A travers le monde - 1899

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A travers le monde (Paris. 1895)

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A travers le monde (Paris. 1895). 1899. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : - des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. - des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisationcommerciale@bnf.fr.


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TRAVERS LE MONDE


LEVALLOIS-PERRET IMPRIMERIE CRÈTE DE L'ARBRE 55, rue

Fromont, 55


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TRAVERS LE MONDE AUX PAYS INCONNUS. DANS LE MONDE DU TRAVAIL. CONSEILS AUX VOYAGEURS. LA LUTTE ÉCONOMIQUE.

PROFILS DE VOYAGEURS.

MISSIONS POLITIQUES ET MILITAIRES.

EXCURSIONS.

A TRAVERS LA NATURE

GRANDES COURSES DE TERRE ET DE MER

PARMI LES RACES HUMAINES.

QUESTIONS DIPLOMATIQUESET POLITIQUES. BILAN DES EXPLORATIONS EN COURS, ETC.

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LIVRES ET CARTES


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F~nKM d'essais.

DANS la mise en exploitationdu domaine colonial, on s'est attaché surtout, jusqu'à ce jour, à la création des Jardins d'essais ayant pour objet l'étude des plantes, des méthodes de culture et de récolte, des moyens de dissémination et d'utilisation.

Tout le monde<.

est temps d'envisager cette question sous toutes ses faces. Dans nos colonies, comme en France, l'élevage est le complément obligé des cultures. Il faut des animaux pour préparer le terrain qui recevra )es grains de mil, de maïs, d'arachides, de tabac, de coton, etc. Sans doute,

place'.

Il

jusqu'à ce jour,

reconnaît mainte-

l'indigène du Sénégal a procédé à ces plantationspar

nant la nécessité de ces

Jardins.

L'âge de l'agriculture aux colonies

les

les plus simples; il gratte la terre avec un

entre dans sa pleine évolution. Il n'y a qu'à cons-

moyens

morceau de bois

tater le mouve-

recourbé, et

ment toujours

graine semée ger-

croissant vers la

me

création de plan-

soins.

tations.

Ce sont les femmes qui effectuent ce travail.

Mais on

s'est

peu préoccupé, en France du moins, d'une question qui a sa très grande

importance, au point de vue de

CHEVAUXET CAVALIERSGADERIS (PÉt-tUN DU LOGOKn),

D'après ~H<?~o~o~'r~cde M. Bonnel de ~c~t~rc~.

l'agriculture colocelle de l'étevage. Je ne saurais cependant me dispenser de signaler une remarquable étudede M. Chaniale

ron, vétérinaire en premier à Madagascar, parue dans la Revue coloniale, sur les prairies et l'élevage du bœuf dans le Haut-Boeni 1. Le Bulletin du Comité de l'Afrique française publie aussi particulièrementsur le Soudan des études agricoles très documentées et fort bien rédigées, où les questions d'élevage tiennent une grande i. Voir T~yMe co/oMM~, 24, 28 avril 1898.

31

mars, 7, i~,

21

et

la

sans autres

Mais qui dira que les rendements ne seront pas plus importants le jour où le Soudanais

emploiera des

bœufs pour la préparation de ses cultures, ainsi que le font les Gallas de l'Afrique nord-orientale? « La principale richesse des Gallas, dit Paul « Soleillet', consiste en troupeaux de bœufs, de mou« tons, de chèvres et d'ânes. Ils se servent, pour labourer, « de la charrue, bien connue des anciens Egyptiens, à i. Voir les Renseignements coloniaux supplément au Bulletin, t898, n" Notice agricole, industrielle et commerciale sur le Soudan, par le capitaine Ballieu. Éthiopie, p. 266. 2. Paul Soleillet, Voyages e)t


«

laquelle ils attellent des bœufs et quelquefois des

ânes.

»

L'emploi des animaux dans la création des vastes exploitations n'est pas moins nécessaire. Le défrichement suppose l'enlèvement de troncs d'arbres et de broussailles on ne peut pas partout employer le procédé usité dans quelques colonies de l'Afrique équatoriale, et qui consiste à brûler sur place tous les débris végétaux élagués. Il faut des animaux pour le transport des récoltes. Demandera-t-on indéfiniment au travailleur indigène de transporter sur sa tête un poids très réduit de récolte et l'on sait la ronchalance 2~ à 30 kilog. qu'il apporte à cette opération. Si, dans les petites exploitations, l'organisation du travail peut se faire surr ce système, parce que les distances à parcourir de la

plantation au ma-

gasin sont relativement très courtes, il n'en est pas de même dans les plantations qui

couvriront

des

centaines et des milliersd'hectares. L'emploi des ani-

maux

réalisera

et les éléments de leur meilleure utilisation. Le chemin de fer seul assure l'exploitation, mais au risque de razzier et d'appauvrir le pays. Or, veut-on savoir quelle richesse constitue l'élevage dans un pays ? Voici un exemple: La population rurale de la Cyrénaique–Ou)edAli, Abéidats, Harabis et Mogaraba se livre à l'élevage en grand, et l'on évalue à i~,oyo,ooo le nombre de têtes de bétail existant dans la province de Barka. Ce bétail se décomposecomme suit: moutons, 6 000 000;

chèvres, 2 080 ooo chameaux, 5 ooo ooo bœufs 50 000; chevaux, 20 ooo. Donnez à ces animaux les valeurs moyennes suivantes, par tête moutons, 20 fr. chèvres, 30 fr. chameaux, 300 fr. bœufs, 300 fr. chevaux, 400 fr.

vous obtenez comme valeur

totale le chiffre de un milliard sept cent cinq millions de francs!

Un colonial

doué d'un esprit superficiel pourrait me répondre que ces indigènes

ont obtenu ces

résultats sans être guidés par aucun

une économie de

directeurdeFerme

temps fort appréciable. Il viendra même un jour où l'animal, :u Heu

d'essais. A quoi il est facile de répliquer qu'ils ont bénéficié d'une éducation héréditaire dans ce sens ce sont des pasteurs que, si leur élevage était, sans qu'on quittât

de porter,traînera

Ee~!e!1t lac w9-

gonnets Decau-

-et

ville. en suivant les rails installés CiïEVAFX ET CAVALIERSGALLA', dans les princiD'j/'r~ MHe/tO~o~ttc f~e~. c~/H~ ~.L~(. pales avenues. brusquement les Il faut un troupeau pour subvenir à l'alimentatraditions et les coutumes du pays, perfectionné protion, non seulement des Européens qui, dans la plupart gressivement par les méthodes scientifiques, la valeur des cas, seront installés loin de tout point de ravitaillede ce bétail augmenterait facilement d'un tiers. Ceci ment, mais aussi des travailleurs indigènes qui seront est indiscutable, ou alors il faudrait nier les progrès employés, par équipes plus ou moins nombreuses, aux considérables réalisés par l'élevage en Europe. travaux de défrichement, de plantation et d'expédition Pareille richesse vaut donc à tous égards qu'on de ces récoltes. L'on n'a qu'à se louer d'assurer une se préoccupe, suivant les cas, ou de sa conservation, bonne alimentation aux travailleurs indigènes. ou de son augmentation, ou de sa constitution. 11 ne Ces vérités commencent à être connues et parfois suffit pas de savoir que dans telle de nos colonies il y a appliquées le moment me paraît donc venu de reprendre telles et telles espèces animales; il faut encore s'inquiéter de savoir dans quelle mesure elles sont utilisées une proposition que je faisais en [8c~ pour la seule colonie du Congo français, et de la généraliser. par l'indigène, si les soins donnés par celui-ci sont bien ceux qu'il faut, si d'autres espèces ne peuvent pas Il s'agit de la création, dans nos colonies, de être ajoutées à celles qui figurent déjà dans la colonie, Fermes d'essais qui, dans l'outillage colonial, auront et ce, soit par importation, soit par domestication. un rôle analogue à celui des Jardins d'essais. Ces deux L'animal domestique sert à deux buts il exécute instruments ont pour but de faire le relevé et l'étude des travaux pour l'homme, il lui fournit son alimentation des richesses naturelles de la colonie, et la création de ou son habillement. ces deux instruments est aussi urgente que celle des Tous les animaux domestiques, ou ceux qu'on voies de communication, routes, chemins de fer, navigation, qui sont les instruments de l'exploipeut leur assimiler, rentrent dans l'un ou l'autre de ces buts, et souvent dans les deux. tation. L'exploitation d'un pays ne peut se faire d'une manière méthodique et rationnelle que lorsque l'on Jetons un rapide coup d'œil sur nos colonies. Au possède, par l'étude, la nomenclature de ces richesses point de vue de l'élevage, les peuples qui les consti-


HŒUrSDULOUDt~AËTAtGRETTEs(cORDSDUKtAR!),

D'cT/Tt~ ~?~

~O~r~~C

JI. ~H~t~!J; chef ~C poste du CO/~0.

tuent diffèrent grandement les uns des autres. Tel utilise l'éléphant et le bœuf depuis des siècles, tel autre se contente de les chasser. Au Soudan, l'indigène a des troupeaux au Congo, le nègre fétichiste n'a que des cabris et des poules qui errent dans le village ou dans la brousse avoisinante au gré de leur fantaisie, quêtant

leur nourriture sans que jamais-ou bien rarementla main du noir la leur procure. Les Foulbés de l'Adamaoua ont le cheval, les noirs du Haut-Dahomey aussi les Gallas ont constitué une cavalerie qui a sa valeur. Mais le cheval, en Afnque, n'a pas dépassé certaines zones. Il semble s'arrêter au 8** parallèle Nord et ne pouvoir s'acclimater dans les pays situés sous l'équateur. Cela lui est-il absolument défendu? Je ne le crois pas. Il y a des chevaux au Sénégal, climat chaud et sec il y en a au Thibet, climat froid il y en a en Indo-Chine et au Tonkin, climat chaud et humide; c'est donc un animal qui possède une aire très étendue. Faut-il croire que, si les essais tentés jusqu'ici n'ont pas donné les résultats qu'on en espérait, c'est parce que les animaux importés n'ont pas eu, pendant la période difficile de l'acclimatement, les soins vigilants et continus qui leur sont nécessaires ?J'ai vu deux chevaux au Congo français l'un était confié aux soins d'un jeune noir de !2 à 14 ans qui s'acquittait de sa besogne avec la légèreté de son âge et l'insouciance de sa race l'écurie était bâtie dans un coin de la propriété où l'humidité du sol avait toute son action malfaisante. L'autre animal était bien gardé par un noir, mais c'est un Européen qui procédait à tous les détails du pansage, qui surveillait la nourriture. Quant à l'écurie, elle était bâtie à flanc de coteau, avec un sol battu et surélevé; la litière était toujours propre et sèche. Résultats le premier claquait la fièvre, l'œil éteint et la lèvre pendante l'autre était fringant et brillant de santé, et le directeur de la plantation (lac

Cayo) pouvait le monter tous les matins et parcourir les chantiers agricoles. Mais, sur l'emploi du cheval dans l'Afrique équatoriale, je suis pleinement de l'avis de M. E. Meuleman, vétérinaire de l'Etat du Congo en tenant compte de l'absence des routes et de la' nécessité qu'il y a de donner au cheval une nourriture spéciale assez coûteuse, l'on peut dire que l'emploi du cheval ne peut être encore qu'une exception. Le développement agricole du Congo et des colonies analogues n'est pas suffisant pour permettre l'utilisation normale de cet animal. Si, cependant, il fallait poursuivre son introduction, il faudrait, je crois, procéder avec les chevaux de l'Adamaoua, que l'on multiplierait d'abord dans la Sangha, d'où ils descendraient vers Brazzaville et les plateaux batékés, pour de là être acheminés lentement et par étapes et stations vers la côte. C'est là, du reste, une route naturelle que l'on pourrait faire suivre à d'autres espèces prises dans le bassin du Tchad. M. Meuleman conseille l'introduction, par la côte, de la race barbe. Les races variées d'une même espèce domestique se sont établies lentement par un travail continuel de l'homme procédant par les croisements, par la sélection, par l'alimentation. Elles ont été constituées de proche en proche. Et l'homme demande à l'animal des services multiples qui fixent sa physionomie cheval de labour, cheval de trait, cheval de selle, cheval de guerre. La région géographique, à son tour, apporte ses modifications particulières et donne le cheval normand ou tarbais, le bœuf limousin ou la vache bretonne.

Or, dans nos colonies, le besoin d'une fixation des races les mieux adaptées à leurs besoins ne se fait-il point sentir? Faut-il laisser faire le temps et négliger toute recherche de progrès? Voici ce qu'a écrit le général Galliéni, un maître dans la science de


la colonisation « Les ânes du Kaarta sont de taille très petite. Ils sont, du reste, bien proportionnés,bien musclés, et ont le pied très sûr. Ils sont doués de qualités

vraiment extraordinaires, et on les voit porter des far-

deaux énormes avec une aisance, une agilité qui étonnent toujours. Il est regrettable que les indigènes n'aient pas encore songé à accoupler /'aM~ et /tt jument du pays, car tout fait ~eM~f que l'on o&<MM~ra/< ainsi d'excellents pro-

duits. Déjà les M:M~~ d'Algérie vivent beaucoup ~!MM.<; dans la région que les chevaux ~K Mf~M ~M)~, et l'on est porté <0!~ contrées ~«~ ces dans ~Of~ aà croire /M <!)!H;MM~ ~M! ~OC~M CM <:OM~'CM enK~ que ~!M les nzalsatizes, ots ils seraient, ~ar suite, tout à fait acclizztatés, ~<t~yaMM< les ~)/M~ grands Mr'U/CM non MM/MM~ aux indi~M, HMM encore a nos convois et à nos colonnes, dans un dépourvu de ~OtMM)TO!MM< ? » La nécessité de perfectionner les animaux domestiques est aujourd'hui com-

~f

risent le développement des vices et des tares héréditaires. Mais toutes les colonies ne sont pas dans un état de développement suffisant pour autoriser encore la division complète de l'étude à poursuivre et la multiplication des institutions. Pour beaucoup, lacomparaison entre les besoins spéciaux et les ressources propres n'a pas encore été faite l'on ne sait que très vaguement si telle région est propre à fournir des ànes, des bœufs, des chevaux ou des moutons. Il y a une longue série d'études et d'expériences à réaliser avant que le colon, présent ou à venir, puisse s'engager dans une entrepris: de quelque importance. jusque-là il sera livré à sa propre initiative et risquera, en face d'échecs dont il ne saura pas discerner les causes, de se décourager et de

tout abandonner.

Ce

jour-là, il répondra par des

prise dans quelques colonies, négations absolues à tout et l'on peut signalée des projet sur lequel il sera conpropositions fermes relatives sulté, il entraînera des adhéà la création des organismes sions à sa négation, et le proqui devront procéder à ce grès s'en trouvera retardé. perfectionnement tant désiDans ces colonies, il faut rable. uneinstitutionuniquequi sera Au Sénégal, c'est la le laboratoire où s'effectuecréation de haras qui est ront les essais préliminaires envisagée. A la suite d'une qui seuls peuvent guider mission dont il avait été le colon et lui économiser chargé dans cette colonie, temps et argent. La proposiM. Clauzel,sous-directeurdu tion de M. Clauzel a ceci de dépôt d'étalons de Saint-Lô, particulièrement intéressant, c'est qu'elle envisage l'éducaa adressé à M. le Gouverneur général de l'Afrique occidention de l'indigène. Applicable tale un rapport dans lequel au Sénégal, elle ne l'est pas il étudie les races chevalines au Congo. du Sénégal, les causes de leur Dans le Soudan même, dégénérescence actuelle et les à Tombouctou, par exemple, le serait-elle? Non. Et cepenmoyens à prendre pour les MÉIIARI, améliorer. M. Clauzel propose dant il y a là des populations D'après H;;e~to~o~r~[!e~e~. G. Cotn'/f~o~ de les croiser avec un type qui pratiquent l'élevage. Le Touareg a des troupeaux, il arabe, le seul qui puisse résister au climat du Sénégal. Une station d'étalons a des chameaux et il a des chevaux. serait installée à Podor, une autre à Dagana, un sont « Ceux-ci, dit le commandant Hourst haras serait créé dans le M'Bayar. Ainsi, par des saillies petits et laids, mais vigoureux. Les Touaregs les monbien réglées, les indigènes pourront obtenir de bons tent au moyen d'une selle en bois recouverte de cuir, poulains. Pour leur enseigner l'élevage rationnel, un épais tapis protégeant le dos de l'animal. Les mors l'organisation d'une jumenterie Clauzel demande M. sont en fer très bien forgé, la bride en cuir tressé; les arabe dans l'un des principaux marchés de chevaux du étriers en cuivre, très étroits, gros comme un bracelet Le personnel Sénégal. comprendrait un certain nombre d'enfant, donnent passage seulement au gros orteil du de grooms indigènes qui, par la suite, propageraient cavalier. » nos méthodes; le haras se trouverait de la sorte doublé Mais les populations touaregs sont d'un manied'une école d'élevage et de dressage. ment difficile la création de haras chez eux serait préGrâce à cette double institution, M. Clauzel espère maturée. Une Ferme d'essais attirerait simplement leur arriver à créer au Sénégal une race nouvelle capable de attention et exercerait lentement une salutaire influence. fournir des chevaux aussi bien aux divers services de Mais au moins permettrait-elle la recherche d'une cavala colonie qu'à la remonte de notre cavalerie. lerie, en chevaux et en méharis, adaptée aux besoins du corps d'occupation, d'abord, et des colons ensuite. Le haras, c'est l'institution particulière destinée à Elle étudierait aussi le perfectionnement des races poursuivre un but spécial, et dont la création est parbovines autochtones pour l'alimentation en viande et faitement légitimée et par les ressources de la colonie, produits lactés. et par l'état social assez avancé des populations qui (A l'habitent. Là il n'y a qu'à prendre un élevage déjà P. BOURDARIE. existant et à remédier, par une éducation spéciale, a Lieutenant de vaisseau Hourst Sur /eA~erc<a;; l'insouciance de l'indigène et à sa négligence, qui favopays des 7'OKttre~, p. 2t~.

~<


L'Aire géographique des Conquêtes de Samory MAINTENANT que Samory est captif et définitivement réduit à l'impuissance, il est intéressant de jeter un coup d'œil rapide sur la carrière de ce guerrier afri-

cain, que letémoignage même des officiers qui l'ont combattu signale comme remarquablement doué au point de vue mili-

Or, il est à noter que Sanankoro, lieu natal de Samory, était une communauté musulmane, entourée à cette époque d'autres petites communautés y~eM~. Samory ne disposait que de cinq cents guerriers, « lorsque Dieu lui ouvrit sa voie et lui ordonna de guerroyer contre les infidèles ». C'était vers i8y~. Ses premiers succès groupèrent autour de lui une armée de jour en jour plus forte. Il conquit successivement Foulomdimbé (dans le Konria, au nord-est de Sanankoro), Toron, Kouban, Hamana, et chaque fois que les habitants refusaient « d'embrasser la foi de Dieu », les hommes adultes étaient mis à mort, et les enfants tenus d'apprendre le Coran pour se convertir à l'Islam. « L'Almamy prescrivit que ces instructionsfussent toujours exécutées. » Il s'agit donc

bien d'une con-

quête religieuse. Le récit à la fois naïf et énergique du traitant

taire, et de montrer l'importance

mandingue rap-

pelle celui de

considérable de la

conquête de Cha-

zone géographique sur laquelle il

naanparjosué, avec les mêmes ré-

successivement étendu son action. Il est bien

pétitions « Tous les adultes furent

a

évident

que

massacres, les enfants obligés d'apprendre le

les

rapports détaillés publiés par nos officiers sur leurs

Coran et convertis à l'Islam o.

campagnes au

Soudan n'ont pas été suffisamment étudiés parles publicistes, même spéciaux, qui nous ont dépeint Samory comme un ra-vageur à la manière de Rabah, comme un nègre pillard, uniquement occupé de razzias. Outre ces rapports, il existe un document précieux dont l'origine même garantit la parfaite authenticité, et qui nous le représente sous un jour tout différent. C'est une notice biographique, écrite en langue arabe par Mohamed Sanfa, fils de Fodé Cobba, de la tribu des Kiati. Mohamed Sanfa est un traitant mandingue qui a servi d'intermédiaire commercial entre Samory et le comptoir de Sierra-Leone. Il était donc à la source des informations. L'original de sa notice se trouve actuellement dans les archives de la Société de Géographie de Marseille. Nous puiserons dans ce document instructif une partie des détails qui vont suivre. Les débuts de Samory ont été des plus modestes. C'est un nègre de race malinké, fils d'un simple dioula ou marchand de Sanankoro. Lui-même devint un important marchand à Bissandougou, et y acquit une telle autorité qu'à la mort du chef de ce village il fut choisi comme souverain.

la

A Mandan,

«

le peuple avait

embrassé l'Islam avant d'y être con-

traint. » En 1878, l'armée de Samory s'est renforcée.

Ilade

la cavale-

rie. Il marche vers le Niger, conquiert et convertit Koulou-Kolan

Babliah

Bibourne.

Puis il songe à conquérirle Ouassoulou. C'est un pays païen, comptant douze grands districts et possédant une forte armée. Le messager que Samory envoie aux habitants de ce pays montre bien quel esprit anime le conquérant

Si vous ne « Peuples païens de Ouassoulou demandez pas pardon à Dieu, si vous n'acceptez pas la religion de l'Islam, et si vous ne vous sonmettez pas

en abandonnant l'idolâtrie, je vous jure par Dieu qu'avant trois jours je vous mettrai en déroute ? Les Ouassouliens se crurent de force à résister, mais ils furent dispersés par la cavalerie de Samory. Son biographe

fait remarquer quecette fois « il n'yeutde

mort que ceux qui tombèrent sur le champ de bataille. Tous les survivants, grands et petits, furent placés chez les ulémas, qui leur enseignèrent le Coran et l'unité de Dieu. Ensuite il les enrôla dans son armée. »

Cette armée était devenue considérable. Kimbo


Ibrahim, frère de Samory, put aller jusqu'à Ségouà un mois de marche de Sanankoro- chasser Sikoro Ahmed-Ahmadou de sa capitale. Un nouvel élément allait entrer en scène. En 1881, le colonel Borgnis-Desbordesfitdemander à Samory de ne pas pousser ses conquêtes sur )à rive gauche du Niger, et au début de 1882 vint au secours de Keniéra, sur la rive droite, que l'almamy assiégeait. Samory incendia la ville et se retira vers le Sud, pour aller porter ses armes contre les peuples païens de l'arrière-pays de Sierra-Leone.C'est à la conversion à l'!s)am de ces régions, jusqu'au Tamisso, que s'arrête le récit de Mohamed Sanfa. Il résulte de ce récit que, par suite d'une entente, le Tamisso ayant été laisséà I'a)mamy du Fouta-Djallon ~v/wn' limite par l'almamy de Sanankoro, telle /t~ des Etats de Samory. Ils s'étendaient ensuite le long du Niger, depuis le Balia jusqu'à SégouSikoro. En t88~, Samory passa sur la rive gauche du Niger et menaça directement notre ligne de Kayes à Bammako. Battu par le commandant Combes (1885) et par le lieutenant-colonel Frey (t&86), il fut rejeté sur la rive droite. Le 25 mars i88(), le capitaine Péroz fit même accepter à Samory un traité nous assurant comme frontière le Tankisso depuis sa source, et le Niger de Siguiri à Bammako. Mais en !8ai, l'almamy attaqua nos postes du Sud, et le colonel Archinard, pour le tenir en respect, dut établir un poste avancé à Kaukan. En i8()2, le colonel Humbert continua à refouler Samory vers le Sud. Les rapports de cet officier rendent hommage, à chaque mouvement en avant, à l'habileté militaire de l'ennemi. Le 22 janvier, le colonel est obligé de tourner la position de Farabana, « très forte et protégée par des montagnes hantes escarpées qui dominent la route directe ?. Le 2~ janvier, combat de Baratoumbo.Lecolonel fait cette remarque: « Il faut encore reconnaitre que le choix fait par Samory de la position de Baratoumbo était excellent. D'une façon générale, partout )e choix des positions a été subordonné à l'existence d'un terrain à peu près impraticable à notre cavalerie. » Et il conclut « Samory, comme précédemment, montre une grande entente du terrain dans le choix de ses positions défensives et une grande expérience de la guerre dans la rapidité de ses mouvements et le changement de ses dispositions. Cette campagne se termina par l'occupation de Bissandougou et de Kérouané. En 18q3, le colonel Combes isola Samory de la colonne anglaise de Sierra-Leone, d'où il recevait des armes et des munitions, et le poursuivitjusqu'au bassin du haut Cavally. En décembre de la même année, le colonel Bonnier le refoulait également par le Nord vers les sources du Baoulé et dans l'arrière-pays de l'Etat de Libéria, d'où il tirait vraisemblablement ses ressources en armement. En t8o/)., Samory menaça le pays de Kong et l'hinterland de notre colonie de la Côte d'Ivoire, ce qui motiva l'expédition dirigée contre lui sous les ordres du colonel Monteil. Notre colonie fut préservée d'une invasion, mais

oee:

Samory conserva ses positions et étendit peu à peu ses conquêtes vers l'Est, jusqu'à dépasser le haut cours de la Volta Noire et à atteindre Oua, où son fils Sarankény Mory repoussa une colonne anglaise partie de la Côte de l'Or pour occuper ce pays. C'est ce même Sarankény Mory qui, à Bouna, dans la même région, attira dans un guet-apens et fit périr, le 27 août 1897, le capitaine Braulot et le lieutenant Bunas. mai dernier, nous nous Enfin, lorsque, le emparàmes de Sikasso, repaire du sultan Babemba, l'un des plus puissants alliés de Samory, celui-ci, apprenant la marche vers Kong, de la colonne française victorieuse, évacua le pays et se réfugia dans l'hinterland de la République de Libéria. Depuis lors, jusqu'au moment où il a été capturé, il n'a plus étendu la zone de ses conquêtes. Cette zone, comme le montre très nettement notre carte, occupe un superficie considérable. Elle s'étend sur dix degrés de l'Ouest à l'Est, sur près de huit degrés du Nord au Sud. C'est un territoire aussi vaste que la

i'

France.

Pour un

conquérant noir, une pareille extension

donnée au champ d'action témoigne de qualités militaires et politiques des plus développées. Samory était donc loin d'être une quantité négligeable sa capture revêt, en conséquence, une importance toute particulière, et nous ne saurions trop nous en réjouir. PAULCOMBES.

Les

Examens militaires en Chine

ON ne connaît en Chine que deux sortes d'examens

les examens littéraires (dissertation et composition en vers) et les examens militaires, dont les épreuves consistent à tirer de l'arc, à lever des poids et autres belles choses. Maîtres ni élèves ne paraissent se douter que l'arc a été depuis remplacé par des armes assez différentes etun mandarin qui, vers 1861, avait eu l'audace de proposer à l'empereur de modifier les programmes d'examens pour les rendre un peu plus conformes aux principes de la guerre moderne, a été destitué pour impiété envers les ancêtres. Ces examens comportent trois degrés, qui correspondent assez bien à nos grades universitaires baccalauréat, licence, doctorat. Le baccalauréat chinois a pour examinateurs les mandarins du district; la licence est présidée par le vice-roi de la province enfin le doctorat a lieu à Pékin, sous tes yeux de l'em-

pereur. On peut concourir à tout âge et échouer indéfiniment, sans perdre l'espoir du bouton qui décore les élus. Un vice-roi de Canton fut destitué parcequ'il avait fait passer par pitié un vieil étudiantde quatre-vingt-


quatre ans qui,battu chaque année, revenait toujours à la charge. A

part la différence des examinateurs, le pro-

gramme de ces trois épreuves est le même; seulement, ces épreuves deviennent plus difficiles à mesure que le candidat monte en grade. Après avoir accompli leurs dévotions à Confucius, dans quelque temple voisin, les étudiants viennent subir les épreuves, qui consistent à tendre l'arc, lever des poids, brandir de longs couteaux qu'ils lancent en l'air et reçoivent dextrement sans se blesser, etc.' En outre, ils doivent écrire par cœur de longs fragments tirés du « Livre de la guerre » (//J

seul des souverains régnants qui appartienne à la religion bouddhique. Le gouvernement anglais n'a mis à ce présent qu'une seule condition, c'est que le roi de Siam accorderait une partie des reliques aux bouddhistes de Birmanie et de Ceylan. Le souverain siamois a accepté cette condition il vient donc d'envoyer dans l'Inde une ambassade chargée de recevoir et de rapporter à Bangkok les restes de Bouddha. Quelques objets accessoires trouvés dans le monument funèbre vont être répartis entre le British Museum et les galeries publiques de Calcutta et de Lucknow.

77~).

Dans chaque sous-préfecture ou district, le nombre annuel des candidats au baccalauréat est de 60 à 200. Le doctorat, par contre, qui attire à Pékin tes licenciés de toutes les provinces de l'Empire, y compris les plus reculées, fait sur 4~7 candidats !35 élus et des milliers de refusés, qui désormais mèneront la vie misérable de déclassés ou de candidats perpétuels. Etces i~ favorisés eux-mêmes, quel profit retirent-ils de leur grade, à part le stérile honneur d'avoir « battu le sol du front devant le « Fils du Ciel qui leur a décerné les trois boutons de porcelaine? Quelques-uns deviennent mandarins; la plupart meurent de faim sans trouver d'emploi. Le prolétariat des intellectuels n'est, hélas! pas une chose exclusivement européenne, ou réciproquement, si l'on préfère, l'Europe n'a plus rien à envier à la Chine en fait d'examens minutieux et stériles.

Les restes de Bouddha Leur offre au roi de Siam avons annoncé, dans nos /M/cn)M~b~ et Nous velles,

~(~M-

que l'on avait retrouvé en janvier dernier les restes de Bouddha. Ces précieuses reliques se trouvaient dans une stupa inopinément exhumée près du village de PipraHoua, sur la frontière du Népal, lequel village et les terres qui l'avoisinent appartiennent à un colon anglais, M. W. C. Peppé. A l'intérieur de la stupa on découvrit un sarcophage de pierre, des ossements et des cendres, des vases de verre, de stéatite et de bois, des joyaux, des bijoux et des parures. Une inscription gravée sur l'un des vases intrigua les savants. Le professeur Bührer, appelé à formuler son

avis, crut pouvoir affirmer que l'inscriptionremontait à la plus haute antiquité et offrait toutes les garanties d'une authenticité absolue. D'après lui cette inscription disait qu'en ce sarcophage « reposait la dépouille du bienheureux Bouddha Sakya Mouni et que cette stupa avait été dédiée à ce frère renommé par ses soeurs et les femmes de leurs fils ». On comprend que ces reliques présentent pour le monde bouddhiste un immense intérêt. Aussi le gouvernement des Indes anglaises a-t-il décidé qu'elles devraient être confiées à la garde du roi de Siam, le

Charles Roux, ancien députe.

jVo/re Marine MMrc/MMde.

Un vol. in-i)'. jésus (Armand Colin et Cie, éditeurs, 5, rue de

Mézieres,Paris),4francs.

et

l'ancien p. ANSce livre plein d'actualité, M. Charles-Roux, l'industrie

très éminent députe, de Marseille, compare maritime d'autrefois avec celle d'aujourd'hui.Recherchant les causes de la décadence de notre marine, il prouve que l'inertie de nos armateurs tient surtout a des entraves légales. A propos de la navigation postale, il examine ce que coûte la vitesse, les limites de son rendement efficace et l'utilisation des paquebots rapides comme croiseurs auxiliaires. Il déplore que de nombreux points du globe ne soient pas desservis par notre pavillon, qui a presque entièrement disparu du Pacifique. M. Charles Roux indique ensuite le mouvement commercial des principaux ports français et le compare avec celui des grands ports du continent, Hambourg et Anvers notamment. Il aborde courageusementdes questions un peu arides, mais encore moins connues, les droits de quai, les taxes locales de péage, les ports francs. Puis, après avoir traité les questions maritimes internationales, signaux, feux, abordages, mesures sanitaires et quarantaines, assurances, connaissements, unification du droit maritime, il conclut en indiquant les moyens qu'il juge propres à rendre à notre marine marchande un peu de sa prospérité passée. Bien que M. Charles-Roux s'en défende dans son avant-propos, son livre est un véritable traité sur la marine marchande. Ses études théoriques comme sa pratique des grandes affaires et ses travaux au Parlement l'avaient admirablement préparé a nous donner cet ouvrage, qui se recommande par « son excellente méthode, sa clarté d'exposition et ~rdessus tout, son généreux esprit ». C'est le jugement qu'en porte M. Jules Lemaitre, à qui M. Charles Roux a dédié son livre. Paul Apostat. –a~/e<<;< la coopération M T~~M' Traduit par E. CÀSTELc.'r. Son histoire, son état actuel. Chez Guillaumin et Préface par M. A. RAFFALOvicu.

n!-20i p., 3fr.5o. Institut Colonial International. Bibliothèque coloniale Le r~~e/OKCM?internationale.- 3e série. Tome II. C'°, in-t8

de

T)ocume<t< officiels précédés de ))0<!0;

aux colonies.

Etat indépendant du Co~O;

/t!Or!<?t<M.

françaises (Tunisie exceptée). lin,

Colonies Bruxelles et Paris, A. Co2°

in-8de5top., 20 francs.

Id.. id.

Tomel~.

série.

Le régime des ~'o<<;c<or~.

[°7H~M oneK~/M Kfer~M~MM; 2° ProlecA Pedone, in-8 de e;! Asie et M Tunisie.

/?-a<

torats 680 p.,120 francs.

chinoise aux Etats-Unis et dans les possessions des puissances européennes. A. Rousseau, in-8 de vui-2-7 pages. Auguste Hamelin, auditeur au Conseil d'Etat. T)Mco):cessions M<o):M~ E<M~ sur les Mod~ d'aliénation des terres domaniales en Algérie et dans les co/OHiM/raH~ A. Rousseau, in-8 de xn-432 p., 9 francs. René Delaporte. 'Dans la Haute-Egypte. F. Laur, 26. rue Brunel, in-;8 de 382p., nombreuses figures;

Edouard Cailleux.– La

3fr.5o.

?MM<oM


DIRECTION DE /4M/CM7'UnE ET DU CO~METiCE DE LA ~ÉSE~CE DE TUNIS

.BMt.E7' D~ LA

Le

reboisement de la Tunisie

plateaux de la région tL Es sie,collinesleset anciens désignaient

sud-ouest de la Tunisous le nom particulier que de Bysacène, offrent le spectacle de la plus lamentable stérilité ravinés par les pluies, brûlés par le soleil des tropiques, ils paraissent d'autant plus arides qu'on y remarque la trace irrécusable d'anciennes et luxuriantes forêts que l'homme a imprudemment détruites, créant ainsi un désert devant lequel il a dû reculer lui-même. Les sources qui arrosaient cette région se sont taries; on rencontre souvent des vestiges de citernes et d'aqueducs qui, même restaurés, ne serviraient plus de canal à une seule goutte d'eau. Aussi les oasis qui entouraient ces sources ont-elles diminué peu à peu Pliné, qui a visité l'oasis de Gabès, lui attribue une étendue supérieure de i 200 hectares à l'étendue actuelle. Ces déboisements ne sont pas tous imputables à l'incurie des indigènes les soldats et les disciplinaires français ont trop souvent mis la hache et la scie à des arbres magnifiques, tels que les gommiers du Bled-Thalah et du BledSegui, qui ont tous disparu. Actuellement, les mesures prises pour le reboisement de la Tunisie sont à peine suffisantes les forêts de la Régence restent stationnaires sur les points où elles sont activement surveillées, et en décroissance partout ailleurs. D'ailleurs, ces déboisements progressifs, par une coïncidence fâcheuse, ont été causés non seulement par l'imprévoyance des hommes, mais aussi par une sécheresse de plus en plus accentuée, et dont l'astronomie nous donne la raison. On sait qu'en vertu de la précession des équinoxes, chacun des deux hémisphères terrestres passe par des alternatives de réchauffement et de refroidissement qui prolongent la durée de l'été aux dépens de celle de l'hiver, et réciproquement. Les traces de glaciers gigantesques, et aussi d'une végétation tropicale que nos géologues ont "¡!.r>T1Trt:tO~

R.n. ,r",

r.

.i·t. trouve maintenant dans o..r

11..

zone tempérée du Nord se une période interglaciaire avec déclin progressif de température. Notre hémisphère a atteint en ;25o son maximum de chaleur

refroidissant de plus en plus. Grâce à l'abaissement graduel de la température moyenne, le climat de la Tunisie tend à redevenir moins sec et la chute des pluies, qui ont été en diminuant depuis des milliers d'années, se fera de moins en moins rare, de manière à redevenir ce qu'elle était à l'époque romaine, où la création detant de puits et d'aqueducs en plein désert actuel témoignait d'une abondance de sources dont nous ne pouvons nous faire une idée. 0 Il est donc probable que l'écart entre l'évaporation et les chutes de pluie ira désormais en diminuant. Les mesures directes faitesà l'observatoire de Paris montrent que, depuis deux cents ans, la quantité annuelle d'eau de pluie augmente d'une manière constante. Mais il faut que l'homme complète intelligemment l'œuvre de la nature. Ainsi, en ce qui concerne la Tunisie, il conviendrait d'écouter les conseils si sages que nous donne l'auteur de l'article que nous analysons, M. Tellier, inspecteur des eaux et forêts de la Régence: et va

se

H ne faudra pas que, lorsque tes pluies se produisent plus abondantes, elles ne rencontrent que des versants dénudés ne pouvant opposer le moindre obstacle au ruissellement et au ravinement des terres. Une part

importante de cette eau doit pouvoir être arrêtée par la végétation dans sa descente sur le flanc de la montagne et aller alimenter les nappes souterraines au lieu de se rendre tout droit à la mer en occasionnant des crues désastreusesdans les oueds. Le reboisement de la Tunisie sera une aeuvre de longue haleine qui demandera le concours de plusieurs générations. Un plan général devra en être donné en se basant avant tout sur les indications du pluviomètre. En commençant les travaux sur les points où les chutes de pluie sont les Les fortes, on obtiendra une réussite de proche en dans les repeuplements. Les forêts créées s'étendront ainsi de proche en proche et finiront par gagner dans des conditions meilleures les régions encore trop sèches aujourd'hui pour qu'on puisse y tenter dès maintenant des plantations.

7'ME

iVWETÈENm CE.VT-U/n

L'!r!ande; ce qu'elle est et ce qu'elle devrait être Augusta Gregory. Londres, novembre ;8~8. A PRÈS avoir parlé longuement du 77oM;e ;'M/e et de la tutelle étroite où l'Angleterre maintient le peuple irlandais, l'auteur porte ses revendications, sous une forme toujours spirituelle et humoristique, dans le domaine intellectuel, et déplore l'oubli et la désuétude où les Irlandais sont contraints de laisser tomber leur propre langue. L'anglais enseigné dans les écoles publiques,rendu obligatoire en chaire et dans les tribunaux, a fini par supplanter, dans une bonne moitié de l'ile, cette merveilleuselangue gaélique qui a une littérature aussi riche et plus précoce que les plus belles littératures européennes. Aussi salue-t-il avec bonheur le réveil général du génie celtique, qui fait effort, en Bretagne et en Amérique aussi bien qu'en Irlande, pour restaurer sa langue et ses vieilles coutumes nationales. L'agent et l'organe le plus actif de ce mouvement est la Ligue qui, de concert avec les sociétés sœurs de l'autre côté de la Manche et de l'Atlantique, organise pour iooo un congrès cettique à Dublin, fait revivre les vieux monuments de la littérature nationale, pousse à la résurection du théâtre populaire et à la création de chaires de langue celtique dans les universités. A celle de Washington, la chaire de celtique a reçu une dotation de 10 ooo livres la Ligue bretonne en réclame une à l'Université de Rennes. L'Irlande ne restera pas en arrière. Les dons affluent, le clergé irlandais appuie le mouvement; un journal en deux langue?, anglais et celtique, Fa!t!e ot! Lac, voit se multiplier le nombre de ses abonnés. Tout porte à croire que cette résurrection ne sera pas vaine elle a pour garants, non seulement l'énergie de ses promoteurs et la simultanéité de leurs efforts en Irlande et sur deux continents, mais encore la collaboration active du peuple, sans laquelle toutes les créations intellectuelles sont frappées de stérilité. Il ne s'agit point de restaurer une âûgüî. îwïii., j~üiâKüi. ii, ï.C,iiiyüï, i.~i W -vïi, ~âïic: iOûéNciidamment des Bretons et des émigrés celtes en Amérique, par un demi-million d'Irlandais. Article de

Mma

G~e,

THE W7DE WORLD MAGAZINE

Un pèlerinage à la Mecque Londres, novembre 1808. CE piquant récit des aventures d'un pèlerin est fait par le héros même de l'histoire, un Anglais résidant à Tunis, que son professeur d'arabe a guidé à La Mecque, en lui faisant revêtir le costume arabe et accomplir les prescriptions rituelles qui seules donnent droit à un converti de prendre part à cette grande manifestation religieuse. La tête complètement rasée, vêtu de l'irham, costume que doivent prendre indistinctement les cent mille pèlerins de La Mecque, et qui consiste en une seule pièce d'étoffe sans couture dont on s'entoure les reins, après avoir prononcé la formule consacrée La ila ilalla CMo/MM~M-d T~.s CM y'~Ma/t (I) n'y a d'autre Dieu qu'Allah, et Mahomet est son prophète), il se mit en route avec son guide, arriva à La Mecque, tourna sept fois autour de la Caâba, embrassa la pierre noire sacrée qui, encadrée d'un cercle d'argent, orne un des coins de la Caâba, prit part aux processions, etc. Malgré les instructions de son guide et la sympathie sincère qu'il éprouvait pour le mahométisme, il ccurut plus d'un danger. Un appareil photographique, en particulier, qu'il dissimulait sous son costume, faillit ameuter contre lui la foule fanatisée. Néanmoins il s'en tira sain et sauf. Il nous dit même qu'on a fortement exagéré les dangers que peut courir un chrétien à La M'ecque et l'intransigence du fanatisme musulman. Il combat également le préjugé qui nous fait considérer les sacrifices de Mouna comme la cause principale des épidémies; le choléra nous vient des Indes, et non de La Mecque.


Un nouveau

«

Fram » et la Loire navigable

Nous avons à plusieurs f~~M~' parlé des efforts faits actuellement auprès des pouvoirs publics, en vue de rendre la Loire navigable. Cet article, d'un ~O~M~)/~ <;MtMM<, résumera &M;: ~MM//OM pour nos lecteurs.

~E n'est point du F~Mt de Nansen qu'il s'agit ici, ni

d'un autre bateau du même genre destiné à voguer vers le pôle. Le F~a~; en question est un bateau français à vapeur, et il a été construit à Nantes tout simplement pour transporter ou remorquer des marchandises.sur la Loire jusqu'au débouchédu canal d'Orléans

teaux descendaient et remontaient sans cesse le fleuve, transportant d'une ville à l'autre des denrées et des marchandises diverses. Les touristes trouvaient plaisant de descendre nonchalamment le fleuve, entre deux rives enchanteresses semées de villes et de villages, de maisons de plaisance et de parcs, de prairies ombragées de peupliers, de

dans ce fleuve. A

première vue, beau-

coteaux boisés, où, parmi les arbres, pointaient des flèches de châteaux. Au temps de sa

coup penseront sansdoutequec'est là une destination qui n'a rien de bien

grande faveur,

héroïque, et on sera

M' de Montespan

peut-être tenté de

trouver ambitieuse

s'embarqua ainsi

FnMM donnée à

sur )'AHier, à Vichy, pour descen-

l'appellation de

un

bateau dont la tâche

dre en bateau par cette rivière et par la Loire jusqu'à

sera en somme assez prosaïque. Ce serait là un jugement superficiel, et il n'est pas inutile

Tours et Fontevrault. Les lettres de

de montrer en quelques mots la nouveauté et le mérite

LE MOXDE.

ges qu'elle fit sur la Loire, d'Orléans

D'après H)te pholographie.

cette entreprise. On sait que le plus long fleuve de France, et l'un des plus beaux, la Loire, ne rend plus aujourd'hui, pour ainsi dire. aucun service à la navigation. Des chalands chargés de marchandises y circulent encore parfois sur le bas fleuve, entre Nantes et Saumur. Mais, dès au delà de cette ville, les embarcations deviennent plus rares. Dans le moyen fleuve, entre Blois et Orléans, il peut s'écouler des années sans qu'un seul bateau digne de ce nom y soit aperçu. La Loire ne fut pourtant pas toujours aussi délaissée qu'elle l'est actuellement. Tout au contraire, elle fut, pendant tout le moyen âge et presque jusqu'à nos jours, le théâtre d'une navigation très active. Des baA TRAVERS

contiennent la relation de deux voya-

Yl.'E DE SAUdiUR~

de

2" UV.

M' de Sévigné

à Nantes, l'un au mois de septembre 16:5, l'autre au mois de mai 1680. Arrivée à Orléans, la marquise faisait placer son carrosse sur un coche de la Loire et s'installait dedans toute glaces baissées elle s'y trouvait, dit-elle, comme dans « un joli cabinet, sur de bons coussins, 'bien à l'air, bien à l'aise, regardant fuir le merveilleux panorama des rives. Dans son second voyage, le trajet dura cinq jours, les étapes furent Blois, Tours, Saumur, Ingrande. Et ce ne sont pas là des voyages exceptionnels. « A peine sommes-nous descendus ici, écrit d'Orléans M'"<= de Sévigné, que voilà vingt bateliers autour de nous, chacun faisant valoir la qualité des personnes qu'il a menées et la M

14

janvier 1899.


bonté de son bateau.

A plusieurs reprises, le nombre

des voyageurs et la fréquence des voyages engagèrent des entrepreneurs à établir des services réguliers de coches d'eau sur l'Allier et sur la Loire. Ils durèrent pendantunegrande partie du xvn~ siècle. A la veille de la Révbtution, le voyageur anglais Arthur Young nous apprend « qu'entre Nantes et Orléans, il y a un service de bateaux partant quand il se trouve six voyageurs à un louis d'or par tête. On couche à terre le trajet dure quatre jours et demi. » Le plus beau moment de la navigation de la Loire ce fut la première moitié de notre siècle. Favorisée par mille causes diverses, en particulier par les grandes découvertes mécaniques modernes, l'industrie avait pris le commerce se développa paun essor remarquable rallèlement. On vit alors des milliers de bateaux circu1er sur la Loire. Les

relevés officiels constatent que, de 181$ à

1820,on ne

compta pas moins, année moyenne,de 2 076 bateaux en-

tre Briare et Orléans, de 4 886 entre Orléans et Blois. C'étaient, pour la

en 1844, les Messageries de la

de cette activité. Les compagnies fluviales, désintéressées par la Compagnie des chemins de fer d'Orléans,

avaient cessé leurs services et vendu au loin leur matériel. Les mariniers avaient tenté de soutenir une concurrence de jour en jour plus difficile et, après avoir usé leurs vieux bateaux sans les renouveler, s'étaient retirés des affaires. Le fleuve se trouva

lors délaissé, et ses rives, qui dès

avaient retenti si

longtemp s de

teaux légers, faits en sapin, des « sapines M, comme on

joyeux appels et de chansons de mariniers, devinrent solitaires, Pourquoi cette décadence si soudaine et si com-

on les

construisait dans le

hautfleuve; ils

mesuraient de 70 à 80 pieds de long

de r avait un ti)arge, avait tiSL'r

large~

un

rant d'eau variant

plète ? Parce que

1 PORT 11~11RIFANC T~~n. D'f!r~ KKC a~Hjt'ettf de ~*e)t.c.

de t8à~centimetres,et, selon l'étatdes eaux, pouvaient

porter de 12 à 30 tonnes. Arrivés dans le bas fleuve, ces bateaux étaient « déchirés », c'est-à-dire qu'on les démembrait pour vendre leurs débris. A côté des sapines, il y avait des chalands construits en chêne, plus longs et plus larges, pouvant porter jusqu'à 40 ou $o tonnes; ils avaient bien plus de valeur que les sapines et on ne les déchirait pas, si ce n'est après de nombreux voyages. La Loire eut même, à cette époque, ses bateaux à vapeur. En t823, un premier service de bateaux à vapeur fut établi entre Nantes et Angers il fut bientôt prolongé, d'abord jusqu'à Tours, puis, en 1829, jusqu'à Orléans, où l'arrivée du premier bateau de ce genre produisit sensation, car, dit un témoin, « les habitants n'avaient jamais vu les bateaux à la mer Un commission de surveillance avait été établie en 1823 pour le contrôle de la navigation de la Loire; elle devait examiner les embarcations à vapeur avant que l'autorisation de naviguer leur fûtaccordée, et soumettre leurs chaudières à des épreuves annuelles. A partir de '830, elle eut à fonctionner d'une manière active. Elle autorisa successivement, en février 1832, le bateau appelé en 1834. le ~M~/H; en 1838

i'c;

1846,1'f.

L'activité commerciale de la Loire devint considérable. En 1844, dans son rapport au Conseil général, le préfet du Loiret s'exprimait ainsi « Au mois de février, une flotte, comme depuis longtemps on n'en avait pas vu, prenait ses voiles dans le port d'Orléans. Du 7 au février, 1~7 bateaux y étaient entrés. Nos quais étaient encombrés de marchandises. Les bras manquaient pour le débarquementde ce fret important dont la valeur ne s'élevait pas à moins de 12 à 13 millions. » C'était l'apogée et en même temps la fin de la navigation de la Loire. Vingt ans après, il ne restait plus rien

plupart, des ba-

t~s appelait

/.on'<en

et 1839, les eow~Mg'/MM des Inexplosibles et des /y~ophyles; en i84.i, les Co~eM~M~, qui remplaçaient les Hirondelles; en 1843, les Paquebots et les ~wo~MeM~;

PN

la

Loire est une voie navigable défec-

tueuse et

ne

se

prête que très difficilement à des transports rapides et économiques, pouvant supporter victorieusement la concurrence des transports par voie ferrée. Avant tout, la Loire manque d'eau. Parfois enflée par des pluies persistantes ou torrentielles, elle a des crues considérables comme celles qui dévastèrent ses bords en 1846, 1856 et 1866 son niveau s'élève de 7 à 8 mètres; elle crève les digues qui ont été construites pour la contenir, et se répand dans les vals qui

la bordent en ravageant tout ce qui s'y trouve. Mais le plus souvent son lit est presque totalement vide. Chaque année, d'avril à octobre, à très peu d'exceptions près, la Loire ne se compose plus, sur la majeure partie de son étendue. que de minces filets liquides qui courent à travers d'innombrables bancs de sable jaunâtre. Ceux qui ont traversé la Loire en été n'ont pu manquer de s'étonner à la vue de ces grandes étendues de sable qui remplissent presque tout le lit du fleuve, auquel il donne l'apparence du Sahara quelques-uns portent des touffes d'herbe ou même des arbustes, en particulier des saules la plupart n'ont rien pour voiler l'aridité du sable. Et la Loire s'achemine vers la mer à travers ces dépôts, en décrivant les méandres les plus capricieux; les uns sont allongés et adoucis, d'autres sont semblables à des anneaux il en est qui sont coudés à angle droit. Le courant se porte ainsi alterna-


Nantes et Orléans, soit dans le lit même du fleuve approfondi et rectifié, soit sur un canal latéral, pour le cas où, dans certaines sections, la Loire ne pourrait être aménagée de manière à admettre des bateaux calant 1~,80 à 2 mètres. C'est là la solution définitive que poursuit la Société de la Loire navigable mais, malgré sa remarquable activité, il faudra quelque temps pour l'obtenir. En attendant, n'est-il pas possible d'utiliser provisoirement la Loire telle qu'elle est, au moyen de bateaux d'un type spécial approprié au fleuve et capable de porter, avec un faible tirant d'eau, une cargaison pourtant importante? Ce problème, M. Bénard, directeur de la chocolaterie Poulain, à Blois, l'a posé aux constructeurs nantais l'un deux, M. de la Brosse, l'a résolu par la construction du /7Wt. Le Fram est un chaland à vapeur à deux hélices sous voûte. Il mesure 41 mè-

tivement d'une rive à l'autre, et la longueur du cours du fleuve se trouve en réalité d'un tiers environ plus grande que celle de ses rives. Le plus grave, c'est que ces îles et ces sables je déplacent sans cesse, causant par contre-coup le déplacement continu du thalweg fluvial. D'une année à l'autre, les anciens chenaux s'obstruent, tandis que des passes nouvelles s'ouvrent à travers les grèves. Le marinier court sans cesse le risque de s'échouer sur les sables, s'il n'a reconnu au préalable le thalweg actuel du fleuve. On devine toutes les difficultés qui résultèrent pour la navigation de ces conditions physiques si défectueuses. Faute d'eau, la navigation de la Loire ne pouvait jamais durer que de 6 à 8 moîs obligeant les mariniers à se créer sur la rive des occupationssérieuses pou r passer la morte saison.

Cette navigation ne se faisait, même pendant la bonne saison, qu'à demi ou aux deux tiers de charge, par tres de longueur. 5°'~o de suite de J'impossibiiité de largeur hors membres, circuler facilement dans un de creux il est à chenal sinueux et sans profond plat et sans quille. Ses fondeur suffisante. Et que deux machines, alimentées de fois, malgré tout, on s'engravait! Le nombre et par une chaudière multitubulaire Fouché, développela durée des chômages, la ront ensemMe une force de nécessité de se prémunir 1~0 chevaux. Avec son eau par des primes d'assurance et sa provision de charbon, contre les accidents causés le Ffaw cale seulement par le déplacement des che28 centimètres. A pleine ORLÉA:-iS, naux, obligeaient les mariLE Il JlRA)l1 charge avec 80 tonnes de niers à majorer les prix de D'a/'rc~ HHC photographie, marchandises, il ne cale leurs transports. Ces transpas plus de 70 centimètres et peut marcher avec ports ne pouvaient plus être assez économiques pour kilomètres par heure. En lutter contre les transports par voie ferrée, qui avaient une vitesse de )2a outre de son propre chargement, il peut remorquer sur eux l'avantaged'être incontestablement plus rapides derrière lui un autre chaland portant 70 tonnes à et plus réguliers. Comment la Loire n'aurait-ellepas été désertée du jour où une ligne de chemin de fer fut 70 centimètres de tirant d'eau. On saura dès cet hiver si cette solution est réellement pratique et écono.mique, établie le long de son bord? si le commerce trouve un intérêt véritable à faire véhiC'est pour remédiera cette décadence du fleuve, culer ses marchandises par le fleuve plutôt que par la très préjudiciable à la prospérité de toute une région voie ferrée. française, que s'est constituée à Nantes, en 18<)$, une En atten lant, le /-M/M a déjà fait connaissance société d'initiative et de propagande. C'est la Société avec son futur domaine, la Loire. de la Loire navigable. Son dessein est de presser l'exéUne première fois, il a quitté Nantesle 27 août dercution d'une grande voie navigable reliant Nantes à nier, emportant ses propriétaires, des ingénieurs, des Orléans et aux canaux du Centre et de l'Est, et donjournalistes;des memb res du comité de la Loire navigable. nant accès aux bateaux qui circulent sur les canaux Le 3 aout.iIarrivaitaBIois.Le8septembre, il repartait la Loire deviendrait ainsi une voie importante de navigation et de transit. A l'appel de cette Société, des copour Orléans, où il mouillait le lendemain, provoquant mités locaux se sont constitués dans la plupart des un enthousiasme indescriptible parmi les populations riveraines venues pour contempler ce phénomène d'un villes de la région, à Angers, Tours, Blois, Orléans, bateau sur la Loire. Malgré la sécheresse persistante de Saumur, Poitiers, Laval, Le Mans et jusqu'à Montluçon. l'été etle niveau exceptionnellement bas des eaux, Deux congrès se tiennent annuellement dans l'une des près d'un mètre au-dessous de l'étiage, un des niveaux villes intéressées à l'entreprise. Dans le 6' congrès, qui le les plus bas où soient tombées les eaux du fleuve, s'est réuni à Saumur du 23 au 25 octobre dernier, le président de la Loire navigable, M. Linge, a annoncé voyage n'avait été difficile qu'en quelques endroits où le chenal était presque entièrement ensablé. qu'avec le concours' de la Société, l'Etat avait achevé Depuis, le F~M est redescendudans le bas fleuve. de faire exécuter des sondages qui permettraient de Il était amarré aux quais de Saumur pendant la durée dresser un avant-projet relatif à l'amélioration du fleuve du dernier Congrès, et les congressistes lui ont Jû de entre Nantes et le confluent de la Maine. L'œuvre se faire sur la Loire jusqu'à Candes, au confluent de la poursuivra ensuite systématiquement et progressiveVienne, une excursion délicieuse. La journée était ment. Peut-être avant bien longtemps, dans le prochain claire, et tiède; dans le ciel, d'un bleu doux, où flotsiècle, verra-t-on de nouveau des bateaux circuler entre

t"i0

)}

A

15


taient de rares flocons blancs, le soleil brillait d'un éclat déjà pâlissant, faisant scintiller le sable des grèves fluviales et mettant un rayon sur la pointe de chaque

vague qui ridait les eaux des îles basses, couronnées de grands arbres, se levaient dans le lointain. Ettandis que le F~M, réglant sa marche sur les sinuosités du chenal, évoluait d'une rive à l'autre, les passagers voyaient se dérouler sous leurs yeux Saumur et son antique forteresse où commanda Duplessis-Mornay, la tour neuve de Souzay, Montsoreau et son château évocateurs de souvenirs, Candes et sa vieille église crénelée, sans compter d'innombrables pointes de clochers et de moulins à vent qui surgissaient par intervalles sur les coteaux, derrière les frondaisons jaunissantes d'automne. Presque à chaque détour du fleuve le paysage se renouvelait, mais toujours calme, doux, gracieux, charmant. Et l'on comprenait l'attrait que la molle Loire exerça si longtemps aux siècles passés L.

GALLOUEDEC.

Projet d'une Expédition

antarctique anglaise avons déjà dit à plusieurs reprises que, depuis quelques années, les Anglais nourrissaientle projet de continuer les glorieuses traditions des Ccôk et des James Ross en organisant une nouvelle expédition au pôle Sud. Les expéditions Gerlache et Borchgrevinkl, le projet d'une expédition allemande, ont donné a ces désirs, cncoie un peu inconsistants, une impulsion irrésistible l'honneur de l'Angleterre était en jeu la patrie de James Ross allait-elle se laisser devancer par d'autres nations dans ces régions polaires que des pionniers anglais avaient presque seuls ouvertes à la

Nous

science ? La Société Royale de Géographie s'est, comme il convient, mise à la tête de ce mouvement national, et une pétition a été présentée au gouvernement,en vue d'orga-

niser une expédition nationale subventionnée par l'Etat. Quelle fut la surprise générale lorsqu'on apprit que le gouvernement refusait son concours, sous prétexte que « les circonstances que traverse l'Angleterre à l'heure présente empêchent l'Etat de s'intéresser à des entreprises purement scientifiques » L'opinion publique a été unanime à trouver cette réponse aussi peu convaincante et cette assertion aussi mal fondée que possible. La presse la discute avec passion. « Que nous importe le concours de l'Etat? dit le Morning Post la France et l'Allemagne ne peuvent se passer de l'impulsion et de l'initiative officiel'es mais nous'nous en défions à juste titre. » Le Daily Cr~/e exalte les grands navigateurs anglais, et se demande amèrement si leur liste est déjà et définitivement close. t. Voyez, A Travers le A~o~, t8()8, page 327, l'article intitulé Vers le P<~ SM~.

La Société Royale de Géographie a contribué

encore davantage à stimuler, à fouetter l'opinion publique, en lançant un appel patriotique et en s'adressant à la générosité des particuliers une liste de dons se couvre déjà de signatures; la Société l'a ouverte en s'inscrivant elle-même pour 5 000 livres sterling; son président, en particulier, y a ajouté un don personnel de 100 livres sterling; le propriétaire du Daily Mail, M. Harmsworh, offre ooo livres, etc. 11 suffirait d'un petit nombre de largesses pareilles pour organiser une expédition aussi bien outillée qu'on peut la rêver.

En outre, des meetings importants ont permis à la Société de donner à son projet la plus retentissante publicité, en le recommandant de noms illustres et des autorités les plus considérables en la matière. Ainsi, dans une imposante assemblée convoquée le 24 février 1898, on remarquait Nansen et le docteur Neumayer, qui était venu exprès de Hambourg pour la séance. Ce dernier est d'une compétence de tout premier ordre dans toutes les questions de magnétisme physique. Les débats de cette discussion mémorable ont été ouverts parla lecture d'un rapport de sir John Murray, qui a fait partie de l'expédition du CM/eM~M', et qui a mis en saillie toute l'importance des services scierrtiHques dont cette entreprise donnerait sans doute la solution découvertes géographiques la question toujours pendante d'un continent antarctique; la faune et la flore de ces régions, plus peuplées qu'on ne pourrait le croire par des animaux encore inconnus pour la plupart; l'étude de la distribution, de l'extention, de la pression, de la formation et dislocation des glaces; celle des courants et du pôle magnétiques,celle des phénomènes météorologiques, celle des courants marins, et tant d'autres formant, au point de vue strictement scientifique un programme si vaste, si riche, que son exécution serait nnnrta science non seulement une conquête, mais le point de départ d'une ère nouvelle.

d'Argyll, empêché d'assister à la séance, avait envoyé par écrit une adhésion chaleureuse à l'entreprise, dont il attend les plus heureux résultats au Le duc

point de vue particulier de l'étendue de la période géologique dite glaciaire. Nansen a mis en lumière les facilités nouvelles que la vapeur, t'électrioté, l'aérostation, etc., donnent aux explorateurs modernes et dont Cook et James Ross ont été privés. Le docteur Neumayer a insisté sur le caractère purement scientifique et l'intérêt internationald'une pareille expédition. 11 a abordé de préférence les problèmes de magnétisme que soulève la géographie antarctique, et qui rendent indispensable une exploration plus complète des régions

australes.

Le comité de l'expédition antarctique vient de répandre largement dans le public des brochures ou

des articles de journaux pour faire connaître cette discussion qui date de quelques mois. !I a fait appel au pays. Sans doute son projet ne saurait manquer de se réaliser sous peu, en dépit du peu, de bon vouloir

manifesté tout d'abord par le gouvernement.

000

0


Les Dolmens de la Vienne EST sur la route de Nantes à Limoges, entre SauzéVaussais et

Civray, un peu au Nord-Ouest en

suivant la direction de cette dernière ville, que se trouve l'un des monuments celtiques de la Vienne appelé « Pierre Pèse ». Très bien conservé, ce monument, auquel les gens du pays attachent une religieuse

Un Cable américain à travers le Pacifique UNE compagnie, constituée à New-York sous le nom

de Compagnie des câbles du Pacifique, étudie actuellement les moyens de réaliser le projet pour lequel réunir télegraphiquement le contielle a été formée nent américain à l'Australie, à la Chine et au Japon. La

croyance, est en

terrain plat, près de la gare de Saint-Savio),dans un champ planté

îles Hawaï

entouré de quelarbres qui

empêchent

à

l'Union Américaine et celle de l'archipel des Philippines qui date d'hier, mais qui était escomptée depuis le début

de genêts et de bruyères. Il est ques

récente annex:on de l'archipel des

le

voyageur de

des hostilités

imposant, presque majes-

ont beaucoup facilité l'adoption de ce plan gigantesque. Le nouveau

contre l'Espagne,

l'apercevoir de la route, mais qui lui donnent un aspect plus

tueux.

câble partirait de

La « Pierre Pèse » a été érigée

sur trois assises,

(VIENNE), LA PIEItRE P~SE (DOL31E~~). SAINR-SAVIOL

San Francisco pour atterrir une

première fois à mais l'oeuvre du .D'a/'f~tOte~/tOto~ra~ie. Honolulu. De là temps, et peutil irait toucher terre une seconde fois à l'île Uhlan. être aussi celle de l'homme, ont détruit l'une d'elles, dont les fragments sont encore visibles sur le sol mainSur cette île viendraient se souder deux nouveaux câbles. Le premier serait immergé droit au Sud pour tenant, elle n'est plus supportée que par deux pierres et se maintient néanmoins en parfait équilibre. ne reparaître qu'à Sydney. L'autre aurait aux îles Mariannes ou Ladrones une nouvelle bifurcation, et Une légende a cours dans le pays sur le caractère mystérieux de ce dolmen. On raconte qu'un jour un se prolongerait d'un côté jusqu'au Japon, de l'autre jusqu'aux Philippines et à Hong-Kong. propriétaire, voulant pour on ne sait quelle cause Les lignes ainsi établies auraient une longueur abattre la grande pierre, y attela une quantité considérable de bœufs cent, dit-on. Mais les animaux refude 22 C)0o kilomètres en chiffre rond. sèrent d'avancer. Cet essai plusieurs fois renouvelé La section de San Fransico à Hawaï devrait être n'amena jamais d'autre résultat. Il n'en fallait pas plus immergée et livrée au public dans le délai d'un an après le vote de sa concession par le Congrès des Etatspour que les gens de la région attribuassent à la Unis. « Pierre Pèse ? un pouvoir superstitieux. La Compagnie consentirait également à faire Le second dolmen de la Vienne se trouve au Vieux-BaUuc, au delà de Civray. Il porte le nom de rayonner d'autres câbles dans l'archipel des Mariannes, à se relier à Manille et à d'autres points importants des « Pierre Levée ». Il est beaucoup moins intéressant Philippines et de l'Océan Pacifique occidental, si le gouque le précédent et est, d'ailleurs, assez difficile à découvrir, si l'on n'y est pas conduit par quelque vernement de l'Union consentait à faire opérer un cerhabitant des environs. tain nombre de sondages nouveaux, jugés nécessaires avant de rien entreprendre. Il consiste en une large pierre renversée dans un Ce plan est contrarié par les privilèges de la fossé et soutenue par deux petites assises, le tout dans Compagnie .Soy~M~, dont les fils relient déja Yokoun pitoyable état de conservation; le temps y a laissé hama et Honolulu, qui a été reconnue par le gouverneses traces, et les archéologues sont impuissants à en ment d'Hawa'i avant sa disparition, et a ses tarifs fixés enrayer les dégâts. d'accord avec lui. Les propriétaires voisins ne se sont pas privés En outre, une autre société, la Great Nortbern C°, de prendre à l'antique monument les pierres dont ils possède un contrat passé avec le Japon, aux termes avaient besoin pour édifier un mur.


duquel elle a le privilège des communications télégraphiques entre le Japon, la côte d'Amérique et lesîles du Pacifique. Le gouvernement mikadonal se montre néanmoins très favorable à la Compagnie des câbles du Pacifique et à ses projets, qu'il discute avec un représentant

de cette société.

Deuxjournauximportants de Tokio, ley~ï~Mm~o et la A~ne/M ~~M~oMw, assurent même que le Japon la

secondera de tous ses moyens et lui assurera même un certain chiffre d'affaires au Japon, mais à la condition qu'elle choisisse pour son point d'atterrissage les îles Goto, à l'Ouest-Nord-Ouest de l'entrée de la passe de Nagasaki.

Un Lac de

sulfate de -soude.

dans la partie occidentale des Etats-Unis, unexiste, vaste plateau. parfaitement délimité entre deux

1TL

puissantes barrières de montagnes, de 600 à les monts Wahsatch, pre3 goo mètres de hauteur miers contreforts des montagnes Rocheuses, à l'Est, les montagnes de la Sierra Nevada de Californie, à l'Ouest. 11 s'arrête, au Nord, à la ligne de séparation du bassin du fleuve Columbia, au Sud, à celle du bassin du fleuve Colorado.

plateau,

qui comprend, en totalité ou en partie, ies Etats et territoires du Colorado, d'Idaho, de Wyoming, d'Utah, de Nevada, d'Arizona et de la Californie du Sud, a été désigné par Alexandre de Humboldt sous le nom de Bassin Intérieur, parce que ses eaux n'ont aucun .écoulement vers l'Océan. Le Geological aM~ G~ya~Mca/ Survey des Etats-Unis l'appelle « 7*~ Great &MM: of <~ M~M< », le Grand Bassin de l'Ouest. Ce

En réalité, le Grand Bassin de l'Ouest comprend trois systèmes de plateaux de diverses hauteurs. Au Nord est le plateau englobant le bassin du Grand Lac Salé, autrefois p)usé)evéque les autres, mais qui, à 'époque tertiaire, s'est abaissé à l'altitude de 1 200 à i 300 mètres. Immédiatement au Sud est le plateau

Country, autrefois couvert par un lac, et qui, après son dessèchement, a été soulevé à l'altitude actuelle de i ',00 à 2 ioo mètres. Enfin, tout à fait au Sud, s'élève un troisième gradin, les hauts plateaux d'Utah, dont les altitudes varient de 2 700 à 3 300 mètres.

Dans le Nord, les phénomènes neptuniens ont particulièrement prédominé. Dans le Sud, au contraire, les actions volcaniques et plutoniques, les forces d'éruption et de soulèvement ont occasionné de grands plissements et des failles ayant quelquefois jusqu'avec et ~ookilomètres de longueur, comme la faille Sevier, près du lac du même nom, et celle des grands canons

du Colorado.

L'ensemble de cette vaste région, avons-nous dit, n'a pas de déversement actuel visible. Elle est composée, au point de vue hydrographique, d'une multitude de bassins ou de vallées ayant leurs sources, leurs cours d'eau, leurs lacs sans issue, analogues à la mer Morte, à la mer Caspienne, à la mer d'Aral, et autres amas d'eaux salées continentales, où l'apport liquide des pluies et des affluents est plus ou moins exactement contre-balancé par l'évaporation. Pour expliquer l'existence de ces nombreux lacs salés, quelques naturalistes ont prétendu que le Grand Bassin de l'Ouest était jadis occupé par la mer, et qu'il a été soulevé peu à peu jusqu'à l'altitude actuelle. Cette hypothèse est absolument gratuite et inutile. C'est le pendant de celle qui, pour expliquer l'origine de la mer Morte, considérait cette dernière comme un ancien golfe de la mer Rouge converti en lac à un certain moment par un soulèvement de terrain. Le savant géologue Lartet, qui étudia la question sur les lieux en t86~, démontra que la mer Morte avait toujours été un lac. Cette tendance à expliquer la salure de certains lacs par d'anciennes communications avec la mer provient de l'oubli d'une loi générale de la physique du globe, sur laquelle on n'a jamais suffisamment insisté, et qu'il importe de préciser ici. Les géographes confondent, sous la dénomLna-

tion générale de lacs, deux phénomènes hydrographiques essentiellements distincts et qui produisent, l'un des lacs d'eau douce. l'autre des lacs d'eau salée. Les lacs d'eau douce ne sont tous, à proprement parler, que des expansions fluviales dues à la configuration topographique particulière d'un thalweg. Ils sont tous caractérisés par ce fait que les eaux qu'ils reçoivent s'écoulent soit d'une manière continue, soit et que la composition chimique par intermittences, de leurs eaux reste constamment analogue à celle des fleuves et des rivières de la même région. Les lacs d'eau salée, au contraire, sont tous des bassins fermés, sans aucun écoulement, et leurs eaux se renouvellent uniquement par évaporation superficielle. Ces faits étant bien acquis, on voit aussitôt pourquoi les premiers de ces lacs renferment de l'eau douce, et les autres de l'eau salée. L'eau est le grand dissolvant de la nature. 11 n'est presque par un seul corps, simple ou composé, qui échappe à son action dissolvante. En conséquence, les eaux qui circulent à la surface de la terre contiennent constamment en dissolution des substances qui finissent par s'accumuler dans le grand réservoir commun qui est l'Océan, dont la masse, ne se renouvelant que par évaporation, se charge de plus en plus de matières salines. Le même phénomène se produit dans les bassins intérieurs sans écoulement, tels que la mer Caspienne, la mer Morte, etc. Dans les lacs à écoulement, au contraire, les eaux se dessalant au fur et à mesure, les matières salines ne peuvent s'y concentrer tel est, par exemple, le lac de Genève, simple ~aM!M<?MfM~ du Rhône.


Appliquons ces principes au Grand Bassin de

l'Ouestaméricain. Comme l'écrivait M. F. V. Hayden en tSyo, un vaste lac d'eau douce occupa jadis toute cette région. Les lacs Humboldt, Pyramide et Mono, au pied de la

Sierra Nevada, en faisaient incontestablement partie. L'eau de ce lac était douce, parce qu'elle avait Nord. un double écoulement, l'un au Sud, l'autre au Du côté du Sud-Est, les lacs Utah, Picoles. Cesar, Sevier, etc., échelonnés presque sur une ligne droite, sont les vestiges de la vallée qui conduisait naturellement les eaux dans les grands canons du Colorado. Le rio Colorado était alors le principal débouché du Grand Bassin au Sud. A l'extrême Nord, la ligne de partage actuelle entre le grand bassin lacustre et le bassin supérieur du Columbia est très basse un simple marais relie directement deux cours d'eau, dont l'un va se jeter dans le Portneuf, sous-tributaire, par le Snake River, du rio Columbia, tandis que l'autre tombe dans le Bear River, affluent du Grand Lac Salé. Le Welier River, le Jordan River, et le Bear River, ainsi que leurs tributaires, faisaient autrefois corps avec le Grand Bassin. Il en était probablement de même pour le haut cours du Snake River, et peutêtre aussi pour les hauts cours du Yellowstone River et du Missouri. Il est bien certain que toute cette région a été soumise à des alternatives d'affaissements et de soulèvements qui en ont modifié à plusieurs reprises le régime hydrographique. Quoi qu'il en soit, un moment est arrivé où les eaux du Grand Bassin n'ont plus eu d'écoulement, ni au Nord, ni au Sud, et dès lors, comme dans tous les bassins fermés, elles sont devenues peu à peusaumâtres, puis salées. Une série de terrasses horizontales et de cordons superposés révèlent les oscillations de niveau de l'ancien lac et la marche progressive des changements hydrographiques jusqu'au présent ordre de choses. De tous les bassins lacustres sans débouchés qui occupent cette région, le plus remarquable est le Grand Lac Salé. Il a une forme ovale allongée comme la mer Caspienne et une superficie d'environ 6 ooo kilomètres carrés. Alors que l'eau de mer ne contient ordinairement que~à~pourtoode sel, l'eau du Grand Lac Salé en renferme 20 pour 100. Elle est si dense que, sans nager, on peut se soutenir à sa surface comme dans la mer Morte Mais voici, en outre, une particularité qui, en dehors de toute autre considération des lois de la physique du globe, suffirait à écarter l'hypothèse d'une ancienne communication du Grand Lac Salé avec la mer. En effet, si ses eaux sont salées, elles sont loin d'avoir la même composition que celles de l'Océan. Dans celles-ci, c'est le chlorure de sodium qui domine; dans celles-là, c'est le sulfate de soude. Un jeune négociant de Bordeaux, M. Imbert, a rapporté un échantillon dé l'eau du Grand Lac Salé, puisée le n février'807,et des cristaux de sel recueillis

sur ses rives. Ces cristaux, irréguliers, translucides, poids qui varie de o 50 sans. aiguilles ni prismes, ont un à i gramme. Ils sont presque exclusivement composés de sulfate de soude, avec trace de chlorure et de

carbonate de soude. Ils se forment en très grande abondance sur les bords du lac pendant, l'hiver, et disparaissent en été, entraînés par les pluies. L'eau du Grand Lac Salé est donc une solution très concentrée de sulfate de soude, analogue à celle de certaines sources exploitées industriellement pour la pharmacie. Mise en bouteilles, elle se conserve très bien. L'échantillon rapporté par M. Imbert renfermait à peine quelques mucédinées au bout de dix-huit mois.

existe d'ailleurs un autre grand lac où domine c'est le lac de Van, également la sulfate de soude, Il

en Asie Mineure.

Signalons, pour conclure, un fait qui confirme de tous points la loi que nous avons formulée relativement aux lacs fermés et aux lacs à écoulement. Au Sud, et tout proche du Grand Lac Salé, se trouve le lac d'Utah, de dimensions moindres, dont les eaux sont douces, et nourrissent des truites très estimés. Cela tient uniquement à ce qu'il s'écoule dans les premiers et se dessale par conséquent incessamment par un émissaire auquel les Mormons avaient donné le nom de Jourdain. 11 y a, en effet, une certaine analogie physique entre ce cours d'eau et )e Jourdain biblique, qui porte les eaux douces du lac de Tibériade au sein des eaux chargées de sel de la mer Morte.

Edward Whymper, A guide

Zermatt M~ <e A~a/illustrations et cartes.

<o

vol. in-)2, avec Ho Londres, John Murray. Prix 3 shillings. ascenCE guide à Zermatt et au mont Cervin,dù aude fameux la sécheresse sionniste M. Edward Whymper, n'a rien toute pratique de ce genre d'ouvrages. Pratique, il l'est certainement, à la fois pour les grimpeurs et pour les simples touristes. Mais il renferme en outre une foule de notices intéressantes, notamment sur l'histoire de Zermatt, ce petit hameau perdu, presque ignoré des touristes jusqu'au milieu de ce siècle, et dont la réputation s'est répandue aujourd'hui dans toutes les parties du monde sur le Cervin et l'histoire tragique de sa première ascension,en partie reproduite du volume Escalades dans les A<M. Ces chapitres, ainsi que les vues, les portraits, les cartes qui ornent le volume de M. Whymper, en font un livre charmantque tous les visiteurs de Zermatt seront sans doute heureux de posséder. Henri Joly,A travers l'Europe, M~MiHM e~toies de voyage. <er/t0t-)t. Un

In-t8 de vn-370 p. 3 fr. 5o. études réunies dans ce volume ont paru dans des )L Hs recueils périodiques. Elles ont une unité réelle, car toutes ont été écrites à la suite de missions officielles ayant pour objet de visiter les institutions relatives à l'enfance abandonnée, irréguliére ou criminelle Les colonies de garçons l'éducation correctionnelle des en France et à l'étranger, jeunes filles, chez nous et chez nos voisins, les divers systèmes d'amendement moral expérimentés en Finlande, à Londres, en Autriche et en Espagne, sont tour à tour l'objet des observations du docte et sage écrivain. Ainsi rassemblés et se complétant par suite de leur rapprochemeytmême, ces substantiels essais présentent le plus grand intérêt aux lecteurs que préoccupent ces graves questions. V. Lccoffre.


Les Moyens de se défendre contre la Chique DESCRIPTION, AIRE D'HABITAT ET MÉFAITS DE LA CHIQUE Chique, appelée également S\(<~Ma L L et Puce /'M6/r.!H<e, est effectivement une sorte de puce, aussi incommode, sinon plus, par ses piqûres, que la puce ordinaire, mais qui présente, en outre, un inconvénient beaucoup plus grave.

Les femelles de cette espèce d'insecte, une fois fécondées,s'insinuent sous l'épiderme de l'homme et des animaux, y deviennent adhérentes au derme par une sorte de placenta discoïde, et les œufs contenus dans leur abdomen, en se développant, finissent par lui donner la grosseur d'un petit pois. Jusqu'en 1872, la chique n'a habité l'Amérique, dans la zone intertropique cale comprise entre le parallèle de 3o° de latitude Nord et celui de 3o° de latitude Sud. Le point le plus septentrional où elle ait été observée est Jacksonville, en Floride, par 3o'3o' de latitude Nord. Dans l'Amérique méridionale, elle s'aventure au Sud, du côté de l'océan Pacifique, jusqu'àCoquimbo ou La Serena(2C)°5~'io" de latitude Sud), jusqu'à Tucuman et Corrientes dans l'intérieur, et dans la partie occidentale, elle a été observée par le Dr Martin de Moussy jusqu'à SanBorja, sur la rive gauche de l'Uruguay, par 28'40' de latitude Sud. En septembre t8~2, la chique a été transportée, avec un lest de sable, du Brésil à Ambriz, dans la colonie portugaise d'Angola, sur la côte occidentale d'Afrique. De là, elle a remonté le cours duCcngo et dcl'AnjuliuLuujiju&qu'auiac Victoria, et à l'heure actuelle, ayant traversétout le continent africain de l'Ouest à l'Est, elle a atteint Bagamoyo, Pangani et même Zanzibar. Mais, en latitude, elle ne dépasse guère l'équateur du côté du Nord, et le point le plus méridional où on l'ait signalée est Zomba, près du lac Chiroua, par )5° environ de latitude Sud. Peut-être continuera-t-elle à envahir l'Afrique en latitude et l'Océanie de l'Ouest à l'Est, accomplissant ainsi, dans la zone intertropicale, le tour du monde. Au point de vue de l'altitude, on rencontre la Chique depuis les plages de la mer, où elle foisonne, jusqu'à 2 66i mètres (altitude de Santa-Fé de Bogota), et même à 3 ioo mètres, à Tuquerres, au nord-est de Quito. La Chique vit partout, surtout dans les lieux habités et dans les terrains sablonneux.

gonflement des glandes fémorales; –!a' perte fréquente des ongles, parfois celle des phalanges; plus rarement la nécessité de l'amputation, et enfin, dans des cas exceptionnels, la mort. L'aire d'habitat de la chique comprend, en Amérique: la totalité des Antilles, la Floride, le Mexique au Sud du parallèle de 22" de latitude septentrionale, les Etats de l'Amérique centrale, la Colombie, le Venezuela. la Guyane, la presque totalité du Brésil, le Pérou, la Bolivie, le Paraguay, et les p arC/tc/je .Co~r~o~f.

leur présence se révèle, soit par la démangeaison qu'elles provoquent, soit par leur développement abdominal. On peut agir, vis-à-vis d'elles, de

différentes façons.

Le procédé le plus employé consiste à se débarrasser d'elles par échi~Ka~c. L'opération (que font couramment dans l'Amérique intertropicale, et avec la plus grande dextérité,des femmes et des enfants) consiste à aller chercher sous l'épiderme, avec la pointe d'une aiguille ou d'une épingle, la chique enkystée, et à l'extraire coM~e/<neH<; sans

perforer son abdomen gonflé d'œufs. ]) est de la plus haute importance d'extirper totalement et sans rien laisser, le

corps étranger logé sous l'épiderme, si

l'on veut éviter des inflammations et des

TiQLEOUCfnQUED'At-'RtQCE (GROSSIE 12 FOIS)

tiesNord du Chili, de la RépubliqueArgentine et de l'Urugay; en Afrique la colonie portugaise d'Angola, l'Etat indépendant du Congo, l'Afrique orientale allemande et le Nyassa)and britannique. MESURES PRÉVENDVES Dès qu'on pénètre dans cette zone, des mesures immédiates sont à prendre. Coucher de préférence dans les étages supérieurs des habitations, où les chiques ne s'introduisent que lorsqu'elles sont apportées du rez.de-chaussée par des hommes ou des animaux. Si l'on doit camper en plein air, ne coucher que dans des hamacs suspendus. Il faut s'enduire le corps, mais surtout les pieds et les jambes, d'un corps gras la préférence devra être accordée à l'huile de rocou, que le P. Dutertre appelle énergiquement « la peste aux Néanmoins, tout corps gras chiques préserve plus ou moins efficacement la peau contre les attaques des chiques. A défaut, on lavera fréquemment les pieds, le bas des jambes, et les autres parties du corps, si c'est possible, avec du jus de tabac. Il est de la plus haute importance, à toutes les haltes, de visiter minutieusement les pieds, afin d'en arracher les insectes avant qu'ils s'y enfoncent tout à fait. Cette visite est indispensable pour révéler leur présence, car le début de leur pénétration est indolore. Les animaux, notammentles chiens, peuvent être préservés de la même façon des attaques des chiques, si l'on veut et si l'on peut s'astreindre à ces soins minutieux, en ce qui les concerne.

Dans la nuit du )g au 20 mars <8Ô2, pendant l'expédition française au Mexique, la b' compagnie du )8<' bataillon de chasseurs dut évacuer au bout d'une demi heure un local où elle s'était installée. Les hommes étaient tout couverts, des pieds à la tête, de myriades de chiques. Mais ces piqûres ne sont rien auprès de la douleur et des accidents provoqués par le parasitisme des chiques femelles fécondées. Indigènes ou EuroMESURES CURATIVES péens, peMonne n'en est exempt. Les phénomènespathologiques qui Si, malgré toutes les précautions en résultent sont des démangeaisons,de prises, une ou plusieurs chiques sont l'inflammation, de la suppuration; le parvenues à se loger sous l'épiderme,

suppurations consécutives. L'extraction peut être pratiquée sans aucune douleur, puisque le D' Roulin a souvent vu, a Santa-Fé de Bogota, les femmes profiter du sommeil de leurs enfants pour les débarrasser de leurs chiques. Le contact de l'air ou de l'eau froide après l'extirpation des chiques, peut donner lieu à des accidents tétaniques. La partie essentielle de l'opération consiste donc à obturer immédiatement l'ouverture restée béante, soit avec un corps gras (beurre ou graisse), soit avec de la charpie imprégnée de cérat, soit tout simplement avec du jaune d'un œuf cuit à la coque. U faudra éviter de se laver les pieds à l'eau froide pendant quelques jours. L'eau tiède est inoffensive. Ce traitement, très courant, est certainement le meilleur. Certaines personnes préfèrent tuer les chiques sur place, en enduisant le membre attaqué avec de l'essence de térébenthine ou de l'huile de rocou, qui amènent la mort du parasite. Celui-ci se détache ensuite lentement par une sorte d'exfoliation épidermique, mais en laissant des cicatrices très apparentes. Quel que soit le procédé employé, il est indispensable d'y recourir dès que l'on s'aperçoit de la présence des chiques, car toute négligencepourrait avoir des conséquences funestes. C'est ce qui est arrivé, à des Européens nouveaux venus en Amérique, et qui non prévenus du parasitisme des Chiques, ne se sont préoccupés des symptômes qu'ils éprouvaient qu'à une phase avancée d'inflammation et de suppuration. M. G.-L.-G. Guyon, inspecteurdu service de santé de l'armée, a publié un mémoire magistral sur l'/7M<o~e natu~'e</e et médicale de /a Chique, dans lequel il cite plusieurs cas d'abcès, d'accès tétanique et de mort, survenus à la. suite d'enkystement de chiques négligés. Mais, même sans tenir compte de ces cas exceptionnels, les incommodités ordinaires provoquées par la chique sont plus que suffisantes pour justifier les mesures de précaution que nous venons de recommander. PAUL COMEM.


Les Fermes d'Essais aux Colonies Dans

(~

~CC~M~ article, Af..BoMn~nf a montré d'une façon générale les nvantages considérables que l'on retirerait de la création de Fermes d'Essais. examine aM/OM~'&Mt ce qu'on peut faire en Afrique et en /)a)'<!<:K/:<'? dans notre colonie du Congo. MM

~ONStDÉRONS l'Afrique dans son ensemble. Elle possède, adaptés à ses divers climats,-tous les animaux dont l'homme a besoin, soit pour ses travaux, soit pour son alimentation. L'Afrique du Nord a le cheval arabe, cet animal qui, sous la tente, fait partie de la famille, que les indigènes soignent comme

supérieure à l'autruche du Cap, pour sa taille et pour la beauté de ses plumes. 11 y avait, pour l'Algérie, les plus grands avantages à ce que l'élevage en grand de l'autruche fût créé dans les régions du Sud. Les essais faits par M. Ch. Rivière, directeur du Jardin d'essais du Hammah, s'ils n'ont pas donné les résultats espé-

rés,ont,dumoins, démontré)ap3ssi-

la prunelle

de leurs yeux et

bilité de continuer cet élevage. La question a été lon-

dontilsdisentque, pour être de race «chareb er'ehh », buveur d'air, il doit avoir, en résumé,

guement étudiée parM.Forest,qui, pendant plusieurs années, avec une persévérance di-

quatre

choses larges

le

front, le poitrail,

gne d'un plus

la croupe et les

grand succès, a poursuivi son pro-

membres

quatre choses longues

jet d'autrucherie à Et-Outaïa. Mais il

l'encolure, les rayons supé-

est fâcheux que M. Forest, se heur-

rieurs, le ventre et les hanches; quatrechoses courtes: les reins, les paturons, les oreilles

AUTRUCfIG DU SOUDAN FRANÇAIS A HONARRY,

D'a~t-f.!

«M<o<o~r~<e

et la queue. L'Afrique du Nord a encore le chameau porteur, chameau des caravanes, et le méhari, ou chameau de guerre, chameau de course. Elle a aussi des bœufs de petite race, qui ont grand besoin d'être améliorés par la sélection et l'alimentation (tous les ans on en peut voir des types au concours général agricole), et des moutons qui font bonne figure et donnent lieu à un mouvement important d'exportation. Elle a encore l'autruche de Barbarie, bien A

TRAVERS LE MONDE.

tant à l'impossibilité d'obtenir la cession d'El-Ou-

3'

LIV.

le D'

~ac/axd.

taïa, n'ait pas cru

devoir rechercher d'autres emplacements qui, sans avoir la valeur du premier, eussent été aptes à cet élevage. Les conditions d'habitat de l'autruche ne sont pas tellement exclusives de variations qu'il faille refuser d'examiner toute autre

oasis. En effet, l'autruche existe dans le Fouta-DjaIon, qu'on ne saurait comparer géologiquement et climatériquement à l'oasis d'Et-Outaïa. J'ai appris tout récemment qu'un colon français, installé depuis peu à Tombouctou, possédait déjà douze autruches.

?

3.

2)

janvier f8q<


Au Sénégal nous retrouvons les petits ânes si endurants et si utiles. Outre l'emploi qu'on en pourrait faire pour la création de mulets, il y aurait peut-être lieu de se préoccuper d'augmenter leur taille par l'importation de races plus grandes.

L'Afrique oriepta)e

Abyssinie

possède les

mêmes espèces. Dans le Soudan central, il existerait une race de bœufs sans cornes. S'en trouvait-il dans les échanges Gribingui que les musulmans ont effectués sur avec la mission Gentil ? « Les caravanes du centre

venaient vendre leurs troupeaux sur le Gribingui. (Lettre de la mission Gentil, juin t8<)8). 11 serait intéressant de savoir si la mission a eu connaissance de cette race de bœufs qu'il y aurait intérêt à croiser avec certaines races de t'Afrique'ëquatoriate, dont les cornes trop longues constituent une gêne pour le colon. L'Afrique équatoriale possède surtout le bœuf et l'éléphant. L'Afrique du Sud, tout au moins en remontant vers le Zambèze, est carac-

commencera par faire le recensement des têtes de bétail proprement dit. Ce travail ne devra être qu'énumëratif d'espèces utiles, indifférentes ou nuisibles. tt dressera sa liste chevaux et ânes importés, bœufs de Konakry ou de Mossamédès, bœufs sauvages, moutons, chèvres. porcs et chiens, voilà pour la bergerie proprement dite; pou)es,. canards importés et canards sauvages, pintades, dindes, aigrettes et pigeons, voilà pour la basse-cour. Et aussitôt il se mettra à l'étude respective de ces diverses espèces. · S'agit-il des bœufs? il recherchera quelle est la meilleure race pour le travail, pour la boucherie ou pour les laitages. Pour le travail? M. Meuleman nous assure que « la structure anatomique du bœuf du Bas-Congo est celle d'une race propre au travail ». II y a là une indication précieuse. Le directeur de la Ferme Il

risqueradese heurter,

dès )e premierjour, au scepticisme des

rérisée parla présence du zèbre. On trouve

Européens. Faire travailler des bœufs, ici, au Congo, c'est une plaisanterie! Jusqu'à

partout le mouton,

ce jour, en effet, les

la chèvre, le cochon, le chien. Il

n'entre pas

dans le plan de ce travail de faire successivement l'étude de ces diverses espè-

bœufs du Congo ont été abandonnésà eux-

mêmes, broutant dans la brousse au hasard de la végéta-

tion utilisés seule-

ment pour l'alimentation des Européens. ces, au point de vue africain. On ne posSans citer l'exemple sède que des données du laboureur galla, générales, et il faudont il a déjà été 4-IIA~IFAT'X EY2RA\'ISS (.4AIIARA~. drait encore les exparlé, le directeur de /)'r~MMf/<n/o~'j/))t'ttc~G.<'0!<r/t'ttL'mnH/. traire des ouvrages la Ferme pourra rédes voyageurs. Un seul travail scientifiqued'ensemble a pondre par l'expérience de M. Noirot dans la Guinée été publié, c'est celui de M. Meuleman déjà cité. française. Je n'ai en vue ici que de montrer l'utilité d'une M. Noirot, envoyé comme administrateur à création dont le besoin commence à se faire vivement Timbo, et se souvenant des excellents' résultats qu'il sentir. Le mieux sera donc d'exposer dans le détail quel avait obtenus dans le Saloun en s'appliquant à l'éduserait son fonctionnement dans une colonie donnée. cation professionnelle et agricole des indigènes, résolut Celle qui se prête le mieux à cette étude est le Congo de frapper l'imagination des noirs du Fouta-Djalon, français, tant à cause de son état économique actuel dès le lendemain de.son arrivéé, espérant bien en qu'à cause de son voisinage immédiat avec des pays profiter pour poursuivre sans retard,une oeuvre analogue à la précédente. Et, sourd aux objections qui lui propres à lui fournir de nouveaux et abondants éléments de prospérité agricole Etat du Congo et grands étaient faites, sans que rien pût les légitimer absolulacs, bassins du Tchad et du NiL ment, il partit de Konakry avec des charrettes attelées L'oeuvre du directeur de la Ferme d'essais est de bœufs. double étude et éducation. Par conséquent, de même Dire que le voyage se fit sans difficultés, personne qu'on place un chef des cultures à la direction du ne le croirait. Tant qu'on suivit la route en construcjardin d'essais, de même on installera comme directeur tion, tout alla bien mais dès qu'il fallut se contenter de de la Ferrne un vétérinaire possédant la pratique agril'étroit sentier indigène qui ne sert qu'aux piétons marcole. Ce devra donc être un-technicien et un praticien. chant en ~le, ce fut une experience des plus pénibles. Son œuvre d'étude se subdivisera elle-même en deux La charrette franchissait rivières, marigots et mameparties une œuvre actuelle et une œuvre d'avenir. lons, risquant à chaque pas de culbuter. En arrivant à Je m'explique. Son premier souci devra être d'asl'étape, il fallait se mettre à la recherche des grains, seoir sur ses bases rationnelles l'emploi utilitaire des des patates, des ignames, des herbages pour le repas animaux qu'il aura trouvés tout d'abord dans la colodes bœufs. nie à un état de domesticité plus ou moins avancé. Enfin, après mille difficultés, M. Noirot parvint


Timbo, où il fit son entrée triomphale, assis dans l'une de ses charrettes qu'un bouvier noir conduisait par devant, à la manière de nos paysans, un long aiguillon à la main. L'effet produit sur les indigènes fut de la stupeur, et M. Noirot s'acquit aussitôt, de ce simple fait, une réputation extraordinaire. Depuis lors, les bœufs n'ont cessé d'être employés à des travaux variés. Que l'emploi de la charrette suppose l'existence de routes, tout au moins de chemins semblables à nos chemins vicinaux, je n'en disconviens pas. Mais n'est-il pas entendu que nos colonies doivent poursuivre sans relâche la création de ces routes? En dehors de l'attelage, soutiendra-t-on encore longtemps que le labour n'a pas sa raison d'être au Congo ou dans nos colo-

H

nies tropicales?

Voici un

exemple

Un colon dont les ressources

financières ne sont

pas suffisantes

pourlui permettre d'entreprendre les plantations à lon-

« La bride se réduit à une courroie passant derrière les cernes et venant s'attacher à une tringle en fer

légèrement incurvée, pourvue d'une encoche ou d'un anneau à chacune de ses extrémités et passée à travers la cloison nasale, dans le même trou que l'anneau. Cette partie de la bride reste fixée à demeure; au moment de se

mettre en selle on y attache les rênes.

Ces préparatifs terminés, on fatigue le taureau par une course d'une demi-heure, on lui monte sur le dos sans plus de façon et on le force à courir de nouveau. C'est ici que les hommes tenant les cordes interviennent pour empêcher les mouvements désordonnés que fera le taureau pour désarçonner son cavalier. Ces bonds sont très différents de ceux du cheval, et, malgré «

l'amour-propre, il

est souvent nécessairedefaireusage de la sangle de

voltige improvisée. « La première

séance doit être

assezcourte; l'animai est, du reste, très vite éreinté par cet exercice

entièrement nou-

veau.Onluidonne gue échéance, a résolu de se livrer immédiatement à des cultures de quelques mortabac, demande ceaux de racine riz des montade manioc avec gnes, d'ignames, un peu de sel; on etc., qu'il utilisera le met à la pàture, soit pour fournir, au piquet, à l'écart à l'adjudication les du troupeau. têtes dont la colo« Le lendeCIIIEN tNDtGi~NE DU CONGO FRANÇAIS. nie a besoin pour main, on recomj~'j~rc~' ~o/o~r~/uc~e ~~yNt~t~/r~/e~r. ~r~e~, ~t* compléter les ramencera,etiisuftions de ses trafira de quelques vailleurs indigènes, soit pour nourrir son propre bétail, jours pour voir le taureau s'adoucir insensiblement et soit pour importer en France. (Cette dernière indication renoncer à ses mouvements désordonnés. On pourra alors supprimer la corde fixée au canon postérieur et ne surprendra personne quand j'aurai dit qu'on peut faire par an deux récoltes de maïs.) Or quelle économie allonger un peu les promenades, après lesquelles on de main-d'œuvre indigène ne fera-t-il pas, s'il a une n'oubliera jamais de donner une friandise quelconque, paire de bœufs de labour attelés à une charrue légère? et particulièrement un peu de sel. Bientôt après, on Enfin le bœuf peut servir, au Congo, de monture pourra renoncer à faire tenir l'animal et rouler la corde de l'anneau nasal pour l'attacher à la selle. On pour voyager. sortira le taureau tous les jours, en 1 exerçant à acquérir J'extrais de l'étude de M. Meuleman le passage suivant, relatif à la méthode employée par lui, d'après un pas allongé. » les conseils du commandant Braconnier, pour dresser Si l'on ne sait pas encore au Congo français utiliser-le taureau, dans l'Angola, par contre, le tauun taureau de grande taille « Après avoir passé un anneau en fer à travers reau de selle est déjà très fréquemment employé. la cloison nasale, on fixe deux longues cordes, l'une à La question du laitage dans les pays tropicaux cet anneau, l'autre au canon de l'un des membres posest des plus importantes, non pas seulement parce que térieurs, et on donne chacune à tenir à trois hommes le lait est une base d'atimentation saine et rafraîchisfamiliarisés avec le bétail; à chacune des cordes il doit sante, mais parce que, là, il joue le rôle de remède dans que avoir moins noir qui sache l'on y au veut de un ce les deux maladies à redouter la fièvre bilieuse hémalui et qui ne soit pas disposé à prendre la fuite au preturique et la aysenterie. Personne ne soutiendra que mier mouvement de méchanceté de l'animal. le lait concentré, presque exclusivement employé jusCela fait, on fixe une couverture sur le dos du qu'ici, convienne pour cette médication. Afin d'obtenir « taureau et l'on s'arrange pour que la corde servant de des quantités suffisantes de lait, il faudra développer sangle forme une anse au niveau du garrot. Ce sera, chez les races africaines une gymnastique fonctionneUe. qui leur a manqué jusqu'ici. Le même fait est observé en quelque sorte, une sangle de voltige.


à Madagascar, en Indo-Chine et dans la République

Argentine.

Beaucoup de populations africaines se refusent à

boire le lait,qu'elle regardent comme boisson fétiche; d'autres, au contraire, utilisent le lait pour leur alimentation, mais sans jamais se préoccuper de perfectionner leurs méthodes. Dans la région de t'Ouhéhé, «la vache, dit Victor Giraud, peut à peine donner deux bols de lait par jour, ce qui tient à la mauvaise qualité de l'herbage dans la brousse. Le lait ne se boit pas; on le mange à i'état caillé, je dirai presque à l'état de fromage chaque famille possède deux ou trois grandes calebasses, souvent de 60 centimètres de diamètre, où la récolte du jour se mèle à celle des jours précédents. Dans un pays où, malgré la fraîcheur, le lait aigrit en vingt-quatre heures, on peut juger du goût et de l'odeur du mélange épais qui surnage. » Au Congo, je voudrais que chaque fonctionnaire, ou tout au. moins chaque groupe de fonc-

Toute cette même série de raisonnements pour-

rait successivement être appliquée aux races équine, porcine, ovine, caprine et canine.

Outre les animaux dits « de ferme », il y a encore fes animaux de « basse-cour ». On peut dire que la basse-cour doit être créée de toutes pièces. Je n'en ai jamais vu d'à peu près bien organisée que chez les missionnaires. A Libreville, j'ai éprouvé une véritable satisfaction à voir une grande mare avec des canards de races variées. Dans ce coin du jardin de la mission, je croyais retrouver un coin de grande ferme dans nos provinces les plus riches. Mais je n'ai pas vu un seul Européen qui ait su installer un enclos autour de sa maison sur pilotis, ayant d'un côté le jardin potager, d'un autre côté la basse-cour, et, devant, le jardinparterre avec des arbustes variés et des fleurs. H y a

là cependant une réserve d'occupations saines et

de distractions agréables. Personne ne semble y

songer. Dans la basse-cour

on peut collectionner utilement poules, canards,

tionnaires, constituant ce qu'on nomme « une gamelle », eût sa vache laitière. Dès le début, onn'obtiendrait pas moinsdedeux à trois litres de lait par

jour, de quoi boire quelques tasses de lait et préparer quelques entremets. Chaque poste ou station de l'intérieur aurait aussi

pintades, canards à caron-

cule rouge, canardscygnes, oies, dindes, aigrettes. Si on ajoutait çà et ià quelques cages en treillis de fil de fer pour

'LABOCREORGALLA.

Quant aux races capables de fournir de la viande, on sait déjà, par l'expérience de l'ite de Matéba, à l'embouchure du Congo, que le bétail se perfectionne avec le pâturage, et cela très rapidement. Les bœufs de Matéba présentent des infHtrations de tissu adipeux et arrivent à donner 50 °/ de viande. Il faut citer ici cet élevage de Matéba, parce qu'il fournit la démonstration pratique des théories qui, au Congo français, rencontrèrent toujours trop de sceptiques et de dénigreurs. Quand on fit venir les premiers bœufs dans l'ile, ils y trouvèrent l'herbe de Guinée, haute de plusieurs mètres, qu'on voit partout dans la brousse, coriace et dure, impropre à l'alimentation du bétail. Les pauvres bêtes durent pourtant s'en contenter. Au bout de peu de temps, en piétinant les hautes tiges et en broutant les tiges plus jeunes, les bœufs se reconstituèrent à eux-mêmes un pâturage aujourd'huil'île de Matéba présente l'aspect des plus belles prairies de Normandie. Voici maintenant, comme nombre de têtes, les résultats de cet élevage de Matéba

t88a. 1800. !8ot. 1892. i8û4.

bes, pigeons verts, grues, merles, etc., on obtiendrait un agréable ensembie de voiaiiies. Ne parions que de ia pouie. Elle abonde dans toute l'Afrique'; mais le manque de soins et de bonne nourriture, en beaucoup d'endroits le manque de calcaire, en ont fait un oiseau maigre, étique et de qualité inférieure. On aurait tôt fait de reconstituer une race de poules indigènes de taille plus forte, de chair plus abondante et plus fine il suffirait de lui assurer une nourriture meilleure que celle qu'il lui faut quêter dans la brousse, et mettre sa disposition du sable coquillier là où le calcaire fait défaut. Tout cela est bien facile à imaginer et bien simple à faire. Pourquoi les Européens ne s'en avisent-ils pas ?

D'après ~~e ~/)0/'3f/r~~t~ de M.

son troupeau.

En

perroquets, tourterelles a gorge de velours, colom-

zéro

604

t 046 t 087

2 338 On put donc fournir dès lors les i 071 bêtes de boucherie nécessaires pour le Bas-Congo, et le troupeau continue d'augmenter et de se perfectionner.

le Comte

(A

L~<7~

suivre.)

P. BOURDARIE.

fer dans l'Indo-Chine française

Les Chemins de

Les Chambres ont voté le projet de loi qui leur était soumis et ayant pour but d'autoriser le gouver-

nement général de l'Indo-Chine à contracter un emprunt de 200 millions de francs, avec garantie d'intérêt, en vue de la construction de chemins de fer en Indo-Chine. Les lignes prévues dans le projet de loi voté sont lcs suivantes Haïphong à Hanoï et Lao-Kaï. 400 kil. Hanoi à Nam-Dinh et à Vinh, 320 kit. Tourane à Hué et Quang-Tri, )4$ kil. Saigon au Thanh-Hoa et au Lang-Biang, 650 kil.; Mytho à Vinh-Long et Cantho,

c)~ktt.Entout,)66okit.


à l'Ouest, sauf quelques détours. On l'appelle la calle tM ~~M~a/. C'est là que sont installés tous les boutiquiers, que se concentre tout le commerce de Llivia,

L'Enclave de Llivia SAIT-ONque l'Espagne possède une enclave dans le département des Pyrénées-Orientales? Quelques rares érudits connaissent peut-être cette enclave qui a nom Llivia. Mais peu de personnes savent au juste en quoi elle consiste, et quelle est l'origine de cette singularité géographique. Un lecteur du Tour du 5~oM~e nous demandait récemment des informations sur Llivia, et, comme pour lui répon-

dre,

t'~HMMatff du Club

alpin français pour 7~7, est

venu précisément nouss

apporter une intéressante étude sur cette question. L'article est de

M.

E.

Brousse fils. Nous en extrayons quelques détails. Llivia est située au centre de la Cerdagne fran-

consistant surtout en articles dont l'importation est prohibée en France allumettes, poudre, cartes à jouer, tabac, alcool, etc. Malgré l'active surveillance des douaniers français, une vaste contrebande de ces produits s'exerce dans les environs, avec d'autant plus de facilité que, le pays étant absolument plat, on communique aisément du territoire de l'enclave avec le territoire français. « La rue du Mercadal, ainsi d'ailleurs que le restant de la ville, conserve un aspect des plus pittoresques, avec ses maisons basses et ses balcons de bois. sur lesquels sont posés, en été, des rideaux aux couleurs éclatantes. « La plupart des maisons sont vieilles, sales,

repoussantes. On

bâtit

cependant, rue du Mercada), quelques maisons dans le style et le goût modernes. Sur quelques façades, on voit des vierges et des saints, peinturlurés de couleurs voyantes. «L'ég)ise est de la seconde moitié du xvi* siècle. Le clocher est carré, et

çaise, entre Mont-Louis et Puigcerda. On la voit de loin, adossée à un mamelon coiffé d'une pyramide, et dominée par une église à allures de cathédrale Elle comme la plupart des clochers de Cerdagne. L'église, a 1,200 habitants environ. très vaste, ne comprend L'enclave n'en a que 100 de plus, en deux hameaux, pas moins de dix chapelles latérales, décorées dans le Sareja au' Nord et Gorguja ENCLAVEËSPAH~OLE D): LDVtA. goût espagnol, dorures et au Sud. C'est un territoire couleurs éclatantes proditriangulaire, de 300 hectares de superficie. « La ville est très ancienne, dit guées à profusion. » La ville est entourée de vergers M. Brousse. Construite par les Romains, c'est Livie. et de prairies où errent en liberté les chevaux et les la femme d'Auguste, qui lui donna son nom. Elle a été mulets cerdans, qui ont une réputation méritée. pour longtemps la capitale de la Cerdagne. C'était une place leur allure gracieuse et leur endurance. La population très forte. Son château, dont il reste encore quelques vit de l'élève du bétail, de la culture des céréales et de murailles et une tour, s'élevait sur le mamelon qui celle des arbres fruitiers. Quant au commerce, il est domine la ville à l'Est. Au xv' siècle, Louis XI fit la restreint et se fait surtout avec la France. L'Espagne conquête du Roussillon et de la Cerdagne. ne fait absolument rien pour cette enclave, et se borne à lui demander des impôts. Elle a même supprimé le « Llivia est une petite ville animée, et quand on facteur rural, qui lui apportait le courrier de y pénètre en venant d'Estavar, l'impression est bonne. Puigcerda. A gauche s'élèvent des fabriques d'amidon et trois manufactures de garibaldiennes (gilets de chasse en Aussi une partie de la population de Llivia laine) qui employaient, il y a peu d'années, 200 ouserait-elle favorable à une annexion à la France. Cette mais ta presse vriers environ, venus de la plupart des villages franmesure a été plusieurs fois proposée, çais avoisinant l'enclave. Ces manufactures ont fermé espagnole a toujours protesté, en revendiquant la leurs portes en ces derniers temps, par suite de la conpropriété de ce dernier reste de la Cerdagne, qu'elle estime avoir été indignement ravie à l'Espagne. currence désastreuse que leur faisaient les fabriques nouvellement installées à Puigcerda, à Ripoll et à La création de l'enclave date de la convention du Barcelona. 16 novembre 1660. Cette convention, postérieure d'un à la « En général, les rues de Llivia sont tortueuses, an au traité des Pyrénées, qui cédait le Rousfitton étroites et sales, comme les rues de toutes les petites France, avait pour objet le partage de la Cerdagne; le villes espagnoles et de beaucoup de villes françaises, partage s'opéra en vertu d'un accord du 8 mai t66o, devrions-nous ajouter. La rue qui se trouve en prolonexplicatif de l'article 42 du traité. gement du chemin de fer d'Estavar pour aboutir au D'après l'article, la limite entre la France et chemin neutre de Llivia à Puigcerda est la plus large, l'Espagne était celle même des versants. La France et traverse la ville dans le sens de la longueur, de l'Est devait avoir le Conflent, sauf les villes et terres qui


pouvaient se trouver sur les versants de l'Espagne, et l'Espagne la Cerdagne, sauf les villes et terres qui pouvaient se trouver sur le versant du Languedoc. Comme il n'y avait ni villes ni terres rentrant dans ces conditions, ni en Cerdagne, ni en Languedoc, il fallut fixer les limites définitives. Les commissaires nommés par les deux nations ne s'entendirent que pour attribuer tout le Conflent à la France; quant à la Cerdagne, ils s'en. remirent aux plénipotentiaires du soin

d'en faire le partage. Ces plénipotentiaires furent les mêmes qui avaient déjà signé le traité des Pyrénées, Mazarin et don Luis de Haro; ils se réunirent pour la seconde fois dans l'île des Faisans, et convinrent, le 8 mai 1660, que le Roussillon et le Conflent étaient définitivement attribués à la France, la Catalogne et la Cerdagne à l'Espagne. Mais, en ce qui concernait la Cerdagne, on cédait à la France la vallée du Carol et une portion du territoire cerdan « pour mettre en communication le Roussillon, le Capcir et le Confient avec la vallée de Carol et le pays de Foix ». On décida en outre que la partie de la Cerdagne cédée à la France comprendrait trenle-trois villages. Deux nouveaux plénipotentiaires, l'évéque d'Orange Serroni pour la France, don Galba de Vallgornerà pour l'Espagne, se réunirent alors à Llivia et procédèrent à la désignation des trente-trois villages. Quand on en vint à Llivia, le commissaire espagnol déclara inopinément qu'elle devait rester à l'Espagne, étant une ville et non un village. Le commissaire français. ne pouvant vaincre sa résistance, finit par céder à la condition que le roi d'Espagne ne pourrait faire fortifier ni Llivia, ni aucun autre lieu dudit bailliage, et qu'un chemin neutre mettrait en communication Llivia avec Puigcerda en Espagne, et avec Saillagouse en FfHtt~c.

C'est ainsi que fut créée cette enclave bizarre, que tous les traités diplomatiques conclus depuis lors

ont laissé subsister.

Les Régions du Haut-Tonkin o

Notes sur la Région de Ha-Giang L Tonkin ne consiste plus, comme naguère, dans les

seules plaines du Delta. Les hautes régions ont été mises en valeur, et nos colons commencent à se porter dans ces pays montagneux et salubres où il leur est permis de se livrer à l'exploitation agricole. C'est un Tonkin nouveau qui se révèle, et à cet égard il me semble intéressant de donner quelques extraits d'une étude faite par le lieutenant de marine Halais sur le cercle de Ha-Giang. Cette province est à cheval sur la haute rivière Claire, qui a creusé son lit dans un terrain argileux, de

sorte que les berges dominent souvent le lit du fleuve de y à 8 mètres. Après la saison des pluies, qui dure d'avril à novembre, la rivière Claire est un véritable torrent. On sait que ce fut dans ses eaux que le général de Badens trouva la mort. Le climat est sain, la température moyenne est de <8° en. hiver et ~o° en été. La région avait cependant un triste renom d'insalubrité qui a disparu le jour où les règles d'hygiène y ont été appliquées. A signaler l'heureux résultat qui a été obtenu par la distribution villages indigènes excellent de « poubelles exemple qui devrait être généralisé. La province d'Ha-Giang avait été conquise par les Pavillons noirs sur les autochtones de race thaï

aux

gouvernaient des mandarins annamites. Les Thaïs vaincus se réfugièrent dans les montagnes. Au lendemain de notre conquête du Tonkin, ils reprirent les armes sous le commandement d'un chef énergique, Thuong-van-Tha. Une reconnaissance conduite en 1886 par le lieutenant Sensarric (qui fut tué plus tard à Tombouctou) nous révéla la situation politique d'une contrée jusqu'alors ignorée. Le capitaine Perreaux vint donc y fonder un poste au commencement de 1887. Les habitants avaient à peine reconquis leur indépendance qu'ils se virent attaqués par A-CocThuong, un de ces chefs de bandes pirates qui tinrent

que

longtemps nos colonnes en échec. Dans l'impossibilité de faire face à la fois à tous nos ennemis, nous avions dû localiser nos efforts. Les montagnards de la région de Ha-Giang ne trouvèrent donc pas en nous, au début, le concours sur lequel ils comptaient légitimement, mais leur dévouement à notre cause ne s'en trouva pas amoindri. En t8g~, le regretté commandant Briquelot, nommé au commandement du cercle d'Ha-Giang, prit ~iP-fi_t ,otnwe~ .O:S mois il défit cuctgiquemcnt l~l'offensive. En quelques successivement les bandes de A-Coc Thuong et de ses alliés Mac-Qué-An et Hoang-Cau, et il les rejeta en Chine. Depuis lors la tranquillité n'a cessé de régner dans toute la région. Les Thaïs agriculteurs forment la majorité des habitants du pays. A côté d'eux viennent des Annamites, pour la plupart fonctionnaires, commerçants, industriels, et des Chinois descendus du Yun-Nan qui viennent travailler au moment des récoltes. Les Thaïs sont vêtus d'un veston du modèle annamite mais plus court, et d'un pantalon s'arrêtant aux genoux. Ils portent des jambières. Les femmes portent la jupe et un veston tombant droit; leurs reins sont ceints d'une ceinture aux riches broderies, et elles portent sur la tête une sorte de turban dont les plis retombent sur la nuque avec un effet très gracieux. Leurs habitations bâties sur pilotis sont propres, saines et bien tenues malheureusement les animaux ont leurs écuries au-dessous du plancher, ce qui dégage une odeur qui n'a rien d'agréable, mais les habitants y sont faits. La base de l'organisation du village repose sur la famille. L'autorité du chef de famille est absolue et indiscutée, le fils aîné hérite toujours de la moitié de l'héritage paternel, et il doit se marier le premier, les autres fils se partageant le reste de l'héritage. Ceux-ci

E-


construisent leurs cases aux côtés de celle de leur aîné, à qui appartient toujours celle du père. C'est en somme

l'application du droit d'aînesse. Le jeune homme qui veut se marier est tenu de consulter ses parents et de se soumettre à leur choix. La famille s'entend avec un intermédiaire qui prévient les parents de la jeune fille. Si lademandeest agréée, on présente les fiancés l'un à l'autre et le jeune homme envoie des présents qui né peuvent être inférieurs à 120 feuittes de bétel, t 2o noix d'arec, 2 kilos d'alcool de riz, 10 kilos de riz et deux paires de coqs. L'importance des présents est en raison directe de la fortune des parents du jeune homme. Les n&nçaiHes durent au minimum trois ans, pendant lesquels les présents elles traînent en sont renouvelés tous les ans général pendant sept ans, c'est-à-dire jusqu'à ce que le jeune homme ait la disposition de revenus suffisants pour faire face aux dépenses du ménage. Lorsque ce moment est arrivé, le mariage a lieu. Les cadeaux obligatoires sont alors: i~ tnë)s d'argent, une pièce d'étofït; d'un taël et diverses denrées en nature. De cette manière, c'est le jeune homme qui dote la jeune fille; celle-ci ne peut d'ailleurs prétendre à rien de l'héritage paternel. Si un chef de famille n'a pas d'enfants mâles, il en adopte, et ceux-ci sont ses hé-

ritiers.

Le culte des

morts est en grand honneur chez les Thaïs, comme dans tout l'Extrême-Orient. Leur religion tient du bouddhisme et de la morale de Confucius sa base en réside dans le culte des esprits. Aussi sont-ils très superstitieux et les devins et les sorciers jouissent-ils d'une influenceconsidérable. Si ta femme ne compte pas dans l'existence officielle, puisqu'elle ne mange pas à la même table que son mari et ses fils, elle a cependant une autorité indé-. niable, car il est très rare que le chef de famille passe outre à ses conseils. Chaque groupe de maisons a son chef, et la réunion de plusieurs hameaux forme un village dont le chef est assisté par un conseil de notables. Les fonctions de chef de village sont héréditaires, et ceux qui en sont investis forment une aristocratie très respectée. La propriété agricole, champs et rizières, est individuelle, alors que les bois et bambous appartiennent à la collectivité du village. Quand un indigène veut construire une maison, tous les habitants du village l'aident à couper du bois et à édifier sa charpente. Le reste de l'installation incombe à la famille. L'autorité militaire française a respecté l'organisation des villages, elle ne s'immisce nullement dans les détails .d'administration, et se borne seulement à exercer partout son contrôle tutélaire pour éviter les abus. Les officiers sont donc aimés et respectés ils ont une situation privilégiée. Le commandant du cercle juge toutes les questions en dernier appel, et jamais nul n'enfreint ses décisions. Cette peinture de mœurs patriarcales, qui rappelle un peu ce que nous avons dit antérieurment sur le Laos, démontre bien le parti que nous pouvons tirer de notre colonie indo-chinoise. NED Nûl-L.

Georges Blondel.

Peuple ~~ew!t<.

/)!<)' et Commercial du in-8°. Paris, Larose,

/E.Mr

)8c)().

G. Blondel est déjà connu par une intéressante jE/M~e ~t<r/M/!O~M<a<)0)~ rurales de /«c;)M~'HC. Le volume qu'il publie aujourd'hui nous renseigne, avec beaucoup de détails, sur l'essor industriel et commercial de ce pays.

Cet essor est considérable nous assistons depuis vingtcinq ans à la transformation de l'Allemagne d'Etat agricole en Etat industriel; vers le milieu de ce siècle, on comptait, dans l'ensemble de la population, 65 0/o des habitants vivant de l'agriculture; en 1882 cette proportion n'étaitplusquede 42 o/o; en !8ç?, elle était descendue à 3.7 o/o. Actuellementles diversesbranches de l'agriculture sont insuffisantes a faire face aux besoins de la consommation, et l'Allemagne est obligée d'importer beaucoup de produits

agricoles. En revanche, il n'est pas une branche de l'industrie et du commerce nu l'on n'ait a constater d'énormes progrès.. L'Allemagne fait à l'Angleterre une concurrence acharnée; elle vient en France même faire concurrence aux pro-duits français. Le port de Hambourg est devenu l'un des premiers du monde, et presque l'unique marché du continent pour les peaux et les matières tannantes. M. Blondel, étudiant les causes d'un tel essor, les trouve dans le tempérament du peuple allemand, dans l'éducation qu'il reçoit, dans sa méthode, dans l'augmentation de la population et enfin dans l'action du gouvernement, qui est discrète et raisonnable. Le gouvernement ne cherche pas seulement à défendre le marché intérieur, mais s'efforce surtout de conclure avec les pays étrangers des conventions où, en échange de concessions habilement mesurées, les Allemands obtiennent pour leur commerce d'exportation des avantages considérables

i).

Le volume de M. Blondel éveille, hélas des rénexions douloureuses chez le lecteur français, d'autant plus que le dernier'chapitre est intitulé, trop justement Les raisons de notre infériorité. La principale de ces raisons est à trouver dans la stagnation de la population française une autre vient de l'apathie des commerçants, de leur ignorance des usages ou des besoins des places un peu lointaines. La situation est grave elle n'est pas définitivement compromise. La France a tant d'élasticité, dit en concluant M. Blondel, qu'il ne faut jamais désespérer. Elle a été souvent malade et s'est toujours relevée. Les difficultés qu'elle a rencontrées, elle les a toujours vaincues. Mais il importe de se hâter. Il faut rattraper le temps perdu, nous efforcer de comprendre le progrès qui se fait autour de nous, et reconquérir par notre ardeur au travail la place à laquelle nos traditions comme nos qualités nous donnent le droit de

prétendre.

»

A. Lancaster, directeur du service météorologique de Belgique, membre de l'Académie des sciences, et E. Meuleman, vétérinaire au )~ régiment des guides, ancien commissaire du district de Stanley-Pool. Le Climat dit Congo. Un volume in-8 de 464 pages. Bruxelles, Hayez, t8o8.

Victor Deville, professeur agrégé au lycée Michelet. Parl'Afrique, e.c/oroy/OH, co<o;;t.M</û)t,<'<f!< politique. Un volume in-t2 de 460 pages avec 5 cartes hors texte. <a~-e de

Paris, Librairie africaine, et coloniale, '808.

Jules Leclerq, T)o~~ aux îles Fortunées. Lettres f~M Ca-

Ouvrage accompagné de gravures. Deuxième édition. Paris, Plon, )8o8.

<Mr;e~.

Le Loango et la 208 pages avec de vallée du A'OK!/0!<. Un volume in-8 coloniale, 4 cartes. Paris, Librairie africaine et

Docteur Voulgre,

Le Congo

français.


France

Augmentation des Troupes au Kameroun.

La Tenue de l'Artillerie de Marine aux Colonies.

On vient t)e faire quelque chose pour nos troupes coloniales les chefs ont remarqué que « le dolman en flanelle

bleue attribué aux officiers et adjudants d'artillerie de marine présente l'inconvénient de ne pas s'harmoniser à la couleur du pantalon de drap en France; en outre, par suite de l'usage, la nuance de ce dolman varie considérablement. ce qui introduit dans la tenue un manque d'uniformité d'un

effet fâcheux ». Le ministre de la Marine a décidé, en conséquence, que le dolman de flanelle bleue sera remplacé par un dolman de même forme, mais confectionné en drap léger et de nuance identique à celle du dolman de France. Pour éviter, à l'avenir, que les inconvénientssignalés au premier paragraphe de la présente circulaire ne se répètent aux colonies, le pantalon de flanelle bleue, actuellement en usage, sera également remplacé par un pantalon en drap léger, de même nuance que celui du dolman de la métro-

pole.

La Cuisine Militaire. Dans une paternelle sollicitude pour tout ce qui touche au bien-être des soldats. M. le ministre de la Guerre a publié récemment une circulaire sur la façon d'utiliser et d'accommoder la viande de conserve. Après quelques sagesrecettes pour faire congrument du miroton, du gratin, du pâté, etc., avec la viande de conserve, M. le ministre de la Guerre indique comment il faut l'assaisonner en salade, et préconise certains condiments. « En ce qui conserne l'oignon, dit-il, les cuisiniers ont de la tendance à lemettre en grandes quantités, en morceaux très volumineux. Dans ces conditions, la préparation est souvent indigeste. Il en est de même quand on emploie des haricots vieux, réfractaires à la cuisson, ou que pour les pommes de terre on se borne à une cuisson incomplète. « Des recommandations formelles, seront faites aux cuisiniers et chefs d'escouade sur l'importance ~M~'ac/tOKftement de l'oignon et sur la nécessité de la cuisson parfaite des haricots et des pommes de terre. A ces recommandationsdoit s'ajouter une surveillance assidue de la part des chefs qui ont la charge de vcitler spé cialement à la bonne alimentation de la troupe, n Signé

«

C.

DE FREYCIXKT. »

Belgique Les Fortifications d'Anvers.

On prétait au gou-

vernement belge l'intention de démolir l'enceinte actuelle d'Anvers, jugée insuffisante. On l'aurait remplacée par une enceinte colossale de 48 kilomètres de développement. Le ministre de le Guerre fait dire qu'il « importe avant tout d'achever la première ligne de défense destinée à préserver la ville d'un bombardement et dont, en vingt ans, il n'a été construit que 5 forts La grande enceinte d'Anvers ne sera donc pas démolie. Bien au contraire, on l'achève, on la renforce.

AHemagne Les Progrès Militaires.

L'armée allemande s'aug]6 ooo hommes et 4 ooo chevaux. Le mentera, budget prévoit en outre l'organisation d'une nouvelle école de cadets, l'accroissement des cyclistes militaires, la construction de magasins à Mayence, l'agrandissement de l'école d'artillerie de Jùterbogk.et enfin des expériences de transports de transmissionsd'ordres par automobile. Au total, to 422 339 marcks ajouter au budget militaire. en )8çq, de

Une Innovation dans la Marine Allemande.

L'Allemagneajoute à sa marine un nouveau grade, celui de ~a~eM-~p/~M (capitaine de frégate), qui lui manquait. Un décret impérial a décidé que le grade de FregaltenAot~aM remplacera celui de ~or~e/~M-Tfa~~aM mit Oberst//eM/Mf!H~ri!ttg' (capitaine de corvette au rang de lieutenant-colonel"qui existait depuis Je longues années..

D'après le Ber/)H<'r 7'j~<r«, les Allemands vont être obligés de renforcerles troupes coloniales du Kameroun. Cette colonie était occupée par une troupe de police forte de foo hommes et par un corps de troupes coloniales comptant :KM) indigènes. L'été dernier, ces troupes furent renforcées par 3.)2 soldats indigènes, dont 36 gradés et 6 tambours ou clairons, pour tenir en respect les tnbus rebelles et protéger les plantations. Ces forces ne paraissant pas encore suffisantes pour assurer la sécurité de la colonie, notamment dans les régions du Sud-Est, il est question de les augmenter d'environ .joo hommes indigènes, ce qui portera leur effectif total, en chiffres ronds, à t f.5o hommes.

Espagne La Réorganisation de l'Armée péninsulaire. La Reine régente fait publier le décret par lequel est réorganisée l'armée espagnole. L'infanterie de ligne comprendra désormais Sb régiments à deux bataillons, et 20 bataillons de chasseurs de 4 compagnies. Chaque régiment de ligne aura à son effectif: [ colonel; 2 lieutenants-colonels; 3 commandants; t3 capitaines; 16 lieutenants en premier; ;o lieutenants en second; t aumônier de 2~ classe; médecin de fêlasse; < médecin de 2° classe sergents; < musicien-major: 2 armuriers; 25 52 caporaux 24 clairons et élèves 8 tambours 27 musisoldats de classe; 652 soldats élèves: ;6 de ciens et r'e Le régiment de la Reine 2° classe; 6 chevaux et 2 mulets. reçoit en plus 8 sergents; 32 caporaux et 356 soldats de 2" classe. Chaque bataillon de chasseurs se composera de [ lieutenant-colonel 2 commandants; 7 capitaines; 8 lieutenants en premier; 5 lieutenants en second; aumônier de 2° classe; »; t médecin de f° classe musicien-major; f maitre-armurier; )3 sergents; 25 caporaux; 12 clairons et élèves; H soldats de ire classe 400 soldats de 2' classe 3 chevaux et t mulet.

Etats-Unis Le Rapport

Major Général Miles.

Ce rapport a guidé le Congrès dans ses décisions relatives à la Sxation

des effectifs permanents de l'armée américaine. Il résulte de ce projet que le pays doit fournir un soldat par i ooo habitants, soit 62 57Q hommes pour !f)f)<). Le général Miles demande en outre la création de troupes de « natifs commandées principalement par des officiers des Etats-Unis, pour Porto-Rico, Cuba et les Philippines. Leur effectif serait 6xé à 2 soldats par i ooo habitants de la population insulaire. Cette force rendrait les plus grands services dans des îles, qu'elle pacifierait. Ce serait un acte d'économie et de bon gouvernement, et de plus on éviterait ainsi la mortalité si grande des troupes qui ne sont pas acclimatées. On aurait ainsi, entre armée régulière et troupes indigènes, un effectif de

<oo

ono hommes.

Suisse L'Assurance Militairedans l'Armée Suisse.- Heu-

reux Suisses Une loi nouvelle que nous ne saurions trop méditer leur accorde, quand ils sont sous les drapeaux, des privilèges enviables. Tout en faisant leur devoir ils sont assurés contre la maladie, les accidents, le chômage et la

mort. Nous renvoyons ceux de nos lecteurs que cette question peut intéresser particulièrement à la lecture :M M~'<!0 des dispositions de la loi par laquelle la Confédération Helvétique « assure les militaires contre les conséquences économiques des maladies contractées et les accidents survenus au service ». Cette loi est des plus remarquables. Il est regrettable que son importance ne nous permettè ici que de la mentionner.


La JVIission Blondiaux en ~trique

~h~

Le /MM~/M~ B/OM~MM~,

l'infanterie de <t~/<7t;, vient de t:OwM~ un des « blancs qui s'étendent sur la carte occidentale, entre le ~OM~M/~Mf~M /&~M.OM ~/O~~OM très intéressante, ~M~M M~F/ contre ~a</M)y, est résumée dans les pages qui ~M~)t/

TA convention du 8 décembre i8c)?, relative à l'accord franco-libérien, donnait comme frontière le thalweg de la rivière commune aux deux pays

«.

Cavally jusqu'à un point situé à environ 20 milles au Sud de la rivière Férédougouba,

Bordeaux et il arrivait à Kayes le y novembre, Il en repartit bientôt pour gagner Beyla, où il organisa sa mission. Elle comprit le lieutenant Blondiaux, l'adjudantd'infanterie de marine Not, le sergent indigène °

Kantara-Kamara, 10 tirailleurs séné-

à

l'intersection duu 6° 30' de latitude

galais, !0 tiraitleurs auxiliaires,

Nordetdu()°t2'de

reporteurs

longituje Ouest ».

tait de

tes régions du

des

doutes sur l'exactitude des cartes antérieures, en ce qui concerne les bassins supérieurs des fleuves côtiers de la Côte d'Ivoire. Le lieutenant

se dirigeant vers

le Férédougouba.

GROUPE DE FEMMES DMORTtQUANT DU MIL AU VILLAGE DE GOUAKAKDOCUOC,

BIondiaux,quioc-

Z/j/t~

de

~~c

pouvait être l'affluent du Cavally, mais devait au

contraire se rattacher à un autre fleuve de la Côte d'Ivoire.

Il était intéressant d'élucider ce problème

géo-

graphique. Le ministre des Colonies confia au lieutenant Blondiaux, sur la proposition du colonel de Trentinian, lieutenant-gouverneur du Soudan, une mission d'étude dans le but de fixer la cartographie incertaine de ces régions encore inexplorées. Le 20 octobre i8c)6, cet officier s'embarquait à TRAVERS LE MONDE.

~)'

LIV.

It

/o~r~ le ~eHr.

Beyla en 189$, étudia tout spécialement la topographie du pays et fut convaincu que le Férédougouba ne

A

que des v~\res réserve; c est

dire que pendant de longs mois le pain et le vin furent rayés du menu journalier. Le lieutenant Blondiaux quitta Beyla le 6 février,

Cavally, nos offi-

cupait le poste

do-

mestiques et i cuisiniercomp)étaient le personne). La mission n'empor-

Or, après le passage de la colonne victorieuse du colonel Combes dans les hau-

ciers eurent

2

constata

qu'il était formé de la réunion de trois rivières, le Bao, la Gouaia supérieure et la Gouaia inférieure, qui se réunissent à Gouanandougou. Le Férédougouba se dirige alors vers le Sudl'.

Est traversant le pays de M~hou. où pénétra la mission. Cette contrée est bien arrosée, fertile, et produit en abondance le riz. le mil, les arachides, le coton et le caoutchouc.

habitants actuels sont des Malinkés qui ont imposé leur domination aux autochtones, les Les

Dioulas.

Le Mahou suthabilement se soumettre à Samory, qui déposséda le chef Samokha-Diomandé pour donner

?

4.

28

janvier tS~.


le pouvoir à un homme dévoue à sa politique nommé

grand commerce. Depuis le sac de la ville par Samory

la population a malheureusement été réduite de moitié. Kamori-Bamba. Les habitants sontd'origine mandé dioula ilsdésiraient Ce dernier eut assez d'influence pour écarter de nous voir nous établir dans le pays, mais ils craignaient son pays les sofas pillards de l'armée de Samory. encore plus de se compromettre vis-à-vis de Samory, Le commerce le plus actif du pays est, après aussi hésitèrent-ils à donner des témoignages de leurs 11 celui des captifs, le commerce des noix de kola. sympathies à notre compatriote. Les squelettes blanspéciale dite monnaie existe dans tout le pays une chis qui gisent sur les chemins de Sakhala indiquaient sombé. Le sombe est une tige de fer légèrement assez letraitement qu'avait subi ce village avant notre l'autre de pointes, côté deux terminée d'un par concave arrivée. par une tringle, d'une longueur de 0",30 environ. On Le lieutenant Blondiaux n'insista donc pas, et il la coupe en petits morceaux pour obtenir de la. monnaie divisionnaire. gagna Borou ou plutôt les ruines de ce village, car il n'y restait pas une seule maison debout. Le dernier Cette coutume est curieuse. Mais l'explorateur habitant était un pauvre idiot qui, nouveau Jérémie. rechercha vainement quel était le Lycurgue noir qui pleurait sur les ruines de son ancienne avait importé au Soudan les usages demeure. de Lacédémone. Samory était passé par là. Il dut continuer sa route sans Etantarrivé)e8marsàTeninavoir pu le savoir, et il arriva le dieri, dans le bassin du Bandama, le )!, février au village de Ferentela, un lieutenant Blondiaux prit le contact des plus importants du Mahou.d'où il avec les sofas qui, s'empressèrent de gagna Touba. Ce point avait été choisi s'enfuir. Il put tout à son aise étudier par le lieutenant Blondiaux. en raison la topographie du pays. reliant ses de sa situation, pour base d'opéraitinéraires à ceux du capitaine Martions. chand. On sait que cet officier, parti I[ y fut fort bien reçu par le de la Côte d'Ivoire, avait exécuté chef du pays, Douga-Diomandé, qui dans l'Hinterland de la colonie une lui fit la réception officielle d'usage, mission des plus intéressantes dont le caractérisée par une débauche de Tour du Monde a rendu compte en musique et des fusilladesbiennourries. son temps. Une partie des bagages de la Son travail topographique mission fut laissée sur ce point, et la achevé, le lieutenant Blondiaux revint marche fut continuée vers GouentéTYt'E['EFEMMEmAOULA(ANTHMPC'l'"AGi:J, donc vers Touba, en suivant un itiguela. La réception y fut plutôt froide; néraire un peu plus septentrional D'après M~e ~/t<?~o~r~tc ~(.' ~'jM~c~r les autorités s'abstinrent de paraître, passant par Gouamelasso, Guibouce qui indiquait suffisamment istté antérieurement par les officiers i'influence exercee par bamory dans toute la région. rosso, et Koro. visité ombes. A Koro il reprit la direction de la colonne Combes. Le lieutenant Blondiaux traversa le Férédoudu Sud, repassantpar Gouentéguela pour gagner Daotou, gouba devant Dabala, le 24 février, pour pénétrer dans situé non loin du confluent du Férédougouba et du le Ouataradougou, qu'habitaient des Barnbaras fétiBafing. chistes. Les indigènes, interrogés, déclarèrent que le FéPeu accidenté, )e Ouataradougou est traversé par rédougouba, après avoir séparé le pays des Ouobés de de petits affluents de gauche du Férédougouba il a celui des Lôs, descendait vers le Sud après avoir reçu été complètement dévasté par Samory, il y a près de six ans, aussi les habitants sont-ils réduits à la derun gros affluent appelé le Zo, pour se jeter dans la la mer. Ce renseignement concordait avec celui obtenu nière misère. par M. l'administrateur Pobéguin, qui avait reconnu le Les villages sont tous entourés d'une épaisse cours de la Sassandra en partant de son embouchure. végétation formant une zone de 300 mètres environ en Il était donc logique d'identifier le Férédougouba avec profondeur, absolument infranchissable et ne livrant la Sassandra et d'en faire la branche supérieure de ce passage que par d'étroits sentiers. Malheureusementces neuve. Cette hypothèse a été confirmée par des faits judicieuses défenses naturelles ne suffirent pas pour nouveaux c'est la seule qui soit exacte. mettre les villages à l'abri des ravages des sofas de A Daotou, le lieutenantBlondiaux essayad'entrer Samory. Kani, seul, où la mission séjourna le 28 février, en relation avec les Ouobés, mais sans pouvoir y parvenir. Ces gens sont complètement sauvages et même avait échappé à la règle commune, par la simple anthropophages.llsn'ont aucune industrie,ets'adonnent raison que ce gros bourg est un centre commercial exclusivement à la pêche et à la chasse. Ils sont bons dans lequel résident des marchands musulmans et que guerriers; aussi le chef du Gouaran, dont dépend DaoSamory a toujours ménagé ces derniers, ses pourtou, avait-il cru pouvoir faire appel à leurs services voyeurs habituels en armes et munitions. contre les sofas de Samory. Prévenu que les sofas avaient été vus à Sakhala, Ils acceptèrent et furent victorieux. Mais aussile lieutenant Blondiaux prit les dispositions militaires tôt après le combat ils se mirent à dévorer indistinctecommandées par les circonstances, avant de pénétrer dans Sakhala, où il entre le 2 mars. ment les cadavres des sofas et ceux des gens du GouaSakhala est un grand village, et il s'y fait un très ran. Le chef du pays leur ayant fait observer qu'il


LE cHEF DE TOUnA,

D'f!C.!)iHf~!OiO~)'J~t'edet'(!H(f:;<

préférerait que leur choix se portât sur d'autres que ses défunts administrés, les Ouobés prirent mal la chose et lui déclarèrent que. s'il n'était pas content qu'ils mangeassent les morts, ils pourraient bien manger les

vivants. chef en question se le tînt pour dit, mais Une put s'empêcher de déclarer au lieutenant Blondiaux qu'on était souvent 'obligé, en Afrique, d'employer des amis Le

bien

compromettants.

n'a que très peu souffert des ravages de Samory, est très peuplé, et les habitants d'origine bambara, s'adonnent à l'agriculture. Après l'avoir traversé, la mission arriva à Seguela, où avait été tué le capitaine Ménard, et sur lequel le lieutenant Blondiaux obtint des renseignements circonstanciés. 11 continua sa route par le Koyradougou, habité par des musulmans attiés de Samory, qui, s'ils ne s'opposèrent pas à la marche de l'explorateur, furent loin Le Gouaran, qui

de la lui faciliter.

A Danhantogo, la réception fut plus affectueuse et les habitants apprirent au lieutenant Blondiaux que des blancs venus de l'Est avaient essayé d'arriver dans leur pays, mais qn'ils en avaient été empêchés par les Lôs. 11 s'agissait de MM. Eysseric et Corroye, qui, en effet, eurent des difficultés avec des Lôs, ce qui les obligea à suspendre leur voyage. Le lieutenant Blondiaux, espérant être plus heuchez les reux, continua sa marche en avant et pénétra Lôs. Ceux-ci sont grands, bien bâtis, ont les traits réguliers et paraissent se rattacher à une branche de la famille mandé. Dès les premiers pas il se heurta à une hostilité évidente, et à peine était-il installé au village de Buonsira qu'il se vit entouré d'une bande d'individus à l'aspect

menaçant. Toutefois, les Lôs discutèrent au sujet de la façon dont il convenait d'attaquer la mission sans trop de risques pour eux mêmes. Le lieutenant Blondiaux les tira d'embarras en décampant au petit jour avant qu'on pût se douter de ses intentions, et il revint à Danhantogo et de là à Gouentéguela, où il sereposa jusqu'au 28 avril, avant de rentrer à Touba. Il s'y ravitailla et se remit en route le 13 mai dans le but de rechercher la ligne de partage des eaux entre le bassin de la rivière Saint-Paul et celui du Ferédougouba, afin de délimiter d'une façon précise la frontière franco-libérienne dans cette région. H pénétra dans le Karagoua, dont les habitants s'étaient enfuis à l'approche de Samory pour se réfugier dans la forêt du côté de Toungaradougou. 11 fut bien accueilli, et, descendant vers le Sud, il reconnut le bassin de la rivière Saint-Paul, séjourna à L ola, le centre commercial le plus important de la région, dont les habitants se montrèrent très hospitaliers. Cette reconnaissance très intéressante dura tout le mois de mai. En juin, l'explorateur était de retour à Touba. 11 y passa l'hivernage, construisant un poste auxiliaire qui fut plus tard occupé par une garnison française, et mettant au net ses itinéraires. Le <$ décembre il remettait le commandement du poste de Touba au capitaine Ristori, ce qui fut l'occasion d'une manifestation militaire destinée à frapper les indigènes. Le lieutenant Blondiaux, toujours accompagné de l'adjudant Not, reprit le cours de ses pérégrinations, se dirigeant vers le Cavally. Le pays traversé était désert, et les routes envahies par une végétation puissante nécessitèrent l'emploi du sabre d'abatis pour

s'ouvrir un passage.

Le 26 décembre il arrivait au village de Man. Les habitants ne dissimulèrent nullement leur animosité contre les blancs. Toutes les tentatives de concilia-

tion furent vaines. Bientôt la mission fut entourée par un cercle d'ennemis allant toujours croissant. Il fallut se mettre en état de défense, toute la nuit se passa dans

l'attente d'une attaque.

Au jour,

le lieutenant Blondiauxayant décidé de se

replier, fitt

évacuer le

viltage enn

bon ordre. Mais les in-

digènes l'at-

taquèrent aussitôt,

un

violentcombat s'enga-

gea d'où

nos troupes

sortirent

victorieuses après avoir eu malheu-

DOUGADtOMAMDÉ.CHnpDUMAHUU,

D'~r~~Hc~~o~t~f.a~/c'~r.


roulement 2 tirailleurs tués et !<) blessés. Cette attaque démontrait nettement que toute pénétration vers le Sud était interdite à une troupe ne disposant pas de gros effectifs.

L'explorateur revint donc à Touba. Il y trouva un ordre le rappelant en toute hâte à Bammako pour faire partie de la colonne de Sikasso. Le lieutenant Blondiaux fut un des premiers à pénétrer dans la ville par la brèche, faisant preuve d'un éclatant courage. Les résultats géographiques de la mission Blondiaux sont très intéresants. Elle nous a fait connaître une région jusqu'alors complètement inconnue, qui est le nœud du système orographique de l'Afrique occidentale. La délimitation de la ligne de partage des eaux entre le bassin du Niger et ceux des rivières du golfe de Guinée avait une importance considérable. A l'heure actuelle, nous sommes fixés sur le cours du Cavally, de la Sassandra et du Lahou. Quelques levés de détail achèveront la connaissance complète des dernières contrées mal définies de notre empire atricain. La croix récemment accordée au lieutenant BIondiaux est venue récompenser justement les remarquables services de ce jeune officier. NED NOLL.

Nous allons reproduire quelques fragments du récit de l'explorateur « Nous commençâmes nos tentatives d'ascension en traînant nos provisions de vivres, de combustible et d'instruments sur un glacier d'accès difficile jusqu'à 6 ooo mètres d'altitude. Nous partîmes le lendemain matin à deux heures; mais nousnenousétions pas élevés de 300 mètres qu'une tempête de neige nous rejetait sur notre camp elle finit même par nous contraindre à l'évacuer, en laissant là toutes nos provisions qu'il nous fallut aller rechercher. « Les fatigues et les souffrances que nous endurâmes nous obligèrent à prendre deux semaines de repos. Nous nous remîmes en route le <) octobre, et nous atteignîmes l'endroit de notre premier campement. Comme la première fois nous repartîmes le lendemain matin à deux heures; en trois heures nous eûmes traversé le glacier principal. Pour atteindre de là le pied de la cime proprement dite, il nous fallut encore grimper pendant deux heures, sur de mauvais rochers désagrégés et couverts de neige. Nous pensions être bientôt au bout de nos peines, lorsque nous fùmes arrêtés par une gigantesque fissure, qui semblait s'étendre sur toute la largeur de la montagne, et nous vîmes aussitôt que, de ce côté au moins, il n'était pas questiond'atteindre le sommet. Nous prîmes donc nos

point même où nous étions; noustrouvâmes qu'il dépassait certainement y oco mètres, et qu'il atteignait probablement y ~oo.

mesures au

« Sans perdre courage, nous revînmes en arrière, mais, ayant et nous essayâmes un autre chemin atteint à peu près la même hauteur, nous trouvâmes

L'Ascension du « Sorata Il M. Cuwway par Sir vv 't C'R W. M. Conway, dont on se rappelle le beau voyage dans l'Himalaya, vient de s'attaquer aux grands sommets de la chaîne des Andes. Il a fait en septembre dernier l'ascension de rUtimani (6 772 mètres~; en octobre, il a tenté à deux reprises celle de l'Illampu, et s'il n'a pu atteindre le point culminant, il en est du moins arrivé tout près. Enfin, passant de la Bolivie au Chili, il a fait, le y décembre dernier, l'ascension de l'Aconcagua, qui avait été escaladé l'année pré-

cédente par M. Fitzgerald. Sir W. M. Conway, qui doit revenir le mois prochain en Europe, ne tardera pas sans doute à publier le récit complet de cette belle expédition, l'une des plus remarquables qui aient été faites dans les Andes: l'ascensionniste est en effet doublé chez lui d'un écrivain alerte et fécond. Mais nous pouvons déjà donner d'après les journaux, sur l'ascension de l'Illampu, quelques détails qui compléteront ceux que nous avons publiés dans notre Courrier GM~T~A/~Mf. L'l1lampu n'est à proprement parler qu'un sommet, et non le plus élevé, du grand massif connu sous le nom de Sorata, ou Nevado de Sora/a, d'après la ville la plus importante de la région. Le point culminant, celui que sir W. M. Conway aspirait à gravir, s'appelle 1 ~MCO~~M.

la même fissure, ou du moins une fissure absolument semblable, et nous fûmes dans l'impossibilité d'avancer. Quelques essais nouveaux ne donnèrentpas de meilleurs le ~srti de redescendre f~cni~te c~rt~ ~ue ;P ~r's r-sur le plateau, et de continuer mes explorations à une moindre altitude. » D'après les mesures de sir W. M. Conway, l'altitude du Sorata est supérieure à celle qu'on admettait jusqu'ici. Il estime qu'à l'endroit où il s'est arrêté une centaine de mètres restaient à gravir. En admettant qu'il fût à y ~oo mètres, l'altitude du point culminant serait ainsi 400 mètres, ce qui en ferait, jusqu'à nouvel ordre, le sommet majeur de l'Amérique du Sud. 11 est vrai que nous ne savons point encore quelle hauteur sir W. M. Conway a trouvée à l'Aconcagua. Remarquons également que les mesures d'altitude prises par M. Conway ne peuvent être qu'approximatives. Elles sont prises pour la plupart au baromètre anéroïde, instrument assez peu sûr lorsqu'il s'agit de prendre des mesures rapides. « M. Whymper, qui fait autorité pour l'usage des anéroïdes, a établi, dans son Voyage aux Grandes Andes de l'Equateur, qu'un baromètre anéroïde, employé à de grandes hauteurs, doit être laissé une semaine au même endroit pour reprendre son équilibre. Sans cela, il est sujet à indiquer une hauteur supérieure à la réalité. M. Fitzgerald a fait une expérience semblable sur l'Aconcagua. »

.&

y

de

1"


T T~Econférence internationale s'est tenue à Londres le )~ du mois de novembre pour discuter la question des routes à imposer obligatoirement aux paquebots desservant les lignes d'Europe aux Etats-Unis. L'intention qui a animé les promoteurs de cette conférence est des plus louables, puisqu'il s'agissait de réduire les risques des terribles abordages qui viennent trop fréquem-

demi-satisfaction. Depuis pas mal d'années, en effet, certains publicistes ou certains marins ont signalé, sur tous tes tons, la nécessité de ne pas faire passer les paquebots rapides sur le bancde Terre-Neuve, où séjournent durant six mois de l'année, pour la pêche de la morue, tant de petits navires montés par des pêcheurs de nos côtes de France. Les doléances de ces véritables amis des gens de mer ont fini par être entendues des pouvoirs publics, généralement difficiles à se mettre en branle. C'est ainsi que le Cahier des charges annexé à la loi du 8 juillet 898, qui a renouvelé le contrat postal de notre Compagnie transatlantique, porte, en effet, paquebots s'abstiendtont de traverser le banc que de Terre-Neuve du 15 avril au t~ octobre, sauf le cas de force majeure ». Quelque temps avant le vote de cette loi, M Hanotaux, alors ministre des affaires étrangères, voulut bien annoncer qu'il proposerait par la voie

les

diplomatique

ment, hélas!

aux différentes nations maritimes la prohibition de la route coupant le Banc durant la saison de la pêche. C'est ce qu'on a appelé « la neu-

occasionner de si douloureuses

catastrophes. Les diverses compagnies

transatlantiques

d'Angleterre, d'Amérique, d'Allemagne et

de

tralisation du banc de Terre-

France

étaient

repré-

Neuve

sentées à cette conférence, réunie sousla présidence de M. Ismay, président de la Compagnie M~Me lequel a. ait prôné, depuis 1876, l'établissede routes obligatoires.

~/ay/

En réalité, ces parcours obligatoires existent pratiquement depuis longtemps, parce que l'expérience a

permis de connaître avec une assez grande exactitude l'époque à laquelle certaines régions deviennent dangereuses par <=uite de la présence des brumes et des glaces. Les glaces constituent, en effet, l'un des plus grands risques de la navigation, et comme elles ont causé un certain nombre de sinistres mémorables, les capitaines des transatlantiques ont grand soin de tracer leur route de manière à éviter les parages où, suivant telle ou telle saison, on est exposé à les rencontrer. 11 y a donc déjà, en fait, des routes établies pour la traversée de l'Atlantique Nord dans l'un et l'autre sens. Néanmoins un excès de précautions ne nuit jamais, et la conférence de Londres avait une utilité qu'on ne saurait contester.

Seulement cette conférence n'a rien décidé et ne pouvait rien décider en ce qui concerne les pêcheurs, les vapeurs non postaux et les voiliers. Ceux-ci, guidés par les vents, ne peuvent guère être astreints à des routes obligatoires. Or, ce sont eux qui ont causé, dans l'Atlantique, les abordages les plus désastreux témoin celui du Z-oe~K et de la Pille du /Va'M' ou celui du C~MMf~ et de la ~oM~op/x en sorte que les bienfaits de la conférence du 15 novembre ne seront jamais que relatifs. A un autre point de vue, !a conférence en question ne nous apporte vraiment, à nous Français, qu'une

».

N'oublions pas de consta-

ter, d'ailleurs,

qu'en contournant le Banc, au lieu de suivre la route

directe, un paquebot allonge sa route de ~y milles à peine, soit, aux vitesses habituelles, de trois heures tout au plus. Puisqu'une conférence ayant pour objet la navigation transatlantique se réunissait à Londres dernièrement, c'était le cas ou jamais de soumettre à ses délibérations la mesure ardemment réclamée en France et imposée à la Compagnie transatlantique française. Mais personne, sans doute, ne s'en est soucié, et la conférence de Londres a établi des routes obligatoires qui passent par le Banc à une époque où la pêche est en pleine activité, c'est-à-dire du mois d'avril au mois d'octobre. Voici, d'ailleurs,quelles sont ces routes reproduites sur notre carte A. Départ d'Europe

)° Du

15

janvier au t~août

inclusivement grand cercle vers le Nord à partir de

Bishop Rock (Scilly) jusqu'au point où le 47° de longitude 0. Greenwich coupe le parallèle de 42° N. grand cercle de ce point jusqu'au S. du phare de Nantucket, de là, à Fire Island pour New-York. 2° Du 15 aoûtau 14 janvierinclusivement grand cercle vers le N. jusqu'au point où le 49° 0. Gr. rencontre le 40° N.; delà, diriger pour joindre le point où le 60° Or. Gr. rencontre le 43° N., de ce point à Nan-

tucket.

Départ de New-York 3° Du 15 janvier au 23 août inc.usivement de Fire Island au point où le 70° 0. Gr. coupe le 40°10" N.; de ce point, à l'endroit où le 47° 0. Gr. rencontre le 4!° E. puis diriger sur B.

Bishop Rock.


août au <4 janvier inclusivement du pointd'intersection ci-dessus (40~0" N. et 70" 0. Gr.) 4° Du 24

au point où le 42" N. rencontre le 60° 0. Gr. de ce lieu au point où le 46~0' coupe le méridien de 45° 0. Gr.; puis diriger sur Btshop Rock. Le tracé de ces diverses routes allant à l'encontre des prescriptions contenues dans le Cahier des charges imposé à la Compagnie française, les représentants de celle-ci à la conférence n'ont pu adhérer aux décisions qui étaient prises. Nos pêcheurs, qui naviguent si péniblement dans les parages embrumés de Terre-Neuve, seront donc à l'abri de l'irruption soudaine des transatlantiques français, mais ilcontinueront à rester encore sous la menace des étraves coupantes des transatlantiquesanglais, allemands ou américains. C'est ce danger permanent que la conférence de Londres a eu le tort de ne pas écarter définitivement, en se conformant à la règle prudente que le gouvernement français a imposée à son service postal.

Malgré tout cela, de nombreux négociants faisaient sur la place de Massaouah, avant 188o,

d'excellentes affaires. Le général Baratieri, gouverneur de l'Erythrée italienne, avait, avant même qu'il eût occupé Kassala, préparé les communications de Massaouah avec le Soudan, d'abord en i8~t, en faisant améliorer la route des caravanes de Keren à Agordat. et ensuite en décidant, au commencement de 1893. la construction de la route du Maldi. Ces améliorations dans la viabilité, jointes à la sécurité et à l'organisation des puits et des étapes, avaient justement pour but de vaincre la concurrence de Souakim, d'autant moins à craindre que les Mahdistes interdisaient alors les communications entre cette dernière ville et le bassin du Nil. Après la prise de Kassala, le D~G. Schweinfurth, au retour d'un voyage en Erythrée, émit, dans les

Z~<ï

der G~M/.M/ï /Mf Erdkunde (1804), de Berlin, son opinion au sujet des relations commerciales. Nous en traduisons le passage suivant, qui est des

plus instructifs L'importance stratégique et commerciale de Kassala pour t'Erythrée ne peut être révoquée en doute, car, au couchant, derrière Kassala, s'étendent jusqu'au Nil Bleu de vastes déserts qui, pendant huit mois de l'année, ne peuvent être franchis par de grandes caravanes, vu lemanque d'eau absolu. Kassala est non seulement plus voisine de Massaouah (33o kilomètres) de 7o kilomètres que de Khartoum, mais elle est en outre reliée à la côte par des routes beaucoup plus commodes que par le Nil Bleu ou le Grand Nil à la vallée de Khartoum. « Quant au commerce de Kassala, il se dirige actuellement (en 1804), non au couchant et vers Khartoum, mais au Sud-Ouest et au Sud, à Ghedaref, le district de )a crnmmf arahinoç et aiy ~u Nil Bleu supérieur et moyen, ainsi que de ses affluents Rahat et Dender, et enfin à Gallabat, porte de l'Abyssinie méridionale vers le Nord-Ouest. Pour ces territoires étendus, Kassala est l'oftM)x le plus important. Il se savoir si le compose pourtant encore un problème merce du Soudan, qu'il faut d'ailleurs réorganiser à nouveau, trouvera sa sortie de Kassala plus facilement à Massaouah ou à Souakim, problème qui faisait l'objet de discussions animées, il y a déjà trente ans de cela (en 1864), quand je voyageai pour la première fois dans ces régions. « La question fut alors résolue par les Egyptiens en faveur de Souakim, comme le prouve l'occupation de ce port faite par l'Egypte en 1865, occupation qui précéda de quelques années celle de Massaouah, ces villes ayant été cédées toutes deux par la Turquie. En ligne droite, Massaouah se trouve un peu plus voisine de Kassala que Souakim, tandis que de cette dernière ville conduisent des routes de caravanes plus commodes et plus directes, à travers une région plane. Certainement la nouvelle route du Maldi supprime entre Massaouah et Kassala cette différence. Mais le doute ne peut être considéré comme absolument résolu, et il reste encore incertain si les Italiens, par la conquête de Kassala, n'ont pas encore une fois tiré les marrons du feu au profit des Anglais, comme le général Baratieri en a manifesté la crainte. » Aussi les Italiens cherchèrent-ils à avoir entre les

«.

Massaouah et le Commerce

du Soudan A u début de Rome

la présente année, on

télégraphiait de

au Daily A~M

« L'Italie et l'Angleterre ont entamé des négociations en vue de la conclusion d'un arrangement aux termes duquel le commerce du Soudan oriental serait dirigé sur iviassaouah par la voie de Kassala. « La route de Massaouah est beaucoup plus courte que celle de Souakim. » Il n'est pas inutile de rappeler quelle était la situation du Soudan avant que les progrès de la puis

sance mahdiste soient venus la modifier. De 1865 à 1880, le commerce du Soudan, malgré le gouvernement ruineux des Egyptiens, avait pris un grand développement. Il y avait des étapes organisées et un réseau télégraphique suffisant mais les routes laissaient beaucoup à désirer, et le fret des chameaux était trop élevé pour permettre un trafic régulier. En outre, dans beaucoup de postes, il fallait acquitter un péage, et, dans la plupart des cas, se rendre favorables, par des &aM)/c/.); les autorités ou

les bachi-bouzoucks. A Massaouah arrivaient, de Kassala, des caravanes chargées de peaux, d'ivoi're, de gomme, de

plumes d'autruche, de sésame, de musc, etc. Mais ce n'était là qu'une petite partie du commerce du Soudan, parce que la route à travers le pays des Bogos n'était pas toujours sûre, à cause des Abyssins qui, d'Asmara, descendaient souvent à Keren. Les caravanes prenaient plus volontiers la route de Souakim, sur laquelle les Egyptiens avaient organisé un bon service d'étapes. Enfin, les voies peu dispendieuses et peu fatigantes des affluents du Nil créaient encore une

autre concurrence.

"c


mains un atout plus sérieux, c'est-à-dire un chemin de fer allant de Massaouah à Kassata. Il en existe déjà un de 27 kilomètres, en très bon état, entre Massaouah et Saati. H s'agissait de le prolonger jusqu'à Kassala, c'est-à-dire d'environ 300 kilomètres. En 1895, des études sérieuses furent faites à cet effet mais le désatre d'Adoua fif abandonner ces projets. tl y aurait intérêt à les reprendre, si les Italiens veulent drainer, par Kassala, les produits de tout le bassin supérieur du Nil.

attaque qui lui causa de fortes pertes, mais nous coûta encore 3 blessés.

Le 10, le sergent Moussa fit occuper /&otM/.s extérieurs de la ville, que les tirailleurs gardèrent pendant les ~OM~MM! des 77. 72 7~, en interdisant l'accès aux habitants. Mais ils furent repoussés, le 14 au matin, par une nuée d'ennemis qui les poursuivirentjusqu'aux murs du campement. Dans cette action fut tué le brave

Kouby-Keita. Furent également tués 2 tirailleurs et blessés 2 tirailleurs et i domestique. Les munitions étaient épuisées. Il fallut songer à la retraite, qui commença pendant la nuit du au La poursuite ennemie dura 3 jours et nous causa encore i tué et 3 blessés. Les débris de la mission arrivèrent enfin le 8 juillet, à Ilo, après des fatigues et des priva-

tions extrêmes.

Courage et Dévouement d'un Tirailleur sénégalais ~T~otc; le récit d'un épisode qui, en montrant l'audace et la bravoure des soldats indigènes recrutés dans nos colonies, prouve aussi leur dévouement à la France. Ce récit est extrait d'un ordre général du colonel Audéoud sur la fin de la mission Casemajou l'inter« Le mai t8()8, le capitaine Casemajou et

prète Olive. traîtreusement attirés hors du campement de la mission, furent assassinés à Zinder, tués à coups de bâton, sur l'ordre du Serky 1. Quelques instants après, le sergent indigène commandant l'escorte et un tirailleur, qui s'étaient rendus sans défiance au marché, furent saisis et mis au fer avec trois domestiques de la mission, et bientôt rejoints par l'interprète Badié-Diarra, un berger et un domestique également enlevés et emprisonnés. Prévenu, le caporal Kouby-Keita prit immédiatement le commandement, mit en état de défense la soukala de la mission, distante de la ville d'environ mètres, et repoussa dans la journée du 5 deux ) 2uo terribles assauts qui nous coûtèrent 3 tués et blessés. Puis il envoya dire au Serky que, si les prisonniers n'étaient pas immédiatement rendus, il prendrait et &M~M7 ville (Sinder, entouré d'un tata, compte à ro 00o habitants et il restait à Kouby-Keita Oooo

8 /n-;7/<'M~). Pendant la nuit du 5 au 6, une petite patrouille alla brûler quelques cases voisines de la ville sans que l'ennemi ait osé bouger. Effrayé, le Serky fit rendre les prisonniers le 6 au matin et proposa aux tirailleurs de les prendre à son service. « Rendez-nous d'abord les corps de nos chefs et ce que vous nous avez pillé, nous verrons ensuite ? telle fut la seule réponse obtenue. Le Serky promit de rendre le lendemain matin les corps des blancs. Les 7 et 8 se passèrent sans incidents, mais sans que les corps fussent rendus. Dans la nuit du 8 les tirailleurs brûlèrent de nouveau, et sans éprouver de résistance, quelques cases voisines de la ville. Le 9 au matin, l'ennemi prononça contre la soukala une furieuse f.Voir A Travers le .MoH~e,

!8q<), page 342, dans l'arrécit des événements le CaMWtT/OK, ticle sur cs/a!He de la mission. qui amencrent la triste fin du chef

Henri Ferrand.

Les Afo)!t~)tM de In Gratt~e-CAttftreuse, vo!. gr. in--)", avec )65 gravures, :5 francs. Grenoble, Alexandre Gratier et C~.

<Lsr de Grenoble aujourd'hui que

nous vient

la. littéra

alpine, et nulle ville n'est mieux qualifiée que celle ture devenir un centre de publications sur la monci pour

tagne. Admirablement située au pied du massif de la Chartreuse, au seuil de l'admirable Pelvoux, au centre du majestueux Dauphiné, Grenoble a voulu, dans le mouvement de centralisation qui confisque la Franèe entière pour l'engloberdans Paris, demeurer ce qu'elle était jadis, une capitale elle est la capitale de la montagne, et elle remplit son rôle de manière si digne que Paris même peut l'en féliciter. Il y a dans Grenoble une pléiade d'écrivains de montagne qui sont en même temps des alpinistes, qui manient le piolet comme la plume, et au premier rang desquels se place M. Henri Ferrand. M. Ferrand n'est pas, Dieu merci un voyageur en chambre; ses descriptions sont vécues, il a expérimenté de la montagne les beautés et les périls, ses travaux consciencieux ont aidé plus d'une fois à rectifier la carte de l'état-major, et notre frontière franco-italienne, du l'etit-Saint-Bernardau mont Cenis, n'a pas pour lui de mystères il en a franchi tous les cols, escaladé toutes les cimes, dont beaucoup ne sont pas à la portée des grimpeurs ordinaire~.

Cette fois, M. Henri Ferrand nous entretient d'une montagne plus humaine, plus sensible, de cet admirable massif de la Chartreuse, qui est comme l'antichambre et le raccourci de la grande montagne, un but de promenade pour le simple touriste, un champ d'entrainement pour tes débutants en alpinisme. Qui ne connaît le couvent d'où sort la célèbre liqueur, la route du Désert, la descente sur Grenoble par le col de Porte et le Sappey? Mais à côté de ces grandes routes du tourisme parcourues l'été par les cars alpins qui transportent des nuées cosmopolitesde Perrichons, de Jones et autres types immortels de toutes nationalités, il y a, dans le massif de la Chartreuse, des coins mystérieux et assez défendus pour qu'y pénètrent les seuls privilégiés, des forêts ombreuses, des cascades mugissantes, des torrents grondeurs et des sommets d'où l'cei) embrasse d'immenses panoramas de vaux ensoleillés et de cimes glacées. C'est tout cela que décrit M. Ferrand, par le menu, avec amour, j'ose dire avec émotion, une émotion communicative que j'ai ressentie et que tout lecteur de son livre ressentira. Et il se présente si bien, ce livre, avec les t65 gravures imprimées en phototypie qui commentent, expliquent, rendent vivant le texte, qu'il ne tardera pas à être dans les mains de tous les admirateurs du massif de la Chartreuse, et ceux-ci sont légion.


POLE NORD. Amdrup (lieutenant de vaisseau danois) est arrivé le 3t août à Angmagsalik, où il doit hiverner avec les membres de sa mission.

Andrée. Toutes les expéditions entreprises en t&)8 pour rechercher Andrée

et ses compagnons sont restées sans résultat. Braekmo (Sievert;,Norvcgien,estrentré à Vardo le <3 septembre, n'ayant pu dépasser Beli Ostrov, dans la mer de Kara.

let. Des mesures sévères ont été prises au point de vue de la sécurité de la colonne. Le vicomte du Passage, membre de la mission, est rentré en France venant d'A!n-e)-Hadjadj. Grandidier (Guillaume) poursuit son voyage à Madagascar. Après la traversée du Betsiléo,ilestarrivé à Tananarive. H devait ensuite se diriger vers l'Antsihanaka en passant par la Boina. Hostains (administrateur colonial), qui a exploré en )8ç7 la région qui s'étend du .S" de latitude Nord aux premiers

Baghirmi, est arrivé le )°'septembre a Gribingui, où le lieutenant de vaisseau Bretonnet, parti de France le a5 septembre, a déjà dû le rejoindre. Saint-Yves (explorateur français) fait une expédition scientifique dans l'Erythrée. Il envoie de Mongolio (20 octobre ;des renseignementsorographiqucs et hydrographiques sur le pays baza, entre le bassin du Mareb et le bassin

du Barka.

Wissmann (major et explorateur alle-

mand) va diriger une expédition allemande qui doit se rendre au Tchad et partira vers le )5 février.

territoires du Soudan, est parti à la finn de novembre pour aller avec le lieutetrés par t'Iénisseisk sans avoir trouvé ASIE. nant <fO~OM déterminer l'hydrograde trace du passage d'Andrée. Le phie du Cavally et des régions voisines Baye (baron de~, qui vient d'accomplir même insuccès a répondu aux efforts du Libéria, ainsi que le cours supérieur un nouveau voyage dans la région du du Norvégien Bredt, qui a opéré des Caucase, est rentré en Russie à la fin de la Sassandra. recherches dans les iles de la nouvelle de novembre. Houdaille (capitaine), accompagné de Sibérie. plusieurs officiers, a quitté Marseille le Bonin (vice-résident de France en IndoWelmann (Walter), Américain. Tandis Chine), qui voyage avec le comte de 2? novembre pour aller étudier un que le bateau le Fritjof rentrait en Vaulserre à travers la Chine, allait avant-projet de voie ferrée allant de la Norvège sous la direction du capitaine atteindre les confins de Thihet, lorsque Côted'Ivoireàl'intérieur. Kjeldsen, Welmann restait au cap Tesa mission a été attaquée à deux jours gethoff, il devait ensuite gagner la Huntzbuchler, second de la mission de marche de Nun-Guen-Fou. Deux Gentil, est mort à Brazzaville le 2 déTerre du Prince Rodolphe, où il compAnnamites de l'escorte ont été tués. cembre. tait hiverner dans une hutte à la maLes deux Français ont eu la vie sauve. Lemaire (lieutenant belge) et sa mis- Chaffanjon nière de Nansen. (explorateur français) a ension Katanga étaient d'exploration au POLE SUD. voyé au Muséum d'histoire naturelle arrivés àPueto,surieLouapou)a,enaval Borchgrevink.Une dépêche d'Australie du lac Moero, le )3 novembredernier. une lettre datée de Vladivostok, où il anglaise au essaye de créer une station scientiannonce que l'expédition Maffei avait reprisle cheLe lieutenant fique marine pour les recherches zooloPôle Sud a quitté itobart, capitale de de santé. min de l'Europe pour cause giques et botaniques. la Tasmanie, le 20 décembre pour s'enMM .Voss, géologue, et Questiaux, des région des foncer au Sud, vers la quitté la Belgique le Drijenko (colonel russe), chargé Baïprospector, ont précédé religieux service le lac a études hydrographiques sur glaces. Un 3 novembre pour aller remplacer les Cross. Soulhertz du le départ ka), rentre à Saint-Pétersbourg. deux membres de la mission noyés dans Labbé (Paul) est rentré après avoir Gerlache (de). Toujours aucune nouvelle le Tanganyika. terminé son nouveau voyage chez les de la mission Belge et de la Belgica. Mac Donald (explorateur anglais) a Tartares, les Bachkirs et les Cosaques OCÉAN. Quitté rOn~andn pour remonter la de l'Oural. vallée du Nil.Il enverra une partie de Landberg Chun (professeur allemand qui explore (comte de), Suédois, dirige les profondeurs océaniques) a dû ses troupes vers le lac Rodolphe penl'expédition austro-suédoise qui va exdant qu'il continuera sa route à travers quitter le Cap avec la V~M:)' le plorer le pays d'ifadramaout (Arabie), le inexploré. On restera novembre. sans pays un n) royaume de la reine de Saba. Ses compendant longtemps, de lui nouvelles AFRIQUE. pagnons sont les rrofesseurs Muller et de communication. de faute moyens ministre Simony, les docteurs Paulay et CossBaillaud (Emile), chargé par le (Dr), Français, parti mois au matt, MM. John et Bury. Partis de des colonies d'une mission au Soudan, Maclaud entreprendre explorad'avril nne pour Suez à la fin de novembre, leur voyage par une lettre datée du 21 novembre, diFouta-Djalon, trouvait à tion se Tomboucau durera environ six mois. sait qu'il allait se rendre à traversé avoir Timbo le~4 août, après Lagrillière Beauclero vient d'être tou, puis dans la boucle du Niger. Il de Kirita, massifs difficultés les sans était parti de France à la fin de sepchargé par le gouvernement d'une de Goumba le plateau du plaines et les mission tembre en même temps qu'une mission d'études économiques en Indoétait bonne il Sa santé et Kuisam. se général de parle organisée économique Chine. Départ f5 janvier. disposait à poursuivre son voyage. 7'gH<;<tiaM. Sven Hedin se prépare a faire un nouBéhagle (de), par une lettre du )uaoùt, Marchand (commandant) et sa mission veau voyage en Asie. < décembre, Ils Fachoda le quitté ont t AMÉRtQUE. annonce son arrivée à Gribingui après 7'j/icr~f le partis et resont sur Nord. Il le marche constante vers une de ~,) monteront la Sobat aussi haut que le Brousseau (Georges), chargé se préparait à descendre le Chari. à 18~)8 d'une mission au Contesté permettra l'état des eaux. On craint Bonnel de Mézières, dans une lettre franco-brésilien, est revenu de son retardés dans leur soient qu'ils marne (llaut-Oubanghi) datée de Bangui importante exploration avec un levé che sur Djibouti par la mauvaise saison. de nouvelles des septemhre, donne 2~ comprenant le pays du fleuve Oyapock On vient d'équiper à Djibouti une cala mission de Béhagle et notamment au fleuve Araguary. ravane de ravitaillementqui se portera de M. Jt/ercMr!, qu'il savait campé à à la rencontre de Marchand et sera Conway (sir Martin) a opéré plusieurs Cza, sur la rive gauche du Ba-Boussou. ascensions dans la chaine des Andes. dirigée par l'adjudant Barreau. M. Bonnel de Mézières devait quitter (Voir la page 29 de ce numéro.) Bangui le 2 ) septembre avec ses com- Meyer (Hans), Allemand, a terminé l'exploration scientifique du mont Kilima- Meyer (Dr Uermann), Allemand, a quitté pagnons MM. Coirat et Ch. Pierre Hambourg le )°'' décembre pour son Ndjaro. 11 a fait deux ascensions du pour se rendre à Mobaye. exploration au Brésil central. plus haut pic, le Kibo, 586o mètres. Foureau-Lamy. La mission FoureauOCÉAM!? Lamy, qui, partie de Ouargla, doit se Poncins (de) est rentré en France pendant la période des vacances, après HiUer, Hamsonet leD' Furness (Amérendre dans la région du lac Tchad en ricains), qui ont parcouru pendant trois avoir achevé son étude du pays des traversant le Sahara, est arrivée le Somalis et des Gallas. ans les îles de la Malaisie, viennent de )0 novembre à Timassinin, à 4~ kil. rentrer par Pékin,IrkoustsketMoscou. d'Ouargla,et le 6 décembre à Tebalba- Prins, désigné comme résident françaisau

Stadling et Nilson (Suédois), sont ren-


Les

Fermes d'Essais aux Colonies (~) <

/«~

ce nouvel article, M. Bourdarie traite de l'avenir agricole de colonies et .<)' la nécessité de poursuivre la domestication OM l'utilisation de Cf~~WM espèces d'animaux, afin que le colon ou /)~~M tire meilleur parti de sa MM terre. Cela l'amène à parler de l'utilisation thèse qu'il a eu /e mérita de soutenir le premier. Dans

/M/,

C! les cultures

se peuvent rigoureusement

entreprendre sans élevage, l'élevage ne saurait être entrepris d'une manière rationpelle sans des cultures appropriées. Qu'on ait jusqu'ici laissé les animaux « se

débrouiller ?»

ches ne sauraient être laissées à l'initiative tâtonnante des uns ou des autres. En dehors des végétaux cités plus haut, il en est d'autres, dans la brousse ou dans la forêt, susceptibles d'être utilisés pour l'alimentation du bétail. Qui pourra

seuls, c'est pos-

mieuxqueledirecteur de la Ferme

sible

on en a vu les résultats. Du jour où l'on aura

d'essais faire les expériences néces-

compris, dans nos colonies, tous les avantages à retirer d'un élevage bien conduit et où

saires ?

Quant à la recherche même de ces végétaux et à l'étude de ces

'Itures,

l'on voudra se

''nt

lancer dans cette voie, il faudra, si l'on y veut pleinement réussir, procéder non seulement à la création

elles se

rapide-

ment. et complè-

tement par

une

heureuse associa-

tion des directeurs du Jardin et de la

Ferme d'essais.

de bons pâtura-

L'élevage se ges, mais aussi à complique d'un des cultures apdanger contre maïs, propriées lequel il est bon CHAMEAU ENTRAVÉ. patates, ignames, de prendre des D'après H~c ~0~r~/i~ M. Co~r/e~t;wo~ riz de montagne, mesures prévensorgho. De tous tives ce sont les épizooties. On apprend parfois que ces produits il faudra faire des réserves. L'herbe de tes troupeaux de l'Afrique du Sud ont été décimés, et Guinée elle-même, bien préparée, donnera du foin quand on aura déshabitué les noirs de la « machete », que les troupeaux sauvages eux-mêmes n'ont pas été épargnés, à en juger par les cadavres ou les squelettes instrument rationnel des débuts, pour les familiariser rencontrés. Et déjà, dans les colonies nouvelles, on avec l'usage de la faux et de la faucille. 11 n'y a pas de raison, en effet, pour qu'on ne leur fasse jamais songe à se défendre contre la possibilité d'une extension dë ce fléau à des régions demeurées jusqu'à ce jour connaître ces instruments. indemnes. C'est ainsi que l'Etat du Congo vient de Mais comment installer ces réserves? Sera-ce la prendre un anêté réglementant l'importation des bêtes cave, le silo, ou le grenier à grains, sur pilotis, en de boucherie provenant dé l'Angola quelques-unes pleins champs, comme ceux que construisent les Soude ces bêtes ayant été reconnues atteintes de pleurodanais ou les Dahoméens? Chaque espèce d'aliment pneumonie, cet arrêté établit des inspections sanitaires voudra sa préparationspéciale mais toutes ces recherA

TRAVERS LE MONDE.

?'

).)V.

?

4

février )8(~.


c'est la préparation de l'avenir agricole. J'entends par

et fixe les délais du parquage auquel seront soumis les

là qu'il ne faut pas seulement se préoccuper de ce qui

animaux suspects, pour éviter le contact avec les

existe actuellement dans nos diverses colonies, ni accepter purement et simplement un héritage en somme assez pauvre. Les indigènes, dans toutes nos colonies, peut-on dire, ne sont jamais sortis de la tradition les mêmes animaux que les habitants du pays possédaient il y a des siècles, ceux de nos jours les possèdent aussi. Ontils jamais fait venir des animaux de régions éloignées? Quand il s'est fait des introductions, on peut assurer que c'.est sans leur concours immédiat. D'ailleurs, les cas en sont rares, l'état des relations de peuple à peuple et des communications de pays à pays ayant

animaux déjà introduits.

Mais il est évident que pour appliquer ce genre de décrets il faut des hommes spéciaux. L'Etat du Congo les possède il reste à les installer chez nous. Le directeur de la Ferme surveillera attentivementtout ce qui aura trait à cette importante question, comme

aussi il poursuivra l'étude des parasites propres aux régions africaines, et des moyens de lutter contre eux. La tique est connue en Afrique comme en France; et il me souvient avoir vu à Batah, chez un colon, M. Plauchut, deux chiens pahouins, pris jeunes et bien dressés, aller tous les jours rendre visite à un jeune

taureau et à

toujours été un

une

obstacle

jeune génisse pour tes débarrasser des

échange. Et cependant ces échanges d'animaux entre pays voisins seraient une source

tiques qui les infestaient, alorss

qu'eux-mêmes auraient eu besoin de la

réciprocité.

de

Contre la tique. le remède est aisé à

Telle

région, riche en animaux variés, pourraitutilement réapprovisionner telle autre région épuisée. Nous connaissons la pauvreté des villages fétichistes. Voici

Congo où le tabac pousse presque à

l'état spontané;

rien de plus simple que d'y fabriquer du jus de tabac.

Il est moins facile de se défendre contre la « chi-

maintenant ce

microscopique CHEVAL DU tRAX-~NU (LAOS).

D'après

M~f p/to/o~rj~~ft*

terrains sablonneux. eue se jette su tout être vivant, homme ou animal, et s'attache à s! peau, qu'elle perfore pour s'y attacher jusqu'à pullurement dans les

lation Rien ne la décèle qu'un chatouillement lége) qu'on finit même par ne plus sentir; puis elle atteint la grosseur d'une lentille, et, si on ne l'extirpe pas al plus vite, elle pond ses œufs et donne naissance à un( nombreuse famille qui grouille là, produisant bientôt une inflammation des tissus environnants fort gênante et en tout cas très longue à guérir. Les noirs allant nu-pieds, il n'est pas rare de rencontrer des indigène: dont les pieds sont réduits à des moignons, les orteil: ayant été presque complètement détruits à la suit( d'ulcères provoqués par la chique. Les animaux souf frent aussi de ce parasite. L'excès de propreté parai être le seul remède. Je n'ai pas à entrer dans l'examen des maladie; propres au bétail africain ceci est du domaine de )< médecine et de la thérapeutique vétérinaires. Dès au jour d'hui ces deux branches de la science ont leur rôle a jouer aux colonies aussi bien qu'en France. Nous venons de voir quelle peut être l'ceuvn immédiate du directeur de la Ferme d'essais. Il y en < une autre à envisager, qui a sa très grande importance

te

que

~acht'g~' dit du lac Tchad, dont il a visité les bords:

que », cette puce

et particuliè-

perfectionne-

ments.

trouver auu

qu'on trouve partout en Afrique,

à cet

Comte de

Bay'~c/ë~

«Si

le lac

n'offrait point

l'aspect que dans ma pensée je lui avais prêté, du moins l'étrange tableau de vie qui se déroulait sur ses bords était-il pour moi une compensation. La grande plaine herbue qui environnait le village était toute

couverte de ~M/ d'ânes, de moutons., et de chèvres; d'innombrables oiseaux aquatiques, cigognes, hérons, MM?- pélicans, oies de toutes couleurs suivaient sans scuci bêtes et gens afin d'en obtenir la pâtée, et près du village, au bord de l'eau, un paisible éléphant étanchait sa soif, en aspergeant de sa trompe son corps gigantesque ». N'est-ce pas un coin de paradis terrestre que Nachtigal nous fait entrevoir? Les animaux sauvages eux-mêmes se ressentent de la douceur des habitants, et le colosse africain dont l'Européen prépare stupidement la disparition, l'éléphant, vient ici, près d'un village de pêcheurs que n'ont point encore tenté ses belles défenses, se baigner paisiblement et procéder à ses ablutions. Sans borne, asstse au Nord, sous les cieux étouffants, L'Afrique, s'abritant d'ombre épaisse et dè brume, Menait coucher ses )iocs sur le sable qui fume, Et paitre, au bord des lacs, ses troupeaux d'éléphants i. Nachtigat Sahara et .~oM~)!, p. s.

Leconte

de

Lisle.

2~.


Combien de temps encore durera ce tableau? La civilisation est exigeante il faut satisfaire ses besoins et subir son nivellement tout devient étude, règle et convention tout se fait utilisation. Et ceux qui seraient le plus aptes à jouir de la vie de nature sont quelquefois les plus ardents, sous prétexte de progrès, à poursuivre des changements qui bouleverseront cette vie de labeur calme qu'on entrevoit dans quelques Edens africains. C'est une réserve où l'Européen puisera sans compter, où le directeur de la Ferme fera des choix judicieux pour renouvelerson troupeau, lui infuser un sang meilleur, ou l'augmenter d'espèces et de races qu'il ne possède pas encore. L'âne des bords du Tchad épousera la jument des Canaries le mouton d'Yola, dont un échantillon est déjà venu jusqu'à Brazzaville, fécondera la brebis de Loango le bœuf sans cornes du Soudan central viendra s'atteler aux charrettes de M. Noirot. c'est la fatalité inéluctable.

Que les tableaux de Barth et de Nachtigal soient bouleversés, détruits, cela

peut nous attrister quand

Une expérience récente réalisée au Brésil par le baron de Parana démontre la possibilité de ce croise-

ment du zèbre et du cheval. Voici comment s'exprime le baron de Parana dans une communication à la Société nationale d'acclima-

tation'

j'ai vu, en )8y~, des zèbres domestiqués au Jardin d'acclimatation de Paris, l'idée du croi« Quand

sement m'est venue tout de suite, et je me suis informé si on l'avait déjà tenté; il me fut répondu: Oui, mais « sans résultat.» En t886, de retour en Europe, je m'informai auprès de tous les Jardins zoologiques partout on me fitla même réponse::«0ui,sans résultat.» Malgré cela, je pris la résolution de faire l'expérience aussitôt le preque je le pourrais. » Onze mois après

"m[

mier~oMf. D'autres pro-

duits ont été obtenusdepuis. Je cite encore M. de Parana

maintenant du produit, c'est-à-dire du ,(~'oMt-. Il a actuellement six mois; c'est un mâle, couleur bai brun, avec des zébrures pareilles à celles du zèbre; ces zébrures sont bien marquées au cou, à la tête et aux jambes, celles du corps ne sont pas visi« Parlons

nous rêvons de paysages bles, à cause du pelage africains dans notre cabinet d'hiver; crins noirs et dresde travail mais cela nous sés comme ceux du zèbre laisse indifférents lorsque queue semblable à celle du nous nous trouvons, dans mulet, mais avec les crins les voyages ou au milieu ÉLÈPHtNT D'AFRIQUE (3 ANS, !}5 DE LA MISSION DU FERNAN-VtZ. plus longs oreilles petites des exploitations de café le D' Btc~mtit~)'. 7)'ft~t'M )<"e photographie de avec la pointe arrondie ou de caoutchouc, livrés à comme chez le zèbre hanche v « la faim de UMM~~MM~ ? très bien faite, très arrondie et bien large; encolure dont nous sommes déshabitués depuis des semaines. très large et très haute, ce qui lui fait tenir la tête Il appartiendra au directeur de la Ferme de restoujours haute et par conséquent avoir un joli port pecter autant que faire se pourra et pour sa part, les très vifs, narines larges, lèvres minces grands et yeux colopoétiques la de pittoresques nature et aspects ressemblant beaucoup à celles des chevaux arabes (la mais son, premier souci sera de perfectionner niale jument mère de ce zébroïde a 1/4 de sang arabe); tête l'alimentation du blanc. pour qu'il ne meure tôt. petite; jambes bien musclées,maisfines, montrant qu'il A côté de ces émigrations d'animaux auxquelles très agile sabots petits, noirs et très durs; il est sera il présidera, le directeur de la Ferme devra poursuivre très vif, mais très doux et aime beaucoup à s'approcher la domestication ou l'utilisation d'espèces nouvelles. des personnes pour être caressé. Il mange très bien, Il y a encore des zèbres en Afrique. On peut non seulement au râtelier, mais au pâturage. » dire que c'est le cheval de l'Afrique intertropicale. Si L'exemple du baron de Parana est à citer spécialeinutilisable, il qu'il à prétendre est l'on continue encore les coloniaux des colonies françaises, qui, ment pour est facile de répondre par les expériences du Jardin problème à résoudre, commencent d'abord devant un caractère réputé est d'acclimatation. Des zèbres, dont le possibilité d'une solution. J'en connais dont la nier par difHcile, ont pu être amadoués et dressés. Attelés à des le résultat, c'est le stationnement la méthode c'est qu'il voitures, ils ont fourni un service dans Paris, sans indéfini. Ce qui a été fait au Brésil devra pouvoir se faire ait l'on crois Je pas que ne se produisît d'accidents. Congo. Mais il ne faudrait pas attendre que l'espèce au encore obtenu une parfaite régularité d'allure au comdes zèbres fût éteinte. mandement. Rien ne dit que l'on n'y parviendra pas. dernière considération s'applique à l'éléphant. Cette absoespèce puisse admettons cette Mais ne que sociabilité placent que sa force, son intelligence et sa service de l'homme. lument être utilisée directement au amis de l'homme. C'est l'animal des premier rang d'en tirer au disparaître Faut-il la laisser sans essayer qui, par excellence, caractérise l'Afrique équatoriale. parti au moins par le croisement? Zèbres et chevaux J'ai longuement et à maintes reprises exposé cette des Canaries ne donneraient-ils pas un produit susceptible de s'adapter pleinement aux conditions climatérit. Bulletin, octobre. p. 433. ques de l'Afrique?


importante question'. Elle se résume en quelques mots De même que, dans l'antiquité, l'éléphant a dis-

l'Afrique du Nord De même que, dans la seconde moitié de ce siècle, il a disparu de l'Afrique du Sud De même il tend à disparaître de nos jours de son dernier refuge, l'Afrique centrale. Il faut le paru

de

sauver: D'abord, parce que c'est une espèce animale que la science a intérêt à garder; Ensuite, parce que c'est une force et une richesse naturelles qui valent beaucoup plus que le profit qu'on en tire avec

système outrancie r actuel de

puis m'empêcher de leur crier l'opinion d'autres coloniaux dont les œuvres d'exploration ont une valeur aussi grande que les leurs, et dont les œuvres pratiques se peuvent apprécier aux résultats qu'elles ont laissés. Enfin, quand Ismaïl Pacha et Emin, puis, après eux, le roi Léopold, ont tenté de réaliser cette domestication, il faut voir, avant de conclure, pourquoi ils ont échoué. Or, à l'étude critique de leurs expériences on constate qu'ils ont bien échoué dans l'importation d'éléphants asiatiques, mais que jamais ils n'ont échoué dans le dressage des africains, pour la simple raison qu'ils n'en

le

ont jamais

colonisation

possédé en Afrique. Si donc

africaine.

l'introduction

d'éléphants

La dif-

férence

calcul, ploitation

d'Asieest une cause de difficultés trop

au

exde

l'ivoire et domestica-

grandes, une source de dépenses et

tion, se chifpar les nombres suivants dans un cas, les 300 000 éléphants qu'on suppose exister encore en Afrique valent 150 millions dans autre, hs

d'aléas,

fre

représentent une richesse minima de poo millions à un

milliard!

C'est folie pure, d'aucuns disent crime, que de gaspiller stupidement un pareil capital. Schweinfurth stigmatise vigoureusement la conduite des Européens sur ce point. Quelques rares coloniaux, sans vouloir étudier

sérieusement la question, nient d'avance la possibilité de la résoudre ou l'intérêt qu'il peut y avoir à la résoudre. Quand c'est le major Thys qui parle, je comprends le sentiment qui le guide c'est l'ingénieur qui ne croit qu'à la machine et qui s'en sert pour éventrer le continent noir quand ce sont des coloniaux dont l'oeuvre administrative se représente par un déficit stérile, et l'oeuvre de la colonisation par le néant, je ne

i.

Voir

La domestication de l'éléphant d'Afrique

Bulletin de la Société Ha/tOMLt/e ~CC/:mf!<<ThOH, 1896. Notice sommaire sur la domestication de l'éléphant <.

d'Afrique

idem.

« Mesures internationales de protection de l'éléphant d'Afrique e, Congrès colonial international. Bruxelles, t8c)7. « De quelques erreurs scientifiques et populaires sur l'éléphantd'Afrique t. Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences. Saint-Etienne, [897. La domestication de l'éléphant d'Afrique D. Congrès national des Sociétés françaises de Géographie. Marseille,

t8o8.

il

faut adopter

procédé plus long, il est vrai.mais

le

plus sûr, qui consiste à capturer et à dresser des

jeunes'.

Le rôle

de la Ferme

d'essais est tout tracé dans cette matière. Lorsqu'un petit nombre d'éléphants auront été conduits à l'âge adulte et convenablement dressés, it sera temps alors d'introduire des éléphants de chasse et de dressage pris dans l'Inde, et de procéder avec eux à des battues et à des captures. Et quant aux services qu'ils rendront dans les œuvres de colonisation, voici un exemple probant en Inde, dans les États du maharajah de Kapurthala, deux éléphants d'Afrique sont employés à des travaux forestiers, en même temps que des éléphants d'Asie, et l'on se trouve bien de leurs services. Par contre, les Allemands de l'Est Africain emploient deux forts éléphants d'Asie (sans doute ceux de l'explorateur von Gôtzen) dans les travaux de leur chemin de fer de Tanga. (A suivre.)

La

P. BOURDARIE.

démonstration de cette thèse est faite aujourd'hui. La mission Sainte-Anne du Fernan-Vaz (Congo français) possède un jeune éléphant capturé par les Pahouins et dressé sans le secours d'éléphants ni de cornacs asiatiques. Il porte 36o kilogrammes, soit la charge de 12 noirs, et traîne des troncs d'arbres qui pèsent jusqu'à 800 et On trouvera l'histoire de Fritz dans t ooo kilogrammes. la Revue des CM//MrM coloniales, n" du 5 nov. )&:)8. C'est sa photographie qui est donnée à la page précédente.


Les Droits de la France à Terre-Neuve Le «French Shore»» /~N

beaucoup parlé, en ces temps derniers, de la Question de Terre-Neuve et du « French Shore ». Sous cette dernière dénomination il faut entendre la partie de la côte de TerreNeuve

a

nous dûmes subir les exigences de l'Angleterre. C'est ainsi que la possession de l'île de Terre-Neuve passa à notre rivale, mais en laissant à la France le droit exclusif de pêche et de séchage, pendant l'été, sur tout le Nord de l'île, depuis le cap Bonavista jusqu'à la pointe Riche. Comme territoire effectif, nous ne possédions plus que les deux petites îles de Saint-Pierre et de Miquelon. Les traités ultérieurs d'Aix-Ia-Chapelle (1748) et de Paris (1763) consacrèrent ce droit. Puis vint le traité de Versailles ( 1783) qui, tout en maintenant le droit de pêche pour les Français, modifia quelque peu la dési-

gnation des rivages sur lesquels ce droit pouvait être

exercé. Ajoutons AVA1"r~ Ainntnnc que la limitation de ce droit aux mois d'été entraî-

nait, pour consé-

surlaquelle

quence, l'interdiction d'édifier sur le French Shore des constructions

la France possède,

en vertu des traités, le droit absolu et exclusif de

permanentes, et que cette interdiction s'étendait aux Anglais comme

pêche.

Or, ce droit

l'Angleterre, ou

aux Français. On comprend que le choc

mieux le Parle-

ment de TerreNeuve, entend le limiter. Telle est en

des intérêts fasse

deux mots

naître de fréquents conflits sur une portion de territoire que deux maîtres possèdent à la fois; aussi les démêlés diplomatiques furent-ils incessants. Mais ils ont acquis depuis une douzaine d'années un caractère d'acuitéé

toute la question de Terre-Neuve. Voyons maintenant son origine. En t52$. Verazzano, Florentin d'origine, prit possession de Terre-Neuve au nom de Fran-

I",

roi de France. A cette çois

époque, l'île était

absolument

dé-

serte, mais des marins basques, bretons, normands venaient depuis quelques années déjà en fréquenter les abords, car l'abondance du poisson dans ces parages avait été ébruitée à la suite du voyage de Sébastien Cabot, en t4~7. 11 est assez difficile d'assigner une date précise à un établissement librement formé par nos pêcheurs en tout cas, c'est en t66o que le gouvernement de Louis XIV, reconnaissant, grâce à Colbert, toute l'importance de cette position, y nomma un gouverneur royal, qui résida à Plaisance, sur la baie du même nom. Les Anglais s'étaient établis également sur un point de l'ile. Les guerres soutenues pendantles dernières années de Louis XIV, sans que nos flottes aient été conservées dans l'état où Colbert les avait mises, nous valurent de cruels revers. Et, quand le traité d'Utrecht, en t7t3, vint mettre fin à la guerre de la succession d'Espagne, (t) Voir le Tour du

SMbM~e, t8c)o, 2°

semestre, p. 36ç.

singulier, car ces démêlés ont eu, de la part du Parlement de Terre-Neuve, toutes les apparences d'une guerre sournoise dirigée contre nous. La pêche française était très prospère, jadis,

sur

la côte de Terre-Neuve. L'entente 'cordiale régna longtemps entre les rares Terre-Neuviens de la côte et nos pêcheurs. Les uns et les autres se rendaient mille petits services de bon voisinage. Mais peu à peu la pêche rapporta moins, la morue ayant déserté la côte pour émigrer au Sud de l'île, sur les bancs.

s'opéra alors un changement dans les habitudes de pêche de nos pêcheurs, qui, forcés de suivre la morue dans sa migration, abandonnèrent peu à peu le French Shore pour pratiquer la pêche du large. Dans la pêche sur le French Shore, on s'installe sur la terre ferme, puis, après chaque pêche, on vient y préparer la morue et la faire sécher dans des hangars appelés e~M~M~. Dans la pêche au large, le bâtiment 'aisse tomber l'ancre à l'endroit propice, ses embarca!I


tions appelées doris s'en détachent deux fois par jour pour mouiller et relever des lignes de pêche garnies de nombreux hameçons. C'est un métier dur et périlleux pour les &Mt~, c'est-à-dire pour les équipages qui passent des mois entiers en pleine mer, ballottés par le gros temps, au milieu des brumes, exposés fréquemment à des abordages, car les bancs se trouvent sur la route des navires rapides qui vont d'Europe aux EtatsUnis et vice versa.

Malgré ces fatigues et ces dangers nos pêcheurs préfèrent cette pêche à celle du French Shore, parce qu'elle rapporte plus. Et la preuve c'est que sur 9 ooo à

toooo pêcheurs français,qui fréquentent chaque année

les parages de Terre-Neuve, on en compte un millier à peine continuant à aller au French Shore. L'an dernier on n'en comptait que 600, répartis entre 8 stations de pêche.

Néanmoins nos pêcheurs venaient toujours au French Shore pour y chercher la « boëtte », c'est-à-dire l'appât avec lequel on amorce la morue. Cet appât est, suivant la saison, du capelan, de l'encornet,du hareng, de petits poulpes. Que fit le Parlement de Terre-Neuve? Au risque de causer un grave détriment aux riverains qui fournissaient de boette nos pêcheurs, cette Assemblée vota en t886, et le gouvernement britannique sanctionna en 1888, une loi (dite Bait Act) qui interdisait l'exportationde la boëtte. D'où gêne pour nos pêcheurs et augmentation de leur dépenses, car la boëtte qu'on leur vend en contrebande leur coûte plus cher. Cependant nos pêcheurs tournèrent la difficulté la flottille française quitta Saint-Pierre un peu plus tôt et alla prendre elle-même les appâts nécessaires dans les parages où elle savait devoir en trouver. Et l'acte législatif, le Bait Act, du parlement local constitue, en définitive, une perte sèche pour les Terre-Neuviens. D'autant que nos pêcheurs emploient maintenant comme boëtte un petit mollusque, le bulot, qu'ils trouvent à Saint-Pierre et à Miquelon. Mais ce n'est pas tout! La morue en quittant les baies et les rivages du French Shore y a été remplacée par des homards. Lagrande quantité de ces crustacés a déterminé les Anglais à exploiter cette richesse, et, dans ce but, ils ont construit sur la côte de grands établissements nommés « homarderies », dans lesquels on dépèce les homards et on les met en boîtes pour les vendre comme conserves. Il y a maintenant 68 homarderies anglaises. Un simple chiffre indiquera ce qu'est cette pêche du homard dans la seule baie de Port-Saunder, la capture journalière est de ooo àoooo homards, produisant environ 25 caisses de 48 boîtes chacune. La boite prise sur place coûte i franc, chaque homard revient ainsi à 15 centimes environ. Pour se livrer à cette pêche, les insulaires encombrent les eaux de nasses ou de casiers qui rendent impossible le travail de nos pêcheurs. Ceux-ci se plaignent donc à bon droit qu'on entrave une industrie dont le libre exercice leur a été accordé par des traités aussi officiels qu'authentiques.

quelques-uns de nos pêcheurs, voyant que le commerce des homards était productif, se sont Il y a plus

mis en tête de s'y livrer. Ils ont donc voulu, comme les autres, «faire des homards ?. Mais on leur a signifié qu'ils n'en avaient point le droit, parce que le homard

poisson, mais bien un crustacé, et qu'il n'est pas mentionné dans le traité d'Utrecht comme pouvant être exploité par les Français, ce traité n'ayant visé que la pêche du poisson. II y a pourtant quelques homarderies françaises, exactement p, mais on leur suscite maintes difficultés. D'où vient cet état d'hostilité du Parlement de Terre-Neuve? De plusieurs causes. La première est que le French Shore a récemment acquis une valeur que le traité d'Utrecht n'a pas prévu en 1859, en effet, on découvrit dans l'île des mines de plomb et de cuivre dont l'exploitation nécessitait l'accès sur le littoral qui nous est réservé. De là de nombreuses contestations. Mais nos privilèges territoriaux ne sont pas le seul motif de l'animosité que les Terre-Neuviens manifestent à notre égard. H y en a un autre plus fort encore, c'est le sentiment de leur impuissance contre l'avantage que le bénéfice de la prime allouée par notre gouvernement assure à nos pêcheurs de morue et grâce auquel nous avons la préférence sur tous les marchés ouverts. Atteints ainsi dans leurs intérêts, les TerreNeuviens sont devenus intraitables. Ce rapide aperçu suffit à montrer ce que c'est que la « question » de Terre-Neuve ou du French Shore. En premier lieu, le gouvernement local s'est appliqué à gêner nos pêcheurs dans. l'exercice d'un droit que le traité d'Utrecht et que les traités subséquents leur ont conféré contre ces pauvres marins au rude métier, on a procédé à une série de piqûres d'épingles, suivant le mot à la mode. Enfin les TerreNeuviens ont fait bon marché des traités existants en essayant d'accaparer l'industrie des conserves de homards, et en voulant l'interdire à d'autres, sous le prétexte vaudevillesque de la distinction entre un crustacé et un poisson

n'est

pas un

La Traversée de la Manche en Ballon T ESAnglais ont acclamé l'aéronaute Percival Spencer, à son retour à Londres, après sa hardie traversée de la Manche en ballon, le 20 décembre 1898. Sans vouloir diminuer le mérite de M. Spencer, quelques journaux français font observer que Blanchard dans sa montgolfière et, plus tard, un certain nombre d'autres Français, ont précédé l'aéronaute anglais dans ce trajet aventureux,moins aventureux d'ailleursqu'il ne semble à première vue, à condition que le ballon parte de la côte anglaise. Car les vents qui soufflent d'Angleterre en France, à travers la Manche, sont assez réguliers et assez constants pour diriger et maintenir le ballon dans la bonne voie. Une entreprise vraiment difficile et même fort périlleuse serait, au contraire, de suivre la route inverse, en partant des côtes françaises. Les vents favorables sont rares, ou menacent de faire dériver le ballon en plein Atlantique. Un aéronaute français, Lhoste, a


eu l'honneur de résoudre la difficulté en suivant suc-

cessivement deux courants, l'un à 700, l'autre à t 200 mètres. Il abandonnait le premier au moment voulu, pour se faire guider par le second qui, lui, le menait droit au but d'une manière infaillible. Il put ainsi effectuer quatre fois la traversée de France en Angleterre en mettant toutes les chances de son côté. Quoi qu'il en soit, la tentative récente de M. Spencer n'en est pas moins intéressante. Parti du Palais de Cristal, près de Londres, le 20 décembre, à 11 heures et demie du matin, son ballon Excelsior, jaugeant 55 ooo mètres cubes, s'éleva en quelques minutes à la hauteur de 360 mètres. A 24. il franchissait la côte anglaise près du village de Blatchington et planait sur la Manche. A 2 h. t~. il atteignait une hauteur de i 800 métrés, sans s'y maintenird'ai)teurs: l'expérience, et c'est là son principal intérêt, était poursuivie dans les mêmes conditions que la tentative d'Andrée, le ballon étant muni de voiles et de cordes trainantes qui permettaient de le diriger un peu. Le bout des cordes a le plus souvent plongé dans la mer; et les vagues leur imprimaient des secousses qui se transmettaient jusqu'à

h.

la nacelle.

h. 50, le ballon atteignait la côte française et passait par-dessus Fécamp, pour atterrir à 4 h. 30 à Saint-Romain, près du Havre. La plus grande hauteur atteinte par le ballon a été celle de 2 ioo mètres; il a effectué un trajet de )=,o mittes(2yy kilomètres) en 5 heures, soit de 30milles A

professeur Nathorst, le capitaine Kjeldsen, n'ont rien vu ni au Spitzberg ni à la Terre François-Joseph.On

n'a point rencontré Andrée à la station du cap Flora où ses amis espéraient qu'il aurait pu hiverner. Mais peutêtre, dit M. Charles Rabot, l'Américain Wellmann, qui devait hiverner à la Terre François-Joseph, aurat-il la joie de sauver les téméraires explorateurs. « Les courriers arrivés en automne du Groenland, continue M. Rabot, n'ont apporté non plus aucune nouvelle précise. A la date du ~décembre 1897, à deux reprises différentes, le chef de la station d'Angmagsalik affirme avoir entendu des coups de feu sur la banquise en déroute le long de la côte. Des indigènes lui ont raconté avoir également perçu des détonations dans la soirée de ce même jour, et même avoir aperçu la lueur des coups de fusil. D'après M. Ryder, un des fonctionnaires supérieurs de l'administration du Groenland, si Andrée s'était trouvé sur la banquise devant Angmagsalik, au mois de décembre dernier, il aurait été entraîné depuis longtemps par la dérive sur la côte sud-ouest, comme

jadis les naufragés de la Hansa, et aurait pu gagner les établissements danois. Quoi qu'il en soit, il y' a peut-être là un indice qu'il serait prudent d'examiner soigneusement. En tout cas, l'exemple de la dérive des débris de ta/MMK~/f ne doit pas être ouMié. Peut-être un jour la banquise du Groenland restituera-t-elle les épaves de ces naufragés de l'air. '<

par heure.

l'aéronaute, avait pour compagnon de voyage, dans sa nacelle, M. H. Laurence SwinM. Spencer,

burne.

Maurice Leudet.

/);< j i

volume iiiustré originaux des et des de très nombreuses gravures d'après documents photographiques. F. Juven, éditeur, <o, rue Saint-Joseph

prix

Nicolas 7/

3

fr. 5o.

Maurice Leudet, qui nous avait donné l'an dernier un volume sur Guillaume II, s'est fait cette fois-ci l'histola France. riographe intime de l'empereur allié et ami On retrouve dans ce nouvel ouvrage toutes les qualités de documentation consciencieuse qui ont fait le succès du précédent. L'abondance des .détails circonstanciés sur la vie du Tsar de toutes les Russies n'exclut pas, d'ailleurs, les réflexions historiques et politiques, et celles-ci donnent à l'oeuvre de M. Maurice Leudet un intérêt réel, plus grand en tout cas que ne pourrait le faire supposer le simple énoncé du titre du volume. C'ebt l'homme, dit l'auteur dans la préface, que je < me suis avant tout proposé de faire connaître, car l'homme explique, chez Nicolas II, l'Empereur, le Chef d'un grand pays. Celui qui aime la vie simple, qui se comptait dans les fêtes de famille ne saurait être un ambitieux avide de conquêtes et de gloires guerrières. Jeune homme élevé dans les idées de justice et de liberté, il s'est épris de bonne heure d'un idéal la paix du monde. Un tel souverain mérite d'être connu et M. Leudet a eu raison de lui consacrer une )),. jVt

Expéditions à la recherche d'Andrée T *EXPÉD)T)ON suédoise partie de Sibérie à la recherche d'Andrée, composée de MM. Stadling, Frânke! et Nilson, n'a trouvé nulle part de traces de l'explorateur, mais elle a obtenu quelques résultats géographiques d'une certaine importance. Partis du delta de la Lena, les explorateurs s'embarquèrent,sur un canot non ponté, pour l'embouchure de l'Olenek. Ils firent naufrage avant d'atteindre leur but, et durent rester 17 jours dans une île déserte avant d'atteindre le continent. S'étant pourvus de rennes, ils atteignirent l'embouchure de l'Anabara, puis la baie de la Khatanga, et traversèrent la grande péninsule de Taïmyr jusqu'au leniseï. D'après des nouvelles datées de leniseïsk, 20 novembre, il semble que les explorateurs aient fait une partie de leur route en pays inconnu, et se soient écartés sensiblement vers l'Ouest de la route suivie par

Toll.

le baron Les autres expéditions envoyées à la recherche du hardi Suédois, n'ont pas été plus heureuses. Le

de

étude sincère. De très nombreuses reproductions photographiques ajoutent à l'agrément du volume. grammaire, voDom J. Parisot. Le T)M~c<e de Paris. Asiatique. cabulaire et textes. Extrait du Journal Imprimerie nationale, 1898. Union danoise des Touristes. Co~fH/~Me, Elégante brochure à laquelle ont collaboré des écrivains, des journalistes, des historiens ou des artistes, formant un guide du plus haut intérêt à travers la capitale du Danemark, avec de très nombreuses photogravures. A. Charles, 8, rue

A~t/

Monsieur-le-Prince prix

2

fr. 5o.


Les r)):\ouv!LuNs ici l'observation que nous Récolte faite à propos de numéro le (Voir des Insectes en hiver ». du Tour du Afon~edu 3t décembre i8gt!, La saison « Conseils aux Voyageurs hivernale n'affecte pas de la même manière la végétation sous les diverses latitudes, et, pendant toute sa durée, l'on peut herboriser, dans les pays méridionaux, d'une façon absolument normale, comme je l'ai fait, par exemple, au début de février, dans les îles Baléares, en novembre et en décembre dans toute l'Afrique du Nord. Mais, même sous des latitudes plus

avons

la

élevées, le voyageur peut introduire dans son programme les herborisations, aussi bien en hiver que pendant les autres saisons, et ses observations pourront s'exercer alors sur trois ordres de phénomènes botaniques les plantes en fleur,

les plantes en graine, et les crypto-

games. LES PLANTES EN FLEUR Même sous nos climats tempérés, par exemple dans la zone latitudinaire de Paris, on trouve pendant l'hiver, en pleine floraison, un certain nombre de 'ptantes communes, telles que les Lamiers blanc et pourpre, le Céraiste, le Séneçon commun, la Capselle Bourse-à-Pasteur et d'autres thlaspis, le Mouron (./Ux!'ne Med/a), la Mercuriale, le Souci, la petite

Renouée, la Pâquerette, la Dent-de-Lion, la Moutarde des champs, les Véroniques, le Laiteron, des Euphorbes, les Ellébores noire et rosé. la Violette. etc. En février; les Perce-Neige) Ga/aM<M H/fa~ et

Mr)!u;)t), l'Anémone hépatique, etc., font leur apparition. Enfin, en mars, les Tussilages,l'Arabette,laFicaire, la Renoncule, le Safran, la Saxifrage, les Narcisses, la Primevère, la Gironée jaune, etc., annoncent le retour du V.eMcotM~t

printemps. Je n'énumère ici que des plantes communes, mais il en est bien d'autres, dont, surtout pendant l'hiver, parce qu'une foule d'objets ne viennent pas détourner l'attention, le voyageur peut utilement déterminer la station et l'aire d'habitat. LES PLANTES EN GRAINE Si les plantes en fleur sont relativement rares pendant l'hiver, en revanche on en trouve abondamment portant des semences en bon état, qui permettent d'en déterminer l'espèce. Or, au point de vue des observations de géographie botanique, le résultat pratique est absolument identique à celui que l'on obtiendrait si l'on rencontrait ces végétaux en pleine floraison. Sans doute, semblable détermination des espèces végétales d'après des caractères autres que ceux fournis parla fleur nécessite, chez l'observateur, une connaissance assez complète de l'organoeraDhie végétale, mais, cette connais-

Herborisations en Hiver Une autre espèce de cha .rpignon sance, nombre devoyageurs lapossèdent, Pour les autres, rien de plus aisé que de très répandue partout en hiver, c'est le recueillir, dans des cornets de papier Téléphore réfléchi, dont les lames ondumentionnant la date et le lieu de la lées s'attachent au pied des arbres. Son récolte, les semences rencontrées, que nom lui vient de ce que sa face inférieure l'on soumettra, au retour, à un botaniste pelucheuse, appliquée d'abord contre de profession. I) en résultera toujours l'arbre, se retourne ensuite pour protéger un bénéfice appréciable pour la science. la face supérieure portant les spores, non sur des lames ni dans des tubes, mais sur LES CRYPTOGAMES~ une surface unie. Au sein des mousses et des gazons L'hiver est la saison par excellence sortent du sol des languettes noires pour la récolte des cryptogames Cham- flétris pignons, Lichens, Mousses, Hépatiques, en forme de massues allongées. Ce sont aussi des champignons, les Géoglosses Algues, Fougères, Prêles, etc. (langues de terre). D'autres ont la forme En premier lieu, la plupart des de petits entonnoirs, etc.. etc. cryptogamesvégëtentactivementpendant Ces divers champignons, que l'on l'hiver, et on peut les recueillir en cette saison avec tous leurs caractères distinc- détache aisément de leur base avec un tifs. En effet, l'humidité hivernale favo- instrument tranchant quelconque, peurise leur développement, qui rencontre, vent, comme les semences, être enfermés provisoirement dans des cornets de en outre, moins de concurrence vitale de papier, sur lesquels on note le lieu et la la part de la végétation phanérogamique. date de la récolte, ainsi que toutes les C'est ce qui fait même que l'on ne peut récolter certaines espèces que pendant observations relatives àla station Toutefois, si l'on voyage pour cette saison. temps, cet emmagasinement En second lieu, par suite même de quelque provisoire devient insuffisant. Les chaml'arrêt hivernal de la végétation des pignons se dessèchent, se déforment, et plantes phanérogames, celles-ci tiennent plus faire figure utile dans moins de place, occupent moins l'atten- ne peuvent coUfetion. Pour éviter cet inconvétion, et permettent de découvrir plus une il faut les immerger dans un des aisément les végétaux cryptogames qui nient, liquides recommandés par M. Engène se dissimulent, pendant la belle saison, Prothière qui en a expérimentéplusieurs. sous la verdure et les fleurs. La plupart des champignons peuvent se M. Gaston Bonnier, dont l'autorité conserver dans une dissolution au dixièen ces matières est indiscutable, a tracé me d'aldéhyde formique. La forme et le un tableau très pittoresque (que nous port des espèces sont presque toujours résumerons ici en quelques lignes à titre respectée snns les couleurs ~cl~t~utes d'exemple) des curieuses formes de tendent à disparaitre assez rapidement. champignons que l'on peut trouver Les champignons non'charnus se conserréunies dans un bois de nos pays pendant vent admirablement dans l'essence de l'hiver. pétrole et la benzine. Ce sont, tout d'abord, les jeunes On trouvera la même variété de forchapeaux de l'Agaric soufré qu'on voit mes hivernales que chezles champignons surgir sur les souches coupées au ras du parmi les Algues vertes des eaux couransol ou au pied des vieux arbres. Egale- tes, les Algues bleues des terrais humiment sur les souches et les branches en des, les microscopiquesDiatomées ou les décomposition, on reconnaît à ses zones Desmidiées des mares et des ruisseaux, concentriques le chapeau velouté d'un les Mousses des bois, les Hépatiques des Polypore à couleurs changeantes, dont fossés et des fontaines, les Lichens des la surface inférieure porte une multitude arbres et des rochers, les Prêles des de petits tubes où se forment les spores. marais, les Fougères elles-mêmes dont Sur les arbres vivants, et principalement la plupart des espèces ont des feuilles sur le chêne rouvre, le hêtre, le tilleul, qui persistent pendant tout l'hiver. Ces quelques exemples suffisent e bouleau, le saule, le cerisier, le pommier,etc., pousse un autre polypore bien à montrer quelles intéressantes récoltes connu, le Polypore amadouvier, avec il est possible de faire, même pendant la lequel on fabrique l'amadou. En faisant mauvaise saison et dans les pays où la brûler, à la simple flamme d'une allu- végétation parait suspendue. mette, une portion de son tissu, on le Les voyages, à cette époque, sont l'odeur de suite à reconnaît tout carac- moins agréables et paraissent dénués téristique de la fumée. d'attraction pour le collectionneur. Nous Sur les branches atteintes d'un sommes bien aise d'avoir rétabli la réalité commencement de caducité, sur les sou- des faits à l'encontre de ce préjugé, et ches et les vieux troncs d'arbres, pousse d'avoir démontré, pour les plantes comme l'Agaric styptique, que son goût d'encre pour les insectes, que l'on peut, même permet de reconnaître, et dont le chapeau sur une route d'hiver, trouver bien des est porté sur un pied latéral. Comme il sujets d'étude, bien des occasions de est très vénéneux, il faut en cracher le découvertes ou du moins de constatasuc après l'avoir goûté pour reconnaitre tions utiles à la science. PAUL COMBES. l'espece.


En Abyssinie.

Mission du Comte Léontieff

Nous avons donné à plusieurs reprises des ~MM~f;~S~~ sur la ;HtHMM Léontieff en Abyssinie. Dans ce nouvel article; notre correspondant nous eo/M~MM~Md'intéressants détails sur l'existence des Sénégalais quifontpartie de la mission et ~0)!j il a le COM~M~M~HëM~ direct. CAMP NICOLAS (HOURSO), 22 NOVEMBRE )8c)8

Nous étions encoreà Harrar', on s'en souvient, quand à

survint l'accident qui obligea le chef de la mission rentrer en France. Quelquesjours après son départ,

le ras Makonnen, prévoyant que son

ment à ses chefs dans les circonstances suivantes. Le mulet de M. Jaubert, lieutenant en second de l'escorte, s'étant égare, l'ordonnance de ce dernier, malgré défense faite, s'était mise

recherche.

absence devait

à sa

Pen-

être de quelque durée, nous assigna comme lieu

sant que l'animal, guidé par son instinct, était revenu

nom de Hourso, située à deux jours de marche de Harrar.J'y arrivai le 8 juillet avec la section d'avantgarde qui avait escorté le comte de Djibouti à Harrar en suivant la

veille, il s'y était rendu, n'avait pas trouvé le fugitir et, dans son retour au camp,

au point d'eau où l'on avait bu la

de campement une localité du

route directe,

s'était perdu.

Puis, souffrant de la soif. et rencontrant un Somali,

à

travers le désert. Qpant au gros de la compagnie, il avait suivi avec le prince d'Orléans une route plus longue en passant par Tadjoura, et il ne nous rejoignit que le 3) ju)))et, non sans avoir souffert du manque d'eau et de vivres, la traversée du désert ayant exigé 38 jours au lieu de 25 qui étaient prévus. Ce désert, en attendant l'achèvement du chemin de fer, est une route peu sûre. Il est sillonné par des bandes de Somalis et de Dankalis qui se font une guerre perpétuelle. Ils ne s'entendent que pour piller les caravanes ou pour tomber traîtreusement sur les hommes isolés. Un de nos Sénégalais, disparu pendant une étape, a été victime de son zèle et de son dévouet. Voir A Travers le Monde, itj~S, page 281, l'article intitulé /~t/M:'0't.!

~M!C.

A TRAVERS

comme nous l'avons su plus tard, il avait demandé

L); MOXDE.

6'

LIV.

à ce

dernier de

le

conduire à un puits, et il se penchait pour boire quand le misérable assassin lui enfonça son couteau entre les deux épaules. Aujourd'hui les privations endurées pendant cette longue marche, par une chaleur cuisante, sont oubtiées mais malheur aux pirates du désert s'ils ont affaire à nos Sénégalais Ceux-ci crurent un moment que l'occasion allait se présenter de venger leur malheureux camarade. On venait de lever le campement et la caravane s'était à peine mise en route qu'à l'horizon, à près de 2 kilomètres en avant, s'élève un gros nuage de poussière, et les Dankalis chameliers de s'écrier « L'attaque l'attaque Voilà les

Somalis! » Immédiatement, M. Sébillon~ mon lieutenant, ?6

<t février )f!qf).


(A~U'K[LO'AS:tA<Oor;\nD'ËSCOttTR,tOR~AH~t-\tJ<[:Et'LOYEH.

7~\7/~r~t'o~~ra~n~~t'Le/~jnt'. qui commandait le détachement, prend toutes ses dispositions de défense pour recevoir chaudement les agresseurs. Les chameaux sont formés en cercle sous la garde des indigènes. Une section de tirailleurs commandée par MM. Esperet et Jaubert protège leur front du côté de l'ennemi. Quant à MM. Sébillon et d'Origny, ils se portent en avant avec le gros de la troupe. Les hommes, déployés en tirailleurs en arrière d'une crête et de quelques broussailles, attendent les Somalis de pied ferme. Du côté du convoi, même

attitude résolue. Les Dankalis chameliers,

à

genoux

comme leurs bêtes, le bouclier au bras, la lance au nr.!ng; s'attendent à une attaque foudroyante. Leurs chets allant de l'un à l'autre frappent sur les boucliers et crient comme des sourds, autant pour se donner du cœur au ventre que pour effrayer l'ennemi. Quant aux Sénégalais, à l'avant-garde, ils faisaient plaisir à voir. Ils rayonnaient. « Enfin, y a faire

parler la poudre, ça y a bon, disaient-ils dans leur français bizarre. Nous y tuer Somalis comme diguedigues' Mais pour cette fois, ces excellentes dispositions et ce vacarme guerrier ne devaient pas être suivis d'effusion de sang. Ce n'était qu'une fausse alerte. Cette illusion n'était pas due à un effet de mirage; ces tourbillons de poussière qui semblaient précéder une charge de cavalerie furieuse avaient été tout simplement soulevés par le vent, et la caravane se remit paisiblement en route. Hourso est situé à la frontière du désert, au fond d'une cuvette rectangulaire entourée par un vaste cirque de montagnes, ce qui contribue à rendre la température assez élevée. La vallée, heureusement, est traversée par un cours d'eau, ce qui a permis aux Gallas, établis ici, d'y faire des cultures de mil, de café, d'orge et même de canne à sucre. Dans les terrains caillouteux qui dominent, paissent de nombreux troupeaux, propriété du ras Makonnen. Un petit poste abyssin y tient garnison, prêt à mettre le holà en cas de discorde suscitée le plus souvent par t. Petites biches du dtStr:.

des nomades du désert. Ici, comme sur toute parcelle duterritoire abyssin,l'autorité de Ménélik est respectée comme celle d'un maître absolu. Chaque village de Gallas a bien conservé son conseil de vieillards qui jugent et décident des affaires de la communauté. Dans un différend, ce sont eux qui rendent la justice; mais lorsque les parties adverses ne peuvent s'entendre, une fois ce jugementrendu,on en réfère aux tribunaux abyssins. Or les lois, surtout celles qui sont appliquées

aux peuples conquis, sont fort sévères, et l'administration, ici comme partout, ne fonctionne pas sans un cortège d'abus inévitable mais, malgré tout, les Gallas nréferent ce régime tant soit peu draconien à celui d'autrefois, en raison de la sécurité qu'il leur apporte. L'impôt, en général, se paye en nature. Lorsque la récolte des céréales (mil et orge) est faite, des officiers abyssins passent, qui fixent, selon que l'année a été bonne ou mauvaise, la dîme que prélève le gouvernement. Ce n'est ni plus ni moins que l'impôt sur le revenu de la terre, réglé d'une façon assez équitable, puisqu'il est tenu compte chaque année des variations de ce revenu. L'impôt est alors porté dans les silos ou greniers du gouvernement, sortes de grands trous répartis un peu partout et placés sous la garde des gens du ras. C'est ainsi que chaque ras pourvoit aux besoins des soldats placés sous ses ordres. Des terres sont aussi distribuéesà ces derniers. Ils s'y établissent, les cultivent, mais se tiennent prêts en temps de guerre à prendre les armes et à répondre à l'appel du chef; tels les vassaux au moyen âge à l'appel de leur seigneur. Quand j'arrivai à Hourso avec l'avant-garde, tout était à créer, et les gens du pays, quelque peu effarouchés à la vue des Européens et de leurs frères noirs de l'Occident africain, se tenaient à l'écart, ne nous apportant que peu ou point de provisions. Aujourd'hui, grâce à une discipline sévère et à la conduite parfaite des tirailleurs dans leurs relations abondance avec les indigènes, nous vivons dans une relative. M. Sébillon, ex-lieutenant de milice au Congo,


CAMP NICOLAS

D'après

LA COLONNE D'ESCORTE, FORMAT)OSE~J CARI MHC

pholographie de

,qui a parcouru les deux Amériques, les Antilles et

l'Océanie, officier par conséquent très débrouillard, s'est révélé maître charpentier émérite et m'a été d'un grand secours pour l'organisation matérielle du camp Nicolas, ainsi baptisé en l'honneur de nos amis les Russes, et qui a, ma foi, fort bon air. Nous y avons passé l'hivernage dans des conditions de confortabfe inespérées. Les cases sont toutes construites en bambou et recouvertes d'un toit de chaume. Chaque escouade a sa case particulière bien alignée avec les voisines. Nous avons en outre deux parcs à bestiaux, un pour les moutons et l'autre pour les bœufs un magasin, un corps de garde, un mess pour les sous-offtciers et enfin une véritable maison avec véranda pour les officiers et moi, comprenant deux chambres à coucher, une salle à manger et un cabinet de toilette. Cela fait, nous avons déblayé un beau chemin conduisant au camp c'est l'Avenue de)aRépub)ique. Une autre route porte le nom d'Avenue Léontieff enfin le milieu du camp s'appelle tout simplement la Place Royale

Tous les mois. le ras Makonnen, qui n'a cessé de nous donner des preuves

de sa bienveillance, nous envoie le mit (doura) nécessaire à ta nourriture des hommes. Ceux-ci le pilent, le réduisent en farine à la mode sénégalaise et le mangent sous forme de couscous.

Chaque jour les Gallas apportent sur le marché, sorte de hangar que nous avons élevé à leur intention, soit des chèvres, soit des moutons, parfois des bœufs, sans oublier les légumes qui consistent surtout en courges, dont les Sénégalais sont très friands, et en

~~war~.

haricots du pays. Le Galla qui veut nous exploiter nous demande cinq thalers d'un mouton qui en vaut deux. Nous finissons par l'avoir à son prix véritable mais après des pourparlers et des marchandages sans fin qui mettent ma patience à une rude épreuve. La notion du temps et le besoin de conclure n'existent pas dans ces cerveHes noires. Le système nerveux de ces races primitives n'existe qu'à l'état rudimentaire, et les Gallas, comme tous les sauvages, savent user avec obstination d'une force contre laquelle nos impatiences la force d'inertie. Pour un seul mouton, se brisent on ne se doute pas de ce qu'il faut échanger de paroles perdues mais s'i s'agit d'un marché de 8 ou 10 bêtes, oh! alors il ne faut pas moins d'une demijournée de négociations, coupée de fréquentes rup-

tures, pour tomber d'accord.

Depuis que notre installation est terminée, la vie au camp s'écoule régulière et quelque peu monotone, en attendant que sonne l'heure du départ

pour la brousse. Trois fois par se-

maine, le matin, la compagnie fait des exercices d'ensemble. L'après-midi se passe en différentescorvées et tous les trois jours nous faisons une marche militaire. Le dimanche, il y a revue et, pour distraire les hommes, ces grands enfants que sont les noirs, surtout ceux de la côte occidentale d'Afrique, nous organisons des jeux. Un rien suffit pour faire rire aux éclats nos braves Sénégalais et leur faire exhiber leur ratelier

d'ivoire.

Le jeu favori, c'est la perche. Qu'on s'imagine


un mât flexible soutenu horizontalement par une extrémité et par son milieu H faut. en marchant dessus. aller sans tomber jusqu'au bout resté libre, lequel fléchit et vacille en tous sens. Celui qui y parvient gagn un prix tabac, bananes, etc. En cas de chute, c'est à recommencer, et le tour passe à un autre. Comme cette perche pliante est très bien graissée, le jeu ne manque pas d'être très difficile, et quand un homme tombe en faisant d'inexprimables contorsions pour rattraper son équilibre. sur le tas d'herbes placé en dessous pour amortir sa chute, Dieu sait de quels lazzis ses camarades t'accablent Toi y gagner trop de « Toi trop bouffer. graisse, n'a pas pouvoir marcher Parfois, pendant que les hommes se livrent à leurs jeux, les officiers et moi nous allons faire une excursion de chasse et rencontrons en abondance le digue-digue ou petit chevreuil abyssin parfois même nous rapportons une grande biche, une hyène ou un singe, ce qui, l'hyène mise à part, contribue à l'abondance et à la variété de nos menus. Ainsi les semaines passent, et quand le comte nous reviendra, c'est-à-dire dans quelques jours, il nous trouvera tous en bonne forme pour repartir. Où irons-nous? Quelles aventures nous attendent? C'est le secret de l'avenir. A quels beaux rêves nous nous laissons aller, le soir, sous ce beau ciel, au moment où s'allument les étoiles, quand les feux du camp brillent çà et là, illuminant de rouges reflets les silhouettes noires de nos tirailleurs! Parfois, cependant, notre pensée va plus loin. Elle s'envole vers le plaisant pays de France, et nous revivons pendant quelques instants cette vie si douce du &o~M qui va fêter sans nous la Noël et l'année nouvelle. jusqu'au moment où notre rêverie est

:t" u.

v.ur, à l'entour du

lo.

camp.

de--

fnntnntonr~ra y, HENRI LEYMARIE.

FIVPnPCl1111 CP

Câbtes Télégraphiques en Indo-Chine TL est question de poser dans les mers de l'Indo-Chine un réseau de câbles français. On sait quejusqu'ici le service télégraphique maritime a été fait dans notre colonie d'Extrême-Orient par une société anglaise, la Eastern Extension ~M/nt/a~M aM~ Ct~/a /<r~~hCoM!)' /wM'< Le réseau anglais actuel de cette ré-

gion se compose i'' d'un câble qui relie Haïphong, capitale du Tonkin, à Saïgon, capitale de l'Indo-Chine 2° d'un câble qui relie Haïphongà Hong-Kong; 30 d'un câble qui relie Saigon à Haïphong. Ainsi pour correspondre entre le Tonkin et la Cochinchine, il faut passer par le service des Anglais. Il est vrai que le câble Haïphong-Saïgon a été doublé par un télégraphe aérien qui traverse en longueur tout le royaume d'Annam. Ma<s les poteaux et les fils de fer sont très souvent renversés, coupés, par les troupeaux d'éléphants, quand le tout n'est pas emporté par les

pluies de la saison humide. On ne peut donc compter sur cette ligne terrestre. Et c'est précisément au moment d'un danger qu'il faudrait recourir à la collaboration plus ou moins discrète de l'étranger. Les Tonkinois s'occupent donc de faire acheter la ligne actuelle ou d'en construire une nouvelle dès 1904, c'est-à-dire lorsque finira le traité avec les Anglais. Quant au câble Haïphong-Hong-Kong, il sera complètement à faire, puisque l'acquisition de KouangTchéou-Ouan par la France exige un nouvel itinéraire. « L'imagination se refuse, dit /t~Mf du 7o;M, à admettre que nos troupes soient en danger dans Kouang-Tchéou Ouan, ou qu'un des bâtiments de notre escadre soit en péril sans qu'un télégramme puisse être lancé et le secours arriver en temps utile. » Un des projets consiste à faire passer la ligne immergée d'Haïphong à Hong-Kong par les îles Kao-Tao et Hoï-Hoou. Là aura lieu une bifurcation en deuxcâbles, l'un sur Hong-Kong,l'autre sur Kouang-Tchéou-Ouan et Canton. On conçoit l'intérêt capital qu'il y a pour les Français d'Extrême Orient à éviter l'ingérence des étrangers en temps de paix. Et que serait-ce en temps de guerre?

Le

Commerce entre la France et la Hollande

) L y a quelque temps, nous avons signalé la résolution prise par la municipalité de Rotterdam de supprimer, à titre d'essai, l'enseignement du français dans une de ses écoles supérieures primaires, en y laissant subsister l'enseignement de l'allemand et de l'anglais. Cette décision avait été prise sur l'avis de la Chambre de commerce, qui constatait que la Hollande ne faisait presque pas de commerce avec la France. Les journaux français ont assez vivement commenté cette mesure qui n'a rien d'agréable pour nous. Quelques-uns ont soutenu que l'opinion émise par la Chambre de commerce était inexacte. 11 appert, au contraire, d'une publication officielle, et cela est triste à dire. que notre commerce avec la Hollande est singulièrement plus restreint que celui de l'Angleterre et surtout que celui de l'Allemagne. En effet, sur un total de f8$ millions de florins qui représente~ en 1897, le commerce de la Hollande (importation et exportation), la France entre pour 55 millions de florins, l'Allemagne pour t 002 millions, l'Angleterre et les Indes pjur 6~0 millions, les EtatsUnis pour 270 millions. Le mouvement de la navigation n'est pas moins significatif. Sur le tableau des entrées ne figure aucun navire français; aux sorties figurent t-yS navires chargés pour la France sur y 084 qui ont quitté, en tSay, les ports hollandais. Au lieu de récrim~er, nous ferions mieux d'essayer d'établir entre la Hollande et nous un courant commercial plus intense. Là, en effet, comme partout nous sommes distancés par nos rivaux


L'Abbaye de Fontevrault lignes qui suivent sont extraites <7'MM article ~))'!M~ à notre ~0'MM~' Concours de Vacances. Les

T

région qui avoisine le confluent de la Loire et de la Vienne est une de celles auxquelles il convient d'accorder le privilège d'unir à l'aimable beauté des sites le charme austère des souvenirs historiques et de donner satisfaction aux exigences diverses des A

artistes et des

archéolo-

gues.

.C'est

non loin de

hommes et des femmes dans la même enceinte, avec cette particularité presque unique dans l'histoire ecclésiastique la subordination des premiers aux secondes. Cette règle, qui fut appliquée dans toute sa rigueur jusqu'à la Révo)ution. suscita d'inévitables révoltes dans le camp mâle, ainsi qu'on devait s'y attendre. Ainsi Renée de Bourbon, vingt-huitième abbesse, eut à suhir l'une des plus importantes séditions qui aient affligé le monastère mais, digne du noble sang qui coulait dans ses veines, elle ne craignit pas d'employer lesgentilshommesdu Prince son frère, pour contraindre les insoumis à venir demander miséricorde à la grille du Grand-Moutier. De

telles femmes, l'honneur et la gloire de leur sexe, vrai-

ment nées

pour régner,

mériteraient une histoire; ici nous ne

pouvons dire que quelques mots de ces

milieu

puissantes abbesses et

d'une magni-

dee l'abbaye

fique vallée, que se cache

elle-même, ce

Fontevrault,

chef-d'œuvre de l'architec-

la perle de

ture natio-

ceslieuxcélè-

nale.

Montsoreau

au

bresàdivers titres.. Pour y

Le fon-

dateur de cet

ordre illustre arriver par la et singulier voie la plus s'appelait Roagréable, il bert d'ArbrisABHAYRDE FONTEVRAULT. faut venir de sel. Il était né /rt~t<~c~ho/o~'rt7~ Saumur et en Bretagne, longer la Loire la route est l'une des plus belles qu'il ce pays des tempéraments excessifs et des entêtés de génie. Quoique moins célèbre que Pierre l'Ermite, il y ait en France. A gauche, le fleuve roule ses eaux laiteuses autour de. petits îlots couverts d'arbres; à fut néanmoins un des prédicateurs les plus éxtraordidroite, s'échelonnent des collines vertes couronnées de naires du xt° siècle. Ceux qui ont étudié cette époque, moulins à vent noirs et blancs, qui semblent gesticuler préoccupés du mouvement miraculeux des Croisades, dans le bleu de l'air. A partir de Candes, le paysage ont presque négligé de signaler le double courant qui portait les uns vers la Palestine et dirigeait les autres, se modifie insensiblement; on se trouve enfin dans un immense amphithéâtre naturel environné de forêts qui moins aventureux, dans des retraites situées en France ferment l'horizon. Un calme religieux, une sorte de même. Ce fut Robert qui se mit à la tête de ceux que recueillement vous pénètrent bientôt. séduisaient médiocrement les expéditions lointaines. Ces fanatiques, au nombre d'environ 3,000, s'arrêMichelet ne fit que traverser cette contrée mais tèrent dans la solitude de Fontevrault (to~S), où le grand évocateur de l'histoire sut en apprécier ta ils trouvèrent une fontaine limpide et de séduisants grâce mystique et toute féminine l'exquise impression ombrages. D'Arbrissel sépara le quartier des hommes qu'il en ressentit est précieuse à connaître « C'est de celui des femmes, fit creuser des logettes indivibien ici, dit-il, que l'idée dut venir de faire la femme duelles dans le tuffeau, imposa le silence pour règle à reine des monastères et de vivre sous elle dans une voluptueuse obéissance métée d'amour et de sainteté. ses adeptes et leur mesura le vin qu'ils devaient boire chaque jour, ce vin blanc mousseux des coteaux de Aussi, jamais abbaye n'eut la splendeur de Fontevrault. Saumur, qui était capable, disait Robert, de « faire Richard Cœur-de-Lion lui légua son coeur; il croyait apostasier même les sages ». que ce cœur meurtrier et parricide finirait par reposer peut-être dans une douce main de femme et sous la Lorsque la mort menaça de l'emporter, Robert prière des vierges. » d'Arbrissel voulut assurer l'avenir de son ordre. Mais Fontevrault fut en effet un monastère mixte, qui en cherchant parmi ses frères en religion quel pouvait offrit cette qualité assez piquante la réunion des être son successeur, il ne trouva autour de lui que des


hommes grossiers et d'une très médiocre culture. A côté d'eux, au contraire, il avait remarqué quelques femmes d'une rare intelligence, notamment des veuves ayant vécu dans les hautes classes de la société. 11 ne crut pas devoir hésiter et, sans souci des usages contraires, il abdiqua en faveur de Pétronille de Chemillé, qui devint la première abbesse. Du X)t' siècle à la Révolution, trente-sept religieuses se transmirent sans interrègne la crosse et la mitre abbatiales. Bon nombre d'entre elles eurent une vie effacée. Leur piété seule, et, non le rang qu'elles avaient occupé dans le monde, les avait appelées à la dignité d'abbesse. « A vescue religieusement,est

morte sainctement », lit-on sur la tombe de plusieurs mères. Mais le monastère s'honora d'avoir possédé à sa tête des femmes d'élite, telles que Marie de Bretagne, la protégée du pape Pie JL Anne d'Orléans, sœur de Renée de Bourbon, fille de Jean I!, comte Louis XI!, de Vendôme, Louise de Bourbon, -Jeanne-Baptiste de Bourbon, fille de Henri IV et de Charlotte des Essarts, =– Gabrielle de Rochechouart, sœur de M' de Montespan, et quelques d'autres. Les décrets du 4 août !y8o ayant déclaré les biens du clergé propriété nationale, les religieux et religieuses de Fontevrault furent expulsés. Qpand la Terreur arriva, les habitants du bourg, qui ne vivaient que des libéralités du couvent, montrèrent une fois de plus jusqu'où peut aller l'ingratitude et la stupidité des foules. Ces citoyens, épris de liberté, d'égalité et de fraternité, saccagèrent l'abbaye, violèrent les sépultures des rois, mutilèrent les statues, brisèrent tous les personnages représentés à genoux, dérobèrent les ornements religieux et brûlèrent la bibliothèque, l'une des plus riches de ce temps. De tout ce qui fut la somptueuse abbaye, le temps a conservé l'église du Grand-Moutier, qui estdu roman byzantin. On connaît la tendresse qu'eurent les rois d'Angleterre pour l'Anjou et pour Fontevrault en particulier quatre statues couchées sur des tombes attestent que l'abbaye mérite d'être appelée le Saint-Denis des Plantagenet. Ces sculptures représentent Henri 11, père de Richard Eléonore de Guyenne, femme de Louis le Jeune; KichardCœur-de-Lion;Isabeaud'Angleterre. Les grands bâtiments annexes ont été construits par Mesdamesde France, filles de Louis XV un cloître élégant a été édifié à la suite d'une visite de Catherine de Médicis. Ce vaste couvent a été converti en Maison Cen-

trale. Et tandis que nous contemplions les merveilles architecturales qui subsistent encore, les détenus parurent, marchant en cadence l'un derrière l'autre. En songeant à toutes les splendeurs du passé, à toutes les richesses disparues du plu's célèbre des monastères, nous nous rappelâmes avec de mélancoliques regrets la parole du Christ, dans saint Luc « Ma maison était une maison de prière, vous en avez fait une caverne de voleurs. » JEAN FUGAIRON.

Les Indigènes de l'Alaska LnA découverte des mines d'or du Kiondyke a attiré, depuis deux ans, l'attention sur l'Alaska, ce territoire presque inconnu jusqu'alors, et que la Russie, croyant faire un très bon marche, avait cédé, en 1867, aux Etats-Unis pour 38 millions de francs. Le territoire d'Alaska a plus de t ~oo ooo kilomètres carrés, ce qui équivaut, à peu près, à la superficie de la France, de l'Espagne et de l'Angleterre. Mais, sur cet immense espace, le recensement de 1800 n'a trouvé que 32 053 habitants, dont 2343! indigènes et métis. 11 y en avait 31 [ 306 en 1880. La diminution a donc été, en dix ans, de o 04 elle tient, comme c'est le cas d'ordinaire, aux vices et aux maladies que prennent les sauvages lorsqu'ils entrent en contact avec la « civilisation ». D'après un missionnaire de la Compagnie de Jésus, qui vient de communiquer quelques détails intéressants sur le pays, les divers centres habités forment quatre divisions i° Juneau et l'archipel d'Alexandre, district que l'on peut désigner sous le nom « d'Alaska du Sud ». telles que 20 Les cités du Youkon supérieur

Circle City (Dawson City se trouve, comme on le sait, dans le Dominion canadien). 3° Nulato et Kozerefski, sur le Youkon moyen, où résident des tribus indiennes de l'intérieur. 4° Les côtes de rAt;x:k?., du Kuskok-.vin aux î!eb d'Herschell, dans l'océan Glacial, habitées par les Esquimaux ou Innuits. Les 23 431 indigènes du recensement de t8oo étaient ainsi réparas par races: :4 0:2 Innuits (y compris les Aléoutes), 3 430) Athabaskans, 4 637 Tinkits, 0~2 Tsimpséans et 301 Haïdas. Le nom d'Esquimaux, dont l'origine remonte au P. Charlevoix, signifiait « mangeurs d'aliments crus ». Aujourd'hui encore, sur les côtes de l'Alaska, les Esquimaux sont restés fidèles à cette coutume, et se nourrissent de viandes crues. Le Père Jésuite, dont nous venons de parler, décrit ainsi la vie des Indiens de l'Alaska. Ils ont deux sortes d'habitations, l'une d'été, l'autre d'hiver. Les habitations d'hiver sont des réduits souterrains appelés AaM! les unes, plus vastes, sont réservées aux hommes et aux voyageurs de passage, et servent aux bains, aux repas, aux jeux, aux travaux et aux assemblées les autres, plus petites, servent de demeure aux femmes et aux enfants. Ces maisons, dit le P. Jésuite, ne sont vraiment pas fastueuses. Imaginez un trou carré, creusé dans le sol, de trois ou quatre pieds de profondeur, surmonté d'un toit en branches d'arbre que recouvre une épaisse couche de terre. On y entre en rampant, par un couloir d'un mètre de largeur, comme un renard entre dans sa tanière. H n'y a d'ouverture supérieure qu'un trou de deux ou trois pieds carrés, pratiqué pour laisser passage


fumée. La ventilation ne se fait pas autrement. Le feu s'allume au milieu de la chambre souterraine, et les lits, simples planches ou troncs d'arbres recouverts de paille et de peaux, se trouvent disposés tout autour. Les indigènes de l'Alaska sont à la fois les plus sobres et les plus tempérants des hommes quand il le faut, et les plus gloutons à l'occasion. En voyage, un Indien peut marcher des journées entières sans manger mais quand il est arrivé au camp. il mangera des journées entières sans discontinuer. Au reste, ces tribus sont hospitalières, et quand un voyageur passe par leur village. c'est la coutume que l'un des personnages les plus influents vienne lui présenter le païnktankin, repas que l'on prend pour se remettre des fatigues de la route. 11 consiste en un magnifique poisson blanc gelé, sinon en quelque autre morceau de prix, par exemple, une pièce de chevreuil gelé aussi bref, tout ce qu'ils ont de mieux. Le voyageur est supposé muni de thé et de pain et celui qui fait les frais du~otktankin, aussi bien que le premier Indien venu qui s'offre à allumer le feu du voyageur et à lui préparer l'eau pour son thé, attend, en retour, quelques tasses de thé qu'il prend dès que le voyageur s'est réconforté. En hiver, le plat de résistance est formé d'une espèce de petit poisson noir, abondant dans les lacs, très visqueux, sans écailles et degoûtant à voir. On l'avale sans autre préparation que de le faire bouillir au feu. 11 forme aussi la nourriture ordinaire des chiens, qui à la

aiment surtout l'avaler tout cru. En été, les repas de ces Indiens sont tout autres. Alors, continue le Père Jésuite,c'estaprès un long carême

involontaire, une fête perpétuelle. Les indigènes ont tout en abondance, œufs variés, oies sauvages, cygnes, canards, grues, saumons et poissons de toute espèce. Le phoque au printemps et en automne, c'est-àdire au mois de mars et de septembre, avant l'arrivée et après le départ du saumon, leur fournit un repas succulent avec leur provision d'huile pour l'hiver. L'introduction du renne dans l'Alaska modifierait sensiblement le problème de l'alimentation pour les habitants de cette région. lls ne seraient plus exposés à la famine, qui les menace chaque année à la fin de l'hiver, alors que leurs provisions de bouche sont épuisées, et que les poissons tardent à remonter le cours des fleuves et des rivières.

La Consommation de l'Alcool en France t

France consomme actuellement deux millions d'hectolitres d'alcool. Ce chiffre officiel est inférieur à la réalité, car la statistique ne peut porter que sur les quantités connues de'la régie, laquelle ignore l'étendue de la fraude et de la contrebande. Mais il ne s'agit là que de l'alcool à 100°, celui qui sert à fabriquer les boissons alcooliques. La consommation de celles-ci est autrement forte 5 millions d'hectolitres environ. A

l'heure présente, chaque Français consomme par an plus de quatre litres d'alcool à !oo° sous forme d'eau-de-vie et autres boissons de ce genre et comme en outre il absorbe 25 litres de bière, t8 litres de cidre et yo litres de vin, il ajoute t0 litres d'alcool pur aux 4 qui précèdent. Au total, t4 litres. Le Belge et l'AlleA

2'

mand en consomment 10.5, l'Anglais q le Suisse 8.y,. 11 est certain que la consommation d'alcool s'accroît chaque année, surtout sous la forme de liqueurs et eaux-de-vie. Nos grands-pères, en 1830, se contentaient d'un litre à peu près il nous en faut quatre et demi En France et en Belgique la consommation monte elle est stationnaire aux Pays-Bas, en Angleterre, en Italie; elle diminue en Allemagne, en Suisse et aux Etats-Unis. tt y a desdépartementsplus alcooliques que d'autres la Seine à cet égard tient la tête avec zy Ltres f /4 par habitant la Haute-Savoie est la dernière de la liste, avec 6 décilitres. La ville la plus alcoophile est Eu, en Normandie 2) litres. Enfin, il y a 500,000 cabarets en France. A Paris, on en compte 33,000, plus d'un pour trois maisons; dans le Nord, un par 46 habitants, ou t$ adultes. Et pour que le citoyen français se puisse alcooliser toujours davantage, dit M. de Varigny, les chemins de fer ont inauguré des wagons-bars sur roues, où l'on peut boire, même en voyage, des boissons prétendues hygiéniques. Ne serait-il pas temps d'enrayer les progrès du fléau qu'est l'alcoolisme?

Eugène Gallois. ~M B<rMMtH!e,

.4:<

Pa~ des Pa~o~Mf~des Jtfnoa~ter~.

Paris, Delagrave, tSf~, in-8° illustré.

Eugène Gallois est un voyageur instruit, doublé d'un aimable écrivain qui a déjà promené sa curiosité dans les diverses parties du monde. Le joli livre qu'il publie sur /c B~'MM/e, orné de nombreusescartes, ainsi que de photographies et dessins de l'auteur, est certainement ce qui a paru de plus complet sur ce pays au point de vue touriste. Depuis l'occupation anglaise, en ))W~, et surtout depuis la construction du chemin de fer qui va maintenant jusqu'à Bhamo, la Birmanie est devenue on ne s'en doute guère un pays très accessible. Le voyage, nous dit M. Gallois, y est facile, suffisamment confortable, et, de plus, relativement peu coûteux. Aussi nous serons très heureux, si quelque globe-trotter veut aller vérifier ce que nous avons dit, de pouvoir lui donner de précieux renseignements par cette narration, puisée dans notre carnet de route.' Il est certain qu'après avoir lu ce petit volume, nous avons éprouvé un vif désir de suivre les traces de M. Gallois, de visiter avec lui Rangoun, Mandalay, leurs palais, leurs pagodes et monastères, plus nombreux en Birmanie que partout ailleurs, et de naviguer sur cet Irraouaddi, aux belles eaux, aux rives infiniment variées et.vivantes, que l'auteur compare successivement au Nil, au Rhin, au Dan)t

nube.

Récit de vovage vif et amusant, descriptions de monuments et de paysages, scènes de mœurs indigènes, aperçu des transformations que la conquête anglaise a opérées dans la Birmanie actuelle, jolies illustrations, rien ne manque pour faire de ce volume une lecture agréable et instructive. Afin d'en rehausser l'intérêt, M. Gallois a fait figurer, comme introduction, deux chapitres, l'un historique et l'autre géographique, qui sont très clairs, et qui nous ont paru puisés aux meilleures sources.


Pour les Voyageurs Collectionneurs amateurs de collections, les araignées ne sont certainement pas un gibier agréable à récolter. Il en est cependant de très curieuses, et qui présentent un réel intérêt, même pour le collectionneur telle la gigantesque mygale aviculaire, ou cet autre arachnide de forte taille et de conformation spéciale le scorpion. Mais nous nous p)açons surtout ici au point de vue du naturaliste, pour lequel aucun être disgracieux ou infime n'esta dédaigner, et c'est justement parce que, sur ce terrain, il ne rencontre pas la rivalité du collectionneur, qu'il a beaucoup de chances de faire, en cours de route, de réelles découvertes d'espèces r)<!LR les simples

nouvelles.

Parmi les araignées,les unes sont sédentaires, les autres vagabondes.

La Récolte des Arachnides

declus. La guérison n'eut lieu qu'après des symptômes très alarmants. Tant pour ces motifs qu'en raison de la très grande agilité de la plupart des arachnides, dès qu'on les a découverts, on doit employer de 'préférence, pour s'en emparer, le filet à papillons et la pince métallique. Les araignées d'eau se prennent également au filet Trot~/MM, employé pour la capture de la plupart des petits animaux aquatiques. Nous ne saurions mieux faire que

d'emprunter à l'expérience consommée du célèbre entomologiste L. Dufou: les procédés qu'il mettait en œuvre pour capturer la Lycose Tarentule, procédés applicables à la chasse d'autres araignées fouisseuses.

Les mois de mai et de juin sont la saison la plus favorable pour faire cette LapréseneedesaraignéesSteuses chasse. première fois je découest généralement révélée par leurs toiles. vris les clapiers de cette que aranéide, dit Elles se tiennent aux aguets, soit sur la Dufour, et que je constatai qu'ils étaient toile elle-même, soit dans le voisinage, habités en l'apercevant en arrêt au precomme les Epeires. mier étage de sa demeure, je crus, pour Quelques espèces habitent dans de m'en rendre maitre, devoir l'attaquer de petits couloirs tapissés de soie, soit dans vive force et la poursuivre à outrance. Je la terre, soit dans les murs, soit sur des passai des heures entières à ouvrir la talus abrités, comme les ~~a/M. tranchée avec un couteau pour investir Les araignées vagabondes errent son domicile. Je creusai à une profondeur a la surface du sol, dans les herbes, où de plus d'un pied sur deux de largeur, l'on rencontre souvent des femelles por- sans rencontrer la tarentule. Je recomtant la coque de soie qui contient leurs mençai cette opération dans d'autres claœufs.Lorsqu'ellesse gitent, c'est géné- piers, et toujours avec aussi peu de sucralement sous de vielles écorces, sous cès. Il m'eût fallu une pioche pour

La

c dans

Nicrrc~, ""f-

r lú,

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l'eau des mares, des surface ou fossés ou des petites rivières, ou même sur les rivages de la mer, parmi les plantes marines. Les Acariens sont des araignées minuscules qui courent sur le sol et les herbes ou vivent en parasites sur divers animaux.

Les scorpions, les faux scorpions, les galéodes, les pinces, se rencontrent sous les pierres et dans les lieux sombres. II faut bien se garder de toute exagération au sujet du danger de la morsure ou de la piqûre des arachnides. Néanmoins, outre les scorpions, dont la piqûre est surtout dangereuse dans les pays chauds, certains arachnides ne doivent être capturés qu'avec précautions, en vue d'éviter les accidents plus ou moins graves que peut occasionner leur morsure. J'ai eu l'occasion de signaler à cette même place, dans un numéro précédent du Tour du ~oM~e, quelques exemples de ces accidents (Voir P/~M~M et ~:orsures ~Mec/M. dans le numéro du ToMr du A/OH~e du 29 octobre i8()S). J'ajouterai, pour être complet, que la piqûre des pinces cancroïde et scorpiutde a parfois donné lieu à de légers accidents, notamment à des tumeurs très douloureuses. J'ai également retrouvé dans l'K~ra~Mtt Aledical G~se~e du !5avrit)8oi, un cas de morsure d'un enfant par une araignée du genre Latro-

gagner le large. ou bien elle s'obstinait à demeurer acculée contre la lame de couteau. Alors. en faisant exécuter à celle-ci un mouvement de bascule assez brusque, on lançait au Inin et la terre et a Lycose, et on s'emparait de celle-ci. En employant

ce procédé de chasse, je prenais parfois jusqu'à une quinzaine de tarentules dans l'espace d'une heure. Dans quelques circonstances où la tarentule était tout à fait désabusée du piège que je lui ten-

été peu surpris, lorsque j'enfonçais l'épillet jusqu'à la toucher dans son gite, de la voir jouer avec une espèce de dédain avec cet épillet et le repousser à coups de pattes, sans se donner la peine de gagner son réduit. o Les espèces d'arachnides à peau dure et coriace, comme les scorpions, les pinces, etc., peuvent se piquer sur le thorax. Il faut avoir soin d'enfoncer l'épingle le plus près possible de l'abdomen, pour ne pas mutiler les yeux, qui sont placés sur le devant, et dont le nombre et la disposition servent à caractériser les genres. Mais la plupart des grandes espèces d'arachnides ont un abdomen gros et mou. dais, je n'ai pas

qui se déforme en se desséchant. Il faut donc les immerger dans l'alcool pour pouvoir les conserver intactes.

Les longues pattes des y~McAet/r~ se détachent avec une extrême facilité il faut les consolider par un enduit à la fois transparent et gommeux, comme nous l'avons indiqué pour certains dipL..a T.. .7.. y.o changer mon plan d'attaque, et je recou- tères. toutes petites espèces d'arairus à la ruse. J'eus l'idée, pour simuler un gnées Les (Acariens, etc ), ne peuvent guère appât, de prendre un chaume de graminée, surmonté d'un épillet, et de frotter, se conserver que collées au fond de ped'agiter doucement celui-ci à l'orifice du tites boites. Quoique les mois d'été soient les clapier. Je ne tardai pas à m'apercevoir plus favorables à la recherche des arachque l'attention et les désirs de la Lycose étaient éveillés. Séduite par cette amorce, nides, on peut cependant se livrer à cette elle s'avançait à pas mesurés et en tâton- récolte même en hiver. En cette dernant vers l'épillet, et en relevant à pro- nière saison, on trouve notamment des pinces cancroïdes et scorpiotdes sous pos celui-ci un peu en dehors du trou l'écorce des arbres. pour ne pas laisser le temps de la La S~M<rM MHOCM/a/a résiste à rénexion, elle s'élançait souvent d'un seul trait hors de sa demeure, dont je m'em- de très grands froids dans l'hiver de pressais de lui fermer l'entrée. Alors la f83d, M. Walkenaer en a trouvé un inditarentule, déconcertée d'avoir perdu sa vidu sous l'écorce d'un arbre, encore liberté, était furt gauche à éluder mes très vivant au mois de janvier, alors que poursuites, et je l'obligeais à entrer dans le thermomètre marquait depuis huit un cornet de papier que je fermais aussi- jours quatorze degrés au-dessous de tôt. Quelquefois, se doutant du piège, ou zéro. Il est probable que si l'attention moins pressée peut-être par la faim, elle se tenait sur la réserve, immobile, à une des voyageurs se portait sur les arachpetite distance de sa porte, qu'elle ne nides, et surtout sur ceux de petite taille, jugeait pas à propos de franchir. Sa ils auraient de fortes chances de découpatience lassait la mienne. Dans ce cas, vrirun grand nombre d'espècesnouvelles, voici la tactique que j'employais après notamment dans les régions équatoriales. On ne saurait trop leur recommanavoir bien reconnu la direction du boyau et la position de la lycose, j'enfonçais der de noter avec soin, pour chaque aniavec force et obliquement une lame de mal capturé, la forme de son logis ou de couteau, de manière à surprendre l'ani- sa toile, de recueillir aussi, toutes les fois mal par derrière et à lui couper la retraite que l'occasion s'en présentera, les coques en lui barrant le clapier. Je manquais soyeuses renfermant des œufs, ou même rarement mon coup, surtout dans des vides, ainsi que le plus grand nombre terrains qui n'étaient pas pierreux. Dans possible de détails sur les- mœurs de cette situation critique, ou bien la taren- l'arachnide. PAUL COMBES. tule effrayée quittait sa demeure pour

do

unw, ~um f.in.1.I:C


Les Fermes d'Essais aux Colonies

(p~)

Dans ce dernier article, M. Bourdarie examine ~<i'~M l'on peut tirer de l'élébbant, et indique les mesures prises pour sa protection dans l'Afrique On'~K~~ Allemande. Il MOK~'<; aussi, e~ e'<'S<~M- là qu'il conclut, que le directeur d'une Ferme d'essais a un rôle Mt/)0~'<~«/ comme éducateur des indigènes.

~\N commence à se préoccuper beaucoup de

la pro-

tection des éléphantsdans les colonies européennes de l'Afrique. C'est ainsi que le gouverneur impérial de l'Afrique Orientale Allemande, M. Liebert, a pris, à la date du 17 janvier 1898, un ar-

rêté tendant

obligatoire pour tous ceux qui se livrent à la chasse. Il est valable pendant un an. Les articles 2 à 4 fixent les taxes des permis à io roupies pour l'amateur européen, à 500 roupies

pour le profes-

sionnel européen isolé, et à 800 roupies pour chacun des Européens qui font partie d'une expédition organisée en vue de chasses dans l'intérieur. La taxe pour l'indigène est de 3 roupies, et de 500 pour l'indigène chasseur

à

ménager ces animaux dans le territoire de cette colonie. L'arrêté.

publié par le

Deutsches Kolonial-

Ma~dui~juin, est accompagné d'une circulaire par laquelle M.

Liebert autorise les chefs de district à s'écarter, en cas de besoin, des prescriptions que nous résumons plus bas. Le

d'éléphants et de rhinocéros.

Les articles 5

le

permis de chasse

n'est pas

exigé

lorsqu'il s'agit

gouver-

d'abattre, pendant

neur impérial demande en outre aux autorités locales de lui faire parvenir à bref délai leur avis sur les questions sui-

une traversée, du

gibier

pour 'se procurer de la viande, ou pour

tuer des singes,

BUFFLES DU TONKIN.

{O's~r~ une ~0<o~fa~Atë de

vantes

aux

et 6 portent que

Est-il possible et opportun de ne plus délivrer f indigènes l'éléphant? des permis de chasse à

Af.

Palazot.

des fauves, des

sangliers, des amphibies, des reptiles. Une prime est payée pour chaque lion et chaque léopard tué 30 roupies pour le pre-

ne délivrer ces permis qu'à quelques Fundi, hommes de confiance, par district? 3° De faire de ces hommes des gardes forestiers et des gardes-chasse? 4° De leur réclamer une dent de chaque éléphant

mier, 20 pour le second. L'article 7 prohibe la chasse à l'éléphant à la

L'article premier de t'arrêté déclare le permis

L'article 9 prohibe, à moins d'autorisation préa-

2° De

tué?

A

TRAVERS LE MONDE.

7' HV.

mamelle.

L'article 8 autorise la capture de jeunes bêtes, en vue de la domestication ou de l'envoi à des établissements zoologiques.

?

7.

18

février )899.


Jable, les chasses aux filets, au moyen du feu. et les

grandes battues.

L'article io porte que le chasseur payera par chaque éléphant abattu too roupies ou une dent, jusqu'à concurrence du montant de la taxe versée pour le grand permis de chasse. L'article dit que, dans les territoires où, suivant la coutume, ie grand chef indigène a droit à une dent par éléphant tué, cette taxe en nature sera alternativement remise au grand chef et à la station du gouvernement allemand. L'article 12 et dernier contient des dispositions pénales et d'autres concernant l'emploi du montant des taxes. En cas de contravention aux dispositions de l'arrêté, amende jusqu'à 500 roupies, ou prison jusqu'à trois mois. En cas de nonpayement de taxe, l'amende sera de 2 2~ fois le montant de la taxe non

i

payée. Le montant des

taxes perçues en vertu de l'arrêté ci-dessus sera partagé par moitié entre le

gouvernementdei'Afri~ue Orientale et le district ou la station qui a délivré le permis ou prononcé la

peine.

Je persiste à croire

quand il s'est agi de faire passer du bassin du Congo dans le basfin du Nil le Faidherbe, divisé en tranches qu'on plaçait sur billes de bois, et auxquelles s'attelaient des centaines de noirs. Douze éléphants seulement eussent équivalu à cent mulets, et eussent opéré ce transport avec facilité. S'il faut maintenant provoquer un nouvel étonne ment chez les coloniaux pessimistes dont j'ai parlé plus haut, je leur apprendrai que les Allemands de l'Afrique orientale poursuivent en ce moment l'élevage de l'élan africain. C'est un des gros animaux du continent il mesure i",c)o au garrot, il est long de 4 mètres, queue comprise (celle-ci mesure o'7o), et il pèse jusqu'à [ ooo kilog. On a déjà obtenu de ces animaux des travaux de ferme variés. Les premières expériences ont été mises en lumière en t8o/), lors de l'exposition agricole de

Port-Elisabeth, en :8<)4

(Voir Cape T'M). Dans l'état où sont les populations africaines, i'œuvre des directeurs de termes d'essais a une portée beaucoup plus grande encore elle comporte un CÔté Â~MM/MM.

Il semble

bien que

l'indigène, et plus spécialement l'indigène africain, n'ait pas la conception du insuffisante et que, à réperfectionnement. S'il glementer quelque chose, imite fort bien ce qu'il DÉPAhT POCR LA CHASSE. A DOS D'ELLPitANT c'est le commerce de l'ivoiD'après nous voit faire, surtout ~Ao/~r~AM de le comte de ~t7r//f~W~ qu'il faudrait viser, re en quand ce)â touche aux défendant l'exportation et la vente des pointes infésoins nersnnnft~ il n'y apporte aucune modification. rieures en poids à to kilos, et en favorisant les ivoires Et quant à ce qui regarde les animaux, si les d'art au détriment de l'ivoire industriel. Hors de cela, populations asiatiques ont le culte de l'éléphant, les une seule chose est efficace, la domestication, surtout autres ont tout juste conservé les habitudes qui leur ont si l'exemple était donné aux populations africaines par été transmises par leurs ascendants,et d'autres refusent S. M. Ménélik, roi d'Ethiopie et empereur d'Ahyssinie! complètement de s'en occuper. Le souci de leur dignité Veut-on l'opinion du vaillant officier qui a posé ne leur permettait pas de s'abaisser jusque-là!1 le premier terme d'un problème dont la solution Cependant, en Afrique même, certaines populasoa heureuse, il faut espérer ? tions rentrent dans la catégorie qu'on a désignée sous Le commandantMarchand m'écrivait, au mois de le nom de « peuples pasteurs ». En dehors du Soudan occidental et de l'Afrique méridionale, on en trouve au mars 1898 cœur même de l'Afrique. Les plus intéressants sont, à « Depuis to mois bientôt la mission vit des procoup sûr, les Dinkas du Bahr-el-Ghazal. duits de sa chasse hippopotames, girafes, antilopes Voici ce qu'en raconte Schweinfurth de toutes variétés, bisons, et surtout, hé)as il faut bien vous en faire l'aveu, éléphants. Hélas oui, « Leur plus vif désir est d'acquérir des bêtes nous bovines leur passion la plus ardente, de les multiplier. en avons une centaine à notre passif sacrifiés pour Ils paraissent avoir pour elles une sorte de respect assurer notre nouniture et, par suite, notre progresmême leurs excréments sont considérés dans le pays sion dans ces régions dépeuplées. Par contre, j'ai toujours interdit, en souvenir de vous et de vos idées, comme une chose de grande importance. Il est vrai que la bouse est réduite en cendres, pour former la couche qu'aucun animal fût sacrifié sans absolue nécessité, et leurs bandes circulent en sécurité au milieu des terrisur laquelle on dort et le badigeon dont on se revêt; toires que sillonnent nos détachements. Ce sont de que l'urine est employée au nettoyage des vases culinaires, qu'elle entre dans les cosmétiques, et qu'elle gros amis inoffensifs pour lesquels je ressens une symremplace le sel. Voilà un usage qu'il est difficile de pathie. ~b/ s'ils étaient ~MMaM~Of/a~dans ces Plaines concilier avec nos idées de propreté M~aMM<MM<'M<<M,COMM~ serais depuis /OM~~ en ~&t!C »)) i. Schweinfurth, /lM c<BMf de l'Afrique, p. 40 et suivantes. Il est indiscutable que ces animaux ont rendu 2. Les paysans emploient souvent l'urine des animaux les plus grands services à la mission, par exemple comme remède externe. que la réglementation de la chasse est une mesure


Lorsqu'une vache est malade, on la sépare des autres et on la soigne attentivement dans la grande hutte bâtie à cette intention. Jamais une bête bovine n'est abattue; on mange seulement celles qui périssent de mort naturelle ou par accident. « Le chagrin qu'éprouve un Dinka de la perte de son bétail, soit par la mort, soit par le vol, est indescriptible. H fera, pour le racheter, les sacrifices les plus lourds car il le préfère à tout, même à ses femmes1 et à ses enfants. Cependant la vache qui meurt n'est «

pas enterrée le nègre n'est pas sentimental à ce degré. En pareille circonstance, le bruit de l'événement n'ayant pas tardé à se répandre, les voisins organisent une orgie qui fait époque dans leur vie monotone, mais dont s'abstient l'ancien propriétaire de l'animal. Il arrive souvent que les Dinkas, frappés de la sorte, restent pendant plusieurs jours silencieux et comme accablés par la douleur.

lieu avant 10 heures du matin. On peut compter en

moyenne trois têtes de gros bétail par habitant. » Certes, les soins donnés à ces troupeaux par leurs propriétaires sont plutôt nuisibles et puis, quoi de l'étiquage, du logement, du choix des reproducteurs, des approvisionnementsde grains et de racines? Mais il est certain qu'avec une si particulière affection pour le bétail, ces populations sont susceptibles de modifier et perfectionner leurs méthodes. Mais comment comptez-vous les y amener? Il est probable que t'œuvre serait difficile et longue, à procéder comme si ce pays avait des mœurs analogues aux nôtres. I) semble que l'on pourrait utiliser dans bien des cas l'autorité des chefs qu'on aurait, au préalable, gagnés à faire appliquer les instructions données par le blanc Un autre moyen consisterait à utiiiser tous les indigènes qui présenteraient des

dispositions spéciales car il s'en trouve, témoin ce passage de Victor

« J'ai ren-

contré et examiné par centaines leurs parcs à bétail, vers

Giraud 2

«J'ai heu-

cinq heures du

reusement le petit garçon que m'a donné Makula et qui, bien que partant à peine leur langue, est assez

soir; les bêtes bo

vines y sont rassemblées et !ess

travailleurs s'occupent à mettre en tas la bouse,

aucourantdeleurs usages. II m'a

qui dans fa journée a été exposée pour sécher au soleil. Des nuages de fumée qui dureront toute la nuit com-

servi

de guide pen-

dant trois jours

maintenant

ses

fonctions se rédui-

sent

à

celle

de

mencent à s'élever vacher. Ce petit de ces tas de fuCAPTURE D'UN ÉLÉPHANT5AOVAGE PAR DES ÉLÉPHANTS I')Œ55);S ([NDE ET S)AM). sauvage est d'une mier, auquel on adresse incompaD'ft/'r~e/o~'j/t/c. met le feu, afin de rable pour conprotéger le mourrà contre le fléau des moustiques. Chaque duire notre troupeau, qui se compose de six têtes. D'un animal est attaché par un licol de cuir à son piquet parclaquement de langue il les met au trot, au pas, ticulier. Les propriétaires des bestiaux contenus dans le fait d'autant plus curieux que toutes au galop parc s'asseyent sur une pile de cendres dont l'entasseces bêtes ont été achetées dans des villages différents ment élève graduellement le niveau de tout le domaine. deux d'entre elles viennent même de l'Uhéhé. Je le Des huttes semi-circulaires, bâties sur !es monticules, surprends quelquefois assis dans un coin, entouré de fournis'sent un leur abri temporaire, lorsqu'ils viennent leurs six mufles humides, qui de leurs grosses langues, de leurs fermes, situées à 4 ou 5 kilomètres du caressent sa tête crépue. Il fait de ces bêtes ce qu'il veut, tandis que mes hommes ont toutes les peines du monde MOM~J à les approcher. Mais il m'est surtout précieux pour « La traite des vaches se fait dès le matin. Le les traire. » produit en est d'une extrême pauvreté car, ici, la meilleure laitière ne donne pas plus qu'une de nos Si je rencontrais un indigène possédant de telles chèvres, et la quantité de lait nécessaire pour faire une aptitudes, je me l'attacherais à tout prix; je me gardelivre de beurre est inimaginable. Cette pénurie nous a rais de toucher à ses procédés, les notant seulement semblé prouver que la race se détériore mais les cenavec soin et appelant son attention sur les points qui dres et les vapeurs ammoniacales dont les animaux sont lui auraient échappé, comme, par exemple, l'usage des entourés peuvent exercer aussi une grande influence. instruments agricoles, ceux surtout qui se rapportent « Jamais les troupeaux ne sont menés aux pâtuau chargement des animaux, et les harnachements rages avant que la rosée ait disparu, ce qui n'a guère variés de cet indigène je ferais une sorte de moniteur, de qui l'exemple serait mieux suivi que tous mes i. Ceci rappelle la C/Mt'MOM des Ba'M~ ro!M de Dupent enseignements, surtout si je lui laissais, aux yeux de J'aime Jeanne, ma femme, ch bien j'aimerais mieux La voir mourir que voir mourir mes b<eufs

3.

Victor Giraud,

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/?fe'/o;t ~M ~rj))a~

/r~

p. 2u<


ses congénères, une certaine indépendance vis-à-vis de

moi.

Et de quel secours de tels indigènes ne seraientils pas dans cette œuvre d'éducation du noir, surtout dans les régions où le troupeau indigène n'existe pas Car faut-il s'en tenir à la constatation que telle peuplade n'a pas de troupeaux, et ne rien tenter pour remédier à ce dépiorable état de choses ?

Prenons encore le Congo comme exemple. Comment résoudre ce problème? jusqu'à nouvel ordre la solution ne me paraît pas devoir être cherché.: ailleurs n~que dans la constitution de ce que j'appellerai le tayage CO/OMM/ indigène. En quoi cela consisterait, le voici: Il

y a, à l'heure actuelle, si

je

suis bien informé,

un troupeau de 300 têtes à Brazzaville, et qui

tient à l'adminis-

tration. Quandà cee troupeau aura atteint un certain nombre de tètes, supposons mille, ilfaudraleréduire. Le premier souci sera peut-être de vendre aux enchères l'excédent. On

aurait tort, parce que, avant de

appar-

Je m'attends bien, de la part de certains coloniaux de ma connaissance, à des exclamations et à toute une série de raisonnements spécieux établis sur la profonde connaissance qu'ils ont de la psychologie du noir mais je suis encore obligé de leur répondre que ma proposition n'a rien d'extraordinaire, puisque cela fonctionne. Car qu'est-ce autre chose que ce que font les Belges dans l'Etat du Congo, en ce qui concerne les plantations de café? Ils distribuent des plants, dont le chef de village est responsable celui-ci reçoit une indemnité de o fr. 10 par pied et le produit est partagé. Ces mêmes coloniaux déclareront ensuite ne pas comprendre que le chiffre des exportations de l'Etat du Congo augmente tous les ans dans les proportions que l'on connaît, et que, chez nos voisins, la colonisation soit 'en avance de 30 ou 40 ans sur celle de notre Congo! Ils veulent donc faire croire au monde que le

Français n'est capable que de par-

ler et discuter dans le vide et qu'il faut se contenter de le

voir éparpiller à tous les vents ses petites économies lui constituant de

petites rentes pour que ce soient des étrangers qui réalisent les grandes œuvres et perçoivent les gros dividendes ou recueillent les grands bénéfices écono-

vendre, il faudra mieux répartir cet excédent entre les divers postes de la miques 1 cuiunië, pour srr: Eh bien ver à créer dans et ce sera ma conchacun d'eux un clusion nouss noyau assez imBAS-CONG). DU BOEUFS voulons que ces portant, qui sera Vef~HM, ~ta)t<eKr ait Con~o. coloniaux, qui /e~)'~ MHc y/!0;o~)!t'f de utilisé à l'alimensont des fonctiontation du poste et naires, arrivent à la seule vraie conception de leur rôle, constituera un actif appréciable pour la colonie. Supà savoir que désormais, et avant tout, ils doivent se posons chacun de ces postes dans la même situation considérer aux colonies comme les collaborateurs du que celle indiquée plus haut pour Brazzaville (et il ne colon, et les éducateurs de ~'M~M. sera pas nécessaire d'attendre aussi longtemps). Dans ce S'il leur en vient un surcroît de travail, nous cas encore il ne faudra pas se hâter de vendre l'excédent, parce qu'il nous servira précisément à tenter l'orn'avons pas à le regretter. Au surplus, ils y trouveganisation de ce métayage. Après que, dans quelques ront eux-mêmes une source d'occupations saines et de palabres bien menées, on aura fait comprendre au chef distractions variées. d'un village ce qu'on attend de lui, et dans quelles conLe Directeur de la Ferme d'essais devra être, par ditions il aura à suivre ses instructions, le chef de excellence, ce collaborateuret cet éducateur. poste remettra à l'indigène un certain nombre de reproP. BOURDARIE. ducteurs, en lui faisant une obligation (ce pourrait être une forme de la corvée ou des prestations indigènes) de pourvoir à la nourriture de ces animaux et ce, contre Il vient de se former à Paris, sous le nom de une petite indemnité qui ne devrait pas dépasser Ligue ~Mft/MM, une association faisant appel à tous les t franc par tête et par an. Si l'on s'en tenait )à, il est à Français en vue du développement de la marine milipeu près certain que les résultats seraient négatifs, et taire et de la marine marchande. Les adhésions sont que, sous un prétexte ou sous un autre, les bœufs reçues, 30, rue de Miromesnil. seraient mangés. Mais on aurait bien spécifié au cours Nous n'avons pas à insister sur le caractère des palabres que le chef est responsable de ces animaux, patriotique et intéressant de cette Ligue. Nos lecteurs et que, en retour, il recevra, pour lui et son village, l'auront compris d'eux-mêmes. la moitié des produits. Ce n'est pas autre chose que la constitution du cheptel.


Un Anglais

roi des Iles Keeling-Cocos Bienfaits de son

Administration

M.G.CLUNtESROSS, ROI DES ILES KEELINGCOCOS.

L ES journaux anglais ont annoncé l'arrivée à Londres d'un souverain dont le nom ne figure pas dans l'AlmaMsc~ Gotha, et qui ne fait guère parler de lui. C'est M. Georges Clunies Ross, roi des îles Keeling ou Keeling-Cocos et de l'île Christmas, sous le protectorat de

l'Angleterre.

Les îles Keeling sont situées dans

l'océan Indien, au sud-ouest de Sumatra et de Java, par 12° 5' de latitude méridionale, et 99°55' de longitude à l'est du méridien de Greenwich. Elles doivent leur nom au capitaine Keeling, qui lés découvrit en i6oc), et sont cétébres dans les fastes de la science. En effet, le naturaliste Charles Darwin les étudia en détail, en (836, lors de son voyage autour du monde à bord du Beagle. Il les a décrites, en tête Je

prendre pied, nidifier, et accroître par suite le niveau par le dépôt su:cessif de leurs excréments, débris de repas, etc. Les vents. les courants, ces mêmes oiseaux, ont apporté sur cette terre vierge des semences diverses, dont quelques-unes ont fini par germer, et une mince couche végétale a recouvert le relief du rocher, permettant un jour aux noix de cocotier échouées par la vague d'y trouver un sol propice à leurdéveloppement. Telles étaient devenues les îles Keeling lorsque, en 182$, un Ecossais nommé Ross y aborda, les trouva complètement inhabitées et, séduit par leur luxuriante végétation de cocotiers, y retourna en 1827, avec un certain nombre de ses compatriotes, dans l'intention de s'y établir. Mais, pendant son absence, un nommé Hare s'était fixé dans l'atoll avec 200 Malais. Après quelques dissentiments, Hare se retira à Singapour, et les Malais se mirent sous la tutelle de Ross. Celui-ci, désormais maître incontesté de l'archipel, y créa une fructueuse exploitation de coprah, et lorsqu'il mourut, en 18~4. il laissa son domaine à son nisj. G. Clunies Ross. En 1857, un navire de la marine britannique prit nominalement possession de l'archipel au nom de son gouvernement, en confirmant purement et simplement le pouvoir de fait de J. G. C. Ross. Celui-ci mourut à son tour en t8yt, et c'est son fils et successeur, Georges Clunies Ross, actuellement de passage à Londres, qui « règne » encore aujourd'hui sur l'atoll Keeling.

Ce ne fut qu'en i88$ que le gouverneur de Singapour songea à envoyer dans cette possession an-

glaise un fonctionnaire chargé uniquement de se rendre compte de ce qui s'y passait et de faire un rapport à ce sujet. L'inspecteur anglais fut absolument émerveillé de ce qu'il vit. Sous un gouvernement à la fois paternel et ferme, l'archipel, en pleine prospérité, comptait, en dehors des mes qui se rattachent à la CARTE DES ILES KEELI:{G-COCOS. structure, à la formation et membres de la familleRoss, $'6 habitants, Malais plus ou moins purs, dont au peuplement végétal et animal de ces nouvelles « terres » qui surgissent incessamment du sein des 37~ nés à Keelinget f~ immigrés de Bautan. mers chaudes. Les Malais, quoique restés la plupart musulmans, avaient renoncé à la polygamie. Les mariages et les Les îles Keeling constituent donc, comme tous autres actes de l'état civil étaient enregistrés avec le les atolls, un. archipel annulaire autour d'une lagune plus grand soin. Les mœurs étaient parfaites, et tes vilcentrale. La plus grande largeur de l'ensemble est d'une lages des indigènes avaient un aspect de propreté inquinzaine de kilomètres. Toute la base de ces îles est madréporique, et, sur leurs pourtours, comme à l'intéconnu dans leur pays d'origine. En présence d'une situation aussi satisfaisante, le gouverneur de Singarieur de la lagune, les coraux continuent à accroître la b'rriérede récifs ou à exhausser le fond. Leur forme pour s'est bien gardé de doter les îles Keeling d'un budget et de fonctionnaires. résulte de la constitution graduelle, entre la mer et la La famille Ross a été maintenue en possession lagune, d'une partie émergée, accumulation de débris madréporiques brisés et charriés par les vagues, cide la souveraineté de l'archipel, et tout le contrôle gouvernementalse borne à l'envoi annuel d'un inspecmentés par des algues, où les oiseaux pélagiens ont pu son remarquable ouvrage Corail, sur les ~e7/5 comme types de ces archipels madréporiques groupés sur une base annulaire autourd'une lagune, auxquels les habitants de l'océan Indien ont donné le nom d' « atoll ». Il y a trouvé la solution des divers problè-


teur chargé de faire un rapport sur les modifications survenues. Dans les premiers mois de 1897, les onze rapports

relatifs aux années t88$ à <8p6 ont été réunis en un B/M Book qui a été distribué au Parlement britannique. C'est à ce curieux document que sont empruntés les détails précis que nous publions. Au 30 juin )8~6, la population des îles Keeling était de 5~ habitants. Ceux-ci se livrént, sous la direction de la famille Ross, à l'exploitation des noix de coco, qui, soit bru'es, soit transformées en coprah. sont exportées à l'aide de deux schooners, surtout par Batavia, à raison de $00 à 600 tonnes par an. Les importations consistent en farine, sucre, thé, riz, tabac, d'une valeur annuelle de 50000 francs. Le seul désagrément que présentent les îles Keeling, c'est l'abondance des rats, qui y ont été apportés accidentellement par des navires. Les chats introduits dans l'archipel pour les combattre s'attaquent de préférence aux oiseaux, que l'on avait également importés pour se défendre contre les insectes nuisibles aux cocotiers. H y a quelquefois des moustiques et des nuages de mouches communes, attirées par le coprah, mais ni serpents, ni aucune espèce d'animaux dangereux. Seule, la mer environnante est infestée de requins. Les animaux domestiques et les diverses cultures potagères prospèrent dans l'archipel. La pêche y est fructueuse. En somme, l'atoll Keeling, désert jusqu'en 1827, est devenu, depuis cette époque, le séjour d'une communauté laborieuse, indépendante, jouissant d'un large bien-être, et voyant s'accroître de jour en jour sa prospérité. C'est la réalisation la plus parfaite que l'on connaisse du rêve des Robinsons. Nous croyons peu vraisemblable que le voyage de M. Georges Clunies Ross à Lonires ait été provoqué, comme ie racontent les journaux, par M. Joseph Chamberlain, qui désirerait régler avec le souverain des îles Keeling « quelques points relatifs aux fortifications de l'archipel ». Il est plus probable que M. Ross, qui a fait ses études à l'université de Glasgow et qui est âgé de cinquante-huit ans, a entrepris ce voyage pour affaires privées ou pour son plaisir, puisqu'on annonce qu'avant de regagner les îles Keeling, où la régence est exercée par M" Ross, « il visitera Paris, Bruxelles, Rome et Vienne ».

aux piles d'un pont dont le tablier serait tombé, entre le cap Liao-Ti-Chan, extrémité Sud de la presqu'île de Port-Arthur, dit l'Epée du Régent, et le promontoire sur lequelest bâtie Teng-Tchéou, à l'ouest de Tché-Fou, sur Je rivage Nord de la presqu'île du Chan-Tuong. On y trouve quelques ports excellents, notamment celui qui est entouré d'un cercle d'îlots accores, au sud du rocher de Hau-Ki, support d'un phare que viennent nécessairement relever tous les navites allant de Tché-Fou, Changhaï, Hong-Kong, etc., à Tien-Tsin, Niou-Tchouang, etc. Cette rade est à 263 kilomètres et demi de la barre de Ta-Kou, entrée de la rivière de Tien-Tsin, et à 85 kilomètres et demi de Tché-Fou, et commande aussi étrottement les communications entre le Pacifique et le golfe de Pe-Tchi-Li que la loge d'un portier-consigne l'entrée d'une citadelle. Les journaux anglais de Hong-Kong et de TienTsin, qui ont commencé à s'occuper de cette affaire le 17 décembre dernier, font remarquer avec aigreur que le gouvernement anglais, moyennant certaines conditions non spécifiées par eux, a reconnu, il y a quelques mois, que la sphère d'influence russe s'étend jusqu'à Chan-Haï-Kouan, en comprenant NiouTchouang, mais à condition que les réclamations du gouvernementmoscovitene s'étendraient pas plus loin. Un de ces journaux ajoute que le général de Vogack, gouverneur de Port-Arthur, a dit ouvertement que la Russie veut donner pour limite à ses annexions dans la Chine septentrionale, le cours du Hoang-Ho. Notre confrère se demande si le cabinet de Londres laissera fermer sans protester des ports et des marchés qui ont été ouverts par ses nationaux, et déclare que, dans ce cas, l'Angleterre devra chercher des compensations au sud des monts Nan-Ling et étendra sa sphète d'influence sur le Koeï-Tchéou, le KouangSi et le Kouang-Toung. Reste à savoir, et ici ce n'est plus un journal anglais qui parle, si la France serait d'assez bonne composition pour laisser libre cours à de nouvelles usurpations de terres, sur lesquelles nos droits incontestables sont nécessaires au développement économique du

Tonkin.

parer au coup fatal que porterait au commerce anglais dans)a mer Jaune et le golfe du Pe-Tchi-Li la possession des îles Miao-Tao par une autre puissance que la Chine ou l'Angleterre elle-même, on se hâte de mettre Weï-Hai-Weï en état de défense. Pour

ooo Chinois instruits et commandés par des Anglais y était formé. Le levé par sondages des fonds de la vaste rade comprise entre le continent et l'île de Liou-Koung, effectué, depuis le mois de juin, par le M~~TMM),était terminé. On savait quels fonds vaseux il fallait draguer, et ladrague ~!)!Koe&, envoyée d'Angleterre, escortée de Colombo à Singapour par l'Edgar, était en route pour Hong-Kong, sous la protection du Grafton Une société chinoise achevait de faire sauter les épaves des cuirassés et des croiseurs torpillés ou coulés par les Japonais pendant le siège de Weï-Hai-Weï du t~ au 10 février 1895. Mais aucune décision n'avait encore été prise A la fin de décembre, un corps de

En Extrême-Orient Les Russes et tes Anglais

dans la Mer Jaune LAplus importante nouvelle que nous ait apportée le d'Extrême-Orient est 20 janvier la malle anglaise celle de la demande, adressée par la Russie à la Chine, de la concession de l'archipel Miao-Tao, en vue de l'établissement d'une station de torpilleurs par notre alliée. Cet archipel forme une ligne de rochers, pareille

t


relativement aux travaux de fortification de la place, et on semblait croire que le gouvernement métropolitain attendait, pour arrêter son plan, les résultats de la mission de lord Charles Beresford. C'est lui qui va nous fournir des renseignements nouveaux sur l'activité que les Russes déploient, de leur côté, dans la presqu'île du Liao-Toung et à PortArthur. A la fin d'un banquet que lui offrit à Changhaï la China Association, le 19 novembre dernier, il prononça au dessert un speech dont nous extrayons les passages suivants « Tout le pays que jetraversai (de Niou-Tchouang à Port-Arthur) était plein de Cosaques armés. Il peut être nécessaire de surveiller les Chinois pour protéger le chemin de fer et les empêcher de s'enfuir avec les traverses, mais je n'ai entendu aucune raison valable justifiant pourquoi tout le pays est plein de Cosaques armés. A Port-Arthur, j'appris qu'il y avait 7o canons déjà montés il y règne une fiévreuse impatience de voir terminer le chemin de fer. Je demandai à un Russe que je rencontrai (ils ont été tous et partout d'une obligeance et d'une courtoisie parfaites pour moi), quel était l'objet de ces préparatifs. Il me dit qu'il était nécessaire de protéger le commerce. Je pris la peine d'examiner leur commerce, et je fus anéanti en trouvant qu'en deux ans le commerce russe proprement dit avait été fait par trois vapeurs, et en poussant plus loin, que ces trois vapeurs portaient tous du varech. Ces trois navires d'ailleurs avaient acquitté les droits de douane; mais treize autres étaient entrés dans le port, chargés de matériel de chemin de fer, et n'avaient payé aucune taxe. « Je demandai à mon ami russe de vouloir bien me dire, puisqu'il fallait tous ces Cosaques armés pour protéger trois bateaux chargés de varech, quelle serait la force armée nécessaire pour protéger un commerce de trois millions, valeur des transactions faites par nous l'an dernier à Niou-Tchouang. Je n'ai pas besoin d'ajouter que je n'obtins qu'un sourire pour

toute réponse. »

V)LLETAKD

DE LAGUËtttH.

La Mission Archéologique

d'Indo-Chine UN arrêté du gouverneur général de l'Indo-Chine, en

date du t~ décembre 1898, a décidé qu'il serait fondé en Indo-Chine une mission archéologique permanente. Le but de cette mission sera « !° de travailler à l'exploration archéologique et à l'étude philologique de la presqu'île indo-chinoise », et 2" « de contribuer à l'étude érudite des régimes et des civilisations voisines Inde, Chine, Malaisie, etc. ». Jamais champ d'études ne fut mieux choisi et n'ouvrit aux savants de plus vastes perspectives, non seulement sur l'histoire, mais sur deux des plus grandes civilisations de l'humanité. A part l'Europe,

l'Inde et la Chine sont les deux foyers principaux de la culture intellectuelle moderne. Or, l'Indo-Chine, pays intermédiaire, est le lieu de rencontre de deux civilisations qui sont restées, pour ainsi dire, face à face, sans se confondre ni même influer directement l'une sur l'autre. Le bassin du Mékong, le Laos, le Cambodge, avec leurs monuments de pierre à forme pyramidale, sont, au point de vue artistique et philosophique, des vassaux ou satellites de l'Inde; tandis que les Tonkinois, qui peignent et ouvragent précieusement le bois dont ils construisent leurs édifices, procèdent plutôt de la Chine. Ces contrastes, si frappants dans la plastique des deux moitiés du pays, se retrouvent, non moins tranchés, dans la langue, le caractère, la pensée, l'âme même des diverses peuplades de l'Indo-Chine. Ici règnent les grandioses conceptions idéalistes et panthéistes de l'Inde, si absorbée dans ses spéculations sur l'origine des choses, qu'elle en a oublié la réalité; là prédomine la morale utilitaire et positiviste des Chinois, qui se contentent d'un bonheur et d'une vie morales médiocres, de peur de perdre pied dans le monde des idées. La supériorité de la civilisation européenne a été de concilier harmonieusement ces deux extrêmes, sans donner dans leurs excès, de ne négliger ni la réalité ni l'idéal, ni la religion ni la science. Mais, ce que nous savons là-dessus est encore trop approximatif, trop vague et général. L'étude minutieuse des civilisations hindoue et chinoise, à leur point de jonction, nous donnera seule le bilar. exact de la double banqueroute des deux grandes civilisations de l'Orient, et nous préservera peut-être d'en subir le contre-coup. <-

A.-J. Wauters.

.L'.E<~

h~f~!); du

Co~o. Histoire,

géographie physique, ethnographie, ~!7:/a<oM ecoMOM~Kc o~aM!M<:ox politique. vol. in-t6. Bruxelles, libraicie Falkfils, !5-;7, rue du Parchemin. Prix: broché, 5 francs; cartonne, 6 francs. n'y a. rien de plus intéressant, de plus suggestif, tL 1 employer un mot à la mode, que le développement depour cet Etat Indépendant du Congo, qui a grandi en plein cœur de l'Afrique, par l'énergie d'un petit peuple européen ou, pour mieux dire, par la volonté du souverain de ce peuple. A une époque d'expansion coloniale comme la nôtre, il y a, pour tous, dans l'histoire de l'Etat du Cong~, un enseignement et un exemple. Aussi M. A.-J. Wauters, le distingué directeur du SMbK)'e~!en< ~o~'nr/~Ke, a-t-il été bien inspiré en consacrant un volume à l'Etat Indépendant. Son livre, qui renfermehors texte une carte mise a jour suivant les derniers travaux, expose l'histoire du bassin du Congo depuis sa découverte, et de sa conquête par les Belges, au cours de ces dernières années. Il fait, a tous les points de vue géographiques, la description du pays et de ses nombreuses tribus. Il étudie sa situation économique, c'est-à-dire les produits naturels, la main-d'œuvre, les voies de communication et moyens de transport. Il expose les progrès et mouvements du commerce et donne la nomenclature de toutes les entreprises qui visent l'exploitation commerciale et industrielle du pays; enfin, il résume l'organisation politique et administrative de l'Etat Indépendant. Ce volume, aussi documenté qu'agréable à lire, a sa place marquée dans la bibliothèque de tous ceux qui s'occupent des questions coloniales.


~EU'fSC~B ~0/.ON/ZE7/'UA'G

Le Brésil et l'Émigration Allemande Berlin, novembre i8<~t. L seBrésil est une des contrées où les émigrants allemands rendent le plus volontiers; les Etats du sud de la vaste république, en particulier, sont en partie germanisées. Aussi les revues et journaux allemands regardent-ils volontiers de ce côté -ià, et se réjouissent-ils de voir le pangermanisme fleurir aussi puissamment en pleine terre portugaise et latine. Pour un peu, ils traiteraient le Brésil comme un autre Homme malade dont ils escompteraient déjà la

E

etc. Le cocotier et le melon ont fait leur apparition dans

l'ile, mais ne sont pas encore cultivés sur une grande échelle. D'après les recensements officiels, les insulaires sont au nombre de 7~5, dont [19 habitent la bourgade de Padilla, chef-lieu de l'île. Le climat est doux, rafraichi par une brise agréable, sauf en décembre et en janvier. La faune est représentée par quelques lézards; des iguanes et un petit serpent non venimeux. Les grottes naturelles qui se creusent sous le massif occidental servent de refuge à des milliers de chauvessouris, dont le guano n'est pas utilisable parce qu'il est souvent enseveli sous les sables de la mer.

succession

La crainte de voir les 21 provinces de l'empire brésilien se dissocier lors de la révolution républicaine ue s'est pas réalisée, dit la T~~o~ta~Ct/MH~.Néanmoins, pour qui est au courant de la situation, cet état de choses ne peut pas durer longtemps. Ce vaste Etat est destiné à être morcelé sous peu.

Comme la Turquie ou la Chine, sans doute Indépendamment de ces prophéties plus ou moins intéressées, le même article contient quelques chiffres statis-

tiques à retenir. Les émigrants laborieux, ouvriers ou agriculteurs, peuvent se rendre au Brésil avec confiance l'ouvrage n'y manque pas. La terre est offerte aux colons par lots de 35 à

4o

hectares. Au prix de 3oo marks (370 francs), on peut

acquérir une très jolie propriété. Les colons plus riches ou plus ambitieux obtiennent des concessions à des prix dérisoires pour ;o ooo marks, ils deviennent propriétaires d'étendues de terrain équivalant à la moitié de la superficie du grand-duché de Hesse. Un envoyé spécial de l'empereur Guillaume a pu se convaincre de la prospérité croissante de cette colonie allemande extra-officielle. Une large subvention de la mère patrie, l'abolition des lois sur l'émigration, par lesquelles le Brésil avait cherché à entraver le mouvementtrop accentué des colons allemands, la fondation d~une nouvelle sociéLe commerciale allemande au Brésil, tout contribue à remplir nos voisins d'outre-Rhin d'un patriotique espoir. Leur seule crainte est de voir leurs compatriotes au Brésil se fondre dans la population indigène. L'article se termine par des vers en l'honneur de la patrie allemande, qui sait protéger tous ses enfants, si éloignés soient-ils, et sans laquelle un colon renégat ne serait qu'un roseau agité par tous les vents

.MÊME REVUE

L'He Toas,

à t'entrée du lac Maracaïbo

l'étroit goulet qui relie à la mer la baie ou lac Marase trouve une petite île que les savants européens n'ont jamais eu l'idée d'explorer avant le chimiste allemand Richard Ludwig. Cette ile est cependant curieuse à tous égards, mais surtout au point de vue géologique. L'Est et l'Ouest en sont montagneux entre ces deux minuscules massifs se creuse une dépression marquée. Deux roches constituent toute File-: le granit, qui en forme le socle, et un couronnement calcaire. Or, ces deux massifs de l'ile sont un anneau intermédiaire où se reliaient autrefois les Sierras de Perija, Coro et Paraguana en une seule chaîne ininterrompue. On peut donc les comparer à deux arches, seules debout, d'un pont écroulé. A d'autres égards encore, l'ile minuscule de Toas constitue un petit monde qui se suffit presque à lui-même elle est habitée par une population en majeure partie créole et indienne, qui vit de la pêche, de l'industrie des fours à chaux et des coupes de bois, de la récolte des mangues, ï-~ANS U

caibo,

TIIE SCOTTISH GEOGRAPHICAL MAGAZINE

Voyage à l'lie de Socotora Article de Mrs Théodore Bent Edimbourg, décembre t8c;8. DiEN que les voyageurs d'Europe en Australie aient par un temps clair l'occasion de voir l'ile de Socotora très netment à l'horizon, il y a bien peu d'Européens qui l'aient abordée: elle a donc pour nous-le charme d'un demi-mystère; l'auteur de l'article, en racontant le voyage qu'elle y a fait récemment, soulève un coin de voile. Certes, elle n'a pas la prétention de résoudre tous les problèmes archéologiques ou autres qui sont rattachés à ce coin de terre, géographiquement africaine, mais soumise depuis de longs sièges au chef de la tribu arabe des Mahri ou Mehri. Le nom môme de Socotora est une énigme qui n'est pas scientifiquement résolue. Le docteur Schweinfurth, qui a découvert dans l'ile nombre de plantes inconnues des botanistes, voit dans ce nom un dérivé du mot hindou Diu SMAM~Mrs, que les Grecs ont transformé en Dioscorides. A l'arrivée des Portugais à Socotora, en i53<), la capitale était Scuk, us nos dont la parenté avec le nom de l'autre est évidente. La capitale actuelle, à quelques milles de l'emplacement de l'ancienne, s'appelle Tamarida, du mot arabe <aMar (fruit du dattier). Les ruines de Souk, dit le voyageur, offrent l'aspect le plus délicieux, dans leur cadre de palmiers et non loin d'un lac d'eau fraîche et pure, qui n'est séparé de la mer que par une mince langue de sable. Il est probable que ce lac était autrefois le port de la ville. Nombreux sont les ports ensablés ainsi et transformés en lacs, soit dans l'ile, soit sur la côte méridionale de l'Arabie. On a souvent prétendu que les Grecs ont colonisé l'ile autrefois en tout cas, ils n'ont pas laissé trace de leur présence. Les inscriptions découvertes à Souk ou ailleurs sont toutes en langue éthiopienne, et exctement semblables à celles d'Axoum, en Abyssinie, par exemple. Marco Polo, qui toucha à Socotora, le jésuite François Xavier, etc., ont dit que les indigènes d'alors étaient chrétiens on ne s'en douterait guère aujourd'hui ces naturels ne savent même plus' le sens du signe de la croix, ni à quel souvenir il se rattache. Ils ne diffèrent des musulmans que par le nom spécial qu'ils donnent au diable. Le voyageur consacre une bonne partie de sa relation à la description pittoresque des monts Haghi, qui occupent le centre de l'ile, et sans lesquels celle-ci ne serait qu'une terre déserte

!e

Grâce à leurs sommets en forme d'aiguille qui retiennent en toute saison tes nuages montés de la mer, ces montagnes donnent à l'ile une fraicheur et une fertilité perpétuelles. Des cascades écumantes. des lacs profonds et bleus ornent ses vallées au plus fort de la saison chaude; dans la saison des pluies, tes torrents sont si énormes qu'ils deviennent infranchissables. La végétation la plus luxuriante revêt de splendeur cet énorme noyau de granit, élevé de i 5oo mètres au-dessus de la mer. Des hauteurs, la vue sur l'ile et sur la mer est de toute beauté. Partout des fleurs, des tamaris, des orangers, des aloes, partout des gazons riches et fournis, où paissent de nombreux troupeaux.


La Capture de Samory Notre collaborateur E~C~J ~(*0~ nous communique la lettre suivante qu'il vient de recevoir du C~~Mf Gaden, Samory. cT~O~ lecteurs y trouveront M.~ intéressant résumé des ~MM des officiers qui ont coopéré à la Ca/)<M~ opérations qui ont amené le brillant succès a!g nos troupes soudanaises. Ils seront douloureusement émus des abominables t~/waMy, C~f/M~ qui laissaient devant nos soldats des aMMMC~HMK~ carnages accomPlis sur sa route par le de cadavres.

C;

Monjcher ami, TE viens vous donner quelques détails, qui vous intéresseront assurément, sur les opérations auxquelles je viens de prendre part et qui ont abouti à la prise de Samory. Après la très chaude affaire de Doué, le com-

habitudes du vieux Soudan, nous ne le poursuivrions pas en hivernage, surtout dans un pays de forêts où les difficultés sont accumulées comme à plaisir. Malgré les désertions de captifs et

même de sofas, qui

commençaient à se produire, les renseignements précis nous manquaient à Beyla. Vers la

mandant de Lartigue, laissant la 7° compagnie à Touba, se rendit à Beyla avec ma compa-

mi-août, le commandantse décida

à faire partir Woelffel

avec t8o fusils pour surveiller le Diougou. WœIfFel s'établit à Fanha et se mit très habilement en relation avec les popu-

gnie et un peloton de la t" (lieutenant WœtHel), pour continuer, de là, les

opérations.

Samory avait

lations anthropophages

passé la Sassandra avec t2o ooo personnes, sans exagération,–soit environ 12 ooo sofas, leurs femmes, enfants, captifs et les nombreux captifs de culture, originaires de tous les coins du Soudan, qui cultiAlmamy, vaient pour le Djimini et le Kourou-

du Diougou qui, l'année précédente, avaient empêché Blondiaux de pé-

nétrerchez elles et allaient devenir, grâce à Samory, de très fidèles alliées. A ce moment-là Samory était à Gouro, où il

l'

donnait du repos à son

monde, pendant que Mokhtar avec une forte arrière-garde, établi à

dougai. Violemment

bouscuié à Doué, il filait vers l'Ouest et s'enfonçait dans la forêt, comp-

tant gagner par

D'a/'r~

Hxe

photographie de

A/.

une

route aussi Sud que possible les pays tomas de N'Sapa et Zolou, où il savait être impatiemment attendu. Mais la difficulté de faire vivre ces foules et les difficultés de marche dans ce pays de forêts et de montagnes, coupé de marigots qui grossissaient de jour en jour, le retardaient énormément. Il avait également compté sans nous, persuadé que, fidèles aux A

TRAVERS LE MONDE.

8'

LIV.

Gouango-Oulé, empêchait autant que possible les désertions et que

Hostalier, à Ss<H<OHt~ ~«Se'Me~at.

l'avant-garde cherchait à forcer le passage du Diougou, que défendaient les anthropophages du pays rassemblés sur la rive droite. J'avais moi-même quitté Beyla le 3 septembre avec le lieutenant Mangin et 130 fusils et descendais par

Boola, Guerké et Lola. Après avoir rencontré en route, grâce aux perpétuelles tornades, de très grosses diffi-

?

8.

25

février 1899.


cultes, je rejoignais Woelffel dans la matinée du n, à Tiaféso, à 60 kilomètres au sud de Nzô, tout près du Diougou. Woelffel avait remporté l'avant-veille un magnifique succès. Fort bien renseigné par les Guersé, il avait surpris Samory en plein passage du Diougou. L'arrivée des tirailleurs au milieu de cette foule compacte de femmes et de captifs auxquels étaient mélangés les sofas, fut naturellement le signal d'une inexprimable confusion. Samory, qui était sur le point de passer, fuyait vers l'Est avec son monde, tandis que les bandes quiavaient passé déjà résistaientd'abord,puis mettaient bas les armes, sur la promesse qu'il ne leur serait pas fait de mal. Dans la journée, Saranké-Mory tentait un retour offensif, mais, reçu par des feux de salve, il n'insistait pas longtemps et rejoignait son père. Après son départ les défections continuaient; ceux qui pouvaient quitter l'Almamy passaient le fleuve et venaient se rendre. C'était donc un très réel succès, dû entièrement au tact et à l'audacieuse initiative de Wœiffel, et qui nous valait de 5 à 6000 sofas avec leurs armeet environ 2$ ooo femmes, enfants et captifs. Arrivant le n et disposant avec le détachement Wœiffel de plus de 300 fusils, j'aurais voulu poursuivre Samory dont la marche était forcément lente. Malheureusement nous n'avions plus de vivres ni l'un ni l'autre. J'étais ui vi par de pe.its convois échelonnés à un jour d'intervalle, que le commandantenvoyait de Beyla, mais les marigots grossissaient de jour en jour, les petites escortes de ces convois n'étaient pas suffisantes pour se construire des ponts sur les marigots enfin les cadavres qu'allaient semer sur la route de Nzô les prisonniers de Woelffel m'empêchaient de laisser des postes de communication. Il nous fallut donc, le i~. rentrer NM pour vivre, et encore n'y vécûmes-nous qu'au jour le jour jusqu'à l'arrivée du commandant de Lartigue, qui amenait un fort convoi, ab'oiument indispensable. Les marigots avaient fortement grossi entre Liaféro et Guémaféro il fallut construire 4 ponts. Enfin, le 2t, at rivaient au ~zô le commandant de Lartigue, le capitaine Gouraud. avec un peloton de la i~°, le lieutenant Jacquin et le D~ Boyé, avec des vivres qui allaient nous permettre de reprendre les

opérations. Le 24. le commandant, restant à Nzô avec Woe)fM, faisait partir sous le commandement de Gouraud une reconnaissance de 210 fusils, 98 de la i)"

(Gouraud et Mangin) et t i2 de la ~° compagme (moi et Jacquin) le D' Boyé nous accompagnait avec 4 sousofficiers nous étions a Européens. Sentant la nécessité d'ét re très mobiles et sachant, par l'expérience des routes précédentes, que les chevaux ne seraient pour nous

qu'une cause d~ perte de temps, nous nous résignâmes à les laisser à Nzô pour marcher à pied comme de bons

fantassins.

La rive gauche du Diougou étant absolument déserte, nous n'avions pas de guides et peu de rensei-

gnements.

Dès le premierjour,Guiroetà Korogouadougou, nous trouvons les tr.ces du passage des sof's. SarankéMory

avait suivi cette route un mois auparavant, et

les cadavres de ses traînards se desséchaient à l'abri des meilleures cases, .allongés sous leurs couvertures

en loques, le ventre auprès des cendres du dernier feu allumé avant de mourir. à Guikoma, nos auxiliaires Gouerzés Le 2~ dénichent à grand'peine 3 ou 4 indigènes qui ne savent rien et ne connaissent même pas les routes au delà du

premier village. Gouraud envoie des tirailleurs déguisés à Déniféro pour tacher d'y trouver quelque déserteur ou retardataire. Le 26, en effet, nous arrivons à Déniféro sous la pluie; les sofas ont brûlé le village et rasé jusqu'aux murs des cases; il n'y a pas un abri. Nous y trouvons nostiraillturs avec une trentaine de malheureux qui ont quitté Samory au Diougou, le jour de l'affaire Wœtn'el. et errent depuis ce moment dans la forêt. Cependant un sofa borgne et une femme nous disent avoir quitté Samory depuis 3 jours seulement et l'avoir laissé dans une diassa où ils se font fort de nous

conduire. Le plan du commandant était que nous attaquions Samory par le Nord pour le rejeter sur le Diougou grossi et l'y acculer. Lui-même avec Woelffel aurait alors quitté Nzô pour anéantir Samory devant te fleuve.

L'absence de guides et l'impossibilité de se faire une idée de la position de Samory, dans un pays totalement inconnu, décidèrent Gouraud à changer absolument de

tactique. sofas considéraient qu'il était impossible de suivre les routes de l'Almamy, à cause des cadavres qu'il y semait; ils nous affermaient que. convaincu que cet empoisonnement des routes était un obstacle infranchissable. il avait rappelé à lui son arrière-garde, qu'il employait, en avant, à lui chercher une route vers l'Est. Gouraud décida donc que nous prendrions, malgré tout, cette route, puisqu'elledevait nous conduire droit a Samory et probab!cincm, nous permettre de le surprendre complètement, puisqu'il négligeait de la faire surveiller. Nous nous laissons donc conduire par notre sofa et allons camper à Zougouféro. Là nous trouvons quelques cases. Maisdes déserteurssont venusy mourir. La pluie développe des odeurs que le moindre souffle d'air nous apporte, sans d'ailleurs nous empêcher ni de diner avec appétit, ni de dormir. Le 2y, nous passons le Sulé, assez gros affluent du Bafing, où Samory a perdu, en se rendant à Gouro, un des canons pris aux Anglais à Dokita. Nous arrivons ensuite au Gouango-Oulé, village empesté mais admirablement situé et d'où l'on a une vuesuperbe sur les montagnes boisées de l'Est. Mokhtar, avec une forte arrière-garde, a séjourné longtemps ici. Il y a coupé la tête à de nombreux déserteurs, ainsi que l'attestent les cadavres disséminés tout autour du village. II a également beaucoup contribué à ravitailler son père pendant son séjour à Gouro; ses corvées ont sillonné le pays et découvert les montagnes dénudées et pleines de lougans de manioc où Mokhtar a fait conduire l'Almamy après l'affaire de Tiaféso. Après quelques minutes de repos, nous laissons à droite la route de Gouro et nous nous dirigeons vers Lélékouma. Les difficultés augmentent; toujours en forêt nous montons et descendons des pentes rocheuses ttès escarpées. Des cadavres jalonnent la route; ils sont à tous les degrés de la décomposition. Il pleut à Les


le sentier est boueux abominablement. L'air ne circule pas sous la forêt, et, en passant auprès des cadavres, nous entraînons avec nous des odeurs

torrents, affreuses.

Enfin nous arrivons en vue de Zélékouma, qui est dans une clairière, derrière un gros marigot. Jacquin y est envoyé en reconnaissance il y trouve quelques déserteurs destinés à mourir de faim et de nombreux

cadavres qui rendent le village inhabitable. Nous campons dans une prairie à moitié inondée. Une famille de sofas y a déjà construit quelques gourbis. Ces affamés ont égorgé et découpé une jeune femme dont ils font rôtir des morceaux. Notre arrivée les troubte ils reprendront leur festin cette nuit, sans doute. Le 28, la marche continue à être excessivement pénible, les pentes se redressent, nous montons beau-

qu'il est parti

il y a

trois jours et nous montrent la

traversons un marigot assez difficile et faisons une courte halte sur l'autre rive pour manger un peu de viande de conserve et de biscuit. Mais il ne s'agit pas de perdre son temps. Nous repartons, pour arriver bientôt dans un immense camroute. Noua

pement abandonné, admirablement situé dans un cirque de montagnes. La case de l'Almamy est sur une hauteur. Quelques traînards encore dans le campement. Une vieille femme, les mains pleines de sang, se cache dans une case à côté un cadavre est étendu sur le dos, le ventre béant; les entrdilles viennent d'être enlevées. Nous retrouvonsla selle de)'A)mamy, puis un deuxième canon pris aux Anglais, que Samory se réservait sans doute de faire rechercher. Un sofa vient à nous. n raconte à Gouraud que Sa-

moryn'estqu'à quelques kilomètres qu'il a

coup. Enfin

envoyé

un agent au commandant, qu'il croit à Touba, avec de vagues

noussortonsde la forêt et débouchons dans un pays large-

ment décou-

vert,

à

propositions de

très

soumission,

herbes hautes.

maisqu'en mê-

et que nos pau-

me temps il a pris une route

vres jambes

trouventodieu-

sement acci-

vers l'Est. Le

avonsdu moins la consolation

vontê!re trom-

sofa, persuadé que les siens

denté. Nous d'avoir un ho-

n'y a plus de forêts que dans les rizon

il

fonds. Nous

cornmençons à

trouver, nonn

SAMORYET SES FEMMES.

D'après ?~~ ~~o~o~tc de M.

plus des déserteurs, mais des traînards. Ces malheureux sont réunis en groupes, généralement avant ou après un passage difficile, marigot ou montée pénible. Nous voyons, à côté de cadavres en pleine décomposition, des malheureux qui râlent, d'autres qui se sont couchés ou assis pour se reposer, incapables qu'il sont d'aller plus loin. Ces traînards infailliblement condamnés à mourir de faim sont, ou bien les gens fatigués, malades ou blessés aux pieds, ou bien encore ceux qui ne veulent pas abandonner un parent ou ami malade et qui attendent sa mort qu'ils ne pourront empêcher. Ce sont surtout des femmes et des enfants. Notre arrivée leur donne un instant d'espoir. « Mfa, kouko! (Père. j'ai faim !) Nous ne pouvons malheureusement rien pour eux et nous passons. Vers 11heures, au pied d'une pente boisée très escarpée, où le sentier est affreusement boueux et glissant, nous arrivons au fameux diassa. H est vide Là étaient les femmes de l'Almamy. Celui-ci se méfie tellement peu d'une attaque par cette route que la première chose que nous trouvons est précisément ce à quoi il tient le plus ses femmes. Quelques vieilles restées à la traîne nous disent

~/c.s'jer, à S~!n/o~j.? dit -S~c~

pés une fois de plus par l'Almamy, a déserté avec deux camarades. Samory les a fait

rechercher; tes deux camaradesont été repris et décapités; quant à lui. il se met à la disposition de Gouraud et offre de nous conduire. La marche est reprise. Nous montons une pente interminable la forêt n'est plus là pour nous donner son ombre, et le soleil d'hivernage tape ferme. Le docteur laisse flotter les pans de sa chemise à la manière des noirs; il jure qu'en France il emploiera ses économiesdu Soud n à ne plus se déplacer qu'en voiture. Enfin le jour baisse, nous nous arrêtons dans une clairière abritée par des montagnes et par deux marigots très boisés. Les compagnies foulent les grandes herbes, et nousinstallons notre campement. La nuit est très froide sous de mauvais abris faits à la hâte. Notre campement est à quelques centaines de mètres d'un village qu'on dit occupé par une faible arrière-garde sous le commandement d'un fils de Samory, Macé Amara. A 3 heures du matin, une escouade est envoyée qui traverse le village sans bruit et s'installe au débouché pour empêcher l'arrière-garde de communiqueravec l'Almamy. Puis Gouraud donne à chaque section ou compagnie ses ordres définitifs. Il est recommandé aux tirailleurs de ne pas tirer


un coup de fusil même si des sofas tirent sur nous. Nous espérons bien surprendre le campement; il qui tueraient surne s'agit donc pas d'ouvrir des feux tout des femmes et des enfants et permettraient à l'Almamy de fuir et d'organiser la résistance, mais au contraire de nous glisser le plus silencieusement possible dans le campement et de nous emparer de la personne même de Samory, ce qui mettra fin à toute tentative de lutte. Nous partons donc au jour et arrivons bientôt au village où est la petite arrière-garde. Nous avons décidément de la chance. Samory a rappelé son fils la veille, et nous ne trouvons que quelques sofas tout à fait ahuris qui ne songent même pas à se sauver. Notre approche n'a pas été signalée. 11 fait une de ces belles matinées de fin d'hivernage, au ciel pur, à l'atmosphère limpide. Cependant la marche est pénible, le sentier sous la forêt est boueux et glissant, tantôt en flanc de coteau, tantôt gravissant des pentes rocheuses. Après un dernier coup de collier nous débouchons brusquement de la forêt devant nous s'ouvre une belle vallée baignée de lumière; tout au fond, à kitomètres, un nuage de fumée s'étale c'est le camp de l'Almamy, il n'y a plus qu'à descendre. Nous commençons à traverser quelques campements. Ce sont d'inoffensifs traînards nous les rassurons en passant. Le sentier est très sinueux au milieu d'herbes plus hautes que nous; notre marche ne peut donc être signalée. L'allure s'accélère, nous passons un premier marigot facile, puis un deuxième à berges à pic que nous franchissons à la hâte. Le village des femmes est à 100 mètres derrière. Jacquin le traverse au pas de course et continue à la m:me allure sur le campement de Samory, qui est à 300 mètres et qu'il doit traverser. Il débouche dans cet immense campement rien ne nous a signalés, la surprise est complète. Bientôt ~es tirailleurs de tête aperçoivent l'Almamy, reconnaissable à sa haute taille et au turban blanc enroulé autour de sa chéchia rouge. Enfin prévenu, il fuit à toutes jambes, quelques feuilletsdu Coran à la main, cherchant un cheval. 11 n'a même pas eu le temps de prendre un fusil Le sergent Bratières et 3 tirailleurs se lancent à ses trousses pendant que Jacquin continue avec le reste de sa section groupée. L'Almamy court comme un jeune homme

les

tirailleurs lui crient: « Ilo, ilo, ~wo~

»

(Halte, halte !) mais il ne veut rien entendre. Un tirail-

leur va t'atteindre, il lui échappe par un brusque crochet. Enfin Bratières criant aussi « Ilo, ilo, ~aMorf/ ? celui-ci reconnaît la voix d'un blanc, et, à bout de souffle, s'arrête. Très ému,.il demande à être tué. il veut savoir si Bratières est le chef de la colonne. Puis arrive Jacquin avec sa section, il détache un poste sur la route du Mahou et ramène Samory à sa case. Il était temps, les sofas avaient pris les armes. L'Almamy, à qui le revolver de Jacquin donne à réfléchir, leur fait signe de les déposer. Derrière Jacquin, j'avais également pénétré au pas de course dans l'immense campement. J'y trouvai un fourmillement véritable. Les hommes proprement vêtus et l'air vigoureux, des fusils appuyés à tous les gourbis. Partout du manioc blanchissant au soleil. Ce n'était pas tout à fait la désorganisation à laquelle nous nous attendions un peu. Chez tous, l'air complè-

tement ahuri de notre brusque irruption dans le camp. De la voix et du geste je leur dis, tout en courant, de rester tranquilles, qu'il ne leur sera pas fait de mal. Un sofa cueilli au hasard et quelque peu rudoyé me mène à la case de l'Almamy. Celui-ci venait de la quitter. Je place mes hommes pour faire face à toute éventualité et me dispose à envoyer aux trousses de l'Almamy, lorsque je le vois arriver conduit parjacquin. En même temps arrive Gouraud qui, ayant fait occuper le village des femmes, vient me rejoindre avec la section Mangin. Tout était terminé, il n'y avait plus de résistance possible, notre coup de main avait réussi au delà de toute espérance. Horriblement essoufflé, je pouvais enfin me laisser choir dans mon ~:tt. Dans le camp,

on entendait le bruit monotone et cadencé des pilons. Tout s'était passé si vite, avec tant d'ordre et de silence, que bien des ménagères ne s'étaient aperçues de rien et continuaient à préparer la farine de manioc pour le couscous du matin. Il restait encore Saranké-Mory et Moktar aux avant-postes à t0 kilomètres sur )a route du Mahou, par laquelle seulement Samory croyait notre arrivée possible. Un envoyé de leur père, leur promettant, de notre part, la vie sauve, les ramena avec leur bande et leurs fusils. Je vous vois vous récrier en pensant à nos camarades Braulot et Bunas. Tranquillisez-vous il a été prouvé que le vrai chef de la colonne de Bouna était Amara Diali, le griot favori de Samory, et que SarankéMory n'avait fait q'ue jouer le principal rôle, auquel il ne pouvait se soustraire, dans une odieuse comédie dont il n'était point l'auteur. Amara, seul responsable, a payé de sa tête l'horrible guet-apens. Je n'insisterai pas sur notre séjour de 48 heures au camp de Samory. Nous avions trouvé comme choses remarquables 400 fusils à tir rapide, go caisses de cartnnrhf~df fahriratir<n pnrr.nppnnc~ e.nnréme réserve de l'Almamy, car les cartouchières des sofas étaient copieusement garnies,–130 bceufs.égalementappréciés de nous et des tirailleurs; plus de 200 ooo francs en or, scrupuleusement envoyés à Kayes et qui ne seront qu'une bouchée pour un budget local particulièrement enfin l'Almamy luiaffamé depuis quelque temps même, ses [oo femmes, 100 fils et 200 filles 3 4000 sofas, des captifs, des marabouts, des Dioulas, etc.; en tout une foule de 50 ooo personnes environ des gens qui repeupleront nos cercles et payeront plus tard l'impôt en attendant le jour prochain où ils seront électeurs. La route de retour, avec Samory et les principaux fils et chefs, n'eut rien de remarquable. Le c) octobre nous retrouvions à Guéaso, derrière le Bafing, le commandant et Woelffel. Le 17, nous entrions à Beyla, après avoir reçu partout sur notre route un accueil absolument enthousiaste. Voi!à. mon cher ami, le récit fidèle de notre expédition. Vous pensez bien que, pour qu'un succès si complet fût possible, il fallait les colonnes précédentes, la prise de Sikasso, le coup de boutoir de Doué et la prise au Diougou, par Woelffel, de la moitié des sofas proprement dits. 11 fallait aussi beaucoup de découragement de la part de gens qui ne voyaient pas d'issue à la situation critique dans laquelle il se trouvaient. H. GADEN.


L'«

T

L

Oceanic Le plus grand Npvire du *V!onde

'Oefa~/e, paquebot à 2 hé)ices, a été lancé le t~janyier dernier, à Belfast, pour la Compagnie de la

t~ nœuds au retour. La constructiondu Great Eastern, qui avait coûté 10 millions, avait été commencée en i8$3, c'est-à-dire dix ans après l'entrée en service du premier paquebot transatlantique à hélice. Celui-ci était le Great Britain, de 88°',08 de longueur entre perpendiculaires sur de largeur et 9~,90 de creux. 1) déplaçait tonnes. Le Great Eastern en déplaçait 2 y ooo à morte charge. En 1898, le plus grand paquebot transatlantique était le Kaiser Wilbelin der Gross, dont la longueur totale est de i()7°',50, la jauge brute de t~ooo tonneaux, le déplacement de 20 ooo tonnes et la puissance de ~0 ooo chevaux indiqués les paquebots à 2 hélices

!8 6t8

LE LANCEMENT DE L'Il OCEANIC '>.

GfafHfecommMH~Me'e~artsRevuegénerate de )a « White Star

line

(ligne de l'Etoile blanche), de Liver-

pool.

Quoique ce magnifique navire de 17040 tonneaux de jauge brute soit très remarquable par ses énormes dimensions, il l'est relativement moins, eu égard aux navires actuels, que le fut le Great Eastern, lorsque ce Léviathan prit possession de l'Océan, le 31 janvier 1858. En effet, alors que les grands navires de l'époque dépassaient à peine )00 mètres de longueur, le Great Eastern, qui était à roues

et à hélice, mesurait 207".60 de longueur, 25'29 de largeur hors bordé, 34°'.75 de largeur hors tambours et 17'68 de creux sur quille. Son premier voyage transatlantique fut effectué en 1860 avec une vitesse de 12 nœuds 2 de moyenne à l'aller et de

Marine marchande.

et /.Me~!M, de la Compagnie Cunard, ont chacun i8c) mètres de longueur; le 7eM<OM<c et le Majestic de la «White Star line )), ont lyy~~o de lonles paquebots Saint-Paul et Saint-Louis, de gueur l' « American line », ont chacun i6c) mètres de longueur le paquebot la ToKM~c, également à hélices, comme les précédents, a fb~ mètres de longueur C~M~MMM

totale.

On voit, d'après cela, que l'Oc~M/e, dont la lon-

gueur totale estde2t4'°,62, est, comme nous le disions plus haut, moins grand, proportionnellement aux navires actuels, que le Great Eastern, lancé il y a trente ans. Dans quelques mois, on va lancer à Hambourg le paquebot à 2 hélices DfK~c~K~, qui aura 202 mètres de long et une puissance de 33 ooo chevaux.


L'Oceanic n'en est pas moins un navire excessi-

vement remarquable sous tous les rapports. Ses principales caractéristiques sont: longueur totale 214'62, largeur 20'73, creux sous le pont supérieur t~o8, et sous le pont des embarcations, )Q'Q6. Il a sept ponts en acier, dont cinq s'étendent d'un bout à l'autre du

navire. Son déplacement à morte charge est de 28 500 tonnes, et son tonnage brut de 17040 tonneaux. La construction de t'OcMx/e a nécessité 17000 tôles d'acier dont la plupart de celles placées au milieu du navire ont 8m,54 de longueur surt~~yde largeur, tandis que pour le Great Eastern il a fallu 30 ooo tôles de fer dont la plupart n'avaient que 3"o'; de longueur. Pour celui-ci, on a employé 2 ooo ooo de rivets en fer pour celui-là, il a fallu t 074000 rivets en

acier. de

L'OcMtM'e a des quilles latérales surunelongueur 76"5o, dans le milieu, et qui débordent la coque de

457 millimètres. Ces quilles sont destinées à atténuer les amplitudes du roulis. La coque est divisée en 14 compartiments étanches d'une longueur moyenne de <4'QO. Une cloison longitudinale sépare les a machines. Celles-ci sont à triple expansion et à 4 cylindres les diamètres des 2 cylindres à basse pression sont de 2~,36; la course des pistons est de i'823. Les hélices ont leurs moyeux en bronze à canon et leurs ailes en bronze manganèse. Chaque hélice a 3 ailes et 7: de diamètre. Une cage a été pratiquée dans le massif arrière pour que les helices soient plus rapprochées, -Dais elles ne sont pas à recouvrement comme sur le Teutonic. la C<M!/MMM, etc. Les machines sont aH-nentées par 15 chaudières, dont les plus grandes ont 3 simples et 12 à foyers opposés chaudières 5 mètres de diamètre, et le poids des 15 at'eint i 100 tonnes. La puissance des machines de t'OcMMM n'est que de,28500chevaux, parce que ce navire ne doit filer que 20 nœuds en service ordinaire et 21 quand les circonstances l'exigeront. Ses armateurs tiennent à ce qu'il soit avant tout un paquebot très confortable, sans vibrations, et qu'il fasse ses traversées avec beaucoup de régularité. Grâce à ses énormes dimensions, l'Oceanic conservera presque toute sa vitesse par mauvais temps, alors que des paquebots plus rapides, mais plus petits, ne pourront pas le suivre lorsque la mer sera très grosse. It devra faire en 6 jours t8 heures le trajet de Liverpool à New-York et vice versa, de façon que les passagers qu'il aura em-

ont pu donner à leur navire des ca)es très spacieuses pour les marchandises et de fort beaux emménagements pour les passagers. Ces emménagements sont disposés pour 410 passagers de'premiere classe, 3oodeseconde

2"

et i ooo de troisième. Les grandes cabines de première classe ont 4'08 sur Au-dessus du salon, il y a un magnifique dôme vitré pour donner du jour dans le grand salon. L'Oceanic fera un excellent croiseur auxiliaire pour le gouvernement britannique, grâce à son rayon d'action, qui sera supérieur à celui de n'importe quel navire. En effet, il aura assez de charbon dans ses soutes pour parcourir 23 400 milles avec une vitesse moyenne de 12 nœuds. Les prédécesseurs de l'Oceanic, les paquebots Teutonic et Majestic, de la même compagnie, ont chacun un rayon d'action de 2t 600 milles pour une vitesse moyenne de t0 nœuds. Le dessin qui accompagne cet article donne une idée suffisante des dimensions énormes de ce magnifique paquebot, qui est actuellement le plus grand navire du monde. Mais ce record de la grandeur, il ne le gardera pas longtemps, car on vient de commencer aux chantiers de Belfast un nouveau paquebot qui aura des dimensions encore plus considérables. Capitaine L. MULLER.

6'

barqués le mercredi soent débarqués le mercredi suivant, dans la matinée. Pour gagner un jour, il lui faudrait une vitesse moyenne de 24 nœuds, ce qui nécessiterait des machines beaucoup plus volumineuses avec des. chaudières plus nombreuses et lui prendrait beaucoup de place. Voici d'ailleurs, un tableau des vitesses obtenues

par

les paquebots transatlantiques les plus récents et

les plus rapides Date du lancement Noms des navires L/~&rM et Teutonic et <SMa/<M~C.

f~M~M.

C~W/MMM

A'aM~f

et /.Mea):M

M~/M/M.

t&84. t8û0. '80~

1807

Vitesse aux essais

20 nœuds

2tt 22

22.5

En se contentant, pour l'Oceanic, d'une vitesse de 20 a 2 nœuds, les directeurs de la « White Star »

lire

Les Doukhobortsi

à Chypre j Es Doukbobortsi « lutteurs

pour l'esprit ?, qui sont

désignés par les Russes sous ie nom de AMc'K~M «mangeursdelait~, sont une de ces sectes à tendances rationalistes qui se sont fondées à la fin du xvm" siècle dans le gouvernement de Tambof et qui furent transportées par Catherine dans la Nouvelle-Russie. Ces sectes ont ceci de commun qu'elles rejettent les signes extérieurs du culte, et qu'elles n'admettent aucune obligation vis-à-vis de l'Etat elles refusent en conséquence le service militaire, les impôts et le serment, et affirment l'égalité absolue des deux sexes. Toute l'Europe libérale a accueilli avec joie la nouvelle de l'autorisation donnée aux Doukhobortsi, d'émigrerà Chypre t 126 d'entre eux ont déjà profité de la permission. On pourra mesurer la portée de la grâce qu'on leur a faite, et le malheur de ceux d'entre eux que leur jeunesse retient en Russie à cause de la conscription, si l'on sait quelles souffrances les pauvres gens ont déjà endurées pour avoir voulu conformer leur vie aux principes du Christ. Ces martyrs ont été exilés en Sibérie pour une période de dix-huit ans, ce qui est la durée du service militaire en Russie, les années de la réserve y comprises et en trois ans, il en est déjà mort dans la proportion d'un sur quatre. En 1897, on a exilé un premier convoi, composé de 35 hommes, qui, parti de Tiflis devait se rendre dans la ville sibérienne de Iakoutsk. Leurs familles n'avaient pas obtenu la permission de se joindre à eux.


malheureux, 4 moururent de fatigue avant d'atteindre Iakoutsk; un cinquième, se trouvant épuisé, dut être laissé en arrière. Et cependant tous ces prisonniers étaient d'une stature et d'une constitution physique superbes. Les survivants quittèrent Iakoutsk De ces ~8

le~5 septembre 1897, avec une soixantaine de francs

chacun pour toute fortune. Avec cette somme ils devaient pourvoir à tous leurs besoins dans un pays désert, et faire leurs provisions complètes pour toute une année peut-être. Par bonheur, les marchands de Iakoutsk eurent pitié d'eux et leur accordèrent un rabais de 50 o/o. On avait fait à peine quelques .verstes au delà de la ville que 4 déportés tombèrent malades à leur tour, et, pour comble de malheur, les autorités locales avaient négligé de prévenir les indigènes de la province, qui devaient fournir des véhicules au convoi. Aussi les déportés durentils faire à pied les 2~y premiers milles, mourant de faim et de froid. Leur unique nourriture consistait en quelques pommes de terre, du pain noir, du sel, et quelque peu de laspka, sorte de vermicelle russe. Ils n'avaient pas même, pour se réchauffer un peu, la tasse de thé quotidienne que les plus pauvres Sibériens ne se refusent pas. Pauvres et misérables, manquant de tout, ces exilés devaient parcourir les mauvais chemins, que des pluies continuelles, transformées en neige à mesure qu'on avançait vers le Nord, avaient changés en fondrières. Les malades seuls avaient la permission de passer la nuit. dans les maisons de relais; les autres devaient impitoyablement camper en plein air dans la boue Malgré leurs terribles souffrances, ces illuminés se proclamaient heureux, chantaient des hymmes qui exaltaient leur courage; et les superstitieux Iakoutes, qui les conduisaient, ne pouvaient attribuer une pareille force d'âme qu'à la présence du « Grand Esprit » au milieu d'eux. ArrivësauviHaged'Oust-Maïsk,i)s s'embarquèrent sur la Maïa, affluent de l'Aldan (bassin de la Lena) mais leurs épreuves ne furent pas adoucies, si elle changèrent de caractère. Le cours de la Maïa était obstrué par des rochers ou des masses de glaçons qui, entassés les uns sur les autres par la violence des eaux, rendaient la navigation très périlleuse. A chaque instant les bateaux sombraient les déportés devaient sauter dans l'eau glacée, qui leur montait parfois jusqu'aux épaules, afin de remettre les barques à flot. Une telle constance dans de si grands maux excita l'admiration des Toungouses encore païens qui habitent dans ces

parages. C'est ainsi qu'ils arrivèrent à demi morts sur la terre d'exil, où en peu'de temps ils eurent élevé des demeures, cultivé des terrains, formé enfin une colonie aussi prospère que le leur permettait ce rude climat. Bientôt un nouveau convoi de 50 Doukhobortsi venait augmenter leur nombre. Sur la nouvelle terre d'exil qu'on leur a assignée, ces croyants ne se plaignent pas, ils chantent, ils prient, ils travaillent. S'ils avaient une chose à demander à leur « petit père », au tsar qui les a si rudement frappés, ce serait quelques livres et leurs familles. Mais ce n'est plus seulement à Chypre que les

Doukhobortsi ont l'autorisation d'émigrer. Une dépêche récente d'Halifax nous a appris, en effet, qu'un navire ayant à bord 2 too disciples de cette secte, était entré dans ce port. Ils étaient conduits par le fils de

Tolstoï.

La Mission Lyonnaise d Explorationcommerciale en Chine (1895-1897). Un fort volume in-4 de 900 pages,

avec 9 cartes en couleurs et )()2 gravures. A Rey et C'°, éditeurs, 4, rue Gentil, à Lyon. Prix 25 francs.

lecteurs de notre journal ont été tenus au courant des voyages de la mission lyonnaise par un certain nombre L ES

de lettres qui nous avaient été envoyées de Chine même. Ils peuvent aujourd'hui se procurer le récit complet de cette remarquable expédition,suivi d'une série de rapports originaux, en un très beau volume, illustré de reproductions de photographies et accompagnéde cartes en couleurs qui permettent de suivre facilement tous les itinéraires des voyageurs, et en même tetaps de se rendre compte de l'état actuel et des besoins du marché chinois. La Mission commerciale en Chine a fait grand honneur à l'initiative des commerçantslyonnais. On peut ajouter que ce beau volume nous montre l'excellence de la typographie lyonnaise, à laquelle nous devions déjà le beau voyage a Ceylan, de M. Bruas, dont nous avons récemment parlé. Le volume se divise en deux parties Récits de voyage

et Rapports économiques. Dans la première partie, T~c~ de voyag'e, nous suivons la Mission dans ses pérégrinations de 20000 kilomètres à travers des régions de la Chine en majeure partie inconnues. Des descriptions de paysages, des détails de mœurs, de curieuses anecdotes permettent de se faire une idée exacte de l'intérieur de ce vaste empire de Chine et de la vie quotidienne de sa grouillante population. Deux cents gravures accompagnent ces récits et forment un commentaire vivant et des plus intéressants du texte. La deuxième partie est consacrée aux divers liapports co/MM~CMM.);,qui se divisent en deux séries. La première comprend les études sur les provinces plus particulièrement visitées par la Mission lyonnaise le Yun-Nan, le KouangSi, le Koei-Tehéou et le Se-Tchouen. Elles sont pleines de détails instructifs sur le commerce et la production des pays étudiés par la Mission. Les neuf cartes inédites qui y sont jointes ne sont pas un des moindres mérites de la publica-

tion.

La deuxième série se compose des Rapports, dressés par les spécialistes sur les Mines et la Métallurgie; sur la Soie; sur le Coton et les Cotonnades; sur les Corps gras et les;Huiles; sur la circulation monétaire dans l'intérieur de la Chine et l'influence de la baisse de l'argent, etc. Des notes nombreuses les complètent. Enfin, dans les conclusions du volume, M. Brenier chef de la mission, s'est efforcé d'appeler l'attention, d'une façon précise, sur l'avenir de notre commerce avec la Chine, et sur le rôle que notre magnifique colonie indo-chinoise est appelée à jouer à ce point de vue. La Mission lyonnaise, à laquelle se sont associés les Chambres de Commerce de Marseille, Bordeaux, Lille, Roubaix et Roanne, marquera, nous l'espérons, une ère nouvelle dans l'histoire du commerce français. Nous avons déjà laissé échapper trop de marchés. Il

importe que nous ayons notre part, et notre large part, de ce grand marché chinois, que les puissances d'Europe et les Etats-Unis se disputent actuellement. Et la meilleure preuve que cette mission lyonnaise n'aura pas pour seul résultat des articles de journaux et un beau volume comne celui-ci, c'est que cinq sur dix des explorateurs sont déjà retournés fonder des établissements en Extrême-Orient. Puisse leur exemple susciter chez nous de nombreux imitateurs


France Un nouveau régiment d'infanterie de marine.

Par suite de la présence au Sénégal de trois bataillons d'infanterie de marine affectés à la garnison de cette colonie, le ministre de la marine a décidé que ces trois bataillons seraient groupés en un régiment, qui formera le 14e régiment d'infanterie de marine, dont la composition et le complet sont ainsi déterminés Etat-major un lieutenant-colonel commandant, trois chefs de bataillon,un capitaine-major,un lieutenant-trésorier, un lieutenant adjoint au trésorier, un lieutenant d'habillement et d'armement, un médecin principal, deux médecins de i" et de 2° classe.

Le service militaire des Algériens.

Un projet

de loi sera prochainementprésenté aux Chambres qui obligera les Algériens au service de trois ans. Il est à croire que le projet sera voté par le Parlement. Le contingent algérien, dit le Progrès Militaire, rentrera dans la loi commune, fera trois ans ou un an, suivant les cas de dispense, en accomplissantle temps de service en

France.

Cette dernière disposition ne soulève pas d'opposimanifeste de la part des corps élus de l'Algérie tion mais c'est à qui se regimbe contre la suppression de ce privilège exorbitant en vertu duquel les recrues algériennes ne feraient toutes qu'un an. Le Parlement aura-t-il la vigueur nécessaire pour « réagir? Ce n'est vraiment pas le moment où les soldats du contingent métropolitain vont, en nombre considérable, garder les côtes d'Algérie, ce n'est pas lorsque.le contingent de la Réunion sert a Madagascar, que les Algériens peuvent réclamer des faveurs, o «

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P" r1ô"Ó.n.

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bel! ,rI.+n 1870.

nn o,¡v.v

A l'inauguration récente du monument commémoratifde Fontenay-sur-Moselle,M. le général Dubonays de la Bégassière, représentant le ministre de la guerre, a remis la croix à M. l'abbé Briel, curé de Fontenoy en 1870, aujourd'hui curé-doyen de Toul. M. l'abbé Briel sut agir en héros. Dans son discours, M. le général de la Bégassière a rappelé son dévouement, son courage, qui, à une heure terrible, ne faiblit pas un instant devant les Allemands furieux. Le représentant du ministre de la guerre s'est exprimé en termes qui valent d'être retenus Menacé de mort et insulté lorsque M. l'abbé Briel retourna dans incendié, emprisonné lorsqu'il revint demander gràce pour ses village son prisonniers, soupçonnés d'avoir été de connivence avec les francs-tireurs, et soumis pour ce motif aux plus réparer traitements, ne retrouva la liberté qu'à l'armistice. Il fallait ensuite réparer les ruines causées par le pillage et l'incendie 11i, l'abbé Briel se consacra tout entier à cette ~uvre et eut la joie de la mener à bien au bout de deux ans. Le souvenir de ces bienfaits, monsieur le curé, est encore vivant peuple de Toul, le gouvernement les a appréciés et m'a chargé de le dans vous remettre aujourd'hui la croix de chevalier de la Légion d'honneur. Je vais vous donner l'accolade, l'accolade de l'ancien légionnaireau nouveau, en présence de ce nombreux auditoire; je souhaite qu'elle soit le symbole symbole de la paix et de de la concorde entre tous les Français. Français. comme le comme Ah messieurs, serrons-nous tous autour du drapeau en deuil reconnaissons qu'il y a des heures où la meilleure manière d'aimer la patrie est de cesser les querelles qui l'affaiblissent, et croyons que la terre qui a produit les flancs-tireurs des Vosges est une terre de braves, pleine de sève généreuse.

il

Allemagne Les soldats convalescents.

L'expérience a démontré que, même lorsqu'il est possible d'envoyer un soldat qui sort de l'hôpital en convalescence dans sa famille, les soins qu'il y reçoit ne répondent pas toujours au but que

l'ons~ proposait d'atteindre en lui accordant un congé sou vent, en effet, il rechute. D'autre part, si on garde un malade à l'hôpital jusqu'à complète guérison et qu'on le renvoie ensuite directement à la caserne. le changement de vie et de régime est si brusque qu'il risque d'être de nouveau terrassé par des fatigues dont il s'est déshabitué. Pour obvier à ces dangers, l'armée allemande possède des sanatoria où les soldats convalescents sont reçus en sortant de l'hôpital et, peu à peu, rehabitués à la vie militaire par des exercices et des manœuvres progressivement appropriés à leur état de santé. Les 5°, io° et t5" corps d'armée disposent déjà d'établissements de ce genre. L'empereur vient de prescrire qu'un nouveau sanatorium militaire soit installé pour le corps de la garde à Biesenthal, à environ 3o kilomètres au nord-est de Berlin. La valeur morale des recrues. Dans son discours sur la nouvelle loi militaire allemande, le général von Gossler a prononcé au Reichstag de graves paroles au sujet de la moralité, de l'honnêteté des nouvellesgénérations qui arrivent au service. Il a dit textuellement ceci Pendant une période de quinze ans, le nombre des recrues arrivées au régiment avec un casier judiciaire s'est accru de 82 pour cent. En 1897, on a incorporé 41 428 hommes ayant subi des condamnations. Le nombre des récidives est notablement plus élevé et doit nous donner sérieusement à réfléchir. )2 8?3 recrues appelées sous les drapeaux ont subi de deux à cinq condamnations, ce qui nous donne une augmentation de t25 pour cent en quinze ans i 390 ont été condamnées de six à sept fois, soit un accroissement de i.)i pour cent. Si j'examine les fautes qui ont valu des condamnations à leurs auteurs, les pour cent sont naturellement encore plus inquiétants. Le nombre des délits punis a augmenté de 86 pour cent en quinze ans, et il n'est question

pa.o

cc~ici que d,-b pciùc5 NïOU'vu~wa police ont augmenté de 102 délits de police damnations pour ~cc pour pour délits des fautes caractère comcent. Pour préciser davantage le

mises, je me contenterai de citer un seul exemple en quinze ans, le nombre des condamnations pour mutilation volontaire a augmenté de moitié. Vous conviendrez avec moi que nous éprouvons de bien grandes difficultés pour ins-

truire de tels contingents. » Sans insister sur cette accusation de démoralisation portée contre l'armée allemande par un de ses chefs les plus autorisés, on doit retenir en France les paroles du général von Gossler. Elles prouvent que tout n'est pas pour le mieux dans la plus belle des armées du monde.

Les troupes coloniales. L'empereur a approuvé

récemment le règlement sur le service des troupes coloniales. L'Allemagne,qui n'a presque point ou très peu de colonies a déjà ce que la France n'apoint, c'est-à-dire des troupes coloniales régulièrement constituées, pourvues de leur autonomie, de leur vie propre et régies par des instructions

spéciales. Ce règlement, qu'on ne saurait trop méditer en France, nous apprend que les appointements des officiers et la solde des sous-officiers sont fixés comme il suit

Officier supérieur.

Capitaine. Oberleutenant Leutenant. Sergent-major.

Sergent. Sous-officier

iSoooFr. 12000

9 000

» »

7 500 »

45oo

3 450 3ooo.

° » »

Enfin, tes officiers reçoivent, lorsqu'ils entrent dans les troupes coloniales, une première mise d'équipement de

i5oo francs.


Le Dans

la

Départ de Samory pour l'Exil

~)y~

MMM~O, nous ~0/M ~MHM l'intéressante /Ë//M ~<;i des 0/j~CM~ OK/ a~~M~< AfM /M/ à C<)/M~ de &HMO/-)<. ~0!'<-t ~M/bMf~M: le récit de la C~MOKM ~MOM~~M~ qui /MM à A~M, /0/-MM'OM KO/t/M au

« Napoléon

MO~C

MOt'f

MK CM~Ot en exil.

Du camp où il avait été capturé par la colonne du capitaine Gouraud le 2~ septembre, l'Almamy

fut conduit à Kayes, arriva quelques semainesplus tard. Ainsi que le disait le capitaine Gaden dans la lettre que nous

avons de lui,

donnée le voya-

ge de retour se passa sans in-

C'est pour la magnanimité que le gouvernement français se prononça. Et il fut décidé que Samory serait envoyé en exil au Congo, assez foin du Soudan pour que la peine lui parûtdureetpour que tout espoir de fuite lui fût enlevé. Mais le gouverneur du Soudan, le généra) de Trentinian, ne vou-

cidents. Sur la route, les noirs venaient avec curiosité con-

lut pas que la

notification de

templer les traits

la décision de la France fût faite discrètement. Il chercha, au contraire, à lui

de celui

qui les terrorisait depuis si

longtemps. Et leurcuriositése

changeait en stupéfaction quand

ils

donner le plus d'éclat possible afin de frapper

!e

l'esprit des

voyaientcaptif, entouré de nos

noirs. H fixa officiers et de donc au 22 dénos soldats qui cembre la céréfaisaient bonne monie solenSAMORTETSESGARitEMS. garde autour nelle, au cours D'a~y~HHe~ïO~o~'r~/Nd. de lui. Si grand de laquelle il était le prestige de Samory, aux yeux des indigènes, signifierait au prisonnier le sort qui lui était réservé. que ceux-ci le regardaient comme invincible et qu'ils M. Félix Dubois, l'explorateur bien connu, qui ne pouvaient croire à sa chute définitive. se trouvait de passage à Kayes pour s'y occuper, Que ferait-on de Samory? H était prisonnier de comme nous l'avons dit, de développer au Soudan la locomotion automobile, a raconté dans le Figaro la guerre, c'est vrai, et comme tel sa vie devait être scène que nos photographies représentent. Nous lui sauve. Mais il avait commis tant d'atrocités depuis vingt ans, il avait eu à diverses reprises tant de empruntons son récit plein d'intérêt et d'émotion. cruauté envers les nôtres, il avait si abominablement Devant le palais du Gouvernement, toutes les attiré dans un guet-apens récent nos envoyés, le capitroupes de Kayes, baïonnette au canon, avaient été disBraulot; taine le lieutenant Bunas et le sergent Mitkieposées en carré. Tous les officiers, .les chefs des serwicz, que l'on se demandait si le châtiment suprême ne vices publics, leur personnel et les colons avaient été devait pas être infligé à ce chef barbare. convoqués. Une grande partie de la population noire, A

TRAVERS LE MOXDE.

C)'

HV.

~° ').

mars

i8ç<).


qui longtempsavait tremb'é au seul nom de Samory, était accourue. A o heures, Samory, suivi de ses nombreux enfants et de ses conseillers, est amené par un piquet, baïonnette au canon. Les tirailleurs qui le composent sont ceux-là mêmes qui ont capturé le dévastateur du Soudan et sa smala, il y a trois mois. Le lieutenant Jacquin, qui les commandait en cette circonstance, et le sergent Bratiéres, qui prit Samory de sa propre ,rd,.o ,.dr.o or co range o., umiî., Wuuu.~ m ce wa."s",y: et se centre du carré des troupes. Le moment est solennel. Spontanément, un grand silence se produit, tandis que l'on place Samory, seul, en avant de sa famille, face au perron du haut duquel va tomber son arrêt. De haute stature, droit, sec, Samory ne parait pas un vieillard, ainsi que pourraient le laisser croire les longues années de brigandage qui l'ont rendu fameux. L'âge ne se trahit chez lui que par la barbiche blanche qui termine ses traits anguleux et durs. Les yeux sont vifs et cruels, la bouche est énorme, garnie, au surplus, de deux rangées de dents intactes, serrées, blanches comme neige une bouche d'ogre. Un turban sombre surmonte la tête, laissant flotter quelques petits pans, à la façon bédouine. Pour vêtement, il porte la robe soudanaise blanche aux plis amples aux pieds, des chaussettes rayées noir et rouge, et des souliers, le tout provenant des bagages d'officiers anglais auxquels il enleva un fort, l'année dernière, dans l'hinteriand de la Côte d'Or. A peine en place, son œil court le long de la haie des baïonnettes. Emu. il s'appuie avec force sur un haut bâton de commandement,plaqué de cuivre. A ce moment, le général de Trentinian paraît, en uniforme, au haut du perron. Il se détache, noir et rouge, sur les uniformes blancs de son état-major. A sa gauche se tient un ancien capitaine indigène, Mahmadou Racine, qui va remplir les fonctions d'interprète et traduire à mesure ses paroles. Alors, le gou-

.7"t

re.

c

verneur du Soudan français laisse tomber d'une voix rude les phrases suivantes, clamées au loin par l'interprète: « Samory tu as été le plus cruel des hommes qui << se soient vus au Soudan; tu n'as cessé, pendant plus les pauvres noirs; tu as << de vingt ans, de massacrer comme une bête féroce. Toi et ceux qui sont les « instruments de tous tes crimes, vous devriez périr la mort la plus infamante, la plus terrible! » Ce langage tout à fait propre à frapper l'esdf Samorvrtt-tt rt~rvr~ a t~rrîf)~ la crrr~nnp Q Moktar, l'un des fils, s'affaisse. Samory lui-même, à ce moment de l'allocution, donne une piètre idée du fond de l'homme. Ses traits, naguère durs et énergiques, ont fondu dans un rictus pitoyable. Le nègre droit et vigoureux de tout à l'heure semble maintenant une vieille négresse. Son haut bâton de commandement devient un tuteur indispensable. Il doit être persuadé ~u)t va enten Ire maintenant l'arrêt de quelque suppiic~ icrnH.n). comme il en a tant ordonné jadis. Le général de Trentinian reprend « Vais, les braves Français qui t'ont fait prison<< nier t'ayant p:omis ia vie, ainsi qu'à tous les tiens, « le gouvernement français, dans sa parfaite loyauté, « a décidé que vous auriez la vie sauve et que vous « seriez déportés sur une terre d'Afrique si lointaine « qu'on y ignorera et ton nom et tes forfaits. Ton fils, « Saranké-Mory, et Morifindian, ton principal con« seiller, te suivront. Quant aux autres, on les placera << dans nos postes du Sahel et du Nord, afin qu'ils « puissent dire à tous ceux qui songeraient à imiter « ton exemple que personne n'ajamais pu résister aux « officiers et sous-officiers français, ni aux braves sol« dats noirs qui les suivent. » Tandis que le gouverneur s'éloigne, Samory et Saranké-Mory, qui se sont ressaisis un peu dès les premiers mots de l'arrêt magnanime, veulent parler. Leur piquet les entraîne aussitôt et les ramène au campement où est internée toute la smala.

agi

de -t~


LCOUTA.NT LA SENTEYCC, S&NTOKY

/)'a/'rMHM/0<o~t'a~/tt'c. célèbre explorateur, dans son beau voyage du golfe de Quelques instants après la cérémonie, M. Félix Guinée au Niger, avait passé une vingtaine de jours Dubois alla rendre visite à Samory et à son entourage auprès de Samory. M. Binger trouva Samory très dans leur campement. I! trouva le chef et ses compavieilli et très abattu. Celui-ci sembla très satisfait de gnons en proie au plus vif désespoir. Tous lui répécette rencontre. Il engagea la conversation avec son tèrent à l'envi qu'ils ne voulaient pas partir. « J'aime visiteur et lui avoua tristement qu'en <88o il avait eu mieux qu'on me coupe le cou », lui dit Samory. Les tort de ne pas se fier à lui « le ne serais pas aujourfils de l'Almamy, ses femmes firent à M. Dubois les d'hui le captif des Français, lui dit-il, si j'avais suivi mêmes réponses. Saranké, la mère de Saranké-Mory, tes conseils de soumission ». la femme préférée du chef noir, s'écria énergiquement Ce n'est pas, paraît-il, sa captivité qui cause le « Je ne veux pas le suivre! » plus de chagrin au vieil Almamy. mais bien l'abandon En apprenant cet abandon, Samory se montra des siens. Il semble, malgré cela. conserver son beau très affecté. On dut désigner d'office deux femmes calme de musulman fataliste. Sa tentative de suicide pour l'accompagner. Les autres personnes qui prirent ferait supposer, cependant, que ce calme n'est qu'appaavec lui le chemin de l'exil furent Saranké-Mory et le rent. Sa blessure fut assez grave et nécessita, pour sa conseiller Morinndian. On les embarqua dans l'aprèsguérison, des soins très sérieux. On le transporta à midi de ce même jour du 22 décembre sur un bateau l'hôpital. H se montra reconnaissant des soins qu'on du service colonial, à bord duquel ils descendirent le lui prodigua il déclara même, à la sœur qui le soifleuve jusqu'à Saint-Louis, où ils arrivèrent au com-

mencement de janvier. L'annonce du débarquement de Samory dans la capitale du Sénégal avait produit une très vive émotion parmi la population indigène. Quand il prit terre, les noirs, accourus en foule de tous les coins de la ville et des villages environnants, se bousculèrent, afin de le voir de plus près. On l'installa dans le vaste rez-dechaussée d'un local appartenant à l'autorité militaire. Là, comme à Kayes, il fut l'objet d'une étroite surveillance, point suffisante, cependant, puisqu'il parvint à se donner un coup de couteau. On le promena un peu à travers la ville, lui montrant et lui expliquant maintes choses. La visite qu'on lui fit faire à l'arsenal l'intéressa d'une façon très particulière; tant d'armes si bien rangées, si bien astiquées, l'étonnèrent beaucoup. Il déclara, après cette promenade instructive, que s'il avait armés, il su les Français si puissants et si parfaitement ne leur aurait jamais fait la guerre. C'est à Saint-Louisqu'il reçut la visite de M. Binger, une connaissance ancienne. En )86o, en effet, le

gnait, que si l'on consentait à le laisser au Sénégal « il

se ferait catholique ». Mais on ne se souciait guère d'amener à la religion catholique ce terrible chef, et on ne le garda pas au Sénégal. Le 4 février, on l'embarquait à Dakar sur un paquebot de la Compagnie Fraissinet pour gagner le Congo, où notre clémence lui a ménagé une

retraite paisible.

Les Foires de la

Tripolitaine

de Tripoli à l'Est et au Sud-Est, les « îles vertes?, nom que les Arabes donnent à ces merveilleuses oasis, véritables jardins du désert, où croissent ensemble dattiers, abricotiers, amandiers, arbres à pain, A

centaines de mètres des murs quelques commencent,


figuiers, grenadiers, céréales, légumes, melons. fourrages de toute espèce, et enfin la plante qui donne le henné, si cher aux Orientales coquettes. Ces plantations luxuriantes sont traversées par de larges routes qui se divisent en nombreux chemins et sentiers où, matin et soir, s'agite la foule des travailleurs qui se rendent à leur ouvrage.ou qui rentrent chez eux. Et le voyageur qui s'y promène à pied ou à cheval, en respirant l'air embaumé d'oranges mûres, peut observer dans cette population les deux éléments ethniques qui, parfois confondus, l'emportent alternativement l'un sur l'autre l'élément arabe et l'élément berbère.

fruits des récoltes quasi miraculeuses que donnent les oasis sont le plus souvent échangés ou vendus sur place, dans des marchés qui ont lieu certains jours de chaque semaine. Nul spectacle plus pittoresque ne peut frapper l'œil de l'artiste ou du géographe, en fait de types ou de costumes originaux. On y voit, par exemple, les petits chevaux berbères, à la selle et à la bride multicolores, attachés en longue ligne; les chameaux qui grognent en s'agenouillant péniblement; des chiens affamés, rejetons hybrides du chien ordinaire et du chacal, sont menés en laisse par des enfants; des milliers d~oiseaux pépient dans leurs cages des moutons tout ronds de graisse, ou lamentablement maigres, des troupeaux de vaches, etc. Les fruits de l'oasis s'entassent de toutes parts. Ailleurs, ce sont les produits de l'industrie indigène des étoffes de laine ou de soie, des tissus, des tapis artistement brodés, des selles. Le potier, le pied sur la roue de son tour, fait tourner avec agilité des cruches qui, sous sa main, prennent toutes les formes et toutes les dimensions, s'allongent, s'évasent, s'arrondissent, bientôt'prêtesà recevoir les fruits, vins, huiles, viandes qu'y mettront les indigènes. Voici le brocanteur qui, de sa voix aiguë, vante ses vieilles ferrailles, ses ustensiles hors d'usage, ses gravures affreusement vulgaires, découpées dans des journaux européens, et des versets du Coran peints en lettres d'or ou de toutes couleurs, encadrées et sous verre ils attirent, dit le marchand, la bénédiction sur la maison qu'ils sont destinés à orner. Les marchands du MM& sont assis sur la terre nue ou sur d'épaisses nattes. Un grand nombre sont protégés contre le soleil par des tentes en peau de chameau. A côté du marché se trouve l'abattoir,, empesté d'odeurs infectes. Les morceaux de viande de chameau s'y entassent sur des nattes ou sont suspendus dans des filets. Le dos de chameau, malgré son goût fade, est regardé par les Arabes comme un morceau de choix. L'abatage des animaux se fait là avec une brutalité qui n'étonnera pas, mais aussi avec une sûreté de main digne du bourreau le plus expert. Les moutons sont renversés brusquement, étendus sur le dos entre les jambes du boucher, qui, de la main gauche, tâte l'artère jugulaire et y pratique aussitôt deux larges entailles le sang jaillit, tout est fini en quelques seLes

condes.

Ailleurs, les auditeurs avides se pressent autour d'un conteur, à l'ordinaire un respectable vieillard aux gestes lents et distingués, le visage tout plissé de rides et un éclair d'ironie au coin de l'œil. Il narre des histoires plus merveilleuses que ceDesdel'O~'M~: mé-

chants transformés en lézards, jeunes filles poursuivies par un ravisseur et s'envolant, au moment de succomber, sur des ailes blanches de colombe, tout cela en vertu de la justice ou de la bonté d'Allah. Le vieillard chante aussi des rhapsodies accompagnées des coups de tam tam d'un nègre accroupi à ses côtés. Un autre artiste, le joueur de flûte. s'établit de préférence dans les débits de café, et là souffle infatigablement dans sa MM/~MM ou flûte de roseau, qui ne donne que deux ou trois notes. N'oublions point les parfumeurs, qui tirent leurs essences des plantes dont ils ont le secret, ni surtout les marabouts, qui, accroupis dans un silence et une immobilité solennels, voient les pièces de monnaie des fidèles s'accumuler devant eux. Je parle de ceux qui sont en vogue car, dans ce eo;KM~e<* comme dans tous les autres, il y a des malheureux qui doivent descendre aux boniments les plus extraordinaires et les plus bruyants, pour obtenir quelques pièces de

cuivre.

L'Ue Bouvet T ExpÉomoNallemande dans les régions antartiques sur le bateau le Valdivia vient de reconnaître l'ile Bouvet, dans l'Atlantique austral. Cette île avait été découverte le t" janvier [739 par le capitaine français Bouvet, qui )a prit pour un promontoire du grand continent austral. H l'avait placée par 54° 20' latitude Sud, et o° 49' longitude Est de Paris. Depuis lors elle n'avait été vue ni par Cook, ni explorateurs par Ross, ni par Moore ni par d'autres antartiques. Mais le capitaine anglais Lindsay avait en t8o8 reconnu une île à peu près dans la même position (54° f6' latitude Sud, et 6° i6' longitude Est), et la découverte avait été confirmée en 1823 par un baleinier anglais. L'ile Bouvet figure sur la plupart des cartes, bien qu'un certain nombre de géographes aient nié qu'elle existât, ou prétendu qu'elle avait été détruite par une explosion volcanique sous-marine. L'expédition allemande, en confirmant définitivement son existence, permettra de fixer sa position, jusqu'ici incertaine, et de connaître sa vraie nature. D'après les rapports du dernier marin qui l'ait pic volcanique, vue, l'ile Bouvet serait dominée par un îlots. Il et serait accompagnée au Sud de deux ou trois aurait donné à la grande île le nom de T'&OMOH. en réservant celui de Bouvet à tout le groupe.

partie

dont nous avons annoncé la création, a provisoirement son siège, 3o rue Miromesnil a Paris. C'est là que doivent être envoyées les adhésions et les souscriptions. M. Casimir-Périer a accepté le titre de président d'honneur de la Ligue. La /.<~M MMn7twe ~-a)~Mc,


Le vieux Cimetière

de Barcelone L E vieux cimetière de Barcelone est situé dans un des plus populeux faubourgs de cette

grande cité.

)t

cette cérémonie, c'est qu'elle se renouvelle avant chaque inhumation et qu'elle est la seule à laquelle prenne part le prêtre. Celui-ci n'accompagne pas le corps à sa dernière demeure. Les derniers devoirs sont rendus par les fossoyeurs sous les yeux du cortège composé de parents ou amis. L'intérieur des cimetières espagnols ne rappelle en rien celui des cimetières français. On s'y croirait dans une ville à rues tracées au cordeau et se coupant à angle droit. Les rues ou allées sont formées par des rangées de cases superposées. Dans le vieux cimetière de Barcelone on compte généralement, de haut en bas, sept rangées de cases. Ces cases de o"yo de hauteur

VIEUX CIMETIÈRE DE BARCELONE

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/c, /r~/ dit Co~co~r~ ~/ïO/o~r~/n'~Me f~

est surtout réservé aux classes pauvres, les riches ayant fait construire de somptueux caveaux dans le cimetière neuf de Montjuich. On entre au vieux cimetière par un spacieux couloir, au fo/td et à gauche duquel se trouve une sorte de salle des Pas Perdus. Lorsque je pénétrai dans celle-ci, je vis un ecclésiastique disant les dernières

prières sur un cercueil déposé dans le couloir d'entrée. Pendant que d'une voix de basse, forte encore, mais éraillée. il bredouillait plutôt qu'il ne psalmodiait, nous nous étions, mes amis et moi, respectueusement découverts, je voyais avec étonnement les douze ou quinze personnes qui accompagnaient le cercueil rester impassibles, le chapeau sur la tête. Quelques flocons de fumée lancés par des fumeurs intrépides s'enroulaient en spiraleet flottaient dans l'air, tenant lieu sans doute de fumée d'encens. Mais bientôt le prêtre, ayant terminé ses prières, enlevait rapidement son étole, se dirigeait vers nous tout souriant, et nous demandait si nous étions Français. Sur notre réponse affirmative, il nous montrait le cimetière en nous disant « Vous pouvez aller photographier ». Si j'ai tenu à raconter

ont 2 mètres environ de profondeur, non compris l'épaisseur des maçonneries, et, comme les rangées de cases sont adossées, il en résulte une épaisseur totale de ~,$oà 5 mètres de maçonnerie entre chaque allée. Chaque case est un parallélipipède cubique terminé au sommet par une voûte demi-cylindrique; son ouverture représente une arche de pont, de sorte que l'ensemble donne assez exactement l'impression d'un interminable viaduc en miniature. Les cases sont généralement fermées par une cloison en briques cimentées revêtues d'une couche de plâtre; il arrive pourtant qu'une famille plus aisée que les autres remplace les btiques par une dalle en pierre ou en marbre blanc. C'est surcettesorte deportequ'est peinte ou sculptée, suivant

le cas, l'inscription rappelant le propriétaire de la tombe et le nom des occupants. Comme la cloison est en retrait d'une trentaine de centimètres, il reste à l'entrée de chaque tombe une sorte de niche où l'on peut placer des fleurs, des couronnes, des tableaux, etc. Sur certaines cloisons il existe même des fers scellés terminés par un anneau permettant la suspension des vases ou de tout autre ornement.


y a dans chaque allée principale une échelle roulante ayant de larges échelons et terminée par une plate-forme de très grandes dimensions; elle est assez haute pour atteindre la dernière rangée de cases. Cette échelle très mobile sert non seulement à l'inhumation, mais est laissée à la disposition du public. Chacun peut ainsi, à tout instant, venir orner la tombe où reposent JI

les siens. A côté de ces tombes superposées, il y a encore au

vieux cimetière tout un quartier réservé aux familles riches, car, bien que la plupart aient leurs caveaux au cimetière neuf de Montjuich, certaines n'ont pas voulu abandonner le lieu où de nombreux parents reposaient déjà.

Nous visitions donc et examinions en détail ce curieux cimetière, quand, au détour d'une allée, nous aperçûmes un cortège funèbre. Le cercueil était posé sur un tréteau au milieu d'une allée. Les parents l'entouraient. En face d'eux se dressait l'échelle sur laquelle était juché un fossoyeur, car la case où le mort devait être enterré, emmuré plutôt, était de la dernière rangée. Nous nous approchâmes, enhardis par l'extraordinaire impassibilité des parents qui, le chapeau sur la tête, suivaient d'un air curieux et comme désintéressé le détail de la lugubre opération. A coups de pic et de marteau la cloison intérieure fut défoncée; puis le fossoyeur retira et jeta sur le sol une masse de débris informes planches pourries, ossements décharnés. Ce déblaiement de la case qu'il s'agit de rendre libre pour un futur occupant donne lieu à des choses répugnantes que ma plume se refuse à décrire. Enfin la case est prête. A ce moment, sur un signe fait par un des fossoyeurs, les parents, toujours impassibles, s'approchent du cercueil. On l'ouvre devant eux, on leur fait voir le corps du mort qu'ils déclarent reconnaître, puis on le ferme définitivement et on le hisse péniblement au fommet de l'échelle. Làhaut, deux hommes le poussent jusqu'au fond de la case. C'est fini. La famille s'éloigne, laissant les fossoyeurs refermer seuls l'ouverture. Beaucoup plus émus, il me semble, que les parents, nous partons à notre tour, emportant un souvenir ineffaçable de notre visite au vieux cimetière de Barcelone.

L'Etat qui sera relativement le moins vulnérable à cet égard est la Russie, à cause de son climat, deson sol et de son étendue sur deux continents. La puissante flotte de l'Angleterre 'protège ce pays contre une invasion, mais son commerce, son industrie et son ravitaillement sont à la merci des croiseurs ennemie. En meilleure situation, mais cependant très gênées encore pour cette question de la nourriture, seraient l'Allemagne et l'Italie, qui vivent pendant deux ou trois mois par an des céréales étrangères. La France n'a besoin de celles-ci que pour un mois. L'Autriche peut suffire à sa consommation. Quant aux frais journaliers que la guerre imposerait à chacune des cinq grandes puissances européennes, les voici reproduits en un tableau synoptique: Allemagne (2 550 000 so)d:)ls).fr. 2~ ~co 000 Autriche (1 ~04 ooo 13 040 ooo oStoooo Italie (1 281 ooo Total pour les armées de la triple alliance. 51 ~~oooo France

(2

Russie

(2 8oo ooo

Total pour les

5~4 ooo

). ).

soldats).fr.

2~ 540 ooo

28 ooo ooo

5

)a double aUiance. 3 5 40 ooo Les dépenses quotidiennes de guerre pour l'armée française, y compris la marine, étaient évaluées récemment dans le Figaro par un autre calculateur autorisé, M.Jules Roche, au chiffre de 26 millions, qui correspond en nombre rond, à celui établi par l'économiste russe. Ces appréciations doivent être plutôt modérées en t8yo, il nous en coûtait dix millions par jour pour entretenir 600000 hommes, et dans la guerre future nous en aurons 2 millions et demi à aligner Supposez cent jours de guerre, c'est le moins qu'on puisse faire. Voilà une première nécessité de deux milliards et demi. Ce n'est pas tout. Les dépenses ci-dessus ne comprennent pas ce qu'on pourrait appeler la mise en train de la campagne, savoir indemnités de route, réquisitions de chevaux et de voitures, etc. M. Jules Roche calcule ces dépenses à faire dans le premier mois à près de deux milliards. Récapitulons tous ces chiffres. Ne sont-ils pas armées de

effrayants ?

Multiplication des canaux dans le Bas-Delta du Tonkin Ce que coûterait une Guerre T TNsociologue et économiste russe, M. de Blioch, connu par des ouvrages remarquables, vient de publier un article fort intéressant sur les dépenses supposées auxquelles entraînerait une guerre. Après avoir énuméré les forces matérielleset morales considérables que la guerre future exigera des armées et de leurs chefs, M. de Blioch expose l'étendue des sacrifices économiques et sociaux que la guerre

entraînera.

O

sait que la fertilité du Delta du Tonkin vient des eaux du fleuve Rouge qui se répandent artificiellement sur .les sortes d'échiquiers que forment les rizières. Dans une contrée comme celle-là, où l'on cultive surtout le riz, c'est-à-dire où une très grande humidité est indispensable, où l'on manque de bétail, par conséquent d'engrais, toute récolte dépend de la quantité d'eau qu'on a laissée décanter sur les rizières. Les eaux du fleuve Rouge étant chargées d'un limon très fertilisant, la science de l'agriculteur tonkinois consiste, avant tout, à capter au passage la masse


aqueuse qui descend des montagnes avec des terres dissoutes et des lambeaux de végétation arrachés aux rives du haut pays et déjà suffisamment pourries. On commet une faute grave, au point de vue de l'agriculture et de la richesse publique, lorsqu'on laisse une goutte d'eau aller du flanc des montagnes à la nur, sans l'avoir obligée à fertiliser plusieurs fois le so). »? Il y a quelques années, une grande discussion s'est élevée entre les colons du Tonkin, précisément à cause de cette question capitale de l'irrigation. Les uns optaient pour la suppression de tout le système séculaire des digues et voulaient un colmatage général, ample, comme le fleuve l'aurait annuellement donné en toute liberté. Les autrescolons s'en tenaient au procédé des digues. Ces derniers triomphèrent et firent puissamment renforcer leurs digues afin d'éviter les accidents auxquels on était souvent exposé par les ruptures. Non seulement c'est la théorie des eaux contenues qui a prévalu, maison s'efforce actuellement d'augmenter le nombre des canaux et de leurs subdivisions. Les anciens indigènes pensaient bien ainsi. En effet, les vieilles cartes du pays indiquent un réseau très compliqué d'arroyos, aujourd'hui disparus parce qu'ils n'ont pas été entretenus et que les alluvions les ont comblés. Sur cette remarque, notre résident de la province de Thaï-Binh a engagé les ~KM (paysans) à construire un supplément de canaux, et il en est résulté des récoltes bien supérieures et bien plus régulières. Or la multiplicité des canaux est encore plus capitale pour la province de Thaï-Binh, qui se trouve dans la bordure maritime du delta. En effet, dans les hautes régions de ce delta, il y a encore une certaine pente et on peut irriguer, c'est-àdire déverser topographiquementl'ondebienfaitrice sur de grands espaces. Mais dans les surfaces absolument horizontales qui avoisinent la mer, le moindre barrage n'aboutirait qu'à produire un refoulement qui s'échapperait trop vite par les autres arroyos. Il vautcent fois mieux creuser une foule de rigoles où les cultivateurs viendront tirer l'eau nécessaire. C'est ce qu'a si judicieusement entrepris M. David, l'administrateur dont nous venons de parler. Cette théorie est si vraie que les maitres du genre, les Anglais, n'ont irrigué que les parties moyennes du delta du Gange. La partie basse, c'est-àdire le vrai delta, n'a pas un barrage elle est tout simplement striée d'innombrables arroyos.

Renseignements pris, il se trouva que ChangYeo-Mao avait été simplement mis à la tête d'un bureau chargé de fournir à l'exploitation des immenses richesses minérales des territoires bornés au Sud par le Peï-Ho et au Nord par la grande palissade de Mandchourie, qui finit à Chan-Haï-Kouan, et la grande muraille de Mongolie, dont la grande porte Nord est à Jakoi. La question préoccupe vivement les Anglais, parce que les deux houillères de Kaïping et de ToungChan, seules exploitées jusqu'ici, desservies par la ligne ferrée de Tien-Tsin à Chan-Haï-Kouan, alimentent de charbon de terre tout le littoral des golfes de Pe-Tchi-Li et de Liao-Toung, et par suite les grands dépôts des compagnies de navigation à Tien-Tsin. qu'on nomme quelquefois Chang-Yeo-Mao Chang-Yi, sait à merveille comment manœuvrer à Pékin il a été autrefois nwjordome du Septième Prince. Tous les partis lui veulent du bien; il a été associé à des étrangers dans bien des affaires, il a de puissants appuis, et il comprend fort bien la supériorité des Occidentaux dans les sciences en général et dans celles de l'ingénieur en particulier.C'est un homme d'affaires de

grand style.

Avant que le succès des houillères de Toung-Chan se dessinât, il se lança à fond dans les charbonnages

du Pe-Tchi-Li; il en a créé la grande exportation, et il a su à merveille élever les prix juste à la limite où il peut garder le monopole des ventes dans la province en battant les concurrents de l'extérieur. La seule raison pour laquelle on paye, à Tien-Tsin, la houille de Kaïping $o ou 60 o/o plus cher depuis ces trois dernières années, c'est qu'on n'en peut acheter d'autre. La possession de son nouveau poste permettra à Chang-Yeo-Mao de dominer tous ses rivaux, et cette perspective inquiète vivement les résidents de TienTsin, qui pensent à en faire un grand centre manufacturier, parce que le rusé Chinois s'est tenu au courant de ces projets et a pris ses précautions en faisant acheter de grandes surfaces à Pei-Taï-Lo et dans les faubourgs de Tien-Tsin. VILLETARD DE LAGUÈRtE.

N: Noll. ~t//H.!M~c/t du S~j!r~oMtM, 6' année ('899). Annuaire illustré de l'Armée Coloniale. Paris, .0). Lavauzelle, éditeur. Prix 2 francs. OTRF distingué collaborateur Ned Noil publie la sixième année de son Annuairede l'Armée Coloniale. Ce nouveau volume d'une série dont le succès s'accentue, est fait sur le modèle des volumes précédents, c'est-à-dire que la liste très complète et très détaillée du personnel officier de l'infanterie et de l'artillerie de marine est accompagnée d'une revue de tous les événements militaires qui se sont accomplis dans nos colonies pendant l'année 1898. La simple énumération des chapitres qui composent cette revue en dira tout t'intérêt la campagne du Soudan, la pénétration dans l'Afrique, Madagascar,la question chinoise,

t'

Les Mines

de la Province de Pe-Tchi-Li

bruit a couru à Tien-Tsin, au commencement de décembre

t8()8. qu'un Chinois nommé Chang-YeoMao avait obtenu le monopole de la recherche et de

l'exploitation des gisements de minerais métalliques dans toute la province de Pe-Tchi-Li et le district de Tchol, au pied de la grande muraille de Mongolie.

la guerre hispano-américaine. De nombreuses illustrations, des cartes générales ou de détail, des plans font de cet Almanach du Ct~-MMt't: un

véritable ouvrage que consulteront avec profit tout ceux qui s'intcressent aux questions coloniales.


Pour les Voyageurs-Collectionneurs.

Récolte des Myriapodes

Chez les Chilopodes, au contraire, la bouche est armée d'une paire de croMyriapodes, vulgairement connus chets percés à leur extrémité d'une peL ES sous le nom de A~7<<T' fuient tite ouverture par laquelle s'écoule la ségénéralement la lumière et la sécheresse. crétion vénéneuse d'une glande spéciale. Aussi se retirent-ils de préférence dans Ce venin, qui a une action nulle les lieux obscurs ou ombragés et en ou insignifiante dans les pays du Nord, même temps humides. Une espèce, le devient de plus en plus actif à mesure Iule lucifuge, qui vit dans le tan, ne que l'on s'avance vers le Midi, et surtout commence même à s'agiter et à se mon- dans les pays chauds d'outre-mer, où les trer à la surface qu'après la nuit close. Myriapodesatteignent une grande taille. On trouve principalement les MyIl provoque, à l'endroit qui a été riapodes dans les bois, sous la mousse mordu, une irritation suivie d'une enqui recouvre le pied des arbres, sous les Hure. écorces de ces derniers,quelquefoisaussi Je crois utile de reproduire ici. à dans les trous des vieux murs et jusque ce propos, une observation authentique dans les habitations. Ils sont également recueillie dans le Compte Rendu de l'Acaassez communs dans le voisinage des dent/e des Sc:encM Med)c;M de SMe~ eaux, sous les pierres ou les petites mot- (i83o). Une fermiére des environs de tes de terre, dans les jardins, sous les Metz, âgée de vingt-huit ans, ressentait pots de fleurs. D'autres enfin viventdans depuis plusieurs mois dans les narines des plaines plus ou moins découvertes. un fourmillement très incommode, acLes Myriapodes se divisent par compagné d'une sécrétion abondante du leur configuration, leurs mœurs, et par mucus nasal, lorsque, vers la fin de 18~, suite leur habitat, en deux ordres bien de fréquents maux de tête vinrent s'ajoudistincts tes CA;Vog'M<&: ou Diplopo- ter à ces symptômes; les douleurs, supdes, qui portent ordinairementdeux pai- portables dans les premiers moments, res de pattes à chaque anneau, et les prirent bientôt de l'intensité et se renouC/tt/o/'o-~M qui n'en portent qu'une. velèrent par accès. Ces accès n'avaient Les Chilognathes vivent sous la rien de régulier dans leur retour ni dans terre, dans les lieux sablonneux. La plu- leur série; ils débutaient ordinairement part se plaisent sur la lisière des bois par des douleurs lancinantes plus ou exposés au midi, dans les gazons, sous moins aiguës, occupant la racine du nez les amas de feuilles mortes. II en est qui et la partie moyennedu front, ou par une se tiennenttapis sous les vieilles écorces douleur gravative qui s'étendait de la des arbres un peu humides, leur corps région frontale droite à la tempe et à l'oécailleux roulé en boule (chez les G/owe- reille du même côté, puis à toute la tête. ou en spirale comme celui des ser- L'abondance des mucosités nasales forpents (chez les Iules). Ils se nourrissent çait la malade à se moucher continuellede substances animales ou végétales. ment. Ces mucosités, fréquemment mêCertaines espèces sont frugivores,comme lées de sang, avaient une odeur fétide à les 7t</M. les Glomeris, etc. Une très pe- cet état s'ajoutait souvent un larmoittite espèce attaque les fraises une au- ment involontaire, des nausées et des vomissements. Quelquefois les douleurs tre ronge la chicorée. tellement atroces, que la malade Les Chilopodes ont le corps plus étaient être frappéed'un ccup de marteau large, comprimé, membraneux.Ils habi- croyait qu'on lui perforait le crâne alors les tent de préférence le Midi et les pays ou se décomposaient, les chauds, et recherchent les lieux obscurs. traits de la face contractaient, les artères On les trouve sous les pierres, les vieil- mâchoires se les sens les poutres, les vieilles écorces, dans le temporales battaient avec force, dans un tel fumier, là terre, le vieux bois pourri, les de l'ouïe et de la vue étaient d'excitation, que la lumière et le détritus de végétaux, etc. Certains se état insupportacachent dans les maisons, entre les pou- mo.indre bruitfoisdevenaient d'autres la malade éprouvait un tres et les solives des charpentes, sous bles se prenait la tête dans les boiseries et les décombres. Le Géo- véritahle délire, fuyait sa maison, ne sachant phile de Walkenaer se trouve surtout les mains et refuge. Ces crises se rechez les ébénistes, qui l'appellent le « Roi où trouver un six fois dans la nuit des Scolopendres Quelques espèces, nouvelaient cinq oujournée; et autant dans la une d'elles comme les Scolopendres, attaquent de dura quinze jours presque sans interruppetits animaux vivants pour s'en nourrir, Aucun traitement méthodique ne Ce dernier fait nous amène tout tion. employé; enfin, après une année de naturellement à parler des effets que fut souffrance, cette maladie extraordinaire peut produire la morsure des Myriapo- fut subitement terminée par l'expulsion des. d'un Myriapode qui, jeté sur le plancher, MORSURE DES s'agitait avec rapidité et se roulait en EFFETS DE LA MYRtAPpDES spirale. C'était un Géophile (le GeoyA~M~

HABITAT DES MYRIAPODES

i

;).

Tous les Chilogaathes sont absolument inoffensifs.

Cor/'o~'&r~M~).

Un fait semblable a été communi-

qué à la Société entomologique de France, par M. Alexandre Lefèvre.

D'une façon générale, dans nos pays tempérés, les morsures des Chilopodes sont loin de déterminer une douleur aussi vive que celle d'une piqûre d'abeille. Dans les pays chauds, au contraire, les morsures des grandes espèces de

Scolopendres sont beaucoup plus violentes que la piqûre du scorpion. Elles

ne sont cependant pas mortelles.

Les accidents les plus graves si-

gnalés à l'actif des Myriapodessont ceux rapportés par Worbe (Bulletin de la Société 'P/M<OMt!<Me, janvier 1824, p. 14), au sujet de la morsure de l'espèce de

Scolopendre nommée Ma//a!M)t<e aux Antilles et mille-pattes sur la côte de Guinée.

Généralementtoutes lesplaiesdues à la morsure des Myriapodes se guérissent assez promptement par un simple traitement à l'ammoniaque. CAPTURE ET CONSERVATION DES MYRIAPODES Les Chilognathes ayant des mouvements lents et leur morsure ne présentant aucun danger, on peut les capturer aisément, même à la main. Grâce à leur consistance écailleuse, on peut les conserver avec leur forme, sans les immerger dans l'alcool, en les collant au fond d'une boite,ou en les piquant sur le second ou le troisième anneau près de la tête. Les Chilopodes, au contraire, courent avec une vélocité extraordinaire et sont très difficiles à saisir. Comme leurs pattes se désarticulent au moindre contact, ils en perdent plusieurs si l'on s'empare d'eux sans précaution. D'autre part, leur morsure est sinon dangereuse, du moins irritante. Pour toutes ces raisons, il faut autant que possible employer la pince pour les saisir, et les immerger immédiatement dans l'alcool. Les Chilopodes, en effet, étant de consistance membraneuse, leur corps se déforme en se desséchant, et on ne peut les piquer. On ne peut tuer les Myriapodes en les immergeant dans l'eau, où ils peuvent vivre pendant plusieurs jours. Ils périssent, au contraire, très rapidement si on les expose Ma sécheresse. Mais il vaut mieux les asphyxier rapidement par Fétber sutfuhqae.quMdon ne lesplonge pas dans l'alcool.

I) est possible de conserver et de transporter les Myriapodes vivants pen-

dant plusieurs mois, en les enfermant dans un vase rempli de terre ou de mousse humide. Ces animaux n'ont encore fait l'objet que de peu de recherches à l'étranger,'et il y a là pour tes voyageurs collectionneurs 'de nombreuses découvertes à

réaliser. PAUL COMBES.


Cultes Indigènes au Japon la mode. En plein Paris, ~t a vu des &OM~M/~OMdM célébrer une cérémonie bouddhiste. Mais le bouddhisme ne règne sans partage ni en Cbine ni <!M/a~OM. Dans ce dernier pays, il coexiste avec la religion Sin-to. On s'en Le bouddhisme est à

rendra compte en lisant ces quelques notes de voyage sur l'art sacré et l'architecture religieuse.

O

les

sait qu'il existe au Japon deux cultes dont origines sont absolument distinctes, le Sin-to, religion primitive et autochtone des îles du Soleil Levant, et le Bouddhisme, doctrine d'importation, Depuis

dessiècles,

ces deux cultes

s'emboîtent pour

ainsi dire l'un dans l'autre et s'associent étroi-

tement au point de vue du rite,

rence. A plus forte raison il n'y a là matière à aucune lutte confessionnelle entre les fidèles, à aucun trouble dans les familles. Il est même souvent difficile de déterminer quelle est l'influence dominante dans tel groupe monacal ou dans telle prêtrise paroissiale, tant le clergé luimême accepte la confusion et s'en inspire. A peine

trouverait-on

n'ayant dogmatiquement bien que

quelques excep-

tions dans l'ancienne province de Satzouma, où pendant de longues années, à la suite de certains actes de trahison attribués aux prêtres bouddhistes, ceux-ci ont été interdits.

rien de commun1. De

cette union

résulte peut-être une confusion matérielle, mais

non spirituelle.

Les deux cultes ne sont pas fondus l'un dans l'autre il n'existe entre

eux qu'une simple alliance. C'est, en

C'estauv;'sièSÉPULTUREDE YE-MITZU, PETIT-FILS DE YE-YAS.

quelque sorte,

D'après

dirait un chimiste,

un mélange et non une combinaison. La population japonaise n'est pas divisée en deux églises professant chacune l'une ou l'autre de ces deux religions. La plupart des Japonais s'adonnent au contraire simultanément à l'une et à l'autre, sans que cela engendre de jalousies sacerdotales entre prêtres, du moins en appa-

())

Le Bouddhisme est une des grandes religions de propagande qui poursuivent la conquête du monde il a été institué, comme le christianisme et l'islam, à titre universel.

Le Sin-to, au contraire, n'a comporté, par son origine et par sa nature, aucune extension. II n'aurait aucune raison d'être hors du Japon: ses dieux sont tous japonais; son paradis est japonais il ignore le reste de la terre. C'est bien le culte d'un peuple ermite, une religion purement nationale. A TKAVHRS LE MONDE.

)0' UV.

~0/o~'ra~c,

cle de notre ère que la religion de

l'Inde pénétra jusqu'au Japon à travers la Chine. Elle se présenta en doctrine nouvelle, mais non en ennemie du culte indigène celui-ci n'avait du reste rien qui lui parût suspect. Le Sin-to n'était pas, à tout prendre, une autre religion, puisqu'il consiste dans la vénération de personnages illustres, élevés, après leur mort, au rang de divinités. Le Bouddhisme populaire, malgré la pureté de son dogme suprême, admet l'existence d'une multitude de dieux de second ordre. H ne lui répugnait aucunement d'en allonger la liste il accueillit ceux du Japon en bloc et sans révision, anciens, modernes et même futurs. Au surplus, on sait à quel point les Chinois sont fidèles au culte des ancêtres tiennent plus, peut-être, qu'à tout le reste. C'est ainsi qu'au

ils

N°to.–)tmars)899.


xvt° siècle, la grave question de la conversion de la Chine au Christianisme reposait presque tout entière sur cette seule alternative le Saint-Siège admettrait-il ou rejetterait-il le culte des ancêtres? Les Jésuites, Français, prenaient parti pour le maintien; les Dominicains, Portugais, étaient contre. Rome trancha la question dans le sens de l'incompatibilité, j'allais dire en faveur du Bouddhisme. On comprend jque le sin-to, avec ses grands hommes divinisés, ne pouvait choquer les missionnaires chinois. Ceux-ci s'en accommodèrent d'autant plus aisément que le culte Sin-to n'est pas fort exigeant. L'obligation religieuse y consiste dans la participation à la grande fête annuelle du dieu local, et la

dévotion comporte des pèlerinages dans lesquels une grande

part est faite aux

lissées par une sorte de frottement léger et constant dont les Japonais ont le secret. Il n'est pas rare de voir, dans les constructions les plus soignées, des poutres en partie seulement équarries, c'est-à-dire polies sur

trois côtés, le quatrième étant laissé à l'état naturel avec ses rugosités d'arbre. C'est une originalité qui plaît aux Japonais; ils aiment le rustique, qu'ils ont inventé bien avant nous et qu'on retrouve un peu partout dans leurs installations. Les temples bouddhistes, au contraire, sont marquésau cachet d'une architecture étrangère, malgré les adaptations indigènes qu'ils ont dû forcément subir. Ils ne sont pas dans la note générale du pays ils tranchent sur l'ensemble c'est un art d'acclimatation, un rejeton vivace transplanté de l'Inde, influencé par une station de plusieurs siècles dans la Chine,

laquelle lui a,

divertissements.

pour ainsi dire,

En outre, les prêtres sin-to n'ont,

communiqué une sève nouvelle en le greffant à sa

en dehors de

l'exercice du culte, rien qui les distingue des autres

surprenante vitalité. Il en fut de même pour la religion dont cet art a suivi le mouvement progres-

Japonais. Ils sont

désignés'par

le

Gouvernement ou

par l'administra-

sif.

tion provinciale,

L'architecture bouddhiste cher-

selon l'importance

caractère plus ou moins particulier de la chaou

le

pelle, au besoin

même par une

che la complicaPREHtLREEKCEjrjrEMTEMrLECONSACRÉA

D'~T~ une photographie.

corporation, une

confrérie. Ils ne reçoivent aucune consécration, aucune ordination ce sont des fonctionnaires plutôt que des prêtres, des ordonnateurs du culte plutôt que des pasteurs. Ils exercent une profession. S'ils rentrent dans la vie commune, aucun caractère sacré ne subsiste en eux. Ils démissionnent à leur fantaisie. Ils peuvent être révoqués, mais ils n'ont pas à être interdits. Tout autre est la constitution du clergé bouddhiste, régulier et séculier par ses liens mystiques, ses ordres gradués, son investiture sacramentelle, il présente une analogie surprenante avec les clergés

occidentaux. Celui qui en sort devient un défroqué.

Sin-to est en apparence iconoclaste le temple ne contient pas d'images. Il est d'une architecture simple, rarement colorée, sobrement sculptée. Mais les lignes sont élégantes, l'ensemble est harmoLe pur

nieux. Le luxe y consiste souvent dans la valeur intrinsèque des bois qui entrent dans la construction, en quoi le temple :in-to est bien le temple japonais proprement dit ce luxe est commun à tous les édifices, maisons d'habitation ou autres du style d'architecture spécial au pays. Les belles pièces de bois sont fort prisées au Japon, et, pour conserver tout leur mérite, elles ne sont ni cirées, ni vernies, mais simplement

TfE-YAS.

tion des découpures, les éclats de couleurs et de

dorures,

les

in-

vraisemblances de formes dans une reproduction fantasque de !a nature. Son but est de frapper l'imagination, de saisir plutôt que de charmer. H en résulte un ensemble parfois criard, souvent majestueux, presque toujours impressionnant. Les édifices sin-to sont au contraire modestes dans leur élévation comme dans leurs formes. On y pénètre en passant dans un ou plusieurs torii en bois, en pierre ou en métal, sortes de portiques d'une nudité d'ornements qui n'exclut pas l'harmonie des lignes, mais qui contraste singulièrement avec la porte qu'on trouve en vedette à l'entrée de tout grand temple bouddhiste, porte qui suppose un travail d'exécution souvent égal à celui du sanctuaire lui-même, quelquefois même supérieur, et qui donne l'impression que l'idée dominante est de frapper de prime abord l'imagination des fidèles. Les temples bouddhistes sonttoujours élevésdans des lieux habités. Ce sont des paroisses fondées pour les besoins religieux de la population, comportant un

culte quotidien et des cérémonies fréquemment répétées. Les chapelles sin-to sont généralement isolées dans la campagne, plantées au milieu des bois, au sommet des collines, dans les sites les plus agrestes. Elles font, en quelque sorte, échange de poésie avec la nature, lui empruntent le charme du pittoresque, et lui prêtent quelques lignes droites artistement com-


binées, comme pour marquer l'hommagedel'humanité à sa divine fantaisie. Ce sont bien là les édifices d'une religion qui ne se manifeste guère qu'en pèlerinages. On en trouve dans les villes, sans doute, mais les temples champêtres sont bien plus nombreux. En temps ordinaire, on les prendrait pour des sanctuaires abandonnés, désertés par les fidèles toutes les portes sont closes et l'on n'entend aux alentours que l'harmonie de la solitude. Mais vienne le jour de la fête du dieu, et soudain tout s'anime autour du temple. Une foule bruyante et joyeuseafflue de tous côtés. Ce sont les pèlerins il en vient sur tous les chemins, ici par groupes, là en files indiennes, tous convergeant vers le même centre. Les bois et les rochers semblent s'animer pour prendre

part à la liesse

publique. Une poésie tumultueuse et bariolée de processions succède à celle du silence. Cela dure

variété et la fantaisie n'ont pas de limites, à moins qu'il ne s'agisse d'un dieu doué d'une spécialité, ce qui est assez fréquent. Dans ce cas, naturellement, domine l'emblème de la grâce sur laquelle s'exerce de préférence la puissance divine locale, par exemple le varadji (sandale de marche), si le titulaire du temple est un dieu proprice aux voyageurs. Non loin de Mara, une des villes saintes du Japon, j'ai visité une chapelle consacrée à une divinité spécialiste pour les maladies des yeux il y avait là des entassements de petits bâtons ronds comme des chandelles avec une pointe de clou plantée à une extrémité et paraissant simuler une mèche. Si je ne me suis pas trompé sur l'intention de cette figure symbolique, c'est, on en conviendra, une manière ingénieuse de demander à voir clair. Quoi qu'il en soit,

ces attributions déterminées de

la

faveur céleste ne

constituent pas une originalité

quelques jours; puis la forêt retrouve son calme, la montagne son inertie, le temple sa solitude, le dieu son sommeil, tous

à ce pays, car la division du travail est pratiquée,semble-

repos.

d'examiner

d'accord dans la majesté de leur

Çà et là un temple sin-to a dû, soit à l'impor-

exclusive

t-il, dans d'autres paradis que celui des Japonais. Nous venons ce

qu'on voit dans un temple du rite primitif au Japon.

tance légendaire et, à la vérité, ENTR~E DU TEH('LE CONSACRÉA YE-YAS. à la vertu mic'est assez vite ou D'rc.! Hnc photographie. raculeuse du dieu, fait. Mais dans les soit au charme naturel du site, une telle vogue de. choses sacrées, d'ordinaire, le principal est ce qu'on ne pèlerinages qu'une ville est graduellement sortie du voit pas. Au fond de la chapelle sin-to est un tabersol autour de son enceinte. Ce n'étaient d'abord que nacle toujours fermé. Les prêtres eux-mêmes n'y pénèquelques cabanes de marchands de reliques et de pieux trent qu'en de rares et solennelles occasions. C'est là souvenirs, puis des restaurants, des auberges pour les qu'est déposé l'emblème de la divinité, enfermé dans pèlerins. Ce premier noyau formait bientôt lui-même une multitude de coffres s'emboitant les uns dans les un centre. de consommation appelant d'autres indusautres. Cet emblème est généralement un sabre ou un tries. Combien de viiïes en Europe n'eurent pas d'autre miroir, selon que le temple est dédié à un dieu ou à une origine déesse. On l'appelle HK-~MM-wo. c'est-à-dire représentation de l'esprit auguste. C'est parfois un objet ayant effectivement et historiquement appartenu au personUn temple sin-to, de sty!e primitif, n'offre nage déifié. Mais il se rencontre souvent aussi qu'il ne lui est attribué que par l'effet d'un miracle, et c'est le guère aux regards que les boiseries de son architecture. Il ne comporte qu'un nombre très restreint d'accas, cela va de soi, lorsqu'il s'agit d'une divinité d'origine fabuleuse. L'un de ces emblêmes, enfermé dans le cessoires. Quelques découpures de papier alternant temple d'Atsuta-no-Miya, près de Nagoya, ne serait avec des brindilles de paille sont suspendues à une autre que l'épée, tombée du ciel, avec laquelle le fils corde en travers de la façade ces objets ont une vertu du Soleil a fait la conquête du Japon. On comprend de purification. Une cloche ou plus communément un qu'un pareil souvenir soit objet de vénération il est a paquet de gros grelots est accroché au bord du toit, tel point sacré que personne, dit-on, ne l'a vu depuis juste au milieu du sanctuaire avant l'invocation, on qu'il est en ce lieu. On peut se demander s'il y est appelle le dieu en mettant en bran)e la cloche ou les grelots, au moyen d'une corde de tresse pendante. encore, et m:me s'il y fut jamais. Cependant la population japonaise n'en doute pas, car la vaillante épée Enfin au centre, ou sur l'un des côtés de la chapelle, à n'a pas cessé, paraît-il,de faire des miracles. l'intérieur, un miroir métallique de forme ronde, autre symbole de pureté, repose sur un chevalet en croissant Aux grandes fêtes de chaquetemple,uneou deux plus ou moins sculpté. Tel est à peu près tout le mofois par an, le tabernacle est porté en procession c'est bilier, sans compter, bien entendu, les ex-voto, dont la ce qu'on appelle le matsuri. Mais la « représentation de


Au milieu des lumières et des fleurs, )eBouddha debout, avec la main droite bénissant, l'auréole et ta gloire d'or encadrant sa tête, pourrait, si l'on n'y regardait pas de trop près, passer pour une image appartenant à l'art chrétien, à celui surtout du moyen âge. La statue est du reste parfois d'une très fine exécution, et, si elle sort des mains d'un artiste qui a su donner à la physionomie l'expression de la douceur inaltérable et celle de la pensée profonde, qui sont les

attributs cardinaux du Bouddha, l'analogie est presque parfaite. Cette curieuse comparaison ne s'applique,bien entendu, qu'au Bouddha debout, car lorsqu'ilest assis, les jambes croisées, à la turque, l'illusion n'est plus possible; il y a, semble-t-il, entre les deux statues la distance d'un Dieu à un magot. A. LEQUEUX, Consul général.

PAGODEDEVANT LE TEMPLE CONSACRÉ A YE-YAS.

D'~r~~te~o~o~ra~tc. l'esprit auguste reste soigneusement enfermée dans ses coffres durant tout le trajet. Sur les grandes avenues de Nikko, à l'omhre des gigantesques cryptomérias, le « matsuri » des reliques de Ye-Yas, le pre-

mier Siogoun de la dynastie Tokougava, est un spectacle sans rival. Clergé aux ornements d'une richesse éclatante, corporations et confréries en uniformes singulièrement carnavalesques, étendards aux couleurs voyantes, foule bariolée, tabernacles d'or rehaussé de rouge, faisceaux de fleurs artificielles ou naturelles presque aussi invraisemblables les unes que les autres, tant la nature au Japon paraît lutter de fantaisie avec l'imagination humaine, tout ce monde et toutes ces choses qui scintillent, se déroulent en un long ruban lumineux sous une épaisse verdure percée çà et là par un rayon de soleil. L'astre national du Japon pour son pays se fait constellation se multipliant ainsi en mille projections distinctes, il accuse d'autant mieux le contraste des tons et jette au milieu de cette allégresse religieuse comme des effets d'apparitions enveloppées de lueurs célestes. Si les manifestations du culte sin-to

rappellent

les brillantes processions de nos pèlerinages les plus en vogue, le Bouddhisme, dans ses grands temples, offre plus d'une analogie avec les pompes de nos cathédrales. Le Sin-to est une religion de plein air. Le

Bouddhisme, au contraire, s'enfermedans le sanctuaire; il exerce son culte à couvert, resserré entre des murailles d'une riche architecture. Le Sin-to est tout au dehors et, comme l'idylle et la bergère aux beaux jours de fête, emprunte àla nature ses plus beaux ornements. Tout ce que le Bouddhisme demande aux champset aux jardins, ce sont des pyramides de feuillage et des gerbes de fleurs coupées, les plus rares et les plus éclatantes, qu'on amoncelle sur l'autel, autour de la statue du Bouddha. Sous la lueur des lampes d'or, l'ensemble est d'un effet religieux saisissant. Dans les églises riches, telles que celles du rite Sin-Sin, dites Hon-guan-ji, c'est d'un bout de l'année à l'autre une montagne de fleurs toujours fraîches, parmi lesquelles une abondance de cierges, toujours allumés, augmente encore la ressemblance avec les ornementations de nos chapelles miraculeuses. Le Bouddhisme ne sort pas de ses temples mais il y introduit volontiers les richesses de la nature, auxquelles le Sin-to va de préférence se mêler lui-même.

Le Problème

des Sources du Nil

sources du Nil n'est pas complèteT ment résoludes mais n'est plus qu'une question E

problème

temps.

ce

de et de convention entre géographes. Lorsque Speke, le 30 juillet 1858, découvrit le lac Victoria Nyanza, il écrivit « Je n'ai jamais douté que ce lac ne soit la vraie source du Nil. 11 maintint cette opinion, même lorsqu'il découvrit, en janvier 1862. le Kaghera, tributaire principal de ce lac. Mais, quand ce dernier fut mieux connu, s'agita la question de savoir

si l'on ne devait pas le considérer comme le Nil supérieur, quelque chose comme le Rhône en amont de son embouchure dans le lac de Genève. Le lieutenant Kollmann, dans son livre sur le Nord-Ouest de l'Est Africain allemand, prétend, en effet, avoir suivi à travers le lac le courant encore très sensible du Kaghera jusqu'à l'affluent du Nil. Mais d'autres géographes, comme M. Stuhlmann, contestèrent cette opinion, en prouvant que les eaux du Kaghera, au lieu de suivre dans le lac la direction du Sud au Nord, c'est-à-dire de courir vers la sortie du Nil, étaient refoulées vers l'ouest du lac. De la sorte, le lac serait la vraie source du Nil. Le docteur Kandt, qui a eu le bonheur de découvrir, en '8~7, la source principale du Kaghera, sur le revers oriental de la grande dépression du Central africain, la considère comme la vraie source du Nil. Cette opinion a besoin d'être ratifiée par l'accord unanime des autorités géographiques. En tout cas, si intéressante soit-elle, elle fera moins progresser la géographie que les belles découvertes du même explorateur., dans le bassin du Kaghera et la zone volcanique de la grande dépression du Central africain.


de sa découverte, Fritz Miller intorma les autorités canadiennes de sa prise de possession d'un « daim ». La police montée du Canada se rendit aussitôt sur les lieux, et c'est ainsi que la découverte s'ébruita et par-

Les nouveaux Placers de Cassiar /EST sans grande surprise que l'on a appris iadécou-

verte de nouveaux gisements aurifères en Colombie

britannique, dans le district de Cassiar. Il résulte, en effet, d'une communication faite le 6 ianvier dernier, à la Société de Géographie de Paris, par M. Loicq de Lobel, qui en re-

vient,

qu'il

vint à Skagway au commencement d'août 1898. Ce. fut le signal d'une émigration générale des mineurs et des pêcheurs de saumon qui composaient à cette époque toute la population de la petite ville. En quelques jours, il n'y eut plus à Skagway que le bureau de poste où il fut possible de rencontrer un être

humain.

correspondant spécial du San Francisco C~onicle, envoyé aussitôt sur les lieux, télégraphiait Le

je me suis rendu compte de tout. J'ai constaté qu'il n'y avait rien d'exagéré. Les placers de Cassiar sont appelés au plus grand avenir. » «

existe

dans cette région toute « une zone aurifère, qu'on a surnommée le Gold Belt (ou ceinture de l'or), partant de la Colombie britannique pour aller rejoindre la Sibérie, en passanttout le détroit de Bering, et qui décrit ainsi un demi-cercle où sont compris les territoires américains de l'Alas-

Depuis

lors,

ces

premières impressions se sont trouvées confirmées. Les.placers du district de Cassiar sont plus riches que ceux du Klondyke, et it ne peut y avoir de contestation politique à leur égard, car ils dépendent, sans que le ka ». moindre doute soit La présence de possible, de la Colombie britannique. Ils sont cet or d'alluvion en si beaucoup plus faciles grande abondance à atteindre, et leur exs'explique géotogiqueploitation n'exige pas ment par l'action sécudes fatigues surhumailaire, sur les roches Echelle SsË~t'ETA~S~TINIS~ aurifères, des phénones. M 'MO 600 Kt MO 0. mènes naturels. Le On ne peut envent, la neige, la pluie, core préciser l'étendue NOUVEAUX PLACERS DE CASSIAR désagrègent, par un exacte des gisements, travail incessant, la mais on sait déjà que superficie des rochers. Les glaciers nivellent, broient, l'or de Cassiar est réputé beaucoup plus pur que pulvérisent le sol où ils cheminent, et les parcelles du puisque les banques de Victoria celui du Klondyke, métal précieux sont entraînées et roulées dans les en payent l'once 8 dollars, alors que celui du Klondyke torrents à la fonte des glaces. Elles s'accumulent dans .peut se vendre difficilement plus de 14 dollars. Le clile creux des rivières et y forment ces « poches » si mat est modéré, et l'on n'est pas obligé de chercher recherchées des mineurs. le métal précieux à une profondeur de plusieurs mètres, à travers un sol durci par la gelée. Au début de 1808, un nommé Fritz Miller, d'oriLe district de Cassiar se trouve sur la route du gine allemande, se trouvait à Juneau, non loin de Klondyke par Skagway. C'est la compagnie de naviSkagway, et se livrait à de nombreuses « prospecgation Bennett et A~oM~f~ qui se chargeait déjà des tions », en vue de découvrir des limons aurifères dans transports pour Dawson City, qui a entrepris le même les nombreux cours d'eau qui se déversent dans le lac service pour le Cassiar. d'Atlin. Ses recherches furent couronnées de succès, Cette compagnie a la concessiondes services poscar, au cours d'une tournée qu'il faisait avec un de ses amis, il laissa brusquement celui-ci sur les lieux et se taux entre les Etats-Unis et le Canada, moyennantune hâta de regagner Juneau pour y recruter tous ceux de subvention annuelle de 80.000 dollars. De Skagway à Dawson-City, par la passe de Chilkoot, elle a fait éleses camarades en qui il avait confiance. Avec leur aide, il se mit à exploiter, à environ ver, tous les trente milles, des refuges en bois contenant un poêle, des matelas et des vivres. deux mètres de profondeur, un limon aurifère susceptiPour aller au Cassiar, on s'embarque à Victoria, ble de rapporter près de ~oo francs par jour à chaque dans l'île Vancouver, sur le vapeur Anna, qui fait le ouvrier. Pour s'assurer le bénéfice légal et incontesté

ouver~


trajet jusqu'à Skagway (Alaska) en cinq jours environ.

De là, on franchit la passe de Chilkoot, le plus souvent à pied, malgré les difficultés du chemin, parce que la location d'un cheval coûte too francs par jour et ne permet guère d'aller beaucoup plus vite. C'est la route qui conduit au Klondyke. Au printemps de t8c)8, on y a installé, avec mille difficultés,

une igne téléphonique. Arrivés au lac Bennett, les voyageurs, au lieu de descendre vers Dawson, attendent les vapeurs Ora, Nora et Hora, de la compagnie Bennett et Klondyke. Ils sont d'environ 2~0 tonneaux et pourvus de puissantes roues à aubes pour résister aux courants rapides des fleuves

qu'il faut franchir. Comme l'indique notre carte schématique, le trajet se fait à travers les lacs Bennett et Tagish. Puis, par la rivière Atlina, on pénètre dans le lac Atlin. On traverse ce dernier lac, et sur le rivage en face, à dixsept milles environ dans les terres, on arrive à Pine Creek, le nouveau placer du district de Cassiar. On ne saurait prévoir l'avenir réservé à ces nouveaux champs d'or, mais, dès à présent, on s'aperçoit que ces découvertes successives ont donné à la ville de Victoria, point de départ des expéditions minières, un développement économique intense, qui ne peut que s'accroître, et faire de cette cité un des centres importants de la côte américaine du Pacifique Nord.

Curiosité naturelle en Chine Le « Lac aux trente-six Pieds T ÏN correspondant du North China Daily News a adressé récemmentàce journal une curieuse notice consacrée au district de Fou-Tching, un des coins les

moins connus de la province chinoise du Fou-Kien, qui a donné son nom au détroit la séparant de Formose. La population de Fou-Tching, aujourd'hui l'une des plus fidèles à l'Empereur, a été cependant la dernière à adopter la natte de cheveux imposée sous le nom de « queue de cochon au Chinois, comme une mar-' que d'avilissement et de servitude, par les conquérants mandchous, depuis 1650. Elle n'a également accepté qu'à la longue le joug de leur dynastie, qu'ils appellent la Grande Pure. Aujourd'hui encore, en souvenir de cette longue résistance, les hommes de ce pays portent des turbans et des couvre-chefs sous lesquels ils cachent la rasure de leurs crànes et leurs nattes. La petite péninsule montagneuse, dont la saillie sépare les golfes de Fou-Tching et Hiu-Hoa, a été jadis le repaire du célèbrechef de pirates Kou-Tcheng-Koung, le fléau de Formose et des côtes dentelées, bordées d'archipels, aux îlots innombrables du Fou-Kien et de Kouang-Toung. Pareil milieu engendrerait spontanément la pira-

terie, et elle y est si bien, qu'elle y persiste encore. Les mandarins voisins, d'ailleurs, ne la gênent guère. Ils ne font décapiter que les malandrins qu'on leur livre, et encore à leur corps défendant, comme si chaque tête de pirate qu'ils abattent diminuait leurs revenus. Les jonques allant de Fou-Tchéou à Amoy .sont presque toutes armées de fusils de rempart montés sur de forts poteaux cloués le long des bastingages. Dès qu'une embarcation sort à leur rencontre, d'une crique ou de l'écran d'un rocher, les matelots font jouer ces engins vénérables, pour avertir qu'ils seraient en état de défendre leurs existences et leur chargement. Quelquefois cela suffit pour écarter le danger. Mais il arrive aussi que l'assaillant est déterminé et se sent le plus fort. Alors il ne tient pas compte d'une tentatived'intimidation futile, subit une ou deux volées de balles, laisse arriver et se lance à l'abordage. Le plus souvent, l'équipage assailli est vaincu, massacré et jeté à la mer. Quant à la prise, le vainqueur l'amarine, se leste d'une partie de sa cargaison et, transformé en pacifique marchand, la vend sans la moindre difficulté dans l'un des nombreux portsde la côte où les étrangers n'ont pas le droit d'entrer.

Cette forêt de Bondy océanique contient une curiosité naturelle digne d'attirer l'attention, sur l'ile de Hô-Tan, la plus grande de tout l'archipel. C'est un lac, dit le « Lac aux trente-six pieds », Ce lac dort dans une coupe rocheuse, taillée en pleine montagne, à une hauteur considérable au-dessus de la mer. Il est très malaisément accessible, même pour un ascensionniste exercé, et demande une journée entière d'escalades et de glissades également dangereuses à qui veut faire le tour des falaises escarpées et déchiquetées qui sertissent ses eaux et leur marge marécageuse. Ce cirque n'est interrompu que par une gorge longue et étroite, par laquelle le lac déverse actuellement dans la mer son trop-plein. La singularité commence à ceci, qu'aucun ruisseau ne l'alimente. Il y a mieux. Au dire des indigènes, le lac ne se déverse pas toujours dans la mer. Par un prqcessus qu'ils n'ont pas pensé à observer, le sable finit par s'accumuler peu à peu dans le déversoir la couche d'eau de l'émissaire du lac s'amincit à mesure que monte ce haut fond. Un moment vient où il affleure et ferme le bassin complètement. Les eaux s'y élèvent, et leur refoulement latéral tasse le sable et l'exhausse par de nouveaux efforts, jusqu'à ce que. au bout de onze ans, paraît-il, le poids deleur masse rom pt l'obstacle, et les précipite torrentueusement dans le goulet. Les gens de la plaine, avertis du phénomène par l'eau, qu'ils ne voyaient plus depuis onze ans, accourent, descendent des falaises sur les berges découvertes et ramassentl'énorme quantité de poissons laissés à sec. On attend, paraît-il, une prochaine débâcle du barrage de sables. Il sera peut-être possible, à ce moment, de rechercher si, par hasard, ce lac curieux n'est pas alimenté par des « sommes analogues à celles qui jalonnent'le pied de la « falaise de Champagne », ou par des jaillissements artésiens dissimulés sous sa nappe. Du même coup aussi, il révélera peut-être la particularité physique observée aux temps lointains où les


Chinois étaient capables de cet effort intellectuel, et d'où ceux-ci ont déduit ce nom au moins bizarre de « Lac aux trente-six Pieds ». VILLETARD DE LAGUÉRIE.

roba, le cactus, ont tout couvert depuis quelques années. Les soldats américains en garnison dans l'ile sontcantonnésau campde Waïkiki, près de Honoloulou, dans un parc grandiose où, à t'ombre de palmiers majestueux, au bord de gais ruisseaux, ils mènent une vie de Sybarites.

Une Journée à Honoloulou L ESvoyageurs qui font escale à Honoloulou jouissent, en entrant dans le port de cette ville, du coupd'oeil le plus ravissant des effluves embaumées se répandent sur la mer jusqu'au navire, avant même qu'il soit entré en rade on aperçoit la ville étagée sur de vertes collines, tandis qu'à l'horizon se profile la ligne bleue des montagnes. Sur tout ce vert et le bleu intense d'une mer de saphir, rayonne le beau soleil des tropiques. On débarque il n'y a rien ici qui rappelle nos

villes noires et enfumées. Honoloulou est moins une ville qu'un vaste parc, où les maisons disparaissentdans les palmiers, les cocotiers, les bananiers, tandis que les oiseaux, cachés dans les lauriers-roses, chantent la chanson de ce printemps éternel. Les indigènes s'agitent sur le quai et vous environnent en vous offrant de longues guirlandes de fleurs, roses, rouges, jaunes, d'un jaune métallique qui étonne des yeux européens. Tout le monde ici s'orne de fleurs, les maisons en sont pleines, les rues sont enguirlandées comme pour une fête perpétuelle. Dans les rues ou plutôt les allées de la ville, va et vient, d'une démarche indolente, la foule la plus bigarrée des femmes vêtues de longues robes de chambre bariolées, comme celles de nos grand'mères couronnées de fleurs, elles s'éventent continuellement d'unemain,tandis que de l'autre elles essuient leur face bronzée des Canaques, qui forment le fond de la population des nègres, des Japonais, sans parler des Européens et Américains. La ville est entourée de hauteurs, d'origine volcanique, où l'on cultive le riz, qui fournit 5 récoltes en 2 ans, et dont l'exportationrapporte ipo ooo dollars par an le taro, qui est la nourriture principale des Hawaïens l'andiroba, grand arbre dont le fruit sert de nourriture aux chevaux d'immenses cactus, etc. Dans l'archipel, on cultive encore la canne à sucre, qui fournit aux Hawaïens leur revenu principal, soit pour 14000 ooo de dollars d'exportation le café, qui prospère à une altitude de 500 à 2600 pieds, et dont on exporte pour 45 ooo dollars l'ananas, pour t~ ooo dollars, etc. Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans ces îles, c'est la flore, une flore presque exclusivement endémique à l'origine, ce qui s'explique par leur position isolée, et qui fait la joie des botanistes. Chose cutieuse, la flore importée, soit par les courants

marins, soit surtout par les hommes, a pourtant refoulé de toutes parts la flore primitive la lantana, la mau-. vaise herbe la plus envahissante des tropiques, l'andi-

Le Capitaine-CommandantVAN ORTROY. h'ofM :'M<erMt!<tMa/M définissant les limites

CoMfeM-

actuelles des

Possessions, Protectorats et Sphères d'influence en Afrique. Ouvrage accompagnéd'une superbe carte en couleurs de l'Afrique (Bruxelles, Société belge de Librairie, OSCAR SotEpENS et C' Editeurs. Paris, F~nx ALCAN, Boulevard Saint-Germain, ;o8.) [ vol. gr. in-8° de xx-520 pages. Prix 12 francs.

Aulendemain du jouroù les incidentsde Fachoda ont provo-

qué tant d'émotion, en remettant à l'ordre du jour la question des sphères d'influence en Afrique, ce livre acquiert un

grand mérite d'actualité. De plus, il fournit à la bibliographie africaine une contribution de valeur. Ceux qui étudient l'histoire diplomatique et coloniale de ce siècle, de même que les hommes faisant de la politique et de la diplomatie actives, pourront le mettre fréquemment et largement à profit. Il constitue pour eux un précieux instrument de travail, d'autant plus qu'une excellente carte accompagne le volume. Le titre de l'ouvrage définit et résume parfaitement son contenu. L'auteur explique aussi clairement,dans l'introduction, le plan qu'il a adopté Les textes, dit-il, sont rangés par ordre chronologique.La plupart sont cités intégralement, même s'ils renferment des clauses étrangères aux limites (domaine économique, humanitaire, etc.), d'après les documents officiels qu'il est souvent difficile de se procurer la reproduction est faite en plusieurs langues, si telle est la rédaction authentique. Ce luxe de renseignements peut paraître superflu. Mais veut-on remarquer que plusieurs stipulations, rapportées ou non par des dispositions ultérieures, expliquent souvent l'importance de certaines cessions territoriales? Ce serait donc une lacune regrettable, à notre sens, de distraire ces stipulationsaccessoires d'un traité ou d'un arrangement, pour ne conserver que les clauses relatives aux délimitations de territoires. « S'il y a lieu, les documents sont accompagnés de la date des ratifications parfois aussi de quelques notes extraits d'actes invoqués dans les accords, indications sur les relations pouvant exister entre plusieurs arrangements, etc. « Il ne pouvait suffire de grouper une série de conventions il fallait fournir le moyen d'en tirer le meilleur parti c'est à quoi contribueront quatre tables suffisamment détaillées liste chronologiquedes documents; liste des documents rangés par pays; tableau des ambassadeurs, délégués et hommes d'Etat signataires des documents enfin index ou table analytique des matières, portant surtout sur la topographie. x On ne pourrait trop louer l'exécution de ce travail, conçu de la manière qui vient d'être exposée.

Raymond Auzias-Turenne.

Voyage au pays des Calmann Lévy, in-)8 de

Le .MoM~e. mines d'or. 3i<)p., 40 illustrations et 2 cartes,

Prof. Dr William Marshall.

4

fr..

Bilderatlas ~Mr ZooText. !'Mc/tre!~e)tdot Tiere, mil logie der niederen fH~, Leipzig et Vienne, Bibliographisches Institut t

vol. in-t! de

t3' p.


THE GEOGRAPHICAL JOURNAL

Les Explorations

du D' Thoroddsen en Islande y 'EXPLORATEURislandaisaterminé t'été dernier ses recherches L géographiques et géologiquesdans son ile natale, qui lui ont demandé dix-sept années de travaux pénibles et souvent périlleux. En 1898, il a exploré le plateau intérieur qui s'étend au nord-ouest du Langjœkull et la région montagneuse située derrière les vallées de Borgarfjord. H a découvert que le vaste champ de laves appelé le Hallmundarhraun, et qui était presque inconnu jusqu'à lui, provient d'une série de cratères bordant le Langjœkull. Cette lave forme une surface très inégale, pleine de fissures ou de cavités profondes. L'Eirikjœkulletle Langjœkull sont deux grands plateaux couverts de neige et qui reposent, comme les autres plateaux intérieurs de l'Islande, sur d'immenses couches horizontales de brèche. Tous ces plateaux particuliers semblent les fragments d'une vaste plate-forme qui couvrait anciennement tout l'intérieur de l'Islande, mais que les érosions ont morcelée.Au-dessous de la brèche,le voyageur a trouvé sur certains points des couches de basalte, de

l'époque tertiaire. Cinq grands glaciers descendent de l'Eiriksjœkull trois d'entre eux étaient encore inconnus avant les études de M. Thoroddsen, qui en a découvert également neuf sur le versant occidental du Langjœkull, dont deux considérables. Le haut plateau au nord-ouest du Langjœkull est formé de puissants courants de lave préglaciaire,semée d'un grand nombre de blocs erratiques. Ici, comme pour le plateau plus à l'Ouest, qui porte le nom de Tvidogra, l'explorateur a dû corriger les nombreuses et graves erreurs, et remplir les lacunes des cartes existantes. Sur ce dernier plateau, relativement peu élevé, la végétation est abondante de nombreux troupeaux y trouvent leur pâture. La faune y est particulièrement riche en oiseaux. Enfin, le plateau est semé de lacs pleins de belles truites. Au commencementd'août t8o8,le voyageur quitta ces plateaux pour explorer les montagnes du Borgarfjord, où il planta sa tente à des altitudes de 600 à 900 mètres. Il en a étudié les glaciers, les laves et les cratères, par exemple celui du volcan préglaciaire Ok, haut de n6o mètres. Les vallées qui sillonnent ces montagnes ont, d'après lui, une origine bien antérieure à la période glaciaire; leur thalweg est formé de basalte, leurs versants de tuf et de brèche. Plusieurs lacs remarquables, dans ce même district, ont été formés sans doute par les glaciers actuels. M. Thoroddsen a terminé son dernier voyage et le long cycle de ses explorations par l'étude des crevasses et des cratères de la presqu'île Beckjanes. BULLETIN ÉCONOMIQUE DE G'INDO-CHINE

Le Mouvement Commercial

de la Cochinchine et du Cambodge Saigon. commerce extérieur de ces deux contrées pendant le L premier semestre de 1808, d'après le rapport du directeur des douanes et régies de l'Indo-Chine, s'est élevé à 96 n3 283 francs, qui se répartissent comme suit Importations Fr. 23.046.961 72.;66.3M Exportations Fr. Ces chiffres, comparés à ceux de la période correspondante de)897, accusent une différence de i588? 004 francs en faveur de l'année 1898. Le mouvement sur les monnaies d'or et d'argent, dont l'importance a atteint 25 t6oQ23 francs, n'est pas compris dans les chiffres qui précèdent. Cependant l'arrêt survenu dans tes transactions com-

E

merciales avec la Chine et notamment avec Hong-Kong,à la suite des mesures sanitaires prises par le gouvernement de l'Indo-Chine contre l'épidémie de la peste, dans les premiers mois de 1898, a ralenti notablement le mouvement d'importation des marchandises étrangères dès que les mesures sanitaires ont été suspendues, l'activité du port de Saigon a été accrue d'autant, et le résultat total de l'année 1898 souffrira très peu de cette crise commerciale momentanée. Les marchandises les plus demandées à l'exportation

étrangère sont

)" Les produits réservés à la consommation exclusive de l'indigène et qui n'ont point de similaire en France 2° Des produits de qualité inférieure, recherchés en raison de la médiocrité de leur prix. Le cabotage, pour le premier semestre de 1898, s'élève à 3 885 643 francs. Ce chiffre se décompose comme suit 1.807.048 Fr. Importations 2.078.595 Exportations Fr. Ces chiffres, comparés à ceux du premier semestre 1897, accusent une plus-value de 5oo ooo francs en faveur de 1808. Mais cette plus-value est causée uniquement par l'exportation des riz en Annam, où la récolte n'a pas été suffisante.

Les marchandises le plus communément importées sont les peaux brutes, les soies grèges, les noix d'arec, les sucres indigènes, les saumures et les tissus de soie d'origine annamite ou tonkinoise. Les articles principaux d'exportation sont le riz, l'opium, les tissus de coton d'origine française, les ouvrages en métaux ou en diverses autres matières. MTM.E7H/NGJTJVDES DEUTSCHEN UND OESTERREICHISCHEN ALPENVEREINS

Les Monuments

alpestres

Vienne, i5 janvier 1899.

siècle d'avoir manqué ne pourra reprocher au N LJ reconnaissance envers ses grands hommes, du moins de

x!x°

si

la reconnaissance se mesure au nombre des monuments. Mais nos capitales ne sont pas seules à consacrer par des statues, inscriptions ou figures symboliques le souvenir des grands traits de leur histoire ou celui de leurs illustres enfants dans les vallées, au bord des lacs et parfois sur tel sommet des Alpes, le voyageur rencontre autre chose que d'humbles chalets. Il est vrai que les monuments qui ornent ces solitudes sont rarement en bronze ou en marbre c'est le granit, comme il convient, qui s'élève sur le tombeau de tel grand homme, de tel patriote montagnard. Mieux encore, les rochers eux-mêmes deviennent des monuments, sans que l'artiste se permette de les modifier d'une manière maladroite ou téméraire il y dessine une croix, comme dans la vallée d'Urseren, au nord du Saint-Gothard, pour rappeler le passage de l'armée russe de Souvaroff en )7Q9; il y grave une inscription, comme au Schillerstein, ou pierre de Schiller au bord du lac de Lucerne, pour conserver le souvenir du chef-d'œuvre inspiré au poète allemand par le héros helvétique Guillaume Tell. Parfois, les monuments alpestres sont plus humbles encore, du moins quant à leur apparence extérieure mais le contraste même fait mieux ressortir les grands souvenirs qu'ils éternisent. Deux simples croix de bois, plantées au bord du Rhône, à quelques lieues du glacier du fleuve, rappellent aux Valaisans les deux sanglantes victoires qui ont assuré leur indépendance contre un agresseur redoutable. Ne sont-ce pas des monuments aussi que ces es~')~ ou pyramides de pierres simplement entassées sur tous les hauts sommets par le premier alpiniste qui y mit le pied ? Une bouteille cachée sous ces pierres renferme le nom. du vainqueur de la cime réputée inaccessible, et un lambeau de mouchoir flotta pendant des années, fixé à un simple bâton, au sommet du S<e;'HMSMM c'est le trophée glorieux d'une nouvelle victoire de l'homme sur la nature et sur l'inconnu..


Un Coin de la

France

Gacé

miniature existe dans un coin presque ignoré de la Normandie. On en lira l'agréable pages qui suivent. Et qui sait si l'auteur n'obtiendra pas ce résultat d'attirer M~ Gacé ~tM'M&!

Une véritable petite Suisse en

description dans les

/OMfM/M~~M!/ les mondains qui passent UAND ~<~ sontlasdepotinersurla

l'été à Trouville

plage, de b raquer leurs j umelles sur les lointaines falaises de la Hève et de prendre des instantanés à l'heure du bain des élégantes, ils vont,

pour tromper leur ennui, voir les ba-

délicieux de notre France, beau, fertile, riche, tranquille, un de ces lieux où l'on rêve de planter sa tente quand sonnera l'heure du repos. Ce paradis s'appelle Gacé et n'est qu'un humble chef-lieu de canton du département de l'Orne. Deux rues qui se cou-

teaux rentrer dans le petit port que forme la Touques à son

pent à angle droit, quelques venelles

rustiques,

embou-

chure. Parfois quelques-uns, en-

fourchant bicyclette

leur

ou

chauffant leurr automobile, remontent la charmante vallée que baigne la rivière. Ils vont ainsi jus-

nelé et ses tou-

rellesen poivrière, une autre plus petite qu'occupe l'église, bel édifice tout neuf, tout blanc, qui tend au ciel sa flèche effitée, voilà tout le

qu'à Pont-l'Evê-

que,

la paisible

sous-préfecture qui somnole au

milieu des prai-

GAGE

ries, poussent

D'~n~'

M~f

LE CHATEAU, FAÇADE t'm~Ctt'ALE.

photographie de

même jusqu'à Lisieux, la cité aux rues étroites, aux maisons de bois à solives sculptées, puis font demi-tour et regagnent le rivage où la mode les retient. Et pourtant, s'ils continuaient leur course vers le Sud et, longeant toujours cette fraîche et limpide rivière de Touques, s'enfonçaient dans l'intérieur du pays, ils verraient des sites gracieux ou superbes, des vallons solitaires, des prés alternant avec des forêts, des collines aux pentes abruptes, des roches suspendues, des gorges où sautent des torrents, toute une Suisse en miniature, qui n'a point les glaciers de l'autre, mais qui n'a pas non plus ses Anglais et ses Perrichons. Que le lecteur audacieux qui ne s'effraye pas des explorations veuille bien me suivre à travers ces régions, plus inconnues ~es Parisiens que l'Oberland et l'Engadine, et je lui montrerai l'un des coins les plus A TRAVERS LE MONDR.

une

grande place ombragée d'ormess centenaires sur laquelle le vieux château des Matignon dresse son lourddonjon cré-

H* UV.

A~.

J. Porcher.

bourg. Les GaAu reste, assez peu de caractère.

céens disent la ville Les maisons sont propres, souvent cossues, nullement jolies; les magasins, car je n'oserais écrire les boutiques, étalent des devantures abondamment garnies, mais sans aucun de ces produits locaux qui mettent une note originale et amusante les habitants promènent par les rues la sempiternelle blouse bleue, et les femmes arborent, soit le bonnet traditionnel à choux de couleur, soit le banal chapeau de paille copié gauchement sur les modèles des journaux de modes. Mais ce qui est exquis, et plus qu'on ne saurait l'exprimer, c'est le site. Le bourg s'étage sur la pente douce d'une colline vêtue de prairies et de clos de pommiers. Au pied, la Touques serpente paresseusement, et ses eaux transparentes, où se jouent les ~.°

n.

i!t

mars

~f).


voisine venaient fréquemment s'asseoir. Et tous ces souvenirs d'un passé pieux sont en étroite harmonie avec le calme profond de ces paysages d'où se dégage

truites, reflètent le ieuillage pâle des saules. De l'autre côté de la vallée, des ))auteurs aux courbes harmo-

nieuses offrent leurs gazons, leurs haies vives, leurs fermes blotties parmi les bouquets d'arbres, et, sur les crêtes, la ligne sombre de leurs forêts. Partout, d'ailieurs, aux alentours, les forêts étendent leurs solitudes ombreuses forêt de Cisai, forêt de Saint-Evroult, forêt de Chaumont, forêt de Laigle, de Gouffern, d'Ecouves, avec leurs hêtres centenaires, leurs chênes robustes, leurs bouleaux grêles, et l'armée innombrable de leurs arbres résineux. Et c'est pendant les chaleurs de l'été un indicible plaisir d'errer sous la fraîcheur de leurs rameaux. Mais quand octobre colore toutes ces frondaisons de roux, de jaune et de brun, quand les brumes automnalesqui s'élèvent du sol, au matin, enveloppent de leur manteau

une religieuse mélancolie.

Mais cette paix des choses ne vient pas de l'ab-

sence des hommes. Le pays abrite une population nombreuse. Seulement elle se montre peu, vit beaucoup chez elle, dans l'intérieur de ces grands herbages que ferment des haies de charmes et de noisetiers auxquelles les clématites sauvages suspendent leurs guirlandes odorantes. Là, l'existence s'écoule, monotone et très douce, dans des travaux faciles qui n'ont rien de comparable au dur labeur des paysans producteurs de blé. Comme, en cette région bénie, la terre, arrosée par les pluies bienfaisantes et les innombrabtes ruisselets qui sourdent à chaque pas, se couvre d'elle-même de moelleuses praities, l'homme n'a, pour vivre, qu'à surveiller ses bœufs. Graves et lents, ils

°!éger!esfutaieset)estaiHis; quand sur )a rivière nottent les

écharpes grises

du

brouillard, et que, dans les clos, les pommiers rougissent de fruits mûrs, le site

errent en paissant, les ani-

maux superbes, à travers ces herbes savoureuses, ou, couchés, ils ruminent avec une application pjtiente, et le maître n'a d'autre peine

a plus de charme encore, plus de douceur et de grâce.

On resterait pendant des

heures à contempler la ligne sinueuse des- collines qui

que de choisir chaque

s'estompent dans une atmosphère de vapeurs transparentes, tandis que les échos

de la vallée répètent les

GACL:

semaine les plus grasd'entre eux et d'aller les vendre au marché de )a Villette. LECLOSANDRU. Cependant les femmes vont, matin et soir, traire les va~c M. J. T~orc/~r. ches disperséesdans les herbages, et, sous leur main, le lait écumant se transforme en ces fromages de Camembert que Paris consomme par milliers. En novembre, quand les pommes mûres ont toutes été recueillies, les pressoirs commencent leur office. Et c'est alors dans toute la campagne une odeur forte et capiteuse de cidre nouveau. Sous l'effort de la meule de bois le fruit s'écrase, et la liqueur jaune jaillit dans les cuves en pétillant. Une partie, mise dans des bouteilles hermétiquement bouchées, donnera ce cidre mousseux qui monte dans les verres avec le crépitement léger du champagne. Une autre fera cette boisson fraîche, couleurde topaze, qui désaltère mieux que pas une. Le reste, on le distillera dans l'alambic, et le bouilleur rangera précieusement dans son cellier cet alcool au fin goût de pomme, alcool pur, loyal, si supérieur aux horribles fines champagnes, et qu'on appelle le « catvados~. Chaque année, il s'en fabrique des quantités considérables. et j'entends encore la réponse d'un de mes voisins à ce sujet « Avez-vous fait beaucoup d'eau-de-viecette saison maître François? Encore pas mal, me dit-il prudemment, mais les yeux brillants de satisfaction. Dame, fattait bien renouveler ma provision j'avais plus que deux mille pôts » Riche est le pays, riches sont les habitants, et ils mènent une vie large et confortable. Quand on les voit passer sur les bettes routes bordées de haies vertes,

~/t0/c

mugissements des bœufs 7)'a~r~ H~c qui paissent dans les herbages, ou le son triste du cor venu des forêts prochaines. Dans ces lieux paisibles, la main pieuse des hommes a, depuis des siècles, multiplié les édifices religieux. Peu de villages dont l'église n'offre pasquelque intérêt architectural. Ici, c'est une tour romane d'un goût exquis, aux fenêtres encadrées de fines colonnettes. Là, c'est un portai! ogival encore garni d'une archivolte presque intacte. Ailleurs une abside d'un pur gothique, avec ses contreforts sculptés, ses épis, ses gargouilles et les verrières de ses fenêtres à lancettes. Ou bien, dans un humble sanctuaire, le visiteur étonné trouve quelque beau tableau, une T'n/M'~ de Jean Jouvenet comme à Ticheville ou quelque merveille de sculpture, comme ce magnifique bénitier de plomb ciselé dont s'enorgueillit l'église de Saint-Evroult de Montfort. Parfois, au détour d'un chemin creux, une ferme se dresse devant vous, et ses pilastres, ses colonnes, ses chapiteaux, ses baies en ogive vous disent qu'elle fut jadis couvent ou prieuré. Vous longez une haie, et voici qu'au bord d'une fontaine murmurante, encastrée dans des roches moussues, une statue de saint vous sourit, une antique statue de bois, aux vêtements curieusement fouillés, peinte de couleurs qui ont défié les ans, belle de naïveté, et touchante par tout ce qu'elle révèle de foi robuste et sincère. Vous vous enfoncezdans la forêt, et dans une retraite inaccessible, au fond d'une grotte dont un hêtre immense ombrage l'entrée, vous découvrez un bjnc de pierre ou les moines de t'abbjye

i. Quatîe n)i!ie iiU'es.


emportés au trot allongé de leurs demi-sang, on devine que ces gars solides, aux joues pleines, au teint clair, ne connaissent guère la faim ni les privations. De fait, ils ne se refusent rien, et leur table est toujours bien servie. Dans les grandes occasions, c'est par douzaines que les plats défilent devant les convives. On mange durant quatre et cinq heures de suite, non sans faire de temps à autre le trou normand, en avalant un plein verre de calvados pour réveiller l'appétit qui s'endort. H me souvient d'un repas chez un simple herbager, où l'on nous servit du bœuf, du mouton, du veau, du porc, du lapin, du poulet, du dindon, et jusqu'à un écureuil rôti. Et nous n'étions que quatre Ces ripailles pantagruéHques ne déforment pourtant pas la race. Les hommes restent sveltes et sou-

ples, bien taillés,

marcheurs. Ils sont intelligents, fins, pabons

tients, opiniâtres. Un peu cauteleux en revanche, vo-

lontiers dissimulés, en tout cas, ne se livrant jamais. Ne vous fiez

pas au sourire bonhomme que

dessinent leurs lèvres rasées:sous un air volontairement naïf ils cachent la défiance, quelque moquerie et

beaucoup de

ruse. On aura

leur en conter, ils ne se laisseront pas prendre. Ils se tiendront toujours sur leurs gardes, flairant quelque piège, attentifs à n'être pas dupes, ni en fait, ni même en paroles. Quoi que vous leur disiez, vous ne les verrez jamais étonnes ils pratiquent le M;7 a~M~n d'Horace. « Combien que vous avez payé votre voiture? demandait un paysan du voisinage à un de mes amis venu me voir en automobile. Douze mille francs. Douze mille francs » s'écria le bonhomme, stupéfait d'un tel chiffre. Puis, tout de suite, se reprenant << Ben y en a core de plus chers qu'ça ? » Braves gens, d'ailleurs, malgré ce goût pour les voies obliques, honnêtes et fidèles à la parole une fois donnée. Vous pourrez même leur demander un service ils vous le rendront volontiers, pourvu qu'il ne consiste pas en un prêt d'argent. Car sur ce chapitre ils sont intraitables, et vous ne leur tireriez pas un liard. Je me souviens d'un démêlé que j'eus à propos d'un compte infime avec un cultivateur des environs. C'était un très riche propriétaire, gros éteveur. vendant en moyenne pour trois cent mille francs de bœufs par an. Il m'avait fourni du cidre, et ma facture s'élevait à centimes. Ces 13 centimes, un Parisien 5o francs et les eût barrés. Lui, point. Je m'amusai alors à lui verser, beau

avec une pièce de deux sous, trois jolis centimes tout neufs, tout brillants, que j'avais par hasard en ma possession. Mon homme n'en voulut pas, exigea un sou à la place. Je refusai, il insista, m'affirmant avec sérieux que c'était l'usage d'arrondir la somme quand le chiffre dépassait deux centimes. Bref, comme je m'obstinais afin de voir jusqu'où irait son entêtement, il se leva et m'annonça qu'il m'assignerait devant le juge de paix. Inutile de dire que je cédai, non sans ajouter que, puisqu'il y tenait, je ne voulais point lui faire un tort aussi grave. II ne se blessa point de la remarque, prit mon sou et sortit. Les femmes ont en général un type moins beau que les hommes. Elles s'épaississent de bonne heure, deviennent lourdes. Ce qui contri-

surtout à les enlaidir, c'est la bue

déformation de la bouche due à la chute précoce de leurs dents. Beau-

coup perdent dés leur jeunesse toutes leurs incisives. et chez celles qui les conservent, elles sont trop sou-

vent cariées et

noires. On prétend, sans que ce soit bien prouvé, que cette maladie des mâchoires est causée par l'acidité du cidre. Mais la Gacéenne, s'il lui manque les

dons physiques, se rattrape sur les qualités mora'es. Soigneuse, économe, ordonnée, laborieuse, c'est une excellenteménagère. Sa maison, comme sa toilette, est une merveille de propreté. Rien de plus appétissant que sa cuisine, avec le dressoir garni d'assiettes de couleur, la grande cheminée à hotte où la marmite est suspendue par une crémaillère, et les cuivres étincelants qui éctairent les murs. Et quand elle ouvre la vaste armoire de bois sculpté qui orne sa chambre, il se répand dans toute la maison une bonne odeur de linge frais et de lavande. Ce souci de la bonne tenue du logis va jusqu'à la coquetterie, et à la plus gracieuse de toutes, celle des fleurs. Il n'y a pas de bicoque dont les murs nesoien' tapissés de roses grimpantes et de capucines, dont les fenêtres ne soient décorées de pots de géraniums et de fuchsias. Les rues des villages en prennent un air d'élégance et'de fête qui cadre bien avec la richesse du pays. Même soin pour le vêtement des enfants. Les mères tiennent à ce que leurs bambins n'aient pas l'air minable: elles y mettent leur dignité. Aussi i'on rencontre bien, sans doute, des gamins qui ont décrire leur culotte en grimpant aux arbres ou en échangeant des coups avec quelque camarade, mais aucun ne traine de ces haillons et de ces loques comme on en voit ai))eur?. Tout cela forme une population douce, tranquiile,


Les Mines de Ko-Tchéou ~ROfRAtT-ON que dans tout le Yun-Nan, cette pro-

UACË

LE

GRAKD

Y1.KUER.

D'tJ/'r~~<Mc~~o~o~r~c~t'y.7-'orc/)t'r. sensée, ennemie des nouveautés, assez indifférente à la politique, soucieuse uniquement de voir ses prés bien arrosés, ses bœufs bien gras, et ses pommiers bien lourds de fruits. C'est un idéal un peu terre à terre évidemment. Mais tout le monde pe peut pas se passionner pour les idées abstraites, et ces gens paisibles vous reposent des neurasthéniques. Car, c'est encore un attrait de plus, le bruit des cités n'arrive pas jusqu'ici. La grande ville, c'est Argentan Et elle est à six lieues Paris n'attire guère que les éleveurs, qui font chaque lundi un rapide voyage à la Villétte. Parmi les autres habitants, il en est qui n'y sont allés qu'une fois en leur vie la plupart n'y ont jamais mis les pieds. Et de leur côté les Parisiens ignorent ce coin reculé. Trois ou quatre domaines rustiques le Clos André, la Crépinière, le Grand Verger; quelques beaux châteaux les Lettiers, Mesnil-Hubert, Osmond, voilà toutes les colonies qu'ils ont fondées. Et plaise au ciel qu'ils s'en tiennent là pour que le pays conserve ce caractère agreste et simple qui fait son charme. C'est pourtant de ces honnêtes campagnes qu'est venue, it y a un demi-siècle, une femme qui a eu à Paris son heure de célébrité, qui a inspiré un drame à Dumas fils et un opéra à Verdi la fameuse Dame aux Camélias. Elle s'appelait en réalité Alphonsine Plessis, et avait pour père un paysan grossier, brutal et sans scrupules. Bien des vieillards se souviennent de l'avoir connue. Tous parlent encore avec admiration de sa beauté. Elle était assez petite, mais de taille très élégante, le visage extrêmement fin, les yeux en amandes, noirs et brillants, une grâce exquise de mouvements et d'attitudes. Dumas affirme qu'elle eut aussi bon cœur les vieux Gacéens le reconnaissent, et ils en ont gardé quelque indulgence pour sa mémoire. !i existe encore des neveux d'Alphonsine dans un village voisin de Gacé, et l'on peut voir chez eux un superbe portrait que peignit Henry Scheffer de la Dame aux Camélias. Mais cette mondaine qui revint au pays à l'occasion des course; du haras du Pin et se montra en luxueuse toilette, couverte de bijoux dans une catéche à quatre chevaux, est demeurée une exception unique. Les Gacéennes sont simples d'idées et de mise, les Gacéens ne se laissent point attirer par le mirage de Paris. Ils n'émigrent pas, restent chez eux, fidèlementattachés à la terre féconde qui les nourrit, et ils vivent heureux. JACQUES PORCHER.

vince si riche par ses gisements métalliques, il n'y a actuellement qu'une seule mine en exploitation, celle de Ko-Tchéou, d'où t'en extrait l'étain? C'est un principe chez les mandarins chinois de combattre ces exploitations, parce qu'elles deviennent des centres d'agitateurs. Ils n'en tolèrent l'ouverture que dans les cas extrêmes, par exemple quand la réco)te a été mauvaise et que la misère prend des proportions plus dangereuses que tout le reste. Mais cette tolérance n'est que momentanée le péril écarté, on trouve le prétexte le plus futile pour fermer la mine. D'ordinaire, le mandarin déguise ses soldats réguliers en vagabonds qui attaquent les mineurs et provoquent ainsi un conflit dans lequel la police intervient et prononce un arrêt d'interdiction sous prétexte de mettre la paix. La mine de Ko-Tchéou constitue l'unique exception dans le Yun-Nan. Cela tient peut-être à ce que les mandarins redoutent de lutter contre les puissants propriétaires de l'établissement. Peut-être aussi reçoiventils en sous-main des pots-de-vin généreux. Quoi qu'il en soit, nous savons très peu de chose sur cette mine dont l'accès est interdit même aux mandarins. M. Rocher, notre ancien consul au YunNan, l'a visitée, mais sans pouvoir étudier son rouage et son importance. Dans ces temps derniers l'explorateur Madrolle en a été sévèrement écarté. Les indigènes de l'endroit, comme tous les Chinois et les Annamites, croient que l'étain est produit par la terre dans l'époque actuelle. Si on essaye de leur dire qu'il a été coulé là par un feu souterrain, il y a des millions d'années, ils vous rient au visage. On extrait le minerai d'une foule de galeries si étroites que les enfants peuvent à peine y passer. Ces enfants meurent très souvent asphyxiés par le manque d'air; ils gagnent environ 4 francs par mois.

A côté de la mine, et indépendant d'elle, se trouve l'établissement de métallurgie où le minerai est broyé par des buffles. Le chef de l'extraction n'est pas forcé

de fournir son minerai au chef de l'exploitation métallurgique, si ce dernier ne lui en donne pas un prix convenable. Dans ce cas, il le vend à d'autres. Les ouvriers proviennent de différentes régions il y a des Ijens aussi bien que des Lolos. Aucune agglo-

mération n'offre,.dit-on, un aspect plus repoussant. Dans la mine même on laisse pourrir sur place tes cadavres de ceux qui sont morts à la peine. 11 en résulte un foyer de peste qui rayonne par moments jusqu'à Montzé et Manhao. C'est pourquoi les voisins, les colons français du Tonkin, réclament un traité qui impose à la Chine un médecin européen à Ko-Tchéou. M.

DE MATHUISIEULX.


le bassin draine une étendue comparable à celle du bassin de la Loire. Voici ce que dit M. le comte Henry de la Vaulx

Sur les côtes de l'Atlantiques'établirent, il y a une trentaine d'années, quelques habitants du Pays de Galles; ils débarquèrent là sans capitaux, sans soutien, sans aucune connaissance du pays, en un mot dans les plus mauvaises conditions possibles pour réussir; ils apportaient avec eux quelques sacs de blé; ils se logèrent dans des grottes creusées à même la falaise; sans nourriture, ayant continuellement à redouter les incursions des Indiens, encore rebelles à cette époque ils vivaient dans le dénuement le plus complet. Peu à peu cependant, à force de travail, ils récoltèrent du blé, augmentèrent leur production, en envoyèrent une partie à Buenos«

L'Avenir de la Patagonie n/r le

comte Henry de la Vaulx vient de publier ~'1. dernièrement une série d'articles sur la « richesse de la Patagonie, dont il a visité certains points, au cours d'un séjour de seize mois qu'il a fait dans ce pays, qu'il considère comme « de .premier ordre pour la colonisation » Le Tour du Monde a publié, en 1861, le récit de la captivité de M. A. Guinnard chez les Patagons,

captivité qui a duré trois

Ayres en échange d'autres denrées. Aujourd'hui, cette

colonie est prospère elle s'est années, et l'impression qui en établie sur les deux rives du résulte est loin d'être aussi faChubut, sur une longueur de vorable. !=, lieues et une largeur de Entre ces deux apprécia2 à 3 lieues. Trois villages tions extrêmes, nous serions Gaïman, Trelew, Rawson, se très embarrassés pour nous sont édinés toutes les consfaire une opinion raisonnée, si tructions sont en pierre. Un port a été créé pour les besoins nous ne possédions, d'autre de la colonie « Puerto Mapart, sur la Patagonie, des tradryn », et un chemin de fer, le vaux très sérieux, dus à des savants de premier ordre, et premier qui ait été construit qui nous permettent de les dans les terres australes, relie concilier. Citons, entre beauTrelew, le village central de la colonie, à la mer. Tous les coup d'autres Moreno, Travels in T'a/aans, une exportation très imgonia (Geographical Magazine, portante de blé se fait sur 1878, VIII, août, p. 200); Buenos-Ayres et même sur Florentino Ameghino, l'Europe. Jamais la récolte n'a Revista argentina de Historia manqué dans ce pays privilégié. Natural (décembre 1891) En effet, la pluie étant très rare Gustave Steinmann,~wcdans cette contrée, les Gallois rican Naturalist (octobre !8c)i); ont sillonné leur colonie de H. von Ihering, Os Mocanaux d'irrigation, et tous les CARTE DE LA PATAGONIE. ~MCO~ dos terrenos ~f<:M~tM de ans, à l'époque précise où les Patagonia, Sao Paulo, iS~y; récoltes ont besoin d'eau, elles Hatcher, On tbe Geology of tbe Southern Patagonia sont inondées l'eau qui est répandue charrie avec (Amer. Journal of Science, IV, 1897, p. 327), etc. elle de riches alluvions qui, en se déposant sur les terres ensemencées, les engraissent. L'impression qui se dégage de l'étude de ces divers travaux est que la Patagonie présente, suivant « Les blés que produit la colonie du Chubut sont les régions, des aspects très variés. de qualité supérieure, et à l'Exposition universelle de Ce pays, eh effet, comprend toute la partie con1889 ils obtenaient la plus haute récompense décernée tinentale de l'Amérique méridionale située au sud du aux blés américains; or, l'on sait que les blés d'Amérique ~8" degré de latitude australe, sont reconnus les meilleurs blés du monde. sur une longueur de près de i ~oo kilomètres et une largeur moyenne de « L'année dernière, dans une exposition qui 300 kilomètres, ce qui correspond à une étendue plus s'était ouverte à Rome pour les produits de l'Amérique considérable que celle de la France. du Sud, les céréales du Chubut. blé, maïs, houblon, Henry de la Vaulx n'a évidemOr, M. le comte colza, etc., étaient magnifiquement représentées et très portion observé qu'une bornée de cette ment attiraientl'attentiondes visiteurs. Cependant les terrains étendue, et le principal exemple qu'il cite se rapporte à où a été établie cette colonie sont de qualité inférieure; située les bords fleuve du sur une colonie restreinte les premiers habitants étaient tombés dans ce territoire, Chubut. sans argent, sans moyens de transport, à une époque où l'Argentine, en lutte avec le Paraguay, ne pouvai Ce fleuve, que MM. Guinnard et Moreno nomment s'occuper d'eux. C~M/M~ ou Chupat, est un cours d'eau étroit, mais dont


« Aussi n'avaient-ils eu ni le temps, ni les moyens de choisir ils avaient dû s'installer où ils étaient débarqués, et pourtant ils ont réussi.

ont établi une nouvelle colonie au pied même des Andes, ils ont choisi un terrain remarquablement préparé pour l'agriculture « Depuis, ils se sont divisés; ils

et l'élevage, et en quelques années cette colonie, la seis de octubre, est devenue florissante. Co/o/:M Située dans le territoire contesté par le Chili à l'Argentine, territoire admirable à tous les points de vue, ce qui lui a valu* le nom de Piémont Patagonien, cette colonie est reliée à sa métropole du Chubut par une route qui traverse la Patagonie entière, des Cordillères à l'Atlantique, et les céréales qu'elle produit viennent augmenter le débit d'exportation de la colonie mère. »

Tous ces détails sont exacts et d'un réel intérêt, mais on voit à quelle portion restreinte de la Patagonie ils se rapportent. Est-ce à dire que cette immense région soit, dans ses autres parties, aussi déshéritée qu'une longue tradition géographique tendait à le faire croire? Nullement! Outre les constatations de M. le comte Henry de la Vaulx, nous possédons tout un faisceau de documents qui nous permettent d'apprécier exactement la valeur réelle de la Patagonie au point de vue de la colonisation. Alexandre de Humboldt, dont la lumineuse intuition scientifique a prévu tant de faits géographiques réalisas depuis, estimait que cette extrémité de l'Amérique méridionale était appelée à acquérir un jour une grande importance. Il signalait même le golfe SaintGeorges ou la baie Saint-Julien comme les points les

plus avantageux pour établir une communication entre l'Atlantique et le Pacifique. Cette vue de génie a été confirmée depuis lors par la géologie. M. Moreno a démontré que les vallées de plusieurs cours d'eau de la Patagonie australe, tels que le rio Gallero, le Coy Inlet, et même le rio Santa Cruz, sont les restes émergés d'anciens détroits interocéaniques, analogues au détroit actuel de Magellan, qui séparaient du continent autant d'îles semblables à la Terre de Feu.

Les travaux successifs des géologues qui ont étudié cette intéressante région avec une attention bien justifiée par leurs nombreuses et importantes découvertes, ont établi que, pendant et depuis l'époque ter-

tiaire, la Patagonie a nourri plusieurs faunes assez inattendues. L'éocène a vu naître une foule d'animaux monstrueux, parmi lesquels M. Moreno a trouvé le

D/~o~ro~, jusqu'alors connu dans l'Amérique du Nord seulement. Puis le pays disparut sous les flots pour émerger de nouveau après une longue période de siècles, et son sol donna alors naissance à des arbres énormes, dont on retrouve près des Cordillères les troncs pétriiïés d'étranges animaux, les Nesodons. et les ~M~M/~f/KMM, apparurent. Après une seconde immersion, la Patagonie s'éleva de nouveau peu à peu, et son mouvementascendant dure encore, comme l'attestent des restes de coquilles vivantes, que M. Moreno a trouvés

ae~H~

dans le détroit, à 30 mètres d'élévation.

Les découvertes de M. Ameghino l'ont porté conclure que la Patagonie a été le berceau des premiers singes, d'où ils ont passé dans toutes les autres parties

émergées du globe. Cette conclusion est contestée par ceux qui ne donnent pas aux dépôts patagoniens l'ancienneté que leur attribue M. Ameghino mais la présence indéniable de singes fossiles démontre que le climat de ces régions fut autrefois plus doux qu'il ne l'est aujour-

d'hui. i.

sur la côte Ouest, qui est difficilementhabitable. Mais la côte orientale jouit d'une température assez égale et qui peut être comparée à Ce climat est glacial

celle de la Grande-Bretagne. L'hiver amène en général de grandes quantités de neiges; mais les autres saisons sont fort agréables. A peine si, pendant l'été, on compte quelques jours d'une chaleur intense. C'est à Bahia Blanca, où il pleut beaucoup moins qu'à Buenos-Ayres, que commence une zone caractérisée à la fois par un climat sec et par un sol stérile; ces caractères vont s'accentuant de plus en plus sur le rio Negro, sur les cours moyen et supérieur du rio Chubut et à travers d'arides plateaux en forme de tables, dont le point culminant se trouve, suivant les Indiens, entre le 47° et le 48~ degré de latitude Sud. Ce n'est qu'à partir du rio Santa Cruz que, le continent se rétrécissant, les pluies deviennent plus fréquentes et le pays plus fertile. La vallée qu'arrose le Sheuen, et qui s'étend à l'ouest, du rio Chico au lac San Martin, est très verte, très fraîche et jouit d'un cli-

mat fort agréable. Au sud du 50~ degré s'étendent de vastes plaines couvertes d'herbe et de luzerne, où les Indiens chassent le cheval sauvage. Plus au Sud se déploient d'immenses forêts et des contrées favorables à l'élève du

mouton. En résumé, sans souscrire d'une façon absolue à l'appréciation de M. le comte Henry de la Vaulx considérant la Patagonie comme un pays de premierordre pour la colonisation on peut admettre que c'est un des pays où les colons de race européenne pourront s'éta-

blir et prospérer grâce à un climat suffisamment tempéré, sain, et à un sol d'une fertilité indéniable sur certains points et qui peut être accrue sur d'autres. Les régions dès maintenant fertiles et accessibles à la colonisation, sont le littoral oriental de la Patagonie, notamment à l'embouchure des fleuves, et la partie méridionale, au sud du fleuve Santa Cruz et du parallèle de 50". Là. les productions européennes de première nécessité réussissent fort bien. Les pommes de terre rendent trente à cinquante fois leur semence. Le froment croît au Santa Cruz et au rio Chico. Jusqu'à vingt lieues au nord du cap Hcrn, on peut encore faire croître quelques légumes et élever des bestiaux. Les colibris et les perroquets supportent encore ce climat. La possibilité de créer une colonie prospère jusque sous ces hautes latitudes est démontrée par l'établissement chilien de Punta Arenas (Sandy Point). Elle a été fondée le 21 septembre t8~ dans la péninsule de Brunswick, plus verdoyante encore que les pampas de Buenos-Ayres. Les environs, dit M. Mo-


reno, « ont l'air d'un véritable parc anglais ». On y exploite de la hojii)e on y recueille de l'or. Comme on le voit, toutes réserves faites pour les immenses régions stériles de l'intérieur qui s'étendent au nord du parallèle de ~o" et pour les régions glaciales situées à l'ouest de la Cordillère, nous pouvons dire avec Alexandre de Humboldt, M. Moreno et M. le comte Henry de la Vaulx que la Patagonie, peut devenir un pays d'un très grand avenir, s'il est colonisé par des émigrants énergiques, travailleurs, suffisamment outillés et pourvus de capitaux pour subvenir aux premiers trais d'installation et de séjour. Moyennant quoi cette terre rendra des fruits, récompensera les efforts et deviendra prospère.

samment anx conjectures. Si t'onydécouvrcuneapparence de palais, cela signifie qu'on épousera un homme riche; si c'est une petite maison, ce sera un artisan une cabane, un malheureux. D'autres encore prennent une graine de pomme, le premier de l'an, la jettent au feu en disant Semence de pomme, d~-moi la vérité, dis-la moi bien, s'il m'aime, éclate, mon amoureux m'aime-1-it ? sinon brûle Selon que )a graine éclate ou brûle sans bruit, ia jeune fille augure des sentiments de son bicn-

aimé

I!

ya

des passe-temps moins

Augure Pavie. 1885.

Curieuses Coutumes en Italie est peu de pays (,u aient conservé, autant que l'Italie, les vieilles croyances superstitieuses. En voici plusieurs que les jeunes filles pratiquent dans l'Emilie, à l'occasion du jour de l'an. Celles qui caressent l'espérance d'un prochain mariage choisissent, le soir du 3; décembre, quatre épingles à tête de couleur différente une blanche, une verte, une rouge et une noire. Elles les piquent dans un carton qu'elles glissent sous leur oreiller. A l'aube, elles tirent au hasard l'une des quatre épingles qui leur r servira de pronostic pour l'année nouvelle. La verte, c'est le mariage au dernier mois de l'année, c'est-à-dire en décembre. La rouge signifie discorde avec le fiancé. La blanche est signe de paix. La noire, mort de l'un ~L

des deux.

Les jeunes filles qui

n'ont pas encore de fiancé

prennent trois fèves. Elles enlèvent entièrement l'écorce de l'une d'elles. Elles épluchent la seconde d'un seul côté et laissent intacte la troisième. Toutes trois sont placées sous l'oreiller.

l'une des trois fèves est tirée au hasard également. Celle qui est dépouillée indique que l'époux Le matin,

sera un pauvre diable celle qui n'a qu'une demipelure annonce un mari de fortune moyenne quant à la troisième, elle désigne la richesse. Une

autre coutume est celle des quatre coins. La jeune fille prie une amie de mettre, à son insu, dans

chacun des angles de la chambre à coucher, une clef, un anneau, un seau plein d'eau, un sac de cendres. Le matin avant l'aube la jeune fille se dirige vers l'un des angles et rencontre l'un des objets déposés. La clef signifie qu'elle sera maîtresse à la maison, l'anneau qu'eUesemarieradansl'annèe le seau estsynonyme de larmes les cendres, de mort. D'autres réunissent dans une même bouteille l'ean de sept puits différents elles font entrer ensuite un blanc d'œufdans cette même bouteiiïe qu'elles exposent devant une fenêtre le dernier jour de l'année. La forme qu'affecte le blanc d'œufdans <e liquide sert à tirer des augures. Dans ce cas, l'imagination aide puis-

innocents.

M~sion Pavie. Indo-Chine, 1879-

diverses. 7~fcAerc/iM sur /t!Mra<!<re du Cambodge, du Laos < du S~M:. 7/. Reclierches siir /)~/o~e ~!< Cambodge, du Laos el du Siam. Paris, Ernest Leroux, )8ç8,2 vo). in-~° ~ns deux beaux volumes sont les remiers parus d'une série qui doit en comprendre une dizaine. On sait quel travail admirable a accompli pendant seize années (iS~-iS~) la mission Pavie dans l'Indo-Cliiiie. )';tte en a rapporté une collection de documents unique dans l'histoire géographique de t'Asie. Et peu de monuments auront fait autant d'honneur a la science française que celui auquel travaillent maintenant M. Pavie et ses collaborateurs. Les deux volumes que nous annonçons sont entièrement dus au chef de la mission lui-même. Ils forment d'après leurs numéros d'ordre les volumes 1 et II de la deuxième série (Etudes diverses) et se rapportent à la littérature et à l'histoire du Cambodge, du Laos et du Siam. Ils s'adressent non seulement aux géographes et aux érudits, mais encore à tous les lettrés, à tous ceux qu'intéresse l'histoire de l'esprit humain. Le grand public, trop souvent indifférent aux grandes œuvres scientifiques, serait impardonnable de négliger ces études, faites au début de la mission et qui étaient, nous dit modestement M. Pavie, la distraction du soir après la marche du jour.. Nouspourronsnous demander si c'est ta unedistraction, qu'a ce pu être le travail proprement dit de la mission, car ces études exigeaient une connaissance parfaite de la langue khmère, une familiarité intime avec les mœurs, les usages, tes croyances des populations rencontrées. Le premier volume comprend l'analyse de trois romans Etudes

Nt!~M~- T~OM~-S~SoeA,Les ~OH~ ~t<KM~ S\(&n).KafAcr, ainsi que la traduction complète d'un quaet trième,'Cor)'o)!g'Mr:'coM~suivis du texte cambodgienet accompagnés de très curieuses illustrations dont une grande

cambodgiens

partie en couleurs. Ce premier coup d'reil qu'il nous est ainsi permis de jeter dans la littérature cambodgienne est on ne peut plus curieux et amusant. Nous nous proposons d'en faire pro6ter un jour les lecteurs d'A Travers le Jt~o)! en publiant quelques extraits d'un des contes recueillis par M. Pavie. Le second volume, d'un intérêt plus sévère, comprend la traduction de plusieurs manuscrits laotiens, ainsi qu'un recueil d'inscriptions thaïes traduites et commentées par le P. Schmitt, un missionnaire d'origine alsacienne, qui depuis vingt ans fait aimer et vénérer le nom de la France au Siam.

Nous sommes heureux de pouvoirsignaler cette belle préface d'un ouvrage qui doit faire époque, et de rendre hommage à M. Pavie et à ses nombreux collaborateurs, militaires et civils. Nous sommes heureux aussi d'annoncer que le premier volume de la première série, comprenant l'Exposé des TrjMK-t Gco~r.MM ~e< n~/oM, est sous presse. A. Angot. Traité ~MOt/ft/re de Mtf'~oro/o.~e. ) 1 vol.

grand Prix.

in-

12

de.)!? pages avec

francs.

K)3

n~nreset

.1

planches.


Les Moyens de se LA MOUCHE TSÉ-TSÉ brièvement que l'insecte r)A['pKLO-s t~ connu sous le nom vulgaire de mouche tsé-tsé, que lui donnent !es indigènes de l'Afrique australe, est un diptère .du genre G/f.w< qui porte la dénomina-

tion scientifique de ~OM!HaMo?-~7aM. Son aspect ne présente rien de remarquable pour celui qui ne la connaît pas. Elle a la taille et les proportions de la mouche commune de nos pays son abdomen est rayé transversalement de brun et de noir, le reste du corps étant noirâtre ou gris foncé. Au repos, ses ailes enfumées se superposent. La mouche tsé-tsé fond silencieusement, avec une vivacité de mouvements extraordinaire, sur l'homme et les animaux, et les pique aux endroits du corps qui sont à découvert. Cette piqûre, sans effet sur l'homme, l'âne, le mulet, la chèvre, et sur les animaux sauvages (tels que les zèbres, les buffles, les éléphants, les antilopes, etc.), qui ont le même habitat que l'insecte, est fatale à certains quadrupèdes domestiques, par exemple les chiens, les chevaux, les bœufs et les moutons. Ceux-ci

succombent, soit d'une manière soudaine, au bout de vingt-quatre heures, soit au bout d'un temps plus prolongé, après avoir présenté les symptômes suivants

Un liquide coule des yeux et des narines des animaux, leurs poils se hérissent puis se produisent successivement une enflure des mâchoires, le cours du ventre, l'amaigrissement, l'affaiblissement général et la mort. Quelques animaux piqués par la mouche tsé-tsé sem-

blent parfois atteints d'hydrophobie. On est parvenu à établir que les piqûres de ce diptère doivent leurs effets redoutables à l'inoculation, soit d'un organisme pathogène, soit de matières septicémiques ou virulentes puisées sur des animaux malades, ces agents de contagion restant déposés sur la longue trompe. Quoi qu'il en soit, l'action meurtrière de la mouche tsé-tsé interdit le séjour et même le simple passage dans son aire d'habitat aux animaux pour lesquels sa piqûre est mortelle. L'immunité dont jouissent les mulets et les ânes vis-à-vis de ces piqûres les fait généralement adopter comme montures par les explorateurs. Livingstone se servait de baudets. C'est aussi en raison de l'immunité de l'éléphant que des tentatives ont été faites, notamment par l'Association internationale africaine, pour introduire dans le continent noir l'éléphant d'Asie, ou pour domestiquer celui d'Afrique. SON

'AIRE D'HABITAT

Comme on le voit, il est de la plus haute importance, tant au point de vue des explorations que de la colonisation

défendre contre la Mouche Tsé-tsé.

en Afrique, de bien connaître l'aire d'habitat et les stations favorites de la mou-

Dès que là mouche tsé-tsé fait son

apparition quelque part, la seule chance qu'il y ait de sauver les troupeaux est chetsè-tse. et il Cet insecte habite de préférence et d'abandonner au plus vite la place, diligence quelque arrive souvent que, en grande abondance dans les régions tard. fluviales de l'Afrique orientale et de que l'on fasse, il soit encore trop l'Afrique australe, notamment dans les bassins du Zambèze et du Chiré. AjouMOYENS DE DÉFENSE tons qu'il vit exclusivement dans les Toutefois, des tentatives ont été parties boisées, et particulièrement dans néau. le voisinage du MOH'fMM, nom indigène, faites pour résister sur place au Les plus intéressantes sont celles en Afrique australe, du baobab (Adansodont parle M. ~lexander Whyte, dans le ))!J t<t,fi<a<f!). C/:ro)t:c/e ()8o5), à propos de Dans tous les pays découverts et surtout rocheux, la tsé-tsé disparait. Cela la station botanique qu'il a réussi à étadoit tenir aux conditions particulières blir à Zomba, dans les possessions annécessaires à sa ponte et au développe- glaises de la vallée du Chiré. M. Whyte signale les obstacles à peu prés insurment de ses larves. la mouche tsé-tsé Livingstone et Baldwin ont remar- montables qu'opposent (le7'a~!):M~M],aux tentaqué la présence de la tsé-tsé partout où et un taon tives d'élevage des espèces chevaline et se trouvent des buffles et des éléphants. bovine. Il n'y a pas là un rapport de cause à Néanmoins, on a pu utiliser l'avereffet, mais une simple coïncidence résultsé-tsé pour tant de ce que les terrains affectionnés sion qu'éprouve la mouche odeurs fortes en généra), et pour par les buffles et les éléphants sont jus- les particulier. On tement ceux où se multiplie spéciale- celle des excréments en lorsqu'on tue ment la mouche tsé-tsé. La règle n'est a observé, en effet, que, déd'ailleurs pas absolue, puisque ,Living- une antilope, par exemple, pour selittéstone lui-même, dans son Exploration du barrasser des tsé-tsé qui couvrent qu'à ZaMM~e (traduction française. Hachette ralement gibier et chasseur, il n'y a ouvrir fendre le ventre de l'animal et à et C'e, page 228). fait cette remarque La tsé-tsé, que les Batokas appellent les entrailles les insectes disparaissent t~oAa, n'existe pas sur leur plateau, bien aussitôt. De même, en badigeonnant les que les buffles et les éléphants y abonbestiaux avec un mélange de bouse de dent. diminue netteDans l'Afrique occidentale, le cor- vache et de pétrole, on diptères. des respondant d'un journal anglais a signalé, ment les attaques Dans le même ordre d'idées, il y a l'année dernière, la présence de la mouOn lieu de mentionner le moyen qu'ont emche tsé-tsé à Lokodja. sur le Niger. savait, depuis assez longtemps, que cette ployé deux officiers du Royal Gallois localité était fatale aux chevaux, mais on Fusiliers pour faire traverser, par une n'avait pas, jusqu'en )8Q8, reconnu la demi-douzaine de chevaux, une zone inle cause de cette mortalité considérable. festée par la mouche tsé-tsé, quanddes Des études médicales ont permis de re- gouvernement britannique envoya trouver, dans le sang des animaux ma- renforts pour réprimer la révolte des lades, l'organisme pathogène (hémato- troupes soudanaises de l'Ouganda. zoaire) transporté par la mouche tsé-tsé. Les chevaux vivent fort bien dans limites de On ne connaît pas encore les l'Ouganda, mais, pour y parvenir, en dernière aux partant de la côte orientale, il faut trala région qu'occupe cette Lokodja. environs de verser, à environ Iho kilomètres de cette dernière, une région ayant une étendue SES P)QURE8 à peu près semblable, et dans laquelle foisonne la terrible mouche. On ne voit jamais la mouche tséLes officiers eurent l'idée de bartsé au repos. Elle préfère l'ombre au sod'une couche de paille, leil et se tient sur la face inférieure des der leurs chevaux laquelle fut disposée une feuilles. Sa présence se révèle par un par-dessus enduite de pétrole et d'iodoforme. bourdonnement sonore semblable à celui étoffe couche de paille avait pour objet de d'une grosse mouche, avec une intona- La certaine distance entre tion plus aiguë et plus intermittente. maintenir laune du cheval. Sans cette Mais, lorsqu'elle veut piquer, elle se pose l'étoffé et lapeau précaution, tsé-tsé aurait très bien pu si délicatement qu'on ne la sent pas atteindre l'épiderme à travers la drason suçoir secrète un alcaloïde qui en- perie. Ainsi caparaçonnés, les chevaux gourdit la plaie jusqu'à ce que l'insecte aspect des plus comiques, soit repu. On éprouve alors une douleur avaient unpoint de vue pratique, l'idée mais, assez vive, qui disparait bientôt en lais- était au excellente, puisqu'elle permit à sant une démangeaison analogue à celle les bêtes d'arriver saines et causée par la piqûre du cousin. Tout au- toutes dans l'Ouganda, ce qui n'aurait tour, la peau est rouge, un peu gonnée sauves lieu sans cette précaution. et tendue; mais ces symptômes se dis- pu avoir PAUL COMBES. sipent vite.

Gan~


Notes sur Prague /gMC est l'une des villes les Plus intéressantes de

la beauté de ses monuments, l'éclat de ses souvenirs bistoriques, le charme de sa situation a~M< en foule les visiteurs. Elle n'est cependant pas connue des Français autant qu'elle devrait l'être. Capitale de cette vaillante nation tcbèque, que notre siècle a vue renaître, et quia ~COKOMM~M à peu la Bobême, elle ne manque une occasion de proclamer ses ~M~M ~OM~ notre Pays; tout récemment encore, la création d'un consulat français lui a permis ~f les ~M~~ de nouveau. La description ~Mt~aM~ donnera à nos lecteurs une idée de cette belle capitale, et éveillera che, beaucoup d'entre eux le désir ~e connaître.

ON arrive à Prague par de vastes plaines vertes, des

/MfO/)<;

champs soigneusement cultivés, des collines couvertes de bois. Déjà sur les routes boueuses, mal entretenues, on rencontre le chariot particulier au pays s)ave. monté sur de petites roues, en forme d'un tra-

toutes les peines du monde

entendre à mon cocher qu'il a à retirer mes bagages et à me conà faire

duire à l'hôtel le plus central. Après un petit.arrêt à )'Hôte) de Saxe, je demande un guide afin de visiter la ville. Mon

homme, après

pèze renversé,

m'avoir souhaité

souvent recouvert d'une tente jadis blanche, et attelé d'un seul cheval à droite ou à gauche du timon, ce qui donne à l'équipage un singulier aspect. L'homme qui le conduit est coiffé de la casquette que nous connaissons aux Russes, plus

1

haute devant que

M

bienvenue et m'avoir exprimé au nom de ses compatriotes leur joie à l'idée de )a création d'un Consulat français en la

JJl

derrière età visière

Bohême, tout cela

dans un français très convenable, m'apprend qu'il connaît bien l'histoire de la ville et qu'il va tâcher de m'intéresser. On attribue, me ditil, la fondation de Prague à Libusa, fille de Krok, roi

tombante; à sa bouche pend une

longuepipe munie d'un profond go-

det de porcelaine. de 'Bohème, à qui Lesquelques maielle succéda et épouse du roi PreD'j/'t'«H<tO/o~fa~)'edeAf.~Mt'c/!Cf)<<. sons que l'on aperçoit le long de la mysl, lequel serait voie ferrée sont basses, d'un aspect sévère, avec leurs i'aïeul des princes et des rois tchèques; sa maison ne teintes foncées et leurs toits en pointe, faits'de petites s'éteindrait qu'en t~o6 avec Vaclav !H. ardoises et de briques plates. En sortant de l'hôtel, le premier monument qui Plus nous approchons de la capitale et plus se frappe ma vue dans la Pricope L~/ef est une be~te généralise la langue tchèque. Ici, je demande ma route tour, richement ornée de bas-reliefs, à plusieurs étages et terminée par deux flèches. C'est le PM/Mf~M)-M dont en allemand et déjà l'on me regarde d'un mauvais œil: on feint de ne pas me comprendre. A Prague, j'ai Ulice, en tchèque, signifie rue. A

TRAVERS LE MONDE.

)2' UV.

r~°

12.

25 mars tSço.


la construction remonte à 1475 et servant jadis de porte à la vieille ville, avant la démolition des remparts, dont il ne reste plus aujourd'hui que cette tour. Prague est encore divisée en Alte et Neue .S~7t~. A partir de la Pul~~&Kn;t, tout le quartier que nous traversons en droite ligne jusqu'aux quais de la Moldau, ainsi que le second qnartier qui s'étend sur l'autre rive, dominée par cette longue ligne de châteaux, composent la vieille ville. Le grand pont de pierre qui relie les deux rives est la A~b~e~ U mesure 497 mètres de long sur 10 de large et compte déjà près de 1,00 ans d'existence. La corniche de ses parapets de droite et de gauche est surmontée de trente statues de saints parmi lesquelles je signalerai celles de Saint Ignace, de Saint François Xavier, qui sont les plus anciennes la descente de croix à t'entrée du pont mérite une attention particulière le Christ est fine-

ment sculpté. Saint Norbert, Saint Venzel, Saint Sigismond et Saint Joseph sont les œuvres d'un artiste tchèque, J. Max. Nous nous arrêterons aussi un petit instant devant ce Saint Jean Népomucène, dont la tête est ornée de cinq étoiles dorées. Cette petite croix de fer et cette plaque indiquent aux passants l'endroit d'où fut précipité ce prélat, confesseur de la reine Anne, épouse de Venzel, dans les eaux de la Moldau, par ordre de ce prince, pour n'avoir pas voulu lui dévoiler la confession de la reine. La lé-

partout des blasons, des inscriptions. Si nous grimpons une de ces rues jusqu'à son sommet, nous atteignons au Hradcbin, le Capitole de Prague, que l'on voit de l'autre rive dans toute sa lonen hiver seulement

gueur. H comprend une grande place pavée, bornée au Nord par l'archevêché et ses dépendances, au Sud par le château du prince de Schwarzemberg, un grand seigneur du pays, à l'Ouest par l'immense palais de l'empereur François-Joseph. Tous ces édifices sont richement meublés et renferment de précieuses collections d'œuvres d'art de la plus haute antiquité. Le Dôme, la cathédrale, est également dans ces parages cette église métropolitaine date de 1~44 elle n'a été achevée qu'en 1385. A l'intérieur, ses murs sont ornés

de fresques datantde 1720. Son maître-autel est d'une

richesse inouïe. Dans

l'avant-cour est une petite chapelle renfermant les restes de Saint Adalbert. Derrière le Dôme, une autre église, Saint-Georges, en

style romain, d'une construction lourde, marquant bien une période d'arrêt dans le mouvement artistique de la Bohême. Plus loin, Notre-Dame de Lorette, le couvent des capucins le avec ses curiosités Strahow, cloître bâti sur le

point culminant de la ville.

Au lieu de revenir sur nos pas, poussonsjusqu'au Belvédère, la somptueuse villa style Renaissance que fit bâtir leroi Ferdinand

f épouse.

pour l'offrir à son Cet endroit justifie bien son gende prétend que le corps nom, par la beauté et la variété des points dé vue de Jean Népomucène surTOURDUPOXTCMARLEs(RIVEDM)tŒ). qu'il offre dans toutes les nagea longtemps malgré le D'~r~M7zc~/t~o~n~nc~7~.M!C~M/. directions sur la vaste courant des flots et que sa Vue d'ici, Prague tête se couronna d'étoiles. Ce prélat fut canonisé par campagne, sur la rivière, sur la ville. l'Eglise et devint le patron de la ville. Chaque année, le avec ses tours, ses clochers, ses jardins, ne manque pas [6mai, unefoulede Slaves viennentdetonsles coins de de frapper l'œil agréablement et d'exciter sa curiosité la Bohème en pèlerinage à cet endroit pour y faire leurs tous ces monuments sont pleins de souvenirs chers au dévotions au grand saint. Enfin, avant de quitter le pont, peuple tchèque; on pourrait avec chacun d'eux reconstituer presque son histoire en entier. Près du Belvédère, un dernier groupe attire l'attention de l'étranger, c'est à signaler celui qui est à l'entrée du Kleinseite ou A~i/a ~~WM. Il nous rencontrons encore quelques châteaux représente le Jugement Dernier. Sa composition est seulement par leurs précieuses collections d'oeuvres de Van Dyck, de Boller, de Rubens, de Velasquez, etc. assez étrange. Six à huit personnages tout au haut, le Père Eternel avec Saint Pierre à son côté, son livre Nous rentrons en ville par un pont suspendu, la Kaiser Fw~ BW~, qui met en communication le et ses clefs à la main; à leurs pieds, un cerf et un molosse celui-ci a l'air aussi terrible que le Turc qui, armé quartier industriel de Prague, ~w&oM, avec la ville d'un fouet, garde l'entrée d'une caverne où l'on voit proprement dite. Un dernier monument à signaler parmi les flammes des hommes se tordre dans des avant de quitter la rive gauche de la Moldau c'est le souffrances horribles. ~M~o~t'MMw, la maison des artistes de Prague, élégante Ici encore une tour moinsjolie que le PMh'Kn/< bâtisse, tout au bord de la rivière, et dans laquelle ont c'est la porte d'entrée du 7<M!<< le quartier essentiellieu souvent des concerts tchèques. Le pont est reposé qui possède lement aristocratique de Prague. Dans ses rues étroites en son milieu sur l'île du Tir, grâce à sa proxiet en pente on voit peu de magasins, presque toutes un parc bien ombragé et bien frais, les maisons sont d'anciens châteaux, la plupart habités mité de l'eau.

~M~t~,


mon guide me console de mon désappointement en me disant qu'il possède la plus belle collection d'histoire naturelle de tout l'empire, et une section ethnographique tchéco-slave fort intéressante, pouvant donner du pays une idée parfaite. La nuit cependant était tombée, et du haut des marches qui mènent à l'entrée du musée, j'ai joui d'une belle perspective toute l'avenue s'était illuminée d'un coup, les lampes électriques formaient deux longues rangées de points lumineux, éc!airant puissamment

tout le quartier. Nous redescendîmes le ~e/~M~ Mo~&~t. Les passants étaient maintenant très nombreux. « C'est l'heure de la promenade, me dit mon guide, c'est l'heure où tout ce que Prague possède de monde, bien, je constatai avec plaisir qu'il ne se est dehors. trompait pas. Les dames, les jeunes filles, les messieurs, quoique simplement vêtus, avaient un air distingué,se promenaient très convenablement, presque sans bruit, échangeant entre eux de fréquents saluts, et admirant les beaux étalages de la rue. Le Graben, qui va du Pn'eo/tf, était également Vaclavské namesti jusqu'au noir de monde. Je remarquai parmi les promeneurs beaucoup de jolies personnes, surtout dans le sexe féminin les hommes sont ici plutôt grands, et semblent doués d'une belle force physique le type bohème n'a en somme rien de commun avec le type juif; autant l'un est régulier quoique mâle, autant l'autre est tourmenté, craintif. Les juifs du reste sont en petit nombre ici; ils sont relégués dans un coin de la vieille ville, et s'y tiennent bien tranquilles, car on ne les aime guère

Et

?

'1~OVR

Du PONT CliAitLES (RIVE C.WCtlE).

D'après M)te photographie de Af. A/t'chaMt.

Dés que l'on quitte le pont suspendu, on voit à a sa gauche le théâtre national, Kralorské ceske M~o~MMo ainsi baptisé afin de bien montrer que le monument est une institution du pays, comme étant

Z~

à Prague.

était sept heures quand je rentrai chez moi, exténué il est vrai, mais content de ma journée. Je me 11

le fruit des cotisations volontaires de toute la nation. Le premier théâtre avait été dévoré par un formidable incendie en 1881. Dans un élan de générosité patriotique admirable, on réunit dans l'espace de six semaines plus d'un million de florins' pour la reconstruction de l'édifice chacun y mit du sien, avec une ardeur incomparable aussi, au bout de deux ans, acheva-t-on une oeuvre qui la première fois avait demandé treize années de travail. Le théâtre tchèque est bâti en style Renaissance, avec de fines colonnes; sa corniche est ornée dans toute sa longueur des diverses statues représentant la musique, la poésie, la tragédie, la peinture, etc.

chefs-d'œuvre des sculpteurs tchèques tels que: Shnirch, Wagner, Myslak. L'intérieur de la Ce sont des

salle est richement décoré de peintures des maîtres Zenisek, Marak, Brozik, Hynais, Tulka, etc. Son foyer ainsi que la loge impériale et son salon, sont vraiment somptueux. Le rideau est une œuvre du célèbre Hynais, qui n'est pas un étranger chez nous. Je quitte le théâtre à regret mon guide voulant me montrer le musée avant la nuit, nous prenons la F~MM~oM Ulice, toute pleine de beaux magasins, jusqu'à son intersection avec le ~ae/aM~ )MMM< une avenue d'une largeur extraordinaire, au sommet de laquelle est un édifice à dôme doré c'est le A~'«w f~Mt Boi~MM?, seconde œuvre purement nationale. Mais il est trop tard, je ne puis le visiter aujourd'hui aussi

1.

Le florin vaut plus de deux francs. A~Me~t), place, en tchèque.

TEfXKtM.HE ET PLACE

BM

MfC.

D'o~t'estt)!e~)tOio~ra~<et<<:M.M<eAa«<.


laissai tomber avec volupté dans un fauteuil et rapidement devant mes yeux je reconstituai le tableau étrange, mystérieux, que m'avait offert l'aspect général de Prague. Je l'avais visité, rapidement sans doute, mais cela m'avait suffi pour me donner de ma nouvelle résidence une idée très satisfaisante. Et le soir même je me promis de la revoir de plus près dès que je le pourrais car son ancienne réputation, ses souvenirs, son peuple, sa situation actuelle dans l'empire, tout m'intéressaitvivement en elle. J. DESPRÈAUX DE SAINT-SAUVEUR.

qui s'abattit en 1807 sur Asnières, Saint-Ouen, etc., Le ne fit pas baisser le baromètre de plus de vide central de la trombe déterminait l'aspiration violente des eaux de la mer et, par contre-coup, engendrait un raz de marée. Nos marins furent plongés dans une sorte de tourbillon aqueux, opaque, d'une puis-

io"

sance irrésistible. A midi dix. tout était fini. Le baromètre était déjà remonté de ~25" à y~S" Tout l'après-midi, on continua à voir des éclairs lointains. Le soir, l'atmosphère avait repris sa sérénité. Le phénomène a donc duré à peine dix minutes.

Les Trombes de Bizerte TLy a eu, au moi.! de novembre, à Bizerte, deux trombes fort violentesdontles particu)aritésontété consignées dans les /4MMa~ &)'~)'o~?'a~)t~:<M de la M~MM, par deux officiers de marine M. le capitaine de frégate Voiellaud et M. le lieutenant de vaisseau Bô. Le 2 novembre, vers quatre heures de l'aprèsmidi, un rideau de nuages montait du Nord-Ouest refoulant le vent assez frais du Nord-Est. Vers quatre heures, il obscurcissait complètement l'horizon. Il y avait lutte très forte, à une faible hauteur, entre les deux courants. Subitement, le voile se déchira, le ciel s'éclaircit, en même temps qu'éclatait une bourrasque violente de Nord-Ouest passant en quelques minutes au Nord et Nord-Nord-Est. Les nuages tourbillonnaient dans tous les sens. La grêle se mit à tomber, non pas menue et serrée, mais en blocs épais et énormes. Ces blocs étaient formés d'un noyau très dur, de la grosseur d'un petit œuf de poule, autourduquel semblaient être venus se souder des grêlons semblables, en nombre plus ou moins grand l'ensemble affectait une forme toute bosselée. Le poids de ces grêlons variait de 200 grammes à 350 grammes. Un grêlon de 620 grammes fut recueilli à bord du Ta/Mm~t. Un autre, tombé sur la 7!"M~ était, dit M. Voiellaud, plus gros qu'une carafe et son poids fut estimé à plus de i kilog. Près des pêcheries, on en a ramassé un qui pesait plus de i 200

grammes.

Le 17 novembre, nouvel ouragan dans la baie de Sans-Nom, à Bizerte. Chute de grêle moins abondante,

mais encore des grêlons aux dimensions extraordinaires et aux poids d'environ 800 et ooo gramm.s. Cette fois l'ouragan a été accompagné d'une trombe et d'un.raz de marée. D'abord, une succession de grains avec éclairs et tonnerre, accompagnés de pluie et de grêle menue. Baromètre haut à 'y6o" en baisse saccadée. Vers n heures 45, un roulement de tonnerre lointain (au Sud-Est) et très prolongé. A midi, la trombe arrive et projette sur le sol des grêlons de 800 grammes. Le météore a environ 906 mètres de diamètre et passe par son centre sur les navires français en imprimant à leurs baromètres enregistreurs une chute subite de 35°°', dépression inconnue jusqu'ici sur le passage des trombes. La fameuse trombe de Paris

l'augmentation de la population et des relations commerciales, le besoin s'est fait sentir dans tout l'Empire de services postaux plus rapides.et plus réguliers. En l'absence de toute organisation officielle, les maisons de commerce des grandes villes se sont syndiquées et ont ouvert un peu partout des bureaux de poste, qui se sont multipliés dans chaque ville, au point A VEC

de dépasser le nombre de 3o à Hong-Kong, celui de 200 à Chang-Haï, etc. Souvent, les syndicats d'une même province ou localité entrent en concurrence les uns avec les autres les agents de compagnies rivales vont alors de maison en maison offrir leurs services et faire leurs boniments. Comme moyen de transport pour lettres et colis, on se sert de chevaux, de mulets, à l'occasion aussi de courriers à pied on emprunte si possible la voie des cours d'eau, que les petits bateaux de poste remontent

ou descendent. Il n'y a pas de taxes fixes; les différents syndicats les élèvent ou les abaissent, suivant le nombre des demandes, la distance, le poids des envois, etc. L'affranchissement d'une simple lettre peut donc varier énormément. Avec une pareille organisation, on pourrait tout craindre de messieurs les brigands. Mais il est avec les coquins des accommodements: les brigands chinois forment des espèces de corporations qui sont cantonnées dans chaque province. Une entente, moyennant une taxe à déterminer des compagnies postales avec le chef des brigands de chaque province, met les envois postaux à l'abri de toute espèce de coup de main et même les brigands officiels de la province les défendent contre toute attaque de la part des malandrins non syndiqués et qui agissent pour leur propre compte. Outre ces services postaux organisés par les maisons de commerce, il y a des postes officielles, mais qui ne transportent que des messages impériaux, la correspondance des mandarins, etc. Le service ofHciel est sous les ordres du ministre de la guerre et coûte au Trésor des sommes fabuleuses. Enfin les étrangers ont créé dans tous les ports ouverts des agences postales à l'usage de leurs nationaux. Ce qui contribue encore à donner à la poste, en Chine, une étonnante complication.


La Concession de Changhaï La France a avec

le gouvernement chinois une diffi-

culté relative à l'extension de la Concession de C~M~N!. Nous en avons déjà dit un mot dans l'une des derniéres QueStions Géographiques notre couverture mais nous y revenons plus. en détail aujourd'hui, à la demande de quelques lecteurs.

ON désigne, en Extrême-Orient, sous le

nom de

concession les terrains cédés par les pouvoirs locaux à des colonies étrangères. A Changhaï la France tient

tion de tous les Etats ayant conclu des traités avec le Céleste-Empire, la France comprise mais celle-ci, se fondant sur les droits acquis, n'en garde pas moins sa concession indépendante. Il s'ensuit qu'elle y est restée chez elle et maîtresse absolue. Nos commerçants y élisent une municipalité qui gère les intérêts de la commune, notre Consul général y représentant le ministre des Affaires étrangères,c'est-à-dire l'Etat. Elle abrite 40 qoo Chinois, alors que la concession internationale en compte t6o ooo. On compte, d'autre part, 2 $00 résidants de race blanche dans la concession internationale et 444 dans la concession française. Notre concession est donc une sorte de petit Etat indépendant accolé, d'un côté à la ville chinoise, de l'autre à la ville internationale. Ajoutons que des Français résident sur la concession an-

glo-saxonne et que des Anglais, parcontre résident sur la concession française. Le viceprésident de la municipalité est même toujours un étranger,leconseil

une de ces con-

cessions. Nous y avons été précédés du reste, par les AngIaisetIesAmé-

rica.ins, qui s'y sont installés en !8~2, tandis que nous n'y sommes venus qu'en tS/ty.

municipal étant composé d'un nombre égal de

Les

concessions de Changhaï

sont situées

conseillers français et étrangers. La concession française a

à

côté les unes des autres et séparées par de petits cours

longtemps man-

d'eau. Elles bordent la rivière de Hoang-Pou, qui se

qué du confort que l'on remarquait dans la concession voisine. Mais les choses ont beaucoup changé depuis plusieurs années. Les rues de notre territoire sont aussi larges, aussi bien entretenues et mieux alignées que celles de la concession anglo-américaine,où

jette dans l'estuaire du Yang-TséKiang. C'est cette rivière qui forme le port de Changhaï, qui est ainsi un port de rivière et de delta avec

tous les avantages

et les inconvénients des ports de ce genre barre à

l'entrée, chenal

étroit,

mais en

revanche proximité de la mer et économie de travaux d'art. Il faut croire d'ailleurs que les avantages l'emportent à Changhaï sur les inconvénients car ce port est le plus commerçant de toute la Chine et, après Bombay, de toute l'Asie. Les concessions anglaises et américaines sont, depuis '863, réunies administrativement en une seule dite concession internationale, et placées sous la protec-

beaucoup meilleur que

la facultéd'expropriation pour cause d'utilité publique n'existait pas jusqu'aux derniers jours de l'année t8()o. L'éclairage électrique y est

sur la concession voisine, le

service des eaux, qui y fonctionnera prochainement, ne laissera rien à désirer, et on y voit même des palais commerciaux pareils à ceux de nos voisins, entre autres l'immeuble de la banque de l'lndo-Chine. Le consulat et les bâtiments municipaux ne craignent pas la


comparaison avec les établissements similaires de

l'autre côté du Yang-Tsé-Pang. Enfin dernièrementnos compatriotes ayant eu l'occasion de mettre en parallèle leurs prisons, où les lois de l'humanitésontrespectées, avec celle,s de la concession internationale, la comparaison a tourné à leur avantage, si bien que la police

du Foreign Settlement l'a reconnu dans un rapport

officiel. Voici maintenant l'origine du conflit qui s'est élevé entre le gouvernement chinois et la France. Les concessions accordées aux colonies étrangères dans les grands centres chinois ont toujours été établies en dehors des villes, sur des terrains très souvent occupés par des tombes et des cimetières. Certains de ces cimetières sont affectés à l'inhumation des indigènes provenant de telle ou telle province. C'est ainsi qu'auprès de Changhaï, il y a le cimetière des gens de Canton, celui des gens de Ning-Po, etc. Comme les Chinois, suivant leurs coutumes,

doivent être enterrés dans leur pays natal, il y a dans leurs dépôts mortuaires des quantités de cercueils qui attendent l'occasion des départs. Ces cercueils, conserves en magasin parfois pendant fort longtemps, sont des causes d'épidémies fréquentes, assez sérieuses pour inquiéter les populations voisines. Les uns après les autres, les cimetières et les dépôts de cercueils situés dans les concessions ont été expropriés sans difficuité. En 1898, notamment, un dépôt de cercueils, qui se trouvait dans la concession anglo-américaine de Changhaï, a été fermé le plus pacifiquement du monde. Un peu plus tard cependant, les gens de Ning-Po, qui avaient un dépôt de cercueils sur la concession française, se sont opposés à l'expropriation qu'on voulait faire de ce dépôt–dans lequel, soit dit en passant, on n'enterre plus depuis trente ans. En 1874, déjà, ils firent une émeute parce qu'on voulait aliéner leur cimetière. En 1808, la municipalité française ayant décrété l'expropriation, ils suscitèrent une nouvelle émeute. La corporation de Ning-Po, soutenue et encouragée par on ne sait, mais on devine quelles influences, refusa toute entente. Des marins français fu~nt débarqués pour aider'au déblaiement du terrain oont l'insalubrité était manifeste. La populace chinoise les y attaqua. Il y eut des coups de fusil, ainsi qu'une sorte de grève des débardeurs et blanchisseurs indigènes qui dépendent de la corporation. Un compromis fut alors offert par l'autorité chinoise. Puisque le terrain de Ning-Po pouvait être un éternel prétexte à échaunburées à cause de son ancienne affectation à l'usage quasi religieux de cimetière, les autorités françaises acceptèrent de s'appliquer à un échange du terrain de Ning-Po contre d'autres terrains. La question de l'extension des concessions de Changhaï se relie à l'affaire du cimetière, mais elle en est distincte. Elle a été soulevée, à plusieurs reprises, à cause du danger que crée, pour l'ordre public et la santé générale, l'agglomération de gens sans aveu qui vivent en nombre considérable sur les confins des concessions étrangères. On évalue à 200 ooo le nombre de ces vagabonds, placés uniquement sous la surveillance de la police chinoise, c'est-à-dire livrés à eux-mêmes, sans aucune loi ni règlement. Les facteurs de la poste sont dévalisés en plein

jour dans ces quartiers mal famés, où, de plus, les lois de l'hygiène sont tellement violées que des épidémies y éclatent sans cesse, menaçant la santé des Européens.

Justement émus de cette situation, les habitants de la concession anglo-américaine ont tenu divers meetings, à la suite desquels les consuls ont été chargés de transmettre une demande d'extension de la concession aux ministres à Pékin. Tout cela était fort naturel

et fort légitime. Si légitime et si naturel que, l'an dernier, au mois à de juillet, lorsque les gensde Ning-Po (irentleurémeuteà propos de leur cimetière, le consul français prit texte de ce soulèvement pour solliciter une demande d'extension analogue à celle que ses collègues avaient demandée pour la concession anglo-américaine. Mais notre consul se heurta immédiatementà la mauvaise volonté de quelques Anglais, propriétaires de terrains sur la concession française. Invités à faire enregistrer leurs titres de propriété au consulat de France, qui a seul juridiction sur la concession française, ces Anglais n'ont pas voulu admettre cette prétention très justifiée. Le gouvernement anglais a pris fait et cause pour ses nationaux, sans vouloir comprendre qu'il s'agissait d'une simple régularisation administrative, n'affectant en rien le droit de propriété des étrangers sur la concession française. L'affaire s'est envenimée peu à peu. Bref, on a vu cette chinoiserie, c'est le cas de le dire l'Angleterre et les Etats-Unis jugeant à propos de s'opposer à l'extension de la concession française, alors que leurs consuls et leurs ministres reconnaissaient cette extension nécessaire pour la concession anglo-américaine. Dans ces conditions nous n'avons pas pu nous entendre avec le gouvernement chinois, et la question de l'extension des diverses concessions de Changhaï reste entière. Mais il est singulier et regrettable qu'une affaire aussi infimeait pris de telles proportions.

Un Voyage Archéologique

dans la Mongolie Occidentale T TN de nos collaborateurs nous communique un extrait de la lettre qu'il a reçue de son ami, M. Dmitri Klementz, conservateur du musée d'ethnographie de l'Académie des sciences de Saint-Péters-

bourg.

M. Klementz, né en 1849, est Russe, malgréson nom allemand. Il a fait ses études supérieures à l'Université de Saint-Pétersbourg. Ayant, il y a quelque trente ans, pris part à un mouvement politique, il fut

obligé de faire un séjour en Sibérie. Bientôt après son arrivée dans le pays, il se voua entièrement aux

recherches archéologiques et géologiques. Attaché à une expédition scientifique, il a su montrer ses


solides qualités d'homme instruit, intelligent, tenace et persévérant, et il fut ensuite chargé de missions indépendantes. Pendant plus de 13 années, il a passé la majeure partie de son existence en Mongolie, vivant de la vie des Mongols, ayant appris leur langue et s'étant tellement assimilé leurs us et coutumes, qu'il a fini par être regardé par les indigènes comme un des leurs. Entre temps président de la Section sibérienne de la Société de Géographie russe, Klementz a reçu, il y a quelques années, une médaille d'or de la Société, pour ses nombreuses explorations, et depuis deux ans il remplit les fonctions de conservateur au Musée ethnographiquede l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg.

D.

« Mon cher « Je suis rentré, il y a à peine une quinzaine de jours, d'un voyage d'expédition que j'ai fait en Mon-

golie occidentale. « Je n'avais nulle envie de voyager en ;8c)8: mes incessantes pérégrinations de 1883 à ;8c)y se faisaient sentir et je n'aspirais qu'au repos. Mais les nouvelles, de plus en plus fréquentes, arrivaient à l'Académie des sciences, établissant que la région au delà du ThianChan était riche en antiquités bouddhiques. Les renseignements apportés par Roborovsky, tout en étant contradictoires et superficiels, ont mis l'Académie en appétit. Il a été décidé de faire une pointe dans le pays en question, et j'ai été chargé de la mission d'aller, à 4000 kilomètres de Saint-Pétersbourg, pour, en six mois, remplir les blancs laissés par mes prédécesseurs. Ma femme, compagnon constant et inlassable de tous mes voyages, de Iakoutsk au Thian-Chan, a été attachée à mon expédition. « Nous avons traversé l'Àttaï (atlas Schrader, carte 44) et nous nous sommes engagés dans le Gobi en suivant un itinéraire tout à fait nouveau. De Goutchen (44, E, c) où nous sommes arrivés, et d'où j'ai fait plusieurs excursions pour explorer la région avoisinant le Bogdo-Oulaun des plus hauts sommets duThian-Chan oriental, nous sommes descendus dans la dépression de Tourfan, au delà des Monts Célestes. Nous sommes revenus à Saint-Pétersbourg par Ouroumtsi, Tchougoutchak (D. b), Semipalatinsk, etc. « Voici les principaux résultats de ma mission « t° J'ai capturé deux chevaux sauvages (equus P~~tN~K') et un âne sauvage (equus hemionus) que j'ai laissés hiverner dans les monts Altaï pour les habituer aux hommes 1. « 2° J'ai trouvé dans le Gobi un aérolithe monstre qui servait d'objet de culte aux indigènes. « 3° Egalement dans le Gobi, j'ai trouvé des restes de faune carbonifère. « Le Thian-Chan, entre Ou roumtsi et Tourfan, présente des plissements formant une chaîne double. La dépression de Tourfan est profonde, maispasétendue c'est un plissement de couches tertiaires entre le ThianChan et le Tchol-Tagh. «Au delà du Thian-Chan, j'ai découvert des restes t. Pour bien montrer l'importance extraordinaire de cette triple capture, nous rappellerons au lecteur que jusqu'à présent on ne possédait en Europe que trois chevaux sauvages empaillés, tués le premier par Przevalsky,deux autres par l'auteur de la lettre. Note de la Réd.

de la civilisation bouddhique, temples taillés dans les rochers, couverts de dessins et d'inscriptions. Ces dessins et ces inscriptions montrent que les habitants de la contrée étaient,. à cette époque, adeptes du PetitVéhicule et non pas du lamaïsme thibétain. Les peintures indiquent les traces de deux influences l'une venant de Chine, l'autre de l'Inde. « Le Thian-Chan devient également intéressantau

point de vue commercial outre les mines de houille assez abondantes que l'on connaît depuis longtemps, on y trouve du naphte. Dans les monts Djaïr, les Russes et les Chinois exploitent quelques mines d'or. « II y a deux mille ans, les habitants du pays s'occupaient de l'agriculture il y avait là des villes florissantes et plusieurs Etats indépendants. L'histoire compte peu de régions aussi mal dotées du Nord et du Sud elle était. pillé par des nomades la Chine, de son côté, y étendait ses mains crochues. De notre temps y régnait Yakoub-Beg; les Chinois, en le combattant, ont tour à tour saccage le pays. Maintenant encore, les révoltes périodiques des Dounganes, fomentées par les Chinois, ne permettent pas au pays de se reposer. En le parcourant, on voit partout des villages vides d'habitants, des champs sans culture. « Les Chinois sont décidément maîtres dans l'art de faire perdre patience aux gens les plus calmes, les plus pacifiques. Il ne se passe pas d'année sans qu'il y ait quelque part une révolte ou une insurrection. Les Dounganes qui vivent au pied du Thian-Chan ont été parmi ceux qui ont eu le plus à souffrir de cet état de choses pas plus loin qu'en 1894, après une révolte qui s'est produite à Marias (D. c). la plupart des révoltés, expédiés en masse au Lob-Nor (E. d) ont laissé leurs os dans le désert qu'ils avaient à

traverser. »

~/Ma?Mc/: des Sports pour

i8o<:) (t'" année) publié sous la direction de M. Maurice Lendet, i vol., librairie Paul Ollendorf, prix: i fr. 25. IL L y a dix ans seulement le petit livre, que M. Maurice Lendet intitule trop modestement .Almanach des Sports, n'aurait eu qu'un succès des plus restreints. Combien de personnes en France s'occupaient alors du sport ? Une minorité. Mais il n'en est plus de même aujourd'hui. A l'imitation d'autres peuples et principalementde ces Anglo-Saxons que M. E. Dëmotins nous donne comme modèles, les Français ont fini par comprendreque pour être des hommes d'action il fallait avoir des muscles solides. Les exercices physiques se développent chez nous avec rapidité. Nous abandonnons le système d'éducation dans lequel on ne s'occupait que de la tête. Et les sports~sont maintenant en honneur. L'Almanach de M. Maurice Lendet vient donc à son heure. Cet ouvrage est d'ailleurs plus qu'un almanach,et tout comme l'almanach aujourd'hui célèbre de la maison Hachette il en est un sorte de catéchisme de l'éducation nouvelle cyclisme, automobilisme, épée, fleuret, gymnastique, tirs, hippisme, chasse et pêche, yachting, golf, foot-ball, lawntennis, alpinisme, tourisme,- etc., tels sont les sujets qui y sont traités par des écrivains de marque.

Th. Bentzon.

Nouvelle-France e/ ~VoKfcMe-~M~/e/erre.

Notes de voyage. vol., Calmann-Lévy, prix

3

fr. 5o.


TVfEfGMG~P/~C~L JOUHN~~

Acclimatation des Européens dans tes Contrées tropicales ,Et;RorE menace de se trouver trop petite pour le chiffre de sa population la zone tempérée elle-méme, au bout d'un certain nombre de générations, pourrait bien être trop étroite pour l'humanité civilisée, qui commence à jeter les yeux sur les immenses espaces intertropicaux dont elle a pris nominalement possession, mais qu'elle hésite encore à aller peupler. Le docteur Westenra Sambon, l'auteur de l'article que nous analysons, voudrait l'affranchir de cette crainte, et s'élève avec force contre des préjugés qui datent de l'enfance de la géographie et de la médecine, et qui se sont si bien enracinés dans l'esprit des populations, que des savants eux-mêmes les partagent encore. On dit entre autres ~.e climat des tropiques est mortel aux Européens. M. Sambon fait d'abord remarquer qu'il n'y a pas un climat tropical mais mille, qu'il règne sous l'équateur la plus grande variété de température les conditions de salubrité ou d'insalubrité, la succession de la chaleur et du froid, des pluies, des vents, subissent également des modifications extrêmes,suivant l'altitude, la nature des eaux, la distribution de ces mêmes eaux et des terres, la présence ou l'absence de forêts, etc. Il est donc absurde de condamner en bloc toute une zone où il y a tant de contrées dont le climat est, sinon identique à celui de l'Europe, au moins très favorable aux colons européens. D'ailleurs, par climat tropical on entend à l'ordinaire chaleur excessive, et l'on se figure immédiatement anémie, fièvre jaune, malaria, et autres maladies soi-disant causées par la chaleur; ce qui est un autre préjugé, par parenthèse, ces maladies, même les coups de soleil, ayant une origine microbienne,dont la chaleur peut favoriser le développement, mais comme tout autre agent. Supprimez, par une hygiène bien entendue, la cause directe de ces maladies, et surtout l'affaiblissement du corps par la paresse, la débauche, l'alcoolisme, et la chaleur deviendra inoffensive. Les Européens eux-mêmes sont très capables de supporter les plus hautes températures, témoin les mineurs, les chauffeurs, les boulangers, les fondeurs, etc. Les marins qui naviguent sous toutes les latitudes, ne s'en portent pas plus mal ou, s'ils souffrent du vomito negro, de la malaria, etc., ce n'est pas la chaleur, ce sont les aliments, le voisinage de côtes marécageuses, etc., qui en sont la cause incontestable. La preuve que le climat n'est pas une cause, mais seulement une condition variable de santé ou de maladie, c'est que les mêmes pays peuvent passer, suivant leur état de culture ou de civilisation, par tous les degrés de salubrité ou d'insalubrité. La Gaule, pour les Romains, était une véritable Sibérie; la vallée du Rhône, en Suisse, a vu disparaitre radicalement le crétinisme partout où ont triomphé la propreté et l'hygiène. La lèpre a disparu de l'Europe. Et inversement, certains pays sont maintenant en proie à des maladies qui sont d'importation récente., Ce n'est pas la chaleur qui dépeuple certains pays tropicaux, ce sont les bêtes venimeuses, petites ou grandes, depuis le microbe et l'infusoire jusqu'au serpent à sonnettes. Conclusion une exacte connaissance de la géographie pathologique, science encore dans l'enfance, l'assainissement d'une contrée par la culture, le drainage, le reboisement, etc., la tempérance, une sérieuse hygiène, et le soin de conformer ses habitudes, ses mœurs, ses travaux, aux divers climats, permettraient aux Européens de se répandre impunément dans la majeure partie des contrées tropicales. On dit encore que les blancs transplantés sous les tropiques perdent leur fécondité, s'éteignent au bout de

L

trois générations,'etc. Les faits se sont chargés de démontrer l'absurdité de ces opinions les Espagnols, dans leur pays, ont 37 naissances pour ooo habitants, et 41 pour mille à Cuba. Les Français, 26 pour mille en Europe, et 4< pour mille en Algérie. Quant aux robustes Anglais, Hollandais, Américains, Scandinaves qui sont nés dans les colonies, où leurs pères et leurs grands-pères sont nés, ils sont la preuve vivante que la vitalité des blancs prospère sous les tropiques comme sous la zone tempérée. L'U.VIVERSO

L'Instruction primaire en Italie Milan, décembre 1898. gouvernement italien vient de faire paraître un rapport L officie) sur l'instruction primaire en Italie pendant l'année 1895-96. Nous y relevons les chiffres suivants Il y a en Italie 2 8)3 asiles d'enfants fréquentés par 3t? n? élèves; 59 526 écoles élémentaires de jour, tant publiques que privées, avec 3 58q 423 élèves; 4 68? écoles du soir ou du dimanche avec )5; 069 élèves 214 écoles supérieures de jeunes filles avec 7 3tg élèves, et enfin 148 écoles normales. Soit un total de 3 089 38o élèves. Des provinces italiennes, c'est la Lombardie qui possède le plus d'asiles d'enfants (832 pour 86 385 élèves), et la Sicile le moins (63 pour 3 )64 ~mMM!'). Pour les écoles primaires publiques, le Piémont vient en tête avec 8 407 écoles et 403 73t élèves. La Lombardie en a 8 o6o avec 433 o37 élèves. Tout au bas de l'échelle vient la Sardaigne < 029 écoles et 42 455 écoliers. La population du royaume étant de 31 )0[ 765 habitants, cela fait pour chaque cent mille habitants 9 asiles d'enfants, 162 écoles primaires publiques, 9 écoles du soir, 0,69 écoles supérieures et 0,48 écoles normales.

y

A~E REVUE

La Situation

de l'Industrie horlogère en Suisse i ')NDUsrR!Enationale de ce petit pays, par suite de l'abais-

sement des salaires et des prix, ainsi que de la concurrence américaine, subit une crise. Plusieurs branches de cette industrie ont déjà cessé d'être cultivées. En )89;, la Suisse exportait 4 35o ooo montres représentant une valeur de <o3 millions. En 1897, pour gagner cette même somme, elle devait exporter 5 485 ooo montres. La valeur des montres a ainsi diminué d'un quart. D'après les documents fournis par le bureau fédéral de statistique commerciale, que nous relevons dans la revue italienne, l'exportation des montres en or et de précision aurait été d'une valeur de 36 )22 700 francs en ;897, et de 37 784 526 francs en 1898. Les montres d'argent, dans ces deux années-là, se seraient exportées pour 37 938 889 francs et 38 [55 887 francs celles de nickel, pour t6 789 3oi francs et 16 575 6) < francs. L'exportation de l'horlogerie suisse dans l'Asie orientale avait été exceptionnellementforte en [895 et 1896; elle a diminué notablement en ;897. Il en est de même pour l'exportation en Russie, sauf celle des pièces séparées, rouages, cuvettes, etc. En revanche, elle a augmenté pour l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie,l'Italie et la France. En somme, la valeur totale de l'exportation horlogère suisse a augmenté ces dernières années, malgré l'abaissement des prix 36o francs par kilog. en 1898 contre 548 francs en <8<)6. L'importation, par contre, a diminué.


Notes sur la Côte d'Ivoire Z.M <-0/0/MM de

M/C~M~M~ à f/M~/ef. la GMtMM~M~~Me,~OM< le ~fe/0/M.~ est si

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APRÈsigjoursdetraverséeenviron,unbâttmentvenant

de France peut

mouiDer devant Grand Bassam. Grand Bassam est le chef-Heu delà Côte d'Ivoire, c'est !à que réside le gouverneur et que sont centra)isés tous les services. Les maisons de com-

merce

//J'

fait une large tache brune sur la bande de sable iaune. Les habitants de la Côte d'Ivoire sont connus sous le nom générique de Bushmans Ce nom de Bushmans ou de Bochimans,

indiquerait,

d'après Fritsch

ont

également

à

non pas

des

Grand Bassam

hommes de

principale. De la mer, ce pays fait l'effet d'un de ces petits trous pas chers

mais une race intermédiaire entre le singe

broussailles,

leur maison

et l'homme.

Toutefois

qu'on rencontre encore sur les plages normandes ou

bre-

tonnes.

Une

ce

Bushmanss

n'est employé que pour les hommes de la forêt, et un indigène de la

belle plage de sable

fin, sur la-

Côte se croi-

quelle la barre du golfe de Guinée vient se

rait

briser, paraît au

S:Qi'is`£ DS',

premiér

1:{Rm'M. pl'

ICROi'A1C\

D'après «);e phorographie de

plan, puis derrière s'élèvent les habitations européennes, habitations coloniales qui ont plus d'un rapport avec les chalets des villes d'eaux. Des mâts de pavillons, en haut desquels flottent des drapeaux, donnent un air de fête à cette petite ville, et, en effet, n'est-ce pas fête, puisque c'est l'arrivée du courrier de France, du bateau qui arrive de la Patrie ? Dans le fond un rideau de verdure épais et compact, c'est la grande forêt qui commence sur la droite une éctaircie c'est la lagune qui s'évase pour recevoir le Comoé. avant qu'il se jette à la mer. Près de ce fleuve, le village. noir s'est établi et A TRAVERS

terme de

LE MONDE.

;3* LIV.

insulté d'être traité comme

A\111R(11'I11·IIAGFC~

M. f.~OMce

gravement

tel.

Forgeas.

D'ail-l-

leurs les noirs de Lahon à Assinie sont en majorité des Appoloniens, race active, commerçante, traitant des affaires non seulement avec l'Européen établi dans le pays, mais avec de grandes maisons d'Europe, principalement d'Angleterre. Ces Appoloniens sont intelligents, travailleurs, et pourraient être appelés les Kabyles de la Côte Occidentale. A partir de Lahdu, nous trouvons une autre race, les Kroumens. Ce sont des hommes vigoureux, bâtis eh athlètes. Ils ont de la gaieté, un excellent caractère et sont toujours disposés au travail. Ce travail est spécial il consiste à s'engager sur les bateaux qui

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~3.

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t8q().


lagunes, autant de vapeurs différents il serait donc intéressant de réunir toutes ces lagunes entre elles. Le travail ne serait pas excessif, par la raison qu'elles se trouvent reliées par des marigots qui sont navigables, pendant la saison des pluies, pour de petites pirogues. Il n'y aurait donc qu'à agrandir le chenal. Point ne serait besoin d'outils spéciaux, de machines compliquées; des bras seuls suffiraient; mais il ne faut pourrait La chaleur de ce pays n'est pas ce qu'on des blancs travaillent cette terre vierge, hupas que chaud Le mois le plus croire la moyenne est de 27°5. mide et pleine de miasmes telluriques. plus le de mai, 2~1 celui de est avec une moyenne On a commencé à tracer des routes dans l'intéfroid est octobre, avec 25°9. rieur je citerai celle de Daboisu à Zaranou et celle de Dabou à Tiassalé. Ces routes aideront les caravanes L'humidité constitue l'élément capital de la clià descendre vers la côte, et elles devieniront une arme matologie africaine. Les orages sont accompagnés de précieuse de civilisation, en développant le compluies très abondantes dont les pluies d'Europe ne peumerce. Celui-ci se vent donner aufait sur la côte et cune idée. principalement à Sous l'équal'embouchure des teur et la région rivières: ainsi équatoriale, la disAssinie, au continction des saifluent des lagunes sons est basée sur Aby et Tendo; le régime fluvial Grand Bassam, à de ces saisons il l'embouchure du y a donc la saiComoé Grand son sèche et la Lahou, à l'embousaison pluvieuse chure du Bandac'est celle-ci qu'on ma. Sur la côte nomme hivernaOuest, le poste de ge. L'hivernage Sassandra, situé à correspond à la l'embouchure de saison la plus la rivière du même chaude, et a lieu nom, commence de mai en août. à prendre une cerGRANDBASSAM. Les brouillards s taine extension, et L. ~~r~c~. L'après H~e /)/)(3/o~ïe f~c épais sont alors Bliéron, à l'emtrès fréquents. Un bouchure du Cavally, est désigné pour devenir le vent soufflant du ~ord-Est et nommé l'harmattan a centre d'un important trafic. La poudre d'or sert à la précieuse faculté d'assainir la région. l'échange des marchandises dans plusieurs endroits. Dans la matinée, le temps est froid et très En donnant la précieuse poudre, les indigènes rehumide; l'après-midi, la température est très élevée et çoivent des tissus, du tabac, de la poudre, etc. l'air très sec; ces alternatives d'humidité et de sécheLe commerce principal est l'huile de palme et le resse, ces grandes variations diurnes de température bois d'acajou, qu'on exporte par quantités considérasont très dangereuses pour la santé des Européens. bles. Depuis quelques années on fait également du La caractéristique du sol est une côte basse où caoutchouc, et je crois ce produit appelé à être d'un creusé lagunes des chemin frayé et la mer s'est a un rendement productif d'ici peu de temps. dont la configuration et l'étendue dépendent des acciLa nourriture pour l'Européen est assez monodents du sol. « Ces lagunes s'isolent de la mer par tone l'éternet poulet d'Afrique, hélas! si connu des l'accroissement des digues naturelles que le flux ensable voyageurs, est la base de l'alimentation. continuellement; elles s'alimentent de cours d'eau plus La viande de bœuf est plutôt rare. La colonie est ou moins importants qui s'y déversent de l'intérieur. Leur présence ou leur absence font varier considérablepeu riche en race bovine; ainsi, c'est la Guinée française qui fait l'envoi à Grand Bassam des animaux ment les conditions climatériques des localités. C'est de boucherie destinés à la consommation de la colonie. aux lagunes que le climat de la Côte d'Ivoire doit, en Ailleurs, il est bien difficile de tuer un animal pour grande partie, son insalubrité. La côte de Guinée est deux ou trois Européens, la viande ne pouvant se cond'ailleurs l'une des régions les plus insalubres du monde. » (Docteurs Nicolas et Lacaze.) server. On trouve assez facilement du poisson. Les Les lagunes ont l'immense avantage d'être les lagunes, les lacs et les rivières sont, pour les noirs, seules voies de communication malheureusement ces un vaste champ d'exploitation pour toutes espèces de lagunes nec ommuniquent pas entre elles ainsi Assinie pêcheries. Les Jack-Jacks pêchent de préférence en dont la est séparé de Grand Bassam, Grand Bassam est séparé de mer, montés dans une légère pirogue; ils vont. ainsi lagune a 120 kilomètres de longueur deux par deux à plusieurs milles au large, munis d'un Grand Lahou. Ces lagunes sont parcourues par les bambou dont l'une des extrémités est garnie de flèches vapeurs des maisons de commerce, mais autant de

passent et à faire à bord les travaux qu'une chaleur étouffante rend trop pénibles à nos équipages. Ce sont eux qui forment les équipes destinées à passer la barre. Leur élément est l'eau à terre, ils ne sont bons à rien mais à terre ou sur mer ils ont deux graves défauts ils fument à outrance et s'enivrent de gin et de mauvais rhum.


pent du bananier ou serpent vert,t'éiaps, l'échidnée et le serpent minute. En raison du nombre des reptiles, on peut dire que les accidents sont très rares. En effet, dangereux ou non, le ser-

pent fuittoujours. Il faut, pourêtre piqué ou mordu, mettre le pied ou la main sur un serpent, ce qui arrive surtout sur les plus petits, qu'on ne voit pas mais, je le répète, au moindre bruit le serpent, quel qu'il soit, disparaît. La Côte d'Ivoire est également le pays des singes le chimpanzé, le gorille, le capucin, le singe hurleur, le

tamarin, le pain à cacheter et bien d'autres espèces vivent dans la forêt; il n'est pas rare d'en rencontrer de Y. aies

bandes le long des lagunes, au milieu des palétuviers. En dehors des insectes, D'après M/je /<o~'r~t~ de M. L. Fargcas. tels que le cancrelat et le moustique, fléaux de toute terre tropicale, il en est d'autres qui règnent à l'état permanent autour des en bois dur; ils voient le poisson à travers les flots et l'atteignent avec le trident lancé d'une main sûre. Ils lieux d'habitation et même dans les maisons tels les à pêchent aussi l'épervier, fabriquant et réparant leurs araignées, les cousins, les maringouins et la chique. filets eux-mêmes. Il n'est, pour ainsi dire, pas un Européen qui n'ait Dans les lagunes, on recueille des mollusques ce eu à souffrir de ce dernier insecte, qui pénètre dans sont les huîtres du manglier bien préparé, ce mets les chairs du pied, y grandit et y pullule. Il est sage n'est pas désagréable. de se faire examiner les pieds tous les matins par le L'igname ou varan est agréable à manger; cerboy, qui, à l'aide d'un bambou effilé ou d'une simple taines races de singes sont également bonnes. épingle, extirpe avec habileté le moindre embryon de chique. Un peu d'alcool ou de teinture d'iode cicaLa chair du crocodile est d'une blancheur mertrise la plaie. veilleuse, mais, en raison de sa violente odeur de musc, elle est immangeable. Le soir, on voit souvent voltiger des mouches à feu, des papillons phosphorescents, des lucioles surIl y a de nombreuses espèces d'oiseaux, malheureusement presque toutes se nourrissent de poissons, et il tout au-dessus des marécages c'est par nuées que cerfaut être affamé pour y goûter. taines nuits ces insectes remplissentl'air, et le spectacle n'est pas banal. Voulez-vous connaître le prix des choses? Le poulet vaut i franc invariablement, un beau poisson Bien que le pays soit couvert d'une éternelle forêt, 50 centimes, la viande de boucherie est vendue par on rencontre sous la brousse des coins admirables où la l'administration à Grand Bassam au prix uniforme de nature a prodigué ses merveilles dans la végétation kilogramme. c'est constamment la gamme du vert, couleur douce 2 francs le Pour les légumes, il faut s'approvisionner à bord et agréable et bien faite pour réconforter l'Européen, puisque c'est la..couleur de l'espérance. des paquebots de passage une caisse de pommes de terre de 12 kilogrammes vaut 10 francs, une caisse (A suivre.) LÉONCE FARGEAS. d'oignons ( 15 kilogrammes) vaut 12 francs. Les seuls légumes, et on ne les cultive malheureusement pas d'une manière permanente, sont les choux, les salades et les radis. Les choux poussent avec quatre feuilles comme la rose des vents, une dirigée à chaque coin de l'horizon; les salades restent MISE A L'EAU D'UNE

t'!ROGUE:MAUVA[5EBARRE.

toujours vertes, et les radis poussent en longueur. Car ce qui manque le plus, c'est la terre végétale, l'humus; on n'a guère que du sable. Les nègres mangent de tout, bien que chacun ait son animal fétiche auquel il ne touchera jamais. Ils sont très friands particulièrementdu chien, et ils sont venus une fois m'offrir une once d'or (p6 francs) de

mon chien, le fidèle Pipa. Quelquesespèces de serpents sont également comestibles du reste, la Côte d'Ivoire est bien le pays des serpents par excellence. Le boa, la vipère cornue, le trigonocéphale. le serpent noir, le naja sont les plus communs. Les plus venimeux sont les plus petits, le ser-

MAISON DE LA YOSTE ET DE LA DOUAYR.

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MH€~(3/o~ï/c~e.

Z.. 7~f?r~MS.


La Navigation et le Commerce de la France en 1898 commerce de la France (importation et exportation réunies) s'est élevé, pendant l'année t8o8, à

TE

7879362000 francs;

il

avait donné, pour l'année

précédente, 7553 570000 francs. Il y a donc eu, en t8a8, un chiffre d'affaires plus élevé de 325 millions de francs. Les importations sont montées à 4 milliards 376105000 francs, et les exportationsà 3503 167000~. Si nous comparons les chiffres de 1808 à 1807 nous voyons que, dans les importations, ce sont les objets d'alimentation qui donnent la plus forte augmentation (soit 443 millions); la mauvaise récolte de 1807 a nécessité des achats considérables de céréales à l'étranger, et c'est la principale cause de cette énorme plus-value. Les objets fabriqués importés donnent aussi un chiffre plus élevé (soit tSgoaooo), montrant ainsi la concurrence de plus en plus vive que nous supportons sur nos propres marchés. Les matières nécessairesà l'industriedonnent seules une diminution de 4 1 665 ooo fr., mais cette réduction même indiquerait un ralentissement dans l'industrie nationale, puisque nous recevons de l'étranger la matière nécessaire à un grand nombre d'articles que nous réexpédions ensuite. Saufpour les colis postaux, où nous relevons une augmentation de 44582000 francs, tous les autres chapitres de l'exportation sont en diminution. Le mouvement de la navigation s'est élevé en t8a8 (entrées et sorties réunies) à 26 610 058 tonneaux, en augmentation de 336685 tx sur l'année :887, qui avait donné 25 273 373 tonneaux. Voici quelle a été, à l'entrée et à la sortie, la part des pavillons français et étranger Pavillon français. 4480 )66tx étranger. 11 458 940 tx

Total.

f5 c)~c) 106

tx

4 469 566 tx

to

457 568

<4 Ç2y

tx ~4 tx

SORTIE

Pavillon français.

étranger.

Total.

281 tx 6 499 671 tx

4

[yt

10 67o 952

tx Total général. 26 610 058 tx

4

~48~4tx

99~ 865 tx [0 346 2~9 tx 5

252~3 373 tx Malheureusement l'augmentation de < ~668$ tx constatée pour iSc~porteexdusivementsurle pavillon étranger, car si les navires français donnent en plus 10 6oo tx à t'entrée, ils perdent par contre lyyoc)~ tx à la sortie; les navires étrangers sont en augmentation oo t ~72 à l'entrée et 501 806 à la sortie. Si l'on

de

65,

qu'on envisage seulement la navigation de concurrence, c'est-à-dire la navigation avec l'étranger, pays d'Europe et pays d'Europe, on trouve qu'elle a donné 22 899 305 tx en 1898, ainsi répartis 5 '44 499 tx au pavillon français et 17 754806 tx au pavillon étranger; pour l'année précédente, on relevait 21501828 tx (5 a[c) 540 tx par navires français, 16 291 288 tx par navires étrangers). Les chiffres qui précédent démontrent donc que le pourcentagedu pavillon français pour la navigation de concurrence est tombé de 24,24 o/o à 22,40 o/o et que celui du pavillon étranger est passé de 75,76 o/o à 77,52. Ce qui, en langage vulgaire, revient à constater que plus des trois quarts de notre fret est enlevé dans nos ports par les navires étrangers et que cette proportion a une tendance à augmenter. Or, on a calculé que tous les ans une somme de 300 millions était ainsi payée comme fret français aux armateurs étrangers. La décadence de notre marine marchande est ainsi rendue palpable. Mais on ne peut s'éterniser dans une situation si critique. Il faut s'efforcer d'aboutir au relèvement de cette branche de notre activité nationale. Une ligue s'est créée dans ce but sous le nom de « Ligue maritime française ». Elle devrait grouper, au plus vite, tous les bons citoyens, c'est-à-dire tous ceux qui ont à cœur l'avenir du pays.

t897

1898

ENTRÉE

veut avoir le pourcentage relatif des navires français et étrangers, on trouve que la part du pavillon français n'estque~2,5:0/0, tandisque celle du pavition étranger s'élève, par conséquent, à by,4C) o/o; pour l'année t8py ces chiffres étaient respectivement 32,80 o/o et 0/0. C'est-à-dire, malheureusement encore, que la proportion du fret français pris dans nos ports par les pavillons étrangers va en augmentant. Et même convient-il de dire que les chiffres cidessus ne donnent pas une exacte physionomie des choses; il entre, en effet, dans ces totaux, soit des navires de la grande pêche, soit 'des navires faisant le cabotage entre la France et l'Algérie, lesquels navires ne peuvent être, d'après la loi, que des navires français. Si l'on met à part ces navigations spéciales et

L'Administration de l'Ancien Soudan Egyptien ~tous avons déjà parlé de la convention anglo-égyp-

tienne du 19 janvier dernier, qui a fixé la limite Nord du Soudan au 22° latitude Nord, et qui y a ainsi compris les territoires de Ouadi-Halfa et de Souakim. Nous pouvons ajouter que le pays est divisé en quatre districts de première classe et deux de seconde classe. Les premiers sont ceux d'Omdurman, de Sennar, de Kassala et de Fachoda. Le district d'Omdurman s'étend sur le Nil Blanc jusqu'à Abou-Hassa, et sur le Nil Bleu jusqu'à Abou-Haras.


Le général Liebert a affirmé avec force que le plus précieux capital de l'Afrique Orientale est encore l'homme, et il importe de repeupler les districts voisins de la côte, que'la traite des nègres a rendus déserts.

Les Colonies Allemandes l'Afrique Orientale Allemande, maFjor général Liebert, séjour en vient E

gouverneur de

qui de faire un Europe, a développé, dans des conférences données 'au mois de janvier dans plusieurs villes de l'Allemagne, ses principes en matière de colonisation. A son avis. l'état de Drosoérité et l'expansion actuelle des colo-

nies

On pourrait le faire en y transportant un certain nombre de tribus des districts trop peuplés de l'ouest de la colonie. Le pays que gouverne le général, et qui est deux fois plus vaste que l'Empire allemand, jouit, maintenant d'une paix absolue, placé sous la sauvegarde de des officiers allemands. t 500 askaris commandés par La population blanche est de 022 àmes, dont 586 sur la côte et 336 à l'intérieur. 11 y a to6 femmes et 23 enfants, 85 commerçants et 6) planteurs. Onze compagnies y possèdent 23 plantations, dont 8 sur la côte, i dans le Boudiland et 14 dans les monts Uusambara.

allemandes

Le conférencier, en termi-

sont loin d'être dignes de la grandeur et de la puissance de l'empire.

nant, a

allemands, qui peuvent avoir

tion européenne des colonies allemandes en Afri-

pt3

habitants, dont 2

i82 Allemands.

Les forces mili-

taires se composent de 962 AHemands et de 2 0500

hnmmoc ~P cnn_ leur on le voit, ce

n'est là qu'un noyau, qu'un

embryon colonial. Après avoir rappelé tous les services que les savants allemands qui se sont transportés dans ces colonies ont déjà rendus à la science et à l'humanité, le docteur Koch, le professeur Chun, les explorateurs allemands en Afrique, entre autres, le général Liebert parle plus spécialement de l'Afrique Orientale Allemande, qu'on n'a pas estimé à sa valeur comme colonie de culture. D'après les prédécesseurs de M. Liebert, un dixième seulement de la colonie serait cultivable, et les

un

chaleureux appel, soit aux colons, soit aux capitaux

La popula-

que est de

fait

g/to formeraient une steppe sans avenir. C'est

tout à fait inexact d'après lui, les rapports seraient de steppes à terre cultivable dans la proportion de 3/5 à 2/5. Ce pays forme un vaste plateau coupé de vallées, et d'une altitude moyenne de ooo à 2 ooo mètres. Le district d'Ousambara, sur le cours du bas Pangani, dépasse cependant cette hauteur. Des plantations y prospèrent sur une assez grande échelle et offrent les plus sérieuses garanties d'avenir. Ce qui manque à l'Ousambara, comme au district de Ngourou et d'OukamiégaIementmontagneuxeteloignés de la côte, c'est une voie ferrée qui en assurerait le rapide développement. Dans les montagnes schisteuses on a trouvé de l'or, avec des chances d'avoir mis la main sur des terrains aurifères d'avenir. Les districts de Rouanda et d'Ouroundi, entreles lacs Victoria et Tanganyika, sont bien cultivés et peuplés de 2 ooo ooo d'habitants. Du reste, d'une manière générale, la colonie est plus peuplée qu'on ne le croit communément.

pleine confiance dans l'avenir de l'Afrique Orientale. D'après un mémoire présenté au Reichstag, les coloniesafricaines allemandes, dans les années tSpyo8, ont été durement éprouvées par des épidémies sur gens et bêtes le Sud-Ouest Africain et le Togo, en particulier, ont vu ainsi leur avenir compromis pour de longues années. Cependant, au Togo, même pendant ces années de crise, les centres principaux n'ont pas cessé de se développer. Le chef-lieu, Lomé, continue à attirer près-. que tout le commerce des caravanes de cette vaste région. Des 112 Européens fixés au Togo, 51 demeurent à Lomé. Après Lomé vient Petit Popo, à l'Est de la colonie, avec 37 Européens. Le commerce a souffert de la sécheresse de J'année 1897, de sorte qu'il y a eu diminution sensible, sinon décourageante, dans le chiffre des exportations. L'année suivante ayant été au contraire très pluvieuse, on espère que les mauvais effets de la sécheresse vont être conjurés. Malheureusement une crise plus grave frappe la population et le protectorat la malaria. La moitié des Européens en soufécoliers nègres en sont atteints frent aussi 60 malades blancs ont été soignés de ce chef, dans l'année 1898, à l'hôpital Nachtigal cela fait plus de la moitié de la colonie européenne. Des mesures hygiéniques très sévères ont été prises vaccination obligatoire, surveillance des conduites d'eau potable, commissions d'inspection de la propreté des maisons d'habitation, etc. Espérons que ces mesures auront leur effet. Dans l'Afrique Orientale Allemandec'est l'agriculture qui est en souffrance les sauterelles ont dévasté en particulier les districts de Bagamoyo et de Pangani.

i


Les rizières et les

plantations de canne à sucre

ont été également abîmées par le fléau. La peste bovine sévit toujours. La mouche tsé-tsé abat par centaines'

les pièces de bétail.

en est de même de la fièvre du Texas, que le professeur Koch propose de combattre en interdisant l'introduction dans l'intérieur du pays des bestiaux venus de la côte. La sécheresse a ravagé les plantations de café, de vanille, de tabac, etc., du Pangani. H

Les conditions hygiéniques de la population ne sont pas non plus très favorables. Dans les lazarets de

Tanger et de Salam, ~40 malades sont en traitement. La découverte de mines d'or demande confirmation, et la nouvelle paraît exagérée, sinon fausse. Deux bonnes nouvelles consoleront un peu de tant de mauvaises l'impôt sur les huttes et maisons est prélevé sans difficulté, et l'ordre le plus parfait. la sécurité, la régularité des communications entre habitants ne sont plus guère troublés depuis que le soulèvement des Ouahéhés a été étouffé définitivement.. Le Sud-Ouest Africain a souffert de la peste bovine et d'une épidémie de fièvre. Les ravages de la pre-

mière sont suffisamment connus ceux de la seconde paraissent encore plus graves, et ils montrent que les rapports optimistes sur l'absolue salubrité de la colonie doivent être rangés au nombre des fables. Ces nouvelles sont d'autant plus alarmantes que la population européenne du Sud-Ouest Africain est relative< Allemands, ment nombreuse et comprend 113 Boers et 97 Anglais. La valeur des exportations est de i 558 425 francs, et celle des importations de 6 100000 francs, dont 4 ',y; ooo pour provenances allemandes. Le professeur Wohltmann, dans une conférence donnée le 8 janvierau local de l'Académied'agricuIture de Poppelsdorf, a émis l'opinion que l'Afrique Orientale Allemande,qu'il connaît par le long séjour et les observations qu'il y a faits, est absolument mûr pour devenir une colonie de culture et d'élevage.

c'est peut-être là !e plus beau joyau de leur trésor colonial. La grande ile n'a qu'un désavantage sur les colonies africaines c'est qu'elle est plus éloignée de l'Europe. Mais sous tous les autres rapports, elle leur est supérieure ses ports sont nombreux et hospitaliers, tandis que les côtes africaines sont, pour la plupart, presque inaccessibles son sol est partout d'une fertilité extraordinaire, tandis qu'en Afrique les steppes, les déserts, les marais, dépassent de beaucoup en étendue les terres cultivables; son climat est moins brûlant et plus sain, à cause d'une distribution de montagneset de plaines qui rappelle en harmonie celle de l'Europe on outre, avantage que n'ont pas la plupart des archipels de l'Océanie, elle est en dehors de l'aire des cyclones. Des fleuves navigables en rendent l'intérieur facilement accessible. Les naturels sont très intelligents et assimilables à la civilisation européenne. Bref, en fait de colonie, c'est presque l'idéal. Pourquoi n'en rien tirer, n'en rien faire, de cet idéal ? La faute en est, d'après l'auteur de l'article, à la Compagnie de la Nouvelle-Guinée, qui décourage et éloigne les colons par mille tracasseries et chinoiseries bureaucratiques, et ne les considère que comme des jobards qu'elle emploie à tirer les marrons du feu à son seul profit.

22

Les importations se sont élevées en tSoyâo millions de marks, contre 2 millions en t8c)8-c)Q. La moyenne annuelle d'exportation, qui était de 6 millions dans les dix dernières années, a sensiblement diminué. Grâce a la mise en valeur des terrains de l'intérieur, les exportations remonteraient tout de suite. Quant aux

produits naturels, ivoire, caoutchouc, ils n'ont guère d'avenir commercial. La culture du café doit être en-

déjà 2 t/a millions de plants sont en plein rapport. Le nombre des habitants, de 3 millions actuellement, pourrait être porté à 20 millions. Mais avant tout il faut améliorer et multiplier les voies de communication. « Un Allemand qui connaît comme personne la Nouvelle-Guinée envoie à la A'o~w~e ~o~'s~M~ les détails qui suivent Depuis dix ans que les Allemands ont déclaré terres germaniques une partie de la Nouvelle-Guinée, l'Archipel Bismarck, etc., qu'en ont-ils fait? Pas grand chose. Ils y cultivent du tabac, du coton, du café la va!eur des importations est d'un million de francs environ, ce qui n'est presque rien pour une contrée si vaste et si riche. Et cependant ils devraient savoir que couragée

Le Canal de Nicaragua et le Traité Clayton-Bulwer L E traite hispano-américain, et la situation nouvelle qu'il assure aux Etats-Unisdans le Pacifique, devaient naturellement ramener l'attention sur les projets du

percement du canal de Nicaragua. Une compagnie américaine avait déjà obtenu une concession, il y a dix ans, après la suspension des travaux de Panama. Mais elle n'est arrivée qu'à des résultats insignifiants, et le gouvernement des Etats-Unis a compris qu'il devait prendre lui-même l'affaire en main. Le président a parlé du futur canal dans son message du 6 janvier dernier. Il a soumis au Congrès le rapport de la commission d'études déjà envoyée sur les lieux en (897, et composée de l'amiral J. G. Walker, et des ingénieurs Lewis M. Haupt et Peter C. Hains. Les conclusions de la commission sont très favo rables. Par l'une ou l'autre des deux routes, qu'elle recommande au choix du Congrès, les dépenses sont évaluées soit à !2~, soit à 124 millions de dollars; M. P. C. Hains estime cependant que, vu la nature du terrain, il serait prudent de majorer ces devis de 20 pour cent. L'expérience prouve, d'ailleurs, qu'-en pareille matière il ne faut pas faire de prévisions trop serrées. La question du canal de Nicaragua semble ainsi résolue, à moins cependant que les Etats-Unis ne se décident à accepter les offres de la nouvelle Compagnie


de Panama, qui a achevé maintenant plus du tiers du

canal. On a rappelé à diverses reprises, à propos du canal de Nicaragua, le traité Clayton-Bulwer, Cet arrangement a été conclu le to avril 1850. Quelques années auparavant, l'Angleterre avait fondé son établissement du Honduras; elle avait proclamé ensuite son protectorat sur la Mosquitie, et enfin,en 184~, elle avait saisi Tigre Island dans la baie de Fonseca. En faisant ces diverses acquisitions, elle avait principalement pour but de s'assurer une bonne situation dans l'Amérique Centrale pour le cas, prévu déjà alors, du perce1 ment du canal de Nicaragua. Emu de ces diverses acquisitions, le gouvernement des Etats-Unis songea, lui aussi, à réserver ses droits. C'est ainsi que fut conclu le traité Clayton-Bulwer. Par l'article premier, les deux gouvernements, des Etats-Unis et de Grande-Bretagnedéclarent qu'ils ne prétendent ni l'un ni l'autre au contrôle exclusif du futur canal de navigation. (Le mot anglais control se rend mal par le même mot français il signifie « domination, souveraineté plutôt que « surveillance ».) Ils s'engagent en même temps à n'élever aucune fortification dominant ledit canal, ou dans son voisinage, ainsi qu'à ne jamais « occuper, fortifier, coloniser, assumer ou exercer aucune domination sur le Nicaragua, le Costa-Rica, la Mosquitie, ou une région quelconque de l'Amérique Centrale ». Enfin l'article 3 organise « le contrôle ? » deux. Comme l'Angleterreavait déjà sa colonie du Honduras, le plénipotentiaire anglais Bulwer déclara, en signant. le traité, réserver ses droits sur cette colonie, plénipotentiaire améri« et ses dépendances ». Mais le cain Clayton omit, dans son rapport au Sénat, de mentionner le mot de « dépendances ». A la faveur de cette négligence, l'Angleterre se mit en devoir d'organisersa petite colonie de Bay Island. Bien plus, et malgré les termes mêmes du traité, elle entendit bien ne pas renoncer à son protectorat de Mosquitie. Ses procédés soulevèrent un vif mécontentement aux Etats-Unis. Le gouvernement américain proposa d'abroger le traité, et l'Angleterre comprit qu'il lui faudrait faire quelques concessions: en f 86oelle abandonna Bay Island et la Mosquitie, qui fut déclarée indépendante, et consentit à délimiter sa colonie du Honduras. En i88o, le projet du percement du canal de Panama fit revivre l'opposition au traité. M. Blaine, secrétaire à l'intérieur, essaya d'en obtenir l'abrogation, mais il n'y réussit pas. Puis l'insuccès de l'entreprise du Panama fit renaître l'ancien projet de canal, et M. Freylinghuysen conclut avec le président du Nicaragua, M. Zevala, le traité dit' Freylinghuysen-Zavala, qui prévoyaitun condominiumdesdeux républiques. Mais ce traité, abandonné par M. Cleveland, ne fut point soumis au Sénat. Une concession ou « charte ? avait été accordée en 1880 à la Compagnie maritime du canal de Nicaragua les travaux n'ayant pas abouti, le gouvernement vaprésenter unbillqui l'intéresseradirectementà l'entreprise, et c'est pour cela que nous le voyons négocier l'abrogation ou tout au moins la modification du traité Ciayton-Bulwer. On comprend en effet que les EtatsUnis ne veulent partager avec personne la surveillance d'une voie navigable de cette importance.

Gisement Houiller nouveau c'ans H!e de Yeso UN journal anglais de Tokio, le Japan T~~M, a publié,

au commencement de décembre dernier, la nouvelle qu'un vaste gisement de très bonne houille a été découvert au village d'Osyamambé, dans l'arrondissement de Yamakoski, province d'Ibouri, dans l'île de Yeso. La Compagnie des Mines du Hokkaïdo (nom japonais de l'ile Yeso), a aussitôt ordonné de minutieux sondages, et ses ingénieurs experts auraient déclaré que la veine nouvellement découverte est si étendue et si épaisse, qu'elle pourra être exploitée pendant 60 ans. Elle est, d'ailleurs, très avantageusement située, sur le flanc méridional du massif du Poronohori, tout près du chemin de fer qui relie déjà Mororan, le plus grand port de la province d'tbouri, sur la baie des Volcans, à Safforo, par touamid-Zaoua, où viennent se réunir les voies ferrées qui desservent les gisements houillers de Sorasifouto et de Poronaï, situés également sur les flancs du Poronohori, mais l'un au Nord et l'autre à l'Ouest.

Louis Barron, Nouveau 'Voyage Alfred Marne et

en France. Paris, )8Q!

C' un volume in-folio, illustré de nom-

breuxdessins d'après natnre.

de ce tL 'AUTEUR connu

bel ouvrage. M. Louis Barron, est déjà

par quelques volumes très appréciés sur les Environs de Paris, les Fleures de France, Autour de Paris. Il connait la France comme peu de personnes, même aujourd'hui où la bicyclette a remis en honneur les vieilles routes délaissées. Il a visité toutes les villes, tous les bourgs, tous les villages intéressants; il a vu tous les sites pittoresques et passé dans chaque province un temps assez long pour pouvoir observer les mœurs, les usages, les coutumes, et étudier les dialectes.

Son 9\(oKf(Mt< Voyage < France est conçu d'après un plan original. Il est divisé en trois parties: ~M~~or~ de la mer, 'Da~M les montagnes, A travers les plaines. L'auteur s'adresse en effet aux touristes, et il décrit les diverses réginns de la France dans l'ordrede leurs préférences. Suivant qu'il désire se rendre sur une des plages de la Manche ou de l'Atlantique, sur la Côte d'Azur ou dans le pays basque, dans les Alpes, aux Pyrénées, en Auvergne,le lecteur trouvera facilement le chapitre qui lui sera nécessaire. Et si, en traversant les plaines qui le mènent à la mer ou aux montagnes, il désire s'arrêter dans quelque beau site ou dans quelque ville intéressante, il n'aura qu'à feuilleter la-troisiéme partie.

M. Barron a trouvé le moyen de ne rien omettre de et ce qui peut être utile aux voyageurs. A la fois érudit volume de et mots, son lettré, il sait dire beaucoup en peu récit de voyage d'un charme le a la précision d'un guide et littéraire. Le livre est infiniment varié, comme le sujet même qu'il traite, et ses illustrations, choisies et exécutées avec un goût sûr, achèvent de lui donner une des premières places parmi les nombreux ouvrages qui, en ces dernières années, ont été consacrés à notre pays.


France La défense de nos colonies.

Voici quelles sont les améliorations apportées dans ces derniers temps à la défense de

nos colonies. On sait que nous avons dû envil'hypothèse d'un conflit avec l'Angleterre. Tout dansager ger parait écarté. Le péril aura du moins servi à nous forcer à remédier à une situation dangereuse. M. le ministre de la marine s'y est attaché avec un zèle dont le pays doit lui être reconnaissant. Sans revenir sur ce que nous avons dit relativement à la défense des côtes en Algérie et en Tunisie, ajoutons qu'un commandementde la marine a été créé à Bizerte, Un capitaine de vaisseau a là maintenant sous ses ordres une division navale qui, en cas de guerre, relève du contreamiral commandant la marine en Algérie. Nous avons actuellement au Tonkin 14 ooo hommes. d'infanterie, soit 7 régiments, plus ;o ooo fusils de garde indigène et 6 batteries d'artillerie. En Cochinchine, nous pouvons compter sur 10 ooo hommes'de garnison. Le cap Saint-Jacques a été déclaré point d'appui de la flotte. D'importants travaux y sont projetés, et un bataillon d'infanterie et une batterie de montagne viennent d'y arriver. A la Réunion, la Martiniqne, la Guadeloupe et la Guyane, les dispositions légales relatives au service militaire n'étaient pas appliquées. Tout est changé. Chacune de ces coloniesforme aujourd'hui une subdivision de région, et déjà, notamment à la Réunion, les créoles sont enrégimentés. H faut rendre cette justice aux habitants originaires de ces colonies,'et spécialement aux créoles, qu'ils réclamaient depuis longtemps l'honneur d'être soldats comme leurs frères de France. A la Martinique, l'artillerie a été renforcée. Au Sénégal, Dakar, point d'appui de la flotte, est à présent à l'abri d'un coup de main. Un bataillon d'infanterie de marine qui s'y trouvait est devenu un régiment, le et un général de brigade commande la place. Enfin, à Madagascar nous avons 8 ooo Français et io ooo hommes environ de milice sur lesquels on peut compter. Au total, la situation est tout autre qu'il y a un an. La France n'a personne à provoquer mais elle a mis en pratique le vieux précepte Garde-toi, je me garde.

Angleterre Le budget de la guerre. Le budget de la guerre les exercices i89Q-)ooo déposé au Parlement anglais pour est au total de 90617 200 livres sterling, soit i 5oo <~oo livres de plus que le budget précédent. L'Angleterre prévoit une augmentation de l'effectif de son armée d'environ 25 ooo officiers et soldats. L'artillerie sera renforcée de 20 batteries, et le matériel porté au point de perfection des « nations amies », c'est-à-dire mis à tir rapide comme les canons français et allemands. En somme, après avoir fait déjà d'énormes sacrifices que nous avons mentionnés à propos du budget de la marine, l'Angleterre ne recule devant rien pour son armée de terre et parait avoir pour but de disposer à bref délai de deux corps d'armée au complet, destinés, le cas échéant, à une action extérieure.

Allemagne L'empereur vient de réorganiser les services du haut commandement de la flotte. Il exerce lui-même le commandement suprême de la marine, comme il exerce le commandement suprême de l'armée. Le poste de commandant supérieur de la marine, dont le titulaire était t'amirat de Knorr, est donc supprimé.

L'état-major du commandement supérieur devient autonome sous le nom d'état-major amiral de la marine; son chef dépend immédiatement de l'empereur. L'état-major amiral s'occupe, en outre de ses travaux

spéciaux d'état-major amiral, des affaires p'otitico-mititaires et des vaisseaux qui se trouvent dans les mers étrangères. L'ordre de cabinet annonce la nominationd'un inspecteur général de la marine et règle aussi des questions d'at-

tributions.

En même temps que t'amirat Koester est nommé inspecteur général de la marine, le contre-amiral Bendemann, qui remplissait jusqu'ici les fonctions de chef d'étatmajor du commandement supérieur de la marine, est nommé, par un récent décret, chef de l'état-major de la marine, poste nouveau.

Autriche

Hommage rendu à un officier français décédé

dans le Tyrol.

Le capitaine Telpe, du 43° d infanterie, avait obtenu un congé pour aller, dans le Tyrol, apprendre l'allemand. Tombé malade à Innsbruck, il y mourut. H s'était mis en rapport avec les officiers de, la garnison. Ceux-ci l'ont visité en camarades pendant sa matadie et ont adouci de leur mieux ses derniers moments. Aux obsèques, les honneurs militaires ont été rendus au corps du capitaine Telpe par le i"' régiment de chasseurs tyroliens. Les officiers de la garnison suivaient le cercueil, sur lequel leur couronne fraternisait avec celle envoyée par le 48~ régiment d'infan-

terie.

Japon Progrès du personnel de la Botte. La T~M

du Cercle Militaire a publié une intéressante étude sur l'armée japonaise, d'où nous extrayons les renseignements suivants sur l'état actuel des forces maritimes japonaises

Le [" avril tSgS, les forces du Japon, en tenant compte des bâtiments dont la construction était terminée à cette époque, comprenaient 3 cuirassés d'escadre, y compris le cuirassé C/te~-yMO:. pris aux Chinois en tSçSàWeiHaï-Wei, et dont la transformation est achevée to croiseurs cuirassés de 2° classe 8 croiseurs cuirassés de 3e classe, dont 3 d'un modèle ancien; 9 croiseurs cuirassés de 4*' classe, égalementd'un modèle plus ancien t5 vieilles canonnières; 36 torpilleurs, 3 avisos, 8 vaisseaux-écoleset 9 transports à vapeur. Notons que l'ensemble de ces forces constitue une flotte supérieure à chacune des escadres européennes actuellement dans les eaux de l'Extréme-Orient. Sont actuellement en construction dans les chantiers « japonais, français, américains, allemands et anglais 4 cuirassés d'escadre du type le plus grand; 9 croiseurs cuirassés de différentes classes; 3 croiseurs-torpilleurs; t2 contretorpilleurs 23 torpilleurs de haute mer; 66 torpilleurs de 2e et de 3° classe, et 2 vaisseaux-hôpitaux. Cette énumération nous montre qu'aujourd'hui tous les bâtiments prévus dans le plan de la flotte japonaise sont en voie de construction ou ont été commandés. Actuellement on élève des chantiers à Hiogo (avec plusieurs cales sèches pour les plus grands navires), Moji (avec des ateliers de construction de torpilles), Uraga et Hakodate. « Le personnel actuel de la flotte comprend «

c)

amiraux,

;0f capitaines,

408 lieutenants, go cadets de marine, !28 sous-officiers porte-épèe de marine,

t2? médecins,

226 ingénieurs, constructeurs et [32 employés d'administration, 700 sous-officiers,

9 42i matelots. Rien, en vérité, n'est plus pement rapide du Japon.

mécaniciens,

intéressant que le dévelop-


Transformations de la Baie du

JVIont

St-Michel

Il y a une « question du M0;:< ja!M<5~M~ il s'agit de savoir l'on utilisera la baie de ce MOM ou si, au contraire, oit respectera le monument célèbre en lui laissant tout son ~)!7/Or&~Mf. C'est cette gMM<MM qu'examine /'a/'<!C/C qu'on ft: lire. A

la séance du 7 décembre 1898 de la Société Astro-

nomique de France, M. A. Bouquet de la Grye, membre de l'Académie des Sciences, a fait une communication du plus haut intérêt sur les travaux du. Congrès géodésique international de Stuttgart, et particulièrement sur la stabilité du sol de la France. De tout un ensemble de faits,

certain moment se sont affaissées, sont actuellement dans une période de relèvement. Ces oscillations ont été surtout sensibles, depuis l'époque historique, dans la baie du Mont Saint-Michel, et, puisqu'elles font l'objet d'études très actuelles, il est intéressant d'en résumer ici les vicissitudes. La baie du

il

Mont Saint-Michel est, avec celles de Saint-Malo et de

mouvement de

Granville, le point du littoral euro-

parait résulter que le sol de notre pays obéit à un

bascule extrêmement lent qui relè-

péen, et peut-être du monde entier,

verait les parties

où les maréesattei-

méridionateset

gnent la plus

abaisserait les par-

grande amplitude. Dans cette espèce d'entonnoir, la dis-

ties septentrionales.

L'axe de ce

mouvement de

~c

bascule, surtout

novr snmo_nuouen..

0'a/'r~'«He~/tOfo~ra/t;e.

sensible ou du

moins mesurable le long du littoral maritime, passerait un peu au Nord du Cotentin et du Calvados. En effet, dès t888, M. A. Bouquet de la'Grye, dans une note remise à l'Académie des Sciences, avait cru pouvoir conclure que notre côte bretonne avait un exhaussement d'un tiers de millimètre par an, tandis qu'au Havre il y aurait un affaissement, confirmant dans une certaine mesure ce qu'a avancé le colonel Goulier sur l'affaissement général du bassin parisien. D'autre part, dans une des dernières séances de l'Académie des Sciences, M. Michel Lévy a présenté une note de M. Bigot, professeur à l'Université de Caen, sur les mouvements de retrait et d'envahissement de la mer le long des côtes du Cotentin et du Calvados. Il semble résulter de ce travail que ces côtes, qui à un A TRAVERS

LE MONDE.

position particulière des côtes, celle des bancs, des pla-

nv.

teaux de roche,

et jusqu'à la

îles nombreuses qui s'étendent au Nord pointe de la Hague, obligent le flot de marée à se partager en plusieurs ondes secondaires, et, en s'opposant à son mouvement, amènent sa surélévation. Aussi, tandis que la mer ne monte qu'à y métrés à Cherbourg et à 8 mètres dans le port de Brest, elle atteint, dans la baie du Mont Saint-Michel, jusqu'à 15",40 audessus de la laisse des plus basses mers. On conçoit aisément l'importance de l'action mécanique accomplie depuis des siècles par cette énorme masse d'eau en mouvement sur toute la partie du littoral où s'exerce des

sa puissance.

Cette action locale a été accentuée par le phénomène géologique plus général d'affaissement plus ou moins rapide dont nous parlons plus haut, et dont

? ;4.

8 avril 1899.


plusieurs constatations ont été faites depuis les temps

historiques, à diverses époques et sur divers points. En ce qui concerne la région comprise entre le Cotentin et la Bretagne, M. L. Quinautt (les Mouvements de ~Mf)-, 1869) a recueilli une série de traditions et d'histoires locales absolument concluantes. Parmi les anciens documents publiés par lui, l'un des plus importants est une carte du Cotentin au temps de Jules César, dressée en 170~ par Deschamps-Vadeville,ingénieur géographe du roi pour les côtes de France, d'après une carte en lambeaux qui se trouvait au Mont SaintMichel, et qui datait de 1406 cette dernière

était elle-même la copie d'une carte datant du tx"

siècle. D'après ce

document, l'ile d'Aurigny faisait alors partie du Cotentin, ainsi qu'une bande de 10 kilomètres

de largeur, aujourd'hui

immergée, entre Aurigny et Jersey. Cette dernière île était également reliée au Cotentin par un isthme de plus de 20 kilomètres de largeur en-

globant

les rochers des Ecrehou, et sur lequel

passait une route allant à Grannona (aujourd'hui Portbail). Il en était de

pavée en diorite, laquelle n'était autre que la voie romaine dont nous venons de parler. La forêt de Scissy, d'abord déserte et abandonnée aux bêtes sauvages (on a trouvé, en !8o2, dans les grèves, trois crânes d'aurochs), devint, du v° au vm° siècle de notre ère, le séjour de nombreux anachorètes. Sur la lisière, du côté de la Bretagne, s'établirent quelques villages Sainte-Anne, Saint-Louis, Colombel. Croix-Morel, Saint-Etienne-de-Patuet,Mauny, La Feuilleste, Tommen, et d'autres dont on n'a pas

même conservé les noms.

Mais, pendant ce temps, le travail d'éro-

sion dcs flots et l'affaissement continu du sol avaient déjà considérablement réduit l'étendue

des anciens rivages figurés sur notre première carte, lorsque, au mois de mars de l'an 700, à la suite d'un tremblement de terre (phénomène assez fréquent dans le Cotentin), la mer envahit toutes les parties basses du littoral jusqu'à la zone grise

figurée dans notre deuxième carte, et ensevelit sous l'épaisse couche de sable qu'elle charriait la forêt de Scissy et les vil-

lages dont nous venons même des îles Chausey. Les rochers des Minde parler. Seuls, les rochers élevés du Mont quiers formaient le cenSaint-Michel et de Tomtre d'une île, de 23 kilomètres sur 8, dont la belaine restèrent émergés au-dessus du niveau forme correspondait général des nouvelles exactement à celle du plateau actuellement grèves. t submergé dans ces paraLe janvier 1735, secouée par un ouragan ges. Guernesey, Herm terrible, la mer souleva et Serk ne formaient qu'une seule île, s'étenCAHTE COMPARÉE DE L'AXCtEM RIVAGE ET DU RIVAGE ACTUEL une partie de la couche dant bien au delà des de sable et mit au jour rivages actuels de ce groupe. Notre première carte, de nombreux troncs de chênes inclinés presque tous reproduction de celle de Deschamps-Vadeville, résume du Nord au Sud. Les rues du bourg disparu de SaintEtienne-de-Paluel furent déblayées par les vagues, et tous ces détails et montre l'extension des anciens rival'on y découvrit des débris de maisons, un puits, le ges, comparativementà celle des rivages actuels. bénitier de l'église et d'autres objets. M. Quinault a également recueilli de nombreux souvenirs relatifs à une immense forêt, la forêt de On fait encore de temps en temps dans les grèves des découvertes du même genre, confirmant toutes Scissy, qui s'étendait sur l'emplacement actuel de la baie, jusqu'à la chaine des rochers de Chausey inclusil'existence des anciennes terres submergées. vement, ceux-ci servant alors de digues naturelles à la Depuis l'irruption des eaux dans la baie du Mont Saint-Michel en yo<), l'apport du sable par la mer n'a mer. Une route militaire, partant de Rennes, la traversait dans toute sa longueur, passant en terre ferme à jamais cessé. En pénétrant dans la baie, le flot de marée est une grande distance à l'Ouest du Mont Saint-Michel, pour aboutira Crociatonum, chez les Une)les(Cotentin). toujours chargé de débris qu'il a arrachés aux falaises Le t" juillet 1892, M. de Beaurepaire a annoncé à la de la côte et aux récifs, ainsi qu'à un immense banc de Société des Antiquaires de Normandie, à Caen, la décoquilles qui s'étend de Cancale aux îles Chausey et à couverte, dans les grèves du Mont Saint-Michel, à Granville. A mesuré que la profondeur et l'agitation 3m,3o centimètres de profondeur, d'une chaussée de la mer diminuent, ces matières en suspension se


TERRAIN REt-O.N~Qi~15

cra

déposent, et la plage s'exhausse continuellement par ces apports renouvelés chaque jour. C'est dans les arises où il existe un calme relatif que se précipitent les matières les plus ténues, composées d'une argile impalpable, riche en principes fertilisants, connue sous le nom de tangue.

Si le

niveau de la plage ainsi formée ne se trouve

que très peu au-dessous des hautes mers ordinaires de vive eau, il y pousse spontanément une plante gros-

sière appelée criste. marine. Quand l'atterrissement atteint et dépasse légèrement ce niveau, les pluies le dessalent peu à peu, et la criste marine est remplacée par n.M~K, sorte de gazon court, fin et serré, propre au pâturage et recherché surtout par les moutons. Comme on le voit, la nature elle-même travaille, avec une extrême lenteur, il est vrai, à reprendre sur la mer les terrains qu'elle lui a jadis abandonnés. Ce phénomène a été longtemps retardé par les cours d'eau qui viennent déboucher dans la baie: leurs lits, se déplaçantincessamment sur ce sol plat et sans consistance, détruisaientsurleur passage les herbus, au furet à mesure que ceux-ci se formaient. Mais l'industrie humaine, intéressée à la reconquête de ces terrains sur la mer, est intervenue pour protéger les atterrissements et même pour hâter leur œuvre. Les habitants du pays se sont appliqués, depuis très longtemps, à mettre les herbus à l'abri des marées et des divagations des cours d'eau par des digues de tangue revêtue de gazon, et les tenains ainsi conquis sur la mer sont devenus des polders fertiles et d'un

grand revenu.

Mais ces rudimentaires travaux de défense n'avaient guère d'efficacité. Les cours d'eau et surtout

[,% 13%1r.

on

nmr wv~rmn-ue~

le Couesnon, demolissaient les digues et ravageaient

les terrains déjà enclos etcu)tivés. C'est ce qui explique que, depuis la catastrophe de l'année 709 jusqu'en [856, les riverains ne en onze siècles et demi, soient parvenus à reprenjre sur la mer que la zone marquée en blanc sur notre deuxième carte. Le 2tjuHtet 1856, l'Etat concéda à une puissante société la Compagnie des Polders de l'Ouest 2 8oo hectares de lais de mer compris dans un triangle limité à l'Est par le cours du Couesnon, au Sud par le rivage, qu'atteignait à cette époque le Syndicat des marais de Dol, au Nord parune lignedroite allant de la

chapelle Sainte-Anne à la chapelle Saint-Aubert (Mont Saint-Michel). La Compagnie avait àsa charge la rectification et l'endiguement dénnitifdu cours du Couesnon sur une -longueur de 6 kilomètres, depuis le tertitoire de Moidrey jusqu'au delà du Mont Saint-Michel. C'était d'ailleurs une condition sine qua mon de sécurité pour les futurs polders. Ce travail dura deux ans et coûta près d'un million. Depuis qu'il a été exécuté, les atterrissements ont progressé rapidement, facilités en outre, par la chaussée insubmersible, de t ~30 mètres de longueur, qui a été établie de 1878 à 1880, à l'Est du Couesnon, entre le Mont Saint-Michel et la terre ferme, en prolongement de la route de Pontorson. Une autre chaussée, submersible celle-là, part de la pointe de Roche-Torin, et se dirige également vers le Mont, mais est interrompue à une distance de deux kilomètres de ce dernier. Elle a pour objet de maintenir dans le Nord de la baie la Sée et la Sélune, dont les courants mobiles présentaient les mêmes dangers que ceux du Couesnon. Mais cette seconde chaussée aura un autre effet: en retenant les apports des marées, elle accélérera les atterrissements dans les i f~o hectares de grèves qui la séparent


du littoral. L'ensemble décès travaux n'a d'ailleurs pas tardé à produire ce résultat fatal. Depuis quarante ans, la mer a été progressivement chassée de toute la zone du littoral distinguée sur notre deuxièm ecarte par des hachures obliques. Cette zone ayant une profondeur moyenne de /) kilomètres, cela représente un avancement moyen de < kilomètre tous les dix ans. Des calculs absolument précis attestent que la mer dépose annuellement 635 mètres cubes de tangue par hectare. Il suffira donc d'une vingtaine d'années pour que le rivage méridional de la baie atteigne la ligne indiquée sur notre troisième carte, et qui s'allonge directement de

geurs et aux habitants les mêmes avantages que la digue continue actuelle. Reste à savoir qui l'emportera des amis de l'art ou des utilitaires. Ceux-ci songent déjà à conquérir la baie tout entière, en réunissant toutes les eaux qui y divaguent en un seul canal qui, d'Avranches,gagnerait la Rance. Cet immense travail transformerait en ports de commerce local toutes les petites villes situées sur son passage, tandis que la baie, débarrassée des courants d'eau douce qui la transforment en marais à marée basse,

cherait peu

se dessé-

à peu sous

la chapelle Sainte-Anne à la pointe de Roche-

l'influence des atterrissements maritimes et de la formation d'un cordon

Torin, en passant par

littoral.

Mont Saint-Michel. Celui-ci ne sera plus le

qu'un rocher côtier,s'é!evant au sein de terres en culture, comme le mont Dol

Bien des gens ont

Cette dernière transformation ramènerait la baie entière du Mont Saint-Michel à peu près à l'état dans lequel elle se trouvait avant le tremblement de terre de

l'année yoc). cette Une autre solution dernière perspective, et du même problème, notamment l'adminismoinsgrandiose et moins tration des Beaux-Arts. onéreuse, mais aboutisDéjà depuis laconstrucsant pratiquement au tion de la chaussée insubmême résultat, a été mersible, le flot de maproposée. rée, gêné dans son expanElle consisterait à sion circulaire autour du relier le bec d'Andaine Mont Saint-Michel, bat au rocherdu Mont SaintMichel par deux chausavec violence la base du rempart et des assises sées submersibles l'une rocheuses sur lesquelles allant du bec d'Andaine s'élèvent les construcà Tombelaine, l'autre tions de l'abbaye. Les allant de Tombelaine au Mont Saint-Michel. murs sont ébranlés, et l'on est obligé depuis Comme on peut le voir sur nos deux dercette époque à de continuels et onéreux travaux nièrescartes, cettechausde consolidation et de sée, combinée avec la tttVAGEPROBABLEDRLAn-UEDrMOXTSAINT-MtCHELDANSlOANS. réparation. La digue prédigue insubmersible qui existe actuellement entre sente d'ailleurs un autre inconvénient, celui d'enfouir sur une hauteur de plule Mont et le rivage, fermerait complètement tout le sieurs mètres la base de la partie du rempart à laquelle fond de la baie. Dans toute cette partie, se produiraient. elle aboutit, et notamment les tours du Roi et du Guet, avec une intensité croissante, les phénomènes d'atterenlevant ainsi au premier aspect du Mont tout le carissements que l'on constate aujourd'hui au sud de la ractère de grandeur architecturale,qu'avait l'enceinte chaussée submersible de la pointe de Roche-Torin, la militaire de la vieille forteresse. marée montante charriant des masses de tangue que le jusant ne pourrait ramener au large. On a proposé, pour concilier les commodités des Comme il faut tenir compte des eaux de la Sée, touristes avec les réclamations des Beaux-Arts, de coude la Sélune, et de quelques autres petites rivières qui per la digue, sur une longueur de 200 mètres environ avant son arrivée au Mont, ce qui permettrait de dégase déversent dans le fond de la baie, elles seraient toutes captées et réunies en un canal unique, qui déger la base des remparts et, en laissant accomplir aux boucherait près du Mont Saint-Michel et irait se réunir marées leur développement circulaire, les empêcherait de battre en brèche les assises de l'abbaye. Un pont au canal du Couesnon. Si on le compare au premier projet exposé plus roulant, dans le genre de celui de Saint-Malo à SaintServan, ou de celui de Brighton, relierait l'extrémité de haut, celui-ci est relativement modeste et facilement réalisable. la digue à l'entrée du Mont, et donnerait aux voya-

protesté contre


Tchad. Ces arrangements laissaient complètement en suspens un certain nombre de points que voici i" L'Hinterland des territoires riverains du Tchad (Ka-

L'Accord Franco-Anglais du 21 Mars 1899 NE pouvant conserver

le Bahr-el-Ghazal conquis à notre influence par l'héroïsme et la ténacité de la

vaillante mission Marchand, notre diplomatie vient de nous valoir une compensation fort honorable dans la

du point où notre

frontière avec

don de Fachoda. Le sacrifice étant

l'Etat

indépendant

du Congo rencontre la ligne de partage des eaux du Congo et du Nil, suit cette ligne de partage jusqu'au ) te degré de lati-

accompli depuis cinq mois; il faut savoir l'accepter, et la sagesse nous commande d'apprécier aujourd'hui les avantages qui

tude Nord, et s'élève ensuite

nous sont consentis sur un autre point de l'Afrique, grâce à l'habileté

vers le Nord jusqu'au ;o parallèle, de manière à séparer le Ouadaï du Darfour, dont la frontière doit être tracée par une commission mixte.

dont ont fait Paris

et à Londres MM. Delcassé et Paul Cambon. Disons tout

d'abord que l'Angleterre, dès le

Norddu !L,'paraHé)e, la «zone françaises » Au

début des négo-

ciations~ voulait, avant de consentir à un arrangement transactionnel, joindre les questions d'Egypte et du Bahr-el-Ghazal. Le gouvernement français n'a pas voulu admettre cette tactique

deux questions ont donc été disjointes, et, tandis que

celle du Bahr-el-Ghazal entrait dans la voie des

à

l'Ouest, et la secondeà l'Est d'une ligne qui, partant

l'heure de récriminer contre l'aban-

les

d'une façon définitive. L'Angleterre et la France prennent l'engagement réciproque

la première

n'est plus

preuve à

Le nouvel arrangement traite ces différents points

de n'acquérir ni territoire ni influence politique,

région du Tchad. Ce

nem et Baghirmi); 2° La question du Ouadaï, région peuplée offrant de multiples ressources, surlaquelle l'Egypte, à l'époque de son expansion, avait émis des prétentions qui, ajoutons-le, n'ont jamais reçu un commencementd'exécution; 3° La possession de la route des caravanes se rendant du Ouadaï et du Baghirmi vers la Tripolitaine, par la région montagneuse des oasis du Tibesti.

négo-

ciations, celle d'Egypte était réservée de la façon la plus expresse. Elle sera l'objet de négociations ultérieures qui, vraisemblablement, revêtiront un caractère international. Pour que la convention anglo-française signée le 2< mars soit bien comprise, il est nécessaire de rappeler les clauses de deux conventions antérieures, celle de 1890 et celle de 1808. D'après ces arrangements, l'Angleterre nous avait reconnu comme sphère d'influence la région comprise au Nord de la ligne de Say-Barroua, ainsi que les bords septentrionauxdu lac

est limitée

au

Nord-Estet à l'Est par une ligne qui part de l'intersection du tropique du Cancer avec le i3°40' de longitude Est de Paris (t6" de longitude Est de Greenwich), c'est-à-dire de la frontière occidentale de la Tripolitaine, et descend ensuite dans la direction du Sud-Est jusqu'à sa rencontre avec le 2<°40' de longitude Est de Paris (24° de longitude Est de Greenwich), qu'elle suit jusqu'à la frontière Nord du Darfour. Dans ces conditions, la question du Nil moyen et !a question de l'Egypte proprement dite restent absolument intactes. Mais au point de vue territorial, ce n'est plus une mince bande de terrain autour du Tchad qui nous est attribuée. Nous nous réservons les vastes territoires qui, sous le nom de Baghirmi, de Ouadaï, de Kanem, for-


ment le bassin oriental et septentrional du Tchad, dont nous détenons dorénavant près des deux tiers avec une zone avoisinante de 800 kilomètres de profondeur. Ainsi les communications, non seulement de nos possessions du Congo proprement dites, mais aussi de nos territoires du haut Oubangui, sont définitivement assurées avec le Soudan et l'Algérie. Notre empire africain, de la Méditerranée au Sénégal et au Congo, forme un tout homogène et équilibré et, dans cet ordre d'idées, on appréciera l'importance que présente l'incorporation dans notre zone du massif montagneux du Borkou et du Tibesti, qui couvre d'un rempart naturel la ligne de jonction de nos possessions méditerranéennes avec le Centre africain. Comme contre-partie des avantages territoriaux qui nous sont acquis, nous renonçons à la partie du Bahr-el-Ghazal que nous occupions, mais dans des conditions qui nous permettent d'atteindre le but -essentiel de notre po!itique dans ces régions, c'est-à-dire l'accès au Nil. Notre préoccupation dominante, en effet, avait été de ménager à nos établissements du haut Oubangui, d'un abord si long et si difficile par la vallée du Congo, ainsi qu'aux régions du Tchad, vers lesquelles se portaient nos vues, la faculté d'utiliser, quand le moment en serait venu, le débouché du grand fleuve égyptien. Nous ne pouvions guère élever d'autres visées sur des régions si manifestement en dehors de la sphère de notre action, de nos possessions du Congo et de l'Afrique occidentale. Or, le dernier article de l'accord qui vient d'être signé à Londres, en étendant aux régions situées entre le Tchad et le Haut Nil les dispositions par lesquelles l'article c) de la convention franco-anglaise du 14 juin 1608 garantissait aux ressortissants des deux puissances contractantes le régime de l'égalité de traitement, nous ouvre l'accès du Nil du 5° au 14020' latitude Nord, c'est-à-dire sur un déve)oppement de près de 800 kilomètres. En résumé, la convention de se trouve complétée par la reconnaissance des droits de la France sur le Ouadaï, le Baghirmi, et, en général, surtousles territoires situés à l'est et au nord du lac Tchad. La possession du Ouadaï était pour nous un point important cependant, il est bon de faire remarquer que le Ouadaï tombait dans notre sphère d'influence et que, d'après les lois régissant la politique africaine, il devait tôt ou tard légitimement nous revenir. Quant au Baghirmi, après la belle exploration de Gentil, nous le possédions de fait. Les Anglais, en reconnaissant ce pays comme étant nôtre, n'ont donc fait que reconnaitre un droit formellement acquis. Du côté du désert lybique, la question était beauboup plus délicate. En effet, il était nécessaire de se demander jusqu'où devait s'étendre la ligne fictive des possessions de l'Egypte. Cette question se trouve tranchée maintenant. La partie occidentale du désert lybique, c'est-à-dire la région des oasis du Tibesti, route des caravanes allant du Tchad à la Tripolitaine, reste entièrement dans notre sphère d'influence, tandis que la partie orientale de ce désert, c'est-à-dire les dunes désertiques, l'erg proprement dit, reste comprise dans l'influence égyptienne.

;o

En échange, nous abandonnons à l'Angleterre le

Bahr-el-Ghazal. Mais cependant il faut se hâter d'ajouter que la nouvelle convention ne nous élimine pas complètement du Nil, en tant que débouché commercial. Les deux nations contractantes se sont, en effet, concédé mutuellement l'égalit'* de traitement commercial depuis le Nil jusqu'au lac Tchad. Nos nationaux auront ainsi accès vers le grand fleuve égyptien sur une longueur de 800 kilomètres. En adoptant ce dernier principe de l'égalité de traitement en matière commerciale, le gouvernement anglais a fait preuve de sentiments de justice et d'équité qu'on aurait tort de ne pas reconnaître. Si nous avons le droit de féliciter notre diplomatie, nous devons, en même temps, savoir gré à lord Salisbury de son attitude conciliante. Tout, sans doute, n'est pas réglé définitivement entre la France et l'Angleterre, mais il y a un pas sérieux fait vers l'apaisement, et il est permis d'entrevoir la fin de trop longues difficultés.

Aguinaldo le Chef des Insurgés Philippins Philippins soulevés contre les Américains rendent à ceux-ci de plus en plus difficile leur établissement dans l'archipel des Philippines. Sous les ordres d'Aguinaldo, ils tienT

Es

nent la campagnecontre les vainqueurs

des Espagnols et leur infligent des pertes sensibles. On commence à sentir à Washington que la conquête des Philippines sera coûteuse en hommes et en argent. Celui qui est l'âme de la résistance, Aguinaldo, n'est âgé que de vingt-huit ans. Il est né dans le village d'Imus, de la province de Cavite. Le père d'Aguinaldo, peu riche, s'imposa de grandes privations pour pouvoir faire entrer son fils au collège de Saint-Jean-de-Latran,puis à l'Université de Santo Tomas, à Manille. Les élèves de ces collèges, sauf quelques fils de

métis espagnols pauvres, destinés à alimenter le clergé indigène, sont de pure race indienne ou métis chinois. Lorsqu'ils entrent à Saint-Jean-de-Latran, fraîchement débarqués de leurs provinces, ils ne partent que le dialecte de leurs villages à peine connaissent-ils quelques mots de la langue espagnote. Leurs professeursdes dominicains ne leur expliquent pas moins, moitié en latin, moitié en langue castillane, ce qu'ils auront à étudier et à apprendre. Aguinaldo, quoique ayant passé avec facilité du collège de Saint-Jean-de-Latranà l'Université de SantoTomas, fut considéré par ses professeurs comme ayant l'esprit le plus obtus de tous les étudiants pendant trois ans, il porta le costume de cette Université et en


observa la discipline sévère, le régime frugal, mais sans en retirer le moindre avantage intellectuel. Les dominicains, désespérant de faire d'Aguinaldo un sujet qui leur fit honneur, le renvoyèrent à son père, en engageant celui-ci à faire embrasser à son fils une carrière tout autre que celles du sacerdoce, des lettres, des sciences ou des armes. Le père d'Aguinaldo, ne partageant naturellement pas l'opinion que l'on avait de l'intelligence de son fils, le fit entrer à l'Ecole normale que les pères jésuites dirigeaient à Manille; il commençait à y être distingué par ses professeurs, lorsque son père mourut. Il revint à Imus et s'adonna entièrement à la mise en valeur de son patrimoine. Ceci se passait en 1893, à l'époque même où le docteur Rizal créait à Manille la « Ligue philippine », qui n'avait d'autre but que d'assimiler politiquement l'archipel à !a métropole elle fut de courte durée, car, pour en faire partie, il fallait justifier d'un revenu annuel de 2 ooo francs. Rizal fut déporté, et aussitôt se forma une autre société secrète qui, en peu de temps, compta plus de 2~0000 affiliés. C'est alors que le gouvernement des Philippines commença contre les indigènes la répression aveugle et sans merci qui lui a été si fatale. Ordre fut donné d'arrêter Aguinaldo, soupçonné d'être un des chefs les plus ardents de la société secrète. L'officier espagnol chargé de cette mission se présenta devant sa demeure avec douze soldats indigènes, baïonnette au canon. Aguinaldo, sans une minute d'hésitation, brûla la cervelle au malheureux officier, puis, haranguant son escorte, il lui fit honte d'être au service d'un pouvoir qui, depuis plusieurs siècles, opprimait le pays. Son appel à la rébellion fut sans doute éloquent, car la petite troupe l'acclama et, le mettant à sa tête, elle sortit d'Imus et gagna les hauteurs boisées qui couronnent ce village. Ce fut le noyau de l'armée révolutionnaire, qui ne compte pas moins de 50 ooo combattants, ayant pour chef incontesté ce métis chinois, le blackboulé de l'Université de Santo Tomas. Pendant la guerre hispano-américaine, Aguinaldo seconda naturellement les efforts des États-Unis, puisqu'il s'agissait alors de faire pièce aux Espagnols. Mais à la signature de la paix, les choses changèrent de face. Aguinaldo, devenu président de la République philippine, leva hardiment l'étendard de la révolte contre les nouveaux maîtres de l'archipel. Le soulèvement dure toujours et, malgré leur succès récent devant Malolos, tout fait prévoir qu'il s'écoulera de longs mois avant que les troupes américaines viennent définitivement à bout des indigènes.

L'!ndustrie des AHùmettes au Japon LES Japonais avaient emprunté aux Suédois les allumettes paraffinées, sans soufre ni phosphore et,

grâce aux immenses réserves forestières de leur pays, avaient très rapidement créé une industrie florissante avec ce produit qui, presque dès son apparition, avait conquis tous les marchés du sud et de l'est de l'Asie. Les statistiques douanières de l'Empire du Soleil levant montrent que, malgré la baisse continue de la valeur au change duj~ d'argent, l'exportation des allumettes n'a pas cessé d'aller en augmentant. En t88o, année où le yen valait 4 francs, le Japon vendait pour 4 55! 8o8 fr. de ce produit; en 1892, pour 6 6o6 12~ fr., bien que le yen ne valût plus que 3 francs en 1894, le taux du yen étant 2 fr. 60, le trafic des allumettes a rapporté au Japon 6868648 fr. et en 1806, 12 465 650 fr., malgré la chute du~M à 2 fr. 50. Le centre de ce commerce était le grand port d'O~ aka. Imprévoyants et âpres au gain, comme tous les Orientaux, les Japonais déboisaient fiévreusement leurs montagnes, si bien qu'il fallut que le Parlement votât une loi spéciale pour mettre un terme à des pratiques qui risquaient de provoquer une modification désastreuse dans le régime des eaux et, par suite, de compromettre les rizières et les cultures de légumes, principales ressources de l'alimentationd'une population, essentiellement végétarienne. Mais la tendance des Nippons à toujours sacrifier la qualité au bon marché a sévi sur cette industrie, comme sur tant d'autres. Aussi le journal anglais de Kobé, port ouvert voisin d'Osaka, le Hiogo A~M, dit que les allumettes japonaises commencent à être délaissées. On leur préfère les allumettes suédoises, bien qu'elles coûtent plus cher, mais elles sont meilleures. Le Hiogo N ews ajoute même qu'à la fin de l'an dernier, le syndicat des fabricants allumettiers parlait de suspendre pendant six mois le travail de ses usines. VtLLETARD DE LAGUÈRtE.

Baron Gostkowski.

De

Paris à

SMM/co

par les Elals-

Unis. t vol. de -ino pages, orné de gravures hors texte, Paris, P. V.Stock. moment où, en France, tout le monde, ou à peu près, A se préoccupe, avec juste raison, de questions coloniales et d'émigration, on lira avec le plus grand intérêt l'ouvrage du baron Gostkowski. Ce ne sont pas seulement les simples impressionsd'un voyageur qui foule pour la première fois une terre ignorée il établit un paque l'auteur nous donne sur le Mexique rallèle entre ce qu'il a connu et ce qu'il a retrouvé. C'est cette différence entre ce que fut le Mexique, hier, et ce qu'il est aujourd'hui que le baron Gostkowski nous rend sensible, et, à ce point de vue, son agréable volume, politique et éconosans prétendre être une monographie mique du Mexique, n'en est pas moins une œuvre synthétique d'un haut enseignement pour le colon, le capitaliste et l'historien. Émile Gautier. Une Révolution agricole. Comme quoi quoi la France pourrait nourrir cent millions d'habitanls. Librairie Lecène et Oudin. i5, rue Je Cluny.Prix: i franc.

u


DEUrSC~' KO~OY~Y./E/7'C, 7~E7t~M

L'Hinterland du Togo Allemand Un correspondant de Brême très au courant des choses d'Afrique, après avoir fait le plus triste tableau des épreuves que vient de traverser le Togo, ajoute que la construction d'une ligne de chemin de fer de la côte à l'intérieur est seule capable de relever la prospérité de cette colonie. Certes, ce n'est pas là une idée très neuve, et le gouvernement se décidera sans doute à la réaliser aussitôt qu'il aura opté pour un des deux tracés entre lesquels se

partagent encore les esprits.

Les uns voudraient faire partir la ligne du chef-lieu, Lomé, pour la faire aboutir à Misahôhe. Cette ligne desservirait la partie occidentale de la colonie au détriment de la partie orientale. Les autres préfèrent le tracé plus à l'Est du Petit Pepo, jusqu'à Atakpamé. Le correspondant brémois de la Ao~tM/ze!<M):~ se range parmi ces derniers, et voici pourquoi )° De Lomé à Misai.ôhe, il n'y a que quatre jours de marche. Impossible de pousser la ligne plus loin, car des montagnes barrent le passage. De Petit Popo à Atakpamé, au contraire, il y a de huit à neuf jours de marche à travers un pays plat, très favorable à la construction d'un chemin de fer, qui, grâce à cette pénétration plus grande dans l'Hinterland, drainerait le commerce et vivifierait la colonisation de l'intérieur sur une beaucoup plus large échelle; 2° La partie occidentale du Togo, plus accessible, et déjà civilisée par le voisinage des Anglais, est mieux connue et plus habité.e par les Européens; mais la partie orientale, où quelques colons viennent seulement de pénétrer, semble destinée à un plus grand avenir, grâce à sa population nègre très dense et à sa fertilité. Elle souffre cependant du manque de communications avec la côte; le sel n'y parvient qu'à grand'peine et grands frais, tandis que les marchands anglais alimentent déjà abondamment le Togo occidental de tout ce dont il a besoin pour son développement; 3° L'Hinterland de Lomé ne produit guère que de la gomme, maigre objet de commerce; l'Hinterland de Petit Popo, au contraire, a un grand nombre de produits qui s'accumulent ou restent stériles, faute d'écoulement huiles et graines de palme, mais, pommes de terre, etc. LA

SE~/yE LITTÉRAIRE, GEN~E

Masques d'ébène ettêtes crépues L'auteur de cet article, M. Alfred Dufour, a passé de

longues années au milieu des populations nègres des ÉtatsUnis, qu'il connait mieux que personne. Il relève d'abord, comme trait distinctif, l'inaltérable gaieté du noir, qui fait contraste avec le sérieux morose du Yankee, toujours à l'affût du dollar. Le nègre aussi sait se mettre à l'affût, à l'occasion, mais c'est de l'opossum (sarigue) qui, assaisonné avec des patates douces, constitue son plat favori. Rien qu'à ce nom ~'0~'OMMman~H'~ tatters,· de sarigue aux patates, ses yeux luisants, sa bouche lippue suinte de convoitise. Il vendrait son àme pour son plat de prédilection. Il sait d'ailleurs fort bien concilier sa gourmandise, ses penchants à la maraude et ses devoirs religieux, qu'il remplit en conscience. Quand quelque grand Mee< invite des quatre coins de l'horizon les nègres à se réunir pour célébrer leurculte, tous les fermiers du voisinage tremblent, car ils sont sûrs de voir disparaître unepartie de leurs basses-cours, enlevée nuitamment par ces pieux voleurs. Comme un propriétaire se plaignait de ces larcins au prédicant nègre qui dirigeait le MM<!H~, et l'engageait à faire comprendre à ses frères que l'honnêteté est l'a t c de la religion

0 monsieur, répondit ingénument le

prêtre de cou-

leur, je n'oserais jamais cela jetterait un froid; cela éteindrait le Saint-Esprit. Du reste, chez les nègres, la religion n'est guère que le surnaturel plaqué surla vie, sans qu'il la pénètre. M. Dufour nous décrit ces Mee<t)t~, véritables /<:<t~t'fM religieuses Nous arrivons au momentoù l'on célébrait la SfMK~~on~f/tO~ dance) les femmes encercle et un homme, voleur de poulets émérite, tournant à t'intérieurdececercle. D'un pas rytiirné sur une canti!ene bourdonnée en chœur, les hommes tournaient à )a file les uns des autres, secouant en cadence la main des femmes,dont !a voix reprenait les refrains et psatm diait des ~tmM.'d'une voix aiguë. Une vieiUettMmm~, toute ronde, tournait sur elle-même, les bras étendus,comme une toupie. Une jeune mutatresse, pour se faire remarquer de nous, jeta les brass le sol toute raide, le en )'air,poussaunaHeiMM perçant, et, tombant sur On l'emporta avec bouche. battit des quatre membres en écumant de la respect, mais son exemple fit fortune, et. de toutes parts, d'autres convul. sionnaires tombèrent à l'instar de capucins de cartes L'E~ftV évidem-

mentsoufuait.

L'UNIVERSO, ~NL~N

L'Émigration italienne en Amérique Le chevalier Mainate, qui a été pendant vingt ans inspecteur du port de Gènes, vient de publier un rapport sur le mouvement de l'émigration italienne; Après avoir montré combien la loi interdisantl'émigration a été impuissante à enrayer un courant irrésistible, M. Mainate dit que dans les vingt dernières années, du seul port de Gênes, sont partis un million et demi d'émigrants pour l'Amérique du Sud, soit 75 ooo en moyenne par année. En tenant compte de 400 ooo rapatriements, il estime que, depuis 1857, deux millions d'Italiens se sont définitivement fixés dans ces lointaines contrées. Toujours du port de Gènes, t 200 émigrants en moyenne partent chaque année pour l'Amérique Centrale, et 800 pour

l'Australie. Quant à l'émigration aux Etats-Unis, malgré les meaméricain, elle a sures hostiles prises par le gouvernement mère-patrie une toujours été active, et constitue pour la de qu'y francs, rapsource de revenus annuels de 20 millions accumulées. d'économies portent ses enfants sous forme Par rapport aux diverses classes sociales, le mouvement d'émigration se décompose ainsi 74 pour cent sont des agriculteurs 16 pour cent des ouvriers un peu moins de 5 pour cent des petits commerçants; un peu plus de 5 pour cent des gens sans profession, qui trouvent en Amérique, au lieu de la fortune rûvée, la plus horrible misère. M. Mainate déplore en termes énergiques la rapacité des percepteurs d'émigration. En vertu de la loi de 1888, destinée à enrayer le mouvement, ils faisaient payer aux par année. pauvres émigrants plus de 8 millions de francs depuis lors, Bien que cet impôt inique ait été réduit de moitié le 60 pour cent des sommes perçues n'en constitue pas moins une véritable fraude aux dépens de pauvres diables déjà dans la gène. Il favorise les abus les plus criants. Entre autres exemples, M. Mainate nous raconte qu'il fit en un seul jour restituer aux émigrants 20 000 lire dont des agents peu scrupuleux les avaient dépouillés. Autre abus les conditions de transport, sur les transatlantiques, sont déplorables et violent les plus élémentaires principes de l'hygiène. Ainsi, il est établi que tout passager doit avoir à sa disposition au moins 20 mètres cubes d'air respirable. Les émigrants, dans leur entrepont, n'en ont pas la dixième partie Et cependant les armateurs y gagnent 3o millions par année, le pays 5o millions rapportés par les émigrants des Etats-Unis, et M autres millions du Brésil et de la République Argentine. Il faut d'ailleurs se souvenir que les Italiens de l'Amérique du Sud placent la plus grande partie de leur épargne dans des achats de terrain. La plupart de ces propriétaires, actuellement à leur aise, étaient dans la misère à leur départ. Raison de plus pour que l'Italie protège des enfants qui lui font honneur et profit.


Le Chemin de fer Transsibérien la ligue entièrement Le comité de direction du C/~MH'M de fer 'Transsibérien prévoit l'inauguration officielle terminée pour le I"MtM~< 1001. A~OtM~)OM'M)MÏ, dès maintenant, compléter les ?'fKJf!M<MM~ que nous avons donnés à diverses reprises, dans Le Tour du Monde, sur la COM~C~MM de cette ligne, et indiquer ~Mf~MM-MM~~ des importantes conséquences qui résulteront de l'acbèvement de cette 0'M'U~ considérable.

LES possessions russes, tant d'Europe que d'Asie, s'étendent sur une superficie de 2; c)[~ ooo ki lomètres carrés, soit la sixième partie de la surface conla moitié de celle de la lune. tinentale du globe, De la frontière allemande aux côtes sibériennes de l'Océan Pacifique, la distance est de 6 ooo lieues, et la différence de temps est de près de douze heures.

aux animaux à fourrure, la seule ressource que présentât à l'activité humaine !a Russie asiatique, et encore ne se rendait-on pas un compte bien exact de leur importance. Est-il besoin de dire que l'ignorance seule était cause ici comme pourd'autres points du globe de ces opinions préconçues, de cette défaveur, de cette indifférence absolue que l'on professait pour les choses de Sibérie? Presque sou-

Lorsqu'il est minuit en Pologne, il est midi à Vladi-

vostok,

et vice

dainement, une

versa. L'étendue de la Sibérie seule

sortederëvëiation s'est accomplie, et le reste du monde a appris, avec une véritable stupé-

dépassed'unquart celle de l'Europe entière. Ces immenses régions ne

faction, que)a

sont entrées dans le

courant de la

qu'àà époque de

civilisation une

D'après M~e photographie de

mières relations sérieuses de la Moscovie avec l'Europe occidentale datent à peine de Pierre le Grand. A plus forte raison en est-il de même de la Sibérie, dont l'éloignement et l'absence de voies de communication ont fait, jusqu'à ces derniers temps, comme un monde à part.

n'y a pas longtemps encore, il était « classique ") de dépeindre la Sibérie comme une sombre terre de désolation et d'exil, où « les victimes de la tyrannie des tsars achevaient péniblement leur misérable vie dans l'exploitation des mines. Ces mines étaient, supposait-on, avec la chasse Il

TRAVERS LE MONDE.

est, sur la majeure partie de son étenA/. P/frr~ Z.crof-7~o~/tL' due, une terre fertile, peuplée par une race libre (6 5oo ooo habitants), énergique, intelligente, dont la civilisation, aussi avancée que la nôtre, a pris un extraordinaire essor un pays en pleine activité industrielle (mines, métallurgie, manufactures, industrie agricole) et commerciale, pourvu d'un important réseau de routes et de voies navigables, et dont le chemin de fer transsibérien va centupler la valeur économique. C'est le projet et l'exécution de ce chemin de fer qui ont attiré l'attention sur ces régions. Ces steppes, que l'on croyait désolées et dépeuplées, valaient donc la peine de construire à grands frais un railway de y 587 kilomètres Cela parut tellement extraordinaire que l'on

L):ctu.H[~i't;!):[t"ri.)m':[tjHA),\srvrf0~n'")'RfVf:nnn[T!

l'histoire relativement très récente, puisque les pre-

A

« sombre Sibérie o?

!5* LIV.

? t5.

t5 avril

<8q<).


s'informa et que l'on apprit enfm la réalité, savoir que la Sibérie est une autre Russie, aussi riche sinon plus riche que celle d'en deça de l'Oural, et capable de rendre au centuple toutes les sommes qui seraient dépensées pour la mettre en valeur.

construction de la section intermédiaire, de la rivière Obi à Irkoustsk (1 y 5~ verstes) achève-

tes~)

ment de la section Vtadivostok-Grafskaïa, commencée le t2 mai t8qi jonction de la ligne des mines de l'Oural avec Tcheliabinsk. DfM~MMM période. Construction des sections de Grafskaia à Khabarovsk (~~y verstes) et de Stretensk au lac Baïkal (100~ verstes). permettant d'utiliser le cours du fleuve Amour et les eaux du Baïkal pour relier entre eux les tronçons déjà construits. 7)'OMMM~~no~. Construction du Circumbaïkai (2~2 verstes) et de la section de Stretensk à Khabarovka (2000 verstes), supprimant les derniers transbordements par eau, et complétant la ligne ferrée continue à travers la Sibérie. La dépense totale était estimée à 350 millions de roubles (environ un milliard de francs), et l'on comptait avoir terminé les

n'est donc pas on ne saurait trop le répéter cette terre glaciale qui hante nos lointains souvenirs géographiques. La Sibérie

Sans doute, le long des mers polaires s'étend une zone plus ou moins froide, d'une largeur variable avec les accidents géographiqueset le régime météorologique. Mais, au-dessous du parallèlede 50°, la Russie asiatique re diffère pas très sensiblement de la Russie européenne, et même certains territoires, tels que ceux de l'Amour et de l'Oussouri à l'Est, celui de Semipata-

tinsk à l'Ouest, qui descendent plus lèle de $< peuvent être rangés parmi les régions lesplus favorisées du globe. Il n'a longtemps manqué à ce pays, pour prospérer à l'égal de tant d'autres, que d'entrer en relation avec le reste du monde civitisé. Depuis que, grâce à l'intelligent concours du gouvernement de Saint-Pétersbourg, des flots d'émigrants se sont portés vers )a Sibérie, on y & vu fleurir

l'agriculture,les arts utiles, et s'y développer rapide-

bas que le

paral-

travaux en 1~00.

Depuis lors, ce gran-

diose programme a été suivi avec une activité et une

sans

égales. Sans doute. la tâche des ingénieurs et des

constructeurs a été grandement facilitée par la topographie spéciale des pays à traverser, immenses plaines peu accidentées où

)t)\)n)M)iM)\-M:)t:t<).xcu~sTRrcnc\srRL.'n'\fS~Ï.

D'j/'r<~

t/Hc

~~o/o~r~/n'f de

ment des villes qui ne le cèdent en rien aux cités européennes. Aussinetarda-t-on pas à sentir la nécessité de voies de communication de plus en plus nombreuses et perfectionnées pour les hommes, pour tes produits commerciaux et pour les idées. A l'admirable réseau navigable que possédait naturellement le pays s'ajoutèrent rapidement des routes bien entretenues, et le télégraphe relia tous les nouveaux centres de population, d'un'bout à l'autre de

la Sibérie.

l'occupation desterritoiresde l'Amour() 8~0), il commença à être question de chemins de fer. De nombreuses propositions furent faites aux autorités impériales, par des particuliers, pour. la concession, soit de tronçons de lignes, soit même de lignes considérables destinées à relier toute l'Asie russe au réseau des lignes européennes. Ces divers projets, s'ils n'aboutirent pas à des résultats pratiques, eurent du moins pour effet d'élucider peu à peu la question des railways sibériens, provoquèrent des études et fixèrent enfin les idées sur le choix du meilleur tracé et des moyens de l'exécuter. Et c'est ainsi que le gouvernement impérial de Russie arrêta définitivement. le 21 février t8a[, que le grand railway sibérien serait construit directement, aux frais du Trésor, de Tcheliabinsk à Vladivostok. La réalisation de l'entreprise fut répartie en trois périodes. /~MWM~no~. Construction de la section occidentale, de Tcheliabinsk à la rivière Obi (t 328 versDès

persévérance

l'infrastructure de la voie

f~'rf ~crc~-B~H/!C~.

n'exigeait que peu de travaux. Les seuls ouvrages d'art de quelque importance ont été les ponts, dont un de i 50o mètres sur l'Ienisseï. Les terrassements ont été insignifiants, et l'on a toujours trouvé sur les lieux la main-d'œuvre et l'outillage nécessaires, c'est-à-dire les brouettes et les charrettes du pays Il faut reconnaître cependant que la méthode d'avancement adoptée par les ingénieurs a également contribué considérablement au succès de l'entreprise. Les rails ont été utilisés, au fur et à mesure de la pose, non seulement pour les transports et les approvisionnements, mais aussi pour l'organisation de trains'de travaux et de trains de pose permettant de décharger rails, traverses et éclisses en pleine voie.

Af.

ont

Les Nouvelles Géograbbiques et le Tour du Monde donné des renseignements complets sur les travaux

Transsibérien, au fur et à mesure de leur avancement. Nous n'avons donc pas à les reproduire ici. du

Rappelons seulement que le Transsibérien se rattache, à Tcheliabinsk, au réseau des chemins de fer russes. 11 prolonge la ligne Moscou-Riazan-RiajskSamara-Oufa. Il se dirige d'abord vers l'Est, en traversant les plaines qu'arrosent le Tobol, l'Irtych et l'Obi. A partir de Krasnoïarsk, la ligne s'infléchit vers le SudEst pour gagner Irkoutsk. Le Comité de direction du Transsibérien, après avoir tenu, au mois de mai !8c)8, plusieurs réunions plénières, a publié le compte rendu général des recherches faites et des travaux effectués sous Sa direction, ). La verste vaut < 06" mètres.


l'\t.

Dt.\IC~Y DI:

f.RDE SI'R

LE CIIEHIN DE t'ER DE SIISI~.itll:.

D'a~ff~ «Me/o<o~T~/t!edc ~t/. Pierre

~i't'n~M);t'H.

depuis le début de l'entreprise jusqu'au )"' janvier ;8c)8. C'est à ce document officiel, complété par quelques renseignements partiels qui nous sont parvenus depuis, que nous empruntons les défaits qui suivent, relatifs à la situation actuelle des travaux. Depuis Tcheliabinskjusqu'à Krasnoïarsk, sur une étendue de 2 040 verstes, la ligne est ouverte normale-

ment au commerce. De Krasnoïarsk à Klioutchinsk (~o verstes). la ligne est ouverte temporairement; elle le sera définitivement aussitôt que les derniers travaux d'installation des bâtiments de l'exploitation seront terminés. Au delà de Klioutchinsk, les rails sont posés sur une longueur de ~oo verstes, jusqu'à Touloune; il n'y a plus, sur cette section, qu'à achever la construction de deux ponts.

Touloune à Irkoutsk (360 verstes) et d'Irkoutsk à Lisvenitchnaïa (60 verstes), sur le lac Baïkal, les terrassements sont terminés; presque tous les p.onts et les bâtiments des gares sont construits.

conventions avec la Chine, ira directement de Stretensk à Vladivostok, à travers la Mandchourie. Déjà des études topographiques ont été faites sur les lieux par les ingénieurs russes en vue du nouveau tracé. L<.s s travaux seront entrepris le plus tôt possible les navires de la flotte volontaire. et quelques autres bâtiments, spécialement anrétés en France et en Angleterre, ont commencé le transport, d'Odessa à Vladivostok, du matériel et des troupes de protection nécessaires. La construction d'un embranchement conduisant de Bedouné de Girin, par Moukden, à Ta-Lien-Wan, est résolue en principe, mais les études du tracé ne sont pas encore commencées. Le Rapport du Comité du Transsibérien nous donne les chiffres suivants relatifs aux dépenses faites de !8()3 à 1897 pour la construction de la ligne.

Constructiondu Transsibérien occidental, sans la branche Baïka).

126.800.000

iiabinsk. SuJ.

24~00.000

Transsibériencentra). Embranchement lekaterinbourg-TcheEmbranchement Ouroussik Embranchement Ouroussik Embranchement Irkout'k-Baïka).

Nord.

1. Chemin de fer Zabaïkatsti. Bac à

vapeur a travers le lac

Tour ~K Monde a parlé du vapeur briseglaces qui doit transporter les trains d'un bord à l'autre du lac, en attendant que la voie de contourne-' ment de ce lac, dont le tracé présente de réelles difiicultés, soit entreprise. On n'en est encore, pour cette voie, qu'aux recherches préliminaires. Dans la section de Transbaïkalie, les terrassements sont terminés. On avait commencé la pose des rails, et les trains de travailleurs, partant de Stretensk, s'avançaient jusqu'à Mitrophanov (300 verstes;. Mais de très fortes inondations, survenues à la fin de t'été 1897, ont enlevé la voie. Il a fallu recommencer le travail déjà fait. si bien qu'à la fin de 1897, les rails n'étaient posés que sur une étendue de to8 verstes. Dans la section de l'Oussouri, le premier train venant de Vladivostokest entré à Khabarovsk le i septembre 1807. On a vu que, d'après le projet primitif, la voie ne devait pas sortir du territoire russe, ce qui l'obligeait à décrire un grand coude vers le Nord à partir du lac Baïkal. Mais les négociations engagées entre la Russie et la Chine, à la suite de la guerre sino-japonaise, ont permis de modifier cette partie du tracé. Au lieu de côtoyer l'Amour de Stretensk à Khabarovsk, le chemin de fer, en vertu des nouvsl'es

Ba'ik:

)6.300.ooo 56.000.000 $6.000.000 6. ooo. ooo

8.000.000

noise. noise.

t8). tco.ooo

Perin-Cotlan.

22.000.0CO

Tota!

52.900.000

Tomsk.

Embranchement de Embranchement Onon-frontière chi-

Embranchement Nikolski-frontière chiEmbranchement

Dépensesdiverses.

De

Le

Francs.

6. 500.. ooo

8t.8oo.0t0 8t.2oo.ooo

cAo.ooo.ouo compter, en outre, pour opérations topographiques et astronomiques, irrigations, recherches géologiques, instruments agricoles, etc., une somme Il faut

de 3o millions environ.

Au point de vue de l'exploita'.ion, nous avons dit que les trains circulent réguhérement entre Moscou et Krasnoïarsk et entre Vladivostok et Knabarov, k. Depuis le t" décembre ~08, il y a.entre Moscou et Tomsk un départ régu'.ier chaque jour. les prix sont tout à fait réduits, ainsi qu\nn

caae n'uor (ame DROln:

D\~r~'M~j~/m~yrJp/;<c(h;J/t'rrt'~t*tY))-Bt.)f;~M.


peut en juger par ceux indiqués ci-après, qui s'appliquent au trajet Saint-Pétersbourg-Obi 52 roubles, ou environ 208 francs. i" 132 francs. 2° classe. 32r.2ok. 83 fr. 20. 3° classe. 20 r. 80 k. Les premiers résultats donnés par la construction du chemin de fer transsibérien font déjà prévoir les immenses conséquences économiques qu'aura son achèvement, non seulement au point de vue sibérien et russe, mais même au point de vue des intérêts généraux du monde civilisé. Tout le long de la voie; des centres de population surgissent comme par enchantement. On cite tels points, hier encore déserts, où prospèrent aujourd'hui des bourgs de plusieurs milliers d'habitants. Les terres se défrichent, toutes les ressources locales sont exploi-

classe.

tées avec ar-

deur, et donnent déjà un certain traficc aux sections en

exploita-

tion. C'est la reproduction du phénomène observé naguère dans les régions de l'A-

d'un procès célèbre, en t86~. D'autre part, les Sibériens, surtout ceux de l'Est, commencent à parler un russe qui n'est qu'à eux. M. Rovinski y a compté jusqu'à trois mille mots dérivés des langues indigènes. diversités de langue, d'humeur, « Toutes ces minces

de caractère, cette absence de patriotisme russe, cette tendance à polémiquer avec les'Russes, semblent présa-

ger une séparation. Mais il n'est pas dit que d'autres causes ne viendront pas agir en sens inverse. » Parmi ces causes, M. Rambaud signale justement le Transsibérien et l'accroissement qu'il donne à l'émigration russe. Néanmoins, il n'est pas sans intérêt de noter au passage l'état d'esprit des « Yankees o le mot est également de M. Rambaud. de la Sibérie Parmi les autres conséquences considérables et prochaines qu'entraînera l'achèvement du Transsibérien, il faut te-

nircomptetout

particulière-

ment de l'influence de cette ligne, en de-

hors même des

possessionss russes, sur la

rapidité des communications interna-

tionales. Actuellemérique du ment, on peut Nord, traverTRAfLDrTRAXSStnERlEN. faire le tour du sées par le Pamonde par le canal de Suez, en 60 jours environ. et/M 'T~M'~oa~ et par le C~M~MM Pacific Railway. L'achèvement du chemin de fer transsibérien permettra La zone qui sera vivifiée directement par le nouveau d'accomplir le même trajet en un mois. C'est l'avis chemin de fer, en ne lui donnant que 100 verstes même du ministre des voies et transports de Russie, de largeur de chaque côté de la voie, aura déjà une qui inspecta dernièrement les travaux de la ligne et superficie sensiblement égale à celle de l'Europe cenannonça son ouverture pour )C)Ot. trale, et cela dans la partie la plus riche en ressources Le voyageur partant de Saint-Pétersbourg, par agricoles et en minerais métalliques. exemple, le i" janvier, arrivera le 8 à Vladivostok, et Aussi un courant d'émigration de plus en plus de là prendra un paquebot qui le débarquera a Sanintense se porte-t-il vers la Sibérie. Il n'y a donc rien Francisco le 18. De San-Francisco à New-York, voyage d'exagéré dans cette opinion de M. Alfred Rambaud par rail en 4 jours et demi. Départ de New-York le 23 « Il est certain que la Sibérie, si longtemps crue qu'elle inhabitable, est un pays de grand avenir; au soir, pour arriver à Brême le 29, et à Saint-Pétersbourg 30 heures plus tard, c'est-à-dire avant la fin du aura un jour des ~y:<M~f M/y/tOMï~aM~M~ 1 ». mois. Ces Sibériens, M. Rambaud nous les dépeint Et cela sans tenir compte de l'accélération de la sous un aspect assez imprévu. » Tout en tenant morvitesse des trains et des paquebots, qui sera certainedicus à leur origine slave, dit-il, ils ne se sentent pas ment notable d'ici là. Russes. Ils ne voient pas des compatriotes dans leurs voisins d'outre-Oural. Quand un Sibérien dit à un Il n'est pas douteux que, dans ces conditions, la plus grande partie du commerce européen avec la voyageur « Vous êtes Russe », il veut dire par là Chine prendra la direction du Transsibérien. « Vous êtes étranger. » L'indifférence du vieux Sibérien, du starogil, aux destinées de ces étrangers, est Ce simple exemple suffit à démontrer toute l'imcomplète. La légende veut qu'en 1812, les gens d'Irportance économique que sont appelées à prendre les koutsk, s'attendant à l'arrivée de Napoléon, au lieu de régions situées sur le parcours du chemin de fer transLe triomphe. de brûler leur ville, aient élevé des arcs sibérien, et par conséquent l'attention toute spéciale mot de a été déjà prononcé en Sibérie, lors qu'elles méritent de la part de l'esprit d'entreprise, d'autant plus qu'elles regorgent de richesses minières. t. Alfred Rambaud, les Sibériens (./OMDM/ des Débats du 3 novembre ;8t)3). C'est ce qu'avait d'ailleurs indiqué le tsar Alexandre III, question les intéressante On pourra consulter sur cette dans son rescrit du 27 mars i8pt, adresséau tsarevitch anicles suivants Le chemin de fer r'M~dr:e)!, d'après Nicolas le but du chemin de fer est, disait-il, de relier le général von Erkert (A'OMfc//M Géographiques du 18 juillet grand '7'~HMiMr~H, par J. Deniker (NoMfe/~ les provinces richement dotées de Sibérie avec le cœur Le Tour du Monde Géographiques de décembre ;8t~); même de la Russie. p~~ COMBES.

.!<Mf

;)

~numéros du i? mai et du 2 octobre t8o~.


Les Navires Pétroliers

et l'emploi du combustible liquide ON désigne

sous ce nom les navires à voiles ou à vapeur qui transportent du pétrole en vrac, c'est-àdire dans des compartiments étanches formant réservoirs. Ces bâtiments sont aussi appelés navires-ci-

ternes. C'est en Suéde que l'on a construit, en 1885, le premier vapeur de ce type il se nommait et était. affecté au transport en vrac des huiles minérales qu'il allait prendre à Batoum. L'embarquement comme le débarquement s'opérait au moyen de pompes puissantes et s'effectuait en quelques heures. C'est en 1886 qu'a été mis à l'eau le premier vapeur pétrolier destiné à transporter du pétrole des États-Unis en Europe. Ce navire était le Glückauf, et avait été construit dans les chantiers Armstrong, à Newcastle sur Tyne. sous la surveillance spéciale du « Bureau Veritas » et pour le compte d'une compagnie hambourgeoise. Il avait 90 mètres de longueur et pouvait transporter 3 ooo tonnes d'huile. La partie centrale, en dessous de l'entrepont, était subdivisée en t6 réservoirs par une cloison longitudinaleet par p cloisons transversales consolidées les unes et les autres avec un soin particulier. La muraille du navire avait été renforcée par de solides ceintures dans toute la par-

tie contenant les réservoirs,et tout cet ensemble avait été construit comme pour une chaudière nécessitant une étanchéité absolue et pouvant supporter une forte pression. Les rivets étaient à double fraisure, d'une qualité supérieure et plus rapprochés que dans les cons-

tructions ordinaires.

Le Glückauf avait deux ponts en fer dont les

panneaux étaientmunis de fermetures hermétiques. Les réservoirs se trouvant sous le pont inférieur, l'entrepont était traversé par des caissons ou puits ~tanches servant de chambres d'expansion ou de réserve, suivant que le chargement liquide se dilatait ou se contractait sous l'influence des changements de température. Ces caissons étaient munisd'appareils de pompage permettant d'envoyerl'huile dans l'un quelconque des réservoirs, suivant les besoins, et il y avait des ventilateurs pour l'évacuation des gaz volatils. La plus grande partie du chargement se trouvant en contact avec la partie immergée du navire, la température de l'huile ne peut jamais différer sensiblement de celle de la mer. Il en résulte que la perte par évaporation, si considérable avec le transport de l'huile dans des barils, est réduite à son minimum. Un autre avantage du transport en vrac, c'est que les gaz volatils ne peuvent se réunir qu'à la partie supérieure de l'entrepont, dans les puits d'expansion, d'où ils sont facilement refoulés. Malgré ces dispositions, les navires pétroliers nécessitent encore de nombreuses précautions pour diminuer le danger qu'offre ce genre de transport. Tous ces navires sont éclairés à l'électricité, et les machines et chaudières sont placées sur l'arrière des réservoirs, dont eUes sont séparées par deux cloisons étanches formant une sorte de puits ou c~r~am qui s'étéye


jusqu'au pont supérieur. Ce puits permet de recueillir l'huile qui peut filtrer à travers les cloisons des réservoirs, et on l'en extrait au moyen d'une pompe ad &oe. Il y a aussi un ventilateur spécial pour ce puits, ainsi que des jets de vapeurpour purger les gaz qui pourraient

s'y former.

Depuis la construction du GMe~<!M/, on a apporté quelques perfectionnements de détail, mais les dispositions sont restées à peu près les mêmes sur les vapeurspétroliers construits après t886. Il existe actuellement 180 navires pétroliers représentant 401 024 tonneaux de jauge brute, dont 70 jaugeant ensemble 210586 tonneaux sont anglais, 22 représentant 65 n 2 tonneaux, battent le pavillon allemand, 18 sont hollandais et ont une jauge brute collective de 37 7;4 tonneaux; 36 appartiennent à la Russie et jaugent 30 673 tonneaux: )0 sont américains et représentent 15 987 tonneaux, etc. En France, nous possédons le vapeur pétrolier Ville de Douai de 019 tonneaux bruts, construit à Newcastle en 1800, sous la surveillance du « Bureau Veritas », ainsi que le trois-mâts-barque ~<M~M& de 747 tonneaux, construit dans les chantiers du Pen'houet, à Saint-Nazaire, et faisant les voyages de Philale trois-mâts-barque delphie aux Sables-d'Olonne

Ville de Dieppe, de t 229 tonneaux et construit à Southampton en [888, et le beau quatre-mâts-barque Q,uevilly, de 3482 tonneaux de jauge brute et construit dans les chantiers de Normandie, au GrandQuevUly, prés de Rouen, en 1897, pour la maison Prentout-Leblond et Boniface de Rouen. Les principales caractéristiques de ce navire sont les suivantes longueur à la flottaison 04'30. lar-

geur hors membres :3"oo, creux sur quille 8't0. jauge brute totale 3 841 tx 52, portée en lourd 3 85o tonnes et surface de voilure 4 800 mètres carrés. Il y a s'étendant sur une cloison longitudinale toute la longueur des compartiments à pétrole, et 10 cloisons

transversales. L'éclairage électrique comporte 75 lampes. La dynamo qui les alimente est actionnée par un moteur à pétrole de 8 chevaux dont la marche est très régulière. Les feux de position sont électriques avec une sonnerieavertisseur en cas d'extinction. La coque, les cloisons et les puits d'expansion sont en acier. Grâce à la finesse de ses formes et à son immense surface de voilure, le QMeM'H)' est un navire de grande marche. Sa plus belle traversée de retour aété enectuéeen à la rade du Havre. 15 jours, de Philadelphie Le nombre des navires pétroliers est appelé à augmenter parce que le « combustible liquide c'està-dire l'huile minérale, remplacera bientôt le charbon sur beaucoup de navires à vapeur. En effet, une importante maison de Londres, qui est propriétaire d'immenses terrains où se trouvent des puits à pétrole, dans l'ile de Bornéo, vient d'établir des dépôts de pétrole à Suez, Port-Saïd. Perim, Bombay, Singapour, HongKong, etc. Il en résulte que les vapeurs chauffant au pétrole peuvent renouveler facilement leur approvisionnement de « combustible liquide ? jusquesety compris Changhaï. 11 existe déjà un certain nombre de vapeurs chauffant au pétrole, notamment les 15 qui

», dont deux sont affectés au service des dépôts de pétrole récemment installés à l'usage des navires qui se rendent dans les mers de l'Extrême-Orient. Une tonne de pétrole de Bornéo est équivalente à deux tonnes et demi du charbon que l'on peut se procurer dans les mers de Chine elle coûte shillings à Singapour et Hong-Kong, 40 à Yoko~o hama, 45 à Suez, etc. Il est à remarquer que les chaudières marines à retour de flamme qui chauffent ordinairement avec le charbon peuvent être disposées pour le chauffage au pétrole. C'est le cas de plusieurs paquebots de la flotte volontaire russe. Sur les derniers vapeurs pétroliers, l'Haliotis et le Trigonia, de la Shell Line, vapeurs qui sont destinés à entretenir les réservoirs précités, il y a une installation spéciale qui permet de passer rapidement du chauffage au charbon au chauffage au pétrole et vice versa. Les principaux avantages du combustible liquide sont les suivants suppression des chauffeurs; moins de temps pour remplir les soutes moins de poids à transporter et moins d'espace occupé, d'où possibilité de transporter plus de marchandises. Si l'emploi du pétrole se généralise, l'Angleterre sera la première à en souffrir. Aussi n'est-ce pas sans une grande appréhension que les propriétaires des mines de charbon d'outre-Manche constatent les progrès incessants de la substitution du pétrole à la houille. Capitaine L. MULLER.

appartiennent à la

« -SM~ Line

La troisième Ascension

du Kilima-Ndjaro par le Docteur Hans Meyer A u mois

d'août 1898.

le

vaillant ascensionniste,

accompagné du peintre Platz, de Munich, a quitté la station de Mochi, à une altituje de t 160 mètres, avec 30 porteurs nègres. 11 se proposait, en escaladant de nouveau la pyramide du volcan éteint du Kibo, de résoudre certains problèmes qu'il avait dû laisser en suspens, à savoir 1° Jusqu'où s'étend le manteau de glace et la montagne ? 2° Quelle est la structure et composition physique de cette glace ? Y a-t-il une trace encore visible d'une extersion ancienne plus considérable de ces glaciers ? 40 Quel est l'état actuel du cratère du Kibo et du Maouensi ? ~° Quelle

est la structure géologique de tout le

massif?

traverser d'abord une large ceinture de forêts vierges qui semble environner une grande partie de la montagne. A 4 soo mètres de hauteur, la forêt faisait place à des steppes herbeuses. hauteurs absolument stétites Puis vinrent des Le docteur dut


et desquelles surgissaient les deux sommets du Kibo et du Maouensi, ce dernier de formation géologique plus ancienne. Mais alors les voyageurs durent traverser des crevasses profondes, dont l'une semblait fendre le massif sur une étendue de 2 ooo mètres, et jusqu'à 600 mètres de profondeur. Ce sont des fentes dues aux érosions de l'eau et de la glace. Après avoir traversé un campement d'indigènes massaï, sales et effrontés, où ils laissèrent presque tous leurs porteurs, M. Meyer et son compagnon mirent le pied sur de hautes moraines qui les conduisirent jusqu'à un premier glacier. Devant eux dressait la paroi formidable du Kibo, qu'ils gravirentse l'Est. Ils troupar vèrent encore là-haut, à 5 .20 mètres, une dernière plante rabougrie, de la famille des crucifères. Enfm, à une altitude de 790 mètres, ils atteignirent le cratère du Kibo, qui est éteint depuis longtemps, bien que les feux souterrains y fassent encore trembler le sol. H est couvert d'un névé qui nourrit plusieurs glaciers inférieurs, entre autres trois au Nord-Ouest, le docteur Meyer que a découverts le premier, et qui descendent jusqu'à 4860 mètres. Sur le revers méridional, M. Meyer reconnut six autres glaciers. Mais les traces d'anciens champs de glace beaucoup plus étendus prouvent qu'autrefois la températurede la montagneétait beaucoup plus humide et rigoureuse. De toutes parts, de gigantesques raines et des traces d'érosions, bien au-dessous modes glaciers actuels, rappellent cette époque glaciaire antérieure. Le Kibo a été de nouveau escaladé, au mois de septembre de la même année, par le commandant allemand Johannes et le percepteur Korner, qui ont confirmé les découvertes de leur devancier.

quelle se

du mois de janvier <8c~ à l'été de i8c)6. Cet itinéraire a été indiqué au prince par Nansen tut-même. La Stella Polare, moins longue et moins large que le F~M!, a une machine plus puissante. Elle développe une plus grande voilure, et sa vitesse est beaucoup plus grande elle est aussi plus solide.

L'abbé Jean Hurabielle. les oasis environnantes.

3fr.5o.

des Abruzzes

au Pote Nord

VOICI quelques renseignements sur le voyage au pô)e que le duc des Abruzzes, neveu du roi Humbert, se propose d'entreprendre. Le y avril 1895, Nansen, en touchant le 80° 13'36" de latitude Nord, a marqué le point le plus élevé qu'aient atteintjusqu'ici les explorateurs des régions arctiques ce point est éloigné seulement de 227 milles du Pôle Nord, c'est-à-dire d'environ 420 kilomètres. Nansen y est parvenu, non avec son vaisseau le Fram, mais au moyen de traîneaux en parcourant, du 7 avril, mars au Pin espace de deux cents kilomètres Aujourd'hui, le duc des Abruzzes tente de nouveau, avec la Stella Polare, cette audacieuse entreprise. L'expédition se rendra d'abord à Arkhangelsk. Là, on embarquera t$o chiens pour les traîneaux: La StellaPolare sera poussée vers ta plus haute latitude possible puis l'ori se servira des traîneaux. D'Arkhangelsk, il est probable que le duc se dirige vers la Terre François-Joseph, au Nord'de la-

Au

~c<M

vol.

~<<'M.

~~Ar~ e/

A. Challamel,

prix

t 'AL'TEL-Rde

ce livre a eu l'occasion, soit à titre de secrétaire du cardinal Lavigerie, soit comme simple touriste.

de passer plusieurs hivers à Biskra. Ses séjours dans la capitale des Zibans ayant été espacés de quelques années, il a pu constater les progrès assez rapides réalisés dans s cette région de l'Algérie. M. l'abbé Hurabielle a donc fait une monographie très

complète et très détaillée de la T~'Me des oasis. Tous ceux quiaiment les pays baignés de soleil auront plaisir à lire les pages de son agréable volume. Et si. après avoirlu le livre, ils prenaient le parti de s'en aller à Biskra, ils répondraient au vœu de l'auteur, car son but est, dit-il, « de se rendre utile non seulement à Biskra. mais encore aux santés ébranlées, aux tempéraments affaiblis rar le ciel brumeux du Nord, à tous les esprits curieux, à tous les cœurs fatigués qui voudront, loin de la fièvre de civilisation qui nous consume, oublier dans un coin vert et joli, au sein d'une nature reposante, les soucis, les préoccupations et les amertumes de la vie

Archiduc Louis-Salvator. Alboran. vol. in-.l de 89 pages avec carte et gravures. Prague, Librairie

Heinr. Mercy Sohn. 'AROUDUC Louis-Salvator d'Autriche continue ses croiL sières et ses études en Méditerranée. De cet admirable domaine de Miramar, joyau de l'ile de Majorque, dont il a fait un sanctuaire de la science comme au temps où Raymond Lulle y établissait son école de linguistique,berceau de sa propagande, l'archiduc rayonne sur la Mer historique et de chacun de ses voyages i) rapporte les éléments d'un livre pour ses seuls amis il faut le regretter, tout en nous félicitantd'être de ces privilégiés -car les œuvres du prince mériteraient d'être connues et mises entre les mains du grand public. Qui ne connaît, tout.au moins dans le monde lettré et savant, Die Balearen im Wort und 'B;M, cet admirable monument élevé par l'Altesse Impériale et Royale à l'Archipel où elle a planté sa tente! Mais à côté de ce grand ouvrage, que de livres plus modestes et cependant non moins intéressants, par exemple ce volume surBizerte(Bf~<;r<, que nous envoyait' l'archiduc l'année dernière et qui devrait être traduit en français et répandu à profusion, pour faire connaître ce coin de Tunisie où flotte notre drapeau et où il y aurait tant à faire pour nous, si nous le voulions. Cette fois, c'est une terre minuscule, presque complètement ignorée, que l'archiduc a voulu décrire l'iiot d'Alboran, situé sur la route de mer de Gibraltar à Oran, entre la côte espagnole d'Adra, d'Almeria et de Malaga, et la côte marocaine du cap des îles Forcas, à 3() milles de Melilla et à 48 milles d'Adra, les points habités les plus rapprochés de la côte d'Afrique et d'Espagne. Alboran ce n'est, avec l'écueil de la Nube, qui dresse à l'Ouest ses roches fantastiques, qu'un point perdu dans la et pourtant l'archiduc Louis-Salvator, secondé par lemer, crayon de dévoués collaborateurs et, du reste, lui-même artiste et dessinateur à ses heures, a trouvé le moyen de nous en donner une description attachante, une monographie des plus complètes, précise et scientifique, en même temps que très artistement illustrée.

t

Le Duc

trouvent les latitudes touchées par le


L'Exploration des Cavernes

(suite)

~e~

<9tf. Martel, l'initiateur de l'exploration des Cavernes, a indiqué les précautions à prendre Dans MM~retK~f descente et CO~MM~ celle de l'éclairage. On lira avec dans une descente. Il aborde aujourd'bui la yK~!<M/: MMM< intérêt les ~MM~~MM curieuses que la ~M/t~MS lui a ~M~e)'~M.

LA DESCENTE

j

est dangereux de se faire descendre dans des puits profonds par de simples cordages passés sous les aisselles cela produit une compression des côtes et des poumons qui peut aller jusqu'à l'asphyxie. Les escarpolettes de gymnastique, avec ceintures bouclées, et les sangles en toile et cuir, sortes de bricoles suspendues avec des ouvertures et des

anneaux pour les membres, entravent la liberté des mouvements, sont encombrantes, accroissent l'outillage déjà considérable nécessaire aux explorationssouterraines et ne peuvent pas toujours circuler aisément dans les puits, surtout lorsque ceux-ci sont étroits ou contournés en tire-bouchons même les échelles de cordes avec leurs nombreux barreaux sont déjà particulièrement embarrassantes. Nous n'avons point adopté non plus les moufles doubles, qui permettent au patient de contribuer lui-même à se hisser et qui diminuent la peine des hommes de manœuvre cet avantage est annihilé par les trois mêmes inconvénients que ci-dessus, et de plus les moufles consomment trois fois plus de cordages. Il nous est arrivé de descendre six, sept ou huit dans un trou compliqué, et chacun avec notre bâton s'il nous avait fallu autant d'escarpolettes ou de bricoles, le bagage eût été excessif. Si l'échelle sert pour la descente, elle tient lieu de corde de sûreté mais le câble et le bâton subsistent; ils sont filés d'en haut au fur et à mesure par les ouvriers, qui doivent toujours sentir au bout de leurs bras le poids de l'explorateur et conserver la cadence de ses mouvements de descente ou d'ascension. Non seulement le câble et l'échelle se tiennent lieu ainsi de sûreté réciproque. mais encore les hommes de manœuvre l'explorateur est ont moins de peine, plus confiant puisque ses membres s'accrochent à l'échelle, et il peut se reposer de temps à autre en s'asseyant sur un barreau. Il serait malaisé d'escalader sans le secours du câble cent mètres et plus d'échelles de cordes. A la surface le câble est manœuvré (de même que la corde de sûreté, s'il y a lieu), soit à la main par cinq, six ou sept hommes selon la profondeur du puits, soit en passant sur une poulie, par quatre ou cinq hommes, soit enfin au moyen d'un treuil actionné par trois ou quatre hommes seulement. Selon la disposition et la largeur de l'orifice, la poulie est suspendue après une poutre mise en travers, ou à une chèvre de charpentier, ou bien enfin à une chèvre i.

Voir le n" 30 de 1898, page 24o.

trépied 'pourles trous étroits seulement). S'il y a des puits successifs, il faut faire descendre un certain nombre d'hommes sur les différents paliers, pour que les manœuvres puissent s'effectuer. Ces f~t!M~ sont quelquefois très dangereux à occuper, à cause de leur pente glissante, de leur étroitesse et des chutes de pierres venues d'en haut. Mais je ne saurais détailler ici les incidents et)esdif6cu)tés des manœuvres à exécuter. H y a là une véritable école personnelle que chacun devra faire à son idée et selon les circonstances. J'ajoute seulement que, si l'on ne dispose pas d'une longueur d'échelles égale à la profondeur du puits et qu'une allonge de corde lisse soit nécessaire, il importe de mettre cette allonge en haut et non en bas ainsi, en effet, on trouvera la sûreté et la commodité des échelons au fond. à l'extrémité de la ligne, loin de tout secours, plutôt qu'au sommet, où une aide éventuelle peut être plus aisément portée. Quant aux cordes à nœuds ou à barreaux de perroquets, il faut, selon nous, les proscrire, quoique moins encombrantes que les échelles de cordes, à cause de la fatigue qu'elles occasionnent, surtout à la remontée. L'ÉCLAIRAGE Venons maintenant à l'éclairage Torches de résine, feux de paille, feux de bengale et pièces d'artifice de toutes sortes doivent être rigoureusement proscrits; leur fumée couvre à la longue d'une noire couche de suie les parois des grottes et leur enlève le sein tillement des stalagmites et stalactites ainsi les cavernes de Han'sur-Lesse (Belgique) et des Demoiselles, à Ganges (Hérault), sont, en plusieurs de leurs parties, encrassées pour longtemps, sinon pour toujours, car le suintement finit par incruster la suie elle-même sous un dépôt de carbonate de chaux. L'huile de naphte et les lampes à pétrole sont encore beaucoup trop fumeuses.

L'éclairageélectrique fixe, tel qu'on l'a installé en plusieurs grottes d'Autriche, est assurément l'idéal du genre mais il n'est possible que dans les grottes déjà aménagées et suffisamment visitées pour permettre les dépenses qu'il entraine. En exploration, nous avons fini par nous arrêter à deux luminaires seulement

i° La simple bougie stéarique, aussi forte que possible, de 3 à 4 centi-

mètres de diamètre, au besoin fabriquée exprès, avec de grosses mèches, pour que l'extinction ne se produise pas trop facilement par suite de mouvementstrop brusques. Contre les courants d'air et les suintements parfois très violents,

il

est bon d'avoir une lanterne pliante de poche ayant des lames de mica transparent et incassable, lesquelles lames jouent le rôle de verres. 2° Le ruban de magnésium que l'on brûle soit à la main, soit dans une petite lampe à réflecteur et à mouvement d'horlogerie. Le prix de cette substance ayant considérablement diminué depuis quelques années et sa fumée blanche étant relativement faible et peu salissante, elle est, par excellence, l'agent lumineux, à la fois puissant et portatif. Son usage comporte seulement deux précautions d'abord, si on le fait consumer en le tenant à la main, il convient de ne pas faire flamber le ruban jusqu'au bout, car la brûlure du magnésium est particulièrement douloureuse; ensuite il importe de ne pas en user de trop grandes quantités dans les cavités de petites dimensions, parce que l'oxyde de magnésium développé par la com-

bustion a des propriétés singulières, disons le mot purgatives, qui, combinées avec l'humidité des grottes, deviennent rapidement gênantes. Reconnaissant que les appareils

les plus pratiques étant les plus simples

et les moins perfectionnés, nous avons, dès la fin de notre troisième campagne, renoncé aux diverses piles électriques portatives que nous avions expérimentées outre leur fragilité, elles sont encombrantes au possible, à cause de l'obligation qu'elles imposent de renouveler fréquemment le liquide chimique qui les actionne. Nous avons essayé aussi des lampes de mineurs, sans les adopter elles sentent mauvais, fument et salissent; quand tombe une goutte d'eau de suintement peut la sur la mèche et l'éteint, on ne imporallumer; elles sont lourdes et sent aussi l'adjonction d'un bidon d'huile, soit un colis de plus à descendre or, plus il y a de paquets, plus le séjour se prolonge et plus les manœuvres se compliquent. Une bougie tombée à l'eau s'essuie simplement en pareil cas, une lampe de mineur, avec une huile toute baptisée, est hors de service. La bougie enfin peut se tenir plus commodément à la main, au besoin entre les dents, ou encore fixée au chapeau quand il s'agit de descendre à l'échelle ou de parer les chocs contre les murailles dans un puits

étroit. (A suivre.)

E.-A. MARThL.


Saint-Émilion en Guyenne. Il n'est pas un coin de France Plus curieux à visiter, Plus putssamment évocateur de souvenirs ~M~O~MMM remarquables, Plus riche et plus riant à la fois, que ce lambeau de Guvenne, déroulant la gracieuse succession de ses ~a:'M~ et de ses coteaux fertiles entre les deux rivières de l'Isle et de la Dordogne. On lira donc avec intérêt cette notice, ~tWM Ko<f< ~MMr concours littéraire.

S ANSremonter au passage des légions de César, à travers ce pays qui reçut pour la première fois le nom d'Aquitaine, et qui nous apparaît tour à tour romain, barbare, sarrasin, avant de relever de son premier roi, qui fut le fils de Charlemagne, la Guyenne

course rapide, conduire mon lecteur de Libourne à Saint-Emilion, et avec lui m'arrêter quelques instants dans cette curieuse petite ville qui ressemble, dit un de ses historiographes, à une cité gothique veuve de ses chevaliers. La route qui

mène de Libourne à l'ancienne cité

par les souvenirs de son raconte

de Saint-Émilion suit une montée à peine sensible, sur un parcours de 8 kilomètres. Des vignes, des villas, et encore des villas et des

passé, l'orgueil de ses monuments, les temps les plus mémorables, tantôt grandioses, et

tantôt douloureux, de son histoire.

Durant trois siècles, elle resta sous la domina-

blions pas que les côtes si renom-

tion des Anglais. Le mariaged'Eléonore, fille unique du dernier des ducs d'Aquitaine, avec le duc d'Anjou, roi d'Angleterre (1~2), déchaîna sur ce pays cette triste période de guerres désastreuses qui se termina, après bien des alternatives de bonne et de mauvaise fortune, à l'honneur des armes du roi de France, le soir de la fameuse bataille de Castillon

('453). Etudier une à une les péripéties de cette longue passe d'armes, à travers ce verger luxuriant de richesses et de châteaux où semble s'attarder dans une course paresseuse le cours tranquille de la verte Dordogne, n'entre point dans le plan de cette courte et très modeste étude. Je veux simplement, au petit hasard d'une A

TRAVERS LE MONDE.

N'ou-

vignes

t6'

LIV.

mées que

nous

allons traverser s'enorgueillissent, à bon droit sans

doute,-je neveux pas discuter ici un sujet aussi irritant s'enorgueillissent, dis-je, de produire les premiers vins du monde. Et leurs lettres de noblesse sont, ma foi, fort anciennes. Déjà, aux temps lointains du moyen âge, un poète du x)° siècle, Henry d'Andelly, célébrait en des vers peu rythmiques, mais simplement descriptifs, la renommée des vins de Saint-Émilion Vin d'Espaigne, vin de Provence, De Montpellier et de Narbonne, De Béziers et de Quarcassonne, De Mossac (Moissac), de Sat!Mc<-jEM~/t'o' Les choses ont changé depuis le poète

d'An-

delly, et les commissions de classement des vins de M

)&.

22

avril

t8o<).


France placent les vins nobles de Saint-Émilion bien avant les gros bleus de Montpellier ou de Narbonne. Mais c'est là un insignifiant petit détail. Aussi, dans ce pays de très heureuse prédilection, la vigne est-elle l'objet de soins particulièrement méticuleux) et empressés. Ce n'est pas le cep de la chanson, tortueux, fruste et grossier, que chantèrent les amis du Caveau. Ici, la vigne est une belle personne très distinguée, élégante, peignée avec goût, alignée au cordeau, poussant ses orgueilleux rameaux sur un sol entouré de murailles et de grilles, labouré, bêché, ratissé, sillonné de correctes allées sablées, où l'herbe ne pousse jamais. Partout il est défendu de pénétrer. Des écri-

Ëmi)ion. Cette utilisation des vieille! choses mortes ressemble à une profanation, et les anciens fossés, creusés dans le roc, au pied des défenses murales, transformés en jardins, sont des cloaques grouillants et sans nom, mal odorants à la saison chaude, bourbeux et sales

l'hiver., Le mur d'enceinte de la cité était percé de six portes communiquant avec la campagne par un pont jeté sur le fossé, défendu lui-mème par deux tours parallèles. Une seule reste debout, à l'Est, encore assez

endommagée, mais restaurée depuis peu par les soins intelligents de la commission des monuments historiques.

La principale de

place de SaintEmilion était la porte Bourgeoise, au Nord et à l'arrivée de la route

teaux l'indiquent au voyageur, pendant que d'autres

avertissements,

très ostensible-

de

ment gravés dans la pierre des portails ou desbornes limites, révèlent à

fendue par deux

énormes tours,

passèrent les hôtes les plus illustres que la fortune changeante amena tour à tour dans ses murs

qui passe se découvre avec respect devant ces

le roi Louis VIII, maître de l'Aqui-

taine, qu'il venait d'arracher aux Anglais. Henri 111, le vaincu de

raisins précieux, aperçus de loin, sous

la

caresse protectrice

des larges feuilles vertes en son-

geant

que

ces

Libourne. Sur

la chaussée, dé-

sacuriosité le nom du clos et surtout celui de son heureux propriétaire. Et le touriste

luisant

toutes les entrées fortifiées de la

1·nli7 \IL DI. 1.~1~:4LI5I: \IO~OL11111: Il[

v\i\T-1'VILIW

~'j/')'t~Kne~/tO<o~ra~/))'e~e~fe/.j~t.

grappes vermeilles sont grosses de ce nectar délicat, que l'on sert à la table des dieux et des mortels. En arrivant à Saint-Émilion, tout de suite l'impression change. Brusquement il semble que l'on se réveille dans un pays de rêve, très ancien. Là-bas, sur la route de Libourne, des châteaux, de jolies maisons blanches coiffées d'ardoise bleue, enchâssés dans la nappe un peu verdoyante et un peu monotone des vignes, toutes de même taille, émondées au ciseau, comme après une précieuse toilette. Ici, tout est vieux, gris et froid. Les siècles ont passé sur cette enceinte de murailles, rasées en partie à certains endroits, ayant conservé, un peu plus loin, leur hauteur et leur caractère, enserrant, sur un développement total de plus d'un tiers de lieue, la cité qui vivait déjà dès le xn" siècle, et fut confirmée à cette époque dans ses droits et prérogatives par une charte de Jean-sans-Terre. Ces murailles, couvertes aujourd'hui de frondaisons de lierre, étaient garnies autrefois de bastions et de tours en saillie dont il reste quelques vestiges du côté de l'angle nord-est des fortifications. Maintenant elles sont percées de fenêtres et autres ouvertures disposéesau hasard, et selon les besoins des constructions modernes qui se sont adossées à leurs pierres, et servent d'habitation à la partie peu fortunée de la population de Saint-

Taillebourg, le

roi d'Angleterre Edouard II, puis

le vaillant Dunois, Louis Xi, et enfin Louis XIII (g juillet t62i), traversant le pays où les querelles de religion venaient de se rallumer, menaçant les coutumes et les libertés de la commune de Saint-Émilion. Ainsi passe et s'eHace peu à peu la gloire orgueilleuse des cités

côté de la porte &)M~fc/.K, bordant la route de Libourne, se dresse un immense pan de mur de forme carrée, long de 26 mètres, percé de deux fenêtres ogivales, surmontées d'arcades de même style, reposant sur des piliers grêles, aux arêtes encore vives et gracieusement profilées. Cette ruine, que l'on dénomme dans le pays /f G;~K/<! yWKt-a;7<e, exposée à tous les vents, et toujours debout, rappelle tout ce qui reste d'un des premiers couvents élevés par les Frèresprêcheurs ou Dominicains presque aussitôt après la fondation de leur ordre (1216). On peut juger, parla hauteur du faite, des dimensions considérablesde cette église qui fut saccagée pendant les guerres du x[V siècle et rebâtie plus tard, sur un terrain voisin, dans l'intérieur de la ville, donation confirmée par Jean de Lancastre, lieutenant général en Guyenne du roi d'Angleterre. Quelques pas plus loin, en effet, et en façade sur la Grand'Ruede Saint-Émilion, s'ouvre le portail de la nouvelle église des Frères prêcheurs. A


Ici, de même que pour les fortifications du mur d'enceinte (c'est d'ailleurs la malheureuse caractéristique de toutes les ruines de cette curieuse cité), les

derniers venus se sont installés; ils ont arrangé leur vie et pris leurs aises au milieu de ces souvenirs, ils ont taillé par-ci, par-là, au hasard du bon goût, démoli ces voûtes, bousculé ces précieux témoins de pierre, détruit, en un mot. cette harmonie qui était comme l'exquis parfum de toutes ces vieilles choses. Sur ces dalles, où traînèrent les robes blanches des moines, sous ces arcades, où retentit la mélopée lente des psalmodies, autour de ce clocher carré qui sonnait les heures et les quarts du renoncement aux choses d; la terre, une cheminée d'usine fume, des marteaux

frappent, des ouvriers aux man-

ches retroussées, et la chanson aux lèvres, passent et

ces ruines lamentables, et je m'enfonce, un bougeoir à la main, dans un véritable labyrinthe de caves récemment creusées à la main. Je m'extasie naturellement, sur les milliers et millions de bouteilles rangées en épaisses murailles tout le long de l'obscur souterrain. Les vins des Cordeliers, me dit l'aimable cicerone qui m'accompagne, peuvent rivaliser de finesse et de distinction avec ceux que la vieille Champagne offrait jadis aux rois de France, comme vin d'honneur, le jour de leur sacre. Je salue et je remercie, en pressant le pas, tant il me tarde de revenir à la bonne lumière qui éclaire la petite place, et détache sur le ciel bleu de cette chaude journée de septembre la silhouette grise de ces vieilles gloires à jamais éteintes. Voici le Cbâ<MK du Roi, donjon roman qui domine la ville

moJerne. Ce quadrilatère faisait partie sans doute

s'agitent.

L'intérieur

de l'ancienne chapelle est occupée

aujourd'hui

d'un édifice plus important, bâti, au dire d'un his-

par

une fonderie de cloches très renommée, que dirige un homme

toriographe de Saint-Emilion,

accueillantt aux visiteurs,

charte de t22~. Les terrains du donjon, qui descendent vers la

par le roi Louis

XIH, d'après une

très sympathique et

M.

Emile Vau-

thier.

ville basse, sont plantés de vignes, et les ceps précieux du Château

C'est évidemment l'industrie de moindre

profanation qui pût s'installer

RLI\t.S Inl;

(oi \'F\~f DFS

h'RF.Rt.S 1·lil~.nIila ItS

"AI:r-¡:111.1I)".

D'a/'rc~ ;tK<' photographie de de Aa~. dans cet ancien asile pieux, la fal fabrication de ces cloches qui appellent renommé, fameux entre tous les

à la

prière.

A la montée de la rue, et après avoir dépassé un

vieux monument aux fenêtres gothiques dont la tradition attribue la possession à l'ordre des Templiers, on accède à une petite place, d'où l'on jouit d'une très belle vue d'ensemble sur la ville de Saint-Émilion. Nous frappons à une porte ogivale, décorée des plus curieuses sculptures de l'art du xv" siècle, ouvrant sur une cour de ferme, et nous découvrons dans un fouillis de pierres écroulées et d'herbes folles, au milieu du désordre le plus sauvage, une miniature de cloître dont une seule galerie reste encore entière sur une longueur de quelques mètres. Elle se développe sur huit arcades à plein cintre, soutenues par deux colonnettes géminées de l'effet le plus gracieux, portant à hauteur de leurs tailloirs des écussons mutilés et malheureusement illisibles. A l'angle Nord-Est du cloître, un reste de clocher s'élève sur deux arcs superposés d'une structure hardie, à côté d'un vaste escalier de pierre, aux dalles branlantes,

montant à ciel ouvert.

Ici, on fabrique du Champagne Clos des Cordeliers, premier cru classé de Saint-Ëmilion. Je cherche en vain des yeux quelques pieds de vignes autour de

du Roi (ils sont bien cinq cents)

fournissent un vin autres, et assez abondant surtout, pour figurer avec plus d'honneur que de véritable présence réelle peut-être sur une infinité de tables bien servies. Là-bas, c'est la Chapelle de la Trinité, ancienne retraite de l'ermite Émilion, l'église monolithe, la place du Marché, l'ancienne collégiale en un mot, le point le plus curieux à visiter, non seulement pour le savant et l'archéologue, en quête d'émotions graves, mais encore par le touriste, le voyageur, l'impressionniste qui passent, heureux de s'arrêter quelques instants devant ce passé mort qui s'émiette lentement, pierre à pierre, avant de devenir cette chose sans nom que le vent disperse la poussière du chemin. Sur la place du Marché, par un escalier assez raide et en outre assez mal entretenu, on accède à une des entrées de l'église souterraine de Saint-Émilion, vaste parallélogramme long de 38 mètres, large de 20, partagé en trois nefs, dont les voûtes paraboliques reposentsur les parois latérales et sur dix pilierscarrés, irréguliers. Le tout a été creusé à même la pierre, a une époque assurément fort ancienne, au sujet de laquelle ceux qui ont écrit sur l'église monolithe sont loin d'être d'accord. Quoi qu'il en soit, et sans prendre parti pour ou contre ceux qui veulent voir dans ce


filles à marier viennent y jeter des épingles, en invoquant la mémoire du saint, selon une formule consacrée. Si les épingles ont l'heureuse fortune de se placer en forme de croix en tombant sur le fond de la vasque, celle qui les a jetées a les plus grandes chances de trouver un mari dans l'année et de faire un mariage heureux. Je vous laisse à penser le nombre des épingles qui tombent ainsi tous les ans dans la fontaine de

Saint-Emilion. Et ce ne sont pas là les seules curiosités que présente la vieille côte moyenâgeuse. Il y a bien d'autres vieilles pierres et d'autres grottes à visiter, sans parler de ce pont célèbre où se cachèrent, pendant la tourmente révolutionnaire, le girondin Guadet et ses

,MO~TJ'ltEST DE LA BATA11.1.U, DE fASTIL1.OS,

f~~f'MHMe~o~n~ra~~te~e~cZ.~e. superbe ouvrage un antre primitivement consacré à Teutatès, le Mercure des Gaulois, remanié, agrandi, transformé depuis, aux différents âges de Saint-Émilion, nous considérons avec un religieux respect ce spécimen d'architecture, sans style, école ni date, unique en France, et qui rappelle, dans une manière plus sévère. ces temples hindous, chefs-d'œuvre de patience et d'art délicat, bijoux ajourés dans la pierre en l'honneur du divin Bouddha Ici, tout est fruste, grossier, humide, mal éclairé par des fenêtres demi-circulaires percées dans la masse rocheuse et encore obscurcies par une frondaison de plantes et d'herbes sauvages poussées dans les fissures de la pierre. Des autels de pierre décorés de sculptures naïves, des peintures allégoriques à moitié effacées, des figures aux formes démesurément allongées, dans le goût des primitifs, des restes à peine reconnaissables de bas-reliefs tombants, grattés et salis de noms de touristes, d'anciens tombeaux fouillés et vidés de leurs squelettes, le tout dans une atmosphère moisie de cave qui vous donne le frisson des antiques terreurs religieuses. A gauche de la place du Marché, voici le portail ogival de l'église souterraine, œuvre charmante du xiV siècle, représentant un sujet du Jugement Dernier, surmonté de l'image du Christ et de la Vierge dans l'encadrement des voussures, garnies d'anges et d'apô-

tres. A côté, on remarque la chapelle de la Trinité. L'élégante simplicité de ses formes, dit M. Jouannet,

et la pureté de ses profils la feraient prendre pour un petit temple de la Grèce, si ses fenêtres gothiques et ses colonnettes un peu grêles ne nous avertissaient pas que ce monument appartient au moyen âge.

Entre cette chapette et lé'glise monolithe, on visite la grotte de Saint-Émilion, du nom du saint ermite qui l'habita, dit la tradition, dès les premiers siècles de la persécution chrétienne. On nous montre, taillés dans la pierre, le fauteuil où il s'asseyait, le four où il cuisait son pain, tout à côté d'une petite fontaine aux eaux très claires. Une coutume, très vieille aussi, mais toujours en usage, reste attachée à la fontaine de )a Grotte. Les jeunes

malheureux compagnons. A quelques kilomètres de Saint-Émilion,dans cette belle plaine que la Dordogne enserre d'une longue et onduleuse courbe, aux pieds de la petite ville de Castillon, Français et Anglais se livrèrent bataille. Là tomba le grand Talbot, le plus grand général de l'Angleterre, et le coup mortel de coulevrine qui le jeta bas de sa haquenée, le jour de la bataille de Castillon, rendit à jamais sa, fière liberté à notre noble terre de Guyenne. On se rappelle avec fierté de pareils souvenirs en trempant un moelleux macaron (un macaron fabriqué selon la recette authentique des anciennes Dames Ursulines) dans un verre de saint-émilion, Cbâteau du D.

Roi.

Le

DE LAGE.

Développement du Port de Gênes

\t l'importance ous avons à différentes reprises signalé ici-même prenait le port de croissante que

Gênes, comme trafic et comme centre commercial. La statistique de 1898, qui vient d'être publiée,

témoigne d'un nouveau progrès, ainsi qu'on peut s'en rendre compte par le tableau suivant Années

Navires entrés et sortis

)894

~398

[895 1896

980

1897

12 288

12528

Tonnage

7 532 516 7 894 598

8 120

tx.

534

8637190– 9o25.<52–

)269i [898 Le développement si remarquable du port italien vient, comme on le sait, de la situation privilégiée qu'il a acquise en devenant, en t88z, le point terminus de la ligne italo-allemande qui passe sous le Saint-Gothard. C'est à partir de ce moment-là que Marseille a vu grandir sa voisine et sa rivale. Or, voici que le percement du tunnel du simplon est en pleine activité. Le jour est donc prochain où l'Italie sera mise en communication immédiate avec la partie occidentale de la Suisse, pour le plus grand profit du port de Gênes, et pour le plus grand détriment de Marseille, qui risque de plus en plus de perdre sa prééminence dans la Méditerranée.


carrément, les mains d'aplomb sur les genoux. Deux Nils sont fort occupés sur les côtés du siège à lier en

L'adjudant de Prat T 'AD)UDANT de Prat, qui faisait partie de la mission Marchand, et qui est rentré en France il y a quelques mois, appartient ou mieux appartenait à l'infanteriede marine, car il vient de quitter le service, )e gouvernement lui ayant accordé une place de percep-

teur.

La Croix de la

Légion d'honneur était venue déjà récompenser M. de Prat de ses excellents services, mais la nouvelle preuve de satisfaction que lui a accor-

dée le gouvernement

sera vivement approu-

vée par tous ceux qui savent quel courage et quelle abnégation ont été dépensés par les membres de la mission Marchand,

dans leur

course difficile à travers le continent noir.

Originaire de

un faisceau les deux plantes, emblême de sa domination sur les pays du Midi et du Nord. Autour de la base, une longue théorie de prisonniers, la corde au cou, les bras rebroussés derrière le dos, semble défiler, chacun traînant l'écu crénelé où son nom s'enferme. Ce sont les nations du Nord, le Naharaina, Singara; le Mitânou, Assour. les Bédouins, Kadcshou. Les nations du Midi sont rangées parallèlement sur l'autre face, et peut-être les deux Français qui reviennent de si loin ont-ils rencontré là-bas, sur les affluents du Bahr-el-Ghazal quelques restes de leurs descendants.

Les Pharaons

Égyptiens, on le sait, avaient remonté le Nil Blanc au cours de leurs

campagnes, et ils

avaient atteint le pays des nègres. Il ne devait guère différer de ce qu'il est aujourd'hui, et si les trois personnages qui sont groupés

étrangement sur le même bloc de granit pouvaient se communiquer ce qu'ils savent, la description que donnerait le Pharaon ressi

semblerait beaucoup à celle que rapportent les deuxx modernes, des marais sans fin, des masses de végétation

jetées à

travers le fleuve, de manière à barrer la navigation, des tribus sauvages sans force

Lille, M. de Prat a été reçu en grande solennité et sans cohésion le Nil par la Société de géoarrêta toujours de ce graphie de cette ville, côté l'élan de la conqui avait tenu à fêter quête égyptienne. » son concitoyen. Telles sont les indiLe portrait que cations que M. G. donnons du nous comMaspéro a bien voulu de Marchand pagnon 1.'ADJUDANT DE PR1T ET LC SERf.E\T BER~ARD SCR LE MONU,4FNT DE RA!rISÈS II, nous fournir sur le mon'est pas banal, puisnument photographié qu'il est pris à la base d'un antique monument et dont nous lui adressons nos sincères remerciements égyptien. Aussi avons-nous demandé à M. G. Maspéro, l'éminent égyptologue, de vouloir bien consacrer quelques lignes au monument en question.

L'adjudant de Prat et le sergent Bernard, en descendant le Nil pour aller s'embarquer à Alexandrie, rencontrèrentà Louqsor un de nos compatriotes, M. Legrain, qui est attaché au service des antiquités de l'Egypte et qui s'occupe avec succès du déblaiement de Karnak. M. Legrain fait de la photographie entre temps il installa ses deux compagnonssur le piédestal d'un colosse dégagé récemment, et les voilà. «

« C'est Ramsès H, inébranlable encore après

3 ooo ans et plus, à la place où ses sculpteurs l'ont dressé. Il siège sur son trône massif, les jambes posées

L'Expédition de Gerlache aux Régions antarctiquesNous avons inséré, dans nos Informations et Nouvelles de la semaine dernière, l'avis du retour de l'expédition de Gerlache à Punta Arenas. Un télégramme envoyé à la Société belge de géographie permet de


donner des détails plus circonstanciés sur cette expédition. C'est le t6 août 1897 qu'elle a quitté Anvers à

bord de la Belgica. Elle gagna d'abord Montevideo, puis Punta Arenas, où elle se trouvait en décembre de la même année. De là, elle s'était enfoncée dans le Sud. Depuis le mois de février <8.)8 on était sans nouvelles et des bruits alarmants avaient couru sur son compte. Ils étaient heureusement erronés. Voici le télégramme reçu à Bruxelles et venu

par Montevideo «

J'ai le regret, télégraphie M. de Gerlache, de

janvier « vous annoncer que Wincke est décédé le 22 « [898 et que Danco est décédé le 5 juin 1808 sinon, bien à bord, sans avarie. Résultats très sa.< tout est <. tisfaisants bonnes collections. Visité la baie Hughes « et la Terre Palmer fait une reconnaissance hydrorecueilli nombreux « graphique dans ces parages « échantillons de roches vingt débarquements. Puis pénétré « fait route vers la Terre d'Alexandre )" « dans le pack dans l'Ouest de la Terre d'Alexandre I". Obligé « Latitude extrême?!" 36', longitude c)3°ouest. beaucoup de mauvais temps, mais pas « d'hiverner « de froid intense pendant l'hivernage, sauf pendant minimum 43° centigrades « le mois de septembre « au-dessous de zéro, )e 8 septembre 1898. Beaucoup « dérivé au gré des vents sorti du pack le 14 mars « 1899. Fait route vers Punta Arenas. Arrivé le 28 mars « t899. Envoyez les lettres Punta Arenas. « Signé DE GERLACHE. » M. de Gerlache annonce la mort au champ

d'honneur de deux de ses courageux compagnons, MM. Wmcke et Danco. Ce dernier, lieutenant de l'artillerie de l'armée belge, était chargé, dans l'expédition, du service des observations magnétiques. M. Danco avait fait des études de météorologie spéciales très approfondies. D'après les premiers plans de l'expédition de Gerlache, il devait être chargé de

pousser, avec ses camarades Artosky et Racovicza, aussi loin que possible sur la banquise, pour gagner le pôle. C'était renouveler la mémorable entreprise de Nansen et dejohansen. Comment Danco et Wincke, ce dernier matelot de l'équipage, ont-ils succombé? Pour le savoir, il nous reste à attendre les courriers détaillés qui arriveront de Punta Arenas par les voies les plus rapides. Un mot sur les résultats scientifiques de l'expédition, à propos desquels il faut se borner aujourd'hui aux indications générales données par M. de Gerlache dans sa dépêche. La Belgica a atteint une latitude de y<" 36'. Or, antérieurement, quatre navigateurs seulement avaient dépassé le 70" degré de latitude australe Cook, enjanvier)774(7'5'); Weddell, en février 1823 (74° 15') Ross, en janvier )842 (78° )0'); Christensen, en janvier t89$ (740 )~). M. de Gerlache a été plus loin que Cook, mais moins loin que ses trois autres émules. Cependant il est le premier qui ait hiverné dans les régions antactiques. A quelle époque pourrait-on espérer le retour de la Belgica en Europe? Vers la fin du mois de mai ou au commencement de juin. Mais comme M. de Gerlache demande qu'on lui adresse ses correspondances à Punta Arenas, il semblerait que ?on intention n'est pas de regagner immédiatement l'Europe..

Dans la Nouvelle-Guinée Hollandaise

la

a passablement exploré en ces dernières années partie orientale de la Nouvelle-Guinée, que se partagent l'Angleterre et l'Allemagne. Mais la Nou-

ON

velle-Guinée hollandaise, qui comprend la partie orientale de l'île, est un peu délaissée par les voyageurs seuls quelques bateaux venus d'Amboine ou de Ternate apparaissentquelquefois sur ses côtes et viennent

planter, sur un point ou un autre, l'écusson hollan

dais. La péninsule du Nord-Ouest, qui a sur la carte une si bizarre figure, et qui s'avance vers les Moluques comme une tête d'oiseau, avait été visitée, il y a une

vingtaine d'années, par les Italiens Beccari et d'Albertis. Un explorateur, M. E. Saint-Vraz, y a pénétré à la fin de t8~6. et il a pu pousser plus loin que ses prédécesseurs, mais non pas aussi loin qu'il l'avait projeté. D'après le récit qu'il a communiqué aux Mitteilungen de Petermann, M. Saint-Vraz a abordé sur la côte Nord, dans l'île de Mansinaam, en face d'un groupe de villages connu jadis par le séjour que le naturaliste A.-R. Wallace y fit en t8$8, mais désigné par erreur sous le nom de Doréi. Ds ce point, M. Saint-Vraz se rendit à l'embouchure de la petite rivière d'Andai, et franchit le massif des monts Arfak, qui a 300 mètres environ de hauteur. Au delà s'étend un plateau qui a 300 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, et sur lequel la végétation est relativement assez pauvre. La traversée d'une nouvelle chaîne, aux pentes très raides, de à le i 600 mètres d'altitude, mena le voyageur Mieni, premier village du district habité par le peuple des Hatam. Il éprouva deux secousses assez violentes de tremblement de terre. Le sixième jour après son départ, il arriva au centre principal des Hatam, le village inconnu jusqu'ici de Grand-Hatam, dans une vallée à laquelle M. Saint-Vraz a donné le nom de d'Albertis. Les Hatam, dont le pays est à peu près de 2 ooo mètres au-dessus du niveau de la mer, diffèrent également par la langue, les parures, la coiffure, des habitants de la côte et de ceux des monts Arfak. M. Saint-Vraz les considère comme une population aborigène refoulée du littoral vers l'intérieur. Ils habitent des hameaux, généralement bâtis sur des pentes très rapides et consistant en une vingtaine de huttes dispersées. Plus loin, au delà d'une chaine de montagnes qui s'étend vers l'Ouest-Sud-Ouest, et que M. Saint-Vraz a appelée la chaîne Beccari, le pays semble absolument inhabité. A 20 kilomètres au delà de Grand-Hatam, M. Saint-Vraz, malade, ayant ses chasseurs malades eux-mêmes et incapable de trouver de nouveaux porteurs, fut obligé de revenir à l'embouchure de l'Andai. Il se proposait d'atteindre un lac


inexploré, le lac Tchemti, dopt les rives sont habitées, dit-on, par la tribu des Manikioan. et au delà duquel se trouvent des Hirai, ou cannibales. M. Saint-Vraz a retrouvé chez les Hatam et chez les Arfaks quelques traits des mœurs qu'il avait déjà constatés chez les Guahibos et d'autres Indiens de l'Amérique du Sud. M. Saint-Vraz s'exprime ainsi en terminant « Si l'on veut réussir une exploration dans l'intérieur de la Nouvelle-Guinée, ilest indispensable d'avoir avec soi une forte escorte d'hommes armés et de porteurs résistants, de préférence des Célébains ou des Javanais. De cette façon, il est vrai, on n'échappe pas à un conflit avec les indigènes, mais au moins te voyageur n'est-il pas livré à leur discrétion, spécialement en ce qui concerne les porteurs et les provisions. Les prix insensés que les oiseaux du paradis obtiennent à les Papous de la côte cause de la mode parisienne florins hollandais la pièce ont en demandent pour conséquence que les habitants de la « côte des oiseaux du paradis », de Vaige à Djamna, sont plus paresseux que jamais et demandent des prix insolents pour le moindre objet ou le moindre service. Ainsi, j'ai dû donner à Hatam, en échange d'une poule, des marchandises de la valeur de 2 florins; j'ai dû payer un cochon sauvage une valeur de 40 florins. On voit donc qu'on se tromperait fort en croyant trouver un oiseau de paradis pour une poignée de perles de verre. »

Maurice Potter LEE peintre Maurice Potter, dont nous avons annoncé la mort, survenue le 14 novembre 1808, dans un guetapens à son retour du Sobat, était né à Genève le ;6 septembre 186~. II était venu à Paris, en !88$, pour y faire ses études de peinture. Quelques années plus tard, il s'était rendu en Algérie et en Tunisie, et s'était senti vivement attiré par la nature de ces deux pays. II y avait passé plusieurs années, et les avait parcourus en tous sens. H avait eu pour compagnon, dans quelquesuns de ses voyages, son ami M. Dinet, auquel nous devons de si intéressants tableaux du désert. Potter était d'un caractère charmant et aimable, et il n'avait pas tardé à se faire beaucoup d'amis. Il était à la fois très épris de son art et très curieux de sciences naturelles. H avait un sens d'observationtrès vif et excellait aux croquis rapides. Il n'avait pas eu le temps de donner toute sa mesure dans de grands tableaux on se rappelle cependant le Défilé de la Hache, qu'il exposa à l'un des derniers Salons. Il accepta avec plaisir, en t8o6, de faire partie de l'expédition, en Ethiopie, de M. Bonvalot. La guerre des mercenaires, étudiée dans Salammbô, l'avait vivement intéressé, et il pensait retrouver dans les soldats de Ménélik quelques traits des mercenaires de Carthage. Après le départ de M. Bonvalot, il resta en Ethio-

avec M. de Bonchamps. Puis, ce dernier étant revenu à son tour en Europe, il se trouva libre de tout engagement. Le dedjaz Tessama, chez lequel il était, à ce moment, à Goré. lui proposa de l'accompagner dans une expédition vers le Nil Bleu. H partit le 6 mars, accompagné de M. Faivre, de l'ancienne mission Clochette etd'un Russe M. d'Artamanoff. L'armée du dedjaz atteignit le 28 juin le Sobat, dans le pays des Nouers. Mais le manque de vivres les contraignit à se retirer et c'est durant cette retraite, au moment d'arriver aux plateaux éthiopiens, que Potter a été tué. H avait déjà fait, avant son départ de Goré, une ample moisson d'études et de croquis, et nul doute que son expédition avec les bandes du dedjaz ne lui en ait inspiré beaucoup d'autres. Potter avait déjà, avant de partir, étudié l'Abyssinie il nous avait fourni notamment quelques dessins pour Une expédition e~ le A~M~ Ménélik, de M. Vanderheym, que nous avons publiée dans le Tour du Monde, )8c)6, liv. 9 à 12. Au moment de son départ, en mars dernier, il écrivait à un ami de Genève « Ce sera, je crois, des plus intéressants, et l'occasion était trop belle pour que je la manque, quoique je croie en avoir pour huit ou dix mois, au moins. Je suis persuadé aussi que c'est mon intérêt, et compte rapporter de cette nouvelle expédition des documents inédits et fort intéressants qui, ajoutés aux diverses collections que j'ai réunies, me permettront de faire une petite exposition à mon retour ». Ce n'est pas lui, malheureusement qui organisera cette exposition mais nous pouvons espérer que la majeure partie de ces documents sera préservée. Ils seront d'un vif intérêt pour un pays et des mœurs sur lesquels nous n'avons encore que des notions assez vagues, et ils vaudront au nom de Potter, déjà connu dans les cercles artistiques, de vivre aussi dans l'histoire de l'exploration africaine. pie

Emile Gautier.

L'~H)~ scientifique, (42° année), t vol., librairie Hachette, prix: 3 fr. 50. <~<Evolume est un résumé fidèle et impartial des très nom-

breux

événements scientifiques survenus au cours de l'année écoulée. N'est-ce pas, en effet, au cours de 1898, que nous avons vu en France, grâce à MM. Branly et Ducretet, la Télégraphie sans Fil entrer dans le domaine de la pratique? N'est-ce pas au cours de cette même année que les professeurs Dewar en Angleterre et Linde en Allemagne ont perfectionné au plus haut point leurs travaux sur la Liquéfaction des Gaz, arrivant à liquéfier l'air et l'hydrogène; que le 1)' Albert Calmette, directeur de l'Institut Pasteur de Lille en découvrant l'Amylomyces Rouxii, a provoqué une véritable révolution dans l'industrie de la fabrication de l'Alcool; que l'on a vu rouler en France le premier Fiacre électrique; que le problème tant cherché de l'Aviation a fait, grâce à M. Ader, un pas important ver sa solution dé6ni-

tive, etc., etc.

Devant un pareil bilan de découvertes précieuses pour la science et l'industrie, prétendre que le progrès n'existe pas ne saurait vraiment se soutenir. Et c'est parce que le volume de M. E. Gautier le démontre sans réplique, que nous croyons utile de signaler son apparition.


PETEML~V.S

M

rï'&AUA'GEA'

Les Montagnards de l'île Formose Gotha. <~E'rrE grande et belle île, que la diplomatie européenne a concédée aux Japonais comme magnifique mais seul trophée de leurs victoires sur la Chine, n'offre pas seulement un intérêt politique de premier ordre ses populations montagnardes constituent un problème ethnographique que les savants européens n'ont pas encore résolu. La côte occidentale de l'ile est formée d'une plaine sablonneuse habitée par des populations chinoises vivent de la pêche et de l'élève des huitres, qui leur rapporte plus d'un million de francs par an. La côte orientale, par contre, est montagneuse et si escarpée, que de hauts rochers viennent tomber à pic dans la mer, sur la plus grande partie du littoral. Bien que ces montagnes soient très peu connues et que les explorateurs européens n'y aient guère pénétré, on sait maintenant qu'elles se composent de deux chaînes principales et parallèles dont l'une borde la mer, et dont l'autre est séparée de la première par une plaine assez large où l'on cultive le riz. Divers chaînons s'en détachent, dont quelques-uns viennent mourir à peu de distance de la côte occidentale. Si les habitants du littoral sont incontestablement des Célestes, les montagnards ont une origine moins définie. L'auteur de l'article que nous analysons, M. Rob. Schuhmacher, qui a eu occasion de les voir de près et même de pousser quelques vives pointes dans ces ~rra- <Meo~M!< de l'ile. décrit ainsi les Tchin-Huan ou montagnards de Formose

Ce sont des hommes de haute taille et bien bâtis, dont la peau est moins hàléeque celles des Peyo-Huan ou' habitants des plaines de Formose. Leur physionomie a une grande ressemblance avec celle des Indiens de l'Arizona. Les hommes portent tes cheveux assez longs, non tressés, et se vêtent de tabliers et de jaquettes taillées à la chinoise et tissées de fibres d'ananas ou d'orties. Les femmes ont le teint assez clair et une taille élé-

gante.

Leurs huttes sont en branches d'arbres entrelacées et enduites d'argile, avec un toit en chaume. L'intérieur est divise en trois pièces sans fenêtres, où des bancs qui servent de lit sont rangés le long des cloisons. Une des pièces, la dernière, sert de cuisine et de cellier celle du milieu reçoit à l'un de ses angles l'autel des ancêtres, où l'on dépose une offrande à chaque repas.

L'Académie des sciences de San Francisco a envoyé un explorateur à Formose, et, d'après les documents qu'elle en a reçus, a émis l'opinion que les Tchin-Huan ne constituent pas une race, mais plusieurs races rivales qui vivent dans un état de discorde perpétuel et n'y échappent parfois qu'en ayant recours à des arbitres. Telle n'est pas l'opinion de M. Schuhmacher, qui, au lieu des gens turbulents et toujours en guerre les uns contre les autres dépeints par le savant américain, a trouvé des naturels doux, paisibles,

presque timides. Leur qualité de brahmanes, le fait qu'ils ne portent pas la tresse traditionnelle, leur physionomie différente,' leurs mœurs particulières et les vases ou ustensiles originaux dont ils se servent ont fait douter à certains savants qu'ils eussent une parenté quelconque avec les Chinois on leur a assigné une origine hindoue ou malaise. Mais, leur répond M. Schuhmacher, les Chinois ont été brahmanes avant l'apparition de Bouddha; la tresse leur a été imposée par les conquérants mandchous comme une marque de sujétion le séjour tant de fois séculaire des Tchin-Huan dans leur ile montagneuse, dans un climat tout différent, sans relations directes, suivies, avec la mère patrie, a pu modifier notablement la couleur de leur peau et leur constitution physique enfin, une preuve que l'auteur tient pour définitive en faveur de sa thèse, les armes, instruments, ustensiles dont ils se servent ne sont autres que ceux dont se servaient les Chinois eux-mêmes il y a quelques siècles. C'est du moins ce que lui affirmèrent des prêtres chinois à qui il montra les collections ethnographiquesqu'il rapportait des montagnes de. Formose. Et lorsque, plein de défiance à

l'égard de la bonne foi chinoise, il leur eût demandé de prouver leurs dires, ils lui montrèrent des dessins de meubles et de très vieilles tapisseries qui représentaient, en effet, exactement les mêmes instruments et ustensiles primitifs. THE NATIONAL

GBOG~M/<;

~)G~

Les Différents Systèmes

de Colonisation \I"fs articles

Washington.

avons, à plusieurs reprises, analysé ici même des

de la 'De«~c/te Kolonialzeitung ou d'autres revues allemandes qui, comparant les colonies françaises aux colonies anglaises, en tiraient des conclusions qui

n'étaient pas faites, hélas pour flatter notre amour-propre. Une autre puissance, également tard venue dans la voie des entreprises coloniales, les Etats-Unis, compare à son tour les deux méthodes, latine et anglo-saxonne, pour en tirer si possible des leçons pour elle-même. M. Austin, chef du bureau de statistique au ministère des finances, à Washington, et auteur de l'article que nous étudions, est d'accord avec les Allemands pour donner toutes ses préférences au système colonial anglais, qui laisse aux populations la plus grande somme de liberté et la plus large autonomie possible Les colonies anglaises, dit-il, jouissent presque toutes, et tes exceptions n'ont pour cause qu'une impossibilité absolue, d'un gouvernement autonome. Le pouvoir exécutif est, il est vrai, représenté par un gouverneur nommé par la Couronne mais tes corps législatifs sont élus par les colonies, le plus souvent dans leur totalité, quelquefois dans une proportion plus ou moins large, avec le concours de la mère patrie, qui se réserve dans tous les cas le droit de veto. Malgré ces réserves indispensables, les colonies sont traitées en filles majeures que la mère habitue de plus en plus à ne compter que sur elles-mêmes, qu'elle met aux prises de bonne heure avec les difficultés de la vie en leur donnant l'esprit d'initiative, de dignité et de sérieux nécessaires pour en venir à bout. En France, au contraire, les effets de la centralisationse font sentir jusqu'aux antipodes les quelques députés coloniaux qui se trouvent perdus dans la capitale sont impuissants à défendre les intérêts de leurs lointains ressortissants, qui, de leur côté, ayant perdu de vue leurs mandataires, se déshabituentde toute vie politique, de toute initiative morale, et au lieu de compter sur eux-mêmes attendent tout de la mère patrie.

Respectons la liberté des faibles, habituons-les à se gouverner et à devenir forts par là-même, semble conclure l'auteur. C'est parfait; mais le reproche qu'il adresse à la France, les Japonais des iles Hawa!, Aguinaldo et ses Philippins ne sont-ils pas en droit de l'adresser aux EtatsUnis ? Du moins, si la politique impériale de M. Mac Kinley l'emporte décidément, nous doutons que les brasseurs d'affaires et les jingoes permettent au gouvernement de s'inspirer des traditions libérales de l'Angleterre en matière coloniale. LE AfOt/rEM~A'r GKOGTMP~OM

Le Commerce de la Belgique Bruxelles. extraire allons r~'APRÈS le tableau statistique dont nous quelques chiffres, la Belgique est en train de devenir, grâce à l'activité extraordinaire que déploient ses industrieux habitants, une des premières, sinon la première nation commerciale du monde, toutes proportions gardées, il va sans dire. Le montant total des importations et des exportations en )897 et 1898 s'est encore accru pour cent )8o7, 5~2 ooo francs et t milmilliard importations t en 704 liard 027 5o2 ooo francs en 1808 exportations 1 milliard 548 027 ooo francs en 1897, et i milliard 652 6t ) ooo francs en 1898. Et ce mouvement ascensionnel est continu depuis <83t il n'y a d'exceptions que pour les années t8o2-< par suite de l'application néfaste de quelques lois protectionnistes. En t8o7, la Belgique faisait pour 5;4 fr. d'affaires par tête d'habitant, alors que l'Angleterre n'en faisait que pour 426 fr., la France pour 187 fr., et l'Allemagne pour 182 tr.

de


Notes sur la Côte

d'Ivoire~)'

récit d'une excursion dans rt'M~'MMf du pays de la Côte d'Ivoire a~M/M l'auteur à parler des fétiches fétichisme. Les pratiques si;zgulières et superstitieuses dcs noirs intéresseront nos lecteurs. Le

la Côte d'Ivoire n'offre aucune particularité depuis Grand-Lahou jusqu'à Assinie: le bord de la mer est uniforme, c'est une bande de sable bordée par l'Océan et séparée de la forêt par la lagune. Cette

T A côte est de

bande varie

pn*c

iaCôted'Or.

Nos compagnons anglais appartenaient à la compagnie Gold Fields M~ African champs d'or de

)'Afrioue 1~a H-jU\ occidenw.v.mur

taie.–fisse

trouvaient depuis peuàAssinie.L'un et l'autre étaient

des touffes de co-

cotiers de loin en loin, et c'est tout. Quelques villages nom bien pompeux pour désigner trois ou

d'ailleurs de parfaits genttemen

envoyés là-bas

pour r prospecter les champs d'or. Nous partions de

bonne heure le

quatre cases

à

samedi matin, et à

l'abri des cocotiers. Les habitants de ces villages se livrent à la

6 heures

le steam-

launch Lady Kirby nous faisait savoir qu'il était sous pression par de stridents coups de

pêche, mais exercent surtout l'industrie du sel. Ils

sifflet.

recueillentl'eaude la mer dans de vastes bassins ap-

Nous étions

bientôt embarqués et installés aussi confortablement que possib)e

pelés «neptunes);>

et font simplement bouillir cette eau ils obtiennent ainsi du sel marin, en petite quantité. 11 est vrai, mais suffisamment pour leur permettre de faire des échanges. L'intérieur du pays est plus habité et aussi plus intéressant. Telle est une région qui faisait partie des anciens établissements français de b Côte d'Or, et qui est comprise entre la rivière d'Assjnie et la frontière anglaise. J'eus l'occasion d'y fait~une excursion que je veux raconter ici. Avec trois compagnorfs, dont deux Anglais, nous avions décidé d'aller passer le dimanche et le lundi de Pâques à Frambo, village &t=tùé à l'embouchure du A TRAVERS LE MONUE.

du

Tancé et en face de la frontière de la colonieanglaise de

~o mètres et2kilomètres de largeur on y voit

sont installés

<-<

t?" LIV.

dans la cabine

large et spacieuse du petit vapeur. Un quart d'heure après nous quittions Assinie et nous remontions la rivière, sillonnée d'iles nombreuses jusqu'au lac Aby. Ce lac est certainement l'un des plus beaux de toute cette partie de l'Afrique. De la rivière d'Assinie à la rivière Bia il mesure près de 2~ kilomètres; sa largeur varie entre 8 et 10 kilomètres. Une houle assez forte l'agite, et le Lady Kirby a de tels mouvements qu'on doit songer à éviter les lames qui menacent d'embarquer à bord, car les feux s'éteindraient et nous irions à la dérive. Aussi, lentement et prudemment, ~°

f.

.) avril t8<


nous longeons la rive à

notre droite pour gagner la

lagune Tendo. Au loin, sur une certaine hauteur dans l'Est, nous apercevons une maison blanche qui se détache d'un fond de verdure sombre. C'est la demeure des agents de la plantation de café d'Elima. Nous sommes enfin dans la lagune Tendo, aux eaux plus calmes que celles du lac. C'est une sorte de rivière qui atteint dans maints endroits plus de 800 mètres de largeur et dont les rives ne sont jamais rapprochées à moins de 500 mètres. Nous passons à proximité de i'i)e Fétiche. Les noirs qui sont à bord cessent leurs chants et s'enveloppent la tête de leurs pagnes, comme s'ils voulaient éviter un danger en ne le voyant plus. L'ile Fétiche, terreur des noirs, parait vierge de toute trace humaine. Sa végétation est épaisse et abondante, débor-

sur des cases sauvages au milieu de la ~forêt vierge. Sur la lagune on croise de temps à autre des pirogues chargées de poisson; les piroguiers et nos noirs ~a, réponse saluent « ~o, disent tes premiers. f&!M à. dent les seconds. », et chacun part de son côté.

Parfois au ras de l'eau on aperçoit la tète d'un caïman qui émerge, mais dès qu'on approche la bête s'enfonce et disparaît. Vers 3 heures de l'après-midi nous arrivions en face de Frambo notre vapeur cale près de 3 pieds et ne peut s'approcher qu'à environ 80 mètres de la rive, en raison des hauts fonds. Le débarquement s'opère donc en pirogues; c'est un véritable exercice d'équilibre, car il faut se tenir accroupi au milieu de ta fragile embarcation sans faire aucun mouvement, sous peine de

chavirer. Un noir,

à l'arrière, dirige la pirogue à l'aide d'un long bambou.

dant de ses rives

Un des nôtres

pour plonger dans les eaux qui l'entourent, ce qui

qui a voulu aider à la manœuvre

fait, à

doit en rendre l'accès difficile

la rive un magnifique plongeon la tête la première:

sinon impossible. En passant, nous apercevons dans les grands arbres des bandes de singes qui s'échappent en criant et des vols d'oiseaux

de

vite revenu dans

une position normale, il a encore de l'eau jusqu'aux aisselles; c'est en

riant qu'il arrive vers la terre ferme

proie qui

où, plus heureux, nous sommes rassemblés.

s'élèvent en tour-

noyant. FvIHfmmpnt cette brousse compacte doit servir de refuge aux serpents, aux caïmans et aux autres sauriens de même genre, qui s'y reproduisent et y pullulent, n'y étant jamais, déranges. Pour toute )a poudre d'or de ta Côte d'Ivoire, un indigène n'y mettrait pas les pieds. Une légende court au sujet de cette ile les indigènes racontent qu'un des leurs y ayant pénétré fut saisi par une bête fantastique et que jamais on ne le revit. Ceci explique la crainte superstitieuse qu'éprouvent les noirs en passant de ce côté. Après l'ile Fétiche, nous apercevons nombre de villages enfouis dans la verdure. C'est Moua, aux environs duquel on a trouvé des gisements de bitume, ce qui laisserait à supposer qu'il y aurait des sources de pétrole. Il est malheureux que personne ne s'en soit occupé d'une façon sérieuse, car ce serait là une découverte des plus importantes pour l'avenir de cette région. Moua est sur la rive droite; en face est le village d'AfTorénou, qui est le point frontière entre la colonie française et la colonie anglaise de la Côte d'Or. Puis après, et toujours sur la rive droite, rive française, les villages d'Enchimeh et de Tchapoum. On reconnaît les cases des chefs au pavillon tricolore qui flotte au-dessus, et ce n'est pas sans un certain sentiment de plaisir qu'on voit nos trois couleurs claquer au vent du large

20 mètresde

indigènes, qui nous connaissent pour être venus jusqu'à Assinie faire la traite arrivent à notre rencontre. La plupart continuent de vaquer à leurs affaires, pour l'instant, ces affaires consistent à dormir dans Les femmes, filles d'Eve, le sab'e et à l'ombre. Des

parlent et, plus curieuses, nous regardent au travers des palissades de bambou près desquelles nous pas-

sons pour gagner la case qui nous est réservée des jeunes filles se sauvent à toutes jambes et des enfants crient comme des perdus. Nous ne sommes pourtant ni d'affreux satyres, ni des ogres bien terribles. Mais, après tout, la vue d'un noir dans un village de France produirait sans doute le même effet. Tant bien que mal, plutôt mal que bien, nous nous installâmes dans la case d'une sous-factorerie tenue par un Sierra-Léonais. Ce noir intelligent, heureux de recevoir des blancs, ce qui lui donnait un certain prestige près des gens de l'endroit, mit à notre disposition tout ce qu'il possédait. Et pendant que notre dîner se préparait, nous allâmes reconnaître le village et les

environs.

Frambo est un village remarquable par sa propreté, les rues sont balayées et entretenues d'une façon tout à fait engageante. Ce petit pays d'environ trois cents cases s'allonge le long de la lagune adossé à


arrivaient de tous cô'és. G. voulait que je l'examine sur

toutes les coutures afin de bien constater qu'il n'était ni mordu, ni piqué. Pendant ce temps, notre hôte s'était dirigé vers la chambre, muni d'une mauvaise lanterne et d'une longue et flexible baguette il revenait peu après tenant au bout du bras une longue couleuvre qu'il jetait sur le sol. C'était une sorte d'éryx, serpent non venimeux il se tordait, bondissait sur place, brisé près de la tête d'un seul coup bien appliqué. Pour nous rassurer, le noir ajoutait « Ça, y a bon serpent, pas méchant.. Lui beaucoup manger mon la poule ça y a pas moyen manger toi, jamais manger blanc Mais mon pauvre ami n'était rien moins que rassuré, et sur ma proposition nous décidâmes d'aller finir la nuit à bord du Lady Kirby. Quelle ne fut pas notre surprise de trouver nos deux Anglais en train de jouer aux cartes et de boire du whisky à trois heures du matin

un monticule qui s'élève à 30 mètres de la rive. Cette colline de ;o à 60 mètres d'altitude est en partie défrichée et plantée de bananiers. J'ai remarqué chose rare des poulaillers. Ces poulaillers sont construits t.ur pilotis à environ mètredu sol une échelle pour les poules y est adossée. ) Comme je m'étonnais de cette disposition, on m'apprit que c'était pour mettre les volatiles à l'abri des serpents, qui sont, paraît-il, en grand nombre. Ces sortes de petites cases sont hermétiquement fermées le soir, l'échelle est relevée comme en un château fort, et l'entrée est close par une sorte de porte ingénieusement inventée; les serpents peuvent monter, ils ne

pourront pénétrer.

Les rives de la lagune n'ont pas la monotonie de celle de Grand-Bassan toute cette région est plus

accidentée, plus mouvementée. Une seule chose reste immuable c'est l'éternel manteau de verdure qui couvre d'un voile sombre et épais des étendues considérables. Le diner, composé de boîtes de conserves que nous avions apportées, fut renforcé d'un plat de poisson accommodé à la mode nésrre. Mais ce plat était tellement pimenté que, malgré nos gosiers déjà cuirassés, nous fut impossible d'en avaler plus d'une bouchée. Par exemple, ce fut la joie de nos boys, qui, eux, ne se firent pas prier pour

il

l'absorber., La nuit venue, je me fis installer

un hamac. Le calme s'était fait. j'écoutais les cris des animaux sauvages dans la

forêt, où des voix aiguës de singes répondaient à la note grave des caïmans de la lagune au loin le bruit d'un tam-tam m'arrivait en sons étouffés. Je m'endormis

Tout à coup, des cris qui n'avaient rien d'humain me réveillèrent en sursaut

et j'aperçus au milieu de la cour mon ami G.dévêtu et gesticulant comme un fou. D'un bond j'étais à terre. Alors m'expliqua avec des hoquets convulsifs qu'une famille de serpents était venue le trouver~dans son lit. Les noirs

G.

On leur raconta l'aventure, ce qui les fit éclater d'un rire homérique puis ils nous expliquèrent qu'ils s'étaient mis à faire un boston, ne pouvant fermer l'ceil à cause des moustiques.

Après ces explications réciproques, notre parti fut vite pris. A l'avant, nous nous couchâmes sur le pont, bien enveloppés de pagnes, en nous laissant bercer par les vagues lentes et douces; nous repartîmes bientôt pour le pays des songes, sans crainte de visites désagréables, cependant que nos Anglais continuaient à jouer aux cartes et à absorber du whisky. Le retour de cette excursion se fit par la même route. Nous passâmes donc encore une fois devant l'ile Fétiche, et cela m'amène à dire un mot des féticheurs et du fétichisme. Tous ces peuples sont fétichistes, ils prennent leurs dieux dans les trois régnes da la nature. Pour certains, les rivières et les lagunes sont fétiches, etilest défendu d'y tuer les caïmans. Ainsi la rivière Tanoé, qui sert de frontière entre la Côte d'Ivoire et la colonie ang!aise de la Côte d'Or (Gold Coast), est une rivière fétiche, on n'y peut voyager qu'en vêtements blancs


on rencontre dans cette rivière des crocodiles énormes, puisqu'ils sont à l'abri de toute chasse.

D'autres noirs se contentent d'avoir pour fétiches de petites statuettes en bois grossièrement sculpté. Puis il y a des cases fétiches où on porte des œufs, des bananes, etc. Ces offrandes sont destinées à rendre favorable le fétiche. Maisdemême qu'ils ont leur fétiche, ils admettent que la nature ait les siens, ainsi tel jour on ne devra pas couper de bois dans la forêt, on n'ira pas pêcher dans la lagune ou dans la mer, parce que ce sera le jour fétiche de la forêt, de la lagune ou de la mer. Les hommes ou les femmes fétiches sont les docteurs de ces peuplades. Pour exercer leur ministère, ils revêtent un costume spécial, composé d'un grand nombre de ficelles auxquelles sont suspendues des os, des morceaux de chiffons, des morceaux de fer, des sonnettes. L'opérateur se peint en blanc à l'aide d'une couleur qu'ils fabriquent eux-mêmes. Les femmes fétiches sont tatouées surtout )e corps. Ce tatouage est une opération très douloureuse, car pour en produire les dessins il faut faire de petites entailles dans la chair, après quoi l'on répand sur elles une poudre spéciale qu'on brute dans la plaie, de manière que la peau porte ainsi des cicatrices durant

toute la vie. Les cérémonies où le féticheur, homme ou femme, est appelé à donner ses soins sont plutôt burlesques. Pendant qu'un tam-tam joue sans discontinuer, le ma-

lade est apporté en dehors de sa case. Devant lui son docteur danse, saute, pousse des cris, exécute avec les mains des passes singulières, etc., dans le but d'enlever la maladie: si le malade n'en guérit pas, il en meurt

sûrement.

Les féticheurs ont une grande influence sur l'esprit de ces peuples primitifs ce sont eux qui sont le plus

opposés à toute pratique de civilisation, et ce sont eux que, par habileté, nous devrions gagner les premiers à notre cause. Une anecdote entre plusieurs montrera quelle est l'influence des fétiches sur l'esprit des noirs. Certain jour, les noirs conduisirent chez un de mes amis, représentantd'une maison de commerce, un indigène accusé de vol au préjudice d'une sous-factorerie de cette maison. Soit dit en passant, ce vol était aussi peu prouvé que possible, car ces sous-factoreries sont gérées par des commis noir?, Sierra-Léonais ou Sénégalais, en lesquels on ne peut avoir qu'une demiconfiance. Le noir à demi instruit, c'est-à-dire sachant lire, écrire et compter, est, hé as! un sujet peu digne d'estime, il semble que cette instruction sommaire ne fasse que développer les défauts et les vices de sa race, et lui permettent de mentir et de voler avec plus de ruse, d'adresse et d'habileté. Cet indigène, accuséde vol, était un sourd-muet. Son infirmité le fit donc prendre pour un fétiche: aussi quand mon ami voulut faire conduire ce malheureux dans une salle voisine, aucun des Kroumen présents ne consentit à exécuter cet ordre. Tous déclarèrent que c'était un fétiche et qu'ils ne voulaient pas avoir affaire à lui.

Tout à coup une tornade survint, la barre fut atrocement mauvaise et une pirogue chavira en voulant

naturellela franchir. Les Kroumen en conclurent ment que le fétiche se vengeait du mauvais traitement qu'on voulait lui faire subir. Peu s'en fallut que mon ami ne passât un mauvais quart d'heure, car les noirs surexcités manifestaient contre lui leurs sentiments hostiles, en l'accusant d'avoir fait déchaîner l'esprit du mal. LÉONCE FARGEAS.

Nouvelles de la Mission de Béhagle T ÏKE tettrc adressée à un de nos amis par M. de Béhagle offre, au point de vue géographique, un intérêt tout spécial, et nous sommes heureux de la publier. Elle donne d'abord des détails sur la marche de l'intéressante mission de M. de Béhag)e et démontre ensuite la précision de l'itinéraire tracé par M. Dybowski en t8c)i-i8c)2 (ToM-~Mo~, i" semestre, ib~). « Je viens de relire l'itinéraire de M. Dybowski au poste du Gribingui; c'est des Marbas, à 25 kilomètres de Yabanda, que je vous écris. Ce voyage, que j'ai tenu à faire par reconnaissance pour tous ses bons offices, sera complété par M. Mercuri, qui va partir pour chez Snoussi et ira au Kaga-Kourou. Je puis d'ores et déjà affirmer que l'itinéraire de M. Dybowski est fort exact. Le Kaga-M'Béré, où j'ai fait des observations, est par 6°, 32' Yabanda est très bien placé en latitude. Ma longitude n'est pas encore calculée, mais l'estime me place par 17°,50' E., à ao kilomètres à vol d'oiseau du poste du Gribingui et dans le S. ,80 E. Enfin, au dire des indigènes, il y aurait aussi loin d'ici au Koukourou que du poste ici, c'est-à-dire quatre jours de marche: ce qui mettrait cette rivière par 70,20' N. environ, et le Kaga-Kourou, dont elle sort, en très bonne position sur sa carte. « Si j'ajoute que le Koukourou, au dire des indigènes, n'est pas un affluent de l'Oubangui, qu'il va dans le Grinbingui, il sera bien établi qu'après Crampel, M. Dybowski est le premier qui ait atteint le bassin du Tchad par le Congo. « Du reste, ici, son nom seul est resté avec celui de Biscarrat. Ganda-Youpè, le chef des Marbas, me parle souvent du grand commandant c'est un bon moyen pour avoir des cadeaux, et il en profite. « Le Kaga-Marbas a 720 mètres d'altitude; le col que M. Dybowski a traversé, 701 mètres, comme il l'a indiqué j'ai tenu à faire à cet endroit même une détermination hypsométrique, et c'est la moyenne de mes quatre tubes qui m'a fixé sur ce point. « H est bien peu d'itinéraires qui supporteraient de semblables vérifications, car j'ai eu rarement le bonheur de retrouver la scrupuleuse exactitude déployée mérite d'une explorasur sa route et qui est le premier

tion. »

DH

BÉHAGLE.


deseshéHces: i)ye:iaquntr~. Trois sont placées à l'arrière, la quatrième est à l'avant. Les ailes de ces hélices sont très solidement construites, afin de pouvoir

«

L'Ermack

choquer impunément la glace dans leur mouvement de rotation. L'héuce de l'avant n'a pas été installée en vue de contribuer à la propulsion du navire, mais tout simplement pour rejeter les blocs de glace latéralement et les empêcher ainsi de venir s'accumuler sous les fonds et sur les flancs du navire. L'étrave a reçu une forme contournée et arrondie, telle qu'elle ne fend pas la glace, comme on pourrait le croire, mais qu'elle glisse dessus, pour ainsi dire. Si bien que c'est le navire qui, par son poids, écrase la couche de glace choquée et !a disloque devant lui. Les prévisions que l'amiral Makaroft' avait faites sur la manière dont se comporteraitson navire se sont pleinement réalisées au cours du voyage de Newcastle à Cronstadt. Dans la Baltique, en effet, l'~n~e~ s'est frjyé un passage à travers une cou-

»

le Navire brise-glace

de l'amiral Makaroff î 'ARRfVHE à Cronstadt, le 17 mars, du puissant briseglace construit par la maison Armstrong, Whitworth et C' à Newcastle, pour le compte du gouver-

nement russe et sur les plans de t'amirat Makaroff, est un événement à retenir. On sait que ce steamer est plus spécialement destiné à garder ouverts les ports septentrionaux de la Russie durant tout l'hiver, ou mieux

durant les longs mois pendant les-

che de glace qui avait 1 mètre à

quels ces ports sont obstrués par des barrières de

i

en moyenne, mais qui par moments a eujusqu'à 2m. 50,

glace. Les dimen-

sions principales

endroits où le vent avait à certains

det'fn;KM~,nom donné à ce navire, sont de 93 mètres pour la longueur, 21 m. 65 pour la largeur, et 12 m. 8t cent. pour le creux. La forme de la coque est tout à fait particulière

amoncelé

to ooo chevaux-vapeur, peut

se~

faire seize noeuds

à l'heure. L'ffMMeA est arrivé un peu après une heure du soir en

conçue, à la fois, pour résister avec plus grande efficacité aux ef-

forts d'écrase-

des

blocs. En route libre, l'Ermack, avec

elle a été

la

m.~od'epaisseur

1.

m

LitNACR Il.

fa~rc.<<(Oai~Gra~;c.B »

ment, de compression de la glace, et pour la briser avec la plus grande facilité. A cet effet, la coque est tout spécialement renforcée elle possède un double fond. En dehors de ce dispositif, la coque est divisée sur sa longueur en quarante-huit compartimentsétanches, par des cloisons transversales et longitudinales. Les cloisons transversales sont renforcées afin de résister à la pression extérieure de l'eau. Une ceinture de protection contre la glace règne de chaque côté sur toute la longueur du navire; elle s'étend transversalement sur 6 mètres de hauteur environ, partie en dessus et partie en dessous de la flottaison. Cette ceinture est constituée par des tôles ayant o"02~ à o'o~ d'épaisseur. Grâce à ces consolidations spéciales, la résistance longitudinale et la résistance transversale du navire sont considérables, ce qui a fait dire que, sous l'étreinte même la plus intense de la glace, le navire se soulèverait tout entier, plutôt que de subir la moindre altération dans ses formes, la plus légère trace de fatigue dans ses assemblages. Une des particularités de t'F~McA est le nombrj

vuedeGroni.tadt,

déjà

signalé de

toinpartcsgar-

diens du phare deToIkouchin. Des marins, des reporters, des curieux, étaient allés à sa rencontre en traîneaux tirés sur la glace par les petits chevaux finnois, et lui ont fait escorte à son entrée triomphale dans le port, où il a jeté l'ancre à deux heures, aux acclamations d'une foule immense. L'amiral Makaroff, le créateur du nouveau briseglace, s'est déjà signalé dans la guerre russo-turque. C'est lui qui, avec l'amiral Skryldoff. ils étaient alors lieutenantsdevaisseau l'un et l'autre. –a a fait sauter un cuirassé turc à l'aide d'un torpilleur. Et. chose à noter, c'est la première fois qu'un torpilleur exerçât :es terribles effets. On voit que l'amiral Makaroff est un initiateur à plus d'un titre et dans plus d'un'domaine. Quelques jours après son arrivée en Russie, r~MMc~ a eu l'occasion d'expérimenter pratiquement son aptitude à frayer la voie aux navires de commerce empêchés par les glaces d'entrer dans un port. En effet, trois steamers, un anglais, un allemand et un norvégien, étaient bloqués par les glaces à quelques vingt milles du port de Reval. L'~n/M~ fut envoyé suisur ce point. Il creusa, par ses propres moyens et


vant ce qu'on attendait de lui, un large canal qui permit aux trois steamers d'arriver sans peine et sans danger jusqu'au port. Le succès a été complet. Si l'Ermack rend ainsi service pendant l'hiver aux ports de la Baltique, il pourra durant l'été être fort

utile aux ports sibériens ou autres, obstrués presque toute l'année grâce à l'Ermack, les navires de commerce pourront faire deux voyages par an au lieu d'un aux ports d'Arkhangelsk, Vladivostok, aux embouchures de l'Obi, de l'iéniseï, etc. On espère même qu'il frayera une route jusqu'au pôle Nord On assure, en effet, que le tsar a écrit au roi d'Italie pour le prier de détourner le duc des Abruzzes du voyage périlleux et de l'échec presque certain qui l'attend s'il s'obstine à vouloir atteindre le Pôle en traîneau, tandis qu'à l'aide d'un navire dans le genre il pourrait toucher au Pôle, ou du moins de s'en approcher assez pour accomplir sans risques et sans fatigues surhumaines le reste du parcours. En Suède, en Norvège, et en général dans tous les pays du Nord. on ne parle plus que du merveilleux navire, du T'now~&a~Kf~M~'acM commeon l'appelle, qui, sans révolutionner évidemment l'art de la navigation, va du moins ouvrir au commerce, même au cœur de l'hiver, une multitude de ports obstrués jusqu'ici pendant cinq ou six mois de l'année. L'Ermack est la propriété du ministère des finances de la Russie, dont le chef actuel, M. de Witte, a contribué plus que personne à assurer la réalisation de l'idée géniale de l'amiral Makaroff.

l'w~

helvétique et le gouvernement italien que le percement proprement dit du tunnel du Simplon a pu être entrepris. Partant d'une altitude de 720 mètres au-dessus du niveau de la mer, on prévoit qu'il aura une longueur de )8,~oy mètres, alors quête tunnel du Saint-Gothard n'a que ;4,020 mètres, depuis Gœschenen, tête Nord dans le canton du Tessin. Cette augmentation de longueur fait prévoir, d'après l'expériencefaite pendant le percementduSaintGothard, une augmentation considérable de la température dans la partie centrale du tunnel du Simplon, température qui pourrait dépasser ~o centigrades. A cet obstacle s'ajouteront, sur une grande partie du parcours, celui de roches très dures (micaschistes, schistes amphiboliques, gneiss granitiques) et celui des filtrations de la Saltine, qui existe déjà. La distance, par voie ferrée,de Calais à Plaisance

(cette dernièreligne peutêtre considérée comme te centre du réseau de l'Italie du Nord), qui est de t 263 kilomètres par le Mont-Cenis, et de 168 kilomètres par le Samt-Gothard, sera de i 206 kilomètres par le Simplon. Ce nouveau tunnel enlèvera donc du trafic plutôt au Mont-Cenis qu'au Saint-Gothard. H est d'ailleurs très voisin de ce dernier, puisque les en'rées Nord des deux tunnels ne sont pas à plus de 5o kilomètres l'une de l'autre.

Les travaux dureront environ dix années, et le coût en est évalué à 80 millions. Ils occupent actuellement 300

Le Tunnel du Simplon

ouvriers. Ce

nombre sera plus tard porté à yoo. Ces ouvriers sont relevés toutes les six heures. Ils doivent se revêtir~ pour travailler,d'un manteau imperméabte qui protège leur tête et leur corps contre l'eau ruisselant continuellement des voûtes. Au bout de 6 heures, réguliè-

rement, ils changent d'habit et prennent un bain. Le système de ventilation est plus parfait que

Le massif des Alpes, qui fut longtemps une barrière infranchissable entre le réseau des chemins de fer de la haute Italie et ceux des autres pays de l'Europe centrale, a déjà vu les cols du Mont-Cenis et du SaintGothard livrer passage à des lignes remontant les

vallées de l'un et l'autre versant.. Un nouveau tunnel, en voie d'active exécution, va permettre de franchir à son tour le col du Simplon et de relier les lignes italiennes aboutissant à Arona, surle lacMaj~ur. à la ligne suissede Lausanne à Brigue, en empruntant, sur le versant sud, la vallée de la Toce jusqu'à Domodossola; sur le versant nord, les vallées de )a'Saltine et du Rhône. Dès l'époque où l'on perçait le tunnel du MontCenis, une Compagnie française s'était constituée pour entreprendre le percement du Simplon. La ligne d'accès fut commencée du côté suisse, mais l'entreprise échoua, et, en 1872, le gouvernement fédéral prononça la déchéance de la Compagnie. La ligne d'accès commencée fut vendue aux enchères, en mars 18~4, à une Compagnie suisse, à charge par celle-ci de la terminer. Elle fut conduite jusqu'à Brigue, mais ce n'est que grâce à une entente pécuniaire entre le gouvernement

celui du Saint-Gothard, puisque les machines de ventilation peuvent refouler dans le tunnel 300 mètres cubes d'air par seconde. Le tunnel'tui-même sera double sur une partie de sa longueur. En effet, à côté du boyau principal, on creuse un boyau parallèle à <y mètres de distance. 11 est réuni au premier tous les 200 mètres, par des couloirs transversaux. L'un et l'autre tunnel a 5 mètres de large et 8 mètres de haut. Le second ne servira à l'origine que de canal de dégorgement pour les eaux qui suintent du rocher, et pour les matériaux qu'on extrait en creusant le tunnel mais, si la circulation des trains devient assez intense, on pourra le pousser jusqu'au bout et en faire une voie régulière qui doublera la première. Le percement du Simplon a provoqué une véritable invasion d'ouvriers italiens. La plupart ont dû être renvoyés chez eux. Encore aujourd'hui, pour chaque place vacante, les paires de bras s'offrent par douzaines. Les cabarets, pensions d'ouvriers, établissements de toutes sortes, poussent comme des champignons aux deux extrémités suisse et italienne du

tunnel.


de ses bateaux s'échoua dans la Bénoué, et il dut revenir, à la fin de 1803, sans avoir obtenu de résultats. Cependant les deuxexpéditionsde Mizon, quiavaientété très utiles pour la science géographique, ne furent pas sans effet indirect au point de vue politique, en ceci qu'elles obligèrent l'Angleterre à nous faire des conces-

sions sur d'autres points.

T outs Mizon, qui vient de mourir en allant

de Mayotte

rejoindre son nouveau poste de Djibouti, a compté parmi les explorateurs français en Afrique; ce qu'il a fait réellement n'est pas~sans doute, tout ce qu'il a tenté de faire. Mais les destins, ou plutôt les rivalités anglaises, l'ont empêché d'accomplir l'oeuvre à laquelle il comptait attacher son nom. Ni le

En 180~, Mizon fut nommé administrateur à Majunga. Il n'y resta qu'un an. Après un nouveau séjour en Europe, il était reparti l'an dernier comme administrateur de Mayotte. C'est là qu'à la suite des récents incidents de Djibouti,

courage, ni la persévérance, ni l'habileté ne lui ont fait défaut; les circonstances lui ont été défavorables. Mizon était né à Paris, le 16 juillet 1853, d'une famille originaire du Midi. Il entra dans la marine, où le poussaient à la fois ses aptitudes pour les sciences exactes, son esprit aventureux et sa vive curiosité. Il était parvenu au grade d'enseigne de vais-

un ordre du ministre vint le chercher, pour diriger cette colonie. Il allait trouver là un champ d'activité où il eût pu rendre de grands services, lorsque la mort est venue le

surprendre. Sa constitution robuste s'était usée dans sa

longue carrière coloniale. Mizon était un homme remarquablement intelligent, doué d'une mémoire exceptionnelle, très instruit, connaissant bien la terre et les hommes. H s'est montré capable de grands desseins la fortune ne lui a pas permis de les accomplir tout entiers. Associé aux deux grandes entreprises du Congo seau lorsqu'il fut attaché, en 1880, à la seconde expédition français et de Madagascar, il n'a pu, comme il l'espérait, de Brazza sur l'Ogôoué, et spécialement chargé de diriger et comme il l'aurait mérité, créer son œuvre à lui dans le les postes français du fleuve. M.\t)/.0~. bassin de la Bénoué mais sa Revenu en France en 1882, il reprit du service dan; part dans l'histoire de l'explodans la marine et voyagea quelques années. Il était ration africaine n'en est pas moins beite, et son nom devra rester parmi ceux qui auront ouvert à l'influence en France en congé, lorsqu'il fut désigné, en 1890. française les régions mystérieuses du continent noir. par le Comité de l'Afrique française, pour diriger une expédition dans le Niger et la Bénoué, et nouer des relations avec les chefs du pays, et notamment avec le sultan de l'Adamaoua. On se rappelle encore les démêlés qu'il eut avec la compagnie anglaise du Niger, son long séjour à Yola chez le sultan de l'Adamaoua et son voyage de retour par l'Ogôoué, au cours duquel il rencontra Brazza sur le Kade'i ~Haute Paul Vuillot. Carte des Missions catholiques dM NordSangha), le 2 avril t8c)2. Est ~WeatH et <<w Soudan Egyptien. Revue les Missions catholiques, Lyon, ;4, rue de la Charité. De retour en France, il y fut reçu avec de grands A VEC sa grande compétence des questions cartograhonneurs. Un banquet qui lui fut offert à I'/Vo/~ ConA phiques et géographiques, M. Paul Vuillot a dressé tinental, sous la présidence du prince d'Aremberg, réuune carte admirablement claire du nord-est de l'Afrique, nit, pour le fêter, un grand nombre d'hommes polimettant en valeur les efforts persévérants des congrégations qui luttent en ces pays inhospitaliers pour y répandre la tiques, de savants, de notabilités de toute espèce. Sans civilisation et la foi. ° s'endormir sur ses triomphes, Mizon se mit immédiateCastellani (Ch.) Femmes ax Congo. Paris, ment en devoir d'organiser une nouvelle expédition, E. Ftammarion: ) voi. in-i8 de 3o8 pages. Prix, 3 fr. 5o. résultats, poliplus dont on se promettait .les beaux Legras (jules). En Sibérie. Ouvrage accompagné tiques et commerciaux. d'une carte hors texte et de gravures d'après les photographies de l'auteur. Paris, A. Colin et C' i vol. in-i8 de H s'embarqua le toaoût 1892, trois mois à peine .\vu)-384 pages. Prix, 4 fr. après son retour, emmenant pour naviguer sur le A.M~r/u/'</)e Co~o)MM/w Johnston (H.-H.). Niger deux bateaux, le /M<M~ et. le Sergent Malamine, Africa. Londres, C.-J. Clay and sons. vo). in-iH de l'expédil'issue Mais de marchandises. beaucoup de et 3m pages. Prix, ~fr.5o. tion ne fut pas telle qu'on l'espérait. Mizon eut encore De Cuverville. -Le Canada et les Intérêts français. à lutter contre l'hostilité de la compagnie anglaise un Paris, J. André, t vol. in-18 de 3h pages. Prix, o fr.

D'~rc'r~f.

Les


L'Exploration des Cavernes (~M/1 L'ECLAIRAGE (.SHite). ,'ËMPLO) de la bougie nécessite une

Lseuteprécautiou:cel)edenepas enflammer les cordes qui vous retiennent; il est vrai qu'au contact des roches humides elles deviennent rebelles à la combustion. Depuis cette année seule-

ment, nousavonsadoptél'aeétylëne: il nous a paru devoir être,pour les profondeurs du sol comme pour sa surface, le véritable éclairage de l'avenir. Nous ne saurions entreprendre ici la description des appareils employés ce sont différents modèles de lampes portatives pour bicyclettes, brûtant de quatre à huit heures, avec un pouvoir éclairant, de dix à quinze bougies; le type idéal n'est assurément pas encore trouvé, mais il en est qui, déjà. ont été bien pratiques dans les cavernes. Pourvu que le récipient à gaz soit suffisamment épais, et que la provision de carbure soit soigneusementenveloppéeà )'abri de l'humidité, la lampe à acétylène ne nous parait pas dangereuse sous terre et il n'est guère de grottes où l'on ne rencontre au moins la flaque d'eau de suintement qui permettra d'en assurer le fonctionnement. Cela ne doit pas, d'ailleurs, faire renoncer au magnésium, plus éclairant même que la lampe à arc. On sait que de i 200 francs le kilogramme,en 1880, ce précieux ruban combustible est tombé actuellement à moins de cent francs. Or, le gramme brûle environ pendant une minute. Même la principale et presque unique usine (~~m!M!M~: MH~ Afa~Kesium Fabrik, à Hemelingen, près Brème, en Allemagne) le vend 5o francs le kilogramme (quantité minimum, emballage et port pon compris). Malheureusement ce produit ne se fabriquepoint en France, où les marchands au détail le débitent en moyenne entre 7 et 9 francs l'hectogramme.

MOYENS DE CORRESPONDANCE

TÉLÉPHONES

Par suite de la forme des puits verticaux, il devient la plupart du temps impossible de s'y entendre a partir de .io à 5o métrés de profondeur c'est pour supprimer cet insurmontable obstacle que nous avons imaginé, en 1888, de nous munir, pour la descente des abimes, du téléphone magnétique de Branville (système Aubry, ~5. rue de la MontagneSainte-Geneviève,Paris), en usage dans l'armée. Chaque poste, à la fois récepteur et transmetteur, pèse <}00 grammes et mesure o".o8 de diamètre et o°',o3 d'épaisseur; dans la poche il ne tient pas de place, et le léger câble téléphonique que l'on emmene dans la descente assure la communication avec l'extérieur. Nos câbles souples à plusieurs fils de cuivre et à à multiples enveloppes de tVoirlen~i5.dui;iavrt)i8f~,pagei2o.

gutta-percha absolument imperméables sont fabriqués à Paris par les usines Ratier et Menier (de Grenelle). Grâce à lui, à petites distances, les cornes de chasse et sifflets suftisent pour s'entendre. On combinera à volonté les appels de manœuvre et de ralliement. Mais on n'oubliera pas que, même dans une caverne horizontale, un éloignement d'une quarantaine de mètres et moins empêche toute communication, s'il y a des sinuosités brusques. BATEAUX POUR

LES ~LRCS

RIVIÈRES

OU

Comme bateaux imperméables en toile, nous avons surtout employé celui du constructeur Osgood. à Battle Creake (Michigan, Etats-Unis),dont les différents modèles pèsent de lu à 40 kilogrammes; portent de une à quatre personnes et coûtent de 2uo à 3uo francs. Le n° 2 (25 à 3() kilogrammes, deux personnes, 25o francs) est le plus pratique pour les cavernes il peut se démonter en trois ou quatre lots de 7 à 10 kilogrammes chacun. Le seul défaut de FOsgood est sa légèreté même, qui implique une certaine fragilité. Nous en avons crevé plus d'un sur des pointes de roc. Mais son élasticité le rend plus résistant aux chocs que certains canots de bois. Le bateau français système Berthon nous a rendu grand service égalesolide et insubmersible à cause ment double coqueàctoisonsétanches, de sa il est moins stable, plus cher, beaucoup plus lourd que l'Osgood. Le plus petit modèle ne porte qu'une ou deux personnes, pèse 23 kilogrammes et s'aplatit simplement sans se démonter; il ne peut se diviser et forme donc toujours un

unique paquet, relativement pesant, et long de 2°'j: maintes fois nous n'avons pas pu l'introduire dans des fissures tortueuses où les morceaux de l'Osgood démonté passaient facilement. Mais le Berthon est une bonne embarcation de secours, plus difficile à crever que l'Osgood sur les écueils. Nous n'avons point expérimenté le bateau pliant de King, à Kalamazoo(Michigan, Etats-Unis /f!'H.g~/oM!H.g' M~ovas canoe), qui, d'après les catalogues, parait également .fort pratique et analogue à l'Osgood, au moins comme poids, capacité et prix.

vite qu'il n'y a plus qu'à prendre la fuite sans délai; mieux vaut, si l'on tient à terminer l'exploration, sortir à la nuit close et camper, ou même passer vingtquatre heures sous terre, lorsque les circonstances ne permettent pas de remettre au lendemain. Seaux en toile forte, analogues à ceux des pompiers pour aller chercher de l'eau sacs en forte toile de différen-

tes tailles pour descendre et remonter les objets dont on a besoin sous terre.

Grands paniers d'osier pour les cordes et les échelles. Burins en acier pour amarrer les échelles de cordes, faute d'arbres ou de rochers. Masses en fer pour enfoncer les burins dans le roc et pour briser les sta'lagmites qui barrent le passage. Pioches, pelles et outils de fouilles pour les déblaiements d'argile et, au besoin, l'extraction des ossements fossiles.

Poulies, palans, treuils. tures de sauvetage.

Ceiu-

Hachettes pour couper les bran-

ches d'arbres et débroussailler l'abord des orifices. Provision d'alcool pour les montgolfières en papier qui, attachées au

bout d'un fil, permettrontde mesurer les hauteurs des voûtes. Veilleuses en cire brûlant de 6 à 12

heures pour les relevés topogra-

phiques et les stations locales prolongées. Papier d'Arménie contre les émanations cadavériques. Tels sont les principaux objets dont il faut se munir. RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES

°

Pour retrouver son chemin dans

les cavernes labyrir.thiformes,le meilleur moyen est d'en faire le plan; si les difficultés du parcours ne le permettent pas à la première reconnaissance, un pot de couleur blanche servirait à faire des marques de repère, mais c'est un colis de plus; il est plus simple et aussi sûr de tracer avec le pied ou la canne des flèches de direction sur l'argile ou le sable et de construire de place en place, avec des pierres ou des fragments de stalactites, de petites pyramides qui serviront de signaux. Dans le même but, et pour bien constater la correspondance présumée de deux galeries quand on ne peut communiquer directement de l'une à l'autre, on doit conserver soigneusement les bouts de bougie trop petits pour être brûlés à la main s'ils sont éteints avant le retour, ils auront toujours laissé à.leur place une petite coulée

AUTRES OBJETS UTILES Parmi les autres objets utiles, citons tente de campement pour coucher au bord des gouffres perdus dans la montagne, loin des centres habités et demandant parfois plusieurs jours d'exploration. Lits de camp il ne faut jamais. dormir dans une caverne, l'humidité glace et raidit les membres en peu d'ins- indicatrice. tants et leur enlève toute souplesse: en (A suivre.) allumant le moindre feu, on s'enfume si

E.-A. MARTEL.


Les Hautes Régions du Tonkin /M~

circonstances, appelé a/)/)~<'l'attention /'a//e)~Mx~M A~oM.! Nous avons, en ~'ue~Me~coM~~MCM, des lecteurs ~«~M& ~MTour du Monde Mondesur /M&aM~~MM~ COMMMM, a~oM~, ~MrfMCOf~~M fMdiverses Tonkin. Nous sommes heureux de pouvoir ~ubltér azejonrd'but une étude d'ensemble sur ces cotztrées encore~eu connues, Pennequin, le nouveau ~OM~<'MfM/ M~n~K~ Madagascar. en utilisant dans ce but les travaux du

~M~

Les hautes régions sont habitées par des races diverses qui ont des mœurs et une organisation politique différentes, mais qui ont toutes subi la

O RGANISATION DU PAYS.

forte empreinte

dénommé pays des Muongs. Le wMOK~, chez les indigènes, est l'équivalent du xa, c'est-à-dire de la commune, et plusieurs muongs forment un chau. On a pris une fois de plus le nom

d'une ville

de la civilisa-

tion annamite. Le régime est généralement

féodal, et les Annamites ont

pour un nom d'homme. Les xas

se subdivisent

eux-mêmes

À

su habilement plier leur ad-

en

hameaux

qui

forment

une

véritable

(bans, giaps), fortement rattachés aux xas,

ministration aux besoins du pays. Mais

l'Annamite,

orgueilleux, a

unité

profond mépris pour les gens des montagnes, de sorte que le mandarin annamite est sincèrement dé-

que

toujours eu le plus

politiLe pou-

voir est exercé par un chef

héréditaire,

toujours respecté

même

s'il n'est pas très obéi des

notables. Le

testé. colo-

conseil des notables discute

nel Pennequin

tous les inté~

Le

et ses officiers apportèrent, dans le règlement des affaires du pays, une probité absolue, le respect des coutumes, la sollicitude pour les populations et de grands égards pour les chefs féodaux. Les Annamites avaient divisé le pays en phus, en huyens ou chaus, et en xas, mais ils avaient tenu compte des divisions historiques et géographiques ie~M est, si l'on veut, le département le e~M est l'arrondissement le xa est la base de l'organisation communale. Toutefois, une confusion s'est glissée en ce qu i concerne le pays des chaus de la rivière Noire, TRAVERS t.E MONDE.

)8* L)V.

rêts de la commune-; il existe de même un conseil des notables au « chau », qui est toujours consulté dans les questions relatives à l'arrondissement. Dans chaque commune, le chef ou ly-truong est particulièrement chargé du maintien du bon ordre, du soin de lever l'impôt, de surveiller le service de voirie. Il est assisté de lettrés divers qui sont de véritables secrétaires de mairie ou des employés subalternes tels que garde-champêtre, gardien de pagode, crieur public, etc. Chaque commune tient un registre d'état civil

?

18.

6 mai t89<).


(Dinli-Bo) qui sert pour la répartition de l'impôt de capitation. L'impôt est discuté en conseil de notables, et le rôle, arrêté par eux, est perçu parle ly-truong ou maire.

existe aussi un registre des corvées, chaque habitant devant trente jours de corvée par an, pour assurer l'entretien des routes. Pour subvenir à ses charges personnelles, la commune a un budget de recettes qui s'alimente à l'aide de centimes additionnels fixés par le conseil des notables et qui se grossit de l'argent versé par les particuliers pour les enterrements ou pour les mariages, sans compter l'affermage des marchés, des bacs et les revenus des biens communaux. La justice est rendue par le conseil des notables ormé en jury, et présidé par le ly-truong. 11 n'y a que les causes exceptionneUëment graves qui soient portées au cheflieu. Du reste les chaus ou huyens sont des centres d'arrondissement, dont les Il

chefs centralisent les rapports des maires des communes et impriment une unité de direction, sans jamaiss'immiscer dansl'administration de la com-

mune.

Les

1

fut une des causes primordiales de l'insurrection des hautes régions, connue sous le nom de piraterie. Le commandant, puis lieutenant-colonel et enfin colonel Pennequin eut le grand art de comprendre la situation exacte du Tonkin. !t apporta tous ses soins à la résolution d'une question qui semblait insoluble et il fut assez heureux pour voir le succès couronner ses

efforts.

LA

POLITIQUE

En 180~, il

DU

adressait

à

COLONEL

PENNEQUIN.

tous les commandants de

cercle, de secteur et de poste du 4" territoire militaire, qui comprenait alors toutes les hautes régions du Tonkin comprises entre le Fleuve Rouge et le Mékong, des instructions remarquables au sujet de leur

conduite à tenir vis-à-vis des populations indigènes. Il s'exprimait ainsi « Les commandants

de poste ont deux rôles bien distincts :t° un rôle militaire, dont les règles

leur sont tracées par nos règlements et les instructions émanées du haut commandement du territoire et du cercle; 20 un rôle politique et administratif. Dans ce rôle, les chefs de poste ne doivent plus apporter la raideur militaire, la sévérité, la

Cette précision, l'exactitude, le organisation repose essennr w.uw:. respect absolu de la règle, tiellement sur la différence D'~r~ H~t* photographie du ~t~f~j~~ A'/co~c. qui sont indispensables des races qui habitent les dans leur rôle de chefs hautes régions de l'Indo-Chine. La race principale est militaires. H faut être patient, n'être jamais trop le Thaï. L'ancien royaume Thaï, tributaire de l'empire pressé le temps n'a guère de valeur pour l'indigène Khmer, s'étendait autrefois jusqu'en Chine, où les être indulgent aux mensonges si l'indigène, toujours Thaïs portent le nom de Païs. traqué, essaie d'échapper aux charges, il conviendra très bien de son mensonge, quand vcus aurez démêlé Les Thaïs ont été refoulés plus tard par des peula vérité. ples venus de la Chine, mais ils possèdent encore la majeure partie du pays compris entre le fleuve Rouge « J'ai vu le roi de Luang-Prabang appeler un de la rivière Noire. Les Nungs et les Nangs, venus de et ses fonctionnaires pour une affaire importante; le foncChine, bordent la frontière du Tonkin,'de Lao-Kay au tionnaire répondit qu'il mangeait. Le roi trouva cette Kouang-Si. Les Mans, originaires de la Chine, sont réponse naturelle etattendit patiemmentqueson homme nomades et ont toujours été en butte aux vexations des eût fini. Il faut respecter l'homme qui mange. Annamites et des Thaïs. H faut que le chef de poste soit accessible à tous, Les Meos (Miao-Tzé en chinois), venus du Yuntixe les heures d'audience et supprime tout interméNan, ont envahi le haut Tonkin, de 1860 à 186~, et diaire pour que chacun puisse venir sans subir l'exails s'y sont cantonnés après en avoir chassé les men d'un planton, sentinelle ou interprète. Les gens Thaïs. sont patients, ils attendent dans un coin que leur tour Les Annamites, qui avaient conquis les hautes arrive, mais sont déjà satisfaits d'être vus. Refuser régions du Tonkin, ne cherchèrent pas à les coloniser absolument tout cadeau. Installer près du poste, sur ils se bornèrent à les exploiter et leurs mandarins une place ou un lieu de passage, un portique de la devinrent bientôt impopulaires. publicité, y afficher tous les arrêtés, communiqués, avis envoyés par le cercle, ainsi que les avis concernant les Lors de notre conquête du Tonkin, nous eûmes jours d'audience. » le tort de ne pas étudier avec assez de soin les questions de races, de sorte que nous ne nous rendîmes pas Le colonel Pennequin disait d'autre part « Avec compte que les populations s'étaient juxtaposées au de la persévérance et du bon vouloir un chef de poste lieu de se fondre et qu'elles se haïssaient. arrive à se faire l'ami et le confident des chefs. Il faut Les administrateurs de Cochinchine qui vinrent les bien traiter, surtout devant leurs inférieurs qui ont Tonkin, au y apportèrent leurs idées personnelles et pour eux le plus grand respect leur faire quelques cherchèrent à assurer la suprématie des Annamites, cadeaux minimes qui coûtent peu et ont pour eux une grande valeur; s'occuper de leurs intérêts; toujours sans s'inquiéter de savoir si celle-ci était légitime. Ce R.ACES.

DE,


les écouter sans impatience, mais éviter une trop grande familiarité, et tenir la balance égale entre eux, parce qu'ils pourraient très bien se prévaloir de notre amitié pour commettre des abus; se méfier des interprètes. H faut qu'un chef de poste étudie la langue, s'eftorce de la baragouiner, et arrive en peu de temps à s'entendre directement avec les chefs habitués à lui, sans subir l'intermédiaire de l'interprète. » Dans des instructionsd'ordre plus général adressées surtout aux commandants de cercle, le colonel Pennequin faisait un court historique des populations habitant les hautes régions et concluait ainsi « Nous n'avons jamais cherché à démêler les causes véritables de l'état de trouble du pays, de l'indifférence ou de l'inertie que nous y rencontrions. « Nos effectifs

trop faibles ne nous permettaient guère de protéger efficacement les populations, d'intro-

vaut la nôtre, le principe d'autorité y est très paternel. Les gens partagent la bonne ou la mauvaise fortune des chefs de clan, qui ne vivent guère plus « fortunément que leurs serviteurs. Il faut respecter cette orga-

nisation et ne pas prêcher nos idées égalitaires qui ne peuvent être comprises par des cerveaux asiatiques, incapables de concevoir nos idées. En Europe, on a la religion du progrès, ici celle du passé. Les gens tiennent beaucoup à leurs vieilles coutumes et pensent qu'ils ne peuvent mieux faire que d'imiter leurs ancetres. « Il faut respecter ces croyances et même s'appuyer sur elles pour

avoir prise sur le

pays. »

C'est en assurant l'application de ces idées empreintes d'un grand bon sens que le colonel Pennequin réussit à ramener l'ordre et la tranquillité dans les régions comprises entre le Mékong et le fleuve Rouge. Après un court séjour en France, cet officier fut de nouveau envoyé en Indo-Chine, et nommé, au commencement de <8c)y, au commandement

duire, des réformes qui risquaient d'amener des troubles plus profonds. Aujourd'hui nous avons les moyens d'agir, mais c'est surtout sur l'étude des intérêts des populations qu'il faut du 4.' territoire militaire, dont les limites venaient d'être modifiées, pour nous appuyer pour chercher à pacifier le pays. Les habitants groupés sous s'étendre du fleuve Rouge à la fronleurs chefs naturels, ayant leurs tière chinoise. intérêts satisfaits, nous seconderont Depuis plusieurs années les franchement dans notre œuvre de contrées du 4° territoire étaient livrées pacification. à la guerre civile; les Chinois envahissaient régulièrement le Tonkin, et Le principe sur lequel « nos partisans agissaient de même à nous devons nous appuyer dans ces l'égard de la Chine. régions, c'est que chaque race (annamite, chinoise, thaï, man, meo, etc.), La pacification avait donc laissé doit avoir son autonomie, participer derrière elle un cortège de haines et d'une façon égale aux charges généde rancunes qu'il importait d'apaiser. rales, jouir de l'égalité politique. Le colonel Pennequin fit conAucune race ne doit être subordonnée naître en ces termes sa prise de à une autre. C'est nous qui devons commandement maintenir l'équilibre entre les divers FEMME 1I1AN. « Le colonel Pennequin fait intérêts; les gens auront ainsi recours D'après t<n<t!0to~-<t;'e du D' 7"AoM;f)M. connaître aux autorités et aux popuà nous pour régler leurs affaires, et P lations qu'il est nommé au commannous exerçons alors réellement le rôle de gouvernants. dement du 4e territoire. :rritoire. Habitants et fonctionnaires trouveront en lui un chef juste et bienveillant, tou« Tâcher de régler les affaires par conciliation; jours heureux de récompenser ceux qui contribueraient on y arrive toujours avec de la patience, en montrant d'une façon quelconque au développement de la qu'on est bien informé, que les torts ne sont pas d'un richesse du pays et de la bonne marche des affaires seul côté, en établissant des compensations pour politiques. Assurer la tranquillité du pays, exiger que amener une solution à l'amiable. Ménager la vanité de la justice soit bien rendue à chacun,-augmenter la toutes ces races dont l'amour-propre est excessif; une richesse et le bonheur de tout le monde, voilà ce que grosse affaire est souvent une question de vanité. Tel le colonel désire obtenir. chef ne voudra rien céder à un rival, mais il cédera au commandant français qui servira d'intermédiaire. « I! arrivera à ce résultat si chacun fait son et ménagera ainsi la susceptibilité de celui qui fait la devoir et si on n'hésite pas à lui signaler les abus qui concession, qui pourra dire qu'il a céjé au gouverse commettraient et les personnes qui serviraient mal le pays. » neur et non à tel individu. Cette proclamation était suivie d'une autre qui 11 faut, en « ces régions, se dépouiller des la complétait en la précisant idées sucées dans notre enseignement universitaire nous sommes en pays de monarchie et de féodalité et « Le colonel commandant le 4° territoire et le il faut nous transporter par la pensée en plein moyen tao-taï Lieou, commandant des camps chinois de la âge. La société est ici classée, il y a des chefs hérédifrontière, représentant les gouvernements français et taires auxquels le peuple est fort attaché cette société chinois, très amis, ont mis fin à la piraterie. Et main-


de police, son conseil de notables, et doit recourir le moins possible au chef-lieu. « Le commandant de cercle verra ainsi sa be-

CARTE DU TONHIN.

tenant que la paix règne, chacun pourra vivre en paix, cultiver, commercer, et le peuple pourra être heureux

dans ses villages, élever sa famille, rendre le culte aux esprits protecteurs et aux ancêtres. Mais'le pays est dans un grand désordre. H faut d'abord faire disparaître toute trace des malheurs qui l'ont appauvri depuis dix ans. « Le colonel a décidé que tout le passé doit être oublié; il pardonne à tous ceux qui ont payé l'impôt et fourni des vivres aux pirates, ont été avec eux, parce qu'il sait combien le peuple, mal gouverné, était faible et ne pouvait résister. Chacun ne sera plus jugé que pour les fautes commises à partir d'aujourd'hui. De même que les chefs indigènes, le peuple devra oublier tout ce qui s'est passé. Ceux qui voudraient se venger d'un grief commis pendant la période de la piraterie seront sévèrement punis. Il est impossible de juger toutes les affaires qui se sont passées pendant ces dix dernières années, et le colonel punira même ceux qui se dénonceront les uns les autres. « Il faut que la paix règne, et pour cela que chacun oublie les mauvais temps qui viennent de s'écouler et ne songe qu'à vivre tranquillement au lieu dé chercher à faire du mal ou à se venger. » Le colonel Pennequin ne pouvait que rappeler' ses prescriptions aux officiers placés sous ses ordres de t8c)~. Il les compléta toutefois ainsi « Le colonel commandant le 4° territoire recommande à Messieurs les commandants de cercle et de secteur de laisser de l'initiative à leurs sous-ordres et d'appliquer le principe de la division du travail. Le commandant du territoire tracera à chacun des commandants de cercle le rôle à jouer, le but à poursuivre de leur côté, les commandants de cercle rendront compte, au commandant du territoire, de leurs projets. Le programme arrêté, c'est au commandant de cercle qu'appartient l'exécution.

commandant du territoire ne jouera qu'un rôle de directeur, d'inspecteur, de contrôleur. De même les commandants de cercle doivent jouer un rôle identique vis-à-vis des chefs de secteur. « Le

« Les secteurs formeront des unités politiques

ou militaires ayant une grande autonomie; en principe et dans la plupart des cas, les affaires se régleront sur place. Chaque secteur doit avoir son budget, ses moyens

sogne s'alléger et pourra mieux connaître l'ensemble de son cercle en y faisant de nombreuses tournées. Même au chef-lieu du cercle, la tâche de chacun sera nettement déterminée et dans un cadre assez large pour qu'il y ait place à l'initiative. « Les commandants de secteur ont maintenant à jouer un rôle administratifet politique plus que militaire. Ces fonctions exigent des aptitudes spéciales, et le colonel ne fera aucun reproche à ceux qui n'auraient aucun goût pour ces nouvelles fonctions. « Le commandant n'a à exiger des officiers que des aptitudes professionnelles, et il serait injuste de tenir compte de ce manque d'aptitudes spéciales à ceux qui peuvent être d'excellents officiers de troupe. « Mais nombre de qualités sont communes dans le rôle politique et militaire; activité, intelligence, initiative, persévérance, etc., sont aussi bien des qualités politiques que militaires. Le plus grand nombre des officiers s'attacheront à ce nouveau rôle, où ils pourront déployer ces qualités et montrer que l'armée, après avoir su conquérir le pays, a su encore le pacifier, l'organiser et le mettre en valeur. » Nous pourrions multiplier les citations, mais celles-ci nous semblent suffisantes pour prouver que le général Pennequin a sur l'administration coloniale des idées pleines de sagesse. Le gouvernement semble donc avoir eu la main heureuse en l'envoyant à Madagascar pour succéder au général Galliéni. NED NOLL.

Les

Géophages

ou Mangeurs de terre

UNE Information que nous avons publiée récemment

sur

les géophages nous a valu une demande de

renseignements complémentaires, à laquellenous répondons d'après le journal ~M~. Haut-Orénoque et du Haut« Les Indiens du Amazone sont mangeurs de terre. La géophagie a été longtemps considérée comme une perversion maladive et maints voyageurs ont raconté que tout géophage meurt à bref délai. C'est une erreur; la coutume de qui manger de la terre n'altère point la santé des gens la pratiquent et n'est point due au manque de vivres. la terre quelle « Ces Indiens ne mangent pas qu'elle soit. Ils en sont gourmets, la goûtent et la rejettent si elle n'a pas les qualités requises. La terre qu'ils consomment est une argile jaunâtre qui contient de l'oxyde de fer et des débris végétaux pulvérulents, c'est-à-dire azote et carbone; ils la pétrissent en boules qu'ils font séchera la fumée ou frire dans de l'huile ou de la graisse de poisson. Cette terre comestible n'a pas de

goût désagréable. ? »

Notre confrère, le journal m~M~, ajoute qu'il ne faut pas en faire abus. Nous le croyons volontiers.


Aux Hes Samoa Protectorat à trois Difficultés et Coups

de canon T ESîles Samoa ou des Navigateurs sont situées en

plein océan Pacifique, à mi-distance entre les îles Hawaï et la Nouvelle-Zélande. Elles ont une importance commerciale et politique plus grande que ne pourrait le faire supposer l'étendue de leur territoire. Elles ont une superficie évaluée par Behm et Wagner à 2 y8y kilomètres carrés, et ainsi répartie entre les différentes îles Savaï, t yoy kilomètres carrés~ Oupolou (ou Upolu), 881 Toufduila, i ~o groupe de Manoua, 58.~

île Rose,

i.

L'archipel est compris entre i75°,55 et )yo°,2Q' longitude Ouest de Paris, !3°,3i' et )4°,3o" latitude Sud. Les îles Samoa sont des

terres d'origine volcanique, comme toutes les iles hautes de la

sèche est de 2~ celle de la saison des pluies, 28°. Enfin la chute annuelle des pluies atteint 3m,43. Le port principal de cet archipel de quatorze îles, celui d'Apia, est un lieu d'échanges qui représentent annuellement 4 mitlions de francs. Jadis ce port était un rendez-vous très fréquenté de baleiniers. Actuellement il sert de point de relâche aux lignes de navigation entre l'Amérique, l'Australie et la NouvelleZélande, et cela lui donne une certaine importance. Il est, d'ailleurs, le point de ralliement des navires, en grand nombre, qui vont d'île en île embarquer du koprah, du coton, du café, du tabac. Les îles

sont peuplées d'environ 37000 habitants, dont 500 Européens. Les indigènes sont pour la plupart des hommes superbes, de belle taille et de belle prestance ils ont le regard fier, la tête haute, la chevelure noire, légèrement ondulée, souvent couronnée de fleurs. Le tatouage est fort en honneur parmi eux. La capitale officielle de l'archipel est la bourgade, de Moulinouou, dans l'île d'Oupolou. Mais la capitale réelle est en réalitéApia, qui, d'après les traités en vigueur, s'administre à part du royaume de Samoa, et forme un municipe spécial, sous la dépendance des consuls allemand, anglais et américain.

C'est qu'en effet, depuis fort longtemps, l'Allemagne, l'Angleterre et les Etats-Unis convoitent la suprématie sur les Samoa. Il y eut, à maintes reprises, notam-

Polynésie, et l'on y voit encore de nombreux cônes et des cratères; mais ceux-ci sont presque tous ment en 1870 et en )884. des remplis de verdure, et il n'y a difficultés assez sérieuses entre plus de volcan en activité, bien les agents de ces trois puissances, les indigènes aient que conservé, suivant que l'une ou l'autre réusD'a/'r~y<Dat;r~a/i!e.. dans leurs traditions, le souvenir sissait à faire prévaloir davantage d'éruptions et qu'il y ait quelquefois des secousses de son autorité ou son influence. En 1887, par exemple, tremblementsde terre, explosions volcaniques, etc. une escadre allemande opéra un débarquement et Les îles sont montagneuses, sauf Rose, qui n'est enleva le roi Maliétoa, qu'elle exila aux îles Marshall. Peu qu'un atoll, ou récif de corail ayant après, le nouveau roi, Matasese, eut pour antagoniste un lagon à son centre. Les plus hauts sommets ne dépassent pas un chef redoutable, Mataafa, qui le défit complètement. Pourtant, un beau jour, M. de Bismarck revint à de i 300 mètres dans l'île de Savaï. Les côtes des dirTérentes îles sont en partie entourées de récifs de corail; meilleurs sentiments envers Maliétoa. Une conférence ceux-ci ne manquent guère que là où les côtes sont anglo-germano-américaine, réunie en )88c) à Berlin, rocheuses. Les îles sont recouvertes partout d'une luxuprononça la déchéance de Matasese et le rétablissement riante végétation. de Maliétoa. Des trois îles principales de l'archipel, Savaï Cette même conférence déclara les îles terriest la plus grande, mais Oupolou est de beaucoup la plus toires neutres et consolida le protectorat à trois, admis importante. C'est là que s'élève la capitale de l'île, précédemment. Apia, et que se trouvent la plupart des résidents étranMais voici qu'au mois d'août 1808, le roi Males et grandes plantations de cocotiers. gers liétoa s'avisa de mourir. L'ancien compétiteur de ce Le climat est doux et agréable. monarque, le redoutable Mataafa, fut élu par les douze L'année se divise en deux saisons, celle des pluies chefs de l'archipel, suivant la coutume samoane. Et il et celle des sécheresses, qui va de mai à novembre, et fut élu grâce à l'influence du consul allemand, M. Rose, qui est caractérisée par la fréquence de l'alizé du S.-E. pour le plus grand mécontentement de Tanou, fils de La saison des pluies va de décembreà avril. Les pluies Maliétoa, que les Anglais et les Américains soutenaient sont violentes, accompagnées d'orages, quelquefois de de toute leur ardeur. véritables typhons. La température Or, il y a à Apia une cour suprême instituée par moyenne annuelle est de 26°, 8"; la température le traité de Berlin et dont le chef doit valider l'acte moyenne de la saison


Et comme l'embuscade était tendue sur une plantation allemande, on accusa immédiatementle gérant de cette plantation d'être de connivenceaveclesindigènes; bref les

esprits étaient et sont même encore fort surchauffes en rade d'Apia.

CARTE DES II.ES SA~10A.

électoral des chefs de l'archipel. Quand l'affaire fut soumise au juge supérieur, un Américain, M. W.-L. Chambers, celui-ci annula l'élection de Mataafa pour vice de forme et proclama en son lieu et place Tanu, fils de Maliétoa. A quoi le consul allemand riposta en refusant de reconnaître Tanu et en engageant Mataafa à la résistance. Le ~janvier de cette année les partisans de Mataafa, de beaucoup les plus forts, envahirent Apia, dépossédèrent Tanou, lequel dut se réfugier sur un navire de guerre anglais ils tuèrent soixante-dix de ses partisans, s'emparèrent de tous les pouvoirs publics, brûlèrent les plantations et commirent mille

Toutefois, ces coups de canon et de fusil n'auront pas les suites graves que l'on pouvait redouter. Lorsqu'à Berlin on a connu le bombardement, on a sans doute manifesté quelque

surprise de ce procédé. énergientend laisser à que, mais le gouvernement allemand son consul, M. Rose, la responsabilité de son attitude et se déclare prêt à le désavouer s'il a outrepassé ses instructions.

Les gouvernements anglais et américain sont, de même, disposés à blâmer, s'il y a lieu, la manière d'agir de leurs agents. Ils ont souscrit à la nomination

proposée par l'Allemagne d'une Commission mixte, chargée de résoudre les difficultés survenues aux Samoa. Cette Commission vient de partir pour Apia. Ses intentions sont pacifiques et tout porte à croire que le conflit samoan s'arrangera sans complications.

exactions. y a quelque temps, on avait annoncé que les trois gouvernements protecteurs laisseraient les choses en l'état et remettraient à plus tard le soin de résoudre la question de la royauté sur l'archipel. Un gouvernement provisoire avait été, d'ailleurs, installé et l'on pouvait supposer que le ~<M quo durerait ainsi penIl

dant longtemps. Il n'en a rien été. Mataafa, sachant que le gouvernement provisoire lui était acquis, devint de jour en jour plus entreprenant. Ses partisans s'étaient con-

centrés dans le voisinage d'Apia et menaçaient d'enlever la ville, pour en chasser les Anglo-Américains. Les amiraux et les consuls anglais et américains, à la suite d'une conférence, rendirent publique une proclamation signée par l'amiral américain Kautz comme doyen d'âge, invitant Mataafa et ses partisans à rentrer dans leurs foyers. Le consul d'Allemagne, M. Rose, lança une contre-proclamation soutenant le gouvernement provisoire de Mataafa. Les partisans de celui-ci, encouragés par l'attitude du consul allemand, ne tinrent aucun compte de la proclamation des Anglais et des Américains, qui bientôt fut suivie d'un ultimatum enjoignant aux gens de Mataafa d'évacuer le territoire d'Apia. Pour toute réponse, ces derniers entourèrent la ville et attaquèrent de nouveau les partisans de Maliétoa et des maisons anglaises d'Apia. En présence de cette situation, les navires anglais et américains résolurent d'agir, et le ï~ mars, ils bombardaient Apia. Le 2~, les consuls anglais et américains, assistés des amirauxou commandants,présidaient au couronnement de Tanou-Maliétoa. Deux semaines plus tard, le [" avril, comme l'agitation ne cessait pas, des marins anglais et américains furent débarqués pour rétablir l'ordre. Ils furent entraînés dans une embuscade où les Mataafans leur firent subir des pertes sensibles.

L'Inauguration du Gouffre de Padirac science spéléologique créée par M. E.-A. Martel, At'éminent explorateur du sous-sol de la France, dont les lecteurs du Tour du Monde connaissent les remarquables travaux, vient de recevoir sa reconnaissance et sa consécration officielles. Un membre du gouvernement, le ministre des Beaux-Arts, entouré des Sociétés savantes et de la presse, a solennellement nauguré, le lundi ;o avril, le gouffre de Padirac. L'événement est trop important pour qu'il puisse être passé sous silence dans nos colonnes; il témoigne d'un état d'âme nouveau en France dans les sphères du pouvoir, et tous ceux qui connaissent et qui aiment notre pays applaudiront à la louable initiative de M. Leygues, annoncée au gouffre même de Padirac, de classer les beautés naturelles de la France au nombre des monuments historiques et de les sauvegarder ainsi du vandalisme qui, tout récemment encore, s'exerçait sur les rochers de Hullgoat, en Bretagne, et sur ceux des Quatre-Fils-Aymon, dans la vattée de la Meuse, en transformant en carrières ces sites justement réputés.

Nous ne reviendrons pas ici sur les difficultés sans nombre rencontrées par M. Martel dans ses explorations du puits de Padirac, sur les périls courus par l'intrépide explorateur et ses fidèles compagnons (i),Gau(t) Voir l'article de M. Martel, t.e Gouffre du Puits ~f

Padirac; Tour du Monde,

2e

semestre !8qo, page 401.


pillat, Rupin, Armand Viré, etc. C'est là de l'histoire, de l'histoire qui paraîtrait.tant le gouffre de Padirac est bien aménagé et maintenant d'accès facile, de la légende, si l'on n'avait eu l'excellente idée de laisser suspendue et se balançant dans l'ouverture béante l'échelle de cordes de 54 mètres qui était naguère le seul moyen de descendre dans l'abîme. Cette corde parle aux yeux et aux imaginations, et je sais pas mal de visiteurs à qui, le jour de l'inauguration, elle a donné le frisson, hypnotisant leurs regards pendant qu'ils descendaient le superbe et facile escalier métallique qui. en matière d'accès de gouffres, peut être considéré comme le dernier mot du confort. A cet escalier, véritable œuvre d'art, succède, pour pénétrer du gouffre dans le « puits » proprement dit, un autre escalier, en bois cette fois et .aux échelons étroits, mais n'offrant ni difficulté ni danger, à condition de prendre les précautions les plus élémentaires. Au bas de ce second escalier, il faut jeter un regard en arrière sur l'immense trou, faiblement éclairé, de 36 mètres de diamètre et de no mètres de circonférence, avant d'explorer le domaine ténébreux et souterrain où la rivière de Padirac s'est créé un cours fantastique,dansuneadmirabledécoupureentredehautes falaises. Un sentier fort bien tracé longe, tantôt sur une rive, tantôt sur l'autre, la rivière souterraine, jusqu'au point dit Grèvede l'Epnbarquement,où les visiteurs prennent place dans des bateaux plats éclairés à l'avant de deux bougies. Cette navigation, sur une longueur de 600 mètres, est le clou de la visite de Padirac. Elle promène les touristes émotionnés et enthousiasméssur la rivière aux eaux vertes et limpides, d'une profondeur moyenne de 5 mètres, dans un cagnon souterrain aux âpres rebords, avec des berges de terre glaise qui feraient la joie des sculpteurs, avec aussi des promontoires qui donnent de petits frissons, mais que l'adresse des nautonniers de Padirac fait éviter juste au moment où le bateau semble devoir se heurter contre ces avancées rocheuses. De cette rivière large de 6 mètres, entre des falaises dont la hauteur va de 20 à 40 mètres, on passe sans s'en apercevoir dans un chapelet de lacs merveilleux par les stalactites qui lambrissent leurs parois et dont le magnésium fait resplendir les gerbes cristallines, blanches, roses, jaunâtres, affectant les formes les plus inattendues et les plus chimériques, et mesurant jusqu'à 30 mètres de hauteur. Que dis-je sans s'en apercevoir? On s'en aperçoit pourtant en parcourant le bien nommé lac de la Pluie, où l'eau ruisselant des voûtes supérieures oblige les visiteurs à ouvrir leurs parapluies. Enfin on débarque pour gravir aisément une terrasse-belvédère d'où l'œil embrasse l'immense salle du Grand-Dôme, longue de 60 mètres, large de 10 à 25 mètres, haute de 68 mètres au-dessus du lac ~M/~MKf ou lac des sources du A~MMOM~, de 90 mètres au-dessus du lac des Grands-

et

Gours. La visite estterminée

il faut être M. Martel pour

oser aller plus loin jusqu'à la galerie de la Fatigue, au lac du Découragement, au lac de la Fin, sans issue, sans prolongementapparent, sans un trou, sans une fissure, où vinrent échouer les efforts du vaillant explorateur. En attendant, Padirac est ouvert au public, et le public des visiteurs sera légion dès le prochain été,

grâce à Hntelugcntc idée de la Compagnie du chemin de fer d'Orléans de créer des billets circulaires qui comprennent à la fois les gorges du Tarn et le gouffre de

Padirac. De Paris à Padirac le voyage est facile et splendide on arrive à Rocamadour en ;o heures. La gare de Rocamadour est distante de i kilomètres et demi du gouffre de Padirac, et les touristes feront bien de

s'y adresser au voiturier correspondant du chemin de

fer d'Orléans, pour être transportés au gouffre à bon

compte. Le trajet en voiture est splendide, par une route en semi-corniche, dans un paysage dont la fraicheur et la verdure contrastent avec l'aridité et la sécheresse du causse, que l'on quitte au gouffre du Réveillon, ouvert à la limite précise des calcaires et du lias. On trouve à déjeuner à Alvignac. La route, de 8 kilomètres, de ce village au puits, en passant par Padirac, est un enchantement, et l'on arrive enfin au gouffre. Le prix de la visite est fixé à 10 francs pour une personne, et 5 francs par visiteur à partir de deux voya-

geurs.

HENRI BOLAND.

Union Danoise des Touristes.

Copenhague, /.t capitale t<M T)jMeyMf!~A. Guide. Copenhague. 1898 et Paris, A. Charles, 8, rue Monsieur-le-Prince,prix: 2 fr. 5o. /~E très joli volume, exécuté avec un soin pieux par l'Union danoise des Touristes, n'est pas un guide au sens banal du mot. C'est une description de Copenhague, écrite, con amore, par un certain nombre de ses enfants, illustrée de nombreuses reproductions de photographies, artistement brochée avec couverture-garde en couleurs, celle-ci offrant un curieux paysage symbolique. En écrivant ce volume, les auteurs n'ont point eu pour but de faire un Joanne ou un Basdeker. Les renseignements pratiques sont peu nombreux, et si l'on y trouve quelquesindications sur les itinérairesmenantàCopenhague. l'on n'y apprendra ni à quel hôtel il faut descendre, ni quel est le prix des fiacres. En revanche, on y lira, avec intérêt, la description de la ville et de ses environs, de ses palais, de ses jardins, de ses musées, un aperçu de son histoire, etc., et ce sera, pour tout voyageur, une excellente préparation à une visite détaillée de Copenhague. Ce petit livre offre encore un autre intérêt c'est une œuvre patriotique. On sait combien les Danois, plus unis que jamais après les malheurs communs qu'ils ont vaillamment supportés, aiment leur patrie et leur belle capitale. C'est à la faire mieux aimer que les auteurs, la plupart journalistes, se sont surtoutappliqués.Leurentreprise a trouvé immédiatement un écho dans les autorités comme dans le public, et c'est avec les souscriptions de l'Etat, du Conseil municipal et des particuliers qu'ils ont pu éditer avec le luxe qui con-

venait cet élégant petit volume. L'édition qui nous a été envoyée est tout entière en français. La traduction du texte danois dans notre langue a été faite par M. Pierre Œsterby. Elle mérite tous nos éloges. Gandolphe (Maurice). La Vie et l'Art des ScMa{Mu!'BM. Paris. Perrin et C'°. vol. in-i8 de 3i2 pages. Prix

3

fr. 5o.

M. Gandolphe, qui est très averti sur les Scandinaves, s'est fortement ému du fait que tout le monde veut parler de l'art et des mœurs de la Scandinavie sans les connaitre. A côté des snobs qui exaltent en aveugles des œuvres qu'ils ignorent, il voit les ironistes qui, sur la foi d'une information ridiculement rapide, veulent contester des mérites d'originalité et d'art indiscutables. Ce livre est né du désir de faire connaître, en s'appuyant sur des données sùres, une civilisation singulièrement curieuse et attirante. Il parait sincère. Il est fort intéressant.


Arenas le 28 mars, après un hivernage POLE NORD dans l'ouest de la terre Alexandre Abruzzes (duc des) est à Christiania,où par 7)*36 de latitude Sud. il achève les préparatifs de son expédition au pôle. On procède à l'améAFRIQUE nagement de la Stella Polare, qui sera commandée parle capitaine norvégien (de), dans une lettre datée de Larsen, et quidoit partir de Laurvik Béhagle Gribingui, tç novembre !8()8, annonce au commencementde juin avec 20 homqu'il a fait deux voyages au Baghirmi mes d'équipage. L'expédition se renet s'est avancé jusqu'à Couno (10° N.). drad'abord à Arkhangelskoù on embarIl a suivi le cours du Ba-Mingui auquera iSo chiens pour les traîneaux. dessous de son confluent avec le GriLe duc se dirigera ensuite vers la bingui, le Bahr-el-Azreg, la Miuia-etterre de François-Josephet poussera Haddad, le Bangoran. Il attendait son bateau vers la plus haute latitude des approvisionnements et devait se possible puis on se servira des traimettre en route le i5 décembre. neaux. de la misAndrée. A la suite de la nouvelle qui Coppolani, un des membres sion organisée par le général de Trénaffirmait que des Toungouses avaient tinian, est arrivé à Tombouctou par trouvé près de Krasnolarsk les cala route du Sahel. Il a obtenu la soudavres d'Andrée et de ses compamission de tribus insoumises de cette gnons, le docteur Martin, subvenrégion. tionné par le roi de Suède,s'est rendu en Sibérie jusqu'à la forêt de Taigan Foureau-Lamy (mission) se trouvait en février à In-Asaoua, à tûo kilom. au et n'a rien trouvé. Sudd'Assiou.On annonce qu'ellevient Bruun (capitaine danois Daniel) organise d'arriver à Agadès, dans l'Air, région une expédition qui partira de Copensûre et fertile où elle compte s'arrêter hague en juin prochain pour recheret se reposer. cher Andrée sur la côte orientale du Groenland. Il établira des dépôts de Fourneau-Fondère (mission), qui se vivres qui pourront servir soit à propose de traverser le pays des Pahouins, de la Sangha à la côte de Andrée, soit à Sverdrup, dont on n'a l'Atlantique, s'est trouvée réunie au pas reçu de nouvelles pendant ces complet (personnel et matériel), le derniers mois. Nathorst (Suédois) organise une seconde expédition,pour 12 février, à Ouesso (Haute Sangha). Elle devait commencer son explorale courant de l'été, dans la même tion en pays inconnu le t4 février. région. Son état sanitaire était excellent le Serghievsky (capitaine russe) va diriger lieutenant d'artillerie Fourneau avait l'expédition scientifique qui doit quitété blessé dans une rencontre avec mai pour ter Saint-Pétersbourgle les indigènes. aller au Spitzberg mesurer un degré du méridien terrestre. Deux bateaux Gendron (commandant d'artillerie), accompagné de plusieurs officiers, paret ioo ooo roubles lui sont donnés par le gouvernement russe. L'expédition tira de Bordeaux le 10 mai pour aller hivernera au Spitzberg. faire le levé topographique de notre colonie du Congo. Termagne (U~), Français, est arrivé à la fin de mars à Vancouver (Colombie Gentil, nommé commissaire du gouverbritannique), revenant du Klondyke. nement dans la région du Chari, a allé Andrée. était rechercher où il quitté la France le 25 février se renIl dit qu'il est impossible d'arriver au dant à Braz/aville pour gagner ensuite pôle Nord en ballon. Un Anglais, le Gribinghi et descendre le cours du Charles Hite, se propose pourtant Chari. Le lieutenant dé vaisseau de renouveler l'expérience à l'aide Bretonnet, parti le 25 septembre d'un ballon dirigeable, de son invendernier, est arrivé dans le Baghirmi. tion. Grandidier (Guillaume), après avoir acPOLE SUD compli la mission que lui avait confiée le ministre de l'instruction publique, Borchgrevink (Norvégien). Le navire à Madagascar, doit rentrer dans le Southern Cross, qui transportait l'excourant de mai. pédition anglaiseau pôle Sud, est rentré à Port Chalmers (Nouvelle-Zélande) au Guyon (commandant du génie), accompagné de plusieurs officiers, vient de milieu de mars, après avoir débarqué, se rendre au Dahomey, chargé de sur la terre Victoria, Borchgrevink, l'étude d'une voie ferrée reliant la chef de la mission, et ses dix compacôte au Niger. gnons. Drigalski (professeur Erich) organise Houdaille (capitaine), chargé de l'étude d'un avant-projet de voie ferrée dans pour !QO[ une expédition allemande notre colonie de la Côte d'Ivoire, a vers le pôle Sud. On parle aussi d'une nouvelle expédition anglaise relevé le tracé de la ligne principale qui se prépare à Londres par les soins et rentrera en juillet l'état sanitaire desirClementsMarkham et qui serait de la mission est excellent. dirigée par le capitaine Egerton. Lemaire. Le lieutenant Maffei, rentré Gerlache (de), commandant de la Belà Bruxelles au commencement de gica, dont on était sans nouvelles demars, estime que l'expédition belge doit être arrivée au Katanga. puis plus d'un an, est arrivé à Punta-

f,

f'

Macdonald (colonel anglais) et ses

compagnons sont arrivés à Aden le 3 avril, venant de Mombasa ils se sont embarqués pour l'Angleterre le 5 avril, leur expédition dans l'Ouganda n'ayant pu être achevée. Le colonel Macdonald n'a pas pu dépasser la latitude de Lado, et le capitaine Austin, qui commandait la colonne dirigée vers le lac Rodolphe, a atteint le Nord du lac, mais a dû aussi revenir sur ses pas. Quant au major Martyr. qui devait suivre la rive droite du Nil, il a été obligé de franchir le fleuve à Bedden et de passer sur le territoire de l'Etat indépendant du Congo. Son expédition sera sans doute abandonnée. Marchand (commandant) et sa mission, qui avaient quitté Fachoda le n décembre, sont arrivés à Addis-Ababa le 3) mars en parfaite santé. On suppose que la mission arrivera prochaiment à Djibouti, où elle s'embarquera sur le croiseur le d'ilssas que le gouvernement a envoyé à sa rencontre. Mizon (lieutenant de vaisseau) est mort à Mayotte avant d'avoir pu prendre possession de son poste de gouverneur de la Côte des Somalis. Moore (Anglais). A la suite de ses recherches sur la faune du lac Tanganyika, une expédition s'organise à Londres pour aller étudier la faune et la flore des grands lacs du centre africain.

Saint-Yves (explorateur français)

a fait

part à la Société de Géographie de son retour de l'Erythrée italienne, après avoir étudié les confins de l'Abyssinie et du Soudan. Voulet (capitaine), chargé de faire la jonction du Niger avec le Tchad, a divisé sa mission en deux détachements à partir de Djenné, l'un dirigé par le lieutenant Chanoine et suivant la route directe, l'autre commandé par lui-même et remontant la boucle du Niger.. La jonction des deux colonnes s'est opérée à Say au commencement de l'année. AS)E Bonin est arrivé à Changhaï le b février, ayant dû renoncer momentanément à son voyage à travers les régions révoltées de la Chine. 11 devait remonter bientôt à Pékin et prendre la route de l'Asie centrale par la Mongolie. Duckerts (ancien consul belge) est parti le 29 février pour la Chine, où il va diriger une mission industrielle et commerciale belge. Klementz, chef d'une mission au Turkestan chinois organisée par l'Académie des sciences russe, est rentré à Saint-Pétersbourgrapportant de son voyage les résultats les plus intéressants sous le rapport archéologique. Koldeway (D' Robert) va diriger une mission allemande organisée par le professeur Sachau pour aller explorer les ruines de Babylone.


Notes sur la Côte d'Ivoire /A!;M les Wa!M~ des

articles précédents sur la Côte ~7t;0!?-f, on a trouvé une

~&~M<

Voici aujourd'hui quelques MMM~M~WeM~sur

Petitpois, mon boy, j'ai décidé d'aller d'Amognana jusqu'à la lagune distante de 5 kilomètres environ. Je veux recueillir des échantillons de la flore si merveilleusement riche de cette contrée. Petitpois a pour principale occupation de boire mon eau de Botot et de manger mon savon aux amandesamères. Pourtant il y joint un talent, celui de grimper aux arbres dans la perfection, sans doute par atavisme, et en cela il me sera utile pour recueillir et rapporter les plantes et les fruits dont j'aurais envie. A VEC

Petitpois, auquel

~C/<!0/i

/OM

lait diminue et l'amande devient plus blanche, plus consistante, plus imprégnée d'huile. » Au milieu des cases, abritée de la brise de la mer, pousse la papaye. C'est un fruit aromatique

qu~Ies uns mangentcomme

melon et les autres comme la pêche, avec du vin et du sucre; d'ailleurs on peut en faire des confitures. Des ricins et des vanilliers poussent à tort et le

à travers, de belles touffes

citronelle égayent l'aridité du sable. En suivant le sentier qui serpente, nous trouvons des plantations d'arachides ou pistaches de terre appelées également cacaoëts l'embryon des fruits de l'arachide grillé, rôti et pilé, est très nourrissant et tonifiant. Ce fruit est excellent cru. L'huile d'arade

j'ai

donné un grand sac vide et une matchette, trouve que c'est beaucoup de choses pour lui tout seul. Il a donc racolé des amis, leur promettant un cadeau dont je ferai tous les frais car Petitpois sait admirablement me subtiliser mon tabac et mon sucre. Le

chide a une saveur agréable.

d'ignorer ces larcins et de nous mettre en route.

t'EMMES DE LA COTE D'tVCHRE.

Nous ne nous occu-

D'après

du péricarpe on fait des tissus des feuilles, des nattes, des éventails, etc.; la coque du fruit sert de vase. « Lorsque le fruit est jeune, son lait est abondant et les couches les plus inférieures de l'amande sont molles, gélatineuses et se mangent à la cuiller plus tard, le tç° L)V.

défriché. Le manioc est L. Fargeas. l'une des principales ressources alimentaires des indigènes. Les botanistes en ont trouvé 42 espèces; le manioc du golfe de Guinée est le manioc doux. On râpe les racines, onles lave, on les fait sécher au soleil, puis on les réduit en poudre très fine qui donne une belle farine blanche. Cela ressemble à l'amidon. On en fait une pâte qui a une saveur douceâtre et un peu aigre. Livingstone dit « C'est tout au plus si, au moment de la faim, je pouvais avaler cette colle nauséabonde qui

M;te photographie de M.

perons pas du grand nombre des cocotiers de la plage. C'est pourtant un arbre des plus précieux. Son bois très dense est utilisé dans les constructions de la sève on extrait le vin de palme;

TRAVERS LE MONDE.

plantations de manioc couvrent aussi pas mal de terrain à peine Des

mieux est d'avoir l'air

A

du pays et d'intéressants détails sur /a la région, suivis du récit <&M M~MMM.

? )9.

13

mai

tS~.


ne vous empêche pas d'être affamé deux heures après, quelle que soit la quantité que vous ayez pu en absorber. Priez une repasseuse de vous faire de l'empois avec de l'amidon provenant de pommes de terre malades et vous aurez une idée de cette bouillie. » Plus loin, Livingstone ajoute que les feuilles du manioc cuites à l'eau font un excellent plat de légumes je ne sais pourquoi nous n'essayerions pas, et il est facile d'en

cueillir.

La culture du manioc n'exige aucun travail. A côté des plantations de manioc, on en trouve d'ignames. L'igname se rapproche beaucoup de la pomme

de terre comme saveur, comme couleur, souvent d'un rouge brun violacé, et comme volume, bien que ce tubercule très long atteigne parfois des proportions exagérées et pèse jusqu'à 20 et 2~ livres. Comme aliment. l'Européen préfère l'igname au manioc. Nous

apercevons de

belles cultures de mais

c'est

l'une des céréales les plus répandues sur la côte. Les indigènes en broient les

graines; avec la farine ainsi

obtenue il est impossible de faire de véritable pain c'est là un trait distinctifde toutes les céréales de ces pays. On se borne à en faire une pâte

Petitpois, avec sa matchette, s'exerce à éventrer quelques-uns de ces palmiers nains, afin de nous procurer pour ce soir une salade apéritive et nourrissante en effet, ce qu'on appelle le chou palmiste n'est pas autre chose que le cœur même de ces arbres. A droite du chemin se dresse un superbe fromager, dont le pied immense est formé d'une série de

cloisons spacieuses; puis nous atteignons le marigot. Ce marigot est un décorde féerie d'une longueur de )$o mètres environ; il n'a de largeur que celle du chemin pour le passage des pirogues, mais il s'étend assez loin sous bois, formant un vrai marécage au milieu duquel émergent des îlots couverts de plantes bizarres et de fijurs étranges, parmi des arbres gigantesques. Des deux côtés du chenal s'épanouissent des myosotis, des flamboyants, des

salicaires, des scirpes, des carets plus loin, des nymphéas, des nénufars

des

lis d'eau étoilent d'une blan-

cheur éclatante la surface de ces eaux noires. Des baobabs énormes, des acajous élancent vers leciel leurs colonnes lisses et droites des cotonniers, des lataniers, des pandanus s'escaladent par étages superposés, mêlant leurs feuillages et se reliant par mille lianes différentes audessus de l'eau noirâtre où glisse notre pirogue. Dès le marigot franchi, nous traversons de belles plantations de bananiers. La banane est un fruit merveilleux auquel les habitants des

fermentée qui forme une masse compacte et indigeste, on l'entoure de feuilles, et, cuite dans les cendres, c'est un mets très apprécié des noirs. l'\FROMAGrKt.TSOSRLJ~rO~. Mais nous avons gagné L. ~r~'ej~ /)'a/~t~ Nftc photographie de tropiques doivent, suivant le la haute futaie et nous troumot de Boussingault, n'ayant jamais froid, de n'avoir vons le citron, qui n'atteint jamais la grosseur de jamais faim. La banane cueillie verte est séchée et celui que nous connaissons en Europe l'orange, qui a réduite en farine, puis mangée sous forme de pain. Ce pour particularité d'être toujours verte dès qu'elle roi des végétaux, comme l'appelle le célèbre voyajaunit, c'est qu'elle est pourrie au point de vue de l'estomac, un dicton portugais dit que l'orange est d'or geur Dampier, fournit 9 litres d'alcool à 96 degrés pour le matin, d'argent à midi et de plomb le soir. !00 kilogrammes de bananes. Dans la brousse, des quantités de pieds d'ananas: Les bananiers aident à la culture du caféier, qui coupé sur sa tige.et à point, l'ananas est un excellent trouve, à l'abri de ses feuilles, l'ombre et la fraîcheur nécessaires; une plantation de caféiers a, grâce aux fruit mais déjà il perd de sa saveur lorsque, cueilli bananiers, un double rapport, puisqu'un hectare de depuis plusieurs jours, il reste exposé au soleil pour bananiers donne de 30 à 36 ooo kilogrammes de sucre, hâter sa maturité. soit cinq à six fois plus que la betterave. Nous rencontrons des anacardiers qui produisent la noix d'acajou. L'embryon de ce fruit se mange cru, Un bois de goyaviers sur notre gauche est pris desséché, rôti et grillé. On mange aussi la pomme d'assaut par les boys. La goyave est un fruit délicieux. d'acajou, dont la saveur est aigrelette. Pelée, coupée en tranches dans du vin sucré, cela ressemble à des fraises. Tandis que nous goûtons aux L'arbre qui domine est le palmier à huile (l'~t~ Guineensis) qui fournit des régimes de baies rouges. Ces goyaves, un camarade de Petitpois revient à nous avec un véritable fagot de cannes à sucre, qui est vite fruits sont utilisés pour faire l'hmh de palme, objet éparpillé, et dont chacun reçoit plusieurs cannes. d'un commerce considérable. Les indigènes consomNous atteignons une belle allée de manguiers ment l'huile de palme pour toute espèce d'usage qui nous conduit au bord de la lagune. dans la cuisine européenne elle est plutôt répugnante.


Ces manguiers sont de beaux arbres aussi hauts queleschènes; ils produisent en quantité un fruit ayant la forme d'une poire, mais ayant une forte odeur de térébenthine c'est la mangue. Un peu de repos est bien mérité, et à l'ombre, les pieds au bord de l'eau, tout en me reposant, je fais un choix de barbaJines, de corrosols et d'avocats que des indigènes viennent me présenter. Tous ces fruits sont bons, savoureux, délicats et parfumés, mais d'un transport difficile, car on risque de les écraser. Près de la lagune, on trouve des quantités de courges quelques-unes et plusieurs poignées de fins piments rouges achèvent de remplir notre sac. J'emporte là à peu près un échantillon de tous les produits de cette végétation luxuriante. Je passe certainement à côté de beaucoup d'autres que j'ignore; je laisse à de plus savants que moi le scinde les recueillir

les femmes s'habillent, se maquillent, se parent pour la danse. Elles s'enroulent sous les seins un pagne de

couleur éclatante et l'attachent de telle sorte qu'il retombe en forme de voile par devant jusqu'à la hauteur des genoux; il est naturellementflottant. A la ceinture, composée selon l'usage ordinaire de perles de corail ou de coraline, ou de perles de traite, à moins que ce ne soit encore de plusieurs chaînes d'argent, ces dames suspendent tous les bijoux qu'elles possèdent, tels que pépites, plaques d'or et objets divers en or natif. En guise de tournure et passé dans la ceinture, encore un pagne, qui descend jusqu'aux talons.

Les pagnes qu'elles

de soie, jaune et rouge de préférence

Des pirogues

chargées de monde arrivent à chaque instant,. et j'apprends en chemin que c'est aujour-

Les cheveux sont

en cimier, en forme d'éventail ou de casque, ou bien en

tresses collantes et divisées par parties égales. On peut s'imaginercequ'il faut de temps et de patience à ces dames,

fête des

Jacks-Jacks, à laquelle je me fais

un devoir d'assister moi-même.

D'abord, la

dont les cheveux

sont très courts,

cause de cette fête dans ce pays, le

travail principal, je puis même dire le

seul travail

que

mais il en est de verts, de mauves, de lilas Leurs coiffures sont bizarres et variées à l'infini.

etdetesanaiy~er.

d'hui la

portent sont presque tous

AU. LAVOIR.

D'après

M);s ~/t0<o~s~yt<e du 11.

fournissent les indigènes, est la récolte des graines de palme. H y a deux récoltes, la grande et la petite; la petite récolte se termine en septembre, la grande ne recommence que vers la mi-décembre. Or, avant de commencer la grande récolte, qui nécessite le départ dans la brousse de tous les boys, la coutume veut qu'il y ait une fête, qui a donc lieu toutes les années à la même époque. Cette fête se tient sur la plage, et si le décor en est simple, il n'en est pas moins grandiose, car il est fourni par la nature, si féconde dans ces régions. Cela se passe, comme dans les fêtes antiques, sur le rivage de la mer et sous les arbres géants. Le vieil Homère a vu de telles fêtes et les a décrites. Dès le matin, on égorge des bœufs et des moutons, puis à peine les viandes sont-elles grillées sur les charbons ardents qu'on procède à des festins qui ne sont que d'affreuses mangeailles où l'instinct sauvage reparaît dans toute sa laideur. On se gave de manioc, de pain d'igname et de poisson. On se gorge de gin et de rhum, puis, repu et content, tout le monde s'endort sur le dos ou sur le ventre, au hasard, pour laisser à la digestion le temps de se faire. Ce repas se terminant aux premières heures de la journée, c'est dans l'après-midi, vers 2 ou 3 heures, que les hommes se réveillent. Pendant leur sommeil,

L. ~'Nr~a~.

pour exécuter ce travail, dont la déli-

catesse ferait honneur

à

nos

plus

célèbres maîtres de l'art capillaire. Aux poignets, aux bras et aux pieds, presque toutes les femmes ont des bracelets, depuis l'anneau d'or jusqu'à la simple ficelle. Quelques-unes portent à chaque jambe trois énormes bracelets de cuivre qui vont de la cheville au genou cela les empêche de se mêler aux autres, et comme ce sont des favorites, elles se tiennent ordinairement au milieu du cercle formé par les danseurs. A la main, elles tiennent pendant la danse un mouchoir, une photographie (!) ou même une fleur artificielle venant de Paris. La figure est ordinairement maquillée. C'est la couleur jaune qui domine; après viennent le. blanc et le vert. Le maquillage consiste en points, en rayures zébrées et serrées; le front, le nez, les joues en sont couverts. Parfois, le corps tout entier a subi un maquillage complet, mais, au contraire des femmes blanches, les noires ne se teignent ni les yeux. ni les lèvres. Divers instruments composent un orchestre noir. Il n'est pas sans intérêt de les décrire. Cet orchestre prend le nom générique de tamtam, c'est-à-dire de l'instrument qui occupe la première place, le seul vraiment important. Aujourd'hui, avec la civilisation, un nouveau tam-tam a fait son apparition, c'est ce que les indigènes appellent le tam-


couent d'une main une queue de vache ou de

chevalet,le corps courbé

en

avant, ils avancent, ayant l'air de glisser sur le sable. Leurs pieds seuls s'agitent avec une vitesse insensée,

t'NERtf:n):f;RASD-mSS~.

D'apres

MHc

y/ïo/~r~/tïe de

L.

T-'or~

tam des blancs, parce qu'il vient d'Europe et leur est vendu par des blancs. Ce dernier tam-tam se compose d'une grosse caisse, d'un tambour de batterie, d'une paire de cymbales et d'un triangle. Le tam-tam indigène ne ressemble en rien au tam-tam des blancs.

décrivant plusieurs pas dans un espace très restreint. Tous s'attachent à la cheville des sortes de bracelets en cuir, diaamoé, auxquels sont suspendus les coquilles dures des tamarins, qui en s'entre-choquant font l'office de clochettes. La façon de danser pour les femmes consiste à avancer les pieds l'un après l'autre, mais en cadençant la mesure par trois petits pas c'est, en somme, une sorte de pas potké. Le buste et tout le haut du corps ne font presque aucun mouvement au détriment du reste qui va, vient, bondit avec une excessive rapidité. II n'est guère de spectacle plus curieux que de voir passer cette longue théorie de femmes pressées les unes contre les autres et faisant toutes ensemble remuer d'un mouvementidentique leurs formes rebondies. H est à regretter qu'un cinématographe ne puisse prendre ces vues animées et bizarres je suis certain que les tableaux ainsi enregistrés remporteraient un véritable succès. Ce sera pour plus tard. LÉONCE FARGEAS.

Le tam-tam proprementdit se compose d'un tronc

d'arbre évidé sur une longueur de 60 à 70 centimètres; sur l'un des côtés est tendue, la plupart du temps, une peau de singe et sur cette peau l'artiste exécute des variations à l'aide de ses deux mains. Deux de ces grands tam-tam sont placés, accolés l'un à l'autre, sur un bois en fourche l'instrumentiste en joue debout. Tout autour, assis dans le sable, 5 ou 6 noirs ont entre leurs jambes des tam-tam plus petits, de $o à 40 centimètres de hauteur, qu'ils appellent emmenins et qu'ils frappent avec la paume de la main. A côté d'eux sont assis les joueurs de trompe <'M~:M. Ces trompes sont des défenses d'éléphants creusées et percées près de la pointe d'un trou qui sert d'embouchure elles ne produisent qu'une seule note sourde et grave. D'autres instrumentistes tiennent dans chaque main une courge séchée, une gourde pour mieux dire dans cette gourde sont enfermées de petites graines, qu'on agite en cadence, en les tenant par la tige ce

sont les iaccas. Le~H:~ est une sorte de triangle pour en jouer, on frappe l'un contre l'autre deux morceaux de fer. Une sorte de tambourin, le denga, affecte la forme d'une clepsydre ou d'un sablier. Ce tambourin se porte sous le bras gauche, et l'instrumentiste le frappe de la main droite à l'aide d'une baguette recourbée. La danse n'est, à vrai dire, qu'une sorte de défilé commençant par les hommes, continuant par les femmes et se terminant par les enfants. La danse des hommes n'a rien de remarquable; enveloppés d'un long pagne de couleur sombre, ils se-

La Télégraphie sans fil T~jous avons rendu compte des expériences de télégraphie sans fil qui ont eu lieu, avec un plein

succès, entre Wimereux et un point de la côte d'Angleterre, South Foreland. Depuis lors, de nouvelles expériences ont permis à un aviso français, l'Ibis, de communiquer aisément avec la côte. Mais voilà que, tout d'un coup, une appli cation pratique de la télégraphie sans fil vient d'en démontrer l'immense valeur. Grâce à elle, en effet, l'équipage du bateau-feu d'East Goodwin a échappé à une mort presque certaine. Solidement ancré à l'accore d'un banc dangereux, qui se trouve aux atterrissages de la Tamise, ce bateau-feu avait été abordé par le steamer le Matbews, qui sortait des docks de Londres et prenait le large par temps de brume. Le choc fut des plus violents le bateau-feu courait les plus grands dangers. Heureusement, il avait servi de station hertzienne pour les expériences de télégraphie sans fil; ses appareils étaient intacts; il eut l'idée de lancer une dépêche à travers l'espace à la station hertzienne de South Foreland. Avisé du péril, South Foreland téléphona à Marsgate, et une heure après un remorqueur, accompagné de canots de sauvetage, arrivait au secours du bateau-feu. L'expérience avait été décisive.

oo

0


mars, le bateau est définitivement bloqué et l'on prend des dispositions pour l'hivernage. En dérivant, le bateau atteint cependant 7'° 34' de latitude Sud, par 80° 2' de longitude Ouest le t6 mai. et 71" 36' de latitude Sud, par 87° 30' de longitude Ouest le 3o mai. Le soleil s'est couché le 17 mai pour ne plus se lever 10

L'Expédition Belge

aux Terres Antarctiques A u commencement du

mois d'avril, M. A. de Gerlache, commandantl'expédition antarctique belge, que l'on croyait perdue, avisait par une brève dépêche que lui et ses compa-

gnons, deux exceptés,

étaient, sains et saufs, de retour à Punta-Arenas, et qu'ils avaient accompli une grande partie de leur programme. Nous avons d'ailleurs annoncé cet événement dans nos Informations et Nouvelles. La Société royale de Géographie vient de rece-

au-dessus de 1 horizon avant le 21 juillet. « Le lieutenant Danco tombe malade au com-

mencement de mai malgré les soins assidus du docteur, son état est désespère sans que, heureusement, il se rende compte de la gravitéde son état et, le 5 juin, à sept heures du soir, il s'éteint doucement, entouré de ses camarades affligés, parmi lesquels il ne compte que des amis. Le surlendemain, à midi, il était procédé à l'immersion du corps à travers un'trou pratiqué dans la glace il faisait froid et mauvais temps, ce qui a donné à cette triste cérémonie un caractère des plus lugubres que l'on puisse imaginer. « L'été s'avançant,

la fin de l'hivernage paraît

voir de l'explorateur belge un premier rapport dont

imminente. Durant trois semaines, tout ('équipage s'occupe de dégager le navire; le février, une détente se produit, le jour devient de plus en plus perceptible, et le 14 février

voici un résumé succinct « Le 14 janvier 1898, l'expédition quitte la baie Saint-John, à t'iie des Etats, pour faire voile vers les Shetland du Sud, qui furent reconnues le 2 < janvier, en faisant, en cours de route, des sondages dont le plus intéressant fut effectué le

i

nous parvenons enfin

à

quitter notre poste d'hiver-

nage pour être de nouveau bloqués. Enfin, le )0 mars, lepack s'ouvre pour nous W&JdetH EXPÉDITION Sud 15 janvier par $5° permettre de prendre le /i82S GERLACHE E DE. et 63" ta' Ouest, c~ù ta prolarge: nous sommes à 103° 'MO aoo pa~t Au~tra! zoo o fondeur de la mer était de de longitude Ouest. -ô -T-dCIe O 70 60 30 GO 30 4,040 mètres. « Pendant cet hiveriTtN~RAtREDEL'HXPÉDtTtONDEOERt.ACHE. « Le 20 janvier, pennage dans la glace australe, dant une tempête, le matelot Wieneck fut enlevé par nous avons pu faire de bonnes et importantes observations météorologiques horaires et recueillir d'utiles une lame; tous les efforts pour sauver l'infortuné restèrent infructueux. collections des spécimens de la faune pé!agique et de la faune abyssale, ainsi que des sédiments sous-marins. « Le 23, la Belgica fait route vers la baie d'Hughes, découvre un détroit séparant les terres de le zy, « Le 26, nous reconnûmes l'ile Noire l'Est d'un archipel inconnu pendant trois semaines, nous entrions dans le canal de Cockburn, et le lendel'expédition parcourut en tous sens la baie d'Hughes main nous arrivions à Punta-Arenas. » et le nouveau détroit, débarquant partout où cela était possible, tant sur la partie est de l'île et de l'archipel qui borde le détroit, que sur la terre de l'Est, appelée depuis Terre Danco. « Une faune terrestre antarctique, jusqu'ici ignorée, a été découverte, des levés et des études magnétiques, botaniques et géologiques ont été faits et des photographies ont été prises. Marchand « Le t2 février, la Belgica fait route vers l'ile Alexandre I" et explore vers l'Ouest les bords de la banquise. Le 13, la Belgica se trouve par 70° 2&' de le Bahr-el-Ghazal. latitude Sud et 85° de longitude Ouest le risque d'hivernage forcé est évité, et elle pénètre jusqu'à 71° 37' T A mission Marchand, qui avait évacué Fachoda de latitude Sud par 85° i6' de longitude Ouest. Le décembre 1898, est arrivée sur les plateaux

Le Voyage de la Mission en Abyssinie.

Souvenirs rétrospectifs sur

le i


éthiopiens au milieu de janvier. Le dedjaz Tessamma, qui commande dans toute la vallée de la rivière Baro, lui a fait une réception grandiose et a pris la garde de la canonnière et des chalands, traînés pendant deux semaines d'efforts surhumains sur les bancs de sable et dans les rapides du haut Baro, et de tout le matériel (moins too 00o cartouches et obus renvoyés directement au Caire par la voie du Nil), qui a été ainsi amené par eau jusque dans les montagnes d'Abyssinie. La mission a cheminé dès lors à dos de mulets, au milieu des démonstrations les plus sympathiques. Tous les chefs font à la mission des réceptions grandioses et comblent les hommes de vivres; partout des cases sont construites à l'avance pour les étapes de chaque jour, c'est presque une marche triom, hale. Grâce à des correspondances récemment arrivées en France, les détails se précisent sur l'ceuvre extraordinaire de Marchand à Fachoda. La citadelle, qui a permis de résister à l'attaque de i ~oo mandates, était constituée par des remparts de terre et de briques formidables. hauts par endroits de huit métrés. Jusqu'au dernier jour, on n'a pas cessé de renforcer les bastions, selon les plans du capitaine Mangin, pour leur permettre de résister au besoin à une attaque des Anglais. L'odyssée de la canonnière .Fa/M~, réussissant à ravitailler et à réapprovisionner sans cesse Fachoda par la voie de Mechra er Rek. en traversant et en disloquant les barrages de sedd (herbes et roseaux), est presque incroyable et fait le plus grand honneur à l'enseigne Dyé, commandantde cette canonnière. D'abord il avait fatlu, en juillet et en août 1898, pour passer la rivière Soueh au Bahr-el-Ghazal,traverser un affreux marais de boue et de vase. sans profon-

Fa<

deur, entravé par une végétation très dense d'herbes aquatiques, de roseaux, de papyrus et de nénufars. Des marais analogues, pratiquement infranchissables,interdisentaussi aux vapeurs l'accès des affluents du Bahr-el-Ghazal proprement dit.

Toutes les rivières du Sud et de l'Ouest venant aboutir à ces marais ont, par suite, leur bassin aussi bien rattaché géographiquement et politiquement aux

F~

plateaux du M'Bomouqu'à la vallée du Nil. Puis le eut à traverser et à disloquer d'énormes barrages d'iles d'herbes flottantes, qui se formèrent dans le chenal même du Bahr-el-Ghazat, à partir de septembre 1808. Les îlots flottants, composés surtout d'OMM-MK/' et de papyrus, s'agglomérèrent dans les nombreux bras, marais et lacs de la dépression qui va de Mechra au Bahr-el-Arab. A la crue des rivières et sous l'effort des vents, vers la fin de la saison des pluies, ces îlots se mettent en mouvement vers l'aval et viennent se coincer, s'agglomérer dans les parties rétrécies du chenal navigable du Ghazal, formant des barrières très denses où parfois les indigènes, les Nassers, peuvent passer à pieJ sec. L'équipage du Faidherbe a toujours réussi à rompre les barrières d'îles flottantes, au prix de jours et de nuits de travail passés dans l'eau, et la mission s'est toujours trouvée bien approvisionnée, en dépit des affirmations du sirdar Kitchener. Un des plus gros obstacles qu'aient dû vaincre les compagnons du commandant dans leurs pérégri-

nations s,ur le Soueh et le Bahr-el-Ghazal vint des attaques des hippopotames. Ces monstres pullulent par bandes de vingt à trente dans les fosses du Soueh. Toutes les embarcations de la mission ont été trouées plus ou moins par les dents courbes deces pachydermes; même la canonnière Faidherbe a subi une longue déchirure. En beaucoup d'endroits, il a fallu véritablement disputer le passage il en est résulté des hécatombes d'hippopotames, dont la viande et la graisse assuraient de bons repas aux tirailleurs et aux pagayeurs de la

mission.

Partout sur son passage, le commandant Marchand a fait œuvre d'occupation solide, s'assurant la

domination ou l'alliance des ch'*fs denka, comme celle du sultan de Tamboura, créant des voies de communication, soit par terre, soit par les rivières, jetant de gros approvisionnements dans les fortins créés. Mais de tous ces efforts on ne conservera malheureusement qu'un souvenir!

La Mort et les Chinois Les journaux ont rapporté le drame sanglant qui a

eu

dernièrement pour théâtre les bureaux de la légation de Chine à Paris. Un jeune attaché s'est suicidé après avoir tué à coups de revolver le secrétaire de la légation. Ainsi que le veulent des coutumes sacrées, un steamer a emporté vers la terre natale leurs deux corps, côte à côte, tels de bons camarades faisant de compagnie la longue traversée. Leurs restes seront ensevelis dans leur patrie, tandis que des milliers de Célestes à l'étranger, attelés à un labeur ingrat, ne parviennent pas, durant leur vie, à économiser la somme nécessaire au transport de leur cadavre en Chine, ou bien se confient maladroitement à ces agences peu scrupuleuses de San Francisco qui garantissent, par contrat, le rapatriement de leurs dépouilles, moyennant payement d'une prime d'assurance. Ces agences ont, en effet, des façons de procéder

vraiment singulières jugez plutôt L'ouvrier chinois, Manchisseur ou portefaix, qui désespère de jamais réunir le prix très élevé du suprême voyage qui doit lui assurer le repos de ses mânes, voit un jour venir à lui un courtier beau parleur qui lui propose, au nom de la FKH6M/ transport Company, par exemple, de transporter son corps à Hong-Kong, dans les trois mois qui suivront son décès. Ope lui demandet-on en échange? Une bagatelle: il devra verser, chaque année, dix dollars à la caisse de l'agence. Le candide fils du Ciel accepte, y va de ses dix piastres et, lorsqu'il vient à mourir, est placé, par les soins de la Compagnie, dans un dépôt mortuaire. Dès

qu'elle y a réuni une centaine d: cercueils (ce qui ne tarde guère, car à San Francisco les Chinois pullulent) elle en opère l'embarquement sur un navire lui appar-


Détail particulier, ce navire tenant ou loué par elle. n'a jamais San Francisco pour port d'attache. Les bières sont mises dans la cale sous les regards attendris des parents et amis des défunts, puis un coup de sifflet retentit, les matelots détachent les amarres, et en route pour Hong-Kong Mais le navire, arrivé à quelques milles en pleine

mer, s'arrête un plan incliné est disposé sur le bastingage, les cercueils sont apportés sur le pont, on adapte un boulet à chacun d'eux, et floc on leur fait faire le plongeon.

Chinois à l'eau, le steamer regagne tranquillement son port d'attache, Acapulco d'ordinaire, pour ne plus reparaître de longtemps à San Francisco, cela va sans dire. Comme tous les peuples de l'Extrême-Orient,les Chinois ont une idée de la mort bien différente de celle que s'en font les Occidentaux. Loin de la craindre, ils considèrent avec raison qu'elle ne saurait être un mal, puisqu'elle est dans la nature, comme la naissance il n'y a donc pas lieu d'en éprouver plus de répulsion que de cette dernière. Aussi la pensée de leur fin leur estelle familière et prennent-ils, sans répugnance aucune, les dispositions les plus minutieuses à cet égard. De même que la jeune femme, sur le point d'être mère, prépare avec,amour la layette du petit attendu, le Chinois se fait construire, dès qu'il le peut, un cercueil aussi fastueux que ses ressources le lui permettent il se p)a!t à le décorer lui-même, à y disposer les coussins de soie, les ornements d'or ou d'argent, voire les pierres précieuses, et tels hauts personnages Le dernier

consacrent de vraies fortunes à l'embellissement de leur dernière couche. Le don d'un cercueil est un cadeau qu'un fils fait couramment à son père, un ami à son ami, et il ne saurait en être fait de plus apprécié en Chine aussi l'industrie des menuisiers spécialistes y est-elle prospère. Quand un chef de famille est condamné par les médecins, on va chercher des prêtres de Bouddha, pleureurs professionnels, qui remplissent la maison de lamentations et se mettent en devoir d'instruire les enfants et les proches du moribond dans l'art de hurler selon les rites consacrés. Tous les jours qui précèdent le décès, des répétitions funèbres ont lieu où, sous la direction des prêtres, chacun s'efforce d'arriver à la perfection dans le gémissement. Le malade n'ignore rien de ces choses et n'en éprouve nul émoi. Lorsqu'il meurt, tout le monde, grâce à ces études préparatoires, se trouve à son poste et sait pleurer sans blesser les convenances. La famille revêt des vêtements en toile blanche, simplement faufilés et frangés du bas les hommes nouent un fil blanc couleur de deuil -au bout de leur tresse. Les amis, convoqués par des lettres de faire part (FM-~K), viennent offrir leurs condoléances, qu'ils expriment par C'est dans des phrases dans' le genre de celles-ci l'ordre des choses -ou bien: Rien ne dure toujours Le mort, recouvert de robes de soie superposées, reste quelques jours exposé dans son cercueil. Le troisième jour, les prêtres disent les prières appelées

fang J'en

kou. Yen Kou

est le nom du prince des esprits qui est l'âme du mort, afin qu'elle prié de relâcher puisse revenir dans Sa maison.

(/~)

des feuilles de papier aux couleurs voyantes, on confectionne de petites voitures, des palanquins minuscules pour l'usage de l'esprit que l'on attend Avec

les parents réunis brûlent ensuite ces objets, ce qui constitue le ~KK-MM (l'envoi du troisième jour). Ce n'est qu'un peu plus tard qu'il est procédé à

l'inhumation.

Suivi du cortège des plus proches parents, le corps est porté dans un champ dépendant du domaine du défunt, où l'on a creusé une fosse de deux ou trois pieds seulement de profondeur. Le cercueil y est placé, ainsi qu'un vaste récipient contenant de l'huile, dans laquelle trempe une mèche d'amiante allumée. Recouvrant le tout, une dalle de pierre ou de marbre est posée de façon à ménager une petite ouverture, suffisante pour permettre à la lampe de brûler. La consommation de la grande quantité d'huile qu'elle contient s'opère si lentement, que la lampe ne s'éteint souvent qu'au bout de plusieurs années. Je n'entends parler ici que des funérailles des Chinois de condition aisée. Celles des pauvres gens se font plus simplement, et, à défaut de champ leur appartenant, on les inhume 'dans des cimetières communs où leur humble bière demeure dans les'ténèbres profondes, symbole de l'obscurité de leur vie. Tant il est vrai que l'égalité, même dans la mort, n'existe pas sur la terre, fût-ce à nos antipodes JACQUES DAVIA.

Atlas Universelde Vivien de Saint-Martin et Schrader. ~f<;tf!g'Ke, au i 2 5oo ooo". Paris, Hachette et C' i8g9.

CETTE carte d'Allemagne (la 3i° de l'Atlas) est la réducau t 2 5oo ooo° de la carte de l'Europe centrale au Elle a été ) i 5oo ooo*, dont 3 feuilles sont parues sur 4. Weinreb. pour la dressée, pour le trait et la lettre, par M. topographie par M. le colonel Prudent. La gravure en a été faite par MM. Delaune et Dumas-Vorzet. Cette carte est, comme toutes celles de l'Atlas, d'un dessin très soigné et d'un aspect très élégant. Elle a. en outre, l'avantage d'être claire, particulièrement appréciable pour un pays où les divisions territoriales sont aussi nombreuses, et parfois aussi enchevêtrées qu'en Allemagne. C'est ainsi que pour certains petits Etats, et en particulier pour les duchés saxons, remarquables par leurs nombreuses enclaves et « exclaves la couleur s'étend sur tout le territoire, au lieu de suivre simplement le contour des frontières. On peut dire, croyons-nous, qu'il n'est pas de carte d'ensemble de l'empire d'Allemagne qui donne, à première vue, une idée aussi nette de sa situation politique, et qui soit aussi facilement lisible. Jules Legras.- EM Sibérie. Un volume in-i8 jésus, avec

tion

reproductions photographiques et une carte en couleur A. Colin, éditeur. Prix, 4 francs. hors texte. Transsibérien donnent un intérêt LES L deétonnants progrès ducurieux récit que M. Jules Legras haute actualité au de nous fait de son dernier voyage en Sibérie. L'auteur Russes les ~K~~fM~e, auquel tous les spécialistes et eux-mêmes ont décerné le brevet de véracité, nous montre cette fois, dans un récit suivi, plein d'animation, d'anecdotes et de bonne humeur, la physionomie de l'Asie russe. Sa connaissance de la langue l'a mis à même de pénétrer partout et de nous rapporter aussi bien les confidences d'un matelot, d'un paysan et d'un galérien, que les idées d'un rencongouverneur. Ce mélange d'impressions si variées: de tres affligeantesou grotesques, aventures, incidents toute espèce, donne a ce volume un intérêt vivant. 24


France et Colonies Les Marines Militaires en 1899. Nous empruntons à la 12' année de t'de-St/emo/re de l'officier de m.t-

de MM. Ed. Durassier et Ch. Valentino, qui vient de paraître à la librairie Lavauzelle,lesrenseignementssuivants sur la puissance maritime des principaux Etats de l'Eu?-!He,

rope

Allemagne:

officiers et 22 i5o marins Angleterre: 3 7~0 officiers et 66828 marins Autriche 8)3 officiers et i) 897 marins; Espagne': 3~5 officiers et 14 ooo marins; Etats-Unis: i 5c)3 officiers et i? ooo marins France 2 3o5 officiers et 4) ;5o marins; Italie i 52? officiers et ) o3o officiers et 23 5uo marins; Russie 38 ooo marins. 35 navires cuirasses, 45 na~Vaft'~M. Allemagne vires non cuirassés et t33 torpilleurs; Angleterre 83 cuirassés, 334 non cuirassés et i56 torpilleurs; Autriche: Pcr.!0)tM~.

et son cavalier reçoivent des flèches tancées par des hommes embusqués derrière les arbres. Le docteur et moi nous arrivons aussitôt près du lieutenant et le trouvons dans un état peu grave, quoique la flèche eût traversé la jambe. Il causa gaiement pendant le pansement et recommanda même au docteur de s'occuper plutôt de l'homme blessé. Ayant voulu se lever pour essayer de remonter à cheval, il retomba aussitôt mort sans prononcer une parole

t 164

i6cuirassés,32noncuirasséset66torpilleurs; Espagne: yeui-

rassés, 100 non cuirassés et t6 torpiiteurs Etats-Unis 29 cuirassés, 55 non cuirassés et ic) torpilleurs France 5~ cuirassés, 122 non cuirassés et 242 torpilleurs; Italie: 20 cuirassés, 48 non cuirassés et n5 torpilleurs; Russie: 55 cuirassés, 64 non cuirassés et fSç torpilleurs. Les Chemins de fer Militaires en Afrique. La France 3~:<!<ft<reannonce que les officiers du génie poussent tous les jours plus avant la construction de la ligne du Sénégal au Niger, qui atteint déjà Bafoulabé et arrivera bientôt à Kita. Le génie a créé, pour le service de construction, une briqueterie, une scierie, des fours à chaux, une usine pour traiter l'huile d'arachide il cherche à fabriquer des briquettes avec des tourteaux d'arachides que l'on utiliserait pour le chauffage des locomotives. Le génie exploite encore des carrières de sable et des carrières de pierre. Il a tout créé, tout transformé. Non seulement il se suffit à lui-même, mais encore il peut, par suite de la surproduction de ses chantiers, céder à l'industrie du pays les matériaux dont

elle a besoin. Ce qui se passe au Soudan va se reproduire à la Guinée française, à la Côte d'Ivoire et au Dahomey. A la Guinée française, le capitaine Salesses a étudié avec soin la ligne de Konakry à Kouroussa, sur le Niger, et les travaux d'exécution vont bientôt commencer. A la Côte d'Ivoire, le capitaine Houdaille est sur le point de terminer l'étude de la voie de Grand-Bassam à Kong, par la vallée du Bandama. Au Dahomey, le commandant Guyon relève en ce moment le tracé de la ligne Kotonou-Abomey-Carnotville-Madicali (ce dernier point est situé sur le Niger). L'effort accompli est donc considérable mais il est loin d'être définitif. Bientôt, espérons-le, la construction des chantiers succédera aux études préliminaires, et le régiment des chemins de fer trouvera de nouvelles occasions de montrer ce dont il est capable.

La Mort du LieutenantGrivart.

On sait qu'un

ofdcier français, le lieutenant Grivart, fils de l'honorable sénateur de l'Ille-et-Vilaine, a été tué au Soudan en février dernier. Le général de Trentinian, gouverneur du Soudan, a fait parvenir en France le télégramme du capitaine qui commandait la colonne dont faisait partie le lieutenant

Grivart. M'étant présenté devant Gorsi avec 60 tirailleurs et cavaliers, les habitants montrent une grande mauvaise 20 volonté et refusent de donner des vivres à la colonne. Le chef du village refuse également de se présenter au campement. J'envoie alors un petit détachement de cavalerie en reconnaissance aux environs du village. « Je suis informé quelques instants après que ce détachement a été attaqué par des hommes armés. Je pars aussitôt avec une section de tirailleurs je disperse ce rassemblement et je donne ordre au lieutenant Grivart de faire la poursuite avec la cavalerie, pour ramener les prisonniers, pendant que je fais fouiller les soukalas des environs. « Le lieutenant a à peine fait 200 mètres que lui

Allemagne Les nouveaux Forts en avant de Metz.

Le

génie allemand va commencer la construction des forts d'Aucy et de Saint-Blaise qui, flanquant tous deux les rives de la Moselle, Saint-Blaise sur la rive droite, plès de Jouyaux-Arches, Aucy sur la rive gauche, au-dessus de Pagny, commanderont le cours de la Moselle, les routes qui suivent les deux bords de la rivière, la voie ferrée de Pagny à Conflans et celle de Pagny à Metz. Ces nouvelles fortifications ont un sens qu'il faut méditer. Elles ajoutent à la puissance déjà îormidable du camp retranché de Metz. Sur le triangle Metz-Pagny-Conflans, où se trouvent les champs de bataille du ;5 au 18 août ;87o, elles constituent des ouvrages offensifs sur la signification desquels nous n'avons pas à nous illusionner. Un nouvel Uniforme. L'artillerie allemande aura prochainement un nouvel uniforme que l'on a expérimenté dans divers régiments et qui a paru préférable au costume Jusqu'alors en usage. La coupe de la tunique et du pantalon ne change pas; les boutons sont en cuivre noirci (par l'action d'un acide); les pattes d'épaule sont en drap noir (et non plus rouge comme autrefois) et les numéros des régiments sont faits en cordonnet rouge. Toutes les buffleteries sont noires. Le casque à boule est remplacé par un shako portant sur le devant un aigle en aluminium mat et une crinière. Cette coiffure, analogue à celle des chasseurs saxons, sera soit en drap, soit en feutre. Les deux modèles s~nt en expérience. Enfin, le béret est remplacé par une sorte de képi en drap presque pareil à celui en usage dans l'armée française. (Le fait est vrai, si étonnant qu'il paraisse.)

Les Chevaux de la Cavalerie. –D'après la

Vedelle,

de Vienne, l'Allemagne se pourvoit annuellement de t)3 ooo chevaux, dont le prix total d'achat s'élève à 70 ooo ooo de marks (; mark = i fr. 25). Le prix du cheval revient à 83o marks son entretien dans les' dépôts de remonte coûte à l'Etat 400 marks, et son temps d'instruction dans les troupes 600 marks. Il s'ensuit que le prix d'un cheval de troupe, fait et prêt à l'emploi, s'élève à la somme de i H3u marks.

Italie Le Nombre et t'Age des Officiers.

De l'Annuaire

de l'armée italienne, récemment paru, quelques chiffres sont à citer et quelques particularités à noter. Innovation intéressante, l'Annuaire donne l'âge des officiers et les campagnes auxquelles ils ont pris part. Le nombre des officiers des nrincinaux coras est le suivant

royaux. Infanterie. Artillerie. Etat-major générât et corps d'état-major.. Carabiniers

(~me. etc. Cavalerie

Personnel administratif et de santé, employés,

Soit.entout. assimilés.

266 5~3

?5o4f

3~

1~4 627

6 [3s

)"775

officiers ou Bien qu'en Italie la limite d'âge pour les commandants de corps d'armée soit de 68 ans, alors qu'en France elle est de 65 ans, les commandants de corps d'armée italiens sont en général plus jeunes que les commandants de corps d'armée français. Leur âge moyen est 6i ans et 6 mois, celui de leurs collègues français 62 ans et 6 mois.


Une Exécution à Tunis On ~OMM~a dans cet article d'intéressantes particularités sur le ~OXe~CMK~K~M< de la justice en 7unisie. Le récit d'une ~ëM~MOM au Bardo est curieux, ~< l'incident d'un COM~MMe ~Mf~M ~< ressuscité Mf MaM~MM pas d'exciter ~0/MO de nos lecteurs.

EN instaiïant son protectorat sur là Tunisie, la France a tenu (et c'est là d'ailleurs l'essence même

d'un protectorat) à respecter les lois,les usages et les traditions des sujets du Bey. A la tète des services judiciaires indigènes le gouverne-

neté; c'est au prince qu'elle confère le droit de punir et d'appliquer la loi. Un tribunal, divisé en deux sections, l'une civile. l'autre pénale,est chargé de juger les affaires entre indigènes. H est dé-

pendant de l'Ou-

ment français a placé un magistrat français de carrière, mais ce

(ministère).

qui comprend

l'ensemble des services, placés

magistrat sur-

sous le contrôle du secrétaire général du gouvernement tunisien,

veille de haut ces

services et laisse

aux institutions

musulmanes leur

lequel est un fonc-

libre exercice.

tionnairefrançais. Quand il survient

Lors donc qu'il n'y a que des in-

undifférendà propos d'une proprié-

digènes en cause

dans une affaire à juger, c'est la justice arabe qui est saisie.

té appartenant à

une mosquée,

d'une rente perpétuelle sur un terrain (<'M~) destinée à l'entretien d'unétabHssement

La charge de Cadi, instituée à l'effet de juger, suivant la loi ci-

vile, les contestations et procès en-'

1,1; CO\DAE1YBDESCE\DAC;P LES MARCIII.5 DU PALAIS DU BARDO.

D'après «He photographie.

tre particuliers existe toujours. C'est aussi ce magistrat qui fait les contrats de mariage entre indigènes, qui prononce la

talka (sentence de divorce). Le divan'ou conseil de régepce, dont l'organisation remonte à l'époque de la domination des Deys en l'année p8t de l'hégire siège tous lesjours~sauf le jeudi et le vendredi, consacrés à la prière. Le Bey a conservé le prestigede l'autorité suprême aux yeux des musulmans. La loi musulmane fait du droit de juridiction le principal attribut de la souverai-

(!),

de charité ou de culte, ces ques-

tions sont jugées par

le

Scbarab

(juridiction religieuse). Avant le protectorat, les Européens résidant en Tunisie étaient placés sous la juridiction de leurs consulats respectifs qui faisaient l'office detribunaux. A partir du i~ août 1884, la justice française seule s'occupa désormais de toutes les affaires judiciaires visant les Européens. C'est encore cette même justice française qui juge les indigènes, chaque fois que l'indigène a pour complice ou victime un Européen.

Les villes de Tunis et de Sousse ont chacune un


tribunal de première instance composé de magistrats français. Les avocats sont français ou de nationalité

étrangère,indif-

féremment. Les fonctions d'avoué sont remplies par des

avocats défenseurs. Un tribunal mixte, composé d'éléments français et tunisiens, estchargé d'appliquer les lois sur la propriété foncière.

Cetribunataété

institué par M. Cambon en

1885. C'est depuis lors que le

systèmedel'immatriculation a n!W \nSW

D'a/')'M

;<He

~%u

u.vk~Hn.

~;tuio~t'a/'tt)'e.

été établi en Tunisie sur le modèle de ce qui existait déjà en

Australie. Trois genres de supplices étaient autrefois adoptés par la haute cour de justice tunisienne la bastonnade sous les pieds, la décollation et la pendaison. Il n'y a que fort peu d'années que la bastonnade est abolie. Le coupable était solidement garrotté, de façon à ne pouvoir faire aucun mouvement; on l'étendait à terre et l'exécuteur de la sentence le frappait sur la plante des pieds avec une lanière de bœuf, en comptant les coups à voix haute. Les juges fixaient le nombre de coups, qui variait suivant la gravité du délit. Un crime de lèse-majesté était puni de mille coups, ce qui équivalait à la peinedemort. La décollation aétésupprimée par Sidi-Sadok-Bey, frère et prédécesseurdu Bey actuel, SidiAly. Les anciens bach-châter (coupeu rs detête) sont maintenantchargésdeveiUersurles prisons. Ils portentnéanmoins te même uniforme qu'autrefois pantalon noir, dolman rouge galonné de jaune, avec, au côté, le sabre turc, sorte de grand yatagan recourbé, qui servait à trancher les têtes. C'est la pendaison qui est maintenant la peine capitale des indigènes tunisiens. L'instruction des affairesjudiciaires se fait àl'Ouzara,dans les bureaux de la section pénale. Si lemusulman accusé d'assassinat est reconnu coupable, un pre-

mier jugement propose /'<ï~)Hea<to~ de la peine de mort, sans <OM~M la ~OMOMMf. Lorsque les parents ou héritiers de la victime, appelés en témoignage, veulent obtenir la mort du criminel, ils le font par le moyen des cinquante serments des eo/'MnM~. Deux d'entre eux prononcent le serment suivant (chacun 25 fois) en présence de l'accusé et de deux notaires «Je jure de par Dieu que le nommé un tel a frappé mon parent et que celui-ci est mort des suites de ses blessures. » Ces 50 serments tiennent lieu de preuves existantes à défaut de celles-ci et des aveux du meurtrier, s'il n'en a pas fait. Même quand sa cjtpabitité a été établie par des

preuves évidentes, le meurtrier n'est qu'un accusé jusqu'à sa comparution au Bardo, devant le Bey, qui décide en dernier ressort, mais seulement, d'ailleurs, lorsque la famille de la victime a été confrontée sous ses yeux avec l'assassin. Dans cette confrontationsolennelle, la famille de la victime devient, en fait, le principal juge du criminel. Elle peut soit demander la mort du coupable, soit accepter qu'on lui verse, à elle-même, une somme d'argent, comme « prix du sang ». C'est donc d'elle que dépend la vie du coupable. Et ainsi le droit de grâce à Tunis n'appartient pas, comme dans les pays d'Europe, à l'autorité suprême. Lorsque, devant le Bey, les parents ou héritiers de la victime ne veulent pas la mort du criminel, ils n'ont qu'à solliciter, ainsi qu'on vient de le dire, au moyen d'une somme à débattre, le prix du sang. Mais comme dans l'état de civilisation des indigènes le but de la punition est la vengeance et non pas l'expiation, il est, par suite, extrêmement rare que le rachat du sang soit accepté par les parents du mort; les Arabes considèrent cette disposition de la loi comme superflue et celui qui l'accepterait serait presque déconsidéré. lis disent que le sang qui a coulé demande du sang et croient que l'âme de la victime se plaint et demeure errante, tant qu'elle n'a pas retrouvé i'âme du meurtrier. On cite cependant un exemple récent (cela s'est passé au mois de juin i8g8) de ce fait, extraordinaire pour des Arabes. Un musulman des environs de Tunis avait demandé en mariage la sœur divorcée d'un de ses coreligionnaires. La demande avait été agréée et une partie de la dot versée par le prétendant. Mais le premier mari ayantapprisquesafemme allaitcontracter un nouveau mariage, lui fit proposer de convoler une seconde fois avec lui. Celle-ci accepta. L'amoureux évincé réclama au frère de la jeune femme les arrhes qu'il avait données sur la dot, et comme celui-ci se trouvait dans l'impossibilité de rendre l'argent, il fut tué par le prétendant malheureux. Des démarches actives furent faites auprès des parents de la victime, qui acceptèrent le prix du sang. L'argent seul manquait pour satisfaire leurs prétentions. Quelques personnes venues pour assister à l'exécution firent prier le Bey de leur permettre d'offrir la petite somme qui manquait. Le prince répondit qu'il payerait lui-même le restant de la somme sur sa cassette privée. La famille de la victime reçut la compensation pécuniaire et le meurtrier fut gracié. A partir du moment où l'accusé a comparu devant le tribunal, il est au secret dans son cachot jusqu'à ce qu'une LEt-LX[)LRESSUSCm;DLi8~6. a?KM du Bey (ordre contenu dans une lettre) soit envoyée à l'ins- Cliché de~'L''Htt't;f~ illustre. pecteur du service des prisons, ordonnant de le remettre à la disposition du bacb~!M~ (sorte de général de gendarmerie). Celui-ci, escorté de tous ses hambas (gendarmes), va chercher


blanche dans le cimetière même; au bout d'une heure l'accusé. H est conduit au Bardo; le bach-hamba le mène dans une vaste cellule. Les abords en sont gardés on l'enterre. Autrefois on laissait tes criminels pendus au gibet pendant une journée pour servir d'exemple. par les hambas, les bach-châters et les spahis de Cet usage est aboli. l'Ouzara.- Le Bey arrive, suivi par les hauts fonctionnaires de la maison beylicale après le baise-main,dans Si, par un hasard extraordinaire, le pendu n'était la salle du trône, le bach-hamba fait son entrée; il pas mort, la religion musulmane ordonne aux Arabes fait avancer l'accusé, gardé par deux hambas. Le Bey delui donner des soins et de rappeler à la vie celui pourr lui pose alorsquelquesquestions. Puis )e colloque dont qui justice a été faite et qu'un décret de Dieu a empêché de mourir. Il a subi sa condamnation, par consénous venons de parler s'engage avec la famille de la victime. Si la mort estdécidée le Bey élève ta main à la hauteur quent, on lui laissera la vie et la liberté. Qu'it de son front en disant « Daoucou Beb Bardo Voici un curieux exemple de pendu échappé à la Bardo. du soit tourné vers la porte mort. Le 8 août de l'année 1896, vers onze heures du matin, un musulman, M. Dinguizli, docteur en médeLe bach-hamba tunisien le remet au bach-bamba cine, résidant à Tunis, turc, qui doit le conduire était invité par le direcau gibet. Celui-ci l'emteur des affaires judimène dans la cellule où ciaires à se rendre au le condamné (il ne peut cimetière de Sidi Ghrib être appelé ainsi qu'après (lieu où on enterre les les paroles du Bey) fera suppliciés) pour examisa dernière toilette. ner )e corps d'un homme Deux hambas sont condamné à mort et avec lui. Il est lavé et ayant subi te matin rasé, ses poignets sont même la peine capitale. croisés et attachés par (Les exécutions ont lieu une sorte d'anneau doupeu après le lever du soble réuni par une vis leil.) H procéda à l'exasa chemise est fendue men du corps du pendu. sur le bras gauche. La Celui-ci avait été contoilette est faite. Avant damné pour assassinat, de marcher vers le lieu son arrestation avait été du supplice, le condamné très mouvementée. fait une prière assez lonLarésistanceavait gue. Les assistants psalété telle que les agents modient avec lui. Le avaient dû recourir aux triste cortège se met en marche. Le condamné armes et le misérable marche entre deux hamavait reçu au brasdroitun bas. L'un d'eux le tient coup de feu qui en avait nécessité l'amputation. au bras par un mouL'homme de Fart ne tarda choir trois spahis suivent à cheval. Ils vont pas à constater qu'il se trouvait en présence d'un très vite, comme pour individu qui, non seuleLH DOCrEtR ÉCOt'TAXT LES BATTEMFKTS DU CCEFR. en finir plus tôt. ment avait l'évidente apOn lui bande les D'après 7f~c ~o/o~'r~ yeux avant

d'arriver à la

portedu Bardo. Le gibet se dresse, effrayant des gardes l'entourent, les bourreaux ont déjà assujetti la corde aux montants de la potence. Elle est en soie jaune, graissée et frottée de savon, et se balance luisante au soleil. On hisse le condamné sur la table, au pied du gibet; le bourreau et ses aides arrangent' la corde et passent le nœud coulant au cou du condamné. Le bacb<M~ (il touche une somme de 60 francs pour sa besogne)retire brusquementl'escabeau, et l'homme reste suspendu dans le vide. Le bach-tahan le maintient pendant que le corps s'agite dans d'horribles convulsions, pendant l'espace de dix minutes environ: Quand le corps est devenu immobile, le bourreau s'approche et vient écouter les battementsdu cœur. S'ils ont cessé, il desserre le nœud coulant et retire la tête du pendu. Le corps peut être réclamé par les parents. Dans le cas contraire, il est porté (sur une civière) selon le rite musulman au cimetière des suppliciés, sur la route de la Manouba. On dépose !e cadavre dans une couverture

parence d'un vivant,mais

chez lequel on ne reconnaissait aucun des signes généraux que l'on trouve après la mort par la strangulation. Les deux premières vertèbres cervicales étaient intactes, tandis que dans les cas de mort par pendaison, c'est leur luxation qui amène la mort foudroyante par compression du bulbe rachidien. Le pouls était très faible et la respiration à peine appréciable. Néanmoins, après des soins énergiques, le pendu revint à la vie et fut gracié. On lui devait bien cela! L'étrangeté de ce cas fut très commentée; quelques journaux, en relatant le fait, dirent à tort que le corps de ce pendu avait été amené à la salle de dissection et qu'il avait manifesté des signesdevieau contact du scalpel. Or, la religion musulmane s'oppose à toute recherche anatomique, et, comme la France tolère et respecte les usages d'un peuple à qui elle impose son autorité,jamais cadavre de supplicié tunisien n'a servi à une expérience scientifique. C'est sous l'influence de l'eau froide, des ablu-


tions que l'on fait subir à tous les cadavres des musulmans avant de les enterrer que cet individu avait fait des mouvements qui attirèrent l'attention. Depuis ce jour, un médecin assiste aux exécutions capitale's qui se font au Bardo, et, avant qu'on décroche le supplicié, il vient s'assurer que le cœur a cessé de battre.

et Anglais en Chine Leur Accord officiel Leurs Sphères d'action économique

Russes

LnA question chinoise se réduit, pour le moment, nos lecteurs le savent, à une question de chemins de fer. Chacune des puissances européennes qui attendent ou même provoquent le partage de l'empire chinois cherche actuellement à assurer à ses capitaux le plus grand nombre de kilomètres de chemins de fer, avec l'arrière-pensée, fondée du reste, qu'un chemin de fer est un excellent mode de développement de l'influence politique. De cetteluttedes puissancesentreellesest née la convention récemment signée entre l'Angleterre et la Russie pour délimiter leurs sphères d'action, sur cette base qu'à la Russie revient tout ce qui est au nord de la grande muraille, et qu'à l'Angleterre revient la région du Yang-Tsé-Kiang. Les deux Etats s'engagent à ne demander dans leurs sphères respectives d'action économique aucune concession, aucun avantage pour la construction des chemins de fer. La Russie aura donc les mains libres en Mandchourie, pour l'établissement de nouvelles lignes, et l'Angleterre dans le bassin du Yang-TséKiang. Ce qu'on entend par bassin du Yang-Tsé-Kiang reste, d'aillëurs, assez indéterminé. Les deux notes sont accompagnées d'une déclaration. La Grande-Bretagne et la Russie proclament leur intention d'éviter tn Chine toute occasion de conflit là où leurs intérêts sont opposés. Eiles affirment leur désir de ne point porter atteinte à la suzeraineté de la Chine et aux traités existants. Elles concluent que la politique qui écarte toute cause de complication intérieure au sein de la Chine est la plus propre à maintenir la paix dans l'Extrême-Orientet à servir les intérêts de la Chine elle-même. Sous cette déclaration il faut donc voir un acquiescement des deux Etats à la nécessité de maintenir temporairementl'intégrité de la Chine, et, d'autre part, une répudiation commune de toute tentative révolutionnaire de réorganisation intérieure. En somme, c'est au point de vue politique, le maintien du ~a/M quo. Au point de vue économique, c'est la division des intérêts de chemins de fer. Enfin les deux notes sont complétées par un arrangement relatif à la prolongation du chemin de Chang-Haï-Kouan vers Niou-Tchouang.Les deux gouvernements n'entendent point porter atteinte aux intérêts privés créés par le contrat entre le gouvernement

chinois et la banque de Hong-Kong et Shanghaï. On sait que c'est cette banque qui fit L'emprunt destiné à la construction de la ligne. Par conséquent, le gouvernement chinois conserve le droit de nommer un ingénieur et un chef de comptabilité européens (ce qui veut dire anglais). Mais il est reconnu par les deux gouvernements que ce fait n'entraîne aucun droit de propriété ni de~4 contrôle de la part d'aucun gouvernement étranger. Plus encore. La ligne, en aucun cas, ne saurait être vendue, hypothéquée, aliénée, au profit de personne, sauf d'une compagnie chinoise. Enfin, c'est encore le gouvernement chinois qui construira la ligne de SiaôHeï-Chan à Sin-Min-Ting, aux portes de Moukden. Ajoutons que, sans perdre de temps, la Russie a demandé à la Chine la concession d'une ligne directe entre Pékin et te Transsibérien, à traversla Mandchourie.

Le Chemin de fer de la Guinée anglaise le capitaine du génie Salesses, pour l'établissement du chemin de fer allant de

Les études faites par

Konakry au Niger navigabledoteront, sans doute notre Guinée de cette utile voie de pénétration. Il est donc intéressant de savoir ce que font nos voisins les Anglais dans leur Guinée. Les travaux de leur chemin de fer ont commencéà la fin de 180~. Au mois d'octobre 1807, la ligne avait été construite jusqu'à la ville de Waterloo, à plus de 30 kilomètres de Freetown. Au delà, jusqu'à la ville de SongoTown, distante de t6 ou 17 kilomètres environ, la voie était piquetée. Depuis cette époque les travaux ont été achevés, et récemment, cette fin de la ligne a été ouverte à la circulation. !1 y a donc actuellement 48 kilomètres en service. La voie a 76 centimètresd'écartement. Le prix de revient du kilomètre est de 88 ooo francs, chiffre acceptable, si l'on veut bien tenir compte du nombre exceptionnel des ouvrages d'art (viaducs) qu'il a fallu construire pour franchir les nombreux cours d'eau de la région. Les recettes de cette voie ferrée seront bonnes sans doute. En effet, la ville de Freetown, vieille de !ioans. est vraiment importante sa population est de 30 ooo habitants et sa banlieue, dans un rayon de là 5o kilomètres,est riche et populeuse; il y a un groupement de < 80 ooo noirs anglicisés et européanisés. Le sol est fertile et cultivé, produisant le manioc, les graines de palmes et le gingembre les cocotiers, les arbres à pain, les frangipaniers, les palmiers à huile sont très abondants toute la population s'habille à l'européenne et vit dans des maisons très coquettes; chaque village possède nombre d'églises, des écoles, bien entreteune station de police,un marché, des rues muletières, avec nues il y a des routes charretières et des ponts suffisants.


Monstruosités

Végétâtes héréditaires et leur Culture A vEZ-vous remarqué, chez les marchands de plantes en pot pour les appartements, un végétal bizarre qui, au milieu d'une collerette de feuilles, montre une sorte d'éventail épais, rouge, comme cotonneux? On

visme que des variétés ordinaires, tandis que d'autres ne se reproduisent fidèlement que dans le tiers ou les deux tiers des individus. Les plantes de ces dernières races qui retournent au type normal conservent cependant certains caractères de monstruosités, mais à des degrés très divers. Souvent elles répètent l'anomalie dans leur sommet, dans leurs branches latérales; chez les plantes vivaces, l'anomalie peut réapparaître au bout de deux ou trois années. Parfois certains plants semblent absolument normaux, mais sans avoir perdu la faculté de reproduire la monstruositépar leurs graines. Moins la fixité est grande, plus la culture dépend des conditions extérieures. Les races monstrueuses, même d'espèces sauvages, exigent plus de soins que les plantes ornementales les plus sensibles. C'est surtout la germination et le développement des jeunes plants qu'il s'agit de soigner. En semant dans une serre et en repiquant les jeunes plants isolément et dans une terre bien saine et fortement fumée, on peut souvent doubler le nombre des individus héritiers. Au point de vue physiologique, on peut diviser les monstruosités en trois groupes t° Les monstruosités constantes ne montrent pas plus d'atavisme que les variétés ordinaires; elles exigent les mêmes soins que celles-ci; 2° Les monstruosités ~~eocMsont celles qui se manifestent déjà sur les toutes jeunes plantes, à l'époque où celles-ci doivent être repiquées. Elles exigent une

sélectionàcettepériode de leur vie; on ne doit

repiquer que

AMARANTECRÈTE DE COQ.

lui a donné le nom assez bien choisi de Crête de Coq.

C'est d'ailleurs une plante intéressante à plus d'un titre elle doit être, en effet, considérée comme une monstruosité d'une autre plante, t'~MMM/e rouge, chez laquelle l'organe en éventail n'existe pas, mais est remplacé par une grappe ordinaire portant des fleurs. Dans la monstruosité dite « Crète de Coq », la tige de cette grappe s'est étalée en forme d'éventai) le fait se rencontre d'ailleurs aussi fréquemment chez les plantes cultivées ou sauvages. Mais ce qu'il y a d'intéressant dans le cas dont nous parlons, c'est que, si l'on sème les grains provenant de cette monstruosité, on obtient des plantes également monstrueuses. Autrement dit, la monstruosité est devenue héréditaire. Au contraire, en général, les graines provenant d'une plante monstrueuse donnent des plantes normales. Du moins, c'est ce que l'on croyait autrefois; mais M. Hugo de Vries vient de montrer que cette opinion est erronée. Depuis bientôt douze ans que le savant botaniste hollandais s'occupe de la culture des anomalies rencontrées spontanémentdans la nature, il a pu se rendre compte que, à l'exception de celles causées par des parasites, la plupart des monstruosités végétales sont héréditaires. Par l'isolement et la sélection, elles ont produit des races plus ou moins constantes et assez riches en individus monstrueux. Pour plusieurs de ces races, M. de Vries possède. maintenant les cinquième, sixième ou septième générations. Elles sont loin d'être toutes complètement constantes. 11 y en a qui ne montrent pas plus d'ata-

celles

dans lesquelles l'anomalie est bien marquée. Le trèfle à cinq feuilles en donne un exemple; sa première feuille, simple dans l'espècenormale, porte

trois folioles dans, la majorité des individus de la race. En repiquant, on doit éliminer tous ceux qui en ont moins, pour être sûr d'avoir une culture riche en feuilles cinq folioles. En

négligeant

cette précaution, on n'aurait qu'un semis très mêlé. La richesse en feuilles à quatresept folioles dépend, en

outre, comme tou-

jours, de l'exposition, de la place disponible pour chaque individu, de l'engrais, etc. 3°

Les mons-

truosités tardives ne se

montrent que plu-

DtPSACUSATtGETORDUE (CHARDOS A FOCLœolS).

sieurs semaines o) quelques mois après le semis. Tout le monde connaît, pour l'avoir rencontré dans les champs, le chardon à foulons (Dipsacus), si curieux


par ses capitules épineux dont on se servait jadis pour carder la laine, et par ses feuilles réunies deux à deux de manière à former tout autour de la tige une sorte de godet où s'accumule la pluie, d'où formation d'un

oiseaux

où ces gentilles petites bêtes peuvent venir se désa)térer. Dans la forme normale, la tige est parfaitementdroite. Mais il existe une forme monstrueuse chez laquelle la tige est comme tordue en « cabaret des

spirale sur eUe-même c'est cette forme dont nous donnons une représentation photographique après lui avoir enlevé ses feuilles, qui auraient par trop masqué la tige. En prenant des graines de cette monstruosité tordue et en les cultivant avec soin, M. de Vries a obtenu des individus identiques à leur mère. Mais cette monstruosité n'apparaît pas d'emblée. Pendant les quatre premiers mois de son existence, la tige est droite et paraît absolument normale. Puis, à cinq mois, elle commence à croître en spirale et dès lors ne s'arrête plus.

Ce chardon est un bon exemple de « monstruosité tardive ». Le développement des cas analogues dépend avant tout de la force individuelle des plantes, surtout de leur vigueur dans les premières semaines de leur vie. Le choix des meilleurs porte-graines a une signification bien secondaire, à supposer que ceux-ci appartiennent à la race pure et que leurs graines ne soient pas viciées par le croisement avec l'espèce normale ou avec d'autres variétés. Elles exigent un emplacement bien ensoleillé, une terre saine et beaucoup d'engrais (outre une bonne fumure, une dose de 100 grammes de corne de bœuf broyée par mètre carré), assez de place pour ne pas se toucher et des

soins assidus. Quant au semis, le mieux est presque toujours de l'effectuer sous verre au mois d'avril et de repiquer isotéraent les jeunes plantes en petits godets (de o'" lo) avant de les mettre en place. Pour les soins particuliers à donner à chaque espèce, la durée normale de la vie est importante à considérer. Les formes annuelles sont d'autant plus riches en anomalies que le semis a°été plus précoce et que la croissance des jeunes plantes a été plus accélérée par une température de serre chaude et une bonne exposition à la lumière. Les plantes rigoureusement bisannuelles, comme

notre chardon tordu, sont le groupe le plus intéressant. Ses torsions sont d'autant plus nombreuses et d'autant

mieux développées que la vie des rosettes de feuilles de la base a été plus longue et plus vigoureuse avant la production de la tige. Des semis faits trop tard, un sol maigre ou sablonneux, un espace trop petit, une exposition à l'ombre ont souvent rendu normaux tous ou presque tous les individus de cultures très étendues provenant des meilleures graines. La richesse moyenne,d'environ 20 à 30 o/o,peut être facilement réduite à o, mais peut, au contraire, être augmentée, par les soins mentionnés, jusqu'à 40

0/0.

Les espèces facultativement annuelles ou bisannuelles sont les plus sensibles. Elles ne donnent de belles monstruosités que sur les pieds bisannuels: on ne doit donc pas semer trop tôt, et il faut éliminer les plantes à tiges déjà développées à l'époque où on les met en place.. HENRI COUPIN.

L'Armement des Hes Chausey DANS un article récemment publié par le 7b:o' A: Monde sur les Transformations de la baie 5MoM< ~<<-<~Mte~<, on a pu lire que les îles Chausey constituaient jadis un cap rocheux relié au continent et qui protégeait contre les assauts des vagues l'immense forêt marécageuse de Scissy, submergée, depuis le tremblement de terre de l'an yoc), par les eaux de la Manche. C'est actuellement un groupe d'environ trois cents îlots et écueils, dont 53 seulement découvrent à marée haute. Depuis la fin du xvm° siècle, les îles Chausey sont une propriété privée qui dépend, depuis 180~, de la commune de Granville, dont elles sont éloignées de 12 kilomètres. Cet archipel occupe, à l'entrée de la baie du Mont Saint-Michel, une superficie d'environ 96 kilomètres carrés (environ t2 kilomètres de l'Est à l'Ouest, et 8 kilomètres du Nord au Sud). La Grande-Ile, la plus considérable du groupe, où se trouve le Gro~Mw~ point culminant de tout l'archipel, a kilomètre de lar2 kilomètres de longueur geur, c'est-à-dire à peu près l'étendue du Jardin des Plantes de Paris. Ensuite viennent l'tle-Longue, l'IIeaux-Oiseaux, etc., etc. 11 existe, aux îles Chausey, entre la haute et la basse mer, une différence de niveau qui atteint parfois plus de t2 mètres. Dans les marées ordinaires, la plupart des îlots restent toujours environnés de chenaux immergés mais lors des grandes marées qui ont lieu chaque mois après la nouvelle et la pleine lune, la mer se retire très loin et découvre, à la base des rochers insulaires, de larges bancs de sable qui permettent de visiter à pied sec presque tous les écueils. L'ossature de l'archipel est constituée par une roche granitique grise, dans laquelle le quartz et le feldspath sont entièrement confondus, tandis que le mica y est disséminé en parcelles imperceptibles. Le grain en est très fin, la texture très dense, la dureté et la ténacité extrêmes. Aussi donne-t-elle lieu à une active exploitation. Les îles Chausey, très pittoresques, sont un lieu d'excursion très fréquenté par les touristes qui visitent le Mont Saint-Michel et la baie. La Grande-fle est la seule qui soit habitée, pendant la belle saison,

sur

par une centaine de personnes qui s'adonnent à l'extraction du granit, à la récolte du varech ou à la pêche.

Dès l'origine de l'histoire, cet endroit fut, comme la forêt de Scissy, le séjour d'anachorètes.Une abbaye, fondée au vm*' siècle sur la Grande-Ile, d'abord indépendante, fut rattachée au monastère du Mont Saint-Michel par un édit de Richard I", duc de Nor-

mandie. En 1343, Philippe VI, roi de France, donna les îles Chausey aux Cordeliers, pour y bâtir un couvent


où vécurent de nombreux religieux. Mais les Anglais ayant pillé deux fois l'archipel et le couvent, les reli-

gieux l'abandonnèrent, en <54~,poc'-s'établir en terre ferme, près de Granville. Vers le milieu du xvu" siècle, il y avait, sur la Grande-Ile, un petit fort, qui, depuis, tomba en ruine.

L'histoire de ces îles est surtout intéressante au xvm" siècle. Le gouvernement français en prit possession officiellement un intérêt fiscal l'y poussait les fermiers généraux voulaient faire cesser Ja contrebande active qui se faisait entre Jersey et la France par l'intermédiairede Chausey. Une caserne y fut bâtie en 1736 par un ingénieur de la marine, Meynier, qui dressa une carte de la grande île et des îlots voisins. Comme Cassini a donné cet archipel dans sa carte de France, la carte de Meynier a été annexée à ce travail. Plus tard, en 1755, un fort fut construit, qu'une flotte anglaise vint aussitôt détruire. La longue série des guerres entre l'Angleterre et la France exposa les îles Chausey à de nombreuses attaques des corsaires de Jersey. Grâce aux volumineuses liasses conservées aux archives départementales du Calvados, M. Mourlot, professeur au lycée de Caen, a pu refaire toute l'histoire de l'archipel entre 17~6 et ty8ç. et montrer avec quelles infinies précautions les ministres de Louis XV renouèrent, au lendemain de chaque traité de paix, le fil de la possession française, de façon à ménager les susceptibilités britanniques. Pendant la Révolution, les ites Chausey devinrent, pour les corsaires de Jersey, un refuge et un point d'appui dans leurs incursions sur notre littoral. Sous Louis-Philippe, le gouvernement français, ayant été informé que l'Angleterre se disposait à réclamer ces îlots comme n'étant que des dépendances des îles de la Manche, s'empressa, tant afin de faire acte de possession que dans l'intérêt de la navigation, d'élever d'urgence sur la Grande-Ile un phare qui fut allumépour la première fois le t~ octobre '847. Il est de troisième ordre et présente des éclats rouges de quatre en quatre minutes. H y fut adjoint des ouvrages militaires s'étendant sur neuf hectares de terrains acquis par l'État. On y remarquait particulièrementle fort Chausey et la batterie du Phare. Ces fortifications, sur un avis du comité de défense et du conseil supérieur de la guerre du 3 décembre t888, furent déclassés en 1889. On ne conserva que le phare et un télégraphe

sémaphorique.

Il est bien difficile de

s'expliquer ce déclassement,

en présence des convoitises non dissimulées des Anglais

vis-à-vis des îles Chausey.

Il

n'y a pas de doute qu'en

cas de conflit avec la France, ils chercheraient à s'en emparer dès le début des hostilités afin de compléter le système des îles Normandes, et qu'ils garderaient ensuite indéfiniment cette excellente base d'opéra-

tions.

Les îles Chausey ont, en effet, une valeur stratégique qui a été signalée par tous les inspecteurs du

génie, par suite de leur situation entre le plateau des Minquiers et le continent, en vue de Saint-Malo, de Cancale, de Granville et de Jersey. Avec quelques travaux, elles pourraient offrir de bons ports pour les garde-côtes et pour les torpilleurs, alors que les îles

anglo-normandes ne présentent aucun bon mouillage. Sur divers points, notamment dans la Grande-)!e et dans l'Ile-aux-Oiseaux, surgissent des sources d'eau douce qui ne tarissentjamais,et où les navires peuvent s'approvisionner. La marine a reconnu l'importance de cette position et a entrepris de restaurer et de réarmer ses forts et ses batteries l'arsenal de Cherbourg y a fait transporter récemment de l'artillerie de gros calibre. On a mis ainsi à l'abri de toute surprise de l'en-

nemi cette clef si convoitée du Passage de la Déroute et de la Basse-Normandie, qui rend impuissantes les iles anglo-normandes, commande la baie du Mont SaintMichel et permet de protéger les convois venant du Nord, ainsi que les huitrières de Cancale, dont le commerce fait vivre la population riveraine.

C'

Onésime Reclus, Le plus beau rorju/tte sous ie Ciel. Un

8.)8 pages. Paris, ~.Hachette et francs. 12 \)OTRE collaborateur, M. Onésime Reclus, a déjà publié une description de la France. Celle qu'il nous donne aujourd'hui, sous ce titre original Le plus &M<t royaume .soM le Ciel, est une œuvre toute nouvelle. Le cadre est le même, mais le tableau est plus complet encore et plus varie, et la langue, toujours si expressive et s imagée de M. Onésime Reclus, est arrivée, dans ce livre, à son vrai point de perfection.C'est une œuvre littéraire incomparable qu'il nous donne mais c'est aussi une œuvre de science et d'observation, où sont résumés plus de quarante ans de voyages, d'études, de réflexions. H n'est pas une région de la France qui ne soit familière à l'auteur, et de chacune, il sait en quelques mots décrire la physionomie particulière, que ce soient les monts d'Auvergne, les plateaux des Causses, les Cévennes désolées, les côtes âpres de Bretagne, ou les avenues de pins des Landes. Il aime surtout les eaux il connaît et il aime chaque rivière de France, et il en parle avec un enthousiasme

vol. in-4° de Prix

communicatif. Mais la terre, qu'il décrit si bien, ne lui fait pas oublier l'homme. Après avoir fait le tableau de la France, il nous parle des Français, il nous montre les origines multiples de notre race et de notre langue, leur histoire, leur situation actuelle; cherchant à travers les incertitudes du présent à devinerl'avenir, il ne se laisse point décourager par tant de phénomènes qui inquiètent, à bon droit. les moralistes et les° économistes: la stagnation de la population,l'afflux des étrangers, qui en est la conséquence inévitable, l'abandon des campagnes pour les villes, l'alcoolisme. Sans nier ce que ces spectacles ont d'affligeant, il tourne ses regards vers l'empire colonial que la France a fondé en Afrique, et il trouve des motifs de croire à un avenir meilleur. Ses dernières paroles sont pleines d'espérances

Nous avons désormais un but, un espoir, un avenir, « raison d'être une Il n'est qu'un travail immense comme l'instauration la consolidation, la perfection de l'Empire d'Afrique pour désenvaser la France, pour l'enlever aux mille et une écoles de science qui ne sont pas l'école de la vie. Lui seul peut nous arracher à la stérilité, à la frivolité, à la stupidité, vaincre l'inertie, la folie, l'utopie, la bureaucratie, la routine. Entonnons l'hosanna nous étions morts et voici que nous vivons » De telles paroles dans la bouche d'un homme comme M. Reclus, dont le patriotisme a l'horreur des exagérations chauvines, ne sont-elles pas un symptôme encourageant!


L'Exploration des Cavernes RECOMMAMDATtOMS GÉNÉRALES descendent parfois jusqu'à 5" c. seulement, au bout de peu de temps, ils (Suite) grelottent, quittent leur poste ou den'est point dans les expéditions de mandent à remonter, et l'expédition peut reconnaissance qu'il faut songerà se être, sinon compromise, du moins retarservir d'explosifs (dynamite et poudre dée. Rien n'est pénible. en effet, comme comprimée);leur manipulation est trop ces longues stations de six ou huit heures, méticuleuse, il faut trop de temps pour immobile, solitaire, dans la froide humipercer les trous de mines d'abord et dité des cavernes. pour se mettre ensuite à l'abri des exSe présente-t-il une nappe d'eau plosions et des éboulements qu'elles prol'on veuille traverser à la nage, soit voquent. Tout travail de ce genre ap- que petitesse, soit faute de partient beaucoup plus à la phase des à causeil de samieux le faire tout habillé vaut aménagements qu'à celle des décou- bateau, le saisissement de l'eau est moins brusvertes. (température 5° à t4° suivant les Il va sans dire que l'exploration que cas). méthodique des cavernes n'est pas sans Pour cette éventualité, il peut être danger et qu'elle requiert del'expérience, commode d'avoir un chapeau mou à du sang-froid et de la prudence. pochettes, où. l'on abritera au sec les L'acide carbonique surtout serait allumettes,montre, carnet-boussole, maun ennemi inortel si l'affaiblissement de gnésium, etc. la lueur des bougies (qui précède touMais, pour la descente des puits jours la céphalalgie) ne le révélait pas le rigide chainfailliblement. D'ailleurs, nous ne l'avons où tombent des pierres, à larges bouilli, cuir de mineur en guère rencontré qu'une dizaine de fois peau bords, et la casquette de louvetier ou sur près de cinq cents cavernes visitées. garde-chasse sont préférables, malgré Cela suffit pour's'en méfier avec grand leur poids qui fatigue la tête. soin. Le meilleur des cordiaux est le Il est recommandé d'avoir toujours, dans la poche la plus abritée du vête- cognac le beef-chocolat, en petites tament supérieur, une boite d'allumettes blettes, fabriqué à Tain (Drôme), est bien enveloppée de toile cirée imper- d'un pratique emploi. méable les chutes dans t'eau sont fréLa pharmacie de poche, dont le quentes et même parfois indispensables; chef d'expédition ne se séparera jamais pour le cas où elles provoquent t'extinc- comporte arnica (contusions), collodion tion de la bougie, il faut s'assurer des (écorchures), perchlorure de fer (couallumettes sèches, si t'eu ne veut point pures, hémorragies), eau de mélisse, s'égarer sans merci dans l'inextricable ammoniaque, laudanum, bande de toile

E

obscurité.

)ND)CAT!ON8 HYG)ÉM)QUES Certaines indications hygiéniques ne seront pas déplacées ici. Pour les longs séjours dans les cavernes souvent froides et presque toujours humides, il faut être vêtu de laine et flanelle de la tête aux pieds. Prescription qui semblera bizarre, mais qui doit être rigoureusement observée aucune partie du vêtement, même la chaussure, ne saurait être imperméable ni surtout caoutchoutée. Il est, en effet, à peu près impossible de rester sec dans l'exploration sérieuse d'une caverne de quelque étendue. Il importe que cette humidité s'évapore rapidement, et seuls les vêtements perméables permettent de satisfaire cette condition. Quand on laisse un ou plusieurs hommes de manœuvre en station sur quelque palier d'ablme ou dans quelque carrefour de caverne, il ne faut pas manquer de leur prêter une veste, un tricot de laine insouciants des plus simples précautions, les ouvriers ou paysans que l'on emploie ainsi descen. dent souvent en bourgerons de toile pour s'exposer, pendant des heures, à l'immobilité dans des températures qui

et coton hydrophile. Quand une reconnaissance s'annonce comme difficile, il faut être au moins trois personnes ensemble, et la sacoche de l'une d'elles doit contenir, en précieuse réserve, une gourde de vin, un pain et une conserve quelconque. Jamais il ne faut s'aventurer seul dans une caverne (ou partie de caverne) inconnue c'est là l'imprudence la plus grande que l'on puisse commettre. REMARQUES ET OBSERVATIONS A

CONSIGNER

On trouvera dans les ouvrages spéciaux et les bulletins de la Société

de spéléologie (depuis 1895) les instruc-

tions relatives à la topographie, la photographie. l'observation des températures, la recherche de la faune souterraine, l'étude de la vitesse des eaux dans les cavernes. Quelques mots seulementont place ici sur ces sujets La topographie de précision ne peut être exécutée que dans les cavernes déjà bien connues en première exploration, un levé sommaire à la boussole,

(suite) par cheminement et au pas, est tout ce que l'on peut demander. Le colonel Prudent et moi-méme avons combiné pour cet objet un petit carnet boussole de poche commode et suffisant qui se vend. avec une instruction spéciale, au siège de la Société de spéléologie, 7, rue des Grands-Augustins. PHOTOGRAPHIES Quant à la photographie, il faudrait un volume pour décrire les appa. reils employés pour les clichés à prendre sous terre, mais on peut réduire à trois

tes manières d'opérer 1° Nous ne conseillons guère le premier, c'est-à-dire tout appareil destiné à produire de simples éclairs instantanés avec la poudre de magnésium. Les photographies ainsi obtenues donnent presque toujours des épreuves grises, offrant peu de détails et manquant par suite de vigueur. Sans doute que, par des éclairs successifs, on peut parfois arriver à faire des photographies satisfaisantes. mais le résultat qu'on cherche à réaliser n'est jamais certain.

Et souvent des parcelles de magnésium fusant hors de la lampe en travers du champ de l'objectif sillonnent la plaque d'une large raie qui la gâte sans remède Il vaut mieux se servir de la lampe au magnésium en ruban, à mou2°

vement d'horlogerie, munie d'un bec et d'un réflecteur simple. La pose doit varier de sept à dix minutes avec les glaces extra-rapides Lumière. Ce laps de temps indispensable peut paraitre long, mais il convient de remarquer que la couleur du rocher dans les grottes offre génératement une teinte rougeâtre peu photogénique, et que chaque point à reproduire n'est pas éclaire aussi longtemps. En effet, le faisceau de rayons lumineux projeté par la lampe n'embrasse pas ordinairement tout l'espace à photographier. Il faut donc, pour éclairer suffisamment te tout, avoir soin d'effectuer avec la lampe tede haut nue à la main des mouvements et de bas, de droite et de gauche, de façon à impressionner toutes les parties à reproduire. On peut même éclairer plus longtemps les points auxquels on ajoute plus d'importance, tels que les premiers plans. Il est parfois utile, vers la 6n de la pose. de changer la lumière de place et d'éclairer pendant quelques instants seulement les parties qui se trouvent absolument dans l'ombre. On obtient de cette façon des clichés beaucoup plus doux. E. A. MARTEL. (A .tMtfre.)


En Russie 1

Les Paysans de

Bolgary

Un Village orthodoxe

sur des Ruines musulmanes

Les ruines de Bolgary, situées non loin de A~~M, M~< peu connues. Les lecteurs du Tour du Monde en ont (.~M~CM< entendu parler dans un article précédent 1. Voici aujourd'hui quelques notes sur les W~BMM des ~MM cette région, MtBM~ curieuses en ce qu'elles dérivent de deux civilisations différentes, la religion orthodoxe y ayant succédé

a

la religion musulmane. de Kazan à Bolgary, il faut descendre en bateau la Volga jusqu'à une station appelée Spassky Zatone, et située un peu au sud du confluent de la Kama, sur la rive gauche du fleuve. Cette station est

PouR aller

composée d'un

ches est un panier d'osier, au fond duquel le voyageur s'assoit sur de vieux sacs ou sur un tas d'herbes sèches, les jambes à moitié étendues. Les routes des bords de la Volga ne sont guère que des pistes, des chemins de traverse à moitié défoncés et agrémentés d'ornières

embarcadère et de quelques misérables maisons de

profondes. Le tarantass, dont j'ai entretenu déjà les lecteurs du Tour

elle sert de port à la ville de Spassk, chef-lieu bois

d'un des districts du gouvernement de Kazan. Le district de Spassk est

du MûM~ pendant mon voyage en Asie Centrale, est

paysans russes; il y a aussi des Tatars et quelques

mais autrement confortable et solide que la télégue,

Tchouvaches. Mon arrivée

où le voyageur, constamment se-

un véhicule primitif, lui aussi,

habité par des

avait été annon-

coué, saute dans

lavoitureàchaque cahot, comme une

cée, et quand le

bateau accosta, un soldat de la police écarta assez brutalement les men-

balle élastique.

COKC&RT

p'après

DO~É Mtte

photographie de A/. P. Labbé.

diants et les cu-

rieux qui encombraient le débarcadère et ~int se mettre à mes ordres il avait déjà retenu une voiture pour aller à Bolgary, lui-même devant suivre achevai. La rive étant escarpée, la voiture attendait dans le haut, c'était une télègue figurez-vous une primitive voiture à quatre roues les roues de devant placées < très loin de celles de derrière sont jointes à celles-ci par de longues perches en bois de tremble, assez flexibles et servant de ressorts à l'équipage sur ces per-

i. Voir.A Travers le SMbM~, numéro A

TRAVERS LE MONDE.

21

UV.

Après un quart

UAKS UN VILLAGE PAR UN ~S~GAt~E.

du 6 mars 1897.

d'heure d'une telle gymnastique, je demandai au soldat qui m'accompagnait combien de verstes nous avions à faire cette question, que je croyais toute simple, le remplit de stupeur. «Je ne peux pas savoir, demandons au cocher. » Le cocher était un vieux

paysan à l'épaisse barbe en broussailles, barbe rousse fort malpropre, parsemée de miettes de pain. Sa manière de conduire était assez originale. 11 excitait ses chevaux par des cris joyeux, les appelant ses colombes et ses petits faucons quand ils allaient bien, les injuriant quand ils voulaient marcher au pas. A ma question, il se retourna et me dit simplement: « Dieu le

? 2[.

27 mai !8qc).


Montmartre) et bien des femmes achètent le parfum nouveau appelé a bouquet du président B. J'étais un peu étonné de trouver un assez gros village au lieu de ruines que je cherchais les ruines existent pourtant, mais sont peu nombreuses et, à vrai dire, peu importantes. Les Bulgares habitaient jadis toute la contrée, et il semble que ce peuple, dont les historiens byzantins font pour la première fois mention sous le règne de Zénon, soit de même souche que les Huns. Ils se donnaient le nom de « Bulgares Blancs ». Ces Bulgares construisirentà une époque que l'on n'a pas pu déterminer, la ville de Bolgary. La civilisation était assez avancée dans cette ville, si l'on en juge par les monuments dont il ne reste que des ruines et par les objets trouvés dans des fouilles. La puissance des Bulgares fut ébranlée par l'invasion des Mongols et détruite par Timour Leng, connu chez nous sous le nom Tamerlan. Ces ruines furent vite oubliées et comme perdues on les retrouva sous Pierre le Grand, qui ordonna d'en prendre copie. C'est récemment encore que ,la Société Impériale d'Archéologie s'en occupa, et, il faut l'avouer, elle s'en occupa trop tard. Les plus curieux monuments s'étaient écroulés et de la ville de Spassk on était venu russes. en chercher les pierres pour consPeu de bêtes dans les cours truire des maisons. L'église de Bolou dans la rue des cochons, des gary, qui est dans le village la seule poules, quelques vaches. Le bétail construction en pierre, est faite de et la volaille, qui font la richesse de pierres sur lesquelles, dit-on, se nos fermiers, sont plus difficiles à trouvaient des inscriptions. Il ne entretenir dans des pays comme la reste guère aujourd'hui à Bolgary province de Kazan. L'hiver est dur, qu'un minaret, au sommet duquel les bêtes ont faim, et le paysan ne on peut monter, et qu'une réparapeut plus les nourrir en hiver voilà tion peu adroite a quelque peu pourquoi son étable et sa basse-cour t'S\NTATAR[;A)XENVHt')XSD[:nuLG\H~. abîmé, et une tour, plus curieuse, à P. Z.a~ sont si pauvrement composées. D'après une /)/t0/og'r~t~ de mon avis, où vivent aujourd'hui des HyadansIeviHagedeBo)garyune centaines de pigeons et qui fut jadis, d'après les uns, chambre chez le gardien des ruines où le voyageur peut tribunal. Un profacilement passer la nuit c'est une pièce assez grande et une mosqaée, d'après les autres, un fesseur de Kazan y veut même voir des bains! Près de très propre. Elle est décorée d'un grand nombre d'imal'église est une grosse tour peu élevée, recouverte d'un ges de Souzdal qui sont célèbres en Russie comme en toit moderne et qui sert de chapelle. Non loin de là France celles d'Epinal dans tous les relais de poste, mosquée. même en Sibérie, la chambre réservée aux voyageurs on voit les fondations d'une grande Des enfants suivent le voyageur, ils lui offrent en est ornée. Elles représentent des scènes religieuses, des faits historiques ou légendaires, des chansons podes poignées d'objets brisés en petits morceaux trouvés pulaires. dans la terre parmi eux il y a quelquefois des bagues, des bijoux bien conservés, mais les objets entiers et en D'autres sont des portraits de la famille impériale bon état sont rares. On pourrait, je crois, pourtant en ou des chefs d'États européens, et leur ensemble forme découvrir, si l'on voulait bien entreprendre à Bolgary vrai d'histoire les plus anciennes. dans cours un des fouilles sérieuses. La preuve, c'est que les laboureurs Thiers, ni voit ni le maréchal Mac-Mahon, ni de on ne ont trouvé bien des choses en labourant leurs champs Grévy; mais déjà un coin, dans une image plus récente, et plus encore en creusant pour leurs morts des tombes est réservé au président Carnot. Quant à M. Félix dans le cimetière du village. Faure, il gagne un rang à chaque épreuve nouvelle et, Lorsque je revins, à la tombée du jour, chez le dans la dernière de toutes, il a une place d'honneur à gardien des ruines, j'étais, je l'avoue, un peu déçu. Ne côté de l'empereur d'Autriche, en faisant vis-à-vis à la sachant comment employer ma soirée, j'eus l'idée de reine Victoria. Les reproductionset les photographies demander au gardien si, dans le village, il n'y avait pas du défunt président ont d'ailleurs pénétré partout en de chanteurs parmi les paysans sur sa réponse affirRussie, et même dans les petites villes on fume des cimative, je lui exprimai le désir d'entendre un concert garettes « Féliks Faure (on prononce Félix comme à

sait, nous arriverons toujours! » Nous arrivâmes en effet, et sans avoir versé, ce qui est encore un bonheur appréciable quand on est conduit par un paysan russe. Tout le pays est assez dénudé, sans être aride pourtant il y a peu d'arbres, mais on traverse des champs de blé, d'avoine, de seigle et de tournesols. Il y a peu de villages russes qui n'aient pas de nombreux champs de tournesols le peuple en adore les graines, et même dans les grandes villes, on ne trouve guère de moujiks qui n'aient leurs poches pleines de ces friandises qu'ils mâchent tout en marchant. Le village, qui pouvait contenir un millier d'habitants, était sensiblement semblable à tous les villages russes une longue rue, large, horriblement sablonneuse en été et qui, les jours de pluie, se change en marécage, coupée à angle droit par des rues transversales, larges aussi mais moins importantes; sauf une ou deux, les maisons sont en bois, toutes pareilles on côtoie la maison, la porte cochère et le hangar d'un paysan, suivis toujours d'une autre maison, d'une autre porte cochère et d'un autre hangar les toits sont en bois ou en chaume; quand un incendie se déclare, tout un quartier brûle, et malheureusement les incendies sont fréquents dans les villages


partout a brûlé les récoltes, et pour les mois d'hiver c'est la famine que l'on prévoit. Et ils me contaient tristement mais très philoso-

MAISONDE PAYSAN.

D'après j<?~ photographie de

~7~

~a~~c.

donné par lés gars du village, et bientôt une quinzaine de jeunes gens arrivèrent. Je les entendis parler et discuter à voix basse dans la chambre voisine et enfin exercerleurs voix, leurs violons et leurs accordéons. On sait que l'accordéon est l'instrument populaire en Russie. Le gardien vint bientôt medire « Les garssont là, mais ils sont timides, vous savez, il faudrait les égayer un peu. » Je compris aisément ce que signifiait cette réflexion, et je fis envoyer aux jeunes gens l'eau-de-vie qui devait les égayer. Le concert alors commença. Les chanteurs étaient, ma foi, fort convenablement accompagnés par l'accordéon; de plus à chaque fausse note que donnait le violon, le violoniste s'arrêtait, confus et si!encieux je dois dire qu'il s'arrêtait souvent. Groupés comme les artistes choristes des théâtres, ils me dirent des airs populaires, de vieilles chansons que chantaient déjà leurs grands-pères c'était-toujours la jeune fille, la fiancée que l'on célébrait, « aimable comme la tranquille étoile du soir, jolie comme la zibeline lustrée, dont le corps est un bijou et la voix pareille au chant printanier du rossignol ». Les mélodies, le plus souvent mélancoliques ou tristes, n'étaient pas sans charme. Quelquefois elles devenaient plaisantes, et les paroles alors étaient naïvement scabreuses tantôt un soliste chantait d'une voix de gorge un peu dure, tantôt tous entonnaient un chœur que quelques voix de basse soutenaient de leurs belles notes graves et

pénétrantes.

Les jeunes chanteurs étaient venus en costume de travail, chemise rouge ou bleue, chaussures en écorce de bouleau ou grandes bottes en feutre. Quand je les vis fatigués par leurs chants, je les fis bavarder. Je leur demandai s'ils savaient qui j'étais, de quel pays je venais, ce qu'était la France. L'un d'eux, qui semblait être le savant du village, répondait à toutes mes questions en personne entendue. « Là-bas, disait-il, plus loin que la mer, est une grande ville qu'on appelle Paris, c'est une ville três~ gaie où il y a de la bonne eau-de-vie ?. H ajoutait que les Français aimaient tant la Russie qu'ils prendraient bientôt le tsar pour empereur! Peu à peu chacun prit part à la conversation tous me parièrent de leurs travaux, de la terre si dure à cultiver, de l'hiver pénible et trop long, pendant lequel la faim est plus terrible encore que le froid. Que sera l'hiver prochain ? L'année a été si mauvaise, l'eau si rare, la sécheresse

phiquement leurs misères on ne souffre pas encore, murmuraient-ils, pourquoi donc déjà s'alarmer?. Les enfants n'ont ni passé ni avenir, a dit La Bruyère, ils jouissent du présent le peuple russe est un grand enfant, il ne pense pas à l'avenir, il jouit du présent. quand il peut en jouir. La nuit, la belle nuit tranquille et blanche des steppes russes était venue depuis longtempsdejà, quand je donnai congé à mes chanteurs j'étais plus fatigué qu'eux. Cette soirée inattendue, de nombreux petits verres d'eau-de-vie, quelques pièces de monnaie enfouies maintenant dans leurs poches leur avaient donné pour toute la nuitde la gaieté etavaient chassé le sommeil; ils errèrent jusqu'au matin dans les rues, chantant et jouant, et l'accord de leur voix devenait plus charmant. plus agréable à mesure qu'ils s'éloignaient. Bientôt de nombreuses aubades succédèrent sous mes fenêtres à de non moins nombreuses sérénades nous étions vraiment devenus de très bons amis. La musique devait m'accompagner partout, car le lendemain, en arrivant à l'embarcadère, près d'une masure, j'aperçus un tzigane qui, accompagné d'une femme russe, faisait danser un singe au son d'un orgue de Barbarie et d'un tambourin.Je fis arrêter ma voiture, et je m'amusai à voir le plaisir et l'étonnement avec lequel les paysans contemplaient la petite bête, sans doute nouvelle peureux. Tout à coup, derrière moi, un craquementsefitentendre des enfants, qui s'amusaient à grimper dans la voiture d'où j'étais descendu, en étaient tombés en entraînant

la corbeille dans laquelle j'avais accompli mon voya-

ge,etjevissous l'osier gigoter pêle-mêle des

jambes et des

bras,

tandis

quedegrosrires

illuminaient de bonnes figures d'enfants.

Montrant tout ce groupe à mon vieux cocher, je lui demandai lesquels étaient à lui dans le tas. Il eut un gros sourire et me

dit:

tous

MIYARET D'l'NE MOSQUÉE EN

RUINE.

D'après «ne photngraphie de M. Paul Latte.

« Le bon Dieu a bien voulu les donner à mon fils les sept »

Rien ne peut donner une idée de la sérénité d'expression de ces braves paysans russes. PAUL LABBÉ.


au-dessus des déserts. Où qu'elles soient, les montagnes ont leur charme divers mais il me semble qu'aucune chaîne ne combine plus.harmonieusementla grâce et la noblesse des formes, les forêts et les eaux, que les chaînes des Montagnes Rocheuses du Canada.

Paysages de

montagnes

des hautes montagnes n'est-il pas toujours T 'ASPECT

semble que, dés qu'on a dépassé une certaine altitude, les rochers, les glaces, les neiges, et la maigre végétation de ces régions désolées doivent composer des paysages toujours semblables, qu'on soit en Europe, en Asie, en Afrique ou en Amérique. Tel n'est pas le cas, cependant, s'il faut en croire sir W.-M. Conway, l'homme du monde le plus compétent sur un tel sujet, puisqu'il a parcouru, en grimpeur, toute la chaîne des Alpes, une partiedu Caucase, del'Himalaya et des Andes, et les massifs du Spitzberg. erronée, « C'est une opinion commune, mais a-t-il dit l'autre jour à la Société de Géographie de Londres, à l'occasiond'une conférence de M. Norman Collie sur le mont Hooker et le mont Brown, dans les Rocheuses Canadiennes, que tous les paysages de montagnes se ressemblent. En fait, il y a la plus grande différence entre les aspects des montagnes dans les différentes parties du monde. Les Alpes me semblent toujours offrir la beauté typique d'une chaîne où les pentes vertes, les forêts, les lacs, les pics neigeux aux formes les plus variées, se mêlent harmonieusement. Si vous allez plus loin, vous trouverez dans le Caucase une chaîne plus grandiose, mais également belle, et d'une beauté assez semblable. Plus loin, dans l'Himalaya, vous trouverez une chaîne récemment détachée de la croûte terrestre, avec ses arêtes déchiquetées. Dans les différentes parties de l'Asie, vous rencontrez plusieurs variétés de ce type de montagnes, des montagnes relativement récentes, saillies ridées et craquelées de la croûte brisée de la terre. « Dans la longue chaîne qui forme l'ossature de l'Amérique du Nord et de l'Amérique du Sud, du Klondyke à la Terre de Feu, on trouve de nombreuses variétés de beaux paysages montagneux. Là on voit 'des chaînes, élevées par les pressions latérales, usées et abaissées par l'action continue du gel, de l'air et de l'eau. Ici vous trouverez des chaînes, ou plutôt des régions entières, où les forces volcaniques de l'intérieur sont, ou ont été, très actives, et là les montagnes prennent une forme différente des cônes volcaniques très hauts, s'élèvent au-dessus de déserts absolument nus, entourés de bassins, de lacs asséchés, qui n'ont laissé d'autre trace de leurs eaux que des plaines blanches de dépôts salins. Plus au Sud, nous trouvons une région couverte des forêts les plus épaisses, où les arbres se dressent sur les restes enchevêtrés de troncs brisés, enfouis dans la mousse et imprégnésd'eau. « Au-dessus de ces forêts s'élèvent des montagnes drapées de glaciers, qui vont plonger jusque dans la mer, et la longue chaîne finit par s'appuyer sur des fondations baignéesdans l'océan Arctique. Vous avez toutes ces variétés; vous avez des montagnes arctiques, levant leurs têtes au-dessus de la masse des glaces, et des montagnes des Tropiques, se dressant le même?

11

La Ligne ferrée de Pékin à Han-Koou L'EMPRUNTrécent de i 2 500000 francs contracté L par la Chine a pour objet l'établissement du chemin de fer de Pékin à Han-Koou,ligne dont nous avons parlé l'année dernière (numéro du t" octobre t8c)8) dans l'article d'ensemble que nous avons consacré aux chemins de fer de la Chine. Nous avons dit que cette ligne ferrée de t 300 kilomètres devait être faite par une société franco-belge. Les travaux, commencés aux deux extrémités de la ligne, sont poussés avec une grande activité. Le i"' septembre prochain, on compte ouvrir à la circulation les 145 kilomètres de voie ferrée qui vont de Pékin à Pao-Ting. Quelques mois après, probablement à la fin de l'année, on inaugurera à Han-Koou un tronçon de 22 kilomètres, desservant les faubourgs au nord de la ville, qui sera immédiatement très productif. La ligne en question sera la grande artère de la Chine centrale, puisqu'elle couperales valléesdu HoangHo (fleuve Jaune) et du Yang-Tsé-Kiang (fleuve Bleu). Au Nord, elle se rattachera à la ligne de Tien-Tsin à Nian-Chouang et au réseau russe de la Mandchourie; Sur au Sud à la ligne projetée de Han-Koou à Canton. elle viendront forcément se greffer, à droite et à gauche, les embranchements appelés à desservir les régions minières du Houpé et du Chan-Si. Au terminus septentrional, Pékin et Tien-Tsin ont ensemble plus de 2 oooooo d'habitants; au termiHan-Yang ont nus méridional, Han-Koou, Outchang et d'haune population agglomérée de plus de 3 millions bitants. Dans un rayon de 10 kilomètres de chaque côté de la voie, pn trouve une population de 20 millions d'habitants et il est hors de doute que la zone d'influence du chemin de fer s'étendra bien au delà de ces prévoir que le transport 10 kilomètres. On peut donc des voyageurs entrera pour une forte proportion dans le chiffredes recettes. Quant au 'mouvement des marchandises, il ne les sera pas moins intense et égalera celui des lignes plus productives de l'Europe la ligne reliera les provinces les plus productives de l'empire au fleuve Bleu, qui est navigable pour les navires de 3 ooo à 4 000 tonneaux jusqu'à Han-Koou. Le mouvement du port de cette localité est déjà, annuellement, de 3 millions de tonnes; si on y ajoute le mouvement du batelage vers l'intérieur, on constate que Han-Koou est un des plus grands ports du monde et, en Asie, le centre de l'échange des produits indigènes contre les produits

étrangers.


Le Tour du Monde

sur un bateau de neuf tonneaux

ous avons plusieurs fois signalé, dans nos

/M/M-MM-

tions et Nouvelles, les étapes du voyage autour du monde accompli par le capitaine Slocum, avec son petit navire de 9 tonneaux, le Spray. Le capitaine Josué.SIocum, un Américain naturellement, qui a fait ce long voyage seul, sans compagnon, avait aussiconstruitetgréé son navire deses propres mains, sans aucune aide. Il a abattu lui-même le chêne qui lui a fourni son grand mât, cousu, agencé lui-même ses voiles, et construit la carcasse solide qui a dansé, comme une coque de noix, sur les formidables

vagues de trois océans. Le bateau avait i mètres de long et jaugeait 9 tonneaux. Son mât était haut de 8 mètres, et son tirant d'eau était de $ pieds. Quand il eut achevé son travail, planté le dernier clou et gréé la dernière voile, le capitaine Slocum quitta le cap Sable (Nouvelle-Ecosse)en avril 1895 au bout de huit jours il avait parcouru 200 milles à travers l'Atlantique, à raison de 150 milles par jour. Il a raconté, dans plusieurs occasions, qu'il eut énormément de peine à s'habituer à l'effrayant silence qui pesait sur lui dans la solitude infinie, où le ciel et l'eau se confondent à l'horizon. Il appelait, d'instinct, ses amis et connaissances, chantait, criait, ne fût-ce que pour se donner l'illusion qu'il n'était pas seul, en entendant vibrer une voix humaine. Le séjour après son départ, il arrivait à Gibraltar, où les autorités anglaises lui firent une ovation. Il

LE

SPRAY')MARCt)A\TA

LA

VOILE.

D'f~~WideWorJd Magazine. s'arracha vite cependant aux délices de l'hospitalité qu'on lui offrait et fit voile pour l'Amérique du Sud. Arrivé en vue de la Terre de Feu, il fut sérieusement

inquiété par les indigènes, dont les canots cherchèrent à aborder son petit navire. Il ne put échapper au danger qu'en leur faisant croire qu'il avait deux compagnons prêts à faire feu sur eux: deux chapeaux fichés sur des bâtons, quelques habiles manœuvres en trompe-l'œil. corroborèrent son dire, et les indigènes intimidés s'éloignèrent. Le capitaine, grâce à sa présence d'esprit, réussit à éviter bien des ennuis, peut-être même à échapper à quelque tragique aventure.

LE « SPRAY D DANS LE PORT,

D'après

le Wide World Magazine.

C'est ainsi que s'effectua le passage du détroit de Magellan. Mais, arrivé en plein Pacifique, d'autres dangers le mirent à deux doigts de sa perte une horrible tempête s'éleva, et la frêle embarcation ne s'en tira que par miracle. Vingt fois, il se crut sur le point d'être envoyé au fond des abîmes. Mais il en fut quitte pour la peur. Il fit escale aux îles Samoa, où il étudia les mœurs et les caractères des naturels, avec lesquels il eut toujours les meilleurs rapports. L'escale suivante fut Newcastle, dans la Nouvelle-Galles du Sud, où le


.~M~et son hardi capitaine furent reçus par la foule

enthousiaste et littéralement couverts de (leurs. Chacun des ports australiens qu'il toucha lui ménageait, du reste, une pareille fête, qui se renouvela au Cap de Bonne Espérance, où Slocum aborda le jour de Noël 1897, par la plus horrible tempête qu'on puisse voir et par une mer démontée. Le capitaine fit un assez long séjour au Cap, où il donna un certain nombre de « lectures » publiques eut l'honneur de recevoir la sur son voyage. Le visite de l'amiral anglais Sir Harry H. Rawson. Celuici ne revenait pas de son étonnement à la vue de ces quelques planches qui avaient bravé des tempêtes où s'étaient engloutis des navires de haut bord. Slocum lui rendit sa visite, ainsi qu'à toutes les notabilités du Cap qui étaient venues le voir; il fut même reçu par le président de la République du Transvaal. Entre temps, la guerre hispano-américaine avait éclaté. Mais le danger d'être capturé par des vaisseaux espagnols n'arrêta point le brave Américain,qui parcourut sa dernière étape à travers l'Atlantique, via SainteHélène, avec autant de bonheur que les précédentes, de pour aborder enfin la côte américaine à son point départ, acconplissant ainsi une des plus étonnantes et des plus aventureuses prouesses qu'aient jamais enregistrées les annales de la navigation.

Les Pionniers des Andes récente ascension du Sorata, accomplie par Sir W. M. Conway, a rappelé le souvenir des premiers pionniers de la chaine des Andes. Chose curieuse et dont on a peine aujourd'hui à se rendre compte, ils sont antérieurs à ceux des Alpes, et les sommets des Cordillères ont été escaladés avant le mont Blanc. L'honneur n'en revient pas aux conquérants espagnols. Au Mexique, les soldats de Cortez grimpèrent au sommet du Popocatepetl; mais ils ne trouvèrent pas d'imitateurs au Pérou, parmi les compagnons de Pizarre, et l'honneur d'avoir fait la première exploration scientifique de la chaine appartient aux académiciens français Godin, Bouguer et La Condamine, qui s'y rendirent en ducom17~, accompagnés de l'architecte Morainville, mandeur don Jorge Juan, du docteur Joseph de Jussieu, et de don Antonio de Ulloa, afin d'y faire « les observations nécessaires pour mesurer la longueur d'un arc de méridien ». C'est dans la relation de don Antonio de Ulloa de détails sur les ascensions que nous trouvons le plus proprement dites, sur le côté « clubiste » de l'expédition comme on s'exprimerait aujourd'hui. Le principal sommet atteint fut le Pichincha, qui Blanc. L'expédition a à peu près la hauteur du mont L'asceny souffrit beaucoup du mal des montagnes. « sion, écrit don Antonio de Ulloa, de l'endroit où pouvaient arriver les mules jusqu'au sommet, fut très rocailleuse, et, pour l'accomplir, il nous fallut quatre heures d'efforts et de souffrances continuels, à cause des mou-

TA

vements violents du corps et de la légèreté de l'air, qui rendait la respiration difficile. J'eus le malheur, étant arrivé à mi-distance, d'être si accablé que je tombai par terre, et que je demeurai longtemps sans sentiment et sans mouvement, et, me dit-on, avec toutes les apparences de la mort sur ma figure. » Ce voyage dans les Andes fit une grande sensation en Europe. Il éveilla un vif intérêt pour les ascension de montagnes il provoqua les entreprises de de Luc et de Saussure dans les Alpes, de Darcet, Reboul et Vidal dans les Pyrénées, d'Orazio Delfico dans les Apennins et l'expédition envoyée pour mesurer la hauteur du pic de Ténériffe. Mais il n'eut pas de résultat direct sur l'exploration des Andes, et soixante ans se passèrent avant qu'elle fût reprise. Elle le fut par l'illustre Alexandre de Humboldt, qui consacra, en < 802, cinq mois à l'exploration des massifs neigeux dominant Quito. 11 dit avoir atteint sur le Chimborazo l'altitude de 5 882 mètres. Mais comme d'autres calculs de Humboldt se sont trouvés faux, ce chiffre n'est pas absolument certain. Quoi qu'il en soit, il rencontra dans cette ascension beaucoup de difficultés « En maint endroit, a-t-il dit, l'arête n'avait pas plus de 8 à !0 pouces de largeur. A notre gauche était un précipice couvert de neige, dont la surface congelée brillait comme du verre à notre gauche un abîme effroyable de 2~0 à 300 pieds de profondeur. La roche devint plus friable, et l'ascension de plus en plus difficile et dangereuse. Les uns après les autres, nous commençâmes à nous sentir indisposés et à éprouver un sentiment de nausée, accompagné d'étourdissement, beaucoup plus pénible que la difficulté de respirer. Le sang sortait de nos lèvres et de nos gencives, et injectait nos yeux. Le temps devenait plus menaçant, nous nous hàtâmes de redescendre. » Vingt-neuf ans plus tard, en 1831, un Français, joseph-DieudonnéBoussingault, reprit l'assautdu Chimborazo, accompagné du colonel américain Hall, et d'un nègre. Il fit deux tentatives, et il estima avoir atteint une altitude de 5 092 mètres il est fort possible que, sans le mauvais temps qui l'obligea à rebrousser chemin, il eût atteint le sommet, dont l'altitude a été fixée par M. Whymper à 6 266 mètres. Quelques années plus tard, un Irlandais, M. J. B. Pentland, consul général britannique en Bolivie, explora les Andes boliviennes, et fit une ascension partielle de l'lllimani. Il prétendit avoir atteint 800 mètres d'altitude, ce qui est plus que douteux, puisqu'il a évalué l'altitude totale de la montagne à 7 306 mètres, évaluation manifestement exagérée. La preuve directe devait en être faite par notre compatriote, M. Charles Wiener, qui parvint, le 29 mars 1877, au sommet même de l'lllimani, en mesura l'altitude, au baromètre anéroïde, à 6 134 mètres. Après M. Wiener, M. Whymper consacra en 1879-1880 une campagne de plusieurs mois aux Andes de Bolivie, et fit l'ascension du Chimborazo, du Cotopaxi, de l'Antenara, du Sara-Urced et du

Cayambé. En )8S2, M. Paul Güssfeldt, explorant les Andes du Chili, arriva à 300 mètres du sommet de l'Aconcagua. C'est à M. Fitzgerald qu'il était réservé de vaincre définitivement cette montagne, en i8ay.


Les

Chemins de fer et les Pèlerinages hindous

T ESchemins de fer qui sillonnent la vallée du Gange européaniseronttôt ou tard les peuples de l'Inde. En attendant, les locomotives contribuent à la propagation de la religion hindoue, en faisant rouler sur la ligne de Hundwar, la Mecque du brahmanisme, d'interminables convois de wagons bondés de pèlerins. C'est ainsi que le 15 mars, d'après le récit d'un témoin oculaire, la station d'Allahabad était assiégée d'une telle foule de pèlerins qui prenaient leur billet pour Hundwar, que les employés ont dû téléphoner à neuf postes de police d'envoyer des escouades pour maintenir le service d'ordre. Les trains de pèlerins se composent d'au moins 40 wagons de 3° classe. Au besoin, des wagons de bagages ou de bestiaux servent de supplément. Réglementairement chaque compartiment ne doit contenir mais devant une aussi formidable que t2 voyageurs invasion, les lois fléchissent et de véritables grappes humaines débordent des wagons. Les partants, dès que le train s'ébranle, s'écrient,

du premier au dernier wagon « Ganga A~M-A't-~t! »? (Le Gange sacré soit loué !) « Bientôt nous allons voir notre Père », continuent-ils en désignant ainsi le grand fleuve. Puis ils entonnent des hymmes pieuses en des langues diverses car Allahabad est le rendez-vous des pèlerins accourus de quelques centaines de lieues à la ronde. Il y a aussi des querelles, des coups échangés, des injures. La fureur des contestants est encore augmentée par les liqueurs fortes qu'ils avalent à même leurs bouteilles. Mais tout à coup, chants, injures, cris, tout cesse un profond silence règne dans les wagons on a atteint la station de Cawnpore, on entre sur la terre du « Père Gange. Enfin on arrive à Hundwar. Les pèlerins qui ont des chaussures les ôtent pour sauter sur le quai car, ce sol, où les ingénieurs ont tracé leurs voies ferrées, n'en reste pas moins sacré. Alors, c'est un tumulte d'appels, de demandes, de réponses confuses les brahmines se pressent aux abords de la gare, attendant les pèlerins, auxquels ils demandent quel est leur nom, leur famille, la caste à laquelle ils appartiennent, et, suivant la réponse, leur tournent dédaigneusement le dos ou s'emparent d'eux, et ne les quittent qu'après leur avoir soutiré leur dernière roupie. Ils emmènent d'abord leurs protégés dans une hutte près du Gange, et reçoivent de leurs mains les vases d'argile contenant les cendres des parents ou amis défunts des pèlerins. Us portent d'abord ces vases au temple, avec des gestes solennels, puis reviennent chercher les pèlerins, qu'ils conduisentaussi au temple. Ensuite, les vases sont vidés dans le fleuve, au milieu de chants, de prières, de cérémonies et tandis que les prêtres sont comblés de présents. Les cendres et ossements jetés dans le Gange, on s'en retourne à la hutte,

où a lieu .un festin solennel. Puis les pèlerins, toujours conduits par les prêtres, vontse baigner dans le fleuve. On les voit par milliers, debout, assis ou couchés dans l'eau. Les riches dressent de petites tentes au bord du fleuve. Dans la foule des oaigneurs vont et viennent des centaines de prêtres, les mains toujours tendues, toujours remplies, insatiables. Quand ils ont dépouillé leurs pèlerins jusqu'à la chemise, ils leur donnent l'ordre, de la part de telle ou telle divinité, de retourner

dans leur pays. Outre les brahmines, des centaines de mendiants et de singes s'agitent dans la foule. On sait que les singes sont sacrés aux Indes; à Hundwar même, on leur a élevé un temple où des milliers de ces animaux sont nourris de riz bouilli par des prêtres qui consacrent leur vie à servir ces divinités grimaçantes et gesticulantes. C'est une chose à voir que les repas des singes, à n heures età 4 heures, chaque jour; quelques coups de tam-tam font accourir toute la bande autour des petits plats de riz tout fumants, devant lesquels ils se dressent, s'assoient, se tordent, se roulent, se querellent, en absorbant d'énormes poignées de nourriture, qui font l'envie des mendiants affamés.

E. Rodocanachi. Bota~ar/e e< /Mt/M/OH;<HHM(~c~-)8[6) Paris, Alcan, 1899. DANS les vastes projets formés par Napoléon pour atteindre l'Angleterre, lorsque les coalitions n'absorbaient pas toute son activité, les iles Ioniennes ont tenu une grande place. Tantôt il voulut en faire une base d'opérations pour attaquer l'empire ottoman, tantôt il s'est proposé de s'y établir fortement pour dominer la Méditerranée et accomplir ses rêves de conquête de l'Asie antérieure et de la route des Indes. Aussi bien, en ~9', après son entrée à Venise, Bonaparte mit-il la main sur l'archipel Ionien, qui appartenait à la sérénissimeRépublique.Cette première occupation française dura vingt mois, jusqu'à la prise de Corfou par une armée russo-turque, le 3 mars )~. Indépendantes ensuite pendant quelques années, les îles furent de nouveau rétrocédées à la France par le traité de Tilsit. Bientôt après, les Anglais vinrent attaquer les Français dans les nouvelles possessions et peu à peu s'emparèrent de toutes les îles, à l'exception de Corfou. Quoique étroitement bloquée pendant plusieurs années, cette place importante était de force à repousser les attaques, et seulement après le traité de Paris, son énergique défenseur, le général Donzelot, consentit à quitter le poste qui lui avait été confié. Ce sont ces épisodes de l'épopée napoléonienne dont M. Rodocanachi nous présente, avec son talent habituel, le très intéressant récit. Les deux sièges de Corfou doivent être rangés au nombre des faits d'armes les plus glorieux, et on ne saurait trop louer l'auteur d'avoir eu l'excellente idée de mettre en lumière l'histoire de la première défense de cette place, qui était demeurée inconnue. Du 20 novembre 708 au 3 mars 1799. 800 Français soutinrent la lutte contre toute une armée russo-turque. Les ouvrages étaient en mauvais état et insuffisamment armés, les indigènes hostiles n'importe, l'énergique général Chabot ne rendit la ville qu'à la dernière extrémité, après huit grandes sorties et nombre de combats acharnés. A tous les touristes qui visitent Corfou, nous signalons le livre de M. Rodocanachi. Après l'avoir lu, le magnifique décor de l'ile et de la côte d'Albanie leur apparaîtra animé par les souvenirs de l'histoire nationale, et ils auront pénétré dans le secret des moeurs corfiotes à la fin du xvni" siècle, qui depuis n'ont guère changé. C. R.


THE

c~oe/u/wc~ J~f/HV~. Londres.

Les Cagnons subocéaniques au large de l'Europe occidentale Dans une des dernières séances de la Royal Geographical Society, à Londres, le professeur Edward Hull a lu un travail sur les sondages faits dans l'Océan Atlantique, au large de la France, de l'Espagne et du Portugal, et il a présenté une très ingénieuse théorie sur la structure géologique des terrains immergés. Le large plateau assez régulier qui borde, sous l'Océan, toute l'Europe occidentale, y compris l'Angleterre, est, d'après M. Hull, coupé de sillons qui ne seraient que la continuation des vallées terrestres, et qui correspondraient exactement à l'embouchure des fleuves européens: il distingue ainsi le cagnon subocéanique de la Loire, celui de l'Adour, celui du Tage, etc. Ces ravins immergés auraient des versants abrupts qui révéleraient un travaild'érosion que la continuation du courant du fleuve la mer jusqu'à une certaine distance des côtes ne suffit pas à expliquer. L'auteur en conclut que ce plateau sousmarin était primitivementassez élevé pour émerger de l'Atlantique, et les sillons respectés par les eaux qui les ont recouverts ultérieurement ne seraient autres, à son avis, que la partie inférieure des. grandes vallées de la Loire, du Tage, etc., formées par ces fleuves. A cette époque géologique, le grand escarpement qui sépare le plateau sous-marin des plus grandes profondeurs de l'Atlantique aurait été la côte primitive du continent, que les vagues de l'Atlantique auraient battue et rongée pendant des milliers d'années, avant de l'ensevelir complètement. M. Hull prévoit les objections qu'on lui fera certains de ces cagnons immergés n'ont pas la continuité de lits de rivières ils sont interrompus, irréguliers quelques-uns même n'existent plus. Mais cela s'explique par l'apport de sédiments fluviaux, de sables, de matières organiques, qui les ont comblés en tout ou en partie. A une date géologique que is savant place à la fin de la période tertiaire, ou même à l'époque posttertiaire, le plateau que nous nommons subatlantique subit une dépression de plusieurs milliers de pieds, ce qui permit à l'Océan de le submerger entièrement, mais en respectant le relief de ces terrains tel que l'avaient dessiné les eaux fluviales. La lecture de ce travail a soulevé de nombreusesobjections dans la docte assemblée. Dans une discussion très nourrie, dont il nous est impossible de donner l'analyse, une dizaine de collègues de M. Hull ont pris la parole. La plupart ont rappelé qu'on ne saurait apporter trop de prudence dans les hypothèses fondées sur des observations encore trop peu sûres et trop peu nombreuses. Avant de discuter sur l'origine des cagnons il faut savoir s'ils existent. Or ce n'est pas toujours le cas celui du Tage semble une pure supposition. Les inégalités de terrain constatées ici et là suffisent-elles pour constituer tout un système de ravins fluviaux? Il semble que non, à moins d'appeler l'imagination à son secours. Là où l'existence des ravins est bien et dûment constatée, rien n'empêche d'en attribuer l'origine à l'action actuelle des courants fluviaux, qui se prolongent encore au fond de la mer jusqu'à une certaine distance des côtes, ou à des dépôts parallèles de sédiments que ces mêmes fleuves aligneraient dans la mer. A ces critiques M. Hull répond avec quelque vivacité qu'on l'a chicané à coups d'épingle, en ne relevant de petites observations de détail, au lieu de s'attacher que à l'ensemble de la question; il se refuse d'ailleurs à croire que les dépôts sous-marinsde sédimentsfluviaux puissent formerdes

dans

cagnons.

Il semble ressortir de cette discussion que M. Hull est peut-être un grand savant, mais à coup sûr un grand imagi-

natif, dont les hautes inductions dédaignent un peu trop les a petites observations de détail D. DEUTSCHE RUNDSCHAU FUR GEOGRAPHIE CWD STATISTIK Vienne, avril iPao

La Ville de Vodina. L'auteur de cet article, un Autrichien habitant Salonique, fait une description enthousiaste des environs de la petite ville de Vodina, l'ancienne capitale du royaume de Macédoine, où Philippe, le père d'Alexandre le Grand, fut assassiné. Malgré le peu de ruines intéressantes que cette ville de [2 5oo âmes a conservées, on sait qu'elle a occupé une grande place dans l'histoire, non seulement en sa qualité d'ancienne capitale politique, dans laquelle Pella lui succéda à une époque indéterminée, mais surtout comme ville sainte de la Macédoine, où tous les rois, jusqu'à Alexandre, furent ensevelis. Une tradition religieuse annonçait même que le sort de la monarchie macédonienne était attaché à celui de ces sépultures, et qu'elle disparaitrait si la royale nécropole avait une seule place vide. Ce qui arriva, en effet, puisque le conquérant de l'empire perse, étant enseveli à Babylone vit descendre avec lui dans le tombeau le petit royaume de ses pères, épuisé par le prodigieux effort, noyé dans les immenses conquêtes du dernier de ses rois. La ville s'appelait alors ~Egaa au moyen âge, elle prit celui d'Edessa, et fut à peine moins importante, grâce à sa position stratégique de premier ordre c'est en effet, la clef de la Macédoine, puisque c'est le seul passage qui conduise du haut plateau d'Héraclée à la plaine basse de Macédoine. La preuve laplus magnifique de l'importance qu'attachaient les Romains à cette position, est la seule ruine intéressante de la ville la via Egnatia, large et belle route encore partiellement conservée, qui passe dans le voisinage, et qui reliait jadis Thessalonique à Dyrrhachium. Mais ce qui fait aujourd'hui le charme de cette ville, presque inconnue des voyageurs, c'est la splendide végétation qui revêt toute la contrée d'un opulent manteau de fleurs et de verdure; c'est la vue magnifique dont on jouit des hauteurs sur lesquellesla ville est construite, sur le golfe de Salonique et Saloniqueelle-même, à près de 100 kilomètres de distance; c'est enfin l'abondancede sources, qui jaillissent de toutes parts et forment partout ruisseaux, rivières, cascades, avant de se réunir dans un affluent du Vardar. Vodina, le nom actuel de la ville, vient du mot serbe voda, qui signifie précisément eau. Le voyageur français Delacoulonche, en i85g, et plus tard, Cousinéry, Leake, etc., etc., sont d'accord pour déclarer le site de cette ville et la vue dont on jouit de son palais archiépiscopal comme égaux sinon supérieurs, à ceux de n'importe quelle ville de la Grèce. C'est l'idéal, c'est le paradis! s'écrie le voyageur allemand Hahu. Nous passons sur d'autres témoignages aussi enthousiastes. La population de cette heureuse contrée est composée en grande partie de Bulgares. Les Grecs et les Valaques viennentensuite, en nombre à peu près égal. L'élément turc y est le plus faiblement représenté. Le plateau de Vodina est à 3u5 mètres au-dessus du niveau de la mer. La ville est reliée à Saloniqueet à Monastir par une voie ferrée. La vallée qui domine le plateau, ainsi que les montagnes voisines, offrent au botaniste et au géologue les découvertes les plus intéressantes. Les parois de rochers des environs sont creusées d'un grand nombre de grottes pleines de belles stalactites, et dans lesquelles coule la Nicia, l'affluent du Vardar, curieuse rivière dont le cours est en partie souterrain. Je ne parle pas des innombrables jardins qui envi~ ronnent la ville, où prospèrent légumes, raisins, riz, melons, et cent autres variétés de fruits, qui y atteignent desdimensions énormes. C'est ici, semble-t-il, que dut être cueillie la grappe de Chanaan.


Le Jeu de la Pelote Basque a

L'un des derniers romans de Pierre Loti, Ramuntcho, ~M~M~en France le jeu d'adresse cher aux 'Basques, ~M'M nomme /J~/0/g. Voici d'intéressants détails sur la façon ~OM<M/Ot<~MW~f<M~~O/<M~/M5~M!-P)' Q UEL que soit le village que l'on traverse en parcourant le pays basque, on peut être assuré d'y voir

sur les murs les plus larges et les plus élevés une inscription en gros caractères « Défense de jouer à la pelote contre cette maison. ? Défense inutile la plupart du temps; le jeu

de balle, ou, comme on dit làbas, le jeu de

pelote étant

la

distraction favorite du Basque les joueurs expérimentés, les jeunes gens et les hommes faits respectent à peu près le

mur d'autrui;

mais allez donc empêcher les ga-

c'est le but contre lequel viendront rebondir les pelotes; quelquefois un mur semblable se dresse à l'autre extrémité il est nécessaire dans certaines formes plus compliquées du jeu. Sur les longs côtés du rectangle

s'étagent des ran-

gées de gradins pour les specta-

teurs.

Voici qu'un

léger

murmure court dans la foule

les pelo-

taris viennent de faire leur entrée; ils ont mis bas

leur veste, mais ils

n'ont eu garde

de dépouiller le

bérettraditionne!, le

tout petit béret

du pays basque, si justement défini par un auteur du

mins qui sortent de l'école de tirer xvii" siècle: «un de leur poche une bonnet qui ne balle d'un sou et garantit ni du de s'exercer contre soleil, ni de la (BASSES-PYRÉKKËS). LE JEU DE t'ËLOTt: URRUGNE A ces belles surfaces pluie». Silencieux D'a/'r~ H~c /)/ï0~o~'rfï~~ïc de égales, blanchies K /Mff'L et graves comme tous les ans au lait des gens qui ont chaux! Et c'est de pourquoi il est ordinaire de voir la conscience de se livrer à une occupation importante,ils marmaille, aux heures où elle s'éparpille dans les rues, prennent leurs positions à pas lents, cinq Basques de prendre pour cible, sous l'œil complaisantdes passants, France contre cinq Basques d'Espagne, tous de type l'écriteau comminatoire. Alors gare aux vitres voisines, semblable, bien vraiment frères par les traits et l'allure, si le propriétaire n'a pas eu la précaution de les procomme ils le sont par l'origine, les mœurs et la langue; téger par un bon grillage on ne se douterait guère qu'ils appartiennent à des naC'est généralementle dimanche, après la messe, tionalités différentes, si deux petits drapeaux minuscules, l'un français, l'autre espagnol, n'étaient fichés en terre que se réunissent les pelotaris sérieux, ceux dont Pierre Loti a donné le portrait dans ~MMM/~o. Il n'est pas sur le passo, autrement dit sur la raie qui sépare les de village, si humble soit-il, qui ne mette à leur dispodeux camps. Chacun des joueurs tient à la main droite sition un emplacement spécial; qu'on se figure une une sorte de long panier d'osier en forme de gouttière. aire bien battue, en forme de rectangle, terminée à l'uri légèrement recourbé du bout c'est la cbistera; la balle de ses bouts par un grand mur arrondi au sommet;. posée dans cet accessoire, puis tancée toute volée


acquiert grâce à lui une force de propulsion extraor-

on l'a appelé avec raison « le canon rayé de la pelote ». Les juges ont soigneusement vérifié le poids des balles; elles ne doivent peser ni plus ni moins de quatre onces ( ) 37 grammes) quand elles ont été lancées par une main vigoureuse il ne fait pas bon d'en recevoir le choc on en voit parfois qui s'égarent sur les gradins des spectateurs; alors toutes les têtes se baissent pour éviter le coup; les corps s'inclinent à la file, jetés brusquement les uns sur les autres comme les épis mû rs sous la bourrasque; les mains se tendent au-devant du projectile qui siffle, et les femmes, dinaire

moitié rieuses, moitié craintives, poussent des cris perçants. L'année dernière est mort un joueur célèbre surnommé Irun; il avait reçu un coup de balle au bras droit il

négligea la contusion qui

s'ensuivit et, la gangrène s'étant mise au membre blessé, il fallut le lui amputer à quatre reprises différentes, toujours

tateur profane Les initiés eux-mêmes auraient quelque peine à suivre la partie sans l'aide du crieur debout à l'angle du mur, celui-ci surveille les coups d'un œil attentif, compte les points de chaque camp, les inscrit à la craie et au fur et à mesure les annonce en langue basque. Sa voix. lente et métallique fait vibrer les syllabes étranges de l' « escualdunac au milieu du grand silence de l'enceinte. Cependant la sueur commence à ruisseler sur les visages des joueurs; les regards tendus vers le ciel, ils mesurent le point où la balle, ayant achevé sa parabole, va venir toucher le chistera qui l'attend, tout prêt à la renvoyer à l'autre bout. 11 peut arriver ~aussi que, par suite d'un coup plus violent ou plus heureux de l'adversaire, le joueur qui doit la recevoir soit en défaut dans ses calculs il n'a pas mesuré assez exactement la distance, mais il s'est aperçu à temps de son erreur;

d'un bond il franchit l'espace

la balle et l'homme font le

sans succès.

même trajet, l'une dans l'air, l'autre sur le sol: contre l'attente de tous, la main vigoureuse est là au point précis où son effort sera nécessaire et la balle repart de plus belle d'une furieuse volée. Alors les applausupporté par un trépied, et dissements éclatent de tous dont la surface est légèrement côtés et des voix familières à inclinée en avant vers le mur l'oreille du hardi champion lui du fond. Un des joueurs se envoient leurs félicitations. Il tient en permanence près du billot c'est le ~K~«f ou ~)OMa émerveillé même les filles ébouriffées qui circulent autour sa fonction est imporseur des gradins, débitant des boistante et délicate; seul il a les sons fraîches tournées vers deux mains nues de la gaul'arène, elles ont posé leurs che il a pris une balle à terre et cruches à terre, et leurs mains nA~Qt'RJOt'KtJftt)Ei'ELOTr. lui a fait faire un léger bond à Cliché Ladislas, qui essuyaient des verres resla surface du billot de la droite il l'a reçue prestement et l'a lancée contre le mur en tent en suspens, tandis que l'admiration se peint sur leurs frimousses sauvageonnes. visant un carré limité par des bandes de métal. C'est lui qui engage la partie et de la direction qu'il imprime Douze coups viennent de tinter au clocher voisin à la bâtie dépend dans une certaine mesure le succès de c'est l'Angélus. D'un commun mouvement tous les spectateurs se sont levés, le jeu s'interrompt en pleine son camp. Aussi choisit-on toujours pour cet emploi un homme rompu aux secrets de l'art. Peu à peu sa rude activité; les hommes ont ôté leurs bérets, les fronts main droite s'échauffe au choc des balles; gonflée de s'inclinent et chacun se signe avec dévotion, pendant champs sang elle prend des proportions énormes au bout du que les trompettes municipales sonnent aux bras nerveux sur lequel se retrousse la manche de la c'est sous le grand soleil qui inonde la place un specchemise. Un des adversaires du buteur, le repousseur, tacle vraiment solennel que cette assemblée de braves cardinal posté au pied du mur, reçoit la balle et cherche à lui gens, recueillis dans l'attitude de la prière. Le faire franchir la ligne du passo; ce n'est pas toujours Lavigerie, qui était, comme on sait, de Bayonne, facile; car en cet endroit même se tient un joueur qui assistait volontiers aux parties de pelote de Cambo il doit, s'il le peut, l'arrêter au vol; parfois le son mat déclarait qu'il n'avait jamais pu voir ce pieux interd'un coup frappant sur le chistera de cette vigilante mède.sans en être profondément touché. Point n'est sentinelle avertit que sa manœuvre a réussi et la batte besoin d'être cardinal pour éprouver la même impresbrusquement refilée au milieu de sa course vient rouler sion et peut-être sera-t-elle d'autant plus forte chez un étranger, que l'accoutumance ne l'aura pas émoussée sur le sol. simples. Ce ne sont là que les éléments, les principes on se met aisément à l'unisson de ces cœurs A la partie de rebot succède une partie de blaid essentielsdu jeu. Mais que de savantes combinaisons, celle-ci, d'un art moins savant, se joue sans billot les que de péripéties dramatiques, que de feintes, que de joueurs de tout à l'heure étaient des hommes dans ripostes, dont le mystère est impénétrable pour le spec-

La partie engagée cette fois sous nos yeux est une partie de rebot. A peu près au tiers de la longueur de l'arène, sur l'axe du milieu, on a placé une sorte de billot en bois

Sa~MH-


PAB17E DF

H

REBOT n

SAIXT-JEAN'DE~LUZ.

D'a~t'MHHe~'yiOfo~t'a~MedeAf.FaMfct.

la force de l'âge. Ceux qui les remplacent n'ont guère qu'une vingtaine d'années; quelques-uns sont même plus jeunes. L'un d'eux, svelte, élancé, sans un poil de barbe, répond au nom de Michel; il me représente assez bien Ramuntcho; et même je ne tarde pas à apercevoir sur les gradins une certaine petite Urchona (Ursule), qui pourrait sans trop de désavantage passer pour la sœur de Gracieuse. Il est visible qu'Urchona s'intéresse fort au jeu de Michel. Ce sont entre eux des sourires, des signes d'intelligence et des exclamations chaque fois que le jeune homme peut se rapprocher sans nuire à ses partenaires. Ni l'un ni l'autre, du reste, n'ont rien de la mélancolie que l'âme rêveuse de Loti prête à ses personnages. Urchona, l'œil animé, la joue vermeille et veloutée, coquette avec une bande de jeunes gens assis en cercle autour d'elle et sa bouche mignonne leur donne la réplique dans un langage d'une verdeur toute paysanne. Quant à Michel, on ne peut

imaginer un garçon plus démonstratif; il se passionne pour le jeu avec une intempérance de gestes très amusante à chaque coup heureux ou malheureux il agite les bras, tourne sur lui-même, trépigne ou envoie des œillades dans le coin d'Urchona. Est-ce l'entraînement sincère d'un débutant, qui prend encore trop à cœur les succès et les revers, ou bien cherche-t-il à se rendre intéressant? Il me semble qu'il y a un peu d'exagération voulue dans son manège; on ne se sent pas suivi par de si jolis yeux sans être tenté de prendre des

çais Lemoine, Larralde, Ciqui, Arroué

les Espagnols

Embil, Billoqui, Eloségui, Amoroto, Marnac, Ayestaran. Les parties qui se jouent le dimanche dans nos villages sont en général désintéressées ou ne donnent lieu qu'à des paris modestes. Mais il paraît que la spéculation, à l'étranger surtout, s'en mêle quelquefois; les Basques émigrés « aux Amériqucs », dans la République Argentine et au Brésil, y ont porté leur passion pour la pelote on a fondé dés sociétés qui prennent à leurs gages les meilleurs joueurs et organisent des paris en grand. Même chez nous il y a des pelotaris de profession, qui vont de place en place, sous les ordres d'un impresario et.donnent de véritables représentations avec entrées payantes; les tournées qu'ils font sur le versant français pendant la saison des bains de mer ne laissent pas d'être fructueuses; on peut les voir alors circuler entre Cambo, Sare, Saint-Pée, Ascain, Guétary, Urrugne et Saint-Jean-de-Luz; quand, les muscles tendus, l'ceit au guet, ils se lancent et se relancent la balle avec tant d'ardeur, il ne faut pas oublier que, pour eux, « faire sa pelote est une métaphore pleine d'à-propos. Les Basques n'en ont pas moins raison de rester attachés à leur beau jeu national. Ils lui doivent pour une bonne part leur agilité, leur souplesse, leur endurance c'est en courant au-devant de la balle depuis leur plus jeune âge qu'ils apprennent « à trotter comme Victor FAUVEL. des Basques ».

attitudes.

Pauvre Michel Il a le soleil en face il s'impatiente. Les choses ne vont pas. Voilà maintenant qu'il a perdu la partie; furieux et s'épongeant le front, il jette son béret à terre, pendant que ses amis lui prodiguent leurs consolations. Le public s'écoule comme à regret, commentant les résultats dans un groupe d'amateurs passe, fort entouré, M. Bonnat, propriétaire à Saint-Jean-de-Luz.Dans quelques instants tout ce monde sera assis à l'intérieur des maisons blanches, autour des tables de famille et par les fenêtres entre-bâillées sortira' la bonne odeur des victuailles de gala. Les Basques des deux côtés des Pyrénées citent avec orgueil leurs pelotaris fameux parmi les morts Perkain, Gascoïna, Irun parmi les vivants les Fran-

La Mission Marchand BIEN que nous'ayons à maintes reprises parlé ici même de la mission Marchand pour raconter les péripéties de sa course à travers le continent noir, nous ne voulons pas laisser nos vaillants compatriotesmettre le pied sur le sol français, sans rappeler sommairement ce que fut leur admirable expédition.


C'est le 25 juin 1896 que la mission partait de Marseille pour gagner le Congo, où elle arrivait le 23 juillet. En faisaient partie Le capitaine Marchand, de l'infanterie de marine; Le capitaine Germain, de l'artillerie de marine Le capitaine Baratier, des spahis soudanais; Le capitaine Simon, du 112" d'infanterie;

Les lieutenants Mangin, Largeau et Gouly, de

l'infanterie de marine; Le

lieutenant de vaisseau Morin;

L'enseigne de vaisseau Dyé; Le docteur Emily, médecin de

classe de la

marine M. Landeroin, interprète militaire. Le capitaine Marchand avait, en outre, 12 excel-

lents sous-ofnr.iers d'infanterie de marine, dont l'adjudant de Prat, les sergents Bernard. Dat et Venoille, et une compagnie de tirailleurs sénégalais, robustes Yolofs et Bambaras recrutés à Dakar. En cours de route, à Fachoda, la mission a été rejointe parle lieutenantd'infanterie de marine Fouque, qui lui amena des renforts. Le commandant Marchand est né dans l'Ain, à Thoissey, près de Trévoux, en t86~. Sa famille avait rêvé pour lui une existence des plus sédentaires et il débuta, dans la vie, par être clerc de notaire. Mais il n'avait guère de goût pour ce métier tranquille et à vingt ans il s'engageait à Toulon au 4° régiment d'infanterie de marine. Soldat exemplaire, élève distingué de l'école de Saint-Maixent, il devenait sous-lieutenanten 1888 et ne tardait pas à partir pour le Sénégal. C'est en Afrique qu'il a passé presque toute sa carrière. De beaux faits d'armes accomplis avec les diverses colonnes opérant au Soudan lui valurent un rapide avancement et l'estime des chefs habiles dont l'énergie et l'audace donnèrent à la France la souveraineté sur les territoires de la Boucle du Niger. Il était ainsi tout désigné pour prendre la direction de la mission Congo-Nil, lorsque celle-ci fut décidée. En débarquant au Congo, Marchand se heurta aux pires difficultés, le pays étant en pleine révolte. La lutte contre les rebelles, une maladie retardèrent son départ pour le centre de l'Afrique et ce n'est que le t" mars 1897 qu'il quittait Brazzaville. Son intention était de tourner les marécages du Bahr-el-Ghazal et de gagner Fachoda par la voie du Bahr-el-Arab, après avoir traversé le Kordofan méridional. Mais, sur les conseils de M. Liotard, gouverneur du Haut-Oubanghi, qui apporta un précieux concours à la mission, il abandonna ces projets, dans la crainte d'une attaque des derviches du Kordofan, et il se décida à prendre la voie, semée pourtant de difficultés, du Bahr-el-Ghazal. On resta longtemps sans nouvelles de la mission, ce qui donna naissance à des bruits alarmants, vite propagés par les journaux étrangers. Ce fut après la septembre 1808, victoire remportée par les Anglais, sur les derviches, à Omdurman, qu'on apprit que des Européens occupaient Fachoda, sur le Nil Blanc, et que ces Européens devaient, à n'en pas douter, être les membres de la mission Congo-Nil. Cette présomption recevait confirmation quelques jours après. En effet, après d'interminables semaines de pri-

le

vations, après des souffrances atroces subies dans les

marais du Bahr-el-Ghazal, préalablement explorés, avec un courage inouï, par le capitaine Baratier et l'interprète Landeroin, les Français étaient arrivés à Fachoda sur des pirogues construites dans des troncs d'arbres par les tirailleurs sénégalais. Et depuis le io juillet 1898 le drapeau français flottait sur la ville. Quelques jours aprèsl'occupation de ce point, le capitaine Marchand eut à subir une furieuse attaque des derviches, qu'il repoussa victorieusement, malgré le petit nombre de combattants dont il disposait. On se rappelle l'arrivée du sirdar Kitchener à Fachoda à la tête des forces anglo-égyptienneset l'entrevue qu'il eut, le 21 septembre, avec l'officier français. Après cette mémorable entrevue, les relations furent très tendues entre la France et l'Angleterre. Des bruits de guerre circulèrent même. La diplomatie voulut éviter le sanglant conflit qui se préparait et, les Anglais revendiquant la possession de toute la vallée du. Nil en vertu des droits anciens de l'Egypte, l'abandon de Fachoda fut décidé. Lorsque Marchand et ses braves compagnons quittèrent le poste conquis au prix de tant d'efforts, ils roulèrent à sa hampe le cher drapeau qu'ils avaient glorifié. Puis ils prirent le chemin de l'Abyssinie, sous les yeux des Anglais qui, émus eux-mêmes par tant de vaillance et d'infortune, leur rendirent les honneurs militaires. C'était le décembre 1898. La missions'embarqua sur la canonnière Faidberbe pour remonter le Nil jusqu'au Baro, dans lequel elle pénétra le 20 décembre. Le y janvier, elle abandonnait la voie fluviale et s'engageait dans les premiers contreforts du plateau abyssin. Le mars elle était à Addis-Ababa, d'où elle gagnait ensuite Harrar, pour arriver le 16 mai à Djibouti, où le croiseur le d'Assas la prenait pour la ramener à Toulon. Son séjour sur la terre d'Afrique aura été ainsi trois ans moins deux mois. de 34 mois On a, malheureusement, à déplorer la mort de

i

i

troisdes braves officiers qui accompagnaientMarchand le capitaine Simon, le lieutenant de vaisseau Morin et le lieutenant Gouly, de l'infanterie de marine. Le premier quitta la mission miné par la fièvre il alla demander au climat de l'Algérie le retour à la santé, mais ses forces étaient épuisées et il ne tarda pas à s'éteindre à Batna, dans les premiers mois de )8o8. Le lieutenant de vaisseau Morin fut frappé au mois de juin )8a8, victime du gigantesque effort qui dut être fait pour franchir le bassin inférieur du M'Bomou, afin de gagner les passes du Baguessé et les marécages du Bahr-el-Ghazal. Très bien secondé par l'enseigne de

vaisseau Dyé, il rendit d'excellents services à la mission dans le Haut-Oubanghi et dans la région du

M'Bomou, où il devait trouver la mort, terrassé par la fièvre.Le lieutenant Gouly est mort àBia, à l'extrémité

orientale des possessions de Tamboura, dans l'Equatoria. Il succomba à un accès de fièvre bilieuse hématurique, le t2 mars, à la suite d'une marche forcée qu'il avait dû faire pour s'assurer de la présence annoncée d'une colonne par les indigènes, et fausse d'ailleurs d'Européens dans les environs de Rumbeck.

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les ont prises pour des troupeaux de moutons au repos' 11 a donc très bien pu arriver qu'un jour un Kéa se soit

trompé comme l'homme et qu'il se soit abattu sur le dos d'un mouton, en confondant sa toison avec une

Les

Perroquets carnivores

bec relativement très puissant dont la nature a pourvu les perroquets, ceux-ci ont des mœurs plutôt duuces, comme le montre la facilité avec bquette on les apprivoise (pour la plus grande joie des concierges et des vieilles filles), ainsi que leur nourriture. oui se compose presque exclusivement de graines ou de fragments de plantes qu'il sucent avec délice. H en est même qui, comme les Loris, se contentent du nectar et du pollen des fleurs. Pourquoi faut-il qu'il y ait une ombre sur ce tableau patriarcal ? Pourquoi faut-il que, dans presque toutes les )~/) ALGRÉ le

touffe de mousse. En fouillant dans les poils pour chercher des insectes, il est arrivé sur la graisse dont le goût lui a plu. Le lendemain, il a recommencé son attaque, cette fois-ci sciemment, et ainsi, petit à petit, l'habitude lui en est venue. Puis il a fait part de ses impressions à ses amis et connaissances qui n'ont pas tardé à l'imiter. Et voilà pourquoi votre fille est

muette.

l'appui de cette hypothèse, on peut citer deux faits qui militent un peu en sa faveur. A

Le premier est que la

chair morte ou vivante ne répugne pas toujours autant qu'il y paraît à quelques perroquets. Quand on les nourrit avec de petits morceaux de viande, ils s'y habituent très vite et ne tar-

dent pas

avidité. Brehm raconte avoir eu des perroquets qui se précipitaient sur leurs compagnons, leur ouvraient le crâne, en enlevaient le cerveau. Le mangeaient-ils?

familles, il y ait un membre

indigne? Ce sont là mystères de la nature sur lesquels il serait trop long d'insister. Contentons-nous de remarquer qu'ils se rencontrent chez les perroquets, ainsi qu'on l'a appris récemment. Il s'agit du A~~or notabilis, dont le nom familier est Kéa, et oui vit dans la NouvelleZélande. Malgré sa dénomination générique, qui est celle d'un sage, ce Kéa se conduit comme le dernier des bandits, Quand il aperçoit un mouton paissant paisiblement, il se jette sur lui et s'accrochant à sa toison, se met en devoir de lui labourer les reins. Il lui enlève tous les poils de la région lombaire, entame la peau et bientôt arrive à la masse graisseuse qu'il dévore et engloutit avec rage. Le malheureux mouton fuitéperdu, mais comme le perroquetne lâchepasprise, il finit par tomber épuisé, la plupart du temps, pour ne plus se relever. En quelques années les Kéas sont devenus une plaie pour l'élevage des moutons en Nouvelle-Zélande ils pullulent autour des troupeaux et le gouvernement a été obligé de donner des primes pour faciliter leur destruction. Le curieux~de l'histoire,c'est qu'autrefois il n'en était pas ainsi. Les Kéas vivaient tranquillement dans les forêts, se nourrissant de plantes et d'insectes et ne songeant nullement à inquiéter les bestiaux. D'où peut donc leur être venu cet amour immodéré de la graisse de mouton, qui les pousse à attaquer un si gros animal? M. R. Godefroy, de Melbourne, a donné de ce

fait une explication au moins originale. J'ai dit plus haut que les perroquets se nourrissaient jadis d'insectes. Ceux-ci sont, paraît-il, très abondants dans une sorte de mousse blanche qui végète dans les montagnes de la Nouvelle-Zélande. Ces mousses ont été remarquées par tous les voyageurs qui, au premier abord,

à les recevoir avec

C'est ce que Brehm ne pourrait dire. Un perroquet, qu'on

laissait libre de sortir et de rentrer, se faisait une joie de surprendre de jeunes oiseaux à peine sortis de leur nid, de les tuer, de tes dépouiller très proprement, d'en dévorer une partie et de jeter ensuite au loin leurs cadavres. Le second fait que je citerai montre la facilité avec laquelle les oiseaux, en général, peuvent changer leurs habitudes. Il est d'ailleurs très singulier: le voici, narré par M. Magaud d'Aubusson, l'ornithologiste bien connu

pour

XIII « On connaît la passion qu'avait le roi Louis la fauconnerie. Comme il chassait souvent à l'oi-

seau dans la plaine de Saint-Denis, les moines de l'abbaye venaient !jouir du spectacle. Un jour le roi, les voyant ainsi en bande, dit au chevalier de Forget, alors commandant du vol « Forget, voilà une belle compagnie de corneilles, mais vous n'avez pas, à coup sûr, Votre Majesté d'oiseaux qui volent ce gibier. me pardonnera, répondit le capitaine, si je n'ai pas ici aujourd'hui les oiseaux propres à cette volerie mais lorsqu'Elle reviendra chasser dans cette plaine, j'aurai soin de les y faire trouver. » Huit à dix jours après, le roi chassait au même endroit. Forget apercevant de loin les moines, les fit remarquer au roi, et lui demanda s'il voulait qu'on attaquât ces corbeaux. Le roi, prenant cela pour une plaisanterie répondit « Oui, certainement. ? » Forget ordonna gravement de jeter les tiercelets, de les appuyer lorsqu'ils seraient montés à l'essor, et d'attaquer la troupe noire qu'ils voyaient. Les tiercelets de faucons qu'il avait -fait exercer sur des bottes de paille revêtues de robes noires, avec des têtes de carton peint, sur lesquelles on avait posé des mor-


ceaux de viande fraîche, fondirent avec entrain sur les têtes rasées des moines. Ceux-ci surpris d'une agression si insolite et effrayés par les coups d'ailes qu'ils

recevaient, se mirent à fuir à toutes jambes, se couvrant le crâne de leurs capuchons. Le roi ne put s'empêcher de rire. II réprimanda néanmoins Forget, lui recommandant de ne plus renouvelercette bouffon-

nerie. II envoya aux moines un beau présent de gibier, leur faisant dire qu'il avait fortement blâmé son chef de vol du tour de page qu'il s'était permis, par suite d'une plaisanterie qu'avait seule provoquée lacouleur noire de leurs robes. Mais les moines n'apprécièrent pas la petite vanité du chevalier de Forget voulant fournir la preuve du courage et de la docilité de ses faucons, qui accomplissaient tout ce qu'il exigeait d'eux. » Les Kéas, dont nous avons raconté l'histoire plus haut, sont donc devenus de véritables parasites des moutons. Plusieurs autres espèces d'oiseaux vivent dans la société des troupeaux, mais, loin de leur être nuisibles, ils leur rendent de véritables services. Le plus curieux de ces « commensaux est un oiseau au plumage sans éclat, muni d'un bec court et robuste, auquel, en raison de ses habitudes, on a donné le nom de Pique-bœuf. En Afrique, où ils vivent, on les rencontre toujours dans le voisinage des bœufs et des chameaux, parfois aussi des éléphants et des rhinocéros. On les voit grimper le long des pattes et du corps des mammifères, comme une pie sur un arbre, passant avec une grande vélocité du ventre au dos, puis au museau, puis au cou, etc. Le Pique-bœuf n'est jamais en repos, et, pendant ses pérégrinations, il fouille la toison et y dévore les mouches et la vermine qui y pullulent. D'un coup de bec, il ouvre certaines tumeurs de la peau et mange la larve qui en est cause. En agissant ainsi, il est bien évident que le Pique-bœuf ne songe qu'à se nourrir il n'en est pas moins vrai qu'il rend des services aux bœufs. Ceux-ci, d'ailleurs, savent apprécier ses services et le laissent vaquer à ses soins hygiéniques en toute sécurité. Ce qui prouve bien que le Pique bœuf n'est pas seulement toléré parce qu'il passe inaperçu, c'est que les bœufs qui ne le connaissent pas sont affolés quand il s'abat sur eux. Les Piquebœufs ont aussi une affection spéciale pour les rhinocéros, bien que ceux-ci ne leur procurent qu'une maigre pitance, leur peau étant trop dure à entamer pour les oiseaux. Ici, le bénéfice est en grande partie pour le mammifère que le Pique-bœuf prévient du danger. En Afrique, on rencontre aussi les Alectos ou

oiseaux des buffles, qui cherchent leur nourriture en se perchant sur les buffles et en mangeant la vermine dont ils sont infestés. Comme les Pique-bœufs pour les rhinocéros, les Alectos signalent l'approche du danger à leurs compagnons. Ces oiseaux, dont la vue est plus perçante que celle des buffles, s'envolent "nmédiatement ceux-ci lèvent la tête pour découvrir le motif qui a causé la fuite de leurs gardiens. et s'éloignent dans la direction qu'ils ont prise. Les Alectos continuent de les accompagner soit au vol, soit perchés sur eux. Livingstone en vit un jour une vingtaine sur le garrot d'une vache qui tenait la tête d'un troupeau'Iancé au galop. Les Alectos sont à peu près de la taille des Pique-bœufs, ils ont un bec gros, conique, renflé à la base et appartiennent à la famille des Plo-

céidés, célèbre déjà par l'habileté de ses tisseurs, mais ils ne sont pas eux-mêmes des artisans bien remarquables, et leurs nids, très volumineux, ressemblent plus à ceux de nos pies qu'aux élégantes constructions des autres espèces de la famille. Pendant mon séjour en Egypte, je rencontrais souvent, quand je chassais dans le Delta, les hérons gardes-bœufs (Pubulcus /&H) circulant parmi les troupeaux de buffles, et se posant sur leur dos pour y chercher les insectes qui les tourmentent. Les fellahs les protègent et aiment, au moment des labours, à les voir suivre leur chai rue primitive pour saisir la vermine et les larves qu'elle amène au jour. Seuls, aux environs des villes, quelques chasseurs européens, tentés par la blancheur de leur plumage, les tuent mais, près des villages, ils n'ont rien à craindre, et ils se livrent à leurs occupations avec la plus grande confiance. On dirait des oiseaux domestiques. Les indigènes passent à quelques pas d'eux sans les effrayer ils se perchent sur les terrasses des maisons et nichent en colonie sur un mimosa ou un sycomore à proximité des habitations. Les Arabes nomment ce joli héron Abou-ghanam, le père aux troupeaux, et ce nom est tiré de ses habitudes. Un buffle en a souvent to ou 15 sur le dos; ils y produisent un effet charmant et lui font comme une superbe parure. Dans le Soudan, ils se perchent aussi en grand nombre sur.les éléphants. (Magaud d'Aubusson.) Dans tous les pays on rencontre des oiseaux commensaux des grands mammifères. En Europe, ce sont les étourneaux et les martin-roses. En Amérique, ce sont diverses espèces d'ani et le malothre des troupeaux. Partout la vie appelle la vie. HENRI COUPIN.

Un petit Etat himalayen Le Bhoutan. T~ous trouvons, dans un article de M. Graham Sandberg Calcutta Review (213), quelques détails sur le Bhotan, ou Bhoutan, ce petit Etat himalayen qui',

abcomme le Népâl, est resté, jusqu'à cette époque, solument fermé aux Anglais et presque inconnu. Ces détails sont empruntés à un émissaire britannique qui a récemment parcouru le pays. Le nom de Bhotan, qui signifie littéralement (Bbot) ?, vient des~Gourkhas. Ses « la fin du Tibet habitants eux-mêmes appellent le pays Dn~ot~ ou les Tibétains le nomment Ayoul, ou D~Ma-yo:~ Z.to~oM! les Lepchas du Sikkim, 7~'OM. Le Bhotanest tout à fait organisé comme le Tibet. C'en est, peut-on dire, une miniature. Le souverain, appelé T3;MfM~ passe pour l'incarnation d'un lama, qui réforma, en i66o, la secte lamaitedes Bonnets capable, a rouges. Ce lama, qui fut un homme fort régénéré le bouddhisme bhotanais, en lui donnant une base philosophique. On a conservé de lui vingt-deux ouvrages. Le Dharmaraya porte aussi dans le Bhoutan l'épithète de Druk-Gyè-Po, c'est-à-dire le « roi du tonnerre », et son sceau porte comme inscription ces


~7~ <M~ )'M, «je suis le tonnerres; en dehors

mots

du Bhoutan, it a sous sa juridiction un monastère dans le Ladak, et les monastères des bords du Mansaraouar, et autour du Kaviâa (Kaïlas? On se rappelle la description que M. Savage Landor a donnée d'un de ces monastères). Le fondateur du lamaïsme, Ladmasambhava, est très populaire dans le Bhoutan. Le peuple est très superstitieux; il pratique le culte des démons et croit aux présages; il fait grand usage des moulins à prière, et fréquente les temples, mais il n'observe pas tous les commandements du bouddhisme, et mange notamment de la viande. A côté de ce chef religieux, se trouve, inférieur en rang, mais égal en pouvoir, le Deb Gyè-Po, ou Deb Raya, généralement un vieillard choisi par les chefs. Ses fonctions peuvent avqirde l'importance lorsqu'elles sont occupées par un homme de caractère. Mais d'ordinaire le Deb Gyè-Po tremble devant les chefs, dont il dépend. Ceux-ci, les Pa'M-Z.f&, sont, avec leurs belliqueux vassaux, les vrais maîtres du pays ils sont placés à la tête des neuf provinces, indépendantes les unes des autres. La capitale du pays, Tasisoudon (d'après M. Graham Sandberg on prononce TafMeM'M'~o~) est située à 2 ~8g mètres d'altitude, et n'est qu'une résidence d'été. Le souverain ecclésiastique habite dans le monastère, le taïque dans la citadelle. Le Bhoutan a été beaucoup diminué, en :86~, par l'annexion au Bengale de la partie de son territoire appelée les douars et qui est formée par les vallées inférieures. En échange de cette cession, le gouvernement britannique sert aux deux souverains une pension qui est aujourd'hui de 125 ooo francs.

La peine de mort en Tunisie. L'article que nous avons

Une pendaison au Bardo

consacré à valu les notes

fMCMMËM<

nous

a

eOM~'K~teM~~M ~MtfaM~M

La mise à mort par pendaison est relativement récente en Tunisie. Auparavant on décapitait les criminels. Ce genre de supplice était considéré par les musulmans comme moins honteux que la pendaison.

Aux condamnés de haute distinction, le Bey envoyait un émissaire qui leur « apportait le cordon» (y jiboukoum el banca). C'était un lacet de soie très fort, noué en nœud coulant. Autrefois la soumission des sujets du Bey, quels que fussent leur sang et leur qualité, était telle qu'ils passaient d'eux-mêmes la tète dans le nœud coulant. Cette strangulation, quoique tasse légale, se faisait sans témoin; elle rem plaçait de café ? empoisonné, qui était réservée aux familiers du souverain, dontcelui-civoulait se débarrasser sans bruit. Un journal de Tunis, L'Afrique Française du iQ mai 18~9, raconte que le monde musulman tunisien redoute encore la tasse de café. Ce journal a,

la

1.

Voir A Travers le Monde, n° 20, page

<53.

en effet, reçu d'un général tunisien, proche parent du S. A. le Bey, dont le père fut ministre de la guerre et gendre du souverain actuel, une lettre éplorée. Si Mohamed Zarouh -c'est le nom de cet indigène ayant voulu se rendre à Alger pour assister à la plaidoirie d'une affaire correctionnelle qui le concerne et dont la cour est saisie, a été arrêté à Souk-el-Arba, puis ramené à La Marsa, où il est gardé à vue par des soldats en armes. Le jeune général voit, en rêve, la tasse de café lui apparaître, et il demande au journal français d'éloigner de lui ce suprême breuvage. Notre confrère aura peu d'efforts à faire pour rendre ce service ;au prisonnier. La « tasse de café » n'est, Dieu merci plus en usage sous le protectorat

français.

Gabriel Bonvalot. SoHtm~-HOK~ en décadence? Paris, Ernest Flammarion, i vol. in-ib. Prix 3 fr..5o. tL faut lire ce petit volume, écrit avec la verve et la chaleur conviction qui caractérisent M. Bonvalot. C'est un des meilleursplaidoyers pour l'actionqu'on puisse entendre. Sommes-nous endécadenee ? On le croirait à ne voir que la surface des choses, à constater tant de phénomènesinquiétants, de torpeur, d'anarchie morale, de faiblesse chez les dirigeants, de lassitude chez les dirigés, le petit nombre des naissances, la diminution du commerce. M. Bonvalot ne se dissimule aucun de ces fâcheux symptômes. Mais il n'estime pas qu'ils révèlent une maladie incurable, car il sait toutes les ressources d'énergie, de labeur, d'amour désintéressé du bien public qui sommeillent dans ce pays. La tâche actuelle c'est de réveiller ces forces endormies, et pour y parvenir, rien ne vaut l'esprit d'association c'est de les diriger vers ce champ d'action fécond, l'empire colonial, qui s'est édifié depuisvingt ans, et qui vient de recevoir son couronnement M. Bonvalot a prêché d'exemple, en fondant le Comité Dupleix, et en lui consacrant le meilleur de son activité; il ne cesse de lutter par la plume, par la parole, par l'actiondirecte. La vue des résultats obtenus lui a fait comprendre de quelle puissance énorme disposeraient un certain nombre d'associations constituées sur le même modèle. C'est pourquoi il laisse sans réponse la question qu'il pose sur la couverture de son livre. Aussi longtemps, dit-il, que cet essai d'action n'aura pas été tenté, aussi longtemps que nous n'aurons pas touché du doigt la réalité vraie et constaté qu'il n'existe pas en France un nombre suffisant de patriotes susceptibles de se grouper et d'agir pour réveiller notre pays, lui montrer sa force, la voie qu'il doit suivre pour continuer son histoire, eh bien, nous ne pourrons pas répondre oui, à la question Sommes-nous en décadence » L% volume se termine par la reproduction de deux conférences qui ont eu du retentissement, et qu'on sera heureux de retrouver dans ce livre. L'une est une spirituelle dissertation sur La nécessité de coHM~/re les aK~M~et/M, l'autre un discours prononcé lors de la célébration du bi-centenaire de T)M~c. Dans l'une et l'autre, M. Bonvalotrevient à ses idées favorites il faut voyager, s'instruire, s'associer,utiliser dans les colonies les forces qui s'éteignent sans y être employées, travailler ainsi à la grandeur de la patrie française: excellents conseils, qu'on ne saurait trop répéter, et que les efforts de M. Bonvalot et de son comité ont déjà fait suivre à plusieurs.

de

A. Billiard.

Politique et orgwM</o)t co/OHM/M (principes généraux). Paris, Biard et Brière, i8c)ç, in-8". Prix 5 francs. H. Mager. La V<e à Madagascar. Paris, Firmin-Didot, in-8°. Prix <o francs.


L'Exploration des Cavernes PHOTOGRAPHIES(SM<~). r-)OL'R opérer plus simplement encore il suffira de tordre ensemble quatre ou cinq rubans de magnésiumlongs d'un mètre on réalise ainsi une véritable torche en spirale qui brûle lentement avec un éclat extraordinaire deux ou quatre de ces torches m'ont permis, sans aucune lampe, ni réflecteur, ni accessoire quelconque, d'obtenir d'excellents clichés en des cavernes de moyennes dimensions, même jusqu'à to à i5 mètres de distance. Tant il est vrai que, sous terre, la plus grande simplification est la règle dominante.

i

CHASSE AUX ANIMAUX Dans la chasse aux animaux cavernicoles, je dois me borner à signaler le récent ouvrage de M. le professeur Otto HAMANN, Die Europaische //oA~H/<!MKf! (lena, Costenoble, 1896, in-8, 15 fr.), les notices que mon ami et collaborateur de Viré publie dans le Bulletin des tM~Mra: listes du 3/K~MM et mes deux courts articles dans la Nature des !ç janvier et 2 mars )8o5 (n" ;f2Q et H35). On sait que la zoologie souterraine est un des chapitres les plus curieux et les plus neufs du grand livre de la science universelle et que l'on compte beaucoup sur elle pour résoudre la question si controversée de l'évolution des espèces. L'ÉTUDE DES SOURCES D'EAU

POTABLE Pour terminer, il faut noter enfin que l'hygiène publique s'est, depuis bien peu de temps, rendu compte que les belles et puissantes sources des terrains calcaires n'ont pas toujours la pureté que leur simple aspect ferait supposer. En effet, aux points de contact des calcaires et des terrains imperméables, les rivières souterraines émergent sous la forme de fontaines, généralement très puissantes, mais qui sont en réalité de fausses sources (Vaucluse, la Toudre,etc.),àladi3'érencedesvraiessources, formées directement par les pluies dans les pores des terrains ~erm&~MM par UH~'M/MH, tels que les sables, graviers, moraines, éboulis, etc.

Les fausses sources ne sont pas

toujours sûres au point de vue hygiénique, car les siphons intérieurs ont un pouvoir filtrant insuffisant pour faire disparaître les causes de contaminationextérieure qui ont pu affecter les ruisseaux originaires avant leur disparition dans les goules et pertes.

Les abimes offrent un danger de pollution des eaux souterraines bien plus considérable encore, que j'ai reconnu depuis t8a; et presque partout il provient de la funeste habitude qu'ont les paysans de jeter dans les gouffres les cadavres de tous les bestiaux et animaux

Il

(/~)

jadis les paléontologues et les palethnées par les puits naturels commencent nologues, qui ne voyaient!guère dans les par rincer toutes ces charognes avant cavernes que des dépôts d'ossements d'atteindre les rivières souterraines et fossiles et de reliques préhistoriques. par se charger de ptomaines et de miCes études, la chose est bonne à crobes nocifs, avant de se rendre aux savoir, sont à la veille de recevoir une fausses sources qu'elles contribuent à sanction officielle. En effet, à la Chambre alimenter. Comme conséquence directe, des députés, le 3t janvier de cette année, la contamination de ces fontaines est M. Levraud a parlé, dans la discussion de nature à provoquer les plus graves du budget, des épidémies causées par la épidémies. La découverte de ce fait est le contamination des eaux alimentaires et résultat pratique le plus utile et le plus a émis la proposition de faire faire, par important de l'exploration des abîmes; il une commission, des études laissées n'a pas encore suffisamment attiré l'at- jusqu'à ce jour à la seule initiative tention des pouvoirs publics ni excité la privée. vigilance des autorités locales. De rigouVoici ce qu'a répondu M. le sousreuses mesures devraient être prises par- secrétaire d'Etat à l'intérieur morts.

en résulte que les pluies drai-

tout pour empêcher la transformationdes abimes en charniers. Pour reconnaître quels sont les abimes et les pertes susceptibles de contamination qui communiquent avec des sources qu'il y aurait lieu de défendre, on a eu l'idée de faire de très ingénieuses expériences de coloration à l'aide d'une matière tinctoriale qui, jetée dans les pertes ou les abimes,est reparue aux fontaines correspondantes. Un petit nombre d'essais de. ce genre a été fait jusqu'à présent; la majeure partie n'ont pas réussi, fauted'avoir été assez longtemps observés, mais plusieurs ont donné des résultats assez probants pour recommanderchaudement ce nouveau sujet d'études souterraines. Déjà l'on voit ainsi que la vitesse des rivières intérieures, varie selon la dispo-

sition topographique des cavernes, entre

60

et 800 mètres à l'heure.

La plus favorable substance pour ces expériences est la ~Kor~cMe (phtaléine de la résorcine) son pouvoir colorant (en un beau vert opalin) est de 3o à 4o millions de fois son poids, c'est-àdire qu'un gramme suffit pour colorer 3o à 40 mètres cubes d'eau; elle est absolument inoffeusive, nullement toxique, et se fabrique maintenant de façon à être directement soluble dans l'eau, tandis que tout récemment encore il fallait, avant d% s'en servir, la dissoudre au

préalable dans l'ammoniaque. De plus, et comme pour le magnésium, son prix a considérablement baissé l'Assilin und soda Fabrik de Ludwigshafen près Mannheim (grand-duché de Bade) ne la ven dplus (sous le nom d'uranine) que 20 francs le kilogramme (pouvant colorer 3o à 40000 mètres cubes) et même la Société anonyme des matières colorantes et produits chimiques de Saint-Denis (;o5, rue Lafayette), me la fournit à un prix notablement inférieur encore, pour la série des expériences de ce genre que j'ai commencées l'an dernier sous les auspices du Ministère de l'Agriculture. Voilà certes un genre de pratiques observations, auquel ne songeaient pas

La question signalée par nos honorables collègues, MM. Jourdan et Levraud, est des plus sérieuses et mérite toute l'attention de la Chambre. J'ai eu, ces jours derniers, une conversation avec M. Martel, un de ces explorateurs auxquels faisait allusion tout à l'heure l'honorable M. Jourdan. M. Martel m'a montré comment la contamination de sources réputées pures pouvait se produire au moyen de ces cavernes, de ces sortes de dépotoirs ruraux, où l'on enfouit toutes espèces d'objets. Lorsque l'eau est puisée, elle parait pure; mais il y a des cavités souterraines qui mettent ces puits, ces cavernes, en communication avec l'eau, et des épidémies dont on ne trouvait pas l'origine ont précisément leur cause dans la communication de ces gouffres aves ces sources. -J'aipensé que le ministère de l'intérieur, que le service dont j'ai la haute direction, devait s'occuper immédiatement de cette question, et j'en ai saisi le comité d'hygiène publique de France. avis mo« Ce comité donnera un compétence tivé, avec toute la que vous n'est-ce-pas, lui reconnaissez, mon cher collègue ? Il nous dira s'il y a lieu, d'après lui, d'inscrire un crédit spécial au projet -de budget du ministère de l'intérieur pour fçoo, afin que ces études soient poursuivieset qu'on puisse aboutir à des résultats pratiques.

Le Gouvernement, je puis en donner l'assurance à la Chambre, ne négligera rien pour que toutes les mesures utiles soient prises a6n de protéger à cet égard la santé publique en

France.'

Si j'ai longuement parlé de l'étude

sources d'eau potable, ce n'est pourtant que comme indication, car combien d'autres études sérieuses attendent sous terre les futurs spéléologues qui sauront allier l'érudition à l'initiative et tempérer la hardiesse par la prudence, dont ils devront, avant tout, ne jamais se départir! des

E.-A. MARTEL.


Impressions du Fouta-Djalon Cet article fera parcourir au lecteur les régions jadis dévastées par Samory et maintenant soumises tt notre autorité. On y trouvera d'intéressantes ~f~'CM~n/M sur les deux races M~h'K~ et Foulab qui y vivent et sur la ville de Timbo, C~)!7a~ du ~)~

ALLAH! allah, illalah! Le cri du muezzin déchirela nuit,faisant passer surcecoind'Afrique

endormi un frisson de religion et de mystère. Cette voix gutturale et traînante qui appelle à la prière, grandit dans le silence des hommes et des choses, se fait impérieuse commee

une suggestion.

C'est

vraiment

l'aurore, car dehors tout devancer

est noir; la masse

profonde du Bois sacré, tombeau égalitaire, dernier asile des Foulahs, estompe à peine d'une tache plus sombre l'impéné-

mulées sur les rives du fleuve par les incursions de Samory Vraiment on dirait qu'un vent de mort a soufflé où passa le féroce almamy. Pendant toute la route la pensée de cettg œuvre dévastatrice obsède nos esprits et faitl'objet de nos conversations au bivouac du soit. Tandis que notre flottille remonte vers Siguiri, nous apercevons çà et là les restes de grands villages, témoins d'une prospérité

passée: des

rues désertes, des

champs de cultures abandonnés, quelques rares in-

trable obscurité. Tout près de moi, sur le mirador du

digènes errant

poste, on devine, aux éclairs inter-

mittents de sa

baïonnette, la sil-

cases

éventrées, des

L'IIEURE DU SALAM DEVANT LA MOSQUÉE DE TIMBO.

parmi les décombres, car c'est seulement à l'abri de nos postes qu'ils commencent à reprendre leurs tra-

houette immobile D'après MMC photographie de AI. R. du tirailleur qui vaux, si grande est parmi eux la terreur du nom de Samory. veille au pied du drapeau. Deux mois se sont écoulés depuis notre départ de Saint-Louis; voici 5 jours que, Sur le Tankisso, c'est plus lamentable encore; quittant le Soudan, nous avons pénétré en terre foulah 12 jours durant nous avons suivi son cours, et pendant et hier soir nous arrivions à Timbo, la capitale du Foutaune semaine entière nous n'avons pas rencontré visage Djalon, où nos troupes victorieuses s'installèrent récemhumain. Là, les fauves sont les seuls maitres de la ment. Dans ce déjà long pèlerinage, que de sensations brousse épaisse; ils viennent chaque nuit hurler près nouvelles n'ai-je pas éprouvées, que de pieux souvenirs de nos feux de veille, sur la plage de sable où nous n'ai-je pas cueillis chemin faisant! Le glorieux et campons. Enfin, à Toumania nous quittons la zone déimplacable champ de bataille garde à chaque pas des vastée il semble qu'on sort d'un cauchemar. Trois traces de l'héroïsme et des souffrances de nos soldats fois Samory a investi le village, trois fois les habitants toute l'histoire du Soudan tient en ces deux mots. repoussèrent ses hordes de sofas, dont l'élan vint se briser contre le tata inviolé. C'est là que nous quittons En saluant, à Bammako, le majestueux Niger, j'ai Tomcompris le lyrisme du poétique historien nos pirogues pour gravir à cheval les contreforts du massif du Fouta-Djalon. bouctou la mystérieuse Mais que de ruines accu-

de


Dès la seconde étape nous entrons dans un pays tout nouveau. Ce n'est plus la mélancolienon sans gran-

deur des plaines du Soudan avec leurs marigots boueux, mais des montagnes couronnées de villages, des vallées boisées, de fertiles pâturages, des orangers couverts de fruits disséminés par milliers dans la campagne. Nous sommes dans le J:w~ ou province du Fodé-Hadji. Comme cette transition est reposante Et voilà que la nostalgie s'enfuit à tire d'aile parmi ces jolis ombrages, jour nous dressons ces cascades, ces fleurs. Chaque notre table sous un parasol de fruits d'or, ces oranges délicieuses, providence du voyageur au pays foulah, si nombreuses qu'elles sont à la disposition du passant et que les indigènes se con-

tentent prodiguement d'en exprimer le jus. Hier, nous avons fait la grande halte à Sokotoro, dans un site merveilleux, dominant la vallée du Banng; et pour la première fois, en nous remettant en route, j'ai emporté le regret de partir trop tôt. Mais le temps presse,

il faut

gagner Timbo avant la nuit. Et je revois encore lamarche pittoresque de cet après-midi le départ, dans le brouhaha tur-

car

même modèle; les rues, à peine tracées, étroites, sont sales et mal entretenues. Et pourtant le charme du paysage reste entier après cette légère déception que j'eusse dû

prévoir.

Harrassé par une longue étape, je m'étais hâté de gagner mon lit de camp, et les camarades m'avaient dit en me souhaitant bonne nuit « Ne vous effrayez pas d'entendre crier avant le jour ce sont les Foulahs qui vont à la mosquée, au missidé, commeon dit ici. » Mais je n'ai pas su résister à l'appel toujours si poétique du salam matinal. Seul, assis sur un tertre, je laisse flotter ma pensée, j'ouvre tout grand mon esprit aux impressions qui se succèdent, légères, fugitives, presque impossibles à fixer, désespérantes à exprimer. l'heure unique pour le Oh Là-haut, j'entends rêve claquer au vent les plis de notre pavillon désormais cette terre est française. Nous sommes venus ici appelés par une partie

des habitants que les exactions de l'almamy BokarBiro avaient lassés; et de plus, violant la constitution djallonaise, celui-ci refusait de remettre à son successeur régulier, Oumarou Ba-

demba, un pouvoir dont il bulent des porteurs, le pasabusait. sage du Bafing à quelques Car les aspirations de !00 mètres en aval d'un ces populations, diverses rapide, les hommes dans d'origine, mélangées mais des pirogues, les chevaux à non fondues, sont loin d'être la nage puis notre convoi les mêmes. D'un côté le s'échelonnant à la file inMalinké, le captif, le tradienne sur le flanc de la vailleur, la plèbe, resté fétimontagne, long serpent que chiste, toujours docile et mouchetaient de couleurs craintif,de l'autre,le Foulah, éclatantes nos vêtements le vainqueur, le maître inblancs ou bleus mêlés aux telligent, mais paresseux et D't!<~ «Me ~o~M~/tt'e <<e~. R. vareuses rouges des spahis, dissimulé, musulman faet, bondissant près du senrouche, bouffi d'orgueil parce qu'il sait quelques tier, le ruisseau limpide qui nous fit souvent mettre versets du Coran. Le Foulah est le propriétaire du sol pied à terre, si attirante était la fraîcheur de ses eaux. qu'il exploite à peu de frais par la main-d'œuvre Enfin nous voici sur la crête et nous découvrons de malinké, se consacrant uniquement aux soins des trouloin quelques centaines de cases au-dessus desquelles peaux, et surtout aux rites extérieurs de sa religion, à flotte un drapeau français c'est Timbo. laquelle il réserve la majeure partie de son temps. En bas la foule grouille, le tam-tam résonne, la Prosterné devant la force, il est dur pour le faible et ne poudre parle, des cris confus montent jusqu'à nous, connaît guère d'autre justice que la loi du plus fort il car on attend le gouverneur général de l'Afrique occila subit d'ailleurs avec un fatalisme absolu, opposant à dentale et celui du Soudan; et les chefs de province, la mauvaise fortune une inertie passive, jusqu'au convoqués, sont venus avec une suite nombreuse. Les moment où les rôles sont renversés. tirailleurs font la haie, les clairons sonnent aux champs, Comme toutes les aristocraties qui s'arrogent des et dans l'indicible bousculade de tous ces gens qui se privilèges que ne justifient plus les services rendus à précipitent pour voir ce spectacle inédit, nous franla collectivité, les Foulahs sont en proie aux querelles chissons l'enceinte du tata de Bokar-Biro, qui sert intestines et ont perdu leurs belles qualités de conquémaintenant de poste provisoire. Après le chaleureux rants. Une double oligarchie, représentant les deux accueil des camarades retrouvés parmi la petite garfactions, gouverne alternativement la fédération de nison, j'erre, dans mon désir de voir, par les rues de leurs dix provinces ou diwals. C'est de deux en deux la ville, cherchant à mettre au point mes sensations de nouvel arrivé. Timbo n'a aucun caractère propre; c'est ans que le pouvoir doit, constitutionnellement,passer des uns aux autres, des Alfaïas aux Sorias, et réciproune agglomération de cases, plus vastes, plus belles quement. Il est facile d'imaginer les conséquences d'un que celles du Soudan, plus confortables aussi, mais du


pareil système: désir d'avancer l'échéance qui met dans leurs mains les revenus du pays hâte de profiter des deux années trop courtes et d'en obtenir le rendement maximum en prévision de la portion congrue future regret dè céder la place à un voisin souvent

détesté, envié toujours. Il faudrait vraiment changer la nature humaine pour qu'un tel état de choses fût supportable chez un peuple civilisé que peut-il produire ici où les idées morales, même celles qui sont écrites au fer rouge sur les planchettes où les enfants épellent le Coran, n'ont aucune racine dans les cœurs ? Le résultat, c'est l'anarchie, et c'est par cette brèche que nous avons passé.

Maintenant que nous voilà chez eux, les Foulahs, très fins, même ceux qui nous appelèrent à l'aide, voudraient bien nous voir partir, car ils devinent dans l'occupation. française la fin de leurs déprédations, de leur commerce de captifs, du pillage des caravanes. Ils moissonnaient si bien, quand le grain était mûr, les champs cultivés par les malheureux Malinkés Ces derniers, par contre, nous accueillent franchement bien et semblent espérer de nous un peu de cette justice distributive qu'ils ne connaissent que par une vague intuition naturelle, pour ne l'avoir jamais éprouvée. « Nous paierons l'impôt, disaientils au gouverneur quand nous traversions leurs villages, mais garde-nous contre les Foulahsqui sont méchants, qui volent nos biens et nos personnes. Cette pauvre race sur laquelle pèsent des siècles d'esclavage est le nombre que fera-t-elle quand

formules qui nous étouffent dans cette société trop pleine, de semer en terre vierge la moisson des générations futures? Ah! cette volupté, comme on la comprend ici! C'est elle qui jette un voile de mélancolique regret sur les joies du retour quand nos officiers, rentrant en France leur campagne finie, quittent cette terre à laquelle ils ont donné sans compter leurs peines, leur santé, parfois même un peu de leur sang. Mais voici que la nuit devient moins épaisse; les montagnes blanchissent vers Porédaka, une lueur flotte sur cette mer d'ombre. C'est sans doute ainsi que le Dante a perçu la lumière irréelle qui accompagnait sa barque sans l'éclairer pendant son infernal voyage. Les cases de Timbo, éparses à mes pieds sur la pente douce de la colline, montrent déjà leurs toits pointus tel un camp de barbares. De toutes parts les coqs chantent et saluent le jour. Allah! » Infa« Allah! tigable, le muezzin redouble d'ardeur et chante les gloires d'Allah aux quatre coins du ciel impitoyablement. De nombreux fidèles surgissent des rues étroites, vêtus de leurs amples manteaux blancs. On dirait des âmes en peine qui, dociles à la voix d'en haut, viennent implorer quelque adoucissement. Tous se dirigent vers le missidé et s'accroupissent, le front contreterre,

tandis qu'à chaque prosternation leurs manches s'ouvrent au vent

comme des ailes. Bientôt le sourd murmure de l'invocation en commun fait un accompagnement rythmé au cri aigu du veilleur. Le crépusculeestcourtsous elle pensera? ces latitudes l'ombre s'enfuit Et je me plais à interroger GOIPNCRE DES NEDIHES FOULAH. comme un rideau qu'on tire, l'horizon, vers l'Orient s'irise de le mystérieux demain qui va se D'après une photographie de M. R. lever pour ce peuple, à l'ombre couleurs tendres d'un dégradé de nos couleurs. Lui apporterons-nous une administratrès doux, et peu à peu dans la plaine chaque objet se tion mesquine, des vues étroites, une politique d'au précise et s'anime. On perçoit maintenant les contours jour le jour faite d'intérêts personnels, de petites mesures de cet immense amphithéâtre où Timbo parait assise sur destinées uniquement à mettre en lumière celui qui les les gradins à la place d'honneur. Voici à gauche l'arbre prend ? Ou bien. agrandissant notre œuvre, cherchede la guerre, solitaire énorme, évocateur des querelles anciennes; en face, au pied d'un bouquet de verdure, rons-nous à éveiller le cerveau, le cœur, l'âme de ces êtres si rudimentaires encore, parce que toute culture voici la source où tout à l'heure va défiler la longue leur a manqué? il faut les aimer et les dominer à la fois théorie des jeunes filles, les bras levés comme des anses d'amphores pour soutenir la catebass~teihe plus loin pour les comprendre, pour leur donner l'impulsion décisive dans la voie du progrès matériel et moral. Les c'est le plateau où s'élève le futur poste dont les charpentes sont déjà avancées, établissement de transition uns, les Foulahs, corrompus par une longue période de domination sans grandeur, sont imbus d'une fausse que remplacera bientôt, j'espère, une belle caserne. A science qui les rend dangereux. Les autres, les Malindroite, c'est la tranchée de la route de Sokotoro où kés, sont tellement enlisés dans leur passivité comme hier soir s'égrenait notre caravane dans la splendeur dans une ornière, qu'il faudra des efforts puissants, du soleil couchant. continus, pour les mettre en mouvement. Le muezzin s'est tu, la prière s'achève en une Il est des Français qui peinent en d'obscures bemélopée confuse, psalmodiée sur un ton grave et scandée par le mouvement de ces fantômes qui se sognes où les enchaîne la lutte pour la vie. Leurs jours, leurs années se ressemblent, sans imprévu, on peutdire prosternent en cadence. Et je les vois maintenant se disperser; silencieux, après un serrement de mains sans espoir, au même coin de bureau, près de la même fenêtre par où leur âme ardente s'envole quelquefois rapide, ils rentrent chez eux dans l'attente des grands événements de la journée. vers le bleu. N'ont-ils pas rêvé de s'évader hors des


Tout à coup une vibrante sonnerie declairons fait tressaillirtal'mosphère figée de ce clair matin, ébranle

les échos de la plaine endormie en leur jetant les joyeux airs de France c'est la diane que nos tirailleurs

ce pays foulah, alors presque inconnu,

et dont les

caravanes indigènes racontaient des merveilles. La réalité n'a pas déçu le rêve, et j'ai rapporté de Timbo la conviction profonde que le Fouta-Djalon est la perle de notre Afriqueoccidentale française.

000

EL HADj.

Les Noms de lieux géographiques ~'EST une habitude fâcheuse qu'ont

les Anglais de

remplacer, dans les pays qu'ils acquièrent, unefoule de noms de lieux indigènes par des noms nationaux. Depuis qu'ils sont entrés dans la voie des conquêtes coloniales, les Allemands n'ont que trop suivi l'exemple britannique; tel a été notamment le cas en Nouvelle-

Guinée.

JEUNESPEMMESFOt'LAH. FILLE ET SŒCR DE L'ALMAMY SORY LLÉLY.

D'après une photographie de

sonnent à pleins poumons avec d'interminables fantaisies, car la présence des gouverneurs a stimulé leur verve. Le soleil paraît tantôt c'était l'ombre impénétrable, puis le demi-jour mystérieux propice aux évocations maintenant c'est l'orgueilleuse apothéose. Les arêtes des rochers se dessinent dans le ciel, nettes comme des découpures, un flot d'or descend de la cime des monts, inonde les vallées naguère ensevelies dans les ténèbres et, sous l'action d'un prisme invisible, se décompose en couleurs éclatantes~ mettant à chaque buisson des lambeaux de pourpre et d'azur. Dans le camp, autour des feux allumés pour le café, les tirailleurs causent en attendant l'appel, les enfants nus crient et se roulent par terre, les femmes surveillent la marmite de fonte où l'eau commence à chanter, tandis que d'autres manient d'une main habile l'éternel pilon à couscous. La vie reprend partout. Adieu le rêve! Revenons à la réalité, car la journée va être remplie. Avant de discuter les traités, on va donner un successeur à Bokar-Biro, et tout cela motivera d'interminables palabres. Quel sera l'heureux élu qui ceindra les neuf

couronnes? Les candidats rôdent près de l'enceinte, épiant le réveil du gouverneur général et sa première audience. En rentrant dans ma case, je me heurte au grand favori, Alfa Ibrahima SoryLIély; de haute stature, énergique, impénétrable, au milieu de ses femmes, de ses familiers, de ses griots, il attend sans impatience le moment d'être introduit, en égrenant d'un

geste rapide son chapelet. Quand j'abordai pour la première fois la côte d'Afrique, mon -Dieu que ce temps est loin et que les années vont vite! les sommets du Fouta-DjaIbn, entrevus du mouillage, me faisaient déjà rêver de

Les mêmes errements se rencontrent dans d'autres pays c'est ainsi que le gouvernementde la République de l'Ecuador a, par décret du 22 juin de 18~2, année jubitairedeChristophe Cotomb, débaptisé l'archipelbien connu des Galapagos, et l'a appelé « archipel de Colon », donnant en même temps à ses diverses iles les noms de navigateurs de l'époque. Cette décision a passé

heureusement inaperçue, et aucun cartographe européen ne s'y est-conformé. La confusion causée par cette multiplicité de noms est surtout grande dans les îles du Pacifique. Pour empêcher ses compatriotes d'ajouter encore au mal, le professeur allemand de Luschum fait les propositions suivantes t° Autant que possible conserver les noms de lieux indigènes, et pour cela les déterminer avec le plus grand soin 2° là où il n'existe pas de noms indigènes, ou bien là où ils ne peuvent être fixés avec certitude, on doit préférer les .noms donnés par les premiers découvreurs 30 le changementarbitraire de noms existant depuis longtemps et généralement connus est un grave abus qu'il faut supprimer. Ces principes ont déjà été suivis notamment par le gouverneur de la Nouvelle-Guinée britannique, sir William Mac Gregor. Depuis dix ans qu'il exerce ses fonctions dans le pays, il s'est toujours efforcé de conserver ou de rétablir les noms indigènes. Le gouvernement de la Nouvelle-Zélande a adopté récemment le même système. Comme le remarquent les Mitteilungen de Petermann, les indigènes n'ont généralement pas de noms pour les mers, les promontoires, les groupes d'îles, même les montagnes, de sorte ~u'il reste assez de place à un explorateur pour donner libre cours à ses

sentiments patriotiques. Depuis que l'Allemagne est établie en Chine, certaines personnes voudraient modifier la transcription actuelle du chinois, et lui donner une forme

plus allemande. Mais cette proposition est combattue avecraiso n beaucoup de noms de lieux chinois se ressemblent, et si l'on multipliait les orthographes, on augmenterait encore les chances de confusion. Il con-

viendrait, au contraire, de s'entendre sur une transcription uniforme.

0 0 0


1:\ CAHYE\1G\'l' DU

D'a~'ej

HKC

La Mission Marchand

à Fachoda Son combat contre les Derviches DANS le trop rapide résumé que nous avons donné la

semaine dernière de la marche de la mission Marchand, la place nous a fait défaut pour parler comme il convenait du combat contre les Derviches qui a marqué le séjour des nôtres à Fachoda. Arrivée au milieu de juillet sur le Nil, la mission s'était immédiatement installée solidement à Fachoda. Le bruit de son établissement n'avait pas tardé à se répandre, et le khalife (qui n'avait pas encore été défait à Omdurman par le sirdar Kitchener) avait dirigé contre eux i 8oo de ses meilleurs soldats, pensant qu'ils auraient facilement raison de la poignée d'audacieux qui venaient d'occuper Fachoda. 11 les embarqua sur une petite flottille, qui parut en vue de la ville le 25

août.

L'affaire tourna bien pour les nôtres. En voici les principales circonstances Vers le milieu du mois d'août, le khalife, très inquiet des nouvelles qui lui étaient transmises de la région du Sobat, où, disait-on, une troupe d'Européens venait d'arriver, résolut d'envoyer une colonne sur Fachoda, afin de prévenir toute attaque par le Sud. Aussitôt, il faisait armer deux vapeurs, le Safia et le qui devaient remorquer sept chalands en fer chargés de troupes. Le 25 août à six heures du matin,

7M/

L.1 MISSIC)N MAlif.'lIA\U.

y/io/o~fa~/fie.

la petite flottille du khalife apparaissait sur le Nil à 2 kilomètres au Nord de Fachoda. En voyant s'avancer cette flottille, nos sentinelles donnèrent immédiatement l'alarme, et bientôt toute la petite troupe du commandant Marchand fut debout, prête à la défense. Le drapeau français fut hissé. Quand ils aperçurent nos couleurs, les Derviches commencèrent l'attaque en tirant un coup de canon qui ne fit aucun mal. Les vapeurs ennemis continuèrent d'avancer jusqu'à environ t ooo mètres du poste français, qui les accueillit par des feux de salve bien dirigés. Notre tir était facile à régler, grâce aux points d'impact bien visibles sur l'eau presque à chaque minute, un bruit de chaudron prouvait aux défenseurs de Fachoda que leurs balles frappaient la coque en fer des navires derviches. Ceux-ci ripostèrent par une fusillade désordonnée qui se dissémina sur toutes les fortifications et ne blessa qu'un seul homme. Cependant les Derviches, jugeant qu'ils étaient trop exposés, cherchèrent un point de débarquement. Le commandantMarchand, avec une section bien dissimulée dans un champ de maïs, contraria leurs opérations, en faisant diriger sur les troupes mahdistes des feux de salve continus et bien nourris. Toutefois une attaque par terre étant à prévoir, le commandant Marchand crut prudent de rentrer dans le poste. Pour occuper l'ennemi, il laissa sur place un sergent indigène et huit hommes. Ce petit détachement fit merveille et réussit à tenir en respect les Derviches, qui abandonnèrent définitivement leur projet de débarquement. Ils se décidèrent alors à remonter le Nil. Mais en passant devant Fachoda, une avarie de machine arrêta dans sa marche l'un des deux vapeurs, le Safia. L'autree vapeur le 'Tenfick vint son secours. A ce moment tous les chalands se trouvaient pêle-mêle, voguant au milieu d'un désarroi invraisemblable. Ils offraient à la petite troupe française une cible excellente, dont elle sut profiter. Les mahdistes ripostèrent faiblement à notre fusil-


lade; ils se disputaient à coups de couteau le fond des chalands, où ils espéraient être davantage à l'abri de nos projectiles. Leur espoir fut trompé, car de tous

côtés nos balles les atteignaient les tôles des allèges furent rapidement transformées en écumoires. Chacun alors chercha à fuir. La déroute était complète.

Mais ce succès qui garantissait à Marchand la tranquillité de la région conquise allait, hélas! devenir inutile, puisque le 20 septembre les anglo-égyptiens

arrivaient à Fachoda pour occuper la ville au nom de

l'Egypte

Le Général Gallieni France vient de fêter retour du Tgénéral Gallieni. Nous devons le

pu-

blier bientôt dans le Tour'du Monde le récit de son voyage autour de

Madagascar. Nous allons rappe'er, en attendant, la carrière de l'illustre

soldat, celui qu'on a déjà baptisé, LEt.EXERtLGtU.Œ

avec raison, le pacificateur de Mada-

gascar. Grand, élancé, maigre, l'œi! perçant, très simple d'allures, tel est au physique le général Gallieni. Il'vient d'atteindre sa cinquantième année, étant né dans la Haute-Garonne, à Saint-Béat, le 24 avril 1849. Entré à St-Cyr en t868, il débuta par la guerre de 1870 et combattit à Bazeillesdansles rangs de cette fameuse « division Meue qui s'illustra parson héroïque résistance. Lieutenant en '87~, il partit pour la Réunion, où il séjourna pendant deux ans. Revenu en

France, il ne tarda pas à être envoyé au Sénégal, où il devait trouver l'occasion de se signaler d'une façon

honneur et qu'il a racontées d'une façon captivante sous le titre Dçux Campagnes au Soudan français 1. Colonel du i mars t8ot, il s'embarquait l'année suivante pour le Tonkin et s'y révélait administrateur aussi habile qu'intrépide officier. En même temps qu'il pacifiait la région comprise entre Lang-Son et CaoBang, il gagnait la confiance du gouverneur général, qui lui laissait la plus grande liberté d'action. Et l'on peut dire que les opérations dirigées par lui, en ajoutant une page glorieuse à l'histoire du Tonkin, serviront de modèle aux expéditions coloniales futures. Nommé gouverneur général de Madagascar en !8o6, il a rencontré beaucoup de difficultés pour mener à bien la tâche, qui lui "avait été confiée, d'organiser notre nouvelle conquête, mais sa sagesse, son esprit politique, son bon sens, ses qualités militaires, lui permirent de triompher définitivement de tous les obstacles. Et M. Binger, un juge autorisé, en recevant à Marseille le général débarquantdu paquebot, pouvait lui dire sans flatterie que la France lui devait infiniment de gratitude pour l'œuvre réalisée « Vous avez su, lui a-t-il dit, encourager la colonisaticn, préparer, par-des travaux publics considérables, la prospérité de l'avenir, effacer dans l'esprit des peuples conquis tous les préjugés qu'ils entretenaient contre

nous, et vous laissez les finances de la colonie dans une situation prospère. » Le gouvernementaurait manqué à son devoir s'il n'avait pas récompensé les services éminents rendus par le général Gallieni à Madagascar. Il l'a donc nommé au grade de général de division, faisant de lui le plus jeune divisionnaire de l'armée française.

Le

duc des Abruzzes au Pô!e Nord

particulière.

Tandis que le colonel Flatters essayait d'aborder le Soudan par l'Algérie et le Sahara, tandis que M. de Brazza s'efforçait d'ouvrir pacifiquement la voie de la vallée du Congo et de l'Ogooué, Gallieni recevait, à la fin de !8yp,!a mission de pénétrer vers le Niger par le Sénégal et ses affluents. Son rôle consistait à reconnaître la route de pénétration et aussi à gagner la confiance ou du moins la neutralité d'Ahmadou, le grand sultan soudanais régnant sur le Niger. Après mille péripéties, la mission Gallieni arrivait le t"juin 1880 au village de Nango, proche de Ségou, capitale d'Ahmadou. Lamelle était retenue prisonnière pendant plus de dix mois c'est seulement le 21 mars 1881 qu'elle recouvrait la liberté Capitaine en 1879, chef de bataillon en 1882, il était désigné pour servir aux Antilles, où il demeura trois ans. Puis il fut de nouveau dirigé sur le Soudan, où on lui confiait le soin des opérations militaires des an.nées 1886-1887, opérations dont il se tirait à son i. Cette mission fait l'objet d'un récit du Tour du A~o~e, 1882 (2* semestre) et t883 (<er semestre).

,Nous avons donné, dans

le numéro du t 5 avril dernier, quelques détails sur le voyage au pôle Nord que veut tenter le duc des Abruzzes, neveu du roi Humbert. Voici de nouveaux renseignements pour compléter ce que nous avons dit au sujet de cette audacieuse

entreprise L'Etoile Polaire quittera vers le milieu de juin le port de Laurvik, près de Kristiania, pour gagner Arkhangelsk. Le navire prendra 350 tonnes de charbon et 25o de vivres et de matériel. L'équipage comprend un commandant en second, qui est le capitaine de vaisseau Cagni, compagnon éprouvé du duc, lors de son voyage en Alaska, en t8c)7; le comte Quirini, lieutenant de vaisseau; un docteur, un docteur en médecine de la marine royale deux matelots de la marine de guerre les quatre guides alpins qui firent l'ascension du Saint-Elie avec le duc. Le service du bâtiment et des machines est confié à dix ). Voir Le Tour du Monde,

(["semestre).

;88<)

(2' semestre) et t8~o


marins norvégiens, vrais loups de mer habitués aux mers boréennes, habiles à lancer le harpon, à guider la schlitte et à glisser avec les skiss. Ce- qui fait un total de vingt personnes.

Arkhangelsk.l'equipagese complétera d'autres auxiliaires précieux, savoir: t2o chiens esquimaux avec guides. Au contraire de Nansen qui s'efforça de s'approA

cher le plus possibledu pôle avec son bâtiment, soit en naviguant en mer libre, soit lorsque, enserré par les glaces, il se laissait aller au gré du courant, le duc des Abruzzes se mettra au moment opportun à la recherche d'une anse ou d'un port propre à l'hivernageet pouvant servir de base d'opérations. Puis en schlittes, sur la glace, l'expédition se lancera avec la plus grande rapidité dans la direction du pôle. L'intention du prince est de faire route sur la Terre François-Joseph, et, une fois son point d'hivernage trouvé, de former, moyennant des expéditions successives, des dépôts de vivres échelonnés au delà du cap Flore. En vue de ce voyage sur la glace, d'intéressantes précautions ont été prises. C'est ainsi que le bagage de l'expédition se compose de i 500 caisses pesant chacune 25 kilos net, ce qui en rendra facile le transport à dos d'homme. Ces caisses sont diviséesen quafte catégories vivres instruments et vêtements et équipement matériel scientifique choses utiles, mais non indispensables. Chaque catégorie se distingue par une couleur spéciale et chaque caisse porte un numéro d'ordre correspondant à la catégorie ou à la nature des objets. Les caisses de vivres contiennent du riz, des pâtes, rangées de façon que chaque caisse en contienne de cinq qualités différentes, afin de varier le menu des repas, forcément limité, puis des galettes (280 caisses), de la viande conservée ou salée, des conserves, des légumes en boîtes, etc. Il y a plus de i ooo bouteilles de vin. pour les fêtes et les circonstances extraordinaires,car l'alcool est défendu et la boisson ordinaire sera l'eau, le thé ou le café. Pour les chiens, au nombre de 120, comme nous l'avons dit, on se servira de ~KCMM~M, qui est de la viande de cheval comprimée avec des farineux et de la graisse mélange de goût discutable, mais qui se dissout dans l'eau chaude et peut au besoin servir à l'alimentation des hommes comme des bêtes. Chaque caisse est revêtue de fer-blanc à l'intérieur et soudée de façon à la mettre à l'abri de l'eau et de l'humidité. Les caisses de vêtements portent une marque distinctive verte. Les caisses de matériel scientifique

portent une marque rouge. Les caisses de choses utiles mais non indispen-

sables portent des raies jaunes et renferment toutes sortes d'objets jeux de cartes, de dames, d'échecs, sans oublier le classique loto et le non moins classique jeu de l'oie, une guitare, un graphophone, un phonographe et un piano mécanique, avec un répertoire aussi riche que varié Marche royale, Manon, Rigoletto, Prophète, Cavalleria rusticana, Lohengrin, 7annhauser, Gioconda, Puritains, Don /M<!K et des airs de danse. La Stella Polare emporte aussi deux ballons construits à Paris, dont on pourra se servir, le cas échéant. Sauf empêchements imprévus, car tout est pro-

blématique dans ces sortes de voyages, l'expédition durera dix-huit mois. La dépense supposée est de 3 millions de francs. dont un quart est donné par le roi.

Léopold de Saussure.

Psychologie de la co/oH)M<;OM

française dans ses rapports avec les sociétés indigènesParis, Alcan,

!8<

1

vol. in-!2.

M

de Saussure combat, dans son livre, une opinion très répandue en France, et, plus qu'une opinion, une méthode coloniale déjà si ancienne et si unanimement admise qu'il semble impossible de réagir contre elle. M. de Saussure veut tenter cette réaction mais il se fait lui-même si peu d'illusions que, dit-il, une telle étude ne saurait s'adresser qu'à un petit nombre de lecteurs préparés à admettre ce point de vue, non à d'autres ». Ce point de vue, c'est celui des sciences naturelles races humaines ont des caractères mentaux acquis par les l'hérédité, et qui déterminent nécessairement leur manière d'être. Il est donc absurde de vouloir les transformer brusquement, et la politique dite" d'assimilation D, telle qu'elle se pratique dans nos diverses possessions, est stérile et

néfaste. Telle a été la politiquecoloniale des races dites latines L'exemple de l'Espagne nous montre où elle peut nous mener. Les peuples modernes qui ont réussi dans la colonisation, les Anglais et les Hollandais, ont suivi une méthode toute contraire ils n'ont cherché à assimiler ni les Hindous ni les Malais; ils ont laissé aux peuples sujets leurs mœurs et leurs croyances; aussi règnent-ils en paix sur des populations beaucoup plus nombreuses que celles de leur propre pays. Ces vues ne sont pas précisément neuves; M. de Saussure les rattache, d'ailleurs, à celles de M. le D' Gustave Le Bon; mais il les a faites siennes par la verve et l'ingéniosité qu'il met à les défendre il les a vérifiées dans ses voyages autour du monde, et il nous en montre partout l'application, en Indo-Chine, aux Antilles, au Japon. M. de Saussure définit bien la moralité le « respect héréditaire des règles sur lesquelles une société repose ». Il expose fort bien aussi comment la simple assimilation de l'instruction européenne, qui est très possible à un nègre, à un Hindou, ou à un Japonais, reste superficielle et ne transforme pas sa nature; une instruction anglaise donnée à un Hindou, n'en fait pas, dit-il encore, en termes excellents, « un homme agissant comme un Anglais dans les diverses circonstances où il sera placé ». Tout est à lire dans ce petit livre, écrit rapidement, sans prétention littéraire, mais plein de pensées justes. Nous recommandons en particulier le chapitre sur l'assimilation par les institutions, dans lequel l'auteur nous parle de la fâcheuse réforme de l'organisationjudiciaire en Cochinchine, sur /'aM;M)/<!<)OM en pays créoles, sur le cas dit ya~oM, etc. En attaquant cette doctrine de l'assimilation, dont les effets sont si néfastes et qui est, dit-il, « purement et simplement celle des philosophes du temps de Louis XV l'auteur n'entend pas dire que nous ne devions pas chercher à exercer une influence sur les indigènes de ces possessions. Au contraire. Mais cette influence devrait être discrète. Elle ne devrait pas se proposer l'assimilation comme but, mais l'attendre, tout au plus, comme l'effet lent des siècles, et laisser en attendant les indigènes suivre librement leurs vieilles traditions. En terminant, nous signalons à l'auteur une; petite erreur qu'il pourra corriger dans sa prochaine édition. Page 253, il renvoie au chapitre x<î, au lieu du chapitre xn). Page 8t, il indique, comme date de la a déclaration des droits en Angleterre, t658 au lieu de tM~.


France et Colonies Reconnaissances d'Ofnciers.–Onsait que dans la cavalerie russe et dans la cavalerie allemande, les raids d'officiers sont en grand honneur. Rien ne prouve mieux l'endurance des cavaliers et des montures. Coup sur coup nous avons eu en France deux raids absolument remarquables et qu'il faut signaler Deux lieutenants du 146 dragons ont réalisé le thème que voici Deux officiers sont envoyésde Sedan vers le Sud, avec mission de reconnaitredes rassemblementsennemissignalés sur la Meuse entre Verdun et Saint-Mihiel. Arrivés aux environs de Verdun, ils trouvent tous les chemins strictement gardés par des postes ennemis. Devant l'impossibilité de passer à cheval, ils laissent leurs chevaux dans une ferme, partent à pied avec un guide par des sentiers de bois et parviennent à constater la présence de forces importantes à Génicourt. Munis de ces renseignements, ils regagnent Verdun, toujours à pied; ils retrouvent leurs chevaux, qui ont eu quelques heures de repos, et repartent de suite pour rendre compte de ce qu'ils ont Cette étonnante marche forcée, d'une application si tangible, s'est exécutée dans les conditions suivantes

en ingénieurs (ne se sont-ils pas aussi transformés en planteurs, en administrateurs, etc. !), à de multiples reconnaissances du terrain; un tracé convenant à une exploitation économique est arrêté, et le général démontre, par des chiffres tout à fait éloquents, que les dépenses de construe-. tion équivaudraient aux dépenses actuelles des seuls transports militaires fort coûteux évidemment par les routes carrossables qui sont déjà un grand progrès. Mais un progrès en appelle un autre, et le chemin de fer est d'autant plus nécessaire que de l'aveu du ministère des colonies, la colonisation est en bonne voie, les demandes de colonisation affluent et les capitaux français si méfiants d'ordinaire ne manquent pas aux entreprises qui ont pour but la mise en valeur de Madagascar. H faut remarquer combien sont grands les services que l'infanterie de marine a su rendre au pays dans ces derniers temps, à Madagascar et au Soudan, et avec quelle sûreté de coup d'œil et quelle habileté le général Gallieni,1 le général de Trentinian ont organisé l'administration et la colonisation de colonies à peine conquises.

Allemagne

vu.

De Sedan à Verdun, à cheval

route très accidentée, h. 20, de heure à 8 h. 20 du soir.

kilomètres; trajet en 7 Arrêt d'une heure et quart; De Verdun à Génieourt et retour à Verdun, à pied 36 kilomètres; trajet en 6 h. 10, de 9 h. 35 du soir à 3 h. 45 du matin. Arrêt d'une heure; De Verdun à Sedan, à cheval 8t kilomètres; trajet en 8 heures, de 4 h. 45 du matin à midi 45. Soit, en moins de 24 heures, içR kilomètres, dont 162 81

à cheval et 36 à pied.

L'autre raid n'est pas moins intéressant. Il représente un parcours moins long, mais il s'est effectué en pays plus

difficile. Deux lieutenants d'artillerie quittaient leur garnison (Hericourt) à 5 heures du matin et arrivaient à Saint-Mauricesur-Moselle à 10 h. 1/2 après avoir fait l'ascension du Ballon d'Alsace (i 244 m.). Après 2 h. 1/2 de repos accordé à leur monture, ils regagnaient leur garnison où ils arrivaient à 5 h. 1/2 du soir, ayant parcouru no kilomètres en 12 h. 1/2 et franchi le sommet le plus élevé des Vosges. Leurs chevaux, deux bêtes énergiques, sont rentrés en parfait état. Le lendemain, ils galopaient comme tous les autres sur le terrain de manœuvres.

La Pacification à Madagascar.

Les dernières instructions données parle général Gallieni, actuellement en France, au gouverneur intérimaire, le général Pennequin,et aux troupes placées sous ses ordres marquent une ère nouvelle dans notre façon de conquérir la grande ile africaine. Le général Gallieni a recommandé de s'abstenir plus que jamais d'incendier les villages rebelles. Dans son dernier rapport au ministre des Colonies, il dit textuellement été trop souvent synonyme '< L'emploides colonnes a de destruction systématique des villages et des ressources de l'ennemi, parce qu'on assimile la guerre coloniale à la guerre d'Europe, dans laquelle le but à atteindre réside dans la ruine des forces principales de l'adversaire. Aux colonies, il faut ménager le pays et ses habitants, puisque celui-là est destiné à recevoir nos entreprises de colonisation future et que ceux-ci seront nos principaux agents et collaborateurs pour mener à bien ces entreprises. » On sait que l'oeuvre la plus digne d'éloges, la plus difficultueuse, que le général Gallieni a menée à bonne fin a été l'établissement des routes qui relient aujourd'hui les deux points principauxde l'île Tamataveet Majunga au centre du gouvernement,c'est-à-dire à Tananarive. Tous les efforts du général Gallieni tendent actuellement à obtenir les moyens de faire construire un chemin de fer de Tamatave à Tananarive. Il a fait procéder par ses officiers transformés

Le Nouvel Uniforme des Infirmiers.

Afin de

rendre les infirmiers reconnaissablesd'aussi loin que possible, on a résolu de les doter d'un nouvel uniforme ainsi composé tunique avec collet et parements cramoisis, pantalon gris foncé et casquette en drap éearlate avec grande visière. Les représentants de l'Allemagne au Congres de la Haye demandent que cet uniforme, ou tout autre très distinct; soit adopté pour le personnel sanitaire de toutes les armées européennes qui est neutralisé en vertu de la convention de Genève et doit ses soins aux blessés sans distinction de nationalité.

L'Alsace-Lorraine interdite aux déserteurs

français.

Très peu de soldats français désertent, surtout dans l'Est. De ce côté désormais aucun d'eux ne pourra espérer vivre en pays annexé. Une récente décision du Statthalter décide que contrairement à ce qui s'était fait jusqu'ici, aucun déserteur français ne sera autorisé à séjourner, à travailler, en Alsace-Lorraine. Tout habitant est tenu d'informer le maire de l'arrivée d'un déserteur. Celuici est aussitôt arrêté, désarmé, pourvu d'effets civils et conduit sans retard à la frontière qu'il désigne ou, s'il le désire, mis en surveillance dans le centre de l'Allemagne. Un nouveau fusil. Un nouveau fusil va être sous peu mis en service dans l'armée allemande. Nous en parlerons plus longuement dans notre prochaine revue.

Angleterre Le service du recrutement.

Différentes modifications viennent d'y être apportées. Les officiers généraux commandant les districts sont rendus directement responsables de l'administration et de la surveillance du recrutement de leur commandement. Tous les recruteurs, dit l'intéressante ~eTM du Cercle Militaire, y compris les sergents instructeurs de volontaires, auront une zone de recrutement des recruteurs détachés des corps visiteront périodiquement des régions qui leur sont tracées au moyen d'une carte. Leurs rapports journaliers porteront le visa de la poste qui justifiera de leur présence dans les différenteslocalités. Pour maintenir la continuité du recrutement dans de grands centres de population et établir un cadre permanent de recruteurs en cas de mobilisation, le projet propose la désignation d'un certain uombre de recruteurs en sus de ceux détachés des dépôts. Pour amener des sous:pf6ciers libérés à accepter cet emploi, la solde est élevée de 2 schellings à 6 schellings 6 pence et l'uniforme est rendu plus attrayant. Une somme est prévue pour avertir les localités des passages de troupes.


CORDOUE « Cordoue, a dit un poète

l'emporte sur toutes les cités du monde par quatre cboses le pont du Guadalquivir, la grande A~O~MM, cité d'Arrabra, et les sciences qu'on y cultive ». Bien que cet éloge soit !<M peu excessif, Cordoue est, en effet, une ville intéressante ~oy ses souvenirs. L'agréable descriPtion qu'on en va lire plaira MM~M/M~M,

à nos lecteurs.

JE

lisais naguère dans le 7ot~- du Monde quelques pages sévères de M"~ Pardo Bazan sur les difficultés qu'on rencontre à voyager en France. La célèbre romancière espagnole se plaignait en particulier de la lenteur et de l'incommodité de nos trains. Et ce souvenir me

revenait à l'esprit, tandis qu'en ma chambrede la casa de buespedes

je

feuilletais l'indicateur, cherchant le train qui me conduirait le plus rapidement de Madrid à Cordoue. Eternelle histoire de la paille et de la poutre Nous avons en France,

sur chaque grande ligne, deux ou trois rapides par

jour qui font

Soit c'est toujours

j'en prends quatre et je m'en surcharge le corps. Grand avantage, dirait sans aucun doute M"" Pardo Bazan, car des édredons tiennent bien plus chaud que des couvertures! Nous partons, le train s'enfonce dans la'nuit et nous emporte cahin-caha. Mais, malgré les secousses, les yeux se ferment peu à peu, et nous voilà dorcela

mant

à

l'envi.

Soudain un brusque choc, un grand vacarme,un

courant d'air glacé, une irruption de gens qui crient. Sont-ce des brigands qui attat'0\T

D'après

~0~

ARABE SUR LE GUAUALf~fVtR.

7o kilomètres à l'heure. Ici, l'express d'Andalousie ne part que trois .fois par semaine! Et quel express encore quatorze heures pour parcourir moins de 600 kilomètres une allure d'automobile Mais rien ne sert de récriminer. Résignons-nous c'est aujourd'hui dimanche, et lundi est jour de départ. Je protiterai de cette attente forcée pour retournèr au musée contempler l'admirable série des Velasquez. A quelque chose malheur est bon. Tout arrive, me) e en Espagne, et voici que je suis installé dans un oon lartiment du train qui va m'emporter vers Cordoue. Es -ce parce que nous serons demain matin dans la tiède Andalousie? Mais la Compagnie n'a pas jugé à propos de munir ses wagons de bouillottes, et, par cette aigre soirée d'avril, les pauvres voyageurs sont tout grelottants. Je me penche à la portière. Où est le loueur de couvertures? 0 candeur! il n'y en a pas. Mais on peut me fournir des oreillers.

~f

~7.

/û/r.

quent le train? Non, l'aventure

est plus prosaïque. Nous venons de nous arrêter à Alcazar, embranchement d'Alicante, et ces intrus sont de braves voyageurs qui attendaient la correspondance. Dès lors, adieu le sommeil lecompartiments'emplit de la fumée des cigares et du bruit des conversations. Par bonheur, le jour est proche, le ciel blanchit, et là-bas, vers l'Est, une ligne brillante se montre déjà. Bientôt le soleil apparaît triomphant et illumine tout le paysage. Ce sont de mornes étendues, des plaines de sables et de pierres, avec, de loin en loin, quelque village misérable. Mais cette région lugubre parle à l'imagination, car elle s'appelle la Manche, elle vit se dérouler la vie, parfois ridicule, plus souvent admirable, de don Quichotte, et l'on ne peut se défendre d'un sentiment qui confine à l'émotion quand on passe auprès de Manzanares,de Cardenas, de Toboso, de tous ces lieux où Cervantès fait errer, la tance en main, l'armet en tête, l'ingénieux hidalgo monté sur Rossinante.


Puis le sol s'élève, des pentes abruptesse dressent, que sillonnent des lits de torrents à sec c'est la Sierra Morena, la sombre montagne aux cimes dénudées, que jadis nul ne franchissait sans terreur, car elle était infestée de bandits. Le roi Charles HI les poursuivit sans retâche, et, pour assurer la tranquillité de ces régions, il y établit un grand nombre de villages nouveaux, les MM<*M.! ~oMa.-MMM, auxquels il accorda d'importants privilèges. Un étroit défilé, le Despenaperros, s'ouvre dans la montagne, et brusquement, comme d'un coup de baguette, on se trouve transporté dans un tout autre pays. Aux steppes désolés, aux roches nues, aux sables arides, succèdent lesboisdechênes verts, les champs de blé, les vignes, les bosquets d'oliviers. A perte de vue, le sol est couvert d'un tapis rose, formé par une multitude de petits œitlets dont le parfum arrive jusqu'à nous. Des chemins bordés d'aloès s'en vont vers des villages aux maisons blanches que des palmiers dominent de leurs panaches. De minces ruisseaux ser-

remplis d'oranges ou de légumes, occupe toute la largeur de la rue et vous oblige à chercher refuge sous une porte. Les maisons, basses, tantôt toutes blanches, tantôt mi-parties rose, mi-parties vert pâle, ont quelques rares fenêtres à balcons et à miradores. Mais par les portes, que ferment seulementdes grilles de fer ouvragé, on aperçoit des cours intérieures dallées de marbre, bordées de colonnes et rafraîchies par un jet d'eau. Des orangers et des citronniers chargés de fruits, des palmiers, des grenadiers, des lauriers-roses font de ces cours de vrais jardins. Les couloirs qui y conduisent ont des revêtements de faïence bleue et blanche, ou bien des mosaïques. Et l'on se croit transporté dans une cité d'Orient quand,

marchant à l'ombre fraîche

des rues étroites, on aperçoit au-dessus de sa tête un petit morceau de ciel d'un bleu intense, devant soi quelque pan de mur d'un blanc cru sous le soleil, et qu'on respire l'odeur douce de l'oranger que la brise

apporte d'un

pentent, à travers les prés,

~M voisin.

Mais dans le

jusqu'au beau Guadalqui-

quartier

populaire qui borde le Guadalquivir, ce n'est plus

vir, qu'on voit là-bas miroiter au soleil. Nous sommes dans l'ancienne Bétique, le pays séduisant qui charma les Romains, conquit les Goths, arrêta les

l'oranger qu'on sent, c'est l'huile et la friture, et l'on retrouve alors l'Espagne,la vraie Espagne, cette terre des contrastes, noble et

Vandales et fixa les Arabes,

misérable, loqueteuse et digne, très respectable et un peu risible. N'était la ble civilisation des califes douceur de l'air, la limpide Cordoue. dité du ciel et ces palmiers Cordoue, que d'idées qui balancent légèrement mmn. m m,rrn.i i i. ui~. leur tête au-dessus de ce ce nom éveille en l'esprit D'a/'t'rj HHc p/!o<n~?'a/e de y. Porcher. Rien qu'en le prononçant, mur, je me croirais à Maon se figure une cité enchanteresse, et, chose rare entre drid sur la Plaza Mayor, ou à Tolède aux alentours du toutes, la réalité ne vous apporte aucune déception. Zocodover. Voilà les mêmes boucheries avec leurs Quand on a quitté la gare et dépassé le grand jardin, moutons entiers, encore tout sanguinolents, suspendus rempli de plantes tropicales, qui orne le Paseo de la par le cou les mêmes boutiques de charcutiers, Victoire, on atteint le Paseo du Grand Capitaine, le les mêmes enguirlandées de chapelets de e&o~w héros favori des Cordouans, et l'on se trouve dès ce marchandes au panier offrant leurs choux et leurs moment à l'entrée même de la merveille, car cette oranges « a perro e&tco tM~M/<M, a perro cordo ville, demeurée en grande partie ce qu'elle fut au poêles où grésillent les » J'ai vu ailleurs ces temps des Ommiades, est un vrai musée de tout un beignets frits à l'huile, aussi bien que ces tas d'avelines passé de gloire et de beauté. et de ~.M~Mt-CM posés à terre sur un bout de toile d'emballage. Je reconnais ce gueux, drapé dans sa Musée par tout ce qu'elle renferme de souvenirs, musée par lesilence de sesmaisons closes, musée cape en lambeaux, solennel comme un ministre, et par le surveillé du coin de l'œil par le guardia civil qui, le recueillement qui envahit l'âme, tandis qu'on parcourt bicorne sur la tête, le sabre au côté, se promène ses rues solitaires. Si étroites sont-elles, ces rues, qu'à impassible parmi la cohue. Mais à certains détails, à leurs extrémités une plaque indique de quel côté les certains types spéciaux, on sent bien pourtant qu'on voitures doivent entrer et duquel elles doivent sortir, n'est plus en Castille et qu'on foule un sol qui fut car deux ne pourraient se croiser. D'ailleurs, sur les longtemps arabe. Ces femmes, au teint bistré, galets qui les pavent, comme sur les dalles blanches qui servent de trottoirs, on n'entend guère glisser que i. Saucisses. le pas furtif de quelque femme, bientôt disparue, ou 2. L'n sou les oranges, deux sous les choux. sonner le sabot d'un mulet qui, de ses deux paniers 3. Sorte d'amande grillée.

dans la terre heureuse et féconde où brilla l'admira-

i.~

m

eo/


aux longs yeux noirs, qui me jettent en passait un regard de côté, ont la grâce alanguie des Orientâtes. Dans l'accent de ce vieux vendeur d'artichauts qui crie de si bon cœur sa marchandise « Ab! alcacbofa, alca<:&o/a/ » je retrouve les sons gutturaux et rauques de l'arabe. Ces gitanas n'ont pas la mine souffreteuse, le visage flétri de celles qui, à Madrid, m'offraient d'une voix plaintive de me dire la bonne aventure sur cette terre tiède elles sentent la joie de vivre, malgré leur misère, et leurs gestes sont plus vifs, leur démarche est plus légère leurs paroles plus rapides se ponctuent d'éclats de rire. Surtout ce qui est nouveau et char-

mant, c'estl'habitudequ'ont

toutes les Andalouses, riches ou pauvres, jeunes ou vieilles, de porter des fleurs plantées dans les cheveux, au-dessus de l'oreille gauche. Pas une n'y manquerait, même la criada, faisant son marché, même la Kn~ de dix ans, qui se rend à l'école, et cette parure leur donne à toutes un air de fête.

« Senorito, voulezvous que je vous conduise à la mosquée? C'est ici tout près. Je vous expliquerai tout

»

Celui qui me parle

bruyantes où se tiennent les marchands, on pénètre

dans les jardins qui la précèdent, il semble qu'on soit de nouveau transporté dans cette ville orientale dont on longeait tout à l'heure les mystérieuses maisons. Les orangers énormes, les palmiers aux branches étalées comme des parasols, la plainte monotone du jet d'eau qui retombe dans la vasque de marbre, les jeux de la lumière à travers les feuilles, l'ombre bleue que projette la tour massive de l'Alminar, tout fait penser à la cour de quelque palais de Bagdad ou de Bassorah décrit dans les Mille et une ~Mt' Des vieilles femmes, enseveliesdans leurs mantes noires comme des musulmanes en leurs voiles, sont assises sur les bancs de pierre et chauffent au soleil leurs membres refroidis. Au pied des piliers qui ornent la façade de

la

mosquée, des

mendiants sont accroupis, vêtus de haillons décolorés sont-ce des Espagnols enveloppés de leur cape ou des Arabes enfouis dans leur burnous, et le chapelet qu'égrène leur main trem-

compte-t-il les Ave ou les invocations à Allah ? L'expression lassée qu'on lit sur leur visage vient-elle de la résignation qu'a prêblante

chée Jésus ou du fatalisme

qu'enseignait Mahomet? Et ainsi est un affreux gamin cette rauque prière qui acaux cheveux hirsutes, vêtu cueille le passant, est-ce une de loques. 11 est nu-pieds litanie chrétienne ou .quelet marche sur les galets que verset du Coran ? pointus sans paraître les L'illusion est plus comsentir. Je ne réponds rien. plète encore dès qu'on a Il insiste « Vous verrez franchi la porte des Palmes comme c'est bonito! » Et sa et pénétré dans l'intérieur voix se fait câline et chande la mosquée cette fois tante « Vous voulez bien, ronrr:m.x~navc. on se trouve en plein Islam. senorito? Pour m'en déD'après MMe /)nio~ra~<' de~V. J. Po)T)Mr. Rien de semblable barrasser, je lui jette un ici aux voûtes immenses de nos cathédrales, à leurs sou H°se précipite, le ramasse, le baise, se signe avec, énormes piliers de pierre, à leurs ogives allongées. le baise de nouveau, touche son cœur, me fait un La voûte atteint tout au plus 8 mètres de hauteur; les geste de salut et serre en-fin dans sa poche le précieux cuarto. Mais comme j'ai été mal inspiré Dix arcs qui la supportent, en simples briques blanches vauriens qui m'ont vu faire s'attachent maintenant et rouges, sont à plein cintre les colonnes minces, à mes pas et me harcèlent de propositionsdans l'espoir grêles, hautes de 3 mètres à peine, se dressent de tous d'une pareille aubaine. Mon impassibilité ne les découcôtés par centaines, en marbre, en jaspe, en porphyre, et leurs fûts blancs, jaunes, gris, rouges, rage pas, et c'est escorté de cette troupe pouilleuse que j'arrive devant la mosquée. Là, par bonheur, un agent verts, qui sortent du sol même, donnent l'impression de police remarque mon ennui il s'avance vers la des arbres sans nombre d'une forêt. Un plan régulier bande, qui s'enfuit comme un vol de moineaux. Comse cache pourtant sous cet apparent désordre, et quand l'œil s'est habitue à la demi-obscurité qui ment remercier ce protecteur inespéré? J'entame une phrase aimable elle paraît produire peu d'effet. Offrienveloppe cette futaie de pierre, il discerne i() nefs parallèles divisées en 27 travées. Tout au bout, contre rai-je une peseta? Mais s'il s'indigne et m'accuse de vouloir corrompre un fonctionnaire? Bah! essayons la muraille Sud du temple, s'ouvrent de petites salles toujours et je glisse une pièce blanche, qui est admirablement conservées malgré leurs onze siècles accueillie avec WM~MMM~ gracias. d'existence le Mihrab, lieu redoutable et sacré où était La mosquée de Cordoue est célèbre dans le monde déposé le Coran, et dont les fidèles devaient faire le entier, et sa réputation n'est pas usurpée. Transformée, tour 7 fois à genoux; la Maksurah, enceinte réservée mutilée par des mains maladroites, elle produit encore aux ulémas, qui contenait la fameuse chaire d'Alune impression saisissante. Quand, au sortir des rues manzor, tout en bois de cèdre, de santal et d'aloès;


d'autres encore, dont on ignore la destination, toutes également merveilleuses par leurs mosaïques, leurs

parois de stuc fouillées comme de la dentelle, leurs arabesques capricieusement enlacées, leurs plafonds de cèdre sculpté, leurs fenêtres à colonnettes de marbre et à grilles ouvragées. Une surprise désagréable vient par malheur chef-d'œuvre rompre le charme. Au milieu même de ce de l'art arabe, les prêtres espagnols du xvf siècle ont, dans leur zèle aveugle, construit une église chrétienne, lourde, massive, surchargée d'ornements et de dorures, dans ce style plateresque, si disgracieux, qui pousse jusqu'à l'excès les procédés. du gothique flamboyant.

Cette chapelle, banale malgré sa richesse, jure étrangement avec l'originalité du reste de l'édifice, et, si l'on respecte le sentiment qui animait les chanoines de Cordoue, on ne peut s'empêcher de déplorer le dommage infligé par eux à l'incomparable merveille. A quelques pas de la mosquée, le Guadalquivir roule ses eaux rapides dans un lit immense, qui fait penser à la Loire avec ses îlots de galets amoncelés et ses bancs de sable jaune où poussent les herbes. Sur lés berges abruptesdes maisons

blanches sont étagées,

maisons à terrasses, qui apparaissent parmi les jardins, dominées çà et là par la tour de quelque église. D'une rive à l'autre les Arabes ont jeté un pont su-

t6 arches, soutenues d'énormes contreforts, ont défié depuis ioco ans les assauts furieux perbe dont les

du fleuve à l'époque des crues. A la tête du pont, la vieille forteresse de la Calahorra dresse ses murailles crénelées, qui furent impuissantes à protéger la ville contre les troupes du roi de Castille San Fernando. Bien d'autres portes fortifiées défendaient jadis l'enceinte deux seulement sont encore debout celle d'Almodovar, qui donne accès au Paseo de la Victoire, et celle de Colodro, dont est proche la tour de Malmuerta, bâtie au xve siècle par un chevalier qui avait assassiné sa femme et qui, pour expier son crime, consacra sa fortune à cette œuvre patriotique. Au débouché des ruelles qui se croisent et se mêlent entre la mosquée et la porte d'Almodovar, une vaste place s'étend, nue, déserte, et de lugubre mémoire c'est le Campo Santo, le lieu sinistre où les musulmans martyrisaient leurs prisonniers chrétiens. Et, par un saisissant contraste, tout à côté, au bord même du fleuve, l'Alcazar des rois maures offre ses délicieux jardins. Moins vastes aujourd'hui qu'au temps des califes, ils ont gardé leurs frais ombrages, leurs

ruisseaux glissant dans des rigoles de pierre, leurs bassins où sautent les jets d'eau, leurs buissons de roses et de jasmins, leurs bosquets d'orangers chargés à la fois de fleurs et de fruits. On éprouve un charme indicible à goûter cette fraîcheur, à respirer tous ces parfums, à écouter les chants d'oiseaux et le murmure des résistance au eaux courantes; on s'abandonne sans plaisir tout physique que procurent ces sensations voluptueuses, et l'on comprend, en les savourant, la mollesse où sombra la dynastie des Ommiades. Mais que de grandes choses elle fit dans ce pays durant les quatre siècles qu'elle en resta maîtresse Et combien la ville moderne paraît misérable avec sa population de ~oooo âmes,

sa médiocre industrie,

son commerce peu actif, auprès de la splendide cité

qui abritait ~ooooo habitants, fabriquait, outre ses cuirs si fameux, des étoffes de soie, des tapis, des armes aussi fines que celles de Tolède, des bijoux d'or et

d'argent ciselé, lançait sur le Guadalquivir de vraies flottilles de bateaux marchands, et étendait sur le monde le rayonnement de son illustre université 1 C'était le temps où

Averroès commentait éloquemment la philosophie d'Aristote où des maîtres éminents enseignaient à des

foules d'auditeurs attentifs l'astronomie, la géométrie, la chimie; où l'on découvrait une science nouvelle, l'algèbre; où la médecine et la

chirurgie étaient prati-

quées avec une habileté inconnue dans le reste de où d'ex'cellents l'Europe -traités de botanique révélaient i art de donner mme leur valeur aux fertiles campagnes andalouses. La décadence est venue. Cordoue a perdu sa richesse ses ateliers se sont fermés, ses fabriques ont disparu, de médiocres boutiques ont remplacé ses brillants bazars. De ses 700 mosquées, une seule, la grande, reste debout, et mutilée. Plus d'université peuplée de savants, plus de somptueux cortèges accomsépagnant le calife au sortir de l'Alcazar le jour du lamlik. Dans les rues désertes règne un silence rareainsi, ment troublé par quelque passant. Mais, même Cordoue est belle encore, car elle a toujours son ciel grandeur bleu, son clair soleil, ses patios embaumés, la deson fleuvesuperbe,ses jardins d'orangers et de roses, siècles la colonnade prodigieuse de sa mosquée. Et les écoulés ont donné par surcroît à cette beauté un caractère de majesté mélancolique. JACQUES PORCHER.


d'engager ouvertement la lutte contre nous. Il parvint à s'entendre pour cela, avec Rainibetsimisaraka,

Un Episode de la Pacification de Madagascar T 'INSURRECTION qui, en t8c)y, troubla notre nouvelle possession africaine, avait à sa tête six chefs principaux. L'un d'eux, Rabezavana, après nous avoir

causé maintes

Rabozaka, Rafanenitra, Rasalimo et Rainisokomby. Ces six grands chefs de l'insurrection firent le serment solonnel de chasser les Français de l'!)e, et de replacer sur le trône de Madagascar, redevenu libre, la reine Ranavalo. Rabczavana reçut le commandement des troupes stationnées dans la partie septentrionale de l'île, avec le titre pompeux de général en chef, gouverneur général de l'armée du Nord! En outre, en peu de mois,.il

fut élevé à la dignité de t~" honneur. JI est absolument avéré qu'à ce moment Rabezavana et les autres chefs de l'insurrection recevaient de l'entourage de la Reine et de nombreux personnages influents de la ca-

difficultés, fit sa soumission dans

pitale, non seulement des encouragements et des incitations, mais encore des subsides.

des circonstances

singulières qu'il n'est pas sans intérêt de raconter. Ce Rabezavana avait été employé en t88t, à l'âge de 33 ans,

En se servant du nom de la Reine, Rabeza-

parvint promptement à

vana

dans les chantiers des gisements aurifères de M. Suberbie. Plus tard,

soulever la région tout entière. Des

pays voisin

tants de popula-

le

centres impor-

étant infesté par

tionrépondirentà à son appel, si bien

une bande de pillards, Rabezavana qui s'était fait remarquer par son

qu'en très peu de temps il fit de rapides progrès. H

courage et son

énergie fut, sur la demande des gens du Bouéni, désigné comme gou-

se présenta même LEGH'<KRALUALLlt-;XttŒ<L~XLL\5u)~USS[U';D~ti..t-~ttE.t)ELLËS.

D'ft~rM J~!c ~0/o~t'a~tc de M. A~c~t~rc.

verneur d'Antsatrana pour pacifier la région. C'est à cette occasion qu'il fut élevé au rang de « dixième honneur ». Le gouvernement de la Reine lui confia même, vers i8go, un fusil Gardner qui, s'il ne lui fut pas très utile contre les pillards de sa province, lui servit du moins contre nous. En effet, au moment de l'expédition du général

Duchesne, en t8c~, Rabezavana fut désigné pour commander, dans t'armée hova le corps des Tsiarondahy-Marofotsy, sous les ordres de Ralambotsirofo,

t~ honneur.

accompagna le commandant en chef hova et pritcontact avec nos troupes le 28 septembre à SabotsyNamehana, où il essaya de percer nos lignes. 11 fut rejeté dans l'Ouest, et, à la nouvelle de la prise de Tananarivele3o septembre, il s'enfuit précipitamment, non toutefois sans emporter son gardner. Il retourna alors à Antsatrana dont il était gouverneur et où presque immédiatement, à l'instigation des conseillers de la Reine, il commença à fomenter l'insurrection H

chez les Marofotsy. A la nouvelle des difficultés survenues en no-

vembre t8o6, Rabezavana n'hésita plus. Il prit le parti

devant Imerimandroso. Mais à ce moment parut le colonei Combes.

Dès lors, Rabezavana se trouva subitement arrêté dans sa marche rapide. Il commença à reculer, se retirant

même beaucoup plus vite qu'il ne s'était avancé. Mené tambour battant par le colonel, il se replia successivement sur divers points, jusqu'au jour où il rencontra les troupes du commandant Lyautey qui le rejetèrent sur Antsatrana, d'où il fut forcé de reculer encore. Battu sur tous les points, rejeté de l'Est à l'Ouest, du Nord au Sud, sans cesse poursuivi, traqué, harcelé, voyant en outre ses effectifs diminuer rapidement tant par les défections que par les combats et la famine, ayant appris d'autre part que la Reine avait

été exilée hors de Madagascar, Rabezavana songea enfin à se rendre. 'C'est à ce moment qu'un de nos émissaires, Rainianjanoro, 14° honneur, de la caste noire, parvint à l'approcher à Ambodiamontana, le 21 mai i8c)y. Rabezavana parut, à l'envoyé du général Gatlieni, entouré de tout l'apparat d'un grand chef. Escorté par les commandants de ~'t camps placés sous ses ordres, il s'avança fièrement au-devant de Rainianjanoro, coiffé d'une perruque, deux grosses dents de


caïman au front, la poitrine couverte de gris-gris de toute sorte et une carabine à la main. En même temps, des musiciens jouaient l'hymne de la Reine et le drapeau hova était déployé. Après avoir écouté Rainianjanoro, il ordonna d'apporter un grand plat, le fit remplir d'eau et y jeta son anneau d'or. Puis un de ses lieutenants, saisissant une sagaie, en plongea la pointe dans le plat en proférant les imprécations et les menaces les plus terribles sur Rainianjanoro, au cas ou ses paroles seraient mensongères et s'il était fait le moindre mal à Rabezavana. 'Rainianjanoro but alors quelques gorgées de l'eau du serment. Puis les imprécations recommencèrent, cette fois contre Rabezavana, s'il trahissait son serment de se rendre en toute confiance aux autorités françaises. A son tour le chef rebelle but de l'eau sacramentelle. Mais à ce moment un incident faillit tout compromettre. Certains sorciers, se disant possédés de l'esprit des ancêtres, intervinrent et, s'adressant à Rabezavana, se mirent à lui crier, au milieu des contorsions les plus grotesques « Ne pars pas, ne pars pas, ne te rends pas. » Rabezanava hésita. 11 avait sans doute bien envie de se rendre, mais l'oracle des sorciers le lui défendait. Pourtant l'envoyé du général lui garantissait la vie sauve. Attendre encore, c'était s'exposer peut-être à avoir ensuite des conditions plus dures. Avant de prendre son parti, il décida de recourir à une dernière épreuve. 11 fit amener un bœuf noir qui portait une étoile blanche au front et quelques taches de même couleur sur la bosse et sur la queue. L'animal fut couché sur le flanc et solidement attaché. Puis Rabezavanasaisit un gourdin et par sept fois l'en frappa de toutes ses forces. Si le bœuf venait à mugir, Rabezavana ne devait pas faire sa soumission. Or, le bœuf ne mugit pas. Alors, tranquille sur les entiment des ancêtres-et sur sa destinée, il sauta sur son filanzane et se rendit à Morafeno auprès du commandant Lyautey. En même temps que Rabezavana, les 3 chefs de camp dont il vient d'être parlé, 500 hommes armés de fusils et 1,500 autres armés de sagaies, de haches et de couteaux se rendirent également, remettant cette fois définitivement le fameux gardner. On sait que, quelque temps après,, le général Gallieni reçut au Grand Palais en présence d'une foule nombreuse d'indigènes et avec une certaine pompe destinée à frapper leur imagination, la soumission de Rabezavana, de Rainibetsimisaraba et des. derniers chefs de l'insurrection, à l'exception de Rabozaka. Après sa soumission, le général, au lieu de l'exiler à la Réunion, comme les autres chefs insurgés, avait bien voulu, sur la demande du commandant du cercle et du commandant du secteur, laisser Rabezavana dans le pays, en raison des nombreux rebelles, qu'il avait déjà ramenés et de ceux qu'il promettait de ramener encore. Ainsi laissé libre, Rabezavana s'était immédiatement employé à seconder de toute son influence lecommandant du secteur d'Antsatrana, dans lequel il s'était établi. Même il s'était mis à la disposition d'un de nos colons pour recruter et diriger le personnel indigène nécessaire à son exploitation aurifère. Telle était la situation, lorsque vers la fin du

mois de mai, quelque temps avant le départ du général de Tananarive, le capitaine Rémond, qui commandait le secteur, fit savoir à l'ancien chef rebelle que, se proposant de venir saluer le général à son passage dans le cercle, il avait décidé que lui, Rabezavana, l'accompagnerait et viendrait également se présenter au chef de la colonie. Cette décision toute naturelle n'avait soulevé aucune objection de la part de l'ancien Fahavalo. Le capitaine et Rabezavana devaient quitter Andriamena le 3o mai. Or, le matin de ce jour il fut impossible de trouver Rabezavana. II avait disparu pendant la nuit avec son fils, sans motif apparent, laissant d'ailleurs intact tout ce qu'il possédait, cases, bœufs, etc. Peut-être cette disparition était-elle l'effet de la superstition ? Nous venons de voir combien Rabezavana y était enclin. Ou bien faut-il l'attribuer à la crainte? crainte injustifiée sans doute, mais explicable jusqu'à un certain point. L'attitude de l'ancien Fahavalo a. en effet, du moins au début de sa nouvelle situation, semblé parfois quelque peu louche si donc, dans le commencement, sa soumission n'a pas été absolumentfranche, entière, exempte de toute arriére-pensée, il a pu appréhender que l'on ne fit, à l'occasion du passage du général, un retour sur son passé. Et, dame quoique aucun indice n'ait pu lui faire supposer rien de pareil, cette appréhension peut parfaitement s'expliquer chez un ancien bandit, dont la conscience a à se reprocher un certain nombre de crimes. II paraît d'ailleurs que, lors de la cérémonie de la soumission au Grand Palais, le général lui avait inspiré une frayeur indicible.

La Violation du Tombeau du Mahdi et la Dotation de Lord Kitchener UN voyageur allemand, venu de Khartoum en même

temps que les troupes du sirdar Kitchener, a été le témoin de la violation du'tombeau du Mahdi et en a donné un récit détaillé. Tout autour du tombeau s'élargissait comme une énorme flaque de sang, où nageaient un grand nombre de cadavres de Derviches. Dans leur foi aveugle en Mohamed-Achmed, le Mahdi, ils s'étaient réfugiés !à, comme dans un asile inexpugnable, et c'est cette même raison qui leur fit trouver la mort. Ils étaient en prière, prosternés devant le tombeau, au nombre de cent cinquante, lorsqu'un obus chargé d'explosifs, pesant 50 livres, tomba et éclata au milieu de cette foule. Dix-huit d'entre eux seulement échappèrent à la mort. Le tombeau était construit en pierres et en briques de bonne qualité, et superbement recouvert de stuc en dedans et en dehors. Les fondements avaient 2 mètres d'épais-


au sommet s'élevait une élégante coupole. Lae bombe troua les murs de part en part, et brisa la grill de bronze qui entourait le cercueil. Les vainqueurs dépouillèrent ce dernier du drap mortuaire de couleur sombre qui le recouvrait, détruisirent les ornements en bas-relief, dont les collectionneurs se disputèrent les débris, et les inscriptions peintes en jaune sur la muraille puis ils enlevèrent le Coran, ainsi que le livre de prières du Mahdi. Le cadavre de ce dernier, embaumé d'une

seur

manière assez sommaire, mais dont on distinguait encore les traits du visage, fut arraché du sarcophage, .devant la foule effarée, qui s'était imaginée jusquelà que le tombeau ne marquait que le lieu d'où le Mahdi s'était envolé au ciel, en chair et en os. M devait en revenir, croyait-elle, pour exécuter les jugements de Dieu. La tête et les autres parties du corps furent conservées, soi-disant pour les médecins le tronc seul fut jeté dans le Nil. Ensuite, une bonne charge de poudre fit sauter tout le monument, dont les moindres débris furent balayés et jetés au vent il ne reste plus

trace maintenant du tombeau du Mahdi. Du crâne du Mahdi, le vainqueur fit un trophée et un objet de risée, que le neveu de Gordon-on voit d'ici ce qu'eût dit son oncle a accepté à titre de présent. Le souvenir de ces actes profondément regrettables a été évoqué, la semaine dernière, à la Chambre des Communes par M.John Morley, lorsqu'est venu en discussion le bill proposé pour accorder à lord Kitchener une récompense nationale de 30 ooo livres sterling (7~0 ooo francs). Sans doute, dans la Chambre, la majorité des membres présents n'a voulu voir que les services éminents rendus par le vainqueur des Derviches, et la dotation a été votée par 393 voix. Mais il est consolant de constater que 5 députés se sont associés à M. John Morley, car des actes comme ceux qui ont suivi la prise d'Omdurman déshonoreraient la civilisation, si nulle voix ne s'élevait pour les flétrir.

Mariage de Morts au Chan-Si ï c'est-à-dire Chine est le pays par excellence des bizarreries, contraires à A

des coutumes tout à fait celles de nos pays civilisés. On sait que les Célestes prennent des vêtements blancs en signe de deuil, qu'ils montent à cheval par le côté droit, qu'ils commencent leurs repas par un dessert et le terminent par un potage, etc. On irait loin si l'on voulait compléter des citations de ce genre. Mais il est un usage moins connu,

qui surpasse tout ce qu'on peut imaginer, et qui a été récemment constaté par un missionnaire dans la province de Chan-Si c'est le Mariage des Morts. Quand un homme passe de vie à trépas avant d'avoir contracté mariage, c'est un gros chagrin pour la famille, qui craint une existence pénible pour le défunt dans la vie future. Alors on se met à la recherche d'une morte toute récente aussi, et on l'amène pour

procéder à l'union des deux cadavres, sans oublier préalablement la cérémonie des fiançailles. Puis on met les époux inertes dans une même bière et l'on porte ce lit nuptial funéraire dans la campagne, où il reste 0 indéfiniment exposé à l'air. Et cela se passe chez des Chinois convertis à la religion catholique! On peut donc juger du degré où doit atteindre la superstition chez les autres Célestes.

Voyage e):~<' yoM«<u; et Xingu. (3 avril t8~-3 novembre 1898). Un vol. gr. in-4" de 2H pages. Ouvrage illustré de r8 vignettes et de 15 cartes.

Henri Coudreau.

Paris, 18~. A. Lahure. voyage est le cinquième accompli par M. Henri Cousous les auspices du gouvernement du Para, pour explorer les affluents de droite de l'Amazone, dans les limites de ce gouvernement, plus considérables que celles de l'Allemagne, de l'Autriche-Hongrie et de l'Italie réunies ensemble. Au lieu d'entreprendre un seul grand itinéraire remontant ou descendant tel ou tel des grands tributaires ,de l'Amazone, M. Coudreau a étudié la région comprise entre les rios Tocantins et Xingu, en la visitant rivière par rivière. Cette région est, en général, peu salubre. Sur onze personnes composant l'expédition, qui a duré sept mois. il y a eu deux morts et une maladie grave. Aussi l'auteur conclut-il que le pays visité est peu favorable à la colonisation, sauf sur les rives des Bahias, de l'Anapu et du Curupuhy. Karl Dove. 1~: 7~ ~M Nil. ~'MewtM~MM~'K <:M~ .St!d-0~-MH~A'or~/f!;b!. Un vol. in-t2, illustré. Berlin, Allgemeiner Verein für Deutsche Litteratur. ));< Kar) Dove, l'auteur de ce volume, est professeur de géographie à Berlin. Après avoir été pendant plus d'une année en mission dans le Sud-Ouest Africain, il a séjourné dans la colonie du Cap, et il est revenu en Allemagne par la côte orientale d'Afrique, en s'arrêtant à Natal, Beira, Mozambique, Zanzibar il a terminé son périple par la visite du Caire et par une excursion sur le Nil. C'est ce ne peut voyage qu'il nous raconte dans ce petit volume on de description de la pays si rien attendre de bien nouveau connus; on le lit néanmoins avec intérêt, car M. Dove est un homme fort instruit, qui voit bien, et qui raconte avec conscience ce qu'il a vu. Il est Allemand et il a les qualités et les défauts de sa et il en dit plus race; ainsi, il n'a pas de phrases inutiles en en 3i() pages qu'un voyageur anglais ordinaire n'en dirait deux gros volumes. D'un autre côté, il n'est pas toujours exempt de préjugés nationaux, et l'antipathie qu'il a pour l'Angleterre l'entraine à quelques exagérations vraiment amusantes. D'une.façon générale, il s'efforce pourtant d'être impartial, et les procédés de colonisation de l'Allemagne lui inspirent des critiques assez vives. Illui reproche entre autres, et ceci nous parait piquant, de n'importer dans ses colonies que des officiers et des fonctionnaires. Il se plaint de l'ignorance coloniale du public allemand. Au retour, il exposait à quelques personnes rencontrées en chemin de fer ses vues l'un sur le Sud-Ouest Africain comme il s'interrompait, vraiAlors, vous croyez d'eux lui dit d'un ton aimabie A ces mots, dit ment que Cameroun a de l'avenir? M. Dove, nous nous regardâmes, mon compagnon et moi, et nous renonçâmes tacitement à gagner par nos discours de nouveaux adhérents à' nos possessions africaines. Les reproches de M. Dove à ses compatriotes sont de nature à nous consoler. De même ceux qu'il adresse aux Anglais, ce peuple prétendu impeccable. Une opinion admise hors de France, c'est que nous faisons fausse route comme en essayant de nous assimiler les indigènes. Or, exactement M. Dove nous le montre, les Anglais agissent de même au Natal.

E dreau,

~i'


Pour les Vbyageurs-Cottectionneurs.

Récolte des Crustacés.

Le S\~K<og'n~.sM m)M!<<M~ se peut donner,en ce qui concerne terriers cylindriques, ordinairementobline /~K LJ la récolte des crustacés pour les col- ques, et très profonds. Ces trous sont trouve dans presque tous les parages, et

lections, des conseils uniformes, car les si nombreux en certains endroits, qu'ils souvent flottant sur le FKCK~ ;M<aH~, ou mœurs de ces animaux et leurs habitats se touchent. Chacun d'eux ne renferme sur de grands animaux marins. spéciaux présentent une très grande va- ordinairement qu'un seul individu il ne Les C~MttM sont parasites des riété. s'y en introduit plusieurs à la fois que baleines. On les trouve agglomérés soit En effet, si la plupart des crusta- lorsqu'ils se sentent trop pressés par le sur les éminences cornées de la tête, soit cés sont aquatiques (soit qu'ils habitent danger. Ils ne craignent pas l'eau qui les dans les plis que forme la peau à divers la mer, soit qu'ils vivent dans les eaux couvre quelquefois, mais ils ne cherchent endroits du corps. Ils recherchent aussi douces), il en est auxquels une organi- pas à y rentrer, et jamais ils n'y restent les plaies récentes et les fissures des ansation particulière permet de séjourner, longtemps, sauf, comme nous l'avons dit ciennes cicatrices, partout où il s'en trouve. soit habituellement, soit même d'une plus haut, à l'époque de la ponte. abondamment Tanger,on A trouve Les Bo~rM vivent en parasites manière constante, en dehors de l'eau. de gélasime, dans la espèce vase que les palémons et les callianesses. Ils sur En outre, dans ces divers habitats une s'introduisent sous la partie antérieure du leur recherche présente des particulari- la mer découvre à marée basse. 3" Les Gécarcins, qu'on nomme test et y produisent une protubérance tés variables. Crabes de remarquable. terre, aux ou Nous devons donner des indica- ToM~ottroM~ méridionale, l'Amérique dans Antilles et Les Lernées vivent surtout aux détions spéciales suivant les sortes de creusent également, dans les marais pens des poissons, et s'accrochent à dicrustacés que l'on a le plus de chances se bourbeux, des terriers dont ils ne sortent verses parties de leur surface postérieure. de rencontrer dans les divers endroits. Le tour des yeux et des franchies étant que la nuit. CRUSTACÉS SEMI-TERRESTRES Comme toutes ces espèces vivent tes endroits où elles trouvent une nourordinairement par troupes, lorsqu'on en riture plus facile sont aussi ceux quelles Commençons par les espèces qui trouvé un, il suffit de prolonger quel- affectionnentdavantage. vivent habituellement hors de l'eau, mais a les recherches dans les environs Les Hermites ou Pagures peuvent qui ne s'en éloignent jamais beaucoup, que peu découvrir plusieurs autres. considérés être pour en comme des semi-parasiparce qu'elles sont obligées de s'y rendre 4° Les Grapses, connus dans les tes. La partie inférieure de leur corps tous les ans pour y déposer leurs œufs, Antilles sous le nom de crabes peints et étant molle et incapable de résister au qui n'éclosent que dans cet élément, où sont très agiles moindre choc, la plupart s'emparent vivent les larves tant qu'elles n'ont pas crabes des palétuviers, et marchent dans tous les sens, mais de d'une coquille univalve vide pour s'y,loatteint la forme adulte. préférence de côté.Ils se tiennent souvent ger comme dans un fourreau, ne présenDe ce nombre sont la plupart des hors de la mer, sont timides, fuient à tant au dehors que la tête et les pinces, espèces de crabes qui composent la tribu l'aspect du danger, et se sauvent en sau- et s'y enfonçant lorsque le moindre dandes quadrilatères. tant à l'eau mais il se défendent coura- ger les menace. Ils trainent constamment Comme le desséchement de leurs geusement quand on les attaque dans le cette coquille avec eux et ne la quittent branchies entraînerait leur mort, ils s'éta- fond de leur gite. C'est ordinairement que pour en choisir une plus grande blissent toujours à proximité de l'eau, dans les fissures des rochers que ces lorsque leur corps a pris trop d'accroisdans les lieux frais et humides, dans les crustacés se tiennent abrités quelques- sement pour y tenir à l'aise. bois, sur le penchant des montagnes, uns y fixent leur demeure. Diverses esQuelquesespèces de pagures choidans les vieux troncs d'arbres, parmi les pèces propres à l'Amérique méridionale sissent de préférence pour demeure des pierres, dans les trous de rochers, et sont abondantes dans les marais salés, coquilles de la même espèce; ainsi cerenfin dans les touffes épaisses d'herbes, et s'introduisent dans les interstices des taines se logent constamment dans des où ils se tiennent tapis. arbres morts sur leurs bords et dans les S~«rejc. Les uns, à cause de la longueur Ils se creusent près du bord des palétuviers d'autres fréquentent l'em- de leur abdomen, semblent ne se plaire eaux, ou sur les rivages de la mer, des bouchure des rivières, et il en est qui que dans les Cérëtes d'autres habitent sembleraient vivre en parasites sur les indifféremment les Collombeles, les Cassiterriers qui leur servent d'habitation. Les corps morts rejetés sur le daires, les Cuccins, et même des Bulimes, Signalons, parmi les plus remar- tortues. composent leur nourriture ordi- des Hélices et des Cyclostomesentrainés quables il les Ocypodes, que l'on ren- rivage naire, qu'ils cherchent en rôdant la nuit dans la mer. Il en est toutefois qui se contre sur les plages sablonneuses des et le jour. placent simplement dans des algues, qui bords de la mer ou des fleuves, surtout se fixent dans les cavités des éponges ou CRUSTACÉS PARASITES vers leur embouchure. Ces crustacés dans des fragments de serpules. On en sont doués d'une si grande vitesse Les P))!)!o</i~rM des crabes sont a même vu qui s'était contentés de se qu'Olivier assure avoir vainement tenté d'atteindre à la course une espèce qu'il de très petite taille qui vivent en para- blottir dans des trous de vieux morceaux sites dans la coquille bivalve de certains de bois cariés. a trouvée sur les côtes de la Syrie. Bosc vivants. C'est particulièreCes crustacés abondent tellement a observé, à la Caroline, une autre es- mollusques l'intérieur des à moules, des ment mo- sur certaines côtes qu'il est quasi-impospèce d'Ocypode (Ocypode a/Mca<M) coùdioles, des gambonneaux des huîtres et sible de trouver une coquille univalve où rant avec une telle vélocité, qu'il avait Il extrêmement qu'on les rencontre. est l'un d'eux ne soit pas logé. C'est ce que de la peine à le devancer à cheval et à de libres les isolés la trouver et de rare j'ai observé notamment le 7 mars 180;, le tuer à coups de fusil. dans les bivalves vides. mer ou sur la plage qui s'étend au Sud d'Ali2° Les Gélasimes, propres aux pays On quelquefois accicante, dans le direction d'El Carmen. rencontre par chauds, sont connus sous le nom de Crabes appelants, parce qu'ils ont l'ha- dent, dans les coquilles bivalves, d'au- Presque toutes les coquilles turbinées bitude singulière de tenir toujours élevée tres crustacés que les pinnothères, avec ou scabariformesétaient habitées par des leur grosse pince en avant de leur corps, lesquels il ne faut pas les confondre. Cu- petits pagures. Ce qui fait l'intérêt de ces animaux comme s'ils faisaient le signe d'appeler vier signale parmi ces intrus le Carc:MM le Por<M);M~ pulien, Gs/a/Aû'a la dans une collection, c'est surtout la coquelqu'un. Ils vivent par millions dans Ma°MiM, strigosa, etc. les bords de quille qui leur sert d'habitation. Il faut la les deux Amériques, sur Il est bon que les collectionneurs donc la prendre avec eux sans les en démer ou des rivières dans lesquelles remonte la marée, et plusieurs espèces se connaissent cette particularité,pour pou- loger. (A suivre) PAUL COMBES. creusent dans les terrains humides des voir en profiter à l'occasion.


Une Vendetta au Tonkin Voici un épisode de la lutte que nos troupes ont soutenue contre les rebelles qui ont si longtemps retardé la pacification du Tonkin. Cette bistoire de « vendetta ?, agrémentée de détails sur les W~'K~ indo-cbinoises, est de nature à t'M~~M~ nos

lecteurs.

pENDANTles premiers mois de l'année !8a~,)a région du Yen-Thé, contrée limitrophe du Delta tonkinois, était relativement calme. Epuisée par les coups qui lui avaient été portés dans la campagne précédente (colonne du général Voyron, mars a mai

!8()2),!arebel)ion s'était assoupie, et

sées dans les

Mong

notre cause; n'ayant rien à

favorable pour

perdre, mais tout

rentrer en scène.

gagner à marcher avec nous, il avait guidé nos premières colonà

Plusieurs villages dévastés par la guerre avaient été reconstruits en un clin d'œil, et leurs

intelligent. nes rusé, connaissant bien le pays, il

habitants cultivaient paisible-

avait fourni

ment les rizières. D'anciens chefs

des

indications

précieuses énergique (surtout hors du danger), il pré-

rebelles, mainte-

nant soumis, avaient obtenu la permission de ren-

leurs

pas, par conséquent, passé les examens du man-

était dévoué à

forêts attendaient un moment plus

dans

illettré, n'ayant

darinat,

les bandes disper-

trer

s'appelait Mong, et on l'avait créé pho-quan-dao du Yen-Thé. Le choix du personnage, dans les circonstances toutes d'exception qui l'avaient motivé, n'était peut-être pas mauvais. Quoique d'une basse origine,

ËKTRÉE

sidait aux exécutions sanguinaires que nécessitait la

DE PAGODE. foyers, avec leurs répression de D'après HHC ~~o~o~'j/ttc ~M com~t~aH~ ï~err~v. hommes, et cette l'insurrection on riche contrée paraissait de nouveau florissante. C'est l'appelait le bourreau du colonel car les deux ainsi que le De-Winn, un des anciens lieutenants du hommes étaient faits pour s'entendre. Qui veut la fin De-Naur, avait réédifié les villages de Lang-Mac et veut les moyens. Aussi, en temps de trouble, Mong Luoc-Ha, y avait réinstallé sa famille, et, troquant le pouvait-il être l'homme qui convenaitpour tenirentre fusil contre la charrue, était devenu un riche propriéses mains cruelles un pays comme le Yen-Thé, où l'intaire foncier presque tout le pays entre les portes de surrection était des plus tenaces. Une fois celle-ci Nha-Nam et de Bo-Ha était à lui. vaincue, il ne devait plus être maintenu dans ce poste. Cependant une faute politique avait été commise pendant la période troublée qui avait précédé celle-ci, D'abord, son origine était trop obscure. On prétend qu'il avait été couli dans son village, puis boy on avait cru devoir donner le gouvernement de la provincedu Yen-Thé à un homme qui avait fait ses preuves d'un officier, enfin guide on en avait fait un mandaà notre service, et dont on se croyait sûr. Cet homme rin militaire. En Europe, on fait d'un tonnelier un ma-

D.


réchal de France, il ne peut en être de même en Orient. Dès qu'il ne s'agit plus de gouverner uniquement par la terreur, le pho-quan-dao perdit tout prestige il n'avait du reste rien dans ses allures qui le fît ressembler à un mandarin, et nos soldats, qui ne s'y trompaient pas, l'avaient surnommé Joseph. II nous souvient qu'un jour nous fûmes chargé de faire le recensement des fusils qui lui avaient été délivrés pour armer sa garde personnelle (les /<M~-eo). Ces armes, des fusils Gras, se démontent en plusieurs pièces, sur chacune desquelles est gravé un même numéro de série pour en faciliter le remontage. Plusieurs linh-co s'étaient sans doute réunis pour démonter leurs fusils, opération que nécessite le nettoyage; mais, inexperts dans la lecture de nos chiffres, ils avaient fait une véritable salade des diverses

pièces et avaient

remonté leurs fusils de telle

façon que chacun

d'eux portait jusqu'à cinq ou six

numéros diffé-

les aptitudes physiques, la vigueur, l'adresse y tenaient le premier rang. Les candidatstiraient à l'arc, montaient à cheval, se mesuraient à la course et au saut des obstacles. Les places n'étaient pas données aux plus intelligents, mais à ceux qui possédaient de beaux muscles et de solidesjarrets.c'est ce qui explique le peu de considération dont ils jouissaient. miers

D'autre part, Mong était catholique. A ce titre il ne pouvait qu'être tenu en suspicion par les autres mandarins, qui sont tous hostiles au catholicisme et lui opposent la résistance la plus tenace, non par foi

religieuse, mais parce que leur religion est intimement liée au code etqueladestruction de l'une est la destruction de l'autre. En effet, si le peuple tonkinois est assez indifférent en matière de religion, il est très superstitieuxet très attaché à ses anciens usages. Le bouddhisme y fut jadis fort en honneur actuellement il n'a plus que peu d'adeptes, ses temples

tombent en rui-

rents. Nous en

bonzes disparaissent, et

tion au pho-quandao, en le priant

les

nes, ses

fimes l'observad'exiger que

grotesques

images de Bouddha ne sont plus

ses

maintenant pour

hommes démon-

Annamites

tassent leurs ar-

les

mélange aussi

taoïsme n'a ja-

eux-mêmes qu'un sujet de risée. Le

mes séparément, afin d'éviter un

mais été que la religion des deLLGtON ÉTRANGÈRE Er TtRAtLLEFRS ~0'~K~NOÏS Af BIVOt'AC. DKTACtt~MENT MtXfE vins, sorciers, péfaction, Joseph ~t'aM~. D'après HH6/0~0~tt'e ~M charlatans de se précipita versle toute espèce, qui exploitent la crédulité publique. Le linh-co qui se trouvait en facede lui et lui administra une confucisme, au contraire, est le culte officiel, celui du formidable paire de soufflets. Entre parenthèses,ce linh roi et des lettrés. Sa doctrine est moins une religion était un des rares qui n'eussent pas coopéré à la salade. qu'un ensemble de préceptes, comme le Coran, assurant C'est peut-être la seule fois, depuis que le monde est le respect et la conservation des coutumes, le culte des monde, qu'un mandarin se soit livré lui-même à des ancêtres, etc. Toutes les lois qui régissent le royaume voies de fait sur un de ses administrés. Le mandarin en découlent. Battre le confucisme en brèche, comme le est, par essence,un personnagecalme, qui n'abandonne fait le christianisme, est donc s'attaquer à ces lois; d'où jamais son flegme. Un de ses gens a-t-il commis une les soupçons et les haines des mandarins contre tous faute devant lui? Un signe suffit, on emmène le délinceux qui le renient. quant et on lui applique une vigoureuse fouettée (la Enfin le maintien du pho-quan-dao à la tête du cadouille) il ne faut d'ailleurs pas un signe beaucoup Yen-Thé devint particulièrementimpolitique le jour où plus accentué pour qu'on lui coupe la tête. Aussi, à partir de ce jour là, Mong fut-il absolument disquaon autorisa les rebelles soumissionnaires à rentrer chez lifié décidément il manquait de prestige, aussi bien eux. Les mettre sous la coupe de celui qui leur avait fait une guerre acharnée et cruelle n'était que prolonger pour nous que pour l'Annamite,qui ne comprend rien à les dissentiments qui les séparaient. Un de ses ennemis l'emportement. les plus irréconciliables était justement ce De-Winn D'ailleurs, question de prestige personnel à part, auquel on venait de restituer tous ses biens et qu'on il n'était que mandarin militaire, et les dignitaires de faisait en réalité maître du pays. Le capitaine commancette classe jouissent dans le pays d'une moindre condant le poste de Nha-Nam ne tarda pas à s'apercevoir sidération que les autres. La raison en est la suivante des difficultés qu'allait lui créer une telle situation. Ce le mandarinat, comme on sait, est délivré à la suite fut d'abord le pho-quan-dao qui crut devoir le prévenir d'un examen, en théorie ouvert à tous, mais en réalité accessible aux seules castes aisées. Cet examen est unique la soumission du De-Winn n'était qu'apparente, que celui-ci n'avait livré qu'une partie de ses armes, quement littéraire mais, outre les concours de cette qu'il en conservait encore beaucoup, et qu'il en armenature, il y en avait autrefois à Hanoi pour les grades rait ses partisans à la première occasion. De-Winnjura militaires. Ceux-ci différaient essentiellement des pre-

extraordinaire. A notre grande stu-

C~t'


le contraire, et, pour affirmer sa bonne foi, il offrit de

guider nos colonnes quand l'occasion s'en présenterait, apportant, dès qu'il en possédait, des renseignements sur les petites bandes qui erraient encore dans le pays. En revanche il se plaignait amèrement des exactions du pho-quan-dao et de ses hommes. Au temps de la guerre, on avait permis à celui-ci d'armer un certain nombre de partisans, les linh-co; il les avait.disséminés sur différents points du Yen-Thé, dans de petits blockhaus, et il avait été autorisé à les garder pour surveiller la région et faire la police. Ces postes étaient nombreux;chacun comprenaitune vingtained'hommes. A Bao-Thuong,où résidait le mandarin, il y en avait i oo, ce qui faisait une troupe de~oo hommes complètement à sa dévotion. C'est nous qui les armions, mais c'est le pho-quan-dao qui les habillait et qui les payait or, comme il ne les payait pas cher, ceux-ci étaient réduits à «piratera sans cesse. Aussi les plaintes succédaient-elles aux plaintes un jour c'était du bétail volé, une autre fois un habitant maltraité. Quelquefois les accusations étaient plus graves, une femme revenant du marché prétendait avoir été violentée sur la route, et c'était une procession de gens qui venaient gémir aux pieds du commandant du poste père, mère, mari, frères, oncles, cousins, jamais on n'eût pu supposer que la malheureuse avait une famille aussi nombreuse Quant à découvir la vérité, c'était une autre affaire

tous parlaient à la fois, et il était bien difficile de déterminer des faits probants au milieu de ce concert de lamentations. D'ailleurs' le pho-quan-dao ne prenait pas beaucoup de peine pour défendre ses hommes « Vous avez à vous

plaindre d'un tel? Qu'à cela ne tienne, je le chasse s'écriait-il avec désinvolture. Cependant le moment approchait où cette lutte à coups d'épingle entre le mandarin et ses administrés allait prendre un caractère plus tragique. Le comman-. dant du poste avait espéré d'abord que le temps apaiserait les haines, il avait cherché, dans de fréquentes entrevues, à faire comprendre aux uns et aux autres que la bonne entente servirait mieux leurs intérêts que cette animosité latente il s'était efforcé de leur faire admettre cette conception européenne de la guerre et de la paix, d'après laquelle les ennemisd'hier deviennent les alliés et les amis de demain; mais les cerveaux annamites sont réfractaires à de. pareilles idées; en vain profita-t-il des fêtes du 7e< (février) pour les convier à de grandes réjouissances ce ne fut qu'une trêve. Le De-Winn s'était installé, avons-nous dit, au village du Luoc-Ha, à 100 mètres environ d'un poste de linh-co placé sur une petite éminence qui domine le village. Luoc-Ha est situé sur le chemin qui relie les deux postes européens de Bo-Ha et de Nha-Nam il n'est distant que de 3 kilomètres de ce dernier. La famille de l'ancien pirate était nombreuse elle comprenait une douzaine de personnes tout ce monde habitait au centre de la localité; celle-ci était entourée d'une haie vive de bambous qui doublait une forte palissade. !.e ?.y avril, il était environ minuit, la nuit était très noire, et un violent orage venait d'éclater. Un indigène tout échevelé (les Annamites laissent pousser leurs cheveux comme les femmes, ils les relèvent en chignon derrière la tête, mais la nuit ils défont ce chignon pour dormir) se présente à la porte de NhaNam et demande avec insistance à parler au commandant du poste. Le capitaine donne l'ordre de l'introduire et reconnaît le De-Winn. Celui-ci lui raconte alors qu'il était profondément endormi quand il a été réveillé par une vive fusillade, éclatant dans son village. Les balles tirées à bout portant dans sa maison ont tué ou blessé plusieurs des siens, surpris comme lui dans leur sommeil. La nuit était tellement obscure qu'il n'a pu reconnaître ses adversaires, il s'est échappé par une brèche de la palissade, il est accourù aussi vite qu'il a pu et supplie le capitaine de venir le secourir.


Les agressions nocturnes des villages n'étaient pas rares à cette époque au Tonkin c'est ainsi que procèdent ordinairement les pirates, ils entourent une localité, ouvrent un feu de mousqueterie violent; ce feu dirigé au hasard fait le plus souvent plus de bruit que de mal, mais suffit à effrayer les habitants; les assaillants font alors main basse sur tout ce qu'ils

trouvent, enlèvent quelques otages et s'en vont rapidement. Au récit du De-Winn, et quoique le pays fût alors assez tranquille, le commandant du poste pensa que c'était quelqu'une des petites bandes circulant dans les forêts voisines, qui venait de tenter un coup de main, mais, tout en redoutant que les troupes qu'il enverrait arrivassent trop tard, il ne voulut pas refuser le secours qui lui était demandé si instamment. Les soldats étaient rompus aux alertes de nuit. 20 minutes plus tard, un détachement de 2~ légionnaires et de 25 tirailleurs tonkinois s'alignait dans la cour du poste, prêta à partir sous le commandement d'un lieutenant. De-Winn se mit en marche avec eux. (A suivre.)

COMMANDANT VERRAUX.

L'Allemagne dans l'Océan Pacifique dans nos Informations et Nouque l'Espagne venait de céder à l'Allemagne, moyennant 25 ooo ooo de pesetas, les archipels des Carolines, des Mariannes et des Palaos, et nous avons donné, dans le Courrier ~o~ra~~M de la semaine dernière, une carte sommaire indiquant les positions respectives de ces archipels, par rapport à la NouvelleGuinée. Du fait de cette vente, l'Espagne cesse, pour ainsi dire. d'être une puissance coloniale. A part les Canaries et quelques petits coins de terre qu'elle détient encore sur la côte du Maroc, il ne lui reste plus rien de son empire colonial, de cet empire colonial qui fit jadis sa gloire et sa fortune. Le jour est donc loin où elle recourait à l'arbitrage de Léon XH1 pour conserver les Carolines convoitées par M. de Bismarck. Ce que sont ces archipels, nous l'avons dit sommairement déjà des agglomérationsd'îlots sans grande importance. Les Mariannes (ou Ladrones) comptent kilomètres carrés de superficie et 17 îles, avec i 140 to ooo habitants les Carolines sont au nombre de 500 îles, avec ~77 kilomètres carrés et 20 à 30 000 habitants les Palaos comprennent une vingtaine d'îles, avec 500 kilomètres carrés et 12 ooo habitants. De toutes ces îles, celle qui a incontestablementle plus de valeur, est l'ile de Guam, l'une des Mariannes. Mais les Etats-Unis, qui l'ont occupée pendant la guerre avec l'Espagne,l'ont gardée depuis, en sorte que l'acquisition nouvelle des Allemands n'a peut-être pas tout avons annoncé, Nous ~/M,

l'intérêt qu'on pourrait supposer. C'est, du moins, ce que disent quelques Alle-

mands adversaires résolus de la politique d'expansion

coloniale, tels que M. Eugène Richter, député au G~~ libérale, qui a fait Reichstag et directeur de une charge à fond de train contre l'achat des petits archipels espagnols. L'importation allemande aux Carolines, qui ne se montait, dit-il, en 1894, qu'au chiffre modeste de 165 ooo marks, serait tombé depuis, presque à zéro. L'exportation n'existe pas, non plus d'ailleurs qu'aux îles Marshall, autre possession allemande, et à Samoa. On n'en tire que du coprah. Le budget impérial dépense en frais d'administrationconsulaire et de stationnaires maritimes une somme bien plus considérable que le chiffre d'affaires des deux compagnies coloniales qui commercent aux îles Marshall, aux Carolines et dans l'archipel Bismarck. Les Marshall ne comptent que 51 colons, dont ilôts 45 Allemands. Il est douteux que les 500 îles et que comprend la nouvelle acquisition attirent un plus grand nombre de colons. Et ces colons, quelle vie est la leur dans ces archipels de Micronésie Les denrées sont très chères, la main-d'œuvre est ruineuse, les indigènes sont paresseux et ignares. Des maladies épidémiques les déciment. La terre arable manque pour la culture potagère. En dehors des chèvres et des cochons, pas d'aniPas le maux domestiques. Point de gibier non plus. moindre chant d'oiseau ne vient varier le pesant silence. de l'air. Il faut un orage ou une tornade pour jeter quelque variété dans IJaccablante monotonie de ce climat. Quand le ciel est, pendant des mois entiers, comme il arrive en février et mars, entièrement voilé de nuages et de pluie, il faut une singulière vaillance pourlutter contrela dépression morale et l'hypocondrie. M. Richter, dans un précédent calcul, n'avait relevé la présence que d'une seule femme blanche aux îles Marshall Il faut convenir que c'est insuffisant

la

pour animer le paysage et l'existence. Les anti-coloniaux s'empressent de citer les appréciations de Bismarck sur les Carolines, oubliant qu'il entrait du dépit dans les paroles du chancelier, lorsqu'il disait « Je considère les Carolines comme acquéune chose sans valeur. Ce que nous y pouvons rir et obtenir représente environ 60 ooo marcs par an. Les marchands allemands qui y étaient faisaient de too 00o à t20 ooo marcs d'affaires, mais je ne sais pas combien là-dessus ils faisaient de bénéfices. Engager Carolines, une guerre avec l'Espagne à propos des c'est une idée qui ne me serait jamais venue. » Il y a sans doute quelque exagération dans ces critiques inspirées par l'esprit de parti. Et d'abord il s'agirait de savoir si l'Allemagne, en achetant ces archipels à l'Espagne, a voulu se procurer de nouveaux centres de colonisation et de nouveaux débouchés commerciaux, ou si elle n'a pas plutôt songé à acquérir de nouvelles bases d'opérations et de nouveaux points de ravitaillement pour ses flottes militaires. En ce dernier cas, !e point de vue changerait,

et l'Allemagne aurait peut-être fait œuvre prévoyante et habile en se mettant sur les bras, dans l'océan Pacifique, ce que M. Richter appelle plaisamment « un affreux bric-à-brac colonial ».


~E vaste estuaire est

le foyer des

communications

d'une des provinces les plus riches de

la Chine

Orientale, le Tché-Kiang. Aussi est-ce sur lui que l'Italie vient de jeter son dévolu après les installations de la France à Kouang-Tchéou-Ouan, de l'Allemagne à Kiao-Tchéou,de l'Angleterre à Weï-Hai-Weï et de la Russie à Port-Arthur. L'Italie veut participer au partage de l'Empire Céleste en sphères d'influence politique. Les navires de la division na-

sorte que l'aspect général de l'estuaire en est tout changé. Ces plaines ne sont autres que le prolongement de celles qui s'étendent entre Ning-Hai, la mer et le détroit de Nimrod et qu'on désigne sous le nom de presqu'île de Ning-Po. On ne peut imaginer des terrains plus fertiles que ces alluvions; le riz, les graminées, le pavot à opium surtout, y poussent à foison. Le pavot empiète sans cesse sur les autres cultures et on prévoit qu'il les remplacera exclusivement. En tSyy déjà, il occupait le tiers de la superficie; depuis, il a doublé. D'après certains documents anglais, 600 mètres carrés de culture de pavots rapportent 125 francs, ce qui produirait plus de 2 ooo francs par hectare, le double des meilleures vignes ordinaires de France. Aussi les riverains du San-Moun sont-ils de grands expor-

tateurs d'opium et de grands fumeurs.

vale italienne

dit le D' Mario Carli, plus de 30 o/o de la population fumaient le triste poison; depuis, la moitié au moins s'est adonnée à ce vice. »

cette baie, qui a

été assez mal connue jusqu'ici et au sujet de laquelle rien n'a encore été décidé

Le

entre le gouvernement de Rome et celui de Pékin. Le grand estuaire de SanMoun, orienté du

CARTE DE LA BAIE DE SAN-MOUN.

bordé sur la rive méridionale par la terre ferme, sur la rive septentrionale par l'archipel dont Niou-Tiou est l'île principale. San-Moun signifie «trois portes ?. Et, de fait, on accède dans la baie par trois entrées. La plus vaste, la plus profonde, se trouve entre les îles de Léa-Ming et de San-Sche-Tan; les plus gros navires y naviguent à l'aise, puisque la sonde y donne 22 mètres. La seconde « porte entre San-Sche-Tan et l'île de San-Moun, a mètres de profondeur; la troisième «porter, encore entre San-Moùn et la terre ferme, ne peut guère compter, tant elle a peu d'eau. La véritable ouverture, celle que nous avons citée la première, n'offre pas seulement des dimensions considérables, mais aussi des conditions spéciales très favorables à toute navigation e)Ie est abritée des grands courants de maréeet des moussons du N.-E. par l'île de NiouTiou qui brise le flot dangereux. Les bateaux se défilent derrière cette excellente digue naturelle, courent à l'îlot deKoné,àt2 kilomètres plus à l'Ouest et vontjeterl'ancre près des rivages de l'iie Saint-George, à y kilomètres ouest de Koné. C'est là le mouillage le plus central de la baie et le plus favorable aux voiliers. Le littoral méridional de la baie de San-Moun est montagneux; le littoral septentrional et occidental est au contraire une immense plaine basse que les hautes eaux inondent sur plusieurs kilomètres, de

i

a

déjà trente ans,

trouveraient un mouillage de premier ordre dans

N.-O.auS.-E.est

«Hy

littoral

méridional de la baie de San-Moun est formé de collines de 300 à 400 mètres, qui augmentent d'altitude à mesure qu'elles

avancent vers

l'Est, c'est-à-dire vers la pleine mer. « La plus remarquable de ces collines est le cap Taou-Tiou, qui pénètre profondément dans les eaux de l'estuaire, comme si elle voulait rejoindre l'ile de Tin-Ouan. Quoique cette région montueuse soit relativement peu fertile, elle sert d'habitat à une population extraordinairement dense. La baie n'est pas l'estuaire d'un grand fleuve. Un cours d'eau moyen débouche sur la rive méridionaIe.leA"MK-7<o«,dontl'embouchure s'ouvre à 8 kilom. au sud du cap Taou-Tiou. Mais, sur la rive septentrionale, trois cours d'eau viennent aboutir le Kouan-Tchi (le plus oriental) au nord de l'île Saint-George le 7'<:M- Tc&t (le plus occidental) entre les deux, au nord de l'île Quarry, débouche le troisième, le plus important de beaucoup. Ce'dernier se forme de deux branches, le Tchi-You et le Nan-Tcbiou-Si, qui arrose la ville de

Ni,ng-Haï. La localité principale de la région convoitée par les Italiens est Tchepou (ou Sheï-Poo), avec son port, sur la terre ferme. Nul site n'est mieux relié que celuilà avec les pays environnants il est tout spécialement favorable au plus petit cabotage. Point de doute qu'avec peu d'efforts il arriverait à détrôner les ports ouverts de Ning-Po,Hang-Tchéou et Ouen-Tchéou, car les deux premiers ne sont pas accessibles aux gros navires et le troisième aux petits.


On voit que les amiraux italiens ont été bien inspirés en jetant leur dévolu sur la baie de San-Moun. S'ils l'obtiennent, ils occuperont le point, sinon le meilleur, du moins le plus central de la côte chinoise. Rappelons que le port de Tchepou a été en 1885, lors de notre conflit 'avec la Chine, le théâtre d'un bel exploit accompli par des Français. C'est, en effet, devant Tchepou que, le 15 février de cette année, MM. Gourdon, capitaine de frégate, et Dubs:. lieutenant de vaisseau, torpillèrent deux frégates chinoises qu'ils avaient attaquées avec des canots à vapeur du Bayard.

L'Expédition océanique allemande de la « Vatdivia 'ALLFMAGNE tout entière vient de faire fête au proL fesseur Chun et aux autres membres de l'expédition océanique en eau profonde, qui sont rentrés à Hambourg, sur la Valdivia, le 29 avril, après un voyage de neuf mois. L'empereur Guillaume et le roi de Saxe leur ont adressé un télégramme de bienvenue; les sociétés savantes, les autorités de la ville de Hambourg, etc., attendaientla Valdivia sur Je quai Petersen, où elle ne tardait pas à aborder. Au banquet donné en l'honneur du professeur Chun, le secrétaire d'Etat, comte Posadowsky, a porté un toast enthousiaste à la science allemande, « qui vient de conquérir un empire où les Anglais régnaient jusqu'ici en maîtres incon-

testés En attendant que les savants explorateurs publient le rapport détaillé de leurs travaux et découvertes, et le riche inventaire des collections qu'ils apportent, contentons-nous de retracer à grands traits leur itinéraire et le programme de leurs recherches,

programme qu'ils ont très consciencieusement rempli. Comme nous l'avons déjà annoncé à nos lecteurs dans notre numéro du mois de novembre iSpS', la

Valdivia, capitaine Krech, a quittéHambourg le t'~août t8p8, fait le tour des Iles Britanniques, cinglé vers les Iles du Cap-Vert, longé le Delta du Niger et les côtes du Congo, doublé le Cap de Bonne-Espérance, fait escale au Cap. Cette première partie du voyage, dans des régions maritimes déjà explorées, s'est faite très rapidement, et n'a été considérée par le professeur Chun et ses collaborateurs, que comme un entraînement aux recherches subséquentes, une occasion de se faire la main et d'éprouver l'excellence des instruments filets spéciaux, dragues, sondes, thermomètres en eau profonde, etc., dont allaient se servir les

voyageurs. Leur départ du Cap, en novembre 1808, inaugura la seconde partie de leur voyage, celle où ils allaient se livrer aux explorationsvraiment sérieuses. t. Voir dans le numéro du 26 novembre 1898 A TVotwx le fMbMde. Une Expédition oc&!);Me allemande.

Prenant la direction du S. S. 0., la Valdivia atteignit, le 30 novembre, par 56° 45' de latitude, la grande banquise antarctique, dans les parages de l'île Bouvet, qu'elle redécouvrit ainsi, comme nous l'avons également.annoncé. De là, en longeant la banquise dans la direction de l'Est, elle arriva, le jour de Noël, en vue des îles Kerguelen, où l'on dut faire relâche pour réparer la machine du vapeur. Ce trajet du Cap aux îles Kerguelen, en passant en vue de la terre d'Enderby, fut marqué par la pêche abondante de toute une faune en eau profonde, riche en espèces encore inconnues, et surtout par une série de sondages (près de cinquante) dans une mer que les

navigateurs antarctiques n'avaient étudiée auparavant, à coups de sonde, que très peu sérieusement et sans esprit de suite. Aussi régnait-il à l'égard de la mer Glaciale Antarctique, un préjugé dont le professeur Chun a fait complète justice on l'imaginait très peu profonde. Or, la sonde des Allemands est descendue onze fois dans ce vaste bassin, à des profondeurs de 5 à 6 ooo mètres, et cinq fois à des profondeurs de

4 à $ ooo. L'existence désormais acquise à la science

d'un vaste gouffre antarctique va modifier quelque peu les théories qu'on avait formées sur la distribution et l'équilibre du relief des différentes parties,

immergées ou émergées, de la surface du globe. De Kerguelen, la Valdivia se dirigea vers l'île Saint-Paul, où elle arriva le 3 janvier 1890. Elle passait ainsi des régions orageuses de l'océan Antarctique aux régions plus calmes de l'océan Indien, qui allait constituer son principal champ de recherches. Le 22 janvier, elle jetait l'ancre au port de Padang, sur la côte occidentale de Sumatra. Cette escale de quelques jours permit aux savants de se livrer à toute une série de travaux dont nous ne pouvons dire qu'un mot. De nombreux sondages, exécutés soit dans les bassins formés par la côte de Sumatra et les îles qui la bordent, soit au large de ces îles, complétèrent les notions sommaires que la science avait encore sur le relief sous-marin de ces parages. La sonde des explo-

rateurs descendit à des profondeurs de 4 883 et 5 248 mètres. Pendant ce temps, les météorologues de l'expédition s'occupaient à déterminer les différentes températures des couches marines à des profondeurs successives. Dans les.bassins intra-insulaires, ils trouvèrent, à partir de 900 mètres de profondeur jusqu'au fond de la mer, une température uniforme de 5, 9 degrés centigrades, tandis qu'au large des îles, au-dessous de ooo mètres, la température de la mer diminue graduellement ce qui prouve que lesdits bassins sont, malgré leur ouverture sur le large, à l'abri des courants d'eau froide qui règnent au fond de l'Océan. Dans ces mêmes bassins, la couche d'eau superficielle est de 29, 5 degrés centigrades et d'une salure de 33, 8 pour t,ooo, tandis qu'à partir de 600 mètres de profondeur elle est de 35,3 pour t,ooo. Enfin, les dragues et filets spéciaux ont amené à bord des flots de boue animée, où grouillaient confusément crustacés, éponges, poissons, infusoires de toute forme et de toute espèce, où les variétés, encore inconnues étaient très nombreuses. Ces variétés, d'après M. Chun, s'échelonnent en trois régions ma-


rines, de p:us en plus profondes. Quant au règne végétal, il est encore représenté par des organismes primitifs jusqu'à une profondeur de 80 mètres là, il cesse brusquement avec les dernières lueurs et les derniers reflets du soleil, dans la grande nuit sous-marine. De Padang, le 8 février, l'expédition passa aux îles Nicobar, où elle poursuivit ses travaux, en y joignant des études ethnographiques sur la population hébétée, grossière, fétichiste de l'archipel. Elle assista, entre autres, au lancement du « bateau des âmes que les indigènes, nus comme Adam, poussaient dans la mer, sans pilote et sans rameurs, à la mort d'un des leurs, dont il emportait l'âme dans l'autre vie! Les savants pêchèrent sur ce point des crustacés copapodes et des radiolaires à 5 ooo mètres de profondeur. Les îles Tchagos, les Maldives, dont le rajah vint saluer les savants en grande pompe, les Seychelles, où 1s firent escale à la fin de février, Mahé, où ils jetèrent 'ancre le 5 mars, Dar-es-Salaam (15 mars), Zanzibar 2t mars), Ras-Hafun (~t mars) Aden (5 avril), furent ensuite les étapes de la ~Mt'i'M partout des sondages furent faits, des coups de filet amenèrent de nouvelles trouvailles zoologiques, des études thermométriques en eau profonde furent menées à bien. Arrivés à Aden, les explorateurs pouvaient considérer leur mission comme remplie les applaudissements qui les ont accueillis à leur arrivée à Hambourg ont été une récompense méritée.

Les Institutions francaises au Mexique T

colonie française de Mexico et de quelques autres villes de la république américaine est assez nombreuse et assez florissante pour avoir son journal à elle, le Courrier français, qui vient de célébrer son cinquantenaire, le 10 mai t8ac), ainsi qu'un certain nombre d'institutions de bienfaisance, d'éducation ou d'agrément, dont voici les principales: L'Association ~'af:C<MM, suisse et belge, est une Société de bienfaisance fondée en <8~2. D'abord Société exclusivement française, elle s'adjoignait, au bout de quelques mois, des membres suisses et belges. Ce fut elle qui se chargea, en 1847, d'organiser une garde civique destinée à enrayer et à prévenir les déprédations des bandes armées qui infestaient le pays, et qui protégea nos nationaux contre les agissements de l'armée américaine. Dans la guerre malheureuse que la France soutint en faveur de Maximilien, l'attitude toujours noble et digne de la Société lui valut le respect même des Mexicains, irrités contre tout ce qui portait le nom français. Aussi futelle autorisée à donner des secours en argent et en vêtements aux soldats français prisonniers. Pendant les sombres jours de !8yo, l'Association s'employa en faveur de la mère patrie. C'est sur son initiative que furent organisées, parmi les Français résidant au A

Mexique, les souscriptions destinées à contribuer au payement de l'indemnité de guerre imposée par la Prusse. L'~MocM~OM française, suisse et belge, compte aujourd'hui 200 adhérents. L'église de ?'<<DaM<? de Lourdes, ou ég)ise française de Mexico, a été bâtie en tSo~. La plupart

des mariages français se font dans cette église, que fréquente la meilleure société de Mexico. Le Cercle /rjM~Ma a été fondé en i8yo par un groupe de .nos nationaux, désireux de pouvoir se grouper plus intimement et de s'entretenir des malheurs de la patrie. En peu de temps, ses membres atteignaient le nombre de ~oo. Aussi le cercle fut-il vite en mesure d'acquérir un superbe local qu'il met gracieusement à la disposition de la colonie en général, ou des autres sociétés en particulier, soit pour fêter le < juillet, soit pour des bals, réunions, ventes de bienfaisance, etc. Le Lycée n'a été fondé qu'en )8o6, mais ne tardera pas, sans aucun doute, à faire sentir son influence bienfaisante. Des jeunes gens de toute nationalité et de tout âge ont été ses premiers élèves, et continuent d'en former le noyau; et tous, en s'initiant à la langue et à la culture françaises, apprennent à aimer notre patrie et à propager son rayonnement dans le monde. Installé dans le lieu le plus élevé de la ville, le Lycée occupe un superbe bâtiment pourvu, outre les salles de classes, vastes, bien aérées, de tout le confort moderne dortoirs spacieux, infirmerie, lingerie, salles de bains, vastes jardins, etc. D'autres sociétés françaises ont été fondées au Mexique, en dehors de la capitale. Ainsi la Société française, suisse et belge de bienfaisance de Puebla. Mais les citer toutes menacerait d'ationger démesurément notre liste, qui suffit, tout incomplète qu'elle est, à montrer que nos nationaux du Mexique, par leur activité, leur dévouement, et le fervent souvenir qu'ils gardent à la mère-patrie, font honneur à la France par delà les mers.

Gustave Fautras.

De la Loire à l'Oder (~ec;~ de captivité ~'«M /MO):)t!'er civil en 1870-1871). Un volume in-8', illustré de 40 gravures broché, i fr. 40 (Hachette

M.

et C", Paris).

t 'ouvRAUE de M. Gustave Fautras est plus historique que géographique.

Ce n'est pas non plus un récit de voyage,

mais bien la narration singulièrement émouvante d'une terrible odyssée à travers la moitié de l'Europe. Il nous remet en mémoire de tragiques préoccupations et nous fait revivre de sombres et lugubres journées, en nous contant les tribulations d'un instituteur français qui, à la suite de la prise d'un village des environs d'Orléans, le Il octobre !8?o, fut emmené prisonnier en Poméranie, avec 5o habitants de la même localité. C'est, une de ces mâles lectures auxquelles on ne saurait trop souvent ramener les jeunes gens de notre chère France, soldats d'hier, d'aujourd'hui ou de demain car ce n'est pas seulement avec les traditions d'honneur et de vertu de ses aïeux, avec les triomphes et les gloires de son pays, que se forme l'homme et que se fait l'éducation du citoyen c'est encore et plus peut-être avec le souvenir de nos revers et de nos désastres, avec les deuils et les malheurs de la patrie.


BU/~E77.V 0/ TIIE /).WE/!fC~N <;EOC~~P~/C/< SUC/EÏ')'

Les Hawaïens Les Hawaïens appartiennent à la grande race des Maoris, ou Polynésiens bruns, qui, venue probablement d'Asie, s'est répandue dans toutes les terres baignées par l'océan Pacifique, des îles Hawai, au Nord, à, la NouvelleZélande. au Sud, et à )'i)e de Pâques, à l'Est. Le contact des Européens a complètement vicié cette superbe race, dont l'auteur de l'article que nous analysons, M. Titus Munson Coan recherche les caractères primitifs et, pour ainsi dire, les titres de noblesse. Les ancêtres héroïques des Maoris étaient de très grande taille à part les Patagons, aucune race humaine n'a offert une telle moyenne de grands et beaux hommes. Leurs chefs étaient de véritables géants. Les femmes, par contre, étaient relativement petites, mais d'une taille admirablement proportionnée, les traits réguliers, de beaux yeux expressifs, le visage ovale, des dents d'une blancheur éclatante. Les anciens Hawaiens, comme les Maoris en général, étaient un peuple très intelligent, aimant le plaisir, et d'humeur aventureuse il a fourni de hardis navigateurs et de vaillants guerriers. Deux ombres gâtent ce tableau idyllique: ces aimables naturels limitaient avec soin l'accroissement de la population par l'infanticide légal, au prorata des ressources de chaque tribu. De là la sécurité e,t le confort matériels, de là l'humeur sociable et l'extrême aménité de caractère de ces bons sauvages à l'abri du struggle for life, et qui rappellent au savant Américain les Français de nos jours, malthusiens à leur manière. L'autre fléau qui a paralysé les qualités d'une race si bien douée est le despotisme de leurs prêtres et de leurs rois. Les guerres incessantes auxquelles ces derniers entraînaient leurs sujets étaient cependant un moindre mal que les superstition: et la terreur que le tabou imprimait dans les esprits. A chaque instant, sous le moindre prétexte, telle région, telle récolte, tel acte étaient déclarés tabous, c'est-à-dire interdits. Tantôt les prêtres défendaient de parler, de faire entendre un son, et toute l'ile, et tout l'archipel, étaient aussi longtemps qu'il plaisait aux oppresseurs, plongés dans un silence d'épouvanté on bâillonnait les chiens, on enfermait les coqs tantôt les feux étaient interdits tout foyer, toute lumière s'éteignaient à l'instant sur un espace de centaines de kilomètres carrés. Les Hawaïens étaient régis par un gouvernement féodal. La population était divisée en trois classes les nobles, avec le roi à leur tête les propriétaires et les roturiers (fermiers, pécheurs, artisans, etc.). Tous étaient courbés sous un despotisme sans frein ni règle, sinon la bonté naturelle et la douceur que le souverain tenait de sa race. Les Hawaïens n'avaient aucune idée des arts plastiques, pas même de la peinture ils n'avaient pas non plus d'alphabet. En revanche, la poésie, en particulier la poésie épique, leur a inspiré de longs mélés ou chants, à la fois rythmés et accompagnés de musique, qu'ils se transmettaient oralement, d'une génération à l'autre, et qui célébraient les héros nationaux. D'autres poèmes décrivaient les caractères distinctifs, les vertus médicales des plantes, des animaux, etc. Leurs bardes s'accompagnaient d'instruments tout primitifs, tam-tam et nûte de bambou. Le langage des Hawaïens est le même qui se parle encore dans les quinze iles ou archipels océaniens où s'est répandue la race maorie. Il est remarquable par la grande prédominance des voyelles. L'italien lui-même ne compte en moyenne que deux voyelles contre trois consonnes chez les Hawaïens, la proportion est renversée leurs mots demie fois et comptent une et même deux fois plus de voyelles. Souvent, elles se suivent d'un bout d'une phrase à l'autre sans l'intervention d'une seule consonne. Exemple E a! oe M M e oo ia (Dites-lui qu'il doit maintenant apprendre sa leçon). Le nombre de ces voyelles, s'il était

possible de dresser un alphabet polynésien, serait probablement d'une vingtaine. Chaque syllabe doit se terminer par une voyelle, ce qui fait que les langues sourdes, comme l'anglais, sont, pour un gosier hawaïen, un tour de force impossible il prononcera 7fa-M<-Aa pour dire Smith. Une autre particularité de leur grammaire est qu'elle n'a pas de verbes auxiliaires. Comment les Hawaiens peuvent-ils se passer des verbes avoir et être ? Comme les « petits nègres r qui écorchent le français. Ils disent, au C'est une belle femme, tV~n:e <w;< ia (belle lieu de femme cela) au lieu de J'ai assez mangé, Piha ke opu (pleine ma panse). Ajoutons que leur vocabulaire, extrêmement riche en termes désignant tous les phénomènes de la vie physique, de la nature, etc., est presque dépourvu de termes abstraits, ce qui jette les missionnaires dans le plus cruel embarras les mots: bonté, grâce, piété, vertu, etc., n'ont aucun équivalent dans la langue hawaïenne. MÊAfE REVUE

Les Ruines de

Copan (Yucatan)

Bien que l'archéologie américaine soit encore dans l'enfance, on sait qu'avant l'arrivée de Colomb, l'Amérique

avait deux civilisations aborigènes, parvenues l'une et l'autre à un haut degré de perfection celle des Aztèques et celle des Mayas, race déjà déchue au xv° siècle, et dont ces les débris avaient été refoulés dans le Yucatan. existence analogie deux civilisations, nul rapport, nulle politique, langage, coutumes, tout était différent. En tout cas, si elles dérivaient d'une souche commune, leur antique fraternité s'était entièrement effacée dansle reculdessiècles. Qu'étaient ces Mayas? d'où venaient-ils? Si peu de choses que nous sachions des Aztèques, ce sont pour nous de vieilles connaissances en comparaison de leurs voisins, de leurs rivaux peut-être, dont rien ne nous reste que des ruines, dispersées dans le Yucatan et l'Amérique centrale, et qui nous ont permis de reconstituer en gros l'emplacement de leurs deux villes principales Palenque et Copan.

r'e

En nous donnant le résultat de ses recherches dans

les ruines de cette dernière, M. Byron Gordon remarque la que si nous avions déployé, en y faisant des fouilles, dixième partie de l'activité que nous avons mise à exhumer Pompé!, Ninive ou Babylone, nous aurions peut-être découvert mieux qu'une antique civilisation nous aurions résolu le problème de l'origine des races américaines.

XE/rSCM/FÏ' DER GESE~SC~FT FUR ERMMVDE

Les CordiUères du Chili

Le docteur Philippi démontre dans l'article que nous analysons l'impropriété du mot Cordillères, appliqué aux montagnes du Chili. Le mot espagnol contera est ainsi défini dans le dictionnaire de l'Académie espagnole de i838 -Mo~HM continuadas por larga d~~HCM, etc.. ou encore Serte entre .st.. Il signifie donc une de moiitaizas cha!ne de montagnes aux sommets distincts, mais étroiteles ment reliés et même enlacés les uns aux autres, comme corde. anneaux d'une chaîne ou les torons d'une grosse Or, cette définition s'applique aussi peu que possible Real ou Central de aux montagnes du Chili la Cordillera Bolivia se compose d'une série de volcans de 3 ooo mètres de haut qui surgissent d'une plaine haute de 2 ooo mètres, et qui sont indépendants les uns des autres, absolument isolés même. Les deux Cordilleras, Orientai et Occidental, également isolées et que ne sont qu'une suite de montagnes preuve réunit arbitrairement une dénomination commune qui n'aa contrée et cette en soit la voie ferrée qui traverse qu'un ni rampe ni tunnel. La Cordillera de la Costa n'est large bourrelet de granit courant le long de la mer, etc.

M~~


Une Vendetta au Tonkin (~)

a~

On a vu, dans /M~M/<<M~, les difficultés que nous avons éprouvées, après la répression de l'insurrection, vivre e/: bonne intelligence les anciens rebelles avec ceux qui les avaient COM:~a«!M;0?! verra aujourd'huià quelles scènes de vengeance le r~'MC~'M~ des uns et des autres pu donner lieu. a

TE

T.

lieutenant en arrivant à Luoc-Ha, ne trouva pas les agresseurs du village, mais, fait qui lui sembla tout d'abord assez extraordinaire, les tués et les blessés ne com-

prenaient que des

trop

nombreux pour sortir sans danger et qu'ils avaient estimé qu'ils ne pouvaient, en l'espèce, faire autre chose que défendre le poste s'il était attaqué. II faut avoir vécu peu

longtemps avec

membres de la famille du De

Annamites pour se rendre les

Winn; d'autre

compte combien

part, aucun pillage n'avait eu

ce

rence simple et puérile, est capa-

lieu et tant de

désintéressement de la

calculs compliqués, de ble de

part des

pirates paraissait bien anormal. Enfin il était étrange que les vingt-cinq h~/M-co (hommes

projets mûris et astucieux. Nous

verrons tout

à

l'heure les motifs qui avaient décidé le Doi-Kan à choisir justement ce jour-là pour aller chasser le tigre et

du Pho-Q.uanDao) qui occu-

paient le blockhaus à 200 métres du village ne se fussent pas dérangés au bruit de la fusillade

dégarnir son poste avec quelque apparence de raison. Quoi

qu'ils avaient

infailliblement entendue. Le preANNAMtTES CELEBRANT mier soin de cet D'après H~e ~/to/o~r~e de officier avait donc été de faire appeler le chef de ce poste, un certain Doi-Kan, qui passait d'ailleurs pour être .l'âme damnée du Pho-Quan-Dao.Or, le Doi-Kan n'était pas au poste, il était, paraît-il, parti la veille au soir-avec une vingtaine de linhs pour tendre une embuscade dans la forêt sur le passage d'un tigre qui rôdait chaque nuit dans les environs et s'approvisionnaitde chair humaine dans les villages voisins dont il était la terreur. Cinq linhs seulement étaient restés au blockhaus interrogés, ils répondirent qu'ils avaient fort bien entendu la fusillade, mais que n'étant que cinq ils s'étaient trouvés

peuple,d'appa-

qu'il

ensoit,lelieute-' LA FÊTE DU TL.T.

/f

co~t~ Verraux.

nant, ignorant la direction qu'à" vaient pu prendre

les pirates après avoir fait leur coup, incapable, d'ailleurs, dans la nuit noire de trouver sur le sol aucune trace, ni

aucun indice, le lieutenant, disons-nous, allait reprendre la direction de Nha-Nam, quand une

jeune fille, s'approchant de lui avec mystère, lui fit comprendre qu'elle avait une importante communication à lui faire. Cette fille, presque une enfant; appartenait au De-Winn il l'avait eue, au temps de la grande piraterie, d'une femme chinoise qui avait suivi les Pavillons Noirs et que l'un d'eux avait laissée sur la route. Plus grande, de formes moins


mentaires l'Annamiteremplit presque toutes les fonctions de l'existence accroupi; il fait sa cuisine, mange, entières dans cette se repose, joue ou cause des heures

posture, sans éprouver la moindre fatigue. Il n'y a

ANSAMITESCONSTRUISANTUN SIGNAL.

D'o~r~ une photographie du L~M/~a~/

B.

mièvres que les femmes annamites, elle avait de cellesci les yeux longs et noirs, mais sa peau était moins jaune, ses dents étaient blanches ses cheveux très foncés tombant sur les épaules encadraient un visage régulier et ovale, et, à la lueur des torches, toute frémissante d'émotion et de haine, cette femme était étrange, presque belle. L'officier entraîna donc la jeune fille à l'écart, et celle-ci lui expliqua qu'à peine endormie elle avait entendu un léger bruit autour de la maison; il lui avait semblé qu'on cherchait à se glisser près de la porte. Les habitations du village de Luoc-Ha consistent en murs de pisé ou de torchis, les toitures sont de simples paillotes et les portes sont constituées uniquement par des bambous jointifs réunis par des liens en écorce les Annamites marchent toujours pieds nus, de telle sorte qu'avec un peu de précaution on approche facilement d'une habitation sans être entendu. La jeune fille indigène cherchait encore à se rendre compte de la nature du bruit qu'elle avait perçu, quand la porte céda,-et plusieurs individus firent irruption dans la maison, tirant presque à bout portant sur toutes les personnes qui dormaient. Les pièces de l'habitation annamite sont ordinairement peu nombreuses, elles ne sont séparées que par des cloisons en nattes de paille ou d'écorce de bambou ta plus grande est celle d'entrée, qui sert à la fois de salon de réception, de salle à manger et de cuisine, et qui renferme l'autel des ancêtres à droite et à gauche sont, d'une part, la chambre à coucher des hommes, de l'autre celle des femmes. C'est un grand luxe lorsque les pièces de la maison sont divisées en un plus grand nombre de compartiments.Le mobilier est des plus rudi-

donc pas de siège dans les habitations, simplement un lit de camp, en bambou naturellement, sur lequel toute la maisonnée couche pêle-mêle. On dort tout habillé, la toilette de nuit consistant uniquement à se dérouler le chignon. Cette description était nécessaire pour expliquer comment quelques coups de feu suffirent pour massacrer toute la famille du De-Winn. Au premier coup de fusil la jeune fille s'était glissée à bas du lit de camp et blottie en-dessous, échappant ainsi à la tuerie générale. A la lueur d'un coup de feu elle avait reconnu qu'un des agresseurs portait une ceinture verte; son visage lui était inconnu, mais si on le lui présentait, elle saurait le reconnaitre. La déposition de cette jeune fille était un indice précieux: en effet, le signe distinctif des linhs-co du Pho-Quan-Dao est justement la ceinture verte, tandis que les miliciens ont la ceinture bleueetles tirailleurs la ceinture rouge, le reste de l'uniformeétant absolument semblable. Il devenait donc bien évident que les pirates n'étaient pour rien dans l'affaire et que les seuls coupables étaientdeslinhschef, co, instruments dociles de la vengeance de leur dont la haine tenace contre le De-Winn ne faisait que s'accentuer. Les soupçons devaient naturellement se porter sur ce Doi-Kan qui était parti la veille au soir chasser le tigre. Cependant, celui-ci était trop intelligent pour user d'une ruse aussi grossière, et il était plus probable qu'en s'absentant il avait voulu permettre à d'autres de faire le coup. C'est ainsi que jugea le commandant du poste de Nha-Nam, en recevant ces nouvelles vers six heures du matin. Il pensa de plus que les coupables ne devaient pas appartenir à un poste de linhs-co bien éloigné et il envoya immédiatement au lieutenant l'ordre de pousser jusqu'au blockhaus du Song-Soi, où sans doute on les découvrirait, tandis que de sa personne il se rendit à Luoc-Ha. Le jour s'était levé, et en arrivant il put contempler dans toute son horreur la scène du carnage. Côte à côte, sur les lits de camp où ils avaient été surpris pendant leur sommeil, onze individus étaient d'une part les étendus morts ou mourants hommes, le frère du De-Winn, deux fils de l'un, un fils de l'autre, tous trois jeunes gens de 15 à 20 ans,


qu'ils avaient jetés au hasard étaient mouillés, souillés de boue et de sang; enfin d'autres étaient à la rivière, et un sergent, accouru de leur côté, les trouva en train de laver leurs vêtements et d'essayer d'en fai re disparaître les traces sanglantes. Bref, nos linhs étaient pris en flagrant délit d'expédition nocturne. Ils ne furent d'ailleurs pas embarassés pour l'expliquer il avaient été « faire bataille ? » contre une bande de pirates. Un tel courage de leur part était bien insolite, d'autant plus qu'ils ne furent pas tout à fait d'accord ni sur l'endroit où ils avaient opéré, ni sur ce qui s'était passé. Aussi s'empressa-t-on de les lier deux à deux; puis, laissant

D'après

«Me ~yfo~o~fa~/tte de

L.

deux serviteurs; d'autre part les femmes, la mère du De-Winn, ses deux femmes, celle de son frère et un petit enfant de quatre ans, fils de ce dernier. Le pauvre petit, tout replié sur lui-même, avait encore l'air dedormir, il était tout près de sa grand'mère, une très vieille femme qui agonisait, les mains crispées sur deux plaies béantes par lesquelles s'échappaient ses entrailles. Une des femmes poussait des cris déchirants elle avait les deux jambes traversées par une balle. Mort aussi le frère, morts les fils et les serviteurs, sauf un jeune homme dont la poitrine traversée laissait le sang s'échapper par moments. Spectacle terrifiant, souvenir cruel, plus horrible que celui du champ de bataille, où les morts tombés face à l'ennemi n'ont pas conservé,dans leurstraits contractés, cet aspect d'épouvante que présentent des cadavres d'individus surpris endormis. On lit couramment dans certains ouvrages écrits sur le Tonkin que l'Annamite est d'un caractère doux et timide, très susceptible d'attachement une vraie petite fille, déclare-t-on. L'observationest superficielle l'Annamite est craintif sous la menace perpétuelle de la verge du mandarin ou du fusil du pirate ou du conquérant, il courbe l'échine parce qu'il ne peut faire autrement livré à lui-même et se sentant le plus fort, tout en conservant ses apparences efféminées, il révèle son véritable caractère, plein de ruse et de cruauté. Sur ces entrefaites le Doi-Kan revint de la chasse; il avait été favorisé et ses hommes ramenaient le cadavre d'un superbe animal. 11 était intéressant de suivre le jeu de sa physionomie durant le récit de l'événement. 11 joua l'étonnement le plus parfait, et il fut impossible de saisir quoi que ce soit d'apprêté dans son regard; il ne montra du reste aucun empressement à mettre en avant l'alibi qu'il s'était préparé, mais toujours adroit, il nous offrit pour entrer dans nos bonnes grâces, la dépouille du fauve qu'il ramenait. avait fait diligence De son côté, le lieutenant vers le blockhaus. En y arrivant, il s'aperçut d'un vaet-vient inusité dans le poste; il songea aussitôt à visi. ter les fusils et constata que les canons étaient encore noirs de poudre. Sans l'ombre d'un doute on en avait fait usage quelques heures auparavant. D'autre part, surpris par la brusque arrivée de l'officier, quelques linhs avaient été vus se dépouillant de leurs effets, ils n'avaient pas eu le temps d'en revêtir d'autres et ceux

T.

la garde du

T.

blockhaus, M. reprit le chemin de Luoc-Ha avec ses prisonniers et ses pièces à conviction. Dès qu'ils furent arrivés, la fille du De-Winn fut amenée devant eux. Sans hé. sitation elle alla droit à leur chef et le désigna

quelques tirailleurs à

par un mouvement plus instinctif que raisonné, celui-

ci chercha à dissimuler son visage derrière son chapeau; il n'avait pas besoin d'en faire tant pour se trahir luimême

la preuve était faite et l'instruction close.

tous ces gens-là, il y avait un autre coupable, l'instigateur de l'assassinat, le PhoQuan-Dao. Pour quels motifs ne fut-il pas pourMais au-dessus de

suivi ? Pour quelles raisons resta-t-il encore quelques mois à la tête du Yen-Thé ? Il n'entre pas dans le cadre de cette étude, qui ne veut être qu'une peinture de mœurs,de les rechercher. Ajoutons seulement que quelques jours après cet événement, De-Winn vint nous trouver « J'attendrai pendant un an la justice, nous dit-il si alors elle ne m'est pas rendue, je reprendrai la brousse. » Il tint parole, et au mois d'avril 1894 on le vit parmi les lieutenants du De-Tham, en face de nous, à Caure et à Hu-Thué. Commandant VERRAux.

Le

Gouvernement français et la colonisation

LES entreprisescoloniales se popularisent de plus en plus dans notre pays. Le fait est indéniable. C'est

ainsi que le Conseil général de la Vendée a, dans sa dernière session, voté une somme de $00 francs pour aider un colon à s'installer en Nouvelle-Calédonie. Il s'agissait d'un habitant de Noirmoutier, M. Lapetite, qui, père de treize enfants, a pu réaliser le rêve qu'il

avait formé d'aller s'établir en Nouvelle-Calédonie, grâce aux prêts que lui ont consentis un certain nombre

de personnes. La façon très sérieuse dont M. Lapetite avait préparé son départ et les qualités de travail et d'intelligence dont il avait déjà fait preuve et qui ont déterminé M. le comte de Castries et quelques-uns de ses amis à lui faciliter la réalisation de ses projets per-

mettent d'espérer que cet essai réussira. Aussi ne saurions-nous trop féliciter le Conseil général de la Vendée de s'être intéressé à une entre-


prise coloniale

d'initiative privée, et nous souhaitons

que son exemple soit suivi, le cas échéant:. Mais, après avoir constaté avec plaisir qu'une assemblée départementale songeait à favoriser la colonisation, i) nous faut malheureusementajouterque notre ministère des colonies semble s'évertuer à multiplier les obstacles devant ceux de nos compatriotes qui veulent aller mettre en valeur nos possessions loin-

taines.

L'administration du pavillon de Flore vient, par

exemple, de régler les conditions dans lesquelles les concessions peuvent être accordées au Congo. Or, s'il 'est désirable que le gouvernement, après de malheureuses expériences, s'impose à lui-même des règles fixes et des principes directeurs, il faut cependant convenir que la sagesse lui commande de réduire le nombre des restrictions que l'abus de l'esprit administratif peut opposer à la bonne volonté des colons. Eh bien les obligations imposées aux concessionnaires forment une liste interminable. En voici quelques-unes

Ils sont tenus de mettre à flot sur les cours d'eau .qui traversent leur territoire un bateau à vapeur, soitde grand, soit de petit modèle, que l'Etat ou la colonie pourront utiliser. Ils devront faire, s'ils en sont requis, les transports de la poste ou des colis postaux. L'équi.page des bateaux devra être exclusivement composé de Français ou de sujets français. Les concessionnaires ne pourront, après un délai de six années, employer d'étrangers sur leurs terres. Ils devront concourir à l'établissement des postes de douane et des postes de police, y compris même les primes d'engagement des agents. Quand nous parlons de concessionnaires, c'est une expression impropre: c'est Société concessionnaire que nous devrions dire. Car la concession ne devient définitive que lorsque les concessionnaires se sont substitué une Société anonyme. Celle-ci doit, d'ailleurs, verser un important cautionnement, alors qu'il lui serait fort avantageux de pouvoir disposer de toutes ses ressources. Bien plus, l'Etat ne se contente pas d'une rémunération fixe annuelle il participe aux bénéfices jusqu'à concurrence de 15 o/o du revenu. Et, pour l'exécution de cette clause, il nomme auprès de la Société un commissaire, qui doit être convoqué à toutes les assemblées des actionnaires. L'Etat tient donc véritablement en lisière les Sociétés concessionnaires. Ce n'est pas tout encore. Le Gouvernement s'est, en effet, réservé le droit 1° de

reprendre à une

époque ~Me~co/~Me tous les

terrains qui

seraient nécessaires aux besoins des services publics de l'Etat ou de la colonie, ainsi qu'à tous les travaux d'utilité publique qu'il jugerait convenables; 2° de prélever, pour les faire valoir directement, pour les affermer ou les céder à des particuliers en vue d'y fonder des établissements agricoles, des parcelles d'une étendue inférieure à 5 ooo hectares chacune, sans que la superficie totale de ces parcelles puisse dépasser le vingtième de la concession. C'est en définitive l'insécurité absolue pour le concessionnaire. Ajoutez à cela-des servitudes comme celle qui permet aux capitaines des vapeurs précités de faire couper, jusqu'à un kilomètre du cours d'eau, le bois nécessaire à la machine, et aussi à l'admi-

nistration de prendre sur la concession, sans indemnité, tous les matériaux de construction destinés à l'exécution des ouvrages d'utilité publique ou au fonctionnement des services publics de la colonie, et vous jugerez combien le concessionnaire est loin d'avoir un droit

réel de propriété. « Mais pourquoi vous plaindre? nous dira l'Etat. J'ai des demandes de concession. C'est donc que tout le monde ne trouve pas ma réglementation si arbitraire! » Cela est vrai, mais il est non moins vrai que des postulants se sont retirés devant les exigences de l'administration, et pourtant ces postulants étaient sérieux et l'Etat n'aurait pas été dupé par eux. Persuadé que les stipulations « effrayantes ?des cahiers des charges ne. seront pas appliquées dans leur rigueur absolue, le Bulletin du Comité de ~x~Me espère que la mise en valeur du Congo sera couronnée de succès. Toutefois il ajoute avec infiniment de raison: « Il aurait fallu se montrer plus libéral et ne pas risquer de compromettre, par des essais faits dans de mauvaises conditions,une cause où les échecs seraient déplorables pour l'avenir non-seulement du Congo, mais de toutes nos autres possessions d'outre-mer. ? »

F~h~

N

ous empruntons à un rapport de M. J. Belin, consul de France à Batavia, les renseignements qui

suivent sur la situation économique des Indes Néerlandaises pendant la période quinquennale 1893-1897. Le commerce total, avec tous les pays, s'est chiffré comme suit pendant la période considérée Importations. Exportations. Années.

Milliers de

1893

;8py.

francs.

246 455

381582

Milliers

douanes. 404 106

44;86p

Totaux. Milliers de

francs.

6$o 56; 823 451

Le commerce des Indes Néerlandaises s'est donc augmenté en cinq ans de 17~ millions de francs, les importations progressant de 135 millions et les exportations de 38 millions. Parlant de l'avenir réservé aux Indes Néerlandaises, M. Belin s'exprime ainsi la situation géographique des Indes Néerlandaises, qui les a placées sur la route d'Extrême-Orient et d'Australie, leur procure des avantages commerciaux inappréciables, et le jour où l'île de Sumatra sera suffisamment pacifiée et où le labeur commercial pourra s'exercer en toute sécurité, la création d'un port sur la côte Nord-Est pourra devenir un vaste entrepôt des produits du globe. La richesse, la fertilité du sol et la diversité climatériquedesrégions des Indes Néerlandaisesprésentent

également des conditions de prospérité exceptionnelles. Toutes les cultures peuvent, en effet, être tentées avec succès dans les îles de la Sonde, depuis les plantations qui exigent un ardent climat tropicaljusqu'aux ptantes potagères qui croissent sur les hauteurs.


PANORAMA DE SOUSSE PMS DE LA JETÉE

r-r PORT.

C~che~f~SfïMMtnn,aT~)ft's.

Le Développement industriel et commercial de la Tunisie. Le Le Port de Sousse. Chemin de fer de Sfax à Gafsa. Nous avons

plusieurs fois signalé à l'attention de nos lecteurs le rapide développement de la Tunisie, heureux de prouver ainsi à ceux qui en doutent que nous n'avons pas perdu en France tout esprit d'entreprise et d'initiative Lors de l'établissement du protectorat, en 1881, la Régence ne possédait qu'un outillage économique des plus modestes il y avait quatre kilomètres de route de Tunis au Bardo; la compagnie Bône-GueIma venait de construire la ligne de Tunis à Ghardimaou et la compagnie Rubattino les petits tronçons de Tunis au Bardo, à la Marsa, à la Goulette. Quant aux ports, ils étaient dans un abandon complet. Depuis que nous avons implanté notre autorité, Qu, si l'on veut, notre contrôle sur la Régence, des progrès considérables ont été accomplis Bizerte, Tunis, Sfax,, ont été dotés de ports pratiques et spacieux, et l'on vient, il y a quelques semaines, d'inaugurer le port de Sousse. Un réseau de chemins de fer sillonne déjà Djela Régence, et ce n'est qu'un commencement deida à Bizerte, Tunis à Zaghouan, Tunis à Sousse (avec embranchement sur Menzel-Bou-Zalfa et sur Nabeul), Sousse à Kairouan, Sousse à Moknine, Sfax à Gafsa. Ainsi donc l'outillage économique de notre protectorat se complète rapidement et sa marche en avant s'accentue chaque année. Désireux de faire constater ce progrès et de montrer ce qu'est la Tunisie, le Résident général, M. Millet, a organisé au mois d'avril une nouvelle caravane à laquelle ont pris part le ministre des Travaux publics, les sous-secrétaires d'Etat des Postes et'de l'Intérieur. A l'occasion de ce voyage ont eu lieu une série d'inàuVoir

A

Travers le Monde, [ojuitlet

et les voies de CO;?tWMM:'M<)0)tCf:

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Les ports

gurations d'abord celle de la statue de Jules Ferry sur une des places de Tunis, celles du musée du Bardo, de l'Ecole Coloniale d'Agriculture de Tunis, du port de Sousse, du chemin de fer de Sousse à Kairouan, du musée de Sousse, de la ligne de Sousse à Djemal, enfin de la ligne de Sfax-Gafsa. La ville de Sousse est le chef-lieu de cette riche région du Sahel qui est l'une des meilleures de la Tunisie. Fondée au xi* siècle par les Phéniciens en même temps que Carthage, à peu près à la même époque qu'Utique et Tunis, l'ancienne Hadrumète par sa position avantageuse sur la mer, la fertilité remarquable de son sol, devint bientôt la capitale de la Byzacène. Celle-ci, annexée par les Romains après la conquête et appelée par eux le grenier de Rome, fut le centre où la métropole s'approvisionnait de céréales. De cette ville, autrefois une des plus brillantes des colonies romaines, où Annibal se réfugia après la défaite qui livrait l'Afrique aux Romains, il ne restait presque aucun vestige de son ancienne splendeur; à peine de loin en loin, aux alentours, voyait-on quelques ruines romaines sans importance qui avaient résisté aux invasions et au vandalisme des Arabes. Mais des fouilles savamment et intelligemment faites décou-' vrirent bientôt de vraies richesses archéologiques. En t886 la superbe mosaïque représentant le cortège de Neptune fut découverte (elle est aujourd'hui dans une des salles du musée d'antiquités du Bardo). Puis plusieurs nécropoles néo-puniques furent exhumées. Une d'elles, par sa ressemblance avec les tombeaux découverts en Syrie et avec la nécropole de Carthage, paraît dater de l'époque phénicienne. Celle-ci était recelée sous l'immense bois d'oliviers qui recouvre le sol jusqu'à Sousse sur une étendue de )2 kilomètres et constitue la principale richesse du pays. Pline et Tite-Live, en parlant de la fertilité de la o Byzacène, s'enthousiasment sur la prospérité de ces pays. On a reconnu, parmi les ruines, des vestiges d'anciennes huileries prouvant que l'oléiculture a été de tout temps la principale industrie du pays. LeSahel, centre le plus productif de l'olivier, contient à lui seul'plusde cinq millions de pieds donnant six à sept millions de litres d'huile fabriquée par les indigènes qui la vendent 70 francs l'hectolitre. Mais la culture de l'olivierdeviendra beaucoup plus rémunératrice, lorsque les procédés perfectionnés auront été introduits dans la fabrication de l'huile. Plusieurs industriels se sont donné la tâche de


Ce dernier port prend peu à peu une importance et un développement dont on peut déjà apprécier l'encourageante vitalité. Dans la ville, les constructions sortent de terre comme par enchantement, attestant l'accroissement d'une colonie toujours plus nombreuse. Le mouvement commercial d'exportation et d'importation réunies a plus que doublé en deux ans,

faire revivre dans le Sahel ce commerce autrefois si prospère. Sousse a déjà deux grandes usines celle de la Compagniedes huileries du Sahel tunisien et celle de la Société Nouvelle des huileries et savonneries méridionales de Marseille. Leurs efforts sont couronnés de

succès. L'alfa est aussi une des principales sources de revenus du Sahel. Croissant sans culture dans les sols où toute végétation est rebelle, cette graminée est cueillie par les Bédouins nomades, qui en chargent des ânes et des chameaux pour transporter leur récoltedans les villes. Cette plante a o°*,50 de hauteur environ et ressemble beaucoup au jonc ordinaire. On s'en sert pour différents usages, on en fait mêmedes tissus. Les Arabes nomades en font des cordes, des couffins, des licols, pour les chevaux et les ânes, etc. Dans les douars il est rare de trouver un sujet, même un enfant, qui n'ait en train un travail de ce genre. Mais l'usage qui, il faut l'espérer, se généralisera un jour est celui du papier d'alfa. Dans la province d'Oran on exporte chaque année too 00o tonnes de cette plante précieuse, dont l'abondance était considérée autrefois comme un

et a, depuis l'ouverture du port de Sfax, monté de 41 ooo tonnes en 1896 à 80 700 tonnes en 1808, représentant une valeur de y 200 ooo francs en t8p6 et 14 400 ooo francs en 1898. Et tout cela avant même que le nouveau chemin de fer, que l'on vient d'inaugurer, ait amené à Sfax les phosphates de Gafsa. L'exportation des phosphates va assurer, dès cette année, à Sfax le premier rang parmi les ports de la Régence. Quant à ce chemin de fer, il demande une mention spéciale, d'abord parce qu'il a été créé, chose rare, sinon unique, sans la moindre participation du gouvernement, sans subvention ni garantie, puis, parce qu'il a été achevé dans de remarquables conditions de célérité. Le délai pour construire les 242 kilomètres de voie ferrée qui séparent Sfax de Gafsa était de quatre années. Commencée le 3 septembre 1897, laligneétait pratiquement achevée le 31 décembre 1898; elle a donc été construite en moins de seize mois. Cette célérité est d'autant plus remarquable que, en raison des conditions locales, on ne pouvait travailler que sur un seul point; il n'y a jamais eu qu'un seul chantier ouvert, chantier qui se déplaçait chaque jour pour avancer. On y a employé en le perfectionnant le système imaginé par les Russes dans le Turkestan. Les ra.;s étaient montés par travées dans un atelier à Sfax ces travées étaient chargées sur un train, le train les apportait jusqu'à l'extrémité de la partie construite. Là, un autre atelier ambulant, qu'on appelait le wagon poseur, prenait ces travées et les posait bout à bout, roulant de l'un à l'autre à mesure qu'elles étaient fixées. On est arrivé à faire ainsi jusqu'à i 800 mètres de voie en un jour. Nulle part, même en Amérique, même en Russie, pour le transcaspien, on n'a employé d'aussi ingénieux moyens d'aboutir à la construction rapide d'une voie aussi stable et aussi sûre, entièrement métallique. Cette ligne ferrée, qui fait honneur à nos ingénieurs et à la Compagnie des phosphates de Gafsa, aura sur le développement de la région sfaxienne Tunisie une influence énorme, développement dont la bénéficiera largement.

fléau. Le

port de Sousse, dont l'inauguration vient

d'avoir lieu, est donc destiné à desservir des régions fort riches; toute la Tunisie centrale viendra là déverser ses produits. Les travaux sont évalués à une

somme de 450 ooo francs. Le bassin est de 12 hectares avec 600 mètres de quai, il a 6m,5o de profondeur. La jetée-abri a 5o mètres de long. Ce port a été commencé en même temps que celui de Tunis et de Sfax, mais la rareté de la pierre dans la région a été la cause du retard apporté dans les travaux. Le port de Tunis a été inauguré en t893 et celui de Sfax en t8e)y.

Le Comte Zichy et les origines des Hongrois Musée LEE 5 mars iSpo, dans la salle d'honneur du

National, à Buda-Pesth, le comte Zichy a fait une conférence sur son grand voyage d'exploration. Le but du comte Zichy, dans son voyage à travers voulait l'Europe et l'Asie, était des plus ambitieux il


chercherdansces vastes régions qui s'étendent du Danube à la Mongolie les traces des émigrations hongroises qui ont abouti à l'établissement,au ixe siècle, dans la Pannonie, des Hongrois actuels, dont le nom s'est imposé au pays qu'ils occupaient. Cette recherche, qui d'ailleurs se compliquait d'autres études sur les anciens habitants avant la conquête hongroise: Touraniens, Huns, Germains, Avares, Jazyges, etc., exigeait des travaux dans tous les sens et dans tous les domaines recherches archéologiques, ethnographiques,littéraires, folkloristes, etc. La langue hongroise étant parente des idiomes finnois, ostiaks, vogouls, etc., M. Zichy et quelques-uns de ses compagnons durent pousser une pointe à Saint-Pétersbourg et à Helsingfors, en Finlande, pour y étudier les musées d'archéologie et d'ethnographie. D'autre part, les Hongrois dansleurslonguespérégrinationsà travers la Russie méridionale, étant entrésen rapport avec les populations turkmènes et caucasiques,dontcertains apports vinrent modifier le caractère ethnique, les explorateurs firent une autre pointe en plein Caucase, pour visiter les merveilleuses grottes d'Uplis Ozitre, chez les Gruses, non loin de la station de.Gori véritable labyrinthe de salles, couloirs, escaliers, etc., qui est en même temps un problème historique dont on n'a pas trouvé la solution, mais qui est entouré de milliers de légendes indigènes. Ce n'est que lorsque ces deux excursions préparatoires furent faites que les voyageurs passèrent dans l'Oural et s'enfoncèrent dans la Sibérie. Pour toutes ces recherches, ni la science ni l'activité, si remarquables fussent-elles l'une et l'autre, du comte Zichy ne pouvaient suffire: il s'adjoignait, entre autres savants, l'archéologue Dr Bela Posta; custos (conservateur) du cabinet de numismatique et d'antiquités de Buda-Pesth, et M. Joseph Papai, qui se chargeait de toutes les recherches philologiques et littéraires. Ce dernier savant, qui vient d'hiverner à Obdorsk, se trouve maintenant à Tobolsk, où il continue ses travaux sur les idiomes bachkirs, ostiaks, etc., et n'aura achevé sa tâche que l'automne prochain. Le voyage du comte Zichy a commencé le t" septembre t8gy et a duré toute une année. Après avoir visité les musées de Varsovie, Pétersbourg, Moscou, Twer, Kief, Odessa, etc., etc., dont il rapporte des photographies, des dessins, des études de tout genre, il se rendit à Astrakhan,dont le musée est très riche en souvenirs de l'âge du bronze en Russie. Il explora, avec un soin particulier, les Kourjanes ou tombeaux de la terre de Tsaritsyn, qui marque l'endroit où le Don et le Volga font un coude et se rapprochent l'un de l'autre. Les Hunugores, ancêtres des Hongrois, s'étant établis là au vt° siècle de notre ère, lesarmes, monnaies, objets divers trouvés dans ces tombeaux, acquéraient aux yeux de l'explorateur une importance capitale. Ensuite, passant l'Oural, il visita les musées sibériens de Tomsk, Simbirsk, et l'emplacement de l'antique ville de Bolgari, dont le sol est si riche en antiquités de toute sorte. Puis, à travers la Transbaïkalie, la Mongolie, le désert de Gobi et la Chine, il parvint à Pékin, où de nouvelles recherches, plus importantes, mais plus difficiles encore, lui restaient à faire. Il comptait retrouver, dans les archives du palais impérial de la dynastie mandchoue, les plus vénérables

titres de noblesse de la nation hongroise et les plus anciens documents de son histoire Ces documents, qui doivent dater de la dynastie d'Arpad, auraient été enlevés en Hongrie, en 124!, par le conquérant tartare Bato-Khan et transportés en Chine. Par malheur, l'explorateur arrivait à Pékin pour

y faire ses recherches, dans le moment le plus défavorable une grave révolution du palais venait de renverser l'empereur régnant au profit de l'impératrice mère on était encore en pleine confusion et effervescence en outre, toutes les fois qu'un Européen demande à négocier avec le Tsung-Li-Yamen,c'est pour lui arracherdes concessions dechemins de fer, des ports ou des territoires aussi la requête de ce Hongrois, qui ne désirait que des papiers, chose absolument méprisée en Chine. plongea-t-elle tous ces braves Célestes dans la stupeur. D'ailleurs, M. Zichy ne parvint jamais à leur faire comprendre de quels papiers il s'agissait en vain se servait-il de comparaisons, d'images, de symboles ingénieux, il se heurtait à des intelligences obstinément fermées. Ce n'est qu'à force de patience et de diplomatie qu'il parvint au Tsung-LiYamen, qui lui promit de faire des recherches dans les archives et de lui en transmettre le résultat par l'intermédiaire de l'ambassadeur de Chine à Berlin. Le comte Zichy rapporte en Europe de riches collections archéologiques, documentaires, ethnographiques, zoologiques même. Le public ne tardera pas à être admis au bénéfice de tant de trésors scientifiques dont l'inventaire reste encore à dresser.

Pierre Mille.-Au Congo Belge, préface de M. Paul Bourde.

vol. fn-[8 avec une carte en couleurs, hors texte. Paris, Armand Colin. Prix 3 fr. 50. Qt l'on n'avait fait que de belles explorations et de belles découvertes géographiques dans .l'Etat indépendant du Congo, il est certain que celui-ci n'aurait pas, à l'heure actuelle, le privilège d'attirer l'attention de tous les coloniaux d'Europe.C'est àson rapidedéveloppementéconomique. au merveilleux essor de son commerce, à sa prospéritéévidente qu'il doit d'être devenu un véritable champ d'observa)

tion.

Aussi avons-nous tenu, l'an dernier, à publier dans le Tour du Monde une étude sur le Congo belge, et c'est pourquoi nous avons chargé M. Lorin de représenter notre journal à l'inauguration du chemin de fer. M. Pierre Mille, le publiciste bien connu, qui s'est principalement tenu sur le terrain économique,a étudié les institutions politiques et commerciales du pays en toute indépendance, avec beaucoup de perspicacité et un rare bonheur d'expression. Son livre est une nouvellecontribution à la bibliographie spéciale qu'a fait na!tre l'excursion de l'Albertville à l'inauguration du chemin de ferdu Congo. La lecture en est des plus attachantes et des plus instructives. G. Soé. Notons sur la A~tn'He (Les Bateaux, la Mer, les Vents, les Côtes). A. Pedone, libraire-éditeur, t3, rue Soufflot. Prix 3 francs. Lord Charles Ëeresford. TAe break up of China. Londres, Harper. Prix 12 shillings. (Auonyme). Chine. .E~aH~'o« des grandes puissances CM Extréme-Orient ()895-i8o8). R. Chapelot, libraire-éditeur, 30, rue et passage Dauphine. Prix 5 fr.


Pour les Voyageurs-Collectionneurs. Récoite des Crustacés

(~

CRUSTACÉS MARtNS, CRUSTACÉS D'EAU DOUCE

t

Fin)

Lorsqu'on n'a pas le temps de se On connaît les M~er~ à homards et les balances à écrevisses. On les emploiera livrer à la .chasse, on pourra employer,

avec le même succès pour toutes les espèces de crustacés. plupart des crustacés habitent la L mer, En principe, l'appareil consiste en depuis les bas-fonds et les ro- un cercle de fer, plus ou moins grand chers du rivage jusqu'à d'assez grandes suivant la grosseur des espèces que l'on profondeurs. Parmi ceux qui vivent à veut capturer. A l'intérieur du cercle, on une certaine distance du rivage, citons fixe un filet, au milieu duquel on atles Pilumnes, les Eriphies et les Gono- tache, comme appât, un débris de viande plax. Ceux-ci se tiennent presque cons- quelconque. Le cercle est lui-même sustamment dans les rochers submergés pendu par des ficelles, à l'extrémité d'une depuis vingt jusqu'à quarante mètres de perche, qui permet de le soulever aiséfond. Ils s'approchent quelquefois de la ment. surface, mais ne sortent jamais de l'eau. On immerge ce piège aux endroits En raison des grandes profondeurs où des ils habitent, it est très difficile de se où l'on a lieu d'espérer que gîtent crustacés, soit fluviatiles, soit marins. Au procurer ces crustacés. d'une heure ou deux, lorsqu'on lève Dans l'eau douce vivent, outre bout filet, on est à peu près sûr d'y trouver l'écrevisse, les chevrettes, qui abondent le ou plusieurs crustacés, que leur avidans tous les cours d'eau, surtout dans un dité pour la viande y aura attirés. On d'herbes beaucoup où poussent ceux accélérer et assurer l'action de aquatiques. C'est dans ces herbes que pourra l'appât, y joignant un chiffon renferles chevrettes se réfugient pour échapper mant enpetit fragment d'assa-fœtida. un à leurs ennemis ou pour chercher leur L'odeur forte de cette substance attire proie. les crustacés de très loin. Dans les eaux stagnantes pulluLa lumière exerce également sur lent parfois en grand nombre de tous crustacés, comme sur la plupart des petits crustacés (entomostracés), tels les animaux aquatiques, une puissante attracque les daphnies. Ils s'y multiplient tion. La pêche à l'écrevisse, la nuit, au quelquefois à tel point, qu'ils donnent moyen d'une lampe électrique, est touaux eaux leur couleur propre. C'est ainsi jours fructueuse; il doit en être de même que le Dxphnia pulex, dont la couleur tous les crustacés. est rouge, a envahi en telle abondance pour Dans tous les cas, ce système est certaines eaux, qu'on a cru que celles-ci surtout pratique pour la pêche des petits s'étaient changées en sang. Ces entomostracés entrent pour entomostracés du < plankton qui, nous dit plus haut, montent à la surune grande part dans la masse d'êtres l'avons vivants (animaux et végétaux) qui flotte face surtout pendant la nuit. à la surface des eaux, servant de nourriLe dispositif est des plus simples. qui jeunes poissons, et a reçu Un petit accumulateur, analogue à celui tures aux de Allemands le plankton des nom « ». dont se servent les bicyclistes pour leur Le professeur Blanc vient de cons- lanterne, suffit à alimenter une lampe à tater que les entomostracés du plank- incandescence de 3 à 4 bougies. On du lac de Genève sont plus abon- l'installe sur le bord d'une mare, on le dants à la surface de l'eau la nuit que le relie à la lampe par des fils assez longs, jour. Ces petits êtres émigrent alors du et la lampe 'est'nxée au filet disposé aufond vers les eaux superficielles. La tour d'un cercle de fer comme celui démultiplication des divers organismes crit ci-dessus; Seulement, le filet doit dont ils se nourrissent, et notammentdes être composé d'une gaze légère à mailles

CRUSTACÉS TERRESTRES

ton

protozoaires, tels que le Cerfth'MM /MMdt'H~/i!, qui se produit pendant la nuit, n'est vraisemblablement pas étrangère à ces mouvements. Le même phénomène doit se produire ailleurs, et il est d'un intérêt tout particulier pour les collectionneurs. Signalons enfin l'habitat des crustacés Isopodes. Il y en a d'aquatiques; mais la plupart sont tout à fait terrestres, comme les cloportes, que l'on trouve dans les lieux humides et sombres, dans les caves, dans les fentes des murs, des rochers et du sol.

CAPTURE DES CRUSTACÉS Les crustacés aquatiques, ayant à peu près tous les mêmes habitudes donnent également dans les mêmes pièges.

très serrées.

Le. filet est immergé et, par le poids du cercle, entraine la lampe. Aussitôt accourt de toutes parts la gent aquatique. Chaque coup de filet procure une ample moisson, non seulement d'entomostracés, mais encore de larves, d'in-

sectes, etc. L'illumination du filet peut être également obtenue par un petit tube de Geissler alimenté par une bobine de Ruhmkorff.

Enfin, avec un petit générateur ou un petit récipient d'acétylène, on peut obtenir le même effet. On choisira, suivant les circonstances, le mode d'éclairage le plus pratique, c'est-à-dire celui que l'on aura le plus facilement à sa disposition.

pour se procurer certaines espèces de crustacés, un moyen que j'ai utilisé, il y a une dizaine d'années, pour l'étude de la faune aquatiquedes environs de Paris. .J'ai déjà dit que les chevrettes sont très abondantes dans les cours d'eau envahis par la végétation aquatique. Elles pullulent, notamment, dans les cressonnières. Lorsqu'on coupe le cresson pour le mettre en bottes, il reste des quan-

tités d'insectes aquatiques emprisonnés entre les tiges.J'act.etais,tousles matins, des bottes de cresson frais, et j'y faisais une abondante récolte de chevrettes, de larves, d'insectes, de mollusques, etc. A basse mer, dans les parcs de pêcheurs, on trouve aussi en abondance, et en peu de temps, de nombreuses espèces de gros crustacés. La chasse aux crustacés n'est pas dangereuse. Il faut néanmoins se méfier des pinces des espèces de forte taille. Les piqûres produites par le rostre des

crevettes, palémons, etc., donnent parfois lieu à de légères inflammations. On sait que les crustacés jouissent de la faculté de l'M/o<o/M~, qui leur permet d'abandonner un membre prisonnier ou mutilé. Aussi, un certain nombre d'individus sont-ils parfois incomplets. Le collectionneur doit s'attacher à ne recueillir que des exemplaires en parfait état. CON.SERVATION DES CRUSTACES Les crustacés aquatiques peuvent

être conservés pendant quelque temps

vivants hors de leur élément. Certaines espèces se conservent même plus longtemps à l'air que si on les laissait dans de l'eau non renouvelée. Le meilleur moyen est, si l'on veut conserver des crustacés vivants et les faire voyager pendant une durée qui jours, de ne doit guère dépasser quinze les emballer dans une caisse, en plusieurs lits, en intercalant entre chaque lit, une épaisse couche de plantes marines fraîchement arrachées. Il faut les les obliger presser assez fortement pourtoutefois les de rester en place, sans vides endommager. On remplit tous les à ce avec des herbes marines, de façonforme que tout le contenu de la caisse l'arrose un bloc bien compact, et on saturation. d'eau de mer jusqu'à complète La caisse une fois fermée, des crustacés ainsi emballés peuvent rester au moins pendant quinze jours, sinon en parfaite santé, du moins dans un état de conservation permettant de les préparer définitivement pour une collection. Si l'on doit dépasser ce délai, il faut immerger les crustacés dans l'alcool afin de les conserver en bon état. PAUL COMBES.


Mascate et l'Empire d'Oman On sait que la France a obtenu du sultan de Mascate l'autorisation d'établir un ~~< de charbon dans la baie de Bender-fisseb, à l'entrée du golfe Persique. Des COKy/OM d'ordre politique sont cause que, très probablement, le gouvernement français se contentera d'avoir un ~<M~)/<' entrepôt de charbon à Mascate même, et n'organisera rien à BenderJisseh. La suprématie du gouvernement aM~/0-M~MM dans installer selon ses ces ~M~Mt?~ permet pas à la France de ffBK~. L'attention n'en a pas moins été attirée maintes fois, cette année, sur Mascate. Nous donnons ici, avec un résumé d'actualité de notre tentative d'établissement sur ce ~0!)<< du golfe Persique, ~M~MM renseignementsrelatifs à la curieuse e~tMf l'Oman et au pays qu'elle commande.

t 'OMANest cet empire arabe si puissant au xvn[° siè-

cle, après l'expulsion des Portugais, lorsqu'il comprenait, en plus de ses ~ooo kilomètres de côtes sur la péninsule arabique, les îles du golfe Persique, les ports du Baloutchistan et de la Perse et la plupart

des anciens comp-

toirs portugais de lacôte d'Afrique Mombaz et Zanzibar. Son souve-

rain portaitle titre

le gouvernement de la Reine, et où elle n'a pas toujours quelque chose à gagner, lui a fait abandonner en t8~o les privilèges dont elle pouvait se réclamer à Zanzibar;

mais, à Mascate, elle gardait sa liberté d'action. Or, Mascate est dans

une situation superbe à l'entrée du golfe Persique. Les

convoitises

anglaises devaient

donc tendre

à

établir une mainmise complète sur le

sultan, déjà

d'Iman et possépensionné par le daitl'autorité temgouvernement des porelle et reliIndes, de 150000 gieuse. Le dernier francsparan,pour iman de Mascate l'indemniser de fut Saïd, auquel la cession de difféPANORAMADE MASCATEPRIS DES COLLINES ENVIRONNANT LA VILLE frère enleva le son rentes îles du golfe D'a~)-<'jMMe~o<o~-f!))'e. droit politique en Persique. C'est ainsi qu'un dépôt f'7Qi. L'Oman fut désormais gouverné par des sultans. de charbon fut accordé aux Anglais et qu'il y eut presque continuellement à Mascate un bâtimentdeSa Majesté pour Au milieu du xix' siècle, Zanzibar, gouverné surveillerlesultan et contrariertoute influence étrangère. par un sultan de la branche cadette, se sépara de l'empire et l'autorité des sultans de Mascate s'amoindrit H était temps d'affirmer nos droits et d'agir, si rapidement. Actuellement, leur flotte, autrefois la plus nous voulions empêcher le golfe Persique de devenir puissante de l'océan Indien, n'existe plus qu'à l'état un lac anglais. Aussi, un consulat fut-il créé, dont le de souvenir. titulaire, M. Ottavi, venait de faire ses preuves à Zanzibar, tandis que des navires de guerre français, La France, qui avait toujours gardé d'excellentes envoyés à intervalles réguliers, furent chargés d'entrerelations avec les souverains de l'Oman, jouissait tenir nos bonnes relations avec le sultan. auprès d'eux de certains privilèges partagés avec l'Angleterre. Une de ces nombreuses conventions Ces efforts paraissaient devoir aboutir. A la fin de l'année dernière, l'aviso )e Scorpion, commandé par que, depuis quelques années, la France passe avec


M. Ferré de Péroux, fut envoyé à Mascate avec la

mission d'apporter au sultan des cadeaux du gouvernement français et de rechercher un point sur la côte pour y établir une station de charbon. Le sultan nous concéda l'excellente petite baie de Bender-jisseh, voisine de Mascate. Mais, aussitôt, le gouvernement britannique s'émut. L'amiral commandant l'escadre de l'océan Indien vint devant Mascate et menaça de bombarder la ville. Heureusement tout s'arrangea. La France accordait à ce moment à l'Angleterre ce qu'elle désirait d'elle en Afrique. Nous pûmes nous flatter d'avoir une compensation en Asie et d'obtenir dans le golfe Persique un point d'appui sérieux pour nos croiseurs et pour les croiseurs russes. On sait notre faiblesse dans l'océan Indien du côté de l'Inde nous sommes à la merci de l'Angleterre du côté de la mer Rouge, Aden tient Obock en échec. Un solide établissement à Bender-Jisseh

avait, par suite, unee importance réelle. Finalement, qu'arrivat-il ? Une fois de plus, hétas) nous avons reculé.

superficie est de 210 452 kilomètres carrés et le nombre de ses habitants peut être de seize à dix-huit cent mille. Les Arabes dominent, mais sur la côte, les Banians de l'Inde, les Persans, les Abyssins, les Somalis sont nombreux. M. Palgrave a signalé l'Oman comme la contrée de l'Arabie où la civilisation est la plus avancée. De grandes maisons en pierres, dit-il, hautes de trois et quatre étages, avec de spacieux vestibules ornés de sculptures, des corridors voûtés, des peintures murales et des meubles de toutes sortes pour l'usage habituel mieux encore, une hospitalité et un accueil dont la courtoisie dépasse même celle du Nedjed la politesse dans la conversation, la propreté et la recherche dans les vêtements et bien d'autres particularités de même nature frappent l'étranger. Le pays présente trois régions naturelles bien caractérisées. Une longue chaîne de montagnes aux escarpements rapides et souvent

d'une effroyable nudité suit sensiblement la direction de la côte et constitue la région

Une circulaire ministérielle

littorale, qui s'étend entre les hauteur& et la mer. Cette région a des plaines fertiles et

fait connaître que la marine recherchait simplement, pour notre a

notamment celle

d'~Ba/~()eBas-

dépôt de charbon

du golfe Persi-

que,«unoft)cier

~t'U.Af~DI'LTA~AVt.CSO~ESTRKRSLRi.AMEH.

Pays) qui est au N.-O. dej~Mas-

D'après ~~e photographie. marinier en recate. Sa largeur, traite, désireux d'occuperl'emploi de gardien-comptable d'après le lieutenant anglais Wellsted, un des rares de la marine à Mascate. L'agent désigné devra s'engager Européens qui aient exploré méthodiquement l'Oman, à rester à son poste pendant deux années et recevra varie entre 30 et 65 kilomètres. Elle s'élève en

une indemnité journalière réelle de )o francs, cumulable avec sa pension de retraite, les frais de voyage, aller et retour, restant à la charge de la marine. » Il ressort de cette circulaire que nous avons renoncé à occuper Bender-Jisseh. Nous n'avons obtenu apparemment, en définitive, que le droit de louer un magasin à charbon dans la ville même de Mascate, qui est absolument aux mains des Anglais. On ne saurait trop déplorer un aussi maigre résultat. Quels que soient les efforts de notre agent consulaire, la France n'en reste pas moins reléguée au dernier plan en Arabie. Le fait est là, brutal la france est tolérée par l'Angleterre, et rien de plus. Ceci n'est pas pour aider à notre expansion commerciale et au développement de notre puissancedans cette partie du monde. Et pourtant l'Oman est un pays où tout est à faire, tout à tenter et qui, pris entre le désert et la mer, offre, à côté d'oasis perdues dans le sable, de vastes étendues en plaine ou en montagne favorables aux plus fructueuses exploitations. L'Oman se divise en neuf provinces où l'on compte environ 365 villes et localités diverses. Sa

pente douce jusqu'à la base de la chaîne principale, et bien qu'on n'y trouve pas les rivières qui sont sur quelques cartes, cette plaine a des courants très considérables qui portent leurs eaux à la mer une grande partie de l'année. La seconde région s'étend à l'Ouest des montagnes et comprend des sables où, çà et là, verdoient des oasis la troisième région, au centre de la chaîne montagneuse, est le plateau accidenté du Djebel Akbdar (la montagne verte). « Cette dernière région, avec son climat relativement tempéré, ses nombreuses vallées, sa fraîche et riche végétation est incomparablement la plusbelle partie du pays. Aussi est-ce là que se sont élevées anciennement les villes les plus importantes et les plus populeuses, et c'est là aussi que résidèrent les souverains de l'Oman jusqu'au commencement du siècle actuel, avant que des considérationspolitiques eussent fait transporter à Mascate, qui n'a pour elle que son port, le siège du gouvernement central. » (Vivien de Saint-Martin.) Le Djebel Akhdar est le point le plus élevé de l'empire d'Oman. La moyenne des sommets est de


2 ooo mètres un peu plus

plus haut,atteint de ooo mètres. le

Selon Wellsted on peut se repré-

la mer des Indes, en 1~06, Albuquerque se rendit compte de la valeur de Mascate et s'en empara. La ville a conservé un aspect qui ne tient ni de l'hindou ni de l'arabe

senter l'Oman comme un désert semé d'une infinité d'oasis et conteet semble plutôt européen. C'est nant dans ses montagnes un grand du moins très frappant si l'on n'exanombre de vallées fertiles. Mais mine que les constructions princibeaucoup de ces vallées et de ces elles datent du temps de pales easis sont séparées par des disl'occupation portugaise. Le palais tances considérables. du sultan Saïd Feysal ben Tourki, Une immense ligne de datsouverain actuel de Mascate, a le tiers présentant souvent une procaractère des monuments construits fondeur de 6 à 8 kilomètres, au temps de la puissance des vices'étend sans interruption sur la rois de Goa. Une des photographies côte depuis Silb jusqu'à Khorfakan, ci-contre montre le côté le plus ce qui fait une distance d'environ curieux du palais, le côté qui très question kilomètres. 11 est ~oo donne sur le port. On voit sur la fréquemment, dans les auteurs photographie qui, prise d'une des arabes, des dattiers de l'Oman. U y collines entourant la ville, repréen a une culture considérable sur le sente le panorama de Mascate, la bord des cours d'eau (permanents ceinture fortifiée construite par les voisile temporaires) dans et ou Portugais au xvi' siècle. nage des villes. En dehors de ce qui reste de La côte présente de mull'ancienne occupation européenne, tiples débouchés dont le plus et, quoiqu'en ait pu dire Palgrave, important est Mascate. Quoique la ville a bien, vue de près, le misédéchue, la capitale de l'Omân est rable aspect de toutes les villes de LEaf!Hit;ACDULAMfX, encore un centre commercial d'une l'Arabie. Pour échapper aux rayons réelle activité. Elle doit cet avanDRCAtMAN D~ VJCE-CO~~L DE ~itAKtE A MASCAm. de feu d'un soleil si brûlant que, tage à sa position géographique D'après une photographie. même avant l'été, les températures qui en fait un entrepôt naturel de 40 degrés à l'ombre sont fréquentes à Mascate, les entre l'Inde, l'Arabie et la Perse. Son port est !'e Arabes ne veulent que des ruelles étroites et noires où rendez-vous forcé des marins de l'océan des Indes. les maisons sont couvertes « M s'y fait un mouvement de branchages et dont les d'échanges considérables terrasses retiennent au-dessus surtout pour l'exportation, de la rue des nattes que requi consiste en poissons secs, couvre une mince couche de en dattes et autres fruits, terre. Malgré ces précautions pâtes de halva et même en Mascate n'est pas tenable étoffes de coton, en ânes, pendant l'été et les Euromulets, ailerons de requins, péens n'y résistent guère. à destination de Maurice, de Mais, heureusement, ils peuBourbon, de Calcutta, de la vent échapper sur les moncôte de Malabar, de Zanzibar tagnes voisines à l'étoufet d'une partie de l'Arabie. fante chaleur du climat de Les importations consistent l'Arabie. Tous les voyageurs en riz venant de l'Inde, du s'accordent pour dire que sucre, tafia, huile, gingemMascate est un des endroits bre, noix de coco, étoffes de les plus chauds de la terre. de coton, métaux, etc. Lorsque souffle le vent du Saint-Martin.) désert, les habitants sont La capitale de l'Oman obligés de s'arroser mutuelcompte environ 30 ooo habilement pour combattre tants. Mascate est bâtie au l'excès de l'évaporation de fond d'une baie circulaire la sueur. que ferme en avant une île Mascate n'en est pas et que des rochers rouges et moins une ville maritime très élevés bordent à l'Ouest où l'initiative européenne et à l'Est. Sur ces rochers peut largement s'employer. subsistent des fortifications Les Allemands, moins timoet notamment un châteaurés que nous ne le sommes et fort remarquable. Tout cela moins respectueux que nous MRr'!DfPAL<i5!)USOLTAHMSMANTS''t)t.*M')!M)Xcr!'At.)' date des Portugais et tombe de la puissance anglaise, en ruines. Dès son entrée dans D'après MHe PhotograPhie.

(V.


commencent à y établir des comptoirs. C'est un exemple à donner.

tenta ses collègues, qui le forcèrent à donner sa démission. A

L'Expédition scientifique

autrichienne dans l'Arabie méridionale L ESmembres de l'expédition scientifique envoyée en Arabie par l'Académie impériale des sciences, à Vienne, viennent de rentrer en Autriche avec de riches collections et un trésor d'observations, de documents, de photographies, de notes diverses, qu'ils vont s'oc-

cuper de mettre en ordre. Les savants qui ont fait partie de cette expédition étaient MM. le comte Landberg, docteur ès-sciences, chef de l'expédition le professeur D. Müller, dont nous analysons, dans ces lignes, le rapport officie) le professeur Oscar Simony, le docteur Franz Kosmat, médecin de marine; le docteur Stephan Paulay et le docteur A. Jahn. Ces explorateurs ont quitté Vienne le 24 octobre t8p8 et sont arrivésà Suez le 8, à Aden le 14 novembre. Là, un petit vapeur suédois, le Gootfried leur servit à la fois de véhicule et de domicile pendant les quatre mois que dura l'expédition, à partir du 21 novembre. La première étape à partir d'Aden fut Bal-Haf, port entre Aden et Makalla, et où les savants autrichiens explorèrent les ruines antiques du Him-Ghurah (château des corbeaux), dont ils photographièrent les fameuses et mystérieuses inscriptions. Ils vont, pour la première fois, en donner la publication critique et rigoureusement conforme à l'original. Après avoir été en butte au mauvais vouloir et aux tracasseries du sultan de Bal-Haf, ils purent partir de là, le i" décembre, avec une caravane de 8 Européens, soit, outre les 5 explorateurs, d'un savant anglais, M. Bury, et de 2 domestiques, ainsi que d'Askaris et de soldats arabes. oy chameaux et 3 ânes portaient hommes et bagages. La première étape fut Gilaa la seconde Ain-Ba-Maabed, où ils furent reçus le 2 décembre par des salves, des chants et des souhaits de bienvenue de la part de la population. Ces bonnes dispositions durèrent peu le bruit courut bientôt d'une attaque probable des Bédouins, et il fallut monter la garde toute la nuit dans le campement. De là, les savants allèrent visiter le GaulechChêh, territoire sacré, où il est interdit de se servir d'armes à feu. Azzân, un nid de brigands, NakabalHagar, où de curieuses inscriptions furent photographiées, furent leurs étapes suivantes. Mais le sultan Muhsin les retint sous divers prétextes, pendant huit jours, dans cette dernière localité, et réussit à soutirer du comte Landberg de grosses sommes d'argent. Est-ce pusillanimité? naïveté? générosité mal placée? En tout cas, la manière d'agir du chef de l'expédition mécon-

partir de ce moment-là (18 décembre), le pro-

fesseur Müller se chargea de la direction de l'expédition. On était rentré à Aden, après une tentative infructueuse pour pousser jusqu'à Chabva, d'où les intrigues de l'Angleterre et le mauvais vouloir des Arabes écartaient obstinément la caravane. Celle-ci se partagea alors M. Bury fut chargé de se rendre à Chabva, déguisé en Arabe, sans ses collègues autrichiens, qui, renonçant à explorer l'Arabie, tirent voile pour Socotora. Ils abordèrent dans l'île au port de Ghubbet Choab, le 8 janvier, et se partagèrent la besogne comme suit: MM. Simony et Kosmat explorèrent cartographiquement les vallées et montagnes; le docteur Paulay herborisa le docteur Jahn étudia la langue mahra et le docteur Müller la langue de Sokotora. Le professeur Simony dressa une carte de File d'une exactitude rigoureuse, tandis que. toutes celles que nous connaissons sont plus ou moins fantaisistes. La flore et la faune de l'île livrèrent également la plupart de leurs secrets aux explorateurs, qui ne partirent qu'avec une abondante moisson de photographies, documents, collections de tout genre. Us ne pouvaient se résigner, cependant, à ne pas explorer un point quelconque de l'Arabie et, de retour de Socotora, ils abordèrent le 6 mars sur la côte de Mahra dont M. Jahn venait d'étudier la langue, et entreprirent l'exploration de la terre dite de l'Encens, sous le triple rapport de la géologie, de la faune et de la flore. Le 16 mars, ils

rentraient à Aden, après avoir rempli leur programme et ils y recevaient des nouvelles de M. Bury. Ce dernier avait pénétré jusqu'à Chabva, il est vrai mais au lieu des centaines d'inscriptions qu'il s'attendait à trouver parmi ces mystérieuses ruines, sur la foi d'une légende, il n'en avait découvert qu'un petit nombre, mais fort intéressantes. Pour nous résumer, le résultat de ce voyage sera sans doute d'une portée assez considérable pour la

science, si du moins le dépouillement et la classification des richesses de tout genre que l'expédition rapporte en Europe confirmentles prévisions de M. Müller.

Inscriptions arabes dont on a pris le décalque et des clichés photographiques,la cartographie, la flore, a faune, la géologie et la langue de Socotora, étudiées et définitivement fixées la langue mahra étudiée également la terre de l'Encens explorée avec le même soin, tels sont les travaux et les découvertes des savants viennois, qui sont rentrés en Europe il y a trois mois.

AVtS La Ligue Maritime française (34, rue de Penthièvre) organise un voyage d'études maritimes, au cours duquel on visitera Brême, Hambourg, Rotterdam et Anvers. Départ le 4 août, de Paris. Durée du voyage, 10 jours. Prix: 37~ fr. en première, 340 fr. en seconde. Les dames sont admises. On peut s'inscrire, dès à présent, au siège de la Ligue et à l'agence Desroches, 21, faubourg Montmartre, à Paris.


pions. (Par. kilomètre arrêté on entend le kilomètre de départ, la voiture partant du repos par kilomètre tancé, on entend le kilomètre franchi en pleine course et repéré au passage). I kit. arrête t kit. tancé tes 2 kit. M. de Chassetoup-Laubat 48" 3/5 1 38' 4/5 M. Jenatzy (record du monde) 47" 4/5! 34"

I' 27" 2/5 h'2i" 4/5

L'allure de M. Jenatzy dans le premier kilomètre représente à peu près 75 kilomètres à l'heure; dans te second kilomètre, son temps donne 105 kilomètres 852 à l'heure. Le record des voitures à pétrole

avait été le suivant M. JEXATZY, SUR SA VOITL'M ÉLECTRIQUE

LA

JAMAtSCOfTEXTE

D'après une photographie.

Le Record de la vitesse

des automobiles. Du 105 à t'heure!1

ON a pu voir à l'Exposition

internationale des automobiles qui vient de se tenir dans le Jardin des Tuileries une voiture de forme particulière, très basse sur roues, pointue à l'avant et à l'arrière, rappelant la silhouette d'une torpille ou d'un torpilleur. Cette voiture, baptisée « La y~MMMcoM~M~», nom qu'elle porte fièrement inscrit sur sa caisse, détient, pour le moment, le record du kilomètre. Elle a, en effet, parcouru récemment le kilomètre en 34 secondes, ce qui équivaut à du 105 kilomètres 852 mètres à l'heure. Cette voiture, essentiellement voiture de course, est l'oeuvre de M. Camille Jenatzy, l'ingénieur bien connu de la Compagnie internationale des Transports automobiles et le créateur du fameux 16000, le premier fiacre public ayant circulé dans Paris. « La Jamais contente» est à propulsion électrique 'et tous les détails de sa construction visent exclusivement l'obtention de la plus grande vitesse possible. Elle semble bien, d'ailleurs, avoir satisfait un problème que son constructeur s'était posé, puisqu'elle a battu le record du kilomètre que détenait, avant elle, la voiture également électrique de M. le comte de Chasseloup-Laubat, laquelle avait fait du 92 kilomètres à

M. Lefebvre kit. arrête

c.

)

)es 2

kil.

I' '7"

2' 1511 Ce qui ne fait que du 62 kilomètres à l'heure. Une misère n'est-il pas vrai?. On voit donc que l'électricité l'emporte sur le pétrole. Reste maintenant à parler de la glorieuse voiture « La Jamais contente ». Les moteurs au nombre de deux et d'une puissance totale de 50 kilowatts, soit environ 55 chevaux effectifs, sont susceptibles d'un effort momentané qui peut atteindre ioo chevaux. Leur poids est de 250 kilogrammes. Chacun de ces moteurs commande directement une des roues arrière. Ce qui est évidemment le dispositif permettant d'atteindre la plus grande vitesse, avec le minimum de chances d'acci-

dent.

La batterie d'accumulateurs donnant l'énergie électrique pèse 650 kilogrammes. Tous les autres organes de la voiture pèsent 200 kilogrammes environ au total, ce qui porte à i 100 kilogrammes le poids de la voiture en ordre de

marche.

Afin d'arriver à cette énorme puissance spécifique

(t0 chevaux par

tané et

100 kilogrammes pour

t'enbrt momen-

chevaux par ioo kilogrammes pour l'effort normal), il a fallu naturellement avoir des pièces et 5

l'heure.

Voici le tableau comparatif des résultats obtenus par les deux cham-

kit. tancé

a LA JAMAIS CONTE~T£

D

EN PLEINE VITESSE,.

D'après MHe photographie.


organes extra-légers c'est dire que l'aluminium entre pour une large part dans la voiture Jenatzy. La carrosserie notamment est entièrement constituée par ce métal, ou du moins par un de ses dérivés, le partinium. des

Pour présenter le moins possible de résistance à l'air, la caisse affecte la forme toute spéciale, visible sur la photographie de la page précédente.

Ce facteur est le plus important, car au delà d'une vitesse de 65 kilomètres à l'heure, la résistance de l'air absorbe un travail bien supérieur à celui qui est néces-

sité pour la translation du véhicule. Grace à cet ensemble de dispositions spéciales, La Jamais contente pourrait certainement dépasser l'énorme vitesse qu'elle a obtenue dans son célèbre record. Ce jour-là, en effet, la route d'Achères, sur laquelle elle courait, était loin d'être en bon état, la pluie des jours précédents l'avait détrempée et on a observé une diminution de vitesse due au roulement des pneus sur une boue collante. La vitesse maxima d'un tel véhicule ne pourrait pas être tenue longtemps, car les accumulateurs, pour un effort pareil, se déchargent vite mais à la vitesse de 80 à go kilomètres, M. Jenatzy a pu rouler pendant 45 minutes sans décharger sa batterie d'accumulateurs. 11 peut, de même, marcher à une vitesse beaucoup plus modérée et faire, au besoin, de son torpilleur une voiture de promenade, quoiqu'il y ait lieu de remarquer que, pour un long trajet, on manquerait un peu de confort dans une voiture de course, où naturellement toute la place a été réservée aux divers organes de

propulsion.

Le

Gouvernement français et la Colonisation

Les critiques qu'un de nos collaborateurs a adressées'1 à l'Administrationdes Co/OMM!, à propos des concessions du

Congo, nous ont valu les observations suivantes, que notre juste souci ~'t')K~~<M/t~ nousfait MM devoir d'accueillir.

TouT d'abord, il ne faut pas oublier

que les conces-

sions dont l'Administration dispose sont d'importance, puisqu'il s'agit de territoires énormes s'étendant en moyenne sur i 200 ooo hectares, c'est-à-dire une superficie à peu près équivalente à celle de deux départements français. Le concessionnaire a la jouissance pendant 30 années de tous les produits naturels de sq concession, et ces produits peuvent avoir une valeur considérable, puisqu'une grande partie de la surface concédée est couverte de forêts riches en lianes à caoutchouc, sans compter les réserves d'ivoire qui s'y peuvent trouver accumulées. Le concessionnaire ne reçoit pas, naturellement, la propriété immédiate de ces territoires, mais pour l'encourager à y développer de nouvelles cultures, il ). Voir le numéro précédent A Travers le TMoH~

(t~r juillet 1899), page 203.

acquiert de droit la pleine propriété de toutes les tenes qu'il met en valeur, au fur et à mesure que cette mise en valeur peut être constatée. Que lui demande-t-on en échange? On lui demande t" Une redevance fixe, d'abord très faible, et qui n'atteint un centime par hectare qu'au bout de la

i i" année;

2° Une redevance proportionnelle de 15 p. cent bénéfice net restant aux actionnaires après acquitte-

du ment de toutes les charges, constitution de toutes les réserves et amortissement des actions, et, en outre, après que le capital-actions a reçu une première rémunération de 5 p. cent. Le calcul de ces <$ p. cent se fait d'après le bilan même de la Société, sans investigation tracassière. II résulte d'ailleurs des décrets organiques sur le domaine colonial au Congo que le produit de ces diverses redevances ne pourra être employé qu'à des services ou travaux d'utilité publique relatifs au développement de la colonisation. De sorte que les concessionnaires recevront en services d'intérêt commun au moins l'équivalent de ce qu'ils auront payé. Indépendamment de ces redevances, les concessionnaires ont d'abord l'obligation bien légère de mettre deux fois par an à la disposition de l'Administration, pour ses propres transports, la moitié de la capacité du matériel fluvial qu'ils emploient nécessairement pour le service de leurs concessions. Et encore l'Administration doit leur payer cet usage suivant un tarif établi d'après les prix courants de la navigation commerciale. Le cautionnementindispensable pour garantir la mise en train de l'exploitation a été réduit à 2 t/2 p.cent du capital social, minimum exigé, capital qui, en fait, a été dépassé dans la constitutionde presque toutes les sociétés. Une autre obligation consiste à contribuer aux dépenses du matériel du service des douanes par une somme une fois donnée qui ne dépasse pas 2 p. cent de ce même capital minimum. On voit qu'il n'y a dans ces charges pécuniaires aucune exagération. Elles sont extrêmement légères, en comparaison du don que fait la colonie de l'énorme valeur des produitsnaturels du sol pendant 30 années, et de l'attribution gratuite de la pleine propriété de toutes les terres qui seront mises en valeur par la culture ou par l'élevage. Quant au droit que le gouvernements'est réservé de reprendre tous les terrains nécessaires pour l'exécution des travaux d'utilité publique et de prélever pour la petite colonisation agricole des parcelles dont la superficie est limitée au maximum à 5 p. cent de la superficie totale de la concession, le critique a oublié de dire que ces reprises ne pourront avoir lieusans indemnité de dépossession que dans le cas où elles s'appliqueraient à des terrains encore à l'état de nature et sur lesquels le concessionnaire n'aurait fait aucune dépense

d'appropriation. La servitude de coupe de bois pour les vapeurs est-elle si abusive? On aurait tort de le prétendre, car elle profite aussi bien au concessionnaire pour le


service de ses propres bateaux, sur les rivières longeant les concessions de ses confrères, qu'à ceux-ci pour le service de leurs bateaux à travers sa concession. C'est une servitude réciproque, sans laquelle la navigation, et par suite l'exploitation des concessions, seraient impossibles. Enfin, la servitude d'extraction des matériaux pour travaux publics, sans indemnité autre que le dommage causé aux cultures, existe en France depuis trois siècles, et il n'y a pas lieu de jeter les hauts cris lorsqu'on l'applique au Congo. On voit, d'après ce rapide exposé, qu'il y a quelque exagération à soutenir que les concessionnaires sont « tenus en lisière par l'Etat, qui les laisse dans une insécurité absolue ». Au contraire, les concessionnaires du Congo ont reçu de l'Administration des Colonies, par la forme de leur contrat, par toutes les conditions protectrices de leurs droits qui y ont été insérées, les encouragements les plus précieux et les plus efficaces. Voici, du' reste, les résultats qu'il est déjà possible de constater. 29 décrets de concession ont été signés et notifiés aux concessionnaires, avec invitation de constituer les sociétés anonymes en faveur desquelles les concessions deviendront définitives. Ces 29 concessions s'appliquent à t 6y4 ooo hectares. Le capital minimum exigé de l'ensemble de ces sociétés s'élève à 29 400 ooo francs. t$ sociétés sont déjà définitivement constituées; les 14 autres le seront avant la fin du mois et le capital réellement souscrit pour les 29 sociétés sera non pas de 29 400 ooo fr., mais atteindra presque 35' mil-

lions.

reste à statuer sur les demandesen concession, au nombre de plus de cinquante, qui visent les territoires des bassins des affluents de rive droite du HautOubanghi, soit 8 millions et demi d'hectares. Cette immense surface avait excité la convoitise d'un personnage belge bien connu, le lieutenant-colonel Thys, qui tient déjà sous sa main le Chemin de fer du Congo belge, la Société anonyme belge pour l'exploitation du Congo, la Société du Sud-Cameroun allemand, etc., etc. Une demande de concession comprenant nonseulement les 8 millions et demi d'hectares du HautOubanghi,mais encore t6 millions d'hectaress'étendant sur une partie du bassin du Tchad et sur les sultanats soumis à notre protectorat sur la rive droite du M'Bomou, avait été présentée au ministre des Colonies il y a deux ans, par M. Thys, associé avec une maison de banque française. L'étendue de la concession demandée a paru exagérée. 11 eût été dangereux au point de vue de notre action politique dans ces régions éloignées de mettre à la disposition d'un seul concessionnaire toutes les ressources commerciales et agricoles d'aussi vastes régions. Les demandeurs réduisirent finalement leurs prétentions aux 8 millions et demi d'hectares du HautOubanghi. Mais ils refusèrent d'accepter, sur quelques 'points essentiels ayant un caractère plutôt politique que commercial et affectant en réalité les droits de souveraineté du gouvernement, le cahier des charges qui a été examiné et finalement accepté sans aucune difficulté par tous les autres concessionnaires, aussi soucieux à coup sûr de leurs propres intérêts que 11

pouvaient l'être des leurs le lieutenant-colonel Thys et ses associés. En définitive, le seul « postulant récalcitrant qui, sans doute par suite de considérations étrangères à la culture et au commerce, ait trouvé inacceptables les conditions du gouvernement français, se trouvera

remplacé dans le Haut-Oubanghi par 5 sociétés exclusivement françaises, dont le capital social dépassera 8 millions. Lorsque les derniers décrets attribuant ces concessions auront été signés, toute la partie du Congo français qui ne peut être rationnellement exploitée qu'au moyen de grandes concessions, se trouvera répartie entre 34 sociétés anonymes françaises, disposant d'un capital d'au moins 45 millions. En dehors de ces grandes concessions, des surfaces considérables ont été réservées pour des concessions d'au plus 10 ooo hectares, c'est-à-dire pour la petite et la moyenne colonisation. Et ainsi aura été préparée la mise en valeur de cette belle colonie, un an à peine après l'achèvement de l'œuvre d'exploration si brillamment terminée par les missions Liotard et Marchand.

Victor Deville.

Partage de <A/r!M. Exploration, co/OMMa~oM,E~<~o<<~Me. Paris, librairie africaine et coloniale, i8()8. Prix 5 francs.

ous avons déjà signalé cet ouvrage, destiné à rendre de grands services nombreuses qu'intéres-

aux personnes sent les questions africaines. L'auteur, professeur au lycée Michelet, est déjà connu par un C~tMMe/f~~o~r~/Meco/MMtercM/edont nous avons rendu compte. Il cherche aujourd'hui à résumer et à classer des renseignements dispersés par milliers dans les journaux les revues et les livres. Après une introduction consacrée à l'exploration de l'Afrique, M. Deville nous raconte le partage du continent noir entre les puissances d'Europe et nous décrit pays par pays son état politique actuel. Il n'a pu parler encore de la convention du Niger de 1898, non plus que du récent arrangement franco-anglais qui a suivi l'affaire de Fachoda. Ce sera pour une prochaine édition. L'auteur ne nous donne pas le texte des traités, ce qui allongerait indéfiniment son ouvrage, mais il les résume assez clairement. La division des chapitres en paragraphes et leur sommaire détaillé permettent de trouver aussitôt le renseignement désiré. M Deville a désiré être pratique il y aurait encore mieux réussi s'il avait raccourci en certains endroits la partie historique, et mieux mis en lumière les résultats politiques. Mais quoi qu'il en soit, il a fait un livre utile, dont la valeur est encore rehaussée par un index alphabétique et six cartes. Docteur F. Jousseaume. La Philosophie aux prises avec la nier liouge, le 'Dj~w'MMMe et les trois règnes des corps organisés. Paris, A. Maloine, 1899, in-;6. L'AUTEURa réuni, sous ce titre bizarre, le compte rendu L d'observations faites dans le bassin de la mer Rouge, et des dissertations diverses sur les volcans, les sables, les récifs madréporiques,les théories darwiniennes, etc. Le tout nous a paru un peu confus, mais parfois amusant. Pour citer les paroles mêmes de M. Jousseaume « ce livre est une véritable bouillabaisse. On y trouve de tout, même de la critique ». L'auteur est d'ailleurs modeste dans ses conclusions: Quel a été, dit-il, le résultat de mes veilles, de mes recherches, de mes observations, de ce que j'ai puisé dans les écrits des autres ? Eh bien après ces longues études, j'ai fini par apprendre que, vous et moi, nous ne connaissions absolumentrien sur l'origine de l'espèce


POLE NORD

POLE8UO

Gerlache (commandant de) et le capitaine Lecomte ont dû quitter Punta le tzjuinà!) heures et demie du ma-

Abruzzes (duc des)

a quitté Christiania

tin à bord de Stella Po/ay;! (exyaMM). Son chargement se compose de 35o tonnes de charbon et de 2X0 en vivres et matériel. Le bagage de l'expédition se compose de t Soo caisses pesant chacune 25 kilog., ce qui en rendra le transport assez facile. Les membres de l'expédition sont le capitaine norvégien Ewensen, commandant le capitaine de corvette Umberto Cagni le lieutenant de vaisseau Quarini, un médecin, 2 matelots italiens, 4 alpins et t0 matelots norvégiens. Au contraire de Nansen, qui s'efforça de s'approcher le plus possible du Pôle avec son bâtiment, le duc des Abruzzes se

mettra au moment opportun à la recherche d'un point d'hivernage pouvant servir de base d'opérations. Puis en schlittes, sur la glace, l'expédition se lancera avec la plus grande rapidité dans la direction du Pôle.

Andrée. On

a trouvé le 14 mai, près du KollaBord (Islande), une bouée flot-

tante dans laquelle se trouvait une

boite contenant la dépêche suivante Bouée flottante n° 7. -Cette bouée a été jetée du ballon d'Andrée le 11 juillet 1897 à io h. 55 du soir par 82° de latitude Nord et 25° de longitude Ouest. Tout va bien.- André, Strindberg,Fraenkel." Cette dépêche, quoique très authentique, est presque sans intérêt puisqu'elle date du jour même de l'ascension de l'OerH~t et qu'on avait déjà une dépêche du i3 juillet apportée par un pigeon voyageur, quatre jours après le départ des explorateurs.

Expédition russo-suédoise, qui va au

Spitzberg mesurer un degré du méridien terrestre, s'est embarquée le i5 mai à Libau, à bord du &!&!)).

Nathorst (professeur suédois)

a quitté

Stockholm le 20 mai à bord du bateau à vapeur l'~K~rc~M, se dirigeant vers la côte orientale du Groenland où il va rechercher Andrée. Si ses

recherches sont infructueuses de ce côté, il se dirigera ensuite vers le cap Bismarck il où rejoindra peut-être des membres de l'expédition Sverdrup, dont on est toujours sans nouvelles. Nathorst annonce qu'il fera l'impossible pour retrouver Andrée et ses compagnons. Son expédition se compose de 28 personnes.

Peary. Le vapeur

Hope, qui a conduit Peary l'année dernière, quittera SaintJohn le 17 juillet pour gagner Godhavn (en Groenland), la baie de Melville et le cap York. Il emporte des ravitaillements pour Peary et sa mission. Ce voyage est fait en conformité des instructions données par Peary, au moment de son départ. Le professeur Libbey et d'autres savants

s'embarqueront sur le

Hope.

Arenas avec )a 'Belgica, au commencement de mai, après avoir débarqué te-personnel scientifique de l'expédition, qui est revenu en Europe par les voies rapides. La Belgica se rendait à Buenos-Ayres pour passer en cale sèche, avant de repartir pour la Belgique où elle arrivera vers le [5 août deux ans après son départ. Nansen, le célèbre explorateur du pôle Nord prépare pour 1902 une expédition au pôle antarctique.

a

atteint Araouan, principal entrepôt

du sel des mines de Taoudem. Son voyage s'est accompli pacifiquement. Fourneau-Fondère(mission française), partie d'Ouesso (Haute-Sangha) le 14 février est revenue à Libreville où elle a dû s'embarquer le 20 juin pour la France. Son effectif est en bonne santé. Elle a obtenu des résultats très satisfaisants et rapporte des documents intéressants sur les régions inconnues qu'elle vient de parcourir à travers le pays des Pahouins anthro-

pophages.

Foureau-Lamy,

la mission se trouve dans l'Aïr. OCÉAN Gentil, débarqué à l'embouchure du Chun (professeur allemand) et les memCongo le 28 mars, poursuit sa route bres de l'expédition embarqués à vers le Chari. bord de la Valdivia sont rentrés à Gibbons (major anglais) parti l'année Hambourg le )" mai, ayant heureusedernière du Cap pour traverser l'Afriment achevéleur voyage d'exploration que et gagner Khartoum et le Caire, dans l'Océan. aurait vu l'effectif de sa mission considérablement réduit et serait obligé AS)E de revenir par le Zambèze. Kozioff (lieutenant russe), dirige une expédition dont l'objectif est l'Asie Guyon (commandant) aura prochainecentrale. Il espère commencer le ment achevé ses études du tracé d'un juillet l'exploration chemin de fer au Dahomey. La misdu Gobi et se i~r dirigera ensuite vers les sources du sion n'a rencontré aucune difficulté Hoang-Ho et du Yang-Tsé-Kiang. sérieuse. Labbé (Paul), notre collaborateur, est Houdaille (capitaine), ayant terminé le arrivé à Saint-Pétersbourgoù il prétracé d'une ligne de chemin de fer pare un important voyage dans l'Exentre la côte du golfe de Guinée et trême-Orient russe. Le but principal l'intérieur de notre colonie de la Côte de son voyage est l'exploration de la d'Ivoire était revenu le i" juin au grande île Sakhalin, située au Nord bord de la mer. La mission s'est emdu Japon, qui est fort peu connue. barquée sur le Soudan pour rentrer Olufsen (lieutenant danois), qui vient eu France. de passer l'hiver au Pamir, écrit de Hostains-d'Olloue(mission) qui explore Choroch, près de la rivière Gund, à la région du Haut Cavally, est parti la date du i" mars, qu'il va se diriger de Rock Béréby sur la côte et a vers le Sud pour gagner la ville atteint le [5 mars le Douo à.un jour d'Och, dans le Ferghana, où, d'après en amont de son confluent le Douobé. prévisions, il dû arriver ses a au comCes deux rivières réunies forment le mencement de mai. Cavally. Les voyageurs ont constaté que le Douo reçoit sur sa rive gauche AFRIQUE le Hanna, grande rivière encore inexBéhagle (de) écrit de Caga Bandacou plorée. Ils ont construit un fort qu'ils (Haut-Gribingui) à la date du 26 déont appelé yor~ 'B;;<~er. C'est de ce cembre !8<)8. qu'il se dispose à point qu'ils donnent de leurs nouvelles descendre à la voile vers le Tchad à la date du 23 mars. avec 6 hommes. Kandt (D' Richard), explorateur alleBonnel de Mézières (mission commermand, parti en janvier 1808 pour éluciale française), après avoir atteint cider la question des sources du Nil, Tamboura, point extrême de son a remonté la rivière Kagkera, puis le voyage, doit actuellement s'être mise Niavarongo et enfin le Boukarara, en route pour regagner la côte occiqu'il suivit jusqu'à sa source. dentale d'Afrique où elle s'embarquera pour rentrer en Europe. La mis- Marchand (mission) est arrivée à Toulon le 3o mai et à Paris le t" juin sion n'a eu qu'à se louer de l'accueil après avoir accompli la traversée de qui lui a été fait par les chefs indil'Afrique de Loango (22 juillet t8<~6) à gènes du Haut-Oubanghi et du Djibouti (t6 mai t89q). M'Bomou, régions conquises à l'influence française par les missionsLio- Voulet-Chanoine. La mission frantard et Marchand. çaise commandée par le capitaine Coppolani (explorateur français) n'a fait Voulet, assisté du capitaineChanoine, qu'un court séjour à Tombouctou il ayant quitté Say au commencement est reparti vers le Nord avec son de mars, se trouvait le 15 avril à BoroRobert Armand et une Biré (entre Say et Sokoto). Aux dercompagnon escorte composée d'éléments indinières nouvelles, la mission aurait eu gènes et maures. Un télégramme reçu avec les indigènes des difficultés qui dans le courant de juin annonce qu'il auraient arrêté sa marche.


Bizerte et Ferryville La Création d'une Ville en Tunisie B~/f

La France, on le sait, a décidé la construction à d'un arsenal maritime destiné à devenir une base d'opérations pour nos flottes. En même temps que cet arsenal se construit, une ville voisine s'élève elle a reçu le nom de Ferryville. Voici quelques détails sur l'arsenal et sur le nouveau centre de population qui lui est adjacent.

t L suffit de jeter les yeux sur une carte de la

Méditerranée pour voir l'importance de la position de Bizerte. Placée à cheval sur les deux bassins de cette mer intérieure, elle domine à la fois )e bassin occiden-

tal, qui baigne les

côtes de l'Espagne jusqu'à Gibraltar, et le bassin oriental, où se mirent

la Tripolitaine, l'Egypte et la Grèce. Elle est à une journée de marche de Naples, de la Sicile et de Malte. Elle fait vis-à-vis à la Sar-

d'elle une merveilleuse base d'opérations,un admirable « point d'appui pour une flotte de guerre. Assise au fond d'un golfe couronné de collines propres à recevoir des forts ou des batteries, la ville de Bizerte avait à ses pieds un vaste bassin intérieur, n'ayant pas moins de 15 kilomètres de largeur et assez profond pour recevoir les escadres les plus puissan-

tes. Ce

magnifique était, il est vrai, un lac

enclos de terres de toutes parts, mais

daigne. Elle comman-

de, en quelque sorte, tout le lac méditerranéen, et,

pendant

une

guerre, les navires ayant Bizerte comme base d'opérations seront dans

bassin

LE LAC DE BIZERTE~ VUE PRISE DU HAUT DU PONT TRANSBORDEUR.

D'après

la mince barrière de sable, la dune, pour mieux dire, qui le séparait de la mer pouvait être coupée aisément. It était fa-

cile d'ycreuser,~ peu de frais, un canal navigable grâce auquel Bizerte serait dotée d'une rade splendide, absolument fermée, qui ferait de ce point une station stratégique de premier ordre, à 100 milles de la. Sicile, à 240 milles de Malte, à 300 milles de Naples. Dès le lendemain de notre occupation de la Tuni-

H~~O~'n~

les meilleures conditions pour fondre, à point nommé, sur l'ennemi signalé. C'est une situation au moins égale à celle de Malte, et un Anglais, l'amiral Spratt, écrivait que Bizerte pouvait annuler l'importance militaire de la petite île anglaise. Le jour où nous aurions la ligne Toulon, Porto-Vecchio,Bizerte, capable d'appuyer solidement des forces navales imposantes, nous serions très forts et nous pourrions tenir tête, sans infériorité, aux autres puissances maritimes de la Méditerranée. Or, il se trouve précisément que la position de Bizerte semble avoir été appelée par la nature à devenir une place forte maritime. Tout concourt à faire

sie, quelques esprits clairvoyants avaient entrevutout ce qu'il fallait faire à Bizerte pour que la France tirât de cette nouvelle possession le maximum de profit possible. Par malheur, certains engagements diplomatiques, certaines promesses, aussi vagues d'ailleurs que maladroites, réduisirent les ambitions de ces esprits


fond du lac, à 15 kilomètres du littoral, à l'abri, par conséquent des projectiles d'une flotte ennemie, d'autant mieux qu'un écran de montagnescontribuait à faire du

LA POSTE DE FERRYVILLE.

D'f!~r~«He~tO<og't'<Me.

clairvoyants, et l'on dut tout d'abord se borner à faire de Bizerte un simple port de commerce. C'est en 1889 que les travaux de ce port commencèrent, 8 ans, par conséquent, après l'installation mais MM. Hersent et Couvreux, les du protectorat, concessionnaires, avaient à cœur de regagner le temps perdu. Deux jetées longues de i ooo mètres et s'avançant dans le golfe jusqu'aux fonds de 13 mètres furent solidement établies, en s'enracinant sur la côte, à l'est et à l'ouest de la ville, de manière à former un avantport spacieux. Dans l'axe de cet avant-port, la dune fut coupée en ligne droite sur une longueur de 500 mètres pour le canal communiquant de la mer au lac. Ce canal a 120 mètres de largeur avec 8 mètres de profondeur. Telle fut l'activité déployée que, le t8 mars 1894, le paquebot la Ville d'Alger, calant 5°',50, entrait dans le nouveau port. Depuis cette époque, notre escadre de la Méditerranée a

point choisi un asile inviolable. On s'en rendra compte en regardant la photographie ci-contre du panorama de la rade l'arsenal maritime est tout au fond, dans un repli des dernières sinuosités du rivage. Dès que les crédits furent alloués par la Marine, on se mit à l'œuvre avec ardeur aujourd'hui, les jetées formant la darse d'amarrage sont terminées, et le canal qui y conduit est creusé à la profondeur convenable un bassin de radoub est mis en adjudication ces jours-ci et on doit le commencer immédiatement; une voie ferrée est construite presque en totalité pour raccorder l'arsenal au chemin de fer de Bizerte à Tunis bref, les travaux préliminaires sont fort avancés. La conséquence de ces travaux et de ceux qui vont suivre a été la création, à proximité,d'une ville dont le rôle sera de loger d'abord la population ouvrière employée aux chantiers actuels, et plus tard la population qui vivra de l'arsenal, de ses services, de ses ateliers, du mouvement d'un grand port de guerre. L'initiative de cette création appartient à un colon français, M. Dé-

coret. Il

y

a environ

to ans, alors qu'il était tout au

plus question de vagues projets de la France sur Bizerte, notre compatriote, pressentant que ces projets prendraient fatalement corps un jour ou l'autre, imagina d'acheter, tout au fond du lac ceux des terrains qui lui semblaient le plus convenables à un établissement militaire. Ces terrains appartenaient à une tribu d'indigènes qui vivaient là de père en fils, poussant indolemment leurs petites charrues bibliques, cueillant les fruits de leurs rares oliviers, et dont la quiétude s'alarma

del'apparitionsubite d'un Roumi

franchi le canal, à plusieurs reprises, pour venir mouiHer à l'entrée du lac, montrant ainsi la

parmi eux.

valeur réelle des travaux entrepris. Nous avons dit, l'an dernier, que le canal était maintenant traversé par un pont transbor-

terrains

Au premier désir manifesté par M. Décoret d'acheter leurs

Tu as tort, tu ferais mieux de renoncer à tes projets, lui dit le vénérable cheik de la tribu, car les poissons. du lac pour«

deur assez élevé pour laisser passer les mâtures des navires en-dessous de lui, et une photo-

graphie donnée par nous montrait le croiseur l'Tp~M~ passant sous le pont,toutesvoilesdehors. Mais Bizerte, encore une fois, méritait mieux qu'un port CARTEDE mzERTE ET de commerce. Edifier un arsenal de réparations et de ravitaillement sur les bords de la rade, que venaient d'ouvrir MM. Hersent et Couvreux, apparut bientôt comme une nécessité impérieuse. Malheureusement, les raisons

politiques et diplomatiques évoquées plus haut retardèrent longtemps l'éclosion des projets élaborés par le ministère de la marine. Et c'est il y a 18 mois à peine qu'on se décida enfin à travailler à cet arsenal africain. L'emplacement le plus propice se trouvait au

DE SES EXYEMXS.

raient bien te manger! » Malgré ces dispositions peu encourageantes, notre compatriote persista à force de patience et de diplomatie il parvint à acquérir la portion du rivage sur laquelle il avait jeté son dévolu.

Lorsqu'il fut question de l'arsenal maritime, M. Décoret, désireux de hâter l'exécution d'une entreprise d'un tel intérêt national, s'empressa d'offrir à l'Etat tout l'emplacement dont celui-ci avait besoinsur le rivage; il garda simplement ou se fit remettre en échange, un peu en retrait, les terrainsjugés nécessaires à la constructiond'une ville. L'administration accepta cette offre avec reconnaissance, et pendant qu'elle draguait, creusait et


PAYQRAASA DE FERRYVILLE, EY AVRIL

1899.

D'a~'ff~!<;M~)Oto~'a~/tte

construisait ses jetées, M. Décoret bâtissait ses premières maisons. De la sorte, ville et arsenal marchent de conserve, l'une poussant et se développant au fur et à mesure des besoins de l'autre. M. Décoret baptisa sa ville Ferryville, rendant ainsi le premier un juste hommage à l'homme d'État dont la statue vient d'être inaugurée en grande pompe à Tunis. Puis il dressa le plan de la ville ce plan comporte des rues à angle droit de io, 2 et t mètres; mais ce qui en constitue l'originalité, ce sont de grandes avenues en diagonale qui, rayonnant du centre à la périphérie, facilitent la circulation dans tous les sens. En même temps que M. Décoret soumettait le plan de sa ville à

l'administration des travaux pu-

C'est donc un centre exclusivement français, soutenu par des capitaux français, qui se développe près de notre arsenal, témoignant de cet esprit créateur qu'on dénie quelquefois si injustement à notre race. Les propriétaires qui construisent en ce moment sont certes des spéculateurs avisés, songeant avant tout au bon placement de leurs capitaux, mais cependant leurs maisons, il faut les en féliciter, se rapprochent beaucoup plus du genre villa que du genre cité ouvrière. Chaque logement a la jouissance d'un jardin; dans certaines rues même, celui-ci est en façade, ce qui donne à ces rues un aspect particulièrement gai et engageant. Un peu de verdure, un peu d'arrangement, un peu d'art, cela

coûte si peu et cela contribue cependant si puis-

blics de la Régence, celle-ci se ré-

samment à déve-

servait l'emplacement de tous ies bâtimentspublics:

école, poste, marché, église, etc. Conformément à la loi foncière tunisienne (unee institution que la

France pourrait

lopper chez l'ouvrier l'amour du foyer Cette note d'art se révèle déjà très nette et très voulue dans le pe-

tit Hôtel des

LESRtJESDEFERRYVtLLE.

D'après

M~c

envieràlaTunisie) ce plan est immatriculé à la Conservation, de sorte que chaque acquéreur d'un lot de terrain reçoit un titre de propriété avec plan rigoureusementdéfini,tant au point de vue juridique qu'au point de vue topographique. M. Décoret eut soin, dés le début, d'écarter ces marchands de goutte, cantiniers et autres trafiquants cosmopolites dont les installations provisoires ont, sous le nom générique de « Coquinville », si souvent déshonoré les débuts de certains grands centres algériens. Maître de la situation, notre compatriote se garda de vendre indifféremment à tout venant il put ainsi obtenir ce résultat que, sur la trentaine de capitalistes qui, depuis un an, se sont groupés et ont bâti à Ferryville, il ne s'en trouve pas un qui ne soit Français.

photographie.

Postes

qui vient d'être

édifié pour le

compte de t'Etat tunisien. La construction des bâtiments publics, postes, marche, écoles, commissariat de police, est, en effet, assurée par le propriétaire de Ferryville à l'aide de contrats fort avantageux pour l'administration. 11 est fait à celle-ci avance du prix des bâtiments, et elle en devient immédiatement propriétaire à charge de

payer un certain nombre d'annuités représentant l'intérêt et l'amortissement du capital engagé à raison de 3 fr. 50 p. cent. L'hôtel des Postes, le premier monument de cette série, est conçu dans ce style mauresque si bien adapté au milieu où il a pris naissance. A cette blonde lumière d'Orient il faut les murs blancs, les revêtements de tuiles vertes; à ce soleil trop éclatant il faut


opposer la sobriété, l'étroitesse des jours sous l'étranglement de leur arc en fer à cheval; sur ce ciel si pur il faut le profil des terrasses se découpant en lignes gracieuses, nettes, délicates. Avoir introduit du premier coup dans la ville naissante ce souci de l'architecture n'est certes pas un des moindres mérites du fondateur de Ferryville, et cela caractérise fort bien le but qu'il semble poursuivre celui de faire une œuvre plus encore qu'une affaire. Ces premiers et heureux débuts nous sont un sûr garant de l'esprit d'initiative qui sera apporté à la solution des autres questions celles des égouts, du service de l'eau et de l'éclairage, des tramways à établir pour aller des chantiers à la ville, etc. Ferryville est au centre d'une des plus fertiles régions de la Tunisie, celle de Mateur et de Bizerte bétail, céréales, oliviers, tout y abonde; ces richesses agricoles appellent l'établissement d'industries que nos entreprenants colons de Ferryville ne manqueront pas de créer; nous savons qu'ils en étudient déjà les moyens; ces usines, combinées avec les ateliers de l'arsenal, feront peut-être de Ferryville la ville industrielle de la Régence.

Les ouvriers employés dans ces travaux et dans ces industries ne résisteront pas, de leur côté, à la tentation d'acquérir quelques lopins de terre sur les coteaux, très propices à la vigne, qui entourent la ville; des fermes, des villas, couronnant les plus beaux sites, s'établiront peu à peu, et c'est ainsi que se réalisera la prise de possession définitive par la France de ce coin de terre où tant d'espérances se concentrent, tant d'efforts se préparent. M. Krantz, alors ministre des travaux publics, est allé récemment à Ferryville,où leshabitants lui avaient préparé une réception enthousiaste. M. Charles Ferry s'était joint au ministre pour remercier M. Décoret de la pensée qui l'avait poussé à donner à la ville le nom de son frère. Avec l'ouverture imminente des chantiers du bassin de radoub, c'est une population de i ~oo ouvriers et de leurs familles qui va surgir tout à coup à Ferryville, et qui ne fera que croître d'année en année. La petite cité ne rêve-t-elle pas d'égaler un jour Toulon, qui compte 75 ooo habitants! Que'cette ambition soit ou non justifiée, l'entreprise que nous venons de signaler à nos lecteurs ne

nous apparaît pas moins comme une des plus intéressantes et des plus originales parmi celles qui accusent actuellement la vitalité de notre France coloniale.

Le Service américain

de navire. Des formules imprimées sont remises aux navires. Elles contiennent les mots suivants, en Document sur les courants marins. sept langues Ensuite Nom du navire, nom du capitaine, date du lancement à la mer de la bouteille, nom de celui qui l'a M~e~; lieu et date de la trouvaille. On lève l'ancre, le vaisseau part; au jour et sous la latitude qu'il plaît au marin de choisir, celui-ci

remplit le bulletin, qu'il enferme dans une bouteille cachetée avec soin, puis qu'il lance à la mer. Le premier venu qui la retrouve, parfois à des milliers de lieues de son point de départ, casse la bouteille, remplit les lignes blanches du bulletin en y inscrivant son nom, le nom du lieu et la date où il l'a trouvée; puis il l'adresse soit au ministèrede la marine, à Washington, soit au consulat américain le plus proche. En 18~8, io3 bouteilles pêchées dans l'Atlantique, 16 dans le Pacifique et 2 dans l'océan Indien sont ainsi parvenues à Washington. Rien de plus variable que le temps mis par les bouteilles à accomplir le trajet une d'entre elles, lancée le i~ septembre i8c)~, entre Terre-Neuve et l'Islande, au beau milieu de l'Atlantique, n'a été repêchée que le 22 mai 18~8, sur un banc de sable des îles Bahama, après avoir parcouru ainsi 4 500 milles marins, soit 4 1/2 milles par jour. Le plus rapide trajet a été accompli par une bouteille lancée le y mai 1898 au Sud-Est de l'embouchure de l'Orénoque et qui a été recueillie le i~ mai suivant, à igo milles plus au Nord-Ouest, ce qui fait une vitesse de 31 milles par jour. 5 ooo capitaines se sont prêtés à ces exercices les Américains, chose curieuse, ne sont pas les plus nombreux: 358, contre i 100 Anglais et 1~4 Allemands. Outre les indications de date et de latitude, la plupart de ces bulletins portent aussi des observations météorologiques. Aussi ces expériences, qui continuent d'ailleurs sur une large échelle dans toutes les mers du globe, permettent-elles déjà d'entrevoir d'intéressants résultats au point de vue scientifique comme au point de vue pratique.

AVIS La Ligue Maritime française (34, rue de Pen-

de bouteilles

tancées à

dans un but scientifique c'est grâce à des bouteilles de ce genre qu'on a déterminé la vitesse et la direction des courants marins, tels que le Gulf Stream et le grand courant japonais du Pacifique. Ces tentatives avaient été laissées jusqu'ici à l'initiative des particuliers. H appartenait aux EtatsUnis de leur donner un caractère officiel depuis i8c~, le lancement des bouteilles à la mer est devenu un office public, dont la surveillance appartient au ministère de la marine et dont les agents sont des capitaines

la

mer

TLya longtemps qu'on se sert de bouteillesjetées à la mer pour transmettre des messages livrés au caprice des flots mais on a aussi utilisé ces bouteilles

thièvre) organise un voyage d'études maritimes, au cours duquel on visitera Brême, Hambourg,Rotterdam et Anvers. Départ le 4 août, de Paris. Durée du voyage, 10 jours. Prix: ~y~ fr. en première, ~o fr. en seconde. Les dames sont admises. On peut s'inscrire, dès à présent, au siège de la Ligue et à l'agence Desroches, 21, faubourg Montmartre, à Paris.


qui délimitait les zones respectives d'influence de la France et de l'Angleterre entre le Soudan et l'Afrique du Nord,permit de la ressusciter. M. Georges Rolland, ingénieur des mines et ancien membre de la mission

La Question du Transsaharien Le Congrès des Sociétés de

GM~~& qui s'est réuni

récemment à Alger, s'est tout naturellement occupé du Transsaharien et a émis le ~<XK « qu'il soit procédé d'urgence au prolongementdes lignes de pénétration saharienne et notamment de celle d'Aïn-Sefra au 7oMa< par Duveyrier, sans ~y~/M~M du complet achèvement du réseau algérien et tunisien, soit vers Laghouat, soit vers la frontière marocaine ». Il y a donc lieu de bien préciser quelle est la véritable situation actuelle à cet égard, afin de déduire quel barti on pourra en retirerpour l'avenir. D

ans, la question du Transsaharien redepériodiquement d'actualité,avec des fortunes

EPUIS 70

vient

utverses:eiiee traverse une phase d'études

et de discusface et dispa-

incident que M. Paul Leroy-

raît au second la

Beaulieu a pris texte pour écrire plusieurs articles des plus

masse des pré-

occupations contemporai-

nes. Je dis depuis yo ans,

car,

remarquables, tendant à éta-

dés 1830,

blir que, si

l'année même du début

depuis dix ans la France avait donné quelque suite aux études faites sur le

de la conquête

dee l'Algérie,

parut

un

mémoire,signé

Transsaharien

Augier la Sauzaye, « Sur la

et commencé

oossibUité dee mettre les établissements de la côte septentrionale de l'Afrique en rapport avec ceux de la côte occidentale, en leur donnant pour point de raccord la ville centrale et commerciale de Tombouctou ». Les difficultés que rencontrèrent la conquête et la pacification de l'Algérie firent de ce projet une

simple vision d'avenir. Ce ne fut qu'en 1879, au début ~de la période d'expansion coloniale qui a caractérisé les vingt dernières années, que M. Duponchel émit de nouveau l'idée d'un Transsaharien. Cette fois eurent lieu des études officielles M. Pouyanne, ingénieur en chef des mines, examina le tracé d'Oran au Touat; la mission Choisy compara ceux de Laghouat-Et-Goléa et de Biskra-Ouargta enfin, les deux missions Flatters, lancées sur cette dernière ligne, aboutirent à la catastrophe du 16 février )88(, qui mit fin aux recherches et enterra provisoirement la question du Transsaha-

rien.

Là convention anglo-française du

Néanmoins, après les missions de M. Méry et de M. Bernard d'Attanoux chez les Touareg, en 1803 et 180~, une nouvelle accalmie se fit dans l'opinion publique et dans la presse sur la pénétration saharienne. L'incident de Fachoda a. été le point de départ des discussions actuelles, qui se sont surtout précisées au Congrès des sociétésdeGéographie réuni à Alger. C'est du moins de cet

sion, puis s'ef-

plan dans

Choisy, fut, avec M. le général Philebert, le principal protagoniste d'une nouvelle campagne en faveur de la prolongation de la ligne de Biskra jusqu'à Ouargla, en attendant qu'on pût la faire pénétrer plus loin, en passant par Amguid, soit vers le Tchad, soit vers Bouroum, sur le Niger. On doit à ces auteurs, ainsi qu'à MM. A. Fock, Harold Tarry, et bien d'autres, toute une collection d'articles et de brochures exposant et discutant à fond, avec carte, et chiffres à l'appui, la question du Transsaharien.

5

août t8ao,

l'exécution du RnUanrt nffMpf FLVJUL wvuauu, elle aurait été plus en mesure de faire valoir ses droits dans la vallée du Nil. La thèse peut être discutée, mais, dans tous les cas, elle a eu le mérite de ramener l'attention sur l'importance économique et politique de la pénétration française dans le Sahara, et elle a eu ce résultat de faire poser la question d'une façon précise devant le

Congrès d'Alger. Or, le Congrès, composé d'hommes absùlument compétents et de sens rassis, a jugé fort sagement qu'un supplément d'informations était indispensable pour pouvoir se prononcer en connaissance de cause sur l'exécution d'un chemin de fer transsaharien, et, en attendant, il s'est seulement attaché à conseiller de poursuivre les travaux et les occupations véritablement pratiques et exécutables. Tel est le sens de ce quadruple vœu, qu'on peut considérer comme donnant à la question du Transsaharien la seule délimitation qui soit possible en l'état actuel des choses « il Qu'il soit procédé, dans le plus bref délai


possible, à l'occupation de l'arrière-pays algérien et principalement des oasis du Touat; « 2° Qu'il soit procédé d'urgence au prolongement des lignes de pénétration saharienne et notamment de celle d'Aïn-Sefra au Touat par Duveyrier, sans préjudice du complet achèvement du réseau algérien et tunisien, soit vers Laghouat, soit vers la frontière marocaine; rapi« 3° Que des missions scientifiques soient dement organisées en vue d'établir la carte et le nivellement des terrains compris entre l'Atlas et le Niger au nord de Tombouctou; « 4° Que des études de même nature soient faites au bord du lac Tchad. »

II Cette sorte de décision du Congrès d'Alger, extrêmement modérée et absolument fondée en raison, l'exéa le mérite de réserver l'avenir et de subordonner cution définitive du Transsaharien aux études préliminaires jugées indispensables. Elle aura pour effet, espérons-le, de suspendre momentanément les polémiques engagées sur « le meilleur Transsaharien et sur les avantages respectifs des points de départ, des tracés et des points d'abou<MMM<M~ préconisés par les divers auteurs de projets. En ceci, comme en bien d'autres des choses humaines, les sereines considérations de la science n'ont ordre. pas toujours eu le pas sur des intérêts d'un autre C'est ainsi que chacune des trois provinces algériennes revendique l'avantage de posséder sur son territoire le point de départ du chemin de fer transsaharien, et la la Tunisie elle-même réclame à son tour cet honneur. Certains ont critiqué le projet de M. Georges Rolland, uniquement parce que celui-ci était administrateur délégué de la Société agricole et industrielle de Batna et du Sud algérien, dont les terrains se trouvent chemin sur le tracé préconisé par cet ingénieur pour le de fer de Biskra à Ouargla et recevraient de ce fait une

plus-value. Ce sont là des considérations mesquines que

l'on ne devrait jamais faire entrer en ligne de compte lorsqu'il s'agit de réaliser un projet qui serait profitable à toutes nos possessions africaines sans exception et, par contre-coup, à la métropole. Pour le point d'aboutissement du chemin de fer transsaharien, ce ne sont plus des rivalités de clocher qui sont en jeu, mais les discussions à ce sujet n'en sont pas pour cela moins vives, suivant les préfépoint de vue particurences spécia' de chacun, ou le lier auquel chaque auteur se place. Il y a même, en cette affaire, une question de documentation qui n'est pas du tout indifférente. Lorsqu'on lit de sang-froid les arguments proposés parles défenseurs d'une ligne aboutissant au lac Tchad et ceux que leur opposent les protagonistes de l'aboutissement à Tombouctou ou à tout autre point du Niger, on s'aperçoit que les uns comme les autres n'ont étudié qu'une des faces de la question, et manquent de documentation sur l'autre. Ils se cantonnent, de part et d'autre, dans leur opinion, sans se donner la peine d'examiner si l'opinion contraire ne présente pas également des éléments dignes d'attention.

dans les deux camps, ce qui manque d'une façon visible, c'est l'absence de renseignements précis sur l'immense région du Sahara qui est restée jusqu'à ce jour encore inexplorée, ou sur laquelle les données que nous possédons sont absolument insuffisantes pour permettre d'asseoir une opinion sérieuseMais,

ment et consciencieusement raisonnée. C'est ce qui justifie le vœu du Congrès d'Alger réclamant que des études scientifiques sérieuses soient faites en vue d'établir la carte et le nivellement des terrains compris, tant dans la région qui s'étend de l'Atlas à Tombouctou que dans la région du lac

Tchad.

C'est seulement lorsque nous serons en possession de ces nouveaux éléments de discussion que nous pourrons étudier le tracé qui convient le mieux au futur chemin de fer transsaharien. En attendant, en ce qui concerne du moins l'œuvre de longue haleine que constituera la traversée entière du Sahara par une voie ferrée, bornons-nous à publier, à titre documentaire, la carte des divers tracés qui ont été proposés à cet effet, suivant les préférences spéciales et les données dont disposaient chacun de leurs auteurs. On verra que chacune des provinces de l'Algérie et la Tunisie ont été prises comme point de départ, mais que les points d'aboutissement se réduisent en réalité à deux Barroua sur le Tchad, Tombouctou ou Bouroum sur le Niger. Quant aux tracés intermédiaires, il y en aurait trois principaux, avec des variantes pour la ligne la plus occidentale, au départ et à l'arrivée.

III Mais si nous réservons l'avenir, en ce qui concerne l'exécution entière d'un Transsaharien,jusqu'à ce veut-il dire que nous soyons mieux informés, cela que nous ne puissions, dès maintenant, faire quelques progrès dans la pénétration du Sahara? Le Congrès d'Alger a pensé, au contraire, qu'il

y avait, dès à présent, une prolongation possible vers le sud du réseau algérien, et il a désigné nommément la ligne d'Aïn-Sefra au Touat, qui s'étendant à l'heure

actuelle jusqu'à Duveyrier, à 12 kilomètres au Sud de Djenien-bou-Resg, c'est-à-dire jusqu'à 500 kilomètres environ du littoral, est celle de toutes qui atteint le point le plus méridional de notre colonie. Diverses considérations rendent cette ligne particulièrement intéressante. Elle fut commencée, entre Arzew et Sa'ida, par la Compagnie franco-algérienne. En -!88!-i882, à la suite de l'insurrection de BouAmmema, elle fut poussée très rapidement jusqu'à Mécheria, puis, plus lentement, jusqu'à Aïn-Sefra (1887). Enfin, des considérations militaires ont engagé à la prolonger récemment jusqu'à Djenien-bou-Resg, puis jusqu'à Duveyrier, afin d'en rapprocher le terminus de la position stratégique importante de Figuig. Djenien-bou-Resg est tout simplement une redoute de construction assez récente, solidement assise à t 150 mètres d'altitude sur un petit mamelon qui domine la plaine et commande la route de Figuig de la base de ce mamelon, du côté du Sud, s'échappe une source d'un faible débit (Aïn-Zerga) qui se perd bientôt, après avoir arrosé quelques palmiers; un gros


caroubier et des dattiers disséminés le long du lit desséché de l'oued Zerga indiquent l'emplacementd'une ancienne oasis. Tout à côté gisent les ruines d'un petit ksar, dans la construction duquel on a fait entrer des blocs de tuf quaternaire contenant de nombreuses empreintes de feuilles de glumacées. Ce qui rend toute cette région particulièrement intéressante au point de vue de l'établissement d'un chemin de fer de pénétration,c'est que les points d'eau y sont fréquents et la végétation un peu plus abondante et un peu plus variée que dans les autres parties du Sud algérien quise trouvent sous la même latitude. Ces choses-là sont à considérer lorsqu'on veut construire une voie ferrée, et que l'on a en vue non seulement des avantages théoriques et aléatoires, mais des résultats pratiques et immédiats. Dans la direction du Touat, tout le long de la ligne, la nature du sol, son régime hydrologique, sa végétation, permettraient à bref délai l'établissement de petits centres de colonisation qui prospéreraient et donneraient à l'exploitation un trafic immédiat et constamment progressif. Aussi, si les informations que publie l'Ecbo d'Oran sont exactes, il semble que l'on soit tout disposé à tenter sérieusement la pénétration dans cette direction. On songerait à continuer la ligne au delà de

Duveyrier, et des études de la voie commenceraient sous peu, avec Figuig comme point terminus, pour le moment du moins. Car il est vraisemblable que ce mouvement sera continué plus au Sud, étape par étape, lentement, mais sûrement. puisqu'il Un projet beaucoup plus vaste s'agit de la construction d'un Transsaharien complet jusqu'à Tombouctou a été soumis au Ministre des travaux publics par un Syndicat ou Comité d'initiative des chemins de fer sahariens. Il s'agirait de prendre pour point de départ le terminus de Duveyrier où aboutit actuellement le réseau oranais. Comme on le voit, cette question, toute d'actualité, suscite des études et des projets, tant de la part du gouvernement que de la part de l'initiative privée. Nous sommes persuadé que les efforts qui aboutiront seront nécessairement ceux qui auront été dirigés de la façon la plus scientifique et la plus pratique. meilleur Comme l'a dit M. Georges Rolland « 'Transsaharien, c'est celui ~!MM~M/ ? »

PAUL COMBES.

Le jeûne

dans l'Inde

DARMiles Shravaks, secte des Ja'ins de l'Inde, c'est la coutume de jeûner tous les ans durant la semaine sainte de Pachosan. Ce jeûne est observé de diverses manières par diverses personnes suivant le degré auquel elles peuvent le supporter. Les moins dévots se contentent d'un repas par jour durant toute la semaine. D'autres mangent et jeûnent alternativement. Les plus zélés s'abstiennentde nourriture pendant un jour, pendant trois, cinq et huit jours consécutifs. Quelques-

uns, très rares, s'engagent, par un vœu prononcé devant un prêtre, à faire durer leur jeûne pendant trente jours, pourvu que l'état de leur santé n'en souffre pas au point de mettre leur vie en danger. Les jeûnes sont échelonnés de manière à être terminés à des périodes fixes de cinq, huit, dix, quinze ou vingt jours, suivant les circonstances. Ceux qui s'engagent pour un mois commencent à une date choisie, pour que le trente et unième jour tombe le cinq de jBa~~a~t, jour consacré aux Risbis ou anciens sages de l'Inde. Ce jour-là, ils rompent le jeûne et prennent pour déjeuner de la bouillie. Ils prennent ensuite un léger pudding de farine de froment, puis un peu de riz bouilli et se remettent à la diète habituelle dans l'intervalle de quinze ou vingt jours. Durant leur jeûne, ils prennent ad libitum de l'eau bouillie et refroidie ensuite, à laquelle ils ajoutent une infusion de cbireta au cas où il se produit des nausées et des vomissements. Ils accomplissent des ablutions quotidiennes et visitent le temple régulièrement, aussi longtemps que leurs forces le leur permettent. On parle d'une dévote âgéede quarante-cinq ans qui, durant un jeûne de trente jours, accomplissait ses ablutions et apportait chaque jour sur la tête une cruche pleine d'eau au temple voisinde sa demeure. Elle mourut d'une attaque de fièvre, cinq mois après son jeûne. Enfin on cite un cas d'abstinence de cinquantehuit jours. Mais ce témoignage aurait, sans doute, besoin d'être contrôlé.

Du Daltomé au Sahara, la ~<!<re~ r~o/MM~. i vol. m-t8 jésus, avec une planche hors texte en couleur. Armand Colin et C'°, éditeurs, 5, rue de Mézières, Paris. Prix 3 fr. 5o. un premier volume Dahomé, S\(:f, Touareg, qui a r~ANS L3 obtenu un vif succès, le commandant Toutée avait raconté les incidents du beau voyage au cours duquel il a exploré la partie du Niger qui était restée inconnue jusqu'alors. C'était une suite d'aventures gaiement racontées et de tableaux pittoresques. Le volume qui parait aujourd'hui est d'un ordre tout différent. Il répond aux questions que tout le monde se pose à la suite des traités qui viennent de fixer définitivement nos droits dans cette partie du monde, questions qui se ramènent à deux que sont les populations qui viennent d'être placées sous notre domination, et que valent les pays qui viennent d'entrer dans le domaine colonialr Pour étudier ces sujets sur place, le commandant Toutée était préparé d'une façon peu commune parmi les

Commandant G. Toutée.

explorateurs. Au bagage scientifique que l'on acquiert à l'Ecole polytechnique et à l'Ecole de guerre, il joignait les connaissances pratiques les plus étendues en agriculture et le goût des observations sociologiques. Aussi peut-on dire que, pour la variété des recherches et la richesse des informations recueillies, ce nouveauvolume fait suite aux travaux de Barth, le maître des voyageurs africains. Que ce soit pour calculerquelles entreprises commerciales on y peut tenter, pour en apprécier l'avenir économique, pour décider l'organisation administrative qui lui convient, ou pour juger de la valeur des arguments lancés en avant pour ou contre le Transsaharien, la première chose est de connaître le Soudan, le degré de civilisation de ses habitants, les qualités de son sol et la nature de ses productions. C'est ce que le nouvel ouvrage du commandant Toutée apprendra à ses lecteurs.


France et Colonies La Guerre sans Explosifs.- La France militaire a

publié un curieux article de M. le capitaine de cavalerie Daniel qui, à propos du Congrès de la Haye, est d'avis, non de supprimer la guerre, ce qui n'est point possible, hélas! mais tout au moins de la modifier totalement en interdisant l'emploi de la poudre et autres explosifs.

novembre (n décembre) 1868 réunie à Saint-Pétersbourg a proscrit, dit-il, l'emploi de ° tout projectile d'un poids inférieur à 400 grammes qui serait explosif ou chargé de toute matière fulminante ou inflammable. Cette interdiction ayant été scrupuleusement respectée par toutes les puissances, il est permis de dire que la Conférence de la Haye n'aurait que quelques mots à ajouter à l'accord qui précède, pour que ma proposition fût mise en pratique.» Toutefois, s'il le faut absolument, on pourrait tolérer le fusil et le revolver, mais dans tous les cas le canon serait absolument supprimé. e En ce qui concerne l'armée de mer, dit M. le capitaine Daniel, je persiste à croire que le seul moyen pratique d'ôter aux guerres navales leur caractère de sauvage barbarie consiste à interdire aux belligérants l'emploi de toute matière fulminante ou inflammable. La.lutte contre les éléments est assez terrible pour que l'on renonce à augmenter les dangers auxquels sont exposées ces citadelles flottantes où tant de vies humaines sont entassées. Réduite à une rivalité de vitesse, d'adresse, de choc, et enfin à l'abordage, qui a le caractère d'une bataille ordinaire, la guerre navale offre un champ assez vaste aux conceptions savantes des amiraux, ainsi qu'au courage des officiers et des soldats. » Les Méharistes soudanais. Un peloton de méharistes soudanais, improvisé pour la circonstance, et que commande le lieutenant de cavalerie de Gail, sert d'escorte à M. Coppolani, directeur des affaires indigènes à Alger, détaché en mission au Soudan. M. Coppolani s'avance versI'Adrarde l'Est, après être arrivé à Tombouctou. Il a fait connaître à l'autorité militaire que les méharis soudanais lui ont rendu de très précieux services. Les méharistes semblent devoir nous être particulièrement utiles dans t'œuvre de pacification des nomades riverains du Niger et de pénétration vers le Nord.

La convention internationale du

29

Allemagne Mise en service d'un nouveau fusil.- Les diverses publications militaires sont unanimes à reconnaître que l'Allemagne vient d'adopter un nouveau fusil d'infanterie, mais elles sont loin d'être d'accord sur les caractères principaux de l'arme elle-même. D'après les unes, le nouveau fusil allemand pourrait bien être une arme à tir automatique. D'après les autres, au contraire, il ne différerait du fusil modèle 1888 que par certains perfectionnements dont l'utilité était depuis longtemps reconnue. Les explications fournies par le ministre de la guerre, général von Gossler, à la commission du budget du Reichstag semblent confirmer cette dernière opinion. L'arme nouvelle aurait le même calibre que l'ancienne (~m/m 9) et tirerait la même cartouche. Les perfectionnements porteraient sur les points suivants L'arrière )° Suppression du manchon métallique. du canon serait recouvert d'une simple garniture en bois, disposition qu'on trouve déjà dans un grand nombred'armes étrangères

Dans 2° !Mo~ca<<OM~ au magasin et au chargeur. le fusil modèle 1888, le magasin est ouvert à la partie inférieure pour permettre l'éjection du chargeur vide. Cette ouverture a l'inconvénient de donner passage à la poussière et à la boue. En outre, le magasin lui-même forme au-dessous de la monture une saillie incommode. Dans le nouveau fusil, le magasin, contenu dans l'épaisseur de la monture, serait entièrement fermé en dessous. Les cinq cartouches y seraient disposées en deux

rangées verticales chevauchantl'une sur l'autre, comme dans le fusil Mauser espagnol. Le chargeur, réduit à une simple lame à feuillures, serviraituniquement à porter les cartouches à l'entrée du magasin; lui-même n'y pénétrerait pas; 3° AMt/tcah'o~a/a/MKMe.–L'anciennehausse exigeait l'emploi du curseur à partir de 460 mètres. On a trouvé que, d'une part, ce dispositif limitait trop le champ de visée du tireur et que, d'autre part, il rendait le contrôle des hausses trop difficile. Dans l'arme nouvelle, il serait fait usage d'un pied de hausse à gradin, jusqu'à la distance de i 200 mètres, et du curseur seulement à partir de cette distance. Tels seraient, d'après la plupart des publications étrangères, les caractères principauxde l'arme nouvelle. Mais la T~M/MM'cAr, numéro t 800 (io février fSgg), fait observer que les explications fournies par le général von Gossler

n'excluent nullement un perfectionnement d'un autre ordre qui rendrait le tir automatique. Elle ajoute que des armes à tir automatique auraient été mises en essai dans certains corps de troupes de la garnison de Berlin. Les Fantassins sont trop chargés. L'armée allemande discute un sujet qui intéresse les fantassins de toutes les armées. Le haut commandement s'étonne des observations, des rapports de plusieurs médecins militaires allemands qui démontrent qu'en raison du poids que le soldat d'infanteriedoit porter actuellement il arrivera, neuf fois sur dix, sur le champ de bataille sans être en forme pour le combat. Le fantassin européen a sur lui en campagne 3o à 32 kilogrammes. Or, il est constant, et tous les hygiénistes le proclament, que le poids de la charge d'un soldat, vêtements compris, ne doit pas excéder le tiers du poids du corps. Les hommes de 20 à 25 ans pèsent en moyenne 66 kilos. Ainsi donc le chargement du soldat ne saurait dépasser 22 kilos sans inconvénient. Il pèse pourtant 20 livres de plus. C'est un danger. L'état-major allemand s'en rendant compte étudie le moyen de ramener au poids voulu le chargement exagéré du fantassin.

Angleterre L'augmentation du Budget de la Guerre.

La Chambre des Communes a voté par 241 voix contre 66 une augmentation de 4 millions de livres (cent millions de francs) au budget de la guerre. M. Wyndham, secrétaire parlementaire de la guerre, soutenant cette dépense, a déclaré que de nouvelles bases navales sont nécessaires à la flotte, afin qu'elle puisse tirer un parti avantageux de sa mobilité. Le commerce anglais a besoin de points stratégiques, et ses stations doivent être munies de canons qui nécessitent à leur tour des ouvrages de défense. L'accroissement de 25 ooo hommes survenu dans l'armée durant ces trois dernières années entraîne la création de nouvelles casernes. L'orateur ajoute que, avec des forts armés, il y a lieu d'espérer qu'une puissance hostile y regarderait.à deux fois avant de tenter un coup de main. Une somme de t3o 000 livres sterling serait affectée à Wei-Hai-Wei, dont la garnison est composée de troupes chinoises et de troupes anglaises. Les dépenses afférentes au casernement seraient réparties sur une période de quatre ou cinq ans.

Espagne Réorganisation de l'Armée.

L'armée espagnole est réorganisée. Les huit capitaineries générales actuellement existantes sont conservées, mais le corps d'armée cesse d'être l'unité organique; on lui substitue la division. L'armée aura désormais 15 divisions d'infanterie et une de cavalerie. Les divisions d'infanterie, qui sont la charpente même de l'œuvre, se plient au système de recrutement régional. A cet effet le territoire de la péninsule, avec les iles adjacentes de la côte Nord d'Afrique, se trouve réparti en t2o circonscriptions, savoir Dans la péninsule, n6, dont U2 correspondant aux 5o régiments d'infanterie et 4 de complément Aux Canaries et Baléares, 2;¡ A

CeutaetaMelilla, 2.


Les Sociétés de Touristes Scandinaves tous les pays d'Europe le trafic des touristes est aujourd'hui une source importante de revenu, je dirai presque une branche du commerce extérieur. M amène, en effet, une importation ï*\ANS

d'argent étranger dans les mêmes

en proportion du chiffre de la population du pays dans lequel elle est établie. C'est que pour toutes les classes de voyageurs la Suède offre un très grand intérêt. Du Nord au Sud, des

bords du Sund aux rives du Muonio, elle présente une succession merveilleusede paysa-

conditions que

l'exportation des marchandises. En moyenne, chaque année, I?s voya-

geurs laissent,

ges tantôt gracieux, tantôt sauvages ou gran-

cent millions et

extraordinaires, toujours pittores-

en

ques. Dans le Sud,

dit-on, en Suisse, le joli denier de

dioses,

Italie une

somme non moins ronde. Aussi bien, alléchées par l'espoir de

c'est la région des grands lacs, du Vener et du Vet-

ter, véritabless mers intérieures

pareils

bénéfices, toutes

encadrées de riantes campagnes et

les nations qui possèdent des régions pittores-

de vastes forets;

c'est la fertile

ques essayent-

Scanie et la ru-

elles d'attirer les

touristes chez

souvent

LAt'O~m S~ÈDOtSE.

LE

T'OR5nnt- ÏtAPIDU

DU

Ll'LE ELF.

gueuseGothie. Au

milieu de la péninelles. Dans cette D'après tfne ~ho~fa~hte cfe M. Efo~gv~ sule, c'est le poépensée, depuis tique Mâtar et c'est Stockholm, puis la~Dalécarlie, aux une douzaine d'années se sont constituées en Suède, en Finlande, en Danemark, des sociétés organisées sur le horizons sévères de montagnes boisées, avec sa popumodèle de nos clubs alpins. Dirigées avec une méthode lation restée fidèle à ses anciens costumes. Et partout la côte offre le spectacle unique d'une immense forêt et un esprit pratique que nos associations similaires devraient suivre pour le plus grand bien de la France, au milieu de laquelle ta mer tantôt pénètre en replis elles ont obtenu des résultats qu'il nous paraît intéressinueux, tantôt s'épanche en lacs mystérieux. Plus sant de signaler. au Nord, dans le Jemtland, la nature affecte un La plus puissante des sociétés de touristes du aspect franchement boréal les cultures deviennent Nord est celle de Suède, la Svenska Turistf6rehing, dont le rares, les bois de pins prennent une étendue d& plus en siège est à Stockholm. Après le Club alpin allemandplus grande jusqu'à couvrir le pays entier, et au-dessus autrichien, elle est la plus nombreuse de l'Europe. de ce désert de verdure, tout criblé de lacs et tout Fondée en 1884, elle comptait, au 31 décembre 1898. bruissant de cascades, s'élève le revers oriental du relief scandinave, les Alpes de là Laponie suédoise. Les <<) op6 membres, et son développementest loin de se ralentir. Dans le cours de l'année dernière elle n'a pas cimes culminantes de ce massif atteignent l'altitude de 2 et de 2 [~ mètres, et entre leurs crêtes reçu moins de 2 2Qy nouveaux adhérents. Aucune s'épanchentde magnifiques glaciers. Sur ces monts les autre société alpine n'atteint un effectif aussi élevé,


nappes de glaces couvrent une étendue de quatre cents et quelques kilomètres carrés, soit une surface égale à celle qu'ellesoccupenten Tyrol. Le phénomène glaciaire est donc singulièrement plus développé en Suède que l'on ne le croit généralement. Il y a seulement quinze ans ces montagnes étaient absolument inconnues. En 1883, à mon retour de la première ascension du Kebnekaisse, le point culminant de la Scandinavie audessus du cercle polaire, l'existence de cette haute cime n'était guère connue de plus de cinq ou six Suédois. Depuis, cette situation s'est singulièrement modifiée. Un chemin de fer a été ouvert à travers la Suède septentrionale, jusqu'au centre de la Laponie, et la publication d'une excellente carte de la partie septentrionale du royaumepar l'état-major a fourni le moyen de s'orienter au milieu de cette solitude. Dès lors,

Guides tout à la fois très documentés et très pratiques Pour qui comprend le suédois cette collection constitue un document géographique de premier ordre. Mais la publicité demeure inutile, si en même

temps on n'attire pas le voyageur par des réductions de prix, et très judicieusementla Société de Stockholm a assuré à ses adhérents des tarifs réduits dans les principaux hôtels de presque toutes les villes du royaume. En même temps par des travaux d'aménagement elle facilite l'accès des Alpes de la Laponie. Des refuges ont été construits sur les points les plus intéressants, éloignés de toute habitation, comme par exemple dans le massif des Sylar, sur les bords le Niagara du Nord, de la Stora Sjôfall, ;ur le versant oriental du Sulitelma, etc. Et ce ne sont pas des cabanes

comme celles des Alpes, mais de

l'activité de la Société des Tou-

véritables

ristes pouvait s'exercer utile-

sons

composées

de plusieurs pièces, en un mot

ment et il devenait possible d'attirer des voyageurs dans cette belle région jusque-là

d'excellentes hôtelleries de mon-

tagnes. De plus, des canots ont été

amenés sur des lacs ou des tron-

presque inacces-

sible. Le pro-

çons de rivières dont la traversée abrège les excursions. Enfin des guides ont été

gramme de

la Svenska Turist~b~Mt'Mg' est tout à la fois scientifique

et économique. D'après ses sta-

tuts, elle se pro-

mai-

DANS LL

JEnrL\\D.

L'ARESKCTA.

D'après MM&ïo~o~'r~A~ de M.

pose de favoriser les études ayant pour objet la Suéde, et en même.

temps d'augmenter le trafic des voyageurs. Pour

encourager les recherches scientifiques, elle confie des missions à des naturalistes. C'est ainsi que, sous ses auspices, des géologues, le docteur A. Hamberg, M. Gavelin et M. Westman, ont pu entreprendre l'exploration des glaciers du Sarjektjokko, du Vesterbotten et du Sulitelma. Le premier a mesuré sur ces courants de glace la valeur de l'ablation superficielle, la vitesse de leur écoulement et tous les phénomènes auxquels ils donnent naissance le second a exécuté le levé au 20 ooo' de trois des amas glaciaires les plus méridionaux de la Suède et étudié leur morphologie enfin, au troisième, nous devons un mémoire très intéressant sur deux des plus grands glaciers de la Suède (massif du Sulitelma). Grâce à ces travaux, les glaciers de la Laponie se trouvent mieux connus que ceux du Dauphiné et de la Savoie méridionale. En même temps qu'elle favorise de tout son pouvoir les recherches d'histoire naturelle, la Société des Touristes s'occupe activement de développer le goût

des voyages chez les Suédois. Afin de leur faire connaitre les beautés naturelles de leur pays qu'ils ignorent, elle publie un annuaire(~M~<) magnifiquement illustré, contenantdes relations d'excursionsou des descriptions de monuments, et en même temps édite des

H~d'a~e.

choisis et un tarif leur a été imposé. La

Société

des Touristes suédois s'occupe également avec succès de l'œuvre des caravanes scolaires et, à cet effet, distribue des subventions aux écoles qui organisent elles-mêmes les voyages. En t8a8, elle a afïecté une somme de t 400 francs à cette partie de son programme. Grâce aux diminutions consenties en faveur des écoliers, ces excursions sont exécutées dans des conditions incroyables de bon marché. Ainsi, la dépense d'une caravane de 12 enfants, pour le voyage de Stockholm à l'île de Gothland, aller et retour (une traversée de t2 heures) et une promenade de huit jours dans l'île, n'a pas dépassé 35 francs par tête, soit 4 fr. 30 par

jour.

T'M/o/M/K~ travaille en outre à attirer les étrangers en Suède et à canaliser vers la Baltique une partie du flot de voyageurs qui chaque année envahit la Norvège. Sachant la valeur de l'image comme agent de publicité, elle distribue gratuitement de superbes albums représentant les parties les plus pittoresques de la Suède, accompagnés d'un texte La Svenska

français, anglais ou allemand. Deux de ces publications renferment des descriptions de la capitale du royaume, une autre est relative à un voyage sur l'Indalself et l'Angermanelf, à travers la région forestière, une qua-

La collection complète lumes. Deux sont relatifs deux

la

comprend quatre petits voaux départements du Nord, et Suède centrale et méridionale.


scandinave. Après l'ouverture de cette ligne, les nombreux étrangers qui, chaque été visitent le cap Nord prendront cette voie ferrée pour parcourir la Laponie et voir un nouvel aspect de cet intéressant pays. En Norvège existent un grand nombre de Sociétés de Touristes. La principale, Den norske TM~~roM~, a été fondée en 1868 et compte actuellement 2 040 membres. Son siège est à Kristiania. Autour d'elle se sont organisées depuis quelques années des associations locales dans les principalesvilles du royaume et dans les districts les plus pittoresques, jusque dans l'archipel des Loffoten. L'effectif total de toutes ces Sociétés Alpines dépasse certainement 6 ooo membres, proportion énorme pour une population de 2 ooo ooo d'habi-

tants. ;)tN5t.EJt:Mn..tfD.–LERISTAFFALL.

La Norvège est

aujourd'hui suffisamment connue des touristes pour que la Société de Kristiania n'ait pas à

D'a/'rMHHe~to<o~rt!tte d'Helfrid Ct't~r~.

trième à la Suéde méridionale. Quiconque feuillette ces belles reproductions des sites les plus grandioses de Stockholm ou du Nordland éprouve le désir de visiter cette curieuse capitale et les régions du Nord enveloppées d'un charme poétique si pénétrant. Mais ce n'est pas tout que d'attirer les étrangers dans un pays, ilest nécessaire en outre de les guider, de les aider, si l'on veut qu'ils emportent un bon souvenir de leur voyage et qu'ils contribuent à leur tour à amener d'autres touristes. A cet effet, la .~MM~ F~MM~ a publié, en allemand et en anglais, un Guide de Suède très complet et très pratique. Cet ouvrage a été rédigé par M. Gunnar Andersson, un savant doublé d'un touriste expérimenté et par M. Axel Ramm'. De plus, elle a établi à Stockholm un bureau chargé de répondre gratuitement à toutes les demandes de renseignements verbales ou écrites~. En outre, dans plus de quatre cents localités, des correspondants de la Société prêtent avec la plus grande amabilité aux étrangers le concours de leurs bons offices et de leur expérience. Organisé dans un butd'utihté publique, ce service est absolument gratuit et doit, par suite, inspirer aux voyageurs autant de confiance que de reconnaissance. Laisser une bonne impression de la Suède aux étrangers qui lui font l'honneur d'une visite, tel est le but poursuivi par ces patriotes. Dans quelques années ce pays deviendra une grande route de touristes. Le chemin de fer reliant Stockholm à Gellivara, au centre de la Laponie, va être prolongé jusqu'à l'Ofotenfjord, en Norvège, à travers un seuil du relief

s'occuper de publicité. Elle n'a pas non plus besoin de travailler à l'aménagement des basses régions, cette œuvre ayant été menée à bien par l'initiative privée. Depuis t~ ans, )e pays s'est complètement transformé. Sur les grandes routes de l'intérieur où jadis les gîtes étaient misérables ou même faisaient défaut, vous trouvez partout de petites auberges, proprettes et avenantes, et, sur le bord des fjords, de superbes hôtels dans le genre de ceux de la Suisse. Avec leur sens pratique toujours en éveil, les Norvégiens ont vite compris l'importance du profit qu'ils pouvaient tirer de la curiosité des étrangers. Dans ces conditions, la Société des Touristes de Kristiania applique toutes ses ressources à l'amélioration des abris et de la viabilité dans la haute montagne, construisant des cabanes, des auberges, des ponts, des sentiers. Aussi bien, comprenant l'utilité de tous ces travaux pour le développement du trafic des voyageurs,

i..Sc/tM~M (Edition anglaise Stt'M~H). Prix 6 fr. 3o. A la Société des Touristes, à Stockholm, ou chez Wahlstrom: Widstrand, Stockholm. 2. Adresse

Sf~M~

Fredsgatan, à Stockholm.

7'Kr:</<~eM/t?.g-,

DANSLES ALPES DE LA LAPONŒ SUÉDOISE.

D'après

M~C photographie

LE LAC LAID (LAtDJAtJRt)

de M. Bloipiqvist.


la Chambre lui accorde-elle une subvention annuelle de y ooo francs. Cette association publie tin Annuaire (Aarbog) contenant uniquement des récits de

cour-

ses, enrichis de nombreuses reproductions photographiques. Ces relations constituent une très précieuse collection d'itinéraires par l'abondance de leursrenseignementspratiques.En revanchecesvolumes sont pauvres en études scientifiques. Les travaux relatifs aux montagnes et aux glaciers sont publiésdans d'autres recueils. Les sociétés locales travaillent à rendre accessibles les régions avoisinant leur siège et s'efforcent d'y attirer les étrangers. Elles se proposent de transformer en centres d'excursion les villes qui n'étaient jusqu'ici que des escales,. ou les vallées que les touristes traversent sans s'y arrêter. Plusieurs publient des bulletins remplis de renseignements précieux, notamment la Société des Touristes de Bergen. Dans cette œuvre de patriotisme local, ces associations trouvent des auxiliaires précieux dans les compagnies chargées de la vente des. spiritueux. En Norvège

fonctionne le système dit de Goteborg, d'après lequel le monopole de la vente de l'alcool est concédé à des sociétés qui, après avoir prélevé le montant de leurs frais généraux et d'un dividende, appliquent le surplus de leurs recettes à des œuvres d'utilité publique. Depuis plusieurs années ces sociétés attribuent aux associations de touristes d'importantes subventions pour l'édification de refuges et la publication de guides ou de cartes.

(~M:W~

CHARLES RABOT.

Une Expédition

allemande au Pô!e Sud

Les membres

du Reichstag allemand viennent de

recevoir un mémoire, dont nous extrayons quelques

détails, sur l'expédition qui doit quitter l'Allemagne dans l'automne de [ooo et séjourner environ deux ans dans les régions antarctiques.'1 La dépense prévue se montera à i 200000 marks.

L'itinéraire

par le cap de Bonne-Espérance et les îles Kerguelen. Arrivés sur la terre ferme antarctique, les membres de l'expédition y créeront une station scientifique qui fonctionnera une année entière. Le chef de l'expédition sera M. le D~ Erich von Drygalski, professeur à l'Université de Berlin, et qui s'est déjà fait connaître comme chef d'une expédition géographique au Groenland, en iS~t-tSa~. Les explorateurs s'embarqueront sur un seul vapeur, parce que deux vaisseaux, même naviguant de conserve, compliqueraient leurs plans et leur ôteraient !a liberté de mouvements nécessaire. Ce vapeur sera passe

construit entièrement en bois, pour écarter toute 1. Voir A ~e~/e~oM~, numéro du janvier )8ç7, )3 Vers le P6le page et dans celui du 6 août tS~H, page 255 ques.

S:

E~<)on o</e;)MM~ d.:)M les

r~/oH~ t!M~rc<

influence perturbatrice sur les expériences magnétiques' H aura un déplacement de 200 tonnes, avec des machines pouvant produire une force de 300 chevaux. Il coûtera 500 ooo marks. 11 produira la vapeur pour

i

le chauffage et l'électricité pour l'éclairage. Il portera un

petit canot à vapeur. La station scientifique sera éclairée à la lumière électrique la dépense pour cette installation sur la terre antarctique est estimée à 30 ooo marks. L'expédition emmènera 40 à 5o chiens polaires, un ballon captif, un service de cerfs-volants et un moulin à vent démontable. L'équipage comprendra un capitaine, un premier officier, deux officiers de bord, un ingénieur-machiniste, neuf marins, six chauffeurs et mécaniciens, un cuisinier et un garçon. Tous seront assurés sur la vie avant leur départ. Les cinq savants qui accompagnerontle docteur von Drygalski auront à remplir le plus vaste prola géographie attend d'eux des découvertes gramme décisives, sur ce continent ignoré. Les chiens lapons, attelés à des traîneaux, feront pénétrer les savants jusqu'au Pôle magnétique et peut-être au Pôle Sud luimême. La science magnétique profitera certainement des expériences diverses auxquelles est destiné le ballon captif. L'océanographie, déjà enrichie par les découvertes du professeur Chun~, le sera davantage encore, espère-t-on, par cette nouvelle expédition allemande. Des courants marins de surface ou de fond, qui doivent correspondre aux courants de la zone tempérée, se croisent en tous sens dans la mer antarctique. La géodésie saura déterminer plus exactement la forme du globe, quand les expériences sur la pesanteur, que comptent faire les savants dans ces parages, auront complété et peut-être modifié le résultat des expériences faites jusqu'ici sous d'autres latitudes. Des expériences sur la réfraction de la lumière seront conduites avec le plus grand soin, afin de permettre de mesurer plus exactement les déviations de la lumière dans l'atmosphère terrestre ou sur d'autres planètes. L'exploration des glaces polaires promet de beaux, résultats. La zoologie ne sait encore presque rien sur la faune antarctique, qui doit être riche. La botanique se demande toujours si ces régions ont une flore, et si cette flore hypothétique est analogue à la flore des hauts sommets ou des régions boréales à M. von Drygalski de répondre à toutes ces questions et à mille autres encore. La météorologie aura les siennes aussi à poser, vu que le vaste bassin que forme l'océan Antarctique doit modifier les conditions atmosphériques telles qu'on les a observées dans les régions arctiques, dont la configuration géographique est tout

autre.

L'expédition antarctique que les Anglais préparent, et qui attaquera les mêmes régions, mais par le Pacifique, contrôlera et complétera, sans doute, les résultats scientifiques de l'expédition allemande. Nous parlerons, dans un prochain numéro, de cette expédia tion anglaise, à laquelle le gouvernement de la Reine vient d'accorder une contribution de 45 000 livres

sterling.

i. Chef de l'expédition de la Valdivia, récemment revenue à Hambourg. (Voir A Travers le .Uo~e,

numéro 25, page ;Q8.)


ptères, s'y rattache intimement à sa base danstoute son étendue, et paraît en être la continuation, ce qui donne à cet insecte un aspect assez lourd. Le mâle a l'abdomen d'un jaune fauve, avec l'extrémité noire. °

Le Sirex géant. Un Ennemi des vieilles charpentes. DEPUIStrois ans environ, d'importants travaux de réparation sont exécutés dans les combles de la cathédrale de Winchester. Les antiques voûtes menaçaient ruine, et les massives charpentes, curieux spécimen de l'art des constructeurs de l'époque normande, manifestaient des signes inquiétants de vétusté. Les dernières restaurations qui y avaient été faites dataient du xv" siècle.. o L'examen des maîtresses poutres lit reconnaître que 3

La femelle est noire, avec une tache derrière chaque œil le second anneau de l'abdomen et les trois derniers sont jaunes les jambes et les tarses sont jaunâtres. L'extrémité du dernier segment de l'abdomen est terminée, chez le Sirex femelle, par une tarière très saillante, en forme de scie dentelée à sa partie inférieure et striée sur les côtés, logée dans une coulisse

formée par deux valves. Avec cette tarière, le Sirex femelle perce le bois pour y introduire ses œufs, car elle sert en même temps d'oviducte, et les pièces qui la composent s'écartent pour laisser glisser ces œufs jusqu'à l'endroit où ils doivent être déposés. De ces œufs naissent les larves, qui vivent aux dépens du bois, s'y filent une coque

et s'y métamorphosent en Sirex adultes qui pren-

d'entre elles

devaient être remplacéesd'urgence.

nent alors leur

Elles mesuraient mètres de longueur, 30 centi-

vol. Cet insecte est d'une taille assez

mètres de largeur et $o centimètres d'épaisseur. Vu la difficulté de se

grande, puisqu'il

atteint quatre centimètres

demidelongueur. 11 vole en produisant un bourdon-

procurer actuelle-

ment en Angleterre des bois de chêne de cette dimension, il a fallu faire venir les nouvelles poutres de

nement semblable à celui du frelon,

dont il présente

l'aspect général

Stettin.

jaunâtre. Il habite

Or, parmi les vieilles charpentes enlevées, plusieurs étaient profondémentt perforées par de

et

LE

SIREX GtGAS

MORCEAU DE DOIS ATTAQUÉ PAR CET INSECTr.

D'Daity Graphie.

larges vermoulures. Leur section présentait l'aspect alvéolaire d'un gâteau de cire d'abeilles. Les artisans de ces ravages étaient de petites larves blanchâtres, à six pattes écailleuses, avec l'extrémité postérieure du corps terminé en pointe, présentant un aspect intermédiaire entre celui d'un ver blanc et celui d'une chenille. Parmi elles fut recueillie une chrysalide qui, maintenue en observation, donna un jour naissance à un curieux insecte ailé, le Sirex géant (Sirex gigas), qui vaut la peine d'être décrit. C'est un hyménoptère de la famille des PorteScies, pourvu, par conséquent, de quatre ailes nues et membraneuses,dont les deux supérieures sont beaucoup plus longues que les deux autres. Sa tête, presque globuleuse, est surmontée d'antennes vibratiles, sétacées, de t~ à 25 articles, insérées prés du front. Les mandibules sont courtes, épaisses, dentelées sur leur côté interne. Le corps du Sirex géant est à peu près cylindrique. L'abdomen, au lieu d'être relié au corselet par un pédoncule, comme chez tant d'autres hyméno-

plus particulièrement les forêts de pins et de sapins des contrées froi-

des et monta-

gneuses et, dans les années favorables, s'y multiplie en telle abondance, que ses vols innombrables désolent le peuple des campagnes. Les ravages que causent ses larves dans les forêts et dans les charpentes, en font un ennemi public, qu'il faut combattre avec acharnement partout où onle rencontre.

Avances du Japon à la Chine LEKobé Cbronicle, dans un de ses numéros du mois de mai, s'est fait l'écho d'un bruit accrédité dans les cercles japonais du grand port de Kobé. On y dit couramment que le gouvernementmikadonal, maintenant qu'il est entré en possession de la plupart de: navires de guerre qu'il avait commandés


en Europe et en Amérique après le traité de Simonosaki, se propose de restituer à la Chine tous les bâti' ments de guerre qu'il lui a pris à Weï-Hai-Wei, afin de l'aider à reconstituer sa marine. Les autorités militaires et navales auraient été consultées et auraient approuvé ce projet.

Cette décision du Japon est aussi extraordinaire et subversive de toutes nos opinions que le serait l'offre d'un matériel de guerre ou d'une flotte par la Prusse au Danemark. La pensée que le vainqueur d'hier ne redoute pas une revanche et que le vaincu ne la prépare pas est, pour nous, extravagante. Au Japon, il n'en est pas ainsi. Pendant le siège de Weï-Ha'f-Wei, un officier supérieur de l'armée japonaise qui avait appris son art dans nos écoles militaires, me disait «H ya longtempsque nous savionsqu'ilnousfaudrait avoir un « coup de torchon avec la Chine, et que nous n'en ferions qu'une bouchée. Mais une fois la guerre finie, nous serons amis comme des compatriotes. » C'était l'exposé sommaire d'une politique de «panjaunisme~ réunissant, sous l'hégémoniedujapon, tous les peuples jaunes, pour chasser d'Extrême-Orient les Européens et les Américains. La mission qu'a accomplie l'année dernière à Séoul et à Pékin le marquis Ito, l'âme de la guerre sinojaponaise, rapprochée de la générosité inattendue du gouvernement de Tôkio, prouve que ce rêve mégalomane n'est pas encore dissipé. L'occasion choisie pour le transformer en réalité n'est pas mauvaise. II est certain que la Chine, entourée d'amis dont l'amitié ressemble à l'amour paternel d'Ugolin, doit être mieux préparée que jamais à se jeter dans les bras d'un pays qui, loin de lui demander quelque chose, veut, au contraire, lui offrir un présent

vraiment princier. En réduisant les faits à leur stricte réalité, le Japon, si cette nouvelle est vraie, fera cadeau à la Chine d'un cuirassé de y 500 tonnes, puissamment armé, filant 15 nœuds, de 3 croiseurs cuirassés, de 6 petites canonnières, de 2 chaloupes à vapeur et d'un croiseuren bois. II n'est pas probable que ces bateaux construits de 1887 à 8~2,se soient améliorés en vieillissant, même au service des Japonais. Néanmoins on peut évaluer à 70 millions, en chiffres ronds, l'économie que réalisera la Chine en rentrant, sans bourse délier, en possession des débris de sa célèbre escadre du Petchili. C'est le digne couronnementde cette guerre sans précédent, où les batailles ressemblaient à de grandes manœuvres avec un ennemi figuré, où l'adversaire résistait juste assez pour qu'un bulletin de victoire ne fût pas une tartarinade criante et dont la conclusion par un traité léonin faillit mettre les armes à la main aûx plus grandes puissances européennes menacées d'être les vraies victimes du duel. Les Chinois, malheureusement, ne nous donneront pas la joie d'un dénouement digne du début. Ils accepteront le présent splendide, s'il leur est offert, et les sujets liront, à la porte des y~~M, une belle affiche rouge, par laquelle le « Fils du Ciel » leur apprendra que les Ouang (brutes, nom donné en Chine

aux Japonais) sont venus à résipiscence, qu'ils ont recommencé à payer le tribut et qu'ils ont, en échange, reçu un pardon magnanime. Et la Chine ne perdra pas plus de son infatuation, de son mépris ou de sa haine pour le Japon, qu'elle n'en tirera un moyen de résister soit aux forces intérieures qui la décomposent, soit aux forces extérieures qui tendent à la mettre en pièces. VILLETARD DE LAGUÉRIE.

Le Lieutenant danois Olufsen

au Pamir T\'unE lettre

de l'explorateur, nous extrayons les

détails suivants sur son voyage au Pamir: Olufsen a quitté le mars sa station d'hiver et se dirige maintenant le long de la chaîne de l'HindouKouch, par le Ouakhan. Son objectif est la ville de Kachgar. 11 a beaucoup de peine à se procurer les guides nécessaires pour franchir les défilés qui lui permettront de pénétrer dans les plaines du Turkestan, les indigènes de Chorok et de toute cette partie du Pamir prétendantque les Chinois les dévoreraient vivants, que ces plaines sont remplies d'esprits malins, etc., etc. Ces fables cachent une part de vérité ces montagnards, habitués à l'air raréfié de leurs hautes contrées, sont si accablés par l'atmosphère lourde et humide des plaines basses que plusieurs d'entre eux sont morts, paraît-il, pour y être descendus. Chorok, où l'explorateur avait pris ses quartiers d'hiver, est un village de 33 maisons et i2o habitants, dans une vallée sombre et froide, à 2 047 mètres au-dessus de la mer. Les habitants de toute cette vallée sont des Tadjiks montagnards, restes authentiques des Iraniens sectateurs de Zoroastre, que l'invasion des Turcs a fait fuir sur ces hauteurs. Beaucoup d'entre eux adorent encore le feu et les astres. Olufsen, qui, pendant son long séjour chez eux, a eu le temps d'apprendre à les connaître, rapporte que le ciel, aux yeux de ces indigènes, est une surface d'argent, et que les étoiles sont desampoules de verre poli. Le crépuscule, les éclipses, sont les marques de la colère de la divinité. La lune dévore les étoiles jusqu'à en devenir toute ronde alors, elle les rejette et est réduite à l'état de croissant.

Les Tadjiks sont des hommes de belle taille, aux cheveux noirs les femmes sont très gracieuses dans leur jeunesse; mais la saleté et le labeur écrasant les défigurent vite à vingt-cinq ans déjà, elles paraissent de vieilles femmes. Le costume des hommes a l'air d'une robe de chambre; sous cette sortede long manteau, ils portent des culottes courtes et des bottes. En hiver, ils chaussent des sabots. Ils se coiffent d'un turban. Les femmes portent un voile noir en dehors de chez elles. Le mariage est un marché l'homme achète sa


emme pour le prix de

à 20 bœufs, de 2 à to ânes, ou de 10 à 100 brebis, suivant les circonstances. Dès l'âge de 12 ans, un jeune homme reçoit couramment une épouse de la main de son père, à titre de cadeau. La religion de ces indigènes leur permet de prendre jusqu'à quatre épouses. Les enfants sont aimés et choyés de leurs patents les divorces sont rares. Pendant les trois jours qui suivent leur naissance, ils sont nourris avec de la graisse; ensuite leur mère les 3

allaite.

A une certaine intelligence, les Tadjiks joignent

esprit d'incurie, de ruse et de filouterie que l'abus de l'opium transforme en gâtisme absolu. Ils cultivent leurs terres avec des outils tout à fait primitifs. Comme animaux domestiques, ils ont des ânes, des bœufs de petite taille et qui ne font entendre ni mugissement, ni cri quelconque, de petites brebis, des chèvres, des poules naines, des chiens et des chats. Leurs bergeries sont ravagées par le loup et la panthère. Leurs cabanes consistent en un toit de mottes de gazon sur quatre poteaux, marquant les quatre angles de murs formés d'ardoises cimentées d'argile. La première pièce sert d'écurie la famille vit dans la pièce la plus intérieure de l'habitation. Du pain chaud, des légumes et des fruits sauvages, fraises, framboises, noisettes, etc., presque pas de viande voilà leur nourriture habiun

tuelle.

qu'ils savent du vaste monde extérieur est peu de chose les Aarus (Russes) sont leurs maîtres, ils ne l'ignorent point mais ils ne font guère de difféCe

rence entre l'Ak Pae&a, le pacha blanc, comme ils appellent le tsar, et tous les khans du Turkestan qui se sont disputé jusqu'ici leur territoire. Ils voient cependant avec plaisir que, depuis qu'ils sont sujets. russes, ils ne sont plus exposés à être pillés et massacrés comme auparavant; mais ils n'ont guère confiance en l'avenir, et s'attendent toujours à ce que les Russes soient chassés à leur tour par un autre conquérant.

la moitié des impôts anglais sur les concessions minières. La Compagnie royale à charte datait de 1886. Elle avait remplacé, avec des avantages singulièrement plus larges et plus étendus, la Compagnie nationale africaine qui, elle-même, avait été créée en 1881 par l'amalgamation d'une série de petites sociétés ou de

factoreries anglaises établies dans le bassin du Niger. Elle était présidée par sir George Taubman Goldie, dont le nom fut souvent répété lors des démêlés que nous eûmes avec la puissante Compagnie. Cette association suscita, en effet, à nos explorateurs et à nos missions, en particulier à la mission Mizon. des difficultés que l'on peut qualifier d'invraisemblables. Elle fit, par exemple, lettre morte de la liberté de navigation du Niger, édictée solennellement par l'Acte de Berlin, et elle s'arrogea des droits abusifs dont certains Anglais eux-mêmes eurent à se plaindre. En soumettant aux communes la demande de crédit, le chancelier de l'Echiquier, sir Michael HicksBeach, a constaté, comme il le devait, les succès commerciaux et diplomatiques de la Compagnie à charte, puisque c'est elle qui a conservé à l'Angleterre la grande artère fluviale du Niger. Mais, chose à noter, le chancelier a cru devoir souligner, avec une nuance de reproches, les procédés employés par la Compagnie vis-à-vis de nos compatriotes La situation, a-t-il dit, a été à une certaine époque très tendue et très dangereuse entre la France et l'Angleterre dans cette région. C'est que la charte qui servait à la Compagnie pour régler ses rapports avec les indigènes n'est pas un instrument convenable pour permettre à l'Angleterre de remplir ses obligations envers les nations civilisées, ses

voisines.

Si l'on avait laissé toute liberté à la Compagnie, il en serait peut-être résulté une guerre terrible avec la France. C'est pour cela que le gouvernement a été obligé d'interve-

nir et de protéger lui-même les frontières des territoires de la Compagnie du Niger. De plus, certains règlements de la Compagnie nuisaient à la liberté du commerce pour toute personne ne faisant pas partie de la Compagnie, et les commerçants de France et d'Angleterre s'en plaignaient au gouvernement britannique. La révocation de la charte était donc une

nécessité. Elle l'était surtout depuis que les ratifications de la convention anglo-française du )~ juin t8$8 ont été échangées et que les frontières des deux pays confi-

La Fin de la

nant aux territoires administrés par la Compagnie ont été clairement établies. Aussi nous ne pouvons que nous féliciter de la mesure prise par lé cabinet anglais.

Compagnie » du Niger

A Chambre des Communes L a L 21

adopté un crédit

de

625 ooo francs destiné à indemniser la Compagnie royale du Niger de la révocation de sa charte au

profit du gouvernement anglais. La Compagnie redevient donc purement commerciale dans des territoires sur lesquels elle exerçait jusqu'ici un pouvoir souverain. Tous les droits et pouvoirs administratifs, ceux que lui confèrent les traités, au nombre de 300, passés avec des chefs noirs, ses privilèges territoriaux et économiques, ses concessions de mines, tous ses bâtiments et son organisation seront transférés au gouvernementde la Reine, moyennant la somme indiquée ci-dessus, qui équivaut à 865 ooo livres sterling. Les troupes et la police seront réorganisées. De plus, pendant quatre-vingt-dix-neuf ans, la Compagnie jouira du privilège de ne payer que

Le Comité de Madagascar.

~a.car. Armand Colin,

Guide de l'immigraut à

volumes accompagnés d'un atlas. éditeur, 5, rue de Méziëres. Prix, 40 fr. Edouard Deiss. Anvers et <jBe/e~7~r:'<:me.–Paris, Bernard et Créditeurs. Prix, 3 fr. M. tfo~ci un ouvrage du plus haut intérêt et qui traite d'une question actuelle. Nous le signalons aujourd'hui à nos lecteurs, nous promettant de l'analyser longuement plus 3

tard.

Adrien Launay.

Société des

~o)!<)'t!?!~fc~

77~-

toirè des ~/M~:oM~ de /7M~e(f'OH~t'c/t~rr, ~atMoxr, Co!M!–Paris,~Tequi. 4 vol. in-R°et) vol. de cartes et

grav'res.


~M/M~OjE.MVGEA' DER GESELLSCHAFT FUR ERDKU.VDE

Berlin.

Voyage aux Régions voisines du Lac Ngami L'auteur de cet article, le docteur S. Passarge, a visité en iSob-tSo? toutes les régions qui s'étendent autour du lac Ngami, ou, du moins, autour de ce qui fut naguère le lac Ngami, car cette nappe d'eau n'existe plus. Parti )e3oseptembre !8o6de Palapye, une des stations du chemin de fer du Cap à Boulouvayo, il se dirigea au Nord-Est, à travers le Kalahari, qui n'est qu'un vaste désert à cette saison-là, une immense plaine de sable rouge&tre dont la monotonie est à peine rompue çà et là par quelques mouvements de terrain en forme de vagues, ou des buissons de ronces, dont l'aspect desséché augmente encore l'impression générale d'affreuse stérilité. Dans la saison des pluies, par contre, toute la contrée se couvre d'un épais tapis de verdure émaillé de fleurs. Les Retchouanas qui habitent ces régions y font paître leurs troupeaux. Pendant quelques mois, ce domaine de la sécheresse et de la mort revêt un aspect idyllique. Le docteur Passarge ne nous parle de cette métamorphose que par out-dire: obligé de passer le Kalahari pendant la saison sèche, il souffrit, ainsi que la suite de noirs qui lui servait d'escorte, de la soif et de la chaleur atroce,à laquelle un de ses compagnons succomba bientôt. En atteignant le fleuve Botletli, privations et souffrance furent viteoubliées. M. Passarge, qui était chargéd'une mission géologique, se mit à étudier un curieux système de bassins de forme circulaire, de plusieurs'kilomètres de diamètre, et remplis d'eau salée, où le fleuve finit par se perdre. Du reste, le Kalahari lui-même est semé de ces dépressions profondes de <o à [5 mètres et qui ne sont remplies d'eau que pendant la saison des pluies, tandis que celles qu'alimente le Botletli ne sont jamais à sec. Les Bechuanas les appellent des letcM, mot qui signifie casserole impossible de mieux les caractériser. Les bords du fleuve lui-même, avant que ses eaux se perdent dans ces bassins et dans les sables, sont d'un aspect enchanteur, animéspar la présence de milliers d'oiseaux, d'antilopes, et aussi, naturellement, de fauves, tels que le lion. Des hippopotames nagent dans les fleuves, que sillonnent de nombreux canots de pêcheurs bechuanas. A propos du nom de Botletli. ou de celui de Makari-kari, qui désigne le plus grand des bassins d'eau salée, le voyageur remarque que les nègres ne désignent jamais d'un nom particulier les fleuves, lacs, montagnes, etc., qui se trouvent sur leur territoire: Tous les noms géographiques que les Européens leur ont empruntés se rapportent à des districts plus ou moins étendus, plus ou moins délimités par des accidents naturels; mais si, sur nos cartes, nous voyons des lacs ou fleuves désignés par des noms indigènes, ces noms, pour les nègres, ne se rapportent qu'aux territoires arrosés par ces cours ou nappes d'eau. A partir du confluent du Tamalakave,le Botletli prend du moins sur les cartes et improprement le nom de fleuve Ngami c'est moins un fleuve qu'un marécage, une série de flaques qui ne communiquent entre elles, sous forme d'un courant continu, que pendant la saison des pluies. Etc'est ainsi, en cherchant sa route au milieu des marécages, où croissent à foison des papyrus et roseaux de toute espèce, que l'explorateur est arrivé au lac ou plutôt à ce qui fut autrefois le lac Ngami ce n'est plus aujourd'hui qu'une vaste étendue de jachères, de flaques et de boues, où il serait téméraire de s'aventurer. D'où vient cette disparition? Autrefois, le lac recevait le tribut régulier du fleuve Tauché ('Z'og' Tonké, dans l'atlas Schrader), qui se dirigeait

du Nord au Sud. Le premier voyageur qui découvrit ce fleuve, Anderssen, le définit un cours d'eau étroit, mais profond. C'est en )88o environ que les eaux du Tauché sont

parvenues pour la dernière fois au Ngami. Aujourd'hui,elles sont absorbées par les sables à vingt milles en amont du lac. La cause de cette disparition d'un fleuve et d'un lac est un phénomène météorologique d'ordre général la sécheresse qui règne sur tout le centre du Sud Africain n'est pas constante; mais son intensité semble s'arrêter depuis un certain nombre d'années. Le Tauché n'est pas le seul cours d'eau, loin de là, dont le débit ait diminué d'une manière générale, toutes les rivières de cette vaste région voient leur niveau baisser notablement. Mais la cause secondaire, immédiate, de la disparition du Ngami n'est rien moins que naturelle les Makobas, indigènes qui habitent sur le cours inférieur du Tauehé, ont élevé une véritable digue, faite de chaume et de roseaux entassés, dans le dernier bras du fleuve qui se jetait encore dans le lac, et l'ont subitement mis à sec. Acte stupide, du reste, bien qu'il n'ait fait que hâter le cours naturel des choses avec la vaste nappe d'eau a disparu toute la vie et toute la fertilité de la contrée; les nombreux villages de pécheurs et d'agriculfeurs qui animaient les bords du lac sont tombés en ruine; les habitants sont morts ou ont émigré. Plus de champs, plus de moissons, plus de cultures variées, comme il y en avait autrefois; ce n'est plus qu'un vaste marais entouré d'un désert! BULLETIN OF THE ~JMERfC~iV GEOGJ~F/C~A .SOC/ET~

New-York.

L'influence des Climats sur la Politique coloniale Les Américains nous reprochent de commettre une faute capitale dans nos essais de colonisation. Nous négligeons, d'après eux, de considérer les effets du climat, soit en envoyant dans nos colonies des émigrants qui ne sont pas adaptés à ce nouveau milieu et sont ainsi voués d'avance à une défaite certaine, soit en imrosant aux populations indigènes de nos colonies des institutions et une organisation sociale qui, en dehors de la zone tempérée, sont de purs non sens. Les Anglais ne procèdent pas ainsi. D'après l'article que nous analysons, leurs colonies pourraient se diviser en trois catégories les coloniesde la zone tempérée, soumises à des conditions de climat identiques à celles de la mère patrie, et dont ils ont fait des pays de peuplement; ;leurb nationaux s'y sont bientôt trouvés assez nombreux pour s'organiser en corps sociaux quasi autonomes. Les colonies subtropicales constitueraient la seconde catégorie les émigrants anglais y peuvent vivre, mais non y supplanter les populations indigènes, ni les absorber pour les modeler à leur image. Ici l'organisation sociale devient un peu plus compliquée, et le régime du protectorat est à recommander. L'Egypte, à supposer du moins que les Anglais réussissent dans leurs projets, serait un excellent exemple de colonie subtropicale. Enfin dans les contrées franchement tropicales, les Anglais doivent maintenir le régime militaire, où de simples cadres d'état-major européens tiennent sous une stricte discipline des armées d'indigènes et, sans froisser dans leurs idées et leurs croyances des populations de millions de sujets, leur interdisent seulement toute coutume, toute cérémonie religieuse qui révolte l'humanité ou inquiète le pouvoir. Les reproches que nous adresse l'article en question étaient mérités, il y a quelque temps. Il est certain que, dans nos essais de colonisation, nous n'avons pas toujours été logiques et prévoyants. Mais les leçons de l'expérience nous ont profité, et, sur ce point, nous avons beaucoup gagné.


Les Sociétés de Touristes Scandinaves (Deuxième

et

LEE succès obtenu par les clubs de touristes en Suède

et en Norvège a déterminé l'organisation d'une association similaire en Finlande (7uristfôreningF<Mland). Cette société poursuit un but purement écono-

mique. Avant tout, elle se propose d'attirer en Finlande les étrangers et de déve-

lopper le goût des voyages parmi les indigènes. Dans cette pensée, elle a publié un guide

très complet

(Dr Ramsay, Finlands Resebandbok

dernier article) alpins scandinaves, il me reste à m'occuper de la Société des Touristes de Danemark. Comme la Finlande, le Danemark est traversé par une grande voie de communication internationale. La plupart des voyageurs, en provenance de

l'Europe centrale et occidentale et à destination de la

Scandinavie passent par Copenhague, et tous ceux qui redoutent le mal de mer choi-

sissent les routes danoises, en grande partie terres-

tres. En i8c)8, la

capitale du DaneHelsingfors,t8c)5) mark a reçu et un superbe ou150 ooo visiteurs, vrage illustré. la soit 18 ooo de plus Finlande au XIX' qu'en i8c)y. Pour siècle. De plus, elle grossir ce courant a organisé un serla Société des vice analogue à Touristes danois celui qui fonctionne en Suède LE CIIATE.\U DE PREDE211iS60RG. se livre à une active propagande. Elle pendant l'été, un Gravure extraite de Co~e<t/ia~He,ca/'<<f!h;d;<Da;MM;0)'t. bureau de renseia publié d'abord gnements est ouvert à Helsingfors, et dans 80 localités un guide de Copenhague et de ses environs, en anglais et en allemand, puis, en français, une descripdes correspondants de la Société prêtent leur concours tion pittoresque de cette ville magnifiquement illusaux étrangers, pour les conseiller et leur venir en aide trée'. Les gravures qui accompagnent notre article, en cas de besoin. Dès qu'elle sera connue, nul doute empruntées à cette publication, mettent en évidence que cette organisation ne retienne en Finlande un cerl'intérêt et la beauté de cette œuvre. En 1808, plus de tain nombre de voyageurs qui jusqu'ici se bornaient à la traverser en se rendant de Stockholm à Pétersbourg. 10 ooo exemplaires de ce recueil ont été envoyés à l'étranger. Cette publicité est d'autant plus utile que Le grand-duché est un pays très intéressant à tous les l'ouverture récente de la ligne Sassnitz-Rügen-Trellepoints de vue. Avec ses côtes boisées, ses milborg menace de restreindre le transit des voyageurs liers de lacs, ses puissantes cataractes, sa forêt infinie enveloppée des mythes de la légende, il laisse une en Danemark. Cette ligne qui part de l'ile de Rügen impression profonde, tandis que sa population finnoise pour aboutir à l'extrémité méridionale de la Suède est actuellement la voie la plus rapide entre l'Alledonne le spectacle d'un autre âge par ses mœurs primitives. i. Copenhague, la M~a~e du Danemark, publié par Pour terminer cet exposé de l'activité des Clubs l'Union danoise des Touristes. Copenhague, t8qH.


magne et Stockholm. Passant à l'Est de l'archipel danois, non seulement elle le prive du trafic des voyageurs de l'Allemagne à destination de la Suède, mais encore dans un avenir prochain, elle lui enlèvera le transit entre la Norvège et une partie de l'Europe centrale. Pour parer à cette situation menaçante, la Société des Touristes de Copenhague essaie de secouer la torpeur de l'administrationdes chemins de fer de l'État danois et réclame une amélioration des services existants. Copenhague est relié au continent par trois lignes principales celle de Kiel-Kôr~ôr, celle de Warnemünde, enfin celle du Jutland. Si la première est la plus fréquentée et la plus rapide, la troisième offre de grands avantages pour la classe très nombreuse des

l'acharnement de la concurrence. Tout récemment le creusement du canal de Kiel à la mer du Nord le menaçait de la perte d'une

partie de son commerce de transit pour parer ce coup on a dû construire à Copenhague un immense port franc où .des flottes entières peuvent facilement et à très bon compte opérer le transbordement de leur cargaison. Ce danger à peine écarté, un second a surgi dans une direction opposée. La ligne Trelleborg-Sassnitz deviendra très certainement la voie commerciale rapide entre la Scandinavie et le continent, mais je ne crois guère qu'elle puisse dériver le courant des touristes qui passent actuellement par le Danemark. Tous les voyageurs qui se rendent pour leur agrément en Suède ne manquerontjamais de comprendre Copenhague dans leur voyageurs qui redoutent la itinéraire. mer. L'itinéraire à travers les landes du Holstein et du Slesvig Cette capitale est, en n'est pas précisément pittoreseffet, la ville la plus gaie et la plus amusante du Nord que, mais par cette route la traversée des détroits danois LE CHATEAU DE ROSENBOHO. scandinave. Tout comme le s'opère dans des conditions Gravure extraite de Copenhague, la capitale du Danemark, Français, le Danois aime le particulièrementagréables aux plaisir et la vie au dehors; la meilleure preuve c'est qu'il a élevé le café-concert à la estomacs délicats. Le passage du petit Belt, entre Fredericia et Strüb, dure de quinze à vingt minutes, et hauteur d'une institution nationale. Copenhague poscelui du grand Belt, de Nyborg à Kôrsôr, ne dépasse sède dans le Tivoli le plus bel établissement de ce genre existant en Europas une heure, et ces deux trajets pe. Représentezsont accomplis vous un parc imsurdemagnifiques mense, festonné

~&o~<.s

qui

de pièces d'eau,

transportent less trains d'une rive à l'autre. Contre de pareils navires

parsemé de res-

taurants, de théâtres,en plein vent, d'orchestres, de gymnases,de tirs,

les vagues des Belts demeurent

de jeux de massacre, en un mot les concerts des Champs Élysées

absolument impuissantes, et même par gros temps

et la foire

ces puissants bacs

de

vapeur n'éprouvent pas la moin-

Neuilly réunis, et au milieu de ce

Il est très certain qu'au

d'harmonie et

à

cadre bruyant

dre oscillation.

point de vue commercial l'ouverture de la ligne

scintillant d'illuLA COTE DU JU7LAND ~ENVIRO\S DE ~lAR1AGER).

Gravure extraite de t'~tnnHSt're de

Trelleborg-Sassnitz portera préjudice au Danemark. Ce petit pays, après avoir été pendant longtemps le carrefour des grandes routes naturelles entre l'Europe centrale et occidentale d'une part, la Scandinavie et la Russie de l'autre, se voit peu à peu dépouiilé de ses avantages par les progrès de l'industrie et par

minations

se

tout Copenhague, mêlé et confondu. Les princes de la famille royale y coudoient les ouvriers, les ministres les huissiers de leur cabinet pour quelques heures le plaisir établit l'égalité entre les différentes classes sociales. Du reste, rien ne fait mieux ressortir l'importance de Tivoli dans la vie des habitants de Copenhague qu'une promenade à

!j Société des Touristes de Danemark.

presse


(Hid M/eM~~a ~ey~waM~ap). On connaît l'intérêt que présente cette grande île du Nord; nulle part ailleurs en Europe les phénomènes volcaniques ne se manifestent avec une aussi grande intensité, et nulle part ailleurs dans notre vieux continent, en dehors des régions polaires, les glaciers n'atteignent d'aussi vastes dimensions. A un autre point de vue, l'Islande a droit à une mention particutière plusieurs de ses rivières, très riches en salmonides, donnent aux amateurs de pêche un butin aussi facile qu'abondant. Depuis longtemps les touristes et les sportsmen anglais connaissent CNFERRY-DOATDANOIS. le chemin de l'Islande. Pour essayer Gravure extraite de Co~en/ia~He,capitale dit DaM~marA. d'augmenter ce"mouvement des voyatravers la ville par une belle soirée d'été de 6 à geurs, la Société de Reykjavik a eu recours également à la publicité par l'image et a fait paraître un album 'o heures. Partout c'est le silence et la solitude, les représentant les vues les plus curieuses de ce pays rues s'allongent tristes et désertes, sous la vague pénombre des longs crépuscules; on dirait une ville extraordinaire. En outre, elle a constitué dans la abandonnée. Pour quelques heures, en effet, toute la capitale de l'ile un bureau de renseignements pour les population. a émigré à Tivoli. étrangers 1. Mais tout l'intérêt de Copenhague ne réside pas Ainsi, dans tous les pays du Nord, les Sociétés dans ce café-concert. La capitale du Danemark est une de Touristes entreprennent de véritables œuvres d'utiville non pas seulement gaie et amusante, mais encore lité publique et travaillent au développement des ritrès curieuse par les collections et les monuments chesses nationales en poursuivant l'exécution d'un qu'elle renferme. Le morceau le plus intéressant est programme pratique. Leurs préoccupations se reflètent d'ailleurs dans leurs publications, et non sans sans contredit le château de Rosenborg, un très beau spécimen du style de la Renaissance hollandaise, étonnement les membres des Clubs alpins de l'Europe rempli de superbes séries d'oeuvres d'art du xvu" et du occidentale ne trouventdans les Annuaires des Sociétés xvm° siècle, conservées sans changement dans le cadre scandinaves ni récits de banquets, ni textes de toasts où les souverains de cette époque les avaient placées. verbeux. Dans le Nord, on estime que les Sociétés La visite de ce palais laisse une impression en quelque n'ont de raison d'être que si elles agissent et obtiennent sorte vivante du passé. des résultats. Ajoutons enfin que les environs de Copenhague CHARLES RABOT. sont charmants et offrent aux touristes de nombreuses excursions très variées. C'est le Sund, ce superbe fleuve marin, encadré d'une riante campagne, animé par le va-et-vient d'une flotte innombrable que termine le fameux château d'Elseneur, le Kroneborg, enveloppé des mythes de la légende d'Hamlet c'est, d'un autre côté, le château de Frederiksborg, le Chenonceaux du Nord, entouré par un lac limpide. Pôle Jusqu'ici les étrangers bornent leur voyage ,en Danemark à la visite de Copenhague et de ?a banlieue. Aussi bien la Société des Touristes essaieNous avons parlé plusieurs fois déjà du projet d'ext-elle de réagir contre cettre habitude, en faisant pédition au Pôle Sud étudié depuis 2 ou 3 ans connaitre les sites les plus pittoresques du pays. par la Société royale de Géographie de Londres. Dans. cette pensée, elle publie dans un Annuaire Le gouvernement de la Reine avait commencé par ne illustré des descriptions des parties tes plus intérespas accueillir avec grand enthousiasme ce projet. 11 santes du royaume. Avec ses magnifiques futaies de l'approuvait évidemment, mais il entendait ne pas y hêtres et ses campagnes fleuries pointillées de maisons participer, et lorsqu'on lui demanda soit un navire, blanches, ses bras de mer aux aspects de fleuve qui soit des marins, il fit répondre par le premier lord de apportent partout au milieu de cette verdure la gaieté l'Amirauté que les exigences du service de la flotte ne et le mouvement, le Danemark laisse une impression permettaient de distraire ni un navire, ni un homme. de charme exquis, une sensation de fraîcheur et de Cependant l'opinion publique se montrant de plus en repos qui ne s'efface jamais. C'est la nature du Nord, plus favorable à l'expédition projetée, le gouvernement aimable dans toute sa grâce mélancolique, et tous les anglais a modifié sa manière de voir. 11 faut dire, d'ailvoyageurs accessibles aux douces émotions se plaisent leurs, que les souscriptions des particuliers, notamau milieu de ces paysages paisibles qui semblent le ment le don magnifique de 2~ ooo livres sterling fait cadre naturel d'idylles champêtres. Jusqu'en Islande existe une Société de Touristes i. Tourist Information Sociely 0/' /M~t; à Reykjavik.

L'Expédition anglaise au

Sud


par M. L. W. Langstaff, ont réduit beaucoup la contribution en argent que l'on sollicite aujourd'hui de l'Etat. Celle-ci, en effet, n'est plus que de 45 ooo livres sur les 100 ooo jugées nécessaires. Quoi qu'il en soit, il y a quelques semaines, une députationdetous les corps scientifiquesde l'Angleterre est allée trouver le ministre des finances, M. A. J. Balfour, pour l'entretenir du projet et le prier d'intervenir auprès du gouvernement en vue de faire voter la sub-

vention de 45 ooo livres. Dans le mémoire rédigé pour mettre au courant de la question le ministre des finances, se trouve le devis des dépenses qu'exigera une expédition au Pôle Sud, faite avec un seul navire et devant durer, suppose-t-on, 3 années. Construction et gréementdu navire.. ~c) ooo livres Salaires des membres de l'expédition.. 20 000 Fonds de 10000 5 000 Charbons et provisions to ooo Accessoires et frais divers 16 000

réserve. Habillements.

Total..

tooooo livres

cest-a-dtre2$ooooofrancs. Sir Clements Markham, président de la Société royale de Géographie a exposé les raisons qui devaient

engager legouvernementàne passedésintéresserdel'entreprise l'opinion publique s'était hautement manifestée en faveur du projet par des souscriptions importantes. Ensuite, les résultats, tant pratiques que scientifiques, seraient sans doute considérables. Le refus du gouvernementseraitd'ailleurs sans précédent: jamais l'Etat, dans les époques les plus critiques et les plus troublées qu'a traversées l'Angleterre, n'a refusé son appui aux explorateurs. Quatrième raison le Parlement allemand venait d'accorder une subvention de 60 ooo livres à l'expédition antarctique allemande, et la Grande-Bretagne devait faire plus et mieux, pour ne pas se laisser

distancer~

autres membres de la députation, dans leurs discours, appuyèrent toutes ces raisons, éloquemment présentées, et insistèrent sur quelques-unes d'entre elles, tant et si bien que quelques jours plus tard, le 3 juillet, les lords de la Trésorerie écrivaient à lord Lister, président de la Société Royale, pour l'informer que le crédit de 45 000 livres allait être demandé au Parlement. D'après ce que l'on pense, l'expédition partira au début de l'été de )QOO. Le navire sera en bois, à vapeur, et ressemblera sous certains rapports à la Discovery, qui porta en 1876 une expédition anglaise dans les mers du Sud. Il aura un tonnage de 600 à 700 tonnes; les plans en sont actuellement confiés aux soins de sir William White, constructeur en chef de l'AmiLes

rauté. On estime, comme nous l'avons dit plus haut,

que l'expédition restera absente 3 ans. Ajoutons que certains dons importants sont annoncés pour parfaire la somme de 100 ooo livres sterling. La colonie du Queensland, par exemple, a voté i ooo livres.

Voir dans le numéro précédent un article sur cette Expédition allemande au fWe SM~(page 22B).

Au Soudan égyptien

L'Exploration du Sobat LEmajor Maxse, des Coldstream Guards, commandant du bataillon soudanais, et le major Capper viennent d'explorer le Sobat. Ce sont les. premiers officiers anglais qui aient encore pénétré dans le bassin de ce fleuve. Interviewé par un journaliste, le major Maxse lui raconta qu'il avait été, après la victoire d'Omdurman, envoyé dans la région du Sobat avec 2 canonnières, la moitié du t~° bataillon Soudanais, 2 canons, la seconde batterie de campagne égyptienne et un détachement de médecins. Ses chefs lui enjoignaient d'établir un poste et de construire un fort à Nasser d'échanger, si possible, des démonstrations amicales avec les forces abyssiniennes qu'il rencontrerait; de prendre possession des rives du Sobat et de communiquer avec les Anglais qui s'avançaient de l'Ouganda. C'est ainsi que le major remonta le Sobat jusqu'à 280 milles en amont de sa jonction avec le Nil blanc. Nasser se trouvait jusque-là le point extrême

où étaient parvenus les explorateurs européens Maxse le dépassa de <oo milles. A 32 milles en amont de Nasser, où un puissant fort fut créé, le major découvrit une rivière navigable qui venait du Sud. Il l'explora sur un parcours de ;o8 milles, jusqu'à l'endroit où elle sort d'un lac, dans lequel ses canonnières ne purent s'aventurer.

Cette rivière est-elle le Djuba? Le voyageur en doute, car elle n'en a pas l'aspect ni le volume d'eau les indigènes ne lui donnent d'ailleurs point ce nom, mais celui de Pibor. Les bateaux, redescendus dans le Sobat, remontèrent ce fleuve, en amont de la jonction du Pibor, pendant 282 milles, mais sans qu'on pût découvrir à l'horizon les collines d'Abyssinie, qu'on s'attendait à apercevoir. Le major croit le Sobat navigable, pendant 8 mois de l'année, sur un parcours de 400 milles à partir de son embouchure dans le Nil blanc. Quant au fort construit à Nasser, à 30 milles en aval du confluent du Pibor et du Sobat, il fut armé des 2 canons et mis en sérieux état de défense. Ainsi, d'après le major, une magnifique voie navigable s'offre aux Anglais en amont de Khartoum, par le Haut Sobat et le Pibor, sur un parcours de 800 milles, sans un obstacle, rapide, gorge ou écueil d'aucune sorte. Le climat de ces régions est agréable et frais de novembre à avril mais, de mai à octobre, les pluies tombent en continuel déluge, et les moustiques font rage. Le pays est giboyeux; les rivières abondent en poissons, crocodiles et hippopotames. De leurs canonnières, les explorateurs virent de nombreux troupeaux de girafes et d'éléphants vaguer sur la rive et au loin dans les plaines.


en prendre livraison, pour des raisons faciles à deviner. Les constructeurs attendaient un acquéreur quand la Compagnie des Messageries insulaires se présenta, et celle-ci n'eut garde de laisser échapper une aussi bonne occasion. Entre les mains de ses nouveaux pro-

priétaires l'insulaire subit cependant quelques transformations, d'ailleurs très heureuses il fut muni d'un spardeck et d'un rouf situé sur l'avant des machines, destiné à servir de salon pour les premières classes ce salon est surmonté d'un pont promenade qui supporte à son tour la chambre de veille et la passerelle, d'après la disposition adoptée sur les grands paquebots mo-

Les Communications entre la France et la Corse Un Progrès réalisé

dernes. Ce salon des premières est lui-même aménagé avec tout le luxe et tout le confortable de ces grands pa-

1f Es relations entre !a France et la Corse ne sont pas qu'elles devraient être. Des paquebots trop médiocresetà départs trop peu fréquents assurent actuellement les communications entre le continent et l'île

ce

quebots, c'est-à-dire avec riches tentures et artistiques

boiseries, avec

petites tables en-

cadrées de moelleux divans et de

méditerranéenne. D'où pour celle-ci

fauteuils tour-

une série de désa-

nants

vantages et d'in-

sément contenir 36 convives, que

convénients. Le

gouver-

n'incommodent

nement vient,

jamais ni la chaleur de la machine, ni les trépidations de l'hélice.

d'ailleurs, de s'en émouvoir, et il a soumis aux Cham bres un projet de loi multipliant les relationsentre l'île et le continent. Il faut donc souhaiter que le vote de cette loi ne tardera LE PAQUEBOT L pas trop. D'abord. les habitants de la Corse ont le droit de trouver que les services postaux ou autres ne sont pas suffisants; ensuite il est absolument certain que, si les communications étaient mieux et plus régulièrement établies avec le continent, on verrait un nombre considérable d'étrangers choisir telle ou telle ville, Ajaccio par exemple, comme station hivernale. Aucun climat, en effet, ne peut être comparé, comme douceur, à celui de la Corse et ce serait rendre un signalé service aux personnes anémiées ou délicates que de leur faciliter les moyens d'aller reprendre des forces sous le beau et réchauffant soleil de la Corse. C'est ce qu'ont parfaitement compris quelques personnes d'initiative et de progrès qui viennent d'avoir la pensée de créer un nouveau se'" j de navigation, lequel, sous le nom de M-~M~-t ,M~M-<M, doit relier la côte de Provence aux princt~~ux ports de l'ile. Leur premier navire t'/MM~estentrérécemment en service. Ce joli paquebot, dont nous reproduisons ci-dessuslaphotographie,mesure 79 mètres delongueur sur 8 mètres de largeur; il est actionné par une machine développant i 558 chevaux et pouvant lui imprimer en service une vitesse de 15 nœuds, Il a été construit à Hull, en 1802, sur les chantiers Earles, pour le compte d'une compagnie espagnole qui ne put jamais

il peut ai-

Au-dessous du salon sont disposées les cabines de première classe, toutes bien éclairées, *°n aérées,

auxquelles on

te

accède par un double escalier dont ladisposition, le luxe et les proportions ne le cèdent en rien aux « descentes de nos plus magnifiques paquebots les cabines au nombre 2, sont à 2 ou à 3 couchettes, et celles-ci peuvent à volonté se transformer en divans: 2 cabines de luxe sont en outre,disposées sur le pont, à tribord et à babord du salon des premières. Les 2°' classes, situées à l'arrière des machines, occupent deux faux ponts superposés le faux pont supérieur contient un beau salon auquel la lumière versée par 3 grandes claires-voies donne un aspect particulièrement gai les cabines, toutes bien éclairées et bien ventilées, sont réparties de chaque côté et audessous du salon. Enfin les 3" classes situées, à l'avant du navire, disposent, elles aussi, de couchettes et d'aménagements très convenables, ce qui permettra aux passagers de cette catégorie d'être toujours à l'abri pour manger et pour dormir, et de jouir d'un bien-être inconnu jusqu'ici poureux à bord des paquebots affectés à d'aussi courts voyages. Faut-il ajouter que la lumière électrique éclaire toutes les parties du navire et que les installations les plus perfectionnées sont mises à la disposition des passagers des trois classes lavabos, baignoires, waterclosets, sonneries électriques, etc. ? Bref, l'Insulaire est une petite merveille de bon goût, d'élégance et de confort c'est un véritable yacht sur lequel )20 à f~o pas-

IN3Ut.AIRE n.

de


sagers pourront avoir toute l'illusion d'une navigation de plaisance, surtout si l'on tient compte que rien n'a été négligé pour assurer tous les services du bord dans

du Tonkin, confiner les Allemands dans leur nouvelle possession de Kiao-Tchéou, enrayer la marche des Russes.

les meilleures conditions.

Nous souhaitons bonne chance aux nouveaux armateurs qui vont aider au développement des relations entre la France et la Corse et qui vont répondre ainsi aux besoins toujours croissants de notre grande île méditerranéenne.

Ce qu'exige

la Politique coloniale

française LnA visite que l'empereur Guillaume

a rendue, en rade de Bergen, au croiseur l'Mg~MM, a soulevé quelques clameurs dans un clan de Français, pour qui la politique étrangère se résume en une seule formule très simple: se méfier de tout le monde et entretenir avec les nations voisines les plus mauvaises relations possibles. Cette formule constitue, paraît-il, le comble

du patriotisme. Malheureusement, la politique, surtout la politique étrangère, est une affaire d'intérêts beaucoup plus qu'une affaire de sentiments. Et c'est ce que ne voient pas ceux qui protestent contre le rapprochementdont la visite de Bergen est l'une des manifestations. Il faut, d'ailleurs, s'empresser de dire que le rapprochement dont il s'agit n'effacera pas du tout le passé. Personne ne songe à une alliance qui nous ferait oublier les blessures dont nous saignons encore après trente ans écoulés. Mais, dans l'espace de ces trente années, nous avons inauguré toute une nouvelle politique étrangère, à savoir une politique d'expansion coloniale, et il convient de rechercher si, pour l'avenir même de cette politique, nous n'avons pas, pour le moment, intérêt à nous mettre bien avec l'Allemagne devenue, elle aussi, en mêmetemps que nous, puissance coloniale. Or, l'intérêt évident de la France est que l'équilibre des puissances en Afrique ne soit pas rompu. Si, dans cette immense Afrique, nous restions seuls en tête à tête avec l'Angleterre, il nous arriverait fatalement ce qui nous est arrivé dans l'Hindoustan. L'Allemagne, en Afrique, a exactement le même intérêt que nous. Elley possède quatre grandes régions: Est Africain, Sud-Ouest Africain, Cameroun, Togo. Elle doit désirer, comme nous, que l'Angleterre ne puisse empiéter ni sur l'Abyssinie, ni sur les Républiques du Transvaal et d'Orange, ni sur l'État du

Congo.

est une autre partie du monde, l'ExtrêmeOrient, où les puissances européennes se trouvent en contact, et c'est encore avec l'Angleterre que la France, l'Allemagne, la Russie, risquent d'entrer en conflit, car elle exige partout la part du lion. Elle voudrait arrêter la légitime expansion de la France au Nord 11

Analysant cette situation dans un article récent,

M. Rambaud, l'ancien ministre et l'historien avisé que l'on sait, disait avec infiniment de raison « Il est une chose que l'empereur Guillaume 11 comprend mieux que nous, c'est que le grand procès à propos de notre frontière de l'Est ne doit faire oublier ni à la France ni à l'Allemagne qu'elles ont, hors d'Europe, des intérêts

vitaux, que certains de cesintérêts leursont communs, que d'autres leur sont communs avec la Russie. Il comprend que ces trois puissances, isolément, ne peuvent rien pour limiter les envahissements de l'Angleterre, mais qu'il en est autrement si elles associent leurs forces et leurs ressources si diverses, leurs moyens d'action si différents. » Et M. Rambaud ajoutait

« Si nous ne voulons

absolument pas comprendre, le pis qui puisse nous arriver n'est pas que la Russie et l'Allemagne se décident à se passer de nous. Il peut arriver qu'il se forme telles combinaisons où les intérêts de la France seraient absolument sacrifiés. « Si, contre toute attente, il se formait une entente anglo-allemande pour l'Afrique ou germano-russepour l'Asie, quelle satisfaction en recueillerait notre patriotisme ? Nous n'aurions pas fait un seul pas vers le recouvrement de nos provinces perdues. Mais nous aurions renoncé, en outre, aux grandes destinées qui nous attendent en Asie et en Afrique. « Nous aurions préparé la ruine de notre nouvel empire colonial, et la République française ne serait plus en droit de rien reprocher à Louis XV. » Voilà quelques réflexions très sages, que devraient

méditer les patriotes bruyants dont les récriminations ont rempli certains journaux, sans se rendre compte que leur sentimentalisme irrité va droit à l'encontre de notre situation coloniale.

Le Voyage du Major Gibbons dans la Région du Zambèze r~'APRÈS des lettres du' major Gibbons, datées de

Kazoungula, 3 mars, cet explorateur,accompagné

des capitaines Quicke et Hamilton, est arrivé chez les Barotsé, où il va continuer le voyage d'explorations qu'il avait dû interrompre précédemment. Accompagné du capitaine Hamilton, il explore en ce moment le cours des rivières Kouando et Kôuit, tandis que le capitaine Quicke se rendra à Lialoui et de là, sur le Haut-Kouando, où ses deux compagnons le rejoindront. Alors, ils étudieront ensemble tout le plateau qui sépare les bassins du Congo et du Zambèze.

dernier fleuve sur leur petit steamer Constance, qui s'est bravement comporté au milieu des gorges et des rapides. Grâce à )a parfaite Ils ont suivi le cours de ce


construction de sa coque, t[ a pu résister aux remous et aux chocs les plus terribles. Dans quelques mois, quand les trois explorateurs se seront retrouvés au rendez-vous convenu, ils délibéreront sur la route à suivre pour rentrer en Europe.

ment une mesure de ce genre. Il est admis que l'unité australienne est l'une des conditions de l'unité de l'empire britannique. Dans un certain sens, il est incontestable qu'en faisant prévaloir la notion de la solidarité des colonies des antipodes et de l'unité du continent australien sur les préjugés locaux, les passions et les intérêts particularistes, les auteurs du Federal Act travaillent au resserrement des liens de l'empire et au triomphe de l'idéal unitaire.

La Fédération Australienne ~ousavons parlé dernièrement dans

notre Courrier géograPhique du vote plébiscitaire émis par la Nouvelle-Gallesdu Sud en faveur du projet de la fédération australienne: 101 ooo électeurs ont voté pour et 000 contre. Or, cette majorité de 22 ooo voix suffit, car la seule condition mise à la validité du vote était que les suffrages favorables à la fédération fussent au nombre de 80 ooo. Le projet de fédération australienne dont il s'agit n'a pas été commode à établir, les diverses colonies du continent australien n'ayant pas toutes les mêmesintérêts à faire prévaloir, les unes étant protectionnistes,

y

les autres étant libre-échangistes. Ce n'est que par des

concessions réciproques discutées dans des conférences tenues à Melbourne qu'on est arrivé à se mettre d'accord. Il est à remarquer que les électeurs de la Nouvelle-Galles du Sud n'ont pas manifesté un grand enthousiasme. 140000 d'entre eux se sont abstenus, sur un total de 320 ooo. 11 faut tenir compte du fait que dans un pays pastoral, où les habitants vivent isolés, à de grandes distances les uns des autres, il est difficile de créer de grands courants d'opinion. A Sydney même, la capitale, il y a eu, dans la ville proprement dite, M 045 suffrages pour le projet et 10551 contre, soit une majorité favorable de 494 voix dans les faubourgs, 24 458 pour, 25 048 contre, soit une majorité défavorable de $e)0, laissant pour l'ensemble de la métropole un léger surplus de a6 voix contre. Mais ces petits détails ne sauraient altérer l'importance du résultat pris dans son ensemble. La Nouvelle-Gallesdu Sud a donné l'impulsion au mouvement fédérationniste. C'est au tour des autres colonies de voter. Le Victoria est acquis tout entier à cette grande cause. Le Queensland, qui s'était tenu à l'écart, vient de décider par le vote de sa législature qu'il procéderait à un plébiscite. Dans l'Australie du Sud, une majorité favorable est sûre. L'Australie occidentale et la Tasmanie ne se mettront pas en travers d'un si puissant élan vers l'unité. Dans ces conditions, il est permis de supposer que la ratification populaire du projet de fédération sera un fait acquis avant l'automne. Pour mettre en train le nouveau régime il faudra que le Parlement britannique vote une loi de sanction. Ce sera probablement le morceau de résistance de la session de igoo. C'est de cette façon que fut créé en t868 le Dominion du Canada. Tout permet, d'ailleurs, de penser que la fédération australienne ne rencontrera pas d'obstacles en Angleterre. Au contraire, les tendances impérialistes actuelles prédisposent l'opinion à accueillir favorable-

E. Rodocanachi. -Aventures d'HM grand ~e/~MeMr italien à travers l'Europe (t6o6). Flammarion.

anciens récits de voyages constituent des documents Es L particulièrement précieux la connaissance d'une

pour période historique. Tout le monde sait, par exemple, quelle source féconde d'informations fournit la relation des pérégrinations de Young à travers la France, à la veille de la Révolution. Pour le xvn" siècle, les textes de ce genre sont très rares, aussi bien doit-on être particulièrement reconnaissant à M. Rodocanachi d'avoir exhumé de la poussière des archives le récit du voyage du marquisGiustiniani, écrit par son secrétaire Bizoni. Partant de Rome le t8 mars ;6o8, le noble seigneur italien passa le Brenner et en cinq mois visita successivement l'Allemagne méridionale, les bords du Rhin, les Flandres, l'Angleterre et la France. Les guerres religieuses à peine terminées étaient sur le point de reprendre de plus belle; par suite, les remarques du voyageur italien sur l'état des esprits présentent-elles un grand inté rêt. Si, en généra), dans les villes régnait la tranquillité ou tout au moins un apaisement momentané, les campagnes étaient en revanche infestées de bandes de reitres, qui ne faisaient nulle différence entre ennemis et amis, si bien que, pour se rendre de Cologne à Bruxelles, une escorte de cent hommes était nécessaire. La partie la plus intéressante du nouveau livre de M. Rodocanachi est celle relative à la France, que Giustiniani parcourut de Calais à Marseille. Daps le Nord, Rouen surtout parait avoir laissé une profonde impression à nos Italiens. « C'est, écrit Bizoni, une ville populeuse et riche il s'y trouve plus de 2 Soo chevaux appartenant à des particuliers, beaux et forts pour la plupart une foule de marchands étrangers s'y sont fixés et l'on y compte beaucoup d'habitants ayant de grandes richesses les rues sont nomDans la breuses et aussi commerçantes qu'à Londres description de Paris, retenons ce passage sur l'eau de la Seine « Elle est, rapporte Bizoni, fraiche, claire et bonne elle alimente les fontaines publiques où le peuple vient en foule se désaltérer ». Depuis, les choses ont changé. La relation publiée par M. Rodocanachi est remplie de mille petits renseignements qui, mieux qu'un ouvrage de plus haute prétention, renseigne sur l'état de l'Europe au début Cn. R. du xv;° siècle.

Vivien de Saint-Martin et F. Schrader.

~K/a~ M~/fer-

sel de Géographie Amérique du S\(or~ physique. Paris,

Hachette et C< belle carte de l'Amérique du Nord physique, qui vient L de paraître, est la 65° de l'Atlas, par numéro d'ordre, et la 49° parue. Le fond en est sensiblement le même que celui de l'Amériquedu Nord politique, récemment publiée. Mais elle est mise à jour en ce qui concerne les régions nouvellement étudiées du Canada (Labrador et territoires avoisinant la baie d'Hudson)et de l'Alaska. La nomenclature a été dressée spécialement au point de vue de la géographie physique. L'hypsométrie est très claire, et permet d'embrasser d'un coup d'œil les grandes lignes du relief nord-américain. Celle des Etats-Unis a été tracée d'après la carte de Henry Gaunett, au i 2 5oo 000. Celle des autres régions a été faite d'après des documents originaux. Ajoutons que cette nouvelle carte est l'oeuvre de M. E. Giffault pour la montagne, de M. V. Huot po'. l'hypsométrie et la nomenclature.

A


Hygiène de l'oeil pendant les voyages L'tE)L DOIT ÊTRE MÉNAGÉ

j 'ŒtLcautions exige, lorsqu'on,voyage, des préhygiéniques particulières, L

non seulement en raison des accidents plus nombreux auxquelsilpeut se trouver exposé, mais aussi et surtout parce que cet organe, ayant beaucoup de choses à voir, et à voir rapidement,éprouve, dans ces circonstances, un véritable surmenage.

En dépit des plus grandes précautions, le touriste est plus exposé que toute autre personne à ressentir des douleurs oculaires, accompagnéesd'une certaine inflammation du bord des paupières. Il est d'observation fréquente que la grande fatigue des yeux éprouvée pendant les voyages peut déterminer des affections catarrhales de la conjonctive. Des conseils pratiques pour mettre les yeux à l'abri des dangers qui peuvent les menacer pendant les voyages sont donc tout indiqués, surtout en cette sai-

son.

Suivant les circonstances, on voyage soit à pied, soit en voiture, soit en chemin de fer, soit en bateau. Si l'on voyage à pied, on est exposé à deux ordres de phénomènes météorologiques qui, quoique très différents, peuvent être également préjudiciables à la vue. Ce sont la pluie et le beau temps. Si le temps est pluvieux ou seulement humide, il est absolument indispensable d'avoir aux pieds d'excellentes chaussures, aussi peu hygrométriques que possible. Il n'y a rien de plus dangereux que le froid aux pieds, surtout lorsqu'il est compliqué d'humidité, comme prédisposition à la conjonctivite catarrhale, laquelle, si elle est négligée, peut dégénérer en ophtalmie purulente. S'il fait beau, au contraire, et que le soleil brille, il est indispensable de garantir les yeux, tant contre ses rayons rénéchis que contre ses rayons directs. CHOIX DE VERRES PROTECTEURS

ne faut pas, toutefois, qu'ils compris pourquoi on jugeait qu'elle soient trop foncés. Une teinte légère devait être réservée aux dames. En suffit. (Les numéros 2 et 3 tout au voyage, sinon même en simple promeplus.) nade, recherchezavant tout le confortable Les verres trop foncés, en effet, et arborez sans hésitation un parasol. Le parasol ne doit pas être quelen gênant la vision, obligent à faire un effort fatigant, si l'on veut distinguer conque. Solide et léger, il doit être reles objets avec netteté. D'autre part, au couvert d'une étoffe rose doublée de moment où on les retire, ils provoquent percale verte, le rose et le vert donnant un passage trop brusque de la lumière du gris, c'est-à-direla couleur qui, comme dans les verres de lunettes, repose le très atténuée à la lumière vive. Les verres doivent être plans, car plus les yeux. les lunettes bombées ou en coquille, Si l'on voyage en voiture découquelque perfectionnées qu'elles soient, verte, pour mieux voir le paysage, se occasionnent toujours une légère dévia- munir également du parasol et des lution des rayons lumineux et troublent, nettes. Celles-ci garantissent les yeux par conséquent, la netteté du paysage. non seulement contre lesrayonsrénéchis Il faut avoir soin de prendre des du soleil, mais aussi contre le vent et la lunettes dont les verres aient un calibre poussière. suffisant pour garantir la totalité du globe de l'œil. SAGES ET UTILES Le pince-nez joue un rôle aussi RECOMMANDATIONS efficace que les lunettes, pourvu, touteEn chemin de fer, il faut tourner le fois, qu'il ne produise pas un tiraillement dos paupières inférieures la machine, pour éviter les partiles lorsqu'on le à sur cules de charbon qui peuvent s'introduire place sur le nez. Les lunettes entourées de toile mé- entre les paupières ou protéger les yeux tallique ont leurs verres constamment avec des lunettes. Si, malgré ces précaucouverts de buée; elles empêchent, en tions, un corps étranger s'introduisait effet, l'évaporation naturelle des larmes, dans l'œil, il faut bien se garder de le les font séjourner trop longtemps sur le frotter, comme on le fait ordinairement. globe de l'œil et peuvent occasionner Cette pratique a généralement pour effet de faire adhérer le corps étranger à la des inflammations graves. cornée ou de le transporter sous la pauLes lunettes fumées sont aussi très pière supérieure. utiles lorsqu'on voyage sur mer. En effet, II faut, tout doucement,prendre les la réverbération du soleil sur les flots cils de la paupière supérieure entre le envoie à l'œil des rayons réfléchis interet l'index, soulever la paupière, mittents et provoque un miroitementtrès pouce du globe de l'œil et la ramener fatigant; à la longue il peut en résul- l'éloigner aussi bas que possible contre la paupière ter une affection assez grave le blépha- inférieure, contre laquelle l'appuie en on ruspasme ou spasme des paupières. la laissant remonter. Le frottement a Les lunettes fumées sont absolu- pour effet de provoquer des larmes qui ment indispensables si l'on traverse de entrainent le corps étranger et le dépograndes étendues couvertes de glace ou sent sur la face externe de la paupière de neige. L'expositionprolongée des yeux inférieure d'où il est facile de l'enlever à la réverbération lumineuse de la neige avec le coin d'un mouchoir. produit en effet, d'après le professeur Il vaut mieux ne pas lire en cheAug. Berlin, de Stockholm, les effets min de fer. La trépidation du train fait suivants douleur brûlante et piquante danser les lettres devant les yeux et procomme celle oceasionée par la présence voque une grande fatigue de la rétine, H

d'un corps étranger: pleurs,photophobie, blépharospasme,rougeurs et sugillations Pour mettre les yeux à l'abri des de la conjonctive bulbaire et palpébrale. rayons réfléchis, surtout si l'on suit une Dans les cas graves, la cornée devient route blanche et poudreuse, il faut les terne et opaque, les pupilles se contracgarantir au moyen de lunettes, non pas tent, le fond de l'œil s'injecte, le champ à verres bleus, comme cela se pratique visuel se rétrécit sans diminution marla plupart du temps, mais à verres gris, quée de l'acuité. La cause de ces phénocommunément appelés verres fumés. mènes disparaissant, la guérison arrive L'emploi des verres bleus en effet, en quelques jours, mais si elle persiste, provoque, lorsqu'onles retire, un éblouis- la cornée se couvre d'ulcères pouvant sement produit par la lumière jaune cou- entraîner la fonte de l'œil (S\(or<~A< meleur complémentaire du bleu, qui impres- dicinskt Arkiv, [888, T. XX, n°3,p. 1-34). sionne très désagréablement la rétine. Les verres gris préviennent tous Au contraire, les verres gris ou ces accidents. fumés tamisent la lumière et en adoucissent l'intensité, sans éliminer une couUSAGE DE L'OMBRELLE leur plutôt qu'une autre; ils reposent la Contre les rayons directs du soleil, vue, et, lorsqu'on les retire, on n'éprouve éblouissement désagréable. rien ne vaut l'ombrelle. Je n'ai jamais aucun

surtout si l'éclairage est défectueux.

II ne faut pas non plus, et pour la

même raison, apporter une trop grande attention aux détails du paysage qui se déroule rapidement sous les yeux, mais fermer de temps en temps les paupières pendant quelques secondes, pour soula-

ger la rétine et les nerfs moteurs de l'œil et des paupières. Enfin, il faut toujours emporter, dans sa pharmacie de voyage, une solution d'acide borique à a o/o, et s'en servir pour lotionner les yeux matin et soir. C'est une précieuse garantie contre le surmenage et l'inflammation. Paul COMBES.


Excursion au col ciïseran excMr~tbns des );<M~M~ habitants des villes. On /f;~ donc avec pittoresque des Alpes. Voici revenue

7'~)oefMe des

f~~M~ e~!M t'o'! M:o;f/~MM ou vers la mer le; cette J<C)'t/)/MK ou, si l'on veut, ce « guide d'M~ coin fori

~~f<')~f)! La

!<ft

A PRÈS15 jours passés au Mont-Cenis, l'un des plus charmants endroits que puissent rêver le bota-

niste et l'excursionniste, nous redescendions à Lans-)eBourg, avec.l'intentior &~F;ner la Tarentaise par la montagne. Deux

notre attention se portant sur son patois, qui, n'étant déjà peut-être pas des plus mélodieux, était assurément des

moins compréhensibles. Notre conducteur nous montre le village de la

chemins s'offraient

à nous

nom de village à Quelques miséra-

ou

bien nous

pouvions passer le

bles maisons

faites

de pierres simple-

col de la Vannoise, ou bien aller prendre, à Bonneval, le col d'Iseran. C'est à ce se-

ment superposées et réunies par un toit. En tout cas, nous sommes au point culminant, d'où nous descen-

cond projet que nous nous sommes

arrêtés. Vers trois heures de l'après-

dons dans une

vallée charmante. Le soleil brûlant

midi, une voiture nous charge donc pour Bonneval, nous et nos bagages.

si l'on peut donner le Madelaine,

n'a pu ternir

l'inaltérable fraîcheur des prairies

ombragées par

Détait tard

des bouleaux au feuillage léger. J Daigret. D'après ~e photographie de A droite, la eu égard, surtout, vallée du Ribon et celle de l'Avérole semblent vouloir, au coursier à longues oreilles qui devait nous y transdans une majestueuse « coupée » de la montagne, porter. Aucun cheval n'étant disponible, ce qui arrive laisser apercevoir et encadrer les glaciers de Ronches souvent au moment de la fenaison, il nous avait bien et de la Roche-Melon. La route, ensuite, descend fallu nous contenter d'un mulet. après assez fortement, pour atteindre enfin Bessans, La route, qui ne date que d'une dizaine d'années. avoir traversé un joli pont en granit remplaçant dont les le côtoyant torrent, suit l'Arc, tantôt eaux l'ancien emporté par une crue de l'Arc. troubles et bouillonnantes révèlent leur origine 'neiA Bessans, nous prenons un réconfortantbouillon geuse, tantôt s'en écartant un peu. accompagné d'une énorme tranche de ppin Le Nous atteignons enfin Lans-le-Villard, dont les tout nous est apporté par une petite servante aux rues étroites et le pont jeté à la diable en travers du yeux brillants, très « débrouillarde et tout à fait torrent sont d'un pittoresque achevé. A partir de là gentille. En vraie fille d'Eve, aussi bien qu'une élégante nous devons grimper une forte côte, par une non Parisienne, elle est particulièrement flattée que des moins forte chaleur. Une brave femme, cependant, coiffure, très « Messieurs et Dames remarquent sa nous fait oublier un peu la.longueur de la route, toute

pour entreprendre un si long trajet,

ttO\\R\'AL:Rt'Rt5KDnLATERR~Ern:'HU.Err"'Ct.l'8ALPt\.


originale et fort jolie, surtout quand elle couronne un minois aussi frais. Le crépuscule est arrivé quand nous reprenons notre route. La vie, pourtant, n'est pas encore éteinte; les travailleurs reviennent de la moisson, leurs outils sur l'épaule, et se découvrent pieusement devant la grande croix qui semble protéger le village. De belles filles, montées à califourchon sur leurs chevaux, rentrent aussi, l'air tranquille et satisfait de la journée terminée, nous saluant d'un bonjour avenant. Et, seuls bientôt, dans la fraicheur délicieuse qui se dégage de chaque brin d'herbe, nous continuons vers un dîner encore lointain. Le temps marche, et la nuit est même tout à fait venue, très noire et éclairée seulement par les étoiles qui s'allument. D'immenses murailles s'élèvent de chaque côté, pleines à d'une ombre mystérieuse l'horizon quelques éclairs tout contre nous, sur notre gauche, le bruit du torrent. Nous cheminons toujours,

causant avec notre conducteur, qui nous dit combien l'hiver est rude, les étés courts, la vie difficile aux familles nombreuses. H est bien près de 9 heures lorsque, au loin, de petites lumières, qui font song&r à celles du petit Poucet, nous annoncent

mais tous sont paisibles. Pas de chants, de cris bruyants comme dans nos plaines; et leur physionomie très

douce, un peu triste peut-être, est bien en rapport avec ces montagnes aux cimes toujours prêtes à lancer l'avalanche.

Nous avons à escalader le col, la montée se dresse, rude et vraiment difficile. Les mulets sont là; mais dédaignant pour nous ce moyen de transport, que nous laissons à nos colis, nous partons à pied. Un bruit suspect nous fait nous retourner; notre majestueux panier, qui contient nos récoltes botaniques, obéissant aux lois toutes-puissantes de la pesanteur, s'écroule et entraîne tout avec lui; et nos malheureuses valises, ne pouvant matériellement résister, ont des effets de bascule du plus fâcheux augure; une vraie débâcle! A visant un superbe groupe de sycomores, nous allons demander à ces arbres une ombre protectrice et attendons paisiblement que le chargement soit refait et convenablement équilibré, en nous reposant de nos

fatigues à venir.

Une jeune montagnarde, qui monte pour aller retourner les foins, s'arrête un instant près de nous et nous étonne par la philosophie dont fait preuve sa conversation. Elle est vraiment

gentille, la jeune « pastoure » avec son chapeau de bergère, Bonneval garni de perles, posé sur une Le village est bientôt coiffe rouge. C'est la coiffure des atteint mais l'hôtel est encore femmes de Bonneval. à un bon kilomètre de là. Ici des Bientôt nos mulets repacahots insensés font danser rOtFFTREABESSA: raissent, et nous recommençons d'épouvantable façon voiture, D'~rM~Hd(~~f/f.7\ la rude montée, sans beaucoup bagages et voyageurs, qui, du d'entrain.LaLenta, que nous suivons, fait de formidables reste, doivent mettre pied à terre, l'asphalte de bonds, comme pour descendre plus vite, tandis que Bonneval étant représenté par des pierres si inégales qu'on se croirait sur une moraine. Mais qu'importe! nous, très doucement, nous grimpons. Cette traversée du col d'Iseran, qui fait communiquer la Maurienne et Le joli chalet que le Club alpin a construit à Bonneval la Tarentaise, se compose de trois « grimpées ? totanous offre un diner substantiel et d'excellents lits. Sitôt lement din'érentes les unes des autres., le diner fini, plutôt que de rêver encore aux splendeurs de la soirée, on s'étend délicieusement pour s'endormir La première de ces trois parties se termine à un de suite. chalet qui domine Bonneval et que, dans notre candeur, nous pensions être au point culminant. Au réveil, c'est un véritable éblouissement; un Mais quelle erreur est la nôtre Quel chemin il soleil resplendissant caresse de ses rayons un paysage charmant. De la terrasse du gracieux chalet, caché nous reste encore à faire Cette première montée nous amène tout simsous de grands sycomores, la vue s'étend sur la vallée plement à une jolie vallée, fraîche et fleurie de genque nous avons suivie hier soir, et qui est si étroite tianes aux grandes corolles bleues et de viola à la que la route et l'Arc en ont, à eux deux, pris toute la largeur, et que les maisons qui composent le village teinte d'un lilas si doux. sont déjà sur le revers de la montagne. La Lenta passe calme et tranquille au milieu de De la terrasse qui s'étend devant la porte de ces prairies immenses son eau limpide semble du l'hôtel, nous voyons défiler les moissonneurs, les uns cristal; mais, à l'extrémité de cette première vallée, à pied, les autres montés sur leur mulet, leur faux sur nous retrouvons la Lenta avec son caractère torrenl'épaule les femmes, coiffées de grands chapeaux dits tueux, tantôt descendant par sauts impétueux, tantôt, « de bergère », tricotent en marchant. Serait-ce comme pour se reposer, coulant sur d'énormes rochers cette vie laborieuse au milieu d'une nature imposante? plats.


D'ici les glaciers que nous avions admirés hier sont en pleine beauté, blancs, immaculés, immenses. Nous sommes engagés sur la seconde montée, et suivons un sentier serpentant entre de gros blocs de roches qui paraissent suspendus. Le torrent, à gauche, dans une gorge profonde, roule avec fracas, en bonds épouvantables, et toujours, derrière nous, la vue des

glaciers d'Italie. Une croix nous indique le point culminant de cette seconde « grimpée », et nous nous trouvons dans une vallée aussi morne et sauvage que la première était fraîche et riante. Ici, plus de fleurs, plus de prairies où l'œil se repose plus rien que des roches arides, un torrent trouble et tumultueux, des graviers où l'on s'enlize, et un vent âpre. Tout cela nous donne un sentiment de malaise inexprimable. En compensation, par exemple, les glaciers d'Italie, qui maintenant nous sont cachés par les cimes, sont remplacés par de nou-

qu'un torrent, coule en se jouant sur les rochers; la route serpente à côté au milieu des prairies se voient quelques chalets isolés, qui paraissent entourés de champs cultivés; plus loin, de gros villages. Sur les premières assises de la montagne s'élèvent des forêts de pins, à l'aspect sombre, et, au-dessus,des sommets rougeâtres déchiquetés en pics aigus. Sur tout cela, le soleil couchantjette des nuances gaies, dessinant les ombres avec très grande netteté. Mais l'heure avance, et il y a encore une fameuse

descente avant d'atteindre le diner. Aussi, après avoir admiré ce beau panorama, nous reprenons la marche. De jolis ruisseaux forment sur notre route de moins charmants marais;'cari! il nous faut recommencer à patauger avant d'arriver à fouler la prairie enchantée que nous

avions aperçue

d'en haut. Enfin, nous y voilà! La marche sur ce tapis épais est une

promenade; nous y trouvons, plan-

tées çà et là, de grandes pyramides de pierres, veaux,encoreplus hautes de to mèbeaux mille fois; tres au moins, destinées, par les ce sont partout des sommets étingrandes neiges, à guider les voyacelants, illuminés par un soleil rageurs et, au besoin, à leur servir dieux qui, déjà d'abri pendant la bas, n'éclaire plus BONKEVAL. f-H.U.ËT DU Ct.UB AU'tN. tourmente; car notre sombre valy. Daigret. D'après u~c~/îo/o~r~~tcde lée ce qui ajoute une large excavation y est ménagée sur le côté faisant face à la vallée. encore à son aspect désolé. Un torrent vient bientôt redoubler notre embarras, d'autant plus que les mulets La descente devient de plus en plus rapide mais, sont en avant, hors de vue, et que les guides ne sont comme nous sommes encore très haut, nous risquons plus là pour nous indiquer le chemin. Pourtant, en de n'arriver que fort tard. Aussi courons-nous presque, poussant dans l'eau de grosses pierres et en prenant imitant un peu les bonds des torrents, pressésd'arriver le parti de nous mouiller un peu, nous passons. Mais plus vite dans la plaine. Nous traversons de petits n'est chaud Et curé Kneipp le bon eût certes pas bois de pins, plantés en massifs, au milieu de la ce apprécié ce bain d'eau glacée prairie, et dont la sève embaume aux chauds rayons Tout en pataugeant et en maugréant, nous arridu soleil couchant. Un village est juste au-dessous de nous. Ce ne vons à la dernière montée, moins longue que les deux autres, heureusement car la neige, à peine peut être que Val-d'Isère. Aussi le chemin muletier fondue, la rend particulièrement monotone, rien nous semblant aller bien à gauche, nous avisons sur n'ayant pu verdir encore ce sol détrempé. notre droite un petit sentier tout étroit qui nous Le col enfin est atteint et la descente commence. paraît devoir abréger la route. Lamentable erreur Ce joli petit sentier, sous bois, remontant le torrent, D'immenses étendues de neige, qui nous barrent c'est-à-dire l'Isère, nous mène droit au Fornet, où on la route, sont très difficiles à traverser; trop amollie nous apprend que Val-d'Isère est plus bas encore, par le soleil de la journée, la nappe blanche n'offre à près de 3 kilomètres de là. plus une résistance suffisante, et on enfonce jusqu'aux Trois kilomètres, ce n'est certainement pas genoux. C'est très dur de tirer de là une malheureuse jambe en détresse, surtout quand l'autre s'empresse de énorme mais lorsque; pendant six heures, on a grimpé suivre l'exemple. et redescendu, et qu'au bout du chemin parcouru on espère trouver le gîte, c'est assurément une vive contraBientôt le plus sptendide tableau que l'on puisse riété que de se voir obligé de marcher encore. rêver nous force à nous arrêter, tant il est captivant. Tout en bas, si bas qu'on distingue à peine, s'étend la Aussi le Fornet fut-il, ce soir-là, le théâtre d'une délicieuse vallée de l'Isère. La rivière, qui n'est encore discussion mouvementée, chacun rejetant la faute sur


son voisin, chacun reprochant à autrui d'avoir voulu prendre le joli petit sentier et remonter l'Isère, au lieu de suivre le chemin muletier. Tout le monde parle, gesticule, récrimine, au grand ébahissement de la population, qui nous regarde. En voyant ces regards étonnés, nous reprenons conscience de notre dignité, et nous nous remettons philosophiquement à redescendre par la route, cette fois, de l'autre côté du torrent, ce que nous avons monté tout à l'heure en suivant le joli petit sentier sous bois. Peu à peu, l'orage des discussions se calme, et c'est au beau fixe que nous atteignons Val-d'Isère, c'est-à-dire le diner et le coucher. (A suivre.) J. DAIGRET.

L'Expédition Anglaise à t'!ie de Socotora r\Eux expéditions, l'une anglaise, l'autre autrichienne. ont eu lieu récemment à Socotora, cette île encore

peu connue qui s'élève au large du cap Guardafui et qui forme, avec les îlots voisins d'Abd-el-Kouri et de Sehma, un petit monde à part, un pays de transition entre l'Afrique et l'Arabie. Nous avons parlé, dans un précédent numéro, de la mission autrichienne et des travaux qu'elle avait accomplis; voici quelques détails sur la mission anglaise' Cette expédition, organisée par le Musée Britannique et le Musée de Liverpool, et subventionnée par d'autres sociétés, était dirigée par MM. le docteur Forbes et Ogilvie Grant. Partie de Londres le 28 octobre 1898, à bord du Monara, elle dut séjourner quelque temps à Aden, à cause des difficultés survenues entre le gouvernement de l'Inde et le sultan de Socotora, et ne put s'embarquer pour l'ile que )e t" décembre, à bord de l'.ËT/oMc. Elle s'arrêta quelques jours à Abd-el-Kouri, îlot qui n'avait pas encore été exploré scientifiquement. C'est une terre dénudée ses formations calcaires, à la fois crétacées et tertiaires, ont disparu, sauf sur un ou deux sommets les cônes volcaniques sont nombreux, se dressant sur le sol en forme de petits mamelons; le point culminant a métrés. La flore de l'île se distingue de celle de Socotora par l'absence de certaines plantes. Les quelques habitants d'Abd-el-Kouri sont très pauvres ils vivent dans de misérables cabanes, en partie des produits de la pêche des poissons ou des perles. A Socotora même, les membres de l'expédition

débarquèrent près de Hadibou et campèrent sur les bords du Hanefou, dans la plaine au sud de Tamarida, la capitale de l'île. Puis ayant séjourné dans une valtée où plusieurs d'entre eux furent saisis par des fièvres malignes, ils explorèrent la chaîne principale de l'île, f. Voir A Travers le fVoM~e, n° du 8 juillet t8gr)

page 2)2.

le Djebel Haggiar. Ce nom, qui signifie les « roches btanches », lui vient du lichen blanc qui couvre les cimes, et présente un contraste frappant avec la roche rouge et nue des pentes inférieures. Les montagnes

sont parcourues par de nombreux troupeaux d'ânes sauvages, d'un gris ardoise, qui ressemblent à l'onagre et qui formeraient peut-être une nouvelle espèce; peutêtre aussi seraient-ce des ânes domestiques redevenus sauvages. On trouve en abondance dans la montagne t'arbreappeté«sang-de-dragon~,desarbustesde myrrhe et d'encens, des euphorbes aux formes de candélabres, etc. De longues rangées de pierres, alignées dans la brousse, sont attribuées par les habitants actuels à une ancienne population qu ils nomment tes A~M. Le 15 janvier, l'expédition, traversant la plaine de Garria, à l'est du Dj'.bet Haggiar, campait à 510 mètres d'altitude, sur le plateau de Homhil, dans un amphithéâtre dont les parois de calcaire, probablement de même formation que celles du Sinaï, ont près de ~00 mètres de hauteur. Le plateau où ces roches s'élèvent est séparé des monts de Haggiar par une vaste plaine. D'Homhil, les voyageurs firent l'ascension de l'Adho Dimelus, qui s'étévc à t 200 mètres, au centre du massif de Haggiar. Toute cette région est recouverte d'une végétation magnifique. On trouve, dispersés dans des prairies que parcourt le petit bétail de t'ite, les ruines de maisons carrées, constructions cyclopéennes semblables à celles du Mashonaland, des remparts de pierre, des greniers à blé, toutes œuvres d'une population antérieure dont les habitants actuels n'ont aucune connaissance. L'expédition ne trouva pas le temps j'exp)orer la partie occidentale de l'ile. Elle dut s'embarquer le 2t février )8f)() à Hadibou, et le 26 elle était de retour à Aden. Elle avait été rencontrée à l'Adho Dimelus par l'expédition autrichienne de M. Müller. Les savants autrichiens, nous l'avons dit déjà, ont surtout étudié la langue des habitants. Le dialecte de Socotora est proche parent de celui qui est en usage dans le suitanat de Mahra, sur la côte arabe. Ce ne sont pas des dialectes arabes, au sens propre du mot, mais des langues issues de l'ancien sabéen, et qui sont dans le même rapport avec la langue des inscriptions sabéennes que le copte avec celle des hiéroglyphes. Les relations entre l'île et la côte du Mahra sont d'ailleurs restées actives, et c'est une même dynastie qui règne aujourd'hui à Kichin et à Tamarida. Mais la langue de t'ite est restée plus pure que le mahran, mêlé d'étémentsarabes, et aujourd'hui leshabitants des deux pays ne se comprennent plus. Ces deux langues offrent encore un autre intérêt elles forment le rameau le plus méridional des tangues sémitiques. Elles sont donc dignes d'éveiller l'attention et la curiosité. Le fait que deux expéditions ont été dirigées presque en même temps sur Socotora a donné à croire que certaines puissances avaient des vues sur la propriété de cette île. Nous ne faisons que relater ce bruit, dont nous ne pouvons contrôler l'exactitude. Par ce temps d'acquisitions de territoires lointains, tout est possible.


Le Ballon

d'Andrée

Son itinéraire hypothétique Nos

lecteurs savent qu'Andrée avait imaginé deux moyens pour correspondre avec le reste du monde et pour indiquer la voie parcourue et tes étapes successivesde l'aérostat les pigeons voyageurs et les bouées

flottantes. II

avait emporté 32 pigeons voyageurs; chacun

d'eux portait sur les plumes des ailes et de la queue les marques suivantes imprimées au timbre

humide « Andrée », et à côté holm ». Ces pigeons appartenaient à un colombier des

Lofoden, où le pasteur Andersen les avait élevés à

l'intention d'Andrée. Tout permettait de croire que ces animaux reviendraient, apportant des nouvelles des aéronautes au

«

Aftonbladet Stock-

let 1897, les autres du 13 juillet 1897, c'est-à-dire du jour même et du surlendemain de l'ascension, nous ne sommes malheureusement pas très avancés sur le sort présent des hardis aéronautes. Mais on peut former quelques hypothèses sur la route suivie par le ballon. Voici, par exemple, ce qu'indique un journal allemand. Parti le juillet 1807 de l'île des Danois, le ballon d'Andrée était poussé rapidement au Nord par un vent assez violent. Or, la bouée flottante pêchée, le t4 mai dernier, sur la côte nord de l'Islande et datée de ce même jour-là, contenait le billet que voici juillet t8o/ du ballon « Bouée n°y. jetée le Andrée, à )o h. min. du soir, temps moyen de Greenwich, sous le 82e degré de latitude nord et le 25° degré de longitude ouest. Nous planons àune hauteur de 600 métrés. Tout va bien. Andrée. » Le lieu où cette bouée fut jetée se trouve marqué sur notre carte tout près de la côte est du Groenland, sur la grande ligne en spirale qui marquerait l'itinéraire du ballon. Ainsi, le jour même de son départ, Andrée s'était considérablement écarté de la direction Sud-Nordoù il avait d'abord

i

t

été poussé. Le 15

pigeon tué le

juillet 1897, paries ma-

rins du steamer Alken,avait été lancé te 13 juillet et portait ce message

fur et à mesure que ceux-ci les mettraient en liberté, car la création du co)ombier « juillet, midi 3o remontait presque à deux min. 82° 3' latitude Nord, t'5''5' longitude Est. Bonne ans au moment du départ du ballon. marche vers l'Est, to° Sud. Cependant Andrée, Tout va bien à bord. C'est dans la crainte que ces pimon troisième pigeon tancé. Andrée. » geons ne pussent franchir fr)\É))A![!ËSI'PPOSÉDI:f.'EXi-h.ntrtO~AN[)RÉE. les 3 50o kilomètres qui Qu'en conclure, dit séparaient le pôle de leur colomb:er, avait emporté un journal allemand, sinon que )e ballon a été saisi par bouées flottantes 13 tourbillon ou porte-nouvelles. Ces bouées, qui lui un a fait décrire un grand cercle composées chacune d'une sphère de liège de vingt cenautour du centre des basses pressions et qui, après timètres de diamètre, avaient été enduites d'une épaisse l'avoir fait dériver à l'Ouest, puis au Sud, l'a ramené couche de peinture, partie bleue, partie jaune, et protéà l'Est dans une direction parallèle à celle du cercle gées par un filet en gros fil de cuivre qui les entourait. polaire, sous le 82e de latitude? Le lieu d'où Andrée a A la partie inférieure, on avait placé un cône rempli tancé le pigeon, et que notre carte marque au nord du de plomb lestant la bouée et lui donnant la forme d'une Spitzberg, montre que du au )~ juillet le ballon toupie. avait sensiblement ralenti sa marche, mais qu'il se A la partie supérieure, un bouchon de cuivre dirigeait droit sur la terre François-Joseph, où il a portait la marque « expédition polaire d'Andrée et peut-être abordé. un numéro d'ordre. Ce bouchon renfermait t'orince Comme la bouée porte le n° y, il faut croire d'une cavité pratiquée dans le liège, dans laquelle se qu'Andrée en a lancé un assez grand nombre dans les trouvait un tube destiné à recevoir les dépêches des parages du Groenland, c'est-à-dire dans lecourant qui, explorateurs. Chacune de ces bouées était surmontée longeant la côte est de cette grande ile, se dirige au d'un ressort de cuivre en spirale, supportant un petit Sud vers l'Islande. C'est donc sur les côtes de cette pavillon suédois en métal mince. dernière qu'on aurait des chances de repêcher d'autres Douze de ces bouées devaient être jetées sur le bouées antérieures ou postérieures à celles que nous parcours de t'aérostat la treizième, plus grosse que les connaissons. premières, était destinée au point de la route la plus Une objection s'impose, cependant si violent proche du pôle qu'atteindrait le ballon. que fût lecourant d'air qui a poussé le ballon, il est à Or, jusqu'ici on n'a encore eu que deux fois des peine croyable qu'il lui ait fait parcourir en moins de nouvelles du ballon d'Andrée une fois par un pigeon, t heures une distance de 500 lieues. Peut-être, au fois bouée flottante. autre une par une lieu de 25 degrés de longitude Est, devrait-on lire, sur Comme ces nouvelles datent, les unes du t ijuille bulletin contenudansla bouée,25 degrés de longitude

i


cas, le ballon se serait trouvé, le soir du premier jour, sur la route du pôle, directement au nord du Spitzberg, et non loin du lieu où, il planait le 13 juillet? « Cette conjecture parait plus vraisemblable que Ouest. Dans ce

la première.? »

Telles sont les hypothèses formées par le journal allemand. Nous laissons à de plus experts le soin de les discuter disons cependant que la croyance générale est que les aéronautes ont été poussés vers le Groenland. C'est l'idée de Nansen, et aussi celle du professeur suédois Nathorst, qui déjà, l'an passé, était allé à la recherche d'Andrée. Ce dernier est, en effet, reparti le 20 mai dernier de Stockholm, à bord du vapeur l'Antarctic, pour la côte orientale du Groenland, comptant bien y retrouver les passagers de l'Ornen.

La Mission du Colonel Macdonald entre le lac Rodolphe et le Nil. ~.ETTEmission a toujours eu un caractère mystérieux. Jamais le gouvernement anglais n'a fait connaître les instructions originelles données au colonel Macdonald. En sorte que l'on ne saura jamais jusqu'à quel point ses plans ont été contrecarrés par le soulèvement de sa troupe soudanaise dans l'Ouganda. Au dire de quelques personnes paraissant bien informées, la mission Macdonald n'avait pas d'autre objectif que de

devancer l'expédition Marchand à Fachoda. Si cela était, le colonel anglais aurait donc fort mal réussi mais officiellement on se plaît, en Angleterre, à proclamer qu'il a remporté un plein succès. Dans la séance du 20 juin de la Royal Geographical Society, à Londres, lecolonel Macdonaldaraconté cette expédition avec force détails. Parti d'Angleterre en juin 1897, il débarquait à Mombaz et, en septembre, était rendu à Ngan Nyuki. La révolte des Soudanais, dans l'Ouganda; força l'explorateurà prêter ses hommes aux troupes anglaises et le détourna pendant o mois du but de son voyage. Ce n'est qu'en i8c)S qu'il put réorganiser son expédition, après avoir sauvé peut-être, par son concours, la domination anglaise dans ces régions. Ses 400 hommes avaient pris part à 24 combats,où 73 d'entre eux succombèrent. Quittant Munica fin juin avec les 32~ hommes qui lui restaient, il se dirigea sur Save, à l'ouest du mont Elgon. Là, il divisa son escorte en 3 colonnes, l'une commandée par lui, la seconde par le major Austin, la troisième par le lieutenant Hanburg-Tracy son voyage d'exploration proprement dit necommençaitqu'àpartir de ce moment-là. Il eut d'abord un moment d'alerte, à la nouvelle qu'une forte bande de Soudanais avait fait son apparition dans les régions qu'il allait parcourir. Mais après s'être assuré de leurs intentions pacifiques, il entra sur les terres des Karamodjo, qu'il nous dépeint comme des

hommes d'une grande stature et magnifiquement bâtis. On les disait d'humeur belliqueuse, mais il les trouva très bien disposés pour les Européens et d'une plus grande probité qu'aucune autre tribu africaine. Le colonel songea donc à installer dans ces régions, à Gule, un avant poste dont il confia le commandement au capitaine Kirkpatrick, en lui donnant 70 hommes; puis il partit vers le Nord-Ouest pour explorer le pays jusqu'à Latuka. A quelque temps de là, le capitaine Kirkpatrick alla faire avec 7 de ses hommes et des indigènes amis l'ascension d'une montagne. Pendant un arrêt dans un défttë, les Nakewaï attaquèrent la petite troupe, et avant qu'un seul coup de fusil fût tiré ils poignardèrent le capitaine et 5 de ses hommes. Le colonel dut revenir au secours du reste de la troupe menacée par les Nakewaï. Pour en venir à bout il fallut livrer de véritables batailles où les Anglais n'eurent pas facilement le dessus. L'explorateur, faute de vivres, ne put pas pousser plus loin que Lado et retourna sur ses pas. Son expédition n'en a pas moins rempli une lacune importante sur la carte tout l'espace compris entre le lac Rodolphe et le Nil, et surtout le système fluvial de ces régions, étaient fort mal connus; il en a fixé la carto.graphie. 11 a exploré surtout le haut plateau de Man (ou Naudi) et une vaste dépression au nord du mont Elgon, toute criblée de lacs, ainsi que tout un ensemble de montagnes qui se dirigent en général vers te NordOuest, comme les collines Nakewai, Labor-Agoro, le Nangiya-Kuron-Logire, la chaîne du Latuka, celle de Morengole-Harogo. Le plateau des Karamodjo, dans sa partie occidentale, lui parut bien arrosé. L'explorateur a relevé çà et là des indices certains de la présence du fer et de l'or. Les éléphants et autre gibier sont abondants sur ce plateau. Enfin, des études ethnographiques lui ont permis de supposer la parenté naturelle des Bantes, Negro, Hamites, et autres tribus habitant ces contrées. 11 a du moins, dans ce champ d'explorations comme dans celui de la géologie, posé d'importantsjalons que d'autres explorateursprendront comme points de repère. Le major Macdonald a été fort applaudi par la docte assemblée devant laquelle il a raconte son

voyage.

1

.`.

^`

L'Arsenal maritime de Fou-Tchéou bruit a couru que les Anglais s'efforcent de supLE L planter les ingénieurs français dans l'arsenal maritime de Fou-Tchéou. On sait que cet arsenal, construit par un officier de marine français, M. P. Giquel, fut détruit par l'escadre de l'amiral Courbet, le l'état où la 23 août 1884. Laissé longtemps dans canonnade l'avait mis, il a été réédifié il y a deux ans, et ce furent encore desFrançais qui reçurent la mission de le mettre en état de produire.


Le directeur actuel de l'arsenal est M. Doyère, ingénieur de la marine, qui est assisté d'un état-major

provenant des arsenaux de Brest, Lorient, etc. Maintenant qu'elle s'est fait attribuer comme

sphéred'induence toute la vaHéeduYang-Tsé-Kiang,ilse peut que l'Angleterre se trouve gênée par la présence de ces industrieux Français. Mais il est probable aussi que la France ne se laissera pas évincer. « Nous croyons

savoir,dit /f~tWt< TpMh'K~que lord Charles Beresford a vivement insisté auprès du gouvernementde Pékin pourque l'arsenal de Fou-Tchéou fût retiré aux Français

et remis aux Anglais. Voici le plan concerté avec sir Claude Macdonald une enquête serait demandée par l'impératrice sur la nouvelle gestion française à l'arsenal. Un rapport défavorable serait adressé. L'arsenal serait remis alors, momentanément, entre les mains d'ingénieurs chinois, puis définitivement aux Anglais, qui s'engageraient à construire pour le gouvernement chinois toute une flotte. » Il est nécessaire de savoir ce que la France a exécuté à Fou-Tchéou, depuis 1897. Un atelier de fonderie où l'on fond des pièces de 20000 kilogrammes a été installé en même temps qu'une usine à fer, des forges, un atelier de menuiserie. Un train à cornières, des machines à river, d'immenses ateliers à machines-outils, un atelier de zinguage, une usine d'éclairage électrique et de transmission de force motrice complètent l'arsenal, qui occupe i 600 ouvriers. Ajoutons une école de maistrance pour former des apprentis. D'après les programmes officiels, on doit prochainement entreprendre la confection de 34 bâtiments, jaugeant 32 ooo tonneaux et mus par une force totale de 87 ooo chevaux. Les docks ont été aménagés de manière à recevoir des navires de oo mètres de long et 3 ooo tonnes, de sorte que la Chine peut maintenantfaire passer tous ses bâtiments dans un dock à elle. Comme on le voit, le plus gros du labeur est fait. Cette œuvre a donné un très grand prestige au nom français dans ces parages, où se trouvent les riches mines du Fou-Kien et où bien des intérêts commerciaux français sont engagés. M.

Les

DE MATHUISIEULX.

Troupes indigènes dans l'Est Africain Allemand

LES Allemands sont préoccupés, à juste titre, des mesures que prend l'Angleterre pour empêcher que les Soudanais ne s'enrôlent désormais dans les troupes de l'Est Africain Allemand. Jusqu'ici, ces indigènes leur ont servi d'admirables instruments de conquête et de domination, car le Soudanais est un excellent soldat, soumis, discipliné, endurant, brave, surtout si l'on a soin de l'éloigner des contrées natales; au milieu des

Africains de l'Est Africain, il sert de stimulant et de point d'appui aux autres indigènes qui, à leurs côtés, rivalisent de bravoure et de discipline. C'est grâce aux Soudanais que Wissmann a pu réprimer le soulèvement des noirs de la côte orientale, en 1880. C'est grâce à eux également qu'une étendue de territoire deux fois plus vaste que l'empire allemand, et peuplée de 4 à 6 millions de noirs, a été conquise par une armée de < ooo hommes. Plein de mépris pour des indigènes qui ne parlent pas sa langue et n'ont ni ses mœurs ni sa religion, le Soudanais est un instrument docile dans la main des chefs. Il ne sympathise même pas avec l'Arabe, dont le mahométisme est d'un autre rite. Aussi les désertions sont-ellesfort rares chez les Soudanais, ainsi que les cas de désobéissance, tandis que les Zoulous et autres soldats indigènes n'offrent aucune sécurité sous ce double rapport. Maintenant que l'Angleterre ferme aux recruteurs étrangers le réservoir d'hommes du Soudan, les Allemands voient leurs troupes indigènes menacées de perdre leurs qualités d'entraînement et de discipline. Ils songent à faire, des vétérans soudanais qui s'y trouvent encore, des sous-officiers et des instructeurs, et à fonder des écoles militaires où des noirs, choisis avec soin et offrant toutes les garanties physiques et morales, seraient élevés et entraînés, dès leur enfance, au métier de soldat. Mais ces mesures ne suffisent pas à dissiper l'embarras et l'inquiétude qu'ils éprouvent, car il y va peut-être de l'avenir de leur empire africain.

Eugène Aubin.

Les ~)t~/aM aux Indes et en Egypte.

f vol. in-t8 jésus. Armand Colin et de Mézières, Paris. Broché 3 fr. 5o

C'

éditeurs, 5, rue

CE livre a pour auteur un Français d'Egypte

qui a longy a suivi de près les affaires

temps vécu au Caire égyptiennes et y a vu, par conséquent, le développement de l'influence anglaise. M. Eugène Aubin a, en effet, été en contact avec tout ce groupe d'agents anglais qui, réunis sous la direction de lord Cromer, ont su réaliser l'absorption du gouvernement khédivial au profit de l'Angleterre. Témoin de la méthode qu'une longue expérience a enseignée aux coloniaux anglais pour la conquête, la pénétration et la domination des races indigènes, notamment en pays musulman, l'auteur a voulu exposer cette méthode. Il l'a fait avec clarté et précision. H a montré d'abord comment cette méthode s'est formée et développée aux Indes, et ensuite comment les Anglo-Egyptiens l'ont appliquée à la vallée du Nil. Puis il a dressé le bilan de la situation actuelle de l'Egypte. Chemin faisant, il s'est attaché à définir le rôle de la France depuis seize ans et les nécessités que lui a imposées et lui imposera chaque jour davantage le soin de ses intérêts en Orient. C'est un livre consciencieux et intéressant qu'il y a agrément et profit à lire.

Frédéric Le Play.

Voyages en Europe (1829-1854). Extraits de sa correspondance, publiés par Albert Le Play. Paris, Plon et Nourrit, tSoo. Prix 3 fr. So.

PaulSébillot.–

Légendes locales de la Haute-Bretagne. Nantes, Société des Bibliophiles bretons.

L. Laforest.

Nos Forêts Paillart. 78 gravures. Prix

et leurs i

fr.~S.

M/M.

Abbeville,


LE GLOBE

Genève

Contribution à l'Ethnographie du Valais

M. Eugène Pitard, professeur à l'université de Genève, étudie dans cet article les origines extrêmement complexes du petit peuple qui habite la vallée suisse du Rhône et les vallées latérales. Il combat à ce propos les légendes qui sont encore adoptées même par les savants, et qui prétendent que telle de ces vallées latérales serait peuplée exclu sivement par des descendants des Huns, telle autre par ceux des Sarrasins, ou des Burgondes, ou des Allémans. Tous ces éléments ethniques sont représentés en Valais, il est vrai mais ils se sont amalgamésd'une manière infiniment plus complexe, et il est rare qu'on les retrouve à l'état pur, même dans un village isolé. En tout cas, peu de régions en Europe ont eu autant de heurts de races différentes l'histoire de ce coin de pays est extraordinairement mouvementée. Depuis les époques les plus reculées, alors que des populations dont on ne sait pas les noms habitaient la planète, jusqu'à nos jours, des couches humaines n'ont cessé de s'y superposer les unes aux autres. Les habitants de Savièze.ceuxd'Evolëne, ceux du val d'Illiers, etc., ne se ressemblent ni par les mœurs, ni par le costume, ni même parl'idiome.Ici, l'élément latin domine; là, l'élément sarrasin, hun ou burgonde. Mais la science aura encore fort à faire à démêler des origines aussi complexes. Elle y travaille du reste avec ardeur. Les linguistes étudient les dialectes si variés de toutes ces vallées, qui ne forment qu'un seul et même canton, mais où résonne l'écho assourdi de presque toutes les langues historiques et même préhistoriques les artistes distinguent plusieurs types d'architectures difîé rentes dans les chalets de bois semés sur ces montagnes; les anthropologues examinent et mesurent les crânes des populations, crânes brachycéphales en général, mais avec des alternatives fort curieuses de dolichocéphales. THE SCOTTISH

GBOG~P/~C/tL ~G.4Z/A~

Le Kamtchatka m

Edimbourg.

H. Barrett Hamilton, chargé d'une mission scientifique

de la part du gouvernement anglais, consacre un long article à ses impressions sur le Kamtchatka. Cette grande presqu'île à peine connue et dont les rivages septentrionaux, baignés par la mer de Bering, n'ont pas même été relevés cartographiquement, ménage les surprises les plus fécondes aux naturalistes et aux géographes. C'est, au point de vue géologique, une contrée toute 1 neuve; les agents météorologiques, ces terribles destructeurs des montagnes, n'ont pas eu le temps d'entamer d'une mar.ière appréciable la longue chaîne, riche en volcans actifs, des montagnes du Kamtchatka, qui n'est que le fragment extrême d'une immense chaîne, en partie immergée,dont les Kouriles, le Japon, les îles Liou Kiou, Formose, les Philippines, etc., seraient également des anneaux. Grâce à leur formation relativement récente, les montagnes du Kamtchatka ont une hardiesse de formes, une plénitude majestueuse de contours, une âpre et sauvage beauté, un aspect romantique, en un mot, qui fera tôt ou tard la joie des artistes. Ajoutons aussi la joie des chasseurs, car dans la partie médiane de la presqu'île tout au moins, du golfe de Kronotska au cap Ozerny, de vastes forêts giboyeuses revêtent le flanc des montagnes, où prospèrent les animaux à fourrure, ours blancs, renards, etc. Les bords des rivières sont animés par des milliers de volatiles. Enfin le renne est la providence des habitants. Ces habitants sont de sang mêlé. A l'origine les indigènes se divisaient en deux tribus ennemies, et très probablement de race différente les Tchouktchis et les Koriates, ces derniers plus remuants, plus énergiques, mais d'humeur mobile, un peu comme les anciens Gaulois; les premiers sont hospitaliers, sales et paresseux, représentant assez bien l'Européen à l'âge de la pierre. Ils ne se souviennent pas

d'avoir jamais vécu'dans une autre contrée, de sorte que s'ils ont immigré, c'est à une époque passablement reculée. Leurs traits et leur constitution physique les rattachert cependant à la race mongole. Leur religion n'est qu'un grossierfétichisme, entretenu par leurs cAamaHM ou sorciers. Mais la conquête russe, qui n'a fait qu'une bouchée de ces naturels inoffensifs et clairsemés, a si bien multiplié les alliances entre vainqueurs et vaincus,qu'il en est résuite une population bâtarde où le type russe et le type mongol se fondent comme ils peuvent, mais qui a conservé l'insouciance et lagaieté enfantine des anciens Tchoutkchis. Ceux-ci sont restés cependant à l'état presque pur dans les districts septentrionaux de la presqu'île. Du reste, l'ivrognerie, les mariages consanguins, la misère sont en train de faire disparaître rapidement la population indigène. A moins que le Kamtchatka ne devienne un nouveau Klondyke,sonavenir économiquene sera jamais très brillant, non seulement à cause du climat rigoureux, mais parce que les côtes sont abruptes et inhospitalières. Un seul port, celui de Petropavlovsk, permet aux navires d'aborder sans trop de danger. Le seul cours d'eau un peu considérable, ia rivière Kamtchatka, serait à la rigueur navigable si son embouchure n'était obstruée par une barre infranchissable. Les typhons qui viennent de la mer de Chine, les terribles vents du pôle balayent, été comme hiver et presque sans répit, la surface de la presqu'île. A peine la belle saison si courte –a-t-elle fondu les glaces et fait poindre un peu de verdure, que d'épais nuages de moustiques se précipitent sur tout ce quiavie, et les navires au large sont avertis par les cruelles piqûres dont souffre l'équipage de l'approche de la terre inhospitalière. Cependant, nous le répétons, elle ne manque pas d'intérêt, et pour la beauté de ses paysages et pour les ressources naturelles que les colons russes savent mettre à profit. Petropavlovsk est le centre du commerce des fourrures et son port présente une certaine activité. Il est rattaché à celui de Vladivostok par un service régulier de bateaux à vapeur; en outre, chaque année, des vaisseaux russes ou étrangers font escale dans la charmante baie d'Avacha, qui est l'avant-port de la capitale. Celle-ci n'est guère qu'un village, qui ne diffère des villages russes que par deux ou trois monuments intéressants celui de La Pérouse, qui y a fait escale en 178~, consiste en un simple blocdegranit où uneancre est enchaînée; une modeste colonne est consacrée au souvenir de Bering.

rE/in.OLUA'GEA'7)EHGESE~SC/~F'ff~!C/!DA't/~DE Berlin.

Voyage dans l'intérieur du Maroc docteur allemandS. Passarge a, au commencementde cette année, remonté le cours du Tensift, dont il a rectifié la cartographie, un peu trop livrée jusqu'ici à la fantaisie des géographes en chambre. Parti de Mogador, surl'Atlantique, il a franchi non sans danger les gorges étroites de Sidi At~h el Bochabia, que le fleuve a creusées dansl'Atlas marocain. L'absence de chemins, la nécessité d'escalader à chaque instant des rochers abrupts ou de franchir le fleuve dont lesnombreux zigzags coupaient sa route ne permettaient au voyageur de se servir ni de mulets, ni de bateaux. Par bonheur, à cette saison-là les eaux étaient assez basses pour être franchies à gué. Dans la saison des pluies, ce neuve, le plus long des cours d'eau marocains, roule une masse liquide telle que les communications avec l'intérieur du pays sont coupées de ce côté-là L'intérieur du Maroc, dans cette partie de l'Atlas,' semble un fragment d'autre planète, tant les habitants en sont arriérés et misérables. Dans une de ses journées de marche, le voyageur n'a rencontré qu'un ou deux chétifs douars auprès desquels un kraal de Cafres semblerait une résidence princière. Les indigènes, qui n'avaient jamais vu d'Européens, ouvraientde grands yeux, et avaient dela peine à croire que les chrétiens fussent des hommes

L


Excursion au col d'Iseran On

DjM C~~ Mf;OM~~)</f peut les a~M

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/'MCM)-$/OM, MO!

~'EST vraiment un joli endroit que le village de Val

d'Isère; il n'est pas comme iechatet du Club Alpin de Bonnevat, entouré de grands arbres, il a un caractère plus alpestre, et se trouve situé au milieu des val!ées de l'Isère et de

seu'es les générations ont remplacé les générations. Dés le matin, nous essayons de nous mettre en route, matgré la chaleur lourde, sufTocante, et des nuages bien menaçants. Nous voudrions aller au lac

d'EssiéreouFOulietta, où nous devrions trouver

Tignes. Autour du pays, sur la gauche du torrent, les

des plantes rares.

Or, pour les bota-

prairies naturelles ont fait place à quelques champs cultivés s'éten-

nistes, )a perspective de raretés à

récolter fait toujours espérer )e

dant presque jusqu'au pied de la

montagne,

qui,

ce côté,

est

de

beau

temps. Cependant,

en entendant les

premiers roulements du tonnerre, il nous

revêtue d'unee

sombre forêt de

sapins.

faut bien avouer qu'il y a de l'orage

Sur la droite

de l'Isère, au contraire, les hauteurs qui dominent l'hôtel sont

(Fin)

l'air; et à peine sommesnous sortis du

dans

pays, les nuages arides et déchiisolés qui avanD'~r~ photographie de M. y. D~t~rc~. quetées en aiguilçaient lentement les aux reflets rougeâtres. Quant au village, il paraît semblent tout à coup pris de vertige et se réunissent fort ancien. Une maison, entre autres, que nous en nuées au-dessus de nos têtes. La p'uie, le vent, le tonnerre nous font promptement rejoindre l'hôtel. voyons de l'autre côtédu pont qui relie l'hôtel au reste du pays, nous paraît de construction singulière, avec De là et bien à l'abri nous assistons à un beau spectacle. Le soici) darde encore ses rayons qui semblent du son toit en forme d'auvent, avançant de 2°'o à c'est une maison du x<v° siècle. Sur les cuivre fondu, sur les rochers, les neiges et les glaciers, 3 mètres antiques bancs de pierre qui ornent, à droite et à auxquels il prête des teintes étranges, pendant que du gauche, la porte d'entrée de la maison, une vieille côté opposésemblentse traîner péniblement, aux flancs de la montagne, d'énormes masses de vapeurs qui paysanne tricote paisiblement. Dans ce calme nous évoquons aisément l'époque si reculée où cette habitaarrivent de toutes parts. tion fut bâtie. Un violent coup de tonnerre est suivi aussitôt Depuis, rien n'a changé: les forêts abritent toud'une averse qui étend partout une teinte grise, vapojours la même flore le glacier brille toujours au reuse et uniforme, et nous prive de tout espoir de pro~o!eit t'tsére roule toujours ses eaux bouillonnantes menade pour aujourd'hui. VAL~'fSHRElVtEILLEMAtSOSnuxfV~StËCLE.


Bientôt nous partons, tramés par un mulet d'humeur

IIOTEL

ntonms.

D'a/T~ MMe /ô<o~rj/<e de ~7. Daigi-et.

L'heure du diner arrive pourtant, terminant ainsi la journée. Le soleil est revenu, et de l'orage d'hier il ne reste qu'une idéale fraîcheur; et partout brillent, comme des diamants, les gouttes d'eau encore suspendues au moindre brin d'herbe. C'est dimanche; aussi n= faut-il pas songer à consacrer la matinée à une petite excursion botanique: nous tenons à entendre la messe, à l'issue de laquelle nous allons assister à une curieuse procession celle des Pénitents blancs. Le service divin est, dans la montagne, particulièrement imposant. Ces montagnards, venus de tres lom quelquefois, ont dans leur maintien une dévotion qui commande le respect, et qui est souvent inconnue dans nos églises mondaines. Ils viennent, avec leur foi profonde, écouter la paro'e de leur pasteur, héros ignoré, vivant dans ces pays misérables, dans ce vittage isolé, fidèle quand même, aimant ses paroissiens et leur parlant comme à des amis parce qu'il les connaît tous. L'office terminé, tous les assistants, hommes et femmes, revêtent un surplis ou un voile blanc et, réunis en procession, bannière en tête, vont lentement autour des champs, à travers les prairies, portant ou suivant la châsse qui renferme les reliques. Alors une réflexion, peutêtre un peu profane, mais impossible à chasser, nous vient il nous semble, en voyant se dérouler cette longue théorie au milieu des montagnes, que Dieu doit voir d'un œil plus favorable les paysans chantant ses louanges, sous un beau ciel bleu, que la foule plus ou moins parée qui se presse dans l'intérieur même d'une

aimable et conduits par l'hôtelier lui-même, grand causeur devant l'Eternel. La route traverse des prairies arrosées par de petits ruisseaux d'une eau si claire qu'on voudrait avoir soif pour y goûter. Sur la gauche se trouvent d'anciennes constructions ayant appartenu à 'de vieilles familles nobles du pays. Puis nous pénétrons dans la gorge. La Via Mala, là-bas, presque dans )e Tyrol, n'est certes pas plus magnifique; mais qu'y faire? La Via Mala est loin, très loin, tandis qu'ici nous sommes chez nous, nous sommes en France, et comme nul n'est prophète en son pays, les Français sont rares qui viennent ici. Pourtant, jusqu'à Tignes, le chemin est une suite ininterrompue de magnifiques passages. Ce ne sont que rochers immenses surplombant la route, et cascades aux eaux écumnntes qui se précipitent de grandes hauteurs et tombent en pluie fine pour aller grossir l'Isère; le lit du torrent est si resserré par la gorge qu'il roule, parfois invisible, sous des blocs de rocs, ou forme d'effrayants rapides entre des murailles à pic. Bien entendu, nous faisons à pied cette partie de la descente, et nous ne rejoignons notre équipage qu'à Tignes. Nous remarquons, sur la droite, la superbe cascade du même nom, que l'heure avancée nous empêche d'aller admirer de près. Quand nous arrivons à l'igné?, c'e..t pour mettre « Aidcz-vo'js Ls uns les en pratique ce précepte autres ». Notre mulet est en panne au coin d'un pont. Un bon coup d'épaule jusqu'au haut du village, et nous recommençons la marche, fort agréable, du reste, sur cette belle route qui traverse une nouvelle gorge, non moins belle que la précédente. L'Isère, que nousavions déjà traversée, se retrouve encore, après un nouveau pont, sur notre gauche. C'est ici, surtout, qu'on pourrait se croire à la Via Mala. Le torrent roule violemment, à une profon-

égtisc.

tout cas, cette procession de Pénitents, avec les enfants de chœur en tète qui font tinter leurs clochettes, les En

bannières qui flottent, les ors des châsses qui brillent, a un superbe caractère. Après déjeuner il s'agit de partir. C'est dommage il ferait si bon de rester

encore un jour ici

Mais la raison nous commande de

ne pas faire davantage t'éco)e buissonnière, et nous disons adieu à Val d'Isère.

LA t'ROCESStO~ DES PÉStILSTS BLANCS.

Z/j/')'f.!

«Me

~o/o.~rj/~tc de

.M.

D~t'~r~.


partie de la montagne, à droite, s'est effondrée il y a quelques années, glissant dans la plaine, y ensevelissant, sous des flots de graviers et de roches, un village entier, dont il ne reste plus que le sommet de quelques cheminées, ccmme pour attester, à qui doute des forces aveugles de la montagne, qu'il y eut là un amas de maisons réduit à néant en l'espace de quelques

secondes. La

nuit vient, mais nous atteignons Séez, distant

kilomètres seulement de Bourg-Saint-Maurice, dont nous apercevons les lumières briller au fond

de quelques

de

la vallée.

Quelques instants après, nous faisons notre entrée à l'hôtel, brillamment éclairé à l'électricité. Que dire de la route qui, le lendemain, nous

conduit à Moutiers? Pas grand'chose. Une insupportable torpeur nous envahit. Après trois semaines dans le voisinage des neiges, la chaleur de la plaine devient une souffrance. Et que peuvent, d'ailleurs, admirer des gens qui viennent de traverser des paysages si grandioses? passées

deur prodigieuse parfois: d'immenses rochers inclinés sur la route, et sous lesquels nous passons, sont cou-

ronnés par des sapins qui se penchent au-dessus de l'abîme, comme attirés par le vide. L'autre rive est bordée, presque à pic, par une majestueuse forêt, si sombre qu'à .peine le jour y pénètre; au-dessus, superbe couronnement, le glacier immaculé du mont Pourri, dont les amas de glaces apparaissent parfois, à travers un brusque déchirement de la montagne, comme prêts à tomber sur la route. De jolies cascatelles se succèdent. Les unes coulent doucement en limpides ruisseaux, les autres descendent torrentueuses, sautant sur les rochers. Les cimes s'étagent en face, au fond de la vallée. Sur la droite, au bord de la route, la montagne est couverte de mélèzes dont la verdure, plus tendre et plus fraîche, tranche sur les aiguilles noires des pins là aussi, parmi les arbres, serpentent de jolis « ruisselets en longues traînées blanches. Aux Brévières, un assez gros village que nous trouvons sur notre chemin, nous voyons uue gentille scène champêtre et pittoresque de jeunes fiancés, suivis de leurs parents et amis et précédés d'un joueur d'accordéon, se promènent à travers les quelques champs du pays tous rient et chantent. Nous descendons toujours, nous rapprochant de la plaine. C'est dommage, et nous le regrettons presque. On était si bien dans cette paisible solitude, au milieu des hauts sommets Les bourgades se multiplient le versant de la montagne, à gauche, est parsemé de maisons isolées, et de pays, couronnés toujours par les glaces du Pourri des chapelles, toutes blanches, brillent au soleil qui leur donne encore ses derniers rayons avant de disparaître derrière les cimes. Nous passons la Thuile, puis Sainte-Foy. M.' is, décidément, nous descendons terriblement pl- de prairies, plus de forêts mais des luzernes eL des pommes de terre. 0 tapis d'Edelweiss, que vous êtes loin Un air brûlant, malgré l'heure tardive, nous donne un avant-goût de la température dont nous jouirons demain. Nous arrivons à une immense plaine où l'Isère se divise en une multitude de bras. C'est là que s'est passée une terrible catastrophe, à laquelle notre conducteur nous dit avoir assisté. Toute une

Une grande voiture, un grand break attelé de

deux beaux chevaux vigoureux, conduits magistralement par un automédon grand genre, passe devant nous Tous ceux, hommes et femmes, qui l'emplissent ont l'air guindé. Cette vision nous ramènerait à la réalité, s'il en était besoin et nous prouverait que nous sommes revenus au milieu de la civilisation. Aussi, le seul espoir qui reste est-il de réintégrer, sous peu, le « home et de se retrouver, l'année prochaine encore, auprès des neiges, dans )e calme bienfaisant des hautes altitudes, là où tout s'oublie, tes tourments et les inquiétudes, dans la paisible contem plation de la montagne. J. DAIGRET.

Comment le Capitaine Cazemajou et ses hommes furent massacrés. PARMI les différentes versions du massacre de l'expédition Cazemajou, à Zinder dans le Bornou, celle que publie le correspondant de Liverpool du Daily C~OM!'c/e est à citer par son caractère de vraisemblance. Le capitaine Cazemajou, dit-il,

était en route

pour le lac Tchad, afin de traiter avec Rabah, le conquérant du Bornou, disent les uns; pour donner la la main à la mission Gentil, prétendent les autres. Quoi qu'il en soit, arrivé à Zinder, la « jjorte du Soudan », il se vit très bien accueilli par l'émir résidant dans cette ville. Cazemajou avait avec lui un interprète arabe, i Foulani-Sénégalais, 2 sergents et 3! tirailleurs sénégalais. Mais l'amabilité de l'émir n'était qu'apparente, et le massacre des étrangers fut décidé dans un conseil, non sans hésitation d'ailleurs, car une imposante


minorité s'y prononça en faveur des Français. II fallut même que l'émir manifestât son opinion personnelle pour faire pencher la balance dans le sens contraire. On creusa au milieu d'une hutte un puits très profond qu'on recouvrit de roseaux pour en dissimuler l'ouverture. L'émir et ses hommes se rangèrent au fond de la hutte, derrière le puits; on envoya un message aux Français pour leur demander un palabre ils étaient campés au nord de la ville, en dehors de son enceinte. Cazemajou, sans se douter de rien, se rendit à la hutte avec son interprète, 10 soldats et t sergent. Les soldats furent priés de demeurer dehors, dans une sorte de cour, pendant que le capitaine et son interprète entraient seuls. A peine avaient-ils mis le pied dans l'intérieur qu'ils tombaient dans la trappe. Un indigène de Zinder, témoin de cette scène et qui la raconta aux autorités britanniques du Haut-Niger, affirme que les victimes furent aussitôt couvertes de masses de terre jetées dans la fosse, autrement dit, qu'elles auraient été enterrées vivantes. Les soldats qui campaient dans la cour se voyaient en même temps assaillis de toutes parts. 3 d'entre eux purent s'échapper et porter l'alarme au campement; les 6 autres, ainsi que le sergent, furent traînés vers la porte principale de la ville, où on leur trancha la tête. Presque aussitôt, le campement fut attaqué à son tour par une multitude d'indigènes, mais la poignée de braves qui y restait se défendit avec tant de vaillance, pendant toute une journée, qu'elle repoussa ces milliers de nègres et put, la nuit venue, atteindre Carimama, sur le Niger les 20 survivants de cette petite troupe étaient tous plus ou moins grièvement blessés. Les Anglais de la Nigeria applaudirent à l'héroïsme des Français. Les capitaines Voulet et Chanoine, suivis de 400 soldats, sont en route, en ce moment (~t juin), pour aller châtier les assassins de leurs

compatriotes.

On croit que l'émir de Zinder a massacré ses hôtes parce qu'il leur supposait le dessein d'aller traiter avec Rabah, son suzerain, auquel il refuse, depuis 1803, tribut et obéissance.

Usages de Pâques

dans la province de Brandebourg LES habitants de la province de Brandebourg conserencore, au moment de Pâques, dans certains villages les vieux usages de leurs pères. Tous les dimanches soir, les fillettes se réunissent sur la place auprès de l'église et chantent des hymnes religieux ayant trait à la Passion du Christ. L'enfant possédant -la voix la plus belle entonne la mélodie.

vent

Dans la nuit qui précède Pâques, toutes ensemble,

les jeunes filles parcourent les routes du village et

s'arrêtent devant chaque maison pour chanter une strophe d'un hymne religieux. Quand les étoiles commencent à pâlir, les fillettes courent à la maison prendre un vase avec lequel, dès l'aube, elles présenteront l'eau pascale, préservatrice des maladies. Tout bruit doit, pendant la cérémonie, être soigneusement évité, sans quoi l'eau précieuse perdrait de sa puissance. Les enfants sont, ce jour-là, complètement habillés de neuf. Le jour suivant, ils sont conduits chez leur parrain pour y recevoir le cadeau pascal, qui est parfois assez riche les œufs artificiels de chocolat et de sucre, et les œufs de poule grossièrement peints de plusieurs couleurs sont, comme chez nous, offerts aux enfants.

Où disparaissent les cadavres des animaux mourir? et où se cachent-ils? A cette question, les chasseurs les plus expérimentés sont embarr"ssés de répondre. Il est extrêmement rare qu'ils rencontrent sur leur chemin le cadavre d'un animal mort d'une mort naturelle. Ainsi, dans une contrée aussi giboyeuse que l'Inde, le chasseur d'éléphants Sanderson, qui a parcouru dans tous les sens la vaste presqu'ile, n'a jamais découvert d'éléphant mort, sinon à la suite d'une épidémie générale. Ce fait est si remarquable, que certains indigènes de l'Inde sont fermement persuadés que les éléphants ne meurent jamais de mort natu relle. L'éléphant atteint l'âge de i~oans, il est vrai

Les animaux

se cachent-ils pour

mais enfin, il meurt une fois pourquoi son cadavre échappe-t-il à toutes les recherches? Beaucoup d'autres animaux enveloppent leur fin d'un mystère impénétrable rats, écureuils, lynx, belettes, etc. les oiseaux surtout, semblent se cacher pour mourir. A part ceux qui tombent dans un violent orage ou sont atteints par le froid, ils dérobent jalousement leur cadavre. Les tigres, les bisons, les lions, etc., quand ils ne sont la proie ni du chasseur ni d'une épidémie, meurent également dans des retraites qu'on n'a point découvertes. Jamais les forêts vierges que l'homme a percées, les fourrés les plus épais, les jungles les plus reculées, n'ont livré à l'explorateur le mot de l'énigme nulle part il n'a vu trace de cadavres ni d'ossements. En Afrique, même mystère: antilopes, lions, girafes, zèbres, éléphants y foisonnent; et pas un cadavre! En Australie, kangourous et autres marsupiaux meurent aussi à l'écart, on ne sait pas où. A Ceylan, même phénomène. Les indigènes de cette île racontent que les animaux qui sentent la mort venir se retirent sur les hauteurs du pic d'Adam, dans' une vallée mystérieuse, où ils expirent au bord d'un lac. Mais personne n'a jamais découvert ni ce lac, ni cette vallée.


celui de la France est le plus petit, et de beaucoup!

Notre Marine marchande ï 'EMPtREdes mers estl'objet desplushautesambitions. Les peuples qui savent le conquérir grandissent

dans des proportions inouïes, témoin l'Angleterre et l'Allemagne, pour ne citer que des exemples choisis dans le temps présent. La France, malheureusement, ne tient pas sur l'océan t a place que

Tandis que toutes L's marines augmentaientleur effectif dans de belles proportions (les Danois, les Norvégiens doublaient la leur, les Japonais la triplaient, les Allemands l'accroissaient de moitié, etc.), la nôtre croissait, hé)as du chiffre insignifiant, presque ridicule, de t66o2 tonneaux. Mais, i) y a plus. Si, au lieu de considérer la période )88$-t8()7, on remontait d'une année en arrière, c'est à-dire que l'on envisageât la période t888-!8~y, il n'y aurait plus d'augmentation du tout, mais une perte de 8 ooo tonneaux, que représente l'encoche faite dans l'angle droit du cube de 1898, lequelreprésente $0980) tonneaux.

Autre remarque intéres-

devrait tenir un pays baigné par

trois mers et dont le domaine colonial est considérable. Sa marine marchande, c'està-dire l'arme qui peut lui permettre de soutenir une

sante

sur les 47 )

navires à vapeur qui sont inscrits à notre effectif, 300 sont affectés au

cabotage, c'est-àdire à la navigation des côtes, et !y[ seulement au

luttecommerciale, sa marine mar-

long cours.

En outre, sur ces 17;1

chande, disonsnous, est dans un

vapeurs

état alarmant de

31

ont

plus de vingt ans

dàge, c'est-à-dire

décadence.

qu'ils sont d'une valeur intrinsèque fort réduite.

C'est le devoir de tous ceux quii connaissent cette situation que

Nos rivaux, au contraire, posde la signaler au t:F)'t!CTn' ET TONNAGE fi:S FLOTTES A VAt'ËUR EN 1889 ~r EN 18~7. sèdent moins de pays, tout en escaboteurs et plus de bâtiments de haute mer, ils ont sayant d'apporter le remède au mal. Que! est l'effectit de notre flotte marchande? C'est le premier point que une flotte plus jeune que la nôtre et, de ce chef encore, ils nous dépassent et nous écrasent de leur supériorité. nous voudrions examiner, car c'est celui qui révèle le mieux, ou du moins de la façon la plus frappante, Telle est la véritéqu'itfaHaittoutd'abordmettre l'indigence de notre expansion commerciale. en évidence avant d'étudier plus à fond la crise de II faut considérer séparément les vapeurs et les notre marine marchande. voiliers, car ce sont des unités de grandeurs très diffé-

rentes. Les graphiques que nous donnons ci-dessus, et qui sont empruntés à un travail fort intéressant de M. Gabriel Fermé, sont relatifs aux vapeurs seulement et aux vapeurs d'une jauge de toc tonneaux au minic'est, en effet, à ce tonnage qu'on peut limiter mum celui du navire marchand au-dessous les vapeurs sont des remorqueurs, des navires de port, etc. Ces graphiques expriment, par des cubes proportionnels, les accroissements des principales marines du monde de )88a à t8py les cubes inférieurs représentent les tonnages en )88g, et les cubes supérieurs les tonnages dont se sont accrues les marines dans cet espace de neuf ans. Or, nous voyons que de tous les cubes supérieurs

L'Avenir du Soudan égyptien. Une appréciation peu favorable. vient de publier à Londres, comme document parlementaire, le rapport adressé à lord Cramer d'État aux par sir William Garstin, sous-secrétaire travaux publics, à son retour d'un voyage d'inspection

ON


sur le Nil Blanc et le Nil Bleu. Il est plutôt pessimiste, tout au moins en ce qui concerne une longue période à venir, et contredit certaines opinions favorables, comme celles dont nous nous étions fait l'écho dans un précèdent article (voir A 7'<'aM~ le Monde, page 236). Le progrès au Soudan doit, dit-il, être nécessairement très lent, et il faudra de longues années au pays pour se remettre des effets du mauvais gouvernement dont il a si longtemps souffert. La pauvreté et la dépopulation du pays sont si grandes que, pendant longtemps, son administration doit coûter très cher au Trésor égyptien. Avec le temps, les dépenses d'une administration civile économe pourront être couvertes par le revenu des provinces gouvernées. Les dépenses militaires doivent cependant rester fort lourdes, même si l'on peut beaucoup diminuer la garnison. Une population insuffisante sera, pendant des années, l'obstacle principal à la prospérité du Soudan. Il faudra une génération pour lui rendre une densité médiocre, et peut-être un demi-siècle pour qu'elle redevienne aussi dense qu'elle l'était avant l'invasion de Méhémet Ali, en 1820. Une autre difficulté est dans le caractère des habitants. Le mélange des sangs arabe et nègre semble produire une race particulièrementindolente, qui craint beaucoup la peine et qui a toujours répugné aux tra-

vaux agricoles. Et de fait, avec les besoins bornés des habitants et les ressources naturelles bien que peu variées du pays, les Soudanais peuvent se laisser aller à une paresse invétérée qui ne promet qu'un bien médiocre développement économique. D'autre part, le climat est un terrible obstacle au développement du pays: sur le Nil Blanc et le Nil Bleu sévissent des fièvres très dangereuses qui immobilisent rapidement les officiers _européens et leurs soldats égyptiens. Ainsi, à Fachoda, il y avait en mars 280 malades sur une garnison de 3)7 hommes; à Karkany, sur le Nil Bleu, il y avait 308 hommes indisponibles sur 390. I) faudra des années d'assainissement pour améliorer cet état de choses.

Au moment même où il allait entrer dans l'Océan Glacial antarctique, le vaisseau alla buter contre un écueil, dans le canal de Beagle, et y perdit deux jours pour se remettre à flot. De là, il fit escale à Ushuraia, dans la Terre de Feu, la ville la plus méridionale du globe. De ce port, en janvier t8a8, la Belgica s'enfonça dans l'Océan Glacial. Aux îles Shetland du Sud, ou l'on procéda à une série de sondages, une forte tem-

pête assaillit ]e navire et une formidable vague enleva par-dessus bord un des matelots. L'expédition poussa plus au Sud, vers la terre de Palmer, où elle fit sa première et, de l'aveu du docteur Cook, sa seule grande découverte ce qu'on appelait le golfe d'Hughes est en réalité un détroit de 200 milles de long, dont le lieutenant de Gerlache releva cartographiquement les côtes, et qui est aussi large que le détroit de Magellan. Il était absolument libre de glace, bien que la terre de Palmer, des deux côtés du détroit, en eût une couche épaisse. Le détroit est tout semé d'iles et bordé de hautes falaises. Dans ces régions désolées, il n'y avait pas trace de vie,saufdes troupes de pingouins et d'autres oiseaux polaires la flore n'était représentéeque par des mousses et des lichens. Le docteur Cook n'a pas voulu communiquer à ses auditeurs la liste des noms géographiquement donnés par l'expédition aux détroits, caps et iles qu'elle avait découverts on attend, pour rendre cette liste publique, qu'elleait été sanctionnée par ta Société royale de géographie de Belgique. Le golfe (ou plutôt détroit) d'Hughes débouche dans l'Océan Pacifique, où l'expédition entra en février. Elle longea la côte ouest de la terre de Graham, puis s'engagea, sous le 6~° parallèle, dans la grande banquise polaire qui devait emprisonner le navire pendant 13 mois, jusqu'en février i8c)C). C'est pendantce long séjourque les savants firent leurs découvertes les plus importantes, à part celles du canal d'Hughes. Leurs observations les conduisirent à placer le pôle magnétique à 200 milles plus à l'Est que l'avait supposé James Ross. Leurs études météorologiques furent aussi fécondes. Leurs collections zootogiques s'enrichirent de quatre espèces d'insectes, d'une variété d'oiseau et de deux espèces d'araignées encore

inconnues.

Récit d'un Membre

de l'Expédition antarctique belgei L E docteur Cook,

de Brooklyn, chirurgien en chef et anthropologiste de l'expédition de Gerlache, a raconté à ses amis, à New-York, ses souvenirs personnels sur cette expédition. Nous y relevons les

détaiissuivants:

navire de l'expédition, la Belgica, quitta l'Europe en août 18~7. Le docteur Cook s'y embarqua à Riodejaneiro. Le

t. Voir sur ce même sujet plusieurs articles déjà publiés

dans A Travers le VoM~e.

Outre la découverte du détroit partageant en deux la terre de Palmer, le lieutenant de Gerlache reconnut l'existence d'un courant se dirigeant à l'Ouest, et d'un plateau sous-marin s'étendant, de la terre de Graham, plus loin que la Belgica ne put pousser ellemême, également à l'Ouest. Nous avons dit déjà que l'hivernage de la Belgica est le premier et unique qui ait encore eu lieu dans les régions antarctiques. Grâce à l'excellence de l'organisation qui avait présidé à tous les préparatifs, et grâce à la solidité du navire, cet hivernage s'effectua sans épreuve trop dure pour les explorateurs. La Belgica avait été spécialement construite pour résister aux pressions de la glace tout autre navire, dans la même position eût été infailliblement broyé. C'est pendant cet hivernage que les voyageurs furent plongés durant 70 jours, dans la longue nuit polaire, dont l'effet fut d'anémier les plus robustes


d'entre eux. A la fin du premier mois de cette interminable nuit, l'un des membres Je l'expédition, Emi)e Danco, succomba à une lésion des valvules du cceur. Le retour eut Heu par la Patagonie, où les savants restèrent encore un mois à étudier les Indiens du cap Horn.

A

Saint-Domingue. La fin d'un tyran nègre

CLLEest singulière et curieuse, quoique effrayante, la

physionomie de ce président de la République de Saint-Domingue, assassiné récemment par un de ses administrés.Depuis son arrivée au pouvoir en < 88~, soit depuis <~ ans, Ulysse Heureaux avait gouverné SaintDomingue par la terreur. Le crime, la corruption, l'empoisonnement, l'assassinat étaient ses moyens ordinaires de gouvernement. Et l'on se heurtait, dans sa république de nègres, à des sbires et à des conjurés, tout comme sous le régne de certains tyrans italiens du

xv'siécte.

avait réalisé, de nos jours, le type parfait et classique du tyran. Son rôle politique avait consisté, avant d'être président, à fomenter des intrigues et des mouvements insurrectionnels et, une fois chef de l'Etat, à réprimer cruellement des conspirations contre l'autorité dictatoriale qu'il exerçait. Les répressions sanglantes qui marquèrent sa domination lui suscitaient de farouches inimitiés et, tôt ou tard, il devait infailliblement tomber sous le poignard ou la balle d'un de ses sujets. C'est ainsi que son assassin, Ramon Cacerès, est te fils d'un homme mis mort il y a quelques années par lui. Pour ce despote nègre, qui évoque le souvenir odieux d'un Borgia, les scrupules n'existaientpas. C'est par cette insouciance de tous droits qu'il s'attira df*s difficultés, en 180~ et 1895, avec le gouvernement français pour la détention arbitraire et prolongée qu'il fit subir à l'un de nos compatriotes,le capitaine au long cours Boismard. 11 tallut faire une sorte de démonstration navale contre Saint-Domingue pour obtenir d'Heureaux la promesse d'une indemnité d'un million de francs, dont le capitaine Boismard attend encore, du reste, le paiement total. Notre confrère le Te~/M donne sur Ulysse Heureaux d'intéressants détails qui mettent en lumière l'énergie indomptable de ce despote « Rien ne comptait pour lui quand il avait prononcé, pas même ses propres sentiments. Un fils qu'tt aimait étant revenu de Paris maJgré sa défense, Il !e fait hisser sur une de ses goélettes, travailler comme un marin pendant des semaines, puis le renvoie sans lui permettre de débarquer, après être allé l'embrasser dans sa prison. H avait un beau-frère qui conspirait contre lui )I l'invite, le traite somptueusement et lui annonce qu'après le festin il sera exécuté.<'Et ma fcmme?imptcre)e malheureux, ma femme. ta sœur?–Ne t'en inquiète pas Il

répond Heureaux. Le conspirateur est exécuté, la sœur du président est pensionnée largement. La façon dont il traite son ministre des finances, Marchena, qui avait négocié en Europe un emprunt célèbre, est aussi dans toutes les mémoires: Il le tramait sous lui, dans son navire, à fond de cale, attendant un prétexte. Un jour une sédition éclata. Le ministre en mourut. « H avait, pour assurer son pouvoir, une armée de 2 ~oo hommes bien exercés, bien équipés et qui lui coûtaient cher. Il entretenait quelques vaisseaux qui lui servaient surtout de prisons. Enfin il avait sa police à lui, la plus singulière et non pas la moins sûre, à en juger par la durée de son règne une police féminine. Déguisé en mendiant, il allait parfois, la nuit, dans les rues de Saint-Domingue, accompagné de femmes qu'entretenait sa cassette, surprendre les secrets des cafés et des bouges. Sur tous les points de l'île, des maisons fidèles de mulâtresses, voire de blanches, s'ouvraient pour lui, lors de ses voyages. Sa femme ne paraissait jamais à Saint-Domingue. Ainsi protégé, le reste lui importait peu. Pour ministres, il prenait des commis, et le trésor public, alimenté par les douanes, mal protégé par le Congrès, était à sa disposition. » Un tel homme devait évidemment finir de façon tragique. Et sa mort violente ne peut surprendre personne. Aussi bien, l'an dernier, l'expédition flibustière de la Fanita,équipée dans une des Antilles voisines par un de ses adversaires les plus acharnés,Jimenez, exilé du pays comme beaucoup d'autres, échoua et fut noyée dans le sang. Depuis lorsjimenezavait lancé des EtatsUnis un violent manifeste, qui avait contribué à entretenir contre le despotisme du président une irritation sourde et qui explique l'attentat de Ramon Cacerès. Et maintenant que va-t-il se passer à Saint-Dcmingue?0n craintune révolution fbmentéeparjimenez et ses partisans. Or, il y a 3o ans le général Grant demandait au Congrès l'annexion de Saint-Domingue. Qui sait si le Congrès, maintenant en veine d'annexions et d'acquisitions de territoires, ne va pas profiter de l'occasion pour donner suite au projet du général Grant ?2 En tout cas, on se préoccupa beaucoup à Washington de ce que va faire l'Allemagne à SaintDomingue, où ses intérêts sont considérables, et où les Allemands favorisaient résolument l'administration de feu Heureaux.

Alexander Platonovich Engelhardt. /) ~M.MMtt Prov;Mce of the 9\('of< Traduit du russe en anglais par

Henry Cooke. –Westminster, Archibald Constable et C", 1890, t vo). in-8" de 35o p., avec cartes et illustrations. est un ouvrage très documenté et digne d'attirer l'at~ECf L~ tention à un moment où l'intérêt du public français se porte vers la Russie, tant au point de vue politique qu'au point de vue économique. L'auteur, M. Engethardt, a, en sa qualité de gouverneur de la province d'Arkhangel, appris à bien connaître les pays dont il nous parle. Il n'apporte donc point les impressions un peu superficielles d'un touriste pressé, mais donne sur la vie et les ressources des immenses régions qui s'étendent des frontières de Norvège aux confins de ta Sibérie des indications exactes, minutieuses et du plus haut intérêt.


Collectionneur des Plages y Recherches à faire à Dunkerque et dans ses environs. Le

~)m~~ M~J~f ou ~'MX ~'OMf ~Mf/~M~! M~Mt'MM au t6)~ la MMf, ~~M~M/MfoP/M/MMMCMt~ ~MWM< M /~)~f /~M<CM~Me)i< 0 ~Mf! Mt~~C~~ y<?W/)7t'~ ~Cift peu <yM' MMM/ <!M <-OM~dM< de Mf/aMtf! ~t<:t<P~M y4M COM~ ~'MM

/OM/M~MMec<o/'<~M/t«OM~. CM~M~MMMO/MM)~~M<tM~<<'M~~<'fMr~FM)&.

CARACTÈRES DE LA COTE pNTREia frontière belge et le cap BlancNez, sur une longueur d'environ ~okitométres,ieiittora) de la France est baigné paria mer du Nord. Ce iittorai, forme de tourbières et d'alluvions marécageuses, est très bas, et borné de dunes, de 10 à 5o mètres de hauteur, sur une largeur moyenne de i ooc à ) 200 mètres. C'est une sorte de désert de sable, où poussent, ça et là, queiques rares végétaux. Les dunes sont précédées d'une large bande d'M~raH, plage de sable qui découvre à marée basse, et la mer. peu profonde, est encombrée de bancs de sable. Ce rivage sableux commence un peu au nord de Boulogne et se continue tont le long de la mer du Nord, en Belgique et en Hoiiande. La plage de Dunkerque, du côté du Risban ou de l'Ouest, est principalement formée d'argile, et les salicornes y poussent en grande quantité au contraire, du côté de i'Estran ou de l'Est, 'elle est uniquement formée de grès sabieux, dont les grains sont blancs, cristallins, plus ou moins ténus. Cette plage est basse et découvre sur une longueur de' près de r kilomètre. La marée en modifiant chaque jour la surface, il n'y pousse ni salicorne, ni varech. Pour la même raison, très peu d'animaux y vivent, et l'on n'y peut trouver que ceux qui y ont été roulés par les flots, que le courant rejette le long de la rive de

t'Est.

La rade comprend une série concentrique de hauts et de bas-fonds, où

vivent des mollusques réunis en famille l'agitation de la mer remue parfois profondément ces sables et rejette sur le rivage les coquilles déterrées, renfermant lea animaux encore vivants. CE QU'ON TROUVE SUR LA PLAGE En somme, malgré la stérilité apparente de sa faune, on ne tarde pas à s'apercevoir que la plage de Dunkerque, même en ne s'attachant qu'à i'étade des espèces propres au littoral ou rejeté par les flots, est plus riche que )es piages de la Belgique et de l'Angleterre où l'on a pourtant pratiqué de

On peut faire une récolte non moins abondante en interrogeant l'estomac et les intestins de différents anipoissons, crustacés, etc., qui maux

vrage sera très utile aux cottection' neurs.

aussi des actinies et des de mer. Mais ce so~t des anifont leur nourriture d'animaux plus pe- anémones susceptibles d'être conservés seutits. Par exemple, le cabillaud se nourrit maux lement dans l'alcool, et qui même s'y de petits oursins; le poisson-soleil décontractent au point qu'on ne peut plus vore de petites sèches et son estomac· en reconnaitre les formes. Le mieux est, renferme les becs et les yeux qu'il n'a celui qui dispose d'un talent suffipour pu digérer; les crabes se nourrissent de sant, d'en dessiner des figures coloriées, foraminifères et d'actinies, dont on reles en conservant vivantes pendant ce trouve les spécules, etc. travail, dans de l'eau de mer. Une autre source intéressante de Parmi les mollusques marins, les découvertes, c'est l'enveloppe testacée /.)//o~MM des /t'cMAM. Celles-ci sont des anné- t'extrémitéetdeles VoM~/TM se trouvent à la jetée du Risban, vivant Jides qui se logent dans un tuyau qu'e)ies milieu des moules; les Pa<t«/M~Mû fabriquent en agglutinant ensemble des au ~-) trouvent se sur les salicornes petites coquilles, des foraminifères, des les a/<!c~a et M~rtOtca/j gitent entomostracés, etc. Elles rassemblent à t'extrémitésolida ainsi, ce qui facilite singu)ièrement la marée basse, de la jetée de i'Estran à besogne des collectionneurs, des espèces soulevant la on les voit faire saillie, en faible couche de sable qui parfois rares et curieuses. M. Terquem les recouvre; les Myà a~Mat-x! et. tes a trouvé sur leurs tubes des coquilles Scroti<:M/ft)-M exclusivement terrestres et d'eau douce entrainées dans le bassin sedestrouvent chasses, soit que ces dans la mer, et jusqu'à deux fossiles animaux préfèrent le fond vaseux au grès une eutroque de pentacrinè secondaire sable,ux du rivage, soit qu'ils aiment à venant probabiement de Rou)ogne, et vivre loin dé l'agitation des flots. une ~/)'eo/)))a tertiaire. Outre les récottesd'animaux rejetés JI faut inspecter avec soin les résipar le flot, on peut~pratiquer~de'lhje-~ dus de la pêche apportés par les filets tueux sondages dans toute t'éténdue de et autres engins de pécheurs de fond..]) la rade. n'est pas rare d'y rencontrer des Gorgones, des Coraux, des Madrépores, des SONDAGES tNTÉRESSANTS Échinodermes, etc,, parfois en assez bon !) y a

&

état.

C'est

occasion de

une se procurer -Enrèg)egénéra)e,iifautexaminer et d'examiner le curieux ~m~Ato~M, le

tout ce que la mer baigne, tous les débris qu'elle rejette sur le rivage on sera souvent bien payé de sa peine. JI n'est pas inutile de signaler, à ce propos, les curieuses trouvailles faites à Dunkerque de piusieurs espèces de Cirrhipèdes complètement étrangères à ces parages. Ainsi, en )8?3, deux membrures de navire, parties des régions équatoriales, sont venues s'échouer sur les rives de l'Est et étaient littéralement couvertes atta/t/cra; un fragment de du bouteille, échoué à la même époque, en portait trois autres espèces (lepas //)W,

Z.

a~t~t'nt et ~y/'M). ]t n'est d'ailleurs

pas rare de trouver des animaux analogues attachés à la coque des navires qui ont stationné sur les côtes du Gabon ou du Sénéga) (Ba/aH< /M/t/c) ou encore nombreux sondages, pourvu que l'on -sur celles du Brésil (Lc~j~ /7t/<)). sache diriger ses recherches. Moyennant ces recherches soiOn trouve une foule de petits ani- gneuses on peut ctre assure de faire maux. marins vivant en parasites (des d'importantes récoites. Les foraminiamorpbozoaires,des vers, etc.) sur les feres abondent. M. Terquem a publié la coquilles des mollusques, surtout celles classification d'une centaine d'espèces des huitres, et dans les touffes de va- recueillies à Dunkerque,avec i? planches rech. de figures feu bien exécutées. Cet ou-

plus rudimentaire des poissons et des vertébrés. !t se tient enfoui dans te sabte fin, au milieu duquel il se déplace avec une rapidité surprenante. On le pêche dans des fonds de sable de ')o à 3o et même ~o mètres de profondeur, a. l'aide

d'une drague métallique pleine, percée seulement de petits trous pour t'éeoutement de t'eau. La drague doit être remontée vite si l'on veut arriver à ramenër quelques amphioxuaàbord. Cette pêche est assez délicate, et le fond de sable fin n'est pas toujours facile à trouver, mais il arrive que d'un coup de drague on ramone plus d'une 'dizaine d'amphioxus. En toutes ces récoltes, il faut de la patience et de la persévérance. L'amphioxus se conserve bien et longtemps à l'état vivant dans le sable recouvert d'eau de mer bien aérée, ou souvent renouvelée. ]t a 3 à 4 centimètres de c'est, je le répète, un bien longueur intéressant sujet d'étude pour te na)uraliste.

(~~xh't'f.)

PAL'LCù.\)CES.


A

Travers l'Europe en Ballon

M. le comte Henry de la Vaulx est un passionné de l'aérostation. Il n'est pas de mois, depuis un an, ~M'</ );f fasse une ascension. Il raconte ici pour nos lecteurs ses voyages aériens O! FM«M, au Luxembourg, en Poméranie, en Hollande, tout en mettant NM point la « ~MM//OM aérienne ?.

DEPUISquelque temps, on s'occupe beaucoup d'aérostation dans la presse. Certains journaux ont même créé une rubrique spéciale concernant les expériences aéronautiques. A quoi peut tenir ce revirement? Jus-

qu'alors les aéro-

nautes étaient considérés par le public comme des fous, et l'aérostation, une science éminemment française cependant, était quelque peu délaissée.

Certains sa-

vants, dans le silence du laboratoire, travaillaient sans grand succès, d'ailleurs, la question ardue de la direction. Fort heureusement, les aéronautes, les vrais, les profes-

des sciences aéronautiques, divisées et un peu jalouses, il faut bien le dire, les unes des autres, ne faisaient faire aucun progrès à l'aérostation.

L'Aéro-Club, personne morale, peut, au contraire, réunir, analy-

ser, compulser les idées de tous et de ces idées multiples faire jaillir l'idée mère qui résoudra le problème aérien.

Il ne faut

pas

croire, en effet, que ce problème sera résolu par une seule personne; il est nécessaire que des milliers d'intelligences s'attellent à cette même tâche et produi-

sent un ensemble

d'idées qui, se complétant les unes par

sionnels en un mot, les autres, aboutiront à la solution nécesont empêché l'aérosfSL: t)E$CË[~TRPACILE. saire. tation de tomber tout ° D'après uue photographie de le Comte de la Vaulx. à fait. Mais avant tout, côté d'eux, d'autres personnes, pour le plus A pour permettre au public de raisonner les questions grand malheur des sciences de l'air, se sont occupées aériennes, il faut le prémunir contre la peur il faut lui d'aérostation je veux parler des forains. prouver qu'une ascension est exempte de dangers, Malhabiles, aéronautes d'occasion, ces gens se qu'au contraire elle lui procurera une source de servant de mauvais appareils, n'ayant aucune notion sensations nouvelles il suffit pour cela de. faire de du métier d'aéronaute, étaient victimes de nombreux nombreuses ascensions, de les mener prudemment et accidents et effrayaient le public; en un mot, ils faide revenir chaque fois intact. C'est le but que se saient de l'acrobatie en ballon. propose l'Aéro-Club: vulgariser les ascensions, les Ce qui manquait à l'aérostation, c'était une mettre aussi à la portée de toutes les bourses, en un société assez forte pour la protéger et pour l'aider. mot, faire de l'aérostation un sport pratique et amuL'Aéro-Club~ né de l'Automobile-Club, vient de sant. combler cette lacune en groupant autour de lui des H n'y a pas un exemple de personne qui, après compétentes dans les personnes questions aériennes. être montée une seule fois en ballon, n'en ait conservé le Jusqu'alors les rares personnes qui s'occupaient souvenir le plus agréable et n'ait dans son esprit l'idée


de recommencer le plus souvent possible. Je parle ici, bien entendu, des ascensions en ballon libre et non en ballon captif. L'ascension en ballon captif est, au contraire, très désagréable; on y éprouve un certain ma-

laise, tout l'appareil étant voué à des mouvements désordonnés provenant des forces qui se contrarient. En effet, durant que le ballon poussé par sa force ascensionnelle tend à monter, il est retenu par le câble qui exerce un effort inverse et, dès lors, fait éprouver des secousses désagréables et un certain balancement qui ressemble considérablement, les jours de vent, aux oscillations que l'on éprouve à bord des navires. Le vertige inhérent aux ascensions captives, disparaît complète-

ment en ballon

que nous labourâmes complètement avec notre ancre, et les Luxembourgeois, bien qu'affichant des sentiments très amicaux à notre égard, nous firent payer la récolte endommagée le triple de 'sa valeur. Ce fut, d'ailleurs, le seul mal que nous eûmes à supporter durant cette ascension, qui, de l'avis de Mallet, un vétéran de l'aérostation, fut la plus pénible qu'il eût à enre-

gistrer. J'arrive maintenant à la description d'un voyage que j'entrepris le 22 octobre dernier et qui nous entraîna, M. Mallet et moi, au fond de l'Allemagne.

Nous montions le ballon le ~b~, cubant t ooo mètres, et gonflé au gaz hydrogène. Après avoir embarqué

nos provisions,

libre. Et que de

appareils enregistreurs, boussoles,

ses l'on peut

etc., nous procé-

sensations exqui-

éprouver au milieu d'excursions

aériennes! On est

heureuxdevoguer dans les airs. On franchit des villes, des villages, des bois, des vallées, on plane sur toute une civilisation

dont on surprend les mystères et les

secrets. On estt toujours bien reçu et fêté partout,

apportee

thermomètres,

dâmes au lestage de notre ballon. A 6 heures moins le quart,

au commandement donné par M. Mallet de «Lâ-

chez tout », l'aé-

rostat s'élève dans les airs; d'abord

violemment poussé vers le Nord, puis emporté dans un mouvement

giratoire,

il est

ramené vers l'Est. Nous passons auavec soi l'incondessus de SaintfNE DESCENTEMOUVEMENTÉE. nu. Aucun voyage Denis, découvrant D'f3~ M;~ pholographie de Vaulx, Co~/e en ballon ne se ressemble et, dans devant nous le l'état actuel de l'aérostation, cette destination ignorée curieux panorama de Paris la nuit Nous maintenant à une altitude de 600 mètres, nous pouvons facilement pour laquelle on part, n'ajoute-t-elle pas un charme de plus au voyage? distinguer les différents monuments et les grandes artères de la capitale. Peu à peu, Paris s'éloigne; l'on La description des ascensions que j'ai accomplies n'aperçoit plus qu'une lueur immense embrasant depuis un an sera la meilleure preuve de ce que l'horizon j'avance, c'est-à-dire de la diversité et de la variété des par des nuits claires, cette lueur peut s'apercevoir à 60 kilomètres. excursions aériennes. Mon premier voyage eut lieu le 17 juillet !8$8. A y heures et demie, toute lueur a disparu au Je partis en compagnie de mon ami le comte de loin. Poussé par un bon vent sud-ouest, le Volga se Castillon de Saint-Victor et de M. Mallet. A 6 heures dirige sur la Belgique. Nous déroulons notre guidesoir, du nous nous enlevions de l'Aérodrome de la rue rope pour débarrasser un peu la nacelle, mais sans Spontini, poussés par un vent d'Est. Nous dûmes pasdoute nous n'aurons pas à nous en servir durant la partie la de nuit dans champ d'avoine ser une un aux nuit; le courant de terre nous porte vers le Nord. Un abords du village de Condé, derrière la forêt de Rambon clair de lune égaye notre marche et nous permet bouillet, une forte rosée s'étant abattue sur notre de distinguer facilement les régions que nous traverballon. A 6 heures du matin, nous nous relevions et sons. A 10 heures, notre attention est attirée par des retombions à 11 heures à Esy, près d'Anet; enfin, vers cris venant de terre « Ballon, ballon Nous sommes 2 heures et demie, après avoir abandonné presque à 200 mètres du sol et l'intonation des voix nous fait lest, à repartions tout notre et nous 5 heures nous supposer que nous avons franchi la frontière. Etonnés, tombions au milieu de la forêt de Dreux, entraînés informons; nous venons d'entrer en Belnous nous dans une chute rapide. Nous avions mis 23 heures gique. Nous sommes à Chimay, aux environs de arriver, naviguions pour y car nous par un calme plat. Givet; nous avons donc marché avec une grande Une seconde ascension que nous times le 22 juilrapidité. Nous nous enfonçons alors au milieu de let nous amena, après 8 heures de marche, dans le nuages épais; heureusement ces nuages sont peu chargrand-duché de Luxembourg, par une forte tempête. gés d'humidité et la condensation de notre gaz est Nous fûmes encore entraînés dans un champ relativement faible; en jetant un peu de lest, nous

car on


parvenons à nous rééquilibrer entre 500 et 600 mètres. A 11 heures, la lune se couche; nous continuons notre voyage au milieu d'une nuit noire, consultant a chaque instant la boussole, craignant d'être entraînés par des courants qui nous portent au Nord, c'est-à-dire à la mer. En effet, les courants établis entre $00 et 700 mètres n'ont pas exactement la même direction que les courants inférieurs. Ces derniers portent plus au Nord: nous faisons donc nos efforts pour nous équilibrer dans les courants supérieurs.

ralentissons notre chute en jetant du lest; de tous côtés se sauvent épouvantés des cerfs, des chevreuils et des renards. Après trois bonds successifs sur les arbres de la forêt, nous débouchons sur une belle plaine où la descente s'effectue dans les meilleures conditions. H est de tous les points de l'horizon t heure de l'après-midi arrivent des paysans qui nous renseignent sur l'endroit exact où nous sommes tombés. Le petit village que nous apercevons à notre gauche s'appelle Retzow; nous sommes à la frontière nord de la Poméranie et du grand-duché de Mecklembourg. En résumé, notre voyage s'était effectué dans de très bonnes conditions nousavions été, en i~ heures, de Paris à la mer Baltique et nous obtenions le record de la distance mesurée par une ligne droite du point de départ au

A cette altitude, le ciel est remarquablementpur. Aussi pouvons-nous assister à une véritable pluie

d'étoiles filantes. Quetques-unes sont si brillantes qu'elles

laissent

derrière elles une traînée lumineuse qui irradie la nue. Nous passons au-dessus de Dinant et nous

voyons à nos pieds

dérouler les mille sinuosités de se

l'Escaut.

point d'atterris-

i heure du matin, nous franchissons le Vers

sage. Je ne parle

pas, bien entendu, du voyage du balton-poste, la ~t7/e d'Orléans, durant le siège de Paris.

bassin de Liège.

Nous avons là sous les yeux un spectacle inoubliable. Nous sur-

Ce voyage épi-

plombons une

que,toutàlagloire

immense fournaise de tous côtés, PHOTOGRAPHIE des colonnes de feu s'élèvent dans les airs nous sommes assourdis par le bruit retentissant des marteaux géants qui frappent les enclumes; au milieu des flammes circule toute une population d'ouvriers, vrais diablotins aux couleurs étranges il me semble que nous arrivons aux bouches de l'enfer. Notre marche continue vers le Nord-Est; nous voici maintenant en Hollande; le jour commence à poindre; nous distinguons les herbages fertiles et bien irrigués

des hardis aéro-

nautes qui l'entreprirent, s'exécuta dans des conditions exceptionnelles. Les voyageurs entraînés d'abord en Hollande furent, par suite de circonstances trop longues à expliquer ici, lancés sur la mer du Nord; ils durent même sacrifier leurs sacs de dépêches comme lest, et c'est grâce à leur sang-froid, doublé d'une heureuse chance, qu'ils purent tomber en Suéde emportés par la Je tempête. ne fais pas entrer ce voyage en ligne de compte dans les records, car pour le battre, on ne peut conseiller personne, avec les aérostats actuels et sans raison majeure, d'entreprendre une ascension dans de telles conditions. Ce serait vouloir envoyer les aéronautes à une mort presque certaine. Le 30 avril, je tentais, en compagnie de M. de Castillon de Saint-Victor et de M. Mallet, une autre ascension au cours de laquelle nous nous promettions d'expérimenter un nouveau système destiné, selon mes prévisions, à prolonger la durée du voyage dans les airs. Voici en quoi consistait cette invention Nous nous servions d'un ballon de i ooo mètres, le Volga, gonflé au gaz d'éclairage; nous adjoignions à

PRISE

E*J

BALLON.

Par~Cow~M/.c.

des plaines néerlandaises par-ci par-là, quelques vaches couvertes du traditionnel manteau de toile. Nous venons de traverser le Rhin; un changement s'est produit dans la direction du vent: nous sommes portés plus à l'Est; nous laissons à notre gauche la ville de Hambourg et nous franchissons l'Elbe, sillonné par une flottille de bateaux remorqueurs. Le soleil commence à chauffer; notre gaz se dilate et nous montons

$00 mètres de hauteur. A un moment, le soleil s'étant caché derrière un nuage, nous nous abaissons jusqu'à 600 mètres et nous nous y maintenons en équilibre. Vers io heures, le soleil fait de nouveau son apparition, nous nous élevons à 2 625 mètres; nous sommes à ce moment audessus de nuages d'une blancheur d'hermine. Enfin, après plusieurs oscillations entre < 800 et progressivementà

i

200 mètres, nous sommes entraînés dans une descente rapide au-dessus d'une forêt de sapins; nous 2

ce ballon quatre petits ballonnets de 50 mètres chacun, vrais satellites destinés à redonner au grand ballon épuisé une nouvelle force ascensionnelle. Pour cela, nous abaissions, au moyen de cordes et de contrepoids, ces petits ballonnets à hauteur de la nacelle et


nous transvasions leur gaz dans le ~o~; coupant ensuite les cordes, nous nous débarrassions de ces auxiliaires et déchargions ainsi notre ballon d'un poids important sans diminuer sa force ascensionnelle. Autrement dit, nous faisions passer dans un ballon de i ooo mètres la force ascensionnelle d'un ballon de 1200 mètres. En principe, ce système devait assurément prolonger la durée de notre séjour dans les airs; il fallait voir si dans la pratique il était facilement maniable. Malheureusement, comme dans toute première expérience, nous n'avions pas réfléchi à certains inconvénients qui de-

vaient fatalement se produire.

Aussi, bien qu'en

cours

de

route la manœu-

vre des ballonnets s'accomplit comme nous l'avions espéré, nous ne pûmes transvaser le gaz des petits ballons

dans lee

vais de suite en donner la

grand.

Je

raison. Malgré

cela nous pûmes

accomplir un joli

voyage, étant don-

néquenousdûmes supporter la nuit

manche des ballonnets n'était pas assez longue et ne formait pas une colonne de gaz assez haute pour donner une pression suffisante. Il est facile de remédier à cet inconvénient en allongeant les manches et en mettant à la partie inférieure des ballonnets des poids très lourds maintenant continuellement la colonne de gaz le plus haut pos2° La

sible

transvasement du gaz des ballonnets dans le Volga s'accomplit dans des conditions défavorables. Ce fut à la descente que nous fîmes cette manœuvre. Or, l'air déplacé par la masse du Volga qui Le

s'effondrait ne for-

mait plus pression sur les ballonnets; si, au contraire, nous avions en-

rayé notre descente en jetant du lest et nous étions

rééquilibrés

de cette manière, avec une légère tendance à prendre

mouvement ascensionnel,

un

l'air environnant aurait fait pression sur les ballonnets et aurait aidé au transvasement de leur gaz dans le

~o~a.

C'est donc à la montée et non mOTOGRAÎ'mEPRiSËAZOOOMLTRP:5. maximum. Notre à la descente que D'après «)tc ~0<o~ra~e de M. le Comte de b Vaulx. voyage dura, en doit avoir lieu le effet, 15 heures transvasement du gaz et l'enveloppe des ballonnets 2y minutes et nous allâmes atterrir dans la Sarthe en dégonflés doit servir de lest seulement à la condenopérant un mouvement de retour; nous avons été sation suivante. d'abord dans la Mayenne, puis, le matin, le vent tournant à l'Ouest nous avait ramenés sur nos pas, Cette ascension du Volga a mis en relief toutes c'est-à-dire dans la direction du départ. ces lacunes, aussi comptons-nous, à notre prochaine expérience, obtenir de meilleurs résultats. Mais je passe à l'examen de notre système et des causes qui en ont empêché le fonctionnement. Enfin, le 14 mai dernier, je fis avec M. Mallet une les Le premier inconvénient est le suivant nouvelle ascension; la violence du vent nous empêcha ballonnets étant légèrement inclinés, perdent du gaz d'emporter nos ballonnets. Nous quittions l'usine à qui est de suite remplacé par de l'air aussi, au bout gaz du Lendit à 7 h. 28 du soir, prenant une direction Nord-Nord-Est; nous passions au-dessus de Creil, puis d'un certain temps, le gaz des petits satellites est très mélangé et n'a plus une force ascensionnelle suffisante. de Lille, Arras, etc. durant la nuit une pluie abondante Il est très facile de remédier à cet inconvénient il suffit et persistante nous força à jeter tout notre lest. A une heure du matin environ, le ~0/~a passait la frontière pour cela de placer au bout de la manche de chaque ballonnet un ressort d'acier qui la tienne fermée; ce belge. ressort ne pourra s'ouvrir que sous la pression du gaz Enfin, à4 heures du matin,nousarrivionsàtravers se dilatant normalement. les nuages au-dessus de la mer du Nord. Le deuxième inconvénient qu'ont présenté ces Heureusement, quelque temps après, des côtes ballonnets, durant l'ascension du ~o~a, consiste aussi se dessinent dans le lointain nous nous y dirigeons, dans le manque de pression de la colonne de gaz. ou plutôt le vent nous y porte et bientôt nous passons Après avoir introduit la manche supérieure de au-dessus du port de Flessingue; nous atterrissons ballon manche grand la du dans chacun des ballonnets dans l'île de Walcheren, à la grande stupéfaction des communications, les avoir ouvert nous nous sommes et naturels de la contrée pour lesquels un ballon était une aperçus que le gaz ne montait pas. chose inconnue jusqu'alors. Cela tenait à des raisons multiples Comte HENRY DE LA VAULX. (A suivre.) )" Le mélange de gaz et d'air;

le point de rosée


celle du duc ne se'distingue aucunement desautres; Le carré des matelots est tout à fait confortab)e; i) est ~divisé en deux moitiés, l'une pour les Italiens, l'autre

Le Navire

et le Voyage du duc des Abruzzes

EU après le retour de P worth

l'expédition Jackson-Harmsde la terre François-Joseph, on apprit que Je jeune duc des Abruzzes préparait une expédition au Pôle Nord. Pendant ces t8 derniers mois, le prince italien a mûri son idée et consulté tous ks exolorateurs autorisés au sujet de la route à sui-

'pour iesNorvégiens. Le vaisseau est approvisionné pour 5 ans. )6 kajacs ont été commandes, presque ~semMaMes à ceux dont s'est servi Nansen, mais munis de rames au lieu de pagaies.'C'est peut-être une erreur, la pagaie étant plus maniabtc; ët'gouvernant

mieux un canot. Le poids de ces kajacs, y compris )es carnés, pompeetboiteaux provisions, est de~Stivres )/2 'pour chacun. Les traîneaux sont au nombre de 20: f'est le traîneau classique usité en Norvège, et qui a $ervi en t884, à l'expédition Greely on l'a reconnu Supérieur à tout autre type. Les traîneaux porteront chacun 8 boites en aluminium contenant du pemmican et d'autres provisions, et un canot sera solidement attaché à

chacun d'eux.

vre. Après de

40 paires de skies, d'un nouveau modèle, plus large que l'ancien, seront emportées également en vue d'un voyage sur~ les g)aces, ainsi que 40 paires de souliers neige

nombreuses conférences avec

le

capitaine Sverdrup,l'été dernier, il se détermina à

faire de la terre

François-Josephsa

à

base d'opération,

et il adopta le projet formé déjà pa'r~ackson d'établir tout le long

(~<!OM~OM),ptuS

légers et p!us forts, quoique un plus bas que les souliers, canadiens. Les harnais

de sa route au pôle des dépôts de pro-

peu

visions. D'après Sverdrup, dans des conditions'favorables, le pôle nnnrraif dtrv ~t~ teint en.60 jours, et le voyage entier, retour compris, demanderait 4 mois. Jackson prétendait, il est vrai, qu'au nord de la terre François-Joseph s'étend un vaste bassin maritime dont les courants et les marées rendent impossible la formation d'une couche de glace solide. Mais le prince persista dans sa résolution, Sverdrup corrigeant la déclaration de Jackson dans un sens

favorable à l'explorateur il existe une saison, lui a-t-i) dit, où cette mer libre doit être prise à son tour par ta congélation, et où la glace doX offrir aux traineaux un chemin possible jusqu'au pôle. Pendant l'hiver dernier, le duc a surveitté en Norvège les réparations qu'il a dû faire faire à son navire et a achevé ses préparatifs. La Stella Polare (alias Jason) est un navire mixte de 500 tonneaux, dont la machine a une force de 250 chevaux. Elle a été construite eh t88i et éprouvée dans un voyage dans les mers du Groenland et dans un autre parmi les icebergs de t'Océan, Antarctique. Toutefois elle a été notablement consolidée et munie, en vue du prochain voyage, d'un fort doublage qui la rend capable de résister aux pressions des glaces, et son gréement a été renforcé. Sa poupe, élargie, contient les cabines, tes salons, la salle à manger des officiers et celle de t'équipage. Parois et plafonds ont été peints en blanc. Les cabines des officiers sont très petites;

des chiens, au nombre de t~o,

ressemblent

à

ceux des Groenlandais, mais sont plus forts et plus souples. Toutes' cep modifications ont été suggérées par Nansen. Les chiens, de race sibérienne comme ceux employés par. Nansen. seront embarqués à Arkhangel, le dernier p()rt où la Stella Polare fera esca!ë~~ant'de s'enfoncer dans l'extrême Nord. Le plan du duc est le suivant il se dirige vers la terre François-Joseph,d'où, après avoir doublé le cap Ftora, son navire s'efforcera, en longeant les côtes orientâtes de l'archipel, de pousser aussi au Nord que possible et d'hiverner dans un port sûr ou, à défaut de port~au milieu des glaces. Le printemps suivant.Jes traîneaux emporteront du côté du pôle, le duc, ses compagnons/ses guides alpins et ses matelots italiens, dont rur< a déjà rendu de grands serv)ce~-a{f~j~c-dans son voyage en A)aska. Par 'malheur, les chances d'aborder !a terrë\ François-Jos~hserontassezproblématiques,car l'hiver dernier a été st rigoureux dans tes régions arctiques, que la banquise\s'est-avancée.jusqu'auxcôtes de Finmark et que !es~ chasseurs norvégiens, ainsi qu'une expéditionScient)f)queat)emande, ont été impuissants, les premiers à aborder le Spitzberg, et la seconde J'île des

Ours'.

). Cet arti~je complète tes articles que nous avons déjà publies sur M voyage dans nos précédents numéros.


quel

navire, et dès lors il est facile de savoir de com-

bien d'années elle a survécu à son accident.' Ceci ne fait pas connaître son âge, assurément, mais les indications obtenues ont leur Ces indications ne sont pas bien nombreuses, mais il faut en tenir compte..Une des, plus récentes a été obtenue en 1800, époque à!a~ue!!e, dans la mer de Behring,,au mois d'août, une baleine fut tuée, dans ta carcasse de laquelle on découvrit une vieille tête de harpon qui avait appartenu au baleinier américain AfoM/c~MMM. Or, le AfoM/~MMM faisait la pêche de i85o à )8$4 d'où la conclusion que la baleine avait dû promener avec elle ce corps étranger pendant 36 ou 40 ans. Autre fait, observé en )88o et relaté par M. Th. Southwell. Une baleine fut tuée par le M~tM~a~dans les parages du Groenland, et dans son lard on découvrit un harpon, d'un modèle spécial, dont on commença à faire usage vers t8;o, mais auquel on renonça bientôt. Par conséquent, la baleine du M~'Mjuw~ avait dû être blessée à peu près 40 ans auparavant. En 804 encore, la Terra Nova tua une fort grosse baleine où l'on trouva un harpon au nom du/fM, qui s'était perdu 37 ans auparavant. Ici encore, la bête avait survécu de 35 à 40 ans. Si l'on considère ce fait que les baleiniers.'ont et surtout avaient coutume de ne s'attaquer qu'aux baleines les plus volumineuses et les plus âgées, et que l'animal n'atteint guère la maturité'avant 20 ou 30 ans, i1 èn résulte que celles dont il vient d'être parlé devaient avoir au moinsoo ans, et sans doute plus encore. D'autre part, il n'est pas dit que ces baleines eussent l'aspect particulièrement vénérable 60 ans ne serait encore, pour l'espèce, que !à force -de l'âge. Et, dès lors,itserait-très licite d'attribuer à celles-ci une longévité normale de too ans environ. Ceci n'a rien d'exorbitant; la baleine franche, par exemple, ne donne généralement le jour qu'à un seul jeune, et tous les deux ans seulement FaHaitement dure un an environ, et la,gestation de 9 à t4 mois, selon les hypothèses car.!es faits précis font défaut. D'une manière générale on pourrait dire que la longévité des animaux est en raison inverse de leur rapidité de reproduction. C'est ainsi que les insectes, qui abandonnentd'un seul coup plusieurs centaines d'ceufs, ont la vie très courte il en est qui meurent le jour même de leur naissance et la majorité d'entre eux ne subsiste que quelques semaines. Mais, encore une fois, les observations précises sur la longévité des animaux sont extrêmement rares.

intérêt.

La Longévité des animaux <

r~AMSun de nos derniers numéros nous disions, àj propos de l'éléphant, qu'on supposait qu'il pouvait, vivre i 5o ans. Un de nos lecteurs nous a demandé sur; quoi nous basions cette assertion. A franchement parler, nous n'avons répété là que ce que chacun a; sans,

doute, entendu dire. Or, M. HenrydeVarigny,dansundesesfeuit)etons du 7<'))!~M, vient de répondre précisément à !a ques4 tion qu'on nous pose, en traitant de la longévité de ta baleine et de t'étéphant; Pour l'éléphant, dit-il, à la rigueur, l'observationj directe peut donner quelques indications mais on ns peut pas toujours conclure de l'animal en captivité à) l'animal en liberté, et si, évidemment, on peut imagi-t d~ ner des conditions très réalisables qui permettraient connaître la durée de la vie d'éléphants en demi-liberté

on ne voit pas qu'elles aient été encore réalisées. Aussi tout ce qui a été dit du grand âge auquel peut arriver) i'étéphant, est-i) plutôt légendaire qu'historique )e~ "A témoignages manquent de précision. H semble.ibient~ certain, toutefois, que la longévité moyenne de l'é)é)Lf phant l'emporte sensiblement sur celle de l'homme .t~' En ce qui concerne la baleine, le problème es 'ptu's difficile encore. L'animal ne peut guère être con servé en captivité tes grosses espèces tout au moinss chiffres et, dès tors, il est malaisé d'obtenir quelques exacts. Comme, au surptus;'cës"espée€s'sont"pourM' plupart en voie d'extinction un naturaliste esttmajit récemment que le nombre total des baleines franches n'est pas de plus de trois cents à l'heure actuelle –<~n ne saura sans doute jamais leur secret. Les seules indications que l'on puisse se procureri 'à cet égard et que quelques naturalistes anglais s'efforcent en ce moment de centraliser sont fournies par une voie indirecte.. ou plutôt il arrivait, car la chasse H arrive e baleinière se fait avec des méthodes différentes, et pK)s efficaces–i! arrivait assez souvent, durant ta première moitié de ce siècle, qu'une baleine Messée réussie à s'échapper. Sans doute, elle avait le harpon dans es flancs, mais celui-ci pouvait n'avoir blessé aucune partie vitale; il était engagé dans la couche épaisse de graisse qui protège ces animaux contre le fro~d des mers arctiques, et, après tout, si la baleine pouvait se déb~TMLMen~a~ !a barque et de ses persécuteurs au moyen d'un coup de Queue, et casser la corde du harelle avait des chances d'échapper à ta mort. Ce concours de circonstances !e présenta a~sez souvent, et plusieurs baleines s'échappèrent et guérirent de leur blessure. On a vu des hommes vwre de; longues années encore avec des .corps étrangers da'n~ les tissus, et même avec une balle dans les parois du cœur; une baleine peut bien vivre avec un harpon dans la peau. Mais si cette baleine se fait prendre, dans la suite, tes marques du harpon, qu'on retrouve dans sa peau, font connaître à quelle époque la bête fut btessée, et par

jpon,

En Chemin de fer du Cap à Btoemfontein difficultés de tout genre qu'ils ont rehcontrées, les ingénieurs anglais ont mené rapidement à bien une entreprise qui, il y a quelques années it/fALGRÈ les


encore, aurait paru absolumentchimérique .\Et encore, le chemin de fer qui, du Cap, pénétre déjà jusqu'au cœur de l'Afrique méridionale, n'est que l'amorce du

grand Transafricain;mais il constitue par lui-même une création déjà remarquable, dont les impressions de voyage d~n Allemand, qui se,rendait du Cap àBloëmfontein, en avril-mai !8c)8, mettent bien en relief la

hardiesse dans la conception, l'habileté et la sûreté de main dans l'exécution. Dans le train de chemin de fer qu'ilprità à lastationdu Cap, les voyageurs étaient répartis en 3 classes, comme en Europe. Le billet de seconde de l'Allemand lui avait coûté 180 marks, prix très raisonnable pour un si long trajet. Une des choses qui l'ont frappé au départ, dans cette gare du Cap,toute grouillante d'une foule cosmopolite, où toutes les races sont mêlées, c'est que les voyageursdecouleur étaientrelégués dans deux wagons spéciaux, en queue du convoi dès qu'un nègre ou même un mulâtre faisait mine d'entrer dans un wagon de blancs, des cris de protestation et des injures le forçaient à battre précipitammenten retraite. Enfin, une station se présenta, où les voyageurs, se précipitant sur le quai, se disputèrent des tasses de lait et des grappes de raisin, que vendaient de petits nègres en haillons. Cependant, des cris sauvages partaient des wagons des nègres: on eût dit des cages de bêtes, féroces. Alors, un~ policeman qui sommeillait dans~ùncoindé"ia station, se leva et, armé du fouet qui semblait son arme réglementaire, rétablit l'ordre et le silence à coups de tanière, distribués à tour de bras

sur~dos~desmoricauds.

Enfin, une rangée de hautes collines vint rompre la monotonie du spectacle elles se dessinaient à l'horizon comme de fines dentelles toujours plus nettes et qui grandissaient rapidement. C'étaient les Excrivers AfoMM<a<M. Le train s'y dirigeait, à toute vapeur, et se mit bientôt à en gravir les premières rampes,puis à s'engager dans une gorge ténébreuse, qu'un fleuve, aujour-

d'hui tari, a creusée dans la masse' rocheuse. Rien n'égale, au dire du voyageur allemand, l'originale et pittoresque sauvagerie du spectacle. La voie ferrée s'élève le long de hautes parois de rochers, s'enfonce dans des tunnels, franchit des abîmes sur des ponts en bois d'une extraordinaire légèreté et qui cependant sont très solides. Les ingénieurs ont posé les rails sur des rampes nivelées et régulières, où des p~tes-formesreposent sur d'énormes murailles dont les fondements plongent au fond du précipice. Traverses, barrières, poteaux télégraphiques, tout est en fer, car le bois le plus solide ne résisterait pas au travail dévastateur des

termites.

Les'Excrivers Mountains forment le contrefort méridional d'un haut plafeau,où parvient le chemin de fer~ au sortir des gorges. Le soir était venu le train

se remplit de fermiers anglo-hollandais, au visage hâlé et à la physionomie sauvage, qui se mirent à jouer aux cartes et à,boire du wisky. C'est avec ces incommodes voisins que l'Allemand dut passer la nuit, en menaçant de son revolver l'un d'entre eux, qui venait fourrager dans ses bagages ce n'est que le revolver au poing qu'on parvient à se faire respecter dans ce pays. Le jour suivant, dans la matinée, le train franchit les frontières de l'Etat libre d'Orange le paysage

devint plus riant, la verdure plus fraîche, les fermes } ptus nombreuses, entourées de vergers et de plantations. Des ruisseaux gazouiltaient de toutes parts, coulant vers le fleuve Orange, modeste fleuve, il est en comparaison des géants africains tels que le Nil ou le Congo! H était 9 heures du soir lorsquë'ievoya'geur vit enûn briller à l'horizon les lumières de B!œmfontein, ta capitale de la Républiqued'Orange et point terminus de la ligne, au moins pour le moment. Letrajet, à partir Cap, avait demandé deux jours et une nuit.

vrai,

du

Christian Garnier. ra<!OMMe</e ~H~ra~ à toutes les t'critures

Leroux,

~E

R. G. !A/<M/;od<' de <fatt~cr)~<)OM ))OMt~ ~~o~r~/H~MM, s'appliquant

T.

MM'/t'M dans

le

MtûM~e. Paris,

Ernest

)8<)(), in-~)'.

livre est l'oeuvre posthume du regretté Christian Gar-

nier, le fils du célèbre architecte de l'Opéra, mort, le septembre ]8~8, à 26 ans, un mois après son père. ~11 montre l'étendue de la perte qu'a faite la science française, dans ce jeune homme passionné pour la géographie. JL'érudition qu'il avait acquise à vingt-six ans est stupénante. ;Pour faire son livre, il avait dépouillé plus de )20 gram~maires, parmi lesquelles les plus difficiles, celles du tibétain, du birman, du pongoüé, etc., etc. C'est par amour de la géographie que Christian Garnier s'était fait linguiste. Ayant assisté au Congrès international géographique de Londres dans l'été t8o5, i) y avait entendu exprimer le regret qu'il n'existât pas une bonne méthode de transcription des noms géographiques. Cette ;paro)e fut pour lui décisive. H résolut de trouver cette méthode, et il se mit au travail avec une énergie d'autant plus extraordinaire qu'il était déjà gravement atteint par le mal qui devait l'emporter trois ans plus tard. Il parvint à Transcription rationnelle générate · achever son œuvre, qu'il désignait, 'à 'l'américaine, des trois initiales majuscules T. R. G. Il put apprendre que l'Institut lui décernait le prix Volney, mais il n'eut pas la joie de publier son oeuvre, et c'est aux soins pieux de sa mère, et de MM. Ammann et Gaudefroy-Demombynesque le volume doit de paraître aujourd'hui, imprimé avec une correction efune clarté irréprochables. La méthode inventée par Christian Qarnier est remarquable par son ingéniosité, et, en dépit d'une apparente complication, elle est fort simple. On peut voir, d'après les exemples de transcription que l'auteur donne à la fin de son ouvrage, que l'orthographe qu'il a adoptée n'est point rébarbative à l'oeil et qu'elle se comprend facilement; ce résultat paraîtra d'autant plus admirable qu'elle résulte de la condensation de plus de 120 alphabets. Elle a à sa base une analyse très exacte des sons communs à toutes )es langues humaines, et elle a cet avantage d'être à la fois générale, orthographique et phonétique », c'est-à-dire qu'elle s'applique à toutes les langues, qu'elfe permet de retrouver facilement l'orthographe otiginaire d'un nom quelconque dans sa langue, et qu'elle figure la prononciation indigène avec une suffisante netteté pour être immédiatement comprise d'un habitant du Un maitre de la science philologique, M. Michel Bréal, n'hésite pas à dire que le système de Garnier, en simplicité et en élégance, est supérieur à tous. ceux qui avaient été proposés avant lui ». L'inventeur de cette transcription n'est plus là, malheureusement, pour la propager, avec la foi et l'ardeur qui ranimaient, mais on peut espérer qu'il trouvera des disciples, et que la méthode Garnier fera son chemin dans le monde. Ce sera un juste hommage rendu à la mémoire de ce jeune et courageux savant, et aussi à la France, à laquelle il a été enlevé trop tôt.

la

pays..


.`.

ils

France et Colonies

.Les cipahjs de l'Inde. Nous avons mentionné en l'Inde. son temps le .décret.qui supprimait)es cipahisdudemembre Nous devons mentionner aujourd'hui le rapport dé la marine et le décret présidentiel qui les rétablit. Ces documents en disent long sur l'état des choses gouverne-

mentales; et les commentaires sont superflus. -Le corps descipahisde l'Inde a été supprimé par'un décret du 2 mai t898, pris en conformité des indications de la toi de finances du t3 avril )8o8. Cette mesure ayant soulevédes objections de la part des représentants de )a colonie et de l'administration Ipcale (!) it a été sursis à son application(") et en vue de permettre le rétablissement de ce corps indigène, dont le maintien est désirable dans nos établissements de l'Inde, des crédits ont été prévus au budget de l'exercice )8<)o. .Toutefois, afin de réduire ~s charges du Trésor au minimum indispensable, il a paru que les pensions de retraite dont bénéficient actuellement les militaires indigènes pourraient être ramenées aux taux prévus par les tarifs annexés à la loi du H avril )83). ministre J'ai, en conséquence, d'accord avec M. le sanction, des colonies, l'honneur de soumettre à votre haute ie projet de décret ci-annexé, qui a pour objet la reconsti~ ~ution du corps des cipahis de l'Inde sur ces nouvelles I bases et dans les conditions déterminées par le décret du' 24 octobre t88<). DÉCRET DÉCRET%

Article premier, Le décret du 2 mai )8Q8, portant suppression du corps des cipahis de l'Inde, est rapporté. Art. 2. Le décret du 24 octobre )88(), portant réor.fganisation.du corps des cipahis de l'Inde, est remis en vigueur sous la réserve des modifications ci-après L'artic)e7,a)inéa 2, du décret du 24 octobre )88o susvisé est remplacé par le suivant Ils reçoivent des pensions, gratifications de réforme et autres allocations, dans les cas prévus par les lois militaireset d'après les tarifs annexés à la loi du avril )83). x

i

Un' Alpin victime du devoir. La S~" compagnie alpine, qui fait partie du bataillon cantonné, l'été, au mont Cenis, faisait l'ascension de la pointe de Ronce (3 boo mètres) lorsque, arrivé à une certaine altitude, le sous-lieutenant Boéri se trouva tout à coup isolé sur une partie dè glacier non recouverte de neige. La position était des plus critiques. Au moindre mouvement, l'officier glissait et roulait sans qu'il lui fût possible de se retenir. Le soldat Besson, voyant le danger que courait son supérieur, se précipita à son secours. 11 parvint à l'enlacer, mais, malheureusement, perdit l'équilibre, ils roulèrent tous deux de roche en roche. Le sous-lieutenant Boéri s'est tiré de cette tragique aventure avec des contusions peu graves, mais le malheureux Besson a été ramassé dans un état désespéré,

Le gouvernement a Une Croix bien gagnée. donné, au 14 juillet, la croix de la Légion d'honneur à un jeune garde d'artillerie de 3o ans à peine qui dirige les travaux de l'importante route de Konakry au Niger. Le libellé de )'0/7!c<< est à citer Leprince (Jules-Auguste), garde d'artillerie de la marine, de 3'classe, hors cadres; )) ans )/2 de services dont 7 ans et-7 mois à la mer ou aux colonies (4 ans 6 mois en guerre). Titres exceptionnels chargé depuis le 27 mai)8o6 de la direction des travaux de la route de Konakry au Niger. A montré une grande habileté et un dévouement à toute

épreuve.

Angleterre

Les défenseurs de Weï-Haï-Weï.

Les Anglait. veulent appliquer en Chine les principes qui leur ont si bien r~xei 9))x thdes. et c'est Dar les Chinois eux-mêmes au'))s

entendent faire garder Wei-Hat-Wei. On sait comment pratiquent il! choisissent dans,Ferment indigène les sujets qui paraissent les plus soumis'.et'Iès'plus résistants; les encadrent d'officiers et sous-ofEciers anglais, les payent, les habillent et les installent généreusement et arrivent ainsi .11 créer des corps qui, par leur. vie, leur uniforme, leur prestige ne tardent pas A se croire très au-dessus du peuple d'où ils sont sortis et semblent devoir être absolument.Mètes au vainqueur qui leur a fait un sort confortable.]) en est du moins ainsi aux Indes. Il en sera de même en Chine. Un premier bataillon d'infanterie chinoise a l'effectif de 006 hommes s'organise à Wei-Ha!-WeL Les cadres' nécessaires, uniquement composés de célibataires, sont partis d'Angleterre, et voici, à titre de renseignement, la solde annuelle des sous officiers sergents-majors, 5 ooo francs; sergents, 3 8œ. Supplément de solde pour connaissance de la langue chinoise, 5ûo francs. La Balle à pointe creuse. On sait que les armes a petit calibre ayant été adoptées dans presque toutes les armées, on considérait la balle à enveloppe complète –la balle Lebel par exemple comme la seule possible pour les cette armes nouvelles. Mais les Anglais découvrirent que n'était déformer, balle, traversant parfois les corps sans se amenés pas d'une efficacité absolue. C'est ainsi qu'ils furent a fabriquer à l'usine de Dum-Dum, près Calcutta, une balle dont l'enveloppe laissait déboucher une pointe de plomb. Cette balle fait des blessures si graves, surtout à courte distance, que le monde civilisé s'est ému et a protesté. L'Angleterre a répondu qu'elle ne fabrique plus de battes à pointe de plomb. C'est à tort que les journaux ont parlé d'envoi de munitions Dum-Dum au Transvaal. L'Angleterre n'a pas besoin d'employer encore les balles condamnées, car elle a trouvé mieux. Elle a mis en service la balle à ~otf~e creuse. Tirée par le fusil Lee-Metford, dont te calibre est de ~m/m la vitesse initiale de cette balle est dé 6)0 mètres l'énergie du mouvement à la sortie à la bouche du canon de l'arme est de 277 kilogrammes. La cartouche chargée d'un avec de ta poudre Cordit contient une balle composée noyau de plomb entouré d'une enveloppe de nickel; l'extrémité' supérieure conique de cette balle porte une cavité profonde de Q°/ La cavité est cylindriquelarge de les p.-oduite par percement dans une batte à enveloppe bords de t'enveloppe sont repliés dans l'ouverture, et au fond de'la cavité se trouve creusé le disque rond de l'en-

2'

vetoppe.

Cette nouvette balle est beaucoup plus redoutable que l'ancienne Dum-Dum.-Ette est à la fois aussi déchirante et beaucoup plus pénétrante. L'évidement de la pointe ne nuit en rien à ses qualités balistiques et fait que, arrivant dans lès corps mous bu liquides, la compression de l'air contenu dans la pointe et des matières aqueuses qu'elle rencontre amène une véritable explosion. Dans lesla corps mieux que balle secs et durs elle se comporte beaucoup Dum-Dum, qui s'aplatissait sur place; elle .s'aplatit, il est vrai, mais elle perce et continue. Tirée à 25 mètres sur un cheval, dans la région du cœur, elle fait à t'entrée un trou déchirure de gros comme le petit doigt, et à la sortie une 23 centimètres de largeur..

Etats-Unis La nouvelle Solde des Officiers de Marine.– an. (Le

Amiral Dewey, unique amiral, )5ooo dollars par dollar vaut a peu près 5 fr. 25.) Contre-amiraux de première catégorie, 7 Soo dollars en mer, 6 375 dollars. à terre; contreamiraux de seconde catégorie, 5 5oo dollars en mer, 5 3()S dollars à terre. Gratification mensuelle supplémentaire particulière à tous les contre-amiraux, 72 dollars; Capitaines, 3 Soo dollars en mer, 3 6<)S à terre. Commanders ou commodores,3ooo en mer, 3) 20 à terre. Lieutenants-commandants. Lieutenants, 8ou en mer, i 2 ~oo en mer, 2 70) à terre. seconds lieutenants. ) 5oo en mer, 5b3 à terre. à terre

Enseignes, -)00 en

mer,

) ~?8 à terre.


La ville et les environs de Chimay Par le

a de <tOM/~fM.V pays, peu visités par les touristes, et qui <C/)CM~t!M< )iMn~M< l'etre. De ce )!0))!~ est la M//<CMM:<7)',située sur /rO;!<M~' f~<! la r/t-M)tt)f; 7'~MMf<)C–– ))M;)t/<')tt!M/la Picardie, C~M)! ~Mt/M< au XM~Ot :<)tt' des ~OM~f/M du /Y<)MM<, a ~~))~~ ville depuis le VH" siècle. )MOM~, <7

~f

Lorsqu'on arrive

~<i~,<-)!

Chimay par le côté Sud, et qu'on suit la petite rivière qui a nom ~'FdM M~e~ la ville se présente sur la colline d'en face, avec ses murs de

à

soutènement, ses maisons étagées et disposées

la joie des ..1-pour 1artistes et des touristes on aper-

F~<

gardes françaises et se distingua dans la guerre de la succession d'Espagne; son fils brilla dans la guerre de Sept Ans. Plus près de nous, un membre de la famille de Caraman, né en t~o, fut chargé de nombreuses

diplomatiques, entra à la Cham-

çoit le clocher de l'église, puis le

château,

à

bre des pairs et

dirigea plusieurs ambassades. C'est son frère Phili ppe-Joseph

la

pointe de l'escarpement, formant une haute terrasse au-dessus du parc,

de Caraman, devenu prince de

où coule i'f~M blanche. La rue

Chimay et députe sous la Convention, qui épousa

prin-

cipale monte de la

M" Tallien. née

terrasseà)a place

Thérèse de Cabarrus, dont le nom eut tant de retentissement à Paris,

de Chimay, où se

trouve l'avenue du château, une

courte avenue au bout de laquelle est la grille armo-

missions

sous la Conven-

tion et le Directoire. Après son Z?~tH~tt)~. (t C/n~ar. mariage avec le prince de Chimay, elle revint au château, où elle se forma, comme à Paris, une petite cour dont elle était la reine aimée et admirée, pour tous les dons que la nature lui avait prodigués. Son portrait, dans tout l'éclat de sa beauté, tient une belle place dans ces appartements tout remplis d'elle. On y voit aussi une salle de spectacle aménagée par ses soins, mais sur laquelle les années ont mis leur empreinte, car les décors, aux arrangementspimpants iadis, sont bien défraichis. Son grand salon de réception Louis XIV est mieux conservé. Elle mourut au château de Chimay en )8~. Son épitaphe est placée dans l'église, en face du mausolée de Philippe de Croy, chambellan de Char)es-Qpint. Le parc est un des plus beaux de la Belgique, du

C)).\)LAUD.LS)')UNCt:;tr~CmMA~.

D'~?-~ ~~c ~/)o/o~n~/UL' de riée de )'entrée; on traverse la cour d'honneur; au fond une large porte donne accès dans un vestibule peuplé de statues de marbre de grandeur naturelle; on monte tout de suite à l'étage et l'on se trouve dans des appartements en enfilade, nombreux et somptueux, formant des galeries remplies d'objets rares, où le goût et l'art se sont réunis pour faire une demeure à nulle autre pareille. A citer le portrait de Pierre-Paul Riquet, chef de la maison de Caraman, famille française se rattachant aux Riquetti de Mirabeau. Ce Paul Riquet de Caraman, auteur du canal du Languedoc, fut le premier de ses membres qui se soit illustré et immortalisé dans l'histoire. M vécut de <6o4 à )68o. Ses descendants suivirent presque tous la carrière des armes. Le fils de celui-ci fut général des


too

moins des demeures seigneuriales. Ha hectares, renfermant'de nombreuses futaies, sur un sol accidenté que l'Eau Ma<!c~' traverse gaiement, après avoir reçu l'eau du lac de Virelles. Ce lac prend son nom d'un coquet village couché avec une grâce infinie entre le lac et le parc, comme pour comptéter ce cadre enchan-

teur. D'une fenêtre du château, par une matinée brumeuse, estompant d'un léger brouillard les contours fuyants du parc, ses solitudes ombreuses, ses refuges de silence et de fraîcheur, on croit voir, dans la variété des aspects, la grâce d'une jeunesse perpétuelle, car, même en hiver, le site est charmant le lac, ses îlots, ses roseaux, puis les futaies dénudées, mais si correctes encore, puis les pelouses toujours vertes, puis les petits ponts jetés çà et là sur l'eau courante, puis les kiosques, chinois, indiens, tout, en un mot, est arrangé,Fcombiné pour le plaisir des yeux. Après tee chàteau, le parc

et l'église, il

y

L'abbaye se présente bien, située sur une hauteur, au centre d'un vaste plateau maintenant cultivé, et dont les terres sont très fertiles, arrosées qu'elles sont par mille sources jaillissant de toutes parts. En avant du portail, un petit préau vert, comme l'Espérance, avec de petits arbres régulièrement plantés au-dessus du portail, encastré dans la pierre on lit BMK/~M~fM~ ceux qui habitent dans la maison dit Seigneur, ils le loueront pendant toute l'éternité. On entre dans une belle cour spacieuse et très propre la loge du portier est d'un côté et de l'autre est le bâtiment des pauvres, car les Trappistes reçoivent et hébergent tous ceux qui se présentent, l'ordre de Cîteaux étant d'exceller dans la charité, qu'ils mettent constamment en pratique Faisant suite à ce bâtiment se trouvele parloir des femmes, qui ne doivent pas

aller plus loin. Cependant on a adouci la règle

elles peuvent maintenantvisiter l'église, ainsi que quelques parties réservées. Dans la

journée, l'église est vide; mais tous les matins, ou plutôt toutes les nuits, les Frères se lèvent à 2 heures, parfois

a

peu de choses à

voir à Chimay. Vers le haut de la ville, un reste de vieille tour, près d'une promenade très ombragée, et appetée « le jardin des Archers ».

Il n'y

a

qu'une ligne de

à i heure suivant la saison ils vont

chanter Matines et

VILL%GE DI. \'IRELLES,

D'Tf~ MHt'tO/O~TO/e de

chemin de fer, qui passe au sud de la ville et côtoie le joli lac pendant 2y minutes pour rentrer en France par Anor. Du côté opposé, s'enfonçant dans le Nord tout près de Chimay, se trouve le château de Beauchampappartenant aux princes de Chimay construit en style gothique puis ce sont des bois, 'toujours des bois, de très vieux bois séparés pendant plusieurs kilomètres par une route qui n'a qu'un défaut, celui d'être pavée. On a découvert, dans les environs, des sépultures gallo-romaines, ainsi que les vestiges d'un camp, affirmé par la configuration du sol. On a trouvé aussi de vieilles monnaies et des armes qui ont été déposées au musée de Namur. Le côté sud de cette jolie cité était, jusqu'en 1850, couvert de bois. A cette époque, les princes de Chimay firent venir les Trappistes pour défricher leurs domaines. Le monastère situé droit au Sud, à io kilomètres fut édifié sur un de la ville en pleine Thiérache endroit où s'élevaient, il y a moins d'un demi-siècle, d'épaisses forêts, dans le territoire de la commune de Forges, non loin du hameau de Scourmont, situé sur la lisière d'un bois. à côté de l'abbaye.

7~~H~M,

Chimay,

Z.~MjM

jusqu'au

moment de reprendre le travail. Les Trappistes n'ont dans leur église, ni orgue, ni harmonium, ils n'admettent là que le plain-chant, d'un caractère si grave qu'il produit sur ceux qui l'écoutent une véritable impression. Ils sont alors placés dans leurs bancs de chaque côté du chœur, et se font face les uns chantent debout quand les autres sont assis et vice versâ. Les livres de chant sont d'énormes antiphonaires éclairés par des lampes le changement de psaume est annoncé par la cloche. Les dimanches et les jours de fête, les offices sont très longs. Outre les chants de nuit, avant la grand'messe, ils chantent Tierce et après Sexte, plus tard les Vêpres, CoM~;&! et A~we. Il ne leur reste que peu de temps qu'ils emploient à leur guise lire, écrire, école de chant; car il leur faut étudier le chant; là, comme dans tout ce qui se pratique au monastère, il faut arriver à bien. L'église domine un ensemble de constructions formant quatre cours entourées de bâtimentsde service et conventuels. Dans la première, la brasserie, l'huilerie, la scierie mécanique, les ateliers de serrurerieet de sculpture sur bois. Dans la seconde s'élève une vaste grange qui peut tenir sept chariots tout attelés. Puis la bou-


langerie, la buanderie, les ateliers de chaudronnerie, de maréchalerie, de cordonnerie, de bourrellerie, ainsi que les remises pour les instruments aratoires. Dans la troisième, les écuries, les vacheries et la laiterie. Hy a dans cette cour une étable si vaste qu'elle peut contenir <oo bœufs. La quatrième est la cour du cloitre. Les Frères travaillent partout ils vont, ils viennent, ils sortent, ils rentrent des ateliers, sans vivacité ni langueur, mais avec le train-train des gens se sentant chez eux et ne connaissant que la discipline et la loi du travail. Ils font bien ce qu'ils font, avec goût. 11 y a parmi eux des artistes sculpteurs fort distingués. L'hôtellerie, qui touche à l'église, en pseudo-ogival tertiaire, est une œuvre fort intéressante. Les vacheries sont magnifiques et frappent par leur propreté merveilleuse. Quant aux vaches,quel'on croirait peintes comme des joujoux de Nurem-

berg, elles sont pourtant bien vivantes. Les Frères les traient, et, tout en récitant des

prières font tomber le bon lait mousseux dans des chaudrons de cuivre d'un brillant incomparable. Dans le fond de l'écurie, un petit réduit où couche le Frère préposé à la garde des vaches. Le lit se compose d'une bonne paillasse entourée d'une serge, puis d'une ou deux couvertures, selon la saison. Pas de draps. Les Trappistes se couchent habillés.

de

plates-bandes fleuries, le tout soigné, aligné, tiré

au cordeau, ainsi que les allées larges et bien sablées. C'est là que les supérieurs appelés Pères blancs parce qu'ils portent une robe de drap blanc avec une étole de laine brune comme insigne de leur autorité sur les Frères leurs subordonnés doivent venir se promener au déclin du jour, dans ces allées qui conservent l'empreinte de leurs pas tranquilles. Dans les appartements, autour de ce cloître, on reçoit des prêtres étrangers qui viennent faire des

retraites. Le cimetière est intéressant il est faux, comme on le croit généralement, que le Trappiste creuse sa tombe chaque jour! S'il pense à la mort, il l'attend patiemment sans songer à préparer sa dernière demeure, sachant que ses frères en religion sont là pour lui rendre ce service. A la

mort, on enveloppe

le défunt dans son manteau de chœur, le capuchon rabattu sur la figure. On le porte à l'église aussitôt le décès

couché sur une civière, la tête reposantsur une petite botte de paille devant cette dépouille, les Frères viennent deux par deux faire la veillée mortuaire. La levée du corps est faite par

le Père supérieur en présence il de toute la communauté

célèbre la messe et l'office au milieu de leurs chants si gra-

ves puis le cortège s'achemine vers le cimetière où l'on descend le défunt dans la tombe avec ses vêtements et Le réfectoire est une sans cercueil. La tombe referPLIfE C7 fLOf1[ER DE L'ÉGLISE DI: 11111f.4Y. pièce longue, étroite de lonmée, on plante en terre une D'a~fM Htte~tOto~'rtt/'Mede B/am~at'H. CAt'ma~. gues tables, de longs bancs, croix de bois avec le nom des assiettes de fer, des gobelets, des cuillers, des porté en religion par le défunt. C'est tout. fourchettes de même métal. Là, on ne mange que des L'hôtellerie est agréable à voir, tant elle est bien légumes apprêtés au beurre ou à l'eau. Jamais de tenue par un Trappiste, ancien soldat français qui a fait viande Jamais d'œufs excepté en cas de maladie. les guerres du Tonkin. Le pain est bon et très appétissant. Dans les L'abbaye compte depuis plusieurs années un temps primitifs, on ne mangeait dans les abbayes que officier supérieur de l'armée française qui a quitté son du pain de son. I) y a donc progrès.Les Trappistesboivent brillant avenir pour se réfugier dans la paix et le silence de la bière, et de la bière renommée qu'ils expédient de ce cloître. à BruxeUes.oùon la recherche et où elle est vendue fort Aux alentours du monastère, dans la saison des cher. Ils en ont une chopine à midi et une le soir, mais travaux champêtres, on rencontre des Frères disséminés ceux qui travaillent aux champs en ont davantage. partout, s'empressant, se multipliant, à droite, à gauLes jours de jeûne, ils ne font leur premier che, mais en silence, car le silence absolu est la première repas qu'à midi, et le soir ne mangent règle de toutes les communautés. Ils s'en vont dans que du pain et un fruit. les si!lons, traînant des gerbes de blé, les mettant en Ils sont donc végétariens dans toute la force du tas, les voiturant, vêtus lourdement de leurs longues terme. Et comme ils se portent bien, qu'ils travaillent robes de laine brune serrées à la taille par une corde, beaucoup et qu'ils vivent vieux, à laquelle est attachée un long rosaire à grains gros on est forcé d'en conclure que leur austére.régime a du bon. comme de petites noix. Aux pieds des sandales. La cour du cloître est bien jolie, entourée Ils demeurent en plein soleil sans le moindre d'un jardin tracé régulièrement suivant l'usage des couvre-chef pour abriter leurs larges tonsures. On les monastères ce sont des massifs d'arbustes entourés croirait assurés contre les insolations.


Oh! la cité des Condé est bien déchue militairement pas une sentinelle sur la crête de ses remparts, devenus de simples talus herbagés et fleuris. Pas une sentinelle non plus sur les courtines et les bastions, qui pourtant ont des noms sonores bastion de la citadelle, du Dauphin, de Montmorency, de Nevers, du petit fort, sans compter les demi-lunes leur donnant du prestige, mais qui n'entendent ni un commandement militaire, ni ces belles sonneries de la vie des camps: nul bruit! la solitude, le silence complet.

LAC DE YIRELLI:S.

D'après une photographie de

~M.

BtaMt~txn. à Chimay.

Ils ne perdent pas une minute, ils ont l'entrain des gens bien portants, nourris, croirait-on, de la sève de la terre, du soleil et du grand vent on les regarde

vraiment avec curiosité. Eux, paraissent indifférents, ne regardant pas, travaillant la tête penchée sur la poitrine, dans l'atti-

tude de la méditation. Contrairement à la règle de la plupart des monastères, le Trappiste ne rompt pas avec sa famille et la revoit toujours avec joie. 11 tient donc encore à la terre par le lien le plus doux qui soit au monde. Lorsqu'onquittetoutes ces jolis oasisdeverduredu pays de Chimay pour rentrer en France, on traverse' une immense plaine, à 400 mètres d'altitude, offrant et où tous de grands espaces dénudés, appelés les vents du globe ont établi leur séjour.

n~,

C'est dans « cette immense plaine que les armées françaises et espagnoles se sont rejointes le t~ mai 1643 c'est là que le duc d'Enghien, depuis le grand Condé, gagna la célèbre bataille de Rocroy, qui immortalisason nom. Telle était cette plaine alors, telle elle est au,jourd'hui un petit ruisseau la coupe en deux, prenant sa source sur le champ de bataille même, dans un étang dit de la Cence Point il s'appela <[ ruisseau Sainte-Anne jusqu'au jour de la bataille, où il reçut son baptême de sang, car ses eaux, pendant six heures que dura le combat, coulèrent d'un rouge si foncé que désormais il prit le nom d'Eau noire. Et c'est ainsi qu'on le nomme toujours. Ce pittoresque ruisseau coule vers la Belgique, longeant la frontière, séparant les deux nations et serpentant, à travers de jolies vallées riantes, avant de rejoindre l'~M blancbe, au pied d'un admirable rocher couvert de longues lianes de verdure tombantes comme les cheveux d'une naïade. Les deux ruisseaux alors confondentleurs eaux et n'en forment plus qu'un, qui va non loin de là se jeter dans la Meuse, sous le nom de Virvin. Il faut retourner vers le champ de bataille de Rocroy, le traverser dans toute sa largeur pour rejoindre ce que l'on nomme la route ~T<:t~w, par laquelle arriva le duc d'Enghienla veille de la bataille, pour prendre ses positions. Quand on l'a rejointe, on n'est plus qu'à une faible distance de Rocroy.

C'est qu'avec les 60 hommes de garnison qui lui sont dévolus parcimonieusement, on ne peut prodiguer les sentinelles à tous les postes de jadis. Il n'y en a qu'une seule, au point le plus culminant, et c'est elle l'unique garde qui veille de très loin et à une grande hauteur, sur les passages de la Meuse. Pourquoi cette grande détresse après tant d'héroïsme? Pourquoi cet abandon dans lequel on laisse une cité ayant eu ses ~~MfM~ au ~oKi'~McM~K< de Rocroy? Elle a dans son écrinles armoiries de Henry 11, par qui elle fut fondée, ses parchemins sont brillants, ses états de service sont illustres. Le 5 janvier tSy) elle s'est défendue et s'est laissé brûler avant de se rendre elle ne pouvait faire plus. JACQUES DES ARDENNES.

Les Étrangers en Tunisie. Prépondérance de l'élément italien. recensement des étrangers en Tunisie vient d'être LE L fait.

causé quelque surprise. Sur 80 ooo étrangers, on compte 64 000 Italiens et 13 ooo Maltais, sujets Il a

britanniques.

Or, d'après les récentes constatations du dernier recensement français et l'accroissement annuel quia dû n'y a pas plus se produire, il est permis d'affirmer qu'il de 20 ooo Français résidant dans la régence, c'est-àdire que sur une population européenne de 100000 âmes, on ne compte qu'un cinquième de Français. Une si faible proportion doit nous faire réfléchir. Cette remarque établit péremptoirement (ce qu'on savait déjà) que c'est surtout la grande colonisation qui cultive le sol de la Tunisie 450 ooo hectares y sont partagés, en effet, entre deux ou trois cents propriétaires. Le protectorat tunisien a montré toute sa valeur pour le gouvernement des indigènes, pour la bonne administration des finances, pour la rapide extension des travaux publics. Il lui reste une chose à faire attirer le petit colon français, afin que l'élément français soit prépondérant dans la Régence. A priori, il semble, en effet, facile d'attirer nos compatriotes en Tunisie, puisque nous voyons s'installer dans ce pays toute une colonisation italienne dont l'importance croît chaque année.


La Navigation aérienne

et la Thermosphère la ~!M&C MM ~)~<K< <M-&C.'< Af. COM~ f~eOM~ ~M~MM-MMM MOM&MM!M <7~C~MMOK.S. Il ~OMM~ aujourd'hui MM aDM ~M~MC sur le ~~0~)M~ Dans

)Mft~!<<OM a~MMKg et

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M/M<MM

n'ai

/'0~~ ~'t'J~ ~!<M /~Me/ on f/0!~ ce ~'yo<g.

sur

A VEC le système de ballonnets que je préconise, je pas la prétention d'établir l'équilibre indéfini

du

ballon;

je

pense seulement pouvoir ainsi prolonger de quelques heures la durée d'un voyage. C'est, en effet, à

cette

prolonga-

tion du séjour en

l'air que doivent

tendre d'abord tous les efforts des personnes qui

S'occuper de la direction du ballon avant d'en avoir trouvé l'équilibre est, selon moi, un non-sens. C'est, pour me servir d'un vieux proverbe, « mettre la charrue avant les bœufs ». Qliand un ballon pourra rester plusieursjournées consécutives dans les airs, alors il sera temps de chercher la direction et l'on pourra vraiment l'étudier avec profit, car on n'aura pas à lutter contre le manque d'équilibre; l'on pourra alors appliquer toute la force de l'invention dans un seul sens, dans le sens de la

longueur.

C'est donc vers la solution du problème de l'équilibre des aérostats que doivent se diriger tous les efforts des inventeurs. A ce propos je suis heureux de pouvoir donner ici un compte rendu trop succinct, hélas! du système de M. Emmanuel Aimé, système qui s'il ne résout pas complètement le problème, contribuera du moins à en avancer notablement la solution. Je veux parler de la thermosphère. Voici en quoi consiste cet appareil. Un ballon de 3 00o mè-

tres, parfaitement

s'occupent de

étanche, est gonflé aux deux tiers de gaz hydrogène. Dans la nacelle de l'aérostat est un générateur Serpollet chauffé par un brûleur à pé-

sciences aéronautiques. Avant de

s'intéresser à la direction des bal-

lons, il faut

d'abord s'occuper de l'équilibre de

l'aérostat dans

trole lampant

les airs.

Le ballon tel

dont la flamme, LES BALLONNETSDE M. LE COMTEDE LA VAULX.

réglableà volonté, est emprisonnée

qu'il existe mainD'après une photographie. tenant ressembleàà dansdestoi)esménavire qui tiendrait un ne. talliques comme une lampe de mineur pour éviter tous pas l'eau, qui n'aurait qu'une tendance aller au fond des mers; le premier problème risques d'incendie. l'on résoudre dû dans la navigation aquatique a que a Le générateur est muni d'un tube qui monte dans été l'équilibre du bateau sur l'eau; quand cet équilibre l'intérieur de l'aérostat à travers une soupape automaa été trouvé, on s'est occupé alors de la direction. tique qui ferme l'enveloppe inférieurement. Les inventeurs d'appareils de direction -et, ma La manche du ballon setermine par une gouttière foi,ils sont nombreux–nesontsouventjamais montés reliée au moyen d'un conduit à un réservoir à eau en ballon; ils ne semblent pas se douter que cette situé dans la nacelle. masse qu'ils veulent diriger dans le sens de !a longueur Je suppose le ballon gonflé et lesté de manière tend au contraire à tomber à terre le plus rapidement à ne pas avoir une force ascensionnelle suffisante, il possible. En effet, bien que cela paraisse absurde au ne pourra donc pas s'élever; il sera nécessaire, pour premier abord, l'aérostat est attiré par la terre suivant effectuer le départ, d'injecter de la vapeur d'eau; cette leslois de la pesanteur. Plus l'aérostat monte dans les vapeur, après avoir dilaté le gaz par les calories qu'elle sphères élevées, plus rapidement il redescendra sur le lui cède, ira se condenser sur les parois, assurant l'ésol; c'est pourquoi les aéronautes connaissant à fond tanchéité parfaite de l'aérostat, puis elle se déposera leur métier choisissent de préférence la nuit pour dans la gouttière et retombera dans le réservoir. voyager. Durant la nuit, la température est plus consVoici d'ailleurs les propres paroles de l'inventeur tante et le gaz sera moins sujet à des dilatations ou à lui-même: des condensations rapides; durant la nuit le ballon s'équilibre plus facilement dans les sphères basses et « Admettons qu'avant toute injection de vapeur la thermosphère pèse t~okilosdeplusquel'air déplacé, le voyage pourra durer plus longtemps.


démontre qu'il suffira, pour la mettre en équilibre, de saturer le gaz à la température de 10° environ; le thermomètre marquant par hypothèse o° dans le milieu ambiant, en la saturant à n° on lui donnera le calcui

une force ascensionnelle de près de 15 kilos. « Pour effectuer un départit n'y a doncqu'à fournir de la vapeur, et pour descendre il n'y a qu'à supprimer l'injection. En aucun cas l'aéronaute n'est à la merci du gaz comme à bord d'un ballon ordinaire, puisque le gaz seul ne peut enlever la thermosphère sans l'appoint de la vapeur. « Il devient ainsi possible de voyager à toute altitude comprise entre le sol et une limite supérieure qui, dans le cas supposé, est d'environ 2 ooo mètres, et cela sans perdre de gaz, puisque la thermosphère est flasque en dessous de cette altitude et que rien ne la force à la dépasser. L'équilibre ne dépend plus que de la manœuvre d'un robinet lorsque le soleil darde ses rayons, on modère le débit; lorsque le ciel est couvert, on augmente la consommation. Quant aux fortes ruptures d'équilibre produites pendant la nuit par une couche d'humidité sur la surface. des ballons ordinaires, on conçoit qu'elles soient peu redoutables pour la thermosphère, dont l'enveloppe est toujours à une température supérieure de quelques degrés à celle de l'air. On sait en outre que l'abondance de la rosée dépend de l'état hygrométrique du milieu pour être en de bonnes conditions il faut donc maintenir la thermosphère à quelques'centaines de mètres au-dessus des bas-fonds chargés de brouillards de l'océan atmosphérique. « En résumé, l'emploi de la vapeur d'eau comme force ascensionnelle et comme régulateur d'équilibre permet à l'aéronaute de monter et de descendre à sa guise. M peut choisir et conserver une attitude déterminée sans autre dépense que celle du combustible dont la provision est renouvelable à terre. Enfin il peut prétendre à se diriger en s'équilibrant dans le lit du vent qui conduit au but désiré ou en changeant de courant aussi souvent qu'il est utile pour courir des bordées dans l'atmosphère et se rapprocher d'un point déterminé. Mieux vaut se faire du vent un auxiliaire que lutter contre sa fureur. « Bacon l'a dit « On ne triomphe de la nature qu'en obéissant à ses lois. » Je partage absolument tes idées de l'inventeur de la thermosphère. D'ici peu de temps M. Emmanuel Aimé doit nous convier à une première démonstration sur un appareil réduit j'attends avec impatience cette expérience qui, j'en ai la conviction, sera la clef du problème de l'équilibre aérien.

Comte

Le

HENRY DE LA VAULX.

Commerce de la Chine

la navigation de ou pour les pays d'outre-mer et les côtes se chiffre par 52 66t navires jaugeant 34 233 580 tonnes. En ce qui concerne

LEE mouvement

de

le trafic avec

l'étranger, la décomposition des pavil-

t°Alentree:

anglais. 129 allemands 2$24t2~t

lons est la suivante:

Haikwantae)s

440 navires

3

470 170

439 t 574 609~ 2°

A

Valeur

des targaisons.

904 483

français. japonais

1489'33°

de nationaiités diverses

4~ 612 209

t

5

navires.

la sortie:

21874~347

anglais allemands français japonais

46 390 090

de nationalités diverses

28 223 612

3 478 navires

480

t68

424 ~7

095 074

820733~ 9284791 6859734

navires.

108965 560 6 o;7 Les navires français, remarquons-le en passant, sont bien peu nombreux. Et cette constatation, pour

n'être pas nouvelle, n'en est pas moins désagréable. Il paraît intéressant, pour compléter ces données, d'indiquer d'après une communication de M. Ch. R.

Wehrung, conseiller du commerce extérieur à Shanghaï, le nombre des maisons étrangères et les résidents établis dans les ports ouverts du Céleste-Empire, d'après les inscriptions faites dans les consulats respectifs, à la fin de !8a8.

Français. Nationalités

Allemands

Anglais

Américains. Autrichiens. japonais. Portugais

Total.

Maisons

decommerce

Résidents

37

920

toy

1043

398

5'48

4~

20~6

20

to82

t6

'65

114

694

773

'342'

En réalité, le nombre des étrangers résidant dans les ports ouverts est supérieur au chiffre ci-dessus, mais beaucoup ne sont pas immatriculés.

L'Angleterre et le Transvaal /~UELS sont les droits politiques accordés aux étran"<- gers (uitlanders) résidant au Transvaal ? Au bout de combien d'années de séjour peuvent-ils recevoir la franchise et le droit de vote? Quelle est la manière dont sera reconnu leur droit de propriété, etc. ? Telles sont, en résumé, les questions que l'Angleterre a posées au gouvernement du président Krüger, en prenant, d'ailleurs, un ton comminatoire qui a pu faire craindre un moment que la guerre éclatât entre la puissante Grande-Bretagne et la petite république de l'Afrique du Sud. Mais toutes ces questions plus ou moins insidieuses n'étaient en réalité, dans la bouche des membres du cabinet anglais, que des prétextes dissimulant d'autres velléités, plus en rapport avec les idées d'im-


périalisme, dont le bouillant secrétaire d'Etat des Colonies, M. Chamberlain, s'est fait l'apôtre énergique et résolu. Aussi bien, dans ses deux derniers discours

à la Chambre des Communes, M. Chamberlain a laissé tomber tous les voiles. Il a dit clairement que les griefs

et les plaintes des uitlanders étaient pour peu de chose ou même pour rien, dans les revendications qu'ilcxer" çait auprès du Transvaal. Pour lui, il s'agit tout bonnement de secouer le joug que les colons de race hollandaise ont l'audace de vouloir faire peser sur tout le sud de l'Afrique. « Le danger, s'est-il écrié, ne provient pas des plaintes des étrangers. Le fait que des sujets britanniques sont sous la domination d'une autre race met en péril la prépondérance anglaise c'est une menace pour le pays tout entier c'est lui qui a produit l'antagonisme des races. La position de l'Angleterre dans le sud de l'Afrique est en péril. » Dans un article de Tbe MM~<~ Century, un Anglais qui a fait une longue carrière en Afrique, sir Sydney Shippard, vient de paraphraser les dires de M. Chamberlain avec une netteté et une précision sans réserves. Son article est intitulé tout simplement Allons-nous perdre l'Afrique du Sud ? On y lit cette phrase très explicite « 11 ne peut pas y avoir de doute sur l'importance de la crise actuelle. Nous sommes à l'endroit où la route bifurque, et si nous nous trompons de côté, nous pouvons perdre l'Afrique du Sud. Si nous perdons l'Afrique du Sud, nous perdrons inévitablement l'Inde, et tout notre empire colonial avec. C'est pour l'Angleterre une question de vie ou de mort. Je n'hésite pas à dire qu'aucun sacrifice ne serait trop grand pour assurer à l'Angleterre un empire sudafricain paisible et uni. » Cette déclaration a un mérite évident, celui de la franchise. Ainsi posée, la question est claire. Et l'on comprend que pour s'affranchir d'une tutelle qui la gêne à ce point, dans son expansion à travers le monde, l'Angleterre ait envisagé la possibilité d'une

guerre contre les Boers. Aussi, sir Sydney se montre-t-il d'une belle ardeur belliqueuse contre ceux qui veulent contrecarrer les desseins de l'Angleterre. Dès avant 188!, poursuitil, « l'idée d'une république hollandaise qui embrasserait toute l'Afrique du Sud était, pour ainsi dire, dans l'air. Ce fut et c'est la raison d'être de l'Union des Afrikanders, et il n'y a pas de dénégations, pas de protestations de fidélité à l'Angleterre, qui puissent changer

Déjà, il y a vingt ans, des hostilités ont éclaté entre les Anglais et le Transvaal. Les choses n'ont pas tourné alors à l'avantage des Anglais; loin de là mais un homme averti en vaut deux, et sir Sydney Shippard compte bien que les fautes de la campagne de 1881 ne se renouvelleraient pas. Toutefois, chose curieuse, sir Sydney ne paraît pas avoir une confiance aussi absolue qu'on le pourrait croire dans le succès final. Il semble redouter que la lutte, en se propageant du Transvaal dans les autres parties de l'Afrique du Sud, ne cause un soulèvement général qui donnerait du fil à retordre à ses compatriotes. Mais cette appréciation n'est, dans son article, qu'à l'état d'indication, pour ainsi dire, car ses conclusions sont bien nettes en faveur d'une intervention à main armée. « La perte de ses colonies d'Amérique a été, dit-il, le coup le plus lourd que l'Angleterre ait jamais reçu. La division de la race anglo-saxonnequi en est résultée a été l'un des plus grands malheurs qu'ait jamais éprouvés l'humanité en général. Si notre race était restée unie, on n'aurait que faire de Conférences de la Paix. Les Anglo-Saxons réunis auraient pu garantir la paix du monde. L'Angleterre a perdu les colonies américaines parce qu'elle a mal agi en se battant contre ses propres enfants. Si l'Angleterre perd l'Afrique du Sud, ce sera pour ne pas avoir pu ou voulu se battre pour protéger ses propres enfants. Avec l'exemple et l'avertissement de l'Amérique devant nos yeux, allons-nous poursuivre une politique qui aboutira certainement à la perte des colonies sudafricaines, une politique de résignation et de gens qui s'abandonnent, qui reculent devant le devoir et le danger, une politique qui aboutira forcément à un désastre et nous vaudra le mépris permanent des Boers euxmêmes ? Ne vaut-il pas mieux ceindre nos reins pour la bataille, si bataille il y a Le plus tôt nous aurons une flotte dans la baie de Delagoa et une armée d'occupation dans le Transvaal, le mieux cela vaudra pour nous et pour tous ceux qui viendront après nous. ? » Si M. Chamberlain n'a pas inspiré cet article, il a dû éprouver une joie sans pareille en le lisant. Impossible, en effet, de se déclarer plus « impérialistes que l'écrivain de la revue anglaise. Et c'est bien là ce qui doit nous faire réfléchir. Quand l'incident actuel sera réglé entre le président Krüger et le cabinet de Londres, il en surgira un autre, et après celui-là un troisième, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'une des deux races ait absorbé. ou étranglé l'autre.

?.

quelque chose à ce fait-là. « La question se réduit à ceci

Qui sera le maître dans l'Afrique du Sud ? Si l'Angleterre doit être et demeurer la puissance suprême, de fait et non pas seulement de nom, l'heure a sonné pour elle d'affirmer et de maintenir ses droits souverains par des moyens pacifiques si cela est possible, par la force des armes s'il le faut. « La guerre est terrible dans les conditions modernes, avec les découvertes et les moyens de destruction modernes mais il y a des maux pires que

la guerre, tout affreuse qu'elle soit. Le déshonneur est pire que la guerre pour toutes les nations et la perte de son empire serait pire pour l'Angleterre que la

guerre. »

Ulysse Robert.

Voyage à Vienne. Paris, Ernest Flam-

marion,2ô,rueRacine.Prix:3fr.5o.

n'est Cunvolume comme le dit l'auteur en sa préface, tableau de la société et des mœurs la capitale pas,

de

autrichienne, c'est, à proprement parler, un guide. H est d'une exactitude parfaite et, ce qui ne gâte rien, fort agréablement écrit. Sa place est marquée dans les mains de ceux que l'amour de la science, des arts, du progrès et de la nature appelle au cœur d'un pays qui a tant d'afnnités avec le nôtre et qui n'est pas assez connu en France. De très nombreuses gravures illustrent le volume de M. Ulysse Robert, et contribuent à en rehausser l'intérêt.


Z~TSC/r Zt~ G~&SC/T ~L'/i; E~D/fC7A"D7-;

Les

conditions d'habitabilité de la Norvège

Berlin. Grâce à sa position sur l'océan Atlantique, la Norvège jouit, eu égard à sa latitude, d'un climat très doux les parallèles qui coupent la presqu'ile scandinave traversent, ne l'oublions pas, les glaciers du Groenland, les immenses solitudes désertes de l'extrême nord de l'Amérique et de la Sibérie. Mais l'Atlantique sert en outre de régulateur aux variations de la température il tend à Norvège, les excès de chaleur et de froid à une ramener, en uniforme. Rien moyenne ne prouve mieux l'influence prépondérante qu'exerce le voisinage de la mer sur la température que les lignes isothermes parallèles à la côte. elles s'échelonnent de l'Ouest à l'Est dans une proportion décroissante, et même dans le Finmark, l'échelle des températures est absolument renversée; à mesure qu'on descend vers le Sud, c'est-à-dire qu'on s'éloigne de l'Océan, le climat devient plus rigoureux. Baignée, enveloppée ainsi par la mer, grâce à l'immense déploiement de ses côtes, la Norvège doit à ce fait une remarquable unité de climat, bien qu'elle s'allonge du 58e au "f degré de latitude, par delà le cercle polaire. En outre, c'est un haut pays, un vaste plateau abrupt du côté de la mer, doucement incliné à l'Est, et qui est sensiblement plus élevé dans sa partie méridionale, ce qui tend à imprimer à la flore et à la faune de toute cette moitié de la presqu'île un caractère sensiblement uniforme et nettement septentrional. Cette unité est comme accentuée par la nature géologique du sol d'une extrémité à l'autre, la chaine des Alpes scandinaves, du coté norvégien, est formée presque exclusivementde roches primitives, granit, gneiss, etc. Polies par le frottement des glaciers, ces roches ont pris partout des formes arrondies qui sont la caractéristique des roches moutonnées. Seuls, les hauts sommets qui ont toujours émergé des masses glaciaires ont gardé leurs formes pittoresques et sauvages. Etant données ces conditions générâtes, comment se distribue la population sur cette succession de vastes plateaux granitiques et en partie glaciaires, que bordent du côté de la mer les formidablesmurailles taillées à pic ? Cette population est de 2 millions d'âmes sur une surface de 822 ooo kilomètres carrés c'est dire qu'elle est très clairsemée, puisque la moyenne est de 6,47 habitants par kilomètre carré. Et encore, la population des villes forme-t-elle le 23. o/o de la population totale. Ce dernier élément échappe en partie aux conditions physiques générales que nous avons énumérées le commerce, l'industrie, l'exploitation des mines, etc., peuvent faire braver les rigueurs du climat et la stérilité du sol. En négligeant l'élément citadin, dans la moyenne de population des diverses provinces, nous pourrions dresser une table dont les extrêmes seraient représentés, d'une part, par la province de JarlsbeyegLaurvik,avec 3o.cohabitants par kilomètre carré, ou par celle de Akershus, avec !9.24 habitants par kilomètre, et à l'autre extrémité, par la province de Tromso. avec 2.3o habitants, ou par celle de Finmark, avec o.5o, soit avec i habitant pour 2 kilomètres

carrés!

En d'autres termes, la population décroît en raison inverse de l'altitude et de la latitude, ce qui n'a rien d'étonnant mais, en outre, elle est plus dense sur les côtes que dans les districts de l'intérieur, à cause des ressources que fournit la mer, plus libérale qu'une terre granitique et boréale, et de la facilité plus grande des communications. La limite moyenne d'habitabilité de la Norvège, dans le sens de l'altitude, peut être fixée à 600 mètres au-dessus de la mer. Au-dessus de cette limite, ce qui représente les

3/fo du pays, c'est le désert alpestre et glaciaire, où l'homme ne fait que de courts séjours. A ces conditions générales se joignent des conditions toutes locales, qui favorisent ou qui entravent le développement de la population. Pourquoi, par exemple, dans l'échelle des moyennes dont nous venons de citer les chiffres extrêmes, la province de Sondre Bergenhus a-t-elle 8.49 habitants par kilomètre, celle de Runsdal ".46, et celle de Nordre Bergenhus, qui sépare l'une de l'autre, seulement 4.88? La carte nous le dira cette dernière province est envahie par les grands gtaeiersde Justedaisbrabn et de Aalfotenbraen, et par le massif inhospitalier du Jotunheim. Il faut aussi prendre garde à la nature et au mode de distribution des vallées. Le district de Thelemarken, par exemple, est beaucoup plus peuplé comparativement ceux de Gudbrandsdal ou de Valders, parce que le premier est formé d'un réseau de vallées larges et peu profondes, tandis que les derniers, avec leurs vallées profondément encaissées et en forme d'impasse, n'invitent ni à la culture ni au commerce. Le grand fiord de Christiania, celui de Drontheim, d'autres encore, ouvrent sur ces vallées spacieuses, que les Norvégiens appellent de brede bygder » (les districts ouverts) et où presque toute la population du pays s'est agglomérée. La nature géologique du terrain est aussi à considérer nous avons dit que le soubassement de la Norvège est formé de roches cristallines partout où ces roches affleurent, c'est le désert aux endroits où le calcaire, l'argile et la boue glaciaire recouvrent ces étendues granitiques ou porphyroides, la population s'est Sxée; et ne s'est fixée

que

que là.

dans un grand nombre de vallées, semées les habitations sont ou agglomérées sur les hauteurs, tandis que le fond de la vallée est inhabité. Souvent, c'est crainte des inondations, ou à cause des marais malsains qui y croupissent; mais ces explications sont souvent insuffisantes. On a aussi prétendu que les immensesglaciers qui envahissaient autrefois tout le fond des vallées dans la Norvège centrale ont laissé, en se retirant, de grands lacs qui peu à peu se sont desséchés, mais qui existaient encore lorsque les populations se sont fixées définitivement sur les versants de la vallée. Chose curieuse

~t/N/~MO Milan.

Musique et Danses Javanaises 4 pRËs quelques mots sur la beauté des Javanais, qui, en dehors de la race indo-européenne l'emportent, sur tous

les autres types ethniques, sauf les Maoris, en grâce, en souplesse, en vigueur, en belle et haute stature, l'U~'M~o donne des détails précis sur la musique javanaise, dont les gamelangs sont renommés dans toute la Malaisie. Le gamelang est un orchestre de vingt musiciens, sous la direction d'un chef, et pourvus de toute une série d'instruments, comme le gambang (sorte de saxophone donnant la gamme complète), la bona, série de tam-tams, le kedog (tambour;, le rebab (violoncelle à deux cordes), le selonkat (petite lyre), le ~oM/!M~ (Oûte), le selompret (clarinette), etc.

Grâce à ces instruments, les Javanais arrivent à exécuter nos pièces musicales les plus compliquées. Passionnés de théâtre et de musique, les Javanais et les Javanaises ont des danses très originales, qui sont plutôt des pantomimes rythmées. Impossible de les analyser ces gestes, ces poses, symbolisent des sentiments dont les nuances et surtout la logique échappent aux Européens qui n'ont pas habité longtemps Java. Les danseuses javanaises se divisent en deux classes sociales très distinctes les tandak appartiennent à la meilleure société, tandis que les ~'of!~es~' sont assimilables à nos baladines de troisième et de quatrième ordre.

=


Le

Grand-Saint-Bernard

Voici un agréable récit ~'MMf excursion au G/'NM~a/M~-B~Ma~. OM verra qu'une MOtt'U~ hôtellerie est construite C/t ce ;;<OM~M~ ~'MM~e des touristes, qui ~'U/~M/MM~ de plus en plus nombreux dans cette partie des Alpes, si pittoresque et si CKt-/fMM par les souvenirs historiques qu'elle évoque.

T 'EXPLORATION du col du Grand-Saint-Bernard est facite en tout temps, elle est devenue agréable

depuis que nous sommes en meilleurs termes avec nos frères latins d'Italie; je vous propose donc de vous y conduirecommeje vous ai déjà conduits au plateau

cades, le théâtre, qui nous frappe par sa masse et sa majesté grandiose. Ses murailles sont construites en moellons énormes que le temps n'a guère attaqués. Puis nous nous sommes mis en quête de la Tour du Lépreux.

Tout le

monde a lu chez nous ce récit si simple et par là même si pathétique de l'écrivain

du Mont-Cenis, au

Petit- Saint-Ber-

nard, au col des

Araviz. Nous partons de la cité d'Aoste, gracieuse et blanche avec sa cou-

savoyard, en

a

goûté la charité à la fois si discrète et si vive. La Tour

n'est pas autre

chose qu'une

ronne de verdure et de glaciers étincelants ceux du

des

tours de défense de l'ancienne cité romaine.

Ruitor surtout ont l'éclat du diamant. Elle ptait immédiatement au touriste français, cette

Un rempart

solide, fortement cimenté, comme savaient en construire les anciens coquette cité IItl"~H,,1-; uc ctusu-smso-ueav.~no. maîtres du monde, d'abord on y parle entourait Aoste. couramment notre û'a/')'M«M<o<o~'a/t<edc~7..E.Csto/'t;aM. langue, on nous y On se heurte à accueille avec un joyeux et doux sourire. Les Valdochaque pas à ses assises puissantes De distance en distains se sont toujours s~ venus qu'ils étaient de race tance s'élevaient des tours carrées, massives. La seule, gauloise, qu'ils avaient été longtempsrattachésà notre quisubsiste intacte, avec quelques remaniements datant du moyen âge, a servi d'habitation aux pestiférés. Nous pays; ils nous aiment et ne s'en cachent pas. Chaque hiver ils émigrent chez nous et y exercent, comme la voyons tout à coup se dresser devant nous au milieu d'un pré vert; elle est d'aspect assez sinistre avec ses tous les Alpins, divers petits métiers. Elle est bien jolie la ville d'Aoste avec son mémurs noirs et froids. lange de bàtisses anciennes et de maisons modernes D'Aoste au Saint-Bernard, on traverse un pays qu'égaye la voix grandiose des torrents, la verdure des propres, régulières, avec l'eau vive courant dans ses vignes, des noyers et des châtaigniers. Les villages rues, avec ses ombrages et son soleil éclatant. On peut égrènent leurs maisons de bois et de pierre le long de y trouver l'emploi facile et fructueux de plusieurs journées. Les archéologues surtout peuvent y venir la route. On n'y est point trop riche nous entrons ils trouveront ici de quoi réjouir leurs yeux si amis de dans une chaumière. La cuisine est pavée en pierre, la poussière des siècles. Nous avons visité la porte Prépeu de meubles, des ustensiles en fer-blanceten cuivre, torienne, très imposante avec s~ double rangée d'arun petit fourneau enfoui sous une haute cheminée. A

TRAVERS LE MONDE.

3S* LIV.

? 35.

2

septembre [899.


Dans un coin je remarque un billot en bois dur. Il n'est pas employé pour débiter le bois du ménage. Il sert « à couper le pain On mange ici deux sortes de pain, le pain blanc qu'on va chercher à Aoste, et le pain fabriqué à la maison une fois par an C'est le pain complet si fort à la mode dans certaines villes. Il contient la farine, le son, peut-être même toute la paille qui entoure le grain. Il est gris rouge il est aussi dur qu'une pierre et se fend en éclats irréguliers. ne peut être mangé sec, il viendrait à bout des meilleures den-

titions. Les habitants sont sobres, économes comme les Savoyards de l'autre versant. Ils viennent chez nous exercer des métiers très divers, cordonniers, maçons, terrassiers lorsqu'ils ont amassé un petit pécule, ils rentrent dans leur vallée, construisent un chalet en

élargissent l'héritage paternel, achètent une vigne dans le bas pays et vivent bois,

là heureux et ignorés. Ils aiment en vrais Gaulois les longues causeries et les aventures. Ce sont d'intrépides chasseurs de chamois. Nous les avons vus gravir les pentes escarpées, le fusil en bandoulière ils allaient là-bas sur tes pelouses vertes

où la silhouette élégante

d'un chamois se détachait sur l'azur infini du ciel bleu. Ils capturent aussi des bêtes

goûter la grandeur de l'œuvre dont l'énorme bâtisse qui se trouve au point culminant du col est le symbole. Nous sommes en effet en présence d'une des

œuvres les plus belles de la solidarité humaine ici la fraternité ne semble plus être un vain mot et on se prend à croire que le dévouement, l'abnégation existent sur notre terre. L'Hospiceest de date ancienne il fut fondé, dit la tradition, par saint Bernard de Monthon, un illustre Savoyard. Il était destiné à servir de refuge aux voyageurs fatigués ou égarés. Il rendait d'immenses services il y a vingt ans. Les colsdes Alpes étaient parcourus par des milliers d'ouvriers italiens; la montée était rude, la neige persiste ici pendant neu. mois, les couloirs d'avalanche sont fréquents. Les malheureux s'égaraientsouvent. Mais là-haut, au sommet du col, à l'endroit où la tourmente est la plus forte, les religieux àugustins veillaient. Ils scrutaient, anxieux, les solitudes glacées qui les environnaient. Le moindre signe leur faisait pressentir le danger. Une tache sur la neige immaculée, une petite taupinière sur le blanc linceul qui couvrait les rochers, cela leur suffisait. Ils partaient au milieu des élé-

ments déchaînés pourl'

essayer d'arracher à la mort moins paisibles. Un de nos un malheureux que le froid avait saisi et que la neige hôtes nous montre unaigle murait dans un tombeau qu'il a pris vivant; ses ailes t:f LE PAI\ DE st't'RL, LE LAC DU GRA\D-SAI\T-IttR\.ARD glacé. déployées mesurent deux Coi-celle. D'après «Me photographie de ~M"' Sur le maigre pâtumétrés. Le malheureux prisonnier n'est point content à notre approche, il fait rage qui entoure l'Hospice, je vois arriver huit ou dix chiens robustes, au, poil roux très fourni, aux pattes entendre un sifflement sinistre et roule des yeux solides, à la figure énergique. Leur corps est souple, terribles. d'une souplesse robuste. Le tout est complété par des Arrivé à Saint-Remy, la route jusqu'alors exceloreilles d'une sensibilité parfaite, d'une mobilité exlente se transforme en médiocre chemin de mulet les trême. Sur un signe d'un domestique, ils flairent le sol, bicyclistes trouvent dans le village des « pousseurs » remuent la terre pour voir s'il n'y a personne à qui portent leurs véhicules jusqu'à l'Hospice. Nous secourir. Ils font ainsi leur apprentissage. montons à travers un couloir étroit et sombre, horriles bonnes bêtes. H nous semble les voir, au Ah blement dénudé: partout d'horribleséboulis, des rochers milieu de la tourmente, quand la neige fait rags et obs.qui dégringolent. Le soleil se lève, il donne une vie curcit l'air, partir au milieu des éléments déchaînés, la nouvelle à toutes ces pierres que l'ouragan, la neige et tête haute, les oreilles droites, l'oeil aigu. A travers les le froid déchiquettent tous les jours. A la cantine de nuées dont les tourbillons les aveuglent, ils vont là-bas Fonteinte, à 2 200 mètres d'altitude, nous apercevons le dernier gendarme italien. L'air devient plus vif; vers un petit monticule à peine perceptible dans l'immensité blanche. H y a là un pauvre voyageur transi nous passons dans une crevasse étroite et soudain nous de froid. Les chiens le dégagent, lui présentent les voyons devant nous un lac et l'Hospice. C'est un lac provisions qu'ils portant au cou, lui indiquent la route circulaire à l'eau un peu verdâtre, avec une île microsà suivre. Si le malheureux ne peut marcher, ils reparcopique au centre. Ce qui le rend intéressant, c'est la tent et vont à l'Hospice chercher du secours. Ce sont merveilleuse ceinture de pics neigeux qui l'entoure. des « bêtes humaines », et vraiment on ne peutdouter, Nousarrivonsàl'Hospice nous avions trouvé celui en entendant le récit de leurs sauvetages, qu'il y ait du Petit-Saint-Bernard familial et solitaire. Ici les visichez ces bêtes autant d'intelligence et plus de bonté teurs sont trop nombreux on voit que cette station est que chez les hommes. inscrite dans les grands itinéraires à la mode. Aussi Au milieu d'éboulis et de rochers dénudés, nous perd-elle un peu de son charme. C'est un caravansérail arrivons à une petite maison d'aspect assez triste elle comme la Grande-Chartreuse on ne peut y trouver ni est comme enfoncéedans la montagne c'est la morgue. le recueillement des maisons religieuses, ni le charme Elle se dresse au point culminant du col, à 2 480 mètres. des solitudes alpestres, et cela empêche un peu de


jaune et plissée, leurs

yeux clignotants et égarés, un vague sourire soulève leur pauvre figure. Ils tendent la main en marmottant d'horribles syllabes. Je n'ai jamais vu de phénomènes plus extraordinaires de la

dégénérescence de

notre race.

vous voulez oublier ces misères, il faut causer avec les moines, qui sont de compagnie agréable; il faut visiter la bibliothèque, qui est riche et bien classée; il faut prêter attention au musée d'antiquités locales, un peu à l'étroit dans les salles du couvent. Autour de l'Hospice on a fait des trouvailles importantes. A quelque distance de là s'élevait un temple à/M~M o~/wM. maximus, ~MMttM; sur son emplacement, on a découvert des monnaies d'une admirable frappe, des plaques votives en bronze avec des inscriptions d'une merveilleuse pureté, des débris de pierres tombales, des fibules, des agrafes, enfin une statue en bronze complète. C'est un Jupiter, paraît-il il est dans une lumière douteuse et il est bien difficile de lui donner un nom.Je dois dire que ces vénérables antiquités ne semblent pas préoccuper beaucoup les maîtres du lieu. Ils gardent toute leur sollicitude pour les malheureuxdu jour, etvraiment on ne peut les blâmer. Beaucoup de touristes viennent au Saint-Bernard pour eux on construit une hôtellerie immense où ils trouveront aisément le vivre et le couvert; malheureusement elle encombre un peu le col et enlève au paysage ce caractère de solitude et de désolation qui était son principal charme. Cependant, en s'écartant un peu du couvent, en allant vers le lac ou vers le petit jardin alpin, on peut passer quelques heures de contemplation délicieuse, surtout si le ciel est enveloppé d'une douce lumière; vers l'Italie on voit se dresser le hardi Pain de Sucre et les cimes neigeuses de la vallée d'Apste. Sur le versant suisse resplendit le mont Velan, avec les éblouissants glaciers du Valsorey, le majestueux Combin et les fines aiguilles qui l'accompagnent. On entend le bruit sourd dés torrents; leur eau blanche et mousseuse ondule à travers les verts alpages, dans l'infini de l'horizon, les aigles, aux ailes étendues, planent au-dessus des précipices. La descente sur la Suisse est agréable la route est bien tracée, fort large elle décrit des voltes d'une Si

!.Ar<n')tr't)IJ'['Rh.UX[)ËLAr;n!D.\OSTR.

/)'~r~ ~~c /jo~~?'ue ~c A/ J. Corce//c. Nous regardons par l'une des fenêtres de l'édifice; nous ne voyons d'abord que des formes vagues, peu à peu nous nous habituons à l'obscurité intérieure, et alors nous distinguons quelque chose d'horrible. Le sol de l'édifice est jonché de crânes, de tibias, de carcasses incomplètes. C'est le cimetière des victimes de la montagne on les dépose ici parce que nulle part, sur ce plateau déshérité, il n'y a assez de terre pour accorder aux morts la sépulture ordinaire. Les morts sont enveloppés dans un drap de toile grossière, fortement noué à la naissance de la tête et aux pieds ils sont ensuite fixés solidement contre une planche, puis on les porte dans leur demeure dernière où il fait très froid. Nous distinguons à travers les barreaux de la fenêtre trois pauvres hères bien intéressants d'abord, un homme superbe, droit, bien conservé il a une belle barbe noire qui tombe sur son linceul gris il semble dormir avec majesté. A côté de lui, une femme à la figure délicate, un peu tourmentée, la peau s'effrite un peu. Le troisième, là-bas, dans le coin à gauche, est plus lamentable il est courbé en deux, la planche qui le soutenait s'est cassée et il se rapproche peu à peu du sol dans une pose de détresse. On prend là une leçon d'humilité en face de ce néant et de cette poussière. Et la vue de ces os a plus d'éloquence que les plus belles déclamations dé Bossuet. Les nouveaux morts sont rares. Quand la tempête fait rage au sommet, on avertit les villages voisins, et les voyageurs attendent la fin de

l'ouragan.

est temps d'entrer à l'Hospice une cloche au son argentin annonce l'arrivée du voyageur un Père vient le recevoir avec une dignité aimable et l'introduit dans la salle à manger, très appréciée par le touriste qu'a fatigué une course un peu longue. Le repas est frugal et sain un Père le préside et veille à ce que l'hospitalité soit simple et large. Et elle est large; nous avons vu d'immenses tables occupées par les villageois du bas pays. Dans un coin retiré trouvent place les pauvres et les crétins ce sont des êtres bien misérables et dont le nombre va diminuant sans cesse. J'en vois là-bas grouiller quelques-uns au clair soleil de midi. Ils sont d'une malpropreté repoussante, leur peau est 11

I~ESef:\Te SI'R

LE 1'ALAIS

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/)')'~MHe/ff)<f)fTi!tfAi.A7"))'t'~<e.


belle ampleur et descend dans une vaUée d'abord absolument déserte. On ne trouve que des éboulis noirâtres, de maigres pâturages, qu'égayent des pensées sauvages et où se cache dans des recoins mystérieux la fleur préférée des montagnards, l'edelweiss. Jusqu'à la cantine de Prot, le paysage ne change pas de caractère. Peu à peu il devient moins triste on commence à voir de beaux troupeaux de vaches, dont les sonnailles dominent parfois la voix du torrent. Nous traversons Bourg-Saint-Pierre, un bon et gros village du Valais, avec de jolies maisons blanches et de lourds <' mazots » en bois. H faut rendre visite à l'employé de la douane suisse il a l'air terrible derrière ses grosses lunettes et

est fort aimable. Puis défilent d'opulentesbourgades, comme Liddes, Orsières, Martigny nous voyons écumer la Dranse et le Rhône. Bientôt tout s'apaise; devant nous s'étendent les eaux vertes et bleues du Léman. il

). CORCELLE.

Le Thé

des Sept-Montagnes

/UAND, au mois de juin 1896, la Chine consentit à fixer et à borner les frontières du Tonkin et de l'Annam, elle eut soin de garder, à l'angle occidental de l'Annam, près de Pou-Eurl-fou, les Sept

enfin

L'hiver ils les paillent. La plante, très délicate jusqu'à trois ans, serait facilement étouffée par les mauvaises herbes, si les Chinois ne sarclaient pasà)a main et avec les précautions minutieuses dont ils sont capables. Après trois ans, ils taillent l'arbuste comme les fermiers provençaux leurs oliviers, en bol, de façon que

l'air les pénètrent également. Les planteurs des Sept Montagnes ont en outre,

le soleil et

pour « pincer

les feuilles et les rend

les grandes, que les fleurs, semblables à nQs églantines, sont venues à graine, on récolte cette graine et on l'ensile dans du sable. Au printemps suivant, les Chinois enterrent de d'écart environ, et dans petits pots, à chacun déposent une dizaine de graines, qu'ils saupoudrent de terre bien ameublie puis recouvrent de balles de riz. Sur ;o graines, le tiers à peine produit, probablement faute d'engrais, car les Chinois, qui le prodiguent au riz sous forme de guano humain, le refusent systématiquementau thé, sansdonnerd'ailleurs aucune raison acceptable de cette bizarrerie. Quand les pousses ont 15 à 20 centimètres de haut, au commencement du printemps suivant, on les dépote et on les repique en séparant chaque pied de 2 mètres du voisin. Le flanc des montagnes est aménagé en gradins, comme on fait en Corse, par exemple, pour les plantations de cédratiers, de citroniers et d'orangers, en soutenantégalement par des murettes de pierres sèches chacune des planches de la plantation. Les pluies printanières qui surviennent assurent lesuccès du repiquage. Dans le courant de l'été, quand la sécheresse habituelle à cette saison en Chine éprouve trop les jeunes plants, les Chinois les arrrosent avec l'eau où ils ont fait crever leur riz et les recouvrent.

i'50

plus savoureuses.

L'Empereur, sa famille et ses femmes ne boivent pas d'autre thé. Ils en boivent beaucoup. Peut-être pas tout, puisque )a qualité Pou Eurl figure dans le comtnerce. Mais il est vrai qu'on vend et qu'on boit dans le monde entier du Tokay et du Johannisberg, par exemple, qui, malgré des étiquettes pompeuses collées sur les bouteilles, sont d'une origine des moins authen-

tiques.

La Poste par Pigeons en NouveHe-Zè!ande Un nouveau 1

Montagnes de tbé.

C'est que là pousse le thé classique, le seul qui figure sur la table du Fils du Ciel, car c'est là qu'on conserve pieusement le rite de la culture de cette plante. On l'obtient uniquement par semis. Quand on a récolté,auprintemps, les petites feuilles, et à l'automne

les bourgeons, un secret qui multiplie

LE

imbre-poste

golfe Hauraki, au fond duquel est situé Auckland,

la capitale de la Nouvelle-Zélande, est séparé de la pleine mer, à environ t8o kilomètres de cette ville, par les îles Houtourou ou Petite-Barrière, et Otea ou Grande-

Barrière. Cette dernière, très fertile, entourée de récifs de corail, est couverte de plantations et habitée par une population assez nombreuse. Néanmoins le gouvernement colonial n'avait pas jusqu'à présent voulu faire les frais d'un càble télégraphique ou d'un service de vapeurs Les expériences récentes de la Compagnie transatlantique viennent de lui suggérer un moyen de communications rapides et économiques entre la grande terre et sa dépendance. Les habitants de celle-ci ont désormais à leur disposition un service bimensuel de pigeons. Ces oiseaux emporteront des feuilles de papier pelure, roulées dans un tuyau de plume, d'un format analogue à nos cartes postales, et offrant o",20 dans leur dimension horizontale, o",o8 dans leur dimension verticale. Les messages devront être écrits au crayon. L'adresse devra être indiquée au haut de la feuille. Elle'sera revêtue d'un timbre, un peu plus large que haut, orné d'un pigeon volant tenant au bec une enveloppe marquée en haut des mots Great Barrier M/a; de chaque avec, au-dessous, la mention côté de la vignette, les mots «One shilling ». Les journaux néo-zélandais disent que ce service a été inauguré au commencement de juin et qu'il n'a été mis en circulation que i 800 timbres. Avis aux phitatétistes 1

~cM/et,


La Mission Bretonnet dans les

régions du Tchad futur ennemi Rabah t E journat la Dépèche eo/o/!M/g a nouvelles de la

reçu

Notre d'intéressantes

gui. On sait que M. Bretonnetest charge de repren-

dre et de compléter l'oeuvre précédemment entreprise par M. Gentil, qui, le premier, a fait flotter les couleurs françaises sur le Chari et sur le Tchad. L'objectif de la nouvelle mission est la pénétration dans le Ouadaï, pays compris, en vertu de la convention récente conclue avec l'Angleterre, dans la sphère d'influence qui nous est reconnue. Au pointde vue politique, les difficultés créées

par lè voisinage et l'hostilité

du fameux Rabah, le conquérant du Bornou et du

Baguirmi, se sont aggravées. Gourang, sultan du cnrtrrs nrs r.>3 ou nrn.rte Baguirmi, après s'être imprudemment vanté d'être bientôt en mesure de vaincre son rival, giâce aux fusils et aux canons que les Français lui fourniraient, a du abandonner sa capitale, Massénya, et se réfugier beaucoup plus au Sud, à Kouno. Les bandes de Rabah ont razzié tout son pays.

Rabah lui-même est à Dikoa, avec des postes avancés à Logone, sur la rive gauche du Chari, c'està-dire dans la zone reconnue à l'Allemagne par )a

1894. Cette circonstance arrêtera, sans doute, le zé)e des officiers de la mission, dont le rêve serait d'enlever Rabah comme on a enlevé Samory. « Avec too tirailleurs et 2 canons,ce serait chose facile d'en venir àbout, écrit un correspondant à la D~ei~ coloniale; la difficulté serait de le poursuivre, car il a de la place derrière » Reste à savoir si l'armée de Rabah est toujours mieux organisée que cette de la plupart des chefs du centre africain. On la disait naguère bien comde

lui.

bien des difficultés à

surmonter. «

mission que poursuit, sur le Chari et dans la région du Tchad, M. Bretonnet, administrateur de deuxième classe, ancien lieutenant de vaisseau, déjà connu par l'exploration et l'occupation du Moyen-Niger.Ces nouvelles sont du i" mai t8o~ et datées du poste de Gribin-

convention

mandée et disciplinée, mais on assure qu'elle a depuis quelque temps pas mal perdu de sa valeur. Si la mission Bretonnet atteint Abechr, capitale du Ouadaï, comme le comporte son programme, il est probable qu'elle essaiera de revenir par le M'Bomou et le Haut-Oubangui. Il y aura, dans la traversée de cette région à peu près inexplorée, une abondante moisson d'observations curieuses à recueillir, mais

PARMI les conquérants noirs qui ont, à diverses reprises en ce siècle, fondé de vastes empires en Afrique, Rabah est l'un des plus intéressants. Il y a vingt ans déjà que cet ancien esclave de Zobehr Pacha, gouverneur égyptien du Bahr el Ghazal, est devenu le

maitreduBornou,i'un

des plus vieux et des plus puissants sultanats de l'Afri-

centrale. C'est en i8y8 que, refusant de s'associer à Suleiman, fils de Zobehr, qui se rendait à Gessi, Rabah partitdu Bahrel Ghazalavec 800 hommes, s'avançant vers l'Ouest en plein désert. En vain le gouvernement khédivial envoyait-ilcontre que

le

rebelleun de ses officiers,

Messedaglia Bey Rabah lui échappait, il envahissait le Darfour, attirait de nombreux soldats sous ses drapeaux et battait, avec leur aide, le sultan du Ouadaï, et conquéraitie Baghirmi. Installé en maitre sur les rives du Tchad, il

touchait au Bornou

le Chari seul le séparait de ce

fameux royaume où régnait de puis <8c)0 le sultan LA ,ni;cmv naerovw:r. Hachem. Rabah n'hésita pas; en t893, il envahissait le Bornou à la tête d'une grande armée, et à deux jours de marche de la capitale, Kouka, il livrait bataille à Hachem et le battait complètement. Kouka fut pillée et brûlée de fond en comble, si bien que Rabah dut transférer sa capitale à Dikoa, à plus de <oo kilomètres au Sud-Est. Rabah, bien qu'il n'ait pas réduit le Bornou tout entier, est devenu ainsi un chef d'Etat puissant, avec lequel auront à compter les trois puissances européennes qui ont des intérêts dans le bassin du Tchad, la France, l'Angleterre et l'Allemagne. C'est un adversaire redoutable il n'est pas seulement un bon généra), il a aussi des dons d'organisateur et de diplomate. Jusqu'ici il s'est refusé à toute alliance, à tout arrangement avec qui que ce soit. En 1884. et plus tard encore, il a repoussé les offres du Mahdi. En t8(~, il n'a pas même répondu à une mission que le gouvernement angto-égyptien lui envoyait, par l'intermé-


diaire de Zobehr, et il en a retenu les membres dans sa capitale, Dikoa. Les offres d'arrangement qui lui ont été faites par la France et l'Angleterre scnt restées également sans résultat. Rabah est partisan de l'isolement splendide, comme dit lord Salisbury. Mais combien de temps pourra-t-il maintenir cette position? II est entouré d'un cercle de fer qui va se rétrécissant de plus en plus. La France sera, dans un avenir prochain, maîtresse du Baghirmi elle s'avance vers la rive nord du Tchad. A l'Ouest sont les Anglais, dont la sphère d'influence, arrêtée en 189o, comprend la plus grande partie du Bornou. Au Sud les Allemands prennent peu à peu possession de l'arrière-pays du Cameroun. A l'Est enfin, il a le Ouadaï, dévolu à la France cette année même, et dont le sultan est un de ses plus grands ennemis; plus loin, enfin, c'est l'Angleterre, maîtresse depuis près d'un an du Soudan égyptien. Que va faire Rabah? Il peut se retourner, soit contre les forces françaises qui sont dans le Baghirmi, soit contre les troupes anglaises de la Nigeria. Ou bien il peut se résoudre à accepter un arrangement avec l'Angleterre, et à conserver le sultanat de Bornou sous la suzeraineté de cette puissance. Quoi qu'il en soit, une solution ne tardera pas. Peut-être Rabah hésitera-t-il à faire face à tant d'ennemis à la fois. D'après les rapports qui sont parvenus en Europe, ses forces ne seraient plus ce qu'elles étaient à l'époque de la conquête. Son armée régulière compte environ 10000 hommes de cavalerie et d'infanterie, armés de fusils, et une masse innombrable de soldats auxiliaires armés de lances ou d'arcs. Mais les cavaliers combattent d'ordinaire à pied, les chevaux étant employés aux transports. On dit que ses fusils ne sont pas tous du dernier modèle, et qu'il n'a qu'environ 400 carabines de précision. Il a établi des camps sur différents points de son vaste empire, ainsi à Baggara et à Karnak-Logone. C'est dans cette dernière localité qu'il a établi son bureau de renseignements, d'où il envoie des espions dans toutes les directions.

La Mission Houdaille

à la Côte d'Ivoire C ETTE mission, chargée de l'étude si importante d'une voie ferrée destinée à relier Grand-Bassam avec Kong, a rapporté une abondante moisson de renseignements géographiques, ethnographiques, géologiques, minéralogiques et commerciaux qui contribueront à hâter la mise en valeur de la Côte d'Ivoire. Malgré les difficultés de toutes sortes, elle a réussi à pénétrer au cœur de l'Attié, contrée jusqu'ici inexplorée, complètement fermée aux blancs, habitée par une population hostile qui se croyait inviolable dans son impénétrable forêt, et à planter le drapeau français à Mopé, capitale des N'Gadié. Elle rapporte un tracé détaillé de 100 kitométres de chemin de fer d'Aleppé, point terminus de la

navigation à vapeur sur la Comoé, à Mopé par Memmi, Kodioso, Adocquoi. En outre, le capitaine CrossonDuplessis a étudié le prolongement futur de la voie ferrée vers Attakrou ft Kong par Akoupey et Arrah, la capitale du Morenou. Il a gagné à l'influence française le roi du Morenou, Cassiquouao, qui a demandé l'établissement d'un poste dans sa capitale. Le capitaine Thomasset a, de son côté, poussé une reconnaissance sur le N'Zé, affluent du Bandama, qu'il a réussi à atteindre malgré l'hostilité des indigènes qui tentèrent de lui barrer la route. Le lieutenant Macaire a trouvé sur le Comoé plusieurs chutes qui fourniront, et au delà, l'énergie élec-

trique nécessaire à la future voie ferrée. L'excédent sera utilisé pour l'installation de scieries mécaniques

destinées à débiter les bois précieux qui abondent à la Côte d'Ivoire. Il faut aussi signaler deux guérisons de piqûres de serpent, opérées par le docteur Lamy à l'aide du sérum bienfaisant préparé par le docteur Calmette. L'une de ces guérisons tient presque du miracle piquée par un serpent la victime, –un porteur noir, des plus venimeux, était dans un état désespéré au moment où le docteur Lamy lui fit les injections de sérum. Le surlendemain, l'homme était sur pied. Enfin, d'après les instructions de M. Binger, directeur de l'Afrique au ministère des colonies, les capitaines Houdaille et Crosson-Duplessis ont étudié la création d'un port à Petit-Bassam et à Abidjean. Ils ont trouvé dans le golfe d'Abidjean un magnifique bassin à flot naturel, de a kilomètres de longueur sur kilomètre de largeur, précédé d'une rade en lagune où toute une flotte pourrait s'abriter. C'est là une question du plus haut intérêt pour la Côte d'Ivoire dans les circonstances actuelles. Une épidémie de fièvre jaune, à peine éteinte, vient de démontrer la nécessité de déplacer le chef-lieu de la colonie. En outre, un raz de marée a emporté récemment, sur 2~ mètres de longueur, le wharf en construction à Grand-Bassam, wharf qui ne sera ainsi utilisable que dans un avenir éloigné et qui, en tout cas, constituera toujours un moyen précaire et excessivement coûteux de débarquement. La création d'un port à PetitBassam s'impose donc à bref délai. En résumé, l'œuvre accomplie par la mission importe beaucoup au développement économique de la Côte d'Ivoire. Cette œuvre est d'autant plus utile et urgente qu'à la Côte d'Or les Anglais ont depuis dix ans étudié une voie de concentration et de conquête définitive du pays Ashanti. Leur ligne ferrée part de Segondi, à l'ouest de la rivière Pra, entre son embouchure et le cap des Trois-Pointes. La ligne se dirige vers Akropong, pour gagner Boudoukou, un important centre de transactions. Elle serait déjà exploitable sur une longueur de 3o kilomètres. En même temps qu'ils poussent la voie ferrée, les Anglais construisent un port à Segondi. Cet exemple de nos voisins doit nous prouver qu'il faut agir et agir promptement à la Côte d'Ivoire.


annonce la publication dans son intéressante

G~egf~M.

Christian Garnier Nous

avons parlé du beau livre qui est le testament scientifique de Christian Garnier,sa 7"M/Me~oMM<:oMnelle générale ~MMO~M~O~M~MMM.nouss avons annoncé aussi les legs généreux qu'il a faits à la Société de Géographie, à la Société de Topographie et au Club alpin. Nous voulons encore rappeler la crtmswnrr (;R"UIW.. mémoire de ce jeune homme,dontla vie si courte fut un modèle de labeur, de courage, de noble et souriante philosophie. Fils du célèbre architecte de l'Opéra, il aurait brillamment soutenu l'héritage de la gloire paternelle, si les jours lui avaient été moins mesurés. L'oeuvre qu'il laisse est d'ailleurs considérable, et son nom est assuré de vivre dans l'histoire de la géographie française. Né à Paris le z~juiUet 1872, Christian Garnier suivit les classes du lycée Louis-le-Grand, tout en passant une partie de ses hivers à Bordighera, dans la belle propriété de son père. C'est là que s'éveilla son goût précoce pourt'étude dela terre, qui se développa sous l'influence de son professeur, M. Auguste Ammann, avec lequel il fit diverses excursions, dans les Vosges, à Plombières, dans le massif central. Sa santé, un peu délicate entre et 16 ans, se raffermit après qu'il eut passé ses baccalauréats, et de 16 à 21 ans il se porta fort bien. En octobre 180~, il entrait,après une sérieusepréparation.àt'Éco)e centrale. Mais il n'y était pas depuis trois mois qu'il fut, en février 1884. atteint de l'influenza, qui dégénéra promptement en tuberculose aiguë. Le pauvre jeune homme était condamné il dut abandonner l'Ecole, mais ce fut pour se consacrer tout entier et avec un redoublement d'ardeur à la géographie. En 1894 il publiait un Essai de géograPhie générale suivi de tables se rapportant a la ~o~7-a~< où il essayait avec beaucoup de sagacité de définir et de préciser ce qu'est la science géographique; il se prononçait énergiquement contre L'école, très puissante aujourd'hui, surtout en Allemagne, qui la mêle sans cesse à la géologie. Aussitôt son ouvrage paru, il en entreprit un second, la Géographie générale de l'Europe, faite d'après un plan nouveau que le jeune auteur rattachait à la vieille méthode « ptoléméenne « méthode avant tout précise et qui consiste à donner des indications telles que, sans carte, on puisse parfaitementsuivre !e texte. Ce livre, disait-il encore, n'a aucun but didactique. Il n'est pas destiné à être appris, peu à être lu, mais surtout à être consulté ?. Cet ouvrage est malheureusementresté inachevé. Mais quelques parties en sont complètes, etnotre confrère M. Ludovic Drapeyron, auquel nous devons une notice pleine de cœur sur Christian Garnier, en

i

~~«

de

Nous avons dit ailleurs comment Christian Garnier conçut, au Congrès de Londres de 1805, l'idée de sa Transcription rationnelle, et comment il consacra à cette œuvre la meilleure partie de ce qui lui restait de vie. Il avait de remarquables facultés pour l'étude des langues, il lisait, écrivait, parlait l'allemand, l'italien. l'anglais. II se fit linguiste, dans l'intérêt de son œuvre, et étudia à fond plusieurs autres langues modernes, le serbo-croate entre autres, particulièrement utile pour le but qu'il se proposait, puisqu'il peut se transcrire, d'après des règles fixes, en deux alphabets, le latin et le slave. Dans l'intervalle de ses recherches et de ses voyages, il trouva le temps de publier une étude sur les patois de Bordigheraet de Realto ( Paris; Leroux, t8o8). II se préparait également à remplir des fonctions importantes dans la section de géographie, à l'Exposition de 1000. Il multipliait les articles dans les journaux et les revues, et nous avons eu la bonne fortune d'en publier quelques-uns ici même. Bref, ce laborieux semblait vouloir triompher, à force d'énergie et de volonté, de la phtisie qui le minait, lorsqu'à bout de forces il mourut, le 4 septembre !8~)8, juste un mois après son père. On ne peut lire, sans être touché, dans la notice de M. Drapeyron, les quelques détails que sa mère donne sur ses derniers jours. L'oeuvre énorme accomplie en si peu de temps par Christian Garnier inspire le respect mais combien l'on admire plus encore la noblesse de son àme, la sérénité avec laquelle il accepta la mort, après avoir si courageusement lutté contre elle! H unissait la vaillance du stoïcisme à la douceur résignée et édifiante que donne la foi chrétienne. Et Christian Garnier n'a pas été seulement un savant, il a été, ce qui est plus beau et plus rare, un caractère.

D's Cognacq et Mougeot. 'De << lèpre e<t Coc/HHC/tMte Saigon, Claude et C", et dans /at /'rM~K't/e ~ta/a~e.

éditeurs,)8çç.

brochure fait partie desf«M/Ct!<;o)~ de la Sociétédes L'étude de la lèpre en Cochinchine se divise en deux parties l'une est d'un intérêt plus spécialement médical, l'autre s'adresse à tous ceux qui s'intéressent au développement de nos belles possessions indo-chinoises. La lèpre sévit dans la péninsule, et les Européens qui s'y fixent peuvent la contracter en l'absence de toute influence héréditaire. Il est vrai qu'on n'a encore eu à enregistrer aucun cas de lèpre parmi les Européens établis en Cochinchine, mais c'est, disent les auteurs, que nous sommes dans un pays de conquête relativement récente et que, par conséquent, l'Annamite est tenu à distance, et qu'il n'y a pas encore la promiscuité. Mais le nombre des métis augmente chaque jour, et il se passera en Cochinchine ce qui s'est passé dans les vieilles colonies, comme la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, etc., où les colons se sont peu à peu mêlés aux familles du pays, et où les cas de lèpre sont fréquents parmi la population européenne. C'est pourquoi la création d'une léproserie s'impose. Tel est le but du travail de MM. les D" Cognacq et Mougeot, qui traitent, dans leur cinquièmechapitre, des mesures prophylactiquesutiles à prendre. Le quatrième est consacré à la lèpre dans la presqu'île malaise et aux mesures prises par les Anglais, qui y sont établis depuis longtemps, .~ËTTK

Etudes indo-cltinoises de Sai~o)!.


Collectionneur des Plages Confection d'un Herbier du littoral de !a Somme Le

rien de plus attachant pour le t botaniste, et même pour le simple <L n'y a

amateur, que la récolte et la composition des herbiers locaux, parce que ceux-ci peuvent être complétés en très peu de temps et, sous un petit volume, forment un tout bien délimité et du plus grand intérêt au point de vue de la géographie botanique. Cela est vrai surtout pour les stations du littoral, car il s'y produit une sorte d'élimination qui ne laisse persister, dans une zone de 4 à )2 kilomètres de largeur le long de la mer, que les plantes susceptibles de croître dans un sol salé et sous l'influence des va-

peurs salines. Le littoral du département de la Somme est, à ce point de vue, particulièrement intéressant. It présente, en effet, dans un espace restreint, des dunes, des prés salés, des galets, des falaises, des marais saumâtres et des mares d'eau douce, et même des bois exposés aux intempéries maritimes. D'autre part, son sol est tantôt argileux, siliceux ou calcaire, tantôt fangeux, tourbeux ou en terre de bruyère. La végétation y est, en conséquence, très variée. Il présente un autre intérêt c'est qu'il constitue, en quelque sorte, une limite australe pour certaines espèces de plantes du Kord qui ne dépassent pas, au Sud, l'embouchure de la Somme ou celle de la Bresle. Tel est le ~~<Y!M mart/t'MM~, une des espèces les plus rares de la flore .de France. cantonnée sur la digue de galets, près le Hourdel, au delà de Cayeux, près et, du corps de garde de Hautebut, digue de galets semis, la sur par suite de Tréport. Cette plante, le Mers et entre de i à décimètres de hauteur, est bien reconnaissable à ses fleurs papilionacées, aux ailes d'un bleu pâle, et au centre Telle est encore la purpurin veiné. (V:'o~M<'M/OM),aux violette des sables pétales d'un violet pâle, plus ou moins nuancé de jaune. Elle n'a pas été encore signalée au sud de l'embouchure de la Somme.

L'époque la plus favorable pour les herborisations sur ce littoral est de la fin de juin à la mi-septembre. 11 existe, à cet effet, un excellent a

Guide

du à

)'e~e/a<<o;t sur

M. Eloy de Vicq

De la

le littoral du département

Je ta Somme. Nous engageons les collectionneurs à se le procurer. Nous signalerons seulement ici les plantes caractéristiques de cette région, reconnaissables au premier coup d'œil, et qui doivent servir de base à un herbier du littoral de la Somme.

C'est une belle graminée indigène des dunes. Elle y joue un rôle extrêmement utile en fixant les sables par ses longs rhizomes qui s'enfoncent profondément. Elle se trouve aussi bien dans les parties des dunes voisines de la mer que dans celles qui touchent aux terrains cultivés. Elle est bien reconnaissable à ses tiges raides, à ;o décimètres, entourées à la base de feuilles détruites, et se prolongeant par de longues feuilles glauques et piquantes. On en fabrique des nattes. Notons, d'ailleurs, qu'elle croit également sur le littoral du Pas-de-Calais, du Nord, de la Belgique, etc. Les salsolacées abondent, notamment la salicorne herbacée (Salicornia heabacea), sur les plages baignées par la marée. C'est la première végétation des terrains maritimes. C'est une plante glabre, charnue, articulée, dépourvue de feuilles, et d'un vert glauque. On la rencontre sur presque toutes les côtes, et elle s'étend au Nord jusqu'en Norvège. On en mange les parties tendres sous le nom de passe-pierre ou perce-pierre. La renouée traînasse (Polygonoplante cosmopolite,dans ~M'cx/are), sutn

de

les régions arctiques et tempérées des deux hémisphères, se trouve au Crotoy, dans les sables maritimes, mais sous la forme d'une variété dite littorale. Elle se distingue du type par ses feuilles rapprochées, ovales, épaisses, un peu charnues, ses graines scarieuses finement laciniées.

Le a chou marin (Crambe HMr;tima), cultivé dans quelques jardins comme plante comestible, est une espèce

rare croissant sur la digue de galets entre le Hourdel et Ault. Ce qu'il y a de plus curieux, c'est de voir le chou cultivé (Brassica oleracea) ou du moins le prototype sauvage des

cnoux cultivés (variété sylvestris) croitre spontanément sur les falaises, à Mers, et, en dehors de la Somme, au Tréport, à Criel, Penly, Tocqueville, Etretat, au Havre, au cap Blanc-Nez, sur les falaises de l'Angleterre et en Irlande. Ce chou croit sur les éboulements et dans les fissures des falaises, où il se fait remarquer par ses touffes garnies de fleurs jaunes et nombreuses de siliques. La guimauve (AMaM officinalis) pousse spontanément sur les bords des fossés de Marquenterre. Les neurs, d'un rose pâle, sont très reconnaissables. Elle se rencontre principalement sur le continent européen, dans les terrains salés à proximité de la mer et des salines, et abonde en Angleterre, dans les marais de la région maritime. C'est, bel et bien, une plante littorale. D'ailleurs, outre les plantes puren:eH< littorales, il en est qui, de l'inté-

Nous citerons, dans la Somme

)'an'ête-bœuf(OMOM~noM),quise

trouve jusque sur le littoral, au bord des chemins; la ciguë vireuse, signalée à Quend; l'onagre bisannuelle (CEoothera MeHn;~), à Rébeauville,près Pendé la matricaire, au Crotoy et à SaintValery,

etc.

qu'une plante sur littoral le soit récoltée pour être classée parmi les plantes littorales. Ne méritent ce nom que celles qui croissent exclusivement dans une zone de quelques kilomètres au bord de la mer. Dans l'ouvrage cité plus haut, M. Eloy de Vicq, botaniste très compétent. surtout en ce qui concerne la flore de la Somme, évalue le nombre des plantes proprement maritimes de ce département à 55 espèces et 29 variétés, et il y ajoute 57 espèces et 8 variétés qui n'appartiennent pas exclusivement aux terrains salés, mais dont les stations dans la Somme ne- s'éloignent pas de la mer. On voit donc que le nombre de spécimens à récolter pour constituer un herbier complet du littoral de la Somme est des plus réduits, et peut parfaitement être recueilli dans l'intervalle d'une station sur une plage balnéaire. Toutefois, nous devons faire remarquer que les chiffres ci-dessus s'appliquent à l'ensemble du littoral de la Somme, et qu'il faudra les réduire encore si l'on n'herborise que dans un espace plus restreint, ou même sur un seul point du rivage. De Fort-Mahon au Crotoy s'étendent les dunes du Marquenterre, qui renferment, outre les plantes spéciales aux sableb, celles des terrains marécageux englobés dans les dunes, et même celles d'un petit cours d'eau, la Maye, dont l'embouchure est située entre SaintQuentin-en-Tourmont et le Crotoy. Du Crotoy à Saint-Valery, le contour de la baie présente une végétation variable en passant des digues du Crotoy aux prés salés de Noyelles, aux coteaux de Port et de Laviers, aux terrains d'alluvion de l'ancien lit de la Somme et au bois du cap Hornn. Du Hourdel à Ault s'étend une immense digue de galets de silex présentant une végétation spéciale, entre autres cette rareté déjà signalée plus haut, le Lathyrus maritimus. Enfin d'Ault à Mers se dresse le mur des falaises, où la végétation est rare, mais dont le sommet est dominé par des bois et des coteaux herbeux qui méritent d'être explorés. L'étude dés flores locales est actuellement la plus utile que l'on puisse H ne suffit donc pas

C'est d'abord I'~f?:Mo/f! f!?'e;!itriz ou Cf!<a;M~r<M<M a?'e;MrM, connue rieur des terres, s'avancent occasion- faire. dans le pays sous le nom picard d'oyat. nellement jusqu'à proximité de la mer. (A suivre.)

PAUL COMBE5


Notes sur Barcelone faite

Barcelone est de toutes les villes d'Espagne celle 0!t l'élément fiançais est le ~~M! M)~Or~M<. La si cordiate réception naguère à l'escadre de l'amiral fOM~KV~Mf les Barcelonais donne de l'actualité aux notes qu'on va lire.

Barcelone, 5 juin. IL faudrait un habile pinceau pour reproduire fidèlement et agréablement le coup d'oeil gracieux, d'un cachet particulier, qu'offre Barcelone vue d'une des hauteurs qui la dominent sur un

fond du plus beau bleu de ciel, une chaîne de mon-

tagnes noires,

sauvages, d'une

élévation de 800 à 2 ooo mètres, et disposées en amphithéâtre, sur les gradins duquel

s'étagent les différents quartiers de la capitale, qui,

elle, s'étend du littoral à la mon-

tagne sur

une

terrnsses et aux portes ornées de voûtes une population gaie, bruyante même, d'un aspect assez propre, mais se délectant dans des odeurs écœurantes de fritures à l'huile rance; enfin un langage dur, affreux, presque sauvage,

dans les plus

jolies bouches de

femme.

Nous

sommes

ici en

pleine campagne encore et nous

touchons

pour-

tant à un des faubourgs de Barcelone, dont on sent bien le voisinage, car on y trouve un certain confort assez rare hors

des

villes:

le

gaz, l'eau; les fournisseurs y

font leur apparilongueur de près 1·ALAIS DE LA REINE, AU l'RC. tion. Pas de rues, de 6 kilomètres. D'a~rM M);e ~~toto~ra~/iie. il est vrai, presque Une ville moderne, Barcelone, neuve en grande partie, donnant pas de trottoirs, mais dejà du bruit, de ce bruit caracl'illusion d'une ville d'Orient avec ses constructions téristique des plus grandes cités comme des plus blanches aux voûtes, aux terrasses et aux tourelles de pauvres hameaux d'Espagne; de la musique partout, briques rouges, avec ses grandes promenades plantées dans tous les coins, tous les jours, à toutes les de palmiers, de platanes touffus et d'arbres exotiques heures de la journée; guitares, orgues de Barbarie et le tout limité à l'Est et au Sud-Est par une belle nappe accordéons y font fureur. bleu argenté, sans aucun pli, s'étendant à l'infini: Quelques cents mètres encore, et voilà où comvoilà Barcelone à vol d'oiseau. mence Barcelone. Ici les rues s'élargissent soudaineMais descendons la montagne, laissons-y les ment, les constructions prennent des proportions aloès, les figuiers d'Inde et les orangers pour nous rapimposantes; voici les grands boulevards avec leurs procher de la côte. Dès les quartiers extrêmes de Bardoubles allées pour les voitures et pour les piétons celone, le tableau change. Des routes pierreuses, étroites voici de riches attelages, presque aussi luxueux que voici des et qui, les jours de pluie, se transforment en véritables ceux du Bois ou des Champs-Elysées torrents, donnent directement accès de la montagne à lampes électriques éclairant de larges trottoirs. Grands des villages à droite et à gauche de ces mauvaises magasins, théâtres, cafés, rien ne manque; toutes les deux minutes passent des omnibus et des tramways pour routes, des maisonnettes aux toits plats surmontés de


n'importe quelle direction. Enfin c'est la grande ville, avec ses divers services de voirie, de police, de livraisons à domicile, avec ses hommes d'affaires, avec ses promeneurs aussi nombreux que ses promeneuses dont les fraîches toilettes claires, le joyeux babil et )esév°ntails gracieusement maniés donnent à la promenade un air singulièrement gai. Avec quelque chose de plus

par exemple, mais dont celui-ci se passe,je crois, fort bien je veux parler de la quantité énorme de mendiants, d'hommes et de femmes estropiés, de fainéants avérés qui encombrent les promenades a"ec la permission des autorités locales. Il faut croire que cette classe de gens est beaucoup trop nombreuse pour que la ville puisse les secourir, car ce ne sont pas les hospices, ni les œuvres de bienfaisancenationales et étranque Paris,

Barcelone, dis-je, avant la démolition des remparts, dont on retrouve quelques traces près du port, aux pieds du Montjuih, ne comprenait que la partie désignée aujourd'huidu nom de Vieille Ville. Sa population ne dépassait ~uere alorsle chiffre de aooooo habitants. A cette époque, les villages de San-Martin de Provensals et de Gracia étaient séparés de la capitale d'un kilomètre mais aussitôt après la démolition des remparts ils se réunirent à Barcelone et en augmentèrent l'importance. D'autres localités, telles que Sans, San Andrès. San Gervasio, Sarria, Las Corti et Huerta, suivirent cet heureux mouvement de concentration et dans t'espace de vingt ans a surgi la nouvelle ville Eusauche. De telle sorte que toutes ces localités, présentant sans discontinuitéde constructionune étendue de 5 à 6

mètres du S.-E.

gères qui manquent à Barcelone

au S.-O., ne forment, en réalité,

c'est pour

qu'une seule

ces mendiants un

métier comme un autre, ils exploi-

grande ville, Barcelone, reliée à ses faubourgs par un service de voitures des mieux compris. Et il résulte de l'agglomération barcelonaise que le chiffre de la population, de ~oo ooo s'est

tentsansdouteune infirmité comme

une industrie

quelconque. Et ce

qui prouve bien

qu'ici la mendicité

est un métier

licite, c'est qu'un jour par semaine, le vendredi, de toutes les gares Barcelone a lieu, de bonne heure, un débar-

trouvé porté

de

\'ALDIt'ERA

t'OLi.f\E

DO~IINA~T BAHCEL()~r..

D'rMHM~tO/o~ra/'ff!

quement général de mendiants. Il est curieux de voir cette masse de pauvres de tout âge et des deux sexes s'empresser de parcourir la ville pour y mendier à toutes les portes, et puis reprendre au plus vite le train qui les a amenés pour retourner à leurs occupations, pour aller mendier plus loin. Le spectacle est de ceux qui ne sont pas

communs. Mais, retournez-vous un instant. Au fond de l'avenue que vous venez de descendre, au centre même de la grande ville moderne, bruyante, coup d'oeil étrange là-haut, dominant de tout près les monuments et les grands hôtels, vous voyez la montagne que vous venez de quitter. Je ne me souvienspasd'avoir vu ailleurs, en France, en Italie ou en Sicile, une grande ville aussi rapprochéedela montagne, Mah je retrouve à Barcelone des souvenirs de France, d'Italieetde Sicile. Son architecture est bien celle des mosquées et des villes italiennes; sa végétation, celle de Messine ou de Syracuse; son organisationurbaine est en grande partie copiée sur celle de nos grandes villes. Ajoutez-y une population de 460 ooo âmes, et vous aurez une idée de la capitale de la Catalogne. Elle n'est cependant que la seconde ville d'Espagne, puisque Madrid compte Ici trouvera place une petite 500000 habitants. notice historique que j'ai puisée dans les annales de la ville et qui explique l'extension qu'elle a prise dans

l'espace d'une vingtaine d'années.

kilo-

à

460 ooo (recensement de i8c)61897).

Barcelone, grâce à son climat

tempéré, est une résidence fort agréable ses promenades sont ffaiches, bien ombragées en été, ensoleillées en hiver. C'est ainsi que, sans sortir de la ville, on est à la campagne sous les grands platanes du Paseo ou de la Granvia, sous les bosqu'ets aux arbustes exotiques du Parque ou du Jardin Zoologico, aussi vastes, aussi bien fournis que nos Jardinsdes Plantes ou d'Acclimatation. Autour de l'emplacemer.tdela dernière Exposition sont plantées de belles allées conduisant à une sorte de débarcadère construit sur pilotis, en partie au-dessus de la plage et en partie au-dessus de l'eau. Là sont installés, en été, quelques restaurants pleins d'agrément une jolie vue sur cette grande masse bleue sillonnée de petites voiles blanches, un air vif, salé, atiédi par un soleil dans toute sa force, un bon repas, assaisonné de musique, c'est vraiment délicieux! Une manque )à-bas. à l'horizon, à gauche ou à droite, qu'un volcan en activité, pour que l'illusion soit complète, pour que l'on se croie à Naples ou à Sorento. Barcelone possède aussi quelques monuments dignes d'être mentionnés et offrant, avec ses nombreux

cercles littéraires, artistiques, équestres et nautiques, avec ses bons théâtres, de grandes ressources à l'étranger. Pa)mi ses curiosités, je ne citerai en passant que ses églises, toutes plus riches les unes que les autres et

datant de la Renaissance,en style gothique la plupart. avec un mélange de style catalan se rapprochant du


roman. Le portique de la cathédrale est sculpté avec de charbon et de fumée toutes les maisons enviun art remarquable; il est de la hauteur même de l'édironnantes. C'est naturellement le coin le plus sale fice. Le monument élevé à la mémoire de Christophe de la ville, mais aussi le centre essentiellement indusColomb gagnerait à être transféré sur une place plus triel de la Catalogne. C'est là que se trouvent les imporgrande, car il est perdu dans ce coin du port et ne se tantes fabriques françaises et espagnoles de tissus et détache pas assez des maisons qui l'environnent. Barcefilés de toutes sortes, constituant à elles seules la prinlone a son Arc de triomphe, qui, par exemple, ne rescipale source de richesse de Barcelone. Statistiques en semble en rien à celui de l'Etoile. H est tout en briques main, je puis affirmer que l'industrie textile catalane fait chaque jour de nouveaux progrès, qu'elle lutte rouges et d'une construction des plus grotesques. Le carrousel du Parque est mieux compris et resavantageusement contre la concurrence étrangère avec semble à celui du Louvre; ilest plus grand que celui-ci l'espoir d'accaparer sous peu complètement le marché entièrement doré. Tout près de là s'élève un superbe et local. monument finement sculpté, style Renaissance,presque Courage, Barcelonais, nous n'en sommes pas achevé, ce sera le nouveau palais de justice. loin! Après l'industrie textile, je citerai celle des Si Barcelone, comme nous l'avons dit, n'est au bouchons, des tiqueurs, des cuirs ouvrés, des sandales, point de vue de sa population que la seconde ville des machines. Il est regrettable que la Catalogne soit si d'Espagne, elle n'en est pas moins la plus importante, pauvre en charbon; ses 45 ooo tonnes annuelles sont comme étant à la fois insuffisantes à l'alimentaindustrielle et commerciale. tion de ses fourneaux elle Je ne vous fatiguerai pas est donc forcée de s'approviavec un rapport détaillé, en sionner en Angleterre, ce règle, chiffres à l'appui, du qui entraîne pour elle de mouvement commercial de gros frais, les droits d'entrée cette place. sur les charbons étant très Qu'il me suffise de élevés. Une industrie française, très importante vous en donner une idée, en prenant entre les statistiici, est celle de la bière elle est heureusement proques dressées au Consulat général pour les deux dertégée par la taxe qui, niers exercices, un chiffre depuis 3 ans, frappe les fûts à l'importation. Nos étamoyen. Barcelone donc importe exporte et blissements rendent donc la par voies de terre et de mer 1 milconcurrence impossible juslion 250 000 tonnes de marPORf LE 11ORr YI'C PRISE DE LA V~'r. 1. PLACE PLAfE DE COLO~NIB. COL011R. qu'ici aux bières étrangères. chandises valant 5 millions D'a/tine~)0<n~'a~)e. Enfin, quelques mots ;00 ooo pesetas environ. Et simplement sur le Catalan, c'est généralement la France qui, parmi les diverses sur ses coutumes. Le Catalan, dis-je, est de nature nations en relations d'affaires avec Barcelone, tient le douce, complaisante et sociable, ses traits sont réguliers, premier rang, grâce à l'accord du 30 décembre tSo~, son teint plutôt clair son langage seul est horrible. Les femmes sont jolies, tiennent physiquement des en vertu duquel les deux pays s'appliquent leurs tarifs les plus réduits. deux pays qui entourent la Catalogne, notre Provence Barcelone reçoit de France des substances alimenet l'Espagne proprement dite. Elles sont surtout très taires de toutes sortes, des matières premières, des coquettes, et j'en connais beaucoup plus d'une qui se privent plus aisément de nourriture que de robes articles fabriqués. Elle exporte surtout des tissus, des substances alimentaires en grande quantité, des maneuves. Les hommes portent presque tous le grand tières premières également. chapeau de feutre à larges ailes; plus de chapeaux de paille, malgré la vigueur du soleil. Les femmes Il est fâcheux qu'une ville si importante ait un sont la plupart vêtues de robes légères, très claires, port si mal outillé, si insuffisant. Pas assez de docks et coiffées de chapeaux comme nos dames; la femme permettant aux navires de faire directement leurs opédu peuple seule a conservé sur ses cheveux, haut rations de chargement et de déchargement. La plutressés et surmontés d'un grand peigne, la mantille part d'entre eux sont obligés de recourir à l'interméou le petit voile national. Vraiment, c'est dommage diaire de chalands,d'où augmentation de frais de mainque de si gracieuses créatures n'aient pour s'exd'œuvre et perte de temps considérable. Pas de bassin primer qu'un horrible mélange de patois frannon plus pouvant recevoir les gros navires qui auraient çais, d'espagnolet d'italien, dur à l'oreille, sans distincbesoin de visiter leur carène. Enfin pas de hangars tion, presque sauvage. H surprendrait moins chez un en quantité suffisante pour abriter les marchandisesqui peuple plus laid. attendent leur transport dans les magasins. Ce sont là certainement des entraves ne pouvant que nuire au A Barcelone comme dans toutes lesgrandes villes, développement d'une ville qui ne demande qu'à proson ne voit dans les rues, jusqu'à une certaine heure, pérer. Car elle en possède les moyens. que le monde des ouvriers et des fonctionnaires. Les Tout. le quartier de San Martin de Provensals, gens de la classe aisée, les femmes surtout, se couchant situé au nord-est de Barcelone, est un quartier très tard à cause de la chaleur du jour, se lèvent nécesouvrier. C'est là que s'élèvent en quantité considérable sairement tard et n'ont qu'un souci celui de faire avant les cheminées et les hauts fourneaux qui couvrent déjeûner un tour sur la Rambla de las Flores, superbe


boulevard ombragé où se tient tous les jours un marché aux fleurs délicieux de fraicheur. On y achète une gerbe et l'on remonte chez soi, en s'éventant, bien tranquillement, car avant deux heures on ne déjeûne pas dans la plupart des familles. C'est aussi à cette heure-là que se ferment presque tous les bureaux. Après déjeuner, on fait sa sieste, régulièrement; étendues sur des fauteuils, enfermées dans une pièce très noire, s'éventant toujours, les femmes se racontent les potins du quartier, en attendant la fraîcheur de ta nuit c'est la Tertulia. Les maris cependant vont au café, pour regagner leurs bureaux, s'ils travaillent; sinon, ils y passent toute la journée. A partir de six heures, la ville se réveille de sa sieste, les employés sortent de leurs magasins, les désœuvrés se sont habillés pour la promenade du soir, qui dure jusqu'à neuf heures. C'est le moment où tout Barcelone est dehors. Après cela on rentre chez soi pour avaler, à la hâte, une tasse de chocolat et

fluence de notre voisinage.C'estainsi que toute famille aisée qui se respecte se fait presque un devoir de parler le français, de déjeuneret de dîner, de s'habiller enfin comme l'on s'habille en France. On nous aime ici, nous y sommes généralement l'objet d'une certaine attention, et l'on se fait toujours une fête de nous recevoir dans le monde officiel comme dans le monde

privé. La colonie française atteint à Barcelone environ le chiffre de tSoooâmes, pour la plupart hommes intelligents et travailleurs et auxquels la ville doit une grande partie de sa prospérité. Car il ne faut pas ignorer qu'ils sont nombreux les Français qui ont installé ici des usines et mis leur initiative au service d'une ville qui en manque un peu par elle-même. Nous possédons une chambre de commerce fort bien organisée .et composée de nos

meilleurs nationaux. Nous avons pour les enfants pauvres de nos compatriotes, plusieurs écoles françaises gratuites, qui donnent chaque année des résultats fort satisfaisurtout un grand verre d'eau glacée sants. L'Alliance française, repréet l'on sort encore une fois pour sentée par le personnel du Consulat aller au théâtre ou au bal, ou simgénéral et par quelques professeurs plement se promener encore jusfrançais, aussi distingués que déqu'après une heure de la nuit. voués, est en pleine voie de prospéCe n'est réellement que vers rité. Notre générosité, enfin, vient 2 heures du matin que la ville chaque jour en aide à beaucoup s'endort; les derniers roulements de nos compatriotes malheureux de voitures viennent de cesser, les musiques de se taire. C'est maintenous avons une société de bienfaisance très riche, uniquement desnant au tourdu~~MO (du veilleur) à tinée à secourir nos indigents. Je chanter, de sa voix lugubre, cassée, n'insisterai pas; ce sont là, je crois, les différentes heures de la nuit des arguments assez éloquents en seuls, du haut des terrasses, les notre faveur; ils ont du moins suffi coqs ne'dorment pas, car ils chanà nous attirer l'estime des Barcelotent, eux aussi, à la lune, la majeure nais. Et je suis heureux d'assurer MO\rME'n'DECO).OMB. partie de la nuit. Ma foi, à cette D'après fille photographie. musique-là, je préfère encore celle nos compatriotes des bons sentiments dont on est ici animé à leur des orgues; elle est certainement plus berceuse. Mais, patientez quelques instants et l'on égard. Barcelone est une ville où les Français doivent vous en servira, à satiété peut-être. En effet, il est près se plaire et se plaisent, en effet. de six heures, le ciel est à peine illuminé àl'orient, que le J. DESPRÉAUX DE SAINT-SAUVEUR. joueur d'orgue, d'accordéon ou de guitare est déjà sous vos fenêtref, pour vous tirer de votre lit et réclamer son déjeuner et c'est le prélude du grand bruit de la journée en ville. Madame Rijnhart qui vient d'accomplir dans le En fait de distractions, indépendamment des Thibet Oriental un voyage exceptionnellement difficile fréquentes expositions artistiques qui sont organisées et dramatique, au cours duquel son mari, missionnaire ici avec succès, nous avons,avec les théâtres, des courses protestant, a trouvéla mort, rapporte des témoignages de chevaux et de vélocipèdes, celles des taureaux à la très importants sur l'affaire de Tong-Bou-Mdo où d'intéressantes parties les dimanches, Plaza et » tous « l'explorateur français Dutreuil de Rhins a été tué par de balles, « Jeu de paume» ou « Fronton ». Quant aux les Thibétains, le 5 juin 18~4. dames elles aiment beaucoup la société, celle des Ces témoignages, indépendants les uns des étrangers même; aussi va-t-on avec plaisir à leurs autres, émanant de gens bien informés, qui ont assisté « five o'clock » et à leurs soirées, où l'on a l'occasion de ceux même qui de rencontrer de beaux yeux noirs, de jolis minois aux événements ou les ont appris de la manière la plus féminins 'et de réchauffer son cœur à cette musique y ont eu part, confirment tousGrenard a publié des légère, sautillante, particulière à l'Espagne. catégorique le récit que M. malheureuses circonstances dans lesquelles son compaAprès avoir parlé de Barcelone et de son peuple, qui concorde avec gnon a péri. Ce nouveau témoignage, il est naturel que je termine cette petite étude par le résultat de l'enquête officielle chinoise, fait définitiquelques mots sur la colonie française, puisqu'on sent vement justice des racontars qui avaient faussement si bien dans l'organisation rurale et urbaine de cette mis en cause M. Grenard. ville, dans les coutumes mêmes de ses habitants, l'in-


leuf temps, soit à l'Ouest soit à l'Est. D'autres ont pris y

point de départ le lieu où ils faisaient leurs obserpo ont vations, comme étant le mieux connu, et

compté

tes)ongitudes,àpartirdecepoint,enoccidentateset

La Question du Méridien unique C~!M~

Z3~M~ a adopté, d'urgence et sans discussion' une loi donnant à notre pays, ~OMf beure nationale, célle ~MM~rt~mt Greenwicb. L'émotion été grande a La

dans le monde des ~o~M~M,

astronomeset des marins

français. Avant que le Sénat, saisi

de

la MMK<fO~M!7M'

émette un vole définitif, ily a 7MK de jeter quelque /MW<<' sur une question que l'on aurait grand tort de clore bâtivement.

Nous disons « la question du méridien », à propos de là « question'de l'heure », parce que, comme ra fait remarquer avec beaucoup de justesse M. A.

orientales. L'histoire des méridiens successifs qu'ont adoptés les géographes, témoigne de ces deux'ordres de préoccupations.

tunées (îles Canaries).' Quelques géographes arabes,et persans, Alfaras,. AtbJrount, Aboutfeda, NassirEddin, Ulug-Beg, prirent éerafement .pour méridien initial, soit celui des îles Fortunées, soit celui de

Gibraltar.

Inversement,'les

Indiens et quelques Arabes comptaient les longitudes d'orient en occident, à par-

tir de Cancadora,le point te plus orientât qu'Us connus-

sent.

Les exemples de choix du méridien du lieu d'ob-

servation sont aussi nom-

rejeter. réalité, sous des

infami~emeht"

breux:

En l'an ~oo avant

apparences inoffensives, elle résout ~M/~tMm~

départ.

Aussi, depuis que la géographie de précision est née, le choix du méridien initial a-t-il été inspiré par des considérations que Fon peut ramener à deux chefs bien tranchés. Certains géographesont compté les longitudes à partir du point continental le plus extrême connu de

v

époque..

H'

une question d'ordre purement scientifique, en imposant à la France le méridien de Greenwich. Quelle est l'importance de la question? C'est ce que nous allons essayer d'établir. La géographie, comme toutes les autres connais-. sances humaines, n'est devenue réellement une science que du jour où l'on a pu introduire dans ses considérations un élément de précision, savoir la mesure. Ce jour-)à,Ies positions qu'occupent surleglobe les divers points de sa sur&ce ont pu être déterminés d'une manière absolue, parl'intersection decoordonnées, latitudes et longitudes. Pour les latitudes, le point de départ ne peut être arbitraire, puisqu'elles s'échelonnent astronomiquement, de l'équateur aux pôles. Mais il n'en va pas de même des longitudes. Celles-ci peuvent êtrecomptées à partir de n'importe quel méridien, et rien, dans la nature, ne désigne un méridien plutôt qu'un autre pour servir de point de

~v.

D'après Pythéas, navigateur-éf'~geog~a'phe, originairedeMarseiI)e,qui vivait au tv'siécteavantnotre ère.~a plus ancienne position qui ait été assignée au premier méridien est celle de rL~'MMT~~ (l'Islande), parce que c'était le point le plus occidental du monde connu à cette Pour la même raison, le premier méridien d'Eratost'.héne passait par les Colonnes d'Hercule (Gibraltar),, cë!u!i de Marin de Tyr et de Ptolémée par les îles For-

Bouquet de la Grye, « heure et méridien sont liés d'une façon indissoluble La loi ne parlé pas de «méridiens et ne contient même pas le nom de G~Ktout en indiquant bien clairement ce .point, ~o~r lès'ïititiés, par la "différence. d'heure (9 minutes 21 secondes), parce que cette dout!é;desi~nation.l'eûtfait Mais, en

-<.

notre ère, Dicéarque, de Messine, adopta le méridien de t'ite de Rhodes. Concurremm;ent avec le méridien de.s Colonnes d'Hercule. Eratos~théne (270) calculait ses longitudes sur celui d'Alexandrie. Quelques géographes adoptèrent le méridien d!e Mecque dlen La Mecque. <fe I.a

,?~

'Les auteurs des Tables Alphonsines (en

les stronomes espagnols qui observaient

1250) et

à Tolède,

comptaient les longitudes à partir de ce lieu. Copernic rapp )rtait lessiennes à son observatoirede Frauenberg, Tyc o-Brahé et ~Kepler à Uranibourg, Longomontanu à

Copenhague, et les membres de l'Académie des scien es de Paris, de l'observatoire de cette ville, tout Chinois les comptaient ~de~Pékin. Cette com préoccupation est évidemment toute naturelle. 'M< Néanmoins, le principe d'un méridien unique, déjà dopté par les géographes anciens, conservait des partisans, et à dater de la Renaissance,on recommença à chercher un premier méridien passant par l'une des îles les plus occidentales de l'Atlantique. En 1569, Mercator prit pour point initial les Açor' s, d'autres préférèrent les îles du Cap-Vert, mais l'on en revint peuapeuauxitesCanaries.Restaità choii ir, dans cet archipel, l'ile la plus occidentale, mais l'opi ii6n du monde savant était déjà préparée à cette déte; ination lorsque le cardinal de Richelieu réunit à Paris à l'Arsenal, le 2~ avril '6~4, une assembléegéné-

les


raie des plus célèbres mathématiciensde l'Europe aour résoudre la question..Lerésultat de leurs délibérattons fut que le premier méridien serait celui tangent la partie la plus occidentale de l'île de Fer (Canaries). Louis Xlll confirma cette décision par une ordonnance qui en'fit une loi pour les géographes français. Toutefois, la détermination de la position ex'acte de ce premier méridien étant douteuse, on! décida, en 1724, d'après l'avis de Guillaume Delille, qu!e le méridien de l'île de Fer passerait exactementà 20 degrés t à l'ouest de celui de Paris, Les Anglais n'adoptèrent jamais cette décision internationale. Leur méridien initial passa d'abordé par le cap Lizard, puis par Londres, et fut enfin, fi é à l'observatoire de Greenwich. j C'est bien évidemmentce dissentiment qui détermina les diverses puissances de l'Europe à abandonner le méridien de l'île de Fer, et à adopter chacune ~elu! de leur capitale. i Le vœu que formulait, dès iy68, le géographe Bruzen de la Martinière « Il y aurait ce d'un les hommes convinssent fixe point du que tous n'en t~este globe où passât le premier méridien », pas moins intéressant. Toutefois, il n'a guère de chjance de se réaliser que si le premier méridien choisi m'est pas celui d'une capitale, mais celui d'un point du lobe incapable de susciter la moindre rivalité, de soulever

et en Algérie, est l'heure temps moyen de Paris,

retardéedeominutesstsecondes.~ »

<

C'est exactement l'heure de Greenwich Adopter l'heure, c'est pratiquementadopter le méridien. Or, dit à ce propos M. Bouquet de la Grye, « pour modifier notre méridien national, il faudrait, ftgM~~K!<'M~MrMe~h'fj/)~M~, corriger plus de ooo cuivres, plus de /}'6o-6oo cartes en service ou, en approvisionnement, 600 volumes numérotés d'instructions nautiques, ce qui entraîne la correction et la mise au pilon de tous ceux en service, et enfin modifier cette œuvre admirable de la Connaissance des Temps, la première au monde comme étendue, comme clarté de tous les éphémérides, et quia pour elle presque deux siècles et demi d'existence. Faire cet immense sacrifice, ce serait une abdication et une duperie. Nous espérons que le Sénat, mieux informé, ne suivra pas la Chambre des députés dans cette voie. PAULCoMBES._

»

avant

la

moindre susceptibilité nationale.

Ce sont les Etats-Unis, dont l'immense terrtoire met mieux en relief la confusion des heures résultant changement de méridien, qui, à notre époque, ont rèmis.la question sur le tapis. conunencememt de tSS~, le gouvern ment des Etats-Unis saisit le gouvernement français, qui la transmit à l'Académie des Sciences, d'une propo ition tendant à faire rechercherpar un Congrès s'il n'y aurait pas lieu de choisir un méridien international commun à toutes les nations. M. janssen, chargé de porterà Washington les déclarations de la France, reçut c-omme instruction de préconiser le choix d'un méridien: purement géographique, le méridien de Behring~ par exemple. Si elle devait abandonner le sien, ce ne) serait que pour en prendre un remplissant la condition ssentielle d'être en dehors des fluctuations humaines. Le 27 octobre t8<)6, une proposition rela ive à l'adoption de l'heure de <~reenwich (le mot y ,état) fut soumise, à la Chambre des Députés, et renvo ée à

~.du

'f Au

l'examen d'une commission spéciale. En décembre, la Société de Géographie et

la ociété

d'Astronomie,' protestèrent contre cette proposition. Aussi la commission, après avoir entendu les dépositions des délégués des ministères de la Marine, de la Gtterre et de l'Instruction publique, demomtrant les fâcheuses conséquences qu'entraînerait l'adoption

du projet, le repoussa-t-elle.' Cela n'empêcha pas un autre député, M. Boudenoot, de reprendre en sous-œuvre cette proposition de loi dans laquelle le mot de Greenwicb était soigneusement dissimulé sous lesespécesd'unedifférenced'heures.

etdont)a'Chambredesdéputésavoté,Ie24févrien8Q8, l'article unique ainsi conçu ~<

ART'CLE UNtQUE.

L'heure Iéga!e, en France

Un

triste incident en Afrique.

La 'Rébellion. de

VouIet-Chanoine.

!a Mission r

LES lecteurs du Tour du Monde connaissent bien les les jeunes noms des capitaines Voulet et Chanoine, et habiles chefs de la mission qui, en 1896 et tScjy, sous les ordres du commandant Destenave.conquit.à la France le Mossi, cette vaste province, située au centredë la boucle du Niger. Revenus en France en t8<)7/MM. Voulet et Chanoine furent reçus, fêtés, récompensés par les Sociétés de Géographie ou autres, mais, très attirés par le.Soudan, ils songeaient déjà à entreprendre une nouvelle mission. Aussi au m~ud~jS.~S, sollicitèrent-ils du

gouvernement l'autorisattor~d'aller continuer l'exploration des territoires situés entre le Niger et le lac Tchad, exploration commencée par le capitaine Casemajou et interrompue par le massacre de cet officier à

Zinder,le8mai!8~8.

La nouvelle mission Voutet-Chanoine

eut quel-

que peine à se former. Au ministère des Colonies, on s'y montrait peu favorable. M. Chaudié, gouverneur général de l'Afrique occidentale, le général de Trentinian, le colonel Audéoud, gouverneur intérimaire du Soudan, M. Binger, directeur des anaires d'Afrique, la désapprouvatentouvertement, la jugeant inopportune. Il leur semblait inutile d'exposer nos compatriotes à de nouveaux risques, dans une région réputée très dangereuse la convention anglo-française du mois de juin 1898 venant d'être signée, il n'y avait plus guère de motif à susciter de nouvelles questions de frontières et de zones d'influence. Quoi qu'il en soit, la mission fut décidée. Elle comprenaitau départ de France le capitaine d'infanterie de marine Voulet; le lieutenant (depuis capitaine) Chanoine, officier de cavalerie, fils de l'an-


cien ministre de la guerre; le lieutenant Pallier, de l'infanterie de marine; le lieutenant JoaUand, de l'artillerie de marine; le lieutenant Peteau, de l'infanterie de marine; le docteur Henric, médecin de la marine;

sergent Bouthel et le sergent-major Loury. La mission arriva à Kayes le 20 août t8c)8. Elle était à Dienné en octobre. Là, le capitaine Voulet divisa ses forces en deux sections. L'une, dont il prenait la direction, devait se diriger sur Saï par la voie du Niger, en utilisant un convoi' de batellerie dont le gouverneur du Soudan avait décidé la formation. Un détail à noter comme à Tombouctou la situation du pays était un peu troublée, le colonel Klobb, commandant de la région, craignit que la mission ne pût descendre le Niger en toute sécurité, et il se décida à l'accompagnerpendant un certain temps avec des tirailleurs, des spahis et de l'artillerie pour la protéger contre des attaques possiblesdes farouches Touareg. La seconde section, sous les ordres du lieutenant Chanoine, devait traverser la boucle du Niger dans sa largeur, à travers le Macina et le Mossi, pour se procurer des porteurs, des chevaux et des animaux de bât dont elle avait besoin pour son voyage de Saï au lac Tchad. le

Les deux sections se rejoignirent le 2 janvier ;8oc) aux environs de Sansanné-Haoussa, à 100 kilomètres en amont de Sa'i. Elles s'organisèrent et, deux mois après, dans les premiers jours de mars, la mission au complet 20 spahis soudanais réguliers, 50 tirailleurs soudanais réguliers, 200 auxiliaires armés, t ooo porteurs, 14 chameaux, p ânes et un troupeau quittait les bords du Niger de 400 têtes de bétail pour se lancer dans la direction de l'Est. Au mois d'avril dernier, des bruits fâcheux coururent tout à coup sur les faits et gestes de la mission, en particulier sur les actes de la section dont le commandement avait été confié à M. Chanoine. On assurait que, pour recruter ses porteurs et ses bêtes de charge, cet officier avait eu recours à des procédés d'intimidation et de terreur, faisant mettre le feu aux villages qui ne se prêtaient pas assez vite à ses ordres de réquisition, condamnant à mort les indigènes qui faisaient mine de lui résister, n'épargnant ni les femmes, ni les enfants, bref, laissant sur son passage assez de ruines et de carnage pour qu'un témoin oculaire ait pu écrire que la marche de la mission française rappelait les incursions dévastatrices de Samory. Ces accusations si graves ne tardèrent pas à se préciser. Des abus de pouvoir compliqués d'actes de cruauté furent mis à la charge de la mission, ou du moins des capitaines Voulet et Chanoine. Et c'est alors que de Paris on adressa au gouverneur général l'ordre d'envoyer un officier supérieur à leur poursuite, pour faire une enquête sur place, pour les entendre contradictoirement, pour les arrêter au besoin, si les faits qu'on leur reprochait étaient exacts, et les ramener au Soudan. Le lieutenant-colonel Klobb fut désigné; il partit de Kayes le 18 Avril, avec le lieutenant Meynier.

suivi d'une escorte d'une vingtaine d'hommes. Le 14 Juillet, il atteignait auprès de Zinder la colonne Voulet. On sait le reste le capitaine Voulet reçut à coups de fusil le colonel et sa troupe, tuant les 2 officiers et )[ i indigènes, et en blessant 8 autres.

C'est en vain que l'on cherche des raisons pour expliquer l'aberration criminelle de la mission Voulet. Faut-il mettre cette lugubre aventure sur le compte de la surexcitation particulière due au climat ou à l'exaltation inévitable dans des expéditions de ce genre? Est-ce un effet de cette maladie spéciale qu'on a appelée la soudanite? Peut-être.

entendu, et avant de prendre une solution à leur égard, le gouvernement a mis leur mission en interdit, en prévenant de la situation la mission Foureau-Lamy, qui, descendant d'Algérie par l'Aïr, se dirige vers le Tchad, ainsi que la mission BretonnetGentil, qui converge vers ce lac en venant du Congo. Bien

Reste à savoir, toutefois, à quelle époque les émissaires envoyés à leur rencontre atteindront ces deux mis-

sions.

qu'on se demande maintenant avec une sorte d'angoisse, c'est le sort réservé à ces officiers qui se sont ainsi mis hors la loi. On dit que les deux conquérants du Mossi rêvaient de jouer un grand rôle en Afrique, noble ambition à laquelle ils avaient déjà sacrifié. Mais désormais que vont-ils devenir? Perdus Mais ce

à jamais pour la France, ne peuvent-ils pas essayer de se conquérir pour eux-mêmes quelque royaume ou

quelque sultanat? Hantés peut-être par le souvenir des grands aventuriers espagnols, ne vont-ils pas se tailler un empire au cceur de l'Afrique? Certainsempiresafricains se sont fondés parla simpleentreprisede bandesarmées,s'emparant des pays uni-iquement pour avoir les bénéfices de la domination. Les

nègres du Soudan aiment la guerre et elle est pour eux la principale manière de s'enrichir. !ls n'éprouvent aucune répugnance à se battre sous des chefs blancs; au contraire, ils apprécient leur bravoure et leur connaissance du métier. Si le capitaine Voulet et ses compagnons veulent, à leur tour, jouer les Samory, ils sont en état de le faire avec de très importants éléments de réussite. Sans doute, cette troupe d'outlaws peut être exterminée à la première rencontre. Sans doute, elle peut aussi se dissoudre par le fait des rivalités, des jalousies qui tôt ou tard naîtront dans son sein. Mais, d'autre part, qu'adviendra-t-il si ceux qui la dirigent persistent dans le rêve de grandeur africaine qu'on leur

prête?

~r-

M"" Stanislas Meunier. De Saint-Pétersbourg A ~r<!<, avec i5 dessins de R.-V. Meunier. Paris, Société

françaised'éditiond'art,'-9, rue Saint-Benoit.Prix, 3 fr. 5o. )\)OL's n'avons pas besoin de recommander à nos lecteurs agréable Uvre qui a paru dans le To!<r du Monde. Nous ne faisons qu'en signaler la publication en volume, heureux de rendre une fois de plus hommage à l'intérét et au charme de ce récit d'un voyage récent. Plusieurs dessins faits par M. R.-V. Meunier, d'apres les photographies de M. Marcellin Boule, ajoutent à l'agrément de ce volume.

cet


France et Colonies Les grandes Manœuvres de l'Est.

Les grandes manœuvres d'apparat se font cette année en Touraine. Leur intérêt tactique est ordinaire. D'autres manœuvres se font dans l'Est, bien autrement dignes d'attention. Le 6° corps, concentré en avant de Saint-Mihiel et flanquant nos ouvrages de défense de la Meuse, va soutenir l'attaque du 20' corps qui représente t'armée allemande cherchant, selon les plans du grand état-major de Berlin, à forcer notre ligne de protection dès la première heure d'une guerre. L'Allemagne a des batteries d'obusiers destinées à rendre, dit-elle, nos forts d'arrêt intenables. La frontière militaire artificielle que nous avons dû créer pour remplacer la frontière naturelle perdue serait donc franchie par l'ennemi qui entrerait, pense-t-il, sans coup férir à Nancy il serait maitre de la trouée Neufchàteau-Chaumont. Le général Hervé a tenu à se rendre compte de ce que pourrait être, en fait, l'irruption prontée par le gland état-major. Les manœuvres de l'Est ont donc un intérêt exceptionnel. Algérie. Les bataillons d'infanterie envoyés en Algérie pour renforcer le [Q* corps, au moment de la tension de nos rapports avec l'Angleterre, sont rentrés en France. Le général Larchey a salué leur départ de l'ordre du jour suivant Au moment où les bataillons d'infanterie venus de France en Algérie sont appelés à rejoindre la portion principale de leur corps dans la métropole, le général commandant les forces de terre de l'Algérie et de la Tunisie ne veut pas les laisser partir sans leur témoigner sa satisfaction pour leur bonne conduite et leur bonne tenue. Ces troupes, venues en Algérie dans l'espoir d'y faire campagne et d'y défendre le drapeau français,ont sans doute éprouvé une vive déception mais il n'en reste pas moins vrai qu'elles ont dû supporter les fatigues inhérentes au climat et parfois a une installation encore incomplète. Dans les marches et les manœuvres que ces bataillons ont été appelés à exécuter, les hommes ont montré des qualités d'endurance et d'entrain qu'il est juste de reconnaître. Le général commandant les forces de terre de l'Algérie et de la Tunisie espère que ces bataillons emporteront un bon souvenir de leur séjour sur la terre d'Afrique, et ses souhaits de bon voyage les accompagneront. S;~K~

LARLHEY.

»

Allemagne Les grandes Manoeuvres.

L'armée allemande ient d'exécuter sous les yeux de l'empereur, dans le grandduché de Bade et en Wurtemberg, des manœuvres intéressantes mais qui n'ont rien présenté de très nouveau. Au préalable, le XV° corps a fait en Alsace des manœuvres de régiment, puis de brigade, remarquables en ceci que les troupes opéraient sur des terrains avec lesquels elles n'étaient point familiarisées. Ensuite le XV corps a gagné par étapes le grand-duché de Bade et le Wurtemberg pour y combattre contre les XIIIe et X!V° corps, en figurant une armée victorieuse ennemie qui a chassé les troupes de couverture, franchi le Rhin, et vient attaquer l'armée de seconde ligne de l'Allemagne. Emploi sur mer des Pigeons voyageurs. La Société colombophile de Hambourg, dit t'intéressante R~M du Cercle ~!h'<a:'re, vient d'envoyer à Wilhelmshaven un grand nombre de pigeons destinés à être employés par les navires de l'Etat au service des dépêches. La marine de guerre a évidemment le plus grand intérêt à ce qu'on dresse des pigeons en vue du service maritime, parce qu'en cas de guerre ces oiseaux peuvent être de la plus grande utilité au service de renseignement sur mer. L'~U~eM<)!e MilitarZet'/MK~, à laquelle nous empruntons ces renseignements, dit à ce sujet

En cas de guerre, les 5uo Société colombophiles de l'Allemagne mettent à la disposition de l'autorité militaire leurs pigeonniers comptant, en chiffres ronds, 100 ooo pigeons. Le dressage des pigeons en vue du service sur mer exige beaucoup de persévérance et de patience, parce que, dans les débuts, ces messagers marquent une certaine répugnance à voyager au-dessus de la mer. Néanmoins, on peut

signaler des parcours très remarquables effectués sur mer par des pigeons; quelques-uns ont fait jusqu'à ~oo milles marins. Pendant la guerre hispano-américaine, on a fait grand usage, pour le transport des dépêches par mer, de pigeons voyageurs. L'eMM'ne ~'h'~r-Z~/MMg-ajoute que la Compagnie des vapeurs, faisant le service entre Hambourg et l'Amérique, est en train d'organiser sur ses paquebots un service de dépêches par pigeons, et qu'elle est puissamment aidée par la Société colombophile de Hambourg.

Angleterre

La Solde annuelle des Officiers des nouveaux régiments coloniaux. ~.g~MH~ chinois Chef de

livres sterling (20000 fr.) commandant en second, ô5o livres (16 250 fr.) capitaine, 400 livres (10000 fr.) officier subalterne, 3uo livres (7 5oo fr.); feldwebel, 200 livres (5 uoo fr.). Chef de corps, Tirailleurs de <r~K<' Mo/r~e livres 700 livres (t75oo fr.); commandant en second, 600 subal()5 0~)0 fr.) capitaine, .~oo livres (m uoo fr.) ofScier terne, 3uo livres (7 5uo fr.); feldwebel, 200 livres (5 ooo fr.). Pour le régiment de l'Afrique occidentale, les chiffres sont à peu près les mêmes, mais plutôt diminués. ~trm~a;)~ A~~ Ga~e, qui donne ces renseignements, mentionne en outre divers suppléments de solde pour différentes situations spéciales, notamment en ce qui concerne le régiment chinois. Mais le total des émoluments n'est pas de ce fait sensiblement augmenté. Les Soldats chinois de l'Angleterre. Nous donnons ci-dessus la solde des officiers anglais du régiment iudigène en formation à Wet-Hai-WeL Ce régiment est sûr de compter des officiers, mais il recrute assez difficilement et, à ses soldats. Les Chinois sont rebelles à l'engagement, l'heure actuelle, 200 hommes environ forment tout l'effectif, anglaise Br;au maximum. Un numéro récent de la revue gade of Gi~r~ Magazine contient une intéressante lettre d'un officier anglais sur la création du régiment chinois à ses diverses phases. D'après cette lettre, les officiers et sous-officiers chargés d'organiser le régiment arrivèrent au commencement de cette année. Ils ne purent d'abord recruter que loger à Wei-Ha'i-We!, 12 engagés volontaires, et pour se après l'évacuation des Japonais, on dut s'entendre avec une Anglaise aventureuse, installée en Chine, qui possédait plusieurs maisons meublées à l'européenne. Elle voulut bien les louer, pour un bon prix, et ces bâtiments devinrent le quartier général, les casernes du futur régiment. Les Chinois ne défiaient se montrèrent pas, pour cela, plus empressés. Ils se patience, de la et des diables étrangers Avec du temps aidant, un nourriture bonne l'attrait de la solde et d'une petit bataillon de gaillards de bonne volonté a fini par prendre corps. Mais que de peines pour les instructeurs! Ils ne veulent pas effaroucher leurs précieuses recrues et ils perdent leur anglais à essayer de les dresser en soldats. Les Chinois ne comprennent pas un mot de ce qu'on leur dit, mais par la pantomime, on arrive à leur apprendre à manœuvrer. En revanche, il est impossible jusqu'ici de leur inculquer la moindre idée de l'exactitude et du respect de l'uniforme. Aucun rassemblement ne peut se faire à l'heure dite, et enfin quand les instructeurs ont fini par grouper leurs hommes, ils constatent que la plupart sont dans une tenue de fantaisie. L'officier anglais, auteur de la lettre, doute que ce régiment chinois, en admettant qu'il se constitue vraiment, puisse jamais rendre de réels services. Quoi qu'il en soit, il délicieux et estime que a trouvé le séjour de We!-Ha:-Vei le climat peut être comparé à celui de Hong-Kong.

'corps,

Soo


sur le voyageurune impression profonde et pénétrante. détaL Du plateau, sur lequel est assise la ville haute, se che vers l'Est la masse imposante du Bock, gigantesque rocher, auquel faitsuite le plateau moins élevéd'M'Mter. Ce dernier, à l'extrémité duquel s'élève une vieille tour à moitié ruinée, et qu'entourent à droite et à gauche de jolis jardins en terrasses, domine la belle vallée de Ctausen. Au pied de ce promontoire, serpente capricieusement le fleuve de Mélusine, la blonde Alzette, baignant de ses ondes jaunâtres les prairies qui s'étendent sur ses rives. Vu des hauteurs du Fetschenhof, l'ensemble de ce tableau est particulièrement fascinant et le spectateur le moins enthousiaste est frappé par le panorama réellement grandiose qui se déroule devant ses yeux. Sans doute, d'autres villes offrent un aspect plus coquet, plus élégant ou plus mais il y cossu en a peu qui

se

présentent au touriste avec un air

plus majestueux, et nous dirons

)a Pé!russe. Ce

sanctuaire est plus ancien que la ville même et fut construit dès 30~ après Jésus-Christ, en l'honneur de saint Quirin, martyr romain. C'est une grotte creusée dans le rocher, qui, suivant la tradition,

fut le premier temple chrétien de la région. La ville haute offre également quelques points intéressants mais l'impression d'ensemble qu'elle fait est plus imposante que tes détails. L'intérieur de la cité n'a rien de très remarquable, sauf peut-être quelques vieux édifices la cathédrale, l'Athénée, le palais de justice, l'hôtel du Gouvernement. Le plus intéressant comme architecture est sans contredit l'ancien hôtel de ville de style espagnol, devenu aujourd'hui le palais grand-ducal. La construction date du xv)' siècle, alors que le duché de Luxembourg se trouvait sous la domination espagnole. Sur la placé Guillaume, la plus grande de la ville, s'élève la statue équestre de Guillaume Il, roi des

plus mar-

Pays-Bas et grand-duc de

tia!,matgrë la dis-

Luxembourg, par

même

Mercié;e)Ieaété

parition des anciennes fortifica-

érigée en )884 Le héros de Waterloo est représenté au moment

lions En face de la

vitte.àt'Est.s'étévent les hauteurs

boisées du Parc, et, un peu plus à

à

Giselbert (t 039-105 y). Dans la vallée même, les points de vue pittoresques ne manquent point. Un des plus beaux, c'est le pont de t'Atzette. Sous ses pieds coule paresseusement la rivière, reflétant les vieilles masures chancelantes de vieillesse qui s'élèvent sur les bords, tandis que s'élèvent dans les airs les tours et les pignons de la ville

haute.

Un autre motif tentant pour le crayon de l'artiste est )achape!)e de Saint-Quirin, dans la vallée de

fait.

son

entrée solennelle

Luxembourg

(1842),

gauche, sur un plateau séparé du précédent par un ravin que défend

la Tour des Juifs, L'AX'tL~E PORTE DE TREVES émergent, au milieu de bocages D'après ~c photographie de verdoyants, les Trois Glands, les restes de l'ancien fort 7"MK~'K A droite; on aperçoit le plateau du avec ses âge, nombreuses et ses quatre tours, datant du moyen casernes, aujourd'hui transfo'ées en établissementsde charité et de bienfaisance. Lorsqu'on passe de la ville haute dans un des faubourgs, t'œit exercé de l'artiste découvre aussitôt une foule de motifs pittoresques, et à chaque changement de poste de l'observateur un autre tableau se présente à ses yeux. En descendant de la côte du Pfaffenthal, on rencontretout d'abord une antique porte flanquée de deuxtours, datant de l'an 1050 et construite par le comte

il

acclamé

par ses sujets

reconnaissants, SUR LE f'LAT~AU Dt'

C~.

RH\M.

~e~/toc/7, à

~V6'o~r~.

auxquels il vient de donner la libre constitution qui les régit encore

aujourd'hui. la garnison prussienne (!86y),

Depuis le départ de lacités'est embellieetconsidérab'ementélargie. Les remparts et les bastions se sont transformés en boulevards ombreux et en coquettes villas. Un parc magnifique, tracé d'après tes plans de M. André, l'architecte paysagis'e français bien connu, entoure d'une fraîche verdure tout ce quartier moderne de la ville. Les points de vue pittoresques étaient incomparablement plus grandioses, du temps de la forteresse, etptus d'un cœur de soldat a sans doute tressailli jadis, à l'aspect de ces formidables défenses, de ces remparts, de ces bastions, de ces hautes murailles crénelées, qui s'élevaient au milieu d'un paysage enchanteur mais, malheureusement, beaucoup de ces points de vue étaient' alors masqués ou rendus inaccessibles par les fortifications. Ecoutons ce que le grand poète allemand Gœthe' dit à propos de Luxembourg, où il passa quelques jours, en 1702, alors qu'une formidable cuirasse d'airain l'étreignait encore de toutes parts. « Celui qui n'a pas vu Luxembourg ne peut se faire une idée de c~t enchevêtrement de fortifications de toute sorte, juxtaposées ou superposées les unes aux t. Dans sa Cant/'j~);<' de duc de Brunswick.

fnntce; Gœthe suivait alors

le


La Ville de Luxembourg petits pays qui subsistent encore en Europe au milieu des grandes M~h'OM<7~<M, ont quelque C~OM mystérieux; ils font ~fM bruit, on les ignore presque. Ils M<~t'~tt< cependant qu'on s'occupe d'eux. La vie paisible que mènent leurs babitants pourrait être pour beaucoup un légitime sujet d'envie. Les

LnA ville de Luxembourg a été pendant des siècles une des forteresses les plus importantes de l'Europe.

pas

notamment les châteaux de Vianden, de Clervaux, de Larochette, d'Hollenfeltz, d'Ansembourg, de Bourscheid, etc. Perchés au sommet de rocs altiers ou bâtis à mi-côte, au milieu de verdoyantes forêts, ils ne possèdent plus, il est vrai, leurs beautés

Oui, Luxembour-

d'autrefois, mais avec leurs pans de murs branlants et

Depuis quelques années seulement elle a perdu son air martial et rébarbatif et a pris un aspect plus pacifique. Cette métamor-

phose n'a

laissé de faire le bonheur de ses

habitants.

les

architecturales

geois peuvent vraiment s'esti-

effrites, leurs fragments d'ar-

mer heureux, en

cades, leurs ogives mutilés et en-

considérant

les

circonstances exceptionnelles qui font de leur patrie, au point de vue politique, un des pays les plus

privilégiés

guirlandés

de

lierre, ils ajoutent la poésie dupasse aux charmes du

paysage.

C'est surtout autour de la capitale du pays que la' nature semble

du monde, et ils ont raison de dire et de répéter à tout avoir accumulé VUE GKN~RALË DE '.UXLMBat'ftG PRISE DE FBTStttE~HOF (ROUTE DE TRhVLS). propos, non seuses merveilles, et 'D'r~ C~. 7?('r/< j ~H~fjnûo/<r~ M~c~ho~~rj~~t~ de lement avec les il y a certainelèvres, mais du fond du cœur, le refrain de leur ment peu d'endroits où l'art et la nature !e trouhymne national Wir w~~ Mem~ wât Wir sinn vent si intimement unis et où leur union ait pro(Nousvoulons rester ce que nous sommes). duit un chef-d'œuvre aussi achevé. La viHe de LuxemMais lepays de Luxembourg n'est pas seulement bourg se compose de deux parties bien distinctes la un des Etats les plus favorisés de la terre au point de vue ville haute trône majestueusement sur un plateau ropolitique, c'est encore un des coins les plus charmants cheux, entouré de trois côtés par des précipices à pic du globe, et l'on trouve rarement tant de beautés natuà ses pieds, dominés par de gigantesques viaducs, relles réunies avec tant de profusion dans un espace s'étendent paisiblement les trois faubourgs du G/MM~, aussi restreint. Les rives de la Moselle, toutes tapissées de Clausen etde/MM/. Ça et là, au milieu de la verde vignobles, la gracieuse vallée de l'Alzette, celle de dure des pelouses et des bocages, t'œit découvre encore la Sure, au caractère plus rude et plus sauvage, et surles restes sombres et ébréchés des anciens bastions. Dotout le romantique .SMttH~M, présentent une foule de minant la masse compacte des maisons, les clochers de points de vue pittoresques, d'une beauté vraiment saiNotre-Dame et de Saint-Michel, ainsi que la tour du sissante. palais grand-ducal, dressent vers le ciel leurs pointes N'oublions pas les nombreux manoirs féodaux, aériennes. C'est ainsi que la paix et la guerre, la nature qu'on trouve disséminés un peu partout dans ce pays, fruste et les œuvres de l'homme s'allient, pour exercer


autres. L'imagination se trouble lorsqu'on veut se rappeler l'étrange variété d'impressions, avec lesquelles l'oeil du promeneur ne peut que difficilement se familiariser. Un ruisseau, la Pétrusse, d'abord seul, ensuite uni à l'Alzette, qu'il grossit, baigne de ses méandres

capricieux les pieds de la ville. Sur la rive gauche s'élève la cité elle occupe un plateau qui tombe à pic sur la rivière. Les fortifications qui l'entourent du côté de la plaine ne se distinguent guère de celles d'autres places; mais lorsqu'on eut suffisamment pourvu à la sûreté de la ville du côté de l'Ouest, on comprit qu'il était nécessaire de la protéger également du côté de la vallée, où serpente le fleuve. Puis, à mesure que l'art militaire progressait, ces premières défenses se montrèrent insuffisantes. On éleva sur les hauteurs qui dominent la rive

chers sur rochers et remparts sur remparts, sur ce terrain bosselé, déchiqueté, coupé de ravines, au milieu de ces jardins, de ces bosquets, de cette végétation touffue, je me mis en rentrant à fixer sur le papier les images telles qu'elles s'étaient gravées successivement dans mon esprit, d'une manière imparfaite, il est vrai, mais pourtant suffisante pour retenir le souvenir d'un état de choses extrêmement curieux. » Un autre écrivain allemand, né à Luxembourg, Alexandre de Roberts, citeégatement, dans un article consacré à la ville et au pays de Luxembourg, dans une revue allemande, ce passage de Gœthe et ie fait suivre de ces réflexions « Toutefois, à cette époque (1702), les fortifications de Luxembourg n'avaient pas encore atteint le maximum de leur puissance défensive. Napoléon

n'y avait pas encore passé

droite, au Sud, à l'Est, au Nord, sur les angles rentrants ou sail-

(1804) et fait élever les nouveaux

ouvrages qu'il

lants des rochers, de nouveaux ouvrages, de nou-

jugeait nécessaires' la Confédé-

ration germanique n'y avait pas encore' jeté des centaines de mi:-

veaux remparts,

servant à se protéger les uns les autres. C'est ainsi que se forma un

lions pour la

enchaînement

construction d'une

presque interminable de bastions,

série de forts

redoutes, de

dant à la stratégie

de

avancés, répon-

demi-lunes, et

moderne. La for-

d'autres ouvrages

crénelés, comme l'art de la fortification ne les crée que

fort rarement.

Rien ne peut donc

offrir un aspect

LA YORTP DE

LE

D'après «)te photographie de

plus étrange, plus merveilleux que cette vallée étroite qui, se déroule, comme un couloir irrégulier et sinueux, à travers tout cet attirail de murs gigantesques se dressant au sommet de rochers escarpés. A droite et à gauche, sur les deux bords de la rivière, se trouvent de nombreux jardins, disposés en terrasses et embellis de petites villas et de maisons de plaisance. Tant de grâce s'y trouve alliée à tant de grandeur, tant de gravité à tant de charme naturel, qu'on regrette qu'un Poussin n'ait pas

essayé son admirable talent dans un pareil endroit. « Les parents de mon guide possédaient au Pfaffenthal un joli jardin qui descendait en pente douce vers la rivière et dont ils m'abandonnaient volontiers la jouissance.

couvent, qui se trouvaient à quelque distance, justifiaient le nom de cet élysée', et ce voisinage menaçât semblait en quelque sorte assurer aux riverains la paix et la tranquillité, bien que chaque regard qu'ils portaient en haut leur rappelât la guerre avec ses horreurs et ses calamités. Après avoir erré plusieurs jours, seul et pensif, dans ce labyrinthe, où l'art et la nature ont entassé comme à plaisir ro« L'église et le

i. Allusion au nom de 'P/<M</M/, vallée des moines.

teresse de Luxembourg a coûté à t'AUemagne les yeux de la tête,

mais elle était

digne aussi du glorieux nom de ÇA. Bcr!0f;/7, j ~)<A'cM~'0);r~ « Gibraltar du Nord ». L'ironie de l'histoire a rayé d'un trait de plume, à la conférence de Londres (f86y), l'ouvrage laborieux des siècles, en décrétant le démantèlement de

t'1.1DLC ET LE 1·'AUDOURG DE

CL.1WE\.

la forteresse ?.

Dans la plupart des villes de l'Europe, jadis entourées de fortifications, on s'est préoccupé, lors de la démolition des remparts, de préserver les anciennes portes d'une destruction complète. Ces constructions sont ainsi devenues, avec le temps, des curiosités historiques et de véritables monuments. Elles n'entravent nullement la circulation,attendu que les nouvelles rues qu'on a tracées à côté sont suffisamment larges, et on peut dire qu'aujourd'hui ces portes frappent davantage par leur masse imposante ou par les détails de leur architecture, que du temps où elles faisaient corps avec les remparts. A Luxembourg, il n'en a pas été ainsi, fort malheureusement. Lors de la démolition de la forteresse, on a tout détruit pour ainsi dire, avec une rage de Vandales. C'est ainsi que toutes nos antiques portes, sans Nous ferons observer que pendant l'occupationfrançaise de !7o5 à 18; on ne fit pas de travaux neuf-: aux fortifications de Luxembourg. Le génie se borna à er.Lretenir celles qui existaient déjà.


base d'opérations. Wellman lança dès le surlendemain intenune avant-garde dans la direction du Nord son tion était de la rejoindre quelques jours après; mais la rupture des glaces et une mer démontée l'empêchèrent

LE tAtUOL'M DE CLAt'SE~ f.T LES MAtIH'RS PC PARC MASSFELD.

D'après )"te /')tO<o~)'j/'A)'e de ~f.

<'t!.

A.H/!M/ à ~HA'cmtotff'

parler de bien d'autres monuments qui. s'ils étaient encore là, feraient aujourd'hui l'ornement et la gloire de la ville, tombèrent sous la pioche des démolisseurs. La redoute~de l'ancien fort Tbiingen, dont les trois grands dorés émergent mystérieusementde la verdure du plateau d'O&fr~MtMMM, et qu'un hasard a sauvé de la destructrion, est devenue, déjà de nos jours, pour les ùuurgeois de ia viite. comme pour les étrangers, un but de promenade et un objet d'attraction. H en est de même des « tourelles espagnoles qu'on a ccnservées ou restaurées dans leur forme primitive et qui se dressent avec tant de hardiesse, au sommet de quelque roc, à la pointe extrême de tel ou tel bastion. (Asuivre.) M. ENGELS.

Le retour de l'Expédition polaire Wellman

A u moment où le

retour de l'explorateur Wellman était, en Amérique, le sujet de maintes conversations, et que les paris étaient ouverts sur la question de savoir s'il avait eu le bonheur, oui ou non, d'atteindre l'extrême Nord, on apprenait que l'expédition était revenue en Norvège sans avoir atteint le but qu'elle s'était fixé. L'expédition se composait de quatre Américains et de cinq Norvégiens. Parmi ceux-ci se trouvait Bentzen, un ancien compagnon de Nansen sur le F)<7)H. Partie le 26 juin t8<)8 de Tromsoë sur le baleinier à vapeur le /'n<i!)/o/, l'expédition toucha à Arkhangel où elle embarqua 8~ chiens; de là elle fit route pour le cap Flora, pointe sud de l'archipel de FrançoisJoseph. Un mois après, le 28 juillet, elle arrivait à Elmwood, visitait le dépôt de vivres laissé par Jackson et acquérait la conviction qu'il était intact. D'Elmwood, le vapeur se dirigea à l'Est sur le cap Tegethoff qu'il atteignit le 30 juillet. Le 3 août, le Fn<&/q/'repartait pour la Norvège, laissant les explorateurs livrés à eux-mêmes. Au cap TegethoH, ils édifièrent une cahute apportée du cap Flora, ety établirent leur principale

de mettre ce proiet à exécution. Le parti avancé avait, néanmoins, poussé jusqu'au St'degré Nord; aprèsune attente assez longue, l'Américain qui le dirigeait se décida à revenir à son point de départ, laissant deux Norvégiens de bonne volonté, Bentzen et Bjœrvig, à la garde de la hutte qui avait été construite en ce point et baptisée fort Mac Kinley. Le 3o octobre, très fatigué, cet américain rejoignait M. Wellman. Avec trois Norvégiens et 45 chiens, M. Wellman quittait enfin le cap Tegethoff en février dernier. En arrivant à la maison du fort Mac Kinley, il apprit que l'un des deux Norvégiens, Bentzen, l'ancien matelot du Fram, était mort quelques mois plus tôt dans des circonstances qui font de sa fin un épisode touchant. Les deux hommes s'étaient juré que si l'un d'eux mourait, l'autre garderait son cadavre jusqu'à l'arrivée des secours. Bjœrvig, le compagnon de Bentzen, avait tenu sa promesse. Dans cette petite cabane le mort et le vivant avaient dormi côte à côte pendant deux mois, dans la nuit boréale. Bjœrvig avait conservé ses esprits intermntinn d~ passages en récitant tout haut et sans d'Ibsen. Le cadavre, à cause du froid intense, ne s'était quelques pierres, pas décomposé. On lui fit alors, avec plus tard un une sorte de tombe, et quelques jours parti de cinq hommes, chacun avec un traîneau et un attelage de chiens, reprit la route du Nord. Le 20 mars on arriva au 82° degré, sur la côte est de la terre Rodolphe, que Payer découvrit en 1874. Mais là les difficultés commencèrent. M. Wellman se Voulant cassa la jambe en tombant dans une crevasse. quand même aller de l'avant, il se fit porter durant deux jours, lorsque le soir du 22 mars, vers minuit, lui et ses hommes furent éveillés par le bruit terrifiant causé par les bouleversements de la banquise. Autour d'eux la glace était en mouvement, se creusant de profondes crevasses, et bientôt ils s'aperçurent de la disparition de plusieurs traîneaux et attelages. Pour comble de malheur, les blocs gelés s'accumulaient autour d'eux. C'était un désastre; l'état de M. Wellman empirait; il n'y avait plus qu'à rejoindre L'expédition se trouvait au plus tôt le fort Mac Kinley. .à ce moment à 25 milles environ au nord-ouest des îles Freeden, où Nansen avait atterri en i8c~ après son audacieuse pointe vers le pôle. Grâce au dévouement des

quatre Norvégiens, M. Wellman put supporter les fatigues du retour. Le c) avril, il arrivait au fort Mac Kinley avec ses quatre compagnons, vingt-six chiens et deux traîneaux portant encore trois semaines de vivres; puis, bientôt après, toute l'expédition se mettait en route pour le cap Tegethoff, qu'elle atteignait le 30 mai. Le 27 juillet, elle s'embarquait sur le baleinier Capella pour Tromsoë, où elle arrivait le août et d'où elle gagnait Hull. M. Wellman n'est complètement guéri; il s'aide de béquilles pour

n

pas

débarqué à Hull. Sur son chemin, la Capella a rencontré le navire du duc des Abruzzes, qui va recommencer l'aventure de M. Wellman. Aucune trace d'Andrée n'a été relevée par l'expédition de M. Wellman.

marcher; c'est ainsi qu'il

a


En Crète Un

Enterrement orthodoxe

u retour d'une chasse

A/M

dans la montagne de Illias (Saint-Elie), je trouve un mot du </et/<a~o~ (maire) de Katokhorio, qui me prie « de me joindre

A

aux autorités du village, pour accompagner à sa

dernière demeure, la dépouille de la dame Biskadoropoulla.

C'est

le souvenir de la fin «

tragique de son

'fils (mort il y

a

cinq ans des suites d'une b)e~ sure reçue dans une bagarre avec

Car tes morts ne parlent pas, La terre et les pierres couvrent leur bouche. Ma mère, ma mère chérie Qui m'a donné tant de lait, Tu ne me réponds pas Car les morts ne parlent pas, I.a Wre et les pierres couvrent leur bouche. Plus les troi~v tiers vers, que l'usage a consacrés, sont précédés de plaintes nouvelles, plus la douleur est considérée comme grande. Fotinie devait beaucoup aimer sa mère, car, pendant les deux heures qu'a duré la cérémonie, les variantes succédaient aux variantes de temps en temps elle se jetait sur le cercueil, mais des amies la

retenaient, ce qui amenait de nouvelles plaintes: Ma

mère,

ma tendre mère Elles veulent nous séparer,

etc. Le

convoi

Turcs de Hh-

parvientàlachj-

rapétra)qu) fait

pelle paroissiale,

que

beaucoup trop petite pour recevoir tous les assis-

les

l'épitropie

les

entière et tous notables du village assistent à

tants

le cercueil

l'enterrement de

lui-même reste

la vieille Maria. »

sur le parvis. Des

Vite, ma photo-jumelle, et

prières rapides

je cours me join-

puis, en route pour les deux

dre au

cortège,

ouilentements'écoule de la maison mortuaire. Voici au premier rang, les fanaria (lanternes sacrées) les excepteria (anges) qui guideront l'âme vers Dieu ou vers Satan la croix, puis les ~M~M~M (prêtres), précédés des chantres et des enfants de chœur (~)M/<at)M) enfin, le cercueil paroissial, découvert, dans lequel on place le corps fortement enroulé d'un drap blanc, la figure, les mains et les pieds restant visibles. La tête repose sur une touffe de myrte des bouquets de basilic ornent le front, la poitrine et les jambes sur le milieu du corps est placée l'image de saint Jean (~KM/o!MMt.s). Les six porteurs marchent lentement à la cadence marquée par les prières liturgiques que psalmodient les chantres. La famille, représentée par unefilleunique, et les voisines suivent immédiatement le cercueil un peu en arrière, marchent les assistants divisés en deux groupes, hommes et femmes. Devant chacune des maisons des rues traversées, les habitants, au passage du convoi mortuaire, font de nombreux signes de croix et jettent des fleurs ou des liquides odoriférants d'autres brûlent de l'encens. De temps en temps, Fotinie, la fille de la morte,

chante sa douleur Ma mère

ma pauvre mère Tu ne me réponds pas,

sont prononcées

autres chapelles du village où sont répétées les mêmes prières, mais spécialement adressées au saint, patron de la chapelle où l'on fait halte. Enfin, arrivée à la dernière station, au cimetière, dans lequel se trouve l'église principale, où la messe des morts doit être prononcée. Le cercueil est placé au centre de l'abside les assistants toujours divisés en deux groupes se rangent en arrière en avant, les papadès commencent la messe, pendant que le kadilafti (bedeau) remet à chacun de nous un petit cierge allumé sa distribution achevée il va chercher derrière le konismâta (tableau des Icônes) des vases contenant, les uns, des raisins secs, des amandes les autres, des morceaux de fromage, des tranches de melon, des quartiers de grenade', etc. il apporte également des bouteilles de mastic (eau-de-vie de prunelle). Ces victuailles, cadeau de la famille, sont placées autour du cercueil elles sont bénies par les papadès et seront distribuées aux pauvres, qui, en échange, devront dire un certain nombre de prières pour le repos de la morte. Un autre stock de vivres est également préparé à la maison mortuaire, où les assistants iront, en mangeant et en buvant, faire l'éloge de la morte. Je m'esquive de la messe pour aller voir la tombe,


elle est creusée près du mur d'enceinte du cimetière c'est là que cinq ans auparavant a été enterré le fils, tué par les Turcs. Un gendarme qui est en même temps fossoyeur, vient d'enlever les pierres plates qui couvraient le tombeau souterrain le squelette du fils est encore à peu près intact et le fossoyeur nous montre, sur le crâne, la fracture cause de la mort. Les ossements sont transportés à l'ossuaire commun et le tombeau est

refectionné. De

retour à l'église où la messe s'achève, j'assiste

à la cérémonie du baiser à la morte. Avant la levée du corps chaque assistant vient, après avoir fait force signes de croix, baiser d'abord l'image de saint Jean, puis le bouquet de basilic placé sur la poitrine et enfin le front de la morte. Aux hommes succèdent les femmes, celles-ci sont suivies des enfants, dont les prières, me dit le maire du

viltage, sont purement désintéressées, par conséquent plus écoutées. Les adieux de Fotinie sont déchirants, il faut le concours de plusieurs femmes pour l'emmener hors du cimetière. Le corps est porté sur le bord de la fosse le bouquet de myrte qui supportait la tête est placé dans le tombeau ce sera le dernier oreiller de la pauvre celle-ci, retenue par les bras, qui n'ont nulleMaria ment la raideur cadavérique, est à son tour doucement quelques gouttes descendue sur son dernier lit d'huile sainte sont jetées sur elle, et le gendarmefossoyeur place les pierres plates formant le couvercle du tombeau. Chaque assistant jette un peu de terre dans la fosse en disant à haute voix la formule « De la terre tu es venue, retourne à la terre. » Puis le cimetière se vide lentement, les uns retournent à leurs travaux, les autres vont goûter au repas des funérailles et consoler la famille.

Z.

Les Chemins de fer dans le Leur dévemonde entier.

loppement continu. A

vEz-vous pensé parfois à ce que serait la vie moderne si les chemins de fer étaient supprimés?

Avez-vous songé au désarroi fantastique que cette suppression jetterait partout, dans les relations commerciales, industrielles, sociales, postales ou autres ? L'usage du chemin de fer est tellement entré dans les mœurs que vous avez peine à concevoir qu'on puisse se passer de ce mode de locomotion. Or, il n'y a guère plus de soixante ans qu'il existe. En 18~0, le réseau ferré du monde entier se composait de 400 kilomètres. Mais bientôt l'élan était

donné et en 1840 le monde possédait 8 64; kilomètres de voies ferrées. En cinq ans ce total doublait, puis il atteignait promptement 40 ooo kilomètres. En [850, des voies se construisaient un peu partout. Chaque nation de l'Europe en possédait déjà, à l'exception toutefois de la Suède et de la Norvège, de la Turquie et de la Roumanie, de la Grèce et du Portugal. La France en comptait 075 kilomètres, l'Angleterre t0 656, l'Allemagne, dans son ensemble, 5 822. Aux Etats-Unis, on avait déjà I4 433 kilomètres. En 1855, le réseau complet atteint 66 277 kilomètres en t86o, époque à laquelle nous voyons surgir quelques kilomètres en Airique et en Australie, il est de 106 886. En 1865, il est de 144 899 en t8yo, de 221 Qoo en 1875, de 204 409 en )88o, de 367 885. Enfin, en 1889, il s'élève à 57: 771 kilomètres pour tous les chemins de fer du globe.

Aujourd'hui le total est de 731 66oki)omètres de voies ferrées sillonnant le monde. La part de l'Europe est de 262 93o kilomètres celle de l'Asie de 49 725 celle de l'Amérique est de 380075 kilomètres. Pour l'Afrique, on trouve seule935 kilomètres et pour l'Océanie 22 995. L'Amérique possède donc, à elle seule, plus de la moiué des voies ferrées du monde, ei, dans ce chuT'e les Etats-Unis entrent pour 292431 kilomètres; le progrès des chemins de fer dans l'immense étendue des territoires de l'Union a suivi une marche inconnue ailleurs de 65 kilomètres en 1830, le réseau a passé à 4 509 en )840, à 14433 en 1850. à 49016 en 1860. à 84637 en 1870, à 145 835 en 1880, et enfin à 292 43;[ aujourd'hui. C'est-à-dire que de 1830 à )895 il s'est accru dans la proportion de plus de 400000 pour [00, tandis qu'en France l'accroissement n'a été que de [00 ooo pour 100. Dans les cinq dernières années, toutefois, le réseau américain n'a augmenté que de 6 5 pour 100, comme le nôtre.

ment

15

Dans l'Asie, la p'us grande partie des voies ferrées appartient à l'Inde anglaise; en Afrique, sur les i 6oo kilomètres, 4 574 se trouvent dans les colonies du Cap et de Natal 3 3o appartiennent à l'Algérie et à la Tunisie; quant au réseau océanien, il se trouve en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans les Hawa'i. C'est la Chine qui est le pays le plus arriéré en matière de chemins de fer dans toute son immense étendue, elle ne possède que 200 kilomètres de voies ferrées, alors que le Japon, par exemple, d'une superficie très inférieure, en compte 3 6oo. 11 est vrai que la Chine, poussée par les nations européennes, va, un peu

par force, peut-être, développer à toute vapeur son industrie des chemins de fer. La part de la France dans les 730 ooo kilomètres du monde entier est de 40 ooo kilomètres, ayant nécessité un capital d'établissementde <3 749 ooo ooo de francs, ce qui met le prix du kilomètre à un peu plus de 383 ooo francs. Pour desservir le réseau des chemins de fer français, les six grandes compagnies et l'Etat possédaient, au i~ janvier 1898, 9266 locomotives, 23 553 voitures à voyageurs et 267 526 wagons à marchandises. Le tout a produit une recette brute de de francs, dans laquelle la part affé< 302 ooo ooo rente aux voyageurs est de 26 pour 100 environ, soit 345 millions.


En Europe, l'Allemagne

arrive en tête avec

48 ooo kilomètres ensuite la Russie et la France, puis les Hes Britanniques avec 34 $oo, et l'Autriche avec ~3 yoo. Mais si l'on considère le développement des chemins de fer par rapport à la surface du territoire, c'est la Belgique qui arrive la première avec ses 6 ooo kilomètres. Comme nous le disions en commençant, c'est merveille de songer que cette œuvre colossale de chemins de fer a été accomplie en moins de cinquante ans. Voulez-vous

maintenant quelques statistiques

originales les 700 ooo kilomètres de chemins de fer mis bout à bout feraient )y fois le tour de la terre, et s'il était possible à un voyageur de s'embarquer sur une des lignes composant ce réseau et de voyager jour et nuit, sans repos aucun, à une vitesse de 5o kilomètres à l'heure, et à conjition qu'il pût parcourir toutes les voies sans faire plus d'une seule fois un même parcours, il pourrait employer à cette excursion à peu près t3 g6y heures, c'est-à-dire environ ~82 jours, ou bien près de 18 mois. Qui tenterait ce voyage?

Découverte de Sources de pétrole en Pensylvanie est un village de 400 habitants, situé dans la région montagneuse du comté de Tioga en Pensylvanie. Ce nom inconnu hier est maintenant sur toutes 'tes lèvres. Des sources de pétrole très nombreuses viennent d'y être découvertes et la fièvre du pétrole, plus intense peut-être que la fièvre de l'or, s'est propagée dans toute la contrée. Les habitants voient déjà leur village devenant en quelques mois, presque sans transition, une grande ville rivale de Wheeling. L'exemple de cet accroissement subit et rapide, appelé « Boom », est assez fréquent au pays yankee, où tant de villes sont sorties de terre et ont pris rang parmi les plus importantes du monde en quelques années à peine. La nature ne nous offre-t-elle pas un exemple de végétation rapide aussi remarquable? Passez dans un bois humide où le sol tapissé de mousse est orné de quelques fleurs. Une pluie,survient, vous revenez et vous trouvez, après une nuit seulement, des champignons aux couleurs éclatantes, aux formes robustes mais ces apparences cachent une faiblesse organique facile à constater le choc le plus léger suffit pour dé-, truire la plante qui, pousséeen une nuit, dureà peine un jour. Il en est de même pour beaucoup de villes américaines qui, lancées par une réclame savante et une spéculation éhontée, ont rêvé un instant de détrôner New-York, Chicago, Saint-Paul et sont retombées dans la médiocrité. Ce ne sera probablement pas le cas pour Gaines. Depuis longtemps déjà des détonations souter-

raines, des jets de vapeur comprimée qui s'ouvraient une issue à la surface du sol avaient attiré l'attention des habitants. L'un d'eux, M. Atwell fit forer sur sa propriété un puits qui donna un rendement immédiat des plus considérables. Les puits sont loin d'avoir tous la même valeur: les uns produisent un pétrole qu'il faut raffiner à grands frais pour l'utiliser. D'autres (la plupart de ceux de Gaines sont dans ce cas) donnent du pétrole presque pur. Enfin le rendement.d'un puits est considéré comme rémunérateur quand il produit 8 à 10 tonnes par jour. A Gaines le rendement moyen de 40 à 5o puits, en plein exercice, est de $o tonnes en-

viron.

De nombreuses machines à forer, mues par le gaz

naturel, ont été installées et fonctionnent nuit et jour dans la région. Quand un puits a atteint une certaine profondeur variant entre 100 et 200 mètres, on y fait pénétrer une masse de dynamite à laquelle on met le feu au moyen d'un long cordeau Bickford. L'explosion produit un bruit sourd. Un véritable fourneau aux parois durcies par la compression des terres se forme autour du point d'éclatement. Si le ruisseau souterrain de pétroteest atteint par le déchirementdes terres, une dérivation se produit aussitôt et le précieux liquide jaillit par le puits. On doit procéder par tâtonnement pour découvrir le courant souterrain et faire bien des forages inutiles. G .ines est envahie en ce moment par les ingénieurs, les ouvriers et les touristes qui se passionnent pour tout ce qui intéresse l'avenir du pays. REYNAUD.

AtNES

X.

/E~)~!OM coloniale. Premièrepartie: Possessions

des puissances européennes en ~yr)~;<e et en Amérique.

Paris, Société française d'Editions d'art, ~-ç, rue SaintBenoit. y~'ËSTune excellente idée qu'a eue l'Encyclopédie populaire !«M~<ree que de publier une série sur l'Expansioncoloniale. Il n'y a pas de sujet plus actuel que celui-là. Le petit volume dont nous parlons se présente sous la forme de dictionnaire, très commode pour les recherches. On y trouve, sous une forme succincte, mais claire et précise, tous les renseignements dont on peut avoir besoin sur les colonies situées en Afrique et en Amérique. C'est avec grand plaisir que nous annonçons à nos lecteurs l'apparition de ce livre, le premier d'une série. De nombreuses illustrations ajoutent à son intérêt. Un ancien de la Cambre. Ballade autour du A/oH~e. Oscar Shepens et C'°, éditeurs, 16, rue Treurenberg, Bruxelles. \yo!C[ un fort élégant volume très bien illustré qui nous V arrive de Belgique. Nous le signalons avec empressement à nos lecteurs. L'auteur, un ofHcier belge qui se cache sous le pseudonyme qu'on vient de lire, a vraiment fait une ballade complète autour de la terre. I) la raconte avec humour, tout en sachant à l'occasion faire montre de grandes qualités observatrices. L'Egypte, l'Inde, la Birmanie, l'Indo-Chine, la Chine, le Japon, les Etats-Unis, telles sont les étapes de ce grand et beau voyage, dont le 'récit attrayant mérite d'être lu par tous.


POLE NORD

Abruzzes (duc des) s'est arrêté pendant

le 83°, lorsque s'étant cassé la jambe et ayant eu ses traîneaux détruits, il

dut rétrograder. Arkhangelpour achePOLE SUD ver ses approvisionnements et embarquer ses chiens. La Stella Polare a Gerlache (de) se trouvait le 29 juin, repris la mer au milieu de juillet se avec la Bf~'M, à Ensenada de la dirigeant d'abord sur le cap Floro Plata, petit port près de la Plata, où puis ensuite sur la terre Françoisil devait rester jusqu'au )0 juillet. On Joseph. Des nouvelles parvenues rén'attend pas son retour en Belgique cemment de Tromsœ annoncent que avant le milieu de septembre. le baleinier la Capella qui ramenait l'explorateur Wellmann a rencontré ASIE la Slella Polare le 6 août près du dé- Barthelemy (de), accompagné de M. de troit de Brœjen. Tout allait bien à Marsay, a fait cette année un voyage bord. en Annam. Partis de Hué en janExpédition russo-suédoise au Spitzvier 1890, ils effectuèrent la reconberg. Les membres russes de cette naissance du Song-Ba à travers une expédition ont débarqué à Horn-Sund région inexplorée. Ils s'embarquaient des habitadans l'hiver pour y passer le to mai pour la France. tions dont ils ont entrepris la con- Blondelet (ingénieur français), accomstruction. Plusieurs d'entre eux étaient de huit ingénieurs et de huit pagné partis' à la rencontre des membres opérateurs, est envoyé au Yun-Nan suédois. Plusieurs membres de la par une association de grands établismission rentreront en Russie dans sements industriels. Cette mission trois mois. Les autres séjourneront d'études est arrivée àLao-Kaile au Spitzberg jusqu'à l'automne de t5 mai. l'année prochaine et se dirigeront au printemps par terre vers la côte occi- Deasy (c~pita.ue anglais), après deux ans de voyages à travers l'Asie cendentale de St'~crd. trale, vient d'arriver à Simla. Il a Monaco (prince de) a entrepris un nouexploré le Turkestan oriental et le veau voyage d'études sur son yackt Thibet occidental, et traversé. en la Princesse .AMce. Il est arrivé au particulier, la crète montagneuse du Spitzberg le 25 juillet et a gagné le grand plateau central d'Asie par la Nord où il a fait lever, par le lieutevallée de la rivière d'Yarkand. nant de vaisseau Guissez, la baie Red qui n'avait pas encore été étudiée. Il Kozloff (lieutenant russe) et ses compagnons, qui vont passer trois ans dans est rentré àTromsoë dans les premiers le Thibet, sont partis au commencejours de septembre. ment de juillet. Nathorst. On écrit de Tromsœ, t5 août, (Hugues) est rentré à Paris, qu'il que la barque de pèche Cécilia, ca- Krafft avait quitté en septembre i8()8. Après pitaine Naessme,revenant du Groenavoir visité la Géorgie avec le baron land occidental, a rencontré l'expédide Baye il, s'est rendu au Turkestan tion Nathorst près de l'ile Sabine, russe où il a séjourné cinq mois, pouspar -5° de latitude Nord. Les explosant ses explorations jusqu'à la limite rateurs n'avaient trouvé jusqu'ici du Fergana, non loin de la frontière aucune trace d'Andrée et devaient chinoise. continuer leur voyage jusqu'à la baie de William. Le professeur Nathorst Leclerc (ingénieurdes mines) est rentré en France après avoir accompli une avait quitté Stockholm le 20 mai. longue mission dans les provinces méPeary (lieutenant américain). Ce ne seridionales de la Chine. Il était parti rait pas le Hope, mais bien la D;an~ àla6ndei8c)7. qui serait partie le 5 juillet; emportant le professeur Libbey et les autres Rijnhart (Mme) vient d'accomplir. dans le Thibet oriental, un voyage difficile savants de l'expédition envoyée pour et dramatique au cours .duquel son rejoindre et ravitailler Peary. mari, missionnaire protestant, a trouToll (baron de), explorateur russe, prévé la mort. pare une expédition dans les régions arctiques dans le but d'acheter les Saint-Yves (explorateur français') entreprend une nouvelle exploration iles de la Nouvelle Sibérie et l'ile de dans l'Asie centrale. H est accompaBennett. Cette expédition serait une gné du lieutenant Bourgoin. réponse à l'occupation de l'île des Ours par le capitaine allemand Lerner. AFRIQUE américain) qui Wellman (explorateur était parti l'année dernière pour une Béhagle adresse des sources du Gribingui, )< janvier, un croquis de ses reexpédition au Pôle Nord, est rentré connaissances où il annonce qu'il a à Tromsoé le )8 août, sans avoir levé tout le cours de cette rivière du réussi dans son entreprise. Il avait b°2o N. au8°40. atteint la terre François-Joseph le 27 juillet tS~S et le cap Tejetthof le Blondiaux (lieutenant) et sa mission 3o juillet; il s'avança alors jusqu'au ont débarqué le [4 juillet à Perim. ils al!< Puis il revint hiverner au cap Avant de se rendre à Raheita, de la but Le qu'il laient visiter le sultan. Tegetthof c'est de ce point mission est de délimiter la frontière partit en février avec 3 Norvégiens franco-italienne. et 45 chiens. H avait presque atteint quelques jours à

Fourneau-Fondère(mission). M. Four-

neau, son frère lieutenant d'artillerie, et le docteur Spire sont rentrés à Marseille le )5juitlet. M. Fondère, malgré ses fatigues, a pris le commandement des régions de t'Ogôoué et ne rentrera en France que dans quelques mois. La mission, partie le 14 février dernier de Ouesso sur la Haute-Sungha, arrivait le 2 avril sur les bords de l'Obombé, puis se séparait en deux groupes l'un, sous la direction de Fondère prenait la route fluviale et arrivait à Libreville le 2Ç mai, l'autre, sous la conduite de Fourneau, suivait la voie de terre et aboutissait à la crique Maga et atteignait le Gabon le io juin. Fulleborn(docteur allemand) est chargé d'une expédition scientifique qui explorera les environs de la Nyassa. Houdaille (capitaine du génie), accompagné des capitaines Crosson-Duplessis et Thomasset, de l'adjoint du génie Borne, de l'administrateur colonial Germain et ~e qu~tu~e sous-officiers du génie est rentré le 15 juillet à Marseille ayant achevé le tracé de la ligne de pénétration de notre colonie de la Côte d'Ivoire. Lemaire (lieutenant belge) et sa mission scientifique, d'après une lettre datée du 3 mars, étaient arrivés a Lofoï (Katanga) et avaient choisi ce point comme centre d'opération. Aussitôt après la saison des pluies l'expédition devait partir pour les chutes Johnston (Luapula) et le lac Bangucello, voyage qui durera environ quatre mois puis elle rentrera à Lofoï. D'arrès des nouvelles plus récentes, le Ueutenant Fromont.qu.iavait rempfacé le lieutenant Man'ei, a été tué dans une attaque contre les Basangas, peuplades insoumises au sud-ouest de Lofoï. Mackinder (professeur à l'université d'Oxford) à quitté l'Angleterre à la fin de juillet pour aller faire une étude complète du mont Kénia.

Maclaud (docteur) est rentré en France,

en juin, après avoir parcouru tout le

plateau septentrional du Foüta-Djalon. Voulet-Chanoine. La mission a été rejointe le 14 juillet à Damangar près de Zinder par le lieutenant-colonel Klobb et le lieutenant Meynier. On sait comment cette rencontre s'est terminée. Weld Blundell (explorateur anglais; vient de terminer son voyage en Abyssinie et dans les pays environnants. Il avait avec lui lord Lovat, le docteur Kôttlitz et M. Harwood. Wellby (major anglais) vient de faire une exploration dans la région du lac Rodolphe. Woëlfeil (lieutenant) chargé d'une mission dans l'Hinterland de la côte d'Ivoire a eu plusieurs combats à livrer contre les indigènes sur les bords du Cavally. Un des membres de la mission, le tieutenant Mangin, à été blessé.


La Ville de ~Luxembourg

(~~)

Voici lafin de la ~K~t~0<i de la ville de Luxembourg, cette ~t~OfM~M~ capitale qui eut, dans le passé, tant de vicissitudes, et qui se ~Ottf~f~f~M/bKrd'~M:~MM~/<M~M~~M!&/M cités du monde.

A PRÈSce coup d'oeil d'ensemble, nous allons passer en revue et signaler à nos lecteurs les constructions les plus intéressantes de l'ancienne forteresse qui ont été démolies. La ville possédait autrefois dix portes la porte Neuve, la porte du Château, celle de Thionville, de Trèves, du Grund, de Mansfeld, de

la

Hohl, des BonsMalades et du

PfafFenthaI.Il y

faut

ajouter

la porte du Prince

la plus récente, à l'entrée de la Passerelle,

Henri,

qui fut sacrifiée la première à la

rage destructrice.

La

porte

Neuve, appelée

venant du dehors, les troupes alignées et en armes faisaient la haie sur le passage du Saint Sacrement. Au temps de la foire (.~c&o~rMM~), la population sortait ou rentrait en masseparcette porte et s'arrêtait pourcontempler les images coloriées exposées en vente le long des palissades en bois qui séparaient la route du «

jardin

du

généra!

Outre l'arcade principale, la porte en avait encore, du moins à la façade intérieure, deuxx autres plus petites qui offraient aux piétons un passage commode et sûr. Au-dessus de l'arcade principale se trouvait, dans une

aussi porte Marie, niche, la statue de fut construite en 1626,pendant que la sainte Vierge; au-dessus de la le comte de Berpetite arcade, à laimont était gouLE FA1'RUVRG DI' GRI'SD L:I LES fORfIFICAI'IOSS UC PLATEAI' DE SAIST-L~Pltll'. droite, les armoiD'a~rM<~c~o<o~)'f!tfede~.CA.BefK)!oe/ï,aZ.H.YCHtt'oxr' verneur du duché ries luxembourde Luxembourg. geoises, et à gauche, celles du comte de Berlaimont. Le successeur de Berlaimont, !e' comte d'Embden, fit Après la prise de Luxembourg par Vauban, son entrée solennelle dans la ville par cette nouvelle Louis XV! fit graver sur le frontispice extérieur ses porte (t628), qui pourtant ne fut ouverte au public que quelques années plus tard. Nulle autre avenue de la armes entourées de trophées (t684). Lorsque, en !yQ5,y ville ne présentait une telle diversité d'aspects. les soldats français entrèrent dans la ville, ils enlevèrent la statue de la Vierge, effacèrent les armoiJadis ses voûtes puissantes retentissaient du ries et placèrent l'inscription suivante pas lourd des bataillons qui se rendaient au « Glacis» pour l'exercice. Une extrême animation régnait du Rendue à la République côté de la porte et dans la rue qui y aboutissait, les jours Française le 24 prairial An Ijs. 2, de marché, quand les campagnards apportaienten ville leurs denrées, ou bien encore pendant l'octave de Notrei. Le Pare actuel. Dame, quand, au passage des nombreuses processions 2. t: juin )7g5.


Ce ne fut qu'en 18o3, lors du rétablissement du culte catholique, que la statue de la sainte Vierge fut remise à sa place primitive. Lorsque l'empereur Napoléon visita Luxembourg, en 1804, il fit remplacer l'inscription des républicains par l'aigle française, entourée de trophées et par son initiale N. En t8)~, les Hessois essayèrent de faire disparaître cette lettre, aussi bien au-dessus de la porte Neuve qu'au-dessus de la porte du Château et de celle de Thionville ils n'y réussirent qu'incomplètement. En 18~)4, on replaça un N audessus de la porte Neuve et de celle du Château cette lettre resta visible jusqu'en !8~8, où elle fut masquée par l'aigle germanique qu'on plaqua dessus. Une des plus grandes curiosités historiques de la ville est sans contredit le Bock. C'est sur ce rocher

gigantesque,

taillé à pic, que le premier comte de Luxembourg,

Le Bock se compose, à proprement parler, de trois parties séparées l'une de l'autre par des crevasses assez larges, le grand Bock, le moyen Bock, le petit

Bock. Ces différentes parties sont reliées entre elles par des ponts. La casemate principale a une longueur de t~6 à t~y mètres, sur 3 à 4 mètres de large et 3 de haut, et était propre à recevoir des canons, pour lesquels 25 meurtrièresavaient été percées dans le roc. Au centre de la ville, sur la place d'Armes, se trouve l'ancien corps de garde principal, un des rares éJifices militaires de'Ia forteresse qui n'aient pas été

démolis. Beaucoup d'autres constructions plus intéressantes ont dû disparaître, tandis que cette lourde bâtisse, sans goût.et sans architecture, a été conservée, on ne sait trop pourquoi, car, depuis que le bruit des canons de Sadowa s'est éteint, Lu-

xembourg n'a plus de garnison, et les quelquess volontaires quii servent à y maintenir l'ordre sont

Sigefroid, avait construit (963) le château qui donna son nom à la ville et au pays'et qui subsistait enLc3 rnrç gn fortifications qui couronnaient le

casernés loin de la

vi))f m~me.

Autrefois,

c'est-à-dire avant 1867, les beaux et

Bock jusqu'en

vastes portiques

[867 étaient de date plus récente.

du Corps de garde offraient un spectacletout militaire Deux énormes canons, entourés de piles de boulets, décoraient le per-

IIn'en reste plus rien aujourd'hui qu'une tour délabrée, appelée

vulgairement la « Dent creuse », dont la massive

L'ALZETM:

A

D'T~ ~~c ~/o~t'f de AI.

charpente et les meurtrières élargies, semblables à des yeux menaçants, sont encore d'un effet assez puissant pour rappeler à l'esprit les hauts faits militaires dont eUe fut jadis le

t ;moin. Mais quel aspect imposant et formidable le Bock

présentait-il autrefois, lorsque des mains cruelles et impitoyables ne l'avaient pas encore dépouillé de son armure sécutaire A partir du faubourg de Clausen jusqu'au Marché aux Poissons, la route montait doucement par quatre portes mornes et sombres, entre une

double rangée de hautes murailles noircies par le temps et percées de meurtrières on eût dit le vestibule d'une geôle gigantesque. Ce n'est que sur le pont du Château qu'on respirait plus librement, à 1~ vue de l'admirable panorama qui s'offrait aux regards enchantés. Les casemates du Bock, creusées dans le roc par les Autrichiens (1744-1745), constituent l'un des restes les plus curieux de l'ancienne forteresse. Elles sont assez spacieuses pour y loger des troupes en cas de siège. On y voit encore aujourd'hui le compartiment qui servit d'abri au maréchal de Bender, gouverneur de la forteresse, pendant le siège de 1795. II s'y trouve aussi un puits fort profond,-qui pouvait fournir aux soldats l'eau dont ils avaient besoin. t.

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ron, séparé de la place par de grosC~. B~-M/ ~x.vc~~Hr~. ses chaînes en fer rivées à des balustres en pierre, et les arcades réson-

O.ACSCK ET LE ROfHFR D!' Bf)CK.

petit château ou petite forteresse,

naient du bruit des pas des f. ctionnaires et des commandements de l'officier de service. Combien tout cela est changé aujourd'hui! T~K~o~ mutantur Le Corps de garde est encore debout, mais plus de canons, plus de factionnaires, plus de soldats sur le perron ou sous les arcades, plus d'officiers. L'intérieur est transformé en hangar, en dépôt de police et en. vespasienne. Le changement est par trop prosaïque. A ce point de vue le fort Charles a eu un sort moins lamentable. On l'a si bien fait disparaître que plus d'un Luxembourgeois a de la peine à se rappeler. l'emplacement précis de son réduit presque monumental. C'est que les alentours sont bien changés là s'élève aujourd'hui le magnifique hospice J. P. Pescatore, entouré d'un vaste jardin et de promenades nombreuses de la masse colossale de l'ancien fort il ne reste plus trace. A gauche du fort Charles commençait la série des réduis du front de la plaine, qui se succédaient à des intervalles à peu près égaux, depuis l'escarpement du Pfaffenthaljusqu'au fort Rheinsheim. C'étaient, en allant de l'Est à l'Ouest, le réduit Royal (au milieu de Ces meurtrières ont dû être élargies à la demande du gouvernement prussien, après le départ de la garnison. i


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eaetrewcec ET LE rw~ooeac Dl' GRl"P.

D'après «Me /o<o~ra/t'ede

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la grande pelouse du parc et à gauche de l'avenue de la Porte-Neuve), le réduit Marie (aujourd'hui villa Marie), le réduit Vauban (villa du baron de Gargan), le réduit Louvigny et enfin le réduit Peter (aujourd'hui villa de Schaefer). Entre les deux derniers réduits se trouvait la batterie Lambert.

l'exception du réduit Louvigny, don(il reste quelques parties, aucun de ces ouvrages n'est demeuré debout. Ils se ressemblaient d'ailleurs tous plus ou A

c'étaient

constructions basses, dont la toiture seulement dépassait le niveau des remparts, entourées de larges et profonds fossés qu'on franchissait par une étroite passerelle en bois, continuée par un pont-levis à l'entrée même du réduit. Une autre curiosité de la ville était le « Puits Rouge ». Cette construction lourde et disgracieuse, qui se dressait au milieu de la grand'rue, a pu disparaître sansqu'il y ait lieu de s'en lamenter; pourtant n'est-il pas vrai qu'il y a quelque tristesse à voir disparaîtreles vestiges du passé? Ce puits fut creusé en 1745 ilavait une profondeur de 68-69 mètres. Le puits de la place d'Armes, un peu moins profond, datait de la même époque. Outre ces deux puits, l'ancienne forteresse moins

des

Vingt années ont suffi pour défaire t'œuvre laborieuse des siècles et pour renverser ce formidable boulevard que les principales puissances militaires de l'Europe avaient tour à tour occupé. Le monde possède une merveille de moins le génie de la paix plane aujourd'hui au-dessus de ce lieu autrefois consacré au dieu de la guerre. Le grand-duché de Luxembourg est un tout petit pays, insignifiant aux yeux du monde mais le monde a tort d'oublier une grandeur qu'il possède tout de même, la grandeur de son bonheur simple et modeste, de sa libre indépendance. Ce bonheur, dont jouissent les Luxembourgeois depuis plus de trente ans, ce privilège unique de n'avoir point d'armée, point de budget militaire, de pouvoir consacrer toutes leurs forces, toutes leurs ressources au progrès matériel et moral, à l'avancement de la civilisation, ce bonheur-la vaut bien la peine qu'on en parle.

Et ceci, pour conclure, nous amène à répéter une phrase qu'un journal luxembourgeois adressait naguère à un journal allemand. C'était lors de l'avènement du grand-duc

actuel; le journal allemand avait

établi un parallèle désobligeant entre l'ancienne résidence luxueuse et confortable du duc, située au pied du Taunus, et l'humble et agreste cité qu'est Luxembourg. A quoi l'on répfiqua « La résidence de nos princes, ce sont les cœurs des Luxembourgeois, et c'est une fort belle résidence, beaucoup plus belle que mainte capitale remplie d'édifices superbes, dont les façades sont monotones et froides et à l'intérieur desquels habitent le mécontentement, la hain~ des souverains et les passions révolutionnaires. » M. ENGELS.

possédait encore celui de la Porte-Neuve, qui fut com-

mencé en 1768 et qui avait une profondeurde71 mètres, ainsi que celui du Saint-Esprit, qui était le plus ancien, mais le moins profond (28 m.). Enfin le plateau du Rhin avait également son propre puits. Le puits Rouge, ceux de la place d'Armes et de la Porte-Neuve, ne différaient guère beaucoup par leur construction. La place du Puits-Rouge est de toutes les places publiques de la ville celle qui a subi la plus heureuse métamorphose. Autrefois elle était en quelque sorte obstruée par la lourde bâtisse du puits. Celui-ci a disparu sous la pioche et la pelle des démo)isseurs dès lors l'air et la lumière y eurent libre accès, et la maison Veckbecker se revêtit des formes élégantes de la Renaissance.Aiaptace du puits disgracieuxs'élève un chef-d'œuvre d'art plastique, le monument Dicks-

Lentz, que la reconnaissance populaire prépare à deux poètes nationaux luxembourgeois. Il n'y a plus aujourd'hui de forteresse de Luxembourg. La parole du poète « Les monuments du passé disparaissent, les temps changent et une nouvelle vie surgit des ruines », se vérifie chaque jour.

D'après

t;He

photographie

de ;M. <"h. /<fr;)~oe~<.

Lt

/<Aent/ii;


L'Expédition transafricaine du Major Gibbons

du 7'cw du Monde,n'ont pas oublié ce roi nègre, dont leur a parlé M. Alfred Bertrand. Les nouveaux projets du major Gibbons étaient d'abord de se diriger vers l'Ouest, sur le Kouando, l'Okavango et le Kouito, puis de remonter le Zambèze jusqu'à sa source. H a envoyé, en attendant, à la Société de géographie de Londres, une carte du moyen Zambèze qui donne beaucoup de détails inédits sur le cours du fleuve.

Nous avons sommairement relaté' les dernières nou-

velles reçues du major Gibbons, qui se propose

de traverser le continent africain. Voici des détails plus circonstanciés sur cette expédition. D'après des renseignements datant de mars

dernier, le major se trouvait, à cette époque, à Kazoungoula, au confluent du Kouando dans le Zambèze. Il avait rencontré de grandes difficultés en remontant les rapides de ce dernier fleuve, et spécialement ceux de Keabrabasa, longs de n~ kilomètres. Il ne fallut pas moins de $37 porteurs pour transporter le vapeur et

les marchandises. Les retards occasionnés par ce long transport engagèrent le major Gibbons à renoncer à son ides df gagner !cs g<ands lacs par le Kafbukoué, et il

éprouva d'autant moins d'hésitation à abandonner ce projet que son itinéraire l'aurait conduit à travers un terrain connu. En remontant le Zambèze dans son bateau la Constance, le major Gibbons a fait un levé

du cours du fleuve, qui n'est pas figuré exactement surles cartes jusqu'ici existantes les rapides, en particulier, sont reportés d'une façon très imparfaite, et les voyageurs les trouvèrent beaucoup plus nombreux

qu'ils ne l'avaient cru. · Le défilé du fleuve qui se trouve un peu au-dessus du Zoumbo, et que Livingstone appelle Kariva, est

également connu, comme le défilé du cours inférieur, sous le nom de Loupata. Comme ces noms signifient tous les deux « un défilé, une gorge et qu'on les retrouve dans d'autres régions, le major Gibbons propose d'appeler « gorge de Livingstone » le défilé qui se trouve en amont de Zoumbo, et qui forme, ditil, un des sites les plus grandioses et les plus pittoresques du Zambèze. Le nom de Livingstone n'est encore porté en Afrique par aucune toca'ité ou aucun site qui soit digne du grand explorateur. La navigation du moyen Zambèze cesse aux rapides de Motété. à 32 kilomètres en aval du confluent duGuay. Plus haut, un certain nombre de rapides, dont quelques-uns très violents, se succèdent jusqu'à 65 kilomètres environ en amont des chutes Victoria. Après avoir dû traîner le vapeur le long de !C) rapides sur 32 kilomètres de cours, le major Gibbons estima, avec raison, que toute tentative de remonter davantage était inutile. Un défilé qu'il avait rencontré peu avant d'arriver au terme lui parut si sauvage et si inhospitalier qu'il lui donna le nom de « gorge du Diable ». Des chutes de Sikhiouerre, qui tombent en deux nappes peu éloignées l'une de l'autre, le major Gibbons se rendit à Sechéké, et de là, par une route nouvelle, à Lialoui, où il prit des arrangements avec le roi Lewanika pour la suite de son expédition. Les lecteurs Voir le numéro 3o du

29

juillet '899, page 238.

Le

Désert de Gobi est-il un désert?

cette question M.

Edmond Plauchut répond par la négative dans un article récent. D'après lui, c'est a force de voir inscrits sur les cartes les mots désert de Gobi qu'on est arrivé à se persuader que cette partie centrale de l'Asie était déserte. Les ulfncuhës d'accès de cette région ont contribué à lui valoir sa dénomination. Elle est, en effet, bornée au Nord par la Sibérie, terre glacée; au Sud, par les neiges éternelles du géant Himalaya; à l'Est, par la partie fangeuse du Céleste-Empire; et enfin, à l'Ouest, par un territoire qu'occupent des mahométans farouches qui arrêtent au passage quiconque ne partage pas leurs croyances. Puis les peuplades qui vivent dans l'Asie centrale sont en majorité querelleuses et pillardes. Leurs meurtres, leurs rapines ont contribué à A

éloigner les explorateurs tout autant que les barrières naturelles qui rendent difficile l'accès de leur pays. De là notre ignorance d'une région qui attend encore, pour qu'on la connaisse à fond, nos géologues et nos naturalistes. Voici déjàunAnglais.M. Arnot Keider, qui, dans un livre récemment publié à Londres, nous raconte son voyage de Pékin à Iakoutsk et sa chevauchée de dix-

huit jours dans )e désert du Gobi. Il s'élève avec force contre la réputation imméritée de stérilité qu'on afaiteàà cette contrée, et supplie les cartographes de modifier leurs indications à son sujet. « Le souvenirde mes dix-huit jours de voyage dans cette région prétendue déserte, écrit-il, est des plus plaisants. De Kctigan à Kiakhta, je n'ai vu que verdure et immenses prairies n'attendant qu'un labour pour être productives. Ceux qui voudront suivre mes traces, ajoute-t-il, devront toutefois se mettre en route avant la saison pluvieuse, ou avant l'époque de la sécheresse. » Il rappelle que le vice-roi Tso.Tsoung-Tong, ayant reçu l'ordre d'aller reconquérir la Kachgarie soulevée contre le Fils du Ciel, fit traverser le désert de Gobi par toute une armée qu'il put nourrir sur place. Il a été fait une observation qui n'est pas sans valeur. Les excursionnistes qui ont pénétré dans le pseudo-désert de Gobi n'ont jamais dit qu'ils avaient manqué d'eau potable ou autre. Un pays où le supplice de la soif est ignoré ne peut être un désert. Le chemin de fer transsibérien,qui, dans très peu de temps, va passer à peu de distance du prétendu désert, aidera à résoudre la question.


Le Canai de la Baltique

à la Mer Noire

sont encore, pour ainsi dire, dans l'enfance, et sont à peine nés à notre civilisation. Le canal, au contraire, qui traversera de part en part la Russie occidentale, reliera des villes importantes qui, mises en état de pouvoir exporter facilement leurs produits, doubleront et tripleront leurs exportations actuelles. Ces grandes villes, comme Kiiev, Kremeritchoug, lekaterinoslav, communiquerontdirectementavec Kherson, au Sud, et le port de Riga, au Nord. Le canal

T Es avantages que la Russie retirerait d'un canal réunissant la Baltique à la mer Noire ont à peine besoin d'être signalés. Le grand empire slave, baigné par des mers qui ne communiquent pas entre elles, risque de voir, en cas de guerre, ses forces navales coupées en deux tronçons,

d'autant plus difficiles

à

assembler que les, traités internationaux ont défendu à la flotte de la mer Noire le passage du Bosphore. Il n'est donc pas sur-

prenant que des ingénieurs aient étudié le tracé d'un canal faisant communiquer les eaux de la Baltique avec celles de la mer Noire.

Leurs études ont été longues et patientes, mais elles ont fini par aboutir, et le gouvernement russe a donné son approbation à

leur projet. Le canal commence à Dünamunde, dans le golfe de Riga, rejoint la Duna à la Berezina, la

suit jus-

traversera donc, dans son parcours,

quelques-unes des provinces les plus fertiles, et les marchandises, qui maintenant s'en vont d'ordinaire chercher un débouché à Odessa, par le chemin de fer, seront transportées, avec moins de frais, jusqu'à SaintPétersbourg.

Très utile au point de vue commercial, c'est surtout au point de vue stratégique que le canal de la Baltique à la mer Noire aura une importance des

plus considérables. II sera pour les flottes de la Russie ce que le chemin de fer transsibérien sera pour ses armées. Tandis que celui-ci permettra au gouvernement du tsar de mobiliser ses troupes avec une rapidité et une facilité jusque-là impossibles à réaliser, le canal lui donnera les moyens de concentrer en peu de temps ses forces navales entières, soit sur la Baltique, soit sur la mer Noire, suivant les événements qui se présenteront; ce qui, dans l'état actuel des choses, exigerait de

qu'au Dniepr et descend TRACÉ nu FUTUR CANAL DE LA BALTIQI'E A LA MER NOIRE. jusqu'à Iekaterinoslav. très longs délais. Les Anglais s'inquiètent, natuLa navigation, à ce moment, est interrompue rellement, de la situation nouvelle que l'ouverture du par les rapides sur un parcours de 40 milles, et c'est la principale difficulté technique. Pour le reste du parcanal créerait à leurs intérêts politiques etcommerciaux. cours, le Dniepr est navigable. La profondeur moyenne Un temps s'écoulera pendant lequel la Russie mètres, neuf centimètres plus de soit de sera 50 se tiendra vraisemblablement satisfaite de ses derSuez. le canal de La longueur atteindra totale que nières acquisitions territoriales en Asie et dans l'Exkilomètres. t 500 trême-Orientet s'occupera de leur donner un dévelopCette grandiose entreprise peut être comparée, pement intérieur en rapport avec leurs ressources naturelles. Mais on peut raisonnablement admettre par les résultats qu'elle est destinée à produire, à celle du chemin de fer transsibérien, dont le prochain achèque, fidèle à sa politique séculaire, elle cherchera un vement est, dès à présent, considéré comme un évéjour ou l'autre à s'étendre du côté de la mer Noire. Ce jour-là, elle saura tirer le meilleur parti du canal nement capital dans l'histoire de l'empire russe. Mais, ouvert à sa marine, pour mettre en communication en ce qui concerne directement ses rapports avec l'Europe, la Russie pourra trouver dans son canal des sa flotte du Nord et .sa flotte du Sud. Telle est, dans Deux-Mers des avantages politiques et économiques ses grandes lignes, l'oeuvre à laquelle la Russie consasupérieurs peut-être à ceux qu'elle tirera de l'immense ses efforts avec la même crera on peut en être sûr voie ferrée qui la rendra maîtresse des vastes régions persévérance, la même continuité de vues qu'elle a de la Sibérie et de l'Asie centrale. mises à exécuter le chemin de fer transsibérien. Les régions que traverse le chemin de fer ont Le projet, soumis d'abord à Alexandre 111, a été présenté à son successeur Nicolas IL qui l'a approuvé une immense superficie, cela est incontestable, mais elles n'ont qu'une population très faible, et les villes, et envoyé à l'examen au ministère des finances, pour les villagee que la voie ferrée reliera entre eux et ratrechercher les moyens financiers par lesquels il pourtachera, en quelque sorte, au mouvement européen, rait être pourvu à sa réalisation.


Les

Télégraphes en Chine

n'y avait pas la moindre ligne télégraphique dans tout l'empire du Milieu, il n'y avait pas un seulcâble sous-marin atterrissant à l'un de ses ports. Ce fut la Russie qui la première tenta, cette année-là, d'introduire la grande invention dans le pays qui a le plus horreur des innovations. Par sa légation CN 1865,

il

récemment établie à Pékin, elle demanda à raccorder le Petchili aux réseaux de Sibérie, Tien-Tsin à Kiakhta. Mais la réponse fut un tolle général de tous les mandarins du Tsong-Li-Yamen, qui repoussèrent avec indignation l'effroyable proposition de troubler les esprits du sol en faisant passer un fil électrique pardessus les saintes murailles de la capitale.

gouvernement russe ne se tint pas pour battu. Comme il avait besoin de communications rapides avec la Chine, il tourna la difficuh? de 's man.cie sui'ntc « Ne pouvant arriver, dit M. Fauvel, à poser une ligne aérienne sur le sol du Céleste-Empire, il s'entendit, en 1860, avec la fameuse compagnie danoise Det Store Nordisk Telegrapb-Selskab, des télégraphes du Nord, à Copenhague. Celle-ci obtint une concession du gouvernement russe pour la pose et l'exploitation d'un câble sous-marin reliant le système des télégraphes de Sibérie à Vladivostok avec les ports ouverts de Nagasaki, Changhaï, Foutchéou, Amoy et devant se relier enfin à Hong-Kong avec les câbles Le

que la Eastern Extension

7e/<?g'~t/)&

Companyde Londres

yavaitamenés déjà par la mer Rouge, Bombay, l'océan Indien, Singapour et

Saigon.

»

Ainsi le tsar obtenait par ruse ce que l'empereur de Chine n'avait pu accorder sous la forme de la pre-

mière demande. Il fallut encore vingt années pour qu'une tentative de ligne aérienne réussît. En 1884, les Chinois, cédant aux instances de leurs conseillers étrangers, se décidèrent enfinàconstruire entre Tien-Tsin et Changhaï la première ligne télégraphique terrestre, avec l'aide des ingénieursdanoisfournisparla Gr~< A~&~M 7e/~f~/) Conapany, nom sous lequel la compagnie danoise est plus généralement connue en Extrême-Orient. Enfin, le 22 août 1884, le télégraphe atteignait Pékin, relié à Changhaï par une voie aérienne traversant les provinces de Kiang-Sou, de Chan-Toung et de Petchili en suivant le grand canal impérial de Tché-Kiang à Tien-Tsin, puis les bords du Peï-Ho, de ce point à Pékin. Mais que de difficultés pour l'entretien des lignes, au début! Malgré les édits du souverain, les habitants des villages traversés par les fils électriques arrachaient les poteaux. L'ombre de ces mâts et même celle des fils, disaient-ils, troublent le repos des ancêtres couchés sous le soh Et de ces poteaux amenés à grands frais des îles japonaises, ils firent tout simplement du bois de chauffage, principalement dans la grande plaine, où les végétaux arborescentsmanquent complè-

tement. Dans d'autres villages on taillait les fils de fer pour en faire des clous. Pour arrêter ces destructions il ne fallut pas moins qu'un édit impérial ainsi conçu « Tout individu convaincu d'avoir porté une main destructrice sur le « fil qui porte la foudre aura la tète tranchée. » Une fois la première ligne posée, l'impulsion était donnée. La guerre franco-chinoise du Tonkin augmenta très sensiblement cette impulsion elle eut pourr résultat la création des lignes reliant le Tonkin à Changhaï. Une autre ligne fut établie le long du YangTsé-Kiang jusqu'à Han-Koou. Alors, plus d'obstination nulle part dans toute la Chine. Aussi, dès 1887, les fils chinois atteignaient-ils les frontières de Sibérie, et c'était le gouvernementde Pékin lui-même qui invitait la R.us-ie à relier ses fils à ceux du Céleste-Empire. D'autres lignes étaient établies au Yun-Nanetdans le Kouang-Si,presque aussitôt reliées aux lignes françaises du Tonkin par la rivière Noire et par Lang-Son, créations suivies d'une, convention télégraphique franco-chinoise sur les tarifs (1888). Hanoi est reliéàYun-Nan-FouetàLon-Tchéou. Les autres nations européennes retinrent aussi de signer des conventions analogues à celle de la France et de raccorder leurs lignes avec les lignes chinoises. Ainsi le réseau russe est actuellement en contact par trois points avec le réseau chinois Wenchuen avec Novokicosk; Hélam-Po avec Blagovechtchensk; Hunchun avec Novogorodskaïa. L'Angleterre touche le Céleste-Empire par le tronçon construit entre Ly et Yun-Nan-Fou. Le progrès a été tel qu'en 1802 on comptait déjà 21 ooo kilomètres de lignes, desservant 71 grandes villes. Formose, Haïnan et les Pescadores avaient des râbles sous-marins qui les reliaient au continent. La Chine, continue M. Fauvel, possédait donc un réseau qui, s'étendantde la pointe sud de Haïnan au Hei-LoungKiang au Nord et de Changhaïà Teng-Yuehà la frontière du Yun-Nan à l'Ouest, possède un plus grand développement que la ligne de Norvège en Sicile jointe à celle de Lisbonne au Caucase. En 1893, la ligne de Kan-Sou a été prolongée jusqu'à Ili, à l'extrémité occidentale la plus éloignée de l'empire chinois. En 1894, les lignes du Petchili, passant par Niou-Tchouang, pénétrèrent en Corée par la ville frontière de Weï-GYou, et les Japonais joignirent ce pont à l'extrémité sud de la Corée, à Fousan, en passant par Séoul, mettant ainsi la Chine en communication nouvelle avec le Japon, par le câble allant de Fousan à Nagasaki par les îles Tsou-Sima. La dernière liste des stations des télégraphes impériaux de la Chine, parue en août 1897, et qui nous a été fort aimablement communiquée par la grande Compagnie des Télégraphes du Nord, ne renferme pas moins de 22~ noms de villes desservies C'est donc 68 de plus qu'en novembre 1800, date de la première liste officielle.

situation des télégraphes en Chine ajoutons le prix moyen des transmissions. (Nous disons moyen, parce que ces prix sont fixés en piastres et que la piastre est très variable.) Chaque mot coûte 6 francs pour les dépêches de Chine A cet aperçu rapide de la


en Europe, sauf en Russie; 3 fr. 5o pour les dépêches de Chine en Russie. Il est évident que ces tarifs baisse-

Le poison usité par les Malgaches était un végétal bien connu le tanguin. On l'appelait à Madagascar le Manrecbetsé. De la famille des Apocynées, cette

télégraphique sera rentrée dans ses débours.

plante pousse en abondance dans les forêts épaisses qui se développent le long de la baie d'Antongil, Tamatave et Ambohimanga. Il en est plusieurs variétés, mais la plus répandue est le Tangbinia 'M'MfM?/f~. Elle s'élève en arbre jusqu'à to et t2 mètres de hauteur; les feuilles en sont d'un beau vert, plus longues que larges, et les fleurs en sont roses, tachées de pourpre près de la tige. Le fruit du tanguin, de la grosseur d'un abricot, cache un noyau dur. On le broie, et il en coule une huile extrêmement amère qui constitue un poison mortel. On aura une idée de sa violence, en sachantqu'il suffit d'une amande pour empoisonner vingt individus. D'ailleurs, les fruits eux-mêmes arrivés à maturité sont considérés comme pouvant donner la mort à qui

ront considérablement à mesure que l'administration

Anciennes Coutumes Malgaches L'Epreuve du poison r~AN5 l'appareil judiciaire des indigènes de Madagascar, les épreuves physiques jouaient un grand rôle. Arrangés d'avance par l'arbitraire et la vénalité des juges, elles achevaient de fausser et d'anéantir toute notion du droit et de l'équité. La principale de ces épreuves était l'appel au poison. On ne se contentait pas d'y recourir en matière pénale, on l'étendait à toutes espèces de contestations. Sa pratique était d'une simplicité étonnante.

Qu'on en juge Un Malgache était-il poursuivi pour un vol, par exemple, on l'obligeait à absorber la coupe préparée pour expérimenter sa sincérité. S'il en mourait, ce c'est qu'il était couqui arrivait le plus souvent, pable. S'il réchappait, on en concluait qu'il était innocent. Danslecasd'unprocès pendantentredeux parties, on agissait autrement. On ne s'attardait pas à déférer lj serment aux plaideurs, manifestation purement morale et dont la duplicité malgache se serait amusée. On ne les confrontait pas avec les témoins qu'ils auraient pu invoquer. On n'examinait pas les preuves produites.

Mais on faisait apporter deux coupes pleines, et les deux plaideurs en avalaient le contenu inégalementcom-

posé. Tant pis pour celui qui avait omis ou refusé de se ménager en espèces sonnantes la complaisance du juge. Il perdait à la fois son procès et la vie. Ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est que les malheureux Malgachesse soumettaient le plus passivement du monde à cette redoutableconsultation. Souvent il se rencontrait de pauvres gens qui, croyant posséder un fétiche capable de neutraliser l'action nocive du breuvage, bravaient l'épreuve et y succombaient. Il y avait des catégories d'individus plus particulièrement ménacées par ce mode de vérification,

c'étaient les sorciers, les « jeteurs de sorts », les artisans en maléfices, -ils étaient et ils sont encore nombreux dans les villages. Comme on leur imputait tous les malheurs publics ou particuliers, on visait à les

exterminer, eux et leur famille. C'est ainsi que, devant une population assemblée, des centaines d'individus étaient contraints d'ingurgiter l'un après l'autre le poison meurtrier, et à peine l'avaient-il absorbé que la foule se précipitait sur eux pour les lapider. Ces sacrifices humains prenaient le nom d'ordalies. Un naturaliste anglais, sir William Jackson Hooker,

fut le témoin de ces hécatombes, et il fit reten-

tir de ses protestations toute Mais rien

n'y fit.

la presse britannique.

les mange. Déjà, vers t86$. certains tribunaux malgaches parurent vouloir renoncer à ces errements barbares; mais ces usages étaient si fortement enracinés dans les mœurs que les habitants les faisaient revivre dans la vie privée, pour les règlements de leurs difficultés ou de leurs querelles. Il aura été de l'honneur de la France de les abolir définitivement.

Marquis de la Mazelière. Essai ~:<y l'histoire du Japon

Ouvrage orné de 19 gravures et d'une carte. Paris, Pion et Nourrit,[899. Phx,4fr. UNE histoire du Japon, complète et exacte, mais résumée quelques centaines de pages, de façon à être accessible à tous les lecteurs cultivés, manquait jusqu'ici en France. Le volume du marquis de la Mazelière vient heureusement combler cette lacune. Depuis plus de trente ans qu'il est entré dans les voies de la civilisation occidentale,le Japon avivement attiré la curiosité. Comment un peuple, d'origine malaise et ayant vécu pendant quinze siècles sous l'inftuence chinoise, est-il arrivé, en quelques années, à se créer un état social qui ressemble au n0tre ? Ne s'en est-il approprié que la surface ? Conserve-t-il, sous ce vernis occidental, son mode de penser traditionnel Quelles sont aujourd'hui les idées des Japonais éclairés en matière de politique, de religion, de philosophie,de législation, d'instruction publique, etc.,etc ? On trouvera dans le livre de M. le marquis de la Mazelière un commencement de réponse à ces questions, qui excitent si vivement notre curiosité. Sans entrer dans le détail de l'histoire politique, mais en résumant brièvement les cinq périodes qui s'étendent de 660 ans avant notre ère jusqu'à l'époque actuelle, inaugurée en ;86f! par la fameuse restauration du !Me);)', l'auteur a eu surtout en vue d'exposer l'état général de la société, les mœurs, les arts et la littérature. Sa conclusion, c'est que les Japonais n'ont pas été le peuple simplement imitateur que se figure la majorité de l'opinion. « Dans ses grandes lignes, nous dit-il, l'histoire du Japon ne diffère pas de celle des peuples de l'Occident. Comme eux, les Japonais se policèrent en acceptant les mœurs et les arts des nations déjà policées; comme eux, ils surent transformer et rendre originale la civilisation empruntée. L'arrivée des Américains et des Européens en t85~ hâta seulement une révolution devenue nécessaire et qui, sans leur intervention, eût produit les mêmes effets. Des institutions actuelles du Japon, la forme seule est européenne l'on en retrouve l'origine dans des institutions plus anciennes et purement japonaises.

en


Collectionneur des Plages Recherches à faire à Boulogne-sur-Mer et aux environs Le

CARACTÈRES DE LA COTE rivage de la mer du Nord conserve L. [es mêmes caractères de grève basse et sableuse que nous avons signalés précédemment. jusqu'à Sangatte, petit port de pêche situé à to kilomètres au. sudouest de Calais. Là se trouve une couche de 20 mètres d'épaisseur, formée de /06M, boue argilo-calcaire contenant des coquilles terrestres et des ossements de mammouth, directement adossée à une falaise de craie qui s'élève graduellement jusqu'à i-)0 mètres de hauteur. De Sangatte, on peut suivre à marée basse la ligne des falaises, mais en tenant bien compte de l'heure du flot, dont la montée serait dangereuse et acculerait les imprudents contre une muraille sans issue. On arrive ainsi au cap de !oo mètres: D!a..c-Ne:, d'u"e sinuosité du rivage, dont c'est une simple les attaques incessantes de la mer ont fait un vaste amoncellement de ruines. Le géologue peut y étudier, mieux que partout ailleurs, la succession des assises

la pêche, de véritables raretés,

Gris-Nez s'enfonce faiblement une baie arrondie envahie par les sables, au fond de laquelle se trouve le village de Wissant. Le Gris-Nez forme un véritable cap, bien accentué. C'est, sur la rive française, la borne où se trouve la partie la plus étroite du détroit du Pas-deCalais, vis-à-vis de Douvres, en Angleterre. La falaise n'a, en cet endroit, que 5o mètres de hauteur. Elle continue à s'abaisser jusqu'à Berck-sur-Mer, et à reculer vers l'intérieur des terres. Sa base se trouve ensablée et il s'y forme de nouveau des plages très plates. Le passage graduel des couches quaternaires de Sangatte aux couches jurassiques du Buulonnais rend cette région particulièrementintéressante pour le géologue. Mais elle ne l'est pas moins pour le naturaliste. MUSÉE, MARCHÉ AU POISSON,

de diverses espèces. Des spongiaires, les

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h'nr

du terrain crétacé. Entre le cap Blanc-Nez et le cap

LITTORAL On peut s'en rendre compte en visitant tout d'abord le musée de Boulognesur-Mer, où se trouvent réunies des collections recueillies dans la région et qui donnent une vue d'ensemble de ce qu'on peut y trouver. Nous ferons la même observation Dunkerque. Nous avons omis, en pour effet, dans la précédente étude que nous avons consacrée au littoral des environs de cette ville, de signaler son musée, qui donne également une idée complète de la faune régionale. Au même point de vue, le marché au poisson, dans toutes les villes maritimes, constitue, lui aussi, un véritable musée d'histoire naturelle renouvelé tous les jours, où viennent souventt échouer, outre les produits communs de

tant elles font explosion. Le Fucus siliquosus

comme poissons que comme crustacés, coquillages, etc. Il présente l'avantage de montrer. des échantillons possédant encore les apparences de la vie, tandis que les pièces conservées depuis longtemps dans les musées sont parfois déformées et décolorées. Rappelons qu'il y a un intérêt plus puissant encore à examiner les produits de lapêcheau moment où on retire les filets. Voici une autre étude facile et intéressante à faire. Sur le sable, au large des roches du Mur au coi (Mur à l'abri), en face d'Etaptes. se draguent des coquilles de Saint-Jacques, que les Boulonnais nomment palourdes, et les Normands ~;</e! C'est le Pec/eM ~!a~!M!M~ des naturalistes. Il n'existe peut-être pas d'être marin qui héberge un plus grand nombre

depa<.tBtLES.A~s=:,s" sçnrnrxrant quelques-uns de ces coquillagesfraiche-

ment dragués, on peut être assuré d'y faire une ample récotted'espècescurieuses De nombreux infusoires vivent dans l'intérieur de la coquille. A l'extérieur, la surface est tapissée d'ascidies Cliona celata, creusent dans son épaisseur de fins canalicules rameux et la recouvrent d'une croûte orangée; il s'y

mêle d'autres

éponges encroûtantes, rouges, blanches, lilas ouvertes. Certains peignes sont chargés de colonies d'alcyons, de plumulaires,de tubulaires, d'annélides, de serpules, d'hermelles, de balanes, d'actinies. Il suffit, s'ils sont récemment dragués, de les plonger de nouveau dans un aquarium d'eau de mer, pour voir tous ces êtres développer leurs tentacules, leurs cirrhes, leurs aigrettes, et assister au spectacle de leur vie sous-marine. Pour les recherches à faire sur le littoral, il faut, si l'oa veut qu'elles soient fructueuses, éviter avec le même soin les plages vaseuses et les plages à galets. Les premières sont difficiles à parcourir; sur les secondes, par suite de l'agitation des galets produite par les flots, les êtres marins sont rapidement détruits. It faut donc accorder la préférence aux grèves de sables, qui se consolident aussitôt que la mer se retire. LES FUCUS ET LEURS HOTES La première région à explorer est celle où le flot a abandonné de longues trainées de fucus qui indiquent le point extrême atteint par la vague. Ces fucus eux-mêmes sont intéressants, en tant que représentants de la flore marine. Parmi eux on trouve, le plus ordinairement, le Fucus serratus, dont lebord présente des indentations affectant l'apparence d'une scie; le Fucus ~MMM~MM~, parsemé de vessies remplies d'air, de la grosseur d'un pois, qui servent à le soutenir dans l'eau lorsqu'on marche sur ces vésicules, sur un sol dur,

a ses ramificationsterminées en pointes

affectantla forme des siliquesdes graines de choux et de navets. Parmi ces débris rejetés sur la plage se trouvent également des <a~!)'naires à rebord ondulé, et. plus rarement, quelques-unes de ces algues délicates et

finement ramifiées (les Ceramium) qui, développées avec soin et collées sur une feuille de papier blanc, sont d'un si gracieux aspect. Lorsque vous remuez ces amas de débris pour y rechercher les diverses espèces d'algues, vous avez parfois la chance d'y rencontrer un vieux morceau de bois amené de fort loin par les vents et les courants. Explorez-le avec soin

extérieurement et intérieurement, car il peut être chargé d'anatifes, ou recéler des tarets ou des pholades. En agitant ces mêmes u~br.s, vcuc mettez généralement en fuite une multitude de petits êtres sautillants. Ce sont de petits crustacés, les talitres, qui pullulent sur toutes les plages de sable. Un autre petit crustacé analogue, l'orchestie littorale, se trouve à un niveau supérieur, sous les pierres qui ne sont mouillées que pendant les grandes marées, ou même dans des endroits où la mer n'arrive jamais. En lui jetant de l'eau au moment où on lève la pierre, on l'empêche de sauter, et l'on peut s'en

emparer aisément. L'orchestie vit d'ailleurs presque exclusivement de matiétes végétales en décomposition.Les talitres, au contraire,

sont surtout nécrophages: les naturalistes peuvent même utiliser la voracité de ces petits crustacés carnivores pour

obtenir la préparation de pièces ostéologiquesparfaites. Il suffit, en effet, d'abandonner le cadavre d'un vertébré quelconque (lapin, chien, etc. ) dans un endroit où abondent les talitres, pour qu'en quelques heures ceux-ci l'aient réduit à l'état de squelette parfaitement nettoyé de toutes matières charnues. Chaque espèce de crustacé affectionne des milieux spéciaux où on la retrouve constamment dans les environs de Boulogne-sur-Mer. Ainsi, la ligie est un crustacé isopode qui habite les rochers dans la zone à Liltorioa neriloïdes on la rencontre au Gris-Nez, à Audreselle,

à)aRochette,aucapd'Alprech,etc~LA

où il n'y a pas de rochers, de vieilles constructionsen pierre fournissent à ce crustacé des stations artificielles, comme dans les bassins du port de Boulogne, à la Crèche, au port de Croy; etc. La MaMe aime les sables vaseux. On la chercherait en vain dans les sables plus légers où se tiennent les talitres. Elle est abondante à Boulogne, à la Pointeaux-Oies. L'eurydice se trouve par milliers partout où il y a des bancs de sable. (A

suivre.)

PAUL COMBES.


De Marseille en Asie Centrale L'Archipel.

Satonique.

Constantinople.

Asie CfM~~ n'est Plus de nos jours qu'une excursion. On en jugera par la M/tt</OK que voici, Elle nous a été communiquée par un O~CM?', qui a utilisé un congé de deux mois à ~:Mf~'OMf~f<'cet intéressant fO~'J~e.

Aller de F)'aMM

fM

n'ayant pour chaussures que des tiges de bottes sans souliers. La solde de la troupe est soumise aux mêmes vicissitudes que celle des officiers c'est une grande

de soldats

LE 8 juillet.

il y a six jours que le M~M~M a quitté Marseille. Vers 8 heures nous entrons dans le golfe de Salonique. Vue de la mer, la ville a la forme d'un trapèze; elle est placée sur le versant d'une colline et inclinée

vers l'Occident. Le quai est bordé de maisons, style

grec ou italien; de

nombreux mi-

narets

dressent

leurs fines aiguilles blanches parmi les

toits

rouges emmêlés de cyprès et de platanes

au sommet

de!aviHetaviei!te

faveur quand, à l'occasion de cer-

taines fêtes, le Sultan octroie un ou deux mois de la solde arriérée

de l'année précédente. Mais qu'importe ? Ces hommes, recrutés au fin fond de l'Anatolie ou du Kurdistan, incultes et à demi sauvages,

sont capables de toutes les endurances et de tous

profile

les sacrifices,

les dentelures de ses créneaux. Des

quand ils ont in-

muraille

voqué le nom

d'Allah. plaines blondes, Une dame légèrement ma)\R.\DI;))ESALOK!QUE. fort jolie, habillée melonnées, terres r//ar/)e D'après ~~t; ~~L'rj~~tf M. le lieutenant à la turque, monte à blé très fertiles, s'étendent au loin à l'Ouest de Salonique. H faut en première; le bateau est à peine en mouvement qu'elle se prélasse dans un élégant costume européen. connaître la façon dont les Juifs s'empilent dans d'étroites masures, pour croire que la ville contient A partir de Salonique les passagers de pont deviennent plus nombreux et les types plus variés; sans 12$ ooo habitants, dont 80 ooo israélites. parler des moutons et des bœufs, on y voit des familles Cinq heures d'escale.- Visite du bazar couvert. bulgares, des Turcs, des Grecs en costume depalikare, Dans les rues beaucoup de soldats aux énergiques des Juifs à la longue lévite doublée de fourrure, des têtes basanées, aux airs de bandits, mais si dépenaillés Persans en bonnet d'astrakan; tout ce monde-1:), et si loqueteux qu'ils ressemblent à des mendiants en accroupi, pêle-mêle, fait sa cuisine sur le pont la pluuniforme. part se contentent de pain, de concombres et d'eau On me dit pourtant que la garnison de Salonique claire. a une tenue soignée comparativementà celle des villes classe apportent aussi Les passagers turcs de de l'intérieur; ici, par exemple, on ne rencontre pas


leurs victuailles avec des réchauds et de la vaisselle, et préparent eux-mêmes leur nourriture. Au passage, nous voyons en rade une partie de l'escadre turque, cinq bâtiments d'assez vieux modèle, se reposant de l'effort qu'ils ont fait pour venir de Constantinople à Salonique pendant la guerre turcogrecque. juillet. Dans la matinée, courte escale à C) Dédéagatch; on dirait un coin de Provence des maisons européennes, un pays très vert, des oliviers et beaucoup de terres arables. A 2 heures entrée dans les Dardanelles on aperçoit de nombreux villages à droite Komi-Kalé, à gauche Sédil-Bahr des camps, des forts bien armés et en bon état les sentinelles sont abritées par des parasols coniques fixés en

moyennantquarante sous on adoucit les douaniers les plus féroces. Le courant de voyageurs est incessant ces braves gabelous doivent faire de bonnes recettes et suppléer sans peine aux appointementstoujours vagues et incertains de la Turquie. Après déjeuner le commissaire du A~w~M vient me prendre, et nous allons au hasard dans les vieux

quartiers.

Chemin faisant, nous nous mettons à suivre trois jupons. de derviches. Ils vont sans doute accomplir leurs évolutions nous en profiterons. En effet, ils entrent dans leur tekké, près d'une mosquée aux minarets surmontés de lanternes délicatement sculptées. Nosderviches sont des « tourneurs ? leur séance doit commencer dans deux heures.

Nous avons le temps

terre.

d'errer à travers le quartier de Kassim-pacha et d'aller sur la colline chauve et solitaire d'Okmeidan avant tr-:l,r~ 1P~

l'Orient, dans le lointain, s'étendent les plaines du Scamandre; au dire A

r.°_

de nassaerers bien informés. ces tumulus qu'on aperçoit, là-bas, à 8 ou <o kilomètres

cyprès et les tombes, on a une échappée superbe sur

dans l'antique Troade, sont les tombeaux d'Achille et de Patrocle. ~oit! Courte halte aux Dardanelles petite ville riante et gaie, avec les vérandas et les balcons fleuris de ses maisons roses, dont les pieds baignent dans la mer. Encore, çà et là, des batteries. Puis près de la rive d'Europe le reste de l'escadre turque. On croirait naviguer sur un grand fleuve bleu de trois ou quatre kilomètres de largeur.

to juillet.

A

5

la rive Sud de la Corne d'Or. Puis on atteint des

terrains vagues, où l'on se sent saisi par « la tristesse qui plane sur les abords de Constantinople. Partout, sur la terre, sur les rochers et sur l'herbe rase, une teinte uniforme d'un gris roux, qui est comme la patine du temps on dirait qu'une cendre recouvre ce pays sur lequel trop de ra-

RUR

D'après

UM<*

A

Pourbo'rc~.

KA5SIM-PACHA.

~/)0<o.§'r~yf:'e de M. le he!<<eMaK< de

heures et demie nous sommes en face de Stamboul il a plu pendant la nuit; c'est à travers la brume que la ville dessine sa majestueuse silhouette grise, ses quartiers immenses, ses mosquées massives, aux larges coupoles et aux minarets aigus. Au lever du soleil on distingue les maisons de bois noirâtres,les arbres et les toits de tuiles rouges. Cette première impression matinale de Constantinople me cause une certaine déception. Je m'attendais à une ville plus étrange et d'une blancheur éblouissante or la Corne d'Or est pleine de fumée, les mosquées sont noircies par la suie, et de grandes bâtisses aux airs de casernes se dressent un peu partout, dans le vieux Stamboul. Au débarquement commencent les formalités du visa des passeports et de la visite des bagages. Heureusement c'est le pays des backchich T

ces d'hommes ont passé, trop de civilisations, trop d'épuisantes splendeurs ». (Fantômesd'Orient. Pierre Loti.)

i'ar/'e

Et maintenant déchaussons-nous pour péné-

trer dans la salle où les derviches tourneurs vont exécuter leur valse enivrante. Quelques-uns sont assis et psalmodient avec accompagnementde flûtes, de violons et de darboukas des airs étranges, tristes comme des lamentations les autres, une vingtaine, de tout âge, commencent par un monôme circulaire, puis quittent leur manteau et, la tête penchée, les bras horizontaux, s'arrondissant se mettent à valser, leurs robes blanches s'accélère peu comme celles des ballerines la cadence à peu. au bout d'une heure, haletants, ils tournent toujours avec la même souplesse et la même grâce, les yeux mi-clos et comme ravis par des visions paradisiaques.

i juillet.

rencontre sont tous des gaillards solidement charpentés; leur tenue n'a rien de brillant, maison est frappé par leur air 11

mâle et rude.

Les soldats qu'on

Depuis la tentative de révolte des Arméniens,


suivie des massacres que l'on sait, des patrouilles d'infanterieet de cavalerie circulent jour et nuit en ville. Leur complot, éventé par la police turque, fut, il faut l'avouer, un peu trop brutalement étoune pendant une journée les charrettes de la voirie transportèrent des cadavres ou des corps pantelants, et les chiens de la ville purent à leur aise se gorger de sang. Du pont Neuf à Eyoub le trajet peut se faire en caique, en remontant la Corne d'Or pendant plus de cinq kilomètres à droite et à gauche les quartiers immenses, musulmans, grecs ou juifs, se déploient sur les collines. )[ n'y a sans doute pas à Constantinople de coin qui, mieux qu'Eyoub, résume la poésie du vieux

Stamboul

et puisse donner

une vision plus poétique et plus vraie de la Turquie des siéctes

livre reviennent à la mémoire comme un chant Le soleil couchant dorait les cyprès noirs, berceur. les vieilles murailles crénelées de Stamboul et le toit de ma case ignorée, où Azyadé m'attendait dans une chambre très parfumée d'essence de rose. « Les cafedjis s'étalaient dehors. tous les hommes du voisinage, assis dans la rue, fumaient leur narguilhé sous les amandiers blancs de fleurs. »

«.

».

D'Eyoub, un chemin conduit, à travers un cimetière, sur les hauteurs qui dominent le fond de la Corne d'Or c'est de ce point peut-être que Constantinople apparaît sous son aspect le plus extraordinairement féerique. Au-dessus des cyprès et des tombes, la Corne d'Or se développe toutt entière entre une succession de collines où les mai-

sons s'étagent dans un désordre

passés.

pittoresque

En quittant

dernier plan

le débarcadère, on

serte, bordée de tombeaux aperçus à travers les grilles, entre des

et vaporeuses des

lointaines mos-

merveilleux décor baigné par la lumière quées,

murs de marbre sculpté et sous des arbres très anciens. Les pier-

incomparablement douce de l'Orient.

tumulaires verticales sont res

fond noir, bleu ou rouge. Rien de

le

vieux sérail, les silhouettes ténues

suit une rue dé-

couvertes d'écritures dorées sur

au

Conduit par

mon guide,

monte à travers le quartier grec

LACORKED'ORVUEDUHAtTDUCIMËTtÈRED'EYOUB.

D'après ~He ~~o~~r~/n'c

reposant comme le silence de cette voie sacrée et la tranquillité de ces tombes envahies par une folle végétation on y ressent un apaisement délicieux et une

ineffable mélancolie. Plus loin, voici la vieille mosquée d'Eyoub, vénérée entre toutes, la seule où tes chrétiens ne peuvent pénétrer il faut donc se contenter du tableau exquis entrevu par le portail à droite, dans la cour dallée de marbre blanc, un kiosque au toit élégamment relevé et du plus pur style turc en arrière, tout

ensoleillée, la mosquée d'une immaculée blancheur, avec ses minarets cannelés, ses cintres ajourés, ses coupoles, ses faïences, ses inscriptions semblables à des abaresques d'or brodées sur fond vert. Au moment où je passe, un vol de deux ou trois cents pigeons s'abat dans la cour comme un tourbillon d'ailes et picore autour du kiosque les graines qu'un vieil iman leur jette des croyants font la sieste à l'ombre de platanes et de cyprès plusieurs fois centenaires, et quelques corneilles croassent, perchées sur les branches mortes des vieux arbres. Les ruelles d'Eyoub, bordées de cafés et de boutiques, ont mieux qu'ailleurs conservé leur aspect d'autrefois on comprend que Loti ait choisi ce cadre pour ses amours avec la tendre Azyadé, et, en parcourant les ruelles de ce faubourg, des phrases de son

J/.

le ~'c~~Ha~~

~r/'c

d'Egri-Kapu;

nous longeons une ruine de

je

byzantine appelée le château

Bélisaire.

En sortant par la porte d'Andrinople, on trouve ombragée un café de banlieue assez animé, une terrasse de pampres et, comme toujours, le mélancolique cimetière abandonné des gens sont étendus sous les

cyprès poussiéreux, comme des cadavres prêts à être ensevelis dans cette terre des morts. La puissante muraille byzantine se développe en ligne droite, très loin, avec ses tours en saillie, ses créneaux et les arbustes qui ont pris racine dans les crevasses une large piste en fait le tour. Aux environs c'est la camcyprès et de tombes pagne morne, les landes semées de croulantes, Après 5 kilomètres de marche le long des murs des nous arrivons à la porte Dorée, enchâssée dans une faces du château des S:pt-Tours. t2 juillet.

Je

remonte, dans la matinée, vers le

vieux couvent turc d'Okmeidan. Bien original le faubourg de Kassim-Pacha des maisons de bois, sombres et sinistres, alignées en dents de scie sur les des moucharabys rues désertes, avec des balcons et soigneusement clos et grillés de légères ctaies partout Entre la colline de un air de solitude et d'abandon.


Kassim-Pacha aux vieilles maisons renfrognées et celle de Péra, chargée de grandes bâtisses modernes à cinq ou six étages, se trouve un quartier des plus intéressants à explorer le moindre coin fournirait le sujet de charmantes et lumineuses aquarelles les petits cafés et les boutiques aux auvents garnis de treilles, les carrefours irréguliers, les ruelles raboteuses entre des échoppes antiques, les enseignes et les étalages bariolés, et çà et là quelque modeste minaret de faubourg. Dans l'après-midi je reprends mon guide, levieux Constantin nous allons déjeuner à Stamboul, dans un restaurant turc, pour quelques piastres comme boisson, l'excellente eau de Tach-Delen qu'on apporte de la côte d'Asie. Nous traversons, ensuite le bazar égyptien, la ruemontante d'Ouzoun-Tcharchi,et nous allons prendre un café au sommet de la tour du Séraskiérat. Cette tour occupe le point culminant de Stamboul, au milieu de la grande cour de l'Eski-Séraï, ensemble de casernes et de bâtiments affectés au ministère de la guerre. Du sommet de la tour on domine Stamboul, la Corne d'Or, Péra et Galata, le Bosphore, Scutari, baignés par la lumière resplendissante d'un aprèsmidi de juillet, jusqu'aux horizons lointains de la Turquie d'Europe et de la Turquie d'Asie un panoraina prestigieux, peut-être unique au monde, et de ceux qu'on se sent impuissant à décrire. Il fait une chaleur lourde nous allons nous asseoir au pied d'un sycomore, dans la cour de l'élégante et superbe mosquée de Sulemanieh. Au bas d'un portique à colonnes de porphyre rouge s'alignent des fontaines de marbre quelques croyants y font pieusement leurs ablutions de rares promeneurs traversent cette grande cour silencieuse où l'on ne se croirait pas en pleine capitale populeuse. En repassant près de la tour du Séraskiérat nous entendons des cris c'est !e guetteur qui vient d'apercevoir un incendie en même temps quatre grosses boules de toile peinte apparaissent, tout en haut, à des mats horizontaux; des coureurs en veste rougepartent à la hâte, dans toutes les directions, pour donner l'alarme aux postes de pompiers, un moyen d'avertissements assez primitifs en ce siècle du- téléphone. L'incendie a lieu du côté de la porte d'Andrinople nous suivons un moment la rue qui y mène des gens courent et vont voir si le feu ne les menace pas, des voitures passent au galop et des chevaux de louage fouaitlés par le loueur qui suit au pas gymnastique c'est en pleine ville turque entre les vieilles maisons basses et inégales, garnies de boutiques et d'étalages disparates, cette animation, ce pêle-mêle tumultueux de fez et de turbans, sont tout ce qu'il y a de plus pittoresque. Autour de la mosquée de Mohammedieh un grand marché grouille en plein soleil et en pleine poussière, une palette où se mêlent les plus éclatantes couleurs des étoffes de soie, des vêtements brodés, des tapis, des babouches de velours ou de maroquin, des fruits; des légumes, des ustensiles de cuivre entassés sous les auvents et les nattes des baraques. Nous visitons en passant la mosquée de Bayezid ou mosquée des pigeons il y en a des milliers dans

lacour, c'est un papillotement d'ailes et ment perpétuels.

un roucoule-

Un tour au bazar neuf 5 500 boutiques garnissent ce labyrinthe voûté il est facile de s'y égarer la première fois qu'on y pénètre. Nous terminons la journée par le Serai près d'une des entrées se trouve la fontaine Ahmed III, la plus belle de toutes celles de Constantinople, au dire des connaisseurs. Le Séraï se compose de débris de

palais inhabités, admirablement situés sur un éperon, entre la Corne d'Or et la mer de Marmara, mais sans grand caractère et d'aspect peu monumental. Ils disparaissent au milieu d'arbres centenaires, cyprès et platanes, où croassent de vieilles corneilles. Encore un coin solitaire et silencieux, tout plein de souvenirs: on y est tranquille pour rêver au passé si tourmenté de Stamboul, aux turpitudes du Bas-Empire, aux splendeurs de Théodose et de Soliman le Magnifique, aux sinistres tragédies des favorites et des Janissaires. Flâneries au hasard dans les plus ~juillet. vieilles rues de Stamboul. Quand, sous la conduite des guides qui vous servent, en perroquets, des bribes d'histoire, on a vu les curiosités officielles de Constantinople, rien de mieux à faire que d'imiter Théophile Gautier: « Se lancertout seul à travers les villes qu'on ne connaît pas, comme un capitaine Cook dans un voyage d'exploration. En errant ainsi à l'aventure on voit ce qu'on ne vous montre jamais, c'est-à-dire ce ce qu'il y a de véritablement curieux dans le pays qu'on visite. Dans le quartier de Stamboul qui s'étend à droite, au débouché du pont Neuf, une rue fort curieuse se dirige vers le Fanar, parallèlement au quai. Grossièrement pavée, entre des maisons vermoulues et branlantes, enchevêtrées pêle-mêle avec des ruines romaines, elle doit présenter, à peu de chose près, l'aspect qu'elle avait il y a plusieurs siècles tour

à toursesuccèdentdesmarchandsdenattes d'Egypte, des vendeurs de sel tournant une meule à bras, des entre-

pôts de ballots qu'on sent apportés de très loin par des caravanes, des embrochées de têtes de mouton rôties aux devantures des frituriers, .des tisserands aux métiers primitifs, des magasins poisseux ou s'empilent en colonnades d'énormes fromages et des barils de poissons confits dans la saumure. De tout cela s'exhale une odeur indéfinissable, âcre et fade à la fois. Des ruelles transversales vont au quai bordé de maisons bleues ou roses, s'arc-boutantles unes contre les autres comme de vieilles femmes chancelantes. H reste encore çà et là des pans de murailles, des voûtes byzantines aux assises de pierres de taille, alternant avec les grandes briques romaines d'anciennes maisons turques ou grecques, pittoresques dans leur délabrement, s'accolent aux ruines et forment de bizarres agglomérations. A certain coin de rue on rencontre, en assez bon état, une petite construction de briques et de pierres qui dut servir de boutique à quelque épicier du temps de Théodose ou de Justinien. F. DE L'HARPE.

(A suivre.)


agricoles de l'étranger faire leur irruption sur l'Allemagne orientale, ruinant ainsi les agriculteurs alle-

mands. Cette opposition au canal, qui du reste n'était

Le Canal de !'Eibe au

Rhin

L'Opposition de la Prusse à

cette œuvre d'intérêt général /EST en 18~0, qu'un comité se formait en Allemagne,

avec l'appui direct

~e

de l'empereur, pour étudier projet d'un canal reliant l'Elbe au Rhin. On sait,

d'ailleurs,

avec quel soin nos pré-

voyants

rivaux

ignorée de personne, a pris dernièrement une forme précise, lorsque la Diète prussienne a eu à se prononcer sur la participation de la Prusse aux dépenses de construction du canal. La Diète, menée par les agrariens, a repoussé le projet que lui présentait le gouvernement. Et ce qui donne une certaine importance politique à ce vote, c'est qu'on vit là pour la première fois, depuis ta formation de l'Empire, les conservateurs désobéir au mandat direct et aux injonctions formelles du souve. rain. L'empereur Guillaume II. en effet. avait eu soir de faire connaître à plusieurs reprises l'intérêt qu'il

ont développé,

attachait

multiplié et amélioré leurs voies de navigation

ce

intérieure. Ce

canal,

ainsi que le montre notre carte,

doit partir

de

Magdebourg, sur l'Elbe central, se diriger, par Hanovre, sur le We-

ser qu'il coupe à Minden, rejoindre ensuite l'Ems, à Bevergern, où il emprunte le canal de l'Ems jusqu'à Dortmund, pour se diriger de là sur le Rhin, à Ruhrort. En outre, le Weser, de Brême à Hamelin, doit être canalisé pour le commerce, et des canaux secondaires doiventrattacher au canal principal Osnabrück, Minden, Lingen, Wülfel, Hildesheim, etc. Le canal sera navigable pour des bateaux de y~o tonneaux, grâce à sa profondeur de 2 m. $o et à sa largeur de 30 mètres. H n'y aura d'écluses que tous les 40 kilomètres en moyenne, ce qui facilitera le transit. Le prix de construction est évalué à ~o millions de francs. Le canal projeté sera d'un grand profit pour l'in'dustrie allemande, dont le siège principal est la région rhénane et westphalienne, où les voies ferrées, si admirablement organisées qu'elles soient, ne peuvent cependant plus suffire au mouvement sans cesse grandissantdu trafic. En outre, le transport parchemin de fer est coûteux, et la nouvelle voie du canal permettra aux manufacturiersrhénans et westphaliens d'offrir leurs marchandises à prix très réduits sur les marchés de

l'Est.

Mais, il faut se hâter de l'ajouter, si cette considération plaidait en faveur du canal auprès des régions de l'Ouest, elle produisit un effet diamétralement contraire sur les populationsde l'Est. Les « agrariens de cette partie de l'Allemagne se sont écriés qu'ils allaient subir la concurrence des produits de l'Ouest, et ils ont prédit que l'on verrait, grâce au canal, les produits

à la construction de

grand canal

coupant l'Allemagne dans sa partie centrale. Inau-

gurant,

il

y a

semaines, untronçondu

quelques

canal

de Dort-

à Emden, par l'Ems, il s'était exprimé ainsi: «Je crois que le mund

canal, tel qu'il se présente actuellement, n'est qu'une œuvre partielle et qu'il ne servira qu'à établir un raccordement avec le grand canal de l'Elbe au Rhin, que mon gouvernement et moi nous sommes fermement résolus à faire exécuter. ? Développant les raisons d'être de ce canal futur, l'empereur avait ajouté <' Les besoins toujours croissants du pays exigent de meilleures voies de communication, et nous devons considérer comme telles les chemins de fer et les canaux. J'espère que le Parlement, partageant ma manière de voir, me fournira les moyens de faire exécuter la construction du canal. La puissance de l'Empire uni, n'obéissant qu'à une seule volonté, fera réussir cette grande œuvre.)) » Cependant comme l'opposition au canal se manifestait toujours, l'empereur résolut de faire appel aux considérations d'ordre militaire pour toucher les opposants. Il envoya à la Chambre prussienne le colonel Budde pour exposer que l'armée allemande avait un intérêt considérable à la construction du canal. « Pendant les jours critiques où l'armée serait déployée, les chemins de fer, a-t-il dit, seraient tellement occupésqu'ils ne pourraient suffire aux transports des approvisionnements et des autres matières indispensables. Nous avons fait tout ce qui était possible pour prévenir le retour des inconvénients constatés en <8yo. Or, les canaux sont les moyens les plus sûrs de faciliter aux armées colossales leurs tâches nouvelles. » Le chancelier impérial, le prince de Hohenlohe, en sa qualité de chef du ministère prussien, a prié les


membres de la Diète de ne pas nourrir d'illusions « Le rejet du projet de canal, a-t-il dit, n'impliquera point sa disparition des ordres du jour. Il reviendra sur le tapis, et le gouvernement le fera accepter. Cette question ne peut pas être traitée d'une manière isolée; elle aura des conséquences très graves en ce qui concerne les relations qui ont existé jusqu'ici entre les conservateurs et le gouvernement, et elle peut exercer un effet désastreux sur la coopération des éléments antirévolutionnaires dans le pays, surtout en matière de politique commerciale. Le chancelier a été appuyé par le vice-président, le docteur von Miquel, qui déclara que le gouvernement insistait pour le tracé de tout le canal, et qu'il n'en creuserait aucun tronçon avant que le projet eût été adopté dans son ensemble. Mais rien n'a pu désarmer les opposants. Et en dépit de ces diverses et pressantes interventions, la Chambre a repoussé par 235 voix contre 147 leprojetdu canal; un compromis proposé par quelques conservateurs, et qui consistait à approuver la petite section de Dortmund au Rhin, a été repoussé également par 27~ voix contre 134. C'est donc un échec presque personnel pour Guillaume 11, et l'on conçoit l'irritation qu'il a dû en éprouver, comme roi de Prusse. Mais la ténacité n'est pas la moindre qualité du souverain allemand. Et puisqu'il lui est prouvé d'une part que le canal importe au développement industriel de l'Allemagne occidentale; d'autre part que le canal doit décharger les chemins de fer, au point de vue militaire, on peut être certain que tôt ou tard le canal de l'Elbe au Rhin se fera.

Le

Peuplement européen en Tunisie

1\Jous avons mentionné dernièrement~ l'état de la population européenne de la Tunisie et indiqué que sur too 00o Européens qu'on y comptait, on trouvait 20 ooo Français contre 80 ooo étrangers, dont 65 ooo Italiens. Et nousexprimions l'espoir que le Protectorat fit des efforts pour accroître l'élément français dans la Régence.

M. Paul Leroy-Beaulieu, qui a une si grande compétence dans les choses tunisiennes,vient de traiter

cette question en détail. Un résumé de ses réflexions intéresse nos lecteurs. Tout d'abord il convient, d'après lui, de remarquer que 20 ooo Européens séulement (dont 400 ou 500 Français) se trouvaient en Tunisie lors de notre instalation. En dix-huit ans la population européenne a donc augmenté de 80 ooo et l'élément français de ~c)000, cequt est un résultat appréciable. Ceci dit, njoute-t-il, il ne faut pas s'étonner que les Italiens utient venus plus nombreux que les Français dans la Kégence: ce fait était facile à prévoir. «Le peuplei.

A

T'r~fr.! le .Vot~f.

3), 2<)août

)!< page 2()H.

ment des colonies est déterminé par la prolificité des races colonisatrices, puis par la proximité des contrées fournissant des émigrants, enfin par les avantages que les émigrants peuvent espérer dans le nouveau pays relativement à ceux dont ils jouissent dans leur

pays propre. » Or, il est parfaitement reconnu que si ces trois facteurs favorisent l'arrivée d'une émigration italienne relativement nombreuse en Tunisie, ils s'opposent, au contraire, à une forte immigration française. Ce n'est un mystère pour personne que la France n'a que yt habitants au kilomètre carré, tandis que l'Italie, avec un sol plus médiocre et une moindre industrie, en compte aujourd'hui plus de 100; que la population française est devenue absolument stationnaire, tandis que celle d'Italie gagne encore 300 ooo âmes par an. Nul n'ignore que l'une des provinces italiennes importantes, la Sicile, n'est pas, en ligne directe, à plus de 200 ou 250 kilomètres de la Tunisie, qu'il en est à peu près de même de la Sardaigne, tandis que les côtes de France sont à une distance environ trois fois plus grande. La gêne et la pauvreté régnent en Sicile et en

Sardaigne, deux des provinces les plus misérables de l'Italie; l'aisance, au contraire, domine dans nos départements méditerranéens, qui, depuis la reconstitution du vignoble, comptent parmi les plus riches de la France. Le vigneron de l'Aude, de l'Hérault, du Var, s'il franchit la mer, a grand'peine à trouvet des salaires égaux à ceux de notre Midi et un confortable aussi grand que celui dont il jouit chez lui. Le Sicilien ou le Sarde, au contraire, en franchissant le détroit qui le sépare de l'ancienne Régence, voit son salaire augmenter de 50 ou 60 o/o, sinon même doubler. Il en résulte qu'il ne vient guère en Tunisie de cultivateurs français de notre vignoble méditerranéen, sauf pour être contremaîtres, chefs d'équipe, cavistes, régisseurs, etc. Reste l'appât de la petite propriété; mais la terre a tellement baissé de valeur en France que celui qui veut s'en procurer en trouve de tout agencée, dans des conditions de prix modérées. Aussi, ceux qui cherchent à créer un peuplement français rural en Tunisie s'adressent particulièrement aux habitants de nos départements montagneux la Lozère, l'Aveyron, la Dordogne, les hautes parties de la Drôme et de l'Isère; il y a là d'excellents éléments, soit pour constituer de petits propriétaires tunisiens, soit pour y former uné classe de métayers. Encore doit-on dire, cependant, que, au point de vue de l'acclimatement, ces monta-~0 gnards ne peuvent guère s'éloigner de la région du Nord. Ils n'ont, pour la plupart, pas d'aptitude pour tunisien, se livrer aux travaux extérieurs dans le Sud dans la région entre Sousse-Kairouan, d'une part, et Gabès-Tozeur, de l'autre, qui prend un grand développement depuis quelques années, tandis que l'Italien y réussit fort bien. On devrait tenter, d'aprèsM. P. Leroy-Beaulieu, un essai de colonisation rurale par les soldats libérés, comme l'a imaginé le général Gallieni à Madagascar. Déjà nombre d'officiers ont été séduits par la Tunisie et s'y sont fixés une fois l'heure de la retraite arrivée. Pourquoi n'offrirait-on pas des lots de terre tout agencés à des soldats libérables?


c'est là la conclusion de M. P. LeroyBeaulieu, jamais nous n'arriverons à faire un contreMais, et

poids numérique aux Italiens. Nous serons en Tunisie ce qu'y ont été les Romains: une élite, un ferment, ceux qui apportent les capitaux et qui vivifient le sol et l'industrie. La Tunisie comme l'Algérie, dit-il, seront toujours, et cela parla force des choses, moins des colonies de peuplement que des colonies d'exploita tion. Dés lors, il faut en prendre notre parti et orienter notre politique en conséquence, c'est-à-dire en tenant compte du fait que l'élément étranger et surtout italien sera toujours plus nombreux que l'élément Français. Ce qui importe, ce? "ous assurions en Tunisie la prépondérance à notrt. -~ngue, nos moeurs et nos lois. Et cela nous est aisé; l'école, l'église également, si nous savons avoir un clergé français, ce dont nous ne nous sommes jusqu'ici que très peu préoccupés, peuvent nous y aider. Il faudrait aussi faire quelques naturalisations; nous connaissons des Italiens et des Espagnols fixés dans le pays depuis vingt ou trente ans, ayant absolument perdu de vue leur pays

d'origine, parlant admirab. nent le français; ils voudraient obtenir la naturalisa, ~n on la leur refuse, ce

to utefois, par condescendance pour les préjugés coura nts, il ne se montrait que les reins ceints d'un châle. L(~s pèlerins se rendaient en foule à ses pieds pour lui demander parfois un conseil, le plus souvent un mir:ic)e renvoyait tous avec de bonnes parotes; il; avait beaucoup de peine à se défendre d'être adoré c'.omme un dieu. Au point de détachement où il avait fiait monter son âme, les distinctions de castes n'exist'aient plus pour lui même le contact des Européens Ae lui était pas une souillure. C'était la mode pour les touristes de l'aller voir. (Avec son regard extrêmement vif et perçant et le sonrire de sa bouche édentée dans son maigre visage, les t'tns trouvaient qu'il ressemblait à Voltaire, d'autres

les

disaient au Pape actuel. Cependant, il leur demandait d'écrire soigneusement leurs noms sur un registre et d'accepter quelqu'un de ses Traités, orné, en première jpage, de sa photographie ou bien encore il leur faisait .les honneurs de la statue que la piété de ses disciples et (de ses admirateurs lui avaitélevéede son vivant en son jardin. propre f

Sa statue le représente assis à l'indienne, dans [a

pose de la méditation. C'est dans cette même posture

mu'il estmort et qu'il a été enterré !e corps des ascètes.

car on ne brûle pas

bui est une lourde faute.

La Mort

du

) «

Saint de Bénarès

»

IL y avait à Bénarès un très vertueux et très célèbre Hindou, connu par son ascétisme et par science,

sa Saint Bénarès. de Le pauvre homme est sous le nom de mort dernièrement, enlevé par le choléra. Les savants pandits du Collège sanscrit murmuraient bien un peu contre son extraordinaire renom et prétendaient tout bas qu'itn'étaitpasaussiéruditquetes ouvrages publiés sous son nom pouvaient le donner à penser mais il avait l'art infiniment plus précieux de s'attacher les âmes longtemps encore sa mémoire sera vénérée dans l'Inde. !I naquit, en 18~3, d'une famille brahmanique, dans le district de Cawnpore, étudia, se maria et eut un fils. Puis, à dix-huit ans, dégoûté du monde, il abandonna sa famille pour se faire religieux mendiant. Vingt années durant, il erra de place sainte en place sainte, le long des grands fleuves sacrés, comme c'est la coutume de son ordre. Enfin, las de cet incessant pèlerinage, il se retira, pourméditer et enseigner à son aise, dans le « jardin du Bonheur », à Bénarès, auprès de ce santuaire de Dourga que les voyageurseuropéens connaissent sous le nom de « temple de Singes Il vécut là près de trente ans, prisonnier volontaire, sans en sortir jamais. En revanche, il recevait beaucoup car la renommée de sa sainteté l'avait suivi dans son ermitage. En s'enfermant dans ce dernier asile, il avait renoncé, en même temps qu'aux autres conventions mondaines, à l'usage de tout vêtement

Georges Treille.

Pfnict'~M ~Vt~/Me colorziale. Paris, Georges Carré et C. Naud, )8c)Q, t vol. in-8" carré de 2"o pages, cartonné à l'anglaise.

~D''

~tut.n'étaitptus autorisé queM.)e DrGeorgesTrotte,ancien

inspecteur générât du service de santé des colonies, (pour résumer les principes utiles au voyageur, au militaire, iau fonctionnaire, au colon, pour la conservation de la santé tdans nos multiplespossessions d'outre-mer. Aussi les ~'f;)tct/'M ~Hj'eM co/o~M/e sont-ils un manuel clair et pratique, dont on ne saurait trop recommander la lecture à tous les coloniaux. Conditionssamtaires 'des divers climats régionaux; leur action sur l'organisme; ~règles d'hygiène qui en résultent au point de vue de l'habitation, de l'alimentation, du régime de vie, tout cela est exposé avec une compétence indiscutable, sous une forme aimable, et sera lu avec intérêt et avec fruit. Une petite critique l'auteur ne s'occupe pas du tout de J'hygiène du vêtement, qui a pourtant son importance. E. Bard, ex-présidentduConseitd'administration municipale de la Concessionfrançaise de Changhaï. –I-MC/KHO~c/t~ eux. t vol. in-i8 Jésus, avec 12 planches hors texte. Armand Colin et C" éditeurs, 5, rue de Méziéres, Paris. Prix: ,j fr. 'LT).UR, chef d'une importante maison de commerce française en Chine, y a pendant un séjour de cinq ans recueilli quantité de renseignements authentiques. Ses relations journalièreset intimes avec les commerçantsindigènes, de même que la fréquentation des autorités chinoises, en raison des fonctions publiques dont il a été investi, l'ont mis à même de faire bien des observations intéressantes sur les mœurs et le caractère des Chinois. De nombreux chapitres sur l'état économique de la Chine, sur soncommerce,sur ses nuances, etc., intéresseront vivement les lecteurs qui demandent aux livres de voyages plus et mieux que de simples détails pittoresques sur les mœurs et les coutumes des pays visités. L'ouvrage se termine par un très utile abrégé de l'histoire de la Chine, dont les éléments ont été puisés aux meilleures sources. Douze planches en phototypie, hors texte, ajoutent à l'agrément de ce livre, soigneusement documenté.


.V~'EO.HO~C/.SC/VE Z~V7'.SC.H/7

Le Climat du Ktondyke. t

différcnc'ee extrêmes absolus 5M et 27°~, soit une Ls considérables L absolue d'environ 83°, ne sont pas très -'l pour un climat continental à une latitude aussi élevée..Dann annuelle la Sibérie orientale, à la même latitude, la différence est plus considérable et les températures moyennes sont. beaucoup plus basses. Les observations faites jusquà pré-,i sent à Dawson City ne peuvent absolument pas être compa-~1, rées, par rapport à des basses températures d'hiver et àde~, hautes températures d'été, avec la Sibérie orientale, pou'f des points situés sous la même latitude. La température d'été de Dawson est même basse. Peut-être les observa. tions des années suivantes donneront-elles des tempéra-, tures plus élevées. Le jour le plus froid à Fort Retiance était de 53°.9 c. comme température moyenne; c'était le 19 décembre i88o. surviennent Les grands froids Sud presque toujours par um OuestetSud-Est,latempérature~ temps clair; par le vent )88).latem-~i se relève souvent considérablement. En janvier pérature se releva plus souvent. Le 9, par vent du Sud,~ on enregistraune température moyenne de 9°4 le ~s, pan 3-t un vent du Sud-Ouest et avec précipitation de neigethermo( Par contre le 3t, par un temps clair et calme, le février, paruntemps~ mois de mètre descendit à 4i°7. Le clair et sans vent, fut très froid. Ogilvie prétend qu'il est( impossible au Klondyke de cultiver des champs et des jardins. On obtient avec peine un peu de salade et des choux; pour-. les pommes de terre sont mauvaises, la salade réussit craindre.j tant mieux. Quand le temps est clair et la gelée à on la recouvre pendant la nuit. Il gèle tous les mois de) l'année. La température des eaux du Yukon près du rivage; oscille, du mois de juin au mois de septembre, entre i~ et à i )°. C'est pourquoi les gelées sont plus rares dans ses en~ virons. La glace du fleuve se désagrège ordinairement Vers; va-) le milieu du mois de mai, et au bout d'une semaine les aller, peurs peuvent déjà naviguer. Cependant on ne peut jusqu'à Saint-Michel que pendant trois mois et demi de l'année, parce que la glace de la mer de Bering ne fonce pas avant le t" juillet etque,versiemilieu d'octobre.leneuve gèle de nouveau. En 1896, les steamers ne purent atteindra Saint-Miche) avant le 7 juillet. La glace du fleuve atteint) une épaisseur de t°',20 et au delà. La débâcle présente uni spectacle grandiose. Dans le cours supérieur du fleuve, la~ glace se désagrège plus tôt que dans le cours inférieur< mais avant le i" juin le fleuve n'est pas dégagé. Vers le mii lieu d'octobre il se recouvre de nouveau d'une glace qui se, fixe vers le mois de novembre. Sa surface est si inégale qu'i.i est impossible de marcher dessus, jusqu'à ce que les tempêtesd'hiveraient fait disparaître les inégalités en lesremplissant de neige. Même alors la marche y est encore fort pénible. Pendant les trois hivers qu'Ogilvie passa au Klondyke, il tomba à peu près la même quantité de neige d'environ i mètre d'épaisseur. La chute de neige est assez également répartie sur lesmots d'octobre à avril. Cependant il résulte des observations de trois années consécutives que, pendant les mois d'octobre et novembre et ensuite le mois de février, il neige le plus. Juin, juillet et septembre sont les mois les plus humides. Nos lecteurs n'ont pas perdu le souvenir de l'intéressant voyage au Klondyke, que nous avons publié cette année et ils savent déjà combien est rude le climat de ce prétendu Eldorado. LA 7<EV<~E DU BRÉSIL

Le Climat de l'Amazone. JVï

F.

de Santa Anna Nery entend relever, dans cette

dans revue, certaines appréciations erronées contenues l'Amérique du Nord article fait par un écrivain

de

sur le bassin de la Plata, représenté comme étant par excellence un pays de colonisation pour la race blanche. D'un autre côté, comme pour établir un contraste, l'écrivain présentait le bassin de l'Amazone comme tropical et rempli de malaria. C'est contre cette dernière assertion que M. de Santa Anna Nery proteste énergiquement. Tout d'abord, il réfute d'une manière concluante le préjugé d'après lequel un climat tropical doit être nécessairement malsain, et il cite à ce propos l'opinion autorisée de M. Emmanuel Liais, l'éminent astronome. Pour ce qui regarde plus spécialementla vallée de l'Amazone, il reproduit le témoignage de Maury, le météorologiste américain. Ce témoignage est confirmé par MM. les lieutenants Ilerndon et Giblon, de la marine fédérale des Etats-Unis, qui, chargés d'une exploration dans la vallée de l'Amazone, ont publié le résultat de leurs investigations officielles. Ils sont d'accord avec M. Wallace, le naturaliste anglais bien connu. En résumé, la réponse de M. de Santa Anna Nery à l'écrivain américain est une réhabilitation complète du climat de l'Amazone, dont il établit la salubrité parfaite. Il y a peut-être quelque exagération dans ce dire si formel. NATIONAL GEOGRAPIIICAL MAGAZINE

Washington.

Les Montagnes Rocheuses. rN t8~ et en

)8c)8, le professeur Norman Collie fit deux 1~ voyages d'exploration dans cette partie des montagnes Rocheuses du Canada située entre la passe de KickingHorse (ruades du cheval) au Sud et la source de l'Athabasca au

Nord. Lors du premier voyage, il aperçut du mont Freshfield, à 56 kilomètres au Nord, une haute montagne de 4 25o à 4 55o mètres de hauteur. Il crut y voir soit le mont Brown, soitle mont Hooker, auxquels on attribuait une hauteur respective de 4 85o et 4 55o mètres. En )8o3, le professeur Coleman partit de Morley et parvint à la passe d'Athabasca. Son frère gravit le sommet le plus élevé situé au Nord de la passe, probablement le mont Brown, et qui avait seulement 2 ?5o mètres. Une question se présentait alors d'elle-même Coletrompé, ou bien existait-il deux passes d'Athas'était-il man basca ? Le professeur Collie et son compagnon revinrent à leur campement, à la passe de Saskatchewan, sans avoir résolu la question des monts Brown et Hooker et du Commitee's Punchbowl. De retour en Angleterre, il consulta la relation de voyage de David Douglas à la passe d'Athabasca. En se basant sur la description des deux montagnes donnée dans la relation de Douglas, on peut affimer que le mérite d'avoir établi avec exactitude la hauteur réelle des monts Brown et Hooker revient au professeur Coleman. Durant ~o ans ils ont été indiqués sur les cartes comme les sommets les plus élevés des montagnes Rocheuses. Il ne reste plus de doute maintenant sur la position des monts Brown et Hooker et du Punchbowl. Que Douglas ait gravi un pic de 5 200 mètres en un après-midi, comme il le raconte dans sa relation, cela était impossible. Il est beaucoup plus vraisemblable que ce fut le mont Brown, de 2 ~So mètres, du professeur Coleman. Il y avaitseulement une passe d'Athabasca. De chaque côté de la passe se trouvait une montagne au Nord, le mont Brown, 2 ?.5o mètres, le plus élevé; au Sud. le mont Hooker. Entre eux se trouve un petit lac de ô mètres de diamètre, le Commitee's Punchbowl. Les pics situés vers le Sud, parmi lesquels l'expédition voyagea au mois d'août dernier, étaient nouveaux pour elle, et ils sont probablement les points culminants des montagnes Rocheuses du Canada.


La Télégraphie électrique sans fil Il a été &MMCOM/) question, dans ces derniers temps, de « télégraphie sans fil », et on ~a~7~~ beaucoup encore de cett merveilleuse application de l'électricité. Il MOM~ semble donc qu'il y a lieu d'en &MM ~~MCf~)OMf nos lecteurs le ~ftMC:'&e le mécanisme et

l'utilisation.

Tour d'abord, « T~M~M électrique sans fil

est la dénomination exacte qui convient au nouveau système de correspondance télégraphique sans fil continu, par ondulations électriques, car la simple expression « télégraphie sans fil » pourrait s'appliquer tout aussi bien à l'ancien système Chappe, ainsi qu'à la télégraphie optique et à la télégraphie pneumatique, qui ne sont cas électriques. Pourquoi la télégraphie électrique ordinaire estelle obligée d'employer des conducteurs métalliques, sous forme de lignes aériennes, souterraines. ou

sous-mari-

détermine dans ce dernier, soit un courant continu, soit une série d'ondes électriques oscillantes, dont l'amplitude décroit suivant la même loi que celle d'un diapason ébranlé par un choc et dont le mouvement n'est pas entretenu, comme l'a montré, il y a déjà longtemps, Thomson. Le professeur Henri Hertz, de Carlsruhe, a eu le très grand mérite de mettre en évidence, en t888, que l'oscillation électrique produite par la décharge d'un condensateur ne se propage pas seulement dans les circuits fermés, mais peut se transmettre à

nes ?

Parce que la forme d'énergie élec1. ~rr·ne trique qu'elle utilise consiste en ur courant continu qui ne peut circuler que dans des circuits fermés et bons conducteurs. Pour ces courants continus, l'air est un diélectrique, c'est-à-dire un mauvais conducteur et même un milieu

isolant.

On ne pouvait donc songer à établir des communications télégraphiques électriques M~M fil, tant que

l'on n'utilisait que cette forme spéciale d'énergie électrique: le courant continu, qui ne peut se propager que par l'intermédiaire de corps bons conducteurs. Mais l'énergie électrique présente d'autres modalités. On sait qu'on peut en accumuler par influence des quantités considérables sur des surfaces relativement petites, au moyen d'appareils condensateurs qui se com posent essentiellement de deux corps conducteurs séparés par un corps non conducteur, et dont la bouteille de Leyde est le type le plus connu. Nous n'avons pas à rappeler comment la bouteille de Leyde se charge par influence et comment on en obtient la décharge instantanée en établissant une communication entre ses deux armatures. Or, lorsqu'on décharge un condensateur dans un circuit, suivant certaines conditions de capacité du condensateuret de résistance du circuit, cette décharge

travers le ~/<c<f!-

que, c'est-à-dire à

travers l'air ambiant

RADlQ-CONDrCrE"R.

lui-même, sans

conducteur métaHique, et avec les mêmes périodes de vibration, sous forme d'ondes perceptibles dans un certain rayon autour du point où elles ont été produites. C'est donc ,à bon droit que l'on a donné à cette modalité de l'énergie électrique le nom d' « ondulations de Hertz )) ou d' « ondulations hertziennes ». Les cercles concentriques produits à la surface d'une eau tranquille par la chute d'un corps donnent une image approximative du mode de propagation des ondulations hertziennes à Ir. suite de la décharge d'un condensateur, avec cette différence toutefois qu'au lieu d'être limité «K~M. comme cela a lieu sur l'eau, l'ébranlement électrique se propage, à travers l'espace, ~aM toutes les ~rec/MM~, comme le ferait une onde sonore ou une onde lumineuse. Hertz montra que ces ondulations traversent les milieux isolants, se réfléchissent, se dispersent et se réfractent partiellement à la surface de séparation de deux milieux différents, sont complètement arrêtées par une faible couche conductrice, peuvent donner lieu à des interférences, etc., etc. Leur mécanismede propagationprésentedoncla plus grande analogie avec celui de la propagation des rayons lumineux. Naturellement, l'étendue du rayon dans lequel


les ondulations hertziennes exercent leur action dépend beaucoup de l'énergie et de la disposition de la source qui )es produit. Pour ses expériences, Hertz employait comme condensateur un système de deux sphères méta))iques, creuses reliées aux bornes d'une bobine de RuhmkorfT. qui, à chaque alternance Su courant induit, renouvelait leur charge, et leur décharge avait lieu entre deux petites boules de laiton auxquelles elles étaient retiées

court.

respectivement par un conducteur rectiligne assez Ce

ques,

générateur d'ondes ou d'osci))ations éiectrinommé pour cette raison OM~a/ct~ ou oscilla-

présente quelques inconvénients. Lfs étincelles qui,éc)atent entre les petites boules de laiton oxydent leurs surfaces, les rendent rugueuses, et il faut les polir très fréquemment pour que leur fonctionnement soit régu)ier. MM. Sarrazin et de la Rive. dans leurs expériences sur les ondulations hertziennes, ont fait disparaître cet inconvénient de Hertz,

en plaçant ces boules dans un récipient contenant de l'huile

d'onve. M. Righi a encore

perfec-

tionné l'ondulateur. 1I emploie dès sphères pleines, qui permettent d'obtenir des oscillations perceptibles une~istancepres-

j\'~tt

«t~xMp~p

cette nu'nn neut

atteindre avec des boules creuses de même diamètre de. même écartement. Chaque sphère est encastrée dans un cadre d'ébonite une enveloppe de parchemin entourant ces cadres constitue un récipient étanche dans lequel se trouvent les deux hémisphères en regard. Dans cette cavité est versée de l'huile de vaseline convenablement épaissie par l'addition de vaseline, et comme )e potentiel nécessaire pour qu'une étincelle parte dans ce liquide est beaucoup plus é)evé que pour une couche d'air de même épaisseur, i'énergie de cette étincelle est plus considérable. Voilà donc comment on produit aujourd'hui les ondulations de Hertz.. Mais comment les perçoit-on ? Comment décè!et-on leur présence ou leur passage ?

l'action à distante que produit dans certaines circonstances leur ébranlement électrique, anaPar

logue à l'action de la lumière sur le sélénium. Le sé)énium est une substance isotante en temps ordinaire elle devient instantanément conductrice de Fétectricité sous l'action des radiations lumineuses, et p"rd cette~propriété dés que l'excitation disparait. même, Zehnder a fait Fexpérience suivante Les électrodes d'un tube à videre)iées au pôle d'une pile ne dônnent passage à aucun courant. Que ce tube vienne à être frappé par une oscillation de Hertz, il devient conducteur le courant passe et l'illumine, Cet effet, obtenu à plusieurs mètres de distance d'une bouteille de Leyde que l'on décharge, est des plus frap-

De

pants.

Les oscillations de Hertz anectent, a distancerez substances et les appareils les plus. variés les p)aques\ photographiques,les'piles thermo-électriques, le bo)omètre, des formes infiniment variées de résonateurs. etc., etc. Boltzmann, en produisant des oscillations élec-

lectriques dans le voisinage d'un électroscope à feuilles d'or, a provoqué sa charge à travers un conducteur présentant une solution deço~.in~te'.trés étroite, mais qui eût néanmoins empêché la charge si l'oscillation ne s'était pas produite. Ce phénomène est du même genre que celui par lequel les ondulations de Hertz communiquent la conductibilité aux corps pu)véru)ents, phénomène capital sur lequel nous allons donner quelques détai!s. En i89oet )8Q). M. Branly, professeur à l'Université catholique de Paris, publia plusieurs mémoires sur les variations dè conduclibilité qu'éprouvent, sous des influences èlectriques, certaines

substances présentant

des

contacts imparfaits grenailles, !imai!)es, substances conductrices en poudre, etc. Normalement, la conductibilité de ces substances est nulle; mais sous l'influence de la décharge d'un condensateur, elles deviennent conductrices. Elles conviennent donc 'à merveille pour indiquer la présence des ondulations électriques de Hertz, A cet effet, M. Branly a imaginé l'appareil suivant qu'il désigne sous le nom de tube radio- conducteur (~. <). )i est formé d'un tube de verre de 2 millimètres et demi de diamètre A, où glissent deux cylindres d'argent bien ajustés B, reliés respectivement aux deux pèles D d'un circuit électrique. Entre les deux cylindres est ménagé un intervalle d'un millimètre C, qui est rempli de limaille. Aucun courant ne peut passer à travers le radioconducteur, à moins qu'une onde hertzienne ne vienne rendre la limaille conductrice. H suffit ensuite d'un choc sur le tube pour ramener immédiatement la limaille à son état primitif et interrompre le courant. C'est cette possibitité de produire et d'interrompre à votonté un courant dans un tube radio-conducteur, au moyen d'ondes hertziennes transmises sans fil à travers l'espace, qui a donné l'idée d'utiliser ce dispositif pour établir à distance une communication

té)ëgraphiqueé)ectrique.

En'effet, chaque alternance du courant peut déclencher un relai fermant le circuitd'une pile puissante au moyen de laquelle on peut faire fonctionner un récepteur de Morse, et aussi un marteau de sonnerie, qui en donnant un choc au tube à limaille interrompt le circuit. On peut donc transmettre à distance les signaux longs et brefs de l'alphabet de Morse, et par conséquent établir, par ce moyen, toute une correspondance téié-

graphique.

Tel est le principe du système de tétégraphie


l'une des boules de l'oscillateur est adaptée une antenne, long fil vertical qui porte l'oscillation dans l'atmosphère au sommet d'un mât élevé, de façon à l'orienter, et à la transmettre à travers l'espace avec A

toute sa puissance. Elle est reçue, au poste récepteur, par une antenne semblable qui joue le rôle de paratonnerre et transmise à un appareil ainsi composé 3)

(/

Un tube radio-conducteurN 2° Un élément de pile P, un relais Preece R et deux bobines de réactance, en circuit avec le radio-conducteur 3° Un récepteur Morse M et une pile locale Q, dans le circuit de travail du relais 4° Un trembleur électrique S, également actionné 1°

électrique sans fil que M. Marconi a fait breveter au cours de 180~. Cet ingénieur, qui appartient à une riche famille de Bologne, avait alors vingt-deux ans et demi. Depuis quelques années, il s'occupait d'électricité, et depuis dix-huit mois, il se livrait à des études, à des recherches et à des essais pour amener à point sa décou-

verte.

Depuis lors, des expériences sans nombre de communications télégraphiques sans fil au moyen du procédé de M. Marconi, par l'intermédiaire des ondes hertziennes, ont été faites en Italie, en France, en Angleterre, en Amérique et ailleurs, et les appareils transmetteurs et récepteurs des ondes ont été progressivement perfectionnés. Voici quel en est actuellement le

dispositif.

transmetteur (fig. 2) se compose !° D'un ondulateur de Righi A, que nous avons précédemment décrit, porté par un càdre d'ébonite et pourvu de deux sphères excitatrices reliées aux bornes du fil secondaire de la bobine. Le

D'une bobine de Ruhmkorff B; 3° D'une batterie d'accumulateurs G 4° D'une clef Morse K, placée sur le trajet du cir2°

cuit primaire de la bobine.

Au moyen

delaclef,

on peut

fermer le circuit de la batterie

pendant un

temps plus ou moins long n

contact court

donne naissance à une succession d'ondes de courte durée un con-

tact prolongé occasionne

un

mouvement ondulatoire de longue durée. Ce sont les deux signaux élémentaires du code Morse: le ~o<M< et le trait.

par le relais lorsqu'il est dans la position de travail. Toute onde hertzienne, brève ou courte, transmise par l'antenne au tube radio-conducteur, ferme le

circuit du relais et actionne le récepteur Morse, en même temps que le trembleur, qui par son choc sur le tube interrompt chaque fois le circuit. La portée de ce curieux système de transmission télégraphique, illimitée en théorie, est encore limitée dans la pratique, et variable suivant les circonstances. C'est à la surface de la mer, où les ondes rencontrent le moins d'obstacles, que la plus grande portée a été atteinte. Le 30 mars, on a communiqué par-dessus la Manche, de France en Angleterre, entre Wimereux et Douvres, soit à une distance de $y kilomètres. La télégraphie électrique sans fil a déjà été appliquée en diverses circonstances où la télégraphie ordinaire est inutilisable. Le ToMf du Monde a signalé notamment les services qu'elle a rendus au bateauphare de East-Goojwin, qui se trouvait en perdition, en provoquant des secours du phare de South-Foreland ni l'obscurité ni le brouillard ne sont des obstacles à son emploi. Un des derniers faits à son actif s'est passé au


cours des grandes manœuvres de la flotte anglaise. Le croiseur /:<Mo a pu communiquer avec le navire amiral, à une distance de trente milles marins, grâce à la télégraphie électrique sans fil. Aucune autre méthode n'aurait pu donner semblable résultat. Il y a donc tout lieu de prévoir que, grâce au

perfectionnement dont eUe est encore susceptible, la télégraphie électrique sans fil par les ondes hertziennes, est appelée à prendre de grands développements et à rendre des services considérables.

« Officiellement, a-t-il dit, nous sommes liés par

les traités et ne devons rien faire qui leur soit en opposition directe, mais Yu-Man-Tzé nous offre ses services

et nous ne pourrions trouver un meilleur auxiliaire, vu que, lorsque nous nous en serons servis, nous ne manquerons pas de prétextes pour nous en défaire. » Après cela, nous ne devons plus nous étonner si, malgré les ordres de la cour et l'envoi de forces contre le banditYu-Man-Tzé. ta vie de notre compatriote n'a pu être sauvée. Une fois de plus, la duplicité des Chinois a été mise à jour.

La Mansuétude des autorités chinoises pour les rebelles

La Mesure décimale de la Circonférence

T~tos lecteurs se souviennent que Yu-Man-Tzé, te chef des rebelles du Kouang-Si, a capturé un missionnaire français, le P. Fleury. Nous empruntons à l'Echo de Chine et à r~MMM' du Tonkin des détails fort intéres-

ILL y a un siècle, les illustres fondateurs du système métrique avaient pensé à achever leur réforme par l'adoption de la mesure décimale de la circonférence et la suppression de la mesure en 360 degrés, fractionnés en 60 minutes et 3 600 secondes. L~ uutcau ues longitudes, d'accord avec la marine, vient de tenter un essai de mesure décimale du cercle. Pour rendre cet essai intéressant, c~est-à-dire pour le mettre autant que possible en conformité avec la pratique, M. le capitaine de frégate Guyou, membre de l'Académie des sciences, avec le concours des membres du Bureau des longitudes, a fait dresser un recueil d'éphémérides, une série de tables et de types de calculs propres à étudier, au point de vue des intérêts de la navigation, les avantages que pourrait offrir l'extension du système décimal à la mesure de la circonférence, et pour se rendre compte des difficultés que rencontrerait l'accomplissement de cette réforme. Ces expériences consistent à établir sur un certain nombre de navires, pendant une période de neuf mois, un régime analogue à celui qui serait adopté si la réforme était décidée. Chacun des navires, qui seront appelés à une navigation assez active pendant la période dont il s'agit, recevra, avec le recueil, des cartes marines et des instruments gradués en unités décimales, ainsi que des tables de logarithmes appropriées Des officiers, spécialement désignés, seront chargés de faire avec ces instruments et ces tables toutes les observations et tous les calculs nécessaires à )a conduite du navire à la mer. En outre, l'École navale et un certain nombre de professeurs d'hydrographie seront plus spécialement chargés de l'étude des facilités qu'apporterait la réforme aux calculs nautiques. 11 y a déjà quelque temps que les navires désignés ont été mis en possession des éléments préparés par le Bureau des longitudes. Nous croyons savoir que les officiers de marine, si familiarisés pourtant avec le mode ordinaire de mesure en ;60°, puisque c'est celui qu'on leur a enseigné et qu'ils pratiquent journellement, se sont habitués très facilement au maniement de la mesure décimale et qu'ils se montrent favorables à son adoption.

sants sur ce rebelle. Yu-Man-Tzé est tout simplement un condamné à mort nnnr m~r'-tr~ ~t Le père Fleury exerçait son ministère justement dans le pays deTa-Tsiou, où avaitjadisopéré Yu-ManTzé. Notre compatriote porta plainte un jour aux mandarins contre des Chinois qui l'avaient insulté et avaient cherché à le tuer. Malgré eux, les mandarins lui firent justice, mais, en bons Chinois, cherchèrentettrouvèrent le moyen de lui nuire. Pour commencer, ils facilitèrent l'évasion de Yu-Man-Tzé qui, en prison, attendait l'exécution capitale à laquelle il avait été condamné.

indubitable. En effet, le premier soin de Yu-Man-Tzé, dès sa sortie de prison, futd'enlever le père Fleury et de déclarer hautement que son but était de chasser les Européens du territoire chinois. Il affirma qu'il avait eu la liberté à ce prix-là et qu'il pouvait compter sur l'appui des mandarins. Aucun de ces derniersne l'a contredit et beaucoup d'entre eux lui ont adressé leurs félicitations. Le père Fleury fut enlevé de nuit, tandis que les La chose est

bandits de Yu-Man-Tzé égorgeaient les deux domestiques du missionnaire.

« Une chose curieuse à constater, dit l'Avenir </M Tonkin, c'est que malgréles démarches soi-disant faites par les mandarins pour obtenir la mise en liberté du captif, malgré les refus et les demandes d'argent du bandit chinois, malgré Ics honneurs à lui conférés par la cour de Pékin et malgré même la mise à prix de sa tête, les meilleures relations n'on y~)MM cessé d'exister entre lui et les autorités chinoises. « Voilà sur quel individu les mandarins et lettrés chinois s'appuient pour lutter contre l'Europe et chasser de Chine les étrangers. En agissant ainsi, ils préparent de bien grands malheurs à leur patrie. « Dans une réunion où étaient présents de nombreux dignitaires, l'un d'eux a pris la parole et a clairement expliqué qu'il fallait que les Chinois agissent avec la plus grande prudence.


La Décadence des

Établissements français en Océanie nations maritimes nous donnent présentement un exemple que nous devrions suivre elles se préoccupent avec activité de leur situation en Océanie/Les Etats-Unis se remuent beaucoup dans cette cinquième partie du monde, où ils s'établissent aux Sa/tdwich et dans y.une des Mariannes, afin de s'assurer une ligne de DLUSŒURS

signaler que la vanille, dont la qualité est très apprécièe et qui se vend de t$ à 20 francs le kilog. En même temps que la production intérieure déclinait, le commerce d'importation s'affaissait. Et ainsi Tahiti, malgré l'intelligence et les qualités remarquables de sa population indigène, semble atteint d'une irrémédiable décadence. D'ailleurs, le mouvement commercial en général a été frappé d'une grave déchéance. De 9 200 ooo francs en 1868, il est tombé à moins de 5 millions en t8c)~ Si l'on envisage la provenancedes produits, on fait pour les produits français des remarques fâcheuses. Nos importations de France n'occupent pas le rang qui devrait leur revenir. Sans doute Tahiti, par sa situation géographique, est surtout tributaire des marchés de San

Francisco

et d'Auckland; mais vraiment la France pourrait bien importer dans ces

possessions océaniennes des vins,

communication

avec les Philippines. L'Allemagne revendique

des conserves,des

rubans, etc. Or le chiffre de ces importations est in-

énergiquement sa part d'action aux

signifiant.

Samoa, et achète aux Espagnols les

L'infériorité de la France dans

Carolines, les Males exportations riannes et les est également consCAHTEDmt'OSSESSt'NS~RASr.uSESËNOCLA~tL. Palaos, sans néglitatée. C'est ainsi États-Unis qu'en i8c)8 les ger les îles Marshall et autres. L'Angleterre est là, ont exporté pour t 022 ooo francs, la Nouvelle-Zélande et l'Angleterre pour comme partout, très largement dotée et très agissante. Quant à nous qui possédons, sous le nom d'établis6()6,ooo francs et la France tox ooo francs seulement. sements français de l'Océanie, tout un groupe d'îles, A cette situation, il y a plusieurs causes. nous ne paraissons guère nous en soucier. Ce sont En premier lieu, les maisons françaises ne se prêassurément les plus dédaignées de nos possessions tent pas assez aux goûts et aux désirs despopulations lointaines. Nous les laissons dans une sorte d'abandon. les prix de leurs produits sont plus élevés que ceux Ces Etablissements se composent de Tahiti, des des maisons anglaises, américaines ou allemandes. ite.s Marquises, des Touamotou, des Gambier, des îles C'est, du reste, ce que, de tous les points du monde, Toubouaï et Rapa, pour ne citer que les principales. on reproche à nos commerçants. Ce qui,manque également à Tahiti, c'est la conS'il ne s'agissait que de territoires sans fertilité fiance des capitaux français, c'est aussi, il faut bien le et sans avenir, on se résignerait à en subir l'abandon. dire, la sollicitude de l'administration supérieure. On Mais il n'en va pas ainsi. Ort est fixé depuis longtemps sur la valeur de ces terres lointaines et sur leur ferne s'est jamais beaucoup occupé de mettre en valeur tilité. Malheureusement, cette source de richesses cet archipel océanique, et l'on a trop peu fait pour y

n'est pas exploitée. Sur t ic) ooo hectares cultivables, on en compte à peine 510 qui sont cultivés. Tout a dépéri, à ce point que de 17 ooo cacaoyers que possédait Tahiti en 1886, il n'en existe plus un seul aujourd'hui.i. L'agriculture devait être encouragée. Peu à peu on lui a retiré tout appui. La culture du coton a même été paralysée. Les exportations de ce textile sont de-

venues nulles. Les voies de circulation rapide que demandaient les colons ont été renvoyées aux calendes grecques. C'est ce qui a forcé ceux d'entre eux qui avaient eu l'intelligence d'entreprendre la plantation de la canne à sucre à interrompre leur industrie. 11 en a été de même de l'industrie du coco râpé et de celle du jus de citron. 11 n'y a d'autre produit exportable à

attirer une colonisation sérieuse.

Mais la cause la plus réelle de ce développement

insuffisant des relations commerciales entre l'archipel océanien et la France consiste dans le défaut de communications directes entre la métropole et la colonie. L'archipel est dépourvu de services directs avec la France, tandis qu'il dispose d'une ligne mensuelle entre Papeete et San Francisco. Dans un rapport paru récemment à l'Officiel, le ministre des Colonies a signalé certains faits qui dénotent les singulières pratiques tolérées dans cette possession française. H y avait jusqu'ici, pour tous les Etablissements en question, un seul conseil général siégeant à Tahiti et ainsi composé: 4 conseillers pour la ville de Papeete, 6 pour


le reste de Tahiti et Moorea, 2 pour les iles Marquises, 4 pour les îles Touamotou, pour les îles Gambier, et i pour les îles Toubouaï et Rapa. Or, dit le ministre, les archipels, qui sontreprésentés par huit voix au conseil général, ne disposent

d'éléments aptes à faire partie d'une assemblée élue; en outre, les difficultésdes communications entre Tahiti et ses dépendances sont telles que celles-ci sont obligées de choisir leurs représentants parmi les habitants du chef-lieu, si elles veulent assurer leur présence régulière aux réunions du conseil ou de la commission coloniale; ce choix porte le plus souvent sur des membres du conseil municipal que le décret du 20 mai 1890 a créé à Papeete. Dans ces conditions, les conseillers généraux étaient portés à négliger leurs mandants pour s'occuper de préférence de la ville qu'ils habitent. M résulte de cette situation, continue le rapport de M. Decrais, que la commune de Papeete et l'iie de Tahiti bénéficient souvent, dans des conditions anormales, des libéralités du Conseil général, et que la coalition des représentants du chef-lieu avec ceux des archipels assure à des besoins spéciaux des ressources qui devraient, en bonne équité, profiter aux intérêts généraux de nos établissements. M. Decrais cite, entre autres faits, la suspension. j~ aux marquises du courrier de San Francisco; l'ajournement pendant deux ans de la planimétrie des Touamotou et plus tard de l'étude de questions fort intéressantes pour la pêche des huîtres perlières aux Touamotou et aux Gambier. Le ministre établit ensuite que le budget local des Établissements français de l'Océanie tire une très grande partie de ses ressources de ces archipels mêmes, dont les intérêts sont trop souvent méconnus par l'Assemblée. C'est ainsi que les recettes effectuées pendant l'exercice 1897 font ressortir à l'actif de Tahiti et Moorea une somme de 514 450 francs, alors que les Marquises, les Touamotou, les Gambier et les Toubouaï ont produit 468 850 francs. Or, les prévisions de recettesdu budget du même exercice avaient été ainsi établies Tahiti et Moorea, 887 ioo francs; les archipels, 96 200 francs. Etabli sur de pareilles bases, le budget présente un semblant d'équilibre entre les revenus produits par les dépendances et les dépenses qu'ellesoccasionnent à la colonie, alors qu'en réalité il n'en est rien, les premiers excédant, et de beaucoup, les secondes. Les archipels auraient donc tout avantage à recouvrer leur autonomie administrative et financière, et à l'aide d'une ce but pourrait être facilement atteint organisation semblable à celle dont le décret du 28 juillet 1897 adotélesiles Sous-le-Vent. En conséquence, M. Decrais a proposé au Président de la République, qui les a signés, deux décrets décidant que les îles Marquises, les îles Touamotou, les iles Gambier, Toubouaï et Rapa forment autant d'établissements distincts et sont placées sous la haute autorité du gouverneur de Tahiti, qui y exerce, par l'intermédiaire des chefs d'administration et de service de la colonie, et par celui de l'administrateur de chaque archipel, les pouvoirs et attributions qui lui sont dévolus. La mesure administrative proposée par le minispas

,<

l'tic

tre des Colonies ne pourra que servir tes intérêts particuliers de nos différentes petites possessions océaniques. Elle indique, au surplus, qu'on n'abandonne pas tout à fait ces possessions à elles-mêmes. Et, en cela, elle mérite d'être signalée. Mais il faudrait faire plus et mieux, si nous voulons ne pas laisser péricliter nos établissements en Océanie. Comme nous le disions au début de ces lignes, l'exemple des autres nations maritimes nous invite à ne pas détourner nos regards de cette cinquième partie du monde. En demandant au Parlement allemand d'approuver le projet d'achat des Carolines, M. de Bülow disait <[ La situation des îles nouvellement acquises est très bonne, et, maintenant qu'elles nous appartiennent, nous pourrons plus facilement~dévelopL'indusper nos autres possessions et en tirer profit. trie et l'esprit d'entreprise des Allemands pourront désormais agir dans ces régions dans des conditions ~out autres et beaucoup plus favorables que précédemment. l'océan H y a de la place pour plus d'un peuple dans n puis~. les Pacitique, et il n'y a pas de raison pour que sances qui y ont des intérêts n'y poursuivent pas, côte à côte, leur œuvre pacifique de civilisation en prenant pour base l'équité et l'estime réciproque. Les îles que nous avons acquises n'étaient plus pour l'Espagne que les débris d'un édifice écroulé. Pour nous. an rnn~L~ c,uiiL ues pmers et des contreforts pour notre nouvel édifice colonial, qui avec la volonté de Dieu aura un riche avenir. » Méditons ces paroles et faisons-en notre profit personnel. Nous avons besoin de points d'appui dans le Pacifique la Nouvelle-Calédonie, les archipels de Tahiti et autres nous sont nécessaires et nous devons maintenir nos droits sur les Nouvelles-Hébrides. C'est en sachant avoir une politique suivie que nous pouvons conserver quelque autorité au nom de la France dans ces mers lointaines.

\l.

Léon Diguet ?/[

est né au Havre le 25 janvier 1859, et de bonne heure il eut le goût des voyages et des missions scientifiques. Ses études de chimie l'y affermirent et le poussèrent à élargir le champ de ses recherches. Aussi accepta-t-il avec empressement un poste de chimiste dans une exploitation minière au Mexique, et il partit pour ce pays en 1889. Tels furent son premier voyage et son début d'explorateur. Pour revenir en France (t8o2) il parcourut tout le Mexique à cheval, réunissant d'intéressantes collections au double point de vue de l'ethnologie et de LÉON DiGUET

l'histoire naturelle.

En 1803, le ministère de

l'Instruction publique

l'envoya en mission explorer la Basse.-Californie; cette


longue presqu'îledésertique n'avait jamais été explorée très sérieusement. Aussi Léon Diguet rapporta-t-il de son second voyage (1893-94) une collection de docutoujours au point ments pour la plupart inédits de vue ethnologique, géologique et botanique. Une troisième fois ( 1896-08), Léon Diguet repartit pour les mêmes régions. Ses études se portèrent principalement sur la Sierra del Nayarit, située partie dans le territoire militaire de Lepie et partie dans l'Etat du Jalisco, et habitée par des indigènes qui ont conservé leur caractère autochtone grâce à l'inaccessibilité de leur pays. Cette région porte plusieurs noms, indépendamment de celui de Nayarit Sierra del Alica, Sierra del Lepie, Sierra de los Coras, Sierra de los Huichols, etc., etc. Ces deux derniers noms sont ceux des peuplades indiennes visitées par Léon Diguet, et qui ont conservé leurs us et coutumes depuis des temps immémoriaux elles n'ont été connues que par les Jésuites, après l'établissement des Conquistadores, et par le savant Lunolz. Déjà, à son second voyage, notre compatriote nous avait fait connaître le .S'MMo~Mt C~b~M'ea, un succédané du cacao, que les indigènes vont chercher dans des districts très arides de la Basse-Californie. Mais son troisième voyage, entrepris et poursuivi avec méthode, lui a permis de recueillir une ample moisson de documents aussi nouveaux qu'intéressants, entre autres, des tissus huichols représentant des attributs de la noblesse, artistement travaillés, et dont l'un, un aigle à deux têtes très héraldique, personnifie Ta-Te~M~tM (le dieu du feu) et Ta-Hiao (le dieu du soleil). Les travaux de M. Diguet ont été publiés dans de nombreux mémoires. Le dernier, présenté le 26 juin dernier par M. Edmond Périer à l'Académie des Sciences, jette un jour nouveau sur la genèse de la vraie perle, qui se forme d'une façon tout autre qu'on se l'était figuré jusqu'alors.

d'entre eux furent d'avis que cette femme mystérieuseavait dû vivre bien avant Adam Depuiscertainsarchéologuesquiont spécialement étudié les Mayas et les Quiches, ces ancêtres préhistoriques des Indiens de l'Amérique centrale, on admet qu' it existait dans cette contrée, il y a <i~ooans, une race à laquelle on peut attribuer les palais et édifices dont on étudie encore les ruines, toujours mystérieuses, dans ques-uns

le Yucatan et le Mexiqueméridional. C'est à cette race que parait appartenir la femme momifiée de Yosemite. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'on découvre des sépultures de ce genre un archéologue mexicain, M. S.Marghieri, a trouvé dans une excavation de la Sierra Madre, à deux cents milles au Sud de

Dening, dans le vieux Mexique, quatre momies d'individus qui étaient, sans aucun doute, le père, ta mère et deux enfants, enveloppés dans des linceuls faits probablement en poils d'animaux. Elles ornent maintenant le musée de la Société des mines de Californie. Quant aux momies de Yosemite, qui se trouvent également en parfait état de conservation, on peut les voir à Topeka, au musée de la Société d'histoire de l'Etat du Kansas. Elles sont enveloppéesdans un linceuI raide comme du parchemin, formé aussi, sans doute, de poils d'animaux. Les cheveux de la mère sont noirs ses dents, ses doigts, ses ongles sont bien conservés, comme le reste du corps. Les pieds sont carrés à leur partie antérieure; c'est-à-dire, en d'autres termes, que tous les doigts sont dela longueur de Forteit. C'est là un des caractères que les archéologues attribuent aux peuplades qui habitaient, dit-on (?), sur la côte du Pacifique, des milliers d'années avant l'existence présumée d'Adam.

Le capitaine A. Massy. En campagne, aux colonies. Volume in-° de 140 pages, avec de nombreux croquisdans le texte,

teur.)

2

fr. 5o. (Paris, Henri-Charles Lavauzelle, édi-

tL rations guerre dans les colonies ne ressemble en rien aux opéeuropéenne; militaires d'une A

Découverte d'une momie gigantesque en Amérique ON vient

de découvrir, dans la vallée de Yosemite, Californie méridionale, la momie d'une femme géante appartenant à une race préhistorique, et qui tenait un enfant dans ses bras. La découverte a eu lieu tout à fait par hasard au cours d'une partie de plaisir, des promeneurs se reposaient au fond des gorges du Yosemite, lorsque l'un d'eux, en soulevant une pierre couverte d'herbe et de mousse, découvrit une large ouverture qui donnait accès à un caveau. C'est là que reposait, depuis combien de centaines de siècles, une momie de sept pieds six pouces, soit de près de deux mètres et demi. Les caractères physiologiques du cadavre, sans

analogie avec ceux d'aucune race connue, excitèrent la curiosité des savants archéo)oguesdu Kansas. Quel-

nous en campagne Madagascar, fait triste expérience où la à nous avons avons préparés de l'armée de mal à leur des généraux terre, vu

tâche, commettre, dans la direction de l'expédition, des fautes lourdes qui ont eu sur la vie ou la santé des troupes

les plus funestes conséquences. D'autre part, les jeunes officiers et sous-ofSciers appelés à servir hors de France

sont souvent très embarrassés pour commander,conduire et diriger les fractions de troupes placées sous leurs ordres. Sans doute, on rencontre rarement deux situations absolument identiques, mais il y en a souvent d'analogues; c'est pourquoi les Simples exemples, dans lesquels le capitaine Massy relate ce qu'il a fait ou vu faire au Tonkin, peuvent, à juste titre, constituer pour les officiers un excellent guide qui leur permettra de trouver plus facilement la solution à des situations difficiles ou dangereuses. Cet excellent ouvrage, véritable cours pratique d'art militaire aux colonies, donne les renseignements les plus complets et le plus souvent inédits sur la conduite des opérations, le commandement, la construction et l'administration des postes militaires, le rôle, les devoirs,les obligations des commandants de poste, les moyens à employer pour maintenir le moral des hommes, les précautions a prendre pour éviter les maladies, etc. On ne saurait trop le recommander à l'attention des officiers de tous grades appelés à servir aux colonies.


France

liées à lui, pour recevoir les aéronautes et

Les Budgets de la Guerre et de la Marine en 1900.

Les dépenses du ministère de la guerre, d'après le projet de budget de iquo, s'élèvent d'abord ào38.)2592[ fr., au titre des dépenses ordinaires, puis à 2.)())3~5o fr., au titre des dépenses extraordinaires, formant un total de 6M 3f)t)h- fr. Les chapitres les plus chargés sont les suivants (dépenses ordinaires):

l'infanterie. detacavateric. l'artillerie

Sulde de

Vivres. Fourrages.

n;8t6f)03fr.

de Gendarmerie

Conservesetsataison'

3001~ 8:2 30 oob 483

3~1~457~ ~4213~8~ 62~32265

Habinementetcampcmen).

70 830 365

Litsmi!itaires.

53~593~9 1166436~

Etablissementsde l'artillcri

21.

Remonte générale du

génie.

]b 388 Iyo

783 140

x5 ~6Ó 700

Au titre des dépenses extraordinaires, nous rcJfvons les chiffres qui suivent 46~3800~.

Armesportatives.

DepensesdëCherbour~

Fortifications. Dëpt-n~esdeBixerte.

1000000

~g~ooo~ 25~2000 Arrivons à la marine: ce département ministériel fait figurer toutes ses dépenses sous la rubrique des a dépenses

ordinaires ));cenes-cis'é)ëventa2]5o]2~ufr.. répartis entreCtOchapitres. Lesplus importants sontles suivants: Officiers demarine et oft'ifier~mécan'cien'; Constructions navales (salaires) (achats pour les constructions neuves). Constructionsnavales (achats de bâtiments)

ArtiHerie. Vivres.

in~nnfr.

tout genre. ooo mètres cubes, t « L'appareil a une capacité de ;o doit posséder une vitesse de )o mètres à la seconde et peut rester une semaine dans les airs.

Italie

Les Forces de l'Italie en Afrique.

militaires italiens en Afrique sont les suivants

41 500 000 33 ooo

i~

2~<~2coo

235<tq<t3o

Subventionatacaissedesinvatides. 1135~800

En ajoutant les dépenses de la marine a celles de la guerre, on constate qu'elles s'élèvent a ~'8 38: .)2) francs. Mais, si l'on voulait se rendre un compte exactdes charges que ces deux départements ministériels imposent au pays, il faudrait rechercher parmi les crédits demandés par le ministère des finances les sommes affectées au payement des pensions de retraite au personnel militaire et au personne) civil qui dépendent du ministère de la guerre et de la marine. On verrait ainsi que les charges, ayant trait aux marchésde la défense nationale, dépassent i miiiiard.

Autriche-Hongrie

Un nouveau ballon militaire dirigeable.

La /<t'/c/fn'e/!<'r, de Vienne, a reçu de Zurich, dit la T~'a~ce les détails qui suivent sur ce nouveau ballon doit s'élever sur le lac de Constance, « Incessamment l'aérostat, nouvellementconstruit, du comte Zeppelin, qui a adopté, dans tous les points essentiels, les principes de la construction en aluminium de l'inventeur Schwarz. L'admi-

w)/i)-

nistration militaire allemande montra un intérêt profond pour la conception géniale de Schwarz. « Le malheureux Autrichien mourut avant que son aérostat pût faire ses preuves, et lorsque enfin son apparei s'éleva, bien qu'il eût exécuté toutes les évolutions prescrites, malgré un orage violent, une maladresse de celui qui le montait entraîna sa cLute. Grâce au comte Zeppelin, qui est lui-même un esprit « l'idée de Schwarz est reprise et elle a reçu de ingénieux, très nombreux perfectionnements .aussi attend-on maintenant avec impatience la première ascensiondu nouvel aérostat. « Les frais de construction de l'appareil s'étèvent. environ, à 200 uoo marks (i mark ) fr. 2.5). Le chantier de construction a été choisi tout près de la rive du lac. A ~oo mètres du bord est ancré le hangar du ballon. Ce hangar a une longueur de t mètres, une hauteur de 20 mètres et une largeur de 23 mètres. Le comte Zeppelin définit lui-même l'appareil en disant que c'est « un transport aérien dirigeable, pourvu de plusieurs compartiments de transport établis l'un à la suite de l'autre L'aérostat soutient deux plusieurs nacelles, étroitement porteur ou

Leb effectif

Offic. et soldats Offic. et soldats

Etat-Major. compagnie de carabiTroupes ou services

biniers.

3 comp. de i

cliass

indigènes. escadron indigène.

6 bataill.

Ouvriers d'artillerie

[comp.d'arti)teurs. 2 batter. indigènes. Train des équipages.

génie. Service de santé. 1 comp. du

o. Service vétérinaire.

Service administratif

) compagnie de côte. Tribunal militaire.

Total.

italiens.

indigènes.

Animaux

33

5

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5. )

i3()5 Soit en tout 6 8)3 officiers et hommes de troupe et 2<~2'

t.3'animaux.Hya.enoutre.àN3n)f"!t'n~

,e,

3u 23 16t, ooo

le matériel de

nuupcsuAinque. ce dépôt comprend 5 officiers et hommes de troupe. Cuirasses d'acier au nickel.- Des expériences ont

eujieu récemment,àTerni,surde nouvelles cuirasses d'acier nickelé destinées aux navires de guerre. A une distance de 800 mètres les nouvelles cuirasses ont résisté à tous les coups de l'artillerie et sont infiniment plus légères que celles en usage. C'est du moins ce qu'affirment certains journaux italiens, qui assurent que cette invention, permettant de construire des vaisseaux légers complètement protégés, révolutionnera la technique navale. La Fabrication du nouveau Fusil. Elle ne sera pas terminée avant neuf ans Le gouvernement ne peut employer à cette fabrication que 3 millions par an. Dans tous les cas, l'été prochain, l'Italie disposera de ~n ooo nouveaux fusils, ce qui est suffisant pour armer l'armée de première ligne et la milice mobile. Les 3.5o uoo fusils nécessaires pour compléter l'armement se feront peu à peu. Chaque fusil revient à l'Etat à ".2 francs.

Roumanie

Effectif de l'armée roumaine sur le pied de

Guerre.

L'armée roumaine achève de se transformer, de se compléter, de s'organiser définitivement. A l'heure actuelle elle comprendrait sur le pied de guerre: Armée active m bataillons, 68 escadrons, ()8 batteries montées et à à cheval, 21 compagniesdu génie; au total io5 ooo hommes environ. 35 quatrièmes bataillons, 40 ooo hommes. Dépôts 5 -oc hommes et, enfin, 'o bataillons de milice, environ "5 ooo hommes. L'effectif total de l'armée roumaine sur pied de guerre serait donc de 3;5 ooo hommes, non compris la flottille. Celle-ci s'est également augmentée; il a été commandé pour elle deux monitors fluviaux et trois torpilleurs pour la défense du bas Danube. Le budget s'est accru d'un crédit extraordinaire de 2o millions, ainsi répartis habillement et nourriture des réservistes, 2 millions; établissement du service de santé du temps de guerre, Poo ouo francs 2 monitors, 3 torpilleurs et torpilles, 4 millions armement' des forts de Bucarest. )?o oou francs; construction de casernes, ~«ooo francs remonte de la cavalerie et de l'artillerie, 3oo ooo francs armes portatives et fusils, 4 minions. Le budget ordinaire pour l'exercice actuel est de t).~3!to.2.~francs.

t. Dont ;86 officier-


De Marseille en Asie Centrale Les Derviches hurleurs de

Scutari.

De Stamboul à Tiflis par Trébizonde et Batoum.

juillet, je prends un des vapeurs qui font le service du Bosphore. Ce développement des deux rives d'Europe et d'Asie est une véritable fête pour les yeux. Tour à tour apparaissent des kiosques LeB

de princes ou de

pachas, c'est-à-

dire des palais de marbre finement sculptés, des villages aux maisons de bois sombre, des villas de tout style, des cafés à

(Suite)

culées se meuvent sur un écran blanc. Les grivoiserie du bonhomme tiennent le public dans un état d'hilarité perpétuel. Le t~. juillet est une fête pour tout 14 juillet. Péra; les magasins français sont brillamment décorés et les rues pavoisées. Commeje ne suis pas venu ici pour assister aux joyeux ébats et aux libations de

gens endiman-

terrasses enguirlandées, des parcs ombreux, au bas de collines qui découpent sur le ciel leurs pins pa-

chés,je pars après

cyprès. Les toits de briques des villages turcs, les verdures épaisses, les teintes mortes

louons deux chevaux et nous gravissons un som-

déjeuner pour Scutari avec le fidèle Constantin.

Près du dé-

barcadère nous

rasols ou leurs

habitations

metpelédunomde Bourgourlou.

TRÉBÏXONDE.

II.

faut une heure à /3'a~'r~t<tte~y<o<o~fa~M<:de.<eHeM<<'MaMtf<et'~faf~c. contrastent avec peu près en allant l'éclat du ciel et la au pas, par une vilaine route entre des maisons de bois clairsemées fraîcheur lumineuse du Bosphore tout zébré d'écume. Parfois, si ce n'étaient les fez qui coiffentles têtes, on se et des jardins poussiéreux. On est parfois tout étonné d'entendre des sons de piano sortir de ces habitations croirait quelque part sur les rives du Léman. turques, en apparence inhabitées. Le gracieux village de Thérapia entoure une Du sommet du Bourgourlou, très belle vue d'enanse où se pressent les caïques dorés et où sont ancrés semble sur Constantinople, la mer de Marmara, le Bosles stationhaires des puissances. Le village de BuyukDéré, avant-dernière escale des bateaux, est le digne phore et les environs,.les lignes droites de la Turquie d'Europe, les mamelons embroussaillés de la Turquie couronnement de cette succession de paysages enchand'Asie. teurs. Le soir, M. H. me conduit à Karageuz un Constantinople gagne à être contemplée ainsi violons grand jardin public, une musique turque, des d'un peu loin, à travers le demi-jour des crépuscules et des fifres, dont les airs étranges seraient agréables ou le poudroiementdes après-midi d'été c'est comme si, en même temps, des chanteurs ne braillaient à tueune femme qui, pour paraître irréprochablement belle, tête de la plus discordante façon. doit être vue à la lueur des bougies ou au travers d'une voilette. De loin les profils grandioses et élégants des Karageuz, c'est le guignol turc; des ombres artides


mosquées, les quartiers immenses noyésdebrume répondent bien à l'idée que nous nous faisions de cette merveilleuse Stamboul et à la splendeur dont nous la revêtions dans nos rêves. De loin on ne voit pas les dessous

sordides de cette ville fantasmagorique, qui, de jour en jour, perd son cachet oriental, enfumée par les vapeurs, enlaidie par les hautes bâtisses et par les grandes cheminées noires, ces sombres minarets de l'industrie moderne. Nous redescendons, toujours dans une affreuse poussière, vers le tekké des derviches hurleurs. Pour y arriver on longe le cimetière neuf de Scutari, un grand bois de cyprès sous lequel se dresse une moisson de pierres tumulaires coiffées du fez ou du turban.

Nous voici dans la salle des hurleurs. A droite et à gauche d'une sorte dee niche garnie de panoplies, des imans, des derviches sont assis surleursjambes

croisées

ils

ont de longues barbes, des têtes

ascétiques,parfois lunettes bleues. Ils

sont tellement immobiles qu'il me faut un mo-

ment d'observa-

tion pour voir leurs paupières remuer et me rendre compte

dirait un brave bourgeois qui va se mettre au lit. Et le délire sacré de ces possédés augmente d'intensité en même temps que les invocations féroces et les glapissementsaigus des chantres accroupis. Au milieu de la ligne, un grand nègre, colosse à face d'anthropophage, se fait remarquer par la furie de ses contorsions il en ajoute même de supplémentaires «Celui-là, le négro, me dit monguide, le plus fort de tous, capitaine d'artillerie ». Mes félicitations au capitaine d'artillerie. Au bout d'une heure cette monotone litanie s'apaise ils sont exténués, leurs invocations ressemblent aux rugissements râlés de bêtes qui crèvent. La séance se termine par la conjuration de quelques maladies des enfants et des jeunes gens s'étendent sur le ventre; underviche monte lentement sur eux et y reste quelques secondes les

bras en croix. Cette imposition

des pieds a, paraît-il, la vertu de chasser les malaOn sort de cette scène légèrement hébété et on respire avec satisfaction l'air vif du Bosphore.

Je termine ma soirée à la

Concordia, grand qu'ils ne sont pas hangar pouvant en bois peint. En LA xuunn A TIFLIS. contenir 500 à face d'eux se tienD'après «M photographie de ~7. le it'et</eHt!H< de i'Har~e. 600 personnes et nent les hurleurs, servant de théâtre et dans le milieu d'autres derviches accroupis sur des peaux de mouton et de café-concert. Une troupe italienne joue le Barbier de Séville salle comble, grande animation types curieux à observer, les uns ont une longue face à la fin, en l'honneur du 14 juillet, apothéose dans des émaciée et rébarbative, les autres, de bons gros pères feux de Bengale et Marseillaise. bedonnants, rappellent les chats fourrés de Rabelais. Après les prosternations devant la niche et les A Stamboul dans la matinée. En .15 juillet. accolades réciproques, la cérémonie commence. Les me promenant, j'arrive près de Sainte-Sophie j'y hurleurs debout, en ligne, se penchent en avant, à entre moyennant dix piastres et après avoir enfilé de grandes babouches par-dessus mes souliers. droite, à gauche, tous ensemble, comme des pantins manoeuvrés par une même ficelle. A chaque mouveCe qui frappe et impressionne surtout, ce sont ment, d'une voix caverneuse, ils crient ~/M ab! les dimensions colossales de l'édifice et sa nudité C'est d'abord le murmure d'une prière, Allah sévère. Les murs et les colonnes de marbre gris, cerpuis le mouvement s'accélère et leurs invocations clées de cuivre à la base, supportent l'immense coupole deviennent de sourds grondements. Ceux qui sont au reflet de vieil or à part les quatre grands disques accroupis psalmodient à tue-tête le Coran d'une voix verts où sont écrites les louanges de Dieu et les cercles aigre et discordante. de veilleuses en forme de lustres, rien n'atténue la Bientôt des aides enlèvent aux hurleurs leur fez majesté austère de ce temple. et leur caftan; ces prosternations violentes les mettent Quelques croyants, accroupis sur les nattes de ils ruissellent de sueur, mais vocifèrent de jonc, murmurent en psalmodiant le Coran les pigeons en nage plus belle le nom d'Allah. qui nichent dans les frises passent silencieusement et Les derviches spectateurs suent des efforts de semblent voler ici avec plus de douceur. leurs confrères. J'aperçois un des bons gros pères qui, Est-ce effet d'imagination'? est-ce par suite de la résonnance des prières sous les voûtes ? il me semble sans façon, s'éponge la poitrine avec une serviette; il est vraiment comique avec son espèce de peignoir à entendre par instants la voix lointaine et étouffée d'un manches et sa calotte blanche de coton tricoté on orgue caché dans les profondeurs de l'édifice.

ab!


C'est aujourd'hui jour du sélamlik, solennité religieuse et militaire qui a lieu tous les vendredis. Ce jour-là, le Sultan sort de son palais au milieu d'une partie des troupes de la garnison massées, en grande tenue, sur son parcours il va jusqu'à une mosquée toute proche, y assiste à une cérémonie et en ressort avec le même apparat. On peut ainsi voir un échantillon de tous les corps de l'armée ottomane dans leurs plus brillants uniformes des marins au drapeau noir avec inscriptions brodées en blanc, des zouaves de la garde en turbans verts, en pantalons rouges et en guêtres blanches, des zouaves bleus, des artilleurs, des carabiniers en grande tunique bleue à plastron rouge, des lanciers aux

dichah salue ses sujets inclinés; voûté dans sa capote gris clair d'officier de cavalerie, il a l'air sombre et éteint. H entre dans la mosquée on n'entend plus, pendant un moment, que des chants religieux, comme chez nous en passant devant la porte ouverte d'une cathédrale pendant la grani'messe. Au bout d'une demi-heure le Sultan sort et repasse au milieu de la haie formée par les grands dignitaires de son empire, qui le saluent très bas à coups d'échine répétés; il monte dans un phaéton qu'il conduit lui-même et regagne, taciturne, le palais mystérieusementclos à tous les regards, où il s'enferme prisonnier de sa grandeur, de sa puissance et de sa

tyrannie. )6 juillet.

uniformes verts, avec fez d'astrakan noir, etc.

Vifa de mon passeport aux consulats de France et de Russie; ce sont

Les troupes

arrivent et forment la haie de nombreuses voitures déversent un

des formalités

auxquelles nouss ne sommes pas habitués en France et dans les contrées environnantes, mais qui, dans

flot d'officiers et d'autorités civiles de toute espèce il

y

a

dans le

certains pays

nombre de très élégants uniformes. Lesmusiques jouent des marches qui n'ont rien de turc; puis ce sont les voitures du harem,

étrangers, sont un assujettissement constant. Je fais unelonguestation dans un des petits cafés grecs qui

bordent le quai de Galata on ne peut être mieux placé

dizaine de coupés fermés une

par la portière on

pour contempler M. le ~c~f/f~ de ~ar~e. le mouvement incessant des navires et des barques à l'entrée de la Corne d'Or et le courant ininterrompu de population bariolée sur le pont de bois qui réunit les deux rives.

THL[S:LE(~'Am')EH)'EHSA\.

aperçoit des robes ~o/a~tf D'après de satin, des éventails qui s'agitent et des figures voilées de mousseline blanche ces dames ne sortent pas des voitures, qu'il faut se contenter de sonder avidement du regard deux eunuques suivent chaque équipage dans les contes oîientaux de l'ancien temps, on a bien entendu parler de ces êtres bizarres, mais en voir là, en chair et en os, au milieu de ces uniformes modernes, à la fin du X!x° siècle, c'est vraiment stupéfiant Et qu'ils sont ridicules et

piteux, ces pauvres nègresaux faces glabres, aux mâchoires de gorille, aux longs bras grêles, enfermés dans une grande redingote noire de clergyman Arrivent ensuite processionnellement, sur deux files, marchant au pas cadencé, des généraux et des amiraux, des pachas et des vizirs qui forment la haie à l'entrée de la mosquée puis des bambins, les tils du Sultan, habillés en officiers, portant croix et médailles et qu'on hisse tant bien que mal sur une selle. Mais une rumeur se produit, on présente les armes, les musiques jouent et les troupes clament par trois fois le nom d'Allah du sommet du minaret l'iman psalmodie de sa voix traînante une prière qu'il égrène aux quatre coins de l'horizon, et, dans son landau magnifique, le Sultan apparaît; autour de sa voiture, une foule chamarrée et bigarrée de courtisans et de gardes se presse en désordre d'un geste las le pa-

vais revoir certaines parties de la ville particulièrement intéressantes, ces quartiers où de frêles maisons turques sont encastrées au milieu de robustes ruines byzantines, ces rues oppressées de mystère entre des maisons de bois grillées comme des cachots, ces places tranquilles et solitaires, entre des maisonnettes basses, comme une place de village, au milieu de choses immobilisées depuis des siècles~. On rencontre à chaque instant, en pleine ville bruyante, de paisibles enclos semés de tombes mais à Constantinopleles champs des morts ont un charme mélancolique, quelque chose de doux, de familier et rien de l'aspect glacial et lugubre de nos cimetières. Au retour je traverse je ne sais quelle banlieue juive, des ruelles encombrées d'ordures où des groupes de femmes et d'enfants sont en train de s'épouiller mutuellementavec une mimique de singe. à Prinkipo, une Visite à M. 17 juillet. des îles des Princes dans la mer de Marmara; les vilJe

P.

f. Loti,

Fatf~~e d'Oy!'eM<.


las y sont nombreuses, on y trouve l'animation et le mouvement des centres de villégiature, mais rien de bien intéressant pour un touriste européen. Installation à bord du Persépolis, t8 juillet. qui part demain pour Batoum. Le soir, ne sachant que faire, je m'aventure dans une rue de Galata parallèle au quai à cette heure elle est particulièrement bruyante et populeuse beaucoup d'échoppes, de tavernes où s'entassent les bateliers et les portefaix de ces parages. Au-dessus d'une porte c'est une grande inscription en cinq ou six langues un « salon de danse universel » un orchestre est installé dans une grande salle tout autour, des tables pour les consommateurs et, dansle milieu, des couples qui dansent, très correctement du reste. Les danseuses disponibles se promènent en attendant une invitation: ce sont des filles de toute origine, des épaves échouées là des quatre coins de l'Europe. L'une d'elles m'offre, en anglais, puis en italien, un tour de valse sur ma réponse elle me parle en bon français. Le 7~<~o/M part à 5 heures. 19 juillet. 20 juillet.

En mer.

juillet. On voit la côte d'Asie Mineure, un pays très accidenté, très sauvage, couvert d'épaisses forêts, cultivé près du rivage seulement. Halte en rade 21

w

yu.l.

.t._

~a.l.J.J..3VUil rv.uuww faire une étude comparée des chariots assez primitifs

du pays, les chariots des anciens Gaulois. 22 juillet. -Toujours un pays fort montagneux, des sites rappelant la Corse ou la Kabylie, d'assez nombreuses cultures. Dans la matinée, escale de trois 23 juillet. heures à Trébizonde ville de barbares au bureau de police du débarcadère on me retire mon appareil photographique De la mer, la ville se présente en amphithéâtre, entourée de montagnes très vertes, auxquelles le velouté des prairies et les bois de cyprès et de noyers donnent un certain cachet alpestre. Accompagné d'un &~M&<K& quelconque, je visite au pas de charge les principales rues; il faudrait s'arrêter plus longtemps, certaines ruines, certains côtés pittoresques de la ville mériteraient d'être vus en détail. Trébizonde est le port principal de l'Asie Mineure sur la merNoire et le point de départ de nombreuses caravanes pour l'intérieur et pour la Perse. Arrivée à Batoum à 6 heures et 24 juillet. demie du soir. Le fond sud-est de la mer Noire présente, paraît-il, un très beau coup d'œil avec ses hautes

montagnes boisées par malheur elles sont en ce moment voilées de nuages. Les douaniers russes montent à bord et visitent

méticuleusement les bagages. Le soir, tir de nuit: deux projecteurs électriques placés à terre font converger leurs rayons sur un cadre qui sert de but à 1600 ou i 800 mètres en mer différentes batteries tirent chacune une quinzainede coups des bombes, de composition très éclairante, éclatent en avant du port qu'elles illuminent presque sans interruption. Un employé des Messageries me dit que plusieurs batteries tirent ainsi toutes les semaines. Nos amis les Russes ont raison de ne pas négliger l'instruction des hommes qui arment leurs batteriesde côtes.

i. Sobriquet donné aux Levantins.

Les formalités du passeport m'emjuillet. pêchent de partir pour Tiflis par le train de 9 heures du matin en Russie il ne faut jamais être pressé. 2~

Dans l'après-midi je fais, avec un des officiers du 7~-M~o/M, une promenade en voiture dans la vallée du Tchoroh. La route remonte la rivière, bientôt encaissée entre des montagnes abruptes couvertes d'impénétrables forêts. On rencontre de nombreux postes de milices indigènes, mingréliennes ou autres, en costume national, armés de fusils Berdan et la ceinture hérissée de poignards. Comme je ne sais de russe que ce que j'en lis dans un manuel de conversation franco-russe, j'ai de laborieuses discussions avec les isvostchick 1 et les employés de la gare avant d'être installé dans le train de Tiflis. Les wagons de seconde, tous à couloir, sont spacieux et confortables, les dossiers se relèvent, se fixent horizontalement au-dessus de la banquette et forment de larges couchettes; grâce à ce système, dans chaque compartiment, six personnes peuvent s'étendre à l'aise. Vers 5 heures du matin nous tra26 juillet. versons des gorges, des chaos de roches, des forêts, et nous entrons dans la haute vallée de la Koura une large plaine très fertile et très cultivée entre les ramincauunb peunuputmttL~ par échappées rares on aperçoit à gauche des rochers lointains plaqués de neige. L'aspect du pays change peu à peu maintenant ce sont de petites collines desséchées, une terre d'argile ravinée, striée, sculptée minutieusementpar les eaux. La chaleur augmente à mesure qu'on approche de Tiflis le paysage devient plus aride. La capitale du Caucase n'a rien de bien original dans l'ensemble elle étouffe entre de vilaines montagnes dénudées, calcinées tout y a une teinte grise, poussiéreuse, uniforme au centre la Koura roule ses

eaux jaunâtres.

descends à l'Hôtel ffO~M<, tenu par un Français à des prix raisonnables on y trouve tout le confort et tout le luxe des meilleurs hôtels de l'Europe. Après une courte et chaude sieste dans l'étuve qui me sert de chambre, je m'en vais au hasard, sur les bords de la Koura, aux quais malpropres, encombrés d'ordures, et dans le quartier persan population curieuse coiffée du papak d'astrakan,avec une tunique d'étoffe noire et une ceinture métallique, les ongles et quelques Tartares aux la barbe rougis de henné énormes bonnets en peau de mouton. Tout en grimpant à travers des ruelles raboteuses, j'arrive au jardin botanique, puis à un vieux château datant de la domination persane, qui surplombe la ville couleur de brique pâle. Au retour, une belle façade de carreaux vernis attire mon attention le mot Babn y est écrit en A l'intégros caractères; ce sont des bains persans. rieur, de grandes salles toutes en faïence, des baignoires de marbre, des lits de pierre recouverts de tapis épais. Je

i. Cochers de fiacre.

(A ~MtM~J

F.

DE L'HARPE.


n'avait pas de refuges inaccessibles à son ennemi. On ne retrouve plus guère le rat noir que pèce, qui

Migrations d'Animaux L'Invasion du Hamster en France t 'msTOtRE des migrations animales n'est pas moins intéressante que celle des migrations humaines,

mais les documents qui les concernentsont rares. On sait néanmoins qu'elles ont obéi à la grande loi générale qui entraîne

tous les êtres vivants

(hommes, animaux, végétaux) de l'Orient vers l'Occident. Le fait est surtout remarquable en ce qui concerne ceux qui, en dehors des animaux domestiques, serrent l'homme de plus près,

et notamment pour les rongeurs nuisibles souris, rat noir, surmulot, hamster. La souris est la seule espèce de ce genre qu'aient connue les anciens. Ce n'est qu'à l'époque des Croisades que le rat noir, apporté d'Orient parles navires des croisés, fit son apparition en Europe. Le surmulot, ou rat gris, dont l'aire d'habitat s'étendait depuis l'Inde, à travers la Perse,

dans les fermes et dans les moulins isolés. Au contraire, la faible et petite souris, à l'abri de retraites étroites où le surmulot ne pouvait pas plus pénétrer que le rat noir, a persisté. L'invasion de i870-t871 a produit un phénomène zoologique analogue à celui que nous venons de constater à la suite des invasions de i8i4-!8i$. Il s'agit, cette fois, du hamster. Ce rongeur étant moins connu que la souris, le rat noir et le rat gris, quelques notes de présentation sont nécessaires. C'est un rat, mais il est caractérisé par des abajoues qui sont même beaucoup plus vastes que celles des singes, puisqu'elles s'étendent sur les côtés du cou et jusqu'aux

épaules.

En outre, sa queue, au lieu d'être lon-

gue, pointue et nue, est très courte, arrondie et velue.

Le hamster commun

est un peu plus gros que le rat. Son pelage est noir en dessous, roussàtre en pieds sont blancs, les flancs fauves

dessus

les

des taches fauves mouchettent la mâchoire inférieure, l'épaule, la gorge et la poitrine. La tête est plus arrondie que celle du rat, avec de longues moustaches sur la lèvre supérieure. Le pays d'origine du hamster est laTartarie, d'où il a gagné de proche en proche les parties mérijusqu'aux rives du Volga, dionales de la Sibérie et de CARrE DE L'HABITAT DU llArdS.fEU. fut introduit à son tour la Russie, puis l'Allemapar les navires de comgne. Avant tSyo-iSyt, l'Alsace et le Limbourg hollandais étaient les parties merce venant du Levant, en Angleterre vers ty~o, les plus occidentales de son aire d'habitat. Surpris par en Provence vers !7$o. les masses d'hommes et de chevaux qui convergeaient L'importation du fait des navires, comme celle des blattes et des termites parmi les insectes, était vers la France, les hamsters ont été poussés par elles forcément limitée. vers l'Occident. Mais d'autres faits historiques allaient provoquer Dès 1874, un naturaliste des plus compétents, M. Eugène Gayet, signalait leur présence en Lorraine une pullulation inouïe du rat gris. Les armées humaines en marche abandonnent sur leur passage des et en Champagne. En t88~, M. de Cherville annonçait qu'un couple de ces animaux avait été pris par un tauamas de débris et d'immondicesqui attirent à leur suite armées de véritables de rats. pier aux environs de Paris. Depuis lors, des faits nombreux permettent d'affirmer que l'invasion du hamster En 1814 et en t8t$, le mouvement considérable de troupes venues des steppes de l'Asie et de l'Europe en France se continue lentement,mais sans interruption. orientale entraîna en Occident des hordes de surmuEn Belgique, c'est en t8y8 que, pour la première lots, dont l'invasion prit des proportions énormes. fois, la présence du hamster fut signalée du côté du marquis Cherville, remarqué de résulComme l'a le le Limbourg hollandais. En t888, il commettait déjà des d'un siècle seul durable, de le plus positif, le quart tat ravages dans le pays de Herve, et, en 1889, M. Ha'ende luttes gigantesques, a été l'extension vers l'Ouest Meurice, cultivateur et bourgmestre à Haccourt (rive d'habitat du rat persan. de l'aire gauche de la Meuse), demandait au ministère de l'agriculture l'établissement de primes pour la destruction Celui-ci, à peu près de même taille, mais plus fort et plus féroce, et surtout plus fécond que le rat des hamsters dans sa commune, primes analogues à celles accordées pour la destruction des loutres. noir, a presque entièrement anéanti cette dernière es-


partir de t8c)4, les mesures de destruction furent suspendues, et l'on croyait que le danger était définitivement conjuré. H n'en était rien. Depuis lors, en effet, le hamsters'est répandu vers l'Ouest il existe maintenant en nombre plus ou moins considérable dans toutes les communes du canton de Fexhe, probablement dans une partie du canton de Hollogne, et s'avance vers Waremme Cette invasion du hamster en France et en Belgique est loin d'être négligeable, en raison de la fécondité de ce rongeur et des ravages qu'il produit lorsqu'il A

vient à pulluler dans une région.

engendrent dès la première année de leur existence leur première portée est de trois à quatre petits; dans les suivantes, le nombre de ces petits s'élève jusqu'à huit, dix, douze et quelquefois plus. D'après de Waitz, la gestation durerait quatre semaines. D'autre part, lorsque les petits ont trois ou quatre semaines, la femelle les chasse pour s'accoupler à nouveau. Elle produit donc trois ou quatre fois dans l'année. La voracité du hamster n'est pas moindre que sa fécondité. Il vit au milieu des champs cultivés, dans des terriers parfaitement aménagés, tant comme habitation que comme garde-manger, et exerce des ravages considérables dans les récoltes. Il se nourrit particulièrement de froment, d'avoine, de féverolles, de pois, de haricots, de vesces, de betteraves, de carottes, de pommes de terre et fait des approvisionnements pour l'hiver. Il sort à la tombée de la nuit et remplit ses abajoues de provisions, qu'il transporte ensuite dans son terrier. Dans les terriers des jeunes de l'année, on trouve ordinairement, vers le mois de septembre, <o à 20 kilogrammes de froment, vesces, etc. Dans les terriers des hamsters adultes, cette quantité peut atteindre 50 et même too kilogrammes, d'après le père Bellynck. M. Hallen-Meurice, bourgmestre de Haccourt (province de Liège), a trouvé dans un terrier 47 kilogrammesde froment et 50 kilogrammes de vesces. Les jeunes

~en~

fin avril et commencement de i° Le mai, avec le concours de chiens ratiers. Ce moment est opportun, parceque les femelles sont pleines ou ont déjà leurs petits. C'est le procédé le plus employé et le plus efficace, mais il est parfois long, car les galeries des hamsters sont profondes et souvent ramifiées 2° L'asphyxie, qui paraît être le procédé le plus simple et le plus efficace, s'obtient en brûlant deux ou trois mèches soufrées, ou des chiffons saupoudrés de soufre, dans les ouvertures des terriers, que l'on referme soigneusement. D'après Ritzma Bos, ce moyen est en usage dans le Limbourg hollandais 3° L'inondation, avec le concours de chiens ratiers. Ce moyen n'est pas applicable partout 4° Le poison. Graines, pilules ou pâte phosphorée analogues à celles employées contre les rats et les souris. La pâte phosphorée se prépare comme suit faire une colle d'amidon assez épaisse, laisser refroidir à 43° C., y plonger un morceau de phosphore blanc (de la grosseur d'une noix pour un demi-litre de colle), agiter jusqu'à dissolution du phosphore. Pour l'employer, on bouche légèrement les terriers. Le lendemain, on reconnaît que ceux qui ont été ouverts sont habités. On trempe dans la pâte phosphorée des brins de paille longs d'une vingtaine de centimètres et on en jette un ou deux dans chaque trou. Le hamster, souillé par la pâte en sortant du terrier, empoise lèche pour enlever la souillure et meurt sonné

Les pièges à la sortie sont beaucoup employés en Allemagne, quoique le hamster, se défiant de ces appareils, pratique souvent un autre orifice pour sortir et les éviter 6° Le furetage. De la lutte entre le hamster et le furet, celui-ci ne sortira pas toujours indemne. En résumé, les moyens les plus pratiques sont 50

l'asphyxie par mèche soufrée et le déterrage.

Cela permet de juger quels ravages considérables peuvent exercer les hamsters, lorsqu'ils'viventen grand

nombre sur un point donné.

En 1808, ils s'étaient tellement multipliés en Allemagne et causaient de tels dommages que leur tête fut mise à prix. En moins de six mois, on présenta ville de Berlin, pour toucher la prime, à l'hôtel de 80 ooo hamsters qui avaient été tués dans les envi-

rons de cette ville. D'après Lenz, 396000 de ces animaux' ont été détruits en quarante ans, aux environs de la seule ville de Gotha. Blomeyer rapporte qu'autour d'Aschersleben, dans le Harz, en 1880, on prit too 00o hamsters; en 1884, dans un domaine de 700 hectares, aux environs de Brunswick, on captura 900 hamsters adultes et 2 ooo jeunes.

Les terriers des hamsters sont assez faciles à découvrir, même lorsque leurs hôtes les bouchent pour hiverner, grâce au monticule de déblais de terre qui se trouve au voisinage de leur ouverture. Voici les moyens les plus sûrs et les plus rapides employés pour tuer les hamsters par E. Leplae, i. L'invasion du hamster eudeHesbaye, génie agricole à l'Uniprofesseur d'économie rurale et versité de Louvaiti. (T~e générale agronomique, octobre tSqS, p. 46'.)

La mission Foureau-Lamy. DES bruits alarmants,

heureusement non confirmés,

ont courusait,surl'unemissiontroisFoureau-Lamy, missions ayant la

qui est, le lac

des Tchad pour but et pour lieu de rendez-vous. L'une est la mission Gentil-Bretonnet qui vient, par le Congo, accomplie pour reprendre et compléter la belle mission la il y a deux ans par M. Gentil seul. La seconde est mission Voulet-Chanoine,qui arrive sur le Tchad, par l'Ouest, en passant par le Sénégal et le Soudan. La troisième est la mission Foureau-Lamy qui doit gagner les bords du grand lac africain en venant de l'Algérie et du Sahara. Cette dernière mission a été formée, en t8g8, l'instruction publique sous les auspices du ministère de et grâce à la Société de géographie, qui a mis, pour elle, à la disposition du ministre, une somme de ingé250 ooo francs provenant d'un legs fait par un

comme on le

nieur, M. Renoust des Orgeries. Pour apprécier les raisons qui ont fait décider


cette mission, il faut se rappeler que le désastre de la mission Flatters, en 188), avait portéun coup fâcheux à notre influence dans le Sahara et que notre extension dans cette partie du Continent noir en fut paralysée. Les trois forts d'avant-garde créés, depuis, sous le nom de Mac-Mahon, de Miribel et de Hassi-Inifel ont évidemment préparé notre pénétration de ce côté; mais si utiles que soient ces forts, il sont insuffisants et il y avait à aller au delà; il y avait, notamment, à reconnaître la route du futur chemin de fer transsaharien, c'est-à-dire à fixer les conditions dans lesquelles doit s'établir cet instrument nécessaire de domination, d'occupation et d'exploitation de notre vaste empire africain. Et c'est dans ce but que fut organisée la mission

dont il s'agit.

La direction de l'expédition fut confiée d'une part à M. Foureau, le célèbre explorateur, dont ce voyage allait être le dixième en Afrique; d'autre part, à M. le commandant Lamy, alors attaché à la personne de M. Félix Faure et qui avait été naguère, en 189). le premier chef du poste d'El Goléa, ce poste avancé de

notre colonie d'Algérie. Les chefs de la mission offraient donc toute garantie au point de vue de la compétence des choses sahariennes. Leur valeur personnelle et leur énergie achevaient, d'ailleurs, de les désigner pour la tâche difficile qu'on leur assignait. Quatre membres civilsdevaientles accompagner: c'étaient MM. Villatte, Ménard-Dorian, Louis Leroy et

du Passage. Quant à l'escorte militaire, elle devait être et elle fut, en effet, formée en Algérie, où M. le commandant Lamy ptaça sous ses ordres une compagnie de tirailleurs algériens, un détachement de la <~ compagnie de tirailleurs sahariens et un peloton de spahis; en tout 250 soldats. Les officiers attachés à ces troupes étaient MM. le capitaine Reibell, les lieutenants Metois, Verlet-Hanus, Britsche; le sous-lieutenant de Chambrun, 'un lieutenant indigène nommé Oudjari et les médecins aide-major Fournial et Haller. Les hommes étaient, bien entendu, armés de fusils et de carabines. De plus, la mission emportait avec elle deux canons à tir rapide Hotchkiss de 37 millimètres, ce qui lui donnait une force respectable vis-àvis des Touareg qui sont, on le sait, dépourvus de toute artillerie. Enfin, t too chameaux étaient achetés dans le Sud-Otanais pour porter les cantines, les bagages et les vivres. C'est le 24 septembre i8c)8, il y a treize mois, que la mission quitta Biskra pour s'enfoncer dans le Sud. Le t~ novembre, elle atteignait Temassinin, à 450 kilomètres d'Ouargla; le 6 décembre elle était à Tebalbalet le 6 janvier 1890, elle arrivait à Ouad Affataka; le 20 janvier, elle campait à Taddent. Dans une lettre datée de ce point, M. Foureau donnait, entre autres choses, les détails suivants Nous revenons, le commandant Lamy et moi, de visiter le point où a eu lieu le massacre de la mission Fiatters. Les ossements ont été brûlés, et il ne reste, pour ainsi dire, rien sur le lieu où s'est produit ce douleureux événement. Le puits du massacre se nomme Tadjenout et non Bir-el-Garama. !) est à environ ~o kilomètres de notre campement de

Taddent.

La lettre dont nous donnons cet

la dernière

extrait n'est pas

qu'on ait reçue de la mission, mais bien

l'avant-dernière. H en est, en effet, venu une autre, datée du puits d'In-Azaoua, c) février. Ce puits setrouve à too kilomètres au sud d'Assiou. Dans cette lettre, M. Foureau disait

Nous repartirons incessamment pour l'Aïr, dont les premiers villages ne sont plus guère qu'a une dizaine de jours de marche de nous. Nous les atteindrons, je pense, sans difficulté, le terrain devenant plus favorable et la végétation reparaissant à partir d'environ 80 kilomètres d'In-Azaoua. Les indigènes ne paraissent point nous n'avons pas vu de caravanes en route, sauf une le jour de )'arrivëeà)n-Azaoua et encore elle s'est empressée de disparaître sans prendre contact. On le voit, il n'est question dans cette lettre que de difficultés venant de l'état de la route suivie et non

pas d'incidents provoqués par des indigènes. Jusqu'à ce moment, la mission semble donc avoir poursuivi sa marche dans des cunditions satisfaisantes. Malheureusement la date de cette dernière lettre est fort ancienne a février! Depuis lors, c'est-à-dire depuis sept mois et demi on n'a eu aucune nouvelle directe de la mission et on en est réduit aux conjectures. Tout au plus a-t-on su, par de vagues rapports indigènes, qu'à son arrivée dans l'Aïr elle aurait été obligée de changer ses moyens de transports, ses chameaux étant morts ou malades et que le sultan d'Agadès, capitale de l'Aïr, lui aurait fourni des bœufs por-\ teurs pour lui permettre de continuer sa marche. C'est encore par des intermédiaires indigènes qu'on a appris qu'elle serait arrivée sur les bords du Tchad, et que, précédemment, alors qu'elle était campée dans l'Aïr, elle aurait eu deux engagements avec des Touareg, engagements qui se seraient, d'ailleurs, terminés à son avantage. Mais tous ces renseignements sont d'une si grande imprécision qu'on peut douter de leur véracité absolue. Il n'y a pas, sans doute, à s'étonner outre mesure de cette absence de nouvelles directes, pas plus qu'il n'y a lieu de s'alarmer des bruits de massacre, dont l'écho nous est parvenu par la voie de Tripoli. Les communications, on le sait, sont rares et lentes en de telles régions. Toujours est-il que le gouvernement a prié divers agents ou fonctionnaires de s'occuper d'urgence de recueillir des renseignements sur la mission FoureauLamy. Chacun a besoin d'être, lé plus tôt possible, rassuré sur son compte par des nouvelles certaines.

Lucien Marcheix.

r~

Pj/ot

à

Rome el

.V~/M

d'après un manuscrit inédit de J.-J. Bouf): chard.- Paris, Ernest Leroux. 1890. LuciËN Marcheix a eu l'heureuse idée de condenser ~'t un court volume la relation de voyage d'un lettré en et philosophe du xvn' siècle, ami du célèbre Gassendi. Le manuscrit de Jean-Jacques Bouchard, retrouvé en )85o par Paulin Paris, a été résumé par M. Marcheix dans les passages d'intérêt secondaire et entièrement cité dans ceux de première importance. Les amateurs de la Rome ancienne y liront les plus curieux détails sur le Carnaval, sur la manière de voyager à cette époque entre la Ville éternelle et Naples, sur les cérémonies napolitaines, sur la vie intime dans l'Italie méridionale, etc. Grâce aux adroites coupures de l'auteur du livre, grâce à ses explications personnelles, la lecture d'~t f~-i.~fM à Rome el à .Yj/M en i632 est à la fois facile et d'un intérêt soutenu. 1632,


Collectionneur des Plages Recherches à faire à BouIogne-sur-Mer et aux Environs Le

ÉTABUS8EMENT8 D'ÉTUDES ZOOLOGIQU ES D'EN n'est plus utile, pour le collectionneur, que de recueillir, sur les lieux mêmes, des renseignements pratiques et autorisés au sujet des recherches qu'il a intérêt à faire et qu'il peut poursuivre avec quelque chance de succès. A Boulogne-sur-Meret aux environs, on a cet avantage spécial de se trouver à proximité de trois établissements qui sont tout justement voués par destination aux recherches zoologiques maritimes. Ce sont la Station aquicole de JSoM/o~Me-sM~-SMer,le Laboratoire de ~ooto~e maritime de Wimereux, fondé et dirigé par M. le professeur Giard, et le Laboratoire de ~oo/o~'e maritime du

Porlel.

La Station aquicole de BoM~o~Mfsur-Mer a été ouverte en juin t885, à l'imitation de stations semblablesétablies à l'étranger, pour l'étude théorique et pratique de toutes les questions relatives à la pêche et aux pêcheries. Boulognesur-Mer a été choisi à cet effet, parce que, ainsi que l'ont montré les intéressantes statistiques publiées par M. Ernest Deseille, l'érudit directeur de la Halle aux Poissons, ce port est de beaucoup le plus important de France au point de vue de la pêche. Outre les travaux pratiques accomplis à la Station, on y a formé une importante collection des animaux inférieursqui habitent le littoral boulonnais, collection que les amateurs d'histoire naturelle visiteront avec intérêt et avec profit, et qui les guidera dans leursrecherches personnelles. Nous en dirons autant des Laboratoires de Wimereux et du Portel, où l'on en apprendra plus en quelques heures, d'une manière claire et ineffaçable, qu'en feuilletant des dizaines de volumes. Ainsi documenté, on pourra descendre sur la plage muni de sérieux éléments de succès, dans les recherches à

en'ectuerauxdiS'érentesaltitudesatteintes par la marée. LES TROIS ZONES DE LA PLAGE

ment l'action de la lumière. Ainsi, celles

qui se trouvent

toutàfaitàia zone

su-

périeure, c'est-à-dire au bord du rivage qui découvre à chaque marée, les Fucées et notamment le Fucus .tcy~K~, sont généralement de couleur jaunâtre ou olive. Dans cette zone, caractérisée par la présence des Balanes, on trouve fréquemment, dans le Boulonnais,de petits crustacés amphipodes, Nilsoni et le

(-SM~)

Portunus puber et même que celle du

/ro~<

Portunus Le marmoreus est plus rare à Boulogne que le holsalus, et cependant, au premier printemps, on trouve souvent rejeté sur le sable des boucliers dorsaux de ces crustacés récem-

ment morts. Les froids tardifs du début de

éprouvèrent beaucoup le Portunus puber. Vers la fin de mars, la Gat~Mwart~ martttM!. plage de Wimereux était littéralement Les algues qui croissent dans la couverte de cadavres de magnifiques zone moyenne, telles que les Floridées, exemplaires de ces animaux tués par le sont d'une couleur pourpre qui varie à froid. Les oiseaux de mer en transporl'infini suivant les espèces. Les noridées taient de tous côtés sur le haut de la rouges abritent de nombreuxexemplaires falaise, où leurs carapaces vides jonde Calliopus norvegicus, autre amphi- chaient encore le sol vers le mois de mai. pode qui, par mimétisme, prend la cou- Aussi, pendant l'été et l'automne suivants, l'~MHe était excessivement rare, et l'on leur exacte de ces algues. aurait vainement cherché les jeunes inEnfin,les algues qui ne découvrent jamais, ou seulement aux grandes ma- dividus si abondants les années ordirées, les laminaires, les chorda, sont naires. M. A. Giard, qui rapporte ces faits, d'une couleur brunâtre. déclare qu'il faudrait peu d'hivers semNaturellement, ces trois zones sont blables à celui de )888 pour faire de cette diversifiées non seulement par leur flore espèce commune une des grandes raretés marine, mais aussi par leur faune. de la faune du Pas-de-Calais. ESPÈCES A RECHERCHER Comme on le voit, diverses causes Une intéressante particularité de peuvent agir sur la répartition annuelle la région boulonnaise à indiquer aux col- des plantes et des animaux du littoral, et lectionneurs, c'est qu'elle constitue, tant c'est au collectionneur qu'il appartient, ses recherches, d'en déterminer les pour les plantes que pour les animaux, par effets et les limites. une sorte de zone critique, servant de Dans la faune du Boulonnaismanque limite septentrionale à l'aire d'habitat de certaines espèces méridionales, et de une actiniaire, l'Antltea cereus, qui est limite méridionale à certaines formes bo- pourtant encore très abondante à Féréales. camp, où elle remonte jusque dans les Il importe donc de signaler ces petites naques de la zone littorale où espèces et d'apporter une extrême pré- croissent les Corallines. Il serait intérescision dans l'indication des localités où sant de fixer d'une façon précise la limite nord de cette espèce, et c'est là une l'on pourra les rencontrer. tâche à la portée de tout collectionneur. Prenons, pour exemple typique de De même, le Triopa claviger et le cette répartition d'une espèce, l'étrille de la Manche (Portunus puber), crabe à Polycera ~Ma<<r!<;Mef!<asont deux espèces extrêmement communes corps et pattes aplatis, bleu, rayé de vio- de mollusques les côtes de Bretagne et de Norlet et de blanc. Ce crabe, très recherché sur mandie. Sur la côte du Boulonnais ces par les populations littorales du Boulonnais, qui le connaissent sous le nom de espèces sont, au contraire, très rares et Plat pied, est ordinairement très com- moins littorales que sur les côtes océaniques de France un seul exemplaire mun, particulièrement à l'arrière-saison, de Triopa claviger y a été recueilli en époque où il se rapproche du rivage pour

l'a/e

frayer.

l'année

1888

I~nu~.

Un petit calmar, le Loligo Mte<<< Eh bien! ce crustacé est tellement t\;ous n'avons parlé dernièrement que sensible au froid qu'il ne peut pas étendre qui n'avait été longtemps signalé qu'avec la ligne d'algues et d'autres dé- son aire d'habitat vers le Nord. H est doute comme appartenant à la faune du bris déposés sur le rivage à la limite ex- déjà bien plus rare en Belgique que dans littoral du Pas-de-Calais, y a été trouvé trême atteinte par le flot. Il est intéres- la Manche et dans le Pas-de-Calais, et depuis~ soit dans les naques, soit dans sant d'examiner ces mêmes algues non parait très localisé en Hollande, où Ker- les filets ou parcs des pêcheurs, relevés arrachées et isolées, mais en place. Elles bert trouvé pour la première fois, à marée basse, en très nombreux exema en n'ont pas de racines proprement dites, en )883, quelques exemplaires à West- plaires. mais sont simplement fixées par un em- Kapelle. Il n'a pas été rencontré Mêmes phénomènes à l'égard des sur la poissons. pattement elles ne demandent, en effet. côte scandinave. rien au sol, mais extraient des eaux de la L'énumératinn de ces faits a pour Même aux environs de Boulogneorganique, la matière la potasse, la objet de démontrer que le collectionneur mer sur-Mer, les Portuniens paraissent génél'iode qui dans soude, la compo- ralement périr entrent parfois faire la trouvaille d'une vérien assez grand nombre peut sition de leurs tissus. pendant la mauvaise saison. Cela est table rareté, sinon en elle-même, du On remarquera que leur couleur vrai également pour le Portunus Mar- moins en raison du point du littoral où varie en raison des profondeurs qu'elles moreus, bien qu'il vive dans une zone elle est recueillie. habitent et ~ui modifient vraisemblaMe- plus profonde que celle habitée par le PAUL COMBES.

de


De Marseille en Asie Centrale (~) Réception par le

Caspienne.

régiment de Grenadiers à Tiflis. Sur la Mer En Chemin de fer de Krasnovodsk à Gèok-Tépé.

15e

Mon autorisation pour aller à LEE zy juillet. Samarkand n'est pas arrivée de Saint-Pétersbourg le secrétaire du consul me conseille de la demander télégraphiquement. ·

Je

vais me

vue plastique, une sincère pénurie d'honnêtes choses.)* Le type des Arlésiennes, comparé à celui des populations voisines, frappe beaucoup plus et me paraît bien supérieur au type des Circassiennes. de

présenterau géné-

Qpant aux hommes, ils ont tous une belle tête, une tournure

ral commandant la place et, comme il ne sait pas le français, je me fais

élégante et une grande distinction d'allure; leur

accompagner par un interprète de l'hôtel. En quittant le cabinet du gé-

longue tunique, serrée par un ceinturon qui porte le kandjar et ornée de cartouchièressurla poitrine, fait ressortir da-

néra! un officier me présente au

capitaine et au

lieutenant de service au poste de la place et appartenant au !$" ré-

giment de grenadiers ce régiment porte le nom dé

vantage la sveltessede leur

taille.

Tiflis est une des villes où I:vE

PLACE DU QUARTIER IiLORGtEN 1 TINL15..

41" centigrades de chaleur. La réputation des Circassiennes est bien surfaite. Celles que je rencontre n'ont rien de la beauté légendaire qu'on leur attribue de grands yeux, de belles dents, des traits assez réguliers, mais rien de plus. C'est l'avis du capitaine de Pontevès-Sabran. «J'ai passé quinze jours au Caucaseet,jeté déclare, au risquede pas-

ser pour paradoxal, je n'ai vu aucune Circassienne réellement belle. manque d'expression et, au point

coudoient le

plus de races diverses des Ossètes et des Tcherkesses, descendants des peuples antiques qui fondèrent les grands royaumes d'Assyrie et de Chatdée des Arméniens, des Géorgiens, des Mingréliens des Grecs venus autrefois avec Jason et répandus dans les nombreuses coloniesdu Pont-Euxin des Perses, dont la race domina souvent le pays; des Juifs, issus de ceux que Salmanazar emmena captifs et déporta en Géorgie des Tartares établis dans les steppes de la basse Koura, etc. Y a-t-il un pays qui ait été foulé et ravagé par plus d'invasions que la Causasie, où chacune laissa quelque épave accrochée au sot? Les Grecs, les Perses, les Romains, les Scythes, les Avars, les Huns, les

D'après MHe photographie de J)/. le ite!<;e)ta«< de t'~fat-~c.

Tifliskipolke (régiment de Tiflis). Dans l'après-midi je vais explorer le quartier géorgien de la rive gauche de la Koura; les maisons sont garnies de vérandas et de balcons qui étagent partout leurs colonnettes de bois. Il fait

se


Arabes, les Turcs Seldjoucides, les hordes mongoles et en dernier lieu les Russes.

B.dut~

e 28 juillet.–A n heures, le lieutenant régiment de grenadiers, vient me chercher à l'hôte! un phaéton nous emmène au camp, à travers la ville poussiéreuse et les fondrières dela banlieue. Le camp s'étale sur un plateau dominant la ville les tentes sont à demi cachées sous de jeunes plantations. On me fait entrer dans le pavillon des officiers, grande salle blanchie à la chaux, spacieuse et simple je suis présenté au colonel et aux officiers. Comme il fait très chaud, on me fait endosser une tunique de toile blanche de lieutenant de grenadiers. On s'empresse autour de moi avec une amabilité

charmante et sincère à peine suis-je reçu par tous ces officiers,

regarder, groupées aux fenêtres,lesfiguresbasanées de après ces soldats à l'air si franc et si sympathique un toast à leur régiment, ils crient tous en bon français

« Vive la

France

? »

1'

c'est une Entre temps on apporte grande cuillère de métal, émaillée et ciselée, qu'on se porté passe tour à tour, chacun la vidant après avoir un toast; pour varier encore les libations, voici deux immenses cornes de buffle montées en argent, qui circulent de main en main ctoù chacun boit à sa soif, après le

toast de rigueur.

Le déjeuner fini, quelques officiers supérieurs se retirent et on continue à trinquer, àchanter, à danser de plusbelle. Le soir, manœuvred'un bataillon qui, partant

de 20oà1500 mètres, fait l'attaque

d'une position

aumilieud'anciens

marquée par des fanions pas de différence sensible avec notre

camarades de régiment. La musique

Vers 9 heures et demie a lieu

il me

semble que je me trouve et

tactique.

l'appel devant les tentes, suivi de la prière du soir, cérémonie fort impressionnante et pleine de grandeur. Sur le front

entre dans la salle Af~~tH~/M;

quelques toasts pré)iminaires,et)e déjeuner com-

mence, animé,

bruyant et copieude bandière la sement arrosé de musique joue vin de Kakétie quelques airs relià mesure que le gieux très lents, repas s'avance, les puis l'hymne naFONTSURLAHOURAATtFUS. bouteilles se prestional les tam~eM~Ha: de ~ar/'c. D'~re.s' MHe ~/jo~o~r~c de sent en masse plus bours roulent; serrée au milieu tout le monde est découvert et recueilli; à un commande la table. La Russie est le pays des toasts ils émaildement, les soldats groupés devant les tentes, par lent le repas, courts, mais innombrables. Le colonel a compagnie, entonnent gravement le « Pater MM~)' ? l'amabilité de me servir d'interprète et traduit en russe une lune magnifique éclaire les tentes et la campagne ce que je dis en français. Des hourras plus prolongés et déserte; et, une à une, les tramantes psalmodies plus énergiques suivent certains toasts significatifs, et s'éteignent, les hommes rentrent et le camp devient quelques mesures de la Marseillaise, de russe silencieux. 7'~M, jouées par la musique, parou de la Ma~f A to heures, souper en plein air, musique; viennent à peine à dominer' le tumulte. J'avais maintes après quoi le phaéton du régiment me ramène grand fois entendu parler de la façon dont les officiers français train à l'hôtel. sont reçus en Russie, mais je ne m'attendais pas à un enthousiasme pareil et à une cordialité si exubérante. Promenade dans les quartiers indi29 juillet. gènes qui commencent à me devenir familiers; je vais Peu à peu les soldats se rapprochent et garnisjusqu'au dernier pont sur la Koura, hors de la ville; des sent à l'extérieur les portes et les fenêtres; ils viennent émigrants tartares arrivent en ce moment, les hommes prendre part à la fête et s'y mêler familièrement; on ne à cheval, les femmes et les enfants pittoresquement les éloigne pas, car ils sont tranquilles, parfaitement entassés dans des chariots de formes antiques. corrects. Des officiersquittentla salle et leur font chanter L'après-midi, visite au camp du Tifliskipolke; des airs du pays natal, des complaintes de l'Ukraine ou des bords de la Volga un peu lentes, comme l'hymne exercice d'une compagnie sur pied de guerre ce sont national, mais ne manquant pas de grandeur simple toujours à peu près les mêmes dispositions que chez et d'originalité. Des airs géorgiens succèdent aux airs nous. Le soir, le colonel m'emmène au cercle civil et militaire le Kroujok; un grand jardin, beaucoup de russes puis des danses auxquelles certains officiers prennent part avec un brio remarquable. Et tout en monde malgré la saison des villégiatures, un orchesécoutant les chants scandés de battements de mains et tre, une salle de danse et de nombreuses tables où l'on endiablées, je me plais à accompagnant les ~t~~ soape gaiement. ~ojuillet.– Déjeuner au camp du grenadiers; Danses du Caucase.

l'M~


photographie du groupe des officiers, au milieu des-

quels on me place. Le soir, tir de section à côté du camp. Les troupes russes, dans tout l'empire, passent les quatre ou cinq mois d'été dans des camps plus ou moins éloignés des villes. Les avantages de ce système, au point de vue de la discipline, de l'instruction et de l'hygiène, sont considérables. Les troupes, stationnées pour ainsi dire en plein champ de tir et à proximité de terrains d'exercices favorables, exécutent leur programme d'instruction posément, sans précipitation, d'une façon essentiellement profitable; on peut multiplier les séances sans perte de temps et sans surmenage. Chez nous on se débarrasse des tirs de guerre fiévreusement,en deux ou trois jours, comme si l'unique souci était de consommer le nombre de cartouches régle-

i

Vers heures, nous nous mettons à table; le repas est, comme bien on pense, animé et bruyant sur la table, beaucoup de salaisons et pas la moindre carafe d'eau; les toasts, quoique souvent portés péniblement en français nègre, n'en expriment pas moins une sincérité de sentiments touchante. Je fais bonne contenance jusqu'à la fin de cette fraternelle, mais interminable agape; enfin voici qu'on apporte une vaste soupière pleine de vin aromatisé ma tête ne résiste pas aux lourdes vapeurs de ce cru de Kakétie, capiteux en diable. Je me souviens vaguement qu'on se lève de table, que tout me paraît chanceler dans le brouillard et que je m'étends sur un lit dressé au salon, non sans préméditation je m'endors instantanémentpour ne me réveiller que le lendemain à fo

heures.

3

juillet.

J'ai obtenu mon

mentaires et de

pouvoir fournir

autorisation d'aller à Samarkand

les rapports sub-

séquents. Latenue des

je rejoindrai à Bakou M""

pendant

Parisienne, voyageuse intrépide, et j'aurai le plaisir

Russes,

tout

G.

l'été, com-

porte la tunique

de faire cette pointe dans le Turkestan avec

blanche; ils la

conservent

en

ville, aux revues et pour les gar-

il y a certai-

des

nement là une économie sérieuse. Le

soir, le

lieutenant, adjoint au colonel me conduit chez lui

une poussière

D'après «Me photographie de

brûlante noie la ville, qui grille dans sa vallée desséchée

nous arrivons dans une maison géorgienne; une douzaine d'officiers, des lieutenants, quelques capitaines et un lieutenant-colonel nous attendent un ou deux seulement parlent français; la conversation est difficile dans ces conditions, mais on n'en est pas moins gai; on fait de la musique, on chante, on prend le thé. La nuit vient nous nous installons près du balcon et les chansons du Caucase succèdent aux chansons russes. La partie de la ville qu'on aperçoit forme un tableau d'une franche couleur locale, avec ses maisons géorgiennes, ses toits à terrasses, ses vérandas aux boiseries ajourées, ses galeries à colonnettes sculptées, ses cours plantées d'arbres tout cela éclairé par la pleineluneestd'uneffet charmant; sur les galeries, des familles sont groupées comme des ombres autour des lumières. Dans une habitation voisine une musique du pays se fait entendre, ce qui achève de rendre ce décor original et poétique des flageolets aux sons très fins et une zourna, rappelant la darbouka arabe, accompagnent les couplets d'une chanson montagnarde, traînant étrangement sur la dernière note; modulations lentes et tristes, mais qu'on peut entendre des heures entières sans fatigue. « Elles vous bercent sans vous endormir et font rêver tout éveillés » 1

Alexandre Dumas, Voyage ait Caucase.

une aimable compagne de voyage. Je quitte Tiflis à 8 heures du soir. t"' août.– Au lever du jour, le chemin de fer traverse de 'granM. !e t;et<~<tnK< de t'Haf~c. des steppes jaunes, a argtie crevassee. 'quelques vmages ian:ares,> chaleur étouffante. Toujours les vastes plaines bornées par des collines roses, sans verdure, sans trace de vie. Vers 11 heures la Caspienne apparaît, d'un beau vert pays atrocement désolé le vent souffle, le train roule pendant un certain temps dans un nuage de sable. Voici Bakou, la ville infernale, empestée de vapeurs de pétrole, obscurcie de poussière comme les villages du Sahara les jours de siroco. J'ai quelque peine, avec le peu de mots russes dans les hôtels, puis que je sais, à chercher M"" au bateau. Départ vers 5 heures du soir. Sur la mer Caspienne, grand vent, 2 août. assez de roulis, mais notre modeste vapeur à roues, appuyé par une voile, se comporte bien. Nous arrivons à Krasnovodsk à < t heures du matin. !I fait une chaleur de fournaise dans cette petite ville de maisons blanches posées sur le sable nu, entre des chaînes de roches abruptes, calcinées et bronzées. Krasnovodsk ne s'est guère développée que depuis deux ans, époque à laquelle elle a remplacé OuzounAda comme tête du chemin de fer transcaspien le port est bon; il n'y a pas de quai, mais sept longues jetées de bois sur pilotis. La ville ne possède pas une source on emp'oie

G.


l'eau de mer distillée ou l'eau apportée par des trainsciternes de Kizil-Arvat, à 100 kilomètres de distance; le seau d'eau vaut deux ou trois kopeks (cinq ou sept centimes). Départ à 5 heures. Le chemin de fer laisse à droite une bande de plaine et les montagnesde la frontière russo-persane, à gauche la steppe coupée de quelques collines sèches et ravinées. Nous sommes réveillés par le soleil 3 août. qui sort, rouge comme braise, du désert fauve. L'aspect du pays n'a pas changé; au delà d'une plaine de 5 ou 6 kilomètres, les montagnes arides, finement travaillées par les eaux et colorées par le soleil levant des plus délicieuses teintes d'améthyste quelques troupeaux de chameaux, quelques tentes de Turcomans apparaissent dans la steppe grisâtre, légèrement veloutée de jaune par une herbe rare et très fine. A 6 heures, station de Kyzyl-Arvat des plantations de vigne, des champs de maïs, les premières cultures vues depuis Krasnovodsk; une église, et )~o ou 200 petites maisons basses. Après la station de Bami, quelques maigresoasis; « mais il faut rabattre ici du prestigede ce mot et ne pas

lui donner le même sens qu'en Algérie. L'oasis de l'Asie centrale est par définition un point du désert qui ressemble tous les autres, à cela près que les tamaris y sont un peu moins grêles, un peu plus rapprochés' 1 ». Cesoasis n'ont, en effet, rien dela poésieetdu pittoresque que donne à celles d'Afrique la présence du palmier. Les montagnesde la frontière russo-persane grandissent et se compliquent; la steppe se termine, par un effet de mirage, dans l'eau vibrante d'un lac imaginaire; le sol d'argile est fendillé et dur comme brique; quelques jolis effets de couleur et de lumière, mais une aridité désolante, un air de fournaise qui brûle les yeux quand on met la tête à la portière. Il. est midi; le roulement du wagon endort; il semble que le train lui-même, accablé de chaleur, ralentisse sa marche, lassé par la monotonie de ces

plaines immenses. A midi et demi nous sommes à la station de Géok-Tépé: je descends à la hâte pour voir les restes du camp fortifié des Turkmènes-Tekkés, dont s'empara Skobeleff. La prise de Géok-Tépé 1 « Petite affaire en apparence et qui fit alors peu de' bruit dans le monde; quand on en suit les conséquences dans l'avenir, à commencer par le chemin de fer transcaspien, on se demande si l'Asie a vu depuis Arbèles une journée plus mémorable, plus décisive pour ses destinées. » (V'E.-M. de Vogüé.) Depuis un siècle les Russes avaient tenté contre toutes les Turkmènes de nombreuses expéditions échouèrent et les Turkmènes, insaisissables dans leurs steppes, bravant impunément le Tzar blanc, arrêtaient la Russie dans son mouvement d'expansion vers l'Inde. En t88) une expédition décisive est décidée; Skobeleff en a le commandement et l'organisation. La principale difficulté était de réunir tous les approvisionnements nécessaires à proximité du théâtre d'opérations, d'en assurer le transport et le renouvellement, sans oublier l'eau, si rare dans ce pays. Skobeleff; jouissant de ses coudées franches, 1.

Vicomte E.-M. de Vogué, Lettresd'Asil:.

traite avec des marchands de Tachkent et d'Orenbourg pour l'achat de chameaux il en fut fait une très grande consommation. Au milieu de novembre, la période de préparation est terminée Bami est approvisionné en vivres et en munitions. La colonne comprend 4 ooo fan-

tassins,

ooo cavaliers, teurs de chameaux. i

200 artilleurs, 800 conduc-

Turkménes-Tekkés prennent la résolution de défendre leur citadelle de Géok-Tépé; c'est un grand quadrilatère allongé dont deux faces opposées ont environ 200 à i ~oo mètres et les autres $00 à 6oo mètres. Un remblai en argile, de 5 à 6 mètres de haut, de 5 mètres de large au sommet, en fait le tour Les

40 ooo indigènes, leurs tentes, leurs femmes, leurs troupeaux, y sont enfermés sur ce nombre on compte

io

ooo cavaliers. Le 4 janvier, la première parallèle est

ouverte

après des reconnaissances préliminaires. Il faut faire un siège en règle, cheminer, construire des redoutes, agir avec prudence, car les Tekkés sont de rudes adversaires. Ils le prouvent dans leurs sorties. Le 9 janvier, au nombre de 4 000, ils se jettent impétueusement, sans tirer un coup de fusil, sur le flanc droit des travaux de siège, les débordent, enlèvent une redoute, trois mortiers et cinq canons les renforts russes arrivent et reprennent les mortiers et les canons, sauf un. Le 10 janvier, le camp russe est rapproché de 500 mètres et se trouve dans la zone battue par les feux de l'ennemi un combat acharné s'engage qui dure

tout l'après-midi.

i 6000 environ;

janvier, deuxième sortie des Tekkés au nombre de violent combat de nuit: les Tekkés enlèvent une redoute puis la perdent en emmenant toutefois une pièce de canon. Cinq jours après, dans la nuit, nouvelle sortie de 12 ooo Tekkés. Pour escalader plus rapidement les parapets des ouvrages russes, ils s'accrochent aux baïonnettes des fusils placés dans les bonnettes. Mais, malgré cette résistance acharnée, les têtes de sape avancent des cartouches de dynamite, attachées à une pierre et remplaçant les grenades, causent de grandes pertes aux Tekkés. Le 20 janvier, une brèche de 25 mètres est ouverte dans leur épais rempart de terre battue: ils la réparent dans la nuit. Le 24, à heures 20, le feu est mis aux charges de la mine, la brèche est ouverte de nouveau terrifiés au premier instant, les Tekkés accourent vers leur parapet il faut un terrible corps-à-corps pour les rejeter des tranchées qu'ils ont construites en arrière de la brèche. Enfin à heure et demie le drapeau russe flotte sur la forteresse turkomène. Quelque temps après, Skobeleff écrivait ces lignes d'une remarquable sagesse: « Nous avons affaire à un peuple rempli d'honneur et de bravoure. Ces qualités nous seront profitables si nous savons garder intact notre prestige militaire et si, en introduisant dans ce pays nos usages, nous n'y introduisonspas en même temps, comme partout, notre fonctionnarisme. » Le

i

(~ suivre.)

F.

DE L'HARPE,


nouveau gibier: L'acclimatation du Tinamou

Un

LEE gibier français s'est enrichi dans ces derniers temps d'un nouveau spécimen dont on peut considérer aujourd'hui l'acclimatation comme démontrée. Ce nouveau venu n'est autre que le Tinamou, qui réserve de jolis coups de fusil aux Nemrods. Toussenel, qui a dit que « la conquête d'un animal vaut mieux pour l'humanité que le

nids. La première couvée se fait vers la fin septembre. la deuxième fin décembre et quelquefois même une troisième a lieu en février, mais cette dernière couvée ne donne généralement que des résultats à peu près nuls. C'est le mâle seul qui parait couver. Quarante-huit heures après leur naissance, les jeunes Tinamous vont, sous la conduite de leurs parents, et principalement sous celle de leur père, chercher leur nourriture à travers les champs: ils mangent seuls, en effet, presque aussitôt nés. Les parents grattent la terre comme les gallinacés et la fouillent de leur long bec pour en retirer les vers et insectes qui ne remontent pas à la surface et les donner en nourriture à leurs petits. A cette époque, il est très difficile de chasser ces oiseaux, car ils demeurent constamment

cachés.

gain d'une

par hasard une nichée

bataille pour un peuple », doit, de sa tombe, bénir M.

le

est surprise,

petits fuient d'un les

Galichet,

côté avec une rapidité telle qu'il est im-

«lanceur »

de ce bipède

emplumé.

possible

De la ferme de

suivre, tandis que

tout près de Paris, les Ti-

les parents,

faisant

se

seurs, s'en

dus chez un

vont dans un sens opposé.

grand nom-

bre de pro-

A

priétaires, et

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j~our~d'hui,

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coup de chasses qui, au-

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Mériel,

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Si

taine d'an).).T[NAMOrETSArorv)'n. p..

D'r~H~n~/nc.

de ne pas en posséder. Le Tinamou roux est originaire de l'Amérique du Sud on le rencontre au Brésil, dans la Guyane, au Paraguay, dans la Républiqueargentine. Les Guaranis le nomment Ynambus, et les colons espagnols l'appellent caille pour les petites espèces, perdrix pour les grosses. Sa chair est une des plus délicates qu'on connaisse et ses muscles pectoraux ont un développement extraordinaire qui en fait un mets apprécié. On en vend des quantités considérables sur le marché de Montevideo. Les indigènes se servent de ses plumes

pour empenner leurs flèches. Cet oiseau se rapproche de la perdrix par des dispositions qui sont communes aux deux espèces l'habitude de se cantonner, de ne point percher, de construire un nid sur la terre et de façon très rudimentaire, la faculté de se passer de boire. Les Tinamous ont un cri de rappel qui s'entend de fort loin et qu'ils poussent surtout le matin et le soir. Au lever du soleil, au clair de la lune, ils vont chercher leur nourriture qui consiste en fruits, graines, insectes, petits vermisseaux. Les Tinamous s'accouplent vers la fin d'août. Ils se cachent alors de préférence dans les champs de luzerne, de blé et de ma'ïs, où ils établissent leurs

nées,onavait essayé d'ac-

climater

le

Tinamou en Europe, mais on n'y avait jamais réussi pour une raison bien inattendue c'est que toutes les tentatives d'élevage avaient été faites en volière. Le Tinamou aime la liberté et ce n'est que du jour où on

l'a lâché dans de vastes enclos que son élevage a magnifiquement réussi. Dans son ensemble, l'oiseau mesure environ 40 centimètres de longueur; il est de la grosseur d'une belle poule faisane, mais plus court, plus ramassé, peut-être moins élégant, quoique d'un aspect particulier qui ne manque pas d'une certaine originalité. L'œil est grand, bien rond, la prunelle noire, l'iris jaune paille affaibli, la paupière presque nue, avec le bord inférieur jaune très pâle. Le tour des yeux est complétement emplumé. Les pattes, hautes. et nues jusqu'au dessus de la jointure de la jambe, sont dépourvues de tout éperon. Quatre doigts dont le pouce réduità l'état rudimendaire; le torse très long; les ongles longs et droits, pointus et légèrement recourbés. Cette patte, qui se rapproche de celle de la famille des échassiers, est de couleur gris clair en avant et gris noir en arrière.. L'oeuf a un aspect très bizarre et semble être, à s'y méprendre, en porcelaine. Il n'a pas moins de


5

millimètresde long et son poids atteint 6~ grammes.

Sa couleur est lilas, ou mieux aubergine assez clair. D'après les patientes observations de M. Galichet, l'acclimatationdu Tinamou est des plus faciles, à la condition de le tenir, non pas en volière, mais en parquet assez vaste, ou mieux en pleine liberté. Il est rustique, résiste à toutes les intempéries. Les mauvais temps que les élèves de M Galichet ont subi, et notamment des vents d'Ouest fort défavorables pour des oiseaux nouvellement importés, non seulement ne paraissent pas avoir influé d'une manière fâcheuse sur leur santé, mais n'ont nui en rien à la reproduction. Le Tinamou paraît devoir se plaire surtout dans les bois garnis de ronciers épais avec des endroits marécageux ou humides, dans lesquels il pourrait trouver abondamment les versetles insectes, qu'il affectionne parti-

culièrement. En ce qui concerne son élevage, il est des plus simples, puisqu'il n'y a pour ainsi dire pas à s'en occuper. Sa croissance est extrêmement rapide dès le huitième jour, les jeunes Tinamous commencent à manger du grain; dès le treizième jour, ils mettent bas la livrée de jeune pour revêtir celle d'adulte à trois semaines, ils ont toutes leurs plumes à un mois, ils cherchent eux-mêmes leur nourriture en fouillant le sol avec leur bec comme leurs parents, et ils sont capables de se suffire à deux mois, ils ont atteint toute leur taille et sont devenus entièrementadultes. Les jeunes Tinamous ont une grande aptitude pour se cacher, se raser, se dissimuler au point de devenir presque invisibles sur une surface unie. L'instinct de la défense est très actif chez eux, et, quoiqu'ils deviennent assez facilement familiers, il est difficile, dès l'âge de huit jours, de les prendre à la main. Ils piètent avec une vivacité et une vitesse sans pareilles, ils se faufilent à travers les herbes de leur parquet avec une rapidité surpre-

nante. Envisagé au point de vue de la chasse, le Tinamou donne pleine et entière satisfaction. Son port général le classe, du reste, immédiatement dans la catégorie des oiseaux-gibier: tête de la bécasse, cou fin et allongé de la pintade, avec le même genre d'attache au dos; ce dernier, très bombé, fuyant, également comme la pintade, se termine dans une courbe très ré<y)ièrffttro~ tummens'infléchissant brusquement le sol taire vers comme chez notre perdrix commune. Le Tinamou a du faisan la démarche lente et calme. Lorsqu'il se sent ou se croit en sécurité, il semble plutôt glisser sur l'herbe que marcher; mais, vienne le moindre bruit, la moindre crainte, il allonge un grand cou, relève la tête, explore du regard les environs, écoute quelques très courts instants et disparaît rapidement et sans bruit, en se glissant dans les hautes herbes ou sous les basses branches des arbrisseaux.

~uc

Le fiance

surprendre est

bien difficile, à

cause de sa mé-

u sait se défendre des embûches qui l'entourent.

Au bois ou à la plaine, il est l'objet de brusques surprises. Sa livrée est telle qu'à un pas il devient invisible avec les branches mortes, les feuilles éparses, il ne fait qu'un, et si le regard ne rencontrait un grand œil rond, il passerait inaperçu.

Son vol est uniforme, large et silencieux; aucun

bruit d'ailes, aucun claquement.

II file

droit, semble

planer, les ailes largement étendues et les battements très espacés, laissant derrière lui comme une longue traînée fauve, produite par la couleur vive des grandes rémiges de chaque aile. H demande pour le chasser de bons chiens, prudents autant que patients il tient suffisamment l'arrêt, mais, comme la caille et plus encore comme le râle de genêt, il piète longtemps avant de se décider à partir. Peut-être sa chasse sera-t-elle plus amusante avec les cockers ou avec de petits chiens courants très lestes, mais dans tous les cas on peut affirmer qu'il procurera aux véritables chasseurs, à ceux dont la recherche du gibier est le principal plaisir, les deux plus grandes satisfactions qu'il soit désirable de rencontrer l'attrait de la recherche et la science du tir. HENRI COUP)N.

Exploration du Mont Wrangell, dans l'Alaska r~Eux chercheurs d'or du

Massachusetts se sont

approchés, plus que l'on ne l'avait fait jusque-là,

du gigantesque pic volcanique qui dépasse en hauteur

le mont Saint-Elie et tous les autres sommets de l'Améde cette année qu'ils ont rique du Nord. C'est le poussé cette pointe hardie en une région encore inconnue et étudié de près le volcan en activité. Ils avaient passé l'hiver dans une cabane sur la rivière du Cuivre, à 100 kilomètres du mont Wrangell. Ils la quittèrent en avril avec cinq ou six compagnons pour explorer les abords de la montagne, à la recherche de mines d'or ou de cuivre. Des bords de la rivière Kotsina, ils montèrent sur le sommet du même nom, dont les ramifications, reliées à celles du mont Wrangell, les conduisirent jusque dans le voisinage immé-

mai

diat d)) vr~r-)' Le belvédère où ils étaient parvenus n'était séparé de ce dernier que par une étroite vallée. Ils voyaient le cône volcanique se dresser vis-à-vis d'eux

comme un gigantesque pain de sucre. Un cratère circulaire d'un demi-mille de diamètre vomissait d'épais nuages de fumée noire; mais ils ne virent pas trace de cendres ni la moindre flamme. A quelque distance audessous du cratère, treize geysers, les seuls que l'on connaisse dans l'Amérique du Nord, lançaient à 300 ou 400 pieds de hauteur de la lave et de l'eau chaude, à intervalles réguliers l'un d'entre eux lançait son jet de trois minutes en trois minutes. 11 n'y a pas trace de végétation sur le cône un épais manteau de neige et de glace, des sillons de lave que la neige fraiche recouvre incessamment, ainsi que des rocs, qui sont sans doute des amoncellements de lave refroidie, recouvrent seuls ces hauteurs désolées, bien que l'été eût déjà fait verdir les plaines et les collines de l'Alaska. D'après les deux observateurs, le sommet du


mont Wrangell semble accessible. Ses flancs, en tout accidentés que ceux du mont cas, sont beaucoup moins Blackburn, au sud du premier et presque aussi haut prendre sa source que lui. La rivière Kotsina leur parut dans une vallée au pied du mont Wrangell. Ils trouvèrent d'abondants minerais de cuivre et d'or dans le bassin supérieur de ce cours d'eau. D'ailleurs, la contrée est si stérile et son climat si rude que les plus hardis aventuriers auront de la peine à s'y fixer. Les indigènes n'osent s'approcher du mont Wrangell, qu'ils croient hanté par les esprits malins. Mieux que des êtres surnaturels, le froid, l'ablongsence de gibier et de végétation, écarteront pour temps sans doute les colons de ces régions désolées, dont le volcan du mont Wrangell forme le centre. On sait que ce dernier a été découvert et baptisé fait de vains par le navigateur russe Wrangell, qui a efforts pour s'en approcher. Sa hauteur n'est pas loin d'atteindre 6 ooo mètres, sans doute.

Le Chemin de

fer de Sierra-Leone

annoncé récemment que le gouverneavait autorisé la colonie de la Guinée française à émettre un emprunt de 8 millions pour la construction du chemin de fer de Konakry. On lira donc avec intérêt quelques mots sur le chemin de fer voisin, que les Anglais construisent sur la côte occidentale d'Afrique et dont la tête de ligne se trouve à Sierra-Leone. La première section de ce chemin de fer public le a été, comme nous l'avons dit, ouverte au actuelleelle a 52 kilomètres et atteint 1 cr mai dernier ment la ville de Songo. Le chemin de fer est à voie étroite, de 76 centimètres de large il part de Freetown, la capitale de la colonie de Sierra-Leone, se dirige vers l'intérieur de l'Afrique par Songo, Rotofunk, etc. Ainsi que nous exploitation; venons de le dire, $2 kilomètres sont en mais les travaux préparatoiresont été poussés jusqu'au 129c kilomètre au delà de Songo, de telle sorte qu'on peut prévoir que dans un avenir prochain cette voie de pénétration aura une longueur de plus de i8o kilomètres. Ainsi qu'on peut le penser, les ingénieurs ont eu à vaincre de très grandes difficultés. D'abord il a fallu faire venir d'Angleterre tous les matériaux, la colonie industrielle; d'autre ne possédant aucune ressource part, le climat de Sierra-Leone, qui est des plus déprimants, a éprouvé considérablement la santé du personnel européen. Pourtant grâce aux précautions prises, à l'interruption des travaux pendant les trois mois de saison pluvieuse et à l'octroi de congés aux Européens durant cette période, l'entreprise a pu se développer régulièrement et sans trop de déchets. Quant à la main-d'œuvre, il a été plus aisé qu'on ne le croyait de la trouver sur place les noirs ne sont pas d'excellents travailleurs mais, avec de la patience et

Nous mentavons

de bons traitements, ils rendent des services à ceux

qui savent les conduire. Enfin, les difficultés de terrain sur le premier tronçon ont été considérables le pays est très touffu, couvert par la grande végétation tropicale, et avec cela très accidenté. On en aura une idée par ce fait qu'il a fallu construire douze grands viaducs dans les trente premiers kilomètres la longueur moyenne de ces ouleur hauvrages est d'environ 800 mètres, tandis que teur varie de 9 à 25 mètres. La construction de la voie ferrée a commencé en 1896 elle a été interrompue pendant la grande révolte des indigènes du printemps de 1897. Le personnel européen s'enrôla alors tout entier dans le corps des volontaires de Freetown et contribua à la défense de la colonie. Quant aux ouvriers, ils furent pour la plupart affectés comme porteurs au corps expéditionnaire qui mit fin à la rébellion. Bref, l'entreprise perdit la moitié de la belle saison et une partie de son matériel. L'an' dernier, la grande grève des mécaniciens anglais fit subir aux travaux de nouvelles pertes de temps. Par la construction du chemin de fer de SierraLeone, l'Angleterre s'efforce d'attirer dans la colonie le trafic du Hinterland, qui avait depuis quelques années une tendance à se diriger sur nos établissements. Le docteur Ballay, le distingué gouverneur de la Guinée française, a signalé plus d'une fois la nécessité de parer v6ie ferrée à ce coup et de construire, notre tour, une aboutissant à Konakry.On a mis du temps à lui donner gain de cause, et on doit te regretter mais, puisque satisfaction vient d'être donnée à ses vives instances, nous aurions tort de récriminer. Et il ne nous reste plus qu'à souhaiter que les travaux du chemin de fer de Konakry commencent le plus tôt possible.

Le capitaine R.-J. Frisch.

CoM~~)<MM sur la dé-

fense de l'Algérie-Tunisie et ~'s?-?M<!e d'Afrique. Volume in-8" de 248 pages, 3 fr. 5o. (Paris, H.-Charles Lavauzelle, éditeur.) événements ont ramené notre attention sur la récents ~E D défense de nos côtes et en particulier de celles de l'Algérie-Tunisie,qui pourraient être exposées, en cas de guerre européenne, aux attaques d'une puissante flotte ennemie. A ta veille de la discussion du projet de loi sur l'armée coloniale et d'une solution si longtemps attendue de cette question vitale pour nos colonies africaines, le travail si documenté de M. le capitaine Frisch, ancien officier des affaires arabes et du service des renseignements de Tunisie, pourra être utilement consulté. L'auteur croit possible de réduire les effectifs de t'armée d'Afrique, à la condition toutefois de prendre un certain nombre de mesures sans lesquelles la défense extérieure et intérieure du pays ne serait que vaine et illusoire. S'appuyant sur l'autorité incontestable du colonel Pein, la période de couun des officiers les plus remarquables de solidation de notre conquête, l'auteur énumére, explique et développeles projets de constitution d'une armée d'Afrique et d'une organisation défensive du littoral et des grands centres de population. Le volume que nous analysons dénote chez le capitaine Frisch une très réelle compétence due à son expérience des choses d'Afrique; il se recommande à l'attention de tous sérieusement de ceux qui, non sans raison, se préoccupent l'avenir de l'Algérie et de la Tunisie.


LE MOUVEMENT G.ÉOG.R~.Mf7ÇUE Bruxelles.

t

Les Voies de Communication du Siam

siamois comprend actuellement environ 225 kiplus ancienne est celle qui relie Bangkok à Paknam (22 kitomètres). Elle a été exploitée par une société siamoise, dont les actionnaires sont Européens et Siamois. Depuis l'achèvement de cette voie ferrée et à cause de la plus-value considérable qu'elle a donnée à toute la zone qu'elle traverse, le gouvernement a compris l'Utilité des chemins de fer. D'autre part, les résultats financiers de cette première entreprise l'ont convaincu que les chemins de fer constituent un bon placement de fonds. C'est pourquoi il s'est décidé à faire construire pour son propre compte et a fait mettre en adjudication une voie nouvelle, de Bangkok à Khorat (Nagara-Rajasima),de 256 kilomètres. La construction fut entreprise par une puissante maison anglaise (Jardine et Matheson), ayant pour prête-nom un entrepreneur, M. Murray Campbell. A la suite de nombreux malentendus et mécomptes, l'Etat a retiré les travaux des mains de cet entrepreneur et les a continués en régie. Une administration spéciale dépendant du Ministère des Travaux publics (département royal des chemins de fer), s'occupe actuellementde la construction et de l'exploitationdes voies ferrées et de toutes les questions qui s'y rattachent. Ce département est placé sous la haute direction d'un ingénieur prussien, assisté d'un personnel technique, en majeure partie allemand. Voici la liste des différentes lignes construites, en construction ou à l'étude t° De Bangkok à Paknam (22 kilomètres), en exploiL

E

réseau

)omètres de voie. La ligne la

tation depuis plusieurs années; 2° De Bangkok à Korat (256 kilomètres), en exploitation jusqu'à Genkoi, en construction au delà; 3" Un embranchement du précédent, vers Prabat et Lopbouri, en construction; 4'On a commencé des études sur le terrain, en vue de la construction d'un raiiway allant de Bangkok à Petchabouri. Mais ce ne sont là que des tronçons insignifiants, eu égard aux lignes plus importantes que réclame l'avenir du' pays. Il résulte de sa configurationgéographique, ainsi que de son étude, tant au point de vue économique que militaire, qu'un ensemble de lignes, toutes assurées d'un trafic important,s'impose dès à présent. De toutes les lignes projetées, l'artère maîtresse à laquelle toutes les autres viendront se souder sera, sans aucun doute, celle qui traversera le royaume du Sud-Ouest au Nord-Est. Son port d'attache sur le littoral de la mer des Indes sera Renong; elle gagnera, par l'isthme de Kra et par Petchabouri, Bangkok, la capitale, remontera la vallée du Ménam et atteindra le haut Mékong à Louang-Prabang, où elle se rattachera au réseau français du Tonkin. Ses conséquences, au point de vue du développement économique du pays, seront incalculables, car elle desservira successivement les trois grandes zones la zone minière, de RenongàPetchabouri;la zone des cultures, depuis Petchabouri jusqu'aux lacs; enfin, la zone forestière,jusqu'à Louang-Prabang. Son importance ne sera pas moindre au point de vue de la rapidité des communications elle abrégera très considérablement le voyage de Colombo (Ceylan) à Bangkok, Saigon (Cochinchine) et Hanoi (Tonkin), ainsi que nous

l'expliquonsplus loin. Il est à noter que les colonies françaises de l'IndoChine, qu'on n'atteint actuellement qu'après avoir fait le tour de la longue presqu'ile de Malacca (vii Singapour), seront desservies par le Transpéninsulaire siamo-tonkinois, et s'empresseront de le relier au réseau tonkinois, dont les premiers tronçons sont en construction. Mais l'entreprise d'un transpéninsulaire siamo-tonkinois prend tout à coup une incalculable envergure, si on

envisage la possibilité de son extension vers l'Est à travers la populeuse province de Kouang-Si, jusqu'à Canton (environ i ooo kilomètres). Dès lors, on peut entrevoir, dans un avenir prochain, pour la ligne Renong-Bangkok-Hanoi-Canton, les destinées les plus ambitieuses. En effet, elle constituera la premièresection d'une des plus grandes voies ferrés de l'Asie, la ligne de Pékin, par le Sud, correspondant au Transsibérien, la ligne du Nord, puisque, à Canton, elle se rattachera au Grand Central chinois (Canton-Han-Kéou-Péking),appelé à devenir la plus importante des voies ferrées de l'Extrême-Orient. D~U7'SC/ A'OZ.OA~.L ZEITUNG

Une Ecole coloniale allemande

U

àWit-

allemandevient d'être inaugurée NK école coloniale zenhausen. organisation. Voici quelques détails

sur son Afin d'éviter à l'aveniraux jeunes gens qui s'expatrient les mécomptes, les désillusions, et de les préparer à un travail pratique dans les colonies, quelques hommes prévoyants et dévoués créèrent, sous la présidence du prince de Wied, une société à responsabilité limitée; grâce au capital souscrit (< 16,000 marcs) et aux dons, parmi lesquels 3,ooo marks de l'empereur et t,ooo marks de M. Krupp, ils jetèrent les bases de la nouvelle institution, dont le siège fut établi à Witzenhauzen, sur la Werra, une belle petite ville qui, par ses jardins fruitiers, ses vergers, ses vignobles, ses forêts et ses multiples installations agricoles, offre les bases nécessaires aux divers travaux de la nouvelle institution. L'école peut déjà accepter actuellement quarante élèves. Elle dispose de terrains de culture et de machines agricoles de premier choix, elle possède un institut de sciences naturelles et des ateliers pour l'apprentissage de divers travaux manuels; l'enseignement se complétera par la visite des fabriques de tabac et de conserves qui existent à Witzenhausen même, dans les environs de l'Académie forestièrede Munden, desserres et duparcdeWilhetmshœhe et de l'université de Gœttingue. La direction de l'école est confiée au D' Fabarius et celle de la section d'économie rurale au D' Thiele. Il est évident que sous notre climat, on ne peut cultiver la plus grande partie des fruits dont les élèves de l'école coloniale auront à s'occuper plus tard dans les colonies. Dans cette branche, on donnera le meilleur enseignement théorique possible, basé sur des exemples comparatifs. Avant tout. l'école veut faire de ses élèves des hommes travailleurs, indépendants et capables. L'enseignement pratique comprendra des notions de comptabilité agricole, l'emploi des ustensiles, des machines, les travaux d'arpentage, de nivellement, de drainage, d'irrigation,la construction de routes, de rues, de sentiers, etc., l'entretien et l'élevage du bétail, tant européen que tropical, l'horticulture, l'arboriculture, la conservation et la vente des fruits, les divers travaux manuels boulangerie, abatage, savonnerie, menuiserie et maçonnerie. L'enseignement théorique enveloppera tout ce qui peut un jour être utile aux colons, entre autres la culture et la

vente des plantes tropicales, de la vigne, des essences

forestières, l'enseignement général de la botanique, la climatologie, la géologie, la chimie, t'hygiène tropicale, la médecine vétérinaire, l'histoire et la géographie coloniales, les langues étrangères, etc. Rien n'a été négligé pour préparer de bons pionniers de la civilisation et de la science. En fondant cette école, on a non seulement eu en vue les colonies allemandes, mais également les pays comme l'Amérique du Sud, par exemple, vers lesquels les Allemands ont émigré en masse. Trop souvent ces émigrants ont besoin des conseils d'un homme capable qui puisse leur donner l'exemple ce qui prouve que, même dans les pays étrangers, les élèves de l'école pourront rendre de grands services. Tous ceux, et ils sont nombreux en Allemagne,qui travaillent à l'extension de la puissance coloniale de leur pays, souhaitent de tout cœur que cette œuvre nouvelle réussisse.


De Marseille en Asie Centrale Le Chemin de fer Transcaspien. $ ooo habitants.

Beaucoup de mouvement à la station, surtout des militaires et des employés des avenues plantées d'arbres conduisent à la ville; une dizaine de vieux fiacres stationnent devant lagare; tout prés, de grandes caserA SKHABAD, i

nes

Askhabad.

Bokhara.

plus large page

b!anchede)acréation, le plus grand oubli du Créateur sur le globe.

d'artillerie

L'âmes'épouvante

et se repose tout

pienne se composent de wagons russes ordinaires,

ensemble à cette )Jée qu'elle pourrait s'envoler par delà ces milliers de lieues ouvertes, dans la même absence d'être'; et de bruit. » (Vte de

tous à couloir,

extérieurement peints en blanc.voyage est un

peu pénible pen-

dant la grosse chaleur le ther-

Vogüé.) La lunese lève, énorme, cou-

momètre de notre wagon marque en moyenne ~o° Ré-

leur orangé pâle

sur fond bleu

sombre.

aumur, soit 37 ou 38° centigrades. Heureusément, à presque toutes les

Merv.

du désert permettent d'en mesurer pour ainsi dire l'effrayante profondeur « !1 s'étend à perte de vue, à perte de calcul, au Nord jusqu'à la mer d'Aral et la Sibérie, à l'Est jusqu'au plateau de Mongolie. C'est la

couvertes en terre glaise. Les trains qui circulent sur la ligne transcas-

Le

(Suite)

4 ao:~t.

A 4 heures'du ma-

A LA GARE DE 'CC'H.vADJUUT.

D'après une photographie de

stations, qui sont nombreuses, on trouve des boissons à la glace, du kwass, de la bière à o fr. 60 la bouteille, de la limonade à o fr. 25. On peut parfaitement se passer du wagon restaurant dans la plupart des buffets, il y a de la viande froide, du poulet, de la charcuterie, du caviar, des œufs, des raisins, des melons, etc., et, naturellement, l'inévitable samovar. Les gens du pays et surtout les Turkomans voyagent en 4* classe, dans les fourgons ils s'y installent sur des nattes ou des tapis, comme sous la tente, font leur thé, mangent leurs galettes, leurs concombres et fument paisiblement leur pipe. Les effets de mirage ont cesse les lignes vagues

tin, la fraîcheur de l'air et des'chants de coqs nous évei!lent nous sommes à Merv la ville neuve se voit peu de la gare son importance grandit chaque jour et deviendra considérable quand sera achevée la ligne de chemin de fer, poussée activement,qui se dirige au Sud vers le centre de l'Afghanistan. Grâce à une irrigation bien entendue, l'oasis de Merv était autrefois célèbre dans toute l'Asie. ° lieutenant de

!at-c.

Après )a station, pendant 12 kilomètres, on traverse des cultures, des jardins et de nombreux canaux très loin, des rangées de saules alignent leurs têtes rondes. Et on arrive à Beiram-Ali. De part'et d'autre de la voie, à perte de vue, s'étendent des ruines d'argile, des tours carrées, des pans de murs, quelques


ces débris de l'ancienne Merv couvrent une surface immense, mais sont peu importantes, quoique d'un joli effet, à cette heure matinale, dorés par le soleil levant. Merv a compté jusqu'à 800 ooo habitants; c'était une des villes les plus splendides de l'empire persan plus tard « au temps de la domination arabe, comme Samarkand et Bokhara, elle devint l'une des grandes écoles de sciences ». (É. Reclus.) Les Mongols de Gengis-Khan la dévastèrent une première fois et égorgèrent ses yooooo habitants; en 1795, un émir de Bokhara la réduisit de nouveau en miettes et saccagea coupoles

l'oasis entière. Bientôt la région des dunes commence il y en a pendant plus de 200 kilomètres. Elles portent d'abord une assez grande quantité de saxaoul, sorte de genêt qui vit dans le sable et sert à le fixer, comme le drin dans le Sahara ou le pin dans

Du moins, le système employé par Annenkof

essentiellement pratique et rationnel. Il n'avançait qu'autant qu'il était parfaitement relié à son point de il

départ et de ravitaillement, qu'autant qu'il pouvait

recevoir, par les rails déjà posés, des vivres, du matériel, du bois, du fer, de l'eau, du ballast. Les pionniers militaires, ses ouvriers, étaient logés, beaucoup mieux que sous la tente, dans le train-caserne qui les suivait. C'était en somme, dans cette guerre contre le désert de sable, l'application d'un principe de stratégie rester

toujours relié à sa

base

pont métallique

fait pour supporter de lourdes lo-

comotives

rêveur en songeant que la station de chemin de fer la plus

proche, Tiaret,

est à i5o kilomètres au Nord et que, par consé-

quent, toutes les pièces de ce pont ont dû être péniblement

tenant les vérita-

chameaux. De même.

entre Djelfa L'<n.LAmi:DASS)-h:&DLXES.

D'après M/~ p/K?~O~Ï'te

de M.

~CN~/M~~

mais qui fument au moindre vent, qui se déplacent insensiblement et qu'aucune force humaine ne peut anéantir ici, c'est une lutte perpétuelle entre l'homme et le sable l'homme rejette patiemment tout ce qui dépasse le sillon tracé au cordeau de chaque côté de la voie, car, sans un incessant travail, les dunes recouvriraient en peu de temps toute trace de l'œuvre humaine. Aussi les postes sont-ils nombreux il y en de temps en temps un a toutes les 3 ou 4 verstes train spécial, composé de cuves de bois posées sur la plate-forme d'un wagon, apporte l'eau et la vie à ces gardiens de la voie, sentinelles perdues dans l'immense océan de sable. Jusqu'à ces derniers temps, tout le personnel du chemin de fer transcaspien se composait de soldats peu à peu ils sont remplacés par des employés civils. Le train roule dans un léger nuage tout, dans le compartiment, est saupoudré de sable. Quand on a traversé cette région maudite, ces dunes surchauffées, d'une désolation effrayante, on peut se faire une juste idée de ce qu'il a fallu de témérité au général Annenkof, d'énergie et de dévouement à ses soldats, pour entreprendre et mener à bien une

~a~~6.

et

Laghouat on rencontre, en plein

désert, des terras-

bilesenapparence,

œuv.e pareille.

transpor-

tées par des convois ou à dos de

dunes,où

arrondies, immo-

on

reste

rare, semblable à un duvet, contribueaussi à immobiliser le sol. Voici maincroit seulement de loin en loin une maigre touffe, la mer de sable, les grandes vagues

de ravitaillement.

En Algérie, nous employons parfois un système opposé. Ainsi, en passant au bordj de Guelta-Sidi-Saad, sur les bords de l'oued du même nom, à 3o kilomètres d'Aftou, on est tout étonné d'apercevoir un magnifique

les Landes une très herbe jaune,

bles

fut-

maçonneries, des ponts destinés a la construction incertaine d'un chemin de fer; ces travaux d'art, exécutés loin de toute voie ferrée, ont coûté des sommes considérables; n'étant pas entretenus, ils se dégradent rapidement, et le jour où l'on voudra poser les rails ils seront à refaire; ce gaspillage des efforts et des finances est la conséquence inévitable de l'indécision des projets et de la rivalité des pouvoirs. sements, des

Vers midi, la verdure apparaît brusquement; des canaux, des champs inondés, des luzernes, des maïs, des plants de cotonniers et de grands arbres, saules, ormes, peupliers de Hollande ou d'Italie puis une gare importante où circulent des indigènes en turbans de mousseline blanche, en robes bariolées des plus

vives couleurs; c'est au bord de l'Amou-Daria, Tchardjout, ville d'avenir. On met une locomotive légère en tête du train et nous traversons lentement l'Oxus sur kilomètres; un immense pont de bois, long de quatre au sortir des dunes brûlantes on contemple avec ravissement ce fleuve rapide qui roule ses flots limoneux entre des rives basses, à peine aperçues du centre du pont que de terrains une pareille masse d'eau est capable de fertiliser Quelques vapeurs, portant le pavillon russe, sont ancrés en amont du pont; c'est une


partie (h la flottille qui remonte le fleuve jusqu'à 200 ou ~oo kilomètres de Tchardjout. Aprèsl'Oxus nous traversonsencoredes campagnes

bien arrosées, boisées et peuplées, en deçà de la station d'Amou-Daria, tout environnée d'usines où l'on construit du matériel de chemin de fer. Puis les dunes recommencent pendant une heure, et enfin, à 5 heures et demie, nous sommes à Bokhara.La gare et la petite ville russe sont à !2 kilomètres de la cité indigène. Une voiture nous conduit à Bokhara $ août. après mille cahots à travers la poussière épaisse ou dans l'eau des irrigations jusqu'aux essieux. A peine a-t-on pénétré dans la ville, par une des portes basses de

son enceinte d'argile, qu'on se sent transporté à un

minaret le plus modeste et Je plus ébréché est toujours poétiquement coiné d'un énorme nid de cigognes. Près de la mosquée principale s'élève une tour de 5o mètres de hauteur d'où il était d'usage de précipiter les criminels. Avant de continuer notre promenade à travers la ville, disons deux mots de son passé, ou plutôt écoutons Élisée Reclus, nous ne saurions mieux faire « Dans le monde oriental, Bokhara est la ville fameuse entre toutes comme foyer d'études. C'est une des villes dont il faut citer le nom dans l'histoire de la pensée. Certainement l'étude s'y développa d'une manière remarquable à diverses époques du tx" au xu° siècle, puis au xtv" siècle, lorsqu'elle fut relevée des ruines qu'avait

faites Gengis-

autre âge, en pleine Asie, sans que rien fasse

Khan. De même qu'à l'autre extrémité du monde

tache dans le tableau, sans qu'aucun costume, aucun bâtiment européen puisse rap-

musulman, à Séville, à Grenade. à Cordoue, le mélange des civilisations aryenne et arabe eut les conséquences les plus

peler le x)x" siècle

et la civilisation.

C'est le grand charme et l'origi-

heureuses pour le progrès des scien-

nalitéde Bokhara;

ces, de même. les Iraniens de Bokhara, convertis à l'is-

on peut y rêver tout à son aise qu'on est au siècle

lamisme et plus ou moins arabisés,

de Tamerlan

mêmes rues entre devinrent les poèLE THANSCASPtEN DA~S LES DU~ES. des maisons d'artes, les docteurs et D'~r~ MH~ photographie de A/. ~H~Mfj!M/ de gile grise, mêmes les savants illushabitants dans tres de la Transoxiane. » Songent-ils encore à la leurs costumes d'autrefois; et quels costumes! quelle splendeur de leur passé, ces vieux moHahs~ que nous joyeuse fête pour l'œil voyons dans la cour d'une mosquée, étendus autour Quel coloris dans ces foules en robes de soie aux d'antiques grimoires, sous un superbe portique de extravagants Cafedessins éclatantes et aux nuances faïence délicatement nuancé de bleu, heureux mélange cafefleurs jaunes, grandes de cerise tans rouge avec de l'art arabe et de l'art persan dans ce qu'ils ont de tans orange ponctués de violet, cafetans vert pomme plus pur? à ramages roses et mauves, etc. les gens du peuple Malgré la grosse chaleur on n'a pas l'air de faire ont l'air d'avoir taillé leurs vêtements dans d'étranges beaucoup la sieste à Bokhara les rues sont encomcouvre-lits ouatés. brées. Dans cette lumière torride, toutes les couh-urs Presque tous portent l'immense turban de mousvibrantes des costumes de soie se détachent merveilseline blanche des Hindous. le fond gris clair des murailles de leusement sur contempler Nous nous arrêtons longtemps à un boue. coin de Bokhara qui forme la plus délicieuse vision asiatique qu'on puisse imaginer. Entre les immenses L'émir, placé sous le protectorat de la Russie, ogives de deux médressés 1 se faisant face, un marpossède quelques soldats; nous en rencontrons des ché encombré de chameaux, de marchands et de cavaliers au fond, des minarets, des coupoles ayant pargroupes en pantalon de peau rouge violacé, en bonnet d'astrakan, couchés près de leurs faisceaux au coin des tiellement conservé leur revêtement de faïences vert palais. Sous un hangar ouvert, voici même l'artillerie pâle. bokharienne placée sur de grossiers affûts chinoiseLes monuments de Bokhara ne sont pas en très ment peinturlurés de rouge et de vert 30 ou 40 vieux bon état privés en partie de leur placage de carreaux émaiDés, ils n'ont plus au soleil ce coloris éclatant qui canons de cuivre, de tout cahbre, ornés de cornes et terminés par des têtes de monstres apocalyptiques. devait être d'une incomparable richesse par contre, le

~e.

i. Sortes de séminairesmusulmans.

2.

Religieux musutmans.


Un fait curieux m'a été rapporté par un officier russe au sujet de l'esprit d'imitation aveugle de l'armée bokharienne.Au cours d'une expédition, les troupes du tzar traversent un profond canal et se trouvent en face des positions à attaquer; avant de donner l'assaut et sous le feu de l'ennemi, les Russes, gênés par l'eau qui remplit leurs bottes, les vident en se couchant un instant sur le dos, les jambes en l'air. Stupéfaction des soldats de l'émir! Serait-ce un procédé magique de la tactique européenne dont ils connaissent les terribles effets ? Serait-ce une invocation au Dieu de la guerre? Ils ne savent. Mais les voilà tous sur le dos pendant quelques minutes. Et depuis, avant chaque attaque, ils ne manquèrent pas de se livrer à ce mystérieux exercice d'assouplissement. A l'ex-

trémité d'une place s'élève la façade d'un palais de l'émir deux tours réunies par une galerie au milieu

de laquelle s'étale le ca-

où les consommateurs sont étendus sur des tables basses recouvertes de feutre, près des samovars de cuivre, dans la fumée des chibouks des mendiants invoquant leurs saints patrons en de monotones litanies, des changeurs; des vendeurs d'eau glacée appe-

lant l'attention du passant avec des cloches dont le battant est un fémur de mouton de bizarres processions de moines mahométans qui psalmodient des airs nasillards des conteurs, les trouvères d'autrefois, s'agitant et gesticulant au milieu de leurs auditeurs

émerveiiïés.

Pour jouir plus à l'aise de la magie de cette vision asiatique, nous faisons une halte sous l'auvent d'un café, au bord de l'eau, et nous déjeunons frugalement de rai.ins, d~ galettes et de thé. Nous quittons Bokhara à 5 heures du soir.

('K)Wf.~ F.

dran d'une horloge européenne

il

DE L'HARPE.

est midi

l'iman vient d'appeler les croyants à la prière. Au même moment débouche d'une ruelle étroite, dans un nuage de poussière, un

troupeau de moutons grouillant entre les longues jambes d'une caravane de chameaux.

La foule nous en-

La

Production

café au Brésil

d u

O

sait que le Brésil

produit les trois quarts du café jeté chaque

toure curieusement, mais r.e r·oar nr m:.wn D~. een son r.'ows. année sur les marchés du toutes ces figures monD'après MM photographie de ,V. le ;;eM<o;a)t< ~e ;jr/'< monde. En raison de l'acgoles, au teint de pain croissement de la production, surtout au Brésil, où d'épice, ont des airs bienveillants et pacifiques. Bazar l'on a commis la grande erreur économique, aujourtrès ancien le plafond se compose d'une série de d'hui reconnue, de se livrer presque exclusivement petites coupoles en briques partiellement vernissées et à cette culture, les prix de cette denrée ont baissé où il reste des traces d'arabesques. de plus des deux tiers. Le sac de 50 kilos, qui valait En passant devant le portail ouvert d'une écurie plus de 130 francs, il n'y a que quelques années, est de l'émir, nous apercevons, dans une grande cour en~tombé à 35 francs. De telle sorte que le Brésil exporte soleillée, de magnifiques étalons, en parfait état, attaaujourd'hui 10 millions de sacs qu'il ne vend que 350 chés très court par les pieds à des piquets on leur millions de francs, alors que, naguère, il ne produisait inflige ce traitement rigoureux pour les rendre patients que y ou 8 millions de sacs qui lui rapportaient plus et toujours aptes à supporter une campagned'été dans de 800 millions de francs. les déserts brûlants. Or, les Brésiliens pensent que, s'ils pouvaient Nous voici près des bassins intérieurs, un des faire augmenter la consommation du café, le prix de coins les plus pittoresques de la ville. Sur l'eau vercette denrée se relèverait ils visent à obtenir ce dâtre, des ormes antiques étendent leurs rameaux résultat en France, où la douane frappe les cafés du une population multicolore vient sur les marches disdroit énorme de 156 francs par 100 kilos. C'est-à-dire jointes emplir des outres et faire ses ablutions, se que le sac de 50 kilos, valant aujourd'hui 35 francs désaltérer et se laver les pieds. Détail un peu répugnant, paye 78 francs de droits d'entrée, ce qui représente la même eau sert aux deux usages; mais qu'importe, si 225 °;o. C'est, en effet, exorbitant, et, bien quecettetaxe le geste est beau soit appliquée à toutes les provenances (sauf celles des Tout autour de ces bassins se concentre une colonies françaises, qui payent moitié), le Brésil, le partie de la vie extérieure des Bokhares: des marchés, grand producteur, en souffre beaucoup. Les Brésiliens admirables fouillis de couleurs et de mouvement, où demandent donc qu'on diminue cette taxe, sinon, ils l'on se bouscule parmi les étalages de toutes sortes, frapperont nos importationsd'une surtaxe de 40 qui serait désastreuse pour notre commerce, déjà si graparmi les écroulements de fruits et de légumes, sous vement atteint par la concurrc nce de l'Angleterre et de des écrans de sparterie fixés au bout d'une perche des l'Allemagne. C'est beau, le système protectionniste! boutiques où se brocantent les produits frustes de l'Asie, tissus de soie et de coton fabriqués dans la ville, cuirs gaufrés et chaussures bokhares, des cafés

°/


e Transvaal, ou République Sud-Africaine, comme on affecte de l'appeler officiellement à Londres. est aujourd'hui enclavé de trois côtés dans les possessions britanniques. H y touchait à peine, lorsqu'il se fonda en 1852. Alors les Anglais n'avaient encore ni le Bechouanaland, ni le Matabélé, et les Boers auraient L

La Guerre

Anglo-Transvaalienne d'interminables négociations, la guerre vient décidément d'éclater entre l'Angleterre et le Transvaal. Le prétexte avoué, c'est la défense des Uitlanders, ou immigrants fixés à A PRÈS

Johannesburg; le vrai motif, c'est que la république gêne l'Angleterre dans ses projets d'expansion sud-africaine LE PE\ÉS1DE~T KRUGER c'est aussi qu'elle a de riches mines d'or sur lesquelles les capitalistesanglais veulent avoir une a- jn plus

effic~~e. Entre

pu avancer jusqu'au Zambèze, et bien au delà, sans rencontrer autre chose que des nègres dans ces vastes

territoires nominalement portugais.

Les Boers hollandais auxquels s'étaient mêlés, après la révocation de l'Édit de Nantes, de nombreuses familles huguenotes françaises, formaient le fond de la population du Cap, lorsque les Anglais annexèrent la colonie, en t8o6 Beaucoup d'entre eux se refusèrent à supporter le joug étranger ils s'en allèrent vers le Nord et fondèrent la colonie de Natal; puis, celle-ci ayant été conquise à son tour par l'Angleterre, ils rebroussèrent vers l'Ouest et créèrent les deux républiques de l'Orange et du Transvaal, celle-ci au Nord et au delà de la

rivière Vaal, d'où son nom. L'indépendance des deux Etats fut reconnue

l'immense empire

britannique et cet

Etat de paysans,

grand, il est vrai,

par l'Angleterre

comme les 3 cin-

en [852. La répu-

quièmes de la

blique vécut, pai-

France, mais peuplé seulement de 350000

sible, sous un

régime patriarcal,

blancs,

et n'ayant de démêlés qu'avec les Cafres, jusqu'en 1877. Mais, cette

parmi lesquels on compte près de 100 ooo Anglais, la lutte est trop inégale pour que

terre, prétextant

douteuse. Mais les Boers sont de vaillants soldats:

que les Boers n'avaient pas de forces suffisantes pour repousser le

année-là, l'Angle-

l'issue en soit

les souvenirs de la défaite du

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gersdorp en

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cœur de leurs ennemis ils expliquent en partie

l'âpreté avec la-

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Majouba en 1881, dejameson à Krü-

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vaeoumi, procla-

mèrent brutale-

l'annexion de la république à la colonie du Cap. Les Boers étaient trop faibles pour résister. Ils se soumirent, non sans ment

protester solen-

nellement, maiss en gens décidés à prendre leur revanche dès que la destinée le leur

CARTE DU TRANSVAAL ET DE L'ÉTAT D'ORANGE.

quelle la majorité des Anglais se prononce pour la guerre. Ils permettent aussi de croire que la soumission de la république ne s'obtiendra pas facilement. Ce n'est pas tout les Hollandais, qui sont seuls maîtres dans l'État d'Orange, et qui balancent presque les Anglais dans la colonie du Cap, ne laisseront pas d'un cœur léger écraser leurs frères de race. L'Orange s'est déjà prononcé pour eux; et, pour peu que la guerre se prolonge, la rébellion peut se mettre parmi les Afrikanders du Cap; on voit donc combien, en dépit de l'assurance qu'affectent les Anglais, la partie peut devenir grave.

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permettrait. Cela ne tarda pas l'insurrection s'organisa en décembre t&8o, et l'armée boer, divisée en 3 corps, se porta au-devant des troupes anglaises. Elle les battit en 4 rencontres. Le 20 décembre, un détachement du 04* régiment anglais était presque anéanti. Le 27 janvier, dans le défilé de Laing's Neck, l'avant-garde d'un corps de 2 ooo hommes commandé par le général sir George Colley était défaite. Le y février, les Anglais retranchés sur le Mont-Prospect étaient battus encore une fois et perdaient 200 des leurs. Enfin, le zy février, à


Ma:ouba-Hit), les Boers, trompant la surveillance de

leurs ennemis, leur infligeaient une nouvelle défaite, dans laquelle le général Colley et 92 de ses hommes, tombèrent, héroïquementdu reste. Ce désastre marqua la fin de la campagne. Le gouvonement anglais, dirigé alors par M. Gladstone, jugea plus honorable d'abandonner une

entreprise injuste que de chercher à venger une défaite méritée c'est là une des pages les plus belles, mais, ajoutons-le, les moins appréciées en Angleterre, de la vie de cet illustre homme d'État. On eût voulu voir un peu de son esprit présider aux négociations récentes; la guerre n'en fût sûrement pas sortie. Un traité était signé le 2~ mars 188) et ratifié par le Volksraad le 26 octobre de la même année il garantissait aux Boers leur complète indépendance pour leurs affaires intérieures les affaires extérieures demeuraient,en revanche, sous la direction du gouvernement britannique. Ce traité a été modifié par la convention signée à Londres le 27 février (884 cette convention substituait à la « direction ? des affaires étrangères un simple contrôle, exercé par un simple agent diplomatique, remplaçant le résident que l'Angleterre avait jusqu'alors entretenu à Pretoria. C'est après t88i que le Transvaal, redevenu libre, prit soudain un essor prodigieux. Le gouvernement boer connaissait déjà depuis )8~6 l'existence de mines d'or sur son territoire, dans la région dite du Witwatersrand mnis la crainte, trop justifiée, d'un afflux

d'immigration étrangère, l'avait engagé à dissimuler soigneusement cette découverte. La sécurité lui étant revenue, il autorisa l'exploitation en 1881. Au début, les résultats en furent peu satisfaisants; mais depuis, ils dépassèrent toutes les prévisions, et, à partir de 1885, le mouvement des immigrants devint énorme. On en jugera par ce fait c'est en décembre t886 que furent vendues les parcelles de terrain sur lesquelles s'élevèrent les premières maisons destinées à abriter les mineurs. En juin 1887, les maisons ainsi construites devenaient la petite ville de Johannesburg, avec 8 ou io ooo habitants. Aujourd'hui, c'est une grande cité qui compte i ooo âmes. Cette richesse imprévue a été fatale aux Boers du Transvaal. Elle leur a amené de nouveaux habitants d'autre race, qui n'ont point leurs traditions. Ces habitants ont sans doute enrichi le pays par les impôts qu'ils paient et qui ont grossi énormément les recettes de la République.Mais de même qu'ils payaient, ils ont voulu commander. Us ontréctamë desdroits politiques; les Boers ont compris le danger qu'il y avait à leur en accorder, car ces nouveaux venus, Anglais pour la plupart, devaient mettre leurs votes au service des convoitises anglaises, d'autant plus dangereuses que le territoire britannique s'étendait jusqu'au delà du Zambèze, et que tôt ou tard il englobera la baie de Delagoa, fermant ainsi son cercle autour des deux États boers.

C'est de cette discussion sur les droits des Uitlanders, poursuivie depuis 4 ou 5 ans, que sort la guerre actuelle. A la fin de 180~, le docteur Jameson avait essayé de trancher le nœud gordien, en envahissant le Transvaal à la tête de 400 aventuriers. Les Boers avaient promptement arrêté ce raid, et son chef n'avait dû leur vie qu'à leur clémence. Aujourd'hui

l'Angleterre ne veut recommencer qu'à coup sûr. Ce n'est pas avec quelques centaines de cavalitrs. c'est avec 7~ ooo hommes qu'elle veut réduire ce vaillant petit peuple. L'Europe, plus que jamais habituée à voir la force primer le droit, va naturellement le laisser

écraser.

sont de vaillants soldats et de bons tireurs, ils luttent pour leur indépendance; ils ontpour lesencourager les souvenirs de leurs victoires, et ils ne se soumettront pas sans avoir infligé aux Mais les Boers

Anglais de sensibles pertes.

Les Voyages

j~/t

de M. Geay en Amérique est originaire de Lacourd'Arcenay, dans la Côte-d'Or.

GEAY

En 1886, il quittait Paris pour la première fois et partait pour le CentreAmérique, d'où il ne devait pas tarder à

revenir très atteint par le rude

climat de ces régions inhospitalières aux Européens. Ayant enfin recouvré la santé vers la fin de 1887, notre compatriote oublia vite les dangers courus et les souffrances endurées, et il repartit aussitôt pour l'Amérique, se promettant d'étudier les richesses qu'il n'avait fait qu'entrevoir. En 1888, le ministère de l'Instruction publique le chargeait d'une mission scientifique pour la Colombie et le Venezuela. Et il quittait son pays en mars pour n'y plus revenir qu'à la fin de t8p=j. Durant les années t888-t88g, Geay explora consciencieusement l'isthme de Darien, les côtes du Pacifique et quelques îles avoisinantes; il eut un accès de fièvre jaune et faillit être enterré vivant. Mais à quelque chose malheur est bon, et comme on l'a dit « Quiconque surmonte ces moments difficiles et en réchappe, est acclimaté pour toujours. » Geay, ayant payé son tribut à la forêt vierge, était vacciné, et pendant de longues années il put se moquer des fièvres. En t8go, il visita la partie montagneuse du Venezuela-nord, et en ;8~! (février), il pénétrait dans l'intérieur des terres, de ces immenses prairies herbeuses (Llanos), semées d'esteros et de ~M~Moy, nourrissant des milliers de bœufs retournés à l'état sauvage. Pendant l'année t8~t, l'explorateurparcourut les hautes Savanes du Tinaco, de Tinaquillo, de SanCarlos, de Chisgua et du Pao, ainsi que les montagnes du Baul et la petite chaîne de la Galère qui ferme, au Nord, la zone des interminables Llanos. En !8o2, M. Geay traversa les régions baignées par la Portuguesa et ses affluents, il aurait poussé plus loin son exploration sans la révolution qui désola le pays, cette année-là, et se fit sentir surtout dans les provinces du Centre; en plein mois de mai, ce fait po-


litique immobilisa notre compatriotedans tes Savanes de l'Apure, jusqu'à ce que a~cM et ~OMt~Kfw~~oï se fussent réconciliés. En 1893, les communications furent rétablies et la liberté d'avancer rendue à M. Geay, qui explora les Savanes de l'Apure et de quelques-uns de ses tributaires en t8c)~. il remonta l'Apure, explora les forêts du.Masparo, du Paguei, du Suripa, du Caparro, du basUribante, du bas-Savare, et pénétra dans la partie inférieure du rio Nula, pataugeantdans les marécages, tout en chassant le cerf, le jaguar, le lion rouge, et étudiant cette bizarrerie biologique les géophages, ou mangeurs de terre, des Llanos. En t8c~, M. Geay traversait les savanes de l'Aranca, remontait le haut Sarare jusqu'aux contreforts des andes de Pamplona (d'cù ce dernier cours d'eau descend), puis visitait le bas Apura jusqu'à l'Orénoque, dont il suivit le cours jusqu'à la mer; il se rendait ensuite à l'ile de la Trinité où il s'embarquait enfin

pour la France. Geay avait été absent pendant sept années, mais du moins ne regrettait-il ni son temps ni ses peines, puisqu'en août 180$, il remettait au Muséum d'histoire naturelle de Paris de nombreuses collections scientifiques et des documents sans nombre. Outre de sérieuses observations faites sur la faune colombienne et vénézuelienne, nous lui devons surtout d'avoir pénétré la composition et la préparation des anciennes poteries symboliques indiennes, jalon très important pour l'étude de l'histoire des tribus disparues et document sans prix pour l'art de )a céramique. M. Geay quitta la France en mai 1897, se promettant d'explorer une région nouvelle, celle du Contesté franco-brésilien. Pendant un an et demi, il séjourna dans ces contrées plus étendues que la France, visitant d'abord les prairies voisines du littoral, puis ensuite les mystérieuses et hautes futaies des montagnes désignées sous le nom générique de TumucHumae. Dans le cours de cette nouvelle expédition, F. Geay parcourut successivement les régions peu connues du Carsévène, du Counani et du Cachipour. En 1897, il découvre tout d'abord un nouvel affluent en Carsévène, auquel il donne le nom de rivière Lunier (en l'honneur du capitaine d'infanterie de marine assassiné à Mapa, en 1895, par le Brésilien Cabral) et réunit de nombreux documents photographiques, sans préjudice d'une superbe collection zoologique, minéralogique et botanique.

L'Autonomie financière de nos Colonies ~\y

s'efforce, avec raison, de donner à nos colonies autonomie financière, c'est-à-dire de mettre à leur charge toutes leurs dépenses civiles, au lieu d'en imputer à la métropole une grande partie sous forme de subventions. Ainsi en a décidé une commission présidée par M. Jules Siegfried, estimant que c'était le meilleur moyen de réprimer certains abus qui se sont glissés dans nos administrations coloniales, où les gaspillages sont érigés en habitudes. Les adversaires de la mesure en question prennent texte d'une décision récente du Parlement anglais pour faire battre en brèche les travaux de la commission. Puisque, disent-ils, l'Angleterre vient de voter un crédit de 83 yg~ 500 francs pour venir en aide à ses colonies, c'est que la méthode des subventions a du bon. Ne changeons donc rien et mettons les travaux de la commission aux vieux papiers. Ce raisonnement n'a qu'un tort, c'est de reposer sur une confusion qu'un peu d'attention suffit à dissiper. La somme de 83 7~5 500 francs que la Chambre des Communes a votée le 28 juillet dernier est mise à la disposition des colonies anglaises, non pas sous forme de subvention, mais sous forme d'emprunt. La métropole, pouvant se procurer de l'argent à meilleur marché qu'elles, se constitue leur banquier. Mais rien de plus. Le Parlement a soigneusement stipulé, en effet, que les sommes prêtées aux colonies paye,ront un intérêt qui ne pourra être moindre de 2 3/4 °/o et qu'elles devront être remboursées dans un délai qui ne pourra pas dépasser cinquante ans. L'Angleterre reste donc fidèle au principe de l'autonomie financière: il y a, entre son système et celui qu'on essaye de faire maintenir dans les colonies françaises, toute la différence qu'il y a entre un prêt et un don gratuit.

leur

Alexis Martin.–L'):et'<fj/)M~y'~KC<jH.7'afM~ye MMr/me 'avec t0 gravures. 2 cartes et une vue panoramique du port). Paris, A. Hennuyer, 1896.

En )8p8, Geay exécute deux autres excursions

dans les districts du Cachipour et du Counani (la fameuse république de Jutes Gros), tout en visitant les régions marécageuses du bas Carsévène, le long de la rivière des Jarzes, et au travers de la fabuleuse région des plaines, où le conquistadore Orellana avait placé son fantastique Dorado. Dans un dernier voyage, il explora le cours de la rivière Carnot, ses criques et les nombreux ruisseaux qui s'y déversent. Enfin, il s'aventura franchement dans la région aurifère proprement dite, située sur l'un des versants cachipouriens, et dont les criques, toutes riches en métal, se déversent dans le Cachipour.

A)exis

Martin est connu par de nombreux ouvrages Paris et ses environs, qui tiennent à la fois du sur guide et de la description géographico-bistorique. Le petit volume sur Dunkerque, que nous avons sous les yeux, est fait d'après le même système Après une introduction dans laquelle il est surtout question du port et des récents travaux d'agrandissement, il nous donne un court aperçu historique, puis une description complète de la ville et de ses monuments; il décrit ensuite les localités de la banlieue, en commençant par Ro-iendaët et Malo-les-Bains, dont les ptages sont aujourd'hui si fréquentées. Le volume est illustré de jolies vues, d'une vue panoramique du port de Dunkerque, et d'une carte de la ville. Il forme ainsi une monographie très agréable à tire, et en même temps très profitable aux touristes. m


Angleterre Les officiers anglais jugés par un officier allemand. Un ancien officier prussien écrit à la Gazette de

F~Hc/br< une consultation sur la valeur des officiers anglais a propos de la perspective d'une guerre avec le Transvaal. H rend ce corps d'officiers responsable de la défaite des Anglais dans la précédente guerre du Transvaal, en ;88),et il rappelle, a l'appui de son opinion, quelques-uns des épisodes de cette campagne. Puis il porte le jugement d'enLes mêmes fautes (ignorancedu service semble que voici en campagne, négligence dans les reconnaissances) ont causé les grandes pertes des Anglais dans leurs guerres ultérieures, sauf dans le cas où l'ennemi, par les lacunes de son armement, était pour ainsi dire sans défense, comme dans la dernière campagne du Soudan. Un major anglais, que j'interrogeaissurses prévisions pour la prochaine guerre du Transvaal, me disait: Elle se terminera, sans nul doute, a notre avantage, car nous avons des forces extrêmement supérieures à celles des Boers, mais elle nous coûtera d'énormes sacrifices en hommes, car il n'est que trop vrai que nos chefs ne comprennent rien de la guerre et que nos officiers ne savent pas ce que c'est que de conduire leurs lui demandai s'il troupes contre un ennemi bien armé. ne croyait pas que la suppression de l'achat des grades d'officier, dont les résultats commencent à se faire sentir dans le haut commandement,avait eu de bons effets sur la valeur du corps d'officiers. Ne le croyez pas, répondit-il. La capacité de nos officiers serait supérieure si, dans notre armée, le système de protection jouait un moins grand rôle Ce n'est pas le mérite, c'est la protection qui, dans la plupart des cas, décide de la nomination d'un homme à tel commandement élevé. Nos jeunes officiers entrent dans l'armée sans avoir la moindre idée du service. S'il leur arrive de partir tout de suite en campagne, ils se conduisent bravement, certes, mais ils savent à peine se retourner, et pas du tout que faire de leurs hommes. Un regard jeté sur les manœuvres anglaises m'a donné la même impression. Les officiers de tout grade ont l'attitude négligée, les commandements sont mous et on n'attache pas une importance extrême à ce qu'ils soient exécutés, à ce que j'ai remarqué plus d'une fois. Les officiers ne tiennent aucun compte de la nature du terrain sur lequel ils manœuvrent, et chaque opération de manœuvre anglaise, avec son infanterie qui tire tonjours des feux de salve et dédaigne héroïquement de se couvrir, vous reporte au temps de. la bataille de Waterloo, la seule hataille peutêtre que les officiers étudient, s'ils veulent se donner quelque idée de la tactique. « Un écrivain militaire anglais signale dans son ouvrage sur l'armée anglaise à quel point l'officier a en horreur l'étude de l'histoire des guerres. Comme, en dehors de leurs guerres contre les Afridis et les Soudanais, ils n'ont aucune occasion d'apprendre pratiquement, comme le dressage du soldat à l'exercice ne présente pas davantage d'occasion d'acquérir la science tactique, comme, de plus, l'officier anglais s'applique très soigneusement à laisser de coté tout ce qui sent le militaire, en dehors des heures d'exercice, et comme il borne son étude à quelques-unes des anciennes batailles des guerres anglaises, il ne faut pas s'étonner que, déjà, sur un champ de manœuvres, il joue un rôle douteux quand il est observé par un œil vraiment militaire. En somme, ces messieurs jouent au soldat. Ce sont des gentlemen, dont l'allure, l'indifférence pendant les heures de service, et l'existence en dehors du service, marquent bien

Je

clairement qu'ils n'endossent l'uniforme qu'à cause du titre d'officier et parce que tel est l'usage des fils de bonne

famille. Sans nul doute, ces gentlemen en uniforme sont « courageux. Un officier anglais me disait un jour qu'il estimait incompatible avec sa dignité de s'agenouiller ou de se mettre à plat ventre devant le feu de l'ennemi il estimait que c'était un signe de crainte. Les nombreuses pertes d'of-

ficiers pendant les dernières campagnes contre les Boers et les Afridis, les défaites mêmes dans cette guerre de t88) contre le Transvaal, ont été le résultat de ce courage louable, mais dangereux et dépourvu de connaissances militaires. « Les Anglais ont, pour cette future campagne contre les Boers, la plus grande confiance dans la valeur de leur cavalerie, et, d'après ce que j'ai vu de l'armée anglaise, je n'hésite pas à déclarer que cette cavalerie est chez eux la seule troupe qui soit à la hauteur de l'instruction militaire moderne et qu'elle éclipserait même certaines troupes européennes dans la même arme. Le corps des officiers de cavalerie donne aussi une favorable impression, ce qui ne veut pas dire, d'ailleurs, qu'il ait plus de connaissances tactiques que ses camarades de l'infanterie et de l'artillerie. Naturellement, il y a des généraux et d'autres officiers supérieurs qui reconnaissent tous les défauts de la tactique anglaise. Ainsi, le général sir Redvers Buller, qui doit commander en chef la campagne du Transvaal, sait fort bien que contre les Boers une autre tactique sera nécessaire. Après son inspection des troupes destinées au Transvaal. faite, il y a quelques jours, aucampd'Aldershot, il disait « Ne tenez pas avec trop de zèle à vos vieilles habitudes. Et il avait reproché aux officiers d'infanterie de mettre trop de soin à former et à conserver de belles lignes et de ne pas tenir assez compte des directions et de la nature du terrain. Je suis convaincu que ces leçons de la dernière heure ne feront aucune impression sur les officiers.

Russie Le S9° régiment d'infanterie russe au 39° régiment d'infanterie française. L'an dernier, le comman-

régiment d'infanterie russe, colonel Vasilieff, aujourd'hui chef d'état-major du gouvernement militaire du Caucase, vint à Rouen avec le capitaine Archipoff pour faire visite aux officiers du 3Q° régiment d'infanterie de France. A cette occasion, les femmes des officiers de ce dernier régiment envoyèrent en souvenir aux femmes des officiers du 3Q° régiment russe un objet d'art. En retour, l'élément féminin du 3o° régiment d'infanterie russe a envoyé dernièrement à ses sœursdu 3Q° régiment français un magnifique samovar en argent, portant l'inscription suivante Dames du 3<~ régiment d'infanterie de Tomsk à leurs sœuts du 3o' régiment de liene français. Cette inscription est suivie des signatures des dames russes. dant du

39*

Espagne Organisation de Batteries et Bataillons de mon-

Le Gouvernement espagnol étudie l'organisation de batteries et bataillonsde montagne qui seront placés sur la frontière du Portugal et dans tes Pyrénées. Il va sans dire que ces dispositions militaires ne sont pas inspirées par la crainte d'une agression. C'est pour avoir certaines troupes mieux entraînées, et voilà tout. L'Espagne a demandé au Gouvernement français de s'inspirer de l'organisation de nos alpins. Un lieutenantcolonel, un commandant d'état-major et deux capitaines se sont rendus à Maurienne et ont assisté aux intéressantes manœuvres exécutées par le t3<= bataillon de chasseurs et le bataillon alpin du 07° régiment d'infanterie, accompagnés de

tagne.

leurs batteries de montagne. Cette mission espagnole vient de rentrer en Espagne en rapportant de son séjour au milieu des troupes alpines une impression d'estime et d'admiration que rien ne saurait effacer. Le Gouvernement français a décoré de la Légion d'honneur les deux capitaines et a donné la rosette d'officieraucommandantet au lieutenant-colonel espagnols, déjà chevaliers.


Il est également fort

regrettable que les minarets soient déchaperonnés et ressemblent à d'énorntes cheminées d'usine les architectes persans ou Mongols qui édifièrent ces monuments terminaient, c'est t certain, leurs minarets par quelque dôme en forme d'oignon ou de poire.

Nous allons ensuite à la mosquée de Ch~h-Zindeh des débris de mosquée et une série de torr~beaux où dorment les principaux membres de la farr~ille de Tamerlan. Dans le délabrement de ces ruines on retrouve des merveilles, des chefs-d'œuvre de la, céramique appliquée à l'architecture c'est le travail le plus parfait de tout ce qui existe à Samarkand; des mosaïques de faïence, de véritables ouvrages de mar-

queterieoù

la

terre cuite vernissée

remplace

le bois

comme

dans les vitraux anciens, les des-

sins,les fines arabesques,les lettres koufiques si décoratives, sont for-

mées de

pièces

indépendantes n'ayant qu'une couleur chacune et encastrées les unes à côté des

autres. Le

soir,

isolé au bout d'une allée d'acacias et de peupliers; sa coupole cannelée, de faïence bleu clair, apparaît au milieu de la verdure. La façade émaillée vaut presque, comme finesse de travail et harmonie de teintes, la mosquée de Chah-Zindeh. Les cendres du farouche

conquérant, boiteux et manchot, un des plus grands massacreurs d'hommes quela terre ait portés, reposent sous un bloc verdâtre de néphrite. Un jour mystérieux filtre à travers les grillages de marbresculptéet éclaire les étendards verts, ornés d'une queue de cheval, qui guidaient à travers l'Asie les hordes mongoles. Par une des inscriptions brodées sur les murs de son caveau mortuaire le conquérant menace encore le genre humain. « Si je vivais, le monde serait dans la terreur. » Et l'on se remémore quelquesuns de ses exploits les plus sanguinaires les mille enfants qu'il fit

écraser par sa

cavalerie devant

je ne sais quelle vi[le,Iesiooooo captifs qu'il égorgea à Delhi, les f~o pyramides de

crânes humains qu'il fit construire sous les murs Bagdad, etc. y

de

août.

visite au généra! Nous passons la chez lequel journée chez M. où et M°*" nous faisons la connaissance de les honneurs de SAMARKAND UNE AVENUE DR LA vn.LH HU~St:. M"°C.une des D'après ~~c photographie de ~f. le ~e!~e~<x/~ de ~'H~r/t;. la maison nous personnatités les sont faits de la plus marquantes de la colonie russe; nous n'oublieplus gracieuse façon par une de nos compatriotes. Le soir une sorte de kermesse a lieu sur la place principale rons jamais l'accueil on ne peut plus aimable qui nous est fait chez le générât, et la gracieuse complaisance de la ville russe musique, feux d'artifice, etc. de M"" pendant notre séjour à Samarkand. 8 août. Promenade habituelle dans l'intérieur A io heures du soir nous allons en voiture faire de Samarkand. le tour de la ville au clair de lune effet superbe les Puis nous faisons signe à l'isvochtchik de pousruines luisantes de vernis apparaissent plus grandioses route poussiéreuse, ser plus loin dans la campagne plus fantastiques, et et l'idée que Samarkand a été la collines nues et jaunes au sortir de la ville du côté du capitale du plus vaste empire qui fut jamais au monde Nord, la plus ancienne mosquée musulmane. Nous arrirend encore plus saisissante cette vision nocturne. vons jusqu'au bord d'un assez large fleuve, le ZaravJe suis en tenue les gardes de nuit indigènes chan, dont l'eau boueuse se divise en mille branches uniforme à voyant un et tenant montrer qu'ils ne doret porte la fertilité dans les environs de Samarkand. ment pas, poussent à notre passage de terribles claLe chemin de fer que nous longeons se bifurque meurs on en serait effrayé si l'on n'en connaissait pas à une dizaine de lieues plus loin. et va d'un côté jusla cause. qu'à Tachkent, la capitale du Turkestan, de l'autre, Il y a quelques mois, le Turkestan devait s'insurjusqu'à Margelan, dans le Ferghana, la région la chef du soulèvement, par suite d'une erreur ger le plus riche et la plus pittoresque de toutes les possesdans la coupure des fils télégraphiques, ne put mettre sions russes de l'Asie centrale. de l'ensemble dans le mouvement un seul poste russe Au retour nous avons la chance d'assister à un fut massacré dans le Margelan. Certains ferments de enterrement indigène des piétons et des cavaliers se révolte couvent encore, paraît-il les pays musulmans pressent autour de la tombe qu'on vient de recouvrir seraient travaillés par des proclamationsdu sultan. au fond la silhouette de Samarkand puis tout ce Visite général août. au 7 gouverneur. monde regagne la ville en suivant un chemin creux Dans l'après-midi nous errons en ville. Après une photographie faite au temps de Tamerlan ne sequelques achats dans les bazars notre promenade nous rait pas d'une plus saisissante réalité et n'aurait pas conduit au tombeau de Tamerlan. Ce monument est plus de couleur locale que celle prise à ce moment.

M.

0.

C.


De Marseille en Asie Centrale (~) Samarkand.

Réception au 6° bataillon.

A 8 heures du matin, nous sommes à LEE 6 août. Samarkand, à i 440 kilomètres de la Caspienne. La ville russe est à sept verstes de la gare; on ne se croirait pas dans une ville; les rues sont de grandes

Sur la route de retour.

La place principale se nomme le

trois de ses faces s'élèvent trois médressés aux porches découpés en ogive,flanqués de minarets décoiffés, revêtus extérieurement de briques multicolores qui reluisent au soleil rien n'égale

avenues de 20 à 3o mètres de large, se croisant à angle droit, sans rien qui rappelle

la splendeur et le coloris de ces porcelaines éclatan-

nos boulevards

tes, de ces murs aux arabesques

les arbres n'y sont pas unifor-

multiples, jaunes, noires et blanches

mément alignés, mais plantés par

sur fond bleu tur-

paquets; on dirait de grandes tranchées ouvertes à travers une forêt de

c'est incomparable comme richesse de décoration, comme éclat et solidité quoise

magnifiques

peupliers de Hollande. Les maisons n'ont qu'un

de

minarets penchés d'Ouloug-Bey; en

bass'étatelaviile de boue sèche

jardins.

Nous

des

teintes.

Je monte au sommet d'un des

rez-de-chaussée, sont très dispersées et entourées de

Righistan; sur

>AnaRI,A\D VU

ceridons dans une sorte d'hôtel. en russe MOM~-aa ~K<:oMM<!M.

DE LA ROUTE DE TAtIIKE\T

.PAo/og't-xf de

A

DROITE, LLS RUL~'ES DE BIO~-IiIIANL,11.

avec ses petites maisons à terrasses et à galeries, le labyrinthe de ses rues, dominé par les superbes monuments d'émail tout autour l'épaisse végétation de l'oasis lui fait comme une ceinture de forêts; au delà,

.U. le <;eM<CHaf!< de l'Harpe.

Personne n'y parle français, mais avec quelques mots de russe et beaucoup de signes on s'en tire. Prix de la chambre y francs environ, et du repas 2 à 3 francs Après déjeuner, nous allons en voiture au vieux Samarkand l'avenue par laquelle on y accède laisse apercevoirà son extrémité une masse imposante de ruines, de gigantesques portiques, des minarets, des coupoles de forme bulbeuse couvertes de tuiles vernissées cette première apparition de Samarkand,dont le nom seul fait déjà rêver, a quelque chose d'impressionnant et de colossal.

des contreforts de rochers roses et violacés et, très

loin, du côté de la Chine, des chaînes neigeuses. La ville russe, dispersée sous les hautes verdures de ses avenues et de ses jardins, n'apparaît pas. La médressé de Bibi-Khanem, la plus fidèle des femmes de Tamerlan, apparaît de plus en plus informe et croulante, à l'extrémité de la ville c'était l'édifice le plus grandiose de Samarkand; malheureusement de récents tremblements de terre ont disloqué ses portiques et éventré sa gigantesque coupole vert d'eau.


fait 35 à 36 degrés centigrades il paraît que nous sommes très favorisés à Samarkand le thermomètre a des écarts absolument extravagants, en été plus de ~$° et ~6° centigrades et en hiver 25° et 30° de froid. A 5 ou 6 kilomètres de la ville se trouve le camp russe très vaste, immenses terrains d'exercice les hommes couchent sous des baraques formées de colonnes de briques et de claies de roseaux sans fenêtres; le toit est fait de nattes recouvertes d'argile c'est très aéré et très frais. Le mobilier se compose de couchettes avec planches et matetas pour deux hommes un grand coffre fermant à clef où ils renferment ce qui leur Il

appartient.

L'infanterie du Turkestan porte le pantalon de peau de chèvre teint en rouge.

Les bataillons sont constitués

ânes au milieu de sacs et de bottes de fourrage. Le colonel du 6' bataillon me reçoit très aimablement nous allons voir les exercices à rangs serrés d'une compagnie de 200 hommes environ, tous de solides gaillards. Je remarque une grande rapidité dans la succession des mouvements; pas de temps perdu à obtenir la perfection du détail; pas d'alignement quand on s arrête: plus de vitesse que de rigidité. Contre la cavalerie, deux sections sur quatre rangs font des feux de masse, les deux autres sections aux ailes font face à droite et à gauche; si on suppose que le feu n'a pas arrêté la charge, la compagnie se forme en cercle, les premiers rangs à genoux appuyant la crosse à terre pour opposer plus de résistance au choc. Beaucoup de

comme des régi-

mouvementssont

ments et com-

faits au pas de course. En quit-

mandés par unn colonel. Ils comp-

tent

i

tant l'exercice

ooo hom-

nous

mes environ; il y en a quatre à Sa-

l'installation des

hommes et

les pavillons des offi-

markand.

L'armée du

ciers.

Turkestan se

Dans

un spécia), bâtiment une vaste salle

compose, autant qu'il m'en souvient, de 36 000 fantassins, de

sert aux réceptions et aux bals où se réunit fré-

t$ooo cavaliers

formés de Cosaques de l'Oural

quemment

En

une

partie de la société

et de 120 pièces

d'artillerie.

visitons

de

Une veil-

LA t~tJTE MÛ~TAMT A DËb RUSES.

outre les vaillanD'après ~i0~o~'r~tte tes populations des Turkomans-Tekkés forment un ccrps de 2 ooo à 3 ooo cavaliers excellents et atteindraient facilement un effectif plus élevé.

Le Turkestan est, parait-il, assez riche; le commerce de la soie, du coton, des fourrures, pourrait être beaucoup plus développé qu'il n'est. Le sable des Meuves est aurifère, et les gens du pays, en le lavant, en retirent 3 ou 4 francs par jour. Dans les montagnes il y a du fer, du cuivre, de la naphte, de la houille, de

l'amiante, des rubis et des améthystes. Les indigènes ne peuvent exploiter ces produits et les Russes s'expatrient difficilement ils n'ont ni les capitaux ni l'initiative nécessaires pour tirer profit de toutes les richesses industrielles et commerciales du pays. It n'y a à Samarkand, dans la ville européenne, que des militaires, des fonctionnaires et leurs fournisseurs. Comme chez nous en Algérie, on vit maintes fois les paysans russes, transportés par le gouvernement dans le Turkestan, louer à des indigènes les terres qui leur étaient concédées, et se contenter de dormir

et de boire de la vodka. Comme il avait été convenu, la voi9 août. ture du 6" bataillon vient me chercher à l'hôtel à 6 heures et demie du matin. Dans les grandes avenues, beaucoup d'indigènes perchés sur des chevaux ou des

Samarkand.

~o~c.

leuse brûle devant l'icone de cuivre. dans chaque baraquement. Aux cuisines la soupe a bonne odeur; le gruau mijote doucement dans la marmite; les portions de viande bouillie me paraisComme boisson on sent supérieures aux nôtres. fabrique, avec des croûtes de pain/un liquide fermenté appelé kvass. Un grand bassin sert à la baignade des hommes. Les voitures d'ambulance sont des voitures indigènes spécialement construites pour le pays. Le soir, visites d'adieu. et encore une dernière promenade à travers Samarkand, à pied, pour mieux me mêler à la foule. On ne se lasse pas de flâner dans ces rues populeuses où se coudoient toutes les races de l'Asie centrale, en turbans, en bonnets de velours et de fourrure, en robes et en cafetans de soie à rayuresd'arcen-ciel, à grands ramages multicolores; ici, un Turkoman monté sur un petit bourriquet conduit une file de huit ou dix chameaux attachés l'unà l'autre; plus loin passent des voitures comme celles qu'on voit dans les dessins chinois, avec le conducteur assis sur le cheval, les pieds sur les brancards des indigènes au majestueux turban de mousseline blanche, en tuniques rouge cerise, jaune soufre ou vert pistache, sontjuchés sur leur monture entre des sacs en poil de chèvre les femmes, paquets informes d'étoffes sombres, ont une voilette de crin noir et des bottes grossières.

de M.

/~u/c~aH~ de


L'Europe est à peine représentée par quelques groupes de soldats russes et par des voitures de place, des phaé-

tons assez fatigués.

Comme décor pour cette foule en costumes d'opéra-comique, les reluisants édifices polychromes, les lambeaux de dessins de faïence plaqués contre les ruines des portiques colossaux. Dans les rues commerçantes, les boutiques s'alignent protégées par des auvents et des nattes; au premier étage, des galeries à colonnettes. Partout sont suspendues des cages de bois et de filets de couleur où des cailles font entendre leur éternel « pil-ouï »; io les combats de cailles sont en aussi grande faveur qu'en Angleterre ou en Belgique les combats de coqs. Comme dans Bokhara on rencontre, à tout instant, de charmants sujets d'aquarelles pleines de vie et d'un merveilleux coloris. A certain carrefour des plus animés, au bout de la grand'rue, des marchands ambu)antstendent aux piétons et aux cavaliers affairés une écuelle de cuivre pleine d'eau et où flotte un glaçon d'autres vendent des bouffées de tabac ils courent

de < oo ooo chevaux blancs, 5 ooo éléphants portant de la vaisselle d'or et d'argent, une immense quantité de chameaux chargés d'étoffes et d'objets précieux. et ces léopards, ces loups-cerviers et ces aigles dressés à chasser les bêtes sauvages: et ces battues fantastiques où 10 ooo hommes, menant avec eux 50 000 chiens, marchaient en ligne et occupaient la longueur d'une journée de marche; et ces-camps, ces tentes grandes comme des palais, garnies de peaux de lion et tendues par des cordages de soie. Par delà des lagunes ondoyantes, 11 août. faites et défaites au gré du mirage, les yeux se fixent comme fascinés sur la ligne extrême de l'horizon, sans pouvoir sonder le vide et l'immensité du désert. La chaleur, la monotonie des espaces vides finissent par vous endormir, et, en traversant les steppes, en aper-

cevant quelques silhouettes

cavaliers turkomans dans le demi-réveil des de

stations, on rêve de hordes mongoles, de chevauchées insensées,de nomades ivres de grand air et de liberté, poussant comme des vagues successivesleurs cavalcades tumultueuses. Et voici que dans notre songe nous oude l'un à l'autre, présentant blions notre existence de letuyau du narghileh à ceux civilisé du xix° siècle le qui leur font signe, un roulement rythmé et obsécocher, un voiturier, un .\V~~CLtO\Rt)-tAHV)f:[LLF:\)LLE. dant du train devient le marchand accroupi devant D'j/r~ une ~/io~o~f de ~7 le lieutenant le /Àïr/'c. bruit d'une galopade de sa boutique; tout ce monde chevaux nous redevenons tire préciptammenttrois ou avec enthousiasme les fougueux nomades qu'étaient quatre bouffées et donne, pour ce plaisir rapide, peut-être nos ancêtres, et nous mêlons notre voix à une petite monnaie locale de la valeur d'un quart de celle des innombrables cavaliers imaginaires qui enkopeck. tonnent la marche touranienne de Richepin Une dernière fois je remonte sur le minaret d'Ouloug-Bey, au Righistan, pour contempler l'ensemble Toujours par monts et vallons du paysage décidemment la végétation de ces conNous allons, trées est loin d'avoir la poésie que donne le palmier à Au galop des étalons, Toujours, toujours, à travers la moindre des oasis sahariennes. L'univers Nous partons le soir grande affluence à la gare Aux espaces grânds ouverts. colonel départ du du musique militaire en l'honneur Des coups de cloche, des coups de sifflet: AsGoerski, un des héros de Géok-Tépé. khabad Cette rumeur, ce ne sont pas des nomades qui Nous voilà de nouveau dans les <o août. décampent, ce sont des indigènes à gros bonnet de peau dunes; la chaleur augmente: le sable court à la surface de mouton qui vont prosaïquement s'encaquer dans des monticules moirés par le vent le morne paysage les fourgons. Le progrès a fait son chemin; ce pays est noyé, à peu de distance, par une sorte de brouilde la solitude et de la mort éternelle, ces mers de sable lard blanc fait de poussière embrasée. qui brûlent le regard, on les traverse, à grande vitesse, Pour tromper la monotonie de la route, reporconfortablement installé devant des boissons glacées, tons-nous à quelques siècles en arrière, au temps où dans la salle du wagon-restaurant! Marco Polo mettait plus d'un an à accomplir le trajet Pendant ces longs trajets on se met à l'aise, on que nous faisons en huit jours; ce qu'il a vu dans ses s'installe comme chez soi dans les wagons de troipérégrinations commerciales, ce qu'il raconte dans son sième classe des smalas russes sont établies au milieu Livre des Merveilles nous fera rêver un moment, à la d'oreillers, de couvertures, de théières et de provisions façon des contes orientaux les courriers du Grand Sire, de bouche; cà et là sont accrochés des jupons, des l'empereur de Chine, qui disposaient de 300 ooochevaux bottes, des langes d'enfants la nuit, tout ce monde et pouvaient parcourir 350 à 400 kilomètres en 24 heus'étend pêle-mêle dans un débraillé pittoresque. Dans le du chemin de fer transres. soit la vitesse à l'heure compartiment voisin, ce sont des Persans ou des caspien la cour de Pékin, où chacune des quatre impéTurkomans sentant le cuir, le goudron et je ne sais ratrices était escortée de 300 demoiselles « belles et quels parfums du cru. plaisantes »; la fête de l'empereur, où des présents lui (~4 ~Mtt)~.) F. DE L'HARPE. étaient apportés des coins les plus reculés de l'Asie plus


Le Chemin de fer

de l'Ouganda Son état actuel L'HISTOIRE de ce chemin de fer est instructive. Elle en effet, qu'il faut, en matière d'entreprises coloniales, se défier des appréciations trop optimistes. Certes, ce chemin de fer se fera, mais il coûtera beau-

prouve,

coup plus d'argent et de temps qu'on ne l'avait supposé au

la section occidentale. Le rayon des plus fortes courbes ne dépasserait pas f8o~ mètres. La vitesse des trains serait limitée de t6 à 24 kilomètres à l'heure. On en était là, lorsque le capitaine (depuis major) Macdonald partie en novembre i8at, pour l'Ouganda, afin de relever le tracé de la ligne. Cet officier eut beaucoup de mal à accomplir sa mission. L'épaisseur des jungles et les difficultés du transport étaient telles qu'il ne put faire qu'un travail approximatif. H estima à du chemin de fer et à ) ooo kilomètres la longueur 85 ~oo francs le mille construit. Après d'assez longues tergiversations, on se mit enfin à l'œuvre, en )8<Au mois de décembre de cette année, M. Whitehouse, ingénieur en chef, et quelquesuns de ses adjoints débarquèrent à Mombaz. Les premiers coulis indiens arrivèrent en janvier

)8()6. L'endroit

début.

choisi comme point

C'est à la fin de t8()o que !<H~M~ British East ~/Wctt CcM~d~, alors en possession de l'Est-

baz, séparée du continent par le

initial était Kilindi, dans l'île de Momdétroit de Makoupa, large de $00 mètres; au mois d'août fut achevé le pont provisoire du détroit de Makoupa, qui permit

Africain Anglais, demanda au gouvernement anglais la

garantie d'un intérêt modéré au capital

les terrassements sur le

de

nécessaire à la construction d'une voie ferrée devant relier le port de Mombaz, sur l'océan Indien,

au

lac

continent.

La voie

attei-

gnit le kilomètre 80 au mois d'avril t8c)y

Victoria.

gouvernementt anglais se déclara

commencer

Le

TRAGR DU CHEMIN DE

disposé à accueillir cette combinaison. Les premières études du chemin de fer furent faites sans que leurs auteurs eussent étudié le pays; elles n'étaient basées que sur des relations de voyages et sur des cartes peu précises. Sir J. Fowler, s'inspirant de la nécessité d'observer une très grande économie et tenant compte des conditions géographiques et géologiques du pays à traverser, recommandaitune pente moyenne de i p.3o. ti priait la Compagnie de ne laisser nulle part des solutions de continuité nécessitant des transbordements et des transports à dos d'homme ou au moyen d'animaux. La largeur de la voie devrait être d'un mètre. Là où on pourrait en obtenir, il y aurait lieu d'employer des traverses de bois indigène. H estimait quêta ligne aurait une longueur maxima de Q!2 kilomètres, que des levées pourraient bien réduire à 800 kilomètres. Il évaluait le coût par mille anglais (de t 6oct mètres) à 79 150 francs, ce qui porterait la dépense totale à 45 )2~ ooo francs. D'après le général Williams, la ligne aurait une longueur probable de 848 kilomètres le coût serait de 85 ooo francs par mille anglais, ce qui amènerait une dépense totale de 45 millions de francs. Le ballastage serait réduit à son minimum. La pente moyenne serait de i p. 60 dans la section orientale et de 40 dans

p.

et le kilomètre !6o au mois d'octobre FER DE L'OUGANDA. suivant. Elle était au kilomètre 240 en avril t8o8 et au kilomètre 320 en août )8o8. Au mois de décembre 1898 le rail était au kilomètre 403 et arrivait, aux dernières nouvelles, au kilomètre 432. Entre temps, le pont définitif était jeté sur le détroit de Makoupa; il recevait le nom de Pont

Salisbury. Les travaux exécutés jusqu'ici ont permis de faire

deux constatations la première, c'est que les courbes nombreuses et les détours portaient à ) 20o kilomètres la longueur de la voie ferrée; la seconde, c'est que le prix du mille construit était, non pas de 79, de 85 ou de 85 50o francs, mais de t )$ ooo francs. Ensorte que, sites conditions du travail restent les mêmes, la ligne totale coûtera non pas 45 millions, mais 85. Or, il est malheureusement certain qu'on n'a pas encore abordé la partie la plus difficile de la ligne et que le prix actuel du mille sera bientôt dépassé aussi suppose-t-on que ce chemin de fer, une fois terminé, reviendra à 100 millions. On est, en effet, parvenu actuellement à Kikouyou, mais c'est jusqu'à Nyrobi (423 kilomètres) que la ligne peut être considérée comme vraiment achevée. Or, à partir de Nyrobi, l'aspect du pays change complètement. De la côte aux premiers contreforts du massif montagneux du Kénia, la contrée est plutôt


plane; elle présente une surface fort peu accidentée, et les ingénieurs n'ont pas eu à surmonter de très grandes difficultés. Mais, à présent, de sérieux obstacles vont se dresser, pour ainsi dire, à chaque pas devant eux; ils vont avoir à franchir de hautes montagnes rocheuses qui atteignent des altitudes de t 800, de 2 ~oo et même 6oomètres, et l'on ne saurait déterminer d'avance le nombre d'ouvrages d'art, de tunnels et de ponts qui devront être construits. On peut donc s'attendre à voir de nouveaux retards se produire dans l'exécution des travaux; les progrès seront dorénavant moins rapides, et le service technique ne parviendra plus à poser, comme par le passé, 200 mètres de rails par jour. Il faudra, d'autre part, compter avec le manque d'eau et de nourriture, les énormes difficultés du transport, le caractèremalsain du climat et l'absence presque complète de main-d'œuvre indigène. Ce n'est qu'après avoir franchi les monts Mau et dans le voisinage du Victoria Nyanza que le sol, reprenant l'aspect d'une plaine, facilitera le travail. On espère que la voie sera entièrement livrée au trafic dans deux ans au plus tard. En Angleterre, on se plaint fort de ces lenteurs, mais c'est parce qu'on y oublie les difficultés matérielles de la tâche, ou qu'on y ignore les dégâts faits aux travaux par les pluies dilu-

viennes de la saison hivernale. Cependant, on peut être certain que la construction du chemin de fer se poursuivra, quels que soient les sacrifices en hommes et en argent qu'elle imposera aux Anglais. Ceux-ci ne s'occupent, en effet, que des résultats que donnera l'entreprise, et chaque pas en avant provoque parmi eux de nouveaux enthousiasmes.Une des qualités du caractère anglais est de ne jamais se laisser rebuter par les mécomptes et les obstacles qu'on rencontre dans les entreprises coloniales, surtout lorsqu'il s'agit, comme c'est le cas pour le chemin de fer de l'Ouganda, d'une œuvre vraiment « impériale », c'est-à-dire d'une œuvre propre à assurer la domination de la Grande-Bretagne en Afrique, tout en augmentant à la fois sa prospérité économique, sa grandeur et son prestige dans le monde. Les soins que nos rivaux apportent aux stations installées le long de la voie ferrée de l'Ouganda indiquent combien toute œuvre de ce genre leur est chère. C'est avec une ardeur fébrile qu'ils édifient les gares et différents bâtiments. Les maisons sortent de terre comme par enchantement, et sur des coins de désert où naguère il n'y avait rien se dresseront bientôt, sinon des villes populeuses, du moins des localités d'une certaine importance.

Les

Causes morales du Conflit Anglo-Transvaalien

r\ANS nos récentsarticles, nousavons exposécomment l'impérialisme intransigeant de M. Chamberlain exigeait la mainmise de l'Angleterre sur les deux républiques sud-africaines,Transvaalet État d'Orange.

On ajoute, non sans une apparence de raison, que si les impérialistes anglais sont si excités sur la question du Transvaal, c'est que les énormes richesses minières de ce pays leur semblent une proie tentante. Ce point de vue éminemment pratique d'une question politique a été fort bien mis en lumiéte par M. Etienne Buisson, dans un article du Figaro M. Buisson a résidé au Transvaal. Ses explications si claires et si autorisées méritent de retenir l'attention. D'après lui toutes les difficultés sont venues de l'esprit étroit des Boers, de leurs habitudes pastorales, de leurs goûts antiindustriels. Le malheur, dit-il, a peuple de bergers sans ambivoulu que les Boers tion ni désir de bien-être se soient fixés dans un pays aride et désolé à la surface, mais dont le soussol contenait des gisements aurifères considérables. les anglais pour la plupart Des aventuriers découvrirent et achetèrent à vil prix aux propriétaires boers les parties de ces grandes étendues désertes qui leur parurent les plus riches. Aussi quels ne furent pas le ressentiment et la convoitise des Boers pour les nouveaux venus, lorsqu'ils comprirent, peu après, qu'ils s'étaient défaits à vil prix de trésors inestimables Sans chercher à tirer profit des mines elles-mêmes en y travaillant soit comme ouvriers, soit comme employés, ils se tinrent délibérément à l'écart du mouvement d'affaires créé par le flot montant des étrangers, et ils concentrèrent

toute leur activité à chercher parquel moyen détourné ils pourraient se rendre maîtres d'une partie de ces richesses légalement perdues pour eux et que d'autres retiraient de leur sol. Et c'est ainsi que furent prescrites par le gouver nement du Transvaal une série de mesures vexatoires contre les immigrés et contre l'industrie minière les taxes personnelles sur les blancs et sur les nègres employés dans les mines, les droits d'entrée sur le

matériel minier et sur les objets de première nécessité (alimentation, habillement, habitation), les droits de sortie sur l'or extrait des mines, et surtout les gros monopoles de la dynamite, de l'eau, etc. ce fut tout un faisceau de règlements, de décrets, ayant tous pour but de remplir largement les coffres-forts de la République, mais dont chacun augmentait l'irritation des

uitlanders ou étrangers. Telle fut l'origine du conflit qui commença peu de temps après la découverte des mines, c'est-à-dire vers 1884. Avec le temps, il n'a fait que s'accentuer encore davantage l'industrie minière s'est considérablement développée la richesse et la puissance des Uitlanders se sont accrues. Les Boers; toujours à l'écart de ces grandes affaires, en ont ressenti plus d'envie encore que par le passé. Ils ont une intelligence encore assez fruste, ils ne cherchent guère à s'instruire ou à se mêler au flot des affaires qui se font à côté d'eux; aussi craignent-ils beaucoup les étrangers dont ils

sentent grandir la supériorité numérique, autant qu'ils se sentent menacés par leur supériorité intellectuelle. Les Anglais, au contraire, sont arrivés, depuis une quinzaine d'années, dans les différents districts aurifères et en particulierdans ceux de Witwatersrand. Ils en ont exploré les richesses, ils ont fondé des sociétés pour les exploiter et y ont intéressé des cap


taux européens considérables. Ils ont fait venir leurs familles au Transvaal. Ils ont créé, en quelques années, cette ville de Johannesburg qui compte plus de 110000 habitants. Ils ont déterminé tout un mouvement d'affaires générales dont les Boers auraient dû profiter davantage et auquel ils auraient dû se mêler. En un mot, les Anglais ont ouvert le pays à la civilisation et aux grandes entreprises. Et tous ces hommes qui ont couru de gros risques en émigrant dans cette nouvelle contrée ont tout naturellement désiré avoir une part dans les conseils et dans le gouvernement de ce pays, que beaucoup d'entre eux considéraient comme une nouvel'e patrie. Ils ont donc demandé à obtenir une voix d'abord consultative, puis délibérative, sur les questions générales ayant trait à leur industrie(monopoles, taxes, règlements de police des mines, etc.) et sur les

questions municipales (service des eaux, de l'éclairage, des égouts, etc.) ayant trait à la salubrité généra!e, si importante dans les régions tropicales. A toutes ces demandes, le gouvernement boer a répondu par des remises à plus tard ou par des fins de non-recevoir qui ont suscité des plaintes dont l'écho vint à Londres. Le gouvernementde Pretoria parut enfin s'émouvoir. Comprenant le danger, il se déclara prêt à entrer en pourparlers il était trop tard. Le gouvernement anglais, mis en humeur par les dispositions conciliantes du gouvernement de Pretoria, posa des conditions qu'il savait inacceptables, précipitant ainsi les événements et aggravant un conflit que son attidude cassante a finalement fait dégénérer en guerre.

Les Progrès de la

Colonisation libre en Nouvelle-Calédonie LnA Nouvelle-Calédonie, dont le sol est productif et riche en minéraux divers, dont le climat agréable et tempéré est incontestablementle meilleur dé toutes nos colonies, celui, en un mot, qui convient le mieux aux Européens, la Nouvelle-Calédonie, disons-nous, n'était, jusqu'en ces dernières années, qu'une colonie de détention. Elle ne connaissait, comme colons, sauf de rares exceptions, que des forçats libérés devenus agriculteurs après la fin de leur peine et établis sur des concessions qu'on leur allouait généreusement. En i8p,, on a pensé (et le mérite principal en revient au distingué gouverneur, M. Feillet) que cette colonie, si bien dotée par la nature, méritait d'autres colons que des forçats, c'est-à-dire des colons libres, de bons et braves paysans de France désireux de faire souche honnête et probe sur cette terre lointaine. Après trois ans d'essais, la colonisation libre a parfaitement réussi. Les résultats de cette heureuse tentative ont été publiés dans le discours prononcé par M. Feillet, te t~juin dernier, à l'ouverture du Conseil général de la colonie.

Depuis juin 18~5, il a été accordé $00 concessions agricoles distribuées entre !~8 jeunes gens du pays et ~o familles d'émigrants venus de France, de fonctionnaires et de militaires retraités. Nous pouvons rappeler, à ce propos, que l'an dernier, à pareille époque, on vit partir pour la Nouvelle-Calédonie, en qualité de simples colons et avec leurs familles, deux des plus distingués professeurs de l'Université. Pour l'année igGO on a prévu la délimitation de 300 nouvelles concessions et l'ouverture de 55 kilomètres de routes charretières et de 16 kilomètres de sentiers muletiers, lesquels s'ajouteront aux 2~0 kilomètres de routes diverses qui ont été ouvertes depuis trois années. Le nombre total, hommes, femmes et enfants, des émigrants venant de France est évalué à i 200 personnes, et les capitaux qu'ils ont apportés se chiffrent par plus de 4 millions de francs. Pour permettre aux colons calédoniens d'acquérir les connaissances théoriques et pratiques indispensables et leur faciliter leurs expériences, il va être créé aux environs de Nouméa, à Yahoué, un Jardin d'essais auquel sera annexée une ferme-école. Enfin, ceci surtout est intéressant, la colonisation industrielle par l'émigration en Nouvelle-Calédonie de nombreux ouvriers mineurs français va être aussi entreprise. C'est la Société le Nickel qui tente un premier essai dans ce sens le convoi qu'elle recrute en ce moment sera établi à Rouaoua, où elle possède de riches mines. L'administration locale, pour aider à cette opération, accordera du terrain, 5 à ;o hectares, à chaque mineur, et la Société le Nickel, par un système d'avances, lui donnera le moyen de le mettre en valeur. En résumé, la situation de la colonisation libre est très prospère. Les partisans d'une politique coloniale active doivent se féliciter des résultats obtenus, qui légitiment les espérances qu'ils avaient fondées sur l'avenir de la Nouvelle-Calédoniecomme centre de peuplement et de colonisation. Il est donc possible d'entrevoir le jour où, la colonisation libre prenant seule possession de l'!)e, nous aurons le devoir de fermer les pénitenciers de Nouméa et de diriger sur la Guyane la totalité de nos transportés et de nos relégués, afin de laisser aux seuls braves gens la disposition de la Nouvelle-Calédonie.

Eugène Gallois.

dans la 7~<');;)).t; i~c/<e (avec dessins de l'auteur). Paris, Société d'Editions scientifiques et littéraires. A'.vcMr~/ot

p.AXS ce second volume M. Gallois décrit rapidement les

principales villes de l'Espagne et du Portugal. Il commence par Barcelone, se rend en Andalousie, puis revient au Nord par Tolède et Madrid. De Madrid il va à Lisbonne, visite Cintra et Porto, et, retournant en Espagne, nous décrit Salamanque, Léon, Valladolid, Burgos, Bilbao, SaintSébastien.. Ce petit ouvrage, que l'auteur a illustré de croquis, n'a aucune prétention littéraire; il a simplement pour but de venir en aide au touriste, en lui disant ce qui mérite d'être vu dans chaque ville. C'est une sorte de guide abrégé, écrit d'une façon moins impersonnelle que la plupart des guides et qui, tout en étant d'une lecture facile et agréable, peut rendre de vrais services.


DEUrSC~E 7~0~C'.Y7/tL/;B/7'~G

desuet<8mait8()ç

Berlin.

La colonisation de t'Est Africain

Attemand

des promoteurs de la colonisation en )L-'OR<;AXE poursuit

Allemagne

son infatigable campagne contre l'inertie et la timidité dont les Allemands font preuve en négligeant d'aller peupler leurs nouvelles colonies. Il combat surtout cet argument que toute entreprise coloniale exige le sacrifice de milliers de vies loin de nier le fait, la vaillante revue prouve qu'il en a toujours été ainsi, et qu'avec des craintes pareilles les Anglais n'auraient pas colonisé une moitié de l'Amérique, l'Australieet tant d'autres contrées. Combien d'aventuriers, de soldats, de savants, de missionnaires, de colons anglais ont succombé aux attaques des indigènes, du climat ou des bêtes fauves, avant que le plus puissant empire colonial du monde fût fondé Mais il n'existerait pas si leur sang n'en avait cimenté les bases. La bureaucratie, ce fléau de nos colonies, n'a point épargné celles de nos voisins, parait-il, puisque la même revue s'emporte contre les vexations policières dont les colons allemands sont victimes. Ils doivent exhiber quantité de certificats, faire nombre de démarches pour acquérir

quelques hectares de terres vierges.

Eh! s'écrie la /fo/o/n'a/~C~~H~, ces pauvres gens n'ont pas leurs ressources pécuniaires et de toutes leurs forces morales toutes trop triompher de la nature indomptée avec laquelle ils sont aux prises pour pourquoi les décourager d'avance, les énerver par de longues heures d'attente dans des bureaux, et par la surveillance quasi inquisitorialeà laquelle on tes soumet? Jamais l'Amérique anglaise, par exemple, ne se serait colonisée si l'on avait exigé de chaque arrivant d'Europe des certificats de capacité ou de moralité. Chacun d'eux était considéré et d'emblée accepté comme une force, sans plus, comme un simple agent dans la transformation du Nouveau Monde. Ce n'est que vu à l'œuvre, au cas où le nouveau venu se montrait incapable ou criminel, qu'on sévissait contre lui. de

Si les colons allemands étaient animés d'un peu plus d'esprit d'initiative et se voyaient affranchis de toutes ces formalités officielles, ils se hâteraient de peupler les merveilleux territoires de l'Est-Africain où flotte le drapeau allemand. La dernière assemblée générale de la Société coloniale alle-

mande s'est précisément occupée, sur l'initiative de la section de Schwerin, d'un projet du gouvernement qui n'est pas sans analogie avec celui que nous tentons de réaliser en Tunisie, et que le général Gallieni a su mener à bonne fin à Madagascar ce serait la colonisation rurale de l'Est-Africain par les soldats libérés. L'Etat livrerait, à titre gratuit,a chacun des concessionnaires qui posséderait un capital de 2 5oo francs, une étendue de terres de 5 ooo hectares. Mais la section de Schwerin a remarqué avec raison qu'il ne suffit pas d'être à la tête d'une vaste étendue de terres en friche et d'une petite somme pour devenir un fermier. Comment, avec 2 5oo francs, acquérir le bétail nécessaire, dont chaque tête se paie, pour le gros bétail, de t~o à 200 marks, et les instruments aratoires, et les ouvriers? Il faut en outre bâtir une habitation, creuser un puits, etc. Pour s'installer sans trop de risques ni de privations dans un domaine de 10 ooo hectares, il faudrait une mise de fonds de i5 ooo à 20 ooo marks au moins. Aussi, pour seconder l'activité du syndicat qui s'est fondé pour l'irigation du Sud-Ouest Africain et pour étudier sur place les moyens de culture, d'élève des bestiaux (y compris celle des autruches), la Société coloniale a-t-elle envoyé une expédition dans cette contrée, sous la direction de M. Rehbock. Z.'MV/t~.R.S~ Milan.

La petite Italie présente et la grande Italie future

être sans énergie souvent dépeint l'Italien comme O et sans l'opinion initiative telle revue a

n'est pas

un

de la

lombarde, qui montre avec orgueil, et, il faut le reconnaitre, avec éloquence, les merveilleux résultats de la colonisation italienne dans l'Amérique du Sud.

Heureusement pour nous, remarque-t-elie, la bourgeoisie ruinée, adoratrice du quatre pour cent de la Rente publique, et les classes moyennes à l'esprit bureaucratique. militairomane et clérical, ne constituent pas toute l'Italie. Danscertaines régions du Piémont,de la Lombardie, de la Ligurie, etc., vivent une bourgeoisie de marchands et d'industriels et un peuple d'ouvriers actifs et entreprenants qui, écrasés d'impôts, savent cependant accomplir des miracles tels qu'on n'en voit pas dans le reste de

l'Europe.

Le plus éclatant de ces miracles est la création de toute une Italie nouvelle,.déjà forte de trois millions d'habitants, presque tous riches, ou du moins prospères, dans ces vastes contrées de l'Amérique du Sud qu'ils ont défrichées et transformées. Les Anglais eux-mêmes n'ont pas fait mieux au Canada ou en Australie, et encore les Anglais sont-ils secondés par d'énormes capitaux, l'appui d innombrables et puissantes sociétés, et une tradition coloniale trois fois séculaire, tandis que les riches colons italiens du Brésil méridional ont été chassés de chez eux, le plus souvent par la misère ou les vexations du gouvernement, et ont fondé leur belle fortune sur le gain initial de quelques sous, d'un franc par jour tout au plus. De simples artisans, de manœuvres, de valets de ferme qu'ils étaient, les voilà

devenus grands propriétaires, grands capitalistes, grands armateurs, avec lesquels les gouvernements sud-américains et même européens commencent à compter; preuve en soit le volumineux rapport que M. Charles Wiener, chargé par le gouvernement français d'une mission commerciale dans la République Argentine, vient d'adresser au ministère des Affaires étrangères M. Wiener, en présence de cette invasion italienne des deux grandes républiques sud-américaines, déplore le recul progressif du commerce français. L'auteur de l'article salue le moment où l'Italie passera, grâce à ses formidables capitaux sud-américains, de l'état de puissance débitrice à celui de puissance créancière. Mais les efforts des Italiens sont encore trop souvent individuels ils doivent, à l'exemple des puissantes compagnies, trusts, svndicats anglais ou allemands, associer leurs efforts en vue d'un but commun. Alors le jour sera proche où 1 Europe aura à compter, non avec une petite Italie pauvre et chétive, mais avec une grande Italie puissante et riche. LE ~OUVE~EAT G7-;OG/7~<?UE Bruxelles.

Exploration des territoires de la

Société Sud-Cameroun

docteur Plehn, chargé par le gouvernement allemand L de créer une station sur les territoires orientaux de colonie allemande du Cameroun, a choisi, le )".avril t8(;q, la comme emplacement,une colline située à Goko, au bord du fleuve du même nom, dont il explora le cours, ainsi que celui de ses affluents. Remontant le fleuve en canot, il arriva le i" mai au confluent de la Bumba et du Dja, dont la réunion forme le fleuve Goko. Ce dernier cours d'eau, d'après M. Plehn, est incontestablement la branche mère. L'explorateur remonta successivement l'une et l'autre rivière jusqu'à de grandes chutes qui, sur l'une et l'autre artere, l'empêchèrent de pousser plus loin. Partout il reçut un excellent accueil des indigènes Misangas et Kunabembés. sur la Bumba, et des Misangas établis dans le bassin du Dja.

La Bumba a <oo mètres de largeur et le Dja 1.~0 mètres à leur confluent. La première est appelée par certaines tribus indigènes n~~ima/MfSt, c'est-à-dire <eau montantes, à cause du flux considérable de ses eaux, et pour la distinguer du Dja, dont le cours, au contraire, est extrêmement

calme. Le docteur Plehn se propose de renouveler son exploration du cours du Dja, afin de voir si son cours supérieur n'est pas navigable, en dépit des rapides qui, au delà du village de Jamai, ont fait reculer le canot de l'explorateur. Si sa seconde tentative est plus heureuse, la voie fluviale qu'il espère ouvrir au commerce et à la civilisation livrerait à la pénétration de cette dernière le cœur même du Came-

roun oriental.


De Marseille en Asie Centrale et retour <~) Krasnovodsk.

Caucase.

De Bakou à Vladikavkaz. Nouvelles réceptions chez les Grenadiers de Tiflis.

à

Le

to heures du matin, nous sommes Krasnovodsk. Pas de bateau avant demain triste perspective. Par besoin de me donner du mouvement après la reclusion du train, et pour tuer le temps, je grimpe sur un sommet au

LEE 12 août.

A

sud de Krasnovodsk. De là-haut je

découvre

le

une bénédiction ce vent perpétuel, sans lequel l'atmosphère serait, parait-it.intolérable. Quartier indigène intéressant, de vieilles mosquées persanes aux coupoles faïencées, des minaretsde pierres jaunes.

Nous allons voir un puits de pétrole qui vient de brûler pendant

contour de la baie et les environs de

trois jours.

la ville, des chaî-

nistre un terrain noir, visqueux,

rochers roussâtres, un ta-

nes de

bleau achevé de la désolation et de

l'aridité; l'air est si embrumé de chaleur que dans un horizon rapproché tout se

Tableau

si-

décombres calcinés, de la des

ferraille tordue. La naphte est peu inflammable, mais ses gaz le sont

excessivement: quand l'air est calme plusieurs

confond avec le ciel en une même jours de suite, la buée de fournaise: nappe de ces gaz la mer, les monpeut atteindre un tagnes et, au delà, foyer de iumiére le désert vers D'après M;;e ~'ttoi0i~h<e de M. le tt'~M~Ma/ de l'Harpe. et le feu se prolequel s'en vont pager instantanélentement, sur des pistes blanchies, quelques files de ment jusqu'à la source; c'est alors un geyser lançant chameaux. à 200 ou 300 mètres de hauteur ya colonne de flammes et de liquide incandescent de la rive opposée de la août. L'Imperator Nicolas part à 13 Caspienne on aperçoit la lueur de l'incendie. Des )) heures; là musique de la garnison joue sur la vomitoires de boue, un sol sans cesse troublé par les jetée une centaine de soldats en tenue de campagne effervescences volcaniques, des cratères de lave et des descendent d'un bateau voisin ils viennent d'escorter les prisonniers faits à la suite des troubles du Turkescrevasses fumantes encadrent comme il convient la ville de Bakou. On emploie comme combustible, dans les tan et déportés en Sibérie. bateaux à vapeur et les trains, les résidus de la distil)~ août.– A Bakou, même vent et même pouslation de la naphte. sière qu'à l'aller un mistral rageur, un brouillard de siroco le climat doit être bien abominable pour que Trajet peu intéressant de Bakcu a <5 août. iflis. ses habitants en soient réduits à considérer comme


t6 août.

Achats. Visita au camp du

t~ régi-

ment de grenadiers. Le colonel du 16' régiment de grenadiers (le Mingréliskipolke) m'invite à assister demain à la fête de son régiment. et demie je vais, avec le n août. A 8 heurest6', cotoneIZakrjefrski aucampdu tout à côté. Présentations. Trois bataillons (le 4" est de service) sont placés en lignede bataillons en masse; tenue, pantalon de drap noir, tunique blanche, bottes; arrivée du grandduc Michel-Nicolas, ancien colonel du t6'. et d'autres

généraux. Les drapeaux de bataillons, noircis et déchiquetés, reçoivent les honneurs. Un office est dit sous une tente ouverte, par deux popes vêtus de

drap d'or: tout

près, un chœur de )~a20 grenadiers chante des airs religieux souss la direction d'un officier. Tout le

encore; c'est la fête de la y" compagnie; musique, chœurs de soldats, danses russes et géorgiennes. A un moment donné, sur un signal du commandant de la compagnie, les hommes se précipitent sur moi, me saisissent, m'élèvent au-dessus de leur tête, me lancent en l'air à plusieurs reprises, en poussant chaque fois un hourra prolongé je retombe sur ces bras tenjus comme des ressorts qui me reçoivent avec une délicatesse extrême et me relancent aussitôt. Tous les officiers présents y passent tour à tour, et le spectacle de ce divertissement est parfois des plus comiques. Enfin je parviens à m'échapper. Au camp du t6', la fête bat son plein c'est un très beau coup d'œil, à la nuit tombante, que tous ces uniformes blancs mêlés à la population et répandus aux alentours du camp partout une cordialité de bon aloi, une gaieté calme, sans manifestations bruyantes

ou

monde est découvert et immobile pendant la durée de cette cérémonie. Les

nées.

en

passent ensuite au milieu des rangs

et bénissent les

troupes. Puis,

verres, une bou-

teille d'eau et

LADtL)GE~CEt)t._VLADtHAVKAK.

D'j~r~ une photographie de

une

de vodka. Le grand-duc porte une série de toasts au tzar, a" l'impératrice, à t'armée du Caucase, etc. Après chaque t(,ast la musique joue et les hommes clament une cinquantaine de fois « hourra hourra Le colonel du 16" répond à son tour par de nombreux toasts dont un à l'armée française. Défilé des troupes en colonne de compagnie. Le grand-duc dit au passage à chaque compagn e: « Karacho" ? » et les hommes, tout en s'éloignant, récitent leur réponse, d'une seule et forte voix saccadée. Par sympathie pour notre armée, le grand-duc, venu à Tiflis pour la journée, ne veut pas laisser passer un officier français sans le recevoir il m'invite à aller chez lui après la cérémonie du matin. Impossible d'être plus simplement accueillant et plus familièrement aimable; on s'aperçoit vite que S. A. I. doit être de ceux qui savent gagner instantanément les cœurs, et il est facile de comprendre sa popularité dans le

Caucase.

remonte dans l'après-midi au camp du 16' grenadiers, où la fête continue. Mais on m'arrête au passage devant le camp du Tilliskipolke; on y banquette Je

t. C'est trcs bien!1

Les jeux

sont à peu près les mêmes que chez nous: course

popes

devant le front du régiment, onn apporte une table avec quelq ues

désordon-

M.

/ïeM~ta/~ de ~ar~e.

sacs, seille

pleine d'eau, etc. En même temps que, dans le bas de la vallée, les lumières de Tiflis s'allument, les illuminations du

camp commen-

cent une immense table en fer à cheval, de 150couverts au moins, est dressée au sommet d'une butte, sous des guirlandes de feuillage et de lampions. Le plupart des officiers de la garnison sont présents. Zakouska des plus variées. on trinque sans interruption; toastà l'armée française, auquel je réponds de mon mieux en vidant la lourde ~ar/Mc~ grand enthousiasme.traditionnelle dépêche envoyée à mon régiment, etc. Comme toujours l'eau manque un peu sur la table. A une heure indéterminée je rentre à l'hôtel dans un demi-rêve, en causant vivement, je n'ai jamais su de quoi, avec l'officier qui m'accompagne. Visites d'adieu, échange de photot8 août. graphies, promesses de se revoir, poignées de main

chaleureuses.

Je croyais être tranquille jusqu'à mon départ, le lendemain matin à 8 heures. Mais le soir un groupe d'officiers du ~"grenadiersvient me chercher à l'hôtel

après dîner: ils veulent que je sois àeuxjusqu'à l'heure de mon départ demain je prétexte mes bagages inachevés. Qu'à cela ne tienne ils montent dans ma chambre et, en camarades intimes, sans distinction de grade, Sorte de collation préparatoire et apéritive qui su prend debout sur une table a part. 2


DÉFtLRDEDAR[At..

D'M MHf'~o<o~r~!tf de M. le /!<'H<<-M)!fde i'~ar~e. capitaine ou commandant de bataillon, ils m'aident à en finir, chacun se mettant à la besogne pour plier les effets ou ficeler les colis. Et nous passons joyeusement la nuit dehors. Départ pour Vladikavkaz dans une 19 août. confortable diligence à six chevaux avec un postillon. Grosse chaleur, poussière. tou~d sommeil, conséquence des libations de la veille. Heureusement la route estdes moins intéressantes.Arrivéeàtoheureset demie du soir à Mleti où nous couchons. Départ à 6 heures; longue montée 20 août. dans la grosse montagne encapuchonnée de nuages; quelques sommets de rochers roses, marbrés de neige, apparaissent au-dessus des prairies. A la station de Gondaour nous croisons une batterie d'artillerie venant de Vladikavkaz; en queue marche une grande marmite posée sur un fourneau roulant; la soupe fume et, en arrivant à l'étape, les hommes la trouveront toute chaude; ce système de cuisine roulante est en essai en Russie; il y est d'autant plus utile que les hommes ne portent pas sur eux d'ustensiles de campement c'est le deuxième échelon du train divisionnaire

qui tes a sur ses

voitures.

Après Gondaour la route monte encore jusqu'au col de Krestovaïa, à 2 263 mètres d'attitude; on redescend par des lacets très serrés en maints endroits la route est bordée de tunnels où l'on passe pendant la mauvaise saison pour éviter les avalanches les ravages des eaux ont été l'un des plus grands obstacles à la construction de la route militaire de Géorgie; ce fut à grand frais qu'on parvint à l'établir, comme l'indique ce dicton du pays: « Si on réunissait l'argent dépensédepuis cinquante ans pour le chemin de Vladikavkaz àTiflis, onpourrait paver ce chemin ep roubles ». Au bas de la descente on fait halte au relais de Gobi. C'est là qu'Alexandre Dumas, voyageant en sens inverse, fut obligé de rebrousser chemin. it est vrai qu'il avait entrepris son excursion au Caucase à la fin de l'hiver, au moment des brouillards et des avalanches. Aussi que de péripéties et de difficultés n'eut-il pas son traîneau tiré par des bœufs et restant en panne dans les neiges, des torrents grossis par les pluies traversés en télègue, des chutes épiques dans les boues.

sans parler d'aventures qui devaient plaire à l'imagination ardente du romancier; par exempte cette lutte des Cosaques de son escorte contre les montagnards tcherkesses, où il y eût des morts de part et d'autre. Nous arrivons à la partie la plus intéressante et la plus originale du parcours, la haute vallée du Terek, entre des crêtes hérissées d'aiguilles basaltiques, de hauts contreforts gazonnés et de curieux villages ossètes. Lorsque le temps est très clair, de la station de Kazbek on aperçoit, paraît-il, dans toute sa splendeur, le sommet du même nom, le plus élevé du .Caucase après l'Elbrouz. Aujourd'hui, il voile orgueillesement de nuages sa pyramide neigeuse. Le fameux défilé de Darial s'ouvre ensuite, grandiose et sauvage sans doute, mais ressemblant assez à tous les défilés; quand on a.vu certaines gorges des Alpes de Savoie ou de la Suisse, on n'est pas absoluémerveillé ment au passage de Darial; les gorges du Chabet el Akra en Algérie ont des aspects autrement imprévus et saisissants. N'ayant fait que traverser le Caucase, je ne puis avoir de ses montagnes une opinion bien arrêtée; cependant, de l'avis de nombreux voyageurs, il n'offre pas de pavsages comparables à ceux de la Suisse Par suite du climat et du manque de grands plateaux, ilnepossède pas de glaciers semblables aux grands glaciers alpins. « On y a rarement des vues d'ensemble; il faut s'élever beaucoup plus haut que dans les Alpes pour pouvoir contempler de vastes panoramas comme ceux qui font la beauté de ces montagnes. » (Guide du C<!MMK.)

Une visite complète des parties les plus pitto-

demanderait beaucoup de temps; on n'y connaît pas lescheminsde fer crémaiiteres qui transportent, en quelques heures, le touriste au pied de la Jungfrau ou près du Cervin et du mont Rose, à 3 )oo metres d'altitude. L'intérieur des massifs montagneux resques du Caucase

est très difficilement accessible; l'enchevêtrement des crêtes est parfois extravagant c'est ce qui explique la résistance prolongée des irréductibles montagnards abkhazes, tcherkesses et lesghiens, que les Russes eurenttant de peine à débusquer de leurs repaires. On ne peut prononcer le nom du Caucase sans évoquer celui de t'émir Schamyl, qui tint tête aux

LA HA(17E VALLFE DE TEREH~ R(1I7TE DE

D'a/'r~ to;e /o<o~t'a/f<e

de

TII·W

A

VLAD~E~AVl(A7..

K~H/~HaH< <<f

;7/f(r/'e.


troupes du tsar pendant vingt ans, de tS~ô à '856, et sans rappeler le souvenir de cette guerre héro'ique Homère, si Pouchkine « toute une Iliade qui eûteu son et Lermontoff n'eussent pas été tués. Les assauts de Georgiewk et de Salty, la marche dans les forêts sauvages de l'Avarie, l'occupation de Dargo, résidence de Schamyl, le massacre d'un régiment de 3 ooo hommes envoyé pour chercher du biscuit, tout cela constitue les phases d'une épopée tout à la fois terrible et admirable. ? (A. Dumas.) 21

août.

Vladikavkaz, petite ville russe peu

intéressante. (A ~M'W~.)

F.

DE L'HARPE.

L'Enterrement des Cadavres et tes préceptes des Parsis

O

sait que les Parsis ont la coutume, au lieu d'enterrer leurs morts, de les exposer à l'air, où les oiseauxde proie, vautours ou autres, se chargent de les faire disparaître. Mais une violente controverse vient d'éclater dans cette secte tandis que les prêtres et, en général, les orthodoxes de la communauté sont fermement résolus à conserver cette coutume et la justifient leur livre sacré, un par les prescriptions du grand nombre de Parsis insistent pour qu'on renonce à l'exposition des cadavres et qu'on les enterre dans un cimetière régulier. Sans prendre parti dans la querelle, le PMM~r Mail, d'Allahabad,auquel nous empruntonsces défaits, fait observer que la plupart des lois et préceptes de ce code étrange qu'est le sont depuis longtemps tombés en désuétude, même chez les Parsis les plus fanatiques. On peut même dire qu'à part l'exposition des cadavres, le fameux livre sacré est devenu lettre

~!<

Tripoli et Benghazi, débouchés des régions du Tchad

osopère

lecteurs savent que la mission Gentil-Bretonnet s en ce moment dans la Baghirmi, à l'est du Tchad, pour y asseoir notre influence. C'est par cette région et celle voisine du Ouadaï que s'acheminent maintenant les caravanes venant de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque, et cela depuis que Rabah, s'étant établi au Bornou et au Sud-Ouest du Tchad, a rendu fort peu sûres ces contrées jadis

tranquilles.

Aussi, l'annonce que la mission française avait reçu bon accueil des chefs du Baghirmi a-t-elle rempli d'aise les caravaniens de Benghasi, qui espèrent pouvoir, grâce à l'établissementd'une administrationrégulière dans les contrées où ils ont de si grands intérêts, étendre se livrer en toute quiétude à leur négoce et y même considérablement leurs affaires. Etant donné que Benghasi et même Tripoli sont les véritables ports des régions tchadiennes, les commerçants de ces villes se flattent donc d'être les premiers à tirer profit de l'accord anglo-français du 21 mars dernier; car, tant que le Transsaharien ne sera pas construit, ils seront les intermédiaires nécessaires, obligatoires entre l'Europe et les pays qui rayonnent autour du Tchad. 11 est certain que les possessions ottomanes de Barbarie sont, par leur situation géographique, plus a même que l'Algérie, le Tunisie et le Sénégal de recufi))ir le fruit de tout effort tenté dans les régions tchadiennes. C'est ce que les Allemands, toujours à l'affût de ce qui peut développer et faire rayonner leur puissance commerciale, viennent précisé-iient de comprendre. Us viennent, en effet, de créer de Hambourg à Tripoli, un service de navigation destiné à expédier leurs produits, par cette voie, dans le Centre Africain. Si nous citons ce fait, c'est d'abord pour mettre en évidence, une fois de plus, la sagacité et l'initiative "tu commerce allemand, et c'est ensuite pour indi.~ er à notre commerce qu'il devrait savoir tirer parti des débouchés que lui créent nos propres explorateurs. t. Voir A ?'n!~rx le MoM~e, n° 35,du 2 septembre !8~, page

2"

~<7~

morte.

C'est ainsi que le chien, dans le Vendidad, est traité avec autant d'égards que l'homme deux chapitres lui sont consacrés. A la mort de l'animal, sa carcasse, disons plutôt son corps, est exposé à l'air avec le

même cérémonial rituel que le corps de l'homme. Celui qui tue un chien nageur (water dog) est puni de ioooo coups de fouet de la main des prêtres. Il est moins sévèrement interdit detuer un homme quede mal nourrir un chien de berger; car le meurtrier s'en tire avec go coups de fouet, tandis que le mauvais maître a gravement péché à l'égard de son chien et est passible de ~oo coups de fouet. Le ~c~K~ prescrit jusqu'aux honoraires que doit recevoir le médecin même aujourd'hui, le médecin parsi qui voudrait observer les prescriptions du chapitre vn de son livre sacré, devrait, pour avoir guéri un prêtre, se contenter de sa bénédiction pour la guérison du propriétaire d'une maison, ses honoraires doivent être le prix d'un bœuf de peu de valeur; pour celle d'un seigneur de village, le prix d'un bœuf de médiocre valeur; pour le seigneur d'une ville, le prix d'un bœuf de haute valeur; un gouverneur de province paiera à son médecin la valeur d'une grande voiture la mère de famille, elle, sera soignée pour le prix d'une guenon! Le meilleur médecin, dit encore le ~M~a~, n'est pas celui qui nous soigne avec un couteau, ni celui qui nous guérit avec des herbes, mais celui qui nous applique ce remède infaillible la ?'~o/<' sacrée, celle de Zoroastre. Celui-là seul, au yeux du fidèle, mérite le nom de médecin. Il n'est pas étonnant qu'au voisinage d'autres religions, ces étranges préceptes du parsisme tombent en désuétude, modifiant peu à peu la doctrine ellemême des sectateurs de Zoroastre.


massicre ? S3ngcz qu'une femelle porte de dix-huit à vingt-deux mois, que les jeunes éléphants mettent vingt ans à atteindre l'âge adulte et qu'il leur faut le double pourfournir ce qu'on appelle du gros ivoire

demande protection et pitié pour ce pauvre éléphant, qui est en

Certes le commerce de l'ivoire est intéressant. Encore pourtant ceux qui l'entreprennent devraientils avoir un peu de prévoyance et ne pas risquer, par de telles hécatombes, de tarir la source même de leurs profits. La sagesse, entendue au sens de la bonne conduite, n'est que la faculté de prévoir, et nous nous moquons volontiers du sauvage qui, en coupant un arbre pour en avoir les fruits, est assez inepte pour ne pas s'apercevoir qu'il se prive ainsi des récoltes futures. Eh bien, les civilisés du Xtx" siècle agissent comme de

force, en effet, de le

purs sauvages en ce qui concerne les élé-

L'E!éphant d'Afrique.

Sa disparition prochaine ï ÏN explorateur, M. E. Foa, qui fut au cours de

ses

voyages africains, un grand chasseur et un grand tueur d'éléphants, est venu à résipiscence. H adore aujourd'hui ce qu'il a brûlé. C'est-à-dire qu'il

train de disparaître. A

pourchasser et de le

phants d'Afrique. L'un dans l'autre,

tuer pour avoir ses dé-

comme disent les

fenses et vendre son

voire, les chasseurs d'éléphants sont arrivée à détruire à peu près l'espèce. Dans trente ans, estime M. Foa, elle n'existera peut-être plus.

marchands, ceux-ci fournissent une centaine de francs d'ivoire par tête, pas plus~ Domestiqués, ils vau-

draient, suivant les cours habituels de l'Inde, de ~oo à 5 ooo francs. Non seulement le gain immédiat de la chasse

Tout d'abord il convient de remarquer que si l'éléphant

habitait aux premiers

siècles de l'ère chrétienne l'Afrique entière, il a peu à peu

pour l'ivoire présente une infériorité énorme

sur le gain le plus

singulièrementreculé.

lointain de la chasse pour la domestication, mais encore la chasse pour l'ivoire

Au xvut" siècle, il se

trouvait dans presque toute l'Afrique Centrale

son domaine

commençait tout autour du continent noir, à une centaine

LES RÉGtCW. TEtSD'.ES !NDtQU).XT <E'[.5 Or

kilomètres de la côte la Barbarie, la Tripolitaine, l'Égypte, le Sahara étaient alors les seuls pays dépourvus de ces animaux. Or, de nos jours on compte facilement les régions dont il a fait son dernier refuge ce sont le Katanga, les sources du Zambèze, le Haut-Nil,

de

les bords du Victoria Nyanza, le centre de la Boucle du Congo, le Nord de l'Oubanghi et les environs du Tchad, quelques parties du Soudan et du pays de Kong. L'habitat de l'éléphant s'est réduit à peu près au dixième de la surface qu'il couvrait autrefois.

Depuis vingt-cinq ou trente ans la chasse à l'éléphant a pris, en Afrique, des proportionsconsidérables. La façon de te chasser diffère selon les pays. En Abysinie et en Ethiopie on le poursuit à cheval. Ailleurs on le tire à la sagaie et à la flèche. Mais le plus souvent c'est à coups de fusil que s'accomplit l'œuvre de destruction. D'après M. Foa, en se basant sur le rendement annuel en ivoire des différentescolonies africaines (~81 i5o kilogràmmes), on trouve que, pendant une année, o~/M~ c&~f~M~M. 40 9 qo élépbants! Quelle est la production qui pourrait suffire à un pareil

L'0\ TROrvn

ENCORE

L'ÉLU'HAtT.

aura pour effet, dans un délai très court, de supprimer l'espèce et de rendre ainsi

impossible. On tinn imnossible. pour l'éternité toute domestication aura coupé l'arbre, il n'y aura plus de récolte. Or, la possibilité de la domestication de l'éléphant d'Afrique ne peut faire de doute. Nos lecteurs se souviennent d'intéressants articles que M. Bourdarie a publiés ici-même sur ce sujet. Et quand on sait quels services « intelligents » les éléphants rendent aux Indes, en Birmanie, au Cambodge et au Siam, on ne peut que déplorer de voir l'éléphant d'Afrique traqué comme il l'est, pour qu'on puisse tout simplement arriver à vendre ses défenses sur les marchés d'ivoire. Il est, en effet, une considération très sérieuse qui milite en faveur de la conservation des éléphants, c'est l'utilisation de ces animaux dans les colonies africaines, où ils constitueraient un moyen de transport et un moyen de travail inappréciables. Un éléphant adulte peut porter environ 800 kilogrammes en faisant 35 kilomètres par jour; 800 kiloLes mâles adultes portent des défenses d'une quinzaine de kilogrammes, les femeHesdequatre.Maisonavude?

exceptions: desdéfenses de 3o,d2,~2etmCme()[ki[ogrammes.


un grammes représentent la c'mrge de 32 hommes indigène chargé ne fait guère qu'une quinzaine de kilomètres; une journée d'éléphant équivaudrait donc a 64 journées d'hommes. Et l'éléphant, bien entendu, en même temps qu'aux voyages et au trafic, pourrait être employé à toute sorte de travaux comme aux Indes. La main-d'œuvre ainsi économisée serait considérable. En outre, dans des pays dépourvus de routes, un é'ephant est extrêmement précieux. H suit fort bien un sentier de 40 centimètres de largeur il n'a même pas besoin de sentier du tout il coupe à travers champs, traversant plaines, marécages et montagnes avec une égale facilité, tandis que le véhicule demande des routes entretenues. Il n'y aura qu'à élaguer les arbres sur les parcours destinés aux éléphants pour éviter les coups que pourraient recevoir le chargement ou les gens juchés sur son dos mais, si 1 on va doucement, cette précaution n'est pas indispensable. La nourriture d'un éléphant coûterait fort peu de chose dans les pays disposant de plaines herbeuses et de forêts mais, dans les régions pauvres, rases, sablonneuses ou montagneuses, il faudrait faire venir les vivres de loin, ce qui augmenterait la dépende dans ce dernier cas, on calcule aux Indes 3 francs par éléphant et par jour, ce qui est encore fort peu de chose, si l'on considère l'économie de main-d'œuvre. Pénétré de l'utilité évidente et des merveilleuses qualités de 1 étéphant, le gouvernementde l'Inde a pris, en sa faveur, d'énergiques mesures de protection. Sa chasse est interdite la seule exception à cette règle se produit lorsqu'un grand personnage vient chasserdans

la contrée; sur sa demande, le gouvernement local lui accorde l'autorisation de tuer un ou deux éléphants qu'on lui désignera. Parfois aussi, quelque vieux solitaire commet des méfaits sur les habitants ou surteurs cultures le fonctionnaire forestier, deputy cow~HM'M~ of forests, délivre alors, après enquête, une permission écrite de tuer le délinquant. Un sportsman profite généralement de cette aubaine, ou bien les indigènes font justice eux-mêmes. En dehors de ces exceptions, l'éléphant est protégé par les règlements; les indigènes garantissent leurs plantations contre des déprédations nocturnes au moyen de feux et de tam-tams, mais il leur est défendu de se servir d'armes ou de pièges.

gouvernement anglais a placé sur divers territoire des établissements qui sont à la fois des parcs de capture et de dressage (kraals). Ces établissements entretiennent un noyau de personnel expérimenté et veillent à la protection de l'éléphant. Le points du

protection accordée àt'éléphantdanslestndes, M. Foa la demande pour l'éléphant d'Afrique. Et puisquelecontinent noir est aujourd'hui complètement partagé entre des pays européens, la conservation de cet animal est un acte de prévoyance dont la responsabilité incombe exclusivement à l'Europe. M. Foa réctamedonc deux mesures principales: la prohibition absolue du commerce de l'ivoire en Afrique, seule manière efficace de faire cesser la chasse aux éléphants, et la création d'établissements analogues à ceux de l'Inde pour la capture et le dressage des étéphants sauvages. La première de ces mesures paraît bien radicale. Il n'y a évidemment qu'un accord des puissances intéressées qui puisse la rendre générale cet accord, M. Foa La

propose de le préparer par un Congrès pendant l'Exposition de looo. Nous ne savons si les chosts iront aussi vite. Quant à la seconde mesure, chaque puissance estlibre d'en faire application dans sespossessions personnelles. Et, à notre avis, c'est par ta qu'il faudrait commencer. D'autant plus que, si cette mesure était appliquée régulièrement et méthodiquement, on pourrait autoriser les propriétaires d'éléphants à couper, comme cela se fait aux Indes, les défenses de leurs animaux et à les exporter, avec un certificat d'origine, ce qui viendrait encore ajouter, pour le colon, au rendement de l'animal on continuerait, de cette façon, à envoyer de l'ivoire sur les marchés d'Europe, sans tuer la bête. Pourquoi la France ne donnerait-elle pas 'exemple ? M. Bourdarie nous a montré qu'on pouvait arriver facilement à la domestication de l'éléphant d'Afrique. L'étude en grand du problème pourraitétre confiée fort utilement à quelques-uns de nos officiers du Soudan sa solution permettrait probablement des économies et donnerait certainement de grandes facilités aux transports particuliers de nos diverses colonies, tout en aidant d'une façon générale à la mise en valeur de l'Afrique.

Les

Explorations en Nouvelle-Guinée

LnA Nouvette-Guinée est partagée, comme on le sait, entre le royaume des Pays-Bas, qui en possède la moitié occidentale, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, qui se partagent sa moitié orientale. La Nouvelle-Guinéenéerlandaise n'était rattachée jusqu'ici aux autres possessions des Pays-Bas que par un lien assez ténu. Des bateaux y venaient de temps à autre des Moluques, ils relàchaient sur quelques points de la côte, et y plantaient, sur un arbre ou sur quelque autre objet apparent, l'écusson du royaume. Cet état de choses vient d'être modifié. La Nouvelle-Guinée néerlandaise sera régie désormais par deux commissaires, l'un résidant à Manokouari, sur la baie de Dorei, l'autre à Foutak, dans le pays de Kapour. Chacun de ces commissaires aura sous ses ordres une troupe de indigènes, commandée par un officier européen, et un vapeur, monté par un équiindigènes. page de Quant à la Nouvelle-Guinée allemande, appelée officiellement Kaiser Wilbelmslnnd, elle est devenue, ainsi que l'archipel Bismarck, colonie proprementdite, en vertu de la convention du 7 octobre 18~8. Cette convention a racheté lesdroitsde la compagnie privée qui exploitait le pays depuis t884. L'empire doit payer pendant dix ans à la compagnie une annuité de 400000 matks (492000 francs). Mais il est expressément stipulé que ces sommes seront consacrées à des entreprises économiques dans la colonie. Enfin, la compagnie continuera à exploiter directement 150000 hectares de terrain.

i


L'exploration de la Nouvelle-Guinée allemande a été dgna)ée cette année-ci par l'important voyage de MM. Lauterbach et Tappenbeck, qui ont découvert, dans la chaîne Bismarck, un sommet de 4 ~oo mètres d'altitude. Ils ont descendu, en outre, sur 25o kilométres, le fleuve Ramou, qui se trouve être le même cours d'eau que l'Ottilie, remontée il y a deux ans par un vapeur de la compagnie. Rien à signaler dans la Nouvelle-Guinée britannique, si ce n'est une seconde traversée de la presqu'île du Sud-Est. accomplie par le gouverneur de cette colonie, sir William Mac Gregor, qui l'explore sans relâche depuis plus de dix ans.

La Fortune de Li-Hung-Chang.

–Prévoyance.. et Concussion. dernièrement mourut, en Amérique, le LORSQUE L fameux Vanderbilt, celui qu'on appelait le roi des cheminsde fer, on s'extasia, non sans raison d'ailleurs, devant sa fortune de près d'un milliard de francs. On ne manqua pas, à cette occasion, de citer quelquesunes des fortunes colossales qui ont été édifiées de nos jours. Mais on omit de parler d'un milliardairechinois, fort connu pourtant, puisque son nom est Li-HungChang. Le vieil homme d'État de l'Empire du Milieu aurait, en effet, d'après le propre aveu qu'il fait luimême au président du Sénat américain, la plus grande fortune du globe, soit trois milliards au moins. On devine sans peine que cette richesse presque fabuleuse, acquise pendant une longue carrière administrativede vice-roi, de chef d'armée et de marine, etc., a dû être pour la plus grande partie constituée au préiudice de l'État. Un des premiers, et non des moins importants éléments de la fortune de l'ex-vice-roi a été l'établissement dans tout l'empire chinois de bureaux de prêt sur gages et sur hypothèques. Dans un pays où il n'y a pas de taux légal, on peut se faire une idée du revenu énorme produit par ce genre d'industrie. Possesseur d'immenses rizières, Li-Hung-Chang utilisait comme ouvriers les soldats de l'armée dont il avait le commandementen chef. Ces derniers, nourris et payés aux frais du trésor public, ne lui coûtaient donc absolument rien. Dans ces conditions, on comprend qu'il n'y a pas de mauvaises récoltes et, qu'à l'inverse de nos agriculteurs européens, l'homme.à jaquette jaune et à plume de paon n'avait cure des années défavorables. Non content d'utiliser ses soldats à sa convenance personnelle, il s'était fait aussi le fournisseur de l'armée et de la marine, et il empochait ainsi des bénéfices scandaleux par l'entremise de ses comptoirs. Enfin, chef suprême de la douane, il n'avait aucun scrupule de faire entrer sans acquitter les droits les marchandises qu'il revendait aux Célestes, ses

administrés.

d'inquisition occulte qui a ses ramifications à tous les étages A la cour de Pékin, il existe un Conseil

de l'administrationchinoise. Les agissements du pui~.'ant vice-roi étaient connus depuis une longue série d'années, mais la situation prépondérante qu'il avait prise dans les Conseils de l'empire, et, disons-le, son art de corruption poussé jusqu'au génie, en avaient fait un sujet quasi invulnérable. Mais l'impératrice, décidée à rompre avec celui quil'asoutenuedanssesprétentionsaupouvoirsupréme, n'est pas arrêtée par des questions d'ordre sentimental. Elle met tout en œuvre pour que cette fortune fasse

retour à la couronne, d'autant que Li-Hung-Chang n'a les pas de descendance màle directe, et qu'en Chine filles n'héritent pas. De son côté, Li-Hung-Chang a pris toutes sortes de précautions pour soustraire la plus grande partie de ses trésors aux convoitises impériales. C'est dans ce but qu'il avait entrepris son grand voyage autour du monde, et c'est à ce mobile surtout que l'on doit l'honneur de sa visite en Europe. Maintenant son portefeuille est gonflé de consolidés anglais et d'actions de chemins de fer américains ses immenses propriétés, fabriques et comptoirs en Chine, sont nominalement attribués à des personnages à lui, de façon à

échapper aux investigations d'en haut. Et, cependant, quoi qu'il fasse, il est peu probable qu'il puisse empêcher, après sa mort prochaine,

laSémiramistartared'en arriver à ses fins.

Mais ce qui confond l'esprit, c'est de penser comment un homme a pu accumuler tant et tant de richesses au détriment de l'Etat et des individus, au milieu des complications politiques, des îévolutionsde palais, des insurrections et des guerres étrangères qui ont traversé sa vie. On se demande avec surprise comment cette opulence n'a pas suscité plus de haines, plus de passions, plus d'envie. Quand le moment fatal sera arrivé, la véritable souveraine de la Chine agira avec la décision et )a promptitude dont elle a déjà donné des preuves les dépouilles du vieux vice-roi resteront à l'Etat.. et ce

sera justice, comme on dit au Palais.

CM"e MOMfe~e, revue illustrée de l'Extrême-Orient.

Francis Laur, 26, rue Brunel, Paris. Prix d'abonnement, 24 francs par an. r~ETTE revue est destinée à préconiser en Chine les idées de progrès industriel et commercial, mais par la paix. réformatrice et non par la conquête brutale et l'annexion. L1 C/!<H<! Mo;n'e, consacrée à la défense des intérêts français en Extrême-Orient, contient des études économiques approfondies sur toutes les questions d'actualité. Elle renferme en outre une partie littéraire très documentée. Elle est la première revue de ce genre qui se publie avec un programme littéraire en même temps qu'économique

et

commercial. Toux ceux qui s'intéressent aux transformations profondes dont l'Extrême-Orient est le théâtre, tous ceux qui ont des intérêts matériels là-bas doivent recevoir la C/itHe MOMfe//e, qui traduira non seulement les pensées européennes sur la Chine, mais aussi les pensées chinoises sur l'Europe. Former une opinion publique sur le grand empire mystérieux, tel est le but poursuivi à l'aide d'une rédaction sérieuse et autorisée.


Expédition anglaise,

POLE NORD

Abruzzes (duc des). L'expédition,repartie du cap P)ora)e2f)jui))c)..arrivait:ie () août à li mer libre, ou elle rencon-

est]

élément Moore~(Angtais). t'arti [de

en cours de préparation.

AFRIQUE

traitte\péditi<maméric''ine~(.tlmnn.

')'ou).')!l~itbienàb..rddela~< DeBehagie.Lebruitacouruquesa mission avaiteu de graves difticuttés

/o/r<).e duc des.\hru//es comptait hiverner par.3u et peut-ùtrc

avecRabahetqueméme~t.deHéha-

gle avait été tué.Aucune confirmation encore plus au Nord. n'est heureusement venue. Amdrup (lieutenant de vaisseau danois), Blondiaux (lieutenant', qui est allé partideCopenhigue le !<~ août !<)!) étudier la situation de t'ite de Doup<~uruneexpéditionnuCroen)and,est meirah,quisetrouveatafnmtit;re rentré le 2o septembre dernier après nord de n<~trecotoniede)'jibouti,dans avoir exploré la côte HstdepuisAugtamerj<ouge, et dont ta possession magsalik à <).~°,5o Nord, jusqu'à un nous est co!)testée par t'ttatic.aterpoint ao"22Xord. L'expédition rapminé sa mission. ])aété très bien porte de curieuses observations et reçu partout, notamment a Haheita,

d'intéressintes collections.

Andrée. Lahoueequun matelot

a

Ménétik.

chef de l'expédition du &'t<:<<); Cross. Les

dernières nouvelles reçues remontent a la fin de février. L'expédition avait abordé la Terre Victoria. Tout allait

abord. Expédit on allemande, est bien

de préparation.

en cours

mois d'avril dernier pour aller étudier la faune et la nore des grands lacs de )'friquecentra)c, est arrivé

depuis un certain tempsauticXyassa où les membres de l'expédition qu'il dirige ont commencé leur.tr.naux.

Ilpassera ensuite au TaHganyika.

Schloifer (lieutenantallemand) qui avait

été chargé de transporter un steamer au Tanganyika, et dont nous avions annoncé le départ en juin iH< est arrivéadestinationaumoisde février dernier, ainsi qu'il l'annonce par une lettre reçue en août et datée de Koavait s.um:a(Tanganyika),2Hfevrier.]i choisi iahaiedei~osanga comme port

d'attachepours~n steamer. oùtesuttantuiafaitexcettentac- Voulet Chanoine. Les dernières noucueil. veitesont fait connaitrcia mort de

trouvée sur la côte Nord-Hst de la Plé, chef de bataillon français, ainsi que ')'errc du Prince-Chartes, située à les membres français et allemands de Spitzberg. bien la commission franco-allemande charl'Est du était )'une gée de déterminer le tracé de la ligne des grandes bouées qu'Andrée devait jeter iorsqu'i! aurait atteint )epô)e. frontière entre nos possessions du mais elle ne contenait aucune commuDahomey et le Togo aUemand, ont nication ni indication. On ne saitras vu leur marche arrêtée partes indiCt~mmenteHcaétejetceduba~on. .~entS du pays ]\anri. Les deux sections, allemande f t française, sous les Expédition scientiflqueau Spitzberg. ordres du commandant De. ont du Onanmmce)eretourenRussie et en )ivt'er,!e)* septembre, un combat Suède des membres qui ne sont pas aux environs du village de Lama. desi.anespour hiverner au Spitzberg, Les reheUes ont été repoussés. et on a d'excellentes nouvelles des travaux auxquels aprocede l'expédi- Coppolani, chargé de mission au Soudan, sous la direction de At. le génétion, qui réussi a placer tous ses ra) deTrcntinian,est rentré en France Sturnord. signaux au au milieu de septembre. AccompaJeaffersoo,(Joseph-Russel)etChownes gné du lieutenant Picard et de deux ont organisé en Angleterre une expéil a pu revenir en traversant diti(Uldont)ebutestd'e\p)orerte plantons, les régions inexptorées du Sahel et pays des Samoyedes,surlequel on n'a s'est mis en rotation avec les chefs que peu de données, rebettes de tribus maures et touareg. Monaco (prince de). La/<)!t~t'.t//rc Fot.reau-Lamy. L'ne série de nouvettes est rentrée au Havre )c~'septembre, contradictoires ont circulé sur le ayant exécuté le programme de sa compte de cette mission. deux recampagne au Spitzberg. prises le bruit d'un massacre général Peary (iieutenant de ta marine des Etatsde la mission a couru.Heureusement Unis) est de retour de son expédition d'autres nouvelles moins alarmantes à bord du H't~<t'jr~.)t serait p'rsont venues mettre en doute les vcnua.~omiues au nord de la limite premières. JI y a lieu d'espérer que atteinte par~ansen avec ieFy'jm.j) la mission est actuellement sur les a dù renoncer à a)terp)us avant a bords du lac Tchad. des soufîrancesquetuiacausees cause Gendrou, (commandant) et les membres !e froid. ]) a eu les pieds gelés et a de la mission topographique au Congo perdu sept doigts. Il va se reposer et français sont arrivés à Brazzaville le compte repartir en juillet. 5 juillet dernier. Totl (baron russe de) vient d'acheter, Harrington, capitaine de t'armée anpour la somme de ~oooo couronnes, le glaise, chargé d'une mission spéciale navire de pèche 7/j)'jM-My;/j~'< auprès de l'empereur Ménélik, est destiné àson expédition aux îles de porteur d'une lettre autographe de la la Nouvelle-Sibérie. Le départ aura reine Victoria pour le Xégus et de lieu dans les premiers jours de tooo. riches cadeaux estimés à la somme de millions. Le capitaine IlarringPOLE SUD ton sera reçu fin décembre par

Borchgrevink (Norvégien),

au

Lemaire (tieutenant betge'. dirigeant

Vou)et et de Chanoines les autres membres de la mission sont.en bonne

santé.

Welby

(capitaine anglais) est parti au mois de février d'Addis-Ahaba pour traverser, dans la direction du Sud plusieurs Etats galla, tributaires du Choa,et visiter te lac Abata et la partie sud du lac Rodolphe. Un quittant cedernieri) il s'est dirigé vers teKord et a traversé la région inconnue située arrivé entre le lac et le ~it.H ainsi amassa)', fort égyptien situé

est

sur[eSobat,d'oùitagagnet\.hartoum

descendant le Kit. Woeelffel (tieutenant) qui a reçu mission d'établir une communication entre le Soudan français et la Côte d'Ivoire, été retardé dans sa marche vers le Sud par la résistance de populations anthropophages.]!a insen

taHedespostesaManetàCuekang(~ui (par()'oenviron).Lasaisondesptuies a dû sans doute le retenir dans ces régions, ainsi qu'ettea a dù arrêter la marche de la mission Hostainsd'Ollcne, qui remonte de la Côte d'ivoire vers le Soudan. Dans ces conditions, le ministre des colonies a prescrit i ces deux missions de suspendre leurs opérations.

AStE

Guynet (capitaine) et

le lieutenant Charles, ainsi que plusieurs membres de la mission du I~am-Biang. auraient été arrêtés dans leur marche par l'insa)ubrité de la région qu'ils traver-

saient, et seraient obligés pour la plupart de rentreraSatgon.

Leclerc, envoyé à

la fin de

)~

pour étudier les ressources industrielles des provinces méridionales de la Chine et la piraterie qui s'exercedans

l'expédition belge au Katanga, a ces parages, rentre en France. quitté la station de Lafoi le ornai pour aller en exploration jusqu'aux Schmidt géologue; e~t envoyé par la Société impériale russe de géographie chutes du Djono, et il est rentré à f.afoiataun de mai. Aux dernières pour étudier la faune, la tlore et les Hjnparticutarités géographiques des cotes nouvettes il se dirigeait vers le ),ueto. Je la .Manachouhe et de la (.'(~ree.


De Marseille en Asie Centrale et retour Sur la Mer Noire.

Novorossiisk.

Sébastopol.

Yalta. 2~ août.

Six heures d'escale en face de Kertch, une riante petite ville. Le soir nous sommes à Féo-

Route monotone de Vladikavkaz à 22 août. LE Novorossiisk

pendant vingt-quatre heures de chemin de fer; d'un côté les derniers contreforts du Caucase, de l'autre une immense plaine très fertite, le com-

dosia et le lendemain à Yalta. 25

mencement des

août.

Très gracieuse, la ville de Yalta, avec son quai bordé d'hôtels et de villas de tous

steppes russes. A Novorossiisk je retrouve le vent abominable de Bakou, ce vent appelé bora par les marins grecs du Pont-Euxin et si

les styles; en arrière, le village indigène, des maisons ouvrant au soleil leurs gale-

ries enguirlandées de vignes comme fond, de

redouté par

eux.

grands rochers

La rade de Novorossiisk pé-

teintés d'or for-

nètre profondément entre d'assez

ment une série de falaises en escalier et sont drapés de forêts de sapins; cà et là, quand le terrain

hautes coHines huit larges jetées de bois, de 200 à

300 mètres

de long, s'avan-

cent parallèlement en mer. C'est bien

(Fin)

le

permet,

des

champs de tabac,

VFE PRISE Df MAMELON OE MALAKOF}: LE FA'-Rnt'RC

/)'r~

/n7/t:'

l'aspect d'une

ville en formation pas d'édifices, pas de grands bâtiments; des essaims de petites maisons basses, tout autour de la rade, dispersées sans ordre et très espacées. Un magasin à blé, remarquabte par ses dimensions, domine la ville; il est réuni à l'une des jetées par une galerie couverte. Novorossiisk est un port d'avenir, dont le déve. loppement est très rapide il y a quatre ans la ville avait 6 ooo habitants; elle en a 15 ooo aujourd'hui. Sur le bateau russe le Po/t'm~tMf, 2~ août. qui fait le service entre Novorossiisk et Odessa, beaucoup de*confor(ab!e.

DR

de

I;A]tAnRLNA!A, LES <'ASER\E~ )tH (-\ M~Rt~E, LA VtU-R.

te

/j'f~a~/ Je-

/7fjtr~c.

demats

ou des vignes. Tel est le cirque qui encadre

la baie d'Yalta une certaine grandeur alpestre s'y joint à la poésie des côtes de la Provence. Sur le quai, beaucoup d'animation, de toilettes, d'équipages; ies isvochtchiks y sont superbes, en chapeau de soie gris perte; en robes blanches avec ceinture violette ou bleue et rênes assorties. 26 août. Départ à b heures du matin en voiture

particulière pourSébastopot; la route suit la côte sud de la Crimée et s'é)ève peu à peu dans un grand talus broussailleux. De belles échappées sur la bnic de Yalta et l'ensemble de la côte découpée en dents de scie.


Sauf des dépendances dispersées sous Ls arbres, on rie voit pas grand'chose de la résidence impériale de Livadia. D'un côté de grandes falaises, des rochers en désordre auxquels s'accrochent quelques sapins, de l'autre des pentes boisées descendant jusqu'à la mer où quelques voiles blanches ont l'air de pétales de fleur posés sur l'eau. A mi-chemin environ, entre Yalta et Sébastopol, la route traverse la chaîne bordière du littoral; le col, très peu accentué, est marqué par une porte, la porte de Baïdar. On descend sur le petit village tatar, assez insignifiant, mais portant un nom gracieux, Baïdar il est au centre d'une fertile vallée dont les eaux vont former la Tchernaïa. Ensuite des montagnes, des rochers, des brous-

sailles. A quelques kilomètres de Séb.'stopo!, je m'arrête au cimetière français; dans un monument central, les généraux et les officiers de l'état-major; à l'intérieur, sur le petit autel, quelques cou-

ronnes offertes par la Société des prieres et des tombes,

nar la Société de

Secours aux blessés, par les vais-

seaux de guerre français de passage .à Sébastopol.

Contree

le

mur d'enceinte du

cimetière, une série de mausolées, tous pareils, renfermant chacun les restes des officiers et sol-

dats d'une même division. Tombes et jardin parfaitement entretenus. La

route

laisse, à droite, les steppes incultes et pierreuses qui du mont Sapoune, de faible relief et très aplati, descendent en pente douce sur Sébastopol, creusées de quelques ravins desséchés. Et les trois chevaux de mon phaéton m'amènent à Sébastopol, ayant fait leurs 8~ verstes en moins de onze heures, dont deux de repos à Baïdar.

Entre la pleine mer, la rade et le port, sy août. la ville se développe très blanche et très gaie; aucune fortification rapprochée, aucune ruine ne l'attriste; elle a cette animation et ce mouvement particuliers aux

ports militaires.

point le plus agréable de Sébastopol est une sorte de Casino et de jardin public sur le bord de la rade qui s'enfonce à l'intérieur des terres vers des falaises crayeuses; le soir, une foule nombreuse et éléLe

gante s'y donne rendez-vous et se presse devant le kiosque hémisphérique de la musique. Dans l'après-midi je vais faire, à pied, pour être plus recueilli et plus libre, un pèlerinage aux lieux où tant de sang français a coûte je traverse le port, le

quartier ouvrier d° t'ar'enat près des vastes casernes; de la marine, et j'arrive sur une éminence couverte de jeunes plantations; c'est le plateau qui portait la tour Malakoff; il est aujourd'hui transformé en jardin public; au milieu des massifs de verdure, sur un socle élevé, la statue de l'amiral Nakimoff; il est représenté au moment où. tombant frappé à mort, il s'écrie « Otsstaivaïté y7e ~<o~)o/ » (Ne rendez jamais Sébastopol!). Un peu plus loin les débris de Ia\ tour proprement dite une voûte circulaire en bon état

et quelques assises en pierre de taille qui formaient le soubassement de la

construction. Vue étendue

en bas le quartier de l'arsenal, le: faubourg de Karabelnaia, puis le

port et la ville entre la rade à droite et, à gauche le camp, les tentes et les bâtiments

militaires aux toits

blanchis

à

la

chaux. De l'autre côté de la rade, une sorte d'oasis entoure une grande pyramide de pierre: c'est le cimetière des frères où reposent 100 ooo Russes, En tournant le dos

i

la ville on découvre très loin la steppe fortement

mamelonnée, aride, d'un vert sombre, rayée cà et là par les affleurements calcaires. A 400 mètres, le Mamelon-Vert, pier-

reux et broussailleux; en certains endroits le terrain est plein de trous, comme s'il venait de subir un bombardement; quelques vagues débris de tranchées subsistent, presque rien, mais le peu qu'il en reste suffit à impressionner le voyageur quand il songe que les grains de ce sol sont mêtés de tant de poussière de sang. de sang français et de sang russe, versé pour le seul intérêt de notre plus mortelle ennemie, « pour laisser bêtement l'Angleterre maîtresse de la route des Indes et

prépondérantedans la Méditerranée. ? (Hennebert.) En parcourant ces terrains, dont chaque parcelle a été si ardemment disputée, aussi bien qu'en lisant l'histoire du siège, on reste en admiration devant l'héroïsme déployé, mais on ne se sent remué d'aucun

sentiment de haine. Comme le dit A Rambaud, la ténacité des Russes augmente notre gloire et notre bravoure grandit la leur « Le souvenir de Sébastopol est en quelque sorte le patrimoine commun et indivisible des deux armées ». Le ravin des Docks, peu accentué et de profil très arrondi, sépare le Mamelon-Vert du long plateau terminé, du côté de la ville, par le grand Redan tout en cheminant en silence, quelques passages lus autre-


ois e' l'un saisissant réalisme me revinrent à t'esprit )Ia vie dans les tranchées au camp et à Sébastopol. 'chaque jour des camarades tombent autour de vous, et 'it faut revoir sans cesse les lieux où ils ont expiré. 9'un a les jambes emportées, un autre est réduit en sanglante bouillie on ramasse ses débris dans un sac à pain qu'on jette à côté des cadavres. Quand la nuit tombe il faut réparer les ouvrages, dégager les embrasures comblées, recompléter les approvisionnementsen poudre et en projectiles, enlever les morts. Au camp, à peine un jour de repos sur sept; on répare les chemins

défoncés, on va cher-

cher les vivres, l'eau, le bois; on est de garde aux faisceaux, aux postes d'intérieur; on transporte sur son dos les projectilesdu grand parc aux batteries, on fabrique des gabions,

etc.

A

~quen:'t6:0ts.

~g

bâtiments

encore debout, c'est un perpétuel va-et-vient de civières, un spectacle capable de refroidir les plus bouillants courages. « Entre-t-on, par exemple, dans un restaurant pour y réparer ses forces, raconte un officier, on a parfois d'étranges compagnons de table des chirurgiens et des médecins viennent de l'ambulance avec leurs tabliers de toile cirée, tout couverts de sang caillé et de fragments de chairs desséchées, les mains luisantes et comme gantées de sang; ils déjeunent à la hâte et courent de nouveau à leur

terrible besogne. (Rambaud.) Les jours de bombardement, la canonnade s'entend à plus de 100 kilomètres à la ronde. Le soleil, par le jour le plus pur, est éclipsé par la fumée, la poussière, la terre, les

éclats de projectiles. En suivant la longue croupe aplatie qui se terminait par le grand Redan, on retrouve encore quelques débris de tranchées et de parallèles et une des branches à crémaillères aui reliait le grand Redan à la tour de Malakoff. Une petite pyramide sur socle rappelle les assauts livrés par l'armée anglaise. Elle est insignifiante comme style. Elle porte cette inscription: «/;t TMaM,

Mt~O~sH

in

~MC~M ~K~ assaults upon

?.

Le boulevard

historique est un plateau mon-

tueux qui prolonge et domine le mouvement de terrain sur lequel est bâti Sébastopol on en a fait un vaste jardin public; une borne de pierre marque les emplacements de chaque batterie; l'une d'elles portait le nom de Batterie des Dames, parce qu'au commencement du siège, au moment où Totleben avait réquisitionné tous les bras valides, « cette batterie avait, paraît-il, été élevée par certaines mains féminines et impures' ). Une autre avait été surnommée Batterie I. A. Rambaud.

J'embarque qui tous les

Constantinople. Tra-

c'est ta meme criose

memory of those

août.

'sur ietba.'t&au russe quinze ~jou.rs va directement a

Sébastopol,

dans les

des Zouaves, un pe:otre facétieux ayant un jour dessiné sur un immense panneau de toile un zouave harponné par un cosaque et exposé cette caricature devant la batterie. Du boulevard Mstmfique on aperçoit parfaitement le panorama de l'<'naEmb)e des positions francoanglaises les hauteurs .(tu -docheton, du télégraphe, la montagne Verte venant se terminer par des rochers abrupts entre le ravin du laboratoire et le vallon quf prolonge le port; plus loin, la croupe du grand Redan .et enfin la silhouette de Malakoff et du Mamelon-Vert. Je termine ma promenade en traversant le camp en voiture, très librement; un régiment est sous la petite tente semMabte à la nôtre l'aspect ~hM~ituet des camps, de longuettigc~s detentes et quelques bara-

versée de la mer Noire

;sans grand intérêt. 2<)

Il

août.

Nous

sommes à Constantinople à 3 heures de l'après-midi; le coup d'oeil de l'arrivée m'enchante plus que la premiére fois, les fumées de l'entrée de la Corne d'Or sont dissipées: n'air a une transpaEtence

merveilleuse.

Par l'espèce de ft[e.<a&!nation n qu'elle

exe<os, Constantinople ~est !bten une de ces

vit!esq.u<eron quitte à regret et avec l'espoir d'y rewen:i;r un jour.

C~estdonc:a'vecp)aisir .que je m'y retrouve. Je reprends mes courses et mes visites. La colonie fran-

çaise de Constantinople possède un cercle somptueux et des mieux organisés, l'Union française. Ce cercle, qui est maintent.ant le centre de la colonie française, est entretenu par les legs et les subventions de généreux donateurs; rien n'y mansalle de restaurant, salle de lecture, bibliothèque, que billards une vaste salle de réception' rappelle le salon des glaces, à Versailles. Quelques-uns des plus remarquables chefsd'œuvre de la peinture et de la sculpture modernes font de l'Union française une sorte de musée très soigné et très artistique. Je vais revoir Eyoub. Retouf en ca'ique un des plus agréables souvenirs de mon séjour à Constantinople entre la voile rapiécée et les moutures dorées de l'embarcation je contemple avec ravissement, pen-


LLSRHSE5tH;ATO'RDEMALAh<)t~,Lt:J~'tt'['<t'tHm.bTLAST.\HEf)EL'A'dtRALX.iM))th.

D'après M~e~/tt~~rj~/n'~ de

/c

~~t;H~ de r/r~.

dant près d'une heure, ce décor féerique, la perspective de la Corne d'Or. Pour achever l'enchantement, dans un caïque à côté du mien, de jeunes turcsjouent de la

darbouka et de la flûte arabe. Dernière soirée dans un des petits cafés du quai de Galata. Sur les eaux d'un bleu pâle, métallique et lumineux, les barques et les caïques glissent comme des ombres chinoises, la silhouette de Stamboul se decoupe sur le ciel cuivré du couchant. Le soir de mon départ j'assiste à une illumination générale à l'occasion de la fête du Sultan les minarets ont des couronnes de lumières dont on ne voit pas la base et qui semblent des lustres suspendus audessus de la ville les monuments publics rayonnent de rampes, d'étoiles ou de croissants de feux la rondeur des coupoles est dessinée par des lampions multi-

par derrière Scutari, tout scintillant d'étoiles lointaines, le mont Bougourlou paraît une montagne

colores

de braise. une foule compacte et bruyante emplit les

rues.

L'heure estpourtantvenuedem'arracheraucharme de Constantinople et de l'Orient. Mon congé expire bientôt et je regagne la France par la voie de terre. F.

DE

L'HARPE.

Du Congo à la Méditerranée.

La Mission de Béhag!e. LES bruits qui ont couru avec persistance sur le

compte de la mission de Béhagle-Bonnel de Mézières sont confirmés décidément par une correspondance privée: M. de Béhagle a été fait prisonnier par Rabah et il est gardé comme otage. La mission dirigée par M. de Béhagle est essentiellement commerciale. Son programme, ambitieux

forts

sans doute, mais très louable, peut se résumer par ces simples mots établir des comptoirs du Congo à la Méditerranée. C'est au mois d'avril t8c)y, il y a donc deux ans et demi, que M. de Béhagle et son second, M. Bonnel de Méxiéres, tous deux des Africains expérimentés, quittaient la France pour le Congo. Après avoir recruté des interprètes ou des porteurs, d'abord en Algérie, puis au Dahomey, nos deux compatriotes arrivaient à Loango au mois de juin. Certaines difficultés de d.vers genres s'étant opposées au départ immédiat de 1.) mission, M. de Béhagle envoya en France M. Bonnel de Mézières pour qu'il mit les choses au point et pour qu'il récoltàt un peu plus d'argent que la mission n'en avait. H était convenu que M. de Béhagle partirait seul en avant, et qu'arrivé dans le HautOubanghi, il y attendrait le retour de M. Bonnel de Mézières avec les « ren-

qu'il ramènerait. Les choses se passèrent ainsi. M. de Béhagle, accompagné de M. Mercuri, quittait Brazzaville au

mois de janvier )8p8. Suivi de nombreux porteurs, ayant deux grandes pirogues en acier démontables de 16 mètres de longueur, il remonta l'Oubanghi, pour de là passer dans le bassin du Chari et gagner ainsi le Baguirmi et le lac Tchad. Le

séjour de M.

de Béhagle à Bangui, à

Ouadda, à Gribingui se prolongea depuis la fin de février <8a8 jusqu'à la fin de décembre de cette même année, dans l'attente de M. de Mézières qui était parti de Franceau moisde mai 1898. avec quatre compagnons MM. Louis Martel, G. Bourgeau, Charles Pierre et Raymond

Colrat.

Se jugeant enfin en forces suffisantes, ayant aussi les approvisionnements nécessaires à son entreprise,

M. deBéhagte partit pour aller fonder des comptcirs

commerciaux dans le Baguirmi. Comment et à quel propos l'hostilité de Rabah s'est-elle manifestée ? C'est ce que les informations reçues d'Afrique ne disent pas. Rabah, l'ancien esclave de Zobeir Pacha, l'ancien chefdu Darfour, devenu le conquérant du Bornou et à l'instigation de qui fut massacré l'infortuné Crampel en i8()<, est un adversaire redoutable, qui commande à des guerriers résolus et nombreux. Menacé dans son vaste empire, à la fois par les Anglais de la Nigeria, par les Allemands du Cameroun et surtout par nos missions venant du Congo, puisque celles-ci avaient pris de l'avance sur nos rivaux, Rabah devait essayer de barrer la route aux Européens assez audacieux pour venir jusqu'à lui. Et c'est ce qu'il a fait. Un instant même, comme la mansuétude et la douceur ne sont pas le fait de Rabah, on a pu craindre qu'il ne se soit livré à de cruelles représailles sur la mission pourtant commerciale et pacifique de M. de Béhagle. H n'en a rien été heureusement.


L'Expédition Borchgrevink

Southern Cross» dans les Régions Antarctiques Le

tE

«

Sott~efM Cross, te baleinier anglais confie à M. Borchgrevink pour explorer les régions antarc-

tiques par sir George Newnes, le riche propriétaire du Strand M~a~f et du World, a abordé la Terre Victoria,à 200 milles de distance du Pôle

magnétique

austral. Parti de Londresenjuii!eti8c)!j~, le Soutbern Cross se

dirigea sur Hobart

même de la stérilité et de la mort; mais le ciel s'écrirait, le soir, au coucher du soleil, d'une lumière féerique. Sans être insensibles à la poésie des crépuscules polaires, Borchgrevinketses compagnonsétaient plutôt préoccupés, toutefois, de leurs travaux scientifiques ils ne capturèrent pas moins de )y~ espèces d'oiseaux encore inconnus, qu'ils empaillerent, ainsi que des pingouins, de magnifiques pétrels blancs et d'autres raretés zoologiques. Les observations météorologiques et magnétiques, les mesures thermométriques en eau profonde, donnèrent des résultats aussi féconds. Enfin, toute une collection de clichés photographi lues s'ajoute à l'intérêt de tous ces travaux. Emprisonné par les glaces et n'avançant qu'avec une extrême lenteur, le baleinier ne demeura pas moins de quarante-

troisjoursdanscette périlleuse situation. Les 8, g et 10 février,

l'équipage fit des efforts inouïs pour parvenir, plus au Nord, dans la mer

Town. La traversée

libre; iln'y réussit

incident. Les Australiens firent une

que le 12. M. Borchgrevink fit alors piquer

s'accomplit sans

ovation aux voyageurs banquet présidé par le gouver-

dans l'Est, en cherchant, le long de la banquise, un pasneur, parties de sage qui permît d'y plaisir, réceptionsde pénétrer avec moins tout genre, marquède peine et de dandernière rent la esger. H le découvrit cale de Borchgrele 14 février, sur un vink dans le monde point où la glace, LE f SOI'tHER\ CKO~-5 a PRIS DAK5 LES G'.AFES. habité et civilisé. brisée et sillonnée D'après H/C~O~r~ Strand Magazine. C'est )ef() décemd'un canal d'eau bre <8~8 que l'exlibre, n'en menaça pédition quittait Hobart Town et se dirigeait vers pas moins le navire, dont elle pressait parfois les flancs l'inconnu des régions antarctiques. avec force; enfin, au bout de quelques heures, ce trajet hasardeux se termina sans encombre; le canal se Le3o décembre, un vendredi, on signala la grande trouvait déboucher, au Sud, dans la mer libre. banquise polaire, par 6t° ~6' de latitude Sud et i~° 53' de longitude Est; c'était un peu plus tôt qu'on n'avait Le 16 février, le cap Adair fut signalé. Une compté. Néanmoins, l'équipage salua cette apparition eftroyable tempête s'abattit alors sur )e baleinier, de hourras enthousiastes. Quelques-uns des bancs de dont le pont était couvert de glace et qui fut poussé, glace avaient un diamètre de plusieurs milles et de le jour suivant, la tempête faisant toujours rage, dans la baie Robertson, où il jeta l'ancre pour la première 4 à 8 pieds de hauteur. Les canaux qu'ils laissaient entre eux étaient fort étroits, quand ils n'étaient pas fois, à 10 heures du matin, par une vingtaine de déjà obstrués. Malgré les dangers qu'affrontait le mètres de profondeur. navire en s'y engageant, il se montra à la hauteur de En une demi-heure, tout le monde avait démétâche résista à les pressions et la glace toutes de sa nagé sur le rivage, où des pingouins, des pétrels de qui auraient écrasé comme un œuf un vaisseau ordiroche (stone petrels), des pétrels géants, des phoques naire moins solidement construit. énormes d'une espèce inconnue, grouillaient sur le sol Les 22 et 23 janvier surtout furent des jours de glacé. MM. Evans etBernacchi~entreprirentd'escalader terrible anxiété; le vaisseau était cerné par les glaces le sommet du cap mais, arrivés à une altitude de qui, s'accumulant autour de lui, menaçaient de l'ensei ooo pieds, les escarpements de la montagne devinvelir, tandis que leur pression sur la coque la soulerent effroyables, et ils n'arrivèrent au sommet qu'à vait de quatre pieds au-dessus de l'eau. minuit. Ils éprouvèrent du moins la fierté d'être les Les explorateurs se trouvaient alors au large des îles Balleny. Le passage qui les environnait était 2. Les compagnons de Borchgrevink sont MM. le ca pitaine Jensen, le lieutenant Colbeck, physicien anglais, d'une beauté grandiose et terrible; on eût dit l'image M. Hugh Evans, zoologisteanglais, M. Bern&echi,~h'cien australien, N. Hansen, zoologiste, M. Fougner et M. le Voir A 7'raft;~ le A~e, t8q8, docteur 397. Kiovstnd. t. page


premiers êtres humains qui eussent jamais mis le pied sur le point culminant de la Terre Victoria. Les jours suivants furent consacrés à bâtir des huttes et à créer des magasins de provisions. Ce ne fut pas facile. Le vaisseau était à l'ancre, à ~oo mètres du rivage, et les matelots étaient obligés de décharger la cargaison sur de petits canots qu'ils poussaient vers la terre en ayant de l'eau-et de l'eau glacée-jusqu'à la ceinture. Enfin, tout, provisions, instruments, traîneaux,

chiens, se trouva sain et sauf sur le rivage. Mais un désastre les attendait le 23 février, un très violent ouragan fondit sur eux subitement le vent ensevelit le petit campement sous une montagne de neige; le thermomètre marquait 18 degrés au-dessous de zéro Quatre membres de l'expédition le docteur et MM. Fougner, Colbeck et Bernacchi, restés sur le rivage, ne pouvaient rejoindre le .SoM~nt Cross. Leur seul abri était ta tenteducampement, qu'ils furent obligés de déterrer en creusant la neige avec des pierres, et de fixer au sol avec des cordes, car elle menaçait d'être emportée par le cyclone. La nuit se passa ainsi. M. Bernacchi eut les oreilles gelées, et on ne les lui sauva qu'avec difficulté. Leurs cheveux, leurs barbes, leurs habits, n'étaient plus qu'un glaçon, qui ne fondit qu'au bout de quelques heures. Il est vrai les que, malgré le bon feu allumé dans le campement, liqueurs et l'eau gelaient dans les vases, à deux pas du brasier

L'après-midi, ils purent enfin rejoindre leurs compagnons à bord ces derniers avaient été aussi terriblement éprouvés. Le navire était criblé de pierres arrachées à la montagne et lancées par le vent. La chaîne de l'ancre s'était rompue pendant la nuit, et le navire était parti à la dérive. On fut obligé de le laisser sortir de la baie, et, sans la remarquable solidité de sa coque, il eût été ce jour-là la proie des flots. Le 23, nouvelle tempête, moins forte cependant, mais où le Southern Cross perdit une ancre et toucha par quatre fois les rochers, au risque de s'y fracasser. On ne put échapper au danger qu'en forçant la vapeur: un canot, dans un de ces terribles chocs, fut à l'instant réduit en miettes. Enfin, on découvrit un mouillage plus sûr, et le 27 février, trois des membres de l'expédition obtinrent l'autorisation d'escalader un grand glacier, munis de tout l'attirail des alpinistes. Partis à 3 heures et demie du soir, ils rentrèrent à minuit. Ils ne purent atteindre le sommet, mais parvinrent pourtant à une hauteur de yoo mètres et firent plusieurs découvertes intéressantes ainsi, à 400 mètres d'altitude, ils arrivèrent sur d'épais tapis de mousse de trois espèces absolument distinctes. Plus haut, ils parvinrent à un énorme épaulementde la montagne, près du sommet, formé d'un quartz qui leur sembla aurifère. Tels sont, en deux mots, les faits et gestes des hardis explorateurs jusqu'au 27 février. Ce qu'ils ont découvert et souffert par la suite, nous ne le saurons pas avant janvier prochain. Après être revenus du cap Adair et avoir communiqué une dernière fois avec le monde habité, ils se sont enfoncés de nouveau dans les ténèbres antarctiques, où ils veulent séjourner une année encore, afin de leur arracher, si possible, quelques-uns de leurs secrets.

Le

Commerce de la France avec ses Colonies

NOTREappétit de conquêtes coloniales a été souvent critiqué ici-même. Nous avons maintes fois dit et répété qu'au lieu de songer à nous étendre sans cesse en Afrique ou en Asie, nous serions mieux avisés en essayant de mettre en valeur d'une façon sérieuse nos

possessions actuelles. Lorsque, il a y vingt ans, nous nous sommes lancés dans la politique d'expansion coloniale, c'était dans le but très légitime et très sensé de créer des débouchés nouveaux à notre industrie et à notre commerce. Qui veut, en effet, fonder des colonies reconnait implicitement le désir d'en tirer profit la métropole fera venir de ces colonies les produits dont elle aura besoin et leur enverra en échange ses propres produits, et, de cette manière, l'exploitation des colonies contribuera à la

prospérité du pays colonisateur.

Malheureusement, nous semblons ne nous préoccuper que de l'extension de notre domaine colonial. Si bien qu'en sacrifiant, comme nous le faisons, à l'exagération coloniale, nous négligeons forcément ou nous retardons la mise en valeur de nos colonies existantes,et nous avons ainsi une quantité de possessions dont l'énumération fait bien dans un précis de géographie, mais qui nous coûtent beaucoup sans nous rien rapporter. Ce n'est pas tout. De cette fâcheuse conception que nous avons de la politique coloniale, il résulte que les nations étrangères nous fournissent une masse énorme de denrées provenant des pays tropicaux et intertropicaux, et qu'il serait possible et désirable de demander à nos propres colonies. Ainsi il est importé en France 65 183 586 kilog. de café, représentant une valeur de 175 177 755 fr.: nos colonies ne nous en envoient que 765 525 kilogrammes, soit pour une somme de t 78~ 67; francs. Nous recevons 5 25 < 628 kilogrammesde caoutchouc et de gutta-percha, évalués 27 781 398 francs; il ne nous en vient de nos colonies que pour 2 699 644 francs, soit 402 350 kilogrammes. Les contrées d'outre-mernous expédient3 048 [48 kilogrammes de conserves de viande en boîtes qu'elles nous vendent 4 657 777 francs; dans cette importation nos colonies n'entrent que pour 401 ;5 1 kilogrammes, -valant 58938t francs. Pour 162 i77 231 kilogrammes de coton, esti;nés en douane t66 866 8o8 francs, qui nous viennent de l'étranger, nous n'en recevons que 8338 kilogrammes de nos colonies, soit pour 8255 francs. L'étranger importe en France 540 999 kilogrammes de clous de girofle, de vanille, de cannelle et de poivre d'une valeur de 3 706 o2t francs; l'importation des mêmes articles de nos colonies ne s'élève qu'à 256 696 francs. En face d'une importation de laine en masse de 25 t 55p 80'~ kilogrammes, représentant une valeur de

3


006843 francs, nos colonies, Algérie et Tunisie comprises, necomptentque pour4 466 252 kilogrammes ~04

ou 6 476 ob6 francs. Nous ne recevons de nos colonies que 2 y2~ 810~ kilogrammes de bois d'ébénisterie, d'une valeur de kilogrammes que ~30 ~3 francs, contre '9 666 nous envoient les autres contrées exotiques et qui sont évalués en bloc à 5 i6y 004 francs.

Pour les bois de teinture, les importations de l'étranger montent à ttQ~t~ 133 kilogrammes, payés tyQt20oo francs, tandis que celles de nos colonies s'élèvent seulement à 10 845 667 kilogrammes valant < 628 8~0

francs.

Pour les arachides, contre 53 43) iot kilogrammes d'une valeur de t[ 8067)4 francs que les autres pays font entrer chez nous, les envois de nos colonies ne dépassent pas 40 yo~ 320 kilogrammes, soit to fc)y ) [~ francs. Quant aux graines de sésame et aux amandes de noix de coco, en face d'une importation de l'étranger se chiffrant par t64a8~ iy; kilogrammes qu'on nous fait payer 48 503 467 francs, les envois de nos colonies sont de 2 ~0082 kilogrammes, d'une valeur de yç<)

a62 francs.

Enfin, et pour terminer, contre <5 'Qt 448 kilogrammes de cacao nous venant de contrées exotiques autres que les colonies françaisesetqui valent 2'; 268028 francs, celles-ci ne nous en expédient que pour 880 3yy francs, soit 628 841 kilogrammes, etc. En résumé, nous achetons annuellement à l'étranger 800 à 850 millions de francs de marchandises dont nos possessions d'outre-mer pourraient nous approvisionner. D'autre part, on s'occupe si peu de favoriser l'écoulement des produits français dans nos colonies, qu'en 1896, par exemple, contre 104 millions de marchandises qu'on y a importées de France, les nations étrangères en ont introduit pour 123 millions. Ces chiffres sont éloquents et dispensent de longs commentaires. La politique coloniale sera bienfaisante et lucrative pour nous, à la condition que l'on change le mode d'exploitation de notre empire d'outre-mer.

Les Phosphates au Tonkin jouent les engrais ~N connaît le rôle importantsaitquequ'une fumure bien

dans t'agricutture; on appropriée régénère un sol épuisé, améliore les pâturages. par conséquent les bestiaux qui mangent les végétaux et les hommes qui se nourrissent des bestiaux. Dans notre protectorat du Tonkin,on se demandait depuis plusieurs années par quels procédés on arriverait à fumer le sol, cartes plus riches terres dela région tropicale finissent par avoir besoin, tout comme les autres, de réparer leurs forces perdues par la production. Elles sont plus vivaces, mais elles engendrent

davantage. En fin de compte, illeur faut « de la nourriture pour continuer à procréer. jusqu'ici on n'entrevoyait aucune solution pratique au grave problème de la fumure tonkinoise, lorsqu'un ancien commandant d'infanterie de marine devenu colon, M. Tournier, a découvert, dans la province de Ninh-binh, près de Cho-Ganh, un important gisement de phosphate. C'est bien une découverte dans toute la force du terme. Sans ce gisement, le protectorat se fût probablement contenté, comme la Nouvelle-Calédonie, d'os broyés et de sang coagulé. Or, cet engrais coûte t~o francs la tonne et ne vaut certainement pas le phosphate. Quant à faire venir des phosphates des riches mines de la Floride et de l'Algérie, c'était presque impraticable, à cause des grandes distances. Le problème est résolu, les cultures de café, de riz, de tabac, de thé, vont recevoir dans de bonnes conditions les renforcements nécessaires. Il est même résolu d'une façon complète, puisque le gisement de M. Tournier est de première qualité et qu'il se trouve dans une région de routes et de

voies fluviales. On comprend que ce dernier avantage en rend l'exploitation peu onéreuse. Quant à la teneur de l'engrais, elle est de 27 o/o d'acide phosphorique, c'està-dire qu'elle est la même que les meilleurs gisements de France et d'Algérie la tonne revient à environ rendement 55 francs. On évalue à t~-ooo tonnes le annuel du gisement Tournier. Mais cette découverte ne se bornera sans doute et c'est ce qui la rend si importante à l'amépas lioration de l'agriculture dans un district tonkinois. Puisqu'il y a un gisement à Cho-Ganh, il est à peu près certain qu'on en trouvera d'autres dans le delta ou dans la zone environnante. Or, la Chine et le Japon, nations qui se modernisent journellement, ont un grand besoin d'engrais. Les Philippines sont dans le même cas. Les phosphates du Tonkin sont donc destinés à devenir la fourniture très recherchée d'une

grande partie de l'Extrême-Orient. M.

.V;))t;;f;.f de c;t/<;<rM L'o~oH/j/M.

ges Carré et C. Naud.

DE MATHUISIEULX.

Paris t8~t8c)c).- Geor-

r~tf-ALONsla série de manuels pratiques relatifs aux culcoloniales publiés par la librairie Carré et Naud. Ceux actuellement parus se rapportent aux sujets suivants Z,ec;f.' c;</<;<r< wan/<</ot!, y'ro~;<c'<!0);, par Henri

tures

Lecomte. l.e

tilly. 7~;

Chalot. </rc

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c;(/n't' et sa

wa)!i<<

par V. Bou-

cacaoyer et sa c;<Mre, par H. Lecomte et C.

jr~r~t! ~M/erc/;J.' leur cx/v..V;<.</o'f rf/J-

/'acc/t'wj<j</o)! de ces arbres

<n'jf)f, par Henri Lecomte.

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Ces ouvrages, écrits en vue de l'application, par des auteurs compétents, se recommandent à l'attention de tous les coloniaux.


/<r/<~i.)/.r~Y/.)/Y.S7'/7'r7V.; /7/Y La Colonisation anglaise du Siècte y a quelque temps, un ancien premier ministre de la colonie du Cap, sir J. Robinson. faisait une intéressante conférence, devant ]e 7~))'j/ sur les progrès de la colonisation anglaise au cours du xix' siècle. L'empire colonial de l'Angleterre occupe une superficie 11

~'«/ot/ /<t</e.

six fois plus considérable qu'en iHoo et la population qu'il renferme a plus que triplé. Quant au commercede la métropole avec ses colonies, qui n'était au début de ce siècle que

de quelques millions de livres sterling, il s'élève aujourd'hui & 18; millions de livres sterling, dont 9 millions d'importations de produits coloniaux en tft<)7. Malgré les droits de douane protecteurs établis par certaines grandes colonies autonomes, malgré l'égalité de traitement réservée aux marchandises de toute provenance dans tout l'ensemble de l'empire anglais, sir J. Robinson affirme que les productions métropolitaines maintiennent leurs avantages sur les marchés des colonies, que les denrées de celles-ci affluent surtout en Angleterre et qu'on peut dire, d'une façon générale, que, grâce à l'empire, le consommateur britannique trouve partout et pour toute chose, comme contre-partie de ses besoins, un producteur

britannique.

Depuis <8Po le revenu de l'Inde s'est élevé de 2~ millions )/2a f)0 millions de livres sterling, et sa dette pendant la même période, est passée de 55 millions à 2.35 millions de livres sterling. Le revenu des autres colonies, qui était 3 millions 1/2 de livres sterling seulement en )85o, atteint aujourd'hui ?4 millions de livres sterling, tandis que l'ensemble de leur dette publique s'est élevé de 5 millions 1/2 à33~ millions de livres sterling. Ce sont des capitalistes anglais qui détiennent la plus grande partie des titres de cette formidable dette coloniale. qui s'élève à 56<) millions de livres sterling. Mais, loin d'être un danger, sirj. Robinson prouve que cette situation est à la fois un des signes et un des gages de la prospérité de l'impérialismeanglais. C'est pour créer la vie, engendrer l'activité agricole, commerciale et industrielle, sur une surface que le conférencier évalue au quart du globe, que ces obligations ont été formées. Les capitalistes anglais y ont trouvé d'excellents placements, les colonies une source de développement et de richesse qui leur permet d'assumer légèrement la charge de leur colossal

fardeau.

Ces emprunts, en effet, se traduisent pour les colonies' par la construction de 36,ooo milles de chemins de fer, l'amélioration des voies navigables naturelles, la construction de ports, de canaux, de ponts, de travaux de défense et d'assainissement,

etc.

Tous ces faits établissent indubitablement pour sir J. Robinson la solidarité d'intérêts et de sentiments qui unissent les colonies à la mère patrie. L'<cu\'r~ du x~x" siècle aura été la formationde l'empire, celle du xx" sera de le rendre, dans la plus grande mesure, profitable aux intérêts de la race anglo-saxonne parla solu-

f;l

tion du problème de la fédération.

7'.Sr//E

A

A/E/7'rA'C

Le Programme Commercial

des Allemands au Chan-Toung installés à Kiao-'l'chéou, les Allemands songent à drainer à leur profit les ressources naturelles de la province de Chan-Toung.placée sous leur sphère d'innuen ce, et a la sillonner dans ce but d'un réseau de chemins de fer. La A'c~Hc fo/ux/j/c de Berlin, dans l'article que nous étudions ici, se plaint de la lenteur apportée dans l'exécution de ces projets l'organisation postale de la province est des plus rudimentaires, et les quelques lignes télégraphiques qu'on y a créées rendent peu de services, parce qu'elles entament à peine la vaste contrée qu'il s'agit d'ouvrir au

A

peine

commerce. Quant aux voies ferrées qui s'alignent déjà sur le papier, elles sont encore de beaux rêves d'ingénieurs. En regard de cette inertie, l'auteur de l'article, M. 11. Seidel, montre la Cévreuse activité que déploient les Anglais en Chine. où ils ont déjà construit ou sont en train de construire neuf grandes voies ferrées d'une longueur totale de 2(.n kilomètres. Ce n'est pas, du reste, une simple question d'amourpropre national, ni même de vulgaire intérêt l'avenir, l'existence même des Européens habitant la Chine dépend en grande partie du plus ou moins d'extension des voies de communication. Avec un réseau télégraphique un peu développé, on aurait eu tout de suite connaissance des récents troubles du Chan-Toung méridional, que de rapides mesures de répression auraient ainsi étouffé dans l'œuf. Les quelques bureaux télégraphiques allemands de Changhai, de Tché-Fou, de Tien-Tsin, ne suffisent plus à satisfaire aux demandes de clients toujours plus nombreux. Au Chan-Toung, les services postaux sont très défectueux également, puisque jusqu'ici les missionnaires allemands, très nombreux dans .cette province, sont obligés d'entretenir des messagers à leurs frais. Grâce à leur initiative, des assurées entre Tsintau, communicationsassezréguliëressont Kiao-Tehéou. Koumi, Tsi-Nan-Fou, etc.; mais il seraittemps que le gouvernement allemand se chargeât de développer et de protéger ce réseau postal, en attendant que ces mêmes villes soient réunies par des voies ferrées. Malgré ces lenteurs et ces hésitations du gouvernement allemand, la //oH.foM~' M'M/~ 7-M~ annonce la prochaine création du chemin de fer allemand ~!< Paci~f?, qui relierait Berlin à Kiao-Tehéou par l'Autriche, la Turquie, la Perse, l'Inde, la Chine. La revue anglaise en nomme déjà les stations. Elle fait mieux pour construire cette ligne, on songerait déjà, en Allemagne, dit-elle sans rire,à un emprunt Sans doute, le Reichstag la votera avec enthousiasme, '< remarque ironiquement la /fo/oHM/x<!<uH.g', qui rapporte ces nouvelles fantaisistes du journal anglais.

de-t'7.

LE GLOBE (Genève).

L'!ie de Haï-Nan. Sous ce titre,

Cari Jeremiassen, missionnaire à Hai-Xan, a lu, dan? la derniéje séance de la Société de Géographie de Genève, un travail très documenté, et documenté de première main, sur la grande ue qu'il connaît mieux que personne. Le manque de place nous oblige, à notre regret. à ne citer qu'en passant cette monographie, qui dén'~t Ha!-Xan sous tous ses aspects, avec sa Ilore et sa faune .<;</ JM.

~t't~)'sespopu)ations d'origines

diverses, quel'autun'a a

évangélisées et, ce qui nous intéresse plus directement, dont il a étudié pendant de longues années les mœurs, les dialectes, les croyances religieuses. Jl nous trace en passant, sans appuyer, des esquisses pleines de verve de la vie et des types de Ha? lan, comme celle que je vais citer Les pêcheries des côtes donnent un ~ne-('ain a des milliers d'hommes et de urar.des nottcs de pécheurs visitent à diverses époques de l'année plusieurs régions de l'ile. Cette aflluence n'est pas nn bonheur sans métange les rues sont pleines de tabtcs de jeu, tandis que les repaires des fumeurs d'opium et autres lieux de bas étage fe rem-

plissentde)aliedel!tpopulatiun,decrimine)setdeparasites humains ne vivant que de l'exploitation de leurs sem-

blables. Comme a Formcse,les Chinois ont envahi <~u civilisé les parties basses de file; mais les hautes montagnes de

l'intérieur protègent encore dans leurs replis des tribus aborigènes restées à peu près indépendantes, et qui conservent leur costume national, leurs mœurs, leurs superstitions, sans être restées absolument à l'état sau\a~e:)es l~us, en particulier, sont en généra! grands, vigoureux. d'un joli visage et d'une tenue virile. Mius leur caractoe plus ou moins per~de semblerait trahir une certainf ) arente u la malaise. avec race


Chez les Somalis Notre colonie de côte des Somalis, l'ancienne possession d'Obok, est babitée par une population ~M~ curieuse et pourtant peu connue, la Plupart des W~~M~ en ces contrées ayant surtout songé à nous parler des Abyssins. On lira donc ~f~C intérêt quelques notes sur les Somalis.

L soleil s'est levé derrière les jardins d'Ambouli, pe-

tite oasis où sont situés les puits d'eau douce alimentant Djibouti, siège de notre protectorat de la côte orientale d'Afrique. Là viennent s'abreuver les chameaux,les mulets et les ânes. Des femmes

somalis au corps étique, aux mem-

Les environs de Djibouti présentent cet aspect brûlé et lamentable des pays qui furent toujours exposés à un soleil torride. En ces contrées où le soleil aveugle et écrase, il ne saurait y avoir autre chose que des

rochers volcani-

ques, des lacs

d'eau bouillante des premiers âges, desséchés aujour-

nent à un puits

d'hui, et ne pou. vant offrir que l'horreur d'un sol

dont elles emplis-

où jamais rien n'a

sent des peaux de

pu germer.

bres grêles, pren-

ombragé l'eau

Et, naturellement, dans ce

mouton ou

de chèvre, ou bien encore des boîtes

décor maudit, il ne saurait y avoir d'autres hommes que des nègres. des barbares aigris par l'éternetle misère, cherchant dans le pil-

de fer-blanc ayant

contenu du pétrole, des tanikas, qu'elles iront vendre sur le marché. La chaleur

est vive.

Des

moustiques volent dans l'air en-

De

lage et dans le meurtre les ressources que leur

sablé. A l'horizon, V.~ CAn,NE. refuse la terre dans le lointain, D'a~f~ MH~Ao/o~)'a~/<)'ede ~7. Goedo; natale. se détache le petit fort de Yabelé, dont la menace vaine fait sourire. Les Somalis sont encore, de toutes ces races deshéritées et cruelles, ceux qui valent le mieux sous Là commence le désert. certains rapports. Les mulets avancent d'un pas lent, régulier, la Le Somali ressembie peu à l'Abyssin, son voitête basse, comme accablés. sin, pour lequel il professe un souverain mépris, Les chameaux, par larges enjambées, lancent mépris venu de deux causes d'abord le dédain du leurs pieds énormes qui viennent s'épanouir sur le musulman pour tout être qui n'obéit pas au Coran, sable. Leur tête arrogante semble tourmentée par un ensuite la haine d'une race loyale et forte envers un perpétuel torticolis. Ils vont à la file docilement, mécapeuple fourbe et sans parole. niquement, de leur allure d'automates. Leur long H faut croire que la religion musulmane a une 'e cortège se déroule dans la plaine. autorité supérieure à celle qu'on lui accorde enEurope. Les conducteurs somalis les suivent, le regard car elle inspire une grande fierté à ceux qui la pratimorne, abêti; ils marcheront le jour durant, de comquent et plie sous sa domination les plus rebelles, soupagnie. met à sa discipline les plus indépendants.


On retrouve chez les Somalis les coutumes, les mœurs, la foi vibrante, l'orgueil farouche qui sont de règle chez les autres musulmans. Comme chez les Arabes du Nord de l'Afrique, on voit les fils respectueux de leur père, l'entourant d'affection, de dévouement, jusqu'à sa mort, lui gardant toujours la première et la ptas haute place dans la maison, ne s'apercevant de ses défauts que pour les

mieux cacher aux étrangers. La première chose qu'apprend un Somali est la liste de' ses ancêtres. Et ainsi s'inculquent en lui le respect du passé, le culte de ta tradition. A ses yeux, sa famille est toujours sans tache, comme sa religion est la seule admissible. Lorsqu'il naît, on célèbre sa venue, si c'est un fils, par des agapes de famille. Si c'est une fille, on ne manifeste aucune joie.

Tout jeune, l'enfant apprend

à se rendre utile, à ne pas craindre le danger, à développer ses forces

physiques. Dès qu'il peut marcher, il s'offre pour garder les chameaux, préparer le feu; il suit sa mère qui va puiser de l'eau. Une pièce d'étoffe autour des reins, il s'exerce longuement à courir sans repos, à manier le

bouclier, à ne jamais se plaindre de la faim ou du manque de sommeil. Rompu à tous les exercices, il devient de bonne heure agile et leste. A t$ ou <6 ans, il se sert de la lance avec une habileté consommée. Mais ce qu'il sait le mieux,

reçoivent bien, le nourrissent de lait de chamelle et de

dourah. C'est pour lui un devoir, un pèlerinage; il va tuer, parce que celui qui tue est supérieur à celui qui ne saurait se battre, parce que vieillards et fillettes se moqueraient de lui s'il ne prouvait pas sa vaillance. D'ailleurs, dans ces roches infécondes, dans ces espaces infinis où l'homme dispute âprement sa pâture quotidienne à cent ennemis, au fond de ces gorges desséchées où s'embusquent les bêtes fauves, qui donc lui apprendrait le respect de la vie, lui expliquerait les bienfaits de la paix, rendrait son cœur accessible au sentiment de la bonté? A peine la grande mélancolie des soleils couchants lui donnet-elle parfois à penser, lui rappelant en une extase fugitive les parents qu'il a laissés là-bas et la jeune fille pour laquelle il court peut-être à la

mort.

Enfin, le voici sur les sentiers que prennent les convois, les caravanes, ou proche d'un campement européen. Là, il pourra

accomplir son œuvre. Des nuits entières, le Somali rôde autour du camp et essaie de

se glisser jusqu'aux dormeurs. Mais le courage n'exclut pas la prudence, et il va lentement, de

crainte de se heurter au canon d'un fusil, car il sait bien que le coup

partirait vite

Souvent, on le saisit, on le garrotte. 11 se laisse faire, répond aux questions par des mensonges, aux menaces par le silence. Ses c'est mépriser les habitants des moutons s'étaient égarés, il les cherche il accourait auprès de son plateaux abyssins, métis de race père moribond, et s'est perdu. indécise et louche. qui ont des On le relâche. fusils. Mais lui n'abandonne pas la Arrivé à l'âge d'homme, le UNIABAXEBSOMALt. partie pour cela. Le danger qu'il a Somali rêve d'amour en voyant D'a~'t~ ~?~ photographie de <~oc~or/ couru ne calme pas son ardeur. Il passer ces jeunes filles aux yeux sombres et au rire clair qu'illumine l'éclatante blanrecommence à guetter une proie et finit toujours par cheur de leurs dents et dont les colliers de verroterie la trouver. tintent joyeusement sur leurs seins nus. Et lorsque sa victime a été percée de trente coups de Mais ici, un usage assez curieux, lance, le Somali se sauve, reprenant, fier de son triomet qui en dit plus que de longues pages sur l'âme des Somalis, phe, jaloux de l'emblème qu'il emporte, le chemin de l'arrête pour avoir le droit de se marier, il faut qu'il sa tribu. On l'y attend avec impatience, puisqu'on sait ait tué un homme, il faut qu'il porte la plume d'aupourquoi il est parti. On s'apprête à saluer avec joie truche dans les cheveux ou le bracelet d'ivoire au bras son retour. droit. Alors seulement les jeunes filles laisseront tomC'est une fête. On égorge des moutons, on brûle ber sur lui le regard attendu. des parfums. Le héros est entouré, glorifié.. Celle qu'il Donc, un jour déterminé, il ira conquérir son a choisie pour compagne tient à attacher elle-même au droit d'être époux. Quand son parti est pris, il n'hésite poignet de son fiancé la lanière de cuir qui, durant huit jours, le rendra le point de mire des regards et pas. Il quitte sa tribu pour aller vers les routes lointaines que suivent les caravanes. qu'il échangera contre le bracelet symbolique. Des semaines, des mois peut-être lui seront nécesUn mois après, le Somali, ayant conquis le droit · saires pour accomplir ce meurtre qui le sacrera guerde veiller sur une nouvelle famille, se marie. 11 rier, qui fera de lui un homme digne d'épouser la fille pourra le faire, d'ailleurs, avec quatre femmes, le d'un Somali. Coran permettant ce chiffre. Mais il va toujours par le désert, couchant dans Peuple nomade par excellence, le Somali ne deles campements des Issas, qui sont de sa race et le meure jamais plus de deux ans au même endroit. La


Au petit jour, un chef de tribu, lance au poing, bouclier au bras, s'approche pour faire des présents aux Européens. On sait ce que cela veut dire. H amène deux moutons. On le remercie. La conversation a lieu en arabe. Elle se prolonge, interminable c'est l'éternel palabre. Pendant des heures entières il faudra causer. De temps à autre, les SCmalis, qui peu à peu, sont arrivés, sont entrés dans la tente presque insensiblement, laissant entrevoir leurs forces et leur nombre, en manière de menace indéterminée. Brusquement, ils demandent des étoffes ou du riz. On leur en donne. Des thalers ou des roupies leur conviendraient aussi. C'est la rançon. On cède. Mais ce n'est jamais suffisant. ^ID DE Tf·,RHITFS

DA~'G f.F.

Dtaf.'Rl

SOAIA1.I.

jU'~r~KHC/'Ao/o~'j~A~~e.t/CofJf~ vente des moutons qu'il fait paître et la chasse à l'homme sont ses deux principales occupations. Car, fidèle à son début dans la vie, le Somali est

très fier de ses meurtres. Au bracelet indiquant sa première victoire, il ajoute un cercle de fer s'il peut compter quatre nou-

velles victimes. Une boucle d'oreilles spéciale prouve que le dignitaire a massacré dix ennemis. A sa mort, le Somali est enterré les pieds tournés vers l'Orient, et de grosses pierres noircies par le soleil sont amoncelées sur lui, formant un tumulus autour duquel viendront, pendant un an, s'asseoir et manger, une fois par mois, les membres de la famille. A Beyadé, où l'on arrive à la nuit tombante, on voit, au-dessus d'une hutte misérable, flotter vaguement un drapeau tricolore. On s'étonne. On s'émeut. C'est encore un « fort que garde un Somali tranquille. Cet « ouvrage », comme on dit en style militaire, constitue l'un des points principauxde la défense de Djibouti. Le soleil, lentement, descend du ciel. Il disparaît tout à fait. On respire. Les

montagnes rocheuses

On discute et, finalement, leurs arguments prévalent. Le lendemain, la même scène recommence sur les instigations de votre guide, l'abane, comme on l'appelle. L'abane est votre « père », c'est lui qui, devant les autorités de Djibouti, a répondu de votre vie. Siles gens de sa tribu vous attaquent, il sera le premier, n'en doutez pas, à vous donner la mort. Les abanes sont généralement des indigènes possédant la confiance de leurs chefs de tribus. La rétribution qui leur est donnée est assez forte car, en outre de la gratification personnelle qui leur est allouée, ce sont tes gens de sa race qui fournissent aux Européens les chameaux nécessaires au transport des marchandises. Les Somalis redoutent la concurrence et, pour obtenir votre clientèle, vous prodiguent des demonstrations d'amitié. !1 faut se défier de ces

protestations. Depuis quelques mots, m côte française des Somalis est à l'ordre du jour le meurtre de plusieurs Européens, le soulèvement des indigènes, l'envoi de troupes, le retour de Marchand, ont placé Djibouti en pleine actualité. Il était donc intéressant de faire connaître ces peuplades qu'il faut savoir dominer discrètement. Victor GOEDORP.

de

Beyadé s'assombrissent en des teintes variées que l'œil n'a jamais vues. Le peintre qui les reproduirait provoquerait

l'incrédulité: on crierait à l'invraisemblance. La lune vient surenchérir par ses rayons d'argent qui avivent un peu les

couleurs atténuées du tableau. Décor superbe, nuit majestueuse que trouble seulement, à de rares intervalles, le cri rauque des hyènes qui s'éloignent, où l'on ne perçoit plus qu'indistinctement l'agaçante cadence de leurs sanglots étouffés. Des mimosas rabougris, des aloès calcinés sont toute la végétation de ces régions désolées. Le gibier est abondant, pourtant: des gazelles, des antilopes, des outardes. On a dressé les tentes. Les Somalis viennent ramper autour des campements. Les Abyssins de l'escorte font bonne garde.

r.'<A-.r;E'fmhE<sECUÈ,['t'<SL.EDK~KCTM)tttU.

~o/'t-f~ «"e photographie

de

A7.

<t:.ior~.


Les Progrès

de l'État

du

Congo.

Le Chemin de fer ry

les rapports consulaires sur le commerce de l'Etat libre du Congo en i8c)8, le développement économique de l'Afrique belge devient d'année en année plus considérable. En effet, les statistiques accusent pour le dernier exercice un mouvement commercial général de 5.0 millions et demi de francs, soit APRÈS

un accroissement de 8 millions et demi précédente.

sur l'année

Cette augmentation porte principalementsur le commerce d'exportation, qui, en 1898, a atteint le chiffre de 25 ~y; ooo francs, tandis qu'il n'avait été que de 17500000 francs en 1897. Les exportations du Congo, à destination de la Belgique, ont été de 13'millions en !8gy; elles se sont élevées à plus de 20 miUions l'année dernière. Fait à noter, elles subissent,pour l'Angleterre, depuis plusieurs années,

une décroissance assez marquée. De 025 ooo francs qu'elles étaient en t888, elles n'ont cessé de diminuer, et, au cours des cinq derniers exercices, elles n'ont jamais dépassé le chiffre de 530 ooo francs. D'ailleurs, ce mouvement rétrograde semblerait devoir s'accentuer encore davantage; car, depuis quelque temps, les produits congolais s'acheminent de plus en plus vers Anvers, qui, grâce à son port bien outillé et aux nombreux services maritimes qui le desservent, devient de jour en jour un marché plus important. Toutefois, si les exportations du Congo en Angleterre diminuent, on constate, au contraire, une augmentation assez notable dans le mouvement des importations du Royaume-Uni dans l'Afrique belge. Le chiffre des marchandises de provenance anglaise, qui était de 2850000 francs, en 1897, a atteint celui de 3 750000 francs, en t8<)8. Ce résultat mérite d'autant plus d'être signalé que l'activité et l'habileté déployées par les Belges en matière commerciale et industrielle laissent peu de chances de succès à leurs concurrents étrangers. Les importations de Belgique ont néanmoins subi, dans la même période, une légère diminution. Mais, pour se rendre un compte exact de

la situation, il convient d'ajouter que la diminution dont il s'agit provient uniquement de ce fait que, en i8py, l'achèvement de la construction du chemin de fer de Matadi à Stanley-Pool avait nécessité l'envoi d'un matériel considérable de locomotives, wagons, rails, etc., dont la valeur a été de 3 millions, tandis que, au cours de l'année dernière, il n'en a été débarqué à Matadi que pour une somme de i million.. La moitié de la valeur des marchandises importées du Royaume-Uniau Congo est représentée par des tissus de coton. Si nous indiquons ce fait, c'est que nous pensons que nos industriels en tissus de coton

pourraient vraiment essayer de se créer des débouchés

dans les pays africains, comme le font leurs concur-

rents anglais.

Quant au caoutchouc et à l'ivoire, qui sont, jusqu'à present, les deux principales sources de richesse de l'Etat indépendant du Congo, ils sont presque en to:a)i'é entre les mains des négociants belges. H est, en tout cas, évident que la situation économique de l'Afrique belge se développe d'une façon très satisfaisante, que son commerce est des plus florissants et que le chemin de fer de Matadi à StanleyPool, qui donne déjà des résultats dépassant les prévisions les plus optimistes, est appelé, surtout s'il est prolongé, à accroitre dans de notables proportions la prospérité de ce pays. L'État du Congo, on ne peut le nier, est habilement exploité par ceux qui ont assumé, il y a quinze ans à peine, la responsabilité de le coloniser, et si l'on songe que les trois cinquièmes de son mouvement commercial se font sur la Belgique, on ne peut que féliciter les Betges de l'initiative heureuse prise par leur souverain, lorsqu'il songea à coloniser en Afrique.

Nouveaux câbles sous-marins anglais. T E

réseau télégraphique sous-marin anglais est le

plus développé du monde, mais on cherche encore à le rendre plus important, en supprimant tous ses points vulnérables. Le câble qui longe la côte occidentale d'Afrique et fait communiquer la presqu'île de Cornouailles, en Angleterre, avec le Cap, émerge en territoire portugais à Madère, Saint-Vincent, Bissagos, île du Prince, San Thomé, Saint-Paul de Loanda, Benguela, Mossamédès il touche en pays français à Saint-Louis Konakry et Kotonou. Cependant un deuxième câble britannique évite ces trois ports français. En temps de guerre, on pourrait donc interrompre les relations du Cap avec sa métropole. On pourrait aussi isoler l'Inde et l'Australie, car le cable d'Extrême-Orient, immergé dans la Méditerranée pourrait être assez facilement coupé. Sir Sandford Henning propose donc au ministre des colonies la création d'un càb!e traversant les trois océans et n'émergeant qu'en pays

anglais.

Plusieurs lignes télégraphiques relient l'Angleterre au Canada. De Vancouver, on établirait un câble traversant le Pacifique et aboutissant .à Sydney, après avoir touché aux îles Fanning, Fidji, Norfolk. A l'extrémité ouest de l'Australie, à King George's Sound, il redescendrait dans l'océan Indien et n'émergerait plus qu'à l'île des Cocos ou Keeling (à 60 milles au sud de Sumatra). Un fil se dirigerait de là vers Singapour, un autre vers Ceylan, un troisième vers le Cap, par l'ile Maurice. Enfin, le Cap communiquerait avec les Bermudes, Sainte-Hélène, l'Ascension, Barbnde. Aux Bermudes, le nouveau câble se rattacherait à celui qui les relie déjà à Halifax.


Le Voyage scientifique du Prince de Monaco c/MMta/~tc~s ~C'~H~C~.

C

au Spitzberg A.

S. le prince de Monaco s'est

consacré depuis plusieurs années à des travaux d'exploration hydrographique et zoologique qui continuent et complètent les recherches faites par la PoreM/tf et le CM/eKgff en Angleterre, ia Ca~/a en Allemagne, le Travailleur et le Talisman en France. LEPRtNCR C'est à bord de son yacht à voiles. ALBERT DE MO:iACO. l'Hirondelle, que le prince Albert de Monaco a commencé en tSS~ ses premiers travaux Un bâtiment à

voiles

se prête

mat à de

Albert au cours de ses treize années

tonneaux,

ches

de

recher-

mais

ces dernières ont eu aussi pour théâtres la Méditer-

de 53 mètres de longueur, qui fut baptisé /KCMMMais

alcool, réactifs, etc. Les côtes des Açores et le golfe de Gascogne ont été

régions les mieuxx étudiées par le prince

telles

l'acquisition d'un yacht à vapeur de

Alice.

L'étageinférieurde cette installationgrandioseest une cale pour les réserves de toutes sortes engins, les

recherches, et, en t8~t,te prince fit 600

profondeurs. A c'.té de ces puissants engins sont la chambre de sonde avec ses instruments curieux, et une grande pièce qu'on pourrait appeler l'arsenal. Elle contient les thermomètres, les nasses, les chaluts, les harpons pour la chasse des cétacés avec les mortiers pour les tjncer, etc. Beaucoup de ces engins sont complètement nouveaux ils ont été imaginés ou modifiés de la façon la plus ingénieuse par le prince Albert et ses collaborateurs. Au-Jessous des salles du pont, et communiquant avec elles par un escalier, est un laboratoire très bien éclairé avec tables à roulis, table fixe, prises d'eau de mer et d'eau douce, verrerie, produits chimiques, bibliothèques, etc., en un mot tout le matériel nécessaire à la dissection et aux travaux zoologiques. Un cabinet photographique et quatre cabines pour les travailleurs y sont annexés.

les

ranée occidentale, les parages de

recherches entreprises par le

Terre-Neuve et

prince prirent

enfin, depuis deux ans, les côtes de Norvège et du Spitzberg. Cette année,

tout à coup beau-

coup plus d'ampleur, et le nouveau yacht se trouva très vite trop petit. Aussi le prince dut-il, pour satisfaire

la 'Princesse-Alice,

avec son état-

major habituel de savants, a quitté LE 1'AC112 a I~làl\t'f.SSL-ALICE n. pleinement ses la Norvège au PAo~o~'ra~it'e coMtHt);Mc'e par le !'ac/ ». goûts scientificommencement de juillet pour gagner immédiatement le Spitzberg. ques, acquérir un yacht de plus grandes dimensions. Elle y reconnut sur la côte Nord une baie excellente, C'est celui que représente notre gravure. M se dont M. le lieutenant de vaisseau Guissez, attaché à nomme, comme son devancier, la Princesse-Alice, mais l'expédition, fit l'hydrographie complète. au lieu d'avoir 600 tonneaux de déplacement, il en a 1380; sa longueur est de mètres, sa largeur de Un accident fâcheux survint alors au yacht. 40, avec métrés de tirant d'eau. Ses deux machito Pendant que les travaux d'hydrographie se poursuid'une puissance de chevaux, peuvent lui nes, i ooo vaient dans la baie, la PfMtCfMe-~h~, revenant d'une imprimer une vitesse de 12 nœuds. H peut, au besoin, sortie au large, s'échoua sur une roche. tenir la mer pendant ic) jours, à pleine marche, sans La situation du navire parut au prince de Monaco renouveler sa provision de charbon. extrêmement critique, lorsqu'il vit demeurer vaine En dehors des appartements particuliers, d'un une tentative de renflouement à la marée suivante. H confort exquis, les installations scientifiques occupent fit en conséquence expédier le canot à vapeur à la baie Virgo et à la baie Advent, pour y placer des écriteaux, une tranche spéciale du bateau, en avant des machines, et comprennent trois étages. ces deux baies étant les seuls points où, aussi tard dans la saison, quelque navire pût encore paraître. Sur le pont, deux grandes bobines, mues chacune Le trajet de 54o kilomètres, aller et retour, fut par une dynamo de la force de quatre chevaux, supportent 12 ooo mètres de câble d'acier destiné aux chaluts accompli en moins d'une semaine par cette petite et aux nasses qu'on peut descendre aux plus grandes embarcation.

y


Pn'MeM~tee renouvela ses efforts pendant cinq jours, et à chaque marée, sans obtenir aucun changement dans.sa position. H,faisait d'ailleurs un La

temps très dur, avec de la neige et du froid. Une centaine de tonnes avaient été débarquées sur le rivage, sous des tentés faites avec les voiles; tant pour alléger te navire que pour préparer un hivernage au cas pu ta nécessité aurait imposé cette solution, lorsque la Princesse-Alice réussit enfin à se dégager. .Sur ces entrefaites, un petit bâtiment de guerre suédois, le Svenksund, attaché à la mission scientifique dont l'hivernage s'organisait à la baie de Treurenberg, dans l'est du Spitzberg, entra dans la baie Virgo et sut par l'écriteau quelle était la fâcheuse situation de la 'Princesse-Alice. Il s'aventura aussitôt dans la baie inconnue pour porter aide au navire qui en demandait. Celui-ci s'était tiré d'affaire lui-même et n'avait pas ta moindre avarie; néanmoins on décida que le Svenksund l'accompagnerait pendant quelques heures à sa première sortie. Les choses altèrent si bien que la Princesse-Alice poussa dans ces conditionsjusqu'a la baie de Treurenberg et visita la mission suédoise, en frayant son chemin dans.les glaces qui remplissent toute l'année te détroit de Hintopen. Pendant deux jours, les savants de la P~MMMAlice fraternisèrent, par8o° de latitude, avec les savants suédois. Ils constatèrent la précision, la conscience et la prévoyance qui présidaient à l'organisation dé leur

campagne.

Après une nouvelle lutte avec la glace pour sortir du détroit de Hinlopen,.la 'Princesse-Alice con'tourna encore le'Spitzberg par le Nord et l'Ouest, et gagna la baie Advent. Elle eut la bonne fortune d'y rencontrer le navire brise-glace jEr~M~, le fameux navire de l'amiral Makaroff, que nous avons décrit à nos lecteurs. L'Ermak venait de faire 50 mittesdans la glace de la banquise, et son inventeur, qui se trouvait à bord, se déclarait on ne peut plus satisfait de cette expérience décisive. Le août, le prince de Monaco revenait à Tromso, ayant accompli le programme de sa campagne et rapportant, suivant son habitude, une ample moisson de collections, de renseignements et d'observations scientifiques.

3

Pour réduire ta durée des trajets en chemin de fer Les

bacs constateurs

est

RÉDUIREla durée des trajets en chemin de fer, tel te but du progrès cherché par toutes es Compagnies. Ce progrès se réalise, du reste, de jour en jour i! fallait naguère (et il n'y a pas très.longtemps), à un train réputé rapide, dix-huit heures pour aller de Paris à Marseitte, on n'en met plus que treize

actuellement. Et certes, le dernier mot n'est pas dit. Jusqu'à présent on avait. plus spécialement cherché à augmenter la puissance des machines, et, en ces dernières années,. les ingénieurs avaient obtenu de

merveilleux résultats, puisque sur la ligne du Nord les machines Compound peuvent obtenir une vitesse de )2o kilomètres à l'heure.~ Mais ce ne peut être-là~ qU une vitesse effective donnée par les essais, car la nature des régionstraversëes, la construction de la voie et surtout les nombreux arrêts que doivent subir les trains, ne permettent pas de marcher à cette allure d'une manière normale. En effet, avec une telle vitesse on pourrait aller, par exemple, de Paris à Lille en deux heures. Or, les trains les plus rapides en mettent près de.trois. Dans ces conditions, les ingénieurs ont dû se préoccuper, pour augmenter ce qu'ils appellent la vitesse commerciale, de supprimer ou de réduire autant que possible les causes parasites des retards des trains, c'est-à-dire les arrêts obligatoires pour les prises d'eau, etc.

Depuis longtemps déjà, les diverses Compagnies ont mis cette question à l'étude, et certaines ont cru avoir résolu le problème en ajoutant à leurs machines un deuxième tender, ce qui double ainsi la provision au départ mais on a reconnu que le problème n'était pas pratique, car ce tender supplémentaire tient la place d'une voiture, et en tout cas augmente considérablementle.poids du train. Aussi la Compagnie du Nord a-t-elle cherché autre chose. Elle s'est arrêtée à un système ingénieux autant que curieux, déjà exploité depuis plus de trente ans en Amérique et en Angleterre, que les Anglais appellent le « through water », ou eau directe, et que les ingénieurs de la Compagnie ont dénommé « les bacs constateurs ».. H ne s'agit de rien moins que de permettre à la machine de s'approvisionner d'eau en cours de route sans s'arrêter, sans même ralentir sa marche. Dans,ce but sont aménagés, le long de la voie, entre/les deux rails sur lesquels circulent les trains, des espèces de petits canaux, ou mieux des bacs d'une largeur moyenne de 40 centimètres, longs d'environ un kilomètre, à niveau constant, alimentés par une pompe placée dans le voisinage. Ce sont ces bacs qui servent à approvisionner d'eau la machine. Le tender de cette dernière est muni d'un appareil aspiratoire, sorte de trompe mobile en fer qu'un simple déclenchement fait descendre jusque dans le bac. Connaissant exactement l'endroit où est ~situé le réservoir, le mécanicien fait, au moment voulu, plonger l'appareil et l'aspiration de l'eau se fait d'autant plus facilement que la vitesse du train est plus grande. Au moment où le train arrive à l'extrémité du bac, la trompe est ramenée dans le tender, et la machine, complètementapprovisionnée d'eau, peut poursuivre sa route jusqu'à ce qu'elle rencontreun nouveau

réservoir.

Grâce à ce système, H n'est plus besoin de faire stopper le train pour les prises d'eau, et la suppression de ces arrêts produit un appréciable gain de vitesse commerciale.


Oxyrrhinchus Découverte d'une antique ville grecque en Egypte DEPUIS trois ans, deux archéologues anglais, MM. Grenfill et Hunt, sous tesauspicesdeIaSociété des fouilles angto-égyptiennes,ont déterminé la position de la fameuse ville grecque d'Oxyrrhinchus, en Egypte, dont les ruines se trouvent non loin de Fayoum. Dans ces ruines,comme danscelles de Dyanisias,d'Euhemeria, etc., ces deux savants ont mis la main sur nombre de papyrus de grande valeur, sans parler de vases et et d'objets de toute espèce. Ils ont publié l'année dernière une première série de traductions de ces papyrus, avec photographies des originaux; ils nous donnent aujourd'hui une seconde série de publications du même genre, d'un intérêt encore plus grand. Les manuscrits sont des feuilles de palmier, pour la plupart admirablement conservées, couvertes de caractères grecs en encre noire ils datent pour la plupart du troisième siècle avant Jésus-Christ. On peut les diviser en trois classes

Manuscrits de portions du Nouveau Testament et d'autres écrits apostoliques. 2. Fragments de classiques grecs. 3° Documents publics et privés des autorités ou des particuliers d'Oxyrrhinchus. Dans la seconde catégorie se trouve une feuille de I'Œ'<& '7~ot de Sophocle, tombée d'un manuscrit datant de six cents ans avant le plus ancien exemplaire que nous possédions de la tragédie; en outre, vers d'une comédie de Ménandre; des fragments de t'/<M<& et de l'Odyssée, etc. Mais les manuscrits les plus intéressants sont les recettes, lettres, pétitions, contrats, etc., qui jettent un jour singulièrement vif sur une époque disparue et sur la vie, au jour le jour, d'une ville grecque de l'antiquité. Rien ne ressemble plus à cette vie-tà que notre vie à nous, ainsi qu'on en peut juger par les deux lettres suivantes, qui nous prouvent que maris votés et femmes battues ne datent pas d'hier. Voici 1°

Voici une tendre et affectueuse lettre d'un père à son fils les conseils qu'elle contient sont de tous les temps et chacun peut, même de nos jours, en faire encore son profit. Cornélius à son très cher Hiérax, salut. Tous les nôtres t'envoient Icurs amitiés. Souviens-toi que tu dois toujours être poli et honnête envers tout le monde. Prends bien soin de tes )ivre~, comme un bon étudiant doit le faire. Je t'enverrai par Anoubos de l'argent et des provisions pour un

mois.

La lettre d'un jeune lycéen du second ou troisième siècle avant Jésus-Christ nous prouve que la gent écolière gréco-égyptienneétait aussi pétulante et aussi gâtée que la nôtre Théon à son père Théon, salut! Vousavez fait quelque chose de beau en ne voulant pas m'emmener avec vous à la ville 1 Si vous ne voulez décidément pas me mener voir Alexandrie, je ne vous écris plus, ne vous parte ptus, ne vous dis plus bonjour de ma vie et je ne vous toucherai plus dans la main. non jamais Voiià ce que je ferai si vous ne voulez pas m'écouter. Ma mère l'a bien dit à Arcélons Comme ce ~Mcy-f enfant est c/'a~v<K<! de n'avoir pas été emmené par son père! Merci de vos cadeaux; mais envoyez-moi une ~vre, je vous en prie; si vous ne le faites pas, je ne mange P'us, je ne bois plus de ma vie, jamais; non, jamais! Énumérons encore parmi ces documents le reçu

d'un preneur de rats officiel, comme qui dirait un taupier patenté, qui. émargeait au budget de l'État; des recettes de bonne femme contre les maux de dents, de tête, d'oreilles, qu'on guérit en « diluant de la

gomme dans du baume de lis, plus une addition de miel et d'extrait de roses Ces documents, dont les savants archéologues ont découvert toute une collection, évoquent mieux que tant d'inscriptions pompeuses la vie vraie, la vie intime et familière d'une ville grecque en Egypte il y a 2 ooo ans.

5

d'abord la plainte de la

femme

Prêtre, Chef de la Justice, Superintendant de Chrematiste et autres cours, de la part de Pyra, fille de Théon. J'ai apporté à Sarapion, en t'épousant, une dot de aoo drachmes d'argent. Comme de son côte il n'avait pas un sou, je l'ai reçu dans la maison de mes parents et ma conduite à son égard a été toujours sans reproche. Mais Sarapion après avoir dissipé m~n avoir comme il lui plaisait, m'a constamment A Hérac)ius,

maltraitée, injuriée, pour m'abandonner enfin, après m'avoir ruinée. Aussi je vous supplie de le contraindre à me restituer dot avec intérêts, les ma sans préjudices des autres griefs que j'aurai à formuler contre lui.

Quant au mari déçu et voté, sa L'ttrc débute ainsi J'ai épousé ta fille d'Héraeiides. Elle m'a quitté en

emportant des objets précieux qui

m'appartenaient.

L. Vannutelli et C. Citerni. L'Omo. )'(.~i'o tf/ esplora~o)!e )!f< ~rt'cj Oy;f)!<f!/e. Un vol. in-8", avec nombreuses cartes et gravures (Hœpli, éditeur, i8<~), Milan).

francs. ous ce titre l'Omo, le lieutenant de vaisseau VannuS telli et le lieutenant d'infanterie Citerni viennent de publier un fort intéressant récit de la seconde mission Bottego. Les auteurs (nos lecteurs s'en souviennent) ont été les compagnons de l'infortuné capitaine italien dans son voyage du littoral somalien aux contreforts occidentaux de l'Abyssinie. Après le drame sanglant de Gobo, ce furent MM. Vannutelli et Citerni qui ramenèrent les débris de l'expédition en traversant toute l'Abyssinie et le Choa. L'ouvrage des deux jeunes officiers a une grande valeur géographique, à cause des importantes régions découvertes par leur mission. Il contient des renseignements ethnographiques de premier ordre sur les tribus gallas, des descriptions saisissantes des régions inconnues du fleuve Omo, du lac Rodolphe et des premiers grands affluents droits du Nil. Il est émaillé d'épisodes émouvants et tout à fait dramatiques, dont le principal est la mort du chef de l'expédition. Malgré l'extrême concision du récit, la lecture en est partout agréable. Ajoutons que les éditeurs ont apporté un grand soin à la reproduction des nombreuses photographies faites en cours de route par MM. Vannutelli et Citerni, et que l'ouvrage contient cartes du plus haut intérêt. Nous donnerons d'ailleurs, l'année prochaine, une traduction résumée de cet ouvrage. [o


Récolte et Conservation des Algues marines Cette dessiccationprovisoire n'a rien Les herbiers spécialement composés donc lieu de choisir plus particulièrement de plantes marines présentent, sur ceux pour les herborisations, l'époque des de compliqué. On réunit l'ensemble de qui sont consacrés aux végétaux ter- plus fortes marées. sa récolte en un paquet, en ayant soin restres, un avantage particulier celui Les côtes rocheuses, accidentées, de ne pas trop le comprimer, car le tissu d'être beaucoup plus séduisants pour les voisines de la mer profonde, sont de de la plupart des algues est trop délicat yeux. beaucoupplusriches, parce qu'ellesoffrent pour résister à de fortes pressions, et on En effet, alors que les végétaux ter- aux alguesles moyens de se fixer plus le laisse s'égoutter et se dessécher susà l'abri du soleil, dans un courant restres, en se desséchant, se déforment solidement. Encore faut-il qu'ellessoient pendu, et se décolorent plus ou moins, les abritées contre les grands coups de mer d'air. Les divers paquets récoltés, une fois plantes marines, au contraire, quel que par une ceinture d'ilôts ou de récifs soussoit leur degré de dessiccation, con- marins les côtes exposées aux fureurs desséchés, sont enveloppés ensemble, servent admirablement leurs formes et des tempêtes sont presque aussi dépour- sans aucune précaution spéciale, et se leurs couleurs. Les Floridées, notam- vues d'algues que les plages de sable ou conservent ainsi très bien pendant longtemps sous un petit volume. ment, dont les brillantes nuances passent de vase. par tous les tons du rouge au jaune Toutefois,lestempêtesrejettenttouPRÉPARATtON DES ALGUES orangé, au jaune verdâtre, au brun et jours, sur les plages de sable, des quanau noir, se conservent avec tout leur tités de débris arrachés du fond, qui ne Pour bien préparer les algues, en vue éclat. sont pas à négliger, parce qu'on y D'autre part, parlasimplicité de leur trouve souvent, et en bon état des de leur mise en place dans un herbier, récolte et de leur manipulation, les col- plantes appartenant à des espèces qu'il il suffit de tenir compte de cette partilections d'algues sont à la portée du plus serait difficile de se procurer autrement. cularité les algues sont enduites <fM)t modeste amateur d'histoire naturelle, Mais, dans ce cas, il faut faire la récolte MMCM~ qui les jait se coller eH<ree</e.! et les comme à celle du voyageur naturaliste de ces épaves végétales le plus tôt pos- aux 0~< qui les touchent dès qu'on ~t'<JC/MM< mais elles /'MM, de ~0?'/ se qui veut rapporter des échantillons de sible après les tempêtes. ~ac!h'<c dès qu'on les grande avec la plus la végétation marine des régions qu'il a Les lacs salés du littoral, les marais visitées. salants, présentent une flore spéciale où immerge. C'est sur ce principe qu'est basée les espèces communes revêtent souvent toute la manipulation des plantes maGROUPESD'ALGUES ÉPOQU ES des formes particulières. ET LIEUX DE LA RÉCOLTE Les Blets de fond qu'emploientles rines. Vous vous munissez de cuvettes pour pêcheurs sur quelques-unes de nos côtes des classification plus simple La la rapportent parfois des algues rares, et la photographie ou de grands plats de algues est celle qui. d'après leur cou- toutes les fois qu'on a l'occasion de cuisine, vous les remplissezd'eau et vous leur prédominante,les répartit en quatre profiter de ces dragages accidentels, il y plongez vos paquets d'algues desséchées. Il suffit de les agiter modérément groupes algues rouges ou Floridées, ne faut pas la négliger. algues brunes ou .FMcoi~eM, algues dans le liquide, pour qu'elles s'en imvertes on Chlorosporées, algues vert RÉCOLTE PROPREMENT DITE prégnent et que les plantes se détachent bleu ou SV~o~A~M. DES ALGUES d'elles-mêmes. Les Floridées se trouvent généraleOn comprend qu'il soit difSciled'éIl faut s'avancer aussi loin sur la plage ment depuis le niveau des basses mers que le permet, M):~ danger, la marée talerconvenablement chaque algue surla moyennes jusqu'à une centaine de mètres basse, et ne pas craindre de mettre les feuille de papier où elle doit être disde profondeur. Elles acquièrent leur pieds dans l'eau. C'est dire que l'on doit posée définitivement, si, pour faire cette maximum de beauté et de développement se vêtir et se chausser en conséquence. opération, on la retire de l'eau, car claires profondes, de condans les eaux entre et Muni d'un fort couteau, on détache elle adhérera à tous les points de place les grands rochers. la changer ne pourra la base des plantes, de façon à les avoir tact et on Les Fucoidées (Laminaires, Varechs, entières, en ayant soin de choisir des sans la déchirer. Sargasses) croissent à peu près dans échantillons complets et aussi beaux que Mais en faisant cette opération ~J'M les mêmes conditions que les Flori- possible. On peut accumuler la récolte, l'eau, rien de plus simple. dées. Vous calez votre feuille de papier au au fur et à mesure, dans un sac de toile Les Chlorosporées,reconnaissables ou dans un panier d'osier porté en ban- fond d'un plat rempli d'eau. Vous prenez à leur couleur vert d'herbe, préfèrent gé- doulière, pour laisser aux deux mains une algue et vous l'étalez sur la feuille, néralement les eaux pures et éclairées. toute leur liberté. .comme vous voulez, en écartant ses Si on veut étudier ou préparer les rameaux avec une baguette ou une Enfin, les Myxophycées, noirâtres, vert bouteille ou vert bleu, ont l'appa- algues dès le retour de l'excursion, on épingle elle flotte, n'adhère pas, et se la plus grande aisance. rence sjit de vésicules gélatineuses. les distribue dans des terrines ou des laisse manier avec soit de plaques luisantes ou veloutées, cuvettes remplies d'eau de mer, pour Lorsqu elle est disposée à votre entière soit de houppes filamenteuses flottantes les séparer les unes des autres et les satisfaction, vous soulevez tout doucement l'une des extrémités du plat, et ou Sxées. On en trouve plusieurs dans laver. lentement le liquide, les salines. S'il s'agit de conserver des échantil- vous faites écouler ce que la plante reste à sec, en Les algues se récoltent en toute sai- lons pour l'examen microscopique, il faut jusqu'à place, sur la feuille de papier. son il n'y a pas pour elles de période après les avoir lavés, les immerger à La feuille de papier et la plante se de repos bien marquée. Au contraire l'état frais dans de l'alcool ordinaire du des phanérogames, la période la plus commerce, où ils se conservent parfaite- dessèchent ensuite ensemble, à l'air libre, et l'algue y reste adhérente définichaude de l'été est une des moins favo- ment. rables pour cette récolte. Enfin, dans lecas plus ordinaire où il tivement. Pour déterminer les noms des algues, Pour avoirdes algues en parfait état, faut empaqueter et faire voyager les il faut, autant que possible, les récolter algues pour une préparation ultérieure il existe d'excellents manuels botaniques coloriées qui permettent à sur place. Par conséquent, il faut pré- dans un herbier, il faut les dessécher le avec figuresmoins expérimenté de reconférer les plages à fortes marées et s'y plus rapidement possible, car, impré- l'amateur le rendre à marée basse. Plus la mer se gnées d'eau, elles se décomposent faci- naitre chaque espèce. P/.UL CoMBES. retire, plus on trouve d'espèces. Il y a lement.


Un Botaniste en Malaisie Les récits

~&O~Ma//0~ /?<'0~/M~!<~&~Mf/MM<,

M)~ pas /OM/OM~ d'une lecture attrayante <M~'MM7M/<Vt~ ~M~a<t<, au ))<0)')H pour le public <:0/; /<t/C aux beautés de la nomcnclature. Mais il est bon <tOM;&)'e de botanistes ~~0)!M/~ qui savent, en Â:n'UJ~, rendre :M~MMM< leur sujet. Tel est un Belge, M. Jean Massart.

communiqué récemment à la Société royale de botanique de Belgique son travail sur la mission dont il avait été chargé en Malaisie, pays que l'on pourrait presque appeler le paradis des botanistes. Par l'analyse que

~<)

MASSART a

MC

naissent sur les rameaux et qui pendent tout droit vers le sol. Dès qu'elles touchent terre, elles se ramifient abondamment et les minces ficelles deviennent bientôt épaisses comme des piliers de cathédrale. Ces innombrables

.t'

nous allons en

aériennes, toutes semblables, se livrent une concur-

donner,-en sup-

primant les passag"< tron techniques,

on va

et bien peu d'entre elles une sur

voir combiencette description est vivante et combien la nature, vue par

mille peut-être parviennent jusqu'au sol. Mais,

les yeux d'un bo-

au

taniste, peut être

cines succombent dans la lutte, d'autres naissent de plus en plus serrées, et l'arbre finit toujours par posséder des troncs

sinon plus, que lorsqu'elle est vue par les yeux d'un artiste ou d'un

explorateur. Elle

montrera

aussi combien la

végétation de ces pays chauds est différente de celle

du vieux continent que, par une aberration singulière, nous nous acharnons

fur et à mesure

que les jeunes ra-

tout aussi belle,

nous

raciness

V)LLAGESAUBOttDDUPEKAr<TJH.AN)ADt'tTENXORG.

D'T~~f~/if~O~ à

croire la plus belle de

toutes. M. Massart commence par les environs de Buitenzorg et il prend d'abord l'avenue des Waringin, ainsi nommée de la dénomination locale des Ficus Benjamina, arbres qui la bordent à droite et à gauche. Quelle étrange avenue que celle-ci elle ne se compose que d'une quinzaine d'arbres mais chacun d'eux est supporté par une foule de troncs, et les branches étapes paraisseht garnies de mi.tiers de cordelettes mollement balancées par la brise. Ce sont des racines qui

supplémentaires. Le tronc primitif peut alors disparaitre; lewaringin n'ensouffriraplus, supporté qu'il est par une nouvelle

colonnade qui s'étend sans cesse. On reste confondu en présence d'une pareille avenue. La voûte surbaissée, posée sur tout un labyrinthe de piliers dont la base s'implante dans le sol par de grosses racines enchevêtrées l'ombre mystérieuse sur laquelle planent les coupes largement étalées des Asplenium et les feuilles découpées des Davallia, tout cela forme un ensemble imprévu qui déroute le botaniste récemment débarqué. Le feuillage des waringin est tellement touffu que les rayons du soleil ne percent çà et là qu'à grandpeine. Aussi, au milieu du jour, régne-t-il une déli-


cieuse fraîcheur qui permet à tout un peuple de plantes épiphytes de s'installer dans la cime des arbres. Par contre, sous les arbres, te sol est presque nu. Bien peu de plantes peuvent s'accoutumer à ce demi-jour, demi-jour beaucoup plus sombre que celui qui règne dans la forêt vierge. Parmi les autres arbres du même parc, où gambadent des troupes de cerfs, remarquons des Conarium avec un tronc renforcé à la base par de larges palettes rayonnantes ce sont des racines aplaties qui empiètent sur le tronc et lui forment un revêtement de contreforts verticaux. Remarquons aussi un Ficus de Rumphis dont les bran-

ches épaisses et fort tortueuses se soudent les unes aux autres partout où elles se touchent.

fruit, mais sa répugnante odeur ne lui ajamais permis de l'apprécier. Les cuisinières malaises en font une espèce de pudding qui, malheureusement, n'a rien perdu de son fumet primitif. Les durio montrent sur leurs feuilles des centaines de petites cochenilles longues et étroites. Ces insectes ont ceci de remarquable qu'ils orientent toujours leur grand axe suivant la grande inclinaison de la portion de feuille qu'ils occupent. Lorsque la face supérieure de la feuille est légèrement ondulée, les divers individus ont soin de se p)acer dans la situation la plus oblique qu'ils peu-

vent trouver.

Sur presque tous les arbres vivent des plantes

épiphytes et notamment des orchidées. Voici l'Acrides

dont les feuilles sont charnues. Les racines s'étendent en tous sens sur les branches des arbres. Très souvent, ces

En descendant le Dja-

<MMM:~M<HM;!t<M,

lan Bantan, large route qui conduit vers la résidence de Bantan, on se croirait dans un bois et non au milieu de lavilledeBuitenzorg.

détachent en grande partie, et la plante racines

Partout des arbres et des fleurs; àpeineaperçoit-on les maisons bâties à distance de la route dans les jardins qui les isolent des habitations voisines. Un peu plus loin, l'attention est attirée par un palmier, l'Oreodoxa, qui est

se

reste suspendue en l'air par quelque vieille racine un tel individu croît, fleurit et fructifie, tout comme s'il

étaitsolidementattachéà un support plus qu'une autre orchidée, ces Aérides mé-

ritent l'épithète de « filles souvent cultivé comme de l'air ». plante d'ornement et dont Voici les Dendrobium, on fait une belle avenue au l'une des orchidées les plus Jardin botanique. Le tronc, répandues aux environs renflé en son milieu, porte de Buitenzorg. Il n'y a pas un large panache d'élégand'arbre qui n'en porte queltes feuilles divisées comme AVË~LE D'CREODOX~ [.E.)A A!' JARDIN BOTAS)Q''E DE BftTEKXOnG. des plumes. C'est comme ques touffes. Certains jours, D'O~C~/JO/O~f~/nf. tous sont ornés de grosses une bouteille légèrement gerbes de fleurs blanches du pansue qui serait coiffée de Dendrobium; le même soir, les pétales perdent leur cire verte. Chacun sait avec quelle désespérante lenteur se fait la croissance des palmiers en Europe. turgescence. Ici, au contraire, -its se développent avec une proPuis, pendant des semaines, on chercherait digieuse rapidité. Les Oreodoxa du Jardin public vain une fleur, jusqu'à ce que, tout à coup, en ont atteint en sept ans une hauteur de )$ mètres. un beau matin, on soit de nouveau émerveillé de voir Il en est de même des ~e~oh'MM, dont la croissance que les arbres ont repris leur éphémère parure. Cette est tellement rapide qu'ils atteignent en trois ans une curieuse périodicité, sur laquelle M. Treub a lepremier hauteur d'une vingtaine de mètres. Le tronc reste attiré l'attention, n'est pas du tout explicable. Ce qui simple jusqu'à une hauteur de t5 à 25 mètres, puis rend le synchronisme plus mystérieux encore, c'est l'ensemble des branches s'ouvre en un vaste parasol. que les Dendrobium arrachés de leur support par les extrémités chaque Les feuilles n'occupent que les de orages et traînant dans l'herbe, ceux qu'on met en rameau. Cette disposition en panache se rencontre pot et qu'on cultive dans des conditions aussi dispafeuilles déchez beaucoup d'arbres tropicaux rates que possible, même ceux qui sont importés à coupées. Buitenzorg d'autres îles de l'archipel Indien, fleurissent tous le même jour que ceux qui sont restés tranEn continuant la route, on arrive dans un quilles sur l'arbre où ils sont nés. Lorsqu'on examine fourré où une insupportable odeur annonce que l'on les boutons cinq ou six jours avant leur épanouissepasse à côté d'un durio. Les gros fruits, couverts de ment, on remarque qu'ils sont loin d'être également fortes épines, sont très prisés par les Malais leur développés. Mais les différencess'effacent les jourssuirichesse en matières grasses doit d'ailleurs leur donner vants les boutons les plus avancés s'accroissent lenune grande valeur nutritive. Beaucoup d'Européens se tement, ceux qui étaient en retard se hâtent davanrégalent des durio tout autant que les Malais. Quant à M. Massart, à plusieurs reprises il a mangé de ce tage, et tous s'épanouissent le même matin, comme

à


en réponse à un coup de baguette magique. Comme le Dendrobium, l'Acriopsis a la base des tiges renflée en

un réservoird'eau. A côté des racinesappliquées contre l'écorce de son support, cette orchidée possède encore des racines collectrices dressées, longues de deux à cinq centimètres elles forment tout autour de la plante une sorte d'éponge qui s'imbibe d'eau de pluie et de rosée et dans laquelle s'accumulent les détritus de toute sorte, poussières, feuilles mortes, déjections d'oiseaux, etc. H n'est pas rare que des spores ou des graines germent entre ces racines, et l'orchidée se trouve alors au milieu d'un minuscule jardin suspendu.

En Malaisie, les rizières sont très abondantes. Rien d'inattendu comme ces moissons, où les mulots et les alouettes sont remplacés par des poissons et des crabes. Les champs inondés

Dans les haies du bord des rivières, remarquons des A~~T/ha avec de jeunes feuilles colorées en rouge brunâtre, qui pendent toutes flasques entre les feuilles adultes. Peu à peu, elles perdent leur teinte rouge en même temps qu'elles acquièrent de la fermeté, et elles prennent enfin la position horizontale.

Beaucoup d'arbres tropicaux ont ainsi leurs jeunes feuilles pendantes, et, dans la plupart des cas, celles-ci ne montrent encore aucune teinte verte, au moment où elles ont déjà acquis toute leur taille. Ces .arbres ont un aspect des plus étranges lorsqu'ils suspendent partout au bout de leurs rameaux de longues grappes de jeunes feuilles diversement colorées, qui se balancent au moindre vent. C'est bien de ces arbres-là qu'on peut dire avec M. Treub ils ne font pas éclore leurs feuilles, ils les déversent. M. Stahl admet que les jeunes feuilles sont ainsi pendantesafin de n'être

sont étagés en terrasses séparées par d'étroites digues. L'eau leur,est amenée pas arrachées ni déchirées d'un ruisseau situé plus par les violentes averses haut, et, après avoircouléde équatoriales. D'après M. gradinengradin, elle estévaWiesner, il faudrait y voir cuée par une autre rivière. surtout un moyen de proQuoique Java soit irrigué tection contre la lumière nombre extrêmement par un trop vive qui détruirait la considérable de cours d'eau, chlorophylle. ceux-ci n'ont pas encore Un arbre, le Cynosuffi, et il a fallu creuser métra, mérite aussi l'attenpartout des canaux qui font tion en ce que les fleurs et communiquer entre elles les fruits naissent sur le les rivières naturelles. Pentronc, tout contre terre. Ses UN ARBRE DE L'AVCNUR DES W%RINGIN ~HUITEN7.ORG. dant une partie de l'année, fruits sont rugueux, quelB't!~rMH);e~o<o~')'a/'Me. à la végétation on permet que peu charnus ils res de développer librement dans les rizière?. sauvage se semblent bien plus à une pomme de terre qu'à une Puis on laisse écouler la majeure partie de l'eau, et on gousse. La production des fleurs sur le tronc n'est s'empare des crustacés et des poissons qui ont pullulé pas rare du tout dans les régions équatoriales elle se dans ces viviers on y fait alors passer la charrue de rencontre par exemple chez les Ficus noueux. M. Walbois, attelée de buffles. La végétation indigène est lace considère la « cauliflorie » comme une adaptation enfouie comme engrais. Dès ce moment le travail est aux visites des papillons; ceux-ci se tiennent dans les confié aux femmes ce sont elles qui repiquent les sous-bois et ne s'élèvent que rarement jusqu'aux jeunes plants de riz, semés en pépinière, et qui, plus cimes. s'occupent tard, d'arracher tes mauvaises herbes. LorsEn cheminant, nous arrivons au Pekantjilan et le riz à que commence mûrir, on place les épouvannous pouvons admirer un magnifique panorama. A tails ce sont souvent de longues banderolles, rouge l'horizon, le Salak, distant d'une douzaine de kiloet blanc, que le vent agite en tous sens, ou des moulimètres, lève son large cône ébréché. La dernière nets en bambou qu'une feuille de cocotier oriente autoéruption du volcan datede 1699; elle adûêtreterrible, matiquement et qui tournent à une allure endiablée car tout un pan de la montagne a été arraché et éparbruit de crécelle mais de tous les moyens, le avec un pillé au loin. plus efficace consiste à construire au milieu de la terLe regard plonge jusqu'au bord du cratère, à rasse une petite hutte surélevée de quelques mètres travers la béante solution de continuité qu'a créée le un Malais, posté dans la cabane, tire de temps en mouvement de [690; c'est la gorge boisée du Tjiapoes, temps des ficelles tendues à travers le champ et auxun paradis pour le botaniste. Sur les flancs du Salak quelles sont attachées des pièces de tissu. Enfin vient s'étendent des grandes forêts, et à ses pieds, des planle moment de la récolte. Tout ce que le kampong tations de caféiers, de muscadiers,de bois de teck. En compte de femmes et d'enfants se rend de grand matin avant du volcan. la grande plaine n'est qu'une vaste au sawab, et avec un couteau spécial cueille le.riz, sawah, parsemée de bouquets d'arbres dont chacun panicule par panicule. Il en est fait des bottes que les cache un village et qui surgissent comme des îlots hommes attachent aux deux extrémités d'un bambou foncés du sein des rizières vert pâle. A nos pieds, et apportent au village sur leurs épaules. dans un lit large, mais peu profond, coule le PekantLa paille reste sur les champs et est mangée jilan, où la population riveraine se baigne du matin au par les buffles. On inonde de nouveau les sawahs, et soir. Sur les bords. le Kampong Poe) et le Kampong on les laisse en repos pendant quelques mois, Empang s'abritent sous de puissantes gerbes de bamA


bous, des arbres à pain aux feuilles lustrées, de~ bana-

niers tout lacérés, des manguiers, avec leurs pendeloques de jeunes feuiiïes brunâtres, des Nephelium qui disparaissent sous un manteau de fruits rouges. Pardessus la forêt d'arbres fruitiers, les cocotiers dressent vers le ciel leur panache de feuilles pâles qui miroitent au soleil. A chaque souffle de vent, l'immense étendue verte se pare de teintes chatoyantes, les tiges de bambous, imprégnées de silice, se frôlent et grimpent comme le diamant ou le verre, tes patmes ébouriffées des cocotiers bruissent comme du clinquant qu'on agite. C'est le paysage typique de la région occidentale de )ava de longs cours d'eau dont le lit est obstrué par d'énormes blocs roulés, témoins des heures de crue; des rizières dont émergent

duire aux arbres numérotés. M. Koorders qui est l'auteur de ce travail, s'occupe en effet depuis de

nombreuses années des forêts de l'archipel Indien. Mais la détermination des espèces n'est pas chose facile. Le principal obstacle est l'impossibilité d'obtenir de bons matériaux d'herbier: les forêts équatoriales ne sont pas, comme celtes des régions tempérées, constituées par une espèce unique ou tout au moins prépondérante; les diverses espèces y sont mélangées de la façon la plus capricieuse et la plus inattendue. Bien souvent on ne parvient pas à retrouver un second exemplaire d'un arbre qu'on a remarqué une première fois. Comment faire pour en obtenir des fleurs et des fruits ? Dans les diverses régions de Java, M. Koorders a établi un ensemble

d'innombrablesviDages enveloppés d'arbres fruitiers

être abattu sans son autorisation. Puis il a numéroté un exemplaire de toutes les espèces d'arbres et fait tracer des sentiers. Chaque réserve est placée sous la direction d'un ouvrier javanais chargé de récolter des matériaux des individus numérotés, au fur et à mesure qu'ils fleurissent et fructifient il doit

au loin, un volcan autour duquel s'amonceUent les nuages destinés à la pro-

chaine averse. Il est à noter qu'à java il y a une assez grande quantité de plantés américaines qui s'y sont naturalisées et que ces' espèces' habitent les endroits découverts brousses, bords des' chemins, lieux incultes. Comment expliquer cet exclusivisme ? Il est probable qu'au début Java était couvert d'une forêt non interrompue, comme c'est encore

de dix-huit réserves, c'està-dire que, dans des forêts choisies par lui, il a délimité des portions où rien ne peut

aussi maintenir en bon état les sentiers que les lianes

obstruent sans cesse. De

cette façon M. Koorders a D'a/'r~H~o~NC. rassemblé à Buitenzorg un herbier forestier hors ligne, le cas pour Bornéo. Plus dans lequel les divers échantillons qui portent un tard, des dérodages furent opérés pour la culture. Les même numéro proviennent non seulement d'une même plantes indigènes, habituées à vivre sous bois, n'étaient espèce, mais aussi d'un même individu, seul moyen pas en état de lutter contre des espèces originaires de d'éviter les confusions entre espèces voisines. pays tels que l'Amérique, où le rideau forestier préLe nombre total des arbres numérotés est de sente de grandes éclaircies. Aussi les immigrants près de 3 500 Pour donner une idée de l'importance accidentels n'eurent-ils aucune peine à s'installer sur de ce travail, disons que M. Koordersestime à plus les terrains inoccupés. Mais partout où la forêt vierge de t 500 le nombre des espèces arborescentes de Java avait été maintenue, la végétation autochtone a pu se défendrecontreles envahisseursetles repousser. 1) n'est chez nous, nous n'avons pas plus de 400 espèces. M. Treub y a fait bâtir un beau laboratoire où l'on pas du tout impossible que. parmi les plantes qui vient étudier les échantillons récoltés. habitent les endroits ensoleillés, il y en ait plusieurs (~ ~tMt~ ) HENRI COUPIN. qui proviennent des régions voisines, par exempte de Timor ou de l'Inde continentale, où il existe de la brousse naturelle. Nous rappelons à nos lecteurs que la Ligue Quittons maintenant les environs immédiats de Maritime française (3/t, rue de Penthièvre, à Paris) a du volcan Buitenzorg pour aller sur le versant nord-est organisé deux concours, ayant trait l'un à la Marine établi mètres, de où, à altitude Gedeh, 400 on a une militaire, l'autreà )a Marine marchande, et dontchacun un jardin dans lequel sont cultivés les végétaux pour des lauréats recevra un prix de 500 francs. Les sujets Du jardin à Buitenzorg. chaud lesquels il fait trop à traiter sont les suivants dépend une portion de forêt vierge d'environ 300 hec1° Exposer, d'après la situation géographique, tares. Elle fut cédée au gouvernement à la condition politique et économique de la France et de ses colonies, transformation de subir lui ferait qu'on ne aucune quel est l'état maritime militaire nécessaire à la nature à lui enlever son caractère de forêt vierge. France ? longueur. dans la toute sa Deux chemins parcourent 2° Quelles sont, en dehors des subventions de Sur eux s'embranchent un grand nombre de petits l'Etat, des primes et des compensations d'armement, les meilleures mesures à prendre pour relever notre sentiers qui pénétrent de droite et de gauche dans le marine marchande? fourré. Ces sentiers ont pour principal objet de con['ENnROiH'M CRUMENATUME\ FLEUR.


La peste

et le docteur Yersin. L'institut Pasteur de Nha-Trang L'APPARITION de la peste à Oporto a ramené l'attention publique sur la grande découverte du docteur Yersin une mission française a été là-bas combattre efficacement l'épidémie au moyen du sérum composé par le modeste savant qui dirige à Nha-Trang la succursale de l'Institut Pas-

teur.

ami par M. Rauseau, le résident, et par Mm. Raurcau sa mère, une vieille dame souriante et spirituelle, indulgente et bonne, pour laquelle je ne saurais assez dire toute ma gratitude. Chaque soir, à la résidence, se réunissaient les amis de M. Rauseau le docteur Yersin est parmi les plus intimes, et j'eus la bonne fortune de l'y rencontrer le jour même de mon arrivée. Il voulut bien me convier à déjeuner le lendemain en me promettant de me faire visiter en détail ses laboratoires et toute son installation. On pense si je fus fidèle au rendez-vous. Le docteur Yersin est un homme jeune encore, trente-cinq ou quarante ans, taille moyenne; les yeux très doux, avec une nuance de malice, éclairent un visage un peu amaigri et pâli par le séjour colonial il parle lentement et sans éclats de voix. C'est le type achevé du savant

modeste, toujours

Cela m'a rappelé, quant à moi, les quatre inoubliables journées que j'ai passées, lors de mon récent voyage en Annam, en compagnie du docteur

premier à signaler, à côté des certitudes, tout ce qui lui semble encore appartenir au domaine des hypothèses. On peut accueillir

sans la moindre arrièrepenséetoutce qu'il affirme, tant il met de prudence dans ses affirmations. Rarement j'eus l'occasion de rencontrer homme plus sympathique et a qui je

Yersin.

J'arrivaisàNha-Trang un peu découragé par la monotonie d'une route que

je suivais à cheval depuis Saïgon tout de suite je fus séduit par le charme

le

L~INS'fl'fllf PASTEUR DE NFIA-TEANG

D'après

mesentisdavantageattiré. Dirigéparlui,l'institut est admirablementinstallé. Au centre, un grand bâtiment entouré de vastes vérandas sert de maison d'habitation à gauche, une tourelle abrite une machine à vapeur qui produit l'électricité et met en mouvement une machine à glace à droite et perpendiculairement au pavillon central, les laboratoires s'allongent jusqu'au bord de la mer. Dans la cour, de grandes cages sontdestinéesaux singes d'expériences, aux chiens, aux cobayes des multitudes de souris sont aussi enfermées dans des compartiments grillés.

HHc /'Ao<o~ra/n'e de

du paysage, l'hospitalité des habitants. Nha-Trang est une délicieuse petite station maritime où la température est exquise, les ardeurs du soleil y étant tempérées par une brise de mer toujours fraîche. Rien de gracieux et de coquet comme ce petit pays sain et gai qui deviendra certainement une des villégiatures les plus appréciées de t'Extrême-Orient. La plage, très belle, est abritée par de nombreuses petites îles rocheuses dont les arêtes vives se dessinent élégamment sur le ciel bleu. Du côté opposé à la mer, la chaîne annamatique forme une immense crique qui domine et enveloppe le village indigène et les constructions européennes. Une rivière qui descend entre des rives verdoyantes forme, avant de se jeter dans la baie, un vaste estuaire semé de rochers imposants et baigne les pieds d'un haut monticule sur lequel se dressent des ruines khmers sobres et grandioses. L'habitation du résident est une belle construction bâtie devant la plage, avec une superbe terrasse où j'ai passé des heures exquises dans la contemplation de la mer et des montagnes. Je ne sais si le charme du pays a eu une influence sur le caractère des gens qu'on y rencontre, ou si un heureux'hasard a réuni là les plus aimables fonctionnaires de l'Indo-Chine. Toujours est-il qu'on y reçoit l'accueil le plus cordial et le plus hospitalier qu'il se puisse imaginer. A peine arrivé, je suis déjà traité en

HeH)'t

Turot.

Pénétrons au laboratoire une première pièce est remplie des animaux en observation qui, chaque jour, reçoivent des injections de sérum la grande salle qui suit renferme tous les instruments de précision les plus perfectionnés enfin, dans une troisième pièce sont placés les tubes de verre qui contiennentle terrible bacille de la peste humaine. Le docteur Yersin a en même temps dirigé ses études sur la peste bovine et la peste humaine. En ce qui concerne la première, il a trouvé un sérum qui donne déjà des résultatsappréciables;chaque jour, le docteur et son dévoué collaborateur, M. Carré, vaccinent un grand nombre de bœufs et constatent des succès de plus en plus nombreux. Mais le bacille de la peste bovine n'est pas encore découvert. Par contre, le microbe de la peste humaine, depuis plusieurs années déjà, a été trouvé par le docteur Yersin; et dans les


tubes dont je parlais plus haut, il y a, par millimètre de culture microbienne, des milliards de ces redoutables petits bâtonnets qui sont les bacilles de la peste. Ce n'est pas sans une certaine émotion que je vois le docteur plonger une pointe de verre dans un des tubes et cueillir une colonie de bacilles, qu'il fixe sur la plaque du microscope après l'avoir colorée et chauffée. Une distraction, une imprudence, une mouche qui frôlerait la plaque avant que les bacilles soient rendus inoffensifs, et l'affreuse maladie serait déchaînée. Mais le docteur Yersin est la prudence même, et l'on peut suivre sans appréhension ses passionnantes études. Cela n'empêche naturellement pas les indigènes d'éprouver pour le savant une méfiancequi va souvent jusqu'à l'hostilité on l'accuse d'être l'introducteur du fléau qu'il combat, et la difficulté est grande pour obtenir des propriétaires de bœufs qu'ils lui amènent les animaux malades. C'est fort excusable de la part des Annamites ignorants le plus triste, c'est que beaucoup de nos compatriotes partagent ces préventions et font au docteur une guerre acharnée. Yersin est bien certainement, à l'heure actuelle, la personnalité la plus discutée dans l'Indo-Chine, et des polémiques passionnées se produisent à son sujet. C'est qu'en effet il fut l'inspirateur de M. Doumer à propos d'un sanatorium sur le plateau de LamLiang, situé non loin de Nha-Trang. Au cours d'une exploration dans la chaîne annamatique, Yersin fut frappé par la situation climatérique du plateau l'air y est sain et vif, le thermomètre y enregistre des températures suffisamment basses pour constituer un véritable hiver cette année on a constaté 4 degrés au-dessous de zéro et la neige y tombe fréquemment; la neige, inconnue de la plupart des indigènes et que les miliciens, en la voyant pour la première fois, désignèrent par cette pittoresque expression, « de l'eau même chose quinine » Sur le Lam-Liang. on rencontre des essences de bois européennes; les violettes et les roses y viennent facilement; les légumes de toutes natures y poussent; les arbres fruitiers y peuvent être cultivés. Là, les colons et les fonctionnaires, anémiés par la terrible chaleur de la Cochihchine, retrouveraient des forces et se guériraient même un peu de la nostalgie du pays, en jardins qui rappellese promenant parmi vergers et raient la France. Telles sont du moins les afHr nations du docteur Yersin. Là-dessus s'engagent des discussions interminables et passionnées; en Indo-Chine il faut être pour ou contre le Lam-Liang, pour ou contre le docteur Yersin et les adversaires ne se ménagent point les invectives. « Le docteurYersin est un fumisteou ungobeur. C'est un grand savant et un disent les uns. honnête homme », répondent les autres. « Vous êtes « Vous êtes un naïf, dit l'un. » un ignorant », réplique l'autre. « Le Lam-Liang on y meurt en quinze jours, proclament certains. C'est le paradis terrestre font les autres.» Seul, au milieu de ces polémiques, Yersin conserve son calme et son fin sourire.

Il est

d'ailleurs parfaitement tranquille

M.

Dou-

mer a en lui la plus ab<=o)ue confiance, et déjà sont commencés les travaux préparatoires de la ligne de chemin de fer qui doit relier Saigon au plateau du Lam-Liang. Dès lors il peut laisser dire, résolu à ne point se laisser détourner de son but. Ayant doté l'humanité tout entière d'une géniale découverte comme celle du bacille de la peste, ayant trouvé pour notre colonie le sanatorium rêvé, il a suffisamment de gloire pour dédaigner les attaques HEKR[ TUROT. des envieux et des sots.

Les

Termites

Les termites sont de grosses fourmis blanches qu'on

ne rencontre guère qu'entre les tropiques ou sur

continent africain. Elles présententtrois tribusparfaitement distinctes entre elles. Voici d'abord les ouvriers, à la fois mineurs et architectes, creusant dans les profondeurs de la terre d'immenses galeries, des dédales où ils enfouissent leurs matériaux et leurs provisions puis sur ces palais souterrains ils bâtissent des monuments extérieurs relativement plus élevés que les Pyramides. La pyramide la plus haute, celle de Chéops, n'a pas cent fois la hauteur de l'homme, son édificateur. Une termitière dépasse mille fois en élévation la taille de celui qui l'a construite. Quant à sa solidité, des troupeaux de buffles peuvent bondir dessus sans l'effondrer. A côté des ouvriers marchent les soldats, armés de mandibules cornées, de pinces pénétrantes, vraies machines de guerre, égalant la longueur de leur corps. On les trouve sans cesse en dehors de l'habitation commune, veillant au salut de tous, protégeant les travaux des ouvriers, leurs frères, et prêts à mourir pour les défendre. La caste noble et privilégiée par excellencene se compose que de deux individus, ou plutôt d'un seul, car le roi, là comme dans d'autres monarchies d'un ordre plus élevé, n'est, à vrai dire, que le mari de la le

reine. Ainsi que la reine des abeilles, la reine des termites est, dans l'entière réalité de l'expression, la mère de son peuple, la mère des OMWM~ aussi bien que des soldats. Enfermée dans sa case, sans autres soucis que ceux d'une laborieuse et incessante maternité,entourée de serviteurs attentifs à ses besoins, mais plus encore ses gardiens que ses courtisans, elle rappelle assez le rôle politique que jouaient autrefois certains souverains absolus de l'ancien. comme du nouveau monde. Ce que les termites peuvent détruire est incroyable. Dans les contrées où ils se montrent les plus nombreux, les plus agissants, le double rôle que semb!e leur avoir assigné la nature est celui de pionniers et d'agents de la salubrité publique. Rongés, minés par eux, les plus gros arbres disparaissent dans un temps relativement très court, comme sous la cognée du bûcheron; ils éclaircissent l'épaisseurdes forêts vierges, les débarrassent de leurs bois morts, parfois y ouvrent de longues routes dont les indigènes profitent. Grâce à eux, les corps des grands quadrupèdes, des buffles et des éléphants tombés de vieillesse ou dans quelque


lutte meurtrière, ceux des énormes cétacés que le flot pousse au rivage, disparaissent avant d'avoir répandu leur pestilence dans l'air. Admirable modèle de vie sociale, les termites nous font voir en même temps les avantages de l'association. Les termites isolés deviennent facilement la proie de l'hirondelle, ou d'un insecte mieux cuirassé qu'eux; réunis, ils sont une puissance. En Afrique, où ils passent pour une nourriture digne des gourmets les plus raffinés, on a vu des bandes de nègres, qui cherchaient à les enfermer dans leur forteresse, vaincus par eux, laisser des morts sur le champ de bataille. Après ces détails sur les mœurs des termites, on comprendra la nécessité de faire, en certains pays, toutes les constructions en fer. Récemment une de nos missions a eu en moins de huit jours une énorme caisse, remplie d'outillage et produits photographiques, complètement détruite par les termites. On a vu des maisons en terre s'effondrer et ne laisser après leur effondrement qu'une légère poussière répandue sur le sol. Les termites avaient littéralement mangé tout l'intérieur des murs, laissant pour trompe-I'œil des parois d'un millimètre d'épaisseur. Dernier détail la morsure de la fourmi blanche produit une douleur épouvantable.

V.

La famille de M. se compose de onze personnes le père, la mère, leurs six enfants, la femme Sur et la fille de l'un de ceux-ci et le frère de M. ces onze personnes, il y a sept hommes faits ou jeunes gens; deux femmes dans la force de l'âge, une fillette de treize ans et un tout jeune enfant, tous, grands et petits, sains et robustes. C'est-à-dire que, si les bouches à nourrir sont nombreuses, les bras solides à la besogne ne manquent pas. Les hommes sont tous ou agriculteurs, ou en possession d'un métier manuel. De la sorte, le problème de la main-d'œuvreest supprimé la famille se suffira à elle-même.

V.

Lesconditionsdegarantiesmoralesdanslesquelles ces deux prêts ont été consentis semblent ne laisser aucun doute sur le succès de ces tentatives, et la Calédonie y aura gagné deux excellentes familles de colons 2. Mais il faut voir autre chose dans ces deux faits il faut voir le concours effectif d'une élite sociale à la cause coloniale, et il est inutile d'insister sur tous les avantages que cette cause peut retirer d'un pareil concours.

Mario Carli.

~f!<MC

La petite Colonisation

et le Crédit l'initiative de M. le comte de Castries, qui avait, par une heureuse combinaison, facilité l'installation en NouvelleCalédonie d'une famille française à laquelle manquaient les capitaux nécessaires. Cette combinaison consistait en un prêt de toooo francs, à intérêt plus que modique, dont le payement était différé jusqu'à la quatrième année, prêt remboursable au bout de dix ans et garanti par une assurance sur la vie de l'emprunteur.

Nous avons signalé

naguère

Cette première expérience de crédit en faveur de la petite colonisationavait le grand avantage de mettre à la dispositiond'un homme, ayant toutes les qualités requises pour faire un bon colon, le capital qui lui manquait et sans lequel il ne pouvait songer à mettre son projet à exécution. Cette intéressante expérience vient d'être renouvelée. La QMtM~K'Mc coloniale nous apprend que M. le comte de Castries a, avec le concours de quelques personnes, fait bénéficier de la combinaison un autre C'est, du reste, toujours vers la émigrant, M. Nouvelle-Calédonie que sont dirigés les émigrants de M. le comte de Castries, et cela n'étonnera nullement nos lecteurs, à qui dernièrement nous vantions les avantages multiples de cette possession océanienne.

V.

Voir: .'t 7'njffr.f le

page 203, l'article intitulé

M<:0;

.V< n"26, du )"juiHet Le ô'<~)'<)tfwe~ c/

)H()<),

f<uM/-

Il

C<K'f!

(le

7Y'c-A~<

~<M~e .~t~-

et <'coHo/M/~Me. Un volume in-H°, avec carte.

Rome,t8<)ç. l'occasion des compétitions de l'Italie sur ta baie chiA noise de San-moun. le docteur Carli s'est adonné à une très suggestive étude de toute la province de Tché-Kiang. Son livre, consciencieux et substantiel,estincontestablement ce qu'on peut trouver de plus nouveau sur cette importante région du Céleste Empire. Nous en donnerons prochainement une analyse détaillée.

H. Jumelle.

Les plaittes à cj~K<c/iOf<c et a ~H~ft-~erc/'f!,

in-8°. )86 pages avec figures.

A. Challamel, éditeur,

rue Jacob, Paris. a eu l'occasion, à maintes reprises, de constater, L 'AUTEUR au Musée colonial de Marseille, combien toutes les bonnes volontés des colons risquent d'être rendues vaines par l'ignorance où ils se trouvent, soit des espèces qu'on peut traiter, avec chances de succès de les introduire dans telle ou telle région, soit des méthodes de culture à employer. Si beaucoup d'ouvrages ont été publiés jusqu'ici sur le caoutchouc, les auteurs se sont, presque tous, attachés à décrire les procédés de préparation du caoutchouc bien plutôt que les plantes productrices. Les renseignements qu'on possède aujourd'hui sur ces plantes, sur leur répartition géographique et sur leur culture, sont encore épars. M. Jumelle s'est proposé comme but de résumer et de condenser ces données éparses, en y ajoutant le résulà tat de quelques recherches personnelles. Il a cherché donner, pour toutes les plantes à caoutchouc qui poussent spontanément dans nos colonies, une description assez complète pour permettre de les reconnaître; 2" à indiquer la valeur du produit que fournit chacune d'elles; 3° à signaler les espèces susceptibles d'être introduites dans nos colonies 4° à faire connaître leurs exigences de végétation, et, s'il se peut, les meilleurs procédés de culture. Ce livre vient bien à son heure, comble dans certaine mesure une lacune regrettable, et doit se trouune ver entre les mains de tous ceux qui s'occupent, à un titre quelconque, du caoutchouc et de la gutta-percha.

f

T'ft'

/VuK~c',n°.du.tnovembref8(~Q, 2. Voir .1 page 351 Les progrès ~e co/o~'M~: ~t'ë <?)! C~/t'.fotM.


( '(~V7'7'U7~U~r 7~

Le Chemin de

t~

Les architectes et les ingénieurs russes se sont efforcés de donner au voyageur la sensation qu'il ne traverse pas un pays sauvage et désole. A chaque gare, dans une salle somptueusementdécorée, un buffet monumental est chargé d'une collection complète de tous les plats que sait préparer ta cuisine russe, et qui sont toujours servis chauds et fumants. Vous êtes libre de prendre à votre gré de la soupe, du bœuf, de l'esturgeon, de la truite, de la volaille, du nibier, de l'ours à toutes les sauces. Le repas est à prix tixe moyennant une somme de 2 fr. 50, vous êtes libre de vous servir vous-même autant de plats que vous dcsnez, sans autre limite que votre appétit-.

det'trtyehetdufeniséi.

H~

fer Transsibérien

Bien que nous ayons à maintes reprises parlé à nos

lecteurs du chemin Transsibérien, nous y revenons encore, tant cette immense voie ferrée mérite de retenir l'attention à tous égards. L'article de M. William Durban, que nous analysons ici, est intéressant parce qu'il met bien en évidence les deux caractères différents que doit garder j'oeuvre grandiose des Russes, pour qui l'étudié: d'une part le bénéfice que la Sibérie en retirera, d'autre part le bel effort accompli par les constructeurs de la ligne. Grâce à ce futur chemin de fer, la Sibérie, qui était, il y a peu d'années encore, une terre mystérieuse et fermée, va devenir une des régions du globe où les voies de communication par terre et par eau se trouveront combinées avec le plus de prévoyance. A première vue il parait étrange Tomsk, que les villes les plus importantes du pays: Tobolsk, léniséisk ne se trouvent pas sur le tracé du nouveau chemin de fer. Ce parti pris apparent de négliger la capitale et les principaux centres de population s'explique par le désir de traverserles rivières aussi près que possible de leur source, à l'endroit où elles commenceront à être navigables. Ce système permet d'utiliser sur un aussi long parcours que possible les voies fluviales, qui vont toutes du Sud au Nord, tandis que le chemin de fer, allant de l'Ouest à l'Est, traversera la région la plus fertile des steppes sibériennes et recevra à chaque station les produits agricoles de la zone la plus rapprochée. Les villes destinées à devenir des Chicago asiatiques pousseront comme par enchantement sur les points où la ligne traverse l'Obi, le léniséi et les affluents de la Léna, de sorte que, pendant la saison où qui l'océan Arctique sera libre, les trois grands fleuves ont, avec tous leurs bras, le premier 5o kilomètres de largeur au-dessous du confluent de l'Irtych, et les deux autres une vingtaine mettront les navires en communication directe avec les inépuisables greniers qui feront une concurrence ruineuse a l'agriculture de l'Europe et de

l'Amérique. Le Transsibérien, c'est, comme on t'a dit, la civilisation en marche. Le nouveau chemin de fer n'a rien qui ressemble à u:)e de ces lignes improvisées pour faciliter des opérations stratégiques.Bien au contraire, il existe dans les pays civilisés peu de voies qui aient été construites avec autant de soin. Le pont sur l'Irtych, qui n'a pas moins de six kilometres de longueur et dont les piles colossales sont assez solides pour résister aux plus formidables débâcles d.ss glaces, excite l'admiration des hommes du métier. La ligne, dit M. Wittiam Durban, est divisée en sections d'une verste, c'est-â-dire de i,o66111 chacune, surveillée par un aarde qui vit chalet famille dans construit sur le bord de la voie, et veritie un avec sa faits besoin si les n'ont d'aucune réparation. Il y a près de sans cesse les de gardes entre monts Oural et la ville de 'l'umsk, ces 4 ooo la principale, qui n'est pas sur ligne mais sur un embranchement qui est parattete au cours de l'Obi sur un trajet de 130 kilomètres. Non seulement toutes tes mesures sont prises pour rendre tes accidents à peu près impossibles, mais encore tes wagons communiquent cher eux et la surveillance de la contre est sécurité des voyageurs.

78

Les

cher toute tentative criminelle contre la sécurité des ta terreur Les grande route les forçats évadés qui répandaient autrefois la terreur sur la grande route de la Sibérie, n'ont pas essayé de continuer leurs exploits sur tes chemins de fer et ne sont guère plus aujourd'hui qu'un souvenir.

On sait qu'en Russie les wagons sont en même temps plus larges et plus élevés que dans le reste du con-

tinent européen

il semble que sur cet immense territoire, dont les frontières s'étendent sans cesse, les trains ont un aspect monumental, fait pour donner une idée de la grandeur et de la puissance du pays. Nous devons également ajouter qu'il n'existe pas de voies ferrées sur le globe où plus de précautions soient prises pour assurer le bien-être des voyageurs. Cette impression persiste de l'autre côté de la chaîne de l'Oural on sait que la locomotive roule sur des rails posés sur le sol de l'Asie, mais on sent qu'elle traine derrière elle la civilisation de l'Europe. Il n'existe pas sur le Transsibérien deux stations qui soient construites sur le meme modèle. Elles ont toutes un aspect pittoresque et même un caractère artistiquequ'on ne s'attendait pas a trouver dans les valléeb

Les trains partent de Tcheliabinsk, à t'est de l'Oural, traversent le Tobol à Kourgan. l'Ichim à Petropavlovsk, l'Irtych à0msk,te téniséiaKrasnoarsk.etarriventàIrkoutsk apres un trajet de 3 200 kilomètres. Les voyageurs ne vont pas plus loin, mais les travaux sont poursuivis avec la plus grande activité sur les trois sections de la ligne qui n'ont pas encore été inaugurés. Sur les bords du lac Baïkal, les ingénieurs ont rencontré des difficultés qui paraissaient insurmontables. La mer Sainte comme l'appellent les habitants de la Sibérie, n'a pas moins de 700 kilomètres de long et de 85 kilomètres de large. Il ne fallait pas songer à construire un pont sur cette nappe d'eau, sans cesse bouleversée par des tempêtes intérieures provenant des courants des rivières souterraines et qui n'a pas moins de [ 200 à 1 Soo mètres de profondeur. D'autre part, il n'était guère moins difficile de contourner la pointe sud du lac en creusant la voie à travers les rochers, les montagnes et les précipices dont le Baïkal est entouré. Aujourd'hui, ces obstacles sont surmontés la section duTransbaïka! est à peu près achevée, et, comme le tronçon de 800 kilomètres qui aboutit à Vladivostok le Gibraltar russe de l'océan Pacifique est livré à l'exploitation depuis deux années, il ne reste plus qu'à compléter la section de 2000 kilomètres qui traverse la province de l'Amour entre Stretensk et Khabarovsk. It est vrai qu'après avoir entièrement livré à la circulation la ligne principale qui ira de Tcheliabinsk à Vladivostok et aura une longueur de 7600 kilomètres, les ingénieurs russes auront encore à construire l'embranchement qui se dirigera sur Niou-Tchouang, en traversant la province chinoise de la Mandchourie.

/.LiV/t-~f~

Ce que t'Erythrée coûte à l'Italie pour l'année )899. monte à L tobudget de t'Erythrée. 622 400 lires. Le gouvernement italien y contribue

directement pour 8 3oo ooo lires, soit 7 6oo ooo pour l'Erythrée proprement dite. et 53o 800 pour l'Ethiopie et le territoire des Somalis. C'est une augmentation de plus de 3 millions sur les prévisions. Cette augmentation a naturellement fait jeter les hauts cris aux adversaires de la politique coloniale. La commission du budget elle-même a trouvé la carte à payer un peu lourde, mais les déclarations du président du conseil ont vaincu les résistances en prouvant la ferme intention qu'a l'Italie de se maintenir en Afrique sur ses positions acquises. Les 2 322 400 lires que le gouvernement laisse à sa colonie le soin de verser pour parfaire le budget se décom-

poserontainsi:

Revenusdouaniers. Taxes

diverses.

Recettes postales, télégraphiques

ferrées.

et des voies Revenus judiciaires, hypothécaires et notariaux Revenus du Domaine de l'Etat..

io3oooo)ires 29 boa

»

J<j8ooo

»

48 000 ).~5ooo

»

Tributs.tou"~

saouah. Revenusdivers.

» »

Revenus municipaux de Mas-

90 ooo 565 oou

»

Les employés civils de la cotome coûtent a t~tai 36q ooo lires. L'armée grève le budget pour .= Mt .'oo lires les Ascaris, sur cette dernière somme, touchent pour leur part 400 ooo lires.


Un Botaniste en

Malaisie (~)

Après avoir ~arlé dans l'article précédent des plantes cultivées à Java dar.s le ~'ardin célèbre de ~M/~M~O)~, <'aM/CM) Buiten,~org, l'auteut espèces que ~tg-Ma/f t'C: signale ici /M les /)nMet~/M principales ~MM /'OM f~COM~ /a/0~ t'M~f àa y~la ~<~<MM dans la rencontre ~M~ végétation si luxuriante. ~Mf l'on ~) /t<~MfMM/e.

a/tJfa

r~A~s la forêt vierge, partout, sur les grosses branches comme sur les plus minces brindilles, sont de larges touffes de plantes épiphytes. On distingue surtout les Asplenium nidus, qui par leur nombre et leurs

dimensions donnent un caractère tout spécial au p'aysage. D'innombrables lianes sillonnent l'espace compris entre le sous-bois et les branches inférieures des arbres. Elles s'élancent

pelote de mousses et d'hépatiques dans ceDe <i s't.st installée toute une collection de fougères, depuis les hyménophy)!acées, dont les frondes des merveilles de grâce et de fraîcheur se suspendent

en une guipure transparente, jusqu'au Po/)~)o<M<K Ot:<M/;< avec ses grosses feuilles spongieuses re\étues de soies brunes. Mais à peine s'est-on mis à exa-

miner )aftored'épiphytcs qui a élu domicile sur ces feuilles, que l'attention est app:iée ailleurs. Et ainsi, tout le long de la route, chaque enthousiasme s'efface devant l'enthousiasme

tout droit ou tournent en spirale autour des troncs, pendent en guirlandes de branche en branche, retom-

b.nt par terre pour grimper sur un autre arbre,

décrivent de gracieuses arcades ou se tende.nt comme des amarres,

suivant. En

dessous

de la

grande forêt, il s'en étend une autre, moins élevée,

s'écroulent encore une fois et; jamais découragés,'se .mettent' à la recherche d'un nouvel appui, pour atteindre là-haut le rayon de soleil où elles épanouissent leursfleurs. Elles rattachent

avec des arbres et des arbu.'tes qui sont souvent ramifiés à peu de hauteur du sol. Par terre, un épais

tapis de plantes herbacées, composé surtout de foul'ensemble des cimes en un gères. Et toujours le même tout continu, et forment enchevêtrement confus et inexprimable de tiges, de un inextricable pé)e-me)e de câbles et de festons. Quel feuilles, de racines. Chaque C.UAMtS, At! JtRn)N DOTA~~rr: bE M')TE~XORC fouiliis! L'imagination la fois qu'on pénètre dans le /j~r~HHc~/i!0~o~f3~ï/c. plus fertile et la plus fantaifourré, on est empêtré dans siste ne pourrait rien conceun lacis de lianes. voir de pareil. Combien la réalité est supérieure aux Un fait qui ne peut manquer de frapper le botarécits des voyageurs, supérieure surtout à la fiction niste, c'est que toutes les feuilles se terminenten pointe. De quelque côté qu'on tourne le regard, on s'arrête M. Stahl attribue la forme acuminée du sommet des ébahi, et, plongé dans un religieux recueillement, feuilles à une adaptation contre la pluie la longue pointe aurait pour effet de favoriser l'écoulement du on admire la plante. Comment exprimer ce qui tour à tour vous ravit davantage? On s'extasie devant liquide, de façon à débarrasser les feuilles le plus rapidement possible des énormes quantités d'eau qu'elles un mince cordon de liane qui porte une énorme A TRAVERS

LE MONDE.

{t)° LIV.

N"

.19.

9 décembre i3()ç.


reçoivent pendant les averses. La quantité annuelle de pluie est d'environ 4".600, et it n'est donc pas étonnant que la sélection naturelle ait fait acquérir une gargouille aux feuilles de toutes les espèces. Le prompt écoulement de l'eau de pluie offre de multiples avantages. Si le liquide séjournait sur les larges feuilles de la forêt équatoriale, il les surchargerait beaucoup, et les feuilles alourdies risqueraient d'être arrachées. De plus, l'air est toujours très riche en vapeur d'eau; même sous le couvert des grands arbres, il est presque constamment sature. La transpiration est donc forcément ralentie; elle s'arrêterait tout àf~it-. si les feuilles restaient couvertes d'une couche d'eau qui aurait à

s'évaporer d'abord.

cherchée dans l'excessive humidité de l'atmosphère. Près du sol, où les rayons du soleil ne pénètrent jamais, la transpiration est presque réduite à zéro pour se débarrasser de l'eau qu'absorbent sans cesse les racines, la plante est absolument obligée de l'excréter sous la forme liquide. Le sous-bois offre peu de fleurs voyantes. Un très grand nombre d'espèces ont des fleurs petites et verdâtres. Quant aux grandes fleurs blanches du Cf) <<!M~M et aux fleurs jaunes du Curculigo, elles sont situées tout près du sol et cachées dans le feuillage. Nulle part, en somme, on n'aperçoit de grosses masses de fleurs jamais de taches de couleur, rien qui rappelle

la digitale de

nos

bois d'Europe.

dont le rachis

Comparée à la rareté des fleurs brillantes, la profusion des fruits colorés surtout nous en bleu

foliaire porte à la face inférieure de

tage.

Parmi les plantes qui abondent dans cette forêt, remarquons un palmier rotan

nombreuses épines crochues celles-ci sont sur-

tout abondantes

sur le flagelle, long de deux

à

trois mètres, qui termine le rachis. A l'aide de ces crochets, le palmier s'attache aux arbres voisins; les flagelles, lancés en tous sens par le

vent, finissent

toujours par saisir un appui solide. On comprend aisément que sur une feuille en voie de développement, c'est le flagelle terminal qui se forme en premier lieu il a déjà acquis toute sa rigidité, alors que les folioles n'ont pas encore commencé à se déplisser. L'extrémité supérieure de la tige peut ainsi s'accrocher de plus en plus haut, à mesure quela plante s'allonge; mais qu'arrive-t-il lorsque le rotan a atteint le sommet de l'arbre auquel il est attaché? La tige continue à s'accroître, de nouvelles feuilles se produisent et se fixent, tandis que les vieilles feuilles meurent et lâchent leur appui mais alors le bout inférieur de la tige, n'étant plus soutenu, s'affaisse par terre et s'y enroule à la façon d'un serpent. La végétation a un tout autre caractère que celle qui garnit le sol de nos bois d'Europe. La gargouille qui termine chaque feuille fait réellement partie de la physionomie de la forêt, et imprime à l'ensemble un cachet particulier. Un autre fait qui ne peut manquer d'attirer l'attention, c'est que partout, sur ces feuilles, des gouttelettes liquides scintillent comme des brillants. Un examen un peu approfondi fait voir que, chez certaines plantes, les perles sont distribuées sur toute la surface supérieure des feuilles, tandis que chez d'autres elles sont limitées au bord. La raison de cette abondante sécrétion d'eau à l'état liquide doit être

frappe davan-

En montant dans la forêt à une

altitude

plus élevée, on arrive dans des mares où l'humidité de l'air est extrême. Les

arbres,

moins hauts qu'aux

du

environs

laboratoire,

disparaissent tout entiers, de la base du tronc au sommet, sous d'énormes amas de mousses. Les lianes sont partout très abondantes. Il y en a deux sortes les lianes grappinantes, c'est-à-dire celles qui pour s'accrocher à leurs voisines n'emploient que des moyens assez primitifs, comme des crochets, et les lianes qui s'accrochent, à la façon du lierre, par des racines. Le Scindapsus bederaceus présente une particularité intéressante. De la cime des arbres dans lesquels grimpe la plante, descendent des rameaux pourvus de feuilles réduites ils flottent librement dans l'air et leur extrémité est un peu recourbée vers le haut, ce qui montre qu'ils sont négativement géotropiques et qu'il ne doivent leur position qu'à l'influence directe de leur poids ils ne poussent pas vers le bas, ils tombent. Lorsqu'un de ces rameaux touche le sol, il s'y enracine et rampe dans l'herbe jusqu'à ce qu'il rencontre un nouveau tronc qu'il escalade sans retard il se met à donner des feuilles de dimensions normales. Or, ces branches pendantes ne sont capables d'utiliser un support qu'après s'être enracinées dans le sol. Au jardin de Buitenzorg, on a plusieurs fois tenté de conduire sur un arbre voisin les rameaux d'une liane analogue. Peine perdue le rameau s'allonge jusqu'au sol, sans se soucier le moins du monde du support auquel on l'avait attaché mais dès qu'il a touché terre, il consent à regrimper sur


vont se ficher profondément dans la boue. Ces plantules sont à tous les stades du développement les unes, quoique récemment tombées, ont déjà formé des racines d'autres commencent à se garnir de feuilles: d'autres, encore plus âgées, sont ramifiées et possèdent déjà quelques racines-contreforts. On conçoit sans peine combien il est utile, pour ces habitants de régions soumises aux marées, de posséder des graines qui ne peuvent être emportées par les courants. Le moyen le plus simple et le plus efficace consiste à amener l'embryon à un tel degré de développement, qu'à peine tombé il donne des racines qui le fixent dans la vase. Aussi, les graines germent-elles sur l'arbre mère aux dépens des matériaux qu'tf continue à leur fournir. Lorsque les graines se détachent, leur évolution ne

SYNCONn'MALBOI.INbAn'M SUR US TRONC DE CANARlU1I1 AU JARDIS BOl'ANIQ1:E DE B~'ITEN7.ORG.

D'après

M;te photographie.

subit point d'arrêt; elles produisent immédiatement des racines, et, dès ce moment, elles sont si bien ancrées dans la vase molle que les vagues ne peuvent plus les entraîner. Les palétuviers ne sont pas lesstuts arbres vivipares de la région. Chez la plupart des espèces, les embryons ne quittent la mère que lorsqu'ils ont acquis une taille bien plus considérable que dans les graines ordinaires. Ces embryons sont en outre pourvus de l'un ou de l'autre moyen de fixauon. Ct ux du 5/'H~!«~<! emportent les enveloppes de la fleur et s'ancrent dans la vase au moyen des sépales crochus. Chez l'e~M~, c'est l'enveloppe du fruit qui retient l'embryon, tandis que les embryons de t'~f/ce~KM sont munis, au moment où ils quittent la graine, de longs poils radicaux, raides et crochus. Comment ne pas être botaniste au milieu d'une végétation aussi luxuriante?

l'arbre le long duquel il vient de descendre. De tels rameaux sont un excellent moyen de multiplication,et il n'est pas rare d'en rencontrer qui rampent en quête d'un support, à une dizaine de mètres de la plante

HENRt COUPIN.

mère.

Nous ne suivrons pas M. Massart dans ses très intéressantes herborisations à la région volcanique de l'ile, mais nous irons avec lui dans les marécages littoraux, où la flore est tout à fait différente de celle que nous venons de décrire. On y remarque notamment de grands arbres, les .~o~M~ra~M,dont les longues branches pendantes sontcouvertes de fleurs aux nombreuses étamines blanches et de fruits ronds et aplatis. Une embarcation ne s'ouvre qu'avec difficulté un chemin au milieu des racines qui s'élèvent du fond de l'eau et dressent leurs extrémités jusqu'au-dessus de la surface. On dirait des asperges grises devenues ligneuses. Ces racines se dirigent donc de bas en haut, c'est-à-dire en sens inverse de tout ce que l'on connaît chez les autres plantes. Elles ont pour fonction de procurer de l'oxygène aux racines qui sont profondémentenfouies dans

la boue.

Au-dessus de la tête du voyageur s'étalent les grandes feuilles des Palétuviers. Le tronc de ces arbres est supporté par tout un échafaudage de racines qui plongent obliquement dans l'eau et la vase. Les branches sont elles-mêmes soutenues par d'autres racinescontreforts. Ces arbres nous intéressent aussi par leurs plantules suspendues aux branches comme des chandelles dans la boutique d'un épicier. Donnons une légère secousse aux rameaux. Aussitôt quelques embrvons se détachent, tombent comme des flèches et

A

propos d'Aérostation Les Records des Ascensions en durée et en hauteur le comte Henry de

IaVaulx,qui racontait derniè-

rement à nos lecteurs ses premières ascensions,.a accompli, depuis lors, une prouesse de plus. Il a fait une ascension de quatorze heures de durée, ce qui lui a valu de gagner la « coupe des aéronautes ?. Mais ce

« record » n'a pas tardé à lui être ravi, d'abord par MM. Maurice Farman et Hermitte,ensuite par MM. Castillon de Saint-Victor et Mallet. Bien entendu, M. le comte de la Vaulx va bientôttâcher de ravoir son bien. Parti à 6 heures 25 du soir de Paris, dans mètres, M. Farman n'a un ballon cubant atterri que le lendemain matin à 9 heures 40. M. Farman a donc fait une navigation aérienne de quinze

~oo

heures et quinze minutes. Quant à MM. Castillon de Saint-Victor et MaUet, partis d'une usine à gaz de Paris un samedi soir,.i!sdeseendaient vingt-deux heures plus tard en Suède, après avoir parcouru i 600 kilomètres. C'est la plus longue ascer.sion qui ait été effectuée dépuis que ce tournoi BM<~ ~'r'r~M/M a été institué. Car il y avait eu auparavant de ucs importants voyages à travers l'espace, aussi bien au point de


vue du temps que de& kilomètres. Ainsi, en 18~6, le ballon de Green, parti du Vauxhall de Londres, descendit le lendemain à Wiesbaden après dix-huit heures. Pendant le siège de Paris, un aérostat partit de la gare du Nord et fut emporté vers la mer; il alla atterrir en Norvège après un voyage de vingt-quatre heures Enfin, Louis Godard a fait récemment en .Allemagne une

traversée de vingt-quatre heures quinze minutes. Le tournoi actuellement institué par les aéronautes est intéressant, puisqu'il tend à résoudre un des problèmes les plus difficiles de la navigation aérienne la durée. En

attendant qu'on ait résolu le problème des longs voyages en étendue, on multiplie les ascensions ayant pour but d'explorer les hautes régions atmosphériques.Jusqu'ici l'altitude la plus élevée qui ait été atteinte en ballon monté est celle de 9 ooo mètres environ. Ce voyage extraordinaire a été effectué par le docteur Berson, il y a cinq ans. Toutefois, le physicien anglais Glaisher aurait fait mieux le 5 septembre 1862, puisque, d'après son compagnon de voyage son ballon aurait atteint 10 500 mètres; mais dès l'altitude de 8 500 mètres le physicien avait perdu connaissance, saisi par te froid, vaincu par la raréfaction de l'air. Il resta évanoui plusieurs minutes. Pendant ce temps, son ballon continua à s'élever au taux de cinq mètres par seconde. Heureusement, Glaisher avait avec lui un aéronaute de profession, nommé Coxwel, qui était doué d'une force de résistance très grande. Coxwel, luttant contre la mort, parvint à ouvrir la soupape du ballon avec ses dents, ses mains gelées ne pouvant plus se mouvoir, et l'aérostat redescendit enfin. Le chiffre de io 500 mètres n'est donc pas officiel.

et on ne peut affirmer que Glaisher ait dépassé 8 200 mètres. C'est 400 mètre, de moins que Ti~sandier, Sivel et Crocé-SpineUi,dansleur ascension du avril tSy~. avecteZMf/&; ils atteignirent en effet 8 6oc mettes; mais, on le sait, Sivel et Crocé-Spinetti payèrent de leur vie teur curiosité scientifique. Ils furent asphyxiés. Tissandier seul échappa à la mort. Parmiles autres ascensions à de grandes hauteurs, il fa'.tt citercelles de Gay-Lussac, le 16 septembre i8o4 (70)6 mètres) de Green, le 27 septembre 1836 (y 430 mètres); de Baral, le 26 juin 1850 (7 030 mètres) de Gross et B.-sson, le )[ mai 1804 (7024

mètres).

Quant à l'ascension du docteur Berson, elle eut lieu le 4 décembre 1804. Son ballon, le P~M, cubant 2 ooo mètres, s'éleva à 5 ooo mètres en moins de deux heures. A 6000 mètres, le thermomètre indi-

quant 25 degrés au-dessous de zéro, M. Berson ressentit de légères palpitations de cœur. A l'altitude de

mètres, il dut commencer à recourir aux inhalations d'oxygène A 8000 mjtres, la température s'était abaissée à–~Q'o~. Le mataise de l'aéronaute s'accentua, il éprouvait du vertige et de la prostration ses yeux se fermaient malgré lui. La course ascensionnelle continua.A 9 ooo mètres, le P/M'MM- traversa une couche de nuages formée de petits flocons de neige. Le thermomètre indiquait 48 degrés au-dessous du zéro. Or, fait curieux, l'explorateur de l'espace, comme acclimaté, n'éprouvait y uoo

plus d.; malaise à cet'e grande attitude; il souffrait simplement du froid. « Et, a-t-il dit, je serais monté plus haut, si, en voyant le peu de lest dont je disposais encore, je n'avais dû me montrer prudent. » A c) t~o mètres, Berson ouvrit sa soupape et descendit lentement, après être resté six heures et demie dans les airs. L'exploration des hautes régions de l'atmosphère a été faite aussi à l'aide de ballons non montés. Ces aréostats sont munis de petits baromètres enregistreurs d'un poids réduit à quelques cent grammes. Une inscription destinée aux personnes qui les recueilleront à leur atterrissement est fixée à la nacelle. Les premiers essais datent de i8c)~. Déjà on dépassait les hauteurs que l'homme ne peut franchir sans danger de mort. Chacun connaît maintenant ces curieuses explorations des ballons-sondes s'élevant seuls et allant chercher et enregistrer dans l'infini du ciel de précieuses indications météorologiques.On les a améliorés d'année en année, et maintenant on atteint jusqu'à unealtitude de t6poo mètres. La plus haute ascension des ba'ions-sondes à été celle du 13 mai i8c)y altitude, t6 )yo mètres; température, 66 degrés audessous de zé'o. Grâce à ces ingénieux ballons, dont les ascensions sont ordonnées méthodiquementet se font simultanément dans diverses villes plus ou moins éloignées les unes des autres, on arrivera à résoudre bien des prob'èmes dont profiteront à la fois l'aéronautique et notre connaissance de l'espace.

Le Cheval

tonkinois

nord-occidentale notre colonie du Tonf kinrégion possède cheval petit, vigoureux, admirable de

A

un

d'endurance et d'énergie. II porte des Européens très lourds, pendant de longues journées consécutives, par les sentiers montagneux les plus pénibles. Pour tout ce labeur il se contente de l'herbe de la route, et rare-

ment il devient indisponible. Les premiers colons eurent la pensée de croiser cette raceavec celles de France (Bretagne et Camargue), même avec celle de Syrie. Mais les expériences de ces dernières années ont prouvé que les éleveurs perdaient la race chevaline du To: kin, en s'efforçant de la croiser avec d'autres races. On s'aperçoit aujourd'hui que les produits ne conservent pas les qualités des ascendants. Aussi l'opi-

nion publique subit-elle un revirement complet et on se décide à procéder par voie de sélection dans la race elle-même. Il va sans dire que par race chevaline du Tonkin on entend les quadrupèdes que nous avons décrits plus haut, et non leurs similairesdits « de Montzé~, si laids avec leur épine dorsale en arêteet leurs reins ti op

longs.


toutes les garanties de solidité, ils en ont confié la sur-

Les Automobiles au Soudan ON sait que le ravitaillement du vaste territoire du

Soudan, qui vient d'être partagé, sauf la partie septentrionale (le Sahel jusqu'à Tombouctou) entre nos possessions du Sénégal, de la Guinée, de la Côted'Ivoire et du Dahomey, est une merveille d'organisation à laquelle il ne sera pas touché dans ce démem-

brement général. Les marchandises d'importation, comme tous les vivres destinés à l'alimentation de nos troupes, arrivent de Saint-Louis par la voie fluviale du Sénégal et sont débarqués à Kayes. Là elles empruntent la voie du chemin de fer jusqu'à Badoumbé. d'où eUes sont expéd ées par convois dans la direction de Kita. Ba-

mako, Koulikoro, pour être embarquées à destination du Haut et du Moyen-Niger. Ces

transports s'opèrent par voitures Lefebvre sur un trajet d'environ

~oo kilomètres qui nécessitent une douzaine d'étapes environ. Cette durée est trop longue aujourd'hui, en raison de la prospérité croissante de nos colonies. II a fal'u songer à des moyens plus

veillance à M. Young, ancien élève à l'Ecole Centrale, attaché dernièrementà la direction des travaux publics du Sénégal. Il faut bien admettre, sans parti pris, que les premiers intéressés à avoir de bonne; routes, qu'ils continueront d'entretenir avec soin, sont les organisateurs eux-mêmes, qui savent, mieux que personne, qu'un instrument perfectionné comme le leur se détériore vite dans les mauvais chemins. Aussi cette voie a-t-elle été détournée ici, améliorée là et achevée d'autre part. D'ailleurs, il faut reconnaître que les principaux inconvénients de cette voie, sablonneuse en plusieurs endroits, présente partout ailleurs un sol ferrugineux admirablement propre à la circulation, une sorte de voie pavée en fer, et une terre argileuse qui, sous le soleil cui-ant de la saison sèche, constitue un terrain imbriqué d'un excellent

usage. Ajoutons encore que l'état économique du pays ne comporte pas de transports pendant les six mois d'hivernage. Avec les premières pluies commence, en effet, l'ensemencement des produits agricoles, et les récoltes sont sur pied quand cessent les derniers

orages. Les charrois sont donc inutiles à l'époque des tornades.

Le premier service de ces ca-

mions-automobiles a du commencer tout dernièrement au Soudan, depuis Toukotou jusqu'à Bammako et vice versa; dans la suite ce parcours se expéditifs,en attendant l'achèvement restreindra à mesure que la voie complet du chemin de fer qui atteinferrée s'avancera, ce qui permetdra le Niger dans quelques années. tra d'employer le matériel inutiDans ces conditions, M. Félix CAM'0\At)TOMOB)LED!'SOUDAN lisé des voitures Lefebvre dans la Dubois, l'explorateur distingué, a D'après une photographi Boucle du Niger, où, pourleravttailpensé aux automobiles. C'était lA lement de Sik.~so. Kong, Say, ainsi que du Mossi. première fois que pareils projets étaient mis à l'étudedans qui est un pays très riche, on devait recourir à l'emploi les colonies françaises, car aucun service de ce genre n'existe, même à l'étranger. On a avisé, essayé, corrigé, par trop primitif des porteurs. é'.udie les points faibles de cette nouvelle organisation, II eut fallu obtenir des crédits. On n'en demande manière à refectionner d'une part les routes en dera pas, et, sans bourse délier, on aura le matériel mauvais état et perfectionnerle système des machines, nécessaire à ce vaste ravitaillement, grâce à l'installation des automobiles. quant aux principes de leur construction, pour les rendre en quelque sorte plus robustes et plus rustiques, Le service général des automobiles se composera afin de faire face à la rude tâche du camionnage, d'après de 55 véhicules; possédant une force de g à 10 chela démonstration des expériences récentes qui ont été vaux et une vitesse maxima de t~ kilomètres par tentées. On a beaucoup critiqué le résultat de ces essais, heure le trajet complet s'effectuera en moins de 4 jours faits au grand jour, et les sarcasmes de quelques pe:au lieu de )2 actuellement. sonnes n'ont pas manqué. Il eût suif) d'un peu de Il y aura un départ toutes les semaines à chaque bon sens pour comprendre que ces tentatives n'avaient tête de ligne. Chaque convoi comprendra io camions pour but que de démontrer les vices des machines ou devant supporter 2 ooo kilos de marchandises <-t t:ne les défectuosités des routes, afin de pouvoir réparer les voiture de voyageurs pouvant contenir une douzaine uns ou les autres en pleine connaissance de cause. de passagers. Ces derniers auront ainsi le double agréC'est à quoi l'on s'est appliqué. ment de ne point se lever à des heures ordinairement Une fois le mécanisme modifié, transformé dans consacrées au sommeil i ou 2 heures du matin, et s les ateliers de Paris, selon les besoins constatés, les orde voyager plus moelleusement sur des banquetas mulets du convoi. ganisateurs de cette compagnie ont immédiatement que sur l'échine par trop rigide des L'automobile en marche a l'avantage, en outre, dit-on, porté leurs vues sur la refonte de la ligne de ravitailde procurer un certain air de fraicheur. lement au Soudan, la création de quelques embrancheLe commerce y trouvera une économie de temps, ments ou la reconstruction de divers ponts, comme celui de Boubouli. plus de rapidité et de sécurité dans les transports, surEt pour que cette routr, défoncée par le piétinetout pour les colis trop volumineux. Le tarif pour les marchandises, par automobiles, ne sera pas p:us oné.ment des mu~sts pu les roues des voitures, présentât


reux, nous dit-on, que par voiture Lefebvre. Au retour, le gouvernement accordait aux commerçants des prix réduits pour le coton, la gomme, les peaux, la cire, etc.; il en sera fait de même par la Compagnie des Automo-

pour les produits indigènes. Quant au personnel européen, il se composera d'une vingtaine d'individus sous les ordres de deux officiers, hors cadres, des troupes de la marine le capitaine d'artillerie Osterman, qui a dirigé le ravitaillement du Soudan il y a trois ans, le capitaine d'in-

biles

fanterie Martin, qui est familiarisé de longue date avec le pays et qui ramène de l'Indo-Chine, comme mécaniciens, une cinquantaine de Chinois. Cette introduction de la race jaune au Soudan mérite d'être signalée, car elle constitue une innovation dont M. Félix Dubois, qui en est l'auteur, espère le plus grand bien, étant donné la faculté d'assimilation des Chinois, leur goût du travail et leur endurance à la fatigue. Signalons aussi l'entrée de ces officiers dans aiment le une exploitation coloniale ils connaissent et Soudan, ils ont pleine confiance en son avenir et ils y retournent, donnant ainsi l'exemple des véritables principes de la colonisation romaine soldats colons.

dahar,

n'ofTre pas de elle ne nccesf itérait ni

dépense

totale exigée

grandes difficultés techniques pont, ni tunnel important, et la

par sa construction ne dépas-

serait pas y~ millions de francs.

La grande voie internationale ainsi ouverte mesurerait, d'après un calcul fait par M. Paul Lessar, de Calais à 7 588 kilomètres. Les trains express Karatchi mettraient un peu plus de sept jours à la par-

courir, y compris le transbordement sur la Caspienne. Voici comment, d'après M. Lessar, seraient réparties ces heures et ces distances

drovo.

Londres, Calais, Berlin, Alexan-

DouaneàA)exandrovo.

Kitomctres. Heures.

1

4;5 »

28 1

Alexandrovo, Varsovie, Gomel,

Bakou. Merefa, Rostof,

Bakou

Pctrovsk.

à Krasnovodsk (par mer)

Krasnovodsk, Merv,

Kouchk..

Kouchk, Chaman Chaman,Sukkur,Karalc'i.

3

'66

63

'55

)

3)99 t49 705

774 7 588

30

'S

'9'

)74'/2

d'un billet de première classe Londre'Karatchi, évalué d'après les billets des trains de luxe actuels, ne dépasserait pas 36 livres. En ajoutant l'entretien et les menues dépenses, t livre par jour pour francs. on arrivait à 43 livres sterling ou i 075 Le prix

Aux Indes en Chemin de fer longtemps déjà, les Anglais ont songé à DEPUIS L~ réunir par chemin de fer leur empire des Indes à l'Europe. Il y a plus de cinquante ans que le colonel Chesney explorait dans ce dessein la vallée de l'Euphrate, et en rapportait le tracé d'une ligne partant de la Méditerranée pour aboutir au golfe Persique. Ce projet fut bien accueil)! en Angleterre; une compagnie à exécution, et le se forma, en 1856, pour le mettre sultan n'hésita pas à accorder le firman qu'elle demandait. Mais l'entreprise échoua devant l'opposition de lord Palmerston, qui voulait ménager les susceptibilités de la France. Il semble que depuis lors on ait fait de grands progrès vers la réalisation de cette idée le chemin de fer unit Paris et Londres à Constantinople, etdel'autre côté du Bosphore, la ligne d'Anatolie se prolonge déjà jusqu'à Angora. Mais, d'Angora à Karatchi, tête de ligne hindoue du futur chemin de fer, il y a encore partie à travers 4 ooo kilomètres, dont la plus grande le désert. Le coût d'une ligne entre ces deux points dépasserait sans doute 500 millions de francs, et le trafic auquel elle servirait serait insignifiant. Ne serait-il pas plus raisonnable, se demande M. Francis-H. Skrine, dans une conférence faite devant

la Société littéraire anglo-russe, de se servir, pour communiquer avec les Indes, des chemins de fer de la Russie d'Europe et de la ligne transcaspienne ? Entre Kouchk, terminus de l'embranchement de Merv, et Chaman, extrémité actuelle de la ligne anglaise d'Afghanistan, il n'y a que 705 kilomètres (un peu plus que la distance de Paris à Mmes). La route indiSalzawar, Farrah, Girichk et Kanquée~ qui

passe par

Quant aux difficultés politiques et économiques de cette en'reprise, M. Skrine les juge moins considérables qu'on ne l'admet d'ordinaire. Loin d'être une Russie, le noucause de conflit entre l'Angleterre et la grandes veau chemin de fer rapprocherait ces deux puissances et leur ferait voir leur communauté d'intérêts. Aucune opposition ne pourrait venir de l'émir d'Afghanistan, et les Afghans respecteraient la ligne

aussi bien que les Kurdes, sujets du chah, respectent le télégraphe indo-européen. Enfin, toujours d'après M. Skrine, la Russie ne peut tarder à modifier sa politique économique dans un sens conforme aux intérêts

anglais. Elle a besoin de capitaux britanniques, « elle est préparée à fafre toutes les concessions raisonnables est-elle propice pour en faciliter l'afflux. Aussi l'époque d'un échange, pour un traité commercial sur la base produits dont chacun avec droits d'entrée modérés, des de ces empires possède un monopole naturel. L'Inde a beaucoup de produits qu'on ne trouve sur aucun point de l'empire russe le thé, le café, l'indigo, le jute, la soie, le t ,bac, l'opium, le caoutchouc. D'autre part, elle est un grand client pour les marchandises russes, telles tapis. Ainsi le commerce de que le pétrole, les peaux, les l'Inde ne pourrait que gagner à la construction de la ligne. ·> En résumé, conclut M. Skrine, la réalisation de cette grande entreprise exercerait une influence considérable sur le développement moral et politique de l'Inde elle-même. Les Hindous ne peuvent pas être traités beaucoup plus longtemps en simples sujets ils réclament clairement leurs droits de citoyens. Si donc les relations entre l'Angleterre et ses possessions de l'Inde doivent être maintenues, les deux pays doivent se

rapprocher toujours davantage.


En i8~)S, la France a vendu à ses clients du dehors, en vins de Champagne et autres vins mousseux, ta 683 ooo litres, estimés Q[ ~zy ~2 francs: une jolie

somme!

Au

Les Possédés du L E capitaine Wellby,

Oualamo

qui a exploré des districts en-

core inconnus de l'Abyssinie et de l'Ouganda, a raconté, à son retour à Londres, les incidents de son voyage, et entre autres celui qui se rattache aux possédés du Oualamo. « Le districtde ce nom est à quatorze jours dedistance de la capitale Addis-Ababa, raconte M. Wellby. et possède une deplorable réputation tous ceux qui osent y mettre le pied deviennent la proie du diable. J'ai pris cela, naturellement, pour une superstition. Mais j'y ai vu se manifester un phénomène si bizarre, qu'aujourd'hui encore je ne peux me l'expliquer. « Le premier indice, à mon arrivée dans cette région, qu'il se passait quelque chose d'extraordinaire, fut le cri de joie d'un Somali de mon escorte, qui dit brusquement « Oualamo! Oualamo! » et se précipita comme un insensé dans la campagne, en proie à une horrible surexcitation; tout son. corps tremblait; il tournait et frappait dans le vide tout autour de lui. Dans un court moment de lucidité, il me cria qu'il était possédé du diable. Il demeura toute la nuit comme un fou furieux, mais recouvra sa raison le matin suivant. Dans le cours du voyage il eut un second accès. qui lui fit tirer son couteau et menacer de mort quiconque l'approchait. On me dit aussi qu'il y avait du danger à manger en la présence d'un naturel de Oualamo. Un de mes Soudanais se trouvant dans ce cas tomba sur-le-champ en pâmoison. Pendant deux jours il sembla s'être remis, mais, le troisième jour, il devint fou furieux. Un autre de mes domestiqua, un jeune homme flegmatique, paisible, donna également des signes d'égarement tout pareils, dont il guérit au bout de vingt-quatre heures. Dans le but de mi.ux étudier ce phénomène et d'en chercher la cause scientifique, je résolus de prendre un repas en presenct; de cent Ouatâmes. )e digérai parfaitement et n'en éprouvai aucune conséquence fâcheuse pendant toute la durée du voyage, sauf le surlendemain dudit repas, où je me sentis malade. Je ne le dis à personne; mais il me fut impossible de découvrir la cause de cette mystérieuse maladie. Je donne le fait tel quel, sans

cnercher à l'expliquer. » Oualamo ou Oualcita est situé sur les bords d'un lac que le capitaine Wellby a appelé Marguerite.

La Consommation du

vin de Champagne

~AIT-ONoù va le vin de Champagne, ce vin si français, à la couleur si gaie? Nous en buvons pas mal, rpais l'étranger nous en achète beaucoup aussi.

premier rang de nos clients se place l'Angle-

terre, qui nous a pris, en t8c)8. to 500 ~oo titres ou

bouteilles; ensuite viennent la Belgiqueavec 2 ~y8 yoo, l'Allemagne avec 8$p 200, les États-Unis et le Canada

t

avec 14~0 4oo. Les Hollandais ne détestent pas non plus le champagne ils nous ont acheté 468 400 bouteilles de vins mousseux en 1898. Quant à nos amis les Russes, ils nous ont pris, pendant la même année, 498 ~oo bouteilles Ce n'est pas énorme pour un si grand pays; mais nos amis s: rattrapent sur la qualité: ils aiment

les bonnes marques. Nos autres clients sont la Suède avec 2~n 200 bouteilles; le Danemark avec t88 yoo. On boit bien dans le petit Danemark, où nous comptons tant de sympathies. Nous avons vendu à l'Autriche 152 300 bouteilles, à la Suisse <4t 410, à l'Italie 120 700, à l'Australie 125 600, à la Norvège to8 200. à la République Argentine too ~oo, et aux Indes Anglaises 103 ooo bouteilles. Les pays qui boivent notre champagne et nos autres vins mousseux les plus chers sont la Russie, l'Angleterre et les Eta'.s-Unis.

Léon Lamouche.

Li

Pf.'ytn).<'c Bj/<\7)H~i~,e?quisce

historique. ethnographique, philologique et littéraire. Paris, P. Ollendorf,5o, Chaussée-d'Antin Prix 3 fr. 5o. LEE volume que nous signalons à nos lecteurs est la transcription d'un Cours libre professé à la Facultédes lettres de Montpellier par M. Léon Lamouche, capitaine du génie, diplômé de l'Ecole des langues orientales. C'est un historique fort intéressant et fort complet, autant que nous pouvons en juger, des diverses nationalités qui vivent côte à côte dans la péninsule balkanique. Un tel livre est indispensablea quiconque veut acquérir quelques clartés sur une partie de l'Europe dont le passé est généralement peu connu. Il est également fort utile à tous ceux qui désirent se rendre compte de la situation respective des nombreuxEtats de la péninsule. Plusieurs chapitres consacrés aux langues et aux idiomes des Balkans ne sont pas l'un des moindres mérites de ce volume d'érudition et de savoir.

André Mévit.

.S~/oo~r, avec une préface par le général

Trentinian, 3o photographies d'après nature. Paris, Ernest Flammarion, 2h, rue Racine. Prix 3 fr. 5o. r~ANS ce volume, M. André Mévil, un de nos écrivains D coloniaux les plus renseignés, a entrepris de raconter la succession des expéditions dirigées par la France contre le farouche conquérant de la boucle du Kiger depuis ;f!'(~. époque où nosvaillants soldats de l'artillerie et de l'infanterie de marine cotnmençaient la conquête du Soudan. Cette histoire méritait d'être relatée. D'abord, en France, on ignore trop les faits d'armes de nos troupes coloniales; ensuite le récit de M. Mevi[ est de nature a faire comprendre aux pessimistes que les vieilles qualités militaires de notre race ne sont point disparues. On lira avec grand intérêt le livre, le précis, dironsnous plutôt, que M. Mévit a fait paraitre,et on le consultera avec fruit, chaque fois que surgira une question soudanaise ou africaine. de


France La Colonisation militaire de Madagascar.

Une Société s'est fondée au Havre pour aider à la colonisation de Madagascar en soutenant les colons privés d'outillage ou de capitaux. Le gouverneur de Madagascar a porté à la connaissance de ses troupes l'existence de cette Société et le but qu'elle poursuit par la note suivante Le général, commandant en chef du corps d'occupation et gouverneur général par intérim de Madagascar et dépendances, a l'honneur de faire connaître à MM. les chefs

corps qu'une société de création récente, la Société d'Aide et de Protection aux Colons, offre d'aider pécuniairement dans leur installation les sous-officiers, caporaux et soldats qui auraient l'intention de s'établir à Madagascar après leur libération. Les conditions imposées seraient le remboursement au bout de trois ans, des sommes avancées; toutefois, la Société n'ayant pas fait connaître les conditions particu, lières de ces prêts, de plus amples renseignements lui seront demandés. MM. les chefs de corps sont invités à donner à la présente circulaire la plus grande publicité et à se faire adresser d'urgence par les commandantsd'unités sous leurs ordres un état des militaires qui. étant dans les conditions voulues pour se faire libérer dans la colonie d'ici la fin de l'année tHoo, seraient désireux, après y avoir mûrement réfléchi, de bénéficier des offres avantageuses proposées par la Société d'Aide et de Protection aux Colons Dans l'intérêt des postulants, ces états devront être transmis avec la plus grande diligence au général commandant en chef, gouverneur général par intérim. (Etat-major de

i"

bureau).

Le Budget de la Marine pour 1900.

Le projet soumis à la Commission du budget a éte adressé aux membres de la Chambre et du Sénat. Les crédits demandés s'élèvent à la somme de 3f5o;2~5o francs, soit une différence en plus de II 4)2240 francs sur les crédits accordés

pour l'année courante. Les principales augmentations portent sur les points suivants équipages, troupes, agents divers, 3 nQ4<x) fr. main-d'œuvre et matières pour constructions navales, artillerie, ôSouoou fr.; défenses sous-marines, ) 232ou(j fr h'uout) francs. L'usure des canons. Un écrivain militaire des plus distingués, M. le tieutenant-cotone) Delauney, complétant des tiavaux faits a ce sujet par les Anglais, a ramené a une loi mathématique la fameuse question de l'usure des bouches à feu par l'érosion que chaque coup fait dans i'ame d'une pièce. Cette loi, il l'énonce ainsi 7-c' c'ar;-c du oM~-e

ff)t; t/H~ petit .<;<wr/c'f «)!e~t<t'f J~'M a)'.)H/ <'arj.nc))< des ct';)t/«n/.< (c'est-à-dire l'usure totale des rayures de la pièce) est !')n't'r.<t'))< /'r~«)')n)t'< <i;< cube ~< c\7/f.

On déduit de cette loi, à titre de curiosité, que le canon qui ne pourrait théoriquement supporter que le tir d'un seut

coup aurait pour calibre 84 millimètres. Voici, d'après les observations anglaises, de quelle façon varie la longévité des bouches à feu les nombres des coups indiqués sont ceux au bout desquels l'arasement des ceintures a été produit par les poudres noires

H)2mi)Hm&t.res.

coups

)37

6)"

i52

355

203 234

2.~4

M)1

162

3u5 344 414

204

it9

Allemagne

Le Règlement vélocipédique.

Aux termes d'un

règlement qui modifie des instructions datant de ;Hq~, sont édictées les dispositions nouvelles énumérées ci-après

L'armée allemande a deux sortes de bicyclettes en service une pour le temps de guerre employée seulement aux manoeuvres et au service en campagne, une autre pour les exercices et les besoins journaliers. Les roues des bicyclettes sont munies de pneumatiques; une pompe à air de forme télescopique se trouve dans la poche à outils. Les cyclistes doivent être entraines au point de fournir sans fatigue quatre heures consécutives de course par juur, à raison de )5 à 20 kilomètres a l'heure en aucun cas, ils ne doivent se lancer à travers champs, mais il faut qu'ils sachent passer dans les plus étroits sentiers et se tiren d'affaire dans l'obscurité sans lanterne. L'arme adoptée n'est plus le revolver, mais le fusil ou la carabine, suivant que le cycliste appartient à l'infanterie ou à la cavalerie.

L'habillement se compose d'une vareuse, d'une culotte, d'une pèlerine à capuchon en drap gris imperméable, de bottines à lacets et de courtes jambières en cuir. Les cyclistes ne sont pas obligés de saluer dans les rues où la circulation est grande.

Danemark L'artistique revue .'h'wA.' et .U~r/)te a publié un intéressant article sur t'armée danoise auquel nous empruntons les renseignements suivants Le Danemark a une population de 2 172 38o habitants. Son budget total s'élève à 93 -)2 tQt francs. Le budget de la Guerre à !4 656 8-3 francs. Le budget de la Marine à 9 52~ o6o francs. Les budgets de la Guerre et de la Marine représentent 26,8 pour tou de la valeur du budget total. La même proportion est pour la France de 26 pour 100. Le Danemark tient les clefs de la Baltique; la partie essentielle de sa défense réside donc dans sa flotte at dans ses forteresses, et c'est ainsi que l'on peut considérer Copenhague comme à l'abri d'un coup de main. L'armée de terre, bien que de moindre importance que l'armée navale, est solidement constituée. Le service militaire est obligatoire pour tous les citoyens âgés de 22 ans. It dure )6 ans, dont H ans dans le premier ban et H ans dans le deuxième ban ou renfort La durée du service actif est variable 6 mois dans l'infanterie, 5 mois dans l'artillerie, 9 mois dans la cavalerie. Sur le pied de paix, le premier ban comprend Pour l'infanterie )o régiments à 3 bataillons, plus ) bataillon de la garde. Total, 31 bataillons, avec 800 officiers ct 33ouu hommes. Pour la cavalerie 5 régiments à 3 escadrons, plus de dépôt pour toute la cavalerie. Soit 16 esca< escadron drons, avec ifo officiers et 2 .~f) hommes. Pour l'artillerie 2 régiments d'artillerie de campagne (chaque régiment a 2 groupes de 3 batteries chacun; la batterie compte pièces' 2 escadrons d'artillerie de forteresse, ensemble à 6 compagnies; )2 batteries de campagne; 6 compagnies de forteresse. L'artillerie comprend 180 officiers et )8<x) hommes. Pour le génie ) régiment à <o compagnies, avec hommes. 60 officiers et Total du premier ban ) 200 officiers et .~2 "oo hommes. comprend Le deuxième ban Pour l'infanterie: <) bataillons,2So officiers, tjuuuhom mes. Pour i'artillerie .-) batteries de campagne 3 compagnies de forteresse; 5o officiers; 3o<jo hommes. Pour le génie 6 compagnies. Total du deuxième ban 3'x) officiers, ooo hommes. Total général ?<m officiers, .~ooo hommes,auxquels il faudrait ajouter 3uono hommes disponibles pour alimenter l'armée. L'effectif de paix n'est guère que de 17000 hommes, et seulement une partie de l'année..

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Autour de la Question sociale belge La Mine de la Vieille-Montagne fait croire,

cette année, à r/M.M/MfM~ d'une révolution en Belgique. On sait que la ~MM/M): sociale y à l'état aigu. C'est cependant en ce pays que se trouve un groupement industriel qui, en soixante ans d'existence, M'a~aj C!/ consacrant une étude MM connu ce terrible fléau de r:M~)'~ Mf0< /a grève. Il s'agit de la « ». 0~<!K/.M<MM économique, nous avons ~M MCMf: temps l'occasion de MM!e~ nos ~C~MM ~K)- une M~M/fM des plus curieuses et des MtOHM connues C<6 du 7?;!C.

Des

/nM<M&: ont

~<Mo/Mf

t

Belgique, petite par sa surface et grande par l'activité de ses habitants, nous offre depuis vingt ans le spectacle d'une merveilleuse énergie industrielle et commerciale dont le champ d'action s'étend en Europe, en Asie, en AfriA

qui a réussi à procurer à ses ouvriers une situation matérielle enviable, appuyée en partie sur l'éducation morale, et les a mis, en même temps qu'à l'abri des besoins, à

des passions et des colères.

L'industrie du zinc date de ce siècle. Les anciens ne l'ont pas connue. Les Grecs et les Latins employaient la calamine, qui est un carbonate de zinc, pour la fabrication du laiton. Le

que. Mais il est à

craindre que ce

magnifique essor ne

l'abri

soit arrêté,

compromis. La masse des travailleurs peut se laisser prendre aux mirages de la politique. Dans ce cas, toutes les

naturaliste Pline

donne ce minerai conditions éconocomme découvert miqu.sdetavi-; de son temps, en industrielle belge Germanie. On a HLSrSt\t-:S_DEDAXGLmR. seront rapidetout lieu de supD'après M~e photographie. ment transforposer que l'enmées au détriment de la Belgique. Les ouvriers droit auquel il fait allusion est la mine de Moresnet, résistent, il est vrai, en assez grand nombre. Dans dans l'ancien duché de Limbourg, puisqu'on n'en certaines industries, l'accord a su se faire entre le travail connaît pas d'autre à laquelle on puisse l'appliquer. et le capital, notamment dans les mines et usines de Cette mine de Moresnet, appelée dès 1435 Altenberg, zinc de la « Vieille-Montagne qui fait vivre aujourd'hui la Vieille- Montagne, est le berceau de la Société 30 ooo personnes. Cet accord est la meilleure des barconnue sous ce nom. La Révolution en fit une propriété rières aux utopies et aux excitations de la politique. du gouvernement français qui, à l'instigation de Les troubles, les grèves qui ont éclaté en Belgique ont Napoléon t* la mit en adjudication et l'adjugea passé sans pouvoir entraîner dans leur mouvement de le 26 frimaire !8o6 à l'abbé Jean-Jacques-Daniel révolte les ouvriers de la Vieille-Montagne. Pourquoi? Dony, chimiste Hégeois, avec l' « obligation de faire La réponse est dans l'histoire industrielle de la Vieilleles épreuves qui seraient reconnues M/t'/C~ pour ~)a/"U~Mtf Montagne et dans l'organisation sociale de la Société, ci réduire, à l'aide de fourneaux appropriés, la calaA TRAVERS

LE MONDE.

.'?()*

LIV.

? 5o.

t6 décembre )8c)q.


mine à l'état nM/a//M)~Mt; ». Dony se mit courageusement à l'œuvre et partit de l'idée que les méthodes

employées jusqu'alors n'avaient pas permis de porter la calamine à une température assez élevée. H fit un mélange de ce minerai et de poussière de charbon qu'il introduisit dans un four à réverbère. Afin d'observerce qui se passait dans l'appareil, il adapta sur la paroi de ce four un pot à fleurs qui faisait saillie en avant du massif. Quel ne fut pas son étonnement en voyant bientôt, à travers le petit trou percé au fond du pot, le zinc venir se condenser en gouttelettes dans cette espèce d'allonge plus froide que te four! Sous t'influence de la chaleur, l'acide carbonique s'était dégagé et le charbon avait réduit l'oxyde de zinc. L'industrie du zinc était découverte. Du petit atelier du faubourg Saint-Léonard, à Liège, où Dony avait installé ses fourneaux

rudimen-

désagrègent, se

trient: c'est

assez

long. Le minerai qui a subi le la-

vage est amené sans transborde-

ment dans les

taires, allait sortir l'une des exploitations modernes les plus importantes. Dony ne réussit pas dans la mise en pratique de sa

découverte.

nombreux concours. Elle comporte cinq opérations principales l'extraction du minerai, le lavage, le grillage ou calcinage (destiné à éliminer l'acide carbonique de la calamine), le mélange de l'oxyde de zinc avec la poussière de charbon et la réduction de cet oxyde. II n'est pas nécessaire d'insister sur les détails de l'extraction du minerai, qui s'opère là à l'aide des procédés généraux employés partout ailleurs. Le lavage du minerai, destiné à le débarrasser le plus possible des matières étrangères, est peu coûteux, parce qu'il s'opère sur de grandes quantités et que la force motrice est, pour ainsi dire, gratuite dans la plupart des établissements. Mais c'est une opération assez délicate qui se fait dans des cylindres, à grande eau. Les terres se

mêmes, où il doit subir l'opération de la réduction. On le classe usines

par espèces dans loges

spéciales, d'où on le conduit dans un broyeur à force des

Il

n'avait pas l'étoffe d'un indus-

centrifuge. Cet

triel et, jusqu'en

appareil pulvérise 1846, l'affaire par heure jusqu'à resta médiocre et t2ooo kilos de incertaine. Mais, matières. D'heuL\Iftln'Tlnl\ Dt' nll\ERAI A BEX~BLRt. à cette époque, D'j~r~s H);e ~Ao/o~ra~/tt'e. reuses combinaiM. Saint-Paul de sons de chaînes Saincay prit en main la direction de laVieille-Montagne à godets et de vis ellipsoïdales se mouvant dans des et donna à l'industrie du zinc la prospérité que l'on caisses hermétiquement closes, distribuent automatisait. Son succès fut aussi bien dû à ses qualités de quement les minerais dans les cages où les mélanges philanthrope qu'à ses vues industrielles. Il s'éleva tout se trouvent tout préparés pour la réduction. da suite contre les théories funestes de l'égoïsme Pas de poussières, plus d'hommes sacrifiés, le patronal; il tendit une main amie aux plus humbles prix de revient considérablementréduit, et le travail principaux employés, en leur témoignant comme aux utile décuplé; voilà en quelques mots le résultat obtenu. affectueuse préoccupation leurs intérêts, de et sut une Le broyage produit des grains suffisamment fins pour animer la Société de sentiments de solidarité et d'un avoir un mélange bien intime avec du charbon esprit de corps qui en font une immense famille. Il menu, de la houille aussi maigre que possible, que mourut en 1800, laissant son fils continuer son œuvre l'on met en quantité moindre que le minerai. le avec concours d'un directeur général, un Français, Ce mélange, humecté de façon à se prendre sorti de l'Ecole Normale, M. Edouard Maneuvrier. presque en boule sous la pression de la main,est placé La Vieille-Montagne exploite des gîtes minéraux dans un vase clos, en terre réfractaire, dit cornue ou elle 8 un peu partout en a en Belgique, 6 en France, creuset. Allemagne, puis d'autres Algérie, Suède, 4 en en en La cornue belge est un cylindre fermé par une Sardaigne, Italie, Angleterre. en en en extrémité et ouvert par l'autre; sa longueur est de En 1808, elle a occupé )8y ouvriers et a fait i mètre environ, son diamètre intérieur est de o"iy. vivre, en comptant les femmes et les enfants des l'épaisseur des parois de o '04. Le four est à tirage ouvriers, 20 o66 personnes. Le montant général des à vent forcé et chauffé à l'aide de gazogènes. Lecreuset salaires pendant cette même année s'est élevé à la est porté au rouge avant de recevoir le mélange; l'orisomme de 10 $00 ooo francs. Le salaire moyen de fice en est ensuite fermé avec un cône tronqué en terre toutes les catégories d'ouvriers, depuis le plus petit cuite qui ne laisse que 5 à 6 centimètres à l'extrémité 3 fr. de est manœuvre, ~o. pour le dégagement des gaz, et on lute soigneuseLa préparation industrielle du zinc exige de ment au moyen de terre réfractaire.

i


L'humidité s'échappe d'abord, la houitte perd ses gaz, qui s'enflamment à l'orifice. La flamme, d'abord rougeâtre, devient b)eupâte, puis bleu verdâtre, à mesure que les premières vapeurs de zinc viennent brûler à l'air. On coiffe alors l'extrémité de l'allonge avec une allonge supplémentaire en tôle, qui fonctionne comme condensateur et qui porte à sa partie supérieure un petit trou de quelques millimètres seulement, pour donner issue à l'oxyde de carbone résultant de l'action du charbon sur l'oxyde de zinc. Lorsqu'il n'y a plus de fumées zincifères, la flamme s'éteint la réduction est terminée. On procède alors immédiatement au nettoyage des creusets. Il ne faut pas attendre que la masse qui s'y trouve ait perdu sa

plasticité.H n'y a plus qu'à mettre le zinc en sau-

mons, puis

le

laminer,le battre, et il est prêt à servir aux mille

emplois auxquels il est bon à faire des baignoires ou des clichés pour les dessins du Tour ~/M AfoM~

Telle est, dans ses grandes

lignes, la curieuse industrie du zinc.

de toute rigueur pour assurer )e fonctionnement normal de ces caisses et éviter leur ruine. La première consiste à se rendre un compte bien

exact des charges présentes et surtout des charges à venir, et de bien constituer les ressources et les réserves nécessaires. La seconde consiste à écarter les deux systèmes d'administration, soit par le patron seul, soit par les ouvriers seuls, pour adopter un système mixte. Par là seulement on peut intéresser les ouvriers à la bonne gestion, tout en conservant au patron un contrôle nécessaire. C'est en partant de ces principes que la VieilleMontagne a organisé les diverses institutions qui relèvent de l'économie sociale La rémuné-

ration raisonnée du travail; ins-

titutions

pour

favoriser l'épargne et la pro-

priété

institu-

tions de secours et de prévoyance amélioration de

l'état intellectuel et moral de l'ouvrier. La rémuné-

ration du personLa Vieille-Montanel actif se comgne l'a créée de pose de deux partoutes pièces. l'une fixe. ties Voyons à présent qui est le salaire quelles sont les LA)0\rr:cn;Mi\ErtAt. proprement dit institutions ouD'j~MMe~o~o~r~ l'autre variable et vrières qui font de éventuelle, qu'on appelle la prime. La première est destinée à payer en ce grand établissement le type le plus remarquable de l'usine moderne. quelquesorte le temps consacré au service de la Société. La seconde rémunère l'effort individuel, le succès dû à La Société a considéré que l'agglomération toujours croissante des tràvailleurs autour d'elle lui impoune activité et à une intelligence exceptionnelles. La prime varie avec l'importance relative du travail, mais sait des obligations elle a traité ses ouvriers en collal'ouvrier en connaît toujours le taux, et chaque jour, borateurs, d'après les principes suivants suivant les résultats obtenus, il peut lui-même en 1° Il faut rémunérer l'ouvrier, non sur les frais calculer la quotité. généraux et les bénéfices de l'entreprise, mais d'après Elle dépend du bon rendement obtenu des mineles résultats industriels surlesquels il peut exercer une rais mis en fabrication, de l'économie des matières et influence directe et personnelle; en particulier du combustible, de la perfection et de la 26 La rémunération que l'ouvrier trouve de'son quantitédes produits obtenus dans un temps donné, etc. travail doit être non seulement suffisante pour le faire En un mot elle dépend essentiellement de la vigilance, vivre de la vie matérielle, mais il faut .qu'elle lui de l'attention, de l'habileté de l'ouvrier, qui est ainsi permette d'épargner, pour assurer les besoins futurs. excité à bien faire. 3° Pour que l'ouvrier puisse réaliser cette éparLe compte des primes est arrêté en même temps il faut lui le facilite les patron gne, que en moyens, que celui des salaires fixes, mais la moitié seulement l'y engage soit au moyen de la création de caisses est payée à ce moment à l'ouvrier l'autre moitié est spéciales, soit par des avances faites avec une libérale portée au crédit du compte particulier qui lui est ouprudence. vert. Elle lui est soldée à la fin de chaque campagne Mais minorité d'ouvriers d'élite est 4° une annuelle si, pendant toute cette période, lesconditions seule en état de profiter de telles institutions. La majomorales et matérielles de son engagement ont été remrité a besoin d'être protégée contre les suites de la maplies. En cas de décès, les primes retenues sont intéladie, des infirmités et de la vieillesse, par des institugralement payées aux héritiers de l'ouvrier. La prime tions patronales, caisses desecours, de prévoyance, etc. constitue donc, pour la famille, une épargne toute faite, ou un secours tout prêt: elle est en même temps c" Deux conditions trop souvent négligées sont


pour la Société une garantie qui sanctionne les devoirs de l'ouvrier vis-à-vis d'elle. L'épargne estla première étape vers la propriété. Dès que l'ouvrier possède un pécule, son ambition est de construire ou d'acheter une maison. La Vieille-Montagne n'a cessé de favoriser cette aspiration. Elle a morcelé des terrains pour les céder aux ouvriers à prix d'acquisition elle a fait aux acquéreurs des avances remboursables à très longues échéances pour leur permettre de construire; elle leur a procuré les matériaux à prix d'inventaire, les faisant profiter ainsi du bénéfice de ses achats en gros. La Société a construit des maisons qu'elle a revendues à prix coûtant aux ouvriers, partie comptant, partie en nombreuses annuités. Malgré ces avantages, nombre d'ouvriers ne peuvent ou ne veulent pas devenir propriétaires. En ce cas, la Société leur loue des maisons faites pour eux. Le locataire ne

sonnel atteignant l'àge de soixante ans et comptant trente années de service une pension correspondant à la moitié du traitement. En outre, elle pensionne les employés victimes d'accident ou de maladie, avec réversibilité sur la tête des veuves, des enfants et des orphelins. Tous les employés y sont obligatoirement affiliés dès l'àge de vingt et un ans. La Vieille-Montagne a fondé en '893, à Cointe, un asile de vieillards destiné à recevoir les vieux ouvriers pensionnés de la Société. Il offre, dans ses aménagements intérieurs, tout le confort des institutions de ce genre les mieux conçues salles de logement, réfectoire, salon de lecture et bibliothèque, salle de réunion avec large baie vitrée ayant vue sur la vallée de la Meuse, jardins spacieux, cuisines, lavoirs, bains, infirmeries, etc. A cette institution a été annexé, en juillet !8a8, un orphelinat destiné à recueillir les enfants des

anciens ouvriers

peut loger des personnes étrangères, ni vendre des boissons

alcooliques,

de la

Société. La Vieille-Montagne a eu pour la moralité et

ni

tenir cabaret. Il doit entretenir propres les locaux

l'intelligence de l'ouvrier habités. les mêmes sollicitudes que poursaconditionmatérielle. On peut dire que la L'ennemi le plus redoupresque totalité des ouvriers table de l'ouvrier est l'alde la Vieille-Montagne A.I~LE ne oe wi.<.c. cool. La Société importe de occupent, soit comme proD'a/'t'J~ HMe ~/t0<0~t't! grandes quantités de vins priétaires,soit comme localégers d'Espagne et d'Italie. Les ouvriers peuvent se ~£Itoro habitations convenables, hygiéniques et à taires, des les procurer à un prix très minime, grâce à la libébon marché. ralité des membres du conseil d'administration, qui On a créé, en 1847, deux caisses différentes la payent de leurs deniers les droits d'entrée de ces vins caisse de secours et la caisse de prévoyance. en Belgique. La caisse de secours a pour objet de procurer les L'introduction, la vente et la consommation des soins médicaux et les'remédes. en cas de maladies ou liqueurs alcooliques sont interdites. Tout ouvrier trouvé de blessures, aux ouvriers et aux membres de leur famille vivant de leur salaire, d'accorder aux ouvriers en état d'ivresse est renvoyé. malades ou blessés des indemnités de chômage penPour détourner l'ouvrier du cabaret et dévelopdant toute la durée de la maladie ou l'interruption du per en lui l'esprit de corps, la Société a créé ou patravail régulier, de contribuer aux frais d'accouchetronné dans presque tous les établissements des sociétés d'agrément orphéons, harmonies, fanfares, sociétés ment des femmes d'ouvriers, aux funérailles des ouvriers et des membres de la famille, de donner des de tir, etc. Elle a gaiement créé des écoles. secours temporairesaux veuves, enfants et ascendants Elle a facilité la fondation de bibliothèques, des des ouvriers décédés. Cette caisse est alimentée par écoles d'apprentissage, la création des églises, l'orgagérée prélèvements sur les salaires; elle est par une nisation des services religieux des différents cultes, commission permanente composée d'ouvriers et de diverses auxquelles elle consacre chaque année œuvres représentants de la Société, qui a pris à sa charge les des sommes très importantes. frais généraux d'administration. Ainsi, tout en sauvegardant la liberté indiviLa caisse de ~M~MM attribue des pensions duelle de l'ouvrier, point essentiel de la question ininterrompus, viagères, après quinze années de services sociale, la Vieille-Montagne a su le plier à la disciaux ouvriers devenus invalides par suite de maladie pline. cinquième fixées pensions Ces vieillesse. de sont au ou à sa tâche il ne s'en acquitte s'intéresse L'ouvrier centime l'ouvrier, plus salaire du plus fort un reçu par plus dans l'unique but de gagner son pain quotidien quinaprès la service année de chaque jour pour par il y voit aussi une espérance pour l'avenir. Détourné zième. Cette caisse est alimentée exclusivement par les qui pourraient le conduire à l'oisivité, à la vices des celle-ci. gérée Société la et deniers de par misère, il puise dans une saine hygiène et dans les déLa caisse de retraites est alimentée au moyen qui suivent les heures de travail, la force lassements d'un prélèvement de cinq pour cent sur les appointenécessaire pour affronter les rigueurs de la morale ments du personnel et d'un subside égal fourni, à titre vie. gracieux, par la Vieille-Montagne. N. du membres à les caisse tous Cette perassure

PRi.5

r.

L,r..r:


Mj.

Les Progrès de la Navigation

à Vapeur

depuis soixante ans CiRWiUiam White, directeur des constructions navales de l'Amirauté britannique, l'éminent ingénieur qui a établi les plans de tous les navires de guerre modernes de la flotte anglaise, a fait à l'Association br-

tannique

une

plus petit il avait 20C) métrés L'OeMMM est un immense hôtel flottant, ou plutôt unevraie cité flottante ilest installé pour 4)0 passagers en première classe, 300 de deuxième et i ooo de troisième classe. Et ajoutez 305 personnes appartenant à l'équipage ou chargées du service intérieur, ce qui fait que t'O~M~e pourra porter 2 t0$ âmes. Inutile de dire que cet énorme bâtiment est luxueusementaménagé la salle à manger est somptueuse, assez vaste pour ~50 personnes. Sir William White cite ensuite les derniers paquebots allemands affectés au service transatlantique. Le Kaiser M~VMM der Grosse a y"50 de plus que la Cawpania et file 22 nœuds et demi. Deux grands vapeurs sont en construction pour la même ligne le /3~M~c&land, qui a 200 mètres de long et déplacera 23 ooo tonneaux. Ses deux machines développeront l'énorme

puissance

conférence pleine

33 ooo chevaux et

d'intérêt sur les progrèsde la navigation à vapeur dans les soixante

lui

et filera 23 nœuds et demi. Pour augmenter de

inaugurait

la ligne de New-

3nœuds)a vitesse

York. C'était un

Ses machines

L'autre

plus grand, aura 36 coo chevaux

la Bri-

navire à roues, en bois, déptaçant environ 2000 tonneaux. et filant 8 nœuds et demi.

filer

paquebot sera

En)840,!e ~MMM

feront

23 nœuds.

dernières années.

vapeur

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énormes bâtiments, il faude ces

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LA MEME H(![ELLE

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TRA.fS.tTLA.fnQt'E DE

développaient environ 750 chevaux et consommaient 40 tonnes de charbon par jour, soit prés de 2 kilog. 25 1. par heure et par cheval. En 1871, le premier 0<:eaMMestappe)é à ce service c'est un navire à héHce. fer, de y 200 tonen chevaux, qui file ;4 nœuds et demi. Il neaux, 3 ooo brûle 65 tonneaux par jour, et sa machine consomme environ 950 grammes de houille par cheval et par heure. L'Oceanic, comme la Britannia, avait forte une voilure. Dix-huit ans plus tard, en tSSg. le Teutoiaic entre en ligne. I) a 2hé)ices et lesvoiles ont disparu. Construit en acier, il déplace )6ooo tonneaux et a une puissance de iy ooo chevaux. Sa vitesse est de 20 nœuds; sa consommation journalière s'élève à 300 tonnes de houille; ses machines ne brûlent que 700 grammes par cheval et par heure. La pression aux chaudières, qui était de moins de i kilog. sur la Britannia, de 5 kilog. sur l'Oceanic, est de 12 kilog. sur le Teutonic. Avec la CaM~MM, les dimensions augmentent encore. Ce navire, qui date de 1894, a t8o mètres de long, déplace 20 ooo tonneaux ses 2 machines, en développant 28 oco chevaux, lui font filer 22 noeuds. Sa consommation journalière est de 500 tonnes de houille. Enfin, le dernier géant des mers, qui porte pavillon anglais, est l'Oceanic, qui déplace 25 ooo tonnes. C'est, actuellement, le plus grand navire du monde. Il a2<3 mètres de long, 20' 50 de large, mesure !7030 tonnes; le fameux Great Eastern était un peu

t-O

Er nL f.'OcMMtt; 1E iSgq.

de moitié te déplacement et doubler la puissance de

l'appareil moteur. Les transatlantiques français sont jusqu'à présent moins rapides que ceux de l'étranger. Le plus grand des nôtres, qui soit actuellement en service, est la ToMMMM, de 1~6 mètres de longueur, qui file to nœuds seulement. Mais la Compagnie transatlantique vient de construire deux paquebots plus considérables, la Lorraine et la Savoie ils ont tyy mètres de longueur sur [8 mètres et demi de largeur et doivent filer 22 nœuds aux essais. Là Lorraine a été lancée le 20 septembre dernier, la Savoie le sera prochainement, en février sans doute, car on veut que ces navires soient en service le plus tôt possible. Ils peuvent recevoir 50 passagers de luxe, 3 78 de première classe, <i8de deuxième, 3o8de troisième, avec un état-major de 22 personnes, un équipage de t()2 hommes et un personnel civil de 158

employés.

Ainsi, en 60 ans, la vitesse des paquebots transattantiquespassede8nœudsetdemià 22 et demi, tadurée du voyage diminue de~8 pour cent. La longueur des navires a plus que triplé, leur largeur a doublé, leur déplacement est to fois plus grand. Quant aux machines, leur puissance s'est accrue dans la proportion de 40 à t. Bien que les quantités de charbon consommées dans les 24 heures soient énormes, l'utilisation du combustible est bien meilleure, les machines modernes brûlant parcheval et par heure trois fois moins que les machines de t840. Avec les basses pressions et les machines à roues, chaque tonne de machine ne produisait que 2 chevaux-vapeur; avec les machines modernes et les hautes pressions, chaque tonne de l'appareil moteur donne de 6 à y chevaux de puissance. Si


les consommations de charbon étaient aujourd'hui ce qu'elles étaient en tS~o, un paquebot qui brûle 3 ooo tonnes de houille pour traverser l'Atlantique Nord, en consommerait 9 ooo à la vitesse de 22 nœuds

le poids des machines

dépasserait t~ooo tonnes. En

d'autres termes la machinerie, les chaudières et le charbon auraient excédé en poids le poids total du paquebot Campania actuel. On ne peut trouver une démonstration plus frappante de l'étroite relation qui existe entre les améliorations des machines marines et les progrès de la navigation à vapeur à grande vitesse. H est également vrai que ces progrès ont été rendus possibles par l'emploi de meilleurs matériaux et de meilleures dispositions de construction. On voit par ce qui précède quels énormes progrès ont été réalisés dans la marine pendant les soixante dernières années. Si l'on jetait un coup d'oeil sur le

cargo-boat, le navire transporteur par excellence,

sur les paquebots

affectés à de courtes traversées, de guerre à grande vitesse, de fort et

sur les navires de petit tonnage, l'on ferait des constatationsidentiques. En résumé, l'étape franchie a été considérable, et ainsi les relations entre les peuples lointains se sont développées dans des proportions énormes, et tout porte à croire que l'avenir réserve à la génération présente de grandes améhorations car les progrès de la navigation à vapeur n'ont pas dit leur dernier mot.

Hivernage d'une famille

norvégienne au Spitzberg. A

la fin du siècle dernier, les Russes du gouvernement d'Arkhangelsk fondèrent au Spitzberg des colonies permanentes de chasseurs et de pêcheurs. Ces stations étaient relativement nombreuseset importantes, à en juger d'après les ruines que l'on trouve sur les bords de presque tous les fjords de la côte ouest de cet archipel, ainsi que sur la Terre d'Edge. Les difficultés que présentait le ravitaillement de ces trappeurs et les résultats précaires de leur industrie firent peu à peu abandonner ces établissements, et à partirde !8~o les Russes ne parurent plus au Spitzberg. Depuis, aucune tentative de colonisation n'avait été entreprise sur cette terre polaire, lorsque, l'an dernier, des Norvégiens sont venuss'installerdans cet archipel. Un groupe de ces Scandinaves s'est établi sur une île du Belsound (côte Ouest) et un second dans l'hôtel construit par une compagnie de navigation sur les bords de l'Adventbay, dans l'Isfjord (fjord des Glaces). Cette dernière colonie se composait de sept personnes deux célibataires et deux ménages, dont l'un avec une fillette de trois ans. On sait que M"" Peary, la femme du célèbre explorateur américain, a supporté très vaillamment un hivernage dans le Groenland septentrional et que l'enfant qu'elle a mis au monde pendant cette expédition s'est développé dans d'excellentes conditions. Les Norvégiennes également n'ont été en

aucune manière incommodées par un séjour d'un an au Spitzberg et par la longue nuit hivernale de la zone arctique. Bien plus, l'une d'elles, très gravement malade au début, s'est par la suite complètement rétablie. L'archipel est donc habitable toute l'année, et il devient possible d'y établir un MK~/o~MM pour les personnes délicates de la poitrine, comme on l'a proposé depuis longtemps. il est vrai que cette station d'hiver ne serait pas précisément gaie. La petite colonie s'installa le 13 août 1898 dans l'Adventbay et immédiatement travailla à réunir du combustible pour le chauffage de son habitation. Il était heureusement abondant aux environs. Sur les montagnes voisines, des filons de charbon se rencontrent, pour ainsi dire, à chaque pas, et sur les plages le flot rejette des bois flottés. En même temps, les Norvégiens ne perdaient jamais l'occasion d'augmenter leurs approvisionnements en chassant le phoque et le renne. Sur ces entrefaites, les hiverneurs reçurent la visite du prince de Monaco, en exploration sur son yacht la Princesse-Alice. Toujours compatissant aux humbles, le prince se dérangea de sa route à deux reprises pour offrir à la malade les secours médicaux du bord et ne s'éloignaqu'après avoir été rassuré sur son état. Pendant le mois d'octobre, le fjord resta complètement libre, et, d'après le journal de l'hivernage publié Gang, T~~hristiania, auquel nous empar le pruntons tous ces renseignements, la température fut relativement douce durant cette période. A cette date, le thermomètre oscillait entre–to°et 16°. Même au Spitzberg, l'hiver !8g8-)8c)9 n'a pas été rigoureux. En revanche, les tempêtes furent longues et terribles. Sans une minute de répit, pendant la première quinzaine de décembre, souffla un violent ouragan de Sud-Est. Sous l'influence des coups de vent, toute la glace qui recouvrait l'Isfjord dérivait vers la pleine mer, laissant derrière elle une nappe d'eau complètement libre. C'est ainsi que, le 20 décembre, les Norvégiens purent faire une excursion en canot dans la baie située devant leur gîte. Pareillement, un mois plus tard, un ouragan amena une débâcle dans le fjord. Ces tempêtes déterminaient des collisions terribles entre les glaces; les blocs, poussés avec une force terrible, s'entassaient les uns sur les autres et, empiétant sur les rives, formaient des monticules dont la hauteur dépassait plusieurs mètres. D'après le récit des hiverneurs établis sur les bords du Belsound, ce fjord a été également très souvent libre pendant l'hiver t8o8-t8< Ces alternatives de blocus et de débloquement sont habituelles sur les côtes des régions arctiques, et de la production de ce phénomène est née la conception si inexacte de la fameuse mer libre du Pôle. Ajoutons que l'hiver fut très peu neigeux et que seulement dans les fonds l'emploi des ski était possible. Au Spitzberg les perturbations atmosphériques ne seraient abondantes que sur la côte ouest. A la fin de février 18~0 commença la période des grands froids. Le 26, le thermomètre descendait à–37° et le 4 mars à –~o". Jusqu'au avril, il s'abaissa souvent jusqu'à –~o°. En revanche, le printemps fut relativementdoux. Dans les premiers jours de mai,la température oscillait entre- io°et–y°,etle t~ elle s'élevait à o°. Dèslecommencementdejuin, un large chenal d'eau libre était ouvert, et, le 2t, le prince et la

~M


princesse de Naples arrivaient avec leur yacht à l'Adventbay. La situation de la petite colonie était alors assez critique. Un des hommes s'était grièvement blessé, un autre était alité, atteint par le scorbut. Grâce aux bons soins que leur prodigua la princesse avec la plus touchante bonté, les malades se rétablirent promp-

tement, et dans le courant de juillet la petite troupe regagnait ta Norvège. Trois ours, une cinquantaine de rennes et de phoques, tel a été le maigre résultat d'un séjour de douze mois au milieu des glaces polaires. Les hiverneurs du Belsound n'ont guère été plus heureux. Aujourd'hui, il n'y a plus de gibier au Spitzberg. CHARLES RABOT.

Un

f

Observatoire météorologique au Tonkin

gouvernement avait chargé un missionnaire, le P. Froc, directeur de l'observatoire météorologique

E

de Zi-Ka-Wei, près Changhaï, de choisir un emplacement dans notre colonie indo-chinoise pour y créer un établissement semblable à celui qu'il dirige. Le choix de cet habile savant s'est porté sur une petite colline

duPhulien.près d'Ha'fphong (Tonkin). Cette élévation,

appelée Ka-Lam, n'a pas plus de 120 mètres d'altitude et l'on s'est étonné de ce que le P. Froc n'eût pas choisi un lieu beaucoup plus élevé. Mais c'est une grave erreur de croire que les plus grandes altitudes sont les plus propres aux observatoires météorologiques. La colline de Ka-Lam a été choisie parce qu'elle est relativement voisine de la mer et que les collines environnantes forment autour d'elle une sorte d'entonnoir où se produit la répercussion des phénomènes atmosphériques de toute la région intérieure, de celle du littoral et même de la haute mer. De la sorte, l'observatoire de Ka-Lam sera météorologique et maritime en même temps. Son directeur est déjà désigné. Il se trouve actuellement à ZiKa-Wei, chez le P. Froc, pour se faire la main aux instruments spéciaux dont la science fait usage en ces régions.

ordre en cultivant dans certaines de nos colonies un arbuste originaire du nord de la Chine, appelé .ËM~owM. On sait toute l'importance que le développement de l'électricité et de ses multiples applications a donnée à la gutta-percha. Or, jusqu'à présent, la production de cette précieuse matière, dont le prix dépasse souvent i~ francs le kilogramme, est limitée aux îles de la Sonde. Jusque-là, tous les essais tentés pour introduire l'arbre à gutta de Java dans nos colonies n'ont donné que de faibles résultats, car ces plantes ont des exigences telles, que les colonies où l'on peut en essayer la culture sont très limitées. La découverte de l'utilisation d'une nouvelle plante est donc importante. L'~HeoMM peut être cultivée sous les climats tempérés. La gutta extraite des fruits. de cette plante est de très bonne qualité et les fruits en renferment la proportion énorme de 28 pour cent. D'ailleurs, les feuilles et les rameaux contiennent aussi cette substance et peuvent être utilisés. Voilà donc une plante nouvelle qui va être une source de richesse pour nos colonies, et le Jardin colonial, qui en possède trois spécimens, compte la propager rapidement et l'envoyer tout d'abord en IndoChine, dont le climat sera très favorable à sa culture, puis dans d'autres colonies. Il n'est pas sans intérêt de faire remarquer, en passant, quel rôle important peut jouer notre Jardin colonial en faisant connaître des plantes nouvelles de l'utilité de celle-ci. Le point curieux est que cette plante, originaire du Nord de la Chine, a été étudiée et propagée au Jardin colonial, à Paris, et sera à nouveau expédiée en Orient, où les études du genre de celles qui ont été décrites à l'Académie n'auraient pu être faites.

Constatons enfin qu'il ne faut pas trop se hâter de répéter que seuls les Anglais sont compétents en

matière de mise en valeur du sol colonial. L'~MCOMM a été étudiée à Londres en 1892, et l'on n'a pas su alors déterminer la place importante que cette plante est appelée à tenir dans les cultures coloniales.

de conférences à l'École normale ~Va/K/'f <7-o/M/f, i vol._ia-8° de la TB/Msupérieure. ~ciM/i'~Mf it!<<H~e, cart. à l'anglaise, 6 fr. (Félix Alcan, éditeur).

J. Costantin. maitre

/Mf

tL 'IMPORTANCE sans niales

Une nouvelle Plante

à gutta-percha

La

Culture de l'Eucomia )\;f

Jean Dybowski, l'actif et savant directeur du Jardin colonial de Vincennes, vient de présenter à l'Académie des sciences une note intéressante sur la possibilité d'obtenir une gutta-percha de premier

cesse, croissante des questions colovient ajouter un véritable intérêt d'actualité à l'intérêt scientifique du livre curieux que publie M. Costantin dans la 7?;o/Mf:' .s'c/7~Ke n~t'rM/MM~/c dirigée par M. Em. Alglave. L'auteur nous révèle tous les secrets de la végétation puissante des forêts vierges, si différentes des petits bois de nos climats, et surtout les associations de vie qui s'établissent entre les plantes les plus différentes. Comme dans les sociétés humaines, on y voit toutes les formes de la charité, du parasitisme et de la solidarité. L'ouvrage se termine par l'étude scientifique des légendes sur le déluge qui existent dans toutes les religions, et il montre à quels phénomènes réels on peut les rattacher.


Pour les Voyageurs-CoUectionneurs

Récolte des Annètides

dont les tuyaux unis les uns aux autres en masse compacte présententdes orifices disposés régulièrement comme l'.h~<r/<c des alvéoles d'abeilles des /)M:<M,qui fixe ses tubes sur les coquilles de ces mollusques et nuit, dit-on, à leur propagation. Les annélides ~o;<j);c/'M sont des vers marins ~H~ fourreau, que l'on trouve dans la vase et sur le sable à marée basse, dans les creux des rochers et surtout dans les herbes marines. Parmi eux, nous citerons les .Yer~M, dont plusieurs petites espèces sont phosphorescentes les ËM;c~, dont quelques individus atteignent jusqu'à 1~,20 de ANNÉDDES DES HABITAT longueur. Certaines espèces sont parées plus brillantes couleurs telle est Sauf les vers de terre, tous les des (.-l/)ro~/<MjcM/fj< annélides sont aquatides et, en majo- l'Aphroditehérissé long de cinq à six pouces, qui vit sur rité, marins. nos côtes enfoncé dans la vase il est Les libres. et sont plupart La nus jaunâtre, avec des soies latérales irisées Tubicoles, au contraire, ont été ainsi dé- des plus beaux reflets dorés, argentés, nommés, parce qu'ils se renferment, pour rouges, verts, bleus, etc. ne plus en sortir, dans une sorte de L't')'/co/e des Pécheurs, qui atfourreau tubulaire constitué, soit par la teint 25 à 3o centimètres de longueur, sécrétion directe d'une matière calcaire est reconnaissable à ses treize paires de ayant beaucoup d'analogie avec la co- branchies qui forment de petites touffes quille des mollusques, soit par l'aggluti- arborescentes dans la région moyenne nation de grains de sable, de fragments lorsqu'elles qui, du sont et remcorps, de coquilles et d'autres petits corps. beaucoup s'épanouissent plies de sang. Ainsi les .Scr~M habitent des et sont d'un beau rouge. Cette espèce tubes calcaires homogènes, ouverts par est très abondante sur les côtes sablonun seul bout, qui s'enroulent autour des neuses de toutes les mers de l'Europe, corps sous-marins situés dans leur voi- dans la zone moyenne des marées. Elle sinage. Il n'est pas rare de trouver dans s'enfonce de un à quatre pieds de prol'Océan des coquilles chargées de tubes fondeur et vit à la manière des vers de On trouve de la .S't'r/ Elle absorbe le sable ou la vase des groupes terre.en extraire les principes nutritifs et également, sur les rochers, considérables de tubes de la .S't;r~ pour les rejett: sous forme de vermiculations semblables à celles des lombrics. tube coLes ~h~/f.! sécrètent un Parmi les Annélides a~rjxc/tM, on verticalement, fixé gélatineux, riace ou les Thalassèmes dans les sables ouvert à un seul bout, et généralement trouve le bord de la mer. Au contraire, les enduit à l'extérieur d'une couche de sur .YaMM, au corps allongé comme celui limon argileux. des vers de terre, vivent dans les eaux Les 7\f~f//<< vivent à l'intérieur douces, et sont assez communes dans la de fourreaux ouverts antérieurement, vase de nos ruisseaux. presque fermés en arrière, membraneux Il y a des sangsues d'eau douce et et peu solides; elles les entourent de des sangsues marines. Certaines vivent fragments de coquilles ou de grains de les poissons, telles que sable. Cette particularité des Terebelles en parasites sur des eaux douces, et les permet parfois de faire sur leurs four- les Piscicola marines. Müller a trouvé la Pisreaux la découverte de petites coquilles ./t/o))M cicola ~M~t'/yj presque dans le gosier ou de débris que l'on n'aurait pu faire d'un brochet. Les Albiones s'attachent directement. M. 0. Terquem a recueilli et en grande quantité, de cette façon, à Dunkerque, outre un particulièrement, des grandes espèces grand nombre de petites coquilles, beau- autour des branchies carnassières de poissons, telles que les coup de foraminifères et d'entomostra- requins, les raies. cés. Il a même constaté sur des tubes Les sangsues nagent avec aide Terebelles la présence de deux fossiles l'un est une .EH/r~<e de 7~t<j- sance, en oscillant comme de petits sert'r/c', appartenant au terrain secon- pents, ou bien rampent sur les surfaces qu'elles rencontrent. Beaucoup d'esdaire, l'autre, une .4/)~M tertiaire. se Les tuyaux des ~m/<r//< sont pèces se fixent habituellement, pour pierres de formes et de matières variables. On reposer, aux herbes et aux à leur portée. Il en est, trouve sur toutes nos côtes l'~lm~<e qu'elles ont <<'M/~o))!j, qui montent dorée, qui se tient sous les pierres et comme les dont le tube, de deux pouces de long, souvent à la surface et se renversent est formé de petits grains ronds de di- pour se laisser emporter par le coul'~t M/t'<r/<~ à .7/- rant. verses couleurs

Les Annélides font partie de ces animaux déshérités de la nature au point de vue des formes extérieures qui, pour cette raison, sont généralement négligés par les collectionneurs. Ainsi que j'ai déjà eu l'occasion de le faire remarquer à plusieurs reprises, c'est justement là un motif puissant pour que les voyageurs se préoccupent de recueillir les exemplaires de ces animaux qu'ils seront. à même de rencontrer, car il y a à faire sur ce terrain peu exploré des découvertes importantes. Voici quelques indications de nature à guider utilement les collectionneurs.

<<or~M/

t't'rm/t'

M'u/M,

CONSERVATION DES ANNÉLIDES Jt est facile de collectionner et de conserver tes enveloppes vides des Tu~co/e.< à titre de curiosités, mais elles

n'ont guère d'importance au point de vue scientifique, parce que seuls leurs habitants peuvent servir à la détermination des caractères génériques et spécifiques. Pour les recueillir utilement, il faut les détacher à l'état vivant des rochers maritimes où ils sont fixés et les plonger aussitôt dans l'alcool. Les vermiculations rejetées par les Arénicoles trahissent au dehors la présence des galeries où se tiennent ces annélides, galeries tubulaires toujours plus larges que le diamètre du corps, et auxquelles leurs habitants donnent de la consistance en les tapissant d'une matière gluante qu'ils sécrètent. Tous les pécheurs de nos côtes et surtout ceux du Havre, où les Arénicoles sont très abondantes, les recherchent beaucoup, et s'en servent comme appât pour amorcer leurs hameçons pouf la pêche du poisson. A marée basse, quand les sables sont découverts, des hommes armés de bêches vont aux endroits habités par ces annélides, et creusent quelquefois jusqu'à trois ou quatre pieds de profondeur pour les atteindre. Lorsqu'on la touche, l'Arénicole fait sortir de son corps un liquide jaunâtre, et cherche à s'enfoncer de nouveau dans le sable en creusant avec sa trompe. La plupart des sangsues meurent dès qu'on les retire de l'eau, ou lorsqu'on les place dans un liquide autre que celui où elles ont l'habitude de vivre par. exemple, les sangsues marines ne vivent pas dans l'eau douce. Toutefois,

ces dernières peuvent être conservées longtemps vivantes dans de l'eau salée avec du chlorure de sodium.

Certaines sangsues sont à redouter par les voyageurs Ceux-ci, dans les pays chauds, doivent toujours examiner avec soin l'eau servant à leur boisson, pour s'assurer si elle ne contient pas quelqu'une de ces hirudinèes. Ainsi. la sangsue d'Egypte, très abondante dans les eaux douces de ce pays, a occasionné, lors de l'expédition de Bonaparte, des maladies très graves à beaucoup de soldats qui l'avalaient en buvant. Elle s'attache avec force à l'entrée de la gorge, et l'on ne pouvait s'en débarrasser qu'en avalant beaucoup d'eau saturée de sel. (Larrey, /<«/rf <'A;'rMr-

~/c.t' de l'armée d'Orient, p. P~.)

D'autres sangsues s'attaquent aux jambes des voyageurs. Telle est la sangbue de Ceylan, qui vit dans l'herbe. Le sel étant le poison par excellence de toutes les sangsues d'eau douce, des guêtres imprégnées de saumure sont le meilleur préservatif contre de semblables attaques. PAUL COMBES.


Les Regards du Pré-Samt-Gervais La M/~ de /*a)'M, qui vient de décider la démolition de la ~0)M~ à feu de Cbaillot, a décidé ~~W~t< le classement parmi les monuments bistoriques, des regards d'eau de l'alimentation ~~r~M/~M~ de Paris. Cette mesure était depuis fort les archéologues, et il est certain que c'est à leurs efforts et à leur insistance que ces débris de ~Mlongtemps réclamée sauvés. Pa~/H' ces regards, les plus curieux sont ceux du P/a<H~-G~<!M, la ~)~)MK'~ que celle-ci ~M< débordé sur les deux eoMMMMe suburbaine qui concourut au yai)tYa<7~))!eM< aquatique de la capitale, toire parisienne devront de

ft~

la Seine.

r~ÈjA au temps des Romains, les sources gervaisiennes mises à contribution, à preuve cette gargouille (dont nous donnons la photographie) et qui fut

étaient

retrouvée par

Saffroy, un fervent du vieux PaM.

ris, qui voudrait

qu'on replaçât sur

!echâteau-d'eau!es armoiries du Pré,

lesquelles n'é-

quoique de beaucoup plus du Pré-Saint-Gervais, intéressants et appartenant évidemment à la ville de Paris, je me permettrai de donner quelques détails sur ces petits édicules qui jettent leur note pittoresque dans les terres détrempées du Pré. Moi aussi,

j'ai fait

le

voyage decettecommune,

lisant jus-

taient autres que

m'en

du couvent SaintLazare, dont le

)a«vaUée~,et

celles des religieux

qu'aux cheviiïes dans la glaise de

Pré-Saint-Gervais

ceux qui aiment

était une dépen-

le

avoir appartenu toutefois, si nous

même

dance. après en

croyons

Le-

pittoresque et l'imprévu n'ont qu'à faire de je gage

qu'ils ne regretteront pas leur dé-

beuf, aux relirangement. Tout gieux de SaintRr,G~%RDDU UAltR.(.;¡~, SIS Rt;r. D--$ LIL~IS, L.N FAGE LA i~uE De 1l.\L:XOI.ET. d'abord, l'oeil des Denis. Nous en reD'a~'r~'HH~tO/o~rj~At'e. excursionnistes parlerons tout à est frappé, en de l'heure. Pour le certains endroits, par de petits édifices en pierre moment, occupons-nous de cette gargouille, qui ressemblant assez, suivant la perspective d'où on les prouve irréfutablement l'ancienneté des adductions aperçoit, à des ruches d'abeilles ou bien à des tomd'eau du pays aux ressources de Paris. beaux. Nonobstant sa ressemblance avec les cabochons du Pont-Neuf, elle possède bien une facture antique, Ce sont les regards des voies qui suivent ou ainsi que le montre notre gravure; les oreilles, les suivaient -les sources descendant de la colline bellecheveux, la barbe de cette figure, simulés par des fucus villoise, encore qu'au Pré les habitants soient presque adaptés à l'ornementation sculpturale, ne laissent tous condamnés à l'eau de Marne. fittrée. ce qui ne la rend peut-être pas meilleure aucun doute à cet égard. Sans vouloir commenter l'excursion des membres i. Les eaux de Belle-Ville étaient certainement d'un de la Commission du vieux Paris, qui firent l'année petit dèbtt, car les dames de la Roquette suffirent a elles dernière un voyage aux regards de Belleville et ne seu:es pour tarirun rendement annuel, et le roi dut retirer la à devoir accorder même attention crurent pas ceux à ces religieuses le bénéfice de leur concession, pour ce


<.UAiL\L')Jt;AU,t'HCE:r'f;LAMUn)L(t-R'SUr;T-CË)tVAIs).

D'a/'t'~u))c~<!0<o~)'.7~)t'.

C'est de toute antiquité que l'eau du Pré-SaintGervais fut introduite dans l'alimentation parisienne l'histoire est là pour nous en rendre témoignage. Indépendamment des Romains, qui prirent les eaux du Pré avant d'utiliser celles de Rungis', on sait que les abbés de Saint-Laurent et de SaintMartin-des-Champs firent dévier les eaux du PréSaint-Gervais du haut de Romains-Ville et de MesnilMontant. Philippe-Auguste qui, le premier, songea à embellir Paris et à paver ses rues, n'oublia pas non plus l'eau, ce facteur indispensable de l'hygiène, et c'est au Pré-Saint-Gervais qu'il alla, lui aussi, la chercher pour alimenter les fontaines qu'il avait fait élever près des Halles construites tout nouvellement2; ce fut encore l'eau du Pré-Saint-Gervais qui alimenta les fontaines du Palais de justice, rendues publiques sous Henri IV. Les 7<~M~ du Pré-Saint-Gervais ont été le lieu de prédilection de Delille, de Ch. Nodier, de Paul de Kock et d'autres écrivains. Delille composa, dans leur voisinage, son poème sur les Jardins, et certains auteurs en ont parlé avec

lyrisme dans leurs ouvrages. Le joyeux conteur que fut Paul de Kock en a fait même une description assez détaillée dans l'un de ses romans. Le Pré a bien changé depuis cette époque, et il

pas indisposer les autres habitants et arrêter le mécontentement, qui devenait général et menaçait de tourner à l'é-

meute. Prés-Sain!-Get\ais, du moins la plupart de ces eaux, sont crues et calcaires; elles ne peuvent même rincer le linge, et on ne s'en sert guère que pour arroser les rues. Mais c'est que les bonnes sources se sont taries ou qu'elles se sont souillées au contact des industries modernes. 2. L'une de ces fontaines était la fontaine des Innocents, reconstruite depuis et ornée, par le célèbre Jean Goujon, de la plupart des sculptures qu'on v admire 1. L'eau des

va changer encore, car, s'il faut en croire certaines rumeurs, l'un des regards de la sente aux Cornettes (déjà enfoncé en terre) perdrait prochainementson air pittoresque et son aspect tumulaire. Il paraît qu'on va établir unegranderoute, largede t~mètres.destinéeàrejoindre Belle-Ville (proj.tdéjà proposé et rejeté). Le niveau de cette route sera plus élevé que le regard qui se trouve à mi-eôtedu versant,il atteindra la hauteur du toit; aussi ce regard sera-t-il (toujours d'après les on dit) surélevé d'un étage, ce qui le détérioreratout autant que si on le supprimait. La porte actuelle en sera murée, et tout ceci donnerait créance à d'autres rumeurs qui courent, rumeurs concernant toutes les nouvelles constructions de la Vallée. En t8~ ou t844, la sente aux Cornettes avait été déjà coupée en deux par le Génie pour y faire passer la route stratégique qui conduit au fort de Romainville. Le Génie ne passe pas pour respecter beaucoup le pittoresque. 11 se préoccupe peu de savoir si les routes qu'il trace ou les fortifications qu'il élève ajoutent ou suppriment quelque chose à l'agrément du paysage. Aussi cette route, morcelée, hachée, faite de palissades décloses et de murs en torchis, riches en brèches, dévale-t-elle, raide et glaiseuse, comme une route de montagne. A l'endroit appelé le 7')'OM Marin, où se trouve le regard cité plus haut, git uns zone de terres défoncées. grises, crayeuses, d'où émerge une sorte de cabanon en pierre, à toit aigu comme une niche à chien c'est un

autre regard.

Mais là, on n'entend plus le moindre

susurrement

aquatique, et on l'ignorerait bien certainement si la ville de Paris ne l'avait pris sous sa protection. en s'en déclarant ptopriétaire. Un troisième regard et non le moins remarquable en ce sens qu'il est le mieux conservé et en vue du passant se trouve rue de Bagnolet, à la fourche de l'avenue des Lilas; les amateurs d'archaïsme pourront le voir encore longtemps, aligné sur le trottoir, dans une rangée de maisons, avec son toit à glacis superposés, sa porte rouillée. et verrouillée, son escalier de pierre qui descend dans le sol, et son ins-


Pré défendu seulement par des soldats blessés et des infirmiers, laissés en arrière par le duc de Rohan, qui avait fort à faire lui-même pour défendre Belleville, attaqué par les Prussiens et par les Russes. Lebeuf, le savantissime et érudit chanoine, qui vivait au xvm° siècle, puisqu'il mourut en 1760, assure que le Pré~-Saint-Gervais possédait le plus ancien aqueduc, lequel rassemblait les eaux de Pantin et de Romainville pour Paris. Il assure aussi que le château d'eau de la place de la Mairie (dont nous reproduisons la photographie) existait déjà de son temps et s'appelait la Belle-Fontaine. Les armoiries du Pré, que l'ondoit replacer

DEUXIEME

n\RRAGEDt:).ASENTE-Arx-C(1R\'ETTKS)'RÉ-SA)N)'(;ERVAIS}.

D'a/'r~MMe/'Ao/o~ra~/o't;.

cription, qui se trouve gravée sur l'angle du côté

droit:

'743 REGARD DE BERNAGE

Devant et derrière, ce regard possède un robinet qui donne de l'eau, ce qui n'existe pas aux autres regards. Seul, celui de la sente aux Cornettes (côté gauche en montant) a l'avantage de laisser entendre le bruissement de son eau. Les pierres de son toit et de ses murs sont ornées d'inscriptions aussi vieilles que pittoresques. Un des sculpteurs in partibus, qui fut chargé jadis de décorer le petit monument, a même signé son œuvre, et encadré son nom de deux têtes de chien bouledogue, armoiries parlantes peut-être. Malgré tous les changements qu'il a subis, au cours des siècles, le Pré-Saint-Gervais est un coin de la banlieue de Paris qui mérite d'être visité. Jadis couvert de bocages (son nom champêtre l'indique) avec une seule rue (aujourd'hui la GrandeRue), il s'est peuplé peu à peu. C'est aujourd'hui une petite ville, un chef-lieu de canton même, qui ne compte pas loin de 8 ooo âmes, et qui s'étend tout le long de l'enceinte fortifiée de Paris, au pied occidental des coteaux et du fort de Romainville. Les usines y sont nombreuses on y trouve un peu de tout, en fait d'industrie des distilleries, des fabriques de parfumerie et de savons, d'appareils à gaz, de billards et des fonderies de graisses et de suifs. On y voit enfin pas mal de pépinières. Saint-Denis détint le Pré ou les Prés-Saint-Gervais (car les deux appellations sont courantes) de la munificence de Charles le Chauve, qui le désigna sous le nom de Leudelini curtis, proche la forêt de Mandam, qui devint, dit-on, Mautemps, puis Mesnil-

château sont, comme je l'ai dit plus haut, celles du couvent de Saint-Lazare. Mais ces armoiries sont-elles bien celles qui s'y trouvaient autrefois? Gilles Corrozet, dans son Trésor des Antiquités de Paris, les décrit comme étant un écu surmonté d'un lis de France. Or, sur les armoiries que l'on veut restaurer, il y a trois lis. Est-ce une erreur d'interprétation, un à peu près, ou une mauvaise lecture héraldique de la part du pourtant érudit Corrozet? Ne serait-ce pas plutôt le sceau qui fut trouvé en Normandie, dans un terrain distant de Paris de yo lieues. Ce sceau est en bronze, ovale, et mesure 2 centimètres sur 3 il est antérieur au \v~' siècle, et existait quand .S~KM~a~P~M était encore une ladrerie (léproserie) dédiée à saint Lazare et à saint Ladre. En tout cas, et quoique différentes, les deux armoiries représentent Jésus ressuscitant Lazare; mais la seconde ne porte qu'un lis. A ceux qui douteraient que les eaux du Pré allassent jusqu'à Saint-Lazare, je leur dirai que Paris a deux rues qui conservent le souvenir de cette adduction d'eaux gervaisiennes. Ce sont les rues du Chaudron et de l'Aqueduc. Enfin, pour ceux qui douteraient que des armoiries fussent placées sur un château-d'eau,je les prierai d'aller voir un regard, un simple regard, à Belleville, où se trouvent exposées les armoiries des Chevery, seigneurs de la Roquette. ROLAND MONTCLAVEL.

Montant. Une tradition veut qu'Henri IV y ait eu son rendez-vous de chasse (toutes les banlieues de Paris veulent avoir leur château Rouge). Plus tard, les Vurtembergeois de l'armée alliée mirent fort à mal le

sur le

GAm.OUtU.E GALLO-ROMAtKK TRUU\'[.H DANS t"J CHAM)'.

D'~r~~He~o~o~o/Nf.


Statistique, le détail de la population et de la superficie de tous les pays sur lesquels les divers États ont étendu leur domination effective ou nominale. Nous extrayons des travaux de M. Paul Barré les totaux résumés suivants Revue de

Le Trafic du Canal de

Suez

T ES fêtes qui viennent d'avoir lieu en-l'honneur du trentième anniversaire de l'inauguration du canal de Suez donnent de l'intérêt aux chinres qui montrent la progression du trafic de cette voie de navigation et que nous trouvons dans une très intéressante brochure de M. J. Charles Roux, sur l'oeuvre de M. de Lesseps. Dans le relevé très complet des revenus de l'entreprise, il est constaté que 3 503 navires ont traversé le canal durant l'année 1898; sur ce nombre, 2 295 battaient pavillon anglais. Le tonnage des navires anglais a également augmenté il s'est élevé, pour t8g8, à 6 ~y 743 tonnes. Le nombre des navires britanniques et de leur tonnage a été, respectivement, de 65,5 p. ;oo et 68,2 p. ]oo en 1898, au lieu de 63,8 et 67,4 p. too pour t8()y. On constate une légère diminution dans le tant pour cent des navires allemands, français, hollandais et norvégiens, tandis que, au contraire, une faible augmentation s'est manifestée dans celui des Japonais. Dans l'espace de dix ans, de 1888 à 1807, le tonnage annuel s'est graduellementélevé de 6 640 834 tonnes à y 889 373 tonnes et les droits de transit, de 64832 27~ francs ont atteint 72 830 545 francs; ce qui donne une moyenne annuellede 7 733 ootonneset de 73 o8o 683 francs. En 1898, le tonnage a été de 9 238 603 tonnes et les revenus du droit de transit de

francs. En 1870, ces revenus avaient été de 4 500 ooo francs La durée moyenne du passage du canal est actuellement de 18 heures, depuis que, grâce à l'éclairage électrique, on peut circuler la nuit. A l'origine, il fallait près de 30 heures, car on était forcé de stopper pendant la nuit, ce qui faisait perdre environ )2 heu8~ 294 769

res.

Le nombre des passagers effectuant la

traversée du canal s'est augmenté dans de remarquables proportions depuis 1870; cette année-là, le nombre en était de 26 758; en 1880, il s'était élevé à 08900, puis à i6f 3~2 en 1890, et enfin en 1898, il a été de 2'9 729.

Les M

grands États du Globe et leurs Colonies.

Barré, secrétaire de la Société de Propagande coloniale et de l'Association Polytechnique. a récemment fait le relevé des possessions extraeuropéennes des diverses puissances et donné, dans la PAUL

Population des États du Globe ayant plus de 10 M!M«~ d'habitants, avec toutes leurs dépendances. Empire Anglo-Indien. 406 millions d'habitants Empire 400 Empire ~21/2 France et 971/2 Etats-Unis d'Amérique et

Chinois. Russe. Colonies.

a.

Colonies. Colonies.

851/2

Japon.

6)/2

Allemagne et

Autriche-Hongrie Hollande

Italie et Empire

et

Colonies.

Colonies.

45

4<

42

Ottoman. ~5)/2 et État

Betgique

du Congo.

Espagne et

Brësi)

Colonies.

~3'

Colonies.

Mexique.

Portugal et

Superficie des Empire Empire Empire

'/2

18 17

~~5 ooo ))

du Globe ayant ~)/M~ de de kilomètres carrés.

Russe. Chinois.

Ang)o-!ndien.

million

ooo ooo kiiom.carrés~ 22 8oo ooo 200 ooo )8o ooo 9 826 ooo 8 ~62 ooo 3 200 000 2 o8p 000

;i

i Co)onies.

Brésil. Ottoman. France et

570 000

États-Unis et

possessions.

Allemagne et Empire

Colonies.

Argenline.

République Portugal et Colonies Belgique et État du Congo.. Hollande et

2

~no 000

Colonies.

360 000 2 ~20 ooo 947 000

8o)ivie.

000 ooo 000

Mexique. Perse. Colombie

Venezuela. Colonies. Pérou

Espagne et

2

947 645 ~24 203 <37 044 01~

000 ooo 000 000

L'Angleterre est donc arrivée à être la première puissance pour la population et pour la superficie elle englobe à elle seule le quart de la population du genre humain un second quart est Chinois. L'autre moitié de la population du globe est répartie entre la multitude des autres puissances. t. Dont 40400000 habitants en Europe, 3o83oo fxx) habitants en Asie, .)? millions d'habitants en Afrique (sans j'E~yptej, too ouo habitants en Amérique et 5 .~ou ooo habitants en Océanie environ. 2. Dont 38 3oo ooo habitants en Eu. ope, 23 600 ooo habitants en Asie, 35 millions d'habitants en Afrique, 420 ooo habitants en Amérigue et )5o ooo habitants en Océanie. 3. Dont 32? ooo kilomètres carrés en Europe, 823 ooo kitometres carrés en Asie, ô Hoo ooo kilomètres carrés en Afrique, 9 {04 ooo kilomètres carrés en Amérique et 8?~ ooo kilomètres carrés en Océanie ). Dont ?36 ooo kilomètres carrés en Europe, 802 ooo

kilomètres carrés en Asie, 0600000 kilomètres carrés en Afrique (avec zones d'influence), 2ù3 ooo kilomètres carrés \en Amérique et 39 ooo kilomètres carrés en Océanie.


nouveau Chemin de fer en Afrique Les Grands Lacs en communication avec le Bassin du Congo

Un

y"' RACE au chemin de fer de Matadi à

Dolo et aux vapeurs qui sillonnent le Congo jusqu'aux Stanley-

Falls, les parties occidentale et centrale de l'État du Congo sont aujourd'hui traversées par une voie de

grande communication,

sans solution de continuité. Au delà des Falls les affluents du Congo, qui ouvrent des routes vers l'Est, sont tous coupés de rapides, et l'on ne saurait songer à les utiliser pour relier pratiquementles provinces frontières et leurs grands lacs aux Falls et au Pool. Dans ces conditions, l'État du Congo vient de prendre les premières mesures pour l'étude d'un vaste projet en vue de compléter vers l'Est, jusqu'aux grands lacs, la voie Banana-Matadi-PoolFalls. Le problème semble

hérissé de difficultés. En effet, au delà des Falls et du Congo-Loualabas'étend, sur )ëo lieues de profondeur, la grande forêt équaTRACK PROJET!; DES <H!:M)\S R]: toriale dont nous connaissons les sombres solitudes par les expéditions de Stanley, de von Gôtzen et de Dhanis. Plus loin, le pays se relève en une succession de terrasses mouvementées, jusqu'à )a ligne de faite, que jalonnent des hauteurs et des monts projetant leurs

sommets jusqu'à environ 2 ~oo mètres de hauteur audessus du niveau du Loualaba. Puis, à l'est de cette gne, où prennent leur source l'Arouhouimi, la Lowa, l'Urindi, l'Élila, etc., le terrain s'abaisse en pentes brusques, presque en falaises, aux pieds desquelles s'ouvre le « Graben étroit, au fond duquel reposent es lacs Albert (att. 648 m.), Albert-Édouard (c~y m.), Kivou (i 4~0 m.) et Tanganyika (812 m.). Ce sont les rivages de ces mers intérieures qu'il s'agit de relier par des voies ferrées au terminus de la navigation du Congo (Stanley Falls), en passant à travers la grande forêt et par-dessus la ligne de faite du bassin central. Il y a environ un an, ditle AfoM~Mf~~o~Mf, à la suite d'études sommaires, il parut que la solution

devait être obtenue à l'aide d'un ensemble de lignes distinctes la première, utilisant comme point de départ le cours inférieur navigable de l'ltimbiri, devait gagner ta vattée de l'OueHé et se diriger vers Redjaf, surr le Nil une autre devait partir de Luzambo, sur le Sankounou, traverser les bassins du Lomami et du Kamolondo, pour aller atteindre ta rive occidentale du Tanganyika, par la vattée de la Loukouga. Ce projet primitif fut abandonné, et, dès la fin de l'année dernière, le gouvernement de l'État adoptait en principe un plan d'allure plus simple, mais non moins grandiose, sous le rapport des difficultés que rencontrera sa réalisation. La station des Falls était prise comme point de départ et comme base du nouveau chemin de fer. Celui-ci, soit par la vallée de la Tshopo, soit par la ligne de faite qui sépare le bassin de cette rivière de celui de la rivière de Kinena, se dirigera vers l'Est pour gagner le plateau où ont leur source la Lenda, affluent de l'Arouhouimi, et l'Oso, affluent de la Lowa. Arrivée là, la ligne bifurquera pour gagner, d'une part, dans la direction

du Nord-Est, vers l'extrémité sud du lac Albert, reliant ainsi aux Falls la vallée du Nil; d'autre part, dans la direction Sud, l'extrémité nord du lac Tanganyika, reliant ainsi à la même station tout le bassin

de ce lac jusqu'au terminus

route Stephenson. Te:les sont les grandes lignes du projet que nous indiquons sur la carte ci-jointe. Les études sur le PERDESGRA~S LACS AFRICA'Nterram doivent être actuellement commencées. Leur direction est confiée à M. l'ingénieur Adam, ancien chef de service de la Compagnie du chemin de fer du Congo. On évalue provisoirement à près de 2 ooo kitcmètres la longueur totale des lignes à construire pour réaliser cette colossale entreprise, dont la conception fait honneur à la hardiesse et à l'initiative des Belges de l'Etat du Congo. de la

L'lie des Ours ~ERTAtus journaux avaient annoncé naguère la

prise de possession par l'Allemagne de )'i)e des Ours, dans l'océan Glacial, au sud du Spitzberg. La nouvelle était inexacte ce n'était pas l'empire d'Alle-


magne, c'était un Allemand qui avait annexé l'île pour son propre compte. Nous avons trouvé à ce sujet quelques détails curieux dans une lettre de Suède adressée à la Ca~«c de i~MMMKC.

« Peu de temps avant l'arrivée des pêcheurs et ba)einiers qui chaque été visitent l'île des Ours, Théodore Lerner parait être descendu sur ces côtes inhospi-

talières, à la tête d'une petite troupe d'aventuriers bien armés, pour y planter le drapeau allemand. Seulement ce Pizarre fin de siècle, bien loin d'en prendre possession au nom de son souverain et pour le compte de son pays, comme on le faisait autrefois, s'est proclamé, par le simple droit du premier arrivant, le seul et légitime propriétaire de toutes les places de débarquement et de tous les terrains de quelque valeur qui peuvent se trouver sur t'ite. )t se hâta de faire enclore toutes ses possessions d'un système de fils de fer et de dresser, dans un endroit bien en vue, un écriteau portant ces mots Deutsches P?'t'M<-C~H<M<M f)"K)~MM~<' 'UOM .2')<Mt /~<~).

Et le tour était joué. Théodore Lerner se trouve être

maintenant le propriétaire le plus septentrional du monde entier.

tard, les baleiniers, se disposant à débarquer comme d'ordinaire sur l'île et à y installer « Un peu plus

leurs appareils pour la fonte du blanc de baleine, furent fort étonnés de se voir intimer l'ordre de se retirer vers la pointe septentrionale, où il est possible de débarquer quand le temps est beau et la mer calme, mais où l'on se trouve sans le moindre abri contre les orages et les mouvements des glaces. « Les projets du roi de l'île des Ours, comme on l'appelle, sont multiples. Il se propose en premier lieu d'exploiter les couches de charbon de son royaume et d'y établir une station de pêche. On le dit très jaloux de ses « droits et très vigilant à les faire respecter, ne se montrant jamais qu'armé d'une carabine, d'un revolver, et accompagné de trois hommes équipés comme lui. « C'est dans cet attirail belliqueux qu'il a reçu l'autre jour les membres d'une expédition suédoise qui s'étaient permis de débarquer dans ses États. Lerner!~ leur expliqua en termes civils, et sans réplique possible, que le territoire de l'île et toutes les places d~ débarquement étaient désormais sa propriété. Cependant, après quelques pourparlers assez orageux, où le nouveau monarque fit preuve d'autant de morgue qu'il crut devoir en montrer pour imposer le respect, il daigna leur permettre de vaquer à leurs travaux sans y mettre d'empêchement, et l'entrevue se termina par un punch « scientifique )) où l'on but à la santé de Sa Majesté.

organes de la presse montrent cependant assez peu de confiance en l'avenir du nouveau royaume, et des protestationsviennent de SaintPétersbourg, où l'on sembledisposé à soutenir que l'île des Ours fait partie de l'einpire russe, parce qu'elle commande les passages conduisant de l'océan Atlantique aux ports russes. Ce qu'il y a de plus grave pour Lerner c'est que ses compatriotes n'ont pas l'air « Les principaux

I'

disposés à soutenir ses prétentions et à appuyer ses droits. « Quant aux Norvégiens, leur avis est que leur gouvernementdoit s'opposer à tout projet d'annexion, qu'il vienne de Lerner ou du gouvernement russe. « Cependant, suggère un des principaux journaux de « Christiania, le mieux pour tout le monde, et même « pour nous, serait que l'Allemagne et la Russie s'en« tendissent à l'amiable pour fixer les lois internatio« nales applicables à toute la mer Glaciale et à ses « pêcheries. ?

» Il y a quelque temps, le navire russe I&.SM'MM, que l'on croyait sur le point de partir pour les mers du Sud, reçut l'ordre de faire voile pour l'ile des Ours, avec mission de se rendre compte « de ce que les

Allemands y faisaient et de voir s'ils opéraient sous l'égide de leur drapeau de commerce ». Il était enjoint au commandant russe, dans le cas contraire, de protester, ces eaux ayant de temps immémorial été considérées comme neutres. Tout cela ne disait rien de bon pour le nouveau royaume et pour son souverain mais les choses se sont passées mieux qu'on ne le croyait. Le commandant russe exécuta sa consigne. A quoi M. Lerner répliqua fièrement qu'il était Allemand et qu'il défendrait son droit. II n'en déjeuna pas moins amicalement et plusieurs fois avec le commandant russe. L'ayant convaincu que le gouvernement allemand n'avait ni préparé ni subventionné son entreprise, M. Lerner vit partir le commandant du navire russe avec moins de joie que de tristesse. Quelque temps plus tard, M. Lerner reçut l'assurance que le gouvernement russe ne s'opposerait pas à son entreprise.

Le Péril

Jaune

le

L' INVASION des Chinois, dont on menace l'Europe sous

nom de « péril jaune », sera-t-elle facilitée par les nombreux chemins de fer dont le sol du CélesteEmpire va être sillonné ? C'est ce qu'il est permis d'admettre, étantdonnëel'aptitude des Chinois à profiter des nouveaux moyens de communication pour s'expatrier. Il y a cinquante ans, en effet, cent mille Célestiaux à peine étaient établis au dehors. En t8yf, deux millions et demi s'égrenaient sur les rivages d'Asie; en t8at, six millions. Et depuis ce temps, en moins de huit années, ils ont passé au joli chiffre de dix millions. Au Siam, en t8()t, on en comptaitquinze cent mille; cinq ans plus tard, quatre millions. En Birmanie, dans la péninsule malaise, ils sont tout, ils tiennent tout. Bornéo, les Philippines, toutes les masses qui ne résistent pas, comme l'Inde, par la densité de leur population, comme l'Australie ou la Californie par une législation féroce, sont pénétrées invinciblement de l'infiltraticn jaune.

Et même en Australie ou en Californie, en dépit de cette législation prohibitive, les Chinois ne cessent pas de venir, tant sont grandes leur ténacité, leur opiniâtreté, leur volonté d'aller où le gain les attire.


En t8yy. par exemple, l'Australie demandait au couli y$ francs avant de le laisser emmancher sa pelle, et !2 fr. ~o aux autres mineurs étrangers ~ofrancs au colporteur chinois etioofrancs au bimbe-

lotier européen. Depuis t88o, chaque vaisseau d'émigrants doit payer 2 ~oo francs avant de débarquer, et il ne peut transporter p!us d'un Chinois par 300 tonnes de jauge. De sorte qu'un steamer de 3 ooo tonnes ne peut amener que to émigrants. C'est la proscription sans phrases. Et, pourtant, il en vient quand même, par fraude, par ruses de toute sorte. C'est la loi économique qui brave toutes les lois humaines, l'offre et la demande plus fortes que les barrieres des douanes. En Californie, on a établi des taxes, imaginé des persécutions. Les Chinois ne peuvent plus y être blanchisseurs, revendeurs, marchands de légumes, à peine mineurs on leur a tout interdit la loi ne les reconnait pas comme témoins. En <888, l'émigration chinoise a

été strictement et totalement défendue par traité spécial les Jaunes ont été lapidés, lynchés, massacrés par centaines leurs meurtriers n'ont pas été punis. Et cependant ils reviennent encore Vancouver, au lieu de San-Francisco, les reçoit. Que sera-ce donc quand les chemins de fer draineront les masses profondes de la Chine pour les rejeter sur les autres continents? C'est un torrent qui s'écoulera de la Chine sur les autres pays. Et il n'y a pas à nier que le Chinois ne soit, économiquement, un voisin dangereux. Il tue d'abord ses concurrents parce qu'il demande moins et rend plus.

L'ouvrier chinois affame même le nègre. En outre, il est un élément insoluble dans toute civilisation autre que la sienne, tt vient pour prendre et n'apporte rien, ne laisse rien, pas même sa dépouille mortelle, puisque le contrat d'émigration prévoit le retour du cercueil. En définitive, une race qui jette dix millions des siens au dehors, même quand le culte des ancêtres, la tyrannie de la famille, l'obligation de revenir, mort ou vivant, les retiennent par tous les liens de la religion et de la vie sociale, cette race-là, qui émigre sans en avoir les moyens, multipliera sans doute sa faculté d'expansion,quand l'Europe lui aura fournides chemins de fer pour gagner les ports d'embarquement, à moins, toutefois, que le développement possible de l'industrie locale ne la retienne sur place.

Un

Téléphone marin et les Risques d'abordage

Mous avons signalé dernièrement l'utilisation de

la

télégraphie sans fil au cours des manœuvres navales anglaises. Le croiseur /MMO a pu, grâce à cette ingénieuse découverte, faire connaître l'approche de l'escadre adverse, alors que celle-ci se trouvait encore à une distance considérable. En France, M. le lieutenant de vaisseau Tissot poursuit d'intéressantes recherches qui vont nous doter prochainement d'un mode de communication de navire à navire.

Se basant

sur les principes de la téléphonie,

un ingénieux professeur sicilien, M. Mario Russo d'Asar, vient de faire à Gênes une curieuse découverte qui dote, pour ainsi dire, les bâtiments d'un sens nouveau pour eux, l'ouïe. On connaît depuis longtemps les services que peut rendre l'eau au point de vue de la transmission des sons à de longues distances. Des expériences faites jadis sur le lac de Genève par Colladon et Sturm ont scientifiquement étudié la propagation des vibrations sonores sous les nappes liquides. C'est ce qui a donné au professeur d'Asar l'idée d'imaginer une sorte de téléphone marin sans fil. Dans la pratique, il y eut à surmonter desdifficultés considérables l'appareil primitif dut être remanié à plusieurs reprises pour augmenter la sensibilité du microphone, tout en remédiant aux perturbations résultant du choc des vagues et de la machine du navire lui-même. Aujourd'hui l'invention permet d'entendre à y kilomètres de distance le bruit rythmique d'un vapeur, d'en apprécier l'éloignement et d'en supputer la direction. Si cette invention se généralise, il est facile de comprendre combien decollisions dangereuses seront ainsi évitées Les bâtiments de guerre pourront être avertis du voisinage d'une flotte ennemie et même de l'approche des torpilleurs; de hautes autorités militaires, et particulièrement S. A. R. le duc de Gênes, ont encouragé M. d'Asar en souhaitant que ses appareils soient promptement adoptés par les navires de tous les peuples civilisés.

Eugène Gallois.

A <n7)'er~ les

/);~e. Un volume in-8'

avec cartes, plans, croquis, dessins et photographies de l'auteur. Paris, Société d'Editions scientifiques et littéraires, [809. )\;t Eugène Gallois est un globe-trotter doublé d'un écrivain infatigable. Nous avons déjà rendu compte de son volume sur la Birmanie. Voici qu'après quelques mois il reparait avec un beau volume sur l'Inde, et une jolie plaquette sur l'Espagne et le Portugal. Dans son voyage aux Indes, M. Gallois ne s'est pas écarté des routes battues. Il commence parl'ile de Ceylan, puis remonte l'Inde du Sud au Nord, et décrit successivement la presqu'ile du Dekkan, la présidence de Bombay et les provinces du Centre, le Radjpoutana, le Pendjab, la vallée du Gange, celle du Brahmapoutre. Son livre est précédé d'une introduction dans laquelle il résume, en ?5 pages, les notions les plus indispensables sur l'Inde; il contient également, vers la fin, quelques notes sur le Thibet, le Bhoutan et le Népal. M. Gallois s'adresse surtout aux touristes comme lui il n'a pas la prétention d'avoir fait des découvertes géographiques, et dans ses descriptions il ne vise pas aux grands effets littéraires. H dit simplement ce qu'il a vu, dans une langue claire et nette, ou bien. pour la commoditédu lecteur, il résume, en quelques pages, des renseignements qu'il puise d'ordinaire aux meilleures sources. M. Gallois n'oublie pas de rendre hommage à ceux qui l'ont précédé aux Indes; il cite, notamment, Victor Jacquemont, M. Rousselet, M. Goblet d'Alviella, etc. Son ouvrage se recommande par l'exactitude et la sincérité, et les personnes qui projettent d'accomplir un voyage aux Indes l'entreprise n'a rien aujourd'hui de redoutable pourront le lire avec profit.


DEUT'.SC~ ~OLOVT/~Z~T-L'.VG

L'avenir de l'arachide dans tes Colonies allemandes D'après l'auteur de cet article, la culture de l'arachide pourrait devenir avec le temps le salut des colonies africaines allemandes, et surtout du Togo et de l'Est Africain. Les détails que nous extrayons de la revue allemande ne laisseront pas indifférents ceux qui s'intéressent à l'avenit de nos propres colonies, dont plusieurs seraient sans doute admirablement propres à cette même culture. L'Est Africain allemand se livre déjà avec succès à 1 culture du sésame, qui possède sur l'arachide l'avantage de prospérer dans toute espèce de terrains et d'échapper aux atteintes des sauterelles. Mais, dans un terrain favorable. les bénéfices qu'on retire de l'arachide sont bien plus rémunérateurs. Déjà la différence de grosseur des semences des deux plantes explique cette supériorité de l'arachide, dont les graines sont de la grosseur d'une noisette. En outre, si )'on prend comme moyenne de rendement d'un hectare 10 à i5 doubles quintaux de graines de sésame, la moyenne de 20 doubles quintaux d'arachide est considérée comme une très mauvaise récolte, même dans l'Amérique du Nord; danslesannées favorables,onenrecueille jusqu'à ;oo doubles quintaux par hectare. Les prix sont à peu près les mêmes pour l'une et l'autre graine; le parti qu'on en tire est identique elles donnent de l'huile qui remplace la graisse ou le beurre de cuisine dans les pays tropicaux et qui trouve son emploi dans les industries les plus variées. Tandis que l'huile de sésame vient d'acquérir en Alle magne une grande importance dans la fabrication du beurre et du fromage de margarine, l'huile d'arachide pourrait et ne manquera pas d'acquérir une importance non moins considérable en supplantant l'huile d'olive provençale. Voici pourquoi cette dernière n'est guère livrée au commerce à l'état pur; on la mélange toujours, à Marseille et dans le midi de la France, de quantités plus ou moins considérables d'huile d'arachide, dans des proportions qui échappent au contrôle. L'huile de table ainsi obtenue par ce mélange n'en est du reste pas plus mauvaise; mais, comme elle se maintient aux prix relativement élevés de l'huile d'olive fine, les Allemands commencent à lui préférer l'huile d'arachide elle-même, qui leur arrive directement d'Afrique à des pri'x beaucoup plus modiques. Depuis quelques années déjà, une huilerie de Delft fournit toute l'Allemagne, dans des proportions toujours plus considérables, d'huile d'arachide de provenance coloniale. Cette culture est encore peu rémunératrice dans l'Afrique allemande, parce qu'elle s'y exerce sur une échelle beaucoup trop restreinte. Cependant, le Togo en a exporté en i8ç? pour une valeur de i 6oe mark3, soit 7 863 kilogrammes,et l'Est africain pour ) ) 283 marks, ce qui est énorme comparé à la récolte de l'année précédente, qui, dans cette dernière colonie, n'avait produit que 2 5:0 marks. Du reste, plus l'huile d'arachide sera goûtée en A)lemagne comme huile de table, plus aussi la culture de cette plante se développera dans les colonies, dans des proportions qu'on peut déjà prévoir comme très considérables. MTTY/MLUA'GE.Y DES D.E~r&'C.STSjV UND ŒS7'E~~E7C/Y/SC~BA' ~Af.EA't~R.E/A'.E.S

Cyclisme et Alpinisme

On a prétendu que toute bicyclette qui se fourvoyait

hautes montagnes devenait pour celui qui la monte une cause perpétuelle d'ennuis et d'accidents. Le docteur Max Madlener, dont nous analysons l'article, et qui pratique depuis des années le cyclisme dans des contrées alpestres, combat cette thù"f:, ou du moins la déclare beaucoup trop absolue. Il est évident que la bicyclette ne peut s'engager sur la piste des chamois; que certains cols alpestres constituent par eux-mêmes des buts d'ascension très difficiles et périlleux trainer après soi ou porter sa bicyclette sur son dos, dans ces passages scabreux, comme certains Anglais ou Américains l'ont fait, n'est pas un exemple à imiter, au contraire. Cela dit, M. Madtener dans les pays de

remarque fort justement que les contrées alpestres sont loin de n'offrir au touriste que précipices et casse-cou; de larges et spacieux plateaux, des vallées, des pentes très douces, sont parcourus par d'aussi bonnes routes que les pays de plaines, et qui offrent au voyageur une perspective de premier plan sur les plus belles cimes. A part les ascensionnistes de profession, la plupart touristes des se contentent de ce spectacle, et ils s'accordent le plaisir à peu de frais, sans danger, d'un belvédère aisément accessible. C'est dans des excursions de ce genre que la bicyclette acquiert toute sa valeur elle permet de se transporter rapidement aux plus beaux points de vue, d'escamoter, pour ainsi dire, en quelques tours de roue les interminables routes, si monotones, qu'il faut suivre pour parvenir aux sites intéressants, et qui font chèrement acheter au piéton les plaisirs de quelques minutes passées devant un beau panorama. Mais ce n'est pas encore là le principal avantage qu'offre la bécane; d'ailleurs, il arrive que la route, si bonne soit-elle, est trop en pente ou trop constamment en pente pour qu'il ne soit pas préférable de descendre de sa machine et de la trainer après soi. Mais ce sont les longs, les démoralisants retours que la bicyclette nous épargne. Il n'est personne tant soit peu familiarisé avec les courses de montagne qui ne tombe d'accord sur ce point la rançon, le revers des plus belles excursions, ce n'est pas l'aller, si long, si pénible soit-il; c'est le retour. En montant, on est aiguillonné par l'espérance; on a la fraicheur du matin; on est frais et dispos; tandis qu'en rentrant chez soi, ou a

on a dans les jambes 20, 3o kilomètres parcourus, et souvent parmi les rocs ou les cailloux. C'est alors que la route parait longue, si unie, si ombragée qu'elle soit. On voudrait, après les joies de l'ascension et de l'arrivée sur un sommet, supprimer, ou du moins abréger les ennuis de la descente. C'est justement là la mission de la bicyclette à supposer qu'on n'ait pu l'emmener avec soi jusqu'au but de la course, on la retrouve au retour dans l'auberge où on l'a laissée, et on l'enfourchedèsquele chemin est en assez bonétat. Alors, les muscles du pied et de la jambe, que la course a fatigués, se reposent à peu près complètement on a quitté ses souliers ferrés, avec lesquels on a escaladé la montagne, pour chau-iser les légers escarpins que renfermait la sacoche pendue derriè;& ia selle; on passe son piolet dans une boucle adaptée au guidon l'on se laisse aller! de sa machine, Il faut évidemment, pour s'accorder le plaisir du cyclisme en montagne, une constitution physique à l'abri des maladies du cœur. Mais, si ces conditions sout remplies. les médecinsn'hésitent pas à recommander ce sport, et, qui plus est, à le pratiquer. l'hôtel,

et.

<G/r/

(Bruxelles) 7, .Vf~'W'W~V7' Ce que vaut t'armée de Rabah

Cette armée, mal équipée et sommairement organisée aux débuts, s'est améliorée au furet à mesure des conquêtes et du butin en armes et munitions qu'elle faisait. Il'est bien difficile ~'évaluer ses effectifs, mais on sait qu'elle comprend de l'infanterie, de la cavalerieet même de l'artillerie. La cavalerie est la plus nombreuse,elle possède des chevaux nerveux, eudutants et est armée de la lance. L'infanterie est montée et armée de Remington courts. Quant à l'artillerie, elle n'a pas la valeur des deux autres armes, attendu qu'elle compte trop de systèmes de pièces et n'a pas d'hommes compétents pour la commander, mais elle ne cesse de se renforcer depuis la conquête du Bornou, qui a mis en sa possession les débouchés des routes commerciales vers la Tunisie et la Tripolitaine. Il y a, de ce côté, des pachas, gardiens des frontières, qui ne sont pas insensibles aux bénéfices que donnent les affaires commerciales et l'on nous assure que le nombre des canons de Rabah n'a pas tardé, grâce à cette circonstance, à s'augmenterdepièces nombreuses et perfectionnées, en même temps que lui parvenaient de la poudre et des cartouches. Le sultan a une garde armée de fusils à tir rapide et commandée par des chefs disciplinés et courageux.


La La « Semaine gaie

C'est un petit tableau de

«

Semaine gaie » à Berlin

est celle de Noël èt t/M/OMf de l'An. Elle donne /MM en MO'Mf.!

i7~ différentes des MP/ que le /<-<<'W~

Prosit A~M/a~/ Prosit A~M/a~ clame à mes oreilles, dans la rue noire, un jeune garçon joyeux et je sens en même temps mon chapeau-claques'écraser sous sa main. Prosit Neu-

Allemagne à des réjouissances /rOMtf)'a dans les pages qui suivent:

t'

chef et mon désir de m'instruire, j'avais, heureusement pour moi, adopté le gibus, coiffure appartenant aux deux types, sans avoirles inconvénients d'aucun d'eux.

Prosit

A~M/¡

Prosit A~t'Mydtr/

~)i';y/ Prosit Neu-

clame encore une

répète un cri immense qui, comme une forte

diants

/a/)f

traînée de poudre, se répand partout, donnant le signal de la folie!

Minuit vient

de sonner, et la Freie Nacbt (nuit libre) commence. Dans toutes les

rues, on s'écrase,

bande'd'étuqui traversent en courant la Friedrich-

strasse.

Toute )a police de Berlin est sur pied, et, ce

soir-là, elle

fort à faire.

a A

chaque carrefour

stationnent dess

agents à cheva),

ayant près d'eux on se bouscule; )es5e~M~~M~ à les chapeaux vopied, sanglés dans lent en l'air! C'est leur uniforme ['Af.A'SfMPéRtALDEBERU~FA~ARËPlUKCIPALË, la manière prusnoir, à liséré bleu D'a~r~ ~~f photographie sienne de fêter le clair, qui chernouvel an, et de chent à arrêter les plus turbulents. Mais la foule célébrer la Nuit Sylvestre. Le nom de Freie Nacbt augmente de minute en minute on crie, on chante, est bien trouvé, ma foi car Dieu sait si l'on fait usage, connaître, à Berlin, de cette liberté, dans la nuit du ~t décembre on s'interpelle. On s'embrasse sans se Elle sefait remarquer, surtout, par des vociférations et uniquement pour faire du désordre. des éclats de folie qui étonnent, venant d'un peuple Une nuée d'enfants vous proposent des alluaussi calme que l'Allemand du Nord. mettes, des bouquetières offrent des fleurs entourées On m'avait bien prévenu que la mode berlinoise il y a même des marchands de de papier de plomb, était de porter seulement des chapeaux mous, dans saucisses qui présentent leur marchandise fumante nuit qu'il arrivait toujours bruyante, et cette presque au bout d'une fourchette. malheur aux Cylinder (chapeaux hauts de forme) Et comme il a neigé depuis deux jours, l'élecafin de concilier à la fois la sécurité de mon couvretricité des brasseries et des cafés inonde de lumière Prosit, à votre santé; c'est ainsi qu'on trinque en blanche tout le décor, au milieu duquel s'agite la Allemagne. Prosit A~M~Ar, à la santé du nouvel an; vive DODulace excitée nar la bière et l'alcool. le nouvel an


La «Semaine gaie)) (~M~o/As Wocbe) est celle qui s'étend de Noël au Jour de l'An. C'est pour l'Allemagne

entière la période des plaisirs, commençant par les fêtes de famille, aux épanchements calmes et intimes, et se terminant par les éclats de folie de la SaintSylvestre. A partir du t $ décembre, toutes les places de Berlin sont converties en bois de sapins les « arbres de Noël se touchent, plantés sur des trépieds de bois blancs et prêts à être vendus. Et la foule circule le soir, pour faire ses-achats, dans ces forêts chargées d'émanations balsamiques, et dont souvent la neige courbe les ramures. Grands et petits, tout le monde a son Weihnachtsbaum que l'on entretiendra avec grand soin, pendant la « Semaine gaie »; et dans toutes les boutiques, les clinquants et les verroteries qui servent de parure à l'arbre scintillent comme des gerbes de diamants, exerçant une attraction irrésistible! En l'honneur de cette grande fête allemande, la police veut bien relâcher ses règlements, si stricts, du dimanche, et elle permet aux boutiquesde rester ouvertes pendant les deux dimanches précédant Noël. qui ont reçu les noms harmonieux de Silberner .~OMM~ et de GoM')M)' Sonntag. Une activité grande règne alors dans les magasins, où chacun va faire ses emplettes; –car les cadeaux et les se donnent à Noël et non au Jour de l'An; omnibus jaunes de la « Poste aux paquets », avec leur cocher orné d'un chapeau de bersagliere, n'ont guère le temps de chômer dans cette période d'achats! Les employés attendent avec impatience la gratification annuelle les ménagères soupirent après le 't/)Mae&<)~M~ (étrennes de Noël) qui améliorera le confortable de la maison et les enfants ne se sentent pasdejoie en rêvant aux libéralités prochaines ae

<'

l'arbre sacré »

? !? <!

Enfin c'est Noël le Noël si familles riches ou pauvres

attendu le

Noël des

Au bruit des jours précédents succède brusquement, pendant deux grandes journées, le calme et le silence le plus profond. La foule déserte les rues; les magasins sont clos, les restaurants vides, et les rafales de neige peuvent, en maîtresses, balayer les places et les trottoirs. Les usages anciens se sont, en Allemagne, perpétués avec la plus entière fidélité, et les coutumes curieuses font du « Weihnacht » la plus grande solennité de l'année. Au pied de « l'arbre de Noël », les familles se livrent aux doux épanchements des joies domestiques. L'arbuste est placé dans la grande Berliner Z/Mw<'f (salle à manger très vaste, mais très obscure), illuminée par des centaines de petites bougies. Des rubans en papier de couleur et des fils argentés enlacent le sapin comme des lianes des boucles dorées, et de la « neige », scintillent dans les branches. Dans les familles riches, on suspend aussi des bijoux; dans les ménages pauvres, des guirlandes de saucisses. Sur une table voisine sont disposés les cadeaux les plus divers, suivant les âges et les sexes, mais dans lesquels entrera toujours, en supplément, l'invariable trinité pommes, noix sèches et pain d'épices. On danse en cercle, on chante les hymnes religieux. parmi lesquels le si connu vieux chant 'allemand

0 Tannenbaum, wie treu sind deine Btâtter Die grünst nicht nur zur Sommerzeit («

0 sapin! cher sapin! Combien utiles sont tes

feuilles! Tu es verdoyant, non seulement pendant

l'été. »)

Quand les chants et les danses ont cessé et qu'on s'est ainsi plus ou moins fatigué, l'heure vient de reprendre des forces, et l'on prend place à la grande table, où la bière coule à flots, où les tranches de charcuterie disparaissent rapidement, car l'appétit national est digne de sa réputation si solidement établie!


Ht chaque soir,

aux lumtèfes renouvelées de

l'arbre de Noël. cette petite fête intime et calme se jusqu'à !â 1 /~e<e A'Mf; » .1 tCpruuuifa «

~t

Dans cette dernière nuit de la « Semaine gaie », au contraire, la coutume est d'abandonnerbrusquement la tactique desjours précédents, et de s'amuser à grand

fracas. Jusqu'à minuit, tout reste silencieux Une partie de la populace repose sous le toit hospitalier des bras-

series ou des DM/:7/~M/ On y mange par hasard des choses légères, des saucissons ou du lard on y boit avec la ~M~M~y, sorte de cadran gambrinal qui facilite la comptabilité; enfin, on fume sans interruption, en attendant « l'heure

de chez lui, A Berlin, le cordon n'existe pas, et, passé 10 heures, on n'ouvre plus les portes cochères qu'à la c!cf; !c portier. quand:! et aux sorties la maison, reste indiffèrent aux entrées et aux sorties et ne se dérange jamais la nuit. I) y avait jadis des veilleurs de nuit qui portaient à la ceinture toutes les clefs de leur quartier et qui, moyennant un léger' pourboire, venaient en aide aux ivrognes; mais le nombre de ces fonctionnaires a dimi-

nué dans de grandes proportions. !?

A la nuit de Me de la Saint-Sylvestre succède bientôt le bruit des canons, qui saluent t'Emperrur à

son petit lever et appellent les personnages officiels aux réceptions de la Cour. Les équipages se précipitent

L'autre par-

tie de la population plus aisée accomplit à domicile le dîner de Sylvestre, dans

versIe.Sf'p.t~ (château impérial), et chacun se range à'=on poste. suivant ('étiquette

icquetlatraJitiun

veut que t'o~

et les traditions.

Cette matinée du ~'janvier est aussi, pour les désœuvrés de la capitale, une manière de réjouissance, et il y a foule sous les

mange des « carpes cuites dansde la bière brune »,

et

que

l'on termine

par des cben

P/aM/~M-

(omelettes

aux pommes), et du punch, qui flambe et pétille. Les écailles de

carpes sont

l.CS TROI'PFS DF LA G:1RDC REt01'R~A\f

A LT17R

C,F.R:F;.

~'a,frMKMC/tO<o~rj/)ft<e

a)ors distribuées entre les convives, qui, pours'attacher la « fortune », doivent les conserver dans leur portemonnaie pendant toute l'année. On cherche aussi, dans ce!te nuit privilégiée, à lire dans le destin au moyen du plomb liquide, qui, en tombant chaud dans l'eau froide, se solidifie et prend des formes variées, que chacun interprète au mieux de ses désirs. Mais minuit sonne bientôt, et, comme un immense signal retentit partout )ecride/~o.A~M/ Manifestants et curieux se portent vers les grandes artères: Un'.erden Linden, Friedrichstrasse, Leipzigerstrasse et comme la foule appelle la foule, la cohue

devient, en un clin d'oeil, très grande. C'est, pendantdeuxheures environ, une vraie nuit de mardi gras puis le calme se rétablit peu à peu, et les gens « les plus rangés » cherchent à gagner d'un pas chancelant le MM&<o))tM!'&ttS (omnibus de nuit), sorte de grosse caisse roulante dans laquelle un « Monsieur chic rougirait d'être vu, mais qui rend de vrais services à la population berlinoise, en lui fournissant pendant toute la nuit une ligne de

communication à travers la ville. Malheur à l'étourdi qui aurait égaré sa clef dans la bagarre, car risquerait fort de terminer sa nuit hors

/.t'Kd~M. OÙ les curieux se serrent

en rangs pressés, attendant des heures entières le passage des voitures de la Cour et des carosses de gala des Ambassadeurs. Toute cette foule, nous la connaissons, elle est la même dans toutes les grandes cérémonies. A Berlin,

comme à Paris, il y a même déploiement de sergents de ville, même haie formée par les troupes, etc. mais ce qui est ici caractéristique, c'est le silence et la tranquillité des spectateurs, que dominent les cavaliers de la police parcourant lentement la voie, deux à deux. Le défilé des voitures diplomatiques commence vers t ) heures, excitant l'admiration du public par la richesse des attelages et la couleur des livrées. Les ambassadeurs parcourent, au grand trot, la célèbre « allée des Tilleuls bordée de monuments publics ou de palais, et se dirigent vers le « Schloss dont la masse énorme de pierres noires donne plutôt l'impression d'une citadelle que d'un « château impérial ». Us sont reçus par l'Empereur dans la fameuse Salle Blanche, théâtre habituel des grandes réceptions de la Cour de Prusse, et cette cérémonie, sans offrir la solennité de ces séances où Guillaume H parait, la couronne en tête et le manteau d'hermine sur i'épaute, a cependant le caractère d'une manifestation très

intéressante.


dans le voisinage du fjord Sherard Osborn, il tenta néanmoins, quatre fois de suite, de mettre à profit les loisirs de l'hivernage en poussant une pointe jusqu'au fort Conger, lé quartier général de l'expéditionGreely, un point qui n'est pas plus rapproché du Pôle, mais qui se trouve sur la côte Ouest du canal. Ces longs trajets avaient pour but et d'explorer la contrée et de pratiquer des cachettes (~e~) pour les provisions tout le long de la côte occidentale du canal qui conduit plus au Nord, afin de la rendre plus hospitalière le printemps suivant et pendant tout le temps que durerait l'expédition projetée. Ces magasins et d'autres qui seront créés plus tard permettront à Peary de commencerses explorations sur la côte Nord du Groenland. LE r.t[<MM,.SE DE GALA DE L'AnCAStAHE DE FBAKCE SE RENntNT AU PALAIS.

Z)'a/'rM«tte~Aoio~<'a~t'e Les ambassadeurs sont salués, dans

le vestibule

d'en bas, par un piquet de grenadiers vêtus de l'uniforme du temps de Frédéric le Grand. Ils traversent ensuite )'enf))ade des salons de gala, dont les portes sont gardées par de magnifiques soldats portant aussi des uniformes des temps passés. Dès qu'ils ont pris place avec les personnages de la Cour, dans la Salle Blanche, les maîtres de cérémonie, avec leurs crosses dorées, frappent le parquet pour annoncer l'arrivée des souverains. L'Empereur précède le défilé, en donnant la main à l'impératrice. Après avoir échangé quelques mots rapides avec les représentants étrangers, Leurs Majestés vont s'asseoir sous le grand dais de brocart jaune, sur lequel est brodé l'aigle noir de l'Empire, et derrière elles se forme une haie de pages portant culotte courte et jabot de dentelles. Les ambassadeurs s'inclinent alors devant le trône et regagncnt leur ambassade, où ils recevront, à leur tour, une heure plus tard, la visite de Sa Majesté. Puis, lestroupes de la garde reprennent le chemin de leurs casernes respectives, suivies par le flot des curieux, qui veulent admirer jusqu'au dernier moment les ~MK&, ou casques de cérémonie, surmontés des grandes touffes de crins blancs qui retombent en cascades, et l'on attendra 365 longs jours avant de retrouH. DRAHC. ver pareil spectacle.

même au cas où le Windward ne serait pas capable de débarquer ses approvisionnements dans le fiord Sherard Osborn, point de départ de l'expédition projetée. Plus au Sud, Pearya découvert que le soi-disant détroit de Hayes, au Nord-Ouest du cap Sabine, n'est qu'une baie. Plusieurs navigateurs supposaient donc à tort qu'il s'étendait à l'Ouest de la terre Ellesmere jusqu'à l'océan Arctique et qu'il séparait cette contrée de la terre Grinnel, située au Nord. La découverte de Peary prouve que ces deux régions forment une seule et même terre. Outre cette solution d'un important problème géographique, il a à son actif d'avoir traversé de l'Est à l'Ouest la partie septentrionale de la terre d'Ellesmere, où les navigateurs n'avaient encore jamais pénétré, et d'en explorer la côte occidentale, en reliant sur la carte l'étendue de côtes ainsi relevées au tronçon que Lockwood, lors de l'expédition Greely, avait découvert en 1883. C'est la première fois qu'un point quelconque de ces côtes a été exploré au Sud de la baie visitée par Lockwood. Dans les diverses excursions en traîneau qu'il a faites sur le canal en partant du ~M~Mre!, Peary a, de plus, rectifié sur plusieurs points et fixé définitivement la cartographie de la côte orientale de la terre de Grinnel et de la terre de Grant. tt retrouvé l'emplacea été le premier navigateur qui ait ment du fort Conger, qui avait servi de quartier général à l'expédition Greely, en i883. Le capBeechey, à 82° de latitude Nord, est le point extrême qu'il vient d'atteindre dans la direction du Pôle. tt n'a pas tenté de pousser plus avant, l'été dernier, et a dressé son campement, pour l'hiver, sur la côte groenlandaise du détroit de Smith, à plusieurs milles au Sud de la position qu'il a occupée l'hiver dernier. M a débarqué sur

M~

ce point tout ce qui restait de provisions sur le ward,. ainsi que toutes celles que lui a apportées la DM/M.

Les

Expirations

de Peary en 1898-1899 Mes lecteurs savent que Peary quitta l'Amérique en juillet t8g8 pour les régions polaires, qu'il se pro-

d'atteindre par le Nord-Ouest du Groenland. Au lieu d'atteindre le fiord Sherard Osborn, sur la côte septentrionale du Groenland, au delà d'un canal étroit, Peary fut obligé d'hiverner dans la mer de Kane, à 50 milles environ au Nord du cap Sabine. Son navire s'est arrêté au 79° degré de latitude, au lieu du 82'' qu'il espérait atteindre. N'ayant pu établir traîneau, sa base d'opération, pour son voyage en posait

Ce dernier navire a déposé au

cap Sabine l'expé-

dition Stein, qui se propose d'hiverner sur la terre Ellesmere et se trouve en parfaite santé et disposition d'esprit. La troupe de chasseurs, conduite parM. Russel W. Perter, de Boston, s'est éloignée du navire sur divers points de la côte groenlandaiseeta abattu nombre de pièces de gibier morses, rennes, etc., dont la plupart enrichiront les approvisionnements de Peary. Le /-MM, de Sverdrup, se trouvait pris dans les glaces près de l'ite Cocked Hat, à tu milles à l'ouest du cap Sabine, où il a hiverné, à 50 milles environ au sud du point atteint par Peary.


Le pôle arctique, plus accessible, fut particutiérement favorisé sous ce rapport, et compte un grand

Les prochaines Expéditions

antarctiques allemande et anglaise.

u banquet offert par la ville de Berlin aux membres du Congrès international de Géographie qui s'est

réuni dernièrement dans cette capitale, l'explorateur Nansen, montant sur une chaise au milieu de la salle, a prononcé le toast suivant

s'agit de conquérir la nature et non plus de soumettre « Maintenant, il

des hommes. Notre mot d'ordre doit être: ~K~MM</ « Nous ne nous arrêterons que quand nous connaîtrons la terre tout entière. Je souhaite bonne chanceà l'expédition antarctique allemande » Signalons, outre cette manifestation caractérisa que, les préoccupationsévidentes du Congrès pour tout ce qui concerne les expéditions polaires. En effet, entre autres

résolutions prises, le Congrès a institué une Commission internationale pour l'organisation des travaux qui seront accomplis, concernant le magnétisme météorologique, par les expéditions au pôle Sud. Il a déclaré que l'Institut météorologique danois constituait une station centrale convenable pour les études relatives aux glaces flottantes. Enfin, il a adopté une nomenclature des mers australes. Comme on le voit, l'exploration des régions antarctiques est une question à l'ordre du jour dans tout le monde savant, notamment en Allemagne et en Angleterre.L'expéditionà laquelle a fait allusionNansen est le résultat d'une campagne scientifique qui se poursuit en Allemagne depuis bien des années. Elle a eu pour promoteurs et pour organisateurs, d'une part, l'explorateur autrichien Karl Weyprecht, qui découvrit avec Payer, en )8~, la Terre de François-Joseph d'autre part, le savant docteuraltemand

Neumayer Elle aboutit, une première fois, à l'organisation du système international de stations polaires qui, en '883, s'occupèrent, pendant une année, de l'étude systématique des deux pôles de la terre. i. Voir .4 7Yt!)'ef.s /e.Vo)!~e du 9 janvier t8c)?, page i3.

nombre de stations. Mais il n'en fut pas de même dans l'hémisphère sud, où les dernières terres habitables dépassènt à peine la latitude 50°, et où la barrière de glace commence bien plus bas vers t'équateurquedans les régions arctiques. Deux stations australesseulementfirent partie du système international de [883 la station française du cap Horn et la station allemande des îles de la Georgie méridionale. L'intérêt qui s'attache à l'étude des phénomènes de la physique du globe dans les régions antarctiques détermina le docteur Neumayer à poursuivre sa campagne pour atteindre ce but particulier. Mais ce ne fut qu'en f8~ au Congrès de Brème des Sociétés de Géographie allemande, que l'on

reconnut l'importanced'une semblable entreprise. Enfin, il y a un psu plus d'un an, les plans d'une expédition prirent une forme précise. Le D'' Erich von Drygalski, professeur à l'Université impériale de Berlin, qui s'est déjà fait connaitre

comme chef d'une expédi-

tion géographique au

Groenland, en 1801-1803, fut choisi pour en prendre la direction. Depuis lors, la route à suivre a été déterminée avec soin, et l'on a arrêté presque tous les détails d'une exploration de deux ans. D'après M. Drygalski, le moment ne saurait être mieux choisi pour reprendre les expéditions antarctiques. En effet, dans les mers australes prévaut actuellement un régime exceptionnellement favorable à ces entreprises, phénomène remarquable qui confirme l'opinion du D' Supan, suivant laquelle nous traversons en ce moment une période inusitée de hautes températures.

Voici quelles sont les observations apportées parr M. von Drygalski à l'appui de sa thèse « On a déjà

remarqué qu'il se produit des variations inusitées dans les conditions de la glace, dans les régions antarctiques. Ainsi, tandis que le capitaine Weddell, en 182~, partant des Nouvelles-Orcades, avait pu s'avancer sans obstacle jusqu'à 74° de latitude et, de là, apercevait une mer libre de glace aussi loin que l'œil pouvait atteindre, tous les explorateurs qui sont venus après lui ont trouvé devant eux une barrière impénétrable longtemps avant d'atteindre ce point.

« Or, en t8c)t

Pt '8<.)4.

une quanta-: inusitée de


glaces flottantes a fait son apparition, d'abord danu l'Atlantique Sud. ensuite dans l'océan Indien, de t8p~ à )8c)7:el)e s'est avancée chaque année davantage vers l'Est et a atteint aujourd'hui les lies Kerguelen, qui sont en grande partie en dehors des limites septentrionales des glaces flottantes. L'examen de cette glace permet d'établir que c'est de la « glace de terre )', dont la débâcle a eu lieu après des années d'adhérence au continent. M s'agit là d'un phénomène bien connu, qui se produit à de longs intervalles dans les parties septentrionales du G'oenland ? » M. Drygalski conclut que la disparition d'une si grande quantité de glaces flottantes permettra aux expéditions actuelles d'avancer sans obstacles beaucoup plus loin qu'elles n'auraient pu le faire auparavant. L'expédition allemande se fera au moyen d'un vapeur construit entièrement en bois, pour écarter toute influence perturbatrice sur les expériences magnétiques. H aura un déplacement de 200 tonnes, avec des machines pouvant projuire une force de -;oo chevaux. 11 coûtera 625000 francs. Il produira la vapeur pour le chauffage et l'électricité pour l'éclairage. Il portera un petit canot à vapeur. L'expédition emmènera 40 à 50 chiens lapons., un ballon captif, un service de cerfs-volants, et un moulina à vent démontable. L'éjuipage comprendra: ini capitaine, t premier officier, 2 officiers de bord, génieur-machiniste, 9 marins, 6 mécaniciens et chauffeurs, t cuisinier et i garçon. Tous seront assurés sur la vie avant leur départ. Cinq savants accompagneront le docteur von Drygalski. Les îles Kerguelen, situées dans l'océan [ndien, à 700 à l'est de Greenwich et par 50° de latitude méridionale, et qui restent ouvertes à la navigation pendant toute ['année, serviront de point de départ. De là, t'expéditio ) faisant route au Sud-Ouest, aboutira en quelque point de la Terre de Wilkes, où une station d'hiver, éclairée à l'électricité, sera construite sur le bord de la banquise, pour y faire des observations systématiques. La dépense de cette installation est

estimée à 50 ooo francs. Au commencement du printemps, on tentera d'avancer sur la glace au moyen de traîneaux dans la direction du pôle magnétique, et, à la fin de cette saison, on retournera vers l'Ouest, le long des côtes peu connues de la Terre de Wilkes. Peut-être l'expédition atteindra-t-ellela plus méridionale des terres connues, la Terre de Victoria, découverte par Ross en 1842. La dépense totale prévue pour cette expédition est de 1500000 francs. Un mémoire détaillé a été soumis aux membres du Reichstag allemand, et la presse fait valoir, pour l'appuyer, outre les raisons scientifiques, le prestige de la marine allemande. « II ne suffit pas, dit le Kolsiiscbe Zeitung, d'avoir une flotte de guerre et une marine marchande, pour prétendre à la suprématie navale, il faut encore participer activement aux entreprises scientifiques qui ont pour objet la conquête de la mer par l'homme, etc. » En Angleterre, le mouvement en faveur d'une expédition analogue a été provoqué, dès t8~5, par britanune communication faite devant l'Association nique par sir Erasmus Ommaney sur l'utilité de l'cx-

ploration deo régions antar~t!ques. Ce mouvement n'a fait que s'accentuer depuis, et, t'annëe dernière, )a Royal Society, de Londres, consacra toute une séance à l'examen des diverses faces de la question La Société de Géographie de Londres ajouta son puissant patronage à celui de la Royal ~oc/f<)'; un appel de fonds fut fait au public et il a provoqué la formation d'un budget de 1000000 de francs, y compris un splendide don de 625 oco francs du colonel Langstaff. De son côté, le gouvernement de la reine a fourni une contribution de t !2$ ooo francs. L'expédition nationale anglaise partira au printemps de IQO), également avec un seul navire. Les plans n'ont pas encore été définitivement arrêtés dans tous leurs détails, mais il a été décidé que l'on suivrait la route dite «de l'Amérique du Sud)). allant des Shetland du Sud à la Terre d'A)exanJre. Là, par environ '70° de latitude méridionale et ûo° de longitude à l'Ouest de Greenwich, on débarquera, si la chose est praticable, et une première station sera établie. Continuant ensuite sa route, qui se trouve sous la dépendance é'roite de la quantité de glace rencontrée,comme le montre notre carte, l'expédition espère pouvoir établir au cap Adair, sur )a Terre de Victoria, une seconde station, de laquelle ;.eraitten)ée une grande pointe vers le pôle Sud. et dans le voisinage de laquelle les principaux travaux scientifiques seraient accomplis. Le cap Adair se recommande par ce fait qu'en 1805. Kristensen et Borchgrevink purent y atterrir dans une petite baie occupée par une colonie de pingouins, sans rencontrer de glace descendant de la

terre à la mer. l'on rencontre des pingouins, on peut être assuré de trouver la mer libre pendant une grande partie de l'année et de pouvoir, par suite, atterrir sans difficulté ni retard sérieux. De plus, t'expédition qui atteint l'un de ces points peut s'y installer pour hiverner, car les pingouins constituent une source abondante de combustible et d'alimentation. Une expédition bien organisée, instaiïée pour un ou deux hivers en un de ces points, pourrait y faire les observations scientifiques les plus intéressantes, entreprendre des excursions à l'intérieur des terres et recueillir des renseignements précieux sur l'épaisseur probable des glaces, sur leur température à différents niveaux, sur leur degré d'accumulation, sur leurs mouvements. tous points sur lesquels les opinions différent dans le monde savant. Nous n'avons pas à insister davantage sur les multiples intérêts scientifiques que présentent les observations polaires. Leur importance a été maintes fois démontrée. Contentons-nous donc de nous associer au voeu de Nansen, en lui donnant plus d'extension, et souhaitons bonne chance aux expéditions antarctiques anglaise et allemande, tout en regrettant que la France, jadis si soucieuse de susciter des missions de ce genre, s'endorme maintenant dans une indifférence indigne d'elle. Là où

t. Voir plusieurs articles sur ce sujet publiés dans tft~R et t.'tçt). .t 7'rjt'cr< le .V~<!j!'t'. <ju'.uit les années

~<


et d'un bonnet, dont le cimier émergeant d'une crépine rouge est un bouton d'argent simple ou doré, de jade ou de cristal de roche pour les bacheliers, de turquoise ou de topaze pour les licenciés, de corail, de grenat ou de rubis pour les docteurs.

Usages militaires en Chine traditionnel et bien connu des « trognes à épée », avait coûté récemment si cher aux Chinois, que beaucoup de « bons esprits ajoutaient foi aux intentions de revanche prêtées par les Anglais à la Chine, et, notamment, à l'adoption par elle des méthodes européennes d'instruction des officiers et des troupiers. C'était un des articles du programme de HongYou-Wcï, cet énigmatiqus lettré cantonais qui put se flatter un moment de faire un Pierre )e Grand jaune de son maitre Kouang Hsou. Le dédain

Mais dès que Hong-You-We'ifut parti et embarqué sur )e bàtiment de guerre anglais qui le dérobait au chàtiment encouru, son impérial disciple se hàta de

changer d'avis.

« Nous ordonnons, disait-il dans un édit destiné à préparer la reconstitution de l'armée chinoise, quedans lesexamensdubaccalauréat,delalicence et du doctorat

militaires, on fasse subir aux candidats, cowoM par le passé, les diverses épreuves consistant à bander l'arc, à tirer des flèches à pied et à cheval, à faire le moulinet avec le sabre et à soulever la grosse pierre. » Quant à la pratique des armes à feu, le Fils du Ciel ne la rendait obligatoire que pour les bacheliers, licenciés et docteurs servant effecrivement sous les drapeaux. Le détail de ces éprcuv-s va montrer tout l'intérêt de l'édit impérial. Lescandidats comparaissent devant un jury composé du préfet, du sous-préfet, de l'examinateur de la province et de trois mandarins militaires, simples figurants chargés de dire« amen» aux décisions des civils, leurs supérieurs hiérarchiques, qui seuls comptent. A tour de rôle, chacun des candidats, comme les amants de Pénélope, bande l'arc, dont la longueur et le poids sont fixés par la loi, et décoche 12 flèches, de dimensions et de poids invariables, d'abord de pied ferme, puis de la selle d'un cheval au galop. Les pauvres seuls ne mettent pas dans le noir. Le coutelas est un fauchard énorme, long de 3 mètres, dont la lame épaisse, courbée en couteau à fromage, longue de 80 centimètres, est munie d'un manche énorme. Celui des bacheliers pèse 40 kilos, celui des licenciés 52 et celui des docteurs 60. Les Chinois n'ont pas encore adopté l'agrégation. 11 faut saisir cette arme d'une seule main et exécuter trois moulinets au-dessus de sa tête. La dernière épreuve consiste à souleverun prisme de pierre, carré, sans autre prise que deux encoches, et qui pèse 100 kilos pour le baccalauréat, 125 pour la licence et t 5o pour le doctorat. Il

est vraiment triste d'avoir à rappeler que des

athlètes de cette force ont été battus sans effort par les petits

Japonais.

Les vainqueurs de ces tournois, plus faits pour préparer à la scène des Folies-Bergère qu'au commandement d'une troupe, sont ensuite pourvus d'un habit orné sur la poitrine et sur le dos d'un animal brodé,

Tous n'entrent pas obligatoirement dans l'armée les docteurs seuls ont un corps réservé la garde impériale. Dans les réceptions officielles, ils occupent le dernier rang et ont le privilège de marcher vers te trône en faisant à chaque pas le mouvement de l'homme qui enfourche son cheval. Ce sont des militaires formés parcette culture originale qui furent chargés par Li-Hung-Changde « recevoir te puissant matériel d'artillerie fourni par l'usine Krupp pour les forts de T..k~u, Niouchouang, Port-Arthur et Weï-haï-Weï. Voici comment ils s'acquittèrent de ce soin. Confortablement assis sur leurs hautes chaises, abrités par leurs parasols, la pipe à eau et le nécessaire du fumeur sur de petites tables devant eux, ils attendaient que chaque pièce eût tiré 'es coups d'essai réglementaires. Cela fait, le plus haut gradé se levait, allait solennellement à la gueule du canon, y prenait de la suie avec son index, le léchait et hochait plusieurs foi, la tête approbativement. Chacun de ses acolytes, à son rang hiérarchique, faisait la même chose que lui et la pièce était acceptée. Encore une fois, est-il bien surprenant que des gens qui ont cette conception spéciale de l'art militaireetde la balistique aient été battus parles [aponais? VILLET ARD DE UcUERtE.

de Rib~er. –A'q~r/o/y'f des

G.

Mt~'7'<6',

d\T/)tff, t'/C.,t'0)n'e'H//OH.< el depuis )86* '~9, in-8 de 363 p.

CM/re /OM/t'.< les /'MtMf!HCt' du «fM _;oMr. Paris, Pedone,

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francs.

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~-Hfrrt'.< <)'c'.<. Chaton-sur-SaDne, Marceau, iSq", in-) de 3!~ p., avec planches. Gabriel de Mortillet. 7~)'/H.?/H AT )~/m)! (\T/.S' /C-<M,

//);~i<<Mf,

Paris, Alcan, tHf)~, in-8 de Prix cartonné 6 fr.

Albert Lavignac.

Le

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et 6 cartes.

r~)\7~'jr/<i~' A /n/M//t

Paris, Delagrave, ~çq, in-12 de v!-5çf) p. avec de nombreuses figures et 280 exemples en musique. Prix 5

francs.

Albert Lavignac a

/f ;<

fait plus et mieux qu'un f;K/~t' /-rj-

/Mf du /rj)!(.\7/ï f) a tout d'abord dépeint avec humour l'aspect que présente la vieillecité des Margraves à't'époque des Représentations de fêtes et déctit les beautés de cette pittoresque vallée du Mein rouge, choisie par Wagnercommesanctuaire de son génie: puis il a retracé la biographie de l'auteur de la 7'c/t'j/o.t' en s'appuyant sur les documents les plus autorisés et h s plus récents. L'analyse des poèmes lui a permis de montrer sa parfaite érudition de la poétique wagnérienne, de condenser en une centaine de pages les remarquables travaux du regretté Alfred Ernst et de fixer l'ossature des principales scènes des grands drames lyriques. Le nombre de nos compatriotes qui accomplissent le pèlerinage de Bayreuth croit chaque année. M. Lavignac le dit On ne comprend Raphaël qu'en visitant les musées d'Italie, on ne comprend Wagner qu'en allant Bayreuth ·


France et Colonies. Concours de primes de majoration aux chevaux

d'armes.

L'intéressante /<t"Bt<c~('t.'y'c/c'M!j/;vrésume en termes fort clairs une importante instruction que le Ministre de la guerre vient de signer et qui est relative à l'or-

ganisation de concours de primes de majoration aux che-

vaux d'armes. Afin de stimuler l'émulation des éleveurs de chevaux d'armes et de leur donner la possibilité de réaliser des bénéfices comparables à ceux des autres productions chevalines, il est créé des primes de majoration qui seront décernées à

la suite d'un concours aux meilleurs chevaux hongres ou juments de 3 ans et demi à ans; présentés montés en selle et en bride et vendus à la remonte. Les juments laissées entre les mains des éleveurs jusqu'à 5 ans et demi, pour être employées à la reproduction, ne pourront pas prendre part à ces concours, en raison des avantages qui sont déjà faits aux détenteursde ces juments. L'importance relative des primes sera fixée par le comité au moment de chaque concours. La somme globale à répartir sera partagée en autant de fractions qu'il y aura de lauréats acceptés; les primes iront en décroissant progressivement, suivant la valeur des sujets admis à cette récompense les deux ou trois premières seront, en principe, beaucoup plus élevées que les autres, si les deux ou trois chevaux classés les premiers ont une valeur supérieure; les primes maxima ne pourront pas dépasser 2 5oo francs plusieurs chevaux pourront recevoir des primes de même

valeur. Le cinquième de toute prime de majoration reviendra de droit au )M~.<f!<r. A6n d'avantager également tous les centres importants d'élevage d'une même région, les concours de primes de majoration se feront à tour de rôle dans chacun d'eux. Dans le but de donner plus de solennité et encore plus d'autorité à ses décisions, le comité d'achat de la remonte

sera présidé, pour l'attribution des primes de majoration, par le colonel commandant la circonscription. Il lui sera adjoint le directeur du dépôt d'étalons de la région, qui prendra la présidence du comité en cas d'absence du colonel commandant la circonscription. Pour être admis à présenter un cheval à un concours de primes de majoration, l'éleveur devra s'adresser, un mois à l'avance, au commandantdu dépôt de remonte de sa circonscriptionet joindre à sa demande le certi6cat d'origine de son produit. Il sera tenu d'établir, par des pièces authentiques, que ce produit est en sa possession depuis douze mois révolus au moins et qu'il n'est pas de pur sang anglais. Pourl'obtention des primesde majoration, il seratenu compte: du modèle considéré spécialement au point de vue de l'utilisation à la selle; de l'ampleur et de l'importance du sujet; de la force, de la netteté des membres et de la régularité des aplombs; des allures; de l'origine et du degré de sang; du dressage à la selle, et, enfin, de l'àge, c'est-à-dire que tout cheval de ans recevra 5 points de majoration, tout cheval de 5 ans 'o points et tout cheval de 6 ans )5 points de majoration. Les dates et les emplacementsdes concours de primes seront déterminés chaque année par le Ministre sur la proposition de l'inspecteur des remontes.

teurs, par des bombes et des fusées éclairantes. Comme tout, dans le tir de nuit, dépend surtout de l'éclairage. c'est à celui-ci que revient le rote principal Or, parmi les bombes éclairantes lancées, pas une ne s'enflamma, de sorte que leur résultat, au point de vue de l'éclairement, fut absolument nul. L'éclairement obtenu au moyen de la fusée, quand elle éclate assez près au dessus du but, est suffisant, mais il aveugle quelque peu le tireur et l'empêche de bien distinguer le but; le temps, d'ailleurs, pendant lequel la fusée brûle est à peine suffisant pour chercher le but et tirer deux coups, ce qui n'a lieu que dans des circonstances très favorables; dans la plupart des cas, on ne peut que distinguer te but etprendre une direction générale de manière à lancer sa balle à tir ajusté quand la fusée suivante s'enflamme. Si l'on projette en même temps deux x obtenir également plus de plusieurs fusées, peut on ne ou deux coups ajustés. Pendant le dernier tir, on employa 66 fusées qui permirent à une compagnie de chaque régiment de tirer 3o cartouches par homme avec le feu rapide. En général, l'éclairement au moyen des fusées a produit sur les tireurs une désillusion complète et la rénexion commune a été que le jeu n'en valait pas la chandelle. Il serait peut être intéressant, d'ailleurs, d'essayer un tir exclusivement au moyen des fusées d'artifices avec étoiles. On pourrait aussi employer les étoiles avec parachute ou les feux de Bengale blancs lancés par des fusées; s'il était applicable au tir, ce dernier procédé serait le plus simple et le plus avantageux pour la défense des places fortes. Un tir fut exécuté à ta lumière électrique cette lumière égale, forte et douce est évidemment excellente pour le tir de nuit; toutefois, quand le but est très éclairé, les tireurs ne voient pas toujours bien la hausse et le guidon, de sorte que la visée s'en ressent. Les cibles étaient très visibles, la distance parait beaucoup moins grande que dans le jour; les hommes qui se trouvent dans le faisceau de lumière peuvent même mieux tirer que dans le jour, mais par contre ils sont beaucoup mieux vus par l'ennemi. Les résultats de ces tirs ont été très bons pour 3 6oo tireurs tirant 6 cartouches, il y a eu 5 u<x) balles mises; ce qui, pour un tir de nuit, est un chiffre respectable.

Italie Quelques chiffres intéressants. Voici quelles sont, dans le budget de !i!(~çoo, les dépenses extraordi-

en

harmonie avec tes naires engagées pour des travaux ainsi moderne la exigences de guerre que l'a dit le rapporteur du budget à la chambre italienne Fabrication de fusils et munitions.)3ooooofr. Carte topographique d'Italie noooo 500 000 Approvisionnementsde mobilisation i 6Po ooo Fabrication d'artillerie de côte de fer, chemins Travaux,routes, ou3ooooo vrages Forts d'arrêt et travaux de défense de iuootjco

militaires. fortifications, artillerie deforteresse.

l'Etat.

Armement

des

Une des grandes diffi-

cultés de la guerre est de se garder des attaques de nuit dans la défensive et, dans l'offensive, de les réussir en augmentant par un feu efficace le désastre des troupes surprises. L'infanterie des régiments russes de Varsovie a exécuté récemment des tirs de nuit à l'aide d'un éclairage artificiel. On a essayé de tirer à courte, puis à moyenne distance. Pour ceux-ci les cibles comprenaient à Soo pas, des cibles de ceinture représentant une chaine de tirailleurs;

tSooooo

campagne.

Boooooo

chage

2

Acquisition de matériel d'artillerie de

Russie Expériences de tir de nuit.

à 'oo pas, 20 cibles de hauteur d'homme placées )'une à côté de l'autre pour figurer les réserves; à ) 200 pas, une batterie, et, à )00 pas, des buts cachés pour le tir sur chevalets. L'éclairage artif!cie[ était produit par deux projec-

Bâtiments militaires, logement, cou-

TOTAL.

aoouoo

t45()()0f)()

Le budget de la guerre italienne est dans son ensemble de 280 millions. Les effectifs prévus sontde )3 t~Cof)'xiers, 2i ) "23 hommes de troupe. 45968 chevaux.


TABLE DES MATIÈRES ET DES G-RAVURES AnRCMEs(LEDucuEs) au Pôle Nord (Le navire et le voyage du Duc (~rav) Le .yacht S~a

nçet

des). Po/~rc.

)82 261

26)

Abyssinie (En). Mission du comteLÉONTiEFF.

<)Camp

4;

Nicolas la colonne d'escorte, des gradés et groucLe Formation en ligne déployée Formation en carré Vue

clairons.

4!

d'ensemble. (L'

42

43 43

etanglaises. hauteur.

Accord franco-anglais du 21 mars 1899

log

(E&E'Nouvelles limites des régions françaises

(A propos d'). Les records des ascensions en durée et en Acu.NALDO, le chef des insurgés

387

philippins.

E~a Alaska (Les indigènes de l') AlcooKLaconsommationdeDenFrance. Aleool (La consommation del') en Allemagne dans l'océan Allumettes (L'industrie des) au Japon, par Vn.LETARD

Frïince. PactSque(L').

poison. d').

DELAGuÉRiE.

Anciennes Coutumes malgaches. L'épreuve du

Andes(Lespionniersdes). (Expédition à la recherche (Le ballon d'). Son itinéraire hypothétique.. i'expédition Andrée. OE) Itinéraire supposé de l'expédition

AngleterreetleTransvaal(L-). Anglo~Transvaahenne (La guerre). [PortSLepréstdentKrùger. -<EB Carte du Transvaal de

et Anglo-Transvaalien (Les causes morales du conflit). Antarctique anglaise (Projet d'une expédition).

fédération). colonies.

Australienne (La Autonomie Bnancière(L') de nos Automobilesau Soudan Bacs constatateurs Ballon (A travers l'Europe en), par

(Les). (Les).

«o 110 0 46 qZ 47

m t66 39 245 24$ 245 270 341

3~ 341

35o )2 239 343

?9

de).

(~rav)

Le

comte

HENRY

<~)Unedescente facile Unedescente mouvementée.

ballon. mètres.

de).

Photographie prise en Photographie prise à 2 ooo Baroelone (Le vieux cimetière

Sauveur. Vieux cimetière de (Notes sur), par

Barcelone.

J.

257 25?

259 260 69

69

Despréaux de Saint2°.!1

28)l

i32 -!6,

Tunisie. transbordeur.

1-4

2;'

lac de Bizerte. Vuepriseduhautdupont

La poste de

Ferryville. et ses environs.

E~E) Carte de Bizerte

217

2~8

de

2)8

(~) Panorama de Ferryville en avril .899. Les rues de Ferryville

BLONDIAUX

2.9 2.9

(La mission) en Afrique, par N):D NoLL de femmes décortiquant du mil au

2.~

Groupe

~lage'de~~do~ LechefdeTouba. DougaDiomandé,chefduMabou.

Type de femme diaoula (anthropophage).

tenzorg. ntquedeButtenzorg. tenzorg.

26 2~

2'

Botaniste (Un) (Era~)

en Malaisie,par Henri Coup;N. 377 et Villages au bord du Pekantjilan, à Bui-

Avenue d'O~o~o.~r~M au jardin botaUn arbre de l'avenuedesWaringin, à Bui-

385

3" 378 ,~O

en Heur.' Calamus au jardin botanique de Buiter,-

3~g

38o

zorg

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à

386

Sudramajac.

Racines'respiratoiresdu'So~c~

de).f

.S~)t~'o)!:M~tj~o/!MM/HSuruntroncde

C~M~<Ht au jardin botanique de Buitenzorg. BOROtGREVfNK (L'expédition). Le ~OM</K'rKCro. dans

lesrégionsantarctiques.

f~LA~U~ 2~8Bouvet(L'iie). le

374

28; 282 288

Colomb. de). ~am.sstonoe).i6) himalayen.

<9<

3o3

ANDRÉE

l'Etat d'Orange.

(Erav:) Palais de la Reine, au Valdivera. Colline dominant Barcelone.. Le port: vue prise de la place de Colomb. Monument de Béhagle (Nouvelles de la mission (La mission Bhoutan (Le). Un petit Etat Bizerte et Ferryville. La création d'une ville t;n

;o9

Aérostation

pare.

Barcelone

Bouddha (Les restes de). Leur offre au roi de Siam. Bouteilles lancées à la mer (Le service américain

387

3~ 7

220 68

HRETOXNET(LamtSS.on)danslesrég.onsdurchad. d

Rabah.

Notre futur ennemi (c~R Carte du pays ou opère la mission !!retonnet Câble américain (Un) à travers le Pacifique

27-

.3

Câbles sous-marinsang!ais(Nouveaux). 3'2


Brésil. Noire.

Câbles télégraphiques en Indo-Chine

Noire.

Café (La production du) au Canal (Le) de la Baltique à la mer OE) Tracé du futur canal de la Baltique à la

wer. Tonkin. de). mer

Canal de l'Elbe au Rhin (Le). L'opposition de la

Prusse à cette œuvre d'intérêt général.

l'ElbeauRhin. (E&E) Le

44 340

3oi 3oi

·

Canal de Suez (Le trafic du) Canaux (Multiplication des) dans le Bas-Delta du

Cap'àBlœmfontein(Enchemindeferdu).

de).

furentmassacrés. de).

Champagne(La consommation du vin Changhaï (La concession <E&E)

70 262 77 77

M) 39;

Congo. africains.

)5<)

Chemin de fer (Un nouveau) en Afrique. Les grands

lacs en communication avec le bassin 405 du Ë5B Tracé projeté des chemins de fer des

(Le).

(ESB Tracé du chemin de fer de

l'Ouganda.

405 335 349 349

Chemins de fer (Les) dans l'Indo-Chine française.. Chemins de fer (Les) dans le monde entier. Leur

développement continu

Chemins de fer (Les) et les pèlerinages hindous.

Cheval tonkinois (Le)

ARDENNES. Chimay.

20

Virelles.

Virelles. (Les).

mandes. crédit. (Le).

Colonies allemandes (E&B

Planisphère indiquant les colonies alle-

294

)6~ 388 205 265 266 267

268

iot )0t

383 Colonisation (La petite) et le Commerce de la Chine 2-0 Commerce entre la France et la Hollande (Le).. 44 Communications entre la France et la Corse

réalisé.

(Les). Un progrès Congo (Les progrès de l'Etat du). Le chemin de fer. Cordoue, par JACQUES PORCHER (Bra~) Pont arabe sur le Portail de la chapelle de

almadave. Unerue.

(Sray)

tz~et

Carte de l'habitat de l'éléphant d'Afrique. Enterrement des cadavres (L') et les préceptes des Ermack (L'). Le navire brise-glaces de l'amiral Ma(c.&K)

thropophages). Grand-Bassam.

barre.

douane.

palétuviers. bambous. Enpirogue. Côte d'Ivoire. Femmes rejeton. fromager et Paysage de Chantier de

lavoir. de la

Un Au

son

Une rue de Grand-Bassam.

148

)33

(Les). Tunis.

1'). (L').

) t<

Bardo. Bardo. 1896.

!53

cœur. (L').

(~rav) Le condamné descendant les marches du palais du Pendaison au Le pendu ressuscité de Le docteur écoutant les battements du

;53 )f_j

;5j f55

Expédition antarctique belge (Récit d'un membre Expédition océanique allemande de la Valdivia Expédition scientifique autrichienne dans l'Arabie méridionale Expéditions antarctiques allemande et anglaise

Sud.

(Les prochaines)

<EB3

Carte de l'expédition allemande et an-

2.~ K)8

2i22

413

glaise au Pôle Extrême-Orient (En). Les Russes et les Anglais dans la mer Jaune Fermes d'essai aux Colonies (Les), par P. BouR!7, 33 et (crav.) Chevaux et cavaliers gabaris (région du

DAR!E. Logoué).

~t3

54 )<)

Niari). Méhari.)

Chevaux et cavaliers gallas Bœufs du Loudima et aigrettes (bords du

2

3

galla. entravé. (Laos).

Autruche du Soudan français, à Konakry. Chameaux entravés Chiens indigènes du Congo français. Laboureur

(Sahara).

Vaz. (zébu). Tonkin.

Chameau Cheval du Tran-Ninh

Eléphant d'Afrique de la mission du FerRœuf malgache

Buffles du A dos d'éléphant le départ pour

la chasse.

20 33

3~ 35 36

mission). HADj.

de)

Foureau-Lamy (La Fouta-Djalon (Impressions du), par Et,

Timbo. Timbo. foulah.

L'heure du Rue de

,~5

Bœufs du Fontevrault (L'abbaye

S~Q

18

dressés. Bas-Congo.

Capture d'un éléphant sauvage par des

(Ems)

,1

50

éléphants

t47

13.3

Examens militaires en Chine Exécution (Une) à

97

145 ')46

3.%

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35-

EucoMiA (L')

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187 188

129

6.:

Etats du globe (Les grands) et leurs colonies

t86

99 99

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i85 )85

mauvaise

Maison de la poste et de la Un fétiche devant la demeure d'un malade

karoff.

Parsis

Equipe de Kroumans ou Kroumen (an-

Mise à l'eau d'une pirogue

i3

Doukhobortsi (Les) à Chypre Eléphant d'Afrique (L'). Sa disparition prochaine..

FAUGEAS,

97,

3f8 3)8S

(Vienne)

372

l'évëché.

Côte d'Ivoire (Notes sur la), par Léonce

3iç

Dolmens de la Vienne

237

Guadalquivir.

Porte

DiGUET(Léon). fpon3

de

Chimay (La ville et les environs de), par Jacques DES

(Srav) Château des princes de Village de Place et clocher de l'église de Chimay. Lac de

H-

SIX PIEDS).

9. 9.3

grands lacs Chemin de fer de Sierra-Leone Chemin de fer de l'Ouganda (Le). Son état actuel.

:')3

S~Q La pierre Pèse (dolmen). Saint-Saviol

Ghangha! et les concessions étrangères..

Chausey(L'armementdesiles).

Italie.

l'église

Découverte d'une momie gigantesque en Amé-

404

2()3

rique. (Les). tuaire sortant de

3oq

Cas'siar (Les'nouveaux placers

(E&B Position des nouveaux placers de Cassiar CAZEMAjou (Comment le capitaine) et ses hommes

St~Q

309

'M

3i

orthodoxe. Enterrement orthodoxe le convoi mor-

Curieuses coutumes en Curiosité naturelle en Chine. (Voy. LAC Aux TpEXTE-

tracé du Mitelland-Kanal. Canal de

Canal de Nicaragua (Le) et le traité Clayton-Bul-

Courage et dévouement d'un Tirailleur sénégalais Crète (En). Un enterrement

salam devant la mosquée de

foulah.

Coiffure des femmes Jeunes femmes

51

?a ~5

326

t?-' ,~7 1-8 )~o

;8o


Fou-Tchéou (L'arsenal militaire de), par M/de THUIS!EULX

MA-

André. verger.

Gacé (Un coin de France), par Jacques PotfCHER

Ëï~) Le château, façade pnneipale Le clos

Le marché

généra)). (Christian).

Le grand GALLiEm (Le

246

fp~t3 GEAY (Les

voyages de M.) en

de' terre.

Amérique.

)P5!~

Gênes (Le développement du port Géophages (Les) ou mangeurs de

bèze. une). n~MMM. à). fer. (Les). d').

GERLACHE

82 83 84 <82

279 279 848

Itinéraire de l'expédition de Gerlache. GIBBONS (Le voyage du major) dans la région du Zam(E&E)

GmeoNS (L'expédition transafricaine du

major).

140 149

)49 238 3oo

parHenriCouptx. 333 Le Tinamou et couvée. sa

déserta.

Gisement houiller nouveau dans l'ile de Yeso Gobi (Le désert de) est-il un

333 )o3 300

Gouvernement français (Le) et la colonisation, 203 et

la).

Guerre (Ce que coûterait Guinée anglaise (Le chemin de fer de Gutta-Percha (Une nouvelleplante à). La culture de Honoloulou (Une journée

la Côte (Aux) en chemin de

HouDAiLLE (La mission) à INDES

d'Ivoire.

Indes Néerlandaises Indo-Chine (La mission archéologique Institutions françaises au Mexique

(Les).

Iseran (Excursion au

Alpin. Alpin.

col d'), par J.DAiGRE'r. 24101 (SmQ Bonneval vue prise de la terrasse du chalet du Club Coiffure à Bessans Bonneval: chalet du Club Val d'Isère. Vieille maison du xtV siècle.

Morris. pourri. Ye-Yas.

Yas.

Hôtel La procession des Pénitents blancs Le mont Japon (Cultes indigènes au), par A. LEQUEUx. (SraX) Sépulture de Ye-Mitzu, petit-fils de Ye-

Yas.

Leportd'0rléansen)840.

Lef~MtàOrtèans. Longévité (La) des animaux.

Luxembourg (La ville de), par

M. ExGELs.. 289 et <Srav) Vue générale de Luxembourg, prise de Fetschenhof, route de L'ancienne porte de Trèves sur le pla-

Trèves.

Rham. Clausen.

teau du La porte de Pfaffenthal, le viaduc et le faubourg de

'24

Gibier (Un nouveau). L'acclimatation du Tinamou, (SrsQ

(BmQ Vue de

3.~3

(L'expédition de) aux régions arctiques, <25et

L.GAt.f.nnRn' Saumur.

81

8t

fPnrtK)

GARMEx

Llivia (EtfK) Enclave espagnole de Llivia Loire navigable (Un nouveau Y-'r~/H et la), par

Le faubourg de Clausen et les hauteurs

du parc Mansfeld

Le faubourg du Grund et les fortifications du plateau de Saint-Esprit. L'Alzette à Clausen et le rocher du Bock. Le Breitenweg et le faubourg du Grund. L'Alzette au faubourg du MACDONALD (La mission du colonel) entre le lac Ro-

Grund.

dolpheetleNil. de).

rebelles. rebelles. Bahr-el-Ghazal. mission). derviches.

Madagascar (Un épisode de la pacification

Grav Le général Gallieni recevant la soumission des chefs Mansuétude (La) des autorités chinoises pour les

(Le voyage de la mission). Souvenirs rétrospectifs sur le

Chine.

Japon(Avancesdu)àIa

Jeûne dans

l'Inde (Le)

214 70

t56 399 79 278 3oo 204 55 199

249

24; 242 243 249 25o 250 25[

(La

administration.

Cocoes. Carte D'HansMEYER. (Un). LAGUÉRn! fp~nr]

Keeling-Cocoes.

des îles Kilima-Ndjaro (La troisième ascension du) par le

Ko-Tchéou (Les mines de), par M. de MATHuisŒULx. Lac de sulfate de soude Lac aux Trente-Six Pieds (Le), par VILLETARD DE

cussion. de).

(Comte). Voy. ABYssiNiE. Li-HuNG-TcHANG (La fortune de). Prévoyance et con-

(SrEv)

(E&E)

1807. d'Oman. ville.

Effectif et tonnage des Sottes à vapeur en

111

262 29*7

289

290 291

292 297 298 299 299 240 189 189 316 149

'7'

181 181 191

253 253

mer. France. rueprincipale.

210

3o5)32f,329,33'3t5,353et

361

(ErSy) Panorama de Mascate pris des collines environnant la Le palais du sultan avec son entrée sur la

Le cheik Abd-ul-Amiz drogman du viceconsul de Porte du palais du sultan donnant sur la

Marseille en Asie centrale (De), par F. de l'HAppE,

Salonique.

209 209

211

21)

305 rade de 3o6 Rue à Kassim-Pacha La Corne d'or du haut du cimetière

Sra~) En

d'Eyoub. Trébizonde. Tiflis. persan.

?3

La Koura à Tiflis le quartier Une place du quartier géorgien à Tiflis..

74 75

PontsurlaKouraàTinisLe camp du .~régiment de grenadiers.. A la gare de Tchardjoui

229 223

dunes.

Vue. Un village dans les

Le

Transcaspien dans les dunes Le pont du chemin de fer sur l'Oxus. Samarkand; vue de la route de Tachkent. Samarkand; une avenue de la ville russe.

53

53 53

ville. Vladikavkaz.

Avenue conduisant à la vieille Bakou vu à travers un La diligence de

cimetière.

"Hf{

DétiledeDarial. àVladikavkaz. Malakoff.

84

)

La haute vallée du Terek. Route de Tiflis

1

78

2'

auChan-Si. (Notre).

campement de la mission Marchand..

)889eten Mascate et l'empire

73

359

Un

Mariage de morts Marine marchande

Vue prise du mamelon de Les ruines de la tour de Malakoff Le cimetière français de Sébastopol. Mau-

LÉON'rtEi.'F

Llivia (L'enclave

!0

(La mission) à Fachoda. Son combat contre les

Keeling-Cocoes (Un Anglais roi des Mes). Bienfaits de son M. G. CLUNŒR Ross, roi des îles Keeling-

9

MARCHAND

Première enceinte du temple consacré à

Entrée du temple consacré à Ye-Yas. Pagode devant le temple consacré à Ye-

2

solée

central. Soudan.

Massaouah et le commerce du

·

3o7

32; 322 323 329

33o 331

33? 338 339 340 340 3.)6

347 348 353 354 355 355 36f 362

363 30


proposes.

Méridienunique (La question du), par PAUL (EEE)

et

CoMBES.

285

Indication des divers méridiens en usage 2H5

Mesures décimales de la Circonférence (Les). 3~6 Migrations d'animaux. L'invasion du hamster 325 en

France. hamster.

la).

M~ON(Louis). !Portr!

~<cf.

DE

(EraQ Le yacht ~tcM.<(; Mongolie occidentale (Un voyage archéologique

dans

3"3

~)

coq.

Monstruosités végétales héréditaires et leur culture, par HENRt

CouwN.

tS? )57

~ravj Amarante crête de Dipsacus à tige tordue (chardon àfoulon). Mont Saint-Michel (Transformations de la baie du)

i5?

Saint-Michel.

actuel. Saint-Michel. (La).

Rivage probable de

'la

JACQUES

to(j

)cr

baie du Mont

DAVU.

VAULX.

too

ans. Schéma.

1898 Navigation aérienne (La) et la Thermosphère, par

comte de La Vaulx.

Navigation à vapeur (Les progrès soixante

(SmD

de la)

depuis

2(~)

26~

397

Navires Pétroliers (Les) et l'emploi du combustible

liquide, par le capitaine L. MCLLER (5nK) Le <~Met' navire pétrolier Niger (La fin de la Compagnie du) Nil (Le problèmedes sources

du).

libreen). la). en).

Nouvelle-Calédonie(Les progrès de la colonisation

3'~ n? u? 23i 76

Noms de lieux géographiques (Les)

t8o

35)

Nouvelle-Guinée hollandaise (Dans

Nouvelle-Guinée (Les explorations Nouvelle-Zélande(La poste parpigeonsen). Observatoire météorologique au Tonkin (Un)..

l'0cea)!c.

I

)2h 35H 2~<) 3<~ç

Oceanic (L'). Le plus grand navire du monde

<~

Le lancement de Océanie(La décadence des établissements français en)

61

du). Ours(L'iledes). (Er.nO

(EBD Cartedes possessions françaisesenûcéanie Olufsen (Le lieutenant danois) au Pamir OuALAMO (Les Possédés

la'

Oxyrrhincus.Découverted'une antique ville grecque

BOLAXD. Patagonie. (La). de).

en

Egypte

Padirac (Inauguration du gouffre de), Patagonie (L'avenir de (c~a La

Peary (Les explorations de) en i8q8-i8c)f). Peine de mort en Tunisie Pékin à Han-Kéou (La ligne ferrée

r

la), par VicroR FAUVEL.

pelote.

LejeudepeloteàUrugne(Basses-Pyrén.).

Basquc.joueurde Partie de rebot à

230 3c)<

40$

)2'

h)

droite).

t~j

DE). II.

Sra~) Hetel de ville de Prague Tour du pont Charles (rive Tour du pont Charles (rive gauche; Teynkirche et place du

Ring.

(L'adjudant Sira-v:) L'adjudant de Prat et le sergent Bernard sur le monument de Ramscs

l'RAT

4)2 i~5 )65 )6c) )<x)

t"o

Saint-Jean-de-Luz. '")

')t (;; )25

)~

Voy. BRETOXXET.

)o5àl'heure.

Record de la vitesse des automobiles (Le;.

Du

M. Jenatzy sur sa voiture électrique

2~

J'j/)'tf!~CM!/eo/e. 2!3 pleine vitesse.. 2< en Regards du Pré Saint-Gervais (Les), par MONTCLAVEL.)0) Regards du barrage sis rue des Lilas, ~ray)

La jamais

CoM<CM/e

RoLAKD

~ntv)

en facedelaruedeBagnolet.)0)

mairie.)02

Château d'eau, place de la Premierregard de la Sente aux Cornettes..)02 ~u3 2" barrage de la Sente aux Cornettes.. Gargouille gallo-romainetrouvée dans un

~amp.)o.

Routes obligatoires(Les)àtraversl'AtlantiqueNord. Russes et Anglais en Chine. Leur accord officiel.

économiques. parPAULLAuuÉ.

Leurs sphères d'action Russie (En). Les paysans de Bolgary. Un village orthodoxe sur des ruines musulmanes,

tsigane. paysan.

20)

150

~~)

(Eray,) Concert donné dans un village par un

Paysan tartare aux environs de Bolgary.

ruine.

Maisonde Minaret d'une mosquée en Saint-Bernard (LE GRAND-), par J. CoRCELD:

)<))n

)f)2

!M )63

Sucre.

2?5

nègre.

2~5 255

(6ra~ Hospice du

Grand-Saint-Bernard.

273 2~33

Le lac du Grand-Saint Bernard et le pain de

La Tour du Lépreux de la Cité d'Aoste Descente sur le Valais (Mont-Velan). Saint-Domingue (A). La fin d'un tyran Saint-Emilion en Guyenne, par D. DELAGE. (Grav) Vue générale de Saint-Emilion

Portaildel'églisemonolithedeSt-Emilion.

Saint-Emilion. Monument de la bataille de Castillon..

Ruines du couvent des Frères prêcheurs

à

)~2 85 tô~

127

Prague (Notes sur), parJ.DESpRÉAUxDh. SA!~T-SArv);rk

3'5

S5

2.18 8

fF5Ha

317

3i7

(Ce qu'exige la)

~2

par HENRI

Paysages de montagnes

Pelote Basque (Le jeu de

Politique coloniale française Possédés de Oualamo

i.~

3n

le

;t3

RAUAi). 10!!

Mort du saint de Bénarés Navigation et le Commerce de la France en le comte HENRY DE LA Les ballonnets de M.

mandes). (Les). PosteenChino(La). POTTER(MAUR)CE\ Pôle Sud (L'expédition anglaise au) Pôle Sud (Les futures expéditions anglaises et alle-

<u5

(La). ans

Saint-Michel dans 20 Mort (La) et les Chinois, par

Nha-Trang. Nha-Trang.

)o5

Le Mont 6SE) Carte comparée de l'ancien rivage et du rivage Terrain reconquis sur la baie du Mont (SraQ

carnivores.

joo <73

235

3-3

MoNAfjo

CoupjK..

par HExm

~5

i35

Spitzberg. 3'3

Le prince ALhËR'r

Péril Jaune Perroquets carnivores (Les),

pétrole

!35

McxAco (Le voyage scientifique du prince de) au f)'5r)i~

de

en), par

Grav Perroquets )'3 Peste (La) et le docteur YERSIN, par HExpt TuRor. L'institut Pasteur de 3HL (Sm~) L'institut Pasteur de 3X; Pôle Sud (Une expédition allemande au) 22t'.

325

Carte de l'habitat du Mines (Les) de la province du Pe-Tchi-Li (c~K)

(Le).

REYNAUD.

Pennsylvanie (Découverte des sources

canon. Mataafa. Samoa.

2~41

!2) )2<

i22 12.) 121

Samoa (Aux îles). Protectorat à trois. DifËcultés et

de;

coups de

[P~!r)

Carte des iles (L'aire géographique des conquêtes de), par

(ETK)

PAULCOMBES. Etats de Samory

SAMORY

iportrJSAMORY. Samory femmes.

SAMORï(La capture ~MQ

et ses

!4' !)! p )-)2 5 5

5? 5? 5()


SAMuxY

l'exil. gardiens.

(Le départ de) pour

(Rra~Samoryetses

65

de).

Trentinian. Samoryécoutantlasentence.

65

(EE~ Le chemin de fer de Sibérie à la station

6f<

Pont du chemin de fer en construction

LeCtutc de la seuLeuce par ie générai de San-Moun (La baie (f~E) Carte de la baie de Semaine Gaie (La) à Berlin, par H.

San-Moun. t~' DxAcn.)0~ (~) PalaisimpérialdeBerlin.Façadeprineipale L'allée desTilleuls le;" janvier, au moment du passage des carrosses de gala Les troupes de la garde retournant à leur

France

Simplon (Le tunnel

du).

Sirex géant (Le). Un ennemi des vieilles charpentes. Société des touristes scandinaves (La), par CuAn-

LEsRAHOT. 22.5et suédoise. Le Porsifors, rapide

LuIe-Elf. L'Areskuta.

(njm) Laponie

Laid.

DansleJemtland.LeRistafall.

Dans les Alpes de la Laponie suédoise. Le lac Le château de Frederiksborg Le château de Lacôtedujutland (environs de Mariager). Un ferry-boat danois Socotora (L'expédition anglaise à l'île Somàlis (Chez les), par VICTOR Om) Un départ de caravane

Rosenborg.

de). GŒMRp.

Unabanesomali. somali.

Nid de termites dans le désert Un ancien lac desséché dans le désert

somali

Sorata (L'ascension du) par sir W.-M.

CoNWAY

favorable. RABOT.

de). (La). (Les). bancs.

S)')rzBER(; (L'hivernage d'une famille norvégienne au) CHARLES

trafic du canal Télégraphes en Chine (Les) Télégraphie sans fil SuEz (Le

~~e. ccrav~ Tube

~2 i3.~ 22<.)

i.)8

radio-conducteur

et

NoLL.

Tonkin (Les régions du Haut-). Notes sur la région de Ha-Giang, par NED Tonkin (Les hautes régions du), par NED NOLL. (Eës) Groupe de Mans (région

Femmeman. Tonkin. Région des environs de

de

Phuc-Hoa).

Cao-Bang.

(ES.) Carte du Tonkin Tour du Monde (Le) sur un bateau de 9 tonneaux. (.crav.) Le Spray marchant à la voile

Le Spray dans le

port

(Les).

Traversée de la Manche en ballon (La) Tripolitaine (Les foires de la) Trombes de Bizerte Transsaharien (La question du), par PAUL

CoMBKs.

OE) Les différents tracés du Transsaharien..

Sibérie. droite,

n)

de

n5

Gare d'Obi (rive

n.~

(E&E)TracéduTranssibérien.

n6

Tripoli et Benghazi, débouchés des régions du

delà). italien. en). bourg.

35C, Troupesindigènes(Les)dansl'EstAfricainAlIemand)2 )Tchad

Tunisie (Le développement industriel et commercial (Era~)

port

Panorama de Sousse, pris de la jetée du

_:(.,5

Tunisie (Les étrangers en). Prépondérance de l'élé-

ment

2(<8

3)uo

225 220

UsACESM!HTAIHES).:NCHtNË.jj.~

227

Vendetta (Une) au Tonkin, parle commandant VER-

227

233 234

23) 235

369 3~0

3-i 2".

ioo 236 ~53

3,

~j

302 3~3

3)3

R~x. Yen-Thé.

(Bra~Entréede (Um's)

~~)

2~-)

pagode.

ic)3et Détachement mixte légion étrangère et tirailleurs tonkinois au bivouac Carte du Une montée de jonques devant Lao-Kay. Annamites célébrant la fcte du Tct Annamite construisant un Plan d'une case annamite

signal.

la). belge.

(!]]nïv)Dans)aforêt. Vie militaire Chine (EBE)

(Scènes de en Vieille-Montagne (La mine de la). Autour

de la

Dangleur. Bensberg. minerai. Liège.

question sociale

(6ra~ Les usines de Extraction du minerai a La fonte du Asile de Cointe, près de Violation (La) du tombeau du mahdi et la dotation

de lord

Kitchener.

VouLET-CHANOtNE (La

rebellion de la mission)

Wellmann (Le retour de l'expédition polaire). Wrangell (Exploration du mont) dans l'Alaska ZICHY (le

comte) et l'origine des

Hongrois.

~53

)ç3 2ut h~)

)~5 ]<~ 201

20.! 202

2o3

~5 ~3 3ç3 3c~ 3c)5

3o6 1 yu

280 292

33) 206

Texte I~RHOGRAPHtES

Livres

Cf!M,

23, 31, 3c), .)-, .63 ,7t, 70, 87, 95, etio3, m, iic), 15, t27, i35, 143, )5f, 1,

et.

)59,f67.)75,t83,)Qt.tQQ,207,2)5,223,23!,23c),

Termites 3~ Terre-Neuve (Les droits de la France à). Le French Shore 37 OE) Terre-Neuve et ses 3-

ThédesSept-Montagnes(Le).

surlelénisséi.

Tunisie (Le peuplement européen Usages de Pâques dans la province de Brande-

transmetteur. 3)~ 3;5 ondes. 3~5

Schema de l'appareil Schema de l'appareil récepteur Schema de la propagation des Téléphone sous-marin (Un) et les risques d'abor-

n/!

233

3-~1

Soudan Egyptien (L'administration de l'ancien; Soudan Egyptien (Au). L'exploration du Sobat Soudan Egyptien (L'avenir du). Une appréciation par

)ti

de

Dans le Jemtland.

peu

)!0

u3

Une maison de garde sur le chemin de fer

!<)'

caserne. serendantaupa)ais. Le carrosse de gala de l'ambassade de

fer). d'Obi(rivedroite).

Transsibérien (Le chemin de

2)7,255.263,271,279,287, 3~3, 35), 35~,367, 383,

2c)5, 3o3,

3()i,3<

3to, 339, 335,

~07

~55

276 22

)3? )3? )3S

;3u 140 ~o !65 ;&5

;65 33 ~y n~

22; 22;

Conseils aux Voyageurs

T~ Texte:

LES MOYENS DE

SE DEFENDRE

CONTRE LA

CHIQUE.

)<j

LESHERBOR)SAT!ONSENH;VER.)0 POUR LES VOYAGHURS COLLECTIONEU'Rs

LA RÉCOLTH

ARACHNIDES. LARÉCOLTEDEsMYRtAPODES. DES

CRUSTACES.

RECOLTE DES 1(~2 et LES MOYENS DE SE DÉFENDRECONTRE LA MOUCHE TsÉL'EXPLORATION DES CAVERNES, 120, f36,

)6oet

HYU~NEDEL'ŒjLt'ENDANTLESVOYAGES.

~8

-2 2u!!

!<

t'6 2)0


SOMME.

DUXKERQL'EET DANS SES ENVtKONS CoNFECTtON D'UN HERBIER DU LITTORAL ))E A

LA

RECHERCHES A FAtRK A BOULOGNE-SUR-MER ET AUX

ENVIRONS. 304MA-et

RÉCOLTE ET COLLECTION DES ÂLCUES RINES P<JUR LES VOYAGEURSCOLLEGDONNEUKS RÉCOLTE )))'.S

ANNEUDES.

2EÛ 2HO

3:8

Texte

8, 56, 80, q6, 112, t28, 168, 200, 232, 248, 272, 312, 336, 352, 368, 884

3~0

408

400

4.

L'Armée autour du Monde

Bilan des Explorations en cours

Texte.

et.

Les Revues Etrangères

LE COLLECHONNEURDES PLACES. RECHERCHES A FA!RE

32, !44, 216, 296

et

Texte: 300

LevaXois-t'erret Imp.

24, 64, i04, 152, )84, 224, 264, 288, 320, 344

CMTE DE L'AmM:, 55, rue Fromont.

et.

4*6


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