qui avaient mis en luréservoir ne le cèdent en rien, sous le rapport de la mièrc le nom de Faidherbe. Le Département de la fertilité, aux rives du Xig'cr, assurant ainsi la prospéMarine et des colonies avait d'ailleurs la bonne forrité du Soudan septentrional. tune d'avoir à sa tête l'amiral Jaurég'uiberry, qui, en Enumérer les richesses naturelles du pays sesa qualité d'ancien gouverneur du Sénégal, s'intéressait fort au développement de cette colonie. I) obrait chose superflue les diverses variétés de ta flore tint des Chambres les crédits nécessaires pour donner équatoriale s'y mêlent agréablement, et la faune y est largement représentée par tous les spécimens des un nouvel essor à notre politique africaine, et l'on se mit aussitôt à l'oeuvre. races d'animaux domestiques. Une seule ombre à ce tableau enchanteur la La navigabilité du fleuve Sénég'a) étant très

ses


guerre!

guerre avec toutes ses misères, incendies, pillages, ruines accumulées, habitants massacrés, femmes et enfants emmenés en esclavage, la guerre désolait le Soudan. La guerre, ou plutôt tes g'uerres guerres de races, guerres de religion, g'uerres d'intérêt. Pour bien en comprendre les causes dominantes, il faut se reporter à quelques siècles en arrière et suivre l'enfantement de ces grands empires qui se succédèrent dans la boucle du Niger. La

sives correspondant aux grandes émig'rations dont l'Afrique fut le théâtre.

Le règne des conquérants devint de plus en plus éphémère, de sorte que les races vaincues n'avaient pas le temps de se fondre avec les races victorieuses. Les haines restaient donc vivaces, entretenant une agitation constante dans le pays. Les conquérants eux-mêmes, ayant établi leur pouvoir par ia guerre, sentaient qu'ils ne pouvaient le conserver qu'en guerroyant sans cesse, et ils portaient leurs ravag'es de l'Est à t'Ouest et du Nord au Sud. Les Matinkés, qui dominèrent le plus anciennement dans les contrées comprises entre le Séneg'a! et le Cet état de choses créait aux officiers qui vinrent Nig'er, se virent subjugués au début du xv~ siècle par y porter remède des devoirs spéciaux. Ils ne pouvaient les Songhaïs. Ceux-ci, venus songer à traiter avec des rois de t'i'ypte huit sicctes aupaayant un pouvoir nettement n'avaient d'augcessé ravant, reconnu, puisque aucun lien leurs conquêtes, et, menter n'existait entre les provinces sous le règne d'Astda )e aggtomérées par les proGrand, ils devinrent tes maîtres phètes soudanais au hasard du Soudan, dont ils portèrent de leurs conquêtes. Ils cherla civilisation à un haut degré chèrent donc leur point d'apde prospérité. pui dans les populations vaincues, mais non soumises,et,réL'empire Song-haï, arveillant chez elles la grandeur rivé à i'apogée de sa puisdu sentiment national, ils prasance, ne pouvait que décroitre tiquèrent la politique caractéconformément aux lois de risée par ce mot « politique l'histoire. de races ». H)ic a reçu depuis En )5~i! s'écroutait son application au Soudan, au sous les coups des armées Tontdn, a Madagascar c'est marocaines, et les lieutenants la seule qui soit logique. du suitanEt-Alansour établisOn a prétendu que ces saient à Tombouctou le centre expéditions guerrières avaient de leur domination. Le lien pour but unique d'acquérir de qui rattachait les soldats mala gloire et de fournir à ceux rocains.au Maroc ne tarda pas qui y prenaient part l'occasion à s'affaiblir, des rivalités divid'obtenir des croix et des gasèrent leurs chefs, qui guerlons. Or, si les commandants royèrent les uns contre les ausupérieurs du Soudan s'étaient tres. Aussi, deux siècles plus bornés à une occupation restard, le Soudan était-il indétreinte du Haut-Sénéga), ils pendant, sous des chefs de INDtGÈKES LES PILANT LE MIL. eussent laissé à nos ennemis races ma)in)fé, songhoï et ma~o<o~'ra/e<<;<doc<<'Kr~actt!Hd. les moyens de percevoir librerocaine. ment l'impôt et )e recruteC'est alors que se produisit l'invasion des ment, ce qui )eurcût permis de soutenir la lutte Foulbès (au singulier Peuth, au pluriel Foulbès d'ojusqu'au moment où, devenus forts, ils auraient pu nous rigine berbère. Au début du siècle, leur roi Cheikourefouler sur le Bas-Sénég'aL Ahmadou, se donnant comme le mahdi annoncé par le C'est pour assurer la liberté et la tranquillité de Prophète, établissait sa domination sur les bords du la zone conquise que nous avons été appelés à étendre Nig'er. Son petit-fils Ahmadou-Ahmadou vit a son chaque jour )c périmètre de nos conquêtes, jusqu'au tour se dresser devant lui un nouvel imposteur, le jour où la liaison de nos colonies éparses dans marabout ou toucou)eurEI-)!adj-Omar.Ce dernier l'Afrique occidentale s'est trouvée un fait accompli. reconstituapresque en entier l'empire d'Askia le (!rand. !'aidherbe seul put arrêter ses armées, dont l'élan vint //A Les e.~c'f~OM~ W!7//o«'<s'. se briser contre les remparts de Medine. A E)-HadjOmar succéda Ahmadou, le prince auprès de qui Le )ieutenant-co)onet Borg'nis-Desbordes eut séjournèrent successivement Mag-e et GaJtieni. l'honneur d'ouvrir la première campag'ne soudanaise. Lui-même allait avoir a se détendre contre les Le 2 février 1881, admirablement secondé par le comattaques d'un nouveau fondateur de dynastie, l'almamy mandant Voyron, il avait achevé à Médine ia concenSamory, lorsque les colonnes françaises arrivèrent tration de la colonne expéditionnaire, forte de cinq sur les bords du Niger. cents combattants, dont un quart d'Européens. En résume, l'histoire du Soudan français, avant Il devait assurer l'occupation du pays entre notre occupation, présente une série d'invasions succes-\tédine et Kita pour faci)itcr la construction de la voie


ferrée projetée. Ilrencontra une énergique résistance chez les gens de Goubanko, dont la ville fut enlevée d'assaut, au cours d'un combat dans lequel se signatèrent le commandant Voyron, les capitaines Pujot, Monségur, Archinard et Pol. Ce beau fait d'armes, qui eut un immense retentissement dans tout le Soudan, fut suivi de la prise de Mourgouta, et nous permit de nous établir solidement à Kita. La brigade topographique du commandant Derrien put alors procéder en paix au levé de la région conquise; ce qui eut, au point de vue géographique, une importance considérable. Maintenu dans ses fonctions de Commandant supérieur du Haut-Fleuvependant la campagne i88t<882, le lieutenant-colonel Borgnis-Desbordesassurait les avantages obtenus dans la campagne précédente, lorsque son attention fut appelée sur les agissements de l'almamy Samory. Samory, ancien esclave, était parvenu à force d'habileté et de persévérance à se faire reconnaître comme chef du Ouassoulou, qui devint le berceau de son futur empire. Les habitants de Keniera, qu'il assiégeait, vinrent demander la protection de la France. L'officier commandant le poste de Kita envoya un ofncier indigène, le lieutenant Atakamessa, auprès de Samory, pour lui dire d'épargner Keniera. L'almamy se borna pour toute réponse à retenir le lieutenant Atakamessa prisonnier, et cet officier ne s'échappa qu'avec peine. Le lieutenant-colonel Borgnis-Desbordes tira vengeance de cette insulte en infligeant une défaite à Samory, sous les murs de Keniera, puis il rentra à Kita, non sans avoir été inquiété au retour par les soldats de Samory revenus de leur surprise. Ces incidents démontrèrent qu'il importait que nous nous établissions au plus vite sur les bords du Niger. Ce fut le but de la troisième campagne du lieutenant-colonel Borgnis-Desbordes (1882-1883,,qui aboutit à la fondation du poste de Bammakou (i<r fé-

après la prise de Daba, ou le capitaine Combes entrait le premier par la brèche. Samory essaya de s'opposer à la construction du fort de Bammakou, où son lieutenant Fabou vint nous attaquer à la tête d'environ quatre mille hommes. Trois jours de combat, dans lesquels nous luttâmes dans ia proportion d'un contre dix, nous débarrassèrent de notre turbulent adversaire Bammakon avait reçu le baptême du feu et passait au rang' de possession française. Les trois campagnes de 13orgnis-Desbordesnous avaient donc valu )a possession de la région comprise entre le Sénégal et le Niger, et nous avaient mis en contact avec celui qui devait être notre plus implacable ` adversaire Samory.

vrier

<H83

Les successeurs du lieutenant-colonel BorgnisDesbordes, le lieutenant-colonelBoilève (i883-t884; et le commandant Combes (t88~-i885j, completèrent son œuvre afin de nous assurer la possession incontestée du terrain récemment conquis, que les armées de Samory venaient nous disputer. L'épisode principal de la campag'ne du commandant Combes fut l'héroïque défense du tata deNafadié par le capitaine Louvel, qui n'avait qu'une centaine d'hommes à opposer aux cinq mille soldats des bandes de Samory. Trois jours durant, il résista à toutes les attaques de l'ennemi. Le quatrième jour 'to juin i885), le commandant Combes, après une marche admirablement conduite, )e lieutenant Peroz à l'avant-gardc, débloquait l'héroïque garnison. Il revint alors à Kita, s'ouvrant un passage à travers les masses toujours croissantes de t'armée de Samory, qui fut défaite enfin au combat de Kokoro. La situation restait toujours grave. Aussi des renforts furent-ils envoyés au Soudan, avec )e lieutenant-colonel Frey, qui vint en prendre le commandement. Agissant avec une rapidité qui déconcerta son adversaire, il le pressa, t'enveloppa, le mit en déroute à Fatako-Djungo et le mena tambour battant jusqu'au Niger, où Samory, effrayé, demanda la paix. Dans les quatre derniers jours des opérations, les troupes de la colonne expéditionnaire avaient fait plus de deux cents tutométrcs par'une chaleur torride de .)0°. It était temps que les opérations fussent terminées; un

nouveau prophète, MahmadouLamine, tentait de soulever les populations sur nos derrières. Le combat de Tombakané, le ]g avril 1886, nous délivra momentanément de ce nouvel adversaire, et le lieutenant-colonel Frcy put achever la pacification du pays. XEDXOLL. ~.t

CARTE

m'SQt'DAX.

sxn'e.~


intelligence délicieuse de naïveté et, à la fois, de noblesse hautaine. Friands de légendes, les Indiens se sont fait une mythologie des plus gracieuses, et pour eux, à la façon des Grecs anciens, chaque ruisseau, chaque neuve représente un mystérieux symbole de la Divinité. Leurs magiciens racontent des choses merveilleuses, et chaque fait de leur histoire est resté un souvenir que leur esprit naïf et charmant poétise. Voilà trois siècles que t~uget, un lieutenant de Vancouver, débarqua dans la baie qui porte maintenant son nom. Les Indiens ont gardé la mémoire de cet événement, et ils l'embellissent de tout ce que les missionnaires leur ont appris, de tout leur spiritualisme fervent et de toute leur imagination. « !) y a longtemps, iongtemps, disent-ils, à l'heure où le soleil se couchait sur la mer, on vit au large un bateau de cuivre pur. Les PeauxRoug'es des forêts une

Indiens et Esquimaux de PAtaska article yj;7 suite à cc/t<i ~xc xou~ /);<&e /'cceMmcH< ~!<)' /<a6'A'a'. Cc/

t!)'o)!6'

A u milieu de la fièvre et de l'enthousiasme des mi-

-t\ neurs, on oublie trop les indigènes de )'A)aska. 1) y a ]à cependant des races curieuses et utiles. Les

Indiens Peaux-

Rouges, les Esquimaux, sont pour l'instant indispensables, et, quoiqu'ils ne soient ni

et les jeunes filles ornées de plumes

ouvriers, ni volontiers mineurs, les chercheurs d'or pourront difficilement se d'eux.

accoururent sur les rives escarpées. L'éclat du cuivre aux rayons rouges du soleil couchant est plus beau que l'or, et le bateau de cuivre marchait

passer

Les Indiens se trouvent échelonnés tout le long de )a côte du Pacitique. Leurs tribus de chasseurs et de

toujours éblouissant sur les flots.

Enfin, il s'approcha de terre. Un voya-

pêcheurs, quoique

au

sans importance point de vue du nombre, se rencontrent un peu partout et même dans les reg'ions tes plus

geur seul en des-

i

KL'Ë!'RtXCn'ALE.\FORT\VRANGEL.

.0'a/'n~/eDaih'(.raphic.

septentrionales du continent américain. Les États-Unis et le g'ouvernement du Canada ont pris quelques mesures pour empêcher l'extinction d'une race qui se meurt. C'est ainsi que les l'eauxRoug'es possèdent des territoires réserves et qui ne peuvent leur être 'enlevés que par une loi d'Etat. Les principales villes de la côte ont leurs colonies d'Indiens, habitant un quartier particulier. A Victoria, les Peaux-Roug'esvivent une partie de l'année dans un pittoresque campement tout près de la gare. Devant les

tentes, au bord du neuve, sont soigneusement alignés les bateaux de la tribu. En arrière, au milieu du piaillement des enfants qui jouent avec des arêtes de poisson, les femmes travaillent, tandis que, lier et grave, comme abîmé de pensées profondes, l'homme se promène de long en large. Les tribus sont, pour la plupart, de mœurs assez douces, et, quoiqu'ils soient incapables d'une culture un peu complète et qu'ils tendent à s'abrutir par l'alcool, les Peaux-Rouges ont conservé encore t. Voir le n<* 20, p. t5~.

cendit, et, tout près du dôme en cristal du mont Takoma, il

attacha le bateau

cuivre aux pins du rivage. L'homme appela les tribus, et il commença à enseigner et à prêcher: «Je viens à vous comme prêtre de la vérité. Tout ce que l'homme peut posséder dans ce monde repose sur la vérité. Quand un homme la possède, il est riche, même s'il est pauvre. Son âme ira au ciel et y vivra éternellement. La guerre est une injustice et laissez donc vos lances et vos arcs, et ne versez plus le sang des hommes. L'homme ne doit pas tuer son frère, parce que l'âme est un outil pour la paix. » de

C'est ainsi que l'homme paria sur la montagne, mais les tribus guerrières ne i'écouterent pas. Elles clouèrent à un arbre le sauveur arrivé dans l'éblouisscment du bateau de cuivre, et il mourut. Ils i'entermais, par un miracle, il se rcieva vivant, s'en at)a vers les tribus, et, de nouveau, il leur paria de la vérité et de l'immortalité de l'âme. » Cette histoire, que les magiciens indiens des environs de Ta)<oma racontent volontiers, nous montre l'esprit curieux et imaginatif des Peaux-Rouges. Malheureusement, en vertu d'une loi qui semble implacable, partout où l'indigène de race inférieure se trouve rèrent


étroit avec tes civilisés,

il perd

toutes ses qualités et prend tous leurs vices. Sur la côte, les Indiens commencent à s'habiller à la façon des blancs. Dans les tribus qui portent des noms canadiens Gens de Po"s; Gp.ns de Hois, Cens de Rats, Gens de Butte, certains chefs s'affublent d'uniformes extraordinaires, presque dignes des g'énéraux sud-américains. On peut se demander si, avec l'intensité du commerce que provoquent les mines d'or, l'usage des ornements de plumes de couleur se maintiendra chez certaines tribus et si longtemps encore les femmes indiennes mettront toute leur coquetterie a se surcharger de verroteries en contact:

et de coquiDa~es. Ce qui peut-être sauvera encore pendant quelque temps les Peaux-Rouges, c'est leur extrême fierté et la haute idée que les principaux d'entre eux se font de leur noblesse. Lorsqu'on débarque auprès d'une co-

ionied'!ndiens,àt-'ort-ran-

par exemple, )'ceii est frappé par une série de poteaux de diverses hauteurs (les plus hauts sont aux nobles, plantés devant les habitations des t~eaux-Rouges, bizarrement travaHtés et surmontés d'une grosse pièce de bois représentant assez grosg'e)

plus

sièrement une bête ou une

figure. Ce sont les marques distinctives de noblesse, les blasons des Indiens. Les mariages sont étroitement régies d'après le rang'des époux. et les unions se font entre les membres de fami)ies d'ordres de noblesse équivaients.

mentes de neige, aux ascensions et aux navigations mouvementées, connaissant tous les passages pour les avoir traversés au temps de la chasse et de la pêche, ils servent de guides et de porteurs aux prospecteurs tentés par l'or du K!ondy).e. Leur adresse est telle que, dans )e voyag'e de Dyea à Dawson-Cit), uii indien g'agne facilement dix a douze jours sur un blanc même expérimenté. D'après les dernières nouvelles, l'affluence sera telle cette année que les Indiens vont faire fortune. Ils ont déjà considérablement augmenté leurs exigences, et la traversée du C'hitkoot coûtera cher aux mineurs pressés. ~Ia)gré la fièvre qu'ils constatent autour d'eux, les Indiens ont gardé un certain mépris pour l'or; et c'est sans aucune envie et sans se douter de l'émotion profonde qu'ils provoquent au cœur des prospecteurs qu'ils racontent les merveilles d'un pays tout en or, parait-il, situé beaucoup plus haut vers le pôle et qu'aucun mineur n'a encore pu explorer: KAn premier defilé, disent-ils en étendant le doigt vers le Nord, tu trouves de l'or. Au deuxième défilé, peu d'or. Au troisième défilé, pas d'or. Au quatrième dénie, il faut dormir huit fois ~c'està-dire qu'il faut marcher pendant huit jours;, et puis tout

est en or; il y a beaucoup trop d'or.)' »

Comme les Indiens,les Esquimaux du Nord de l'AP10XX!t;K8AUTH\\A!L. laska disparaissent petit à /r~L't)aih'Graphie. petit. L'avidité des chasseurs russes ou américains a détruit rapidement le gibier indispensable aux EsquiDaus )eurs relations avec les blancs, les Indiens maux, qui périssent faute de trouver sur un sol ingrat de t'Atas!;a se servent du chinouk, une tangue comte peu qu'il produisait pour les nécessités de la vie. posée d'anglais, d'indien et de français. On raconte On éva)ue a une quinzaine de mille ce qui reste enque cet idiome a été inventé par un matelot, John core de ces races septentrionales en Amérique, et les jewatt, tait prisonnier par les Peaux-Roug'es en !~8o. malheureux vivent à peine des produits d'une chasse Ce langage est des plus simples et des plus rendue très pénible. Les rennes (caribous) qui, faciles à saisir. Il est d'une extrême utilité pour tes dans l'Alaska vivent à l'état sauvage, ont été extermineurs qui se font assister d'indiens dans le voyage mines par les compagnies de fourrures avec une imvers Dawson-City. Dans )e Uvre .);<)!jt7< /l/j~'j, de prévoyance extraordinaire.L'Esquimau, ne pouvant se AtôHcr, nous trouvons quelques indications relapasser du renne, disparaît avec lui. tives a cette langue. Un homme se dit MJH une femme, De même que pour les [ndiens, le gouvernement A'/oo/c/t-))!jH, c'est-à-dire un homme de sexe féminin. des Etats-Unis a pris des mesures destinées à conserver Enfant se dit /~js-Mj<), petit homme, et petite fille, les Esquimaux. On s'est bien vite rendu compte que /cM.t'/fM/c/w)U!), c'est-à-dire un petit homme du l'exploitation de l'Alaska ne pourrait jamais se faire sexe féminin. On voit que ce n'est pas trop compliqué. convenablement sans J'aide d'une race née pour l'exist'uur les diverses origines des mots, sachez qu'un Antence dans les pays du \ord. g)ais se dit A'i, <j<o/< ~j~, c'est à dire un homme du roi Georg'es; un Américain, jHo~/o;; )/)j);, c'est-àLes rennes sauvages étant maintenant devenus dire un homme de Boston. Le français canadien a assez rares, on a eu l'idée de les remplacer par des anidonné au chinoui; des mots comme la ~Mc (pomme), maux domestiques venus de Sibérie. En i8ç2, environ )e~oo(doig't,!e;))j/c) marteau), )e.s'(~<A' sucre, la deux cents de ces rennes avaient été importés, et, aux environs de Port-Clarencc, dans des prairies de w<?MO (mcsse~, la /)jL'/t ;hache), la c/o~ 'croix), etc., etc. o Cejarg'on. avec lequel il est difficile de faire de mousses, était installée une sorte d'éco)e où les Esquitrès beaux discours, suffit pour se faire comprendre maux sibériens apprenaient à ceux de l'Alaska à soigner et à diriger leur précieux animal. par les indigènes. Atais les Esquimaux de Sibérie se sont montrés Les Indiens sont d'une aide précieuse pour les mauvais professeurs, et les Etats-L'nis ont fait venir mineurs. llabitués aux difncu!tés du pays, aux tour-


de l'extrême ~orvég'e des familles de Lapons qui, elles, ont donné de meilleurs résultats. Les essais semblent vouloir réussir, et les troupeaux de rennes

domestiques s'augmentent petit à petit. H est évident que, si l'on arrive à instruire tes Esquimaux américains et à leur apprendre a se servir du renne comme d'un bétail familier, le problème de l'exploitation de t'Atas~a est résolu. H s'ag'it, selon le mot d'un auteur allemand, de transformer un peuple de chasseurs en un peuple de bcrg-ers. Le seul animal de transport qui ait donné quelque satisfaction, dans ces pays de neiges et de glaces, a été le chien. Mais le renne est bien supérieur, comme force et comme endurance. H a t'avantag'e de ne pas obfig'er le voyag'eur, qui cherche à réduire son bagage au minimum à s'embarrasser de provisions pour son attetag'e. Le renne se nourrit de mousses qu'il découvre en grattant le sol du pied lorsque la neige les cache. Si l'on ajoute que le renne, en même temps que bête de trait, est un animal comestible, qu'il pourra fournir aux mineurs saturés de mauvais lard, de haricots et de conserves, un peu de viande fraiche, on comprendra les efforts que le gouvernement fait pour habituer les Hsquimaux autochtones à l'élève de ce

bétail.

A

Djibouti

N

Lor~Fo~F.sT.

Les provinces dont Méneti); a donné récemment

le gouvernement a M.

Léontief sont placées ai l'extrême Sud de l'Ethiopie. Elles s'étendent jusqu'au deuxième degré de latitude Nord, et à l'Ouest jusqu'à !'A)bertNyanzaetau Nil Blanc. Déjà, en )8()i,'MénéHk avait déclaré son intention de rétablir les anciennes frontières de l'Ethiopie jusqu'à Khartoum et jusqu'au lac Nyanxa, en y comprenant tous les pays gallas.

Hien que cette expédition n'ait pas pour but de rejoindre les missions Liotard et Marchand, qui viennent de l'Oubanghi dans la direction du Haut-Nil, elle a néanmoins une portée politique importante, puisqu'elle a le Nil Blanc pour objectif et qu'elle doit nécessairement établir dans la région du lac Rodolphe un obstacle aux progrès des Anglais.

Le comte Léontief est ofnciettement investi par le négus du titre de <' g'ouverneur des Provinces équatoriates". Le prince Henri est son collaborateur, sans titre et sans subordination. A l'occasion de la mission donnée par Menetit; au comte Léontief et au prince Henri d'Orléans, il est utile d'indiquerqu'aucun traité avec l'Angleterre ne parait avoir prévu les droits invoqués par le négus sur les Provinces équatoriaies. Après la mission de M. Rennel Rodd en Ethiopie, au printemps de )8(. on avait bien dit que t'Angteterre avait reconnu à cet Etat les territoires en question, mais le récent traité conclu avec Alénétik estmuet sur l'extension de )a frontière d'Abyssiniejusqu'au Nil et à t'Atbert Nyanza.

La Mission Léontief

sait que la mission s'était fait précéder à Djibouti par une compagnie de tirailleurs sénég'atais placés sous le commandement de A!. Henri Leymarie, ancien chef de milice au Congo, qui était atté lui-même les recruter Saint-Louis, en novembre dernier. Une lettre de M. Leymarie nous informe que le comte Léontief et le prince Henri sont arrivés à Djibouti le 20 avril par )e paquebot des Messageries Maritimes. Cette lettre se termine ainsi Je pars le 6 ou te 7 mai, avec vingt Sénég'aiais comme escorte, pour accompagner le comte Léontief, et monter chez le nég'us en passant par le Harrar, où nous attend le raz Makonnen. La colonne suivra sous les ordres du prince Henri, .mais sans passer par le Harrar. Elle se mettra en route directement pour Addis-Abbeba vers )e 20 ou 2,5 mai. » Arrivés dans la capitale, la préparation de l'expédition, de concert avec le nég'us, durera un mois ou deux, puis nous marcherons vers ces mystérieuses provinces éthiopiennes dont on dit monts et merveilles. » Mes Sénégalais sont armés de fusils russes et de baïonnettes. Ils sont très entrainés et très emballés, impatients d'atter enfin dans la brousse. Inutile d'ajouter que je partage leur impatience et que nous allons avec la plus absolue confiance au-devant des aventures qui nous attendent. II. LKYMAR));. » Ajoutons ici quelques renseignementsqui nous sont demandés par des lecteurs sur le but de la mission dont il s'ag'it:

~a,

docteur

Karl Fricker. /tH/rA<t Bt7'/<~<;)<'A'~cr ~jn~fttKH.tt', tome!r beau vol. illustré. Prix:.S marks. Herhn.Schai) et (!rund,éditeurs,

ItO

~<

Tus

éditeurs Schall et Grund publient aujourd'hui le premier vo-

Ltume d'une série

de monographies sur la géographie universelle, destinées à donner aux Allemands, non seulement la connaissance de tous les pays du monde, mais surtout le désir de les visiter et d'y étendre l'influence politique ou commerciale de la mère patrie. Cette première publication est consacrée, trait caractéristique, aux régions qui entourent le pôle Sud. C'est bien )a, en effet, que se dirigent en ce moment, avec le plus de convoitise, les regards des savants allemands, qui regrettent de voir si peu de noms germains inscrits dans les annales des grandes explorations polaires. Ce volume n'en est pas moins fort intéressant pour les )ecteurs que, pour de bonnes raisons, ce chauvinisme scientinquc laisse assez froids. L'auteur, qui est un savant distingué, nous décrit, dans une langue claire et pittoresque, des contrées plus désertes et plus inaccessibles que les contrées boréales, et que les navigateurs ont visitées plus rarement. U commence par délimiter exactement ce que J'on appelait autrefois le continent antarctique, et nous raconte les très curieuses légendes qui s'étaient accréditées au moyen âge et jusqu'au xyni" siècle sujet. Puis il aborde t'histoire des grandes explorations antarctiques de Cook.HaHeny.Dumontd'L'rvijte.Wiikes, James Ross, etc., en ayant soin de nous dire que la série n'est pas terminée, et que l'avenir y réserve aux navigateurs allemands une place honorable. Cne troisième partie de t'ouvrage décrit les uns après les autres les iles et groupes d'iies dont l'ensemble constitue les terres antarctiques. Enfin, viennent des chapitres sur le climat de ces régions, les glaces,ianore et la faune, etc. De nombreuses illustrations, très soignées, reproduisant des dessins originaux pris par les navigateurs sur les lieux mêmes, les portraits de ces navigateurs, des fac-simites de cartes anciennes et des cartes tenant compte des dernières découvertes, achèvent de donner à ce bel ouvrage un intérêt et une valeur géographiques qui le rendent digne d'attirer l'attention.

ce


~T.Sf/ A'D.Y/.4 /.Z/rrA'<~ L'Autriche-Hongrie

vci-L-e!!e

devenir

une Puissance coloniale ? ;if)'t./J)'r/;f. fièvre coloniale semble gagner l'Autriche elle-même. a A L la sans doute, des succès faciles obtenus par les

vue,

puissances européennes en Extrême-Orient. Il y a quelques années déjà qu'une Société coloniale s'est fondée à Vienne; enlin, l'année dernière. l'Autriche a envoyé à Pékin un ambassadeur spécial et déployé son pavillon dans les eaux chinoises. A ces symptômes, encore assez vagues, se joignent maintenant des vœux et des appels plus. précis: l'industrie autrichiennedemande des débouchés nouveaux: les sphères politiques, universitaires, scientifiques, s'agitent de leur. côte en faveur d'une expansion de l'Autriche au delà des mers. Ainsi, à la Société d'agriculture, à Vienne, le professeur de Philippovitch constatait récemment avec tristesse que son pays n'avait pris aucune part au grand développement du commerce et de la politique de l'Europe dans le monde, tandis que l'Allemagne avait su en quinze ans se constituer un empire colonial comparable à celui de la France et de la Hollande. Une autre personnalité en vue de la capitale, le baron de Kùbeck, recommandait l'augmentation de la flotte autrichienne et prononçait dernièrement, dans une séance de la Société commerciale viennoise, un discours important dont nous détachons les lignes suivantes Pour que notre marine de guerre eoit à la hauteur de sa mission et ne se trouve pas, dans une heure critique, à la merci d'une puissance étrangère, en ce qui concerne notamment les approvisionnementsde charbon, il est de la plus haute importance que nous acquerrions, par delà l'Océan, ce dont les plus modestes Etats européens se sont assuré la possession depuis longtemps, c'est-à-dire un de ces morceaux de territoire qu'on est convenu d'appeler des colonies. Xotre industrie, notre commerce en seraient vivifies Et ce v~eu que nous formons n'est pas quelque

histoire dès que l'Autriche eut un port et le petitbout de côte qui va de Trieste à Fiume, sous les règnes de Charles VI et de Marie-Thérèse. elle songea à créer des colonies d~outre-mer. Ce qu'elle ne lit alors que projeter, nous songeons à le réaliser aujourd nui. La <f</f co/o;n'f t!)).?))~t' souhaite la prompte réalisation de ces voeux formés par un empire voisin et ami. chose

de si nouveau dans notre

.VA'.W;

7~1'f'A'.

La Ligue des Jevhés et ses Adeptes ~)'</C/f

M.

Il.

SEH)EL.

Allemands ont à lutter, dans jL EScontre ennemi bien

leur colonie du Togo, autrement redoutable que des un roitelets nègres c'est contre l'influence occulte d'une société secrète, la ligue des Jevhés, qui répand la terreur au milieu des populations nègres et fait la loi aux chefs euxmêmes.

Cette confrérie religieuse, organisée, toutes proporgardées, tions comme une sorte d'urdre de jésuites noirs, a ses couvents, ses retraites inaccessibles aux profanes, sa hiérarchie et ses mystères. Les Jevhés adorent un grand nombre de divinités, entre autres Khcbioso, le dieu du tonnerre, le Thor africain. Dans leur culte, et surtout dans leurs machinations ténébreuses, les adeptes se servent d'une langue secrète, à laquelle appartient le mot~)'f luimême.

tête de la communauté est un grand prêtre appelé Y/Hh))!0 ou Jf)')!x.7, dont le pouvoir sur ses subordonnés est absolu ces derniers l'appellent le Père Il distribue à chacun sa tache, son poste, le crime a commettre, le vol à accomplir, l'espionnage à opérer. A la

Ce qui, distingue l'ordre de la plupart de ceux que

nous connaissons, c'est qu'il admet des femmes au même litre et avec !es mêmes avantage? que i?s hommes. Celui qui veut entrer dans l'ordre doit se présenter dévoueau grand prêtre et lui jurer de le servir avec un lui montre ment absolu. Alors on l'initie aux mystères, on repréqui voile, entouré d'un les objets sacrés un glaive sente le dieu Jevhe lui-même, une hache a deux tranchants, lustrale, que le un caillou percé, un petit pot plein d'eau catéchumène doit boire pour absorber en même temps le dieu qu'il veut servir, etc. Il perd jusqu'à son nom, pour mourir à luien prendre un nouveau. Enfin, il est censé même et revêtir une nouvelle personnalité il ne connaitra plus désormais ni père, ni mère, ni rien de ce qui lui était jusque-là cher et sacré. Mais. le plus souvent, les Jevhés se recrutent par la violence ou par la ruse malheur au jeune homme ou à la jeune fille qui s'égare dans le voisinage d'un de leurs cloitres: aussitôt saisi, séquestré, suggestionné, parfois maltraité, soumis à un régime spécial de nourriture et de boissons stupéfiantes, enfermé pendant des mois et des années dans une cellule ténébreuse où il ne sait plus rien du dehors, il finit par perdre conscience de ce qu'il fut et l'ordre, par se soumettre si complètement aux exigences de qu'on pourrait désormais le renvoyer à sa famille il reviendrait bien vite au monastère avec la docilité d'une bête apprivoisée. Les principes moraux sur lesquels reposent les devoirs de ces adeptes sont très simples ils doivent obéir aveuglément au grand prêtre voilà pour eux la vérité, le bien, le salut. A l'égard des profanes, on leur recommande le mensonge, le vol, le meurtre, l'espionnage, les faux serments. Les Jevhés se déclarent toujours pour le fort contre le faible, rançonnent tes paysans sans défense, corrompent les chefs en leur donnant une part du butin, brùlent les cabanes où ils espèrent trouver quelque chose à piller, en donnant à entendre que l'incendie fut causé par le dieu du tonnerre aussi est-ce en temps d'orage qu'ils font ces méfaits~. Bref, ces fanatiques sont le fléau du Togo et leur ordre s'étend, leurs adeptes se multiplient, pullulent même dans ces populations déchues et sans forte organisation sociale. Les Allemands auront beaucoup de mal à extirper cette plaie de leur colonie.

/r.s'7'K!'E zE/rr.c. Peary et Sverdrup sait, et avons eu l'occasion de le dire dans cette <N LJ revue, nous l'Américain Peary reproche à Sverdrup, le que

compagnon de Nansen, de vouloir marcher sur ses brisées et de lui voler l'itinéraire qu'il compte suivre le long de la côte occidentale du Groenland. Sverdrup vient d'exprimer son étonnement d'être Lorsque je conçus, l'objet de pareilles accusations. en iH</). dit-il, le plan de mon expédition arctique, je ne prévoyais nullement que Peary en préparait une de son côté/lorsque j'en entendis parler plus tard, je crus que Peary se proposait de tenter de nouveau un voyage au Pôle, ou du moins de pénétrer aussi loin que possible vers le ~ord. d'autant plus que Peary déclarait lui-même qu'il atteindrait le Pôle ou ne reviendrait pas vivant. L'expédition de Peary est donc loin d'être scientifique il ne sera accompagné que d'un seul Européen, tandis que j'emmènerai avec moi une véritable armée de savants. Certes, je ne cherche pas à lui disputer le record dans un voyage au Pôle. etc. ~· Enfin, Sverdrup ajoute que la cartographie de Peary est pleine d'inexactitudes. Ce sont là de bien misérables querelles, et il serait temps de les voir cesser. Le soleil luit pour tout le monde, et le pôle Xord est à tous ceux qui sau-

ront l'atteindre.


La Floride

a/e e?: ce

La Floride troupes américaines en

de nos compatriotes ~M:a

l'Me

moMC~ <'a//CM/?OM ~t'~Me, puisque c'est dans ce pa)-s que se coKCCK/rcK/ les d'!iHe t'K)'a.~OK CM&j.OH c/CHc ct~ec )K<prc~ les pages .n'~H/e~, que M0!<~ donne KM

/a

rp.f!~ longtemps dans cette partie de /4?;!e/t«'.

TFloride au

est cette longue presqu'ile qui termine Sud-Est les États-Unis du Nord de l'Amérique. Elle est baignée à l'Ouest par le golfe du Mexique, où se forme ce fameux courant d'eau chaude que les Anglais ont appelé le Gulf-Stream, et qui, après avoir tra-

versé

t85y, iis furent relégués par leurs vainqueurs dans )a partie la plus basse et la plus méridionale de i'Ëtat, dans ce qu'on nomme les Everg-)adës, série de marécages malsains où ils achèvent de disparaître sous les coups de )a fièvre paludéenne, de la faim, du climat,

en écharpe

et sous la dent des alligators, des serpents à sonnettes,

tout l'Atlantique, va faire fondre chaque année les glaces

des panthères, ours

du Nord à l'Est, elle est limitée par l'océan Atlantique.

et.autres animaux sauvages qui pullulent dans ces forêts marécageuses.

Floride est constituée par un récif madréporique qui était sous les eaux de )a mer il y a des milliers d'anLa

Ces indigènes

vivent uniquement de pêche et de chasse. On n'a jamais pu les amener

nées. D'après les

a )a

TAMPA-nAYUÛTEL.

civilisation,

travaux d'Agassiz, f/'C/0~ra/M~<'A/f!~t'<MM. comme cela est arétab)i quête il est rivé pour les Husol de cet Etat s'élève régulièrement de i millimètre rons du Canada, et ils sont rebelles à tout travail et à toute culture; on suppose que leur race ne tardera par an. Or, comme le point le plus élevé n'est qu'à 3o mètres au-dessus du niveau de ia mer, on voit que pas à disparaître complètement, bien qu'à vrai dire l'existence de ce pays, dont l'altitude moyenne n'est on ignore quel peut être leur nombre, car tous les que de 10 mètres, est relativement assez récente. voyageurs qui ont cherché à pénétrer chez eux n'en sont jamais revenus. Ils ont dû être tués, et probableCette contrée a été découverte par le navigateur ment mangés par ces sauvages. espagnol Juan Ponce de Léon il y aborda le 29 mars )5[2,qui se trouvait être le jour des Rameaux, Pâques Au-dessus des Everglades se trouve le grand fleuries, en espagnol Pcf~cKO Florida, d'où il fut baplac central de la Floride, )e lac Okecchobea, dont sort tisé sous le nom de Florida, qu'il a gardé jusqu'ici, en la plus grande rivière de ce pays, un magnifique fleuve dépit de ses passages successifs sous la domination appelé le Saint John River, qui va se jeter dans l'Atlanespagnole, française et enfin américaine. tique au Nord-Est de l'Etat, un peu au-dessus de Jacksonville, la ville la plus importante de )a Floride Les habitants, que les Espagnols trouvèrent au point de vue industriel et commercial. Cette viHe, dans le pays, étaient une importante tribu de Peauxqui compte actuellement 25 ooo habitants en grande Rouges, les Séminoles. Fort maltraités par tous les partie nègres, ne se différencie en rien de la maoccupants successifs de leur pays, ils se révoltèrent jeure partie des villes d'Amérique c'est toujours à diverses reprises et n'aboutirent qu'à se faire extercette même apparence de villes provisoires, élevées miner. A la suite de leur dernière prise d'armes, en A TRAVERS

LE MONDE.

23° LIV.

N" 23.

4

juin

!8<)P.


hier, destinées

à

disparaitre demain, avec des mai-

sons en planches, souvent entourées de jardins, des rues atrocement mal pavées au moyen de troncs de palmiers sciés de champ. Quelques tramways traînés par des mules parcourent les deux ou trois principales artères. Le port reçoit des navires de fort tonnage, qui y amènent des marchandises de tous les pays et qui y chargent des phosphates, des oranges, des légumes ou fruits divers et du bois de charpente. Dans )e voisinage de Jacksonviiïe se trouve une gentiHe petite ville d'origine espagnole, ayant conserve un caractère spécial dans ses constructions, son vieux fort abandonné et ses portes de ville; c'est SaintAugustin. On y trouve les plus beaux hôtels du monde le Ponce de Léon, le Cordova et l'Alcazar, bâtis tous les trois en très beau style espagnol avec un luxe intérieur inouï. C'est là que toute la haute société des grandes villes du Nord vient passer l'hiver et se

plaines peu à peu déboisées qui l'entourent de toutes parts, par les bénéfices considérables que cette culture a donnés, puis aussi par le commerce des phosphates, dont les principales mines étaient situées dans son voisinage; mais, malheureusement pour Ocala et pour )a Floride, le prix de ce précieux engrais est tellement tombé depuis quelques années, par suite de )a concurrence des phosphates algériens, que l'on a dû abandonner presque complètement cette industrie, qui ne laissait plus aucun bénéfice. Pour comble de malheur, il y a eu, durant l'hiver 1896-97, une getée assez forte pour tuer presque tous les orangers, ce qui a causé aux Floridiens un préjudice de plus de cent millions de francs. La prospérité des dernières années a donc fait place à Ja misère, et les banques ont sombré les unes après tes autres. Si

réchauffer au beau soleil qui y brille presque sans inter-

d'Ocaia on se dirige vers le Sud-Ouest, on arrive bientôt à la ville et au port de Tampa, où s'opère en ce

concentration

le

mètre n'y descend

Les navires de

pas au-dessous de

grand tonnage ne peuvent s'en approcher qu'à plusieurs

io". C'est la Nice de l'Amérique du Nord. Elle est située sur le bord de )a mer, et l'on peut

saison.

AuNorddeJacksonvitie

des

caines. Port-Tampa est située au fond d'une immense baie très peu profonde.

thermo-

y prendre des bains de mer en toute e

la

troupes améri-

ruption durant toute la mauvaise saison. Le froid y est inconnu

moment

kilomètres, tellement la côte est peu

inclinée Pour avoir rORTTAMPA.

7';f0/n~')')/f de ~7.

~t.

/.J.y);f.;);.

un embarcadère où il y ait assez d'eau

pour recevoir

se trouve un autre

petit port qui a acquis une certaine importance depuis six ans, à cause de l'exploitation des phosphates: c'est celui de Fernandino, méchante bourgade de quelques centaines d'habitants. La capitale de cet Ktat, TaiJahassee, se trouve dans le Nord, tout à fait à t'extrémité Nord-Ouest, à la frontière de la Géorgie et de l'Alabama. C'est une petite ville de cinq à six mille âmes n'ayant ni caractère, ni commerce, ni industrie; elle contraste même singulièrement, à ce point de vue, avec la grande majorité des villes d'Amérique. L'industrie des phosphates, dont la découverte remonte à 1890, a donné une certaine importance à une autre petite ville qui, jusque-là, végétait bien péniblement, Ocala, C'est une assez jolie )oca)ité, située presque au centre géographique de la FJoride, au cœur de la contrée des phosphates; elle est desservie par plusieurs lignes de chemins de fer qui permettent de se transporter rapidement dans les différents ports et dans les autres points intéressants de la presqu'ile. Ocala a été construit vers :85o sur l'emplacement de l'ancienne capitale de la tribu des Apalaches, qui portait le nom d'0ca)y. Hn 1868, elle ne comptait encore que deux cents habitants aujourd'hui, elle en a cinq mille. Cet accroissement rapide a été provoqué par l'extension considérable de la culture des orangers dans les grandes

les

petits navires de commerce, il a fallu créer une digue d'un kilomètre en mer. A l'extrémité de cette digue, se trouvent un charmant petit hôtel, les magasins de )a douane et du port, un dépôt de charbons et le débarcadère des bateaux a vapeur qui font le service de Cuba car Tampa est, avec la Nouvelle-Orléans, le port le plus fréquenté par tous les Américains qui se rendent dans cette île pour y faire leurs achats de tabac, de sucre, de café. de cire, etc. trois navires à vapeur )'<9/n'e//e, !Wj/a.v et ['M/H~e T~rn~M, partent tous les deux jours de ce port pour )a Havane la traversée, avec relâche à Key-West, petite île à mi-route, munie d'un bon port, ne dure que quelques heures. Quand on se trouve dans l'hôtel de )a jetée, on voit passer entre les pilotis des quantités prodigieuses de poissons de toutes formes et de toutes dimensions, des requins fort nombreux qui trouvent, dans ces eaux chaudes, une nourriture abondante, mais qui rendent )a baignade impossible. Il y reste encore beaucoup de pélicans, qui sont assez familiers depuis que leur chasse est interdite, et qui se livrent, sous les yeux des voyageurs, à de continuels plongeons fort amusants. Ce sont ces pélicans et les milliards d'autres oiseaux de mer, aujourd'hui presque entièrement disparus, qui ont donné naissance aux bancs de guano qui longeaient toute cette côte du golfe du Mexique et qui, transformés par la décomposition continue


et l'action des eaux sulfureuses, sont devenus les gisements de phosphate récemment découverts et

exploités. La gravure que nous donnons ci-dessous représente une des principales mines de phosphate des environs d'Ocala, celle de la puissante Compagnie des Phosphates de France a Anthony, aujourd'hui abandonnée, comme la plupart des autres, pour la cause que j'ai indiquée précédemment. On trouve à Tampa Hay, comme à Saint-Augustin, un de ces immenses hôtels renfermant des centaines de chambres luxueusement meublées, avec salons, salles de bain, éclairage électrique, etc. On en a vu (page 177) la reproduction d'après une photographie que j'en ai faite. Quand on arrive dans ces grandioses caravansérails américains, qu'on est tout étonné de trouver dans de petits endroits perdus où il y a à peine quelques centaines d'habitants, on se demande comment de pareils établissements, dont le loyer seul représente une fortune, peuvent se soutenir et faire leurs frais il paraît cependant que ce phénomène se produit dans les deux yilles en question, par suite de l'afflux considérable de gens du Nord qui y reviennent chaque hiver et s'y installent pendant plusieurs mois, malgré le prix élevé (de 25 a 5o fr. par jour) de la vie dans ces grands hôte)s. La chose ne serait pas possible si l'on n'avait comme clients que les habitants du pays, car la très grande majorité des Floridiens d'aujourd'hui est composée d'anciens esclaves affranchis et de leurs descendants, qui, ne travaillant que juste assez pour ne pas périr de faim, ne cherchent nullement à s'enrichir, comme le font les nègres d'Haïti. Le reste de la popuiation est principalement composé d'Anglo-Saxons venus du Nord de l'Amérique, de quelques Allemands, d'un petit nombre de familles françaises et

les troubles intérieurs de Cuba persistent encore longtemps, car Je tabac de Floride est de qualité presque égale à celle de son voisin de la Havane. On en fait deux récoltes par an, en mai et décembre, et comme )e climat est chaud et humide, avec des pluies presque quotidiennes durant tout l'été, on réalise ainsi tes conditions les plus favorables à cette culture, assez délicate, qui exige de )a chaleur, de l'eau et un sol léger. La Floride est une immense foret de pins renfermant d'innombrables lacs et cours d'eau, sur le bord desquels grandit )a végétation la plus luxuriante. Les espèces végétales les plus remarquables sont les cyprès, les magnolias, au feuillage sombre et luisant et aux admirables fleurs blanches d'un parfum exquis, les palmiers et les palétuviers, qui poussent dans tous les endroits particulièrement humides, puis un chêne particulier toujours vert, le /e-oaA' ou chêne de vie, excellent pour le charronnage et l'ébénisterie, enfin l'oranger sauvage et le parsinonnicr, dont les fruits dorés qui rappellent nos abricots, comme apparence extérieure, sont délicieux à

manger. Ce qui donne à ces arbres et aux forêts de la Floride un aspect spécial, inoubliable, ce sont les mousses végétales qui pendent aux branches de presque toutes les essences, mais surtout à celles des cyprès, des chênes, des pins et des magnolias, sous la forme de longues touffes grisâtres et légères. C'est de ces mousses qu'on retire en partie le crin végétal que les tapissiers emploient en si grande quantité.

Les principaux animaux qu'on trouve en Floride sont les perdrix-cailles, les lapins, les daims, les dindons, les tourterelles et tous les oiseaux d'eau, canards, sarcelles, grues, hérons, outre une innom-

d'Italiens émigrés comme travailleurs de mines et restés dans le pays, où ils font de la culture. Outre l'oran-

g-er. qui constituait la principale production végétale de la Floride et que l'hiver 1896-~7 a en partie détruit, on y cultive encore un peu

légumes et de fruits, des fraises mûres en décembre et des choux récoltés en février, qui sont en grande partie dirigés par mer sur New-Yor);, ~hi)ade)phie et 'ashing'ton. Depuis quelques années la culture de l'ananas et celle du tabac ont pris une certaine importance; cette dernière surtout paraît appelée à un avenir made

g'ninque, si la guerre et

~XEt.EpiiOSi'HATKS.

/)0/~r.7/tic~).<rcjK.


brable quantité de petits oiseaux, dont quelques-uns, tels que le cardinal et l'oiseau-mouche, sont adora-

blement jolis.

quatre heures, car on y naviguera de nuit comme

de jour.

prendra naissance à Riga, suivra le cours de la Duna jusqu'à Dunabourg; gagnera de là, par un canal creusé de main d'homme, la ville de Lepel, sur la Berésina; puis, utilisant )e cours de cette rivière jusqu'à son coftfiuent avec ie Dniepr ci., finalement, ce dernier neuve, il débouchera dans la mer Noire par le port de Kherson. Quinze ports seront échelonnés )e long du canal; en outre, il y aura deux grands ports II

On voit, par tout ce qui précède, que la Floride serait un pays fort agréable à habiter, s'il n'y avait pas de nombreux correctifs à cet enchantement d'abord le microbe de la Mèvre paludéenne, qui fait énormément de victimes, puis les serpents à sonnettes, les mocassins, qui pullulent et dont la morsure est toujours mortelle, puis les alligators, qui infestent les cours

d'eau et vous interdisent complètement les bains froids, enfin les insectes divers, les moustiques, qui vous empêchent de dormir depuis le mois de mars jusqu'en novembre, les cancrelats, qui y atteignent des dimensions extraordinaires et qui dévorent tout ce qu'ils peu-

vent atteindre,

même )a peau des doigts et les ongles

Riga et Kherson. Sur une longueur totale de i 600 kilomètres, le canal Baltique-mer Noire aura donc à peine 200 kilomètres de cours artificiel et, pendant les i 400 autres kilomètres, il utilisera le lit naturel d'une rivière et de deux fleuves qui seront canalisés.

terminus

Les condi-

des dormeurs. Il faut donc,

tions topographi-

pour habiter avec agrément ce pays,

favorables, puis-

ques sont des

qu'elles permettent

pouvoir le quitter dès le mois d'avril et n'y revenir qu'en octobre. Cela n'est

de se

contenter

d'une écluse à chaque extrémité. Le canal traversera un sol argileux qui donnera toute sécu-

paspossibleàtout le monde. Les touristes, qui peuvent

rité a l'assiette même des fonda-

choisir leur moment pour voyager, trouvent dans la Floride un séjour fort agréable. Mais les personnes qui doi-

vent

p).'us

tions et qui permet-

tra

de produire sur

place les briques

t'ORhï

YtEFt~E t)AXS LA t'LORJDE.

r/tÛ/O~r~/C~l.Aj.r~

t

demeurer toute l'année pour leurs affaires ou leurs occupations, y goûtent assurément moins de charmes. A. LADURËAU.

Le Canal entre la mer Baltique et la mer Noire

L gouvernement russe vient de terminer les études

relatives, à la construction d'un canal transcontinental mettant en communication )a Baltique et ia

mer Noire. Cette entreprise gigantesque commencera dans quelques mois. Ce canal aura, au plan d'eau, b5 mètres de iargeur au plafond, 3.5 mètres, et 8"5o de profondeur. H sera construit de telle sorte que les plus grands steamers pourront y naviguer à la vitesse de 6 nœuds soit un peu plus de ) kilomètres à l'heure) et que le parcours entier pourra s'effectuer en six fois vingt-

t

nécessaires à la construction des travaux d'art.

s'ag'it, on ie conçoit, d'une œuvre qui a un double but, commercial et militaire. Son importance commerciale sera largement augmentée par des ramifications obtenues au moyen de l'approfondissement de plusieurs rivières, par lesquelles les villes de Disna, Mozyr, Tcernig'ov, Oster, jitomir et Poltava, toutes situées sur des chemins de fer, se rattacheront au canal. Quant à l'importance militaire de ce travail, elle saute aux yeux. Les forces navales de la Russie sont actuellement divisées en deux flottes distinctes. Pour les réunir, il faut leur faire faire le tour de l'Europe et même, aux termes des traités, le passage dans le Bosphore et les Dardanelles leur est interdit. Le canal futur permet donc la libre concentration des flottes russes. La dépense totale exig'éc pour la construction du canat, de ses aménagements et de ses ramifications, tout en étant considérable, n'est pas aussi énorme qu'une (jeuvre aussi gig'antesque pourrait le faire supposer au premier abord. On t'évalue à 200 millions de roubles-argent, soit 5oo millions de francs environ, y compris les achats de terrains. Ces travaux pourront être terminés en cinq ans. H


à la colonie qui se propose de les

entreprendre. Pourquoi laisserait-on des colonies sans voies de transport, quand il est évident que ces colonies ont largement de quoi alimenter le trafic ? Pourquoi un chemin de fer

Le Chemin

de fer

de la Côte d'Ivoire De la mer à Kong NOTRE confrère A. Mévi), de l'Eclair, vient de publier dans ce journal une étude des plus intéres-

santes sur la création d'une voie ferrée à la Côte d'Ivoire. Objectif indiqué relier Kong à la mer. A

première vue, l'on

est tenté de penser que t'urgence de ce chemin de fer n'est pas encore démontrée, surtout si on le com-

pare aux voies de Konakry au Niger, du Haut-Dahomey au Niger et du Gabon au Congo par l'Alima. Les deux premières lignes sont conçues pour nous assurer le bénéfice

économique de notre œuvre politique dans la boucle du Niger, en reliant à la côte, d'une part )e Haut-Niger, de l'autre le Moyen-Niger la troisième est destinée à nous permettre de re-

prendre une partie du trafic

motivé par des raisons économiques, serait-il moins urgent qu'un autre chemin de fer qui aurait en sa faveur quelques raisons politiques ? Au surplus, si l'on cherchait une raison politique qui vint appuyer la raison économique, on la trouverait à )a Côte d'ivoire dans ce fait appréciable que l'apparition de ce chemin de fer porterait le coup de grâce à Samory et à ses successeurs désignés ou ses émûtes. Mais la position de Kong semble indiquer que le processus à suivre n'est peut-être pas aussi simple qu'on pourrait le croire dés l'abord. On sait, en effet, que Kong a été récemment pillé et dévasté par Samory. Le commandant Caudrelier a pu reprendre la ville soudanaise et s'y fortifier. Dès lors, l'objectif immédiat du gouvernement de la Côte d'Ivoire paraît devoir être celui-ci Utiliser le Comoé sur les 5o kilomètres de navi-

gation qu'il offre Rendre le plus commode et le plus rapide possib)e cette navigation de son point terminus à la mer; Partir de ce point terminus comme base pour assurer la sécurité absolue

des routes indigènes qui de cet immense réseau namènent à Kong vigable de 20ooot<itometres Fortifier ensuite cette qui part du Stantey-Poo).. ville de telle manière que A la Côte d'Ivoire rien Samory n'ait plus )a tentade semblable. Les fleuves tion d'y revenir. partent tous du bord de la Dès ce jour, le trafic mer, formant une série de bassins côtiers, et chacun C.\XTERELACÔTED')VOJM. entre Kong et la mer ira en de ces fleuves n'est naviaugmentant tous les ans, gable que sur un faible parcours le Cavally offre démontrant mieux que tous les raisonnements la né80 kilomètres de navigation pour des calaisons de cessité de la voie ferrée proposée. Si, de Kong, on o'°,8u à i mètre le San-Pedro donne 5o kilomètres de poursuivait ensuite la création de routes vers Tennavigation; )c Bandama est navigable sur 70 kilog'réta, Sikasso et Oua, le développement économique mètres et, si l'on veut remonter jusqu'à Tiassalé, de la colonie se ferait avec une rapidité propre a frapper les esprits en France et à mobiliser les caiuo kilomètres, on ne le peut que pendant deux mois. Enfin le Comoé se laisse remonter par les bateaux capitaux. lant i mètre jusqu'au kilomètre 5u seulement. Al. Mouttet, le distingué gouverneur de la Côte Au delà de ces points peut-on retrouver un red'Ivoire, consacre tous tes ans, dit M. Mévi), sauf le Niger, qui (5ooou francs a ta création de routes nouveiies. On seau intérieur navigable~ Non coule dans le sens de ta côte. peut estimer que s'il attribuait les deux tiers de cette Est-ce une raison suffisante pour déclarer que somme à la réalisation d'un programme analogue a celui que je viens d'indiquer, utilisant l'autre tiers aux le chemin de fer de Kong n'a pas d'utilité urgente dévoies de la côte déjà créées dans des proportions sufmontrée Ce serait une erreur économique. fisantes, il ferait faire à la question du chemin de fer Tous les chemins de fer sont utiles et devienun progrès marqué. nent profitables, lorsqu'ils sont convenablement tracés D'ores et déjà, le trafic qui se fait à la Côte et construits. On doit songer avant tout à les examiner au point de vue de l'essor qu'ils apporteront d'Ivoire sous l'administration pratique et prévoyante


de Al. Atouttet, autorise pleinement l'étude de cette im-

portante question.

'<Hest curieux de constater, dit ;iévif,

qu'a

la Côte d'Ivoire chaque effort de pénétration a amené une augmentation de trafic. C'est ainsi qu'en 1890, alors qu'effectivement nous n'occupions que GrandBassam, Assinie et Jacqueville, les recettes douanières annueDes n'étaient que de 288000 francs en iG~t, lorsque notre occupation se fut étendue à Lahou et à Fresco, ces mêmes recettes s'élevèrent à 600 ooo fr. en iHt)2 et i8~3,)orsquenous établissions de nouvelles

factoreries sur plusieurs points de la côte, et lorsque nous prenions possession du littoral jusqu'à CavaHy, elles furent de 66~000, puis de ~3 ooo francs. En 1895, elles passèrent à [ 2.5o ooo francs. Le chemin de fer de Kong', avec les mesures préparatoires indiquées, assurerait définitivement la marche ascendante du trafic à la Côte d'ivoire. )\f3oLR)).\R)H.

D'Aflou à Laghouat en hiver

T est six heures du matin, le jour commence à peine à jeter ses premières lueurs sur le paysage de

neige qui nous

entoure. Tout

dort encore dans Attou.et l'absolu silence qui pèse sur la nature achève de donner un grand air de tristesse aux immenses étendues blanches que nous allons parcourir. Nos deux chevaux, tenus en main par le spahi qui nous escorte, piaffent de froid et d'impatience, tandis que l'homme, encapuchonné dans plusieurs burnous, cherche à les maintenir en leur parlant comme à de grands enfants. Nous montons à cheval. Nos bêtes, pour se réchauffer, font mille gambades, que nos doigts engourdis parle froid sont impuissants à prévenir. Nous traversons Aflou très vite. Devant nous, dans la direction du Sud, c'est la grande solitude, c'est l'éternel silence, troublé seulement de temps à autre par les cris des chacals affamés se ruant à )a curée d'une bête morte. C'est le jour, un jour pâte et triste. On ne sait vraiment ce qui est le plus blanc, du ciel ou de la terre; la neige qui tombe à gros flocons fait perdre à )'œil toute notion des distances; il semble qu'on s'avance vers un horizon blanc si lointain qu'il parait

infini.

Nous atteignons ainsi la vattée de )'oued Aixi. Les hautes parois rocheuses qui l'enserrent paraissent

plus élevées, plus abruptes et plus sauvages encore que de coutume, et parmi le chaos des roches, les genévriers, les pins et les chênes donnent l'illusion d'une procession de grands fantômes blancs. Parfois sur les flancs de la vallée, nous apercevons un troupeau de moutons. Ces pauvres animaux cherchent sous la neige ta maigre végétation du sol, tandis quetà-

haut, dans les ruines d'un vieux ksar, le berger se chauffe à la flamme d'un grand feu de bois. Nous voici arrivés à la trouée d'El Rhicha, la neige a cessé de tomber, et le temps plus clair jette sur les montagnes une clarté plus vive. Aucun arbre ne vient rompre !a monotonie des grandes croupes et des grands sommets blancs qui nous dominent maintenant de toutes parts. On se croirait transporté dans un monde inconnu et très lointain, dans un de ces paysages lunaires si tristes et si désoiés. Nous sommes à Dar-Bou-Ahmoud la vallée de l'oued Mzi, très encaissée jusqu'alors, s'élargit tout a coup, nous sortons des montagnes. Aux horizons bornés succèdent maintenant les vastes aperçus vers Tadjémout. Derrière nous, c'est le froid, la neige, c'est le genévrier, c'est le pin devant nous, c'est le ciel bleu, c'est le soleil, c'est la chaleur, c'est le palmier, c'est le désert. Toujours vers le Sud, les grandes plaines de sable succèdent aux grandes plaines de sable, et au milieu de leurs étendues étincelantes de soleil, le vieux ksar de Tadjemout, grandi par un effet de mirage, avec ses mille palmiers, ses grenadiers et ses figuiers, apparait comme une grosse tache verte. Il est midi, nous approchons de l'oasis; sur le bleu foncé du ciel les énormes palmiers découpent mille dentelures, et les autres arbres paraissent presque des nains auprès de ces géants du désert, Nous sutvons un étroit chemin entre deux murs de boue sèche. Au-dessus de nos têtes, les rouges grenades jettent leur tache de sang dans le feuillage qui déborde de tous les jardins, monte comme un murmure de vie, quelque chose d'indéfinissable et de très doux. Voici Tadjemout, nous gravissons la petite hauteur sur laquelle s'élève le ksar; il s'étend devant nous avec ses ruelles tortueuses, ses maisons de boue et ses koubas de plàtre, il est tout inondé de soleil et semble un immense damier avec ses oppositions blanches et noires de lumière et d'ombre. Les rues sont désertes; seuls quelques chiens affrontent la grande chaleur; à notre passage ils ouvrent un o;H qu'ils referment aussitôt. Nous nous arrêtons juste le temps de changer de cheval, nous voulons atteindre Laghouat avant la nuit, et il ne faut pas perdre de temps. Nos nouvelles montures sont de vigoureuses bêtes pour faire passer leur premier feu, nous les mettons au galop, et Tadjemout disparaît bientôt s'effaçant dans un nuage de poussière. La vallée de i'oued A!zi, si pittoresque dans son cours supérieur, est maintenant très monotone; pas un arbre, pas une pousse ne vient rompre la tristesse des grandes dunes de sable qui s'étendent de tous côtés. A notre gauche, le Lazereg' et le Alitok nous dominent de leur masse énorme à notre droite, c'est le Djebei-et-Aiouta, et devant nous, bien loin, bien loin, la chaîne des deux Khreneg qui surplombe Laghouat apparaît très bleue et très vague. Nous marchons. Le ciel, si pur il y a quelques instants, semble s'assombrir du côté du Sud, c'est le sirocco. Le nuage de poussière soulevé, d'abord très petit et très lointain, augmente et approche. L'atmosphère qui nous entoure est encore très calme, mais


déjà le Djebel-el-Aiouta a disparu dans le tourbillon gris. Rien ne l'arrête plus, il s'avance avec une grande vitesse, le voilà Une pluie de gravier aveuglante et assourdissante s'abat sur nous soulevant nos vêtements,affolant nos chevaux. Pendant quelques instants le vent fait rage, puis le grand calme se rétablit, et les torrents de sable continuent leur course échevelée; ils vont se briser sur les assises du JMitok et du Lazereg et s'engouffrent mugissant dans )e profond couloir qui sépare ces deux montagnes. Tout cela a la rapidité d'une vision. H est six heures. Derrière nous le soleil vient de disparaître laissant dans le ciel une grande traînée rougeâtre qui illumine encore la nature d'un dernier rayon plus pâle bientôt ce rayon lui-même s'atténue, meurt, et le ciel s'assombrit dans la brusque transition de la nuit au jour. Nous sommes en pleines dunes les longues collines de sable se succèdent et s'entrechoquent comme les vagues d'une mer moutonneuse; c'est miracle de pouvoir retrouver son chemin au milieu d'un pareil labyrinthe nous arrivons cependant au col des sabtes. H fait nuit, une belle nuit saharienne bien claire et toute parée d'étoiles. Devant nous l'oasis de Laghouat forme une large tache sombre et la nuit est si lumineuse que les grands palmiers, les terrasses des maisons, les minarets des mosquées se profilent comme autant d'ombres chinoises énormes et fantastiques. Nous passons non loin de l'ancien camp; nous traversons le rideau de peupliers et de térébinthes qui protège l'oasis contre les sables, et nous voilà en pleine avenue Cassaigne. Les arbres colosses qui' bordent le chemin rejoignent au-dessus de nos têtes leur feuittage touffu. A la terrasse des cafés maures, les Arabes jouent et boivent gravement, tandis que çà et là, un peu partout, dans la douce tiédeur du soir, le son des noubas s'éteve plaintif et monotone à travers les grands arbres. Et rien n'est saisissant comme cette rentrée en pleine lumière, en pleine vie. G. G.

Par malheur 'et c'est hétas une constatation qu'il faut faire trop souvent) le chiffre des importations françaises demeure à peu près stationnaire. Ces importations,en effet, qui étaient au-dessous

de 20 millions de roubles en l'année ;Rço, ne se sont élevées en i8()~ qu'à la somme de 28.t63.6oo roubles. Elles portent presque exclusivement sur les produits alimentaires, les liquides et les tissus et encore con. vient-il de noter que des maisons allemandes font, pour ces deux dernières catégories de marchandises, une sérieuse concurrence à la France, et que l'Angleterre et l'Allemagne importent en Russie beaucoup plus de tissus que notre pays. De cette infériorité vis-à-vis des autres pays, nos concurrents et nos rivaux, il faut évidemment accuser le manque d'initiative du négociant français, son attachement aux usag'cs commerciaux de son propre pays, son refus de s'adapter aux pratiques et aux manières de faire des contrées où il désire opérer. Ce sont là, on est forcé d'en convenir, les principaux obstacles aux progrès de notre commerce, en Russie comme ailleurs. Avec moins d'apathie, plus d'initiative, plus de souplesse aussi, )e commerce français avec la

Russie pourrait conquérir assez rapidement )a place qu'il devrait y avoir depuis longtemps, et que les nations rivales occupent actuellement il lui suffirait pour cela d'imiter le commerce allemand, d'envoyer ses représentants jusque dans les villes de second ordre, dont un certain nombre sont encore des centres commerciaux assez importants, et de se plier aux exigences du pays, tant pour l'époque où doit être présentée la collection que pour les conditions du payement et l'appropriation des articles aux goûts et aux besoins du consommateur.

Le Jour où les industriels français voudront bien aller en Russie et y établir des agences, ce jour!à les importations françaises augmenteront.

Paul

Jeanne.<L7f;HCt')!'<«g'a/rvui.in-iùdeiacoiiec-

tion des guides Jeanne,avec~ 4 cartes et

chetteetC"s<

Le Commerce entre la Russie et la France

Son état de stagnation

LES commerçants anglais

et allemands ne cessent L de développer leurs transactions avec la Russie, ainsi que cela ressort du tableau suivant, qui donne ]es totaux des importations anglaises et allemandes en Russie de tHço à i8ç~ AXXHES.

r.RAXDE-BRETAr.XK.

ALLEMAGNE.

1890.

H4.635.262roub)es

93.340.452 roubles

io3.26c.386

83.o6c.8f5

189; )8o2 )8ç3. )8o4.

toi.6.53. io).t84.o~

142.9~6.029

)0[.)~.87;;8.4)5.86) f32.758.948

/ETTE nouvelle édition de

~'pians.

Paris, Ha-

)'7~< et /'f))'<;<~j/, des guides

Joanne, a été entièrement refaite, d'après le système adopté depuis quelques années pour tous les volumes de la collection. De l'ancien guide, oeuvre de M. Germond de Laisgne, ~L Jeanne n'a conservé que quelques passages historiques ou anecdotiques. Le guide est divisé en quatre parties, formant autant de cahiers séparés et comprenant le Nord, le Centre le Sud de l'Espagne et le Portu~ai chaque partie de l'Espagne est à son tour divisée en sections. Les itinéraires sont tracés avec tesoinettaprecisionauxqueisiesguidesjoannenonsonthabitues. Ils sont précédés de conseils pratiques, qui paraitront particuiierementprécieuxpourunpaysou le voyageur ne trouve pas les mêmes facilités de vie et de transport que dans la plupart des autres pays d'Europe. L'ne//M<nit'f'.s'<)M;)Hji)'t't<e<HC, un ~)/rf;< /t;.s'<0)'Hf' sur les arts en Espagne, par M. Paul Lefort, contiennent tout ce qu'il est utile, de savoir ou de se rappeler. sans cependant alourdir le volume. Bref, ce nouveau guide, très pratique, très maniable, le seul de son espèce en français, est

indispensable a qui veut faire le voyage classique d'Espagne, et il peut suggérera à ceux qui sont las des chemins battus toutes sortes d'excursions dans des parties relativement peu fréquentées de la péninsule: tes Asturies, la Galice, certaines régions de la Catalogne, etc.


/}/7?A/07'7/Q~'B

{Wn'E~.SB~ 7~7' R~)'L7-; SLY.S5E. Ao«MHMC,mf)t/<9~S.

Un

Projet de Croisade arménienne en 1700

~n '<

n'est qu'à partir de ).~5 que l'Arménie a réussi à forcer l'attention de l'Europe, et cependant la question arménienne remonte beaucoup plus haut; on peut dire qu'elle a été posée du jour où ce pays embrassa le christianisme, c'est-à-dire, si l'on en croit la tradition, sous le règne du tétrarque Hérode, qui aurait cruellement persécuté le roi d'Arménie Abgar, devenu chrétien. Ce qui explique en partie l'indifférence de l'Europe, c'est que l'Église arménienne a très promptement rompu avec Rome, sur une simple question de dogme, il est vrai, mais qui suffit à opérer un schisme radical. Cependant Persans, Arabes et Turcs, qui conquirent successivement et se partagèrent le pays, jouaient avec les Arméniens comme le chat avec la souris ils décimaient froidement, méthodiquement, ces sujets rebelles, qui refusaient d'adorer le feu ou d'invoquer le nom d'Allah. C'est au milieu de ces effroyables massacres, qui remplirent tout le x-vn' siècle, qu'un aventurier, du nom d'Israël Ory, se donnant comme le mandataire de la nation arménienne, vint en Europe vers )6Ho et tâcha d'intéresser Louis XIV à la cause des persécutés. Rebuté par la froide indifférence du grand Roi, que ne pouvaient intéresser des schismatiques, Ory se tourna vers l'électeur palatin, Jean Guillaume. Le petit prince prit feu à la perspective de la couronne d'Arménie que lui offrait déjà le tentateur, et organisa sur-le-champ une vaste croisade européenne, à laquelle prendraient part le tsar Pierre le Grand et d'autres souverains. Ce beau rêve eut le dénouement qu'on pouvait prévoir les monarques chrétiens firent de belles promesses et ne les tinrent jamais seul, le tsar, sous le prétexte de délivrer les chrétiens persécutés, enleva à la Perse Bakou, Derbent et d'autres provinces, et les Arméniens, qui pourtant, lors des Croisades, avaient sauvé l'armée chrétienne mourant de faim au siège d'Antioche, furent abandonnés à leurs bourreaux.

r/M-V/)Z.LWGE;VDER GESB~SC/MFr FUR E~DA~VM?. .BfWi; afr/< 7SçS.

L'Explorateur Wallace au lac Rikoua

n'était pas fixé jusqu'ici sur l'étendue du lac Rikoua. NL'explorateur O Wallace vient enfin d'en déterminer la

cartographie exacte. Voici une lettre qu'il a écrite de la station d'Ujiji, où il est arrivé au retour de son voyage

Je suis de retour du lac Rikoua depuis le 14 septembre ()~).j. Je ne tardai pas à m'apercevoir, en explorant ce lac, qu'il n'était pas aussi étendu que les cartes nous le donnent. J'ai des-

cendu le fleuve Sassi jusqu'à son embouchure dans le lac, dont j'ai suivi la côte jusqu'à l'extrémité Sud pour le longer ensuite sur la rive opposée jusqu'à son extrémité Nord. Je retrouvai enfin le Sassi, après avoir achevé ainsi de faire le tour du lac, dont la longueur est de 25 milles géographiques, et la largeur de <2 mines. H remplit l'angle Sud-Est d'une vaste plaine, large de 2oà 3o milles, Les fleuves Sassi et Songwe, d'un volume d'eau sensiblement pareil, se jettent dans le lac non loin de l'extrémité Sud. Au Nord du lac, je n'ai remarqué que des lits desséchés de rivières insignifiantes. Je n'ai pas trouvé trace des fleuves Kafna et Lunya, qui devaient, eux aussi, être taris à cette saison-tà. Les deux rives du lac sont assez peuplées, malgré la

petite quantité de sources et la mauvaise qualité de l'eau. Les indigènes paraissent d'un naturel doux et d'un tempérament gai. Le gibier est partout abondant, mais sans grande variété en dehors des zèbres, de petites antilopes, des lions, il n'y a rien ni éléphants, ni rhinocéros.

En été, le lac, d'après M. Wallace doit avoir une plus grande étendue, et atteindre Ho milles' de long et ;5 ou 16 milles de large, avec une profondeur de 3 à 5 pieds en moyenne. Cette extrême variation de niveau doit changer du tout au tout la physionomie du lac et, sans doute. l'extension trop grande que les cartes ont donnée a cette

nappe d'eau.

,W7'7WE/Z.~VG~V DES D~rTSC//EN ~'A'D

Œ~7~R~/C/SC~A'PE.Yr7:YS Les Accidents arrivés dans les Alpes en !897 Article de

~7. CuSTAVE BECKER.–VMMHC, .?f

C/M/'

N/

~M~/rO-CHMH~

f'OW/)tM)!/C~f));.< dit dressent, dans trois numéros successifs, du 31 mars au

T ES

L

M)t!t'

funèbre liste des victimes des Alpes en <8()7. On croirait lire une série d'inscriptions funéraires. Tous ces accidents, il est vrai, n'ont pas abouti a une catastrophe, et rien n'est plus émouvant que le récit du sauvetage de tel ascensionniste cramponné sur une imperceptible saillie de rocher, au bord du précipice, où le moindre mouvement menaçait d~ le précipiter. Ces accidents, d'après les Co;n«;/cj/o)! auraient en majeure partie été évités si l'on avait pris les mesures que conseillait la prudence la plus élémentaire. Il faut laisser, du reste, aux ascensionnistes de profession le péril et l'honneur des ascensions difficiles. <~ mai, la

TIIE H'/DE tVOR~O AMG/IZ/A~E

Le plus

étrange Monarque du Monde

Par AXDKEW KE)GHLEY. ~OM~'M. Mtf!) 7SçS.

/EST un étrange Nahoza

roi que Mouanga Basemula Basetala Kitata, souverain de l'Ouganda. Il succéda à son père Mtesa en )R84. Ses débuts semblèrent pleins de promesses. Les missionnaires croyaient avoir acquis assez d'influence sur lui pour gagner enfin a l'Evangile tous ses sujets, ou, du moins, pour faire cesser dans l'Ouganda les sanguinaires pratiques dont Mtesa était coutumier. Mais, dès qu'il se vit sur le trône, le roi se retourna contre ses anciens amis, les menaça, persécuta les nègres convertis au christianisme, dont il fit mourir dans les tourments un certain nombre, entre autres des jeunes gens. Comme il inquiétait a la fois les mahométans et les chrétiens, il y eut un soulèvement général parmi ses sujets, qui le forcèrent à prendre la fuite à Ankole. L'influence française était alors prépondérante dans ces régions. Le rusé monarque sembla touché par la grâce, et se fit baptiser catholique sous le nom de Léon. Plus tard, les Anglais l'ayant emporté sur les Français, Mouanga se hâta de se faire protestant, puis revint au catholicisme il un retour offensif des Français, pour se déclarer une

seconde fois protestant convaincu lorsque l'Ouganda passa définitivement dans la sphère d'influence britannique. Mouanga est prodigieusement fier depuis qu'il sait écrire son nom en caractères énormes dont rougirait un élève d'école enfantine. Ce roi Protée réside dans son palais de Mengo, dont les pièces sont jonchées de foin malpropre et qui ressemble à du fumier. Il a un Parlement, des ministres, une garde du corps. Son premier ministre est parfois battu comme plâtre, quand il ne veut pas s'associer aux mauvaises actions de son maitre. Il tient bon, néanmoins, et doit être soutenu par les Anglais, auxquels il a rendu des services importants. Apollo Kagoua protège encore aujourCulemye Nume c'est son nom d'hui le major Macdonald contre ses Soudanais révoltés.


La France au Soudan

de 1863 à

1898~'

r

~M de la

Ho<:ce historique sur /'œ!n'e la F/-a7;ce M iS'o~aK. A~OM~o)'OH~ vu dans le premier article les comM!eHcemeH/ de la coH~Kc/e. Nous /-acoK~tM a~OK/-d'Kt les dernières c~m~Hes qui HOK~ ont défiH;<M'eM!en/ assuré le pays, et établi notre empire ~M Sénégal aM golfe de Guinée.

Voici

LnA série des

brillantes expéditions exécutées de 1881 à a 1886 nous avait fait perdre de vue le véritable but de notre pénétration vers le Soudan, qui consistait à assurer la construction de la voie ferrée du Sénégal au Niger, et à préparer des débouchés a nos cot-nmerçants sur la rive droite du Niger.

Le lieutenantcolonel Gallieni, nommé au comman-

dement supérieurdu

dou-Cheïkou, le sultan de Ségou, nous avait en apparence laissés tranquilles. II avait lui-même à se débarrasser de compétiteurs gênants, entre autres Montaga, qui se fit sauter dans Nioro plutôt que de se rendre, et de plus ii'redoutait l'influence croissante de Samory. Toutefois son attitude pouvait devenir hosti)e, aussi le lieutenantcolonel Gallieni futil heureux de lui faire

signer le traité de

Soudan français

Gouri (!2 mai 1887), par lequel il se plaçait sous notre pro-

(1886-1888), vint ha-

remettre les choses à leur place. Dans ses bilement

tectorat.

Le colonel obtint un succès analogue sur Samory, qui

deux années de com-

mandement, il donna des preuves de ces

sig-naàBissan-

rares facultés d'ad-

dougou, le zS mars

vaient, plus tard,

1887, un

ministrateur qui de-

P'ROGL'ES COUSUES DU NIGER.

trouver leur emploi sur un ptus vaste +t..Á:\+-~ théâtre.

1

partisans.

Le résuitctL ae cette campagne fut l'extension de la domination française jusqu'à la Gambie anglaise. La construction du poste de Siguiri fut commencée.Le Soudan français rejoigr lit ainsi nos rossessions de la Casamance et du S? jum, et les routes du FoutaDjallon s'ouvraient dc/ant nous. Pendant nos opérations contre Samory, Ahmai. Voir le

n° 22, p. ;6ç.

A TRAVERS

LE MONDE.

protectorat avec )e

P/tO<o~ra/tef<«f'a/'t7ai);cF)'fy.s'.?.

remit de l'ordre 1. dans la colonie, fit reprendre les travaux d'exécution de la voie ferrée, qui commença à rendre de bons services, et préconisa la construction de ces villages peuplés d'anciens captifs (baptisés du nom de viiïag'es de liberté) qui devaient nous permettre de coloniser des territoires jusqu'alors déserts et incultes. Sa politique servie par victorieuses fut nos armes des plus fécondes. Mahmadou-Lamine, battu à Diena, fut rejeté vers le SudOuest, où le capitaine Fortin )e défit encore à Toubakouta peu après, le faux prophète fut tué par nos 11

2.te LIV,

traité de

capitaine Péroz, en nous abandonnant les territoires de )a rive gauche du Niger. Le capitaine Septans concluait de son côté avec Tiéba, roi du Kénédougou, un traité qui liait la fortune de ce prince à la nôtre. Le lieutenant-colonel Gallieni ne s'illusionnait nullement sur l'importance de ces traités, sachant que les rois nègres ne les respecteraient qu'autant qu'ils auraient intérêt à ne pas les violer. Mais ces actes nous assuraient les droits du premier occupant à l'égard des nations étrangères, et à ce titre leur importance était incontestable.C'esten vertu de l'application de cettemême politique d'intérêts, que le commandant supérieur multiplia les missions d'exploration si utiles au point de vue géographique.Le lieutenant Quiquandon visitait le grand Bélédougou au nord de Ségou, que le commandant Vallière ne tardait pas à ranger sous notre domination. Le lieutenant Levasseur explorait la haute vallée du Sénégal et revenait par la Casamance. Le lieutenant Plat, remplaçant le capitaine Oberdof, mort à la peine, arrivait à Timbo et signait, le 3o mars 1888, un traité de protectorat avec les almamys.

?

24.

u juin

!8~8.


tard,

capitaine Audéoud traversait les régions méridionales du Fouta-Dja)ton, du Soudan français aux Rivières du Sud, démontrant ainsi que )a jonction de ces deux colonies était un fait accompli. Les tentatives de pénétration vers l'Est ne furent pas moins audacieuses que celles dirigées vers i'Ouest et vers le centre de la boucle du Niaer. Le lieutenant de vaisseau Caron et le lieutenant Lefort descendaient )e Niger en canonnière pour venir mouiller, le 16 août 188; devant Tombouctou, dans la. ville sainte où devaient flotter, quelques années plus tard, les couleurs françaises. Les travaux topographiques de nos officiers. permirent au capitaine Fortin de dresser, avec l'aide du lieutenant Famin, )a première carte du Soudan qui revéla l'étendue de nos conquêtes. Le lieutenant-colonel Gallieni, qui vint, après ses deux années de commandement, prendre en France eut un repos bien mérité Un peu plus

)e

pour successeur le chef d'escadron Archinard, de l'artillerie de marine. Ce remarquable officier supérieur a, plus que tout autre, )aissé

l'empreinte ineffaçable de

son passage à ia tête des affaires de notre colonie du

Soudan.

colonne expéditionnaire quitta Alédine le t5 février )8ço. Parmi les chefs qui commandaient les diverses unités, it y a lieu de retenir les noms des capitaines Bonnier, Briquelot, Underberg, Ilugueny, MahmadouRacine des lieutenants Valentin, Lucciardi, Morin, Levasseur, etc., qui sont au premier rang de ces Soudanais dont la France a le droit d'être fière. Le lieutenant-colonel Archinard arriva le 6 avril devant Ségou, qui fut enlevée sans coup férir. Ahmadou-Cheïkous'était retiré dans la citadelle de Ouosébougou avec son armée. Nous allâmes l'y chercher. Le 26 avril, la place tombait en notre pouvoir, après un combat de deux jours, dont l'action principale fut l'enlèvement du tata de Dioufontou, devant lequel nous eûmes une centaine d'hommes tués ou blessés. Le colonel Archinard, continuant les opérations, s'emparait de Koniakary et refoulait les Toucouleurs au nord du Kaarta, dans la citadelle de Nioro. Cette belle campagne avait considérablement étendu notre domaine vers ]e Nord-Est, où nous atteignions les limites du désert. Pendant l'hivernage, l'ennemi essaya de reprendre l'offensive et vint attaquer la citadelle de Koniakary, intrépidement défendue par le lieutenant Valentin, qui infligea aux Toucouleurs un sanglant échec.

Le nouveau commandant supérieur, un des meilleurs collaborateurs du lieur\ CO'K DU POSTE DU SAHEL CONSTRUIT.PAR LES T!RAÏLL!L'RS. Dès son retour au tenant-colonel Borg-nis-DesP/tO/O~r~N'~t~ //eH/C~a7t/ CûH~O~. Soudan, le lieutenant-colonel bordes, revenait au Soudan Archinard, résolu à en finir pour la cinquième fois, c'est-à-dire qu'il était admiraNioro et, s'of_o_t avec Ahmadou-Cheïkou, se portait sur 1\.T~ blement préparé à la mission qui lui était confiée. frant des étrennes vraiment royales, il s'emparait de Tenant compte de ces questions de races dont nous cette citadelle le i" janvier i8go. Ahmadou s'enfuit, poursuivi sans relâche par la colonne volante du lieuavons parlé au début de cette étude, il accentua nettement notre politique dans )e sens d'un réveil des natenant Marchand, auquel il n'échappa qu'en s'enfonçant tionalités, et les Bambaras, déjà soutenus par ses prédans le désert. décesseurs, trouvèrent en lui leur défenseur. En trois campagnes (1888-1891; )e lieutenantAyant constaté la duplicité d'Atmadou-Cheikou, colonel Archinard avait, ainsi qu'il se l'était promis, il décida de frapper un coup décisif et se porta sur brisé la puissance d'Ahmadou-Chokou et démembré la citadelle de Koundian, qui formait une sorte d'enson empire. Les Bambaras réintégrèrent les terriclave au milieu de nos nouvelles possessions. toires d'où les Toucouleurs les avaient chassés autrefois, et ils obéirent à leurs chefs de canton, qui releLa ville fut enlevée )e 16 février 1889, après un vaient eux-mêmes des officiers commandants de combat mémorable, dans lequel se distinguèrent tout particulièrement )e capitaine Quiquandon et le souscercle ou résidents. lieutenant Marchand, deux noms que l'on retrouve La rive gauche du Niger nous appartenait sans souvent dans nos annales soudanaises. conteste les travaux du chemin de fer, dont le génie Cet exemple ne fut pas suffisant. Le sultan de vint prendre la direction, avancèrent dès lors rapideSégou continuait à nous susciter des embarras de ment, et bientôt la locomotive atteignit Bafoulabé. De toutes sortes, empêchant les populations de se rallier son côté la flottille du Nig'er, placée successivement nettement à nous, arrêtant nos transactions commersous les ordres des lieutenants de vaisseau Davoust, ciales. Nous ne pouvions nous engager plus avant Jaime, Hourst, rendit de réels services en complétant dans la boucle du Niger, en laissant subsister sur nos l'hydrographie du grand fleuve des noirs et en particiderrières un Etat puissant dont le chef avait la possibipant aux opérations militaires. lité de nous couper nos communications lorsqu'il le voudrait. Le ministre de la marine et des colonies Nos conquêtes dans les régions septentrionales approuva donc le plan de campagne du lieutenantdu Soudan, motivées par des raisons politiques et colonel Archinard, qui demandait à marcher sur Ségou même commerciales, puisque les négociants de Saintbriser puissance la du fils d'E)-Hadj-Omar. La et à Louis avaient demandé au gouverneur qu'on en finit


(;l!ErSDE

LA Ht!(.. ION DE FAMANAÎÎ AVEC

PAo<Ot~'f!t<'du

avec Ahmadou, ne nous avaient pas fait nous désinté-~ rcsser des contrées de la boucle du Niger. En 1887, le lieutenant Hinger

était chargé, sous

les auspices du général Faidherbe, d'une mission en Afrique. Son mémorable voyage du Niger au golfe de Guinée dura trois années, au cours desquelles il sil)onna en tous sens les contrées de la boucle du Niger, nous en dévoilant l'importance. L'entrée du voyageur à Kong, le 10 février 1888, marque une date dans notre politique africaine, et la belle carte dressée par le capitaine Binger à son retour est incontestablement un des documents cartographiques les plus remarquables des temps contemporains.

Les relations si documentées du capitaine Hing'er sur la boucle du Niger ne. pouvaient que fortifier nos conquistadors soudanais dans l'idée du rôle qui nous était dévolu dans ces contrées. Il importait surtout d'y devancer nos éternels rivaux, les Anglais, et le lieutenant-colonel Archinard l'avait si bien compris, qu'au mois de mai i8c)oii avait envové comme résident à Sikasso, auprès de Tiéba, roi du Kénédougou, le capitaine Quiquandon, qui sut à ce point gagner l'affection de ce prince, que celui-ci devint son véritable ami. La même année le D'' Crozat pénétrait au Mossi, déjà visité par le lieutenant Bing'er, et pouvait se rendre compte que .l'on y nourrissait à notre égard des sentiments hostiles. Des rapports d'agents spéciaux rendaient compte, à la même époque, au commandant supérieur, des agissements de Samory, dont le pouvoir s'augmentait chaque jour et devenait menaçant. Ce fait était d'autant plus regrettable qu'en étendant ses domaines vers l'Ouest, Samory était devenu le voisin des Anglais de Sierra-Leone, qui voulaient se faire un allié de l'almamy pour reprendre les idées de Mungo-Park vers le Niger. Le lieutenant-colonel Archinard, comprenant le danger que couraient nos possessions par suite d'une immixtion possible des Anglais dans nos affaires soudanaises, fit opérer aussitôt un vaste changement à ses troupes, et se dirigea vers le Sud-Ouest, marchant audacieusement contre Samory. Un raid magn''ique le conduisit du Nord du

l.EUHSt'ITE ET LEUKS GRIOTS.

c~t/c Dc/j/'or~t'.

Soudan à l'extrême Sud de nos possessions africaines. avril )8ç< i) enlevait Kankan, la capitale du Ouassoulou. La poursuite poussée avec énergie par le capitaine Hugueny nous mena jusqu'à Bissandougou, d'ou Samory venait de s'enfuir. L'activité que nous déployions au Soudan porta ombrage à la diplomatie anglaise. Elle essaya de limiter nos convoitises par )a convention du 5 août 1890, qui fut loin de nous être favorable. Peu après le commandant Monteit allait marquer sur le terrain la nouvelle ligne de démarcation au cours de sa belle exploration de Saint-Louis a Tripoli par le Tchad. Dans le même ordre d'idées, les Anglais essayèrent d'obtenir pour la colonie de Sierra-Leone des limites très étendues, que nous ne pouvions admettre depuis notre établissement sur le Mito, t'afnuent du Niger. Les garnisons des postes créés dans cette région, que commandaient les capitaines Besançon et Rejou, avaient fort à faire pour repousser les attaques des bandes de Samory. Le lieutenant-colonel Humbert, qui remplaça, pour la campagne i8ç[-92, le lieutenant-colonel Archinard, que son mauvais état de santé retenait en France, porta aussitôt la guerre sur le Haut-Milo et il eut de ce chef une série d'engagementsavec les bandes de Samory, au cours desquels se signalèrent les capitaines Pineau, Réjou, Bonnier, Sansarric; les lieutenants Mazerand, Germain, Maritz, Audlauer, Baratier, Salvat, Atangin, Voulet. Il parvint enfin à rejeter notre adversaire au delà de la vallée du Mito. Cette campagne ne nous avait apporté qu'un faible accroissement territorial, mais elle nous avait donné une excellente base d'opérations pour une campagne future. Le colonel Archinard, revenu en 1892 comme gouverneur du Soudan, reprit les traditions de son habile politique dans la boucle du Niger. Il chargea le lieutenant-colonel Combes de continuer les opérations contre Samory, et d'en finir avec notre vieil adversaire. Le lieutenant-colonel Combes concentra ses troupes à Siguiri, le 21 décembre [892, et, le 24 il franchissait le Niger. Arrivé sur la ligne KerouaneSanankoro, il fractionna sa colonne pour pouvoir en-

Le


voyer des reconnaissances dans tous les sens et en finir avec les bandes des lieutenants de Samory, qui tenaient la campagne. C'est ainsi que le capitaine' Briquelot défit l'armée de Bitahi )e vieux sur le HautNiger, pendant que le capitaine Dargelos pacifiait )e Kouranko et le Kissi.

Quant au colonel Combes, s'étant débarrassé de tous ses impedimenta, il remontait la vallée du Mito pour déboucher bientôt dans celle du Cavally, rejetant bien loin vers le Sud Samory, notre insaisissable adversaire, que ses sofas commençaient à abandonner. La saison s'avançant, le colonel Combes du't revenir à Kerouane, ayant parcouru 900 kilomètres en trente-trois jours, traversé cent soixante-treize marigots, franchi treize grandes rivières et battu l'ennemi

combats. Les opérations dirigées par le lieutenant-colonel Combes avaient eu pour effet de couper complètement la en quatorze

colonie anglaise de Sierra-Leone de

la vallée du Haut-

Malheureusement on s'alarmait à tort de ces expéditions militaires sans cesse renouvelées, et l'on décida de substituer le gouvernement civil à l'autorité militaire, qui clôtura ses opérations par )a prise de Tombouctou. Le caractère de cette revue nous interdisant toute polémique, nous n'avons pas à rechercher les causes d'une inaction qui fut si fatale à )a campagne que dirigea le colonel MonteH contre Samory en prenant la Côte d'Ivoire pour base d'opérations. Profitant de notre immobilité, nos rivaux s'enhardirent, et Anglais et Allemands s'avancèrent vers le centre de )a boucle du Niger, sans dissimuler un seul instant leurs ambitions. Un changement radical fut alors apporté à notre orientation politique en Afrique, et, dès i8ç5,

nous reprîmes la marche en avant. Elle fut caractérisée par les opérations du commandant Réjou dans la région de Tombouctou, la mémorable descente du

Niger,ce qui permit à notre diplomatie

Niger par le lieutenant de vaisseau Ilourst, et la série des missions dirigées dans la boucle

d'obtenir plus tard, par la convention du 21 janvier t8ç5, la confirmation du

du Xig'cr sous

fait accompli. Nous avons rendu compte déjà

reuse initiative du

colonel de Trentinian, et dont )e 7"o ;< du MoH~c a rendu compteàdifférentes reprises.

des travaux de la

Commission de délimitation que présidait le capitaine

Passaga. Le colonel

l'heu-

LE LOCSTALOT LACLETTE

MACHINE QL'i PAIT LE SERVICE DE UAt'OL'LAUÈ

PAo/o~r~/xf

Archinard, de son côté, n'était pas resté inactif. Peu après son arrivée à Kayes, il était informe qu'Ahmadou, l'ancien sultan de Nioro, qui avait succédé à son frère Mounirou sur le trône du Alacina, fomentait une insurrection générale contre nous. Avec la rapidité de décision qui le caractérise, le colonel Archinard prenait hardiment l'on'cnsive. Quittant Ségou au commencement du mois d'avril, il arrivait le 7 à San, placé antérieurement sous notre protectorat par )e commandant Monteil. De là il se portait sur Djenné, dont la prise nous coûta la mort de deux braves officiers le capitaine Lespiau et le lieutenant Dugast, et une cinquantaine d'hommes hors de combat. La marche en avant se poursuivit avec le même succès, et le 29 avril le drapeau français flottait sur Bandiagara, d'où Ahmadou s'était précipitamment enfui. La campagne de t8c)2-ç3 avait donc eu pour résultat d'augmenter d'un tiers la superficie du Soudan, qui fut divisé en trois régions région Xord, chef-lieu Nioro; région Est, chef-lieu Bammako; région Sud, chef-lieu Siguiri. Nous n'avions qu'à persévérer 'dans la ligne de conduite que nous nous étions tracée, et la jonction du Soudan avec la Côte d'Ivoire et le Dahomey eût été un fait accompli.

fa/<a<'H<' Delaforge.

A

DtOL'BEUA.

Notre œuvre est à la veille d'être

terminée. Bientôt fe Sénégal, le Soudan, )a Guinée française, la Côte d'Ivoire, le Dahomey formeront un tout bien homog'ëne, et nous serons les maîtres incontestés de l'Afrique occidentale française. Certes, tous ceux qui ont attaché leur nom à la réalisation de ce plan grandiose de domination africaine n'ont pas obtenu )a récompense qu'ils étaient en

droit d'attendre. On les d'abord ignorés, on les a ensuite méconnus. il a fallu du temps pour que le bruit de Jours belles actions triomphât de l'inditTérence générale. On n'a pas été assez juste vis-à-vis de ces ouvriers de la première heure, et )a grandeur de leurs conceptions échappe encore à la grande masse de la nation, dont la bonne foi a été trompée.

L'histoire nous apprend que l'ostracisme a été

souvent la récompense des citoyens qui ont le plus honoré leur pays. KHe nous apprend aussi que l'heure de la justice sonne toujours, et, ce jour-là, la France entière acclamera la mémoire de ces héroïques Soudanais qui ont prouvé que les Français d'aujourd'hui étaient les dignes descendants de ceux d'autrefois. NED NOLL.


Chez les Paysans norvégiens Sous le litre Au cap Nord, Itinéraires en Norvège, Suède, Finlande, la librairie Hachette MC7!/ de mettre en t'eH~c MK fo/KMe de notre éminent collabora~Kr M. Charles Rabot. Ce livre est plus et MMM.Y ~«'!<7!ii récitde t'o~e, c'est !<n véritable «~;< a!<.Y /)~ Nord. Les /OMns~ ~K! c/Mt~:<e année, _ou t'is~eK~ en

<

_7~

Hom&rede/<~eK/)/!M

~'raHd les re~/07:s .se~~cH-

trioiiales

de l'Europe, trou-

)'e/'on~ ainsi dans la nouvelle a'Mfre de M. C/ Rabot <OH.s' /M)'eMM/~HewcH< qui ~OM/a/eK~ /eK;- e~-e utiles eH ~/a;!s ce /n')'e loin d'avoir la séc/ieyeMe d'KH simple tracé 0?; eH ~'K~'e/'a

l'école, s'efforcent d'augmenter leurs connaissances par des lectures sérieuses. Dans tous les ~M/ si pauvres soient-ils, on trouve des livres et, dans beaucoup de vallées perdues, des bibliothèques populaires dont tous les ouvrages sont lus et relus pendant la longue détention sous les neiges hivernales. Dans ces collections, peu ou point de romans, les fictions plaisent peu à ces natures sérieuses et pratiques, principalement des oeuvres de vulgarisation scientifique. Aussi bien partout les indigènes s'intéressent-ils à mes travaux. Ces simples sont du reste d'excellents observateurs de la nature, et beaucoup d'entre eux m'ont donné de précieux renseignements toujours très exacts. L'imagination et le désir de paraître ne troublent pas ces cerveaux. Point d'auberges; ici comme dans tout l'intérieur des terres, on doit demander Je vivre et le couvert à t'habitant. Notre conducteur nous arrête devant la plus belle maison du hameau; aussitôt Monsen et moi allons en

t~~e.

ambassade auprès

a!K6'a'c.

par l'extrait .<)'f!7!

T E 6 juillet, je débar-L~ quai à Mosjôen, petite

ville du Nordland méridional, au fond de Vefsenfjord, avec le projet d'explorer le Store Borg-efje]d, grand massif de plateaux situé dans t'Est, non loin de la frontière suédoise,

couvert,dit-on, d'immenses g laciers.

Pour atteindre le Store Borgefjeld, nous re-

SUR LES BORDS DU RANENrjORD(VALLA).

du

.~M~K<M.Toute la famille regarde notre arrivée par la fenêtre, mais personne ne se dérang'e. Nous frappons discrètement à la porte. A'OM !H~/ (Entrez !) Nous entrons le chapeau à la main et saluons d'un Go~ D~ indifférent toute la société qui nous regarde d'un air non moins indifférent, puis nous nous asseyons. Après une pause d'une minute commence le dialogue suivant: Z.c.i~Mn.~MK.–Que)les gens êtes-vous A/OM.s'eH (mon guide;.

GrafHrf~/rj~c~AnnuaireduCtubAtpinft-ançais. montons le Vefsendal, la plus longue vallée de la, Norvège septentrionale. En quittant Mosjôen, le cheMoi, je suis de Hodo, lui de Paris. min suit un vallon secondaire aboutissant au StorLe .~ut/M<i. Que venez-vous faire ici ? bjôrnvand. Après l'aridité de la côte, le donne paysage ~/0)i~ Nous parcourons les montag'nes couune sensation de merveilleuse fraîcheur. I~artout des bois, des pâturages, des eaux courantes cette impresvertes de vieille glace pour écrire une description du sion, du reste, nous )a retrouverons dans toute la Norpays, ramasser des pierres et récolter des insectes et vège septentrionale jusqu'à la frontière du Finmark, des petites bêtes. (Suit une 'explication de mes traautour de Svartis comme dans le Vefsenda), au pied vaux et quelquefois une théorie scientifique du cru de de Sulite)ma comme dans le Saitda). Monsen.) A Fokstad, relai établi sur le bord de Le (avec une légère expression de ce lac, le ~a/MaH (propriétaire d.'un satisfaction et de respect). Ah! c'est un savant. me fait une chaleureuse réception. La géographie et la géologie l'in-1/o/!6'cM. Il comprend bien le norvégien. téressent particu)ièrement; chaque hiver, il lit des Ae~M;-dw~Ah!Une pause, puis m'adresouvrages d'histoire naturelle, des récits de voyage et, sant la parole:) Paris est une grande ville, elle compte pendant plus d'une heure je dois, pour satisfaire sa plus d'habitants que toute la pauvre Norvège. Et la curiosité, lui faire un véritable cours sur les glaciers, République, qu'en pensez-vous? Ça doit être un bon sur les Alpes et sur la France. Les paysans norvégouvernement ? giens se distinguent par une instruction au-dessus de la moyenne, et, chose plus extraordinaire, qu'ils Mo?iMH, interrompant. –Moi je suis radical. Le ont ce appris ils l'ont digéré et se le sont assimilé. Tous ont gouvernement dépense tant d'argent en pure perte. le plus vif désir de s'instruire et, une fois sortis de Z.e~a'~Ma):C'estvrai. Le fils d'Ole Olsen (un

~j;)

~M~


parent; est matelot sur le No/-MeH (une vieille frég'ate norvégienne qui fait de temps en temps une croisière dans l'Océan). Dans sa dernière lettre, il écrivait qu'à l'entrée du navire dans un port d'Amérique, ils avaient tiré vingt et un coups de canon pour saluer la ville, et beaucoup de salves lorsque des officiers américains vinrent à bord. Un coup de canon, cela coûte cher 1 Le gouvernement « gâche » l'argent ~OMCH. du pauvre

peuple.

Que nous arrivions en plein jour ou au milieu de la nuit, trempés par la pluie, mourant de faim ou harassés de fatigue, toujours avant d'aborder la grande question du logement il faut subir une conversation de ce genre. Essayez de

l'interrompre ou d'abréger le palabre, vous troubleriez la placidité de ces bons Norvégiens, leurs

L'usage du café est répandu dans toutes les campagnes de la Scandinavie même dans la maison la plus pauvre et la

habitudes calmes et rénéchies. Après un discours d'un quart d'heure, Monsen formula enfin l'objet de notre visite. possia Vous est-il ble de nous loger ? demande-t-il au ~Mn~MH. Je le

plus solitaire, )e voyageur est assuré de pouvoir s'en

procurer; c'est même sou-

vent le seul aliment qu'il

puisse trouver. Les

paysans font bouillir eau et marc ensemble, additionné d'une petite quantité de sel pour donner de la saveur au breuvage et, avant de le servir, y jet-

crois, ce

n'est pas impossible », répond ce dernier. Cette expression vague équivaut à une affirmation. Les paysans norvégiens, comme nos Normands, leurs cousins, n'emploient jamais que des formules dubitatives.

L'hospitalité ainsi offerte est toujours très cordiale, mais partout très

ici grammes de farine sous cette forme. Le pain est remplacé par le jladbrod (pain plat), fait d'un mélange de farine d'orge et d'avoine, cuit sur une plaque de fer comme la galette de blé noir en Bretagne. Ainsi que son nom l'indique, le ~~ru~ est très plat; son épaisseur ne dépasse pas cette d'une feuit'e de gros papier. Les Norvégiens consomment, en outre, une grande quantité de pommes de terre, 200 kilogrammes viande en moyenne par habitant et par an. Partout la fraiche est un mets de luxe, qui ne figure que très rarement sur la table des paysans. Durant les six étés été offert seuleque j'ai passés en Laponie, il m'en a fois, ment quatre ou cinq Fm;c et quelle viande! Ce n'est guère qu'en hiver que l'on en mange, soit sèche, soit salée. A cette époque, le lard est un aliment assez important.

tent un morceau de peau de poisson pourl'éclaircir: un

/e/

usage jadis pratiqué en

Bretagne. CARTE RUUTtÈRE DU

simple. Chaque ~Mrd un peu important renferme une pièce que l'on pourrait qualifier d'apparat, si ce mot n'était trop pompeux pour une chambre garnie d'un mobilier plus que rustique. En temps ordinaire elle sert de magasin pour toutes les hardes de la famille empilées dans des coffres et, à l'occasion, devient le logement des hôtes. La propreté y est mile plancher, soigneusement lavé, tout nutieuse parsemé de brandilles de pins, répand une bonne odeur balsamique. Le lit cependant ne satisfera pas les gens délicats composé d'un grabat, garni de peaux de renne ou de mouton en g'uise de draps et de couvertures, mais pour voyager avec agrément il faut laisser chez soi l'homme habitué aux raffinements de la civilisation moderne et revenir à l'état de nature. Encore plus simple que legite, la nourriture! Du lait caillé, du beurre, du fromage et une bouillie de farine d'avoine (~ruJ), analogue aux ~rox~ bretons, dans laquelle on fait fondre du beurre et que l'on mange avec du lait. Chaque campagnard, homme, femme ou enfant, absorbe par an environ 80 )<i)o*

neuf heures du soir, nous sommes de retour au camKORDLANU MÈR1D10XAL. pement. Aussitôt après, la caravane se met en route pour regagner le Ranenfjord par la vallée du Graesvand. Nous escaladons des monticules luisants de polis glaciaires, contournons des blocs erratiques qui lèvent leurs faces lépreuses de lichens, pour arriver enfin dans la vallée. Ici commencent nos tribulations aquatiques. Point de pont sur le torrent, il faut passer à gué. L'eau n'est pas profonde, mais, issue de glaciers, elle a une température voisine de o°. Ce bain de pieds a le grave inconvénient de refroidir l'entrain de la caravane; pour se réchauffer, chacun presse le pas, à travers de longues traînées d'éboulis. Aux éboulis succèdent bientôt les pâturages; plus loin, à l'altitude de 635 mètres, apparaissent les premiers représentants de la végétation forestière des bouleaux noueux qui mesurent une circonférence de plus d'un mètre au pied de la tige. H est minuit, une lumière blême traîne dans le ciel, les contours des montagnes s'estompent dans une pénombre bleuâtre, les lignes sont floues, tout est vague, indécis, on y voit clair, très clair même, mais on a conscience de la nuit. Et nous marchons toujours. Bientôt le Store AtolA


vand, un joli lac encadré de verdure, nous barre la route. En face de nous, de l'autre côté de la nappe d'eau, i) y a un autour duquel sont amarrées plusieurs embarcations. Pour le moment, les gens dorment, et nous voici forcés d'attendre leur réveil pour passer le lac. A tout hasard, un porteur se met à pousser des hurlements frénétiques. Un quart d'heure après, une femme répond à notre appel, détache un canot et vient à notre rencontre. Souvent nous nous sommes trouvés la nuit dans la même position qu'aujourd'hui, et toujours les indigènes sont réveillés à se nos cris. Très certainement les Norvégiens ne doivent dormir que d'un œi). Arrivée au milieu du lac, la batelière arrête ses rames et, se faisant un porte-voix de mains, demande ses de décliner nos noms et nos nous qualités. Mes compagnons Nils et K)emne)t lui débitent immédiatement leur généa!ogie, et, une fois rassurée sur nos intentions pacifiques, elle vient charger nos personnes et nos bagages. La région que nous venons de parcourir est une des plus pittoresques de la Norvège septentrionale, et en même temps celle où les excursions présentent les moindres difficultés. Le massif des Oxtinder encore presque inexploré et la partie méridionale du Store Bôrgefjefd constituent, pour les alpinistes, un champ d'exercice de premier ordre, et à un simple promeneur le Soran et le Vefsen offrent par la beauté de leurs paysages un spectacle incomparable. Dans cette région montagneuse, les lagopèdes sont très abondants, et un chasseur y ferait un butin facile. Enfin, dans les vallées inférieures du Rosaa, du \'efsene)s de la et rivière du BjorMa), un pêcheur peut se livrer avec succès à sa distraction favorite. Cette région réunit tous les attraits. CHARLES RABOT.

Sur le Chari et le lac Tchad Au Baghirmi Succès de la Mission Gentil LEE

M. Gentil, malgré diverses difficu)tés qu'il ren-

contra sur sa route, transporta son bateau à Brazzaville, puis sur l'Oubanghi. H remonta la Kémo pour se rapprocher de l'itinéraire suivi par la mission Maistre entre le Congo et le Chari. Il fonda le poste de Krebedgé, sur la Tomi, affluent de )a Kémo par 5°,~6. Puis, avec M. ifuntxbut)er, il s'établit sur un sousaffluent du Chari par 6°,~6'. Ce poste, commencé le 21 septembre 1896, fut achevé le 12 octobre. Mais la rivière sur laquelle ce poste avait été établi n'était pas navigable; il fallut chercher une autre ligne de pénétration. Aussi n'est-ce qu'au mois d'avril ]8c~ que M. Gentil et ses compagnons furent à pied d'œuvre à un poste installé sur un affluent du Gribingui par 7" de latitude et i6°,40' de longitude est. Le montage du .LeoH-8/o~ eut lieu sans retard, les essais suivirent de près l'achèvement et le départ s'effectua en juin, au moment des hautes eaux. Surmontant des difficultés sans nombre avec un talent, un courage. et une force d'endurance qui le placent au rang des grands explorateurs, M. Gentil est revenu sans encombre à son point de départ au commencement de décembre 1897, ayant exploré le Chari jusqu'au lac Tchad et déterminé, sur sa route, L'embouchure de différentes rivières. Mais si grand que puissé être, au point de vue géographique,Hntêrèt de cette exploration, c'est surtout au point de vue politique qu'elle a de l'importance. M. Gentil est, en effet, aUé au Baghirmi et a pu conclure avec le sultan un traité de commerce et de protectorat. De plus, des envoyés baghirmiens sont revenus avec la mission pour visiter la France. Le chef de cette ambassade est Souleyman beau-père du sultan; il a avec lui un esclave de confiance et quatre personnes. M. Gentil revient avec un bagage diplomatique inattaquable, qui nous assurera définitivement la libre jonction entre nos possessions du nord de l'Afrique et du Congo et qui fermera et scellera le cercle immense de notre empire soudanais.

but général de la mission Gentil était d'affirmer

par des titres précis

nous entendions, avoir accès aux rives méridionales et orientales du lac Tchad, c'est-à-dire que nous voulions prolonger officiellement et légalement jusqu'à cette mer intérieure la zone d'influence française dépendant de notre possession du Congo. Or, d'une lettre qui vient d'arriver en France et qui est datée du .5 décembre 1897, il ressort que la mission vient de terminer son voyage et ses travaux avec un plein succès. La mission était composée, tout d'abord, de M. Gentil, ancien officier de marine, administrateur des colonies; Fredon, chef d'exploration .Huntxbutler un des compagnons de Mizon, et Vival, fils du député républicain du Lot. Elle emportait avec elle un petit démontable vapeur en sept tranches, le construit dans les ateliers de Saint-Denis. Elle quitta la France en avril 189.5 et arriva à Loango en juin. Là elle perdit le jeune Vival, enlevé par un accès de nèvre. que

Z~H-

Alfred Bertrand.

Afrique <;<

–t!<~)~dM<'ft-o~ Vo.r~~cd'M~ora/tOK en /'f!t' les c/;M<M Victoria,

A/j<aM;c/a;;d, Cap. Paris, Hachette et Cie. Un vo). in-8° Jésus, illustré de ;o5 gravures, et contenant deux cartes, relié Élégammentavec fers spéciaux. Prix 2o francs. Les lecteurs du 7'0!;)' L<« ~/OMde n'ont pas oublié les quatre i-' livraisons dans lesquelles nous avons donné des extraits du voyage de Al. Bertrand. Ils en trouveront le récit complet dans ce volume, imprimé avec soin, illustré de nombreuses gravures, dont quelques-unesn'ont pas paru dans le 7o;;rc;;< /Mo)t~, et parmi lesquelles on remarque les grands bois de Van Muyden, et relié avec une sobre élégance. Outre le récit, écrit avec la franche simplicité propre aux hommes d'action, d'une exploration parfois périlleuse au pays de ba-Rotsi, on trouve dans le livre de M. Bertrand, des renseignements fort importants sur la ville nouvelle de Boulouvayo, et sur le Transvaal, dans lequel l'auteur eut la chance d'assister au raid de Jameson. On y trouve aussi des détails pleins d'intérêt sur les missions évangéliques françaises du Haut Zambèze fondées par M. Coillard, le vaillant missionnaire, auquel M. Bertrand rend un hommage ému. A une époque où les questions relatives a l'Afrique Australe attirent l'attention du monde entier, le volume de AI. Bertrand ne peut manquer d'intéresser un grand nombre de lecteurs. r<'<o<i)-

7'r~t.ma/, Natal

t'< ;c'


POLE NORD

poursuivi sa route sur le Chari et sejourné deux mois dans le Baghirmi, il entraittei'uo\einbre avec son petit vapeur le /.<-f)H-n<o<dans les eaux du Tchad. Il ne chercha pasàexplorer le grand lac africain et revint endécembreàson point de départ, rapportant de nombreux docu-

BRousson (Henri), doit retourner cette année

aMadagascar.

gsilva 'Withe, qu. ctait part: du C-'irf )~ iS mars avec t'intention de pénétrer dans son voyage pour entreprendre le Djarahoub, oasis situé aux confins de naire au Groenland, pendant lequel il doit )'Kgvpte et de la Tripolitaine, n'a pu préparer sa grande expédition de 1000. atteindre la citadeUe des Senoussi, but Andrée. Aucune nouvelle des infortunés ments géographiques. de son expédition. II a du s'arrêter a explorateurs. Des ordres ont été donnés l'oasis de Siouah. Il rapporte des docupour que les Ggermain, capitaine, membre de la mission par le gouvernement russe ments archéo)ogiqucstrès intéressants. .Marchand, dont il commanda un détacheindigènes du littoral sibérien leur vinsment,aexplorétavatléedcBokou. gSchloifer, lieutenant aHemand, commanen plus sent en aide dans le cas, de plus improbable,ouilsarriveraientaprès leur Sibbons, major anglais, s'est embarqué en dant de ~'expéditionchargée d'amener, au l'Asie. Tanganvika, le steamer allemand /A'd)M'c hivernage sur la cote nord de Angleterre à bord du vapeur 7;u'o'a à est parti de Ber)in, pour voit polaire destination de Chindé.)! emporte deux Lerner et Rudiger. L'expédition Kap)es, le 25 mars dernier. Les pièces débateaux en aluminium destines à naviguer allemande dirigée par M. Lerner s'est montées du steamer ont déjà été embarsur le Zambéxe au delà des rapides jusqu'à embarquéele 26 mai àGeestemunde sur quées à bord d'un navire parti de Ham~ Victoria-Faits. Les bateaux seront utilisés le vapeur //e;~o/JH~. bourg en destination de Chindé. Ainsi ensuite comme campements. Il quittera le Goteborg, le qu'on sait, l'itinéraire que suivra l'expédi(D') a du quitter Nathorst prochain janvier compour Zambèze en 23maiàborddel'~M<a)'c~c;tlsedintion est celui du Zambéxe-Nvassa, d'où elle mencer sa traversée de l'Afrique jusqu'en gagner devait il d'ou geait sur l'Ecosse, Egypte. gagnera ieTanganiyka en suivantla route de Stephenson.. leSpitzberg. lettre du capiOn Marchand. 1 une reçu a arrivé avec sa Peary (Américain) a été mis en possession taine ~tarchand. datée du 2 janvier. La Vlassof, général russe, est février. U'<H~mission à Addis-Ababa le le «mai,àNew-Yorh,duvapeur se trouvait alors dans la vattée du ij'ar~.quiluiaétéotïertparM.Harms- mission étaient Bahr-el-Ghazal et tous ses membres worth, l'ancien commanditaire de l'expéASIE en bonne santé. On estime qu'elle dédition Jackson à la Terre François-Joseph. Mechra-er-Rek. passé récemment dans une lettre datée oe StrungAmelot, JE qui partent (Suédois), Nilson Stadling et mal été capitaine, ayant acMorisson, Treng. 9 mars, envoie un résumé du à la recherche d'Andrée, sont arrivés le Sikasso, roi de cueilli par Babemba, a pu rapport rédigé par les membres de ta descendront là, ils De àlrkoutsk. mai Une 27 comission hydrographique du Mékong, regagnerBammakosans encombre. la fouilleront l'Archipel de la Noulonne de quinze cents hommes a été formée MM. Ytier, Drobos et Morin. ]i ajoute velle-Sibérie, la Terre François-Joseph, lieutedu commandement le qu'un certain mouvement commercial et placée sous le Spitzberg, la côte sibérienne, la côte châtier aller Audéoud nant-colonel pour commence a se dessiner entre Luar.gNord et Est du Groenland. Sidevant Babemba. La colonne, arrivée Prabang, Bassac, Khong, Strung-Treng le kasso, a donnét'assauttet'mai, s'est -Welmann (Américain) était à Londres et Saigon. (Norvège), a tue le tata de Babemba Tromso et du emparée 31 mai, en route pour (de), explorateur français, repartira Baye 1 roi. ou il trouvera son vapeur Fn't)t;o/, sur prochainement pour la région du Caulequel il s'embarquera pour gagner au Orléans (prince Henri d') est parti le 3o mai case. milieu de juin la Terre François-Joseph, Djibouti à la tête de la caravane comde est revenu depuis quelque temps d'une sa première étape vers le Pôle. posée des Français qui l'accompagnentBelmission scientifique et commerciale acet des Sénégalais qui doivent servir d'escomplie par lui au Laos et en Annam POLE SUD corte à l'expédition des provinces équaAccompagné de sa femme, il a traversé à son renoncé qui prince, Le toriates. a organise à Borchgrevïnk (Norvégien) région jusqu'alors inconnue des Euune à Addisrend ~it, le expédition se sur Christiania l'expédition antarctique qui ropéens et où il a fait de précieuses dédirecte et route encore Ababa une par partira de Londres au commencement de couvertes pour notre industrie minière et ie désert. Ce voyage à inexplorée travers comprendra trente sur juillet. L'expédition notre colonisation il vient de faire point de vue idéographique, intéressant au intéresle mission une les résultats de sa hommes. Le bateau qui l'emmènera, présentera des difficultés assez sérieuses, conférence. SoH/ho'nC; fera escale en,TasmanieAnsante la caravane devant traverser les tribus puis après une croisière dans l'océan Danakils et Somatis actuellement en Bonin écrit de Hano! (2 mars) qu'il se distarctique,il il se dirigera vers la Terre Vicgagner guerre. Quant au comte de Léontieff, pose à quitter le Tonkin depour toria et cherchera a se rapprocher le plus traversée la rendre à départ de parti seul point était déjà Shanghai, il pour se possible du pôle magnétique austral. Il Harrar. trouvait alors Addis-Abahaet a la Chine qu'il doit accomplir. Son esde se emportera des traineaux, soixante-cinq corte se compose de quinze sotdats annachiens et peut-être des rennes. L'expédi- Plé, capitaine, est parti en mission de deumites. mitation dans le )taut-I)ahomey. tt emtion durera environ deux ans. mène avec lui le lieutenant de vaisseau OCÉANIE Brisson.te médecin de la marine Ruelle AFRIQUE et l'adjoint aux affaires mdigénes Ri- Hartzer (Le P.), missionnaire, adresse le parti qui pour est Bonnet de Mézières, chaud. Le but de cette mission (dont la compte rendu de deux explorations acfixer mois) de t5 est ravitailler la mission de Béhagle,a a emdurée sera de ou complies dans la NouveUe-Guinée par Louis MM. lui du possessions France qui de sépare mené avec la ligne nos deux missionnaires, les RR. PP. Jullien Martel et G. Bourgeau, qui ont passé Dahomey et du Soudan de la colonie atet de Rycke. L'une de ces explorations lemande de Togo. déjà des années dans le Haut-Congo, l'autre en 1807. Les aeu lieu en aoùt i8o6, Charles Pierre et R. Colrat, chargés des Poncins (Vicomte de) écrit, à la date du deux voyageursont recueilli des renseigneétudes topographiques et scientifiques. tofévrier.qu'itehtrevenuàAddis.Ababa, ments ethnographiques qui s'appliquent ils Les deux missions réunies se dirigeront ou itareçu le meilleur accueil de ~ténétik. à des populations à peine connues 50 versle Tchad. Sainte-Mane (a Il déptore tes incendies propagés dans les ont découvert le mont Yu)e),qui compte le reparti était pour (iattas, qui les (Paul), llarrar et du milles au K.-E. du mont Brière par montagnes Mozambique en novembre dernier, n'a pas 5oo mètres d'attitude. qui déboisent ces montagnes: tavattée Son commerciale. mission fertile si réussi dans sa de t'Aouache pourrait devenir de vient Thomas AMÈRtOUE Denis E l'on compagnon y pratiquait des travaux d'assainisannonçant proson France rentrer en sement. Tournoër (André) s'est embarqué à Bor: chain retour. capitaine d'infanterie de marine, Roulet, deaux, le .) juin, se rendant en Patagonie, rejoindre destinée Cazemajou, capitaine, poursuivant son exexpédition chef d'une a chargé par le gouvernementfrançais d'une quitté Say Soudan, le ravitailler, à à la a Marchand ploration travers et a la mission mission pa)éonto)ogtque qui durera en\')il était à Caridécembre avril. En Matadi 11 à octobre. colonne rassemblé en sa en ron deux ans. ordres le lieutenant indigène mana, sur le Niger, en mars à Argoungou, ses sous a français) se trouvait le le sous-tieutenantThorel et le Varielé (aéronaute et il s'est dirigé sur la région du Tchad, Berger, .0 mai, avec ses compagnons, à Vancouou il a du opérer sa jonction avec la missergent SaIpin.I~'avant-garde,sous les sion Gentil. ver, en route pour le K)ondyke. ordres du lieutenant Thorel a remonte le Congo jusqu'à Andello; le reste du détaGentil, dans une lettre, datée de Gribingui chement s'est embarqué à Brazzaville le 5 décembre, annonce qu'il a complètement 20 avril, à destination de Banghi. réussi dans son expédition.Après avoir

Tunn Abrnzzes (du; des) vient de quitter prélimi-

H~J"


Villages Lacustres et Aénens en NouveHe-Guinée de

.R<

Dieblin, est MM College of .S'c/eHce Le professeur Alfred C. //a~o)t. qui eK.se/<? la ~or)~e au « r!7~M /ac:M~M aen'CH~, dont rencontré exploraleur marque. Dans MH yor~C à la A~)'C~C-f;Hec, la description Me ;;)0f?!era; pas ~'ni/c/'c~er nos /cc/c!<

y~'ES'r un aphorisme dont on a un peu abusé que celui qui vante pour les sauvages les bienfaits de la civilisation européenne.

H

est prouve, par exemple,

que les indigènes

que possible de ces races primitives. Mais pour cela il fallait vivre de la vie des naturels, se mettre à leur

~l1n

niveau, gagner leur confiance. Renonçant donc à ,m."o assis sicg'es, vu qu'un homme des 1 Il l'usage

est toujours regardé avec crainte et défiance par les Néo-Guineens, il s'accroupit sur ses talons comme eux et au milieu d'eux, et, se servant de ce dialecte barbare, sorte d'anglais

de la NouvelleGuinée meurent de consomption depuis qu'ils sont entrés en contact avec les Européens. Et pourquoi ? Parce qu'ils se sont mis à por-

ter

des vêtements.

Ces

vêtements,

méiang'édepetit-

nègre

qu'on

.En~ le seul

anglais que les

sauvages puis-

faits pour leur cli-

sent comprendre, il obtint d'eux,la-

mat, ni surtout pour leur g'enre de vie et leurr constitution physique, les exposent aux coups du froid, et, par suite, à l'anémie,

borieusement, les

renseignements qu'il recherchait sur leurs mœurs

etcoutumes,leurs arts tout primi-

Lewx~.r~_i.s~.

T..w_ j

ils transmettent

tifs, leur manière

s-~n~w~

de faire la guerre, leur religion,etc., etc.

LA HUTTE DU CHEF D'UN VILLAGE LACUSTRE,

D'~rf~o~o~c.

le germe à leurs

descendants. Les Papous n'ont donc pas lieu de se féliciter des prétendus bienfaits de la civilisation. Ils auraient toutefois pardonné aux hommes blancs les maladies qu'ils leur ont apportées de la vieille Europe, mais il est un grief bien plus sérieux qui ne s'effacera jamais de leur cceur c'est l'outrecuidante prétention que l'on a de les contraindre à se laver les mains. L'eau est un breuvage et ne doit pas être détournée de sa destination naturelle pour être-employée à des soins de propreté.

Le professeur Haddon, dont nous tenons ces renseignements, s'était donné pour tache de réunir une foule d'observations anthropologiques sur les rivag'es du détroit de Torres et en Nouvelle-Guinée, afin de reconstituer une psychologie aussi complète A TRAVERS

et

appelle pidgin

qui ne sont pas

à la phtisie, dont

.c;

LE MONDE.

25° LIV.

Les Néo-Guinéens vivent en communautés diverses, agglomérations qui ont pour noyau une famille dont les descendants se sont multipliés, et qui restent ensemble pour se défendre plus efficacement contre des dangers ou des ennemis éventuels. Ce sont en générai de petites tribus, conscientes de leur faiblessé et, en conséquence, très ombrageuses et très dénantes celles qui deviennent un peu puissantes montrent vite un caractère arrogant et belliqueux. Leur indépendance serait absolue, leur liberté sans bornes sans )a crainte perpétuelle d'une attaque possible. L'absence de sécurité, due à la guerre continuelle que se font les tribus, est la caractéristique de ce pays,. dont la nature avait fait un véritable paradis terrestre N" 25.

[8

juin 1898.


et dont les hommes ont malheureusement fait un enfer. Sur les côtes, les Papous demeurent assez souvent dans des villages lacustres, dont la photographie ci-contre donne une idée exacte. Les maisons sont littéralement bâties sur pilotis, en plein Océan, à quelque distance de la terre ferme. C'est pour se protéger que les habitants s'isolent ainsi dans ia mer. Dernièrement encore, chaque Néo-Guinéen portait des armes. Les femmes ellesmêmes.quisortaient de chez elles pour se procurer de l'eau ou de la nourriture,

devaient être escortées d'hommes armés. La nuit, des sentinelles veillaient aux abords du village. C'était une continuelle veillée des armes, qui n'allait pas sans de fréquentes effusions de sang-. Chaque jour, et presque à chaque heure, il y avait des rencontres

meurtrières.

D'autres huttes sont construites, non sur pilotis, mais sur des arbres, comme des nids d'oiseau Les

photographies que nous reproduisons en représentent une et même plusieurs tout un village aérien Ces nids humains servent aussi de postes d'observation d'où l'on découvre un vaste horizon. Ils sont souvent pourvus d'une corde et d'un panier, grossier montecharge pour l'eau et les aliments. Dans ces huttes )anguissent maintenant les descendants dégénérés, au contact de la civilisation, de races autrefois saines et vigoureuses. Plusieurs de ces cabanes ont des platesformes munies de pierres et de flèches, en vue d'un siège à

essuyer.

Les naturels ne passent pas toute leur vie dans ces sortes de nids; ils s'y retirent seulement en cas des dangers dont les menacent les chasseurs de têtes des autres tribus voisines. Les grossières écheHes qui conduisent à ces huttes sont faites en bambou quand les naturels sont sur l'arbre, ils retirent l'échelle après

C'est ainsi que )amer tient lieu de fosses et de remparts à des sauvages qui ignorent l'art de retranchements plus savants. Du reste, ces constructions laeux. custres ne servent qu'à Assurément, de pacertaines tribus néo-guireilles retraites seraient peu néennes, surtout à celles de sûres dans les parties de la l'Ouest. Ce n'est pas une NouveHe-Guinée où les des moindres curiosités armes sont la flèche et le qu'offre la grande île, dont javelot a'ussi, dans ces la surface est de trois cent districts-là, les huttes mille milles carrés, et où aériennes ne servent que de l'on a découvert des montapostes d'observation comme très élevées gnes que jasur la rivière Bebea et sur mais homme n'a gravies, la Fiy. Dans d'autres disde nouvelles espèces d'oitricts, elles sont cond'insectes, de plantes, seaux, struites sur des hauteurs etc. La mer elle-même, dans escarpées, sur des rochers grouilces parages, est toute tailles à pic, et qu'on ne lante d'une faune mystéHUTTE UAKSL'KARBRE. peut escalader qu'à l'aide rieuse. Un des plus curieux V.)'~rM!tMf/iO<0~)-<)'f. des échelles que les possesspécimens de cette faune seurs des huttes retirent est un crabe qui habite, entre autres, le delta du Purari. ou placent à volonté, suivant le besoin. H creuse des excavations dans le sable, et pousse à L'usage des palissades est commun à presque la surface les matériaux qu'il a remués, de manière à tous les villages chaque enceinte fortifiée renferme en faire de petites taupinières de 60 à 70 centimètres en général deux ou trois cabanes. Ces palissades sont de haut et de 25 à 3o centimètres de diamètre, au assez épaisses et fortes pour défier les flèches des sommet desquelles on voit souvent la bête se chauffer ennemis. Dans certains villages, le système de défense au soleil. témoigne d'une grande ingéniosité. Ainsi, on choisit Dans les villages de l'intérieur des terres, les parfois un arbre en dehors de la palissade, mais tout huttes sont très souvent élevées sur pilotis à une hauprès de t'entrée. La plate-forme qui le surmonte est teur d'un mètre ou deux. On allume de grands feux placée assez haut pour être inaccessible aux flèches à côté de ces cabanes, pour cuire les mets et chasser lancées d'en bas. Les défenseurs peuvent monter et les moustiques. Ce n'est pas seulement pour des raidescendre l'échelle qui aboutit à l'arbre, mais dont de défense sons contre un ennemi, mais aussi pour l'extrémité inférieure plonge dan-s l'enceinte retranpréserver des fièvres pa)udéennes, qu'on laisse se chée. Quelquefois, les plates-formes sont étagées au ainsi un intervalle entre ie sol et les fondements des nombre de deux ou trois sur le même arbre. En temps huttes On est aussi à l'abri, de cette manière, des de guerre, et surtout dans les îles de la Louisiade, les serpents et des crocodiles, qui sont très nombreux à naturels plantent, en outre, des piquets acérés faits l'embouchure des rivières. avec des morceaux de bambou ou de palmier et dissi-


L'X VILLAGE DE

LANOL'VELLE-GUISÈE,

D'a~rc~ !<);c

mulés dans l'herbe ou sous )e sentier d'accès des villages cet accès alors est des plus dangereux, pendant la nuit et même en plein jour, quand on n'est pas sur ses gardes. Ces mêmes piquets hérissent quelquefois l'espace compris d'une hutte à l'autre. Les huttes varient d'aspect et de forme suivant les districts. Dans la partie ouest de l'ile Yule les indigènes fortement colorés de la côte et ceux de l'intérieur, au teint plus clair, ont l'habitude d'élever de grandes « maisons pour hommes et d'autres, semLes premières blables, « pour femmes et enfants ont parfois jusqu'à 3o mètres de large. Dans d'autres districts, comme dans l'estuaire de la Fly, les sexes n'habitent pas des cases séparées, mais des chambres séparées dans une même grande hutte. A Idagositia, uns hutte de i5 mètres de long et 9 de large abrite plusieurs familles qui ont chacune un compartiment ouvert, quelque chose comme un &~r dans une taverne anglaise. Sur la côte, la maison des hommes a souvent la forme d'un four à charbon, coal sct<«/e dont la huche, toujours ouverte, s'ouvrirait immédiatement sur la mer.

Dans beaucoup de ces huttes sont suspendues des grappes de crânes, rattachés les uns aux autres comme un lugubre trophée. Ces crânes portent souvent les marques des coups de hache qui ont perforé l'os et qui ont fait de mortelles blessures. Les indi-

~/i0<o~')'j~c.

gènes sont très fiers de pouvoir montrer ces reliques d'un aspect sinistre. Lorsqu'un jeune homme veut se marier dans la Nouvelle-Guinée et dans les îles du détroit de Torres, les parents de la jeune fille dont il demande la main ne s'informent pas du chiffre de ses revenus, mais du nombre de crânes qui sont suspendus dans sa hutte. Plus ce nombre est grand, plus le soupirant a donné de preuves de sa vaillance et de garanties qu'il saura défendre son épouse. Ces maris belliqueux sont adorés de leurs épouses. Témoin le trait suivant que cite M. C. Haddon on a vu des veuves de la grande île grimper au sommet d'un cocotier et se jeter ea bas la tête la première, parce qu'elles sont convaincues qu'elles ne retrouveront plus un mari aussi excellent que celui qu'elles viennent de perdre Dans l'estuaire de la Fly, le voyageur a rencontré d'énormes pyramides de crânes humains. Dans le district d'Aroma, les Européens ont fait disparaître des trophées semblables. Ces crânes sont même un article de commerce; ils trouvent acheteurs et vendeurs; le professeur Haddon en a troqué deux contre un tomahawk et un petit couteau. Depuis les frontièresdes possessionshollandaises jusqu'au district d'Angabunga, les armes nationales


mei)!ent,cn'indiquant les champs d'activité ou-

verts à l'initiative individuelledans tes différentes parties du monde.

Ledimanche5juin,

il a parlé Paris,dans le

grand amphithéâtre de )a Sorbonne, devant un auditoire compact qui ne lui a pas ménagé les ap-

ptaudissements.IIs'était

VILLAGE LACUSTRE,

D\7/'rt.f~/t0~0~'a/ sont la lance et la flèche la première est formée d'un simple bambou de 5 à 7 pieds de longueur; la seconde est épaisse d'un demi-pouce et n'est pas barbelée. Un os sert de pointe au projectile, qu'on trempe dans un poison avant de s'en servir. Dans le district de la Fiy, les naturels sont aussi armés d'un couteau en bambou, qu'ils suspendent à leur cou, et que le père transmet en héritage à son fils c'est le livre d'or de la famille, car les encoches pratiquées sur le manche indiquent le nombre d'ennemis tués a l'aide de ce couteau. Au fond du golfe principal de l'ile, ce couteau est remplacé par une arme encore plus redoutable, une sorte de lacet ou de nœud coulant que les Anglais appellent m.!H-ca~c/ic/ et qui sert effectivement à la chasse à l'homme. C'est une longue tige flexible terminée par une large et longue branche, qu'on passe autour du cou de sa victime en la lui jetant brusquement sur la tête. Une pointe acérée dans l'intérieur de la boucle vient se planter dans la nuque du malheureux il suffit d'un mouvement de bras un peu habile et brusque pour t'étrangler et le transpercer tout à la fois. Le professeur Haddon va retourner prochainement en Nouvelle-Guinée. Il emportera un cinématographe et d'autres curiosités scientifiques pour étonner les indigènes, sans parler d'un phonographe qui enregistrera les chants, les intonations, les cris de guerre des Néo-Guinéens.

La France de demain Conférences de MM. J. Lemaître et Bonvalot l'apôtre résolu de l'expansion de la France au dehors, poursuit, avec l'ardeur et la

TUT BoxvALOT,

IVi ténacité qu'il met en toutes choses, sa campagne de propagande. I) va de ville en ville pour conférencer et dire à nos compatriotes que leur inertie ou leur reploiement sur eux-mêmes est un symptôme de décadence avéré; il va réveiHer les bonnes volontés qui som-

fait accompag'ner de M. Jules Lemaitre, récemment converti par lui sa cause, lequel a prononcé un intéressant discours sur la a réforme nécessaire de l'éducation française. Ce n'a pas été l'un des moindres attraits de cette séance que d'entendre un académicien, et, qui plus est, un ancien professeur de rhétorique, faire en pleine Sorbonne le procès de l'éducation basée sur la connaissance du grec et du latin. Pour M. Jules Lemaitre, nous avons trop vécu dans le passé, et c'est cela qui tarit chez nous l'esprit d'initiative. Nous devons vivre dans le présent pour retrouver l'énergie et la vigueur. Après M. J. Lemaitre, M. Bonvalot a exposé son programme de La ~?:cc <~c demain, titre du nouveau journal du Comité Dup)eix fondé par lui. Avec la bravoure, la franchise brutale d'un homme qui agit comme il parle, qui parle comme il agit, M. Bonvalot a étalé au grand jour nos misères administratives, les déboires coloniaux que nous devons à un lamentable régime de fonctionnarisme à outrance, les infériorités de notre commerce étranglé par des taxes ridicules dues à la routine des uns, à l'indifférence coupable des autres. M. Bonvalot a peut-être effarouché bien des gens, car le conférencier est de ceux qui estiment que dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, au risque de blesser quelques susceptibilités, est du devoir d'un bon patriote. Après avoir fait une édifiantecomparaison entre notre organisation coloniale et l'organisation coloniale des Anglais, M. Bonvalot explique que toute la supériorité des Anglais sur nous réside dans leur système d'éducation, qui fait de leurs jeunes gens des hommes d'action, et dans une armée coloniale parfaitement et puissamment organisée. Messieurs les jeunes, a-t-il dit en terminant, il faut que le bilan du xx" siècle soit plus brillant. Et si vos aînés sont indifférents, ne les suivez pas. Soyez insoumis à vos parents lorsqu'ils vous dissuaderont de l'action et de l'initiative. Car les écouter serait pratiquer une sélection à rebours, grâce à une éducation qui vous rendrait impropres à la lutte et incapables de continuer notre histoire avec gloire et avec profit. » Nous avons trop souvent, dans ce journal, rappelé la nécessité de l'initiative individuelle, en matière d'expansion coloniale ou autre, pour ne pas applaudir à la patriotique croisade de M. Bonvalot. Espérons, pour l'avenir de notre pays, que sa voix sera entendue!


Non seulement les opérations de déblais ont révélé l'existence de monuments nouveaux, mais encore on a pu remonter les deux colonnes colossales du temple de Jupiter.

Les Fouilles de

On a déblayé notamment le Cardo MM.T/mt~ Nord, qui était la principale voie montante de la ville. Sur la voie triomphale Dec:<MMK.! Mta-YiMK~, on a refait des colonnes avec les fragments qui gisaient à terre, et l'aspect de cette belle voie est devenu des plus pittoresques, grâce au redressement du portique septentrional. Des colonnes, avec leurs bases et leurs

Timgad

LES ruines du Timg'ad se trouvent

à 25 kilomètres à

vol d'oiseau au Sud-Est de Batna. Elles ont déjà été l'objet de travaux nombreux, et les fouilles qui y ont été exécutées récemment, sous la direction de M. A. Uallu, les mettent au premier rang- parmi les

chapiteaux corinthiens, ont été également rétablies autour du Forum. « L'établissement si intéressant des latrines publiques devait, une fois encore, dit M. Ballu, nous réserver une surprise; nous avons, en effet, trouvé

ruines romaines d'Algérie. Timgad est l'antique Colonia M!c:aHS 7Y~aM r/MMM~ qui fut formée, après les victoires de Trajan sur les Parthes, des vétérans de

la

près de cet édifice

une série de banquettes en' pierres ajourées qu'a. une

Trentième Lé-

gion, dite M~/a; Victrix. Elle occupait une situation impor-

tante,

basse époque on

avait* utilisées comme dallage

à l'intersec-

semble qu'elle ait

d'une des voies secondaires. Ces banquettes, épaisses de

dépassé Lambèse.

o'" 18,

tion de dix voies

romaines, et il

portent des trous (larges de

« Si cette dernière

ville, dit Playfair, était la capitale de la 'Xumidie, Thamug-as était proba-

o'"o5, longs deo"'2ô)

espacés deo"65, qui est exactement la distance séparant

les petits canaux destinés à faciliter l'écoulement des li-

blement le centre du commerce et de

l'agriculture danss

cette région du 'l'ell. Thamugas

ENSEMBLE DES RUINES. P/~O/O~f

<<

prospéra surtout de Trajan à Constantin

mais l'hérésie des donatistes, qui y eut un de ses foyers principaux, marque le commencement de sa décadence. Son territoire fut ravag'é en 4o8; il fut de nouveau saccagé par les Vandales en ~2ç, et la ville elle-même fut dévastée en 553, après la victoire de Bélisaire sur les Vandales. Salomon, lieutenant de Bélisaire, la trouvant détruite et déserte, y construisit une citadelle où il laissa des troupes. Après avoir joué un certain rôle dans le royaume indépendant de Hyzacène et de Numidie, fondé par le patrice Grégoire, neveu d'Héraclius, elle fut incendiée en 692 par ses habitants berbères eux-mêmes, qui fuyaient devant les Arabes, et elle ne s'est pas relevée

depuis lors.

Dans les fouilles entreprises depuis quelques années, les architectes déblaient les ruines. Ils en ont rc)evé quelques-unes, et ils ont fait peu à peu de Timgad une sorte de Pompéi de l'Afrique romaine. Parmi les monuments les plus remarquables de la ville, on mentionne l'Arc de triomphe, le Capitole, la Basilique de Grégoire, ie fort byzantin, étevé par le général Salomon, les Thermes, le Théâtre, le Forum. D'après le rapport que vient de publier AL A. Ballu, la campagne de 1897 est l'une des plus fructueuses qui aientété faites depuis le début des fouilles.

«*f<C

7)~1.BJ//H.

quides. Elles servaient aussi de

marches aux sièges des latrines et supportaient les dalles verticales ornées de dauphins séparant les sièges, ainsi qu'en témoignent les trous de scellement pratiqués sur la face

supérieure des banquettes.

!'Grâce à cette trouvaille, que complète )a découverte, au fort byzantin d'un siège entier en pierre avec son évidement circulaire, nous avons les renseignements les plus complets sur l'aménagement de rétablissementde propreté publique attenant au F'orum de Thamugadi. » Plusieurs maisons particulières ont été également déblayées et mises en état. Mais, comme nous le disions, l'opération dont l'importance a dépassé celle de tous les autres travaux a été le rétablissement des colonnes du Capitole. Ces colonnes, que l'explorateur Bruce vit en place au nombre de cinq et dessina le i3 décembre 1765, avaient été, depuis cette époque, renversées par des tremblements de terre. Deux d'entre elles seulement furent retrouvées entières lorsque l'on entreprit, en 1892, les fouilles du temple, qui ne put être entièrement déblayé que deux ans après. En i8ç.5 et en 1896, il fallut restaurer les assises écroulées du soubassement pour rendre possible la remise en place de deux colonnes.


Au commencement de 1897, dit le rapport, tout était prêt et rien ne s'opposait plus à ce qu'il fût procédé à )a restitution des antiques piliers. Dès le prin'<

temps, étant approvisionnés des bois nécessaires,nous dressâmes une sapine haute de 23 mètres, et disposée sur un plan rectangulaire avec six montants. Le rapport explique ensuite comment il faut procéder à l'opération » Un treuil Bernier, établi sur la plate-forme supérieure de la sapine, pouvait se mouvoir sur des rails de façon à amener les pierres à leur place exacte après les avoir élevées à la hauteur nécessaire. Tout d'abord, les morceaux étaient montés, au moyen d'un plan incliné, au pied de l'échafaudage installé en bas du mur devant supporter les colonnes. Une fois amenée à pied d'ccuvre, la pierre était brayée et louvetée en double, puis levée 'à l'aide du treuil que quatre hommes, commandés par l'inspecteur des travaux, manœuvraient du haut de la sapine et que déplaçaient deux autres ouvriers. Des tenons en pierre dure noyés dans un bain de mortier de chaux hydraulique et de ciment solidarisaient les tam-

bours, dont quelques-uns atteignaient le poids de 6,<xx) kilogrammes. »

Lorsque les

onze

morceaux dont se composait

Des Trarrways électriques à Pékin et à Séoul LnChine et la Corée s'ouvrent

On peut même dire

qu'elles sont ouvertes. Le chemin de fer concédé de Tien-Tsin à Pékin arrive déjà à quarante milles (74 )dt.20o), une lieue des portes de cette cité, il y a quinze ans encore presque fabuleuse. Il est certain que les locomotives vomiront leurs noires fumées et déchireront l'air de leurs sifflets en vue de ses murailles avant que le xix" siècle soit fini. Et les Chinois ont si bien abandonné la superstition qui, naguère, les persuadait que le monstre au galop de fer « couperait les pattes du grand dragon père de la récolte, qu'il a fallu fournir aux habitants de la capitale le moyen le plus perfectionné de communication avec lui. En vrais Orientaux, ils sont allés tout droit des véhicules les plus primitifs aux LEIORKM. plus surprenantes nouveau-

la première colonne furent en place, au lieu de démon~/<o<o~)'j/te de ~)/. ~t. 7jj//H. ter l'échafaudage et de le tés. Des pousse-pousse, des remonter au droit du second chariots rituels, sans essieu, pilier, à 4m,i5 plus loin, nous tentâmes de le riper, à roues massives, pareils au « ~~H/ct petorrita » c'est-à-dire de le déplacer tout d'une pièce. A cet effet, d'Horace, et des brouettes, roulées au trot d'un coolie nous soulevâmes la sapine de o'o8 à l'aide de crics; et, sur la hanche d'un disque épais et plein, accoté de

après avoir introduit un cours de fers plats de o'02 d'épaisseur et des rouleaux de o'o5 de diamètre, nous pûmes la transporter à l'endroit voulu à l'aide de crics .installés horizontalement et en ayant soin de régler à chaque mouvement les longueurs des six haubans qui étaient amarrés à la hauteur du dernier étage de l'échafaudage. I) est entendu que le treuil n'avait pas été descendu au cours de cette manœuvre. » Après avoir procédé pour la deuxième colonne comme pour la première, je fis enlever la sapine, et l'on put contempler, se silhouettant avec élégance sur le ciel, les deux grandes colonnes rétablies du temple de Jupiter Capitolin. » D'autres travaux sont en perspective, d'abord la restauration de l'Arc de triomphe, bel édifice d'ordre corinthien, dont la stabilité est menacée, puis le dégagement d'un vaste monument de 5,ooo mètres de face,

dont les fouilles ont révélé l'existence au Nord-Ouest de la porte de Constantine. Enfin le rapport fait prévoir la réinstallation du musée, devenu indispensable, à cause des richesses nombreuses que lui apportent les fouilles de chaque jour. Le musée sera, dit en terminant M. Battu, « le plus beau, le plus complet et le plus particulier de l'Afrique romaine ».

deux petites banquettes, ils ont passé directement aux « cars » à « trolley », qui filent comme des hirondelles dans les rues des villes des États-Unis et du Canada. Un tramway de ce système a été concédé, au commencement d'avril dernier, dit le North C/wKt Do!!7.t- ye)M, à un Anglais, par le mandarin Hou, gouverneur de Pékin. Ce tramway reliera, par une ligne longue d'un peu moins d'une lieue, Machiapou, sur le Peï-Ho, où s'arrête le chemin de fer, à Young-Ting, une des'portes de la capitale, il doit être terminé, dit le contrat, dans le délai de six mois après la signature. Tout le matériel a été, naturellement, commandé en Angleterre. Les Coréens ne sont pas restés en arrière, et

l'exemple des Japonais semble avoir été pour eux une '< teçon de choses » concluante. Au lendemain de leur affranchissement de la Chine par le traité de Simonoséki, leur roi avait concédé à une compagnie américaine la construction d'un chemin de fer entre le port de Tchemoulpo, à l'embouchure du Han, et la capitale Séoul. Le parcours est d'une quarantaine de kilomètres, et la gare terminale, située près de la porte sud de Séoul, par laquelle on entre en venant du petit port de Ryong-San, sur te


fleuve, à 8 kilomètres de là. On espère que tout sera terminé et livré à l'exploitation à la fin de la présente année. Mais là aussi les négociants et gens d'affaires ont voulu avoir plus à leur portée « les chariots qui roulent sans cheval avec la charge de cinq cents Le gouvernement n'a pas pu aller jusqu'à poneys l'établissementd'une gare au centre de la ville. Mais il a concédé à la compagnie américaine un tramway électrique à trolley qui pénétrera dans la cité. Cette ligne urbaine aura un développement d'environ 18 kil. 1/2, une seule voie, et l'usine à vapeur qui chargera les

dynamos sera située à mi-chemin des deux extrémités. Les concessions de tramway à Pékin et à Séoul ne sont évidemment que des mesures provisoires, destinées à administrer par petites doses une redoutable nouveauté. Mais les populations de la Chine et de la Corée, moralement ankytosées et élevées dans la haine et la crainte des inventions infernales des « diaMes de la mer », s'accoutumeront, ce n'est pas douteux, a les trouver commodes et utiles. Pékin et Séoul, qui étaient, il y a quinze ans, aussi mystérieuses que La Mecque ou Tombouctou, seront dans dix ans probablement aussi banales que les capitales de l'Europe. Les Indicateurs feront de la réclame à leurs .hôtets-caravanséraits;elles auront, comme Kobé, Ykohama et Tokio, des magasins « à l'instar de Paris". On y viendra en « tours avec des billets d'agence, et la légendaire « Grande Muraille » sera un but de « pic-nics comme les temples de Nikko ou comme certains paysages classiques de l'Ecosse et de la Norvège. Ce jour-là, les Chinois et les Coréens sortiront de chez eux, peut-être plus volontiers que les Anglais eux-mêmes, et donneront aux Européens plus d'une bonne raison de regretter d'avoir, malgré. l'expérience faite par eux au Japon, sacrifié à la passion de gagner de l'argent la sécurité que nous assuraient l'isolement et l'agitation sur place de ces fourmilières d'hommes. Ce sera une fin digne de ce siècle, qui sera, dans l'histoire universelle, celui de la conquête de la Terre par la race blanche, et qui marquera peut-être la disparition de la plus vieille et de la plus originale des

sociétés humaines.

toutes les manifestations qui ont trait à l'expansion coloniale et à la lutte économique des diverses nations, nous avons décidé que le Tour dit Monde enverrait un délégu'é assister à cette inauguration. Notre choix s'est porté sur M. Henri Lorin, professeur de géographie à l'Université de Bordeaux, dont le Tour dit A/OH~e a plusieurs fois publié d'intéressants articles. M. Lorin s'est embarqué samedi dernier à Anvers, sur le steamer Albertville, affrété par la Compagnie du chemin de fer du Congo pour transporter ses invités en Afrique. Ce vapeur fera le voyage d'Anvers à Boma en vingt jours avec quatre escales: Lisbonne, Funchal'Madère), Dalfar (Sénégal) et Librevilie (Gabon). H sera ainsi le 3o juin à la boucle du Congo qu'il remontera sans s'arrêter ni à Banana, ni Matadi, et il accostera le pier de Boma le

i" juillet. M. Lorin ne nous enverra pas un simple compte rendu des fêtes auxquelles il lui aura été donné d'assister; il traitera de la question plus vaste de

l'avenir du Congo belge et, par contre-coup, de son voisin le Congo français. Il nous fournira également quelques chroniques sur les divers points où l'/l/bertville aura relâché. Sa compétence toute spéciale et son autorité de savant nous sont un sûr garant de l'intérêt que nos lecteurs trouveront dans ses correspondances.

Edouard Detss.t<rjf<')'~t'/t))~~<erre)M~<M<r«'t<<'e<comtHcrParis, Guillaumin et C~, i8<)8. Un vol. in-t2. Prix ciale.

4fr.

ON

parle beaucoup de l'Angleterre- depuis quelque temps, et

des

moyens qui

ceux de MM. Demolins ou Max Leclerc. L'auteur n'a pas voulu faire, comme tant d'autres, la philosophie de la civilisation angloborné à visiter, dans un voyage de cinq sesaxonne. maines, les centres industriels et commerciaux de l'Angleterre et de l'Ecosse; comme il est ingénieur, il l'a fait avec une compétence toute spéciale, et il nous a rapporté de sa visite tout un volume de notes précises, de faits, de statistiques, accompagnés de cartes et d'illustrations qui éclairent fort bien son texte. Son voyage a commencé par Birmingham, la grande ville industrielle, qui est devenue, sous la direction de son ancien maire, M. Chamberlain, une sorte de petite république au sein d'une monarchie. Puis il a visité successivement Redditch, le pays producteur des aiguilles et des hameçons; Sheffield, la ville de t'acier; Burton-on-Trent et les usines Bass (ales); les. Potteries le centre céramique le plus important du monde; Manchester ou la Co<o;;o~y<s' moderne; Liverpool et les grands docks de son port; Glasgow et ses chantiers de construction de navires; Edimbourg, la belle capitale de l'Ecosse, etc. M. Deiss, écrivain sans prétention, se borne à nous décrire clairement ce qu'il a vu et entendu, et nous laisse nous-même tirer nos conclusions. Mais son livre étant parfaitement simple et sincère, n'en a ainsi que plus d'intérêt.

s'est

Inauguration du Chemin de fer du Congo belge le savent, le gouvernement

belge va entourer d'une certaine solennité

ta plus grande puissance

L'ouvrage de M. Deiss n'a pas d'aussi hautes visées que

ViLLETARODE LAGUËRŒ.

A ixsi que nos lecteurs

l'ont fait devenir

industrielle et commerciale du monde. Récemment, M. Demolins tentait, dans un livre remarqué, de résumer les causes de la supériorité des /lx~<o-S~A'0)M, et il les trouvait dans la formation individualiste de la société. Maintenant, on cherche, de tous côtés avec un zèle louable, sinon toujours judicieux, à introduire en France les méthodes pratiques d'éducation qui ont fait l'étonnante prospérité de nos rivaux.

les

fêtes de l'inauguration du chemin de fer du Congo, qui doit avoir lieu du 2 au 8 juillet. Désireux de tenir nos lecteurs au courant de


La Géographie Botanique

L'aire d'habitat du Palmier nain

T IMPORTANCE de la géographie botaEffectivement, des restes fossiles 40 centimètres de hauteur I) est si nique, pressentie Tournefort, de palmier nain ont été trouvés dans abondant, que j'ai vu vendre courampar

Linnée, Buffon, Bernardin de SaintPierre, a été mise hors de doute par Humboldt, et les principes de cette science, établis successivement par de Candolle, Grisebach, etc., ont été en dernier lieu réunis en corps de doctrine par Drude 1. Toutefois, comme la répartition des végétaux à la surface du globe dépend d'un grand nombre de facteurs dont quelques-uns sont encore peu ou point connus, il reste beaucoup à faire dans cette branche de la science. Les vues d'ensemble exposées dans les ouvrages de géographie botanique ont certes leur utilité, comme indicationsthéoriques, mais des lois précises ne pourront être formulées qu'au fur et a mesure de )'/)!/c.)'j'/iM des détails recueillis sur l'aire d'habitat de chaque espèce végétale. Dans cet ordre d'idées, les botanistes voyageurs, ou

les près de la molasse inférieure miocène, sur les bords du lac de Zurich. L'aire de ce végétât s'étendait donc au moins jusqu'à cette latitude vers le milieu de l'époque tertiaire.

.!c/

plus ou moins de botanique, peuvent rendre à la science de signalés services en s'attachant a recueillir les observations relatives à la géographie botanique. Cette tache, à laquelle nous nous sommes nous-meme adonné depuis plus de vingt-cinq ans, et que de nombreux voyages nous ont permis de rendre fructueuse, est des plus intéressantes car au charme des études botaniques elle ajoute celui de découvertes réellement utiles à la science. Un voyage botanique n'enrichit pas seulement l'herbier en signalant tel végétal, sur tel point, dans telle station, on apporte, en outre, un document nouveau à la connaissance de son aire d'habitat. En principe, /'j;r<w~e/~< est /j rt~!<?);/e des f!)!<cci:Wt'

L'aire d'habitat actuelle de ce végétât résulte donc principalement des antécédents ~eologiques et desmodiHcations climatériques survenues depuis. C'est l'ancienne liaison continentale qui existait entre l'Europe et l'Afrique par l'intermédiaire des peninsuics et des Des méditerranéennes qui explique la présence simultanée du ('A~H)a')'< en Italie,en Sardaigne, en Sicile, auxBaléares, dans la pÉninsu)e ibérique et sur la côte de Barbarie. C'est la dégradation du climat depuis l'époque tertiaire qui explique.la rétrogradation de sa limite septentrionale depuis les bords du lac de Zurich jusqu'en Toscane. Quant i son mode de dispersion, il est des plus limités. En effet: !° sur certains pieds, les organes femelles de la fleur avortent, et on ne trouveque les organes mâles; 2'chez les fleurs complètes, deux des trois ovaires avortent aussi enfin, les rares fruits qui arrivent à maturité se dispersent dans une aire des plus réduites. Il en résulte qu'il faut longtemps au palmier nain pour arriver à couvrir de proche en proche des espaces considérables, et c'est probablement ainsi qu'il a acquis son aire d'habitat actuelle, du. tertiaire au quaternaire.

;<)/

pérant des botanistes collectionneurs Peut-être la détérioration du climat, qui fait reculer annuellement faire d'habitat de l'olivier, ainsi que je l'ai constaté moi-même de )'< dans la MontagneNoire (Aude), y est-elle aussi pour quelque chose. Quoi qu'il en soit, la station la plus septentrionale du palmier nain, signalée par M. F. Sahut se trouve actuellement sur la côte toscane, par 42° 22' de latitude Nord, au Monte Argentario, d'une altitude de 52.5 mètres, qui forme une petite presqu'ile en face ~CO/M, des /))DffM de C/f;fi0)! et de la Corse. De là, l'aire du palmier des <-<yco)t.j)!cc.! c<)M/cy'<e.; qui n; nain descend en Italie, le long de la côte ~t'f/t' ce MOWt');/ 0)< f~t occidentale, notamment dans les Calabres, et remonte sur la côte orientale /'0<t't'f. jusqu'à Brindisi. On le rencontre dans Prenons pour exemple l'aire d'ha- beaucoup de petites ites italiennes, en bitat du palmier nain (C'wa'ro/< et en Sicile, où les chèvres /). Charles Martins, frappé de la coïn- seSardaigne nourrissent volontiers de son fruit, cidence de l'habitat de ce végétai avec de la forme et du volume d'une petite ceux du caroubier, du myrte, du iaurier- prune et d'une saveur légèrement sucrée. rose, du figuier, du grenadier, de l'oli. J'ai observé le palmier nain dans vier, etc., les considérait tous comme des survivants d'une flore antérieure. Il les îles Baléares, mais je t'ai trouvé surest probable qu'on tout commun en Andalousie, où il a écrit à ce sujet retrouvera le palmier nain à l'état fos- couvre parfois, à l'exclusion de toute sile dans les couches tertiaires, où l'on autre plante, de très vastes espaces, a déjà trouvé les restes d'autres palmiers notamment aux environs d'Alcala de qui n'ont pas survécu comme celui-ci Guadaira, près de Séville. On pourrait dire qu'il constitue en Espagne de vériaux vicissitudes climatériques tables forets, s'it ne s'agissait d'une espèce le plus souvent dépourvue de tige, ). Drude, //JH~HC/) dcr P/~HrcM geoet, en tout cas, ne dépassant jamais graphie <~8ço).

~T;

)'t!<X'9;<

/<

It

Charles Martins.

Les Mn'j</nH~ t'e~a/M (T~t'HC dM D~K.t-.t/oHd~ t. LXXXV, p."636, t8yo).

un~oûtanato~ueàeetuidusagou.

En Portugal, le palmier nain est signalé dans l'Algarve, où il s'éieve jusqu'à Depuis lors, elle a rétrogradé pro- une altitude de ,)2.S mètres au-dessus du gressivement vers le Sud. Pendant la niveau de la mer (Brotero, F/oy-j /;<.<j première moitié de ce siècle, le palmier tt/c~). M. Jules Daveau en a découvert, nain existait encore à l'état spontané en iHP.t,une station beaucoup plus sepauxenvironsdeNiceetde(!énes,etit il tentrionaie,dans)avaiieed'A)cube,àà fallait même qu'il y fût assez abondant, environ 4 kilomètres de la ville de Setupuisque ses feuilles servaicnt'a faire des bal, par 3H° 3o' de latitude )7<'i.'r/j balais. Or, le dernier pied a été vu par <~c.7 de Porto, février !8M). ~t. Cosson, en -)85t. Charles Martins Enfin, le palmier nain s'étend sur attribue cette disparition au'zeteintem- tout le littoral de l'Afrique du Nord. du Maroc à la Tunisie, jusqu'à une profondeur encore indéterminée.

les voyageurs qui s'occupent

2.

ment, sur le marché d'Alcala, sa racine charnue, qui est comestib!eetprésente

3. Le lac

p.

Gr

(tH83).

~j/c);t- <

les îles Borrom~M

o/)!c/e)!3°

Son peu de fécondité explique aussi qu'il puisse disparaître rapidement et définitivement de certaines localités. telles que Ia7)'h'/crj de Nice et de Gènes. Cet exemple, pris au hasard, montre quel est l'intérêt des études de géographie botanique, et quel concours utile les voyageurs, même les plus mo-

destes, peuvent leur apporter.

PaulCoMBES.


Les Villes mortes du Sahara sembler singulier: 7!OM.! co~co'o~~ trop facilement le Sahara comme <~e M~/e mer de sable. e;~ /)OMr~M< dans toute cette région des co'/hM~'o~M sédentaires: au A'" siècle, on comptait, dit la /ejc''et!~c, ceH/ villes dans l'Oued A/~ et, trois cents ans plus tôt, sans do~e, des toxy~i 6''f/e)'6t:'ent <7o~ la triste région Ce

Il c/KL/

titre

~eM<

~K! S'e<C?!~ aK ~!(d-OMM~ de A

cent kilomètres

à

-t*- poste français est

Biskra.

l'ouest de Biskra, le dernier

celui des Ou)cd Djellal à une heure des Ouled Djet)at, dernier adieu à la verdure, l'oasis de Sidi Khaled; dernier adieu à la civi)isation, le fier minaret du Nebi, seul sur la rive droite de l'Oued, regardant au delà des sables et des cailloux. J'ai revu au retour ce phare étincelant, et j'ai salué en lui le précurseur du repos. Au départ, très pressé de voir les villes mortes que les Arabes signalent sur

de l'Oued Saboun et de l'Oued Itel. Certains ont un plan un peu différent ils sont carrés ou rectangulaires et surmontés d'une pyramide au fond, le principe est le même une chambre à parois verticales sous un toit incliné.

Je dis une chambre, car

certains de ces ~c~OMy, suivant le mot arabe, ont été éventrés déjà; on y entrevoit un corridor circulaire, des portes, une chambre terminale. Bien petit tout cela, le diamètre du monument ne dépasse guère huit ou neuf mètres, mais assez

l'Oued Itel, j'ai passé sans

rég-utier

tourner !a tête. heures, nous entrons dansl'Oued Saboun; A deux

le cailloutis commence, et des ravins s'enfoncent dans

~B~-XLSSË!

"OU GUEMOCLA (ENCEINTE).

P/!0<0~)'f~fM.BfaHC/)(°<.

le sol; je ne sais pas de pay-

sies

sage plus iamentabte. D'é-

normes fissures s'ouvrent sous nos pieds; des plâtras entassés salissent l'horizon des dents de scie hérissent les hauteurs; des galets résonnent comme métal sous le fer des chevaux. Il faut monter, descendre, peiner dans la même désolation fauve. H y a pourtant là des cultures au creux de tous ces ravins, quelques mètres carrés ont été semés d'orge. Il y a eu de la pluie cette année, et de timides tiges vertes se font jour parmi les décombres. Un homme est assis auprès d'elles farouche dans son burnous ramené sur le visage, un long fusil à la main, il surveille sa future récolte. A mesure que nous approchons de la tête de l'Oued, les dents de scie de l'horizon se précisent ces singuliers ornements sont faits de main d'homme supposez un cylindre bas coiffé d'un cône aplati c'est la description même de l'imposant mausolée des rois de Numidie, du Madracen des Hauts Plateaux de Batna; –c'est la description de quatre à cinq cents monuments qui s'élèvent sur les rives de J'Oued Djedi, A TRAVERS LE MONDE.

et répété avec persistance de l'un à l'autre de ces /MMt< La construction est élémentaire ce sont des pierres sèches, non -travaillées, non cimentées, choi-

26e LIV.

seulement pour leur

taille et entassées de façon à présenter une face lisse. Qu'y a-t-il là dedans, et que faut-il voir en ces monuments?

Le temps me manque pour bouleverser ces collines artificielles, mais la science n'en perdra rien M. Leroy, qui déjà l'an dernier a sig'na)é dans l'Oued )tei tes ruines que je vais revoir, se met en campagne cette année pour arracher aux djedour leur secret tours de g'uet, points de repère destinés à guider le voyag'eur perdu dans le bled, plates-formes où s'allumaient les feux qui de loin en loin transmettaient au désert les joies ou les inquiétudes du Tell, tombeaux peut-être, plus simplement; toutes ces hypothèses ont été émises nous saurons bientôt quelle est la bonne. Ce qui est certain dès maintenant, c'est que ces monuments se retrouvent entre Barika et les Ouled Djellal, dans la chaîne de l'Atlas saharien sur l'Oued Saboun, sur l'Oued Itel, de Hassi. El Meng-oub N" 26,

25

juin tS~S.


3o' t. E.) jusqu'aux puits de Berbit (3' 1. E. sur l'Oued Djedi, depuis Laghouat jusqu'aux Ouled Djellal sur le plateau, entre l'Oued Itel et l'Oued Djedi; qu'ils

Où vivaient donc les

(2°

sont en nombre incalculable, forment des ensembles auxquels les indigènes ont donné des noms, comme a des viiies, et que, toujours semblables de batna a Laghouat, du 3-t" au 36' de latitude Nord, ils nous révèlent qu'à une époque assez reculée, en ce Sahara si vide aujourd'hui, vécut un peuple ou une race nourrie d'une même civilisation.

Entre l'Oued Saboun et l'Oued Itel, le paysage change c'est une immense plaine sillonnée de larges gouttières à peine creusées dans le sol; il y a ici quelques herbes grises, quelques buissons noirs, végétation luxuriante au sortir du Saboun. Toujours pas d'eau les arbres qui de loin en loin rompent l'horizon circulaire sont les ~0!<m, ces pistachiers qui depuis si

longtemps ont perdu l'habitude de boire et contractent si douloureusement

leurss

membres gris sous le soleil. Mes hommes geignent déjà mon cavalier m'insinue que le Mengoub est bien loin, et, comme, sans mot dire, d'un geste je t'engage à continuer sa route, il lève les yeux au cie) « H est fou

»

constructeurs des djedour,

les artistes de l'Oued Nahim~ =

J'ai eu la réponse le soir même à ~lanaHah, une île se dresse au milieu de l'Oued, à pic sur trois faces, reliée sur l'autre par un plan incliné assez doux au fond de la rivière. L'île est couverte de constructout est en ruine, à peine un pan de mur est-il resté debout, près de la porte d'entrée, mais l'on distingue nettement des voûtes écroulées et de longues chambres rectangulaires accolées les unes aux autres. H y a dans ces ruines des fragments de poterie et des morceaux de cuivre. Un millier d'individus peut-être vécut sur ce rocher. Un second groupe avait son centre quarante kilomètres plus bas, à Bou Guemoula les rues ici se distinguent encore la muraille, qui ajoute deux mètres de pierre sèche aux dix mètres de l'escarpement qui porte le bourg, est encore intacte sur une longueur de soixante mètres. L'Oued Itel, au pied des falaises, déploie son ruban de verdure, car et ceci nous explique comment des populations sédentaires ont pu vivre ici l'Oued !tel est couvert de végétation je galopais ce matin à l'ombre des tamarins, et mes cavaliers au galop devant moi tions

disparaissaient tout à coup dans les hautes herbes l'eau tant au Mengoub il est nuit CHATKACDELOL'ËDFOOL'AR. n'est pas profonde au pied noire; les chameaux sont loin. Les puits sont là, mais P/fO<0.g'n!)t<'d<7Kf!Hf~f;. de Bou Guemoula un vieillard à la barbe blanche arnous n'avons ni cordes ni rosait son jardin au moyen de deux glaetara « Je les seaux. Le spahi recommence à gémir; il m'ennuie. Je ai construitesmoi-même, voici dix ans, lorsque, révolté mets bout à bout les courroies de ma selle, j'y attache des injustices de mon caïd, j'ai quitté l'oasis pour le avec une cordelette la boite de fer-blanc qui dans mes Sahara. n sacoches contient mon déjeuner « Va boire, et taistoi » Le silence succède aux plaintes un sourire Au sud de l'Oued, sur l'un de ses affluents, larges lèvres, devenu très et, passe sur ses sage une l'Oued Foouar, un château solidement construit surfois désaltéré, il va dans la nuit couper pour les cheveillait le désert. H est encore debout, intact. Seize quelques pieds de ~t<e//a/ vaux mètres de côté, cinq mètres de hauteur, des murailles Nous ne dresserons pas la tente cette nuit les de deux mètres où des blocs de calcaire qu'on prenOuled Xaït, qui fréquentent le puits, ont creusé dans drait pour du marbre sont noyés dans un mortier la falaise une grotte. Je m'étends contre la muraille; rouge, une porte voûtée et resserrée de deux contreles chevaux introduits sont attachés à côté de moi; une forts, les traces d'une banquette circulaire à l'intérieur, cantine à droite, l'autre à gauche, me gardent des détout montre ici des préoccupations militaires; mais monstrations trop brusques, et, grelottant sous trois rien n'y trahit le travail romain. ManaHah, Bou Guemou)a, Oued Foouar, « tout cela, ce sont les Beni couvertures,- l'eau gèle dans mon seau de toile,-je finis par m'endormir. Barbar qui l'ont construit », la tradition a gardé à ces ruines une origine punique et non romaine. Le lendemain nous commençons à descendre l'Oued Itel, et l'archéologue continue d'être heureux Plus bas, à Berbit, d'autres vestiges dominent il y a, dans l'Oued Xahim, à trois heures du Mengoub, l'Oued c'est une immense bâtisse mal construite les une falaise surplombée d'immenses blocs; des murs n'ont que vingt centimètres il est vrai qu'on les hommes là-dessus ont jadis tracé des dessins. Ce sont deux, trois a doublés pour les rendre plus solides des divinités orientales, des guerriers au sabre remurailles sont ainsi collées l'une à l'autre. Les chamcourbé, des gens en prière, et, courant follement au bres sont biscornues les escaliers cocasses. « Beni travers des hommes et des dieux, les bœufs garamantiOh! non; ça, c'est une zaouïa des Arabes Barbar ? ques aux cornes recourbées, les gazettes, les antilopes ce sont les Selmia qui l'ont bâtie, il y a longtemps, longtemps! Ils ne savaient pas le Coran, et avaient un éléphant lourdement se promène en un coin; des inscriptions libyques sont semées au milieu de tout cela. honte ils ont demandé un maître d'école aux Ouled-

Nous arrivons pour-


ils lui ont bâti cette école. Ht puis il les ennuya; il voulait être le chef; il apprenait à ses élèves Xe!<ri, et

Nord. Et entre les deux, ce sont Tala Moussa, Hou Hadjar, Termount, Seddrata surtout, la grande ville.

à se moquer des anciens qui ne savaient pas lire. Ils t'ont tué, et la zaouïa est maudite »

La légende n'avait pas tort, ce pays est bien déchu, et ses anciens habitants lui avaient donné une prospérité qu'il n'a pas connue depuis. Me pardonnera-t-on un peu d'histoire ? Au )x° siècle, ce pays était habité par des peuptes de cette race garamantique, énergique, intelligente et forte, dont les travaux couvrent encore le Sahara. Au x° siècle, des peuples nouveaux s'y introduisirent, Herbères énergiques, intelligents et forts la fusion des deux races s'effectua, et )e x° siècle fut l'époque

Quoi que vaille la légende, il n'y a donc pas très longtemps qu'un groupe d'hommes put vivre ici en

sédentaires.

Brahim, y a-t-il d'autres ruines en descendant l'Oued ? Non, c'est ici la dernière. Tu en es sûr ? Absolument. Mabrouk, est-ce que les ruines d'K[ Baadj sont belles ? H n'y a pas de ruines Mais à côté~ –H n'y en a pas; à El Baadj! c'est ici la dernière. » j'ai beau répéter mes questions, tendre des pièges, interroger spahis, chameliers et bergers, la réponse est toujours identique. Plus rien «

à faire

à cheval

Et le lendemain, après cent trente

de la grande prospérité.

Les nouveaux venus étaient les Ibadites de Tiaret ces Berbères indomptables, qui n'avaient accepté l'Islam qu'à condition d'y trouver un motif pour

refuser d'obéir au

kilomètres parcou-

rus en dix-huit

Khalife, ces schismatiques de l'Occi-

heures, nous allons

à Toug-gourt mettre nos notes à jour. La route de Tougg'ourt à Ouargla n'est pas belle, et je plains de tout mon cœur les sapeurs du génie qui, à Dra El Bagueul,

dent dont l'empire depuis Tanger jusqu'à Tripoli avait été si puissant, venaient de voir leur

capitale tomber sous les coups des armées fatimites. A

1 abjuration ils

avaient préfère l'exil, ils avaient

DraEtKesdir.Chab Lakhdar,

tiennent

garnison dans les postes optiques. Elle n'ést pas riche non plus en vieux souvenirs

tJLLAUJtRA. P/!0<OgT~A«'~<'Af.B/f!M<'y<C/.

il y a une

construction circulaire bien délabrée, à Bar'dad. Elle s'élève sur un tertre et domine le Chott qui, vers le Nord, semble un lac bleu endormi sous les montagnes. Des tamarins poussent tout autour; le paysage est presque souriant, mais après un quart d'heure le cailloutis recommence. Après le cailloutis, les sables; les palmiers d'El Hadjira sont submergés ils n'essayent plus de lutter; ils ont un air d'agonie résignée. Le village sur son rocher défie l'invasion des dunes, mais les jardins qui le font vivre disparaissent sous les vagues blanches. Autres dunes le lendemain, à E) Arfidji; il est midi, le sol est blanc, le soleil durait faut glisser au flanc des ondulations en soulevant un tourbillon de poussière qui aveugle et qui sèche la bouche il faut grimper de nouveau, dans les coups de reins de la bête qui souffre, et puis redescendre. Les poteaux télégraphiques qui jalonnent notre route mettent une ironie à vous rappeler des paysages du Nord. Le soir enfin, voici Ouargla nous verrons demain ce qui reste des cinq cents villes. II en reste plus qu'on ne pourrait croire. Il y a des ruines sur la Gara Krima,. ce plateau isolé à douze kilomètres au sud de l'oasis il y en a Hassi Feran, plus loin que Ngoussa, à vingt-cinq Idiomètres au

pris la route du Sud, les enfants et les femmes d'abord, puis les hommes, et,

seul, loin derrière tous, les javelots sur la selle, l'épée au côté, effrayant sur son cheval de bataille, l'imam des Justes, Yagoub ben Felah. Les Fatimites n'avaient pas osé les poursuivre. Après trois mois de marche, ils arrivèrent ici et pensèrent qu'on n'y viendrait pas les chercher; ils s'arrêtèrent, et l'imam, qui savait l'avenir, résigna sa puissance entre les mains de douze vieillards :«I'Kre de g'toire est loin t'Ere de Défense est passée, l'Kre de Secret commence. Gardez-vous de compromettre en de téméraires combats ce qui reste du peuple du Seig'neur patientez, travaillez et ayez confiance. Ils ont obéi; des villes de toutes parts sont sorties des sables Isedraten est devenue la seconde capitale de l'Ibadisme. Des docteurs fameux y ont enseigné, et les missionnaires qui en sont partis vers !e pays des Noirs y ont ramené de riches caravanes. Mais après cent cinquante ans, voici un orage nouveau le seigneur de la Kalaa, Mansour ben Nasser, étend ses États vers le Sud. H a fait la conquête du Zab et mis garnison dans Biskra. Les récits l'indignent qu'on lui fait des villes de l'Oued Mya:» x Il « Ces chiens connaissent de nouveau la fortune accourt, pille, saccage, brûle, coupe les palmiers et. comble les puits (1077). Les Ibadites, réfugiés sur la


Gara Krima, trouvent, quand ils en descendent, leur ville sainte profanée, leurs jardins détruits, l'étrang'er maître du pays. Un nouvel exode commence. Ils ont jadis traverse d'atroces plaines de cailloux où, pendant dix jours, pas une touffe d'herbe n'a réjoui leurs yeux:

·

Yv.

Seig'neur "U~ !'a décidé enfonçons-nous au cœur du

Le

pays maudit. » Et ils s'en aHèrent dans l'Oued Atzab fonder la Pentapole, d'où.chaque année ils essaiment dans le Te)) et où, toujours songeant aux persécutions passées, ils portent chaque année le butin fait sur l'ennemi l'argent du commerce ou de l'usure. Isedraten était une grosse ville; il faut une demi-heure pour en faire le tour, et ce sont de vrais monuments qui en crèvent le linceul de sable. L'emplacement.de la mosquée était resté connu des .Mozabites d'Ouarg'ia un tas de pierres avait été dressé sur le mirhab. Au dixième jour de travail, j'en-

refouillée en rosaces, l'autre précédée de colonnes massives sous de puissants chapiteaux, les dernières entourées à deux mètres du sol par un large bandeau de (leurs et d'entrelacs aux quatre coins des niches à côtes saillantes aux trois extrémités d'une-autre pièce, qui a !a forme d'un T, tmis g-r~.nds litq de rfpos charges d'arabesques; sur le sol les fragments d'une voûte un berceau couvrait la partie centra)e, deux culs de four sillonnés de nervures qui aboutissaient sous d'élégantes clefs de voûte s'arrondissaient au-dessus des lits. panneaux sculptés ments de portes et de fenêtres ornées de chevrons, de perles, de rosaces, et d'un dessin inattendu la fleur de lis, multiforme est ici le fond même de la décoration. Rien de tout

trais en rampant sous des voûtes, qui semblaient solides, et je pouvais espé-

rer de un

serie de plâtre prend une singulière va-

intact: mais le

lutte

leur

les 'blancs et

les noirs s'opposent franchement; unee

saillie insignifiante donne un reiief saisissant. Ce sont des

maîtres qui ont travaillé ici, et je com-

et deux

hommeslégèrement

blessés, i)a a fallu arrêter le travail

néanmoins,

sous le grand soleil du Sud, cette tapis-

retrouver

lendemain les pierres ont commencé de pleuvoir, des pans de mur ont ~'Hssé, des voûtes se sont effondrées après deux jours de

cela n'est parfait; rien n'est reg'uiier; rien n'est achevé. .Mais

monument pres-

que

d'autres pièces et d'autres partout des piliers, des encadre-

Un peu plus loin,

prends ce passage

de la SËDDRATAE:LffSm(LA('orR).

chronique

d'Ibn Sghir qui m'avait fait sourire:

pourra le reprenP/!0<o~r~cdf~.B<a);fA<:<. dre si Lonadu bois "L'imamAbouBekr s'entoura de littérateurs et d'artistes. » pour étayer au fur et à mesure la construction. Les Mozabites ont raison d'aller tous les ans Dès maintenant l'on peut se faire une idée de ce à Seddrata pleurer sur la tombe de l'imam Yag'oub que fut la maison de prière une salle carrée, couverte ils pleurent la mort de la civilisation berbère, si vivace de vingt voûtes soutenues de seize piliers. De fausses portes sur les murs des fenêtres entourées de dessins encore quatre cents ans après la conquête arabe. Et ils géométriques très gauches. Sur tout cela, dix, quinze, ont raison d'obéir après huit siècles aux dernières paroles de l'imam « Patience, travail et confiance n vingt couches d'enduit, un empâtement général des L'eau dort toujours sous les sables du désert, et les formes, des traces évidentes de restauration la mosFrançais sont venus qui savent )'appc)er à la surface. quée de Seddrata, somme toute, n'a pas tenu ce qu'clle Depuis dix ans, nous avons creusé cinquante puits et promettait. vivifié cinquante mille palmiers dans l'Oued Mya Un autre point a mieux récompensé nos efforts: t'fcuvre entamée peut et doit se continuer: ce n'est c'est la maison où s'était installé, en )886 mon prédépas de la nature que viendront-)es difficultés. cesseur à Seddrata, M. H. Tarry. Je l'ai fait déblayer a Je serai heureux si la course rapide que j'ai nouveau pour prendre des photographies des colonnes faite cette année à la recherche des monuments d'une et du portique dont il nous avait donné un dessin. archéologie saharienne inattendue, aidait à prouver Mais le mamelon que les indigènes appellent que des hommes déjà se sont fixés là où nous vouEt Ksir 'le petit château;, à quinze cents mètres nord drions fixer nos indigènes, que le Sahara ne doit pas de la mosquée, et dont AI. Tarry, qui n'avait fait que nous être l'épouvantail qu'il fut à notre jeunesse et l'effleurer, avait rapporté d'intéressants fragments de qu'il n'y a pas de raisons pour que nous ne rendions sculpture, m'a donné une moisson vraiment riche. pas à ces régions la vie que leur avaient donnée jadis 11 y a là tout un palais les Garamantes, puis les ~lozabites. sur une cour centrale entourée d'une dentelle de stuc ouvrent cinq chambres P. BLANCHET. également ornées; l'une, couverte d'une voûte d'arêtes on


se vit chargé par le gouvernement d'aller pacifier, dans le Dourgou, les deux villages insoumis de Hédou et

Cabolé. moment

Au

Théodore Lacour Explorateur, résident de France à Savalou (Haut-Dahomey) T~T

ous avons appris tout récemment )a bien triste nouvelle de la mort

du distingué expiorateur Théodore

Lacour, résident de France à Savalou (Haut-Dahomey). Dans la phalange nombreuse de nos Africains, Théodore Lacour avait su, de bonne heure, prendre sa place aux premiers rangs. THh'ODOKELACOL'R. NéàAvignonte? 7 août i858,ii il sentit, jeune encore, naitre en lui la passion de l'inconnu, l'attraction des explorations. Ce fut à bonne école qu'il débuta dans cette carrière qui vient de se terminer pour lui si glorieusement. L'Afrique fut tout d'abord l'objet de ses rêves. L'éminent et si regretté explorateur Gaston Méry, qui, dans ses missions qui se succédaient chez les Touaregs, parcourait les contrées inconnues du Sahara, compta Théodore Lacour au nombre de ses dévoues compagnons. Plus tard Théodore Lacour entra dans l'Administration coloniale. Le gouvernement, sur sa demande, le nomma, en octobre t8c~, chef de la milice indigène au Dahomey, avec résidence à Abomey d'abord et à Whydah ensuite. Par ses qualités administratives et par sa manière de faire, il mérita les éloges du gouvernement, et sut en même temps s'attirer l'amitié de notre allié le roi Toffa et d'autres grands chefs dahoméens, auxquels il faisait aimer la France. En i8ç6, Théodore Lacour obtint un congé et revint en France. Après plusieurs mois passés à Avignon, au sein de sa famille, il retourna en novembre de cette même année dans nos possessions de la côte occidentale d'Afrique. A son arrivée, il fut envoyé à Carnotville (HautDahomey) en qualité d'inspecteur de 3° classe de la garde indigène.

Six mois passés à Carnotville lui valurent le titre d'inspecteur de 2° classe et le poste de résident de France à Savalou (Haut-Dahomey), au moment où avaient lieu dans l'hinterland dahoméen les missions des capitaines Baud et Vermeersch, et celle du lieutenant de vaisseau Hretonnet vers le Niger. Ce fut Théodore Lacour qui eut la charge de leur ravitaillement. 11 le fit avec succès, mais au prix de mille difficultés, telles que la désertion de ses porteurs et les

attaques des peuplades indigènes. A Savalou, pas plus que dans tout le territoire du Haut-Dahomey, aucune école n'existait avant l'arrivée de Théodore Lacour, mais notre résident, qui avait à cœur de propager notre langue et les influences françaises, créa la première école dans cette localité. Jl fut, dans ce même poste, investi de la délégation spéciale du secrétariat général de la colonie et, au moment où il allait revenir en congé en France, il

de partir pour cette expédition, Théo-

dore Lacour écrivait, à la date du 3 mars, à sa famille région ouest de mon cercle, « Je pars demain pour la insoumis, Hédou et Cabolé, que )' il y a deux villages Je pense )' je vais châtier par ordre du Gouvernement. de longue durée, quoique » que l'opération ne sera pas retranchés chez eux par » je sache les noirs fortement des fortifications naturelles. Ils sont au centre d'une villages sont » forêt, et les arbres qui entourent ces point de faire un rempart très résistant, » compacts au leurs abris en terre. Avec un peu de » sans compter d'audace je compte y rentrer par » nerf et beaucoup n'ai avec moi que trente-cinq fusils. » surprise; je là que j'attraperai » Enfin espérons que ce ne sera pas flèche. » » ma balle ou ma Hélas cet espoir ne s'est pas réalisé Entouré par des forces quatre ou cinq fois supérieures à la petite troupe qu'il commandait, Théodore Lacour a été

tué traîtreusement, et c'est au moment où il allait achever sa mission qu'il est tombé en brave pour la France, à peine âgé de quarante ans. LAC..

Les

Traversées de l'Asie

Paul Barre, de l'Association Polytechnique et Société de Propagande coloniale, iVi

de

a fait',

la

au dernier congrès des Sociétés Savantes, à la Sorbonne, le relevé des explorateurs qui ont traversé

l'Asie d'une mer à l'autre. Dès 1246, le franciscain itaHen Jean dit ~/an Ca~M:, puis, en 1253, le Hollandais Guillaume de ~&rK~t<M, avaient visité la Mongolie et s'étaient avancés vers l'Est, assez près de la mer de Chine. 3° Puis le Vénitien Marco Polo (;27i-i2C)5) parcourut complètement l'Asie, de l'Ouest à l'Est, par le Turkestan, le Gobi, )a Chine, Pékin et le Japon. 1°

et 2"

Ces premiers pionniers furent longtemps sans imitateurs, puis l'ouverture de la Sibérie aux Russes fut le signal de nombreuses traversées dans le nord de l'Asie. Voici donc, d'après M. Paul Barré, les principales traversées asiatiques exécutées après les trois précédentes, en laissant de côté des voyages incertains ou quelques-uns qui n'ont plus d'intérêt, comme la plupart de ceux qu'on exécute maintenant en

Sibérie'. 4"

en )635. 5«

en i63(). 6°

Elisée Bo;<M, Russe, traverse la Sibérie A'o/'j'/<?~ Russe, traverse aussi la Sibérie

.S'~OH/m

versent la Sibérie.

et Ignatief, Russes, en

16- tra-

). D'ici peu, d'ailleurs, la traversée sibérienne sera accessible a tous par la voie ferrée et n'aura plus de

mérite.


Dc/~y, Russe, va, en

)6~8,

d'Europe au gotfe

d'Anadyn et se rend compte, avant Bering-, de l'existence du détroit qui sépare l'Amérique de l'Asie. 8' ~j)-/M/ Russe, va, en t65-t, d'Europe en Mongolie et à Pékin. 9° 7-*j//j~, A)!emand, traverse la Sibérie ()769-)774). 10° B. de Lesseps, Français, va, de 1785 à 1788, du Kamtchatka à Saint-Pétersbourg- par Iakoutsk,

Irkoutsk et Tobolsk. Laissant de côté ensuite plusieurs traversées sibériennes relativement faciles exécutées par des Russes, il faut arriver à une époque très rapprochée

de nous pour trouver des traversées exécutées à

tra-

vers d'autres régions. Voici donc la liste de ces dernières

n"

A'o'-TF/M. Anglais, va des Indes en Europe par )e Pamir et le Kachg-ar (;872-;874). Anglais, va, à travers la Chine, 12° .~c deChang-haï à Bhamo et à la côte birmane {)876-)878). i3° 7~. Co//M!<, Français, traverse la Sibérie, en )88i, en allant d'Europe au japon. .1/jr/~i, Français, traverse la Si14°

Ca;

./o~

bérie ()879-)88t;.

i5" Benoist .')/ec/;L!!?i et

J/~i/C/M/o; Français,

traversent l'Asie, de Pékin au Turkestan, par Tomsk (1883).

i6'o~< ~/j)-), Français, traverse la Sibérie

une seconde fois')882-i886j. )7°

ro!<H~/n<M~, Anglais, va de Pékin

a

l'Inde par la Mong'oHe, !\achg'ar et Yarkand (f887). '). 18° G. BoM)'j/o/, //e;!)-/ ~'0/f.aH.s', Français, et de Decken, Belge, vont de la Sibérie au Tonkin, à travers le Thibet et la Chine du Sud, par Kouldja, le LobNor, Batang'(1889-1890). i9° Bo)t~ Anglais, part des Indes, passe par le Cachemire, près de Lhassa, à Tsiamdo, et arrive à Changhaï (1890-1892). 20°7!ctc!/o~, Russe, se rend de Saint-Pétersbourg' à Ourga et Pékin (1891-1892). 21° L~/e~/f, Anglais, accompag-né de sa femme, se rend de la mer Caspienne à Pékin (1893). 22° ~e/'HCfM~ Grenard, Français, part du Turkestan russe, voit assassiner au Tibet son compagnon Dutreuil de Rhins, peut s'échapper et arriver à SiNing, d'où il gagne Pékin ~892-189~). 23° ~/eHA'o~)Hoyet0«/a;io~ Kalmouks russes, vont en 26 mois d'Astrakhan à Pékin par le Thibet (1893-1894).

y. C/M~aM~, H. A/M~K: et A. G~ Français, vont d'Europe à la mer Caspienne, à Kouldja, Ourga, Irkoutsk et Vladivostok 1894-1896;. 24°

25°

Le)~, Français, et 77t..S'a~cA~o~ Russe,

traversent la Sibérie pour les études du Transsibérien, en )895-i896 et 1896-1897.

Français, part du Tonkin, gagne !eYun-Nan, le Thibet, le Koukou-Nor.Ourg-aetPékin 26° Ch. ~OH/ti,

(1895-1896).

7/H,

Suédois, part du Turkestan, passe par Khotan, Liang-Tchéou, le I~oukou-Nor et entre à Pékin (1896-1897). 28° ~trce/ Monnier, Français, voyage en IndoChine et dans la Chine du Sud, remonte jusqu'à Vladivostok, puis par l'Amour, le lac Baïkal, Ourga, 27° ~)'eH

Kobdo et l'ancienne foute de Rubruquis, arrive à la

Transcaucasic et à Pékin fi8~5-[H(~

Madame Isabelle ~/J.M/ex, Française, visite l'Indo-Chine, le sud de la Chine, part de Uong'-Kon~, se rend à )-Chang-, sur le Yan~-tsc lait Houpc), puis en Sibérie, et arrive à Tachkfnt (iSqô-). 2Q"

La Convention Franco-Anglaise pour la boucle du Niger LEE i-( juin, Al. Hanotaux, ministre des Affaires étrangères, et Sir H. Alonson, ambassadeurd'Ang)atcrre,

ont signé la convention qui fixe les limites respectives des possessions anglaises et françaises dans la boucle du Niger. La nouve))e délimitation nous assure comme frontière commune avec l'Angleterre à la Côte d'Ivoire le cours de la Volta jusqu'au para))è)e. Les Anglais évacuent Bouna. Nous obtenons ainsi le Lobi, une partie du Gourounsi et l'important royaume du Mossi en son entier. Du côté du Dahomey, l'hinterland français contourne l'hinterland du Lagos, en s'ouvrant vers le Niger. H laisse Nik!;i à la France et Boussa à i'Angleterre, et le Niger est atteint un peu au nord d'Ilo. On sait que, sur le Niger, d'après la convention de )8ço, le point de séparation était à Saï. L'Angleterre a reporté vers le Sud la ligne antérieurement convenue, et le point de démarcation se trouve arrêté maintenant un peu au nord d'llo. C'est de ce point que part la nouvelle frontière, qui s'étend sur la rive gauche et qui se substitue à l'ancienne ligne de Saï à Harroua.

f

Nous reviendrons, dans le prochain numéro, sur cet important arrangement.

La Colonisation Européenne

dans l'Amazonie y~ETTE colonisation a eu jusqu'ici peu de succès. Les efforts qui ont été faits pour mettre en culture ces terres tropicales et peupler ces immenses territoires déserts n'ont pas réussi. Les colons agricoles profitent de toutes les ressources que l'État brésilien met à leur disposition; puis, avec ce qu'ils ont pu mettre de côté, ils vont s'établir dans les villes de Para ou de Manaos pour y faire du commerce ou y exercer un métier, et s'en retourner enfin dans leur pays. C'est ainsi que s'est complètement dissoute la colonie fondée, il y a quelques années, près d'Obidos; il en a été de même d'une colonie française près de Santarem. La colonisation européenne avait pris un certain essor sous l'ancien gouverneur de l'Amazonie,


Lauro Sodré.

a fondé quatre établissements au nord de Monte-Alegre;Benjamin Con11

/~M~Kr~, .s/a~.près deBragance;

près de Salinas; 7Varo~aM!~t, près de Castanhal. Elles sont peuplées d'immigrants espagnols, auxquels se sont joints ré7am&KaM!<,

cemment des Cearenses. M. Friedrich Katzer donne, dans le Globus, les détails suivants sur la colonie d'Itanagury, qu'il a visitée

Lorsque les colons arrivent, ils sont conduits tout d'abord dans le centre de la colonie pour s'acclimater et y passent deux à trois mois dans de grandes huttes de palmiers ou de petits bâtiments en forme de hangars. Ils y sont entretenus aux'frais de l'État, et même payés pour des travaux qui ne leur sont imposés qu'occasionnellement. Quand la période d'acclimatation est terminée, chaque colon reçoit une pièce de terre, sur laquelle on lui a bâti gratuitement une maison, hutte en pisé recouverte d'un toit en feuilles de palmier ou en zinc. H peut commencer alors à défricher la terre et reçoit, pour cela, un salaire quotidien de 3 milreis (? fr. 5o;. Lorsque le défrichement est assez avancé pour qu'on puisse entreprendre une plantation, il devient planteur et reçoit, s'il est célibataire, 3o, s'il est marié, 80 milreis par mois, et, en outre, diverses provisions sucre, café, viande sèche ou fraîche, riz, pétrole, en quantités proportionnées au nombre des membres de sa famille. Le colon se procure des poules, des porcs, des moutons; il plante des cannes à sucre, du tabac, des bananes, du maïs, des pommes de paradis, etc. Les produits de son champ lui appartiennent, et il les apporte, pour les vendre, au marché de la ville voisine, ce qui lui vaut un supplément de revenu qui va jusqu'à une centaine de milreis par mois. Avec son salaire, ces gains supplémentaires et ceux qu'il peut recevoir encore pour aider aux défrichements, un homme économe et sobre, comme le sont presque tous les colons, peut avoir mis de côté quelques contos de reis il dit alors adieu à la colonie et s'en va faire valoir son capital dans une grande ville. Vingt pour

cent des colons s'en vont ainsi chaque année, et l'État n'a aucun moyen de l'empêcher. Naturellement ces départs ont de fâcheuses conséquences pour la colonie les partants doivent être remplacés par de nouveaux émigrants amenés à grands frais les maisons vides tombent en ruine, les plantations redeviennent sauvages, les défrichements se recouvrent d'une luxuriante végétation tropicale, et rien ne subsiste finalement de ce qui a coûté tant

d'argent.

Les choses doivent se passer de la même façon dans les trois autres colonies. Les documents officiels laissent à désirer sous le rapport de la clarté, mais quelques chiffres, relatifs à l'année 1896, permettent de jeter un coup d'œil sur les conditions économiques de la colonisation. Dans la colonie d'Itanagury, il est arrivé, du 20 mars à la fin de novembre, 681 immigrants espagnols, auxquels il faut ajouter 6 enfants nés pendant cette période en tout 687. Sur ce nombre, 18 sont morts et 86 ont abandonné{ la colonie. Ainsi le nombre des

colons a diminué de )0~ en huit mois, et la diminution a été plus grande encore en 1897. Les dépenses de colonisation se sont élevées, pour 1896, à 33o 208 milreis 985 reis (milrei = 2 fr. 5o à 3 fr.). Dans la colonie de Benjamin-Constant, il est arrivé, du 1°~ avril au 8 décembre 1896, ç~[ immigrants 8 sont morts, 207 ont quitté la colonie,de sorte qu'à la fin de l'année elle était réduite à 726 personnes. La diminution a donc été de 20 pour cent. Les dépenses de colonisation ont été de 3ii ç3t milreis 728 reis. Dans les deux autres colonies, il n'est venu qu'un petit nombre d'immigrants 14 familles composées de 61 personnes ont été expulsées et les dépenses ont été pour /a~MtM.sM de 86022 milreis, pour Mara/'aH/m de i~3 208 milreis. Ainsi les quatre colonies réunies ont coûté, en 1896, directement à l'Etat de Para 871 191 milreis, et, avec toutes les dépenses accessoires, au moins un million de milreis, c'est-à-dire exactement le dixième du revenu total de l'Etat. On ne peut évidemment s'étonner, en comparant les résultats obtenus avec les dépenses qu'ils occasionnent, que le système actuel de colonisation rencontre, parmi les personnalités politiques de l'État, une opposition croissante. Ces échecs ont amené le gouvernement à renoncer au système de la colonisation par les Européens pour essayer d'amener en Amazonie des Brésiliens d'autres États. C'est ainsi que des habitants du Ceara ont été établis au sud de Santarem ce sont des gens relativement laborieux, dont la plupart, outre le travail de la terre, exercent une petite industrie. Beaucoup sont des/a/n/M, c'est-à-direqu'ils font de la farine de manioc beaucoup aussi des cac/M~a, distillateurs d'eau-de-vie; quelques-uns ont des scieries. H en est peu, malheureusement, qui restent dans le pays, et la plupart ne pensent qu'à rentrer chez eux après fortune faite; quant aux habitants du Maranhao qui émigrent à Para, ils ne s'occupent guère que de la récolte du caoutchouc.

Georges viollier.

vol. in-i6. Prix: 3

Les deux

fr. So

Algérie.

Paris, Paul Dupont, un

deux Algérie dont il est ici question, l'une est l'Algérie du touriste, de l'artiste, ou du colon vaguement dilettante; l'autre

DES JD

est l'Algérie ou les vrais colons travaillent et peinent. M. Viollier nous décrit la première, l'Algerie pilloresque, en série de jolis croquis. Les lecteurs d'A Travers le Monde reune trouveront avec plaisir, dans ce volume, les deux notices dont ils ont eu la primeur Une chasse au chacal, et Une prison en Algérie, description du pénitencier de Lambèse qui est, à dire d'expert, d'une exactitude photographique. Quant à t'~l~erte du cote);, M. Viollier nous la décrit dans le cadre d'un petit roman très amusant, Le Grand Pa<roM. Tous les détails de cette fiction paraissent observés sur le vif. Mais on trouvera peut-être un peu chargé le tableau des difficultés, des tristesses, des duperies de la vie du colon. M. Viollier nous devrait une autre nouvelle où il ferait mieux ressortir les côtés brillants et le réel intérêt de cette existence. Tel qu'il est, ce petit volume, plein d'esprit et d'observation, est non seulement d'une lecture fort agréable, mais il mérite encore de retenir tous ceux qu'intéressent les conditions économiques de notre belle colonie.


Pour les Voyageurs-CoHectionneurs tiv l.avaaalVNIJ 1 Recherche, capture et conservation des Coléoptères TE.s collections zoologiques sont tou- cran rigide. S'ils tombent, on les rejours plus difficiles à former en voya- trouve aisément'sur l'écran. geant que les collections botaniques. La Les coléoptères .5° Dans l'eau. raison en est palpable les animaux ont aquatiques peuvent se prendre directedes mœurs et disposent de moyens qui ment au filet. On en capture un grand les mettent a l'abri des recherches et nombre, si l'on peut dessécher les petites rendent leur capture peu aisée. Enfin, mares où ils se trouvent, au moyen leur conservation impose des soins spé- d'une saignée. Enfin, on en trouve ciaux. presque toujours parmi les herbes et les Les difficultés augmentent en rai- débris qui s'accumulent au fond des directe de la rapidité avec laquelle filets des pécheurs, au moment où ceuxson on parcourt un pays, le temps que l'on ci viennent de les retirer de l'eau. peut consacrer à la chasse devenant alors La plupart des coléoptères sont de plus en plus restreint. inoffensifs et peuvent être saisis avec la Néanmoins, tout voyage, même main. Se méfier toutefois des mandirapide, peut être utilisé à ce point de bules des gros dytiques, qui font des vue particulier. Nous allons donner suc- morsures douloureuses, avec effusion cessivement les indications nécessaires de sang. a cet égard pour chaque classe d'aniII ne faut pas songer a employer maux, indications dont une longue pra- les pinces pour les coléoptères agiles, tique personnelle nous a permis de con- mais elles sont tout indiquées pour les trôler l'efficacité. scarabéides a marche lente qui vivent ies difficultés, Pour graduer nous dans les excréments. aujourd'hui les copar commencerons Au fur et a mesure que l'on captéoptëres. ture les insectes, il faut les Moins fragiles que les papillons, )tcr provisoirement. Les coléoptères de les coléoptères sont très recherchés des couleurs ternes ou noires, et non revécollectionneurs, tant en raison de l'élé- tus d'un duvet fragile, peuvent être ingance de forme et de l'éclat que pré- troduits dans un flacon large goulot, sentent plusieurs d'entre eux que de la rempli d'alcool. Cette méthode s'impose facilité relative de leur capture et de pour les scarabéides peu ragoûtants dont nous venons de parler et que ce leur conservation. ainsi que'pour les gros bain nettoie, Ils sont très nombreux et ont les coléoptères, tels que les lucanes, que mais lorshabitats les plus divers, l'on ne peut piquer vivants, car leur qu'on est pressé et que l'on veut faire, vigueur est telle qu'ils se détachent et en peu de temps, une récolte aussi endommagent tous les autres insectes abondante que possible, il faut aller piqués dans leur voisinage. directement aux endroits où l'on a le Les coléoptères a téguments duplus de chance de les trouver, et emveteux ou parés de couleurs brillantes ployer des procédés rapides. ne peuvent être mis dans l'alcool, qui les Ces endroits sont les suivants endommagerait ou les ternirait. 11 faut 1 Sous les pierres, sous les vieilles les piquer dans une boite a fond de écorces à demi détachées, dans les vieux liège. Certaines précautions sont a prentroncs d'arbres creux et vermoulus. dre il faut employerdes épingles aussi Dans ce cas, il suffit de soulever ou de fines que le permet la taille des insectes. retourner les pierres, de détacher les Les coléoptères se piquent sur l'élytre écorces, de fouiller dans le bois devenu droite, près de l'écusson et de la suture: friable, ou dans les vermoulures qui l'épingle doit dépasser le dessus du dos s'amassent au creux des troncs. d'un quart environ de sa longueur. Enfeuillage des arbres le Dans et fin, il importe de fixer très solidement 2° arbustes. Il faut déployer au-dessous les épingles sur le liège, afin que les un linge ou un journal et secouer les insectes ne puissent se détacher et endommager leurs voisins. branches. 3° Dans l'herbe. Il faut promener Lorsqu'on rentre de la chasse, on dans l'herbe un filet en canevas, qui tue, en les soumettant à l'action de la ~g'Kf tout ce qu'il rencontre. vapeur d'éther en vase clos, les insectes Sur les fleurs et les sommets qui ne sont pas encore morts, et on les des tiges. Là se rencontrent ordinaire- emmagasine définitivement pour pouvoir ment de petits coléoptères qui contrac- les transporter en grand nombre penle voyage, le plus aisément postent leurs membres et se laissent choir dant aussitôt que l'on veut s'emparer d'eux. sible. A cet effet, on retire les uns de Il devient alors à peu près impossible de les retrouver. Pour parer à cet incon- t'alcool.on~i'~KelesautreSjetontes vénient, il faut placer au-dessous, avant range tous côte à côte dans une boite de chercher à les saisir, une sorte d'é- en bois, dans un lit de sable très fin et

<H:j~

très sec.Pour assurer leur conservation absolue, il est bon de les saupoudrer au moyen d'une composition antiseptique composée par quarts d'a)un, de sublimé, d'arsenic et de poudre de pyrèthre.

Onpeutainsiemmagasineruntrès

grand nombre de coléoptères dans une série de petites boites faciles à manier et a transporter. Il est utile, au point de vue de la géographie zoologique, de grouper, dans une boite séparée, tous les insectes recueillis dans une même localité, ou, du moins, de les séparer, dans une boite unique, par une feuille de papier ou de carton mince. Les indications des localités et les dates des captures, mentionnées sur ces boites ou sur leurs subdivisions, seront

précieuses, au retour, pour l'entomologiste qui aura a déterminer les espèces. C'est ici le lieu d'indiquer aux collectionneurs un moyen de se procurer de première main, sans grands déplacements, un certain nombre de coléoptères exotiques. J'y ai eu souvent recours, et toujours avec succès. 11 consiste à aller visiter, dans nos pays mêmes, les entrepôts où se trouvent accumulées des marchandises exotiques susceptibles de donner asile à des insectes.

Je signalerai, dans cèt ordre d'idées, les chantiers où arrivent des billes et même des troncs en grume de bois étrangers acajou, campeche, etc. Il est bien rare que l'on ne rencontre pas, dans les creux ou sous l'écorce, des insectes parfaits, des chrysalides ou des larves, qui ont été transportes des pays d'origine en même temps que les bois. Les laines étrangères ne sont pas moins riches en coléoptères variés. 11 suftit généralement d'ouvrir les toisons pour y en trouver un assez grand nombre. Les coprophages y sont en majorité. Ces insectes sont empêtrés et comme liés en tous sens par les brins de laine. Malheureusement, lorsqu'on les en a débarrassés, on s'aperçoit souvent qu'ils ont perdu leurs antennes et quelques jambes. On peut diminuer ces accidents en ramollissant préalablement les articulations il suffit, pour cela, d'exposer pendant quelques minutes à la vapeur d'eau les individus cm/'e/rM. Toutes les autres marchandises provenant, par grandes masses, des pays étrangers renferment plus ou moins de coléoptères.

(.l.;tih're.)

PaulCoMHES.


Une Excursion à l'Oasis de la Hadg ou El Hota près d'Aden nésiré C/M/'K~ dont les lecteurs-du Tour du Alonde ont

~-H/eremeH/ t<H !n<e/-MMK~ récit d'MHeP~xcursion au Yémen, HOMA' doK7!e j~'OMr~)!<! «He sorte de cow~/emeH/ à son grand )'o~~c, par la description cf'K~e /K

CKrteM~<'oasMfOM:'Kec<dcK.

T

Hadg ou EI-Hota, oasis située à 7o kilomètres L d'Aden, e°t une petite principauté indépendante à la solde de l'Angleterre et dont lé sultan se nomme Ahmod-Podolh.

Notre voyage

devait se faire en deux

traites

paraMe. Alors tout change, )e désert se poétise et se peuple de visions fantastiques. Nous croisons, sans danger, les nombreux convois de chameaux venant de la Hadg et portant au marché d'Aden des fourrages, des

légumes

la

ture,d'Aden au vil-

Nos ânes n'avancent guère, et noss exhortations les plus énergiques les laissent froids. La promenade se prolonge, heureusement égayée par tes saillies des voyageurs. De maigres champs de sorgho annoncent enfin l'ap-

lage de Cheik-Othman, et la seconde, de Cheik-Othman à la Hadg', à bourriquet.

Nous par-

tons d'Aden à deux

heures, nous traversons l'isthme qui relie la presqu'ile à la terre ferme, nous lon-

prochede

geons des salines

l'oasis; la

végétation se développe, les palmiers

et des usines à sel, puis nous entrons

surgissent, et

PANORAMA DE LAHADC.

dans une zone dé-

7~o<o~);'e de

sertique qui nous

conduit à Cheik-Othman, <jù nous dînons dans la magnifique propriété d'un riche Parsi, CowasgeeDinshaw, sous les beaux arbres de son jardin. La nuit tombait quand arrivèrent nos bourriquets et leurs conducteurs. Mais, grands dieux, quels équipements! Les selles éventrées laissent échapper la paille qui les gonfle, les étriers ne sont que de simples ficelles, et les sous-ventrières éclatent à nos premiers essais d'enfourcher nos montures. Nul remède; nous partons, et par la nuit la plus obscure aussi, que de heurts, de faux pas et de chutes! Nous attendons avec impatience l'apparition de la tune qui doit, vers les huit heures, éclairer notre marche. Elle se lève enfin, à moitié pleine, très brillante dans un ciel d'une pureté incomLE MONDE.

des

fruits.

première en voi-

A TRAVERS

et

2~

LIV.

les

douze coups de

~f. Désiré C/Mt-Mar.

minuit sont depuis longtemps sonnés quand nous arrivons au bungalow. Oh! surprise, il est occupé: de jeunes Anglais couronnent les murailles extérieures de l'édifice, tout prêts à repousser un assaut. La chose cependant se termine d'une façon pacifique l'un de nous sachant

l'anglais est envoyé en parlementaire; il pénètre dans la place, expose notre cas et obtient gain de cause. Nous sommes tombés heureusement sur de vrais gentlemen, qui veulent bien se gêner un peu et nous céder deux couchettes et une grande table; on alternera pour les déjeuners et les diners, et voHà que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le lendemain, nous nous réveillons dispos; l'eau

? 2-.

2

juillet )8ç8.


est abondante.Notretoilette sitôt faite, et comme le bruit de notre arrivée s'est répandu dans le village, les curieux envahissent le bungalow A remarquer l'un des fils du sultan, charmant petit garçon d'une dizaine d'années, dans son pittoresque costume, avec sa large ceinture en suie venc ûù brille un superbe petit poignard ~aw&!e/~ à lame recourbée, à manche d'argent, tandis que respectueusement, derrière lui, se tient un domestique porteur de sa lance. A remarquer encore, et nous en frémissons, un beau jeune homme 'de seize ans, à la figure douce et avenante, dont le col est enchâssé dans un larg'e carcan d'acier d'où pend une double chaine terminée par un énorme boulet qu'il supporte avec ses deux mains. Ce joli malfaiteur nous sourit. De quoi s'est-il rendu coupable? quel crime peut avoir commis ce séduisant galérien? peut-être, disions-nous, a-t-il assassiné son père, égorgé l'un de ses camarades? Non, nous

répond l'interprète à

qui

nous le demandons C'est qu'il a mal balayé la chambre du sultan ce matin Inutile d'ajouter que la punition fut passagère et que, dans l'après-midi, nous revîmes le jeune Arabe délivré de son boulet et plus souriant que jamais. Nous grimpons sur le toit à terrasse du bung-alow, d'où la vue s'étend sur la ville et la campagne. La ville paraît submerg'ée dans un océan de verdure

de l'élégance. Nous passons et nous allons droit au palais, qui a grand air il se compose de plusieurs corps de logis reliés entre eux et flanqués d'une tour élégante rappelant certains minarets du Yémen. L'ornementation, comme dans tous les édifices arabes, se compose d'appliques en piatre; !cs façades principaics donnent sur la rue, et comme nous nous étions arrêtés pour prendre à la jumelle certains détails d'architecture, nous aperçûmes à l'une des fenêtres du premier étage un homme d'un certain age, la tête couverte d'une calotte blanche et en déshabillé, qui nous regardait. «C'est le sultan », nous dit l'un de nos suivants. Le sultan! et tout aussitôt de la main nous saluâmes Son Altesse qui, de la même façon, nous. rendit la politesse. Nos relations en restèrent là; c'était peutêtre un peu familier l'étiquette eût exigé une visite officieHe; mais nous étions en costume de voyage, 1~ puis nous pensâmes que le sultan ne tenait pas autrement à nous recevoir, et, quant à nous, il faut avouer que nous n'y tenions pas davantage.

L'ensemble de la ville, que nous primes ensuite du

haut d'un monticule, n'offre rien qu'un ensemble de maisons basses, à terrasses, construites en briques de

terre séchées au soleil,

simples rez-de-chaussée que domine la masse du palais. NOTRE COURRtËR D'ADEN A LA HADG. Mais c'est assez de P/tO~o~'a~f de ~7. D~s'frc C~jrHJ.r. la ville pour cette première les champs de sorg-ho, journée; la chasse nous appelle. II avait, en effet, été 'dont les tiges s'élancent à quatre et cinq mètres' de hauteur, s'agitent sous "la brise' en vagues onduconvenu que nous irions explorer les replis de ]'o!<c~, la petite rivière qui apporte la fécondité dans le leuses, pendant 'qu'au toinune large plaque de verdure nous indique le jardin du sultan. La vue est .royaume minuscule d'Ahmed-Podolh. Le lit de la rivière est loin, et nous voyons, avec une teinte de jacharmante, nous sortons. lousie, nous précéder les jeunes Anglais, nos commenNous allons, accompagnés par une meute d'oisifs, saux, mieux montés et mieux équipés que nous. Ils hommes et gamins, qui briguent à l'envi l'honneur de ont des dromadaires de grande taille, bien découplés, porter nos appareils mais notre favori, c'est le gentil magnifiques, avec une bonne selle double pour deux galérien de ta matinée, qui, tout Her, prend notre personnes, car le chameau, avec ses jambes grêles photo-jumelle en bandoulière et nous servira de guide et son corps émacié, est un animal des plus robustes, à travers la ville. et l'on m'affirme qu'il peut porter jusqu'à i ooo kilos. Nous tournons à gauche et nous nous trouvons Qu'est-ce donc que la charge de deux hommes? Aussi portique d'une miniature face mosquée son avec en en nos Anglais disparaissent-ils en un clin d'œil. Nos étégant minaret, le plus dômes à colonnes, ses et son dromadaires sont lourds et lents ce sont bêtes de qui se puisse voir. Un petit cimetière, peuplé de charge et non de course, et nous n'arrivons sur les gauche, tombes modestes, précède l'entrée, avec, sur la bords de la rivière que longtemps après nos jeunes deux maisonnettes abritées par un bosquet de palconcurrents. L'oued contourne les bords de l'oasis, où miers. Dans l'intérieur de la mosquée, des tapis, des il traîne péniblement son cours dans un lit planté de la mihrab, chaire tournée Mecque. le nattes et vers saules et de lauriers-roses. L'eau est rare, et les caUn peu plus loin, nous pénétrons dans la ville. nards que nous venons poursuivre doivent s'être On nous montre les écuries royales, sombres hanréfugiés dans les criques abritées. Mais, oh! douleur, gars où nous admirons une douzaine de chevaux manos Anglais, qui connaissent la rivière, se sont portés gnifiques, dignes certainement d'une plus belle dedans les meilleurs endroits et, divisés en trois groupes de deux, se renvoient canards et sarcelles qui tombent meure. Plusieurs d'entre eux sont entravés de manière à leur faire adopter une pose singulière, qui consiste sous leurs coups. Nous ne pouvons, hélas! que glaner dans le plus grand écart possible des jambes de delà où ces messieurs font une ample récolte, et nous vant et celles de derrière; les reins alors se trouvent revenons le soir, eux chargés de trente-cinq pièces et cambrés outre mesure, ce qui constitue le suprême nous de trois seulement.


et un joli carré de petite chicorée toute nouvelle, à feuilles tendres comme la rosée, dont nous fîmes provision et dont

nous confectionnâmes le soir, a souper, une salade exquise. Nous rentrons en ville enchantés de notre promenade, précédés et suivis, comme d'habitude, d'une escorte de gamins. Nous traversons une grande place au milieu de laquelle se trouve un puits, avec son ouverture à fleur de terre, où bêtes et g-ens puisent et s'abreuvent, puits empesté d'eau croupissante, de fientes de

chameau

et d'ordures de

toutes sortes qui répandent les miasmes les plus redoutables; mais ce n'est point par l'hygiène que brillent les Arabes. A/ecfo! « c'est écrit" avec cette belle

LE PALAIS DU SULTAN.

P;iO<o~ra~/tt<'deAf..Dc\)'cC/iJ''HJ.)'.

Le lendemain, nous reprenons le cours de nos pérégrinations notre première visite est pour le ~OKs~H, )e jardin, le parc de Son Altesse. Le chemin qui nous y mène est, comme toujours, bordé de gigantesques sorghos à l'entrée se trouve un puits, espèce de noria d'où l'on tire l'eau d'une singulière façon c'est un simple cuir de bœuf dispose en forme de cuve, suspendu à une poulie et muni d'une longue corde à laquelle sont attelés deux petits buffles qui, sous la conduite d'un Arabe, tirent sur la corde pour ramener le cuir plein et reviennent sur leurs pas pour lui permettre d'aller se remplir de nouveau. De droite et de gauche se trouvent des rigoles qui conduisent l'eau soit dans les champs, soit dans le jardin. Nous pénétrons dans ce jardin, dont les ombrages nous semblent d'autant plus frais qu'ils sont les seuls dans le pays et que la chaleur au soleil est effroyable. C'est plutôt un bois qu'un jardin, et l'on pourrait s'y égarer au milieu des rares sentiers qui le croisent. La flore y est pauvre, pauvre pour le moment; car nous ne voyons guère que les grenadiers qui soient en fleur, et cependant les arbres fruitiers abondent le dattier d'abord, qui est le fond de toute oasis, puis le manguier à l'épais feuillage sombre, un des plus beaux arbres du tropique, avec les sapotés. Voici des pommes cannelle, ou cherimoias, ou bien encore anones, dont le fruit, qu'on a récemment introduit à Paris, se compose d'une pulpe blanche très parfumée, qu'on mange à la cuillère puis des tamariniers au léger feuillage, aux gousses acidulées; des avocatiers, dont le fruit en forme de poire constitue un beurre végétal à parfum de noisette; puis, dans les dessous, viennent les arbustes, orangers, citronniers, grenadiers et limons, et dans les endroits les mieux abrités, quelques légumineuses le gombo (hibiscus comestible) qu'on trouve dans le Midi, en Algérie, et dont on compose des plats et des potages gluants et visqueux d'un goût fort agréable, si bien que les créoles de la Nouvelle-Orléans ont fait de la soupe au gombo, leur plat national. Nous trouvons aussi quelques plants de fèves

maxime, on accepte la maladie et la mort avec une superbe indifférence. De là nous passons au sox~, le marché Hélas qui reconnaîtrait, dans l'on ne peut circuler ce dédale de ruelles immondes où qu'à la file indienne, les superbes installations du Caire ou de Tunis? H est vrai que tout est relatif: mais il est impossible de se figurer la pauvreté, la saleté, la misère de ces échoppes, dont la plupart n'ont pas un mètre d'ouverture et dont le stock entier centimes. L'air y est ne vaut pas au delà de quelques fétide, nauséabond, irrespirable nous fuyons, nous inquiétant peu des marchandes accroupies, non voilées, et qui, à l'aspect des infidèles, se masquent rapidement la figure avec leurs mains. De là, nous tombons sur une petite place dont sur de petites une humble mosquée fait l'angle, où, esplanades en terre battue, des marchands vendent de la graisse de sésame. Voilà le jeune galérien, notre guide, au bout de son rouleau; nous avons visité, les beautés nous dit-il, toutes les curiosités et toutes de la Hadg; il faut avouer que c'est peu, mais la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a; nous le savons et nous nous déclarons satisfaits. Nous n'avons plus rien à examiner. Mais cette fois-ci, nous partirons au jour, de manière à bien voir clair de ce désert que nous n'avons qu'entr'aperçu au;

~1-

LA MOSQUEE.

l'holographie de

/<<)~ (.<H~


lune. Les jeunes Anglais doivent partir le même jour que nous, mais plus tard, parce que, mieux montés, ils peuvent, d'une traite rapide, gagner Aden que nous n'atteindrons, grâce à nos bourriquets, que fort avant dans la nuit. Effectivement, partis trois heures avant nos Anglais, ceux-ci nous dépassent en rien de temps et disparaissent aussitôt. Nous trouvons cette route du désert peuplée, au refour comme à l'aller, par ta foule des Arabes revenant d'Aden, et ces bois de gommiers épineux, dont nous nous garons avec soin, parcourus par de petites chèvres bLanches qui grignotent les branches basses, attaquent l'écorce et grimpent même dans les arbres. D'humbles cases de bergers se montrent çà et là, et nous apercevons un café arabe où nos aniers demandent à se reposer. C'est un réduit à murailles en terre avec toit de broussailles. Voilà, certes, de la couleur locale quel intérieur! un banc vermoulu, trois pierres servant de sièges, trois autres pour le foyer; comme visiteurs, des Bédouins en guenilles, et comme hôtesse, une femme à tête embroussaillée, à vigoureuse carrure, entourée d'une bande d'enfants. Elle nous sert non du café, mais du ~M!sc/!r, infusion des péricarpes que les Arabes consomment par goût et peut-être par économie. Les tasses sont en argite grossière, le café est détestable, imbuvable; nous l'abandonnons aux enfants et nous enfourchons nos montures pour n'arriver à CheikOthman qu'à huit heures et à Aden à deux heures du matin.

lieutenant se porte à notre rencontre, et nous invite chez lui à boire de l'hydromel. 'Nous sommes campés en dehors de Harrar, ville très ancienne annexée par les Abyssins depuis une dizaine d'années seulement. La compagnie de Sénégalais, restée à Djibouti avec le reste de )a caravane, sous le commandement du prince Henri, va nous suivre incessamment. Quant à nous, après avoir séjourné sept à huit jours, nous monterons à Addis-Abbaba où nous sommes attendus par le Négus. Nous resterons là, je crois, un ou deux mois pour tout préparer et nous reprendrons la marche en avant. La compagnie de tirailleurs sénégalais servira de noyau pour l'organisation d'un bataillon manœuvrant à l'européenne et qui sera recruté chez les Gallas plus souples que les Abyssins auxquels on peut demander de se battre bravement; mais qui sont rebelles à nos idées d'organisation et de discipline. De toute façon nos fidèles Sénégalais qui me suivent depuis Dakar et Saint-Louis où je les ai engagés, et dont l'instruction militaire est aujourd'hui très satisfaisante, seront toujours notre troupe d'élite et notre escorte d'honneur. HEXR) LEYMARtE.

DÉSIRÉ CHARXAV.

Relations avec Vancouver

L E consul de France à Vancouver signale

Lettre d'Abyssinie avons reçu de notre correspondant HMrM quelques notes sur ~0?! 1'0~8-C. A~ous

Ley--

y~EST le i3

mai que j'ai quitté Djibouti avec le Leontieff, un officier russe, quatre cosaques, vingt-deux Sénégaiais et une mitrailleuse Maxim. Nous avons traversé le désert Somali sans encombre; mais c'est bien le plus triste pays que je connaisse. Des terres desséchées, brû)ées par le soleil, une chaatroce à cette époque de l'année et naturellement, puisque c'est un désert, absence d'eau à peu près totale. On n'en trouve que dans des puits creusés par les Somalis, et de l'un à l'autre il faut quelquefoisfaire de dix à douze heures de marche. Au pied des contreforts abyssins, au Harrar, par un heureux contraste, tout change et se transforme. Le paysag'e devient superbe. On trouve de l'eau partout, de la verdure et une fraîcheur relative. Les Gallas y cultivent avec succès le maïs et )e mi). Leurs cultures étag'ées et leurs petites cases à toit

comte

leur

plat rappellent à s'y méprendre, celles des indigènes des hauts plateaux mexicains. A Gueldessa premier poste douanier abyssin, les honneurs militaires nous sont rendus, de même qu'au Harrar d'où le ras Makonnen est absent. Son

la possi-

bilité d'organiser dans ce port une opération maritime intéressante. La France y achète une quantité considérable de saumons conservés qui nous viennent actuellement M'a Liverpool ou Londres, avec des frais bien inutiles de transit et de commission. Si un négociant français prenait l'initiative de centraliser les commandes françaises, d'acheter directement à Vancouver et de charger pour la France sans rupture de charge, il pourrait se procurer le saumon à des conditions plus modérées. Cette manière de procéder aurait, d'autre part, l'avantage de favoriser l'intercourse au point de vue de l'exportation de nos produits entre la France et la côte du Pacifique, intercourse qui est rendue presque impossible par suite de )a difncuité des- transports. Un voilier partirait fin février ou commencement de mars, arriverait (après escales à Valparaiso et San-Francisco) à Vancouver vers la fin d'août et pourrait y prendre, en septembre ou octobre, époque ou les conserves de saumon sont prêtes pour l'expédition, un fret de ce produit. Atome, en admettant qu'un marché dans ce sens ne put se conclure au dernier moment, rien ne serait perdu, car le tonnage pour l'Europe et à des taux avantageux est toujours très en demande dans les ports du Puget Sound (Vancouver, Seattle et Tacoma). C'est ainsi que procèdent les Anglais.


~UE~TIONS-.

Sur la fixation de la ligne Say-Barroua établie d'une manière imparfaite par la convention de i8go; ~OLiIlQUE~DIPLOMAriQUE~ 4" Sur la libre navigation du Niger, décrétée par ;'acte de Berlin, et devenue lettre morte, à cause des procèdes arbitraires employés par la Royal Niger Company. 3"

La nouvelle convention a rég')é ainsi ces quatre points. En c.e qui concerne la délimitation de l'hinterland de la Côte d'Ivoire et de la Côte d'Or anglaise, la nouvelle frontière, en quittant le 90, dernier point délimité en 1893, remonte la Volta Noire jusqu'au n° de latitude Nord et suit ce parallèle jusqu'à la frontière anglo-allemande résultant du dernier arrangement du Togo. Bouna reste ainsi à la France, tandis qu'Oua revient à l'Angleterre. Touchant le second 'point du côté du Dahomey, la nouvelle frontière, en quittant le 9°, s'incline vers .te N.-E., pour passer entre les royau-

La Convention franco-anglaise de la boucle du. Niger difTérentes missions françaises LES établir

qui voulaient

notre influence et notre souveraineté dans les pays de la Boucle du Niger se heurtaient plus ou moins aux Anglais et aux Allemands, soucieux d'étendre vers le Nord l'hinterland de leurs possessions du golfe de Guinée. Déjà, l'an dernier, un arrangement était interfixer la .fronvenu entre la France et l'Allemagne pour tière commune au Togo et à nos pos-

mes de Nikki, de Bouay et de Kandi, laissant Boussa à

sessions. Aujour-

d'hui, la nouvelle convention francoanglaise vient de

l'Angleterre.

échange de l'abandon de Boussa, la France obtient la cession à bail de deux enclaves sur le Niger, dont l'une est située à l'embou-

régler les questions pendantes entre la France et l'Angle-

terre. Si nous avons

dù,eni8ç?,reconn aitre aux Alle-

chure du g'rand

mands toute la pro

vince de SansannéMango, nous devons, cette fois-ci, laisser à l'Angleterre des territoires où nous avions tout récemment planté le

En

fleuve, et l'autre au point terminus de

I

.A!SE DANS L'OUEST AFRICAIN.

LADÈL;M1TAT)ONFRAN(;0'ANGL

drapeau français. Cela vient malheureusement de ce que nous n'avons pas eu la suite dans les idées, la persévérance et la continuité dans l'effort, qui sont indispensables pour mener à bien des entreprises d'expansion coloniale. C'est par à-coups que nous avons accompli notre (ouvre de pénétration, alors que nos rivaux poursuivaient la leur avec constance. Quand nous avons, un beau jour, redoublé d'activité pour regagner le temps perdu, nos chefs de mission ont fait des prodiges d'habileté; mais ils arrivaient souvent trop tard. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Nous devons même nous estimer très heureux que les délégués français de la Commission, MM. Binger et Lecomte, aient pu obtenir des conditions aussi honorables pour nous. Le litige qui vient d'être résolu portait sur

quatre points i° Sur la délimitation de l'hinterland de la Côte d'Ivoire et de l'hinterland de la Côte d'Or anglaise, où deux

endroits. Bouna et Oua, étaient contestés; 2° Sur la délimitation de l'hinterland du Dahomey et du Lagos anglais, où deux endroits, Nikki et Boussa, étaient également contestés;

sa navigation, tout proche de Leaba. Nous arrivons maintenant au troisième point litigieux

la rectifica-

tion de la ligne Say-Harroua. Nos lecteurs verront, sur notre carte, comment cette ligne a été rectifiée. Elle réserve les environs de Sokoto à l'Angleterre, mais elle nous donne, par contre, une bonne partie du Bornou-Nord. La frontière atteint le Tchad un peu au nord de Barroua, laissant à l'Angleterre l'angle sud-ouest des eaux du Tchad. En revanche, les rives nord, est et sud du lac sont reconnues par l'Angleterre comme étant dans la sphère d'influence française. Il est bien entendu que l'enclave allemande formant la frontière nord de la colonie du Cameroun reste indemne et est exceptée de ces rives. Pour le quatrième point en litige la libre navigation du Niger, l'Angleterre a donné à la France l'assurance formelle qu'elle ferait disparaître de ses règlements de navigation toutes les clauses susceptibles d'entraver le libre exercice du commerce français sur le Niger, et incompatibles avec les déclarations de l'acte de Berlin. L'arrangement est clos par une convention d'après laquelle les deux parties contractantes s'engagent réciproquement à traiter d'une égale façon, au


point de vue commercial et fiscal, leurs nationaux et leurs biens. Tel est cet accord. Il met fin à des difficultés longues et sérieuses; par suite, il ne peut manquer rt'qvoir, pour les relations des deux pays et pour l'ensemble de notre situation en Afrique, les plus heureuses conséquences. Il consacre d'une manière complète notre établissementdans l'Ouest Africain. Désormais la France va pouvoir procéder à l'organisation rationnelle et définitive des territoires qu'elle a su conquérir grâce au dévouement, au courage et aux efforts patriotiques de ses soldats et de ses explo-

rateurs.

La Guerre et l'Amérique Lettre des Etats-Unis DM~-eM~ de

Monde

donner aux /ec/eMrs

dK

Tour du

de~c?'<!OK sincère et précise des cAan~s d'or de /4/a~a[ et de la vie des nn'KeMrs qui s'y reMdeH~ eH foule, KOMS avons eKFO~'ë au /OHdjr~e MH corres~OHdaH~ spécial, M. O~AoH f~!<t HOM ybKrH:ra ~~o<)a;He~)cHt MHe d~Kde docMmen~e et « )'ecKe ». EK KMe

Ga-

<)'a)'erMHt les E/a/L~HM

pour atteindre le

&M~

de

~OM

voyage, notre correspondanta vit ce pays eH proie à la ~t<erre. Il KO!~ a fait ~:n'eKt'r la lettre ~Kn'aH~c, pleine de

dc' tHtfy'eM~n~.

Philadelphie.

Juin.

'r\ EPUtS que j'ai débarqué, j'ai vu

New-York, Philadelphie, Washing'ton, j'ai parcouru en badaud les rues populeuses; j'ai causé avec les habitants j'ai interviewé des journalistes de tous les partis; et, de ce contact avec les choses et avec les hommes, j'ai rapporté quelques impressions précises et peut-être pittoresques. Sur l'étendue de la passion patriotique, le voyageur débarqué au port de New-York, dès le début de mai, pouvait aisément être édifié. Partout dans cette cité tourbillonnanteoù le vaet-vient de la foute, le grondement des voitures, l'incessant bourdonnement des cars électriques met une agitation inouïe, la guerre parlait aux yeux et aux oreilles. Dans les larges et spacieuses avenues aux élégants hôtels de brique rouge, aux gracieux cottages uniformément précédés de leurs degrés de pierre et de leur pelouse de gazon, aux grands hôtels de granit et de marbre dont la masse énorme épouvante l'Européen, comme dans les petites rues étroites de la do)FH/0)yH, dans les populeuses voies qui avoisinent Broadway, dans Broadway même, c'était chaque jour davan-

tage une fanfare de couleurs nationales qui éclatent aux fenêtres des particuliers, aux vitrines des marchands, sur les toits des maisons et le long des façades des éditiccs publics. Le beau drapeau étoilé flotte à

travers les rues, qu'il barre par endroits toutes entières; il se dresse, attaché à des hampes de plusieurs mètres de hauteur, sur les maisons de vingt étages, comme par exemple les grande offices de Park-Row et de Battery Park; il drape les balcons et les vérandas des maisons de la Grande Avenue. A Washington, ville de fonctionnaires, où il y a moins de commerçants, le décor est plus discret. Sur la Maison-Blanche il n'y a qu'un drapeau, le même, je pense, que d'ordinaire; et dans beaucoup de ces admirables avenues ombreuses qui font de cette capitale une vraie ville boisée au point que, contemplée du haut du monument de Washington (la Tour -E'~ de l'Amérique 5oo pieds), elle ressemble à une forêt peuplée de maisons, les admirables couleurs blanches et rouges, les étoiles blanches sur fond bleu se marient harmonieusement aux tons chauds de la brique, au vert sombre des arbres et aux mille teintes des roses qui s'épanouissent sur les pelouses. grande ville de commerce, A Philadelphie, les drapeaux sont aussi nombreux qu'à NewYork Mark et Street et Chestnut Street peuvent faire concurrence à Broadway. Partout le commerce, les grands magasins, les offices ont rivalisé d'ardeur, et leur patriotisme, comme bien l'on pense, n'est pas exempt de réclame. Ici, comme partout, l'industrie exploite les mouvements publics et les accélère en les alimentant. .Les portraits, les écussons, les petits drapeaux, les boutons de manchettes, les nœuds aux couleurs nationales ont pris partout une extension inouïe. Presque tout le monde ici a son nœud patriotique à la boutonnière messieurs et dames, jeunes gens et jeunes filles, blancs et nègres ont arboré le signe qui les fait tous solidaires. Au Congrès de Washington, l'autre jour, j'ai vu de vieux sénateurs et de jeunes représentants qui avaient poussé la manifestation de la boutonnière jusqu'à des proportions outrageusement démesurées. Naturellement- les portraits abondent. Les plus populaires étaient au début ceux du général Filzhugh Lee, l'ancien consul de Cuba, du capitaine Sigisbee, le commandant du MiK)~, qui, avec ses lunettes, a l'air d'un professeur d'Université, et surtout du « right honourable Mac Kinley », dont le type napoléonien ou plutôt américain (car rien n'est plus spécial à ce pays que ces figures glabres) se profile partout aux

vitrines.

Inutile de dire que, depuis Manille, l'amiral Dewey a détrôné tous les autres; et, pour un peu, tel est grand l'enthousiasme pour ce vainqueur, « ce nouveau Farragut », que Washington, le héros type dont l'image vous obsède partout, Washington luiQuant au navire le Ma:'He, il même était éclipsé. a fourni le sujet d'innombrables chromolithographies dont une, entre autres, habilement coloriée et vue par transparence, simule l'incendie dont le souvenir est toujours présent aux cœurs américains. ~emewber //M ~n;:e, c'est le refrain qu'on peut lire au corsage des dames comme aux manchettes des messieurs. Parmi les agents qui exaltent l'opinion et attisent le patriotisme, il faut signaler, plus encore que


ces marchands de rubannerie et de quincaillerie patriotique qu'on trouve en tous pays, les journaux, qui ici tiennent une place extraordinaire..Groupes presque tous dans le même quartier, dans des hôtels de douze à quinze étages, à New-York dans la ville basse, à Philadelphie dans Chestnut-Street, à Washington sur la Grande Avenue de Pennsylvanie, ils jettent dans la circulation une vingtaine d'éditions successives par jour. Deux journaux surtout, par le tapage de leur réclame, l'abondance de leurs informations sensationnelles, le ton de leur polémique, jouent un rôle immense c'est le Nof )'o/<Ot;rM/, fondé récemment par un jeune millionnaire désœuvré, et le M~o/'M, qui a à sa tête un riche industriel plus soucieux de gagner de l'argent que de diriger sainement l'opinion. Ces deux journaux, qui sont établis côte à côte, publient chaque jour des millions d'exemplaires que d'innombrables petits gamins, aussi minables mais plus tolérables que nos camelots, promènent, la voix criarde, à travers la ville, du matin au soir. Chaque dépêche nouvelle donne lieu à une édition spéciale avec des titres gigantesques qui font penser aux annonces du GoH ~rc/te et du 7.0K)'re, le samedi, à la quatrième page de nos quotidiens. En même temps ils ont installé d'immenses tableaux noirs, non seulement à la façade de leurs hôtels, mais dans toutes les parties de la ville, où l'on inscrit au fur et à mesure toutes les dépêches arrivées et où des artistes dessinent à la craie, en couleurs variées, des portraits, des scènes navales, des vues pittoresques. Successivement j'ai vu les portraits de Dewey, de Blanco, de Sampson, de Schley, un paysage de Cuba, un autre des Philippines, bref des scènes de tous genres. Le Parisien, qui se désole d'avoir manqué cette année le vernissage, peut se consoler ici en regardant, au milieu de la foule attroupée, les oeuvres improvisées de ces peintres. à la craie. On prétend que les deux journaux dépensent, dans cette concurrence effrénée, des sommes incroyables. Ils ont des correspondants partout et se vantent même d'avoir toute une flotte spéciale; c'est ainsi qu'une affiche de circonstance représente les reporters du A'or journal assistant, les jumelles braquées du haut d'un de leurs navires, à une bataille navale; Ces deux journaux représentent ici ce qu'on appelle la presse _re//0))' ,la presse à sensation et à scandale.

ro/

Je n'ai pas trouvé une seule personne qui

ne

m'ait parlé avec moquerie ou colère de cette presse de cabotinage et de réclame qui est le pain quotidien de la foule. On la méprise mais on l'achète. Ça ne se voit pas seulement qu'en Amérique, et je l'ai dit, pour le consoler, à un confrère de l'.E)'eM!K~ Post qui s'en plaignait amèrement et qui croyait, le naïf! que nos )'c/))'s à nous ont du moins l'excuse de la conviction En attendant, ce sont ces ~e//0)M qui ont été parmi les plus violents à pousser à la guerre. Un rédacteur du -S'MM m'a affirmé que personne ici ne songeait à intervenir avant la campagne menée par le JoM)'HCt/ sur les atrocités du régime espagnol à Cuba et avant l'expédition et l'enquête qu'il a organisée dans

l'île.

Depuis longtemps, les Etats-Unis ont été outrés du régime espagnol à.Cuba, mais la campagne menée par les journaux, et surtout certains journaux, sur les atrocités commises là-bas, les détails donnés sur le rôle du général Weyler ont soulevé l'opinion, Il ne faut pas se le dissimuler, et j'en ai acquis ici la conviction, il se peut que le rôle de certains syndicats sucriers ait été considérable, et un confrère américain me l'affirmait, mais il est certain qu'un mouvement unanime s'est créé dans l'opinion contre l'Espagne, à l'occasion des révélations faites ici. Si bien qu'on ne parlait partout, et chez les plus modérés, de l'Espagne, comme chez nous on parlait de la Turquie, à propos d'Arménie. Un aimable artiste d'ici, nullement jingo, aimant l'Espagne en touriste, m'a dit, pour justifier l'intervention américaine « Quand quelqu'un dépose des ordures et fait du tapage devant votre porte, est-ce que vous n'avez pas )e droit d'intervenir? » Dans cette comparaison familière réside toute l'argumentation américaine, et je crois dire que mon avis est qu'elle est sincère. Maintenant l'intervention devait-elle aller jusqu'à la guerre? Ce n'était pas l'avis de l'E)'e?;t'M~' Post, le seul journal qui ait résisté jusqu'au bout et qui s'est fait, comme de juste, couvrir d'insultes. Il avait derrière lui une grande partie des classes éclairées, lesquelles n'ont cédé que quand tout était consommé. Mais, 'à coup sûr, ni le haut clergé, ni la haute université, ni le haut commerce ne voulaient la guerre. Ce sont les Ke</o)f. avec quelques autres journaux chauvins qui y ont poussé. Maintenant tout le monde en parait enchanté. O'run~ Go;??. ~.4

~Kn'rej

Georges Noblemaire.

~K.f Indes (Madras, Nizam, Cashmire,

Bengale).–Un vo)umein-t6. Broché, 3fr.5o(I!achette et C"

Paris). n'ont certainement pas oublié agréable que nous avons donné naguère du livre de M. G. Noblemaire, intitulé ~M cott~c, et qui n'est autre que le récit d'un grand voyage aux Indes. L'auteur d'Kn co~~c donne aujourd'hui une suite a ce premier volume. Sa nouvelle œuvre se distingue par les mêmes qualités de charme et d'intérêt. Du petit peuple indig-ene, rencontré sur les routes, au grand monde'des fonctionnaires et des officiers anglais, et de l'échoppe du marchand au palais du Maharajah, scènes de la rue et scènes de la vie de salon, courses à travers la jungle et sports élégants, danses de .bayaderes voluptueuses ou graves, cérémonies du cuite,chasses émouvantes ou d'une imprévuedrôterie,curiosités .artistiques et magnincences de la nature, notre voyageur a tout observé, tout noté, tout décrit. Et décrit avec un rare bonheur le style de cet écrivain, qui auteur mais un homme est aussi ne veut pas être un varié que les sujets dont il traite, aussi souple qu'il est naturel. Alerte et spirituel, instructif, généreux et charmant, par endroits, une pointe de sensibilité, un grain de satire,–très courtois et très impartial envers t'étranger,tout pénétré cependantde l'amour contenu, mais vivace, de la patrie lointaine et toujours présente, jeune, en un mot et dans le bon sens du mot, tel est «" n.?voyage aux /);~ ce livre qu'il faut lire, ce récit lecteurs T i-~ES t'extrait

c/t.'ryr~s'.

du

Tour ~<(

AïoH~c

d'

/r


Espagne

&

États-Unis

La Guerre.

Kotre chronique du mots dermer a faits, noté les du début des hostilités au bombardement de Porto-Rico ()3 mai). Du )3 au 17, l'escadre de l'amiral Cervera touche à Curaçao et reprend sa route vers Cuba. Le )6, trois canonnières espagnoles sortent de la Havane et mettent en fuite cinq navires de second rang chargés du blocus par l'amiral Sampson,parti pour Porto-Rico avec le gros de ses forces. Ce même jour, nouvel échec des Américains devant Cardenas. Le <8, autre échec à Port-Caibarien. A Pinar del Rios, les Espagnols battent un gros d'insurgés; 200 morts. L'amiral Sampson et le commodore Schley restent dans l'incertitude sur les manœuvres de l'escadre espagnole, qui est l'objet des commentaires universels. A noter qu'on télégraphie le )Q, de la Havane, qu'un croiseur allemand le (ff/fr est entré dans le port sans saluer les navires américains Le 20, nouvelle officielle de l'arrivée de l'amiral Cervera à Santiago de Cuba. Il met en fuite deux navires ennemis qui venaient de bombarder la côte et de tenter de couper le câble de la Jamaïque. Le 22, retour des flottes américaines à Key-West.Elles se réapprovisionnent et se reforment en deux divisions plus homogènes. Le 25, l'amiral Cervera, resté à Santiago, s'y trouve bloqué par le commodore Schley. Le 26, l'amiral Sampsonjoint ses forces à celles du commodore. Quatorze navires américains sont devant Santiago. Le juin, l'amiral Cervera tente en vain de gagner la haute mer. La flotte américaine, forte de quatre cuirassés, quatre croiseurs et six petits vaisseaux, canonne l'entrée de la baie. Résultat nul. Le 3 juin, le croiseur auxiliaire américain .Vt~'y'/MMcest coulé à l'entrée du goulet, qu'il n'obstrue qu'imparfaitement.Vive canonnade pendant quatre heures. Les dépêches des deux partis sont triomphantes. Le 5, nouveau bombardement qui masque une tentative de débarquement repoussée. Le 7, huit cent cinquante soldats de l'infanterie de marine de l'amiral Sampson débarquent dans la baie de Guantanamo. Les Espagnols tentent inutilement de les déloger. Les américains reçoivent des renforts et sont protégés par trois navires embossés dans la baie. Le un premier corps expéditionnaire, lort de quinze mille hommes et huit cents officiers, part enfin de Key-West à bord de trente-deux transports escortés par seize navires de guerre. Il arrive devant Santiago le 20. Les premières troupes d'avant-garde prennent pied le surlendemain sur le soi de Cuba. Elles se concentrent sous la protection des canons de la flotte, tandis que les Espagnols reviennent en arrière du côté de Santiago, où ils se proposent d'attendre leurs adversaires.

f'

France Soudan. Prise de Sikasso.

L'affaire de Sikasso est venue ajouter une page mémorable à l'histoire militaire de nos colonies. Une colonne, forte de quinze cents hommes et de trois canons, a pris la capitale fortifiée du Kénédougou, défendue par douze mille nègres bien armés et énergiquement commandés.Le roi Babembo s'est fait tuer avec sa garde. La ville a été prise case par case. Ce combat fut si rude que nous avons eu deux cent seize morts ou blessés, ce qui est considérable pour une affaire coloniale. Parmi les morts on compte les lieutenants Gallet et Soury, deux officiers d'avenir dont le sang généreux n'aura pas coulé en vain. La victoire du vaillant lieutenant-colonel Audéoud, qui commandait la colonne chargée de châtier le fauve rebelle et allié à Samory, a déjà des résultats heureux. Plusieurs chefs indigènes du Kénédougou ont fait leur soumission au commandant du cercle installé à Sikasso. Au moment où notre diplomatie arrive enfin à régler avec la diplomatie anglaise nos droits dans la boucle du Niger, la prise de Sikasso vient heureusement assurer notre prestige et compenser en partie ce que la politique nous fait perdre.

Le Génie et le chemin de fer de Kayes au

Niger.

Un décret récent détermine les conditions exactes de la construction et de l'exploitation du chemm de fer de Kayes au Niger par le service du génie.

Le chemin de fer du Soudan, comprenant la section

ouverte et la section en construction, est confié à la direction d'un officier supérieur du génie. Cet officier a le pouvoir de prendre toutes mesures, d'engager toutes dépenses relatives à l'exploitation, à )'entretien et aux travaux neufs dans les limites des crédits qui lui sont ouverts. Toutefois, il ne peut conclure, sans l'autorisation du gouverneur, des marchés ou des traités de gré à gré dont l'importance totale dépasserait 5oo francs, et sans l'autorisation du ministre des colonies, des marchés ou des traités de gré à gré dont l'importancetotale dépasserait 20000 francs.

Madagascar. Affaire de Vohinghezo.

C'est dans cette affaire que sont morts en héros les capitaines Flayelle et le lieutenant Montagnole. Ils avaient pour mission d'aider à l'extension de l'influence française dans la province de TuDéar et d'y anéantir une importante bande de rebelles qui ravageait le pays. Le capitaine Flayelle partit avec trois cents hommes et une pièce de canon. Ce groupe, dit le général Galliéni dans l'ordre du jour relatif à cette expédition, quitta le poste de Soaserana, dans l'après-midi, passa le Yalia et, après un repos de quelques heures, se remit en route à onze heures du soir. Il se heurta, à quatre heures quarante-cinq du matin, à des escarpements boisés occupés par les rebelles, qui accueillirent la tête de colonne par un feu très nourri. Aux premiers coups de feu, MM. le capitaine Flayelle et le lieutenant Montagnole, qui marchaient à l'avant-garde tombaient mortellement blessés. M. le lieutenant Defer prenait alors le commandement et donnait ses ordres pour l'enlèvement de la position, qui fut aussitôt effectué, grâce à un mouvement tournant vigoureusement conduit par M. le sous-lieutenant Garenne et malgré les énormes difficultés du terrain et la résistance déployée par les rebelles, abrités derrière les retranchements qu'ils avaient organisés et derrière lesquels ils laissèrent de nombreux cadavres. Parmi les braves qui se distinguèrent dans ce périlleux combat, il en est un que le général cite à l'ordre en premier, après les morts, et rien n'est plus éloquent que les six lignes officielles qui lui sont consacrées Griseur, soldat de r' classe à la même compagnie, ordonnance de M. le capitaine Flayelle Sc/y'0!n'j);< f); dehors de la est allé les balles le de capitaine mortellesous ramasser corps son ment frappa, est revenu ensuite chercher le corps du lieutenant Montagnole, puis est retourné au feu.

/f <<

Angleterre L'Armée anglo-indienne.

Georges Noble-

maire a consacré un chapitre très documenté à l'armée angloindienne dans le volume ~4;< 7t~M, édité par la librairie Hachette. En substance, l'évalue àôqo.ooohommesenviron, chiffre relativement peu considérable en comparaison de

celui de la population qui compte au moins Joo.ooo.ooo d'habitants. Mais. dit le Pro~v.< m;/)~;r< si l'on défalque les contingents irréguliers appartenant aux princes feudataires, contingents dont l'instruction est nulle, on arrive au chiffre de 3oo.ooo soldats à diviser comme il suit volontaires, 25.ooo; réserve, 25.000: imperial M~t'/ce lroop, 3o.ooo; forces subsidiaires, t~.ooo; indigènes, t33.ooo: anglaises,

-000.


Le Musée San Martino à Naples Le ~/)<M6 .S'~M Mct/HOj ~OH~ la c;'Mt</OH est de date récente, contient tout ce que A~/M~OMc~e matériels propres à f'c<Nt!e/' .!OH passé. C'est, ~0!< ainsi dire, le m<~fe /'e/onKe/ de la cité.

LE

monument qui contient les reliques napolitaines L' n'est autre que l'ancienne Chartreuse, adossée au Castel Saint-Elme, que l'on aperçoit de tous les points de la ville, et qui fut construit au quatorzième siècle. Le musée se divise en deux parties bien distinctes 1° l'eg'iisc; 2" les salles de l'ancien couvent, dans lesquelles on a accumule les souvenirs des temps

passés.

la valeur du dessin. Ce sont douze roses de basalte d'Egypte, sculptées par Cosimo di Carrare et appliquées aux piliers de l'église. D'après les annales du couvent, elles ont été payées un prix fabuleux. C'est une balustrade du plus beau blanc de Carrare, magninquement ouvragée, qui forme séparation entre t'ég-tise et le chcuur. Ce sont des peintures sans nombre, réparties en des compar-

timentsdeboisscuiptcet

dans t'élise un tel luxe de richesses arIl y a

doré. Parmi ces tableaux, dont quelques-uns sont fort estimés, il en est deux qui méritent une mention

tistiques qu'un auteur napolitain a

consacré

une

partie de son existence a les décrire.

particulière.

Saluons en passant, dans la salle du Chapitre, un tableau de Vouet que l'on a longtemps attribué à Finog'Ha. Dans l'un des ang)es, lors d'une restauration, on a découvert cette

L'un est

qui, bien que non achevé, est considéré comme l'une de ses meilleures œuvres. Toutes les physionomies y

j'6.

sont admirablement éclairées par la lumière qui A~Ht't, à A'a/M. rayonne de l'Enfant Jésus, placé au centre du tableau. Malheureusement, la figure principale n'est que dessinée. Le peintre, sans nul doute, en avait réservé le modelé pour le parachèvement de son œuvre. Les Chartreux, parait-il, avaient versé pour ce tableau un acompte de deux mitle écus entre les mains du Guide; les héritiers de ce dernier, ne pouvant livrer le tableau terminé, voulurent restituer les deux mille écus; mais les moines préférèrent t'œuvretette qu'elle existait. Elle occupe, au fond du chœur, la partie la plus en vue de t'ég'tisc. L'autre tableau est une admirable descente de croix, malheureusement très endommagée, de Massimo Stanzioni. Cette œuvre empêchait Ribeira 't'Espagnolet) de dormir. Ne pouvant détruire le tableau de ses propres mains, il persuada aux moines de nettoyer le chef-d'œuvre de son rival avec une eau qu'il leur apprêta. Les substances corrosives que contenait cette eau détériorèrent complètement la toile et la

CHATEAU DE SANMAKTtXO.

P/!0<0~t'~A<f de A/.

bonne figure a côté des (iuido, des Stanzioni, des Ribeira, des Luca Giordano, etc., représente saint Bruno recevant des mains de l'Enfant Jésus la règ'te de l'ordre des Chartreux. Les physionomies, pures et belles, y sont traitées de main de maître; malheureusement, le tableau, placé entre deux fenêtres, est très mal éctairé. L'architecture du monument est simple. Une seule nef et une double série de chapelles latérales en constituent l'ensemble. Mais l'ornementation ne cadre pas avec cette simplicité. On a entassé là, comme à plaisir, les richesses les plus précieuses l'or, les marbres rares, les pierres précieuses. Les œuvres d'art se disputent l'attention du visiteur. C'est le maître-autel en bois sculpté et doré exécuté sur les dessins de Solimène, où l'on a distribué à profusion les améthystes, les agates, les lapislazuli, etc. C'est un pavé entièrement incrusté de marbres rares, où l'harmonie des couleurs le dispute à TRAVERS LE MO~UE.

t'.ldo/'a-

/!OH~M.Ber~s,duGuide,

signature .S'/wo):~0!«' parisien, /)!.v! Ce tableau, qui fait fort

A

~ocH;);e;

28" HV.

K"t.)juuiet[8()8.


mirent dans l'état où on Ja voit encore aujourd'hui. Toutefois, si les nuances de ta peinture se trouvent à jamais détruites, on peut encore, dans l'obscurité des teintes, apprécier ia valeur de la composition. Stanzioni refusa toujours d'y remettre la main, vuuianL sans doute laisser a ia postérité un monument destiné à perpétuer le souvenir de la basse jalousie de son rival. Nous ne quitterons pas cette partie du musée sans jeter un coup d'œit sur )a salle du Trésor, où l'on remarque une P;e/j de Ribeira. Ce tableau, que l'on dit être l'oeuvre capitale de l'Espagnolet, n'est point de ceux que l'on admire sans réserve. L'expression de la douleur et du recueillement qui se lit sur la physionomie des

personnages n'est pas dénuée de vé-

rité, mais elle manque de ce

charme et de cette beauté qu'on serait en droit d'attendre du maître espagnol. Enfin, le tableau

est tellement poussé au noir qu'il est

impossible d'en

saisir les nuances

sans l'aide d'une

cette muraille, lisse comme un marbre poli, s'étendait un talus si rapide, qu'à la première vue on n'eût certes pas cru que des hommes pussent l'escalader. Audessus de ce talus, à cinq cents pieds du roc, était une espèce de ravin, et douze cents pieds plus haut encore, !e fort Saintc-Uarbe, dont !es battetiea battaient, ie talus en passant par-dessus le ravin dans lequel les boulets ne pouvaient plonger. « Lamarque s'arrêta en face du rentrant, appela à lui l'adjudant général Thomas et le chef d'escadron Livron. Tous trois tinrent conseil un instant; puis ils demandèrent des échelles. première échelle contre le ro« On dressa )a cher elle atteignait à peine le tiers de sa hauteur; on ajouta une seconde échelle à ta première, on t'assura avec des cordes, et on les dressa de nouveau toutes deux; il s'en fal-

lait de douze

à

quinze pieds, quoique réunies l'une à

l'autre, qu'elles atteignissentle talus; on en ajouta une troisième; on l'assujettit aux deux autres avec la même précaution

lumière très vive. La voûte de qu'on avait prise cette même salle est décorée d'une pour la seconde, puis on mesura de fresque de Luca CARROSSE DE GALA Uf'ML'XICIPED. a. Giordano que l'on nouveau la haul'holographie de .V. 7t/tr/, à A'J~/M. montre comme l'un teur cette fois les derniers échelons des exemples dee touchaient à la crête de la muraille. Les Anglais rel'incroyable célérité de cet artiste. Ce peintre napoligardaient faire tous ces préparatifs d'un air de stupétain, célèbre par la facilité de travail qui lui a valu le faction, qui indiquait clairement qu'une pareille tentasurnom de Fa /'y-e.~o, a reproduit sur cette voûte tive leur semblait insensée. Quant aux soldats, ils plusieurs traits de l'Ecriture sainte, entre autres le échangeaient entre eux un sourire qui signifie « Bon, triomphe de Judith, où l'on voit l'héroïne suivie d'un il va faire chaud tout à l'heure » cortège très nombreux. On affirme que cette œuvre ne lui a demandé que quarante-huit heures de travail. « Un soldat mit le pied sur l'échelle. « Tu es Il avait alors soixante-douze ans. bien presse » lui dit le général Lamarque en le l'ancienne église, on Dans une salle proche de tirant en arrière, et il prit sa place. » a réuni à côté des portraits des anciens rois de Naples « Le second tableau nous montre les soldats tout ce qui touche aux choses militaires. français grimpant à cette triple échelle « qui vascillait Deux tableaux entre autres, bien que d'un travail à chaque flot que la mer venait de briser contre le agréablement fibre natiomédiocre, chatouillent notre roc ». nale le premier nous montre une petite flottille « On eut dit, ajoute Dumas, un immense serfrançaise se dirigeant sur Capri, alors occupée par les pent qui dressait ses anneaux onduleux contre la muAnglais. C'est simplement une multitude de barques raille. » de pêcheurs, véritables coquilles de noix que la moinNous ne pouvons passer sous silence la figure dre tempête pouvait briser les unes contre les autres, engloutissant les dix-huit cents hommes qui les mongenre musée Grévin d'un dominicain, le Père Rocco, grandeur nature, placée dans une niche protaient, sous les ordres du général Lamarque. fonde et qu'une grille protège contre les familiarités Après des péripéties de nature à rebuter du /'o/)o/~KO napolitain. l'homme le plus hardi, Lamarque n'avait pu découvrir dans l'île un seul point abordable. « H y avait, dit Il ~a~re Rocco est représenté assis, dans l'attiDumas, dans un rentrant, au pied du fort Sainte-Barbe, tude d'un homme qui parle devant un auditoire. L'expression, le geste si accentué du moine donnent un endroit où le rempart granitique n'avait que quarante à quarante-cinq pieds d'élévation. Au-dessus de un instant l'illusion de la vie. Les Napolitains ne


manquent jamais de s'arrêter devant cette statue et de s'étendre en de longs commentaires au sujet de leur célèbre compatriote. Ne a Naptes en t/oo, le dominicain Rocco fut l'apôtre le plus populaire du pays durant environ soixante ans. Après le fameux pécheur révolutionnaire Masanietto, c'est aux yeux du peuple la plus grande personnalité napolitaine.

L'artiste qui l'a reproduit nous le montre, diton, au moment où le moine excite le peuple à établir des images de la Madone et de saint Joseph dans les rues de la ville et à y entretenir des lumières. A cette époque, Naples n'était point éclairée la nuit; les rues n'étaient rien moins que sûres; il s'y commettait fréquemment des crimes. Le père Rocco obtint du pape une bulle accordant des indulgences à qui-

Réduit à sa plus simple expression, il constitue un groupe de trois personnages et de deux animaux l'Enfant Jésus, placé à terre, saint Joseph et la Vierge Marie, assis, et enfin l'âne et )e bœuf que la tradition fait assister à la naissance du Christ. C'est la scène de Noël que les'familles napolitaines conservent précieusement sous un globe ou sous un vitrage, et qu'elles exhibent dans la soirée du 2~ décembre, à l'occasion d'une cérémonie patriarcale pleine de couleur locale, préliminaire d'une fête pantagruélique qui ne dure pas moins d'une semaine entière. Le presepe, simple comme je viens de le dire, est rare. D'ordinaire, il est agrémenté de sujets et de scènes extrêmement variés qui viennent se grouper autour de la crèche. Autant celle-ci est invariable, autant est grande la variété de son en-

tourage. Cet usage

tellement inhérent aux mœurs napolitaines et siciliennes, qu'on trouve le presepe partout, aussi bien chez

placerait une imag'e sainte

conque

sur les murs de la

rue, ainsi qu'à ceux

qui

y

établiraient

l'habitant le plus

une lumière. Les prédications du

humble que dans

familles les plus nobles et les les

môme à ce sujet firent l'effet d'une trainée de poudre; il y eut bientôt tant de lumières dans les rues, qu'il fallut reag'ir de crainte

d'incendie; un dé-

cret du roi prescri-

est

plus riches. Les rois eux-mêmes se

p)aisaientàenéta-

blir de leurs propres mains et à les

agrémenter des su-

EGLISE SAN MARTINO.

l'holographie de

vit qu'une autorisation devait être obtenue pour jouir du privilège d'éclairer les madones et, partant, les rues. La rude franchise du Père Rocco, qui ne ménageait personne, surtout les grands, lui avait fait une telle popularité que, lors de sa mort, on cacha cet événement au peuple, de crainte d'un tumulte. Dès que le bruit eut transpiré, le peuple voulut revoir celui dont l'existence n'avait été pour lui qu'une suite d'actes de dévouement, et il fallut exposer son corps dans l'égiise du couvent des dominicains. La foule envahit l'édifice et arracha par lambeaux les vêtements du moine en guise de reliques. Mais comme les derniers arrivés protestaient, il fallut deux fois habiller le mort pour satisfaire à toutes les exigences. Le fanatisme du peuple napolitain est tel, vis-àvis de son idole, qu'aujourd'hui,.plus d'un siècle après la mort du moine représenté au San Martine, ses vêtements disparaitraient encore par lambeaux, si l'on n'avait'mis une grille entre le public et lui. L'une des curiosités intéressantes du San Martino est aussi le Presepe, don magnifique fait à la municipalité par un riche Napolitain. Le presepe est une crèche de l'Enfant Jésus, dont l'usage est de tradition à Naples et dans tout l'ex-royaume des Deux-Siciies.

~ya;<)'t, à Naples.

jets l'es plus riches et les plus variés.

Ferdinand IV, entre autres, en avait fait établir un, dans son palais de Palerme, qui n'occupait pas moins de 600 mètres de superficie. Celui de San Martino est l'un des plus complets et des plus beaux qui soient connus. On y remarque des scènes de toutes sortes, des groupes de chanteurs, des danseurs, des cavalcades, des restaurants, des magasins de comestibles, des vaches, des troupeaux.

Les sujets sont revêtus des étoffes les plus précieuses et couverts à profusion d'or et de bijoux et tout cela se meut sur une grande étendue, avec des ruisseaux, des cascades, des rivières, des prairies, des monts et des vallons qui se perdent en une lointaine perspective peinte à fresque, en « trompe-l'œil », sur la paroi du fond. Voici encore quelques souvenirs de l'histoire de

Naples.

C'est d'abord la barque à vingt-quatre rameurs dans laquelle le roi Charles Ht se promenait sur les eaux du golfe de Naples, véritable joyau pompeuse-

ment décoré (or et blanc), dont les deux extrémités sont ornementées des sirènes traditionnelles.. La légende, nous le savons, veut que Naples ait été créée par les sirènes, notamment par Parthénope. Le baldaquin de cette barque est décoré d'une peinture appré*


CRECHE

OU't'RESEPE'. A.

Py;o<o~)/<1/ri,Yj/ ciée de Francesco de Mura, représentant la déesse de

l'abondance. Plus loin se trouve encore un autre véhicule napolitain l'antique carrosse du « Municipe », magnifique voiture de gala toute dorée et sculptée. Cette voiture, connue autrefois sous te nom de ~/K/ servait au syndic et aux vice-syndics de Naples, lors des cérémonies officielles. Elle est tout ornementée de sujets allégoriques. Le siège du cocher est supporté par des anges destinés sans doute à servir de guides au conducteur, tandis que la banquette réservée aux valets de pied repose sur une corne d'abondance d'où les pièces d'or, les fruits et les fleurs semblent se répandre sur le peuple. Sur ses panneaux, Solimène a peint quatre sujets dont le plus apprécié est celui de la Justice. a lieu de remarquer en passant que nous retrouvons à chaque instant, à Xaptes, ce symbole de l'abondance. It est, en effet, peu de pays où la nature se soit montrée si prodigue en toutes choses; et cependant, malgré cette prodigalité, qui permettait autrefois à la majeure partie du peuple de vivre sans travail régulier, la situation économique de l'Italie a gravement compromis cette situation prospère et a 'réduit cet admirable pays à un état voisin de la H y

misère.

Jetons encore un coup d'œit en passant sur une vitrine soigneusement close, où l'on conserve précieusement les vêtements richement brodés et les ornements accessoires dont se revêtaient, dans les cir-

constances solennelles, les élus du peuple napolitain. Je terminerai cette énumération en signalant au visiteur l'un des souvenirs les plus étranges au point de vue des mœurs et des coutumes napolitaines. Je veux parler d'une colonne, appelée la colonne Vicaria, indiquée sous le numéro 2~48 de la classification du musée. Cette colonne, qui se trouvait autrefois placée auprès de la porte du tribunal, dite porte Vicaria, avait une destination singulière. Les débiteurs faillis étaient condamnés à monter sur sa plate-forme et à présenter, de là, à leurs créditeurs (ou plutôt au public) il dc/'e/MO, en d'autres termes, leur « partie postérieure ». C'était une sorte de rachat de leur dette

par l'opprobre. H parait que cette exposition peu respectueuse était d'autant plus pénible pour le patient, qu'elle constituait pour le public une fête des plus appréciées et qu'elle attirait une population très nombreuse et très

mêlée, de tous les quartiers de Naples. Cet usage judiciaire avait pris naissance en i553 avec Don Pietro di Toledo; il fut aboli en ir3~, à l'avènement de Charles

III.

Depuis cette époque, la fameuse colonne était restée à la porte Vicaria c'est seulement durant ces dernières années qu'elle a été transportée au Musée San Martino. 11. BERTHE.


Après trois années de séjour au Soudan, il était en route pour revenir en France, lorsque fut décidée la colonne de Sikasso. Aussitôt il demanda et obtint de faire une quatrième année dans la colonie. Il prit part à toutes les affaires qui précédèrent la

Les Morts de Sikasso C/'cMBjrr.

a

TApriscdeSikasso

Cliché Craffe.

a coûte à la France

la mort de deux de ses plus jeunes etvai)-

)antsofnciers:)e)ieutenantC;aUet,dei'infanteriedc)ig'ne,ette lieutenant Loury, de HEUTENANT

GAu.LT.['infanteriede marine,

A l'assaut final, il tomba pour ne plus se relever, frappé en avant des tirailleurs, qu'il entraînait avec son habituel courage. La mort de Gallet et de Loury a laissé un vide profond dans la phalange de nos Soudanais. Ces deux officiers laissent derrière eux des parents aimés, mais ils ont eu la suprême consolation de penser que leur

mort n'aura pas été inutiic, car le drapeau français flotte sur Sikasso. NEn NoLL.

LiEL'TEXAXTLocRY.

tous deux servant à t'état-major hors cadres, au Soudan. Le lieutenant Cjallet était entre aSaint-Cyr en )8c)o, et en était sorti lieutenant en 1894, dans l'infanterie. Très bien noté, il obtint en )8c;5 de servir a t'état-major hors cadres du Soudan. I) y demeura de

juin )8()5 à juillet )8~7, accomplissant avec beaucoup de distinction les missions qui lui étaient connées, ce qui lui valut une proposition pour le grade supérieur. Rentré po.)r quetqujs nuis en I''rancu, il repartait pour le Soudan a ta fin de i8t)7, avant l'expiration de son cong'é de convalescence. U fut, peu après son arrivée, nommé adjoint au commandant du cercle de Ivita, poste qui ne pouvait satisfaire son activité, puisque le pays était depuis de

longues années rangé sous notre domination. Il saisit donc avec joie l'occasion qui lui fut offerte de partir en colonne sur Sikasso. Toujours à t'avant-garde dans la marche contre cette ville, il fut frappe d'une balle à la tête dans un des combats qui précédèrenti'assaut final. H précéda de quelques jours dans la tombe son compagnon d'armes, le lieutenant Loury. Le lieutenant Loury, fils d'un vieux soldat amputé d'un bras au siège de Sébastopot, avait été élevé à l'école de Rambouillet, qu'il ne quitta que pour entrer au régiment. Il franchit très rapidement les premiers grades de la hiérarchie militaire et sortit de t'écote de Saint-Maixent en ;8oo, dans les dix premiers de sa promotion. Affecté sur sa demande au 8= régiment d'infanterie de marine, il partait l'année suivante pour Madagascar, où il résidait deux ans, se livrant à des levés topog'raphiques dans la région de Madagascar. Revenu en France pour y goûter un repos bien gagné, il ne tardait pas a demander à repartir pour le Soudan. Ce qui lui fut accordé. II s'y montra un officier absolument remarquable et il donna la mesure de sa valeur dans l'administration du cercle de Djenné, l'un' des plus importants de notre possession soudanaise. H avait su s'attachera ce point les habitants, par son administration ferme et paternelle, qu'il assurait l'ordre dans'sa circonscription avec une douzaine de

tirailleurs.

prise de Sikasso.

La Guerre et l'Amérique Lettre des Etats-Unis

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Phi)ade)phie.–Juin. n'a pas idée de l'enthousiasme avec lequel les /Knouvelles des succès On voyait été ont

reçues. ne que g'ens s'arrachant les journaux. Quant au départ des troupes, il a provoqué du délire. On sait qu'il n'y a ici, en fait d'armée, que: des volontaires, mobilisables en temps de guerre. Kn fait d'armée rég'utiëre. il n'y a que 20 ooo hommes. si l'on excepte toutefois « l'armée du Satut qui a ici des postes innombrables et possède même à New-York un quartier généra) qui ressemble à un château fort. Tous les volontaires ont donc été levés dans les premiers jours de mai dans les casernes et de là envoyés dans les camps pour y être préparés à la g'uerre. J'ai vu partir ces rég'iments pour le camp. C'étaient de tout jeunes gens, pour la plupart, dont l'uniforme bleu sombre, la veste courte, le chapeau de feutre brun et les guêtres jaunes les font ressembler un peu à nos « Alpins ». C'est une vraie milice, assez peu décorative, mais de bonne allure. En tête des régiments étaient des corps de musique indépendants de l'armée, mais affublés d'uniformes criards empruntés à toutes les troupes d'Europe. Les uns avaient les casques à pointe des armées prussiennes, les autres la veste rouge des Anglais. Quant à un tambourmajor que j'ai vu là, il m'a rappeté un personnage entrevu à nos cortèges de la Mi-Carême. Ces fanfares, en conduisant les régiments aux bateaux, jouaient tous les airs patriotiques de la République, et en particulier, le -S~' 'S'~K~e~ BOMHC/ qui maintenant vous obsède partout, fredonné ou sifflé par tout le monde. Les fifres faisaient rage, et dans la ville, à travers les rues, dans la 5" avenue et dans Broadway comme dans les quartiers ouvriers, c'était un enthousiasme indescriptible. Les dames agitaient leurs mouchoirs, les


femmes -de chambre leurs tabliers btahcs, les hommes criaient /<r/'j/< Et tous ces jeunes soldats, qui portaient presque pour la première fois le fusil, marchaient allègrement, presses par la foule, et tout sérieux, sembiait-ii,dans te sentiment de leur haute mission. j'ai vu tableau de genre touchant -un officier quitter les rangs pour embrasser sa femme; j'ai vu une grande dame en noir, dans un élégant hansome, qui se faisait conduire à tous les passages des rues pour agiter son petit mouchoir blanc et saluer une fois de plus un mari, un frère ou un fiancé peut-être. Beaucoup d'yeux se mouillaient d'une émotion sérieuse. j'ai vu le même spectacle, il y a quelques jours encore, à Washington, avec le même enthousiasme. C'étaient les soldats qui quittaient leur camp pour aller a Tampa. M. Mac Kintey devait les passer en revue. Et pour voir les soldats qui déniaient devant le Président debout, sur son perron, )a foule avait envahi le jardin de la Maison-Blanche. Devant ces spectacles, on se convainc sans peine de l'étendue et de la vivacité du sentiment public américain. Lejingoïsme ici, comme le patriotisme lui même, sont évidemment très profonds chez ce peuple hétérogène qui, quoique composé avec les apports les plus divers et les plus récents, constitue un tout solidaire dont des crises comme celles-ci prouvent la force et resserrent peut-être les liens. Ce patriotisme revêt les aspects les plus divers et se traduit par les manifestations les plus opposées. Les chaires de toutes les églises retentissent tous les dimanches de discours patriotiques, et tous, sans distinction de sectes, sont unis dans un même sentiment. Un autre foyer de patriotisme d'un autre genre, c'est le music /M/ On ne se fait pas une idée de la variété des inventions de circonstance qu'ont faites ici ces industriels, qui savent, tout comme les nôtres, donner à la foule, habilement dosés, ce qu'elle décolletage. aime tant le chauvinisme et

7/ /):

le.

Partout l'orchestre joue plusieurs fois par soir

les airs nationaux, et le public se lève, non sans un sentiment de gêne, peut-être, sentant que ce n'est pas le lieu des choses sérieuses. Partout il y a des chansons de circonstance où t'Espagno) est bafoué, où les marins du A/tn'ne sont gtorinés. A New-York j'ai vu de véritables manoeuvres de canon sur la scène. A Washington, une dame en maillot rose a chanté au milieu des acclamations un chant patriotique, un drapeau dans chaque main. A Philadelphie, une Loïe Fuller de l'endroit, après avoir revêtu les formes les plus changeantes sous des jets de lumière colorée, a successivement offert, aux applaudissements du public, reflétées sur sa poitrine, des images de Lee, Mac Kintey, Dewey et même W~eyter, dont l'apparition provoque régulièrement partout des hurlements de rage. «

Et voità comment, nourri par la littérature des Yellows », stimuté par le patriotisme des cafés-con-

certs, flatté par les succès de sa flotte, l'oncle Sam voit grandir son orgueil et ses ambitions. –La guerre humanitaire devait se borner d'abord à la délivrance de « Ciouba ». Petit à petit, elle a pris le caractère d'une guerre de conquête. Qu'en sera-t-il de ces ambitions que soufflent à la foule ses conseillers perfides ? Qui l'emportera des sages, qui veulent qu'on se borne

au nécessaire, ou des insensés, qui ouvrent à FAmérique des horizons sans limites, en lui disant «Tout cela est à

toi!"»

dans les pays ou c'est ta foule qui gouverne, ce ne sont pas d'ordinaire les sages qui ont Le dernier mot. 0:ox G~'p? Hé)as

Explorations Danoises dans les Terres Arctiques se proposent d'entreprendre, cette année, comme les précédentes, une série d'expéditions et

LES Danois

de travaux scientifiques dans leurs colonies boréales. Aux Forcer on continuera le levé de l'archipel, en vue d'une carte définitive, commencé en i885. Les travaux comprendront cette année les iles du Nord. Quant aux îles du Sud, Sandô et Syderô, elles seront nivelées et triangulées. Le schooner D/M.t fera des sondages sur les côtes d'Islande, en vue de déterminer la position des bas-fonds et des bancs de poissons jusqu'à la ligne de foo mètres de profondeur, et de faire des recherches sur la température, la salinité de l'eau, et la conng'uration du fond marin. Les sondages se feront sur les côtes du Sud et de l'Est.

L'explorateurislandais bien connu, AI. Th. Thoroddsen,va étudier eetteannéeiaLanglôkull, au nordest de Reykjavik. On trouve dans ce massif de grands

groupes de lacs et des coulées de laves inconnues. Ce voyage achèvera t'œuvre d'explorations qu'il s'était proposée et qu'il avait commencée en 1882. Il a aujourd'hui visité l'ile entière, et il se propose d'en donner les résultats dans une carte géologique et topographique à grande échelle, qui ne sera, il est vrai, publiée que dans quelques années. Le capitaine Daniel Bruun, dont le Tour dit ~/o~ donnera prochainementun l~oj'a~cAe~dc.s' Tro~/o~M de T~s~ est parti en mai pour les Fœrôer, où il se propose d'étudier les monuments préhistoriques. H doit ensuite se rendre en Islande, où des monuments semblables se trouvent sur les côtes occidentale et nord-occidentale de )'!le. H espère qu'on pourra rendre à la circulation les anciennes routes de l'époque païenne, entre le nord et le sud de l'ile. Enfin, la Commission pour l'étude géologique et géographique de l'Islande a organisé pour cette année une exploration de l'intérieur de la grande île de Disko, sur la côte orientale du Groenland. C'est la partie la moins connue du pays, et les Groenlandais eux-mêmes n'en ont jamais visité l'intérieur, les rennes manquant complètement dans l'île. Le chef de l'expédition sera le Dr K.-L-V. Steenstrup, qui a déjà dirigé en 1871, !8?3 et 1880, des expéditions sur les côtes de l'ile. AI. Steenstrup se propose surtout d'étudier les phénomènes glaciaires, les plantes fossiles, et les masses de fer nickelé d'origine tellurique.

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Comment atteindre le Pô)e? Opinion de Nansen T~Rt'rjOF NA~SEX consacre à cette question un article très remarqué dans le numéro de mai de la revue Il dit en'substance que la danoise Nord a?

mer Glaciale s'étend très probablement jusqu'au Pôle et par delà. Cette mer a été si souvent explorée dans l'hémisphère oriental, qu'on ne peut plus s'attendre à y découvrir beaucoup de terres a peine quelques îles de minime étendue.

est tout autrement au nord de l'Amérique, où le nombre de terres encore inconnues doit être considérable. C'est par ce côté-là, déclare Nansen, et il que le Pôle a le plus de chances d'être atteint, peut l'être facilement. Comment? Il a a plusieurs méthodes, dont chacune peut donner de bons résultats. Mais la meilleure lui parait encore être la sienne. Seulement, il conseille de prendre comme point de départ le détroit de' Bering. Le navire se laisserait enfermer dans les glaces qui s'y forment, et qui, entraînées par les courants, l'emporteraient avec elles dans la direction du Nord ou plutôt du Nord-Est; en tout cas, il passerait infiniment plus près du Pôle que le F/'etM. Ensuite, toujours entraîné par le courant, il viendrait probablement aborder sur la côte orientale du Groenland. Seulement, un pareil trajet demanderait cinq ans. Nansen prétend qu'un aussi long- séjour dans les mers polaires ne présente pas de dangers excessifs. Dans l'air polaire, dit-il, il n'y a plus aucun germe de maladie. Le scorbut lui-même provient tout simplement de conserves avariées, et les expériences du .F~m permettent d'assurer qu'on l'évite facilement. Il suffit aussi de bien choisir ses hommes pour n'avoir pas à craindre les effets du découragement ou de l'hypocondrie. Nansen ajoute que les traîneaux attelés de chiens permettent à la vérité de voyager plus vite, mais que cette méthode empêche les long's séjours sous ces hautes latitudes. Les ballons peuvent aussi être employés;'mais il faudrait ne s'élever dans l'air que parvenu le plus près possible du Pôle, afin de n'avoir pas à craindre d'atterrir bien avant d'avoir atteint ce point. U termine par cette question Quel intérêt présente la conquête du Pôle? Le Pôle même n'offre, en tant que point mathématique, aucun intérêt quelconque, ni scientifique, ni pratique; mais l'humanité a engagé son honneur à atteindre ce but, et céderait une lâcheté d'y renoncer. La nation qui y plantera la première son pavillon aura remporté une brillante victoire. Après cela, l'û~M~/OK polaire cessera, et, n'ayant plus de record à établir, on ne se préoccupera plus que des questions scientifiques rattachées à la déI) en

couve'rteduPôle.

La phrase

Voir Naples et mourir

/~x a discuté récemment, et nous l'avons dit, sur le

sens exact de l'adage connu Vedi Napoli poi ~/on. D'aucuns ont prétendu que ces mots ne signifiaient « Voir Naples et mourir », que par une sorte de calembour, et que leur sens était, originairement « Voir Naples et Mori », Mori.étant un petit village des environs de Napies. Les curieux ont cherché aussitôt le village en question dans les atlas et les dictionnaires, et ils ne l'ont pas trouvé; ou plutôt les Mori qui existent réellement sont trop éteignes de Naples pour qu'il soit possible de les voir en même temps que cette ville. La question est en suspens. Une romancière italienne a même été consultée et n'a pas encore rendu son verdict. Noùs croyons cependant pouvoir résoudre la question, sans aller chercher nos autorités si loin. Vedi Napoli poi A/on signifie « Vois Naples et meurs », et ne signifie pas autre chose. Il existe, d'autre part, sur le golfe de Salerne, un petit village de Maiori, qu'on peut à la rigueur voir en même temps que Naples, du haut d'une des montagnes qui couvrent la presqu'île de Sorrente. C'est sans doute un grincheux qui, agacé par la hâblerie napolitaine, a fait un jour cet à peu-près, promis à une fortune si singulière, et qui devait rendre nos contemporains si perplexes. C'est de la même façon qu'un Vénitien avait remis à la raison un Napolitain en répondant à son Vedi Napoli, etc., par les mots peu parlementaires Varda ~ene~M e po' crepa.

E.

La PaMmc e< le de Nanteuil, G. de Saint-Clair et C. Delahaye. illustré de u3 gravures. in-8 Un volume écu, /,a)rn-7'cnn;j. relié toile, tête do Broché avec couverture encouleurs,t2fr.; ree, t3 fr. 5o. Librairie Hachette et C".

des Anglais a pleinement montré que l'éducation L'EXEMPLE L physique était non seulement pleine d'agrément, mais surtout avait le très grand mérite' de nous rendre les forces dépenqu'elle sées aux travaux de l'intelligence, et de nous permettre de rester des hommes. Elle est devenue l'associée précieuse de l'éducation

del'esprit-

Tous ceux qui s'intéressent aux sports, et en particulier tous les amateurs du jeu de paume et de lawn-tennis, dont le

nombre augmente chaque jour, liront avec plaisir et utilité l'ouvrage de MM. E. de Nanteuil, de Saint-Clair et Delahaye la P.mme ('< le /);-7'eM))M, qui vient-de prendre place dans l'eleganteB/&<t'o<At'Mfd«h'or<. Après avoir fait un intéressant résume historique des jeux dont ils s'occupent, les auteurs en décrivent avec une grande clarté toutes les règles. Grâce à eux,, les novices sauront comment on apprend à jouer; les amateurs déjà expérimentés, mais qui veulent se perfectionner, trouveront des conseils sur les parties et les coups compliqués, Ils auront aussi, dans des appen(lices, très complets tous les renseignements dont ils peuvent avoir besoin sur les championnats et les règlements qui les ré

gissent.


DEUTSCIIE 7?~VDSC7M~

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G~OG~~P/7/B

Les Chemins de fer de l'Asie y-~Afo~c est revenu à maintes reprises sur le fETo:< L sujet des chemins de fer asiatiques; nous laisserons

donc de côté la première partie du grand article de la de Vienne, qui parle des chemins de .Ket'M fer sibériens, chinois, japonais, hindous, etc., pour ne retenir que la fin de ce travail. La Perse, dit M. Ujntauft, dort toujours d'un sommeil )éthargique; elle n'a, en fait de chemins de fer, que la ligne de Téhéran, longue de 5.) kilomètres. Par contre, le réseau de la Turquie d'Asie se développe avec une rapidité qu'on n'aurait guère prévue il y a quelques années. En tSç',iiv avait déjà

~c'j/i~xf

kiiometres en exploitation, soit 16- en Asie Mineure et 3-p en Syrie. Scutari est relié à Angora par la ligne d'Anatolie; le chemin de fer d'Eskichehr arrive déjà jusqu'à Konia. La

2 Sof)

ligne Scutari-Angora doit se continuer jusqu'à MossouiBagdadetBassora; celle d'Eskichehr jusqu'à .Aintab, où elle se reliera au réseau syrien. En outre, on compte en Asie Mineure les lignes Moudania-Brousse, Smyrne-Magnésie-Alachehr, Smyrne-Skalanowa-Ichikli, sans parler d'embranchements secondaires. En Syrie, Jaffa est relié à Jérusalem; et Béiroutà à Damas, et il est question de la prolonger sur Homs, Alep et Orfa. Plus problématique est le projet qu'a formé une compagnie anglaise de faire passer une voie ferrée, à travers la presqu'île du Sinaï. Quoi qu'il en soit, la Turquie chemins de fer, de subir d'Asie est en train, gràceà une complète et heureuse transformation. Voici quel était, à la fin de ;8()-, le développement comparatif des voies ferrées dans les Etats asiatiques

ses

russe. Japon. d'Asie.

Asiebritannique. Asie

35.)78ki)om. '2M2

Chine. Siam. Perse.

environ 3~?

Turquie Possessions hollandaises Possessions

Possessions

Possessions

espagnoles.

françaises.

portugaises.

2.~ 2082 ~o3 '92 !!i5

"o !2

par centaines. Aussi les possesseurs de boeufs et de chariots qui effectuent encore des transports dans l'intérieur du pays se servent-tis du chemin de fer pum menacer !cs forces de leurs attelages, et ne les font-ils travailler qu'à partir du point où les trains les ont déposés dans une contrée plus fertile et mieux arrosée. A cette voie ferrée s'ajoute une ligne téléphonique, à · laquelle on adjoindra sans doute, sous peu, une ligne télégraphique de Swakopmund à \Vindhak. Ces renseignements sont peut-être un peu trop optimistes, si on les compare aux détails que donne, dans le numéro du juin de la même revue, un articleintitulé:7 ~C.0;t ~M <)'J/f't< ~.7t).! /.7 CO;S'<f//Ott des t'u/f. /fr.S'«~<M/ j/r/t'j/M. D'après cet article, les ouvriers rées européens, damaras, hottentots et hereros auraient été décimés par le typhus, a tel point que les travaux menacent d'être suspendus, faute de bras. Les ouvriers, effrayés par le fléau, encore exagéré par les récits des conducteurs de bœufs, intéressés à supprimer la concurrence des voies fer-

rées, refusent maintenant de s'embaucher, malgré les salaires élevés qu'on leur offre 5 et 6 francs pour les Européens, plus la nourriture. Aussi le gouvernement de la colonie a-t-il songé a faire venir du Cap et du Transvaal des coulis hindous ou métis (croisés d'indigènes, d'Hindous et de Malais). Mais cette tentative n'a pas réussi, vu que ces ouvriers sont mous, p'eu vigoureux, et d'ailleurs fort exigeants, les salaires étant très élevés au Transvaal. L'auteur de l'article préconise donc l'introduction dans la colonie de coulis chinois, qu'on embaucherait pour trois ans, qui se contenteraient de salaires modestes, et ne présenteraient aucun des dangers qu'on pourrait craindre ils ne sauraient prendre la clef des champs, dans un continent inconnu, au milieu de petfplades qui leur sont hostiles ils ne peuvent pulluler en Afrique, vu qu'on les renverra au bout de trois ans et qu'ils ne feront pas souche dans la colonie. Il suffit de prendre certaines précautions, de ne pas froisser leurs habitudes religieuses ou autres, de leur donner comme nourriture le riz et le poisson séché auxquels ils ont accoutumés, pour obtenir une maind'œuvre de premièrequalité, non seulement pour les travaux de construction de chemins de fer, mais encore de canalisation et d'irrigation,qui sont une nécessité pour le développement de la colonie.

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~2)b2kitom.

Comme, à la fin de l'année )88~, l'Asie ne possédait que 26869 kilom. de chemins de fer, on voit qu'elle a à peu près doublé son réseau dans le seul espace de dix années.

/)EC/r.SC//E ~OZ.O~M~ZB/7'LWG

La Création de voies ferrées dans le Sud-Ouest africain Allemand fafricain) txE correspondance venue de Swakopmund (Sud-Ouest et portant la date de mars <8c)8, constate qu'à

quelque chose malheur est bon, car l'effroyable épidémie qui a décimé les troupeaux de la colonie allemande a fait sortir la mère patrie de son indifférence et l'a décidée a activer la construction de voies ferrées. Déjà 3o kilomètres sont en pleine exploitation. Bien que les blancs employés à ces travaux aient été, en janvier et février, fortement éprouvés par les fièvres tropicales, les progrès de la ligne en ont été à peine ralentis, et les )o kilomètres de voie

ferrée faisant suite aux 3o premiers seront achevés en temps voulu. Le grand avantage que présente ce premier tronçon, c'est qu'il traverse des contrées arides, où les bœufs trainant les chariots, qui étaient d'abord le seul moyen de transport, souffraient horriblement de la soif et périssaient

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Femmes Missionnaires en Chine Chine rendent nombre des Européennes qui /[ L comme missionnaires augmente chaque année. Les se

en

Anglaises surtout se distinguent par leur zèle. Et pourtant rien n'est moins enviable que la situation de ces pauvres femmes dans le vaste empire bouddhique. Comme le costume des Européennes parait aux Chinois aussi ridicule qu'immoral, elles sont obligées, si elles veulent exercer quelque action sur les populations, d'adopter le costume disgracieux et incommode des Chinoises, de se couvrir le visage de pâte de riz, de se coiffer à la chinoise, etc. Et encore, malgré leur déguisement; les difficultés de ces missionnaires féminins restent fort grandes, les femmes chinoises vivant dans un état'de reclusion tel qu'elles n'exercent aucune action, même morale, sur la chose publique. Cela scandalise les Chinois de voir des femmes parler, prêcher, et même circuler en plein air, devant la foule, lorsque les Chinoises qui se respectent passent toute leur vie dans la partie la plus reculée et la plus intime de leurs habitations, le mari logeant dans les pièces qui donnent sur la rue. D'ailleurs, les pieds artistement estropiés des dames chinoises les empêcheraientde se produire en public, à supposer qu'elles en eussent la pensée.


Monographie d'un Chef de Pirates au Tonkin LM~O!<Ma«~ du Tonkin CtK7!OHCeH/ f~M'HH des derniers chefs ~e//M dK Tonkin, /eDe-7'/MH), ~OM/ soumission fit n'cemH;eM/ ~r~M~ ~n< vient de reprendre la campagne. /t ce /e,KMe esquisse de la t';e dit De-T'/MW n'est pas sans intérêt.

établissement au Tonkin OTRE N phases

a engendré deux

distinctes, la conquête et la pacification. Pendant la première période nous avons eu à lutter, d'une part, contre les indigènes, Annamites et Tonkinois, qui se sont armés contre l'envahisseur, de l'autre, contre les Chinois, pavillons noirs ou jaunes, qui vivaient en parasites sur ce riche pays et qu'appuyait l'armée régulière du Céleste-Empire,inquiet de notre voisinage. Au cours de la deuxième période nous retrouvons les mêmes adversaires ici, les quelques Annamites qui persistaient à voir en nous un hôte plus dange-

reux que le parasite chinois, et ce sont de véritables rebelles là, les débris des bandes grossies de réguliers licenciés qui ne pouvaient abandonner de gaité de cœur un pays où ils étaient si bien ce sont les pirates. Ces deux noyaux d'opposition se sont naturellement alliés suivant

la vallée du Song-Ma (frontière d'Annam), de l'autre, forment les deux côtés, tandis que la frontière chinoise 'des provinces de Kouang'-Toung, Kouang-Si et YunNan en constitue la base. Si, de l'embouchure duSong-Ma, sommet de ce triangle, on

décrit deux cercles concentriques à la base, on divise la région en trois parties distinctes la première, contiguë à )a mer, constitue le delta la plus rapprochée de la base est la région montagneuse; entre les deux, un territoire intermédiaire tenant de l'une et de l'autre et formant un certain nombre de massifs, les uns franchement montagneux, comme le Ma'i-Dong.te DongTrieu, le Tam-Dao, d'autres simplement montueux, mais

très accidentés, et surtout très boisés, couverts et coupés comme le Yen-Thé. Un offi-

cier a baptisé cette dernière contrée « la Suisse tonkinoise » la comparaison est exacte. Située au débouché des les circonstances et leurs invallées du Song-Thuong et du térêts, se subdivisant en une Song-Cau (les deux lignes de infinité de bandes plus ou pénétration du Delta septenLEDE-THAM. moins hétérogènes, et finaletrional vers la, frontière de D'a/'rM«M<<0<0~'S~yt!'?. ment toutes ont été confonChine), très fertile et très peudues sous la même appellation plée, cette région a été de tout temps le point de mire de pirates, confusion d'autant plus facile que la lang'ue des bandes chinoises, qui considéraient ses riches annamite n'a qu'un mot l'ac (ennemi), pour les déplaines comme un entrepôt inépuisable de buffles, de signer. femmes et d'enfants, bétail humain qu'elles recherfut la plus rébellion la Or, un des centres où chaient pour leur compte ou qu'elles allaient vendre active et la plus longue à réduire est le Yen-Thé, à leurs compatriotes. Quelquefois l'empereur d'Annam patrie du De-Tham. envoyait une armée au secours de la malheureuse proNotre possession du Tonkin présente l'aspect vince, y établissait quelque poste fortifié dont les ruines de la citadelle de Tin-Dao sont un des derniers téd'un secteur géométrique isocèle dont la mer, d'une part, A

TRAVERS LE MONDE.

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juillet

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moins, mais le plus souvent il laissait ces populations, déjà trop éloignées pour l'intéresser beaucoup, se débrouiller toutes seules. Les Xha-gué (paysans indigènes) durent donc de longue date mettre leurs villages sur la défensive pour résister à ces agressions double et mëuie Uipie enceitttt:, division en iiots barricadés, murailles de pisé épais, défenses accessoires multiples, haies vives de bambous, petits piquets, herses, chemins d'accès ou de retraite parfaitement dissimulés, rien n'y manquait. Ayant appris ainsi à se défendre tout seul, confiant dans les postes qu'il s'était créés, favorisé par la nature du sol, l'indigène naturellement prit certaines habitudes d'indépendance, et, dans ces pays. de l'indépendance au -brigandage il n'y a pas loin. D'ailleurs, la cour d'Annam s'en préoccupait peu il ne lui messeyait même pas d'avoir sur les frontières des espèces de marches guerrières auxquelles elle laissait faire à peu près tout ce qu'elles voulaient.

C'est dans cet état d'esprit que nos

premières colonnes trouvèrent les habitants du Yen-Thé

l'arrivée

d'étrangers ne pouvait

vers la fin de 1890 et, pour la première fois, nous voyons apparaitre le De-Tham. Les bandes obéissaient,depuis ta disparition du Doï-Van, à un chef occulte qui s'inspirait peut-être à Hué. Parmi ses principaux lieutenants se distinguait un certain Ba-Phuc, vieillard de soixante-cinq ans qui s'était fait remarquer par sa haine tenace contre les Français. Aux côtés de Ba-Phuc se tenaient toujours trois jeunes gens Tong-Tom et Tong-Leu étaient ses fils, le troisième s'appelait Tham. Il était simplement un serviteur, ou du moins passait comme tel; toutefois l'affection que Ha-Phuc lui témoignait donnait à penser que des liens plus étroits de parenté e les unissaient. Une seconde campag'ne fut donc reprise, difficile et sanglante; il fallut reconquérir la région pied à pied, vil-

lage par village. Pendant ce temps, Tham gagnait ses grades: dès les premiers combats, ce jeune garçon d'ordinaire taciturne se faisait remarquer par son ardeur, ne cédant que le dernier, ramenant plusieurs fois à la charge ses compagnons débandés. I! n'avait pas de commandement précis; sa valeur lui en donna bientôt un. L'action finie, Tham rejoignait son vieux protecteur et reprenait à ses côtés son attitude mo-

donc qu'être mal accueillie et considérée comme plus dangedeste et réservée cemême les inreuse que pendant, dans les cas cursions des pirates, graves, quand les chefs contre lesquels on saassemblés délibéraient, vait se défendre et avec le jeune homme élevait lesquels on avait même quelquefois la voix et fini par s'accommoder. PLANTYl'HD'UNREPAtREACYEX-THt:. en peu de mots donnait Aussi, le premier moun avis, suggérai.! une de ment stupeur passé, le pays fut-il rapidement tout idée dont la justesse frappait toujours le conseil et entier en insurrection. La lutte allait donc s'engager était généralement adoptée. Bientôt plus de délibépour l'indépendance, et, quelque tournure que les évérations sans lui, plus d'autre décision que la sienne. lui fissent nements quelquefois prendre, ce n'était pas Très brave au combat, particulièrement tenace dans la de la piraterie, mais bien de la rébellion. résistance, c'était néanmoins un prudent. « A quoi bon, disait-il, cette lutte à découvert dans les basses réDans les premières années de l'occupation, nous gions du Yen-Thé où les Français avec leur armement dûmes faire face de tous les côtés sur certains points le péril était plus pressant; aussi l'impunité augmentasupérieur, leurs munitions inépuisables, leurs effectifs t-elle rapidement la hardiesse des bandes du Yen-Thé. nombreux, leurs gros canons qui nous font si peur, Lorsqu'en 1887 nous songeâmes à nous tourner contre auront toujours l'avantage ? Retirons-nous dans le elles, nous trouvâmes des forces nombreuses, bien prénord du pays, qui est boisé, créons au fond des forêts parées, bien fortifiées, appuyées par presque toute la des repaires bien fortifiés, bien cachés, dont nous population; à leur tête un chef énergique, le Doï-Van, seuls connaîtrons les sentiers d'accès; là nous serons qui nous avait du reste combattu dans d'autres régions. inexpugnables. Quand on viendra nous attaquer, nous Cependant, après une campagne assez longue, on parserons bien à l'abri, nous donnerons des coups sans vint à s'emparer de celui-ci, et son exécution à Hanoï, en recevoir. Et puis nous serons là tout près de la le 7 novembre 1889, sembla calmer l'effervescence. Ce région montagneuse, et, en cas d'échec, nous pourrons fut ne que pour un temps. L'insurrection se réveilla facilement nous retirer soit dans le Cai-Kin, soit à Ke-


Fermcz-tui les portes de vos villages faites lui une guerre incessante d'embuscades, et le jour viendra où votre territoire libéré ne verra plus un seul de ces chiens d'étrang-ers. n Et on l'écoute; son prestige est tel qu'on ne lui refuse rien de ce qu'il demande. A ces compagnons il prêche une nouvelle tactique. Les Français sont actuellement les plus forts. Eh! bien, restons un moment blottis dans nos tanières sans faire parler de nous Les villages, vous le voyez, nous envoient tout ce qui nous est nécessaire. Reposons-nous; nous ne serons pas encore trop malheureux, nous passerons notre temps en fêtes, en bombances. (Et il sait bien là trouver le faible de ses compatriotes.) Et alors l'ennemi deviendra moins vigilant, il s'endormira confiant en une fausse sécurité, il diminuera le nombre de ses soldats dans ce pays, ses postes seront moins forts. (Ah! il connaît bien notre faible aussi!) Quand le moment sera venu, notre vénéré chef Ba-Phuc saura bien vous conduire à la victoire! » Donc, nouvelle accalmie. De-Tham et les siens se tiennent si bien terrés qu'on finit par les croire partis; nos convois passent de tous côtés sans être inquiétés; les Nha-gué ne semblent plus occupés que de la culture de leurs rizières, et quand on leur demande ce que sont devenus les pirates: CoM-M~ (je ne sais pas), est la réponse uniCoupe ~a/7~ AB forme. Chaque nuit, cependant, quelques-uns d'entre eux se glissent dans la forêt et, par des sentiers tortueux connus d'eux seuls, vont porter dans les camps situés au plus épais des bois la dîme réclamée. Bien payes, bien approvisionnés, les pirates passent leur temps en fêtes; après de longs repas, véritables agapes g'uerrières, arrosés de copieuses libations de -chum-chum (eau-de-vie de riz), on s'enivre d'opium et on rêve aux expéditions futures et aux riches butins. Nos guerriers se délassent, et, pour parfaire les délices de ce doux repos, ils n'hésitent pas à réclamer des villages le tribut de la chair. Que de fois il nous est arrivé de délivrer des femmes prisonnières des pirates, et quand, très fiers de cette œuvre chevaleresque, nous nous attendions" aux démonstrations d'une vive gratitude, nous nous entendions dire des choses désagréables « Avant, moi faire femme pirate, moi bien contente. » Mais bientôt le De-Tham s'ennuie il est sobre; la débauche de ses compagnons qu'il ne tolère que par politique lui est odieuse. D'ailleurs i) commence à se sentir plus fort; l'effectif de sa bande s'est accru vagabonds, déserteurs, déclassés de toutes sortes, anciens tirailleurs que plusieurs années de service militaire ont dégoûtés des pénibles travaux de la rizière, ont fourni un contingent sérieux; des coulis réquisitionnés un peu parOm.oo de dnémétrt loup L c~M t/o/M</et/ tout ont élevé de nouveaux fortins. Ainsi, d'abord, pour se refaire la seur

Thuong, chez nos voisins les pirates chinois, qui nous accueilleront à bras ouverts. Ceci, du reste, ne nous, empêchera pas de sortir de nos repaires de temps en temps, d'aller dans les villages rappeler aux habitants qu'ils sont des nôtres, que nous combattons pour eux, et qu'à ce titre ils ont a nous nourrir et à nous entre-

tenir, et, si la mémoire leur fait défaut nous serons assez forts pour la leur rafraîchir. Le conseil fut suivi, et la rébellion lui dut de vivre encore plusieurs années. Le Gouvernement du protectorat ne pouvait pourtant pas souffrir, aux portes mêmes du Delta, un foyer d'insurrection sans cesse rallumé, alors que partout la pacification progressait, alors que le Delta était soumis, alors que les montagnards de la haute région commençaient à venir à nous pour nous aider à purger le territoire des bandes chinoises qui l'infestaient. De grands coups furent ainsi portés )e général Frey en a retracé l'histoire dans les pages éloquentes de son livre

Pirates et rebelles cfM

La prise de IIuThué, le 11 janvier 1891, fait tomber un des repaires 7'OM/vtH.

forts.

Plusieurs chefs sont pris ou tués il faut les remplacer; Tham est élevé à la dignité de DeDoc et prend le commandement d'une bande assez importante. Désormais il aura' le droit de mettre son sceau au bas de ses proclamations, et il signera DeTham. (Dans l'armée annamite De-Doc est le titre de général, De en est l'abréviation or les pirates s'étaient affublés de tous les grades militaires des armées d'Annam.) Il devient dès lors un gros personnage, de plus en plus écouté. Il relève les courages affaiblis par la les plus

chute d'Hu-Thué, terrible blessure cependant pour l'insurrection. Tout ce que le génie des Annamites avait pu inventer avait été mis en œuvre pour faire de cette citadelle le boulevard de la défense on y avait accumulé les retranchements les uns derrière les autres, surélevant les remparts, en augmentant chaque jour l'épaisseur on avait multiplié les flanquements, les ouvrages avancés, les défenses accessoires, qui s'étendaient sur plus de cent mètres de profondeur. Matgré cet échec, d'ailleurs chèrement payé par son adversaire, De-Tham ne veut pas encore douter du succès final à mesure que l'adversité l'atteint son courage grandit. écrit-il dans ses proela« Ne vous laissez pas abattre, mations aux habitants du Yen-Thé; on nous a pris un de nos forts, mais nous en avons encore d'autres, aussi bien cachés, aussi bien détendus envoyexnous des hommes pour en construire de nouveaux et les occuper; envoyez-nous des provisions pour y vivre, de l'argent pour acheter des fusils et des muniti.ons. N'écoutez pas les belles paroles de l'envahis-

il ment

~°'

main, on va tenter quelques


timides excursions sur les villages les plus rapprochés des bois; quelques-uns d'entre eux sont moins exacts à apporter l'impôt, il faut les châtier et, par un vigoureux exemple, enlever aux autres toute velléité d'imitation. Ces opérations ont lieu la nuit on entoure le village; un affidé et on en a partout ouvre une des portes, on s'empare de plusieurs notables, et presque toujours les habitants viennent immédiatement à résipiscence; on les impose plus lourdement et on part chargé de butin. S'ils hésitent, on prend soi-même; mais si on a peur que le bruit du pillage, les cris des femmes ne donnent l'alarme au poste voisin, on emmène des otages dans un des repaires de la forêt, et là on leur inflige les supplices les plus barbares. Nous avons vu, entre autres, un homme auquel on avait percé le bras dans le trou sanglant était passée

longue liane maintenue à l'une une

de ses extrémités par un nœud; l'autre

bout passait par-

dessus une branche d'arbre, et un poids y était suspendu; cet homme fut maintenu plusieurs jours dans cette atroce posture. Quand on juge l'effet suffisant, on délivre quelquesuns d'entre eux, qui

vont raconter

à

leurs amis les tortures qu'ils ont subies, celles que subissent encore leurs camarades. Le moyen est infaillible. La figure du De-Tham gagnerait sans doute si elle était exempte de ces actes de cruauté, grâce auxquels le rebelle s'efface souvent derrière le bandit mais il ne faut pas oublier que, chez ces peuples, les supplices humains ont de tout temps constitué le fond de la législation pénale, et on ne saurait exiger, surtout à une époque troublée, l'observation de principes d'humanité encore bien récents pour les nations même les plus civilisées qui, dans le passé, dressaient le bûcher de Jeanne d'Arc, rouaient Calas, ou livraient les coupables et même les innocents aux grils de

l'Inquisition.

Quoi qu'il en soit, ces expéditions sont fructueuses. De-Tham les fait exécuter ordinairement par

ses lieutenants, quelquefois il opère lui-même toujours habile, toujours prudent, il a plus d'un tour dans son sac. Un jour cependant il manque d'être pris. Un garde de milice a su, par un de ses émissaires, que le chef pirate s'est attardé dans un village où il fait la sieste après un repas copieux il n'a avec lui que quelques hommes armés, on peut l'enlever facilement. La milice accourt et cerne complètement la localité: pas une issue qui ne soit gardée. Avec le reste de sa troupe, le garde de milice pénètre dans le village; son émissaire, ne voulant pas risquer davantage, a d'ailleurs disparu. Le lieu semble à peu près désert, les habitants sont à la rizière, quelques baya (vieilles

femmes) s'occupent aux travaux de la maison et gardent les enfants. On erre quelque temps à l'aventure, fouillant les maisons, donnant des coups de crosse partout. Rien. Alors un habitant s'approche et fait connaitre que les notables, ayant appris la visite d'un chef Français, désirent le saluer et lui remettre le lay, cadeau d'usage. Le garde de milice consent à les entendre. Ils s'avancent porteurs d'un superbe cochon, ils offrent l'animal en faisant force génunexions devant le milicien très Natté. Puis l'un d'eux, prenant la parole, explique que le village ressent très vivement l'honneur que lui fait le chef français en venant le

visiter, qu'il doit savoir que sa population, composée d'ailleurs de travailleurs honnêtes et paisibles, est parfaitement dévouée, notre cause, qu'elle ne reçoit jamais les pirates et que, s'il en venait, elle s'em-

presserait d'aller querir main-forte pour les chasser.

Ceci dit, les génuflexions recommencent, et nos braves

notables se retirent dignement. Quantt au milicien, il s'en

va avec son cochon,

pas complètement

bredouille par conséquent. Eh! bien, 'au prix où était, à ce moment-là, la tête du De-Tham, ce brave garde avait perdu une belle oc-

casion d'avancement, car c'était

..J'J_

notre homme lui-même qui, avec autant d'audace que de bonheur, venait ainsi de le jouer. Ces divers succès rendirent les rebelles de plus en plus entreprenants; tout le benénce de la sanglante et pénible campagne qui s'était terminée par la prise d'Hu-Tué allait être perdu pour nous, quand une nouvelle expédition fut entreprise au printemps de 1892. Elle fut, comme les autres, fertile en incidents. Du poste avancé qu'il occupe, De-Tham nous attaque sans cesse. On éprouve un échec au De-Dzuong. Le général Voyron est envoyé pour le réparer. Il y réussit. Les principaux chefs rebelles font leur soumission. DeTham seul ne veut entendre parler ni de soumission, ni de retraite. Il quitte un des derniers le fort du DeXam, réduit de la défense, puis il disperse les quelques sujets qui lui restent fidèles, leur donnant rendezvous pour un jour meilleur, et il s'en va tout seul dans un village ami du Has-Yenthé, presque son pays, où on lui offre un abri. Commandant VERRAL'x. r.l ~<n'e/ Nous avons reçu d'excellentes nouvelles de M. Lorin, notre délégué à l'inauguration du chemin de fer du Congo belge. Des dépêches datées de différents points de retâche de t'~cr<t'e nous ont appris que son voyage s'accomplissait dans d'excellentes conditions. Nos lecteurs auront prochainement le plaisir de trouver dans nos colonnes des relations écrites spécialement pour eux par notre correspondant.


Le Bœuf

d'attelage au Soudan

j'ai entendu médire de l'avenir économique du Soudan français, j'ai répliqué par l'argumentation suivante ~~HAQUE fois que

Il y a dans ces régions des populations qui seraient denses, n'étaient les guerres meurtrières des Ahmadou et des Samory; à ces populations moins frustes que les fé«

tichistes du Congo,

il faut une alimenta-

tion supérieure au manioc et au poisson sec: aussi ontelles des troupeaux; à ces troupeaux il faut des pâturages et du grain; quand

un pays donne des pâturages ou du

grain et supporte des

populations

qui se concentrent

dans des villes

on en venait à aimer ses éteves presque autant que lui-même. L'œuvre du Saloum étant assise, M. Noirot fut envoyé à Timbo, en plein Fouta-Djallon. En retournant dans ce pays, qu'il avait déjà visité jadis, il résolut d'y créer immédiatement une œuvre nouvelle analogue à celle du Saloum.

Voici quelques passages d'une lettre que m'écrivait M. Noirot, il y a quelques mois écoutés depuis que « Plus de cinq mois se sont j'ai revu Timbo, ou plutôt ce qu'il en reste, car j'ai trouvé la ville presque déserte. des résultats importants que » Déjà j'ai obtenu vous me permettrez de ne pas développer, ne voulant pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir soig'neusement préparée. Si j'ai l'assurance d'ob-

tenir

de cette peau

une belle fourrure, 'e tiens encore à

garder pour moi cette assurance. Je

puis vous dire seu-

lement que je

compte servir à mon

gouverneur des ressources budgétaires sérieuses. Vous savez que j'avais formé le »

projet d'arriver à nombreuses de pluTimbo avec des sieurs milliers d'hacharrettes et que bitants, ce pays est j'attendais beauun pays riche ou qui coup de cette mapeut aisément le denifestation pour BŒUF D'ATTELAGE AU SOUDAX. venir donc l'avenir P/)o<o~ra/)'edt;Bo)~a)'<c. frapper les esprits. du Soudan est asC'est fait. Depuis le suré. » 3 juin (1897), en dépit des montagnes, des ravins et Jusqu'ici les indigènes n'ont jamais demandé des rivières, ces charrettes sont à Timbo, où elles aux bœufs qui constituent leurs troupeaux l'accom-. arrivèrent en excellent état, ainsi que les bœufs qui plissement d'une besogne donnée labours pour la les traînaient. Quant à l'effet produit, il tient de la préparation des cultures d'orge et de mil, traction stupeur, et il n'est pas étranger aux résultats déjà d'un instrument quelconque plus ou moins chargé; le obtenus mais quel voyage! troupeau pacage un peu à sa fantaisie; il appartient le en général au village, en commun, avec un droit de » Depuis, chaque jour, la charrue prépare prise pour le chef; on le surveille tant bien que mal terrain qui va recevoir notre future plantation de jusqu'à ce qu'un parti ennemi l'enlève, ou qu'une caféiers. En dépit de la saison des pluies, notre jardin épizootie le décime et même l'anéantisse. donne des légumes magnifiques, y compris haricots, petits pois et tomates. Nous fabriquons du beurre, Cependant l'emploi de la charrette à bœufs d'excellents fromages, et combien de gens plus forcommence, sous nos auspices, à se répandre au tunés, qui ne peuvent se nourrir que chimiquement, Soudan. Tous les Africains de la côte occidentale envieraient notre sort s'ils le connaissaient.! d'Afrique connaissent l'œuvre d'éducation pratique des indigènes commencée dans le Saloum par l'admidéjà récolté nos premiers essais » Nous avons initianistrateur Noirot. Il y avait créé, de sa propre d'orge et de sarrazin. le fonctions négliger tive, sans et sans grever ses école de » Entre temps, nous avons ouvert une budget, une école professionnelle d'indigènes, auxquels langage déjà suivie par plus de quarante élèves. il apprenait en même temps un peu de français et les magnifique pays après seize ans éléments d'un métier utile, de l'agriculture et de » J'ai revu ce l'élevage. d'absence il m'a semblé plus beau que jadis. J'ai relu les conclusions de ma relation de voyage je n'en Il y a un an, M. Noirot nous exposait avec une changerais pas une ligne aujourd'hui. Seule ma consimplicité modeste et une bonhomie convaincue les viction s'est accrue que le Fouta-DjalIon est, sans. résultats obtenus. Et c'était un charme de l'entendre


contredit, ua des plus beaux fleurons de notre empire colonial, que l'homme à qui incombe la charge de le mettre en valeur est un privilégié, et que les transactions commerciales, les ressources du sol s'accroitront

en raison du réseau de routes que nous créerons. Aussi tous mes efforts tendront ils a développer 'es voies de communication et les moyens de trans-

port.

»

je me plais à relire cette lettre, où la conviction

coloniale perce entre chaque ligne, sous chaque mot. Ce voyage en charrette, effectué par AI. Xoirot (sans qu'il insiste autrement sur les difficultés qui l'ont marque pluies, chemins défoncés, marigots, montagnes, soins à donner aux animaux, accidents, etc.), ce voyage en charrette, dis-je, est, à mes yeux, l'équivalent de l'un des plus beaux voyages d'exploration effectués au début de notre expansion. Je m'explique si l'exploration marquait un mouvement de conquête pacifique, aujourd'hui que cette conquête est à peu près réalisée, le voyage que je signale marque un mouvement qui va aller s'accentuant la mise en exploitation des territoires conquis. A cette mise en exploitation s'attelleront, poussés par l'exemple, les indigènes aussi bien que les Européens, car on ne saurait vraiment exiger, comme on semblait dernièrement être disposé à le faire, que les indigènes soient tenus à l'écart de notre enseignement pratique et de nos procédés!

Et ce voyage inaugure nettement une ère coloniale nouvelle, en ce sens qu'il démontre à mes yeux du moins que la colonisation de l'Afrique intertropicale n'exige aucune méthode extraordinaire. La terre est la même partout les procédés et les méthodes seront, somme toute, les mêmes. Seule, leur application subira des variantes, et il y faudra, comme à toutes les œuvres humaines, science et travail. P. BoL'RDARŒ.

Rôle des Phosphates dans la Nature Lephosphorc

sous forme d'acide phosphoriquc combiné dans des phosphates de chaux, de magnésie, de fer, etc. est indispensable à la vie. Le corps de tous les animaux, et en particulier leur squelette, en contient des proportionsnotables. Ce phosphore leur vient (directement, pour les herbivores, indirectement, pour les carnivores) des végétaux, qui en contiennent tous, notamment les céréales, dans leurs graines. Les veg'etaux, a leur tour, l'empruntent au sol, qui contient toujours une quantité variable, mais proportionnellement très faible, de phosphate de chaux et de phosphate de magnésie. Ces phosphates sont insolubles dans l'eau, à moins que celle-ci ne soit chargée d'acide carbonique. Mais au contact des phosphates alcalins qui se trouvent dans la sève des racines, ils

forment avec ces derniers des phosphates doubles de chaux et de potasse, ou de magnésie et de potasse, qui, tous deux, sont solubles et peuvent entrer dans la circulation végétale. Dans la nature laissée à elle-même, la quantité de phosphore que renferme la terre végétale reste à peu près invariable. Les végétaux et les animaux meurent ou sont dévorés sur place, et leur phosphore retourne au sol qui l'a fourni. 1 Mais dans les pays cultivés depuis longtemps, il n'y a pas de parcelle de phosphore qui n'ait passé à plusieurs reprises dans l'estomac de l'homme et des animaux. Or, en décrivant ce cycle, qui le ramène périodiquement dans la terre végétale, le phosphore rencontre inévitablement des causes qui tendent à en détourner une partie et à la précipiter dans l'Océan. Les eaux pluviales, d'abord, en courant à la surface des champs, s'y chargent de bien plus de matières minérales qu'elles n'en enlèveraient à une lande ou à une forêt; de là un déchet qui profite aux parties basses des vallées par l'effet du limon que déposent les inondations, mais qui va, en grande partie, s'engloutir dans la mer. D'autre part, chaque récolte enlève à la terre arable une partie de son phosphore et l'épuise peu a peu. Quand l'épuisement est complet, la terre devient absolument stérile.

Par nos mœurs mêmes, nous hâtons cet appauvrissement. Le respect dont nous entourons les restes de nos ancêtres a cette conséquence que nous reti-

rons tous les jours de la circulation une certaine quantité de phosphore qui, sans notre intervention, aurait été rendu à son rôle naturel. Nous diminuons lentement, mais incessamment, le fonds de ;'OK/eweH~<e la oie. Nous restreignons le nombre des graines, des animaux, et par conséquent des hommes que la terre peut nourrir. Chaque million d'hommes dont les restes sont ainsi écartés de la circulation représente 400000 kilogrammes de phosphore,c'est-à-dire le phosphorecontenu dans 200 millions de kilogrammesde blé, ou dans la récolte annuelle de 100000 hectares.

De cet ensemble de circonstances il résulte que les pays les plus fertiles, épuisés par des siècles de culture, finissent par se transformer en déserts. C'est ainsi qu'ont disparu peu à peu les éléments de fertilité de la Mésopotamie, de la Bactriane, et de tant d'autres

pays jadis célèbres par leurs richesses agricoles, aujourd'hui arides et désolés. De là la nécessité de restituer chaque année à la terre, sous forme de substances phosphorées le phosphore que lui enlèvent les récoltes. L'action fertilisante des engrais, employés de temps immémorial d'une manière empirique, tient justement à ce que les déjections animales et tous les débris organiques contiennent une proportion notable de phosphore qui se trouve ainsi réintégré dans la circulation. Mais, de tous les agents de fertilisation, les os des animaux ont été finalement reconnus comme les plus efficaces. Les quatre cinquièmes de leurs cendres sont composés de phosphate de chaux, qui renferme -)6 pour nx) d'acide phosphorique.


C'est vers 1820, dans le nord de l'Angleterre, que d'habiles agriculteurs mirent en évidence la puissance de cet engrais réduit en poudre, sous le nom de ~oHe earth (terre d'os). Ils employèrent d'abord tous les os que les bouchers de l'Angleterre pouvaient fournir; puis ils en demandèrent au continent. De nombreuses cargaisons d'os furent expédiées à Hul), des ports de la mer du Nord, et notamment de ceux

de t'a Belgique. Le prix qu'on en donnait les fit telleà tort peut-être ment rechercher, qu'on prétendit que des champs de bataille célèbres n'avaient pas été à l'abri des atteintes de la spéculation.

On ne tarda pas à reconnaître que le principe des propriétés fertilisantes des os était le phosphate de chaux qu'ils contenaient, et, comme on ne pouvait se. procurer autant d'os que l'agriculture en réclamait, on songea à se servir de phosphates de chaux d'une autre provenance.

On exploitait déjà, depuis des siècles, pour l'amendement des terres, le falun de la Touraine et le cra~ du comté de Suffolk et de Norfolk, près des côtes orientales de l'Angleterre. Dans l'un comme dans

l'autre, les géologues avaient signalé depuis longtemps des ossements d'animaux antédiluviens et des nodules de phosphate de chaux, considérés comme des coprolithes ou déjections de ces mêmes animaux. Rien d'étonnant, étant donnée leur origine orga-

nique, à ce que ces gisements fussent riches en phosphates. Transformés en superphosphates par addition d'acide sulfurique, ils furent aussitôt exploités industriellement pour les besoins de l'agriculture. Mais, outre ces gisements de phosphates où les formes organiques se sont conservées, les recherches incessantes entreprises de toutes parts en tirent découvrir d'autres, où la chaux phosphatée se rencontre en rognons ou en masses terreuses ne présentant aucun caractère organique discernable. Elle prend alors le nom d'apatite lorsqu'elle est cristallisée, et celui de /0~)/!0;c quand elle ne l'est pas. Voici comment Elie de Beaumont explique la formation de ce genre de gisements Par suite d'un état de dissolution dû à l'acide carbonique, le phosphate de chaux a pu éprouver, dans l'intérieur des masses minérales, des mouvements de translation qui ont permis à ses molécules de se grouper, de même et plus facilement encore que les molécules du silex, en certains points vers lesquels les appelaient sans doute des affinités particulières. On peut concevoir ainsi la formation d'une partie des nodules de phosphate de chaux, qui présentent en effet un arrangement de parties analogue à celui des corps formés, comme les agates, par infiltration dans des cavités, ce qui suppose un travail moléculaire tel que celui dont nous venons de parler. Lorsque cette concentration des molécules s'est opérée, elle a mis le phosphate de chaux en évidence. Mais, dans la plupart des cas, elle n'a pu s'effectuer, et alors le phosphate de chaux est resté, pour ainsi dire, à l'état latent. Il est répandu dans la nature avec une sorte de parcimonie, mais à peu près partout, puisqu'on en trouve jusque dans les roches cristallines et les roches

éruptives. C'est aux phosphates de chaux qu'elles ren. ferment que les laves et les autres roches volcaniques doivent en grande partie leur fertilité bien connue. Ces faits une fois mis en relief, l'exploitation des phosphates au point de vue de l'agriculture est devenue générale. Commencée en Angleterre dès ]8~3. elle n'a été sérieusement entreprise en France que vers )85t, dans les départements du Nord et des Ardennes. Couronnée du succès le plus complet, elle a été poursuivie dans d'autres parties du territoire, où elle a, la plupart du temps, également réussi. Les mêmes faits se sont produits à l'étranger, surtout en Belgique, en Portugal, en Allemagne, en Russie. Aujourd'hui les phosphates minéraux sont exploités partout avec soin et, après avoir reçu une préparation en général fort simple, livrés à l'agriculture,à laquelle ils apportent un élément fertilisateur de premier ordre. On sait que nos possessions algériennes et tunisiennes possèdent des gisements considérables de phosphates. Ceux de la région de Tébessa, signalés en ;887, donnent lieu à une exportation importante qui se fait presque entièrement par Bône. Elle a suivi, ces dernières années, la progression suivante 4 4.55 tonnes

189.3. 189.5. 896. ~94

189~

45 700 ~o3 800 )5o 137 200 000

Les trois compagnies de la région tébessienne sont, dès à présent, en état de produire 3~oooo tonnes par an. Ces phosphates vont dans le monde entier. Récemment, le trois-mits anglais S~/M~-A/a~s Ba~' a quitté Bône avec i 900 tonnes de phosphates pour. Yokohama (Japon). Les phosphates de Gafsa, signalés en i885, et qui représentent au moins 5o millions de tonnes, n'ont été concédés qu'au mois d'août 1896 à une compagnie française au capital de 20 millions, qui s'est engagée à construire le chemin de fer de Sfax à Gafsa. Ils sont égalemcnnt appelés à un grand avenir, car leur teneur moyenne en phosphate tribasique est PAUL CoMBES. de 60 pour too.

Henry TMdenat.c/0)');mt')H)a;'HL'i/M'MM'v.)~aris,

)!achette'et('ivoi.in-)2,)!!f)S.

de ~t.Thédenat se divise en deux parties; iaprer'uL'VMAGE i~ miere renferme une monographie étendue du forum romain, dévetoppement d'un article du D;c</0):Mf!<rcdf6'~)!<~Mt<f'r~caccompagnée de notes <7;tf.! c< ~OM!Mf.! de M. Sagtio. Cette étude, nombreuses, de plans et' d'itiustrations, résume tous les renseiSnements qui ont été recueiHis jusqu'à notre époque sur le sujet. a;; /orKH!, est desLa seconde partie, intitulée r))f tinée surtout aux voyageurs amateurs d'antiquitéset se souvenant visitent )avit)eéternene. L'audétours études classiques, quiqu'ai{réab)e,teurf'acihte une proteur un cicerone aussi instruit prolitable, rend tivreiaieur en leur forum, et son menade au décrivant l'ancienne disposition des lieux et en leur rappelant tous les grands souvenirs évoqués par ces lieux célèbres. L'ouvrage si intéressantde M.Thédenatva devenir un guide indispensable de tous les voyageurs français à Rome.

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e~


Les Auxiliaires naturels des Collectionneurs d'Insectes

ce T ES

plus habiles chasseurs d'insectes,

ne sont pas les entomologistes ce sont les animaux insectivores. Ceux-

ci, par nécessité vitale, connaissent

mieux que n'importe quel savant les mœurs, les refuges des espèces dont ils font leur proie, et déploient, pour les capturer, un art merveilleux. La plupart du temps, les insectes ainsi capturés sont immédiatementdévorés ou mutités, mais, dans un certain nombre de cas, ils sont destinés à former des réserves où le naturaliste peut les retrouver intacts. Lorsque ces conditions se présentent, les insectivores deviennent,

pour le collectionneur, des auxiliaires précieux, lui permettant de mettre )a main sur un grand nombre d'espèces que, livré a ses seules ressources, et surtout au cours d'un voyage plus ou moins rapide, il n'aurait pu recueillir. Citons quelques-uns des principaux cas où leur concours peut être facilèment utilisé

Parmi les oiseaux, nous signalerons la plupart des espèces dé piesgrièches, soit d'Europe, soit d'Afrique, dont la nourriture consiste principalement en gros insectes. Lorsqu'elles ont satisfait leur faim, elles ont l'habitude de mettre en réserve les insectes qu'elles

capturer encore, et, pour cela, elles les ~t'~Ke;~ à l'extrémité des épines des buissons et des arbres qui se trouvent dans leur voisinage. Partout où l'on constate la présence des piesgrièches, il suffit d'examiner les végétaux épineux pour y découvrir quelquesuns de ces singuliers garde-manger, où se rencontrent parfois des insectes rares. Je l'ai éprouvé personnellement, tant en Europe qu'en Afrique. Les plus utiles auxiliairesdes collectionneurs sont les hyménoptères, qui, pour la nourriture de leurs larves, font viennent

à

des approvisionnements d'insectes vivants. .<<;)/'t'dc On sait que enfouit avec chacun de ses <eufs douze chenilles de la même espèce plongées, par un coup d'aiguillon, dans un état d'engourdissement qui peut se prolonger pendant plus d'un an. Le wt'c enfouit des abeilles à miel; le 7Yf~.v)/o~t//)'.<, des araignées; le Solenf'tM r~'c~, des diptères; le ~/j)'i<.s' ~fat't/'cx, des espèces appartenant à des espèces très variées d'hyménoptères,etc. Mais, de tous ces hyménoptères prédateurs et fouisseurs, celui dont le concours peut être le plus précieux pour le chasseur d'insectes est certainement le Cerceris f'M/M/tcMc,qui alimente ses larves exclusivement avec les espèces les plus brillantes du genre <')~)-M<c. Or, les buprestes sont justement

l'O~t'

.P/j~

très recherchés des collectionneurs, en

raison des belles couleurs métalliques dont ils sont, en générât, revêtus. Ils

vivent sur les fleurs et sur les. troncs Le coup d'aiguillon du Cerceris des arbres et sont considérés comme prive les buprestes de tout signe de vie, rares, surtout parce qu'ils sont difficiles mais ces insectes conservent, non seulement toute la fraîcheur de leur coloris, atrouver. 0)')eC~nw/«/'rM~'f/~t',tui.tes mais encore la souplesse et la Hexibitité trouve, au contraire, très facilement, et parfaites de leurs pattes, de leurs anla propreté, ainsi que la fraicheur des tennes, de leur palpes et des membranes buprestes qu'il enfouit dans sa tanière, qui unissent les diverses parties du portent à croire que cet adroit chasseur tronc. les saisit au moment où ces coléoptères Cette chasse doit être faite, dans sortent des galeries ligneuses où vient nos pays, en juillet, moment où les Cerde s'opérer leur dernière métamorphose. ceris terminent leurs approvisionneD'après cela, dit Léon Du- ments. Avant, ceux-ci sont incomplets; commencé a les four, le premier historien du Cerceris, après, les il est évident que, si je veux trouver consommer. des buprestes, il faut que je cherche les Pour les voyageurs, rappelons Cerceris, leurs implacables ennemis qu'il y a des Cerceris et, d'une manière c'est là une chasse aux insectes d'un générale, des hyménoptères prédateurs genre tout nouveau.et fouisseurs dans toutes les parties du Les Cerceris, parvenus à t'etnt monde, et que partout ils ont les mêmes d'insectes parfaits, vivent du pollen des mœurs et font les mêmes approvisionfleurs, et il n'est pas rare de les rencon- nements. H y a donc intérêt à découvrir trer en grand nombre sur les alliacées, leurs nids, où peuvent se trouver des les jours de soleil, car le temps sombre espèces rares et même nouvelles. Rapet frais est peu favorable au va-et-vient pelons, à cette occasion, que )e7?~M/c des 'hyménoptères. ~'o.t'c'i; du Sénégal, s'est vendu jusqu'à La femelle creuse son nid dans M;j);<c /'r~)!c.! ~tfff. Dans ces condiles terrains secs, exposés au grand so- tions, la chasse aux insectes peut develeil, dont la surface est battue, compacte nir une occupation des plus productives. et solide. Les déblais forment un léger Toutes les espèces de Cerceris ne petite sable comparable de à tas une s'adressent pas, d'ailleurs, aux butaupinière récemment remuée, qui mas- prestes. Le plus grand des Cerceris que l'orifice de la galerie et signale sa d'Europe, le Cerceris <)~'t'rc;< approprésence. Celle-ci est terminée, à environ visionne ses larves d'un autre cotéoptere, un pied de profondeur, par cinq cellules çurcutionitc (c'est-à-dire charançon) de renfermant ordinairement chacune trois grande taille, le C/MttM n~/ty/M/m/f~. buprestes. de la même façon que le Cerceris et il est probable que Pour s'emparer de ceux-ci, il conexotiques Cerceris s'adressent à vient, après avoir enfoncé dans la gâ- les lerie du Cerceris, un chaume de gra- d'autres espèces du même ordre, ce qui minée ou une tige grêle de plante qui les rend encore plus intéressants pour servira de jalon et de conducteur, d'in- le collectionneur. vestir la place par une ligne de sape En résumé, au cours d'un voyage distants de dontles cOtés carrée seront rapide, ii y aura intérêt a découvrir et t'orif.ice ou du jalon d'environ sept i à dévaliser les réserves alimentaires des huit pouces. U faut saper avec une pelle hyménoptères prédateurs, Il y aura il la de jardin, de telle sorte que ta motte fois économie de temps et découverte de centra)e,bien détachée sur tout son faits entomologiques nouveaux à noter pourtour,puisses'enlever en un ou deux avec soin, tant au point de vue de l'inmorceaux que l'on renverse sur le sol secte chasseur que de sa proie favorite. pour les briser ensuite avecprécaution. Signalons, en dernier lieu, d'auDans bien des cas, où je n'avais tres auxiliaires naturels des collectionpu rencontrer un seul bupreste en bat- neurs. Ce sont les araignées, qui tendent tant les fleurs et les bouquets d'arbres, teurs toiles, avec un instinct infaillible, j'en ai rencontré des quantités considé- aux points destinés à servir de passage rables dans les nids de Cerceris. aux insectes aités. H est bien rare qu'en Voici la statistique de la proportion examinant tous les filets de ce genre numérique des espèces trouvées par que )'on aperçoit en passant, on n'y trouve pas capturés des insectes inLéon Dufour dans une trentaine de nids Buprestis octo-guttata. ~o individus téressants. Ces divers concours, je le répète, 56 utiles au voyageur qui ne disfort sont 37 5 B. pose pas d'un temps suffisant pour se livrer lui-même, minutieusement, à la B. 7 recherche des insectes si variés qui B.navo-macutata. 4 peuplent une contrée. B. 12

ont

/v.c~t',

B.iaseiata. B.pruni. tarda.)5 micans.

biguttata. B. chrysostigma

B.Novem-macutata.

)

fragments

Tota).202individus.

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.!«/f~.)

PAUL COMBES.


Monographie d'un Chef de Pirates au Tonkin (~'1 <?M

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le précédent article, comment étaient fomentées e.t en<re~K!<M ~7~

noir ~c't<tK: ~Ke<

Gouvernementde la colonie comprit que, malgré la soumission des principaux chefs et la mort du De-Nam, l'insurrection ne serait pas éteinte tant qu'on ne serait pas maître du De-Tham, qui était vraiment famé de la rébellion. Des colonnes de police,

d'arriver. En vain lui faisait-on concessions sur concessions, lui promettant non seulement la vie sauve,

mais lui offrant des terres., une espèce de petit fief

des espions furent lancés à ses

trousses, mais vainement. !) changeait souvent de place et trouvait l'hospitalité partout. L'n jour, toutefois, un de ses anciens lieutenants, le LiNghi, vint trouver le commandant du poste de ~ha-\am et lui proposa de lui servir d'intermédiaire s'il voulait entrer en pourparlers pour la soumission du De-Tham. L'offre était tentante on était autorisé à penser que le Li-Ng'hi, qui avait été pris les armes à la main par un officier et devait la vie à la magnanimité de celui-ci, pouvait-être mû par un certain sentiment de reconnaissance; on disait d'ailleurs que de vieux dissentiments de famille séparaient les deux aussi la proposition hommes fut-elle accueillie avec empressement. FEMME DÉLIVRÉE APRÈS Le pirate parut prêter l'oreille aux ouvertures qui lui furent faites, et le commandant du poste reçut une belle lettre de lui. Celui-ci, qui s'intitulait toujours général, écrivait à cet officier qu'il l'avait vu à la bataille, qu'il l'avait apprécié [très natteur!) et que, s'il se décidait jamais à faire sa soumission, c'est à lui qu'il se rendrait. Encourag-é par ce commencement de succès, le Li-Xghi retourna plusieurs fois vers lui, et une correspondance suivie s'engagea entré le capitaine et le chef pirate. Cependant celui-ci parlait toujours de soumission, mais ne s'empressait pas

LA PRISE DE BAX-CUC.

Pho/o~r~eco~n~rr~.v.

A TRAVERS

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22~.

LE MONDE.

30° LIV.

Tonkin les nM;ec//fH~

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qu'on créerait pour lui; il réponGrand merci, j'accepte tout dait cela, mais avant de sauter le pas il faut queje consulte Ha-Phuc"; ou bien, une autre fois, c'étaient les fils de ce dernier, Teng-Tom ou Tong-f,eu,qu'il attendait parce qu'ils devaient venir conférer avec lui. Plus tard, il ne voulait pas se rendre avant d'avoir recouvré de nombreuses créances qu'il avait dans le pays. Enfin, tout était prêt, il se sentait alors pris d'un nouveau scrupule. « Et mes pauvres compagnons! s'écriait-il, vais-je les abandonner ainsi dans le malheur, eux qui m'ont été fidèles jusqu'au bout Ah qu'au moins je puisse adoucir l'amertume de la séparation Laissezmoi leur offrir de grandes fêtes avant de me séparer d'eux. Je vais les habiller à neuf, j'appellerai d'habiles comédiens pour les distraire. Soyez patients, donnez-moi encore un mois, encore quinze jours, seulement huit! » Ces pourparlers menaçaient de s'éterniser quand le commandant du poste de KhaNam apprit que le De-Tham avait

une correspondance analogue avec nos collègues du

poste deCao-Thuong. Ces deux officiers convinrent qu'ils étaient joués, qu'on ne cherchait qu'à gagner du temps, et ils estimèrent qu'une fois le déta! d'un mois qu'on lui avait trop bénévolement accordé expiré, il n'y avait pas à hésiter à recourir à une nouvelle action militaire, d'autant plus que tous ces détais n'avaient servi qu'à lui permettre de réorganiser une petite bande qu'il avait solidement retranchée dans un des viltag'es du bas Yen-Thé (Ban-Cuc;.

?

3o.

23

juillet 1898.


Le De-Tham a vent de ces projets belliqueux, il s'agit de détourner l'orage il écrit au résident de Bac-Xinh « Les militaires me pressent de me soumettre, mais je n'ai pas confiance en eux; je les ai longtemps combattus, il ne me pardonneront pas ma résistance ni !es leur ai fait F.r subir; .l.;r. sio; je;0 10~ échecs ~ho. que je lo..r me rends à eux; ils me mettront à mort. C'est à vous que je veux faire ma soumission. » Ordre est alors donné de surseoir à toute opération militaire, et de nouveaux pourparlers avec le résident de Bac-Xinh lui permettent de gagner quelques semaines. Quand il voit que cela ne prend plus, il change son fusil d'épaule: la soumission aux Français coûte trop à son orgueil, il a peur de perdre l'estime de. ses concitoyens, il s'entendra mieux avec un mandarin annamite, et il s'abouche avec le Phoquan-Dao du YenThé celui-ci jure ses grands dieux qu'il est sincère, cette fois, et obtient pour lui un nouveau délai. H peut paraître qu'en cette occasion nous avons été un peu trop débonnaires, mais la répres.sion de l'insurrection avait coûté tant de sang qu'on hésitait à en répandre davant-age, et on recherchait avant tout une solution pacifique. Naturellement le PhoQuan-Dao échoua comme les autres. Le De-Tham brute alors sa dernière cartouche « Je veux me faire catholique », écrit-il à Mgr Colomer, évêque de Themiscyre, missionnaire espagnol, vicaire apostolique du Tonkin septentrional. On ne peut cependant pas mettre le couteau sur la gorge à un homme animé de si bonnes intentions, et pendant qu'un prêtre annamite va endoctriner le nouveau néophyte, celui-ci met la dernière main à l'organisation de sa bande et à la fortification de Ban-Cuc, et il renvoie le prêtre en lui disant « Va-t-en leur dire, à tous, qu'ils, sont des imbéciles et qu'ils peuvent venir m'attaquer je les attends. »

si-

u

Elle n'était pourtant pas bien nombreuse la bande qu'il avait, rassemblée cinquante hommes armés, tout au plus, et une vingtaine de serviteurs; mais c'étaient des pirates de choix, presque tous d'anciens chefs, soldats aguerris, rebelles fanatiques. Ils n'avaient pas d'uniforme spécial, mais tous portaient le Caï-quan (pantalon) et le Caï-ao (veste) de soie, le turban de crépon violet, insigne des classes aisées ils avaient des ceintures de cartouches bien garnies et possédaient des fusils à tir rapide, carabine Winchester ou Remington, et même des fusils Lebel qui nous avaient été enlevés dans de précédentes rencontres. Le village dans lequel ils s'étaient retranchés était situé au milieu d'un bois touffu; il était entouré d'une première enceinte de bambous entremêlés, puis d'une deuxième, constituée par un mur épais en pisé sur trois faces, des abattis et des petits piquets; sur la quatrième, une grande mare d'eau croupissante. II n'y avait que deux entrées, fermées par des portes mas-

_r_

sives et basses. Les maisons, construites en pisé, étaient

serrées les unes contre les autres et divisées par des ruelles tortueuses en autant d'ilots qui se flanquaient mutuellement; tous les murs étaient crénelés. Dans l'angle sud-est se trouvait le réduit; on avait choisi construction dont les murs étaient les plus solides, et la porte en était tellement étroite et basse qu'il fallait se glisser pour y pénétrer. Dans ce réduit, un

monceau de cartouches, des vivres pour plusieurs

semaines.

C'est enfin le 3o novembre

qu'on résolut d'en finir. La veille, une colonne de trois cents hommes, légion étrangère et tirailleurs tonkinois, fut organisée à Nha-Nam, à vingt kHomètres environ de Ban-Cuc. Un chef de bataillon de la légion étrangère en prit le commandement. Avant d'entreprendre l'opération, il crut devoir faire une dernière tentative de conciliation. Le Li-Nghi

fut

de

1892

nouveau dépê-

à Ban-Cuc il revint accompagné de deux ambassadeurs et d'un jeune bœuf. che é

présent du De-Tham. Les deux ambassadeurs, superbement vêtus, l'un de soie verte, l'autre de soie bleue,

se prosternèrent devant le commandant, puis lui remirent un message de leur chef. Ce message était un

véritable ultimatum. « Quoique je ne vous craigne pas, disait-il, je veux bien déposer les armes, mais vous rappellerez Ba-Phuc, qui se cache dans le Tam-Dao, vous le nommerez Phu (préfet) de Quinh-Lau (province du Yen-Thé), vous le laisserez complètement indépendant dans son territoire, sur lequel mes hommes et moi nous nous retirerons librement, et si au bout de trois ans des relations de bon voisinage se sont établies entre nous, peut-être pourrons-nous reviser notre traité sur des bases plus larges d'amitié. » On ne pouvait être plus insolent le commandant renvoya les ambassadeurs, qui se confondirent néanmoins en salutations des plus respectueuses.

Le lendemain, à quatre heures du matin, la petite colonne munie d'une pièce d'artillerie prit le chemin de Ban-Cuc; vers six heures et demie elle en était assez près pour commencer son déploiement de manière à entourer le bois peu étendu dont cette localité occupait le centre. Les sentinelles de l'ennemi faisaient bonne garde, et du haut de leurs miradors construits aux cimes des arbres les plus élevés ils signalèrent notre arrivée en frappant, suivant leur coutume, deux bambous l'un contre l'autre. L'avant-garde s'était néanmoins avancée jusque tout près de la porte nord du village derrière cette porte une voix se fait entendre « Que voulez-vous ? Te prendre » répond avec à-propos l'officier qui la commande. « Ah vous voulez la bataille? Eh! bien, vous l'aurez! » Et aussitôt la fusillade éclate si vive, que l'avant-garde est obHg'ée de reculer. Le combat dura jusqu'à la nuit. Les


obus de petit calibre faisaient peu d'effet contre les obstacles, de plus, le village étant dans le bois ne pouvait être repéré, et le tir indirect et plongeant était bien incertain. L'infanterie se frayait difficilement passage au travers d'inextricables fourrés enfin on aborda les murs, de haute lutte on enleva les premières maisons, mais non sans éprouver des pertes sérieuses cependant )e cercle se rétrécissait et le De-Tham commençait à trembler il se retira dans le réduit. H eut alors une invention de génie. A l'aide d'un bambou il fit passer par-dessus le mur de ce réduit une torche flambante et communiqua le feu à la toiture d'une des maisons qui se trouvaient de l'autre côté. L'incendie se propagea rapidement, les bambous rendaient en brûlant un bruit analogue au crépitement de la fusillade la chaleur devint bientôt intolérable, la fumée était aveuglante, enfin du réduit et des îlots voisins partait une fusillade ininterrompue. I) fallut abandonner le terrain conquis, la portion de la localité déjà enlevée, et rétrograder jusqu'à la première enceinte. La nuit était venue, il était impossible de continuer la lutte ce jour-là; mais le commandant ne voulut pas rompre le cercle qui

entourait

le

village,

les

La mare: Encore une fois le De-'i'ham est sauvé. Lorsque, à trois heures du matin, la lune aura disparu, lui et les siens, se suivant à de longs intervalles, pénétreront dans cette mare qu'on avait considérée comme un obstacle infranchissable et qui interrompait la ligne du blocus. Ils mettront ainsi deux heures à défiler, mais parviendront par cette issue hors de nos lignes, puis ils salueront leur délivrance d'un grand cri accompagné d'une Ils s'éparpiiteront ensuite dans toutes les directions, sans que les tirailleurs, lancés à leur poursuite, puissent les atteindre, et le soir ils se retrouveront réunis dans la forêt du haut Yen-Thë.. En passant, ils signaleront encore leur

fusillade.

présence par quelques actes

de cruauté dans les villages qu'ils auront à traverser,

enlevant, sous le nez d'un poste de milice, un de leurs anciens amis, le De-Sat, qui s'était soumis récemment et qu'ils soupçonnaient de nous avoir guidés. Des reconnaissances

sont envoyées les jours suivants dans toutes les directions on suit le De-Tham à la trace, mais sans jamais l'atteindre traqué comme un fauve, sans ressources,

réduit à manger des racines,

il erre de fourré en fourré, place hommes s'étendirentsur couchant un soir dans un veiller, bienordre de et avec village ruiné, à l'abri d'un tôt la lune, perçant à travers pan de mur, le lendemain le feuillage, fit étinceler trois en pleine brousse, un jour cents baïonnettes menaçanaprès au plus épais du tailqui étreites, ceinture de fer lis. Ce fut pour la garnison gnait Ban-Cuc. Un silence du poste de Nha-Nam une lugubre planait sur les deux véritable chasse à l'homme; fois Pour la première camps. décembre, on en vain, le De-Tham se prit à douter ONETRANCUM. retrouve sa trace à Cho-Bo; de son étoile, il ne voulut ni ~'a/'t-M' «tM ~ttO~O~'a~AtC. en vain on le poursuit, le boire, ni manger; il ne toucha io février, au delà de LangMac,vi))ag'e sur lequel il a tenté un coup de main; en pas à sa pipe d'opium. Le fauve traqué dans sa tanière rugit. vain, le 27 février, on J'attaque à Lang-Thuong, où il a établi un camp fortifié, le 3 mars à Hu-Thué, dans les Comment rompre ce cercle que des renforts deruines duquel il a passé la nuit, le i3 à Lang-Nua. main peut-être rendront encore plus dense? Y a-t-il Chaque fois il nous prévient, et, trop faible pour affronun point faible dans cette ligne? ter la lutte, il se retire. Rien cependant n'abat son cou« Voyons, toi, Li-Van, un de mes plus fidèles, rage, il n'accueille aucun émissaire et, toujours hautain, va, rampe du côté de l'Ouest et vois s'il y a quelque ne veut pas entendre parler de soumission. Les popupoint qui soit mal gardé. lations surveillées n'osent le secourir, mais tout bas Maitre, dit en revenant l'émissaire, c'est le elles font encore des voeux pour lui. A bout de rescapitaine de Nha-Nam qui est là avec les Linh-tapsources, ayant perdu par la misère ou la défection lang-xa (so)dats français) et il fait bonne garde. presque tous ses compagnons, il se décide toutefois à Qu'un autre aille vers le Sud! quitter la région; il passe dans les montagnes et va demander asile à Ba-Ky. Maître, c'est le lieutenant de Bi-Noi avec ses Ba-Ky, ancien chef d'une bande chinoise, est à tirailleurs, et il garde bien aussi. Ke-Thuong; il a fait jadis une demi-soumission, il s'est Et au Nord? engagé à ne pas nous attaquer, pourvu qu'on le laissflt C'est le capitaine du poste de Cao-Thuong. libre et indépendant sur un territoire qu'il s'est ampleEt à l'Est? ment mesuré. La faiblesse de nos effectifs nous a C'est la mare. » ainsi souvent obfigés à faire fa part de feu. Ba-Ky

le


reçoit très bien le rebelle; toutefois, bientôt l'inaction lui pèse, et comme le Yen-Thé est tranquille, fortement occupé, et qu'il lui paraît imprudent de s'y présenter ce moment, il offre ses services aux chefs des grandes bandes de la région montagneuse, il se lie avec Hoang-Taï-Xgnan dans le Caï-Kin, ou bien avec A-Coc-Thuong dans la région de Cao-Hang, il habille ses hommes en tirailleurs annamites et réussit quelques surprises à t'aide de ce travestissement. Pendant ce temps, le Yen-Thé étant redevenu calme, on le dégarnit de troupes qu'on porte sur des points où leur présence parait plus nécessaire. Le DeTham n'attendait que cela pour revenir, et, à la tête de nouvellcs recrues, il s'installe à Hu-Thué; en un instant le bruit s'en répand dans tout le pays, )'enervcsccncc renait, ses anciens lieutenants

sig'e pour délivrer au plus tôt les malheureux ainsi enlevés et les arracher aux supplices qui les attendaient. Forts de cette assurance, les pirates ont donc tendu tous leurs efforts vers de pareilles captures, escomptant d'avance les fortes rançons qu'ils devaient fn retirer. Ce n'cst donc que contre espèces que !c DeTham rendit, en octobre, ses deux prisonniers. Un peu vieilli, fatigué de la lutte, désirait, d'ailleurs, se

reposer, et il feignit d'entrer en composition. L'ancien boy de Ba-Phuc fut traité comme un chef de haute tig'nce il vint à Hanoi et obtint l'administration d'un petit fief qu'on lui créa. Cela ne pouvait durer bien

longtemps, et on le retrouve quelques mois après les armes à la main. Toutefois on voit apparaître un DeTham nouvelle manière. La g'uerre a décidémentmoins

d'attrait, ta foret

moins de charme, l'homme est usé, son prestige est encore grand, mais son influence dimi-

soumissionnaires accourent près de lui: c'est De-Winn, dont la famille a été eg'org'ee traîtreuse-

ment par

la

nue. Il a, d'ailleurs, moins de confiance,

vcn-

geance d'un mandarin et qui n'a pu obtenir justice du

résident

Ninh

de

tergiverse. prendd

les

armes, les dépose, pour les rcprendre de nouveau.

Bac-

c'est \'a-Van-

Tang, qui, après

avoir guidé nos colonnes, n'a pas obtenu la récompense qu'il avait espérée; puis d'autres et encore d'autres. Le chef a retrouvé toute

sa superbe assurance, il rejette dé-

daigneusement toute

Cependant nous ne pouvons nous prêter à tous

ses caprices et le laisser, pour ainsi dire, t'arbitre de la

PLAKUU VILLAGE DE UAN-CUC.

proposition d'entente et engage les h.osti)ités. De nouveau il va parcourir en guerrier heureux ces forêts où, l'année précédente, il errait misérablement. A Hu-Thue, le 18 mai 1894, il.repousse l'attaque d'une forte colonne; de même à Lang-Nua le ]~ juin; à Caure, le 22 juillet, il nous enlève un convoi plus tard il attaque ou fait attaquer un train allant de Phu-Lang-Thuongà LangSon enfin, le 9 septembre, à Ao-Khuia, il enlève deux

Européens. Entre temps ilf ut l'objet d'une tentative spéciale,

dont le piteux avortement apporte une note comique à l'histoire. C'était l'époque de Ravachol; le bruit de ses exploits était parvenu jusqu'au Tonkin et hantait sans doute le cerveau d'un des fonctionnaires de la région. Cclui-ci imagina de faire sauter le Dc-Tham. Une bombe fut confectionnée, et un indigène soudoyé à prix d'or pour la placer sous le lit de camp du bandit la bombe fut posée et éclata, mais l'intéressé prévenu avait filé; il rit beaucoup, paraît-il, du tour. qu'il1 nous avait joué. Le but suprême des pirates au Tonkin a été, dans ces dernières années particulièrement, la capture d'Européens non militaires. Par un sentiment d'humanité qui se comprend, quoiqu'il ne soit pas très politique, le gouvernement de la eotonie a toujours tran-

paix ou de la guerre dans ce petit coin de pays, alors que

partout ailleurs

la pacification marche à grands pas. Pris ou soumis, il ne mérite, d'ailleurs, aucune

pitié. Libre, il nous suscitera toujours des embarras, si ce n'est par ses actes, du moins par ses conseils. Sa soumission ne serajamais qu'une feinte, suivant les besoins du moment. Une trop grande mansuétude peut paraître aux populations un signe de faiblesse, et il n'y a qu'une fin pour le De-Tham, le sabre du bourreau. Que sa tête soit exposée publiquement sur le marché de Cao-Thuong' ou de Dung-Lam, au centre du Yen-Thé, devant la grande pagode. Chez les Orientaux, le respect s'adresse au juste, mais aussi au fort, et quelque sentiment que nous puissions professer pour un homme qui peut être un héros à sa façon, n'oublions pas que la lutte pour l'indépendance annamite en a produit d'autres pour lesquels nous fûmes moins cléments. Souvenons-nous que Doi-Van, exécuté sur la place d'Hanoi, a fait plus pour la pacification que les milliers de piastres et les gros territoires dont nous avons gratifié les Luong-Tam-Ki et autres qui, tout en étant nos obligés, n'ont cessé d'être nos ennemis. Commandant VERRAL'x.


Les Chemins de fer en Afrique

tseule 'ArruQUE se couvre rapidement de voies ferrées. La qu'on y trouvât, il y a une trentaine d'an-

nées, était celle d'Alexandrie au i8c)6, l'ensemble des lignes en exploitation mesurait déjà

Caire:à]annde

)3ooo kiiomètres, et ce total s'est notablement accru depuis un an et demi. La

ligne du Congo,

dont l'inauguration vient d'avoir lieu, et que notre correspondant spécial décrira bientôt à nos lecteurs, lui ajoute déjà près de 5oo

kilomètres;

aux deux extrémités du continent, les Anglais prolongent les lignes du Soudan

et

de

la

avec une

Rhodésia

rapidité

vertigineuse. La construction de chemins de fer était indispensable à la mise en valeur du continent africain. En etfet,

les magnifiques voies de communication formées par

les grands fleuves ne se relient pas directement à la côte. Nil, Niger, Zambèze, Congo, sans compter les fleuves mineurs, sont tous interrompus par des rapides avant d'arriver à la mer. Pour prolonger jusqu'à celle-ci leurs biefs navigables, on ne pouvait songer à créer des canaux, œuvre trop dispendieuse. La construction de routes carrossables ne résolvait qu'à demi le problème, car il faut encore trouver, pour y effectuer les transports, des animaux de trait qui font défaut dans une partie de l'Afrique. Seul l'établissement de chemins de fer, plus onéreux, mais infiniment plus rémunérateurs, répond aux exigences du trafic. Ces chemins de fer sont, pour la plupart, construits dans les conditions les plus économiques, avec un écartement de rails qui va de ?5 centimètres à i'o5, et qui offre à la fois plus de facilité pour les courbes et une moindre dépense en terrassements et ouvrages d'art; ce sont des « sentiers de fer comme on l'a dit avec esprit.

Nous allons énumérer brièvementles principales lignes africaines actuellement en construction. Il faut traiter à part les lignes de l'Algérie, de la Tunisie et de l'Egypte d'une part, et de l'Afrique australe anglaise d'autre part. Ce sont moins des voies de pénétration que des voies d'exploitation destinées aux besoins d'une population civilisée déjà nombreuse, et de tous points semblables à nos voies européennes, si ce n'est que, dans un certain nombre, l'écartement des rails est moindre. L'Algérie avait, en 1897, 2933 kilomètres en exploitation, la Tunisie 1422 (y compris les lignes en construction), et l'Egypte 2o56. Il est question, comme on le sait, depuis longtemps, de mettre en communication le réseau algérien avec le

Niger par une

ligne transsaharienne. Mais on sait aussi quelles difficultésretardent, et retarderont longtemps encore, la réalisation de ce projet. I) est plus facile et plus urgent de relier le Niger à l'Atlantique. L'Afrique aus-

trale anglaise et hol-

landaise, au sud

du

Zambèze, possédait i'annee dernière environ 7 ooo kilomètres de lignes de chemin de fer ayant

i'o5

d'écartement. La plus im-

toutes

portante est cettee qui joint Capetown

à Boulouwayo, sur une distance de 933 kilomètres, et qui doit se prolonger bientôt jusqu'au Zambèze. A cette ligne se rattachera, dans un délai assez rapproché, la ligne de l'Afrique portugaise, qui part de Beira et qui aboutit actuel-

lement à Oumtali. Enfin, les Allemands, établis dans le Sud-Ouest africain, ont commencé la construction d'une ligne qui, partant de Swakopmund, s'arrêtera d'abord à Windhoek, puis, se prolongeant vers l'Est, finira également par se relier aux chemins du Cap. Ainsi, aux deux extrémités nord et sud du continent, on trouve déjà des réseaux étendus. Les régions occidentales, orientales et centrales, qui viennent à peine d'être explorées et reconnues par les Européens, n'ont encore que de petites lignes, courtes amorces du grand réseau qui couvrira l'Afrique au xx° siècle. Un des plus anciens chemins de fer de l'Afrique intertropicale est celui de Dakar à Saint-Louis (2Ô~);i-


lomètres,, ouvert en i885. Le chemin de fer du HautSénégal, commencé en 1882 et poursuivi avec les vicissitudes que l'on sait, va maintenant de Kayes à Dioubéba sur plus de i3o kilomètres. H doit être prolongé sur Kita, d'où il bifurquera sur Bammako et Toulimandio. Sa longueur totale sera de 5~o kilomètres. Le cours moyen du Niger se trouverait ainsi relié à l'Atlantique par une voie mi-terrestre, mifluviale. I) est question d'y rattacher directement son cours supérieur par une voie qui le relierait à laGuinée française, en face de Konakry. La mission Salesse a étudié le tracé de cette ligne, qui aurait environ 5oo kilomètres de longueur. Les Anglais, qui sont à Sierra-Leone, ont entrepris, eux aussi, de relier la côte à l'intérieur de leur colonie. Ils ont commencé à construire une voie ferrée de 76 centimètres d'écartement dont le premier tronçon doit aller de Freetown à Songotown 32 kilomètres sont déjà en exploitation. La ligne complète, longue de 80 kilomètres, sera ouverte très prochainement, et prolongée plus tard jusqu'à la frontière du Soudan français. Les lignes de la Côte d'Ivoire française et de la Côte d'Or anglaise n'existent encore qu'à l'état de projet. Au Dahomey, la maison Mante et Borelli va établir une voie ferrée de 60 centimètres d'écartement, entre Kotonou et Abomey, et la prolongera plus tard jusqu'à Carnotville et au Niger. Dans le Lagos, les Anglais ont commencé la construction d'une ligne de Lagos-Abeokuta,qui s'arrête aujourd'hui au kil. 80. Quant au chemin de fer du Congo, qui mesure 388 kitomètres, de Matadi à Dolo, sur le Stanley-Pool, il est d'autant plus inutile d'en parler ici que nos lecteurs le connaissent déjà, et qu'ils en auront prochainement une description de t's'H. Disons seulement qu'il n'était pas inauguré que déjà surgissaient de nouveaux projets de lignes ferrées reliant les points terminus de la navigation du Congo et de ses affluents aux régions du Tchad, du Nil, du Tanganyika, du Katanga et du Zambèze. Les Portugais ont commencé, en 1888, la construction d'une ligne de 365 kilomètres, qui doit relier San Paolo de Loanda à Ambaca, centre principal de la culture du café. 3o8 kilomètres sont déjà en exploitation, et il est question de prolonger la ligne d'Ambaca à Malange, et même à Kassange, sur le Kouango, en même temps que de construire divers embranchements de 60 kilomètres de longueur totale, Dans l'Afrique nord orientale et occidentale, nous avons d'abord à signaler la prolongation de la ligne du Nil, ouverte le 6 mars dernier jusqu'à Louxor. La ligne a jusque-là une voie normale de i'"5o; au delà commence la voie de i"' o.5, qui est terminée jusqu'à Assouan, à m kilomètres en aval de la première cataracte. Il est question de relier Assouan à Bérénice sur la mer Rouge, ce tronçon permettrait aux voyageurs allant de Brindisi aux Indes d'abréger notablement leur

trajet.

La première cataracte est évitée par une courte voie ferrée. La seconde, celle de Ouadi-Halfa, l'est également depuis 1896. Enfin Korosko est reliée à Abou-Hamed par une ligne de 400 kilomètres, en ce moment prolongée jusqu'à Herber. Aussitôt que les

Anglais auront pris Khartoum, la jonction de cette ville au Caire par une ligne continue ne sera plus qu'une question de mois. En Abyssinie, M~I. I)g et Chefneux sont, comme on le sait, concessionnaires d'une ligne de 400 kilomètres qui retip.r.i Djibouti à Harrar, puisa Adis-Ababa, et qui sera peut-être prolongée ensuite vers Kana et le Nil Htanc. Les travaux sont entrepris jusqu'au kilomètre 5o à partir de Djibouti. Dans l'Afrique orientale anglaise, le chemin de fer de l'Ouganda, qui doit avoir i o5~ kilomètres, est déjà ouvert à l'exploitation sur 200 kilomètres à partir de Mombaz. Les Allemands ont été moins heureux dans leur colonie d'Afrique orientale ils n'ont construit que 42 kilomètres de leur ligne de l'Ousambara, qui devait rejoindre Tanga au KiHma-N'djaro. Quant à la grande voie qui doit relier Dar-el-Salam et Bagamoyo à Oudjidji, sur le Tanganyika, elle n'est pas encore commencée, et les Allemands y ont provisoirement renoncé

pour s'occuper de routes carrossables.

Dans le Mozambique, enfin, le gouvernement portugais a donné la concession d'une )igne de 2.5o à 3oo kilomètres qui, permettant d'éviter tes rapides et les bancs de sable du bas Zambèze, rejoindra Quelimane, à l'embouchure du Ruo dans le Chiré. Cette ligne se prolongerait naturellement par la ligne anglaise, qui, évitant les rapides du Chiré, mettrait Chiromoen communication avec Impimbi, et relierait ainsi la côte portugaise au lac Nyassa.

L'Ile de Sable CABLEIsLAXD

l'île de Sable à soixante milles au sud de laquelle a eu lieu le naufrage de la BoK/o~e, le 4 juillet 1898, se trouve à )3o kilomètres au sud-est du cap Canso (NouveHe-Ëcosse). Comme tant d'autres points de la côte occidentale de l'Amérique du Nord, tels que l'ile de Nantucket, le cap Cod, et le littoral du port de New-York Sable Island est vraisemblablement un amas de matériaux provenant des moraines d'un ancien glacier. Elle est sans cohésion et, devant l'incessante attaque des eaux, se détruit peu à peu. Néanmoins, d'après le Père Charlevoix, le baron de Lery voulut y faire un établissement dès ;5i8. En i5g8, le marquis de la Roche, en allant à l'Acadie, y débarqua quarante hommes, qu'il ne put reprendre à son retour. Les abandonnés purent subsister quelque temps, grâce à des bœufs et à des moutons que des Espagnols naufragés sur I'))e y avaient laissés et qui s'y étaient multipliés. Les débris du navire naufragé leur avaient également servi à se loger tant bien que mal. Ils eurent aussi pendant quelque temps recours à la pêche. Toutefois, lorsque, au bout de sept ans ,i6o5.),


Henri IV les envoya chercher, la plupart avaient péri de misère; il ne restait que douze survivants. En 1700, la longueur de l'île, de l'Est à l'Ouest, était de 60 kilomètres et sa largeur d'environ kilomètres. En 18:4, l'île perdait presque [ 5oo mètres de

longueur par an.

Bien au delà des limites de l'île, sur un rayon de 16 kilomètres environ du côté du large, s'étendent des brisants plats, que l'on nomme au Canada battures, et qui découvrent, à marée basse, de plus de 4 kilomètres. Sable Island est entourée de courants

violents, irrég'uliers, en conflit mutuel, et les épaves y sont nombreuses. Depuis 1801, il s'y est perdu 190 bâtiments, les naufrages étant encore facilités par les

brouillards fréquents.

En i8?3, un phare y fut construit, au prix de

jusqu'à ce que des rats, arrivés sans doute sur l'épave de quelque naufrage, les aient exterminés, et aient

pullulé à leur tour. Des chats, envoyés dans l'ile par les soins du gouvernement canadien, firent disparaître les rats, mais devinrent eux-mêmes si abondants et si incommodes qu'il fallut user de chiens et de fusils pour les

détruire.

On put alors ramener des lapins, qui prospérèrent jusqu'au moment où des hibous vinrent leur faire la guerre. Ces hibous sont actuellement les maitres de l'île, si l'on ne tient pas compte du faible personnel du phare et de la station de sauvetage établis

sur Sable Island. Quoi qu'il en soit, et c'est ce qu'il est curieux de constater, cette petite île, dont la diminution est incessante, est destinée à disparaître complètement.

200 ooo francs. Mais, en 1881-1882, des tempêtes

amoindrirent l'île considérablement. Une seule d'entre elles lit disparaître une langue de terre de 5oo mètres de long sur 20 mètres de large. En quelques heures, 20 mètres disparurent de la même façon, et le phare s'effondra. Reconstruit à i 800 mètres' de distance, un nouvel affaissement du sol obligea de le réédifier en 1888, à 3 5oo mètres, sur la partie la plus large de l'île et aussi près que possible de la barre si dangereuse qui est au Nord-Ouest, et qui a déjà occasionné tant de sinistres. Non seulement la pointe Nord-Ouest a été submergée, mais elle a changé de direction vers l'Est, et est actuellement presque au Nord, formant ainsi un angle droit avec, la partie principale de l'île. On s'en aperçoit par une ligne de 17 milles de brisants, quand il fait mauvais temps mais, quand cette indication manque, les modifications que l'île subit incessamment rendent les cartes marines de cette région très incorrectes et par conséquent trompeuses. Il y a notamment une erreur de 7 à 10 milles en longitude sur la position des bas-fonds. Les cartes contiennent encore une indication devenue inexacte relativement à la hauteur de -t5 mètres qu'elles assignent aux dunes de sable, celles-ci n'ayant pas plus de 2~ mètres. A l'heure actuelle, Sable Island représente le sommet d'un long banc de sable d'environ 320 kilomètres de long sur t20 de large. Elle n'a plus guère que 3o kilomètres de longueur sur i 5oo mètres de largeur, et consiste en deux dunes de sable qui s'étendent parallèlement dans la direction Est-Ouest. Entre ces deux crêtes est un long et étroit lac d'eau salée, relié à la mer par des bras que les tempêtes obstruent de sable et ouvrent incessamment. Pas de port atterrissage très difficile. L'île renferme quelques chevaux qui vivent en petits troupeaux conduits chacun par un vieux mâle. De trois cents qu'ils étaient en 1828, ils sont montés à quatre cents en 1864, pour redescendre à deux cents environ. Quand le sable chassé par le vent vient recouvrir les maigres pâturages dont ils vivent, la famine les décime. La race est petite et très vigoureuse, ce qui lui a permis de résister aux privations. Les rares habitants les mangent à l'occasion. Les lapins, introduits dans l'île, y ont pullulé

Princesse Thérèse de Bavière.

J/o'He Reise

)'«

dcn Bn!~t7<aHMe/!c;t

7'ro/'f)t.–Berlin, DietrichReimer,i8f)~)[vot.in-ft",avec

2

cartes,4 planches, et

78

illustrations.

LnA princesse Thérèse de Bavière, fille du prince-régentLuitpold, i-'raconte,dans ce beau votume,dédièata mémoire de l'empe-

Pedrott, le voyage de quatre mois qu'elle a fait au Brésil, en t88S,t'annéc qui précéda la révolution. Débarquée à Para, avec ses compagnons de voyage, la princesse remonta d'abord l'Amazone jusqu'à Manaos, d'ou elle alla visiter les territoires indiens du Rio Negro. Reveuue à Para, elle redescendit en bateau la côte du Brésil, de Para à Rio de Janeiro, avec de courts arrêts à San Luis de Maranhao, Ceara, Parahyba, Pernambuco, Maceio, Bahia. Elle fit ensuite plusieurs excursions dans les environs de la capitale, puis dans les provinces de Minas Geraes, Sao Paulo et Santos, et enfin de Victoria, aux territoires des Botocudos, sur le Rio Doce. Très versée dans les sciences naturelles, la princesse avait surtout un but scientifique en entreprenant son voyage. Elle voulait étudier la faune et la flore des tropiques, visiter les tribus indiennes et rapporter des collections. Elle ne se proposait également que de publier les résultats scientifiques de son expé dition. C'est la révolution du Brésil qui l'a déterminée, nous ditelle, à nous donner, sous forme de journal, la relation complète de son voyage. Elle a voulu fixer le souvenir d'un état social disparu. Le lecteur doit s'en féliciter, car ce livre est un des plus agréables qui aient été écrits sur le Brésil. Les descriptions du pays et des habitants ont d'autant plus de valeur et d'intérêt qu'elles s'inspirent, non pas seulement d'impressions fugitives, mais de connaissances sérieuses, diligemment amassées. Les détails géographiques, ethnographiques, statistiques que l'auteur a ajoutés à son livre sont empruntés aux meilleures sources, et la bibliographie critique du Brésil nous montre qu'aucun ouvrage important publié sur le pays ne lui a échappé. Mais ce sont surtout ses observations sur les animaux et les plantes qui donnent au volume de la princesse de Bavière une véritable valeur scientifique. Ajoutons qu'il est richement illustré d'après les photographies et dessins de l'auteur, et accompagné de plusieurs cartes. reur don

Lionel Deote. Three years /M savage Africa. Londres, Methuen, t8o8, t. vol. in-8°, avec ioo gravures et 5 cartes.

Cous ce titre, Ai. Décle a raconté, avec beaucoup d'intérêt, son J exploration de trois ans en Afrique. On peut regretter toute.

fois que t'œuvre de M. Dècle, couvre d'un Français chargé d'une mission par le Ministère de l'Instruction publique, soit écrite en anglais. Cela diminuera le nombre de nos compatriotes qui auraient pris plaisir à lire le beau voyage de M. Décle.

t~


L'Exploration des Cavernes /'e.o~</o); j//'n);<eKr M/j/(;

Af..E. ~t..Vjr/c'/ a été, à /'ro/'rc/;to;< parler,

des ctOtM/h ~t<r ce ~');rc~'a/i))Mwe à rebours,

à la

T~\Epr!s quelques années seulement, et suite de mes propres descentes jusqu'alors dans les profonds

j~f.f

réputes insondables, l'exploration des gouffres et cavernes, inaccessibles sans un matériel spécial et compliqué, a pris une extension si soudaine et si fruc-

tueuse tant en France qu'a l'étranger, qu'il ne paraîtra sans doute pas inutile de donner ici quelques conseils et indications pratiques aux amateurs de ce nouveau sport, éminemment utilitaire, j qu'on a surnommé et qui, sous son nom technique de .c/co/t', tend à devenir de plus en plus une véritable science autonome. 11 n'y a pas bien longtemps qu'il suffisait, pour arrêter les meilleures volontés dans l'investigation des cavités souterraines, d'un puits noir a pic sur quelques mètres seulement, ou d'une simple flaque d'eau non franchissable à pied sec. On dénombrerait sans peine les rares audacieux qui, antérieurement à i885, s'étaient aventurés au bout d'un câble ou sur une échelle de corde dans un bien petit nombre de gouffres profonds d'une cinquantaine de mètres au plus quant à l'usage des bateaux sur les rivières hypogéennes il était à peu près inconnu en France, et les belles découvertes nautiques de Schmide à Adelsberg, au milieu du siècle, et des Américains à Mammoth-Cave avaient eu lieu à l'aide d'esquifs rudimentaires aussi encombrants que peu sûrs. Aujourd'hui, pour les spéléologues du moins, c'est chose courante, sinon aisée, que de descendre dans un gouffre df ~o à 25o mètres et de naviguer sous terre pendant plusieurs kilomètres, il l'effet de chercher la solution d'une louts de problèmes de géologie, de géographie, d'hygiène publique, d'histoire naturelle, etc., que l'on n'avait pas pu aborder jusque-là, faute de moyens matériels et de méthodes raisonnées applicables aux investigations les plus approfondies. Quels sont ces moyens, quelles sont ces méthodes actuellement à la disposition des chercheurs souterrains? C'est là ce que je vais examiner brièvement. Deux sortes d'appareils spéciaux, dont nous avons été, mes collaborateurs et moi, les premiers à nous servir sous terre, en 1888, ont provoqué l'impulsion donnée depuis lors aux études cavernicoles ce sont le téléphone portatif et les bateaux démontables, indispensables auxiliaires dont il n'est pas encore question dans deux bons articles qu'un précurseur de la spéléologie moderne, .M. Fruwisth, consacrait aux explorations

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souterraines en )Ht!)(/<'rHtj); .U/<- des cavernes, on emploiera des échelles /(';7~)~fH, numéro d'août) et en )88û a coulisses en bois, extensibles, à une (~i/«);~)t du club alpin austro-alle- longueur limitée par le poids seul de mand,numéroduiSjuin).Nous lesdécri- l'objet, très pratiques pour les navigarons tout à l'heure. Parlons d'abord des tions souterraines,car on peut les reagrès de gymnastique et en particulier morquer Ilottantes sans en encombrer de la composition du matériel nécessaire les bateaux. pour ladescente des grandsabimes. Avec succès, tes Autrichiens, comme Les cordes auxquelles on se fait on le sait, grands explorateurs de caattacher doivent être avant tout solides, vernes, ont mis en service des cramd'une grosseur moyenne et de o fr.o pons de fer qu'ils scellent dans le mur; à o fr. Soie mètre courant; bien tres- il faut beaucoup de temps pour faire les sées, un diamètre de t.(millimètres suf-. trous nécessaires aces barreaux et les fit; les cordes dites de charrette ont cimenter avec une solidité suffisante. trop de poids et pas assez de souplesse'; C'est cependant ainsi qu'il faudra prola corde alpestre, dite de manille, est céder lorsqu'on voudra se livrer dans notoirement trop faible nous en avons les cavernes a l'escalade verticate des usé une en huit jours de temps par le puits ou avens intérieurs, que nous n'afrottement sur la stalagmite rude; elle vons jamais tentée et qui fera connaître. revient d'ailleurs plus cher que la vraie assurément de curieuses superpositions corde de gymnastique l'oxyde de fer d'étages. ou rouille dont elle s'imprègne au conDeux modes de descente peuvent humide de l'argile des tact cavernes être usités: le premier au bout d'un contribue a la détériorer rapidement cabte, le second le long d'échelles de elle est absolument impropre aux expto- cordes; de plus en plus nous nous somrationssouterraines. mes voués cette dernière méthode, la Pour éviter, quand on descend plus sûre, réservant la première pour dans un gouffre large, de tournoyer les puits compliqués où les échelles évodeux modes, comme une toupie au bout d'une corde luaient mal. Dans les dans le vide est neuve qui se détord, on a proposé, soit l'homme qui se risque de descendre debout sur une planche et toujours en-vérité soutenu de la même se servir d'une jambe ainsi que de gou- manière autour d'un bâton de bois vernail, soit de se munir d'une perche vert d'environ o'" 60 de longueur et de de diamètre, on noue assez longue pour atteindre les parois ô a ? centimètres et arrêter ou changer le mouvement gi- solidement l'extrémité d'une corde qui ratoire, soit de faire descendre d'avance ne puisse pas se déplacer latéralement; le bâton, les au fond du puits un poids lourd, au le patient s'assoitdesur chaque côté du bout d'une corde que l'on suit avec la jambes pendantes qui devant càble, sa figure, le long passe main comme une rampe; autant de complications dont nous nous sommes tou- de sa poitrine et entre ses cuisses celjours passé en se contentant d'allon- les-ci restent horizontales comme sur véritable escarpolette ensuite une ger au préalable sur le terrain la corde une de descente, on arrive à peu près à sup- petite corde de )'" 5o de longueur enviprimer la giration en même temps on ron, dite corde de sautoir, est passée évite qu'elle s'embrouille entre les mains deux fois en bandoulière autour du des hommes de manœuvre et qu'un arrêt corps par-dessusl'une des épaules et en intempestif se produise. L'inconvénient dessous de l'autre de façon à maintenir est supprimé d'ailleurs par l'usage d'é- le câble appuyé contre la poitrine ainsi le patient se trouve solidaire du câble chelles de cordes. et préservé notamment des chutes à la Celles-ci sont de diverses lon- renverse par suite de mouvements trop gueurs pour faire face aux variétés de brusques. profondeurs 5, )0, 20 et 3o mètres par Cette installation faite, elle est exemple. complétée, pour le premier mode, par Elles sont courantes dans le com- une ceinture de pompier bouclée à la merce, et du type qu'emploient les pom- taille et dans l'anneau de laquelle est piers, ravaleurs et gymnastes leur ré- fixée une deuxième corde dite de sûreté sistance est parfaite au poids d'un qu'on laisse filer d'en haut en même kilogramme le mètre, coûtant francs. temps que le câble et qui doit suppléer Elles se fixent aux arbres ou ro- ce dernier, en cas de rupture ou d'autre chers, et se lient les unes aux autres au accident. moyen de bouts de corde de à mètres E.A.MARTEL. de longueur. ~.t.<~rfj Pou 'escalader ou pour descendre les petites iarois à pic dans l'intérieur


MégaHthes d'Auvergne Tumulus et Sanctuaires G~H~ qui s'est fOKë à

la région centrale,

adresse aujourd'hui .sur ce sujet MM nouvel article. Nos <ec~M/ ~rc'7t<es de ~n~cn!(w'<ë des explications fournies par l'auteur sur les MOMKMe?!<s décrits. .1A

<'e~<~e des

))tf~a<!<M de

LnA route du Mayet-dc-Montagne à Lachaux (Puy-deDôme) et aux sanctuaires avoisinant le Rez de Sol, est à elle seule une excursion pleine d'attrait et

de pittoresque. En sortant du Mayet on voit défiler à l'horizon, à droite les sommets sacrés de Chatetux, à gauche ceux des Grands Boles. Puis s'ouvre une large vallée aux puissantsombrages, aux prairies plantu-

?!0!i~

bois un épanouissement de sève d'une richesse de coloration merveilleuse. Nous franchissons un pont auquel s'adosse un moulin abandonné, et nous remontons la pente opposée, à l'ombre de pins. Signalons à droite sur un plateau décou-

vert, les premiers

entassements

blocs sacrés. Plus loin, et toujours à droite, avant d'arriver au village de CartaiHer, voici une enceinte elliptique avec, au centre une pierre )evée, inclinée vers

reuses, avec, tout au

fond, comme un brigand loqueteux embusqué dans un défilé, une ruine déchiquetée, rapiécée de lierre et de ronces c'est Montgilbert,

le

Drapant sa gueuserie [avec son arrogance.

PIERRE

sous lesquelles s'enfuit la route dorée par le soleil du matin, qui drape largement de lumière et d'ombre les bois humides de rosée. Maintenant nous allons descendre en corniche une vallée arrosée de trois ruisseaux dont la fraicheur procure aux prairies et aux TRAVERS LE MONDE.

paisseur, surplombe

P/iotogra~/tMde~Go~Htcr.

nous nous engageons entre deux falaises de verdure,

3t* UV.

Sud.

Cette pierre, haute de So environ et large de 3 mètres sur d'é-

LEVËEDECART.ULLER.

Plus loin, dans un creux de prairie, s'étale un bel étang d'un vert sombre et froid, dominé par des chênes ~OMt téle ~K ciel est coMtHc,. et dont les robustes racines, recourbées dans la glaise, retiennent la chaussée dans leurs enlacements noueux et l'empêchent de s'écrouler sous l'effort des eaux. Tout auprès s'élève le château de Chapte, d'allure paisiblement agricole, encore habité. Nous voici à Ferrière-sur-Sichon, dont le sol d'une fertilité extraordinaire atteint presque le prix des placers du Ktondike, et à plus juste titre. Bientôt après

A

de

d'autres blocs couchés a sa base et présente avec le grand tumulus de Noirétable de frappantes analogies. Elle porte à son sommet deux entailles en forme de t:ert gravées à l'angle Est. Elle fait partie d'un ensemble de blocs entassés qui affectent sur le sol la disposition rectangulaire que nous retrouverons tout à l'heure au village Rongère. Ici nous sommes, selon toute vraisemblance, en présence d'un tumulus dont les-blocs ne paraissent pas offrir de trace de polissage. Vu de la route, par sa face Est, ce monument montre trois groupes de blocs entassés et atignés du Nord au Sud. En arrière une autre rangée de rochers

presque parallèle enferme un plan horizontal soigneusement dégarni de pierres et qui servait peut-être aux figurations et aux cérémonies rituelles. N" 3).

30 juiUët tSQR.


Le monument a peu souffert et offre un grand intérêt, en raison de son importance et aussi de son aspect pittoresque. Nous arrivons au village de Cartailler, étrange entremêlement d'habitations modernes et de monuments mégalithiques énormes. La première chose qui frappe les yeux à l'arrivée, c'est un menhir accolé au flanc Ouest d'une aggtomération de rochers à silhouette hémisphérique, qui est peut-être un tumulus. Vu par la face Sud, ce menhir est d'aspect sensiblement phallique. A quelques pas se dresse un bloc gigantesque dont la signification n'est pas nette au premier abord. Si elle est intacte, cette dalle colossale haute de 5 mètres, large de 3 et long'ue de 8, ayant à sa base Est, un emplacement plan de 10 mètres de surface arasé dans le roc vif, cette dalle pourrait s'expliquer comme menhir rénecteur du feu allumé, pour les signaux, sur le foyer sacré qu'elle domine. Sinon, ce serait la portion centrale d'un monument détruit. Mais cette hypothèse nous satisfait peu connaissant le menhir branlant de Saint-Just-en-Chevalet, dont les dispositions sont analogues. Toute la partie Est du village, en descendant la pente qui rejoint le Rez de Sol, est peuplée de monuments composés de blocs d'une amplitude extraordinaire, presque tous polis et travaillés, et dont les entassements inouïs se dressent dans la verdure luxuriante des arbres comme aux temps druidiques. L'un de ces monuments se compose essentiellement d'un vaste bloc cubique incliné ai'Ouest, arrondi aux anglcs, et surmonté d'un chapiteau pyramidal dont la partie Est est d'apparence bifide. Le tout aune hauteur de mètres environ sur 6 de large. Un autre bloc isolé, sans doute un menhir, porte au sommet une sorte de bassin érodé soit par l'eau, soit par le feu. Nous voici de nouveau sur la route de Lachaux à Saint-Victor suivons-la en contournant le Rez de Sol et le Rez des Combeaux jusqu'au vitiag'e de Rongères, où nous ferons halte. 100 mètres avant d'y arriver, nous remarquons à droite une enceinte elliptique composée de még-a-

lithes de formes diverses. Le plus intéressant se compose d'un groupe de deux blocs, l'un cubique, l'autre pyramidal, disposition que nous retrouverons tout à l'heure au sommet du Rez des Combeaux. Le bloc cubique est supporté par des quartiers de rocher sous-jacents et forme dolmen. Si maintenant nous nous plaçons à l'Ouest du monument et si nous considérons le bloc pyramidal, il nous apparaît sous la forme d'un casque grandiose du galbe le plus pur. I[ n'est guère possible de douter de l'intention du sculpteur, et très probablement nous sommes en présence du tombeau de quelque guerrier illustre, dont peut-être les soldats reposent sous les autres blocs du monument. Dirigeons-nous enfin vers ce sommet, célèbre au loin sous le nom de Rez des Combeaux et qui se dresse à 200 mètres à l'Est. Par une pente assez raide nous abordons ce rocher sacré dont, grâce à une averse opportune, les escarpements ruissellent de filets d'argent étincelant. L'ensemble du sanctuaire est long de i5o à i8o mètres, et la plus grande hauteur dans la partie centrale atteint de 20 à 25 mètres au-dessus de la vattéc qui le sépare du Rez de Sol. H se divise en trois groupes principaux polis et travaillés de la base au sommet. Vu par la face Est au soleil de midi, on constate que les détitements de la pierre ont été accentués et creusés pour les transformer en signes sacrés sur une grande partie de la surface. Le premier groupe au Nord porte en silhouette deux blocs perchés, l'un pyramidal à t'Est, l'autre cubique à l'Ouest. En arrière et sur le même sommet on rencontre

l'emplacement d'un vaste foyer sacré. Puis nous constatons, avec un étonnement qui ne fera que s'accroître l'existence d'un bassin demi-circulaire de 70 centimètres de diamètre en forme de croissant et dont les deux pointes sont tournées vers le Nord. Ce bassin rempli d'eau et reflétant les nuages argentés apparaît comme une indiscutable représentation du croissant lunaire. En nous rapprochant du centre, nous découvrons

TL'ML'LKS DE CARTAILLER.

P/!0<o~r<t'e

de

G~KM)'.


RHZDESCOMMEAUX.

f/)0<o~rt!i'ef<e~.Ca~'H;<'f.

d'abord un vaste bassin trilobé de 7 mètres de long sur 4 mètres de large, d'une profondeur d'environ 80 centimètres, autant que l'humus et les plantes entassés au fond permettent d'en jug'er. Ce bassin reçoit l'écoulement d'un autre, long de ~°'8o sur i mètre, dans lequel se déversent deux bassins plus petits et deux petites coupelles à déversement affleurant, comme toujours en pareil cas. Voici maintenant des faits et des choses sans similaires connus cet cH~'emNc de bassins et de coKpelles dont HOM~ venons de parler, aboutit à un ~OM/o~ de So centimètres de /o~ c/'et~e sous la surface dM roc et <?)<t de~or~e dans une cMi'e de granit de plus de 3 mètres de diamètre et d'MMe profondeur ma~t7na; de

/5o.

Cette cuve ou Grand Vagnon en langue du pays, a elle-même un déversoir sur la face Est du monument elle est à fond hémisphérique parfaitement rég-u)ier. Si nous continuons à explorer le sommet du monument, nous reconnaissons un bassin singulier, régulièrement circulaire, d'un mètre de diamètre, dominé par une petite coupelle et dont le fond est divisé par un axe Nord-Sud en deux demi-cercles de niveaux différents. De telle sorte que, grâce à l'eau qui emplit le demi-cercle le plus bas, nous avons sous les brilyeux l'image de la lune moitié sombre, moitié lante, les pointes de la partie Ouest tournées vers l'Est. Ce bassin se trouve entre deux très longues rigoles parallèles auxquelles il affleure et qui, traversant le sommet du sanctuaire de l'Est à l'Ouest suivant une courbe régulière, semblent indiquer la route parcourue par l'astre de la nuit. Sur un plan inférieur, du côté de l'Ouest, se trouve un autre bassin en forme de croissant, ouvert vers le Sud. II semble difficile d'admettre que ces trois coïncidences, deux croissants inversés et un cercle plein, ne constituent qu'une illusion fortuite et que nous ne soyons pas dans un sanctuaire consacré à Bélisama, du comme celui de la Baronnie à Noirétable et celui Rez Chatelin au Mayet, mais ayant en plus une signification évidente. D'autres coupelles et bassins sont répartis sur la surface du monument, et plusieurs sont de forme naviculaire et ovoïde très caractérisée.

Remarquons au-dessus du Grand Vagnon cinq tranches de rocher d'un mètre de haut inclinées les unes sur les autres du Sud au Nord et qui paraissent symboliser, en raison du nombre cinq, l'ensemble de l'univers. En effet, ce nombre représente l'intelligence et les quatre éléments, ou l'esprit animant la matière. Si nous abordons maintenant le flanc Sud du sanctuaire, nous sommes en face de trois vastes blocs hémisphériques, hauts de 4 mètres, accolés l'un à l'autre, mais séparés par des rigoles ou fentes recevant l'écoulement d'un large bassin creusé à la surface

supérieure. C'est à ces divisions que le monument doit son nom de M~M~-Fe~M, les mauvaises fentes, appellation traditionnelle qui implique certainement un souvenir de sang répandu, et ruisselant en longs jets sinistres le long de ces funèbres roches. Les deux blocs de droite, arrondis et polis avec soin, semblent suggérer une apparence ktéiforme à la rainure singulièrement exfoliée qui les sépare. En avant des Maux-Fentes se trouve un entassement de blocs énormes dont la silhouette se termine par une pyramide de granit. Tout à fait au sud du plateau, deux amoncellements de rochers, l'un à l'Est, l'autre à l'Ouest, déterminent la configuration rectangulaire du sanctuaire dans cette direction. Risquerons-nous maintenant quelques hypothétiques interprétations d'une partie des éléments de ce merveilleux sanctuaire? Dans l'espoir de susciter peut-être quelque contradicteur mieux informé, et malgré notre incompétence, nous essaierons d'exposer quelques idées sur ce sujet si obscur. On sait que les Druides se livraient d'une façon régulière aux pratiques magiques, et que, vers la fin du druidisme, ces pratiques avaient en grande partie remplacé les rites primitifs. On sait de plus que les Gaulois de l'époque qui nous occupe avaient adopté de préférence ce que l'on appelle le rite lunaire ou féminin, conjointement toutefois avec le rite solaire ou masculin, le plus ancien de tous en conséquence, l'année était lunaire, on comptait par nuits et non par jours, etc. En outre, les dieux étaient représentés par les Druides; les déesses prêtaient leurs noms et leurs attributs aux Druidesses attachées à leur culte. Nous savons d'autre part qu'il existait des col-


lèges de Druidesses vouées au culte du principe féminin, dont )'cau était un des symboles; mais en même temps elles étaient chargées d'entretenir le feu sacré, car un feu sacré perpétuel était consacré à Hétisama comme à Béien. est donc logique de supposer que le sanctuaire du Rez des Combeaux, où nous trouvons des images de la lune, des bassins htéiformes, de vastes coupelles et une piscine de purification, en un mot tout ce que comporte un rite féminin, était desservi par des Druidesses. Sinon, où pourrait-on plus logiquement les supposera Quant aux usages des différentes excavations du monument, si nous essayons de nous mettre en communauté d'idées' avec les ministres de ces vieux cultes, et si nous en croyons des traditions autorisées, il y lieu d'abord de penser que le grand cuvier était destiné aux ablu_L1_~ I)

.J~

tions

et purifications rituelles. Ces

cérémonies préparaient ~organisme physique à recevoir le fluide astral avant de se livrer à la contemplation des miroirs magiques,

opération d'un

monies du culte, lorsque, dans la nuit et sous la lumière lugubre de ia lune finissante, les bianches Druidesses au couteau sanglant évoquaient a grands cris les âmes des morts et les conviaient à venir se désaltérer dans le sang, tandis que les hurlements des victimes égorgées, répercutes à l'infini dans les bois sombres, ajoutaient une terreur surnaturelle à l'horreur de t'cn'royabie cérémonie. Pour reprendre la route de Lachaux, nous descendons par le flanc Est et nous trouvons a la base du monument un très beau doimen en parfait état. Il est long d'environ 3 mètres et large de 2. Sa direction est celle du sanctuaire et il s'ouvre au Sud.

Nord-Est, plusieurs crom)echs importants se dressent, à demi dissiUn peu au-dessous, du côté du

mulés dans le feuillage.

Une fois sur

route, nous jetons un dernier la

coup d'œi) en arrière et nous sommes frappés de la

singulière sil-

houette du monument vu parla face Nord. Il fig'ure alors une

longue arête

horizontale dominée usage constant chez les Druides. Cette par une éminence hypothèse justifie cubique énorme, clairement la présurmonté des deux blocs déjà mensence de réservoirs REZ DES COMBEAUXAYEC LES MAUX-FENTES. de grande capacité tionnés. P/!0<o.~ra/tc de AI. Ga~<cr. à proximité de basCette disposins et de coupelles sition est l'inverse destinés, une fois pleins d'eau, à servir de miroirs de celle du Rez des Grands Botes, sanctuaire stricmagiques, dans lesquels on voyait, ou croyait voir, le tement solaire; ici l'intention est évidemment similaire, présent, le passé et même l'avenir. bien qu'indiquant un culte différent et lunaire. En effet, aux Grands Botes, ce que nous appellerons la Ce vaste cuvier ou vagnon, qui a du reste dans tête du monument est au Sud, tandis que sur les sa partie inférieure la forme d'une chaudière magique, Combeaux elle est au Nord. pourrait avoir aussi servi à la divination par l'eau, telle qu'elle se pratiquait chez les Accads. Peut-être D'après cette trop sommaire esquisse, on comencore servait-il, dans le même but, à recueillir le prendra néanmoins l'importance primordiale des de victimes ég'org'ées au sommet du monument. sang monuments qui avoisinent le Rez de Sol. Sauf faute) de la Baronnie a Noirétabie, il est probable que dans Cette dernière hypothèse est très sensiblement applicable aux Maux-Fentes, où le ruissellement du le monde entier rien de semblable au Rez des Combeaux sang servait sans aucun doute à tirer des présages. ne peut être cité. « Car les opérations magiques et les sacrifices étaient M faut donc souhaiter que l'Etat comprenne la liés, et les uns et les autres étaient la conséquence responsabilité qui lui incombe et assure par tous les normale, non seulement de ce qu'il y avait de plus moyens en son pouvoir la conservation d'un monufondamental dans les doctrines des Druides, mais ment d'une aussi inestimable valeur. Et cela sans hésiencore de croyances symboliques qu'il est facile de tation et sans retard, car les carriers guettent déjà reconnaitre dans toutes les religions de la nature. » ces vénérables sanctuaires. N'oublions pas, avant de descendre des somNous avons fait notre possible pour faire conmets sacrés, de mentionner un écho magnifique qui naître au monde intellectuel les richesses még'atidort entre les deux montagnes. Lorsque du haut des thiques des Cévennes occidentales espérons que Combeaux un vigoureux appel est lancé dans la vallée, d'autres plus puissants et plus autorisés achèveront la vague sonore roule d'abord à targes ondes jusqu'au l'u-'uvre commencée. pied du Rez de Sol; puis elle se brise dans les arbres et résonne en mille bruits étranges semblables A des C. GAGX!ER. voix surnaturelles perdues au fond des bois. Cet écho a peut-être joué un rôle dans les céré-


La Baie de Kouang-Tchèou t A cession

la baie de Kouang'-Tcheou était t'une des clauses de la convention francochinoise signée au mois d'avri) dernier, et par laquelle la France obtenait dans le sud de' la Chine des avanl'Alletag'es correspondant à ceux que la Russie et nord, et l'Angleterre magne avaient obtenus dans le dans le centre de l'empire. Nous avons parlé, en son temps, de cette conà bai)

de

vention, mais nous revenons sur elle aujourd'hui pour donner à nos lecteurs une carte leur indiquant la position exacte de la nouvelle possession de la France en ExtrêmeOrient. La baie de KouangTchéou s'ouvre sur la côte orientale de la pres-

rivière. sous le fort de Mar-Cha, à t'entrée de cette Le pays qui environne la baie de KouangTchéou est très cultivé. On y trouve du riz, des patates, de la canne à sucre, des arachides, du manioc, du miHet et un peu de chanvre. Le plus grand centre de la presqu'Ue de Leï-Tchéou a pour principaux artic)es d'exportation, le sucre, l'huile et les tourteaux de pois ~font les voiles et lcs nattes avec lesquelles les ('hinois de leurs jonques. La prise de possession de la baie de Kouan~ Tchéou a été effectuée le 2; avril 1898 par les trois bâtiments le L!<?H, le Pascal et la .S'Hr/s'c. Ayant remonté la rivière Matzé, ils mouillaient à une heure devant le vieux fort de Sœikiho; à trois heures les compagnies de débarquement descendaient à terre, et l'amiral de la Bedolliere faisait hisser le paviHdn français sur le fort, tandis que les bâtiments pavoisés saluaient de vingt et un coups de canon. La possession de cette baie sera très avantageuse pour la France qui pourra y créer une

excellente base d'opérations nava)es,à proximité du canal de Pormose, c'est-à-dire de la route directe menant vers le nord de la Chine. Saïg'on, dont l'arsenal nous a été déjà et nous serait encore précieux en cas de conflit, est malheureusement un peu loin de la partie centrale de la Chine. Grâce à la baie

qu'itedeLei-Tchéou.qui s'avance au devant

l'île de Haï-Nan.

de

Elle

forme un port également bien situé et approprié pour le commerce et pour la guerre; son périmètre, qui est d'à peu près 64 kilomètres, est formé aux trois quarts, pourte Nord, t'Est et l'Ouest, par la côte de la province de Kouang'-Toung-; le quatrième quart est formé

de Kouang-Tchéou,nous

serons en meilleure situation. H y a trop de compétitions d'intérêtss CARTEDELAUAIEDEKO);AXG-TCUt!OU. européens en Extremcpar une grande île qui Orient pour que nous ne nous félicitions pas de cette -1- pas de n'a 1- nom sur les cartes européennes. Entre cette acquisition nouvelle. île et la côte s'ouvrent deux entrées étroites et facilement défendables l'entrée orientale, la meilleure, offre un chenal de 4 à 5 kilomètres de longueur, avec une largeur minimum de çoo mètres. Le port lui-même a une vingtaine de kilomètres de largeur de l'Est à l'Ouest, et à peu près autant de longueur du Nord au Sud. Les plus gros navires peuvent y mouiller en nombre illimité. Une Aussitôt qu'on est entré dans la baie, on peut mouiller un peu au Nord par 8 brasses. On trouve jusqu'à 10 et )2 brasses au centre. Etant données, dit Société de M. A.-A. Fauvel, dans le .BM~/M A l'instar de la métropole, la colonie française du Géographie, l'étendue du bassin, et la hauteur des s'est créé une plage à la mode sur une marées, qui atteint de 2 à 3 mètres aux syzygies, il pointe du littoral, à l'une des embouchures du Taïdoit y avoir un courant très considérable dans le Binh, en face de l'ilot de pécheurs de IIondau. Depuis chenal de l'Est, surtout si le vent vient de l'Ouest et quelques années, le monde élégant de Hanoï et des petit village à que la mer descende. A autres grandes villes tonkinoises va prendre les bains l'entrée d'une rivière dans le nord de la baie, la mer de mer à Do-son. C'est un amas de villas aux toits rouge atteint 6 mètres de hauteur aux grandes marées on jaune paille, aux volets verts, qui constitue un brique, fond, de brasses abrité, mouillage par io trouve

Ville de bains de mer au Tonkin Do-Son

Tonkin

C/N«,

un


ensemble pittoresque au bord des flots bleus et des collines vertes. Tout au-dessus, sur un rocher, s'élève solitaire la villa du gouverneur. Cette station augmente rapidement d'importance de nombreux chalets nouveaux s'ajoutent chaque année à tours devanciers, et la recrudescence de construction est encore plus grande pendant la présente saison. « Les propriétaires de villas, dit t'.4)'y- ~K Tonkin, réparent ferme les dégâts occasionnés par le dernier raz de marée. La plupart des murs ou des clôtures qui se trouvaient du côté de ]a mer, et qui avaient été enlevés, sont reconstruits. On voit encore cependant des vérandas défoncées, des trous creusés, des pans

de mur a terre, démolis comme par une canonnade. De-ci, de-là, des morceaux de store pendent Jamcnta-

bles, des arbres ont été roulés à )'intérieur des propriétés, quelques paillottes ont disparu, une toiture en tôle, sans supports, tordue pitoyablement, attend que les piliers que l'on est en train d'élever soient terminés. Tantôt ce sont des poutres qui paraissent maintenues sur des colonnes comme par enchantement tantôt deux solives, en forme de potence, restent debout, attestant l'existence de quelque chose qui fut bâti là. Mais i) suffit de passer vingt-quatre heures à Do-Son, de voir à J'oeuvre les maçons et les charpentiers, les coulis et leurs femmes transporter la chaux, la pierre et le sable, pour être persuadé que le raz de marée du 16 décembre, pas plus que la dernière tempête, n'empêche les intéressés et les amis d'air pur et de tranquillité de vouloir revenir en grand nombre cet été là-bas, d'aimer cet agréable coin du pays. Une activité fébrile y règne déjà; sept ou huit chantiers de diverse importance sont actuellement en plein travail. « On termine aussi une série de constructions bizarres, moyenâgeuses, avec créneaux et tourelles, qui jurent étrangement avec le soleil, le ciel et le décor d'Extrême-Orient. H parait que l'une des tours couleur bœuf, s'il vous plait sang de est élevée d'après les plans d'un membre correspondant de l'Académie des

Inscriptions et Belles-Lettres. Et c'est le cas de

dire

Où la science va-t-elle se nicher ? Il ne faut pas cependant croire que Do-Son perde tout à fait le cachet tonkinois, puisqu'on y rencontre des coK~M (femmes) ratissant l'unique rue sous la surveillance de (caporaux), et puisqu'on croise dans cette rue des ~o~eM~M de chaises. L'endroit ne pouvait être mieux choisi, car l'air y est exquis à respirer pendant toute la nuit et une partie de la matinée. La vue des colons, habituée à la désespérante monotonie des rizières du delta, se plaît dans le déroulement lointain des collines de la Cacba, dans le passage des barques de pêcheurs et des paquebots. Du côté de la terre, d'autres collines vertes se dressent sur la ligne des aréquiers du rivage. Malheureusement les chemins qui réunissent la capitale à cette joyeuse station laissent encore un peu à désirer. Mais il ne faut pas désespérer de l'avenir; les routes seront améliorées peu à peu, et, comme on dit vulgairement, Paris ne s'est pas fait en un jour. M. DE M.

c~

Dix semaines en ballon

à travers le Sahara 'T"ouTle

monde a lu le roman de Jutes ~'erne qui a

pour titre Ci'?;~ .scH~/y/M en &J//OH. La conception quasi chimérique du romancier est sur le point de devenir une réatité, grâce au projet savamment élabore par un audacieux explorateur bien connu, iM. ie lieutenant de vaisseau Hourst, et deux de ses amis, MAI. Léo Dex et Dibos. M. Léo Dex, ancien élève de l'Ecole po)ytechnique, a été breveté pilote aéronaute par le ministre de la guerre; quant à M. Dibos, c'est un ingénieur distingué, capitaine du génie dans l'armée terri-

toriale.

Nos trois compatriotes comptent traverser le Sahara en ballon et arracher ainsi aux steppes mystérieuses s'étendant de la Méditerrannée au Niger les se-

crets qu'elles nous dérobent encore. Leur ballon, qui aura )3ooo mètres cubes, sera baptisé le Léo Dex. La méthode de navigation aérienne imaginée par

les courageux aéronaUtes repose sur l'emploi d'un guide-rope, en fil d'acier, d'une longueur de i 200 mètres, et sur l'utilisation des courants aériens.

Le ballon, taché sur les bords du golfe de Gabès, sera porté par les vents qui soufflent du Nord et du Nord-Est dans la direction de Ghadamès et de

Rhât; les explorateurs sont convaincus que dans l'atmosphère de ces régions règne un courant constant et durable de vents qui, soufflant du Nord-Nord-Est, leur permettra d'atterrir, soit dans le bassin du Niger, soit sur les côtes, de l'Atlantique.

Le lest sera en grande partie composé de bouteilles de plomb peintes au minium chacune de ces bouteilles sera en même temps un récipient destiné à contenir des liquides, et surtout de l'eau.

d'éviter que des indigènes malintentionnés ne profitent d'une station prolongée du ballon par suite d'accalmie pour saisir l'extrémité du guide-rope traînant à terre, une installation spéciale permettra l'utiliAfin

sation d'une bobine Ruhmkorff.

Si donc quelques Touareg, malveillants ou curieux, avaient la fantaisie de s'approcher du fil d'acier et d'y mettre la main, une bonne décharge électrique leur inspirerait une crainte salutaire de l'aéronef. Quant au lest en bouteilles, voici son utilisation imaginez que, par malheur, et malgré toutes les précautions prises, un accident survienne et que les aéronautes soient déposés plus ou moins brutalement au milieu du Sahara. alors ces bouteilles leur tiendront lieu tout à la fois de cailloux blancs du petit Poucet pour leur montrer la marche à suivre et de fontaines WaHace pour les désaltérer.


qu'elle soit, Cette dernière idée, pour ingénieuse nous parait bien aventureuse. veulent Un tout cas, il est une autre mesure que lancer prendre les trois explorateurs avant de se imdans leur grande aventure, qui est bien autrementc'est portante et que nous approuvons sans réserve; conseil muelle d'ailleurs qui motive leur demande au nicipal de Paris. MM. Ilourst, Léo Dex et Dibos veulent savoir pratiquement et scientifiquement comfois ment se comportera leur ballon le Léo Dex une lâche. Ils désirent donc faire sur terre française une à sorte de répétition générale de leur grand voyage avoir les travers le continent africain, et c'est pourdemandent fonds nécessaires à cette expérience qu'ils relativement minime aux édiles parisiens une somme quinze mille francs. Souhaitons-leur bonne chance, et puissent-ils réussir dans leurs démarches. /lM~ces/o~Kne[~K)'a</

Les Missions Catholiques à Madagascar l'influence Osfrançaise a souvent dit, et avec raison, que s'était identifiée jusqu'ici avec l'influence

des missions catholiques à Madagascar, tandis que l'influence anglaise s'était identifiée avec celle des missions protestantes. Il est donc intéressant de signaler qu'il y a chez les Malgaches un mouvement très marqué vers la religion catholique. Avant la conquête, la mission catholique comptait 26 736 élevés dans les trois centres de l'Imerina, du Betsileo et de Tamatave. Au 3i décembre 1896, Imerina,' 3iooo elle en avait 65 io3 (dont 33 i5i en chez les Betsileo et 552 à Tamatave). A la fin de 1897, elle en avait 147500, savoir: 78791 garçons et 68 799 filles.

Recherche des Origines

des Magyars

un des peuples d'Eules plus fiers et les plus jaloux de leur nationalité. Une série de savants cherche à reconsti-

Magyars sont, on le sait, LES L rope

dans tuer leur histoire antérieure à leur établissement dans la plaine du Danube et de la Theiss, et à chercher

l'Asie Centrale le berceau de leur race. Le comte Zichy a consacré son temps et sa forfait deux tune à l'étude. de ce problème. Il a déjà peine avaitvoyages dans le Caucase et en Perse, et à repartait, il publié la relation du dernier qu'il Chine, et le 12 mars, pour explorer la Sibérie et la spécialement les environs du lac Baïkal. nouvelle expé11 a exposé le programme de sa dition, dans une lettre où il demandait un congé d'un membre il an au Parlement hongrois, dont est

Avant la conquête, les églises et chapelles étaient au nombre de 36o; à la fin de 1897 on en comptait 367 construites et 289 en construction. Enfin, avant la conquête, il y avait i36 175 catholiques à la fin de l'année dernière on en comp-

tait

330 450.

Tous ces résultats sont dus à la politique religieuse inaugurée par le général Gallieni, politique très claire et très simple qui se résume en cette formule liberté pour tous, mais à condition de ne point combattre les intérêts de la France, de ne point lui créer de difficultés, d'accepter son autorité et d'obéir à ses lois. La question d'influence française étant intimement liée à celle de l'influence des missions catholiques, il faut doublement s'applaudir de voir celles-ci

prospérer.

Je me propose de rechercher et d'étudier les restes refoulés de la race magyare, que l'on dit exister régions encore au sud-est du lac Baïkal et dans les «

habitées par les Bachkirs, ainsi que les ruines hunniques qui se trouvent sur les rives sud-occidentales du lac. En dehors de cette double tache, je m'en suis proposé une troisième, qui est, je puis le croire, importante pour l'histoirede notre pays c'est la recherche des documents et archives enlevés par les Mongols lors de leur retraite de Hongrie. Batou-Khan, à son retour à Karakoroum, au printemps de 1242, les plaça parmi ses trophées. je devrai chercher ces trésors de bonzeries notre histoire nationale dans les différentes réussir, et pagodes des villes mandchoues. Si je dois sait. et si ces restes existent réellement, Dieu seul le Quant à moi, je ne sais qu'une chose, c'est que je veux faire le possible, et peut-être l'impossible, pour atteindre mon but. »

t~

~-tt/~HpaM. In-8 de 437 pages, avec nombreuses illustrations. Paris, Ftammanon. jour par volume, M. Ch. Castellani raconte presque

Ch. Castellani.

~NS jourcel'expédition qu'il accomplit, en ~96,dans)e Haut-Ouban-

capitaine Marchand. gui, avec la mission conduite par le de MarsetUe à BrazzaL'ouvrage se divise en trois parties de Bangui à Anvers. D'un de Brazzaville à Bangui, ville, explorateur nous renseigne bout à l'autre de son récit, le peintre de son odyssée dans une des parties les sur mille particularités moins connues du continent africain. anecdotes curieuses et les Les faits ~raves ou plaisants, les pittoresque tableau d'un ce incidents dramatiques abondent en sacrilices humains et jusqu'aux barbare primitif et monde resté au cannibalisme. cette œuvre n'est pas U n'est pas besoin d'ajouter que que par les dessins qu'y a promoins attrayante par le texte même digués l'excellent artiste écrivain.


L'Emploi de la charrue chez tes Annamites

/)!

L L, Saison

de la Société des études indo-chinoises de résume dans son dernier numéro une intéresdiscussion sante a laquelle ont pris part le président et les membres les plus en vue de cette société, dans une de leurs séances ordinaires. D'après le président, l'usage de la charrue est courant chez les Annamites: ce n'est pas, à la vérité, la charrue européenne, qui serait pourtant d'un excellent emploi pour le tracé rapide des talus de rizières, mais que les Annamites n'aiment pas parce qu'elle les oblige à labourer droit et à faire une dépense de force musculaire a laquelle ils ne sont pas habitués. Dans les endroits où le sol est plus dur, les agriculteurs le font piétiner par les buffles ou les bœufs de trait. Enfin, dans les parties les plus élevées des districts agricoles, le seul contact d'une mauvaise charrue en bois suffit à préparer le terrain. H

77/B

GE<G7MP/C~ JOURNAL

Voyage sur la Côte Orientale

du Siam T\/r

H. Washington Smyth, membre de la Société royale de Géographie, à Londres, raconte le voyage qu'il a fait en 1806, au nom du gouvernement siamois, qui t'avait chargé d'une mission officielle, dans les provinces du royaume qui renferment des mines d'étain. Parti de Bangkok le 23 juin 1806, il tongea d'abord en steamboat la côte de Champawn, très découpée et formant un grand nombre de larges baies. Derrière l'épais rideau des végétations tropicales se dessinaient à l'horizon les formes bizarres et romantiques d'un massif de montagnes, le Sam Roi Ya\vt, a une distance de )5 milles. Son nom en siamois signifie la montagne aux trois cents pics. Les provinces de Pran, Kuwi, Bangtapan et Pativu que borde ce tronçon de côte, sont peu cultivées et peuplées seulement de 6 uoo habitants à elles quatre. Les indigènes se livrent surtout à la pèche. Mais, à mesure que le voyageur s'avançait vers le Sud, du côté de la ville et de la province de Longsuan, la population devenait plus dense, et la jungle reculait devant les terres cultivées. La rade de Longsuan excite à bon droit la défiance des navigateurs, à cause des ecueits de corail qui la ferment. La ville elle-méme est la résidence d'un gouverneur et comprend une population de 16,000 Siamois, mélés de Chinois et de Matais. Un inénarrabte grouillement de femmes, d'esclaves, de criminels, de porcs et de parias rend les auberges aussi pittoresques qu'inhabitables tout ce joli monde vit en commun. Des chevaux à demi sauvages complètent cette arche de Noé: ils s'en vont au galop dans la jungle, dès l'aurore, et rentrent le soir d'eux-mémes au logis. Le voyageur anglais dut se contenter d'un hôtel aussi primitif! Les mines d'étain se trouvent à une certaine distance, a la limite qui sépare la province de Longsuan de celle de Kenawng. Elles sont exploitées par des habitants de la ville, qui sont tour à tour pécheurs, mineurs ou lazzaroni, suivant la saison ou leur fantaisie. 11 est impossible de donner une moyenne un peu exacte de la quantité d'etain extraite elle dépend de l'état des communications,des épidémies plus ou moins fortes, des chutes de pluies plus moins abondantes suivant les années. L'auteur évalue ou la production annuelle de l'étain à .~o tonnes, dans les circonstances les plus favorables. Le steamboat se dirigea ensuite sur Chaiya, située sur une large crique, sur le rivage de laquelle les huttes des indigènes alternent avec les palmiers. La population de

~'t

cette pronnce a augmenté rapidement de foooo habitants qu'elle comptait en t82), elle en compte aujourd'hui ~.3ooo. Cette population est intelligente, avide d'instruction, ainsi qu'en fait foi une conversation que nous citons tout entière et que le voyageur eut avec un simple paysan malais. Les indigènes se rassemblèrent autour de moi pour voir un Européen. Ils savaient que j'étais Anglais, et ils se mirent à comparer, en m'examinant, les Anglais, les Français et les Allemands. Ils conclurent que )es premiers étaient les plus grands ivrognes, mais aussi les meilleurs négociants de tous les blancs, t'n d'entre eux, le héros de l'anecdote, pour taire comprendre la supériorité des Anglais, traça sur le sol une série de lignes géographiques, et sur cette grossière mappemonde montra à ses compagnons des points qui liguraient Gibraltar, Malte, Aden, Singapore, Hongkong. Il leur rendit sensible également l'immensité de l'Inde britannique. Enfin, il paraissait assez au courant des diverses entreprises coloniales dans lesquelles les puissances européennes étaient engagées. Je lui demandai d'ou il tenait toutes ces informations;il me répondit qu'il avait trouvé un vieil atlas dans la maison du Chao-Kun (gouverneur) et qu'il avait appris y non seulement la géographie, mais la lecture et l'anglais.. Oh Monsieur, me dit il dans son enthousiasme d'autodidacte, la ° géographie nous apprend toutes les autres choses ·

Le voyageur jeta ensuite l'ancre dans le port de Bandon, puis dans celui de Singora, entouré de charmantes collines. La population de cette ville est de toooo Siamois mélanges de Malais. La province tout entière en compte 60,000. Ce fut le point extrême de son voyage dans ]e Sud. Dans la discussion qui a suivi la lecture de ce récit de voyage, dans la Société de Géographie, le président a dit que si l'Angleterre, en Chine, s'intéressait moins à des questions territoriales qu'à des questions commerciales, elle était au contraire décidée à maintenir, de concert avec ta France, l'intégrité de ce royaume du Siam, dont le souverain était si éclairé et si animé d'intentions pacitiques. THE .SCOr7'S7/ CEOG~.1P7//C/1Z. ~IG~/A~'

Une dame Française en Écosse Par

M. l<An'n RujjuRDSoN.

R<t)~'OM)' .<);

<Sf)~.

T revue géographique écossaise consacre une longue analyse M"" Marie-Anne de au voyage en Ecosse A

que

Bovet a raconté dans le 7'M;< A~)~, et que nos lecteurs n'ont point oublié. L'auteur de l'article exprime son étonnement de voir à quel point une Française a su comprendre, a force d'intelligente sympathie, des idées, des mœurs, des croyances à certains égards fort différentes de celles dans lesquelles elle-même a été élevée. Catholique romaine, elle a parlé avec respect, sinon avec une sympathie qu'on ne pouvait lui demander, du calvinisme austère qui a joué un si grand rôle dans l'histoire de l'Ecosse. Son érudition est sùre;ses appréciations,en général, sont justes, à part tel point spécial. Ainsi, pour relever une ou deux de ces erreurs sans grande importance, elle se trompe en attribuant aux fureurs de la Réforme calviniste la ruine de l'abbaye de Meirose, qui a été détruite par le roi Henri VIII. Elle accuse de même à tort les Covenantaires de la destruction, œuvre digne des Visigoths de la ville de Saint-André, livrée en réalité aux flammes en t?~ par une multitude de bandits et de brigands, rascal multitude dit le pasteur Jean Knox, bien longtemps avant l'apparition des Covenantaires sur la scène historique. A part ces légères rectifications, les éloges du :n~ cctMMi.! sont sans réserve et des plus flatteurs a l'égard de la voyageuse française

.)/

Le beau travail de M°~ de Bovet est non seulement bien écrit, dit-il, mais encore il témoigne d'une inaltérable sympathie a l'égard d'un pays qui a été si longtemps le fidèle allié de la belle ~'j)!c< Cet ouvrage est un des plus intéressants et des plus importants qui aient encore été publiés sur l'Ecosse..·


Vieilles Cités allemandes Marburg M~Kr~ est célèbre par le séjour ~!< M!'H/c/?/;M~c//t de Hongrie. C'est MH~r/e ~'t/H/)'cy' oit Denis

P~!M a CHM~H~ /)eH~C!?~ ~Me/~«M années. Nos lecteurs auront ff07;C n!/C/'e/ à lire les attrayantes pages qui )'eH~

sur cette ville afMej peu

cOM~Ke eH

7~'j?ice.

peu des Français qui sont allés en chemin de fer de Coblentz à Cassel connaissent de Marburgautre chose que la silhouette de la ville, disposée sur le flanc d'une colline couronnée par un château, entre deux zones de verdure, à la manière

nlEX

d'une

écharpe bi-

garrée où les toitures de tuiles et d'ar-

plus édifiantes de la piété. Une série de fresques de Maurice de Schwind, dont est décorée une salle de ce château, commémore les ŒMi'M de m~n'co~e d'Elisabeth de Hongrie. Ses jeûnes, ses mortifications, son amour des pauvres et son humilité la faisaient railler et

mépriser par son entourage. Malgré

tous les efforts

doises, se pressant

les unes par-dessus les autres pour regarder dans la vallée de

~M<-

tentés pour détourner son fiancé de

tenir sa promesse,

la Lahn, alternent

Louis t'épousa en

i22iet!ui]aissa

commele rouge et le noir dans un jeu de cartes. It aura

toute liberté de continuer ses bonnes

aperçu de loin les

oeuvres et même de

les tourelles du burg

de lépreux sur la colline de la Wartburg. Elle eut, de

fonder.un hôpital

ftèches de l'église,

érigé au sommet de la colline, quelques autres clochers et les pignons gothiques des bâtiments

ce

mariage, plu-

sieurs

enfants

et

passa d'heureuses

L'ËCL!SESA1KTE-ÈLÏSABETH.

de l'Université, il années auprès de ce Photographie de 7t/. Z,. /?~A-<?/ 7t~r~7~ A~. G. ~~t'cr/. pieux seigneur, qui aura remarqué le site pour son pittoresque et perdu l'occasion de visiter mourut en 1227, d'une fièvre pernicieuse contractée une des villes anciennes les mieux conservées et les en Italie au moment de son départ pour la croisade de plus curieuses de l'Allemagne. l'empereur Frédéric II. Au lendemain de sa mort, sa veuve fut en butte Ce qui fait le charme de Marburg pour les visiaux outrages de ses beaux-frères, qui )a chassèrent teurs catholiques, ou même pour les simples pèlerins de la Wartburg avec ses quatre enfants, défendant de l'art, ce sont les souvenirs de sainte Élisabeth de même aux habitants d'Eisenach de lui donner asile, Hongrie, qui y vécut les dernières années de sa vie, y et la réduisirent à vivre des charités de son oncle, fut enterrée et devint l'objet d'une vénération particul'éveque de Bamberg. Plus tard, l'un d'eux, Henri, lière. Son histoire, se rattachant intimement à celle de revenu à de meilleurs sentiments, la mit en possesla ville hessoise, mérite d'être rappelée. sion de son domaine de Hesse, avec Marburg comme Elisabeth, fille du roi André II de Hongrie, narésidence. Mais elle ne consentit à habiter qu'une quit à Presbourg en 1207. A l'âge de quatre ans, elle pauvre chaumière abandonnée, consacrant sa vie à la fut fiancée à Louis, le fils aine du landgrave de Thucharité et se livrant, sous la direction de son confesringe Hermann I~, confiée à ses envoyés et ramenée seur, Conrad de Marburg, aux pratiques les plus auprès de lui, dans son château de la Wartburg'. Elle rigoureuses de i'ascétisme. Elle mourut en i2.3t, à l'âge de vingt-quatre ans, pleurée et regrettée de ses y passa ses années d'enfance dans les pratiques tes 3~ UVt 3a. 6 août t8<)8. A TRAVERS LE MONDE.

?


nouveaux sujets, dont elle avait été plutôt la bienfaisante providence que la suzeraine. Elle avait fait construire un hôpital a Marbur~ sous l'invocation de saint François d'Assise c'est dans la chapelle de cet hôpital qu'elle fut d'abord inhumée. Sur le temoig'nag'e de son confesseur et sur les instances de son beau-frère Conrad, repentant de ses anciennes brutalités, sa canonisation fut prononcée en t235 par le pape Grégoire [X. Cette année même, ie 14 août, Conrad posa la première pierre de l'église fondée par lui a la mémoire de la sainte et dans laquelle lc corps d'Elisabeth, exhumé de la chapelle Saint-François et mis en chasse, fut enseveli.

L'M~)/-c/ic,

mcntde~tarburg et l'une des plus parfaites églises

le plus remarquahte mnnu-

peintures sont attribuées à un artiste de Marburg, Jean von der Leyten. Le sculpteur fut probablement un nommé Ludwig juppe, également citoyen de la ville. Deux de ces aute)s se trouvent dans )e bras méridionat du transept. Le plus proche du chœur est l'autel de Saint-Jcan-Haptiste, qui oft're des représentations sculptées et peintes d'épisodes de la vie du Précurseur. L'autre est consacre à saint Georges et à saint Martin. Le panneau sculpté de droite rappelle le combat de saint Georges contre le dragon, celui de gauche montre saint Martin partageant son manteau avec un mendiant. Les tableaux à volets ont pour sujets des scènes de la vie de saint Martin et celle du martyre des deux saints. Dans le même bras du transept se voient les tombeaux en pierre du landgrave de Thu-

ring'eConrad,beaufrèrc de sainte E)i-

sabeth, mort

gothiques de l'Allemagne du Nord, fut

achevée mais

en

la discipline avec laquelle il fit péni-

1283,

l'intérieur, les

flèches

tence de ses violences et de ses cruautés, et de plusieurs membres de la famillc princière de Uesse, entre autres ie )andg'rave Henri, couché auprès de sa femme ~lechtitdis, morts, l'un en i3o8, l'autre en i3oç:

ne furent

complétés qu'au

x)v" siècle. Accos-

tées de quatre clochetons, percées de

baies ogivales,

hautes de soixante-

quinze mètres, elles s'élèvent avec beaucoup de légèreté audessus d'un édifice de proportions très

la fille de sainte E)isabeth, Sophie,

heureuses, auquel1 le ton de la pierre, du grès rose pâli

donne

une g'râcc

en

12~0,tenant en main

CHATEAU DE MAKBLRt,.

P/<o~-j/'A;'f~<V.A.B/c/y..Vj~'Mr~.A'.f;.7';f))'fr<.

toute particulière. De très devants piliers à chapiteaux ornés de feuilles de chêne encadrent le portail de l'église. Sur un tympan sculpté de ceps de vigne, a.i gauche, et de feuillages de roses, droite, se détache une statue de la Vierge Marie portant t'Enfant Jésus, avec, à ses côtes, des anges agenouiiiés, offrant des couronnes. Elle écrase sous ses pieds les vices et les .péchés sous la forme de petits monstres. Les scu)ptures des archivoltes sont aussi d'une rare élégance. Dix piliers élancés portent trois nefs d'égale hauteur. Deux galeries font le tour de l'édifice, à l'intérieur. Les nefs latérales sont éciairées par des fenêtres a deux ogives géminées, encadrées dans une grande ogive. Dans la tour du Sud est tendue une tapisserie du x)V siècle représentant l'histoire de i'Enfant prodigue. La grande nef est séparée du chœur par un jubé en boiseries ornées de statuettes et de réseaux ajourés, richement peint et doré. Derrière s'élève le maîtreaute), érigé le )"' mai )2go, de grès fin, sculpté dans le plus pur style gothique, avec pinacles et compartiments ogivaux encadrant des niches peintes et dorées, ornées de figures. Les nefs latérales débouchent dans les bras du transept. C'est la partie la plus intéressante de )'égiise. Il contient cinq autels à panneaux sculptés surmontés de retables avec sculptures en bois doré et volets peints, du commencement du xv)= siècle. ('es

et son mari, le duc de Brunswick. Sous l'une de ces pierres

tombales à figures sculptées git un cadavre en décomposition, hanté par des animaux répugnants, vers, serpents et crapauds; sa bouche se tord en un effroyable rictus d'épouvanté. En outre, des plaques tumulaires de bronze en relief ou de cuivre ciselé l'une de ces dernières est ornée d'une grande croix, merveilleuse d'ornementation délicate. H y a aussi des monuments dans le bras gauche, septentrional du transept, où se trouvent le mausolée de sainte Elisabeth, l'autel qui lui est dédié, celui de sainte Catherine et celui de la Vierge. Ce dernier est décoré de scènes de la vie de la Vierge, celui de sainte Catherine est surmonté d'un tableau à volets qui représente divers épisodes de la vie de la sainte EamiHe. Le plus voisin du chœur est dédié à la patronne de l'Eglise. Les peintures du retable rappellent certaines scènes de la iégendc de sainte Elisabeth. Le devant de l'autel, sculpté et peint, en trois compartiments, montre Elisabeth de Hongrie à t'agonie, Elisabeth morte, étendue sur son lit, enfin l'exhumation de ses restes déposés dans l'église SaintFrançois. Après la translation solennelle en l'église votive, les os de la sainte, placés dans une châsse splendide, furent exposés à la vénération des fidèies, dans un mausotée a jour. délicat édicule de stvle gothique, coiffé


d'un baldaquin de pierre, doré et peint, soutenu par de frêles colonnettes. Au devant était suspendue une statue de bois de la sainte, accompagnée d'un enfant paralytique, au-dessus d'un tronc à offrandes. Les retiques de sainte Elisabeth devinrent l'objet d'une telle vénération que le landgrave Philippe le Magnanime, pourtant l'un de ses descendants, converti i la religion réformée qui considère le culte des saints comme une idolâtrie, les fit extraire par effraction de la chasse et, pour couper court aux pèlerinages, enterrer secrètement sous une dalle de l'église, dans un endroit connu de lui seul. Plus tard, il fit même enlever la chasse, mais au bout de deux ans, il la restitua à l'église. Aujourd'hui le mausoiée est vide, l'église étant livrée au culte reforme. La chasse est conservée dans

dans les chants de Liszt et de X. Wag'ner, car toute la mysticité du T'aHH/ft~p)' est personnifiée' en cette Elisabeth de Thuring'e que le poète a dotée des vertus et de la puissance d'intercession vénérées chez Ja pieuse épouse du landgrave Louis IV. Quoique la 1 fesse suive en générai la religion réformée, le nom de la sainte catholique est toujours révéré par le peuple, et même une institution charitable, protestante, de Atarburg-, a pris le nom d'E//M~c/M!;6'. Les environs de i'E/M&c//).s'c/;e ne sont plus ce qu'ils étaient nag'uére. Derrière t'ég'iisc se trouvaient lcs bâtiments de l'hôpital construit en is5-t, a la mémoire de la sainte, qui ont longtemps servi de siège au bailliagc de l'Ordre teutoniquc en Hesse, institué à Marburg- en )2.3~ et qui fut aboli en 18io par un dé-

réintégrée en

cretdeNapotéon 1°, Ces constructions

été,'quatre ans plus tôt, transportée à

l'Etat, furent affectées à divers ser-

la sacristie, où elle a été

i8)-t,

après avoir

Cassel, résidence du

roi Jérôme de WJestphalie.

ce

Dans

voyag'e, quel-

ques-unes des pier-

res précieuses et des perles qui ornent le reliquaire de cuivre doré ont été volées. H en

reste encore cependant pour un prix

considérable; on assure que, lors-

faisant retour a

vices

de l'Univer-

sité. En effet, la Hesse, comme beaucoup d'États allemands, a eu dans ce siècle des destins agités. Le 1°'' octobre )8o6, elle fut incorporée au royaume de Prusse. En juillet 1807, elle devint partie intégrante du royaume de Westphatie, administré par le frère de Napoléon. Mais;

qu'elle était intacte, sa valeur atteignait 2000000 de marks. LA CIIASSE PELA SA)KTE. après la bataille de La châsse est oblon~f/V.!t-ry. A'. G. ~<;r<. 7~<o<o.g')'a/c de ~)/. Leipzig, les Frangue, de style gothiçais durent l'é vaen que, avec figures --0- doré. Sur la face antérieure, cuer; ]'étecteur\Yi)hetm I", qui s'était réfugié à Coon voit le relief d'argent penhague, rentra dans Marburg, où son peuple l'acChrist enseignant; à sa droite et à sa gauche, trois apôcueillit avec joie. En i866,)a Hesse, comme le Hanovre, tres de l'autre côté, le Christ en croix avec, à ses pieds, fut annexée à la Prusse. Matg-ré tous ces chang-ements sa mère et saint Jean. Au-dessus vole un ange qui de régime, .Marburg a conservé son caractère de ville apporte une couronne. Dans chacun des compartiments, ancienne. Les rues sont étroites, tortueuses, escarpées. les six autres apôtres. Sur l'un des petits côtés, la Des chemins fort raides, longeant des clôtures de Vierge avec l'Enfant Jésus et, sur la face opposée, jardins et de vergers, conduisent au château. sainte Elisabeth. Les reliefs du toit du reliquaire, surVu d'en bas, de la vallée de la Lahn, le château monté de pinacles élancés enrichis de gemmes, repréprofile sur le sommet du piton qu'il commande une sentent des scènes de la vie de la sainte, qui nourrit les affamés, habille les misérables, leur distribue des auamusante silhouette de toits aigus, de ctochers et de toureites. H se compose d'un ensemble de bâtiments mônes, lave les pieds à un lépreux et reçoit de son qui se confondent un peu. Vu de près, il présente des directeur, Conrad de Marburg, l'habit de francisdifférences de style sensibles. Les parties les plus caine. anciennes, gothiques, construites au x)n" et au .\i\ L'abside est polygonale. Des vitraux superbes, siècles, sont l'aile du Nord, qui contient la salle décorés de fleurs et de plantes, ornent les fenêtres du des Chevaliers, magnifique salie à double voûte chœur. Ceux de la nef ont été détruits, pendant la ogivaie, portée par des piliers, plus vaste et plus guerre de Sept ans, par les soldats du roi très chrébe))c que la salle du même nom a la Wartburg, et tien Louis XV. Ces cavaliers eurent l'impiété de conl'aile de l'Ouest. Celle-ci se relie à l'aile du Sud, du vertir en magasin à fourrage le sanctuaire dédié à la xv)° siècle, ou se trouvent la chapelle et la sacristie et créature de douceur exquise et de pitié que devaient à laquelle est attenant un avant-corps Renaissance où célébrer l'art, la littérature et la musique, dont la iogent les gardiens. C'est dans une salle de l'aile du légende revit dans une admirable toile de Murillo au Sud qu'eut lieu, en i55~, le colloque sur la Cène, promusée de Madrid, dans le livre ému de Montalembert.


voqué par le landgrave Philippe le ~tagnanime, pour amener une entente entre Luther, Zwingle, Méianchton, (Eco)ampade et d'autres réformateurs. Cette réunion ne put les mettre d'accord sur le mystère de la

transsubstantiation.

Résidence des iandgraves et dfs étecteurs de Hesse jusqu'en t8i5, le château fut, à cette époque, converti en prison. En 1869, On en fit le dépôt des archives de la Hesse. Il y a dans les vitrines des manuscrits qui datent du temps de Pépin le Bref, quelques-uns des plus vieux papiers d'Etat allemands. On rattacha aussi le groupe principal au nouveau bâtiment, le M~e<m~!M, par un passage couvert que soutiennent trois

thématiques à l'Université; son portrait y est conservé. Les rues avoisinantes, la Alarktgasse, la Wetterg'asse, la Xeustadt et enfin le Steinweg, qui passe devant l'église, sont les artères de la circulation de Marburg, quoique bien étroites, tortueuses et accidentées. Les vieilles maisons, à pignons, à étages surplombants et à poutrp.))es apparentes, avec parfois un bout de sculpture sur bois, y sont encore très nombreuses. Quand l'une d'elles menace ruine et qu'il faut la démolir, les architectes ont le bon esprit de

s'inspirer

I_

des modèles anciens, au lieu d'écraser ces

frêles bicoques avec de lourF..a~ 1~ des copies des prétentieuses architectures de Berlin ou de Francfort. Pour les constructions importantes de la basse arceaux. ville, destinées à des services Au moyen âge, la posipublics, ils emploient le grès tion défensive du château était redoutable. Les plans du xvn" rose du pays, comme enchaînements de pierre aux siècle le montrent encore entouré d'une enceinte fortifiée, murs de briques. qui lui permit de subir des Dans les rues je remarsièges pendant les guerres de que la coiffure des jeunes filles Trente ans et de Sept ans. Au de la Hesse leurs cheveux temps du royaume de Westsont tirés en l'air, collants à phalie, les Français démolirent la nuque, suivant une mode les fortifications de Marburg. qui a existé en France au H ne reste plus devant le burg temps de la Restauration, et qu'un terre-plein d'où la vue tordus en couette ou rassemplonge sur la vallée de la Lahn blés en couronne sur le somet, au premier plan, sur la vémet de la tête. Une sorte de gétation des vergers qui coupetite mitre en étoffe brochée, vrent le versant de la colline. retenue sous le menton par Une rampe conduit à une terdes rubans en soie noire, y rasse placée plus bas, ancien est adaptée. Celle des étucimetière devenu une place diants est moins jolie; leurs plantée de platanes, entourant petites casquettes plates,'vertes, l'église protestante. Construite rouges, oranges ou bleues, suien )2<)7, sous le vocable de vant les corps auxquels ils ap~7a')-cy~c/;e, à trois nefs goMAUSOLEE. LE partiennent, leurs écharpes de thiques, celle-ci fut, à la Ré- P/!0/o.g'ra~f.e.U.B<e/;f/t~Mr~Y.G.))'t.')' couleur qu'ils exhibent parfois formation, dépouittéedeses dans la rue, n'ont rien d'aautels et de son crucifix. Dans le chœur subsistent g'réabtc à l'œil. On les voit flâner devant les nombreux les plaques tombales des landgraves protestants de magasins de librairie de la ville. Car Marburg' n'est pas la Hesse. seulement une pittoresque cité ancienne, c'est un centre intellectuel important de l'Allemagne. L'Université, De cette terrasse, un escatier, contenu dans une dont les principaux bâtiments élèvent leurs pignons detour, débouche sur des ruelles qui aboutissent à la vant le pont de la Lahn, date de i52~. Le landgrave Ba~Me/jMe. Non loin de là est le bâtiment du triPhilippe le .Magnanime l'installa dans les locaux désafbunal, du xvf siècle. Cette rue ramène à la place du fectés du cloître des Dominicains; en 1873, ils furent Marché, que décore une vieille fontaine et sur laquelle remplacés par de nouvelles constructions en style gos'élève t'Hôte) de ville. Construit de i5i2 à 1025 dans thique, inaugurées le sç mai 1879. Son enseignement le style gothique, ce surmonté de deux clocomprend à peu près toutes les branches de la science: chetons, est d'une originale simplicité. Les figures astronomie, géologie, minéralogie, zoologie, botaplacées sur la façade, des gardes, la Mort et la nique, chimie, pharmacie, physiologie, pathologie, Justice, que domine un coq, sont actionnées par un chacune a son institut particulier. Cliniques, musées, mécanisme d'horlogerie. A l'entrée de l'escalier bibliothèques, gymnases, écoles, tous les bâtiments du Nord, un relief en pierre représente sainte Éli.M~ avec, sur les bras, un modèle de l'église qui sont répartis dans les divers quartiers de la ville, mais lui est dédiée. Il y a, sur le plutôt dans ceux qui touchent la verdoyante et caprides maisons cieuse vallée de la Lahn. anciennes curieuses par exemple, au n° 10, une plaque rappelle le séjour que fit à Marburg, de 1687 à GEORGES SERVIÈRES. Denis Papin, l'inventeur de la machine à vapeur. 1707, Pendant son exil de France, il obtint la chaire de ma-

7~)/

~a~,


de ~oo mètres donnant accès dans un vaste avant-port artificiel où les navires qui ne cherchent qu'un abri provisoire peuvent mouiller en toute sécurité.

les

Dans l'axe de cet avant-port, la dune de sable a été coupée en ligne droite sur une longueur de i 5oo mètres pour ouvrir le canal communiquant de la mer au lac. Ce canal a 120 mètres de largeur à la surface et 60 à la base, avec 8 mètres de profondeur. H débouche dans une anfractuosité du lac nommée la baie de Sebra, où les fonds sont excellents et où tous les

avantages que présente la position de Bizerte. Le temps est passé où le gouvernement amorçait timidement quelques travaux ~pour améHorer le vieux port arabe ensablé. Récemment l'amiral Humann, com-

Un~phare construit sur une pointe de terre, dans l'axe prolongé du canal, permet d'ailleurs d'entrer de

Le Pont

transbordeur de Bizerte

TL n'est plus besoin de s'étendre longuement sur

mandant en

nuit dans la

chef de l'escadre de la

passe et de

venir prendre

Méditer-

mouillage.

ranée, a fait entrer dans le lac de

navires, de quelque tirant d'eau qu'ils soient, peuvent trouver place.

Telle a

été l'activité

Bi-

déployée par les constructeurs que, le

zerte 24 na-

vires,dont I4 de fort ton-

18

nage, prou-

mars 189~,

vant ainsi

le

que nous é-

ger entrait

paquebot la Ville

tions bien

dans le port.

ouvertement

installés en maîtres sur un point où

certaines promesses diplomatiques aussi vagues que maladroites

¡ r l

Ce paquebot ne calait que 5 mètres 5o. Mais, depuis lors, les drag-ag'es ont été

poursuiviss sans retache,

et l'amiral

Humann a pu nous avaient l'ONT TMANSHORHEUMDE iUZHUTE LA FREGATE-ECOLEL' fPNK.ÈKfE PASSANT SOUS LE POXT. venir mouilempêchés de /.)'rc.S'!<Kf~/fO<0~'f!y!)'C. Icr dans la nous établir. baie de Sebra On sait comment nous trouvâmes Bizerte au avec les plus gros cuirassés de l'escadre. jour de la conquête une étroite langue de terre sépaUn dernier perfectionnement vient d'être aprait de la mer ouverte un lac superbe, assez profond porté à FoutiDage du port. La route de terre qui mène et assez vaste pour recevoir les flottes de guerre les de Tunis à Bizerte se trouvait coupée par le canal. plus importantes; quant au port lui-méme il avait été jusqu'à présent la traversée du canal était faite par un si négligé que des bancs de sable l'avaient envahi et bac à vapeur qui exécutait jusqu'à voyages par les plus petits navires devaient mouiller à une que jour, transportant 6 882 piétons (chiffre officiel de la distance considérable du rivage. statistique des Ponts et Chaussées), 3oi cavaliers, La mince barrière de sable qui séparait le lac i 63? bêtes de somme et i65 chameaux. De nuit, le de la mer pouvait être coupée aisément le port pouservice était assuré par un canot. Ces moyens de pasvait être dragué sans difficultés. Donc rien ne s'opposage, que la violence du courant ou du vent rendaient sait si on le voulait sérieusement à transformer parfois incommodes, ont cédé la place à un ouvrage radicalement Bizerte. On ne le voulut, ou, mieux, on tout à fait curieux que notre dessin représente et qui n'osa le vouloir qu'en 1889, après huit ans de posses'se nomme )e/)on/aH~<det~ sion. Cette année-là, en effet, MM. Hersent fils et CouSur chaque rive du canal s'élève un pylône de la vreux reçurent concession des travaux du port. Les 65 mètres de hauteur (les tours de Notre-Dame ont travaux commencèrent aussitôt. 66 mètres), supportant à -p mètres au-dessus de l'eau Deux jetées longues de i ooo mètres et s'avanun tablier métallique de 100 mètres de longueur, sur çant dans le golfe de Bizerte jusqu'aux fonds de lequel circule un chariot mû par une machine àvapeur. i3 mètres furent solidement établies, en s'enracinant A ce chariot est suspendue une véritable naceile sur la plate-forme de laquelle prennent place piétons, voisur la côte, l'une à l'est, l'autre à l'ouest de la ville. Entre les deux musoirs, elles laissèrent un intervalle tures et bestiaux. Cette plate-forme, que l'on voit sur


notre dessin auprès du pylône de droite, accoste les deux quais au niveau des chaussées, de sorte que la sortie et l'entrée des voitures s'opèrent avec une extrême facilité. Cette é)ég-ante construction, qui fait le plus grand honneur a l'art et au g'énie modernes, donne l'illusion d'un arc de triomphe g'éant élevé à la gloire de la France, à l'entrée de la Tunisie, le plus beau fleuron de sa couronne coloniale. En montrant )'7/)/n~'e'H!c, frégate-école des aspirants de marine, passant majestueusement, avec sa voilure, sous le pont transbordeur, notre gravure fournit aussi une nouvelle preuve de la parfaite praticabilité du canal de Bizerte, cette « œuvre patriotique au premier chef", suivant i'heureuse et juste expression de Al. Famira) Besnard, ministre de la Marine, à la tribune de la Chambre, le 2 février ;8ç8, lors de la discussion du budget de la Marine. L')/);,§'eH:'e a une mature haute de 56 mètres 20, mais, en amenant ses màts de perroquet (c'est-à-dire ses mâts supérieurs~, eiïen'a plus que ~2 mètres ço, ce qui lui a permis de passer sous le pont, puisqu'il est à ~5 mètres au-dessus du niveau de la mer. tl est probable que l'usag'e de ces ponts transbordeurs se généralisera pour le passage des estuaires des grands fleuves maritimes. A Bilbao, il existe un pont transbordeur dont le tablier est à ~5 mètres audessus des plus hautes eaux. A Rouen, on construit en ce moment un pont transbordeur dont la hauteur audessus du niveau de la Seine doit être aussi de -p métres. Il est question d'en établir un à Bordeaux.

personnel secondaire d'un cercle comprend un secrétaire du commandant de cercle ~sous-officier ou commis des affaires indig'ènes), un interprète indigène, un écrivain arabe, des agents politiques, bergers, jardiniers, etc.

Les officiers placés à la tête des cercies ou régions et leurs adjoints font partie de l'état-major hors cadre du Soudan français ils appartiennent pour les 9/io aux troupes de la marine, et pour )/'io à l'armée de terre. La défense de la colonie est assurée t" par un rég'iment de tirailleurs soudanais de vingt compagnies dont tes soldats sont tous indig'ènes et dont les cadres européens appartiennent à l'infanterie de marine; 2° par une batterie d'artillerie de marine, une compagnie d'ouvriers, trois compagnies de conducteurs et divers détachements d'artillerie; 3° par un escadron de spahis soudanais; enfin par le détachement du g'énie chargé de la construction et de l'exploitation des chemins de fer du Sénégal au Niger. Ces forces sont peu élevées pour une colonie dont la superficie dépasse celle de l'Algérie, mais elles suffisent à assurer l'autorité des commandants de région qui ont la libre disposition des troupes stationnées sur leurs territoires. Le commandant de région est, en effet, le représentant du lieutenant-gouverneurdans toute l'étendue de son territoire, pour toutes les affaires politiques, militaires et administratives. Tout en évitant de s'immiscer dans les détails de l'administration des cercles, il s'assure que ceux-ci conforment bien leur attitude aux lignes générales fixées par le lieutenant-gouverneur. tt procède à des tournées d'inspection facultatives, à l'exception de celle du premier trimestre, qui est obligatoire. Il centralise les rapports des cercles et adresse tous les mois le rapport de la région au

lieutenant-gouverneur.

L'Organisation du Soudan français T~ï uus avons exposé récemment, dans une série d'articles comment le Soudan avait été conquis il

nous reste à dire comment il est administré. Le Soudan est gouverné par un colonel d'infanterie ou d'artillerie de marine qui porte le titre de lieutenant-gouverneurdu Soudan et qui réunit les pouvoirs civils et militaires. Le territoire de cette colonie est divisé en un certain nombre de régions (six pour le moment, qui comprennent cités-mêmes un nombre variable de cercles ou résidences. En outre, quelques cercles indépendants sont placés sous l'autorité directe du lieutenant-gouverneur. A la tête de chaque région se trouve un officier supérieur qui est assisté d'un capitaine ou lieutenant. A la tête de chaque cercle se trouve un capitaine, ou à défaut, un lieutenant, assisté d'un ou plusieurs lieutenants et sous-lieutenants et d'adjoints des affaires indigènes. Le personnel secondaire d'une région comprend un secrétaire du commandant de région (sous-ofncier ou commis des affaires indigènes) et un interprète lu

Le commandant de cercle est un véritable administrateur qui a, à cet égard, les pouvoirs les plus étendus. Au point de vue militaire, le commandement des troupes appartient à l'officier le plus élevé en grade le commandant de cercle n'a pas à s'en occuper. Le commandant de cercle contrôle les actes des chefs indigènes, sans s'immiscer toutefois dans les détails de leur administration. Il gère le budget du cercle, qui est alimenté par l'impôt de capitation payé par les indigènes, les amendes, les recettes de douane et de pacage, etc. Il veille à l'exécution du programme des travaux de voirie, dont le plan est dressé par une commission qui siège au chef-lieu de la colonie. Ce programme consiste à assurer la praticabilité en tout temps de la route de ravitaillement, à aménager les chemins qui relient les cercles ou les marchés. Le commandant de cercle doit s'attacher tout particulièrement à étudier les ressources du pays, afin de les faire connaître aux colons. 11 doit s'attacher surtout à l'agriculture, créer des jardins d'essai, et aider les indigènes à améliorer leurs procédés de cultures. Au point de vue politique, les commandants de cercle ont pour mission de se tenir au courant de tout ce qui se passe autour d'eux à l'aide de leurs agents politiques, afin de pouvoir intervenir au moment op-

portun. La question des écoles occupe dans leurs


préoccupations une place très importante. Ils forment des écoles primaires dirigées par des sous-officiers et des interprètes au chef-lieu de chaque cercle, et s'attachent à y attirer le plus possible d'enfants. Parmi ceux-ci ils choisissent ceux qui pourront être envoyés aux écoles de Kayes, soit à l'école des fils de chef, soit à i'écoie professionnelle, ou encore aux écoles

des missions. Le commandant de cercle veille à ce que le bon ordre règne dans les villages de liberté ainsi qu'on nomme des villages peuplés d'anciens captifs libérés et dont le nombre et l'importance augmentent chaque jour Vis-à-vis des Européens,le commandant de cerc)e est officier d'état civil et sous-ordonnateur secon-

daire des dépenses pour tout ce qui concerne la comptabilité du cercle. Ajoutons enfin qu'il doit être excellent topographe, pour pouvoir comptéter, chaque mois, la carte du cercle, qui sert elle-même à mettre à

jour la carte de la région.

Ainsi qu'on peut en juger, le commandant de cercle est le pivot de l'organisation du Soudan. !) faut, pour remplir ces délicates fonctions, des officiers rom-

pus aux affaires soudanaises, jeunes, actifs, énergiques et profondément convaincus de l'importance de leurs fonctions.

Etant officiers, il ne saurait avoir de conflits y entre eux et les officiers des corps de troupes,

avec lesquels il se produit, d'ailleurs, un chassé-croisé motivé par des raisons de service. C'est ce qui expli-

que comment, dans un pays conquis d'hier, nous n'avons eu à réprimer aucun mouvement insurrectionnel. Notre occupation s'étend progressivement, et chaque jour augmente aussi la connaissance que nous possédons sur des contrées qui passent bien à tort pour être stériles. N)-:D

Nnu..

Expédition allemande dans les régions antarctiques curiosité universelle, éveinée par les tentatives de i-' ~iansen et d'Andrée, se partage maintenant entre les rég-ions polaires boréales et les régions polaires australes. Une expédition belge, une expédition anglaise et une expédition allemande sont, la première déjà en cours d'exécution, les deux autres en projet. Le Congrès géographique allemand, réuni Brème en )8c)5 a résolu de sortir enfin des dissertations académiques et de faire flotter le drapeau allemand sur les mers polaires, où les drapeaux d'autres nations ontt seuls apparu jusqu'ici. Le promoteur de cette expédition a été le conseiller secret d'amirauté Neumayer, à Hambourg. i)epuis quarante ans, i) ne cesse de pousser à l'exploration des mers antarctiques, et il est parvenu enfin a réaHserson plan, du moins dans ses traits essentiels, car le peu d'empressement qu'a mis le public allemand L A

à répondre a la souscription ouverte pour assurer le budget de l'expédition, a dû forcément limiter les pro-

jets et les moyens de celle-ci. Ainsi, au lieu de deux navires, on n'en affrétera qu'un seul. Mais enfin l'expédition est décidée. La commission a])emande chargée de s'occuper des projets d'expéditions antarctiques s'est réunie à Leipzig à )a'nn de février de cette année, et a ratine, sous réserve des modifications dont nous avons touché un mot, les décisions du Congres de Rréme.

L'expédition anemande sera avant tout une expédition scientifique. Elle se propose de pousser aussi avant que possible vers le pôle Sud, afin d'y étudier )a cartographie, la météorologie, la faune, la flore, la géoiogic de ces régions inconnues. L'expédition prendra a peu près la direction du méridien des îles Iacrguelen, parce qu'aucun navigateur n'a pousse de ce côté-ia. Un bâtiment de 400 tonnes, de quinze hommes d'équipage et de cinq officiers, sera frété et attaché à l'expédition jusqu'à la fm. Kn outre, cinq savants spéC!aux et vingt-cinq hommes destinés à coopérer aux études et expériences promettent de rapporter dans leur patrie une riche moisson de découvertes de tous

genres.

Le budget de l'expédition est cakufé i ç5o,o<io marks. On a du faire appel a toutes les classes de la société et à toutes les parties de l'empire pour compléter une pareille somme. Les savants, les officiers de marine et jusqu'aux matelots, ont été choisis avec un soin tout particulier. Les savants aiïemands auront i leur tête le docteur Hrich von Dryjaiski, élu par la commission allemande des explorations antarctiques réunie à Leipzig. Ce naturatiste est résolu a pousser aussi avant que possible du côté du pôle Sud, et nourrit l'ambition très légitime, bien que audacieuse, de dépasser James Ross lui-même dans cette direction. L'expédition durera deux années, du commencementd'août iQoo à ;ço2.

)e capitaine de Grandmaison. –A'))<<r/<n)')'fH;;t//jt'rf.– L'A'.t/'jH.s'/OH /rL')ncjf'6'c aH 7'oMA'/); Un votume'in-ifi. Pr!x:

M.

3)'r.50. E. Pion, Nourrit et Paris.

C'éditeurs,

10, rue

(!aranc!ete,

lecteurs aux efforts faits par officiers l'expansion coloniale pour nos avoir besoin signaler l'intérêt d'un

'\t0);s avons trop souvent de

ii!itie nos faveur de en

ouvrage comme cetui-ci. Ceiivrevientbienasonheure, et on trouvera en tête du volume une it.ttreadressecaiauteurpar A). le généra) Gaiticni, gouverneur générât de Atada~ascar, qui fait ressortir tout fintéret, toute l'actualité de ces pages très instructives. On parle beaucoup des méthodes co!onia!es appliquées par le général fialliéni, d'abord dans les haut'.srci;ionsdu')'0!;);in,puisactut.tk-

mentaAtada~ascar.

-LcvoiumedeAt.dcGt'andmaisoncstunesvnthescdeta

question,basée surdesfaits.

Lauteurymontrecommcntnositisucccssontianécessaire conséquence

d'erreurs de principe.

Il nous fait ensuite assister il

japacificationetat'orsanisation d'un secteur de

la frontière chinoise, justement au point ou le chemin de fer nouvellement coucédé de Lai~~son à i.on~-Tcheo.t doit pénétrer en Chine. C'est un ouvrage ;).coj)su)ter pour ceux que préoccupe la mise cn

va)eurdenosco!on;esnouvt;ucs.

< ~t-.


ressantes collections d'histoire naturelle. Champeaux (comte Louis de), le comte Laurent de Champeaux et AL Emile Hourst (lieutenant de vaisseau et exploraMartin sont partisaianndejuinpuut Andrée. Le vapeur /~n/oA'M aurait teur français),Léo Dex, ofticierdaerosentreprendre un important voyage d'extrouvé dans la haie de Sasseu une boutation, et Dibes, capitaine du génie terploration Contesté brésilien. Ils papier POLE NORD

teille renfermant un avec cette inscription:-Andrée,)8n8t.Rappeionsàà

ceproposqu'ityaeuunanieujuiiiet que iebaiion)'0cr);e)! est parti pour son

~randvoyae;e.

Siewert Brackmœ, qui depuis quelques années hiverne au Spitzberg, est parti le 2* juin à bord de son cutter A'orj il se

diri~evers)amerde)\ara,et,si)'étatde

la glace le lui permet, il se propose d'aiier a la recherche d'Andrée.

Stadling et Nilson (Suédois), qui recherchent Andrée, étaient le .) juin à YoustKout, se dirigeant vers Yakoutsk et l'embouchure de la Léna, d'où ils devaient gagner les iles de la Nouvelle-Sibérie. Sverdrup, ancien capitaine de Xansen, a quitté Christiania le 25 juin avec le /t'jm, pour aller explorer l'extrémité septentrionale du Groenland. Ses compagnons est sont au nombre de seize. Le approvisionné de vivres et de charbon pour quatre ans t'entreprise du capitaine Sverdrup est subventionnée par l'État

/H!

norvégien.

Russe, organise une nouvelle expédition qui partirait en t()0o et

Toll (baron

de)

dont le but serait l'exploration de la mystérieuse terre SannikotT, découverte en i8o5, dont l'existence a été ensuite con-

que M. de Toiïaaperçue en <H86 au cours d'une expédition scientifique organisée par l'Académie des scien-

testée, et

ces russe. !) croit qu'il est possible d'atteindre ce pays avec un navire. Wellmann (Américain), qui était parti de Tromsoe le 2,- juin pour son voyage au pôle, est revenu à Vardo pour faire du charbon,'te 16 juillet, et a du en repartir le lendemain. POLE SUD

Borchgrevink (Norvégien) a quitté Londres à bord du .Sot<</K*rH-Cro.M, se dirigeant vers la Tasmanie. Gerlache (Belge). On est depuis assez ionstemps sans nouveites de l'expédition de la Belgica. ASIE

Labbé (Paul), explorateur français, est parti

au milieu de juin pour son nouveau voyage dans le centre de l'Asie. Monnier (Marcel) est rentré a Paris le 2~ juin, après avoir achevé le tour d'Asie qu'il a entrepris au commencement de l'automne i8()4. Olufsen (lieutenant danois), dont le voyage dans l'Asie centrale avait été interrompu,

estarrivéàSamarkandatanndejuin. OCÉANIE

Garnier (Pascal), ingénieur français. est

mort de la fièvre dans l'Australie occidentale, au cours du nouveau voyage qu'il avait entrepris au printemps il était â{{é de vingt-six ans. AMÉRIQUE

Brettes

(de), explorateur français chargé du commerced'unemisministère le par sion en Colombie qui a duré un an, est arrivéà

Bordeaux le !jui)iet

compagnon le baron Despatys.

avec son

au

se pro-

ritorial, ont sollicité du conseil municipal Paris une subvention de <5 ooo francs, de fonderdescomptoirsàt'intérieurdupays. pour entreprendre la traversée du Sahara Leur absence durera de un à deux ans. en ballon. Ils partiraient du gotfedeGabès pour atterrir, grâce aux alizés du AFRIQUE Nord-Est, dans la boucle du Niger. Bailly -Forfillère et Pauly, explora- Lemaire (lieutenant belge) et sa mission sont arrivés dans la deuxième quinzaine teurs français, qui visitaient les régions de mai à Dar-es-Sa)am, station principale reliant notre co)onie de !aC!uinée frandes possessions allemandes dans l'Afrique çaise à notre co)onie de la Cote d'Ivoire, orientale. Ils étaient en route pour gatrouvé la de leur mismort au cours ont Ils avaient passé sion. gner le Zambèze, où devait commencer au nord de la coleur expédition scientifique. lonie anglaise de Sierra-Leone et traversaient l'hinterland nord de la République Léontieff (comte), qui a eu la cuisse trade Libéria, contrée inconnue et peuplée de versée par une batte en essayant une tribus guerrières, quand ils furent masmitrailleuse au Harrar, est arrivé en sacrés le )6 mai, au point exact de Zolou, France le 25 juillet, l'état de sa blessure entre les rivières LotTa et Saint-Paul. ne lui permettant pas de continuer son expédition. H est en traitement à Paris. Béhagle (de) se trouvait, le 2 mars, à Bangui,et se tenait prêt à s'enfoncer sur le Hrdota. (explorateur français) dont on Nord dans la direction de Tchad. M. Bonconnaît le concours si important dans la nel de Mézières, qui est parti pour remission Marchand, rentre en France, très joindre et ravitailler sa mission, a passé éprouvé par son séjour prolongé au à Sierra-Leone le 19 mai et à Matadi, dix Congo. jours plus tard. (capitaine français) a adressé à Bonchamps (marquis de), explorateurfran- Marchand famille une lettre datée de Soueh sa çais chargé parle ministère des colonies décembre) (t" et qui est arrivée en France d'aUer au-devant du capitaine Marchand, hardi explorateur avait terle n juin. Le au Nil Blanc, est rentré à Paris le 2; juin miné la première partie de sa mission, et sans avoir pu rejoindre la mission Marla plus péritteuse. Il était en train d'emchand. !t s'est approché à moins d'un degré barquer son matériel sur le Nil et allait se du Xit Btanc, traversant une contrée inexdiriger vers l'Abyssinie. Le capitaine et plorée. Les vivres vinrent à lui manquer, ses hommes étaient dans un état de santé il avait perdu plus de quarante hommes de aussi bon que possible. Depuis, les jourson escorte, presque tous ses mulets, tous anglais ont prétendu que la mission naux ses chameaux. Il dut rebrousser chemin, au-dessus de Lado. JI semble était à Bor, n'ayant pas avec lui les embarcations léprouvé, au contraire, qu'elle s'est arrêtée gères qui lui eussent permis de remonter à Mechraer-Rek, d'où elle n'a pas bougé le fleuve Baro et d'atteindre le but de depuis longtemps,prenant un repos bien ses espérances.La mission de Bonchamps Mechraer-Rek est situé sur nécessaire. a obtenu pourtant des résultats géograle Kir, affluent du Bahr-et-Gaza), à ~5o kiphiques très sérieux sur la région comlomètres de Fachoda et à peu prés à la prise entre l'Abyssinie et le Nil Btanc. même distance de Nasser, grand village Bourdarie, chargé d'une mission au Congo sur le Sobat, entrevu par M.. de Bonchamps. français par le ministère des colonies et le Muséum d'histoire naturelle, s'est embar- Orléans (prince Henri d'), laissant partir de qué le 10 juillet à Pauillac, à destination Tadjourah la caravane trop nombreuse de Libreville. pour marcher rapidement, est revenu à Djibouti, d'où il s'est remis en marche le Breton (lieutenant de vaisseau) vient de Sjuin,en colonne légère, avec le docteur parcourir les pays en bordure de la boucle Levassor. )t se dirigeait vers Addis-Ababa du Niger. pour voir le Négus et devait ensuite renCavendish (explorateur anglais) a quitté trerenFrance. Southampton dans les premiers jours de (vicomte de), par une lettre datée juin, se rendant dans la région du Tan- Ponoinsjuin, duo annonce son retour de l'Eganyika. thiopie. a a pu visiter bien des points Casemajou, capitaine, envoyé par le Coécartés des routes caravanières. mité de l'Afrique française pour étudier la région de Say à Barroua a été assassiné à Salesse (capitaine), chargé de continuer les études du chemin de fer de Konakry au Zinder. Niger, a déterminé le tracé de la voie Chaltin (commandant belge), le vainqueur jusqu'à un point situé sur le Niger à de Redjaf, est rentré à Bruxelles le ~juittet. 3o kilomètres en aval de Kouroussa, dénommé Kardamma. On estime que la Gentil (administrateurfrançais), arrivé à Liconstruction de cette voie sera relativebreville le 26 mai, après sa brillante expément facile. Le capitaine Salesse est rentré dition au Tchad, s'est embarqué pour la àKonakry. France, emmenant l'ambassade que le sultan du Baghirmi envoie au gouverne- Voulet et Chanoine(lieutenants français), ment français. Disons à ce propos que, se proposent de partir prochainement en pour ne pas perdre les bénéfices du traité exploration. Ils veulent effectuer la trade protectorat signé par M. Gentil, on a versée de l'Afrique, du Soudan à l'Abysdésigné, comme résident français au Basinie. Une somme de 100000 francs leur a ~<t'Hf/, M. Prins, connu par ses missions été a)touêe. Ces deux officiers, on s'en antérieures en Afrique. M. Gentil est souvient, ont accompli l'an dernier une arrivé à Paris le 20 juillet. importante et heureuse mission dans la boucle du Niger. Grandidier, arrivé en avril dernier Madagascar, se trouvait à la fin de juin à Tulear et avait déjà recueilli de très inté-

posent de remonter le Carsewenne et de


Une Excursion au col du Mont-Cenis plateau, ou, si l'on veut cm/o~'er le terme consacré, du col du ~OM<Cen!'s, est une des plus a~r~M~ qui soient. Elle est aussi belle ~Ke celle ~!< ~'f/H~-Be~7)a~, dont nous parlions recemmeK~ Cecoin jL'CA'o/'Cf~'OH du

a~

merveilleux des Alpes est cc/)CHù!o?!t délaissé depuis y'otn'cr/Mre dit tunnel. Voici quelques pages qui le feront très J, Corcelle, professeur bien coKMa~re à nos lecteurs elles sont c<:<~ a OK lycée d'Annecy, auteur de l'article précédent.

partons de Lanslebourg, la dernière ville de la Maurienne elle compte à peine i ooo habitants

KJ eus

recensés, cette minuscule cité, au milieu de laquelle grondent furieusement les eaux grises de l'Arc. Mais en été elle est très vivante: elle une garnison de petits chasseurs des

Alpes à

comme la route du Mont-Cenis a une pente très vive, une industrie nouvelle est née à Lanslebourg, celle du trainag'e des bicyclettes par les mulets. Et c'est là un

n-- orispectacle 1 d'une ginalité assez piquante et fort inat-

tendu.

Le mulet

conduit une, deux et quelquefois trois machines, à l'aide de cordes de différentes longueurs. Il va d'un pas grave et mesuré, tandis

l'allure

vive, à la démarche aussi leste que celle des chamois de la haute monta-

touristes se reposent, soucieux

que les

gne. Ils sont logés là-bas à l'extrémité du bourg, dans une caserne crénelée, que fit bâtir Napo-

de maintenir leur équilibre et d'admirer le paysage. C'est une des

rhiver, et Lansle-

que

plus belles routes

)éon!Maisvienne

je connaisse,

celle

bourg s'endort

du Mont-

Cenis, large, addans la neige, qui LA~SI-EBOLRGETLAnEXTPARRACHÈE. mirablementassise, tombe en octobre a.vecdes voltes maPAo<o~)'a~A!Cdc~Corcc«e. et recouvre le sol jestueuses. C'estt d'une épaisse couche ouatée. On a tout loisir alors pour étudier ses un maigre qui en a conçu le plan et qui a présidé à son exécution. En montant la rude cote qui réunit Thermivieilles maisons du moyen âge, ses arcades mystérieuses, ses habitants parés de costumes antiques. gnon à Lanslebourg, là-bas, à l'endroit où gronde le Doron, descendu furieux de la Vanoise, une grosse Les femmes d'ici ont gardé, sur leur tête assez fine, pierre blanche avait attiré notre attention. A son somune coiffe autour de laquelle court une guirlande de dentelle. Cela donne du piquant à leur visage, de met se détachait une date 1810. L'ombre gigantesque de l'Empereur se leva devant nous. Celui qui essaya de l'originalité à leur physionomie. Le bruit des lourdes remanier la carte de l'Europe, qui dompta tant de diligences emplissait autrefois cette bourgade. C'était. peuples et de rois, est aussi celui qui, en peu d'années, le dernier relais avant la grande traversée de la montagne les gens peureux y faisaient même leur testaa ouvert à travers les Alpes les plus beaux chemins. Et de toute son œuvre, c'est ce qui a le plus duré. On ment aujourd'hui tout cela a disparu. Seulement, s'est borné, dans ces derniers temps, à adoucir quelques t. Le Tour du .MoH~e, n° 35, 28 août )8<)7; A travers profils de pente, à étargir le rayon de tournants un le Monde, 2~3. p.

A TRAVERS

LE MONDE.

33° LIV.

?

33.

t3 août

t8<


peu brusques, mais l'aspect gênera! n'a guère change. A l'endroit où la descente est très vive, des pierres hautes de 2 à 3 mètres, reliées les unes aux autres

par d'énormes traverses de. bois, sont prêtes à retenir les voitures qui s'inclinent vers le côté dangereux. Nous avons connu des vieillards qui avaient fait plusieurs fois cette desrente vertigineuse. La diiigence, traînée par huit chevaux, allait toujours d'un train très rapide, matg-re les chances nombreuses de culbute dans l'abime. !t est vrai que, pour épargner aux passagers des émotions trop vives, la descente sur la Ataurienne comme sur le Piémont avait'lieu la nuit.

\ous montons lentement le )on~ de cette route: la vue est assez bornée. La ~taurienne ici est étroite et sombre. On aperçoit dans un lointain bleuâtre la vallée de l'Arc avec ses vilta~es ramassés. On a froid dans cette vallée, et les maisons se serrent les unes contre les autres. En face de nous, la Vanoise dresse ses murailles escarpées et nues, auxquelles le soleil donne un relief un peu dur. De temps à autre, nous remarquons, sur les bas côtés de la route, des tunnels ils ont leur histoire. Ils nous

ronfle jour et nuit, et l'eau R'é)c à côte de la fonte roug'ie. Peu à peu nous nous rapprochons du point culminant du co) )a nature devient plus sauvage, les arbres se font rares, ont un aspect désolé et triste beaucoup d'entre eux sont morts foudroyés. C'est qu'ici les tempêtes sont horribles elles enlèvent les toits des maisons de refuge, soulèvent d'épais tourbillons de poussière, précipitent sur la route des

brumes si épaisses que le voyageur perd facilement le chemin. Heureusement, de temps à autre on voit se dresser, aux endroits dangereux, de hautes croix de bois noir qui sont d'un précieux secours dans ce pays désert, où l'on entend seulement sur les a)pa~es le tintement cadencé des clochettes du troupeau lointain. Mais voiïa qu'une lumière plus ardente nous annonce la fin de la montée.

Nous passons devant

française, nous n'apercevons aucun

la gendarmerie

tricorne. Nous pratiquons chez nous une large hospitalité, et ceux qui sont préposés à la garde de nos

frontières laissent

passerr

avec bonne grâce tous les

transalpins. Les

Italiens

sont plus méfiants. Arrivés devant les carabiniers inrappellent l'existence éphéstallés dans une re~'a casa, mère du chemin de fer à nous devons mettre pied à crémaiHerecentrate,système terre et subir un minutieux Fett, qui fut exploité peninterrogatoire nous somdant deux ou trois ans et M.\tP('NDt::RF)'t'GEK°22.–At'FOND,GLAC]RRDt:t.AVAKSOIS)'. mes examinés sur toutes dut disparaître devant la les coutures, et questionnés concurrence irrésistible de sur un ton qui n'indique pas la ligne du Fréjus. On avait établi de distance en une extrême bienveillance. Mais il faut se contenter distance une série de tunnels artificiels ou de de répondre avec précision, de montrer les papiers ries, les uns voûtés, les autres couverts de toitures dont on est muni, sans quoi le carabinier nous ferait en tôle, par-dessus lesquels glissait la neige des avarepasser la frontière ou nous arrêterait. Enfin nous lanches. avons patente nette, après avoir indiqué la route nous allions suivre, la durée de notre excursion, l'heure La route est jaionnée de maisons de refuge qui du retour. servent d'abri aux cantonniers chargés de l'entretien de la chaussée, je ne connais rien d'aussi extraordiCe sont là de petites misères nous les ounaire que la vie des habitants de ces maisons de blions bien vite, lorsqu'à un détour de route nous refuge, une vie de solitude et de reclusion. La neige voyons apparaître subitement un panorama surprenant commence à tomber ici en septembre elle n'a pas même pour un touriste blasé. Devant nous, à plus de disparu en juin. Elle s'élève souvent à une épaisseur 2 noo mètres d'altitude, s'étale le lac du Mont-Cenis, de 10 mètres. La' route est invisible partout ce n'est un véritable bijou, dont les élégantes découpures font qu'une immense couche immaculée. Le vent fait rage, saillie sur les alpages fleuris. Le jour où nous l'avons soulève une poussière blanche, ténue, en tourbillons vu, il était d'aspect féerique; ses eaux calmes et transépais, et vient la jeter contre cette petite maison qui parentes étaient, au centre, d'un bleu de turquoise; sur dresse sa triste silhouette au-dessus de l'abîme. Des les bords, où de petites vagues frangées d'écume semaines se passent sans que les pauvres habitants blanche venaient clapoter joyeusement, on trouvait des puissent sortir. Quand la tempête est un peu calmée, nuances plus délicates en gradation insensible, qui l'homme va faire une trace sur cette neige. Il rentre venaient se confondre avec l'herbe elle-même. Autour ensuite, à moins qu'il ne soit obligé d'aller jusqu'au de ce lac, qui n'a pas moins de 3 kilomètres de plateau chercher des provisions pour ne pas mourir de long, s'étendent d'immenses prairies où errent, des faim. Et la bonne femme qui nous donnait ces détails troupeaux gardés par des bergers d'aspect assez sauétait toute résignée elle ne se plaignait pas de son vage, vêtus de loques éclatantes, coiffés de chapeaux sort, se trouvait plus heureuse que beaucoup d'aude feutre pointus ou bossués. Le Mont-Cenis forme tres. ("est égal, il fait bien froid dans la maison comme un petit monde, très animé en été par les paide refuge on y grelotte en été, le fourneau en hiver sibles bergers et par de bruyantes gens de guerre.

P/r~f~C~rcL'c. éc-

que


vertes de chapeaux à larges bords sur lesquels retombait un panache de plumes azurées, un gros panache que le vent assez vif faisait osciller comme une touffe d'herbe. Nous rencontrons des généraux chamarrés,

LAC DU

MOXTCENtS.t'ARTtECENTRALE.

Pt!o<o~'a/M(<t'3/.y.Corc<'Hf.

C'est le pays de prédilection des botanistes. H y a des fleurs innombrables les unes se retrouvent dans tous les alpages, les autres sont spéciales à la région. Mais elles deviennent rares; on leur fait une chasse si acharnée, on les arrache avec tant de barbarie, qu'un jour elles disparaîtront, et ce jour est proche. Heureusement que les botanistes ne peuvent aller partout. A chaque instant on se heurte à un grand poteau muni d'un écriteau. Vous pouvez y lire la défense formelle de circuler sur les pelouses trop voisines des forts. Au loin nous apercevons, dans une lumière dorée, aux teintes radieuses, les sommets blancs des Alpes. C'est un décor grandiose et prestigieux. 11 y a là des sommets chers aux alpinistes. Nous voyons étinceler, sous le chaud soleil de midi les neiges et les glaciers de la Roncia, de la Cima Paré, de Rocciamelone. A notre droite, la pointe hardie du MontCenis se découpe dans l'azur du ciel. Une belle route suit la rive septentrionale du lac, elle mène à l'hospice; vous n'y trouverez pas la familiale hospitalité du Petit-Saint-Bernard. L'hospice est une caserne, avec enceinte crénelée, construite par Napoléon I". Dans un coin sordide on héberge bien, je crois, de malheureux ouvriers émigrants qui viennent en France dès que le soleil est un peu chaud et que les neig'es se mettent à fondre. Mais l'édifice, dans sa presque totalité, sert de logement aux soldats italiens. Il est d'aspect imposant, avec de hautes et solides murailles, une façade régulière et un peu froide. Au centre se trouve un restaurant pour les officiers et les touristes. Vous pouvez vous y arrêter; je vous conseille plutôt d'aller à la « Grande Albergo ~<' antica ~o~J », vous y mangerez de délicieuses truites saumonées qu'on tire des eaux froides et limpides du lac. Au moment où nous

passons

des officiers, revenant de reconnaître un point de la frontière; guêtrés jusqu'aux genoux, l'alpenstock à la main, la jumelle en sautoir, ils avaient l'air plus élégants et plus martiaux que les simples troupiers. Au loin, dans les forts, on entendait le cri strident des clairons, le bruit monotone des tambours. Cela courait comme une lugubre fanfare du fort de Varizelle au fort de la Ronche. Le défilé des troupes sur la route était incessant on apercevait des militaires en troupes serrées sur les pentes les plus vertigineuses, au milieu des éboulis, sur les rochers escarpés. Cela faisait un contraste saisissant avec la solitude et l'isolement que nous avions notés sur les pentes de la Maurienne. Ici, on se serait cru en temps de guerre, au moment où va éclater un grave conflit. On avait la sensation d'une veillée d'armes. En France, nous avions vu les chasseurs alpins dansant la farandole

Lans-

lebourg et la musique de leur bataillon jouant des polkas et des valses entraînantes. Oh j'ai peur de finir ces simples notes par des pensées un peu tristes. Un instant nous nous sommes éloignés de ce plateau du Mont-Cenis où tout nous parlait de la guerre, et où l'on pensait involontaire-

ment à quelque lutte fratricide. Nous nous sommes mis à l'écart de la grande route blanche qui descend vers Suse dans un lointain bleuâtre; nous avons regardé ce beau pays du Piémont; avec un serrement de coeur, nous avons pensé que, dans l'ancienne contrée des Gaulois cisalpins, on n'avait pas grand amour pour la France, l'ancienne mère. Cela changera sans doute dans un temps prochain. Malgré nous un sentiment de mélancolie indéfinissable nous envahit, et c'est le cœur un peu serré et douloureux que nous abandonnons le spectacle merveilleux et paisible qui s'étendait devant nous. Et cependant au loin résonnait le clairon italien, et l'on entendait les sourds roulements des caissons d'artillerie.

j.

le

col, nous y trouvons une véritable armée italienne. De tous côtés surgissaient des soldats aux costumes éclatants, aux coiffures multicolores. Dois-je le dire? Quelques-uns nous ont rappelé les soldats d'opéra-comique, leurs têtes étant cou-

à

HOSPICE DU COL DU MO~T-CEttS.

r/!0<o~t-a/')!;e~c.V.y.C<!rc<c.

CORCELLE.


mais praticable en toute saison. Les villages traversés ressemblent assez à nos bourgs de France les maisons sont construites en pierre et entourées de jardins bien entretenus; les rues sont targes et générate-

Vers le Yun-Nan La route de Lao-Kay à Mong-Tsé LnA France

acquis, par des conventions récentes, des avantages réels dans les provinces méridionales de la Chine. Le Yun-Nan est devenu l'objectif de nos préoccupations, et on ne saurait trop faire ressortir l'importance de nos efforts dans cette direction. a

L'installation d'un consulat à Ho-Keou, la ville chinoise située en face de la ville française de LaoKay, a augmenté l'importance commerciale de cette

dernière.

Le colonel Pennequin, commandant du territoire militaire, avait donc chargé le lieutenant d'infanterie de marine Privey d'étudier la meilleure route entre Lao-Kay à Mong-Tsé. Cet officier, qui était accompagné du lieutenant Gantillon, de la même arme, partit de Lao-Kay le 4 avril dernier. I) suivit d'abord le fleuve Rouge jusqu'à notre poste de Ba-Xat, voyage qui ne présentait aucune difficulté. C'est à partir de ce point que les voyageurs devaient chercher une route permettant de- gravir le plateau du Yun-Nan, en utilisant les vallées des petites rivières qui se jettent dans le fleuve Rouge.

La première tentative eut lieu en quittant BauLaï pour remonter la vallée du Nam-Ti jusqu'à SinTchay. Elle suffit à leur prouver que la route, beaucoup trop. tourmentée, ne se prêtait à aucune amélioration, et ils reprirent la vallée du neuve Rouge, qu'ils suivirent jusqu'à Nam-Ping. Arrivés en cette ville, les deux officiers renouvelèrent leur tentative d'accès sur le haut plateau en utilisant la vallée du Tien-Chéou. Ils arrivèrent ainsi à Kuo-Cam, beau village situé au haut de la vallée, habité par des Meos dont les femmes portaient des petites coiffes bleues très élégantes. Jamais aucun Européen n'avait visité ce bourg; aussi l'on ne put vaincre la timidité des habitants qu'à l'aide des cadeaux traditionnels. Le petit mandarin chinois, qui montra beaucoup de bonne volonté, ne put que faire constater au lieutenant Privey qu'il était impossible de tracer une route dans la direction qu'il venait de suivre. On rejoignit donc le fleuve Rouge pour ne faire une troisième tentative qu'à Sin-Thiem-Ho-Kheou, au confluent du fleuve Rouge et du Sin-Thiem-Ho, en remontant cette dernière rivière. Le caractère de la vallée est identique à celui du fleuve Rouge, ette est encaissée et sauvage. Aussi les guides déclarèrent-ils qu'elle était sans issue. Nos officiers s'y engagèrent cependant en suivant la ligne de crête du versant oriental, sur laquelle serpentait une route tourmentée

ment pavées. La vattéf; à mesure qu'on la remontait, devenait, d'ailleurs, plus riche, les villages se succédaient plus nombreux, et aucune parcelle des champs qui les entouraient n'était laissée inculte.

Sim-Chiem, ville située à )'extrémité de la vallée, pouvait compter près de 3 ooo habitants. La La pierre à bâtir étant abondante,les maisons y étaient fort belles, et l'on voyait même les ruines d'importants édifices qui dénotaient une ancienne splendeur. Les habitants cultivaient de vastes champs de riz, d'opium et d'orge qui dénotaient un entretien constant. Cette ville, point d'arrêt des caravanes, possède même une vaste hôtellerie pouvant abriter jusqu'à cent chevaux, pour lesquels on paie dix sous de notre monnaie par jour; les conducteurs sont logés gratuitement, beaucoup plus mal que leurs bêtes, il est vrai. Après avoir dépassé Sim-Chiem, les voyageurs franchirent un col de i 6oo mètres d'altitude pour pénétrer enfin dans la plaine de Mong-Tsé. Du point culminant du col le regard embrasse un vaste panorama, et la vue se repose agréablement sur des champs bien cultivés au milieu desquels émergent des villages à l'aspect riche et prospère. Le climat de ces hauts plateaux est celui de la zone tempérée tous les fruits et tégumes de France y poussent admirablement, et c'est incontestablement en ce lieu que devrait être construit le sanatorium de nos possessions tonkinoises Mong-Tsé a été décrite plusieursfois; c'est une ville de 8000 à 10000 âmes, lieu de transit des marchandises venant de Hong-Kong et du Tonkin à destination de la Chine centrale. De beaux monuments publics, un service de voirie bien fait, des habitants hospitaliers témoignent du degré de civilisation auquel elle est arrivée. Les deux officiers, qui étaient arrivés à Mong-Tsé le )5 avril, en repartirent lé 17, faisant leur voyage par Man-Hao et le fleuve Rouge pour rentrer à Lao-Kay le 22 du même mois. Cette reconnaissance avait démontré que la véritable route vers Mong-Tsé consisterait à suivre la vallée du Sim-Chiem-Ho. On pourrait ainsi faire le trajet de Lao-Kay à Mong-Tsé en six jours, alors que, par l'ancienne route passant par Mang-Hao, il en faut le double. tt y a donc lieu de croire que des travaux d'aménagement de la route signalée seront commencés bientôt, et que l'intéressant voyage du lieutenant Privey sera fécond en heureux résultats.

L'.)/~e/'<i';7/e, retour du Congo, est arrivé au Havre le jeudi août. M. H. Lorin, notre correspondant et envoyé spécial, ne tardera pas à donner à nos

lecteurs ses impressions de voyage.


C'était une demande de poète. Le maire répon-

dit en administrateur. Voici

A la

Tombe de Chateaubriand

Le c/Kt/MH/eKa/re de la mort de C/M~M~n~d )'eH< d'e~e cë~e~re à .S'.n'Mf-~o la Mma;ine de/-K!e;-e.

Parler de sa

/OM~e est donc d'etc~uo/~e.

touristes qui visitent Saint-Malo ne manquent T .LES pas d'aller voir )'itot du Grand-Bey (ou Grand-Béj, le plus proche des remparts, tout près de la porte de Bon-Secours, où l'on peut se rendre à pied sec à marée basse.

Sur la pointe de cet îlot qui regarde la mer, à 100 pieds au-dessus des eaux de l'Océan, on trouve la tombe de

Chateaubriand simple croix de pierre

entourée d'une modeste grille de fer. Cette tombe a une histoire qu'il est

intéressant de raconter.

Le 9 septem-

cette réponse:

Je ne crois pas qu'il soit difficile d'obtenir )a concession d'une portion de terrain dans le flanc occidental de cette ile, et si votre Seigneurie le juge à propos, j'informerai en son nom M. le commandant du génie à Saint-Malo de son désir, en le priant de le faire connaître à M. le Ministre de la Cuerre, auprès duquel votre Seigneurie terminerait aisément, je crois, cette affaire. Or il ne pouvait convenir à Chateaubriand de faire lui-même les démarches dans les bureaux de la

guerre. Un refus aurait humilié son amour-propre. Il aurait fallu, ainsi que l'a fait remarquer avec ironie Hippolyte Lucas, que le génie militaire cédât au génie du christianisme. Et )es choses en restèrent là.

Quelques années plus tard, un jeune poète breton, M. H. de la Morvonnais, regrettant que la demande

deChateaubriand

n'eût pas été plus chaudementaccueillie par la ville de Saint-Ma)o, prit l'initiative d'une requête en faveur de celui qu'il appelait « notre plus grande gloire littéraire contemporaine ». Il

adressa donc, le i3 août i83i, au maire

nouvellement nommé, une lettre éloquente pour lui rappeler la demande TOMHEAU DE CUATEAUHRIAKD. 1848, Chateaubriand de Chateaubriand. P/!0~r~f'e de M. Ch. c/ y. 7' à P~o/. écrivait à M. Ho« Je vous en convius, alors maire de jure, Monsieur, disait-il, que l'avenir ne dise pas que Saint-Malo, la lettre suivante Saint-Mato, notre chère et commune patrie, ne s'est vif intédu très Monsieur, douter, Vous ne pouvez point portée de toute son ardeur à procurer au chantre rêt que je prends a ma ville natale je n'ai qu'une crainte de VeHéda une place pour sa tombe, une pointe de roc'est de ne pas la revoir avant de mourir. li y a longtemps cher au bord de cette mer de Bretagne qui, après Dieu, que j'ai le projet de demander à la ville de me concéder a la pointe occidentale du Grand-Bé, la plus avancée vers la fut la plus grande inspiratrice de son génie. » pleine mer, un petit coin de terre, tout juste suffisant pour contenir mon cercueil. Je le' ferai bénir et entourer d'une M. Hovius, le maire, se rendit de grand cœur au grille. Là, quand il plaira à Dieu, je reposerai sous la provœu de cet autre « enfant des îlots et des grèves ». Le tection de mes concitoyens. Conseil municipal accueillit avec reconnaissance la det. Au sommet de eet ilot' existait autrefois une petite chamande du poète non seulement il s'empressa de depelle portant le nom de iNotre-Dame-du-Laurier.Elle était située mander à i'Ëtat les quelques pieds de terre de l'iiot proche l'endroit ci.' se trouve le tombeau de Chateaubriand. On l'appela par suite Saint-Ouen, et par corruption Satn<e-C'"t"c. de la baie malouine, mais encore il se chargea des frais assemblée de l'ilot coin du sommet Même il se tenait sur ce une de la tombe. très populaire dont l'usage s'est conserve de nos jours; mais la Sat'n~-C'H'Hf a lieu maintenant sur les quais de Saint-Malo. En transmettant la délibération du Conseil à ChaPlus tard, le Grand-Bey fut fortifié, mais on l'abandonnapar la suite pour construire sur le Petit-Bey, un peu plus avance en teaubriand, le maire lui écrivit ce qui suit bre. 1828, vingt ans avant sa mort, survenue le 3 juillet

rade, le fort qui existe actuellement. Les archives de Saint-Malo possèdent un plan de ~58, sur lequel ces deux ilots sont désignes sous le nom de C)'jHd et Pelil U~'e nous ne savons l'origine de ce nom. I) a été question nombre de fois de relier à la ville de Saint-Malo ce pittoresque Ilot. Il en fut question la première fois en t&~S, et, en 1665, M. Sarrazin, ingénieur du Roi, en établit un projet. Un plan de ~20, existant aux archives matouines. contient également un projet d'annexion du Grand-Bey, question qui fut de nouveau agitée en !~5 et enfin abandonnée. Ces divers plans proposaient une digue partant du bastion dit de la Hollande, englobant le Petit et le Grand-Bey et venant rejoindre la tour Uidouane.

Ce lieu de repos que vous désirez au bord de la mer, à quelques pas de votre berceau, sera préparé par la pitié filiale des Malouins, dont M. le Ministre de la Guerre a bien voulu accueillir la prière avec une grâce et un 'em-

pressement dignes de son objet. Une pensée triste se mêle à ce soin. Ah puisse le monument rester longtemps vide Mais l'honneur et la gloire survivent à tout ce qui se passe sur la terre. René fut très sensible à cet acte de ses conci-


toyens. H répondit de Genève, où il s'était alors fixé, en déterminant les conditions de sa sépulture

.Je n'avais jamais prétendu et je n'aurais jamais

osé espérer, Monsieur, que ma ville natale se chargeât des frais de ma tombe. Je ne demandais qu'à acheter un morceau de terre de 20 pieds de long sur t2 de large, à la pointe occidentale du Grand-Bé. J'aurais entoura cet espace d'un mur à fleur de terre, lequel aurait été surmonté d'une grille de fer peu élevée, pour servir non d'ornement, mais de défense à mes cendres. Dans l'intérieur je ne voulais placer qu'un socle de granit taillé dans les rochers de la grève. Ce socle aurait porté une petite croix de fer. Du reste, pointd'inscription,ni nom, ni date. La croix dira que l'homme reposant à ses pieds était un chrétien cela suffira a ma mémoire. Dans le cas où mes concitoyens persisteraient t dans leur dessein généreux, je les supplie de ne rien changer à mon plan de sépulture et de faire bénir par le curé de SaintMalo le lieu de mon repos,

après l'avoir préparé. Donc, le ministre de la guerre avait accueilli favorablement la demande du maire de Saint-Malo, mais cela ne voulait pas dire que la concession du terrain sollicité fût accordée il y avait en ce temps-ta, comme de

presse, et j'aimerais à apprendre bientôt que mon lit est prépare. Ma route est longue, et je commence à avoir sommeil. °

Enfin, au mois d'août i836, la concession demandée depuis cinq ans à l'autorité militaire ayant été accordée, Chateaubriand écrivit de nouveau à son infatigable compatriote

J'ai ouvert avec émotion lettre timbrée de ow~r4T et j'ai trouvé, Monsieur,une qu'elle était de vous et qu'il s'agissait de mon tombeau. Mille grâces à vous, et Dieu soit loué! La chose est donc finie! tout bien, est pourvu que je sois sur un point solitaire de l'ile, au soleil couchant, et aussi avancé vers la pleine mer que le Wi/jw le permettra. Quand ma cendre recevrait, avec le sable dont elle sera chargée, quelques boulets, il n'y aurait pas de mal je suis un vieux soldat. Pour ce qui est de la pierre qui me doit recouvrir. j'avais pensé qu'elle pourrait être prise dans le rivage. Mais s'il y a quelques objections, on peut la prendre partout où

(

j~c

l'on voudra je cherche surtout le bon marché, afin d'éviter à ma ville natale, les frais dont elle veut bien se charger. Vous savez, Monsieur, qu'il ne faut aucun travail de l'art, aucune inscription, aucun nom, aucune date sur la pierre qui doit porter une petite croix de fer, seule marque de mon naufrage ou de mon passage en ce monde. Autour de cette pierre, un mur à fleur de sable, muni d'une grille de fer, suffira pour défendre mes restes contre les animaux sauvages ou domes-

nos jours, des formalités administratives désespérément longues à accomplir, et, en dépit de la bonne volonté du ministre, les bureaux de la guerre laissaient dormir la question. tiques. AL H. de la AlorvonLe cippe .posé et )'ennais, qui avait pris à cœur ceinte fermée, je désire que la réussite de cette affaire M. le curé de Saint-Malo bési simple en apparence, dut nisse le lieu de mon futur refaire démarches sur démarpos car, avant tout, je veux enterré être en terre sainte. ches, écrire lettres sur letLL CHATEAU bËCOMBOt-R6. Si vous avez l'extrême tres. H sollicita l'appui de P/!0~)-t/f <<<' C/<. et J. 7'or~, jPatHt/'f/. bonté de me tenir au courant tous les personnages haut du travail et de m'en annoncer placés qu'il pouvait connaître. II invoqua l'aide de la fin, je vous en aurai beaucoup d'obligation. La nuit me Lamartine, qui d'ailleurs presse, comme dit Horace, et je n'ai guère le temps d'atne la lui marchanda pas. Touché de cette sollicitude qui tendre. ne se démentait pas, Chateaubriand écrivit à ;\t. de la Morvonnais Le maire de Saint-jMalo avait, de son côté, procette jolie lettre datée du mois de mai i836 mis à Chateaubriand que ses désirs seraient réalisés Enfin, Monsieur, j'aurai un tombeau, et je vous le devrai, ainsi qu'a mes bienveillantscompatriotes! Vous savez que je ne veux que quelques pieds de sable, une pierre du rivage sans ornement et sans inscription, simple croix de fer et une petite grille pour empêcherune les animaux de me déterrer.

Maintenant, Monsieur, il faut que je vous avoue faiblesse. Tous les ans, je fais le projet d'aller ma revoir le lieu de ma naissance, et tous les ans, le courage me manque. Je crains les souvenirs plus ils me sont chers, plus ils me font mal. Je tâcherai cependant de faire un effort et d'aller visiter quelque jour mon dernier asile. e e e Offrez, je vous prie,'a toutes les qui personnes se sont intéressées à ma tombe, mes remerciements les plus sincères. Recevez en particulier, Monsieur, ceux que j'ai l'honneur de vous offrir. J'espère que vous voudrez bien quelquefois me donner de vos nouvelles et m'apprendre aussi un peu le progrès du monument le

/w

Oui, Monsieur le Vicomte, lui écrivait-i),vouspouvez en être certain, vos compatriotes prépareront religieusement le monument que vous désirez tel que vous voulez bien le décrire. Vos volontés seront exécutées avec la plus scrupuleuse fidélité, et votre lettre, inscrite sur les registres de la ville comme elle l'est déjà dans nos cœurs, attestera notre admiration comme notre reconnaissance envers l'il-

lustra écrivain. La tombe fut donc pieusement construite par la ville de Saint-Malo, telle que l'avait demandée Chateaubriand toutefois la croix de fer qu'il avait désirée fut remplacée par une croix de granit. Et enfin, comme il l'avait souhaité, cet humble monument fut béni au milieu d'un concours immense de ses compatriotes. Chateaubriand regretta toutefois les changements qu'on avait apportés à son propre et modeste projet, en ce qui concerne la croix et la grille de fer.


C'est ainsi qu'écrivant à un ami, il disait Je vous remercie mille fois, Monsieur, des

peines que vous vous êtes données. Tout devait être difficile dans ma vie, même mon tombeau. Je suis presque afmgé de la croix massive de granit; j'aurais préféré une petite croix de fer, un peu épaisse seulement, pour qu'elle < résiste mieux à la rouille. Mais enfin, si la croix de pierre n'est pas trop élevée, je ne serai pas aperçu de trop loin, et je resterai dans l'obscurité de ma tombe de sable, ce qui surtout est mon but. J'espère aussi que la grille de fer n'aura que la hauteur nécessaire pour empêcher les chiens de venir gratter et ronger mes os. Je tiens avant tout a la bénédiction du lieu sur lequel votre piété et vos espérances chrétiennes ont bien voulu veiller. On a parfois reproché à Chateaubriand d'avoir trop soigné sa tombe ». Le mot est d'Alfred de Vigny, qui ajoutait méchamment « I! en aura été le saule pleureur toute sa vie ». On trouve pourtant, dans la correspondance de l'auteur du GcH/c ~M C/s//ont'.s'mc, plusieurs lettres qui témoignent du désagrément que lui causait le bruit fait autour de son tombeau, celle-ci entre autres Le bruit qu'on a fait dans les journaux de mes dispositions dernières est parvenu jusqu'à M"" de Chateaubriand vous jugez, Monsieur, combien elle en a été troublée. S'il était donc possible qu'il ne fût plus question de ma tombe, a laquelle le public ne peut prendre aucun intérêt, et que vous eussiez la bonté de faire achever le monument dans le plus grand silence, vous me rendriez le plus grand service.

Aussi bien, on aurait tort d'en vouloir à Chateaubriand du soin qu'il prit de s'occuper de sa tombe. C'est par un rêve de poète qu'il voulut avoir son dernier sommeil bercé par le bruit des vagues. On doit beaucoup pardonner aux poètes, puisqu'ils nous aident, par leur génie et par leurs œuvres, à trouver la vie meilleure. Or, Chateaubriand ne fut-il pas plus et mieux qu'un poète?

Th.jA\VRA)S..

Les

Chemins de fer en Indo-Chine

des personnes compétentes,

'r\'ApRKsdes estimations consciencieuses faites par la totalité des lignes

prévues pour l'exploitation de. nos vastes possessions indo-chinoises est de 5 878 kilomètres avec une dépense de construction s'élevant à près de 80o

millions.

Mais, bien entendu, toutes les lignes ainsi prévues n'ont pas le même degré d'urgence. A ne considérer que celles qui devraient être commencées les premières, on arrive à un total de i 473 kilomètres et une dépense de 170 millions, ce qui serait déjà un joli

commencement. Ces

i

473 kilomètres comprendraient les lignes

de Hanoï à Haïphong, de Hanoï à Vinh, de PhuLang-Thuong à Lao-Kay qui suivraient une partie du fleuve Rouge; de Tourane-Quang-Tri, Savannakit; de Saïgon à Binh-Thuan, de Mytho-Cantho.

est superflu de dire que la nécessité de construire des chemins de fer, aussi bien en Indo-Chine que dans les colonies en général, est un principe admis par tout le monde, sauf par nos Chambres. Enn l'état actuel de la politique en Chine, il est particulièrement urgent de construire les lignes qui doivent relier notre Tonkin aux provinces de la Chine méridionale. Nous avons obtenu des concessions de la Chine; il importe de lui montrer que nous entendons en user. Ce vœu, pour tout naturel et logique qu'il soit, sera-t-il exaucé ? Les précédents ne permettent guère de l'affirmer. II y a plusieurs années que le prolongement de notre voie ferrée de Lang-Song jusqu'à Lang-Tchéou, en Chine, est concédé à une puissante Compagnie française. Or, jusqu'ici, le premier coup de pioche n'a pu encore être donné, par suite des entraves qu'y apporte non pas la Chine, mais notre administration.' Les progrès de nos rivaux en Extrême-Orient nous imposent, plus que jamais, un changement de méthode. H

ATLAS UNIVERSEL DE GÉOGRAPHIE, commencé par M. Vn'tEX DE SAiNT-AlAKTiK et continué par Pp. ScnnADER. N~ 6: /~«ro/'<' /tm~rf</Mf n" ~6 /tH!c'r<?t«' d« S«~ /'A~)<f; n" ~6

~He dtit<Hd~o//<<Paris, Hachette etC"

de

cartes nouvellement parues du grand atlas de Vivien Saint-Martin et Schrader sont dignes en tous points de celles qui les ont précédées.Celles de )'Aménque du Sud résument les cartes de détail déjà publiées sur ce continent. La plus récente, celle de )'.Ët<fo/'<)~ au toooooœ offre un intérêt tout spécia). Comme le dit M. Schrader, le moment n'est pas encore venu de tracer une véritable carte hypsométrique du continent européen. Quoiqu'il soit la mieux étudiée des parties du monde au point de vue cartographique, une bonne moitié du terrain est relativement mal levée et peut à peine être indiquée au moyen des hachures, qui sont à l'hypsométrie ce qu'une description géographique est à une carte précise de la région. Les auteurs ont utilisé tous les documents hypsométriques qu'ils ont pu trouver. Ils ont notamment profité pour la Russie de la magnifique carte du général de Tillo, qui a réuni une centaine de milliers de cotes d'altitude. Ils ont également tenu compte pour la péninsule ibérique, spécialement pour sa partie septentrionale et pour la chaine des Pyrénées, des travaux originaux de

~ES trois

MM.Schrader,deSaint-Saud,Prudent,etc.

Cependant cette carte de l'Europe, d'un dessin très net, d'un coloris très étégant, est une carte physique plutôt encore qu'hypsométrique le modelé détaitté des mouvements du terrain s'y lit à travers les teintes, qui aident a se rendre compte de t'étè-

vationretativedesdifférentesrégions.

La carte physique de l'Amérique du Sud, publiée en avril dernier est également très claire. Elle est a t'échettede tûooooœ: sauf, peut-être, pour les régions intérieures du Brésil, )'état des connaissancestopographiquespermet aujourd'hui de tracer à une échelle semblable, avec une exactitude suffisante, des lignes d'égale altitude, qui donnent la définition hypsométrique du terrain. Les auteurs ont adopté pour cette carte générate, comme précédemment pour celles d'Afrique,d'Asie et d'Amérique du Nord, la projection zénithale équidistante, tracée d'après les calculs de

M.D.Aitoff. La carte politique de t'Améhque du Sud, réduction de la grande carte en cinq feuilles, a surtout pour but de donner une image nette du continent sud-américain et des frontières, souvent contestées, de ses ditïérents Etats politiques. La nomenclature en a été réduite dans une large mesure, afin de laisser ressortir les grands traits et les formes générâtes du continent.


Pour les Voyageurs-Collectionneurs

Recherche, capture et conservation des Diptères et Névroptères DIPTÈRES

parfois aussi brillants que coléoptères, offrent à l'étude un intérêt peut-être plus pratique. H suffit de rappeler qu'ils comprennent les mouches, les cousins, les moustiques, les taons, la terrible mouche tsé-tsé, etc. La plupart des voyageurs, même collectionneurs, dédaignent ces insectes, et ne se préoccupent que de se mettre à l'abri de leurs piqûres ou de leur importunité. Aussi sont-ils moins connus que les autres. H y a donc, en s'adressant à eux, de véritables lacunes à combler, d'intéressantes découvertes à faire. Comme nous l'avons fait pour les coléoptères, nous allons indiquer les moyens de. recueillir leurs diverses espèces à peu près à coup sûr, même au cours d'un voyage rapide. La plupart des larves de diptères étant aquatiques ou habitant la boue, le limon, la vase, la terre humide, les insectes parfaits, et particulièrement les no/f!MH<M et les <t;/n;r~, se trouvent plus spécialement au voisinage des lieux bas, aquatiques, marécageux, humides et frais, dans les prairies a; rosées, dans les bois sombres et dans les jardins. Les mouches asiles recherchent les bois et les lieux sablonneux. Un grand nombre de larves vermiformes de diptères habitent dans les champignons des bois, dont elles dévorent les tissus, qu'elles criblent de petits trous et qu'elles couvrent d'une humeur visqueuse (bolets, agarics du chêne et des arbres résineux). Enfin, un certain nombre de ces T ES diptères,

L

les

insectes se rencontrent sur les fleurs,

Une fois pris, les diptères peuvent est aisée,parce que, comme les HCHto/<M et les <H~ils ont les mouve- être emmagasinés à mesure dans des ments lents et peuvent être pris à la flacons à large ouverture, remplis de romain. gnures de papier frisé, et contenant au de carbonate Mais, la plupart du temps, le filet fond quelques fragments pas de gaze à papillons est indispensable, d'ammoniaque. Les diptères n'ont vite vie dure; ils succombent et surtout lorsqu'il s'agit des t'om~M et la ainsi s'endomgarder peuvent sans se des )t<f.s')t/dM, qui volent avec rapipiqués dans attendant d'être en dité au-dessus des fleurs sans s'v re- mager les collections. poser, dans les parties les plus chaudes On les pique sur le thorax. Leur de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique. dessiccation, comme celle des coléoLa mouche tsé-tsé, dont j'ai déjà s'effectue facilement sans que fait mention plus haut, est peut-étre, de ptères,formes leurs s'altèrent notablement, et tous les diptères, le plus intéressant à ils conservent indéfiniment en bon étudier, en raison de l'importance du état sedans les collections. rôle funeste qu'il joue dans d'immenses Je ferai une exception pour les régions de l'Afrique intertropicale, et le qui ont le corps très allongé, les plusdifficile à prendre. pattes excessivement longues et caSon vol est d'une rapidité inouïe duques, et dont le maniement exige des le filet à papillon est absolument imparticulières. puissant. Même gorgée de sang, elle précautions toutes Je suis parvenu à les fomo/~M' s'esquive latéralement et reste insaisisartificiellement, soit en les plongeant sable. l'alcool, qui durcit les articulations, Toutefois, les indigènes ont trouvé dans soit en les enduisant, avec un pinceau un moyen efticace de la prendre qui a fin, d'une dissolution de gomme araété expérimenté avec succès par M. E. bique contenant 2 grammes de sulfate Foa On place la lame d'un couteau à d'alumine pour 20 centimètres cubes plat, à 3o centimètres de l'insecte, sur d'eau renfermant 2~0 grammes de mucile bras ou sur toute autre partie où elle On peut aussi employer lage est posée, et comme elle n'y voit pas l'alun,gommeux. mais il ne donne pas un aussi bon devant elle et en dessous, on fait glisser résultat. lentement cette lame, qui vient rencon trer et serrer l'aiguillon de la mouche NÉVROPTÈRES encore dans les chairs et la fait ainsi prisonnière. Il est alors facile de saisir Je joins les névroptères aux la tsé-tsé avec les doigts. diptères, parce que, comme ces derJe cite cet exemple topique, parce niers, ce sont des insectes dont la pluqu'il est applicable pour la plupart des part des larves sont aquatiques, et qui, diptères a trompe, et aussi parce qu'il par conséquent, parvenus à l'état parfait, serait désirable que l'on étudiât d'une se plaisent aux bords des eaux, soit coumanière approfondie la mouche tsé-tsé. rantes, soit stagnantes, sur les joncs, qui ferme à la colonisation européenne les roseaux, les plantes et les arbres les parties les plus fertiles de l'Afrique. des rivages. Je termine en signalant, pour les Ils se prennent au filet à papillons, petits diptères et notamment les mous- s'emmagasinent dans des flacons à large tiques, un moyen de capture des plus col empli de papier frisé, et se piquent simples et qui ne risque pas de les en- sur le thorax, avec précaution, lorsqu'il dommager c'est la fumée, que j'ai déjà s'agit d'espèces à abdomen vésiculeux, indiquée, ici même, comme moyen de facilement déformable à la moindre défense contre ces irritants insectes*. pression. Tout diptère atteint par la fumée Les larves aquatiques de névrotombe engourdi sur le sot.]! en est ptères ne sont pas moins intéressantes d'ailleurs de même, plus ou moins, pour à recueillir que les insectes parfaits. tous les insectes. On sait que t't'H/x- Elles se draguent au filet fin et se conmj'~f est un moyen barbare employé servent dans l'alcool. par certains apiculteurs pour récolter le Les névroptères renferment d'ailmiel. Les voyageurs collectionneurs, leurs des particulièrement intédans l'intérêt de la science, pourront ressants, genres les fourmilions et les tels t'employer en maintes occasions pour termites, qui que méritent l'attention toute capturer les insectes les plus divers. spéciale des voyageurs collectionneurs. Nous reviendrons prochainement sur ces E. Foa. ~/M ~rjKdM cAa.~M da;M derniers.

notamment celles des ombellifères (.DJMCM. etc.), autour des bardanes, etc. Il y a de grandes chances de faire des récoltes de diptères inédits dans certains habitats particuliers. Ainsi, l'on trouve des )M/o~a~c.< dans les toisons des moutons, et, comme je l'ai déjà fait a propos des coléoptères, je rappellerai ici que l'on peut récolter de ces diptères dans les laines exotiques importées en Europe. Les on);</)om~!M vivent en parasites sur les oiseaux, et on peut les découvrir sous leur plumage lorsqu'on tue ou lorsqu'on capture ces derniers. Mais il est bien plus simple de les rechercher dans les nids de ces mêmes oiseaux, où ils pullulent. H me suffira de rappeler, comme exemple, que l'illustre Réaumur a trouvé jusqu'à trente individus de )'Or)t/</)OMn'M /<t'rK)t~/H/ dans le nid d'une hirondelle. <'j't/)'t.~<eCfM<)\!<< De même, les nyctéribies, aptères, 2. Paul Combes. Les m~M de se devivent en parasites sur les chauves- ~~tdrc co't<re/Mmox.!<t~M(7'OM)'d<t;Voxdc. 26 février )&)8). Les moustiques de <<f souris. d'/)H</co.!<f(/«~c/<'))<(/f~, t2 décembre La capture de quelques diptères ~).

/</<

;.4 .<Mtt~t'.)

PACL COMBES.


La Situation politique des Philippines allons fO~MM)-, dans les lignes qui vont suivre, a<M//<'M?f~< les -îles ~!7~MM, tant un aperçu des circonstances qui OM~~O~O~tM situation dans laquelle se /fOMM' ~/a/S-M des autres ~tt~M~M~ qui OM/ des /M/~f' fCPHCHn~t~~ f/~oy<7~MM Extrêmevis-à-vis de que des Orient. CfWWM MO!~ r~fOM!

fait ~e~;M))MH<~0!<f l'île

de

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Ctt'chefefHana'M

a~/adt'M

AMIRAL .M.ONTOJO

des Philippines représente L'ARCHIPEL un domaine colonial d'une superficie territoriale de 296182 kilomètres carrés, c'est-à-dire éga)e. à très peu de chose près, à la superficie totale des îles Britanniques H se compose de dix îles principales Luçon, JVtindoro Samar, Panay, Leyte, Cebu, Negros, Bohol, Mindanao, Palaouan, et d'un grand nombre d'autres de moindres

dimensions. Une longue chaîne de montagnes, Hanquée de

contreforts considérables, court

sur le versant occidental et il fait beau C~c/tc7"crMK~~ o~ac~ pendant la sur le versant oriental seconde, de novembre à juin, c'est tout le contraire qui se produit. Comme dans tous les pays volcaniques, arrosés par des pluies abondantes et par de nombreux coursd'eau, le sol des Philippines est d'une fertilité prodigieuse et se prête aux produits les ckN'sant 1.&

plus variés.

AUGUSTIN Y DAPILA.

Aussi, de même que l'île de Cuba la coloa été surnommée « la Perle des Antilles de nie espagnole a,. Manille a mérité

l'épithète de «Perle de l'O-

du Nord au Sud de l'archipel et se continue même

rient ». 'Ces deux possessions pré-

audetà, à travers Bornéo.

C'est une ligne

sentent, en effet, parr certains côtés, de nom-

puissante activité volcade

nique, secouée

breuses ressem-

blances. Leur

par de fréquents

situation géographique elle-même a des analogies, puisque les îles

et violents trem-

blementsdeterre.

C'est,

en

même temps, un écran qui arrête et condense la mousson du SudOuest sur le versant occidental, la mousson du Nord-Est sur le C.1RTE Dr. versant oriental. Il en résulte que, pendant la première, de juin a novembre, ). Voir La situation /'o<<<~Me de CM/'a, du ToM;' JM~A/OH~, du 2r mai i8ç8. A TRAVERS LE MONDE.

LIV.

Philippines se trouvent.–com me Cuba dans j'arch.ipel desAn-

tit!es,–alun des points les plus

favorables del'arL'IL£ or. LttÇO~ ET

il pleut

dans le numéro

chipel malais

DE LA RAI¡'~ DE MANI7.LE.

r,

pourlecommerce

,e

~w: /~t 1 t~hme, Japon, avec les contrées voisines l')ndo-Lmne, Océanie, etc., et que le port de ManfHe y représente le port de la Havane. N"

34.

20

août i8q8.


Mais, au point de vue des antécédents historiques, la situation est toute différente. Aux Philippines, une population primitive de Négritos a été refoulée dans les montagnes par des Indonésiens, qui ont dû à leur tour céder la place aux envahisseufs muiaib. Ceux-ci, au tx" siècle de notre ère, étendirent leur propagande conquérante et religieuse aux côtes orientales de Madagascar, à Formose, aux Moluques, à Bornéo, à l'archipel de Soulou et à toute la grande île de Mindanao. Ils occupèrent le littoral de toutes les îles qu'ils conquirent et y fondèrent une foule de petites royautés indépendantes dont les titulaires étaient très souvent en guerre. Telle était la situation des îles Philippines, où la religion musulmane était dominante, lorsque les Espagnols y arnvérent, bien postérieurement à leur établissement à Cuba. En effet. Santiago, la première métropole de cette dernière île, qui vient de tomber aux mains des Américains, fut fondée par Diego Velasquez dès 15 14, tandis que ce fut seulement le mars Magellan découvrit le d'Asie, grand archipel 1521 que en prenant terre au Nord-Est de Mindanao. C'est en combattant pour le chef d'un des petits états indépendants dont je viens de parler que le grand navigateur, frappé d'une flèche, perdit la vie dans la petite île de Mactan, près de Cebu. En 1542, l'amiral de ViHatobcs, arrivé jusqu'en vue de l'archipel, se contenta de lui imposer le nom de Philippines, en l'honneur du prince des Asturies, qui devait bientôt s'appeler Philippe Il. Ce fut seulement en 1564 que Miguel de Legaspi arriva à Bohol et s'établit à Cebu. En 1565, le maître de camp Juan de Salcedo débarqua le premier à Luçon et traita avec plusieurs souverains, entre autres Candola, roi du pays de Manille, et 5oliman, roi du pays de Tondo. Ces deux royaumes étaient des postes avancés que les Malais mahométans, (établis à Souiou, à Palaouan et sur que~ues autres points de l'archipel et désignés par les Espagnols sous le nom de M)~), avaient fondés dans la grande île de Luçon, sur les bords du Pasig, où ils étaient défendus par un fort armé de douze canons.

3

Legaspi considéra avec raison cet emplacement comme des plus favorables à l'établissement d'une capitale, et il résolut de s'en emparer. En 1570, il passa en revue, dans l'i~e de Leyte, son armée qui se composait de 280 soldats. Avec cette poignée d'hommes, Legaspi s'empara de Manille et y trouva une industrie indigène .assez développée, notamment une fonderie dont il se servit pour renouveler ses approvisionnements de guerre. C'est au même endroit qu'il fit construire, en sous la direction de l'architecte de l'Escurial, la nou-

t~;

velle Aille de Manille.

Tel fut le point de départ de la domination espagnole aux Philippines. Mais la véritable conquête ne se fit pas par les armes. Le but principal de Philippe Il était la conversion des indigènes au catholicisme. Dès 1872, sans autre arme que la parole, quelques moines augustins obtinrent la conversion de

la plus grande partie des population des îles centrales de l'archipel, connues sous le nom de Visayas. Alors accoururent d'Espagne des Jésuites, des Dominicains, des Franciscains, des Récollets. L'oeuvre de conversion fut.rapide, et comme toute conversion entraînait la <:our)i~sion à t'Espagnp, prf":q!)f tont l'arch'ne! se trouva soumis en très peu de temps et sans effusion

de sang.

Restèrent seuls inconvertissables et irréconciliablement hostiles les Malais mahométans de Palaouan, de Soulou, de Mindanao et de la côte Nord de Bornéo. Avec eux commença une guerre séculaire qui dure

encore'.

Par suite même de la manière toute spéciale dont les populations des îles Philippines s'étaient soumises à l'Espagne, les religieux et le clergé devinrent et tèrent les intermédiaires obligés entre les indigènesreset le

gouvernement de Madrid.

Celui-ci, d'ailleurs, se borna à supprimer l'esclavage et maintint la hiérarchie indigène dans ce qu'elle avait d'essentiel. Les chefs souverains furent remplacés par le gouverneur général de Manille, et les gouverneurs de province et les seigneurs féodaux restèrent administrateurs de leurs villages et responsables de la rentrée de l'impôt direct, établi sous forme de capitation (environ 3 fr. 40 par tête d'indigène âgé de plus de seize ans). Ce régime, qui date de la conquête, est celui qui existe encore aujourd'hui. Les îles Philippines comptent environ 9000000

d'habitants. Sur ce nombre, un million seulement sont totalement insoumis. Les

autres, Tagals, Bicols, etc., races chez

lesquelles domine le sang malais, sont très braves à la guerre mais, dans la vie civile, il est difficile de rencontrer des êtres plus doux et plus patients qu'eux. Ayant peu de besoins et beaucoup d'indolence, ils travaillent peu et ne s'enrichissent jamais.

D'ailleurs, il faut reconnaître que si les Espagnols les exploitent, c'est, la plupart du temps, très paternellement, si bien que, pendant trois siècles, et malgré une force métropolitaine insuffisante, il n'y a pas eu une seule révolte sérieuse à comprimer. Les premiers symptômes de désaffection ont été provoqués par la politique imprudente du gouvernement de Madrid. On sait que de 1820 à 1823, les Philippines, comme les autres possessions d'outre-mer de l'Espagne, furent appelées à la vie politique et dotées du droit de se faire représenter aux Cortès. Des créoles, Espagnols nés dans le pays, des métis, saluèrent avec trop d'enthousiasme ce nouveau régime, et lorsque la réaction qui se produisit en Espagne l'eut fait disparaître, ils devinrent suspects. On craignit à Madrid que parmi eux ne se trouvât un patriote capable de détacher les Philippines de la métropole, comme venaient de le faire maintes colonies d'Amérique, et la

plupart furent déportés sans procès aux présides

d'Europe.

i. Voir Don Vicente Barrantes, G!;e~r~ F;7!/)!Mt! Madrid, tH-8.

/ra/:M.

de


Puis, systématiquement, les gouverneurs de Manille s'appliquèrent à éliminer de l'armée, du clergé séculier, de l'administration l'élément indigène, pour lui enlever toute influence, toute possibilité d'entraver la domination absolue de la péninsule. Dans l'armée, la substitution de sous-officiers espagnols aux lieutenants et aux capitaines créoles eut pour résultat la révolte de Novalès, qui ne fut qu'une échauffourée, mais qui fit courir un danger sérieux à l'influ'ence et à l'autorité espagnoles. Cet avertissement ne fut pas compris et rendit le gouvernement de Madrid

encore plus méfiant. Les créoles, métis et indigènes des Philippines, furent absolument exclus de l'administration civile, qui fut livrée à des Européens avides, créatures des dirigeants, remplacés, à chaque changement de mini-tères par de nouveaux venus encore plus âpres à la curée. En <86o, on citait ~~ea~M'fa/MM un alcade, dans les Visayas, qui, après un séjour de cinq ans aux Philippines, était retourné en Europe comme il en était venu, c'est-à-dire sans fortune. Le clergé séculier de race indigène ne fut pasépargné. Plusieurs prêtres suspects de patriotisme furent dépouillés de leurs postes, et cet abus prit de telles proportions, qu'en i8yo l'archevêque de Manille crut devoir protester en ces termes auprès du gouvernement de

oit les ~McMMM~.

Plus haut, j'ai montré le rôle prépondérant qu'a joué le clergé dans la conquête des PhiHppines, et j'ai insisté sur l'énorme influence qu'il a conservée depuis lors.

On voit que la protestation de l'archevêque de Manille touchait justement le point vif de toute la question des Philippines. ))

n'en fut tenu aucun

compte, et c'est surtout depuis cette époque que des sentiments de désaffection se sont manifestés et ont grandi de jour en jour parmi les Tagals, sentiments auxquels prenaient part des métis, des créoles, des ecclésiastiques, tous ceux que commençait à exaspérer le système de l'Es-

pagne.

co/o/

On voit qu'ici, comme à Cuba, les mêmes causes ont produit les mêmes effets, quoique sur une race et dans des conditions bien différentes. Le

gouvernement de

Madrid a cru pouvoir remé-

dier à ces graves symptômes par une répression violente. Des officiers, des ecclésiastiques, compromis par des paroles imprudentes ou par des actes d'indépendance, ont subi le dernier supplice.

CARTE DES L'injuste pratique de dépouiller le clergé séculier produit dans te pays un véritable scandale. Ne craint-on pas de l'exaspérer? N'a-til pas assez souffert, et doit-on craindre davantage pour lui dans l'avenir? Qui osera soutenir que son ancienne fidélité ne se changera pas bientôt en haine ? Ces hommes ont pu croire pendant longtemps qu'il n'yy avait entre les fils du pays et les moines qu'une rivalité de race et de profession, mais aujourd'hui c'est leur suppression entière qu'ils ontredouter. Qui ne remarque le changement qui s'opère dans leurs idées et la colère qu'ils laissent éclater quand on leur parle de ceux qui les dépouillent? Plusieurs prêtres indiens n'ont-ils pas donné à entendre que si les ~MMVi'M~ OM les ~M~!MMM< des Philippines par suite ~'M<~ guerre avec l'Espagne, ils recevraient en libérateurs les ennemis du pays? Le danger est d'autant plus grand que ces pasteurs sont plus que les blancs en relations directes avec leurs troupeaux, et que tes accusations qui ont été lancées contre leur conduite n'ont jamais été prouvées. » J'ai tenu à citer ce document, non seulement parce qu'il émane d'une des plus hautes personnalités

Madrid

espagnoles des Philippines et qu'à ce titre il ne saurait mais encore à cause des paroles proêtre suspect, phétiques qu'il renferme, dès 1870, au sujet d'une conquête possible des Philippines par les Américains

«-

~M~

.Lesang

finDPP~ES.

inutilement

répandu fit germer des légions de mécontents, et les premiers indices de révolte commencèrent à appa)a!tre. Depuis lors, ils n'ont fait que croître jusqu'à leurexplosion définitive, contre laquelle l'Espagne lutte vainement depuis plus de deux ans. Dans un pamphlet lancé en i8c)6 par un Philippin et que j'ai sous les yeux, voici quelle est la dernière phrase « Il importe cependant de faire remarquer sans retard que le cri poussé par les Philippins n'est pas celui de Meure l'Espagne! mais celui de A bas le

régime de la terreur. Vivent les garanties personnelles. A bas les extorsions du Castillan. Vivent la moralité et le droit

»

On voit qu'il ne s'agissait pas de se détacher de la métropole, mais d'obtenir le droit commun pour les

Philippins.

Depuis lors, l'idée a fait des progrès, et, en presence de l'intransigeante volontéde l'Espagne de réduire la révolte par la force, le principe d'une république des Philippines indépendante a pris corps et s'est déjà


répandu, sinon parmi les indigènes, du moins parmi les chefs du mouvement insurrectionnel. On voit, par ce qui précède, que les Espagnols, après n'avoir eu à lutter aux Philippines que contre les Malais mahomëtans insoumis, se sont mis à dos les douces populations catholiques qu'il leur aurait été si facile de maintenir dans le devoir et dans la fidélité par quelques concessions peu dangereuses pour la suprématie de la métropole. Et c'est justement au moment où l'on était venu à bout des ennemis du dehors que l'on s'est créé au dedans ces adversaires beaucoup plus nombreux et plus redoutables.

désespérée.

L'arrivée des renforts partis de San Francisco permettra, ~:<c< aux Américains d'occuper cette place, malgré leur conflit avec les Insurgés. Mais alors quelle sera la situation?

Par la prise de Manille, les Américains ne tien-

dront pas plus les Philippines que, par la prise de Santiago, ils ne tenaient Cuba. Sans doute, leur flotte pourra aller ensuite occuper tous les points du littoral où les Espagnols tiennent garnison, mais l'intérieur leur restera fermé. Cela, parce que, quelle qu'ait été l'opinion de l'archevêque de Manille en i8yo, le mouvement national a gagné du terrain depuis cette époque, et que les

Philippins, délivrés de la domination espagnole, n'accepteront ni celle des Américains, ni celle des Alle-

mands. Ce qu'ils veulent, c'est ce que veulent les Cubains l'autonomie et le choix libre de leurs institutions politiques, de leur régime administratif. Il ne semble pas, d'ailleurs, que les États-Unis visent à la conquête des Philippines. Ils ont tenu à avoir entre les mains un gage qui facilitât la conclusion de la paix en leur donnant le plus d'avantages possible.

l'installation

d'un gouvernement provisoire dont les éléments seraient pris dans le pays.

gouvernement de Washington et celui de Madrid. Les États-Unis (du moins à l'heure où nous écrivons ces lignes), outre l'évacuation de Cuba et !a cession de Porto Rico, n'exigeraient qu'un dépôt de charbon aux îles Mariannes ou Ladrones et occuperaient Manille jusqu'à ce que la question du sort futur des Philippines eût reçu une solution régulière

et définitive.

Mais cette question est loin

d'être facile à

résoudre.

En effet, c'est en i8c)) que le général Weyler, alors gouverneur des Philippines, a réussi à faire reconnaitre dans l'île de Mindanao la souveraineté de l'Espagne sur des territoires qui, depuis deux siècles et demi, n'étaient plus de fait en son pouvoir. 11 est à craindre qu'à la faveur des événements qui se produisent dans le Nord des Philippines, les Malais du Sud ne relèvent la tête et ne reprennent leurs habitudes de piraterie. Ce serait un nouvel élément hostile avec lequel il faudrait compter. On s'explique que le gouvernement des EtatsUnis, étant en guerre avec l'Espagne, ait profité de cette situation troublée des Philippines pour y porter aisément un grand coup à la domination espagnole. Et, en effet, on sait qu'à la suite de la destruction de la flotte espagnole d'Extrême-Orient, les événements se sont précipités dans l'ile de Luçon, et que, malgré l'inaction à laquelle l'escadre américaine a été longtemps réduite par suite de la faiblesse de ses effectifs, les Philippins insurgés ont bloqué Manille, où la situation des Espagnols est devenue à peu près

Ils favoriseraient plutôt, comme à Cuba,

C'est ce qui résulte, en effet, des pourparlers actuellement engagés par l'intermédiaire de M. Cambon, ambassadeur de France aux États-Unis, entre le

Les îles Philippines ne sont pas, comme Cuba, une possession isolée dans une mer lointaine, où le commerce de l'Europe n'a que des intérêts secondaires. Elles occupent une position de premier ordre à proximité des possessions anglaises de l'Inde, du détroit de Malacca et de Bornéo, des possessions néerlandaises, des possessions françaises de l'IndoChine, des possessions allemandes de l'Océanie, et des possessions japonaises, sans parler de la Chine,

devenue puissance secondaire, provisoirement du moins. A ce titre, elles sont le centre d'intérêts multiples, et quoique, au point de vue plus particulièrement économique, les intérêts allemands n'occupent que le sixième rang, ce n'est pas en l'air que l'archevêque de Manille parlait, en 1870, de l'éventualité d'une conquête de l'archipel par les Allemands. En effet, quelle que soit la valeur des bruits qui ont couru récemment sur l'intervention possible de l'Allemagne à Manille, il est incontestable que ces intérêts existent et que le gouvernement de Berlin n'acceptera à aucun prix qu'ils soient sacrifiés. Il y a donc, de ce côté, dans la question des Philippines, un facteur international qui pourrait, d'un moment à l'autre, la compliquer, suivant la tournure que prendront les événements. Dans tous les cas. il y a tout lieu de croire que l'Espagne, sortie très affaiblie de sa lutte contre les Etats-Unis, ne pourra maintenir sa suprématie aux îles Philippines. L'avenir de cet important domaine colonial appellera nécessairement alorsl'attention des divers gouvernements intéressés à ce que l'influence qui y deviendra prépondérante n'altère pas l'équilibre des puissances en Extrême-Orient. La question des Philippines n'est donc pas purement limitée à la querelle actuellement pendante entre l'Espagne et les Etats-Unis. Elle intéresse toutes les nations, y compris la France, et, à ce titre, il était nécessaire de mettre ici son importance bien en relief. PAUL COMBES.

~WM OM'on a pu

le w/r, cet article a été écrit <~M<t/

la ~t~MO~K~ des ~HM!Ma~M ~MM mais la OM~C/M des <M~M'M~t~ M'~ en rien MO~t/M son !M~f~ et MOM l'avons publié tel quel.


Les Communications

Tètègraphiques dans !e Monde' LEE commerce et l'industrie doivent tout le merveilleux développement qu'ils ont pris de nos jours à la création des moyens de transport accélérés, à la transformation qu'a permise l'invention de la locomotive et qu'accentuerasans doute encore la traction électrique. Mais, si l'électricité a attendu jusqu'à la fin du siècle pour s'adapter aux voies de communication matérielles, pris déjà depuis longtemps une importance primordiale au point de vue de la transmission de la pensée le télégraphe électrique est venu, au moins autant que les chemins de fer et les lignes de navigation à grande vitesse, rapprocher les marchés, faciliter les relations, et par conséquent les multiplier, modifier les pratiques commerciales et industrielles, en un mot créer le marché international, au grand bénéfice des producteurs comme des consommateurs. A l'heure présente, on ne peut pas dire que le réseau télégraphique ait atteint son développement définitif: il n'y atteindra. jamais, en n'entendant pas ce mot de jamais dans un sens tout à fait absolu. Mais il présente une telle importance, qu'il est bon d'y jeter un coup d'œil. On jugera par là des efforts qu'il a fallu pour mener à bien une telle œuvre, et l'on comprendra

elle

i. Voir

A

Travers le

A~OM~e, <8()6,

page 93.

mieux l'influence que peut exercer un pareil réseau de communications. Ce réseau se compose en réalité de deux réseaux distincts par leur nature, bien qu'ils répondent directement au mêmebut, quêta pensée y couresuivantdeux procédés presque identiques (on pourrait dire suivant le même procédé), qu'ils se complètent l'un l'autre, et que les lignes du second forment les prolongements naturels des lignes du premier. Nous voulons parler, on l'a déjà compris, des télégraphes terrestres et des télégraphes

extra-terrestres, des câblestélégraphiquesqu'onqualifie le plus souvent de sous-marins, bien qu'un certain

nombre soient immergés dans des lacs, sous des eaux qui n'ont rien de marin. L'idéal serait de pouvoir étudier simultanémentles deux réseaux, afin de rendre plus manifeste leur union intime, de montrer comment ils se relient, se pénètrent mutuellement; mais on se heurterait là à une impossibilité matérielle. Quoiqu'il soit impossible de ne point reconnaître les services réels qu'a rendus le système de télégraphie aérienne imaginé par Chappe, il faut avouer que son moindre défaut n'était pas la lenteur des transmissions etquand, vers 1840, après les expériencesde Wheatston, après celles de Davy, on eut installé quelques petites lignes télégraphiques, entre Paddington et Bristol, notamment, le nouveau mode de communication fut accueilli généralement avec enthousiasme; sauf peutêtre en France, où, en 1846 même, certains membres des Chambres défendaient l'ancien système Chappe. En 1850, cependant, on ouvrait au service public les télégraphes existant sur notre territoire, et, deux années plus tard, on avait installé 3458 kilomètres de lignes, qui avaient vu circuler 48105 dépêches taxées, c'est-à-dire émanant des particuliers. En 1862, il est possible de jeter un coup d'œil instructif sur le développement des télégraphes dans le


monde, car on en trouve à cette époque un peu partout. La France, pour son compte, possède 24665 kilomètres de lignes, et le nombre des télégrammes a dépassé 1~18000. La Grande-Bretagne est sillonnée d'un réseau serré, et l'Europe continentale n'est pas beaucoup moins bien partagée le fil électrique remonte jusqu'à l'extrême Nord de la Suède et de la Norvège, il s'étend jusqu'à Perm et àOdessa. Endehors de l'Europe, voici les Etats-Unis qui, suivant leur louable habitude, ont largement profité de cette forme du progrès l'Amérique du Sud compte plus de Ztooo kilomètres de lignes. Dans l'Inde anglaise est déjà posé un réseau étendu la Perse même. Java, la Tunisie, l'AsieMineure, le Caucase possèdent quelques lignes, peu considérables sansdoute, mais qui fbntdéjà bien augurer de l'avenir.

Ce serait

d'un intérêt un peu trop rétrospectifque

de suivre de près le développement de ces réseaux

naissants. Toujours est-il que, comme toujours en matière de moyens de communication, plus se répandaient les télégraphes, plus on prenait l'habitude de s'en servir, mieux on comprenait les services qu'ils sont susceptibles de rendre, plus, en un mot, les besoins augmentaient. Les lignes télégraphiques se sont donc multipliées de jour en jour, elles se multiplient encore, et le nombre de télégrammes qu'on expédie ne fait que croître lui-même avec une intensité constamment plus grande. A l'heure actuelle, nous entendons d'après la dernière statistique d'ensemble qu'il soit possible de se procurer, voici quelle est l'étendue des lignes télégraphiques terrestres, aériennes ou souterraines des principaux pays du monde. Le mieux est évidemment, en la matière, d'adopter la forme d'un tableau, quitte à compléter sa sécheresse par quelques renseignements secondaires ÉTATS

Allemagne. Australie méridionale.

Autriche Belgique

Bosnie-Herzégovine.

Bulgarie.

Cochinchine et Cambodge.

Danemark

Continent et Corse

LONGUEUR DES LIGNES

t32.i~kitom. 9.444 32.375 6.2yo

2.84; 5.200 3.068

4.434

~Atgérie.

94429

Grande Bretagne et Irlande

62.38~

p

Grèce. britannique. Italie. }apon. Luxembourg.

Hongrie Inde Indes néer)andaises.

Norvège. Sud..

Nouvelle-Gallesdu

Pays-Bas. Roumanie.

Russie. S'enéga!

8.224 8.)C)2

21.~02

77.734 6.833

37.;49

)8.538

500

7.955

19.9~8 5.548

6.865 133.736 ~885

Suéde. Suisse. Tunisie. Victoria.

8.575 kilom. L.473

2.620

6.t~8

Etats-Unis (Western Union) 292.458 On va assurément s'étonner que nous ne donnions aucuns chiffres pour certains pays importants comme l'Espagne, le Portugal naturellement, il n'en

faut point conclure que nous supposons qu'il n'existe

point de télégraphes dans ces contrées Mais il n'est pas possible de se procurer des chiffres complets on sait qu'il existe environ 38000 kilometres de lignes télégraphiques en Espagne et quelque 6400 en Portugal. Faisons remarquer qu'en somme toutes ces lignes font partie du réseau international, puisqu'elles servent parfois ou souvent à faire parvenir jusqu'aux coins les plus retirés des différents pays des télégrammes de l'origine la plus lointaine. Bien entendu, dans le relevé que nous avons

fourni ci-dessus, nous n'avons donné que la longueur des lignes, et non point le développement total des fils qui les composent, car autrement, pour chaque Etat, ce sont des chiffres doub)es. triples, quadruples même qu'il eût fallu inscrire pour la France, par exemple, le développement des fils conducteurs dépasse 326000 kilomètres et il atteint 448000 pour la GrandeBretagne. Le meilleur moyen de se rendre compte des ser-

vices précieux que rendent les tétégraphes, c'est de montrer le nombre formidable de télégrammesqui sont expédiés en une année donnée, en y ajoutant les dépêches reçues de l'étranger et qui ont transité en empruntant le réseau national pour passer d'un pays dans un autre. Pour l'Allemagne, par exemple. le mouvement en question est de 38392224 unités, dont 10,0; 673 pour le service international. Dans la France continentale, le chiffre total correspondant est de 44703208, dont 6354514 pour les correspondances internationales. Pour le Royaume-Uni, les données sont formidables ensemble 8211~670 télégrammes, (et encore sans tenir compte des télégrammes de service!) dont oootMO dans les relations avec l'étranger. Notons en passant que le mouvement international anglais est un peu plus faible que celui des télégrammesallemands; mais il faut tenir compte de ce fait que, dans l'Empire allemand, les dépêches en transit sont plus nombreuses qu'en Angleterre. En Autriche, le nombre total des télégrammes atteint 13213633, dont 5~7860t seulement pour le trafic international en Belgique, les données correspondantes sont respectivement de 570446: et de 2735625. Pour l'Italie, les nombres sont de 1033284 et 2063805; de 4621054 et 2156000 pour les Pays-Bas, de 15502758 et .2228201 seulement pour la Russie. La Suisse, en dépit de sa faible étendue, a un mouvement de 384048;) télégrammes, dont t068740 étrangers, le transit représentant 527)84 unités sur ce dernier chiffre. Enfin le Japon, qui se hâte dans la voie du progrès, se montre fier d'un mouvement de 1)000624 télégrammes; il est vrai que ses relations télégraphiques avec l'étranger ne sont pas encore très suivies, car le nombre des dépêches dans le service interna-


tional n'est quede2t8<7Q,dont~4seuIement en transit Aujourd'hui qu'on est habitué à ne plus considérer les mers comme un obstacle à la transmission de la pensée, le commerce et l'industrie, les véritables intéressés en la matière, se trouveraient bien démunis s'ils n'avaient à leur déposition que le réseau terrestre. Si vaste qu'il soit, il laisserait des trous formidables dans l'ensemble de ses mailles on ne peut pas plus comprendre l'absence des câbles sous-marins qu'on ne pourrait s'imaginer les voies ferrées se terminant dans les grands ports de mer sans se continuer par des lignes de navigation à vapeur et à vitesse accélérée. Et cependant il n'y a guère qu'une trentaine d'années qu'on possède des câbles télégraphiques sous-marins d'une importance réelie. Il est vrai qu'à la fin même de l'année 185) on avait réussi à poser le câble de Calais à Douvres mais ce n'était là qu'un succès relatif, tout important qu il fût en lui-même; et si, en 1862, l'Angleterre se trouvait réunie à la Hollande, au Danemark, à la Be'gique, il n'en est pas moins vrai que, en f8~8, la première tentative d'immersion d'un câble transatlantique avait été un échec complet. Depuis lors on a fait de tels progrès dans la pose et l'entretien des câbtes. que la télégraphie sous-marine fonctionne avec la même sécurité que la télégraphie terrestre. A l'heure présente, les câbles télégraphiques

appartiennent les uns à des gouvernements, les autres à des compagnies privées; les premiers sont les plus

nombreux, mais ils ne présentent dans leur ensemble qu'un développement assez restreint de 36-23 kilomètres ils étaient faciles à établir, et les dépenses ne devaient point en peser trop lourdement sur le budget des États. Quant aux compagnies privées, elles ne possèdent que ~18 câbles, mais ils représentent la longueur énorme de 265 06 kilomètres. L'Allemagne a établi un réseau national de 4120 kilomètres, dont une bonne partie forme communications intérieures à travers des petits bras de mérou entre le continent et les îles du littoral. Il existe un modeste réseau colonial, de Zanzibar à Dar-es-S.~am. puis un certain nombre de de Cameroun à Bonny câb'es réunissent l'Allemagne à la Suede, au Danemark, à la Norvège. à l'Angleterre, à l'Irlande, et enfin même à l'Espagne 1. Nous passons vite sur l'Autriche, dont les ~07 kilomètres de câbles ne forment qu'un réseau intérieur. Tout au contraire les t0t kilomètres de la Belgique sont entièrement consacrés aux relations avec Ramsgate et Douvres. Le Danemark, par sa constitution géographique, est forcé d'avoir un réseau intérieur assez développé, de près de 400 kilomètres; au point de vue international, il est relié à la Suède et à l'Allemagne (les lignes tendues ainsi entre deux pays appartiennent en commun aux deux pays intéressés, et doivent se retrouver pour moitié dans leurs deux réseaux). L'Espagne possède 32o kilomètres, surtout de communications dites intérieures, parce qu'il faut y comprendre les câbles de Ténérife et des Canaries.

Pour la France, nous trouvons d'abord 8yo kilomètres pour le réseau intérieur, 82 <c) pour le réseau colonial mais

réalité celui-ci appartient à une compagnie privée, est exploité par l'administration allemande.

). En il

(lignes d'Algérie, de Tunisie, de Corse en Sardaigne, câb'e des Canaries au Sénégal, de Mozambique à Majunga, etc. 1, et enfin le reste pour les câbles franco-anglais, nous appartenant en commun avec l'Angleterre. Parmi ces derniers câbles, nous comptons le quadruple conducteur téléphonique du cap Gris-Nez à Douvres. La Grande-Bretagne possède ~680 kilomètres de câbles, en tenant compte, s'entend, et comme toujours, de ceux dont elle est propriétaire en commun avec d'autres pays. Dans ce cas se trouvent naturellement des lignes qui la relient à la France, à la Belgique, à l'Allemagne; il faut y ajouter un câble supplémentaire sur l'Allemagne et ceux qui atterrissent en Hollande. Nous n'avons besoin que d'indiquer rapidement que le réseau intérieur dessert d'une part le canal SaintGeorges et la mer d'Irlande, puis la Manche et les îles du canal, les Orcades, les Shetland, les Hébrides, les diverses côtes d'Ecosse, etc. En Grèce, nous ne trouverons que des lignes inté-

rieures représentant une longueur de 103 kilomètres. C'est ensuite 1 Italie, pour laquelle nous relevons le chiffre total de 1064 kilomètres, dont quelque 700 pour les relations avec Vallona, en Turquie, Massaouah, la Corse. Le long des côtes de Norvège nous trouvons 600 kilomètres de lignes côtiéres, et la moitié d'une ligne qui gagne le Schleswig allemand. Nous passons rapidement sur les Pays-Bas, avec 11~ kilomètres de réseau intérieur; pour le Portugal, il n'y a guère à citer que les 2t~ kilomètres qui servent à relier entre elles les différentes îles de l'archipel des Açores. Nous aurons vite fait d'indiquer les 208 kilomètres appartenant à la Russie, et traversant partiellement la Baltique, la Mer d'Azof et la Caspienne. (A suivre.) 1.

Il faut ajouter les

DANIEL BELLET. f~~ô kilomètres de

lignes cotiëres

d'Indo-Chine.

Htaf~aMH?a. Etudes de Le docteur Louis Huot. Paris. Dubois, Antoine.d'éditionslittéraires, Société fac~M. 4, rue durant un séjour de deux années à Madagascar, a été bien t'AFTEU!), L ptacé

pour étudier à fond les mœurs de ce pays malgache 6ù, comme dans le continent africain, d'ailleurs, le prestige attaché au titre de médecin, aide puissamment à conquérir l'affection de ces natures primitives si naive. ment connantes et rend accessibles les recoins les plus obscurs de leur âmereconnaissante. Ce sont ces mœurs et cette psychologie que le Dr Huot a voulu faire revivre dans ces quelques pages, écrites avec la plus scrupuleuse sincérité.

Pierre) Notions <ec/tH;<M ~Mf la propriété ~)! Chine, officiels. In-~° de 200 pages avec un choix d'actes et de documents Shang-Hai, Imp. de la Mission catholique Paris, Savaéte. confection des 'AUTEL'r, dans la première partie, nous entretient.de la L actes, de leurs diverses dénominations, des différents modes de transfert de la propriété, de taconlirmation des contrats de vente, des'terres renaissantes, ou terrains d'alluvion, des locations de terres et de maisons, des baux de fermage et contrat de location, des documents officiels du cadastre, des différents taux de monnaie, des mesures de capacité,

Hoang (P.

)'

longueur.

Quant à la deuxième partie, elle contient des modèles d'actes de vente révocable ou irrévocable des biittts de n gémissements en vertu desquels le vendeur qui. à force de larmoyer et de geindre, arrivé à soutirer à l'acquéreur quelques milliers de sapéques en sus du prix de vente déjà payé, s'engage à ne plus le molester désormais de billets d'emprunts, d'affermages de terre, etc.


La

répartition des !nsectes suivant l'altitude

depuis littoNraltrouve desmerinsectes jusqu'au niveau des le

O

de la

neiges perpétuelles. La connaissance de la façon dont ils se répartissent dans les diverses zones altitudinaires, non seulement est utile aux voyageurs collectionneurs, mais elle fournit en outre, surtout au point de vue de la géographie zoologique, des données et des points de comparaison d'un très réel intérêt. J'ai déjà effleuré cette question, à cette même place à propos de la détermination pratique des altitudes au cours des voyages, et cité, sans y insister, les quatre faunes entomologiques de t'Abyssinie, tout à fait différentes les unes des autres suivant tes altitudes. Mon sujet actuel exige que j'entre dans quelques détails sur cette répartition locale tout à fait typique. La première zone entomologique éthiopienne est celle du littoral, c'est-àdire des régions tout à fait chaudes, de o à 600 mètres d'altitude. Elle est exclusivement peuplée d'animaux semblables à ceux qu'on retrouve dans toute la région saharienne du nord de l'Afrique. Jusqu'à 2000 mètres s'étend une deuxième zone. celle des vallées chaudes, des plaines ~a~MMf~ basses de l'Abyssinie. Sa faune a exactement la variété des formes et la richesse des couleurs de la faune'sénegatienne. On y rencontre une quantité considérable d'insectes, qui ne diffèrent pour ainsi dire pas de ceux du Sénégal il y a même beaucoup d'espèces qui sont complètement identiques. A cette occasion, j'ouvrirai ici une courte' parenthèse pour signaler un fait dont les voyageurs doivent être prévenus. En Asie et en Amérique, surtout dans l'Amérique du Sud, il suffit parfois de se déplacer d'une distance médiocre pour observer un changement énorme, et dans la végétation et dans le monde des animaux. It n'en est pas de même en Afrique, où l'on trouve au contraire les mêmes êtres répandus sur d'immenses espaces. Je me souviens, disait à ce pro'< pos M. Blanchard 2, d'une impression ressentie aux jours de ma première jeunesse. On nous annonçait l'arrivée de vastes collections des représentants de la faune de l'Abyssinie; c'était une véritable joie. Jusqu'alors nous n'avions rien obtenu de ce pavs. On pouvait s'attendre et l'on s'attendait à voir bien des formes inconnues. Ce fut une sorte de désenchantement de se trouver en présence d'une multitude d'insectes, d'espèces à du

J. Voir dans le numéro du a\'ri) !ii~8. Conseils n;t 23 2.

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tous égards fort remarquables, qui étaient celles que nous recevions habituellement du Sénégal." n s'agissait évidemment d'espèces appartenant à la deuxième zone altitudinaire de l'Abyssinie, ce qui montre que l'altitude exerce plus d'influence que l'espace sur leur répartition. En effet, au-dessus de celle-là, vient la zone des hauts plateaux, vraiment caractéristique de l'Abyssinie, et dont l'altitude extrême est de 2800 mètres. Les insectes qui t'habitent appartiennent à des types très variés la plupart ont des formes spéciales quelques-uns ont de la ressemblance avec

ceux de l'Afrique australe on y rencontre aussi un grand nombre de types appartenant au bassin de la Méditerranée, c'est-à-dire se trouvant en AsieMineure, en Grèce, et même dans le midi de la France.

~tv.

cerfeuil sauvage f'C/tQ'ro/M~: <re~ ne se trouve également que sur les

montagnes d'une certaine élévation. où elle est extrêmement commune, surtout dans les champs de seigle. Au contraire, la Pieris <oH! qui se trouve assez communément dans les Alpes, n'en fait pas son séjour exclusif.

Beaucoup de genres ont des représentants à des altitudes diverses. Ainsi, tout le monde connait la

~tMor~

coMtMt!«!M, la

mouche-scorpion

c'cRéaumur, qui abonde aux environs de Paris. Une espèce du même la T~no; /t;<'M;a' se trouve genre, dans les Alpes à la hauteur des neiges.

Les hannetons se répartissent sur grande altitude. Le hanneton foulon une [Ay<o/o<x//o) se rencontre, en juillet, dans les dunes de sable, sur les côtes de la Méditerranée, et sur quelques parDe 2Rooà38oo mètres, on arrive ties du littoral de l'Océan, et ne s'en a une sorte de région subalpine dont la éloigne jamais à une grande distance, faune est très pauvre. Les insectes qui car ses larves se nourrissent des racines y vivent appartiennent presque tous à des plantes salées. des types de notre Europe tempérée et Le hanneton vulgaire, au conmême montagneuse. La plupart d'entre traire, s'élève il une grande altitude. On eux ont leurs équivalents dans des es- a constaté sa présence dans la région pèces qui vivent dans les Pyrénées, dans alpine, jusqu'à )200 et.3oo mètres de les Alpes et surtout en Styrie. Il n'y a hauteur, et même, au mois de mai !8(~, qu'un ou deux genres qui soient propres trouvé dans la forêt de Confin. aua à cette région, encore sont-ils voisins on dessus de Bex (canton de Vaud), à 1520 de formes européennes. mètres, un assez grand nombre de vers On voit quelles anatogies géogra- blancs et d'insectes parfaits prêts à sortir phiques fait pressentir l'observation de de terre. ces similitudes de formes entre les difféAutre exemple analogue. rentes zones altitudinaires de l'AbysOn sait que les Pimélies représinie et d'autres contrées de l'Afrique, de l'Asie et même de l'Europe, et sentent, pour ainsi dire, parmi les coquelles conséquences pratiques il est léoptères hétéromeres, les coprophages lamellicornes. Comme le hanneton foupossible d'en tirer. Toutefois, une remarque générale lon, elles fréquentent <Tf/!M/M~!e~/tes bords de la mer et les terres salines où s'impose. abondent les plantes du genre S'il est des insectes dont l'aire Or.M.Jos.Thomsonatrouvé, d'habitat se trouve exclusivement à une altitude à peu près fixe, il en est d'autres dans l'Atlas marocain, à une altitude de qui vivent depuis le niveau de la mer 2.000 à.3,5oo mètres, une Pimétie.qu.e jusqu'à des altitudes élevées, non seule- M.Nevinsonafaitconnaitre,eni8Hn, ment dans les limites d'un même genre. sous le nom de .P/wc//j 77toM!oft!. Ces faits méritent d'attirer tout mais même dans les limites d'une seule espèce, sans que cela paraisse exercer particulièrement l'attention des voyaune action perceptible sur la morpho- geurs-cottectionneurs, car. ain~i que logie des individus. nous venons de le voir pour l'Abyssinie. Quelques exemples feront bien les formes entomologiques varient beaucoup plus suivant l'altitude que suivant comprendre toute notre pensée. l'espace territorial parcouru. Ajoutons Un lépidoptèred'Europe, la 7~/frM que l'indication de l'altitude est une de a un habitat essentiellement celles qu'il importera de joindre aux montagneux. On la trouve dans les échantillons recueillis pendant le voyage, Alpes françaises, italiennes, suisses, et puisqu'il s'agit d'une donnt'e des plus elle est également assez commune dans utiles au point de vue de la répartition les Pyrénées, en juillet et en août. Ce géographique des insectes. n'est pas seulement l'insecte parfait qui s'élève à ces hauteurs. Sa chenille ellef.'t.M/fr~.) PAULCOMi'KS. méme vit près des neiges perpétuelles. sur de petites crucifères acaules. l'n autre lépidoptère, la

S~u/

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c/;(.r7u/)/n-<dontlachenL'Ievitsurle


A

Travers Lisbonne

M. H. ~.Oy~ notre envové ~MM/ à l'inauguration du chemin de fer du Co~gO, nous a adressé Lisbonne et Cintra qu'il a visitées pendant une /'eMe&C du navire qui /'e/)M<MM~!< Ma&t~

A UTANTl'arrivée par terre à Lisbonne est monotone et triste, encore assombrie par un long tunnel. autant est pittoresque l'entrée par la magnifique embouchure duu Tage. Lisbonne regarde naturellement l'Océan. elle vit de la mer

prochaine;

des

repos d'amont,

dans la ràde de Lisbonne, laisse dans la mer une trace verdâtre, qui conduit le regard, par une dégradation lente,

déjà plus africaine

qu'européenne.

navire

venant du Nord longe d'abord la

jusqu'aux sables des rives et le

côte du cap da Roca, le Finistère du Portugal; là plongept dans Ja mer les hauteurs, nées en Espagne que défendirent,

navire remonte ce

large chemin creux que le Tage

s'est foré au travers des montagnes.

aux temps des

La pente

guerres impériales, les lignés de Torrès-Vedras

plusraide à droite,

le paysage est domine par des croupes

arides, dont le relief tassé et comme pelé porte, en ses pointes extrêmes, les ouvrages de .Sainte-Marthe et de Saint-Julien entre ces deux forts, une plage de sable se développe, et dans les replis d'une petite vallée montent en amphithéâtre les maisons de Cascaes ville de bains de mer dé Lisbonne, à laquelle la relie un chemin de fer, Cascaes a laborieusement créé autour de ses villas les ombrages qui manquent à cette côte elle apparaît comme un bouquet de verdure, piqué de toits en tuiles rouges, parmi la solitude fauve qui l'environne au loin, très loin, sur des cimes non encore déboisées, des forêts naturelles mettent une frange A

TRAVERS LE MOKUE.

?0~ sur

sombre à la ligne haute de l'horizon. Il faut aller chercher le chenal du Tage, assez avant au large, entre deux bancs de sable dont le plus méridional, tout à fait -émergé, porte les batteries et le phare de Bugio l'eau du fleuve, chargée d'alluvions malgré son

plateaux pauvres la séparent de l'Espagne, qui est

Le

~Mf/~MC~

35" LIV.

du côté où s'attaque encore plus violemment l'effort des eaux, plus étalée à gauche, où s'alignent des maisons qui annoncent Lisbonne dès avant le village et la tour fameuse de Bélem. Le goulet, resserré, ne parait pas bien difficile à défendre mais il ne semble pas non plus que les Portugais y aient accumulé beaucoup de précautions, et quand on visite, en face de Lisbonne, sur la pointe de Cacilhas, le fort d'Almada, on se plait à espérer que les arsenaux de la capitale tiennent de en réserve, pour les cas graves, quelques canons

nouveau style pour l'armer. Lisbonne s'allonge sur la rive droite du Tage, adossée aux collines qui ont courbé le fleuve au Sud-

?

3?.

2- août t&)H.


Ouest, et dont le promontoire da Roca indique la d.rection la tour de Bélem, aujourd'hui jointe à l'aggl~mération principale par un isthme de faubourgs, était jadis isolée au seuil de l'Océan, sentinelle qui annonçait en ville l'arrivée des vaisseaux d'Afrique ou de l'Inde; au Nord, les vieux Quartiers grimpent à l'assaut d'une hauteur abrupte d'où le fort Saint-Georges commande le passage du goulet dans cette immense rade, l'une des plus vastes du monde, qui offre aujourd'hui, comme d'ailleurs tout Lisbonne. l'image d'un cadre trop grand pour son tableau. De Bélem au fort Saint-Georges, la ville a poussé, remplissant peu à peu les petits ravins qui descendent vers le Tage, fermant les brèches ouvertes par le tremblement de terre de '73$. couvrant les caps de sable laissés à nu par le fleuve, couronnant enfin les crêtes d'édifices et de jardins. Vue du Tage, la ville apparait toute, déployée -4comme un décor, et le panorama en a été souventcomparé

..J.

à celui de Constantinople même position sur un détroit,

rement droites, elle manque de cette variété qui, tout

décompte fait, retient encore et charme le regard à Constantinople les maisons en pierre, peintes de nuances tendres à l'italienne, n'ont pas ce cachet mystérieux des sombres cases en bois de Stamboul et de Scutari cette massive caserne, au-dessus de Bélem, c'est un palais royal ces bâtiments quelconques, le long du Tage, ce sont des docks, des entrepôts, des arsenaux, tout l'attirail de la civilisation moderne. La Tour même de 6é)em est atteinte par cette contagion des banalités ambiantes témoin attristé du passé, pittoresque en son architecture de colonnettes et d'arcades fouillées, bastion ciselé comme un bibelot, elle se profile aujourd'hui sur les tas de coke et les chaudières d'une usine à gaz Et Lisbonne ne peut pas, comme Constantinople, reléguer dans un quartier spécial, dans une Galata dévolue aux besognes commerciales de'la vie con-

temporaine, les

quais qui remplacent les. vieilles es tacades, les maga-

même croissance, parfois un peu folle,

sins et les bureaux

en terrain varié, même valeur de porte~ortifiée mais à y regarder de p!us près, ces analogies

qjeréctame le trafic des bateaux à va-

elle en est réduite à se faire, tout au long du peur

s'effacent vite, et ce sont plutôt des dissemblances qui s'accusent l'éducation du touriste y est,

pour quelque chose, le spectacle lui-

même pour beau-

Tage, une rive nou-

velle, sans même qu'une légère flottille de calques vienne animer la

rade parmi les UKCOtNDU\)LrXH5BO~\[-.

lourds steamers et les allèges chargées de charbon. Mais, à pénétrer plus avant dans Lisbonne, on s'aperçoit vite que cette sévérité première est un peu injuste l'intérieur de la ville, même dans les quartiers neufs, est curieux et réserve nombre d'agréables surprises. 11 n'est d'abord touriste si dépourvu de millions qui n'ait, à Lisbonne, l'imptession d'être soudain devenu millionnaire tous les comptes se font en rets et comme il faut, en temps normal, deux reis, au cours actuel du change environ trois reis pour faire M/t <t/M)M, les moindres achats prennent aussitôt l'aspect de véritables dépenses somptuaires; on paie huit cents reis une course en voiture, douze cents reis une casquette de voyage et si l'on a besoin, par fortune, de renouveler quelques provisions de photographe, c'est alors par milliers de reis que l'on gaspille son patrimoine. La vie commerciale de Lisbonne est concentrée dans les quartiers bas, voisins du fleuve, entre la colline du fort Saint-Georges et celle, plus occidentale, qui porte la monumentale église du Sacré-Cœur; elle est particulièrement active dans ces rues, un peu trop parallèles et monotones, qui conduisent de la place de la Douane, où l'on débarque, à la place d'Alcantara, voisine de la gare principale de petits tramways peu confortables, trainés par des mules ras tondues, courent sur les chaussées principales sur les trottoirs, à

7-o~rj~c~rtZ.or~.

coup. Le voyageur d'Occident arrive devant Constantinople nourri de quelques formules préparatoires à l'admiration'et. pour peu que le soleil s'y prête, la nouveauté des formes qui frappent ses yeux entretient quelques instants son i!lusion les minarets lui paraissent d'autant plus élancés, les coupoles d'autant plus étincelantes qu'il imagine à leur ombre des scènes chatoyantes empruntées à l'histoire des Croisades, aux 0;MM<a/M, aux Mille et une Nuits; il n'est pas jusqu'à telle prestigieuse féerie de M. Victorien Sardou qui ne hante les souvenirs de l'indépendant, résolu à ne oas demander ses impressions au guide Joanne Et le plaisir est ensuite, dans la boue des rues de Stamboul, de corriger à l'épreuve de l'expérience ces clichés beaucoup trop flatteurs. Rien de tel à Lisbonne, qui est trop près de nous et qui, pour la plupart de ses visiteurs d'Occident n'a pas cette histoire légendaire qui prédispose aux excitations romantiques. Vasco de Gama n'est pas populaire comme les Sultans, même depuis Meyerbeer, et le nom du peuple portugais, qui a eu pourtant ses gloires, n'éveille plus en nous que des échos d'opérette Certes, Lisbonne est majestueuse, couchée sur ses collines et comme jalouse de s'étaler tout entière aux yeux du voyageur; mais par les couleurs trop uniformes de ses édifices, par leurs lignes trop sages, trop réguliè-


côté d'employés de commerce en chapeaux de paille et de gentlemen au tube à huit reflets, des paysans et des ouvriers circulent, coiffés d'un long bonnet noir dont la mèche prend sur t'épaute puis, aux abords du grand marché, ce sont les gros camions, chargés des primeurs débarquées de Madère et, le matin, la foule des revendeurs qui viennent remplir leurs paniers pour monter les provisions aux

habitants de la vieille

ville. Le mouvement est intense, assurément, mais rien, là non plus qu'au port, ne laisse

l'impression d'un trafic puissant, d'une action exercée par Lisbonne très loin à la ronde pas de bigarrure de races et de costumes dans les rues, pas de ces magasins immenses où s'en-

tassent les blés, les peaux, les pétrotes et l'on est plus vivement frappé du caractère tout local de cette activité de Lisbonne, quand on arrive d'un grand port à rayonnement interna-

tional, comme le Havre ou Anvers. Marché de ses en-

de l'Afrique

portugaise; elle associe, dans la piété d'un

même hommage, les Vasco de

Gama

et les Serpa-Pinto.

Ce musée géographique est unedescharmantesintimités de Lisbonne; une poésie profonde et discrète tombe

des plis de ces drapeaux fanés qui tapissent les murs. Le mois mois dernier, dernier, la ville était en fête on célébrait

le quatrième centenaire des découvertes de Vasco de Gama, et beaucoup

se sentaient grandis de

cette commémoration des ancêtres. Une promenade dans )e Jardin Botanique

pourra préparer le voyageur aux paysages des pays tropicaux des bananiers, de hautes p !antes vertes, des arbres chargés de fleurs

tour-

des, étendent leurs ra-

mures sous les hautes ombrelles des palmiers, et la pente de la colline a permis de ménager, pour l'agrément des yeux, des perspectives plus diverses que celles du Jardin d'essais d'Al-

ger, si beau pourtant et sibiencuttivé.Maisc'est dans la vieille ville qu'il faut aller chercher les impressions les plus

virons, port d'escale sur vives et les plus particules voies de l'Atlantique lières étagée sur un du Sud, Lisbonne fut jaPORTE DU CHATEAUDE CINTRA. promontoire qui termine D'a~r~M~o~'r~/ttc dis, pourtant, la prele goulet du Tage, en mière place decommerce face du cap de Cacilhas, de l'Europe là, du Brésil, de l'Afrique, des Indes, elle s'est développée sans méthode, ne laissant aux rues arrivaient ces précieuses épices, ces denrées coloniales que d'étroites bandes tortueuses, traversée de passages dont le trafic a constitué les plus solides fortunes du sombres, de rapides échelles qni tombent à la mer, Portugal Lisbonne garde aujourd'hui encore, mais poussant en hauteur comme les villes fortes, quand l'espace en surface faisait défaut. Seule, une voie en des nuances de détail qui échappent à l'observation trop rapide, l'attestation de cette prospérité passée plus large s'élève en hélice de la place du Marché, voisine de la Douane, au sommet de la colline c'est, sur les piédestaux des statues, dans des coins de pierre de telle église, des animaux des tropiques sont sculpavec la crudité des tons méditerranéens en moins, le tés, ou encore des nègres, cariatides écrasées sous les fouillis inextricable des villes arabes, couronnées de leur kasbah. arceaux d'une colonnade.. Mais tout cela parle de siècles finis. Asservi par l'Espagne sous Philippe II, roLe tremblement de terre de 1755 a éventré toute buste encore assez pour s'affranchir en 1640 et pour élela vieille ville; la cathédrale, à peine reconstruite ver un monument aux « Restaurateurs de la Liberté », aujourd'hui, portait encore, il y a peu d'années, des le Portugal avait alors fini son rôle de grande puisblessures béantes, et l'on ne chercherait pas longtemps Pombal, sance au dix-huitième siècle, n'a pu lui rendre autour sans trouver,danstestézardesdesmurs,descicaqu'un lustre passager, et les vastes édifices dont il a trices mat fermées le quartier s'est reformé sans perdre semé Lisbonne affirment plutôt l'excès de sa confiance ses caractères propres les maisons revêtues de faïences la résurrection de son pays. que bleues ou brunes, prennent l'air sur des patios intéOn conserve pourtant, à Lisbonne, le culte des rieurs plutôt que sur la rue les costumes sont restés illustrations d'autrefois; la Société de Géographie s'est ceux d'autrefois, et les ménagères font leurs emplettes chargée d'en rassembler les témoignages, et, comme à des étalages de marchands ambulants peu de voipour montrer que la chaîne, depuis les exploits d'antures, car les pentes sont trop raides et la plupart des tan, n'est pas encore tout à fait rompue, elle honore à rues trop étroites les négociants les plus riches côté des vieux navigateurs les modernes explorateurs poussent devant eux, chargé de deux bâts, un âne ou


l'œil aperçoit à l'horizon la cime en dents de scie d'une montagne de plus près les rochers terminaux apparaissent doublés d'une fortification en ruine; au-dessous, les pentes sont couvertes de maisons aux profils libres pour l'ascension des escaliers, qui remplacent variés, tapies sous une épaisse verdure de haute futaie souvent les rues les hommes posent sur i'épaute le par l'industrie rivale de tous les propriétaires, une ftéau d'une balance, dont les plateaux, chargés de oasis d'une fraîcheur exquise a jailli de la steppe marchandises, se font contrepoids. Et, sur les petites ambiante toutes les essences d'arbres s'y pressent, places où se dressent les fontaines, les longues convertoutes les fleurs y associent leurs parfums des bassins sations s'engagent, les mêmes intrigues se nouent, les arrêtent par étages l'eau qui roule des sommets. papotages prennent leur vol; les dames de ce quartier Un village s'est formé pour le service de toutes de Lisbonne n'ont pas la ressource du marché ni des ces maisons de plaisance, une belle route en corniche pergrands magasins de nouveautés.. met l'ascension facile de la montagne de là le regard C'est de là-haut, du port Saint-Georges ou de la tombe sur la plaine jaune, brûlée, où la moisson, déjà faite en ce mois de juin, laisse des plaques de terre plus terrasse de Graza que l'on a la plus belle vue de Lisnoire et l'on goûte mieux bonne aux pieds du specla paix de Cintra, quand on tateur, les vieux quartiers devine les morsures du sodévalent vers les places leil sur l'aridité du bas pays; centrales ;.en face la ville se tel le voyageur, sous les redresse pour gagner les ombrages de la Khroumirie, hauteurs du Jardin Botanise rejouit d'échapper aux que, et vers l'Est, les eaux ardeurs du soleil qui grille du Tage tendent leur ruban la brousse de Souk-el-Arba. que fonce, sur la rive gauMais Cintra vaudrait che, l'ombre des (alaises d'Almada. Etl'on remarque, mieuxqu'une course rapide. endescendantverslesplaces le paysage est de ceux qui invitent aux longs repos. cosmopolites, l'air de bonvides de travail et même heur, tranquille et vraiment de pensée c'est l'insulter gai de ce peuple de Lisbonne, point f]âneur, mais presque que de la traverser aimant à travailler juste en hâte. entre deux trains PI M E UE fINTH\. et cependant, déjà le paassez pour vivre, méprisant /'hn<n.iT;'j/'ff.fH)')/.n;'))!. quebot mouiHé en rade de l'argent à force de ne p)us Lisbonne doit commencer à vior que du cuivre et des bilmugir le rappel des absents il faut nous résigner. lets, non pas solennel et drapé comme le Castillan, mais mais nous serons déjà )&in. fouettés au large parle vent plutôt lâché de costume et d'allures,expansifet bavard d'ouest qui assiège souvent les côtes, que, par delà les comme le Galicien. Peu lui chaut que tous les grands lignes raides et enso)ei!)éesdesédifices de Lisbonne, nos travaux publics du Portugal soient aux mains d'entresouvenirs iront chercher encore l'asile profond des forêts preneurs étrangers; que, commercialement, son pays soit étroitement vassal de l'Angleterre; peu gêné par son de Cintra. HENRI LORIN. gouvernement, il ne songe pas plus à l'opposition qu'il ne s'abandonne à la servitude politique ceux-là seuls s'intéressent aux choses publiques qui en suivent de Les près les vicissitudes, et ce n'est assurément en Portugal, Syndicat maritime de France, profondément ému qu'une minorité parmi le très grand nombre des joyeux les autres portent tout simplement tejr pacotille eux-mêmes les femmes ont un large panier posé à plat sur une toque de velours leur jupon, relevé en bourrelet au-dessous de la taille, laisse les jambes un mulet

Abordages en mer.

indifférents. Une excursion à Cintra est le complément indispensable d'une visite à Lisbonne; ce coquet village, perché dans la montagne à trente kilomètres de la capitale, est l'asile d'été de toutes les riches familles le roi lui-même y possède une habitation et vient y passer trois mois par an. La campagne intermédiaire, à l'ouest du Tage, est triste et peu variée des mamelons couverts d'une brousse basse, coupés de champs cultivés çà et là quelques bouquets de palmiers, des touffes d'aloès, tache gris-vert d'un petit bois d'oliviers les crêtes portent des tours demi-éboulées et parfois des moulins à vent; sauf ce dernier détail, on pourrait se croire transporté dans quelque coin de notre Afrique du Nord, et l'illusion est plus précise encore pour qui observe les lignes irrégulières des cultures et le feuillage mince des eucalyptus le long du chemin de fer. Cependant, le sol s'élève insensiblement, bientôt

la catastrophe de la par l'inefficacité des actuellement

déplorant en usage tant en

Bourgogne, et

moyens

France qu'à l'étranger pour prévenir de pareils sinistres, a décidé d'organiser un concours international à l'effet de rechercher

Les meilleurs moyens d'éviter les collisions, et, en particulier, celles qui sont occasionnées par la brume 2° les meilleurs moyens, en cas de sinistre, 10

pour assurer le sauvetage des naufragés.

Les conditions de ce concours international seront les suivantes Toutes les personnes désirant y prendre

part devront envoyer leurs plans, projets ou mémoires, au siège du Syndicat maritime, :6, rue de l'Arcade,

avant le 3 décembre )8a8. Ces mémoires, plans et projets porteront une épigraphe reproduite sur une en-

veloppe cachetée renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Cette enveloppe ne sera ouverte qu'en séance du Syndicat, après le classement fait par un jury spéciat.


quels efforts et de quels périls la mission Doudart de Lagrée réussit à faire le relevé de ce fleuve du Tongking qui, entre les vallées du fleuve Bleu et du Cambodge, s'avance jusqu'au cœur du Yun-Nan.

Francis Garnier Son monument à Paris vient d'élever, ~N statue

sur une des places de Paris, une à Francis Garnier, c'est-à-dire au véritable fondateur de notre empire indo-chinois, puisque c'est lui qui a frayé et donné à la France le chemin qui fait communiquer la Cochinchine avec l'intérieur du Céleste-Empire. A notre époque, où l'on prodigue les statues à des célébrités de second et même de troisième ordre, il était juste, il était équitable de dresser un monument en l'honneur de ce marin éminent. à la fois homme de science et hommed'action, qui dépensa toutes ses énergies pour la réussite

d'un projet grandiose et qui paya de sa vie son rêve ardent de vouloir étendre au loin le prestige du nom

dela

France.

était né à SaintEtienne le 25 juillet 1830. A quinze ans et demi, en Il

t8$4. il entrait à l'École

Au cours de cette mission, Doudart de Lagrée succomba. Garnier achevant donc seul cette belle exploration ramena jusqu'à Shang-Haï le corps de son malheureux chef. Et il fut alors comblé de toutes sortes de récompenses scientifiques. Mais il ne jugeait pas encore que son œuvre fût parfaite, et il songeait déjà à entreprendre son beau voyage au Thibet, où il fit ample moisson de renseignements sur le réseau fluvial dont les ramifications embrassent la Chine méridionale. Vint la guerre de 1870. Chargé d'abord du com-

mandement d'une canonnière sur le Rhin, Francis Garnier fut ensuite dirigé sur Paris où le contreamiral Méquet le choisit 'pour faire partie de son état-major. La vaillance avec laquelle il servit aiors, l'indignation avec laquelle il protesta contre la capitulation,lesacrèrent en quelque sorte citoyen de Paris, et c'est pourquoi es Parisiens ont voulu donner asile à sa statue. Dès que la paix fut conclue, dès que les malheurs de l'Année terrible eurent pris fin, Garnier tourna ses pensées vers l'Indo-Chine, avec plus

d'ardeur qu'auparavant. Il voyait dans l'expansion

navale. Après avoir navicoloniale un moyen effigué dans les mers du Sud, cace de relèvement pour il arriva en Cochinchine la France et il entendait ne après la conquête de peu rien négliger pour accroîce pays, à un moment où tre notre influence et ouétaient faits certainsefforts vrir à notre commerce et France la détacher pour à notre industrie des déMONUMENT DE FRANCIS GARDER. de sa nouvelle colonie. jD'~pr~ ~M~ photographie. bouchés jusque-là inconTrès au courant des quesnus. tions géographiques et économiques, qu'il n'avait Dès lors, il f<t de l'Indo-Chine son but constant, cessé d'étudier, Garnier comprit l'erreur colossale de le terme de ses efforts de chaque jour. Il veut assurer ce mouvement de recul. la prospérité de cette possession française et en faire Sous le pseudonyme transparent de G. Francis, un objet d'envie pour toutes les autres nations du il écrivit une brochure toute vibrante de patriotisme et monde. Il répand dans les revues et les journaux ses toute saisissantede clarté, pour combattrel'abandonde idées toujours claires et étayées sur une rare expérience récente conquête. La qu'il défendait notre cause des choses de l'Extrême-Orient. Il fait des conférences triompha. Et même il obtint davantage, puisqu'il conpour initier les Français aux besoins de cet empire tribua à faire décider un grand voyage d'exploration indo-chinois qu'il regarde comme le plus pur joyau de qui, en reconnaissant les routes et les fleuves, déternotre couronne coloniale. Il déploie, dans cette sorte de minerait les voies de pénétration vers la Chine. croisade, une foi d'apôtre et une ardeur de soldat, Francis Garnier fut désigné pour faire partie de lorsqu'enfin, en 1873, une occasion nouvelle s'ouvre ce voyage, aux côtés de Doudart de Lagrée, cet autre pour lui de passer des paroles aux actes. marin intrépide que Grenoble vient de glorifier comme Le Song-Coï a été reconnu, mais la pratique n'en il le méritait, en lui décernant l'hommaged'une statue. Pendant deux ans, du 5 juin 1866 au 20 juin 1868, est pas libre. Sur les rives, des bandes de pillards, couGarnier parcourut la péninsule indo-chinoise. Il a luiverts de la protection des autorités chinoises, se refusen' à respecter les navires qui circulent avec notre pavillon. même raconté, dans le Tour du (SMoM~, au prix de


L'amiral Dupré, gouverneur de la Cochinchine, appelle à la rescousse le jeune explorateur placé sous ses ordres. Il lui confie une petite troupe de quelques centaines d'hommes. Garnier part. II a tant d'audace, tant de volonté, tant de confiance dans le succès final qu'il électrise tous ceux qui l'entourent et qu'il donne à ses ennemis l'illusion qu'il a derrière lui des bataillons sans nombre. En quelques jours, les deux ou trois cents marins de Garnier prennent Hanoï, Nam-dinh, Ninhbinh, c'est-à-dire des villes habitées par des milliers d'indigènes, des citadelles défendues par des centaines de canons; bref tout un territoire énorme dont la population est glacée de terreur, devant cette poignée de héros. Leur conquête inouïe tient du prodige elle est la réalité pourtant.

d'une sortie imprudente, le chef de cette vaillante troupe est fait prisonnier et tué. Ce fut une tragique surprise qui vint ainsi briser en sa fleur une existence sur laquelle la Patrie avait le devoir de compter. De tels hommes sont, en effet, trop rares Mais au milieu

parmi nous, car ils ont cette qualité qui nous manque

l'esprit d'initiativejoint à la volontéd'agir. Paris a donc eu raison de vouloir l'honorer comme un

si souvent

des meilleurs enfants de la France. Sa vie. si remplie pour la science et la patrie, fut un exemple dont les

jeunes générations devraient s'inspirer.

Pour gtorifier la mémoire de l'héroïque marin qui porta si haut le drapeau français, on a eu l'heureuse idée d'inaugurer le monument le jour de la fête nationale du t~ juillet. C'est sur le refuge du Carrefour de l'Observatoire que se dresse la statue, œuvre du sculpteur Denys Puech. On en a beaucoup, et avec grande raison, admiré la conception et l'exécution. Le buste de Francis Garniér s'élève sur une colonne octogone de style cambodgien, que trois statues monumentales, assises ou couchées, entourent. La tête du héros, dont le statuaire a bien rendu toute l'expressive énergie, semble regarder au loin, comme pour chercher une autre contrée où il pourrait, à nouveau, planter le drapeau tricolore. Placée face au monument, la statue qui est située sur la gauche, dont les jambes se prolongent en arrière dans une pose gracieuse, symbolise la Seine, elle s'appuie du bras gauche sur une urne dont l'eau s'échappe en effleurant l'extrémité dès doigts, et de la main droite elle tient devant elle un gouvernail cette figure représente Paris qui a fait ériger le monument. La seconde statue, sur le devant, faisant face à Francis Garnier, symbolise le Cambodge allongée dans une attitude suppliante, les jambes à demi repliées, au bas desquelleson aperçoit un crocodile, elle repose, une urne sous le bras gauche, qu'une peau de tigre recouvre en partie, à côté d'elle se voient des dents d'éléphant et divers autres produits exotiques. Enfin, sur la droite du monument, la troisième statue symbolise la Géographie; à demi drapée, appuyée sur le globe terrestre, en arrière de la colonne, elle montre de la main gauche, dans laquelle elle tient un compas, le champ d'honneur où est tombé Francis Garnier, et de l'autre, dans un mouvement d'élégante sou-piesse, élève vers la tête du héros de l'Indo-Chine les lauriers qui, immortalisant son nom, perpétuent le souvenir des services qu'il a rendus à la France.

Les

Communications Télégraphiques dans le Monde (~)'

Avec 177 kilomètres, la Suède dessert ses côtes et se relie de plus à l'Allemagne et au Danemark. La Turquie, dans son réseau intérieur, a immergé quelques câbles qui ont une longueur assez grande. comme celui de Chypre à Lattaquié elle a établi de plus ceux de Djeddah à Souakim, et de Cheik-Saïd à

Perim.

En Russie d'Asie il faut signaler celui de Sakhaline à Alexandrowski-Post puis les 2 792 kilomètres du

Japon, consacrés aux relations entre les différentes parties de l'empire, et qui comprennent notamment une ligne toute nouvelle de ~03 kilomètres rattachant Formose à ses nouveaux possesseurs. Ajoutons encore kilomètres appartenant au gouvernement indien, 3 formentle télégraphe dit indo-européen, de dont Fao (en Turquie d'Asie), à Bouchir, de Bouchir à Jask (en Perse) et de Jask à Kurrachee. Puis 640 kilomètres pour les Indes néerlandaises, 638 pour l'Australasie )oo pour le Brésil et à peu près autant pour

i8~

l'Argentine.

Mais ce ne sont là que les réseaux des gouvernements, et, si fastidieux que soient des chiffres aussi multipliés, nous en fournirons encore quelques-uns sur les compagnies privées, qui possèdent la grosse part en la matière. La Compagnie la plus importante dont les 8~ câbles est la « Eastern Telegraph Co représentent un développement de 48 087 kitomètres ils réunissent d'abord l'Angleterre au Portugal, et de là, à l'Espagne puis Malte à Gibraltar, à Zante, à

l'Algérie, à l'Italie, à Tripoli. D'autres mettent en relation la Grèce avec l'Italie et l'Autriche, ou encore avec la Turquie d'Asie et d'Europe certains relient enfin Malte et Chypre à l'Egypte, et continuent sur Aden et Bombay Au second rang c'est l' « Eastern Extension Australasia and China Telegraph Co avec 32 20: kilomètres de câbles, s'étendant de l'Inde sur Penang, Singapore, l'Indo-Chine, Java, l'Australie, la NouvelleZélande, les Philippines et la Chine. Les t$ câbles de l' « Anglo-American Telegraph Co (en tout 22 y6~ kilomètres), sont immergés, d'une part entre l'Irlande et Terre-Neuve, entre Brest et Terre-Neuve, puis entre cette île et le nouveau monde, d'autre part entre l'Angleterre et la France et enfin sur certains points des côtes américaines. Toutes ces compagnies sont anglaises (nous n'avons pas besoin de le dire), comme la Com. mercial Cable Co (t6 câbles et 16 yc)y kilomètres), qui a un réseau analogue à celui de la précédente, saut qu'elle n'offre qu'un moyen de communication indirect entre la France et la Nouvelle-Ecosse. t. Voyez le numéro précédent A 'Travers

p.

26~.

le ~foM~f,


C'est ensuite la « Eastern and South African Telegraph Co », dont les t6~24 kilomètres de lignes relient Aden à Zanzibar, Mozambique,Durban, Loanda, les Seychelles, Maurice. Cette fois, nous trouvons une Compagnie française, dite «Compagnie Française des Câbles télégraphiques)). Son premier câble date de iSya, et elle est venue répondre à un desideratum bien légitime, voir la France posséder par elle-même des moyens de communication avec les pays étrangers et surtout avec ses colonies. Les 23 câbles de la Compagnie française ont un développement total de 15 28~ kilomètres. Un premier réseau va de Brest à St-Pierre et de là sur le Massachusetts et la Nouvette-Ecosse un autre forme un lien continu entre Cuba, Haïti, St-Domingue, St-Thomas, la Martinique, la Guyane hollandaise, la Guyane française, le Brésil, et émet des embranchements sur Curaçao, le Venezuela et la Guadeloupe. On voit que ce réseau demande un complément, qui serait une ligne directe de France sur nos'Antilles; mais la pose des câbles sous-marins nécessite un capital énorme, et c'est ce qui manque encore quelque peu en l'espèce, si bien que la Compagnie française ne peut citer comme autre ligne que celle du Queensland en Nouvelle-Calédonie. Il nous faudrait encore indiquer la Compagnie américaine « Central and South American Telegraph Co~ (<3 801 kilomètres), desservant le Mexique, le Guatemala, le Nicaragua, la Colombie, l'Equateur, le Pérou et le Chili puis la « Brazilian Submarine Telegraph Co », dont les 13 68t kilomètres de câbles mettent en relation Lisbonne pvec le Brésil, par Madère et le Cap Vert; ou encore la « Western Union Telegraph Co possédant 13 $c)8 kilomètres de lignes, les unes entre l'Angleterre et la Nouvelle-Ecosse,les autres de la Ftoride à Cuba. Parmi les grandes compagnies, il y aurait à mentionner celle des «Télégraphes du Nord», qui est danoise (<2 052 kilomètres), et relie l'Ecosse, la Norvège, la Suède, le Danemark et la Russie, et en outre possède des «câbtes d'Asie le long des côtes de Chine, puis de Chine en Japon et de Japon en Russie et en Corée. Quand nous aurons cité la « Western and Brazilian Telegraph CO (i t 30~ kilomètres sur les côtes du Brésil et l'Uruguay), nous ne trouverons plus que des entreprises de second ordre, au point de vue du développement des lignes. Ce qui n'empêche pas que le reste du réseau du monde comprend des câbles importants d'Angleterre à Bilbao, de Barcelone à Marseille, de Ténériffe au Sénégal, de Lisbonne à Fayal, de Ballins-Kellig's Bay (Irlande) aux Etats-Unis, de New-York au cap Haïtien,

d'Halifax aux Bermudes, de St-Vincent-du-Cap-Vertau golfe de Guinée (Sierra-Leone, Accra, Lagos, Kameroun, etc.), de Dakar à Konakry, au Gabon, à San Thome, à Loanda, à Bonny, à Kotonou, etc. D'autres rayonnent de Cuba sur la Jamaïque, Colon, Porto-Rico, St-Thomas, la Martinique, la Guadeloupe et jusqu'à la Guyane anglaise, en desservant les Antilles britanniques et le magnifique réseau que nous avons esquissé si rapidement se complète par quelques câbles comme ceux de Montevideo à Buenos-Ayres, des Etats-Unis au Mexique, du Pérou au Chili, qui t. Américaine.

relient certaines parties du monde aux points d'attache des grandes lignes. En somme, si l'on jette par la pensée un coup d'œil d'ensemble sur la carte du monde, on y verra une multiplication surprenante des voies de communication de la pensée on y constatera notamment que souvent deux et trois directions différentes, plus ou moins longues, il est vrai, s'offrent à qui veut expédier un câblogramme aux antipodes. Grâce à la précieuse combinaison des lignes terrestres et des lignes sousmarines, rien n'est plus simple que d'envoyer un télégramme de Londres à Bombay, en passant par Paris, Vienne, Salonique, Constantinople, Djarbékir et le golfe Persique, ou en empruntant la voie Mer du Nord, Berlin, Varsovie, Odessa, Kontzaïs, Tiflis, Téhéran, Bouchir et le golfe. Et encore ne sont-ce que deux exemples principaux.

A ne considérer même que Paris, on verra, non sans quelque étonnement, que la capitale de la France

est reliée par des f)Is~eMM~e<~ee~, avec les grandes villes des contrées environnantes Berlin, Cologne, Francfort, Hambourg, Strasbourg, Innspruck, Vienne, Bruxelles, Anvers, Fredericia (en Danemark), Madrid, Londres, Florence, Gênes, Milan, Rome, Turin, Amsterdam, Bâle, Berne, Genève, Lisbonne. Souvent, comme entre Paris et Londres, il y a jusqu'à 12 fils permettant des relations directes. Sans doute y a-t-il encore des perfectionnements à apporter en la matière à notre point de vue national, de même que l'Angleterre se préoccupe d'un câble entièrement britannique, reliant ses possessions de l'Amérique du Nord à celles du Pacifique Sud, de même il

y aurait intérêt à voir notre réseau national s'étendre.

Mais, si l'on examine les choses de plus haut, si l'on ajoute aux réseaux télégraphiques proprement dits, les

réseaux téléphoniques, qui jouent maintenant un rôle dans les communications internationales et à grande distance, si l'on songe d'autre part à la rapidité vertigineuse avec laquelle les opérateurs exercés effectuent les transmissions on ne peut s'empêcher d'être frappé d'admiration en présence du gigantesque réseau, créé si vite en dépit de toutes les difficultés. DANIEL BELLET.

S. A. I. R.

l'Archiduc Louis-Salvator.

Ca~MOM. in-~° [Hustrë. H. ~lercy. imprimeur à Prague.

i

volume'

~\ETTE nouvelle publication d'un prince érudit, l'Archiduc Louis-Salvator d'Autriche, qui honore la science par tant de beaux ouvrages géographiques, est digne en tous points des précédentes,quoique plus réduite. Consacrée à un coin particulièrement attrayant de la cote si pittoresquede la Dalmatie, la présente monographie nous promène au bord de l'Adriatique, dont de superbes gravures montrent les paysages variés. Nous n'avons qu'un regret, en parcourant des livres aussi beaux et intéressants, c'est de ne pas voir paraitre une traduction française d'ouvrages comme ceux, particulièrement remarquables, consacrés par )e prince aux Baléares et aux Lipari.

Ch. Benoist.

Paul Combes.

~'E~

Cuba et tes Etats-Unis. in-ï6. Perrin et C~, éditeurs à Paris

.L'c de Cr~c.

i volume

i volume in-i2. Librairie africaine coloniale J. André, Paris. et


~T~t A'A~' ~/r7'V/A7/. !C~A Le Commerce Chinois en 1896

5?

gauche du Tigre, tout près des ruines de Ninive. C'est dans l'une d'elles, à Lalish, que s'élève le temple qui est le centre religieux, le sanctuaire national des Yezidis. On n'est pas Bxé sur leur nombre. Avant t)J32, ils étaient peut-être de deux à trois millions, et formaient une communauté riche et puissante. Mais cette année-là, les Kurdes Sunnites leur firent une guerre d'extermination qui les réduisit à une ou deux centaines de mille. Leur langage, presque identique à celui des Kurdes, appartient au groupe isanien; il est donc de la famille des langues européennes. Ce qui le caractérise, c'est la brièveté des mots et la grande simplicité des formes grammaticales. Il n'est pas agréable à entendre, parait-il, à cause d'un nombre inusité de syllabes gutturales. Les Yezidis sont pour la plupart de haute stature ils ont la physionomie douce et ouverte, les cheveux et les yeux bruns en général. Ils sont dolichocéphales, et leur tête est plutôt petite. La voix est grave et forte. Bref, ce sont des hommes bien faits et dont l'aspect gagne la sympathie pas un de leurs traits ne trahit leur prétendu commerce avec

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3

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H

Ils sont divisés en deux castes, les M!:r!d~ (laïques) et les ~-M/MH~ (membres du clergé), absolument séparées l'une

2

t

Go;/M,)8~H. qui frappe tout de suite dès qu'on s'occupe de la quesCE tion

c'est l'énorme disproportion entre une population aussi dense et aussi étendue, et le chiffre invraisemblablementrestreint de ses importations et exportations. Le long article de la Revue allemande, qui passe en revue toutes les provinces de l'Empire du Milieu et fait la statistique de leur mouvement d'affaires, nous donne un tableau de comparaison précis entre le commerce de la Chine, partete d'habitant, et celui des puissances européennes. En prenant le mark (soit fr. 26) comme unité, l'auteur trouve que, par tête de population, la Grande-Bretagne importe en Chine pour 22[ marks, en exporte pour t3) marks, soit au total 3-)2 marks. 83mksimp. <)Hexp. t5f total. du commerce chinois,

L'Allemagne. La France. Les Etats-Unis.

L'Italie. d'Europe.

L'Autricbe-Ilongrie.

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46

29

52 32

30

tu Lejapon. Les Indes britanniques.

La Russie La

Chine.

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est évident que ces chiffres ne tarderont pas à être modifiés du tout au tout les changements politiques qui sont en train de morceler le colosse chinois au profit de l'Europe, et qui seront suivis de près .par des changements économiques encore plus considérables, permettront aux commerçants européens de pénétrer jusque dans les provinces les plus reculées de l'empire pour y mettre en valeur les immenses ressources naturelles et y éveiller des besoins que les populations simples et rustiques de l'Ouest et du Sud, par exemple, n'éprouvent nullement. Un exemple assez curieux et en tous cas assez significatif les Chinois du Shan-Tung viennent de faire connaissance avec la bicyclette. Ils en sont si enchantés qu'on écoulera chez eux autant de ces véhicules qu'on voudra mauvais si soient-ils, pourvu qu'ils soient a bas prix. I) en est de même pour les tissus de coton, etc., etc. Dès que le réseau des chemins de fer chinois sera un peu développé, les marchands pourront lutter avec beaucoup plus de succès que jusqu'ici contre les formidables corporations des marchands indigènes, qui ont paralysé tous leurs H

efforts.

Ï'MB

Si l'on voulait marquer sur une carte tes localités où ils se trouvent, on devrait dessiner quatre ou cinq petites taches disséminées au nord et au sud du lac Van, et dont tes trois plus importantes se trouveraient à droite et à

.SCM'n~ (.MGA'~WC.)~ .U.4~i~.Y&'

Les Yezidis t. par M. Victor Uingelstedt.

~E peuple, proche parent des Kurdes,

et dont les derniers

L~- débris se trouvent dispersés par petits groupes entre l'Arménie russe et la Mésopotamie,est un de ceux qu'une sorte de fatalité a constamment poursuivis. Ha! et persécuté par ses voisins Kurdes, Turcs, Arméniens, Persans, égale-

ment détesté par les Chrétiens et les Musulmans, son nom n'a pendant longtemps éveillé en Europe que de vagues idées de satanisme et de magie noire. Les Yezidis sont encore considérés par beaucoup de personnes, qui ne les connnaissent que par cette fable ridicule, comme les adorateurs du Diable. Avant de les défendre contre cette calomnie, déterminons un peu plus exactement leur situation géographique et ethnique.

le diable.

l'autre, à tel point-qu'un mariage entre membres des deux castes serait considéré comme un inceste. Outre cette division, ils forment encore un certain nombre de tribus, ayant à leur tête un aga, tandis qu'ils réservent le nom de sheik pour une dignité supérieure, celle de chef de caste. A la tête de tous les agas se trouve l'~M!'r, qui exerce le pouvoir temporel, mais est néanmoins contraint de reconnaitre le pouvoir spirituel du sheik des sheiks, sorte de pape de la petite communauté. L'organisation sociale des Yezidis est ainsi absolument théocratique. Quelle est leur religion Les uns les considèrent comme Musulmans, d'autres comme Xestoriens, d'autres encore comme sectateurs de Zoroasti'e. De fait, par crainte des persécutions, ils ont souvent dissimulé ou même altéré la forme extérieure de leurs croyances. C'est ainsi que le temple de Lalish est couvert d'inscriptions tirées du Coran. D'après M. Lazard, l'explorateur des ruines de Ninive, qui a longtemps vécu parmi eux, ils auraient un livre sacré contenant leurs traditions, leurs rites, leurs hymnes, les préceptes de leur morale. Mais ils le cachent si jalousement que personne ne l'a vu. Ils sont accusés d'adorer le Diable, ou plutôt l'Ange déchu dont parle la Bible, et qu'ils appellent Melek Taüs. En réalité, ils adorent un Etre Suprême, principe du bien, auquel ils adressent la magnifique prière dont nous citerons un fragment de

Amen, amen, amen Seul et tout puissant créateur du Ciel Je t'in\uque par l'intermédiaire de Shamsedin,Phakredin, Nasredin, etc., etc. (Ce sont des noms d'archanges.) Seigneur, tu es plein de grâce et de pitié. Tu es Dieu et tu es éternel. Tu es le roi de tous tes pays et de tous les royaumes, de toutes tes créatures visibles et invisibles, de tous tes saints. Tu es la fontaine de toute vie et de toute félicité, la source des bénédiction-, et de l'amour infini. Tu as crée le pécheur Adam, Jésus et Marie. Personne ne t'a vu. Tu n'as ni corps, ni figure, ni bras, ni ailes, ni voix, ni couleur. Tu es un Roi et je suis un pécheur; un pêcheur, mais qui n'est ras abandonné de Loi; tu m'as conduit des ténèbres a la lumière. <

II serait a souhaiter que tous les chrétiens pussent adresser à Dieu une prière aussi belle et aussi spiritualiste. Quant à cet Ange déchu qu'on accuse les Yezidis d'invoquer, ils s'adressent en effet à lui comme aux autres anges

mais c'est qu'ils envisagent sa déchéance comme temporaire. et qu'ils se gardent de prendre parti dans une querelle entre Dieu et les siens


Impressions d'Abyssinie M. /MM~M, ~Mt '<!OtM C/q)'M~MM/~ lettres ~)~);/6', //OtM donne ~M/OM)'&!<: ~M/M~~M/OM~ de voyage. C~/)!<7MiJM~ il raconte COW~< s'est produit /t:/</f«< dont a été victime /e C0/ de /.MM/<e~

/V<7<i7/C'yi</M/ T ORsou'ONarrive à Harrar, après avoir traversé le brûiant désert des SomaHs, et qu'à cette longue suite de plaines dénudées, rocaiiïeuses, de montagnes aux flancs arides et toujours sauvages, succède le paysage abyssin,

c'est la coutume ici de se faire accompagner par ses serviteurs armés, dont le nombre décèle l'importance du personnage. De même que les hommes, les femmes abyssines montent à cheval et à mulet, et toujours à califourchon c'est ainsi que souvent, au premier coup d'œi), on peut aisément se tromper sur le sexe du cava

lier qu'envelopp-

l'impression de-

toujours le même

vient absolument

burnous blanc

dé!icieuse.

rayé de rouge, ombragé par le

Aux approches de la ville, sur des coteaux tout verdoyants,

même feutre aux larges bords. Mais quand l'oeil s'est

habituéaux choses du pays, cette con fusion ne se produit plus. On a vite fait de distinguer l'homme de la femme.

s'étagent de belles cultures de riz et de doura. Des ca-

féiers dressent

leursbranchesver-

tes chargées du

grain rouge l'eau répand partout la fraîcheur et la vie; l'œi~ fatigué par le 'paysage aride du

La L~E£COR1'E DU GOUVERNEUR

sous le charme. Une plus grande animation règne sur la route, des gens vont et viennent; partout trottinent de vaillants petits ânes portant au marché de l'orge, du bois ou toute autre des denrées alimentant la cité. Les Abyssins passent, tous le fusil sur l'épaule, enveloppés de leur burnous blanc rayé d'une bande rouge, la tête recouverte d'un large feutre sous lequel s'aperçoit un foulard blanc. Les physionomies sont avenantes les traits, réguliers, rappellent ceux de l'Européen et n'ont rien du C/MM~a (nègre). Le teint lui-même est moins noir; et, à les voir passer ainsi, on a l'illusion de paysans des îles Canaries se rendant au marché. Parfois, nous nous croisons sur la route avec un Abyssin monté sur une mule et que suivent en courant huit ou dix hommes, le fusil sur l'épaule, car TRAVERS LE MONDE.

.ô'' UV.

de

Harrar est située sur une sorte de

DJIüOU'll

plateau assez iné-

Z/<)'M «ne ~'Ao/o~ra~M ~f ~7. ~e~M~r/e.

désert demeure

A

A

ville

gal qu'entoure un magnifique cirque de montagnes. Très ancienne, elle était autrefois le siège du sultanat des Harraris; les .Egyptiens s'en emparèrent et l'on vit même y tenir garnison pendant quelque temps, les vestes rouges de l'armée anglaise. Puisses Anglais se retirèrent, laissant la vieille cité à la garde des musulmans Harraris. C'est alors que les Abyssins apparurent et dépossédèrent le sultan de son apanage. Aujourd'hui tout ce territoire est incorporé à l'Abyssinie. Les conquérants y ont apporté leur organisation propre; et, à cette heure, le pays annexé est bien devenu possession de l'empereur Ménélick. La ville est entourée d'une enceinte que les Abyssins qualifient de fortifiée. H y a là, sans doute, quelque exagération; mais fl est bien impossible d'enN° 36.

3

septembre ;8ç8.


trer dans la ville ou d'en sortir à son gré. A toutes les portes se tiennent des soldats et il suffit que Fordre leu' soit donné de les fermer pour vous retenir prisonniers. Les Européens établis dans la ville sont tenus, lorsqu'il.s veulent aller se promener « extra muros », d'en demander l'autorisation au Ras (Gouverneur), et l'on ne sor~ qu'en montrant patte blanche. Cette formalité, ai-je besoin de le dire, n'existe pas pour les indigènes. A sept heures du matin, les portes s'ouvrent; a 9 heures du soir, elles se ferment. A moins de permis spécial, vous ne pouvez plus alors, ni entrer ni sortir, A 10 heures du soir, une sonnerie invite les indigènes à rentrer chez eux et celui qui est trouvé dans la rue, passé le couvre-feu, est mis en prison. Cette mesure est prise pour éviter les vols qui pourraient se commettre à la faveur des ténè-

bres, car

l'éclairage

public dans la capitale du Harrar ne grève pas le budget de la municipalité. H se réduit à la lune et à « l'obscure clarté qui tombe des étoiles ». Seuls, les quelques Européens

qu'avec un peu de réflexion on juge très bien appropriées aux besoins du pays. Le commerce est, en général, dans la main d'Arméniens, de Grecs et d'Indiens. Cependant, il y a quelques vieilles maisons françaises et, depuis quelque temps, le nombre de nos compatriotes est en progression sensible. A tout seigneur tout honneur. Nous citerons en premier lieu la maison Thiam de Marseille dont le gérant, M. Guignoni, est vraiment par sa large hospitalité et son extrême amabilité, la providence des Européens voyageant en Abyssinie la maison Kahn dont un des chefs vient de rentrer en Europe avec des projets de sérieux agrandissements; les frères Daynaud, nouvellement établis enfin, le ~OK Marché, de Paris, qui vient d'installer ici une succursale et qui, grâce à son très habile gérant, M. Terron, débute tout simplement

paruncoupdemaitre.

v

Que nos compa-

triotes se décident donc à sortir de chez eux, qu'ils comprennent donc que le temps est venu (.'ù il faut courir après les affaires et ne plus les attendre au seuil de la porte. Faisons mentir ceux qui affirment qu'en dehors de chez lui, le Français n'est plus bon à rien.

établis à Harrar peu vent

circuler dans les rues a toute heure de la nuit; mais, à vrai dire, nous n'abusons pas de

la permission, ces promenades

nocturnes

MXE RUL

D'~n~

tRI~C!t'AH

Dt: UAHRAR

M/j~~rj/nc~7t/. Z,e~w~r~.

manquant de gaité. Des veilleurs assurent la sécurité de la ville et ce n'est pas la note la moins étrange que d'entendre à toute heure de nuit, au milieu de l'obscurité la voix des gardiens se signalant mutuellement que tout est tranquille. Le premier aspect de Harrar ne manque pas d'une certaine grandeur. La route par laquelle nous sommes arrivés avec le comte Léontieff débouche à la porte de Djibouti. Tout d'un coup apparait la ville échelonnée sur sept à huit collines et faite de maisons à toit plat assez basses, bâties en pisé et gardant cette teinte brune des vieilles chaumières qu'on ne blanchit jamais. On dirait une immense ruche dominée superbement par le palais du Ras, la mosquée et l'église, qui dressent dans l'azur du ciel leurs silhouettes toutes blanches, toutes miroitantes sous les rayons du soleil. Puis, entourant la vi'le, fermant l'horizon, on aperçoit un cirque de montagnes sur les flancs desquelles se groupent, çà et là, des villages gallas et abyssins, des cultures de maïs,

d'orge et de café. On estime la population de Harrar, v compris probablement les villages avoisinants, à 60 ooo âmes. L'entrée en ville nous gâte un peu les impressions du début. Les rues sont petites, étroites, montueuses, très ravinées, les maisons bien petites et pas toujours propres. Dans les rues se coudoient Abyssins, Gallas, Harraris, vivant en bonne intelligence, sous la sauvegarde des lois abyssines qu'il est permis de trouver, au premier abord, passablement draconiennes, m-us

Nous 25 mai. voici installés dans notre campement, à ',00 mètres de la ville. près de la porte du Choa, face au vieux fort égyptien dont les murs délabrés se fendillent chaque jour, sous l'effet du temps. Les tentes sont dressées. La section des Sénégalais sur la droite les Abyssins à gauche; au centre, la tente du comte Léontieff, la mienne un peu en arrière. D'esprit très militaire, le comte a immédiatement imposé le régime autoritaire de la caserne, le meilleur en toutes circonstances, surtout avec les Sénégalais, toujours prêts à chercher

plaies et bosses dès que la main se retâche. Le matin exercice, le soir théorie, les repas pris ponctuellement, les ordres passés par la sonnerie du clairon, et les Abyssins de venir nous voir manœuvrer, de s'étonner de cette rectitude chez des C/MM~n/<H (nègres) mais très heureusement sympathisant de suite avec nos hommes. De ma tente, en écrivant cette lettre, je les vois. selon leur expression, ftire camarade, les uns avec les autres et dans le camp retentit l'appel » adressé à l'un de nos d'un Abyssin « 0~

~):

tirailleurs qui s'empresse d'y accourir.

il est juste de

le reconnaître, l'Abyssin est généralement très hospitalier vis-à-vis des étrangers moins qu'autrefois, m'affirme-t-on; mais encore la faute en est-elle bien plus aux Européens qu'à eux. je pense que nous resterons ici huit ou dix jours et qu'ensuite nous irons à Addis-Ababa, résidence de l'Empereur Ménélick. Du reste,


27 mai.

De quel climat délicieux nous jouis-

sons ici pas de chaleur excessive, des nuits fraîches pendant lesquelles on peut dormir à poings fermés et un air de toute salubrité. Nous sommes à environ i ooo métrés d'altitude; et, au dire des gens établis ici, on ne peut trouver dans l'Abyssinie, un endroit plus sain. Le jour où le chemin de fer reliera Harrar à la côte, les gens de Djibouti monteront ici poury passer la saison des fortes chaleurs; tout au moins les anémiques viendront-ils s'y retremper, et les convalescents y faire une cure d'air frais. Ce sera moins coûteux, plus pratique et souvent aussi efficace que de rentrer en Europe. Ce matin, je suis resté en extase devant le leverdu soleil. Les nuages s'étaient affaissés sur toute la plaine, et cette grande nappe d'un blanc rose où pointaient çà et là quelques pics de mamelons, ressemblait à un immense champ de glace; tout à coup est apparu le bord supérieur du soleil, d'un rouge incandescent, pendant que ses rayons trouaient la masse opaque des nuages. Sous l'effet de ses chauds baisers, la nappe peu à peu s'est fendue. Ce voile de vapeurs s'est déchire et de longues écharpes blanches sont venues se dérouler

droits d'octroi généralement perçus en nature comme par exemple sur le bois, l'orge, le riz, etc. Pour les animaux cette redevance se paie en espèces sonnantes. Dans les MM~ (magasins) nous trouvons une grande partie de nos produits européens, mais à côté des maisons sérieuses, que de petites boutiques et ateliers installés sommairement à l'ombre d'un pan de muret qui me font songer, tant la similitude est frappante, à quelque coin d'Algérie ou de Tunisie. Vers le soir, les gens venus de l'intérieur regagnent les villages, et c'est à la tombée de la nuit un défilé des plus pittoresques. L'agitation de la ville s'éteint peu à peu, les rues deviennent moins encombrées. Avec la soirée reviennent le calme et le silence. Harrar va s'endormir. Aujourd'hui j'ai vu passer un enterrezc) mai. ment abyssin. Le cimetière est en dehors de la ville, tout proche de notre campement. Le clergé était en tète portant les croix, les prêtres sans ornements bien distinctifs; mais ayant sur la tête la coiffure qu'uxe seuls peuvent porter et consistant en une sorte de bonnet blanc. Le cercueil venait derrière, porté à bras, et la foule des parents

e~

amisaccompag'naientte corps à sa dernière demeure. Des femmes, pleureuses de

profession, qu'on loue en psreille circonstance, poussaient des cris déchirants. Cela m'a rappelé la veillée des morts en Corse où des

en courbescapricieusesdans l'azur du ciel pour se con-

fondre bientôt avec lui. A nos pieds, dans la plaine, perlaient des gouttes de rosée et les plantes, encore femmeségatementontchar gede pleurer et de raconter toutes humides, et débarrassées du fardeau de cette les épisodes marquants de la épaisse couche de nuages vie du défunt. J'ai vu le COUR INTERIEURE D'UNE CASE AnY5~1"F. A ~IIARRAR semblaient comme se soulecimetière. t) n'a rien de re.V..Le~nctr;');. /)0<o~ra/e de D'apt'fj !<Mf marquable. Sans clôture. ver et aspirer l'air chaud ouvert à tout venant, it que leur envoyait leur éternel ami, source de lumière, de force et de vie. est envahi par les bêtes qui y errent à l'aventure. QuelQuel contraste avec le désert des Somalis! Et, ques tombes sont entourées de stèles funéraires en pierre. tandis que je rêvais au soleil de feu qui terrasse l'Européen dans les climats intertropicaux, voilà que tout r'~juin.– L'homme propose et Dieu dispose; à coup résonne le Garde à ~oM~ du clairon, Vite, à et c'est plus que jamais le cas d'y songer aujourd'hui. l'exercice! Le comte vient d'être victime d'un accident qui sans 28 mai. Je suis descendu aujourd'hui en ville. avoir les suites graves auxquelles on aurait pu s'atJe voulais voir le marché et prendre une idée de la cité, tendre ne manquera pas d'entraver nos projets et de pendant l'activité des transactions commerciales. Quelle nous causer quelque ennui. Le C~/mM~ (sous-goufoule! Dans les rues étroites, les petits ànes vont, verneur) était monté au camp pour assister à une expéviennent on a peine à circuler. Des femmes portant rience de tir avec une de nos mitrailleuses Maxim. Le des charges de bambous se mettent de biais pour tir achevé, au moment où nous allions nous rendre nous permettre de passer, et les chiens à qui notre sous la tente pour y prendre un rafraîchissement, un odeur d'Européens paraît désagréable, nous saluent au imbécile, ignorant que nous laissions toujours une cartouche pour faciliter la mise en batterie, fait partir le passage de hurlements féroces. La population au milieu de laquelle nous nous frayons un chemin est essentielcoup et le comte LéontiefT, traversé de part en part, lement mélangée d'Arabes, d'Indiens, d'Harraris, et tombe à mes côtés. Heureusement, la balle a traversé aussi, bien entendu, d'Abyssins. Enfin nous voilà sur dans le gras des chairs et ne paraît pas avoir produit la place du marché. Des femmes assises devant des de lésions graves. Médecin improvisé, j'ai employé de petits tas de denrées, les vendent pour un sac, deux suite les injections au permanganate de potasse et les sacs (~ sous, 8 sous). L'étranger, ici comme partout. pansements antiseptiques; puis, grâce au téléphone qu étant généralement écorché ne doit offrir que la moitié relie Harrar à Addis-Ababa, nous avons demandé à la de ce qui lui est demandé. Tous les produits qui pénèmission russe qui s'y trouve, sous les ordres du général Wlassow et qui possède cinq médecins, de nous en trent dans la ville doivent passer par l'une des portes de la fameuse enceinte fortifiée, et y acquitter des envoyer un. J'ai aussi informé le prince d'Orléans, lui A


demandant

de nous dépêcher

d'urgence le docteur

Levassor, qui fait partie de notre mission. 6 juin. L'état du comte se maintient assez satisfaisant; un peu de faiblesse, mais nulle complication grave ne paraît devoir survenir. Aujourd'hui descend d'Addis-Ababa M. Lagarde, gouverneur de Djibouti et ministre plénipotentiaire prés de 1 l'l'empereur Ménélick. Il est 11. accompagné d'une Mission abyssine qui l'accompagnera jusqu'à Paris. Le comte me donne l'ordre de rendre les honneurs militaires avec la section de Sénégalais. Le G/'j/wM/cA accompagné des hauts fonctionnaires abyssins et d'une suite nombreuse passe vers dix heures

attendre l'arrivée du Ras Makonen (Gouverneur de Harrar) attendu de jour en jour. 24 juin.

Le Ras Makonen sera ici vers onze

heures, ilrentred'unecampagneque l'empereur Mënétick vient d'entreprendresurIeNit blanc.Victorieux, H reprend possession de son poste, ajoutant quelques fleurons à une renommée de bravoure et de talents militaires dont les Italiens ont pu apprécier la valeur. Le Ras Makonen est un homme d'une quarantaine d'années, doué d'un esprit très élevé au dire de tous les Européens qui l'ont approché et jouissant de toute la confiance de l'empereur Ménélick, confiance pleinement justifiée d'ailleurs. Dès le matin, le clergé, les fonctionnaires, la haute société abyssine se sont portés à sa rencontre. pour se rendre au-devant de M. LaTous les Européens présents à Harrar garde. se sont joints au cortège. Vers midi, Vers onze heures, arrivent l'esle Ras pénétra dans la ville. A son corte et la Mission. Rangés sur deux passage devant le camp, j'ai fait renrangs, les Sénégalais portent et prédre par nos Sénégalais les honneurs sentent les armes à mon commandemilitaires. La ville est pavoisée; les ment, lesclairons sonnent aux champs. arcs de triomphe s'élèvent dans les Le ministre de France s'avance rues mais le premier soin du Ras, en très moi, aimablement féliet vers me rentrant dans la capitale, est de se citedela bon ne tenue des hommes; pu i:; rendre près du comte Léontieff. il s'informe de la santé du comte qu'il 26 juin. Le départ du comte doit voir dès son entrée en ville. est fixé à après demain. De concert Contrairement au <2 juin. avec lui, le Ras Makonen a réglé proverbe, les jours se suivent et se toutes les dispositions à prendre au ressemblent tous. sujet des Sénégalais. Au pis aller, rien Le matin, exercice pour les n'est changé. La saison des pluies qui Sénégalais à dix heures je descends va commencer ne nous eût permis de pour panser le comte, quidepuisl'accinous porter en avant que vers la fin dent réside en ville. Il se plaint de d'octobre. Nous la passerons à Harrar. I:\ nhAi3E IL 11.11tPAR douleurs aiguës dans la jambe gauche Dans trois mois le comte nous revien(sortie de la balle). De temps à autre, /-)'a~)'~MMf/)<)/f)~'j/i;d~e~t'H!j)';e. dra, frais et dispos, et notre expédije communique par téléphone avec M. Couloumey, le tion, pour la-luelle nous sommes toujours animés de la docteur français à Addis-Ababa, Sur mes indications même ardeur, commencera alors d'une manière effective. qui lui donnent le trajet de la balle, il ne croit pas à des Le Ras nous assigne Karsa, à une journée de complications. marche de Harrar, pour y établir notre cantonnement. Aujourd'hui nous est venu un courrier du prince L'endroit est sain, très boisé et nos Sénégalais, pour Henri d'Orléans. H informe le comte de son arrivée ici le temps de l'hivernage, y seront à merveille. avec'le docteur Levassor pour le ou le t8 courant. 28juin. Le comte est parti ce matin à neuf t8 juin. Le prince et le docteur de la mission heures pour la côte. Des soldats abyssins portaient la arriveront vers onze heures. Je vais à leur rencontre en civière. A Dabas, où la route devient plate, on pourra compagnie de quelques Européens que le prince a poursuivre la route avec des mulets pour lesquels une connus lors de son dernier voyage en Abyssinie. Nous sorte de lit brancard a été fait. nous rencontrons à deux heures. Le prince et toute la colonie française ont escorté Sa première question est notre malade pendant les deux premières heures de la Comment va le comte ? route. Nous avons accompagné le comte jusqu'au moment où lui-même, très ému, nous a donné l'ordre de Aussi bien que possible, à mon avis; un peu rentrer. faible cependant. « Au revoir, m'a-t-il dit, en me serrant la Le docteur Levassor est d'avis que le <9 juin. main. Je vous confie la compagnie. Dans trois mois, comte Léontieff rentre en France pour suivre un régime. je serai de retour. Patience pour tous. > Le nerf a été atteint. H craint une atrophie de la jambe Cet accident survenu au comte ne peut modifier et considère que le retour en Europe s'impose. Deux ou trois mois de traitement, si une opération est nécessaire, en rien la marche des choses. Nous passerons l'hiversuffiront pour remettre notre blessé sur pied. Difficinage ici, au lieu de le passer à Addis-Ababa. C'est là lement, le comte se décide à prendre ce parti, et ce n'est tout le changement qui se produit. Estimons-nous heureux d'en être quittes à si bon compte. que devant l'insistance du docteur qu'il finit par se HENRI LEYMARIE. ranger à son avis. Néanmois, avant de partir, il veut

Il'


E

n

Crète,

l'occupation d'Hièrapètra Un O/~C/f)' </M <'0f/)~ <Oe<'K~OM ~!<C MO!M t7)'0/tS ~7; Ct'C/6' nous ~);fOM t~M~MM MO~M !H/f;'MM/M sur la 'U/C ~!</ lui sert de ;'M/t/f)~t'. A

ssisE sur une très faible partie de l'étendue ou naguère, les Grecs, puis les Romains et surtout les

Vénitiens l'avaientconstruite,Hiérapétra est actuellement une agglomération de ~ooo âmes qui se partagent éga)ement en grecs orthodoxes et en disciples dtfCoran. De l'antique Hiérapétra,it ne reste plus d'intact que ce que l'homme ne peut détruire le chaud soleil, la mer bleue, et cet

aspect indéfinissable des paysages orientaux. Çà et là, on trouve sur ia plaine brûlée, des statues mutitées,des chapiteaux usés,destronçons de colonne rongés par le temps, servant à délimiter les champs caillouteux que le Crétois moderne tente en vain d'ensemencer. Des vestiges de maçonneries. mieux respectés par les âges, indiquent nettement les emplacements occupés par les arènes et par Je

théâtre des Romains.

vegarde des sujets musulmans. Un gouverneur (caïmacan) a la haute main sur l'armée et la population turques, c'est lui qui est en relations avec le colonel d'infanterie de marine, commandant politique de la province de Lassithy, et dont la résidence est Hiérapëtra. La deuxième partie de la ville est essentiellement grecque, et s'étend au bord de la mer, à l'Est de la partie turque. De construction récente, ses maisons sont assez confortables et s'alignent sur des rues suffisamment larges; quelques-unes sont même pourvues de toits couverts en tuiles. L'ancien musée, maintenant )e cercle de la garnison française, est un bâtiment très commun, mais qui contenait, avant l'insurrection, des statues, des poteries, des monnaies, grecques et romaines, de réelle valeur; tout cela a disparu, emporté par les Anglais du Cnm~erdozA,~rt, C~M!OM!, disent les uns, par les Italiens de I'<n<na, disent les autres. Quelques statues récemment mutilées, restent seules, comme témoins des richesses que devait contenir le musée. C'est dans. la ville grecque qu'est installée la compagnie d'infanterie de marine(20o hommes), qui représente ici la France. Débouché naturel de plusieurs fertiles vaDées, Hiérapétra

possède une certaine valeur commerciale, doublée d'une réeHe importance militaire, par ce fait qu'elle commande l'une des faces de l'isthme qui relie la presqu'ile de Sitia au restant de la Crète; les Turcs l'avaient d'ailleurs fort bien compris en barrant t'isthme, d'Hié-

rapétra à la baie de Mirabella,

par plusieurs postes fortifiés; ils comptaient faire de ta presqu'île un Les restes, assez bien conréduit qu'ils auraient utilisé en servés, d'une canalisation due aux PORTE EST DE LA VILLE TURQUE D'UtURAP~TRA attendant des renforts. Aussi, ontVénitiens, pourraient être réfec- D'~n~ H~e~tf?~r~/t~ /c~~H~~J~ tionnés, ce qui permettrait d'augils vu d'un mauvais œi! notre menter la provision d'eau actuellement insuffisante occupation lente, mais méthodique, de la province de Lassithy; occupations successives de Sitia, de Spinaaux besoins des habitants et des troupes de la garnison. longa, d'Hiérapétra et d'Al'os Vassilios. Hiérapétra est divisée en deux parties: l'une, celle occupée par les Turcs, est entourée d'une vieille Le colonel Destelle, de l'infanterie-de marine, a muraille crénetée, dentelée et percée de deux portes été chargé de l'organisation politique et administrative de cette région. Très bien seconde par les membres de que gardent des entinelles de la garnison ottomane. l'Epitropie grecque et par'chacun des évêques des trois A l'intérieur existe un entassement de maisons à terprovinces de la région, il a pu faire renaître le calme rasse, fractionné en pâtés que limitent des ruelles là où naguère Grecs et Turcs s'étaient juré guerre à tortueuses, pavées de galets inégaux. Deux rues pourtant peuvent porter ce nom, les maisons y sont mort. alignées et séparées d'environ deux mètres ce sont Les villages incendiés et abandonnés ont été réoccelle de Sitia et celle de l'église orthodoxe. Sur les cupés. Confiants en l'autorité française, les adversaires restes de la jetée, construite par les Romains, s'élève se reprennent à l'existence régulière, une certaine animation reparaît, des relations commerciales se un fortin turc, de maigre importance militaire, mais qui, à travers ses embrasures, n'en montre pas moins enouent. les gueules de quatre ou cinq pièces en bronze, vieilles Notre fête du 14 Juillet, où Grecs et Turcs de cent à cent cinquante ans et incapables du moindre avaient été conviés, a aussi beaucoup contribué à augservice au sommet de la tourelle d'entrée flotte menter la bonne entente tour à tour le fez turc et le fièrement le pavillon rouge au croissant blanc. bonnet grec paraissaient aux traditionnels mât incliné, Une garnison ottomane, forte de 200 hommes jeu de la poêle, etc., qui caractérisent notre Fête natio(t8o fantassins et 20 artilleurs), est chargée de la saunale.


L'évêque de la province d'Hiérapétra, au ncm des Grecs, puis le caïmacan, au nom des Turcs, sont venus prononcer devant le commandant militaire des souhaits de prospérité et de gloire pour la République

BORDS DE LA

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G.S

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TURQUE G'filF:R.\PFTRA

D'a~)'MHMe/o<n~)-j/n'<;de.')/.teZ,MM<eHan(Z. Française. Des « Vive la France! » ont retenti dans les deux camps, prouvant que la situation politique générale n'a pas encore été résolue par nos diplomates

nous n'en avons pas moins acquis, en Crète, une situation prépondérante, qui nous perme'ttra, lors du futur règlement de la question crétoise, d'exiger de sérieux avantages en compensation des progrès accomplis et comme remboursement des sommes énormes que nous coûtent chaque mois notre flotte et notre corps d'occupation. Lieutenant détache atlierapctra.

Z.

M. de MarbœufHt construire, en '7~4, un village, une église et une école. Les 110 familles malnotes réfugiées à Ajaccio vinrent s'y fixer sous la conduite du

capitaine Georges de Comnène, un descendant, vrai ou prétendu, de la famille des empereurs de Constantinople. Les Grecs y sont restés depuis lors, conservant leur langue, pratiquant le culte grec-uni, auquels il s'étaient rattachés dès leur arrivée en Europe, et transformant les environs de Cargèse, en un véritable jardin, où prospèrent à merveille les arbres fruitiers, les légumes et les céréales..Bien que restés Grecs et très fiers de leur origine, les Cargésiens sont très dévoués à leur nouvelle patrie. Ils ont fondé, en '8~4, à Sidi-Merouan, dans la province de Constantine, une colonie qu'ils ont appelée la nouvelle Cargèse. Beaucoup d'entre eux y passent quatre années, laps de temps au terme duquel ils ont le droit de céder leur mise en culture à des congénères et de revenir à l'ancienne Cargèse. On trouvera dans l'article de M. Descamps de curieux détails sur ta célébration du culte grec-uni, et sur la chapelle que certains guides désignent à tort comme dépourvue d'intérêt on y trouvera aussi une liste curieuse des noms des principales familles de la bourgade.

La Vanille de Tahiti T A culture de

la vanille prend de plus en plus une grande extension dans l'archipel de Tahiti.

Les indigènes eux-mêmes ont cherché à recueillir les bénéfices qu'on retire de ce pfoduit. D'ailleurs les

Une colonie Grecque en France Auguste Descampsvientde publier dans )eBu)Ietin de la Société de (~o~AM Lille (mai i8c)8) une intéressante notice sur la petite ville de Cargèse, qui s'élève sur lacôte occidentale de la Corse, à ~i kilomètres nord-nord-ouest d'Ajaccio. Cargèse est une vraie colonie grecque en France elle est peuplée par les descendants des Maïnotes qui avaient fui, en i6y6, la Morée envahie par les Turcs, et que le gouvernement génois avait établie à Paomia, à quelques kilomètres de Cargèse. Fidèles aux Génois, mais, par cela même, souvent en lutte avec les Corses, les Grecs de Cargèse furent chassés de Paomia, en )y~i, et ils se réfugièrent à Ajaccio, où l'on voit encore leur chapelle. Lors de l'occupation française, ils demandèrent leur rétablissement à Paomia. Mais le gouvernement préféra fonder une nouvelle concession à la pointe de Cargèse, où H/t

soins élémentaires qu'on donne au vanillier dans l'archipel font que sa culture est admirablement appropriée aux habitudes d'indolence des Tahitiens. Sans défricher le sol, on se contente de remuer légèrement la terre au pied de l'arbre, courao ou goyavier, contre lequel est plantée la bouture de la liane. La chaleur et l'humidité font le reste. Avec quelques rares travaux d'entretien, le planteur pourra attendre qu'au bout de deux ans l'orchidée commence à fleurir et à produire. La fécondation des fleurs, la cueillette et la préparation des gousses ne demandent aucune dépense de force, et si la surface cultivée n'est pas trop vaste, il obtiendra chaque année, presquesans frais, une récolte largement productive. C'est admirable. Et l'on comprend sans peine que les indigènes de Tahiti, grands amis du/an!M< consentent à s'adonner à cette culture si simple. La culture du vanillier rend à l'hectare too à !20 kilog. ce qui, au prix de 20 à 25 francs que vaut sur place, selon la qualité, le kilogramme de vanille représente une valeur de 2 ooo à ouo francs. C'est dans les soins à donner à la plante et dans le mode de préparation des gousses, plutôt que dans l'extension des cultures qu'il convient de rechercher les moyens d'augmenter le rendement de ce produit. Il semble que


de-préparation actuellement en usage lui fasse perdre une partie de son parfum et de la substance huiieuse de la gousse, ce qui ne permet pas jusqu'ici de concurrencer avantageusement les produits similaires le mode

de la Réunion et du Mexique.

Malgré cette infériorité relative, l'exportation de la vanille de Tahiti suit une progression intéressante,

comme le montre la comparaison suivante

'888. 'N9~ '897.

Années

ki~g.

Francs

&~n

'3'~3S

23~13

34386

)80!30 763584

En outre de la vanille, nos colonies océaniennes

exportent des coprahs en quantité assez considérable, et elles sont magnifiquement placées pour la culture

du café et du cacao. Aux Marquises, 45 ooo caféiers, plantés depuis quelques années, réussissent parfaitement et seront bientôt en plein rapport. Quant au cacao, il n'existe encore qu'une plantation modèle créée aux environs de Papeete par la chambre d'agriculture pour encourager les initiatives privées.

La Consommation

du Charbon L E&M~ q/'T'M~

récemment publié une série de statistiques établissant la production et la consommation du charbon dans les principaux pays miniers du monde, depuis t'année ;88~ jusqu'en iSq~. C'est, comme on le savait déjà, la Grande-Bretagne qui tient toujours la tête au point de vue de la production, mais les progrès considérables des ÉtatsUnis depuis quelques années baissent prévoir le moment où cette suprématie passera en d'autres mains. Tandis que les quantités extraites des mines anglaises montaient de 163 ~y ooo tonnes, valant 46 054 ooo. livres sterling; en )883, à 89 66) ooo tonnes, valant 57 2~i ooo liv., en 1895, en effet, la production des Etats-Unis passait dans la même période, de 102 868 ooo tonnes~ valant 33 228000 livres st. à ~2426000 tonnes, valant 41 302 000 liv. st. L'augmentation est donc de 26 millions de tonnes seulement pour l'Angleterre, tandis qu'elle est de 70 millions,pour l'Amérique. En Europe, c'est à l'Allemagne que revient le deuxième rang comme pays producteur, avec 7c) millions 16~000 tonnes, valant 26045 ooo liv. st. en a

1895.

Puis viennent la France, avec 2y 583 ooo tonnes, valant 12 i86ooo liv. st., et la Belgique avec 20 millions 458 ooo tonnes, valant y ~34 000 liv, st. Le nombre des personnes employées dans l'industrie des mines est naturellement en proportion du chiffre de la production, et il n'est pas surprenant que

la Grande-Bretagne mette en ligne 687 ~yi ouvriers les Etats-Unis en occupant ~82 8~g, l'Allemagne 30~ 937, la Frahce 134 377 et la Belgique 18 0~7. Si l'on passe à la consommation du charbon, on constate que les États-Unis ont une avance considérable sur la Grande-Bretagne. Les chiffres sont, pour les premiers, de !6ç 020 ooo tonnes, et, pour la seconde, de 146 768 ooo tonnes seulement. H est vrai

l'Allemagne n'arrive qu'à 71 072000 tonnes, la France a 36 673 ooo tonnes, et la Belgiauea ;6 ?6-< r.r.r.

que

bonnes. Mais ce qui rend la concurrence des États-Unis

particulièrement redoutable pour l'Angleterre et pour les pays miniers en général. c"est que la valeur moyenne de la tonne, prise sur place, n'y est que de 5 shillings environ, tandis qu'elle est en Grande-Bretagne de 6 sh. t/2 d., en Allemagne de 7 sh. 3/4, et en France de 8 sh. <o d. Aussi, malgré l'accroissement énorme de la population et le développement de l'industrie, l'exportation des États-Unis commence-t-elle à se dessiner, passant de 208 ooo tonnes en 188~ à 2 506 800 tonnes en t8< Toutefois, ces chiffres ne constituent encore qu'une indication inquiétante pour l'avenir; ils laissent les Etats-Unis bien loin derrière leur rivale, dont l'exportation atteint 32 803 ooo tonnss, et même sensiblement après l'Allemagne (7 !Q7 ooo tonnes) et la Belgique (4 oa6 ooo tonnes). La France figure au premier rang des pays importateurs de charbon, avec 8 millions de tonnes en 180=). Elle est suivie par l'Italie et l'Autriche-Hongrie, la première avec 4 280 ooo tonnes, la deuxième avec 4 :.7C) 800 tonnes; puis viennent la Russie avec 2 millions 188 ooo tonnes, et la Suède avec i 968000 tonnes. Il convient de noter, en terminant, qu'ici comme pour presque toutes les autres industries, le développement du Japon a été remarquable. De 021 ooo tonnes en 1883, sa production est passée à 4 3) t ooo tonnes en 1804, et son exportation de 380 ooo à i 680 ooo tonnes.

Alfred Marche. Notes de voyage sur les iles ~r~M;ï~ (Extrait de la ~ef~c T'M~e). Tunis, Imprimerie Rapide (Louis Nicolas et

C' Brochure

in-8~, de

jt

pages.

Alfred Marche, l'explorateur bien connu du Gabon et des Philipnft rt jVt* pines, a parcouru les iles Mariannes en 1887 et 1888, avec une

mission du ministère de l'Instruction publique. H nous donne dans cette brochure un aperçu de ses courses à travers ce petit archipel espagnol, peu connu jusqu'à cette année, mais que la guerre actuelle entre l'Espagne et les Etats-Unis a fait sortir de t'ombre. On sait, en effet, que les Etats-Unis viennent d'obtenir la cession d'une des iles, a leur choix, ce qui ne peut manquer d'amener à bref délai l'américanisation de tout l'archipel. Les notes de voyage de ~1. Marche, dont nous avons donné quelques extraits dans notre Co~rr/t~ géographique, se trouvent donc avoir un vif intérêt d'actualité. Elles sont écrites sans prétention. M. Marche, naturaliate <!e profesion, ne se pique pas de composer des descriptions littéraires il se borne à noter consciencieusement les faits, et ses notes, si elles manquent un peu' de pittoresque, sont pleines de renseignements intéressants. La bibliographie des Mariannes est jusqu'ici très pauvre, si ce n'est en ouvrages espagnols. Les notes de M. Marche lui apportent une contribution très appréciable.


Espagne

&

Etats-Unis

Kn

revenant. le lieutenant Hiondiaux. qui avait rem-

pli, selon ses désirs, une difHcuttueusc mission, se remitdc ses fatigues en prenant une part ~t<n'ieu<.e au combat de

Sikasso. Notre dernière chronique s'arrêtait au :o juin. De cette date au ~juillet.multiples tentatives des Américains pour débarquer près de Santiago. Ils réussissent. Le t" juillet, l'amiral Cervera, a bout de munitions, essaie de sortir de la baie en plein jour. L'amiral Sampson le rejette à la côte. Les Espagnols ont six vaisseaux détruits, trois cent cinquante hommes tués, cent soixante-troisblessés. mille six cents prisonniers. Plus heureux à terre, deux mille Espagnols repoussent dix-sept mille Américains renforcés de six mille insurgés et pourvus de quatre-vingt-deux bouches à feu. Pertes cruelles de part et d'autre. Le 1, le général Pando et six mille hommes arrivent au secours de l'héroïque garnison de. Santiago. Le 5. bombardement par les forces de terre et de mer des Américains. Le 6, armistice qui se prolonge. Le ). la place capitule avec les honneurs de la guerre. Les troupes du général Torral et de la province de Santiago, environ vingt-deux mille hommes, seront rapatriées par les soins des Américains. Le < le général Schafter prend possession de Santiago. Le [f., reprise des opérations à Manzanillo qui est bombardé. Deux canonnièreset diversbâtiments espagnols sont détruits par les Américains. Entre temps, le gouvernement de Madrid a rappelé de Suez la flotte de l'amiral Camara partie pour Manille où la situation s'est de plus en plus aggravée, malgré les prodiges de valeur du général Augustino. Des difficultés survenues entre l'amiral Dewey et l'amiral allemand de Diederischs ne semblent pas devoir avoir de suites. Le 25, les Américains commencent à débarquer à Porto Rico dont ils se rendent maitres en peu de jours sans de sérieuses difticultés. Ouverture des négociations pour la paix par l'intermédiaire de M. Jules Cambon. Les conditions, connues le 3o, sont, en principe, les suivantes cession de Porto-Rico indépendance de Cuba; cession d'une des iles Ladrones et d'une station de charbon aux Philippines point d'indemnité en argent; les dettes de Cuba restent à la charge de l'Espagne le sort définitif des Philippines sera réglé ultérieurement par une commission hispano-américaine. Du t"' au ;3 août, continuation des pourparlers four la paix, des opérations à Porto-Rico et du siège de Manille. Le )3, le général Augustin, pour ne pas capituler lui-même, s'embarque sur un croiseur allemand et s'échappe de Manille obligée de se rendre à l'amiral Dewey après un dernier bombardement et l'assaut donné par dix mille Américains conduits par le général Merrit et appuyés de quinze mille insurgés. Les Espagnols n'étaient que trois mille. Le même jour, proclamation de la paix par le président Mac Kinley et cessation des hostilités. La guerre est virtuellement terminée. La commission chargée d'arrêter les conditions définitives de la paix se réunira àParis. L'Espagne sort de cette guerre amoindrie et ruinée, mais son honneur est sauf. L'Amérique, renforçant d'ores et déjà ses armées de terre et de mer, entre dans la voie des conquêtes, et des charges et des dangers qu'elles entraînent.

La guerre.

France Le retour du lieutenant Blondiaux.

Le dernier courrier du Sénégal a ramené le lieutenant Blondiaux, de retour d'une mission ftcpographique et politique dans les hauts bassins du Carally et de la Sassandro. après quinze mois d'explorations. Il s'est heurté à certaines bandes du trop fameux Samory et à des peuplades hostiles. A Mau. cinq cents Diohas anthropophages entouraient sa troupe qui comptait une quarantaine d'hommes. Il eut beaucoup de peine à se frayer un passage.

Encore le Contesté franco-brésilien. Le

commandant Druyon, de l'infanterie de marine, est parti en mis-

sion pour étudier sur )e terrain, avec les délégués du Brésil. la question du Contesté brésilien. On sait que, par suite du traité d'arbitrage conclu le in avril )H()~. une commission spéciale de fonctionnaires des Affaires étrangères et des Colonies, s'était réunie à Paris. Mais ces diplomates n'étant pas d'accord, il a fallu l'envoi de la mission Druyon pour résoudre une difficulté d'ordre topographique. Défense de Dakar et des Antilles. Le gouverncur de la colonie a exposé au conseil général qu'on se décide enfin à établir à Dakar un véritable arsenal avec défense mobile et fortifications. Voici quels sont les travaux décidés prolongement de la jetée, construction d'une autre jetée, profondeur du port arrivant à mètres, bassins de radoub et magasins. D'autre part, la Guadeloupe et la Martinique seront désormais à l'abri du moindre coup de main. La défense se complète par la création d'un commandement supérieur installé à la Martinique et confié au colonel Perreaux. bre-

veté d'état-major.

Angleterre Les Anglais à Weï-Haï-Weï.

Les Anglais, représentés par leur consul de Chefoo et le capitaine du S\Ct!fc;MM~, ont pris possession du poit de Weï-Haï-Weï dans le golfe du Petchiti, L'accord anglo-chinois, dont il a été d'autant plus parlé qu'il parait que dejà les Anglais sont mécontents de leur acquisition et demandent autre chose, parle que le territoire de We'i-Hai-Wei est seulement cédé à bail. C'est un bail qui, certainement, n'est pas près de finir. On sait que, pour nos voisins, possession vaut

titre.

Une balle nouvelle.

On se plaignait des balles dum-dum. L'Angleterre est revenue à de meilleurs sentiments. Elle fait fabriquer à l'arsenal de Wootwich des millions de balles nouvelles que le corps expéditionnaire de Kartoum expérimentera. Ce sont les balles Lee dont la portée est plus grande et qui peuvent être tirées par tous

les fusils, carabines et « machines-gunes en usage dans l'armée britannique. Elles n'éclatent pas comme les dumdum prohibées, mais elles font dans les chairs des ravages suffisants pour que l'honneur soit sauf en même temps que l'ennemi est radicalement mis hors de combat..

Marche sur Khartoum.

L'armée anglo-égyptienne a repris le 24 août sa marche en avant sur Khartoum, dont elle n'était distante que de to~kitométres environ.

Roumanie Les armements des puissances poussent la Roumanie à suivre leur exemple. dans la voie des dépenses militaires. Les Chambres ont voté vingt mildeux millions lions de crédits militaires répartis ainsi pour compléter l'équipement et la subsistance de réserve 5oo ouo francs pour achever l'organisation des ambulances sur le pied de guerre; quatre millions pour la marine; 1.~0000 francs pour le camp fortitié de Bucarest; 7 'ooooo francs pour l'infanterie; ;3ooooo francs pour la remonte;quatre millions pour achat d'armes, munitions et matériel. Quinze mille fusils ont été commandés à l'usine Steyer, et les revolvers de cavalerie, conformes au modèle réglementaire français, sont fabriqués a Saint-Etienne. Enfin, la Roumanie a ouvert au ministère des Travaux publics un crédit de 23 millions pour lignes stratégiques, ouvrages d'art, routes et ponts.

Les armements.


Les Chemins de fer Japonais A'c-MO)'

que

<

M~ inconvénients. Pour réaliser Japon ~KM ses ~cecM<M victoires sur la Cbine ne va L'État se propose de racbeter les chemins defer ~M~M/ ont fMO~C, les

~a~~M~nM

MM~M militaire ~)M~/ Voici sur ces voies de t:0)/«U'e~<MM des détails aussi intéressants que précis.

auteurs de la révolution dite ère de Mcidji (déT ES cembre 1867-février t868) comprirent qu'ils ne détruiraient vite et complètement le régime féodal que si la votonté de l'Empereur, affranchi du Shogoun se. faisait sentir vite et fort dans toutes les parties de l'Empire et si on gagnait le peuple au nouvel ordre de choses, en

de deux grandes lignes, l'une du Sud au Nord, de Tokyo à Avomori, port du détroit de Tsougarou, entre Nippon et Yéso, l'autre de l'Est à l'Ouest, de Tokyo au détroit de Chimonosaki.

Commercialementet militairement, cette dernière

était de beaucoup la plus importan-

te. Elle desservait les provinces les

lui

plus riches, les plus peuplées, les plus manufacturières de l'Empire. Les autorités militaires de-

fournissant, par un puissant instrument de développement commercial, le moyen de s'enrichir et de

mandèrent que la

conquérir une éga-

caste militaire.Us s'occupèrent donc imméd iatement

eût deux voies, avec des rails écartés de )'o,etpassàtà à travers les pro-

de construire des chemins de fer, la

chi,

ligne

lité, au moins matérielle, avecla

vinces de MousaChinano longeant l'ancienne route de Kyoto dite Na-

plus frappante conquête de cette civilisation européenne par laquelle ils entrepre-

~M~o, à travers D'après

former le Japon.

~/t0/r~/tt'e de

On alla au plus pressé en reliant sans tarder Tokyo, la nouvelle capitale, port de jonques inaccessible aux navires d'échantillon sérieux, avec la vaste et profonde rade de Yokohama. La ligne ferrée n'eut qu'une voie, à écartement de mètre mais dès 1872 (5° année de Meidji), elle put être inaugurée solennellement par

l'empereur. Pendant ce temps, on avait étudié, à travers Nippon, la plus grande des îles de l'archipel, le tracé TRAVERS LE MONDE.

les montagnes de l'intérieur, loin de Villetard de la mer et à l'abri _b_- de ce d'une attaque venant de là. Les adversaires projet firent valoir le nombre et le prix des travaux d'art qu'il nécessiterait et démontrèrent aisément que jamais le trafic de cette ligne ne compenserait les frais de son établissement. Pour satisfaire pratiquement à la fois, selon eux, les intérêts commerciaux et les intérêts militaires, il fallait suivre le littoral du Pacifique (Tokkaïddo), et de la Mer Intérieure,, où le terrain conquis sur les eaux, n'imposerait aux ingénieurs que le ~j<. 37. ;o septembre iBçP,

LAGAREDESMtXESDEPURONAl

naient de trans-

A

Kotsouke,

3~

LIV.

~o~


minimum des tunnels, talus, tranchées, etc., et où la population est plus dense que nulle part ailleurs. Pareils arguments étaient décisifs et cela décida la question en faveur du Tokkaïdo. La septième année de Meidji (tSy~), un tronçon de la ligne de l'Est à l'Ouest fut construit de Omi à Hitachi, sur le Tokkaïdo, presque constamment en vue de la mer, et on poussa activement vers les centres industriels de Chidzuoka et de Nagoya. La neuvième année (1876). on mit en train et on termina la section de Tokyo à Outsounomija de la ligne du Nord. Malheureusement, la grande guerre civile de Satsouma vint interrompreces travaux (1877), et quand le gouvernement mikadonal eut dompté les rebelles, l'épuisement de ses ressources le conraignit à faire appel à l'initiative de ses sujets. La seizième année de Meidji (188~), trois grandes compagnies furent constituées par actions et autorisées

A~0;< Tetsoudo Kaïs-

(Tetsoudo, chemin de fer compagnie) ~a<~o Teisoudo Kaïsba, et Kiou C~MM Tetsoudo Kaïsha. A la première il céda,

/M

/M/

avec tout le matériel existant, le tronçon TokyoOutsounomija, à charge de le prolonger jusqu'à Avompri. Cette Compagnie dut également amorcer, jus-

Modji. Aujourd'hui, le tablier n'est pas encore posé. Pendant ce temps,

l'Etat lui-même avait construit deux embranchements importants sur sa ligne de Tokkaïdo, le premier de Ofouné, un peu avant Yokohama, au grand arsenal de Yokosuka; le second de Ofou, au sud et non loin de Nagoya, à Taketoyo, situé à l'extrémité d'une presqu'île qui sépare en deux le grand golfe d'Owari ou Miaoura. II avait en outre relié la côte occidentale de t'ite Nippon sur )a mer du Japon, à sa ligne du Tokkaïdo par une transversalebranchée

sud du lac Biwa, à Maïbara, près de Nagahama et auaboutissant Kanagasaki Tsourouga, à

et à

sur la baie de ce nom, et à la grande ligne du Nord, de la compagnie Nippon, par une seconde transversale a)iant de Sakassaki à Naoetsou, presque en face de l'île Sado. Le port de Nügata, ouvert aux étrangers, fut aussi soigneusement laissé de côté que Nagasaki. Les voies ferrées de

l'île Chikokou (Sikok des atlas) avaient été concédées à quatre compagnies qui les avaient construites la Compagnie/~o, entreTakahama et Hiraikawara la Compagnie Tchikouho, entre Wakamatsou et lidzouka la Compagnie ~~OM, entre Amagasaki et Ikeda la

Compagnie ~;?OM~ entre Marougame et Kotohira. LA GArt£ D£ IOUAltIZAUUA La Compagnie D'~r<6' MnL-n/n~r~f ~)Y/f;j)\T de /~g'Mt'ri'e. qu'à Takasaki, la transkaï avait obtenu et consversale entre le Pacifique truit une petite iigne d'un la du Japon, l'Etat et mer que se chargea de contipeu plus de 10 kilomètres entre Osaka etSakkaï. nuer jusqu'à son terminus, le port de Naoetsou, en La Compagnie Osaka avait.achevé son chemin de même temps qu'il continuait la construction de la ligne fer de Takata-Sakouraï et de Nara la Compagnie du Tokkaïdo jusqu'à Kobé. ~<o, celui de Kameyama, Tsou, Minagawa, Yamada, En )8c)2, les travaux étaient terminés. desservant les sanctuaires fameux de la presqu'ile de Ise, à l'entrée orientale de la mer Intérieure; la ComLa compagnie concessionnaire de Kobé pagnie Kouansaï, un tronçon reliant le précédent à la à Chimonosaki, rencontra de grandes difficultés. Après grande artère du Tokkaïdo de Kousatsou, au sud du lac avoir terminé en i8()o, le premier tronçon de Kobé à Biwa, au port de Yokkaïtchi sur la baie d'Owari la Onomitchi, elle interrompit ses travaux pendant une Compagnie ~tbwo avait relié la grande ligne du Nord année, les reprit en i8o2 et, quand elle eut atteint à la côte du Pacifique par l'embranchement de Oyama Hirochima, ne put poursuivre plus loin dans la direcà Mito près de Ibaraki, et la Compagnie Kobou par tion de Chimonosaki. Au moment où éclata la guerre celui de Chirioutchi et Hatchinobé près de Foukouoka. sino-japonaise, Hirochima était le point le plus occidental de l'île Nippon desservi par le chemin de fer, Des concessions analogues avaient été consenties dans t'i)e de Yéso, dont le gouvernement désirait faciet il restait plus de 200 kilomètres à construire pourr liter la mise en valeur par la colonisation. atteindre la ville que les Japonais nomment Chimonosaki, Akamagasaki et Bakan, clef du goulet d'accès de La Compagnie AoMe/fo avait construit, dans la la mer de Chine dans leur Mer Intérieure. Aujourd'hui province et à partir du port de ce nom, une ligne de encore, les locomotives n'y arrivent pas. 40 et quelques kilomètres le long d'une vallée fertile et riche en gisements miniers d'or et de cuivre. La compagnie Kiou Chiou procéda aussi lenteLa Compagnie Hokkaïdo 7'~M~o avait établi une ment. De 1888 à 1893, elle relia Modji, port de l'ile de Kiou Chiou situé juste en face de Chimonosaki, à Kouligne de Mororan, sur la baie du Volcan, 'côté sud, à Sorachifouto, au nord du puissant gisement houiller mamoto, centre politique et militaire de cette île. Mais de Poronohori, centre orographique de l'île avec un en !8c)4-i8a~ les rails n'arrivaient pas jusqu'à Nagasaki, ni jusqu'au'port militaire de Sasebo, au nord de premier embranchement surYoubari, parMomidjiyama cette dernière ville. Du grand pont sur lequel les trains et Oïwake, un second sur Outhachinaï, parSounagawa, de Tokyo à Koumamoto franchiront un jour le détroit de et un troisième sur Poronaï. Une seconde ligne se Chimonosaki, il existait une seule pile, du côté de détachait de cette première àtouamizaoua et rejoignait

~vo,


la mer du Japon à Otarou, en passant par la capitale de

leurs soupiraux, sans parler des autres phénomènes cosmiques, lui impriment souvent de terribles oscillations. Aussi les tunnels qu'il a fallu percer sont de simples trous dont aucune maçonnerie ne revêt les parois, et notamment, entre Yokohama et Nagoya, les trains marchent si près de la laisse du Pacifique, que des wagons on entend ttés nettement le bruit du ressac, et qu'on pourrait presque jeter dans la mer le bout de son cigare. Un <f!'l ~-rc'se'jr ennemi, ~ile et bien arme. pourrait entreprendre avec une absolue certitude de succès l'interruption de cette ligne du Tokkaïdo. Quelques obus bien lancés suffiraient, sur beaucoup de points, à démolir la voie et sur d'autres avec une heure de travail une compagnie de déb .rquement réussirait à couper militairement Tokyo de la mer Intérieure. Tous les trains sont omnibus. Ils couvrent de 25 à

l'ile, Sapporo.

L'Etat avait dépensé pour les installations de son réseau go 258 t~o francs les diverses compagnies que

nous avons nommées plus haut, t~o~ooyo francs, en évaluant le yen à la plus basse valeur qu'il ait atteint, soit 2 fr. 50. Les Compagnies, prises ensemble, avaient opéré sur un capital souscrit et versé de i8c) 481 ooo francs. L'Etat transportait en moyenne (en prenant pour chiffrp-: moyens ceux du ~u aepiembre !~C)4) 443 t4/).?8Q94 994 voyageurs et $96 8~ tonnes de marchandises ou de bagages; les Compagnies fy c)6$ 778 voyageurs et 4 040 547 tonnes de marchandises ou de bagages. Les recettes étaient, pour l'Etat, de <346t i~fr.~o.etpour

941

Compagnies particulières de

les

15 525 047 fr. 50. Pour assurer le

service l'Etat dépen-

sait~S~p~ofr.et les Compagnies

3o kilomètres à

7 937 ~30 francs. Leurs bénéfices res-

l'heure. De buffets, il n'y a pas appa-

pectifs ressortaient donc pour l'Etat à

rence. Les trente heures de trajet de Yokohama à Hiro-

8 &05 i<)y fr. 50 et

pour les Compa-

gnies privées

chima sont coupées

à

arrêt d'une

par un 7 587 487 fr. 50. heure à Kobé, enviLa longueur totale ron aux deux tiers des deux réseaux du chemin. Qui ne était de 2 400 kiloveut pas connaître mètres environ. les émotions du raL'Etat s'était deau de la Méduse, réservé le droit de accepte le ~oe; vérifier tes comptes, basket (panier de VUI·. UF LA LI(~NE A .v10RU1tAN et en même temps provisions) que son /.)'j/'rt\!HH<n~rj/);f;t<cA/.ri</c/a)'.<~<a~Mcr/(. garantissait aux hôtelier ajoute à sa Compagnies leurs note comme « coup intérêts à 6 o/o. Jusqu'alors cet engagement était de l'étrier ». Les Japonais usent volontiers du chemin resté platonique, les chiffres qui viennent d'être cités de fer, mais pour de courts trajets et de brèves absences. expliquent pourquoi. A moins d'absolue nécessité, aucun d'eux n'ira d'une Les choses en étaient là au moment où la ratitraite de Yokohama à Avomori, en 22 heures, ou de o Yokoama à Hirochima, en 30 heures même de Yokofication du traité de Chimonosaki assura au gouverhamaà Kobé en 18 heures. Nikko nement japonais le versement d'une indemnité de ou bien Ousounomija (ligne du Nord), Chidzuokaou Nagoya, sur le Tokkaïdo, guerre de 900 millions par la Chine. Le Japon voulut aussitôt se donner tout le train sont hss « couchées ? généra)ement adoptées. C'est une dispendieux des vieilles et solides fortunes, et s'efforça ressemblance de plus entre ces chemins de fer et nos de compléter son réseau ferré. L'État construisit ou « coches d'autrefois. termina un certain nombre de lignes. Des compagnies Tokyo, pas plusque Paris, ne possède une grande nouvelles se formèrent. De toutes parts on multiplia centrale où confluent gare les lignes d'Avomori, de les moyens de communication. Naoetsou et du Tokkaïdo. Les deux premières ont leur Toutes ces lignes n'ont qu'une voie et l'écarteterminus près du parc d'Oujeno la seconde, à l'extrémité sud de la ville, non loin du littoral du golfe de ment des rails est d'un mètre. A chaque station, un Tokyo et de la grande agglomération marchande de raccord a été établi pour permettre le croisement des trains il n'est possible que là, et, en cas de trouble Nihonbashi, à Chimbashi. dans la marche normale. le premier arrivé doit attendre Ces deux bâtiments font penser à la gare Montl'autre pour pouvoircontinuer sa route. Autant que les parnasse, avec cette différence que les voies sont au ingénieurst'ont pu, ilsontévité les parcours quiauraient niveau dusoldelaville.Yokohama estdansle mêmecas. nécessité des tranchées, des tunnels et des remblais par Les rails aboutissent à un quai transversald'où plusieurs économie d'abord, mais aussi par précaution. Le sol trottoirs perpendiculaires donnent accès divers du Japon fait partie, en effet, du << Cercle de feu de trainspartant. Partout ailleurs, les stations aux comprennent l'Océan Pacifique, et les nombreux volcans qui y ouvrent deux bâtiments bordant, l'un la voie montante, l'autre II.NF[7

f71:

A


pour effet d'accroître l'importance du trafic. On en jugera en comparant les chiffres ci-dessus, antérieurs à la guerre, à ceux qui suivent et qui se rapportent au réseau nouvellement agrandi. D'après les statistiques de l'Empire du Japon, escaliers. datées i8c)8, et publiées tout récemment, en comptant le yen à 2 fr. 50, l'Etat retire de son exploitation Comme dans d'autres pays plus civilisés, les 20 684 ;~o francs, et dépensée) 530 ;~y fr. 50, et fait Compagnies font des économies sur le petit personnel, un bénéfice de t f f~ e)y2 fr. 50, soit 44,80 0'0. et la manipulation des bagages, la distribution des Les Compagnies encaissent 32 t8~ 580 francs; billets, mettent à l'épreuve la patience des voyageurs. dépensent )~ 013 630 francs, et font un bénéfice de D'autant mieux qu'il y a deux guichets séparés, l'un )8 260 c~o francs, soit 34.2~ o/o. pour les billets de première, l'autre pour les deuxième et troisième classes, et qu'un seul employé y assure le Li longueurdeslignes exploitées est de 4. )oo kiservice. Il est, de plus, aussi lomètres en chiffres ronds, naïf qu'ailleurs de compter et leur établissement a coûtrouver là un renseigneté, suivant les statistiques ment précis. citées, ~o< 050 003 francs. Le matériel diffère Il semble donc évident quelque peu du nôtre. Les que l'Etat japonais ferait machines sont petites et faiune excellente affaire en rables aucune ne pourrait chetant toutes les lignes ferdonner une grande vitesse. rées existantes et en les exPas de fretn Westinghouse ploitant lui-même. Politiquement, le gouvernement ou autre. Par contre,éclaiacquerrait une arme excelrage électrique avec les petites lampes à filament dans lente dans un pays où toules voitures, et dans les tes les carrières administragrandes gares avec de grostives sont aussi recherchées quedanscertains pays d'Euses lanternes carrées ou rondes de verre dépoli, renrope économiquement, il se 1·ORO\AI API'i f'W \TRE CIII'tE InTS ARBPES, 1 1 DE SAI'1·17RO procurerait les moyens soit fermant de fortes lampes à ~j/'rc'x !;);c /)f<<i~rj/N'f ~f )';ytf<y ~7~j~M!'r!'e. incandescence. Les wagons de gager un emprunt, soit de procéder à de grands sont de même type que ceux du tramway Louvre-Boulogne une caisse montée sur travaux avec la certitude d'être, à chaque échéance, deux trains de quatre petit s roues à l'avant et à en mesure de payer les termes ou les annuités. l'arrière lavabo à l'extrémité, pour les premières; VILLETARD DE LAGUÉR~Eentrée et sortie par une plate-forme qu'ouvre une porte glissante pour siège, deux banquettes horizontales, recouvertes de cuir dans les premières, de molesquine dans les secondes, mais de bois tout nu dans les troisièmes. Le plus souvent les voitures de première Les cloison coupées tiers deux portesont par une aux avec glissière, qui isole un fumoir pour quatre personnes à l'aise. Mais on peut fumer ailleurs que là au Japon, tout le monde, même les femmes et les jeunes filles, Les Allemands n'ont pas perdu une minute pour grille du tabac, soit en cigarettes venues d'Amérique organiser leur nouvelle possession dès leur occupaet des Philippines, soit en pipettes à fourneau minuscule tion, ils ont commencé par mettre leur territoire en état dans lequel on tortillonne des filaments marron, fins, de défense, en plaçant des canons sur les collines voilongs, qui semblent une poignée de cheveux. Il y en a sines, à côté de camps retranchés. pour deux bouffées à peine. Des crachoirs de cuivre, posés sur un tapis 'de peau de mouton teinte en noir Le bourg de Tsing-tou, qui compte 3 ooo habiou en marron, reçoivent les cendres. tants, est rapidement transformé les rues sont en Les wagons de première servent surtout aux bon état, des lanternes les éclairent, des plantations étrangers, et ne figurent presque jamais que pour une d'arbres sont entreprises, partout des coolies travaillent unité dans chaque train. Il m'est arrivé d'aller, sans sous la surveillance des soldats, nivelant, réparant, avoir eu un seul compagnon de route, de Yokohama à traînant des brouettes. De grands bâtiments, destinés Kobé. Les voitures de seconde sont bien achalandées. aux autorités ou devant servir de magasins militaires, Quant aux troisièmes, tant qu'il y a place pour un corps s'élèvent dans la petite ville, au grand étonnement des humain, les indigènes s'y empilent; les tard venus se Chinois peu habitués à une pareille activité. Du reste, retirent philosophiquement dans les salles d'attente, où ces derniers sont déjà au mieux avec les soldats alleils fumeront, bavarderont en commentant le ~/)/0!«; mands. L'entente est parfaite. Certains marchands (journal), et feront de la politique pendant des heures, chinois ont même déjà adopté des enseignesallemandes. La germanisation de ce coin du territoire chinois ira sans se lasser, jusqu'au prochain départ. Le développement récent des voies ferrées a eu vite. C'est un exemple à imiter. la voie descendante, l'un une gare à l'européenne, mais n'ayant qu'un rez-de-chaussée, l'autre un hangar d'attente. La voie, assez encaissée pour que le plancher des wagons soit de plain-pied avec les quais, est franchie par une galerie couverte, vitrée et pourvue de deux

I_A

NF

A

Allemands à Kiao-Tchéou


Un

dangereux parasite des arbres fruitiers. 1 e Pou de San José

v

D~)M/t/<M'M temps, /MM~:OM~'OM/M~~?;E'!<)'0~)<' J'!tt: nouveau parasite des arbres extrêmement

M/

MMM/Me en

~<f;M, inspire de graves /<M~/M~M.

Américains désignent généralement ce parasite Pou de San José ? (San /ose Scale), parce qu'il ressemble très grossièrement au pou proprement dit, -avec lequel, d'ailleurs, il n'a absolument rien de commun, et parce qu'il a été signalé pour la première fois, vers i8yo, dans les T ES

L

sous le nom vulgaire de «

vergers qui entourent la ville de San José. non

tion, ce qui ne tarde jamais plus de quelques heures. Alors, la larve s'arrête, e,nfonce son suçoir dans l'écorce et ramène ses antennes et ses pattes contre son corps. Celui-ci prend une forme demi-globuleuse et circulaire, puis se couvre de longs filaments blancs, de nature cireuse, qui bientôt s'emmêlent et s'agglutinent pour constituer, au bout de deux jours, une écnille ou bouclier d'un blanc de craie, d'environ deux millimètres de diamètre, avec un mamelon central. A rpt f.~t b.r'/aire d'é:a:"c: b'snchcs CL: grises, mâles et femelles sont semblables comme coloration et comme grandeur. Réunis en colonies sur les branches, leur aspect rappelle celui de ces petits kermès blancs qui abondent sur les feuilles des lauriers-roses. Ce n'est qu'après la première mue, qui se produit douze jours après la naissance, que les différenciations sexuelles s'accusent. La taille des mâles devient plus grande que celle des femelles. leur corps s'allonge, la partie céphalique présente deux points oculaires pourprés, les pattes et les antennes se développent. De 34 à 35 jours après la naissance de la larve, l'insecte

adulte parait,

pourvu d'antennes, de pattes et

loin deSan-Fran-

d'un appendice

cisco, en Californie.

caudal de couleur grise, d'ailes iri-

C'est, en

le corps, long d'un demisées

réalité, un coccidien (c'est-à-dire une sorte de cochenille), que le

millimètre est de couleur orangée,

p'us foncé sur le

professeur Comstock a étudié et

prothorax et sur la tête: les yeux sont d'un pour-

décrit pour la pre-

mière fois en

ASf7tUOTUS FFR\IfI05U5

AIALE ADI'LTE ET rENIELI.r. ADVt.TE

/rt\f//o]t'jrt/fjr/o/

188o, qu'il signale comme étant très nuisible à divers arbres fruitiers, et qu'il désigne sous le nom scientifique d'Aspi<o/!M /'f; o/f/OHM. Depuis tors, ce parasite et ses ravages

ont été, en Amérique, l'objet de nombreuses publications. Une des plus récentes, due à MM. Howard et Marlatt et i.mprimée sous les auspices du Département de l'Agriculture des États-Unis, les résume toutes et les complète, tant au point de vue de l'historique de l'invasion de l'insecte, que des moyens employés pour le combattre. Nous lui emprunterons la majeure partie des détails qui vont suivre.

L'/t~)!o/!M ~-ywKMM~ appartient au groupe des Diaspines caractérisé par ce détait les dépouilles pro-

venant des mues successives des larves, se superposent les unes aux autres, et forment, au-dessus du corps de l'insecte, une sorte de carapace en bouclier, sous lequel il passe la plus grande partie de son existence. En avril ou mai, la femette produit, pendant une période de plus de six semaines, non des œufs, comme la plupart des cochenilles, mais de nombreuses larves vivantes. Celles-ci, très petites, presque microscopiques, ovalaires, d'un jaune pâle, sont pourvues de deux fines antennes, de six pattes et d'un très long suçoir composé de trois filets. Elles restent d'abord immobiles pendant quelques instants sous l'écaille maternelle, puis errent sur les végétaux jusqu'à ce qu'elles aient trouvé un endroit favorable à leur fixa-

pre foncé.

La (émette,

sa première mue, conserve sa forme circulaire et n'a pas d'yeux. Vingt jours après la naissance a lieu une seconde mue le bouclier devient gris pourpré. Le trentième jour, la femette est adulte on peut voir dans son corps les jeunes embryons, renfermés chacun dans une délicate membrane. Elle est arrondie, apode, aptère, et mesure un millimètre de longueur. Une fois fécondée, elle commence à mettre au monde seslarves, du trente-troisième au trente-quatrièmejour. Les générations se succèdent pendant toute la belle saison. A Washington, on a pu observer quatre générations, régulièrement développées, avec la possibilité d'une cinquième rartielle. Les deux premières générations fournissent surtout des mâles c'est le contraire pour les deux autres. Les calculs ont montré que /~o;«WMM/, dans le cours d'une année, une seule femelle peut donner naissance, dire~cment ou indirecà

tement, à '216080400 descendants! ~c/<MM.s s'établit sur toutes les parties d'un végétal, branches, feuilles et fruits, mais il a une préférence marquée pour l'extrémité des rameaux, surtout chez les poiriers. Sur les branches, les boucliers sont souvent si nombreux, qu'ils se recouvrent les uns les autres et que l'écorce. en été, paraît enduite de cendres, de craie ou de son. Les feuilles sont moins attaquées cependant, dans divers cas, leur surface supérieure est complètement envahie,

L'M/M


principalement par les mâ)es au rouge brun.

leur couleur tourne alors

L'~&M~o/M!j!'c~;M/<MM diffère de

toutes les autres cochenilles par les effets particuliers qu'il produit sur la peau des fruits et des jeunes rameaux. Une auréole rougeâtre entoure, à quelque distance, le corps de chaque femelle, notamment sur les poires, ce qui facilite beaucoup l'ins-

_L_r_1'-

pection des arbres

suspects, alors que les parasites sont encore disséminés. Les arbres atteints présentent

un rabougrissement ou un affaiblissement plus ou moins s prononcé les plus fortement atteints finissent par en mourir. Les jeunespêchers peu-

ASPECT D'UNE POIRE ATTAQUÉE PAR L'ASPIMOTUS PERNICIOSUS.

D'après Howard et

~/ar/

vent ordinairement survivre deux ou trois ans. Les poi-riers sont souvent tués immédiates'ils surviment

vent, ils végètent et restent chétifs. Les fruits attaqués tombent parfois avant leur maturité, et perdent, en tous cas, de leur valeur marchande par suite de l'aspect noueux, crevassé, déformé, qu'ils revêtent. L'o/M~ attaque surtout les arbres appartenant à la famille des rosacées amandier, prunier, pêcher, abricotier, cerisier, framboisier, rosier, aubépine, cotonéastre, poirier, pommier, etc. Le cognassier paraît être plus rarement envahi. Mais l'insecte se développe aussi sur des végétaux de familles très diverses: groseillier à maquereau et groseillierà grappes, tilleul, robinier, orme, noyer, saule pleureur, sumac, catalpa, etc. Les auteurs qui ont étudié spécialement ce nouveau fléau, indiquent jusqu'à 28 espèces végétales contaminées. Jusqu'à présent, la vigne paraît indemne. Actuellement, l'aire d'habitat de M/cM.HM s'étend aux États-Unis, à une partie du Canada, au Chili, à l'Australie, aux îles Hawaï et au Japon. On ne connaît pas son pays d'origine. Il a été probablement introduit au Chili par des arbres importés des États-Unis. Mais, même dans ce dernier pays, l'histoire de son extension semble indiquer qu'il n'est pas indigène, et qu'il a été importé d'ailleurs. Il peut provenir d'Australie, comme de la Chine ou de toute autre partie de l'Asie orientale, ou encore des îles de l'océan Pacifique. Mais il est fort probable qu'il est venu en dernier lieu du Japon, qui a fourni autrefois beaucoup d'arbres fruitiers à la Californie. Quoi qu'il en soit, la marche d'invasion de cet insecte a été extrêmement rapide. En 1873, trois années après son apparition à San José, on le signalait

l'o~

comme très nuisible sur ce point. En '883, il s'étend au loin, à l'ouest de San-Francisco. En <886, toute la Californie, l'Orégon, l'état de Washington, et plus tard, la Colombie britannique, sont envahis. Puis, c'est le tour de l'Idaho, de la Nevada, de l'Arizona et du Nouveau-Mexique.

tarda pas à faire son apparition dans les régions orientales. En août [8< des poires proveLe fléau ne

nant des serres du Dr Hedges, à Charlottesville (Virginie), furent envoyées à M. Galloway, chef de la division de physiologie et de pathologie végétales au département de l'Agriculture, comme attaquées d'une maladie cfyptogamique. Mais l'entomologiste Howard, à qui elles furent soumises, reconnut immédiatement que c'était au « pou de San José » que l'on avait affaire. Son introduction dans l'Est avait pour origine des groseilliers achetés à une maison de NewJersey.

En mai 1804, )')/~K'<!M est signalé en Floride. En août 18~4, sa présence est constatée dans l'Indiana, la Pensylvanie, le New-Jersey et l'État de New-York; puis, il gagne Long-Island et la Georgie. En décembre t8~4, l'Ohio est atteint, et, dès janvier t8c)~, c'est le Delaware, l'Alabama, la Louisiane et le Massachu-

setts. Ainsi, en moins de quinze ans, ce Coccidien s'est multiplié au point d'envahir une contrée immense. En général, c'est par des envois provenant de pépinières infectées, ou par des fruits, qu'il s'est propagé à de grandes distances donc, par voie artificielle, exactement comme le phylloxera à ses débuts. Mais il existe d'autres causes de dissémination, par les agents naturels de transports, tels que

lesventsviolents,leseaux,etc. Les

jeunes

larves sont aussi charriées par d'autres animaux sur lesquels elles se fixent. Les ravages de

l'o/iM se sont

accrus d'une façon si inquiétante que la lutte s'est imposée. A cet effet, le bureau de l'Entomologie agricole des États-Unis, abatage des a pris diverses mesures arbres atteints, qui sont brûlés sur place, importation d'autres parasites, ennemis des premiers, badigeonnages, lavages,

pulvérisations, vaporisations, fumigations, etc.. etc. On voit, par les progrès incessants de l'invasion, que la lutte n'est pas facile. En Europe, la première émotion eut lieu, it y a quelques mois, lorsqu'on apprit que l'on avait constaté, à Berlin, la présence de I')'o<t(!~)')M'<:M~M~, sur

des fruits importés d'Amérique.

Des mesures préventives furent

ASPECTD't'KRAMEA'] EN~'Alil PAR LES

LARVESDEL'ASPtDIOTCS PERNtOO5US.

D'~t't~T/o~r~ e~/<!Wa~.

aussitôt prises de divers côtés. Le 5 février )8a8, un arrêté interdisait l'entrée en Allemagne des plantes vivantes provenant d'Amérique et astreignait à une inspection officielle les

envois de fruits frais. Quoique cette surveillance ne soit évidemment pas très facile à réaliser, vu les nom-


breuses cargaisons de fruits arrivant d'Amérique et spécialement de Californie, on peut cependant reconnaître assez rapidement, comme on l'a vu ci-dessus, les fruits attaqués par le « pou de San José ». Le 12 avril, le conseil fédéral suisse prenait la décision suivante, plus radicale et évidemment plus efficace encore «

L'importation des fruits frais venant d'Amé-

rique est interdite, aux fins d'empêcher l'invasion du gallinsecte de San José (~o/M~e<MM~ Comstock), dangereux au plus h~nt ~egré. La seconde Chambre des États généraux des Pays-Bas a voté, à l'unanimité, un projet de loi qui autorise le gouvernement à défendre l'importation et le transit directs ou. indirects des plantes vivantes, emballages, végétaux frais, barils et boîtes d'origine américaine. En France, le ministère de l'Agriculture a convoqué, pour cet objet, la commission technique. Les journaux scientifiques, agricoles et horticoles, ont étudié la question et les sections de la Société des agriculteurs de France qui s'occupent d'horticulture, de pomologie et des relations internationales, dans les séances de la dernière session, ont émis un vœu invitant le gouvernement à prendre les mesures les plus énergiques pour sauvegarder notre production fruitière. Un des membres les plus distingués de cette Société a demandé qu'une inspection cfficielle fût organisée, comme cela existe aux États-Unis, pour qu'aucune plante vivante, et spécialement aucun fruit suspect, importés directement ou indirectement d'Amérique, ne pût pénétrer en France. Il a été demandé également qu'une action diplomatique fut engagée avec le gouvernement belge pour prendre des mesures communes, que l'Institut agronomique de Paris fasse entendre un cri d'alarme à la première invasion de l'aspidiote sur territoire français, enfin que le gouvernement prenne immédiatement des mesures sévères si la présence de l'insecte venait à être constatée. Ces craintes et ces précautions ne sont que trop justifiées. Venues à temps, elles ont des chances d'être plus efficaces contre qu'elles ne l'ont été

contre le phylloxera.

autres navires à passagers doivent être munis. Dès la

rentrée des Chambres, sera déposé un projet de loi sur la « sécurité de la navigation maritime )' qui astreindra tous les bâtiments à des visites annuelles pour s'assurer qu'ils sont dans des conditions sérieuses de navigabilité, que le nombre maximum des passagers et des marins est dans un rapport rationnel en ce qui concerne la flottabilité, l'aération et l'hygiène. Chaque navire, avant d'être mis en service, devra être visité à sec. En ce nui concerne les u~timenis en service, la visite devra avoir lieu tous les trois ans pour les navires en bois et tous les deux ans pour les navires de construction métallique. Si les commissairesde visite constatent qu'un navire exige des réparations, la délivrance du certificat de navigabilité sera suspendue jusqu'à l'achèvement constaté des réparations. Dans le cas de présomption grave d'insécurité, l'autorité maritime ou consulaire pourra faire visiter le navire d'office, même dans l'intervalle des visites annuelles réglementaires. Le projet de loi prévoit que des règlements d'administration publique fixeront les mesures de détail concernant le calcul du tirant d'eau maximum, le nombre des passagers dont l'embarquement pourra être autorisé, les objets de rechange d'armement, les instruments de navigation, les médicaments et aussi les nouveaux engins ou procédés de sauvetage, les mesures de propreté et d'hygiène dont l'utilité serait reconnue. Des pénalités sont prévues comme sanction des infractions aux règles fixées. A ces mesures excellentes il conviendrait d'en ajouter une dernière, d'ordre pratique, à savoir que le matériel propre au sauvetage, mis à bord des paquebots, fût plus souvent manœuvré. On les munit, cela va de soi, de nombreuses embarcations, mais les palans qui les supportent sont recouverts d'une couche de peinture si ancienne et si épaisse qu'il faut un temps infini pour mettre ces embarcations à la mer. La difficulté inouïe que les marins du La ~OH~o~e ont éprouvée, lorsqu'ils ont voulu amener les embarcations, a été pour beaucoup dàns l'étendue de la catastrophe.

l'o/t~,

PAUL COMBES.

Herbert Vivian.

Servia, tlie /'oor wa/t'~ paradise. Londres Longmans, )H(~, in-8.

La Sécurité de la Navigation de desministre mesures

la Marine se préoccupe activement

T E

prendre pour la sauvegarde des vies humaines et des richesses confiées aux bâtiments de mer, mesures dont la nécessité vient d'être mise à l'ordre du jour par le sinistre du La Bourgogne. On vient de faire sanctionner par le Conseil d'Etat un règlement d'administration publique, déterminant les moyens de sauvetage dont les paquebots et à

'AUTEUR de cet ouvrage a séjourné longtemps en Serbie, L et il s'est épris d'un vif enthousiasme pour ce petit Il seulement de le faire mieux royaume. se propose, non connaître à ses compatriotes, mais encore d'engager ceux-ci à prendre une part plus grande qu'aujourd'hui au commerce avec la Serbie. Les sympathies de l'auteur t'ont poussé, assez naturellement, à prendre un point de vue très hostile à l'Autriche-Ilongrie et à son occupation de la Bosnie-Herzégovine, qui crée un obstacle insurmontable à l'expansion de la Serbie, et est la cause principale de l'instabifité potitique du royaume. L'ouvrage de M. Vivian, consciencieux et fait de première main, doit donc être lu avec une certaine réserve, mais on y apprendra beaucoup de choses, non pas tant sur le pays lui-méme, décrit assez superficiellement, que sur le peuple serbe et sa situation économique et politique.


n//7'7m~L'A'G~VD&'R G~<3G~/)P~SCV/

G~S~SC7/.4/r

Statistique de instruction publique dans la principauté de Bulgarie .Eplus .L parmi les nations les plus éclairées. La principauté compte une L'niversité à SoHa, 3 Facultés :historico-philojeune des Etats de l'Europe tient à prendre rang

logique, physico-mathématique et Facu)té de droit t5o écoles moyennes, dont 9 gymnases supérieurs et "h progymnases de garçons, gymnases supérieurs et 3- progymnases de jeunes filles, <4 gymnases mixtes, 6 écoles

normales, école moyenne militaire, Parmi ces dernières, on compte

.) 481 3 o'Q

écoles primaires. écoles bulgares

orthodoxes,~ bulgares catholiques,8 bulgaresprotestantes, 25 bulgares mahométanes, t 2)3 écoles turques, )6tartares, 3f) grecques, 3 françaises, 2

i3 arméniennes, 2- israélites,

.1

catholiques,

roumaines, i allemande, i russe. 3 o"Q de ces écoles sont subventionnées aux 2/3 par l'Etat, au 1/3 par les 402 par des particuliers. Le budget de l'Etat communes, pour l'instruction publique est de <) 188 56o francs. Comme la population de la Bulgarie est de 3 3oo 8)ô habitants (recensement de [8()3', on voit que la proportion du nombre des écoles au chiffre de la population est des plus honorables pour la jeune principauté.

et

DE LT

7'&'C//R A'<~L

<~YM

Les Plantations du L

Z~7T L'A'G

Cameroun de devenir

un grande colonie allemande est en passe véritab)e essais mère-patrie, grâce la grenier pour aux

des plus fructueux auxquels se livrent diverses sociétés allemandes pour le développement de plantations coloniales. Voici quelques détails que nous donne M. le conseiller provincial von Uslar et qu'il a observés lui-méme dans un séjour qu'il a fait au Cameroun au commencement

dei8f)8. Toutes ces plantations se trouvent à l'ouest et au sudouest du massif du Cameroun, soit le long de la mer, soit sur les bords du fleuve Bimbia. Mais, malgré l'activité déployée, il reste encore en friche bien des terres fertiles, où les colons européens trouveraient en quelques années une large rémunération de leurs efforts. L'Etat cède aux planteurs des terres à 5 marks l'hactare, le long de la mer, et à 3 marks dans l'intérieur du pays. (Le mark vaut i fr. 2?.) Cependant, M. von Uslar ajoute que les petits capitalistes exploitation qui ne trouveraient guère leur compte à une demande au moins cinq ans avant de produire des intérêts; mais, à partir de ;5o ou de 200 ooo marks. les gros capitaux ne trouveront pas de placement plus sûr, ni de plus fructueux à la longue. La culture la plus rémunératrice est celle du cacao. Quelques chiffres en montreront le développement. En )8o5, le Cameroun a exporté pour 12" o3i marks, soit 14) <j'3 kilog. de cacao. En !8<)6, ce chiffre est monté à ):8~ marks évaluer approximatipour tô<, 5.% kilog. En t8q-, on peut correspondant à une vement la plus-value à 35 848 marks, augmentation de 36 55- kilog. Etant donné que ces plantations sont toutes récentes et que plusieurs n'ont pas encore eu le temps de produire leurs fruits, on trouvera que ces chiffres sont assez éloquents. Les plantations de café, de vanille, de tabac, etc., sont moins florissantes pour diverses raisons. Ainsi la culture du café, à cause des frais qu'elle occasionne et du très bas prix de vente, n'est pas assez rémunératrice. Cependant à Soppo, localité élevée, sur les flancs des Monts Cameroun, prospèrent 200 ooo caféiers. Mais cette culture est toujours tenue en échec par le mauvais état des voies d'écoulement, aussi bien 'que pour les raisons que nous venons d'indiquer. Un autre essai, très intéressant, est la création d'un ardin botanique à Victoria. Ce jardin sert à la fois de champ

d'expérience et de pépinière, où l'on cultive le cacao, le café, la vanille, le poivre, ]acardamone,)a canelle, la muscade, etc., etc. Le principal obstacle au développement de toutes ces plantations est la pénurie de la main-d'œuvre. Aux indigènes du Cameroun, peu sédentaires, peu dignes de confiance. on a joint des ouvriers qu'on a fait venir de Libéria. ou des autres possessions voisines. Les plus recherchés sont les negres Kru ou Kry, de Libéria, qui s'engagent soit par troupes, sous le commandement d'un chef, soit directement par contrat avec des agences allemandes.

~.BL/07'~C' U.YIVERSELLE ET ~Bt't't' SC/~SSE La récente révolte des Musulmans

du Turkestan

moment où la presse russe, irritée par le récent disucours de M. Chamberlain contre les menées de Rus-

A

la

sie, menaçait l'Angleterre d'un soulèvement des Hindous, on apprenait la révolte des Musulmans de la région de I-'ergan, dans le Turkestan. Un certain Ichan réussit à embrigader un millier de ses coreligionnaires, les jeta sur les Russes, au milieu de la nuit du 2 au 3 juin, et en massacra une vingtaine, avant que l'alarme fùt donnée et que la troupe pût arrêter les rebelles. Ichan fut arrêté le lendemain il déclara que depuis la conquête des Russes les mœurs de ses compatriotes s'étaient corrompues, qu'ils n'observaient plus les préceptes du Chariat et que les liens de la famille se retàchaient. Il ajouta qu'une année auparavant il avait décrit cette triste situation au sultan en lui demandant des conseils et qu'il venait justement de recevoir la réponse du calife qui le désignait comme son aide, lui conseillait de prêcher à la population l'observation des lois musulmanes et en même temps lui envoyait en cadeau un vieux khalat (longue robe,. En effet, depuis quelque temps Ichan recueillait chez lui des disciples qu'il endoctrinait et à qui il prêchait la rébellion.

Bien que le mouvement qu'il fomenta ainsi ne fut pas

très étendu: il est assez intéressant toutefois d'en analyser les causes. L'écrivain russe de la Revue suisse donne, à ce sujet, quelques indications précieuses. On est en Russie, dit-il, assez disposé à voir dans cette révolte la main des Anglais. M. Tagéev, qui a longtemps habité le Turkestan, le dit carrément dans le journal du prince Oukhtomski. Il affirme que déjà en ;Hc)ô et i8<.)" il a souvent vu des agents anglais travestis en musulmans prêcher le /M~afa< (la guerre sainte) entourés d'une foule fanatique. L'agent, coiffé du <e/t~tj (turban', frappant à coups de poing sa poitrine nue, ameutait par ses hurlements la foule et la conviait à se jeter sur les Russes. Parfois, la police intervenait pour conduire au poste; sans autres cérémonies, cet étrange prédicateur, mais le plus souvent elle ne faisait aucune attention à lui et le laissait débiter ses insanités criminelles. Il me semble qu'il faut chercher à ce soulèvement des causes plus profondes la population a accepté notre domination dans l'espoir d'échapper aux vexations despotiques de l'administration de l'ancien khan or, d'après le témoignage de ceux mêmes qui voudraient rejeter sur l'Angleterre la responsabilité de ces méfaits, nous voyons que le khan seul a été supprimé, mais que ses satrapes continuent à pressurer la population, comme par le passé, et les fonctionnaires russes, un peu parce qu'ils y trouvent leur intérêt et un peu par nonchalance bureaucratique, laissent faire. Aussi, au'iieu de menacer sans cesse les Anglais de soulever leurs musulmans, nous ferions mieux de nous occuper un peu plus des nôtres et de leur apporter une parcelle de cette civilisation que nous leur promettons depuis si longtemps.

Voilà quelques conseils très sages, que l'on pourrait faire entendre à d'autres qu'à des Russes.


A

Sainte-Hélène

/Mf

nouvel article de ~M. /.O~tK, notre ~MM'~ 'spécial à /M<~MM/MM t/M C<'fWH'M de fer des impressions de son ~OM~ à ~a/M~-M/f'/M. On les lira avec intérêt. 7oM< ce qui <c)iM/)e à

Voici

MK

indifférent aupublic.

/EST une rare bonne fortune, que de pouvoir faire à Sainte-Hélène

une escale assez longue pour visiter l'ile et tout ce qu'elle offre d'intéressant, assez courte

cependant pour ne pas s'y sentir comme enfermé, comme prisonnier. Les steamers anglais qui vont au Cap ne mouillent devant Jamestown que trois ou quatre heures, _4 et presque

t_ une

demi-journée

~M CoH~O.

Ce sont

ne saurait être

vient de traverser les eaux littorales, souillées au loin par le confluent du Congo le soir, elle se peuple de phosphorescences, et d'innombrables milliers de méduses étalent derrière le navire un lumineux sillage. Accident terrestre, Sainte-Hélène surgit brusquement de ces flots elle appelle de loin les nuages, qui se condensent autour de ses cimes, et lui

font, en toutes saisons, un inamovible panache; déchiqu etée,du

est nécessaire pour le seul pèlerinage

dejamestownà)a maison de Longwood, qu'habita Napoléon. Favori-

côté Sud, par l'incessant assaut que

sés ici, comme

mène l'a)izé. elle

gers de l'Albertville ont eu tout le loisir de bien voir; la

littoral Nord des es-

montre, sur son

toujours.les passa-

n'avait guère cessé

carpements moins farouches et le seul mouillage de toute sa périphérie, celui

d'embrumer l'île pendant trois semaines, a fait

morceau de terre,

p)uieméme, quii

de Jamestown; mais quel petit malgré l'attitude

trêve en leur hon-

altièrede son relief! MAtbOS DE L'EMPEREUR A LOKGWOUf onze kilomètres du Nord au Sud, dixD'après f~tO~f~/t~ de M. LOW~. douce et tiède, sous sept d'Est en Ouest, unsoteil tamisé par quarante-cinq de tour, un point moins gros sur la carte des lames de nuages, qu'ils ont, un matin, découvert les roches noires et les ravines abruptes de la côte de que notre département de la Seine. et la terre la plus proche est à cinq jours de vapeur Jamestown. L'origine volcanique de l'i)e est certaine une Sainte-Hélène est perdue dans l'immensité de promenade, même rapide, dans l'intérieur, suffit pour l'Atlantique austral prés de deux mille kilomètres la reconnaître les cirques ébréchés des anciens cratères séparent de l'Angola portugaise, qui est le point le plus les formations basaltiques dominent partout où le roc voisin du continent africain, et l'Océan lui-même, entourant l'île de dépressions profondes, accuse mieux se montre à nu, et leur couleur noire ne contribue pas peu à rendre sauvage et triste l'aspect extérieur des encore son isolement entre Saint-Paul de Loanda et côtes. H est visible aussi que la mer a beaucoup réduit Sainte-Hélène, la sonde descend jusqu'à prés de six le volcan de jadis les rochers littoraux, sapés par leur mille mètres cette mer sans obstacles, que l'alizé du pied, se penchent en surplomb, tandis que les pluies, Sud-Est anime d'une houle régulière, a des teintes d'un abondantes sur les sommets, forent lentement dans azur puissant et paraît plus pure encore, pour qui 38. t? septembre [8c)8. 38° LIV. A TRAVERS LE MONDE.

neur, et c'est par une température

?


]eur masse les fissures qui dessinent d'avance leur ruine prochaine aucune végétation arborescente ne se cramponne aux falaises pour leur faire un ciment de racines; l'ite était boisée, nous dit-on, lorsqu'elle fut découverte au début du seizième siècle, et les arbres couvraient les pentes jusqu'à la mer violences de la nature ou faute des habitants, la côte est aujourd'hui rasé, sèche et d'une poignante aridité rien n'annonce du dehors que l'on puisse seulement trouver une source pour boire, un bosquet pour se reposer à l'ombre, et cette île apparaît brutale, inféconde, hostile à l'établissement de l'homme, sans port naturel, sans plage même, impuissante à offrir un-asile contre la mer dont elle a rompu la souveraine continuité. Les bâtiments qui viennent du Sud ou de l'Est doivent tourner autour de Sainte-Héténe~ pour s'en approcher par le Nord-Ouest et jeter l'ancre devant Jamesles voiliers manoeutown vrent avec prudence, pour

éviter d'être drossés par l'alizé sur les escarpements mé-

ridionaux et peut-être bien Juan de Nova, le premier navigateur qui aborda dans l'île, la découvrit-il sans le vouloir, comme Cabral le

claires parmi des cannes en baleine, des poissons empaillés et des albums de photographies. Presque tous ces gens-là répondent uniformément à nos questions qu'ils sont nés à Sainte-Hélène beaucoup ne connaissent rien sur terre, que cette i)e autour de laquelle ils vont pécher; mais jadis, quand on chassait vivement la baleine dans l'Atlantique austral, SainteHélène était un point de repos et de ravitaillement: des marins de tous pays, au hasard de leurs campagnes, y faisaient des séjours plus ou moins longs, s'y fixaient quelquefois; puis les troupes anglaises d'occupation sont empruntées aux régiments des Antilles ainsi, à côté du petit groupe des Anglais d'Europe, qui ne se mêlent guère aux indigènes, une population locale s'est constituée, composite et bigarrée, n'ayant de commun que l'usage de la langue anglaise et la pratique générale du

protestantisme.

Trois vallées en couloir descendent à la mer au Nord-Ouest de l'île, et celle de Jamestown est la moins étroite un simple filet d'eau la traverse, emprisonné sous

la ville et

confluant

à

l'Océan, moins comme une

rivière que comme un

égout à droite et à gauche, les roches se relèvent en

toujours est-il qu'il escarpements brutaux de y perdit un vaisseau. Le deux cents mètres un fort mouillage de Jamestown, ainsi qu'il est fréquent sur couronne le plus dominant de ces promontoires, celui les côtes volcaniques, est de l'Ouest, et sur l'autre très près de terre les fonds CA5t-AD):DEBR!ARS flanc des batteries enfouies tombent vite à deux cents Lorf~. D'après ~~c /to~o~ra/ de laissant passer les gueules mètres, et des travaux méde leurs canons. Les éboudiocres suffiraient pour faire lements ont-ils détruit des batteries anciennes? C'est un petit port abrité en eau profonde mais à quoi bon probable, car de vieux canons rouillés gisent au pied engager ici des dépenses, même minimes? Saintedes nouveaux ouvrages, dans un chaos de blocs rouHélène n'a que faire d'un outillage commercial elle lés par les flots mais la défense n'en paraît pas moins est trop loin d'Europe et d'Amérique pour sacrifier de cette assurée et ne doit pas être bien difficile au désir d'attirer les touristes les quelques étrangers côte, opposée d'eHe-méme au libre accès de l'étranger. .qui la visitent au passage doivent donc se contenter de barques indigènes pour aller à terre, et d'un Une terrasse, plantée d'arbres et formant digue du mauvais escalier de pierre, battu par les vagues, côté de la mer, précède la ville proprement dite, don elle est séparée par une ligne de fortifications c'est, en pour monter sur le quai quant aux marchandises, qui sont apportées du Cap ou d'Angleterre, on les hisse quelque sorte, !a Man/M de Jamestown une série de tout simplement à force de bras si la houle est trop magasins adossés au rocher, deux ou trois baraqueforte un jour, on attend au lendemain le temps n'est ments pour les services publics, autant de cabarets et, pas ici monnaie courante, comme en Europe. pour nous rappeler que nous sommes sur terre anglaise, Nous voici donc descendus de l'Albertville, et une pudique allée tortueuse, en planches, avec l'inscription :<~M)).Un pont-levis et une voûte font portés à terre par une processionde canots les hommes communiquer la terrasse avec la ville on s'étonne, qui nous mènent offrent la plus curieuse diversité de aujourd'hui, de cet appareil militaire, car personne ne types un loup de mer hollandais, tout rasé, vêtement bleu sombre et casquette de feutre, a sous ses ordres songe à menacer Sainte-Hélène, et, dès ces premiers pas, l'esprit se reporte au temps où les maîtres de un nègre, en jersey de matelot, coiffé d'un vieux l'île croyaient nécessaire d'accumuler des obstacles chapeau de paille, et un homme à face plate, au teint puis, jaunâtre, que l'on prendrait pour un Chinois pour mieux garder leur prisonnier. Jamestown s'étale c'est toute la gamme des métis chez lesquels la couleur ou plutôt s'allonge à partir de cette voûte, en remonnoire s'atténue progressivement jusqu'au simple hale tant la vallée; une place réunit, en bas, les rues qui s'épanouissentensuite pour gravir les rochers tatéraux: cependant, des marchands indigènes se font conduire à l'Albertville, pour vendre leurs bibelots aux compasur la plus large sont bâtis les principaux édifices, hôtel, cercle, poete, église, et de jolies maisons partignons restés à bord, et nous croisons la boutique culières aux façades peintes en brun les fenêtres, flottante où trois grosses négresses écrasent l:urs robes Brésil


petites et carrées, sont toutes à guillotine; parfois une galerie extérieure forme mirador, au premier étage, et repose par de légères colonnes de fer sur un perron l'alignement n'est pas assez rigoureux pour paraître monotone, et cependant une méthode a certainement présidé à l'établissement de toutes ces constructions partout ici règne une grande propreté, la chaussée bien balayée, les devantures nettes, les murs sans écaiiïes et ce que nous voyons des intérieurs, en passant, ne dément pas cette impression première cette voie

.t.t~ ,r h"h;+~ r t" indigène. Mais il

u.

n.t. o"f. ,b. "f

suffit de s'égarer dans les rues latérales, au milieu de maisons à demi-ruinées, rapiécées et mal odorantes, pour ne pas garder sur Jamestown de trop flatteuses

quelques maisons, pourtant, sont dispersées sur la colline, et des soins patients les ont entouréesde fleurs. Une conduite, descendant d'un sommet assez éloigné, fournit l'eau nécessaire aux habitants et à leurs jardinets bizarre anomalie, c'est sur ce coin desséché de l'île que se sont établies toutes les blanchisseuses fautil, à l'exemple d'un officier qui a minutieusement étudié Sainte-Hélène expliquer leur présence par le voisinage de la garnison des forts? Jadis, nous dit-on, ces dames venaient au-devant des navires de guerre, pour ûi~W sujcur .~W lü_~crc<.c3 n__ sont ofFt'ti' {cui's sci'v iCcs, Cncs _a ptU3

m. 1_

d'hui.

Mais voilà qu'en tournantla colline de High Knoll, la campagne apparaît toute différente l'air est plus

r.L librement qu'à

frais et circule plus

illusions; beaucoup, peut-être,

Jamestown;des bouquets d'arbres sont semés sur les

croient inutile de s'installer trop bien dans ce corridor aux murailles croulantes. Un petit

pentes; des

champs

cultivés, des jardins potagers entourent des maisons à l'aspect confortable, bâties en

monument est élevé dans la rue principale, «à à la mémoire des neufper-

Jamestown, qu'àà

laves cimentées; et, de tous côtés, des rampes vertes, coupées de ruisseaux, dévalent vers le ravin des Cascades, qui rassemble toutes leurs

la porte de l'île, et

eaux. Deux ou

sonnes tuées parla

chute de i 500 tonnes de rochers, )e 17

avril 1890 ».

Nous ne som-

mes encore,

a

la même hâte nous presse tous d'en

visiter l'intérieur:

RUE CENTRALE DE JAMESTOWN

D'après

«Me ~~t0<og'ra~)tt'e de M. Lor/M.

Longwood, la maison de l'Empereur, est loin de la ville, par des chemins très accidentés. Les premiers arrivés se disputent les trois ou quatre voitures disponibles, d'autres, désespérant de trouver des chevaux de selle, partent vaittamment à pied mais pourquoi d'abord ne pas suivre les traces de Napoléon Fui-même ? Pendant que l'on aménageait 'Longwood, il habitait près et en amont de )amestown de là ses promenades le conduisaient sur le High Knoll, ou bien vers les belles cascades de Briars gravissons donc cette colline, du haut de laquelle l'Empereur, pour la première fois, mesura sa

prison.

Une échelle droite de sept cents marches monte d'un bond jusqu'au fort qui commande la ville elle n'existe, en l'état actuel, que depuis t8y~ date de sa d'étroits restauration par le Royal Engineers sentiers en lacets, aujourd'hui remplacés par une bonne route, menaient seuls sur ce sommet, à l'époque de l'Empereur; du premier fort, un chemin empierré, bien entretenu, gravit la pente supérieure peu de passants sur cette route quelques officiers anglais à cheval, un cantonnier poussant sa brouette, des ménagères remontant de la ville, à pas lents, leurs provisions au bras le paysage reste aride, le roc affleure sans ce'se, et seuls des figuiers de Barbarie sont assez résistants pour pousser sur ce sol altéré leurs raquettes épineuses

trois cottages fort coquets se dressent au milieu de grands

parcs; l'un est la

résidence de l'évêque, qui est certainement un des personnages de l'ile les mieux logés sur une pelouse, des babies joufflus, tels les bonshommes de Kate Greenaway, jouent avec un âne gris, au poil luisant plus loin des jeunes filles en toilettes gaies préparent une partie de tennis des paysans fanent dans une prairie, d'autres conduisent aux champs des troupeaux de beau bétail un propriétaire, à cheval, parcourt ses terres en distribuant des ordres. Le'contraste est violent, entre les sauvages beautés du littoral de l'île, et ces paysages aimables, familiers, qui semblent le cadre naturel d'une vie paisible et sans histoire mais ces oasis de verdure sont partout enserrées de noirs précipices elles sourient comme des fleurs au milieu d'un cachot. Et l'âpre stérilité ambiante ressaisit le promeneur, dès qu'il arrive aux Cascades, où les eaux vives d'amont plongent entre deux hautes murailles, et, disparaissant presque toutes dans le sol poreux, ne laissent arriver à la ville qu'un misérable ruisselet; à mesure que l'on descend, les arbres se font rares, les prairies cessent, les jardins mêmes, nourris d'une eau strictement répartie entre les riverains, sont à chaque pas plus petits et plus pauvres; ils ne peuvent pas compter t. Voir Sainte-Hélène, par le capitaine MasseUn. Paris, Plon, [86:

du

génie


sur la pluie, qui ruisselle sur ces pentes abruptes sans

détail, que l'on regrette, cet intérieur a été strictement les féconder et, pour découper ces falaises en espaliers, reconstitué tel qu'il était au temps du- prisonnier; si, il faudrait un travail de Maltais ou de Kabyles, dont parfois, de légères restaurations furent nécessaires, les indigènes de Sainte-Hélène paraissent se soucier fort l'architecte s'est toujours inspiré de la plus pieuse discrétion. L'Empereur, pendant plus de cinq ans, habita peu. L'intérieur de I'i)e leur fournit en quantités suffisantes des légumes, du lait, de la viande les poissons cette maison rurale, à peine convenable pour un gardeabondent tout autour de la côte en faut-il davantage chasse il s'y était attaché, pourtant, et quand on eut terminé, tout près de là, New House, qu'on lui destipour une existence modeste et satisfaite? Combien sont-ils, parmi les habitants, ceux qui élèvent fort aunait, il refusait obstinément d'en prendre possession dëssus de leur médiocrité présente leurs rêves les plus les peintures, disait-il, n'étaient pas encore sèches ambitieux ? Leurs ancêtres savaient-ils, avant de l'avoir peut-être lui aurait-il déplu surtout, en cette île où vu captif, qui était Napoléon, et l'isolement du prisonnier l'attachait la fortune adverse, d'habiter une maison qui lui appartînt en propre, de ne pouvoir plus se regarne dut-il pas lui peser plus lourdement encore, parce qu'il souffrait seul de sentir der comme un étranger de l'horizon clos autour de passage dans une hôte)!erie. lui? C'est aujourd'hui le consul de France qui demeure à L'Empereur n'est deNew House, avec sa fameuré que quelques semaimille ancien soldat du génes auprès des chutes de nie, médaillé militaire, M. Briars c'est à Longwood M. n'a pas quitté Saintequ'il a vécu presque toute Hélène depuis quarante ans la durée de son exil; c'est il s'y est marié, sa nomlà ensuite que son corps a breuse famille, élevée à l'anreposé, jusqu'au moment glaise, essaime déjà vers la où le gouvernementdejuit-" Nouvelle-Zélande et l'Afrilet le fit rapporteren France. La maison de Longwood et que du Sud et n'a-t-il pas le tombeau forment aujourcette vanité, ici presque touchante, de souhaiter le d'hui desenctavesfrançaises ruban rouge, comme s'il dans le territoire anglais de rayonnait encore sur lui, Sainte-Héténe ce sont proserviteur posthume, quelpriétés nationales, dont le fWITIn,Y, D1.'v's L'I~TI::I{I~TIt conservateur porte en même que chose de la gloire de /)'f!n'.s;e~)0~~ra~tte~Z. l'Empereur! temps le titre de consul de France. La route qui mène à Longwood est aussi Une rapide descente en lacets conduit à la naistriste, d'abord, que celle de High Knoll elle est taillée sance du val où Napoléon fut enseveli c'est un fond en corniche dans la roche noire, et la poussière qui la sombre et frais, où les rayons du soleil percent à peine couvre est toute rugueuse de débris volcanique~. Mais, une grille en fer, sans ornements, entoure la pierre plus vite ici que de l'autre côté de Jamestown, le paytombale pas une inscription les vieux saules qui pleurèrent jadis sur les cendres de l'Empereur ont sage s'adoucit et se peuple; on traverse des bois de saules et de pins des haies fleuries font cortège au aujourd'hui disparu, remplacés par quelques arbres chemin du haut du plateau, péniblement gravi, l'œil plus jeunes, autour desquels pousse une herbe drue, se repose sur les longues coulées de verdure qui tapisras fauchée les ombrages voisins barrent la perspecsent les parois d'anciens cratères on dépasse les omtive et concentrent toute l'attention sur le tombeau brages de la villa qu'habita le fidèle Bertrand une les D<<My/!M de Maurice Barrès vont, dans la mise en chapelle, un petit cimetière gazonné, un groupe de scène des Invalides, demander à Napoléon des leçons maisonnettes avec l'inévitable auberge, ramènent nos d'énergie; sous les cyprès de Sainte-Hélène, pénétrés pensées vers les spectacles connus de notre Europe de du sentiment des limites où se brise toute énergie l'Ouest et le hameau de Longwood, que l'on aperçoit humaine, ce sont leçons d'humilité qu'ils recevraient ensuite, blanc parmi de frais herbages, a l'aspect ptutôt de l'Empereur. d'aisance aimable et quelque peu nonchalante de tel Cependant il est temps de remonter sur la route coin du pays de Bray. de Jamestown; le jour baisse; à l'horizon, la mer, La maison de ['Empereur, LongwooJ Old House, a confondue avec les nuages, semble encercler I'i)e d un les proportions d'une petite ferme, élevée d'un seul étage, infranchissable réseau voici pourtant notre grand coiffée d'un grenier bas; elle est vide de meubles, et les steamer qui nous appelle, tout prêt à déchirer cette volets demi-fermés la font sombre, comme au lendenébuleuse, à rompre le charme de nos songeries. mais main d'un deuil un buste, d'après le moulage pris sur nous avions encore l'âme un peu rêveuse tandis que, le corps lui-même, occupe la place du lit où Napoléon réveillée par notre visite, Sainte-Hélène se rendormait est mort à l'entrée un drapeau français est déployé derrière nous, calme, indifférente à l'évolution qui contre la muraille, et l'on se demande vraiment presse le monde, telle ces fleurs séchées dans un livre, pourquoi les couleurs anglaises lui sont accotées où se fane lentement un souvenir. dans un angle de la dernière chambre, un registre reçoit HEURt LORIN. les signatures des visiteurs, et sur une table est'dist~ posé l'ordinaire étalage des « souvenirs » sauf ce


Pour ce qui a trait au bois, dans la partie Sud de la ligne, on trouve des chênes, des platanes d'Orient, des hêtres, des charmes-bouleaux, des châtaigniers, des noyers, des tilleuls, des sapins et des pins; dans la partie Nord, peu de bois à feuillage il est vrai, mais par contre de grandes quantités de pins et de sapins. D'après les recherches opérées à la surface du sol, on peut augurer, dès à présent, que le tunnel principal passera au travers de roches cristallines mais, quant à conclure s'il y aura de l'eau et quels seront tes travaux d'ari. à eneciuer, il esi. indispensable pour se prononcer, d'attendre la belle saison, c'est-à-dire l'époque où les montagnes seront accessibles et permettront alors d'entreprendre de plus o

Futur Chemin de fer de Vladikavkaz à Soukoum-Kaleh Compagnie du chemin dé fer Vladikavkaz-RosAtov, étudie en ce moment le projet d'une voie

minutieuses recherches. ferrée qui, à travers la chaîne La plus grande partie de principale du Caucase, relierait la ligne passera par des conla station de Nevinnomysskaïa trées où la fièvre ne sévit jade la ligne Vladikavkaz à la mais seules, les quarante derville de Soukoum-Kaleh, sur la niers kilomètres traverseront une mer Noire. zone fiévreuse. Le parcours de cette nouvelle artère qui ne mesurera pas La partie Nord de la ligne, moins de 265 verstes (281 kilodepuis la station de Kel-Tala mètres), est déterminé par les jusqu'au tunnel, peut être considérée comme un des coins les points suivants plus salubres du Caucase l'inLa station de Nevinnofluence des bois jointe à l'air des mysskaïa, la Stanitsa de Bielomontagnes, rend cette contrée metchet, la ville de Batalpaextrêmement saine à habiter. chinsk, les houillères de KhouToute cette partie de la ligne est marinsk, situées toutes sur le beaucoup plus salubre que KisKouban, la rivière Téberda avec slovodsk et beaucoup plus jolie les villages de Karatchaew et qu'Abastouman. Teberdinsk, la rivière AmaPuis, la ligne gravit Une cure de kéfir et de nouse. la pente raide du Caucase et koumyss que préparent les habiatteint ainsi, près du col de tants de Karatchaew et l'air de Dombay-OuIguene, une altitude la montagne, produisent un De ce point, de 5 200 pieds. effet merveilleux sur les perla voie traverse l'Elbrous par sonnes atteintes d'affections de poitrine. un tunnel de 8 kilomètres et descend la rivière Tchalta, passe Ajoutons que non loin du devant l'ancien camp d'étattunnel, existent des sources mifortel'ancienne Lata et major nérales inconnues et par suite près Tzebeldinsk, des de resse inexploitées. CHËMÏNDEFERDE50UKOOM-KALEH villages de Nikolaievskoie et Depuisla stationdeNevynde Drand. Ensuite elle se bifurnomsskaïa jusqu'à l'embouchure de la Téberda, la que en deux tronçons, l'un allant sur Soukoum ligne parcourt d'abord une contrée ayant la flore des et l'autre sur Novo-Sekani, station du chemin de fer steppes, puis une vaste zone de bois à feuillage qui Transcaucasien. s'étend jusqu'à la ville de Soukoum. D'après les études, le tunnel est projeté dans ]a La particularité caractéristique de cette artère est partie de la chaîne située face à la rivière Amanouze, qu'à l'exception de la courte longueur du tunnel, aux affluent de la Téberda. L'entrée et la sortie de ce environs duquel on rencontre de bons pâturages, toute tunnel se trouvent bien au-dessous de la limite de la son étendue est formée de terres excellentes. La culzone des bois. ture en sera rémunératrice, à commencer par la flore Pour la construction des ponts et gares, le matémoitié tropicale des environs de Soukoum où se déveriel, tant pierre que bois, se trouve partout sur place; loppe maintenant l'horticulture industrielle qui raple sable nécessaire aux travaux devra être pris dans porte déjà d'importants bénéfices, jusqu'aux plaines du les rivières, en hiver, à la saison des basses eaux. Kouban qui peuvent donner, moyennant quelques très de à il Quant la chaux, comme se trouve dépenses pour l'arrosage artificiel, des produits préligne, la et long de le pierres calcaires bonnes cieux en fruits et en légumes. combustible rencontre d'autre le part, se comme, La construction de la voie ferrée changera sans tant au Kouban sous forme de charbon que dans les aucun doute l'état économique de ce pays dont le forêts de la ligne, la chaux ne peut faire défaut.


climat et le sol présentent toutes les conditions voulues pour en rendre le peuplement facile. Dans la partie Sud de )a ligne, depuis le Caucase jusqu'à Soukoum, il sera possible de cultiver des plantes textiles, médicinaleset aromatiques pour la parfumerie, des fruits, du tabac, du thé, ainsi que des fleurs et des plantes décoratives. Dans la partie Nord, au contraire, de grandes étendues rendront possibles les exploitations importantes, on pourra entreprendre des grains, l'élevage de bestiaux et les industries qui s'y rattachent. Grâce à la plus grande énergie de la' population ainsi qu'à l'influence du chemin de fer de Vladikavkaz, une certaine animation se fait déjà sentir dans le district du Kouban. En poussant la ligne jusqu'à Soukoum, on peut s'attendre à un développement rapide de tout le pays du Kouban, supérieur sous le rapport de l'agriculture, du commerce, de l'industrie et des

mines.

Mais reste une grosse. question à résoudre, celle

de la colonisation

Comment et par qui peupler ces terres si riches et si fertiles? Le monastère du Nouvel Athos possède la plus grande ferme des environs de Soukoum, et bien qu'avec le temps cette dernière doive se développer grâce à l'abondance et au bon marché de la maind'œuvre, il est douteux qu'elle puisse avoir une influence directe sur le développement du pays. Les nombreux pèlerins qui, chaque année, viennent visiter le couvent, en apprenant à connaître la contrée pourront lui fournir un jour des ouvriers et des habitants. La rade de Soukoum-Kaleh, point terminus de la future ligne, peut être considérée comme absolument sûre et le commerce maritime y trouvera un bon abri. En été, ce coin de la côte se trouve rafraîchi, durant le jour, par un vent léger venant de la mer et, durant la nuit, par un vent de terre qui, parfois, est assez fort et accompagné de pluie. En hiver, règnent des vents frais de N.-O., O.-N.-O., S.-O. et S.-S.-O. Ils sont de courte durée et arrivent par intervalles. Les plus fréquents en hiver et au printemps, sont les vents de N.-E. Quant à la ville, détruite pendant la guerre de 1877, elle se reconstruit depuis lors, mais lentement. Pour le présent, elle est de peu d'étendue et sans grande importance. Le long de la côte, près de l'embouchure de la rivière Kelassoura, s'élèvent des maisons de campagne qui donnent à la ville, vue du côté de la mer, une apparence de grandeur tout à fait trompeuse.

La ville actuelle s'élève sur les ruines de l'an-

cienne Dioskourie, appelée plus tard « Sévastopolis », dont les vestiges ont été retrouvés en partie au fond de la baie, près de la côte, et en partie dans les alluvions du bord de la mer. Ces ruines sous-marines présentent pour les navires un certain danger et il serait à désirer que teur position fût exactement déterminée. Sur la face S.-O. de la forteresse de Soukoum, à une distance de 65 à ioo mètres de la côte, on rencontre, en effet, sous l'eau, les ruines d'un château qui

n'est recouvert que par

mètre à

mètre </3 d'eau. Non loin s'élève une colonne ronde en pierre. De l'autre côté de la ville, près de l'embouchure de la rivière Bessletka, à une distance de 425 mètres de ta côte, on rencontre une grande tour en pierre atteignant métres de haut et n'étant submergée que sous 2 mètres 1/2 i

d'eau.

L'emplacement marécageux sur lequel est bâtie Soukoum rend cette ville assez insalubre les fièvres y règnent toute l'année. Cependant, depuis quelque temps, le climat s'assainit peu à peu; grâce à des travaux de dessèchement. En tout cas, sur. les hauteurs voisines le climat est des plus sains. Soukoum possède un boulevard longeant la côte et ayant vue sur la mer. Elle a, de-plus, une jetée construite sur pilotis en fer, d'une longueur de 50 mètres où accostent tous les vapeurs visilant le port. Du jour où la construction de la ligne dont nous parlons sera chose terminée, on assistera au développement rapide de la villede Soukoum, qui est appelée, sans nul doute, à jouer un rôle important dans l'avenir du Caucase. Ce développement s'opérera avec d'autant plus de rapidité, que Soukoum possédé, sous beaucoup de rapports, certains avantages sur les viDes rivales de Batoum et de Poti, grâce aux richesses naturelles du pays environnant, et à une position géographique qui peut avoir une grande importance stratégique.

La Région de Fort-Dauphin /.f voyage du général Galliéni Fo~-D~M~W, si ~M~M<'K< marqué par le naufrage du Lapérouse, appelle l'attention ~M)'fOM)tCg. pORT-DAUpmN,situé au Sud-Est de la grande île malgache, fut le premier point où flotta le drapeau français. Ceci s'explique, puisque ce port était le premier que rencontraient les navires qui, doublant le cap de Bonne-Espérance, venaient reconnaître l'île découverte vers t~o6 par Jean d'Acunha. En 1642, Pronis, agent de la Compagnie française de l'Orient, fondait Fort-Dauphin. Il souleva contre lui les indigènes et son successeur, de Flacourt, ne fut pas plus heureux dans son œuvre de colonisation. L'ile Dauphine, comme s'appelait alors Madagascar, fit retour à la Couronne, qui nomma comme gouverneur, en t6yo, l'amiral de la Haye. Les Malgaches n'apprécièrent guère le changement, car les colons de Fort-Dauphin furent massacrés dans lanuitdeIaNoëh 672.–Cestaprèscetépisodeque se place la tentative avortée du polonais Benyowski, qui avait rêvé de fonder un grand empire indigène à l'île Dauphine. Toutefois, un trafic régulier s'établit entre FortDauphin et l'île de France(Réunion), et il se maintint à travers toutes les vicissitudes de notre histoire. Nous y


entretînmes, même après t8i~, une petite garnison de 4 hommes et un caporal, qui furent faits prisonniers en )8ao par les cinq mille hommes de l'armée de Radama, que commandaient des officiers anglais. Des expéditions ultérieures vengèrent cette attaque, mais nous portâmes sur d'autres points le poids de nos efforts et Fort-Dauphin resta sans garnison. Nous y avions toutefois une petite colonie, qui avait su faire respecter son indépendancedes indigènes, grâce à l'appui des navires de la division navale. On conçot qu'au lendemain de notre prise ùe possession de Madagascar, Fort-Dauphin fut un des premiers ports où l'on envoya un administrateur français. Celui-ci s'efforça habilement de développer le commerce de notre nouvelle province. Mais les indigènes virent avec regret un régime d'ordre remplacer l'état d'anarchie qui leur permettait de vivre du fruit des razzias opérées sur les paisibles agriculteurs et commerçants. Ils se soulevèrent et la colonie française eut beaucoup de peine à se préserver des attaques d'un ennemi entreprenant. Le général Galliéni s'empressa, donc de diriger des troupes sur ce point et le capitaine Brulard, de la légion étrangère, vint remplacer notre administrateur, M. Lemaire, qui fut appelé à servir à Tamatave. Le capitaine Brulard prit possession de son commandement au mois de septembre tSoy et il réunit entre ses mains les pouvoirs civils et militaires.

ciale, dont on tire un crin végétal rès demandé dans le commerce. La région montagneuse,très salubre, comprend de vastes étendues de rizières dont beaucoup sont malheureusement demeurées incultes, mais la paix les fera de nouveau remettre en exploitation. Les forêts sont très belles et l'on y trouve toutes les essences forestières employées dans l'ébénisterie. Le caoutchouc, autrefois très abondant, a été exploité sans soin, de sorte que l'on en trouve très peu. Toutefois, les forêts qui s'étendent entre Fort-Dauphin et le cap Sainte-Marie. présentent, ainsi que l'a fait ressortir le beauvoyagede M. Lemaire, de grandes ressources en caoutchouc. La ville même de Fort-Dauphin est salubre, la température s'élève, selon les saisons, de t~° à ~o°/Le port passe pour être excellent, la colonie française est nombreuse et très unie, et le commerce commence à devenir prospère. Des jardins d'essai s'élèvent un peu partout, les procédés de culture et d'élevage sont améliorés. Bref Fort-Dauphin paraît ne pas devoir démentir les espérances qu'avaient fondées sur cette ville les premiers Français qui y abordèrent.

tint aussitôt un grand kabary avec les chefs des diverses tribus indigènes. Antanosys, Antatsimos, Antandroys, etc. Se conformant aux idées directrices de la politique du général Galliéni, il pratiqua résolument sa politique de races, en donnant à toutes les peuplades des chefs choisis dans leur sein. Ayant ainsi montré

pages, illustré de '5o reproductions photographiques dans le texte. Lyon, Alexandre Rey, imprimeur-éditeur. Bruyas raconte, dans cet ouvrage, imprimé avec luxe ;t/r et M. illustré de fort belles reproductions en phototypie, un voyage qu'il a fait à Ceylan, en janvier et février de l'année dernière. M. Bruyas a visité l'ile en touriste et en artiste, et c'est pour engager ses compatriotes à voir ce merveilleux pays qu'il a publié ces notes de voyage. Mais il s'est préparé en même temps à son expédition par des études et des lectures ~ombreuses, et il sait mêler à ses récits et à ses descriptions, écrites d'une plume alerte, des aperçus fort intéressants sur l'histoire ancienne de l'ile et sur son état actuel sous la domination anglaise. Nous pouvons signaler en particulier le chapitre sur Anuradhupoura, et les ruines merveilleuses des monumentsbouddhiques, dont les premiers ont été construits sous le roi Tissa au iv* siècle avant notre ère, et qui ont été découverts il y a une trentaine d'années seulement. Les deux derniers chapitres renferment, l'un la traduction d'un fragment du C~/Mfan.M, ou chronique de Ceylan, l'autre quelques détails statistiques extraits du dernier annuaire de Ceylan. M. Bruyas admire beaucoup l'administration coloniale anglaise. « Les Anglais, dit-il même, (page 41), sont admirables et à imiter en tout. » L'expression de ce sentiment ne va pas sans quelques épigrammes à l'adresse de l'administration française. Ainsi l'auteur (page 3i) engage les jeunes Françaises à aller chercher des maris à Ceylan, et il ajoute Bien entendu, ne pas aller dans une colonie française il n'y a que des malheureux et des fonctionnaires mal payés Les traits de ce genre abondent dans le volume. A la dernière page, M. Bruyas se relâche pourtant un peu de son pessimisme. Il exprime l'espoir que son livre décidera quelques Français à faire le voyage de Ceylan, et peut-être quelque jeune homme de bonne volonté <. à aller essayer le métier de planteur, soit à Ceylan, soit dans une colonie française, où, il faut l'espérer, on cessera peut-être un'jour de considérer le colon comme un animal désagréable (aux fonctionnaires;, qu'il est permis d'embêter en tout temps. Le livre très luxueux, très pittoresque, très vivant, aimablement ironique de M. Bruyas, mérite vraiment et d'être recommandé au lecteur. H est regrettable seulement que l'auteur n'en ait mis qu'un si petit nombre d'exemplaires

Il

qu'il ne désirait que la paix, il marcha contre les dissidents pour les amener à se soumettre. Des reconnaissances préliminaires, bien conduites par les lieutenants Prévot et Cornetto et le sergent Bussière, permirent au capitaine Brulard de se rendre compte de la position des forces ennemies. Au mois de novembre, il marchait sur le camp retranché de Behara, qui était le centre de la résistance. Attaqué, le 2 novembre, par les Antandroys, au passage du Vinangy, il réussit à les refouler. Le 3, il les délogea d'Ampasimpolaka, puis, franchissant la rivière du Manangara, il enleva Behara d'assaut, le 5 novembre. Cette vigoureuse offensive porta immédiatement ses fruits, le cercle de Fort-Dauphin fut divisé en trois secteurs et les officiers qui les commandaient s'attachèrent à y ramener l'ordre et la tranquillité. Le capitaine Brulard put alors tourner ses efforts vers l'intérieur et réussit à établir la liaison avec les détachements du capitaine d'infanterie de marine Lacarrière, venant de Fianarantsoa.

province de Fort-Dauphin, enclavée entre celle de Faratagana, Fianarantsoa, Tullear, est aujourd'hui pacifiée et il sera possible de développer ses ressources. La région côtière, parsemée de lacs aux eaux saumâtres, est basse et insalubre. Le sol sablonneux est recouvert d'une herbe épaisse qui permet l'élevage de La

grands troupeaux de bœufs, On trouve çà et là des palmiers d'une espèce spé-

NED OLL.

Emile Bruyas.–DeM~moM<7 Ce~/att. 148

(?o) dans le commerce.

Un

vot.in-4 de


G. Kewnes s'est embarquée sur le POLE NORD .SoM/r;t Cross et a quitté les docks Abruzz3s (duc des;, arrivé d'Arkhangel Sainte-Catherine à Londres pour se à Iaroslav, s'est rendu à Moscou, et diriger vers laTasmanie.d'où elle gade là à Saint-Pétersbourg. Il se prognera le Pute Sud. pose de visiter la Sibérie au mois d'octobre pour se préparer à son grand AFRIQUE voyage. (de explorateur français, a -Amdrup (lieutenant de vaisseau danois', Béhagle Société de Géographie envoyé à la dont nous avons annoncé les projets, d'Alger une lettre datée du )8juin et a quitté Copenhaguele 16 août à bord écrite sur )'0ubanghi,longit.)7°2~' du God//M~ pour se rendre sur la lat.5«o8' N. De Bangui, il s'était rendu à côte orientale du Groenland, qu'il doit Ouadda, puis avait étudié )a vallée de explorer du b6° au 70° degré de latila Kemo et celle de la Toumi. H tude Nord. Il se dirigera ensuite vers comptait arriver dans la première Angmagsalik à bord d'une chaloupe quinzaine de juillet au Baghirmi, après construite pour les mers glaciales. Il .neuf mois de route, il se montrait plein établira 'un dépôt de ravitaillement de confiance dans le succès final de sur ce point et se dirigera vers le son entreprise. Nord en traineau. Ses compagnons sont MM. Kruuse, botaniste et zoo- Cazemajou. Les survivants de la mission Cazemajou sont arrivés le logiste Poulsen, médecin Jacob28 juillet à Say. Ils sont au nomsen, second officier. L'expédition est bre de 26, comprenant un interprète approvisionnée pour deux ans. indigène, un sergent, onze tirailleurs Dassel(capitaine von), Allemand, a quitté et six employés. L'interprète affirme Wilhelmshaven le 22 juin avec ie croique le. guet-apens dans lequel ont Olga seur pour aller explorer pensuccombé le capitaine Cazemajou, dant un mois les bancs de péche des l'interprète Olive et six hommes de mers boréales. l'escorte a été tendu à l'instigation Lerner et Rudiger (Allemands), sont d'un chef du Sokoto. rentrés à Hammerfest le 23 août. Duval (D'), médecin-major au !25° d'inLeurs recherches pour retrouver fanterie, a été autorisé à suivre les Andrée sont restées sans résultat. troupes anglaises et égyptiennes dans Après avoir séjourné quinze jours sur leur marche sur Khartoum. la Terre du Roi-Charles, l'expédition a fait le tour du Spitzberg et s'est Foureau (explorateurfrançais connu par son voyage au Sahara~, dirigerait proavancée jusqu'à 8to 82' de latitude chainement avec l'appui d'une colonne Nord et 25° de longitude Est. Elle a de 3oo tirailleurs une expédition convisité les iles Bismarck et Hope, a tre les Touaregs. découvert uue terre à 9 milles au N.-O. de l'ile lona et a constaté que Fourneau et Fondera sont chargés d'une expédition au Congo. M. Fonles iles Johanessen et Anderssen dèr<; est parti de Marseille le 25 août, n'existent pas. lI. Fourneau partira le 10 septembre. Peary (lieutenant de vaisseau américain) Ils se rejoindront à Loango pour aller parti à bord du steamer Hope est explorer la région comprise entre le arrivé le t3 août au point du GroenCameroun allemand et l'Ogooué d'une land (port Foulke; qu'il avait choisi part et la haute Sangha et l'estuaire pour commencer son exploration et de Libreville de l'autre. MM. Fouroù il a retrouvé le steamer ~')td)Mrd. neau et Pondère seront accompagnés Stadling et Nilson (Suédois), sont arride M. Lucien Fourneau, lieutenant vés il y a quelques semaines à Buleen, d'artillerie, de 5o tirailleurs sénégaprès de l'embouchure de la Lena lais et de 200 porteurs. De Loango, n'ayant trouvé aucune trace d'Andrée. ils se rendront à Brazzaville et se dilis allaient prendre la direction de rigeront ensuite sur Ouesso, au bord l'Ouest pour visiter la presqu'île de de la Sangha. Ta!myr et gagner ensuite l'Ienise!. Gardier (V" du; parti le 5 septembre Sverdrup (Norvégien), qui est parti avec pour diriger une mission scientifique le j~m. le 25 juin, a été rencontré et commerciale au Soudan vers le le 14 juillet par 62o de lat. N. par le Haut Niger et les contrées avoisinant brick norvégien Tiber. Liberia. Variclé et quelques Français ont dû Lemaire (lieutenant belge,, est arrivé à Chindé, port à l'embouchuredu Zamquitter Vancouver le 6 aout pour bèze. avec sa mission, le 25 mai. Il gagner le Klondyke. Ce sont eux, on devait en repartir huit jours plus tard, le sait, qui emportent, pour accomplir leur voyage un ballon pouvant porter comptant mettre cinquante jours pour atteindre le Sud du Tanganyka, et près de 5ooo livres, et partiront de pensait arriver à Moliro, première Dawson City (Alaska,. station de l'Etat indépendant, à la fin POLE SUO de juillet. Deux autres expéditions Borchgrevink (Norvégien;. C'est seulescientifiques belges opèrent au Congo, le août l'expédition l'une sous la direction du capitaine ment 22 que anCabra, l'autre sous celle du capitaine glaise dirigée par le naturaliste Borchgrevink et commanditée par sir Weyns.

Marchand. Les dernières nouvelles

de

la mission Marchand sont excellentes. En mai dernier, la flottille a dû quitter

Mechra-er-Rekpour gagner Fachoda

où elle doit être arrivée maintenant. Le capitaine Marchand, avant de se mettre en marche, avait envoyé en reconnaissance deux de ses officiers, le capitaine Germain, jusqu'au confluent du Soueh et ou ~ii, et le lieutenant Gouly à l'Est, vers )e Nil. Plusieurs officiers viennent d'être désignés pour rejoindre la mission. Ils partiront de Bordeaux le lu septembre, avec d'importants approvi-

sionnements.

Meyer (D' Hans), Allemand, a résolu

d'entreprendre une nouvelle explora-

tion du Kilima Ndjaro pour combler en partie les lacunes laissées par son premier voyage. Il sera accompagné du peintre munichois E. Plath. ]1 portera ses recherches sur la partie Nord du massif montagneux.

Orléans (Prince Henri d'), venant de l'Abyssinie, est arrivé le

Paris.

14

août a

Rousson (Henri), explorateur français,

accompagné de M. Chapman, est parti le io août pour Madagascar, chargé d'une mission d'études industrielles.

Salesse ~capitaine;, est rentré en France le 6 août avec la mission qu'il diri-

geait et qui avait terminé ses travaux en vue de l'établissement d'une route et d'une voie ferrée de Konakry au Niger. Voulet (capitaine), serait chargé par le ministère des Colonies de reprendre l'itinéraire de la mission Cazemajou, de venger sa mort, et d'atteindre le lac Tchad par la ligne de Say à Barrona. &S)E Beresford ,amiralanglais. Lord Charles va diriger un voyage d'études en Chine au point de vue commercial,

industriel et politique. Zichy (comte), poursuit en Sibérie et dans l'Oural ses recherches sur l'origine du peuple hongrois.

AMÉRtQUE Meyer (D'' Hermann), explorateur alle-

mand et frère du D' Hans Meyer, explorateur du Kilima Ndjaro, va faire une nouvelle expédition aux sources du Xingu et dans le Brésil central.

OCÉAN Chun (professeur allemand), est parti de Hambourg le )" août sur le vapeur T~MtfM pour commencer, avec l'aide de plusieurs savants, l'explorationdes grands fonds de l'Océan. L'expédition suivra les côtes occidentalesd'Afrique et parcourra tout l'océan Indien, pour revenir par la mer Rouge et le canal de Suez. Le T~MtfM est commandé par le lieutenant Krech.


L'Archipel du Tonkin ~t officier ~C To;iA/«. Nous

MO!M

marine, en service ait 70M&/M, nous fM'UOM M/if <!0<Mf Mt/ff~M' sur les iles qui bordent les COtMt. f«~)/'MM< de la ~)M&/M/ car elle <<t:K;M~/0;t ~Mf~~MCO/tMtMyM~M'/e;.

T ORSou'oNnavigue pour la première fois, en remontant vers le Nord, le long des côtes du Tonkin, on se trouve fort surpris de rencontrer, sans aucune transition, aussitôt après les côtes basses et sablonneuses da Delta, après le dernier bras du fleuve Rouge, une région absolument différente de

d'Along et de Faïtsilong qu'ils abritent au Sud, soit dans les arroyos qui y débouchent. Leur nature géologique semble fort complexe on y trouve tantôt l'aspect et la consistance du marbre, tantôt les formes tourmentées et la résonance spéciale des laves brusquement refroidies, tantôt le jaillissement rigide et

celle devant la-

régulier des fûts

basalte; maisquelle

quelle on vient de défiler. A côté des

que soit leur formation, que l'on

derniers bancs d'alluvion, cou-

prétend relativement récente, ces blocs de roche sont tous couverts d'une végétation vivace. L'humus n'existe nulle part sur leurs flancs arides, qui plongent directement dans la mer. Aussi cette flore est-elle toute particulière la famille entière des saxifrages semble s'être donné rendez-vous sur ces champs de pierre. Les lianes. et les arbustes, cy-

verts de palétuviers nains, on voit se dresser une multitude innombrable de rochers abrupts

aux formes capricieuses et hardies,

qui semblent jetés là comme par une inconséquence de la nature.

Sur une éten-

due de 80 kilomètres environ de longueur sur une vingtaine de large, se

BA'ED'ALONG

groupe un vaste

D'apr~~Me~o~o~r~/uc~e~

archipel qui compte plusieurs milliers d'îlots, variant des dimensions les plus faibles jusqu'à une superficie de plusieurs kilomètres carrés. !ly a même dans cet archipel quelques îles véritablement dignes de ce nom, entre autres la Cac-Ba, où se trouve un port assez 'fréquenté par les jonques indigènes et chinoises. La hauteur de ces rochers varie en moyenne de 100 à 300 mètres; ils laissent entre eux de nombreux chenaux navigables, qui donnent accès soit dans les baies A

TRAVERS LE MONDE.

du

–3<)~

LIV.

cas, fougères et pandanus, qui atteignent souvent les dimensions de

véritablesarbres,sortent des moindres anfractuosités, et leurs racines rugueuseset nues y ont des ondulations de reptile. Leur verdure vient fort à propos rompre un peu la monotonie de la teinte grise de la pierre et parvient même souvent à rendre agréable et joli tel coin de paysage qui, sans la végétation, eût été par trop

sauvage. Tous ces rochers affectent les formes les plus

?

39.

2.)

septembre )8~P


diverses et les plus capricieuses, comme l'indiquent les noms de quelques-uns d'entre eux pris au hasard et dus à l'imagination souvent complaisante des premiers hydrographes de ces parages le Pouce, le Bonnet-d'Évêque, le Crapaud, le Képi, le BoudJha. La vie animale est loin d'être nulle sur ces îlots d'apparence si inhospitalière. Quelques aigles y ont leurs aires, et disputent férocement leur maigre pâture aux corbeaux et aux merles. On y voit gambader jusqu'au bord de l'eau, des familles de singes de taille moyenne, tandis que les sommets inaccessibles sont

le domaine de

mouflons sauvages qui rappellent un peu l'isard pyrcnéen. Enfin, sur quelques-uns des

îlots moins

ro-

cheux situés dans la partie orientale de l'archipel on peut faire dans la

caires des environs de Paris. Ce riche domaine, si facilement mis en valeur, assure à la Société une longue prospérité, sans compter qu'après l'épuisement des mines en plein air il restera à exploiter, dans la même région, des filons souterrains de dimensions considérables. Un autre gisement carbonifère se trouve dans l'est du Faïtsilong, à Kébao, mais il n'offre pas les mêmes facilités d'extraction que son rival de Hongay et ne semble pas pouvoir lutter longtemps avec lui. L'archipel du Tonkin est un musée inépuisable de curiosités naturelles, grottes, cirques, tunnels, arches, roches percées, qui feraient l'admiration des touristes. si les touristes se risquaient en d'aussi lointaines régions. La plupart de ces beautés naturelles ont été découvertes en poursuivant les pirates qui y cherchaient refuge. Tel est le cas, entre autres, d'un tunnel de deux kilomètres de long situé sur la !erre ferme, en face des

Faïtsitong.etqui

donne accès sous une muraille à pic de 200 mètres de haut dans l'inté-

brousse de fructueuses battues de cerfs et de daims.

rieur du pays.

Cet étroit

L'archipel

boyau a les dimendu Tonkin servait naguère sions moyennes encorede repaireaux jonques d'un des égouts de de ces fameux pirates qui Paris, sans en ont si longtemps écumé ces avoir bien entendu parages et retardé leur pacification. Nos canonnières les lignes droites et les formes résont parvenues, non sans gulières. On le peine, à les détruire peu à parcourt en sampeu, les pourchassant au milieu de ce dédale naturel pan, à lalueur des où les cachettes abondent. torches de bamSA1IPAYp AN~A:Hn;9 ET Jtl;7tj11ES CLINJISES. Les pirates sont maintenant bou qui aug~j/'rf~xne/'Ao/o~'a/nede~.B. remplacés par une populamente l'apparence tion très pacifique d'Annamitesqui habitef.t enfamiDe calcaires dues 1 't fantastique 1 ro de toutes les pétrifications dans leurs « sampans (petites embarcations indigèaux infiltrations de l'eau dans l'épaisseur du massif stalactites et stalagmites des proporrocheux nes à fond plat). tions les plus variées, aux aspects les plus étranges Ils y vivent, dans une misère profonde et une saleté repoussante, des produits de leur pêche auxquels et dont l'ombre fuyante fait ressortir la blancheur de neige cascades immobiles que les sels de fer cos'ajoutent lesmaigres bénéncesd'uncommerce de revenlorent en des roses exquis, nappes translucides à deurs, quand des paquebots ou des navires de guerre force d'être minces, semblables à des linges de fine retâchent dans la baie. Les sampans se précipitent alors dentelle, crevasses inquiétantes dont l'œil ne peut comme à l'assaut sur ces proies inespérées pour y vendre leurs bananes, leurs huitres et leurs poissons, percer les profondeurs. Et sans doute bien d'autres merveilles ignorées se cachent dans les parties encore et cet empressement fait le compte des marins dans inexplorées, presque inconnues de l'archipel. cette relâche perdue et déserte. Quelques jonques chinoises chargées de marchandises diverses font aux La partie de la roche que la marée unique de Annamites une sérieuse concurrence. chaque jour couvre et découvre est creusée, comme rongée, d'une manière parfaitement régulière cette Le centre général d'approvisionnement de ce érosion augmente encore l'aspect instable de ces petit commerce est, sur la terre ferme, à Hongay. Là énormes blocs qui surplombent leur base. C'est dans se trouve un village annamite fondé récemment autour des magasins, des usines et des bureaux de la Société cette partie que foisonnent les huitres relativement renommées de la baie d'Along, qui rappellent les pordes Mines de charbon, qui emploie quelques Européens tugaises par leur forme et par leur goût et l'on peut et de nombreux coolies indigènes et chinois; ces derniers exploitent les gisements à ciel ouvert de Hatu, se demander si les coquilles calcaires de ces mollusques protègent le roc contre l'usure de la mer, ou si au conreliés à Hongay par un chemin de fer de quelques traire les empreintes qu'elles creusent n'accélèrent pas kilomètres de long. cette usure. Ces mines sont uniques en leur genre et ressemblent plutôt, sauf la couleur, aux carrières calDe nombreux poissons à la chair délicate peu-

1

1


LE VILLAGE ANNAMITE DE 110\4AY.

0'<)'M«He/'Ao<o~fa/«e~ plent les eaux tranquilles, de concert avec les crabes. On y rencontre aussi la «limule xyphosaure », crustacé de formes bizarres, qui porte une carapace analogue à celle de la tortue et une longue queue rigide en forme de dard, arme offensive qu'ils recourbent vers l'avant pour l'attaque, comme une lance. Cet animal, qui a la taille moyenne d'une raie, est fort abondant dans les environs de Hongay et aussi sur les sables de Sandy Hook, près de New-York; on le rencontre, paraît-il, très rarement ailleurs. Enfin, c'est dans la baie de Faïtsilong que l'on aperçoit de temps en temps ce cétacé de grandes dimensions et de formes inconnues qui a récemment encore excité l'ironie des journalistes incrédules, sous le nom de « Grand Serpent de mer » ou encore de « Dragon ?. Il est à' souhaiter qu'un de ces monstres soit prochainement tué ou capturé, pour la plus grande confusion des moqueurs. ou pour celle des voyageurs à l'imagination trop ar-

dente.

La baie d'Along, connue par le long séjour

qu'y firent les navires de l'amiral Courbet au début de la guerre du Tonkin, a depuis servi de rade loin, sur au port d'Haïphong, situé à 30 milles plus

le Cua-Cam, l'un des bras du fleuve Rouge; c'est là que mouillent les paquebots qui attendent que la marée leur permette de passer la barre, et les bâti-

ments de guerre auxquels leur tirant d'eau interdit l'accès de ce port. Malgré ce mouvement relativement important, aucun établissement ne s'est formé dans les environs du mouillage. Une maigre plage, située servi de cimeau pied d'un rocher moins abrupt, a tière à nos marins c'est là qu'au milieu de simples croix de bois noir, à défaut du nom des pauvres disparus, donné la on peut lire les noms de ceux qui se sont tâche d'entretenir, tant bien que mal, ce champ de morts anonymes. Et c'est, dans ce labyrinthe de rochers, la seule trace de notre passage et de notre possession. Mais notre récente acquisition de Konang-Tchéou, nouvelle sur la côte sud de la Chine va donner une importance à cette rade c'est là que stationnent déjà

depuis plusieurs mois les bâtiments de notre escadre que l'éventualité de cette occupation retenait dans ces parages. A Hongay, se trouve un poste télégraphique qui sera le point terminus, tant que notre nouvelle colonie n'aura pas été reliée au réseau. D'autre part, l'importance stratégique de la baie d'Along, avec ses mouillages sûrs et abrités, sera doublée lorsqu'on se sera décidé a renoncer à avoir à Haïphong l'arsenal maritime et qu'on l'aura transporté à Hongay, dans le port Courbet, où des travaux relativement simples auront vite fait de créer le centre de ravitaillement et de réparation qui nous manque dans le nord de nos possessions d'Indo-Chine. Le nouvel établissement profiterait de la proximité des mines de charbon, dont il augmenteraitnaturellement l'activité. Enfin, lorsqu'un chemin de fer aura relié Hongay au réseau projeté du Tonkin, peut-être verra-t-on se créer, sur l'emptaceinentdes cases annamites, toute une nouvelle ville, commerçante et industrielle, qui sera le port naturel et logique de notre colonie.

Une explication

de t'étymotog!e de Londres les environs de Dieppe se trouve un site peu Après connu, celui de la ville ancienne de Lime. avoir traversé l'ancien quartier du Pollet, gravi la falaise et franchi une gorge sauvage, le voyageur immense rempart de ne tarde pas à rencontrer un prononcées se dessigazon dont les lignes fortement nent sous le ciel, mais dont l'aspect ne dirait peut-être rien à son esprit, s'il ne savait déjà que cette terre main des Gallo-Belges, ces a été entassée là, de la T-~ANS

premiers

habitants du rivage normand, pour abriter

l'espoir de leur race. Certes, il existe en France d'imposants vestiges du passé ancestral, mais à part les champs druidiques de Carnac et le mur païen de Sainte-Odille (en Alsace), comparaison aucun monument ne pourrait soutenir la découverte en 1827 avec la cité de Lime, historiquement Historiquement par un archéologue dieppois, M. Féret. disons-nous, puisque jusque-là on en avait attribué l'origine aux Saxons de Charlemagne, ensuite aux Francs de Philippe-Auguste, aux Anglais de Talbot, et enfin aux Romains de jules César. Si, à l'encontre de toute chronologie, nous plaçons ceux-ci les derniers, c'est qu'en effet la cité de Lime ne fut baptisée du nom Voici comde Camp de César qu'à partir de l'an t6< 7. ment


Au mois de novembre de ladite année, Louis XIII,

jours à Dieppe, on lui promenades sur mer, puis, entre autres divertissements, on le conduisit à la cité de Lime. Il était accompagné des ducs d'Orléans, de Mayenne et deNemours, de MM. de Rohan, de Vitry, de Luynes et de quelques autres gentilshommes. Ces messieurs, après avoir visité l'enceinte, décidèrent d'une commune voix que c'était un camp, et que les Romains seuls pouvaient avoir exécuté un tel ouvrage, et, par mille bonnes raisons, démontrèrent au jeune monarque que, selon toute probabilité, Jules César avait fait reposer ses légions sur cette falaise.

tout jeune encore, étant venu

passer quelques fit faire des parties de pêche, des

D'après les chroniques manuscrites que l'historien de Dieppe, M. Vitet, a eues sous les yeux, ce serait seulement depuis cette époque, et par respect pour,r l'autorité et les lumières de ces nobles voyageurs, que la coutume se serait établie à Dieppe de désigner ce lieu sous le nom de Camp de César, au lieu de l'appeler cité de Lime, comme on l'avait fait jusque-là. Aucun doute n'est possible quanta l'origine gallobelge de la cité de Lime, d'abord à cause de la disposition des tombelles ou /MM//et du caractère particulier des poteries mises au jour, pêle-mêle avec les os des porcs et autres animaux que. suivant leur coutume, les Gaulois brûlaient sur le bûcher des morts. On y voit également les anneaux de fer de différentspoids qui leur servaient de monnaie. Enfin, dans celles des cavités servant d'habitacles à ces primitifs occupants de la région dieppoise, M. Féret a découvert des fragments de vases pareils à ceux des tombelles, ainsi que les débris d'un repas rustique, os et coquillages. Mais ce

n'est pas seulement l'image d'une cite

ensevelie sous la poussière des siècles qui nous intéresse ici; l'ethnographie réclame également sa part dans cet article, puisque M. Féret. s'inspirant du texte de Jules César, a imprimé ceci sur la couverture d'un très curieux opuscule Londres fille ~'M;: bourg du continent (Dieppe, i86/).). Ce bourg du continent, c'est ~M~n~M de même qu'il y a Douvrend, autre bourg de la région dieppoise; tous deux situés sur la rivière l'Aulne, à quelques kilomètres de /.WM. Que dit donc l'auteur des Commentaires, qui n'a d'ailleurs fait que rapporter fidèlementles traditions par lui recueillies en Bretagne (l'ahcienne Albion), où le Marseillais Pythéas avait pénétré bien avant lui, sans rompre une seule lance? « L'intérieur de la Bretagne est habité par les naturels de l'ile. La partie maritime a pour habitants ceux qui, par motif de guerre ou de butin, y avaient passé du Belgium qui presque tous ont gardé les noms des cités, dont ils étaient originaires, aux lieux où, après la guerre, ils se sont établis et ont commencé à cultiver les champs. »

Rappelons toutefois qu'il y avait, entre la Bretagne et la Gaule, un lien commun et d'une grande force, un lien religieux, le Druidisme, dont s'inquiétait le conquérant romain. Les flots de la mer 5n7t7;nn~KcIe rendaient également songeur; mais, sous un léger vent du Midi, les voiles latines purent traverser le canal de la Manche et atterrir aux rivages jusqu'ici inconnus des aigles impériales. Sur ces rivages, les Romains se heurtèrent à deux cités Lime (A~KOMM) Douvres

puis, remontant la Tamise, ils jetèrent l'ancre à Londres (/.o);MMw ou /.o~MMw!). (T)M&rM)

Etaient-ce donc des cités au sens moderne du mot? Point, puisque chacune d'elles donnait son nom à une assez grande étendue de pays; tellela cité gauloise des Bellovaques, qui pouvait, dit-on, mettre cent mille hommes sous les armes, et n'était sans doute guère qu'une bourgade; telle Londiniéres, où l'on a pourtant retrouvé des centaines de haches de pierre, dites celtiques, à côté de nombreuses sépultures des premiers Francs, ceux-ci venus par les mêmes chemins que les Belges et les Saxons, en descendant par les vallées du Beauvoisis. Et, à son tour, que fait Guillaume le Bâtard lorsqu'il s'avise de chercher querelle au roi Harold ? Après avoir été longtemps retenu par les vents contraires, à Saint-Valery-sur-Somme, il va débarquer à Pevensey, passe près de Lime, prend Douvres et

marche sur Londres. C'est toujours, comme on voit, l'itinéraire des o invasions, et c'est exactement la même route avec les mêmes noms de tocatités que sur la rive opposée; ce qui nous amène à redire que les gens du Belgium passés en Bretagne donnaient aux cités par eux fondées, dans leur nouvelle patrie, les noms de la patrie gauloise d'où ils s'étaient volontairement exilés, attirés qu'ils étaient par des horizons nouveaux et poussés par l'invincible courant des migrations humaines. Comme aujourd'hui la côte de Kent (la pointe, selon la signification celtique) se montrait de temps en temps, par mirage, aux hommes de notre rive. Il y avait, nous dira M. Féret, « il y avait dans ces apparitions aériennes quelque chose qui excitait l'imagination des chasseurs, poursuivant cerfs et chevreuils jusqu'au bord des flots ». Le vol des oiseaux de passage guidait également la pensée vagabonde des GalloBelgesqui, quoique de sang terrien, pour ainsi parler, ne reculaient pas devant la mer. Aussi, avec des bateaux de cuir et d'osier, verrons-nous les Saxons suivre leur trace. Donc, en deçà comme au delà du détroit Z./wg, Douvres, /.o<K/)'M. Jean Reynaud, Henri Martin et Edouard Charton avaient entrevu les rameaux d'unn même arbre généalogique dans ces trois noms répétés ainsi que par un lointain et mystérieux écho. La légende, en effet, ne crée pas un tel ensemble d'analo-

gies. A moinsque le Lud de la tradition britannique ne soit la personnification des hommes de Londinières, les habitants de Londres (alias Londonniens), aussi fiers pourtant de leur Lud que les Romains de Romulus, doivent donc se persuader que la cité assise sur la Tamise est simplement « fille d'un bourg du continent ».

Qu'importe, après tout? Autant vaut être cette fille-là qu une autre, surtout lorsqu'on a campé parmi les Trinobantes au début de sa carrière. Mais comme Non, en vérité, nos voisins d'outreelle a grandi Manche n'ont point perdu leur temps, puisque la Bretagne de Jules César est devenue la métropole d'un empire plus vaste que l'empire romain. ÉMILE MAISON.


« la grande rivière dans la langue des Indiens qui habitent la partie centrale de son bassin. Les Indiens du voisinage du Forty Mile River l'appellent TT~ 7'M&, nom dont M. Ogilvie n'a pu découvrir le sens. La première découverte de l'or dans la région remonte à 1873. Elle fut faite par M. Mackenzie sur la rivière Peel. Depuis lors, on en a trouvé sur une foule

La Géographie

et les ressources du bassin du Yukon ]\/)[

WILLIAM OG)LV)E. un des chpf<: f~' )f~P

tnpr.g.

phique du Canada, a publié sous ce titre, dans'le CM~t'c~yoM~~ de juillet i8c(8 un article auquel nous empruntons quelques détails inédits. M. Ogilvie examine d'abord les trois voies nuviales qui mènent au district aurifère du Yukon. La première est celle du Lewes, à laquelle on arrive par la

passe de Dyea. Elle est d'abord facilement navi-

d'autres points, et l'on peut considérer comme formant un seul bassin aurifère toute la région comprise entre le

[4; méridien de Greenwich à l'Ouest,

le 6oe parallèle au Sud, la ligne de faite entre Yukon et Mackenzie à ''Est, et rr.cSu.'ttHt 32~ uuu kilomètres carres, sot à

peu près la superficie des iles Britanniques. Mais l'endroit le plus riche est jusqu'à présent le Klondike. M. Ogilvie lui attribue des richesses inépuisables il prévoit que le seul bassin du Klondike et de

l'lndian Creek pourra donner, à bref délai, une valeur

de cinq cents millions en or, et peut-être deux fois cette somme, avant qu'il soit

complètement épuise. H y a, dans ce territoire, environ ~oo kilomètres de fleuves, rivières, cirques, etc., dont on peut assurer que la moitié au moins est aurifère. Or jusqu'au mois d'août dernier, on n'en avait guère exploité

gable, sur 153 kilomètres, par les lacs Lindeman, Bennett, Marsh. En amont

[

de ce dernier lac, le Lewes s'engage dans un étroit défilé long de 4 kilomètres, où les

White Horse Rapids constituent un danger très sérieux. Déjà en iSt)~, longtemps que ~oo, et prospecté que avant l'afflux des mineurs, 600. La région réserve donc ils avaient fait treize vicencore, selon toutes probatimes. bilités, d'immenses richesses Au delà des rapides, le aux chercheurs. r!F:E CARTE HECT DU KLOND)KE Le bassin du Yukon Lewes, qui forme la grande expansion du lac Labarge, est faiblement boisé. On est de nouveau navigable jusqu'au confluent du Testrouve sur les lacs Bennett et Marsh des pins et des lin, sur 14~ kilomètres. peupliers de très petite taille, et qui ne sont guère utilisables que comme combustible. Cependant, à certains Le Teslin forme une seconde voie fluviale. Celle-ci endroits, s'élèvent quelques arbres de taille plus respeccommence avec le lac Teslin, dont l'extrémité est sépatable, qui peuvent servir à la construction des canots. rée de la station Telegraph Creek sur le Stikine par une Mais on ne les trouve que le long des cours d'eau; au distance de 240 kilomètres, qu'il est question de faire delà de too ou 200 mètres de chaque côté, il n'y a plus franchir par un chemin de fer. De l'extrémité sud-est que des arbustes rabougris croissant sur un sol éterneldu lac Teslin jusqu'au confluent du Teslin dans le lement gelé, à travers une couche épaisse de mousse Lewes, il y a 320 kilomètres, facilement navigables. on voit ainsi des arbrisseaux de 5 à pouces de diaA partir de ce confluent, le Lewes offre également une mètre, qui sont âgés de deux à trois siècles. Les voie facile, sur 207 kilomètres, jusqu'aux rapides dits arbustes diminuent en nombre et en hauteur à mesure des Five Ft)~)'! (les Cinq Doigts), qui n'offrent pas que l'on monte ils disparaissent absolument dès que un grand obstacle à la navigation. Ils sont formés de l'on est à ~oo ou 600 mètres au-dessus de la rivière. cinq rochers de conglomérats qui s'élèvent au milieu On a fait quelques essais de culture dans le bassin du fleuve, et où viennent nicher de nombreux cordu Yukon, mais le succès en a été des plus médiocres beaux, d'où leur nom indien de Yeth (îles des Corbeaux). Des rapides au confluent du Pelly, il y a on a réussi simplement, à force de soins, à faire pousser dans certains endroits quelques pommes de terre, 04 kilomètres de navigation aisée. Le Yukon, qui se quelques laitues et quelques choux mais ces pauvres forme de la rencontre des deux rivières, a 270 kilocultures sont toujours exposées aux gelées qui peuvent mètres jusqu'à la frontière de l'Alaska, et 2 39o de ce survenir à chaque mois de l'année. point à son embouchure sur tout ce parcours, il n'offre A l'ordinaire, la glace commence à se briser et à pas d'obstacles sérieux à la navigation. L'ensemble des voies navigables qu'offrent le Yukon et ses affluents se fondre vers le milieu de mai; la débâcle dure environ est évalué par M. Ogilvie à près de 200 kilomètres, une semaine, après laquelle les vapeurs peuvent se appartient hasarder sur les rivières. dont un peu moins de la moitié, soit 42 La navigation du Yukon, à partir de Saintau Dominion canadien. Michel, n'est praticable que trois mois et demi environ, Le mot Yukon vient de Yukonab, mot qui signifie

A~

°/


la mer de Berhing n'est accessiMequ'à partir du t"' juillet, et le Yukon commence à se prendre au milieu

d'octobre. Le cours supérieur s'ouvre plus tôt, mais d'une façon générale on peut dire que la navigation du fleuve ne commence que le juin. « La glace, dit en terminant M. Ogilvie, commence à se former au milieu d'octobre, puis elle s'accumule et se prend comptetement dans la première décade de novembre. Le fleuve est alors couvert d'une glace, non pas unie, comme nous la voyons à des latitudes plus méridionales, mais rude et bosselée à tel point qu'elle est, presque partout, infranchissable, jusqu'à ce que les tempêtes d'hiver aient peu à peu entassé la neige entre les blocs de glace. Alors il est possible d'y passer mais c'est un travail long et pénible. Durant les trois hivers que j'ai passés dans la région, la chute de neige a été à peu près la même, pieds (go centimètres). Il n'y a naturellement aucune fusion d'octobre à avril, si ce n'est un peu en mars, dans des endroits bien abrités et exposés au midi. Mais c'est là un phénomène purement local, qui ne peut affecter d'une façon appréciable l'ensemble de la masse de neige. La chute est assez également répartie entre les sept mois, d'octobre à avril inclusivement; mais, autant que je puis lecondure de mes trois années d'observations, il y a prédominance en octobre, novembre et février. Juin, juillet et septembre paraissent être les mois les plus humides. La ve:étntion se développe de juin au milieu de septembre.

A

propos du Désarmement. Le taux des Dépenses militaires

LnA nob)e et généreuse proposition de désarmement faite par l'empereur Nicolas M implique l'examen de certains faits de l'ordre financier et économique. Et d'abord il s'agit de savoir ce que coûte cet état de paix armée ? dans lequel vit l'Europe depuis plus de << vingt ans. Les six grandes puissances européennes entretiennent en temps de paix 2 8c)~ ooo officiers et soldats des armées de terre. La Russie entre pour près du tiers dans ce chiffre, avec 893 poo hommes; l'Allemagne et la France viennent après, avec respectivement 580500 l'Autriche-Hongrie possède une et 568000 hommes armée de ~58*700 hommes l'Italie et l'Angleterre, plus modestes, n'ont que 255 600 et 236800 hommes. C'est là le pied de paix, et ce n'est rien auprès des multitudes armées que les six grandes puissances pourraient mettre en ligne en cas de conflagration générale. Ces multitudes s'élèveraient au chiffre énorme de 18 yyo ooo hommes, dont 4 372 ooo pour la France, 3~00000 (exercés) pour la Russie, 5 )0oooo pour l'Allemagne, 8720oopourI'Autriche, ~oo ooo pour l'Italie et 725 ooo pour l'Angleterre. Et là dedans ne sont pas comprises les forces de

mer, que l'on peut évaluer à. 300000 hommes, dont 110 ooo pour l'Angleterre seule. Quant à la carte à payer (armées de terre et de mer), elle représente

France. Russie

986 ooo ooo tr.

9)8 ooo ooo

Allemagne

Autriche

Italie

Angleterre

i

877 800 ooo 404 300 000 337 800 000 016 006 ooo

C'est l'Angleterre qui détient actuellement le record des dépenses militaires. Cela vient de l'extension considérable qu'elle donne à sa marine de guerre. Mais ici une question se pose quélle est la part des dépenses militaires dans les dépenses générales des différents Etats ? On entend dire, chaque jour, que les dépenses militaires sont devenues écrasantes, et les chiffres ci-dessus prouvent au moins qu'elles sont énormes. Reste pourtant à savoir si, les budgets de la guerre et de la marine venant à disparaître des lois. de finances, les contribuables verraient, naître un nouvel àged'or. M.Jules Roche a fait, dans le Figaro, la réponse à cette question en ce qui concerne la France. Il a comparé les chiffres de nos dépenses militaires au cours du siècle et il a établi, chiffres en mains, que nous dépensons relativement moins à l'heure actuelle qu'on ne dépensait autrefois. Notre budget de la guerre s'élève, cette année, à 624 millions; celui de la marine à 287 millions, soit ensemble 921 millions ajoutez les 65 millions de dépenses militaires inscrites au budget des colonies, c'est un total de 086 mittions près d'un milliard. Or, notre budget des dépenses s'élevant à la somme ronde de 3 658 millions, il en résulte que la proportion de nos dépenses militaires à nos dépenses générales est de 26 o/o. Si donc nous laissons de côté les premières années du siècle qui furent, jusqu'en 1815, des années de guerres continuelles, et que nous passions à la Restauration, nous verrons qu'on dépensait alors de 228 à 288 millions pour la marine et la guerre, sur un budget total variant de 906 à 014 millions, soit 25 à 28 0/0, alors que nous n'avions ni l'Algérie, ni le Tonkin, ni la Tunisie, ni Madagascar. Sous Louis-Philippe, le taux monte il est de 32 °/o, soit 500 millions de dépenses militaires pour moins de t 500 millions de dépenses générâtes. Sous le second Empire, les années de guerre ont été fréquentes guerre de Crimée, guerre d'Italie, expédition de Chine et de Cochinchine, guerre du Mexique. Pendant ces années-là, les dépenses marine et guerre s'élevèrent au total de 6996 millions sur un Dans total budgétaire de 19852 millions, soit 35 l'autre période du règne, la période pacifique qui va de 1862 à 1870, les ministères militaires ont dépensé 5443 millions sur un total de 17755 millions, soit 30°/(,. En définitive on peut donc considérer que l'importance des dépenses militaires par rapport aux dél'État s'exprime à penses totales du budget de peu près

~o~o,

ainsi Sous la Restauration

28

Sous Louis-Phitippe

32~/0 30 °/.

1869. 1898.

En 1868 et En

26

°/.


Ce résultat est fait pour surprendre

il n'en est

pas moins mathématique! Oui, à coup sûr, nous dépensons aujourd'hui beaucoup plus que nos devanciers pour les services militaires de terre et de mer; mais, proportionnellement au budget total, nous dépensons moins. Cela nos 086 millions, ne fait pas que notre milliard de dépenses militaires ne soit un pour être exact poids fort lourd pour les contribuables. Mais le plus gros de leur fardeau ne vient pas des sacrifices qui leur sont actuellement imnr~pe p~r !a nsccc:itc de :c défendre, le cas échéant. Nous avons augmenté bien d'autres dépenses que et de moins nécelles de la guerre et de la marine, cessaires peut-être, surtout depuis quelques années.

Les Mines de houille

de la province chinoise du Chan-si

devenant très vite le centre d'industriesmétallurgiques de tout genre, on pourra fabriquer sur place; rails, wagons et machines, avec du charbon chinois et des

ouvriers chinois. Après deux ans d'efforts et de diplomatie, un syndicat anglo-italien dont font partie M. di Rudini, les Rothschild de Londres, le duc de Fife, etc., a obtenu des autorités chinoises le monopole exclusif de l'exploitation de ces terrains houillers ainsi que des diverses industries auxquelles ils peuvent servir de source et de siège. Le représentant du syndicat, en Chine, est le chevalierAngeloLuzzati, ingénieur civil, qui est récemment venu en Europe afin d'y organiser les moyens d'une exploitation plus rationnelle et plus économique des mines. Les cheminsde fer que les Allemands projettent dans le Chan-toung occidental ne peuvent que favoriser la réalisation de ces plans, en transportant dans la province de Chan-si les matériaux et les machines venus d'Europe, et nécessaires à l'exploitation de la houille aussi bien qu'à la création des voies ferrées du Chan-si. Plus tard, ces mêmes chemins de fer pourront écouler par le Chan-toung vers la mer, les masses de houille qui ne tarderont pi. à être livrées à l'industrie du monde.

baron de Richthofen disait avec raison, y E vingt Chine des avait qu'il parcouru en ans environ, il

a

territoires houillers capables de révolutionner le commerce du monde, aussitôtque des voies ferrées les feront communiquer avec la grande plaine chinoise. Ils se trouvent sur un haut plateau de 2 à 3 ooo pieds d'altitude, dans la partie sud-est de la province Chan-si, entre le 35° 1/2 et le 38" degré de latitude Nord et les 14' degrés de longitude Est. Il évalue ce gisen2°

et

ment à 600 milles carrés environ d'étendue et à 40 pieds d'épaisseur, soit à 630 ooo millions de tonnes de charbon de première qualité. It y aurait là de quoi fournir l'humanité de charbon pendant deux mille ans. Ce charbon affleure partout il est accompagné d'anthracite et d'énormes quantités de minerai de fer. C'est le gisement houiller de beaucoup le plus riche de la planète. Comme on aurait sous la main et au meilleur compte une main-d'œuvre de premier ordre, non loin d'une contrée parcourue par des fleuves navigables, on voit l'énorme essor industriel et commercial qui pourrait en résulter. Les méthodes de transport actuelles sont très dispendieuses la houille est chargée sur des ânes qui descendent dans la plaine chinoise, ce qui coûte 68 pfennigs par tonne, lorsque la tonne de charbon, prise sur place, ne coûte que 35 pfennigs On le transporte à Hwolu, à 80 milles de là c'est la grande ville la plus voisine sur la route de Pékin. Les chemins sont d'ailleurs détestables le terrain offrirait de grands obstacles à la construction d'un chemin de fer, qui cependant s'impose. Enfin, Pékin est à 220 milles de là, Shanghaï, à une distance triple. Ces désavantages sont cependant très loin d'entrer en ligne de compte, en présence des résultats d'énorme importance que produirait une exploitation rationnelle de ces mines. Les'premiers matériaux pour ce chemin de fer devraient être importés d'Europe; mais ces districts

Atlas universel de Géographie, par Vivien de Saint-

Martin et F. Schrader. Carte 3o. Europe Centrale, en

FeuilleNord-Ouest. carte, la plus récente de ce grand Atlas,, dont la ~.ETTE C publication se continue rapidement, est la deuxième feuille publiée d'une carte de l'Europe Centrale au t Soo ooo". La première était celle de l'ancien royaume de Pologne celle-ci est principalement une carte du royaume de Hongrie elle ne contient pas, il est vrai, les comitats du SudOuest, non plus que la Croatie tout entière. En revanche. elle renferme dans son cadre quelques parties de l'Autriche, de la Moravie, de la Silésie, une bonne partie de la Galicie, la Bukovine, une vaste région de la Roumanie. Cette carte est de tous points digne de ses devancières. Les auteurs, qui ont adopté pour l'ensemble de la monarchie austro-hongroise un coloris des frontières jaune, ont très justement distingué par des couleurs différentesles deux parties de la monarchie l'empire d'Autriche ou Cisleithanie, est bleu; le royaume de Hongrie, ou de SaintEtienne, ou encore Transleithanie, est rouge. Cette différence de teintes permet de se rendre compte, à première vue, du caractère de ce régime dualiste, que certains de nos compatriotes, habitués depuis longtemps à l'unité et à la centralisation, ont encore peine à bien comprendre. Les auteurs ont employé de préférence les noms hongrois pour les localités hongroises. Ils se conforment ainsi à l'usage officiel qui s'est introduit dans le royaume de Hongrie, et qui a abouti récemment à la magyarisation de tous les noms de localités quelconques, qu'ils soient peuplés de Magyars, d'Allemands, de Slaves, de Roumains. La nomenclature purement hongroise répond donc à un état de droit elle pourrait donner, mal comprise, la plus fausse idée de l'état de fait du royaume, puisque les Hongrois proprement dits n'y forment pas même la majorité. Ajoutons que les noms allemands ou slaves les plus connus ont été ajoutés entre parenthèses: ainsi Szekes-Fehewar(.S/M/HO.sMH~g-), Nagy-Szeben (~f~MH~ad/). 11 n'y a que Prèsbourg pour lequel le nom allemand, d'ailleurs francisé, a eu le pas sur le hongrois T~M~rr. 4 feuilles.


Pour les Voyageurs Collectionneurs Récolte des Névroptères, des Hémiptères et des Orthoptères NÉVROPTÈRES(SK~c)

rises qu'il faut prendre des précautions quand on veut les saisir, car leurs piL du termites surtout, par l'importance qûres, surtout celles des bélostomes et rôle qu'ils jouent dans tous les des notonectes sont extrêmement -doule /f;'M!/<; /«c(/<e a loureuses. pays chauds, même envahi certaines localités des pays cicadaires, grandes et petites, tempères,–sont dignes d'une étude viventLes les arbres, sur les buissons, attentive, et tout doit engager le voya- mu danssurl'herbe. On peut les prendre a geur à recueillir sur leurs mœurs, leurs la main ou au filet. constructions, et sur les moyens de les Les pucerons abondent sur cercombattre efficacement, le plus de rentaines plantes, dont ils attaquent les seignements qu'il sera possible. parties les plus variées, depuis les raBien entendu, au point de vue en- cines jusqu'aux sommités des tiges. Ils tomologique, il sera utile de collection- ne sont pas difticiles à capturer, mais ner un certain nombre d'individus de leur corps est d'ordinaire si fragile que chaque espèce, en tenant compte des la conservation bon état en est des formes très variées que présentent les moins aisées. en

es

mâles, les femelles, et les différentes

sortes de neutres. Les individus coriaces peuvent être mis en flacons à papier frisé où être piqués. Mais les individus mous, notamment les femelles à l'abdomen gontié

d'œufs, doivent être conservés dans

l'alcool.

Kous engageons vivement les voyageurs à rapporter des fragments de constructions ou de bois perforés, de nature à donner des éclaircissementssur l'industrie et sur les ravages de ces insectes.

HÈMtPTÈRES

j'ai obtenu d'excellents résultats

en les collant, immédiatement après capture, avec une gouttelette de gomme arabique, à l'envers du couvercle d'une petite boite en carton, au fond de laquelle se trouvait du carbonate d'ammo-

niaque, qui asphyxie et immobilise immédiatement les insectes. Ce procédé convient pour tous ceux de ces êtres dont la petitesse extrême rend la récolte et la conservation fort difficiles, par exemple les Thrips ou faux pucerons. Dans les collections, il vaut mieux également les conserver de la même façon, c'est-à-dire collés sur le fond. ou si l'on veut sur un double fond mobile, dans de petites boites de carton.

point de vue des collectionsde curiosités naturelles, les orthoptères renferment les insectes les plus bizarres Au

que l'on connaisse, les phasmes et les phyllies, qui, par leurs formes et leurs couleurs, rappellent des tiges ou des feuilles, vertes ou desséchées. C'est l'accentuation d'un phénomène très fréqjent chez les hémiptères et les orthoptères, et qui a son importance pour les voyageurs-collectionneurs je veux parler du Mime/Mme, qui fait que ces insectes se confondent, par leur forme et par leur couleur, avec le milieu dans lequel ils vivent le plus habituellement.

MIMÉTISME DES HÉMtPTÈRES ET DES ORTHOPTÈRES J'ai déjà signalé plus haut le fait que certaines Géocorises ont des couleurs ternes se confondant avec celles du milieu environnant. Telle est la Pentatome grise, qui se trouve sur l'écorce grise des arbres. U y a également des punaises vertes qui vivent sur les végétaux de cette nuance. Un autre hémiptère, le Leptope littoral, est de la couleur des pierres au milieu desquelles il se tient, ce qui le dérobe vue. De même les pucerons revêtent souvent la teinte des végétaux dont ils se nourrissent. Chez les Orthoptères, le mimétisme est peut-être encore plus fréquent. Le fait est surtout évident pour les sauterelles, qui sont jaunes ou vertes suivant qu'elles vivent dans le sable ou sur les végétaux. L'Ephippigëre des vignes présente

la

Cet ordre d'insectes comprend notamment les Géocorises, ou punaises, ORTHOPTÈRES la plutrès communes dans les bois, et Cet ordre comprend une multitude part exhalant une odeur forte les 7/r~'od'insectes faciles à reconnaître, à récolcorises, ou punaises aquatiques; les Cicjf~tr~ ou cigales, et les Aphidiens ou ter et à conserver sauterelles, grillons, la forme et la nuance qui convient le forncules, blattes, mantes, phasmes; mieux pour dissimuler sa présence sur pucerons. les pampres. La mante religieuse, d'un Les Géocorises vivant principale- phyllies, etc. Presque tous ces insectes peuvent vert tendre, est presque invisible dans ment du suc des végétaux, on les trouve ordinairement sur les tiges et les feuilles être facilement capturés à la main, sauf les jeunes feuilles où elle se tient immo des plantes, parfois sur les fleurs ou sur peut-être certaines sauterelles très agiles bile. Mais ce sont certainement les les fruits. Plusieurs ont des couleurs qui exigent l'emploi du filet à papillons. vives qui les signalent à l'œil; d'autres, Les pinces des forficules, qui ser- phasmes et les phyllies qui présentent au contraire, ont des couleurs ternes qui rent fortement, et les crochets des mantes les exemples les plus parfaits de mimése confondent avec celles du milieu envi- dont la piqûre est douloureuse, recom- tisme. Les premiers ont absolument mandent certaines précautions. Les sau- l'apparence de bâtonnets, les secondes ronnant. difficilement être distinguées Certaines piquent fortement et terelles et les grillons cherchent bien à peuvent l'œil le plus exercé, dans le feuillage doivent être capturées avec précautions. mordre lorsqu'on les saisit, mais sans par des arbres, dont elles imitent la forme. L'alcool risquant d'altérer l'éclat de leurs grand résultat. Certains orthoptères ont l'abdomen I) est bon que les voyageurs couleurs, il vaut mieux les piquer à mesure qu'on les prend. On emploie des mou et charnu, et ne peuvent guère se collectionneurs soient prévenus de ces épingles très fines et on les pique sur le conserver que dans l'alcool. Toutefois, fausses apparences et se tiennent en pour éviter de les décolorer, on devra garde contre elles, car elles peuvent les thorax. faire passer à côté des plus curieux spéComme tous les insectes aqua- employer de l'alcool un peu faible. d'histoire naturelle sans même les cimens Quant aux espèces coriaces, on les tiques, les Hydrocorises, surtout celles à soupçonner. Une fois prévenus, et samouvements rapides, doivent être prises pique sur le thorax. Il en est cependant, parmi ces der- chant que les phasmes et les phyllies au filet. Les naucores et les nèpes, qui sont nombreux dans les pa) s chauds, ils nagent lentement, peuvent être pris à la nières, notamment parmi les mantes, seront attentifs à les découvir sous le main, si l'on parvient à les apercevoir les phasmes et les phyllies, qui, en se végétal que revêtent ces indans la vase où ils vivent d'ordinaire, et desséchant, se déforment et perdent leur masque sectes. avec la couleur de laquelle leur teinte se aspect naturel. Il vaut donc mieux les PAL'LCoMBHS. ~.t6-M!t'y'e.; confond. C'est surtout avec les Hydroco- conserver dans de l'alcool faible.


Les Chemins de fer de la Chine /t/)/C

Au t/(.)~< CM la question des C~;K<M! de fer /OMe un rôle si important dans les relations </t<t;<M<M<M/M de CA/)!OM, ~'U/f;~ indispensable, pour voir clair dans la série des COMfe<;</0;M et dans le t:0<i< des <:0))~J<t'<MMJ, Je~OM~ un ~f)y;t.Ya~ /a~M</OM actuelle. C'est ee<UMe ~M)M&/e que MOtM allons essayer d'exposer dans les /t~<M qui ~M!~M<.

ï

Chine et ses dépendances représentent, comme étendue, un dixième de la superficie habitable de la terre, comme population, un bon quart de la population totale du globe. Jusqu'en 1805, ce bloc a opposé aux assauts de la civilisation une sorte de Grande Muraille morale, visà-vis de laquelle les clairons de l'armée japonaise semblent avoir joué le même rôle que les fameuses A

trompettes de Jéricho. La Chine paraît enfin s'être résignée à emprunter aux Occidentaux l'outillage du progrès, et notamment les voies rapides de communication qui lui manquaient pour mettre en valeur les richesses réelles et considérables qu'elle renferme. En effet, elle ne disposait, pour ses transports et ses échanges, que de ses routes d'eau la mer, son magnifique réseau de fleuves et de rivières, et les grands qui les plus étendus du globe canaux artificiels relient entre eux les divers bassins, Les routes de terre sont détestables, mal tracées, impraticables en temps de pluie. Les ponts sur les cours

d'eau sont rares, dangereux, souvent emportés par les inondations. II en résulte que l'agriculture, l'industrie, les mines, sont en souffrance; on ne produit guère au delà des besoins, et la population est concentrée dans les vallées et dans les ports. L'étude des statistiques dégage un fait frappant: la diminution continue des exportationsde la Chine,et la grande difficulté que ce pays trouve à maintenir sa position sur les marchés d'Occident. Malgré la baisse continue de l'argent, la balance est contre la Chine, situation alarmante pour un pays sans épargne, sans organisation financière, et déjà si lourdement endetté envers l'étranger. Le remède à cette situation, ce sont les chemins de fer. Le premier qui ait conçu l'idée et le plan méthodique d'un réseau de chemins de fer chinois est M. de Richthofen qui fit, de 1868 à 1872, dans les différentes parties du pays, sept voyages dont les résultats sont réunis dans un ouvrage magistral China. M. de Richthofen a constaté que le sol de la Chine regorge de charbon et de minerais métalliques, que seuls les chemins A

T~iAVEHS

LE MOKDE.

4~" UV.

de fer pourront mettre en valeur. De là ses études sur ce

point particulier. Un travail très remarquable sur ce même

sujeta

été publié par M. Gustav von Kreiner, avec une carte, sur laquelle on constate une grande concordance entre les tracés prévus par l'auteur et quelques-unes des

lignes récemment concédées. Sans nous arrêter aux péripéties par lesquelles il a fallu passer pour arriver de la théorie à la pratique, nous allons énumérer, par ordre de date, avec les indications nécessaires pour bien préciser les idées, les différentes lignes actuellement construitesou concédées en Chine. 1

°

C~«H«

fer

C/U~t à ~OM-.SOMM~. Ce

fut le premier chemin de fer chinois. Il fut construit, en 1873, pour le compte d'une compagnie anglaise,par l'ingénieur H. J. Morrisson. Voici à quel besoin il répondait. Le port de Chang-Ha'i n'est pas à l'embouchure même du Hoang-Pou dans l'estuaire du Yang-TséKiang. Les navires grands courriers et les bateaux detort tonnage ne peuvent remonter jusque-là. Ils s'arrêtent en un point plusaccessible, devantle villagede Wou-Soung, devenu, par ce fait, assez important. Parle Hoang-Pou, qui fait un grand détour, la distance entre Wou-Soung et Chang. Haï est de vingt à vingt-deux kilomètres, mais en ligne directe, par les chemins de traverse, elle n'est que de dix kilomètres environ. C'est pour franchir rapidement ces dix kilomètres que l'on avait songé à y construire une voie ferrée. Mais la Chine n'était pas mûre pour ce progrès intérêts lésés, superstitions, haine des innovations étrangères, tout se coalisa contre le malheu reux chemin de fer. Le gouvernement chinois, pour avoir la paix, usa de son droit de rachat, indemnisa la Compagnie anglaise, et suspendit l'exploitation. La ligne fut détruite, et son matériel transporté à Formose. L'idée a été reprise depuis que la Chine, devenue plus accessible, s'est lancée dans la voie des concessions. Au début de 1897, un édit impérial sanctionnait le rétablissement de la ligne de Chang-Haï à WouSoung la construction en était poussée avec la plus grande activité, sous la direction de l'ingénieur alleK°.)u.

–i~octobrctS~H.


mand Hildebrandt,

et. le 7 août dernier, on procédait à un essai officiel très satisfaisant de son premier tronçon. Dès que la ligne sera terminée, il est à prévoir qu'une partie du commerce de Chang-Haï se transportera à Wou-Soung. 2°C7~WM; de fer de T'M;t-7'« à Cette dernière ville est située à l'endroit où l'extrémité orientale de la Grande Muraille de Chine aboutit à la mer. C'est à l'initiative de Li-Hung-Chang.qu'est due la construction de la ligne de 2y6 kilomètres qui relie

C/<'0;M<f.

les deux villes. La Banque anglaise Hong-Kong and Chang-Haï fournit le capital et la ligne fut ouverte à l'exploitation en )8c)o. Les trains ordinaires la parcourent en huit heures. En vertu d'une récente conven-

tion russo-chinoise, cette ligne devra être prolongée, dans un délai de dix ans, au delà de la Grande Muraille, jusqu'à Moukdtn, Girin et Vladivostok, et reliée au chemin de fer transsibérien. C~MM de fer de 7'<t-7'<! à Pf~/< C'est l'un des premiers dont la construction ait été décidée depuis la fin de la guerre sine-japonaise. En février )8c)6, parut le décret impérial qui ordonnait cette construction et les travaux furent si activement poussés qu'en mai t8c)y les 127 kilomètres de cette ligne étaient ouverts au trafic. (Voir le Tour du Monde du 15 janvier 1898 article de M. Perrenoud.) 4° C&')~M

fer de Mandchourie. Ils seront constitués par la ligne qui, de Stretensk (dans le gouvernement de la Transbaïkalie), reliera le transsibérien à Vladivostok, en passant à travers la Mandchouriepar le prolongement de la ligne de Tien-Tsin à ChanHaï-Kouan au delà de la Grande Muraille jusqu'à Moukden, Girin et Vladivostok, et par la ligne de Girin à Port-Arthur. La Banque Russo-Chinoise a pris mille actions de ce chemin de fer. La Chine recevra 200/0 des bénéfices, et deviendra propriétaire de la partie des lignes située sur son territoire, au bout de trente ans. Les travaux de raccordement de ces lignes chinoises au chemin de fer transsibérien sont commencés. On télégraphiait récemment de Pékin que des commissaires chinois et russes achetaient déjà les terrains destinés au passage du chemin de fer de Girin à Port-

Arthur.

5° Chemin de fer de Pékin

à

//<M-/<~OM.

Il

ya

environ dix-huit mois, le gouvernement chinois résolut de construire une importante ligne de chemin de fer, de Pékin à Han-Koou. Han-Koou est un des plus importants centres commerciaux de la Chine. C'est un port fluvial sur !e Yang-Tsé-Kiang, et sa population s'élève à plus d'un million d'habitants. La ligne, de 1~00 kilomètres de longueur, devait forcément traverser les provinces particulièrement riches et peuplées du Petchili, du Ho-Nan et du Hou-Pé. Elle était donc assurée d'un trafic des plus rémunérateurs. Le Tsong-Li-Yamen fit les plus grands efforts pour engager les capitaux chinois à s'intéresser à ce nouveau genre d'opérations, mais il devint bientôt évident qu'il ne pourrait obtenir le résultat poursuivi sans avoir recours aux capitaux

étrangers.

Aussitôt arrivèrent à Tien-Tsin des représentants de différents syndicats industriels et financiers américains, anglais, allemands, russes, français, belges, qui tous s'efforcèrent d'obtenir la concession des tra-

vaux ou l'avance des fonds nécessaires. Les pourparlers relatifs à cette entreprise rencontrèrent les plus grandes difficultés. Toutes les influences possibles furent mises en jeu par les divers concurrents. Enfin, grâce à l'union et à la persévérance des industriels français et belges, secondés activement par leurs gouvernements respectifs et par les représentants en Chine de la France et de la Belgique, c'est un syndicat franco-belge qui a obtenu la concession si convoitée. Les contrats ont été signésàChang-Haïle 18 juin f8a8. li fallait la ratification impériale. M. Mac-Donald, ministre d'Angleterre, fit tout pour empêcher qu'elle fût accordée, mais le ministre de Russie joignit ses effortsà ceux des ministres françaisetbe)ge, et elle vient

d'aboutir. Les contrats n'ont trait qu'à de~questions d'or-

dre financier et industriel. Ils prévoient l'émission en France et en Belgique d'un emprunt de 120 millions de francs et la fourniture, par les industries belge et française, du matériel nécessaire à la construction e à l'exploitation de la ligne, c/! tant que ce );M~M/ L'exploitation de la ligne, 'ura ~yoM/ de construite avec des capitaux exclusivement français et belges, est placée sous le contrôle d'une Société francobelge. Les difficultés auxquelles donnerait lieu l'exécution des contrats du <8 juin seront soumises à une commission arbitrale dont le ministre de Belgique à Pékin fera partie, et à laquelle s'adjoindra, s'il est nécessaire, le ministre de France en Chine. ~MM~e autre

rc/)~

/<t/<')'T)e<:<MM ~7~(WM/MeM'M~UMC «!'

à prévoir ~Ht! les

arbitrages.

Cette dernière clause a provoqué une note tendancieuse, de source anglaise, s'étonnant qu'un arrangement spécial n'ait pas nommé comme arbitre, en cas de conflit, le ministre russe à Pékin. Quoi qu'il en soit, la concession est définitivement et solidement acquise. La ligne, partant de Pékin, passera à Pao-TingFou, suivra la grande route à travers le Petchili et le Ho-Nan, traversera le fleuve Jaune prés de Ming-Tchi, sur un pont de [ ~oo mètres, et gagnera Ho-Nan-Fou, d'où, se dirigeant au Sud, et traversant par quelques tunnels les montagnes qui séparent le Ho-Nan du HouPé, elle atteindra Han-Koou. Il faut que la ligne soit terminée dans trois ans. La concession donne des droits sur les mines de

la région traversée, et l'on

croit qu'une clause secrète

prévoit la prolongation de la ligne jusqu'à Canton. Sur la ligne de Pékin à Han-Koou, se trouve la ville de Tcheng-Ting, qui sera reliée au riche bassin houiller de Ping-Ting, par une voie ferrée concédée à la Banque russo-chinoise. C'est une précieuse annexe pour la ligne principale. En dehors de la part importanteréservée à l'industrie française dans les commandes de matérielauxquelles donnera lieu cette importante entreprise, l'influence française en Chine retirera inévitablement d'heureux résultats de ce succès obtenu par notre diplomatie.

T'c/A'M~

6" C/MW/n de fcr de 7'!C/ 7~/K à rl Dès 1805, un décret impérial décida

/7e~oK.

la création d'une voie ferrée, partant de Ticn-Tsin, longeant la mer dans la direction de Tching-Kiang, pouvant être prolongée éventuellement dans la direction de

Chang-Haï et même jusqu'à Hang-Tchéou.


CA(trEtNMQUAKTLETRACEDESCHEMtNSDEFERDELACH!NE.

Une partie du capital devait être souscrit par les Chinois, l'autre par des capitalistes étrangers. En effet, un sujet chinois, le docteur Yung-King, demanda la concession de cette ligne, mai s il rencontra de sérieuses difficultés pour la formationde son capital. Sur ces entrefai-

tes, l'Allemagne s'établit à Kiao-Tchéou, prétendit étendre son influence sur toute la province de Chan-Toung et réclama une préférence pour la fourniture du matériel du chemin de fer de Tching-Kiang qui devait traverser cette province. L'Angleterre crut qu'il s'agissait d'une opposition à la construction du chemin de fer, auquel on assure qu'elle donne des appuis financiers et protesta vivement, ce qui donna lieu à ce mémoran-. dum de M. de Bülow qui met les choses au point L'information envoyée de Pékin au gouvernement britannique et faisant savoir que l'Allemagne avait, par l'intermédiaire de son ministre à Pékin, élevé des objections au sujet du chemin de fer de Tching-Kiang dans le Chan-Toung, et que ces objections étaient basées sur la présomption que, dans la province de Chan-Toung, aucun chemin de fer ne pouvait être construit sans

l'autorisation de l'Allemagne, ne s'accorde pas avecles faits; il n'y a aucun fondement à l'assertion que le ministre d'Allemagne à Pékin ait fait de sérieusesmenaces pour le cas où ses revendications ne seraient pas admises. Ce qu'on a demandé au nom du gouvernement allemand, c'est simplement que, si le gouvernement chinois désirait ou réclamait une assistance étrangère, il devrait d'abord s'adresser au commerce et à l'industrie allemands. Le gouvernement allemand, fidèle à ses principes, n'a jamais réclamé de privilèges exclusifs et n'a jamais fait aucune tentative pour exclure les autres nations de la concurrence libre dans le ChanToung. Le bruit a couru que, par déférence pour l'Aile~ magne, la ligne de Tien-Tsin à Tching-Kiang, au lieu de suivre le littoral, passerait à l'Ouest des frontières de la province de Chan-Toung. Il suffit d'examiner la carte pour constater que, dans ce cas, elle créerait une concurrence à la ligne franco-belge de Pékin à HanKoou. Ce que l'Angleterre redoute surtout, c'est que

cette ligne dç Tien-Tsin à Tching-Kiang, avec prolon-


gement éventuel jusqu'à Hang-Tchéou, tombe sous le contrôle de la Russie. 7° C~M/M de fer de Chang-Haï à A~M~ C'est en t8o6 qu'a été autorisée la construction d'une ligne Chang-Hai,Sou-Tchéou, Nanking, d'unelongueur d'environ ~oo kilomètres. L'emprunt de t6 millions de livres sterling devait être en partie affecté à la construction de cette ligne. Le bruit a couru, depuis, qu'un contrat avait été signé à Chang-Haï entre l'inspecteur général des chemins de fer chinois et le représentant d'un syndicat anglais (contrat officiellement confirmé par le TsongLi-Yamen) pour un emprunt spécialconsacré à la construction de cette ligne, qui serait éventuellement prolongée de Chang-Haï à Hang-Tchéou, Fou-Tchéou, etc. 8° C&'M/K fer de C/'aM-~vif-~OMaM à NiouTchouang. Le gouvernement chinois avait concédé le prolongement de la ligne de Tien-Tsin à Chan-HaïKouan jusqu'à Niou-Chouang, à une Compagnie anglaise subventionnée par la banque anglaise HongKong and Chang-Haï. Niou-Tchouangsetrouvantproximité de régions où s'exerce l'influence russe, M. Pavloff, ministre de Russie à Pékin, vit avec raison dans cette concession une menace pour cette influence, et une concurrence à la ligne de Girin à Port-Arthur. Il obtint du Tsong-Li-Yamen l'assurance que cette ligne ne serait pas hypothéquée, et qu'elle ne serait soumise au contrôle d'aucune puissance étrangère, même au cas où la Banque ferait défaut. C'est cette question qui a amené le dernier échange de notes diplomatiquesentre la Russie et l'Angleterre. (~f~MH/f) à Ta-Li. g" C~mo! de fer de Fou (yM/M!M). Cette ligne est construite en Birmanie par les Anglais. Par la convention sino-birmane de i8c)y, la Chine s'engage à examiner si les conditions du commerce justifient la construction de chemins de fer dans le Yun-Nan et, dans le cas où ils seraient construits, aies relier aux lignes de la Birmanie-Les Anglais parlent déjà de pousser ces lignes jusqu'à Canton.

MM~

/(~

10° CAfWMM~~y~

~MO!<ii<7c~OM et à

Lao-

Par une convention de cette même année tSoy, la France a obtenu le droit de prolonger ses lignes du Tonkin dans le Kouang-Si et dans le Yun-Nan. En premier lieu, la ligne actuelle de Hanoï, PhuLang-Thuong, Lang-Son, Nacham, concédée à la compagnie de Fives-Lille pour une durée de vingt-six ans, sera prolongée par delà la frontière jusqu'à la sous-préfecture chinoise de Lang-Tchéou (Kouang-Si), puis jusqu'à Nan-Ning-Fou et Pakhoï. Le contrat stipule que les études seront faites par nos ingénieurs sous le contrôle des autorités chinoises. .Le prolongementde cette lignejusqu'à Nan-NingFou, sur le Si-Kiang, permettra aux produits transitant par cette voie d'atteindre Canton et Hong-Kong en six ou sept jours, alors que la durée actuelle des transports est de trente-cinq et même quarante jours. Par la même convention, la Chine s'engage à raccorder les lignesqu'ellepourra con~truireauYun-Nan avec celle que nous pourrons nous-mêmes établir entre Hanoi et Lao-Kay.

[° Chemins de

fer

de Corée,

La question des

chemins de fer de Corée se rattache étroitement à celle des chemins de fer chinois et russes. Il a été établi en principe que tous les chemins de fer coréens auront le même écartement de rails que le Transsibérien, et seraient reliés à ce dernier via Moukden. Une première concession a été accordée, en 1897, à une compagnie américaine pour l'établissement d'une ligne entreTchemoulpo,sur )a merjaune, et Séou!, capitale du royaume. La distance entre ces deux villes est de 40 kilomètres. Il existe bien entre elles un service de bateaux à vapeur, mais ce service est lent, irrégulier, sans sécurité, et les transports sont effectués

de préférence par voie de terre. La maison Collbran and James, de Denver et Chattanooga, a entrepris d'établir une voie pour la compagnie du chemin de fer de Séout-Tchemoutpo. Le

contrat comprend la création d'uneligne complétement équipée, avec stations, télégraphe, etc. Ses travaux d'infrastructure sont faits par des indigènes qui tra-

fr.

vaillent à raison de y~ par jour. Tout récemment il était question de la signature prochaine d'une concession japonaise, pour la construction d'un chemin de fer de Séoul à Fou-San. Bien d'autres projets de chemins de fer chinois sont en perspective, mais le gouvernement impérial n'a pas d'argent et hésite à en emprunter. Il redoute de devenir la première victime des compétitions étrangères, et s'appuie visiblement sur la Russie. Le contrôle dont paraît jouir effectivement cette dernière puissance sur la création d'un système de chemins de fer en Chine lui donne dans ce pays une prépondérance marquée sur les autres États étrangers. A ce sujet, un journal anglais fait les réflexions suivantes « Il est aisé de prédire, sans être prophète, que la Russie est destinée à devenir la puissance prépondérante en Extrême-Orient; alliée à la Chine, elle sera l'un des plus importants facteurs du développement industriel du monde. Dans ces conditions, l'Angleterre doit exercer une vigilante surveillance sur toutes les tentatives de progrès entreprises par la Chine, et, sans chercher à entraver les légitimes ambitions de la Russie, elle doit s'efforcer, autant que possible, d'obtenir pour ses négociants, des privilèges égaux à ceux. des autres pays. Nous ajoutons qu'elle doit cultiver l'amitié du Japons. Un autre estime que si le gouvernement anglais ne prend pas l'initiative de relier la Chine à la Birmanie par une ligne de pénétration jusqu'à Pékin, la Chine est perdue, « car la politique de la Russie est d'en faire ses Indes ?. Quet que soit l'intérêt politique de ces questions, les intérêts économiques qu'elles soulèvent sont des plus considérables. La Chine a réellement pris a cœur sa transformation. Un décret impérial, publié le 5 août dernier, crée un bureau central, pour l'administration centrale des mines et des chemins de fer, sous la présidence de deux des principaux membres du cabinet. On peutdonc prévoir que, dans un avenir peu éloigné, comme le disait ici même M. Perrenoud dans l'article que j'ai cité, << la Chine possédera un réseau de chemins de fer mettant en communication rapide ses provinces les plus éloignées, et ouvrant de riches débouchés au commerce ». PAUL COMBES.


tenants du Mahdi, Osman-Digma, s'avançait sur Soua-

Khartoum et le Soudan égyptien prise de d~ Khartour"r)!"tntdeson Kh:1:"t0~ nl1 fll11tÔt de son y) n pïi: A

ancien faubourgd'Omdourman,par

lés troupes anglo-égyptiennes, a terminé, le 2 septembre i8c)8, Une cam-

pagne de deux ans et demi, qui a été menée avec une habileté et une précision vraiment admirables. C'est en février <8p6, que le gouvernement anglais informa le Parlement, en lui demandant les crédits nécessaires, de son intention de marcher de OuadiHalfa surAkacheh.Les étapes de cette reconquête du Soudan ont

étéDongoIaen.i8c)6, Korti, Abou-Hammed, Berber en 1897, l'Atbara

et Omdourman en

iSoS. La période militaire de la campagne a pris fin, si, du moins, l'on fait abstraction de la reprise projetée du Kordofan et du Darfour; la campagne diploma-

tique va commencer pour te pays au Sud de Khartoum il s'agit aujourd'hui de s'entendre avec la France, qui

parait être établie

à

Fachoda, et avec Ménélik dont l'ambition

est de s'étendre l'Ouest

à jusqu'au Nil

Blanc.

Noslecteursnous sauront gré de leur rappeler, en quelques CARTE DR LA RÉGION mots, les phases de l'histoire du Soudan Egyptien, depuis t88;, année où le Mahdi Mohammed-Ahmed, ayant groupé une nombreuse armée de fanatiques, s'empara d'El-Obéid, et de tout le Kordofan. Ce n'était à ses yeux qu'une simple base pour reconquérir sur les Égyptiens le Soudan, où leur domination était déjà ébranlée. Le générât Hicks, un vétéran des guerres des Indes, fut mis alors à la tête de l'armée égyptienne. Il réussit à garder quelque temps contre les attaques mahdistes Khartoum et le Sennar, puis, prenant l'offensive, il s'avança sur Et-Obéid.Le 5 novembre f88~. il essuyait une effroyable défaite; il était tué, et son armée absolument anéantie. Presque en même temps, le plus habile des lieu-

kim, et battait à EI-Teb une armée égyptienne de 4,000 hommes commandée par Baker pacha. La route de Souakim au Nil était interceptée, et Souakim même ne devait son salut qu'à l'arrivée de l'amiral Hewett, et de ses troupes de marine. L'Égypte était incapable de conserver le Soudan l'Angleterre vint à son aide. Elle lui offrit de renvoyer à Khartoum l'ancieh gouverneur du Soudan, !e général Gordon, qui_ devait, soit tenir jusqu'à l'arrivée d'une armée de secours, soit rapatrier la garnison par la voie 'SS~ du bud. Goruoti ati~ct à Khartcurr: !e '6 et se mit à défendre la ville avec le courage et t'habiteté qu'on lui connaissait. En même temps on faisait un effort sérieux pour ouvrir la route de Souakim à Berber. Le général Graham battait des mahdistes (ou ~Mc~M comme les appellent les Anglais) à Et-Teb et à Tamaai. Mais ces deux batailles furent si meurtrières, que l'armée angloégyptienr'e abandonnait la partie, laissant simplement une petite garnison à Souakim. Cette retraite fut bientôt suivie de la chute de Berber, qui capitula en mai 1884. En dehors de Khartoum simpleîlot au milieu du vaste empire mahdiste,

fë~

n'y avait plus de garnisons égyptiennes qu'à Kassala et dans la province d'Équatoria il

gouvernée par Émin pacha. C'est alors que,

devant la pression de

l'opinion, l'Angleterre se décida à organiser. par la voie du Nil, une expédition de secours, dont le commandement fut confié à lord Wolseley. On avait perdu un temps précieux, que ne pouvait compenser la hâte fiévreuse des préparatifs. En décembre 1884, l'armée anglaise était concenDU HAUT ~H. trée à Karti, d'où elle partit, divisée en deux colonnes. La première colonne, ayant traversé la steppe de Bayouda, remporta, sur les Mahdistes, le !y janvier 1885, la victoire meurtrière d'Abou-Klea, et, pour parvenir jusqu'au Nil, à Metemmeh, un peu plus au Sud du confluent de l'Atbara, elle dut livrer le lendemain un nouveau combat, dans lequel son chef, le général Stewart, fut blessé. De Metemmeh, où l'on trouva deux bateaux à vapeur, envoyés par Gordon, sir Charles Wilson s'avança sur le fleuve, jusque devant Khartoum. Il y fut accueilli par des coups de canon et de fusil (27 janvier t88$). La ville était, en effet, tombée depuis la veille au pouvoir des Mahdistes, Gordon avait été tué la terrible campagne, dite de secours, se trouvait être sans objet.


La seconde colonne, envoyée le long du Nil, sur Berber, avait été plus malheureuse encore; battue à Kirbekan, elle avait perdu son chef, le général Earle. Les deux colonnes opérèrent leur retraite et se

trouvèrentbientôt réunies à Karti. Elles redescendirent la vallée du Nil, qui se trouva livrée aux Mahdistes jus-

qu'à Ouadi-Halfa.

Une nouvelle diversion du côté de Souakin n'eut

pas un meilleur succès que les précédentes. Le général Graham, à la tête d'une armée de <3,odo hommes, battit, il est vrai, les Arabes à Tofrek (22 mai 1885); mais ses pertes furent énormes. Devant l'impossibiUté d'avancer, on suspendit une fois de plus les opérations, ainsi que les travaux du chemin de fer projeté de Souakin à Berber. L'Empire mahdiste atteignait ainsi l'apogée de sa puissance. Mais le Mahdi ne survivait pas longtemps à son triomphe. H mourait le 22 juin 1885, déconcertant, par ce brusque trépas, beaucoup de ses partisans, qu'il avait déjà lassés par ses cruautés et ses débauches. H eut pour successeur le khalife Abdoullah. Pendant les années qui suivirent, un voile épais tomba sur l'histoire intérieure de l'Empire mahdiste. Il fut soulevé à deux reprises en 1801 et, en 1803, par les récits de deux Européens prisonniers, qui réussirent à s'enfuir d'Omdourman, le P. Ohrwalder et Slatin pacha; on apprit, par eux, que le khalife avait peine à maintenir son autorité, et que l'Empire allait se désagrégeant. Ces renseignements ne furent pas perdus pour l'Angleterre, qui préparait, lentement et sûrement, sa campagne actuelle. Dans l'intervalle, elle avait envoyé Stanley à Emin Pacha pour faire évacuer, sous prétexte de sauvetage, l'Equatoria ('880). Les opérations avaient été reprises devant Souakin, perpétuellement menacé par Osman Digma, que le colonel Kitchener, le futur sirdar, avait battu à Gemaizeh (janvier 1880). La même année, le général Grenfell avait repoussé à Toski, une tentative d'invasion de l'Egypte par Ouad El Ngoumi, qui périt dans la bataille. En

i8at, on guerroya de nouveau

devant

Souakin, et les Anglo-Egyptiens reprenaient Tokaï. Enfin, en t8û4, les Italiens, établis en Erythrée, se laissaient persuader d'occuper Kassala, qui s'était rendue aux Mahdistes quelques mois après Khartoum, mais l'an dernier ils livraient cette place aux Anglo-Egyptiens. sont, rapidement énumérés, les événements qui ont précédé la campagne actuelle. Le Soudan, ravagé et dépeuplé par un odieux fanatisme, succédant aux horreurs de la traité qui avaient déshonoré le régime égyptien, est rendu à la civilisation. Nous ne pouvons que nous en féliciter, et en féliciter l'armée angtai.~e et son chef, mais à cette condition seulement que les droits acquis à Fachoda par la vaillance persévérante du capitaine Marchand et par l'héroïsme de ses soldats, soient respectés, et qu'un arrangement équitable intervienne sur le Nil comme il en est intervenu un sur le Niger. Tels

L'Expédition arctique de la corvette allemande «

Olga

LEgouvernementallemand vient de donner une nou-

velle preuve de l'intérêt qu'il prend aux pêcheries en haute mer, en organisant l'expédition de la corvette Olga pour explorer les bancs de poissons des eaux boréales. Déjà en 1871 et 1872, le gouvernement prussien fit explorer la mer Baltique et la mer du Nord au point de vue hydrologique et biologique, et en confia le programme à tout un corps de savants spéciaux. Des savants et des spécialistes se sont de même embarqués sur l'Olga, sous la direction du président de la Société des Pêcheries, le capitaine Dittmer, afin d'explorer les eaux poissonneuses de l'extrême Nord. L'Olga a quitté Wilhelmshaven le 22 juin, sous les ordres du capitaine-lieutenant von Dassel, et commencé un voyage dont le but est le point du Spitzberg qui est situé entre le y6~ et le 80" degré de latitude Nord, et entre le 10° et le degré de longitude Est. Quoique de nature essentiellement scientifique, cette expédition ne peut qu'avoir la plus grande importance pour les pêcheries allemandes en haute mer. Quand on se représente que 5 ooo voiliers et 600 vapeurs environ promènent en même temps leurs filets, pendant neuf mois, dans la mer du Nord, on comprend que la nature ne saurait suffire longtemps à d'aussi énormes razzias. Les lois internationales pour la protection et les réserves de~a pêche ont ici un beau champ d'activité pour s'exercer, car la nécessité s'impose de ralentir pour un temps cette exploitation sans merci de notre immense vivier. On est déjà entré en pourparlers dans ce but depuis quelques années, mais on n'arrivera à rien sans une entente internationale. Reconnaissant que la mer du Nord a atteint l'extrême limite de sa productivité, les compagnies des vapeurs de pêche allemands ont commencé à envoyer un certain nombre de leurs bateaux plus au nord que le 6t" degré de latitude, qui est la limite fixée aux pêcheurs de la mer du Nord par la convention internationale, et même jusqu'en Islande. Les profits des nouvelles pêcheries sont plus considérables et courent largement les frais plus grands de ces expéditions lointaines. Le but des savants de l'Olga est d'explorer les conditions et chances de pêche des mers de l'extrême Nord la commission dont font partie les membres de l'Institut biologique d'Helgoland, portera toute son attention sur les époques et conditions de l'émigration et du fraLdes poissons, tandis que des spécialistes se chargent de découvrir les bancs les plus poissonneux. Un équipage de 260 marins éprouvés, tous pécheurs de profession, seconde la commission. La corvette Olga, qui est anectée à l'ordinaire au service de surveillance et de protection des pêcheries de la mer du Nord, a été gréée avec le plus grand soin dans les chantiers impériaux de Wilhelmshaven. On a installé pour les savants, dans l'entrepont, un laboratoire spacieux, bien aéré et éclairé, et pourvu des appareils et


instruments scientifiques nécessaires. On a embarqué en outre une très riche bibliothèque d'ouvrages spéciaux. Des instruments de pêche de tout genre, entre autres un grand filet de fond avec cabestan à vapeur, ont trouvé place sur l'Olga. Le vaisseau est chauffé à la vapeur. L'0/~a est un vapeur d'un déplacement de 2 <6c) tonneaux, d'une force de 2 ioo chevaux-vapeur, et d'une vitesse de t2 noeuds.

La fuite de Samory F ÏNE importante nouvelle nous est arrivée de l'Afrique occidentale Samory, notre irréductible adversaire a abandonné ses cantonnements du pays de Kong et s'est réfugié dans la République de Libéria. Il eût, sans doute, mieux valu cerner l'almany et le faire prisonnier. Mais si ce résultat très désirable a manqué, c'est déjà beaucoup d'avoir forcé notre vieil ennemi à s'enfuir. Et nos officiers et nos troupes ont encore une fois, par leur vaillance, rendu un grand service à l'expansion coloniale française. C'est à la suite de l'expédition de Sikas?o que Samory a dû quitter .les régions où il vivait depuis longtemps. La prise de Sikasso est un événement capital de notre histoire africaine. On se rappelle qu'il s'agissait de détruire dans son repaire le sultan Babemba, l'un des plus puissants alliés de Samory, coupable d'avoir attiré dans un guet-apens un de nos omciers, le capitaine Morisson. La colonne d'assaut (4 compagnies de 150 hommes, 5o spahis, 2 pièces de 80) se présenta devant la forteresse soudanaise, la plus forte qu'on ait jamais connue entre Tombouctou et la côte, le t$ avril. Des hauteurs où le bivouac était établi, on distinguait le système de défense de la ville, le mur extérieur de t0 kilomètres de circonférence, de 5 mètres de haut et de y métrés d'épaisseur; le deuxième mur de même aspect; puis, au centre, près d'un mamelon abrupt surmonté d'un donjon, l'habitationde Babemba, le ~/OM/bt(<OM, entouré d'un double mur de 6 mètres de haut avec, au centre, le tata fortifié du fama du Kénédougou. Et, pour enlever cette ville forte qu'on disait habitée par plus de 30,000 hommes et occupée par près de 10,000 fantassins et 2,000 cavaliers, notre colonne disposait d'une poignée d'hommes. Aussi, quand après l'assaut final, donné le t'mai,le commandant Pineau et le capitaine Morisson se furent emparés de la forteresse téputée imprenable, l'effet produit sur les populations indigènes fut immense. Babemba était mort, et la colonne française, s'avançant aussitôt vers Kong, Samory comprit qu'il n'avait plus qu'à fuir. Fort heureusement pour lui, les effectifs lancés à sa poursuite n'eurent pas le temps de le cerner et il put gagner l'hinterland de la République de Libéria, où il se trouve à l'heure actuelle. Sans qu'on sache encore actuellement en France la région occupée par

)

atmany, on sait pourtant de source certaine qu'il a franchi la rivière Sassandra et a, par conséquent, atteint !a limite des grandes forêts, où il s'est sans

doute réfugié.

Reste à savoir maintenant si nous sommes débarrassés de Samory pour toujours ou pour quelque

temps seulement.

est à craindre malheureusement que le débarras ne soit que momentané. C'est tout un peuple qui a émigré sous les pas du chef nnir <~n ~~t"e en effet 60 coo ~ersc~~cs environ, le nombre de gens que l'almany traine à sa suite. C'est pour nourrir tout ce monde que les Sofas ont semé partout la ruine sur leur passage. Or, en se jetant à l'ouest, Samory pénètre dans la foret intertropicale qui, sur une largeur de plus de ~oo kilomètres, court parallèlement au littoral, depuis le bas Niger jusqu'à notre colonie de la Guinée. Là les productions se font rares et les hommes qui les utilisent sont de farouches guerriers ayant toujours victorieusement résisté aux attaques dont ils ont été l'objet. Alors même que l'almany en aurait raison, il ne saurait vivre longtemps sur le pays. Aussi sommes-nous exposés à un retour offensif de sa part. Il est donc vrai de dire que la question ne sera définitivement réglée que quand l'almany sera tombé sous'nos'coups.

C.

Albin.

Il

~'7/e de Crète. Histoire et Souvenirs. Paris,

Sanard et Dérangeon, 174, rue Saint-Jacques. Crète reste malheureusementà l'ordre du jour. Il suffit L de l'oublier quelque temps pour qu'elle se signale par de nouveaux désordres. La situation restera la même tant que l'Europe n'aura pas donné à la malheureuse ile, qu'elle a empêchée de s'unir à la Grèce, une constitution définitive. Malgré tout le bruit qu'elle fait et qu'on fait autour d'elle, la Crète est encore mal connue. Aussi accueille-t-on avec plaisir les ouvrages qui lui sont consacrés. Celui de M. Albin a pour sous-titre 7/M/o:fe et Souvenirs. L'histoire y occupe une place plus grande que les souvenirs; ce dont, d'ailleurs, les lecteurs ne se plaindront pas, car. si les documents sérieux ne sont pas nombreux sur la Crète, les journalistes nous ont amplement fourni des descriptions de

A

ses paysages.

M. Albin étudie la Crète depuis l'antiquité la plus fabuleuse jusqu'à nos jours. On lira avec un intérêt spécial le chapitre sur la Crète aux premiers siècles ~H c/tr~/MKMMe, et celui sur la domination vénitienne, suivi en appendice d'une liste des familles françaises dont des membres prirent part au célèbre siège de Candie. Les chapitres consacrés à la Crète moderne et à ses

insurrections sont écrits dans un sens très sympathique aux chrétiens de l'ile. L'auteur termine par des paroles d'espérance il croit à la réunion, lointaine ou prochaine, mais inévitable, de la Crète au royaume hellénique, malgré la mauvaise volonté des puissances. Il a l'assurance que « si les triomphes partiels sont pour l'intérêt, les triomphes définitifs sont pour la justice et la vérité ». Acceptons-en l'augure. Le volume se termine par une bibliographie de la Crète qui nous a paru assez complète, et qui rendra certainement des services aux chercheurs. Nous avons remarqué l'omission de l'intéressant volume de M. H. Turot sur l'/)M!;)-rec<;o)tcréloise et la guerre ~n'co-)-?Me peut-être la bibliographie était-elle faite avant la publication du volume. Mais M. Albin aurait pu, sans inconvénients, signaler la publication en livraisons dans le ToM~MSMbM~e.


Angleterre

France Madagascar.-Leg'<iM< Gallieni et la reine Bibiasso.

Si les Hovas pouvaient se décider à émigrer sur les côtes i.)s trouveraient au pays des Sakalaves des contrées autrement fertiles que l'Imerina. Laborieux et pacifiques, ils mettraient en valeur un sol merveilleux que ses redoutables occupants ne savent que défendre avec acharnement, forts de l'appui de lenrs complices anglo-indiens. Le général Gallieni s'efforce de pacifier le territoire des Sakalaves, espérant pouvoir ensuite y attirer les Hovas. Il parait devoir y réussir. Nombre de tribus de l'intérieur ont fait leur soumission, et le gouverneur, prenant un parti hardi, qui semble être d'une habile politique, s'est décidé à rendre aux Sakalaves leur reine Bibiasso, internée à Helleville depuis l'an dernier pour avoir excité ses sujets à l'attaque de nos postes et causé la mort d'un de nos officiers. Les Sakalaves ont témoigné le plus vif enthousiasme et juré fidélité et soumission à la France. Il ne faut pas trop se fier à ces belles résolutions, mais la reine, sagement surveillée du reste, a l'air de vouloir se dévouer à nos intérêts; elle a rigoureusement entrepris de faire entendre raison aux tribus encore insoumises, fortifiées dans le massif du Fougia d'où elles sortent, trop souvent, hétas pour détrousser les voyageurs et pitt~r les convois qui vont a la côte ou en viennent.

Allemagne Les troupes coloniales allemandes.

L'ensemble des troupes coloniales allemandes comporte actuellement officiers et médecins, et environ 3ooo hommes qui se répartissent ainsi qu'il suit Colonie de l'Est africain 65 officiers et 2 too hommes Les troupes de cette colonie sont réparties en 12 compagnies, sous le commandement d'un général (général-major Liebert) avec un major, o capitaines, 14 lieutenants en premier et <6 sous-lieutenants, 21 médecins. Sud-Ouest africain 38 officiers et 558 hommes, dont: Leutwein], 4 capitaines, 4 pre2 majors (dont le fameux miers et '8 sous-lieutenants, 10 médecins. Cameroun

taine,

2

o officiers et 25o hommes, dont

premiers et

4

sous-lieutenants, 2 médecins.

t

capi-

Japon La Croix-Rouge au Japon.

L'Association japonaise de la Croix-Rougea fait construire en Angleterre deux vaisseaux organisés pour le transport exclusif des malades et des blessés et qui pourraient, le cas échéant, sauver des naufragés pendant une bataille navale. Chacun de ces deux vaisseaux, appelés l'un .Ma~Mt et l'autre Kosai, a une capacité totale de 2 6oo tonnes et comprend une cabine pour le médecin-chef, deux pour les médecins, une pour le pharmacien, une pour les secrétaires, quatre pour les infirmiers, une pour les officiers de marine et une pour les hommes chargés de faire les signaux. La longueur de chaque bâtiment est de <)5 métrés, sa largeur de 3~ pieds et demi, et sa profondeur de 6 métres environ. La machine a trois cylindres le bâtiment possède une double-coque. Chacun de ces navires contient i"6 lits ainsi répartis: 4[ de r' classe, o de 2" classe, 06 de 3° classe et 7 pour les maladies contagieuses. En étageant les lits de la 3e classe on obtient n6 places de plus, ce qui donne au total 292 lits. La composition de l'équipage est la suivante un capitaine. quatre officiers, un chef-mécanicien, trois mécaniciens,un payeur, un maitre d'équipage, -M charpentier, quatre pilotes, vingt-deux matelots, vingt-quatre chauffeurs, un chef de cuisine, douze cuisiniers et domestiques en tout ?5 personnes. En outre, l'association de la Croix-Rouge détachera sur chaque vaisseau-hôpital un service médical et infirmiers de 3o personnes. A noter que le Japon, en prenant cette initiative, devance, dans cette voie, les nations européennes.

La victoire d'Omdourman.

Les Anglais sont maîtres de~Khartoum depuis la première semaine de septembre. La victoire remportée par l'armée anglo-égyptienne sur les troupes du Madhi,à0mdourman,termine en quelque sorte la campagne entreprise. Les derviches, après une résistance héro!que et de grandes pertes, se sont retirés vers le Kordofan, attentivement surveillés par les avantpostes anglais et la flottille du Nil. Leur armée comptait environ 35 ooo hommes, et on assure que le recensement des morts donne 10 800 cadavres restés sur le champ de bataille. Il y aurait eu [6 ooo blessés. Le chiffre exact des pertes anglo-égyptiennes n'est pas encore connu, mais il n'est rien en comparaison de celui des derviches. Le khalife a Échappé à cette hécatombe où les mitrailleuses Maxim Cinq cents Arabes montés sur des ont fait merveille dromadaires ont été lancés à sa poursuite. Il faut reconnaitre que les Anglais ont recueilli en un jour les fruits d'une campagne longuement préparée et méthodiquement conduite. C'est un exemple à méditer. L'occupation de Fachoda. Quelques jours avant la victoire d'Omdourman le khalife, informé qu'une troupe blanche occupait Fachoda, à 5oo kilomètres en amont de Khartoum, craignit d'être attaqué par derrière et envoya deux vapeurs s'assurer de. la véracité de la nouvelle. Un de ces vapeurs, en revenant à Khartoum, a trouvé la ville aux mains des Anglais, et son capitaine a raconté au sirdar Kitchener qu'il n'avait pu échapper qu'à grand'peine à une destruction totale, les Européens installés à Fachoda ayant accueilli les vapeurs du Khalife par une fusillade des plus nourries. Cet incident a pris les proportions d'un événement considérable, car il y a lieu de croire que c'est la mission du capitaine Marchand' qui est installée à Fachoda, coupant ainsi la route aux Anglo-Egyptienssur le Nil. De là, une émotion très vive en Angleterre.

Crète L'occupation des puissances et les dernières manœuvres. On sait que la France, la Russie, l'Angle-

terre et l'Italie occupent en commun la Canée et se partagent la surveillance de l'île divisée en quatre secteurs, ce qui fait un secteur pour chaque nation. Malgré les avis des amiraux alliés on n'a pu obtenir, depuis dix-huit mois, que les troupes turques évacuent la Crète. Au contraire, elles se sont augmentées grâce à des débarquements clandestins. Le but de Djevad pacha, représentant du sultan, est visiblement d'arriver à lasser l'Europe d'une occupation qui ne lui vaut que des ennuis. Les amiraux et leurs flottes ayant été priés par leurs gouvernements respectifs de vivre sur le pays en mettant la main sur l'impôt crétois appelé dîme, les Turcs habitués à toucher cet argent n'ont pas trouvé de leur goût cette manière de faire, et des troubles ont éclaté à Candie, dans la zone.d'occupation anglaise. Les Anglais ont eu 40 hommes hors de combat dont 12 tués. Le vice-consul anglais a été égorgé et les Musulmans, se jetant sur les chrétiens, en ont massacré 5oo. Devant ce soulèvement, Candie a été de nouveau bombardée. Les troupes ont débarqué, tous les consuls ont dû se réfugier à bords des navires de guerre. On a pu croire un instant que la Crète entière allait encore prendre feu. Tel est le résultat le plus saillant de l'occupation des puissances et le fruit des labeurs du concert européen. On a dû, en France, envoyer à l'amiral Pottier quatre nouvelles compagnies d'infanterie de marine. Des renforts anglais sont également arrivés de Malte à Candie. La ville est occupée par 3 700 Anglais, i ooo Français et ooo Italiens. Les troubles ont momentanémentcessé. Les rapports des amiraux déclarent que la seule solution de la question crétoise est l'évacuation par les troupes turques et le

dcs.rm:ment immédiat des Musulmans.


Au Pays

des Mystères bretons

Le Mystère de saint Gwénolé à Ploujean-Morlaix

~0!

littéraires ~'fM<UM/~ à la )HO~ ~:<M quelques ~;t«~ Pendant le dernier MMM Bretagne se sont dirigés vers le beau ~< pittoresque pays de Morlaix, OM ~a~~MC ~M~C populaire breton les ~OC~ <~MaMMi7 sur /t!yo/M~aee~M&K& Ploujean. Les pèlerinagesartistiques ou

MORLAIX,la patrie du littérateur Emile Souvestre, du célèbre général Moreau et du vaillant cor-

saire Curnic-Duchêne, a une physionomie peut-être unique en France, avec ses curieuses maisons sculptées dll du moyen âge, ses petites rues granitiques en escalier, ses jardins en am-

phithéâtre,

autres s'y sont rendus, plus nombreux encore, d'abord pour fondre les sociétés locales en une les uns et les

grande ~/<t<b<t t~M<M/M/6 &~oM<M, qui a élu pour son directeur fédéral M. Anatole Le Braz, l'éminent litté-

rateur breton,et

ensuite pour assister à la solennelle représentation du c7~ tèrede saint Gwénolé, qui devait avoir lieu en plein air à Plou-

ses

étranges pignons en étages et ses ~oM~a~ bizarres contrastant

jean, à quelques kilomètres de Mor-

làix.

avec son gigantesque viaduc moderne qui domine la plus bette vallée a

La

de Morlaix possède

delà

un ancien faubourg aussi original que curieux. Tout bâti

Bretagne, très pitto-

resquement encaissée et boisée. Placée sur les limites de la Cornouaille, du Léonnais, du Goëlo et du pays de Trégor,

de

juchées sur le schiste des collines de la vallée de Jarlot, il ressemble, par son aspect rocailleux et abrupt et sa population pauvre, à

PONT-VIADUC DE MORLA1B

D'après une photographie

des monts d'Arrée, et en plein pays bretonnant, cette curieuse et archéologique cité, à la fois par son aspect pittoresque et par sa situation géographique, sur la ligne de Paris à Brest, semble destinée aux groupements régionaux bretons et aux manifestations décentralisatrices des celtisants. Il y a un an, les « Bretons de Paris ? se réunissaient à Morlaix pour glorifier le corsaire Cornic avec les « bretonnants de la région. Au mois d'août dernier, ). PoMMd-a/ex, paliers de maisons extérieurs sculptés

et a pitiers.

TRAVERS LE MONDE.

vieilles et basses

petites maisons

commesurles flancs

A

banlieue

~[6 LIV.

une vraie « Cour des Miracles ». Ce quartier bien misérable porte le joli nom deTroudoustin. Nous n'en parlerions pas ici, s'il ne possédait une salle créée spécialement pour y jouer le théâtre popupulaire des « Mystères &c<oM », et appelée le petit « Théâtre de Troudoustin ?. C'est là même qu'ont eu lieu les principales répétitions du Mystère de M!M< CtUMoM nous avons tenu à le visiter la veille de la joué à Plou« première de ce Mystère, qui devait être iean. K° 41.

H

octobre )8o8.


situé au n° 20 de la rue du Port. Le propriétaire est un débitant, M. Queinec, collègue au conseil municipal de Ploujean de M. Thomas Parc, directeur Il est

de la troupe des acteurs bretons.

Par la grande porte d'une petite maison basse, on franchit un couloir sombre donnant sur une vaste cour carrée et en contre-bas. Là, au milieu, une construction rectangulaire, en briques et en planches blanchies à la chaux, couverte d'ardoises, forme le théâtre en question. On y accède par un pont en bois enguirlandé de vignes, et par des escalier~ de pierre descendant et

remontant.

Cette. salle, qui

de vittages manuscrits écrits en breton et copiés et recopiés d'âge en âge, pendant les longues soirées d'hiver, au fur et à mesure de leur déclamation en famine. C'étaient les Mystères. Toutes ces pièces du théâtre breton sont en vers de douze syllabes à rimes plates, quoi qu'il y en ait contenant des vers de toute sorte, tels les mystères de y~M et de M:<; MM;w. Nous ne connaissons pas d'exemple d'un mystère breton en prose. On psalmodie généralement ces vers en imitation de plain-chant, tout au moins dans beaucoup de parties.

Tout Mystère breton se divise en « journées ))et en actes, toujours assez

sert

aussi aux réunions du cercle ouvrier de est très propre, coquette même. Des bancs de bois blanc y sont disposés pour 4~0 spectateurs. Au fond est la scène, un peu minuscule, mais ornée de jolis décors. La toile du fond représente

t'o~,

le

nombreux. On entend par « journée )) la portion qui doit être représentée en un jour. Ainsi le de

C'o~

M//t< comprend une journée et cinq actes,

tandis que celui de ~/o/< T'~AnM a deux journées et huit actes, et que le mystère 0)'o« et va jusqu'au chinre exorbitant d'une quinzaine d'actes. Une autre particularité de cet antique théâtre breton est que ces pièces primitives sont presque toujours pré-

pittoresque bourg de

~<«:

Ploujean, qui est d'ailleurs le chef-lieu communal de

Troudoustin. Elle est le

don

gracieux et aussi le chefd'œuvre d'un prêtre breton,

peintre M.

à

ses

heures,

l'abbé Havas, vicaire à

la paroisse Saint-Melaine de

cédées d'un ~o/o~M~ et sui-

Morlaix. Le reste du théâtre est l'œuvre d'un Mécène indigène, le bon M. CloareC)

maire de Ploujean, qui est l'âme de cette résurrection de nos populaires « Mystères d'autrefois ». Cette fruste mais mignonne « Bodinière » bretonne de Troudoustin fut inaugurée le i~juin <8y6

(9~c

viesd'unépilogue.Lepremier est une sorte de discours rimé qui prévient l'auditoire

en faveur des

auteurs,

« pauvres gens qui ne sont

pas instruits et qui n'ont

jamais été à l'école

~;i)

donne encore un résumé de ce que contient l'acte qui -D'~r~ une pliolographie de ~/at;!0~/c. va être représenté. Comme le Mystére de la troupe de Ploujean y joua la vieille tragédie de saint G~M/e n'a pas de prologue original, un poète /<:eo&, dite encore yo~~ vendu par ses frères. breton a cru devoir en composer un en français pour C'est là, éclairé à la fois par l'érudition locale le commencement de chaque acte; mais c'est une de mon cicerone et encore par des renseignements exception. authentiques puisés à bonne source, que j'ai appris L'épilogue sert de « bouquet » final il sollicite l'histoire intéressante de l'antique théâtre breton qui a l'indulgence des auditeurs et recommande encore les survécu jusqu'à nos jours dans ces régions, alors que acteurs à leur générosité; n'est-ce pas là un morceau depuis le xvr° siècle le « Mystère français, dont il capital qui doit être plein d'adresse et d'ingéniosité, diffère essentiellement, était mort pour toujours. surtout quand il s'agit de faire délier les cordons de la Nous tenons à donner ici ces précieux renseignements, bourse à de pauvres gens des campagnes? car ils forment la préface indiquée de la représentation du t7M)'~M de saint Gwénolé. On ne connaît point les auteurs des vieilles pièces du théâtre breton, qui semblent appartenir au xtV et C'est surtout dans l'ancien évéchéde Tréguier, à la fois pays de Lannion et de Morlaix, la terre classique au xve siècle. Seulement on sait que les Mystères de la littérature celtique, que survécurent ces « Mysse partagent en quatre grands cycles: le cycle de l'Antères ? bretons, bien peu connus du reste de la France. cien Testament avec la C)'M//o/: dit MoM~,Mo<M,Jacob Dans ce pittoresque coin de Bretagne, il n'était le cycle du Nouveau Testament, avec les et ~M~ Notre-Seigneur, la Mort de la 'Trois Rois, la T~MM/t pas rare, même dans ces dernières années, de trouver précieusement conservés, au fond de vieux bahuts de Vierge, la Destruction ~y~KM/~M, etc.; puis le cycle des Héros,quitraitedesépisodesdelachevalerie:/~Q!M/~ chêne, de volumineux et intéressants manuscrits enfuDo!<~ Pairs enfin le cycle des Saints més, tachés de suif et de résine, usés et salis par les fils mains des générations de laboureurs et de « cloarecs » dont fait partie saint Gwénolé, et qui a surtout inspiré LES SONNEURS DE BINIOU AMNO~ÇANT LA FETE.

~wo/


A

TRAVERS

les antiques bardes de Bretagne. Le folkoriste Luzel, qui a recueilli dans les campagnes de son pays natal plus d'une centaine de Mystères bretons et les a déposés à la Bibliothèque nationale, n'a-t-il pas

retrouvé dans ce cycle les vieux saints évangélisateurs de l'Armorique,à l'étonnante vie légendaire,queRenan connaissait par les plus petits détails sainte 7'~M'Me, saint Gwénolé, sainte Barbe, Mt<~ GM!7/aMOM. Louis Eunius ou le 'Purgatoire de saint Patrice, sainte ~M~C, patronne des Bretons, et tant d'autres dont nous ne pouvons citer tous les noms. Plusieurs des spectateurs du Mystère de saint G~Mo/c s'étonnaientà Ploujean de voir les rôles d'Alba,

mère du

MONDE.

continuait le prône, a dit M. Charles Le Goffic, et lui servait d'illustration. »

« La p)éce

Mais il arriva que l'enthousiasme populaire pour

théâtre devint bientôt un mal aux yeux du haut clergé, car le théâtre, qui enchantait ce peuple breton hanté de l'amour du merveilleux, faisait forte concurrence à l'église. On désertait les porches sacrés pour courir sur la place du bourg; on préférait les scènes le

psalmodiées et légendaires des acteurs aux sermons de la chaire.

L'ère de la proscription et de la persécution commença pour le théâtre breton. Des mandements d'évêques collaborèrent aux

arrêts duu Parlement

saint thaumaturge, de Margharidic, la

de Bretagne pour

fille de joie

d'Is, et

Clervie,

323

interdi.

relesrepre-' sentations

de la

des comédies et tragédies

fille du prin-

ce Fragan, joués par des

populaires, sous peine

hommes:

de

les fils Pape

fortes

amendes.

et l'apprenti

Ainsi

forgeron

un arrêté du

Keringant.

Parlement

Cette distri-

du y novem-

bution ne

brei~i~de-

doit pas sur-

fendit

il

ces représentations dans la

si dans tous les Mystères

vi))edeGuingamp et les

prendre, car en a toujoursété ainbretons:c'est un souvenir

du moyen

ACTEURSDU MYSTÈRE DE SAINTE-TRYPIIINEEN 1888.

D'après

MHe~0<o~«f;deA/. ~famoMte.

âge qui interdisait aux femmes de paraître sur la scène. Dans la représentation de sainte 7n~:Me, à Morlaix, il y a dix ans, c'était un cordonnier qui représentait la sainte. Partout, en Bretagne, le peuple se passionna pour ces tragédies naïves, écrites en la langue populaire, qui évoquaient les vieilles légendes nationales de l'Armorique et qui s'adressaient à sa religion et à son patriotisme, deux sentiments qui vibrent toujourschez ce peuple resté religieux et patriarcal avant tout. Lors de la représentation de la Passion, qui eut lieu à Angers en [486, dit M. Magnin, on célébra une grande messe au milieu du « parterre », afin que les chanoines pussent assister au spectacle. » C'est dire combien le théâtre primitiftouchait à l'église. Les choses ne se passaient pas autrement en Bretagne, où, tout d'abord, la représentation des Mystères était une fête solennelle et toute religieuse, et où, pour laisser aux fidèles le loisir d'y assister, les curés avançaient l'heure des vêpres, les jours de fête. Le théâtre populaire breton eut une origine hiératique il grandit et se développa même sous la protection spéciale de l'Église. La scène de la place publique semblait le complément de la chaire. Les Mystères religieux n'étaient autres que les prédications mises en action.

paroissess circonvois i-

nes,sousprétexte de désordre. On renouvela cet arrêté et on étendit les peines

qu'il prononçait.

L'histoire des « Anciens e~e~M de Bretagne par Geslin et Barthelemy, nous donne ces curieuses lignes sur l'évêque Thépault de Brignon, évêque de SaintBrieuc, de iy~ à 1746 « Son épiscopat n'est signalé que par une condamnation portée contre les Mystères qui se représentaient dans les campagnes et qui n'ont pas encore

disparu. »

L'épilogue d'un vieux manuscrit du Mystère de saint Jean-Baptiste contient ces lignes caractéristiques « En l'année 1763 nous avons donné une représentation de la vie de saint Jean-Baptiste, copiée sur le cahier écrit à Pluzunet par un jeune homme du pays. « Nous eussions bien désiré continuer. Mais, hélas un ordre de monseigneur l'évêque de SaintBrieuc défend les représentations des tragédies bretonnes dans toute l'étendue de son évêché. U y est même dit que représenter des vies des saints MM cas réservé. Pourtant dans notre pièce il n'y a rien de proya<M. » C'était toujours l'évêque Thépault de Brignon qui continuait sa guerre implacable contre le théâtre populaire. Nous n'avons pu retrouver encore le texte de ces curieux mandements, documents qui seraient


précieux cependant pour l'historique du théâtre des Mystères.

L'administration civile secondait le haut clergé breton. M. Luzel a retrouvé le texte d'un arrêt curieux de la Cour de Rennes, qui fut publié à son de trompe et de tambour dans tout le pays de Tréguier, le 24 septembre i7';3, cinq jours avant la Saint-Michel, date à laquelle une grande représentation d'un Mystère devait avoir lieu en cette ville « Le Procureur du Roi a dit que, dans quelques paroisses de la Basse-Bretagneet surtout dans l'évêché de Saint-Brieuc, des gens oisifs ont imaginé, ou plutôt ~MOMvelé un divertissement public qui, bien qu'il semble indifférent en soi, est très dangereux dans ses suites. « Les jeunes gens de la campagne veulent représenter dans les places publiques des comédies et des tragédies en breton. Ce sont des farces ridicules mêlées de jurons et de figures indécentes et souvent quarante ou cinobscènes quante enfants de famille, de différentsexe, s'attroupent pour cet effet, et abandonnent, pendant un temps assez considérable, leur devoir et les travaux de la moisson paternelle, pour se mettre en état de jouer leurs

rôles.

Cet arrêt prouve tout simplement que la Cour de Rennes faisait confusion, ou qu'elle agissait de parti pris. Car toujours les emplois féminins ont été tenus par des hommes ou garçons, et la crudité de certaines situations des Mystères ne pouvait choquer et ne choquait pas le public. De leur côte. les curés menaçèrent les acteurs et les spectateurs des foudres de l'excommunication ou du refus de la communion pascale menaces terribles pour ces populations si croyantes et si religieuses des campagnes armoricaines. Et pourtant, qu'était ce théâtre? Luzel et Emile Souvestre ont assisté à de ces représenta-

tions d'autrefois, telles qu'elles avaient lieu avant la Révolution. Ce sont donc des témoins probants.

théâtre, dit Luzel, était construit grossièrement « Le

avec des planches posées les unes transversalement, les au-

tres perpendiculairement sur des madriers et des barriques. ordinairement au 11 s'élevait milieu de la place publique ou du champ de foire; souvent il s'adossait au mur du cimetière ou même à l'église. Le tout en plein air et construit à la hâte

par les ouvriers du pays. Les menuisiers, charpentiers, forgerons, donnaient une ou deux journées de travail, les auber-

gistes fournissaient des barriques, les bourgeois et les paysoin de ont les acteurs tion, sans prêtaient les planches et faire courir un Plat dans toute des charrettes, et les nobles et s'empresse et chacun l'assemblée, l'église fouillaient leurs garded'y donner des marques de sa robes et leurs vieux ornements générosité, et le produit de ces pour habiller les acteurs. » à entretenir employé est quêtes LR CIMF7TItRE ET L~F:GLISELIi 1-I.Utt.IEAN. Ainsi, au contraire des la débauche de ceux qui en ont le ~Of;/t'. théâtres modernes populaires D'ayrAt ff);f photographie de goût, et /<7:~ M~t~ ceux de Bussang et du Poitou, OMt'Mf /'0)7< ~M encore. été spécialement aucune construction ne paraît avoir « Les représentations des pères et mères sont faite, en Bretagne, en vue des représentations spéciales inutiles les recteurs et les curés ont beau f) /<')' contre ces des Mystères. La scène y fut toujours portative et spectacles et les spectateurs, l'attrait ou le plaisir l'emvolante. Emile Souvestre assista, en 1825, à une de ces porte, et les assemblées M' Mx< moins )Mw&MM. représentations. <' Le théâtre, dit-il encore, fort rudifaisant droit les Cour, remontrances et La sur « mentaire, avait été dressé au milieu d'une vaste garenne, Procureur général du Roi, fait du conclusions les autour de laquelle des planches mal clouées sur des défenses à tous artisans, Mo!<~K~ et autres personnes pieux enfoncés en terre formaient une triple rangée de semblables, de quelque âge et sexe qu'elles soient, de Les spectateurs qui n'avaient pu trouver place bancs. tragéreprésenter des s'assembler s'attrouper et pour derrière; les sur ces gradins se tenaient debout par dies ou comédies en français ou en &x'/o< soit dans les arbres des champs voisins, les fossés, les croix du à peine de la soit dans les ~)MM~!«M, maisons, places chemin et les toits de quelques maisons assez éloignées de chacun des d'amende auteurs, et contre 50 uvRES étaient couverts d'enfants et d'écotiers. Le nombre total pareille peine contre les OM'M'Mrs qui /M'ua<7/ooM/ à dresdes spectateurs pouvait s'élever à 3 000. » ser le /t!)M< et de confiscation des bois <7K ~'0~/ des y<7&t' Quant aux acteurs, c'étaient des gens du peuple. ques des églises des lieux, et à toutes personnes de prêter des paysans, cultivateurs ou ouvriers de ferme, tisseleurs hardes maisons leurs sortes louer ou pour ces ou rands ou forgerons, menuisiers nu cantonniers, barbiers de représentations, sous pareilles peines. » tout comme ceux de village ou commis de bureau, Les juges des lieux et les trésoriers en charge saint qui ont représenté à Ploujean le avaient pour mission de tenir la main à l'exécution (~u'~io/e. du présent arrêt et de faire démolir les théâtres, si par THÉOPHILE JANVHAIS. (~ suivre.) hasard on se proposait d'en élever. « A chaque représenta-

A~f


anglais d'explorations africaines,

pro-

en vue de faire cédée' à l'exploration de cette ligne; Celle-ci aurait tràvers~ les'royaumes de Lpbehgquia (pays des Matabélés) et de Mosilékatské,' Zomba, le lac. Bangouéo!o, Nyan-

,gouéetIeIacAibertNyanM.

Le

futur Télégraphe 'transcontinental africain

d'une communication télégraphique ~Mf <e)'y~ le Sud et te Nord de l'Afrique n'est pas nouvel)e, et c'est bien à tort qu'on en rapporte l'honneur à M. Cecil Rhodes, qui n'est que le principal promo-~teur de l'entreprise actuellement en cours de réalisation. T '[DER

entre

Enen'et,dési8y6,

le

le compacolonel Grànt, gnon deSpekedansIa découverte du lac Victoria Nyanza, soumit à la Conférence géographique internationale réunie à Bruxelles par le roi Léopold !letracé d'une ligne

L'abandon du Soudan fit ajourner

le

's.?

Nord, mais il fut repris par le Sud, grâce à l'initia-

tive.deM.CeciIRhodes.

Le terminus des lignes terrestres'de- Ia"to~6hie du

Cap; était, au Nord, Mafeking, dans leBechouanaland britannique. M. Cecil Rhodes fit étabin-.par la ~OM'~ Africa dont il était administrateur en

Britisb'

Co~

même temps que premier ministre de la colonie du Cap, une ligne télégraphique reliant Mafeking à Fort-Salisbury, dans levMachonaland,, par ty°52' de latitude Sud et. 34*4' de longitude Est. L'etaNissement de cette ligne, d'une longueur de i 351 ki-~ lomètres carrés, coûta 02 ôoo livres sterling (2 300 ooo Tr.). Ouverte au trafic au mois de février 1802, elle avait, le août de la même année, déjà transmis t 50000? mots,

télégraphique

partant de Khartoum (où'finissait alors Je fil du Caire) pour aboutir ..à Delagoa-Bay, où arrivait

tous frais payés, 4 000 livres sterling de bénénce net, soit. 4 o/o du capital.. Fort de ce premier succès, M.Ceci! Rhodes se x

la brochure relativë&à ce projet

.'J,.

intitulée: ~MMf~oM~ et .o~oMj /!M~ 6/' o~r-

rendit à Londres pour proposer au gouvernement britahnique l'exécution- de l'ancien

q~TG~y NichoHs,esq.lE. Arnold,

to the Ca/)~

.Kerry

projet du colonel Grant,ëstà-dire rétablissement' d'une ligne télégraphique terrestre reliant le Cap à l'Egypte par.

esq., and colonel Grant, C. la ligne, remontant le Nil, aurait suivi les bords des lacs Victoria et Nyassa, et le

B,–

le Nyassa,

colonel Grant, qui connaissait bien le pays pour l'avoir

le

Tanganyika, le

Victoria-Nyanza, t'Ouganda, l'ancien Soudan égyptien, Omdourman et Ouadi-Halfa.

parcouru un des premiers, était 'convaincu qu'on ne Il estima!~es'~is d'établisrencontreraitpoint d'obstacle sement de- t~o ooo à 150 opo insurmontable. livres sterling; non compris, acceptée L'idée fut LEFUTURTÉLÉGRAFHETRAKSAFRtCAtN. toutefois, ce qu'il faudrait avec enthousiasme par le Comité dépenser pour acheter le Màhdi, que M. Rhodes jugeait dangereux combattre anglais d'Explorations africaines et~it l'objet d'une mais parfaitement circulaire dans laquelle deux tracés étaient soumis à :une discussion publique, l'un empruntant le littoral, Le gouvernementbritannique ne s'étant pas laissé l'autre se~dirigeantà travers l'intérieur du continent. persuader, M. Rhodes profita de son séjour à Londres 1878, M. Erskine publia son avis motivé sous pour constituer une Société, la 7':r~MeoK<M~<~

¡

En ce titre:~M~oM~w<o/'tM~M~&

tM<~Y4/ftCO!M.0~t'OMCoMM!<etfCM~f. Entre les deu~tracés proposés, M. Erskine préconisait la route de l'intérieur, parce que la route longeant la côte-orientale ferait passer le fil chez des peuplades ennemies des Portugais et, par extension, des autres blancs. Il faisait valoir l'avantage qu'on aurait à diriger le tracé chez des peuples connaissant

r.

dont!a taxe avait produit,

déjà le ni du Cap. D'après ya~OM.~)'<

~,fpar

ce projet

achetable..

7~

~f~~ ~/fte~M Company, au capital de 500 qôo francs, à la tête de taqueHe étaient te duc d'Abercom et !uimême, en vue de prolonger la ligne télégraphique-. depuis Fort-Satisburyjusqu'à l'Ouganda. La ligne, partant de Fort-SaIisbury; atteindrait !e' Zambèze par t6'*40' de latitude Sud et 34°20', de longitude Est~non loin de Tété, d'où elle se dirigerait sur Zomba, résidence du commissaire de la Bn~CM~~ ~r<M CoM~ny, par 14°30' de latitude Sud et~8°30'de'~

déjà les Anglais, soit par les négociants, soit parles missionnaires, et suggérait à sir Bartie Frere, alors~~ longitude Est. Cette section Salisbury-Zoinbatirerait un gouverneur de la colonie du Cap, l'idée de combiner revenu rémunérateur du mouvement commercial en l'action dB gouvernementcolonial avec celle du Comité voie de développement rapide dans tous les territoires


compris entre l'embouchure du Zambèze et ite lac. Nyassa. Sur le ptaleau salubre du Chtré, on cultive un des meHIeurs cafés du monde; on en retire dés épices, de.l'huite, des noix, du caoutchouc et d'autres jpro-duits, et les émigrants y arrivent en grand nombrte. DeZomba, la ligne télégraphique serait prdlongée le long de la côte.occidentale du lac Nyassa, jusqu'à Karonga, où résident de nombreux'Arabes.qui (ont un grand commerce d'ivoire et d'autres articles indigènes. De Karonga, le télégraphe suivrait la route de Stevenson, sur le plateau du Tanganyika, jusqu'à la baie d'Abercorn,' au sud du )ac, par 8°~o' de latitude Sud et 31"! $'de longitude Ici se présente une difficulté, car c'est au S~d de Tanganyika que s'arrêtent les territoires britanniques. La rive orientale appartient à t'AUemagne Ia( rive occidentaIedépenddet'EtathbreduCongo. Puis,auNord du lac,les possessionsde l'Allemagne et du Congo ~sont limitrophes sur une étendue de plus de deux degrés ayant que l'on atteigne l'Ouganda britannique. A Ja rigueur, on aurait pu immerger un câble

Est.

t

dansIeseauxduTanganyikaqueIaConférenceafricaine de Berlin (1885) a rendues neutres et internationales, mais, au delà, le problème surgissait tout entier, et il fallait obtenir, pour le passage de la ligne, l'agrérr~ent 1 soit de l'Allemagne, soit de l'Etat du Congo. Ce fut à ce dernier, jugé avec raison plus accommodant, que s'adressa le Foreign Office, et il obtint~ en effet, par la Convention du 12. mai t8a~, non seutement un droit de passage pour la ligne télégraphique tout iësiong de la rive,occidentale du lac Tanganyika, mais encore la cession à bail d'une bande de 25. kilomètres de'largeur, plus que suffisante pour l'insta!)adu télégraphe, entre l'extrémité nord de Tanga– r~tyika.etjlM possessionsanglaises de l'Ouganda. Mais la bande de territoire cédée à bail par l'Etat du Congo, étant limitrophe des possessions allemandes de l'Afrique orientale, le gouvernement allemande opposition à cette cession,. qui fut révoquée. Toute,fois, le seul fait qu'elle ait existé montre l'importance qu'attachait l'Angleterre à la possession d'une ligne télégraphique continue sur territoire britannique. En t8o3, les promoteurs de l'entreprisecroyaient pouvoir la mener à bonne fin en deux ou trois ans tout au plus. Ils ne. prévoyaient pas de difficultés avec les populations' indigènes, qui sont généralement pacifi-

~tion

°

ques, et ils comptaient bien, avec l'aide du Foreign Office, que la ligne ne s'arrêterait pas à l'Ouganda, mais qu'elle serait prolongé~un jour le long des rives -du Nil, jusqu'à Ouadi-Halfa, où elle se relierait aux ') télégraphes égyptiens. ~Les travaux commencèrent aussitôt. Les poteaux étaient en fer, de forme trbnconique, et creux, l'entretien de poteaux en bois ayant été jugé trop coûteux. En octobre 1804, te télégraphe fonctionnait jusqu'à Btanty~e et Zomba. Ce dernier point est devenu un centre important du Chiré. M. Alexander Whyte y a installé une station botanique qui est surtout pratique et utilitaire, c'est-àdire consacrée à l'acclimatation des plantes et des légumes utiles. On sait que la rébellion des~ indigènes paralysa pendant quelque temps la construction de la ligne, qui

fut même détruite en partie dans!à section, au Sud du" > Zambèze. Néanmoins, le 20 juiiïet t8~y, télégraphe atteignait !'extrémité méridionale.du !àc Nyassa et se reliait par Tété à celui venant.de/'Qpitimahe~par

Chindé-Chiromo.

to décembre dernier, !a ligne transafricaine' atteignait Kota-Kota, station importante'.de !a..rive Le

occidentale du !ac Nyassa. D'après les dernières nouvelles publiées par la Britisb' C~<Wc<! lé, télégraphe a aujourd'hui. d'epaSsë~ce point d'environ 96 kilomètres vers le Nord. Il est'activement poussé. vers. Karonga, endroit où il doit quitter les rives du Nyassa pour se diriger vers le Tanganyika. Les études préHminairès sont déjà faites sur une bien plus grande 'distance, puisque deux fonctionnaires de la Compagnie ont atteint Mirini-Miranda, à environ 30 milles au Nord-Ouest de Karonga, sur la'.

G~

Est.

routedeNyassa-Tanganyika.par~deiatitudeSud,

et environ 33"20'de longitude

Le matériel actuellement acquis par ]a Compa-' gnie lui permet de pousser la ligne jusqu'à fextrémité méridionale du lac Tanganyika.

Or, la Britisb C~M~< Africa Ga~~e dit que M. Rhodes a l'intention d'étabHrsans déiai le télégraphe jusque dans l'Ouganda et de commander immédiatement le matériel

nécessaire.

Cela donnerait à penser que l'Etat .indépendant du Congo, en révoquant la cession à bail, à l'Angleterre d'une bande de territoire entre te Tanganyika et i'Ouganda, lui a néanmoins maintenu la <acu!té de passage' pour le télégraphetranscontinental africain.

confirmecettehypothèse,c'est que. le. dernier emprunt lancé par l'Etat du Congo devait, d'après les on-dit, être consacré en partie à là construction d'une ligne télégraphique destinée à'aUer se rélier à la ligne transafricaine. y Ce qui

semble cependant que l'ère des difncultés soit près de/commencer pour la vaste entreprise de M. Cecil Rhodes. Il va falloir d'abord procéder à la réfection des parties de !à ligne qui ont été détruites par les derniers soulèvements des indigènes. A l'Ouest duTanganyikâ~e.ttout le~Iong de ta frontière orientale de l'Etat du Congo, les populations ne sont actuellement rien moins que paisibles. Les soldats rebelles de l'Etat libre nonseutemeht n'ont pas été réduits à la raison, mais ont encore infligé des échecs, aux troupes envoyées contre eux. Les bandes' mahdistes, refoulées du côté du. Nord, peuvent se' joindre d'un moment à l'autre à tous les éléments mal soumis de la frontière congolaise, et créer sur ce point un foyer de résistance difficile. à réduire.~ Dans l'Ouganda eUe-même, l'effervescence causée par ]a révolte destroupes soudanaises est loin d'êtrecatmée.--i H y a là un ensemble de sérieux obstacles pour la construction rapide du télégraphe transafricain.' H

DucôtéduNord,àucontra)re,Ieslignesté)égra'phiques égyptiennes se développent rapidement et bientôt sans doute dépasseront Khartoum au fur et à

Soudan.

mesure des progrès de l'expédition anglo-égyptienne du PAUL COMBES.


Ses sollicitations ayant fini par aboutir, non sans peine d'ailleurs, il put devenir acquéreur du ~OKCross, un solide baleinier de 500 tonneaux, construit à Arendal, en Norvège, sur les plans de William Archer, le constructeur du célèbre A la vapeur, il peut filer neuf nœuds et demi, mais il porte une robuste mâture dont les voiles pourront lui donner une

/<

F/

Ve.3 ie Pô!e Sud. L'Expédition Borchgrevink A

u pôle Sud, depuis que l'AnglaisjamesRoss, l'Amé-

ricain Wilkes et Dumont d'Urville, chacun de leur côté, y ont découvert, en 1841, quelques terres inconnues, il n'y a eu que cinq ou six tentatives isolées, dont la plus célèbre est celle du navire anglais C/M~/c<v, en 1874. Au pôle.Nord, au contraire, c'est beaucoup plus d'une douzaine de grandes explorations que l'on peut enregistrer au cours de ce siècle. Il n'y a pas, en ce moment, moins de cinq grandes expéditions dans les régions arctiques. Il n'y en a que deux dans les régions antarctiques, celle du steamer belge Belgica, organisée et conduite par M. de Gerlache qui a quitté l'Europe au mois d'août '8oy, celle de M. Borchgrevink qui a quitté Londres au mois de juillet dernier, à bord du Soutbern Cross. L'Allemagne, il est vrai, prépare en ce moment une expédition antarctique sous les auspices du docteur Neumayer. Quant à l'amirauté anglaise, sollicitée depuis longtemps par les géographes anglais, elle avait tout d'abord consenti à faire les frais de l'envoi d'un navire au pôle Sud. Elle s'est ravisée depuis, sous le prétexte qu'elle avait besoin de tous ses navires et de tous ses marins! En sorte que c'est la générosité d'un particulier, sir George Newnes, qui a permis à l'expédition Borchgrevink de se mettre en route, sa souscription personnelle s'étant montée à 20 000 livres sterling (soit 500 coo francs). Borchgrevink est Norvégien, le bâtiment qui l'emporte est de construction norvégienne, mais il a été baptisé d'un nom anglais, le 5oM/~y;t Cross (la Croix du Sud) l'expédition en question est donc anglo-norvégienne. Détail à noter, du reste, le duc d'York a fait don au ~oM~ftM Cross d'un pavillon anglais, et cet étendard flottait à sa poupe lorsqu'il a quitté, le 25 juillet dernier, les docks de SainteCatherine, de Londres. M.

chef de l'expédition, M. Borchgrevink, est âgé de trente-quatre ans. Il quitta la Norvège encore jeune, pour aller enseigner les sciences naturelles dans un collège d'Australie. C'est alors qu'il conçut pour la première fois ses plans d'exploration antarctique. Pour les mûrir davantage, il s'embarqua en )8a'; sur un baleinier norvégien, qui le conduisit sur l'île de la Possession, d'où il gagna le cap Àdair.. Revenu de ce Le

voyage avec une ample moisson de documents et de renseignements, il se promit de réunir les sommes nécessaires à l'équipement d'une expédition scientifique destinée à explorer le vaste continent austral, et il sollicita avec persévérance les concours financiers indispensables.

bonne vitesse. Les installations sont le dernier mot du genre, l'expérience précédemment acquise par les voyageurs polaires ayant été mise à contribution pour les aménagements du bord, qui sont prévus pour

trente-quatre voyageurs. Dans l'état-major on compte, à côté de Borchgrevink, trois officiers, tous Norvégiens, un médecin norvégien, deux zoologistes, l'un Anglais, l'autre Norvégien, deux météorologistes, l'un et l'autre Anglais. va sans dire que le ~oM/~n! Cross emporte tout un lot de traineaux et, bien entendu, des chiens, au nombre de quatre-vingt-dix, puisqu'il est prouvé maintenant que ces vaillants animaux sont d'un précieux secours dans les rudes voyages sur les glaces polaires. M. Borchgrevink a emporté des chiens samoyédes et des chiens du Groenland, afin de voir quelle est celle de ces deux races qui est la meilleure il compte, du reste, réussir à peupler les terres nouvelles avec les couples qu'il y débarquera. De Londres, le -SoM~'ent Cross gagnera HobartTown, en Tasmanie, après avoir relâché aux îles du Cap-Vert et au cap de Bonne-Espérance.Il sera, espèret-on, en Tasmanie dans trois mois. Il en partira, sans délai, pour le cap Adair, dans la terre de Victoria, où James Ross débarqua, et où un camp sera établi. Le navire retournera ensuite en Tasmanie, et M. Borchgrevink et ses compagnons piqueront vers le Sud autant qu'ils le pourront, dans la direction du pôle magnétique. La distance à franchir est estimée à 150 milles anglais, plus de 247 kilomètres. Le chef de la mission compte être revenu, avant l'arrivée de l'hiver austral, au cap Adair, où il retrouvera le ~OM~~M Cross venu le rechercher. H

Henri Coudreau.

Voyage à Itaboca et à

Lahure. In-4 de )58 pages, illustré de 40 cartes. PRÈS )e

'Ho~t~-e a;<

'Uo_e au

76

/f!c<Mtta. vignettes et de

7'a~ox, le 'Uo~~e aM Xingu et

T'ocan/nt-~ro~a~'j, accompiis du

2!!

le

juil-

let t8ç6 au 23 mai t8()?, M. Henri Coudreau nous offre ici le récit de sa « quatrième mission paraense C'est, comme précédemment, sous les auspices de l'Etat de Para que l'explorateur s'est, du )" juillet au 17 octobre de l'année dernière, acquitté de cette nouvelle expédition, intéressante au point de vue de l'hydrographie. En jetant un coup d'œit sur les cartes qui accompagnent son volume, ou se rendra compte de la possibilité d'installer des services de navigation sur des rivières réputées impraticables. Parles faits que nous révèle le texte, par les paysages reproduits, ce livre mérite d'éveiller l'attention de tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la science géographique.


JM~O'M~UE t,'N;rE~E~B

E7' ~7,'Vt/t.' SUISSE Lausanne.

La Femme au Montenegro L

petit

question féministe se pose aussi dans ce sauvage petit de 25o ooo habitants, et risque d'y susciter

A

pays autant de désordres qu'ailleurs. Sous prétexte de délivrer les Monténégrines de l'état d'abaissement où elles se trouvent, les idées occidentales sont en train de les rendre

encoreptusmatheureuses.

Certes, les abus dont la femme slave, et surtout la Monténégrine, a souffert jusqu'ici, sont quelquefois d'une injustice criante. Mais il faut cependant convenir que, dans certaines circonstances, les mœurs chevaleresques des Monténégrins adoucissent en pratique ce que leurs idées misogynes auraient de trop cruel. Nous empruntons les détails qui suivent au récit de M. Rovinski, un voyageur qui a vécu de longues années au Montenegro.

Dans la règle, la femme slave est considérée comme d'un garçon un être inférieur. Au Montenegro, la naissance d'une fille celle est saluée comme un événement heureux, naissance, la à sa comme un opprobre. Mal reçue au foyer, assujettie aux fille monténégrineest, dès l'âge le plus tendre, tandis que besognes les plus pénibles, les plus humiliantes, d'égards. Quand elle se ses frères sont entourés de soins et dans la maison conjumarie, voici comment elle est reçue gale, d'après une chanson du pays, qui,.parai.t-il, n'exagère

droit de montrer de l'affection à sa femme, celle-ci trouve dans son beau-ftère un ami, un appui, et parfois un défenseur quasi-légal contre les mauvais traitements de la bellemère et même du mari. Tout cela aboutit, en vérité, à de

singulières contradictions. Les droits du Monténégrin sur ses enfants sont limités jalousement par les lois, qui, en revanche, donnent tout pouvoir à la mère. Celle-ci peut injurier impunément, voire maltraiter son fils, même marié, même grisonnant, et ses malédictions sont considérées comme toujours suivies d'effet.

Le respect des Monténégrins pour la mère et la jeune fille a quelque chose de chevaleresque et presque de religieux dans les querelles de famille à famille, dans les vendettas, dans les guerres même, les injures et les armes tombent à l'approche d'une femme qui serait mère, sœur, ou fille de l'ennemi. Ce respect est sans exception; rien n'a pu l'entamer jusqu'à ces dernières années, sinon les idées occidentales que rapportent dans leur pays des Monténégrins revenant de lointains voyages. Grâce à leurs efforts, la Monténégrine commence à ne plus être traitée comme une bête de somme mais elle s'en plaint, car elle perd son gagne-pain elle est maintenant plus considérée comme épouse, mais moins vénérée comme mère et, dans les nombreux cas de divorce où jusqu'ici on donnait tous les avantages au mari, la femme est enfin écoutée devant les tribunaux; mais à la sortie, de l'audience, le mari furieux la tue à coups de pistolet Pauvres Monténégrines! i

DEU7'SCMC KOLOA'JM/.Z~n.W~'

Berlin.

pas beaucoup

On a emmené une jeune fille dans une famille étrangère, dans

Le chemin de

fer de l'Ousambara

une isba hostile.

trois beaux-frères, un beau-père, une belle-mère, il y a trois belles-soeurs et trois tantes. Voità qu'on amené fours et la belle-mère Le beau-père dit On amène les beaux-frères disent dit On amène la cannibale! etchorus monde. le font avec tout ,ameehante!et les tantes U y

a

Si les jeunes époux s'aiment, ils doivent le dissimuler

La femme comme quelque chose de honteux et d'illégitime. ne lui n'ose jamais s'asseoir devant son mari, le mari et adresse jamais la parole que pour lui donner des ordres, devant il affecte de la traiter en voisine dès qu'il se trouve la belle-mère d'autres personnes. C'est au Montenegro queprend plaisir à elle est, à la lettre, un ftéau dans la maison persécuter sa bru, à lui faire entendre de la manière la olus offensante qu'elle n'est qu'une intruse dans la famille. D'ailleurs, les mariages sont arrangés par les parents Aussi arrive-t-il sans même que les fiancés se connaissent. lui impose souvent que l'épouse, mécontente du sort qu'onramenée de malgré elle, s'enfuit de la maison conjugale; force, elle s'échappe de nouveau, et cela finit par un divorce ou par un dénouement tragique. On se moque des maris qui ne maltraitent pas leurs moins, femmes, à en croire un proverbe du pays. Du mère, sa l'homme qui prendrait parti pour sa femme contre passerait de sa famille, ou contre un membre quelconque moitié. Et les quolibets pour une mazette qui craint sa

méprisants ne lui seraient pas épargnés. Mais si, comme épouse, la Monténégrine est ravalée et malheureuse, comme sœur et comme mère de famille elle touchant que est entourée de tendresse. Rien de plus t'amitié qui unit le frère et la sœur, et qui continue après le mariage la Monténégrine reste presque indifférente aux événements qui intéressent la famille de son mari mais à son elle prend toujours à cœur tout ce qui touchemalheur ancienne famille, au point de se suicider s'il arrive le à son frère ou à ses parents. En outre, si le mari n'a pas

ANS sa réunion générale du 29 juin )8c)8, à Dantzig, la D Société coloniale allemande s'est occupée des chemins

de fer de l'Est africain allemand. La crainte de voir le commerce africain drainé par les lignes anglaises ou par le chemin de fer du Congo, qui se construit « avec une rapidité foudroyante a fait pousser un cri d'alarme à M. le conII faut absolument, seiller Fuchs, membre de la Société a-t-il dit en .substance, aux applaudissements de ses collègues, aiguillonnerle gouvernement pour que les 40 pauvres kilomètres de la ligne de l'Ousambara soient prolongés jusqu'à Korogoué. Dans son état actuel, cette ligne est inutile il ne vaut pas la peine de mettre en wagon des marchandises pour un parcours aussi insignifiant. Aussi ne rapportet-elle aucun intérêt. Prolongée jusqu'à Korogoué, elle soustrait les colons européens, qui se dirigent vers les plateaux salubres de l'intérieur, à un voyage long et pénible à travers les plaines malsaines de la côte, et elle ouvre au commerce des contrées immenses et des plus fertiles, mais que le manque de communicationsrend improductives. La main-d'œuvre serait excellente les indigènes sont dociles et laborieux, et l'Ousambara n'a rien à redouter des razzias de peuplades belliqueuses. On assure que la ligne en question constituera un placement avantageux, vu qu'avant cinq ou six ans elle

rapportera certainement des intérêts. M. le juge von Biilow a demandé de prolonger le chemin de fer dans la direction de Masinde plutôt que dans celle de Korogoué, cette dernière localité étant trop éloignée des plantations créées par les Allemar.ds. La Société s'est prononcée pour la proposition Fuchs contre la proposition Bùlow, et a voté à l'unanimité une pétition adressée au chancelier de l'Empire, pour lui demander de présenter au Reichstag un projet de loi décrétant le prolongementjusqu'à Korogoué du chemin de fer de l'Ousambara.


Au Pays des Mystères Le Mystère de Voici

~M

curieuse

bretons

saint Gwénolé à Ploujean-Morlaix

et instructive étude sur

le théâtre populaire breton que nous avons COM~MC~ dans

notre ~fM~~M< MMMMfO.

clergé, T\ les ne interdits du

ni les arrêts du Parlement

parvinrent à déraciner le goût du théâtre populaire chez les paysans bretons. Chassé un moment par foyer eux de la place publique, ce théâtre se réfugia au fa mille, la famille, de la qui devint alors comme un théâtre

< boulanger de Le « fournier » campagne )ean Le Ménager et le laboureur Claude Le Bihan ont

dirigé longtemps sous l'Empire la troupe de Plazanet, celle qui avait gardé surtout la tradition des acteurs des autres siècles. Une nouvelle troupe d'acteurs

se forma plus tard

domestique ou

dans le même

orale de déclamation des actes des vieux une école

bourg de Plazanet,

entre Plouaret et la Roche-Derrien

Mystères, mo-

(Côtes-du-Nord) les deux dernières

mentanément proscrits de leur scène en plein air du bourg.

représentations

eurentlieuen t86~ et en i8y8, sur l'initiative du celtisant Luzel.

La tradition

orale, la récitation en commun de ces

A Lannion

fragments, telle a

florissait en même temps une troupe cause de la conlocale qui avait à servation du théâsa-tête le tailleurr tre populaire breYves Le Pezron, le REPRÉSENTATION DO NtSTERE DE SAINT GWENULÈ LE THEATRE DE PLOUJEAN PENDANT LA ton dans la Corcordonnier L'Héli~amontt:. D'après une photographie de nouaille et le pays coq et un paysan, de Goëlo, et l'on Le Moullec. Elle jouait surtout au « forlach », place sait combien est forte la tradition chez les peuples de qui s'étend auprès du cimetière; elle se réfugiait aussi race celtique. les salles de café, à l'AlléeVerte, au C&~MM Rouge dans profité a-t-il Il ne demandait qu'à revivre. Aussi et au Café des 500 Couverts. Cette troupe s'est disloquée transition de des moments des révolutions politiques, le second Empire, probablement par ordre de sous l'audans l'histoire, des instants où la surveillance de l'administrationimpériale sollicitée par le clergé, qui ne reparaître torité se relâchait quelque peu pour comme voyait pas d'un bon œil ces représentations,où parfois sur les scènes d'autrefois. C'est ce qui explique que l'on buvait ferme. règne premières années du les Révolution, dans la sous Sous les premières années de Louis-Philippe, un de Louis-Philippe et de la seconde République, de nomouvrier lannionnais, Auguste Le Corre, établi à Morbreuses représentations des « Mystères eurent lieu au à laix, aidé de Vincent et Le Coat, avait fondé une a Plazanet et Morlaix, à à Lannion, breton pays troupe qui jouait l'ancien répertoire en plein air, suiLanmeur.

été

la

véritable

A

TRAVERS LE MONDE.

42* LIV.

? 42.

5 octobre 1898.


vant la vieille tradition. On se rappelle encore sur les rives du jarlot et du Quement que cette troupe donna le Mystère de

M/< 7')/;M en t8~, puis dégénéra

en

théâtre ordinaire, avec des pièces fantaisistes qui

n avaient rien de commun avec le vieux répertoire

celto-breton.

troupe d'acteurs paysans se forma il y a une dizaine d'années à Plouaret, probablement avec les débris de l'ancienne troupe de Plazanet le celtisant Luzel et M. Rocheland, de Plouaret, s'adressèrent à elle en )888 pour faire jouer à Morlaix le Mystère de M!'<i~lors des fêtes de l'inauguration du théâtre municipal de cette ville. Ce fut mal organisé, les costumes ne correspondaient point aux rôles, les acteurs Une

7'M,

Puis la route, dite de Plougasnou, gravit la colline qui domine la rivière, joli chemin vicinal, tout couverts des frondaisons superbes des bois de Néchoat et de Keranroux. On voit bien que ce coin de pays breton est en fête. Aux carrefours des routes et sentiers, ainsi que dans les recoins ombragés des futaies qui les bordent. se dressent des poteaux ornés de drapeaux et d'oriflammes, près desquels sont groupées des faiseuses de galette de blé noir. Par là, cheminent à pied, ou voyagent en carrioles, peu en riches équipages, les nombreux pèlerins qui veulent assister à' ia curieuse représentation du Mystère de saint G~/M~. Emile Souvestre, qui connaissait bien sa Bretagne

etqui aura un jour

sa statue sur les

avaient eu trop peu

rives mêmes du Jarlot,a dit:

de répétitions. Il n'était point alors malaisé de prédire un « four », dans ces conditions. Il fut complet, et M. Mounet-Sully,ainsi que les notabilités

«

appar-

tiendrait aux aca-

démiciens de publier notre théâtre breton au complet et d'en faire la traduction. » tt ne se doutait certes pas, ce

parisiennes de la presse conviées à ce spectacle, crièrent avec quelque vraisemblance à la mystification. Nous avons pu retrouver une curieuse photogra-

phie inédite

Il

Morlaisiendegrand talent, qu'un jour, moins de vingt ans après lui, l'Académie française et

l'Institut vien-

draientdanssa ville

des

natale

nrésider la

acteurs. Comme ils 'fédération de la n'avaient reçu chaBretagne, sous MYSTËÏ'E DE SAINT GWÉNOLÉ L'ECOLE DE PLUUJEAS, CNE RÉPÉTtT!ON DU 3 francs cun que forme d'M/o: réjO'a~j'~HHc/io/o~a/tïc~PrM~~r. centimes yo pour ~MMa/M/f,et feraient frais leurs de costumes, le cavalier de la suite du Roi encore la route de Ploujean pour aller écouter les moArthur (vi° siècle) était en « tringlot du jour; un destes artisans de la renaissance du théâtre populaire parfait dragon d'aujourd'hui représentait un messager de la Bretagne. anglais du temps; la bonne sainte Tryphined'antan Nombre de Parisiens, poètes, artistes, littéraportait un superbe chapeau mascotte, tandis que l'imteurs et journalistes, s'étaient mêlés aux paysans et posant roi d'Hibernie, drapé dans un peignoir blanc, bourgeois de Bretagne, aux costumes variés; les femmes avait une cour ariequinesque. Tout le reste était à et filles d'Armor, aux toilettes étranges et élégantes, aux l'avenant. Le théâtre populaire. breton méritait cepencoiffures de riches dentelles caractéristiques de leurs dant mieux que cette ridicule mascarade. régions, étaient venues aussi dans ce coquet petit bourg C'est ce qui a été compris à Pioujean, où nous de Ploujean, dont la vieille église style Renaissance avons appris comment la véritable scène bretonne a avec son antique et joli portail ogival, le ctocher à survécu et est redevenue plus vivante que jamais. jou'r gothique, la rustique fontaine et l'antique nécropole bretonne ombragée d'ormes séculaires donnent à P)oujean voilà une jolie et pittoresque petite tous l'impression d'un charme inconnu et d'une pénécommune française qui va devenir fameuse, grâce à la trante poésie de terroir. renaissance du théâtre populaire breton, qui y aura vu le jour. Allons donc à Ploujean ou à « Plouian », comme Mais avant que la foule envahisse le petit village, on dit en breton, pour le « pardon et pour la reprénous voulons voir le barde qui est le vrai rénovateur sentation du « Mystère ». de la scène bretonne. ([

De Morlaix, la route est

charmanteet ombragée,

avec de jolies échappées sur des champs de sarrasin en fleur ou de vertes prairies. Elle suit d'abord, après avoir quitté le port, la belle rivière morlaisienne enserrée entre de superbes falaises rocheuses où la verdure atteint les cimes élevées.

D A

Nous le trouvons sur la route de Plougasnou, à environ deux kilomètres au delà de ~/oKMK, à l'auberge de la « Bonne-Rencontre ?, où [I habite avec ses parents. Thomas Parc est son vrai nom, mais au pays breton comme au marché de Morlaix, où il va chaque sa-

medi, il est plus connu sous le nom plus intime de Parkic.


hostellerie» et cultivent la terre. Ils ont aussi un four, où ils cuisent le pain des voisins. Thomas Parc, qui est un garçon de vingt-sept ans, aide ses parents dans tous ces travaux. C'est ainsi, que tout en suivant avec assiduité les répétitions de Saint Gwénolé, il a pris part active à la moisson. Quoique cultivateur, « fournier », aubergiste, le fils Parc est encore « barbier de son village; même il Les Parc tiennent«

ajoute à tous ces métiers divers l'honneur d'être conseiller municipal de sa commune, car il est très populaire et très aimé dans sa région. Nous l'interviewons à la hâte, en revenant à Ploujean pour la fête. Son récit vaut d'être reproduit dans cette notice « Je suis né àGarlan, entre Lanmeur et Ploujean, le 26 septembre t86c).

1-

à

ta Bibliothèque de Morlaix et j'ai connu ainsi Sainte

T~M~f, les QtM~

/?/ Aymon, Sainte Geneviève, la Tra-

gédie de saint Guillerm et Saint G':MMo/ « La lecture de ces vieilles pièces, jouées par ces

dernières troupes, disparues il y a quelques années seulement, avait'suffi pour faire naître en moi l'amour de notre vieux théâtre, et elle me donna l'envie de les jouer aussi. « je connaissais bien le degré de talent des camarades qui m'accompagnaient aux fêtes, car nous formions déjà une petite société nous chantions et déclamions dans les salles d'auberge les jours de « Pardon ». De là à faire du théâtre il n'y avait qu'un pas; je l'ai franchi. « C'est ainsi qu'à Ploujean, dans deux salles d'au-

t.

berge, et

à

Troudoustin

Après de

chez

courtes études primai-

avons donné

res et la be-

la Tragédie de

sogne de la maison paternelle aidant, je me

Jacob,

aux travaux des champs

excellent et

Quei-

nec, nous

avec

une troupe de 22 per-

sonnes.

«Notre

suis exercé

dévoué maire, M. Cloa-

qui me souriaient, au métier honorable de cultivateur, où

rec, s'inté-

'ressa à nous,

nous encouragea, nous

il

ouvrit

routine. Mon père

nous fit construire le pe-

faut autre chose que de

bourse et

la

titthéâtrede

étantà la fois

aubergiste, fermier et perruquier,

TroudousUNE SCÈNE DU

MYSTÈRE DE SAINT GWÉNOLÉ M (GWÉNOLÉ ANNONÇANT LA SUBMERStON DE LA VILLE

comme vous l'avez vu, je

D'après une photographie de M. Boëlle.

pratique également tous ces métiers. Mais tout jeune, grâce à ma voix faite pour les chansons bretonnes, je me plaisais à chanter nos vieilles romances, tant dans les travaux champêtres que dans les réunions de camarades. Le public, me reconnaissantsans doute un certain talent, m'invitait à ces distractions, soit dans les auberges ôu dans les « Pardons » de la contrée. Les extraits de « Mystères suivirent les chansons. Et les dimanches de toute ma jeunesse se sont ainsi passés en chants et en récitations de poésies celtiques. « Comment ces « Mystères m'ont intéressé, c'est bien simple. J'ai connu des acteurs de la troupe de Plouaret qui donnèrent la représentation de Sainte 7/t'M, et surtout ceux de Lanmeur, que j'ai vu jouer une fois à Dourduflar-mer je n'avais pas douze ans. C'est parmi ces acteurs, chez un vieux tailleur de Lanmeur dont le nom m'échappe, que j'ai trouvé le dè Jacob et ses ~th. « Mystère imprimé de la tragédie H

sa

me le donna.

« Sur les conseils de ce brave

homme,

j'ai cherché

D'is),

tin. Puisque vous l'avez vu, je n'insiste pas.De-

puis nous ne cessons de jouer. On nous donna les vieux costumes de l'ancien théâtre de Morlaix, et nous avions déjà les anciennes défroques de la troupe de Lanmeur, qui ne jouait plus; n'étions-nous pas sa remplaçante? « Nous montâmes alors les Quatre fils ~~o~ et Saint GMt7~f)M. Et avec ces deux pièces de notre répertoire nous avons joué., les années dernières, dans les bourgs de Plougasnoui, de Gailan, de Lanmeur et de Plouézech. Les salles d'auberge nous servaient de théâtre; mais elles étaient toujours trop petites, car on ne se faisait pas faute de venir nous entendre, et, d'ailleurs, nous ne prenions que io sous et t franc pour faire plaisir à toutes les bourses. C'est ainsi que nous avons fait environ ooo francs entre nous tous. C'était peu, mais cela payait nos frais. « Aussi nous retournions toujours plusieurs fois aux mêmes endroits, afin de permettre à ceux qui n'avaient pu trouver place de nous entendre à leur tour. « Il faut dire que nous faisions tout cela seulement à nos moments de loisirs. Le soir, aux veillées, nous


apprenions et répétions nos rôles, nous les copiions et les recopiions. J'ai même fait souvent des répétitions auprès de notre four, pendant que le pain cuisait, ou entre deux fournées. Mon travail de chef de troupe était trop lourd. Ainsi, à la pièce de Jacob, qui m'avait été donnée à Lanmeur, il manquait une dizaine de feuillets, j'ai été obligé de les compléter moi-même. Mais vous êtes donc barde breton? Dam! j'ai fait quelques chansons et poésies bretonnes, que mes camarades propagent. Je vous en dirai une ou deux au banquet de &7<M<-G'K,M/< Si vous connaissez cette dernière pièce, vous avez pu voir qu'elle n'a pas de prologue ni d'~t/o~Mc. J'ai composé moi-même un prologue en breton, que M. le Braz va faire imprimer, et que nous dirons avec ce « Mystère » plus tard.

« Pour en revenir à la représentation d'aujourd'hui, je fis connaissance de MM. Le Braz et Le Goffic à un diner chez M. Cloarec, maire de Ploujean. Le maire me présenta et leur indiqua ce que j'avais fait pour la reconstitution de notre théâtre. Ils,

résolurent d'intéresser la Bretagne littéraire et des « Bretons de Paris» à cette œuvre. Ils ont réussi. Voilà pourquoi la belle représentation de Saint Gwénolé va avoir lieu tantôt. Quels sont vos collaborateurs? Vous le savez déjà par le

programme ce sont tous de jeunes artisans du pays. L'un est cantonnier, un autre forgeron, un troisième commis de bureau, les autres valets de ferme ou cultivateurs. Ils se sont dévoués à cette œuvre et travaillent et jouent par conviction, avec une

et du souvenir ceux qui vont faire revivre le glorieux passé de l'Armorique. Puis, en face du théâtre, la grande place du bourg, toute remplie de chapes et de bancs, réservés aux spectateurs de marque. Dans le fond, des gradins où le peuple breton du pays vient s'entasser. H y a là plus de trois mille personnes qui s'agitent, anxieuses et curieuses. A droite du théâtre, un joueur de bombarde et un sonneur de biniou, deux des plus célèbres du pays bretonnant, sont juchés sur des tonneaux enguirlandés de lierre. C'est bien là le vrai orchestre qui convient au vieux « Mystères » celto-breton. Comme un frappant contraste avec les

persécutions du clergé d'autrefois.

évêquedeQuimper,a a patronné cette œuvre/et le recteur M. Vallon,

de Ploujean n'a pas dit de vêpres le 14 août, afin de ne pas gêner la représentation du ;9~~<fM saint

Gwénolé. Et la représentation commence,

annoncée au préalable par le poète LeBraz. Dès que l'ouverture, faite par les binious, est terminée, les acteurs, bien costumés d'après des aquarelles d'Ary Renan, entrent en scène, superbes, jouant leur rôle avec une majesté hiératique digne d'un rite sacré. Pas une défaillance de mémoire une voix pleine et distincte

portant jusqu'au fond de la place,

des gestes simples, quoique non étudiés. S'ils manquent d'art et si le geste ne varie guère, si le débit est monotone comme les chansons bretonnes, ces acteurs indigènes apportent tant de bonne foi et de conviction

dans l'interprétation de leurs personnages qu'ils enlèvent leur auditoire ardeur vraiment remarquable, avec THOMASDIT PARKIC, LE BARDE ACTEUR BRETON et obtiennent un succès incomparable, dans une émotion générale et une foi qui a quelque chose de profonD'après MHC/K3/o~r~cde M. ~'HH~r. dément religieux. Vous allez vraiment sentie. » Nous étions arrivés sur la place de « P)ouian ». Nous ne raconterons pas )e A~y~ saint GwéElle s'étale bordée d'arbres et entourée de disKoM. C'est la légende de la submersion terrible de la crètes auberges blanches auprès du cimetière. Les ville d'Is, devenue une Gomorrhe, interprétée en vue tombes et les croix entourent le porche de l'égHse, et du théâtre populaire. Le roi Grallon (Parkic) et saint le théâtre breton, en planches, continue la nécropole, Gwénolé (Jean-Marie Parc), le grand thaumaturge, y tout adossé à son mur et à sa grille, pendant que son jouent les principaux rôles de cette rustique, mais bien faite se perd dans le feuillage des arbres verts. vivante affabulation d'un épisode du grand passé de C'est donc en plein air que s'élève cette scène, l'Armorique. comme le furent jadis ceux des anciennes troupes de Pour tous ceux qui l'ont vue, cette représentation l'évêché de Saint-Brieuc. Le décor, artistement brossé, de Ploujean est une éclatante affirmation de la survides joliment trouvés qui supportent l'éclat du tons a vance celtique, et, comme l'a dit le soir M. Gaston soleil tout en s'harmonisant avec le feuillage du cimePâris, « c'est aussi une révélation, celle de la renaistière. C'est, dans une forêt, l'entrée d'un vieux château sance d'un art national en Bretagne ». fort aux fenêtres grillées. La toile de fond représente Parkic et sa troupe n'aspirent plus désormais la grande mer sauvage des côtes de Bretagne avec son qu'à étudier encore et à aller de village en bourgade ciel glauque et nuageux, bien caractéristique, cette et de ville en hameau représenter les vieux Mystères merqui a submergé la villed'Is. Le fronton, en crénaux, chers au peuple armoricain. supporte les armes de Bretagne, et cette inscription THÉOPHILE JANVRAIS. MYSTÈRE DE SAINT GWÉNOLÉ. C'est d'une admirable

voir.

mise en

scène.

Les coulisses s'ouvrent de plain-pied sur le petit cimetière breton sans doute pour inspirer, de la foi


L'Ègyptotogue Prisse d'Avesnes Les papyrus trouvés

par M. Grenfell ~K~

Haute-

Egypte, près du désert de Z~&M, au commencement du mois l'attention du public de juillet de cette année, sur le papyrus Prisse d'Avesnes, et, ~M?' ricocbet. sur Prisse d'Avesnes ~Mt-tM&Me. IL y a un peu plus d'un an que la ville de Paris a payé un juste tribut de reconnaissance à ce grand égyptologue en donnant son nom à une rue de Montrouge; on va prochainement ajouter à cet hommage tardif en faisant

fa/M~

placer au musée du Louvre son buste. œuvre du sculpteur Léon Roussel, et PRISSE D'AVESNES exposé au Salon de 1807. Hommage 1807-1879 bien tardif, car Prisse d'Avesnes, mort en 1879, semblait profondément oubliéjusqu'ici. Prisse avait pourtant fait plus que quiconque pour l'expansion française en Egypte. Loyal, énergique et fier, il fut à la fois explorateur, professeur, ingé.nieur, aquarelliste distingué, écrivain de talent, orientaliste consommé, historien documenté, et par-dessus tout archéologue et égyptologue. Une telle profusion de qualités et de qualificatifs serait déjà suffisante pour illustrer un homme; Prisse d'Avesnes en eut deux autres il fut humain et patriote humain en prêchant par les actes et par la parole l'abolition de l'esclavage en Egypte, en risquant sa santé en 183 et en 1835, lors des deux épidémies de peste et de choléra qui sévirent dans le delta patriote, en refusant les honneurs que lui offraient les

LE

gouvernements étrangers, honneurs qui l'auraient obligé de négliger les intérêts français. Issu d'une famille de la noblesse écossaise (les Price) qui quitta l'Angleterre pour fuir les persécutions religieuses du règne de Charles II, et vint s'installer en Flandre vers le xvn' siècle, Prisse naquit en 1807, à Avesnes (Nord), le 27 janvier; il fut destiné au barreau par son père, alors inspecteur des bois du prince de Talleyrand. Malgré son vif désir de connaître l'Orient, qui l'hypnotisait déjà avec ses mirages et sa poésie, il dut rester en France à dipour vivre riger des manufactures. Sa vocation se fit jour d'une façon bizarre les Grecs ayant levé l'étendard de la révolte, notre Français alla s'engager dans leurs phalanges. Il devint ensuite secrétaire du gouverneur général des Indes. d'où il passa en Palestine, à Jéricho et à Jérusalem qu'il sauva du pillage (et son temple de l'incendie), ce qui lui Enfin, réalivalut le titre de chevalier sation de ses rêves les plus chers, il passa en Egypte. où Mehemet-Ali le nomma ingénieur hydrographe. puis professeur de topographieà l'Ecole d'état-major de Djihad-Abad, dans le voisinage du Caire. Cependant ses connaissances ne purent lui permettre ni de rapporter les deux obélisques de Louqsor'.l, ni de conduire les travaux de barrage du Nil; le pacha

ptpTMS PRISSE D'AVESNES (467} avant

~K~a~M~

le

trouvait trop jeune, et pourtant il jugea bon de se

servir de ses devis et plans. Ecœuré de toutes les entraves que lui suscitaient les autorités égyptiennes, Prisse d'Avesnes donna sa démission et refusa tout nouveau poste officiel pour se livrer entièrement à l'étude des hiéroglyphes, dans la connaissance desquels il devint bientôt un émule de Champollion. Mais toujours aventureux par tempérament, Prisse d'Avesnes parcourut successivement la Turquie, la Perse, la Palestine, l'Arabie, la Basse et la HauteEgypte, la Nubie, l'Ethiopie, l'Abyssinie, etc., passant dix-sept ans de sa vie le bâton de pèlerin à la main, t. Un est à Paris, l'autre à Londres.

C.

Dix-neuvième fragment).


moissonnant des documents sans nombre et sans prix, admirant en connaisseur les beautés inconnues qui s'offraient à lui. C'est à Thèbes qu'il recueillit presque tous les documents qui lui permirent d'écrire sa belle Histoire de

f~< f~

les 0:CM)M ~Fl'A/M~M.

Entre temps, Prisse d'Avesnes faisait respecter le pavillon français, et se montrait si ferme, si résolu, que l'Angleterre, qui se connaît en hommes, lui demanda d'être son représentant au Caire. Prisse était Français avant tout, et chercheur d'antiquités. Il refusa net. Aussi bien un grand projet le hantait au point d'effacer en lui toute autre préoccupation. Dans ses promenades à travers les ruines de Karnak (Thèbes), notre compatriote avait remarqué et admiré ia merveilleuse Salle des Ancêtres de 7'AoM~M (connue aujourd'hui sous le nom de C~M~-s des Rois), et il s'était secrètement promis de la rapporter à la France. De l'aveu de tous, c'est le plus ancien monument égyptien qu'on possède même si l'on considère la Table d'Abydos, l'orgueil de Londres, et lors de sa découverte, les journaux ne tarirent pas d'éloges sur la relique et sur son découvreur. Cette Chambre des Rois, véritable document chroMO/o~M fut estampée par Prisse d'Avesnes (ce qui permit d'en rétablir les lacunes) avec un papier de son chox et par un nouveau procédé de son invention, puis sciée et emballée, en cachette, à la tueur des torches, pendant la nuit, à la barbe de Sélym pacha, qui s'opposait à l'enlèvement des ruines pharaoniques, et enfin embarquée pour la France, en dépit des dépenses énormes que Prisse eut à supporter, en dépit des ennuis politiques et financiers qu'il éprouva, en dépit même du mauvais vouloir des consuls français et du personnel de la marine, qui ne voulaient voir dans cet inestimable cadeau qu'un mauvais tas de pierres encombrantes. Notre égyptologue poussa l'audace jusqu'à inviter le Prussien Lepsius qui venait précisément à Karnak pour enlever la fameuse Salle des Ancêtres à un dîner qui fut servi sur les caisses qui en contenaient les morceaux, lesquelles caisses furent élevées en la circonstance au rôle inattendu de tables. La pauvre Salle des Ancêtres n'eut pas un meilleur sort pour cela. A Paris, on la mit dans la cour de la Bibliothèque nationale, où la neige et le froid firent ce n'avaient faire quarante-cinq siècles de séjour que pu le soleil du Nil. Les pierres s'effritèrent, et quand sous les couleurs furent bien détruites, on relégua l'infortunée salle dans un coin obscur du cabinet des Médailles, où elle se trouve encore. Toutes ces vexations, loin de décourager Prisse, l'éperonnèrent d'autant; il partit à Londres pour rédiger sa Notice sur les ~<n/M~~MMMM~MBrifish <9~M~MM: il publia plus tard les ~OMMMMx~ (bas-reliefs, peintures, inscriptions, etc.), formant comme une suite et un complément aux eT~MKweM~ l'Egypte de Champollion le Jeune. !t publia encore t'~MM oriental, le ~-on- /'Ot-MM/, le fac-similé de son Papyrus égyptien, catalogué à la Bibliothèque nationale sous le nom de Papyrus Prisse ~MKM. C'est un monumentd'une civilisation vieille de plus de 6 ooo ans, puisqu'il remonte au roi Assa, dont plusieurs cartouches ont été

trouvés dans les hypogées de Sakkara il a été découvert dans la nécropole de Thébes, près du tombeau

d'Enintel. Après diverses péripéties assez mouvementées, le pauvre égyptologue écrivit, vers 1850, pour le compte du bibliophile Jacob, la partie orientale de la B/HM~ phie universelle, puis il publia son Histoire de l'Art chez les ~c~M F~/MM, duquel l'art céramique français a su tirer de si merveilleux effets. Enfin, toujours infatigable malgré son découragement, il repartit en Egypte, pèlerin perpétuel de la terre des Pharaons, il reçut le titre de membre honoraire de l'Institut égyptien, et franchit la première cataracte du Nil, ne s'arrêtant qu'aux temples d'Abousembé), ces deux merveilles de l'ancien empire niléen. Redescendant la vallée nubienne, il explora les deux rives du fleuve sacré, et en octobre 1850 aborda la charmante i!e de Phjtae, d'où il rentrait à Thèbes, visitant à nouveau les remarquables hypogées de la Thébaïde, mettant à jour les bas-reliefs du temple de Medineh-Tabouh, retournant au Caire, séjournant un mois aux Pyramides, et enfin revenant en France le 20 juin t86o avec une récolte de trois cents dessins in-folio, et les catques des plus belles peintures qu'ait pu enfanter l'art oriental. En 1867, Prisse fut membre de la Section égyptienne à l'Exposition universelle, et ses ouvrages furent mis à contribution pour cette occasion. De nouveaux beaux jours semblaient luire enfin pour le vieil explorateur, quand un nouvel échec acheva de le terrasser. H avait fait tout un projet pour le dessèchement des terrains de Port-Saïd on accepta ses travaux, on s'en servit, mais sans avoir le moindre égard pour leur auteur, dont on ne mentionna même pas le nom. En ;8y~, usé bien plus par les chagrins que par l'âge, Prisse d'Avesnes tomba malade et ne put accepter, malgré son indiscutable bonne volonté, la mission que le gouvernement français lui offrait pour explorer à nouveau la vallée du Nil et ses environs. En vain, pour cautériser sa douleur morale, M. Waddington lui fit-il allouer une pension. Prisse ne la toucha que deux ans, et mourut en t8yc). Telle fut la vie de ce vaillant et infatigable savant méconnu jusqu'au tombeau. On ne peut que remercier le gouvernement et le Conseil municipaldeParis d'avoir rappelé son souvenir, celui-ci en baptisant une rue de son nom, celui-là en faisant placer son buste au musée égyptien du Louvre. ROLAND MONTCLAVEL.

Le Bahr-el-Ghazal du Bahr-el-Ghazal, où les missions Liotard et Marchand viennent d'opérer depuis deux ans, a été signalée par un certain nombre de voyageurs qui, tous, s'accordent à reconnaitre que cette région est l'une des plus intéressantes du Soudan égyptien. T 'fMPORTANCE


L'un des derniers témoignages est celui de Slatin pacha, officier autrichien qui passa au service du Khédive en 1879, devint gouverneur du Darfour, et fut fait prisonnier des mahdistes en 1884, après la capitulation de sa capitale. Pendant onze années Slatin pacha demeura entre leurs mains. Il a donc acquis, à ses dépens, une sérieuse connaissance des questions soudahaises. Voici l'opinion qu'il a formulée sur le Bahr-elGhazal dans son livre récent, Fer et Feu au ~OM~H. « Cette province, dit-il, embrasse un territoire excessivement fertile, d'une énorme étendue, arrosé par un labyrinthe de fleuves, couvert de forêts dans lesquelles les éléphants abondent. Le sol est extraordi" nairement bon et productif; il y a principalement une grande quantité de cotonniers et d'arbres à caoutchouc. D'immenses troupeaux trouvent une nourriture abondante dans les vallées, où croit une herbe excellente. « La population peut bien s'élever à cinq ou six millions d'âmes, de nature guerrière, capables de faire de bons soldats. « De plus, les constantes hostilités entre les nombreuses tribus empêchent toute coopération et toute unité; c'est pourquoi il serait facile à une puissance étrangère, même avec des moyens modestes, de pénétrer dans cette province morcelée par la politique et de s'y maintenir. « Le port du Bahr-el-Ghazalétait Mechra-el-Rek, que les bateaux à vapeur de Khartoum touchaient régulièrement, s'ils n'étaient pas retenus, ce qui arrivait fréquemment, par la végétation flottante obstruant parfois le cours du Nil supérieur. «juste au sud de Fachoda, le fleuve émerge de cequ) peut avoir été le lit d'un ancien lac. Dans ce grand marais coulent un grand nombre de ruisseaux qui serpentent et, par la massedes plantesqu'ils charrient, sont complètement fermés et forment une véritable barrière au travers de laquelle le voyageur doit fréquemment faire son chemin au moyen du couteau ou de la hache. L'expédition de sir Samuel Baker ( 1870-74) a été retenue de ce fait pendant une année. « La position géographique et'stratégique, de cette province, en la comparant au reste du Soudan, rend la posession du district de Bahr-el-Ghazal d'une absolue nécessité. Un pouvoir étranger indifférent aux intérêts égyptiens, ayant à ses ordres les vastes ressources de cette grande contrée, qui sont estimées à une beaucoup plus grande valeur, aussi bien en hommes qu'en matériel, que celles d'aucune partie de la vallée du Nil, se placerait dans une prédominance telle, qu'il mettrait en danger une occupation quelconque par l'Egypte de ses provinces perdues. »

;l

~CIVILISATIONS~ e~;

ET' RELIGIONS

Un Menu de repas en Chine M Marcel Monnier, dont nous avons eu l'occasion des ~~M-a~oM~, à

DOUCEURS

Raisins, poires, pommes, châtaignes d'eau, graines de pastèques confites, noix glacées, gelées de fruits, noisettes grillées au safran. HORS-D'ŒUVRE

Poulets fumés, poissons fumés au vinaigre de riz, œufs de canard conservés (cinq ans) dans la chaux, crevettes à

l'huile de ricin, fromage aux pois, jambon fumé, choux de mer marinés, choux salés, côtes de laitues salées. DÎNER

Potage aux nids d'hirondelles, ailerons de requin au jambon, canard laqué, pois au miel, filets de poisson aux légumes, holoturies au ~eH /MH~, pousses de bambou d'hiver, crevettes au sucre, filets de poussins frits, porc bouilli, poisson sauce chrysanthèmes, champignons au gras, soupe aux graines de lotus, crème de pois aux fleurs bleues, soupe de chrysanthèmes. Pain de maïs à l'étuvée, pains a)a viande. VINS

Jaune de Shao-Sing, liqueur de rose, liqueurdes acadé-

miciens.

Qu'eût pensé 13rillat-Savarin de ce repas original

ét bigarré?

Louis Bourdin.

Le Vtv~M..E.!M; de g't'o~'ra/i/e régiouale. Annales de l'Université de Lyon, fasc. XXXVII. < vol. in-8, avec 20 gravures et 2 graphiques dans le

texte. Paris, Alcan; Lyon, A. Rey, t8o8. volume est un essai de géographie régionale, comme C l'Université en a produit un certain nombre depuis quelques années. Le Vivarais est une région qui est, géographiquement, encore peu connue c'est une région intermédiaire, dont les limites sont assez difficiles à établir, ailleurs qu'à l'Est, où le Rhône le sépare nettement du Datiphiné. « Placé, comme le dit l'auteur, entre le Lyonnais et les plaines d'Uzès, entre le Velay et la vallée du Rhône, si dissemblables par la nature du sol, le climat, l'agriculture, etc., le Vivarais est comme un trait d'union entre ces diverses régions. Il participe de la nature des unes et des autres, et se crée ainsi une nature originale. » La monographie de M. Bourdin est consciencieuse et complète. L'auteur a étudié personnellement le pays, et, comme on peut s'en rendre compte dans son introduction, il connaît à fond les ouvrages qui ont traité du sujet. Il divise naturellement son étude en deux parties la géographie physique et la géographie économique,et il fait rentrer dans ces deux grands cadres tout ce qu'il est utile de connaître sur la région. On lira avec intérêt dans la prc mière partie le chapitre consacré aux cours d'eau et aux inondations celles-ci sont en effet un accident fréquent dans les rivières du pays, sujettes à de brusques variations

E

de régime.

'"Æ.¡¡

de citer plusieurs fois le nom dans notre

composition des mets que par ]a disposition queique peu anormale des services, au moins pour nous autres barbares d'Occident. Voici le menu fidèlement reproduit

B<7~:

propos de son grand voyage en Asie, a fait en Chine un repas assez original tant par la

La seconde partie du livre se divise en trois chapitres les habitants, l'agriculture, l'industrie. L'agriculture est en progrès, bien que la sériciculture ne puisse plus espérer revoir les beaux jours de <85o à )86o. Mais les rendements en céréales, en pommes de terre, en primeurs, ont été con-. sidérablement augmentés, et la vigne et les châtaigniers, après une crise momentanée, donnent des récoltes bien supérieures à celles du début de ce siècle. Quant à l'industrie, l'opinion de M.. Bourdin est que, sauf de rares exceptions, telle que celle des papeteries d'Annonay, elle manque trop souvent de capitaux, est médiocrementoutillée et végète.


Pour t3S Voyageurs Collectionneurs Récolte des Hyménoptères RECOLTE DES HYMÉNOPTÈRES par excellence, et

LES Hyménoptères.s'ils ne sont pas les L plus brillants, sont certainement les plus intéressants des insectes. Il suffit de rappeler qu'ils renferment les innombrables espèces d'abeilles, de guêpes, de bourdons, d'ichneumons, de cynips, de fourmis, etc., que l'on rencontre dans tous les pays. Néanmoins, les Hyménoptères de contrées étrangères sont beaucoup.moins connus que les autres ordres d'insectes, parce que leur récolte est plus difficile et qu'elle n'est pas sans danger. Seuls les savants de profession, et, encore seulement les spécialistes, s'en préoccupent, tandis que les simples voyageurs s'en désintéressent. C'est donc encore là un champ quasi inexploré où il reste d'abondantes découvertes à faire, et des découvertes assez intéressantes pour tenter l'ambition d'un explorateur.

RECHERCHE DES HYMÉMOPTÈRES Certainement, les Hyménoptères ne sont pas faciles à trouver; néanmoins, surtout en ce qui concerne les Mellifères,

on a de fortes chances d'en rencontrer sur les fleurs, soit qu'ils viennent y récolter du miel, soit qu'ils viennent y faire la chasse aux insectes qui servent de proie à leurs larves ou à eux-mêmes. Les Fouisseurs et les Pupivores peuvent se rencontrer sur les fleurs, mais on les trouve surtout sur les terrains sablonneux exposés au soleil, où ils creusent leurs nids et enterrent les insectes qui doivent servir de nourriture à leurs larves. Ainsi les Chrysides aux reflets métalliques, qui sont les plus beaux des Hyménoptères, fréquentent quelquefois les fleurs, mais ce. n'est pas là qu'il faut les chercher. C'est le long des vieux murs ou des terrains en pente abrupte

exposés aux rayons du soleil, dans les allées sablonneuses, qu'on peut les voir dans un mouvement continuel, entrant dans tous les trous, dans toutes les fentes qui se rencontrent sur leur pas-

sage, cherchant un gite pour leur postérité. Les Ichneumons vivent également sur les fleurs. Mais les femelles de ces insectes, qui pondent dans le corps d'autres insectes, étant sans cesse occupées à la recherche de leurs victimes, sont dans une agitation continuelle. On les voit toujours voletant, et le plus sou-

vent courant avec vivacité, agitant rapidement leurs antennes, ce qui leur avait valu autrefois le nom de MMMc/;M vitn~M. Elles regardent dans les moindres trous, entre les feuilles, et partout où elles espèrent faire une heureuse rencontre.

Ce sont des chasseurs d'insectes

m'est arrivé très de suivant l'œil leurs évolusouvent, en tions, de bénéficier de leur chasse et de faire parfois de superbes trouvailles. Les Cynips 'sont les Hyménoptères qui provoquent sur différentes parties des plantes, sur les feuilles, les pétioles, les branches, en y introduisant leurs œufs, ces excroissances de formes, dé dimensions, de couleurs et d'aspects variés qui ont reçu le nom de galles. C'est naturellement aux endroits où ils ont l'habitude de déposer leurs œufs, et par suite d'éclore, que l'on a le plus de chance de les rencontrer. Quant aux fourmis, on les rencontre partout sans qu'il soit nécessaire de les rechercher. Tous les Hyménoptèressont avides de miel, et il est parfois commode, au lieu d'aller à leur recherche, de les attirer à l'endroit où l'on fait halte en laissant à leur portée un liquide sucré, et de préférence odoriférant. CAPTURE DES HYMÉNOPTÈRES Les Fourmis, et un certain nombre d'Hyménoptères dépourvus d'ailes, comme le sont les femelles des Mutilles, sont faciles à capturer. Mais la plupart sont vifs, fort agiles, surtout pendant les chaleurs, et ne peuvent être pris qu'avec le filet à papillons. Une autre difficulté spéciale de la capture des Hyménoptères est due à l'aiguillon dont la plupart d'entre eux sont armés et dont la piqûre, toujours douloureuse, peut même parfois être dangereuse. Aussi, une fois qu'ils sont pris dans le filet, n'est-ce pas avec les doigts qu'il faut les saisir, mais au moyen de petites pinces avec lesquelles on les tient serrées sur la face inférieure de leur corps, entre l'abdomen et le corselet, afin de les tenir fermes pour les piquer, sans risquer de les endommager. Lorsqu'il s'agit d'une communauté de ces insectes, il est dangereux de les attaquer avec un filet. Il vaut mieux, au préalable, les suffoquer, si la chose est possible, au moyen d'une abondante fumée provoquée par la combustion d'herbes humides. Les Fourmis n'ontpas d'aiguillon, les sauf Ponères, chez lesquelles il est dangereux, et leurs morsures ne sont peu pas redoutables. Mais il faut éviter de prendre pour des neutres de fourmis les Mutilles femelles, qui sont dépourvues d'ailes et qui leur ressemblent beaucoup, et dont l'aiguillon est extrêmement douloureux. Les Mutilles femelles se distinguent des Fourmis en ce que leurs antennes ne sont presque pas coudées et souvent contournées. Les Hyménoptères se piquent sur le corselet. De consistance sèche, ils il

sont faciles à conserver. Ceux de trop petite taille pour être piqués peuvent être, après asphyxie, collés au fond d'une boite.

RECOMMANDATIONS SPÉCIALES On sait qu'un certain nombre d'es-

pèces d'Hyménoptères comportent, outre des individus mâles et femelles fécondes, des femelles infécondes qui portent le nom

de MCM/rM.

Au point de vue des collections d'histoire naturelle, il est de la plus haute importance de capturer, pour cha-

cune de ces espèces, un ou plusieurs exemplaires des trois différentes formes

d'individus. En second lieu, il est du plus grand intérêt de recueillir les nids, parfois extrêmement curieux, construits par ces industrieux insectes. C'est surtout dans ce cas que l'enfumage pourra être utile, car il chassera les habitants sans endommagerleur demeure. En ce qui concerne les Ichneumons et autres hyménoptèrespupivores, on saisit l'importance qu'il y aura à consigner sur un carnet, avec un chiffre de référence à l'échantillon recueilli, tout ce que l'on aura pu observer de leurs mœurs, de la nature de leur proie, des endroits où ils pondent, etc. Enfin, ii y aura lieu d'attacher une attention toute spéciale aux excroissances uu galles produites par les Cynips sur les végétaux, et d'en recueillir des échantillons, en notant l'espèce de la plante sur laquelle on les aura trouvés, ou en prenant ses feuilles et ses fleurs de façon à en permettre la détermination. Toute irrégularité végétale peut être une de ces galles, et aucune d'elles n'est à négliger, car elles affectent les formes les plus variées. Les unes sont plates comme des lentilles d'autres sont en forme de coupe, de pépin, de cerise, de grappe, d'artichaut, de champignon, ou bien rafDitiées. Les unes adhèrent directement au végétal, les autres sont pourvues d'un pédieuie. Il en est qui atteignent la grosseur et qui offrent la couleur d'une pomme d'api, ce qui les a fait prendre pour des fruits, comme la célèbre pomme de Sodome, qui est vraisemblablement une galle. Nous avons, en France, des exem-

ples frappants de ces différences de formes, auxquelles il est facile au débu-

tant de s'habituer, dans les galles en forme de petits clous rougeâtres des feuilles de tilleul, dans la galle ronde du chêne, et dans le bédeguar chevelu du rosier. Toutes ces galles, en pays étranger, sont à recueillir avec soin, ne serait-ce qu'au point de vue de l'étude de la répartition géographique des espèces. (A

~:M-f.)

PAUL COMBES..


L'Eglise Saint-Pierre ;de Montmartre 0~

a

~M~M<M~ M~MMM~~

~OOpq~M~~OKfM~~

/<

~M~Mt~t

vestiges du l'édilité parisienne seulement dans notre archéologie, mais aussi dans notre histoire ~M/tO~a~.

'MrM

ï E plus beau morceau de cette église (qui fait partie du~/Mt~ t~/t~MMe de la ville), celui dont la

disparition aurait été un véritable malheur artistique, est le C&tBMf ~M Dam~, lequel faisait partie, de l'abbaye

donttaderniéréàbbesse~fùt Louise de

l'église laissée

~aM~,C'

( L'Eglise Saint-Pierre de Montmartre est donc un

~cur~ux monument, mais on a mis quelque temps à s'en apercevoir, car

il y a à peine'quinze ans que les Parisiens ont

vers la Butte Montmartre, et ce.grâce à l'énergie, à la

g'eus'es~ëul.ëmec~; gleuses:6u "èI11Ç~ `

persévérance (presque maniaques) de quelques écrivains

poutres de soutènement et le triste

ou historiens avisés. Il est difficile, ~Técrire._ l'histoire

état

dans lequel se trouve ce CA~M~ Dames, on peut encore en admirerL~

de' Pans

la beauté et Je style

mieux encore; on peut, sans crainte

moins~d'être

meuse

Butter.

Dans

à bien

saris y

mê!er à chaque instant. celui de la fa-

architectural

de se tromper,

daigne

tourner les yeux

qu~HIzë~e~.ses reH-

dispersées. Malgré les

<5MûM~Mf~ un des moins -un jalon de non

chapiteaux ne laissent aucun doute sur leur date de construction.

~'ava~èxecutéé~n~1793, a !a barrière, duu Tr'ône, avec > ies: autres: s'étant

Saint-Pierre

haute

v

noviceénarchéolodésigner les gie,

''LtNDEL'tBBtYED'EUHAnTETDEL'ABBtYED'EMBtS,

D'après une ancienne ~rayMfx.

diiïerentes époques

la plus

antiquité,

Montmartre fut un sanctuaire, et les Gaëls y allumaient

<t"~

générale et les'voûtés supérieures, qui sont toutes en

«tiers-points.

leurs bûchers oropitiatoires auxquels répondaientcèux de Mont-Ie-Héry, de Cour-Dimanche et de Mont-javoult. Sous ta domination romaine, la « Butte» fut consacrée concurremment à Mars et à Mercure soûs l'apostolat de saint Denys, 'les premiers chrétiensvinrent sacrifier au Dieu nouveau dès 1e m" siècle on a retrouvé leurs catacombes en

Quatre monolithes, dont deux en porphyre et deux en marbre blanc et noir, taillés en co)onnes et provenant du tempie païen élevé à Mars (d'autres disent à Mercure), soutiennent 'les « retombées s des arcs, à l'entrée du porche enfin, les 'ornements des

P!cs tard, les Northmans campèrent sur les hauteurs, d'où ils contemplèrent le Parisis dont ils voulaient faire leur proie l'empereur germain Othon y vint chanter un alleluia (qui fit trembler la capitale): Louis le Gros et sa femme Alix y fondèrent la fameuse

de construction ou d'embëHissement de ce magnifique

.legs de I'art,<titde «transitions. C'est d'abordée plan de ~'abside, merveilleux réchantiiïondu style roman, puis les arcades et les premières baies en' plein' cintre enfin la voûte

A

TRAVERS.LE MONDE.

~)3' LIV.

i6it.

N"43.–22octobret898.


fait !e sujet de cette causerie, et )esMorttmorency-Boutchard y jetèrent les bases de leur puis- e

Da~obert

abbaye qui

sance. Plus tard~ChariesV!,le père Richard, Jeanne

d'Arc, Ignace de Loyola, !a belle abbesse Claudine..)e\ roi Hénn vinrent tour à tour y séjourner, inscrivant

ainsi

Montmartre dans !ës fastes de t'Histoire:.)de"' France.' Les frère:: Chappe et Marat, t'aMt du ~M~

achevèrent la consécration de la

Enfin,

au point de vue

vieiHe colline.

)

artistique, Montmartre

réctame aussi sa place, car. en dehors des trésors renfermés dans l'église, il y avait plusieurs usines cératmiques, rivâtes de Sèvres, dont les plus célèbres futrent ceUes du comte de Provence et du comte d'Artois et,

pour faire nombre, àprès la guerre,

l'usine Parvi))é, qui

donna à la céramique française un nouvel essor et une facture orientale d'une polychromie charmante. L'égliseSaint-Pierre de Montmartre est plus vieille que les Croisades. D'aucuns même la font contemporaine des premiers chré-, tiens. Mais ils se trompent, car pour avancer pareille chose ils ne s'appuient que sur une iégende facilement réfutabte.. 1 H' LDahsune prison é)evée au fond .de l'impasse du For-aux-

t", qui.vénérait beaucoup ces

martyrs

(la construction de ta basilique de Saint-Denis en est !a preuve), décréta que la chapelle du Saint-Martyre serait inviolable et que les coupables même du'

cnme de tese-majesté y seraient en sûreté. P)us tard, cettechapelle servit de camp'àt'empe 'reur Karl le Gros, lorsqu'il alla secourir Paris attaqué

'partesNorthmans,

Toujours est-il queues traditions s'accordent toutes à reconnaître l'existence d'une chapelle élevée à la mémoire des trois martyrs, et plusieurs ajoutent même qu'elleabritait leurs corps sauvés de l'ignominie par Catulle, ,riche et noble dame romaine convertie au christianisme par l'éloquent Denys. L'existence de la première

église montmartroise est relatée par Frodoard, qui nous parle d'un terrible ouragan ravageant la butte de Mars (944), et qui ajoute que, «durant cette formidable tempête, on vit, dans l'air, plusieurs démons ayant pris la forme de cavaliers gigantesques, armés de gros béliers, et qui abattirent l'église, voisine de la vieille maison

».

Quelle était cette vieille maison 7?

On rapporte à ce sujet qu'on découvrit à son emplacement (rue de la Fontaine-du-But) des tuyaux de plomb et des travaux de canalisation, ce qui ferait croire que vieille maison~ était une

..Dames,.proche de la rue de la ~C~Haume~re-(aujourd'hui rue- des v :Dames, ,a 'Batignpl)es)r épouvantab!e cachot 'sans air ni lumière, on_ encore, sous Chartes !X,

~voyait b1~/il'j:

cette

~P~.chaine. et .!a

légende voûtait '~que~à""su~ditec!)a!ne eût servi. a

maisondebainsdatantdum'siécle,

maison appelée domus antiquissimus retenir saint Denys prisonnier. par Frodoard, dans sa chronique. tL'ABBATEENiM~. Effectivement, on trouva encore, cette prison. s'appe)àit ~fMOM~e/MMM <9)4bM<w~f~e, et remonterait-on en t8~8, à la suite de fouilles, des tuiles creuses et des a;la première abbesse que nous atteindrions à peine tuiles à rebord marquant bien l'époque gallo-romaine. ` le xn" siècle, époque à laquelle saint Denys était mort Mais quelque incertaine que soit la tradition de depuis longtemps.. cette'maison, il est une chose indiscutable, c'est qu'elle était voisine d'une église, et nonobstant la haute fantaisie Dom Michel Félibius, Bénédictin.de Saint-Maur, bien moyenâgeuse et bien'.théolpgique de la « chrodit bien, dans son Histoire de la Ville de PafM.'que nique ? » de Frodoard, il'ri'en appert pas moins qu'un saint'Denys et ses deux compagnons reçurent à )~ontse dressait sur la ouragan détruisit" l'église martre la palme du martyre, mais il ne mentionne

'Or,

qui.

nullement l'existence d'une prison; et, d'autre part, Toussaint Duplessis" soutient–avec des arguments assez péremptoires ce n'est pas sur la Butte,que les trois apôtres furent supp!iciés.

que

Tout ce que dit l'histoire, c'est que sur l'ordre de l'empereur AuréHen, vers l'an 2~, on arrêta l'éveque

Denys, le prêtre Rustique et le diacre Eleuthère, et que tous trois furent enfermés dans une o&MMye~fMOM /.K/e~, et ramenés ensuite sur le versant sud delà cpnine,;pt~d'untemp)edeMars,où ils furent decapifés: Le premier jaton delà future église, ou, pour parler plus exactement, le premier embryon, sentinelle avancée de la foi montante, fut la chapelle Ju saint Martyre, qui fut réédifiée, à'nouveau et au même endroit, en 1887, rue Antoinette, emplacement sur lequel saint Denys et ses compagnons auraient subi

leur

Butte.

En 977, Robert, fils de Hugues Capet, donna une grande partie du territoire montmartrois à Boutchard de Montmorency pour le remercier-des services qu'il rendus à laCouronne, et jeta ainsi les fondements de l'autorité des Montmorency sur la Butte. En 1006, les principaux propriétaires de Montmartre et de l'église étaient le seigneur laïque, Vautrin Payen Gautier et sa femme, Hadrerine ou Hadriene,' surnommée la petite comtesse, qui tenaient comme la Butte en fief de Boutchard IV. Avec le vassaux consentement de leur seigneur suzerain, ils concédèrent plusieurs de leurs droits, .biens et prérogatives aux religieux de Saint-Martin-des-Champs, de qui dépendit désormais l'antique mont des Martyrs. La concession ainsi faite par les époux Gautier comprenait les deux tiers de leur seigneurie, l'espace et le logement. nécessaires à plusieurs religieux, t'égtise déjà construite, la chapelle du Martyre, le droit des

avait


CALVAIREDERmÈttESAtNT-ftERRE.

reliques, de sépulture, le tiers des dîmes, censives, rentes et tailles personnelles des habitants libres de la nouvelle paroisse. Boutchard IV, sire de Montmorency et seigneur de Clignancourt, entouré de ses principaux vassaux, autorisa par sa présence la donation, qui fut faite en règle, avec un contrat déposé cérémonieusement sur le maître-autel de l'église Saint-Martin, de qui relevait celle de Montmartre. Malgré toutes ces solennités, Boutchard reprit bientôt ses dotations, au mépris de la foi jurée et en dépit des bulles ecclésiastiques un procès s'engagea dès lors et dura jusqu'en 112~, époque où l'évêque de Paris, prévenu, débouta le sire de Montmorency de ses prétentions et le condamna, en outre, à payer aux religieux une rente annuelle. Ainsi rentés et victorieux, dotés par d'autres seigneurs et même par des bourgeois, les moines de Montmartre commençaient à prospérer magnifiquement, lorsqu'en 1133, la reine Alix (ou Adélaïde) de Savoie, femme de Louis VI le Gros, leur enleva la « Butte avec tout ce qu'elle portait, et leur donna en échange le prieuré de Saint-Denys de la Charte cette reine voulait faire construire sur le Mont de Mercure (ainsi qu'on disait alors) un édifice propitiatoiredestiné à remplacer celui qui avait été détruit par le fameux

pontificalemenf. En même temps, saint Bernard laissa à Montmartre sa tunique faite de toile d'argent, et jusqu'en '559, où elle fut détruite par l'incendie de la paroisse, les fidèles purent venir vénérer la relique du grand saint. Le i" juin t t~y, Eugène 111, en fuite, revint sur la Butte et consacra la partie orientale de l'église (le chevet, l'abside et les chapelles latérales) sous l'invocation de la Sainte Vierge et des trois martyrs de la cruauté du paganisme. Sous Charles VI, Montmartre et son abbaye sont encore à l'ordre du jour. Le roi, ayant failli périr brûlé pendant la représentation du Ballet des sauvages fut amené en grande pompe par la cour sur la Butte Montmartre, pour remercier le Tout-Puissant de l'avoir préservé des flammes. En 1503, l'abbaye fut l'objet de l'attention toute spéciale de t'évéque de Paris, qui y appela les Bénédictines de Fontevrault, lesquelles lui rendirent son ancienne splendeur; mais en '550, l'incendie relaté plus haut détruisit une partie de l'église avec toutes ses richesses, entre autres le missel d'or qui avait servi au pape Eugène 111 pour la dédicace du monument. En 1453, Ignace de Loyola avait prononcé ses vœux et fondé dans la chapel'e du Martyre même, et non dans une carrière à plâtre, la Société de Jésus qui devait devenir si célèbre. t. Dans ce ballet, auquel avaient pris part le roi et les grands seigneurs, les danseurs eKc/MtMM s'étaient affublés de peaux de chèvre enduites de poix pour figurer des Pans et des Satyres. Une étincelle tomba des torches que tous ces jeunes fous agitaient, et enflamma les costumes des malheureux embarrassés par leurs ehaines. Ils ne purent se sauver et périrent presque tous dans d'atroces souffrances. (Paris .i travers les siècles, par Gourdon de Genouillac.)

ouragan de l'année 0)44.

Dans le principe, la reine Alix ne voulait que mais, rendre hommage au martyre de saint Denys plus tard, étant venue se réfugier dans l'église qu'elle avait fait bâtir, elle y vécut et mourut en odeur de sainteté. En 1147, le 21 avril, le pape Eugène III vint à Montmartre, pour l'anniversaire de la découverte des cadavres de saint Denys et de ses compagnons, et officia

VUE DE LA TOUR ÉLEVÉE RUE MARCADET.


Enfin, l'on cite encore Montmartre et soh abbaye lors du siège de Paris par Henri IV. Le 6 mai [590, le roi se mit en observation à l'une des fenêtres de l'abbaye, en compagnie de Sully et de son médecin, et les Bénédictiness'enfuirent épouvantées par la présence du Vert-Galant qui séjourna dans leur couvent. Pour en revenir au « Chœur des Darnes~, c'était une chapelle réservée aux religieuses de l'abbaye, ainsi

d'ailleurs que l'indique son nom. Elle fut fort ébranlée par le poids de la tour du Télégraphe que la Convention fit élever, et aujourd'hui elle menace ruine. Il était temps qu'on votât c)o ooo francs pour la restaurer. Je me hâterai d'ajouter que les travaux de fondation de l'église du Sacré-Cœur, en ébranlant la base même de la Butte n'ont pas été tout à fait étrangers à cette calamité artistique et architecturale. De plus, l'abbaye eut à souffrir plusieurs fois de

I' « intérêt ? » de restaurateurs plus zélés qu'intelligents qui la mirent à mal. Ainsi la nef a été refaite au xvu° siècle, la façade actuelle, assez disgracieuse, a été construite sous Louis XVI, quand l'église abbatiale

remarquable. La cuve baptismale, oblongue, date du xvi' siècle et porte le millésime de 1537. C'est une superbe cuve Renaissance que l'on peut aller admirer sans crainte de regretter son dérangement. Deux enfants terminés par des enroulements de feuillage y sont représentés, supportant un écusson chargé de deux clefs en M!~<w, emblème de saint Pierre. Dans son état actuel de dénuement, de délabre-

ment même, l'église n'offre guère d'intérêt, qu'aux amoureux des antiquités et aux archéologues, à ceux-là surtout. On peut y contempler le galbe des colonnes romaines, les chapiteaux de l'époque mérovingienne. et les bizarres dessins creusés dans la pierre par les WM~M~ du xn° siècle, dont la naïveté égalait la foi et l'ignorance artistique mais ces dernières sculptures ont malheureusement été endommagées par le temps, les pluies, les mousses et le. badigeon. Je conseillerai encore aux amateurs de visiter les Chapelles de la Vierge ~fM et de Saint-Joseph, très simples, et un C~H'M Croix assez bien peint sur les murailles des bas côtés. Il existe aussi un Calvaire actuellement placé dans un petit enclos, et qui n'est pas l'une des moindres curiosités du Montmartre religieux. Les trois croix se profilent au-dessus d'unesorte de voûte grillée, au milieu des arbres, dans la partie adjacente de l'église ce calvaire fut érigé en t8o~, sur le Mont-Valérien, et consacré par le pape Pie Vil, lors de sa venue en

devint paroissiale. La voûte des bas côtés, jadis ogivale, fit place au xvn[° siècle à l'affreux plafond qu'on peut voir encore. Enfin, le mur qui sépare le C~M'My des DaM< de l'église proprement dite ainsi que je l'ai déjà dit date de la Révolution. Parmi les richesses France; il ne quitta ce lieu qu'à l'étarelatées par te Guide des Voyageurs à blissement.du fort. Alors les fidèles Paris de Thiéry, dont une partie subMontmartrois demandèrent et obtinsiste encore, citons au hasard t'tERRE TROUVÉE DANS LE SOL DE L'ABBAYE. rent que les trois croix vinssent orner (~/H~~eCa?'Fa/c~.) Deux bénitiers porcelaine en « leur « Butter. de la manufacture de Clignancourt, L'église Saint-Pierre de Montmartre fut longà toutes proportions gardées assez semblables temps un lieu de grand pèlerinage, et chaque fois ceux de la Madeleine ils étaient supportés par des qu'une ca)amité s'abattait sur Paris, les habitants ne consoles et surmontés par des groupes d'anges de la manquaient pas de gravir leur antique coltine pour y composition de Desruelles, fils de l'auteur même des implorer la clémence du Créateur. bénitiers. La vogue des pèlerinages de Montmartre exis« Une tribune d'orgues (on en voit encore les tait encore de nos jours (t8~) puisque, l'archevêque ruines) d'aspect vraiment monumental avec son large Hyacinte-Louis de Quélen fit donner par le pape une entablement et ses colonnes doriques, qui avait des indulgence plénière à tous les vrais croyants qui visitearrière-corps latéraux décorés de trophées sacrés et MM;!< d~o/f~MM~ l'église de Montmartre ainsi que la surmontés de deux figures dues àMouchy et à CafHeri. Grande Croix du Calvaire aux jours de l'exaltation de près Christ Pigalle, de la grille du choeur. Un de « la Sainte-Croix. Sur le maître-autel décoré de motifs empruntés au' En 1842, le curé de Montmartre se fit donner un pur corinthien, avec fronton, se trouvait un bas-relief bref de Grégoire XV! qui accordait un supplément de de Boichot, représentant Saint Pierre guérissant un grâces à tous ceux qui recevraient le sacrement de l'Eu&o<<6K~ à la porte du 7'fm~/f, flanqué de deux composicharistie et visiteraient l'église paroissiale de Montmartre, tions de Coustou la Religion et la Piété. Comme bien vous pensez, ce second bref augmenta la gardienz « Dans la chapelle de gauche, un renommée de l'ex-abbaye de Montmartre. d'une Coustou faisait le digne pendant même du œuvre Une légende dit qu'un trésor est caché dans le superbe due au ciseau de Pigalle la Vierge, et qui sol de l'église, et qu'on le trouverait facilement en servit (dit-on) de modèle à la Vierge que le célèbre comptant un certain nombre de dalles, à partir du point artiste sculpta en marbre pour l'église de Saint-Sulde l'ombre projetée par la porte d'entrée, à midi juste. pice. » Reste à savoir si la légende est vraie, ou si le trésor Sous le règne de Louis XV!, un clocher avait été s'y trouve toujours. C'est un point que les ouvriers qui élevé au-dessus de la petite construction qui renferme vont travailler à la restauration de la vieille église les fonts baptismaux. Ce clocher n'existe plus par éclairciront. ROLAND MoNTCLAVEL. contre, la sacristie est toute moderne et n'a rien de


et touristes du Val-André demandent de la « chevrette de Verdelet ».

Une !!e en feu: le Verdelet SUR la rive Est de la vaste baie de Saint-Brieuc, limitée d'un côté par l'île de Bréhat et de l'autre par les caps d'Erquy et de Fréhel, est une plage immense, bien abritée et toute de sable c'est le Val-André. Il y a quinze ans, il n'y avait qu'une maison sur la grève aujourd'hui il y a près de 200 villas. En face du promontoire granitique du ChâteauTanguy, où l'on voit encore les vestiges d'un ancien fort et dont les flancs sont maintenant couverts de vil-

las et de castels suisses, est situé le rocher du Verdelet. C'est un îlot, tout granitique, en forme de cône. 11 la se trouve en mer, à =,oo mètres tout au plus de falaise avancée et à envi-

ron deux kilomètres du centre de la plage du ValAndré. Comme cet îlot est entouré de récifs et de courants marins, il s'est formé entre lui et la terre une

La Grosse-Roche,la Roche-Jaune,la Petite-Roche,' le Petit Verdelet, la Pointe des Écueils, le rocher Pibier, la Pierre-à-Ia-Vieille, le roc Posson, la Pointe Nord-Est sont les points de l'îlot connus pour y faire une bonne pêche. En plus des crevettes, on y pêche des moules très goûtées, dites « moules de Pibier », des"r goujons de mer, des vieilles, de belles et fines langoustes, de gros ripons, des congres, des maquereaux et surtout des palourdes, des « poings-clos » et des crabes magnifiques. On dit qu'autrefois il y avait .un parc d'huîtres. La grève environnante est pleine de~) lançons, et toutes les flaquesd'eau de la « verdiére de Verdelet sont remplies de crevettes. Les rochers du Verdelet ont encore une réputation qui y attire des amateurs et des naturalistes c'est qu'ils recèlent de jolies pieuvres. On les appelle ici des même les pécheurs de Pléneuf et des envi« Mt)Mf;& rons possèdent tous un petit instrument de fer à pointe recourbée en forme de gros hameçon c'est le « croc à -11 1- », qu'ils minards n'oublient jamais pour passer à Verdelet, car il sert aussi pour la cueillette des meaux », qui se trouvent en grande quantité dans

or-

les crevasses du roc.

La pêche aux «

nards

est très amusante, et on peut la faire à l'île de Verdeletsans danger.Vous savez que ce poulpe a de longs tentacules garnis de suçoirs ou de ventouses, lesquels projettent

espèce de chaussée natu-

relle en gros cailloux de Vermer c'est le Po~ delet. C'est

'H<-

par cette lon-

gue chaussée rocailleuse que l'on peut aller à pied au Verdelet, au moment de la basse mer des grandes sur qui les touche, « LE VLRUELET UNE ILE BRETONNE EN FEU marées. un liquide noir et puant ~~ogTS~/ttc de D'après qui tache. Mais si une Le Verdelet est très pieuvre s'accroche au bras ou à la jambe du pêconnu sur cette partie de la côte. Son sommet, haut cheur, il ne s'en inquiète pas et lui retourne son estod'une trentaine de mètres au-dessus des vagues, est mac comme on retourne une poche alors le « minard » très curieux à visiter. C'est un plateau nu d'environ est réellement inoffensif et passe vite dans la hotte de un hectare. Sur le côté Ouest croissent des soucis et des pêche. Les pêcheurs pléneufviensraffolent du « minard », carottes sauvages, alors que l'autre côté est une vériet il est vrai que, préparé selon la mode du pays, sa table prairie couverte d'une herbe grasse et fine, que chair est aussi goûtée que celle du homard. les fermiers de la Vil:e-Pichardviennent cueillir et emLes courants marins des environs de l'île Verdeporter en sacs. Curiosité rare une source d'eau douçe let ont causé plusieurs sinistres maritimes sur ces récifs, y coule. et, il y a trois ans, un bateau de pêche s'y perdait corps Il paraît qu'il y avait là autrefois un ermitage, et et biens. Pourtant c'est là que toutes les barques de. même les légendes du pays y placent l'habitation de Dahouët vont à la pêche en mer. fées de la mer et de korrigans bretons. Tel est l'îlot curieux de la côte bretonne, auquel Cet îlot abrupt n'est pas habité. Au printemps, une des grandes chaleurs sénégaliennes de la fin d'août on y amène parfois les moutons des villages voisins sèches qui mais à chaque marée la mer montante ne manque a mis le feu les énormes quantités d'herbes forment la brousse du sommet du Verdelet se sont jamais d'y laisser quelques « Robinsons parmi les embrasées. L'incendie fut tellement intense qu'il fut touristes pêcheurs qui ont oublié l'heure de la marée au milieu des délices et des distractionsde la pêche à pied. aperçu de loin en mer et que la source d'eau douce de l'île fut tarie. L'instantané que nous reproduisons fut Et ils sont obligés d'attendre le retour de la basse mer pris au début de l'incendie cette ile granitique en feu pour repasser six heures plus tard. ainsi vraiment l'air d'un volcan en éruption. a renommé très Verdelet C'est que le est pour ses THÈOPH!LE JANVRAtS. crevettes griser grosses, tendres et délicieuses. On y vient même deloin pour en pêcher, et tous les pêcheurs

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Le Capitaine Casemajou LEE capitaine Casemajou, dont le Tour du Monde a annoncé la fin tragique, était né à Marseille le 10 décembre 1864. Sorti de l'Ecole polytechnique dans l'arme du génie, il de. manda à servir au Tonkin, où il se signala aux côtés du général BorgnisDesbordes lors de l'expédition duYenthé. Promu capitaine au choix en CAPfTAINECASEMAJOU. 1889, il fut envoyé peu après en Tu nisie, où il se familiarisa avec les questions arabes. En 1893, il obtenait d'être chargé d'une mission dans l'extrême sud tunisien, encore peu connu. Au mois de mars de cette année, il organisait missa sion à Nefta, ayant pour second le lieutenant Dumas, des spahis. Ct. Ouvière,

e/t/afMti~

Les explorateurs quittèrent Nefta le 6 mars et

traversèrent le Chott-et-Djerid. Puis ils laissèrent derrière eux le poste de Bir-Berresof pour atteindre, le 22 mars, la zaouïa de Sidi-Maamet. Ils n'étaient qu'à

quelques kilomètres de Ghadamès, mais le caïmacan leur en refusa l'entrée. Ils revinrent sur leurs pas, et ils rentraient à Nefta le 3 avril, ayant levé, tant à l'aller qu'au retour, un itinéraire de 560 kilomètres. Les beaux états de service du capitaine Casemajou lui valurent, en i8<)4, la croix de la Légion d'honneur, et peu après il était attaché à la chefferie

du génie de Marseille. La vie sédentaire n'était pas faite pour plaire à son caractère énergique et aventureux. En octobre 1896, il obtenait d'être chargé, par le Comité de l'Afrique française, que préside le prince d'Arenberg, d'une mission en Afrique, qui recevait l'assentimentdu ministre des Colonies. H devait d'abord gagner le Tchad en partant du Soudan, refaisant l'itinéraire de la mission Monteil, et s'efforcer de là de gagner le Haut-Oubanghi, où opère en ce moment le capitaine Marchand. Afin de se familiariser avec les questions soudanaises, le capitaine Casemajou fut d'abord attaché à l'état-major du commandant Caudrelier, qui préludait à l'occupation de la région centrale de la boucle du Niger dans des conditions que nous.avons relatées antérieurement. H exécuta, au cours de cette campagne, de très beaux levés géographiques qui ont été utilisés lors des travaux de délimitation de la boucle du Niger. Ce ne fut qu'au mois d'octobre que commença réellement sa période d'explorationproprement dite. Quittant Say, le capitaine Casemajou descendit vers Ilo, où il rencontra le capitaine Baud, pour gagner Carimama. Franchissant le Niger le 29 décembre, il se dirigeait vers l'Est pour atteindre Argoungou le $ janvier. Le commandant Monteil avait autrefois signé un traité avec le roi du pays. Son successeur, d'origine bournouane, accueillit bien l'explorateur, qui écrivit de ce point, à des amis, des lettres empreintes de la

plus grande confiance. Hélas! en Afrique, l'avenir n'est à personne le capitaine Casemajou passa par Sokhoto, atteignit Zinder en mai, et tombait, le 6 du même mois, sous le poignard d'un assassin. Le vaillant officier n'a pu réaliser les vastes projets d'exploration qu'il avait enfantés il est mort avant d'être arrivé au but, mais d'autres marchent aujourd'hui sur ses traces, pour achever son œuvre. NED NOLL.

Le Chemin de fer

de l'Ouganda 'Tour

ce qui touche aux

progrès de l'Angleterre dans

le continent noir doit nous intéresser doublement, depuis les récents événements dont le Haut-Nil a été le théâtre. A diverses reprises nous avons parlé du

chemin de fer de l'Ouganda. Une correspondance de date récente nous permet de revenir sur cette voie ferrie, dont l'importance est capitale. Le but de la politique anglaise en Afrique est connu de tous on l'a baptisé d'un mot caractéristique en l'appelant « un rêve impérial », puisqu'il s'agit tout simplement de créer un vaste empire britannique allant du Cap à Alexandrie. Cette long~ bande de possessions anglaises si du moins le yeve se réalise, et tout porte à croire qu'il en sera ainsi cette longue bande, disons-nous, aura pour centre le plateau des grands lacs, dont l'Angleterre fera non seulement un foyer de production et de consommation économique, mais la clef stratégique et politique de tout l'Est africain. La nature favorisera, du reste, les vues anglaises, puisque la masse des hautes terres dans lesquelles s'encadrent les nappes du Tanganyika, du Kivou, de l'Albert-Edouard, du lac Albert et du Victoria Nyanza constitue d'abord, avec les territoires de l'Afrique du Sud, une des régions les plus saines du continent africain. La forêt équatoriale y recule devant la savane et les paysages de parc herbeux. Toute cette région pourra peut-être un jour servir de base à des groupements de colons européens. Un chemin de fer mettant en communication la côte de l'océan Indien avec le plateau des lacs était donc tout indiqué, et, dès 1800, on commença les études d'une immense voie ferrée. Cette entreprise conçue sur de bien autres proportions que le chemin de fer du Sénégal au Niger et que celui du Congo, aura i 057 kilomètres de longueur et franchira un seuil de 2 6oo mètres d'altitude. Un fait à remarquer, c'est qu'on a adopté la voie de t m, 06, ce qui est la mesure des lignes de l'Afrique du Sud et de l'Egypte, au sud de Louqsor. Cette décision trahit manifestement le désir des Anglais de réunir un jour le Nil à l'Afrique australe; elle a d'ailleurs été prise à l'époque où l'Angleterre forçait le Portugal à lui céder l'arrière-pays de l'Angola, qui ouvrait à l'Afrique du Sud une extension indéfinie vers le Nord (t8~)).


Le premier rail a été posé à Kilindini, en face de l'île de Monbasa, le zc) mai 1896 malgré les maladies

du personnel européen et des ouvriers hindous, en juin i8c)y on avait pose 72 kilomètres de voie, en plein désert de Tarou, et, le 2 avril dernier, la première section, longue de i6o kilomètres, était ouverte à l'exploitation, avec trois trains pour l'aller et trois trains pour le retour chaque semaine. Depuis cette époque on a travaillé très activement il doit y avoir aujourd'hui plus de 200 kilomètres achevés. Quarante ingénieurs anglais sont actuellement employés aux travaux de construction et de tracé de la ligne, et chaque courrier, paraît-il, en amène de nouveaux. Le gouvernement anglais ne néglige rien pour que la construction soit poussée avec la plus grande célérité, et il ne se passe pas de semaine sans dépêches du Foreign Office demandant des renseignements sur l'état des travaux et harcelant les ingénieurs d'instructions pressantes pour les activer. L'objectif paraît être de faire tous les efforts imaginables pour que le chemin de fer soit mené jusqu'aux grands lacs en taoo. Mais il est à peu près certain qu'on n'y parviendra pas. Les ingénieurs du chemin de fer jugent que l'achèvement complet de la ligne demandera cinq ou six ans. Les difficultés, en effet, sont considérables. Sur de .grands espaces la brousse est tellement dense qu'on ne peut employer au défrichement que des équipes de vingt hommes à la fois. Plus loin, vers l'intérieur, les tribus indigènes sont la source de grands dangers pour les ingénieurs chargés du tracé de la ligne, et les précautions qu'il faut prendre retardent leur mission. Souvent, comme l'écrivait récemment un journal anglais, la présence des léopards et des rhinocéros oblige à des chasses qui

entravent les travaux. De plus, l'ère des difficultés techniques commencera après le cinq centième kilomètre, lorsqu'on se

trouvera devant les grands fossés d'effondrement qui accèdent le pays dans la région des lacs.

faudra franchir la fracture profonde du Naïvacha, ce qui obligera à des travaux d'art coûteux. La main-d'œuvre indigène ne sert que pour le portage, et pas d'une façon exclusive. Mais c'est là un facteur très important. Les 200 kilomètres de chemin de fer actuellement terminés traversent, en grande partie, une région infectée par la mouche tsé-tsé, et toutes les charges doivent être, en conséquence, transportées à dos d'homme. C'est à ce service que sont employés les indigènes. Tout le reste, défrichements, terrassements, travaux d'art, etc., est exécuté par la maind'œuvre indienne. ro 00o coolies sont employés à ces travaux. Ils sont recrutés dans la présidence de Bombay, et contractent des engagements de trois ans. On a spéculé sur la détresse qui règne dans certaines parties de l'Inde pour recruter des coolies dans des conditions particulièrement avantageuses les travailleurs sont, en effet, payés 8 annas par jour, c'est-à-dire environ î6 sous au cours actuel de la roupie. Il est vrai qu'ils reçoivent en surcroît une portion de riz. Comme aux Indes ils en gagneraient difficilement 4' sans la nourriture, on n'éprouve aucune difficulté à se procurer de la main-d'œuvre dans ces conditions paiticulièrementavantageuses. H

Les coolies sont sous la sauvagarde d'un fonctionnaire du gouvernement des Indes, le protecteur des immigrants. Celui-ci les défend contre les trop grandes exigences ou les vivacités par trop fortes des conducteurs de travaux, Le Parlement a accordé pour cette œuvre de pénétration politique vers le Nil une subvention de 3 millions de livres sterling (75 millions de francs). On

croit que la ligne coûtera finalement 4 millions de livres ou 100 millions de francs. Jusqu'ici, en effet, le mille (qui équivaut à t 600 mètres) est revenu entre 5 ooo livres et 6000 livres, soit de )~ ooo à 150000 francs. A noter que, suivant l'habitude anglaise, c'est une Compagnie privée qui a commencé les études, tout en sauvegardant. la responsabilité du gouvernement partout et toujours, chez nos voisins, ces Compagnies sont des écrans derrière lesquels la Couronne engage l'action, quand le terrain politique et diplomatique est déblayé.

C. Keller. 'D:e ostafrikanischen Iiiseln. vol. in-8, avec nombreuses illustrations. Berlin, Schall et

Prof. D'

Grund, )~8.

CE joli

volume est le second d'une série géographique,

entreprise par MM. A. Kirchhoff et Fitzner, et intitulée

Bibliothek der /,M:~rAKM~. Le premier était consacré aux terres et aux mers antarctiques. L'auteur, M. le professeur Keller, de Zurich, a visité lui-même, il y a une douzaine d'années, les Seychelles, les Mascareignes et Madagascar, en vue de recherches d'histoire naturelle. Il a pu ajouter ainsi des impressions à la description très méthodique, très complète qu'il nous donne de ces diverses iles. Mais il n'a pas négligé non plus de consulter les nombreux travaux dont elles ont été l'objet, avant et après son voyage. Il rend hommage, très courtoisement, aux voyageurs français, et spécialement à M. Alfred Grandidier, dont l'ouvrage sur Madagascar est l'une des plus magnifiques monographies qui aient jamais été consacrées à un pays. Madagascar et les îles voisines, Sainte-Marie, NossiBé, les Comores, remplissent naturellement la plus grande partie du volume. Notons en passant que l'auteur exprime Si la France sait une opinion favorable sur la colonie gagner les Hovas, qui sont intelligents et actifs, elle n'a rien à craindre de l'avenir, » Puis viennent les Mascareignes,les Seychelles, les Aldabra. Enfin l'auteur a fait rentrer dans le domaine des iles Est-africainesquelques îles australes qui n'en font pas partie, à proprement parler Saint-Paul et Nouvelle-Amsterdam, les îles du Prince Edouard, les îles Crozet, les iles Kerguelen et les iles Heard. La bibliographie qui termine le volume est loin d'être complète. M. Keller, qui cite justement nos collaborateurs, les D" Catat et Hocquard pour Madagascar, et Mercié pour les Kerguelen, n'aurait pas dû négliger la livraison consacrée aux Seychelles par M. Ch. Alluard (Tour du iMoM~e, )894). 11 se borne à citer sur cet archipel un article du D'' A. Brauer.

L'ouvrage de M. Keller n'en est pas moins un excellent manuel, d'une lecture agréable, élégamment imprimé et richement illustré, en partie d'après des photographies inédites, en partie d'après des reproductions. Ainsi le Tour du SMb~<! et la T~fKe générale des Sciences ont été mis à contribution. Dans le chapitre sur Madagascar, on remarquera le portrait, très bien fait, du général Duchesne, et celui de M. Grandidier.


DEUTSCIIE 7tO~OJV~~ZEf7'[7NG

Le compromis franco-anglais

au Togo conclu le ).) juin entre la France et l'AnL 'ARRANGEMENT gleterre provoqué, dans une réunion tenue le a 29 juin, les réclamations de la Société coloniale allemande,

qui a décidé d'attirer l'attention du Chancelier de l'Empire sur les droits de l'Allemagne, lésés par ses rivales. Elle a critiqué cet accord article par article t° Le sultanat de Gandu et les Etats vassaux de Nupé et d'Illarin ne peuvent être partagés purement et simplement entre les contractants l'Allemagne y a acquis des droits depuis son expédition au Togo et le traité qu'elle a conclu avec le sultan de Gandu, devenu son protégé; 2° La ligne tirée à l'est du Niger, et qui sépare les deux sphères d'influence anglaise et française, passe à travers le lac Tchad comme si l'Allemagne n'était pas un Etat riverain et qui a eu le premier l'honneur de lancer un vapeur sur les eaux du lac; 3° Les droits commerciaux de l'Allemagne dans le sultanat de Sokoto sont méconnus par les deux Etats contractants 4° L'acte de navigation du Niger, qui ouvre aux Allemands la voie du fleuve et de ses affluents, demeure lettre morte, grâce aux efforts de la toute-puissante « Niger Company » 5* L'Allemagne doit acquérir une frontière naturelle à sa colonie du Togo. Elle a, pour y atteindre, dans la zone neutre et au nord de la zone neutre, des droits antérieurs à ceux de'1'Angleterre. La discussion de ces divers articles a provoqué des paroles violentes contre les empiètements de l'Angleterre, qui considère pauvre Michel allemand comme un voisin

le

qu'on peut détrousser impunément

~EJt/E REVUE

La Mythologie des Papous L

habitants de la Nouvelle-Guinée allemande croient à

ES l'existence d'un être suprême, qu'ils appellent Chose et

qui doit être de très grande taille. Mais cette croyance n'exerce aucune influence sur leur vie morale. En revanche, la magie et la.sorcellerieleur inspirent une frayeur superstitieuse ils croient à l'efficacité terrible des sorts. Un jeune homme traversant une forêt, laissa un peu de rouge dont il avait colorié sa chevelure sur certaines branches ou plantes parasites qui l'avaient frôlé au passage il retourna alors sur ses pas, et effaça avec un soin méticuleux les moindres traces de la couleur, dans la crainte que ses ennemis, en s'emparant de ce scnu (sort) et en le jetant au feu, ne le brûlassent lui-même à distance, au moyen de ce maléSce. Les Neo-Guinéenssont avides d'entendre des histoires merveilleuses. Ils font cercle, le soir. autour d'un grand feu, et écoutent sans oser respirer un conteur indigène. Ils ne croient pas à ces histoires merveilleuses, mais elles les charment ou les terrifient tout de même. En voici une, qui montre que cette littérature rudimentaire n'est pas dénuée d'une certaine portée morale I] y avait un homme qui aimait beaucoup se mettre à table chez les autres, et qui, après avoir bien bu et bien mangé, emportait encore des mets de la table hospitalière. Mais, au lieu de les partager avec sa femme et ses enfants, il courait les dévorer dans la forét, puis rentrait chez lui en disant qu'on n'avait rien voulu lui donner. Ses fils, qui savaient le contraire, se,mirent L'homme, en mangeant, avait repas. Ses fits jeter loin de lui ses deux yeua, pour les rappeler à la fin du repas. Ses fils s'en emparèrent et les cachèrent, et le pauvre homme, après avoir rappelé en vain ses prunelles, rentra en tâtonnant et en gémissant chez les siens, qui le laiss!tent aveugle toute une journée, pour le punir de son égoïsme.

yeux,

t~MH~JVD~WG~N DER

GES~~LSC~Fr

FUR ERD~f/JVOE Xf/ BE/iL/V. <8()8.

L'Est Africain Allemand ANS une récente réunion U berlinoise,

de la Société de géographie le docteur ~fA' Schoeller a parlé du voyage qu'il a fait au milieu des steppes de Massai vers le lac Victoria et l'Ouganda, du 29 juin )8c)6, jour de son départ de Dar-es-Salaam, jusqu'au Iq mars )8ç7, qui a marqué son retour à Mombasa. Mais l'intérêt de la communication du voyageur se rattache moins à la relation de son voyage luimême, dont il a été déjà beaucoup parlé, qu'aux détails inédits qu'il a donnés sur certaines des contrées encore inexplorées qu'il a traversées. Il a remonté le fleuve Pangani jusqu'au Kilimandjaro, dont il a relevé la topographie exacte. De cette colonie allemande, il s'est dirigé ver~ le lac Natron, à travers le steppe du Massai. De la rive orientale du lac, il a gagné au Nord le fleuve Guasso Nyiro, dont il a remonté le cours, pour arriver enfin au pays des Sotiko, auquel il consacre la majeure et la plus intéressante partie de sa communication. Les caravanes européennes ayant toujours laissé ce pays en dehors de leur itinéraire, il est encore à peu près inconnu. Il est vrai que les populations qui l'habitent sont des plus belliqueuses. Elles sont d'origine hamite et font partie de la race des Waknafi, qui sont maitres également du pays de Massai. Toute la contrée est extrêmement fertile, ou du moins pourrait le devenir rien n'égale la beauté des forêts vierges qui la couvrent. Des fougères géantes, des fourrés inextricables, mais luxuriants, montrent ce que ce sol pourrait produire s'il était cultivé. Après avoir traversé, dit M. Schoeller, le steppe qui s'étend du lac Natron au Sotiko. et qui nous a demandé plusieurs journées de marche, nous avons cru, en mettant le pied dans le Sotiko, pénétrer dans un parc, où les forêts alterneraient avec les riches pelouses.

Le Sotikocomprend aussi, au Nord, des districts montagneux mais ce sont plutôt de hautes collines onduleuses, aussi couvertes de végétation que les plaines auxquelles elles succèdent. Ces hauteurs encaissent parfois profondément le cours du Guasso Nyiro, de sorte qu'il est impossible de suivre toujours rigoureusement le cours du fleuve. Cette dernière partie du Sotiko est maintenant presque déserte M. Schoeller n'a pas rencontré un seul indigène sur tout le parcours du Guasso Nyiro supérieur. Mais il n'en a pas toujours été ainsi de nombreux vestiges et des ruines attestent l'existence de la tribu des Massai, un jour si puissante. Cette tribu s'était fixée de préférence autour du lac Naiwascha,mais en rayonnant jusque dans les districts reculés que traversait le voyageur. Il n'en reste plus que des débris. M. Schoeller rattache toutes les tribus avec lesquelles il est entré en contact pendant son voyage à trois souches principales les Hamites, les Bantores et les Nilotes. Une branche des Hamites se serait divisée en trois rameaux les Massai, les WaknaS et les Wandorobo. Poursuivant sa subdivision, il distingue trois tribus de Massai la première, qui maintenant se réduit à ooo âmes, campait, lors de son voyage sur le territoire allemand, non loin de Ngaruka. La seconde tribu est celle dont il a été question, et qui habite encore les rives du lac Naiwascha elle ne comprend plus que 8 à 10 ooo guerriers. Enfin, une troisième tribu de to ooo hommes habite Kikuyu. Au point de vue colonial, le voyageur ne croit pas ces contrées susceptibles, pour le moment, de recevoir des Européens d'un côté, les Massai sédentaires verraient d'un mauvais œil des nouveaux venus venir leur disputer leurs pâturages; de l'autre, les Massai nomades seraient difficiles à fixer, et constitueraient un danger continuel pour les colons. M. Schoeller a terminé sa conférence par la description technique du lac Natron et par quelques détails intéressants, mais moins inédits, sur l'Ouganda. Il n'a pas assez d'éloges pour l'influence bienfaisante et féconde que les Anglaisont euesur les populations de cette dernière contrée.


~i~

Les Chemins de fer de montagne

somznets ~oztr~ôztir dit ~arzorazrtaqu'ils ~résenteytt nzais les forces pbysz'qttes. les jarrets, l'ezztraîneznent manquent à la Plupart d'entrc nous. De là les clzesndns ~e fer dc zzzonta~ne, qui, indé~ezzdumment but, sont par

J~'tDEEd'un raitway «grimpante n'est pas d'hier. II y longtemps qu'on usait de ce système en Anglea terre, sur la route entre Leeds et le Midd!eton Coa)-pits En tSyo, M. Riggenbach construisit le fameux chemin de fer du Rigi. Bien d'autres l'ont imité. L'un des plus connus de

ces chemins de

fer de montagne est celui du mont Pilate, près de Lu-

cerne. Jusqu'en i886, les dames et le commun des mortels ne pouvaientgravir

la montagne qu'avec de grands efforts. En f 886 commencèrent les travaux de la

construction du chemin de fer, dont la station de départ est le hameau d'Alpnachstadt et le point terminus le sommet lui-même, à 2 <o;, mètres au-dessus de la mer. La longueur de la ligne est

de près de 4 kilomètres, et la pente maxima de 48 o/o. Les fondements de la ligne, à partir du lac, sont une muraille continue de solide ma-

remarquables.

vrables. La première station en montant est le ravin de Wolfert, où la locomotive refait provision d'eau. Le sa regard de ià plonge presque perpendiculairement sur la baie d'Alpnach, dont les eaux, troublées par les torrents descendus de la montagne, ne sont point bleues, mais jaunâtres ou verdâtres. Les bateaux à vapeur qu'on découvre dans le lointain ont l'air de coquilles de noix. En regardant en haut, on aperçoit la ligne des rails qui gravit une pente si raide et si élevée, qu'on éprouve un sentiment d'effroi; et cependant on monte tout doucement, sans danger, et l'on arrive au sommet avec l'étonnement d'avoir côtoyé impunément de si profonds abîmes. La vue, du sommet, s'étend sur le lac et la ville de Lucerne et sur le vaste plateau qui forme la Suisse

centrale. Le chemin de fer du

Pilate, y compris les bâtiments pour stations, le mames blocs de granit. Les ratériel roulant, la main-d'œuvins et lits de torrents sont franchis par des arches. Le vre, mais non compris les grands hôtels, a coûté aux rail du milieu (car il y en a LE CIIEMIN DE PER LONGEANT LE MONT LOWE, EN CALIFORNIE, entrepreneurs 19 millions trois) est un peu plus élevé D's~t-M/fWideWoridMagazine. de francs. que les deux autres. Les waLe chemin de fer à gons ont quatre compartiments, pouvant contenir crémaillère de Montreux-Glion, huit passagers chacun la locomotive au bord du lac Léman est derrière, s'élève à une hauteur de 310 mètres, avec une pente et pousse le wagon au lieu de le tirer. Le train maxtmade~o/o. montant ou descendant marche à une vitesse Un câble relie le train descendant de 60 mètres par minute. Grâce à l'énergie des au train montant. Le premier a son réservoir plein d'eau le second entrepreneurs, et malgré tous les obstacles, la ligne l'a absolument vide la différence de poids qui fut construite en' deux étés, soit en en 400 jours ourésulte fait descendre l'un et monter l'autre, celui-là çonnerie, couverte d'énor-

A

TRAVERS LE MONDE.

LIV.

?

44.

2~

octobre 1898.


rend hissant celui-ci au moyen de la poulie qui les de l'un, solidaires. Le trajet terminé, on vide le réservoir celui de qui est arrivé au bas de la pente, on remplit de l'autre, qui est tout en haut, et le même mouvement Le trajet bascule se renouvelle, mais en sens inverse. de maçonnerie dure 7 minutes. De solides assises supportent les rails. de Le Stanserhorn, belle montagne couverte Lucerne, forêts et de pâturages, au bord du lac de atteint une altitude de tooo mètres. La voie ferrée qui la gravit a La une pente de 6oo;'o. longueur totale, du village de Stans au sommet, est de 3 k. i/zenviron. C'est un railway électrique. La vue du sommet est grandiose, et s'étend du Sentis aux Alpes Bernoises, soit la sur la moitié de Suisse. La ligne est ouverte à la circulation

dut"'avril au'5 novembre. Une

a donné son nom particulière de M. John M. Cook qui C'est à l'agence de voyages universellement connue. câbles éprouun chemin de fer funiculaire, pourvu de la dernière perfecvés, de freins et d'autres engins de attaché un guide qui contion. A ce chemin de fer est terminus au cratère du duit les visiteurs de la station mètres. Il y a même Vésuve, qui en est éloigné de .40 chaise à porteurs pour les touguide et second une un exigeants. La station ristes particulièrementdélicats ou terminus est L.4o haute iic ae au-dessus i MO mètres de la mer. La longueur totale du railway est de 800 mètres la pente maxima est de 63 degrés. De la Piazza dei Martin" à Naples, des véhicules transportent

a

les voyageurs, à partir de 7 heures du matin en été, à la station de départ. Le trajet coûte Naples au 25 francs de sommet du Vésuve, y compris le service du

guide. principauté de Galles elle-même a son La

des cimesles

plus vantées

de la

Suisse, la Jungfrau, a

son chemin de fer en Le cours d'exécution. Cervin et le mont Rose n'ont pas encore leur voie ferrée. Leur heure viendra très certainement. Plusieurs étapes

ont, en effet, été déjà

franchies. Une première ligne, celle qui suit le Rhône, amène les voyamègeurs à Viège (657 tres). C'est là que commence la secondeétape. Le chemin de fer à système mixte (crémaillère et adhérence) unit, depuis 189!, Viège à Zer-

railway de montagne, qui gravit le Snowdon.

C'est encorelameilleure et la plus économique manière de gravir cette montagne, car on peut alors se passer de guides, de mulets, etc. Le sommet du Snowdon est à 1 o86 mètres audessus de la mer. La longueur de la ligne est de y Les

kilomètres 1/2.

frais de construc-

tion ontétédezioooo francs par kilomètre. Les locomotives peuvent mettre en mouvement deux wagons mCHE.<n!<DE[eRN)MOKT.n.AT[:. chacune, avec 112 vomatt(i62omét.).0n D'a/'f~kWMeWoftdMagMiae. yageurs, et font 8 kil. mètres monte de i ooo par heure. environ, en deux heures le monopole des chemins de n'a L'Europe pas terminé d'être et demie. Le troisième trajet qui vient Le chemin de fer électrique du montagne. de fer mètres). 038 (3 Gornergrat est celui de Zermatt au mont Lowe, en Californie, rivalise avec les précédents train demie. Chaque heure et l'accomplit On en une de sa construction et la beauté des hardiesse la maxima pour est peut emporter t <o personnes. La pente qu'il offre au voyageur, et qui s'étendent de points d'emvue début, le question, dans été de 20 o/o. II avait ligne a pour auteur le profesCette l'Océan. jusqu'à funiculaire pour ployer un système mixte de traction, qui a passé sa jeunesse dans les monLowe, On seur l'autre. crémaillère pour une partie du parcours, à de la Nouvelle-Angleterre, et dont les inventagnes motrice est force crémaillère. La à seule s'est résolu la créations scientifiques sont nombreuses. La tions et locomod'une l'électricité produite hydrauliquement, belle localité à 6 kil. 1/2 de d'AItadina, ligne part tive électrique à deux moteurs, de oo chevaux, servant s'élève hardiment sur le là, railway le De Pasadena. les d'intermédiaire entre la station génératrice et Rubio-Canon, sur un parcours de 3 kilomètres et demi. Findenlenbach, rivière la wagons automoteurs. C'est canon on atteint l'extrémité du grand câble Sur ce nécessaire~ l'eau fournit qui alimentée par un glacier, Pavillon de Rubio, à 660 mètres s'étend du qui incliné propriété la Le petit chemin de fer du Vésuve est

j


d'altitude, jusqu'au sommet du mont Echo (i ooo mètres). La pente est de 62 o/o. Les wagons sont attachés à un câble sans fin. Dans cet heureux pays, où le

beau temps dure presque toute l'année, les passagers n'ont pas besoin d'être enfermés dans des boites sous prétexte de se mettre à l'abri, et jouissent de la plateforme du wagon de la vue la plus magnifique. Le câble lui-même est en acier très fin, et rait supporter une traction de ioo tonnes; pouror, la charge des wagons ~h.,r".e

a, excède

n'en pas 5 Par suite, la sécurité est absolue. Sur la crête du

de soleil de toute beauté, sans parler de con-

certs, soirées, feux x d'artifice, etc.

station termi-

i 6oo mètres le

sommet

ne la domine que de

3'ométres.De)àhaut,

tasolidité.

t'hôtel apparait comme

joujou un berg.

de Nurem-

La longueur de

tarouteestdet~o

chemin de fer du Salève, près de Genève, fait dérouler de-

mètres. On monte au

Le

vant le touriste

railway

Pike's Peak, dans le Colorado, fut construit en 1800 par l'ingénieur Abt, de Lucerne. La voie est large de 4 métres et demi à 6 mètres et demi, et repose en général sur de solides blocs de rocher. Quatre viaducs en pierre et en fer enjambent des ravins et précipices. )~6 ancres de fer scellent au roc la plate-forme de la voie et en assurent

monde. On y jouit de levers et de couchers

d'altitude et

dans les deux direcLe fameux

mieux organisés du

nus est à

too

tions.

mont Echo est un des hôtels de montagne les

La

de la ligne et le matériel roulant, ce railway est !e plus remarquable de tous les chemins de fer de montagne. !i fut ouvert à la circulation en 1892. La machine est mise en mouvement par des machines fixes et des câbles en acier qui se dévident autour d'énormes tambours placés au sommet de la Quand un train monte, un autre descend, les pente. deux rencontrant à mi-chemin. Un train portant de se 75 voyageurs peut faire le trajet en 15 minutes,

milieu de belles forêts de pins, et l'on a'de

charmantes échappées sur les localités appelées Half Waz House, HeDGate.RuxtonPark.

un ho-

rizon de plus. en plus vaste, à mesure que les

wagons s'élèvent sur le flanc de la montagne. La température, du

Lin's Gu)ch,etc. Le sommet du Pike's Peak est haut de 065 métres. Les voyageurs qui

reste, diminue vite, de sorte qu'on avait chaud au départ, et qu'on a froid à l'arrivée au sommet.

montent dans les trains si conforta bles de Pike's

Peak ne se doutent pas des dangers qu'ont couDés)'année)8yy, le gouvernement franru les ingénieurs au milieu des éboulis, des çais autorisait surle Sachutes d'avalanches et lèvelaconstructiond'un LE CM:UN DE FEft~DU HOCHSTAnpt'EN des tempêtes de neige chemin de fer analogue D'a~r~ieWideWorid Magazine. où ilsont eu à subir un à celui de Rigi. Mais froid terrible. ce ne fut qu'en 1891 que le projet (rf~l~fc'~vn/'tt+i s'exécuta. La ligne se La petite île de Hong-Kong elle-même trouve tout entière sur territoire français. La a son chelongueur min de fer de montagne, sans parler de tous les autres en est de 9 ioo mètres. On jouit dans le trajet de la de vue transport imaginables, elle qui, il y a un moyens la plus ravissante sur le lac Léman, le canton de Genève quart ou un tiers de siècle, possédait comme seuls et la vallée de l'Arve. Chaque wagon peut contenir moyens de transport une demi-douzaine de chevaux et 40 passagers et pèse 8 tonnes. Les frais de construction de porteurs chinois! Le Grand Pic, de la ligne n'ont pas été considérables sur lequel monte ce les et délais de railway, est haut de $20 à 600 mètres. livraison ont été courts. Les travaux ont duré deux H faut mentionner ans et demi. encore le curieux chemin de fer de Dardjiling, à l'Himalaya. On arrive à la station de Dans l'Etat de New-York, la ligne dite Otis est Silliguri par le railway du Bengale septentriona) de en communication directe avec le chemin de fer de Silliguri à Dardjiling, on circule montagne dit Catskill, qui gravit à sur le railway dit altitude de Himalayan une Hill pendant 8 heures, sur un parcours de 650 mètres au-dessus de 1-Hud.on. Pour la longueur 95 kilomètres. La ligne est construite en rails d'acier

f~i:


très lourds, sur lesquels circule une locomotive pesant kilomètres par heure, soit 10 tonnes, qui fait n mètres dans le sens de la hauteur. A partir du

300 vingtième kilomètre, le paysage devient grandiose beautés c'est la jungle elle-même, avec les sublimes mètres de des hautes montagnes. Des précipices de 400 profondeur se creusent sous vos pieds. Dardjiling de même se trouve sur un plateau de 2 ooo mètres A l'hohauteur, au bord de la rivière Grande Ranjite. l'Everest, le rizon trônent les géants de l'Himalaya, Kintchindjanga, etc. Une autre ligne de montagne a pour tracteur Reichenhall, dans les Alpes un ballon C'est à Bar autrichiennes. La ligne gravit le sommet du Hochstauffen. Ce railway aérostatique a été créé par l'ingéscellé nieur Volderauer. 11 n'y a qu'un rail, fortement A la descente, le poids de soutient. le qui rocher au l'eau qui remplitle réservoirr du wagon suffit pour entraîner le ballon sur la pente. Le ballon a 22 mètres de diamètre et peut enlever un poids dettooo li-

vres. Or, le

poids total du wagon chargé

d'eau est de i~ooo livres,

et, sans eau, de 600 livres. Au bas de la pente se

trouve l'usi-

à gaz où l'on gonfle le balneà

L'Automobilisme

aux Colonies l'automobilisme, qui est si fort en progrès POURQUOI depuis quelque temps, ne serait-il pas en mesure de fournir à nos colonies les moyens de transport pratiques et rapides, sans lesquels elles ne pourraient jamais prendre leur essor définitif? Telle est la question que se sont posée que)ques coloniaux, et

parmi

eux

M. Félix Du-

bois, l'explora-

teurbienconnu qui a écrit sur

Tombouctou un ouvrage si

curieux. llya, il est vrai, un facteur important à considérer en la tière, c'est la

ma-

qualité plutôt

rudimentaire des routes, qui

peuvent sillonner nos colonies. Mais pour

trancher la question, le

mieux est de lon.Lesommet faire sur place H-cumiNDCtStBECtfDjn~G.O~SL'HmHYA, du Hochstaufune expérience Magazine. D'apt-M;eWideWor)d fen offre une décisive. C'est vue superbe, résolu M. F. Dubois, encouragé, d'ailleurs, quoi s'est à du création la avant pénible mais l'ascension en était très vivement par le ministère des colonies. l'exmontre ci-contre photogroaphie railway, dont la le Soudan H va donc partir prochainement pour traordinaireaspect. deux automobiles à vapeur qui ont figuré au derminières sont compagnies avec de de chemins Les er nier concours des « Poidslourds».Etdansquelque temps de ces des Un types précédents. des réductions des qui sera advenu de cette intéressante Compagnie des ce saurons la nous fourni minuscules est par railways parlons d'automobilisme, disons Puisque tentative. La Tasmanie. nous Lyell, en Terrains aurifères du mont plusieurs pays, en Angleterre et en Allemagne qu'en du part eUe milles dépasse ligne 30 longueur de cette automobiles pour le seradopté des notamment, a on voism. fond de la mine pour aboutir au port vice des postes. Malgré son inclinaison et le climat plutôt rude, En Angleterre, ce sont des voitures à pétrole ou détériorations de no ni d'accidents n'a jamais elle eu été affectées à ce service. En Allemaqui ont à dirigé minerai vapeur est le tables. C'est par cette voie que n'a pas subtituj des véhicules automobiles aux à l'exaffectés on fonderies gne et sur les hauts fourneaux véhicules actuels on s'est borné à adapter au vieux ploitation. avant-frein moteur actionné au pétrole. matériel un Les lecteurs de ce journal n'ont sans doute pas Nos voisins d'outre-Manche et d'outre-Rhin sont, donnés, dans Cordemoy de M. détails a oublié les que satisfaits de cette innovation qui va très d'ailleurs, incliné des fer chemin de Cbili, sur le son ~0)'~ tendre à se généraliser de plus en plus. 1898). exploitations de nitrate de Junin (N" '7


Les Anglais du Cap et de Natal, qui convoitaient

d'autant plus vivement la baie que, plus au Sud, tous les ports sont mauvais, prétendirent à sa coposses-

La Cession de la Baie de Delagoa à l'Angleterre

sion. Ils revendiquaient la partie méridionale, la presqu'île d'Inyack, les îles d'lnyack et de l'Eléphant. Ils fondaient leurs droits sur leur qualité d'héritiers des anciens navigateurs hollandais débarqués dans ces territoire de la parages en 1720, et sur la cession d'un côte faite en 1823 à un capitaine Owen. Ils bâtirent même sur la presqu'île d'Inyack une ville qui devait faire concurrence à Lourenço Marqués, et qu'ils appelèrent ambitieusement Bombay. Enfin les deux parties convinrent, en 1875, de soumettre leur litige à l'arbitrage du président de la République française, le maréchal de Mac-Mahon. La sentence arbitrale fut rendue, le 24 juillet 1875, en faveur du Portugal, reconnu maître de tous les territoires et iles baignés par la baie. Depuis, Lourenço Marqués est redevenu le seul centre commercial de la région. La ville s'élève, non pas sur le rivage même de la baie, mais sur la rive septentrionale d'un estuaire qui

être cédée par le Portugal à l'Angleterre telle est la nouvelle qui s'est répandue il y a quelques jours dans le monde. Elle n'a surpris personne on sait que l'Angleterre convoitait depuis longtemps cette baie, la meilleure de l'Afrique australe, et le Portugal, qui a déjà abandonné tant de possessions à l'Angleterre, était résigné à cette nouvelle perte. Ceux pour qui elle constitue un grave échec, ce sont les Boers du Transvaal, qui voient passer aux mains de leurs plus redoutables adversaires leur meilleure issue vers l'Océan. La baie de Delagoa est formée par une grande plage s'ouvre au Nord-Ouest, et sablonneuse qui longe, sur dans lequel débouchenttrois environ 300 kilomètres, à rivières. Actuellement ce partir de la frontière du port, n'ayant que 5 ou 6 kisud-occirivage le Natal, lomètres de profondeur, dental du continent. Plus n'est pas accessible aux très plage même au Sud, cette gros navires, mais il est sépare de la mer la baie de admirablementdisposé pour Sainte-Lucie. Mais le canal les bâtiments d'un tonnage qui y conduit est toujours moyen, et il n'a pas moins obstrué par une barre, et il de ~kilomètres de longueur sables les parfois arrive que de t'Est à l'Ouest. complètement. le ferment Le commerce de la Ste-Lucien'a-t-elle jaAussi baie s'était beaucoup accru, LA"AtECR"AG' mais eu d'importance comde t8y[ a ces dernières Au véritable. merciale conannées. La construction du Delagoa, de baie la traire, chemin de fer, achevé en [894. qui joint Lourenço qui ouverte au Nord par un véritable bras de mer Marquès à Prétoria, lui a donné naturellement une chenal bien abrité, borne la plage littorale, offre un impulsion considérable. Mais l'étévation des droits de de plus profond kilomètres, de vingtaine d'une large douane décrétée par le Portugal a amené un recul temles plus grands de 16 mètres, où peuvent mouiller poraire. C'est navires. Ses fonds sont d'une excellente tenue. En dépit de l'arbitrage de 1878, les Anglaisn'ont ainsi un des plus beaux ports africains, et toute une point cessé de désirer la baie de Delagoa. Par le traité flotte y tiendrait à l'aise. du n juin 1891, ils ava~nt déjà coupé en deux les La baie de Delagoa, ou plutôt de Lagoa, est a-<i parsèdomaines portugais de l'Afrique du Sud. Ils se sont nommée, soit des lagunes et des marécages qui Sud, soit aujourd'hui entendus, dit-on, avec l'Allemagne pour ment les terres sablonneuses situées plus au arracher au petit royaume le reste de ses territoires de ce qu'elle a la forme d'un lac, mais non pas, comme orientaux, et ils se réservent la meilleure part de cet qu'elle fut le premier point de de prétendu, l'a ce on voguaient héritage. Non seulement, en.prenant la baie de Delagoa, relâche africain pourles navires portugais qui ils arrondissent leurs possessions de l'Afrique australe, la nomment aussi baie de LouPortugais Les Goa. vers marin portugais qui y mais ils bloquent encore le Transvaal, et l'ont à leur du Marqués, du nom renço origine de la ville merci. fonda, en .544, un établissement, actuelle. du La baie a 35 kilomètres environ de longueur, ERRATA. Dans la livraison sur le Chemin de ferdu de l'Ouest à son Nord au Sud, et 25 de largeur, de l'Est Congo, publié dans le numéro du 15 octobre, les deux presqu'i:e La Marqués. entrée à l'estuaire de Lourenço représentant le Stanley Pool vu de Léopoldgravures l'Océan, se pro~ sablonneuse d-myack, qui la sépare de ville (page 499) et la station de Kengé (page 500) ont elle est dont longe au Nord par l'île du même nom. l'îlot de l'Eléfaites d'après des dessins originaux d'un artiste été séparée par un anal sans profondeur, et distingué, M. Pierre Verhaegen.

T A baie de Delagoa va

phant.


«

Une

révolution de palais à Pékin

D ANS les

derniers jours de septembre, de graves nou-

velles de Pékin parvenaient en Europe le jeune empereur Kouang-Su, ce pendant chinois de Louis le Débonnaire et de Richard H d'Angleterre, avait été détroné et envoyé « au pays dont on ne revient pas ». Sa tante, la dure et vieille impératrice Tsou-Hi, avait repris les rênes du pouvoir, des personnages plusieurs

foisdégradés comme Li-Hung-Tchang étaient redevenus puissants, d'autres comme Tchang-Yu-Huen, envoyé spécial auprès de la reine Victoria, étaient partis en disgrâce et en exil enfin un fonctionnaire d'un ordre plus élevé, mais qui avait pris tout à coup une situation prépondérante, Kang-You-Meï, s'était échappé à bord d'un navire anglais qui l'avait recueilli avec égards et qui l'avait conduit de Tien-Sin versle sud de la Chine, etc. Au premier moment, les nouvelles avaient été un peu exagérées. L'impératrice Tsou-Hi a fait coulermoins de sang que ne le prétendaient les premiers récits. Il est certain que le pauvre petit empereur n'a pas été expédié par lesvoies rapides auprès de ses glorieux ancêtres, puisqu'il a étévu par le médecin de la légation française. Tsou-Hi, bien que peu accessible aux émotions vulgaires de la sensibilité, a daigné se souvenir que le mélancolique jouvenceau aux traits fins et tirés, au visage maigre et pâle, aux mains blanches et fluettes perdues dans les vastes manches de sa robe de soie, est après tout son neveu, le fils de sa propre sœur. Mais il n'est pas moins vrai qu'une révolution de palais a eu lieu à Pékin. Disons tout de suite que, grâce à ces changements, c'est l'influence de la Russie qui est de nouveau prépondérante dans la capitale de l'empire chinois. Quant aux causes générales de cette crise, il n'est pas sans intérêt de les signaler. Depuis le commencement de cette année, it y avait, sous la pression d'ailleurs des événements extérieurs, un effort violent de réformes une série de décrets impériaux avaient institué des examens ~MM~ et des sessions extraordinaires pour permettre à des candidats « instruits dans les sciences occidentales de s'y présenter; on avait réformé le système des ~MK~M militaires, où le tir à l'arc et les MM/M~M~~ poids constituaient les épreuves décisives, ordonné enfin la création d'écoles supérieures et élémentaires sur le modèle de celles d'Occident. Ces mesures n'ayant pas été accueillies avec tout l'empressement désirable, un décret impérial du t juin dernier, dont nous avons une traduction partielle, insistait sur la nécessité urgente de leur application. J'en extrais les phrases suivantes, qui en disent long sur l' « esprit nouveau qui soufHe en Chine, et qui durent paraître l'abomination de la désolation à tout un parti chinois Les méthodes de gouvernement inaugurées par la dynastie des Song et celle des Ming ne nous révèlent, a~'&MHMM, rien qui soit de la moindre K~Mc~a-

«.

tique ou quipuisse nous être

a~M/KA- ? »

.Rejetons loin de nous les choses vides, sans

portée pratique et pleines de déceptions qui s'opposent à notre marche en avant. Eliminons la croûte de négligence qui s'est accumulée sur nos systèmes, et débarrassons-nous des chaînes qui nous gènent. » Et le décret se termine par la suggestion de la création d'une ~Mt~H/e à `Pékin. Pour se rendre compte de l'émotion que de pareilles proclamations ont dû causer sur tout le monde chinois, il faut se rappeler que le recrutement de tous les hauts fonctionnaires se fait au moyen de concours écrits, exclusivement littéraires, portant d'une façon invariable sur des sujets tirés des quatre livres classiques ou des cinq livres canoniques, vénérables monuments de l'esprit chinois dont pas une ligne ne peut être de quelque utilité réelle et pratique pour de futurs hommes du gouvernement. Quand les « conservateurs» virent l'empereur se lancer dans de semblables innovations attentatoires aux traditions de l'Empire du Milieu, ils s'indignèrent, et l'Impératrice se fit l'écho de leurs alarmes. Ce n'était pas tout encore Kouang-Su avait formé le dessein antipatriotiquedetoucher aux costumes et d'ordonner le port des vêtements européens. Luimême avait, dit-on, commencé par se déguiser en Occidental. Il n'en fallait pas plus pour que l'austère TsouHi sortit de sa retraite et vînt signifier à son neveu de ne plus se mêler des affaires de l'Etat. Le mentor ou le complice de l'Empereur, dans tout cette affaire, était un personnage jusqu'ici inconnu, du nom de Kang-You-Meï. Son nom figure pour la première fois dans nn décret impérial du i~ juin lui accordant une audience pour le <6 du même mois. Il avait été recommandé à l'attention impériale par un membre de l'Académie /7aM-/t'M sous la dénomination flatteuse de Kang, le « Sage et le Réformateur moderne et était à ce moment-là 3° secrétaire au Bureau des Travaux publics. En même temps que lui devaient se présenter un ancien consul de Chine à Singapour, et, signe des temps! un journaliste, Liang-Tche-Tsao, ancien éditeur du Progrès chinois. Une fois accueilli par l'Empereur, Kang-You-Meï a-t-il été trop vite en besogne ? a-t-il été grisé par sa fortune nouvelle? et n'a-t-il pas eu la prétention de mener avec assez de circonspection la réforme qu'il avait à cœur? Cela se peut et paraît vraisemblable.

tout cas, il a compris très vite que sa tentative était manquée, et il s'est empressé de s'évader pour éviter le sort fatal qui l'attendait. Il a trouvé asile sur En

un bâtiment anglais. A la suite de cette crise politique, la population de Pékin a manifesté quelque animosité vis-à-vis des

étrangers. Il s'est produit quelques échauffourées. La plèbe chinoise a jeté de la boue et des cailloux à des

Européens, à des secrétaires de légation et même à leurs femmes. On a envoyé quelques navires de guerre stationnés à Tien-Tsin, quelques détachements de soldats et de marins pour garder les légations et les protéger contre les méfaits de la foule. Jusqu'ici l'excitation n'a pas été très grande, et les représentants de la France n'ont pas été spécialement visés. Néanmoins nous n'avons pas le droit de nous


désintéresser des questions chinoises il y a là-bas quatre à cinq cents missionnaires catholiques et soeurs de charité, dont les trois quarts au moins sont Français à il y a des maisons françaises à Changhaï ou Canton enfin l'Indo-Chine nous oblige, coûte que coûte, à jouer le rôle de puissance extrême-orientale.

Jules Boissière, Résident de France au Tonkin tN de ceux qui ont rendu le plus de services à notre pays au Tonkin, M. Jules Boissière, résident et attaché à la personne de M. Doumer, gouverneur général, est mort récemment dans cette colonie. Entraîné par un goût très vit vers les voyages lointains, Jules Boissière sollicita, l'un des premiers, d'aller au Tonkin, lorsque cette terre fut devenue possession française. !1 parcourut le pays en tous T

La capture de Samory T\Jos/<bn!M<tMM~ MOMM/k! ont mentionné déjà la depuis capture du redoutable chef soudanais qui, progrès dix-huit ans, luttait contre nous et enrayait le Combien de notre expansion dans la boucle du Niger. d'héroïsme fut dépensé, combien aussi de sang fut versé pour venir à bout de cet insaisissable adversaire, nombreux articles que nos lecteurs le savent par les question du Soudan. nous avons consacrés à la Le succès final de nos expéditions contre Samory de tactique. Au lieu d'entrea été dû à un changement embarrassée prendre, comme jadis, une grande colonne direction unique, par un convoi formidable, suivant une facià laquelle un chef de tribus à demi sauvages peut l'enlement échapper, on s'est résolu à lancer contre nemi plusieurs petites colonnes destinées à tromper le tyran noir sur le but de nos opérations. officiers Le plan a merveilleusement réussi. Les donc dont le télégraphe nous porte les noms faisaient partie de ces colonnes volantes. Le capitaine Gouraud n'est pas de l'infanterie de marine il appartient aux chasseurs à pied et a été promu à ce grade depuis deux mois à peine. 11 était placé hors cadres. C'est un jeune, cet heureux et brillant soldat il trente et est né le 17 novembre 1867 et n'a pas encore 1890.11 Saint-Cyr le i" octobre un an. Il est sorti de elle vient lui manquait la croix de la Légion d'honneur de lui être accordée, elle lui était bien due. marine. Le lieutenant Jacquin est de l'artillerie de Son Il est originaire de Vassy. Il a vingt-sept ans. mise au action d'éclat lui vaudra certainement sa tableau d'avancement et uneprompte nomination au grade de capitaine. La capture de Samory, nous l'avons dit souvent, était le seul moyen vraiment efficace d'en finir avec lui. L'écrasement de sa puissance ne pouvait être consommé qu'avec sa captivité ou sa mort, puisque toutes les tentatives de paix faites avec lui n'avaient abouti pour moins cruelles. nous qu'à des déceptions plus ou Et maintenant il ira, comme l'émir Abd-el-Kader, comme Béhanzin, comme Ranavalo et Rainilaiarivony, France a loyalecomme tous les adversaires que la quelque ment et royalement traités, finir ses jours sur terre d'exil. La France,' maintenant dégagée des préoccupaà tions d'ordre militaire, va pouvoir désormais songer l'utilisation de ses vastes possessions du Soudan. La le chute de celui que l'on a appelé, à tort du reste, le commencement d'une noir Napoléon marquera (, ère nouvelle.

en fonctionnaire. sens, l'étudiant à la fois en voyageur et Et comme il était doué d'autant de volonté que d'intelligence, il fut vite remarqué. En 1889, il créait et dirigeait le poste de Cho-Moi en ;8ao, il gérait le poste de Lac-Nam. Appelé à servir au gouvernement géné-

ral, il fut bientôt nommé résident. Dans tous ces divers postes, Jules Boissière a rendu de grands services. Il connaissait l'annamite et le chinois et il dirigeait même un journal imprimé en caractères chinois. D'un esprit subtil autant que profond, on pouvait fonder en lui de grandes espérances. En t8ot, Jules Boissière était venu à Avignon, si pour v épouser M"" Thérèse RoumaniHe, fille du populaire félibre Joseph Roumanille et elle-même reine du Félibrige. En 1896. Jules Boissière, retiré en France en congé, en profita pour publier un volume de nouvelles tonkinoises sous le titre de FM)Wt<~ J'o~iMM. Cet ouvrage, qui faisait bien connaitre les mœurs et les coutumes du Tonkin décrites par un voyageur, eut beaucoup de succès. Mais le Tonkin qui attirait Jules Boissière devait lui être funeste. Atteint des fièvres qu'engendre son climat, il est mort tout jeune, à 33 ans. Quelqu'un l'a dit avec raison « Jules Boissière était de ces jeunes qui préfèrent les périls dans les pays lointains aux douces sinécures du continent ». Le pays a perdu en lui un administrateur colonial distingué qui aurait fourni une brillante carrière. LAG.

numéro S\-M Co/oM~. Extrait de la S\-o!<~«e ~fM< B. du 1°''août [898.

écrivain des plus compétents assurément titre, un ~ous ce S et du sujet publié une étude fort inté-

a plus au fait de notre organisation critique très C'est la sagace ressante. coloniale. Elle ne manquera pas de fixer l'attention de tous d'outre-mer. ceux qui s'intéressent à nos possessions des


Piqûres et morsures d'insectes ous voyageurs en générât, et les voyageurs collectionneurs en partiles

lésion locale apparente, un état fébrile Je signalerai enfin fait plus accentué. Quelques jours après, à l'en- rare encore. I) y a un moisunà peine, un culier, ne sauraient prendre trop de pré- droit piqué ou mordu, on voit un ulcère de mes amis, M. Paul Devaux, directeur cautions pour éviter les piqûres et les noirâtre, à fond recouvert d'une sorte de du yoKrKo< des C/Mw~, été piqué à la a morsures des insectes et des arachnides, toile grisâtre. Cette plaie ulcéreuse, à joue droite par un insecte ailé indéterpiqûres et morsures qui peuvent donner bords rouges et mous, s'agrandit de plus miné(diptéreouhyménoptere).Ilenest lieu à de très sérieux accidents. en plus par gangrène envahissante, au résulté une fluxion énorme qu'il a fallu Sans doute, il ne faut pas tomber point de produire, au bout de dix jours, inciser et qui était due à la présence dans l'exagération contraire, et pousser un ulcère de la largeur de la paume de d'un œuf, comme les galles que la ponte à l'excès la crainte des piqûres au point la main. Les muscles du mollet sont mis des cynips provoque chez certains végéde paralyser complètementl'intérêt d'une à nu et rongés en partie par l'escarrifica- taux. exploration, mais il est bon d'être averti, tion. L'état général simule une fièvre On voit quêtes blessures prode façon à prendre les précautions né- typbotde. La réparation de l'ulcère de- duites par les insectes sont loin d'être cessaires. manda plusieurs mois il y eut une forte négligeables, non pas évidemment par Le docteur Schweinfurth, que l'on claudication pendant presque une année le traumatisme produit, mais par le dépeut certes citer comme un modèle du la jambe est maintenant occupée par une pôt d'un liquide irritant, virulent, un voyageur instruit, signale dans sa remar- large cicatrice blanche. véritable venin. Celui-ci a deux actions, quable relation .4;; co'M/' de On a certainement exagéré les l'une locale, l'autre générale. dans le 7'o!odu a.fo;~e propriétés nocives de quelques araignées, )8?~, la parue en 1° Action locale le venin, déposé rapidité avec laquelle les moindres bles- telles que les Mygales, les Théridiens et dans la peau, irrite celle-ci, la congessures s'enveniment sous les climats la Lycose tarentule. On ne peut s'empê- tionne, l'ennamme, et l'inflammation peut chauds. Une simple piqûre de moustique cher toutefois de rappeler qu'en septemaller jusqu'à la désorganisation plus ou au pied le mit lui-méme dans l'impossi- bre t8ç2, les journaux ont publié un moins complète des tissus, la mortificabilité de bouger pendant plusieurs jours. fait divers relatant la mort d'un jeune tion, la production d'une escarre; Même dans les pays tempérés, ces soldat mordu à la lèvre, pendant son 2'Action générale: le retentissepiqûres sont parfois dangereuses. Je cite- sommeil, par une araignée. rai, en premier lieu, pour le démontrer, Dans le Zoologist du i5 juin der- ment sur l'ensemble de l'économie peut déjà avoir pour cause la lésion locale six cas authentiques observés en Bel- nier, M. W.-L. Distant, faisant le récit d'une excursion zoologique au Transvaal, (réaction inflammatoire), abstraction faite gique par le D' H. Masy. de tout passage de venin dans la circuI. Florent est piqué, sous signale la morsure d'une araignée pactira gigas) comme mortelle pour la lationles mais c'est l'absorption du poisou la langue, par une guêpe. Le a btessé vaisseaux qui amène l'ensemble fut, pendant plusieurs heures, en danger grenouille et d'autres animaux. Même par phénoménal grave qui a été observé. Le morte, cette araignée peut provoquer poison de suffoquer. agit directement sur les centres II. Camille est piqué par des accidents, ses poils contenant une nerveux, comme je l'ai signalé pour les une guêpe à la main celle-ci s'enflamme, substance irritante et toxique. simples piqûres de moustiques. Ceci rappelle l'observation faite et, deux jours après, la piqûre est le Une piqûre ou morsure d'insecte point central d'une tuméfaction arrondie. dans l'Amérique du Sud, par Bates, sur détermine donc un état morbide, caracL'état général est atteint fièvre, cépha- la CVr~/e f!f)CM/f!rii!, et qu'il rapporte térisé par un ensemble symptomatique lalgie, anorexie. Tout ne rentre dans de la façon suivante: toujours identique à lui-même, quoique l'ordre qu'au bout de 10 à 15 jours. 'Les poils dont elles sont cou- produit par des Virus d'insectes divers; lit. Elie est mordu par un vertes se détachent quand on les touche mais cette unité morbide est d'une graperce-oreille à la face antérieure de la et produisent une irritation particulière vité très différente, pouvant aller depuis jambe. Le membre se gonfle énormément. et presque affolante. Le premier exemla simple enflure d'une morsure de couI.'état général est grave durant plusieurs plaire que je tuai et préparai avait été sin jusqu'à la pustule maligne, dont le manié sans précaution, et je souffris jours. D'II. Masy a rencontré un cas, il y a IV. Marie van est piquée pendant trois jours consécutifs. vingt ans, terminé rapidement par la On voit combien les collection- mort. par un insecte à la lèvre inférieure. Céphalalgie, état général inquiétant. neurs doivent procéder avec prudence TRAITEMENT vis-à-vis des araignées et aussi des V. Etise est mordue, par revêtues de poil. Dans les cas légers, il suffit de un petit scarabée noir, au dos, à quatre chenilles Des insectes pendant longtemps laver ou de badigeonner la blessure avec travers de doigts à droite du rachis. Immédiatement se produit une tuméfac- non suspects peuvent piquer fortement. de l'ammoniaque diluée, ou de l'eau de tion de deux centimètres de eirconfé~ Tels les Leptides, dont la nocivité n'était Cologne, ou de l'alcool camphré. Mieux rence, recouverte de vésicules blanches pas connue, du moins en Europe. Ce vaut toutefois se munir d'avance de Les glandes de l'aisselle et de l'aine du sont des diptères qui se tiennent, pen- l'une des deux préparations suivantes côté droit s'engorgent et sont très sen- dant les chaleurs de l'été, dans les lieux togr. frais et ombragés, principalement dans sibles. Etat général grave, détire. Acide < Un mieux se produit dans cet état les bois de conifères. M. le D' F. Heim 'o5o a expérimenté par lui-même que leur au bout de trois jours, mais le centre piqûre, 2" Ammoniaque liquide.. 3o gr. presque toujours produite au de la piqûre est occupé par une escarre ;o– d'un centimètre de diamètre, entourée dos de la main ou à l'avant-bras, est très Acidesalicylique. d'une cinquantaine de vésicules qui bien- douloureuse et détermine sur le bras un Dans les cas graves cataplasmes gonflement qui persiste durant plusieurs tôt s'aplatissent et se flétrissent. jours. La piqûre de la Leptis strigosa antiseptiques. Au bout de quatre ans, Elise D. (femelle) produit des effets beaucoup plus Pour les escarres favoriser leur déclare qu'elle n'a point encore recouvré graves que celles de la Leptis scolopacea élimination, puis réparer l'ulcération. son état normal d'avant la morsure. (mâle). Sans doute, beaucoup de piqûres Contre l'état général, emVI. Ursule B. est mordue ou causées par des insectes qu'on n'a pu ploi des antifébriles.grave Contre l'adynamie, piquée à la jambe par un insecte, ou prendre en flagrant délit ont été attri- les toniques. plutôt, croit-elle, par une araignée. Im- buées à des cousins, alors qu'elles étaient PAUL COMBES. médiatement se développe, avant toute le fait des Leptis. T

/He,

(l'f-

Z.

D.

L.

B.

D.

)°ChIoroforme. formique.

Menthol.

Collodion.

)–


Une Visite à~Pompéi ~~MMM.M cité de Pc<«~ est loin de nous avoir livré tous ses MCM~. Une bonne J~f/M la ville est encoreà dégager des cendres qui l'ont ensevelie, et les fouilles qui se poursuivent nous a~O~/C/ e&a~MC aM;;M nouveaux trésors. 0/: lira avec intérêt cette étude sur les récentes découvertes et sur le musée établi a PoM~t ~M~M.

esprit à dix-huit siècles en arrière et la plus étonnante entrons dans la Ville morte, curiosité archéologique du monde entier. Sous la voûte sombre de la Porta Ma/~M, la seule entrée 1 laquelle 111 par 11 on pénètre dans Pompéi, nous trouvons à 'droite une porte semi-obscure. C'est l'entrée du Musée. L'administration des fouilles a compris qu'il y avait exagération à transporter au Mu1D EpORTONS notre

Naturaliste. Chacun sait que Pline, ayant voulu observer de trop près les péripéties de l'éruption du Vésuve qui, en l'an yc), a enseveli Pompéi sous une pluie de cendres, mourut asphyxié par les gaz délétères du volcan. «

H

se trou-

vait à Miséne.. dit PHne)e)eune,oùi[ il

commandait laa flotte, le 2~ du mois

de.(Mc'~x;&e,suivant un texte. M/)tembre suivant un

autre).

Dans le monde archéologique, on aime les points sur les i. Or, quel était le texte vrai? Comme toujours, il se forma deux camps: celui des ~/)/~&H/M et

sée National de

Naples toutes les trouvailles de Pompéi. Elle a organisé sur place une collection des éléments nécessaires à la re-

celui des MOf<')H6yMles arguments

constitutipn de l'existence des

se mirent à

pleu-

voir, chaque c)an Pompéiens, colLA CASA NUOVA OU MAISON DES-VETTI EECONSTITUÉE, prétendant proulection qui est en D'après «Hc ~/)o<o~t'a~/ue de ~Ac/). ~)/a;;rt, de Naples. ver, l'un que l'évéquelque sorte le .nement avait eu 1. complément des monuments abandonnés. !) y a quellieu en septembre, l'autre qu'il était survenu en novembre, lorsqu'un témoin du désastre vint jeter la ques années, ce n'était encore qu'un embryon de musée; actuellement il menace de déborder ses murs; lumière sur le différend. il lui faudra bientôt une annexe. Le témoin, c'est l'arbuste dont j'ai parlé plus Nous n'examinerons point par le menu tout ce haut; ses branchages portaient encore des fruits mûrs, qu'il contient ma)s nous en verrons les éléments prinfruits dont la maturité n'a lieu qu'en octobre ou cipaux. Voici d'abord le moulage en plâtre du fameux novembre. Du coup, les septembristes étaient battus, arbuste le laurus nobilis, qui a rétabli la paix entre deux bien qu'ils eussent prétendu que l'argument des fruits mûrs était sans valeur. En tout cas la discussion prit fin. ;;amps d'archéologues. Le seul document écrit parvenu jusqu'à nous, La pièce qui contient ce végétal historique pourcontenant l'historique de l'ensevelissement de Pompéi, rait s'appeler la salle de la serrurerie. Là, dans un angle, est une lettre de Pline le Jeune à Cornelius Tacite, se trouvre un côffre-fort en bronze à côté, des grilles lettre dans laquelle le jeune homme raconte les périen fer et en bronze forgés, des serrures à gardes péties de la mort de son oncle, Pline l'Ancien ou le savantes et compliquées, des clefs inimaginables A

TRAVERS LE MONDE.

45'

LIY.

?

45.

5

novembre 1898,


dont s'honoreraient encore nos meilleurs artisans. Vraiment, il y a 2 ooo ans, on était d'une jolie force dans l'art de travailler les métaux. Dans l'enfilade des pièces qui suivent, nous observerons une série de coffres rectangulaires aux parois de cristal, sortes de cercueils transparents où l'on a renfermé les cadavres de quelques victimes de

l'éruption.

Quand je dis cadavres, je fais erreur ce sont les moulages du corps de ces victimes. H ne sera pas inutile d'expliquer par quel ingénieux artifice feu M. Fiorelli, l'ex-directeur des fouilles, est parvenu à obtenir ces empreintes. Les premiers travaux

d'excavation effectués à Pompéi avaient eu lieu sans ordre ni méthode. Ainsi, au cours du dix-huitième siècle, les premières recherches se limitèrent aux objets d'art et aux souvenirs Historiques, tels que les peintures. les bronzes, les marhres et les inscriptions. Le

dents, des chaussures, des lambeaux de vêtements, etc., se sont incrustés dans le plâtre et se retrouvent exactement au point où ils existaient primitivement. Ici, c'est le corps d'un homme dont on reconnaît le type africain il est couché sur le dos, les jambes écartées; il a encore ses sandales aux pieds; au doigt, un anneau de métal. Là, c'est une jeune fille tombée la face contre terre, la tête appuyée sur le bras. L'instinct de la conservation lui a fait ramener ses vêtements vers la tête, en guise de tampon destiné à protéger son corps contre les cendres et les projectiles en feu. Toutes les attitudes de ces malheureuses victimes témoignent d'un état plus ou moins vif de terreur et d'affolement. Le corps le plus typique de toute cette série est celui du chien, déjà bien connu, qui, couché sur le dos, se tord dans l'attitude de la ptus atroce épouvante. Son cou est entouré d'un collier de cuir garni de deux

anneaux de bronze.

triage effectué, les

jetons

maintenant

un coup d'oeil sur les

débris étaient jetés à la

ustensiles d'usage pratique au commencement de l'ère chrétienne. A vrai dire, i) n'y a rien qui nous étonne. 11'est même surprenant de retrouver, après dix-

mer.

Ultérieurement,

on entassa des décombres sur les lieux déjà fouittés, en sorte qu'une t'I.AN TOPOQRAPHX~'EDE PJMPÉL partie de Pompéi fut de /jo/c~rj/Nf de 7t/. /lc/f. j'1/r~, ~c 7\M. nouveau ensevelie par la main de t'homme. après huitt siècles d'interavoir été engloutie sous la cendre vésuvienne. L'opuvalle, 11 des ustensiles .1 si peu différents des nôtres que lente maison de Julia Felix, mise au jour en t~$, se sur chacun d'eux on peut, sans hésitation, mettre un trouva dans cette situation. nom et en indiquer l'emploi. Fort heureusement, les travaux furent abanDans les lots de terres-cuites, voici des amphores donnés, et lorsqu'en notre siècle des archéologues plus à la forte panse, en équilibre sur leur base; d'autres, avisés furent chargés de reprendre les fouilles, ils y plus allongées, se terminant en pointe, pour être placées procédèrent avec autant d'ordre et de méthode que de dans une cavité verticale celles-ci sont flanquées de circonspection. deux anses destinées à les faire manœuvrer. Ces deux modèles, surtout le dernier, ont été abandonnés comme Néanmoins, il fallut faire école, et c'est à une n'étant pas sans doute d'un usage pratique. époque relativement peu éloignée que M. Fiorelli trouva le moyen de reconstituer l'empreinte des corps, Mais à côté d'eux nous remarquons des plats, des bois carbonisés etautres matières animales et végédes assiettes, des écuelles et autres ustensiles de ménage feu détruits l'action tales qui, du par ou du temps, si semblables à ceux de nos jours que nous pourrions avaient laissé un vide dans la matière qui les avait les prendre pour modernes, s'ils ne portaient l'estamenveloppés. pilledes fabricants de l'époque et s'ils n'étaient marqués Depuis lors, quand sous la trouée de la pioche ou d'un cachet d'élégance qui rappelle qu'en ce temps l'art s'infiltrait partout. par la sonorité du marteau une cavité se révèle, le travail ne se poursuit qu'avec les plus grands ménaDans le lot des bronzes, nous retrouvons des gements, les matériaux s'enlèvent minutieusement marmites, des casseroles, des bassines, des passoires, lorsqu'une ouverture paraît suffisante, on y coule un des poêles à frire, des mou'es à pâtisserie, des étuves, gâchis de plâtre. Dès que la matière s'est solidifiée, on des trépieds destinés à maintenir tous ces objets aubrise l'enveloppe, et l'on en retire un moulage reprodessus du feu. Ces ustensiles ne sont dissemblables des duisant absolument l'empreinte de la cavité. nôtres que par leur élégance et les motifs de décoraC'est ainsi qu'ont pu être reconstitués les corps tion qui les recouvrent. des quinze cadavres et le tronc du fameux arbuste que Cette vitrine renferme les instruments de prémusée Pompéi. de nous voycns au cision du temps règles, équerres, compas (simples et composés), balances romaines, balances à deux plaCe qu'il y a de plus curieux, c'est que les accessoires de ces corps, tels que les bijoux, les ongles, les teaux, mesures et poids variés. Tout cela, en bronze, 1


estexécutéavecinfiniment d'art les poids, entre autres, ne sont pas, comme ceux de notre temps, des blocs ou des cylindres, mais de véritables sculptures, telles que bustes et motifs variés, en un mot ce que nous appelons des bronzes. Le verre, considéré si longtemps en France comme un objet de luxe, était à Pompéi d'un emploi

usuel. Nous trouvons dans cette collection les échantillons les plus perfectionnés et les plus variés en cette matière: flacons transparents ou aux tons d'opale, coloriés, irisés et décorés, qui feraient honneur à nos fabricants d'aujourd'hui. Du reste, bien avant notre ère. l'art de la verrerie avait atteint un degré de perfection qui n'a point été sensiblement dépassé de notre temps. Les

ment et que faisaient mouvoir des esclaves ou des ânes, comme dans un manège, ces moulins pourraient être comparés, dimensions à part, aux moulins à café de nos jours. Ecorce et farine n'étaient point séparées. Le tout, mis en pâte et divisé en pains, était cuit dans des fours exactement semblables à ceux de notre époque. Cela produisait ce que certains boulangers de Naples vendent encore sous le nom de pane M/o ~M/;o (pain

tout grain).

côté des pains, voici des fruits desséchés, des rayons de miel dont les formes sont demeurées intactes, des graines et des comestibles divers. Disons en passant qu'au musée de Naples on conserve précieusement des A

casseroles

avec des aliments qui « mijotaient sur le feu à l'heure du

sinistre

met,

événe-

et des flacons

personnes qui voudront s'en

d'huile encore

convaincre n'auront qu'à parcou-

Jetons enfin,

liquide.

avant de sortir, un coup d'oeil général sur les dernières vitrines; nous y remarquerons des bronzes d'art, des marbres

rir les salles du Musée de Naples.

Elles y verront,

entre autres merveilles, une amphore en verre

ciselés, des sculp-

bleu, décorée par

tures variées, des couleurs, des accessoires destinés

empâtements de sujets en matière opaque blanche,

à la peinture, des

quitémoignentdu degré que l'art de

lambeaux de fres-

la verrerie avait atteint au com-

ques, des crânes et des squelettes

l'ère chrétienne. Alors comme

squelettes d'ani-

humains,

mencement de

aujourd'hui, le

BQt;ELm't!t)'tMc)nC'<

D'a/MMf'Ao~o~'ra~A)~~~M.

verre n'était pas utilisé seulement pour la confection des ustensiles de l'existence journalière la fantaisie s'était emparée de cette matière, et on en fabriquait les objets les plus variés. C'est ainsi qu'à côté des flacons usueis, des lacrymatoires, des coupes, etc., nous trouvons les vases de formes les plus diverses qui ressemblent en tous points à ceux dont nous ornons nos étagères et nos cheminées potiches à fleurs, menus objets, cachets à sceller les correspondances, etc. Au point de vue de l'alimentation, les fouilles de Pompéi nous donnent encore des éléments très divers. Voici des pains cuits, trop cuits même, car le boulanger n'a point eu le loisir de les retirer du four; après un séjour de dix-huit siècles entiers, ils en ont été retirés tout carbonisés. Ces pains affectent la forme de galettes divisées en tranches rayonnant du centre à la circonférence, ainsi qu'on en confectionne encore à Naples. Toutefois, l'art de la boulangerie était loin d'être à son apogée. Les moulins à moudn te blé, tels qu'on peut les voir à Pompéi, étaient des plus primitifs. Composés d'une pierre fixe conique, sorte d'axe en pain de sucre sur laquelle une autre pierre mobile s'adaptait exacte-

~4cA.

~<)'t'fA~

des

maux (cheval,

chien, porc,

poule, etc.), toutes.

victimes de l'éruption spontanée du Vésuve. Du musée, sans nous arrêter aux forums, à la basilique, aux théâtres, aux temples, aux thermes et autres lieux déjà tant de fois décrits, allons droit au quartier des excavations les plus récentes, où l'on a reconstitué une demeure pompéienne. La Casa «MOtM, ou, si on le préfère, la Dow;M ~~o~-MM, est l'habitation la plus intéressante qui ait été exhumée jusqu'à ce jour à Pompéi. Aussi la direction des fouilles, appréciant l'intérêt qu'il y avait à reconstituer une maison pompéienne, a-t-elle jugé que celle-ci répondait dans son ensemble à ce que l'on pouvait découvrir de plus complet dans la ville morte. 'EHe a en conséquence fait ielever les murs, rétablir les toitures, redresser les colonnes. Elle a fait remettre en place les meubles découverts, les sièges, les vasques, les statuettes, etc. Elle a même reconstitué le jardin, qui est aujourd'hui garni de plantes vives et de fleurs, comme il devait l'être au jour de l'ensevelissement. En ce milieu, triste et silencieux, nous ne pouvons avoir t'ittusion d'jjne demeure habitée; mais nous y retrouvons les éléments propres à reconstituer l'exis-


tence d'autrefois et le mouvement qui s'y produisait. Il est manifeste que les habitants de cette demeure appartenaientà la classe riche de la cité. Le luxe d'ornementation qui y est déployé suffirait à le démontrer, si l'on n'avait trouvé dans le logis des documents, anneaux et cachets gravés au nom de la famille Vetti, qui ont valu à l'habitation le nom de Domus ~«/o~-MM. Il résulte en outre d'inscriptions relevées sur les murs de la ville que des membres de la famille Vetti étaient candidats aux fonctions municipales. 11 est même très vraisemblable que nous nous trouvons en présence de magistrats pompéiens. La Casa MMOtM occupe dans la sixième région, au nord de la cité, un îlot entier elle mesure environ 48 mètres de façade sur

3omètres de profondeur.

au milieu de la pièce. Ce bassin, carrécomme l'ouverture

du toit, d'une dimension égale à cette ouverture, s'appelait t'M!MMM~. Dans les habitations luxueuses, comme celles que je décris, il était toujours en marbre blanc.

L'atrium, est-il besoin de le rappeler ici, était

l'une des pièces principales de la maison romaine. C'était là, dès les premiers temps de l'Empire, que les femmes travaillaient à leurs métiers là qu'on exposait les portraits des membres de la famille (bustes ou tableaux) là où l'on recevait les visites, les clients et où l'on causait d'affaires. Mais peu à peu l'atrium était devenu un local banal dont l'entrée était accessible à

tous, ou à peu prés aussi, dans les derniers temps de l'Empire, les riches Romains ne l'utilisaient-ils plus 1 clients 1que pour recevoir les d'ordre inférieur et y traiter de leurs affaires. On a retrouvé dans cette pièce deux coffres-forts en fer dont la confection et la solidité pourraient supporter la comparaison avec les meubles de même genre de fabrication moderne. Abandonnés à la nature durant dix-huit siècles, ils portent des marques profondes de l'action dévastatrice du temps. Aussi, afin de les soustraire à la continuation de cette influence, l'administration des fouilles les a-t-elle fait entourer d'une vitrine. En découvrant ces deux meubles, on espérait trouver dans leurs flancs des pièces de monnaie et des documents propres à jeter une lumière plus vive sur les usages financiers et spécu-

Comme dans les maisons importantes de Pompéi, on y retrouve toutes les parties de l'habitation aristocratique romaine. Dès que nous mettons le pied dans le ~o<n<M: ou vestibule d'entrée, nos regards sont attirés par un châssis moderne encadrant un volet mobile. Ce volet est soigneusement fermé à clef. « Ceci n'est pas antique ? demandai-je au guide. Nullement; ce volet cache une peinture obscène. » Je n'insisterai pas sur le caractère de la peinture soustraite aux regards des visiteurs mais je ne puis m'empêcher de poser ces questions « Quelles singulières mœurs !atifs du temps; mais i)s étaient avaient donc les Romains?· absolument vides. Comment entendaient-ils l'éducation? » On sait, du reste, que postérieurement à l'ensevelisCertains archéologues y veulent trouver un emblème sement de Pompéi, de nomt-JMi'Et, CoMî'Àb LI iiÀLÀ~C~S UË breuses fouilles ont été pratidestiné à conjurer le mauvais D'~n~ H~c ~o/o~rj~~ ~7. ~Ic~Vj~r!. Naples. quées par les habitants si bruœil, une figure aM~WM<< talement expulsés de leurs dont l'usage (obscénité à part) ceux-ci sont revenus, après l'éruption, domaines s'est perpétué à Naples jusqu'en ce temps. On croit disputer aux cendres du Vésuve les objets précieux qui encore beaucoup à Naples à la jettatura, cette diabolique faculté que posséderaient certains individus de étaient leur propriété. Il est certain que la maison des jeter un sort aux gens de leur entourage. Vetti a été fouillée comme tant d'autres. Mais, hâtons-nous d'ajouter que les Napolitains Nous remarquerons enfin, avant de quitter actuels ont changé les emblèmes antijettaturistes, l'atrium, que les murs en sont revêtus d'ornementac'est-à-dire les objets destinés à combattre et à annihiler mais, à tions à fresque suivant l'usage pompéien la pernicieuse puissance du mauvais œil. raison de l'importance des peintures que nous verrons Du~o~vMM passons dans l'atriam, pièce rectanailleurs, nous n'accorderons à celles-ci qu'une attention gulaire dont le toit reconstitué comporte une ouverture secondaire. carrée au centre, dite eoM~MMMM. C'est par cette ouverQuatre petites pièces (etf&K;M/<) ouvraient sur ture qu'était éclairé l'atrium. l'atrium. Nous y reviendrons. Passons maintenant au A l'encontre de nos constructions modernes, le ~C~M~KtM. toit qui recouvrait cette partie de l'habitation s'abaissait H. BERTHE. (A ~HT~.) du pourtour au centre, de telle sorte que les eaux du ciel, tombant sur ce toit, s'écoulaient dans l'appartement même elles y étaient reçues dans un bassin placé


L'Hot de Rockall Miller Christy consacre, dans le Scottisb gcogra~)M< A~a~a~t'~M, un cur.eux article à !'i)e, ou plutôt~à l'ilot de Rockall, une terre dont bien peu de )\/t

personnes connaissent

l'existence. L'îlot de Rockall est un simple rocher de 7~ mètres de circonférence, de 21 mètres de hauteur, qui se dresse en plein Atlantique, à 295 kilomètres à l'ouest de la terre la plus rapprochée des îles Britanniques. Cet ilot est sans

grève, et si abrupt qu'on ne peut y aborder

Rockall ne figure, d'une façon certaine, sur aucune carte antérieure au xv! siècle. Cela est d'autant plus curieux que )a légende parlait de beaucoup d'îles fabuleuses dans l'Atlantique, et qu'elleétait la seule qui pût répondre à ces descriptions. tt est possible cepen-. dantque les auteurs de ces vieillescartes aient eu l'intention de représenter Rockall. Mais on nela voit apparaître sûrement que depuis les environs de !6oo, sous les noms de /&7CO/, /?oeM ou Rokol. La première mention écrite qu'ait découverte M. Miller Christy se trouve dans le récit d'un

Voyage .~7/A7/de Marius Martin, publié, en t6g8. L'auteur raconte qu'en t686 une, compagnie de Français et d'Espagnols perdit son bâtiment à Rockol,. et que les naufragés se réfugièrent en canot à

Saint-Kitda, dont les habitants appelaient

l'ilot Rokahbarrar. Durant le xvm° siècle, Rockall,quoique

parfaitement connue, n'excita aucune curiosolument catmes, deux L'tLOTDEROCHALLVUDEL'EST, sité, et ce n'est que fois, trois fois dans un D'~r~MHe~o~n~te. dans ce siècle-ci qu'on été. C'est,au direducapitaine Basil Hall, le premier qui l'ait étudié, le plus commença à la visiter. Le premier débarquement constaté qui ait eu lieu sur l'ile a été effectué par te petit coin de terre qu'il soit possible de trouver à une capitaine Basil Hall et des officiers de la frégate Endytelle distance d'un continent. Avec la plus petite pointe 1- 8 n juillet <8io. _n__ M!;o)t, le d'un crayon, on ne

que par ues temps ab-

·m_

parviendrait pas à lui

donner sur une carte quelconque une place

qui n'exagérât pas ses

proportions, relativement à d'autres îles du même Océan. Rockall est la plus haute saillie, et la seule émergée d'un plateau sous-marin séparé par des fonds de 600 brasses de t ooo à

t

celui qui porte les îles

Ledébarquementet

le rembarquement dans le canot

surtout

furent très difficiles. Le capitaine Basil Hall les a racontés dans ses FMP))M/?<C/ J~oy<7~

a;~ 7'uc~.

Près de

cinquante ans se pas-

sent avant qu'on

signale un nouveau débarquement, effectué en 185 6 pardesofficiers du

yacht ~'M, capitaine Britanniques. Gascoigne. On trouve d'auL'ÎLOT DE ROCttALLVU DU NOHD, En i86t, l'attentres saillies du plateau D'a~r~ M~e photographie. tion des pêcheurs fut dans le voisinage de attirée vers Rockall par la découverte dans ces parages Rockall, mais elles sont submergées en haute mer de grands bancs de poissons, spécialement de morues. et forment des récifs tels le rocher Haselwood, à une L'année suivante le Po~t~e, capitaine Hoskyn, exéencâblure et demie au Nord-Nord-Est, et qui émerge à marée basse, et le récif d'Helen, à 3 kilomètres cuta dans les eaux de l'île toute une série de sondages. Mais on ne put y débarquer, et à grand'peine, qu'un Sud-Est. Ces récifs sont très dangeureux; celui d'Helen seul homme de l'équipage, qui recueillit quelques est ainsi nommé d'une brigantine anglaise qui vint s'y échantillons de rocs. briser en t82/).. Mais bien d'autres naufrages y ont eu lieu; beaucoup de navires signalés comme disparus se Depuis t86i le banc de Rockall a été visité chaque année par des bateaux de pêche anglais et irlandais, et sont perdus dans ces parages. de temps à autre quelques marins ont débarqué sur le Le rocher de Rockall, surgissant brusquementde rocher, mais ces visites ont été naturellement sans la mer, et blanchi à son sommet par les déjections des intérêt scientifique. oiseaux, a souvent été pris pour un vaisseau naviguant En 1892, le monde savant fut mis en émoi par toutes voiles déployées, même par des marins qui conla publication d'un récit de voyage à Rockall, dont naissaient son existence.


l'auteur annonçait de mirifiques découvertes en histoire

naturelle. Mais ce récit était de pure fantaisie, comme on ne tarda pas à s'en apercevoir. En i8g6, une expédition s'organisa, sur l'initiative de M. Miller Christy et sous les auspices de l'Académie Royale Irlandaise, pour explorer scientifiquement l'îlot. Elle partit de Killybegs (Irlande) le 3 juin à bord du vapeur G/w!M~7c, et le 5 elle arrivait en vue de Rockall. L'état du temps empêcha de débarquer. Le navire ne fut pas plus heureux lorsque, revenu dans l'intervalle à Killybegs, il se retrouva le t juin devant l'îlot. L'expédition n'a cependant pas été inutile, puisqu'elle a rapporté des dessins et des photographies de Rockall, des spécimens des oiseaux de mer qui y gitent, ainsi que delà faune sous-marine du banc. Le récit de l'expédition a été écrit par le Rev. Spotswood Green, dans les transactions de l'Académie Royale d'Irlande, i8oy. On a souvent proposé d'établir sur ce rocher isolé une station météorologique il serait malaisé en effet de nier la valeur, au point de vue de la prévision des temps, d'une station aussi avancée dans l'Atlantique. Mais l'établissement en serait très difficile il faudrait débarquer des ouvriers et excaver le roc, avant même de pouvoir établir les entrepôts et chantiers nécessaires à l'érection d'un phare et d'un observatoire; il faudrait ensuite poser entre les îles Britanniques et Rockall un câble sous-marin, sans lequel, comme on le comprend bien, la station n'aurait aucune utilité; puis faudrait ravitailler régulièrement le personnel. Tout cela serait très difficile et très coûteux. Il serait préférable, d'après M. Miller Christy, d'ancrer quelque part sur le banc de Rockall un bateau station, qui servirait à la fois de signal et d'observatoire on n'aurait alors comme dépense importante que celle du câble, qui serait d'environ un million de francs. Nous n'avons jusqu'ici que des notions très vagues sur la formation géologique de Rockall. Ilserait cependant intéressant de la connaître, car elle nous renseignerait sur la composition du lit de l'Atlantique dans ces parages. D'après le professeur Judd, qui a examiné les quelques fragments de roches rapportés en t8to par le Capitaine Basil Hall et en 1862 par ]e Po~-e!~t'MC, Rockall doit être formée d'une masse ignée reposant, dans une position inclinée, sur des masses de roches stratifiées, qui affleurent au Sud-Ouest. Le professeur Hall estime que la roche ignée de Rockall est assez différente des autres pour mériter un nom spécial, et il a proposé de l'appeler foe~H: Quant aux spécimens rapportés par les pêcheurs du banc de Rockall, ils consistent principalement en basalte. L'étude de l'ilot serait également intéressante au point de vue de la faune ornithologique. On sait à peu près quels oiseaux s'y trouvent l'expédition de juin t8o6 y a compté en gros 250 guillemots, 50 kiltiwakes, ~o puffins, to ~K<M~, sans compter beaucoup d'autres oiseaux, volant dans le voisinage. Ce qu.serait intéressant, ce serait de savoir quelles espèces y couvent. Comme il est peu probable qu'une nouvelle expédition parte, au moins de quelque temps, pour Rockall, M. Miller Christy engage vivement les y~~M~! anglais et américains à choisir l'îlot comme

but d'excursion, en se faisant accompagner par quelques hommes de science. Une expédition pareille ne devrait pas, dit-il, être entreprise avant le milieu de mai ou après le commencement de juillet.

Ce que rapporte la culture du Thé T Es Anglais et les Russes, grands consommateurs de thé, en gens pratiques qu'ils sont, ont cherché à produire eux-mêmes la précieuse denrée, au lieu de continuer à l'acheter aux Chinois. Le baron de Baye, dans ses conférences à la Société de Géographie commerciale, a dit les résultats obtenus par tes Russes en Transcaucasie. Voici qu'une brochure de M. Boutilly nous renseigne sur ce que les Anglais ont obtenu à Ceylan. Nous en citerons le chapitre qui présente le bilan d'une exploitation de too hectares à Ceylan. Rappelons, tout d'abord, qu'à Ceylan le café était, jusqu'en t8y3, à peu près la seule culture pratiquée. Mais lorsque les planteurs cinghalais virent que le thé supplantait le café sur les marchés européens, ils s'empressèrent d'abandonner leur vieille culture et se mirent à cultiver le thé. En 187~, l'exportation du thé était de 23 livres, autant dire nulle-; en t8c~, elle s'élevait à 84 millions de livres. Aujourd'hui l'exploitationdu thé couvre à Ceylan 63 y~o hectares; elle fait vivre 200 ooo travailleurs et elle donne de larges profils à ceux qui l'ont entreprise.

L'auteur a pris comme type une exploitation de <oo hectares d'un seul tenant, surface minimum pour qu'une entreprise de ce genre soit rémunératrice. D'après des données très précises et des calculs minutieux l'auteur conclut aux résultats suivants Les dépenses de la i~ année s'élèvent à 40.687 fr. 75 Les dépensesde la 2'' année s'élèvent à 27.~72 fr. 50 o Les dépenses de la 3° année s'élèvent à 24. 500 fr. Total à l'expiration de la

à. de.

année.

tout. 3°

)6o fr. 25

Dès cette année la

plantation produit 25,000 livres de thé à 0,734 la livre

soit en iS.~tofr. ? » Ce qui réduit la dépense effective à.. 74.850 fr. 25 A partir de la 4° année la dépense s'élève 61.875~. Mais à compter aussi de cette année, la récolte moyenne étant de 150 ooo livres de thé, à 0,7~7 l'une, le rendement annuel est i )o.ooo fr. D'où un excédent des recettes annuelles 48.125 fr. » Au capital engagé, inférieur à 80 ooo francs, il convient d'ajouter le prix d'achat du so) sa valeur est

de.


très faible, le terrain n'acquérant de prix que par le défrichement, qui est compris dans le chiffre des dépenses. On peut évaluer !e sol en friche à 100 francs l'hectare au maximum, à Ceylan, soit 10 ooo francs pour too hectares. Par suite une mise de fonds de go ooo francs assure un revenu de 55,5 O/o. Dans la cinquième partie l'auteunpasse en revue les colonies propres à la culture du thé. M. Boutilly pose en principe que la plupart des colonies françaises de la zone intertropicale se prêteraient à cette culture et y trouveraient une source de prospérité.

L'Indo-Chine française en particulier, dont la population consomme cette boisson en grande quantité, tire exclusivement le thé de la Chine, alors qu'elle pourrait le récolter à la fois en Cochinchine, en Annam et au Tonkin. Il est certain que le jour où les procédés de manipulation du thé seront connus des indigènes, ceux-ci ne songeront plus à faire venir du dehors une marchandise qui, poureux, est de première nécessité, et qu'ils pourront produire eux-mêmes. La Guyane, la Nouvelle-Calédonie, la Réunion, une grande partie des hauts plateaux de Madagascar paraissent devoir se prêter également bien à cette culture, car le climat de ces diverses régions ne diffère pas sensiblement de celui de l'intérieur de Ceylan. Comme dernière démonstration, l'auteur donne les devis d'une exp'oitation à la Réunion. Les dépenses y seraient les mêmes qu'à Ceylan, n'était le prix de la main-d'œuvre, qui doit être doublé, eu égard à l'écart des changes. Mais comme, d'autre part, le prix du thé en France est sensiblement plus élevé qu'en Angleterre, le résultat final équivaudrait à celui de Ceylan; puisque, pour une exploitation de 100 hectares, le capital engagé, y compris l'achat du sol, étant de 140.000 francs, le revenu net et annuel serait de 75.000 fr., soit 53.57 o/o de la mise de fonds. Ajoutons que plusieurs colons français, imitant d'ailleurs quelques missionnaires, ont entrepris déjà avec succès la culture du thé en Anam.

as~ez large à son embouchure, était supposé venir de très loin dans l'intérieur, se rattachant peut-être au gr~nd fleuve de l'Est, découvert par Livingstone.

L'exploration de Marche et Compiègne permit déf de rectifier ces fausses conceptions. Elle avait été laborieuse et pénible les deux explorateurs n'avaient que de maigres ressources, et ils comptaient, pour les compléter, sur leurs collections d'histoire naturelle. De retour en Europe, Alfred Marche repartit bientôt avec Brazza et le docteur Ballay, et prit part à la première expédition de )'0gôoué, de tSy~ à 1878. Rentré en France un peu avant ses compagnons, il occipublia son volume Trois voyages dans

~K~

~t/a/c.

En !88o, il partit avec une mission du ministère de l'Instructionpublique, pour les iles Philippines, qu'il

en rapporta, avec de belles collections, le volume Luçou et Pa/~OMaM', qui est, avec le voyage du docteur Montano, l'ouvrage français le plus important que nous ayons sur l'archipel, auquel les événements de la dernière guerre donnent tant d'in-

parcourut pendant trois ans.

H

térêt. )888, Marche explora encore le petit archipel espagnol des Mariannes, où aucun voyageur trançais n'était allé avant lui. La description qu'il lui a 7'M)!M et a été réconsacrée a paru dans la T~'M~ cemment tirée à part. Nous en avons rendu compte dans notre bibliographie, et nous en avons cité quelques De 1886 à

extraits dans notre Coto'n' ~o~r~~tM.

Revenu en France malade, incapable d'entreprendre de nouvelles explorations, Marche obtint heureusement, à la direction de l'agriculture à Tunis, une place qui lui convenait à merveille, et c'est là qu'il revenait chaque a passé les dernières années de sa vie. Il

été en France, et c'est pendant ses vacances de cette année que la mort est venue le surprendre. Alfred Marche était une nature droite et courageuse. Il a fait des voyages difficiles; il a enrichi nos musées de collections précieuses. S'il n'a pas été un des voyageurs français les plus marquants de notre époque, il en a été un des plus vaillants et des plus honnêtes. i

Publié par la maison

HACHETTE

et

C' un vol. in-)6.

i~ M. AlfrEd Marche

jtt Alfred

Marche, qui vient de subitement à Paris. le août dernier, d'une maladie de cœur dont il souffrait depuis longtemps, a été l'un des premiers de cette légion

t

mourir

d'explorateurs qui a surgi après 1870, et qui a tant contribué à notre expan-

sion~'cotoniale. Né en 1843, il acquit, M.ALFRËDMARCHE. assez tôt, des connaissances pratiques _1 d'histoire naturelle et fit, tout jeune encore, des voyages en Afrique, en Indo-Chine et en Malaisie, puis il partit, en )8y2, avec le marquis de Com-

piègne, pour explorer l'Ogôoue. Le continent africain était encore fort mal connu, et l'Ogôoue, qui est

'Voyage chez les TBeHt-~xf!~ (~M~ de la province ~l/~r). Extrait des Mémoires de l'Académie de Vaucluse, année t8ç8. Avignon, François Seguin, imprimeur-éditeur, t8o8, t vol. in-8. ÉCIT d'un voyage d'Alger à Ghardaïa, accompli pendant le de mai i8q?. L'auteur ne s'est pas écarté des routes classiques il a voyagé en chemin de fer et en diligence, et les aventures qu'il nous raconte ne diffèrent pas de celles de l'ordinaire de ses confrères touristes. Mais M. Chobaut sait observer il écrit avec bonne humeur, et sans prétention, ce qui fait que son ouvrage peut encore se lire, après tant d'autres que nous a valu l'Algérie. M. Chobaut fait des recherches spéciales d'entomologie, et il intercale dans son récit de longues listes d'insectes qui auront, évidemment de l'intérêt pour les natura-

Alfred Chobaut.

mois

listes.


Importance de l'étude des faunes insulaires CE QUE SONT LES FAUNES INSULAIRES

i

toutes les observations d'histoire naS turelle faites par les voyageurs sont utiles, il en est qui sont plus particuliërement intéressantes, et sur lesquelles nous attirerons plus spécialement leur attention. Nous voulons parler, notamment, de tout ce qui est susceptible d'augmenter nos connaissances sur la flore et surtout sur la faune des iles. Quelques mots suffiront pour faire comprendre toute l'importance de cette étude spéciale. ILES INSULAIRES ET ILES CONTINENTALES 11 est des iles que l'on peut appeler co);<!)!eK~M, parce qu'elles ont été unies autrefois au continent adjacent. En conséquence, elles possèdent les mêmes types généraux de flore et de faune, plus ou moins modifiés par des conditions locales, à peu près proportionnellement à la durée du temps durant lequel elles ont été isolées. Mais certaines îles n'ont jamais fait partie, en aucun temps, d'un continent. Elles sont de formation volcanique ou corallienne et peuvent être nommées oc~t;KM. Leur flore et leur faune leur sont venues par mer. Les plantes dont les semences ou les spores peuvent être facilement transportés par le vent ou les vagues y sont comparativement abondantes. Tels les cocotiers dans tous les atolls d'origine corallienne. Les oiseaux et les insectes ailés, qui peuvent être portés vers la pleine mer à de longues distances sur leurs ailes par les ouragans violents, sont les principaux représentants de la faune, ainsi que quelques mollusques terrestres, transportés dans leurs coquilles ou dans des crevasses de bois flottants. Mais les mammifères et les amphibies manquent complètement. On voit tout l'intérêt que présente l'étude de ces Hunes insulaires, au point de vue de la solution d'une foule de problèmes biologiques relatifs, soit à la répartition des êtres vivants, soit aux modes de dispersion ou de migration de ces mêmes êtres, soit aux variations qu'ils peuvent subir dans un milieu isolé. Cette étude, faite avec les précautions nécessaires, et en tenant compte scientifiquement de toutes les circonstances qui peuvent modifier la signification des faits observés, permet souvent de reconnaître s'il s'agit d'iles océaniques ou d'îles continentales et, dans ce dernier cas, facilite la détermination de l'époque à laquelle chaque ile a dû être détachée du continent. Ainsi, l'ile d'Anticosti, où abondent l'ours noir du Canada, la loutre et diverses espèces de renards analogues aux espèces actuellement vivantes sur la Côte voisine du Labrador, n'a certainement été détachée de cette dernière qu'~

une époque relativement récente et qui ne remonte sans doute pas plus loin que

la fin des temps glaciaires.

Madagascar, où l'on ne rencontre ni singes proprement dits, ni grands pachydermes, ni fauves, ni antilopes, a été certainement détachée du continent africain à une époque beaucoup plus ancienne, probablement des l'époque éocène. Enfin, l'Australie et surtout la Nouvelle-Zélande, où les formes de la vie sont encore plus rudimentaires, ont dû être isolées bien antérieurement encore,c'est-à-diredès la période crétacée. LES AÇORES ET LES CAMARtES

Les

Açores

nous fournissent

l'exemple d'un archipel qui ne parait jamais avoir eu de communications conti-

nentales. Situèes à environ ~5o kilomètres à l'ouest du Portugal, leur faune consiste en oiseaux, en insectes et en mollusques terrestres. La plupart des oiseaux sont des échassiers et des nageurs tous les autres, sauf trois, sont des espèces de l'Europe et de l'Afrique septentrionale. Sur les trois exceptions, deux appartiennent a Madère et aux Canaries. La troisième, le bouvreuil des Açores, est particulier à l'archipel. C'est le seul oiseau dont le type primitif se soit assez modiEé pour qu'il puisse être considéré comme une espèce distincte. Cette particularité tient à ce que les Açores sont situées sur la ceinture des tempêtes, et que des oiseaux, entrainés hors de l'Europe, y arrivent presque à chaque saison et y maintiennent la fixité des types. Seul, le bouvreuil, qui n'émigre pas, est moins exposé à être entrainé en mer par le vent, et les premiers qui ont été transportés aux Açores accidentellement ont pu s'y multiplier sans mélange extérieur et varier en raison des conditions locales. En ce qui concerne les insectes, les papillons sont presque tous européens mais, sur 212 coléoptères, 23 sont particuliers aux iles, tandis que 5 autres appartiennent par leur origine ou par leurs affinités à l'Amérique du Sud, aux Canaries et même à Madagascar. Ici encore, on s'explique que, les coléoptères ayant beaucoup moins souvent l'occasion d'être renforcés par ds nouveaux individus de leurs propres espèces que les oiseaux ou les papillons, la divergence entre eux soit devenue plus grande. Enfin, les mollusques terrestres, qui ont le moins le pouvoir de se disperser, sont ceux qui présentent le plus de particularités locales, plus de la moitié ne se trouvant pas ailleurs. Un voyage de M. Alluaud aux îles Canaries, de novembre )88c) à juin )8()o, a révélé certains faits intéressants relatifs à la distribution des coléoptères du

genre Pimélie. En étudiant les Pimélies, soigneu-

sement étiquetées, rapportées par M. Alluaud, M. le D' Sénac a reconnu que les huit iles principales formant l'archipel des Canaries pouvaient être réparties en trois groupes, habités par des espèces de Pimélies différentes. Ainsi les iles Graciosa, Fuertaventura et Lanzarote constituent un groupe or!en<t!/joù se trouve exclusivement la'Pt'K!e/M~K<or!'a; les îles de Palma, de Gomera et de Hierro (ile de Fer), forment un g~OM~eoco~eH~1 et possèdent chacune HMS espèce ~'0?'<;C!<enfin Ténériffe et la Grande Canarie composent un groupe central et nourrissent chacune trois espèces. Rien ne montre mieux que les diverses iles de cet archipel se sont peuplées chacune isolément, et que leurs populations y sont restées isolées. Mais on ne saurait conclure hâtivement de la présence d'insectes analogues sur un certain nombre d'iles ou de terres voisines à l'ancienne jonction continentale de ces iles, comme on l'a fait à propos du continent ~hypothétique désigné sous le nom de Lémurie'. Par exemple, M. C. Brongniart signale la présence aux Séychelles, comme à Java, à Sumatra, à Bornéo, dans l'Inde, dans l'Indo-Chine. aux Célèbes, à la Nouvelle-Calédonie, à la Nouvelle-

Bretagne et aux Nouvelles-Hébrides,de représentants du genre f7t~/<<;H, de la famille des Phasmides. et il en conclut que toutes ces terres ont été rattachées

les unes aux autres à une. époque ancienne. Comme si les Phyllies, ou même leurs œufs, n'avaient pas pu être transportés d'une terre à l'autre par ces arbres et ces branches que l'on rencontre constamment dans ces parages flottantt au gré des courants

IMPORTANCE DE L'ÉTUDE DES FAUNES INSULAIRES Quoi qu'il en soit, les voyageurs doivent attacher une attention spéciale à l'étude des faunes insulaires, et indiquer avec le plus grand soin dans les étiquettes accompagnant chaque échantillon la provenance exacte. Lorsqu'il s'agit d'iles, ce ne sont pas seulement les animaux rares ou inconnus qu'il faut recueillir, mais tous ceux que l'on rencontre sans exception. Le plus infime, le plus vulgaire d'entre eux peut donner aux naturalistes des

indications précieuses. On trouvera des détails complets sur cette question spéciale des faunes insulaires dans le bel ouvrage d'Alfred Russel Wallace, devenu classique

~!)~t.f (Londres, 1880).

PAUL COMBES.

Paul Combes, Les COH<t'H?H<~ /lypn<Mt~t<M.- la /,e')Ht<rte (Cosmos du 6 août ]8~8).


Une Visite à Pompéi Voici la fin de notre étude sur Po)~)< due M/i Français qui réside à A~a/)/M, et qui connaît a~M!'M&~MMM< sujet dont il nous C/<MM<. Ses détails sur les peintures trouvées dans la maison des Vetti M~<eM< d'a//M'~ toute l'attention de nos

lecteurs.

L E péristyle était devenu, lors du commencement de notre ère, la partieprincipaledel'habitationromaine.

tique décoré de dix-huit colonnes d'crdre corinthien supportant une corniche retrouvée presque intacte. Quant aux murs, la partie inférieure en est seule restée debout. Cette portion est décoréede peinturesdont les panneaux à fond rouge et noirsont rehaussés de sujets variés du meilleur

Ne voulant pas voir se mêler à leur famille les nombreux clients qu'ils étaient obligés de recevoir, les

riches romains avaient créé un second corps de

logisdestinéspé-

cialement à leur vie intime. Le

travail.

~'M/)'<w de-

Chose étran-

vint ainsi le centre de l'existence

ge,certainespar-

familiale

ties de ces peintures se retrouvent, après un

ett

I'a<M)~)a pièce

ensevelissement

banale de l'habitation. La partie

de près de deux mille ans, aussi

centrale du péristyle de la maison des Vetti se composait d'un vaste espace découvert, disposé en jardin orné de plantes florifères

fraîches,

brillantes que si )e peintre et le vernisseur les

avaient Au

en était relevé par des statuet1

D'après

[~AN

EN

~EUEF

«Me photographie de

Faunes, des Bac-

chus, par des bassins, des consoles. j~e tout en marbre d'un blanc immaculé. Les statuettes reposaient sur de simples piédes" taux ou sur de sveltes colonnettes, en marbre blanc également, décorés de feuillages qui s'enroulaient gracieusement sur leur pourtour. Là, unetable était soutenue par trois chimères du plus délicat travail plus loin, une vasque ronde reposait sur une colonne à cannelures. Tout autour du jardin reconstitué règne un porA

TRAVERS LE MONDE.

termi-

nées il y a quelques mois.

l'agrément

tes représentant des amours, des

aussii

46° UV.

DE

de vue des pein-

1

Ach.

point

tures, c'est dans le triclinium et

~a;tt de Naples

les cubiculi que

nous allons trouver les plus remarquables. Le ~MhMMWt ou salle à manger prend son entrée sous le portique nord du péristyle. C'est une vaste pièce où l'esprit peut aisément reconstituer les trois tables à manger, flanquées ellesmêmes des trois lits réglementaires sur lesquels se couchaient ou s'asseyaient les convives, le quatrième côté restant libre pour le service. Quant à la partie antérieure de la salle, elle se trouvait réservée aux serviteurs et aux musiciens qui, durant le repas, devaient divertir l'amphitryon et ses commensaux. K° 46.

12

novembre 1898.


Nout ferons ici une pause plus sérieuse pour Le groupe des marchands de vin est également l'examen des peintures, car l'artiste chargé de cette plein d'intérêt. A gauche, on remarque une série d'amdécoration a fait preuve d'une véritable maestria. Les phores devant lesquelles se tient debout un acheteur larges encadrements, décorés de colonnes, de guirlandes vêtu de la chlamyde blanche. De la main gauche, il de fleurs et de ce genre de candélabres qui ont excité porte une canne é)égante.et légère sa main droite est l'admiration des connaisseurs, nous démontrent suffilevée, prête à recevoir ]a coupe pleine du vin qu'il samment que ces fresques appartiennent à la meilleure va goûter. époque du style dit « pompéien ». L'industrie des foulons, si connus dans l'antiComme d'habitude, les motifs sont tous tirés de quité sous le nom de /M//0//M, y est aussi traitée avec la mythologie. Les amazones et les bacchantes y sont beaucoup de soin. Le mouvement des sujets s'y déroute avec autant d'art que de précision. A gauche, en majonté. Là, une prêtresse accomplit un sacrifice. Plus loin, Fersée et Andromède, une femme couronnée deux femmes foulent de teurs pieds )'étone mouillée; de fleurs, une autre portant une corbeille et un flamvers le centre, des amours sèchent le drap humide à beau, Neptune, Apollon, un l'aide d'un appareil spécial satyre, etc. Mais la partie la plus loin, un autre amour souplus attachante de ces peintures met le tissu à l'examen dé deux femmes chargées, sans nul se trouve sur les frises, où l'artiste a su donner un aspect doute, de vérifier le travail. poétique aux occupations les Enfin, à droite, deux femmes plus usuelles de l'existence. encore plient les draps foulés. C'est ainsi qu'il déroule devant L'industrie des fleuristes nos yeux étonnés une dizaine est représentée par un atelier de séries d'amours folâtres et de couronnes dont la confecjoyeux qui contribueront vivetion et la vente est confiée à une ment à jeter la lumière sur les multitude d'amours ailés. La coutumes du temps. clientèle y est représentée par H faut reconnaître que, un jeune homme élégamment si les anciens avaient pénétré vêtu et par une esclave. moins avant que nous dans les Je m'en tiendrai à ces profondeurs de la science, ils indications, de crainte de fatiétaient parcontre moins réalisguer mon lecteur; mais je ne tes. Imbus de sentiments de saurais passer à un autre sujet poésie, ils savaient mettre de sans ajouter un mot destiné à la grâce jusque dans les faits mettre en relief le caractère de lesplusvulgaires de l'existence. ces peintures. L'artiste en a Aussi, loin de nous montrer traité les sujets à l'aide d'une brutalement des ouvriers dans méthode bien spéciale. Néglil'exercice de leurs occupations, geant toute nuance de couleur ils représentent les scènes de la dans ses figures, il a imaginé vie réelle avec des amours. un système de taches dont les C'est ainsi que nous trougradationsdans lesteintes,dans vons les amours métaUurgistes, les lumières et dans les omVASE9EHVËRRECOLORJEBE POMPEE vendangeurs, laitiers, marbres, ont pour résultat de ne D'après ;<H<: ~/)0<o~'a/t)e de ~te/ ~a«rt, Naples. de chands de vin, pharmaciens, produire leur effet qu'à disfoulons, marchands d'huile, tance. C'est une originalité fleuristes amours tirant à la cible, amours se déd'autant plus surprenante que tous ces amours sont battant à la course sur des chars, amours se livrant remarquables par leur souplesse, leur beauté et leurs à des saturnales. attitudes pleines de vie, d'é'égance et de distinction. Ici, l'un deux bat l'or sur une .enclume au milieu Les c~/eM/t ou chambres à coucher qui envides accessoires ducommerce de l'orfèvrerie. Les balances, ronnent l'a~'M~ et le ~-M~/HMM nous conservent égaleles petits tiroirs ne vous laissent aucun doute sur le ment des peintures d'un grand intérêt. lieu de la scène. Une riche cliente, vêtue d'une ample J'ai dit les CM&/CM/ mais il est plus exact d'ajouter tunique et assise sur une chaise, attend qu'on lui que deux pièces situées, l'une à droite (côté nord) et indique le prix d'un bijou qu'elle vient de choisir un répondent plus exactement l'autre à gauche de à la dénominationd'exedra ou de <aM~!M)K. amour en calcule le poids avec la plus vive attention. L'exedra était un petit salon correspondant à Parmi ces compositions, celle qui paraît être la plus complète, la plus riche en accessoires, est celle des peu près à ce que de nos jours on appelle un boudoir. vendangeurs. Mais c'est malheureusement la moins bien L'n'Mw étant une pièce banale où l'on recevait conservée de toutes. A droite et à gauche, des amours tout le monde, il fallait parfois se soustraire aux imporrécoltent le raisin vers le milieu, on distingue le tuns et aux curieux on se dérobait en passant dans pressoir, quant à la partie centrale, où, sans nul doute, se }'<M. détouiaient les détails de l'opération, elle a complèteLes peintures trouvées dans ces deux pièces sont, 1 ment disparu. de toute la maison des Vetti, celles qui ont le plus attir

l'~n;


l'attention des visiteurs. Dans l'une d'elles nous trouDircé; le de Pe~M;i le .SM~!e~ vons

SM/ Hercule ~<a'7< étranglant des M~< et dans l'autre

le Supplice ~OK,' .P<M<MC dans l'atelier de Dédale: Baccbus et Ariane endormie.

Au point de vue artistique, les trois peinturesde la première pièce sont jugées sensiblement inférieures à celles du second exedra. Un simple examen conduit du reste à cette conclusion que la décoration de chacune de ces deux chambres a été confiée à un artiste

différent.

Les personnes qui connaissent le fameux groupe du Taureau Farnése du Musée National de Naples retrouveront dans le ~M~hee de Dircé les principales

dispositions de cette œuvre attribuée à deux artistes de l'antiquité, Apollonius et Tauriscus, de Rhodes. Deux jeunes gens vigoureux sont occupés à

attacher une femme

Bacchus, le prirent pour un lion et le tuèrent.

Quant au tableau représentant Hercule terras-

sant

des serpents, on l'a interprété de deux façons.

Au pied de l'autel de Jupiter, où l'aigle du. roi des dieux déploie ses ailes, Hercule encore enfant est aux prises avec deux serpents qui lui entourent les bras et les jambes de leurs multiples anneaux et menacent son existence. Mais l'enfant ne manifeste aucune crainte de ses deux mains il étrangle les reptiles. A sa gauche, assis sur un trône, un personnage, dieu ou roi, tenant un sceptre à la main, suit avec émerveillement les faits et gestes de l'enfant. Derrière le trône, une femme, la tête ornée d'un diadème, semble courroucée du succès d'Hercule (peut-être l'artiste a-t-il voulu également peindre l'effroi). Suivant les uns, ces deux personnages seraient Amphitryon,roi de Tirynthe, et Alcmène sa femme, mère d'Hercute. Suivant d'autres, ils représenteraient Jupiter et la jalouse Junor).

sans défense à un taureau furieux qui sera bientôt aban-

La

fable

nous

donné à lui-même a appris qu'en l'abentraînera la malet d'Amphisence heureuse à travers tryon, Jupiter ayant les escarpements où pris la figure de ce elle périra dans les dernier, Alcmène ptus affreux tourmit au monde deux ments. jumeaux l'un, Hercule, filsdeJupiter; Au point de l'autre,lphiclus,f')~ vue de l'art, cette d'Amphitryon. Elle peinture est supérieure à la majeure nous dit encore que, E~P.tEINTË D'UNE FEMME !'H!SE D'APRÈS LA METHODE INVENTÉE PAR M. FtÛRELLt. dès la naissance partie de celles qui D'après ~He ~/t0~ojra/t/e de M. -~Ic/t. Tt/rï, de Naples. d'Hercule, Junon ont été exhumées à Pompéi. Le nu est envoya vers lui les habituellement modelé. Les effets de lumière sont.L 1bien deux serpents pour le dévorer, mais que l'enfant i-mit en pièces. rendus; l'artiste'nous montre bien une scène se passant Sans vouloir discuter ces diverses interprétations, en plein soleil. Quant aux expressions, elles ne répondent pas à la gravité du sujet, surtout celle de Dircé il me semble que l'expression de la femme répond bien qui ne trahit point une émotion en harmonie avec le plus à un sentiment de haine, comme celui qu'on sort qui lui est réservé. pourrait attribuer à Junon, qu'à un sentiment d'amour et d'effroi comme celui qui conviendrait à Alcmène, la Dans le .SM~MX Penthée, ce dernier est attaqué mère de l'enfant. par trois bacchantes furieuses. J'ai dit que les trois fresques de l'autre pièce Tombé sur le genou gauche, le jeune homme, devaient émaner d'un artiste de tout autretempérament. entièrement nu, semble supplier du regard celle qui La facture en est sensiblement supérieure à celle des l'assaille avec le plus de vigueur. Celle-ci, descendant trois précédentes; le groupement des personnages est d'un écueil, lui met un pied sur la jambe droite afin plus naturel les expressions ont un caractère plus d'en paralyser l'effort de la main gauche elle s'est tranquille; les formes plus typiques et plus idéales sont accrochée à sa chevelure, tandis que de la main loin du réalisme et de l'exagération des premières droite elle va le frapper de son thyrse. A gauche de l'ensemble est bien plus en harmonie avec le genre la victime, la seconde bacchante s'efforce de parapréféré parmi les peintures pompéiennes. Enfin la derrière lui, la troisième, lyser ses mouvements lumière, mieux distribuée, n'offre point de contrastes le dominant du haut d'un rocher, va lui briser la aussi marquants. tête à l'aide d'une pierre énorme. Dans le fond, deux Le premier sujet, le Supplice ~'7~'OM, nous montre, autres bacchantes accourent, tenant des torches et des à droite du tableau, Junon regardant sa messagère thyrses. L'action en elle-même est simple elle repose Iris, dont la tête est enveloppée d'un nimbe céleste. Au également sur un fait bien connu de la mythologie. centre, Mercure, au teint bronzé, jeune, robuste et Penthée, jeune roi de Thèbes, s'est opposé au culte de beau, tourne ses regards vers Junon qu'il semble interBacchus il a même défendu l'introduction de la vigne roger. Sa main droite est posée sur la roue à laquelle dans ses Etats. En fallait-il davantage pour attirer sur Ixion est attaché. sa tête les colères du dieu du vin et faire prononcerson Ixion, on le sait; n'est point dans la mythologie arrêt de mort? La fable ajoute même que ce furent sa au nombre de ceux qui ont excité la colère jalouse de propre mère et ses deux tantes qui, aveuglées par

"j'

a_

t'r-


Junon. Son crime, au contraire, est de l'avoir aimée. C'est à ce motif sans doute qu'il faut attribuer l'indécision de Mercure paraissant attendre un ordre de la reine des Dieux, tandis que dans le fond, Vulcain plus prompt à l'action, s'occupe d'assurer le cercle de la roue du supplice. L'épisode du second sujet se passe dans l'atelier de Dédale, qui montre à Pasiphaé le taureau construit sur sa demande. Dans la main gauche elle tient deux bracelets d'or qui, sans nul doute, sont destinés à remercier Dédale de son travail. La dernière fresque enfin montre Bacchus venant trouver Ariane dont il fera son épouse. Celle-ci dort sur une peau de tigre ou de panthère. Elle est en partie couverte d'un voile qu'un satyre soulève en regardant Bacchus avec une expression

d'ironie singulière, tandis que Morphée agite un pavot audessus de la tête d'Ariane. Nous trouvons également dans les eK&:CM/! proprement dits d'autres peintures rappelant toujours des sujets mythologiques Ariane abandonnée;

trépied, seuls meubles culinaires retrouvés ici. Les autres fouilles faites depuis la découverte de la maison des Vetti n'ont ramené au jour rien de bien intéressant seule, une mosaïque, miniature d'une assez grande valeur, mais que je n'ai pu voir, a été transportée au musée de Naples, il y a deux mois environ. Les travaux marchent, il faut bien le dire, avec une lenteur désespérante. « Pourquoi, demande-je, ne procède-t-on pas

avec ptus d'activité? ~· Et le guide, sans répondre, de faire glisser son pouce sur l'index, ce qui veut dire «Ce sont les fonds qui manquent. Combien dépense-t-on par an?

Six mille

francs'. »

C'est bien peu,surtout si l'on observe qu'après bientôt un siècle de travail, on n'a point encore fouillé la moitié de Pompéi. Six mille francs

Murat, qui a fait reprendre -les

y aura bientôt cent ans, y affectait 25 ooo francs annuellement. C'était peu encore, mais si l'on avait continué sur cette base, la ville entière serait maintenant exhumée.

travaux

Léda et le Héro et Léandre Hercule et ~M~M~f <We cour de /~e0!< reconnu par Ulysse; ~!7~M et

il

On pourraitd'autant plus espérer une amélioration à cet état de choses que, de divers points du monde, des archéologues, des écrivains, des artistes ont émis. cette idée qu'il serait équitable d'accepter des subsides de toutes les nations

C~~<!? Mïf t7~MM; des satyres, des bac-

/V~MM~nK&~

chantes, des figures volantes, un combat naval, des objets sacrés, etc. La partie nord de l'habitation comporte, en outre du ~7MfM<Mdontje vais parler et des parties accessoires de l'habitation,

lequel on a replacé une marmite en bronze et son

une pièce que je

n'indiquerai que pour ordre. J'en dirai seulement que, plus

grande que les cubiculi, à peine

qui voudraient s'intéresser aux fouilles,puisquetous les peuples sont appelés à bénéficier des découvertes restant à faire. Mais, jusqu'à ce jour, ces ouvertures sont restées stériles. Je terminerai cette étude en rappelant aux personnes

éclairée, elle affecte un cachet mystérieux que justifient suffiOBJËTSDECU!StNEDEPOMPh.IETr''HF:Rcm-ANUM, samment des peintures murales qui suivent avec intérêt les D'~r~ ~Me de Afa~r/, de A~<?. dignes d'aller rejoindre à Naples travaux de Pompéi que le le fameux Musée secret. A Musée National de Naples a droite de l'~n'Mm se trouve le /aMn'MM, en d'autres consacré l'une de ses salles à l'installationd'un plan en termes l'autel devant lequel se célébraient les offices relief de la ville de Pompéi, où l'on peut suivre l'avandu rite païen et où l'on accomplissait les sacrifices. cement des travaux. Les parties à excaver s'y trouvent Ce ~Mft'MM supporte aisément la comparaison avec recouvertes d'un plancher dont personne encore ne les autels que nombre de Napolitains entretiennent connaît les dessous, tandis que les quartiers fouillés y encore dans leurs villas et dans leurs appartements. sont reproduits à mesure de l'avancement des travaux. La différence réside surtout dans les motifs de peinture Ce plan, exécuté sur une grande échelle et avec qui l'ornent. Au lieu d'y trouver, comme de nos jours, beaucoup de soin, donne non seulement toutes les indimadone sujet tiré l'histoire de sainte, les ou un une cations en relief, telles qu'édiflces, murs, colonnes, païens y peignaient les signes symboliques de leur reli-' piédestaux, etc., mais il reproduit encore les tons des gion. C'est ainsi qu'au-dessus du /aM;w! ou autel de peintures, les raccords, les replâtrages,etc., tels qu'on la maison des Vetti nous trouvons une fresque repréles voit à Pompéi même. prêtre sentant un entre deux acolytes et au-dessous le C'est la ville en miniature, si exactement reconserpent, caractère symbolique du paganisme. Quant stituée, qu'elle produit comme l'effet d'un mirage dans à la cuisine, la dernière pièce que nous visiterons dans l'esprit des personnes qui.:ont visité Pompéi. cette maison, elle n'a qu'une importance secondaire. Elle comporte un simple fourneau en maçonnerie sur H. BERTHE.

/o~ë


le houitter) du nord de la France et de la Be!gi~ue sont

Existe-t-il de la houille dans le Pas-de-Calais? SUR la falaise de Douvres a été fait, en [8<)0, un sondage qui a amené la découverte d'un magnifique

bassin houiller.

Cette découverte n'était pas pour surprendre les savants, car c'est sous l'inspiration de considérations scientifiques très précises que le sondage avait été entrepris. En effet, les géologues considèrentles bassins

houillers de la Westphalie, de la Belgique, du nord de la France et du sud de l'Angleterre

distribués en deux grands bassins ou deux grandes vallées creusées dans un sous-sol de terrain silurien et cambrien. Le bassin du Nord, appelé bassin de 9~*<j);<t<f, se prolonge souterrainement jusqu'à Valenciennes, Douai, Lens, etc. C'est lui qui contient le grand bassin houiller franco-belge. Le bassin du Sud, nommé ~MM de Z)/;M«~, affleure dans l'arrondissement d'Avesnes il ne possède que des veines de houille improductives. Dans le centre de la Belgique, les deux bassins

sont.séparés par une arête silurienne, désignée sous le nom de Crête du Coudras. A l'ouest de Charleroi, l'arête silurienne cesse, et les deux bassins ne sont plus séparés que par une grande cassure désignée sous le nom de Grande Faille. L'identité d'origine et la corrélation des divers bassins houillers qui s'étendent de Dortmund à Bristol

sont évidentes, puisque c'est en se guidant sur le principe de leur continuité que l'on a successivement découvert les divers ter-

rains houillers

des portions d'un vaste lit de houille qui s'étend, d'une manière continue, depuis les environs de Dort--

nord de la France et celui de Douvres.

comme

Rappelons briè-

vement la série de faits qui se rapportenf à ces décou-

mund, en Westphalie,

vertes.

jusqu'auxx

CARTE DU HASStK IIOLILLER DR environs de Bristol et de Swansea (et probablement même jusque sous le canal de Bristol), sur une longueur de plus de huit cents kilomètres. Cette manière de voir découle à la fois de ce que l'on sait du mode de formation de la houille, et de la configurationainsi que de la constitution des couches au sein desquelles gisent les divers bassins houillers. Les patientes recherches de M. L. Grand'Eury (c'MMM!e sur la ~bf~M~'OK ~~AoM!7/e, 1882) ont démontré que les houillères se sont constituées, à peu près à la façon des tourbières actuelles, au voisinage des lagunes littorales des anciennes mers de l'époque primaire. Les terres alors émergées avaient peu d'étendue et peu de relief. Une végétation prodigieusementexubérante s'y développait. Il n'y avait pas de cours d'eau, à peine quelques ruisseaux, mais des pluies torrentielles provoquaient la formation de mares, de lagunes littorales, où s'accumulaient incessamment des masses de débris végétaux. Ceux-ci, immergés, et par conséquent à l'abri du contact de l'air, se sont décomposés lentement et convertis en houille. Cela étant, l'orientation et la configuration des dépôts houillers indiquent quelles étaient celles des rivages des mers de l'époque primaire. Or, depuis Dortmund jusqu'à Namur, le bassin houiller est dirigé du Nord-Est au Sud-Ouest de Namur à Valenciennes, il va de l'Est à l'Ouest à partir d'Anzin, il se dirige vers le Nord-Ouest; enfin il se montre à Bath, Bristol, Cardiff et Swansea, orienté de nouveau de l'Est à l'Ouest. Les terrains dévonien et carbonifère (y compris

du

Le fORTMUND A SWANSEA.

terrain houil-

ler, qui affleure

entre Liège et Charleroi. disparait un peu à l'ouest de cette dernière ville, sous les terrains crétacés et tertiaires, dits par les mineurs terrains morts, mais il se prolonge souterrainement dans la même direction, et depuis longtemps la houille est exploitée aux environs de Mons par des puits qui /MMMg/t/ le terrain crétacé. Le comte Desandrouins, qui avait observé la direction Est-Ouest des couches houillères et leur enfoncement progressif sous les terrains morts, supposa qu'elles devaient s'étendre jusque sur le territoire français dans les environs de Valenciennes. Il les y trouva, en effet, par un sondage exécuté en t8)y, à Fresne. C'est en vertu du même raisonnement que )a houille fut découverte en 1846 aux environs de Douai. En t8~2, la compagnie de Dourges s'établit sur le prolongement des couches reconnues à Douai. Les recherches, couronnées de succès, s'avancèrent peu à peu vers l'Ouest, et furent poussées, /OM/OKM sous la e~M, jusqu'à 50 kilomètres à l'est de Calais. Or, depuis longtemps M. Godwin Austen tenait pour très probable qu'après s'être aminci sous la craie près de Thérouanne, le terrain houiller reprend sa puissance vers Calais, se continue sous la Manche et se prolongé, en suivant la direction des vallées de la Tamise et du Kennet, jusqu'au bassin de Bath et de Bristol. La houille existerait donc sous le terrain crétacé qui forme, dans toute la région sud-est de l'Angleterre, une plaine continue, couverte de champs et de pâturages, et n'est que le prolongement des terrains crétacés de la Belgique et du Pas-de-Calais.


Le

sondage de Douvres est venu apporter

une

première confirmation à cette théorie. Il était donc tout naturel de chercher en France le prolongement du bassin de Douvres, que les géologues anglais supposaient s'étendre sous Calais. Mais, dans quelle direction ?

Le grand bassin houiller franco-belge se continue, dans le Pas-de-Calais, jusqu'à Hardinghen. La

ligne qui réunit Hardinghen à Bristol passerait au sud de Douvres; mais, entre ces deux points, il peut y avoir un changement de direction. Il est possible qu'entre Marquise et Douvres, le terrain houiller éprouve un rejet vers le Nord, soit par un faille transversale, soit par un repli analogue à celui qui, à l'est de Valenciennes, rejette le bassin vers le Sud. Telle était l'opinion de M. Gosselet, qui, depuis 1860, a étudié, d'une façon toute spéciale le bassin houilier du Nord et du Pas-de-Calais. 11 disait que la houille de Douvres appartient très probablement au grand bassin franco-belge que les couches de ce bassin doivent subir, à l'Ouest de Ferques, un décrochement qui les reporta vers le Nord, et que le centre du bassin doit passer entre Wissant et Calais. Or, dans une récente communication faite à l'Académie des Sciences sur les Résultats des .Kw~gM ~)OM;' la recherche de la bouille dans le nord de la France, M. Gosselet

constatait ceci

« Un sondage fait à

Strouane, sur le flanc

ouest du cap Blanc-Nez, me donna complètement raison, en recoupant trois couches de houille avec toit et murs bien caractérisés. « Mais un peu plus bas le sondage rencontra le schiste dévonien. « Néanmoins, la nouvelle de la découverte du terrain houiller se répandit rapidement, et les sondages se multiplièrent autour de Wissant. Tous rencontrèrent le calcaire carbonifère, les schistes dévoniens, ou même le silurien. On acquit la preuve que le terrain houiller de Wissant n'est qu'un lambeau, probablement transporté, ou que, s'il se prolonge en profondeur, il est recouvert par des lambeaux de poussée de terrains plus ou moins anciens dont l'épaisseur et la disposition sont complètement inconnues. On a dû en conclure qu'il ne se trouve probablement pas dans des conditions telles que l'exploitation en soit rémunératrice. » D'autres tentatives de sondage faites, soit en Flandre (dans le département du Nord et dans la partie voisine du Pas-de-Calais), soit dans le bas Boulonnais (à Wimereux, à Framzelle, près du Gris-Nez), n'ont pas été plus heureuses, et finalement la dernière des sociétés qui était restée sur la brèche, a définitivement renoncé à poursuivre ses recherches. Ces résultats négatifs sont aussi explicables que le résultat positif du sondage de Douvres. L'étude attentive des conditions géologiques du littoral de la France au voisinage du détroit du Pasde-Calais, nous montre une région plissée et contournée à un tel degré, que les plus experts en la matière

ont de la peine à y trouver un fil conducteur. Je n'en veux pour preuve que les variations d'opinion des géologues sur l'âge et la stratification des houillères du Boulonnais. Les schistes houillers s'yy

trouvant intercalés au milieu du calcaire carbonifere, tous.les géologues les considéraient d'abord comme appartenant au même étage. M. Gosselet, en 1860, y vit, au contraire, le véritable terrain houi))er, prolongement de celui de la Belgique, et le supposa enfermé dans un V de calcaire carbonifère très incliné et très resserré. Mais, pour que cette hypothèse se vérifiât, il fallait que les couches de houille fussent elles-mêmes renversées; 2° que le calcaire les recouvrit en stratification concordante; 3° qu'il appartint aux couches supérieures. Or, aucune de ces conditions n'était réalisée. Aussi, en 18~, M. Gosselet proposa-t-il une explication, aujourd'hui adoptée la présence d'une faille très oM/t/Hf, ayant fait chevaucher le calcaire carbonifère sur les tranches de schistes houillers coupées en sifflet. Les failles abondent, en effet, dans le bas Boulonnais, que M. Triger comparait à « un damier dont les cases ont joué les unes sur les autres ». Les phénomènes qui ont amené la formation du détroit du Pas-de-Calais ne sont pas sans avoir innué également sur la stratification des couches voisines. Il n'est donc pas étonnant qu'au milieu du déplacement de couches qui règne dans cette région, les sondages n'aient pas retrouvé, en assises continues, les veines houillères, qui d'ailleurs, en raison même des conditions spéciales nécessaires à leur formation, présentent forcément, par places, des lacunes ou des rétrécissements. Mais cela n'infirme en rien la réalité de la théorie qui considère les divers bassins houillers qui s'étendent de la Ruhr au canal de Bristol comme formant une série continue. Cette continuité se retrouve non seulement dans les couches houillères, mais encore dans les terrains encaissants. Je citerai, entre autres, le G~:KMMM, fui partout, depuis les environsd'Aix-Ia-Chapeiïejusqu'aux environs de Bristol, constitue une band régulière au Sud du bassin ~OMt/~y. n y a donc tout lieu d'espérer de nouvelles découvertes houillères dans le vaste espace dont nous donnons la carte schématique.

f

PAUL COMBES.

L'Étiquette ou la Mort Mœurs d'Extrême-Orient ïde ESsouverains orientaux font, on le sait, bon marché sujets. la vie

leurs On se rappelle peut-être que, lors de sa tournée à travers les capitales d'Europe, le roi de Siam décida à Lisbonne qu'un personnage de sa suite serait condamné à la décapitation, pour s'être rendu coupable d'un manque d'étiquette, à savoir l'oubli d'un mot en pali, la langue officiette dans laquelle les humbtes mortets doivent adresser la parole Sa Majesté Siamoise, de


Du reste, quiconque a vécu à Bangkok est obligé de convenir de la cruauté des mœurs siamoises. Je me rappelle y avoir assisté, en 1883. à la décapitation en masse de neuf pauvres diables qui subirent leur

peine après une longue torture ayant duré toute la journée. Au sortir de leur prison, traînant une lourde chaîne aux pieds et les mains liées au dos par un instrument que l'on appelle Kia ~MK, empêchant de faire tout mouvement, on commença par leur infliger un certain nombre de coups de bambou. Après quoi on les amena presque nus jusqu'à la place d'exécution, où on les fit attendre pendant plusieurs heures la venue du bourreau. On les mit ensuite à genoux, on leur boucha les oreilles avec des feuilles de banane, et après plusieurs pas grotesques dansés autour d'eux, les exécuteurs, armés de longs sabres japonais,. tranchèrent les têtes, qui roulèrent aux pieds des spectateurs. Après l'exécution, le spectacle fut plus barbare encore. Pour ôter plus facilement les anneaux des chaînes des suppliciés, on leur coupa les pieds. Finale-

ment on laissa sur place les cadavres mutilés, sur lesquels les vautours se jetèrent avec avidité. En Corée l'étiquette et la séparation des castes règnent souverainement. Je me trouvais l'été de i88c) à Séoul, chez mon ami le colonel Chaitlé-Long, alors Consul général des Etats-Unis d'Amérique, et voici ce dont je fus témoin. Un nommé Kim-Tchang-Yo, employé comme intendant au Commissariat de France, sortait de chez lui, lorsqu'il passa tout près de la résidence du noble Coréen Tso-Piang-Tso, laquelle résidence, comme toutes les maisons appartenant à la classe aristocratique coréenne, était entourée d'une enceinte. Malheureuse-ment Kim était de très haute taille, et le mur de l'enceinte se trouvait plus bas que d'ordinaire. Si bien que Kim-Tchang-Yo, le pauvre hère, osa nonchalamment jeter son regard dans l'intérieurde l'enceinte, et que ses yeux se portèrent sur les femmes de Tso-Piang-Tso. C'était, bel et bien, un crime selon les mœurs coréennes. Le pauvre Kim n'eut pas fait dix pas qu'il fut saisi par les gens du noble propriétaire, entrainé dans la maison, où là, séance tenante, on lui appliqua une forte bastonnade. Ses amis de la garde consulaire de France arrivèrent à temps. Ils l'arrachèrent à une mort certaine, et, indignés du fait, ils se saisirent du noble Tso, qui fut amené au Consulat. Immédiatement relâché, il entra dans la plus vive colère, révolté de la honte dont on venait de le couvrir, en l'empêchant de redresser une insulte pareille. Il s'adressa donc à son ministre des Affaires étrangères, qui s'empressa de demander au Commissaire de France, M. Collin de Plancy,la livraison du coupable, afin de le punir selon lcs Icis du pays. Or, la punition prévue était tout simplement, comme l'indiquait le ministre dans sa requête, la décapitation. Le ministre coréen ajoutait encore « Pourquoi voulez-vous garder un homme qui a commis un crime si abominable, celui d'insulter un noble en regardant dans son intérieur ? La lumière du ciel serait obscurcie et nous subirions des malheurs interminables, si la justice de notre pays ne pouvait pas frapper le coupable. J'espère donc que vous voudrez livrer à mes hommes ce Kim-Tchang-Yoqui est un

grand criminel.

H

appartient au grand Tribunal de le

juger, et, bien qu'il soit au servicede votre Consulat, j'ai le droit de le réclamer et de le faire arrêter. ? » M. Col!in de Plancy refusa naturellement d'accéder à la demande du Ministre des Affaires étrangères, basant son refus sur son droit de protéger un employé du Commissariat qui, à sesyeux, n'était pas coupable. Mais ce ne fut pas le dernier mot de l'affaire. Le parti de la noblesse, mécontent de l'attitude du représentant français, tenta d'exciter la populace en dénonçant l'intervention étrangère et ses menées pour sauver un criminel, à tel point que le corps diplomatique se réunit pour en délibérer. Le doyen de ce corps, à la surprise générale, défendit le gouvernement coréen et osa affirmer que le représentant de la France aurait dû respecter les lois et lesmœursdupayseUivrerKimauxautoritéscoréennes. M. Collin de Plancy protesta énergiquement contre une telle manière de voir, qui ne s'accordait ni avec les traités, ni avec les sentiments d'humanité; il soutint qu'il aurait été atrocement barbare d'envoyer un pauvre diable à une mort certaine pour une cause si insignifiante et si puérile. On finit par lui donner raison mais que d'excitation pour un simple manquement à l'étiquette G. VIGNA

DAL FERRO.

Le Dr A. Poskin, ex-chef de clinique de l'hôpital de Bavière (Liège), médecin consultant aux eaux de Spa. L'r/~Me E~~orM/e. [ beau volume grand in-8 de X-478 pages, avec de nombreuses figures et diagrammes et une carte du Bassin du Congo. Paris, Félix Alcan. UAND on parle de l'Afrique Equatoriale, il semble que cette contrée lointaine;inconnue et attirante, passionne plus vivement, depuis quelques années, les occidentaux avides de pénétrer le mystère qui entoure les pays réputés fertiles en surprises de tout genre, et qu'on ne connaitguère que pour avoir vu leur nom inscrit sur une carte géographique. Dans son beau livre .L'?-~He E?!M<orM/f;, le D' Pos. kin a groupé en d'intéressants chapitres les nombreux matériaux qu'il a rapportés de son séjour au Congo belge et de cet important et délicat travail se dégage cette opinion, qu'il n'y a pas de politique coloniale possible sans une bonne hygiène d'où, en l'occasion, le rôle prépondérant du médecin.

M. Poskin s'est appliqué a étudier et à déterminer le nombre et la nature des ennemis à combattre, à commencer par le climat, ce grand tueur d'hommes du continent noir. Il fait éloquemment leur proces, résumé sous la forme de trois études qui ont toute la force d'un magistral réquisitoire la C~'Ma/o/o~/e, la S~o~o/o~eet l'Hygiène.

Z,M&

Equatoriale fourmille, au cours de ses 5oo pages, d'observationsconcluantes, de relevés précis, de chiffres exacts et de documents précieux qui sont le résultat d'une prodigieuse somme de travail. L'auteur agit logiquement et méthodiquement. Il ne laisse rien au hasard et, sous sa plume exercée, les relevés graphiques, les notes, les remarques, les impressions, les causes et les effets prennent un relief saisissant, et intéressent du même coup le monde médical, scientifique et explorateur.


~B~'

f~M-SOA~ ~~G.A'A'

L'Emir de l'Afghanistan ~ETTE revue anglaise publie une lettre de M"' Lilly L~ Ilamilton, docteur, médecin personnel (.<;c) de l'émir d'AfghanistanAbdur-Rahman.Dans cette lettre,Missllamilton dit que ce despote asiatique a la manie du jardinage il plante de préférence des citrouilles japonaises, à cause de

leur couleur éclatante, et des radis noirs à cause de leurs feuilles. Il aime surtout les Seurs à fort parfum, et en a toujours auprès de lui. Il soigne sa toilette à l'extrême, et s'y montre à cette occasion amateur délicat de couleurs assorties il ne porte ni châle ni mousselinedont la couleur ne soit pas en harmonie avec celle de son costume et du milieu où il est. Il se met avec élégance. Quoiqu'il dépasse 5 pieds et demi de stature, il parait petit, parce qu'il est bas sur jambes, et aussi large que haut. Dans sa résidence de Caboul, tes personnes de sa suite ne peuvent pas régler leur travail sur une montre, mais seulement sur son caprice. L'émir se levé rarement après 9 heures; si cela arrive par hasard, il faut que tout soit prêt pour le servir. Ses repas ont lieu à des heures irréguliëres, quand il se sent en appétit et comme cela arrive souvent dans la nuit, il faut que quelques-uns de ses cuisiniers veillent continuellement et ne laissent jamais éteindre le feu. Son médecin européen n'a jamais pu lui faire comprendre que c'est là une hygiène détestable. L'émir s'intéresse vivement aux progrès de la civilisation européenne il se renseigne sur tout ce qu'il ne comprend pas, et son vœu le plus cher est que son pays produise un jour par lui-même tout ce qui y est importé d'Europe.

DK

L

Ï'SC~JT A-OiOA'~lAZ~Tô'A G

L'usage de l'alcool sous tes tropiques jtt. A. ~'t.

Fick, président d'une des sections de la Société coloniale allemande, soutient, dans l'organe de cette Société, la thèse originale que voici: Le climat des tropiques n'est j'jtM~~ nuisible par lui-même à l'Guropéen. Tous les colons, tuus les voyageurs qui y succombent, le doivent non à l'influence du climat, de l'air, de l'eau, de la nourriture, mais à celle de l'alcool exclusivement.

Pour prouver cette assertion, le correspondant de la revue nous donne de nombreux exemples, et s'appuie d'autorités telles que celle d'Umin-Pacha. Dans l'armée anglaise <les Indes orientales, un tiers des soldats, soit 2 ooo hommes, sont des abstinents dans toute la force du terme. Dans le .cours d'une année, le5,5o/o seulement de ces abstinents a du être soigné dans les hôpitaux, auxquels les non-abstinents ont dû avoir recours dans la proportion de )0 o/o. n On en peut conclure, dit le général en chef de l'armée anglaise, lord Roberts, que la moitié des maladies de notre armée

provient de l'alcool.» Dans cette même armée, les fautes et délits sont dus dans une plus forte proportion encore il l'alcoolisme seul. Sur 869 punitions infligées aux soldats en [8o3, ?3 seulement ont frappé des abstinents. Le docteur Georges Kolb, qui a vécu de longues années dans l'Afrique orientale, n'est pas moins catégorique

Je ne suis pas un fanatique de la tempérance, dit-il mais cela ne m'empêche pas de dire que si l'alcool, en Europe, n'est pas utile, en Afrique, à n'importe quelle condition et sous n'importe quelle latitude il doit être considéré comme nuisible et dangereux presque comme un poL son. Les maladies tropicales épargnent )e plus souvent tes femmes européennes. Pourquoi ? Parce quen générât, elles sont plus tempérantes que les hommes.

Ces remarques sont confirmées par de nombreuses observations de nos médecins de la marine et des colonies. Il faut, dans les pays exotiques, plus encore qu'ailleurs, se garder de l'alcool.

REVUE

La météorologie météorologiene frappe point l'imagination,parce qu'elle repose sur de sévères données mathématiques et cependant, quels services elle a déjà rendus à la marine, entre autres, en prédisant d'une manière presque certaine les tempêtes prochaines et, dans ses lignes générales, la température qu'il fera une, deux, quelquefoistrois et quatre années d'avance! Ainsi, la station météorologique de Hong-Kong, d'après le rapport des savants qui l'ont fondée, est, dans l'année 1800, tombée juste 97 fois sur 100 dans ses prévisions, surtout dans l'annonce des typhons, qu'elle a tous prévus,-sauf un qui venait du Nord: et cette exception s'explique par l'absence totale de stations en Chine. Quand ce grand pays en sera pourvu, la prévision du temps dans l'Asie onentale ne sera presque jamais mise en défaut, et l'on n'aura plus à déplorer des catastrophes telles que celle de 1'<M. Les météorologues anglais ont prédit juste 8< fois sur )oo, pour leur pays et 9 fois sur 10, ils ont annoncé les tempêtes un jour d'avance. Ces prévisions reposent sur l'étude comparative des aires de basse et de haute pression. Ces pressions s'exercent d'une manière assez uniforme, chaque année, pour qu'on puisse leur assigner des zones et prévoir leur retour périodique suivant les pays et les mers. C'est ainsi qu'une série constante de hautes pressions commence au large de la côte chilienne une autre à l'ouest de celle du Cap une autre à travers l'Océan Indien, entre le Cap et l'Australie. Au nord de l'Equateur, la série des maxima s'avance, d'une part de la Californie à travers le Pacifique d'autre part, dans l'Atlantique, d'autre part encore du centre de l'Asie. Ces hautes pressions, plus ou moins variables,évoluent dans les mêmes parages pendant 6, 8, to mois de l'année. La Sibérie reste un problème pour les météorologistes: pourquoi la température y est-elle plus dure à l'extrême Nord qu'au centre? On n'a encore fait là-dessus que des conjectures. A un point de vue plus pratique, le gouvernement d'Irkoutsk et la Transbaikalie jouissent d'un ciel presque toujours pur et d'hivers ensoleillés. Les maladies de poumons, en particulier, y trouveraient une guérison presque certaine.

LA

L'expédition scientifiqua russe au Kamtchatka ~.ETTE expédition poursuit rapidement sa route, grâce a~x C chevaux et aux chiens dont elle s'est pourvue. La côte occidentale, donc celle de la mer d'Okhotsk, a été explorée de Podgargernaja à Oblukowinnaja. L'épine montagneuse de la presqu'ile a été mesurée six fois et ses volcans éteints ont été étudiés. Au sommet du Tigil, on a constaté pour la première fois l'existence de glaciers. Au bord du fleuve Oblukowinnaja on a découvert les premières traces incontestées de la présence de l'or dès le milieu d'octobre, deux mineurs ont été chargés d'y travailler. On y a noté aussi la présence du charbon de terre. Le climat est très rude. La pêche à la baleine a été très fructueuse cette année dans ces régions. Le comte Kaiserling s'y adonne et fait également le commerce des produits, depuis )8o5. De cette année-là à t8o8, on a capturé 220 baleines, qui ont donné énormémentd'huile. Neuf navires sont affectés à la pêche et au commerce 70 ouvriers russes, des Chinois, des Japonais, etc., sont employés au dépeçage et à l'encaquage. Dans la G.:z<;«e de .Sf!;)!<-P~er~OMrg~ on trouve sur cette expédition certains renseignements qui tendent à prouver que l'exploitation de l'or sera dans cette région difficilement rémunératrice.


La Guinée Francaise ~~Mf!

De toutes nos colonies, la Guinée est probablement celle ~Kt'M développe M. Cbarles ~~M~, qui vient ~CCOM: un voyage ~'C~)/0)~~MM commerciale, nous en donne, dans les nages qui suivent, une notice intéressante.

LeE but de ma mission était de reconnaître les points importants de la Guinée pour y établir de nouvelles factoreries et détourner au profit de la France le courant commercial de la vallée du Haut-Niger. ASPEC GÉNÉRAL. La Guinée Française, à laquelle on récemment rattaché le Fouta-Djallon, est très accidentée et

très

boisée, surtout dans les provinces

du Sud rée, Moria,

servent d'une terre noire qui, une fois cuite, rend un son métallique. La population de la Guinée est très dense dans les régions Nord et Sud, mais le centrent peu habité. Sa ville principale Konakry se dresse en rivalé de Freetown (SierraLeone). Depuis sa réf~ cente création cette capitale n'a fait que w ¡

MellacoTa/KMO,

prospérer et s'accroître aux dépens de sa voisine an-

glaise. En '890, Konakry ne comptait

Houré.

Cette colonie que trois maisons, dont une allemande est sillonnée par une et la maison du quantité de cours West African Teled'eau qui sont formés, comme la gégraph Company. Actuellement on y néralité des cours d'eau africains, de compte plus de cent Européens, dont cuvettes étagées quelques Européenoffrant de nombreux nes, et environ cinq passages guéabtes; mille indigènes. mais malheureusement la fréquence Pendant less ONPOSTDË BRANCHAGES, des chutes et des premières années de D'après photographie C. de M. 7-Mer~. une rapides les rendent sa création, Konaimpropres à la nakry ne faisait guère vigation. Indépendamment de ces cours d'eau, il que le transit des factoreries assises aux embouchures existe de nombreuses sources dont l'eau limpide n'a des rivières, mais aujourd'hui on y opère d'imporpas besoin d'être filtrée, et à proximité de ces sources tantes transactionscommerciales, et cette ville arrivera s'élèvent de beaux villages placés à l'ombre de grands à supplanter Freetown si au moyen de voies de pénéarbres, ou au milieu des orangers, des bananiers et des tration on lui attire le commerce de l'intérieur. mangotiers. MOYENS DE COMMUNICATION. Depuis quelques D'une composition gréso-terrugineuse, le sol renannées on travaille activement à la construction d'une ferme un minerai de fer très riche; aussi voit-on souvent route carrossable devant rejoindre le Niger; elle atteint autour des villages de petits hauts fourneaux construits déjà une longueur de quatre-vingts kilomètres. En par les indigènes et où ils fabriquent du fer, en emdehors de cette route on n'a d'autres voies de pénéployant comme chauffage du charbon de bois. tration que le sentier indigène. Dans beaucoup d'endroits on trouve le kaolin. La construction d'une voie ferrée s'impose, si on dont les noirs se servent pour blanchir leurs cases ils veut amener en Guinée le trafic de la vallée du Hautne t'emploient pas à la poterie pour leurs vases ils se Niger, que les Anglais cherchent à accaparer ils ont A

TRAVERS LE MOt<DE.

47' LIV.

? 47.

19

novembre )8~8.


déjà, dans ce but, établi quarante-cinq kilomètres de voie ferrée comportant quatorze beaux viaducs. Cette création de voies ferrées en Guinée française et anglaise est une question de vie ou de mort pour ces deux colonies. La première qui atteindra le Niger détournera à son profit tout le trafic de cette contrée, car les noirs s'accoutumenttrès vite à ce genre de locomotion

le Sénégal nous en donne une preuve.. Quoique la Guinée soit très accidentée, ce chemin de fer peut être mené à bonne fin sans nécessiterde grands travaux d'art. Le capitaine du génie Salesse qui, de décembre 1897 à mai 1808, a étudié la possibilité de ce travail, m'écrivait le 10 janvier dernier, de son campement de la Kaba, qu'il avait la certitude de réussir avec des pentes ne

dépassant pas 2$'m par mètre sans courbes réduites, sans ponts ni tunnels nécessitant de grandes dépenses. Une )igne télégraphique relie Konakry au Sénégal en passant par Faranah, dernier poste de la Guinée, et par le Soudan de plus, une nouvelle ligne ouverte récemment à l'exploitation relie le rio Nunez et le rio Pongo à Konakry. En dehors de la ligne télégraphique un service postal bimensuel dessert Timbo et Faranah, et un vapeur de la colonie assure

r_

qui l'exploite peut en recueillirjournellement quatre à cinq cents grammes. La ~orn/w copale est tirée des gommiers on la recueille en pratiquant sur ces arbres des incisions qui permettent l'écoulement de la sève. L'huile de ~a~K- est extraite d'un gros fruit rouge du genre de la datte, qui pousse en grappes sur des palmiers: l'indigène broie ce fruit pour en extraire l'huile, et ensuite concasse le noyau pour en obtenir l'amande, que l'on dénomme ~a~HM~ et qui sert également à faire de l'huile ces huiles sont surtout employées dans la fabrication des savons. La kola, fruit du kolatier, provient surtout de la côte et des provinces sud de la Guinée. Il existe deux variétés de kola, les blancs et les rouges leur conservation est difficile, à cause de la maladie du sangara. Le sangara est un petit animal qui les pique et les fait gâter il faut souvent trier ces fruits, car leur ennemi se propage rapide-

ment. Le x~,

surtout dans

le Fouta-Djallon, est la

nourriture de l'aristocrate; l'esclave se nourrit princi-

palement de patates, de mil et de manioc il conserve les patates en les faisant cuire à l'eau, puis en les exposant au soleil. le service des factoreries Le MM)!oc est simplesituées aux embouchures UNPOSTDEUAMESSURLEMONGO. ment décortiqué et mis à des rivières. D'après H7~0~~ra~e de M. C. P~~f)' sécher. CULTURES ET PROLa patate, qui est une pomme de terre sucrée, ne Au commencement de la saison des pluies, DUITS. France les l'indigène prépare la terre et l'ensemence; il fait deux se plante pas comme la pomme de terre en indigènes font de longues buttes de terre et y repiquent récoltes pendant cette saison pendant la période des tiges de la récolte précédente pendant la saison sèche il recueille des produits pour aller les vendre à sèche, ces tiges sont conservées sous terre dans un la côte. endroit que l'indigène tient constamment humide. principalement à l'état Le café. existe sauvage, Le ;7M)Mbe est obtenu de même par le repiquagede les Dantoumania), mais (à Tamiso le Kébou dans le et boutures, mais ces boutures, au lieu d'être conservées noirs ne le cultivent pas, ils se contentent de le recueilsous terre comme les tiges de patate, y sont simplelir sans chercher à le multiplier ce café, qui a un ment fichées en gros paquets, que les noirs arrosent grain très petit, est excellent mais il est peu connu en très souvent. France, où il est exporté en petite quantité sous le nom L'arachide, connue vulgairement sous le nom de de café du Nunez; l'Européen qui tenterait de le cultipistache de terre, sert à faire de l'huile l'indigène l'emver s'y ruinerait, car le noir est très paresseux et la ploie comme condiment pour son riz, en en faisant une main d'œuvre très onéreuse. Seuls les noirs propriéA la sauce mélangée d'huile de palme et de piment. taires d'esclaves pourraient fructueusement l'exploiter. surface du sol elle produit une petite touffe ~verte coaguler faisant obtenu Le ea<wMoMC est au en les feuilles ressemblent à celles du trèfle, et qui dont moyen d'une eau acidulée le latex recueilli en incisant à la nourriture du bétail. servent exploitée en les lianes caoutchoutières. La liane Le tabac, tel qu'il est préparé, n'aurait aucune famille la de Haut-Niger vallée est du Guinée et dans la valeur en Europe d'ailleurs, la feuille en est très petite indifféremment emploient noirs apocynées les des et sa production ne répond pas aux besoins du pays, le citron, de tajus d'orange, le le jus acides comme il en est fait une grande importation. car appelé baobab fruit du le marin. l'oseille du pays, L'o~o se cultive à la côte, mais dans le Tamiso pain de singe, etc. mais c'est avec le. tamarin qu'on il existe un arbre poussant dans la brousse, donnant produit la meilleure qualité de caoutchouc. Cette liane les noirs le une teinture bien supérieure à l'indigo peut être exploitée tous les trois mois; mais pendant désignent du même nom que ce dernier. les mois de mars, avril et mai, qui précèdent l'hiverla banane, l'anaLes fruits de la Guinée sont nage, le latex se raréfie. à la nas, le mango, l'orange, le citron, la papaye Suivantsa grosseur, unelianepeut fournirannuelcôte, on trouve aussi le corrosol, la goyave, l'avolement deux à cinq kilos de caoutchouc, et l'indigène


cat et la pomme d'acajou cette dernière se rencontre également dans l'intérieur du pays à Dinquinay (Soudan). La Guinée est très giboyeuse on y trouve en quantité: pigeons, perdrix, pintades, antilopes, biches, bœufs sau.vages et sangliers comme fauves, la hyène, le léopard, la panthère, quelques lions provenant sans doute des montagnes de Sierra-Leone (montagnes du lion), des éléphants, plusieurs races de singesetquelques variétés de serpents (boa, trigonocéphale, et vipère

cornue). Les Foulahs, habitants du Fouta-Djallon, s'occupent beaucoup d'élevage (bœufs et moutons); c'est, d'ailleurs, leur seul commerce. Quant aux Soussous, habitants de la Guinée proprement dite, ils se désinté-

ressent presque

complète m-~t de on ne découvre guère qu'une ou deux vachesdans chacun de leurs villages. La volaille est répandue par toute la Guinée. L'Eurol'élevage

péen en voyage peut

procurer partout ceufs et poulets. Les indigènes ne mangent pas les œufs, ils les laissent tous quant au couver lait, ils ne le boivent jamais frais, ils atse

tendent qu'il soit

poser, trouvant cela tout naturel. Néanmoins, comme valeur marchande, c'est la femme qui tient le record, car il faut deux bœufs pour avoir un esclave, et il faut deux esclaves ou quatre bœufs pour acheter une femme née de parents libres. Dans un ménage indigène, c'est toujours la première femme qui conserve la haute main sur ses compagnes. Les esclaves n'achètent pas leurs femmes aussi ne se marient-ils qu'entre esclaves d'un même maître. En dehors des travaux du ménage, la femme est potière, teinturière; elle travaille aussi le coton, mais ce sont les hommes qui le tissent. Pour préparer le coton, la femme l'écrase sur une pierre afin d'en chasser la graine, puis le carde et le file pour cette dernière opération, elle se sert d'un rouet très primitif, faitsimplement d'une petite baguette, à l'extrémité inférieure de laquelle se trouve une boule de terre qui sert de volant; dé la main gauche

enroule, autour de cette baguette qu'elle fait pivoter comme une toupie, le coton qu'elle file de la main droite. Les métiers de tisserands sont également très primitifs et très petits; eUe

aigri, voire même ils ne donnent que coagulé. En dehors des bandes d'étoffe trésétroitesquisont des fêtes religieuses FEMMECARDANTETFEMMEFtLANT, ensuiterapportéeset et des mariages, il C. D'o~r~ pliotographie P~~cr~. de M. M~c est rare que les incousues ensemble. digènes tuent leur Les métiers sont inbétail ils ne le font que s'il paraît malade, ce qui arrive stallés en plein air et se composent simplement d'une navette et de deux peignes servant à croiser les fils. Le assez fréquemment en hivernage. Pour s'assurer qu'un animal est malade, ils en ramassent les excréments, les tisserand fait manœuvrer ces peignes avec les pieds au pétrissent dans leurs mains et les sentent. Les chevaux moyen de deux bâtons qui servent de pédales; un troisième peigne mobile est destiné à serrer les fils. sont très rares en Guinée; ils y vivent très mal, et il n'y a guère que quelques grands chefs qui en possèdent. Malgré leur bonne constitution originelle, les RACES, IDIOMES,etc.-Deux idiomes sont en usage noirs de la Guinée ne deviennent pas vieux; un petit le dialoukais que parlent les Soussous, et la langue nombre dépassent la quarantaine et bien peu atteignent foulah, qui est parlée dans tout le Fouta-Ojalton. Comme cinquante ans beaucoup meurent de la poitrine, surlangue européenne, l'anglais y domine encore, mais tout les esclaves, car les nuits de janvier et de février lalangue françaises'yrépand davantagedejourenjour. sont très fraîches, et, comme ils sont peu vêtus, ils prennent des refroidissements, en allant de bon matin Le Soussou a les caractères du type nègre lèvres lippues, nez écrasé et peau noire; tandis que les Fouau travail après avoir passé la nuit auprès d'un grand feu. Ils sont également très sujets aux maux de ventre lahs, d'origine peuhle, ont des traits plus fins et sont, et de tête. pour la plupart, d'une teinte café au lait. L'homme libre s'habille de grands boubous et Les mœurs de ces deux races diffèrent peu, mais porte une espèce de trousse allant jusqu'aux genoux le Soussou est plutôt livré au fétichisme qu'à l'islamisme. Le Foulah est musulman et, de plus, très fanacomme chaussures, la sandale. tique. La femme revêt de grands pagnes qui lui ceiLa femme est considérée comme l'esclave du gnent les hanches et se couvre le buste avec un autre mari elle n'est jamais admise à manger avec lui. pagne. Les enfants sont généralement nus, ou presque Celui-ci achète ses femmes, comme il achèterait un aninus, jusqu'à l'âge de 8 à 10 ans. Quant aux esclaves, ils mal, car pour lui c'est un bétail souvent il les roue ne sont guère vêtus que de loques, les femmes portant de coups sans qu'aucun autre indigène vienne s'interun simple petit pagne qui leur laisse le buste à décou-


vert. Au Fouta-Djallon, l'homme libre est enterré dans sa case; l'esclave est porté dans la brousse, où il devient la pâture des fauves et des oiseaux de proie. Les

Soussous enterrent indistinctement leurs morts auprès des villages. Lorsqu'il y a un mort, on entend, pendant les trois jours qui suivent, des gémissements ce sont les parents du mort qui le pleurent, criant par tout le village « Nous n'avons pas de chance, notre parent est mort. » Les pleurs commencent à un signal donné par le tam-tam, sur lequel il est frappé un seul coup. Pendant ces trois jours, les vieux du village viennent réciter des prières en s'accompagnant de temps en temps de coups de tam-tam. Quand un homme meurt, ses femmes seules portent le deuil, ses autres parents ne le portent pas: tes veuves sont pendant

dix jours enfermées dans une case après ce temps elles sortent tous les jours vers midi et quatre heures sous la conduite d'une vieille femme qui les précède en frappant sur un petit tam-tam vêtues de blanc, elles vont ainsi

priétaires s'enfuiraient avec leurs esclaves et dépeupleraient le pays. Les esclaves eux-mêmes préféreraient suivre leurs maîtres, car, dans l'intérieur, ils ne nous connaissent que comme conquérants, c'est-à-dire sous un mauvais jour, ayant pendant la conquête suivi les colonnes comme porteurs. Il y a deux catégories d'esclaves les captifs de case et ceux de commerce. Le captif de case est celui qui est né dans la maison, il n'est guère esclave que de c'est une sorte de majordome, qui s'occupe des nom affaires de son maître, y participe souvent, et, les jours de fête, reçoit de lui des cadeaux. Il surveille les autres esclaves et en possède lui-même quelquefois. Le captif de commerce sert de monnaie il appartient tantôt à l'un, tantôt à l'autre à lui sont réservés tous les gros travaux et les dures corvées. SITUATION GÉNÉRAL!

Le commerce de la

Guinée consiste dans l'échange des produits d'im-

portation contre ceux du pays. Au point de vue

commercial, l'élément

français y est bien placé. A pendant deux mois se laver Konakry, où se trouvent installées plusieurs maiau ruisseau, afin d'enlever toute trace de contact du sons de commerce françaidéfunt au terme de cette ses, anglaises et allemanpériode elles peuvent se des, ce sont deux maisons remarier. françaises qui arrivent en première ligne la ComDans les villages, les pagnie coloniale d'Exporanciens sont très respectés; tation et la Compagnie DES INDI(ltNES. LES IIAUTS-FOURNEAUE cesonteux,deconcertavec française. D'<~)'f~ M)!f photographie de M. C. Pt'~Mfn's. le marabout et le chef du Sur deux points cepenvillage, qui décident ce qui dant les Anglais nous surpassent 1° ils sont moins doit se faire. Le chef de village ne prend jamais de hésitants, et, dès qu'ils escomptent des bénéfices prodécision sans les avoir réunis aussi toute affaire que bables, ils vont de l'avant 2" ils écoulent les produits l'on veut traiter avec le chef d'un village demande de leur industrie nationale, alors que nous n'écoulons deux heures quand elle pourrait être terminée en quelques minutes. pas les nôtres. La faute n'en est pas au colonial français, qui, pour se Sauf dans les grandes familles désunies par maintenir au premeir rang doit, lutter à armes égales l'ambition des proches qui aspirent à être chefs, l'esprit elle incombe aux manufacturiers français, qui ne veulent de famille règne sans conteste le noir adore ses déroger pas se régler sur les besoins des indigènes et parents, principalement sa mère, et il est à remarquer fabriqués chez eux, soit en y apportant les être aux genres besoin de la jamais celle-ci n'a pour menace que quelques modifications qu'on leur demande, soit en ne obéie. voulant pas faire une qualité inférieure, leur permettant l'homme libre Fouta-Djallon, Au ESCLAVAGE. de livrer à égalité de prix des produits similaires à tandis déshonorer, serait travailler travaille se pas ne ceux des Anglais ou des Allemands. qu'en pays soussou on trouve des artisans ce sont Les produits courants d'importation sont les d'esclaves, possédant point qui, lib'res des hommes ne les verroteries, les odeurs, la poudre, les fusils tissus, tailcordonniers ou se font charpentiers, forgerons, à pierre et l'alcool pour les Soussous, mais d'ici quelà réservée exclusivement leurs, car la couture est années le commerce d'échange aura totalement ques celle-ci travaillent la seuls terre; esclaves Les l'homme. faire place au commerce contre numédisparu, pour dans travaille cependant, appartient au premier qui la raire car déjà quantité de noirs qui ont compris toutes qui village sont les chefs de endroits quelques ce les facilités de ce mode de payement exigent des annuellement désignent les emplacements où chacun espèces sonnantes pour leurs produits et font ensuite peut cultiver. leurs achats comme bon leur semble. Guinée FranL'esclavage, qui existe encore en C. PIQUEREZ. çaise. s'abolira de lui-même, à mesure que le commerce pénétrera dans l'intérieur. A notre contact, il se produit chez le noir une révolution, il aspire à la liberté. Ce serait tuer la colonie que de proclamer d'un seul coup l'abolition de l'esclavage, car les pro-

_1

A_


La Marche des Missions Liotard et Marchand UNE caricature du fMKct montre un Anglais

se

dirigeant à dos de chameau vers Fachoda. tandis qu'un Français marchant à pied se fraye péniblement un passage parmi les sables et la brousse. Le caricaturiste fait dire à l'Anglais « Après tout, je suis le mieux monté et j'arriverai bon pre-

miers.

C'est pourtant le Français qui a gagné la course, puisque le commandant Marchand est

arrivé

à

Fachoda le

juillet, plus de deux mois avant le sirdar t0

Kitchener. C'est le dépit causé par cette avance de la mission Marchand qui a fait

traiter en Angle-

terre nos pionniers du Soudan de « maraudeurs irresponsables », de « délinquants et « d'aven-

turiers ».

Voyons donc ce que sont ces « vagabonds. » Le commandant Marchand est né à Thois-

sey,dans l'Ain,le 22 no-

troupes contre Samory. Mais, abandonné enjanvier 1892 par ces bandes indigènes qui craignent de ne plus revoir leur pays, il est forcé de rétrogader et de refaire, en sens inverse, l'immense route de 2 ~oo kilomètres qu'il avait parcourue à l'aller, du cap Vert aux bassins côtiers du golfe de Guinée. Le 19 décembre 1892, Marchand est nommé capitaine et il regagne la France pour y jouir d'un repos mérité. Mais l'inaction ne tarde pas à lui peser, et, en mars t8c)~, il part pour la Côte d'Ivoire, voulant chercher un nouveau point de jonction entre cette colonie et nos territoires voisins du Niger. En juin, il s'empare de Thiassalé, après un combat héroïque dans lequel ses

quatre-vingt-dix

tirailleurs, entraînés par lui, font des prodiges.

La mort d'un de ses compagnons d'armes, le ca-

pitaine Manet, le retient quelque temps près de Thiassalé, mais, en octobre, il reprend son expédition et, quand il revient à la côte, il est éreinté, fourbu, fou de fatigues, de privations et de souffrances», mais il rapporte une carte complète et détaillée de la future route Transniger », qui de la mer conduirait directement au CentreAfrique. C'est alors qu'il apprend que Samory menace Kong. Sur ses instances la colonne Monteil est décidée pour détruire la funeste puissance de l'Atmamy. Marchand y prend part et s'y

distingue. jusqu'au

jour où la colonne est vembre ;86~. n'adonc CARTE DU SOUDAN ÉGYPTIEN ET DU BAHR-EL-GHAZAL. rappelée et dissoute, sans pas encore trente-cinq qu'on ait jamais bien éclairci le mystère de ce rappel ans. Sa famille le destinait au notariat, mais ses goûts et de cette dissolution. ne le poussaient guère vers cet honnête et placide métier, et, en <88~, il s'engageait dans l'infanterie de Après cette nouvelle et glorieuse campagne marine. Entré à l'Ecole de Saint-Maixent, il en sortit accomplie sous les ordres de Monteil, Marchand revient services lui en )88y et, dès 188~, il commença ses campagnes afrien France à la fin de 1895. Ses brillants caines, qu'il ne devait jamais interrompre. valent la croix d'officier de la Légion d'honneur. Mais Marchand est, en effet, un « Africain dans toute il ne juge pas sa tâche remplie. Loin de là. A peine arrivé, il rêve de traverser le continent noir dans toute la force du terme. Qu'on en juge par la liste de ses états Liotard, qui de service En )88(), il fait partie de la colonne du sa longueur et d'aller appuyer la mission opère dans le bassin du Congo et de l'Oubanghi. Il parHaut-Fleuve du Sénégal. Blessé à la tête à l'attaque de Koudian, il est nommé chevalier de la Légion d'honvient, grâce à sa ténacité à faire adopter son projet, et bientôt il est investi du commandement supérieur des neur. Il fait ensuite partie d'une première mission chargée d'explorer le Niger avec le lieutenant de vaisseau troupes dans le Haut-Oubanghi. Le 23 juin 1896 il quitte Paris pour Marseille et le Congo. Hourst Promu lieutenant le 8 janvier 1890, il suit la célèbre colonne Archinard au Soudan, assiste à la prise La mission Liotard était due à l'initiative de de Ségou et est blessé à Diéna dans l'expédition qui va M. de Brazza, qui, en i8c)i. avait envoyé M. Liotard au secours de Hourst. dans le Haut-Oubanghi pour faire valoir nos droits audacieusement menacés par les Belges de l'Etat du En mai i8o<, il est arrivé à Sikasso comme résiCongo. Au prix de mille difficultés et grâce au condent de France auprès du roi Tiéba, dont il dirige les


cours très opportun queluiapporta le jeune duc d'Uzès en !8~ lorsqu'il le rejoignit avec cinquante tirailleurs, M. Liotard réussit à se maintenir dans les territoires dont jusqu'alors on nous avait contesté la propriété. Un instant même on put croire que nous allions conclure avec les Belges un arrangement définitif, lorsqu'on apprit que ceux-ci avaient signé, le 14 mai 1804, à Bruxelles, un accord avec tes-Anglais. Cet accord absolument contraire aux stipulations du traité de Berlin, puisque l'Angleterre et le souverain de l'Etat du Congo se partageaient le bassin du Haut-Nil, c'est-à-dire un ancien domaine du khédive vassal de la Turquie, cet accord, disons-nous, fut combattu par notre diplomatie, secondée par celle de l'Allemagne. L'opposition des deux puissances amena le souverain de l'Etat du Congo à renoncer à la plupart des clauses de son traité avec l'Angleterre, et, le 14 août 1804 ce souverain reconnaissait officiellement à notre Congo français la frontière que nous revendiquions. A partir de ce moment le Congo français, assuré de son intégrité du côté de sa frontière méridionale, pouvait reprendre son expansion naturelle du côté du Nord. C'est à quoi s'employa M. Liotard avec une énergie et une ténacité qui lui font le plus grand honneur. Sa parfaite connaissancede l'esprit des indigènes le servit d'ailleurs à merveille dans cette mission délicate. C'est en gagnant la confiance des chefs qu'il put s'avancer jusqu'au Bahr-el-Ghazal, où il fonda en février 1806 un poste à Tamboura sous le nom de FortHossinger et où il occupa d'autres points. Cependant il ne disposaitquedetrois compagnies sénegaliennes de 175 hommes chacune, auxquelles il pouvait joindre quelques miliciens indigènes. Ces forces étaient insuffisantes pour occuper peu à peu les vastes régions qui s'ouvraient à nous depuis le départ des Belges. C'est donc pour renforcer ces effectifs que le capitaine Marchand fut envoyé en Afrique. Accompagné des capitaines Baratier, Germain et Mangin, du lieutenant Largeau, du lieutenant de vaisseau Morin, de l'enseigne de vaisseau Dyé, de l'interprète arabe Landeroin, du médecin de-marine Emily, de )2 sous-officiersfrançais et de 150 tirailleurs sénégalais, le capitaine Marchand débarquait le 23 juillet 1806 à Loango. Le t~mars t8~y,après avoirvaincu des obstacles répétés et avoir échappé à une maladie qui faillit l'enlever, Marchand quittait Brazzaville avec ses compagnons. Leur traversée de l'Afrique, tramant derrière eux deux canonnières, le Faidherbe et le Nil, et des embarcations démontées, restera un des exemples les plus frappants de ce que peut l'énergie individuelle. Remontantl'Ouba nghi et son affluent le M'Bomou, ils étaient, au printemps de 1897, à Rafaï, sur cette

rivière.

Le capitaine Marchand allait partir de Rafaï pour piquer droit au Nord sur le Bahr-el-Ghazal, quand

Liotard l'avertit de son projet d'aller dans cette direction occuper Dem-Ziber, et lui conseilla de gagner à l'Est Tamboura, occupé depuis février 1806, pour, de là, se diriger vers le Nord. Marchand résolut de transporter toute sa flottille M.

du M'Bomou au Soueh, à travers le plateau qui partage les eaux entre le Nil et le Congo. Le t" mai, il divisa sa mission en deux groupes le convoi et la flottille. En vingt jours, les officiers du convoi firent l'hydrographie du M'Bomou inférieur et établirent,

autour des chutes, des sections de route larges de 10 mètres avec des glissières en troncs d'arbres. Alors le groupe de la flottille se mit en marche et, moitié naviguant, moitié roulant, atteignit le 2o juin les passes de Baguessé. Restaient 700 kilomètres à faire pour atteindre Tamboura et le Soueh, et à travers montagnes, forêts, ravins, marais inconnus, etc., si par malheur on ne trouvait pas une nouvelle voie navigable. On la trouva dans le Bokou, affluent de droite du M'Bomou, que le

capitaine Baratier remonta du t" juin au 3 août jusqu'au confluent de la Méré, qui elle-même grossit à droite le Bokou, à 70 kilomètres seulement de Tamboura. Le to septembre, toute la flottille y arriva. Elle était à 330 kilomètres de Brazzaville. Pendant ce temps, Marchand lui-même était a!!é nouer des relations dans le bassin oriental du Soueh, chez les Bougos, qui habitent le long de son sousaffluent droit, le Toudj, et avait poussé une pointe jusqu'à 80 kilomètres de Lado pour s'assurer qu'aucune expédition anglais.; ou belge n'arrivait du Sud. Il revint ensuite déterminer le point de départ de la navigabilité des eaux nilotiques. Laissant le commandement au capitaine Baratier, il alla chercher la dernière cascade du Soueh au pied des monts Baguinsé, la trouva, s'embarqua dans un tronc d'arbre évidé en pirogue, avec quatre tirailleurs, quatre indigènes yakomas, et de la farine de maïs pour huit jours, et, descendant le Soueh à raison de 120 kilomètres par jour, arriva en trois jours, en en dressant l'hydrographie, au confluent de la Ouaou, affluent gauche venant de la région où la Méré prend sa source. Après une pénible remonte du courant si vite descendu, le 13 septembre Marchand retrouva sa troupe sur le plateau baguinsé, où continuait à arriver le matériel acheminé de Sémio par la Méré. Marchand fixa alors le point d'embarquement à Kodjoli, sur le Soueh, dans l'angle formé par le croisement du méridien 25 Est etdu parallèle 6 Nord, et le fit relier à Méré par une route large de 5 mètres et longue de 160 kilomètres, véritable œuvre de géants. Il y établit un arsenal avec cales pour réparer sa flottille; puis, à y kilomètres en amont du confluent du Ouaou et du Soueh, il fit construire Fort-Desaix près de l'ancien Koutchouk-Ali, et, pour le relier à Kodjoli, créa le poste des Rapides par 6° 52' latitude Nord. Au mois de novembre 1897, toute la mission était installée sur cette solide base d'opération avec ses deux canonnières, le Faidherbe et le Nil, et une dizaine de chalands en acier et en aluminium. Marchand, de son quartier général de FortDesaix, se mit en relation avec les Dinkas, dont on évalue le nombre à cinq millions, et réussit à transformer leur hostilité en sentiments amicaux, quand il leur eut démontré qu'il ne venait pas pour les razzier au nom du sultan de Tamboura.


Au mois de février 1898, l'annonce de l'arrivée de blancs venus du Sud à Ayak, sur le Nam-Rohl, amena Marchand à ordonner un mouvement de troupes qui eut un effet moral excellent sur la population. Le lieutenant Gouly alla occuper M'Bia, à deux jours de

marche d'Ayak et de Roumbek; il y fut malheureusement emporté par un accès de fièvre bilieuse hématurique le capitaine Germain marchait du poste des Rapides vers le Toudj, où fut établi le poste de surveillance de Diabéré le capitaine Mangin allait de FortDesaix à Djou-Ghattos, pendant que de Dem-Ziber arrivait à Fort-Desaix un renfort de cent tirailleurs armés de mousquetons Gras. Tous les chefs indigènes envoyèrent alors à FortDesaix offrir leur concours. Le 26 mars, le capitaine Baratier et l'interprète Landeroin revinrent d'une reconnaissancequ'ils avaient poussée jusqu'au confluent du Bahr-el-Arab et jusqu'au lac Nô, pendant que le capitaine Largeau avait reconnu le Bahr el-Homr et levé le cours du Ouaou. A ce moment, le capitaine Marchand occupait par des postes, dans le bassin du Bahr-el-Ghazal, les centres de Tamboura, Kodjoli, les Rapides, FortDesaix, Mechra-ez-Rek, Bahr-el-Arah, Roumbek, Djou-Ghattas, M'Bia et Ayak. C'est alors que Marchand écrivait « J'ai maintenant dans le bassin du Bahr-elGhazal, c'est-à-dire du Nil, une situation de toute puissance, sept chalands ou boats d'acier, un vapeur sous pression, quinze pirogues creusées par mes tirailleurs, pouvant me conduire où je veux dans le bassin du Nil, où le premier vapeur français est entré à cette heure, ma'gré tant d'obstacles et d'hostilités. Et, tant que je serai vivant, tant qu'il restera un officier, un sergent de la mission française, notre pavillon restera dans le bassin du Nil. « tt ne faudrait pas croire pourtant que tout est agréable dans notre situation. Nous mourons de faim d'abord, et depuis longtemps c'est la chasse à peu près exclusivement qui nous soutient. Vous savez que c'est la faim qui est la cause du désastre de l'expédition Dhanis dans notre voisinage. Les sauterelles ont ravagé le peu de plantations faites par les indigènes bougobarris, sur lesquels nous nous appuyons, et mes propres plantations sont ravagées. Comment allons-nous atteindre le Nil ? Serons-nous obligés de manger l'embach des marécages? Etencore s'il ne s'agissait que de passer vite avec mes bateaux, ce serait peu. « Mais le problème est bien autrement difficile. Ici on ne passe pas. Le passage ne constitue pas un droit sur le pays traversé. Il faut oecK~<e~Mw<'K<, et alors chaque nouveau poste créé dans ces immenses régions presque dépeuplées, chaque centaine de kilomètres en avant, constituent un travail colossal, une lutte incessante contre l'impossible. Pourtant, le triomphe final est à ce prix. Et malgré tout, quelque obstacle nouveau qui se dresse sur notre route, nous triompherons; il le faut pour la grandeur de la patrie. » Malgré tous ces obstacles, Marchand et ses compagnons sont arrivés à Fachoda le 10 juillet, non sans avoir eu affaire aux Derviches. Ceux-ci les attaquèrent en grand nombre à trois reprises différentes. Mais les carabines des tirailleurs sénégalais firent de prompts et grands ravages dans leurs rangs. Bientôt, ils prirent la

fuite, abandonnant leurs morts et notre mission put enfin s'établir à Fachoda. Tout d'abord, les indigènes se méfiaient des nôtres mais peu à peu, ils en vinrent à des sentiments plus sympathiques. Lorsque le 2t septembre, le sirdar Kitchener vint, comme on le sait, à Fachoda, Marchand put lui offrir des légumes et même une gerbe de fleurs, provenant du jardin que la mission avait créé. Le général anglais ne cacha pas l'étonnement que lui causa la stabilité de l'installation de la petite troupe française il parut frappé de la façon dont elle l'avait tiré parti des anciennes fortifications égyptiennes. Elle y avait trouvé un camp très étendu, elle l'avait diminué et elle y avait aménagé un réduit casematé et fortifié de telle façon qu'il pouvait défier toute espèce d'assaut. Ajoutons que, malgré tous les bruits qui ont couru, la mission est arrivée en parfaite santé au terme de son voyage. Des tentatives avaient été faites pour envoyer par l'Ethiopie des renforts à nos missions de Bahr-el-Ghazal Malheureusement ces tentatives ont échoué. La nature exceptionnellement marécageuse de ces régions a été un obstacle insurmontable pour la mission de Bonchamps qui, partie de Djibouti à la suite de Bonvalot, n'avait emporté ni chalands ni embarcations. Il ne semble pas d'ailleurs, que notre compatriote ait trouvé auprès des Ethiopiens tout l'appui qu'il espérait, et son élan est venu se briser sans qu'il ait pu recueillir tous les fruits d'une expédition brillamment commencée. Dans cet article qui ne veut doiner que l'itinéraire de nos missions, nous ne parlerons pas de la question des droits de la France sur le Haut-Nil et du conflit récent qui s'e~t élevé, à ce propos, entre notre diplomatie et celle de l'Angleterre. Nous avons simplement voulu signaler à nos lecteurs l'énergie extraordinaire déployée par les membres de la mission Marchand. 11 faut lire, dans leurs lettres, le récit inouï de leurs fatigues et de leurs privations pour se rendre compte de leur force de caractère. A chaque instant. les vivres leur ont fait défaut, ils n'ont eu pour unique viande que la chair d'hippopotame dans les dernières régions inondées qu'ils ont parcourues, tout abri leur a manqué, ils n'ont pas aperçu un seul village, rien qu'une mer immense de marais; les moustiques, les insectes nuisibles sont venus les incommoder cruellement les indigènes par leur duplicité et leurs complots ont multiplié les difficultés sous leurs pas; la fièvre les a souvent terrassés. Et cependant cette petite troupe héroïque n'a jamais désespéré du succès final, jamais son courage ne s'est lassé! Et elle est allée victorieusement planter au centre du continent noir le drapeau de la France.

L. Muller.

La Navigation côlière, un volume. Librairie du Yacht, 55, rue de Chateaudun. M capitaine au long cours L. Muller a réuni en un élégant petit livre, les articles qu'il avait publiés ici même, l'an dernier sur la Navigalion côtière. Son travail devient ainsi un manuel très pratique et très commode pour tous ceux qui s'adonnent au yachting.

le


POLE NORD

Brackmœ (Siewert), voyageur norvé-

gien, a fait au cours de cet été deux courses dans l'océan Glacial, à bord du cotre la Nora il a dû aller visiter les dépôts de vivres du baron de Toll aux îles de la Nouvelle-Sibérie, et rechercher Andrée et ses compagnons. Nathorst (D') et les membres de l'expédition suédoise au pôle Nord sont rentrés à Tromsoe, le 7 septembre, avec le vapeur Antarctic. Le programme de l'expédition a été exécuté avec succès. Elle a fait des recherches dans l'ile du Roi-Charles et a contourné par voie de mer le Spitzberg et la Terre de l'Ouest. Elle a rencontré l'expédition Welmann à l'ile du Roi-Charles et n'a trouvé aucune trace du passage d'Andrée. Peary (lieutenant de vaisseau américain) est resté, avec ses compagnons, à Foukelford (port Foulque), d'où il doit commencer sa véritable exploration. Le vapeur Hope, qui l'a conduit sur ce point.du Groenland, est rentré

en Amérique. Sverdrup (capitaine) est arrivé le 4 août, avec le fr~M, à Upernavik (Groenland). Welmann (Walter) et les membres de l'expédition américaine au Groenland,

embarqués sur le steamer Fr!</o/ sont rentrés à Tromsoe le )e' septembre, après avoir débarqué au cap Tegethoff, sur la pointe Sud de l'ile Hall, où ils auraient relevé des traces de passage d'hommes. M. Balwin, membre de l'expédition Welmanu, pense que ces traces pourraient être celles d'Andrée et de ses compagnons. Des dépôts de vivres ont été crées

sur ce point et au cap Flora.

POLESUO Gerlache (de). On est toujours sans

nouvelle de la Belgica. On espère qu'elle aura été bloquée et obligée de passer l'hiver austral dans les environs de Graham. Dans ce cas, on ne pourrait rien savoir avant avril 1800. On n'est pourtant pas sans inquiétude sur le sort de l'expédition. OCÉAN Chun (professeur allemand qui explore les profondeurs océaniques) se trouvait aux Canaries avec la Valdivia dans les premiers jours de septembre. Il s'est dirigé ensuite vers le cap de Bonne-Espérance.

Monaco (Prince Albert de) vient de ter-

miner la campagne d'exploration maritime qu'il a entreprise cet été dans l'océan Glacial avec son yacht Pf!Hcesse-Alice. Il a visité le Spitzberg et l'ile Jan-Mayen, et a atteint la latitude 8o°37', où des travaux océanographiques ont pu être exécutés.

AFRIQUE

Blondiaux (lieutenant d'infanterie de

marine) est rentré en France après avoir terminé avec succès la mission dont il avait été chargé avec le con-

cours de l'adjudant Not. Les bassins Mac Donald. Un télégramme daté du Caire 26 septembre dit que le major supérieurs du Bandama Rouge, de la Mac Donald est arrivé à Lado, sur le haute Bagoé, du Sassaudra, du rio Nil, à 55o milles au sud de Fachoda, Cavally et une partie des affluents de et à peu de distance au nord de gauche de la rivière Saint-Paul ont Redjaf. été reconnus et relevés. La ligne de délimitation de la frontière franco- Marchand (commandant), dont on n'alibérienne a été établie sur des bases vait reçu aucune nouvelle depuis pluprécises, et une voie de communicasieurs mois, est arrivé le 10 juillet tion a été reconnue praticable par la avec 8 officiers et 120 soldats soudaSassandra et plus difficilement par le nais à Fachoda, ayant atteint malgré rio Cavally. les plus insurmontables difficultés le Bretonnet (lieutenant de vaisseau), but de sa mission. Le capitaine Baraconnu par son expédition au Niger, tier a apporté à Paris le rapport de est parti le 10 septembre, chargé par la mission. le gouvernement de poursuivre les opérations si heureusement commen- Mohun (Anglais) va diriger l'expédition chargée d'établir une communication cées dans le bassin du Tchad par télégraphique entre le lac Tanganyika M. Gentil. et Stanley-Falls. Cavendish, à la tête Dubois (Félix), explorateur français, ira d'une autre expédition, a commencé prochainement au Soudan avec une l'établissement d'une ligne télégramission chargée d'étudier la pénétraphique dans la partie la plus septention par l'automobilisme. trionale de la Chartered on pense Pondère (Alphonse), Français, s'est emqu'avant deux ans cette première barqué le 10 septembre pour aller au ligne aura atteint le Tanganyika et reCongo rejoindre M. Fourneau, avec joint la seconde ligne projetée. lequel il doit diriger l'expédition dont nous avons parlé le mois dernier et Puttkamer (baron de), gouverneur du Cameroun, s'est embarqué à Hamdont le but principal est de chercher bourg le 10 septembre, accompagné une ligne de communication entre la du lieutenant von Carnap, qui a réSangha et la côte. cemment exploré l'hinterland de la Foureau, explorateur français, et sa colonie allemande. Ils vont établir de mission ont quitté Blidah à la fin de nouvelles stations sur la Sanga. septembre pour le Sahara, où M. Foureau va faire sa dixième expédition. ASIE La colonne est placée sous le commandement du chef de bataillon Labbé (Paul), explorateur français, Lamy, qui a quitté récemment la chargé par le gouvernement d'une Maison du Président de la Républimission dans l'Oural, était attendu à que, du capitaine Reibell, de 4 lieuToula au commencement d'octobre. tenants, dont indigène elle se compose de 180 tirailleurs algériens. Elle Olufsen, lieutenant de l'armée danoise, se dirigera d'abord sur Ouargla, Forten mission au Pamir, a dû passer une Mac-Mahon et Fort-Miribel. L'objecpartie de l'été aux environs du Yachilrendre tif de l'expédition est de se Koul pour y faire des observations d'Algérie au. Soudan par le Sahara. scientifiques avec l'aide du D' 0. Paulsen qui s'occupe des récoltes Lemaire. La mission belge qui était botaniques, et du professeur A. Hjuparvenue heureusementjusqu'au Tanler, chargé des observations phyganyika vient d'être cruellementéprousiques. Un envoyé de l'émir de Bouvée. Un télégramme envoyé de Blankhara, Mirza-Abd-ul-Kader, est tyre annonce la mort de deux de ses attaché à la mission comme interprète membres. MM. de Windt, géologue des dialectes persans. D'après un rébelge âgé de vingt-deux ans, et cent télégramme, l'expédition a failli Caysney, chercheur d'or, d'origine être attaquée par un groupe de Kiranglaise, se sont noyés dans le Tanghiz mais le complot fut dévoilé et ganyika. Le bateau sur lequel ils se son chef fait prisonnier avec 3) de trouvaient a sombré au cours d'une ses compagnons, gràce à l'appui des tempête pendant la nuit du 9 au troupes russes. 10 août dernier. Liotard, lieutenant, gouverneur du Landberg (comte Carlo), Suédois, diHaut-Oubanghi, qui a été le prépararige une expédition autrichienne qui misteur de la pénible et dangereuse est partie le 28 septembre et qui va Marchand, est commandant du sion explorer le Sud de l'Arabie. arrivé le 2 o:tobre à Pauillac avec Zichy (comte) a dû atteindre le lac son compagnon, l'administrateur BoBaïkal à la fin d'août. bichon. M. Liotard se trouvait en mars 1897 à Ziber, à 10 kilomètres de la OCÉANIE rivière Biri, quand il rencontra l'avantgarde de la mission Marchand,dont il facilita le passage dans ces régions. Il Andrew (naturaliste anglais) est rentré en Europe au milieu de septembre, poussa ensuite ses reconnaissances après une absence de quinze mois, jusqu'au parfour, puis revint à Brazzaayant terminé l'exploration de l'ile de ville par Ziber, Semio, Bangui. Détail Noël (Christmas), à ..joo kilomètres au curieux il n'a jamais vu le commanSud-Ouest de Java. dant Marchand.


Le Château de Bouillon Les vieux cM/C<!M~ /~O~M~ e~COff debout sont une CMnO~t/e ~~)~C!M des ~OK~M~. Cc/Mt

roi e&f~MM ~y<')'MM&W; passa MM e~KM,

M! une

MM~t/MM ~~f/MK/MM, car ~OM

est fort pittoresque et imposant, ce vieux château ÏL soHdement bâti sur le sommet d'un rocher, et le nom des Godefroy, qui en furent les maitres, est bien fait pour le rendre intéressant. C'est au vu" siècle qui! fut élevé par un comte en

Ardenne qui,

~OKtHoM, OM

~MMM~

A<0<M: JM~ mOM~M~M~e.

Mais Godefroy ne revint jamais et mourut sans laisser d'héritiers directs. Dès lors, le domaine appar-

tint aux princes-évéques de Liège jusqu'au xu° siècle. A cette époque, ils essuyèrent les revendications d'une branche des Godefroy qui, moyennant le versement engagé, réclamè-

craignantles entreprises des routiers et des vagabonds, s'était garé là de

rent la propriété du

leurs incursions. Au !x'siéc!e, le comté

guerre interminable dont le duché, ainsi que le titre de duc de Bouillon,

dessina et

ne tarda pas à devenir se

comme duché, le fief le plus impor-

tant des Ardennes

château. Les évéques résistèrent. De )à, ¡.

¡.

furent t'enjeu, chacun des deux partis s'emparant tour à tour du vieux

I: J

toutes les seigneu-

château, selon le sort des combats.

ries, baronnies ou autres courbèrent la tète devant ce

Evêques de Liège et ducs de Bouillon lavèrent cette querelle dans le sang,

suzerain.

Dans le châ-

teau, on tenaitcour

non sans endommager chaque fois

d'assises. Les

ducs y

le domaine, qui, rérendaient la jusLA VILLE ET LE CIIATEAU DE BOUtLLUN paré par chaque tice, prenant de Da/'r~H~c~/fO/o~r~nc. occupant,perditpeu fait, sinon de droit, à peu de son style le titre contesté de primitif. Cet état de choses dura jusqu'au moment où souverains, tandis que dans les archives de.la noblesse, Charles-Quint le reprit et le rendit aux évêques. ils étaient inscrits sous les titres de princes des Ardennes, Ceux-ci le conservèrent jusqu'en 1676, où Louis XIV, ducs de la Basse Lorraine et seigneurs de B<?:M//OM, du faisant réduire par le maréchal de Créqui toutes les nom de la ville située au pied du rocher, sur les bords places fortes de la Meuse, mit un terme à cette querelle de la Semoy. de six siècles, en s'emparant du duché et du château, Avant de partir pour la croisade, en 1095, Godefroy, pour le. donner en toute propriété à Godefroy de la ayant besoin d'argent, et ne voulant pas vendre, comme Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne et prince de tant d'autres, le domaine héréditaire que sa mère avait Sedan, en récompense de ses bons et loyaux services, reçu en dot, et où il avait été élevé, proposa à Otberg, Dès lors, les évêques de Liège se tinrent pour évéque de Liège, de le lui laisser en gage, moyennant battus, et les Godefroy, enfin chez eux, gardèrent le un prêt de 1.300 marcs d'argent et 300 marcs d'or, duché jusqu'en 1794, où Bouillon, à la suite d'une sanqu'il lui rendrait après la croisade en reprenant son glante bataille entre les Autrichiens et les Français domaine. A

TRAVt.KS LE MOKbE.

48' UV.

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?

48.

26 novembre t&)8.


vient un~autre pont, puis un autre couloir, puis encore un pont, puis encore un couloir.

Peu engageants, en vérité, tous ces ponts, tous ces précipices, tous ces couloirs on ne perçoit guère que des bruits d'oiseaux effarouchés se sauvant dans les trous des vieilles murailles. Les ponts et les couloirs franchis, on arrive au cœur de la forteresse, qui présente un ensemble de constructions

7'o~t~S~ VUE DU CHATEAUPRISE PAR DERRt RE,

massacrés dans ses rues, s'érigea en petite république. Disons à ce propos que, dès l'année !790, le duc régnant avait donné aux États de Bouillon une constitution basée sur des principes révolutionnaires. En 1796, cette petite république fut annexée à la grande et fit partie du département des Ardennes. Le château subit le sort commun à toutes les propriétés féodales. Plus heureux que ses pareils pourtar.t, il ne fut pas détruit. -Son grand âge ou ses glorieux exploits à travers les siècles imposèrent peut-être aux démolisseurs, car, pendant que tout s'effondrait autour de lui, il resta debout. En t8t4, les habitants de Bouillon reconnurent guère, car un seigneur au château. Mais cela ne dura en i8<5, le congrès de Vienne l'incorpora dans le royaume des Pays-Bas. En 1830, le château fut compris dans le Luxembourg belge. Aujourd'hui il est classé parmi les monuments historiques. Il a pris ses invalides. Deux gardiens y sont attachés, et font les honneurs du domaine des Godefroy aux touristesnombreux qui circulent dans ces parages, durant la belle saison.

originales, irrégulières, disposées en longueur et offrant au regard deux cent cinquante mètres de vieux remparts entés sur le roc. Toutes ces constructions sont surmontées de tours décoiffées, décapitées. Même les tours de l'Horloge et d'Autriche, bâties par Charles-Quint, sont aussi ruinées que d'autres beaucoup plus anciennes. On retrouve çà et là la trace des travaux de défense que Louis XIV fit à la forteresse. Il y a pour le touriste, qui ne s'y trompe pas, outre le cachet du siècle, quelque chose du style de Vauban dans cet amas de machicoulis, d'encorbellements variés, resserrés, pressés, échelonnés le long des remparts sur la crête étroite du rocher. Sur le premier pont-levis, encastré dans la pierre, est un monogramme en l'honneur du grand Roi. Voici des casernes voûtées, entourées de petites cours noires et mystérieuses; des galeries jadis couvertes et laissant voir aujourd'hui le bleu du ciel voici des chemins de ronde enchevêtrés comme des labyrinthes, et des salles immenses dont les fenêtres donnent au loin sur les campagnes; voici enfin des corps de garde sinistres, des souterrains, des réduits, des trous profonds, des oubliettes, avec des escaliers taillés à même le rocher. Tandis que l'on circule au milieu de ces ruines, la pensée évoque forcément le souvenir de tous ceux

Tel.est, grands coups de pinceau,

l'historique du château de Bouillon. Lorsqu'on l'aperçoit, posté comme un géant des vieux âges dans une belle nature solitaire, on ne peut se défendre d'un saisissement réel. De quelque côté qu'on arrive pour l'aborder, l'effet est toujours le même. D'une ruelle du vieux Bouillon, voisine d'une esplanade plantée d'arbres, on gagne la hauteur, où l'on se trouve en présence de trois portes successives avec ponts-levis jetés sur des crevasses effrayantes. Il faut franchir ces ponts pour entrer dans la forteresse. On sonne à la première porte qui se présente. Le gardien, cicerone de ces lieux, introduit le visiteur dans un couloir sombre; puis

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qui ont résidé dans ce vieux château. Mais une grande figure domine, celle de Godefroy de Bouillon C'est là que le héros a passé son enfance, son adolescence et sa jeunesse. Il était né à Boulogne-surMer, où son père, Eustache aux grenons -ainsi nommé à cause de ses longues moustaches était suzerain du duché; mais Godefroy revint, en bas âge, habiter Bouillon avec sa mère et ses deux frères. C'est là qu'écolier studieux, assis aux pieds de chose rare son « incomparable mère, il apprit les quatre langues qui devaient plus pour l'époque tard lui être si utiles pendant sa croisade. C'est là qu'il recueillit sur la bouche maternelle ces pieuses et nobles maximes « Ce n'est pas assez, mon fils, de donner aux pauvres, aux veuves etauxorphelins il faut com-

son existence tourmentée, eUe a beaucoup souffert des querelles des ducs et des évêques. De quelque côté que se tournât la victoire, son sort était toujours le même brûlée et saccagée,– sans compter les affreuses tueries dans ses rues et les horreurs d'une prise d'assaut. Il fallait qu'elle eût la ferme volonté de vivre pour supporter toutes ces tristesses et surmonter des calamités à nulle autre pareilles; car elle était, malgré tout, florissante. Cependant, à la longue, elle finit par s'amoindrir: aujourd'hui, elle n'a plus que 2 600 habi-

tants.

C'est une petite cité agréable, propre, gracieuse, hospitalière, se parant, pour plaire, de quelques vieilles bâtisses caractéristiques, encapuchonnées de vastes combles d'ardoises

datant de loin, et qui font le bonheur des touristes. De tous ses malheurs, ainsi que

prendre -dans vos

largesses tous ceux' qui souffrent)). Ou encore « Quand vous serez grand mon fils, vous irez combattre ne craignez pas la mort, cherchez-la celui qui meurt pour son pays

fait

un

de sa décadence à travers les siècles,

elle n'a pas gardé rancune au château; elle en est fière, comme elle l'est du

héros dont elle

grand

conserve pieuse-

gain ».

ment le souvenir. En l'année i8yo, La mère de Godefroy prononune page doulouçait ces paroles toureuse vint s'ajouter à l'histoire de Bouilchantes avec la sélon. Le 2 septembre, rénité d'âme qui ne \)'EDU!'UNT5URLASH~OY. après la bataille de la quittait pas. D'aSedan, toutes les près les historiens ~~o~n'eL!~c~,n.S~M. villes, tous les vitdu temps, elle reslages, toutes les fermes des alentours se remplirent semblait à une vierge biblique, portant un voile comme tout à coup de blessés, de soldats de toutes les armes. en portent de nos jours encore les femmes de l'Orient. Bouillon en eut sa bonne part. Se souvenant alors Elle méprisait le luxe et les fêtes, s'occupant sans cesse d'avoir été française, elle fut très hospitalière à tous, de ses trois fils Godefroy, Eustache et Baudoin. installa des ambulances dans les casernes de Louis XIV, Et Godefroy, l'aîné, aussi beau de visage que de soigna les blessés, les malades, et secourut les fugitifs. cœur et d'âme, écoutait religieusement sa mère, la Napo)éon III, en partant pour l'Allemagne, dut regardant de ses doux yeux bleus. 11 buvaitses paroles, s'arrêter à Bouillon pour y coucher. On montre aux pour en faire la règle de sa vie, si bien que, plus tard, voyageurs, à l'hôtel de la Poste, la chambre où il passa les croisés disaient en le voyant passer « C'est le duc la nuit avec. son aide de camp. Le lendemain matin, Godefroy, qui cœur a de lion. » le souverain prit à Libramont, à vingt kilomètres de Du château, la vue est splendide. La ville de Bouillon, le train qui l'emmena vers l'Allemagne et Bouillon apparaît tout à fait charmante, enserrée dans vers l'exil. une boucle de la Semoy qui lui fait une ceinture d'émeJACQUES DES ARDENNES. raudes. On admire, sur l'esplanade, les vastes casernes bâties par Louis XIV, en t6c)t, et converties aujourd'hui en hôpital ou en école régimentaire. Il est regrettable, pour le coup d'œil, que les jolis remparts, élevés en même temps et contournant la ville, aient disparu ils étaient très pittoresques, percés de portes et de poternes. La Les montagnes voisines, avec ce fond de verdure sombre, semblent isoler ce coin du reste du monde, Y A fameuse « puce des sables (Mfco~)'a ou pulex surtout lorsque la nuit arrive et que les ombres bleues la « chique », ou cbigre, qui est une des du soir, effaçant les traits d'or du soleil, les couvrent plaies de la côte occidentale d'Afrique, vient, nous dit d'un demi-jour d'une douceur infinie. le D~ Baumann (M/<~K de Petermann, août t8c)8) d'achever la traversée de l'Afrique,, et est arrivée à La ville de Bouillon n'est pas grande. Elle n'a Zanzibar. jamais eu plus de 6 ooo habitants. Mais, au cours de

Chique ou Puce des Sables

~),


Ce petit insecte, absolument désagréable et même dangereux, s'introduit de préférence dans les doigts

de pied, mais aussi dans d'autres parties du corps, et il

y produit des ulcères qui, négligés, peuvent devenir

mortels. Il est arrivé en septembre 1872, avec un lest de sable, du Brésil à Ambriz (Afrique occidentale). M. Baumann l'a rencontrée en 1885 sur le Congo inférieur et au Stanley Pool. Il était inconnu sur le HautCongo. « Lorsque, continue M. Baumann, j'arrivai en )8p2 au lac Victoria, la chique était déjà répandue sur tout le littoral occidental, et sa frontière orientale était marquée par le golfe de Boukoumbi. La population de l'Ousinja et de l'Ouroundi en souffrait cruellement et des villages entiers étaient dépeuplés. L'expédition de Stanley doit l'avoir apportée dans le territoire de Victoria; elle parvint, en outre, par la route des caravanes, à travers le Manyéma jusqu'au Tanga-

nyika. En !8o5, elle fêtait déjà à Mpouapoua; en 1897, elle parvenait sur le littoral de l'Afrique

Orientale, à Bagamoyo et à Pangani, et maintenant on la rencontre assez fréquemment dans la ville de Zanzibar. ![ est probable qu'elle ne pourra pas être aussi malfaisante sur la côte qu'à l'intérieur, car il y a sur la côte beaucoup de personnes qui ont travaillé au Congo et qui connaissent le traitement des ulcères qn'elle occasionne. Il est possible qu'elle continue son voyage, qu'elle arrive aux Indes Orientales et dans le Pacifique, et qu'elle conquière ainsi toute la zone tropicale.

Colons français au Mexique. Les colonies de Jicaltepec et de San-Rafaël. T E

Français est-il colonisateur? Telle est la question

qu'on

souvent et à laquelle bien des gens répondent par la négative. L'histoire de notre pays prouve cependant que nous avons été souvent et à maintes reprises des colons excellents, des colons dans toute la force du terme: au xvtt* siècle et au xvm" siècle, en particulier, les entreprises coloniales de Français hardis et entreprenants ont été couronnées du plus grand succès, tant en Amérique que dans les Indes. Et si les beaux établissements fondés par les nôtres ont été perdus à jamais pour nous, c'est à des gouvernements incapables ou imprévoyants qu'il faut imputer ce malheur, dont nous payons encore les conséquences. La perte de nos colonies a longtemps détourné l'attention générale des entreprises lointaines. Mais il y a, en ce moment, un indémaMe réveil de L'esprit colonisateur on pub)iait dernièrement le récit des essais de colonisation d'une Française et de sa fille en Calédonie, et plus récemment encore on citait deux professeurs de rhétorique de l'Université, MM. Le Goupils, tous deux jeunes et ayant un bel avenir dans le professorat, qui abandonnaient leur chaire pour aller planter du café en Catédonie. pose

Un très curieux témoignage de cet esprit colonisateur des Français est fourni par une notice de M. Sempé, consul de France à Vera-Cruz. Il est ques-

tion dans cette notice des colonies françaises dejicaltepec et de San-Rafaël, qui prospèrent librement en plein Mexique.

E)Iesontétécréëesen i8~parquatre-vingtscolons recrutés aux environs de Dijon par un certain M. Stéphane Guenot, un Français qui s'était fait naturaliser

avait acheté de l'Etat de Vera-Cruz un vaste terrain situé sur la rive gauche du Palmar pour y fonder une grande exploitation agricole. Les débuts Mexicain et qui

de la colonie ne furent pas heureux

débarqués sur une plage sans abris ni ressources, nos Français virent vingt-cinq des leurs mourir du choléra. Les autres gagnèrent lentement Jicaltepec, où rien n'avait été préparé en vue de leur arrivée. Les colons ne se découragèrent pas ils construisirent les bâtiments nécessaires pour s'abriter, défrichèrent pour planter des cannes à sucre et semer du maïs. Ils furent rejoints, en juillet t8~, par t2/). nouveaux émigrants. Pourtant l'expérience acquise par les premiers arrivés servit aux nouveaux venus et, en )8/}o, la colonie française de Jicaltepec jouissait d'une certaine prospérité, qui ne fit que s'accroitre par la suite, grâce aux améliorations apportées par les colons à leur domaine et au percement de voies de communication avec les centres voisins. En 1874, la colonie de San-Rafaël se constitua à côté de celle de Jicaltepec. Les deux colonies, qui n'en forment qu'une en réalité, s'étendent sur les deux rives de la petite rivière Palmar, laquelle se jette dans le golfe du Mexique, à soixante milles au nord-ouest de VeraCruz et constitue, malgré son peu de profondeur, un précieux secours pour le commerce de la localité. Maintenant les colonies de Jicaltepec et de SanRafaël sont en pleine prospérité. Il y a là une population française de huit cents personnes qui vit tranquille et heureuse, se développant rapidement la moyenne des enfants dépasse quatre par famille, et il y a beaucoup de ménages qui ont huit à dix enfants. La modeste église de Jicaltepec, qui est la propriété de la colonie, est pleine le dimanche il y a trois écoles où tous les enfants reçoivent l'instruction, bien que l'enseignement ne soit ni laïque, ni obligatoire. « Les colons, dit la notice communiquée à la Société de Géographie, les colons, au point de vue de la connaissance du sol qu'ils habitent etqu'ils cultivent, peuvent en remontrer aux plus habiles leurs splendides établissements agricoles font en effet l'admiration de ceux qui les visitent ce sont de véritables fermesmodèles qui sont à la fois un élément de richesse pour l'Etat de Vera-Cruz, d'où sont sortis les fondateurs et la plupart des habitants actuels des colonies de Jicaltepec et de San-Rafaël. » Voilà, n'est-il pas vrai ? un fait qu'il était intéressant de donner en exemple à ceux qui nous dénient tout esprit colonisateur. Seulement, ce qu'il faut se hâter d'ajouter, c'est que, dans ces heureuses colonies mexicaines, nos compatriotes n'ont pas eu à subir les tracasseries, les ennuis et les vexations dont nos fonctionnaires abusent dit-on envers les Français qui se décident à aller planter leur tente dans nos colonies.


Le fort n° 2 recevras pièces Canet de o"'j2 et 28 de o°*5 à tir rapide. Le fort n° alignera 12 canons Canet de et pièces de Il contiendra des o'°!0. 52 casernements

o'2

pour ~,000 fantassins et 12,000 artilleurs.

battra les routes venant de Ja plaine de Souis-Hi-Yeï, par lesquelles Yamadji et Haregawa sont entrés dans PortArthur )e2[ novembre tSp~. Cet armement formidable permet d'imaginer quelles seront les dimensions de ces

Port-Arthur Leur installation et leurs travaux de défense

Les Russes à

forts, disposés de façon à canonner réciproquement leur angle mort et à inonder d'un déluge de projectiles le goulet, le port et la ville. Ils occuperont les sommets d'un triangle beaucoup plus haut que large. Les immenses brèches formées par les côtés Est et Ouest seront barrées par des redoutes, batteries et fortins, dont on ne fera peut-être qu'arrêter les emplacements sans y construire aucun ouvrage fixe: On ne sait d'ailleurs rien à ce sujet. Les Russes ont décidé, au mois de mars dernier, que les étrangers

T Es Russes ne perdent pas de temps pour assurer la tranquillité de leur séjour dans leur « location » de Port-Arthur: ils ont déjà commencé la reconstitution

du formidable camp retranché qu'y avait bâti Li-HungChang. Mais les forts pris par les Japonais et détruits par eux avant de rendre à la Chine cette conquête si chère ne seront pas rétablis. Nos amis ont adopté un autre plan, inspiré sans doute par le malheureux sort de Sanfiago de Cuba, et de l'escadre espagnole qui s'y était « mise en bouteille ». Une description détail-

n'entreraient à Port-Arthur

qu'avec un passeport signé

du consul de Russie, et

jusqu'ici cette précaution très avisée a empêché la publication de renseignements précis sur ce qu'ils font aTaï-Lien-Ouanetà* `

Port-Arthur.

Port-Arthur a été publiée ici-même le 9 avril

lée de

Quand, outre cela, les Russes auront capté et asservi à leurs besoins la petite rivière venue de la plaine de Souis-Hi-Yeï, qui ensable le fort juste en face du goulet, entre le bassin actuel et la lagune, quand

dernier. Rappelons-en néanmoins les traits essentiels, pour la commodité des

lecteurs. Cette position, à l'entrée du détroit qui relie le Petchili à la mer de Corée. consiste en une plaine commandée de tous côtés par une ellipse de hauteurs, ouverte, du côté de !a mer, par un goulet très court et CARTE DU très étroit béant entre deux falaises à pic, lequel donne accès dans une lagune longue, large, mais très peu profonde, dont la partie orientale a été creusée et aménagée pour fournir une base à une petite flotte. Quatre groupes de forts s'élevaient sur le front de mer, quatre sur le front de terre. Des batteries rasantes défendaient le goulet. Les Russes ont choisi délibérement des emplacements invisibles de la mer. Le système qu'ils ont adopté comprend essentiellement trois grands ouvrages, le premier à l'Est (du côté de Taï-Lien-Ouan), le second à l'Ouest (du côté de la baie de Pigeon et du golfe. de Petchili, le troisième, très en arrière de la ville, sur la route de Chin-Chon-Chiang et de l'intérieur du Ching-King. Le premier fort sera armé de 8 canons Canet de o'°,~2, portant à près de 2[ kilomètres, de 6 pièces de om,15, à tir rapide, montées dans des coupoles d'acier. On donnera à ce fort 5 projecteurs électriques. Il aura, comme annexes, deux postes de torpilles, munis, chacun, de trois tubes lance-torpilles du calibre de ~5 centimètres.

Il

GOLFE

DIT

PETCIfII.

ils auront dragué, pourvu de quais cette dernière et l'auront réunie à la baie de Pigeon en terminant le canal que j'ai vu amorcé en 18$~, la presqu'île dp Liao-Toung

méritera pleinement

son autre nom l'Épée du Régent, et t'occupant de PortArthur pourra fermer la route maritime de Pékin aussi facilement qu'un portier-consigne la porte d'une citadelle.

La forme du goulet d'accès (500 mètres de long,

too mètres de large) obligera l'assaillant à y faire pénétrer ses unités les unes après les autres, et encore en les espaçant notablement, sans qu'elles puissent ni virer de bord, ni voir l'ennemi. Les canonniers de celuici, au contraire, postés à bonne distance, les abattront

comme Horace fit des trois Curiaces. C'est l'inverse. qui se produisit au goulot de l'autre bouteille, à Santiago de Cuba. Le gouverneur actuel de Port-Arthur est le général de Vogack, qui pendant la guerre sino-japonaise suivit, avec le grade de colonel, le maréchal Yamagata et la première armée jusqu'au mois de janvier i8c~ et assista avec nous à la conquête de Weï-Haï-Weï par la troisième armée et le maréchal Oyama, en janvier et février )8c~. VILLETARD DELAGUÉRtE.


NatureUement'ces industries sont protégées par les tarifs douaniers mais elles n'en diminuent pas moins en

commerce francais dans la République Argentine

Le M

Charles Wiener, dont nous avons naguère résumé l'intéressante mission au Brésil, vient d'en accomplir une semblable dans la République Argentine. H était également chargé par le ministre des Affaires Étrangères d'y étudier les conditions actuelles du commerce français, et les moyens de le développer. tt a résumé ses conclusions dans une des dernières séances de la Société de Géographie commerciale. Les constatations qu'il a faites ne sont pas rassurantes en Argentine, comme au Brésil, comme au Chili, le recul de l'exportation française s'accentue. Pendant l'exercice )8c)y-q8. nous avons été les clients de l'Argentine pour 21~ millions, tandis que ce pays ne nous a acheté que pour ~y millions. Quelles sont les causes de ce recul persistant? Faut-il l'attribuer, comme on le fait quelquefois, aux perturbationspolitiques, économiques, financières, dont souffrent les Etats sud-américains ? Non pas, dit M. Wiener cette manière de se consoler ne correspond pas à la réalité. « En temps normal, ces pays achètent des approvisionnements. En temps de conflits internationaux, ils achètent du matériel de guerre. En temps de crise économique, ils achètent du crédit. Le talent des vendeurs consiste à offrir au moment opportun, et dans des conditions acceptables, l'objet utile dont on a besoin. ? »

suivi en Argentine la même méthode qui lui avait si bien réussi au Brésil. Il a visité quatorze des villes de la République il a visité dans chacune les Français qui y étaient établis, leur a exposé le but de sa mission, a écouté leurs diverses opinions, et les a consignées dans son rapport. Il a étudié, en outre, à l'aide des documents les plus exacts qu'il ait pu se procurer, les conditions économiques actuelles de l'Argentine. L'Argentine a traversé, avec une rapidité sans exemple dans l'histoire, les trois grandes étapes de toutes les sociétés humaines, pastorale, agricole, industrielle. En 1850, le pays n'était encore que pastoral; en )8~6 itvitcréer son premier centre agricole, Esperanza, dans la province de Santa-Fé; vingt ans après, il mangeait son propre pain; maintenant il est un des principaux exportateurs de céréales. Il possède 2~ millions de bêtes à cornes, le huitième du gros bétail existant, et 4 millions et demi de chevaux. Les premières industries sont nées de l'agriculture et de l'élevage on a créé en premier lieu des moulins, des chais, des sucreries, des distilleries, puis les grandes usines où l'on débite les animaux, et qui fournissent à l'exportation les extraits de viande et les conserves. Des industries connexes sont nées ensuite: des ateliers de réparation, et bientôt de construction,des fabriques de conserves alimentaires, d'habillement, d'ameublement, etc. M. Wiener a

faveur de l'Argentine la balance commerciale avec l'Europe. Le désastre financier de iSoo-iS~t n'a pas laissé beaucoup de traces dans le pays. La d*:tte, il est vrai, est é!evée en chiffre rond, 2 milliards de francs, soit 500 francs par habitant; mais cette proportion est diminuée par le flot des immigrants et par l'accroissement normal de la population. « Quelle part, se demande M. Wiener, avonsnous prise à la transformation de l'Argentine? L'Angleterre a posé des câbles, construit 10 ooo kilomètres de chemins de fer, fourni le 60 pour cent des rails du réseau des tramways, le matériel des ports et des travaux d'assainissement, fondé trois banques puissantes et prospères et, en dépit de la crise de Baring frères, drainé en moyenne 10 pour 100 de son capital (20 pour 100 de dividende dans certains cas). « Lorsque nous tentons d'établir un parallèle entre notre travail et cette activité rémunératrice, mieux vaut presque ne pas citer des noms, pour ne pas constater avec une précision par trop cruelle les insuccès partiels ou complets de tentatives qui n'ont pas donné ce qu'on était en droit d'attendre d'elles. « Les Compagnies de navigation sont à peu près les seules grandes entreprises françaises qui. sous cettee latitude, nous fassent honneur. « Et encore nos navires arrivent-ils avec des vides, alors que bien des marchandises que nous introduisons dans ces régions sont transportées sous pavillon étranger. » Ainsi, la même constatation fâcheuse s'impose en Argentine, comme partout le commerce de la France recule. Voilà le mal; quels sont les remèdes? D'après M. Wiener il faudrait d'abord, au lieu de poursuivre les contrefacteurs devant les tribunaux, procédé long, coûteux et souvent inutile, agir commercialement, établir dans chaque ville un dépôt unique, annoncer quotidiennement dans les journaux que tout autre vendeur débite des objets frelatés. L'expérience de ce système a été faite d'une façon concluante. Il faudrait aussi que, cessant de demander aux agents consulaires une besogne qui n'est pas la leur, les maisons de commerce françaises envoyassent en Amérique de plus nombreux voyageurs. « L'exportation, dit encore M. Wiener, repose sur trois facteurs la production, le transport et la vente, chacun constituant une condition de réussite et de proUn pays exportateur spérité pour les deux autres. doit donc établir des liens étroits entre ces divers éléments. « En est-il ainsi pour nous? Les compagnies de navigation, les chemins de fer favorisent-ils le fret de notre production ouvrée? Le fabricant offre-t-il à ses acheteurs étrangers les facilités de payement si indispensables pour combattre la concurrence? « L'étude de notre organisation commerciale prouve le contraire. « A de rares et de très honorables exceptions près, chacun des facteurs mentionnés plus haut ne recherche que ses avantages propres, sans reculer


devant le tort qu'il fait à des industries qui alimentent sa propre activité, sans songer au préjudice que, par là même, il inflige aux intérêts supérieurs de la nation. » Malgré tant de sujets de tristesse, il se dégage pourtant'd'une visite en Argentine une impression rassurante. « L'Argentin, depuis le moment où il se lève jusqu'au moment où il se couche, vit avec nous journal répertoire d'exemples est son et de précéun dents empruntés à notre histoire et à notre vie quotidienne l'Université connaît surtout nos maitres, et Je théâtre délasse, grâce à nos écrivains, avec nos œuvres encore, les classes dirigeantes qui s'y pressent. JI faut s'efforcer de maintenir dans son intégrité cette haute

parenté intellectuelle. » Pour cela, il faut faire comme les AHemands font au Chili, fonder notre influence sur l'école, créer des collèges français, éveiller chez le jeune Argentin le désir d'aller compléter ses études dans nos écoles supérieures ou techniques, et créer, entre nos jeunes créoles de première génération et les &~M ~e/ ~M ces amitiés d'enfance qui se traduisent, pour le reste de la vie, par des relations cordiales et une communauté de pensées. En résumé, conclut M. Wiener, il faut que le capital aide l'industrie: il faut que l'industriel se fasse commerçant; il faut que le commerçant s'accorde avec )e transporteur; il faut que nous développions par l'enseignement, par l'école, notre action latine dans l'hémisphère latin.

qui ont été organisées par d autres nations, et en particulier celle du C7M//< La Valdivia a fait d'abord le tour de l'Ecosse, puis a cinglé verstesites du Cap-Vert, d'où elle a gagné les embouchures du Niger et du Congo, etelledoublera le cap de Bonne-Espérance. Là se termine la première partie du programme, qui ne comportera aucune exploration approfondie les savants de la Valdivia y essayeront leurs instruments et s'y feront la main. Du Cap, ils s'enfonceront dans le Sud aussi loin que !e beau temps et la ban luise le permettront et aborderont peut-être aux îles du Prince-Edouard, entre le 40° et le 50° degré de latitude. Remontant ensuite vers l'océan Indien, qui constituera le champ principal de leurs études, ils visiteront successivement tes parages de Zanzibar, ceux de Ceylan, des Maldives septentrionales, les îles Tchagos, etc. Le retour se fera par Aden, la mer Rouge et la Méditerranée à partir d'Aden, le programme ne prévoit plus de

travaux importants; les collègues du docteur Chun considéreront alors leur mission comme terminée. Ils

rentreront à Hambourg en mai t8~().

Berthold Auerbach.

races el les Mf:oMt!<~ en in-8, avec carte hors texte et [ocartes dans le texte. Paris, Félix Alcant8~.

~l!r/c/;c-o~e.; vol.

Les

,~M volume vient à son heure C

Une

Expédition océanique allemande

UNE expédition allemande

pour explorer le fond des

mers est partie de Hambourg, le lundi t" août, sur le vapeur ~M~M, jaugeant 3 ooo tonneaux. Elle a à sa tête le professeur Chun, de Leipzig, qui, dans un mémoire adressé à l'empereur, s'était fait le promoteur de l'entreprise. Avec lui se sont embarqués une douzaine de savants, naturalistes, botanistes ou chimistes. La Valdivia sera commandée pendant la durée de l'expédition par le capitaine Krech. La dunette du navire a été transformée en'un grand laboratoire, dans lequel les savants participant à l'expédition pourront travailler et faire des expériences microscopiques sans se gêner les uns les autres. L'étude des couches profondes de la mer comprendra des sondages, des expériences thermométriques en eau profonde, des explorations sur le degré de salure et sur les gaz du fond de la mer. Toutes les fois que l'occasion s'en présentera, on prendra des clichés des côtes dans l'intérêt de la navigation, on fera des observations sur la forme des vagues, sur la couleur de l'eau de mer et sur sa transparence, sur tes courants et sur tous les phénomènes météorologiques. L'itinéraire que suivra la Valdivia évite avec soin celui des principales expéditions du même genre

la monarchie austro-hongroise traverse, depuis quelques années déjà, une crise

qui doit aboutir fatalement à une transformation de son état politique. Elle a été gouvernée presque exclusivement, depuis )867. par les Allemands et les Magyars les Slaves, qui, réunis, forment le groupe national de beaucouple plus nombreux, aspirent à exercer leur part légitime du pouvoir, et le fédéralisme devra, dans un avenir plus ou moins rapproché, se substituer au dualisme. L'Autriche était encore très mal connue chez nous, il y a une vingtaine d'années. Depuis lors, un certain nombre d'érudits ont étudié ses diverses nationalités M. Léger les Slaves, M. Sayous les Hongrois, etc., etc. Mais le gros du puhlic est demeuré assez ignorant des questions autrichiennes, et l'on voit même des journalistes, gens renseignés par profession, prendre les Hongrois pour des Slaves, ou faire de Palacky un historien Mt~~r. Le livre qu'a publié, il y a quelques mois, M. Berthold Auerbach, professeur à la Faculté des Lettres de Nancy, est une étude complète de toutes les nationalités autrichiennes et hongroises, de leur répartition géographique, de leurs caractères ethniques et démographiques. L'auteur a utilisé tous les documents importants, recensements, statistiques, ouvrages spéciaux, qui sont généralement cités en note, et son érudition est exacte et précise. -Aussi son ouvrage, fruit d'un travail que l'on devine long et consciencieux,mérite-t'il de prendre sa place dans la bibliothèque de tous ceux qu'intéressent les graves questions politiques du jour. Ils y trouveront, non pas de vagues considérations générales, mais des faits précis, des chiffres, des graphiques, et ils sortiront de cette lecture renseignés sur ce problème compliqué des nationalités, autrichiennes. Les conclusions de M. Auerbaich sont nettemec fédéralistes. Il prédit la transformation prochaine de l'Autriche et de la Hongrie, et se refuse, avec raison, à y voir une déchéance. Ne paraissent-elles pas destinées, dit-il, à instaurer dans l'Europe orientale le type normal des communautés politiques, associations de groupes ethniques

librement unis

M


France Les engagements des indigènes en Algérie.

L'autorité militaire était dans l'impossibilité de réprimer les fraudes commises par des Arabes qui, sortis d'un de nos régiments d'Afrique, allaient s'engager dans un autre en jurant mensongèrement sous serment qu'ils n'avaient jamais servi. On croyait se trouver en face d'un novice qu'on espérait dresser du mieux possible; au bout d'un certain temps l'autorité militaire découvrait dans la recrue en qui elle plaçait sa confiance, après lui avoir payé la prime d'engagement, un chenapan endurci. Aucun texte de loi ne permettait de punir légalement le fraudeur. Un récent décret du Président de la République a mis fin à cet état de choses. Il réglemente d'une façon nouvelle les engagements volontaires des indigènes, et dit notamment ceci Tout indigène qui, invité à déclarer si, Art. 2. « antérieurement, il a servi dans l'armée, à quelque titre que ce soit, fera une réponse mensongère ou dissimulera son véritable nom ou son état-civil, sera puni d'un emprisonnement d'un an au moins et de cinq ans au plus et d'une amende qui ne pourra être inférieure au montant de la prime d'engagement ni supérieure à 3 ooo francs. Les dispositionsdel'article 463 du Code pénal sur les circonstances atténuantes ne seront pas applicables à ce

délit..

Le décret est accompagné d'un nouveau modèle d'engagement volontaire, où il est spécifié que le susdit article doit être signifié au comparant par t'interprète à ce requis. Ce n'est qu'ensuite que l'Arabe est admis à prêter serment de Bdélité à la France, la main droite sur le Coran.

Autriche-Hongrie Le nouveau fusil autrichien. Ce fusil, qui avait

été accueilli favorablement par l'Empereur le 22 novembre 1896, est définitivement adopté pour l'armement des troupes autrichiennes. Son calibre est de 8 millimètres, comme l'ancien fusil modèle 1888, mais il ne pèse que 3 kg. 3o, au lieu de 4 kg. 40. Chaque soldat portera 26 chargeurs et t3o cartouches, au lieu de 22 et ;o. Le fut est prolongé jusqu'à la bouche du canon la baionnette est plus courte et plus légère. Les manufactures d'armes de la Hongrie et de Steyr ont d'abord fabriqué chacune ?5 fusils du modèle adopté par le cbmité technique militaire la première de ces manufactures a proposé un perfectionnement du ressort du percuteur, qui a été accepté. Ces )5o fusils, expérimentés dans trois corps d'armée, ont donné des résultats si satisfaisants que l'adoption de ce modèle a été aussitôt décidée.

Espagne et Etats-Unis La

main mise sur les Philippines.

Dans le

principe, les Etats-Unis ne devaient occuper Manille que provisoirement. 14 ooo soldats américains suffisaient amplement à cette occupation. Or, 6 ooo hommes de renfort ont été, le mois dernier, embarqués à San-Francisco, et l'escadre de l'amiral Dewey vient de s'accroître de deux cuirassés l'/oca et l'Oregon. Il est entendu à Washington qu'on indemniseral'Espagne. Les Etats-Unis ne se refuseraient pas à payer les Philippines comme ils payèrent la Louisiane au Premier Consul et l'Alaska à la Russie. Reste à savoir ce que décidera la conférence du quai d'Orsay. En attendant, les Américains s'installent. On verra après.

Les chiffres exacts des pertes de l'escadre Correo militar fixe ainsi espagnole à Santiago.

qu'il suit, d'après des documents officiels consultés au ministère de la marine et dont l'authenticité ne saurait inspirer le moindre doute, le nombre de marins de tous grades qui succombèrent à Santiago de Cuba, pendant la tentative de sortie de la flotte de l'amiral Cervera.

L'effectif des équipages, y compris 4o chauffeurs engages au Cap Vert, était de

O~MfM~O.

Afar;f!-Terc.!f!

556 hommes. 487

Viscaya

49'

Co/o)! /Mror. 'P~K<of<8c~ Total. 567

80

2.261

Au moment où elle quitta Santiago, l'escadre avait à

bord 34 hommes de moins 8 étaient morts dans les tranchées, tôbtessés et [oma)ades étaient taiss&sàl'hôpita); de sorte que 2 227 hommes assistèrent au combat. Sur ce chiffre, 120 ont pu s'échapper et se réfugier à Santiago, 28 ont été blessés et recueillis par les Américains, de t 687 ont été rapatriés par les soins du gouvernement Washington soit au total, 1 835. Les pertes du désastre de Santiago s'élèvent donc à 892 officiers, sous-ofnciers et matelots.

Italie

La militarisation des chemins de fer italiens.

Le gouvernement italien vient de publier le Règlement loi .pour l'exécution de la loi du )7 juillet 1898'.Cette décide de l'application des mesures urgentes et temporaires à prendre en vue du maintien de l'ordre et s'occupe tout particulièrement de la militarisationdes principaux services publics. Des événements encore présents à tous les esprits donnent un intérêt tout particulier à cette loi nouvelle du

gouvernement italien. Nous n'avons qu'à gagner à la connaitre et à la méditer. Elle dit, en substance, qu'au moment où les militaires en congé illimité, faisant partie du personnel des chemins de fer, sont appelés aux armes, on constitue au Ministère de la guerre une 'D!rec<!o<t n;7a~'e du ~e/ce des chemins de /er. Cette direction est chargée de maintenir la discipline parmi les employés de toutes catégories, de manière à assurer la sécurité et la régularité des mouvements. Les fonctionnaires des compagnies qui sont attachés à la direction sont tenus de se conformer aux instructions dictées par le chef du bureau des transports du corps d'étatmajor. Uès que les affiches les appelant aux armes sont apposées, les agents des chemins de fer touchés par la convocation sont considérés comme étant en service militaire et contraints de remplir strictement les devoirs qui leur sont imposés par les règlements des compagnies qui les emploient. A partir de ce moment, les agents ne peuvent plus se prévaloir du grade dont ils sont revêtus dans l'armée permanente ou dans les milices ce grade leur est provisoirement retiré. Ils sont, suivant les seules fonctions qu'ils occupent dans les compagnies de chemins de fer, assimilés aux officiers, sous-ofneiers, caporaux et soldats de t'armée. Les agents rappelés sont obligés de revêtir, M)<Me en dehol des heures de travail, la tenue ordinaire de service de leurs administrations respectives. Les compagnies de chemins de fer continuent à appliquerles règlementsdisciplinairesen vigueur pour les manquements et les fautes de peu de gravité au contraire, s'il s'agit d'un délit, la direction militaire est saisie immédiatement et donne à la plainte la suite qu'elle juge convenable. Les agents rappelés qui viendraient à abandonner leur poste sont déclarés déserteurs après vingt-quatre heures d'absence. Ceux qui sont suspendus de leur emploi, pour une cause quelconque, sont versés dans un régiment stationné à proximité de leur domicile, de préférence dans un régiment d'infanterie, et y sont maintenus pendant toute la durée de leur suspension. Les fonctionnaires supérieurs des compagnies peuvent accorder, au nom de la direction militaire des chemins de fer, des permissions plus ou moins longues aux agents militarisés, et prononcer, sans en demander l'autorisation, tous les déplacements que réclame l'intérêt du service. Cette loi nous apprend, en somme, que le gouvernement italien est désormais en mesure de réprimer énergiquement toute espèce de trouble ou de grève s'étendant jusqu'aux chemins de fer. La loi de la militarisation englobe en outre les postes et les télégraphes.


Un

tour en Egypte

faites au pays des Pharaons out un grand tM~f~Ë7/M sont fMMM~~ ici par fouilles en Egypte pour le COM~~ du Musée Guimet, et qui /M!M!~e enrichi l'histoire de

Les dernières découvertes archéologiques

M. Albert Gayet, qui pratique des précieuses découvertes.

A u temps où Gérard de Nerval remontait le Nil à borddesa«cange~, se rendre du Caire à Assouan pouvait passer pour un voyage d'exploration, et l'on comprend sans peine qu'avec son tempérament romanesque, l'auteur de

l'aimable fantaisie que nombre de lecteurs ont prise jusqu'ici pour unjournal de bord pouvait compliquer à

C'est à bord du bateau touriste qu'on est le mieux placé pour voir, en peu de temps, les monuments et les découvertes archéologiques faites au cours de ces dernières années. Pour la dixième fois, je m'y embarquais cet hiver, par une fraîche matinée de janvier non pour faire ce « Tour du Nil », ainsi que mes

compagnons de

plaisir

route, mais pour me rendre commodément à Assouan,

son récit. Les

moyens rapides de transport faisaient défaut l'embarcation à voiles, en usage de toute anti-

évitant ainsi et

l'horrible poussière des

trains, et la len-

teur de la dahabièh. Cette somptueuse arche de Noé est certes le caravansérail flottant le plus propre aux études des maitres de la psychologie cosmopolite. La confusion

quité. la dababièb,

n'était pas encore

aménagée pour le confort du touriste. Et si la pureté du climat, la sereine

immutabilité du

pays étaient aussi DEtR-EL-BAHARI ENSEMBLE DE L'HEMt-SPEOS DE LA REINE HAT-ASOU, DÉGAGE PAR L'EGYPTtAN-FOUND, des dialectes y est réelles qu'elles le digne de Babel. En D'après une PhotograPhie. sont aujourd'hui, les face de moi, à la monuments de l'étable du déjeuner, un Grec d'Athènes est assis aux poque pharaonique, ensevelis sous les sables, n'avaient à ma gauche, un livré aux recherches des savants que des données côtés d'un Italien de Vérone insuffisantes qui, mal comprises, mal interprétées, ne groupe d'Américaines babille sur un ton monotone contribuaient qu'à fausser l'histoire de ce passé dont et nasillard. Des Allemands de Munich et de Francfort ils avaient été témoins. des Autrichiens et des Hongrois des Russes des bords de la Baltique et de la mer Noire, un couple roumain, Tout a bien changé depuis lors, et la vallée du Nil deux Espagnols et un Suédois circulent, de distance en est aujourd'hui une station hivernale fort à la mode. distance, parmi des groupes d'Anglais, au milieu L'ancienne dahabièh n'a pas changé de forme, mais est desquels il est aisé de distinguer l'Ecossais de l'Irlanspécialement construite en vue du bien-être du voyadais et celui-ci de l'habitant du pays de Galles, tant la geur. De luxueux bateaux, lancés par la compagnie différence de l'accent et les traits caractéristiques de Cook, font un service hebdomadaire entrele Caire et les race sont sensibles à l'oreille et à l'œil. cataractes, et les lignes du chemin de fer viennent Un premier arrêt, et tout le monde met pied d'être dernièrement prolongées jusqu'à Assouan. A

TRAVERS LE MONDE.

49° LIV.

~<. _)f).

3

décembre t8q8.


à

terre. C'est Bédreschine, la station la plus proche de

bon Hérodote, qui nous a conté

tant d'histoires sur le

Labyrinthe, aurait été en droit de chercher à nous étonner, s'il avait pu visiter ces dédates de corridors serpentant à travers des salles sans nombre. Pas d'inscriptions, pas de peintures, rien que des murs mais une sensation de surnaturel, d'autant plus nus grande, que l'on a conscience que tout le poids de la pyramide pèse sur ces carreaux. Il faut cependant laisserde côté quantité de monuments secondaires, de tombes de hauts fonctionnaires, car nombre d'édifices de grande importance nous attendent sur la route. Celle-ci sera longue, cependant, avant que notre curiositésoit satisfaite. Au passage, voici Antinoé. où depuis trois ans le musée Guimet a entrepris les fouilles dont nous avons rendu compte ici même, et que marquèrent surtout la découverte d'un temple de Ramsès Il. Cette année, l'exploration a porté spécialement sur la nécropole de la ville. Des costumes romains et byzantins, ornés de riches soieries brochées, ont été exhumés des tombes, série de travaux jusqu'alors réputés et tout dernièrement encore étaient exposés à Paris. L'un était d'une irréalisables, et de publications du musicienne, dont lés cithares et les plus haut intérêt. castagnettes, les colliers et les bagues, Nous arrivons maintenant à la les fards 'et les amulettes ont fixé nécropole. C'est d'abord Sakkarah et l'attention des archéologues et des sa pyramide à degrés, tant de fois artistes: d'autres avaient appartenu décrite et reproduite, et ses tombes qui n'ont rien à des Amazones, mentionnées dans tous les guides en à voir avec les héroïnes célèbres par usage. Mais une autre s'ouvre devant les exploits de Thésée, ainsi que nous, la plus grande et la mieux conquelques-uns l'ont cru, le mot ne servée de toutes c'est celle de Méridevant être pris que dans sa moderne Râ, avec ses peintures complètes, Ces dernières tombes acception. relatives aux rites du culte des morts, fournissaientjusqu'à des selles doubles au milieu desquelles se détachent des de cuir, avec leurs courroies. Ailleurs, scènes de danses funèbres, avec c'était un majordome tenant en main ballerines court vêtues exécutant des son écritoire, appliquée à la gaine de pas qui, à nos yeux de modernes, cuir enfermant ses calams. Ailleurs rappellent davantage certains exercit'OtGKARD DE LA PRINCESSE ISIT encore, des groupes de femmes (TRÉSOR DE DA5CHSCHOUR), ces de quadrilles échevelés que le étendues sur des lits funèbres, dont grave rythme d'une scène de deuil. D'après jtM~ photographie. les coussins et les matelas étaient reDeux autres tombeaux, oui eussent suffi à fixer l'attention, sans une aussi importante couverts de tapisseries très fines. Voici le village d'Haghi-kandilet l'anciennecapitalefondée par Khou-ndécouverte, complètent cet ensemble. Plus loin, c'est aten-Amenophis IV,-lors de la proscription du culte Daschschour et ici les monuments dégagés sont aussi nombreux qu'importants. Voici la tombe des d'Amon et du grand schisme qui s'enspivit, à la fin de princesses Isit et Khnoumit, qui fournit au musée du la xvm" dynastie et les ruines du palais du souverain, d'où M. de Morgan retirait l'an passé un dallage peint, Caire ces incomparables joyaux connus sous le nom où le décorateur s'était complu à représenter tour à de « Trésor de Daschschour »; les parures et les tour des oiseaux et des poissons, dessinés avec cette couronnes d'or serties de pierreries si finement montées, qu'au premier coup d'œil on jurerait un cloisonnage sûreté de main si propre à l'artiste égyptien, mais où la puis les pyramides dominant le plateau, démantelées vérité de la forme observée s'altère, çà et là, pour faire place à une composition arabescale, si tant est qu'il par de précédentes recherches, si gauchement faites, qu'elles ont donné à ces masses énormes des aspects de soit possible d'appliquer à certaines formes de l'art cratères éteints. Sans se décourager devant le résultat égyptien un tel qualificatif. négatif ainsi obtenu, M. de Morgan appliqua à ses Passons Assiout.où rien de nouveau n'a été mis à recherches les procédés en usage dans l'exploitationdes jour, et où les monuments connus sont même pauvres mines. Des galeries furent menées sous les pyramides; jusqu'à l'indigence; remontons le fleuve une journée il dut les boiser lui-même, les ouvriers n'entendant entière. Sur la rive, des quais marquent l'emplacement rien à un tel travail, et, grâce à ce nouveau procédé. d'une cité antique, mais dans la ville moderne bâtie les appartements funèbres, tant cherchés au grand sur ses décombres, Bélianeh, ce serait en vain qu'on détriment de la conservation et qui toujours avaient en chercherait le ressouvenir. Au loin, cependant, par échappé aux fouilleurs, furent enfin découverts. Le delà le rideau de palmiers qu'on distingue à peine, et

Sakkarah et de Daschschour, les deux villages modernes bâtis sur l'emplacement de l'ancienne nécropole de Memphis, où de récents travaux ont mis à jour de remarquables monuments. Deux heures de course à âne à travers champs, et nous voici arrivés aux ruines de la célèbre capitale des premières dynasties égyptiennes. Sous les monticules de décombres qui en marquent la place, l'éminent directeur du service des antiquités égyptiennes, M. de Morgan, retrouvait il y a trois ans les substructions du grand temple de Pthah. la barque de granit déposée dans son sanctuaire et les cotonnades qui précédaient celui-ci. Le nom de M. de Morgan va revenir, d'ailleurs, chaque fois qu'il sera question d'une découverte importante. Jamais, depuis la création du service de conservation des monuments d'Egypte, savant n'a fait avancer à aussi grands pas la connaissance de l'antiquité et son court passage dans l'administration khédiviale aura été marqué par toute une


qui frange pour ainsi dire cette plaine immense de deux lieues et demie de profondeur, le village d'Arrabat-ed-Madfouneh s'élève alentour des ruines d'Abydos, la Ville sainte où reposait Osiris.. Longtemps l'on a cru que ce ressouvenir du tombeau d'Osiris n'était qu'un mythe. Une légende religieuse, vieille comme le monde, dit que le Dieu-Bon, s'il figurait sur la liste des dynasties divines, n'avait ex:rcé son pouvoir qu'en tant que créateur. L'on admettait comme acquis que sa lutte contre son frère Set, pour la po" .~sion du trône de leur père Râ, n'était que le symbole de l'éternel combat des bons principes contre les mauvais, de la lumière contre l'ombre, de la vie contre la mort.

avec la sûreté de main qui fait le mérite les plus beaux vases égyptiens. Le bronze, déjà connu, est artistement travaiiïé. Les silex sont dentelés avec une précision merveilleuse. Certaines armes, des couteaux, des hachettes, sont montés sur des manches d'ivoire et assujettis par des )ame)Ies d'or. L'ivoire surtout est fouillé avec une précision remarquable. Le cristal de roche est habilement taillé. Mais it nous faut quitter ce sujet, car l'énumération ne finirait pas, pour. réserver une place convenable aux tombes des dieux, à celles d'Osiris, de Set et d'Horus, découvertes au printemps dernier. Le tombeau d'Osiris avait été reconstruit sous les dynasties thébaines, le fait paraît indubitable; mais, la structureprimitive avait

Nous-même avons soutenu cette doctrine, nous l'avouons sans la moindre honte. Les travaux récents de notre savant collègue Amélineau viennent de prouver qu'il n'en était pas ainsi, ou que, du moins, aux yeux des Egyptiens, Abydos était bien la ville où reposait Osiris. Depuis trois

été respectée scrupuleusement. Rien ne devait être changé à l'aspect des monuments des ancêtres. Aussi, même à cette époque de splendeur, les murs avaient-ils été refaits de terre battue, et les plafonds de soliveaux. Dans la salle principale, celle du tombeau, un cénotaphe de granit rose de i"yo de~Iong sur )'40 de large et à peu près autant de haut, montre le dieu enve-

ans,

Améiineau a entrepris de fouiller la nécropote 'de la Ville sainte. Dès la première année, ses fouilles avaient mis à jour des tombeaux qui, malgré les arguties subtiles de quelques archéologues à l'esprit chagrin, inconsolables M.

loppé dans son linceul, couché sur son lit funèbre. Un épervier est à sa tête, un autre à ses pieds, un troisième se pose sur le corps. Ce qui donne à penser que le monument de voir les autres faire date de la xvm" dynastie, c'est qu'il est reproduit, à progresser la science, avaient été admis comme peu de variantes près, et appartenant à cette époque dans le même style, sur COLLÏEftDELAPR!MCES5EKtiF)OUMtT(TRÉSORDEDASCHSC!tOUR), fabuleuse que l'histoire un bas-relief du grand pharaonique appelle tour à temple d'Abydos, bâti par D'après une photographie. Sitif. C'est donc bien là tour le « temps des ancêtle temps des Il », le tombeau du dieu l' tres ou le « temps des Sbesou-Hor cette image funèbre, c'est la statue serviteurs d'Horus. A cette période préhistorique, support du double, destinée à survivre au corps. la terre, d'après cette croyance, était gouvernée par Horus, qui, pour venger son père Osiris, avait des êtres surnaturels, successeurs immédiats des dynassoutenu contre son oncle Set la guerre mémorable à ties divines. Leur semi-immortalité n'était cependant laquelle la victoire remportée par lui à Chemounou i8c)6-!8c)y, factice, Amélineau M. retrouvait et que en avait mis fin, reposait non loin, et pour marquer la les os de ces vieux souverains au fond de leurs primiréconciliation finale des deux dieux ennemis, neveu et tifs tombeaux. oncle dormaient dans la même tombe. C'était « la deLa science du constructeur n'était encore que peu meure des deux dieux ». Le bien et le mal se partadéveloppée, certes Ces tombes ne comportaient ni geaient l'éternel repos, comme ils s'étaient partagé la pyramides, ni hypogées. Elles consistaient en une série vie terrestre. Mais cette dernière découverte est, à cette de chambres adossées à la montagne, dans les anfracheure, encore trop récente, pour qu'il nous soit postuosités naturelles des dernières pentes. Leurs murs n'ésible de nous y arrêter plus longtemps. Une chose à taient même pas bâtis de briques crues, mais dressés en noter cependant ..ors de l'introduction du christianisme terre battue, et sur chacune d'elles régnait un plafond en Egypte, ces tombeaux, ceux des Shesou-Hor, ceux fait de troncs de palmiers à peine équarris. Pourtant des ancêtres, furent saccagés par les moines et les anala civilisation était déjà assez avancée pour que les chorètes de Thébaïde, qui déployèrent une rage indescriptible à tout briser, à tout détruire, à tout incendier. autres arts n'eussent plus à progresser dans la suite. Dans chacune de ces chambres, si primitives, l'on reCes vases merveilleux de diorite, d'albâtre, de serpentine, de granit, de brèche, furent réduits en miettes ou trouve des vases et des plats de matière dure, taillés 1


nes, me direz-vous. Et moi je vous dirai que c'est du cuir de Madagascar. La vieille Europe ne produit pas la moitié du cuirqu'elle consomme, et elle ramasse t:s peaux du monde entier. Et dans ces bottines, que vois-je? Vous savez qu'on a dit des coloniaux qu'ils sont du Midi et demi excusez donc de la familiarité. Mais ces chaussettes sont en coton de la Louisiane. Et cette élégante redingote? Laine d'Australie. Et cette cravate? Soie de Chine. Point de colonies, monsieur, mais il ne vous resterait rien sur le corps

voyez quelle surprise! « Et qu'avez-vous mangé ce matin ? Du café au lait. C'était un produit du Brésil. Et qu'a mangé votre femme? Du chocolat. C'était un produit du Venezuela. Votre fils a préféré du riz au lait. C'était nn produit de la Cochinchine. Et en quoi était la table du repas? En palissandre ? Il venait de la côte d'Afrique. L'EMBARQUEMENT A BORD DO RAMSÈS-LE-GRAND AU PONFON DE KASR-EL-N!L (CA)RE), Point de colonies, monsieur, et vous D'fJ~f~ MH~ photographie. n'aviez point de déjeuner! Point de colonies, et de tout le luxe de votre apparteéclatèrent à l'action ~du feu, tant fut intense la fourment, je ne sais ce qu'il vous resterait en dehors des naise. Les os des serviteurs d'Horus furent disloqués et quatre murs. jetés aux quatre coins du tombeau. Sur le monument « Votre fils est allé ensuite faire un tour de d'Osiris, qui par sa masse résistait à tous les efforts, bicyclette au Bois. Savez-vous que sans les forêts des croix et des figures de Christ furent grossièrement équatoriales de l'Amazone il se serait passé de ce plaisir? dessinées il en fut de même de la plupart des grands Ce sont elles qui ont fourni le caoutchouc de ses pneus. Ce sont d'autres forêts, celles du Mozambique, qui ont vases et des autres morceaux importants. Autre détail, qui a son intérêt grâce à la découverte de ces tomfourni le vernis de la voiture où vous êtes monté. Et beaux, nous sommes maintenant fixés sur les provous-même, qui allez à pied, avez-vous songé de quoi cédés d'éclairage employés dans l'Egypte antique, était faite la canne que vous mettez distraitement sous question qui, jusqu'ici, était restée insoluble. M. Amévotre bras en vous promenant? D'un corbin d'ivoire lineau a retrouvé, parmi les débris, des sortes de cierges venu du Congo et d'un rotin de Java. Point de colonies, de! fibres cordées, ainsi que de cire un fil de lin, fait et voyez quelle perturbation dans les moyens de lococela a lieu encore aujourd'hui, était noyé au centre et motion les plus familiers à des Parisiens! teint en vert. Ces cierges, vieux de quelques milliers « Eh bien, vous aure~ beau coloniser la France, d'années, peuvent éclairer encore et dégagent en brûlant vous n'en tirerez jamais ni coton, ni café, ni cacao, ni un parfum pénétrant. palissandre, ni caoutchouc, ni copal, ni ivoire, ni cent (A ~M!) AL. GAYET. autres choses dont vous avez besoin chaque jour. Il y a comme cela pour quatre à cinq milliards de produits que l'Europedemandechaque année aux pays tropicaux et qu'elle ne peut produire chez elle, pour la raison bien simple que son soleil s'y refuse. Toute la question coloniale consiste pour la France à savoir s'il est de son intérêt de participer à cette production de A tes richesses devenues indispensables à la civilisation contemporaine. C'est à peu près comme si l'on me Vous connaissez cette question on a dû vous la demandait s'il est de mon intérêt d'être millionnaire. Mes hésitations ne seraient pas longues. ? » poser souvent. Et si vous êtes un fervent de l'expansion coloniale, vous n'avez pas manqué de Sous cette forme légère, il se cache, n'en doutez trouver des arguments propres à démontrer que les pas, un grand fond de vérité. Les colonies nous sont colonies étaient d'une utilité incontestable. indispensables, et ceux qu'on nomme les coloniaux ont Mais si, par hasard, ces arguments venaient droit à la reconnaissance du pays. Mais, ceci dit, il est à vous échapper, voici sous une forme humoristique, bien certain que nous avons parfois exagéré le goût de mais très exacte, quelques remarques pouvant venir la colonisation en tombant, comme dit un explorateur, à l'appui de la défense de l'idée coloniale. Ces remarM. Gaston Donnet, dans la eo~M:M<MMO~MyH'e. Nous avons collectionné les colonies, étendant ques sont extraites d'une lettre d'un lecteur du Temps qui, colonial convaincu, riposte très spirituellement sans cesse notre sphère d'influence, mais nous avons à un de ses contradicteurs négligé trop souvent de mettre en valeur les territoires conquis ou annexés. « Qu'avez-vous aux pieds, monsieur ? Des botti<'

H

~COL ONIALE' quoi servent

Colonies ?


l'Éthiopie revendiquées par Ménélik

Les Frontières dé

LnA reoccupation des anciennes provinces du Soudan égyptien par les troupes khédiviales aidées d'un contingent britannique soulève, outre une question' politique de la plus haute importance, une question géographique d'un grand intérêt.

moins un précédent par lequel l'Egypte, et l'Angleterre elle-même ont reconnu les droits de l'Ethiopie sur une région antérieurement possédée par celle-ci. Le négus Jean, après ce succès, continua à poursuivre la reprise des territoires limitrophes de l'Ethiopie, et c'est en guerroyant dans ce but contre les mahdistes qu'il perdit la vie à la bataille de Galabat, le i mars 1889. Ménélik, ras du Choa, qui prit aussitôt le titre de négus, conclut avec l'Italie, au camp d'Outchali, le 2 mai 188~, un traité de paix d'après lequel la ligne frontière entre les possessions italiennes et celles de l'Ethiopie, partant d'Arafali, au fond du golfe de Zoulla, se dirige vers Asmara, suit le cours du fleuve

Anséba vers

Nord jusqu'au territoire des Bogos, puis la rive droite du fleuve Lebka

En effet, si

l'Egypte, par l'or-

gane de l'Angleterre, prétend avoirr conservé des droits sur les territoires qui faisaient partie

jusqu'à la mer Rouge.

On voit qu'à cette époque l'Erythrée italienne était

intégrante de ses possessions

jus-

considérée comme

qu'au moment de

une

l'insurrection mahdiste, d'autre part, l'Ethiopie revendiune étendue considérable de la vallée du Nil, qui fut autrefois soumise à

de

Mais les Ita-

liens, profitant des difficultés avec lesquelles le négus ?e trouvait alors aux prises vis-à-vis de ses vassaux, ne

la puissance de ses

souverains. Ces revendications ne datent

d'hier.

enclave

l'Ethiopie, et que celle-ci s'étendait vers le Nord au moins jusqu'au fleuve Lebka.

que, de son côté,

pas

le

CARTE DE LA RÉGION É'CftIOFIENNE.

Lorsque !smaïl-Pacha, en !8y;, fit envahir le Tigré par trois corps d'armée, et que ceux-ci eurent été successivement taillés en pièces par le négus Jean, ce dernier, fort de ses avantages, réclama la restitution des terres prises par l'Egypte à l'Ethiopie pendant les dix dernières années. Or, à Gordon, chargé de négocier avec lui, il déclara qu'il aurait pu revendiquer aussi le Sennaar, ~y~M'~ Dongola, mais qu'il se bornait à exiger, pour le moment, la restitution du territoire des Bogos, ce que le colonel avait l'ordre de ne pas accorder.

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Aussi les pourparlers furent-ils interrompus, le négus ayant d'ailleurs fort à faire pour maintenir sa suprématie sur ses feudataires. La révolte du Mahdi et l'expansion de sa puissance au Soudan engagèrent le gouvernementégyptien, à l'instigation du Foreign Office, à faire à l'Ethiopie

quelques concessions. Le 3 juin [884; un traité conclu à Adoua, entre l'Ethiopie, l'Egypte et l'Angleterre, restituait au négus le territoire des Bogos. Ce traité, quoique ne portant que sur un territoire d'une importance secondaire, constitue néan-

tardèrent pas

à

sortir des limites que leur avait assignées le traité d'Outchali. Le 20 mai 1880, ils occupèrent Kéren, capitale des Bogos, puis Agordat; le 2; juillet, Asmara; le 14janvier 1800, ils poussaient une expédition jusqu'à Adoua, capitale

du Tigré.

gouvernement italien, se croyant déjà maître de toute l'Ethiopie, songea alors à s'assurer ses conquêtes en traitant isolément, avec le gouvernement Le

britannique, par les protocoles du 24 mars et du 15 avril 180;, pour la délimitation des sphères d'influence respectives des deux puissances dans l'Afrique

orientale. Notre carte donne le tracé de cette délimitation. C'est une ligne conventionnelle partant du Ras Kassar, sur la mer Rouge, et se dirigeant du Nord-Est au SudOuest, jusqu'au 35° degré de longitudeà l'est du méridien de Greenwich, avec lequel elle se confond ensuite jusqu'au parallèle du 6° de latitude Nord. Elle suit ce parallèle vers l'Est jusqu'au fleuve Djouba, dont le thalweg délimite les deux sphères d'influence jusqu'à son embouchure dans l'océan Indien. Ces protocoles conservent un intérêt actuel en ce sens qu'ils indiquent l'extrême limite orientale reven-


diquée par l'Angleterre, soit pour son propre compte, soit pour le compte de l'Egypte. Or, cette limite ne concorde nullement avec celles réclamées par Ménélik. Dès !~Qt, le négus, ému de ces conventions de délimitation qui se faisaient sans lui et contre lui, prit la précaution de faire des réserves immédiates. Il adressa à toutes les puissances européennes, y la circulaire suivante, dans e<M!M laquelle il précise très nettement l'étendue des frontières de son empire « Lion vainqueur de la tribu de Juda, Ménélik, élu du Seigneur, empereur d'Ethiopie, à notre ami Nous demandons particulièrement des nousalut velles de votre précieuse santé.

/<rc,

étant aujourd'hui l'amie de l'empire éthiopien, connaissant vos bonnes intentions pour lui, nous vous exprimons toute notre gratitude. Comme nous désirons faire connaître les limi« La grande puissance

tes de l'Ethiopie à nos amies les puissances de l'Europe en leur écrivant, nous adressons également à Votre Majesté la présente lettre, avec l'espérance que vous

voudrez prendre en considération ce qui suit « Partant de la limite italienne d'Arafali, qui est situé sur le bord de la mer, cette limite se dirige vers l'Ouest sur la plaine de Geyra-Meda, va vers MahijaHalaï, Digsa, Goura et arrive jusqu'à AdiL-aro. « D'Adibaro, la limite arrive jusqu'à l'endroit où le Mareb et le fleuve Atbara se réunissent. « Cette limite, partant ensuite dudit endroit, se dirige vers le Sud, et arrive à l'endroit où le fleuve Atbara et le fleuve Setit (Tacazzé) se rencontrent, et où se trouve la ville connue sous le nom de Tornat. « Partant de Tornat, la limite embrasse la province de Ghedaref et arrive jusqu'à la ville de Kergag, sur le Nil Bleu. « De Kergag, cette limite arrive jusqu'au Nil Blanc, et suit le Nil Bla'nc jusqu'à l'endroit où le Nil Blanc et le Sobat se rencontrent. « Partant de cet endroit, la limite suit ledit fleuve Sobat, y compris le pays des Gallas, dit Arboré, et arrive jusqu'à la mer (lac) Sambourou. « Vers l'Est, sont compris le pays des Gallas, connu sous le nom de Borani, tout le pays des Aroussi' usqu'aux limites des Somatis, y compris également la province d'Ogaden. «Vers le Nord, la limite embrasse les Habr-Aoual, les Gadaboursi, les Eissa Somalis, et arrive jusqu'à Ambos. « Partant d'Ambos, la limite embrasse le tac Asjat,.ta province de notre vassal d'ancienne date Mohammeh Anfalé, longela côte et rejoint Arafali. En indiquant aujourd'hui les limites actuelles << de mon empire, je tâcherai, si Dieu veut bien m'accorder lavie et la force, de rétablir les anciennes frontières de l'Ethiopie jusqu'à Khartoum et jusqu'au lac Nyanza, avec les pays Gallas. » On remarquera que Ménélik respecte la frontière d'Ara'ali à Adibaro, qu'il a accordée aux Italiens, et arrête ia limite septentrionale de l'Ethiopie au cours du Mareb.

abandonne les revendications de son prédécesseur sur Berber et sur Dongola, mais il maintient ses I)

droits sur le Sennaar jusqu'à Khartoum, -surles pays Gallas et surla rive droite du Nil jusqu'aux grands lacs, et compte « rétablir jus-jue-là les frontières de l'Ethiopie, si Dieu veut bien lui accorder la vie et la force ?. Sans doute, à c:tte époque, le Sennar et Khartoum étaient aux mains des Mahdistes, et l'Angleterre n'avait pas encore pris possession effective des pays au nord des grands lacs. Mais les protocoles angloitaliens, bien connus de Ménétik, ne lui laissaient aucun doute sur les intentions du gouvernement britannique à l'égard de ces territoires. Cela ne l'a pas empêché d'envoyer au cabinet de Londres, comme aux autres cabinets de l'Europe, sa significative circulaire. Or, non-seulement le gouvernement britannique a pris possession de l'Ouganda et de l'Ounyoro, nonseulement Khartoum a été réoccupé, mais en outre, à l'intérieur même des frontières que Méné!ik considérait déjà en [S~t comme lui étant acquises, les AngloEgyptiens ont pénétré. Des cannonières circulent sur le Nil Blanc, sur le Nil Bleu et sur l'Atbara et dans la zone comprise entre Kassala et Khartoum, les journaux britanniques signalent la présence des troupes de terre dans le GheJaref et à Sennar. Peut-on admettre que Ménélik considérera d'un œ~I impassib!e cette singulière réponse à ses catégoriques déclarations de 1891? C'est bien improbable! Dans tous les cas, on voit que la question de la réoccupation des anciennes provinces égyptiennes soulève, outre la question des droits acquis par la France, la question des droits de l'Ethiopie revendiqués en )8c)[1 par Ménétik. Pourquoi les diplomates ne tienjraient-ils pas compte de ces droits, et des moyens dont dispose le négus pour les faire valoir?9

Victor Giraud ~7!OORG!RAUD,mortte22aoùtàPiombières (Vosges), à l'âge de 40 ans, n'a passé dans l'exploration que comme un brillant météore. Né à Morestel (Isère) en iS~, il entra dans la marine, et il était enseigne de vaisseau lorsqu'il se sentit pris de la passion de l'Afrique il demanda un congé, et organisa à ses frais, en 1882, une grande expédition avec laquelle il se proposait d'explorer

spécialement la région des lacs Bangouéto et Moéro et, sans avoir à partir de ce point, d'itinéraire précis, de gagner, si possible, la côte occidentale. H ne put accomplir que la première partie de son programme, et la révolte de ses porteurs zanzibarites l'obligea à revenir du Tanganyika à Zanzibar, où il était de retour accompli en novembre 1884. Mais le voyage qu'il avait était déjà fort beau il avait traversé des régions encore presque inconnues, qui font maintenant partie de l'Afril'Etat du Congo, que Occidentale Allemande et de touché au Nyassa, vu le premier après Livingstone,.


)es tacs Moéro et Bangouéfo et exploré une grande

partie du Tanganyika.

Ce voyage valut à Giraud, lors de son retour en France, un accueil très flatteur et des récompenses méritées. Il en a fait le récit dans le volume des Grands lacs de /h~M<! équatoriale (Hachette et C'°). C'est une relation qui se distingue par une sobriété touchant par fois à la sécheresse, mais n'en inspirant que plus de confiance dans la sincérité de l'auteur. Giraud était le contraire d'un enthousiaste c'était un observateur sagace et froid, caractère auquel on ne se fût pas attendu chez un homme qui avait fait pour son plaisir ce périlleux voyage, et qui y avait consacré de sa poche des sommes considérables. Son congé expiré, Giraud rentra dans la marine et n'en sortit plus. Il n'avait été explorateur que par accident, mais il avait déployé dans ce métier de précieuses qualités d'énergie et d'endurance. Pon nom restera parmi ceux des pionniers de l'Afrique orientale.

meurt prématurément, d'une cruelle maladie, laissant dans la marine le souvenir d'un excellent camarade et d'un parfait galant homme. H

La Foire d'Arkhangelsk datée ~~y~aM~f~A, nous M/r~0; les détails ~M/'U<TM/~ ~M/' la foire de cette ville.

D'M~

CO)TM/'OM~!MM

A PRÈSune tempête essuyée dans la mer Blanche, nous abordâmes dans le port d'Arkhangelsk. La foire d'automne (septembre) battait en ce moment son plein dans la ville, où étaient accourus de toutes les parties du vaste gouvernementd'Arkhangelskune foule de marchands, de paysans, etc., ces derniers venus pour faire !eurs provisions en vue de l'hiver. Toute une ville de boutiques en planches s'était élevée pour quelques jours à côté de la ville proprement dite. jamais je n'ai vu pareil grouillement de populations aussi étranges, aussi bigarrées. Ici, le rusé Tatar; là, le Juif russe, timide, inquiet, tout étonné de la politesse avec laquelle nous lui parlons, lui qu'on couvre partout d'injures là, des paysans russes, de haute taille, le regard rusé; des paysannes en longues bottes et à costume quasi masculin des douaniers russes en longs manteaux gris qui font leur patrouille. Toute cette foule est couverte de crasse et de boue, et répand une odeur qui, jointe à l'arome pénétrant des poissons plus ou moins frais, des cuirs, du goudron, des huiles, rend l'air presque irrespirable. Des bateaux chargés du lichen de !a /OM<!a' s'avancent avec leur population flottante, père, mère et enfants nichés dans le lichen et prenant leur repas dans le même vase, où la même gigantesquecuiller de bois plonge et replonge et fait le tour de tous les convives chacun, l'ayant proprement léchée, la passe à son voisin. On désigne sous le nom de toundra, les marécages glacés, recouverts de lichens qui couvrent les parties littorales de ces régions déshéritées. !,e poisson séché

tient lieu de pain aux indigènes, qui mêlent aussi à un peu de farine une écorce broyée et des lichens. A côté de montagnes de poissons séchés, le marche a pas mal de fruits pommes, poires, raisins, etc., apportés de Crimée et vendus bon marché. Rien ne montre mieux les progrès énormes faits par les chemins de fer russes que cette facilité de transport. Il y a quelques années, les fruits étaient à Arkhangelsk un luxe, une rareté, aujourd'hui, ils abondent. Par exemple, ils sont peu appétissants, vu la poussière et les saletés qui les souillent. Ils me semblent même de merveilleux agents de maladies infectieuses. Assister aux trocs et aux marchandages, dans ces petites baraques de bois, est un spectacle amusant. Rien n'égale la patience et la ténacité de l'acheteur russe à obtenir un rabais de quelques kopecks, si ce n'est la ténacité du marchand à maintenir son prix. Quelquefois des heures se passent à ces discussions. Je suis entré dans un bazar de brocanteur juif: il y avait là de tout, depuis des souricières et des tuyaux de poêle rouillés jusqu'à des hauts de forme et des parasols de dames aux couleurs fanées. Pauvres parasols, si coquets encore de forme! Dieu sait combien de milliers de verstes ils avaient faits pour venir échouer ici Ils' avaient peut-être abrité des rayons du soleil une dame de Rome, de Berlin ou de Paris Par exemple, s'il est une calomnie contre laquelle je m'élève, c'est celle qui accuse les Russes de cruauté. Il faut voir avec quelle tendre et paternelle sollicitude les gendarmes d'Arkhangelskvous cueillent les ivrognes, les font monter en drochka, et les emmènent au poste, la tête branlante entre les épaules! Ce peuple est d'humeur si douce que ses policiers eux-mêmes sont polis

Edmond Demolins.

Les Fra;tca/ d'aujourd'hui.

Les

Types sociaux du A/M/ e< du Centre. Paris, Firmin-Didot et C". [ vol. in-f8 de xu-406 pages. Prix 3 fr. 5o. nouvel ouvrage de l'éminent publiciste n'a pas obtenu le même succès retentissant que son étude sur la supériorité des Anglo-Saxons. Pourtant le mérite et l'intérêt ne manquent pas dans ce volume. Le disciple de Le Play apparait ici tout entier, mettant toutes les ressources d'un talent éprouvé et d'une science indéniable au service de la. méthode du maitre. M. Desmolins s'attache à expliquer les divers types sociaux dont l'ensemble forme la société française. Comment se fabriquent un Limousin, un Auvergnat, un Provençal? Comment et pourquoi diffèrent-ils? D'après M. Demolins, ces types sont le produit de causes constantes il analyse ces causes et montre que la principale, la plus agissante, c'est la nature du lieu et du travail. Il met en relief les variétés et sous-variétés qui apparaissent dans chaque catégorie, si le travail et le lieu subissent une modification notable. C'est là assurément un travail des plus attachants. plan d'étude suivi par M. Demolins Reclus estime que est, au point de vue d'une géographie sociale, le meilleur qu'il soit possible de se tracer ». Dans tous les cas, l'œuvre nouvelle de M. Demolins fera réfléchir le lecteur. Elle lui sera une source de méditation et de découvertes, si, après l'avoir lu, il sait observer.

E

le

Ricardo Nunez et Henry

Jalhay.

République de

Colombie. Deuxième édition. BtuxeUes, D. Stevelinck. 7 fr. 5o. i vol. in-8 de 352 pages. Prix


TIIE

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GEOC~M/C~

JOU~N~T.

Le Yang-Tsé-Kiang

grand fleuve chinois, qui draine la majeure partie des eaux du vaste empire et pourrait être navigable sur un

parcours de 25oo kilomètres, n'est encore, maigre son importance géographique et commerciale, qu'imparfaitement connu des Européens. Ils ne savent pas exactement la longueur de Son cours nombre de ses affluents, et le fleuve lui-même, au-dessus de la ville de Batang, sont encore marqués en pointillé sur les cartes. Le nom même du fleuve est une impropriété,puisque les Chinois ne l'appliquent qu'à un tout petit tronçon de son cours inférieur, près de son embouchure. Ils l'appellent Mu-Rum ~(le Tortueux) dans le Thibet plus loin; il change ce nom en Chin-Cha-Kiang, puis, Pai-Chui-Kiang (eau blanche) près de son confluent avec le Yalung puis Ta-Ho ou Ta-Kiang (Grande-Rivière). Dans les gorges d'I-Thang, dont on vante la beauté sauvage, il s'enfonce sous le nom de Ta-Chen-Ho (rivière du GrandDébris) au milieu de rocs éboulés et de défilés presque inaccessibles. Près de la ville de Han-Koou, il s'appelle le Kiang, ou Ch'ang-Ciang (Longue Rivière), ou Ta-Kuan-Kiang (Longue Rivière utile ou secourable). J'en passe encore. Ce n'est que dans les 3oo derniers kilomètres de son cours qu'il prend le nom de Yang-Tsé-Kiang,dont le premier terme est emprunté à la province Yang, une ancienne division de l'Empire. L'article du GeographicalyoMrHo! décrit minutieusement tous les affluents du fleuve. Nous ne nommeronsque le Ta-Tu, qui se jette dans le fleuve, sous le nom de Fou, près de Soui-Fou, et dont les rives sont, parait-il, d'une beauté merveilleuse; le Fou-Ling, autre affluent navigable, et dont les sources étant enfoncées loin dans le Sud, mettra un jour en communication Pékin et Canton, pluS ou moins directement le lac Toung-Ting, que traversent plusieurs rivières qui vont acquérir une importance capitale, parce qu'elles sillonnent la province de Hou-Nan, si riche en mines de houille. Enfin, mentionnons la province de Ngan-Hoeï, qui comprend le delta du fleuve, et qu'un admirable système de canalisationrend un des pays les plus fertiles du monde. Par malheur, les variations du niveau et du cours même du Yang-Tsé-Kiangont souvent couvert de limon ses rives verdoyantes et dévasté jusqu'au cœur du pays. "PETER.lJANNSmï'BE/MVGEA',

G077~

La question de l'Oxus résolue par la géologie (<~r<c/e dM ~t-q/<'M<'M?-oc<ft<r y. M~/ter.) commencement du siècle dernier, on s'est fait une J,usou'AU idée tout à fait fausse de la configuration physique du centre de l'Asie. La mer Caspienne, en particulier, était confondu sur les cartes avec le lac Aral, et figurait une énorme masse d'eau de forme ovoide, et deux fois plus grande qu'elle n'est en réalité. Le négociant anglais Jenkinson, en t558, contribua plus que personne à accréditer l'erreur en racontant, dans son voyage à Khiva, qu'il était parvenu, au bout de vingt jours de marche à partir de la presqu'ile Mangichlak, dans le bassin de l'Oxus, où il avait bu de l'eau douce dans une baie de la mer Caspienne. En se reportant aux cartes modernes, on s'aperçoit que le naïf voyageur a, en réalité, bu de l'eau du lac Aral Sur l'Oxus, il raconte des choses fabuleuses ce fleuve coulerait à ciel ouvert sur un parcours de ooo milles, puis s'enfoncerait sous terre pour reparaître 5oo milles plus loin, confondu avec l'Irtych-Ob Mais l'erreur la plus tenace qu'il ait répandue sur ce s.ujetest l'histoire suivante d'après lui, l'Oxus se serait jeté anciennement dans la mer Caspienne mais les Turkomans, pour se garantir' des attaques des Russes, auraient barré

son cours au moyen d'une énorme digue, et détourné le fleuve loin de son déversoir naturel. jenkinson n'a pas, il va sans dire, inventé sa fable de toutes pièces il a recueilli les racontars des naturels. Le plateau qui sépare la mer Caspienne du bassin de l'Amou-Daria (l'antique Oxus) est sillonné de vallées parfois très profondes, du même genre que celles des déserts africains. Elles sont absolument arides mais les Turkomans les considèrent comme l'ancien lit de l'Oxus, absolument comme les Bédouins prétendent que le Nil a coulé autrefois profond de Rischrasch, découvert par ouadî dans Schweinfurthdans le centre de l'Afrique. En réalité, jamais le Nil, d'une part, ni l'Oxus, de l'autre, n'ont passé par là il suffit de jeter un coup d'œil sur la disposition ra.ronMo'M/e de ces ouâdis, pour soupçonner un tout autre agent qu'une eau courante. Ce sont les pluies, interrompues parfois pendant des années, mais qui tombent tout à coup avec violence sur un terrain sablonneux et friable, qui ont creusé ces immenses crevasses les vents qui leur succèdent, ont achevé de bouleverser complètement toute la surface de la

l'

contrée. Au commencement du xvni° siècle encore, Pierre

le Grand se laissa séduire par ces histoires des indigènes, et envoya une expédition pour percer la digue et ramener

l'Amou-Daria dans son lit naturel. Les envoyés du Tsar errèrent longtemps dans ces parages, pour finir par être massacrés par les Turkomans. Du moins, les messages qu'ils purent envoyer en Russie firent mieux connaître ces régions mystérieuses, et acheminer les esprits vers la

vérité.

La construction du Transcaspien ne donna pas encore la solution, mais en prépara les éléments. Le savant dont nous analysons le travail raconte comment il est arrivé, en se;fondant soit sur ses explorations personnelles et faites sur les lieux, soit sur les données que lui avaient fournies les ingénieurs du Transcaspien, à la conviction absolument scientifique que jamais l'Oxus ne s'est jeté dans la mer Caspienne, du moins dans les temps historiques. Les deux lacs, Aral et Caspien, y compris le bassin de l'Oxus, qui aboutit au premier, sont séparés l'un de l'autre par le plateau d'Oust-Ourt, qui se dresse comme un mur de 282 mètres de hauteur au-dessus de la mer. La seule porte par où le fleuve aurait pu aboutir à la merCaspienne, est une dépression, la plaine sablonneuse et étroite de Kara-Koum au Sud, en effet, cette plaine est limitée par le petit Balchan (800 mètres), que continue la haute chaîne du Kopet-Dagh. Donc, si l'Oxus s'est jamais jeté dans la mer Caspienne, ce ne peut être que dans la baie de Krasnovodsk.

Or, l'Oxus est et a été de toute antiquité un fleuve fort limoneux, dont le delta dans le lac Aral est considérable, et montre avec la certitude d'un livre d'annales qu'il travaille à combler ce bassin depuis des milliers d'années. Le docteur Walther a fait, en effet, des sondages dans les terrains en amont de l'embouchure,et, connaissant le volume d'alluvions que le fleuve apporte annuellement au lac Aral, il a pu calculer avec une rigueur mathématique la marche progressive du delta. Pour faire la contre-épreuve, il s'est transporté dans la plaine de Kara-Koum. Les alluvions de l'Amou-Daria sont composés de boue grise et d'argile de même couleur enlevée par l'eau aux plaines de Takyr; plus de sable jaune provenant de milliers de dunes que le vent pousse insensiblement dans le fleuve. Voilà les éléments qu'il a trouvés dans ses propres sondages; dont les résultats concordent tout à fait avec ceux des ingénieurs russes. Dans la plaine de Kara-Koum, par contre, en multipliant ses recherches, il n'a pas trouvé trace des sédiments de l'Amou-Daria ce n'étaient partout, jusqu'à 3 et 4 mètres de profondeur, et même à 12 et 35 mètres, lui ont dit les ingénieurs, que roches et graviers purement caspiens, ou plutôt caucasiques, puisque la mer Caspienne remplit une large dépression du Caucase, qui, géologiquement, se prolonge en Asie.


Un

tour en Egypte

Voici la second C< ~fKM~ a~'C/e de M. Albert Gayet sur les récentes ~COMM)'~ a~C~FO/O~/yMM effectuées en Egypte. On le lira avec non moins d'intérêt que le ~~C~eM<. Il complète à merveille le très agréable récit que M. E. Cotteau a donné dans le Tour du Monde en tSg~, sous le titre « Six Semaines sur le Nil ».

/U[TTONsBéIianehetcontinuonsà remonter le fleuve. Kénéh, et juste en face Tentyris, avec son temple du temps des Ptolémées. Mais ici, rien n'a été découvert qui mérite grande attention. Un savant anglais, M. Flinders Petrie, vient d'en entreprendre

Voici wec

p.

succès l'ex-

ition, mais n'a

pas

~orefait

connaître les résultats de ses fouilles. Voici

exquise finesse. Au milieu de ce chaos, M. de Morgan retrouvait des lions de cristal de roche, des vases de forme irréprochable et quantité de silex admirablement taillés. Encore quelques heures, et voici Louqsor, l'ancienne Thèbes, avec ses monuments incomparables 'desxvm* et x'x.° dynasties pharaoniques. Point de découvertes, mais

-r-

de

Naggadah,

gigantesques

travaux engagés.

que l'on aperçoit au passage, piltoresquement bâtie au bord même du Nil. Là, M. de Morgan faisait, il y aura bientôt deux ans, une découverte de premier ordre: celle d'une sépulture royale préhis-

En 1896, M. de Morgan entreprenait de dégager complètement la salle hypostyte du temple de Karnak,

d'en consolider les colonnes. Ensablées jusqu'au tiers de

leur hauteur pen-

dant des siècles; celles-ci se trou-

torique, appartenant aux dynasties

vaient être rongées

qui ont précédé

par les salpêtres

celles que nous connaissons par les listes de Manéthon.

leur ruine semblait proche, et personne n'eût songé à les Cette sépulture KARNAK LA COUR DES DUBASTES, DÉGAGÉE PAR M. DE MORGAN, conserver. D'autre affectait la forme .D'a~r'e~t<~ogT~î€. part, l'ensablement d'une pyramide qui les maintenait -¡ ..J'd'assez grande dimension, et, chose curieuse, ses faces, encore en place, faisait perdre au monument ses proparées et ornées de moulures, se trouvaient noyées dans portions primitives. Cette forêt géante de cent colonnes enveloppe de maçonnerie. Là encore, une rage une semblait basse, les supports apparaissaient « trapus », aveugle s'était acharnée à la destruction de tout ce que même aux yeux des archéologues, et le mot prononcé renfermait le tombeau. Les objets du culte des morts, par l'un d'eux avait fait fortune c'était un vrai service brisés et dispersés, montraient, eux aussi, qu'ils à rendre à l'histoire de l'art que de leur permettre avaient eu à subir l'assaut de l'incendie; et, cependant, d'apprécier l'ensemble du monument dans son inténombreux étaient les fragments d'or travaillé avec une grité. Aujourd'hui, tout cela est chose faite ou à peu A TRAVERS LE MONDE.

5o° LIV.

?

5o.

io décembre ibc;8.


près, le départ de

de Morgan ayant laissé le travail inachevé. Karnak ne nous en apparaît pas moins dans son ensemble. A côté de ce dégagement, d'autres, moins importants, ont eu lieu le temple de Louqsor, Amon générateur, bâti par Amenophis Ht, Amon guerrier, a été déblayé; Médinet-Abou, construit par Ramsès III a été complètement exhumé des sables. Des bas-reliefs, restés intacts, sont apparus soudain, teintés de couleurs vives. L'un, particulièrement bien composé, montre une chasse au buffle dans les plaines marécageuses de la Syrie de l'Ouest lé pharaon vient d'abattre deux superbes bêtes l'une gît, déjà mourante, au _:1: milieu des grandes herbes; l'autre se tord dans les dernières convulsions; une troisième n'est que légèrement ~~`~i. atteinte. Le morceau est traité de main de maître, et témoigne d'un véritable h talent de composition. 1 ~r (. Sous les portiques de la seconde cour du temple, ~=', d'autres peintures nous initient à de curieux détails des mœurs de l'Egypte: un 1Ic!JI tableau y montre le pharaon 1' visitant ses écuries et assis,t M.

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La cachette trouvée

par eux, ils

empares des menus objets, figurines funéraires,

amulettes, etc, les grosses pièces, sarcophages, momies, meubles, étant d'un placement difficile et susceptible d'attirer l'attention. L'une de ces amulettes, vendue à un touriste anglais, fut montrée par celui-ci

au musée du Caire. L'inscription dont elle était couverte révéla son origine une surveillance fut organisée, et bientôt le conservateur,M. Emile Brugsch, faisait arrêter le. principal vo)eur, qui, mis au secret, pressé de questions, et surtout tenté par l'offre d'une forte somme s'il révélait le lieu de la cachette, finit 1 par livrer le secret. Les choses ont-elles eu lieu ainsi cette année? Les détails manquent encore, mais c'est infiniment probable. Dans tous les cas, la tombe de Thotmès III, située dans la montagne au nord de Thèbes, fut tout dernièrement signalée au service des antiquités par son inspecteur indigène à Louqsor, et peu

1~

de temps après, celle d'Ame-

nophis II l'était également

La première est grande, et comporte nom-

i cL

bre de couloirs et de salles. Les peintures sont bien

conservées, et nous retracent, une fois de plus, les croyances relatives à la vie de l'âme. La seconde était intacte dans son ensemble, avec son sarcophage en place, où reposait la momie avec son mobilier funéraire complet. Le gouvernement égyptien a eu l'excellente

l' ."V"jo' assouplissement, .rl~~ escrime. lutte, mouvements e.~ d'ensemble et dans de ""J 1."1'L: grandes compositions réap0;:0.. paraissent les batailles livrées par Ramsès III aux peuples confédérés de Syrie J. Troade, les de et exploits et du valeureux souverain. idée de décider que cet KARJ~AK; SALLE HYPOSTYLE,NEF MÉDtALE, t)~.G4QéE PAR M. De MORGAN, A l'heure même où ensemble unique devait être D'a/'r~M~e/0/0~'J/ écrivions lignes, nous ces respecté que rien ne devait dernière découverte, une être changé de place; que, due au hasard, ceHe-Ià. venait compléter cet ensemble suffisamment protégé contre les destructions de toute celle des tombes de Thotmès III et d'Aménophis II, nature, le caveau du roi demeurerait tel qu'il avait été les grands conquérants de la xvm' dynastie, qui scellé. L'effet sera saisissant. Auprès du sarcophage, portèrent les armes de l'Egypte jusqu'à l'Euphrate, deux barques portent chacune un cadavre, replié sur jusqu'aux sources de l'Oronte et jusqu'aux « pays de tui-méme, qui semble être celui d'une victime égorgée. la mer », ainsi que disent les textes égyptiens. Pour Ce n'est là toutefois qu'une hypothèse; le spectacle comprendre ces hasards, il faut savoir ceci. Des fouilles n'en est pas moins terrifiant. ne peuvent être faites en Egypte que par le service de Un travail considérable a encore été exécuté ces conservation des antiquités, ou qu'en vertu d'autoridernières années à Thèbes, par l'F~/M): FoM/~ de la sations régulièrement accordées à des archéologues. Biblical Society de Londres, le dégagement de l'hémiMais le moyen, pour te~/M, de résister à la tentation spéos de la reine Hat-asou, régente de l'Égypte, lors de de fouiller clandestinement et de recueillir quelquesl'avènement de Thotmès III au trône. Cette immense unes de ces antiquités, qu'il peut vendre souvent au chapelle funéraire n'était que fort imparfaitement conpoids de l'or, et même plus, à des amateurs! La chose nue. Aujourd'hui, les travaux habilement menés par a le gros défaut de compromettrenombre de monuments M. Edouard Naville, l'éminent égyptologuegenevois, intéressants, dont l'origine devient incertaine, mais elle permettent d'apprécier la magnificence du monument. rend aussi quelques services. Déjà en [882, lors de la Les dispositions générales diffèrent sensiblement de découverte des momies royales, connue sous le nom de celles des autres temples. Bâti en terrasses étagées les « découverte du trésor de Deïr-el-Bahari », le point de unes au-dessus des autres, le spéos était précédé de départ de la trouvaille avait été une fouille clandestine, trois cours, flanquées de portiques formés de piliers à soldats,

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seize pans. Les sculptures

ornant les murs sont incom-

parables de pureté et de finesse et, dans une salle latérale, l'on a découvert un autel immense, auquel on accède par un escalier. C'était sur cette plate-forme que s'amoncelaient les offrandes, au cours de l'office funèbre, pour assurer la vie à l'être psychique dans l'au delà. Le bateau a quitté Louqsor, et remonte mainte nant vers Assouan. Nous passons Esnèh, ou la salle hypostyle de son temple ptoté.maïquereste seule explorée, la partie postérieure du monument gisant toujours sous les décombres. Edfou, dont le sanctuaire ptolémaïque aussi est certes, de tous les sanctuaires égyptiens, le mieux conservé, El-Kab, l'ancienne Elythia, et sa nécropole pharaonique, remontantà la xn" dynastie, qui, fait singulier, est restée

jusqu'ici la moins explorée et qu'une mission anglaise

fouille aujourd'hui.

Elle

vient déjà de recueillir des monuments des premières dynasties des éperviers et des bijoux d'or, les plus anciens maintenant du

monde; des plaques

de

schiste, avec inscriptions préhistoriques, et quantité d'objets précieux. Mais bien-

tôt, une masse imposante se profile au détour d'un vaste circuit du Nil. C'est Kom-Ombo, Ombos, l'ancienne capitale de la province de l'Extréme-Sud. C'était, voici seulement cinq ans, une colline de

décombres, d'où émer-

de se produire, au moment de la crue du Nil. 'M. de Morgan para à ce danger, en faisant établir, avec les

pierres tombées, un éperon s'avançant dans le fleuve, de manière à briser la poussée des eaux. Encore quelques heures, et nous parvenons à Djebel Silsileh; le désert se rapproche de plus en plus de la rive la roche vient s'y baigner, formant un seuil, usé au cours des siècles, mais qui dut naguère constituer une cataracte, tout au moins un rapide, franchissable seulement aux hautes eaux. Sur la ligne argentée des sables, les masses noires des montagnes de Nubie se profilent enfin. L'on franchit la passe entre les premières roches, et nous touchons le ponton d'Assouan, point terminus du voyage

entrepris.

Peu de choses à

noter ici comme découvertes récentes. A Phifae, des travaux ont été entrepris, qui ont pour but l'établissement

d'un barrage devant réglementer l'étiage du Nil mais les monuments n'auront qu'à en souffrir et deux, verra une partie de ses temples noyéejusqu'aumoment de l'inondation. Le grand temple d'Isis, où les derniers fidèles de la foi antique vinrent, jusqu'au milieu du vi" siècle, rendre hommage à la déesse, sera protégé; des parapets puisPhitas, coupée

sants

le

en

mettront

à

l'abri.

Mais, les cours et les cons-

tructions romaines n'en geaient quelques chapiseront pas moins submerteaux, épanouis à fleur de gées l'ensemble de ce sol, pareils à une poussée panorama magique n'en de champignons multicosera pas moins compromis. LOUQSOR TEMPLE D AMON GeNC2ATEUR, VUE DU MILIEU DU TEMPLE, lores étranges. Çà et là, Nous visitons les îles /0<o~r~/u'e, D's~r~ M;te quelques architravesles cheBigheh-Sehel, où, il y a quelvauchaient, sous lesquelles ques années, était découon ne pouvait se glisser qu'en rampant, tandis qu'à verte la stèle dite de la famine, dont le texte a tenté l'avant, les restes d'un pylône démantelé semblaient quelques biblistes, qui ont cru y voir une allusion aux servir de digue contre les eaux de la crue d'un côté, et événements relatés dans la vie de Joseph. Sur la rive l'envahissement des sables de l'autre. Tout au plus gauche du Nil, ce sont encore les tombes déblayées par savait-on par quelques lambeaux d'inscriptions, que le le général sir Francis Grenfell, il y a une dizaine monument était consacré à deux divinités, Sébek et d'années, et l'escalier qui, du fleuve, accède à la corHarouer, forme d'Horus. Déblayé en un hiver par niche, où sont creusés les tombeaux. M. de Morgan, le monument est dégagé maintenant Bien des jours se sont écoulés depuis ce voyage jusqu'au sol, montrant toutes les dispositions de ses d'aller, bien d'autres bateaux ont passé, qui ont laissé. deux sanctuaires, consacrés, celui de droite, côté du les uns, des voyageurs pour la seconde cataracte, les Levant, à Harouer, le dieu de lumière et de vie; celui autres quelques résidents pour Assouan. Nous redesde gauche, côté de l'Occident, à Sébek, le dieu de cendons, sans arrêt maintenant, à bord de l'un d'eux, ténèbres et de mort. Sur les murs s'étalent nombre de perdu dans une foule toujours aussi compacte, toujours portraits de Cléopâtre. Les colonnes sont couvertes de aussi bigarrée, toujours aussi cosmopolite, à croire peintures, et des cryptes s'ouvrent à travers les murs. qu'à chacun de ces voyages, repassent les mêmes figuMais une question se posait ainsi déblayé, le pylône rants. démantelé, que ne soutenaient plus les sables glissée A Louqsor, nous touchons cependant, et un des flancs de la montagne, se trouvait exposé à la séjour d'une demi-journée permet aux touristes de ruine, par les affouillementsqui ne pouvaient manquer revoir une fois encore Karnak. De tous les monuments


Et maintenant, nous redescendons encore, sans autres arrêts que ceux nécessaires au renouvellement du charbon, et nous voici de retour au Caire. Si nombreux ont été les monuments visités que, pour quelques touristes, que l'archéologie intéresse peu, la chose a paru fastidieuse à la fin. Nous n'avons rien à dire de ces visites aux édifices connus. Ceux-ci ont été tant de fois décrits, que de nouvelles notes eussent été

superflues. Notre intention, annoncée au début de ces articles, était simplement de relater les nouvelles découvertes faites au cours de ces dernières années et cela, très sommairement. Il nous était impossible d'entrer dans des détails par trop scientifiques, et d'expliquer la valeur archéologique de chacune d'elles. L'intérêt en eût été médiocre pour les lecteurs, plus attirés par ce qu'ils voient au passage que par le sens symbolique des images. Le nom de M. de Morgan est revenu bien souvent dans ces lignes, car l'éminentdirecteur du service des antiquités égyptiennes a fait énormément pour la science pendant les dernières années de son séjour en Egypte; c'est à lui que nous entendons rendre un hommage reconnaissant. ALBERT GAYET.

Une Curiosité MÉDINET-ABOU: RAMSÈt Ut CHASSANT LE BUFFLE AU MARAIS, DÉGAGÉ PAR LE SERVICE DES ANTIQUITÉS.

dans les Pyrénées

D'a~?'~t<He~/)0<o~ra~e.

admirés en chemin, le célèbre sanctuaire des Thotmès, des Séti et des Ramsès reste l'expression la plus imposante. La plus belle, non, car

point de vue, purement artistique, rien ne vaudra jamais le temple d'Amon générateur, à Louqsor, et l'hémi-spéos de à ce

lareine Hat-asou, à Deïr-el-Bahari. Mais cette masse colossale, cette forêt de colonnes hautes de 8 à 12 mémètres, ce labyrinthe mouvant de perspectives entrevues à travers les fûts, restera, avec le sphinx de Guiseh, l'image la plus puissante de la grandeur pharaonique, le vrai décor qui en reflète la civilisation. En route, un travail inachevé attire l'attention des visiteurs; son but vaut d'être signalé en quelques lignes. Peu de temps avant son départ, M. de Morgan voulut entreprendre le dessèchement des lacs sacrés, pensant, fort judicieusement, qu'au moment de la profanation du temple, nombre d'objets du culte avaient et" jetés là par les profanateurs. Une canalisation établie, et une forte pompe d'épuisement devaient, en peu de jours, mettre ce projet à exécution. Malheureusement, les infiltrations du Nil fournissaient une quantité d'eau, sans cesse renouvelée, supérieure au débit prévu. 11 fallait attendre l'envoi de nouvelles pompes pour arriverau dessèchement, sinon complet, du moins suffisant pour permettre l'extraction des boues qui, tamisées, eussent rendu ce qu'on en attendait. Mais tout est lent en Egypte, et le départ du directeur du service arrêta net cette exploration. Le fait est d'autant plus regrettable, que le résultat ne laissait guère de place au doute. Partout où M. de

Morgan

appliqué ce

procédé, que ce soit aux Indes, en Perse, en Malaisie ou ailleurs, il l'a fait avec succès.

Un de nos abonnés veut bien nous signaler une particularité intéressante dont il a été témoin dans une ascension aux Pyrénées.

UN compagnie d'un camarade j'ai fait, le 6 septembre 1898, l'ascension pénible, mais sans aucun danger, du Pic de Sauvegarde (2 936 mètres), situé dans les Pyrénées à droite du Port de Vénasque. De ce belvédère, un des plus beaux de la chaîne, la vue est grandiose, notamment sur les monts Maudits, dont on n'est séparé que par la profonde et triste vallée de Vénasque, aux roches moutonnées et aux rares sapins. Les glaciers étincelants de l'Aneto et de la Maladetta sont là, tout près, qui, semblables, à des hauts fourneaux d'un modèle spécial, laissent échapper des ruisseaux d'argent que des gouffres absorbent avant d'atteindre le thalweg. Le fond de cette gorge, réceptacle naturel de tous les glaciers qui la surplombent, est donc à sec, et c'est là une particularité bien digne de remarque pour les adeptes de la nouvelle école si brillamment dirigée par MM. Martel et Gaupillat. Mais si ce spectacle de la grande nature est par lui-même merveilleux, il se distingue par une particularité qui, je crois, n'a jamais été remarquée. A dix heures du matin, par un beau soleil, le Pic de la Mine projette une ombre gigantesque sur le flanc de t'arête rocheuse qui le relie à l'aiguille de la Pique, et cette ombre donne la silhouette parfaite d'une tête humaine. On la prendrait volontiers pour celle de Louis XVI, si la lèvre inférieure était moins tombante et le sommet du crâne moins pointu. Mais le dessin du nez est caractéristique et l'ensemble, y compris l'attache de la perruque, d'une pureté de lignes remarquable. UN ALPINISTE.


Un mdice de la douceur du climat d'Anticosti est la présence sur la côte sud-occidentale, au nord du ~C)" parallèle, duthuyad'Occident, qui, sur tout le contiMe; américain, ne peut s'élever au nord du 45° parallèle. Contrairement aux erreurs courantes, cette ile se trouve donc être le pays le moins froid du Canada. Les côtes d'Anticosti n'offrent qu'un très petit nombre de baies et de criques; la côte septentrionale en

Anticosti T ';LE d'Anticosti, qui se trouve à l'embouchure du Saint-Laurent, a récemment attiré l'attention par une contestation qui s'était élevée, à son sujet, entre le possesseur actuel de l'île, M. Henri Menier, le grand industriel français, et les héritiers d'un ancien pro-

priétaire. C'est en 1802 que M. Henri Menier a fait l'achat de cette ile elle était auparavant entre les mains d'un syndicat anglais qui la possédait depuis i88t, et qui venait d'entrer en liquidation. L'île d'Anticosti, dont le nom, corruption de l'indien A~<!co.s<fA, signifie « lieu de chasse à l'ourse, est aussi

grande que la Corse elle a, d'après les nouvelles mesures qu'on en a faites, une super-

est même entièrement dépourvue. Les naufrages ont été nombreux dans les parages de l'ile. En dix ans seulement, de 1870 à i88o, 106 navires, montés par 2 ooo matelots, sont venus s'y briser, et ces naufrages ont coûté la vie à 300 personnes. La population permanente de i'ite n'était, en !8ot, que de 253 habitants, dont t6y Franco-Canadiens ou Acadiens, massés pour la plupart autour de la baie des Anglais, près de la pointe occidentale de l'ile. Mais en été, cinq à six mille pêcheurs, venus de tous les points de la côte canadienne, s'y établis-

sent

temporaire-

ment, car les eaux de l'île abondent en poissons de toute espèce,et

les petites rivières de

ficie de 8 150 kilomè-

l'intérieur sont pleines desaumonsetdetruites.

Naguère on !a tenait pour moins étendue, etdescalculs antérieurs ne lui attribuaient que 6 ~oo kilomètres carrés. Longue de 220 kilomètres, de

M. Menier autorisa tous les habitants de t'iteà à rester sur sa propriété, mais il se

tres carrés.

l'Ouest-Nord-Ouest à

CARTE DE L'ILE l'Est-Sud-Est, large en moyenne d'une cin-. forme un plateau élevé de 120 mètres elle _11- rquantaine, ..oL. au Nord et s'inclinant peu à peu vers la côte méridionale. C'est cette disposition qui explique la douceur relative de son climat. L'ossature de l'île est constituée par de puissantes strates parallèles de calcaires siluriens, avec lesquelles alternent des couches de schistes et d'argile. Le soussoi reposant sur la roche est formé de marnes calcaires argilacées il est recouvert d'une couche d'humus d'un mètre d'épaisseur moyenne, qui a favorisé le développement d'une végétation très riche. Ce qui domine, c'est la forêt, forêt singulièrement dense et épaisse. Elle couvre l'île presque entière. Les principales essences en sont l'épicéa rouge, le mélèze et le bouleau. Mais à côté de ces arbres, on en trouve un certain nombre d'autres tels que sorbiers, ifs, pruniers, frênes, etc. Dans les rares espaces dépourvus de bois, les plantes herbacées poussent des tiges d'un diamètre et d'une hauteur extraordinaires. L'examen de la flore d'Anticosti permet d'affirmer que cette ile appartient (suivant la classification d'Unger), non à la zone subarctique, comme la plus froide grande partie du Canada, mais à la ~oM~ la zone par excellence des prairies aussi les meilleures graminées fourragères abondent-elles et prospèrent-elles dans l'île.

<)M

réserva d'y introduire de nouveaux colons, et prépara leur établissement par des travaux immédiats dans les D'ANTtCOSTI. environs de la baie des Anglais. ![ fit construire à leur intention, par un entrepreneur canadien, M. Peters, un hôtel à deux étages, dit la Maison des ~n'KMMAs, d'une trentaine de mètres de longueur, et deux entrepôts. Une douzaine d'édifices particuliers furent élevés de manière à recevoir chacun une famille. Un chemin carrossable de 6 à y mètres de largeur a été pratiqué à travers la forêt. M part de la baie des Anglais, puis bifurque à droite pour rejoindre l'anse aux Fraises, à gauche pour gagner la baie Gamache, meilleur mouillage de l'île. Depuis lors, des colons choisis avec soin par M. Menier parmi des familles françaises sont arrivés par le navire Savoy et se sont établis immédiatement dans les locaux qui les attendaient. M. Menier a offert ainsi à la colonisation un champ d'essai très intéressant. Le Français peut fort bien travailler à Anticosti le froid y est beaucoup moins rigoureux que sur le continent on n'y connaît pas, comme au Labrador, ces hivers implacables où l'on n'a quelquefois d'autres ressources que de se terrer dans sa tanière. Disons cependant qu'on y est. en été, la proie de moustiques voraces qui font de cruelles piqûres. Ce n'est pas loin de France il n'est ni long, ni difficile, ni très dispendieux d'y tenter un voyage d'exploration et d'étude. On y entend parler presque par-


tout notre vieux patois français. Les indigènes cana-

diens, quoique loyaux sujets de Sa Majesté Britannique, gardent bon souvenir à la patrie de leurs pères. Enfin, M. Menier a projeté également de faire de t'He un vaste terrain de chasse. Outre les animaux que l'île possède déjà, et dont il veut encourager la reproduction, l'ours brun, les renards roux, noir et argenté, la loutre et la martre, il se propose d'introduire dans l'ite tous les animaux à fourrure des autres parties du Canada, le cerf rouge ()'<~ ~f)'), le c':ribou, le castor, etc.

La Vie au Klondyke.

Dawson-City tL n'y a pas eu, dit-on, plus de 30000 individus

aller au Klondyke, cette année. C'est déjà un joli chiffre, maison avait cru naguère que le nombre serait beaucoup plus grand. Toutes les nations, ou à peu près, sont représentées dans ce total. Les Français cependant semblent y être en infime minorité. Parmi ceux de nos compatriotes qui sont allés dans le nouvel « Eldorado pour y chercher fortune, on peut citer deux habitants de Châteaudun, MM. Leroy père et fils. Ils sont partis en mars pour l'Amérique ils ont traversé en chemin de fer le continent jusqu'à Vancouver, d'où ils ont gagné Skagway, qu'ils ont quitté le 22 avril pour se lancer dans l'intérieur du pays. Le voyage à travers la passe White, leur navigation sur les lacs Lindemann et Bennett ont été durs. Puis est venu pour eux l'obligation de camper, du )" au 2C) mai, afin de se donner le temps de construire le bateau (de 6 mètres de longueur) indispensable pour descendre les rivières, les lacs et les rapides jusqu'à Dawson-City. C'est près de ce campement que se trouve le poste de police et de douane chargé, d'une part, de constater l'origine des marchandises qu'on emporte et de les taxer ou non, suivant qu'elles proviennent du Canada ou des Etats-Unis, d'autre part, de s'assurer si les personnes qui veulent passer pour se rendre au Klondyke ont la quantité de vivres, évaluée à une tonne, nécessaire pour leur subsistance pendant une année au moins. Nos deux compatriotes, ayant l'approvisionnement réglementaire, fuient donc autorisés à poursuivre leuraventureux voyage. On était alors au i" juin. Leur bateau se comporta bien dans les lacs. Au milieu des rapides effrayants qui parsèment la rivière, faisant bouillonner l'eau dans des gorges terriblement accidentées, le canot fit encore bonne contenance, et si nos voyageurs eurent de vives émotions, ils arrivèrent cependant à bon port un peu en amont de Dawson-City, au confluent du Youkon et de la rivière Stewart, où ils avaient décidé de s'arrêter pour chercher de l'or. Dans cc district, le métal précieux e~t excessiveà

ment fin et mêlé à un sable noir très lourd. Pour extraire l'or, on jette la terre dans l'eau l'eau délaye la terre et l'or reste au fond. Au bout d'un mois, MM. Leroy avaient ramassé un « magot intéressant malheureusement le séjour continu dans l'eau glaciale causait à M. Leroy père des douleurs de jambes intolérables. Il allait bientôt se trouver dans l'impossibilité complète de travailler, même de marcher; des soins devenaient nécessaires; aussi son fils et lui jugèrent-ils prudent de profiter de la débâcle du Youkon qui n'est libre que deux mois juillet et août pour abandonner le Klondyke par cette voie fluviale, plus commode que la voie de terre. Ils quittèrent donc Dawson-City le 14 juillet, à bord d'un vapeur, et, après diverses péripéties d'échouage et d'ensablement dans la rivière, ils arrivèrent à Saint-Michel, à l'embouchure du fleuve, dans la mer de Behring, le 6 août. A Saint-Michel, ils s'embarquaientsur un paquebot qui les a menés en quinze jours à Seattle. De Seattle ils ont gagné San Francisco, d'où le chemin de fer les a conduits à New-York par Minneapolis, Saint-Paul et Chicago. Ils sont rentrés à Châteaudun au milieu de

septembre. Telle est l'odyssée de nos deux compatriotes. Ils ont fait au Klondyke un trop court séjour pour avoir eu le temps d'y faire fortune, mais ils en sont revenus, et c'est déjà quelque chose. La ville de Dawson-Cityles a beaucoup frappés elle compte une trentaine de mille âmes, d'une population cosmopolite s'il en fût. Les maisons sont construites en planches beaucoup de gens couchent sous la tente; les rues sont mal tenues, l'apparence est celle d'une ville misérable, et cependant l'or y circule avec une abondance extraordinaire. Tous les plaisirs des grandes villes s'y trouvent, et on les achète à prix d'or le jeu est le moindre défaut de ceux qui y vivent. tt y a, à Dawson-City, des hommes et des femmes qui font fortune avec tout autre chose que l'or ramassé dans les « claims ». Voici quelques notes extraites d'une correspondance d'un voyageur au Klondyke, datée du mois

d'août.

Bien que le nombre des immigrants soit toujours très considérable, on ne mourra pas de faim à Dawson-

City l'hiver prochain. De nombreux steamers chargés de vivres sont arrivés. Cela fera une quantité d'approvisionnements considérable, tant pour Dawson-City, que pour toute la vallée inférieure du fleuve de sorte que les concessionnaires de daims isolés sur les rives du fleuve, d'ici à son embouchure, ne seront plus menacés de manquer de vivres, comme cela a eu lieu. !) est possible et même probable que plusieurs des plus grandes compagnies de commerce vont essayer de maintenir leurs prix élevés mais comme les entrepôts de vins sont considérables, il semble que beaucoup d'articles, et surtout les aliments de première nécessité, se vendront bien meilleur marché que ces dernières années. Le lard se vendait, dans les grands magasins, 50 centimes la livre, l'année dernière; mais, depuis deux mois, il est tombé à 30 centimes. Dernièrement, des quantités considérables en ont été vendues centimes. Le boeuf Irais et le mouton, oui se vena


daient à plusieurs francs la livre au mois de juin, sont offerts maintenant pour 50 centimes. Pendant tout l'été, les Indiens ont apporté de la viande de renne en quantité, et, en conséquence, les propriétaires de troupeaux de bœufs ont été obligés de restreindre leurs abatages. De grandes quantités de saumons, de truites du Youkon, ont'été pêchées et vendues 50 centimes les 3 livres. Des arrivages de caribous sont annoncés. On les tuera à raison de trois têtes par jour mais comme il y en a déjà 3 ooo têtes ici et à Fort-Selkirk, la demande sera surpassée par l'offre, et les prix tomberont probablement à 25 ou 30 centimes la livre ce sera tout profit pour le public. H y a aussi en route 2 ooo brebis, et 150 porcs sont amenés par le moyen des bacs du Youkon. Les premiers poulets qui furent vendus à Daw- son, il y a un mois, coûtaient 15 francs chacun mais le prix en est tombé à y francs. Une douzaine et plus de commerçants se sont mis à débiter des poulets, des dindes, des huîtres et autres mets de luxe. On pourra célébrer convenablement Noël, cette année. L'année dernière, le 25 décembre, j'ai dû me contenter de quelques truites gelées du Youkon et d'un médiocre plum-pudding. Rien à boire alors en dehors du boo<:M/:oo; jamais jour de fête ne m'a paru plus triste que dans ces régions désolées. Les bananes et les oranges se vendaient i franc 25 centimes pièce il y a six semaines; mais maintenant on a la douzaine pour 2 francs 50 centimes. Les légumes frais, en particulier les pommes de terre et les oignons, sont tombés de i shilling à 50 centimes la livre. On a cultivé cet été nombre de morceaux de terrain où poussent des radis, des pois, des pommes de terre, etc. A la vérité, la récolte n'en a pas été très abondante mais on a eu la preuve que les jardinets de Dawson ne sont pas stériles, et on espère qu'ils produiront encore' davantage l'été prochain. De plus, des pommes et autres légumes, cultivés près de FortSelkirk, sur le Youkon supérieur, ont afflué au marché de Dawson. Les chiens du Youkon sont des animaux heureux. L'hivcrdernier,quel que fût le prixdes denrées, ils ont été bien nourris. Maintenant, le district compte plusieurs centaines de chevaux et de mulets qui s'engraissent dans les luxuriantes prairies le' long des rivières. Tout cela promet d'heureuxjours pour les mineurs, car leurs frais d'entretien vont diminuer, et ily en aura moins qui peineront à porter leurs fardeaux ou à traîner des charges à de longues distances. Si le Gouvernement voulait créer des routes et si des fourrages étaient apportés pour les chevaux, le travail de traction dans les mines, en hiver et surtout en été, serait accompli par des chevaux ou des mulets,

A la suite

de son récent établissement sur le Petchili, le gouvernement russe a modifié le tracé de la section transbaïkale. Le point à atteindre, dans le plus court délai, n'est plus Vladivostok, mais Port-Arthur. Le nouveau tracé quitte l'ancien à Tchita, situé à 600 kilomètresenviron du Baïkal, longtempsavant Ptretensk, jusqu'où !a ligne primitive était nivelée, prête à recevoir les rails. En ce qui concerne la construction, les rails sont posés jusqu'à Listvenitchoïé, sur la rive occidentaledu Baïkal. Le grand bac à vapeur brise-glaces qui transportera les trains entiers à Masova, sur l'autre rive, s'y trouve en construction. On a tracé, et l'on commencera, au printemps prochain, la ligne autour du Baïkal, qui devra éviter dans l'avenir la traversée du lac. Dans la section transbaïkale, on posera hâtivement les rails sur quatre milles (plus de y kilomètres) par jour. La cwK/oM des trains de voyageurs et de marchandises avec l'Europe commence à Irkoutsk. D'Irkoutsk à Krasnoïarsk, la ligne est exploitée, mais non terminée. Il n'y a pas de ponts sur l'Oka et l'Eiénisseï, qui sont traversés en bac. On ne voyage qu'en seconde classe jusqu'à Krasnoïarsk. De Krasnoïarsk à Tomsk, Tchéliabinsk et la Russie, la ligne est finie. Train de luxe une fois par semaine jusqu'à Tomsk. Train de voyageurs une fois par jour jusqu'à Krasnoïarsk; trois fois par semaine jusqu'à Irkoutsk. Coût du trajet en 2° classe, de Moscou au Baïkal, environ 120 francs. Durée, environ t2 jours. Tous les wagons sont munis de couchettes. D'après les rapports anglais, la ligne est jusqu'ici stratégique et politique. Elle est construite uniquement par des Russes, sauf qu'un certain nombre de tailleurs de pierre italiens ont été appelés. L'énorme fourniture de rails est faite par des fonderies sibériennes subventionnées. Tous les sept milles, un garage est établi pour laisser, le cas échéant, la voie entièrement libre aux trains militaires. Le trafic commercial et le mouvement de passagers dépassent déjà de beaucoup les ressources en matériel. Mais la ligne est jusqu'ici principalement employée à transporter au delà du Bàïkal, jusqu'en Mandchourie, les innombrables émigrantsqu'y dirige le gouvernement. Deux cent mille familles y ont été établies cette année. Plus de deux cent mille sont inscrites pour l'an prochain. Le gouvernement entoure leur émigration de soins paternels eau bouillante gratis, pour le thé, à toutes les stations; partout buffets spéciaux à bon marché.

Georg Neudeck, ingénieur naval de l'état-major de l'escadre allemande

de

l'Asie orientale, et

D'Heinrich-

Schroder, professeur à l'Ecole impériale des Ingénieurs,

kleine B«cA t'o?t der Marine (/,e petit Livre de la n~!f/)!e). 355 pages avec t carte et 644 illustrations. Prix, relié, 2 mrk. (2 fr. 50). Kiel, chez Lipsius et Tischer. ouvrage d'un format commode est un manuel de tout ~ET L~- ce qui est digne d'être lu sur la marine allemande. Ce livre est divisé d'une façon très claire et rédigé d'une manière très agréable. Les personnes qui veulent se rendre compte de la marine allemande et de tout ce qu~ s'y rapporte ne peuvent prendre un meilleur guide. H est crné de nombreuses illustrations. à Kiel,

L'État actuel du Transsibérien T 'ENTREPOSE grandiose qu'est le chemin de fer transsibérien surexcite toujours la curiosité publique. Voici quelques renseignements intéressants sur l'état des travaux de l'exploitation.

*D~~


Pour les Voyageurs-Collectionneurs. LES Lépidoptères sont à la fois les plus gracieux et les plus fragiles des insectes. C'est en juin et juillet qu'il y a le plus de papillons dans nos pays tempéres. Néanmoins, il en éc)ôt, et l'on en trouve plus ou moins pendant tout le cours de l'année, et même en hiver, soit qu'ils éclosent en cette dernière saison, comme la Phalène hiémale (tin décembre et courant de janvier), soit qu'il s'agisse de femelles hivernantes de lépidoptères printaniers. Dans les pays chauds, les papillons abondent en tout temps, sauf pendant les pluies de l'hivernage. Si les papillons sont communs, surtout autour des fleurs, on en trouve néanmoins à peu près partout, sous les bois, le long des chemins, dans les

champs.

On sait que certains papillons se montrent depuis le lever jusqu'au coucher du soleil d'autres au crépuscule

d'autres encore ne volent que pendant la nuit. Pendant le jour, ces derniers se tiennent posés, immobiles, dans les lieux sombres. On a de grandes chances d'en

rencontrer sur les troncs d'arbres des bois touffus, et à peu de distance de l'entrée, dans les grottes obscures. Pour prendre la plupart des papillons, rien ne vaut le filet de gaze légère bien connu de tout le monde. Avec un peu de pratique, on arrive à saisir avec cet engin tous les insectes, soit au vol, soit posés sur n'importe quelle surface. Dès que l'insecte est captif dans l'enveloppe de gaze, il faut le pousser avec précaution vers l'extrémité la plus étroite' de cette dernière, le saisir sous les ailes, entre le pouce et l'index, et exercer avec ces deux doigts une pression suffisante pour paralyser les muscles de l'animal, et méme amener sa mort sans toutefois l'endommager. Toutes ces opérations doivent être conduites de telle sorte, que la fragile poussière ecailleuse à laquelle les ailes doivent tout leur éclat ne soit nullement altérée.La chose est moins facile qu'on ne croit et demande une certaine pratique. Le collectionneur qui chasse aux environs de son domicile, peut piquer les papillons un à un sur le thorax et les emmagasiner dans une boite à fond de liège où ils ne feront qu'un séjour de peu de durée avant leur préparation définitive. Mais il n'en va pas de même pour le voyageur qui doit emmagasiner les insectes pour un temps plus ou moins long avant qu'il soit possible de leur donner place dans une collection. Le mieux est de les piquer latéralement par )e corselet, sous les ailes, et d'en piquer ainsi plusieurs sur la même épingle, que l'on fixera à la manière ordinaire au fond

Récoltes des Lépidoptères.

dis'par le froid et l'humidité de la nuit, enlève les épingles avec lesquelles on

et peuvent être pris à la main. Autre point à noter. Lorsqu'on a capturé un papillon femelle, si on le fixe avec une épingle sur une branche d'arbre, on a beaucoup de chance de voir les papillons mâles du voisinage appartenant à la même espèce, venir voleter autour d'elle, ce qui permet de s'emparer d'eux facilement. Ce moyen réussit toujours pour un certain nombre de Bombyx qui volent pendant le jour. J'en ai vu pénétrer jusque dans mon cabinet et se diriger droit vers une boite de carton où je retenais captive une femelle de leur espèce. On sait quelle attraction exerce la lumière sur les papillons de nuit. C'est un moyen que l'on emploiera toujours avec succès pour faire une abondante récolte de ces insectes. Dans une chambre, il suffit de laisser la nuit une veilleuse, et d'entr'ouvrir

les a fixés provisoirement,et on introduit chacun d'eux dans une petite feuille de papier pliée en deux, dans la position suivante l'extrémité des deux paires d'ailes au fond du pli, et l'abdomen dit

de l'ouverture. Certains naturalistes ont employé la position inverse, mais il en résulte ce grave inconvénient: le

c<3/e

corps s'aplatit tellement qu'on ne peut lui faire reprendre sa forme primitive. On empile ensuite les feuilles de papier dans une boite quelconque, en ayant soin d'intercaler entre chacune d'elles une mince couche de ouate, de

laine, ou de toute autre substance élas-

tique. Cette précaution est nécessaire pour que la pression n'enlève pas les écailles des ailes. On remplit également tous les interstices avec de la ouate, pour qu'il ne se produise à l'intérieur de la boîte aucun ballottement on saupoudre fortement de naphtaline, on ferme hermétiquement la boite et on colle à la

jonction du couvercle une bande continue de papier. Dans ces conditions, les papillons peuvent voyager en parfait état de conservation. La rigidité qu'acquièrent les ailes dans la position repliée disparaîtra, lorsqu'on voudra les étaler, en enduisant leur articulation d'alcool, avec un pinceau, en ayant soin de ne pas mouiller les écailles, qui se décoloreraient. Il n'est guère pratique, au cours d'un voyage rapide, de recueillir des

Mode de piquage de plusieurs papillons sur une seule épingle.

les croisées, de façon'qu'il n'y ait entre elles qu'un étroit passage, permettant aux papillons de pénétrer dans la pièce, mais leur rendant la sortie difficile, pour retrouver le matin des phalènes et des sphinx posés contre les murs ou dans les coins du plafond. Cette

opération, pratiquée pendant quelques nuits, permet d'obtenir une collection très complète de toutes les espèces de papillons nocturnes de la région où l'on séjourne. Il est un autre procédé de chasse aux papillons nocturnes applicable en voyage, en n'importe quelle contrée, et indispensable,même dans nos pays, pour capturer les espèces qui ne s'éloignent pas des bois c'est la chasse à la miellée. Elle consiste à enduire le tronc d'un arbre de miel ou de toute autre substance sirupeuse et sucrée. Les papillons d'une boîte en attendant l'arrivée à la et autres insectes nocturnes, tous avides halte. On économisera ainsi les épingles, de sucre, ne tardent pas à venir s'y la place.et les ailes des papillons, se prê- poser, et même s'ils ne s'y engluent pas, tant un appui mutuel, risqueront moins ils sont tellement occupés à se gorger de s'endommagerpendant la marche. de sucre, qu'on peut s'emparerd'eux sans Le matin et le soir, certains papil- la moindre difficulté. lons diurnes se tiennent sur les fleurs et Lorsqu'on dispose d'un temps sufles plantes, immobiles et comme engour- fisant pour emballer les papillons, on

chenilles vivantes, à l'élevage et à l'éclosion desquelles on n'a pas le loisir de se livrer. On ne peut que conserver dans l'alcool celles dont on n'a pu observer la parenté avec une espèce bien déterminée de lépidoptère. Si l'on séjourne pendant quelque temps sur un point où l'on puisse provoquer la transformation des chenilles en chrysalides,il pourra y avoir lieu à des observations utiles qui seront à noter au carnet de voyage. Il faudra alors signaler ou même recueillir les végétaux servant de nourriture à ces chenilles. Il est toujours intéressant de collection ter les chrysalides dans des boites garnies de ouate. Certaines écloront et l'on possédera par cela même'leur papillon. D'autres avorteront mais pourront donner lieu à d'intéressantes études anatomiques et histologiques. 11 n'est pas jusqu'aux œufs de papillons que l'on peut avoir l'occasion de rencontrer, qui ne méritent d'être recueillis, soit en vue de l'éclosion, soit en vue d'études microscopiques. Nous avons déjà insisté sur la nécessité de numéroter chaque échantillon, et d'inscrire au carnet de voyage, en face de chaque numéro, les particularités de l'objet auquel il se rapporte. Lieu, date et circonstances de la récolte végétaux sur lesquels vit chaque espèce; son abondance ou sa rareté; noms indigènes détails locaux, même entachés de superstition, sur chaque espèce. (A suivre.)

PAUL COMBES.


En Touraine Les pages qui suivent sont

consacrées aux naccurs et aux coutumes des Tourangeaux de la campagne. Elles fixent des M~~M~. ~'He~M~ 'souvenirs du passé qui 'MM~M/M peu <eM à peu àa MO'M~ tendent ~K On ~M 0~ les ~a lira ~0«(; donc avec !'M~r~. ~Mt ~M~M< ~fC intérêt.

~M~

~af~

LEE voyageur qui d'ordinaire s'égare en Touraine n'en. trevoit et ne garde que la merveilleuse vision de la Loire traînant son flot paisible entre des grèves dorées et des îles verdoyantes. Le touriste lettré, après avoirr visité Loches, Amboise, Azay et Chenonceaux, parlera

quelques cheminées, émergeant des pentes où étaient les

vignes, jettent comme avec mélancolie la fumée d'un feu qui brûle les derniers sarments et les javelles des ans passés. Dans le Chinonais, presque toutes les vignes sont mortes et les chemins de fer ont emporté vers les villes les enfants des vigne-

savamment des

souvenirs historiques qui s'y rattachent, maisl'érudit

rons.' Cependant,

si les campagnes

comme le simple

d'Indre-et-Loire

promeneur aura

sont appauvries de toutes façons par la disparition du vignoble, il est, à l'extrémité Sud du

bouche close sur le Tourangeau et ses

mœurs. A vrai dire,

ce n'est pas aux bords de la Loire

département, une

que l'on peut se livrer à d'humoristiques études, car une prétendue ci vi' lisation y a fait dis-

vieilles coutumes et peu connue, où les gens attachés au sol, tout entiers

paraître jusqu'à la

bitudes,

contrée riche

aux anciennes ha-

vieille insouciance des « mo~ Turones

».

I LECHATEUER,

D'après une photographie de M. y. 7?oï~e.

Ferait-on

mieux plutôt de se rendre dans le Chinonais, entre la Roche-Clermault et Seuilly, dans ce pays où le vin fleurant la fraise invite le buveur à bâtir plus d'une abbaye de Thétéme ? Deux ennemis du pittoresque, le chemin de fer et le phylloxera,ont poursuivi ensembledans le Chinonais et avec la même rapidité leur œuvre néfaste pour

l'artiste et le viticulteur. Les vignes ne s'étendent plus sur les coteaux. Pas de hottées qui, au printemps, montent de la terre et qui, à l'automne, descendent des raisins Pas de

Aucune chanson dans les caves, aucun martellement sur les cercles des barriques Seules, vendanges A

TRAVERS LE MONDE.

de

5f UV.

gardent

encore la physionomie des vrais Tourangeaux.

Entre Ligueil et la Haye-Descartes, parmi les bourgades qui ont conservé leur aspect d'autrefois, Paulmy a le plus de cachet. Le village est coquettement bâti aux bords du Brignon, qui s'enfuit avec un bruit discret, avec un chuchotement de voix timide, au travers des vieilles saulaies échevelées. La nature s'y est faite si belle, si fraîche, que le Bibliophile Jacob, dans la préface de ses contes, n'a pas oublié de noter le charme pénétrant qui, à cet endroit, enveloppe la terre tourangelle. D'un bouquet d'ormes pointe le clocher, montrant de loin, adossée au mur d'un parc, l'église construite auxvm" siècle. En un coin de l'édifice, une plaque N°5i. 17 décembre )8q8.


indique que là dorment quelques-uns des derniers seigneurs de Paulmy, Argenson, Rippon, Balesmes et la Roche de Gennes. Cette noble lignée des de Voyer, une des plus anciennes et des plus illustres familles de France, chantée par le poète Jodelle, compte parmi ses membres un grand bailli de Touraine, des chevaliers fameux et

notamment René-Louis, marquis d'Argenson, et Marc-Pierre, comte d'Argenson, qui furent ministres

paysans qui suivent le chemin de Paulmy et se «

l'assemblées.

Nous sommes au premier dimanche de mai. Les prés sont verts, les blés sont hauts, la vigne commence jt à montrer ses premiers bourgeons. Toute cette fertile® campagne, qui n'attend plus que les fécondes journées de }uin, donne de l'espoir et partant de la joie aux

cœurs des Tourangeaux. Le? vieux se sentent comme rajeunis. Ils ont

pris les habits des dimanches. Leshommesabritentleurs chefs sous la haute casquette de soie et portent la blouse courte, plissée sur le devant et retenue par des agrafes noires~ ou des boutons de couleur. Quelques vieilles femmes ont la coiffe haute, châle jaune et brun, robe de droguet et tablier de toile bleue. D'aùtres, sur leurs cheveux noirs séparés

de Louis XV. De

rendent

tous ces seigneurs,

unseulintéresseici:c'estjean!l de Paulmy, qui défendit énergiquement avec beaucoup de témérité et d'intelligence sa

vicomté contre les protestants. A l'époque des guerres de religion, au milieu du xvi" siècle, le château de Paulmy, édifié en t44<) sur les ruines d'une « châtellenie » détruite par les Anglais, était immense. Formé d'un quadrilatère de bâtiments il avait une tour à chaquecôté,

en bandeaux, mettent l'élégant bonnet paillé, qui de loin,entre les haies fleuries, ressemble à

deuxponts-levisetétaitentouré

de petites ailes qui vont s'ou-

de murs, ayant deux lieues d'étendue, renfermait des servitudes nombreuses, de hautes futaies et un calvaire imposant. Jean II de Paulmy, fidèle à sa foi religieuse et à Charles IX, alors en grande pénurie, répondit pour le roi de cinquante mille livres avancées par la ville de Tours à l'argentier royal en vue de solder

Ils vont tous, allègres,

de larges douves. Un parc, ceint

vrir. joyeux, faisant rudement sonner leur sabotée sur la route sèche. Les anciens parlent de leurs récoltes. La jeunesse va-

gabonde et les bouviers content qu'ils ont fait dans leurs fermes la fête des « brandons ».

Au sommet de longues perches de saule, après le carnaval, ils ont « bottelé » de la des troupes. paille, puis par groupes de dix environ, ils se sont tous rendus Le comte se figurait sans dans les champs. Ils ont arradoute qu'en récompense de cet CNEVtEtLLETOORANGELLE, ché les « nielles» et les chardons, acte généreux, Charles IX lui D'après ~H€ photographie de M. 7?OH~. ils les ont mélangés à la paille, enverrait quelques guer~ ils y ont mis le feu, et en chantant ils sont revenus au royeurs. Ce secours désiré ne vint pas et, en i~a, les logis, où la maîtresse leur a donné une bonne « rostie » gens d'armes de Paulmy, malgré l'application de leur devise « Visetprudentia vincunt », furentobligésd'aller bien chaude et bien sucrée, et des « russerolles dorées sautées dans la poêle. chercher un refuge dans la citadelle de Loches. Paulmy fut pillé par les bandes calvinistes qui, après avoir Toutes ces conversations mènent jusqu'à Paulmy, dévasté le château des de Voyer, s'emparèrentdu castel à l'assemblée, où filles et garçons viennent se louer de du Chatelier. Saint-Jean à Saint-Jean. H y a de véritables rangs de Le Chatelier élevé sur les. bords du Brignon y futurs serviteurs qui se laissent regarder, non sans un mire son donjon du xn" siècle. Actuellement cette air de satisfaction et de contentement d'eux-mêmes. vieille forteresse est devenue une métairie. La poterne Quand garçons et servantes ont trouvé maître, laisse passer les pacifiques troupeaux des boeufs nonils vont manger la rillette, vider une pinte et danser chalants et des chèvres folles. Le lierre couvre les

murs croulants, enlace la tour et monte seul désormais à l'assaut du donjon. Sur ces ruines, dans un de ses romans, le Fils Maugars, André Theuriet jette la magie de ses phrases délicieuses où l'on sent comme une rêverie douce toujours arrêtée. Dans son livre, le romancier-poète nous montre un peintre qui esquisse un enterrement passant sous le portail du Chatelier et gagnant la route. En réalité, aujourd'hui, c'est une longue suite de

un brin.

A Paulmy, dans la grange de l'hôtellerie de « la Branche de houx », sur la terre mal battue, des couples nombreux tournent et retournent, et les petits bonnets

paillés, entraînés dans un tournoiement vertigineux, semblent voltiger. Un instant tout se calme on souffle, car bientôt va commencer la danse locale, le « pas piqué ». Sur un tonneau mis en perce le matin et vidé depuis,


un ménétrier à longue barbe monte et prend sa vielle. La vielle est un instrument en cordes à boya~ dont on joue au moyen de touches et avec une mant~vetle faisant mouvoir une petite roue. La vtelle, au

i.

tmoyen âge, fut très employée parles troubado~s, par ces « passants qui, dans les manoirs, venaient égayer ou faire larmoyer les gentes châtelaines. Ce n'est guère qu'au xtV siècle que la vielle devint l'apanage des aveugles et plus tard des Savoyards. Dans la grange de l'auberge de Paulmy, la vielle pousse ses plaintes nasillardes. Les filles sont à un bout delà salle, les garçonsà à l'autre. Ils s'avancent en se dandinant, puis s'approchent et, se faisant vis à-vis, ils se donnent en même temps un coup de pointe de sabot, ensuite un coup de talon, « s'accouplent et polkent. A un certain moment, tout le monde s'arrête et en cadence redonne le coup de pointe et de talon, puis le tourbillon recommence jusqu'à l'instant où le danseur lassé soulève le plus haut possible sa cavalière et la reconduit à sa place. Ensuite, deux par deux, les gens gagés vont acheter à de nombreuses marchandes la cassemuse savoureuse. La cassemuse ou cassemuseau est une petite brioche à pâte légère qui renferme du caillé ou de la crème. Au moyen âge, pour la fête des fous, on se jetait ces gâteaux à la face, de là leur nom. Au quartier latin, quand, le 29 mai dernier, on a reconstitué la fête dite de l'Ane, on eût dû renouveler, pourrester dans ia vérité historique, lapratiquecurieuse de la cassemuse. Il ne suffit pas en effet de psalmodier

comme jadis « Hé) monsieur l'âne, hé! », de représenter le mystère d'Adam, ou la farce du Cuvier; il fallait aussi ressusciter le cas-

semuseau pour que la fête fût

complète et

vraiment fidèle à la tradition. De nos

jours, on se borne à manger le gâteau villa-

geois. D'ailleurs, plusd'une Tourangelle pa-

raît charmante en croquant

l'inoffensive cassemuse. L

e

soirr

<mBonfETfA;n.

venu, les carri D'après ~'a~ iiiie yAo~o~r~yu'~ de HH~ Photograpliie

lesemportent

Af. G. AI.

SKter;. Sitbert.

les paysans vers les fermes lointaines et, l'on entend, chanter la ronde SOUS LES PRUNIERS En septembre avec leurs paniers Quand il fait bon au clair de lune Les filles s'en vont une à une Sous les pruniers. Les « gars n'y sont pas les derniers, Les filles n'en ont point rancune, Car chacun trouvé sa chacune Sous les pruniers. Malheur alors aux jardiniers! Malheur à la mère importune Ils laissent filles ou fortune Sous les pruniers. Mais bonheur, plaisirs printaniers,

Joie! à la Tourangellebrune, Qu'on aime en « albotant » la prune Sous les pruniers Maintenant plaignez le passant solitaire, cardans ce pays, où l'on a l'air très sceptique, on est resté très superstitieux. Une jeune servante s'en retourne seule chez son aïeule sur la route de Paulmy à Ligueil. Elle est triste, et le chemin jusqu'à son toit, jusqu'à

JÛUËOMDE~'IELt.CMMCLARMETTE,

D'après une photographie ftf

j/.

G. Subert.

Pauvrelay, est hérissé de sapins très noirs et touffus. La petite a peur, elle se souvient de toutes )es histoires qu'on lui a contées, du Loup Brou, qui se change en mouton, en chauve-souris, en hibou, et qui, d'un seul bond, redevenu loup, saute à la fois sept clochers de village, sauf celui de Ferrière, car il craint de tomber dans une rivière, dans l'Arçon. Elle se dit soudain que la vieille grand'mère n'a pas placé son lit droit sous les poutres de la maison. Malédiction! Elle est perdue! La chasse Briquet avec ses chiens ailés la poursuit. Elle court bien vite, très vite; elle se retourne, et il lui semble que les sapins se détachent de terre, et que les grands ormeaux têtards aperçus plus loin se mettent en mouvement, font une pirouette sur eux-mêmes et, retournés ainsi les racines au vent, vont s'approcher. Enfin, elle arrive, elle reprend haleine et reconnaît la chaumière, son large toit qui s'abaisse des deux côtés d'un très haut pignon; elle revoit le pommier.


fleuri, le petit buis des Rameaux et de la Toussaint, tai)Ié en bouquet, et la bordure de vigne qui sépare les champs. A la croisée à petits carreaux une lueur tremble, la porte cède, et près d'un « oribus », chandelle de cire fichée dans une fourchette de bois, la jeune fille trouve sa grand'mère qui tricote un bas de laine où de beaux écus sonneront quelque jour. JACQUES ROUGE.

Le

Congrès de géographie de Marseille

Ainsi que nous l'ayons NMMOMC~, Congrès Ma<!OMa~ des Sociétés françaises de ~O~f~)&M s'est réuni à Marseille, au nwis de septembre, sous la ~yMt'~MCC M. Prince d'Arenberg, Président du COMM'~ l'Afrique française. '\70[Ct quels sont les vœux votés par le Congrès et retenus par le Comité

Qu'il soit procédé le plus promptement possible à la confection d'une carte lithologique et bathymétrique détaillée du littoral sous-marin français. Le Congrès émet le vœu Il. 1° Que dans l'enseignement secondaire moderne le nombre d'heures accordé à la Géographie soit augmenté, de manière à donner plus d'importance à la Géographie Coloniale et à la Géographie de la France; 2° Que l'enseignement de la Géographie ait la même place dans l'enseignement classique que dans l'enseignement moderne. Le Congrès émet le vœu III. 1° Dans l'intérêt de la mise en œuvre méthodique des richesses coloniales, que le Gouvernement, persévérant dans ses intentions, mette le plus promptement possible à exécution, avec le concours de l'initiative privée, des municipalités et des corps élus, son projet d'organisation de l'enseignementcolonial dans un certain nombre Le Congrès émet le vœu

d'Universités 2° Que la ville de Marseille, à raison de sa situation topographique,de son importance et des efforts qu'elle a déjà faits en prévision de cette organisation, soit une des premières Universités dotées de cet enseignement, et cela sur les plus larges bases 3° Que le Gouvernement mette à exécution un programme d'enseignement technique de l'Agriculture et du Commerce aux Colonies. Le Congrès, dans le but de favoriser le IV. développement économique de notre domaine colonial t" se déclare favorable à l'idée de la constitution, à

Paris, d'un Institut Colonial 2° Invite les Bureaux des Sociétés de Géographie à soumettre cette idée à leurs Sociétés respectives. Le Congrès émet le vœu V. 1 Qu'il soit créé en Guyane Française un réseau de voies ferrées reliant Cayenne aux régions aurifères de l'intérieur;

Que la main-d'œuvrepénitentiaire soit affectée à la construction et à l'entretien du réseau. VI. Le Congrès émet le vœu Que le Gouvernement décide la création d'un Port Franc à Marseille. VII. Le Congrès émet le vœu 1° Qu'il soit procédé le plus tôt possible à l'exécution du canal de jonction du Rhône à Marseille, conformément au projet de loi déposé par le Gouvernement et rapporté devant la Chambre des Députés l'Étang de 2° Qu'il soit pourvu à l'utilisation de Berre. Le Congrès émet le vœu Que le GouVIII. vernement veuille bien entreprendre le plus promptement possible les travaux nécessaires au rétablissement de la navigabilité du lit de la Loire. IX. Le Congrès émet le vœu Que le Gouvernement mette à l'étude sans retard et coopère à l'exécution aussi prompte que possible du projet de 2°

canal reconnu depuis longtemps nécessaire entre la Loire et la Garonne, et qui doit emprunter les lits de la Vienne, du Clain, de la Charente et de la Dronne. Le Congrès émet le vœu Que le GouX. vernement prenne des mesures efficaces et promptes en vue d'arrêter l'œuvre de désorganisation produite par les inondations. 11 exprime particulièrement le désir que les Sociétés de Géographie veuillent bien, dans la mesure de leur action, s'attacher à déterminer la création de Syndicats Départementauxdont la mission consistera t° A empêcher le déboisement; 2° A rechercher toutes les surfaces qu'il y aurait intérêt à reboiser, et à faire tous leurs efforts pour qu'elles le soient; 3° A faire les démarches nécessaires pour empêcher la destruction des réservoirs naturels des eaux pluviales, étangs, pièces d'eau, mares, etc.. et s'opposer à l'envahissement des cours d'eau par des matériaux étrangers à leur lit. t" Que l'heure Le Congrès émet le vœu XI. de l'Europe occidentale ou du premier fuseau horaire universel soit adoptée en France; 2° Que les heures du jour soient comptées de o à 24, de minuit à minuit. Qu'il soit Le Congrès émet le vœu XII. donné à un poste de l'Extrême-Sud algérien le nom de

Duveyrier. XIII.

Le Congrès émet le vœu

Que le Gou-

vernement poursuive avec rapidité la construction du

chemin de fer d'Arzew à Aïn-Sefra jusqu'à Igli. Le Congrès émet le vœu Que les PouXIV. voirs publics fassent étudier un tracé de chemin de fer des Néfzaoua et de la région de Thala à Bizerte. Le Congrès National de Géographie, réuni à Marseille, avant de se séparer, vote de chaleureuses félicitations au général Galliéni, pour son habile administration de Madagascar et son dévouement éclairé aux intérêts nationaux.


serait puéril de dénier à cette gigantesque masse en mouvement une action considérable sur le II

Le Passé, le Présent

et l'Avenir des Cataractes du Niagara T 'tNFORMATtON publiée dans le numéro du Tour <~K Monde du 24 septembre dernier, au sujet de la détermination, par le professeur de géologie Spencer, de « l'âge des chutes du Niagara », vaut la peine d'être développée et dis-

cutée. Le professeur G.-W.

Spencer est bien connu pour avoir passé dix ans à élucider l'histoire géologique extrêmement compliquée de la série des grands lacs que

termine l'Ontario. Sa conclusion est que «les bassins

formant lacs sont simplement des portions fermées de l'ancienne vallée du Saint-Laurent et de ses tributaires », et, bien que cette région fût recouverte, à l'époque quaternaire, par un glacier d'une immense épaisseur, il conteste à ce glacier toute part dans le travail d'excavation. Le professeur Newbury, au contraire, comme conclusion à ses études sur place également prolongées, déclare qu'il s'agit là essentiellement d'une érosion glaciaire. Enfin, M. Warren Upham émet l'opinion que le 1 poids de l'énorme glacier précité n'est pas étranger à la dépression évidente qu'ont éprouvée les bassins des grands lacs pendant la pé-

riode quaternaire, bassins dont le fond (sauf pour le lac Erié) gît à plus de 100 mètres au-dessous du niveau de la mer Des études ultérieures permettront peut-être de se prononcer à coup sûr. Le seul point sur lequel l'accord soit établi, c'est qu'à l'époque tertiaire, les grands lacs n'existaient que comme système étendu de cours d'eau, et que leurs formes, leurs dimensions et leurs communications présentes sont post-glaciaires. Il est incontestable, d'après les constatations faites par le service de l'Inspection géologique aux Etats-Unis, qu'un glacier colossal s'étendait au Sud, au delà de Cincinnati, à l'Ouest, jusqu'à l'ile Vancouver, à l'Est, jusqu'à New-York. Sa plus grande profondeur était dans l'extrême Nord de la Nouvelle-Angleterre, dans les hautes terres du Canada, et, d'après les calculs les plus autorisés, le courant de glace, à son origine, devait avoir /o ooo MM~M.MM-.

/M

'Ba.s:H.! ). Warren Upham. T/M yïor~ and great o/A~or/A America considered as evidence of preglacial

Elevation and of Depression ~Kr!~ T'er:o~. (Bull. Geo/. Soc. vol. 1.) );e)!<a'/

</te

co; glacial

relief des surfaces sous-incombantes, action démontrée par le volume des détritus qu'elle a charriés. Dans l'Ohio, notamment, des forages ont été abandonnés après avoir traversé, sans atteindre la couche rocheuse, une épaisseur de /~o mètres de dépôts apportés par les glaces. est certain, en outre, que les glaces quaternaires, en obstruant, comme une véritable digue, la vallée du Saint-Laurent, élevèrent les eaux des bassins lacustres au niveau des anciennes lignes de côte qui dominent aujourd'hui de plus de 30 mètres leurs surfaces, et en firent déverser le trop-plein dans la direction du Sud. La plupart des anciens thalwegs furent obstrués par des dépôts glaciaires et exigent encore aujourd'hui les plus minutieuses recherches pour être découverts. Lorsque les glaces quaternaires disparurent, les eaux s'ouvrirent de nouvelles issues, et l'une d'elles fut la rivière du H

Niagara. Ce fut donc à la clôture définitive de l'époque glaciaire dans le bassin du Saint-Laurent que les eaux du lac Erié, n'étant plus contenues par une digue de glace, se précipitèrent à travers la langue de terre qui les sépare du lac Ontario, et que la différence de niveau des deux lacs produisit l'immense chute. Celle-ci se trouvait alors, non pas à Goat-Island (He de la Chèvre), où elle est actuellement, mais à Queenstown, y milles plus bas, où un escarpement calcaire se dresse à 90 mètres au-dessus de la plaine. C'est par érosion incessante de l'escarpement que la chute a reculé jusqu'à son site actuel, creusant la magnifique gorge où se précipitent ses eaux

tourmentées.

On s'est donné beaucoup de peine pour déterminer la vitesse de ce travai), et, depuis 1842, des relevés trigonométriques répétés fournissent une base de calcul tellement sûre qu'il n'y a pas à craindre d'erreurs d'estimation sérieuse. Le résultat est donné en ces termes par le docteur Wright, dans son remarquable ouvrage, ?'/? Ice Age M A~/& America and its bearings M/'OM the antiquity of MM;t.' « La longueur du front de la chute du Fer-à-Chevalest de 2 300 pieds (le pied 305 millim.). Entre 1842 et 1875, 4 acres et demi (1) de roche ont été usés, rongés, par les chutes. Entre 1875 et t886, un peu plus de i acre et un tiers a disparu de la même manière, ce qui fait en tout, de 1842 à 1886, environ 5 acres et demi enlevés, et un taux moyen de retraite des chutes d'environ 2 pieds e demi par an pour ces derniers quarante-cinq ans. Mais, dans les parties centrales de la courbe, où l'eau est plus profonde, la chute du Fer-à-Cheval a reculé de 200 à 275 pieds dans les onze ans, de 1875 à <886. ? »

=

(<)

L'acre équivaut à 40 ares 46 centiares.


M. Bogart, ingénieur de l'Etat de New-York, a continué ces déterminations jusqu'en 1800. Il a trouvé que la chute américaine recule annuellement de n~ centimètres et demi, et la chute canadienne de 65 centi-

mètres et demi, recul moindre que les précédents, mais qui s'explique par l'extrême dureté des roches actuellement atteintes. La vitesse moyenne d'érosion à laquelle on arrive par l'examen minutieux de ces faits et d'autres analogues, est de cinq pieds par an ou d'environ mille (i 600 mètres) en 1000 ans. Il y aurait donc sept ou huit mille ans au plus que les eaux du Niagara ont commencé à se précipiter du haut del'escarpementde Queenstown c'était alors que les civilisations égyptienne et assyrienne étaient dans toute leur splendeur. Encore actuellement les chutes du Niagara présentent l'aspect d'un paysage de la fin des temps quaternaires. C'est, du moins, l'impression que j'ai eue lorsque je les ai visitées, le 2 juil!et 180~. Rien de ce « bruit de tonnerre que tant de touristes prétendent rien qu'un immense frémissement avoir entendu, liquide, la calme puissance de la nature. J'ai été surpris du silence relatif de cette merveilleuse scène séculaire. Sous le soleil, l'incessante masse liquide en mouvement miroite, étincelle, s'irradie de magiques reflets d'aiguemarine, s'estompant sous le flottant nuage d'eau pulvérisée qui remonte de i'abîme écumeux. Le spectacle est majestueux, colossal, autant par ses dimensions que par sa perpétuité depuis de longs siècles. Le site actuel des chutes n'est pas moins intéressant pour le botaniste que pour le géologue. Dans la petite île de la Chèvre, qui divise en deux la cataracte, on peut compter jusqu'à une trentaine d'espèces différentes d'arbres et une vingtaine au moins d'espèces d'arbustes, qui paraissent y avoir poussé spontanément. M. Joseph Dalton Hooker, qui a observé le même fait, dit à ce propos « Je ne connais aucune autre contrée tempérée du globe où se rencontre une telle agglomération d'espèces à égalité de surface de territoire je doute même qu'on puisse rien citer de comparable entre les tropiques. » La rivière, en charriant les graines et les jeunes arbustes d'un immense bassin, n'est vraisemblablement pas étrangère à cette richesse de la flore. Ici, le travail de l'homme n'a pas été moins remarquable que celui de la nature. Depuis longtemps, on a cherché à utiliser l'énorme force motrice, si régulière et si constante, des chutes. Un savant allemand a calculé que leur débit horaire serait de too millions de tonnes, représentant une puissance de t6 millions de chevaux-vapeur. La production journalière de charbon du monde entier serait juste suffisante pour assurer le relèvement continu de leurs eaux. En 172~, elles actionnèrent, pour la première fois, une scierie rudimentaire. D'autres tentatives infructueuses suivirent. Enfin, en 1861, fut creusé un canal de dérivation qui, jusqu'en 188$, utilisa une Mémoire sur la distri6utio~t géographique desplanles la l'Institution royale de la. tu aà l'Institution Nor~, lu ~;?- Nord, (') M<~0;re dM de i'~M~Me Grande-Bretagne, le 12 avril 1878, et analysé dans la Revue scientifique du 3t mai 1879. (1)

puissance de près.de t0 ooo chevaux. Mais c'est de i88(), et de la Cataract Construction Company, que datent les colossales utilisations actuelles. D'après un plan grandiose conçu par M. Thomas Evershed, les eaux, prises à 2 kilomètres en amont des chutes, en dehors de leur vue, sont amenées par un canal capable d'actionner simultanément dix turbines à axe vertical, d'une puissance de 5 ooo chevaux chacune, soit ensemble 50 ooo chevaux. Ces turbines, placées au fond d'un puits de 45 mètres de profondeur, reçoivent l'eau du canal par de grands tubes en tôle de même longueur. La puissance produite par ces turbines est ramenée au niveau du sol de l'usine par des arbres tubulaires de 40 mètres de longueur au bout desquels sont montés des alternateurs à courants diphasés tournant à 250 tours par minute. Après avoir agi sur les turbines, l'eau retourne à la rivière par un tunnel de 2 too mètres de longueur, qui débouche au pied du pont suspendu reliant la rive américaine à la rive canadienne. Juste la veille de mon passage à Niagara, le t~ juillet i8c)5, la première dynamo avait tourné pour la première fois. Il était question de créer une nouvelle usine de 50 ooo chevaux sur la rive américaine, et deux usines de 125 ooo chevaux sur la rive canadienne, soit un total de 350 ooo chevaux. Que nous voilà loin de l'époque glaciaire En ce qui concerne l'avenir des cataractes, on ne peut formuler, dans les conditions actuelles, que deux hypothèses ou bien, par l'intervention de l'homme, les chutes resteront fixées artificiellement à Niagara, comme on l'a fait sur le Mississipi, pour les chutes de de Saint-Antoine, à Minneapolis; ou bien, en dépit des dérivations destinées à être transformées en force motrice, l'érosion continuera plus ou moins rapidement, et, tôt ou tard, les chutes arriveront jusqu'au l'un des plus pittoresques du nouveau lac Erié, monde, et videront peu à peu sa vaste cuvette, la réduisant aux dimensions d'un lit de fleuve. Mais je crois plutôt à l'intervention de l'homme et à l'arrêt artificiel des phénomènes géologiques. PAUL COMBES.

Le Chemin de fer

du mont Blanc. nous avons donné à nos lecfonctionnement de quelques teurs un aperçu chemins de fer de montagne. Nous n'avons pas mentionné dans cet article le chemin de fer du mont Blanc, parce qu'il est encore à l'état de projet. Mais, comme les études s'en poursuivent avec persistance et sous l'autorité de personnes qualifiées, it n'est'pas sans intérêt d'en parler. Le projet a pour auteur M. Saturnin Fabre, entrela preneur, qui a demandé à M. Deperet, doyen de

t L y a quelque temps, du


Faculté des Sciences de Lyon, de vouloir bien réunir et présider une commission scientifique chargée d'étudier la possibilité de la réalisation de cette voie ferrée. La commission s'y est montrée favorable. Le chemin de fer doit partir de la commune des Houches et conduire au sommet de la montagne, ou du moins aux Petits Rochers Rouges, qui sont à 250 mètres du sommet lui-même. Voici les détails d'exécution pratique du projet, tel que l'a conçu M. Fabre et étudié M. Deperet. La crête qui part de la vallée de Chamonix sur la rive gauche du glacier de Taconnaz et s'élève par le pic du Gros Bechar sur l'Aiguille du Goûter, est la seule qui permette un trajet solide et une sécurité complète en évitant la traversée des glaciers dans leurs parties inférieures, qui sont les plus profondes. Nous concluons dès à présent, à la fois au point de vue de la nature des roches et de la continuité parfaite de la crête en question, à la possibilité de créer une galerie souterraine depuis le pied de la montagne de Taconnaz jusqu'au sommet de l'Aiguille du Goûter, 3,600 mètres. Cettesection, appelée la sectioninférieure de la ligne, ne présente aucune difficulté spéciale de construction; plusieurs points d'accès facile permettraient d'attaquer en plusieurs endroits cette galerie de près de cinq kilomètres, ce qui hâterait beaucoup l'achèvement. En ce qui concerne la section M~n'fM~ c'est-àdire la partie comprise entre l'Aiguille du Goûter et le sommet du mont Blanc, il fallait trouver un tracé rocheux ininterrompu en partie sur le névé du Dôme du Goûter et du mont Blanc lui-même, et éviter les difficultés de plusieurs natures inhérentes au creusement de cette section. Ces difficultés résultent surtout de la raréfaction de l'air à ces hauteurs, de la fatigue extrême que procure, à ces altitudes, le travail physique. a donc fallu se préoccuper de faciliter le séjour permanent des ouvriers ainsi que le transport des matériaux et des machines nécessaires pour le percement de la galerie avec des points d'attaque multiples. Le seul moyen de pouvoir travailler utilement dans la section supérieure, serait d'achever d'abord la galerie inférieure jusqu'à l'Aiguille du Goûter et de se servir de ce tronçon inférieur de voie ferrée pour attaquer les quatre kilomètres restant par un seul chantier, auprès de la station de l'Aiguille du Goûter, ce qui permettrait aux ouvriers d'accéder sans fatigue physique sur le lieu du travail et d'être à l'abri des dangers atmosphériques. Il va sans dire que cette manière.de procéder allongerait dans des limites importantes la période de construction de la section supérieure, mais elle paraît la seule pratique. Quant au trajet précis entre l'Aiguille du Goûter et le mont Blanc, la continuité de la partie rocheuse qui relie en demi-cercle ces deux points en contournant le Grand 'Plateau et passant sous le Dôme du GoMter et sous les Rochers des Bosses, pour aboutir aux Petits ou aux Grands /?oc&~ T~oM~M, a paru infiniment probable. L'un de ces cols est entre l'Aiguille du Goûter et le Dôme, l'autre entre le Dôme et les Rochers des Bosses. Mais il paraît évident a ~'nbW qu'en restant dans le rocher à une profondeur suffisante, on sera à l'abri d'une surprise consistant à déboucha dans la glace sous les névés.

débouché de la galerie sur!e sommet de la montagne. !) a paru impossible de se proposer d'accéder au sommet de la calotte de glace d'épaisseur immense qui constitue le sommet du mont Blanc. En revanche, il a paru tout à fait possible de prendre comme point terminus l'un des rochers qui émergent sur le flanc septentrional du pic. Les Grands Rochers Rouges offriraient une surface commode pour une gare terminale, mais ils sont déjà occupés en partie par une construction de M. Janssen, et, en outre, ils se trouvent encore à 35o mètresau-dessous du sommet. Les Petits Rochers Rouges sont situés à 80 mètres plus haut, et leur solidité, ainsi que leurétendue,paraissent se prêter au but que l'on se propose. Des Petits Rochers Rouges au sommet du mont Blanc, il n'y a plus qu'une pente assez douce de neige durcie de 2~0 mètres, qui permettrait l'établissement d'un câble-traîneau. Le chemin de fer serait funiculaire, avec force électrique. Sa longueur serait de 10 kilomètres. Voici, enfin, l'évaluation des dépenses basées sur les précédents des grands travaux exécutés au SaintGothard et au Mont-Cenis 1 Station des Houches y compris les bâtiments pour haltes, restau. rants, cafés, 500,000 fr. 2° Usine électrique à l'aide des chutes de l'Arve ou des afHuents commu500,000 » 3° Galerie de t0,ooo m. à 500 fr. le mètre 5,000,000» 4° Matériel, canalisation, voies, installations du 600,000 ? » 5° Installations et gare terminus. 3,000,000 » 6° Frais de 200,000 » Montant des 10,000,000 fr. Reste le

etc.

naux. courant.

funiculaire.

concession. dépenses.

C. de Cordemoy.

Au Chili. Un vol. in-8°, illustré de 107 gravures. Paris, Hachette et C", 1898. (Prix, broché, 10 francs; relié, t2 fr. 50.)

L'OUVRAGE de M. de Cordemoy, dont une grande partie a déjà paru dans le Tour du S~oM~e, comble une véritable lacune en France. Le Chili est un des pays les plus important du continent sud-américain, où il dispute l'hégémonie à la RépubliqueArgentine. Malgré la concurrence trop souvent heureuse de l'Allemagne, la France y possède encore de multiples intérêts. Et cependant il n'existait encore dans la littérature française aucune de ces descriptions d'ensemble sûrement documentées, abondamment illustrées, comme en réclament les lecteurs d'aujourd'hui. Au Chili parait donc fort à propos. L'auteur a vécu plusieurs années à Santiago il a occupé comme ingénieur une situation éminente, qui l'a mis en rapport avec toute la société chilienne il a traversé et retraversé le pays dans toute sa longueur. Il était donc qualifié mieux que personne pour nous le décrire, et il l'a fait'non seulement avec compétence, mais aussi avec une aisance et une bonne humeur qui font de. cet ouvrage, la plus agréable à la fois et la plus profitable des lectures.


Allemagne Une école militaire supprimée en Alsace.

Le gouvernement allemand avait fondé, àNeuf-Brisach, une école de sous-officiers. 11 espérait qu'elle aiderait à la germanisation du pays qui, pendant plusieurs siècles, fournit tant d'officiers et de sous-officiers- à l'armée française. Malheureusement pour l'autorité militaire allemande, les jeunes Alsaciens-Lorrainsdisposés à rester sous les drapeaux de l'Empereur se sont montrés si rares qu'il faut renoncer à laisser à Neuf-Brisach l'école installée à grands frais. Elle va être transférée dans l'intérieur de l'Empire, parmi des populations moins réfractaires.

Egypte L'occupation de Khartoum.

Il a été définitivedécidé, le T/M're ~K&MM~r)'e, ment assure que Khartoum redeviendra la capitale officielle du Soudan Egyptien et que Omdurman en restera le marché. Quoique l'ancienne ville soit en majeure partie~en ruine, le commandement supérieur et l'état-major sont installés déjà à Khartoum, dans les bâtiments restés debout, vis-à-vis de la pointe sud de l'ile de Tuti. Sur la rive gauche du fleuve s'étend, sur une longueur de 7 à 8 milles, la ville ou plutôt l'amas d'Omdurman, avec i mille seulement sur sa plus petite largeur et 4 sur sa plus

grande. La partie Sud d'Omdurman, à hauteur de Khartoum et précisément à l'endroit de l'ancien fort égyptien, sert aujourd'hui de campement à une partie des troupes. C'est là que se trouve aussi la maison d'été du khalife, occupée maintenant par les officiers et les principaux ser-

vices de l'armée. Le reste des forces égyptiennes est divisé par demibrigades sur quatre ou cinq points, de la ville, de façon à leur laisser le .plus d'espace possible. Deux bataillons seuls

campentsurlapresqu'iledeKhartoum.

La flottille des cannonières forme trois divisions, dont une sur le Nil Blanc, une sur le Nil Bleu et l'autre en permanence le long de l'ile de Tuti entre Khartoum et Omdurman. Des postes ont été également établis sur la rive droite du grand Nil, à hauteur de l'ile de Tuti, où se trouvaient les anciens forts.

Etats-Unis Le service médical américain dans la guerre contre l'Espagne. Nous croyons intéressant d'extraire

d'un curieux mémoire d'origine américaine, paru dans la France militaire, divers détails et renseignements sur l'organisation des secours aux blessés, dans la campagne de 1898.

Les soldats et marins étaient en général pourvus de la « première aide aux blessés », approvisionnementde bandes en caoutchouc et de pansements antiseptiques tout préparés. Les hommes devaient avoir appris à appliquereux-mêmes s'ils le pouvaient, ou sinon avec l'aide d'un camarade, la bande en caoutchouc autour des membres blessés pour arrêter l'hémorragie, à placer le pansement antiseptique «sans toucherd la blessure avec leurs mains qui, n'étant pas aseptiques, auraient introduites dans la plaie des myriades de microorganismes. Sur mer, dès qu'on sonnait le branle-bas de combat à bord, le quartier des malades était, de suite, transformé en amphithéâtre d'opérations une table placée au milieu de la salle les instruments employés généralement pour amputations posés sur des plateaux et le tout stérilisé par la vapeur, les pansements aseptiques disposés à portée de la main et les solutions préparées. Autrefois, les docteurs opéraientpendant l'action même,

mais ceci n'a plus lieu. Outre que le feu meurtrier de l'ennemi empêche le transport des blessés pendant le combat, les batailles navales sont maintenant de si courte durée que les victimes (surtout grâce aux pansements provisoires effectués par leurs camarades) peuvent attendre sans danger la cessation du feu pour être opérés. Les docteurs pendantl'action se tenaient donc dans la partie du vaisseau la mieux protégée, comme, par exemple, derrière les tourelles, et y établissaient des postes de secours pour les blessés les plus proches. Ils avaient reçu l'ordre de s'exposer le moins possible, car leur travail réel ne commence vraiment que lorsque la lutte est terminée. Tant sur mer que sur terre, nous apprend le rapport en question, les majors américains firent de leur mieux, quoiqu'un grand nombre d'entre eux plus de 300 été médecins militaires improvisés du jour au lendeeussent main. On avait pris et envoyé à la guerre tous les soi-disant docteurs civils qui avaient bien voulu se présenter, dont un certain nombre de chirurgiens-dentistes! Dès que les blessés étaient en voie de guérison, on les expédiait, dans la mesure du possible, aux Etats-Unis, au moyen des vaisseaux-hôpitaux. L'armée de Cuba disposait de trois transports de ce genre, véritablement aménagés pour le service des malades 0<!w«e, Solace et Relief. Ces vaisseaux étaient peints en blanc, comme l'exige la convention de Genève, et sans engins de défense. Voici quelques détails sur le plus important, le 'T~eHey Ce bâtiment peut recevoir 600 malades et contient tout ce qu'un hôpital de terre bien organisé possède en fait

de médicaments, approvisionnements, appareils pour fabriquer de la glace, distiller l'eau, etc. Le Relief est employé aussi bien comme hôpital régulier que comme transport. Il possède un chirurgien en chef, dix aides, plus des inhrmiers et vingt infirmières. L'entrepont a été transformé en une grande salle de blessés; toutes les cabines ont été suppriméespour ne former qu'uue vaste pièce contenant une double rangée de lits blancs vissés au plancher. L'absence de cloisons et de rideaux et l'emploi d'éventails électriques y favorisent une ventilation complète. A une des extrémités du pont ainsi transformé, sont quelques cabines réservées aux infirmières, qui ainsi sont en tout temps à portée de voix des malades; elle possèdent aussi un salon et une salle à manger. L'amphithéâtre d'opérations est très vaste et possède, outre les instruments et l'ameublement de ces sortes de salles, des approvisionnements spéciaux en vue du caractère particulier des blessures infligées par les engins explosifs modernes. Le chirurgien en chef a un bureau ouvrant dans sa cabine et possédant un téléphone qui communique avec chaque compartiment du vaisseau un ingénieux système de sonnettes électriques met aussi le chirurgien en rapport avec ses aides et infirmiers. Le deuxième pont, couvert en toile, sert de promenoir aux convalescents.

Italie Budget militaire de 1899-1900.

Les crédits nécessaires au ministère de la guerre pour tS~Q-tooo représentent 2 (6 millions, y compris 7 millions pour l'Afrique. Le budget de la marine reste le même que dans l'exercice précédent, soit environ 100 millions. Il est permis de croire que le gouvernement italien a renoncé, pour le moment du moins, au fameux emprunt de 3oo millions qui devait servir à donner à la marine italienne un surcroît de puissance et de splendeur.

Réorganisationdes troupes italiennes en Afrique.

Le major Calderani, chargé de suivre les opérations du sirdar Kitchener, a fait parvenir au roi un copieux rapport sur les différentes phases de la dernière campagne angloégyptienne et spécialement sur l'organisation des troupes anglaises. C'est, parait-il, sur ce rapport que doit se baser l'état-major italien dans une étude de la réorganisation des troupes eestinées à opérer en Afrique.


JsJotes sur la Vie birmane On a MKMM< décrit la magnificence de la nature, en Birmanie; on a moins fréquemment ~a)-~ des M<rMM des Birmans. Voici quelques notes d leur sujet. Elles traitent en particulier ~K ~OMa~: et des occupations des Birmans de

deux sexes.

L ES maisons sont construites en bois, ce qui répond au climat, et surtout en bois de bambou. Elles rappellent les constructions lacustres, car elles reposent

sur six ou huit piliers. La charpente est en bambou le toit et les parois sont formés de nattes

d'écorce

variées qui constituent presque l'unique vêtement des Birmans, quel que soit leur âge. Même ce qui dans leur costume pourrait ressembler à une robe, n'est qu'un châle enroulé autour des hanches. Là se confectionnent aussi les énor-

mes cigaress

qui

qui

recouvrent

ceux

aussi le plan-

car ils sont

longs de plus de 20 centimètres et ont au

corce qu'on soulève avec un cordon.

moins 2 centimètres de diamètre. Ils sont cylindriques et sans pointe. On

L'intérieur est orné de tentures d'un beau

les fabrique

travail oriental, d'unetrés grande simplicité,et qui représentent des hom-

avec du bois de

sandal odoriférant, recouvert

d'une mince

mes ou des

couchedetabac

enroulé.

animaux, surtout des élé-

Le tout est recouvert de l'écorce

et des

blanche et

paons, brodés délicatement,à

l'ordinaire

en

.D't~~c~o/o~r~/Nf.

autour des figures.

Dans ces maisons, des hommes, des femmes et des enfants, tous accroupis à l'orientale, s'entretiennent paisiblement. D'autres sont étendus sur le plancher. Tout en causant, ils tissent sur leurs métiers primitifs les châles de soie charmants et de teintes TRAVERS LE MONDE.

52" LIV.

si

dé!icatede!'érica. Ces cigares

DANSEAU VILLAGE.

couleur rouge ou bleue, à laquelle la peinture ajoute un complément de nuances. Des rinceaux s'enroulent gracieusement

A

qui les

voient pour la première fois;

cher. Les fenêtres n'ont pas de vitres, mais un rideau d'é-

phants

étonnent

n'étaient

d'a-

bord fumés qu'à la cour; les simples mortels se contentaient des feuilles de teck ou de tulipier, dont le bois est si recherche pour la construction des navires. Ces derniers cigares sont noirs, jaunes ou verdâtres. A l'un des bouts, la feuille est repliée à l'intérieur,comme dans un rouleau; l'enveloppe extérieure est refoulée par le bord à l'intérieur du rouleau. Un étranger qui fume ces cigares sans précaution est toujours victime d'un accident, parce qu'il tient le cigare de haut en bas, et que le

?

52.

24

décembre 1898.


bord replié, brûlé parla braise, tombe en cendres chaudes et en étincelles sur ses habits. Le Birman, au contraire,

tient toujours le cigare obliquement, la braise tournée Européens en haut, ce qui préserve ses habits. Les trouvent ces cigare-; extraordinairement forts, tandis j'ai qu'en Birmanie hommes et femmes les fument même vu un grand nombre de ces dernières ne pouvoir

.jamais s'en séparer. Chez cet aimable peuple, comme du reste chez les Arabes, un cigare allumé est considéré comme bien public, dont chacun peut se servir à sa guise. Qu'un homme ou une femme soit assis devant sa maison, en savourant son cigare, le premier passant venu peut le lui ôter de la bouche, sans avoir besoin de s'excuser ou de le demander, et le fumer sans autre forme de procès. Après quelques bouffées, il le rend à son propriétaire, à moins qu'un second passant ne le lui ait enlevé à son tour; de sorte qu'il arrive souvent que le cig.re peut aller de bouche en bouche et faire un long trajetavant de revenir à son légitime possesseur. Celui-ci attend cette restitution le plus tranquillement du monde si cette attente se prolonge

Dans la première, on voit un homme à gauche et

de une femme à droite, séparés par un vaste espace terrain. Le bras droit replié semb!e sur le point de s'étendre comme pour une étreinte; mais l'autre bras fait le geste de repousser, et suggère l'idée de la distance qui empêche les embrassements. Sur la seconde image on voitde même, à gauche. un homme qui soulève à demi le bras comme pour

gauche se trouve une femme qui, les bras étendus, se précipite vers l'homme. Tous deux sont d'ailleurs séparés l'un de l'autre par un

envoyer un salut cordial.

A

large espace. Les armciries de chaque pays

sont, pour les peuples de t'ExtrêmeOrisnt, la personnification de ce pays. Pour me montrer que leurs pensées savaient aller vers l'Alleje suis Allemande. magne,

l'un et l'autre personnage de ce dessin ont une tête d'aigle ornée d'une couronne et de grandes ai)es. Ces figures ont tant d'expression,

malgré les naïvetés de l'exécution, qu'on éprouve toujours un nouvtl étonnement en voyant la facilitéavec laquelle ces indigènes arrivent à symboliser toutes leurs pensées. Les Birmans sont, pour la trop,is'adresse au premierfumeur plupart, tatoués des genoux juslui passer venu, qui s'empresse de qu'au dessus des hanches les imacigare. son propre ges se suivent et se serrent de si près, qu'au premier abord on est Dans une autre hutte, nous tenté de croire qu'ils portent des trouverons des gens qui confeccaleçons d'étoffe )égére. Des figures tionnent des plumeaux. Au lieu de isolées ornent encore d'autres parplumes, comme en Europe, ils se ties du corps. Ces dessins ne sont servent des plumets de l'herbe d'éléphant desséchée, qu'ils fixent pas seulement pour eux un ornement certains traits cabalistiques, à l'extrémité supérieure d'un bâcertaine; images sacrées doivent ton. On appelle ainsi cette herbe, leur servir de talisman contre les parce que l'éléphant en~ est très TATOUAGES, balles et les épées. Mais, depuis friand. ~'a/<?~0/0~tt'<?. qu'ils sont entrés en contact avec Ailleurs. on fabrique de charfoi dans ces amulettes a été leur anglais, soldats les faite dont l'armature est polyédriques mantes lanternes considérablement ébranlée. de minces roseaux disposés de la manière la plus variée sou vent de grands carrés qui se répètent voit On formées parois tandis les sont compliquée, plus la que et chacun et se subdivisent en carrés plus petits, dont multicolore. soie de papier de renferme un chiffre. Ces chiffres, de même que d'auLes Birmans sont d'une habileté accomplie dans tres signes, sont empruntés à leurs livres sacrés. art du tatouage. Un, deux, trois coups de pinceau, ils emploient en général le tatouages, leurs Dans quelimage d'une bras orné votre l'artiste et « aa foncé. Certains dessins plus petits sont coloriés bleu modèle, copie il le lui apportez Si raun conque. vous parfois, mais très rarement, le en rouge et en bleu pidement et fidèlement sur votre peau si vous n'avez rouge est seul employé. rien à lui proposer, il vous présente un album d'images, Une pareille opération exige le concours de deux qu'il a dessinées lui-même, et'vous pouvez choisir celle tient très tendue entre les doigts l'une dont scène mythologrande, personnes, petite désirez, ou que vous la peau du corps à tatouer, tandis que l'artiste, son gique, historique, scène de genre, scène d'amour, figures à la main gauche, un fin pinceau à couleurs de godet tout d'animaux, ce que vous d'hommes, armes, ou la main droite, exécute ses dessins. pouvez imaginer. L'Européen qui veut se faire tatouer, et qui s'asDeux « tatoueurs ont souvent opéré sous quelques battements de cœur, sellette la sied avec qui images moi deux sur peint L'un pour a mes yeux. surpris de constater que l'opération généralement est à degré quel qu'elles montrent intéressantes, sont parce lui fait aucun mal. Mais ce n'est là que le prélude: sensations, les symboliser ne toutes peuple peut presque ce prend un instrument en lail'artiste scène change; la d'une soit chorégraphiques, autre soit musicales, soit plus longue, et qui baguette d'une planté bout ton images au sont suggèrent les deux nature. Les idées que de pharmacien. D'un côté compte-gouttes ressemble àun le Désir. Séparation et la


femmes. Leurs écrans décoratifs à grands sujets prouvent leur talent à reproduire les choses de la nature; quant aux écrans plus petits dont le fond est en drap uni brodé d'or et d'argent sous forme de fil, de rubans ou de paillettes, ils les décorent très habilement. Au milieu d'arabesques enroulées se trouve, le plus souvent, un paon ou un éléphant. Les arabesques sont tout unies; mais les figures d'animaux sont si surchargées de paillettes qu'elles ont l'air en relief. Les ombres lont obtenues grâce à la position différente des pailque les

settes.

Tous leurs ornements portent le même caractère. Je ne parlerai ici que de leurs belles boucles de ceintures, doubles ou trip!es, et confectionnées à la main par des hommes. Elles sont faites en argent massif et ornées de scènes tirées de leur mythologie ou de leur re)ig)on, ciselées en haut relief. Le dessin est d'abord découpé dans une masse d'argent, puis placé sur une plaque de cire, où on achève le travail à l'aide d'un petit marteau. C'ett une manière de sculpture. Les pommes en argent des cannes, badines, bâtons, montrent tout particulièrement l'habileté des indigènes. La pomme d'argent est d'abord arrondie et creusée; puis, avec un petit marteau recourbé, l'artiste fait surgir, de l'intérieur, le dessin en repoussé. La canne elle-même est en bambou ou en « bois de marbre à reflets jaunes ou bruns, ou en «'bois d'atlas» jaune clair, poli et brillant. Ces deux dernières espèces de bois viennent des îles Ahdaman, à l'ouest de la Birmanie. On se sert aussi, dans la fabrication des cannes, du bambou de Malacca mais cela devient de plus UNE

en plus rare. Cescannessontfaites d'une pièce; la tête qu'on y sculpte représente le plus

t~smSf,

D'a~r~M;:e~y<0<0~t'f!C.

est une fente pourvue d'une targette. On plonge cet instrument dans la couleur, et, tandis que l'artiste poursuit rapidement son dessin, il fait aller encore plus rapidement, en haut et en bas, cette aiguille creuse qui, à chaque va-et-vient, dépose une goutte de couleur sous la peau. Les patients qui ont subi cette opération m'ont dit qu'ils éprouvaient alors comme une commotion électrique. Les hommes sont tatoués, portes et fenêtres ouvertes mais une dame, à la prière de son mari, ayant voulu se faire graver son monogramme sur la jambe, les deux artistes tendirent l'entrée et les fenêtres de châles de soie rose qui se reliaient les uns aux autres par des crochets très habilement disposés. Quand la dame, au second acte de l'opération, commença à bouger et à gémir légèrement, les deux opérateurs s'esclaffèrent. Le premier ne tendit que plus énergiquement la peau de la jambe, et le second acheva son œuvre sans se laisser interrompre. J'ai pu voir leur ouvrage. Quand je leur dis, sur le vœu de la dame, que cette opération était très désagréable, ils recommencèrent à rire aux éclats et dirent « Oui, oui, mais maintenant elle doit le supporter. » Les travaux manuels des Birmanstémoignenttous du même instinct artistique. Malgré la symétrie de leur dessin, ils se gardent de répéter le motif avec une minutie fatigante; ils savent y apporter la plus agréable variété de sujets et d'ornements. Les hommes s'occupent de broderies aussi bien

souvent une figure d'animal singe accroupi ou lapin enroulé sur lui-même.

Les

ornements for-

més de griffes de tigre sont aussi très originaux et pleins de goût. Tantôt ils représentent un poisson dont la tête, la queue et les nageoires sont en or, et t'œit formé d'un ru-

tantôt, c'est un riche engrenage en or, formant tout un bis

ensemble de figures,

D't~o~ JONGLEURS,


et qui rattache l'une à l'autre deux pattes de tigre. Les rubis découverts près de Mandalay, capitale de la Birmanie, ornent avec des perles et des diamants, des anneaux, des épingles, etc. Tous ces bijoux dénotent une réelle fertilité d'invention, mais le travail, sans être grossier pourtant, est toujours un peu massif. C'est là le caractère de leur joaillerie. (A

Un

suivre.)

PAULA KARSTEN.

j'ai réuni autour de moi ~oo philosophes et grands lettrés, environ t ooo officiers militaires et plus de 30 ooo soldats généreux. Le 34° jour de la sixième lune est fixé pour la levée des étandards. « Nous marcherons tout d'abord sur Tong-Fa et Ta-Wong, et de là à Taiping et à Wing pour chasser à tout jamais les diables étrangers et protéger les Chi nois. Vous peuples des campagnes et des villes réfléchissez et tenez conseil entre vous pour nous aider à chasser immédiatement les diables étrangers. « Quand les rebelles passeront parmi vous, il ne feront aucun mal à ceux qui épouseront leur cause et n'iront pas à l'encontre de leurs projets. »

manifeste Chinois contre les Barbares d'Occident

de la province chinoise du Kouang-Sicontre A lerévolte gouvernementde Pékin a tous les caractères d'un

grand mouvement politique analogue à celui des Taïping, qui faillit renverser l'empire. On est malheureusement fort mal renseigné sur ces événements qui se déroulent dans des contrées toujours fermées à l'Europe, aussi mystérieuses que les plus inconnus des territoires africains. Cependant la France, nouvelle voisine et nouvelle alliée du gouvernement chinois, aura probablement à jouer son rôle si les rebelles persistent, ce qu'on a tout lieu de croire. En effet, le journal l'Avenir du 'Tonkin publie le manifeste que le chef de la révolte, Cheung, vient de lancer aux .populations des campagnes et villes du Kouang-Si. Nous reproduisons à titre de document ce curieux manifeste V « Moi, Cheung, désigné par le Tout-Puissant pour être le chef des Hung-Chung-Tung (nom de la rebellion), je lance cette proclamation avec l'intention spéciale de chasser les barbares de la Chine et de protéger notre pays. Les barbares, on le sait, sont le plus puissant peuple de l'Europe et ne demandent qu'à exercer leur pouvoir tyrannique sur le reste du Globe. Usant de ruse, ils essayent de trouver des proies sur leur route. Leur plus grand désir est de s'emparer de toutes des terres afin d'en enlever les richesses. Au cours des dix dernières années, ils n'ont pas cessé de faire du mal aux peuples de la Chine sous le prétexte d'aider leurs missionnaires, tandis que, se livrant au commerce, ils ont dépouillé les Chinois de leurs richesses. provoqué la « Leur cruauté et leur tyrannie ont colère des dieux et ne sauraient être pardonnées ni sur la Terre, ni dans le Ciel. «Ils se prétendent les amis de la Chine, mais c'est mensonge. Leurs crimes, tels que briser les temples de Confucius, détruire les images des sages, forcer les mandarins à exécuter leurs ordres en les menaçant de punitions, massacrer le peuple innocent, et enfin envoyer leurs missionnaires exécuter leurs mauvais desseins, sont si nombreux qu'on ne peut les compter, et la honte qu'ils en retirent ne saurait être lavée par les eaux entières du fleuve de l'Ouest. mandarins « Aussi est-il honteux de voirque nos les appuient et leur donnent leur aide. Tout-Puissant, « C'est pour cela que, sur l'ordre du

Le

Sanatorium de Lam-Biang

gouvernement de l'Indo-Chine vient de décréter l'installation d'un vaste sanatorium à Lam-Biang, h partie la plus aux sources du fleuve Dona't, dans méridionale de notre protectorat d'Annam, sur les confins de la colonie de Cochinchine. C'est un petit village, au sommet d'un dôme arrondi et aussi régulier qu'un pain de sucre. Sa position lui vaut une grande réputation de salubrité; les Indo-Chinois lui ont même donné le surnom de paradis terrestr.e, et les médecins guérir les fiévreux et les anémiés se promettent de dans ce site charmant. Ce sera notre troisième station hygiénique en Extrême-Orient. La première est au cap Saint-Jacques, à l'embouchure de la rivière de Saigon la seconde est hors de notre empire colonial, au Japon, dans un parlons coquet établissement de Yokohama. Nous ne hôpitaux, fort bien pas, bien entendu, des nombreux aménagés et dispersés sur la presqu'île. Voici comment s'exprime un voyageur qui a visité récemment l'endroit où doit s'élever le sanatorium de Lam-Biang Tout à coup, un tableau sans pareil déroule sur la cime des monts et des forêts son cadre inoubliable. C'est un enchantement qui dure des admirable. On heures entières, tout. le panorama est volonsent qu'il fait bon vivre ici, sur cette cime, et de tiers on se prend à chercher un emplacement séjour définitif. J'ai constaté que la température est fort douce, thermomètre relativement fraîche même, puisque le le rayonnement des marque +7''et+8", durant nuits sereines. Au sommet même du Lam-Biang, dans insupportable, à tel le jour, la chaleur n'est jamais ustensile point que le casque y devient parfois un T E

encombrant. »

Malheureusement Lam-Biangse trouve à 150 kilomètres de la côte. On n'y accé je jusqu'ici que par des de la sentiers agrestes qui se perdent dans l'épaisseur bien végétation et dans le dédale des montagnes. Il est mais les question d'établir une ligne de chemin de fer, considérables que travaux demanderont des sommes si d'utipendant longtemps, sans doute, on se contentera route. liser le fleuve Donat, malgré la longueur de cette


qu'une rugosité de plus. H en est de même de leurs cheniUes. Celle deIa~M~M~M &oM/f~Mest d'une couleur différente, suivant l'arbre sur lequel elle vit elle est couleur d'ocre sur le bouleau d'un vert tirant sur

Le Mimétisme

Couleurs et formes protectrices des Animaux ÉFINITION

DU MIMÉTtSME.

anglais MM/<e~,

est

Le )M/MM<MW< en

le phénomène

par lequel un être vivant se confond de telle sorte, par sa forme et par sa couleur, avec le milieu ambiant que sa présence se trouve dissimulée, ce qui le protège contre ses ennemis naturels, ou lui facilite la surprise d'une proie. CONSTATATION DES La FAITS DE MIMÉTISME. généralité de ce phénomène

attiré depuis longtemps l'attentiondes observateurs,

a

et tout le monde est à même de le constater. Les animaux qui vivent sur les confins des dé-

serts africains, la gazelle, les gerboises, le renard, sont en général de couleur jau-

nâtre, comme le sable des déserts. L'âne du Mzab est rouge brun comme le sable du Mzab. Les animaux des contrées arctiques, l'ours polaire, le lièvre polaire américain, sont blancs comme la neige et la glace où ils vivent. Les insectes, tels que les pucerons, qui vivent sur des tiges herbacées ou des

feuilles, sont verts comme ces feuilles et ces tiges. De même chez les reptiles les lézards qui vivent sur les arbres, les iguanes, sont aussi verts que les feuilles au milieu desquelles ils se confondent: la grenouille rainette est bien difficile à distinguer, collée contre les feuilles des roseaux et des iris. Il existe, dans toutes les régions tropicales, des serpents qui habitent sur les arbres, s'enroulent aux branches ou se reposent sur des masses de feuillages, et qui sont d'une belle couleur

verte'.

Beaucoup de papillons de nuit ont une livrée qui leur permet de passer la journée fixés à l'écorce des arbres sur laquelle leur masse grisâtre ne représente ). Alfred Russell W allace, la Sélection <M<Mre//e, p. 3 ç. Cet écrivain fait autorité pour tout ce qui concerne le M;Mf'e, qu'il a particulièrement étudié.

le jaune, avec une ligne dorsale couleur de rouille, sur le saule et le peuplier; 'd'un jaune brun, sur l'orme; d'un gris cendré, sur le chêne, et sa teinte s'harmo-

nise aussi avec celle de l'écorce de l'arbre sur lequel elle se trouve.

De petites phalènes ressemblent absolument aux lichens sur lesquels elles aiment à se poser une petite

araignée partage avec elles cette singulière et utile propriété

Enfin, certains insectes affectent non seulement la couleur, mais aussi la forme ou la ressemblance

.Á.1.1.1-+.n.. 1.

générale des objets sur lesquels ils vivent. Les chenilles arpenteuses restent souvent des heures entières fixées sur une branche, ~f M;M seule de leurs extrémités, dans une immobilitécomplète. L'attitude verticale ou oblique qu'elles affectent dans cette position leur donne tout à fait l'apparence d'une brindille sèche,et les rend absolument imperceptibles à l'œil dans les buissons dépouillés qu'elles fréquentent à l'automne. H existe en Orient (Wallace, p. 157) de petits coléoptères de la famille des Buprestides qui se posent d'ordinaire sur la nervure médiane des feuilit-s; ils ressemblent tellement à des morceaux d'excréments d'oiseaux, que le naturaliste hésite à les prendre. Tous ceux qui se sont livrés à la recherche des coléoptères savent parfaitement que les charançons, petits et gros, qu'on trouve sur les chardons, ont l'habitude, lorsqu'on cherche à les saisir, ou à l'approche de tous dangers, de se laisser choir en repliant leurs pattes et leurs antennes, de façon à imiter l'aspect d'une petite boule de terre ou d'un petit caillou arrondi et alors, quand ils se sont ainsi mêlés aux boules et aux cailloux qui jonchent le sol, il est à peu près inutile de vouloir les y rechercher, tant tl est difficile de les distinguer parmi ces objets. Le phénomène du mimétisme est à peu près général chez les orthoptères. Ainsi, un grand nombre de sauterelles sont colorées et tachetées de façon à présenter, plus ou moins parfaitement, l'apparence de feuilles, soit vertes, soit sèches, de végétaux, et, en général, l'aspect du milieu


où elles vivent. D'autres orthoptères, les Phyllies, qui habitentles parties chaudes de l'Inde et plusieurs îles de l'océan Indien, ont de tout temps attiré, par leur forme extraordinaire, l'attention des voyageurs. Ce sont des insectes au corps très aplati, membraneux et large, dont les élytres sont conformés de telle sorte qu'Hs imitent à s'y méprendre les feuilles de certains végétaux. Si on les place sur un oranger

ou sur un laurier, l'entomologiste le plus exercé aura de la peine à les découvrir au premier coup

d'œil, d'autant plus qu'ils sont généralement d'une belle couleur verte. Ils ont également aux cuisses des appendices foliacés. La P/y~M feuille sèche, que représente notre dessin, de couleur feuille morte, est une des espèces les plus remarquables. Les mantes (vulgairement religieuses ou ~M-D~M), se con-

Dans les pays chauds, Australasie, Australie, Brésil, ces insectes sont plus répandus encore. Quelques-uns y sont longs d'un pied, dit Wallace, et gros comme le doigt aussi les y connaît-on vulgairement

sous le nom d"!<M<'c~-c<Ke. Toutes leurs couleurs, leurs formes, leurs rugosités, l'arrangement de la tête, des pattes et des antennes sont tels que leur apparence est celle de bâtons desséchés. « L'un de ces insectes, que

j'ai trouvé à Bornéo (Wallace, p. 63), était couvert d'excroissances foliacées d'un vert olive clair, ce qui lui donnait l'apparence d'un morceau de bois mort couvert d'une mousse parasite. Le Dayak qui me l'apporta assurait que cet insecte vivant était couvert de mousse, et ce ne fut qu'après un examen minutieux que je me convainquis du

contraire. »

Le mimétisme tend à se fondent également, par leur coudévelopper en raison même de leur, avec les feuilles et les tiges l'intensité de la lutte pour l'exisd'un vert tendre. tence aussi est-ce au sein de la Des insectes voisins des nature tropicale que nous en imitent les ~MMM. mantes, par trouvons teplusd'exemples. Sous leur forme celle des rameaux de le calme apparent et dans le bois sec auxquels ils se tiennent silence de la forêt vierge, la vie attachés. animale pullule mais elle se dissimule, car, pour elle, se Une espèce de phasme CALUMAtNACHtS. · manifester, c'est s'exposer au est commune dans le midi de danger. Une liane se déroule en sifflant c'est un la France son corps a la forme d'un petit bâton allongé; lorsque l'insecte se déplace, on reconnaît' serpent un morceau d'écorce tombe c'est un lézard facilement sa nature, grâce à ses longues pattes grêles une branche s'agite c'est un~~M~; une feuille remue c'est une phyllie une autre se détache et s'envole en mouvement; mais on ne le surprend pas souvent c'est un papillon. en mouvement, car au Disons quelques moindre bruit il fait le mots de ce curieux~y/o~mort, comme tant d'autres feuille. insectes, et alors il colle Dans les forêts de la une partie de ses six pattes M.tiaisieetdes Indes oriencontre son corps, en en tales, voltigent de splenlaissant une ou deux isodides lépidoptères, appàrlées et comme branchées tenant à la famille de: à angle aigu sur son thoNymphalides, les Callima. rax, de manière à imiter Plusieurs espèces de ce un bout de broussaille muni encore de fragments genre entre autres les Ca//M)M~M/fC/aet C<J//MM de ramuscules. H m'est inachis, présentent un arrivé bien souvent, dans exemple remarquable de temidi de la France, de ramimétisme. La partie sumasser un semblable bout périeure de leurs ailes est de bois, et de ne reconde couleur éclatante et naître sa vraie nature qu'en PUYLLIE FEUILLE SiCilE. très apparente mais la constatant saa mollesse surface inférieure, la seule qui soit visible lorsque et en le voyant bouger sous l'influence de la pression l'animal se repose (les ailes étant alors rapprochées douloureuse des doigts. Au printemps, quand les phaset en contact par les faces supérieures), offre toutes mes sont jeunes, ils sont de couleur verte et vivent dans les teintes diverses de gris, de brun, de roux qu'on les herbes, avec les tiges desquelles ils se confondent; plus tard, à la fin de l'été, on les rencontre dans les trouve dans les feuilles mortes, sèches ou en décomposition. Le sommet des ailes supérieures se terchaumes et les broussailles des terrains arides, et alors mine en pointe aiguë, forme très commune parmi les ils ~ont jaunes ou brunâtres, comme ces milieux euxet les feuilles des arbtcs et des arbustes tropicaux, mêmes.


ailes inférieures sont munies d'un éperon par lequel elles se prolongent en une queue étroite et courte. Entre ces deux points s'allonge une ligne courbe et foncée, reproduisant parfaitement la nervure médiane d'une feuille, et d'où partent de chaque côté quelques lignes obliques, imitant des nervures latérales. Ces papillons fréquentent les forêts sèches et voient très rapidement. H ne s'arrêtent jamais sur une fleur ou une feuille verte, mais pn les perd souvent de vue sur un buisson ou un arbre mort. L'insecte se pose sur un rameau presque vertical, les ailes exactement rapprochées, cachant entre leurs bases sa tête et ses antennes; les petites queues des ailes postérieures touchent la branche et forment le pédoncule de la feuille, qui est maintenue en place par les griffes de la paire de pattes médianes, lesquelles sont très minces et peu apparentes; le contour irrégulier des ailes offre l'aspect d'une feuille sèche ratatinée. C'est la plus parfaite ressemblance protectrice que présente le règne animal. Nous arrêterons là l'énumération des principaux faits de mimétisme, qui pourrait être beaucoup plus longue. Nous n'avons pas à entrer ici dans leur explication, donnée par Darwin et par Wallace. Nous nous bornons aux indications qui peuvent êire utiles aux naturalistes collectionneurs. UTILISATION DES FAITS DE

ce phénomène protège un être vivant contre ses ennemis naturels, ou luifacilite la surprise d'une proie. A ce dernier point de vue, l'homme lui-même

emploie une sorte de mimétisme artificiel, que l'ingéniosité du naturaliste collectionneur peut développer de mil'e façons. Comme exempts, il suffit de citer toutes les ruses, tous les moyens employés par les chasseurs pour s'approcher du gibier sans lui donner l'éveil cabanes rustiques entourées de branches vertes; vêtements jaunes de la couleur des feuilles mortes; vaches ambulantes en carton renfermant un chasseur; citrouilles creuses flottant sur l'eau, et dont l'une cache le haut du corps de celui qui veut s'approcher du, gibier aquatique, etc. Il n'y a qu'à ouvrir le premier manuel de chasse venu, pour se convaincre que le MKM~MWf artificiel est employé en grand dans l'art cynégétique. Mimétisme encore, les « mouches d'aspect si varié qui servent à pêcher la truite. Comme on le voit, le champ du mimétisme artificiel est aussi vaste que celui du MM~M/MMM naturel, et le voyageur naturaliste peut trouver à glaner dans l'un comme dans l'autre. PAUL COMBES.

MIMÉTISME ET MIMÉ-

Le mimétisme, qui sembte fait, à première vue, pour dérouter le collectionneur, peut, au contraire, si celui-ci sait en tirer parti, le guider dans ses recherches. TISME ARTIFICIEL.

En effet, le moyen le plus sûr

d'enrichir les col-

lections d'histoire naturelle, c'est de bien connaître l'habitat et les mœurs des êtres que l'on cherche à se procurer. Or, la connaissance du phénomène du mimétisme nous donne la certitude que nous trouverons bien plus sûrement les animaux qui en font usage dans les mllieux où ils peuvent le mieux se dissimuler. Au lieu de chercher au hasard, on cherche presque à coup sûr ce n'est plus qu'une affaire de patience et de minutieuse observation. Personnellement, pour citer un exemple, je n'ai jamais manqué, pendant les mois propices, de faire d'abondantes récoltes dechenilles grises sur les écorces grises des peupliers, des chênes, etc., sans même avoi) recours à la vue. Je promenais légèrement les doigts, au bas dés troncs d'arbres, du côté opposé au vent, et je ne tardais pas à éprouver la sensation du contact d'un objet mou et frais c'était ce que je cherchais. Pour les papillons, de nuit dissimulés de la même façon, il faut avoir recours à la vue un examen attentif de l'écorce ne tarde pas à faire découvrir la « rugosité vivante ». Pour les charançons gris tombés à terre, en restant silencieux'et immobile, on ne tarde pas à les voir sortir leurs pattes et leurs antennes, ce qui les dénonce immédiatement. D'une façon générale, pour un observateur attentif, l'obstacle du mimétisme, au bout d'un certain temps de pratique, est facile à surmonter, et, ainsi que je viens de le faire voir, ce phénomène peut être même utile aux recherches. J'ai dit, dans ma définition du mimétisme, que

Charles Grad.

.L'~t/Mce. Uu beau volume grand in-8",

illustré de 35o gravures. Paris, Hachette et C". (Prix, bruche, 8 francs; relié, 13 francs.) volume est une réédition du bel ouvrage de M. Grad, il y a dix ans. Il donne les parties les plus importantes du texte, et, sous une forme réduite, toutes les illustrations de la première édition. Son prix modique le met à la disposition des bourses qu'effrayait l'Alsace in-4". Tout le monde tiendra à posséder cette description, si complète, de notre province perdue, faite par un de ses enfants les plus dignes et les plus dévoués.

/E paru

Sven Hedin.

Trois ~M de /M«M aHjc déserls d'Asie. Ouvrage traduit du suédois parCHARLES RABOT.Unvolume in-8" jésus, illustré de [04 gravures, et contenant une carte. Paris, Hachette et C" (Prix broché, 10 francs; relié, 15 francs.) lecteurs ont eu sous les yeux une partie du récit de ce \;os voyage, l'un des plus intéressants qui se soient accomplis dernièrement dans l'Asie Centrale. Ils ont pu admirerl'habileté, la science, l'énergie dont à fait preuve le jeune explorateur suédois ils ont gardé sans doute un vif souvenir de sa lugubre odyssée dans le désert de Takla-Makane, où sa caravane faillit périr de soif. L'auteur a déjà recueilli dans son pays, comme dans le reste du monde civilisé, une juste part d'éloges. Il convient de rendre hommage ici au talent du traducteur. M. Charles Rabot, notre excellentcollaborateur, a présenté, avec beaucoup d'art, Sven Hedin aux lecteurs francais, et sa traduction; qui est plutôt par endroits une habile transposition, a presque le charme d'un original.

Cn'/e d'Afrique, extraite de l'Atlas universel de MM. Vivien de Saint-Mart:n et Fr. Schrader. Une feuille de o",o5 sur f,)o. Prix, 3 fr. So, à la librairie Hachette. La même carte, montée avec gorge et rouleau, 5 fr. 5o. ~ETTE carte de grande dimension, supérieurementgravée par E.'Delaune, donne les indications les plus précises sur l'état actuel de l'Afrique. C'est une œuvre remarquable.

Marius Chesneau.


JA

7'A'~ r~ON~LBSARCIIIV fur Er/YN~Gn~PN/E.~EYDE Les ruines de Mixco (Guatemala)

Article du docteur Car~ Sapper < ce travail a exploré avec soin l'emplacement L 'AUTEUR de cettede forteresse presque imprenable des Indiens Pokomames, qui ne succombèrent que grâce au prestige singulier que les Espagnols exerçaient sur eux. C'était en i525. Les Cakchiquels et autres tribus mexicaines s'étaient révoltés en masse contre la domination espagnole. Le général Pedro de Alvarado leur fit une guerre d'extermination, au cours de laquelle il vint mettre le siège devant Mixco, dont il s'empara après dix assauts successifs. II brûla la ville et en transporta les habitants bien loin de là, à trois lieues environ de Guatemala, où il leur fit construire le village actuel de Mixco. Les paysans de la contrée appellent encore aujourd'hui SMMco viejo Vieux Mixco, l'emplacement de la forteresse détruite. Cet emplacement, comme la plupart des villes des UtatIons, Iximchés, et autres tribus indiennes de Guatemala, occupe un haut plateau de difficile accès, coupé de précipices et de gorges profondes, qui l'entament presque jusqu'au centre, à peu près comme les fissures d'un vieux tronc d'arbre le mordent jusqu'à la moelle. Aussi l'esplanade sur laquelle était bâtie la ville forte est-elle morcelée en plusieurs petits plateaux reliés entre eux par des isthmes plus ou moins étroits, et la forteresse elle-même était composée d'un assemblage de forts communiquant entre eux par des chemins fortifiés, quelques-uns étroits comme des sentiers et bordés à droite et- à gauche par des précipices à pic. C'est par un de ces sentiers que les soldats d'Alvarado, s'avançant un à un et couverts par des boucliers pour se défendre des flèches des assiégés, s'emparèrent du fort principal. Les Indiens, saisis de panique, renoncèrent à se maintenirdans les autres forts, pourtant faciles à défendre encore. Quant à l'architecture de la place, des maisons et des temples aussi bien que de la forteresse, il nous est impossible d'analyser la dissertation très savante qu'y consacre M. Sapper ce savant a réuni à la sagacité de l'archéologue la divination du poète pour reconstituer la vieille ville mexicaine.

AliCHIVDES DEUï'~C//E~TM~'DMS

Le commerce allemand à Moçambique rapport du consul allemand à Moçambique vient de N LJ nous donner des détails statistiques intéressants sur le

commerce allemand dans cette partie de l'Afrique. Le chiffre des importations allemandes, pour l'année t8ç7, a été de 46! 643 marks (cotonnades i2< 007 marks armes 5o 67 marcks; médicaments: <3o 408 marks; vins et liqueurs: 6 42 marks, etc.). Le chiffre des exportations s'est monté, pour l'Allemagne, à 608 !h7 marks (gomme élastique )8[ 55? marks: ébène 8 076 marks; cire sésame: t3 992 marks; etc.).

)0 437 marks

Deux obstacles gênent dans ce pays le commerce européen en général les tarifs très élevés et la concurrence des Hindous dans « l'article nègre c'est-à-dire les objets de pacotille verroterie, mauvaises cotonnades, etc, dont le clinquant séduit les indigènes. Les Hindous montrent autant d'intelligence et souvent plus de persévérance que les Européens, et, de plus, ils sont moins éprouvés par le climat. Ajoutez-y l'état de troubles et d'instabilité perpétuel des tribus de la côte, qui empêchent les nègres paisibles de l'intérieur d'écouler leurs produits dans les ports, et la tyrannie de la CoM/~H/tM! de Nyassa qui, malgré son nom portugais, est devenue presque exclusivement anglaise et règle les tarifs à son bon plaisir, dans tout le district du Cap Delgado, dont elle est maîtresse au point de vue commercial en voilà assez pour paralyser le commerce des Européens. Au point de vue de la navigation, le consul 'allemand constate avec joie qu'elle est presque tout entière entre les mains de la Compagnie allemande de l'Est Africain. En t8ç7,

vapeurs allemands, de ;5t o36tonneaux, ont abordé à Moçambique, contre 3) français de 35 8.)2 tonneaux et 16 anglais de 26 o<6 tonneaux. Et la Compagnie vient de construire deux nouveaux grands vapeurs de 5 ooo tonneaux, affectés au commerce entre les ports allemands et la côte de Moçambique, dont elle compte éloigner graduellement tous ses rivaux. 58

CEOM/<M7C~Z. JOURNAL

La circumnavigation du lac Bangouéolo (de juillet à septembre 1896)

Bangouéolo, découvert et lac L. retrouvé par lieutenant en

baptisé par Livingstone

français Giraud en le t883, n'avait jamais été exploré dans la totalité de son bassin avant l'explorateur anglais Pawlett Weatherley, qui en fit complètement le tour, en 1806, sur un petit vapeur en acier démontable appelé .le Vigilant. Le rapport que M. Weatherley vient de faire de son voyage à la Société royale de Géographie de Londres unit à la précision scientifique la chaleur et le coloris de l'imagination l'explorateur décrit en termes enthousiastes la beauté de cette grande nappe bleue, de ses rives souvent fertiles et des îles dont elle est semée, le naturel plein de douceur des indigènes qu'il a rencontrés sur sa route, leur conSance, leur hospitalité. Disons d'ailleurs, à la louange du voyageur, qu'il a su acquérir un tel ascendant sur les populations de la région des grands lacs africains, que les Awembas eux-mêmes, ces indigènes d'humeur ombrageuse qui habitent entre les lacs Moero et Tanganyka, ne juraient plus que par lui. Il a retrouvé le secret de Livingstone, qui avait coutume de dire qu'avec une âme intrépide, pure et droite, on obtenait tout ce qu'on voulait de la part des Africains. Parti le 25 juin 1806 de Chipamba, sur le lac Moero, M. Weatherley parcourut en bateau ce premier lac jusqu'à son extrémité méridionale. Il mit pied à terre près de l'embouchure du Louapoula, et longea d'abord, en. prenant la direction S.-W., le pied des monts Konde Lungu. Il avait avec lui 260 Ouaouembas,Siaoua et autres indigènes. )863,

De l'extrémité sud de cette chaîne, le voyageur tourna brusquement à l'Est, et traversa en écharpe le plateau, haut de 4 ooo pieds, qui sépare les lacs Moero et Bangouéolo.Il eut beaucoup de difficultés à traverser la dernière partie de ce plateau, habité par les Miéri-Miéri, qu'on lui avait dépeint

sous des couleurs effrayantes, sans ébranler sa confiance intrépide. Il eut raison, car il arriva sans dommage, le 20 août, en face du grand lac, sur lequel il s'embarqua, à bord du Vigilant, dans le port de Karma. -Il se dirigea vers la pointe Sud du lac, marquée par l'embouchure du Louapoula supérieur. Un vaste étendue de marécages succède au Bangouéolo dans sa partie inférieure, et se confond avec lui. Le lac luimême est très peu profond jamais la sonde n'y descendit à plus de i5 pieds. Le sable du rivage est d'une couleurtrès blanche, ce qui ajoute à sa beauté par un constrate avec le bleu azuré des eaux, tandis que le sable du lacMoero est jaunâtre. L'explorateur visita avec soin les Iles Sirni, Kisi, etc., qui sont grandes, bien cultivées et habitées par des populations hospitalières et intelligentes dont il nous fait une description tout à fait idyllique. Partout où il se tournait, dans la foule des pécheurs et paysans accourus pour lui faire accueil, il ne lisait sur les visages qu'un sourire de bienveillance et de confiance candide. Il les quitta à regret et en a emportant leur image gravée dans son cœur pour explorer les parties septentrionale et orientale des lacs, ainsi que le lac Chifoumanli, séparé du Bangouéolo par une très mince et très longue langue de terre, et toucha le 22 septembre t8o5, à son point de départ Karema, achevant ainsi son très intéressant périple, qui nous montre quel merveilleux théâtre la civilisation européenne verrait s'ouvrir à son extension, dans ces pays fertiles et peuplés de naturels aussi bienveillants que bien doués au point de vue de l'intelligence. Mais on peut craindre que là, comme ailleurs, les premiers effets de la civilisation ne soient plutôt de corrompre et de faire disparaître les indigènes.


Notes sur la Vie birmane

(~).

Voici la ~M des notes sur la vie des Birmans, que nous avons commencées dans notre précédent numéro. Celles-ci sont relatives aux costumes des ~tnM~M, à leurs jeux d'adresse et à leurs danses M curieuses.

LES Birmans appartiennent à

!a race mongole, et sont

bouddhistes. Leur plus grande contrariété est d'être appelés Hindous; ils n'ont que de la haine pour ces voisins. Quoiqu'ils se trouvent maintenant sous la

domination ..J an-

il y en a de ronds, de longs, d'étroits. Les cheveux sont touffus et noirs hommes et femmes les ramènent en chignon au sommet de la tête, et les retiennent par un peigne. Les hommes portent un turban en soie, enroulé bles

ils ne

diversement sui-

peuvent oublier

chacun; les femmes, par contre,

glaise,

qu'ils ont

vant le goût de

vaincu

autrefois les Hindous, et les n)é-

ornent souvent

leurs cheveux de fleurs,de peignes et d'autres parures, qui font tout le tour du chi-

prisent profon-

dément. Bien que bouddhistes sincères, et ils n'observent pas très scrupuleusement les lois de leur religion concer-

gnon.

Chez

les

jeunes filles, la tête est complètement rasée au sommet, sur une largeur de plusieurs doigts

nant lésa) iments ou autres prescriptions de même nature. Les castes, en parti-

Au-dessous, les

culier, n'existent pas chez eux. Le Birman

cheveux forment comme une cou-

tranquille, porté

également ramé-

ronne, et sont

est d'humeur

néspourétretor-

GROUPEDE DANSE,

à la gaieté, et tillés en chignon. D'après HM~ photographie. aimable jusqu'à Les yeux la flatterie, mais non jusqu'à l'importunité. Les hommes ne sont pas obliques, comme chez les autres Mongols; quelque chose de plus indolent que les femmes ont ils sont souvent très grands et très beaux. Les sourcela se voit même à leur extérieur. Les femmes sont cils sont noirs et très peu échancrés. La bosse du beaucoup plus petites que les hommes et pleines de front qui, dit-on, est celle des couleurs, est en forte grâce. Les hommes sont assez grands, bien faits pour saillie chez eux; et le goût qu'ils montrent dans leur la plupart, mais souvent maigres et nerveux. costume pour les couleurs voyantes n'est pas pour Les deux sexes se distinguent par l'extraordiinfirmer la théorie de Gall. naire élasticité de leur corps et de leurs membres. On Les os maxillaires sont proéminents, mais pas dirait, à les voir se plier et se replier sur eux-mêmes,* autant que chez les Malais. Le nez est large en général; qu'ils n'ont pas de vertèbres. Tout en eux est grâce, la bouche est grande, mais souvent gracieuse. souplesse, et même coquetterie innée. Les visages glabres sont en majorité. Les barbes, Chez eux la forme du crâne offre des variétés notad'ailleurs, sont clairsemées et peu décoratives; elles A

TRAVERS LE M<M<DE.

?3'

LiV.

?

53.

3t décembre t8c)8.


pendent mélancoliquement. Mais cette absence de barbe a souvent une cause rien moins que naturelle les jeunes gens épilent soigneusement leur menton dés qu'il y pousse le moindre poil, afin de paraître jeunes plus longtemps. Cette habitude finit, au bout de quelques générations, par devenir une particularité natu-

j'en ai vu de 50 centimètres carrés de surface et même de plus grands. Ils ont quantité de bagues et de bracelets.

Leurs pantoufles sont si peu recouvertes qu'elles cachent à peine les doigts de pied parfois aussi elles sont fixées par un ou deux cordons de couleur, à égale relle. distance du talon et des doigts. Ceux-ci, grâce aux Les doigts sont très minces et éveillent l'idée saillies de leurs articulations, empêchent les cordons de sortir du pied. d'une grande fragilité. Ils sont souvent reliés l'un à l'autre par une membrane palmée d'une largeur d'un Dans leurs différents exercices de sport, les hombon pouce. mes portent comme unique vêtement le turban et le La paume des mains et la plante du pied sont caleçon, tous deux de même étoffe. Ils jettent même le second loin d'eux, dès qu'il leurdevientà charge. Mais sujettes à de fortes sueurs; quand les Birmans marchent pieds nus, ils laissent sur le sol, à chaque pas, une emon n'a pas du tout l'impression de voir des hommes preinte humide quand on leur serre la main, on sent nus, tant leur peau brune ou jaunâtre est recouverte de tatouages. D'autres tatouages isolés ornent la partie qu'ils l'ont toujours moite. supérieure du corps, et même la paume des mains. Les doigts du pied sont très longs et ont des articuLes Birmans, nous l'avons dit, sont d'humeur lations aussi souples que les doigts de la main; il n'est sereine et insouciante. II est vrai que par rare de voir des Birmans capaleurs yeux noirs, brillants, profonds, bles de soulever des objets avec leurs semblent jeter des regards mélancolidoigts de pied qu'ils remuent avec mais, dès qu'ils vous voient et ques une adresse étonnante. vous parlent, ces naturels ne respirent Les hanches des femmes sont plus que vivacité d'esprit et gaieté aussi étroites que celles des hommes, inaltérable. J'en ai connu qui avaient ce qui nuit à leur beauté, et ce qui fait presque l'air de fantômes on leur souvent confondre les deux sexes par aurait attribué la faculté de se rendre les Européens. invisibles, tant leur être semblait Le costume est pittoresque, et immatériel. Leur œil largement oule choix des couleurs révèle beauvert a un regard particulier, qui coup de goût. Hommes et femmes semble dépasser l'horizon des choses portent un long châle, qu'ils enrouvisibles. Je n'ai rencontré nulle part lent autour des hanches comme une ailleurs des physionomies pareilles. draperie. Les hommes, ayant de préIls poussent très loin l'amour de férence des châles très longs, peuvent la propreté corporelle. Chaque jour, à volonté s'en envelopper tout à fait ils prennent un bain froid, après ou le jeter négligemment par-dessus lequel ils. se massent tout le corps JEUNE FEMME, les épaules, ou enfin le porter sur le avec de la poudre de bois de santal. D'après HHc ~/t0~o~'r~tte. bras, d'un air majestueux. Le bas du Les femmes sont en général très châle est cousu en forme de sac et habiles dans les travaux manuels. Quant à l'homme, s'il leur sert d'ailleurs de poche. Les hommes portent en n'a pas vécu dans un cloître un temps déterminé et n'a outre une petite jaquette fermée à larges manches, de couleur blanche, noire ou brune, ces dernières, d'ailpas fait d'études religieuses, il est regardé avec mépris. Une prescription de Bouddha demande, en effet, à chaleurs, doublées de blanc; elles sont rattachées par devant à l'aide d'un cordon blanc. cun de ses adeptes de passer un certain temps dans la contemplation des choses spirituelles. Les jaquettes des femmes sont faites d'étoffé fine, Ces cloîtres bouddhistes, dans leur organisation brodées de fleurs en fils de soie de diverses couleurs. Ces jaquettes sont très ouvertes par devant elles n'ont et leurs prescriptions, rappellent tout à fait les couvents catholiques. Aussi longtemps qu 'un jeune homme qu'une couture aux côtés. Sur les hanches, elles se terminent en forme d'ailes un fil d'archal fixé sur le bord y demeure, il doit porter l'habit jaune des prêtres, avec il ne extérieur de ces ailes les maintient toujours en l'air, et ses cheveux coupés ras et son visage rasé doit regarder aucune femme et étudie les sciences et donne à la démarche de celles qui les portent quelque les belles-lettres. De la sorte, chaque Birman sait au chose de très léger. moins lire et écrire dans sa langue maternelle. Un corset de couleur uniforme, le plus souvent Beaucoup d'entre eux connaissentaussi l'alphabet rouge, couvre la poitrine; des paillettes le décorent, latin j'en ai connu quelques-uns qui parlaient et écriainsi qu'une quantité de colliers de perles de toutes vaient assez bien l'anglais. dimensions, dont quelques-uns descendent au-dessous de la poitrine. Les manches se ferment étroitementsur Pour saluer, le Birman se déchausse, se met à le bras. Des agrafes de diverse nature ornent les artigenoux, incline le front vers la terre et applique sur le culations des doigts. sol la paume de ses mains. <9~oMM~ signifie Monsieur, et ils n'oublient jamais Les deux sexes portent des boucles d'oreilles. s de mettre ce mot devant leur nom, tandis que les Hommes et femmes agrandissent peu à peu le trou par femmes, jeunes filles et enfants, sont désignés indifféoù passe la boucle dans le lobe de l'oreille, de sorte qu'ils peuvent y suspendre des ornements volumineux; remment par le mot (9~).


montra ses bras nus et lui dit: « Sentez comme j'ai chaud, quand vous vous gelez dans vos épaisses fourrures. »

Le jeu des balles a ceci de surprenant que ceux qui s'y livent ne se servent pas du tout de leurs mains. On ne se rassasie pas de ce gracieux spectacle.

DANSEUSES,

D'après

M)te

photographie.

Les divers jeux corporels des Birmans sont un spectacle du plus grand intérêt, à cause de l'incroyable souplesse de leur corps. Mon étonnement fut excité au plus haut point lorsque je vis que leurs luttes corps à corps ressemblaient, à s'y méprendre, aux luttes suisses, qu'en Europe on croit particulières aux Bernois et aux Appenzellois. Je veux donc parler ici un peu longuement de ces jeux de force et d'adresse. Quand les lutteurs birmans entrent en lice et quand ils quittent l'arène, ils saluent le public de la manière que je viens de décrire. Avant la boxe, ils assouplissent leurs membres avec une étonnante habileté, ils s'agenouillent, lèvent d'abord une jambe, puis l'autre, saisissent leur pied qu'ils tiennent dans la main, battent de la cuisse l'avantbras correspondant, frappent dans leurs mains, etc. Quand ces préparatifs sont terminés, les jouteurs crient

Chaque joueur de balles (j'entends les professionnels de ce sport) a sa manière à lui de lutter d'habileté et de souplesse. L'un lance et reçoit la balle avec la pointe du pied, l'autre avec la cuisse tendue, le troisième avec le front. D'ailleurs, pieds, genoux, épaules, dos et jambes servent à l'occasion. Jamais on n'a vu plus merveilleux déploiement de muscles. La balle tombant de très haut est reçue par un des partners en~ il la fait rouler tout les deux cuisses doucement jusqu'à ses genoux rapprochés, et, dans un bond prodigieux et plein de grâce, il la lance fort loin. Son adversaire la reçoit sur l'épaule, la fait glisser sur son dos et sur sa jambe repliée en arrière, puis d'un coup de jarret il la lance en l'air; ou bien encore il la reçoit plusieurs fois de suite sur le front, puis sur l'épaule rapprochantalors ses bras, il y laisse rouler la balle qu'il lance avec force en l'air pour la recevoir de nouveau sur le front. Je ne parle ici que des tours les plus intéressants, que j'ai vus moi-même; mais les Birmans en inventent toujours de nouveaux, ils improvisent parfois dans lecours de leurs jeux. Tous y prennent part avec plus ou moins d'adresse. Ils se rassemblent, le soir dans les rues, à des endroits déterminés et appropriés,et a!ors commence la joute. J'ai vu un jour un professionnel jouer à la balle avec une de ces grosses cruches d'argile dont les Birmans se servent pour aller chercher de l'eau. En la soulevant des deux mains, je la trouvai très lourde mais, dans les bras maigres et nerveux du Birman, elle semblait avoir perdu tout son poids il la tançait et la

adversaires: «Je suis un homme, viens et lutte à mort avec moi. » Alors le combat commence; mais il

à leurs

ne met pas enjeu seulement les mains et les bras les jambes s'agitent, les coups de pied et les crocs-en-jambe sont de

la partie.

Après le combat, vainqueur et vaincu se détachent l'un de l'autre, secouent la poussière qui les couvre, et, se mettant en position, s'écrient « Recommençons ? boxe et la lutte sont choses sérieuses là-bas, et se terminent très souvent par la mort du vaincu. Au premier aspect, ces hommes ont plutôt l'air frêle et délicat; mais ils ont une extraordinaire force musculaire et sont très résistants. Un jour, une Européenne plaignait un Birman qui avait l'air tout transi. Alors il retita ses manches,

La

GROUPE FORMÉ POUR

LA

DANSE,

D'(Ï/'?'(~ ~MC~0~fÏC.


recevait comme une plume. H la faisait tourner autour comme de voir tourner et pirouetter leurs deux petits de son dos, entre les jambes, en avant, en arrière, puis corps si gracieux elles s'inclinaient à droite, à gauche, la recevait toujours avec la plus grande sûreté, mais en avant, en arrière, en marquant la mesure par un mouvement indescriptible du cou et des articulations sans que je pusse voir comment, sur l'avant-bras ou des mains. Elles agitaient leur mouchoir, le balanl'arrière-bras ou sur l'index étendu. Après l'avoir fait çaient de mille manières, avec une grâce et une tourbillonnercomme une toupie surlapbinte du doigt, coquetterie inimitables. il la faisait rouler le long du bras, remonter, redescendre, étant lui-même tantôt à genoux, tantôt debout. Un poète avait composé les vers que chantaient les deux charmantes petites danseuses Je voudrais maintenant dire quelque mots des danses des Birmans. Ce qu'itsappetlent « 0 jeune homme, quel est ton désir? Nous te prions de ne plus ainsi ne ressemble,pas du tout à nos danses européennes,' mais plutôt à nous suivre. Vois, nous sommes des enfants nous nous sommes guidées nos jeux d'enfants. Dans le Tein Pive, jusqu'ici d'après les conseils de notre par exemple, qui est leur danse natiomère. Beaucoup de grandes personnes nale, la musique, le chant et le mouveillent sur nous avec vigilance, auvement du corps concourent étroitement à un effet d'ensemble, dans un cun homme ne doit nous solliciter, ni rythme très accentué. Le buste se nous appeler. C'est pourquoi, vat-en » balance et se plie, les bras se tendent, s'abaissent, se recourbent. Quand, Ces danses sont proprement dans un orchestre, la grande cliquette des figures de ballet les danseuses la toute de bambou marque mesure, se heurtent et se fuient, s'inclinent la société frappe dans ses mains, tout l'une vers l'autre, puis l'une loin de manière à former en se groupant de l'autre, saisissent les plus longs de gauche jambe variées, la des figures leurs colliers de perles et les tiennent légèrement soulevée par derrière auhorizontalement, étendant les bras la danse, dessous du genou. Pendant autant que le collier le permet, en se chante. COIFFUREDEFLTE, on renversant ou en s'inclinant. L'exUne de ces chansons dit en trême souplesse de leurs articulations D'après MM~ ~0/0~'f~~t€. leur permet toutes sortes de mouvesubstance ceci ments dont nous n'avons aucune idée et qui ressem« Le désir de savoir nous a fait sortir de notre blent aux ondulations des vagues. patrie et du cercle des nôtres, jour et nuit, le chef PAULA KARSTEN. mais nous ressentons au veille fidèlement sur nous plus profond de notre cœur le cuisant regret de la Les patrie perdue. Ma jeune amie, tends-nous vite la main, nous dirigerons nos pas vers la patrie. La, la, la, ~\N va poursuivre avec activité la continuation des » grands travaux de drainage, la réfection du barAu début de la danse, les groupes se forment sur rage du Nil, la construction de l'immense réservoir quatre rangs, un danseur, une danseuse, un sauteur, d'Assouan, bref, toutes les mesures qui, depuis quelque une sauteuse le dernier de la série est un enfant. D'atemps, ont été prises pour l'utilisation plus complète bord, ils s'agenouillent pour faire le salut traditionnel des merveilleuses ressources qu'offre le Nil. II ne faut ensuite, ils soulèvent leur buste, et l'inclinent à droite pas oublier que c'est précisément par le moyen des ainsi que les deux bras, puis à gauche à chaque institutions internationales, encore solides en Egypte, changement de position ils frappent brusquement dans que s'accomplissent ces travaux. La caisse de la Dette leurs mains. Là-dessus, ils se relèvent, appuientalternaa donné pour le drainage 256 ooo livres sterling en tivement une main sur la hanche, tendent l'autre bras crédit spécial, et 261 ooo pour être dépensées en de côté et inclinent de nouveau le buste à droite et à )8c)8. Elle a fourni ;~) ooo livres pour les réparations gauche. Puis Hs tournent sur eux-mêmes et s'avancent du grand barrage du Nil. au pas, toujours surquatre rangs,en soulevant la jambe Pour tous les travaux entrepris par le gouvernegauche. Alors les rangs se confondent pour former ment égyptien, on semble maintenant décidé à ne plus diverses figures, comme, par exemple, dans nos quatolérer que l'industrie et le capital anglais. Si, comme drilles. Les bras s'élèvent et s'abaissent, battant l'air il est probable, le chemin de fer est poussé de l'Atbara comme deux ailes. Le mouvement principal conjusqu'à Omdourman, ainsi que le demande lord Kitchesiste en un demi-pas en avant, en un demi-pas en ner, il n'est pas douteux que ni l'industrie française, ni arrière. Ils soulèvent entièrement le pied droit et le l'industrie allemande,,ni L'industrie belge ne seront adtalon du pied gauche, en marquant toujours énergimises à y concourir. On parle d'un pont de 400 mètres quement la mesure. Enfin vient la salutation finale. sur l'Atbara, et dont les constructeurs seraient désignés Tous ces mouvements sont pleins d'une grâce extrême. d'avance en Angleterre. Les danseurs birmans s'efforcent surtout de maDans un iécent discours, qui a fait quelque bruit, rier jusqu'à les fondre l'unedansl'autre, musique, danse lord Salisbury a donc pu déclarer que l'Angleterre ne paroles. et prenait pas officiellementl'Egypte sous son « protectoJ'aimais particulièrement une danse que j'ai vu rat ». La mainmise de l'Angleterre sur ce pays ne exécuter par deux petites filles. Rien n'était drôle s'en accomplit pas moins.

Travaux publics

la.

en Egypte


Les Bethmalais. Leur origine supposée. Leurs coutumes. Tour du Monde a signalé dernièrement l'existence LE L en Corse d'une petite colonie grecque, celle de Cargèse. Il se pourrait qu'il y eût également dans les Pyrénées

tandis

une colonie de même provenance. Mais

que pour

La ressemblance du costume des Bethmalais avec celui du paysan de Morée vient corroborer deux autres observations sur ce petit peuple La grande beauté des Bethmalaises, célèbres dans toute la contrée pour la régularité de leurs traits, la blancheur de leur teint, et le grand développement de leur angle facial, caractères par lesquels elles diffèrent complètement de leurs voisines. Elles ont enfin le type grec très accentué, et l'on peut croire, en les voyant, qu'on se trouve en présence d'un îlot de race grecque, dont la pureté se serait conservée à travers les âges. Un deuxième fait remarquable tendrait à confirmer cette supposition, à savoir le langage. Le Bethmalais fait usage, comme tous nos paysans du Sud-

Ouest, du patois gascon; mais certaines phrases, certaines locutions ont une tournure grecque incontestable. La manière

vivre des Bethmalais est demeurée absolument primide

Cargèse on sait de façon sûre et positive comment ce centre s'est créé, on en est réduit à de simples suppositions pour attribuer aux habitants de la petite

tive

simples innova-

tions civiHsées, telles qu'assiettes ou chaises, leur sont choses inconnues. Les lits, à Bethmale, sontt encore d'une élévation fantastique. Devant cha-

commune de Bethmale leur origine grecque. En tout cas, les Bethmalais forment par leurs mœurs et leurs coutumes un petit monde à part, qu'il est intéressant de signaler.

«Lesvieillardsbethmalais, dit Joanne, portent encore la pe-

nos plus

lit, le ou les occupants ont

que

unemalleservant

d'armoire, laquelle, le soir venu, sert à monter à l'assaut de la

Terre promise. HOMME BETHMALAtS,

FEMME BETHMALAtSE,

Une véri-

table coutume D'après des photographies. tite calotte rouge patriarcale, fort et le gilet blanc jolie, s'est conservée. Elle vaut la peine d'être notée. bordé d'écarlatequi les font ressembler aux paysans de accouchée, chaque commère nouvelle il Quand très bon de une costume y a Les Bethmalaises Morée. ont ta un sorte de ber. dont le bavolet blanche va voir le petit nouveau-né, lui chante une goût. Elles portent une coiffe déshonorée si elle ne lui ceuse, et comme elle se croirait retombe sur leurs épaules et que surmonte un petit laissait pas un souvenir de sa visite, elle pique une épinbonnet rouge orné de rubans noirs ou bleus leur gle à son maillot. Et c'est ainsi qu'à la fin de la journée justaucorps est rouge: leurs jupes sont rayées de rouge première le bébé ressemble à une pelote d'épingles, au et de blanc; leurs sabots se terminent par une pointe fond du moïse rustique qui lui sert de couchette. recourbée comme les souliers des Chinois. » Le Bethmalais se montre d'une déférence vraiment Non seulement les vieillards, mais encore lesjeunes touchante envers le vieillard, et il l'honore comme aux hommes du Bethmalais portent le costume décrit par Chaque matin le soleil levant voit les antiques. temps les serrée Joanne. La culotte courte est aux genoux pâtres rassemblés au milieu de leurs troupeaux, et alors mollets sont emprisonnés dans de grandes guêtres de camarades nomment l'ancien ou le âgé, plus le ses que pieds sont Leurs cuir ou de drap fortement tendues. vénérable, adresse une invocation au Ciel. parle dont pointus sabots chaussés de également ces Il n'y a pas bien longtemps que, voyant venir Joanne, sans signaler pourtant qu'ils sont absolument l'âge, pour en éviter les infirmités, les vieillards se dépourvus de talons et plats de la proue à la poupe. précipitaient, au soleil couchant, en chantant un Quant aux femmes, leur costume comporte, outre ce hymme de mort, dans un des précipices situés à la base qu'a décrit Jeanne, un fichu de soie à carreaux, croisé du Montvallier, du Montcalm ou de quelque autre à la ceinture, mais laissant le devant de la poitrine géant pyrénéen. Courage spartiate, s'il en fût, coutume bien découvert.


païenne assurément. mais serait-il téméraire de lui donner une origine orientale? Une singulière coutume d'ordre religieux est celle qui a lieu le dimanche des Rameaux. Chaque fidèle se rend à l'église muni d'un marteau. Lorsque le prêtre a fini de lire son épître à haute voix, toute l'assistance s'incline vers le sol, et les marteaux maniés énergiquement font résonner les dattes du saint lieu. Cela pour imiter le trot de l'âne portant le Christ vers Jérusalem. A trois reprises différentes, ce trot se cadence et remplit de son bruit toute la petite église. Tout le long de la chaîne pyrénéenne on rencontre encore quelques anciens usages survivant dans nos temps modernes. C'est non loin de Bethmale, mais dans un coin tout à fait perdu de la montagne, que se trouvent Ercé et Ustou, communes fort pauvres, où l'on éduque les ours pour les livrer à l'exportation. Les ours forment la dot des filles; le tabellion du lieu les porte sur le contrat aussi bien que le trousseau de la future. Dans chaque maison il y a plusieurs oursons généralement on y rencontre autant d'oursons que d'enfants, ceux-ci inculquant divers talents à ces pensionnaires bruns et laineux. A côté du cochon, installé dans un petit appentis touchant la maison, sont enchaînés les ours et les oursons des propriétaires. Certains dimanches il y a grande animation dans ces villages, car c'est « la ferrade ». Parvenu à un certain, âge l'ourson doit porter sur soi la marque de la servitude à laquelle l'homme l'assujettit. Et alors chacun amène son pensionnaire sur la voie publique,où l'exécuteur des hautes œuvres de l'endroit lui perce la mâchoire supérieure, en arrière des dents, a\MC un fer rouge. Le dernier anneau de la chaîne avec laquelle le pauvre animal devra danser et faire des grâces sera passé dans ce trou, qui, par la manière barbare dont il est pratiqué, a déjà causé la mort de plus d'un sujet. Toutes ces pratiques sont vraiment curieuses. Elles n'indiquent pas, il est vrai, une civilisaticn très avancée. Le progrès n'a pas dit son dernier mot dans ces contrées reculées. Le chemin de fer transpyrénéen, dont on parle de temps à autre, contribuera peut-être à entraîner ces populations vers le progrès.

trois points d'eau Madji Choumir (53° kilomètre), Voi (i6t°), Tsavo (2 il*), et Mtoto Andei même (261°). Le sol est couvert partout d'une brousse inextricable, et coupé de ravins. Les fortes pluies tombées en avril et mai i8oy (t mètre pendant ces deux mois) ont emporté une partie des travaux de terrassement en outre, l'épidémie de peste qui règne en Inde a interrompu l'immigration des coolies. Néanmoins, le tronçon initial de Kilindini à Voi a été livré à l'exploitation le t$ décembre 1807 celui de Voi à Mtoto Andei l'a été le 20 août de cette année. La longueur totale actuellement exploitée est donc, de 261 kilomètres. Il y a 13 stations entre les deux points terminaux; les plus importantes sont Madji Choumir et Voi, celle-ci à environ 500 mètres au-dessus du niveau de la mer. II y a chaque jour un train dans l'une et l'autre direction. Partant de Kilindini à huit heures et demie du matin, on atteint à cinq heures et quart de l'après-midi Voi, où l'on passe la nuit. On en repart le lendemain à sept heures, pour arriver à onze heures et quart à Mtoto Andei. En déduisant les haltes, la durée du trajet est de onze heures et demie à l'aller, de dix heures un quart au retour. La vitesse du train est donc de 2p kilomètres environ par heure. Le prix du trajet est, suivant les trois classes à l'aller, de 60, 3o et 5 de roupies au retour de 63, 20 et 5 roupies. Au cours actuel de la roupie, cela représente en troisième classe une dépense de y à 8 francs pour le voyage.

Amour-propre national. Le Venezuela et l'Atlas Stieler carte en six feuilles de l'Amérique du Sud de l'AtIa's L Stieler vient d'être interdite, par décret du 17 sepA

Le Chemin de fer

de l'Afrique Orientale Anglaise PouR faire suite à un article

publié dans le numéro du 22 octobre de cette année. nous donnons ici de A nouveaux détails sur la voie ferrée de l'Ouganda la fin de mars <8û8, on avait achevé le tracé de la ligne jusqu'au 42~' kilomètre, soit sur la moitié de sa longueur. On a eu de grands obstacles à surmonter. Envi-

t.

ron ~20 kilomètres sont tracés à travers un terrain défavorable de Mombaz à Mtoto Andei, il n'y a que ~1

Travers le !VoH~,

i8c)8,

pages 342-3~3.

tembre 1898, dans tout le territoire vénézuélien, parce que les frontières qu'elle indique entre le Venezuela et la Guyane anglaise ne sont pas conformes aux prétentions du premier de ces deux pays. Voici le texte du décret Ayant eu connaissance, par l'information de la Douane maritime de la Guaira, de l'existence d'une carte de l'Amérique Méridionale, dans lequel le territoire vénézuélien est représenté, dans la partie limitrophe de la Guyane Britannique, d'une manière contraire aux droits que défend la nation, et ayant dûment vérifié le point en question sur un exemplaire de ladite carte, le Président de la République en Conseil des Ministres a décrété H est absolument interdit d'introduire, de vendre et de répandre dans le territoire national la carte de l'Amérique Méridionale éditée à Gotha (Allemagne), ~K~M/-t~ in 6 Blattern in Maassotb von .y',00000 H. Ent warfen von a Petermann bearbeitet von


Habenicht und O. Koffmahn Les contrevenants à cette disposition seront jugés et punis conformément aux lois. Les Mitteilungen, éditées dans la maison Justus Perthes, qui est aussi l'éditrice de l'atlas Stieler, commentent ce décret en ces termes « Le gouvernement du Venezuela oublie, dans cette circonstance, que ce n'est pas la tâche du cartographe de décider quelle est la frontière de droit c'est affaire aux juristes et aux diplomates à la fixer. Le cartographe ne peut et ne doit représenter que les circonstances de fait; ainsi, il n'a, dans le cas actuel, qu'à

indiquer quels sont les territoires possédés en fait par le Venezuela et par la Grande-Bretagne. Dès que le gouvernement du Venezuela lui aura fourni la preuve qu'il exerce en fait la souveraineté sur les territoires auxquels il prétend, c'est-à-dire jusqu'à l'Esequibo, la maison Justus Perthes s'empressera de corriger ses cartes. En présence des nombreux conflits de frontières entre les Etats sud-américains, dont il n'est, pour ainsi dire, pas un qui n'élève des prétentions sur tel ou tel territoire possédé par son voisin, notre Institut géographique a adopté cette méthode représenter sur la carte les revendications de chaque Etat, mais ne colorier les frontières que d'après l'état de possession de fait, déterminé d'après les meilleurs renseignements qu'on puisse trouver. « L'acte du gouvernementdeVenezuela n'aqu'un .précèdent:c'esten Turquie, où les autorité sont interdit, il y a deux ans, l'entrée de toutes les cartes et de tous les atlas dans lesquels se trouvait le mot d'Arménie. Encore la Turquie peut-elle fonder sa décision sur des considérations de haute politique. Mais le Venezuela »

La consommation du Thé précédent article nous indiquions le thé culture à propager dans nos colonies, du moins dans celles, et elles sont nombreuses, qui se prêtent à cette culture.

ans un r~ comme

Il convient de dire qu'une circonstance particulière favoriserait le développement de cette culture le thé de nos colonies bénéficierait, sur le marché fran-

faveur vraiment exceptionnel. Alors s'élèvent que les droits de douane, à l'entrée en France, à 208 francs par too kilogrammes, pour lethé importé directement du pays producteur, et à 268 francs pour le thé ayant passé par un entrepôt d'Europe, ces droits se réduiraient à 104 francs par 100 kilogrammes pour les thés provenant des colonies françaises, soit une différence ou prime de o fr. 52; par livre sur les thés

çais, d'un tarif

de

étrangers. Jusqu'ici, il est vrai, on consomme peu de thé en France. Sur 1,050 millions de livres, production approximative annuelle, 521 millions sont exportés des pays producteurs en Europe. Les îles Britanniques de livres; la en consomment à elles seules 210 millions ce docu). Les M!«e!7<<Mg'e)!, de 1-etermann, qui publient ment en espagno), en reproduisent les fautes d'orthographe dans la citation du texte allemand.

Russie, 78 millions. En France, c'est tout au plus si la consommation du thé atteint i million et demi de livres par an, mais il faut tenir compte de la différence des prix alors qu'en Angleterre, par exemple, la valeur moyenne du thé, en 1804, était de 88 centimes la livre, chez nous elle variait, suivant la qualité, de 4' à 12 francs au 2 à 4 francs pour le gros et de détail. Mais le tarif de faveur dont jouiraient les thés français aiderait à répandre ce produit chez nous pour le plus grand profit des producteurs.

A. Bordeaux, ingénieur civil des mines.

l.es Mines de

l'Afrique du Sud. Un volume grand in-8. Librairie Dunod, 49, quai des Grands-Augustins.Prix 9 francs. de M. A Bordeaux est le fruit d'un séjour de < 'OUVRAGE années dans l'Afrique australe. Dans cette description géologique et minière des régions aurifères, on trouve le traitement des mineune foule d'observations pratiques surl'avenir économique de rais et des aperçus intéressants sur ces régions. Rhodésie et A. Bordeaux, ingénieur civil des mines. Transvaal. Un volume in-i8. E. Plon, Nourrit et Ce, · 10, rue Garancière, Paris. voici les impresl'ingénieur, PRÈS l'ouvrage technique de A sions du voyageur. On les lira avec intérêt. L'attention dernières de l'Europe a, en effet, été vivement attirée, en ces années, sur la Rhodésie et le Transvaal, dont les mines d'or ont causé au marché financier quelques incidents mouvementés. Le livre dont il s'agit est fait de notes pittoresques sur le pays et sur les habitants. L'Afrique australe, si peu connue jusqu'ici, possède un charme particulier que M. Bordeaux qui ne peuvent aller à a senti et qu'il fait partager ceux dans ces visiter les Boers et les Afrikanders; en outre, le abondantes, contrées, le sol est souvent riche, les eaux En l'Afnclimat admirable,et l'avenir économiqueimmense. de pionniers du pays où les nous faisant connaître la nature M. Bordeaux sert que australe luttent avec tant d'énergie, aussi l'œuvre de la colonisation. l'explorateur, E. Blin et M. Rollet de l'Isle. Manuel dede/ermtM~t procédés de levers rapides et de détail; astronomiquedes positions géographiques. Un volume in-i8 Jésus, avec 90 figures, modèles d'observations ou de carnets de levers. Paris, Gauthier-Villars, 1889. Prix 3 francs. et Rollet de l'Isle ont voulu donner, dans ce MJVÏ' Blin SMftttM~, sous une forme aussi élémentaire que marpossible, les notions indispensablesà celui qui, tout en parfois considérations des chant vers un but déterminé par étrangères à la géographie, veut recueillir les éléments d'une représentation exacte de ce qu'il aura vu sur sa route. Il suffit, pour comprendre ce S~ftu~, d'avoir quelques tout notions de géographie élémentaireet de trigonométrie; scientifique trop accentué a été sysce qui avait un caractère la tématiquement écarté. En développant, au contraire, l'applià partie pratique et en multipliant les détails relatifsprofiter les cation des méthodes, les auteurs ont pu faire leurs explorateurs novices de l'expérience acquise parparfois devanciers au prix de mécomptes nombreux et

trois

pénibles. l'emAu point de vue des observations astronomiques, du ploi du théodolite est seul expliqué, à l'exclusion complète habileté, certaine sextant. C'est que, en effet, il faut une obtenir par le maqui ne s'acquiert qu'avec le temps, pour niement de ce dernier des résultats comparables à ceux que 1 emploi peut donner facilement le théodolite. En décrivant les du sextant on n'aurait rien appris à ceux qui, comme

l'on aurait officiers de-marine, en font un usage courant, et débutants. compliqué inutilement cet ouvrage destiné aux


Pour les Voyageurs-Collectionneurs. des Insectes en hiver. est à peine utile de faire remarquer peut les guider pour trouver d'autres que l'hiver n'est pas un phénomène cachettes du même genre. Ainsi,un jolipetit huprestide, le Cose produisant simultanément sur toute la face du globe. ra'bus j~!<f~<;H: gite, en plein hiver, Dans les limites d'un même pays, sur les bords de la Loire, près de Digoin l'hiver est plus ou moins rigoureux sui- (Saône-et-Loire), dans la moelle des tiges vant l'altitude et suivant la latitude, et de Car/t'M fM/~ar; On trouve cet les insectes en sont diversement affectés. insecte en grand nombre au mois de janC'est de là qu'est venue, entre autres, la vier, en cassant les tiges de l'année préfameuse polémique entre des observa- cédente, à raison de deux ou trois par teurs du Nord de la France prétendant tige. Rien n'indiqueau dehors la présence que les fourmis s'engourdissaient pendant du petit animal, sinon un renflement qui l'hiver et n'avaient aucun besoin de nour- se trouve au col de la racine. L'insecte riture, tandis que les observateurs du se creuse une petite galerie dans la Midi affirmaient que les fourmis faisaient, moelle de la plante, que l'on peut consien prévision de l'hiver, d'amples provi- dérer, à juste titre, comme son habitat sions de grains. Les uns et les autres spécial pendant l'hiver et à l'époque de avaient pleinement raison, les premiers sa transformation. en ce qui concerne la zone septentrionale, Le même fait doit se reproduire les seconds en ce qui touche la zone pour beaucoup d'autres insectes. méridionale de la France. En dehors des fourmis, dont Cette influence variée de la saison avons déjà parlé, les hyménoptèresnous qui suivant la latitude s'exerce sur une foule passent l'hiver sont généralement des de faits de la vie des insectes et doit être femelles. Leur engourdissement n'est notée avec soin par les voyageurs. Ainsi, que relatif. J'ai été vivement piqué, en on a écrit d'une manière générale et j'ai plein hiver, par une guêpe qui s'était écrit moi-même en t8oo (Les c!w<:M<;MM réfugiée entre les brindilles d'un petit animales. p. 70) que le grand essaimage fagot de bois. des individus aiiésdes fourmilières a lieu Sauf des circonstances exceptionen juillet et en août, au plus tard en neiies,diptères, orthoptères et hémiptères automne, pour quelques espèces. Or, le périssent presque tous. o mars tSg;, au cours d'une excursion Parmi les fragiles névroptères, il y sur la rive gauche du Rio Segura, en aval a de curieuses exceptions. La Panorpe de Murcie, j'assistai à un essaimage hiémale CPtjHor~t /:)~Ha<M) se trouve en général de fourmis ailées de cette région. hiver, la dans le Nord de sous mousse, Donc, les dates habituelles d'essaimage l'Europe, dans et les Alpes à des fourmis ne doivent être données des neiges. Les friganes la hauteur et d'autres qu'avec des restrictions s'appliquant à névroptères se trouvent, à t'étnt de une certaine zone d'habitat, et ne peu- larves, dans les ruisseaux et les eaux vent, notamment, être étendues à l'An- dormantes. dalousie. Enfin, ce qui concerne les lépiEn novembre et décembre )8<)2, j'ai doptères, ensait général ils redoufait, sur le littoral de la Tunisie et de la tent le on la qu'en pluie vent et et sont beaucoup Tripolitaine une abondante récolte d'in- plus vifs par un beau soleil que par un sectes, analogues à ceux de la France temps à demi couvert. L'hiver ne sauméditerranéenne, insectes que cepen- rait donc leur être favorable. dant on n'aurait pu trouver dans les H existe cependant des espèces de mêmes conditions à la même époque papillons qui sont franchement hivernadans notre pays. les. Ce des Ces restrictions indispensables une femelles sontaptères,Phalenes, dont les sont ou plutôt n'ont que fois posées, voici quels sont les principes des moignons d'ailes. Telle est, par généraux de la récolte des insectes en exemple, la Phalène hiémale CP/;a/a'Ha hiver. Les premiers froids en tuent un ~rMHM<f!),quiéc)otverstaSn de décembre grand nombre les autres cherchent un dans le de janvier. courant abri et y demeurent dans un engourdis- ou La plupart des papillons meurent à sement plus ou moins profond et plus l'entrée de l'hiver. D'autres hivernent ou moins prolongé. ~c~</OMM</MteM<.Ce sont des individus Ce sont surtout les femelles qui qui, à l'automne, encore pleins de force, survivent aux premiers froids et cassent mis à l'abri sont du froid en des se l'hiver engourdies. réduits quelconques, naturels artifiLa plupart des coléoptères s'enfon- ciels, pour y passer la mauvaiseousaison. cent en terre. J'ai observé le fait, direc- Si l'hiver est particulièrement doux, tement, sur le Carabus mo)::<M, et de trompés par le soleil et la tiédeur de l'air, nombreux auteurs en font mention. ils croient le printemps revenu et reprenD'autres passent la mauvaise saison sous nent parfois leur vol. les écorces des arbres ou sous la mousse Enfin, certains lépidoptères hivertels les~/M/acrM. C'est là qu'il faut les nent normalement, le 'Z~ochercher. Certains choisissent d'assez t~ocer~ r/M~!M! par exemple, l'a démontré comme curieux refuges qu'il est bon de signaler M. de Rocquigny-Adanson. Ce papillon, aux collectionneurs, car cette indication bien connu par la coloration jaune de ses

La Récolte

ailes, se reproduit une fois par an seulement, au mois de juillet par conséquent, tous les individus que l'on apercevra, par exemple, jusqu'en juin t&~Q, sont nés en juillet 1898, aussi bien ceux qui se rencontreront à l'époque normale, au printemps, que ceux que l'on rencontrera à l'automne ou en plein hiver. C'est d'ailleurs peut-être le seul papillon que l'on puisse trouver vivant à toute époque de l'année sous notre climat. Signalons aux voyageurs collectionneurs que l'influence saisonnière est

extrêmement considérable sur certaines espèces de lépidoptères. Nous citerons, au hasard, I'~H//Mca~~e/M,le Po~om-

MM/M

/o</tœ,

le

/ca-)M

fo/er-

chon, etc., comme ayant deux générations dans la partie méridionale de la France, alors qu'ils n'en ont qu'une dans le Nord. Les produits des deux générations méri-

dionales présentent parfoisdesdifTérences

telles que quelques naturalistes en avaient fait deux espèces distinctes. Dans la zone intertropicale, l'hiver, tel que nous le connaissons,est remplacé par l'hivernage ou saison des pluies. Au point de vue de la recherche des insectes, ses effets sont assez analogues. Tous ces êtres s'efforcent de trouver un abri contre ses rigueurs, avec toutefois cette différence: alors que dans les zones tempérées, les insectes recherchent un refuge contre le froid, dans les régions intertropicales c'est à l'inondation et à l'humidité qu'ils cherchent à échapper. On sait que, sur le parcours des fleuves sujets à des débordements périodiques. les termites, plus prudents que les hommes, élèvent leurs constructions sur des monticules dépassant le niveau des plus hautes eaux. Il en est de même d'une foule d'autres insectes qui, au lieu de se réfugier en terre, sous la mousse, ou au bas des troncs, escaladent les arbres et se faufilent dans les cavités élevées où les pluies hivernales ne peuvent pénétrer. Nous n'insisterons guère sur ce point, car nous conseillons plutôt au voyageur de ne pas se livrera ses excursions habituelles pendant la saison des pluies. !1 devient alors pénible et dangereux de circuler dans les pays intertropicaux. Cette partie de l'année doit être consacrée au repos, au classement et à l'emballagedes échantillons, à la mise en ordre des notes. Il n'en est pas de même danslazone tempérée, où, au contraire, la saison d'hiver est, dans certains pays de l'Europe méridionale et de l'Afrique du Nord, plus favorable aux voyages et à la recherche des insectes que la saison d'été. Pour les explorations sur tout le littoral de la mer Méditerranée, on ne saurait choisir une meilleure époque de l'année. PAUL COMBES.


TA B LE

DES MATIÈRES

ET DES GRAVURES

sur-Cher). d'). tûmes. de). mer. vie).

(Lettrée)'). Harrar. Harrar. Harrar. hiver. l') Seattle. LeparcàSeattle.

Abyssinie Abyssinie (Impressions

du gouverneur à Djibouti Une rue principale de Cour intérieure d'une case abyssine à-

(TTmT') L'escorte

Un Arabe de

1.

Abordages (Les) en Aflou (D') à Laghouat en Alaska (Dans

(Er~)

Une rué de

l'). à).

Campement au départ de Seattie Poste de mineurs Alaska (Indiens et Esquimaux de (STm) Rue principale à Fort Wrangel Pionniers au Alger (Une cérémonie funèbre musulmane (CraS) Minaret de la mosquée Djema et Djedid. Mosquée de Djema el Djedid

travail

trait.

Algérie(Unechasseauchacaten).

Départ pour la chasse au chaca) Amazonie (La colonisation européenne dans AMÉR;c VESPUCE. Son acte de naissance et son por-' (cr5~)

l').

Anticosti(L'ited' d'Anticosti.

dante. btique). d'). (E&E)

Antibes

Carte de l'ile

(A.) La fête de la Bonne

(Em~Vued'Antibes

Mère.

Anvers (Le mouvementdu port d'). Sa marche ascenArgentine (Le Commerce français dans la Répu-

Arkhangelsk (La

foire Asie (Les traversées de Automobilisme (L') aux

l') colonies

(Le).

AvenArmand(L'). Baghirmi (Voy.

212

28; 28)

282

Baltique (Le canal entre

ta mer) et la mer Noire.. BAUD (La mission du capitaine) dans le Haut-Dahomey.

de). de). Berry(Vieittescoutumesdu). Capitaine Baud (E&E) Carte de la Boucle du Niger BÈHAGLE (Nouvelles de la mission Bénadir (La situation actuelle sur la côte tPortr]

(Eim) Château de Charles VII

(Mehun).

Bethmalais (Les). Lenr cuisine supposée. Leur cou(SnM) Homme

z83 284 276 182

Femme

village. Tatouages.

Birmane (Notes sur la

)3

;3 i3 53 53

206 94

3ç? 397 77 77 124

Jongteurs. femme.

7

334 [80 )65 )65

)65

38 )34 149 <49

nationale

Danseuses. danse. Danse

Jeune

de).

Groupe formé pour la Coiffure de Bizerte (Le pont transbordeur (SsB Pont transbordeur de Bizerte

fête

La

pont.

frégate-école l'

sous le

Iphigénie

f~ 42[ 42) 421 78

417 409

~;o 411

4);

417 418

4:0 4;~ 420 253

passant

résident de France Tonkin. [l'ortEJM.J.Boissiere. Pôle Sud).

BotssiÈRE (Jutes),

au

253 35[

35i

BORCHGREVINK (Voy.

Borgou (La mission

Vermeersch. (L'expédition

60 69

lieutenant Le lieutenant Vanutelli (E&E) Carte de la seconde expédition Bôttego. Bouillon (Le château

5 5

du capitaine VERMEERSCH au).

~p~') Capitaine

de). Estaeade.

BÔTTEGO jpMrtr.j

(Brav~

382

3o[ 206 348

et

Danseuse

1~4

174

40~

(STa~ Danse au

153

i55 t55 t?3 ;~3

bethmalaise. bethmatais.

Betsiléo (Notice sur la province

[M

CHARI).

Bahr-el-Ghazal

Berry (Bm~) Château du duc de Maillé (Châteauneuf-

Cisterni. Bouillon. château. et la mort de)

Le

Château de Vue du

PontsurlaSemoy.

1808. capitaine) et le lieutenant Capitaine Braulot

BRAULOT (Le

BuNAS.

LieutenantBunas. Brésil (Le du)aveclaFranee. !)'ortrj

commerce BRETONNET (La mission) au Moyen Niger (1896-1897-

du).

5

6 377 377 378 378 370 141

f~t

)4i t3Q

no

BUNAS (Voy. BRAULOT. CASEMAJOU

(Le

capitaine)

Capitaine Casemajou Chan-Si (Les mines de houille de la province chinoise Chari (Sur le) et le lac Tchad. Au Baghirmi. Succès de la mission !['ortr.!

GENTIL.

3~2 342

3)t

ia[


Chemins de fer en. Afrique

(Les).

(SE) Chemins de fer et télégraphes en Afrique. Chemin de fer de Beyrout à Damas Sra~ Maallaka

(Le).

train. (Le).

Voyageurs arabes

AlagaredeMzérib. la gare d'Aley A

C–

Départ du

Chemin de fer du Congo

(~rav) La voie ferrée du Congo, (E5B Carte du chemin de fer du Congo

Kong. (Les). (Les).

Chemin de fer du Congo belge (Inauguration du). Chemin de fer de la Côte d'Ivoire (Le). De la mer à

(E&E)

Carte de la Côte

d'Ivoire

Chemins de fer en Indo-Chine Chemins de fer Japonais (Srav)

Poronaï. Ouamizaoua. la ligne à

gare des mines de La gare de La

Une vue de

de Sapporo

Muroran.

Abri contre la chute des arbres, ligne de Sapporo à Poronaï

Chemins de fer de montagne (Les)

Californie. Pilate

(5rav) Le chemin de fer longeant le mont Lowe en

Le chemin de fer du mont Le chemin de fer du Hochstauffen. Le chemin de fer de' Darjiling dans l'Hi-

(Le).

malaya

Chemin de fer de l'Ouganda Chemin de fer de l'Afrique Orient" anglaise (Le) Chemins de fer de Rhodesia (E&E)

(Les).

Carte des chemins de fer du Sud-Afrique.

ChemindeferdeTientsinàPëkin(Le). (gra~ Gare de Lanchan Grand pont sur le Luan-Ho La ligne deTientsinàPékinpresdeLanfan Li-Hung-Chang, premier directeur des chemins de fer chinois et mandarins. formant son

état-major.

(Les).

Chemins de fer en Chine (Les) Chemins de fer de la Chine

Chine.

Kaleh.

287 23?

4' 4' 42 42

43 43

'i? )~

n8 )99

'8' 181

263 289 289 290 29)

I?

i? t8

Mont-Blanc. la)

les).

406 70 355 379

286 388 38o 95

tine. Séoul.

Congrès de géographie (Le) de Marseille Consommation du charbon (La) Corée (La) et la Question d'Extrême-Orient. (SmO

coréens.

Séoul grande rue menant au Palais royal Vue de

Soldats

Mandarin coréen

d'Hiérapétra.

Crète (En). L'occupation (EraV) Porte est de la ville turque d'Hiérapétra.

d'Hiérapétra.

Bords de la mer dans la ville turque

Culture du thé (Ce que rapporte la) Dahomey (Voy. BAUD). Dawson-City (Voy. KLONDYKE).

<83

du). Dorât. sion. en).385 fusillade

Une

Egypte

(Un

tour

et

(iBra~Deir-e)-Bahari. Poignard de la princesse Isit

Grand. hypostyle.

Collier de la princesse

358

en).

Rham~ës.

Médinet-Abou, chasse de (Travaux publics Etats-Unis (Les forces maritimes des) et de l'Espagne

cuirassés de premier rang.. Espagne cuirassés de premier rang Etats-Unis cuirassés de second rang et croiseurs cuirassés de second rang et Espagne croiseurs

(Gra~) Etats-Unis

cuirassés. cuirassés. garde-côtes.

nières. nières.

Espagne: garde-côtes. croiseurs

Etats-Unis:

auxiliaires et canon-

i34

3<o 137

t37

t38 i38 t39 393 385 386 387 388 393 394 395 396 420 [5?

15i i5? t5? t5? 15?

!5~

'5?

croiseurs auxiliaires et canon-

Etats-Unis: torpilleurs Espagne: torpilleurs

Ethiopie (Les frontières de l') réclamées par Ménélik (E&E)

<34

Ramses-le-

Karnak, la Cour des bubastes Karnak, la salle Louxor, temple d'Amon générateur

Carte de la région

éthiopienne.

Expansion coloniale française (Vingt ans d), 1878-

.O~a. Ftoride(La). Hôtel. 1898

(E&E) L'Afrique française

française.

[5?

iS? 157

389 389 85

M

L'Indo-Chine Expédition allemande dans les régions antarctiques Expédition arctique (L') de la corvette allemande

86 255

Extrême-Orient (mœurs d') Faïence (La) dans l'Asie Centrale

366

Port-Tampa. phosphates.

(~~) Tampa-Bay

de). Syrie. demain.

Mine de Forêt vierge dans la

France (La) de

GARNIER(Francis). Son

286

Khnouniit.

Embarquement à bord du

90

s85

Dorât.

Réception d'une commune pour l'Osten-

89

92 285

i63 i63

i?5

Djibouti (A). La mission Dorat (L'ostension (~mv) Eglise du La garde de l'église du

89

9'

162

LÉONïtEp.

militaires

Fort-Dauphin (La région France (La) en

287

161 161

349

382 404

marine.

tôt i6t

DEjoux (Le lieutenant), de l'infanterie de tportrj Le lieutenant Dejoux Delagoa (La cession de la baie de) à l'Angleterre.. <SE) La baie de Delagoa Désarmement (A propos du). Le taux des dépenses

3ott

Coins de France (Voy. SCAER). Colonie grecque (Une) en France (Cargëse). Colonies (A quoi servent Colons français au Mexique Commerce anglais (Le) Commerce (Le) entre la Russie et la France. Son Commerce français (Le) dans la République Argen-

Morro à la

Cuba

Espagne

'42

stagnation.

fort

de)

Etats-Unis

Code laotien (Aperçu du)

état de

Après le

3)3

3of

Maximo Le Carte de

Cavalier

20 79

Soukoum-Kaleh.

Chemin de fer du Chine (Relations de la France et de Chine (Un menu de .repas en) Chique (La) ou puce des Sables

Owj

19

3<5

(EEB Chemin de fer de

(E:&E)

348 342 422 29 29

Maréchal

<~<)

845

Carte indiquant le tracé des chemins de fer de la Chemin de fer (le futur) de Vladikavkazà Soukoum(E&E)

fpm=tF)

292

345 346 347

BIanco. Gomez. Havane. espagnol. combat.

Cuba (La situation politique

SM%)

Flonde.

Paris. Garnier.

monument à Monument de Francis

GiLEs(Ernest). GiRAUD(Victor).

3t8 t5o i?7 177 178 179

!8o 3o2 119 196

277 277

GENTIL (Voy. CHARt).

poHr)

Victor

Giraud.

62

390 390


au). Voulet. au).

Gourounsi (Les Français

Chanoine. Guerre et l'Amérique Lettre dant des Etats-Unis. Guinée Française(La). rponr.! Le capitaine

Le lieutenant Grand Lac salé (Cinquante années (La).

d'un correspon2)4 et

branchages. Pont de lianes sur le Mongo

(cravj

Pont

de

Femme cardant et femme

Hadg

filant

Hauts fourneaux des indigènes (Une excursion à l'oasis de la) ou El Hota,près

Hadg. Sultan. mosquée.

d'Aden

sur). la). sur).

(5rav;) Panorama de la Notre courrier d'Aden à la Hadg Le palais du

La

Haï-Nan (Notes Havane (Les cigares de

Helgoland (Notes

(Sr~) Panorama d'Helgoland à vol d'oiseau

(L').

costume. l'île

Pêcheuse d'Helgoland, Pointe septentrionale de

Helgolandais. Anglais. Hudson'~a baie coloniaux.

d'). Caféier. Gironier. RaphiaTœdigero. Cacaoyers. Carte central. Mosquée. Fanal. Kassala. égyptien.

HENDERSON (La

mission). Samory et les

navigation de la

Ile .de sable

21 2<

371 372

209

200 2H 23

)5q

io5 io5

du Maghreb (En~ La Kaala des

Beni-Hammad.

Château du

à).

Khartoum et le Soudan

sirdar Kitchener Carte de la région du Haut-Nil <E&E) Kiao-Tchéou (La baie de) et son Hinterland. Kiao-Tchéou (Les Allemands [P5rtH Le

Klondyke (Au). Dawson-City

Klondyke(Lavieau). Kouang-Tchéou de) (La baie t~H et (E~E) Carte de la baie de Kouang-Tcheou LACOUR (Théodore). Explorateur, résident de France à Savalou

!portr.]

(Haut-Dahomey). Théodore Lacour

Lam-Biang (Sanatorium de) LÉONTIEF (Voy. Djibouti).

(.travers).

2

3 3

33 33 34 35

36 63 3<7

3)? 3)?

(Erav~ Tour de Bélem Un coin du vieux

Lisbonne

Porte du château de

Cintra

Place de Cintra Londres (Une explication de l'étymologie Madagascar (A). La prise d'Ikongo (5rav) Rainakitamanga, gouverneurde'Sasinaka, notre allié, et sa femme L'arbre dit du voyageur Togufeno, notre allié, chef des sorciers

de).

Tanalas. Belemaka.

205 205

4)2

à).

273 273 274

57 57 58

Madagascar (Les missions catholiques Magyars (Recherchedes origines des) Manifeste chinois (Un) contre les Européens. Marburg. Vieilles cités allemandes (Srav:)

L'église

Marburg. sainte.

Sainte-Elisabeth

Château de

'Lemausolée. Lachâssede la

5ç 247 247

412 249 249 250

25; 2~2

CartaiUer.

Pierre levée de Tumulus de Rez des Combeaux

d'Auvergne. Coupelles et Pierres à sacrifices. (Sra~) Rez Chatelus. (Pierre à sacrifices.).

Boles. humide. Biche.

Rez des Grands

Pierre Le rocher de Le rocher du

Mékong (La

la

Cheval

navigationdu).

(EraQ Le Mékong au sud des chutes de Kh6ne. Stung-Treng, vu du La passe de Pla-Sedam aux hautes eaux.

Mékong.

MÈNÉun (Voy. Traité et Éthiopie). Mer Jaune (Les positions navales de la) (~~) Port-Arthur, entrée du port Port-Arthur, le cuirassé chinois Yuen au bassin du

n3 et Chen-

radoub. FortdeTai-Lien-Wan. «

Port-Arthur, entrée de la rivière, au fond de la Passe. Faubourg (ESK) Carte d'ensemble de la mer Jaune (Brav) Fort de Chao-Pei-Tsouï explosé par les Chinois le3o janvier !8ç5.Canon démonté par un Fort de Liou-Kiou-Tsouï, dégâts de son

dépeuplé.

duel

obus.

avec

le

Ting-Yuen

Presqu'île nord-ouest de Wei-Haï-Wei, fort de Loung-Ouang-Miao Rade de Weï-Haï-Weï. Le warfdeLou-

Kong-Tao.

Mexique (Voy.Colons français). Mont-Cenis (Une excursion au col (Era~

du). Parrachée.

Lanslebourg et la Dent Maison de refuge n° 22. Au fond, glacier

de

la

bas. i884. Vannoise

centrale.

Lac du Mont-Cenis, partie Hospice du col du Mont-Cenis Montmartre (L'église Saint-Pierre de) «~rav) Plan de l'abbaye d'en haut et de l'abbaye

d'en L'abbaye en Calvaire derrière Saint-Pierre Vue de la tour élevée rue Marcadet Pierre trouvée dans le sol de l'abbaye..

276 307 57

sanctuaires. Cartailler

Rez des Combeaux avec les Maux-Fentes. Mégalithiques (Monuments)du haut Bourbonnais et

275

Un épisode du désarmement de la popula-

tion de

(~rav)

]5o

2.45

M. Alfred

Mascate (Notes Mégalithes d'Auvergne.Tumulus et

292

LIOTARD (Voy. MARCHAND).

Lisbonne

[Es~EJ

30

3o8 246

sur).

MARCHE(A)fred). Marche.

t08 [66 238

et).

(La marche des missions Liûtard <SE) Le Soudan égyptien et le Bahr-el-Ghazal

107

Jardins (Les) d'essai

Kalaa (La) des Beni-Hammad

Tiraitteurs congolais faisant l'exercice du

)0&

127

;2) i23

canon.

a;rav3

210 211

Mort de Mabiala

~portr.)

M) 369369 370

i2; t2i

mission) au seuil de

Capitaine

t5 29

l'Afrique. Marchand. M.Leymarie.

MARCHAND (La

a.

Mimétisme (Le) Mystères bretons (Au pays des). Le saint

«

GwénolénàPtoujeanMorlaix. 32tet

en<888.

Le cimetière et l'église de Ploujean. Le théâtre de Ploujean pendant la représentation du < Mystère de saint Gwé-

35o 359 4 241

24[ 242 243 244 65 65 65

66 67

68 49 49

50 5f f29

n3 n~ n5 ;i5

u6 )62 <3o

t3[ )32 257 25? 258 25c)

25ç 337 33? 338 33o 33<)

340 413 329

3:! 322

323 324 329

Mystère de saint Gwé-

Ploujean. Unescènedu'MystèredesaintGwénolé". noléi)àl'école de

mourir.

Thomas dit Parkic, le barde acteur breton.

Naples (La phrase Voir) et

3?3 3?3

Mystère de

(Snm) Pont-viaduc de Morlaix Les sonneurs de biniou annonçant la fête. Acteurs du Mystère de sainte Tryphine

nolé Une répétition du

ni

330 331

332 223


Martine.

Naples ~Le musée San Martine à' (Sa~ Château de San

la).

Martine. «Presepe.

(Brav3 Aspect d'une poire attapar l'aspidiotus perniciosus. quée (Ems) Aspect d'un rameau envahi par les larves de l'aspidiotus perniciosus

2t-

Carrossedegala.du'Municipe*

Eglise San

Pou de San José (Le)

2~ 218

2!ç

220 Crèche ou Navigation (La sécurité de ;25 Navigation (La) à voiles. Le cinq-mats France 120 (iBra~ Le bateau à voiles à cinq mats France.»

295

du).

Navire-Amphibie (Un)

l'eau. desrails.

en Danemark

«

et <E&E)La délimitation franco-anglaise dans 206

l'Ouest africain

Position de Rachgoun, à l'ouest du département d'Oran Raïatéa (L'expédition (~y) L'aviso-transport Aube (ESE)

«Papeete.

La goélette de l'Etat Le croiseur < Duguay-Trouin

Ciure. Rockall(L'i[otde).

La compagnie de débarquement du "Dugay-Trouin Rainier (Une ascension du mont). Mort du professeur Mac RHODES (M. ) et la création de la Rhodesia

213

2t3~l

Nil~~esmissionsversIeHaut- i5

Haut-). 55

réservoirs. Nitghiri(LesTodavasdu). Nil (Les droits de la France sur le Nil (L'aménagement des eaux du) au moyen des

<~r~)

fpS!~ M. Cecil (Sra~)

i58

46

)a) d'Auckland. partie du domaine..

Nouvelle-Zélande (Notes sur (~) Patàis de justice

AibertPark. rose L'hôpital et une

La

Terrasse

atiemande). Orégon(Un'< Lac Cratère-dans)'). Carte du lac Cratère

Océanique (Une expédition

Wizard. Cratère.

(E&E)

(Rr~) L'He de Monceau de neige dans le Cratère. Les bords du lac Pas-de-Calais (Existe-t-il de la houille dans le; Paysans norvégiens (Chez les) ~rav) Sur les bords du Ranenfjord (Vaita~

(Srav)

)<:)3

à).

(La dernière expédition du lieutenant) (Era~) Embarquement de la météorite Pékin (Une révolution de palais Philippines (La situation politique de~ ) h'mir.! Amiral Montoio Le général Augustin y (E&E) Carte de t'ile de Luçon et de la baie de PEARY

L)av<)a.

à). stituée.

Maniite

Phosphates (Rôle des) dans la

nature

Pôle (Comment atteindre le) ? Opinion de ttansen..

Pôle Sud (Vers le). L'expédition BoRCHGREv;NK. Pompéi (Une visite 353-et (Sra~) La casa nuova ou maison des Vetti reconPlan topographique de Pompéi Squelette d'un chien Compas et balances de Pompéi Plan en relief de Vases en verre colorié de Pompéi Empreinte d'une Objets de cuisine de Population (La) de la Frarce

!()5 196

Sainte-Hélène

383

10 11t 12

(Voy.

)33

9' 97 98 99 100

3t )0< io<

357 35? 3,5?

126

2o3

365 189

tço 61

6) 35o 265 265 265 265

230 228 32? 36) 353 354 355 356 '362

304

3ç i

(Le). Un dangereux parasite de.'

293

mâle adulte et

2c;3

246 29?

297 298 299 3oo

HENDERSON)

Seaer. de). Gatlet. Loury.

3;9

(Era~) Les lutteurs à

357 93 93

Sierra-Leone (La situation à)

142

Scaër (Luttes bretonnes

de

arbres (Bray) Aspidiotus pernioosus

(A). Briars. le).

SAMORY(Lafuitede). SAMORY(Lacapturede).

SAMORY

9 q

JAUNE).

fruitios. femelleadulte.

Pou de San José

i33

20;

(Erav) Maison de l'Empereur à Longwood Cascade de Rue centrale de Jamestown Un cottage dans l'intérieur

Port-Arthur(LesRussesà). 38) Carte du golfe Petchili 38; (E&E)

3<)6

(enceinte). 20! Foouar. 202

Sahara (Dix semaines en ballon à travers

25 25 26 27 28

femme. 363 Pompéi.

MER

Somalis

294 333 333 333

SeddrataetKsir(tacour). 204

Pompéi. 36)

Port-Arthur (Voy.

Guemoula

Bou

Château de l'Oued El Ladjira

t8c)

OSE) Carte routière du Nordland méridiona)..

t'Est. L'itôtdeRockattvuduNord.

L'ilot de Rockall vu de

mort du docteur) au pays des Sahara (Les villes mortes du)

!Q3

La hutte du chef d'un village lacustre Hutte dans un Un village de la Nouvelle-Guinée. Village

Rhodes

SACcm (La

arbre. n).t lacustre.

Nouvelle-Guinée (Villages lacustres et aériens en).

de). s.x.

Rachgoun, port de guerre et de commerce.

4o5

Niger (Voy. BRETONNET,. Niger (La convention franco-anglaise pour la boucle du)

(Erav) Le papyrus Prisse d'Avesncs Pyrénées (Une curiosité dans les)

)5 )5 46

«Svanen"

ractes

!)'nr<r.)

45

Svanen sortant de Le a Svanen roulant sur Coupe schématique du Niagara (Le passé, le présent et l'avenir des cata(Era~ Le

(L'égyptologue). Prisse d'Avesnes (1807-1879).

PRISSE D'AVESNES

294

à)

Sikasso (Les morts

fp5nr] Lieutenant Lieutenant Skaguay (La ville de) en Alaska

Somalis (Voy. SACon). Soudan Français (Les écoles

au)

Soudan. Baoulé. miel.

221

22) 7

40

tô9 et

i85

Pirogue sur le Les indigènes pilant le (E~p:) Carte du Soudan ~ra~) Pirogues cousues du .Niger Un coin du poste du Sahel, construit par

'7"

Soudan (La France au) de i863 à )898 (Erav) Paysage du

tirailleurs

'69

'7'i

)73

i85

les Chefs de la région du Faranah avec leur suite et leurs

griots.

)8b

fait le service de Bafoulabé à Dioubéba

)88

au). français.

Le~LoustalotLaclette'~maehinequi

Soudan (Le bœuf d'attelage

Bœuf d'attelage au Soudan Soudan (L'organisation du) g!ra\3

Sous-Ie-Vent(Lesiles). de femmes

prisonniers. brousse.

(SraD Groupe d'enfants et

L'ilot des Case indigène dans la

187

229 220 254

8t 8t 82

CaseindigeneàRaiatéa. 83838t Repas

polynésien. sur le). '7 Centrale. 37

Spitzberg (Prétentions de la Russie SvENHEDtN (M.) dans l'Asie (ESB Carte du voyage de M. Sven

Hedin.

Tahiti(Lavanillede).

3? 286


Yukon (La géographie et les ressources du bassin du).

Taï-Lien-Wan (Voy. MER JAUNE). Télégraphe (Le futur) transcontinental africain.

325 325

transafricain.

futur télégraphe Télégraphiques (Les communications) dans le 269 et monde (SEE) Réseau des télégraphes sous-marins dans (E&E) Le

le

monde.

Terres arctiques (Explorations danoises dans les). Thé (La consommation du) Tientsin(Voy. CHEMINS DE FER).

278 269

ruines. Forum.

(BraQ Ensemble des Le

Todavas (Voy. NILGIIIRI). Tombe de 'Chateaubriand (A la)

Combourg.

a Tachkent

73

et

)). du). Kirghiz

Sampans annamites et jonques chinoises. Le village annamite de Hongay Tonkin (Monographied'un chef de pirates au). 225 et (E&E)

(~rav)

Le

De-Tham. défense.

Plan-type d'un repaire au Yen-Thé

défense.

Système de Système de Les trois zones du Tonkin Femme délivréeaprès la prise de Bau-Cuc.

Thé. tranchée.

Village du Yen Une (E&E) Plan du village de Ban-Cuc Tonkin (Une ville de bains de mer au). Do-Son. TRAITÉ (Le) de l'Angleterre avec MENEUR Tramways électriques (Les) à Pékin et à Séoul..

du). (En). chatelier.

Transsibérien (Etat actuel Touraine CGra~ Le

paitlé. avec). de). Stieler.

Une vieille tourangelle Un bonnet Joueurs de vielle et de

clarinette

Vancouver (Relations VASCO DE GAMA (L'anniversaire du voyage Venezuela (Le) et l'Atlas Verdelet (Le). Une lie en feu (EraQ

Une ile bretonne en feu

VERMEERSCH

«

le Verdelet )).

Procession du jeudi saint à Vinça

Vladikavkaz (Voy. CnKMtNs

4~3

et

'35 145 74 75 76

)5 t.)6 ;47 )48 3oS 3o5 306 307 233 225 226 227 227 228 233 284 235 236 245 84

Conseils aux Voyageurs

LMAuM~n~~s. L'ALASKA. Texte

LES HERBORISATIONS

EN

ArlUQUE

48

LES MOYENS DE SE DÉFENDRE CONTRE LES MOUSTIQUES DE LA MANtÈHE DE S'ORIENTER EN VOYAGEANT. 96

24 56

et

72

et

104

LA DETERMINATION PRATIQUE DES ALTITUDES AU COURS DES

l36

VOYAGES LA GËOCRAP!)IE ROTANtQUE. L'AIRE D'HABITAT

DU

PALMŒR

200 POUR LES VOYAGEURS COLLECTIONNEURS.RECHERCHE, CAPTURE ET CONSERVATIONDES INSECTES, 208, 232, 264,

272,

3i2,356,400,

L'EXPLORATIONDES

et

CAVERNES. D'INSECTES.

PIQURES ET MoRSUKES

IMPORTANCE DE L'ÉTUDE DES FAUNES

4~4 240 352

INSULAIRES.

360

t~ Bilan des Explorations en cours

Texte.

40, 80, 120, !6o, 192, 256,

3o.1

et

et.

376

t~ Les Revues Etrangères

198

3M ~Of

40) 402

Texte

403

403

8

RENSEtGFŒMKNTS POUR UN VOYAGE AUX MtfŒS D'OR DE 16 et

32, 64, 88,

212 159 422

34; 34;

(Voy. BORGOU).

Vinça (La procession du jeudi saint à) (Pyr.-Orient.~ (Erav:)

26) 262

village.

prières

(Rra~) Baie d'Along

fPEHFl

l59, [67, ;75, ;83,19!, !99, 207, 21,5, 223, 23t, 239, 247, 255. 263, 27;, 27Q, 287, 2ç5, 3o3, 3)t, 3i9, 327, 335, 34.3, 35;, 35ç. 367, 375, 383, 391, 399. 407, 4'5

198

76

Elèves sartes et chef des Elèves dounganes Le tombeau du mort Les gamins du Itarka Ma tente

Cartes, 7, !5, 23, 3!, 39, 47, 'o3, 111, 127, i35, 143, i5t,

'97

musique. éco)e.

L'instituteur d'une

Tonkin (L'archipel

BIBLIOGRAPHIES Livres et .55, 63, 71, 79, 87, 95,

197

73

(Erav) Ecole normale kirghize Un professeur de

Une famille de

ZiNTC.RAFF(Eugene).

26;

(Erav) Tombeau de Chateaubriand Le château de Tombeau d'Osiris (Découverte du)

rectinéeduKtondyke.

Yun-Nan (Vers le). La route de Lao-Kay à Mong-Tse.

4~3

Timgad(Lesfouii)esde;

Tomsk (De)

222

(SE) Carte

309 Soc 260 62

109

)09

DE FER).

Levants i'crret. Imp.

n2,

128,

328. 344, 368, 392

i52, 176, 184, 224, 248, 280,

296,

et

4'6

L'Armée autour du Monde Texte 144, 168, 216, 288, 320, 384

CRÉTÉ DE L'ARBRE

408


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